(Onze
heures dix-huit minutes)
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, bon matin à tous! À l'ordre,
s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
La
commission est réunie afin de poursuivre les auditions
publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 102, Loi
modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement afin de moderniser le régime
d'autorisation environnementale et modifiant
d'autres dispositions législatives notamment pour réformer la gouvernance du
Fonds vert.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Non, M. le Président, il n'y a aucun remplacement.
Auditions (suite)
Le
Président (M. Iracà) : Alors, voici l'ordre du jour de cet avant-midi.
Nous entendrons les groupes suivants : L'Union des producteurs
agricoles et le Conseil du patronat.
Alors, évidemment, je
souhaite la bienvenue au groupe que nous recevons en premier ce matin, L'Union
des producteurs agricoles. Je vous demande
de bien vouloir vous présenter, ainsi que les personnes qui vous
accompagnent. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Mais juste avant
qu'on commence, je demanderais à une personne, s'il vous plaît, d'aller fermer la porte à l'arrière. C'est
pour qu'on puisse bien vous entendre. Merci beaucoup. Alors, vous
disposez de 10 minutes. La parole est à vous. Bienvenue, messieurs.
L'Union des producteurs agricoles (UPA)
M. Caron (Martin) : Merci bien. Tout d'abord, je me présente, Martin Caron, je suis deuxième
vice-président à l'UPA provinciale et
je suis producteur laitier et céréalier à Louiseville, en Mauricie, entre
autres. Je suis accompagné de Daniel
Bernier, qui est avec moi dans le dossier environnement, qui est au niveau de
la direction Recherches et politiques agricoles à l'UPA, et M. Stéphane
Forest, qui est le côté juridique au niveau de l'UPA.
• (11 h 20) •
Bien,
merci bien. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à vous tous. Tout d'abord, bien,
l'union remercie la Commission du transport et de l'environnement de lui
permettre de présenter le point de vue des agriculteurs et agricultrices du Québec
concernant le projet de loi n° 102 visant la modernisation de la Loi sur
la qualité de l'environnement.
L'union accueille
favorablement les modifications proposées à la loi permettant une meilleure modification
des exigences selon les risques. Cette proposition est parfaitement logique. L'introduction du concept de déclaration de conformité pour des activités
jugées à faible risque environnemental offre un intéressant potentiel d'application
pour toutes les nombreuses activités agricoles et forestières. Le processus
d'autorisation s'avère disproportionné pour nos activités, compte tenu du faible niveau de risque qu'elles représentent, qu'il s'agisse, par exemple, de travaux sylvicoles en milieux
humides réalisés conformément à de bonnes pratiques ou de traitement des eaux
usées générées par le lavage des fruits et légumes. Une déclaration de
conformité constitue un instrument de contrôle nettement mieux adapté pour
attester que les règles en vigueur sont respectées.
Le
projet de loi comporte malgré tout peu de changements au
chapitre des activités agricoles. Bien qu'intéressantes, les modifications suggérées au règlement d'exploitations
agricoles sont relativement modestes. Il est seulement proposé de hausser
le seuil pour lequel une autorisation est requise pour les activités
d'élevage. Ainsi, dans le cas de l'implantation d'un nouveau lieu d'élevage, il serait impossible de produire une simple
déclaration de conformité si la production annuelle
est inférieure à 4 200 kilos de phosphore plutôt que du
seuil de 3 200 kilos. À titre d'information, mentionnons que
1 000 kilos de phosphore représentent moins de 20 vaches
laitières. C'est donc dire que l'assujettissement à une autorisation est passé d'un équivalent de 61 vaches à 80
vaches. Cela implique également que les exploitations visées par une
autorisation devront en obtenir une nouvelle du ministère... des ajouts de 20
vaches ou son équivalent.
Le
tout demeure très exigeant au plan administratif pour les fermes de petite
taille lorsque l'on compare les normes américaines
ou canadiennes. Le Québec reste l'autorité la plus exigeante dans ce domaine. À
titre de comparatif, si on regarde au
niveau de l'Ontario et qu'est-ce qui s'applique à l'échelle canadienne, c'est
l'une des réglementations les plus exigeantes
après nous. D'ailleurs, ils n'imposent pas l'équivalent à ces exploitations-là.
Cela s'apparente davantage à la déclaration
de conformité. Il est à noter que l'équivalent d'un Plan agroenvironnemental de
fertilisation, PAF, que doivent réaliser les producteurs agricoles du
Québec possédant plus de 30 vaches n'est requis en Ontario que pour des
fermes de plus de 210 vaches. Ça fait que vous voyez qu'il y a quand même un
bon écart.
