(Neuf
heures quarante-sept minutes)
Le Président
(M. Hardy) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de
l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi
n° 102, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement afin de
moderniser le régime d'autorisation environnementale
et modifiant d'autres dispositions législatives notamment pour réformer la
gouvernance du Fonds vert.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Vallières (Richmond)
sera remplacée par M. Hardy (Saint-François).
Le Président
(M. Hardy) : Merci. Voici l'ordre de cet avant-midi. Nous
entendrons les groupes suivants : l'Association
québécoise pour l'évaluation d'impacts, Hydro-Québec et l'Association d'exploration
minière du Québec.
Auditions (suite)
Je souhaite la
bienvenue aux représentants de l'Association québécoise pour l'évaluation
d'impacts. Je vous demande de bien vouloir vous présenter ainsi que les
personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. La parole est à vous.
Association québécoise pour l'évaluation d'impacts (AQEI)
Mme Fecteau
(Louise) : Merci. M. le Président, M. le ministre, distingués membres
de la commission, merci de nous avoir
invités à présenter notre mémoire et à échanger avec vous sur cet important
projet de loi. Je me présente, Louise Fecteau, présidente de
l'Association québécoise pour l'évaluation d'impacts, que l'on nommera AQEI
dans la suite de notre présentation. Et je suis accompagnée aujourd'hui par
Pierre Vaillancourt, qui est vice-président de l'AQEI.
Alors, une précision
avant de débuter. L'AQEI est une association parapluie. Nos membres regroupent
des personnes tant des ministères que des
promoteurs, des consultants, des chercheurs, des communautés autochtones,
des OBNL. Nos membres ont donc
individuellement des positions très diversifiées sur des aspects spécifiques du
projet de loi. Nous avons choisi de nous concentrer sur des éléments qui
ont fait consensus parmi nos membres et qui ont été jugés prioritaires au fil
de nos 25 années d'existence.
Donc,
nous avons deux commentaires généraux et trois commentaires spécifiques.
Premier commentaire général très
bref, c'est que, d'emblée, l'AQEI souhaite partager sa satisfaction par rapport
aux orientations générales du projet de loi. Cette modernisation était attendue depuis des décennies, et le mot
n'est pas trop fort, c'est vraiment des décennies d'attente et d'espoirs, et plusieurs propositions
correspondent aux recommandations passées de notre association, notamment
en ce qui a trait à l'inclusion des évaluations environnementales stratégiques
ainsi que celles permettant un meilleur accès à l'information et une plus
grande transparence.
• (9 h 50) •
Second
commentaire général... a trait aux nombreuses dispositions importantes qui
seront détaillées au sein de futurs
règlements. Il serait hasardeux, voire impossible de commenter plusieurs de ces
dispositions maintenant. Nous en avons énuméré quelques-unes dans notre
mémoire. J'en relèverai trois ici.
Première
disposition concernant le nouveau concept de déclaration de conformité. Dans l'article 3.0.6 :
«Le ministre peut, par règlement,
désigner des activités prévues à l'article 22 qui, aux
conditions, restrictions et interdictions qui y sont déterminées, sont admissibles à une déclaration de conformité[...]. [...]Les dispositions de ce règlement
peuvent varier en fonction de catégories d'activités, de personnes ou de municipalités, du territoire concerné ou des caractéristiques d'un milieu.» En 31.0.7, on ajoute que «la déclaration de conformité fournie au ministre doit comprendre les renseignements et
documents déterminés par règlement du ministre, selon les modalités qui y sont
déterminées».
Un
autre examen de règlement à venir concerne le délai de transmission de la
directive, en 31.3 : «À la suite de la réception de l'avis prévu à l'article 31.2, le ministre transmet à
l'initiateur du projet, dans un délai raisonnable prescrit par règlement
du gouvernement, une directive qui précise la nature, la portée et l'étendue de
l'étude d'impact sur l'environnement que celui-ci doit préparer.
«Cette directive peut
également prévoir le délai dans lequel l'étude [...] doit être transmise au
ministre.»
Le dernier exemple,
concernant le nouveau concept d'accréditation et de certification,
l'article 118.6 : «Le ministre peut accréditer ou certifier une
personne ou une municipalité pour effectuer un prélèvement, une analyse, un
calcul, une évaluation, une expertise ou une vérification.
«Le ministre peut délivrer, aux conditions qu'il
détermine, une telle accréditation ou certification», et ainsi de suite.
En
118.10 : «Le ministre peut constituer des comités consultatifs pour le
conseiller sur toute question qu'il peut leur soumettre concernant notamment la délivrance d'une accréditation ou d'une
certification, sa modification, son renouvellement, sa suspension [...]
sa révocation.
«Il détermine le nombre de ces comités, leur
composition et le mandat qu'il leur confie.»
De manière
générale, on apporte ces exemples et d'autres dans le mémoire, et il y en a de
très nombreux autres dans le projet
de loi, surtout pour relever le fait que chacun de ces règlements, en fait, va
nécessiter une attention très particulière. Nous souhaitons que leur publication de chacun d'entre eux soit annoncée
largement non seulement via la publication normale dans la Gazette officielle, mais fasse l'objet de
communiqués et de communications spécifiques sur chacun des sujets,
parce qu'ils sont chacun importants en soi, et aussi que les délais de
consultation normalement prévus, soit de 45 à 60 jours, selon le cas,
soient systématiquement respectés et qu'il n'y ait pas de règlement qui fasse
l'objet de procédure rapide.
En ce qui a trait au dernier exemple cité, soit
celui sur la certification, l'AQEI souhaite faire partie du comité consultatif,
s'il est constitué.
Quant aux
commentaires spécifiques, ils porteront sur la participation publique, les
évaluations environnementales stratégiques et l'accès à l'information.
Quant à la
participation publique dans le contexte de l'évaluation ou de l'examen des
impacts sur l'environnement, l'article 31
et suivants, le projet de loi introduit, en 31.3.1, une consultation sur la
directive. Et cette disposition répond à une demande régulièrement
exprimée par les membres de l'AQEI. Elle permet de déterminer les enjeux
prioritaires d'un projet. C'est ce qu'on
retrouve d'ailleurs au fédéral avec la procédure d'évaluation des projets au
niveau fédéral. Tel que libellé,
toutefois, l'article ne prévoit qu'une transmission écrite des observations sur
les enjeux au ministre de la part des parties
prenantes, lequel restitue les observations au promoteur et les rend publiques.
On relève le fait que l'expérience et la recherche nous dictent que les
enjeux doivent souvent être discutés et arbitrés et qu'une forme de
consultation en présence des parties prenantes devra être envisagée.
Le projet de
loi introduit la notion de consultation ciblée en 31.3.5. Donc, on avait
normalement la possibilité de faire
une audience publique ou une médiation. Ici, on a la nouvelle notion de
consultation ciblée, qui est déterminée par le ministre au moment des demandes de parties prenantes. Ici, on n'a pas
nécessairement de position, mais plus de questions que de réponses. La notion de consultation ciblée
peut intervenir sur des parties prenantes en particulier ou sur des
aspects du projet. On ne sait pas exactement
à quel besoin répond cette nouvelle notion. Il est difficile, donc, de la
commenter.
Toutefois, on
retrouve, à l'article 287, l'obligation pour le BAPE de produire des
règles de procédure dans un délai maximum
d'un an concernant lesdites consultations ciblées. On souhaite que ces règles
de procédure fassent elles-mêmes l'objet d'une consultation, de façon à
pouvoir intervenir en temps et lieu.
Quant aux
évaluations environnementales stratégiques, en tant qu'organisation
professionnelle ayant maintes fois prôné
l'instauration de dispositions législatives pour appliquer les EES aux
politiques, plans et programmes gouvernementaux, on ne peut que se
réjouir de l'introduction du chapitre V dans le projet de loi. Nous avons
amplement documenté les bénéfices reconnus
d'une telle pratique dans nos interventions précédentes, entre autres, en
septembre 2015, lors du dépôt du livre
vert, mais, pour que les bénéfices des EES se réalisent, encore faut-il
qu'elles soient effectivement réalisées et qu'elles le soient dans les
règles de l'art.
Et il y a deux problèmes, à notre avis, qui se
posent dans le chapitre V tel que libellé. Le premier, c'est qu'il n'y a pas de déclencheur automatique pour la
réalisation d'une évaluation environnementale stratégique, et le second,
c'est que la validation de l'importante étape du cadrage est effectuée
seulement par un comité ministériel.
Donc, au
niveau du déclencheur, dans notre mémoire, on relève le fait que dans le projet
de loi, l'article 95.5, on dit que l'administration peut, lorsque
ses politiques ou ses programmes sont susceptibles d'avoir des incidences environnementales, faire l'objet d'une... peuvent
faire une évaluation environnementale stratégique. Or, cette conception
de l'application des EES, à notre avis, est
sous les standards internationaux. À titre d'exemple, on cite la directive
européenne sur le même sujet, qui prévoit
qu'une évaluation environnementale doit être effectuée pour tous les plans et
programmes qui sont élaborés pour le secteur
de l'agriculture, de la sylviculture, de la pêche, de l'énergie, de l'industrie
des transports, de la gestion des
déchets, de la gestion de l'eau, des télécommunications, du tourisme, de
l'aménagement du territoire. Nous croyons
que ces déclencheurs sont indispensables aux objectifs de prévisibilité et
d'efficacité de la modernisation du régime.
Quant au cadrage, la recherche a largement
démontré à quel point cette étape est déterminante, tant pour la qualité que la légitimité des EES, et, à notre
avis, aucune raison ne justifie de se priver d'une consultation, qu'elle
soit ciblée ou élargie, pour bonifier l'étape du cadrage.
Le projet de
loi ne prévoit qu'une validation par un comité constitué uniquement de
représentants ministériels aux articles 95.6
et 95.8. Nous croyons que les dispositions pourraient être modifiées, d'une
part, pour assurer une consultation externe sur le cadrage et pour
modifier la constitution du comité de validation, auquel devraient s'ajouter
des experts externes indépendants.
M. Vaillancourt (Pierre) : Si
vous le permettez...
Le Président (M. Hardy) :
M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt
(Pierre) : Oui, bien, je vais présenter le dernier élément.
Le Président
(M. Hardy) : En 35 secondes.
M. Vaillancourt
(Pierre) : Oh! d'accord. Alors, ça concerne l'accès à l'information et
le registre ici. Et notre association tient à dire que l'instauration d'un seul
registre public pour toutes les autorisations et les documents attenants à celles-ci... que c'est tout à fait
conforme à nos recommandations antérieures dans notre association et
qu'on considère que ce registre central favorisera la transparence et
l'accessibilité à l'information pour le public. Et ça va également renforcer
tout le processus d'évaluation environnementale.
On
considère que les déclarations de conformité également prévues devraient faire
partie de ce registre. Et un des éléments
importants dans cette notion d'accès à l'information, c'est qu'elles soient
délivrées dans des délais suffisants pour que le public puisse en être
informé et prendre des décisions éclairées.
Le
Président (M. Hardy) : Je vous remercie pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, madame. Bonjour, monsieur. Merci pour votre
présentation ainsi que votre mémoire. Je voudrais approfondir sur vos
commentaires concernant l'EES. Quand vous citez l'exemple européen, je veux
juste bien comprendre. Ça, c'est donc une directive de la Communauté
européenne. Est-ce que ça s'applique
également dans tous les pays membres de la Communauté européenne? Est-ce que
c'est, un, automatique...
Mme Fecteau
(Louise) : La directive...
M. Heurtel :
...dans les pays... Oui?
Mme Fecteau
(Louise) : La directive a été adoptée en 2001 au sein de la Communauté
européenne, mais les États membres — à ce moment-là, ils étaient 27 — avaient trois ans pour les transposer dans
leur législation nationale. Donc, en 2004,
la directive était officiellement en vigueur. Et, depuis lors... D'ailleurs, en
2015, ils étaient à faire la révision de cette politique-là, de cette
directive-là, qui fêtait ses 10 années de mise en application.
M. Heurtel :
Alors, est-ce...
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Heurtel :
Pardon. Merci, M. le Président. Alors, est-ce que je comprends, donc, que vous
suggérez une modification de l'article 95.5 pour faire cette énumération?
C'est ça que vous voudriez voir?
Mme Fecteau
(Louise) : Oui. En fait...
Le Président
(M. Hardy) : Mme Fecteau.
• (10 heures) •
Mme Fecteau
(Louise) : Pardon, je vais trop vite. Il y a un des objectifs
principaux qui remonte au livre vert, qui est celui de la prévisibilité. Le second, c'est l'efficacité. Puis toute
la logique en arrière de la refonte du régime d'autorisation
environnementale repose sur... dans un monde idéal, on dirait une cohérence
parfaite entre les différents niveaux d'évaluation,
puis les évaluations environnementales stratégiques sont reconnues comme étant
le niveau initial idéal pour discuter
des grands enjeux sur les politiques, plans et programmes gouvernementaux. Si
on veut que ça se fasse, si on veut
que ça se réalise, nos objectifs, qui sont vraiment des objectifs partagés, qui
font consensus, il faut que les EES se réalisent
dans les faits. Et, pour ça, ça ne peut pas être laissé à la discrétion de
chacune des administrations parce que, la nature étant ce qu'elle est, plus souvent qu'autrement il n'y en aura pas ou
ils seront retardés. Ça fait qu'il faut que les déclencheurs soient là
de manière automatique. Il y a des...
M. Heurtel :
...pardon, continuez.
Mme Fecteau
(Louise) : Il y a des grands secteurs d'activité qui ne peuvent pas
passer à côté des évaluations environnementales stratégiques, entre
autres, ceux du transport, ceux de l'énergie, et plus... en tout cas, il y a
aussi le sujet de l'aménagement du
territoire qui devrait y être assujetti, mais ça, c'est une autre question, là.
Mais ailleurs dans le monde, les
schémas d'aménagement, au plan national, font l'objet d'évaluations
environnementales en bonne et due forme parce qu'il y a beaucoup de projets qui ne sont pas nécessairement dans
la procédure d'évaluation d'impacts — projets immobiliers, projets de centres commerciaux,
projets touristiques — et qui ont beaucoup d'impacts dans les faits, et qui
génèrent des gaz à effet de serre, donc devraient avoir une forme d'évaluation.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Alors, quand vous parlez qu'on devrait élargir la
composition du comité qui viserait,
là, le mandat, là, de l'EES, vous suggérez quoi? Qui? Qui devrait faire partie
de ce comité-là? Vous dites : Ce n'est pas
suffisant que ça soit juste des membres de l'administration gouvernementale.
Alors, le comité que vous envisageriez serait composé de quelles personnes,
quelles compétences, provenant d'où?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Fecteau.
Mme Fecteau
(Louise) : Minimalement, il faudrait y ajouter deux ou trois experts
indépendants, experts dans le domaine. Ça serait dommage de se priver de
l'expertise. Il s'en fait tellement, des évaluations environnementales stratégiques maintenant. Il y a des pays, il y a
des organisations internationales, les grandes banques, Banque mondiale,
et tout ça... en font, en exigent, la
plupart des grandes organisations aussi. Il y a beaucoup de pays... Même dans
les pays émergents, il s'en fait. Il
y a des experts qui suivent chacune de ces procédures-là. Il y en a qui
écrivent des ouvrages de référence. L'OCDE a maintenant un guide sur la
réalisation d'évaluations environnementales stratégiques. Puis ces organisations-là font appel à des experts pour
être toujours à l'avant-garde de ce qui se fait de mieux, des mesures
qui sont éprouvées un peu partout dans le
monde. On devrait pouvoir bénéficier. Des fois, c'est ça qui est intéressant.
On est peut-être un peu en retard à
ce niveau-là sur d'autres législations, mais on a le bénéfice, peut-être,
d'utiliser leur expérience pour partir
du bon pied. Puis le comité, dans le fond, serait toujours en mode veille et
aurait toujours les meilleures procédures en temps réel.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Heurtel :
Un dernier petit commentaire, juste une précision. Je vous réfère, dans le
projet de loi, à l'article 177 du
projet de loi, qui modifie 118.5, au cinquième paragraphe. Alors, le
118.5 : «Le ministre tient un registre dans lequel sont rendus
accessibles au public les documents et les renseignements suivants.» Et, juste
pour votre information, au cinquième paragraphe, les déclarations de conformité
sont incluses, alors nous vous avons entendus. Alors, merci, M. le Président,
c'est tout pour moi.
Le Président (M. Hardy) :
Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre? M. le député de Maskinongé.
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Donc, bonjour, bienvenue. Écoutez, à la
lecture de votre mémoire, aussi en
écoutant votre exposé ce matin, vous nous faites part, à la page 4 de
votre mémoire, au niveau de la consultation et de la participation du public ou des gens, vous nous faites part du
processus qui... Présentement la loi prévoit un processus de transmission par écrit à l'article 31.3.1,
donc : «...toute personne, tout groupe ou [...] municipalité peut faire
part au [ministère], par écrit et
dans le délai prévu par règlement du gouvernement, de ses observations sur les
enjeux [de] l'étude d'impact [qu'elle] devrait aborder.»
Bon, vous,
vous nous dites, préalablement à ça, qu'il devrait y avoir, je vais prendre vos
termes : «...une forme de consultation
en présence des deux parties prenantes devra être envisagée.» J'aurais quelques
questions là-dedans parce qu'au dépôt
du projet de loi puis avec la modernisation de la loi on a été plus conscients
qu'en plus de la modernisation il y avait aussi une volonté d'accentuer la fluidité des demandes et faire que les délais administratifs un peu lourds soient un petit peu améliorés ou du moins substantiellement améliorés. Alors,
j'aimerais savoir comment ou de quels types de consultation vous voulez parler, et quelle serait, selon vous,
la meilleure façon, et si vous ne craignez pas, par ces façons-là, que
vous allez alourdir le processus administratif.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Fecteau.
Mme Fecteau (Louise) : Merci
pour la question, c'est une excellente question. On en a discuté, dans les
20 dernières années au sein de l'association, de la fameuse consultation
sur la directive. Ça peut paraître paradoxal parce
que c'est une étape, en effet, qui s'ajoute, mais c'est du temps de pris pour
en gagner. C'est qu'au fil des années on s'est retrouvés avec des études d'impact qui sont devenues
encyclopédiques. On a une énumération linéaire d'éléments qui ont une valeur égale. Chaque intervenant... Tu sais, dans les consultations interministérielles puis lors des discussions,
chacun insiste pour que son point soit
détaillé de manière approfondie au maximum, ce qui fait qu'on se retrouve
aujourd'hui avec des... on se retrouve
souvent aux audiences publiques du BAPE, à la fin du processus,
avec des gens qui disent qu'ils ne sont même pas capables de se retrouver dans une étude d'impact, puis parfois
les enjeux prioritaires ne sont même pas abordés de façon satisfaisante.
Donc, la consultation sur la directive, on est
en présence d'un avis de projet, on est en présence d'une idée, le promoteur qui arrive avec une idée, puis, dès le
démarrage, dès la conception de son projet, avant même de faire les
études approfondies, il y a une discussion
sur la directive, sur les enjeux qui devraient être détaillés de manière plus
soignée, là, c'est-à-dire de manière plus détaillée. Ça fait que c'est là
souvent qu'on se rend compte qu'il y
a certains éléments qu'on n'aurait peut-être même pas soupçonnés a priori qui vont attirer
l'attention du public plutôt que, donc, attirer l'attention juste à la
fin. Le promoteur, le ministère de l'Environnement puis les différents intervenants
sont conscients que, dès le départ, ces enjeux-là vont être sensibles, et on va
pouvoir y apporter l'attention requise tout au long du processus. Puis il
y a comme une entente qui s'installe,
à partir de là, sur le fait que ces enjeux-là vont mériter une place
prépondérante dans le cadre de toute l'étude
du projet. Quand on arrive aux audiences publiques, une fois l'étude d'impact
réalisée, bien, on peut faire un lien avec cette préconsultation-là sur
le fait qu'on en a tenu compte tout au long du projet.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante : En parallèle à votre réponse, donc, ce que vous
suggérez, c'est vraiment une rencontre préprojet ou suite à l'avis
de projet, si on veut.
Vous avez
répondu en partie à ma question, mais quelle est la forme... pour vous, quelle
serait la meilleure forme que
pourrait prendre cette rencontre-là ou cette préconsultation-là, puisque, bien,
selon nous... en tout cas, dans la loi, nous, on pensait que par écrit ou la signification par
écrit des intentions ou des questionnements était suffisante, mais là vous nous suggérez un genre de consultation plus ciblée ou plus restreinte, préprojet qui va permettre, si je
comprends bien ce que vous dites, de
mettre les pour et les contre du projet et donner une orientation pour l'ensemble de l'analyse jusqu'à la fin, donc qui serait comme une forme de préengagement du ministère
et des parties en départ du projet pour arriver, par la suite, à la fin
de l'analyse.
Mme Fecteau (Louise) : En fait,
c'est de donner une légitimité à cette opération-là qui se passe en début de processus
parce qu'on comprend que, dans un projet de loi, on ne va pas jusqu'aux détails
des procédures. Ça fait que probablement que le minimum requis, de demander de transmettre par écrit les enjeux
et éventuellement de les rendre publics, c'est déjà une grande avancée. La consultation, elle est déjà proposée aux promoteurs dans le cadre des
directives. On souhaite que les promoteurs fassent des réunions de consultation
préprojet.
Ce qui
arrive, c'est que... bien, j'allais dire plus souvent qu'autrement. Trop souvent, il y a des promoteurs qui se font reprocher, par la suite, d'avoir fait des
tentatives, comment je dirais ça, donc presque d'acheter des gens de la
partie publique. Tu sais, si les formes de
consultation sont informelles, on peut remettre plein de choses en question au
fil du processus. Il y a certaines
parties prenantes qui ne s'impliqueront pas parce qu'elles n'ont pas envie
d'avoir des discussions privées avec
le promoteur, elles vont attendre que les audiences publiques du BAPE, qui
arrivent à la fin, soient ouvertes. Et là on est à l'envers. Donc, les
interventions arrivent trop tard dans le processus.
L'idée, c'est
de donner une certaine légitimité à ça dès le départ, que tout le monde
convienne que c'est ce qui doit être
fait, que c'est souhaitable. Et, à la limite, ça peut être réalisé par le BAPE
dans une forme allégée, c'est-à-dire que,
pour les grands projets, il y ait une consultation sur la directive en bonne et
due forme, qu'on fasse sortir les enjeux une bonne fois pour toutes, que les parties impliquées y soient invitées et
soient fortement invitées, donc, à s'impliquer dès le début. De cette
façon-là, on va avoir un meilleur résultat tout au long du processus.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante : Merci,
M. le Président. Je comprends un petit peu mieux votre point de vue. Ma crainte reste celle du début où
c'est... il y a certains projets qui vont soulever plusieurs groupes, de
nombreux groupes, on peut dire une cinquantaine,
une soixantaine, même des fois une centaine de groupes, à manifester leur intérêt
de rencontrer le promoteur, de discuter du projet ou d'apporter des
points de diverses formes. Et là, si on instituait par la loi ces rencontres ou
ces prérencontres-là, ma crainte
serait : On a beau donner un fil directeur puis vouloir, mais c'est
impossible, s'il y a
50 groupes, qu'ils vont avoir toutes
les mêmes craintes ou les mêmes opinions sur le projet. Donc, en faisant cette
rencontre-là ou ces rencontres-là,
moi, je pense que ça pourrait aussi peut-être déphaser ou du moins créer de l'attention autour
du projet, qui n'est pas nécessairement celle qui va permettre de conclure le projet puis respecter les
meilleures normes environnementales, là. C'est un peu ma crainte, puis je
me disais : La signification par écrit leur permettait, bon, de faire part
de ça, mais permettait aussi au promoteur de
prendre le pour et le contre de cette signification-là, et par la suite le ministère
fait son travail d'analyse tout au long du dossier.
Quand vous
parlez des rencontres, si tout jamais on institue un processus comme ça, est-ce que
vous verriez, dans ces rencontres-là,
que toute personne qui a un intérêt ou qui a un questionnement face au projet
est invitée automatiquement à ces rencontres-là ou si c'est seulement les
personnes les plus près, bon, municipalités, ministères, des groupes de
citoyens ou des groupes d'intérêts? C'est un petit peu ma question.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Fecteau.
Mme Fecteau
(Louise) : Ça peut se passer un peu comme au fédéral, où il y a deux
niveaux d'intervention, des niveaux... quand il y a des évaluations
sommaires ou plus approfondies, puis le niveau de consultation est ajusté en conséquence. Mais vous avez raison par rapport au
fait que la transmission par écrit est le minimum requis, puis ce n'est
pas dans tous les cas où les consultations
sont requises. Puis, en fait, l'idée ici, c'est... Quand on dit que ça devrait
être envisagé pas nécessairement dans le projet de loi, mais
éventuellement dans des directives, l'idée, c'est de ne pas laisser le
promoteur coincé avec la tenue de consultations parce que ça peut se retourner
contre lui.
C'est certain
que, s'il y a plusieurs groupes qui ont des interventions à faire, il vaut
mieux qu'ils les fassent dès le départ
qu'à la fin parce que, d'une manière ou d'une autre, rendu à la fin, le
promoteur a investi des millions, souvent, dans ses études. Si le projet est pour prendre, excusez-moi
l'expression, mais le champ, si le projet est pour ne pas se réaliser
tellement il y a d'opposition à la fin, il vaut mieux le savoir dès le
démarrage puis pouvoir documenter son projet en conséquence. Mais quant à la
forme, ça peut faire l'objet de directives ou de règlements, éventuellement.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé, 1 min 30 s.
M. Plante :
Oui, écoutez, ma dernière question va être très simple et très facile. Vous
faites allusion et vous nous parlez
du rôle d'accompagnateur du ministère. Bon, on sait qu'on voit, par le projet
de loi n° 102, une refonte, un peu, du rôle du ministère pour accompagner plus les promoteurs de projets, tout
ça, et vous ajoutez à ça en disant qu'il devra... puis là j'ai perdu la page en parlant, ça ne va pas bien...
mais... tut, tut, tut... n'ait pas l'importance... je l'avais juste ici. En
tout cas, vous dites qu'il doit être plus qu'accompagnateur, et là il me
manque, là, les mots tels quels, mais, en tout cas, vous parlez du rôle
d'accompagnateur comme étant, oui, bien, mais que vous voulez quand même que le
ministère continue de jouer son rôle d'observateur et d'analyste. Ça, c'est
clair et compris, qu'on va continuer. Mais j'aimerais que vous parliez un petit
peu du rôle d'accompagnateur, comment vous voyez ça, parce que, pour plusieurs
groupes ou plusieurs personnes qu'on a rencontrés, ce rôle-là est une grande
avancée face au ministère, là.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Fecteau, en 30 secondes.
Mme Fecteau
(Louise) : Il y a plusieurs groupes, en effet, puis on fait partie de
ceux-là, qui font la promotion des rencontres
initiales, là. Autrement dit, dès le démarrage du projet, qu'il y ait des
discussions plus approfondies avec les représentants
du ministère, justement pour bien organiser la structure de l'étude d'impact
elle-même, qu'elles soient moins standard
d'une à l'autre, là, qu'on puisse les ajuster en fonction des différents
projets. Puis, encore là, il faut avoir une ouverture de part et d'autre
pour pouvoir mener ça à bon port.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Le temps alloué au groupe
parlementaire formant le gouvernement étant écoulé, je cède la parole à
l'opposition officielle. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, M. le Président. Mme Fecteau, M. Vaillancourt, merci
d'être ici, merci de prendre le temps de nous éclairer de votre expérience
de 25 ans, c'est ce que j'ai vu sur votre logo, là. Alors, félicitations
pour ces 25 années!
Je voudrais
revenir sur les évaluations environnementales stratégiques parce que je sens
que c'est vraiment le point, en tout
cas, sur lequel... un des points sur lesquels
vous insistez en particulier. Ce que je
comprends, c'est que... Bien, j'aimerais ça d'abord que vous m'expliquiez davantage
ce que vous entendez par «déclencheur automatique». Est-ce que ça veut dire que c'est une obligation, d'avoir une EES? Parce que vous dites plus
loin, en vous basant sur l'exemple européen, qu'une évaluation
environnementale doit être effectuée. Donc il y a une obligation derrière ça.
Donc, pouvez-vous m'en dire plus là-dessus?
Mme Fecteau
(Louise) : Le déclencheur est effectivement... correspond à une
obligation. Il y a certains secteurs d'activité
pour lesquels, dès qu'il y a un projet de politique, de plan ou de programme ou
dès qu'il y a une modification significative
de ceux-ci, ils font l'objet, de manière automatique, d'une évaluation
environnementale stratégique, en effet.
M. Gaudreault : Et c'est
ce que vous nous recommandez ici, d'avoir ce déclencheur automatique?
Mme Fecteau
(Louise) : Oui, oui. C'est un prérequis pour la prévisibilité, les
gens vont s'y attendre, vont se former en conséquence. Les évaluations
environnementales stratégiques font éventuellement l'objet d'une consultation
qui serait probablement menée par le BAPE,
donc même le BAPE va s'organiser en conséquence. C'est-à-dire que toute
la... Autrement dit, il y a un système qui
va s'organiser en fonction des évaluations qui vont se faire de manière
systématique, il y a une routine qui va
s'installer, il y a une façon de faire qui va devenir de plus en plus
familière. On va considérer qu'il est important de donner les formations
essentielles et utiles aux différents agents dans les organisations concernées,
puisqu'on va savoir à l'avance qu'ils vont avoir à en faire de manière
obligatoire, tandis que, si ça reste...
M. Gaudreault :
Facultatif?
Mme Fecteau
(Louise) : ...facultatif, tous ces éléments-là d'organisation de
système ne se mettront pas en branle, puis on va être, dans des années,
à se demander pourquoi ça n'a pas fonctionné.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
O.K. Et en plus d'avoir ce déclencheur automatique, là vous nous suggérez, en
vous basant sur le modèle européen, une liste de sujets. Est-ce que
c'est ce que je comprends bien? Donc là, dans l'exemple européen, agriculture, sylviculture, pêche, énergie,
industrie, transport, etc., est-ce que c'est ce que vous nous suggérez aussi,
de mettre une liste en annexe, d'une
certaine manière? Et, si oui, quelle est la liste? Vous voulez qu'on fasse du copier-coller
du modèle européen ou il y a d'autres sujets qui peuvent être différents?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Fecteau.
Mme Fecteau
(Louise) : Ce n'est pas nécessairement du copier-coller, la liste peut
être éventuellement promulguée par règlement
ou sous forme de directive. Il faut créer une forme d'obligation. La loi, ça
fait... Installer cette liste-là dans la loi, ça devient lourd.
Éventuellement, il faudrait être consultés sur le sujet, mais ce qu'il y a là
est généralement ce qui est reconnu.
C'est là
aussi où les projets subséquents... parce que... ce que je n'ai pas pris le
temps, peut-être, d'expliquer, non seulement
c'est important pour l'efficacité de la procédure elle-même, mais c'est surtout
important pour l'efficacité puis la légitimité des projets qui vont être
évalués sous ces plans généraux là.
À titre d'exemple, dans le secteur du
transport, si on fait une évaluation environnementale stratégique sur un
plan de transport métropolitain, à titre
d'exemple, pour la grande région de Montréal, si on avait fait ça, mettons, il
y a une quinzaine d'années, une évaluation sur le grand plan de
transport, chacune des évaluations ensuite, sur la route 30, sur la route 19, sur l'échangeur Turcot, on
aurait droit à de vraies études d'impact sur la route en tant que telle et non
pas sur tout le débat concernant le transport autour de la région
métropolitaine.
Donc,
l'idée derrière l'ajout... parce que, tantôt, on parlait d'efficacité, on
ajoute une étape, mais c'est pour rendre plus fluide, justement, plus
efficace ensuite l'évaluation des projets distincts eux-mêmes.
M. Gaudreault :
Mais donc c'est là qu'on touche justement, un peu comme dans
l'article 95.5, là, les programmes de l'administration, incluant les stratégies. Donc, une stratégie de
mobilité durable, par exemple, devrait faire l'objet d'une évaluation
environnementale stratégique?
Mme Fecteau
(Louise) : Dans certains pays, là, on est à la deuxième puis même à la
troisième génération de plans de transport qui font l'objet d'EES. Les
méthodologies sont éprouvées, ça se fait de manière quasi routinière.
M. Gaudreault :
O.K. Maintenant, vous dites... On en a parlé un petit peu, vous en avez parlé
avec les collègues, là, sur le cadrage
des consultations, là, pour les évaluations environnementales stratégiques,
vous parlez d'une consultation externe pour assurer le cadrage, là.
Pouvez-vous nous en parler un petit peu plus, là?
• (10 h 20) •
Mme Fecteau
(Louise) : Oui. L'étape du cadrage est autant sinon plus importante
que l'évaluation elle-même, c'est-à-dire
que c'est là où on va déterminer la portée de l'étude, de l'évaluation, c'est
là où on va déterminer son ampleur. Et,
si on veut qu'elle ait une légitimité, l'évaluation environnementale, encore là
il n'y a pas vraiment de raison de se priver de faire une consultation. Puis, selon la nature du plan ou du
programme, c'est sûr qu'une politique, on va avoir un intérêt à élargir la consultation au plus large possible.
Mais il y a certains plans aux programmes peut-être plus spécifiques qui
pourraient mériter une consultation ciblée auprès d'intervenants sur
invitation, à titre d'exemple.
Mais au moins on
s'assure... dès le départ, dès que la structure de l'évaluation est déterminée,
on fait une consultation pour s'assurer
qu'on est sur la bonne piste, puis ensuite l'évaluation peut se faire de
manière plus confortable. Puis, rendus à la fin, bien, on a déjà une
certaine légitimité quand vient le temps de la partager au public en général.
M. Gaudreault :
Maintenant, vous commencez votre mémoire avec des commentaires généraux sur...
puis là je vous cite, là, à la
page 2 : «De nombreuses dispositions, importantes, seront toutefois
détaillées au sein de futurs règlements. Il est donc hasardeux, voire
impossible de les commenter ici.» Alors, vous souhaiteriez obtenir, à tout le
moins, les intentions réglementaires du
ministre le plus tôt possible, à tout le moins. Est-ce que, par exemple, ça
vous conviendrait qu'ils soient déposés ici, en commission? Donc, une
fois que c'est déposé, là, au moins c'est public. Puis après ça on pourrait
vous consulter ou vous pourriez nous faire part de vos opinions, de vos
observations?
Mme Fecteau
(Louise) : C'est sûr qu'il y a des règlements qui sont très, très
importants, là, ceux qui vont encadrer, par exemple, les activités qui vont faire l'objet de déclarations de
conformité, tout ça. Il y en a d'autres qui sont plus des règlements
d'application, c'est des détails techniques. C'est certain qu'on n'a pas
nécessairement besoin d'avoir des consultations comme ici pour l'ensemble de
ces règlements.
J'imagine qu'à un
moment donné il y aura la nécessité d'ordonnancer, il va falloir hiérarchiser
la série de règlements pour qu'il y ait une logique derrière leur présentation
puis leur entrée en vigueur. Ça fait que, s'il y a un programme,
éventuellement, des différents règlements qui vont être nécessaires, on va
peut-être savoir plus à quoi s'attendre puis d'à quel moment on va avoir à intervenir.
Mais
une chose est sûre, c'est que, normalement, les règlements, bien, c'est comme
ça, ils sont publiés, il faut surveiller la Gazette officielle.
Mais il y en a beaucoup, de règlements qui sont quand même d'importance, puis
on souhaiterait... Dans le fond, l'idée ici, c'est qu'ils fassent l'objet d'une
publicité, on pourrait dire ça comme ça, pour nous éveiller...
M. Gaudreault :
...qu'ils sont rendus publics.
Mme Fecteau
(Louise) : Oui. Bien, non, en fait, ils sont toujours rendus publics.
M. Gaudreault :
Oui, oui, mais je veux dire rapidement, là, pour qu'on puisse les connaître
puis savoir où le gouvernement s'en va.
Mme Fecteau
(Louise) : Oui, en effet, parce que, dans la Gazette officielle,
on a une série de... comment je dirais ça?
Il peut y avoir 30 trucs qui ont été modifiés, mais il faut être capable
de localiser celui qui nous concerne, tandis que, là, tout ce qui est autour du projet de loi, de
modernisation du régime d'autorisation environnementale, si on peut
avoir... un communiqué, chaque fois, nous
dit : En voici un, nouveau règlement qui était prévu dans le projet de
loi, il va attirer notre attention de manière plus certaine.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière, il vous reste une minute.
M. Gaudreault :
Oui. Justement, vous en avez fait mention un peu, les consultations ciblées,
vous en parlez à la page 5 de votre mémoire. Bon, vous dites qu'il y a
beaucoup de questions qui se posent autour de cette question. Autrement dit, vous avez l'air à nager un peu dans
le flou, là, sur cette question de consultations ciblées. Vous
souhaiteriez quoi pour que ça clarifie votre... pour que ça vous aide,
finalement, à vous positionner, là? Comment vous voyez ça?
Le Président (M. Hardy) : En
25 secondes, Mme Fecteau.
Mme Fecteau (Louise) : On se
fie sur... Le BAPE va déterminer ses règles de procédure par rapport aux consultations ciblées, c'est prévu à
l'article 287. On souhaiterait qu'il y ait une consultation sur les règles
de procédure. Ça fait qu'à ce moment-là on verra s'il y a des
ajustements qu'on souhaite par rapport aux règles de procédure qui seront
présentées.
M. Gaudreault : Merci.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Donc, le temps à
l'opposition officielle est terminé. Je cède la parole au deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Masson, à vous la parole.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Merci, Mme Fecteau, M. Vaillancourt. Bon, en fait,
plusieurs bonnes questions. Votre mémoire est très bien rédigé et puis très
bien orienté.
On va rester dans les évaluations
environnementales stratégiques, un peu pour avoir des éclaircissements supplémentaires. Mais moi, je trouve ça très
intéressant. En fait, ce que je comprends, là, c'est que vous êtes en train
de travailler en prévention, vous êtes en
préventif, là. Ce que vous recommandez quasiment, c'est de faire des
évaluations environnementales stratégiques en amont sur différents sujets puis
de les avoir, ces documentations-là, disponibles sans nécessairement qu'il y ait de projets sur la table, c'est ce que je
peux comprendre. Ce serait votre situation idéale?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Fecteau.
Mme Fecteau (Louise) : Les évaluations
environnementales stratégiques ne portent pas sur des projets spécifiques, c'est l'atout principal, c'est-à-dire
qu'on peut discuter des enjeux... Je vais vous donner l'exemple, qui est
souvent évoqué ici, de la filière éolienne.
Dans le cas de la filière éolienne, quand on discute d'un projet en milieu
habité ou dans différents endroits, la
justification même du projet prend toute la place. Est-ce que c'est normal
d'avoir des éoliennes à proximité des résidences? Ça va faire baisser la
valeur de ma propriété, bon.
S'il y a une
évaluation environnementale stratégique sur la filière éolienne, les grands
groupes vont venir discuter de :
Est-ce que, oui ou non, il y a effectivement une baisse de valeur de propriété?
Quelle est la documentation sur le sujet? Qu'est-ce que la recherche
nous dit? Est-ce qu'il vaut mieux les mettre complètement en région éloignée ou
plutôt à proximité des résidences? Il y a
des groupes qui vont venir dire qu'ils ont envie, pour leur communauté, de
développer des projets comme ceux-là parce
que c'est structurant économiquement. Il y a d'autres groupes qui vont
dire : Pas question parce que ça
va bousiller notre paysage. Mais toutes ces discussions-là se tiennent sans
qu'il y ait de projet promoteur ou de communauté
spécifique concernée. On discute des meilleures conditions pour avoir une
filière éolienne au Québec en considérant
la documentation, la recherche, les expériences ailleurs sur le sujet. Une fois
que ça, c'est déterminé, ensuite, les projets
peuvent s'installer en sachant... Les promoteurs vont avoir en tête les
résultats de l'évaluation environnementale stratégique, les communautés aussi puis les groupes aussi vont avoir
déjà entendu les discussions sur les grands enjeux.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Masson.
M.
Lemay : Tout à l'heure, vous mentionniez, avec les directives
européennes aussi, qu'il y avait... on faisait ça aussi pour les schémas d'aménagement au niveau des
municipalités, O.K.? Donc, est-ce que vous croyez que, dans le fond, ça
devrait être aussi applicable au municipal, au niveau municipal? J'imagine.
Mme Fecteau (Louise) : Il y
avait une autre refonte importante aussi au Québec, la refonte de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Dans le contexte de
la refonte de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, il y avait, en effet, deux dispositions qui avaient été
introduites, qui prévoyaient que des évaluations environnementales, sociales
et économiques se tiennent lors de
modifications de schémas d'aménagement. Nous sommes intervenus dans les
mêmes circonstances à cet effet-là, et on
disait que, oui, c'était indispensable d'imaginer le plus en amont possible les
effets sur l'environnement des
projections de développement dans le contexte de schémas d'aménagement, justement
parce que les plus grands projets ne
sont parfois pas assujettis à la procédure d'évaluation et d'examen des
impacts. Puis ça permet que les
grandes politiques, par exemple les plans d'action sur les changements
climatiques, et tout ça, trouvent certaines réponses au moment des schémas... au moment de la
modification des schémas d'aménagement. Ça demande aussi un renforcement
des capacités du côté des MRC, des
communautés métropolitaines à cet effet-là, mais c'est important, ça évite que
des projets soient trop avancés puis éventuellement refusés pour les bonnes ou
mauvaises raisons.
M. Lemay : Parfait. Puis je
comprends que vous avez focussé beaucoup sur l'évaluation environnementale stratégique, mais, considérant que vous avez
apporté le point de la directive européenne, est-ce que vous avez aussi
regardé la possibilité d'introduire le test climat? Je ne sais pas si vous avez
une opinion là-dessus. Vous ne le mentionnez pas dans
votre mémoire, mais ça peut être lié. Est-ce que vous croyez, en fait, que
c'est favorable de, justement, pouvoir introduire la notion de test climat dans
la LQE?
Mme Fecteau
(Louise) : Alors, on n'en a
pas discuté, mais c'est certain que, déjà dans les grands projets, les effets sur les changements... les effets sur les
différentes politiques sont prévus dans les directives. Il faut déjà que
les promoteurs détaillent les effets
de leurs projets sur... les projets qui sont assujettis à l'article 31,
là, la procédure d'évaluation,
d'examen des impacts sont déjà là-dedans,
mais on n'a pas eu de discussion, on n'a pas de position formelle sur
l'introduction de test climat dans la loi.
M. Lemay : Bien, il n'y a pas
de problème. Bien, moi, en tout cas, mes questions étaient orientées pas mal sur les EES. Je ne sais pas si vous avez quelque chose d'autre à rajouter ou peut-être M. Vaillancourt? Non? Bon, bien, merci
beaucoup.
Le Président (M. Hardy) : Il
n'y a plus rien à rajouter? Je vous remercie beaucoup. Donc, Mme Fecteau,
M. Vaillancourt, je vous remercie pour votre contribution aux travaux de
la commission parlementaire.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants d'Hydro-Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à 10 h 30)
(Reprise à 10 h 32)
Le Président (M. Hardy) : Nous
reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants d'Hydro-Québec. Je vous demande de bien vouloir
vous présenter, et vous aurez 10 minutes pour exposer votre exposé.
À vous la parole.
Hydro-Québec (HQ)
Mme Leney
(Stella) : Merci beaucoup, M. le Président. Mon nom est Stella Leney,
je suis directrice principale Environnement et affaires corporatives à
Hydro-Québec.
M. Bolullo
(Mathieu) : Je suis Mathieu Bolullo, gérant de projets, Projets de
transport et construction à la division Hydro-Québec Innovation,
Équipement et services partagés. Bonjour.
Mme Leney
(Stella) : Bonjour, M. le Président de la commission, Mmes, MM. les
députés. Nous remercions tout d'abord
les membres de la Commission des transports et de l'environnement de cette
invitation à participer aux consultations particulières sur le projet de
loi n° 102.
Hydro-Québec mène simultanément plusieurs
centaines de projets, allant de simples travaux d'entretien à la construction
de grands aménagements hydroélectriques, comme le complexe de La Romaine. Ces
travaux visent notamment à assurer la pérennité de nos installations et à
répondre à la croissance de la demande en électricité.
Hydro-Québec
est présente partout au Québec et intervient dans différents types de milieux,
qu'il s'agisse de forêts publiques, de terres agricoles ou de centres
urbains. Chaque intervention est susceptible de requérir une ou plusieurs autorisations de la part de diverses autorités
gouvernementales. Un grand nombre des autorisations requises découlent
de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Hydro-Québec procède en moyenne par année à près de 150 demandes
d'autorisation, ce qui fait de l'entreprise sans doute le plus important
requérant en vertu des dispositions de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Hydro-Québec,
également, offre un service essentiel. Elle doit le faire à des tarifs devant
demeurer à un niveau inférieur ou
égal à l'inflation et elle doit, chaque année, au bénéfice de la collectivité,
atteindre ses objectifs de rendement. Il est donc impératif que ses
projets soient réalisés de manière à respecter les échéanciers et à contrôler
les coûts.
Hydro-Québec
souscrit aux objectifs poursuivis par le projet de loi n° 102. Plusieurs
dispositions et modifications mises de l'avant pour atteindre ces
objectifs méritent d'être soulignées.
Nous saluons
notamment la modulation du régime d'autorisation selon les quatre catégories de
risque identifiées ainsi que l'instauration d'un régime d'autorisation
ministérielle unique.
L'abrogation de l'article 8 du Règlement
relatif à l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement est également une initiative intéressante. Rappelons
qu'en tant qu'utilité publique bon nombre de nos projets touchent plus
d'une municipalité et sont d'intérêt régional ou national. C'est pourquoi cette
abrogation constitue, à notre avis, une modification
qui s'inscrit dans les objectifs d'allègement réglementaire, de simplification
des processus et d'efficience qui sont visés par le projet de loi.
Par ailleurs,
nous estimons que certaines modifications ou précisions pourraient être
apportées au texte, tel que proposé,
afin de donner le plein effet aux objectifs recherchés. Les commentaires qui
suivent s'inscrivent dans cette optique.
Premièrement, concernant la modulation du régime
d'autorisation selon quatre catégories de risque, en ce qui concerne la catégorie d'activité à risque élevé,
alors, nous apprécions la volonté d'optimiser
la procédure d'évaluation et d'examen
des impacts sur l'environnement par l'introduction de délais, de délégation de
pouvoirs ou par l'officialisation de modes alternatifs de consultation
publique comme la médiation et les consultations ciblées.
Par ailleurs, dans un souci
d'efficience, il serait pertinent de prendre en compte, lors de l'élaboration
des listes réglementaires d'activités
à risque élevé, les impacts environnementaux réels qui ont été documentés dans
le cadre de suivis environnementaux
de projets antérieurs similaires ainsi que les mesures d'atténuation et les
pratiques environnementales développées au cours des dernières années.
Hydro-Québec
a réalisé, depuis le début des années 90, des centaines d'évaluations environnementales
de projets de lignes et de postes
appuyées par des méthodes reconnues par le ministère. Par conséquent, certains
projets récurrents avec bilan
environnemental positif ou dont les impacts environnementaux et les mesures
d'atténuation requises sont connus et documentés devraient être
considérés comme des activités à risque modéré ou à risque faible, et donc
exclus de la procédure d'évaluation.
Quant au régime
d'autorisation gouvernemental, il doit être prévisible. Le nouveau pouvoir du
gouvernement d'assujettir à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts
un projet non inclus dans la liste réglementaire nous préoccupe, car il rend incertain le régime d'autorisation applicable à
un projet. La décision d'assujettir ou non un projet à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts
engendrera des délais additionnels qui influeront sur ses coûts et sur
sa date de mise en service.