Compte
tenu de ce qui précède, le seuil pour lequel un certificat d'autorisation est
requis devrait être substantiellement
relevé. Dans le contexte aussi des normes réglementées qui caractérisent le
secteur d'élevage, il n'y a pas réellement
d'utilité au processus d'autorisation, qui entraîne des coûts et des délais
supplémentaires nuisant à la compétitivité des fermes québécoises.
Le nouveau pouvoir
discrétionnaire. Les nouveaux articles 26 et 115.10.1 de la LQE sont
particulièrement préoccupants, puisqu'ils permettent d'ajouter de façon
discrétionnaire des exigences supplémentaires par rapport à ce qui est prévu aux divers règlements. Même après
avoir été autorisée et malgré le respect des conditions prescrites, une activité pourrait être soumise à des normes
additionnelles si le ministère le juge utile. Pire, une autorisation accordée
à une entreprise qui en respecte les
conditions rattachées pourrait être révoquée sans aucune compensation. On peut
présumer que le secteur agricole n'est pas a priori spécifiquement visé par
cette nouvelle disposition.
Toutefois, une fois
introduite à la LQE, celle-ci devient applicable, ce qui engendre déjà passablement
des insécurités. Le problème est le
suivant : on peut très bien trouver des situations où l'exercice de ces
pouvoirs pourrait être utile, par
exemple, pour une entreprise qui a été autorisée à émettre un contaminant dont
on ne soupçonnait pas la réelle toxicité
pour l'environnement au moment de la délivrance du certificat d'autorisation;
le pouvoir du ministre d'intervenir pour
corriger la situation ou pour faire cesser ce rejet est justifiable et
souhaitable. Par contre, il existe un risque réel de recours abusifs auprès des entreprises qui
respectent les conditions auxquelles elles ont été assujetties, mais qui
seront confrontées à une vision plus
radicale de la protection de l'environnement. Même en l'absence d'une disposition légale offrant aussi une grande latitude, nous sommes exposés à une certaine
variabilité de l'application réglementaire
d'une direction régionale du ministère à une autre. Comment serait donc encadré
l'exercice d'un pareil pouvoir laissant autant de place à l'interprétation?
On
ouvre ici la porte à une négociation à la pièce et à des normes applicables à
l'échelle d'une ferme, avec pour conséquence l'imprévisibilité des
règles auxquelles elles se conforment et, par ricochet, une menace à la
sécurité financière des exploitations
agricoles. Bien sûr les connaissances évoluent dans les domaines agricoles.
Comme ailleurs, on peut découvrir que les règles visant l'exercice d'une
activité sont devenues inadéquates. En pareille situation, on doit procéder à
une révision des normes par une modification des règles applicables. Il faut
mettre en place un processus de révision
structuré, cohérent et rationnel visant l'adoption de nouvelles règles
équitablement appliquées à tous les secteurs. L'incertitude induite par ces nouveaux pouvoirs serait sans aucun doute
nuisible à la sécurité financière des exploitations agricoles.
D'ailleurs, une institution financière prêteuse, informée de cette discrétion
ministérielle, pourrait revoir les règles au niveau des financements ou même
refuser des prêts à certaines entreprises agricoles.
En résumé, les
pouvoirs discrétionnaires accordés à l'article 26 ouvrent la porte à une
modulation inéquitable des règles à
l'échelle des fermes. Les capacités de supporter auxquelles renvoie notamment
l'article 26 pourraient conduire à l'imposition et la restriction
arbitraire envers les activités agricoles qui ne sont pourtant pas les seules
émettrices de phosphore dans
l'environnement. Quant à l'article 115.10.1, il est beaucoup plus large et il
ne devrait pas être applicable au secteur agricole compte tenu du faible
niveau de risque qu'il représente. En second lieu, la discrétion ministérielle devrait être mieux balisée et ne porter que sur
les situations qui nécessitent une intervention d'urgence en raison d'un
risque sérieux pour la santé publique ou de faire l'objet de compensations
financières.
Pouvoir du ministre à
assujettir un... du projet BAPE. Le projet de loi prévoit que le gouvernement
pourrait exceptionnellement assujettir à la procédure d'évaluation et d'examen
des impacts sur l'environnement un projet qui n'est
pas soumis par les règles si notamment le projet implique l'emploi d'une
nouvelle technologie ou préoccupe le public. C'est donc dire que les exploitations d'élevage de taille inférieure au seuil
défini pourraient se voir imposer la réalisation d'une étude d'impact sur l'environnement. Cette perspective n'est guère
réjouissante et pourrait nuire à l'obtention de nouvelles technologies. Le fait que certains secteurs sont confrontés à
une opposition systématique des citoyens qui, de mauvaise foi, utilisent tous les moyens dont ils disposent pour empêcher
la réalisation de ces projets... ce nouveau pouvoir pourrait alors être exercé sous la pression d'un
groupe d'activistes opposés à l'implantation d'une nouvelle installation
d'élevage.
Régionalisation des
normes environnementales. Le projet de loi donne au gouvernement le pouvoir
d'adopter des normes environnementales
appliquées à des territoires spécifiques, notamment pour tenir compte des
caractéristiques particulières et des effets
cumulatifs du développement et de la capacité de support des écosystèmes et de
même que les perturbations et pressions anthropiques sur le bassin
versant.
Le Président (M.
Iracà) : 30 secondes, M. Caron.
M. Caron (Martin) : On va aller tout de suite à la conclusion. Le projet de loi n° 102 propose des modifications intéressantes
qui contribuent à l'allègement administratif de l'application. En revanche,
certains nouveaux pouvoirs donnés au
ministre soulèvent des grandes inquiétudes et auront un effet d'accroître
l'imprévisibilité par rapport aux règles. Certes, la protection de l'environnement est fondamentale et il est important, au niveau
de la législation, que le ministre dispose de capacités de faire cesser des activités
néfastes au niveau de l'environnement. En conséquence, il faudrait soit soustraire le secteur agricole de l'application de l'article 26 ou 115, ou mieux baliser leur portée, qui
pourrait être beaucoup trop grande dans sa forme actuelle.
Enfin,
en ce qui concerne le conseil de
gestion du Fonds vert, l'union est favorable. Nous considérons aussi que
le Fonds vert devrait être investi... pour
favoriser la réduction et la dépendance des producteurs et productrices
agricoles aux énergies fossiles et favoriser la réduction des gaz à effet de
serre sur les fermes.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. Caron, pour votre exposé. Alors, nous allons procéder à la période d'échange avec la partie gouvernementale. Vous aurez l'occasion certainement, s'il y
a des points que vous n'avez pas pu amener, là,
avec les questions, de vous rattraper. Alors, je cède la parole immédiatement à
M. le ministre pour la période d'échange.
M. Heurtel : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs. Merci pour votre présentation ainsi que pour
votre mémoire. Je vais aller très rapidement
parce que mes collègues évidemment des régions sont très intéressés à
échanger avec vous.
Moi, c'était
juste revenir... Vous avez passé beaucoup de temps, dans votre présentation,
sur 115.10.1 et sur la question du
pouvoir discrétionnaire, qui est une question qui est beaucoup discutée, là,
depuis que nous avons commencé cette
consultation particulière. Et d'ailleurs un de vos collègues, maître... on
avait déjà échangé là-dessus précédemment. Je comprends la
préoccupation, puis on l'entend bien, puis on va voir comment baliser.
Mais
115.10.1... puis je veux juste comprendre votre raisonnement, parce que, quand
je me suis pris à le relire, là, en
préparation de votre présentation... puis je trouve que, dans ce cas-ci quand
même, il y a beaucoup de balises. Là, je veux dire, il y a véritablement des critères. Il faut une activité, bon,
autorisée en vertu de la présente loi. Il faut déterminer qu'il y a un risque sérieux pour la santé publique en raison
d'informations nouvelles ou complémentaires devenues disponibles après la délivrance de l'autorisation. Il faut une
réévaluation des informations existantes. En tout cas, bref, il y a une série
de conditions, là. Je ne lirai pas tout parce que c'est assez long.
J'essaie
juste de comprendre en quoi, cet article-là, vous voyez des dérapages parce
que, quand même, il y a une liste,
là, assez exhaustive, là, de critères dans cet article-là, puis encore une fois
c'est une exception, là, l'intervention, là. C'est vraiment s'il y a une
série de critères qui sont réalisés. Alors, je voulais juste vous entendre
davantage sur votre réflexion là-dessus.
M. Caron (Martin) : Je vais
laisser aller Stéphane dans un premier temps puis je vais compléter.
M. Forest
(Stéphane) : Alors, M. le
ministre, merci de la question. On sait que cette question est
préoccupante pour des juristes notamment.
Alors, à votre question précise, pourquoi on considère que la discrétion est
très ouverte, voire qu'elle pourrait remplir certains critères de la
jurisprudence qui la rendraient illégale, c'est que, premièrement, il y a l'utilisation d'un «ou» dans la première partie de
la phrase. Quand vous parlez de «santé publique», c'est une situation,
et on y revient dans une proposition. On
pense que, dans notre mémoire, quand la santé publique est en jeu,
probablement que vos nouveaux pouvoirs seraient essentiels.