Quant
à la consultation à l'étape de la directive, Hydro-Québec reconnaît le
bien-fondé des objectifs poursuivis par la tenue d'une consultation à l'étape de la directive. Néanmoins, la
procédure, telle que proposée, ne permet pas à l'initiateur du projet de présenter ses observations sur la
pertinence d'intégrer dans l'étude d'impacts certains éléments soulevés
lors de cette consultation. Actuellement,
l'utilisation par le ministère de directives types finales constitue un acquis
majeur en ce que celles-ci sont émises sans
délai et ont un contenu prévisible. En effet, l'utilisation de ces directives
types a permis de réduire les délais d'émission d'une directive de
plusieurs mois sans diminuer la qualité des études d'impact.
De
plus, dans le cadre de la réalisation de ces études, plusieurs activités
d'information et de consultation du public sont mises en oeuvre par Hydro-Québec, et ce, dès les premières étapes du projet. Les
préoccupations recueillies lors de ces échanges sont ainsi prises en
compte dans la réalisation de l'étude d'impact et dans la conception du projet.
Quant
au nouveau régime d'autorisation ministérielle unique pour les activités à
risque modéré, cette simplification du
régime actuel pourrait mener à des gains d'efficience dans la mesure où il
permettrait l'harmonisation des exigences applicables à un même projet
ou activité. Toutefois, il ne devrait pas conduire nécessairement à la
délivrance d'une autorisation unique
préalable pour l'ensemble d'un projet dans tous les cas. Cela pourrait poser
problème pour certains projets
élaborés en phases successives. Dans bien des cas, les spécificités de
certaines composantes d'un projet ne peuvent être finalisées avant que
ne débutent les principaux travaux. À titre d'exemple, la construction d'un
nouveau poste de transport doit pouvoir
débuter avant que ne soit finalisée, par
exemple, la conception des
installations de gestion des eaux usées qui seront dans le poste.
Quant à la durée de
validité des autorisations, Hydro-Québec n'est pas favorable à ce que la
validité des autorisations touchant ses activités et ses équipements ait une
durée limitée ou que ces autorisations doivent faire l'objet d'un renouvellement, notamment parce qu'il s'agit d'un service
essentiel qu'est la livraison d'électricité, et que nos installations nécessitent d'importants
investissements, et qu'il s'agit d'infrastructures qui ont une très longue
durée de vie.
Hydro-Québec
suggère également que les nouveaux pouvoirs alloués au ministre
soient bien balisés afin qu'ils ne deviennent
pas une source d'incertitude pour un promoteur quant à l'application de la loi
et des règlements afférents et qu'ils atténuent les bénéfices attendus
de la modulation du régime en quatre catégories.
Quant à l'exemption à
l'obligation d'obtenir une autorisation pour les activités à risque faible et à
risque négligeable, il serait important que les impacts environnementaux réels
qui ont été documentés ainsi que les mesures d'atténuation appliquées soient
pris en compte dans l'élaboration des listes réglementaires d'activités à
risque faible et négligeable. Il serait
également pertinent que la classification des activités dans ces catégories
préserve les exemptions et assouplissements
prévus par le régime actuel en vertu de règlements et par les notes
d'instructions ou d'interprétation qui ont
été émises par le ministère du
Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.
• (10 h 40) •
Dans le cadre des projets soumis à la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts, le remplacement d'autorisations par des déclarations de conformité peut
représenter un allègement particulièrement significatif. Cette mesure devrait
être préservée dans le texte de loi. À titre
d'exemple, dans le projet hydroélectrique d'Eastmain-1-A—Sarcelle—Rupert,
plus de 70 certificats d'autorisation
ont été émis en vertu de l'article 22 de la loi pour les principaux ouvrages. Ces certificats d'autorisation
pourraient être remplacés par des déclarations de conformité.
L'importance
d'une consultation dans le cadre de l'élaboration des listes réglementaires des
activités. Dans le cadre des travaux
actuels, le ministère est à élaborer les règlements d'application qui viendront
notamment déterminer et encadrer les
activités visées par la procédure d'évaluation et d'examen des impacts.
Considérant l'importance de ces règlements, Hydro-Québec souhaiterait
être consultée tôt dans le processus d'élaboration de ces listes d'activités.
L'accès
à l'information et registres publics. Hydro-Québec est favorable à la
publication d'informations permettant de
mieux renseigner le public, mais nous sommes préoccupés quant à la sensibilité
des informations qui pourraient faire l'objet
d'une obligation de divulgation. Nous croyons que les encadrements prévus à la
Loi sur l'accès devraient constituer les balises à cet égard. Un
promoteur devrait pouvoir protéger ses secrets industriels ou commerciaux,
également des informations sur l'utilisation du territoire qui lui ont été
fournies par des usagers du territoire ou les informations qui pourraient, par
exemple, favoriser la spéculation immobilière.
En
conclusion, Hydro-Québec appuie le projet de loi n° 102. Toute volonté de
simplification, d'allègement, de clarification,
de modernisation du processus d'autorisation est positive, en autant qu'elle
ajoute de la prévisibilité pour le promoteur. Nous saluons la modulation
du régime d'autorisation selon les quatre catégories de risque identifiées.
Enfin, Hydro-Québec se réjouit de l'encadrement
de la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement par
l'introduction de délais, de délégation de pouvoirs, par l'officialisation des
modes alternatifs de consultation publique. Ces mesures
offrent de la souplesse tout en apportant des précisions essentielles en regard
de l'application de la loi. Nous vous remercions de votre attention.
Le Président (M. Hardy) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Leney, M. Bolullo. Merci pour
votre présentation ainsi que votre
mémoire. Pour moi, ça fait le tour, c'est très clair. Je veux laisser du temps
à mes collègues pour poser des questions.
Le seul point
que j'aimerais approfondir avec vous, vous avez parlé, en début de
présentation, la notion d'impacts environnementaux
réels. J'aimerais ça que vous alliez plus loin là-dedans, là. C'est parce que
vous... Si je vous comprends bien,
c'est d'ajouter un critère au niveau de l'évaluation environnementale. Est-ce
que c'est ça que vous recherchez? C'est de dire : Bien, si, par exemple, Hydro-Québec est capable de
démontrer qu'un projet est à tous points semblable à d'autres qui ont reçu des autorisations environnementales,
qu'on devrait en quelque sorte faire presque un genre de copier-coller?
Est-ce que je vous suis?
Mme Leney
(Stella) : Alors, oui, M. le Président et M. le ministre, deux
éléments. Premièrement, nos projets, comme
vous le savez, sont quand même des projets qui sont similaires. Ce sont des
projets de lignes de transport, de postes, des ouvrages dans le cadre
d'aménagements hydroélectriques. Donc, c'est des projets qui sont assez
similaires et récurrents dans le temps.
C'est des projets qui ont fait l'objet, comme on le dit, d'études d'impact, en
fait, depuis que la loi existe,
depuis le début des années 80. Alors, les impacts environnementaux de ces
projets-là sont très bien documentés, et c'est dans ce sens-là qu'on dit que la procédure, et donc les
directives, les exigences de la loi, doivent se baser sur des impacts environnementaux réels et sur des connaissances
scientifiques que l'on a acquises au cours de ces études d'impact là et
des suivis environnementaux.
Peut-être je
laisserai la parole à mon collègue par la suite pour donner certains exemples
de ça, de connaissances scientifiques qui ont été acquises et qui nous
permettent maintenant de dire : Bien, dans telle situation ou dans tel milieu, on connaît l'impact, alors on n'a
peut-être pas besoin de recommencer des études complètes sur cet élément-là.
Alors, c'est dans ce sens-là qu'on parle
d'impacts environnementaux réels parce qu'ils ont été documentés, et qu'ils
sont connus, et qu'il y a des mesures d'atténuation aux besoins qui sont
connues. Je ne sais pas si mon collègue...
M. Heurtel :
Juste préciser, M. le Président, j'aimerais ça voir ça par opposition à quoi
aussi. Tu sais, je veux dire, si vous
prenez la peine de faire ce point-là, j'essaie de comprendre c'est par
opposition à... Qu'est-ce que vous voyez, dans le régime actuel, qui ne
tient pas compte de ça? Qu'est-ce qu'on considère... Qu'est-ce qui serait des
impacts environnementaux qui ne sont pas réels qui seraient considérés?
J'essaie de comprendre cette notion-là.
Mme Leney (Stella) : Je vais
laisser mon collègue...
Le Président (M. Hardy) :
M. Bolullo.
M. Bolullo (Mathieu) : M. le
Président, M. le ministre, dans le fond, on fait référence, par ce point-là, à,
par exemple, un projet de poste qu'on va reconstruire au même endroit. Donc, c'est
un bon exemple où la récurrence de ces projets-là
au cours des dernières années, les bilans des impacts qui ont été faits dans le
cadre de ces projets-là, qui, même parfois,
sont positifs, donc on remplace des vieux équipements qui sont bruyants par
d'autres qui sont plus silencieux, on adapte
les nouvelles technologies... Alors, le point qui est fait là-dessus quand
on parle d'impacts réels, c'est pour faire allusion au fait que ces projets-là,
dans la liste des projets à catégorie à risque élevé, bien, à ce moment-là, peut-être
qu'il y aurait une réflexion qui pourrait
être faite pour dire : Bien, est-ce
que ces projets-là ne pourraient pas
être soustraits à cette liste-là en lien avec les impacts réels qui ont
été démontrés?
M. Heurtel : Je comprends,
merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Hardy) :
Merci. Est-ce qu'il y a quelqu'un du côté... M. le député de Dubuc.
M. Simard : Merci,
M. le Président. D'abord,
bienvenue, bienvenue chez vous parce
qu'en réalité le Parlement, c'est la maison du contribuable, donc c'est
toujours un plaisir de vous rencontrer.
J'ai quelques
petites questions. Vous parliez de... la validité des autorisations ne devrait
pas être limitée. Quand on dit
«limitée», ça veut dire dans le temps, j'imagine. Vous avez dit ça dans votre
mémoire. J'aimerais que vous donniez... Pour les gens qui nous écoutent
puis aussi un petit peu pour moi, là, j'aimerais vous entendre sur des exemples
particuliers qui font que ça vous cause des
problèmes, ça restreint votre capacité à faire des travaux, je vous dirai, qui
sont nécessaires. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Leney.
Mme Leney
(Stella) : Oui. Ce qui nous préoccupe dans la proposition, c'est que
les... on propose que les autorisations
aient une durée de validité limitée dans le temps, par exemple, cinq ans ou
10 ans, quel que soit le nombre d'années. Nous, ça nous préoccupe
parce que, comme on le disait dans notre mémoire, vous savez, les installations
d'Hydro-Québec, que ce
soient des lignes de transport ou des aménagements hydroélectriques, ont une
très longue durée de vie. Nos
barrages ont une durée de vie de plus de 100 ans, nos lignes, c'est 50, 75 ans,
maintenant, qu'on voit. Alors, on se
dit... Ça nous préoccupe beaucoup de savoir que, peut-être, il y aurait une
durée, pour ces autorisations-là, qui serait limitée dans le temps, et
il faudrait aller redemander, donc, ou faire renouveler l'autorisation pour une
ligne qui est existante depuis 10 ans
ou 15 ans. Ça, c'est sans compter qu'actuellement on estime qu'on a des
milliers d'autorisations en cours
pour des installations qui ont été construites. Alors, imaginez-vous s'il
fallait retourner demander des renouvellements pour tous ces équipements-là. Alors, c'est ça qu'on veut dire, une
autorisation qui serait limitée ou valide, là, dans le temps, une durée
limitée dans le temps.
M. Simard :
D'accord.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. Vous parliez tout à l'heure, un petit peu avant de
finir votre mémoire, je ne me souviens plus quelle page, là, j'ai
souligné des affaires, mais le certificat d'autorisation remplacé par des
certificats de conformité qui pourrait être
chose qui vous rendrait de grands services. J'aimerais vous entendre là-dessus
parce qu'on a eu quelques
entreprises, effectivement, qui sont venues nous dire la même chose. Mais, pour
Hydro-Québec, est-ce que ça veut dire la même chose que les autres
entrepreneurs? Je ne le sais pas, mais j'aimerais vous entendre là-dessus, si
c'est possible.
Mme Leney
(Stella) : Très bien, merci beaucoup. Je vais commencer puis je vais
demander à mon collègue de compléter par des exemples.
Ce
qu'on veut dire, c'est que... puis on a donné l'exemple d'un grand projet comme
Eastmain-1-A—Rupert,
puis qui est, bien sûr, un grand projet
d'aménagement hydroélectrique. Dans le cadre de ce projet-là, on a une
autorisation en vertu, bon, par
exemple, de l'article 31, qui est un décret du Conseil des ministres, et
par la suite il faut retourner auprès du ministre de l'Environnement
obtenir des certificats d'autorisation en vertu de l'article 22 pour
plusieurs, plusieurs ouvrages, même pour des
carrières, sablières, des bancs d'emprunt, des choses comme ça. Alors, c'est
des dizaines et des dizaines de
certificats d'autorisation. Alors, nous, on se dit que peut-être ça pourrait
être valablement remplacé par des déclarations de conformité qu'on
déposerait au ministère, évidemment en vertu de certaines exigences qui
seraient réglementées, mais on n'attendrait
pas, à ce moment-là, d'avoir une autorisation de la part du ministère pour
commencer les travaux sur ces éléments-là du projet.
Le Président
(M. Hardy) : M. Bolullo.
• (10 h 50) •
M. Bolullo
(Mathieu) : Oui, M. le Président. Donc, en termes d'exemple, exemple,
pour le projet Romaine, où suite à l'obtention d'un décret pour le
projet on doit demander des certificats d'autorisation, on en a demandé plus de
300 dans le cadre de ce projet-là. Donc, on
pense qu'avec un processus de déclaration de conformité pour des activités
qui sont bien connues, bien encadrées, on
pourrait réduire de moitié ce nombre de certificats là qu'on demande, et ça
améliore d'autant plus la prévisibilité dans les échéanciers, et ça aide justement
même à devancer certains échéanciers, ce qui est très important pour un
promoteur et pour... surtout quand on parle de... on oeuvre dans un contexte
d'efficience où les coûts sont très importants. Donc, c'est à ce sens-là que ça
nous permettrait d'être plus efficaces.
M. Simard : Donc, si j'entends ce que vous avez dit tout à l'heure par rapport à, justement, l'expérience d'Hydro-Québec,
pour diminuer les interventions, ça voudrait donc dire qu'en considérant
l'expérience que vous avez sur d'autres projets que vous avez réalisés et considérant le fait que vous pouvez
donner de bons exemples qui ressemblent à... vous avez parlé d'un pit de sable ou encore... bon, que
vous connaissez bien, à ce moment-là le ministère
de l'Environnement devrait prendre en considération vos connaissances
et, nécessairement, changer les certificats d'autorisation pour des
certificats, justement, de... Voyons! J'ai avalé le mot, là, je m'excuse.
Mme Leney
(Stella) : Déclarations de conformité.
M. Simard : C'est ça, des déclarations de conformité, c'est ça
que vous nous dites, là, et puis ça aiderait à faire l'avancement des projets parce que
vous dites 350... Mettons que je n'aime autant pas y penser, là, c'est assez
impressionnant, mais ça aiderait à l'avancement des travaux avec les différents
entrepreneurs qui, nécessairement, pourraient
augmenter la cadence, c'est ce que je
comprends, donc moins de coûts pour
les contribuables parce que
c'est toujours les contribuables... en conformité avec la tarification que vous chargez parce que c'est toujours
potentiellement rattaché, tout ça, là, pour
s'assurer qu'on est vraiment rentables et s'assurer que les Québécois
en ont pour leur argent. C'est ça, l'objectif.
Maintenant,
j'ai une autre question. Par
rapport à votre mémoire,
vous dites, à la page 5, que les nouveaux pouvoirs discrétionnaires
du ministre devraient être balisés. Mais comment est-ce qu'on écrit ça dans la
loi, là? J'aimerais vous entendre là-dessus, là.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leney.
Mme Leney
(Stella) : Oui, merci. Je pense qu'au départ ou à l'origine ce qu'on
veut dire, c'est que, comme n'importe quel promoteur, je suis certaine, ce qui est toujours
important, c'est la prévisibilité. On apprécie moins
d'avoir de l'incertitude dans les processus
d'autorisation. Quand on commence à planifier un projet, évidemment,
on veut savoir quel est le régime
d'autorisation qui va s'appliquer à ce projet-là. Alors, dans ce sens-là, c'est sûr que plus ce pouvoir-là... s'il est dans la loi, si le gouvernement en juge ainsi, bien, on veut qu'il soit balisé ou restreint et qu'il ne
puisse être appliqué que de façon
très exceptionnelle et aussi le plus tôt possible dans la réalisation des études d'un projet, que ça arrive très tôt dans les études d'avant-projet et non pas lorsque
toutes nos études sont terminées puis qu'on est à la phase, par exemple, de demander les autorisations, ou tout ça, parce que nos
projets, en tout cas, si on pense à nos grands projets, là, c'est quand même...
les études s'étalent sur plusieurs années. Alors, c'est dans ce sens-là. La balise, je dirais, les balises, c'est de façon très
exceptionnelle, et puis le plus tôt possible dans le processus.
M. Simard : Parce
que votre inquiétude, en réalité,
c'est que les ministres changent et, véritablement,
l'arbitraire soit différent d'un ministre
à l'autre. Et ça pourrait vous causer problème. C'est ce que je comprends et c'est la raison pour laquelle
vous demandez des balises claires dans lesquelles... un couloir donné puis que
ce soit, je vous dirai, très... qu'on ne fasse pas ça trop souvent. C'est
ça que vous êtes en train de nous dire, là.
Mme Leney
(Stella) : Bien, je dis,
oui, effectivement, que ça devrait être exceptionnel, comme tout
pouvoir, je dirais, discrétionnaire devrait être exercé de façon
exceptionnelle. Mais aussi, comme je vous dis, la question
de la période dans le temps du projet
où ça devrait être fait, cette balise-là serait importante le plus tôt, vraiment,
vraiment le plus tôt possible au début des études
d'avant-projet et non pas attendre en fin de course.
M. Simard :
Mais ce serait pour, j'imagine, des projets à risque modéré parce que des
projets à risque élevé, j'imagine que vous
ne voudriez pas que le ministre s'implique dans ça. Excusez-moi, M. le Président, je ne vous ai pas demandé la parole, moi, là.
Mme Leney
(Stella) : Oui, je ne voulais pas...
Le Président
(M. Hardy) : Allez-y, monsieur, ça va bien.
M. Simard :
Oui, merci, merci.
Mme Leney
(Stella) : En fait, oui,
vous avez raison pour les projets à risque modéré parce que
ceux-là seront assujettis à l'article 22
de la loi, alors que les projets à risque élevé seront derechef assujettis à la
procédure d'évaluation et d'examen
des impacts sur l'environnement. Donc, déjà, ils seront dans le cadre de cette
procédure-là avec une audience publique du BAPE, et tout.
M. Simard :
Je vous remercie. Moi, M. le Président, j'ai fait le tour.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Dubuc. Il reste trois minutes.
M. Simard :
Il reste trois minutes?
Le Président
(M. Hardy) : Avez-vous des questions? M. le député de Maskinongé?
M. Plante :
Ça va bien, M. le Président, on peut...
Le
Président (M. Hardy) : Ça va bien? Bon, parfait. Ça fait que nous
allons passer à M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, M. le Président. Alors, bienvenue, Mme Leney et
M. Bolullo. Ça fait plaisir de vous recevoir ici.
Écoutez,
moi, je suis très, très fier d'Hydro-Québec, comme la très grande majorité des
Québécois. C'est un acquis unique,
incroyable, qui permet aux Québécois de pouvoir contrôler leur énergie. Mais en
même temps il y a toujours un risque
que ça devienne une bête indomptable, hein, Hydro-Québec, en raison de
l'ampleur de l'entreprise. Et on entend souvent, et peut-être plus encore depuis quelques années : Ah!
Hydro-Québec, c'est un État dans l'État en raison de ses pouvoirs élargis, de son rôle, de ses moyens, de
son effet de levier, de ce que ça représente comme actifs. Donc, il faut
trouver l'équilibre entre les deux, entre
cet acquis incroyable pour la collectivité et le fait qu'il ne faut pas non
plus que ça devienne un État dans l'État.
Alors,
c'est pour ça que moi, je garde toujours une distance, une certaine distance
critique, pour ne pas non plus qu'Hydro-Québec
ait constamment, si vous me passez l'expression, un «fast track» ou que...
parce que c'est Hydro-Québec, sous
prétexte... service essentiel, bien, on va passer outre certaines autorisations
ou on va aller plus vite pour permettre à Hydro-Québec de passer ses lignes, de faire des postes, ainsi de suite.
J'ai trop d'expérience avec Hydro-Québec pour, en même temps, être conscient
que c'est important de suivre de près ce que la société d'État fait, notamment
dans les régions du Québec, là où on
puise l'énergie pour la distribuer ailleurs. Alors, il faut toujours s'assurer
que la présence d'Hydro-Québec dans
les régions soit correcte, soit efficace et conduise aussi à de la création de
la richesse, etc. Donc, c'est de trouver l'équilibre à travers tout ça.
Alors,
c'est pour ça que j'ai sursauté un peu... dans vos propos, c'est sous le
chapitre Commentaires spécifiques, là... parce que votre mémoire n'est pas paginé, alors c'est le
commentaire spécifique point 1, là, à la fin de la page, en tout cas, moi, selon ma pagination que je me suis
faite, là, c'est la page 4, quand vous parlez de... bon, vous dites que
«certains projets récurrents avec bilan environnemental positif [...] devraient
être considérés comme des activités à risque modéré
ou à risque faible». Donc, ça, c'est votre analyse à vous. Vous dites que tel
projet a un impact environnemental connu, documenté, et ça devrait être
à risque modéré.
Mais, au début de votre paragraphe, vous
dites : «Hydro-Québec a réalisé, depuis le début des années 90, des centaines d'évaluations environnementales de
projets de lignes et de postes appuyées par des méthodes reconnues par
les ministères.» Donc, dois-je comprendre que la ligne Chamouchouane, par
exemple, devrait être une activité à risque modéré
ou à risque faible? Ou l'autre projet, là, de ligne qui va vers les États-Unis,
qui doit traverser le New Hampshire, est-ce que c'est aussi un projet à
risque modéré ou à risque faible? Ce sont des lignes de transmission, et là
vous nous donnez l'exemple de projets de lignes.
Alors, je
veux juste être sûr de bien comprendre ce que vous voulez dire à cet effet
parce que, oui, Hydro-Québec est
importante, oui, Hydro-Québec est habituée de faire des lignes de transmission,
par exemple, mais, quand la ligne passe sur des terres agricoles, traverse des milieux humides, est-ce que ça
doit nécessairement être qualifié de risque modéré ou risque faible,
selon Hydro-Québec parce qu'Hydro-Québec est habituée de faire ça?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Leney.
• (11 heures) •
Mme Leney
(Stella) : Merci, M. le Président. Alors, je vous rassure tout de
suite, M. le député, quand on parle de projets de lignes comme ça, qui
pourraient être à risque modéré ou faible, on ne parle pas d'un projet comme la
ligne Chamouchouane—Bout-de-l'Île,
c'est une ligne... Vous savez, actuellement, les lignes de cette tension-là,
comme Chamouchouane—Bout-de-l'Île,
à 735 000 volts, ce sont des lignes qui sont assujetties à la
procédure d'évaluation et d'examen des
impacts, ce qui serait dans la catégorie, aujourd'hui, risque élevé. Et ce
n'est pas ce genre de projet, de telle
envergure, que l'on cible quand on parle de faire en sorte que des projets de
lignes soient dans les risques modérés ou
faibles. Tantôt, mon collègue a donné un exemple qui est dans le mémoire, c'est
la reconstruction d'un poste de transport sur un même site, la reconstruction d'une ligne à 120 000 volts
dans la même emprise, par exemple. Ça, ça pourrait être des projets qui seraient considérés plus à risque
faible ou, tout au moins, à risque modéré. Mais, je vous rassure, on ne
pensait pas à des lignes de 735 000 volts de 500 kilomètres et plus.
Le Président (M. Hardy) : M. le député
de Jonquière.
Mme Leney (Stella) : Je ne sais pas
si ça répond à votre interrogation.
M. Gaudreault :
Oui, oui, ça répond, mais ça veut dire que ça prendrait, d'une certaine
manière, une forme de liste, là, pour
savoir ce que vous considérez, vous, comme étant des... parce que vous
disiez... vous dites, c'est-à-dire, dans votre mémoire : Des projets de lignes. Alors là, des projets de lignes,
quand on lit ça, on se demande c'est quel type de lignes, là. Et donc il
faudrait comme mettre en annexe ou je ne sais pas quoi, là, une liste de
projets que, selon vous, vous considérez
comme à risque modéré ou à risque faible. Mais, un peu dans le même sens, dans
la préparation du projet de loi et éventuellement des règlements qui
vont aller avec, est-ce que vous avez été consultés par le ministère, ou par le
ministre, ou par le cabinet du ministre sur la rédaction du projet de loi
justement pour avoir votre point de vue sur la qualification des niveaux de
risque?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Leney.
Mme Leney
(Stella) : Merci. Comme on l'a dit dans notre mémoire, on veut être
consultés le plus tôt possible. Je
crois qu'on a des... on a continuellement des échanges avec le ministère parce
que, comme je dis, on est un très important demandeur d'autorisations gouvernementales. Alors, je crois que le
ministère connaît notre position sur ces listes-là. Mais on a demandé à être consultés. Les listes actuelles,
comme vous le savez, les listes, ce qui est réglementé, c'est en
fonction de la tension de la ligne et de la
longueur de la ligne. La même chose pour les postes, pour ce qui serait
considéré à risque élevé et à risque
modéré, on a demandé d'être consultés par le ministère parce qu'on voudrait
effectivement avoir notre... donner notre opinion sur ces listes
d'activités là qui seront considérées à risque élevé ou modéré.
M. Gaudreault : Donc, vous avez
demandé à être consultés, mais vous ne l'avez pas été encore en amont.
Mme Leney (Stella) : Comme tel,
consultés officiellement, non, mais on a des discussions quand même régulièrement
avec le ministère sur nos projets. Alors, je crois qu'il connaît bien nos
positions.
M. Gaudreault :
O.K. Pour moi, c'est un peu la même chose avec l'autre élément, là, à votre
point 1.2.ii, là, sur la durée de
validité limitée des autorisations. Vous en avez parlé un petit peu avec mon
collègue de Dubuc, mais, pour moi, c'est un peu la même chose, là. Moi,
je veux dire, je suis bien prêt effectivement à reconnaître que, s'il y a des installations qui sont là à longue durée, que ce
soit une centrale ou que ce soit un poste, peu importe, ça devient peut-être
absurde de demander pour des durées
limitées, mais on la tire où, la ligne — c'est le cas de le dire, là — sur les autorisations où vous demandez
de ne pas avoir de limitation, si on veut, là, ou des autorisations qui doivent
être renouvelées, là? Alors,
quel type d'activité, par exemple, là, ou quel type d'installation, là, devrait
faire l'objet d'un renouvellement et d'autres pas de renouvellement?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leney.
Mme Leney
(Stella) : Merci, M. le Président. Bien, vous me demandez des
exemples. Évidemment, les exemples, dans
le cas d'installations qui sont là pour une très, très longue durée de vie, on
ne souhaite pas qu'il y ait une durée limitée, bien sûr, parce que tout renouvellement d'autorisation pourrait amener
des modifications importantes aux ouvrages. Par contre, lorsqu'on fait
des travaux, en termes d'exploitation de ces ouvrages-là, lorsqu'on entretient
ces ouvrages-là, il y a des autorisations
qui sont demandées, qui sont exigées en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Et celles-là, on va
continuer d'en demander si la loi les exige encore. Donc, des travaux en cours
d'exploitation des ouvrages, si vous
me demandiez des exemples qu'on ne veut pas qu'il y ait ou de possibilités de
demander des renouvellements ou, en fait,
de nouvelles autorisations, ça serait, bon, sur des travaux, comme je dis, en
cours, sur l'entretien des ouvrages, si on doit faire certains travaux, c'est ça, d'entretien, de maintenance. Oui, ça, il
n'y aura pas de difficulté.
Je ne sais pas si mon collègue a des...
Le Président
(M. Hardy) : Je vous remercie...
Mme Leney
(Stella) : Pardon?
Le Président (M. Hardy) :
Je vous remercie. Je cède maintenant la parole au député de Masson.
M. Lemay : Merci,
M. le Président. Merci d'être avec
nous aujourd'hui en commission. Vous savez, le groupe précédent, l'AQEI, a mentionné que les évaluations environnementales stratégiques, là, ça
devrait être sous les standards internationaux,
puis ils ont parlé de la directive européenne, ils ont parlé aussi qu'on
devrait tenir des EES sur le secteur de
l'énergie. Hydro-Québec, en tant que joueur important dans le secteur de
l'énergie, vous en pensez quoi, des études environnementales
stratégiques sur le secteur de l'énergie?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leney.
Mme Leney
(Stella) : Merci, M. le Président. Alors, les évaluations
environnementales stratégiques, on croit que ça peut être important, comme c'est écrit dans le projet de loi, pour de
grands programmes gouvernementaux, de grandes politiques, et, dans ce contexte-là, je vous dirais, par exemple, pour
une politique énergétique, là, comme par exemple, qui fait l'objet d'une
consultation, et tout ça. Donc, ces grands programmes là, ça pourrait être
intéressant qu'il y ait des évaluations environnementales stratégiques,
effectivement. On parle de grands programmes gouvernementaux.
Le Président (M. Hardy) :
M. le député de Masson.
M. Lemay :
Parfait. Merci. Dans votre point 1.3, vous mentionnez à la fin que «l'ajout de
[la] tarification à la pièce, pour des déclarations de conformité,
pourrait s'avérer contraire à l'objectif recherché d'un allègement
administratif». Est-ce que vous voulez donner plus de détails sur ce point-là?
Mme Leney
(Stella) : Bien, plus on ajoute... On l'a dit, l'objectif du projet
est d'alléger, de simplifier. Alors, plus on ajoute des étapes et des déclarations sur des éléments qui
actuellement... ou des composantes de projet qui ne faisaient même pas
l'objet de demandes d'autorisation, bien là c'est sûr qu'on ne simplifie pas.
Je ne sais pas si mon collègue voudra
préciser. Non? Bien, c'est ça qu'on voulait dire. Là, l'idée est de simplifier
et pas non plus, là, d'ajouter par rapport à des composantes, ou des éléments, ou des activités qui actuellement ne
sont pas assujetties à des autorisations, donc de ne pas en ajouter en
demandant aussi des déclarations de conformité.
M. Lemay :
O.K. Je voulais savoir... C'est sûr que tout coût supplémentaire peut résulter
en une augmentation du tarif aux
clients d'Hydro-Québec, là, mais, compte tenu des sommes... On sait qu'on veut
faire passer le coût des études, là, de 45 %, présentement payé par
le promoteur, à 100 %. Mais, en fait, est-ce que vous croyez que ça peut
avoir un impact pour Hydro-Québec au niveau
du coût qui pourrait être refilé jusqu'aux clients si vous aviez à payer
100 % des coûts pour vos certificats d'autorisation?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leney.
Mme Leney
(Stella) : Tout coût qui s'additionne dans les activités réglementées
pour Hydro-Québec, donc les activités de transport et de distribution, peut
avoir ultimement, évidemment, un impact sur la tarification. Il faut voir dans
quelle mesure, là. Mais, si vous me demandez pour les activités réglementées,
tout cela s'ajoute à ce qu'on appelle le
coût de service. Le coût de service du transport et de la distribution
d'électricité, c'est ce qui permet à la Régie de l'énergie de déterminer
le tarif. Alors, tout a un impact. Quand on parle des activités de production,
qui sont des activités qui ne sont pas
réglementées, alors là, il n'y a pas d'impact direct. Je ne sais pas si cela
répond à votre question.
M. Lemay : C'est
bien, merci. Puis juste un petit point... Dans le fond, vous en mentionnez, là,
à votre point 1.2, au niveau des
pouvoirs discrétionnaires qui sont conférés au ministre, puis vous voudriez que
ça soit mieux balisé. En fait, ce que vous voulez dire, c'est que vous
voudriez qu'on mette un mécanisme pour dire que le pouvoir discrétionnaire du ministre s'appliquerait en moindre mesure. Dans le
fond, on voudrait limiter les pouvoirs discrétionnaires au ministre.
C'est ça que j'entends par «mieux baliser», effectivement.
Mme Leney
(Stella) : Oui, M. le Président, et, un peu comme je le disais tantôt,
donc, effectivement, ce qu'on dit, dans
le fond, la balise, c'est que ce soit utilisé de façon vraiment très
exceptionnelle, qu'on retrouve la notion d'«exceptionnel» et également, s'il doit être exercé pour faire en sorte
qu'un projet qui était à risque modéré devienne un projet à risque élevé
et soit assujetti à la procédure d'évaluation des impacts sur l'environnement,
donc qui est une procédure plus longue, plus
complexe, bien, que cette décision-là soit prise le plus tôt possible dans la
réalisation du projet, et même le plus en amont possible, c'est-à-dire
au tout début des études.
Le Président
(M. Hardy) : M. Bolullo.
• (11 h 10) •
M. Bolullo
(Mathieu) : Si je peux me permettre, M. le Président, pour compléter
aussi, c'est que cet impact-là peut avoir un effet jusqu'à très en
amont, là, donc dans la planification des projets. Donc, à l'heure actuelle,
quand c'est prévisible qu'un projet est
assujetti à tel ou tel régime, on peut planifier adéquatement les échéanciers
très en amont, et ça, ça permet de partir les projets au bon moment pour
arriver lorsque c'est requis.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson, il vous reste
1 min 20 s.
M. Lemay :
Merci, M. le Président. Je sais qu'on en a parlé déjà avec mes autres
collègues, de cette question-là au
niveau, là, du fameux «fast track», que l'on peut appeler nous autres, là. Vous
mentionnez que, quand il y a un impact positif
à un projet, vous devriez... vous avez mentionné, vous autres, qu'on devrait le
descendre à un risque modéré ou risque
faible. Mais il y a des groupes qui sont venus nous dire qu'ils verraient même
l'instauration d'une cinquième catégorie pour justement... à ce qu'on
dit, là, le «fast track». Vous en pensez quoi, de cette cinquième catégorie?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Lemay... Leney.
Mme Leney
(Stella) : Il n'y a pas de problème. Excusez-moi, mais la cinquième
catégorie ou la cinquième... je n'ai pas
bien compris ce que ce serait parce que j'ai bien lu sur les quatre qui sont
proposées dans le projet de loi, mais la cinquième...
M. Lemay :
C'est à cause de... Vous mentionnez vous-même un bilan environnemental positif,
les impacts positifs. Donc, la cinquième catégorie serait à impact
positif, donc on rajouterait cette catégorie.
Mme Leney
(Stella) : O.K. Je comprends. Bien, en fait, nous, bien, impact
positif, on mettait ça dans, dans le fond, impact négligeable, ça fait qu'on n'aurait pas besoin d'obtenir
d'autorisation, que c'est exclu de tout processus d'autorisation.
C'était comme ça qu'on le voyait.
Le Président
(M. Hardy) : Cinq secondes.
M. Bolullo
(Mathieu) : Cinq secondes. Non, mais, dans cinq secondes... L'idée de
ça, c'est qu'on dit que les projets pour lesquels les impacts sont connus et,
ultimement, sont positifs... mais, dans un exercice de simplification, autant
pour les analystes au ministère que pour les promoteurs, ça, on convient que
certains projets sont dans une catégorie qui devrait être reclassifiée à risque
modéré, bien, ça serait positif. C'est cela, voilà.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leney, M. Bolullo, je vous remercie
pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je
suspends les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants de
l'Association d'exploration minière du Québec de prendre place. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à
11 h 12)
(Reprise à 11 h 15)
Le Président
(M. Hardy) : Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue
aux représentants de l'Association d'exploration minière du Québec. Vous avez 10 minutes pour votre exposé, et je
vous demanderais de vous présenter au tout début. La parole est à vous.
Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ)
M. Savard
(Mathieu) : Merci, M. le Président. Mon nom est Mathieu Savard. Je suis vice-président,
Exploration Québec, chez minière Osisko et vice-président du conseil d'administration de l'AEMQ. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Valérie
Fillion, géologue et directrice
générale de notre association,
et de M. Alain Poirier, directeur de projets.
Au nom de l'Association de l'exploration minière du Québec, je désire remercier la Commission
des transports et de l'environnement
de nous accorder l'occasion de venir vous faire part de nos positions
relativement au projet de loi sur
la qualité de l'environnement afin de
moderniser le régime d'autorisation environnementale et modifiant d'autres
dispositions législatives, notamment pour réformer la gouvernance du Fonds
vert.
M. le
Président, notre filière minérale québécoise est le fer de lance d'une
industrie qui contribue grandement à l'économie
du Québec et de ses régions ressources. Les activités d'exploration minière
maintiennent, selon les cycles, entre 2 000
et 3 000 emplois pour la recherche et le développement du sous-sol
québécois. Notre expertise est internationalement reconnue pour sa rigueur, son savoir-faire et sa
volonté d'oeuvrer de manière responsable. L'évaluation de la situation
dans notre secteur d'activités de ces dernières années nous permet toutefois de
conclure qu'elle a été particulièrement difficile.
Notre secteur doit composer avec des cycles économiques très variables, des
charges réglementaires accrues et aléatoires
et un niveau de débat public émotif. Cela nuit aux efforts de nos entreprises
d'exploration à lever des capitaux sur les marchés internationaux et au
développement de leurs projets d'exploration.
De manière générale, l'association souscrit aux
objectifs du gouvernement visant à améliorer le processus de délivrance d'autorisation aux entreprises et
sociétés opérant au sein de la juridiction du Québec, et ce, sans réduire
les exigences environnementales. L'AEMQ
souhaite également contribuer à toute réflexion qui permettra de mieux
soutenir le développement responsable de notre secteur et sa contribution à la
croissance économique du Québec. Nous sommes d'avis
qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre le développement économique et la
protection de l'environnement. L'AEMQ demeure
par contre inquiète du manque de dispositions précises concernant les PME
d'exploration minière, qui risque de compromettre
la compétitivité du Québec sur le plan du développement de ses ressources
naturelles et la viabilité économique de son secteur de l'exploration
minérale. Ce manque de précisions concernant la panoplie de pouvoirs
discrétionnaires du ministre, des délais et des coûts nous interpelle sur les
motivations du gouvernement dans le développement des ressources naturelles et
l'ensemble des secteurs économiques du Québec.
Un des enjeux
majeurs de tout le secteur des ressources naturelles est que des pans de loi
puissent être subordonnés à la
discrétion du ministre, précisés postérieurement à l'adoption d'un projet de
loi, soit par règlement ou dans le
cadre d'orientation. À titre d'exemple, le projet de loi accorde un large
pouvoir discrétionnaire au ministre lui permettant d'assortir une autorisation de toute condition
qu'il juge nécessaire et même de refuser d'accorder cette dernière s'il
est d'avis que les mesures proposées par le
promoteur, conformément aux dispositions prescrites dans le cadre de la mise en
oeuvre du projet, seront insuffisantes.
Dans le projet de loi, on retrouve la référence
aux pouvoirs réglementaires du gouvernement ou du ministre à plus 80 occasions. Nous sommes d'avis que les
lois et les règlements les accompagnant se doivent d'être les plus
précis possible afin de rendre prévisible leur application pour tous. Le
gouvernement a tout avantage à préciser et limiter les pouvoirs
discrétionnaires à l'intérieur de sa législation.
• (11 h 20) •
L'AEMQ tient
à rappeler que le secteur minier québécois est déjà encadré par plus de 100
lois, règlements, guides, politiques
et directives. Une des problématiques les plus souvent rencontrées par nos
entreprises d'exploration découle des différences
entre les lois et règlements encadrant notre secteur. La Loi sur les mines et la
Loi sur la qualité de l'environnement en
font partie. Autant d'interprétations
et de mesures différentes, dans certains cas inutiles, causent des délais
coûteux, tant pour les développeurs que pour
le gouvernement, dans l'émission de certificat d'autorisation. La gestion des délais est essentielle
pour nos entreprises d'exploration minière. Les saisons propices à l'exécution
des travaux peuvent être particulièrement courtes, notamment dans le Nord-du-Québec. Tout retard dans l'émission d'autorisation a un
effet grave sur la viabilité des
projets de nos PME. Il est primordial que les modifications législatives soient simples et efficaces
pour mener à des changements appréciables.
À la lecture
du projet de loi, particulièrement la section II portant sur les procédures
d'encadrement de certaines activités, nous constatons un flou législatif
important. Il est impossible de déterminer ou même d'avoir une idée du type d'activités à encadrer et de quelle façon
elles le seront. Le projet de loi est silencieux sur le type d'encadrement
auquel les entreprises seront soumises. Il
est impératif de retrouver, dans la loi, la description des catégories et, dans
les règlements, la liste d'activités
assujetties et permises. Puisque les règlements ne sont pas connus, il est fort
difficile d'apprécier les activités assujetties ou non. Notre lecture du
projet de loi n° 102 nous amène plutôt à conclure que l'ensemble des
travaux d'exploration ne nécessitant pas aujourd'hui d'autorisation sera
systématiquement soumis à la déclaration de conformité,
et les autres à une demande d'autorisation en bonne et due forme. Cela nous
semble contraire aux souhaits exprimés par le ministre concernant
l'allègement de la procédure.
Un autre
élément à éviter à l'intérieur du processus d'autorisation est l'introduction
de zones tampons ou même de territoires soustraits à l'exploration. En
accumulant l'ensemble des contraintes à l'exploration, cela nous amène à un total de 28 % de l'ensemble du territoire
québécois qui est soit soustrait à tout jamais ou en voie de l'être. À titre
d'exemple, l'impact de l'exploitation
minière cumule sur une valeur totale de 90 kilomètres carrés... À titre de
comparaison, l'impact au sol des
activités d'Hydro-Québec représente 52 000 kilomètres carrés sur l'ensemble
du territoire. Le gouvernement se doit
d'avoir une approche de conciliation, d'harmonisation des usages de
cohabitation et non de soustraction de territoire.
En guise de
conclusion, l'association offre sa coopération pour supporter toute modification
du cadre législatif et réglementaire
qui visera à ne pas introduire de nouveaux éléments d'incertitude et
d'imprévisibilité qui caractérisent notre environnement d'affaires depuis de nombreuses années. Le gouvernement a
une opportunité, avec cette consultation et avec les modifications législatives et réglementaires qui devront en
découler, d'améliorer l'attractivité de son secteur minier et de
stimuler l'apport des investissements nationaux et internationaux requis à son
expansion.
Au
nom de l'AEMQ, nous vous remercions, M. le Président, de l'intérêt porté à nos
propositions et sommes à votre disposition pour répondre à vos
questions. Merci.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. Savard, pour votre exposé.
Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs madame. Merci pour votre
présentation et votre mémoire. Page
22, vous écrivez dans votre mémoire, je cite : «Nous demeurons convaincus
que le BAPE doit faire l'objet d'une réforme
en profondeur tout comme l'ensemble de l'approche de consultation publique du
gouvernement. La transparence, les
préjugés idéologiques, les nominations partisanes et le déficit de compétence
sont tous des enjeux qui doivent faire l'objet d'un examen approfondi au
sein du BAPE et soutiennent notre demande de réforme.»
Alors,
pouvez-vous, s'il vous plaît, approfondir cette phrase? Parce que c'est assez
fort. Alors, particulièrement sur les questions de transparence, préjugés
idéologiques, nominations partisanes et déficit de compétence.
Le Président (M. Hardy) :
M. Savard.
M. Savard (Mathieu) : Je vais
laisser la parole à M. Poirier.
Le Président (M. Hardy) :
M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Oui, bonjour. Les
très peu nombreux qui ont assisté au BAPE sur la filière uranifère ont
été aisément témoins des circonstances. Il faut dire que ce n'était pas
seulement que la filière uranifère qui était sous la loupe du BAPE, mais bien l'ensemble de l'activité minière. C'était
excessivement large. Les questions étaient, on oserait dire, assez dirigées. Il y avait beaucoup
d'attaques par rapport au fonctionnaire du ministère de l'Environnement et
même celui du ministère des Ressources naturelles en mettant en doute leurs compétences. C'était quand même
assez surprenant d'une institution comme le BAPE.
On pourrait citer aussi l'évaluation économique
sur le projet de Mine Arnaud, qui tient sur cinq pages, basée sur un prix hypothétique de l'apatite. Donc, c'est
excessivement faible comme analyse. Nous, on croit que le BAPE est une institution importante au Québec et qu'elle
doit s'assurer de le maintenir. Et c'est une question de crédibilité
aussi par rapport au projet. Et on pense que, tant que pour les nominations ou
pour les gens qui doivent être au BAPE, bien, ils doivent être là parce qu'ils
ont les compétences nécessaires pour siéger au BAPE.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Heurtel :
Merci. Je continue. Au niveau de la question de la déclaration de conformité,
vous recommandez que tous les travaux
d'exploration n'aient besoin que d'une déclaration. Comme on l'a vu dans
Anticosti, puis je comprends qu'Anticosti ce n'est pas du minier, hein,
comme tel, mais parfois il peut y avoir des travaux d'exploration qui
nécessitent des études approfondies puis des analyses approfondies.
Je trouve que
ça va un peu fort de dire d'emblée : Tout ce qui est exploration, c'est
une déclaration de conformité, il n'y
a aucune autre formalité. Je me demande comment vous réconciliez ça, par
exemple, s'il y a des travaux d'exploration qui touchent des Premières
Nations. Je vois difficilement comment on peut juste passer par l'étape de déclaration de conformité avec les obligations
minimales de consultation que ça implique, puis également, surtout
quand, un peu plus loin, à la page 31, vous parlez que vous voulez qu'on
aille plus loin qu'une déclaration signée par un professionnel, membre d'un
ordre professionnel reconnu, vous dites : «...soit signé par un
professionnel ou toute autre personne compétente...» Je me demande comment vous
définissez «toute autre personne compétente». Si ce n'est pas par une reconnaissance par un ordre professionnel, qui
décide que c'est une personne compétente et en vertu de quels critères?
Le Président (M. Hardy) :
M. Savard.
M. Savard (Mathieu) : Mon
collègue va répondre également.
Le Président (M. Hardy) :
M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Peut-être pour
être plus précis, M. le ministre, il y a différentes étapes dans une
exploration minière. Il y en a une qu'on appelle l'exploration, qui sont les
travaux de base, les travaux de forage, d'exploration, et il y a la mise en valeur. C'est peut-être là la subtilité que... La
mise en valeur, c'est des travaux sur un terrain beaucoup plus restreint, avec des forages de délimitation
qui sont plus rapprochés. Eux, on ne demande pas qu'ils soient exclus
des autorisations, mais c'est vraiment la
première partie. Et la plupart de ces travaux-là, à l'heure actuelle, n'ont pas
besoin d'autorisation... de ceux qu'on
parle. Donc, en réalité, ce qu'on dit, c'est que ceux qui en ont... on n'en a
déjà pas, là, on demande juste que ce
soit une déclaration de conformité pour ces travaux-là. Et on est conscients
que, pour des travaux plus importants, il y a une demande de certificat
d'autorisation qui est ajoutée.
Pour
qu'est-ce qui est des Premières Nations, les Premières Nations sont consultées
à la prise des claims. Il y a une
procédure au MRN pour ça, faire en sorte de s'assurer qu'ils soient conscients.
Il faut savoir aussi que les entreprises qui travaillent dans les
secteurs où est-ce qu'il y a des Premières Nations, souvent ils sont là depuis
plusieurs années, ils les connaissent. Les gens des
Premières Nations les connaissent aussi. Il y a très rarement des surprises. Il
y a des demandes des Premières Nations qui sont associées à leurs droits
ancestraux, qui n'ont rien à voir avec l'exploration minière en tant que telle,
et ça, on en est conscients. Mais ce n'est pas... Nous, notre enjeu, c'est un
enjeu qui relève du gouvernement.