Mais le «ou»
après ça ouvre la porte à tout l'environnement, donc à tous vos champs de
compétence au niveau législatif.
Alors, il n'y a plus la balise que vous suggérez qui est présente puisque, dans
le fond, la discrétion va s'exercer pour
l'environnement. Et là, dans l'environnement, vous nous dites que vous ajoutez
une nouvelle discrétion. Il faut que des informations nouvelles ou
complémentaires soient disponibles, mais ces informations-là doivent être
basées sur des connaissances scientifiques. Mais quelles connaissances
scientifiques? Ne pourrait-on pas baliser une connaissance scientifique reconnue par la... il ne faudrait pas
que, par exemple, une seule étude vienne dire que tel produit est rendu toxique, mais que, deux ans plus tard, de
nouvelles études viennent balancer ou contredire, alors que là vous auriez
exercé vos pouvoirs. Puis je le dis de façon générale, là, ça ne s'applique pas
nécessairement au monde agricole.
Alors, c'est
beaucoup de la légistique, M. le ministre, là, c'est vraiment... Ce n'est pas
de la politique, là, c'est plutôt de
la technique rédactionnelle. Et on pense que de la façon dont ça a été proposé
dans le projet de loi... puis ce n'est rien qu'un projet de loi, il peut
être bonifié. On entend ce que vous dites. Votre discrétion serait très, très,
très grande.
M. Heurtel : Parfait. Merci.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. le ministre. Alors, je vais
céder la parole au député de Maskinongé qui, je crois, a des questions
pour vous.
M. Plante :
Mais oui. Merci, M. le Président. Donc, bonjour, messieurs. M, Caron, un
plaisir de vous voir ici. Alors, vous
avez le privilège d'avoir votre exploitation agricole dans le plus beau comté
au Québec. Alors, vous avez tous une grande chance.
Alors, j'aurais quelques questions, parce qu'à
la lecture de votre mémoire il y a quelques points qui me questionnent et qui me reviennent. On en a discuté
d'ailleurs à quelques reprises, dans d'autres dossiers. On s'est
rencontrés à plusieurs reprises. Vous parlez
au niveau de l'adoption des normes régionales plus contraignantes, qu'elles ne
soient envisagées que sur la base d'une justification scientifique qui fait
consensus. C'est à la page... je n'ai pas de page, là, mais la page 16 de votre
mémoire, dans «l'Union demande».
Donc, au
premier point, vous demandez vraiment que des normes ne soient pas envisagées
que sur une justification scientifique qui fait consensus. J'aimerais
savoir un petit peu plus c'est quoi, et à quel niveau, et quelles sont les
craintes envisagées?
M. Caron (Martin) : Je vais laisser
Daniel, peut-être, amener un point, puis on va avoir des exemples à vous
donner, qu'est-ce qui se passe un petit peu sur le terrain aussi présentement.
M. Bernier (Daniel) : En fait, là,
je vous ferais préciser la... par rapport à la réglementation municipale?
M. Plante : Bien, oui, vous avez ça
ici, c'est au point...
M. Caron
(Martin) : C'est le 7.2, à la page 14.
M. Plante : C'est le 7.2,
encadrement du pouvoir des municipalités, protection, page 16, à vos demandes.
M. Caron (Martin) : Que l'adoption
des normes régionales plus contraignantes ne soit pas envisagée.
M. Bernier
(Daniel) : Oui, en fait,
bien, c'est ça, c'est que là on amenait ce point-là parce qu'on considère, d'une part, que c'est important, dans la loi, de
conserver cette hiérarchie des normes, donc lorsque le ministère de
l'Environnement réglemente dans un
domaine donné de l'environnement, que les municipalités n'aient pas la
possibilité d'intervenir dans le même champ. On pense tout simplement
que les municipalités n'ont pas les ressources pour réglementer dans un domaine aussi complexe que l'environnement et sont
peut-être plus... Elles peuvent plus flanc à des pressions populaires
qui les mèneraient à réglementer plus sur une base subjective de
«pas-dans-ma-cour» que sur des bases rationnelles, là.
Donc, c'est pour ça qu'on soulignait
l'importance de maintenir cette disposition-là qui donne une priorité à la
réglementation provinciale.