Peut-être,
pour le dernier point, sur les ordres professionnels, c'est parce qu'au niveau
de l'exploration minière la plupart des
documents doivent être signés par un géologue qui est membre d'un ordre
professionnel. Et on voyait mal et on voit toujours mal le fait que ce
soit un tiers qui vienne signer ces documents-là, puisque c'est de la
responsabilité du géologue qui fait les travaux
et qui signerait la déclaration pour l'envoyer au gouvernement. Ça fait que,
nous, ce qui serait le plus simple pour nous, c'est de respecter ce qui
se fait déjà à l'heure actuelle, c'est-à-dire c'est le responsable d'un membre
d'un ordre professionnel qui est dans l'entreprise, qui, lui, signe ces
documents-là.
Une voix : ...
Le Président (M. Hardy) :
Mme Fillion.
• (11 h 30) •
Mme Fillion (Valérie) : Oui, M.
le Président. Seulement, concernant le premier point sur l'exploration, les travaux d'exploration pour les hydrocarbures versus les substances minérales, ce n'est vraiment
pas les mêmes travaux qu'on fait, ce
n'est pas le même équipement. Donc, je pense qu'on ne peut pas considérer les
deux activités de la même façon. Il faut être très, très prudent
là-dedans parce que ce n'est vraiment pas la même chose.
Le Président (M. Hardy) :
M. Savard.
M. Savard
(Mathieu) : En complément de réponse, à l'heure actuelle, lorsqu'il y
a des activités de forage, la seule autorisation nécessaire, c'est au
niveau du ministère des Ressources naturelles, qui, lui, a l'obligation de
consulter, entre autres, les communautés autochtones. Donc, il n'a pas besoin
d'avoir d'autorisation autre, sauf si c'est dans l'environnement du poisson, sur des lacs ou dans les milieux humides.
Mais, pour du forage conventionnel qui est effectué, admettons, en forêt, à l'heure actuelle, il n'y a
pas d'autres autorisations. Évidemment, il y a un devoir de consultation
en amont, si on veut, de l'autorisation au
niveau des forêts. Mais, au niveau de l'environnement à l'heure actuelle, il
n'y a pas vraiment d'autorisation
nécessaire si les forages ne sortent pas d'un cadre ordinaire. Puis c'est dans
cette optique-là qu'on demandait simplement une déclaration de
conformité.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. D'abord, bienvenue à vous trois. J'aurais quelques
questions, comme celle-ci, la
première. Vous indiquez, à la page 9 de votre mémoire, que l'impact de
l'exploitation cumule des valeurs totales, sur le territoire du Québec, de 90 kilomètres.
J'aimerais, pour que... pour les gens qui nous écoutent, vous avez parlé
d'Hydro-Québec, qui était... il y avait beaucoup plus d'impact sur l'ensemble
du territoire. On sait que l'exploitation minière, c'est vraiment momentané, bon, c'est des forages de recherche que vous
faites. Mais, bien sûr, l'exploitation par la suite, on sait pertinemment que c'est quand même
passablement de territoire. Mais, j'aimerais vous entendre. Quand vous
tenez des propos comme ça dans votre
mémoire, vous voulez parler de quoi? Expliquez-nous ça en long et en large
parce que les gens ont une perception autre que celle que vous avancez.
M. Savard (Mathieu) : Bien,
effectivement...
Le Président (M. Hardy) :
M. Savard.
M. Savard (Mathieu) : Oui, M.
le Président. Effectivement, on parle de perception, et évidemment, souvent,
l'empreinte des exploitations minières est surfaite, évidemment, pour des
raisons de couverture médiatique, parfois, où
est-ce qu'il y a une surreprésentation. Mais, dans les faits, tous les
gisements qui ont été exploités au Québec depuis la nuit des temps ne représentent pas plus que
90 kilomètres carrés, qui est l'équivalent, grosso modo, des
stationnements des Wal-Mart, si on veut.
Donc, l'empreinte est minime, même si, bon, il y a un héritage du passé, ça on
ne peut pas le nier.
Évidemment,
on regarde en avant puis, aujourd'hui, on sait que les lois empêcheraient que
ce qui s'est produit par le passé se
reproduise. Mais tout ce qu'on essaie de vous dire, c'est que l'empreinte est
très minime. À l'échelle du Québec, ce
n'est même pas 0,03 % du territoire. Et pourtant, des fois, on a
l'impression que l'empreinte est beaucoup plus grande. Donc, c'est un peu notre point, c'est de vous
faire réaliser à quel point l'empreinte, même au niveau de
l'exploitation, est très minime sur le territoire.
Le Président (M. Hardy) : ...
M. Simard : Oui, vous pouvez y
aller, M. le Président.
Le
Président (M. Hardy) : M. le député de Dubuc.
M. Simard : Merci. Vous recommandez, à la page 28 de
votre mémoire, que tous les travaux d'exploration — parce qu'il faut bien se le dire, là, on est dans l'exploration et non pas
dans l'exploitation, c'est deux affaires différentes, là, pour les gens qui nous écoutent, bien sûr — que, bon, on n'ait pas besoin d'une
déclaration de conformité. Et, sur cette base, jugez-vous que ces travaux n'aient besoin que d'une déclaration de
conformité? Mais, pour les gens qui nous écoutent, là, honnêtement, les gens ont pour leur dire :
Pourquoi qu'ils veulent juste une déclaration de conformité, alors qu'ils
ont des impacts énormes? Et, si on ne fait pas nécessairement les recherches
environnementales précises sur leurs travaux, qu'est-ce qu'ils veulent faire,
qu'est-ce qu'ils ont à exploiter? On va avoir nécessairement une surprise
momentanée. J'aimerais vous entendre
là-dessus parce qu'on est quand même bien, bien écoutés lorsqu'on parle de
l'exploitation et l'exploration minières. Vous le savez, là.
Le Président
(M. Hardy) : M. Savard.
M. Savard
(Mathieu) : Oui, tout à fait, M. le Président. Nous, évidemment, on
représente les explorateurs. On sait
qu'au niveau de l'exploration l'empreinte est encore plus minime que
l'exploitation. Donc, tout à l'heure, on parlait de l'empreinte de l'exploitation. Et donc, à l'heure
actuelle, les travaux d'exploration, pour la plupart, évidemment, ne
sont pas sujets à aucun certificat de conformité ou d'autorisation, seulement
dans les cas où est-ce qu'il va y avoir des forages sur des lacs ou
dans des environnements humides.
Donc,
pour ce qui est des forages en forêt, évidemment, ça concerne la Loi sur les forêts, où est-ce qu'il y a des demandes de permis
qui sont requises, des consultations au
niveau des communautés
locales. Mais il n'y a pas d'autre impact. Puis l'impact d'un
forage d'exploration est très minime. Donc, c'est pour ça que nous, on
considère qu'une déclaration de conformité est suffisante à ce point-ci.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Fillion.
Mme Fillion (Valérie) : Oui, M.
le Président. Comme complément, dans
la dernière révision de la Loi sur les mines
a été ajouté le plan de restauration et garantie pour les travaux
d'exploration, forage, et tout ça. Donc, l'impact est très minime, et on
restaure le site lorsqu'on a fini nos forages ou nos travaux préliminaires
d'exploration. Donc, c'est la raison pour laquelle on...
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Dubuc.
M. Simard : Merci,
M. le Président. Vous permettrez, je
vais y aller rapidement. À la page 23 de votre mémoire, vous êtes très critiques par rapport à l'effet qu'on va... lorsque le ministre veut faire une... aviser le ministre de la Santé, le ministre de la Sécurité publique et, bien
sûr, le ministre de l'Agriculture qu'il peut y avoir nécessairement des... Je
vais le lire textuellement : «L'AEMQ
demande de retirer : Le ministre avise le ministre de la Santé et des
Services sociaux lorsque la présence d'un contaminant dans
l'environnement est susceptible de porter atteinte à la vie, à la santé, à la
sécurité, au bien-être ou au confort de l'être humain. Il peut également aviser
le ministre de la [Santé] publique et le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation s'il le juge opportun.»
J'aimerais comprendre
le pourquoi que vous voulez qu'on l'enlève et que vous l'expliquiez, justement,
pour notre compréhension.
Le Président
(M. Hardy) : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : De façon très limpide, M. le Président,
l'objectif de la Loi sur la qualité de l'environnement, c'est de
protéger l'environnement. Ça devrait se limiter à ça. On a de la difficulté à
saisir pourquoi que d'autres ministères
devraient être interpellés, ils le sont de toute façon. Mais là c'est parce
qu'on l'enchâsse dans la loi. Alors, on a vécu ça, nous, au niveau de la Loi sur les mines, où il y a certains...
deux ou trois articles qui réfèrent à aviser le ministre de
l'Environnement. Mais c'est une loi qui relève du ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles. Ça fait qu'on trouve que ça n'a pas nécessairement sa
place et ça n'ajoute rien, ça ne change rien au fond du projet de loi non plus.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Je sais que, bon, vous avez connu des expériences très spéciales, là. Mettons,
vous avez parlé tantôt de la Mine
Arnaud. Je comprends très bien. Bien, le fait d'aviser nécessairement les
médecins... parce qu'on sait qu'il y a beaucoup d'effervescence dans ce...
pas la Mine Arnaud elle-même, plutôt un autre genre de mine, là. Et on a pris
le chemin... Mais le fait d'aviser les
médecins, d'aviser le ministère de l'Agriculture, qui, potentiellement... il y
aurait des contaminants qui
pourraient être là, pourquoi pensez-vous qu'au niveau de l'environnement ça lui
donne des pouvoirs? Ça lui donne des pouvoirs, oui, au niveau de la
santé publique, mais pas au niveau de l'environnement.
Le Président
(M. Hardy) : M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Écoutez, bien, pour nous, c'est un peu un détail. On
soulevait le point parce qu'on trouvait préoccupante cette insertion-là. Ce
n'est pas, pour nous, notre cheval de bataille à l'intérieur de ce projet de loi là. C'est
plutôt les pouvoirs discrétionnaires du ministre et l'application hasardeuse de
certaines règles qui nous préoccupent le plus. Mais ce n'était vraiment
pas cet élément-là le plus important.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Dubuc.
M. Simard : Mon collègue a une
question, M. le Président.
Le Président (M. Hardy) : Oui.
M. le député de Mégantic, vous avez 30 secondes.
M. Bolduc :
Je vais passer très vite. Bonjour. Il y a eu un mémoire, hier, qui nous disait
qu'à peine... puis je l'ai ici : «...à
peine 10 % des quelque 400 projets d'exploration ont fait l'objet
d'un certificat d'autorisation environnementale ces dernières années.»
Et vous nous parlez que tout ce que vous avez besoin, c'est d'une autorisation
du ministère des Ressources naturelles. Qu'est-ce qu'il y a là-dedans, là?
Est-ce qu'on échappe quelque chose? Ou est-ce qu'il y a deux critères? Est-ce
qu'il y a d'autres choses qu'on n'a...
Le Président (M. Hardy) :
M. Poirier? M. Savard?
• (11 h 40) •
M. Savard
(Mathieu) : Oui. En fait, évidemment, sur 400 projets
d'exploration, ils ne sont pas tous au même stade. Et plus un projet va avancer en termes de stade de développement,
bien, évidemment, en cours de route, il peut y avoir des éléments où
est-ce qu'il va y avoir un décapage d'une taille... d'une certaine importance
qui devra être fait, qui va nécessiter un
certificat d'autorisation. Puis ça, évidemment, on en est bien conscients, la
loi actuelle couvre ce genre de chose
là via la Directive 019, et tout ça. Donc, c'est déjà encadré. Donc, le
10 %, si on veut, des certificats d'autorisation émis dans ce cadre-là, c'est pour des projets
souvent en développement avancé ou, comme je le mentionnais tout à
l'heure, où est-ce qu'il y a des forages qui sont dans des environnements plus
sensibles, qui sont déjà encadrés par la loi.
M. Bolduc : Merci.
Le
Président (M. Hardy) : Je vous remercie beaucoup. Maintenant, je
cède la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Alors, merci, M. le Président. Merci de votre présence ici. Première
question, je me demande si vous saviez que vous veniez dans une
commission parlementaire qui étudie un projet de loi sur la qualité de
l'environnement.
Le Président (M. Hardy) :
M. Savard.
M. Savard (Mathieu) :
Absolument.
M. Gaudreault : O.K. Bien,
c'est parce qu'en lisant votre mémoire il y a beaucoup d'éléments, beaucoup, beaucoup, beaucoup d'éléments où vous demandez
carrément de retirer des articles, des précisions. Puis là je prends
juste, à la page 3, votre troisième
paragraphe, bon : «L'AEMQ souhaite également contribuer à toute réflexion
qui permettra de mieux soutenir le
développement responsable de notre secteur et sa contribution à la croissance
économique du Québec. Nous sommes d'avis qu'il n'y a pas
d'incompatibilité entre le développement économique et la protection de
l'environnement.» Je trouve que ça ne paraît pas dans votre mémoire.
Moi, j'aurais aimé entendre de votre part au
moins une affirmation qu'on est rendus ailleurs en matière de protection de l'environnement. J'aurais aimé
entendre de votre part une adhésion à cet objectif absolument important
de protection de l'environnement, de lutte
contre les changements climatiques, qu'on sorte un peu de cette dichotomie
que je trouve dépassée, moi, entre
protection de l'environnement puis le développement économique. Puis je trouve
que vous ne nous amenez pas là.
On peut-u
vous entendre un peu, là, là-dessus, sur la protection, sur cette conviction
que je pense que vous devriez ou que
vous devez avoir aussi sur la qualité de l'environnement, sur la protection de
nos cours d'eau, sur la protection de nos
nappes phréatiques? On n'est pas contre le développement économique, mais là on
est dans une... On n'est pas sur la Loi
sur les mines, là. Là, on est sur la Loi sur la qualité de l'environnement, qui
a 44 ans... 42 ans... 44, l'âge du ministre, je pense, ou à peu près. Alors, je me demande si...
On va sortir un peu du mémoire, là, j'ai le goût de vous entendre là-dessus.
Comment vous voyez ça, là?
Le Président (M. Hardy) :
M. Savard.
M. Savard
(Mathieu) : Bien, d'abord, dans la première page de notre mémoire, on
mentionne clairement qu'on souscrit à
la révision de la loi. Puis évidemment on mentionne que le développement économique
ne devrait pas être en opposition à la protection de l'environnement.
Puis ça, je pense qu'on peut tous dire qu'on y croit vraiment.
Par contre, souvent
dans les moutures des projets de loi, de la façon que c'est écrit, bien,
évidemment, les deux enjeux sont mis en
opposition et non en complémentarité, si on veut. Donc, évidemment, pour nous,
puis Hydro-Québec, tout à l'heure,
l'ont mentionné, la grosse inquiétude, c'est la prévisibilité. On parle de
capitaux à risque. Déjà, pour un explorateur, trouver une mine, c'est un
défi d'une carrière. Puis la plupart des explorateurs n'auront même pas la chance de trouver une
mine dans leur carrière. Donc, évidemment, on le fait en respectant
l'environnement. On est une des industries
les plus réglementées. Ce qui se fait présentement, souvent, c'est très, très
avancé en termes de technologies, en termes de restauration
environnementale. Malheureusement, ce n'est pas toujours bien rapporté dans les
médias.
Cela
dit, nos investisseurs, ils doivent être en mesure de prévoir un
investissement. Si Hydro-Québec mentionne qu'ils ont un problème avec la prévisibilité avec de l'argent de l'État,
qu'ils ont de la difficulté à planifier, dans le futur, quels vont être les impacts de pouvoirs
discrétionnaires et réglementaires du ministre, bien, je ne vois pas pourquoi
les entreprises devraient être réconfortées.
Si Hydro-Québec n'est pas à l'aise avec un pan de mur discrétionnaire, bien,
je ne vois pas pourquoi les investisseurs privés et même institutionnels
seraient confortables avec ça.
Cela
dit, on souscrit à protéger l'environnement, on le fait à chaque jour en
restaurant nos sites d'exploration, nos sites de décapage. On innove à chaque jour, on tente de chercher des
nouvelles technologies pour réduire les consommations de gaz à effet de serre. Dans le Nord-du-Québec, évidemment, on n'a pas le choix d'être à l'avant-scène de ça
parce que c'est toujours une question de coûts. Les hydrocarbures, il n'y a
rien qui coûte plus cher que ça pour un explorateur. Donc, évidemment
qu'on cherche des pistes de solution à chaque jour. Ça fait partie de notre
travail.
Mais,
encore une fois, le cadre de prévisibilité, sous sa forme
actuelle, est extrêmement difficile. Puis je ne vois pas comment les
explorateurs pourraient continuer dans un cadre aussi difficile. Il n'y a pas d'opposition
avec la protection de l'environnement, c'est juste d'avoir un cadre peut-être
plus clair, mieux défini.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Bien, peut-être que Mme Fillion voulait compléter. Peut-être, oui?
Mme Fillion
(Valérie) : ...
M. Gaudreault :
Bien, je vous voyais...
Mme Fillion (Valérie) : Non, mais c'était juste pour compléter, pour dire
que les PME qui font de l'exploration au Québec sont des compagnies qui
n'ont pas de revenu. Ce n'est pas des compagnies productrices, là. Donc, la
condition de base, là, c'est d'avoir de l'investissement pour faire recherche et
développement. Une fois que tu as ça,
les habitudes, les pratiques
s'améliorent d'année en année de façon fulgurante. Donc, on serait intéressés à
vous faire partager la connaissance de notre filière puis des avancées
qu'on fait.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Bien, c'est parce que, un autre exemple, à la
page 21, là, dans les commentaires spécifiques sur le projet de loi, je
veux dire, même sur la question
de la disposition préliminaire, là, vous dites :
«Qu'arrivera-t-il si une entreprise
n'est pas en mesure de réduire ou même prouver la réduction des émissions de
gaz à effet de serre ?» Alors là, vous
demandez que l'article soit retiré. Ce n'est pas un peu fort? Parce que
vous venez de nous dire vous-mêmes, là, que vous
faites déjà beaucoup d'efforts, comme entreprise, pour réduire les
émissions de GES, donc il me semble que ça se fait, que ça se démontre, que toutes les entreprises sont en mode de
réduction des gaz à effet de serre. Bien, vous, c'est : Non, on retire carrément
la disposition.
Le Président
(M. Hardy) : M. Savard... M. Poirier?
M. Poirier (Alain) : Oui, M.
le Président. Si je peux me permettre
de revenir sur la question précédente. On a quand même assez bien indiqué,
dans notre mémoire, qu'on est tout à fait d'accord
avec le principe d'autorisation par niveau de risque. On trouve que c'est vraiment une bonne idée, c'est souhaitable, et on
l'encourage. Cependant, on ne le retrouve pas dans le projet
de loi. On n'est pas capables
d'identifier le comment ça va fonctionner et de quelle façon nos entreprises
vont pouvoir adresser ça. Ça, c'est le défi.
On trouve que c'est vraiment une bonne approche, mais, en même temps, on n'est pas capables de retrouver dans la loi, parce qu'on n'a
pas vu les règlements, puis encore bien moins dans les règlements de quelle
façon ça va s'orchestrer.
Pour qu'est-ce qui
est de l'article 1, que vous faites référence, c'est un article qui est un
peu déclaratoire. On retrouve d'autres éléments au niveau du projet de loi. Et,
si vous allez un peu plus loin dans le mémoire, vous allez voir qu'on écrit qu'on est tout à fait préoccupés
par les changements climatiques et par les émissions de gaz à effet de
serre. On veut juste savoir de quelle façon
ça va fonctionner. Est-ce que les entreprises d'explorations... Est-ce que
nous, vous savez, on va passer du
risque négligeable, faible, modéré à élevé, sur une période de 20 ans, à
cause de l'évolution du projet? Donc,
à partir de quel moment il va falloir devoir se préoccuper de ça? Est-ce que
c'est au début de nos travaux d'exploration?
Est-ce que c'est à la mise en valeur? Est-ce que c'est à la construction de la
mine? À partir de quel moment?
Nous,
ce qu'on a besoin au niveau de la prévisibilité, c'est de savoir, dans notre
calendrier, pour la découverte et la
mise en valeur d'un projet minier, c'est quelles sont les étapes, à partir de
quel moment on doit se préoccuper de tel élément, de tel autre élément et de tel autre élément. C'est juste ça
qu'on demande. Et le fait de le savoir d'avance, bien, ça nous permet de prévoir, prévoir des délais
parce que, vous savez, pour obtenir un permis, un bail minier, bien,
c'est trois années d'études environnementales, de dépôt et de délais qui
s'ajoutent avant le début de la construction de la mine pour obtenir son bail, qui est le dernier document qu'on doit
recevoir pour pouvoir faire la construction. Ça fait que ce qu'on
demande, c'est... on ne veut pas avoir moins d'éléments, on ne veut pas en
soustraire. Dites-nous quand, de quelle façon ça va fonctionner, et comme ça on
va être en mesure de prévoir chacune des étapes de nos projets.
Le
Président (M. Hardy) : M. le député de Jonquière,
45 secondes.
M. Gaudreault :
Oui, 45 secondes. J'aimerais ça vous entendre, évidemment, sur le test
climat. Donc, j'imagine que vous n'êtes pas des fervents partisans de ça.
Le Président
(M. Hardy) : M. Savard? M. Poirier?
M. Poirier (Alain) : Bien, on n'est ni partisans ni contre. On n'a pas
assez de détails pour bien saisir l'impact sur nos entreprises. Je reviens à ce que je viens de vous dire sur est-ce que...
à quel moment ça va entrer en ligne de compte. Quand on va le savoir,
bien, on va pouvoir avoir peut-être plus de commentaires à vous fournir.
M. Gaudreault :
Très bien. Merci.
M. Poirier
(Alain) : Merci à vous.
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup. Maintenant, je cède la parole au député
de Masson.
• (11 h 50) •
M. Lemay : Merci,
M. le Président. Merci d'être avec
nous aujourd'hui en commission. Je vais vous emmener tout de suite à la page 16 de votre mémoire. Vous parlez de l'ALENA, et puis
c'est quelque chose qui m'intéresse parce que vous
n'en avez pas fait mention dans vos remarques préliminaires. Dans le fond, vous
mentionnez qu'à l'article 144 du projet
de loi, qui modifie, dans la LQE, le
115.10.3, ça pourrait contrevenir à l'article 1110 de l'Accord nord-américain du libre-échange, et, plus encore, vous mentionnez
que ça contrevient aussi à l'article 82 de la Loi sur les mines, qui dit
que «le ministre peut ordonner la cessation des travaux, s'il le juge
nécessaire, pour permettre l'utilisation du territoire à des fins d'utilité publique». Puis, dans le fond, ce
que vous mentionnez, c'est que, s'il
n'y a aucune mesure de
compensation juste et équitable qui est
prévue pour dédommager des préjudices, le Québec pourrait se retrouver
en contravention avec l'ALENA.
J'aimerais vous entendre sur ce sujet parce
que vous continuez comme ça pendant
deux pages puis vous n'en avez pas encore discuté. Puis, dans le fond,
ce serait quoi, le point important qu'on devrait retenir?
Le Président
(M. Hardy) : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) :
Merci, M. le Président. Il y a quelques articles de loi, quand on s'y
attarde... donnent un pouvoir au ministre de
retirer une autorisation à une entreprise. Cet article-là vient par la suite
nous dire : Dans le cas où est-ce
que ça arriverait, bien, il n'y aura pas de compensations qui vont être
effectuées. On va prendre un projet hypothétique où l'entreprise aurait déjà investi 100 millions de dollars sur un
projet, et le ministre lui retire son autorisation. Il n'y a pas de recours parce que la loi vient dire qu'il n'y
aura pas de compensations qui vont être versées. Cependant, bien,
l'article 82 de la Loi sur les mines
vient préciser qu'advenant ce cas-là, six mois après, le gouvernement va
dédommager l'entreprise pour
l'équivalent des travaux qui ont été déposés. Ce n'est peut-être pas un peu...
simple, mais c'est les travaux qui ont été effectués sur le terrain.
Donc, ça donne un minimum de garantie à l'entreprise par rapport à ça.
Évidemment,
nos entreprises sont des PME, plus des P que des M dans les entreprises. Elles
n'ont pas les moyens et les recours
pour poursuivre le gouvernement, exemple, si un projet serait annulé ou retardé
à cause d'une autorisation qui ne
viendrait jamais. Et ça, pour nos entreprises, c'est excessivement préoccupant.
Il y a déjà eu des précédents au Québec sur des autorisations qui n'ont
pas été données au niveau des entreprises, et ça s'est retrouvé en cour. Mais
ce ne sont pas l'ensemble des entreprises qui ont les ressources financières
pour faire ça.
Ce
qui est un peu dommage au niveau de l'ALENA, c'est que les investisseurs
américains et mexicains seraient dédommagés, mais pas les Canadiens dans
une cause comme celle-là, ce qui est très problématique de nuire à nos propres
investisseurs au Canada.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay :
Effectivement, c'est très préoccupant. Merci des éclaircissements. On va
creuser cette question.
Je
vais vous emmener à la page 15. Vous parlez de l'harmonisation
fédérale-provinciale, puis, bon, en fait, on voit, là, ici, il y a un promoteur, il a toujours le
spectre de recevoir une interdiction du fédéral, malgré qu'il aurait passé à
travers un processus provincial. Au niveau des harmonisations, dédoublements,
vous en pensez quoi? Ce serait quoi, la piste de solution?
Le Président
(M. Hardy) : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Au niveau de l'harmonisation, on vit aussi le cas
avec l'Agence du revenu du Canada et celle du Québec où les
interprétations peuvent varier assez souvent. Il y a un article de loi qui fait
référence justement à la possibilité qu'advenant qu'il y ait une autre
juridiction qui procède à l'évaluation le Québec puisse s'en servir. C'est
effectivement très souhaitable que cela puisse arriver. J'ai oublié la deuxième
partie de votre question, excusez.
M. Lemay :
C'était versus le dédoublement, là. Ça serait quoi, votre piste de solution?
M. Poirier (Alain) : Oui. O.K. Exact. Tout à l'heure, on a parlé de
l'ensemble des lois et règlements au Québec parce qu'on a beaucoup de
références, et le député de Jonquière y faisait référence un peu, tout à
l'heure, au fait qu'il y a beaucoup
d'éléments qui sont couverts par la Loi sur les mines et que nous, on
dit : Bien, si c'est couvert par la Loi sur les mines, exemple, les plans de restauration des garanties
financières, pourquoi devrait-on retrouver la même disposition, qui risque d'être interprétée différemment, dans
la Loi sur la qualité de l'environnement? Si le risque environnemental
est déjà couvert sous une loi, pourquoi en
faire une deuxième ou une troisième qui vont se retrouver souvent en
compétition? Parce que ça arrive que nos
entreprises puissent être en non-conformité sous la Loi sur les mines et en
conformité sous la Loi sur l'environnement. Ça nous arrive assez
régulièrement.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay :
M. le Président. O.K., parfait. Je vais vous emmener à la page 31 de votre
mémoire, là, l'article 16 du projet
de loi, qui... l'article 31.0.8 de la LQE. Vous faites un constat alarmant dans
le cas des... on demande des attestations de conformité qui sont signées par un professionnel. Puis là ce que vous
dites, c'est que, dans le fond, les entreprises, elles pourraient devenir facilement des otages des
consultants spécialisés dans le secteur puis devoir débourser des sommes
importantes injustifiées. C'est quand même
un constat alarmant. Dans le fond, est-ce que vous croyez aussi que, par
cet article, on va pouvoir substituer le
travail des inspecteurs puis vraiment refiler toutes les factures aux
promoteurs du projet?
Le Président
(M. Hardy) : M. Savard.
M. Savard
(Mathieu) : Oui. En fait, ici, ce qui nous inquiète également, c'est
la possibilité de déléguer à des tiers des certificats de conformité.
Donc, à notre sens, ça serait la responsabilité du ministère, d'émettre ces
certificats de conformité là ou ces autorisations-là, alors que, là, par la
bande, on nous oblige à faire affaire avec des consultants externes... évidemment, ne seront pas gratuits. Et
puis c'est comme un peu se délaisser de certaines responsabilités. Donc,
évidemment, augmentation des coûts et puis possiblement des délais. Donc, c'est
ce qu'on mentionnait.
Le Président
(M. Hardy) : 10 secondes.
M. Lemay :
10 secondes? 10 secondes... Merci beaucoup d'être venus.
Le Président
(M. Hardy) : Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission.
La
commission suspend ses travaux jusqu'après les affaires courantes, et je vous
informe qu'elle se poursuivra à la salle Louis-Joseph-Papineau. Merci.
(Suspension de la séance à
11 h 57)
(Reprise à 15 h 12)
Le
Président (M. Hardy) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. N'oubliez pas
d'éteindre la sonnerie de vos téléphones cellulaires.
Je vous rappelle que
la commission est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 102, Loi
modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement afin de moderniser le régime
d'autorisation environnementale et modifiant d'autres dispositions législatives
notamment pour réformer la gouvernance du Fonds vert.
Cet
après-midi, nous entendrons les groupes suivants : la Chaire de recherche
du Canada en droit de
l'environnement, la Vérificatrice générale et le Commissaire au développement
durable, l'Association des professionnels de la construction et de
l'habitation du Québec et la Fondation David-Suzuki.
Je souhaite la
bienvenue aux représentants de la Chaire de recherche du Canada en droit de
l'environnement. Vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, et je vous
demande de vous présenter. Merci. À vous la parole.
Chaire de recherche du Canada en droit
de l'environnement (CRCDE)
Mme Halley (Paule) : Merci, M. le Président. M. le ministre, Mmes, MM.
les membres de la commission, mon nom
est Paule Halley, je suis professeure à la Faculté de droit de l'Université
Laval et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement. Je suis accompagnée d'Aurélie-Zia
Gakwaya, qui est doctorante en ressources naturelles et chercheure
associée à la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement, de
même que de Sarah Bérubé, qui est la coordonnatrice de la chaire.
Nous
vous remercions de nous entendre aujourd'hui sur le projet de loi n° 102,
qui propose de modifier de manière très
importante la Loi sur la qualité de l'environnement. Cet exercice de
modernisation soulève beaucoup d'intérêt chez les juristes de l'environnement et cadre très bien avec
les objectifs de la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement, en matière de formation des
juristes et de participation au développement d'un droit de l'environnement
qui soit efficace et effectif et qui s'inscrit dans la mise en oeuvre du
développement durable.
C'est
dans cet état d'esprit que le mémoire de la chaire a été réalisé, et cela, de
manière à appuyer le projet de modernisation
de la Loi sur la qualité de l'environnement et à mettre l'expertise que nous
avons développée sur cette loi au service du projet de loi afin de
contribuer, nous le souhaitons, à en parfaire les dispositions.
Dans
un premier temps, nous souhaitons souligner certaines des avancées proposées
par le projet de loi en matière de
participation du public, comme, par exemple, d'inviter toute personne, groupe
ou municipalité à s'impliquer plus tôt dans la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts sur l'environnement en leur permettant de faire part de
leurs observations sur l'étude d'impact, le fait également d'assurer la prise en compte des préoccupations
du public dans l'étude d'impact, la volonté d'introduire une procédure d'évaluation environnementale stratégique ainsi que de nouveaux registres publics
rendant l'accès à l'information plus aisée.
Dans
un second temps, nous proposons de résumer les principales observations et
recommandations contenues dans notre mémoire en insistant sur six
d'entre elles.
Tout
d'abord, le mémoire met en évidence des préoccupations touchant la terminologie
retenue dans certaines dispositions du projet de loi, notamment
l'introduction, dans la LQE, du mot «enjeu» et des expressions suivantes :
«consultation ciblée», «procédure unifiée», «consultation publique ciblée ou
élargie», «parties intéressées», qui sont actuellement
absentes de la Loi sur la qualité de l'environnement et qui devraient être
uniformisées et définies. D'autres expressions ont également retenu
notre attention parce qu'elles font intervenir des jugements de valeur, telles
que l'«[acceptation] environnementale et
sociale» et la «protection adéquate de l'environnement» ou encore la participation
du public qui serait «utile à l'analyse [d'un] projet», lesquelles expressions
devraient être remplacées ou retirées.
En
deuxième lieu, le mémoire souligne que des articles du nouveau régime
d'autorisation devraient être retouchés, notamment le nouvel article 22 afin d'en préciser la portée
prospective, le nouvel article 24 pour y préciser que l'analyse des
demandes d'autorisation comprend aussi le contrôle de la conformité à la
légalité, donc au respect de la LQE, et le nouvel article 31.0.3, qui ne devrait
pas accorder au ministre un pouvoir discrétionnaire d'accepter des projets non conformes à la loi. De plus, ce nouveau régime
d'autorisation accorde des pouvoirs discrétionnaires au ministre qui ne
sont pas suffisamment balisés par le projet
de loi. On les retrouve, par exemple, aux nouveaux articles 31.0.3, 31.0.14 et
31.5. Dans ces dispositions, le pouvoir discrétionnaire se fonde sur le
caractère insuffisant des mesures ou des normes réglementaires pour assurer une protection adéquate de l'environnement
et de la santé de l'être humain sans autre motif justificatif.
À ce sujet, les
nouveaux articles 26 et 31.37 apparaissent mieux libellés parce qu'ils
déterminent les motifs particuliers donnant
ouverture à ce large pouvoir discrétionnaire. Ces motifs sont le respect de la
capacité de support du milieu
récepteur et, deux, la protection de la santé de l'être humain et des autres
espèces vivantes. Dans notre mémoire, nous recommandons au législateur
d'ajouter un autre motif qui pourrait justifier l'exercice de la discrétion, et
cela, afin d'inclure la lutte aux
changements climatiques ainsi que les questions relatives à l'adaptation et à
l'atténuation des impacts de ces
changements. Cette série de motifs devrait aussi encadrer les pouvoirs
discrétionnaires accordés par les articles 31.0.3, 31.0.14 et 31.5 ou en
inspirer les modifications.
Toujours en ce qui
concerne ce nouveau régime d'autorisation, le mémoire met également en évidence
l'absence du public et le manque d'ambition
du projet de loi dans la mise en oeuvre du principe de participation du
public à ce processus décisionnel. Je cède la parole à ma collègue.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Gakwaya.
• (15 h 20) •
Mme Gakwaya
(Aurélie-Zia) : Gakwaya, oui. O.K. Bonjour. En troisième lieu, le
mémoire exprime des préoccupations relativement au nouveau régime
d'autorisation fondé sur la déclaration de conformité. Le champ d'application de ce nouveau régime n'est pas
défini dans le projet de loi, et sa portée n'est pas tout à fait claire. Dans
ce contexte, nous croyons qu'il est plutôt
difficile de se positionner sur ses implications, et, par conséquent, la CRCDE,
donc la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement, ne souhaite
pas l'appuyer.
En quatrième lieu,
les modifications proposées à la participation du public à la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement ont particulièrement
retenu notre attention. Le mémoire souligne que les nouveaux articles 31.3.5 et
31.3.6 témoignent d'une méconnaissance ou d'une renonciation à appliquer
pleinement le principe de participation du public aux processus décisionnels.
Ici, je vous renvoie à la page 11 de notre mémoire.
Nous
recommandons au législateur de revoir ces articles du projet de loi. Nous
recommandons particulièrement de distinguer
complètement la consultation publique de la médiation, qui sont deux processus
distincts. Nous recommandons aussi
d'enlever toute référence au caractère utile des consultations publiques pour
l'analyse d'un projet, d'enlever les mots «multiple» et «consultations
ciblées», qui sont toutes des expressions qui souffrent d'un manque de
définition.
En cinquième lieu, le mémoire salue la proposition
de doter le Québec d'un processus d'évaluation environnementale stratégique. Nous recommandons toutefois au
législateur de faire certaines modifications afin de bonifier ce
processus. Nous proposons de rendre la
procédure obligatoire, de déterminer son champ d'application dans la loi, de
s'assurer que l'évaluation prenne en
considération les solutions de remplacement raisonnables et aussi que le public
puisse participer plus tôt dans le processus, soit dès le projet de
rapport de cadrage, donc l'article 95.9, proposé.
Enfin,
nous recommandons au législateur de ne pas abroger l'obligation pour un
promoteur d'obtenir un certificat de conformité de la part de la
municipalité où se situe son projet. Cette procédure permet aux municipalités
d'être informées sur les projets qui se
déroulent sur leur territoire et constitue la mise en oeuvre du principe de
subsidiarité, qui est un principe
clé, principe fort de la Loi sur le développement durable. Donc, ici, je vous
réfère à l'article 6 g) de la Loi sur le développement durable. C'est aussi une exigence qui est conforme à
l'objectif formulé dans le préambule proposé du projet de loi
n° 102, qui prévoit que «les dispositions de la présente loi[...].
[...]permettent de considérer [...] les réalités des territoires et des collectivités
qui [y] habitent.»
Vous trouverez dans le
mémoire de la CRCDE les motivations à l'appui de nos recommandations ainsi que d'autres observations plus détaillées sur la
teneur des dispositions proposées. Et, encore une fois, nous vous
remercions pour votre attention.
Le Président
(M. Hardy) : Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons
maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, merci pour votre présentation ainsi que votre
mémoire et le travail général de la chaire, quand même. C'est un travail
important au niveau académique, il faut le souligner.
Je suis à la
page 4 de votre mémoire puis, au deuxième paragraphe, je lis : «En
premier lieu, il convient de saluer certaines
des avancées proposées.» Et vous commencez : «En matière de participation
du public, il convient de souligner...» Je ne lirai pas tout le
paragraphe, mais le paragraphe est assez long, mais il donne plusieurs
exemples : 31.3.1 et les différents alinéas, 31.3.4, 95.5, 95.13,
118.5.0.1. Alors, tout ce paragraphe-là semble décrire justement des exemples concrets qui motivent votre salut de certaines
avancées proposées par le projet de loi en matière de participation du
public.
Là, plus
loin, j'entends et je vous entends verbalement dire : Il y a l'absence du
public. Alors, je voudrais juste comprendre
les deux énoncés, comment vous les réconciliez et quels moyens concrets...
Concrètement, là, alors, si vous aviez le crayon puis on amende, là, ça
serait quoi, favoriser davantage la participation du public?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Halley.
Mme Halley (Paule) : Je vous
remercie pour votre question, ça va nous permettre de préciser notre pensée. En
fait, cette réflexion sur l'absence du public fait référence au processus
décisionnel de l'autorisation, qualifiée de ministérielle.
Et nos salutations visent un renforcement du principe de participation du
public dans le cadre de la procédure d'évaluation
et d'examen des impacts, essentiellement. Et malheureusement on constate que
ces avancées qui ont été faites pour
les activités à impact majeur auraient pu également être faites dans le
processus d'autorisation des activités à impact. Surtout aujourd'hui, avec les moyens technologiques à la disposition, il
est facile d'informer le public en continu, pas juste au moment de l'avis de dépôt d'une demande, mais
d'une manière continue, et de lui permettre de faire valoir des moyens ou faire valoir des représentations sur des
préoccupations qui peuvent concerner un projet, ne serait-ce que par écrit,
ce qui peut être intéressant pour un large public et notamment pour les personnes
plus particulièrement concernées, qui pourraient,
dès en amont, faire valoir certaines préoccupations qui pourraient être prises en compte dans le design, dans le processus
décisionnel, afin d'éviter des impacts aux tiers, par exemple.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Heurtel : J'essaie de comprendre. Alors là, votre propos
est sur la procédure d'évaluation et d'examen des impacts — je
vous suis bien? — la
participation du public à ce niveau-là.
Mme Halley
(Paule) : Dans nos
félicitations, notre salut, nous visions plus particulièrement les avancées qui
sont faites dans le projet de loi en matière
de participation du public. Mais par ailleurs les lacunes que nous avons
constatées sont dans le processus d'autorisation ministérielle.
M. Heurtel :
Ministérielle. O.K. Alors, dans le processus d'autorisation ministérielle,
j'aimerais vraiment voir, là,
spécifiquement, là, dans le processus... parce que, si on va dans le processus
d'évaluation et d'examen des impacts, bon, par exemple, on a mis une série de mesures pour justement favoriser,
bon, tant l'accès à l'information que la transparence puis la contribution du public dès l'étude
d'impact. Alors, dans un processus ministériel, il y a quand même le
registre qui s'applique, là, le nouveau
registre des autorisations qui s'applique, l'information va être disponible.
J'essaie de vraiment voir...
opérationnaliser ce que vous dites, là, ce que vous recommandez. Où est-ce que
je mets ça et comment? Comment ça fonctionnerait,
une plus grande participation du public dans les autorisations ministérielles?
J'essaie vraiment, là, d'avoir votre
suggestion sur la mécanique. Je comprends votre critique, mais là je voudrais
vraiment voir comment je pourrais y répondre convenablement,
concrètement.
Le Président (M. Hardy) : Mme
Gakwaya.
Mme Gakwaya
(Aurélie-Zia) : Gakwaya, oui. Merci. Je vais vous référer directement
au mémoire, en fait. On regarde
vraiment, là, les pages 11, 12 et 13. En termes d'exemples concrets, nous,
on se réfère vraiment à la Convention d'Aarhus.
Donc, son nom complet, c'est la Convention sur l'accès à l'information, la
participation du public au processus décisionnel
et l'accès à la justice en matière d'environnement. Cette convention-là, qui
date de 1998, que le Canada n'a pas signée parce que c'est une
convention qui s'applique en Europe, contient vraiment des libellés qui peuvent
être intéressants à incorporer dans le droit
québécois. Donc, si vous prenez le un, deux, troisième paragraphe, à la
page 11, on parle particulièrement des motifs, mais, à travers cette
convention-là, la procédure est vraiment détaillée. Donc, c'est quelque chose
qui, je crois, pourrait être utile.
Sinon, on parle aussi du Protocole de Kiev, qui
est un peu plus loin. Donc, si on va à la page 13, le Protocole à la Convention sur l'évaluation de l'impact sur
l'environnement dans un contexte transfrontière, relatif à l'évaluation
stratégique environnementale, je comprends que c'est deux concepts particuliers
et que Mme Halley a bien fait la distinction, mais
il reste que ce qui est écrit dans cette convention et ce protocole constitue
la meilleure avancée en droit international et devrait être considéré quand on
rédige le projet de loi ici, au Québec.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M.
Heurtel : Au niveau du pouvoir discrétionnaire, vous parlez
notamment... 31.0.3, 31.0.14 et 31.5, à la page 5 de votre mémoire.
Encore même question parce qu'on a beaucoup parlé de l'encadrement du pouvoir
discrétionnaire, parce que ça, c'est une des
avancées... C'est parce qu'une des grandes critiques du régime actuel c'est
qu'il est trop rigide. Alors là, on
essaie de se donner de la marge de manoeuvre. Je comprends les critiques, puis
vous n'êtes pas les premières à nous
faire ces critiques-là. On réfléchit, là, présentement, justement, à comment
trouver le juste milieu entre un régime beaucoup trop rigide puis un
régime qui est trop... qui penche trop vers le discrétionnaire.
Alors, encore là, même question, concrètement...
parce que le Barreau du Québec nous a proposé vraiment des modifications concrètes, là, presque... avec du langage, là, sur
comment mieux baliser le pouvoir discrétionnaire du ministre. Alors, avez-vous des suggestions à nous
faire là-dessus, comme même aller jusqu'à proposer du langage ou des concepts? Le Barreau nous a parlé, par exemple, de
mettre un préavis, tu sais, par exemple, d'avoir un préavis de
15 jours, dans certains cas, de prévoir
le recours au TAQ, au Tribunal administratif du Québec, comme... C'est des
exemples, là. Je ne dis pas que c'est juste ça, là. Mais est-ce que vous
voyez des concepts ou du langage, là, qui pourraient nous aider à baliser
mieux?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Halley.
• (15 h 30) •
Mme Halley (Paule) : Je vous
réfère à la page 7 de notre mémoire. Nous avons tenté aussi, même si
nous ne sommes pas des légistes, de
vous proposer, à l'occasion, des formulations. Donc, nous sommes très
conscientes que le droit est rigide
et que vous avez besoin de souplesse pour adapter des projets dans des
circonstances particulières, notamment dans un contexte de lutte aux
changements climatiques.
On a vu qu'il
y avait... on repérait au moins cinq dispositions qui avaient des libellés qui
accordaient de larges pouvoirs
discrétionnaires. Deux de ceux-là, deux de ces dispositions, accordent ce large
pouvoir discrétionnaire, mais pour les motifs suivants, et là donc la
loi vient, pour l'article 26 et l'article 31.37, préciser les motifs pour
lesquels on a besoin de cette discrétion au
lieu de simplement l'énoncer largement comme adéquat pour la protection de
l'environnement. C'est très large. Donc, de
préciser les motifs, et là on comprend très bien que la capacité du support du
milieu soit nommée et que ça motive le fait qu'on ait besoin d'adapter
la norme.
Vous soulevez également, dans ces articles 26 et
31.37, la question de protéger la santé de l'être humain. Donc, il y a un motif de santé, et, même si ce
n'est pas dans nos habitudes, on vous a proposé d'en ajouter, compte
tenu que la question de la lutte aux
changements climatiques est très importante et qu'on voit bien que c'est ce qui
peut être recherché dans ces dispositions, d'avoir cette souplesse.
Donc, pourquoi ne pas nommer, au lieu d'accorder un large pouvoir
discrétionnaire qui est comme celui de la loi, de protéger l'environnement et
les citoyens, de nommer les raisons qui justifieraient qu'on ait besoin
d'adapter des normes à un projet en particulier?
Et là je crois que, si c'est bien nommé, comme
la question de l'adaptation aux changements climatiques, il pourrait y avoir
également... on n'a peut-être pas été assez généreuses, protection des espèces
menacées, vulnérables également. Donc, c'est
une des façons de donner de la souplesse en accordant un pouvoir
discrétionnaire, c'est d'au moins de
nommer les circonstances qui font appel à cette discrétion. Et vous soulevez
des avancées du mémoire du Barreau du Québec,
que nous souhaitons appuyer, c'est évidemment un préavis, la question qu'on
puisse contester, devant le Tribunal administratif, certaines des
conclusions.
Nous avons...
Évidemment, le temps nous manque toujours, mais nous aurions souhaité
développer davantage la question de
la motivation. On peut vous encourager aussi à ce que ces décisions-là soient
motivées eu égard aux motifs qui sont
évoqués ici pour qu'on... quiconque puisse s'assurer de la façon dont la
discrétion est utilisée eu égard au respect de l'état de droit, là, les
normes qui existent, par ailleurs.
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Heurtel : Ça va pour moi.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Hardy) : Oui.
Je cède la parole maintenant à M. le député de Maskinongé.
M. Plante : Oui. Bien, écoutez,
ce sera très bref. Donc, bonjour, mesdames. Bienvenue parmi nous.
Donc, j'aurai
une simple question... bien, une simple question à deux volets. Vous ne faites
pas mention du tout, du tout, au
sujet du test climat. Donc, vous n'avez pas émis de position ou de
recommandation au niveau du test climat. Et ma question sous-jacente va être au niveau de la réforme de la gestion du
Fonds vert. J'aimerais bien vous entendre sur vos opinions sur la
modification proposée par le projet de loi.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Halley.
Mme Halley
(Paule) : C'est un projet de
loi qui était copieux. Nous avons tenté d'aller examiner les régimes où nous avions le plus d'expertise, et le temps
manque cruellement, comme toujours. Donc, nous n'avons pas pu aborder le
projet de loi article
par article et nous n'avons pas émis de critique sur la question du test
climat, qui, évidemment, peut soulever
des interrogations de manière générale, s'il y a une duplication avec les
régimes actuels pour ceux qui participent déjà à un encadrement législatif au niveau des GES. Mais, en même temps,
un test climat, ça peut être aussi l'adaptation, ça peut être d'autre
chose, et les entreprises qui sont assujetties déjà au marché du carbone, ce
n'est pas toutes les entreprises, tous les projets.
Donc, on n'a
pas souhaité trancher dans ces questions-là, mais on conçoit que c'est une
préoccupation, là, de bien arrimer ce régime avec le marché du carbone
qui est déjà appliqué au Québec.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante : Oui, puis au niveau
du Fonds vert, c'est peut-être la même réponse ou peut-être...
Mme Halley
(Paule) : On s'était dit,
dans le groupe, qu'on mettrait l'accent sur la Loi sur la qualité de l'environnement. On s'était donné ça comme pour
nous gouverner. Peut-être ce qui m'a étonné comme juriste, c'est de voir un fonds, le fonds sur les... le nouveau
fonds qui est créé, dont le nom m'échappe, là, sur les ressources
hydriques, c'est de voir que ce n'était pas
un fonds pérenne, alors qu'on voit beaucoup les fonds dédiés comme étant des
fonds pérennes ou pour investir dans
des projets d'amélioration de l'environnement parce que... pour un peu
équilibrer les capitaux, hein, quand on prend l'environnement, bon. Et
là on voit que le second n'est pas pérenne, et c'est simplement un fonds de
roulement. Ça, ça m'a étonné au niveau de la philosophie d'un fonds dédié à
l'environnement.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Mégantic, deux minutes.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. J'ai une question, moi, qui est un
peu compliquée, là, mais je vais essayer de démêler ça pour vraiment
vous entendre là-dessus parce que, quand on fait des consultations publiques en
environnement, on semble toujours, puis peut-être que j'ai une mauvaise
perception, prioriser que l'environnement doit toujours se faire par
consultation publique. Pour moi, tout projet de loi devrait avoir la même
approche, et que ce soit en éducation, en santé ou autre chose.
Est-ce que je
manque le point de vue ou si vraiment, selon votre vision des choses,
l'environnement devrait avoir un statut particulier en termes de
consultation?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Gakwaya.
Mme Gakwaya (Aurélie-Zia) :
Sincèrement, je ne pense pas que c'est une question sur laquelle nous nous sommes vraiment penchés parce que notre travail,
c'est de s'intéresser à l'environnement, vu que le sujet de recherche de
la chaire, c'est... la Chaire de recherche du Canada en droit de
l'environnement. Donc, je ne peux pas...
M. Bolduc :
Vous nous parlez aussi du fait qu'on doit prendre les consultations du public
puis de voir la capacité d'absorption,
la capacité des systèmes à absorber ou à supporter les impacts, etc. À un point
donné, il est très, très difficile d'évaluer
la capacité de support d'un écosystème. Les impacts à court terme sont
généralement plus visibles, mais, à moyen et long terme, sont de plus en plus difficiles à évaluer, surtout dans
un environnement qui est de plus en plus dynamique. Puis je parle de l'environnement, de la
production, des productions de biens, des transports. Et nous sommes dans
une société qui est en changement. On parle de test climat, on parle de
changements climatiques.
Le Président (M. Hardy) :
Malheureusement, le temps que vous aviez est écoulé, M. le député de Mégantic.
Maintenant, je passe la parole à l'opposition officielle. M. le député de
Jonquière, à vous la parole.
M. Gaudreault : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, je veux vous saluer, puis effectivement vos recommandations sont extrêmement importantes parce
que, par l'objet même de vos recherches, on est en plein dedans, comme on dit, là, avec le projet de loi
n° 102. Alors, si vous avez plus de temps, éventuellement, que vous avez
le temps de continuer de nous
alimenter ou de nous éveiller sur le Fonds vert, sur le test climat, on est
preneurs, on est très intéressés à avoir vos lumières. Alors, je veux
vous souhaiter la bienvenue encore une fois.
J'aimerais ça
vous entendre, parce qu'il y a d'autres groupes ici qui se sont montrés
favorables à inclure dans une loi, peut-être le projet de loi
n° 102, les cibles de réduction de gaz à effet de serre, donc d'en
faire des obligations législatives, d'une
certaine manière, les enchâsser dans une loi pour aller au-delà d'une
déclaration politique, là, si on veut, d'un gouvernement, que ça
devienne une obligation légale. Avez-vous une opinion là-dessus?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Halley.
• (15 h 40) •
Mme Halley
(Paule) : Le projet de loi
n'en traite pas. Je voudrais tout d'abord vous remercier pour vos bons
mots d'introduction. Donc, ce n'est pas dans
le projet de loi. Ce n'était pas non plus dans le livre vert, mais on a vu,
donc, dans l'actualité juridique internationale, des tribunaux ordonner
à des gouvernements de prendre ce type de mesure. On voit également, à
l'international, utiliser la loi pour programmer des stratégies fermes de
réduction ou d'adaptation.
Donc, oui,
l'usage de la loi pourrait formaliser l'atteinte de certaines cibles, pourrait
formaliser des séquences en matière d'adaptations qui peuvent être plus
particulièrement préoccupantes pour le Québec, comme en matière côtière, par exemple. À
titre de juriste, je suis plutôt favorable à ce qu'on utilise la loi pour
formaliser des engagements, notamment en matière de GES. Ça donnerait un
sérieux supplémentaire à cet objectif qui est incontournable.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Croyez-vous que
ce serait la bonne tribune pour le faire, dans le projet de loi n° 102?
Mme Halley (Paule) : Beaucoup
de pain sur la planche, mais, oui, pourquoi pas.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Merci. Je veux revenir maintenant sur la question des consultations. Vous avez
été quand même assez claire, je ne
sais pas si je dois dire sévère. Je vous cite, je ne sais pas si c'est dans le
texte de votre mémoire, mais, en tout cas, c'est dans votre
présentation, vous déplorez ou, en tout cas, vous soulevez, à tout le moins, le
manque d'ambition du projet de loi sur la participation du public. Alors, c'est
vos mots, le manque d'ambition.
Je comprends
que... Est-ce que je comprends bien si je dis que vous souhaiteriez un
processus de consultations sur le
risque modéré, donc sur les projets, si on veut, qui sont à risque modéré? Et
le CQDE, le Centre québécois du droit de l'environnement, par exemple, dans son mémoire, nous dit que nous
réitérons donc... Là, je les cite, là, c'est à la page 34 de leur
mémoire. «Nous réitérons donc notre recommandation à l'effet de prévoir un
mécanisme de publicité et de participation citoyenne dans le cadre du régime
général de 22[...], à l'instar de l'actuel régime applicable aux forages
exploratoires.»
Est-ce que c'est quelque chose qui vous
rejoindrait?
Mme Halley (Paule) : Oui,
absolument.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Halley.
Mme Halley
(Paule) : Absolument. Ça me
permet de revenir sur un aspect important de notre mémoire, qui est l'évaluation ou l'examen du nouveau régime
d'autorisation environnementale des nouveaux articles 22 et suivants. Et
c'est dans ce contexte-là, dans ce contexte
de cette procédure d'autorisation des projets à, disons, impact modéré, que
nous soulignons que le public est absent et qu'il gagnerait à être présent à
cette étape.
Nous appuyons
les recommandations du CQDE à cet égard et nous, on avait formulé le fait qu'on
ne peut pas avoir moins, hein, quand
on avance dans le temps, en matière environnementale, en matière de droits
humains. Et ce qu'on avait reçu dans
les régimes d'autorisation jusqu'à maintenant, on s'attendait à ce que ça
serait un plancher. Le citoyen n'a pas obtenu
ce plancher-là pour les autorisations du nouvel article 22. Et je vous donne
comme exemple le régime encadrant l'autorisation environnementale pour
l'exploration du gaz de schiste, les articles 7.1, 7.2 du règlement
d'application sur la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui permet d'aviser le milieu municipal dans lequel va avoir
lieu le projet, qui demande aux
promoteurs d'avoir la courtoisie d'inviter ceux qui sont intéressés à les
rencontrer, parler avant de son projet puis faire rendre compte de cette
rencontre en même temps qu'il fait sa demande d'autorisation.
Ça change la façon dont on a de vivre ensemble
parce qu'à l'heure actuelle les tiers impactés sont laissés à eux-mêmes, et puis ça, cette préoccupation qu'on
souhaitait mettre de l'avant... puis que le principe de participation du
public, il n'a pas cessé depuis la Déclaration de Rio, en 1992, à être
proclamé, à être assorti à plusieurs conventions, traités, etc. Donc, c'est un principe qui gagne à être appliqué beaucoup
plus largement pour sortir, pour reprendre une question posée tout à l'heure, de ce binôme promoteur-État, pour
élargir, parce que les ressources, le territoire, ça appartient aux citoyens, c'est le concept de souveraineté, et
donc d'associer plus ouvertement le développement du territoire, sortir
de ce petit binôme fermé.
Et c'est pour
ça que le principe de participation
du public est si important, pour s'assurer de la transparence, la reddition de comptes et pour s'assurer aussi des effets positifs, que le public va
s'associer à des projets qui s'insèrent dans leur milieu. Les gens ne sont pas contre le développement et le progrès. Donc, c'est vraiment pour ce régime-là qu'on a fait ces remarques d'absence, peut-être
une... on n'a pas suffisamment une bonne reconnaissance de ce principe ou
de la volonté de l'appliquer pleinement.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. Vous êtes une très bonne plaideuse de la
souveraineté, je vous remercie pour ce point-là au sens large. Mais justement, pour sortir de ce
binôme dont vous parlez, est-ce qu'on
devrait aller jusqu'à modifier également l'article 96 pour permettre aux citoyens qui vivent des impacts
d'avoir aussi un droit d'appel face aux décisions? Est-ce qu'on doit
aller jusque-là dans votre élargissement du binôme?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Gakwaya ou Mme Halley.
Mme Halley (Paule) : Je
vérifiais si on partageait la même opinion, là. Alors, tout à fait. Pour avoir
travaillé, dans les derniers mois, sur
l'accès à la justice environnementale, il est évident que le fait qu'on n'ait
pas accès à la justice administrative, quand on se compare, ce n'est pas
un plus.
Donc,
c'est quelque chose qui pourrait être amélioré. On est bien chanceux d'avoir le
recours de 19.2, mais n'empêche que d'avoir
accès, face au grand nombre de projets, au Tribunal administratif, ce serait
beaucoup plus facilitant, beaucoup moins dispendieux pour les personnes
qui souhaitent faire valoir des moyens.
M. Gaudreault :
Et on pourrait passer par une modification à l'article 96. Oui, madame,
vous voulez ajouter quelque chose?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Gakwaya.
Mme Gakwaya
(Aurélie-Zia) : Oui, peut-être simplement pour compléter. Ici, encore
une fois, je pense qu'on peut se référer à la Convention d'Aarhus, qui
prévoit clairement qu'un principe de participation du public doit être en trois volets. Tu dois avoir accès à l'information
en tant que telle, tu dois pouvoir participer concrètement au processus décisionnel et aussi avoir accès à la justice en
matière environnementale. Donc, clairement, c'est quelque chose que nous
voyons d'un bon oeil.
M. Gaudreault :
O.K., oui.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière, en 50 secondes.
M. Gaudreault :
Oh! 50 secondes. Bon, vous parlez de jugement de valeur avec les mots
comme «adéquate», «utile», etc.
Alors, vous proposez soit de les retirer pour remplacer par des mots plus
clairs et neutres juridiquement ou de les décrire et de les encadrer? En
10 secondes.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Halley.
Mme Halley (Paule) : Nous avons souligné qu'en précisant les motifs de
l'usage du pouvoir discrétionnaire ce serait
davantage clair que de référer à des notions comme «adéquate» ou
«insuffisante». Par ailleurs, pour l'acceptation sociale et environnementale ou environnementale et sociale, qui évolue
beaucoup, là, mais dont le sens juridique est très, très difficile, nous
recommandons de retirer cette expression.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière. Maintenant, je cède la parole au deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Masson.
M. Lemay :
Merci, M. le Président. Mme Halley, mesdames, merci d'être avec nous
aujourd'hui. Je vais aller à la page
7 de votre mémoire. Lorsque, dans l'article 26, on parle du pouvoir de
prescrire des normes différentes... et puis vous nous recommandez d'ajouter un motif permettant au ministre de prescrire
des normes particulières. Dans le fond, vous recommandez, dans le fond,
quand il juge que celles qui sont applicables sont insuffisantes pour assurer
l'atténuation des impacts des changements climatiques à l'adaptation à ces
impacts... Est-ce que pouvez me donner plus de détails, s'il vous plaît?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Halley.
• (15 h 50) •
Mme Halley
(Paule) : C'est compliqué parce que nous avons traité ensemble... nous
avons tenté de traiter ensemble toutes ces
dispositions que nous avons repérées, qui donnent cette large discrétion au
ministre, et nous avons perçu des
différences, notamment des différences dans des dispositions qui précisent les
motifs qui peuvent être retenus pour utiliser ce pouvoir. C'est ce que
nous recommandons d'introduire dans les autres dispositions qui ne prévoient
pas ces motifs.
Et nous avons
constaté que, par ailleurs, il manquait peut-être ce motif d'intervention pour
lutter contre les changements climatiques,
qui est un objectif-phare de ce projet de loi, et nous sommes très conscients
que c'est vraisemblablement ce qui
est recherché par le législateur. Par ces dispositions, on donne un large
pouvoir discrétionnaire, mais on préfère véritablement que soient
nommées les raisons... précisées les raisons pour lesquelles on souhaiterait
l'utiliser. Et, dans cette liste-là, il manquerait la question de l'adaptation,
à notre avis, aux changements climatiques, l'atténuation et peut-être aussi la
question de la protection des espèces en péril.
M. Lemay :
Alors, très bien. Merci pour cette précision. Si on va à la page 12 de votre
mémoire, en ce qui concerne la médiation et participation
du public, vous nous recommandez d'ajouter, à l'article 31.3.5, j'imagine, là,
de que... et vous dites : On devrait ajouter «l'initiateur du projet doit
identifier le public concerné, l'informer de l'objet de la demande qu'il
envisage de présenter et engager la discussion avec lui à ce sujet avant de
déposer sa demande». Si je comprends bien,
on introduirait cet encadré-là à l'article 31.3.5, après qu'on parle du pouvoir
d'obtenir une médiation. J'imagine que ce serait là, le meilleur endroit
pour l'insérer?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Halley? Mme Gakwaya.
Mme Gakwaya
(Aurélie-Zia) : Effectivement, ça serait le meilleur endroit, c'est ce
que nous pensons. Puis simplement peut-être pour mettre quelques petites choses
au clair par rapport à la médiation, la participation du public,
on pense que cet article doit être retravaillé simplement parce que la
médiation n'est pas quelque chose qui peut
pallier à la participation du public
au processus décisionnel. Donc, on croit que cet article doit être modifié pour
que ce soit clair que la médiation,
effectivement, peut faire partie de cet article-là, mais pas en tant que
processus qui remplace un processus de participation adéquat au
processus décisionnel.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Masson.
M. Lemay : Parfait. Merci, M.
le Président. Je sais que vous en avez parlé tout à l'heure, vous avez parlé du
Protocole de Kiev, entre autres, puis, à ce
moment-là, j'ai eu une question supplémentaire. Dans le fond, ce que vous
nous dites, c'est que ce qui est proposé par
le projet de loi n° 102 n'est pas suffisant puis n'est pas en lien avec
les meilleures pratiques qui sont faites ailleurs dans le monde. Et puis
là, après ça, vous y allez avec plusieurs faiblesses. J'aimerais justement vous
entendre à propos des faiblesses qui sont dans le p.l. n° 102
actuellement.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Gakwaya? Mme Halley?
Mme Halley (Paule) : Oui.
Le Président (M. Hardy) :
Allez-y, Mme Halley.
Mme Halley
(Paule) : En fait, c'est
un.. Donc, c'est un protocole. Le Canada est partie à la convention, n'a
pas signé le protocole. Le protocole a été signé par une trentaine d'États
européens.
Donc, on
considère que c'est des normes qu'on peut valablement comparer et nous avons
relevé des manquements. Donc, le fait
de... On propose que le processus soit non pas volontaire, mais obligatoire en
se référant, donc, à ce Protocole de Kiev. On propose également que le
champ d'application soit déterminé dans la loi. Là, c'est laissé aux instances gouvernementales, alors qu'on voit... on vous a
mis en exemple la disposition qui détaille, dans le Protocole de Kiev,
le champ d'application. Donc, ça devrait être dans la loi et pas laissé à la
discrétion du processus réglementaire.
On souhaite
également que soit introduit le fait d'évaluer les solutions de remplacement au
projet politique parce que ça fait
partie des meilleures pratiques. On doit toujours faire l'évaluation de
l'option de ne rien faire, donc l'option de faire quelque chose d'autre que ce qu'on s'apprête à faire. Et enfin on
a noté que le public n'intervenait pas suffisamment en amont, intervenait... comparativement à ce qui
est recommandé, il n'intervenait pas à l'étape du projet de rapport de cadrage. Donc, si le public était informé, il
pourrait faire des commentaires aisément, ne serait-ce que par écrit, et ça
pourrait faire en sorte que le cadrage
serait revu pour cette évaluation environnementale stratégique. Donc, on a fait
ces observations en comparant le Protocole de Kiev avec ce que nous
propose le projet de loi n° 102.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Masson, en 55 secondes.
M. Lemay : Oui, parfait, M. le
Président. On veut moderniser la Loi sur la qualité de l'environnement, on a
les expressions telles que «acceptabilité sociale», on introduit des nouvelles
expressions telles que «acceptabilité environnementale
et sociale», et puis là vous nous indiquez, à la page 15 de votre mémoire, que
«cette expression est floue et fait
intervenir des valeurs subjectives». Si on retourne au droit juridique, est-ce
que ça pourrait créer un flou juridique?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Halley, en 25 secondes.
Mme Halley (Paule) : Oui, nous
croyons... On a vu l'évolution de cette expression passer de l'acceptabilité d'un dossier pour faire une évaluation de sa
conformité à quelque chose qui irait comme en marge de la conformité,
qui serait peut-être au niveau de la
légitimité. Puis là ça devient difficile d'être sur les deux plans en même
temps, puis on ne souhaiterait pas recommander de permettre au
gouvernement ou au ministre de prendre des décisions en marge des obligations
qui sont dans la réglementation ou dans la loi.
Le Président (M. Hardy) : En
terminant, malheureusement.
Mme Halley (Paule) : ...ou dans
la loi.
Le Président (M. Hardy) : Je vous
remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends
les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants du Vérificateur général du Québec et Commissaire au développement
durable de prendre place à la table. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 55)
(Reprise à 15 h 57)
Le
Président (M. Hardy) :
Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants du Vérificateur général du Québec et Commissaire au
développement durable. Je vous demande de bien vouloir vous présenter et présenter les personnes
qui sont avec vous. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. La parole est à vous.
Vérificateur général
Mme Leclerc
(Guylaine) : Alors, M. le Président, M. le ministre, Mmes,
MM. les membres de la commission,
c'est avec grand intérêt
que je participe à cette audition concernant le projet de loi n° 102. Le
Commissaire au développement durable, M. Paul Lanoie, et
Mme Caroline Rivard, directrice de vérification, m'accompagnent.
Nous avons
pris connaissance du projet
de loi et, bien que tous les sujets
abordés par celui-ci soient importants pour la protection de l'environnement, nous avons choisi de concentrer notre présentation sur deux d'entre eux. Les
rapports d'audit, sur lesquels nous pouvons
nous appuyer, ainsi que les enjeux que nous avons abordés dans un mémoire
déposé à la commission en 2015 ont guidé notre choix.
Je vous
parlerai d'abord de la nouvelle structure de gouvernance proposée pour le Fonds
vert, et M. Lanoie vous fera
ensuite des commentaires relatifs au régime d'autorisation environnementale.
Nous désirons attirer l'attention des membres
de la commission sur deux grands enjeux liés à la gouvernance du Fonds vert,
soit la création d'une nouvelle entité et le partage des
responsabilités.
Concernant la
création d'une nouvelle entité, nous partageons les objectifs contenus dans le
projet de loi. Celui-ci vise à mettre
en place un cadre de gestion rigoureux concernant le Fonds vert, comme nous
l'avons souhaité dans notre rapport
de 2014 sur le sujet. Afin de remplir sa mission, le conseil devra veiller à
assurer la transparence complète des activités du Fonds vert. Il faudra
donc prévoir des mécanismes qui lui permettront de rendre accessible à tous, et
ce, de manière conviviale, toute l'information utile. La gestion de l'entité
créée par le projet de loi devra s'inspirer des meilleures pratiques afin
d'être pleinement efficace et efficiente. Nous avons déjà recensé, lors de nos
travaux, des lacunes récurrentes relatives à la gouvernance. Nous souhaitons
que l'entité mise en place évite ces erreurs.
Pour le deuxième enjeu, le partage des
responsabilités, certaines, auparavant dévolues au ministre, seraient maintenant confiées au Conseil de gestion du Fonds
vert. Divers mécanismes de consultation entre les deux parties sont prévus. Dans le passé, nous avons fait part de
situations où il peut s'avérer difficile de différencier les responsabilités
qui reviennent aux différentes parties. Nous
sommes donc d'avis que le conseil devra disposer de toute l'autonomie
nécessaire pour s'acquitter de ses fonctions et être pleinement imputable de
ses actions. Il faudra donc déterminer clairement les responsabilités de
chacun, comme il sera nécessaire de préciser dans quelles mesures le conseil
pourra décider des orientations qui guideront le Fonds vert et les activités
que ce dernier financera.
Par exemple,
le projet de loi prévoit que le conseil pourra, après avoir consulté le
ministre, convenir d'ententes permettant de porter des sommes au débit
du fonds. Ce rôle relevait auparavant du ministre. Quelle forme prendra la consultation préalable que le conseil doit mener
avec le ministre? Le conseil sera-t-il obligé de prendre une décision
qui concorde avec l'avis obtenu du ministre? Ce sont là des questions qui
méritent réflexion.
Je cède maintenant la parole à M. Lanoie
pour le sujet suivant, soit la modernisation du régime d'autorisation
environnementale.
• (16 heures) •
Le Président (M. Hardy) :
M. Lanoie.
M. Lanoie (Paul) : M. le
Président, M. le ministre, mesdames messieurs, bonjour. Alors, tout comme mon
prédécesseur M. Cinq-Mars, je suis favorable à l'idée de moderniser la Loi sur
la qualité de l'environnement et, en particulier,
le régime d'autorisation environnementale. Je profite de l'occasion pour revenir sur
six des enjeux traités dans notre
mémoire sur le livre vert déposé ici en 2015. De manière générale, le projet de loi introduit des éléments intéressants pour chacun de ces six
enjeux. Cependant, certaines de nos préoccupations ne sont pas prises en compte
de manière satisfaisante.
Le premier
enjeu, donc la modulation en fonction du risque. Le projet de loi introduit une telle modulation pour les diverses activités
soumises au régime d'autorisation. Cette modulation était souhaitée par plusieurs
parties à cause de l'allègement qu'elle
entraînerait. Les projets et les activités pour lesquels il faudra suivre l'un ou l'autre des cheminements prévus dans le projet de loi seront fixés par
règlement et les décisions à cet égard ne sont donc pas soumises à la
présente consultation. J'invite le
gouvernement à faire preuve de prudence lorsque viendra le temps de prendre ses
décisions, la fonction première du ministre étant d'assurer la
protection de l'environnement.
Comme d'autres intervenants avant moi,
j'aimerais insister sur la prise en compte des effets cumulatifs et de la capacité du milieu récepteur à recevoir un
stress environnemental additionnel. Alors, par exemple, donc, une
activité peut être catégorisée comme ayant
un impact faible et nécessiter seulement une déclaration de conformité, alors
qu'en fait cette activité peut avoir un
impact élevé si elle se réalise près d'un écosystème fragile comme une rivière
à saumon ou un habitat d'une espèce menacée.
À ce sujet, je suis heureux de voir que le projet de loi fournit, en fonction
d'éléments liés à l'environnement, des balises
quant à l'appréciation des projets et à l'établissement de conditions pour leur
réalisation. Toutefois, le libellé de ces balises diffère d'un article à l'autre du projet de loi. À titre
d'exemple, le texte fait parfois référence au milieu récepteur, alors qu'à d'autres endroits il est question de
milieu touché, de capacité de support des écosystèmes ou encore de
qualité de l'environnement. Cette situation pourrait compliquer
l'interprétation de la loi et son application.
Deuxième enjeu, l'intégration de la lutte contre
les changements climatiques. Les enjeux environnementaux socioéconomiques associés aux changements
climatiques sont cruciaux. Il est donc essentiel de s'en préoccuper.
Dans la documentation rendue disponible par
le ministère, on fait référence à un test climat obligatoire. Il s'agit là
d'une piste prometteuse.
Les modalités de ce test feront l'objet de règlements. Nous demandons au
ministre de les rendre publics dès que possible afin de permettre une
discussion éclairée sur ce sujet névralgique.
Troisième enjeu, l'évaluation environnementale
stratégique. Nous accueillons favorablement le fait que le projet de loi prévoit un encadrement de ces
évaluations. Cependant, des éléments ne sont pas clairement balisés.
D'abord, le projet de loi reste vague quant aux critères devant guider la
sélection des stratégies, des plans et des programmes qui doivent faire l'objet de ces évaluations. Ensuite,
le projet de loi ne spécifie pas la manière dont la prise en compte des
principes de développement durable et la lutte contre les changements
climatiques seront favorisées.
Par ailleurs,
la mise en place d'un comité consultatif responsable d'effectuer un certain
contrôle à diverses étapes des
évaluations environnementales stratégiques est une avenue qui nous apparaît
intéressante. Cependant, la composition de ce comité m'apparaît discutable. En effet, dans certains cas, il y a un
risque que des ministres aient à apprécier l'évaluation faite par leur ministère, devenant ainsi juge et
partie. La présence de représentants du secteur privé de la société
civile pourrait contribuer à améliorer le fonctionnement du comité.
Quatrième thème, l'internalisation des coûts.
Comme cette internalisation est l'un des principes inscrits dans la Loi sur le
développement durable, il est important d'en tenir compte. Or, le projet de loi
n'apporte pas de réelle modification au
contenu de la loi actuelle relativement aux frais exigés. Ainsi, l'augmentation
du niveau d'autofinancement et la
recherche d'une meilleure internalisation des coûts reposent entièrement,
encore une fois, sur les mesures qui seront mises en oeuvre par voie
réglementaire. Nous invitons le gouvernement à établir une tarification visant
réellement l'application du principe de l'utilisateur-payeur.
Par ailleurs,
le projet de loi prévoit, comme la loi actuelle, qu'une assurance ou une
garantie financière pourra être exigée dans différentes circonstances.
Nous pressons le gouvernement d'instaurer les mesures prévues par la loi pour s'assurer que les risques et les coûts qui sont
associés aux activités sont assumés par les responsables des projets et
non par l'ensemble de la société.
Cinquième thème, la participation du public et
la diffusion de l'information. Les principes de développement durable, accès au savoir de même que participation
et engagement sont aussi à l'honneur dans le projet de loi puisque
celui-ci prévoit plusieurs mesures pour
donner au public plus d'occasions d'intervenir et accroître l'information
disponible. De tels changements devraient
avoir un impact positif. En effet, il semble y avoir un consensus selon lequel
une meilleure information du public
et une plus grande participation de sa part se traduisent par des gains en
termes environnementaux. Par exemple,
d'après l'OCDE, la diffusion de renseignements sur les résultats d'inspections
ou sur les cas de non-respect des règlements contribue de manière
significative à promouvoir la conformité aux lois.
Quant aux
divers registres d'information prévus dans le projet de loi, il est primordial
que le ministre s'assure de publier une information complète et exacte,
et ce, au moment opportun. Par exemple, pour les évaluations environnementales stratégiques, il faudrait
spécifier à quel moment le rapport de cadrage et le rapport
environnemental final doivent être publiés.
Sixième thème
et dernier, les exigences liées aux autorisations. En terminant, donc, je tiens
à réitérer l'importance qui devra
être accordée au contrôle de l'application de la loi, notamment au suivi des
exigences, des conditions ou des restrictions
liées aux autorisations. Comme notre mémoire de 2015 l'indiquait, mener une
bonne analyse en amont du projet et formuler des exigences à remplir ne
sont pas suffisants. Il est aussi impératif de se doter des moyens et des
mécanismes pour assurer le respect de ces exigences.
Or, les travaux que nous avons menés montrent
que le suivi des exigences liées aux certificats d'autorisation n'est pas toujours adéquat. De même, lors de
situations de non-respect des exigences, les actions du ministère
n'entraînent pas systématiquement un retour rapide à la conformité.
Alors, voilà
l'essentiel de ce que je voulais partager avec vous. Donc, je vous remercie de
nous avoir accueillis. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Le
Président (M. Hardy) : Je vous remercie pour votre exposé. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme la vérificatrice. M. le commissaire,
félicitations pour votre récente nomination. Madame, bonjour. Merci pour
votre présentation.
Dans votre
mémoire, on va commencer... vous parlez... il faudra donc prévoir... bien, vous
l'avez dit, madame, dans votre
présentation, prévoir des mécanismes qui permettront de rendre accessible à
tous, et ce, de manière conviviale, toute l'information sur les secteurs
et les programmes relatifs au fonds, les projets mis en oeuvre et les résultats
obtenus.
Je vous réfère au projet de loi et plus
particulièrement à l'article 15.4.34, qui est prévu dans les dispositions visant le Fonds vert. Je ne veux pas le lire au
complet parce que ça serait trop long, mais, notamment, ça prévoit une
longue liste d'informations qui doivent être remises par le Conseil de gestion
et ça se termine : «Le ministre dépose les états financiers et le rapport annuel du Conseil de gestion devant l'Assemblée
nationale dans les 30 jours de leur réception ou, si elle ne siège
pas, dans les 15 jours de la reprise des travaux.»
J'aimerais ça
savoir comment cette disposition-là répond à ce commentaire et, si elle doit
être améliorée, comment, concrètement vous suggérez de l'améliorer.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Guylaine) : Oui. Merci, M. le Président. Alors, on parle ici d'états
financiers, entre autres. Donc, effectivement,
bon, d'avoir les résultats financiers, c'est une forme de reddition de comptes,
mais ce que nous souhaitons aussi, c'est que la population soit en mesure de
voir dans quelle mesure les sommes ont été utilisées, à quelles fins
elles ont été utilisées, dans quelle mesure ils ont atteint les résultats qu'on
souhaitait, qu'on a atteint les objectifs.
Alors,
lorsqu'on parle de gouvernance, on parle beaucoup de reddition de comptes.
Donc, il faudra s'assurer que la reddition de comptes soit adéquate,
accessible et mise dans un format pour lequel la population n'a pas de
difficulté à pouvoir s'y référer.
• (16 h 10) •
M. Heurtel :
Alors, je vais lire le contenu de 15.4.34. Ça comprend, oui, en effet, les
états financiers, mais ça comprend également les comptes du Fonds vert,
lesquels contiennent notamment les renseignements suivants :
«a)
les dépenses et les investissements portés au débit du fonds par catégorie de
mesures auxquelles il est affecté;
«b)
les sommes portées au débit du fonds [vert] par chacun des ministres partie à
une entente visée à [...] 15.4.3;
«c) la nature et l'évolution
des revenus;
«3° un bilan de la
gestion des ressources du Fonds vert par rapport aux objectifs gouvernementaux
et aux indicateurs de performance établis;
«4° la liste des
mesures financées par le Fonds vert.»
Alors,
encore une fois, ma question,
c'est : Concrètement, qu'est-ce
qu'il faut faire de plus? Et, quand
vous dites «présentation adéquate, accessible pour le public»,
concrètement, vous voulez dire quoi?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Guylaine) : M. le Président, alors, concrètement, c'est souvent une question d'interprétation
aussi. Alors, par exemple, lorsqu'on dit «les sommes portées au débit du fonds
pour chacun des ministres partie à une entente
visée», bon, alors, c'est comment sera classée cette utilisation-là. Est-ce qu'on saura le nom des entreprises qui ont bénéficié
des fonds? Quels étaient les objectifs? Quels sont les résultats escomptés? Est-ce qu'on a atteint les résultats?
Alors,
oui, effectivement, lorsqu'on lit ça, oui, ça peut l'inclure, puis ce que nous
disons, c'est qu'il faut s'assurer que ça inclue une reddition de
comptes suffisante et adéquate.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Heurtel : Donc, je n'entends pas, M. le Président, qu'il y a nécessairement des modifications concrètes à faire à cet article-là.
Mme Leclerc
(Guylaine) : Je vous dirais
que c'est plus au niveau du Conseil
de gestion du Fonds vert. Il faudrait donner les pouvoirs au Conseil de
gestion du Fonds vert de s'assurer que la reddition de comptes est adéquate.
M. Heurtel :
O.K. Alors, là-dessus, M. le Président, je vous réfère à 15.4.7, le nouvel...
par le projet de loi, et 15.4.8. Là, je risque de manquer de temps, mais, si je
le lis au complet, là... mais, en tout cas, à 15.4.7 :
«Il exerce plus
particulièrement les fonctions suivantes :
«1°
préparer annuellement les comptes du Fonds vert, en collaboration avec le
ministre et le ministre des Finances;
«2° proposer au
ministre des renseignements à intégrer aux comptes du Fonds vert;
«3°
conclure les ententes visées à l'article 15.4.3, veiller au respect des
engagements pris par les ministres dans le cadre de ces ententes et
approuver les frais d'administration pouvant être débités du Fonds vert en
application de ces ententes;
«4°
préparer sur une base annuelle, en collaboration avec le ministre, une
planification des mesures financées par le Fonds vert et un plan de
dépenses à cet égard, en conformité avec les objectifs[...];
«5° évaluer la
performance du Fonds vert[...];
«6° assurer la
supervision et le suivi des activités de trésorerie du Fonds vert[...];
«7° collaborer à la
préparation des prévisions du Fonds vert pour chaque année financière;
«8° proposer les
orientations stratégiques, les objectifs et les axes d'intervention applicables
au Fonds vert...»
Bon,
puis ensuite, 15.4.8, pour accomplir sa mission, le Conseil de gestion peut conseiller
au ministre d'établir des politiques, d'établir des indicateurs et des cibles de performance,
conclure des contrats ou des ententes avec toute personne pour déléguer une partie de ses fonctions,
constituer tout comité et l'étude des questions particulières, donner son
avis au ministre, réaliser tout mandat, consulter toute autre personne, ou
groupe, ou organisme.
Je ne vais pas
continuer parce que ce serait long, mais, encore une fois, même question :
Par rapport à vos commentaires... puis d'ailleurs le paragraphe 7° de
votre mémoire, parce qu'on peut continuer, là : «...s'assurent [...]
que les contrôles en place sont suffisants
pour permettre le respect de la réglementation et de la bonne utilisation des
fonds publics.» Nous partageons évidemment cet objectif et on a toujours
bien reçu vos recommandations lorsqu'elles ont porté sur le Fonds vert.
Je voudrais savoir, encore
une fois, à la lecture de ces articles-là et considérant que l'entité va être
une entité distincte, c'est une entité distincte, le conseil de gestion, où
est-ce que vous voyez des choses à améliorer et, si oui, concrètement, comment.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Guylaine) : M. le Président, alors, tout ce que je peux vous dire,
c'est en fonction des rapports qu'on
a déjà réalisés dans le passé. Alors, dans le passé, oui, effectivement, dans
plusieurs entités, plusieurs ministères, plusieurs
sociétés d'État, les conseils — soit les comités d'audit si on parle de
ministère, mais, si on parle de sociétés d'État,
de conseils d'administration — ont beaucoup de pouvoirs, ont beaucoup
d'information, mais l'information qui leur
est transmise est, à quelques occasions, non adéquate. L'information financière
qui leur est transmise n'est pas adéquate.
Et ce qu'on se rend compte, c'est qu'il faut s'assurer que le comité de gestion
du Fonds vert soit imputable et soit en mesure d'exiger les informations
telles qu'il croit que c'est nécessaire d'être présenté.
Alors,
oui, avec ce qui est présenté là, dans les articles, ça pourrait être adéquat,
mais ça, ça dépend dans quelle mesure le conseil va l'exercer et aussi
l'imputabilité qu'on va donner à ce conseil-là.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Heurtel :
Je vais terminer là-dessus et laisser mes collègues intervenir. Mais il y a une
disposition qui prévoit que... c'est
15.4.36 : «Le P.D.G. du Conseil de gestion est imputable devant
l'Assemblée nationale quant à la gouvernance du Fonds vert.» Donc, c'est spécifiquement prévu. Donc, on partage
évidemment les objectifs et une imputabilité directe, et le Conseil de
gestion est donc également imputable.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc.
Mme
Leclerc (Guylaine) : Effectivement, et c'est ce qu'on retrouve dans
plusieurs... tous nos conseils d'administration sont imputables, doivent
déposer leurs rapports annuels à l'Assemblée nationale, et, malgré cela, on
identifie des problèmes majeurs de reddition de comptes.
Alors, ce que nous
mentionnons ici, c'est d'être prudent, de s'assurer que le comité a les coudées
franches, a l'indépendance et les coudées
franches pour pouvoir faire des recommandations, exiger de l'information et s'assurer
qu'elle est diffusée adéquatement.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Heurtel : Est-ce qu'il y a quoi que ce soit, dans
le projet de loi que vous voyez, de la façon qu'il est
rédigé, où le conseil de gestion n'aurait pas les coudées franches?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Bien oui, parce que, par exemple, à certaines occasions,
on mentionne que c'est avec l'accord du ministre.
Donc, on s'interroge parce que, dans certaines vérifications qu'on a faites, dont
Investissement Québec, par
exemple, l'influence du ministre
peut rendre difficile l'imputabilité de l'organisme. Alors, il faut s'assurer
que l'organisme, s'il est indépendant, il l'est totalement ou, s'il y a une
influence de la part du ministre, bien, comment elle s'exerce.
M. Heurtel : Avez-vous les exemples concrets, s'il vous plaît? Parce que je ne vois pas. Pouvez-vous me donner les articles,
concrètement?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Bien, le Fonds
de développement économique
et Investissement Québec, par exemple.
M. Heurtel :
Non, excusez-moi, Mme la vérificatrice, par rapport... vous dites : «...le
projet de loi prévoit que le Conseil[...],
après avoir consulté le ministre, convenir d'ententes permettant à différents
ministères...» J'essaie juste de comprendre à quelle disposition vous
faites...
Mme Leclerc
(Guylaine) : Article 202, peut-être? C'est ça? 15.4.3 : «...le
conseil de gestion du Fonds vert peut conclure avec le ministre
responsable de ce ministère, après consultation du ministre responsable de
l'application de la présente loi...»
M. Heurtel :
15 point... Excusez-moi.
Mme Leclerc
(Guylaine) : 202, où on dit : L'article 15.4.3 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans le premier
alinéa... donc : «le Conseil de gestion du Fonds vert peut conclure
avec le ministre responsable de ce ministère, après consultation du
ministre responsable de l'application de la présente loi,».
M. Heurtel :
O.K. Alors, ça serait quoi, la solution, Mme la vérificatrice?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Bien, c'est de s'assurer que le Conseil de gestion du
Fonds vert a les coudées franches et
a l'indépendance, si c'est ce qu'on veut, et... bon, alors, si c'est ce qu'on
veut, bon, bien, il faut qu'il ait les coudées franches, l'indépendance
pour pouvoir mener à bien la mission qui lui est confiée.
M. Heurtel :
Parfait, merci. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre... Est-ce qu'il y a quelqu'un... M.
le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Leclerc. Bonjour, monsieur. Bonjour,
madame.
Vous
êtes dans le coeur d'un débat qu'on a régulièrement, je devrais dire, et, pour
moi, ça nous pose une situation vraiment intéressante parce qu'à toutes
les semaines on a ce débat-là, ou à peu près, sur justement la question de
l'imputabilité et la question de la responsabilité.
Et un des enjeux
fondamentaux, je pense que vous comprenez très bien, c'est que, comme élu
public, on fait toujours face à la
population sur des enjeux qui... et vous le mentionnez correctement, mais ça
crée toujours le problème, si le
ministre n'est pas impliqué, il a l'autorité et la responsabilité de faire face
à la population par rapport aux décisions qu'un conseil indépendant a prises dans le cadre d'une loi. Une fois que la
loi est adoptée, avec le temps, il y a une évolution qui se produit dans tous les conseils et organismes.
On en voit à toutes les semaines, on n'a pas besoin de faire la liste,
mais il se crée toujours une dichotomie qui
fait qu'on se ramasse avec des problèmes de gouvernance, des problèmes de
tableau de bord, des problèmes de plan stratégique, des problèmes de tous les
niveaux.
Puis,
ceci étant un fait qu'on observe régulièrement, pour moi, l'indépendance du
ministre et du conseil va de soi sur
le principe de l'indépendance et de l'opération, mais, sur le principe de la
gestion, de la direction et du suivi, on a un problème. Ce problème-là, on l'a vu tellement souvent qu'on peut dire
que ça va arriver. On ne sait pas comment, on ne sait pas exactement de
quelle façon puis dans quelle durée de temps.
Comment
on peut prévenir ce genre de phénomène sans justement enchevêtrer les
responsabilités? Parce qu'à la fin de
la journée, si le ministre s'assoit sur le conseil, on voit qu'il y a un
problème, mais, s'il n'y a jamais de communication, il y a un autre
problème. Comprenez-vous? Je pense que vous comprenez ce que je dis. Comment on
règle ça?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc.
• (16 h 20) •
Mme Leclerc
(Guylaine) : Merci, M. le Président. Alors, bien, ce n'est pas
nécessairement simple, mais je vous dirais que c'est... Premièrement,
d'avoir un conseil d'administration suffisamment compétent, c'est déjà un
élément important. Et d'identifier clairement,
par exemple, lorsqu'on parle de... après consultation du ministre, si le
ministre n'est pas d'accord avec une
position ou avec... il faut que ce soit clair pour le conseil d'administration
dans quelle mesure... Bien, il doit travailler avec ce qui est mentionné
par le ministre par rapport à ce qui...
Donc,
il faut avoir des lignes directrices qui soient claires, des orientations qui
soient claires, d'avoir un conseil d'administration
compétent, comme je vous le disais tout à l'heure, qui est suffisamment solide
pour pouvoir échanger adéquatement puis assurer une saine gouvernance.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Mégantic, 2 min 30 s.
M. Bolduc :
Merci. Deux minutes? Merci. Comme on le voit très bien, c'est peut-être une
façon d'aborder le problème, c'est que le
ministre doit donner des lignes directrices. Puis on sait que la politique,
elle évolue dans le temps, là. Il y a
un phénomène, je ne dirais pas de dérive, mais un phénomène d'évolution, de
transformation, d'amélioration. Et le conseil, lui, a toujours tendance
à regarder à l'interne, à voir ses propres problèmes et essayer de les régler.
Ce
qu'on dit, là, ici, là, si j'entends bien ce que vous nous dites, c'est qu'il
doit y avoir une communication directe qui
va rester, disons, de haut niveau sur les enjeux larges et les directions, sans
intervenir dans les opérations et le détail qui, lui, va être fait sur
des rapports réguliers. Est-ce que c'est ça que j'entends?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Guylaine) : Je vous dirais que c'est... M. le Président, c'est
tellement de haut niveau que la mission du conseil, c'est d'encadrer la gouvernance, O.K.? La gouvernance, c'est
déjà d'encadrer quelque chose, hein, et là c'est encadrer la
gouvernance.
Donc,
effectivement, c'est à très haut niveau que le conseil doit opérer, mais, même
si c'est à haut niveau, puis on n'a
pas à débattre sur le choix qui a été fait, mais il faut s'assurer que ce soit
utile et que les saines pratiques au niveau de la gouvernance soient
appliquées, même si c'est à ce très haut niveau là.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député, 57 secondes.
M. Bolduc :
O.K. Donc, je voudrais changer un peu de sujet pour le moment. La tarification,
vous savez, ça, c'est un problème qui est... Le problème n'est pas quand
on démarre le système. Encore là, on évolue dans le temps... puis l'internalisation des coûts dans des projets très
complexes. On pourrait prendre, par exemple, une mine de terres rares
qui a des dizaines et des dizaines de
produits chimiques et beaucoup d'étapes, de processus, etc. L'internalisation
d'un coût, il doit y avoir une façon
d'aborder ce problème-là parce que, si on charge à 100 $ de l'heure un
chimiste pour travailler pour savoir vraiment l'image exacte, on n'y
arrivera jamais.
Comment
vous préconisez un peu que cette internalisation, cette tarification-là soit
faite quand on considère que les entreprises, eux, ils disent : On
paie des impôts et des taxes, nous aussi?
Le
Président (M. Hardy) : Malheureusement, M. le député de Mégantic,
je suis certain que vous auriez eu une très bonne réponse, mais votre
temps est écoulé. Maintenant, je passe la parole à M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Merci, M. le Président. On reste toujours sur notre faim avec les
interventions du député de Mégantic. Alors, peut-être qu'il pourra compléter
éventuellement, mais il ne le fera pas sur mon temps, ça, c'est sûr. Maintenant, bonjour, bienvenue. Merci
d'être ici. Ça fait plaisir de vous revoir, parce qu'on a l'occasion de
se voir souvent dans d'autres forums.
Bon,
le Fonds vert, évidemment, vous comprenez que c'est normal qu'on s'y intéresse
beaucoup parce que votre prédécesseur, comme Commissaire au
développement durable, a fait quand même deux rapports assez parlants, assez
forts : un en juin 2014, ensuite un rapport de suivi, en février 2016, qui
énonçait plusieurs problèmes de gestion, de gouvernance, de reddition de
comptes, de suivi des sommes dépensées via le Fonds vert.
Alors, moi, je
comprends de vos propos que le... Est-ce que je comprends bien si je dis que le
modèle de gouvernance qui est proposé par le
projet de loi n° 102, pour vous, est insuffisant pour bien rencontrer ou bien
répondre aux interrogations et aux problèmes qui avaient été soulevés par
M. Cinq-Mars?
Le Président
(M. Hardy) : M. Lanoie?
M. Lanoie
(Paul) : Oui. Alors, M. le Président, eh bien, écoutez, je ne veux pas
répéter les commentaires de la Vérificatrice générale du Québec. Donc, essentiellement, je
pense que le message qu'on veut
mettre de l'avant ici, c'est qu'on
sent une intention tout à fait louable du ministre pour encadrer mieux
le Fonds vert, et notre message, c'est une invitation à la vigilance, donc, parce que
de créer une structure n'est pas en soi une garantie de succès. C'est comme
ça que je résumerais, dans le fond, notre position.
M. Gaudreault : Puis je
comprends également
que créer une structure, c'est une chose, mais, en aval de cette structure, il y a des frais d'administration, il y a de l'évaluation des
programmes, il y a de la fixation d'objectifs, puis là je reprends des
expressions que M. Cinq-Mars nommait lui-même dans ses rapports. Alors,
pour vous, ce n'est pas une barrière, pas une barrière, mais ce n'est pas un
filtre suffisant, d'avoir un conseil de gouvernance... une nouvelle gouvernance, c'est-à-dire, un comité de gestion.
Il faut quand même avoir d'autres mesures ou d'autres programmes...
bien, ou d'autres programmes, d'autres façons de contrôler.
Le Président
(M. Hardy) : M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : Tout à fait. Il y a des remarques, par exemple, qui avaient
été faites par M. Cinq-Mars, qui touchaient
le fait que certaines sommes avaient été attribuées sans qu'il n'y ait de
critères d'évaluation des programmes et des sommes allouées, sans qu'il n'y ait de suivi des objectifs, à savoir
s'ils avaient été atteints ou non. Donc, ici, on est à un niveau un peu plus macro, en train de discuter
de la structure. C'est clair que ces gens-là auront la responsabilité de
mettre en branle un cadre de gestion, donc, rigoureux.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Dans son 34e rapport sur l'imputabilité, la Commission de l'administration
publique, à sa recommandation 7.5, dit que le ministère du Développement
durable devrait utiliser, dans son tableau de bord, une méthode de calcul uniforme et comparative des résultats atteints et
qu'il les rende accessibles et interactifs. Bon, les résultats devront être présentés parallèlement en quantité
et en pourcentage de l'objectif, les sommes annuelles dépensées et
prévues par projet pour chacun des programmes mis en place en lien avec une
action du plan d'action sur les changements climatiques 2013‑2020.