M. Caron
(Martin) : Si je peux me
permettre juste de rajouter des exemples un peu là-dessus, c'est que,
bien souvent — dans
le préambule que j'ai fait de notre mémoire, on parle de ça — il y
a beaucoup de groupes, des fois, au niveau
de l'élevage, bien, ils sont contre d'avoir un site d'élevage très proche, tout
ça et craignent... et bien souvent, malheureusement, c'est une
méconnaissance, une méconnaissance de la population. On a besoin d'éducation.
Mais quand on
donne un pouvoir au niveau des municipalités puis des MRC, c'est un grand défi
parce que ces personnes-là n'ont pas nécessairement l'expertise de la
connaissance. Et c'est pour ça qu'on dit qu'il faut vraiment faire attention sur cet aspect-là parce qu'il y a
beaucoup de pressions face à la population. Mais je tiens à leur dire,
bien souvent, c'est de la méconnaissance de
la population sur le métier qu'on fait et sur les règles qu'on a à appliquer
aussi.
M.
Plante : O.K. Parfait. Je vais continuer un peu plus loin, au niveau
de la cessation des activités, et là j'ai un gros questionnement. Vous
demandez une période d'au moins cinq ans pour la durée d'interruption au-delà
de laquelle le maintien de la validité du certificat d'autorisation nécessite
l'accord du ministre, là. Ça, c'est une chose...
Je suis un peu surpris de voir ça dans votre
mémoire parce que j'avais comme l'impression que... et ce qui se produit chez nous et dans d'autres régions, là,
quand il y a une cessation d'exploitation agricole, bien, on
s'entend souvent, bon, les terres
sont vendues ou changent de vocation plus au niveau de grandes cultures
ou de choses comme ça, mais il n'y a plus nécessairement... et le
propriétaire qui demeure propriétaire de la ferme ou du lot utilise les
bâtiments à d'autres fins qu'agricoles, là.
Donc, ce que
vous nous demandez, c'est de laisser l'autorisation pendant cinq ans, même s'il n'y a
plus d'activité. Et j'aimerais savoir
qu'est-ce que ça ajoute, qu'est-ce que ça enlève ou qu'est-ce que ça peut permettre, parce que
j'ai comme l'impression que, dans le cas de
cessation d'activité, c'est vraiment volontaire des producteurs, bien souvent,
et que la vocation des bâtiments et même des terres agricoles est changée ou,
on le sait très bien, là, les terres souvent sont achetées par les voisins
limitrophes.
Donc, j'aimerais comprendre qu'est-ce que ça
ajoute ou qu'est-ce que ça vous enlève de ne pas donner ça, là.
M. Bernier
(Daniel) : Oui, en fait, je pense
que ce qui serait important de préciser, c'est... Il faut
pouvoir distinguer la cessation d'une
activité de l'interruption d'une activité. Puis là, comme il n'y a
pas de délai d'indiqué, comment faire la distinction entre les deux? Et
le fait est que ça peut arriver que, dans une activité d'élevage, on ait une
interruption de production pendant quelques mois ou quelques années et on
reprenne les activités par la suite lorsque les conditions redeviennent
favorables.
Là, le projet de loi ne précise pas... ne nous permet pas de faire la distinction entre la
cessation puis l'interruption. Donc,
nous, on dit: Si on est en interruption de moins de cinq ans, on devrait
pouvoir reprendre nos activités sans démarche administrative.
• (11 h 40) •
M. Caron (Martin) : De l'autre côté,
dans les exemples, on a beaucoup de personnes, comme vous l'avez mentionné, M.
Plante, c'est qu'on a beaucoup de personnes qui arrêtent peut-être au niveau de
la production, mais il y a d'autres producteurs qui sont à côté. Et, quand
ces producteurs-là veulent utiliser les structures d'entreposage,
exemple... et des fois ça laisse quand même
un délai. On peut peut-être, oui, louer les terres, tout ça, mais quand on
arrive pour prendre de l'expansion
sur nos entreprises, à la place de rebâtir des structures pour les fumiers,
tout ça, bien, on pourrait utiliser. Et, bien souvent, on sait que les décisions, ça prend quelques années. Et
c'est pour ça, en mettant cinq années, bien, ça nous permet d'avoir un
délai et de réutiliser ces entreprises-là.
Et je pense que tout le monde est au courant. Si
vous vous promenez à travers le Québec, il y a beaucoup de bâtiments qui sont
laissés présentement... puis ça nous permettrait vraiment de ramener des
activités agricoles sur ces entreprises-là,
entre autres, là, peut-être à petite échelle, mais au moins d'avoir une
viabilité puis d'habiter le territoire encore plus.
M. Plante :
O.K. J'aimerais vous entendre aussi... Et, dans diverses consultations
publiques ou dans diverses rencontres, on a
souvent parlé de la volonté du ministre, par la modification de la loi, de
rendre le ministère avec un rôle d'accompagnateur
beaucoup plus accompagnant dans les dossiers et faire le suivi. Et j'ai comme
l'impression que ce rôle d'accompagnement
est, pour vous, essentiel, là, parce qu'on sait... puis là vous parlez des
diversités régionales et tout ça, mais on sait que, si vous avez un meilleur
accompagnement et que le ministère devient de plus en plus
accompagnateur dans les demandes, bien, ça a
pour but de faciliter aussi les démarches des producteurs, des agriculteurs
pour permettre, un, de respecter la loi, mais aussi de vous faire moins
de problèmes par la suite, là.
J'aimerais
vous entendre là-dessus parce que c'était une de vos demandes répétées à de
nombreuses reprises et depuis de nombreuses années, là.
M. Caron (Martin) : Bien, je vous dirais que c'est vraiment une plus-value quand on est
capable de procéder de cette façon-là
et, que ce soit au niveau régional ou provincial, d'avoir accès avec les
personnes, être capable de discuter, de communiquer, c'est vraiment excellent, puis ça nous amène vraiment à une
vision puis de partager ça. Je pense qu'on parle de développement durable, entre autres, mais notre développement durable
fait partie, en tant que producteur agricole, de nos entreprises. C'est un élément essentiel pour nous, mais qu'on est
capables de le partager avec les ministères, entre autres, puis je me
répète peut-être, mais que ce soit régional, et là je parle au niveau du
ministère de l'Agriculture et naturellement du ministère de l'Environnement
aussi.
Puis
je pense qu'on peut dire qu'on a un exemple aussi, parce qu'il y a un comité
d'effluents d'élevages qui est organisé
avec le ministère de l'Agriculture et le ministère de l'Environnement qui sont
là, et puis ça nous permet aussi d'amener
des nouvelles technologies, des nouvelles façons de faire. Ça fait que, je
pense, ces milieux d'échange là, c'est très important. Il faut les maintenir, il faut contribuer. Et pour les
producteurs, vous savez que l'entrepreneuriat, ça demande beaucoup, au niveau de l'entreprise agricole, de
s'en aller puis de remplir les défis. Mais, quand on se sent accompagnés
puis qu'on se sent vraiment visé pour nous aider à se développer, bien, c'est
une plus-value, là.
M.
Plante : O.K. Merci. Je terminerai... bien, je terminerai peut-être,
ce n'est pas sûr, je vais peut-être avoir d'autres sous-questions.
Quand
vous parlez de la nouvelle gestion du Fonds vert, là, bon, on sent que vous
êtes d'accord puis que vous êtes contents
un petit peu du nouveau fonctionnement qui est proposé pour le Fonds vert. Dans
vos demandes, la première, c'est l'accroissement des investissements,
bon, pour la réduction de la dépendance aux énergies fossiles, l'efficacité énergétique, tout ça. J'aimerais savoir,
concrètement, pour vous, comment ça se matérialise dans les différents programmes
ou les différents investissements. Première
question. Et la question sous-jacente, puis on en a beaucoup parlé, mais,
au niveau du réseau électrique triphasé, j'aimerais que vous puissiez nous
expliquer vraiment quelle est votre demande à ce niveau-là.
M. Caron (Martin) : Je vais peut-être laisser aller Daniel sur l'aspect triphasé, mais
c'est une des demandes qu'on a parce
que, quand on se promène au Québec, pourtant, on est au Québec, puis c'est un
de nos joyaux, au niveau de l'électricité, bien, malheureusement, on
voit qu'on a un impact parce que le triphasé n'est pas là. Je vais laisser
aller Daniel un petit peu là-dessus.
M.
Bernier (Daniel) : Bien, en fait, c'est ça, c'est que le milieu rural
est mal desservi par le réseau triphasé, et ce réseau-là est nécessaire au fonctionnement de moteurs puissants qui
pourraient permettre de remplacer l'utilisation du tracteur, là,
communément la prise de force du tracteur pour un bon nombre de travaux, que ce
soit pour le brassage du fumier, le pompage.
En
fait, il y a de multiples travaux qui exigent actuellement des moteurs à
carburant fossile, du diesel notamment, et on pourrait avantageusement remplacer l'utilisation de ces moteurs-là,
qui émettent des gaz à effet de serre, par des moteurs électriques,
mais, pour ce faire, on doit avoir accès au réseau triphasé, et comme je vous
dis, là, le milieu rural est mal desservi.