Iriez-vous
jusqu'à dire qu'on devrait voir comment, dans le projet de loi n° 102 et
la création du Conseil de gestion du Fonds vert, comment, nommément,
parler d'un genre de tableau de bord? Est-ce qu'on pourrait aller jusque-là? Tantôt, le ministre vous posait des questions sur,
concrètement, ce qu'on pourrait faire. Est-ce que ce serait un exemple,
ça?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Bien, je ne suis pas certaine que ce soit...
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Guylaine) : M. le Président, je ne suis pas certaine que ce soit
nécessairement dans le projet de loi qu'on
doive voir ça, mais je pense qu'il faut prévoir cette forme de reddition de
comptes là, que ce soit par réglementation, par politique, par directive, à l'intérieur du conseil, mais
effectivement c'est à prévoir. Et, lorsque vous demandiez : Est-ce
que la création du conseil répond à toutes les questions?, il n'y a rien qui
répond à tout ce qu'on demande au niveau gouvernance ou reddition de comptes.
C'est un moyen, mais il y aurait eu d'autres moyens aussi. Ça aurait pu être le
ministère qui continue à assumer encore la gestion du Fonds vert.
Alors, c'est pour
compléter la réponse.
M. Gaudreault :
Maintenant, considérant ce que vous savez déjà sur les problèmes de gestion du
Fonds vert, que vous avez soulevés
dans vos rapports précédents, dont je faisais mention, comment vous voyez le
fait que le gouvernement, quand même,
crée Transition énergétique Québec via le projet de loi n° 106, qui va
gérer une portion du Fonds vert, que, là, avec le projet de loi n° 102, on crée le Conseil de gestion du
Fonds vert, que le ministère des Transports va pouvoir piger dans le Fonds vert? Est-ce que ça multiplie les
risques ou est-ce qu'on ne devrait pas s'assurer d'avoir une seule
instance qui gère un seul fonds qui s'appelle le Fonds vert?
Mme Leclerc (Guylaine) :
Il faut s'assurer qu'il y ait concertation, je vous dirais, parce qu'on vient
justement de déposer un rapport sur la Commission des partenaires du marché du
travail, et, je vous dirais, c'est un peu le même problème. Il y a plusieurs instances, il y a plusieurs parties
prenantes, et, à un moment donné, bien, l'imputabilité n'est plus là. Puis il faut s'assurer qu'il y a des
pouvoirs aussi, certains pouvoirs, et, dans le rapport qu'on a déposé cet
automne pour la Commission des partenaires du marché du travail, bien, il n'y
avait pas de pouvoir de recommandation. Ils n'avaient pas...
Alors,
il faut s'assurer qu'il y ait une entité, que ce soit le ministère, que ce soit
le conseil, mais qu'il y ait une entité qui ait certains pouvoirs, qui
soit imputable, qui ait des pouvoirs de recommandation pour améliorer les
choses.
Le Président (M. Hardy) :
M. le député de Jonquière.
• (16 h 30) •
M. Gaudreault :
Oui, merci. J'aurais eu plein de questions encore sur le Fonds vert, mais je
n'ai pas beaucoup de temps.
Paragraphes 24 et suivants, là, jusqu'à 27, vous parlez de l'intégration
de la lutte contre les changements climatiques. Est-ce que, pour vous, le test climat que propose le gouvernement, vous
en parlez au paragraphe 26, est suffisant? Vous dites : C'est une piste prometteuse, mais,
pour bien intégrer la lutte contre les changements climatiques... C'est une
piste prometteuse, mais c'est comme si vous disiez : Il faut aller plus
loin. Donc, vous proposez quoi?
M. Lanoie
(Paul) : C'est une...
Le Président
(M. Hardy) : M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : Pardon, M. le Président. Merci. Alors, c'est une piste
prometteuse dans la mesure où on n'a pas le règlement devant nous, donc on ne sait pas exactement ce que ça veut
dire, le test climat. Ce que je comprends, c'est qu'au-delà d'un certain seuil d'émissions il faudrait que les promoteurs
montrent qu'ils ont fait tous les efforts possibles pour réduire ces émissions-là. Donc, si la
compréhension que j'en ai est exacte, donc, c'est certainement un pas dans
la bonne direction. Alors, ça va permettre une
prise en compte plus systématique, donc, des gaz à effet de serre. Ça va
être, je pense, aussi, une mesure complémentaire intéressante au marché du
carbone parce qu'au moment où on se parle, aujourd'hui,
on n'est pas certain que le marché du carbone va atteindre toutes ses cibles.
Il y avait une étude encore cette semaine,
que j'ai pu consulter, qui montrait qu'au Canada, même avec un prix du carbone
à 50 $, on n'est pas certain que les cibles canadiennes seraient atteintes. Donc, il y a lieu d'avoir des
mesures complémentaires, et, dans ce sens-là, donc, ça peut être
bienvenu.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière, il reste
1 min 48 s.
M. Gaudreault :
Oui. Donc, bon, comme vous dites, là, c'est une piste...
M. Lanoie
(Paul) : ...on va se prononcer plus...
M. Gaudreault :
Bien, c'est justement, c'est là que je voulais vous amener. Donc, est-ce que
vous demandez au gouvernement et au
ministre de déposer rapidement les projets de règlement pour qu'on sache, sur
le point du test climat, mais sur
plein d'autres questions aussi, qu'on sache où on s'en va comme législateurs,
mais aussi vous, comme Vérificateur général? Plein d'autres organismes
sont venus ici pour nous plaider un peu dans le même sens.
Le Président (M. Hardy) :
M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : M. le Président, donc, on comprend que c'est difficile pour
le ministre de déposer des règlements tout
de suite, comme le projet de loi n'est pas entièrement complété, mais c'est
clair que de comprendre les intentions
réglementaires serait utile. Moi, je vois deux éléments en particulier :
le test climat et la modulation des risques. Là, il y a un grand nombre d'activités qui vont maintenant donner lieu à
une déclaration de conformité. Quelles sont ces activités-là? Sur quoi on se base, donc, pour décider de la liste? Moi,
il m'apparaît que ce sont deux enjeux cruciaux, là, qui gagneraient à
être discutés plus largement, plus rapidement.
M. Gaudreault :
Mais on parle de la même chose, au fond, quand on dit : Les intentions
réglementaires, ça, au moins, ça nous aiderait à travailler. Il me
reste?
Le Président
(M. Hardy) : 30 secondes.
M. Gaudreault :
La liste des secteurs assujettis à l'évaluation environnementale stratégique, est-ce
que vous suggérez également qu'on ait une liste précise des secteurs qui
seraient soumis à l'évaluation?
M. Lanoie
(Paul) : Bien, ce matin,
moi, j'ai vu... donc, j'ai visionné la parution, l'audition de la
représentante de l'Association québécoise de
l'évaluation d'impacts. J'ai trouvé
ses propos tout à fait intéressants. Donc, je vous invite à
donner suite, là. Il y a une réflexion à faire à ce niveau-là.
Le Président (M. Hardy) : En
terminant, M. le député.
M. Gaudreault : Oui. Bien, bienvenue dans votre nouveau rôle de
Commissaire au développement durable. Vous êtes une institution qui nous
éclaire souvent et beaucoup. Alors, voilà. Merci.
M. Lanoie (Paul) : Merci.
Le
Président (M. Hardy) :
Merci. Je crois que vous avez eu des meilleures réponses que le député de Mégantic a eues. Au moins, vous
l'avez eu. Maintenant, je passe la parole au député de Masson.
M. Lemay : Merci,
M. le Président. À mon tour de saluer
votre entrée en fonction. Très heureux de vous avoir ici, avec nous, aujourd'hui.
Mme la Vérificatrice générale, bonjour, bonjour.
Alors, ma
première question, ça va aller à votre paragraphe n° 46, à la page 9 de votre mémoire. Lorsque
vous mentionnez, en ce qui concerne les exigences
liées aux autorisations, vous mentionnez que parfois, quand on a des
gens qui sont fautifs, qui ne réussissent
pas à... ils ne respectent pas les exigences, là, dans le fond, que les actions
du ministère n'entraînent pas systématiquement un retour rapide à la
conformité. Puis j'aimerais savoir si vous pouvez m'éclairer un peu, dans le
fond, brièvement, là : C'est quoi, l'état actuel, c'est quoi qui est
déficient puis c'est quoi, la solution?
M. Lanoie (Paul) : Alors, à
ce...
Le Président (M. Hardy) :
M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : Oui, M. le Président. À ce paragraphe-là, donc, on fait référence explicitement à notre
rapport ou au rapport de mon prédécesseur,
donc de 2011, où il avait examiné, donc, un certain nombre de dossiers. Et, si je
me souviens bien, de mémoire, donc, il y avait plusieurs cas où on avait
identifié qu'il y avait des situations de non-conformité
par rapport à l'autorisation. Et, dans plusieurs cas, les retours à
la conformité ont été soit absents ou soit ont pris beaucoup de temps à
se réaliser. Donc, c'est ce qu'on avait à l'esprit, là, dans ce paragraphe-là.
Depuis 2011, nous n'avons pas refait d'audit ou de vérification, donc, à ce
niveau-là, alors je ne peux pas vous donner un état de la situation, là,
aujourd'hui.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Masson.
M. Lemay :
Parfait. On a vu dans d'autres mémoires qu'on était rendus à un pourcentage
d'inspection terrain de 10 % à 15 % au niveau des inspecteurs.
Est-ce que vous croyez que ça peut être un des facteurs déterminants?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : Donc, je ne pourrais pas vous dire exactement le ratio idéal
d'inspection. C'est sûr que moins il y
aura d'inspections, plus il y aura de possibilités de non-respect des
autorisations, des exigences, des restrictions associées à ces
autorisations-là.
M. Lemay :
Parfait. M. Lanoie, tout à l'heure, vous avez parlé, dans votre
point 2.1, dans la modulation en fonction du risque... dans le
fond, vous vouliez insister sur la prise en compte des effets cumulatifs et de
la capacité du milieu récepteur à recevoir
un stress environnemental additionnel. Et puis, un peu plus loin, vous
mentionnez qu'il y a plusieurs libellés
à cet effet, là : «milieu récepteur», «milieu touché», «caractéristiques
du milieu», «capacité de support des écosystèmes»
et même «qualité de l'environnement». Selon vous, ce serait lequel, terme,
qu'on devrait utiliser et puis poursuivre à travers la loi?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : Oui, M. le Président. Alors, je ne suis pas un biologiste,
mais j'ai testé l'eau avec mes collègues biologistes, donc, au sein de
mon équipe, et on aime bien, donc, le libellé «capacité de support du milieu
récepteur».
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Masson.
M. Lemay :
...de support du milieu récepteur. Parfait. Et puis, en parlant de modulation,
certains groupes sont venus nous
parler aussi qu'il serait intéressant d'avoir l'ajout d'une cinquième
catégorie, ne pas considérer seulement les risques, là, les quatre
niveaux de risque, mais d'avoir une cinquième catégorie qui est en fonction des
impacts positifs sur l'environnement, un peu un «fast track», si on veut.
Est-ce que vous seriez en faveur d'une telle... d'un ajout de cette cinquième
catégorie?
Le Président (M. Hardy) :
M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : M. le Président, donc, c'est une avenue qui m'apparaît
intéressante. Je ne serais pas contre l'idée
a priori, donc, il s'agirait d'étudier, là, les modalités. Il y a des activités
qui, oui, vont gérer l'environnement ou vont réduire les impacts négatifs, mais elles peuvent aussi en créer
d'autres. Donc, il faut s'assurer, là, de bien doser entre les deux.
Le
Président (M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay :
Lors de la dernière question de mon collègue député de Jonquière, on a abordé
l'aspect des évaluations environnementales stratégiques, et puis vous
mentionniez justement que ce n'est pas clairement balisé et qu'il y a même la composition du comité qui est
discutable, selon vous. Est-ce que vous voulez m'en parler un peu plus?
Ça serait quoi, le mécanisme que vous auriez à proposer?
Le Président
(M. Hardy) : M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : Merci, donc, M. le Président. Donc, présentement, la
composition de ce comité, donc, est purement ministérielle. Donc, il y a cinq
représentants de cinq ministères, et on se demande, donc, si le comité ne gagnerait pas à ce qu'il y ait de la
participation, par exemple, d'experts. Est-ce qu'on pourrait... Pour éviter,
là, que le comité soit dominé par les gens du gouvernement, donc, il
pourrait y avoir une composition paritaire avec des experts de la société civile. Et peut-être que la composition du
comité pourrait varier en fonction de la problématique, qui est le sujet
de l'évaluation environnementale
stratégique, là. Tout dépendant si on est dans le domaine du transport, dans le
domaine de l'énergie, dans le domaine agricole, on pourrait avoir une
composition, là, qui évolue.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson, 1 min 15 s.
M. Lemay :
Merci beaucoup pour ces précisions. Pour la dernière minute, je ne sais pas si
vous aviez un mot supplémentaire que vous vouliez mentionner, que vous n'aviez
pas eu la chance de faire jusqu'ici.
Le Président
(M. Hardy) : M. Lanoie.
M. Lanoie
(Paul) : Bien, écoutez, en conclusion, M. le Président, je vous dirais
qu'on trouve très louable l'exercice qui
est là. C'est un projet de loi complexe et copieux, comme disait
l'intervenante, donc, avant nous, alors on salue, là, la quantité de travail qui a été mise là. On voit,
donc, que les intentions sont louables et on espère que la mise en oeuvre
le sera également.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson, en 40 secondes.
M. Lemay :
Ça va. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Hardy) : Tout est beau? Parfait. Donc, je vous
remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je
suspends les travaux quelques instants afin de permettre aux représentants de
l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du
Québec à prendre place à la table. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
16 h 40)
(Reprise à 16 h 43)
Le Président
(M. Hardy) : Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue
aux représentants de l'Association des
professionnels de la construction et de l'habitation du Québec. Je vous demande
de bien vouloir vous présenter et
ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé.
Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. La parole est à vous.
Association des professionnels de la construction
et de l'habitation du Québec (APCHQ)
M. Boutin (Stephen) : Merci, M. le Président. Alors, M. le ministre,
les membres de la commission, l'Association des professionnels de la
construction et de l'habitation du Québec, l'APCHQ, est très heureuse de
présenter ses commentaires et recommandations
sur cette importante réforme visant à moderniser le régime d'autorisation
environnementale.
Je
me présente, je m'appelle Stephen Boutin, j'oeuvre en tant que promoteur
et entrepreneur en construction et je suis également membre du conseil
d'administration de l'APCHQ, région de Québec. Et sont également présents pour représenter l'APCHQ Me Jessica Tremblay,
de chez Crochetière Pétrin, à ma droite, M. Richard Bouchard,
directeur de projet, développement et aménagement environnement chez
WSP, à ma gauche, M. François Vincent, directeur des politiques à
l'APCHQ.
Alors, c'est pour moi
une troisième présence en commission parlementaire en deux ans. J'y étais pour
le projet de loi n° 32, lors des
consultations sur le livre vert également, et aujourd'hui pour commenter le
projet de loi n° 102. Loin de
moi l'idée de m'abonner à une... de prendre un abonnement de saison, mais je
peux constater les pas franchis pour
améliorer le régime environnemental, et c'est avec honneur que je vois que
l'APCHQ peut contribuer aux travaux. Et je serai enthousiaste lorsque je
pourrai constater les avancées positives sur le terrain.
Pour
revenir à l'APCHQ, elle a été créée en 1961. Elle regroupe aujourd'hui environ
17 000 entreprises membres qui
créent de nombreux emplois aux quatre coins du Québec. Notre secteur d'activité
est la construction, principalement la construction
et la rénovation résidentielle. Par leur activité en matière de construction et
de nouveaux développements, les nombreux
membres de l'APCHQ sont directement en lien avec le ministère du Développement
durable, de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques en ce qui concerne les obtentions...
d'une autorisation environnementale, pardon. C'est donc avec grand
intérêt que nous avons participé aux différentes étapes visant à sa modernisation.
L'APCHQ
accueille le projet de loi n° 102 positivement dans son ensemble. Nous
applaudissons l'orientation visant à
mieux réglementer et axer l'intervention gouvernementale en fonction du
risque environnemental. Nous félicitons le législateur dans cette volonté de mieux réglementer, c'est-à-dire de travailler à clarifier, à mieux catégoriser, à simplifier le processus et à moduler le régime selon le
risque environnemental. Cela permettra aux entrepreneurs de se
concentrer sur la construction de projets
résidentiels à la fine pointe pour non seulement donner des résidences et des
espaces de vie de qualité aux
citoyens québécois, mais également pour construire des projets plus verts, plus
durables et plus performants.
En fait, M. le Président, les entreprises et le gouvernement veulent fondamentalement les mêmes choses, soit
de stimuler le développement économique et d'assurer aux générations futures une planète
en santé où il fait bon vivre. Par cette
réforme, on va s'assurer, nous l'espérons, que les entrepreneurs et le ministère travaillent de
concert plutôt que de se nuire mutuellement à l'atteinte de ce même but
commun.
Je cède maintenant la parole à M. Vincent,
qui ira plus en détail dans l'analyse du projet de loi et les pistes
d'amélioration que nous soumettons à votre considération.
Le Président (M. Hardy) :
M. Vincent.
M. Vincent
(François) : En effet, M. le
Président, nous saluons la modernisation du régime, notamment le fait
que le projet de loi crée des allégements
réglementaires importants, notamment en créant un régime d'autorisation
unique, en ouvrant la possibilité de
modifier une autorisation et de la céder. Ce sont des améliorations
importantes, et nous tenons à le souligner aujourd'hui.
Maintenant, nous désirons préciser que, pour
notre secteur d'activité économique, l'adoption d'une loi sur les milieux
humides et hydriques permettra réellement de concrétiser la réforme proposée.
M. le Président, on peut se demander :
Mais pourquoi une telle loi est nécessaire pour faire fleurir les objectifs
désirés dans le projet de loi présentement à l'étude? C'est parce que, pour nos entrepreneurs, la démarche pour
l'obtention d'autorisations est intimement liée aux impacts sur les milieux humides et hydriques.
Ainsi, la réforme proposée, bien qu'elle crée un cadre accéléré et
simplifié, ne sera pas applicable si nous
n'avons pas une telle loi comprenant des définitions claires et un régime de
compensation et d'atténuation
raisonnable. C'est de cette façon seulement que nous pourrons mettre fin à
l'incertitude et au vague juridique existant
actuellement. Nous invitons donc le législateur à procéder rapidement au dépôt,
aux consultations et à son adoption.
Pour revenir
à la réforme, comme l'a mentionné mon collègue M. Boutin, un de ses
principes-phares est d'instaurer une
simplification administrative au régime d'attestation environnementale et de
réduire de 30 % l'émission de certificats. Selon le livre vert, on le sait tous, il y a une proposition de viser
quatre catégories distinctes. M. le Président, tel que souligné par
l'APCHQ, on voit positivement cette orientation de régir selon le risque
associé au projet et nous encourageons fortement
les parlementaires à adopter les articles du projet de loi n° 102
permettant de mettre de l'avant cette réforme. Nous précisons toutefois que, pour que ces articles soient efficaces, il
faudra adopter la réglementation. Ainsi, nous invitons le législateur à définir dès que possible le cadre
clair dans lequel les entreprises pourront évoluer. D'ailleurs, le dépôt
par le gouvernement des intentions réglementaires pourrait donner une idée plus
complète du régime qui sera adopté et comment il affectera réellement notre
industrie.
Dans un même
ordre d'idée, nous invitons les parlementaires à réfléchir, lors de l'étude
détaillée, aux pouvoirs réglementaires
et discrétionnaires donnés par le pouvoir 102. Nous comprenons la logique
que, pour mieux faire évoluer le
régime dans le temps et faire face aux nouvelles réalités économiques,
technologiques, environnementales, l'utilisation d'une voie réglementaire et discrétionnaire est privilégiée. Cela donne
une plus grande flexibilité, une plus grande possibilité d'action,
lorsque ce sera nécessaire, que de cimenter le régime dans la loi. Il est
cependant possible que cet important pouvoir
discrétionnaire puisse avoir un effet contraire à ce qui est visé. En effet, on
désire alléger le processus en précisant les règles du jeu, mais on présente des articles qui permettent de les
changer en tout temps. C'est notamment le cas aux articles 25, 28
et 30 de la Loi sur la qualité de l'environnement proposés par le projet de loi
n° 102.
Donnons en
exemple le dernier alinéa de l'article 30. Il indique que le ministre
pourra «modifier toute condition, restriction
ou interdiction prescrite [à l'activité] déjà autorisée». Nous soulignons les
cinq derniers mots : à l'«activité déjà autorisée». À notre avis, cela va trop loin et apporte un élément
d'incertitude important pouvant avoir des effets collatéraux aux projets
de développement. Évitons de revivre des histoires tristes comme celle qu'on a
vécue récemment avec les faux-grillons.
• (16 h 50) •
On pourrait
répondre à notre crainte en affirmant
que ce pouvoir serait utilisé seulement de manière cohérente et seulement lorsque
le recours sera nécessaire. Mais quel sera le message envoyé à la machine?
Qu'adviendra-t-il si, après des
protestations d'un projet de développement immobilier, de nouvelles conditions, restrictions
ou interdictions sont demandées? Cela
pourrait créer des précédents et avoir comme impact de complexifier le processus
plutôt que de l'alléger.
N'est-ce ici
que des suppositions? Peut-être. Mais, comme disait Norton Juster, professeur
émérite et architecte, tant de choses
sont possibles aussi longtemps que vous ne savez pas qu'elles sont impossibles.
Ainsi, aussi longtemps qu'une discrétion
sera autorisée, tant de choses seront possibles, y compris les craintes que
nous avons exprimées. Nous invitons par conséquent les parlementaires à
avoir une réflexion à propos de ce pouvoir lors de l'étude détaillée.
La possibilité que
certaines dispositions du projet de loi puissent avoir un effet contraire qui
est recherché se trouve également
à deux autres endroits, selon notre analyse. C'est le cas avec la possibilité donnée au ministre de tenir compte des gaz à effet de serre
attribuables à un projet et dans l'article qui régit un peu plus le cadre
réglementaire municipal.
D'abord, sur
l'option des GES, on trouve que ça ouvre beaucoup de possibilités à
réglementer davantage. Comprenons-nous
bien, ici, on n'est pas contre cette utilisation, mais tout projet résidentiel génère des GES,
tant par la machinerie, les matériaux
de construction puis même les déplacements des agents immobiliers, à la fin du processus.
Notre industrie pourrait donc être touchée.
On peut affirmer que la volonté, ici, est de régir un projet ayant des impacts
importants. Toutefois, tant que ce n'est pas
précisé noir sur blanc, on voit une possibilité que ça pourrait nous affecter
négativement.
Deuxièmement, dans la volonté d'établir un régime cohérent au niveau
municipal, on voit ça très positif parce que les dédales réglementaires n'ont rien pour aider
au développement économique ni à la protection de l'environnement. Cependant,
le même article donne la possibilité à une municipalité de réglementer avec l'obtention de l'aval du
ministre. Encore une fois, on se retrouve dans une situation où on peut défaire
ce qu'on est en train de faire.
Sur la règle municipale de l'autorisation... de
l'obtention d'une attestation de conformité, on tient à saluer l'allégement parce que toute personne est
censée respecter la loi, puis demander un papier qui dit qu'on respecte la
loi, c'est la meilleure démonstration de ce qu'est la paperasserie, et on vous
invite à aller de l'avant avec ça.
Rapidement...
Le Président (M. Hardy) : En
conclusion.
M. Vincent (François) : Oui, en
conclusion, sur le Fonds de protection de l'environnement et du domaine hydrique de l'État, on aimerait qu'il y ait
des précisions qui soient apportées aussi. Dans le même sens qu'on fait sur
le Fonds vert, on pense qu'il faut mettre les bases solides pour faire en sorte que
ça soit le plus efficace possible, puis on est prêts à y contribuer, puis on pense que les organismes qui vont
contribuer au financement devraient être de la partie. Merci.
Le
Président (M. Hardy) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Heurtel : Merci,
M. le Président. Bonjour, madame
messieurs. Merci pour votre présentation ainsi que votre mémoire. Je vais tout de suite commencer avec
un commentaire sur votre interrogation par rapport à la loi sur les milieux humides.
Juste vous rappeler... Puis d'ailleurs vous aviez participé aux travaux de
cette commission lorsqu'on a déposé le projet de loi n° 32 nous permettant d'avoir deux années
additionnelles pour bien préparer le projet
de loi. L'intention que nous
avons, comme gouvernement, c'est évidemment, et on va compter sur la collaboration
des oppositions pour l'accomplir, de mettre
en place le régime général d'évaluation environnementale prévu dans le projet de loi n° 102 et, tout de suite après, passer au projet de loi sur les milieux humides. Alors, il est fermement notre intention de
déposer ce projet de loi dans des délais rapprochés et passer à l'étude de
ce projet de loi là une fois qu'on aura adopté le projet de loi n° 102. Donc, je ne sais
pas si vous vouliez commenter, là, mais c'était plus un commentaire pour vous
en informer.
Le Président (M. Hardy) :
M. Vincent.
M. Vincent
(François) : C'est la
compréhension qu'on avait eue. Mais ce projet
de loi là est tellement important pour notre industrie
qu'on devait en parler, puis on est contents d'entendre vos intentions d'aller
vite à cet égard.
M. Heurtel : Le projet
de loi... c'est ça, le projet de loi est dans ses phases finales du côté gouvernemental et devrait
être déposé à l'Assemblée nationale pour débuter le processus d'adoption rapidement.
Mais ça sera dans le processus logique, donc, qu'on a décrit, qui est :
D'abord, finissons 102, puis ensuite on pourra passer aux milieux humides.
Puis vous
n'êtes pas les seuls à l'attendre. Je peux vous dire que... je crois
que c'est généralisé, les intervenants et intervenantes de tous les horizons attendent ce projet de loi là. Mais, encore une fois, tout
le monde reconnaît qu'on doit d'abord
finir 102, donner le cadre général qui, nécessairement, a une logique avec ce
qui s'en vient avec le régime de protection des milieux humides.
Bon, alors,
je vais laisser mes collègues poser des questions également,
mais, moi, ma question, c'est votre dernier commentaire sur le Fonds de protection de
l'environnement et du domaine hydrique de l'État. Vous vous questionnez, si je
comprends bien, pourquoi il n'y aurait
pas le même régime de gouvernance de ce fonds-là que celui qui est prévu
dans le projet de loi n° 102 pour le Fonds vert. Je comprends bien? C'est
ça?
Le Président (M. Hardy) :
M. Vincent.
M. Vincent (François) : Ah! je
ne pense pas que le ministre avait terminé son...
Le Président (M. Hardy) :
Aviez-vous fini?
M. Heurtel : Je veux juste
valider. C'est très rapide, là.
Le Président (M. Hardy) :
Parfait. Allez-y.
M. Heurtel :
Je veux juste valider que j'ai bien compris. C'est ça?
M. Vincent
(François) : Oui. C'est ça.
M. Heurtel :
J'ai bien compris votre position?
M. Vincent
(François) : Oui. Est-ce que je peux apporter des précisions?
M. Heurtel :
Bien, je vais juste vous poser ma question au complet puis, après ça, je vous
laisse, avec la permission du président, évidemment,
l'entière liberté d'ajouter ce que vous avez à ajouter. Mais, moi, ce que je
voudrais savoir : Est-ce que
vous voyez un comité de gouvernance spécialisé dans les questions
spécifiques, là, qui seraient traitées par
ce fonds-là ou est-ce que vous voudriez voir le Conseil de gestion du Fonds vert?
Parce que le Conseil de gestion du Fonds vert, je le vois avec des responsabilités
bien cernées, là, tu sais. Puis, encore une fois, je ne répéterai pas, là,
l'échange que j'ai eu avec la Vérificatrice générale, mais, quand vous lisez
les articles, certains des articles qui constituent le Conseil de gestion, c'est vraiment une approche vraiment liée aux
objectifs du Fonds vert spécifiquement. Alors, je trouve intéressant ce
que vous avancez par rapport à : Bien, si on a un cadre de gouvernance pour ce
fonds-là, pourquoi on n'aurait pas un cadre de gouvernance pour ce nouveau
fonds? Intéressant.
Je voudrais juste
voir si... Est-ce que vous proposez un conseil de gestion spécifique avec les
compétences nécessaires pour répondre aux impératifs de gouvernance de ce fonds
spécifiquement ou bien vous intégreriez ça au Conseil de gestion du Fonds vert?
Le Président
(M. Hardy) : M. Vincent.
M. Vincent (François) : Oui. Merci. Bon, vous avez bien compris la
précision qu'on a apportée, M. le ministre, qu'on veut avoir des précisions sur le cadre de gestion et la
composition. On ne veut pas nécessairement un copier-coller du Fonds vert. Puis, dans notre mémoire, je pense
qu'on avance le fait qu'on considère que des spécialistes de ces
milieux-là devraient être inclus, mais également des personnes qui vont y
contribuer, un peu, bon, bien, «no taxation without representation», mais aussi pour faire contribuer les gens du secteur,
rendre aussi cette pratique-là, puis y apporter aussi la réalité terrain de comment les entrepreneurs
vivent ça, puis aller chercher justement un conseil le plus efficace
possible.
M. Heurtel :
Parfait. Merci. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le ministre. M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. Bien, messieurs, bienvenue chez vous. Ça nous fait
plaisir de vous recevoir et de vous
entendre, bien sûr. Vous comprendrez que je pense que l'APCHQ représente une
industrie extrêmement importante au
Québec, là, il faut bien se le dire, parce qu'on dit : Quand la
construction va, tout va. Donc, à partir de là, on peut... c'est indéniable, là, qu'il faut prendre des
décisions, justement, toujours en fonction d'être en mesure d'aider à ce
niveau-là.
Maintenant,
vous dites, dans un premier temps, à votre recommandation 8 de votre mémoire, à
la page 10, qu'il faudrait accompagner les intervenants parce que,
quelquefois, ce n'est pas reposant, c'est compliqué, là, et que... je prends
les mots pour qu'on se comprenne tout le monde, là, et que, nécessairement, au
préalable, étant donné que c'est souvent
difficile, d'avoir les autorisations rapidement, vous aimeriez qu'il y ait des
ententes de principe, au niveau de la réception des documents, qui
puissent être prises par le ministre pour donner une autorisation, je vous
dirai, bien, provisoire en attendant que les
documents arrivent. J'aimerais vous entendre là-dessus pour que les gens qui
vous entendent, vos membres qui vous entendent, puissent bien comprendre
vos explications.
Le Président
(M. Hardy) : M. Vincent.
• (17 heures) •
M. Vincent (François) : Juste dire la générale, puis après passer la
rondelle pour aller plus dans le spécifique. Le projet de loi dit maintenant que, si les demandes sont incomplètes,
elles ne seront pas reçues. Mais, dans notre secteur, ça se peut qu'une
demande évolue dans le temps, puis ce qu'on propose, c'est : Bien,
entendez-vous sur les documents qui devront être émis et permettez que ça soit
fait dans le temps.
Maintenant, pour peut-être
préciser un peu plus ma réponse, je passerais la rondelle à ma gauche.
Le Président (M.
Hardy) : À M. Bouchard?
M. Bouchard
(Richard) : Oui. C'est que tout est dans le contexte de
l'harmonisation et de la collaboration. Souvent, ça permet de déterminer les
enjeux environnementaux que le projet des membres de l'APCHQ... va être concerné par le projet. Et puis le fait de déposer
au départ... commencer par une rencontre de travail avec le ministère, généralement, sur le terrain, ensuite, on peut identifier, dans l'ensemble, les
enjeux, fournir une liste de documents, et de ça, ça permet au ministère de faire une analyse et ensuite une rencontre de
travail, et par la suite, là, on peut compléter les documents
ou en fournir d'autres, ce qui permet d'y aller progressivement, mais toujours
en tenant compte des enjeux réels qu'on rencontre sur le terrain puis
tout en sachant qu'est-ce qu'on va faire d'avance de part et d'autre.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Dubuc.
M. Simard :
Merci, M. le Président. Rapidement, vous savez, bon, on parle de test climat
aussi à l'intérieur du projet de loi, et j'aimerais vous entendre là-dessus parce
qu'en réalité je vais faire une deuxième proposition puis je voudrais vous entendre sur cette proposition-là.
Que diriez-vous, étant donné les changements climatiques, étant donné
l'importance justement de tous se mettre ensemble pour être en mesure de
diminuer la pression au niveau des changements climatiques, qu'à quelque part
dans le projet de loi il y ait des articles pour inciter la construction en bois, étant donné qu'on a une charte du bois et
que, véritablement, une maison construite en bois fait de la captation
de carbone et évite justement qu'on ait l'émission de gaz carbonique?
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Hardy) :
M. Vincent.
M. Vincent
(François) : Bien, d'y aller
précisément sur quelques composantes d'une maison dans une loi, je pense
que ça serait trop lourd, mais il faut
prendre en considération que les maisons qui sont construites aujourd'hui sont
beaucoup plus vertes qu'avant. Il y a
certaines maisons aussi qui produisent autant d'énergie qu'elles en consomment.
Donc, j'ai entendu précédemment qu'on parlait d'une cinquième catégorie
de... pour des projets qui ont des impacts positifs sur l'environnement. Vous pouvez être sûrs que, maintenant, une maison,
quand on construit des nouveaux développements... elles sont plus efficaces pour l'environnement.
Donc, il faudrait peut-être évaluer cet élément-là, mais d'aller
préciser certaines composantes dans la loi, je ne pense pas nécessairement que
ça serait l'avenue à aborder.
Mme Tremblay (Jessica) : Je
crois qu'il faudrait composer aussi avec le...
Le Président (M. Hardy) : Me
Tremblay.
Mme Tremblay
(Jessica) : Oui, merci. Il faudrait composer aussi avec le Code de
construction qui est en vigueur au
Québec, mais aussi les municipalités ont leur rôle dans les normes de
construction lorsqu'on tombe dans l'unifamilial, dans les petits bâtiments. Donc, c'est sûr qu'il va falloir arrimer tout
ça, si c'est l'intention du gouvernement à cette étape-ci.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Dubuc.
M. Simard : Moi, j'ai terminé,
M. le Président. Je vais laisser la parole à mon collègue. Je pense qu'il
aurait quelques questions.
Le Président (M. Hardy) :
Terminé? Oui, M. le député de Maskinongé.
M. Plante : Oui. Merci
beaucoup, M. le Président.
Donc, écoutez, j'ai écouté attentivement et j'ai
lu votre mémoire, et mon collègue de Dubuc vous a parlé de l'accompagnement souhaité, ce que vous souhaitez,
puis on l'avait très bien... quand on a fait des auditions puis qu'on a regardé les mémoires pour le livre vert. Vous
n'êtes pas les seuls, et ce n'étaient pas des commentaires qui sortent
des nues, là. Plusieurs organisations, plusieurs organismes ont parlé d'un
accompagnement déficient, dans certains cas ou dans certains dossiers, qui ne permettait pas justement aux différents
promoteurs de projets de pouvoir mener à bien, jusqu'à la fin de l'étude, leur projet justement à cause de
ce manque d'accompagnement là du ministère. Et, comme vous avez pu le
voir, bien, dans le projet de loi, il est là. Donc, mon collègue de Dubuc m'a
devancé sur ce niveau-là.
Mais,
préalablement, vous parlez aussi... et vous demandez pour nous assurer que...
puis là je cherche la page parce que
je pensais que mon collègue de Dubuc serait plus loquace que ça.
Habituellement, il nous fait... À la page 7, merci beaucoup, vous
parlez... non, mais vous parlez au niveau des municipalités puis la double
réglementation, si j'ai bien compris. Eh! mon Dieu, recommandation... page 9,
c'est ça. Merci beaucoup. Alors, vous nous parlez... et vous recommandez que «pour assurer un réel régime
environnemental cohérent sur tout le territoire du Québec, que l'article
176 soit modifié pour ne pas permettre la
mise en place de règles différentes dans les municipalités». J'aimerais vous
entendre du pourquoi et, en soi, comment ça pourrait affecter l'industrie si
certaines municipalités pourraient mettre des règles différentes, là. Puis on sait que, dans diverses municipalités ou dans diverses régions, il y a
des problématiques particulières, là,
tant liées au domaine de la construction... On prendra... Chez nous, en
Mauricie, la pyrrhotite en a été une où vous avez été très informés de cette problématique-là. Mais
j'aimerais vous entendre du pourquoi et pourquoi vous ne recommandez pas
de permettre aux municipalités d'avoir une autre réglementation.
Le Président (M. Hardy) : Me
Tremblay.
Mme Tremblay
(Jessica) : Actuellement, ce qu'on vit avec les municipalités, c'est un dédoublement. Donc, on fait les démarches auprès du ministère
pour obtenir le certificat 22 et on fait l'étude du projet,
l'acceptabilité environnementale et aussi sociale, et le projet peut
être bloqué par la municipalité, par l'adoption d'un règlement. Par exemple, il
y a certaines municipalités qui ont déjà
adopté des règlements qui ont été validés et qui empêchent le remblai
ou l'excavation en milieu humide.
Donc, on vient bloquer tout projet de développement malgré le fait que le gouvernement aurait pu... que le ministère, pardon, aurait pu venir permettre la construction
dans ce milieu-là avec la séquence d'atténuation qu'on connaît et de compensation, nécessairement. Donc, il y a
des normes qui se multiplient en
matière de réglementation municipale
par rapport à l'environnement, et, lorsqu'on
le regarde, l'environnement, c'est à la grandeur du Québec qu'il faut
regarder ça et non de la région
administrative. Donc, l'autorité suprême devrait être le ministère, qui a, à
son interne, tous les outils nécessaires pour évaluer l'acceptabilité du
projet, ce qu'ils font déjà par le biais de l'étude de la demande 22.
Donc, on ne croit pas que les municipalités devraient, en surplus, venir
ajouter ou rendre plus difficile ce processus-là.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante :
Oui, effectivement, on me disait justement qu'effectivement... Donc, les
municipalités ne peuvent pas aller
plus bas que la réglementation. Il y a certaines municipalités, dans certains
cas, qui ont une réglementation plus sévère que celle du gouvernement.
C'est dans des cas quand même très rares, là, à ce qu'on me dit.
Mme Tremblay (Jessica) : J'en
ai quelques-uns qui ont été adoptés.
M. Plante : Vous avez quelques
exemples, vous, hein? Mais, concrètement, parce que, là, vous me parliez de construction
puis de remblai en milieu humide, là, on est vraiment dans des cas extrêmes, je
vous dirais, mais majoritairement, dans les
cas, là... dans tous les cas, dans des développements domiciliaires, tout ça,
ça doit être tout de même assez rare ou assez factuel où les
municipalités ont une réglementation plus élevée que celle du ministère.
Le Président (M. Hardy) : Me
Tremblay.
Mme Tremblay
(Jessica) : Ça arrive à l'occasion, comme je vous ai dit, mais il y a
aussi la double compensation qui va
se créer aussi au niveau de la municipalité. Donc, certaines villes ont des
règlements qui exigent des compensations, alors qu'il y a déjà la
compensation qui est mise en place en vertu du certificat 22. Il y a aussi
la difficulté d'avoir à compenser sur le
territoire de la municipalité, alors qu'il faut regarder plutôt, quant à nous,
par bassins versants plutôt que se limiter
aux régions administratives ou à la municipalité en soi. Donc, ça, c'est toutes
des difficultés qui rentrent en ligne de compte, là, où la municipalité
a son mot à dire.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante : Il y a monsieur qui
veut ajouter, là.
Le Président (M. Hardy) : Oui,
M. Bouchard.
M. Bouchard (Richard) : Oui, en
complément d'information — merci — deux
aspects. Ma collègue l'a précisé tantôt,
c'est la notion environnementale. Puis, lorsqu'on discute avec les analystes du
ministère de l'Environnement, ça nous
permet régulièrement d'avoir une vision qui est différente par rapport à leur
vécu à l'échelle du bassin versant ou à l'échelle de d'autres problématiques qu'ils ont vues à l'extérieur. Ça
fait que ça permet d'enrichir la démarche également.
Deuxièmement,
l'exemple que vous avez eu, je crois, c'est la semaine passée ou cette
semaine, de Lévis, avec le plan
de gestion des milieux naturels qui a été fait, cet exemple-là est un excellent
exemple pour montrer la collaboration qu'il
peut y avoir entre le ministère, les promoteurs et les municipalités, et c'est
un excellent outil qui permet, de façon générale... à permettre d'assurer une efficacité et surtout de savoir
comment ça va se passer dans le processus avec la notion de délai
également. Je vous réfère au Plan de gestion des milieux naturels de la ville
de Lévis.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci, M.
le Président. Merci de votre présence ici, toujours très éclairant.
• (17 h 10) •
Je veux
poursuivre sur la lancée de mon collègue de Maskinongé concernant les
règlements municipaux. C'est sûr que
les associations, les unions municipales nous plaident le contraire parce
qu'ils plaident pour beaucoup d'autonomie dans les municipalités, mais
dois-je comprendre de votre propos, la recommandation 7, que vous seriez
contre, par exemple, des règlements
municipaux qui peuvent aller plus loin en termes de protection de
l'environnement, que ce soit au niveau
des milieux humides, ou des distances réglementaires pour, par exemple,
protéger la nappe phréatique, ou des choses comme ça? Vous ne souhaitez pas avoir ce type de règlements municipaux
qui iraient plus loin dans un souci de meilleure protection de
l'environnement?
Le Président (M. Hardy) :
M. Vincent.
M. Vincent (François) : Bien, à
notre compréhension, les personnes les mieux placées pour prendre cette décision-là, c'est les gens du ministère du Développement durable, de
l'Environnement et des Luttes aux changements climatiques. Ce sont les spécialistes. C'est eux autres qui travaillent
à cet égard-là et qui ont les pouvoirs qui leur sont octroyés — puis le ministre — par la loi. Ainsi, pourquoi une municipalité
voudrait aller... pourrait définir que ça prend des éléments plus
importants dans sa municipalité pour la nappe phréatique? C'est le ministère
qui considère, avec ses spécialistes, que
c'est ça, la norme qui devrait être appliquée. Puis l'article 176 du projet de
loi n° 102 est quand même assez clair,
là, sur le fait que, bon, on essaie d'aller chercher un cadre cohérent, puis,
nous, c'est la voie qu'on aimerait suivre, là. Mettons, je suis un entrepreneur, puis, bon, il y a trois
municipalités, puis les trois municipalités décident de faire plus... du
ministère de l'Environnement, mais c'est trois régimes différents, on ne se
retrouve plus, là.
Donc, nous autres, on
suggère fortement d'aller dans le sens de ce qu'on comprend de la lecture du
nouvel article 118.3.3, mais de ne pas
permettre à ce que, justement, il y ait la création d'un dédale administratif
parce que des municipalités veulent
faire plus en matière d'environnement, mais que les réels spécialistes se
retrouvent au ministère de l'Environnement du Québec.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Des représentants des municipalités vous diraient que c'est les gens qui sont
le plus proche du terrain, le plus
près du terrain qui sont les réels spécialistes parce qu'ils connaissent leur
réalité. Par exemple, la ville de Montréal
a des règlements plus sévères concernant le soufre ou les pesticides, la ville
de Gaspé voulait une distance plus grande
aussi concernant les forages, là, pour éviter d'atteindre les réserves d'eau
potable. Alors, on peut le voir comme un empêchement de développer en
rond, je dirais, mais on peut le voir aussi comme une manière de protéger
davantage l'environnement.
Le Président (M. Hardy) :
M. Bouchard.
M. Bouchard (Richard) : C'est qu'il
faut dire que les municipalités auxquelles vous faites référence, généralement, c'est des municipalités qui ont une
expertise interne ou un vécu interne sur un sujet donné, donc, mais, au Québec,
on peut penser que la majorité des municipalités n'ont peut-être pas cette
expertise-là à l'interne, tandis que les directions régionales, combinées avec ce que j'appelle le central du ministère de l'Environnement, possèdent cette expertise-là.
M. Gaudreault : Bien, moi, je vais vous dire que, des fois, la
direction régionale ne me rassure pas, là. Quand je regarde, par exemple,
dans le Centre-du-Québec à l'heure actuelle, donc... En tout cas, il y a
différents points de vue là-dessus, puis moi, je souhaiterais évidemment
que les municipalités puissent se développer le plus possible, les
plus grandes compétences possible en matière d'environnement, mais enfin je
veux poursuivre sur d'autres sujets.
À la page 7, vous parlez du pouvoir
discrétionnaire. Dans vos recommandations 4 et 5, vous souhaitez que le pouvoir discrétionnaire ou les pouvoirs
discrétionnaires que s'arroge le ministre soient retirés, ou modifiés, ou
encadrés, il me semble. En tout cas, je
comprends bien ça pour le pouvoir discrétionnaire, mais, quand je regarde votre
recommandation pour l'accès à l'information,
recommandations 11 et 12, là, vous souhaitez un pouvoir discrétionnaire parce
que vous dites que vous ne voulez pas
que... L'autorisation délivrée par le ministre a un caractère public, mais vous
dites : Peut avoir un caractère
public. Donc, en passant de «a» à «peut», vous accordez un pouvoir discrétionnaire
au ministre, alors que, par ailleurs, vous dites : Bien, le
ministre, il en a trop, de pouvoirs discrétionnaires.
Alors là,
moi, je veux bien vous comprendre, là. Moi, je suis bien d'accord pour encadrer
davantage un pouvoir discrétionnaire,
on en parle depuis le début des auditions publiques sur le projet de loi
n° 102, mais je suis aussi d'accord pour que la transparence puis l'accès à l'information du public soient
disponibles. Les gens qui vous ont précédés tout à l'heure, de la chaire du Canada en recherche et en
droit de l'environnement, ont plaidé pour ça aussi. Alors là, je veux
bien comprendre, là, où vous vous situez entre pouvoir discrétionnaire ou pas
de pouvoir discrétionnaire.
Le Président (M. Hardy) :
M. Vincent.
M. Vincent
(François) : L'objectif, ce
n'était pas de donner plus de pouvoirs discrétionnaires, mais de
permettre de ne pas divulguer des
informations qui seraient jugées de nature stratégique à une entreprise, puis
on a trouvé une façon de le rédiger
pour faire en sorte que l'ensemble des documents soient mis à de la
disposition, mais que ceux qui touchent les renseignements stratégiques ne le soient pas. Puis d'ailleurs il y a des
articles de la loi sur la protection de l'information, 23, 24, qui assurent cette protection-là. Puis, de la
façon que les articles du projet de loi ont été rédigés, ce qu'on
comprenait, c'est que, dès que... toutes les
informations qu'on va mettre pour l'obtention d'un certificat d'autorisation,
il va falloir les divulguer, puis
c'était pour donner une marge de manoeuvre pour protéger ces informations-là.
Puis je ne sais pas si on peut apporter une précision.
Le Président (M. Hardy) :
M. Bouchard.
M. Bouchard (Richard) : Merci.
Lors des consultations antérieures, on a déjà offert la possibilité, en tant qu'APCHQ, de rendre public toute caractérisation
et tout projet qu'on faisait pour aider la collectivité dans la
connaissance du milieu. Donc, tout l'aspect
de la recommandation 11 puis 12, c'est vraiment sur les aspects d'information
stratégique et concurrentielle en termes d'entreprises privées.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
O.K. C'est juste que, bien, c'est ça, il faut trouver une voie de passage, là,
parce que, si c'est ça, bien, on va
le dire comme ça parce que, sinon, on peut ouvrir la porte à plus de pouvoirs
discrétionnaires, ce que vous dénoncez, par ailleurs.