Donc, il faudrait
investir pour rendre accessible ce réseau-là à davantage de fermes.
M. Caron
(Martin) : Beaucoup de systèmes d'alimentation présentement sont avec
des moteurs, et, comme Daniel le
mentionnait, on utilise des tracteurs ou des moteurs à essence pour être
capable de les faire fonctionner, tout ça, parce que la demande
d'ampérage au tout début est énorme. Là, on parle des moteurs alentour de 20
forces et plus.
Mais,
si on était capable, dans certaines situations de triphasé, d'être proche,
d'être capable d'avoir accès, bien, ça nous
amènerait rapidement une efficacité de ce côté-là. Et puis je vous dirais que,
là-dessus aussi, il faut voir au niveau de l'efficacité énergétique de nos entreprises aussi. Il y a déjà eu un
petit peu des projets qui ont été lancés là-dessus, puis que, quand on
pense au niveau, que ça soit horticole ou côté maraîcher, on parle des serres
aussi, là aussi il y aurait un très grand
avantage d'avoir ça, puis on aurait une économie facilement récupérable au
niveau environnemental, entre autres.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, merci. Il nous reste 20 secondes.
M. Plante :
Bon, écoutez, je vais juste terminer en vous remerciant de votre présence puis
en vous disant simplement merci pour la
campagne de sensibilisation au respect de la bande riveraine que l'UPA a faite
cet été. Ça a été un succès, puis on vous remercie beaucoup. Ça va
conjointement avec nos efforts de protéger nos cours d'eau. Donc, merci
beaucoup.
Le Président (M.
Iracà) : Ceci met fin à la période d'échange avec la partie
gouvernementale. Vous avez maintenant une période d'échange avec l'opposition officielle,
et je vais céder la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, M. le Président. Alors, bienvenue, M. Caron, M. Forest,
M. Bernier. Bienvenue à l'Assemblée
nationale. Merci de votre présentation, puis effectivement, le monde agricole
est très, très interpellé par la lutte
aux changements climatiques et par l'environnement de façon générale,
particulièrement au niveau de la protection des cours d'eau, protection
de la biodiversité, etc. Alors, vous êtes un acteur incontournable dans ce
dossier.
Vous avez été
quand même assez sévères concernant la question des pouvoirs discrétionnaires.
Très franchement, si vous avez suivi
nos travaux depuis cette semaine, vous avez sûrement constaté que plusieurs
groupes qui viennent ici vont dans le
même sens que vous, critiquent beaucoup la largesse des pouvoirs
discrétionnaires accordés au ministre. C'est intéressant de vous
l'entendre... sous l'angle agricole.
Alors, on va
sûrement s'en inspirer dans nos travaux qui suivent, mais j'aimerais ça que
vous nous disiez... bien, en fait,
vous en parlez un peu dans votre mémoire, là, entre autres, si on va dans le
résumé à la fin, à la page 21, concernant les nouveaux articles 26,
115.10.1 de la LQE. Et là vous arrivez avec un certain nombre d'éléments, de
suggestions. Ce que je comprends de ces
suggestions-là, si oui, vous me le direz et vous pourrez détailler, c'est ce
que je veux entendre, comment on peut
baliser. Parce que c'est sûr que vous pouvez souhaiter qu'il n'y ait pas du
tout de pouvoir discrétionnaire. Ça,
c'est comme la demande totale, mais vous dites bien subsidiairement. Dans
votre deuxième picot, là, à la page 21, en bas complètement, là,
subsidiairement, concernant l'article 27... 26, pardon, etc.
Bon, alors,
si nous sommes appelés, nous, comme parlementaires, à baliser le pouvoir
discrétionnaire... parce que c'est
gros, accorder, en législation, là, accorder un pouvoir discrétionnaire à un
ministre, c'est important. Alors, nous, on veut bien faire notre travail. Pouvez-vous nous aider à le baliser?
Pouvez-vous nous donner des balises, là, je m'excuse du pléonasme, mais
pour nous guider davantage?
Le Président (M. Iracà) : M. Caron.
M. Caron (Martin) : Oui. Stéphane va...
Le Président (M. Iracà) : M. Forest?