Je veux poursuivre... Il me reste un peu de
temps, monsieur le...
Le Président (M. Hardy) :
2 min 35 s.
M. Gaudreault : Deux minutes? O.K. Sur la question de la
composition du Fonds de protection de l'environnement et du domaine
hydrique, vous avez échangé un peu avec le ministre là-dessus, mais je veux
être sûr de bien, bien comprendre, là. La composition, là, du fonds, vous
suggérez un profil type, là?
Le Président
(M. Hardy) : M. Vincent.
M. Vincent (François) : Oui, il y a deux éléments qu'on... bien, deux
groupes qu'on voit sur ce comité-là, des spécialistes et des représentants des contributeurs du régime. Nous,
c'est vraiment, excusez-moi l'expression, un must par rapport à ça.
Si vous me permettez,
pour répondre à votre interrogation que vous avez faite juste avant sur le
pouvoir discrétionnaire puis sur le droit
d'accès à l'information, notre objectif ici, c'est aussi de vous donner la
possibilité, les parlementaires, de discuter pour retrouver un juste
milieu dans le pouvoir discrétionnaire pour donner une flexibilité d'action du ministre dans l'évolution de sa loi
avec les réalités changeantes, puis, en même temps, bien, j'aimerais que
vous ayez cette réflexion-là pour trouver la
meilleure formulation possible pour protéger les renseignements
stratégiques des entreprises.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière, une minute.
M. Gaudreault :
Oui. Vous comprenez que, pour faire le mieux possible notre travail de
parlementaires, pas juste sur cette
question-là, mais sur un paquet d'autres questions, puis je pense que vous êtes
d'accord avec ça, c'est bien si on a avec nous au moins les intentions
réglementaires du gouvernement. Alors, vous êtes favorables à cela, j'imagine?
Le Président
(M. Hardy) : M. Vincent.
M. Vincent (François) : Oui, on l'a inscrit aussi dans nos
recommandations, puis c'était dans notre communiqué de presse.
M. Gaudreault :
Il me reste un peu de temps?
Le Président
(M. Hardy) : Il vous reste 50 secondes.
M. Gaudreault :
50 secondes. Sur la cession d'un certificat d'autorisation, à la page 8, votre
recommandation 6, de simplifier le processus
de cession d'une autorisation, êtes-vous capable de me dire, en 30 secondes,
quel problème précis on doit régler avec ça?
Le Président
(M. Hardy) : M. Boutin.
M. Boutin
(Stephen) : C'est simple. Actuellement, lorsqu'un entrepreneur ou un
constructeur possède une autorisation, si, par exemple, il décide de revendre,
par exemple, le projet à un autre entrepreneur, aujourd'hui, c'est complexe, d'avoir une cession de cette
autorisation-là. L'entrepreneur va refaire la même chose, mais aujourd'hui on
a une problématique à juste céder les droits qui sont déjà acquis, tout
simplement.
M. Gaudreault :
Bon, merci.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Maintenant, je cède la
parole au deuxième groupe d'opposition. M. le député de Masson.
M. Lemay :
Merci, M. le Président. Bonjour. Merci d'être avec nous aujourd'hui en
commission.
Bien, vous savez,
vous parlez beaucoup des milieux humides comme étant un enjeu très préoccupant
pour l'APCHQ. Est-ce qu'il y a d'autres
aspects, là, mis à part les milieux humides, qui sont aussi préoccupants pour
l'APCHQ?
Le Président
(M. Hardy) : M. Bouchard.
M. Bouchard
(Richard) : Toute la notion de lit d'écoulement, est-ce des fossés ou
des cours d'eau?
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay :
Merci. À votre recommandation n° 10, à la page 11 de votre mémoire, dans
le fond, vous mentionnez que, dans le
p.l. n° 102, avec l'article 144, on vient modifier l'article 115.10 de la
LQE, puis, dans cet article-là, on parle d'un délai de deux ans après avoir obtenu son autorisation, que, si on
n'a pas débuté les travaux, on devrait recommencer tout le processus. Vous y allez d'une
recommandation. Dans le fond, j'imagine que c'est faire... En fait, pourquoi
qu'on peut prendre plus que deux ans, justement, pour le domaine de la
construction? Est-ce que c'est lié juste à la construction résidentielle ou c'est d'autres secteurs de
construction? Et puis j'imagine que, si les délais sont extrêmement longs pour débuter les travaux, ça doit être en lien avec un
souci du respect du développement durable. Quand vous évaluez vos travaux,
j'imagine que ça doit être une des raisons pourquoi les délais sont si longs
pour débuter les travaux.
Le
Président (M. Hardy) : M. Vincent.
• (17 h 20) •
M. Vincent (François) : Bien oui, puis aussi parce que, souvent, c'est
relié au financement du projet. Donc,
il faut vendre une partie des portes pour
faire en sorte qu'au bout de la ligne on commence des phases puis on
construise des constructions résidentielles.
Pour
revenir à l'article 10, pourquoi c'est formulé comme ça, c'est aussi que, quand
on a regardé l'analyse d'impact réglementaire,
on parlait que c'était une volonté de simplifier, de passer d'un an à deux ans.
Alors, c'est des alinéas qui disent
quand est-ce que le ministre peut retirer une autorisation, si je ne m'abuse,
mais, de la façon que c'est rédigé, il peut le faire, donc il n'est pas obligé de le faire. Donc, ici, on voulait
vraiment sensibiliser pour dire que, nous autres, là, dans la construction résidentielle, c'est bien difficile
de dire : On commence ça, puis, bon, en 2022, là, c'est fini, tout est
vendu, tout a été réalisé. C'est quelque
chose qui évolue avec le temps, puis il faut donner une possibilité de faire en
sorte de donner la plus grande
flexibilité possible puis de ne pas essayer de trouver nécessairement une date
de fin. Il n'y a aucun entrepreneur
en construction qui va vouloir éterniser ça au maximum possible, mais, lui, il
faut qu'il rentre dans ses coûts puis il faut qu'il soit capable de
rentabiliser pour vendre ses portes.
Je ne sais pas si tu
voulais ajouter.
Le Président
(M. Hardy) : M. Bouchard, vous voulez rajouter?
M. Bouchard (Richard) : C'est relié aussi à la flexibilité reliée aux
saisons. Il y a des gros entrepreneurs, des petits entrepreneurs versus les difficultés de construire en hiver avec
les gels puis la neige. Ça fait qu'il faut tenir compte des saisons aussi lorsque c'est le temps de faire la
construction des résidences, et ce n'est pas tous les membres de l'APCHQ
qui ont tout l'équipement nécessaire pour faire ces aspects-là en fonction du
gel, du dégel, et ainsi de suite.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay :
D'emblée, vous parlez de date de fin, mais, moi, c'est que mon interprétation,
on parlait d'une date de début de
réalisation des travaux. Donc, si les travaux sont débutés, il n'y a pas de
date, de limite de temps dans... Tu sais, juste le simple fait de
débuter est valable, mais vous êtes préoccupés par la date de fin, oui, hein?
Le Président
(M. Hardy) : M. Vincent.
M. Vincent (François) : Dans la même logique, là, si j'autorise pour sept
ans une autorisation ou si je n'ai pas eu le temps de partir... d'amener ma pépine pour commencer mon trou parce que
je n'ai pas vendu assez de pourcentage de mon projet pour le démarrer,
c'était dans cette précision-là, là, que j'ai formulé ma phrase précédente à
votre question.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay :
Excellent! Dans votre recommandation n° 8, vous parlez de l'importance de
l'accompagnement, et puis, dans le fond, c'est sûr qu'il faut améliorer
le service à la clientèle : «...assurer une [plus] grande uniformité dans
l'analyse des demandes, améliorer la réalisation de guide et renforcer
l'accompagnement des initiateurs de projets, notamment
par des rencontres de démarrage.» Puis justement vous mettez l'emphase sur les
rencontres de démarrage pour que les
projets se réalisent et qu'on... En fait, parce que ce qui est important de
savoir, c'est qu'on instaure aussi, dans le p.l. n° 102, que, s'il y a des demandes qui sont incomplètes,
bien, elles ne seront tout simplement plus acceptées... Est-ce que vous
voulez donner plus de détails sur votre recommandation 8?
Le Président
(M. Hardy) : M. Boutin.
M. Boutin (Stephen) : C'est assez simple. L'idée, c'est que, dans la
liste des documents à fournir pour qu'une demande soit complète, il y a souvent des analyses ou des études qui
auront besoin d'avoir, a priori, je dirais, des accords de principe pour éviter justement de faire des
études trop importantes puis de revenir en arrière par la suite. Ça fait
que ce qu'on préconise, c'est des rencontres
de démarrage avec le ministère pour bien s'entendre sur exactement la portée
de ce qui va être les demandes, la demande,
qu'est-ce qu'elle va comporter, et aussi faire cheminer, je dirais, la
documentation au fur et à mesure qu'on va avancer dans ces principes qu'on va
convenir ensemble, donc avoir une progression, je dirais, dans l'autorisation.
Au lieu de partir à zéro aujourd'hui, attendre dans x mois d'avoir toute
l'information, c'est d'y aller dans un mode
progressif. C'est ce qu'on propose. Puis je pense que ça permet à tout le monde
d'évoluer dans la gestion de la demande et ça simplifie quand même
passablement la démarche.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson, 45 secondes.
M. Lemay :
Oui. En lien avec cette recommandation-là, on a la recommandation 13, qui
dit... Dans ce cas-là, j'imagine, on
améliore les services, donc on va augmenter les coûts pour les projets, et puis
vous dites : Avant d'augmenter les
coûts, on devrait avoir des indicateurs clairs, publics et réglementés. Très
intéressant comme proposition. Est-ce que vous voulez commenter en 30
secondes?
Le Président (M. Hardy) :
M. Vincent.
M. Vincent
(François) : Il faut faire
bien attention avec l'autofinancement, là, puis, comme on dit, là, si on
veut vraiment être capables d'établir des
coûts, bien, il faut savoir sur quoi on se base pour établir ces coûts-là. Et
donc, avant qu'on endosse cette
recommandation d'internalisation, définissons clairement quels sont ces
coûts-là puis, si la réforme a comme objectif de diminuer de 30 %
l'autorisation et de simplifier le processus, bien, ultimement, logiquement, on
devrait tendre vers une diminution des coûts.
Le
Président (M. Hardy) : Je vous remercie pour votre contribution
aux travaux de la commission. Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux représentants de la Fondation David-Suzuki de prendre
place. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 26)
(Reprise à 17 h 30)
Le Président (M. Hardy) : Nous
reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue aux représentants de la Fondation David-Suzuki. Je vous demande de bien
vouloir vous présenter, ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. La parole est à vous.
Fondation David-Suzuki
M. Mayrand
(Karel) : Je vous remercie.
Alors, je m'appelle Karel Mayrand. Je suis directeur général pour
le Québec et l'Atlantique à la Fondation David-Suzuki. Je suis accompagné de
Louise Hénault-Ethier, qui est chef des projets scientifiques à la
fondation, et de Sylvain Perron, qui est analyste des politiques aussi à la
fondation.
D'abord,
merci de nous recevoir. Nous avions eu l'occasion déjà
d'intervenir sur le livre vert, il y a maintenant, quoi, un
peu plus d'un an, pour faire valoir à ce moment-là... Pour nous, l'exercice de modernisation en cours était une occasion de viser une meilleure protection de l'environnement et des droits des citoyens, et aussi nous avions suggéré que l'exercice du droit des citoyens
de vivre, d'avoir un environnement sain, devienne la pierre angulaire du projet de
modernisation. Donc, ce qu'on avait fait
valoir à ce moment-là, vraiment, c'était la possibilité, pour le régime,
le nouveau régime, de rehausser la
protection de l'environnement et les droits des citoyens tant au plan de
l'accès à l'information que des recours disponibles.
Évidemment, le projet de loi couvre, ratisse
très large, alors on ne pourra pas faire une étude détaillée de tout en 10 minutes. Nos commentaires vont se concentrer
sur trois aspects : d'abord, le renforcement du droit à un environnement sain, deuxièmement, le renforcement
du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le BAPE, et
finalement le renforcement de la lutte aux changements climatiques.
À propos du
premier aspect, sur le renforcement du droit pour les citoyens d'avoir droit à
un environnement sain, l'accès à
l'information environnementale, pour nous, est quelque chose de fondamental
parce que, sans information, le citoyen
n'est pas en mesure de faire valoir ses intérêts ou ses droits. Et on a vu
certaines avancées dans le projet de loi et qui, pour nous, sont positives. Cependant, il y a encore des documents
qui vont demeurer... qui ne seront pas vus par le public dans le processus actuel, et, à cet
égard-là, on aimerait recommander que la totalité des documents qui ne sont
pas des documents... qui ont un secret commercial ou quelque chose de ce
genre-là puissent être rendus automatiquement publics pour que les citoyens
puissent y avoir accès.
Nous
recommandons aussi de consigner les documents dans une plateforme où tous les
documents pourraient être accessibles,
qu'il y aurait un registre et que ce serait possible de les consulter par après
dans un projet. Les États-Unis, par exemple, ont un site où on consigne
beaucoup, beaucoup de documentation, et il y a une façon de les codifier. Donc,
comme ça, pour le citoyen, c'est plus facile
de s'y retrouver que, parfois, des documents qui sont accessibles,
d'autres qui ne le sont pas, et il y a
parfois des documents qui sont accessibles pendant un certain temps, qui,
finalement, sont retirés plus tard. Ça permettrait de faciliter l'accès
pour les citoyens.
Au plan des autorisations environnementales, on
donne le droit aux promoteurs de contester une décision du ministre si le ministre ne remet pas l'autorisation,
n'accorde pas l'autorisation, mais le droit pour les citoyens de
contester une autorisation, ou pour des
organisations, n'existe pas, et, pour nous, ça crée une forme de déséquilibre
où les promoteurs de projets ont
certains droits, mais le droit équivalent, du côté des citoyens, n'existe pas.
Alors, on aimerait proposer que les
autorisations environnementales puissent être contestables dans la limite des
paramètres prévus par la loi, mais pour donner un recours justement aux
citoyens, un recours supplémentaire pour faire valoir leurs droits.
Finalement,
nous sommes inquiets de voir que l'attestation de conformité... enfin, qu'on a
retiré l'attestation de conformité à la réglementation municipale pour
les demandes d'autorisation. C'est une décision qui réduit le pouvoir des municipalités. À titre de gouvernements de
proximité, les municipalités ont la connaissance du terrain, aussi ont
la proximité avec les citoyens pour bien
comprendre les enjeux, et il nous semble aussi que les municipalités, dans leur
champ de compétences, devraient pouvoir
délivrer, en fait, des autorisations, en fait, de conformité à la
réglementation municipale.
Au
plan de l'analyse des seuils de risque, parce qu'on a établi des seuils de
risque, les seuils de risque, en soi, sont une bonne idée. Je pense que c'est une façon de réduire, si on veut,
d'alléger le processus, mais en même temps ce n'est pas tous les gens qui ont la même analyse sur
qu'est-ce qu'est un risque acceptable, un risque moyen, un risque plus
élevé, et ce serait intéressant d'ajouter
des mesures de transparence et de participation du public dans la détermination
des seuils de risque d'une activité
pour éviter justement que le seuil de risque qui est déterminé par le ministre
et par le ministère ne soit pas reconnu... ne soit
pas la même chose qui soit vue par les citoyens et qu'on se retrouve dans une
situation où l'acceptabilité sociale d'un projet est compromise dès le départ
parce qu'il y a désaccord sur la nature du seuil de risque à appliquer.
Je
passe maintenant au deuxième aspect, qui est le renforcement du BAPE. Pour
nous, le BAPE est vraiment un organisme qui a un rôle très important à
jouer pour ce qui est de l'acceptabilité sociale des projets au Québec, des autorisations environnementales, puisque le BAPE
jouit de la crédibilité et de la légitimité chez la grande majorité des citoyens. Et donc recourir au BAPE, renforcer le
BAPE est une manière aussi de s'assurer que les décisions qui sortent
aient la légitimité pour rencontrer
l'acceptabilité sociale, et, à cet égard-là, nous recommandons que la
nomination des commissaires du BAPE
soit faite par l'Assemblée nationale et que le BAPE aussi relève de l'Assemblée
nationale, de manière justement à
renforcer son autorité, et la possibilité aussi pour le BAPE d'avoir un
mécanisme de refus. La décision finale,
on s'entend, demeurera toujours celle du ministre, mais on pourrait
renforcer... le BAPE a la possibilité de faire une recommandation
négative, mais de renforcer le pouvoir de refus du BAPE.
Ensuite,
pour toute la question des projets pilotes, l'idée d'aller vers des projets
pilotes, encore là, peut être une idée
qui est intéressante de manière à pouvoir tester des nouveaux procédés, des
nouvelles pratiques. En même temps, l'encadrement
de ces projets pilotes là peut susciter un certain nombre de problématiques
d'acceptabilité sociale, et, à cet égard-là,
on pense que le BAPE pourrait jouer un rôle d'encadrement ou de transparence,
dans le cadre des projets pilotes, qui pourrait être utile pour s'assurer
que les citoyens sentent qu'il y a une forme d'indépendance dans la gestion de
ces projets pilotes là.
Finalement, nous
recommandons d'encadrer rigoureusement les évaluations environnementales
stratégiques, d'établir des standards qui
permettent vraiment aux évaluations d'être rigoureuses et de rencontrer les
meilleurs standards mondiaux et
finalement de faire en sorte qu'encore une fois on pourrait confier au BAPE que
les évaluations environnementales stratégiques puissent se faire soit
sous sa supervision ou sous une forme d'encadrement ou de surveillance externe.
Je
termine avec la question du renforcement de la lutte aux changements
climatiques. La Fondation David-Suzuki voit
effectivement d'un bon oeil l'idée d'établir une forme de test climat. Notre
recommandation, c'est que les émissions de gaz à effet de serre incluent les émissions cumulatives, et, dans
certains cas, ces émissions cumulatives là peuvent être extraterritoriales. Bien évidemment, le Québec n'a
pas de juridiction sur les émissions extraterritoriales. Par contre,
dans la considération d'un test climat, il
faut voir l'ensemble des émissions sur le cycle de vie d'un projet ou d'une
activité et pas seulement celles qui se produisent uniquement sur notre
territoire ou uniquement pour une période de temps donnée.
J'aimerais
passer, en terminant, sur la question de la gestion du Fonds vert. La Fondation
David-Suzuki appuie le gouvernement
dans la volonté de procéder à une réforme de la gestion du Fonds vert. Nous
avons quelques propositions à faire :
d'abord, nous assurer que l'usage des revenus du marché du carbone reflète
expressément les finalités du Fonds vert, que le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques et le ministère des Finances,
ensemble et non seulement le ministère des Finances, déterminent la répartition
des sommes, particulièrement sur les mesures
en transport, que les fonds spéciaux demeurent indépendants les uns des autres
et que l'on retire notamment la
provision pour le versement dans le FORT des sommes sous gestion du... en fait,
des sommes du Fonds vert qui sont sous gestion du ministère des
Transports du Québec, et, finalement, nous recommandons que le ministère du Développement durable, de l'Environnement
et de la Lutte aux changements climatiques et le nouveau Conseil de gestion du Fonds vert soient dotés de comptes
totalement transparents dans leur usage pour assurer qu'on puisse avoir
vraiment une bonne traçabilité de l'ensemble des fonds qui transitent par le
Fonds vert, ce qui est le cas dans une majorité des cas, mais qui... des fois,
il y a des endroits... Il y a de l'opacité dans certains cas, et on cherche,
par cette réforme-là, je pense, à régler cette problématique.
Alors, voilà. Merci.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, M. Mayrand, pour votre exposé.
Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous.
• (17 h 40) •
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, madame messieurs. Merci pour votre
présentation, ainsi que votre mémoire. Je suis tenté de vous faire
parler de Kinder Morgan, mais on en parlera à un autre moment.
Au
niveau du certificat de conformité des municipalités, la disposition, je veux
juste être clair, il n'y a rien dans le projet de loi qui invalide la réglementation municipale, je veux dire,
dans le sens qu'un projet va quand même être soumis à l'obligation de respecter la réglementation
municipale qui est en vigueur. Alors, je veux juste comprendre parce
qu'on a échangé avec l'UMQ puis la FQM, évidemment, sur cette disposition-là,
on comprend la position, mais, encore là, la réglementation
qui est en vigueur puis qui s'applique va continuer à s'appliquer, et le
promoteur devra s'y conformer. L'autre
point, c'est un point d'information. Les municipalités voulaient... tu sais, se
servaient un peu de cette disposition-là pour savoir ce qui se passait
sur le territoire en temps utile. Ça, on comprend ça puis on regarde comment on
peut s'assurer de respecter cette demande tout à fait valable.
Alors,
j'essaie juste de voir, avec le commentaire que vous faites... Je veux dire,
c'est tout à fait légitime que les municipalités aient leur mot à dire,
le dise à travers leur réglementation. La disposition n'enlève pas, justement,
cette capacité d'une municipalité d'être un
gouvernement de proximité, d'impliquer sa population dans l'application de
ses règlements. Alors, j'essaie juste de
voir comment on peut réconcilier ça. Et je comprends bien le point que vous
faites, puis je ne suis pas en opposition avec le point, mais, en même temps,
on a vu des cas concrets où on se retrouve avec des situations où des municipalités refusent d'émettre, sans aucune
justification... Puis, même, on pourrait même dire que, si on regarde la réglementation municipale, il n'y a
pas d'enjeu, mais on se retrouve dans une espèce de droit de veto qui
n'a pas de lien avec le respect de la réglementation municipale. En tout cas,
on a vu des épisodes qui ressemblaient à ça.
Alors, je vous lance tout ça, là.
J'essaie juste d'avoir un échange avec vous sur comment réconcilier tout ça
avec ce que vous nous affirmez.
Le Président
(M. Hardy) : M. Perron.
M. Perron
(Sylvain) : Oui, exact, en fait, je vais la prendre, celle-là.
Si
on regarde les leviers de pouvoir, en fait, et lorsque dans le projet de loi,
dans le fond, on libère les entreprises de cette obligation-là d'avoir une autorisation, on enlève peut-être le
seul levier de pouvoir, le dernier dialogue officiel qui existe entre la ville et le promoteur. Et, dans le
fond, vous l'avez bien mentionné, ce dialogue-là, il est très important.
Et là on essaie de trouver un autre
mécanisme. Il y a déjà une obligation à l'heure actuelle d'avoir une
autorisation, et vous allez le faire
très bientôt avec le projet de loi sur les gouvernements de proximité, avec le
projet de loi sur la métropole, la capitale
nationale. Il y en a beaucoup comme ça, et le lien entre les villes... de plus
en plus de monde, plus de pouvoirs, c'est peut-être à y penser, quand
même. C'est peut-être des points qui sont excessivement importants.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Ethier.
Mme Hénault-Ethier
(Louise) : Oui, bonjour. J'aimerais préciser aussi que c'est certain
que, pour les villes, c'est souvent un point d'information. S'il y avait
un autre mécanisme de point d'information, ça réglerait cette partie-là du problème. Mais, dans certains cas aussi, les
villes n'ont pas nécessairement de réglementation en vigueur par rapport
à des nouveaux projets qui peuvent avoir des impacts sur l'environnement.
Je
pense à un exemple de cas précis qu'il m'est arrivé de voir dans le passé.
C'était pour des projets de compostage sur site à petite échelle dans
des institutions, commerces et industries sur le territoire de la ville de
Montréal. Pour faire une demande de
certificat d'autorisation, il fallait se tourner vers la ville de Montréal et
leur demander si on avait le droit, et les gens de la ville se sont mis
à se poser toutes sortes de questions puis à se gratter la tête, à ne pas savoir
nécessairement quoi répondre. Et ce que ça permet de faire, c'est une évolution
de la réglementation municipale avec l'évolution
des technologies environnementales et des autres projets qui peuvent avoir
lieu. Donc, c'est aussi une façon non seulement
d'avoir un point d'information, mais de le faire évoluer. Alors, pourquoi on ne
réglemente pas ça? Est-ce qu'on devrait le faire juste pour que les
municipalités puissent se poser les bonnes questions?
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre.
M. Heurtel :
Merci. Au niveau du mécanisme de refus que vous proposez, là, pour le BAPE,
j'ai peut-être mal compris, mais...
en tout cas, je ne le lis pas dans le mémoire, mais est-ce que vous proposez
qu'il y aurait un refus du BAPE, mais ensuite ça irait quand même au
ministre ou au Conseil des ministres pour une autorisation ou un refus final?
J'ai peut-être mal compris.
Le Président
(M. Hardy) : M. Perron.
M. Perron
(Sylvain) : Nous, ce qu'on suggère, en fait, c'est que... On a vu,
dans le passé, par exemple, des exemples où
est-ce que le BAPE dit que le projet ne répond pas aux attentes, et, nous, ce
qu'on propose, ce n'est pas un mécanisme
officiel, on ne propose aucune démarche, mais, en ce moment, le BAPE n'a aucun
mécanisme de refus. Ça n'existe pas.
Et peut-être qu'on serait peut-être rendus à un certain niveau où est-ce que le
BAPE devrait dire : Il manque vraiment
beaucoup trop de choses. Il y a certains éléments, dans la loi, qui sont
intéressants, mais il manque quand même l'espèce de petit pouvoir qui
reste, qui manque au BAPE. Peut-être qu'à la fin un mécanisme de refus serait
peut-être essentiel là-dedans.
M.
Heurtel : Là, c'est ça, j'ai besoin de mieux comprendre parce que,
moi, les rapports du BAPE que je lis et que j'ai lus, je les ai presque tous lus depuis le début, il y a eu des
instances où le BAPE a dit : Le projet est inacceptable. Alors, ce n'est peut-être pas refusé, mais on a eu des
cas où le BAPE a dit : Ce projet-là, il ne passe pas la rampe. Je veux
dire, notamment, plus récemment, Mine
Arnaud, par exemple, ou Saint-Cyprien, deux exemples, là, qui me viennent en
tête. Alors, j'essaie juste de voir... Puis là ça, ça s'en va au ministre de
l'Environnement, qui, là, a un travail à faire et il recommande un refus ou pas ou dit au promoteur : Bien, regardez,
vous devez retourner faire vos devoirs si vous voulez espérer avoir un avis favorable du gouvernement
là-dessus. Alors, encore une fois, j'essaie de comprendre la mécanique,
là, alors, s'il vous plaît...
Le Président
(M. Hardy) : M. Mayrand.
M. Mayrand (Karel) : Bien, on pourrait penser à... Bon, le BAPE peut
très clairement émettre une recommandation négative. Ça, c'est quelque
chose qu'on a déjà... On pourrait penser à des projets qui, très clairement...
Pensons, par exemple, dans le cas d'un
projet hypothétique qui irait complètement à l'encontre des objectifs de lutte
aux changements climatiques du Québec
en ajoutant, bon, 10 mégatonnes ou des choses comme ça. Le BAPE pourrait
dire : Bien, écoutez, dans ce...
On pourrait outiller le BAPE pour que le BAPE, à l'intérieur de certains
critères, puisse rendre des décisions sur la base de critères qui ont été établis préalablement soit par
réglementation ou par... Et donc, à ce moment-là, on dépolitise
certaines décisions qui doivent être prises sur des projets, et là, à ce
moment-là, il faudrait juste encadrer c'est dans quel genre de projet on
voudrait le faire.
Mais une des
problématiques qu'on a, évidemment, c'est qu'à la fin le BAPE fait des recommandations,
et ça demeure une décision qui va devoir
être politique pour approuver ou ne pas approuver un projet, et, dans certains
cas, je pense que c'est bien que le ministre
conserve la flexibilité de pouvoir prendre une décision, puisqu'il a été élu
pour le faire, mais, en même temps,
dans certains autres cas, pour éviter justement que les décisions, des fois,
prennent du temps, deviennent des patates chaudes, tout ça, le BAPE
pourrait avoir les outils pour dire : Tel ou tel projet, telle activité ne
correspond pas et ne peut pas être faite.
M. Heurtel : Alors, de ce que
je comprends, moi...
Le Président (M. Hardy) : M. le
ministre.
M. Heurtel :
Pardon, M. le Président. Merci. Donc, on parle vraiment de transformer, là, la
nature du BAPE parce que le BAPE, sa
nature, c'est un Bureau d'audiences publiques qui a un pouvoir de
recommandation. Là, vous proposez véritablement
un pouvoir décisionnel. Donc là, est-ce qu'on élèverait le BAPE au véritable
statut de, genre, un tribunal quasi
judiciaire ou est-ce que vous... c'est ça que vous envisagez, là, et qu'il n'y
a aucune forme de révision de la part du Conseil des ministres, comme c'est le cas présentement. Vous le
distancez complètement dans des cas précis, c'est ça, ou dans des
catégories de projets? C'est ça que vous...
Le Président (M. Hardy) :
M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : Il faudrait que ce soit uniquement pour des choses qui ont
été déterminées préalablement parce qu'évidemment on ne veut pas faire
du BAPE tout d'un coup un organisme, par exemple, au même titre que la Régie de l'énergie ou... qui rend des... L'objectif
n'est pas là. L'objectif est vraiment de renforcer le pouvoir de recommandation du BAPE de manière à ce que, s'il y
a une recommandation négative dans certaines situations, ça puisse être final, à moins... puis il pourrait y avoir
une possibilité de contester ça ou... bon, mais, bref, de donner encore plus
de pouvoir aux recommandations du BAPE dans certains cas de refus.
M. Heurtel : Avez-vous des
exemples de catégories?
M. Mayrand (Karel) : Bien, il y
avait le climat, qui pouvait en être une, mais là...
M. Heurtel : Le climat touche à
pas mal tout.
• (17 h 50) •
M. Mayrand (Karel) : Il y
aurait... Bien, là, il faudrait voir la liste des cas d'espèce, mais, par
exemple, enfouissement pourrait en être une
aussi, et, éventuellement, si on arrive... mais, bon, parce qu'on arrive bientôt à cesser l'enfouissement des déchets.
M. Heurtel : O.K. Sur les projets
pilotes, dans votre mémoire, vous émettez une crainte, en tout cas, vous recommandez d'encadrer la mesure sur les projets
pilotes puis vous citez : Un projet pilote sur la fracturation
hydraulique pourrait être autorisé dans un
processus simplifié. Juste être clair, la fracturation hydraulique est quand
même encadrée par le RPEP puis d'autres réglementations. Alors, le
processus allégé ne viendrait pas rendre inopérantes les dispositions existantes. Ça, je veux juste être clair
là-dessus. Il n'y a rien dans le projet de loi qui vient donner une
prépondérance aux dispositions du projet de loi. Alors, sur, exemple, la
fracturation hydraulique, je ne crois pas que le risque que vous appréhendez
pourrait se réaliser.
Encore une
fois, quelle mécanique... Quand vous dites de confier au BAPE
l'encadrement des projets pilotes, le but, là, de la disposition sur les
projets pilotes, c'est qu'on se retrouve dans des situations où on perd
littéralement les opportunités de développement parce que le processus est
beaucoup trop lourd, beaucoup trop long tel qu'il est présentement. Ce n'est pas de dire qu'on donne un passe-droit
environnemental, mais c'est de dire : Est-ce qu'on peut trouver une espèce de situation mitoyenne où il y
a une nouvelle technologie en développement? Est-ce qu'il faut que la
direction régionale ou le ministère deviennent aussi experts que le promoteur
ou l'entrepreneur dans la nouvelle technologie?
Et là ça peut prendre, on a vu des cas, des années, puis, pendant ce temps-là,
bien, l'entrepreneur a du mal à compléter son financement ou décide tout
simplement d'aller ailleurs.
Alors, encore une fois, je comprends votre
objectif. Moi, je vous soumets ça, là. Vous avez l'intention du législateur, là, derrière cette mesure-là. Comment
on réconcilie ça? Parce qu'encore une fois confier ça au BAPE, c'est du
temps et c'est une lourdeur. Alors, j'essaie de voir comment on réconcilie ces
deux éléments-là.
Le Président (M. Hardy) :
M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : Oui, tout à fait. Alors, bien, ce qu'on cherchait avec ça,
c'est que... Évidemment, l'exemple de
fracturation hydraulique est un exemple mal choisi parce que c'est rétroactif,
mais, disons, on se reporte à il y a 10 ans ou 12 ans, et on
arrive avec une nouvelle technologie ou une nouvelle pratique comme ça, et on
décide de faire un projet pilote, le risque... Dans certains cas, il y a des
projets pilotes qui ne comportent pratiquement aucun risque pour l'environnement, puis ça ne sera pas
problématique. Dans d'autres cas, ça peut l'être, et le problème, c'est
qu'encore là le projet pilote comporte des risques pour l'environnement
ou pour la santé humaine et les citoyens.
On
l'a abordé beaucoup, notre mémoire, en fonction des droits pour les citoyens...
de l'accès à l'information environnementale
et de l'acceptabilité sociale. Donc, si un projet pilote pouvait être encadré
ou fait avec une surveillance externe
qui pourrait se faire par le BAPE ou d'une autre façon, mais en toute
transparence, ça permettrait de s'assurer que, s'il y a des problématiques de nature environnementale ou pour la santé
humaine qui sont soulevées... parce que, dans un projet pilote, par définition, on présume qu'on ne le sait pas parce
que, sinon, on aurait déjà... Et donc, dans ce sens-là, c'est
l'incertitude qui entoure cette technologie-là qui nous rend mal à l'aise avec
l'idée du projet pilote parce que beaucoup
de promoteurs vont tenter simplement de passer par un projet pilote en
disant : J'ai quelque chose de nouveau, faisons un projet pilote pour alléger. Peut-être, dans neuf cas sur 10,
il n'y aura pas de problème, c'est dans le cas sur 10 où il pourrait y
en avoir que, là, on voit un risque pour la santé ou pour l'environnement, et
on considère peut-être qu'il devrait y avoir
une supervision d'un tiers indépendant, qui pourrait être le BAPE. On ne pense
pas ici de déclencher des audiences publiques pendant 18 mois ou
des choses comme ça, on pense ici d'avoir un organisme qui puisse faire la
surveillance de ce projet-là.
Le Président
(M. Hardy) : M. le ministre, 1 m 35 s.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Je comprends, puis ça nous aide, ça. Je vous remercie.
Mon
dernier point, ce serait par rapport à votre commentaire
sur les évaluations environnementales
stratégiques : «...nous souhaitons mettre en garde contre le risque de
faire des EES — je
cite le mémoire — des
alternatives moins exigeantes qu'une
évaluation environnementale en bonne et due forme.» Je veux juste être clair.
Présentement, de la façon que le
projet de loi est construit, l'EES ne fait pas partie d'un processus d'autorisation, il est placé clairement en
amont et n'a pas... ne peut pas... Il n'y a
rien dans le projet de loi qui pourrait même, je crois... interprété comme
ouvrant la porte à une substitution
de l'EES... bien, du processus d'autorisation, dis-je, par une EES. Alors, je
veux juste... Vous, vous voyez le risque
où, exactement, dans le projet de loi pour ça? Parce que c'est vraiment...
c'est un chapitre différent. Tu sais, on crée vraiment une série de dispositions différentes. Puis je ne veux pas
perdre de temps à lire l'article 95.5 et suivants, mais il me semble que c'est assez clair que ce n'est pas en
remplacement du processus d'évaluation ou d'autorisation, devrais-je
dire.
Le Président
(M. Hardy) : Malheureusement, on ne pourra pas répondre à cette
question-là.
M. Heurtel :
Ah! j'ai pris 1 min 28 s? Tabarnouche!
Le
Président (M. Hardy) : À moins que M. le député de Jonquière vous
repose la même question. C'est à vous la parole, M. le député.
M. Gaudreault :
Merci, M. le Président. Merci de votre présence et de votre présentation.
Je
voudrais savoir si vous considérez que le test climat proposé par le ministre
dans le projet de loi n° 102 est une mesure suffisante pour bien tenir compte des cibles de réduction de GES
dans le projet de loi. Est-ce qu'on ne pourrait pas avoir une autre
procédure?
Le Président
(M. Hardy) : M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : Oui. Bien, c'est évident que le test climat, c'est une
mesure possible, mais qu'à lui seul le test
climat ne permettra pas... non, de permettre l'atteinte des cibles. Tout au
plus, c'est un test qui permet au promoteur d'avoir une discussion avec le ministère pour discuter des meilleures
technologies à appliquer et de la possibilité peut-être d'appliquer une autre technologie. Mais, vous
savez, si vous ouvrez une entreprise et que vous avez la meilleure
technologie au monde puis elle génère
beaucoup de gaz à effet de serre, vous ne pourrez pas... vous avez le choix de
faire le projet ou de ne pas faire le
projet, et, dans ce sens-là, l'idée comme quoi on devrait peut-être légiférer
nos cibles de gaz à effet de serre au Québec, d'abord pour 2020 et pour
2030, puis ensuite adopter une loi qui permettrait à l'ensemble de l'appareil gouvernemental de devoir atteindre ces cibles
serait une mesure plus structurante que le test climat. Ceci dit, le test
climat en soi apporte quelque chose d'intéressant, mais pas quelque chose qui
va pouvoir transformer de façon très, très fondamentale la façon dont on fait
les choses au Québec.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Merci. Est-ce que le projet de loi n° 102 serait la bonne tribune pour
intégrer ce que vous dites, là, comme faire une législation intégrant
les cibles, ou on serait mieux avec une autre loi, selon vous?
Le Président
(M. Hardy) : M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : Oui. Bien, écoutez, le projet de loi n° 102, déjà,
ratisse assez large. Alors, je pense que ce serait possible de pouvoir ajouter ce type de disposition là, tout à
fait, puis c'est aussi des dispositions que la Fondation David-Suzuki
soutiendrait, oui, ça aurait notre appui.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Merci. Bon, vous dites que vous voulez ramener beaucoup la préoccupation
citoyenne, je dirais, dans le projet de loi n° 102. J'aimerais ça
vous entendre sur votre recommandation 3 : «Nous recommandons que les
autorisations environnementales soient contestables pour respecter le droit des
citoyens à un environnement sain.» Autrement
dit, vous voulez trouver une manière d'incarner dans la loi ce droit à un
environnement sain. Est-ce que ça va jusqu'à pouvoir permettre aux
citoyens de contester les décisions, là, en vertu de l'article 96, ce qui n'est
pas permis présentement?
Le Président
(M. Hardy) : M. Mayrand.
• (18 heures) •
M. Mayrand
(Karel) : Oui, tout à fait. Il y a trois aspects, hein? Le droit à
l'environnement sain s'incarne ou va se mettre en pratique par l'accès à l'information environnementale, par la
possibilité d'avoir des recours juridiques et, ensuite de ça, par l'accès à la justice pour les citoyens
parce que, quand même, la justice est coûteuse. Souvent, bien, on a un
droit qui est reconnu symboliquement. C'est
difficile d'aller l'exercer, ce droit-là, parce que, parfois, les citoyens ne
sont pas en mesure d'obtenir
l'information environnementale, qui coûte cher à aller chercher, par exemple
les analyses hydrogéologiques, qui coûtent une fortune pour les gens.
Souvent, les citoyens n'ont pas de recours dans les processus, par exemple, sur
l'autorisation environnementale au moment de
la contestation d'une autorisation. Puis finalement, bien, même s'ils
ont l'information environnementale, même s'ils
ont des recours, parfois ils n'ont pas accès à la justice parce qu'ils n'ont
pas les moyens. Et ces trois aspects-là pourraient être renforcés tout à fait
dans le cadre de ce projet de loi là. Et, très certainement, si on donne à un promoteur la possibilité de contester
l'absence d'une autorisation, on devrait permettre aux citoyens la possibilité de contester l'émission
d'une autorisation. Ça nous semblerait équilibré. Et la loi peut faire en
sorte qu'il n'y ait pas 10 000 contestations, là. On est capable de
restreindre ça d'une manière qui va faire en sorte que les droits des uns et
des autres vont être respectés.
M. Gaudreault :
Éviter, d'une certaine manière, les contestations qui pourraient être frivoles,
mais tout en permettant néanmoins ce type de contestation. C'est ce que je
comprends.
M. Mayrand
(Karel) : Oui, tout à fait, parce qu'on peut... que ce soit du côté
des promoteurs que du côté des citoyens,
là, on peut... il faut présumer de la bonne foi des gens. Les gens ne vont pas
faire des contestations frivoles tout le temps. Mais, quand même, il
faut être en mesure de faire en sorte que l'entonnoir ne soit pas trop large pour
éviter la multiplication des contestations.
À la fin de ça, si on a ce contrôle citoyen là supplémentaire, ce que ça fait
aussi, c'est que ça permet de... les projets sont perfectibles. Et on
cherche à équilibrer le risque, pour la société, d'activités, ou pour
l'environnement, et les bénéfices qui sont apportés, soit de nature économique,
ou sociaux, ou autres. Et préserver l'équilibre comme ça, ça fait en sorte tout
simplement que le risque environnemental est diminué, puis, à long terme, généralement, ça va rapporter. C'est-à-dire qu'à
court terme peut-être que ça rend ça un petit peu plus compliqué pour un
promoteur, mais, à long terme, on a des
projets qui vont avoir une durée de vie beaucoup plus grande et qui vont
rencontrer l'acceptabilité sociale beaucoup plus facilement.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Merci. Je ne voudrais pas qu'on termine mon bloc
sans qu'on échange sur le Fonds vert
versus le ministère des Transports. Vous semblez extrêmement préoccupés ou, à
tout le moins, extrêmement inquiets, là, par la gestion du Fonds vert et le ministère
des Transports. Dans ce qui est
proposé dans le projet de loi n° 102, est-ce
que vous trouvez que ça répond à ces
préoccupations-là? Qu'est-ce qu'on devrait faire de plus pour que le ministère des Transports gère non pas avec opacité mais avec transparence
les fonds qui lui sont dédiés et surtout dans l'objectif de réduire les
GES?
Le Président
(M. Hardy) : M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : Bien, alors, c'est
évident qu'il faut cesser de noyer les fonds du Fonds vert
dans le FORT parce que ça devient très opaque, très difficile de suivre l'argent.
Il faut aussi s'assurer que, d'une façon très explicite, très spécifique, les fonds qui sont transférés au ministère des Transports doivent être utilisés dans des mesures de transport
collectif, entre autres, qui vont réduire les émissions de gaz à effet de
serre. Donc, on parle ici d'augmenter l'offre de services pour réduire les
émissions, pour faire un transfert modal vers le transport collectif, et pas
seulement de maintenir des actifs existants en utilisant l'argent du Fonds vert
plutôt qu'en utilisant les fonds propres du ministère des Transports du Québec
qui étaient dédiés à ça auparavant.
Donc, on pense là-dessus que ce projet de loi là
est l'occasion de renforcer le pouvoir du ministère de l'Environnement,
du Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques et de
forcer le ministère des Transports du Québec
à avoir plus de transparence et plus de rigueur dans la façon dont il utilise
ces fonds-là. Et par ailleurs le
ministère devrait se doter... Le ministère des Transports du Québec n'a pas de
cible de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Ça me semble complètement incongru, compte tenu du fait
que c'est le ministère qui a sous son égide quelque chose comme
40 % ou 43 % des émissions du Québec.
M. Gaudreault :
Peut-être que ça serait une question qui serait justement réglée avec une loi
dont nous parlions tout à l'heure, là, une
loi-cadre sur les cibles de GES. Mais je reviens sur le projet de loi
n° 102. Par rapport au Fonds
vert, ce que je comprends, c'est que vous n'êtes pas rassurés quant aux
dispositions concernant la gestion du Fonds vert, dans le projet de loi
n° 102, pour bien encadrer les dépenses, au ministère des Transports,
issues du Fonds vert.
M. Mayrand
(Karel) : On va être rassurés quand on va avoir séparé très clairement
les dépenses du Fonds vert des dépenses
du FORT, quand on va s'être assuré que le ministère des Transports du Québec,
qui reçoit deux tiers des fonds du Fonds
vert, rende des comptes sur les réductions d'émissions qui sont... Donc, oui,
il faut encore renforcer ce volet-là. Et je pense qu'on a été plusieurs
organisations à venir défendre ce point de vue là ici.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière, une minute.
M. Gaudreault :
Ah! est-ce que c'est la même chose par rapport au fait que... Avec le projet de
loi n° 106, il y a la création
de Transition énergétique Québec, qui va gérer aussi une partie du Fonds vert.
Alors, est-ce que ça n'augmente pas les silos, là, qui vont un peu dans
le sens de vos inquiétudes?
Le Président (M. Hardy) :
M. Mayrand, en 50 secondes.
M. Mayrand (Karel) : 50
secondes. Oui, il y a un risque, oui. D'autre part, d'autre part, le fait qu'on
ait une seule agence qui soit responsable de
tous les projets d'efficacité énergétique est une bonne chose. Tout va
s'inscrire dans la transparence et la
reddition de comptes qui est exigée de cette nouvelle agence-là. Ça peut être
bien fait, ça peut être bien fait,
là, mais il faut vraiment s'assurer que le ministre de l'Environnement,
du Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques
puisse savoir où est utilisé l'argent dans d'autres ministères.
M. Gaudreault : Ça revient un peu à
ce qu'on disait tout à l'heure. Je voudrais terminer en vous disant... Concernant le BAPE, là, effectivement, vous lui
donnez beaucoup, beaucoup de responsabilités dans vos recommandations.
Mais tout ça découle du fait que vous recommandez quand même la nomination des
commissaires du BAPE par l'Assemblée
nationale et que ça relève de l'Assemblée nationale. Donc, ce n'est pas... On ne peut pas prendre
juste un morceau de ce que vous
proposez pour le BAPE, il faut le voir dans une globalité. Et, si vous y voyez
plus de pouvoir, c'est aussi parce que le processus de nomination en
amont est plus protégé, je dirais, via l'Assemblée.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup. Le temps est écoulé. Maintenant, je cède la parole au deuxième groupe
d'opposition, M. le député de Masson.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Merci. C'est toujours un plaisir de vous revoir. Vous savez, avec
votre recommandation n° 5, en ce qui concerne la déclaration de conformité
et exemption, vous parliez, là, que la notion de
risque est très subjective puis intimement liée à la question de
l'acceptabilité sociale. Et puis, dans le fond, ce que vous mentionnez, c'est que, pour certains projets, il
serait essentiel d'intégrer les perspectives citoyennes. Puis c'est un
peu le sens de votre recommandation. Est-ce que cette... parce qu'on a aussi la
notion... Si un projet a un impact positif sur l'environnement, est-ce que vous croyez qu'on devrait quand même, selon
votre recommandation, inclure la perspective citoyenne ou, puisque ça a un impact positif sur l'environnement, on
pourrait être exempt de cette recommandation-là?
Le Président (M. Hardy) :
M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : Bien, c'est une excellente question. A priori, je vous
dirais probablement que vous et moi, on
s'entendrait sur le fait qu'il n'y a pas d'impact potentiel sur
l'environnement. Mais est-ce que l'ensemble des citoyens diraient la même chose? Et l'idée là-dedans, c'est
de s'assurer que notre évaluation du risque et celle que fait la
population concorde ou, à tout le moins,
qu'on puisse avoir un dialogue qui permette à la population de mieux comprendre
ce risque-là, avant qu'on leur impose
un seuil de risque en disant : Bien, nous avons déterminé que. Et ça, ça
fait en sorte que l'acceptabilité
sociale de l'activité en question, qui serait positive pour l'environnement, ne
serait pas, en fait, contestée sur la
base soit d'une incompréhension de l'activité ou sur la base vraiment d'une
perception du risque peut-être qui peut être légitime dans certains cas.
Des fois, les citoyens peuvent avoir raison, des fois ils peuvent avoir tort,
mais, dans l'ensemble, si on les fait
participer à la détermination du risque, on s'assure que ce risque-là, qui va
être déterminé, va être légitime. On n'aura jamais 100 % de tout le
monde, c'est évident, mais quand même.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Masson.
M. Lemay :
En fait, on va être en phase... tout le monde va être en phase, on va avoir un
consensus. C'est ce que je comprends. Merci.
Allons-y avec votre recommandation n° 11.
Lorsqu'on parle de la lutte aux changements climatiques, c'est sûr que vous êtes heureux, là, de constater qu'on
va tenir compte des émissions de gaz à effet de serre. Mais ce que vous dites, c'est que ce n'est peut-être pas suffisant,
là, tu sais? Dans le fond, ce que vous dites, c'est qu'on peut tenir
compte. Je crois que vous voudriez plutôt
que ce soit «on doit tenir compte», c'est ce que je peux comprendre de votre
recommandation.
Le Président (M. Hardy) :
M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : Le test climat est un test qui va établir un dialogue,
justement, entre le promoteur d'un projet,
tout ça. Et ce qui est important pour nous, c'est qu'au moment où on considère
les émissions de gaz à effet de serre d'abord
qu'on considère l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre d'un projet.
Puis je vais vous donner un autre exemple : un tronçon de 4 kilomètres
d'autoroute. Si on considère seulement les émissions de gaz à effet de serre de
la construction de l'asphalte, ce n'est pas
la même chose que si on considère les émissions de gaz à effet de serre du
trafic qui va passer sur cette autoroute-là,
du développement urbain qui va venir après ça et de l'ajout de nouveaux
véhicules automobiles. Donc, ce n'est plus la même chose.
Nous, ce
qu'on dit, c'est : Il faut regarder l'ensemble du cycle de vie d'un projet
et l'ensemble de ses impacts sur les
émissions de gaz à effet de serre. C'est la première chose. La deuxième chose,
c'est : si le Québec veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % d'ici 2050, comme on
s'y est engagé, si on ajoute des projets comme ça, il faut donner une
trajectoire d'émissions qui va faire en sorte qu'en 2040 un projet va être en
mesure d'avoir réduit, diminué ces émissions
de gaz à effet de serre là parce que, sinon, on va verrouiller, dans notre
système, des émissions de gaz à effet
de serre pour plusieurs décennies, alors qu'on s'est engagé à les diminuer,
pratiquement, dans 35 ans, de les réduire à presque zéro.
Et donc, dans
le test climat, la clé de l'efficacité du test climat pour la lutte aux
changements climatiques va être dans la capacité qu'on a de considérer l'ensemble
des émissions de gaz à effet de serre puis ensuite de demander aux promoteurs de projets quel est leur plan pour
s'inscrire sous les plafonds d'émissions du Québec pour l'avenir. Puis
ensuite, bien, il y a peut-être une
discussion sur les technologies qui peut entrer en ligne de compte, mais c'est
beaucoup plus large. Et peut-être que ça va faire appel aussi à d'autres
outils réglementaires ou législatifs que simplement le test climat dans les
autorisations.
• (18 h 10) •
M. Lemay :
Merci de cette précision. Puis moi aussi, j'avais une question au niveau de la
gestion du Fonds vert. Vous en parlez amplement, vous avez discuté de ça
avec mon collègue député de Jonquière, mais vous n'avez pas parlé de...
J'aimerais avoir votre perception sur la création du nouveau Fonds de
protection de l'environnement et du domaine
hydrique de l'État. Est-ce que vous avez réfléchi à ça? Est-ce que ça devrait
être assujetti tel qu'on est en train de le faire pour le Fonds vert, ou appliquer toutes vos recommandations, ou je
ne sais pas? Est-ce que vous avez un commentaire à faire sur ce nouveau
fonds?
Le Président (M. Hardy) :
M. Mayrand.
M. Mayrand
(Karel) : C'est un nouveau fonds, alors c'est difficile pour nous de
bien comprendre exactement comment il
va opérer. Le Fonds vert, il y a certaines problématiques, puis on est en train
d'y remédier avec le projet de loi. Une
des choses qu'on a aimées, nous, du nouveau fonds, c'est la possibilité que ce
fonds-là puisse donner du financement aux
organismes de protection, soit des protections des bassins versants aux
organismes... protection de lacs et de rivières, des organismes environnementaux locaux qui font un travail terrain très,
très important pour protéger l'environnement puis aussi informer les citoyens. Et nous, la Fondation
David-Suzuki, on n'a aucun intérêt là-dedans parce qu'on ne reçoit aucun
financement gouvernemental de quelque palier que ce soit.
Par contre,
on voit sur le terrain le fait que la plupart des organismes de protection de
l'environnement au Québec puis d'information du public vivent avec
pratiquement aucun moyen. Et ce genre de financement là, probablement, faciliterait encore là l'information
environnementale, l'exercice des droits des citoyens et, ultimement,
l'acceptabilité sociale des projets
parce que des citoyens qui sont bien informés, c'est aussi des citoyens,
parfois, qui ne vont pas réagir en levée de boucliers simplement parce qu'ils manquent de confiance envers,
peut-être, l'information qu'ils reçoivent des promoteurs. Donc, l'existence d'organismes comme ça, qui
peuvent servir de médiateur sur le terrain, est très, très importante.
Donc, le financement de la sensibilisation et de l'éducation environnementale
par ce fonds-là est très, très important.
M. Lemay : Merci beaucoup.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Hardy) : Merci. M. Perron, M. Mayrand,
Mme Hénault-Ethier, je vous remercie pour votre contribution aux
travaux de la commission.
La commission, compte tenu de l'heure, suspend
ses travaux jusqu'à 19 h 30, qui se poursuivront à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
(Suspension de la séance à 18 h 13)
(Reprise à 19 h 31)
Le
Président (M. Hardy) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. N'oubliez pas
d'éteindre la sonnerie de vos téléphones cellulaires.
Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre les auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de
loi n° 102.
Ce soir, nous
entendons les groupes suivants : le Regroupement des organismes de bassins
versants du Québec et le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec.
Donc, je
souhaite la bienvenue aux représentants des organismes de bassins versants du
Québec. Je vous souhaite la bienvenue
et je vous demande de bien vouloir vous présenter, ainsi que les personnes qui
vous accompagnent. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. La
parole est à vous.
Regroupement des organismes de
bassins
versants du Québec (ROBVQ)
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Je vous remercie, M. le Président, M. le ministre,
Mmes et MM. les commissaires. Alors, merci de nous avoir accueillis
aujourd'hui, c'est très gentil, on apprécie beaucoup.
Le
mémoire qui vous a été présenté a été rédigé par Jean-Paul Raîche, qui m'accompagne
aujourd'hui, par... bien, par moi, évidemment, également Marie-Claude
Leclerc, qui est directrice générale du ROBVQ, et on a été également accompagnés de membres du personnel et des OBV du
Québec, et on a également bénéficié de l'aide, de la complicité de
quelques employés retraités du MDDELCC pour tout ce qui s'appelle le CA, là,
l'attribution des CA.
Donc,
tout d'abord, bien, on est très contents de voir la modernisation de la Loi sur
la qualité de l'environnement, évidemment.
Donc, on pense qu'il y a des avancées qui sont très intéressantes. On parle
d'une loi qui avait quand même 44 ans, donc on était basés sur une
ancienne réalité. Là, tout à coup, on voit le jour au XXIe siècle, très
intéressant.
Donc, on prend en
compte les changements climatiques, c'est quelque chose qu'on trouve
intéressant. L'encadrement pour la réception des demandes, qui peut être
refusée si elle est incomplète, la diversification de la participation du public, dont, entre autres,
d'avoir un volet sur la médiation, c'est un élément qu'on trouve
intéressant également. D'avoir une
autorisation pour un projet, même quand il est complexe, plutôt que d'avoir des
morcellements de projet, c'est aussi quelque
chose qu'on trouve intéressant. D'avoir une date d'échéance sur une autorisation
plutôt que de l'avoir ad vitam
aeternam, c'est intéressant. Et ensuite de ça on a le fait d'avoir modernisé en
fonction du risque, on trouve que
c'est intéressant, bien que ça pose des interrogations. Donc, on comprend que,
là, on se base sur la responsabilisation des individus, ce qui nous
semble bien, mais avec des petits bémols auxquels on va venir plus tard.
Donc,
je ne vous lirai pas tout le mémoire, je vais y aller aux recommandations les
plus essentielles pour nous, tout simplement,
en commençant par la recommandation n° 2, que vous trouvez à la
page 11. Donc, tout d'abord, on dit que le ministère a un programme très ambitieux avec la Loi sur la qualité de
l'environnement, mais très peu de ressources pour pouvoir arriver à réaliser tout ce qu'on peut
avoir à faire, en tant que ministère, pour un dossier aussi important.
Donc, on joint notre voix à celle du RNCREQ,
entre autres choses, pour demander que le ministère ait les ressources
financières qui va lui permettre de pouvoir
avoir l'expertise nécessaire, en termes de ressources humaines, pour pouvoir
réussir à remonter un tel défi.
Et,
d'autre part, pour faire le travail, il doit également s'assurer que, si on
veut partir de quelqu'un qui prend sa pelle pour aller dans sa swompe
versus quelqu'un qui chérit son milieu humide d'intérêt, la différence entre
les deux, la boîte noire entre les deux, là,
c'est l'information, la sensibilisation, et ça, ça se fait sur le terrain, avec
des organismes sur le terrain, et
donc permettre au ministère de pouvoir avoir les ressources nécessaires pour
pouvoir permettre de déléguer des rôles
aux organismes du milieu. Et là je parle des OBV, je parle des CRE, mais je
parle aussi de l'ensemble des organismes qui travaillent en
environnement. Et je vous invite à voir le site Internet du regroupement québécois
des groupes en environnement pour avoir des idées de qui on parle, qui agit directement
sur le terrain.
D'autre
part, je vais profiter de la tribune qui m'est offerte ce soir pour rappeler la
nécessité d'adopter rapidement, hein, la loi sur les milieux humides.
Ensuite, la recommandation
n° 3 à la page 12 quand on parle des principes d'internalisation des
coûts et les principes du pollueur-payeur. Donc, on voit d'un très bon oeil de
diversifier l'économie liée à l'eau — nous, on l'a vraiment par
rapport à l'eau — en
employant les trois t, donc taxes, transferts et tarification.
En
ce qui concerne les taxes, bien, la France a été très créative en ce qui
concerne les taxes. Donc, peut-être, si on peut réussir à se baser un petit
peu sur le modèle de la France pour réussir à faire que l'eau paie l'eau et
d'amener le principe du pollueur-payer,
comme la pollution de l'eau, la modernisation des systèmes d'égouts... On a des
taxes sur la pollution diffuse d'origine agricole, des taxes sur les
prélèvements, des taxes sur l'entreposage en période de pénurie d'eau, etc., donc ces différentes formes de taxes
qui peuvent faire en sorte de
diversifier l'économie par rapport à l'eau.
Ensuite
de ça, on a des transferts. Donc, que ce soit un pourcentage déterminé, par
exemple, de revenus qui nous viennent
d'Hydro-Québec ou encore un pourcentage du coût total d'un projet, donc, ce
sont des exemples de transferts.
Et,
en ce qui concerne la tarification, on a déjà les ICI, donc la redevance sur
les industries, le commerce et les institutions. Donc, bien, les
redevances devraient être augmentées parce que, présentement, c'est
2,8 millions, de mémoire, que les
redevances vont chercher, ce qui est largement insuffisant pour combler les
besoins. Donc, on est évidemment
d'accord avec le principe du pollueur-payeur, mais encore faut-il qu'il soit
joint avec des outils économiques parce
que le principe en soi, là, on l'a dans différents... Je pense que, dans la Loi
sur le développement durable de 2006, il est déjà là, mais comment
est-ce qu'on l'applique concrètement, ça reste encore à voir, là. Il manque un
petit peu d'outils économiques pour réussir à passer à la vitesse supérieure.
L'internalisation des
coûts. Donc, si on a bien saisi, il y a présentement 57 % seulement des
coûts qui sont internalisés. Donc, d'avoir une internalisation de 100 %
des coûts nous semble excessivement porteur.
La
recommandation 4, à la page 12, pour l'article 118.5, premier
alinéa, concernant les informations pour la demande d'autorisation. Donc, le
CQDE en a parlé largement, on partage leur point de vue pour une plus grande
disponibilité des informations dès la présentation de la demande. Donc, je n'en
parlerai pas plus.
La
recommandation 5, à la page 13, donc l'article 24 sur
l'autorisation ministérielle. Le CQDE en a également exposé les raisons qui justifient notre demande
que le ministre «doit s'assurer» plutôt que «prendre en considération».
Et les organismes de bassins versants vivent
avec «prendre en considération» dans l'article 14 de la Loi affirmant le
caractère collectif des ressources en eau
depuis maintenant sept ans, et la reddition de compte sur le «prendre en
considération» est extrêmement difficile. Donc, petit bémol.
Les recommandations 6, 9, et 10, que vous
avez aux pages 14, 15 et 16, donc, concernant la modulation en fonction du
risque environnemental. Donc, à 31.0.6, troisième paragraphe, l'article
mentionne que les dispositions du règlement peuvent varier en fonction de différents éléments, dont, entre
autres, le territoire concerné. Pour nous, quand on parle de territoire concerné, on parle du bassin
versant. Donc, c'est aussi la prise en compte des impacts cumulatifs et
la prise en compte de la capacité de support
des bassins versants. Donc, un exemple extrême, construire un «power
center» dans le bassin de la rivière
Lorette, à Québec, qui est déjà sursaturé, inondé, versus construire le même
«power center» dans un bassin vierge, ça n'a pas les mêmes effets.
Donc, ce qui
nous amène à faire que la modulation en fonction du type d'activités, c'est une
mécanique qui est intéressante, mais
elle est à double tranchant. D'un côté, c'est simple, c'est prédictible, donc
c'est facile à mettre en oeuvre, mais,
d'un autre côté, si on veut vraiment mesurer l'impact d'une activité, on a
absolument besoin de savoir dans quel milieu
elle va être implantée. Ce qui nous amène au comment réussir tout ça en ayant
pour objectif de faciliter la vie, là. Donc, évidemment, je vous dirige
vers les plans directeurs de l'eau des OBV, qui vous permettent de pouvoir
avoir des informations à cet effet.
• (19 h 40) •
La
recommandation 8, à la page 14, les attestations de conformité
municipales. Donc, on parle de l'obligation du promoteur d'obtenir une attestation de conformité à la réglementation
municipale, et, pour nous, ça nous semble essentiel. Ça a été retranché.
Et, pour reprendre les mots du ministre de ce matin... M. le ministre, vous
avez dit, en parlant de l'acceptabilité
sociale des projets, que, quand il n'y a pas d'information, vient la méfiance
et vient l'incompréhension. Donc,
pour nous, quand on met en place un projet, une procédure qui permet à un
promoteur de ne pas informer d'abord la municipalité, c'est le risque qu'on
risque de s'en... le risque qu'on risque... qui risque... voyons, le risque que
l'on court, pardon, à savoir méfiance
et incompréhension. Donc, on invite vraiment à garder la façon de faire actuelle, qui
pourrait être modulée d'une autre façon, mais d'abord informer la municipalité,
qui est le gouvernement de proximité.
Recommandation n° 11, à la page 16, le Fonds vert,
l'article 196, troisième alinéa. Donc, on a été évidemment très
contents de voir que la gouvernance de l'eau était inscrite nommément dans la
loi, ce qui nous pose par contre la question — puis on a plus de questions que de
commentaires sur celle-là — à savoir : Toutes les activités qui sont inscrites, là, est-ce qu'elles sont les activités qui
pourraient uniquement être financées? Donc là, le financement statutaire des
OBV, est-ce qu'on est en train de
l'accrocher à ça ou, au contraire, c'est plutôt une façon d'aller financer les
plans directeurs de l'eau? Alors, je
vous pose la question. Et, d'autre part, bien, ça nous amène aussi au fait que
les redevances actuelles, de toute façon, ne sont pas suffisantes pour
combler les besoins.
Donc,
diversification des sources de revenus. Et, encore une fois, je vais revenir
sur ce que vous avez dit ce matin, M.
le ministre. Vous avez parlé qu'on avait pour 700 millions de bouteilles
vides, de contenants, pour l'eau embouteillée annuellement en plastique et 200 millions de bouteilles de vin.
Alors, je vous fais un chiffre rond : à 0,05 $ — là je ne mets même pas 0,10 $ ou 0,20 $ — pour la bouteille de vin, on arrive à
45 millions. Je vous promets de pouvoir les dépenser
convenablement.
Donc, le principe qui est amené avec la
modernisation, donc le principe basé sur le risque, nous semble intéressant; basé sur la responsabilité des
individus, donc, ça aussi, ça nous semble intéressant. Donc, on passe à
quelque chose d'autre puis on pense que ça va avec l'air du temps.
Et je vais revenir tout simplement sur la
recommandation n° 7, à l'effet de déposer le règlement en même temps que pour l'étude détaillée. Donc, si c'était
possible, ça nous permettrait d'avoir une meilleure vue d'ensemble et à
vous également. Donc, je vous remercie pour votre écoute.
Le
Président (M. Hardy) : Merci, Mme Leclerc, pour votre
exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Leclerc — bonsoir, devrais-je dire — bonsoir, M. Raîche. Merci pour votre présentation. Comme toujours,
vous êtes parmi les championnes pour mettre le plus d'information
possible dans un 10 minutes. Je vous félicite, et donc je vous remercie
pour la présentation ainsi que le mémoire.
Sur votre
préoccupation concernant le projet de loi sur les milieux humides, parce que
j'ai eu la question plus tôt aujourd'hui, je tiens à ce que vous ayez
l'information. Notre stratégie, puis ça, on a joué livre ouvert dès le départ, lorsqu'on était à l'étude du projet de loi
n° 32, qui nous a donné un deux ans additionnel à l'époque pour
adopter un projet de loi sur les milieux humides, on l'a dit, notre
démarche, c'était, un, adopter un régime général d'autorisation environnementale, donc le projet de loi
n° 102, donc moderniser la Loi sur la qualité de l'environnement, et
ensuite avoir un régime spécifique sur les milieux humides. Alors, nous
suivons le plan de match.
Alors, nous
espérons, avec la collaboration des oppositions, pouvoir adopter rapidement le
projet de loi n° 102 et passer
tout de suite après au projet de loi sur les milieux humides. C'est ça, le plan
de match. Alors, dès que nous serons en mesure d'adopter 102, on passera
aux milieux humides. C'est ça, le menu législatif, là, que nous nous sommes
donné comme gouvernement. Et donc nous avons
pleinement l'intention de se doter d'un régime de milieux humides
moderne, efficace et en cohérence aussi avec
ce que 102 propose. Alors, il faut justement non seulement régler les
problématiques du régime actuel sur les
milieux humides, qui, on en convient toutes et tous, est loin d'être optimal,
le mot est faible... Et donc on va
justement, donc, un, établir le régime général avec 102 et, par la suite,
passer aux milieux humides pour vraiment précisément... mais, encore une
fois, ça va être un tout cohérent, une approche vraiment cohérente.
Sur ce, moi, je
vais vous remercier. Je vais laisser le député de Maskinongé, qui est également
adjoint parlementaire en matière
d'environnement, de développement durable et de lutte contre les changements
climatiques, poursuivre les échanges. Merci. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Hardy) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Maskinongé, à vous la parole.
M. Plante :
Merci beaucoup, M. le Président. Mme Leclerc, M. Raîche, bonsoir et
bienvenue.
Écoutez, on a pris
connaissance de votre mémoire et de vos propos. Écoutez, j'ai senti quand même
un grand enthousiasme suite au dépôt de la modification au niveau de la loi n° 102.
J'aimerais vous entendre parler un petit peu plus et un
petit peu plus en détail, mais pas
dans l'ensemble parce
que j'ai d'autres questions
puis je sais que cette question-là va vous passionner et va vous emmener plus
loin dans le débat, mais, je vous dirais, quand vous parlez du principe de l'eau paie l'eau, on a bien aimé ça,
et j'aimerais vous entendre un petit
peu élaborer là-dessus.
Vous l'avez fait brièvement dans votre présentation, mais j'aimerais beaucoup,
beaucoup que vous élaboriez.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc? M. Raîche?
M. Raîche
(Jean-Paul) : D'abord,
merci pour votre question. C'est qu'il est important, actuellement, si on veut absolument... Je vais être au niveau du principe
avant d'aller dans les détails parce qu'il y a eu des exemples qui ont été donnés au niveau du principe que l'eau paie
l'eau, c'est-à-dire qu'il est important que les actions qu'on va pouvoir
réaliser pour protéger l'eau, ça soit
financé par les différents acteurs du territoire et aussi, évidemment, par le
gouvernement, d'une certaine façon, indirectement, par des mesures qu'il prend.
Évidemment, on parlait de taxes, on prenait comme ça se fait à différents
endroits.
Elle n'a pas parlé
beaucoup des redevances, donc je vais parler des redevances, entre autres. Vous
savez, en France, il y a des redevances sur
les pesticides. Il y avait des redevances aussi sur l'imperméabilisation des
sols. Alors, si on imperméabilise, il
est important... sauf qu'on a constaté que c'était plus difficile à gérer, donc
on l'a retirée, celle-là. Oui, la France a constaté, après un certain
nombre d'années, que c'était difficile à gérer, d'aller chercher des redevances
sur l'imperméabilisation, parce que vous
comprendrez que le suivi n'est pas facile comme tel de voir s'il y a des
entreprises... les développements
immobiliers, etc., et le type d'asphalte qu'ils posent. Alors, ça, c'est plus difficile.
Mais il y a quand même des moyens,
actuellement, il y a des... il y aurait des... en tout cas, dans un contexte
autre que celui de ce soir, on pourrait
facilement échanger pour montrer qu'il y a moyen d'aller chercher des sommes
d'argent pour aider à réaliser des actions pas simplement par les
acteurs concernés, mais aussi par l'ensemble de la société.
Je donne un exemple.
Combien de fois j'ai entendu ici, à la commission parlementaire, les
agriculteurs ou les forestiers dire :
Oui, mais nous, si on fait des efforts, là, on veut être dédommagés pour les
efforts. Entre autres, ils disent : Si on ne peut plus utiliser un territoire en bande riveraine ou dans
l'espace de liberté d'un cours d'eau, bien, on y perd, donc on aimerait
être dédommagés. À ce moment-là, pour les dédommager, il faut qu'il y ait des
personnes qui soient capables de les dédommager, et vous comprendrez que, dans
ce contexte-là, quand qu'on dit que l'eau paie l'eau, ça implique aussi cette
ouverture-là.
M. Plante :
Je comprends bien, mais...
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Maskinongé.
M. Plante :
Merci, M. le Président. Excusez, je vous ai coupé. J'aimerais vous entendre
aussi au niveau du rôle et de la
volonté du ministère, par la loi n° 102, la volonté du gouvernement
de maximiser le rôle des gens au ministère, donc un rôle plus d'accompagnateur, pour suivre les dossiers et aussi pour
travailler avec tout promoteur. Puis je sais que vous êtes des gens, tant dans vos OBV respectifs, mais
aussi au ROBVQ, qui travaillent de concert et de près avec les gens du
ministère pour divers projets. Que ce soit de l'aménagement de berges ou que ce
soit de la restauration faunique dans certains
cas ou de la compensation faunique pour certains projets, vous avez affaire
souvent avec le ministère et, souvent, vous
avez soit fait face à des problématiques ou soit vous dites : Bien non, ça
fonctionne bien, puis, si on utilise la méthode copier-coller, là, donc un projet... parce que tantôt, cet après-midi,
des gens nous disaient : Mais, écoutez, il y a des projets que c'est tout le temps la même chose, ça fait
que, si on le fait à L'Ancienne-Lorette ou on le fait à Maskinongé, à
Trois-Rivières ou à Sherbrooke, bien, écoute, ce n'est pas compliqué, on fait
tout le temps la même affaire, donc on devrait autoriser. Je regarde votre visage, M. Raîche, et je comprends bien
que ce n'est pas ça. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus, sur le rôle de l'accompagnateur et sur
aussi est-ce que les projets peuvent se copier-coller de région en
région ou de bassin versant à bassin versant, pour vous faire plaisir.
Le Président
(M. Hardy) : M. Raîche.
• (19 h 50) •
M. Raîche
(Jean-Paul) : Oui, merci. Non, je ne pense pas qu'on puisse faire du
copier-coller, c'est souvent du cas par
cas, même sur un bassin versant. Vous savez, un organisme de bassin versant
travaille... je regarde, par exemple... Je m'excuse, je vais prendre le bassin de la Saint-François. D'ailleurs,
M. Hardy le connaît. Alors, sur le bassin de la rivière Saint-François, vous savez, vous avez
110 municipalités, combien d'associations forestières, d'agriculteurs, de
lacs, etc., mais, lorsqu'on rencontre
pour travailler sur un projet particulier sur un bassin versant qui est très
dégradé par rapport à un autre qui
l'est moins, c'est bien de valeur, on ne peut pas faire du copier-coller. Même
dans l'accompagnement, on ne peut pas
faire du copier-coller. Cependant, il y a
des moyens qu'on connaît qui ont été mis en place, et on sait que, dans
ce contexte-là, effectivement, ça serait quelque chose à suggérer, à conseiller, une action qui porterait fruit. Mais je ne
le sais pas ce que voulaient dire ceux qui
vous ont dit qu'on pouvait faire du copier-coller. Même dans la médiation, on
ne peut pas faire du copier-coller.
On peut cependant, dans la médiation, appliquer certains principes, je suis
d'accord, mais ce n'est pas possible de dire : C'est du
copier-coller. Non, c'est du cas par cas, ça demande de la ressource.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante : Merci. Puis, au niveau de l'accompagnement du
ministère, vous voyez d'un bon oeil, certainement, qu'on veuille
maximiser le rôle des gens qui vous accompagnent de plus en plus.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Effectivement,
c'est important, mais, en même temps, il faut comprendre que...
Vous savez, lorsqu'on travaille avec des petites municipalités, les petites municipalités
ont besoin d'aide, ils n'ont pas les compétences.
C'est malheureux, ils n'ont pas le personnel,
ça fait que pas de personnel, difficile d'avoir les compétences, là. Et souvent ils vont interpeler les organismes
de bassins versants pour leur aider quand il s'agit d'avoir de
l'information au départ puis, entre autres,
quels seraient les meilleurs moyens à mettre en place pour amener une solution
à un problème particulier. Et souvent
les gens du ministère... D'abord, on parlait de manque de ressources. Bien, les
gens du ministère, il faut être conscient qu'ils ont tellement de
travail à faire en contrôle ou à des éléments semblables qu'ils n'ont pas nécessairement le temps de faire de la
sensibilisation. Éducation, sensibilisation, ce genre de tâches là, les OBV le
font beaucoup, mais ce n'est pas...
Alors, il
faut travailler en partenariat avec les gens du ministère, mais, dans certains
cas, ce n'est même pas en partenariat
avec les gens du ministère, c'est avec le personnel des OBV quand il s'agit,
souvent, de la question de l'eau au niveau, je dis bien, des petites
municipalités en particulier.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante :
Oui, je suis totalement d'accord avec vous. Effectivement, soit le manque de
ressources ou parfois on sait que les
petites municipalités, ils ont une direction générale avec une adjointe
administrative, à peu près. J'ai ça beaucoup dans ma circonscription,
là, ça fait que je peux comprendre qu'ils font appel avec vous. Donc,
l'accompagnement est vu d'un bon oeil.
Autre chose
que j'aimerais vous demander, c'est votre avis sur le test climat ou le fait
que le ministère veuille instaurer un
test climat dans certains projets pour mieux orienter, mieux enligner.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Le Président (M. Hardy) :
M. Raîche.
M. Raîche (Jean-Paul) : Ça, c'est
vraiment le côté positif de ce projet de loi, qu'on intègre maintenant les
changements climatiques. Ça, c'est vraiment important. Je dirais qu'il faut le
voir aussi dans le sens d'adaptation. C'est
que les moyens qu'on doit mettre en place... C'est qu'il y a des projets puis
il y a des projets qui vont aller plus sur l'adaptation, en ce qui nous concerne, en particulier. Vous savez, quand
on regarde, par exemple, des conséquences des changements climatiques, essentiellement vous aller entendre parler de
l'eau, inondations, sécheresses, etc., puis des îlots de chaleur, donc santé. Et, nous, à ce moment-là, il
faut travailler dans le contexte de l'adaptation aux changements climatiques.
Alors, le
projet de loi, c'est vrai qu'il doit tenir compte des changements climatiques,
mais de voir si les moyens, les projets qui sont mis en place, de quelle
manière ils collaborent à cette adaptation-là, et, comme on le disait dans le mémoire aussi, de manière à ne pas faire à ce
qu'il y ait... On rend de plus en plus vulnérables les différents acteurs
du territoire, les différents citoyens du
territoire. Donc, regardons ça dans un contexte, je dis bien, d'adaptation, en
particulier quand il s'agit des projets. Là,
on parle toujours par rapport à l'eau. C'est sûr que, si on parlait au niveau
d'autres aspects des changements climatiques, on pourrait dire que, non,
ce n'est pas nécessairement l'adaptation, c'est la réduction, il y a des
projets de réduction, et effectivement, dans ce cadre-là, oui.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Maskinongé.
M. Plante :
Merci. Un petit peu dans le même lien, dans le mémoire, vous nous parlez et
vous nous demandez de prendre en
considération les plans directeurs de l'eau, bon, qui ont été faits par les
organismes de bassins versants au niveau de l'analyse des demandes d'autorisation. J'aimerais vous entendre un
petit peu plus en détail sur cette partie-là de votre mémoire, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Hardy) :
M. Raîche.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Oui, alors, je vais faire déjà, d'abord, un préalable
qui va revenir aux différents niveaux de
risque. Comme on le disait dans notre mémoire, établir une activité sur un
territoire donné... Puis d'ailleurs, en passant, vous avez un article qui est intéressant : le
ministre a la possibilité, en fonction de circonscrire un territoire, de
délimiter un territoire comme quoi on doit le protéger, ce
territoire-là, à cause de la capacité de support, différents éléments, là. Je
n'insisterai pas, mais c'est mentionné.
Mais
imaginez-vous que, si on prend, par exemple, l'espace de liberté d'un cours
d'eau, une activité forestière, possiblement,
ne devrait pas se réaliser justement parce que c'est dans un contexte d'espace
de liberté, mais elle peut se réaliser
ailleurs sur le bassin versant. Et donc c'est pour ça que je dis que c'est un
préalable. Au niveau du territoire, il est important de tenir compte, quand on va vouloir délivrer un certificat
d'autorisation, d'avoir l'information. Et même chose pour un certificat
de conformité, on devrait avoir une information. Et cette information de bassin
versant, à date, ce sont les organismes de bassins versants qui ont
l'information ou qui pensent dans un contexte de bassins versants.
C'est sûr que
le maire de Québec pense dans un contexte de bassins versants, ça, on en fait
l'éloge, mais ce n'est pas nécessairement...
Le contexte de la Communauté métropolitaine de Québec n'est pas le contexte de
toutes les municipalités du Québec, de tous les bassins versants du
Québec.
Ça
fait que, dans ce contexte-là, les organismes de bassins versants, qui ont
cette vision de bassins versants, ils l'ont
puis ils ont l'information, mais ils l'ont présentée dans leur plan directeur
de l'eau. Je ne dis pas qu'ils sont parfaits, ça devrait être complété, il va y avoir une évolution, mais il y a là déjà
des informations qui permettraient de dire : Ce projet-là, dans ce territoire-là, même une activité de type
coupes forestières, là, il faut absolument qu'il y ait un certificat
d'autorisation pour avoir la possibilité de faire un prélèvement forestier ou
peut-être il peut ne pas y en avoir, de prélèvement
forestier sur ce territoire-là. Puis je prends vraiment l'exemple de bassins
versants... c'est-à-dire d'espace de liberté d'un cours d'eau. Je pense
que tout le monde sait ce que je veux dire par espace de liberté, là, c'est
l'espace d'inondabilité et de mobilité d'un cours d'eau.
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup. Je suis certain que vous auriez aimé poser une autre question, M. le
député de Maskinongé, mais je dois passer la parole à l'opposition officielle.
M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, alors, merci beaucoup, M. le Président. Merci d'être ici au nom des
organismes de bassins versants. Je
suis d'une région où on est souvent en contact, évidemment, avec les organismes
de bassins versants, entre autres
considérant la présence de nombreux réservoirs, comme vous le savez, et ça
m'interpelle particulièrement. Alors, je veux vous remercier pour votre
mémoire.
J'aimerais ça
vous entendre davantage sur la question du pouvoir discrétionnaire. C'est
Mme Leclerc qui en a parlé tout
à l'heure en disant qu'il y avait un danger ou un risque avec l'apparition de
l'expression «prendre en considération», entre autres sur la question de la reddition de comptes. J'aimerais ça
que vous vous exprimiez un peu plus là-dessus parce que l'augmentation du nombre de pouvoirs
discrétionnaires est un sujet qui est apparu souvent à l'occasion des
auditions sur le projet de loi n° 102.
Alors, moi, je serais curieux de vous entendre, puis j'aime bien le lien — en tout cas, je pense que c'est la
première fois qu'on l'entend comme ça, là — sur la reddition de comptes.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Leclerc? M. Raîche?
M. Raîche (Jean-Paul) : Oui.
Nous, on faisait référence, entre autres, à la loi de l'eau...
M. Gaudreault : La loi?
M. Raîche
(Jean-Paul) : ...la loi de l'eau, bien, la... on va lui donner un nom
assez court. Dans la loi de l'eau, on dit bien que les organismes
gouvernementaux ainsi que les municipalités, MRC doivent prendre en
considération les PDE. Je dirais : Ça
ne se fait pas nécessairement. Puis, à l'époque que je... à la commission
parlementaire, nous, on avait dit :
Il faudrait qu'il y ait une reddition de comptes pour dire est-ce qu'on l'a
fait puis pourquoi on n'en a pas tenu compte, du plan directeur de
l'eau. On avait dit ça à l'époque, puis ça n'avait pas été retenu. On avait
suggéré ça. Et, vu sous cet angle-là, on
dit : C'est la même chose là. Le danger de garder «prendre en
considération», c'est que ça va être... Comment ça va être vraiment géré, cette prise en considération là? C'est un peu
plus faible qu'une obligation, jusqu'à un certain point, de tenir compte d'un certain nombre
d'éléments. Ça, pour nous, c'est un élément important dans ce contexte-là.
M. Gaudreault :
O.K. Bien, en fait, oui, c'est sûr que ça devient une possibilité plutôt qu'une
obligation. Alors, au point de
départ, c'est là qu'on embarque, finalement, dans cette idée de pouvoirs
discrétionnaires, et il y a sûrement moyen de le baliser. Alors, vous,
vous préférez maintenir carrément l'obligation au lieu de «prendre en
considération».
• (20 heures) •
M. Raîche
(Jean-Paul) : À ce niveau-là, oui, mais, en même temps, je
rappellerais, quand qu'on parle de pouvoir discrétionnaire... Vous savez, je ne sais pas si vous avez fait le
décompte, mais je me suis permis de le faire — avec les technologies de l'information, c'est facile — il y a 82 fois «par règlement» dans le projet
de loi. C'est beaucoup. Alors, autant
les énoncés sont très intéressants dans la loi... Il faut être conscients, là,
il y a des énoncés très intéressants, même au niveau de la capacité de support. Puis, en passant, «capacité de
support», il revient trois fois, puis «effets cumulatifs», il revient une fois, puis «bassins versants» revient
une fois. On se permet de faire des décomptes quand on fait une
recherche dans un projet de loi aussi dense.
Alors, les
orientations sont intéressantes, mais très souvent on nous dit «par règlement»,
«par règlement». Mais on ne le sait
pas exactement qu'est-ce qu'il va y avoir dans les règlements. On pense
qu'effectivement les règlements vont tenir compte de l'orientation, mais l'orientation, elle est définie en fonction
d'un pouvoir du ministre, que ça soit «prendre en considération» ou
«peut». Alors, on ne connaît pas ces règlements-là.
C'est pour
ça, d'ailleurs, je pense, que plusieurs groupes qui se sont présentés ici ont
dit : Bien, on aimerait bien les connaître,
les règlements, là, qu'ils soient déposés au moment de l'étude du projet de
loi, etc. Et on sait très bien qu'à date on s'est prononcés, nous, sur des règlements, mais le règlement, il est
déposé sur le site Internet, on réagit. Ça se passe un peu comme ça, puis on n'est pas toujours satisfait du
règlement, puis là on ne le sait pas, si ça va donner... si le
règlement...
Puis je donne
l'exemple, on parle de tenir compte de la capacité de support. Comment on va le
faire? On dit les effets cumulatifs.
Comment on va le faire? Mais, pour nous, sur un bassin versant, c'est très
important. Alors, vous voyez, c'est pour ça qu'on parle aussi de pouvoir
discrétionnaire.
M. Gaudreault :
Donc, je comprends que vous vous ajoutez à la liste des groupes, nombreux, qui
demandent d'obtenir à tout le moins les intentions réglementaires le plus
rapidement possible pour nous aiguiller, nous, les parlementaires, dans l'étude
détaillée qui va venir.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Par exemple, si... Je donne un exemple. Si, dans les
règlements, on indiquait qu'on va faire appel davantage au PDE puis on va faire
davantage appel aux OBV, bien, peut-être que cette orientation-là nous
plairait. Mais on ne la connaît pas. Exemple, dans la stratégie de protection
des sources d'eau potable, on fait référence aux OBV d'une manière assez
générale, mais on ne sait pas exactement quel rôle on aura à jouer dans cette
stratégie-là, vous comprenez? Ça fait que, s'il y avait des orientations plus
précises au niveau réglementaire, ça nous permettrait peut-être parfois d'être
encore plus heureux de ce projet de loi.
M. Gaudreault :
Mme Leclerc.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Oui. Si vous permettez que je complète, c'est la
recommandation n° 7. Donc, oui,
on fait la demande à l'effet de pouvoir voir les règlements. Ce n'est pas
seulement pour savoir si on peut être heureux, là, c'est aussi pour
pouvoir avoir un programme qui est plus global et qui est plus éclairé, en
fait.
Et, si je
reviens à l'autre question par rapport à la prise en considération, donc vous
parliez d'un processus, oui, un processus
pourrait baliser la prise en considération, effectivement. Et je reviendrai au
rapport du Vérificateur général qui l'a fait justement sur le «prendre en considération» dans la gouvernance de
l'eau au Québec. Ça date de février 2012 ou de...
M. Raîche (Jean-Paul) : Ça fait
trois ans, à peu près.
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Oui? O.K. À peu près trois ans, donc février 2012 ou
2013. Donc, le Vérificateur général
disait justement : Le «prendre en considération» n'est pas suivi puis il
n'est tellement pas balisé, qu'en fait c'est un vide complet. Donc, c'est pour ça qu'on dit : Bien, on fait
attention ici. Le «prendre en considération» peut aussi donner vers un
glissement où finalement il ne se passe rien.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Maintenant, sur la recommandation n° 3, je pense que plusieurs
s'intéressent à ça, là, la question
de l'internalisation des coûts. Vous nous faites... vous nous référez,
c'est-à-dire, au modèle européen des trois t : taxes, tarifs, transferts. Bon, vous en avez parlé
un peu tantôt, mais moi, j'aimerais en savoir un petit peu plus,
justement, sur l'application en Europe, sur le modèle précis dont vous voulez
vous inspirer, là, et qui vient du modèle européen.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Merci. Donc, c'est basé sur le principe que l'eau
paie l'eau, comme, tout à l'heure, Jean-Paul le mentionnait. Donc, c'est
pour couvrir les coûts associés aux services d'eau et d'assainissement.
Donc, on
dit : Il y a un coût à avoir de l'eau au robinet, là. Ça ne se fait pas
gratuitement, là, ça ne tombe pas des airs. Donc, il y a un coût, et,
pour faire en sorte de bien internaliser l'ensemble des coûts reliés à cet
élément-là en particulier, là, donc on
utilise les taxes, donc, et les transferts, donc c'est des subventions, donc,
qui font souvent référence à l'aide
au développement, donc contribution caritative volontaire, des fonds publics,
etc. puis à la tarification. Donc là, on est plus dans les redevances.
Donc, les
trois t, c'est ce qui permet de procurer un flux de trésorerie pour compléter
le déficit de financement. Donc, présentement,
si on regarde le coût associé, par exemple, j'habite dans une maison, j'ai une
taxe liée à l'habitation, là, qui est
une taxe d'eau, là, donc on va le mettre clairement comme ça, là, qui est un
très faible montant, ce montant-là, même cumulé avec l'ensemble des
habitants de la ville, ce n'est pas vrai que ça comble le coût réel de
l'approvisionnement en eau potable.
Donc, c'est
de cette façon-là qu'on utilise les trois outils, à savoir les taxes, les
transferts et la tarification, pour faire en sorte de combler la totalité de l'enveloppe qui est nécessaire pour
pouvoir procurer l'eau. Donc, c'est le... si on donne... Puis là je peux
laisser Jean-Paul pour donner des exemples concrets par rapport à ce qui se
fait en Europe, mais, si on y va, là, théoriquement, là, dans les notions, là,
c'est là où on en est.
M. Gaudreault : Oui, sur les...
Des exemples concrets, peut-être? Quels pays précisément en Europe?
Le Président (M. Hardy) :
M. Raîche, en 12 secondes.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Oui. C'est
assez difficile de vous donner des exemples concrets, là, au sens... Je ne
sais pas ce que vous entendez par cela. Mais
je donnais un exemple sur les pesticides, par exemple, et c'est très
concret. C'est qu'en fonction de
l'achat des pesticides, de l'épandage de pesticides, il y a
des redevances, puis les sommes d'argent
qui sont recueillies dans l'ensemble de l'OPO...
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Je suis obligé de terminer ça là. Maintenant, je cède la parole
au deuxième groupe d'opposition. M. le député de Masson, à vous la parole.
M. Lemay : Merci,
M. le Président. Bien, ça
m'intéressait de savoir la réponse. Vous pouvez poursuivre. Allez-y.
Le
Président (M. Hardy) : M. Raîche.
M. Raîche
(Jean-Paul) : C'est qu'avec
les sommes d'argent qui sont accumulées avec tous ces éléments-là,
bien, ça permet évidemment
de gérer d'une manière — c'est très français — de gérer par bassins versants, et donc
d'avoir des agences de l'eau qui reçoivent des sommes d'argent, des
millions, là, puis qui peuvent redistribuer cela en fonction des besoins, et,
entre autres, il y a une partie qui est remise aux organismes de bassins
versants.
Puis les organismes
de bassin... Il faut faire attention en France, quand même, quand on donne
l'exemple, là. Il n'y a pas 40 organismes de bassins versants en France, hein,
il y en a sept, qui couvrent des grands territoires. Puis cependant il y a des commissions locales de l'eau,
qu'on appelle, c'est-à-dire qui s'occupent d'un territoire plus petit
puis qui doivent faire l'équivalent de nos plans directeurs de l'eau, mais ils
ont des pouvoirs beaucoup plus accrus que les organismes de bassins versants du
Québec.
Donc,
il n'y a pas une comparaison, là, aussi simple à faire. Cependant, le fait
d'avoir des sommes d'argent qui sont reliées à l'eau de différentes
façons, qui sont remises à des agences de l'eau par territoire — il y
en a sept aussi — ça
permet ensuite de s'entendre... C'est une
espèce de parlement de redistribution de ces sommes d'argent là en
fonction des acteurs puis des besoins, puis ça, c'est autant au secteur
municipal, là, qu'au secteur agricole, etc. Donc, c'est une autre approche.
Nous,
on ne veut pas nécessairement aller dans cette approche-là, mais ce qu'on veut
cependant, c'est qu'il y ait des prélèvements
de différentes façons pour qu'on ait les moyens de réaliser des actions qui
vont permettre de protéger l'eau et d'améliorer la situation de l'eau au
Québec.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay :
Merci pour cet éclaircissement. J'aimerais vous amener à votre recommandation
8, en ce qui concerne les
attestations de conformité à la réglementation municipale. Puis vous mentionnez
dans votre mémoire qu'il y aurait d'autres
avenues qui pourraient être envisagées afin d'accélérer les procédures pour les
promoteurs que celle, en fait, qui est prévue là présentement, d'enlever
l'attestation de conformité de la ville, là. Dans le fond, les autres avenues,
là, ça serait lesquelles?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : Oui. Donc, il pourrait... d'abord, de baliser les
délais, donc à savoir... ça pourrait être
pour l'obtention au prochain conseil municipal comme ça pourrait être aussi une
lettre du secrétaire-trésorier plutôt que de fonctionner par résolution du conseil municipal. Puis encore il y a
des gens qui ont amené l'idée d'avoir un avis du MDDELCC qui est envoyé à la municipalité. Donc, c'est un moindre mal, même si c'est la proposition qui nous semble la moins intéressante, parce que, là, on ne sait pas... le promoteur qui va voir
son gouvernement de proximité, mais au moins la municipalité
est informée avant que la démarche a été prise puis avant que le CA a été
obtenu. Donc, ça pourrait être d'autres façons de faire en sorte de baliser
cette information-là auprès de la municipalité.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Masson.
M. Lemay : Très intéressant. Merci pour cette précision. Si on y va avec le Fonds vert,
avec votre recommandation n° 11, là, dans le fond, vous nous
mentionnez, là, qu'effectivement le programme de redevances est grandement
insuffisant en ce qui concerne l'eau. Et puis, dans le fond, c'est quoi qu'on
a comme impacts puis symptômes, là, reliés au manque de fonds, puis ça
serait quoi, un estimé nécessaire en termes de dollars?
Mme Leclerc
(Marie-Claude) : J'ai combien de temps, M. le Président?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Leclerc, il vous reste deux minutes.
M. Lemay :
Il reste deux minutes.
Le Président
(M. Hardy) : M. Raîche?
M. Raîche
(Jean-Paul) : Ça dépend. Si on regarde au niveau des organismes de
bassins, pour qu'ils puissent remplir leur
mission, c'est un élément, puis, par
rapport au plan directeur de l'eau,
c'est un autre élément. Et, en plus de ça, c'est qu'au niveau du Fonds
vert on sait qu'il n'y a pas assez d'argent. C'est les TCR, actuellement, qui
reçoivent ça, puis Ouranos. Puis, en
plus de ça, on rajoute toute la sensibilisation, etc., dans l'article de loi,
article qui est repris, d'ailleurs, dans l'autre fonds qu'on crée. Et il
se fait qu'on pense qu'il n'y aura pas assez de sommes d'argent accumulées.
Une voix :
...
• (20 h 10) •
M. Raîche
(Jean-Paul) : À peu près 15 millions, mais ça, je n'ose pas trop
m'avancer. On dit, nous, à peu près 15 millions, mais ça dépend
pourquoi. Si c'est pour de la sensibilisation, on a besoin... Imaginez-vous,
125 000 $, là, pensez-y une minute, là, un OBV reçoit 125 000 $. Il ne faut
pas réfléchir longtemps pour se rendre compte, avec un bassin versant de combien de kilomètres carrés, là... Là,
je vais m'emporter un peu, mais je
vais quand même y aller. Avec, comme je
vous disais, 100 quelques municipalités, comme sur la Saint-François, vous avez une
quantité incroyable d'associations de
riverains. Puis même les associations de riverains n'existaient pas. On leur a
permis de se créer. Vous avez ensuite la quantité incroyable
d'associations forestières, d'associations agricoles. Il y a trois régions
administratives sur la Saint-François, il y a 15 MRC.
Imaginez-vous,
moi, depuis que je suis là, ça fait 15 ans, je ne peux pas réclamer mes... je
vais le dire, je ne peux pas réclamer mes dépenses que je fais en tant
que président parce que je serais obligé de mettre mon personnel à pied. Ça fait que, écoutez, ça fait que, juste à ce
niveau-là, il faudrait au moins doubler le montant. Je m'étais battu à l'époque
pour que la ministre Beauchamp augmente de
65 000 $ à 125 000 $. Ça s'est fait, puis on avait doublé.
Mais là, je pense, il est temps qu'on pense à utiliser les OBV pour
leurs qualités, leurs compétences et qu'on les finance adéquatement.
Ensuite,
il y a tout le financement qui vient des PDE, et ça, pour réaliser des
actions. Actuellement, la majorité des OBV
font appel à des programmes, et l'exemple chez nous, le COGESAF, sa directrice générale est à quatre jours-semaine
parce que je ne peux pas la payer à cinq
jours. Mes deux employés sont payés... ils devaient passer à quatre jours-semaine
parce qu'on ne réussit pas à aller chercher
le financement au niveau de ce qu'on doit faire, au niveau de la
sensibilisation.
Ça
fait que, écoutez, quand vous me parlez de montant, moi, je pense qu'on doit au
moins doubler le montant juste pour la mission des OBV, donc passer de
cinq à 10 millions, puis ensuite ça prend des programmes, programme de
cartographie des milieux humides, etc.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Merci beaucoup,
M. Raîche. Je suis obligé de vous interrompre. Donc là, je cède la
parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour trois minutes.
Mme Massé :
Oui. C'est vrai qu'on pourrait en jaser longtemps, mais je vais revenir sur le
projet de loi n° 102. Vous avez
dit que, dans le fond, le plan directeur de l'eau pouvait être un outil
essentiel pour l'autorisation des certificats et vous avez parlé aussi de la capacité de support d'un bassin versant.
J'aimerais ça que vous m'en parliez un peu plus, ce lien là entre le
plan directeur et la capacité de support.
Le Président
(M. Hardy) : M. Raîche.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Dans les plans directeurs de l'eau, il y a de
l'information qui peut être utilisée pour un bassin versant. Par exemple, on sait qu'un bassin est plus dégradé qu'un
autre, avec les connaissances qu'on a de ce bassin versant, avec le suivi qu'on fait au niveau de la
qualité de l'eau. Donc, ce bassin versant là, étant donné qu'il est
dégradé, bien, il y a certaines activités...
puis ici, là, je prends «capacité de support» dans ce sens aussi large que ça.
On sait que, pour ce bassin versant
là, il y a certaines activités qui demanderaient d'être surveillées davantage,
qui devraient se réaliser dans un autre contexte, et, en même temps, on
sait qu'une activité qui se réalise à un endroit du bassin versant, même si, en
apparence, il est inoffensif, mais
l'accumulation de toutes ces actions-là font qu'il y a une conséquence.
Écoutez, on le sait très bien, juste le déversement sur la rivière
Chaudière, puis on a vu les contacts que ça a eus même pour Lévis, les effets
que ça a eus même pour Lévis... Et ça, on parle juste d'une situation
particulière.
Alors,
si vous prenez un bassin versant, quel qu'il soit, les PDE ont l'avantage de
présenter l'information sur la situation
de chacun des bassins versants parce qu'en passant un bassin versant, là, c'est
de différents ordres. On peut prendre le
bassin de la Saint-François, mais il y a des niveaux, un, deux, trois, quatre,
cinq, là, puis parfois c'est un bassin versant qui préoccupe les gens
sur ce territoire-là qui est très dégradé, mais pas le bassin de la
Saint-François en général.
Le Président
(M. Hardy) : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé :
Donc, il faudrait, à quelque part, inscrire le PDE à l'intérieur comme critère.
C'est un peu ça que vous nous dites.
M. Raîche
(Jean-Paul) : Qu'on le prenne en considération, c'est peut-être très
large, mais qu'on le prenne en
considération. Et, quand il n'y a pas l'information précise dans les PDE, on a
l'information sur la qualité de l'eau, au moins qu'on consulte le
personnel, les PDE pour voir l'impact que pourra avoir une action.
D'ailleurs,
dans la stratégie de protection des sources d'eau potable, on sait très bien
que, pour protéger une source d'eau
potable, on peut commencer par une situation immédiate, mais qu'on est obligé de regarder
aussi les activités qui se réalisent
sur l'ensemble du bassin versant pour savoir si ça n'aurait pas des
conséquences. C'est le même principe. C'est exactement le même principe.
Et c'est l'OBV qui, normalement, même s'il ne l'a pas mis dans son PDE, en
termes d'information, pourrait peut-être donner l'information adéquate.
Le Président
(M. Hardy) : C'est déjà terminé. Je vous remercie pour votre
contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les
travaux quelques instants afin de permettre aux représentants du Regroupement
Vigilance Hydrocarbures Québec de prendre place.
(Suspension de la séance à
20 h 15)
(Reprise
à 20 h 17)
Le Président
(M. Hardy) : Nous reprenons nos travaux. Je souhaite la bienvenue
aux représentants du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec. Je vous demande de bien vouloir vous présenter ainsi que les
personnes qui vous accompagnent. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. La parole est à vous.
Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec (RVHQ)
Mme Dupuis
(Carole) : Merci beaucoup. Merci de nous recevoir ce soir. Bonsoir,
tout le monde. Je suis Carole Dupuis,
coordonnatrice générale et porte-parole du Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec. Jacques Tétreault, coordonnateur
général adjoint.
10 minutes,
16 recommandations. On va passer très, très vite, mais je
voudrais quand même vous présenter un tout petit peu ce que c'est,
le regroupement, et ce que ça signifie. Le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec compte
130 comités citoyens au Québec. Il est né au tournant de la décennie sous un autre
nom, de la lutte contre les gaz de schiste au Québec. Actuellement, il y
a plusieurs nouveaux comités citoyens qui ont été créés au Québec en lien avec les oléoducs, en lien avec le transport
ferroviaire de pétrole, en lien avec le trafic maritime aussi de pétrole, et
ces groupes-là ont rejoint... la
plupart d'entre eux ont rejoint le regroupement. Donc, c'est un groupe dont le dénominateur
commun est de regrouper des comités
locaux qui sont aux prises avec un ou plusieurs projets majeurs d'hydrocarbures sur son territoire.
On tient à spécifier
qu'on parle souvent de nous comme étant des écologistes. Et c'est vrai que la
plupart des membres des comités citoyens ont des fortes valeurs écologistes,
mais ce n'est pas la caractéristique première. La caractéristique première, c'est qu'on est des citoyens des territoires
touchés et qu'on est issus de la base. Le regroupement est un regroupement sans hiérarchie. Chaque groupe
a son autonomie, chaque groupe est indépendant, et ce n'est pas une
organisation qui fonctionne de manière monolithique.
L'autre
aspect important, c'est qu'on pense parfois que c'est «pas dans ma cour»,
vu que c'est des comités citoyens qui
sont touchés par les projets. Alors, je veux vous dire que nos 130 comités
ou un grand nombre d'entre eux, en tout cas, participent très étroitement à la vie du regroupement. Il y a toutes
sortes de gens. On n'est pas des gens... on n'est pas un seul type de
personnes. Il y a absolument tout l'échantillon de la société dans nos
mouvements, et on parle beaucoup. Il y a des
scientifiques, il y a des juristes, il y a des gens d'affaires, il y a des
communicateurs, il y a des gens de politique. Il y a des gens de toutes
les sphères et il y a un échange d'information, il y a une base de connaissance
très profonde.
Et
je vous dirais qu'on maîtrise le dossier des hydrocarbures... je n'ose pas dire
comme personne, mais peut-être qu'on
peut dire ça. Vraiment, il y a une très, très grande maîtrise, et ce qui fait
qu'on comprend que tous ces projets-là sont liés et que ce n'est
pas : Moi, je ne veux pas telle petite chose dans ma cour. C'est tout le
modèle économique qui est derrière ça qu'on
remet en question et c'est tout le projet qu'on remet en question globalement.
Alors, on n'est pas du tout dans cette dynamique-là.
• (20 h 20) •
Je
voudrais vous préciser aussi le contexte de notre présentation. On est très,
très heureux de pouvoir s'exprimer ce soir,
de rencontrer les parlementaires et de pouvoir un peu exprimer notre point de
vue. On est beaucoup... On est vraiment dans le secteur des
hydrocarbures. Donc, ce qu'on va vous communiquer ce soir, vous allez avoir le
mandat de le transposer, d'en tirer des
généralités, si vous croyez que c'est opportun. Nous, c'est sous ce prisme-là
qu'on le regarde, et on va parler, à l'occasion,
d'un autre ministère parce
que le dossier des hydrocarbures
s'est beaucoup passé au ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles depuis un an ou deux. Donc, c'est de là qu'on
tire beaucoup nos expériences récentes. Ce n'est pas pour créer de la concurrence ou pour
parler d'un autre ministère, mais c'est ça, notre expérience. Donc,
voilà.
On
veut vous dire aussi qu'on n'est pas des spécialistes de la Loi sur la qualité de l'environnement. Donc, on va vous parler plus de généralités et dans l'espoir que ça va quand même
alimenter les parlementaires et leurs équipes pour enrichir ce projet de
loi là qui est l'étude.
Donc,
je commence avec les recommandations. La première, on comprend bien l'objectif
d'efficacité, on y souscrit entièrement.
Par contre, on est vraiment perplexes de penser, à ce moment-ci où le réchauffement climatique s'accélère, où les écosystèmes
sont fragilisés et où il y a une multiplication des projets très, très
importants, majeurs, qui menacent l'environnement, les projets d'hydrocarbures, de voir que les
impératifs d'efficacité et de faciliter la vie des promoteurs semblent être vraiment l'orientation de base qui motive cette démarche-ci. Donc, c'est une remarque
générale, qui ne se veut pas méchante, mais qui est quand même une mise
en garde.
La
deuxième recommandation, elle est vraiment importante, on
souhaiterait que la loi officialise le caractère de bien public de l'eau et de l'air et qu'elle renforce le
rôle de gardien de l'environnement qui revient à l'État. On a l'impression
que, de plus en plus, le secteur privé a accès, puis ce n'est pas une
impression, c'est des faits, obtient un accès à l'eau en particulier, si on parle des projets d'hydrocarbures, qu'on parle de
la fracturation hydraulique et de ces choses-là pour la nappe phréatique ou qu'on parle du fleuve
Saint-Laurent, et des cours d'eau, et tout, si on parle des oléoducs. Donc,
l'eau, c'est un bien collectif, c'est une
évidence, mais ça ne transparaît pas nécessairement dans les décisions gouvernementales à ce
moment-ci, et on pense que la Loi sur la qualité de l'environnement serait le
lieu pour préciser cette chose-là.
Troisième point, que
la loi oblige la tenue de débats de société préalables à l'évolution des
projets. Ce qu'on constate, c'est que, quand
les consultations publiques ressemblent à des dialogues de sourds, c'est parce qu'on ne s'est pas entendus, c'est parce qu'il n'y a pas eu de
débat préalable par rapport aux modèles sous-jacents dont je vous
parlais tout à l'heure. Donc, ce qu'on
souhaiterait, c'est que la loi structure l'évolution des dossiers, l'évolution
des évaluations et des consultations de manière à ce que les débats de
société se produisent avant et non pas après que les projets sont sur la table,
finalement.
Quatrième point, que la loi inclue des
cibles contraignantes de consommation d'énergie jusqu'en 2050, que ces
cibles soient cohérentes avec les cibles de réduction des émissions de GES au
Québec. Je pense que ça parle de soi. Le
gouvernement a pris des engagements par rapport aux émissions de gaz à effet de
serre, ces engagements ne seront pas tenus,
à moins qu'il y ait des virages importants dans la consommation d'énergie et
dans la non-consommation d'énergie aussi. On parle de mégawatts. Deux
minutes?
Que
les évaluations se fondent sur un scénario de réussite de l'Accord de Paris et
intègrent obligatoirement le coût social
des GES. Le CQDE vous a parlé de ce point-là, c'est important. Le gouvernement
fédéral a adhéré à des coûts par rapport
à chaque tonne de chaque gaz à effet de serre. On pense que c'est un modèle
qui, s'il est intégré, va beaucoup, beaucoup augmenter la prévisibilité
des évaluations et des projets.
Je
voudrais passer vraiment vite. Que les évaluations tiennent compte du potentiel
de réchauffement planétaire des divers
GES et que le Fonds vert ne serve pas à financer le remplacement d'une énergie
fossile par une autre, c'est-à-dire le gaz
naturel fossile, dont le potentiel de réchauffement planétaire est reconnu
comme étant au moins égal à celui du pétrole. C'est un facteur qui
scandalise terriblement les citoyens, cette utilisation du Fonds vert.
Que
tout projet lié aux hydrocarbures fasse partie d'emblée des activités à risque
élevé soumises aux procédures d'évaluation
et d'examen. On craint beaucoup que certains de ces projets-là puissent passer
dans la catégorie «exemption», ou
«décret ministériel», ou n'importe quelle de ces prodécures-là accélérées. Le
Québec est engagé dans une démarche pour combattre les GES, et aucun de
ces projets-là ne devrait être accepté facilement sans étude.
Que
le BAPE soit le seul organisme de consultation du public, que son rôle ne soit pas dénaturé et qu'il
coordonne toutes les étapes des évaluations environnementales stratégiques. On a vécu une expérience que je qualifierais de
désastreuse avec les évaluations environnementales stratégiques qui ont été menées sur la filière des hydrocarbures au cours de la dernière
année. On pense que ça prend un organisme indépendant pour cadrer ces démarches-là d'une
manière neutre et indépendante, pour que les
options zéro soient prises en considération, pour que les solutions de rechange
soient prises en considération, pour que les
coûts d'opportunité par rapport aux autres filières qui peuvent être étudiées
soient pris en considération aussi. C'est un point qui est réellement majeur.
Et je suis rendue à
la moitié des recommandations. Je pense que...
Le Président
(M. Hardy) : Il vous reste une minute.
Mme Dupuis
(Carole) : Il me reste une minute. Que tous les Québécois conservent
le droit de participer à la prise de
décision. L'idée des consultations ciblées et certains autres indices dans le
projet de loi nous font craindre qu'on se dirige vers des consultations à l'échelle d'une très petite
collectivité, alors que la question des GES, encore là, est une question
planétaire, que nos premiers ministres vont sur la scène internationale pour
parler de ça. On ne pense pas que c'est à des petites collectivités minuscules,
on pense que c'est à tous les Québécois à prendre les décisions dans ce
domaine-là.
Que
les projets de transport et d'aménagement du territoire ainsi que les projets
commerciaux soient assujettis aux évaluations environnementales, ça se
comprend bien, je crois. Statu quo, solutions de rechange, je l'ai mentionné...
Que
le palier municipal puisse imposer des règles plus sévères que les règles
provinciales et que les certificats de conformité
à la réglementation municipale demeurent obligatoires. Dans le premier cas, on
pense en particulier au RPEP. C'est
essentiel que les municipalités puissent imposer des distances séparatrices,
entre les puits de forage et les réserves d'eau potable, supérieures à
ce que le règlement provincial exige, si elles le jugent bon. Et je m'arrête.
Le Président
(M. Hardy) : Je vous remercie, Mme Dupuis, pour votre
exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonsoir, madame, monsieur. Merci pour votre
présentation ainsi que votre mémoire.
À la page 10 de votre
mémoire, vous nous recommandez que les évaluations tiennent compte du potentiel
de réchauffement planétaire des divers GES
dans une optique de cycle de vie complet, sur la base des recherches les
plus récentes, et que le Fonds vert ne serve jamais à financer le remplacement
des énergies fossiles par le gaz naturel.
Je vous réfère, bon,
à la disposition préliminaire du projet de loi, qui est une disposition
habituellement interprétative, qui vise à,
disons, donner un éclairage sur comment l'ensemble de la loi doit être
interprétée. Alors, je cite : «Elles
favorisent le respect des principes de développement durable et la réduction
des émissions de gaz à effet de serre et permettent de considérer l'évolution des connaissances et des
technologies, les enjeux liés aux changements climatiques ainsi que les
réalités des territoires et des collectivités qui les habitent.»
Là,
je ne citerai pas tous les articles, mais, quand on regarde au niveau des
propositions du projet de loi sur les évaluations environnementales, on
voit que les articles 24, les nouveaux articles 24, 25, 31.9b.1 comportent tous
des dispositions qui disent très clairement qu'il faut tenir compte de la lutte
contre les changements climatiques ou gaz à effet de serre, bon, dans
l'évaluation environnementale, puis c'est l'établissement du test climat.
Alors, je me demande
comment vous interprétez cette disposition-là à la lumière de votre
recommandation. J'aimerais ça mieux
comprendre, voir si c'est réconciliable et, si ce ne l'est pas, bien, ce que
vous recommandez, qu'est-ce que spécifiquement... Je comprends les
orientations générales, mais, dans le cadre d'un projet de loi, ce qui nous
aide beaucoup, c'est de voir quel genre de
libellé ou quel genre de disposition vous voudriez voir, si ces dispositions-là
ne sont pas suffisantes. Mais surtout, d'abord, expliquez pourquoi elles
ne seraient pas suffisantes, selon vous.
• (20 h 30) •
Le Président (M. Hardy) : Mme Dupuis.
Mme Dupuis (Carole) :
Bien, comme je vous expliquais tout à l'heure, on n'est pas des spécialistes de
la loi sur l'environnement, dans le libellé très pointu comme tel, là.
Donc, on n'a pas cette prétention-là.
Ce
qu'on constate actuellement, c'est un discours, qui est très omniprésent, là,
ce n'est pas quelques occurrences, là,
au niveau du gouvernement en général, comme quoi le gaz naturel — et, par définition, au moment où on se
parle, quand on parle de gaz naturel, on
parle de gaz naturel fossile dans une proportion presque à 100 %, on
s'entend qu'il n'y a pas tellement de
biogaz, là — c'est un
gain environnemental, qu'on prend des décisions par rapport à l'allocation du
Fonds vert, mais d'autres décisions aussi qui ont leur importance, sur la base
du fait que le gaz naturel émet moins de carbone au moment de la combustion — ce n'est pas exprimé comme ça, mais c'est ça
que ça veut dire — que,
comme le gaz naturel, au moment de la combustion, offre un gain de
25 % à 30 %, plus ou moins, par rapport au pétrole et au mazout, on
vient de faire un gain au niveau des GES.
Alors,
on ne tient pas compte des émanations fugitives. On ne tient pas compte du fait
que, quand une tonne de méthane
s'échappe, que ce soit au moment de la fabrication, de l'extraction du gaz ou
du pétrole, mais, en tout cas, du gaz, que
ce soit au moment du transport, que ce soit au moment de la consommation ou
après l'abandon des puits, qui est une problématique
majeure, ce n'est pas quantifié. À ma connaissance, je ne crois pas que ce soit
quantifié, mais on sait que ça n'en
prend vraiment pas beaucoup, de tonnes. Quand on compare le coût carbone, dont
je n'ai pas eu le temps de parler vraiment,
de mémoire, le coût carbone d'une tonne de CO2 est à 160 $, je
crois, alors que le coût carbone d'une tonne de méthane est à 1 000 $, là. J'espère que je me cite bien, mais
c'est de cet ordre-là. Donc, ça n'en prend pas beaucoup, de tonnes de
méthane qui s'échappent dans l'atmosphère pour détruire tous les gains qui ont
pu être faits au moment de la combustion.
Donc,
si la loi, telle que libellée, empêche que ce genre de raisonnement là soit
fait, si la loi permet vraiment que le cycle
complet, y compris les émanations fugitives, soit pris en compte, c'est
satisfaisant. Si ce ne l'est pas, ce serait quelque chose à renforcer,
absolument.
M. Heurtel :
Merci.
Le Président
(M. Hardy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole
au député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Bonsoir, madame. Bonsoir, monsieur. Je voudrais tout
d'abord savoir : Vos 130 organismes ou groupes, ils se financent
comment?
Mme Dupuis
(Carole) : Ils se financent bénévolement. Il n'y a aucune...
C'est-à-dire qu'il y a un peu de dons, là, il y a un budget de quelques milliers de dollars par année, tout le monde
travaille bénévolement. La plupart des... bien, tous les comités fonctionnent, paient leurs frais de
déplacement, et tout. Il y a quelques remboursements de frais de déplacement
pour des conférenciers, des gens comme ça qui ont vraiment des dépenses
exceptionnelles, là. Et voilà, c'est comme ça. Il y a des petites activités de
financement.
M. Bolduc : O.K. Donc, c'est un groupe de personnes intéressées et
motivées à travailler sur, vraiment, le projet.
Mme Dupuis
(Carole) : Exactement.
M. Bolduc : Comment vous êtes arrivés au coût social d'une
tonne de CO2 à 41 $?
Je comprends que le méthane est 25 fois, là, mais comment vous êtes
arrivés à ce chiffre-là?
Mme Dupuis
(Carole) : Ce n'est pas moi du tout, ça n'émane pas du tout de nous,
ça. C'est le gouvernement américain
qui a fait faire des études, le gouvernement américain qui a fait évaluer les différents
gaz à effet de serre dans l'optique
d'être capable d'appuyer sa réglementation visant à diminuer les gaz à effet de
serre. Donc, si on impose une mesure qui coûte x, est-ce qu'on le
regagne, finalement, en termes de dommages épargnés, d'accord? C'était ça, le
raisonnement.
Le gouvernement
canadien, le ministère — vous
avez toutes les références — du
Développement durable du Canada... ce n'est
pas le développement durable, Environnement et Changement climatique, a accepté
cette norme-là, a dit : O.K., il
faut l'accepter. Tout le monde est d'accord que c'est imparfait, que ça va
changer, que ça va évoluer avec le temps.
C'est basé sur des modèles scientifiques très complexes, évidemment, sur les
changements climatiques. C'est des chiffres qui augmentent. Si vous
regardez le tableau, si vous allez voir sur le site d'Environnement et
Changement climatique, vous voyez qu'en 2050
ça va coûter beaucoup plus cher que maintenant. Et ce que ça dit, c'est que,
chaque fois qu'on émet une tonne de CO2 — là, j'aimerais bien
avoir le chiffre sous les yeux — ça va coûter en dommages, coût estimation
centrale, c'est-à-dire une moyenne, à peu près 167 $. Est-ce que c'est ça?
M. Tétreault
(Jacques) : ...
Mme Dupuis
(Carole) : Et, dans un cas extrême où on tient compte d'un emballement
climatique, des catastrophes absolument
exceptionnelles, qui ne sont pas exclues, bien là on arrive à un chiffre
beaucoup plus élevé. Et le gouvernement du Canada, le ministère recommande maintenant d'évaluer ces projets de
réglementation de la même manière. C'est adopté par le gouvernement du
Canada.
Et ce qu'on
dit, nous, c'est que le Québec pourrait vraiment être un leader en disant : On adhère à cette
norme-là. De la même manière que le Québec
et le Canada adhèrent aux normes du GIEC, qui dit : Le
facteur de réchauffement planétaire, justement, du méthane est ceci, le facteur du carbone est
cela, bon, etc., c'est en train de devenir des normes internationales,
et ce sera une façon de quantifier quand un projet est présenté. C'est une
façon qui est probablement conservatrice à
ce moment-ci, mais qui permettrait au moins de dire : O.K., ce
projet-là va nous rapporter ceci et va nous coûter cela. Ça donne quoi
quand on compare les deux?
M. Bolduc : Est-ce que ce n'est
pas un faux chiffre? Puis je vous donne un exemple. Est-ce que vous avez déjà
acheté un produit fait en Chine? Ils produisent 10 milliards de tonnes de
CO2 par année. Le Québec en produit 77 millions. On est parmi les plus bas au monde, mais les gens
achètent des produits faits en Chine pareil. Est-ce qu'il n'y a pas une espèce d'inconsistance puis, comment je
dirais, de manque de responsabilité? Je ne sais pas comment le dire. Les
gens sont installés en Chine parce que ça ne
coûte pas cher, ils produisent au charbon, ça ne coûte pas cher, ils nous
vendent des produits pas chers, on les
achète avec bonheur et empressement dans la plupart des cas. Comment vous
réagissez par rapport à ce type de comportement là?
Le Président (M. Hardy) :
Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : Vous avez raison, c'est un problème majeur, ce dont vous
parlez à l'instant même, des produits
souvent de mauvaise qualité, avec l'obsolescence programmée, qui font qu'il y a
encore plus d'énergie, et de matière,
et d'empreinte environnementale, et en plus le transport qui vient de
l'étranger, bon, etc. Mais je pense qu'on n'essaie pas aujourd'hui de régler tous les problèmes du monde. Je pense
que le Québec veut se positionner comme un leader de la lutte aux changements climatiques, et ce n'est pas en
attendant que les autres le fassent qu'on est un leader.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Mégantic.
M. Bolduc : Merci,
M. le Président. Dans votre proposition n° 4, quand vous nous parlez des objectifs,
en fait, le Québec s'est engagé, avec le 20, le 37 et le 87, à 95 %.
Est-ce que vous êtes en accord avec ces objectifs-là?
Une voix : ...
M. Bolduc : O.K. Donc, vous
êtes prêts à supporter ça, là. Maintenant, vous ne semblez pas comprendre pourquoi il y a une période de transition, parce
qu'on ne peut pas, demain matin, fermer toutes les valves de pétrole, il
n'y en a plusieurs qui retourneraient à pied
chez eux ce soir. Les valves de gaz naturel, pour la même raison, il y a
des gens qui doivent chauffer, l'hiver
encore pour un petit bout de temps, en tout cas, jusqu'à tant qu'ils
s'habituent à geler, là, puis après
ça, ça va être moins pire. Mais il y a une transition à faire pour arriver à
des énergies totalement propres, avec des changements technologiques. Il faut changer nos usines, il faut changer
notre alimentation, il faut changer les infrastructures, il faut changer un paquet de choses. Mais vous semblez
dire que, bien, le gaz naturel, là, il faudrait exclure ça «anyway». En
fait, les Américains s'en vont tous au gaz naturel.
Mme Dupuis (Carole) : ...une
très grande inquiétude.
M. Bolduc :
Encore là, il y a une autre contradiction. Vous prenez le prix d'une tonne de
CO2 à 41 $, qui vient des États-Unis, qui, eux, s'en vont directement... le gaz naturel, pour
l'appliquer dans une société québécoise, qui est hydroélectrique, avec
une production de CO2 qui est presque le tiers de celle des
États-Unis.
Mme Dupuis (Carole) : ...la
bonne réponse.
M. Bolduc : Allez-y. Je suis
tout ouïe.
Mme Dupuis
(Carole) : Mais je vais
juste faire une petite blague avant, si vous permettez. C'est que la
transition entre le jour où je ne fais pas
d'exercice puis le jour où je commence à faire de l'exercice, c'est une nuit, d'accord?
On commence quand on commence. Et nous, ce qu'on dit, ce n'est pas de tout
fermer demain matin. Ce qu'on dit, c'est : Arrêtons d'augmenter la
production, commençons comme ça, puis après, commençons à diminuer la
consommation.
Le Président (M. Hardy) :
M. Tétreault.
M. Tétreault
(Jacques) : En fait, vous avez tout à fait raison. Demain, matin, on
ne peut pas arrêter de consommer du pétrole, tout le monde est d'accord
avec ça, là. L'idée, ce n'est pas de fermer la porte au pétrole, c'est de ne
pas commencer à en produire au Québec, alors
qu'on est loin d'être en pénurie actuellement. Quand on entend dire : On
achète pour 14 milliards de dollars de
pétrole par année, on va continuer à en acheter 14 milliards pareil, même
si on le produit chez nous, là, il ne
va pas nous coûter moins cher parce que c'est des compagnies qui viennent
l'extraire chez nous, là.
L'idée, c'est
de penser globalement au niveau planétaire, de commencer à diminuer cette
consommation-là. Puis, pour y
arriver, bien, il faut commencer. Il ne faut pas continuer à fonctionner comme
si de rien n'était, il faut commencer à
mettre en place des incitatifs. Une transition, c'est une transition, ça a un
début puis ça a une fin, ça ne se fait pas du jour au lendemain. On
pense à une période de 15 à 20 ans où est-ce qu'on aura à faire des
ajustements.
• (20 h 40) •
Puis moi, je peux vous dire que, chez
moi, je chauffe à la géothermie depuis
trois ans et je ne me gèle pas le derrière du tout, là. On est très
confortables. Je peux vous dire que je me passe totalement d'hydrocarbures, maintenant,
pour chauffer ma maison, et c'est extrêmement confortable. Il ne faut pas penser que, parce qu'on veut éliminer le
pétrole et le gaz dans notre chauffage, qu'on va geler demain matin, là.
Au contraire.
Mme Dupuis
(Carole) : Il y a une autre... Si vous permettez, je...
Le Président
(M. Hardy) : Un instant. M. le député, il vous reste une minute, M.
le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Allez-y.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : Bien, j'aimerais
compléter, c'est vraiment important, cet aspect-là. La question... Le gaz naturel pollue moins, on s'entend. Ça fait moins de saletés que le
charbon, d'accord? Mais ça ne fait pas moins de gaz à effet de serre. Alors, le traiter comme une énergie de transition, ça peut peut-être
avoir un sens dans une région du monde où il y a seulement
soit des hydrocarbures, soit des énergies intermittentes, d'accord?,
parce qu'on est d'accord qu'on a
besoin n'importe où d'une énergie qu'on peut
partir comme ça. À moins de se doter de parcs de batterie incroyables, là, on
ne peut pas avoir juste des énergies intermittentes comme le soleil et le vent,
d'accord? Donc, le gaz, il sert à ça dans ces régions-là.
Mais, au Québec, on a l'hydroélectricité, on a plus ou moins la moitié de notre
énergie qui vient de là. On l'a, notre
source d'énergie instantanée. On n'a pas besoin du gaz. C'est une absurdité, de
remplacer une énergie fossile qui émet x GES par une autre énergie
fossile qui en émet autant en disant : On fait de la transition.
Le
Président (M. Hardy) : Merci beaucoup. Le temps est écoulé.
Maintenant, je cède la parole à l'opposition officielle. M. le député de
Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Merci, M. le Président. Bonsoir, Mme Dupuis, M. Tétreault. Ça
fait plaisir de vous entendre ici. Première question, c'est à la
page 7 de votre mémoire, au point 4. Vous dites : «Que la loi
inclue des cibles contraignantes de consommation
d'énergie jusqu'en 2050...» Pouvez-vous nous en parler davantage? Autrement
dit, vous trouvez que la loi n'inclut pas ça et vous souhaiteriez
qu'elle l'inclue? J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : Écoutez, on a une politique énergétique qui dit que le
Québec souhaite diminuer sa consommation de
pétrole de 40 % d'ici 2030. On parle d'une consommation à peu près égale
de gaz naturel. Et c'est ça qu'on a
comme plan d'action pour diminuer les gaz à effet de serre de 20 % à
37,5 % et 80 % à 95 %. Pour nous, ça ne fera jamais la tâche, là, ça ne pourra pas arriver
juste comme ça, par hasard. On croit que ces cibles-là doivent être
enchâssées dans une loi et qu'elles doivent
se décliner par filières, c'est-à-dire : gaz naturel, pétrole,
électricité, mégawatts parce que c'est
une industrie en soi, l'économie de l'énergie, qu'on devrait vraiment aborder
les cibles de ce côté-là, et que ça devrait aussi être décliné par
secteur : transport, construction, etc., et que ça devrait amener les
ministères et toutes les administrations
publiques à amener des politiques qui démontrent qu'on va collectivement
atteindre les cibles, finalement.
Le Président
(M. Hardy) : M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Est-ce que le projet de loi n° 102 est le meilleur forum pour ça ou ça
prendrait une autre loi?
Le Président
(M. Hardy) : Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : Bonne question. Je vous la laisse.
Le Président (M. Hardy) :
M. Tétreault.
M. Tétreault
(Jacques) : Bien, je pense que c'est un peu comme l'environnement.
L'environnement, c'est transversal à... ça
devrait être transversal à tous les ministères. On ne devrait pas parler de
l'environnement seulement au ministère de l'Environnement. Puis, quand
on parle de développement durable aussi, ce n'est pas seulement au
Développement durable. Ça transcende partout.
Ce
qu'on veut dire dans la résolution n° 4, c'est que, si la loi ne cible pas
des sources très précises, bien, on va passer
à côté parce que, quand on parle d'un objectif en pourcentage sans y aller de
façon sectorielle, bien, on peut voir un développement majeur dans
d'autres secteurs puis une diminution dans un sans qu'on n'ait une
transversalité. Il faut vraiment que tout le
monde fasse son effort, tout le monde fasse cette transition énergétique là
pour en arriver à atteindre ces objectifs-là.
Ce qu'on sent actuellement, c'est que les cibles sont extrêmement
intéressantes, c'est vraiment intéressant, sauf que les moyens pour s'y rendre, eux, ne sont pas suffisamment élaborés.
Puis c'est dans la loi qu'on devrait les retrouver pour obliger
justement tout le monde à respecter la loi.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Tout le monde, le gouvernement en premier.
M. Tétreault (Jacques) : Je
pense que le monde inclut les gouvernements aussi, M. Gaudreault.
M. Gaudreault :
Des fois, ça ne paraît pas. Mais, enfin, deuxième question : Que
dites-vous d'un droit d'appel? Parce
que vous plaidez beaucoup, dans votre mémoire, puis je pense que c'est à la
recommandation 14 que vous en faites, oui, c'est ça : «Que les citoyens et les municipalités, et non
seulement le promoteur, aient la possibilité de contester une décision.» Quand on regarde l'article 96 de
la loi actuelle, il y a un droit d'appel, si on veut, en vertu des décisions
qui sont rendues comme autorisation
environnementale, mais qui sont seulement pour le promoteur et les
municipalités. Alors, vous, vous
souhaiteriez que ça soit étendu aux citoyens. Mais, si oui, premièrement...
Mais, deuxièmement, j'aimerais ça que vous me disiez est-ce qu'on doit mettre quand même une limite ou une balise
pour ne pas que ce soit de la contestation frivole ou de quiconque qui se lève un bon matin en
disant : Tu sais, moi, je vais contester toutes les décisions en
environnement qui ont été prises depuis un an, ou peu importe, là.
Le Président (M. Hardy) :
M. Tétreault.
M. Tétreault (Jacques) : Bien,
nous, on croit vraiment que l'idée derrière ça, cette recommandation-là, c'est
qu'il faudrait que la population, les
citoyens aussi aient un recours devant une décision. Maintenant, les balises
qu'il faudra y mettre, moi, je suis tout à
fait d'accord avec ça, je pense qu'on est tous d'accord avec ça, il faut que ça
soit les mêmes balises pour tout le monde. À partir de ce moment-là,
nous, on n'a plus de problème, là. Mais il faut vraiment qu'il y ait une possibilité pour les citoyens.
Pourquoi les citoyens ou une municipalité, par contre, par exemple,
n'auraient pas le droit de contester une
décision, que seul le promoteur aurait le droit? Pour nous, il y a quelque
chose qui cloche dans ça, il y a une
injustice, là, qui est flagrante. Pourquoi est-ce que le promoteur, lui, il
pourrait dire : Bien, je vais en appel de la décision, mais la municipalité qui subirait ce
projet-là, par contre, elle n'aurait aucun droit de recours? En quelque
part, ça nous semble inéquitable, là.
M. Gaudreault : Et le
citoyen...
M. Tétreault (Jacques) : Et les
citoyens, oui.
M. Gaudreault : ...les
citoyens aussi. C'est une question d'équité procédurale, au fond.
M. Tétreault (Jacques) : Oui,
exactement.
M. Gaudreault :
Oui. Merci. Autre question. Recommandation 16, sur la question de la
compétence en matière d'évaluation
environnementale, compétence du Québec. Et là vous précisez, vous prenez la
peine de préciser, à la toute fin,
que vous accordez une importance toute particulière à cette dernière
recommandation. Alors, vous avez peur qu'un gouvernement du Québec
concède ou cède sa compétence en environnement au gouvernement fédéral et que
le gouvernement fédéral prenne une décision
qui aurait des impacts sur l'environnement de lui-même. Alors, je veux
vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : On a analysé les recommandations du Centre québécois du
droit de l'environnement, qui sont les
spécialistes et qui interprètent l'étude d'impact sur le projet de loi comme
menant potentiellement à une... voyons, une renonciation du Québec à sa
capacité de mener ses... pas sa capacité, à l'action de mener ses propres
évaluations. Pour nous, le Québec a une tradition, a une façon de faire, a une
approche qui lui est propre. Et c'est vraiment
un rempart pour les citoyens, pour les Québécois, pour nous, de savoir qu'on
peut s'adresser à des instances du Québec
qui fonctionnent selon nos traditions, selon notre culture, et non pas qu'on
s'en remet à des instances qui peuvent être
à Calgary, qui peuvent être à Ottawa et qui ne sont pas des instances qui ont
nécessairement notre confiance. Je pense que je ne peux pas être plus claire que ça. Vous avez vu le sondage,
récemment, par rapport au degré de confiance des Québécois par rapport à l'Office national de l'énergie? Je pense que nos
instances québécoises auraient une meilleure note.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Jonquière, 1 min 20 s.
• (20 h 50) •
M. Gaudreault :
Oui. Bien, effectivement, ce que vous soulevez là est majeur, là, parce que
moi, je suis plus de l'école ou de la
tendance qu'il faut davantage rapatrier les compétences au Québec, en
environnement, plutôt que l'inverse, là.
Alors, effectivement, je pense qu'on va devoir se mettre des remparts assez
solides dans la loi pour éviter toute ambiguïté en cette matière sur la
question des compétences.
Dernière question, le rôle des municipalités.
Iriez-vous jusqu'à dire d'augmenter ou d'accroître — c'est la recommandation 12, là — les compétences en matière municipale? Parce que, bon, vous savez qu'on a
entendu ici, par d'autres groupes, entre autres des représentants de différentes industries, qu'au contraire il
fallait avoir une cohérence, disons, au niveau national et que, même une
municipalité qui voudrait aller plus loin en matière de protection de l'environnement, il ne faudrait pas autoriser ça
parce que ça augmente les contraintes pour l'industrie. Alors, là-dessus.
Le Président
(M. Hardy) : En 10 secondes.
Mme Dupuis
(Carole) : Écoutez, les municipalités sont responsables de la sécurité
publique, sont responsables du bien-être
de leurs citoyens, sont responsables de leurs plans stratégiques, de leurs
schémas d'aménagement, de la fourniture d'eau potable de qualité. Et on
parle d'un principe de base du...
Le Président (M. Hardy) : Merci
beaucoup. Je suis obligé de vous arrêter...
Mme Dupuis (Carole) : ...de la
Loi sur le développement durable.
Le Président (M. Hardy) : Maintenant,
je cède la parole au deuxième groupe d'opposition. M. le député de Masson.
M. Lemay : Merci,
M. le Président. Donc, bienvenue,
M. Tétreault, Mme Dupuis. Vous savez, à votre question numéro 11, vous parlez de... selon les
expériences récentes, aussi que «la seule issue [semble] être
"l'acceptation du projet tel
quel" ou "l'acceptation du projet légèrement modifié"», mais
dans aucun cas on ne parle de la possibilité du statu
quo. Donc, vous, vous dites : «Que le statu quoet les solutions de
rechange soient évalués avec autant de rigueur que les projets.» Vous êtes notre dernier groupe mais, en même temps, le premier groupe qui vient nous mentionner ce point-là.
J'aimerais vous entendre sur le statu quo, s'il vous plaît.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : Je peux vous
donner un exemple très concret. Le BAPE qu'on vient de vivre récemment, que vous avez peut-être vu passer, sur
l'usine de regazéification à Bécancour, c'était... Bon, vous connaissez la
suite des choses, ça n'a pas tourné
comme ça. Mais ce qu'on a pu constater à
ce moment-là, c'est qu'il y avait
une solution sur la table, qui était
celle qui nous était présentée, que les options de modifier les choses au niveau d'Hydro-Québec
Production n'étaient pas envisagées, que les
options supplémentaires de gestion de la demande n'étaient pas envisagées. On a
posé la question, on parlait d'une usine qui
devait fournir de l'énergie en période d'ultrapointe, là, et d'une hausse de la
demande de 3 % par année. Quand on leur a demandé comment
le Code du bâtiment pourrait baisser la demande, de combien de points de
pourcentage on pourrait baisser la demande en ayant un code du bâtiment qui
ferait que les nouvelles habitations responsables
de la hausse seraient moins exigeantes, ils n'avaient pas de réponse là-dessus.
Ce qu'on avait, c'était le cadre du
projet lui-même, et, pour tirer les vers du nez de qui que ce soit en prenant
une autre perspective ou en prenant un autre angle différent, bien,
c'était à nous à le faire, finalement. On n'avait pas du tout ces réponses-là.
M. Lemay : ...quelque chose
M. Tétreault?
Le Président (M. Hardy) :
M. Tétreault.
M. Tétreault
(Jacques) : Oui. Bien, en fait, c'est que l'objectif n'est regardé que
sous un seul angle, l'angle du promoteur.
La non-réalisation d'un projet n'est pas regardée, alors que, dans le cas de
Bécancour, le dernier BAPE qui a eu lieu à Bécancour, cette option-là
s'est avérée être la bonne. Alors, si on avait, dès le départ dans des
audiences du BAPE... si l'étude préalable
avait envisagé cette possibilité-là, on aurait sauvé énormément de temps, tout
le monde, là, puis on aurait peut-être trouvé une solution à un problème,
avant d'en arriver à tout ça. C'est ça qui est l'idée, là.
Le Président (M. Hardy) : M. le
député de Masson.
M. Lemay : Bien,
M. Tétreault et Mme Dupuis, votre mémoire est très bien rédigé, vos
explications sont très claires. Et puis moi,
M. le Président, avec le consentement, là, de mes collègues, j'aimerais ça
laisser mon temps restant à ma collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Le Président (M. Hardy) : Tout
le monde le consent?
Des voix : ...
Le Président (M. Hardy) :
Parfait, c'est beau. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Une voix : ...
Mme Massé :
Aïe! Attache ta tuque! Merci, M. le député de Masson. Bonsoir. Merci d'être là.
Moi, j'aimerais revenir à votre recommandation n° 7 dans laquelle,
dans le fond, vous nous suggérez que toute activité liée aux hydrocarbures, d'entrée de jeu, d'emblée, soit
considérée comme une activité à risque élevé. Mais c'est surtout au
niveau de votre texte que vous nous dites... dans le fond, vous nous soulevez
la question : Est-ce qu'il y a, entre le projet de loi n° 102 et le projet de loi n° 106, des éléments qu'on ne
pourrait pas mettre en parallèle, là? Et vous parlez notamment de la
question de projets pilotes. J'aimerais ça que vous me parliez un peu plus de
ça, s'il vous plaît.
Le Président
(M. Hardy) : Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : Écoutez, il y a un paragraphe, dans les notes
explicatives — bien,
peut-être que je l'ai ici, ce serait plus simple — qui
nous indique que le projet de loi vise à «faciliter la réalisation de projets
pilotes en introduisant la possibilité, pour
le ministre, de délivrer, à certaines conditions, une autorisation à des fins
de recherche et d'expérimentation lorsque le projet a comme objectif
d'évaluer la performance environnementale d'une nouvelle technologie ou d'une
nouvelle pratique».
Alors, moi,
j'ai assisté récemment à la conférence de l'industrie pétrolière et gazière. On
nous disait beaucoup qu'on voulait... on nous parlait beaucoup
d'expérimentation de nouvelles techniques qui amélioraient la performance environnementale des procédés, et tout ça. Ça fait
plusieurs années que l'industrie des hydrocarbures demande la
possibilité de faire des projets pilotes
dans Bécancour et Lotbinière en particulier. On met les deux, on met tout ça
ensemble puis on se dit : Bien,
peut-être qu'on est dans la paranoïa. On l'espère, mais, si on ne l'est pas, on
voudrait éviter cette chose-là. Est-ce que
ce projet de loi là a pour but de faire en sorte que les foreuses puissent
débarquer par chez nous, et que ce soit un simple décret ministériel, et que la procédure
d'évaluation n'ait pas été suivie sous prétexte que ce seraient des projets
pilotes visant à expérimenter? C'est la crainte.
Il y a
d'autres dispositions de la loi... bien, c'est-à-dire que tout le fait que les
activités qui vont être admissibles à l'absence
de... exemptées, finalement, la déclaration de conformité et le décret
ministériel, tout ce qui n'est pas soumis à une évaluation, finalement,
est-ce qu'il y a des projets d'hydrocarbures qui peuvent être là-dedans? On
pense qu'à cette étape-ci dans l'évolution
de notre société ça ne devrait vraiment pas être le cas, qu'il ne devrait pas y
avoir un projet qui touche les
hydrocarbures, au Québec à ce moment-ci, qui devrait pouvoir être approuvé,
quelle que soit son échelle, sans que ça passe par tout le processus.
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Combien de temps,
M. le Président?
Le Président (M. Hardy) : Il
vous reste 2 min 43 s.
Mme Massé :
Merci. Donc, l'idée de... À partir du moment où toute activité incluant des
hydrocarbures, donc, des fossiles,
étant considérée à risque élevé, pour vous, comme citoyens, c'est une façon de
dire : Bien, on assure, là, que les certificats d'autorisation vont être regardés, même dans le cadre de
projets pilotes, avec ce label-là de haut risque. Je voulais juste être certaine que je comprends. Et l'autre
recommandation qui vient tout de suite après, le n° 8, où, là, vous
parlez des étapes des évaluations
environnementales stratégiques, vous avez semblé... En fait, vous nous suggérez
d'être prudents et prudentes sur la
question du cadre comme tel. Si vous pouviez prendre le dernier deux minutes
pour nous en parler, pour bien expliquer votre pensée.
Le Président (M. Hardy) :
Mme Dupuis.
Mme Dupuis
(Carole) : Écoutez, on a illustré par des exemples dans ce cas-ci.
L'évaluation environnementale stratégique
de la filière des hydrocarbures a été une expérience douloureuse pour le
mouvement citoyen, honnêtement. Le cadre
était justement complètement restreint : C'est ça, et c'est ça, et ce
n'est pas autre chose. Il n'y avait pas d'option différente qui était
envisageable. On a réclamé beaucoup que la filière de la transition énergétique
fasse l'objet d'une évaluation environnementale stratégique tout aussi
rigoureuse et que les deux soient comparés pour voir qu'est-ce qui ressortait, finalement, qu'est-ce qui était le
plus avantageux. Ça n'a pas du tout porté fruit. Donc, l'idée que le
cadre des évaluations environnementales stratégiques soit déterminé par un
groupe de hauts fonctionnaires de cinq ministères ne nous sourit absolument
pas.
Dans le cas
du BAPE, bien, l'expérience récente, c'est le BAPE sur Énergie Est où le BAPE
s'est fait retirer le mandat d'évaluer le côté économique du projet,
alors que le critère amené de l'avant constamment pour défendre ce projet-là, c'est l'économie. Et le BAPE n'était
pas autorisé à regarder cet élément-là. Pour nous, c'était complètement
inacceptable, c'est des choses indissociables, mais voilà. Et là, bien...
Le Président (M. Hardy) : Mme
la députée... M. Tétreault.
M. Tétreault (Jacques) : Dix secondes?
Le Président (M. Hardy) : 30
secondes.
M. Tétreault
(Jacques) : 30 secondes? En fait, le non-projet, justement,
normalement, devrait être... dans l'étude environnementale, on devrait déjà là, à cette étape-là, regarder la
possibilité de ce que je disais tout à l'heure, là, de ne pas faire ce
projet-là. Qu'est-ce que ça apporte, comme inconvénients ou comme avantages si
on ne le fait pas? Quelle autre solution on pourrait trouver plutôt que de
toujours focusser uniquement sur le dossier qui est sous nos yeux?
Le
Président (M. Hardy) : M. Tétreault, Mme Dupuis, je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Mémoires
déposés
Avant de terminer, je dépose les mémoires des
organismes qui n'ont pas été entendus. Nous en avons reçu une douzaine.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance. Et la
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Bonsoir.
(Fin de la séance à 21 heures)