• (11 h 50) •
M. Forest
(Stéphane) : M. le député,
écoutez, ce sont des suggestions très humblement soumises par l'union
pour tenter d'arriver à une disposition plus
équilibrée, que ce soit tant à l'article 26 qu'à l'article 115. Nous croyons
notamment que, pour l'article 115... on y
met un peu plus d'emphase parce que, vous savez, à l'article 115.10.1,
l'autorisation est émise. L'entreprise fonctionne, elle a emprunté, elle
génère des revenus, donc des revenus fiscaux, et là il arriverait une situation — qu'on a décrite tantôt quand je répondais au
ministre — qui
ferait en sorte qu'on reviendrait, on reformaterait au point de départ, comme s'il n'y avait jamais eu
de certificat ou à peu près, parce que la façon dont est écrit l'article
permettrait ça, d'imposer de nouvelles normes dans certaines circonstances.
Alors, une
des premières suggestions qu'on se dit, il faut restreindre ça à la santé
publique ou, à tout le moins, à une notion
d'urgence de santé publique. Il faut que ça soit sérieux, mais il faut que ça
soit aussi urgent parce que, sans ça... Il ne faut pas se le cacher, l'humain génère des rejets dans
l'environnement. Tous les humains dans cette salle rejettent. Il faut
juste savoir comment on équilibre le tout pour que nos milieux supportent nos
activités.
Alors, si ce
n'est pas urgent, bien là, on a peut-être le temps de réfléchir à l'adoption de
normes réglementaires dans un cadre plus administratif et gouvernemental
traditionnel qui va nous permettre de fixer des seuils en vertu des nouvelles
connaissances et non de faire de la révocation de C.A. à la pièce par ferme.
Alors, ça, c'est la première justification
qu'on disait, et ce qu'on disait également, c'est qu'il fallait que les
informations scientifiques nouvelles soient corroborées par la communauté scientifique. Alors, un chercheur peut
arriver à une conclusion, puis je pense que vous comprenez le propos quand j'ai répondu au ministre tantôt, avec une
donnée sur la toxicité d'un produit, ça s'applique peut-être un peu moins au monde agricole, là, mais là
il faut que ça soit partagé scientifiquement à travers le monde, là. Il
ne faut pas qu'on aille dans un chemin qui va
se révéler n'être peut-être pas celui qui avait été annoncé par l'étude ou la
connaissance scientifique qui est
développée. Et ça, on est capable de baliser le texte de en faisant de la
légistique plus précise, à baliser le texte législatif.
M.
Gaudreault : Merci. M. le Président, avec le consentement des collègues, j'aimerais que mon collègue
député de Berthier puisse intervenir, vu qu'il n'est pas membre...
Le
Président (M. Iracà) : Absolument,
absolument. L'article 132, sans aucun problème, si les collègues
acceptent, parce que le député de Berthier n'est pas membre de la commission,
de consentement, il pourrait prendre la parole. Est-ce que ça vous va?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Iracà) : Consentement. Alors, M. le député de Berthier,
vous avez la clémence de vos collègues. Vous pouvez poser une question.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Bonjour à vous, bonjour
aux collègues. Merci de votre clémence. Bonjour à vous, messieurs.
Écoutez, en
fait, j'avais deux volets. J'avais le Fonds vert, entre autres. On sait qu'il y
a à peu près 3 milliards de dollars dans le Fonds vert, et tantôt
vous parliez justement de permettre de passer à l'électricité. Dans bien des
cas, il y a des obstacles, évidemment le triphase, donc
l'énergie plus forte, mieux adaptée, justement, aux outils que vous utilisez
notamment pour l'irrigation, entre autres. Moi, j'ai un voisin, chez nous, qui
s'est mis à l'électricité et il fait des économies extraordinaires.
Alors donc, moi, j'aimerais vous entendre
davantage sur le Fonds vert. Donnez-moi quelques exemples assez frappants de ce que vous pourriez faire si, demain
matin, vous aviez justement un réseau électrique adéquat pour justement,
de un, émettre moins de gaz à effet de
serre, utiliser moins d'énergies fossiles et, au final, arriver à avoir une
meilleure gestion pour vous et des économies notables pour vos entreprises.
M. Bernier (Daniel) : En fait, c'est
ça, tous les moteurs qui exigent une forte puissance, qui actuellement... Il y a de nombreux moteurs, là, sur les fermes,
là. Vous donnez l'exemple des pompes pour l'irrigation. Effectivement,
ça, en bout de champ, si on peut raccorder
ça au réseau électrique, c'est des combustibles fossiles en moins qui sont
brûlés puis, bon... plusieurs moteurs
nécessaires aux travaux de la ferme. Actuellement, on est contraints à des
moteurs à essence ou à diesel. Il y
de grandes possibilités, et là, bien, en fait, on les sous-utilise parce qu'il
y a très peu de fermes qui ont accès au réseau triphasé. Mais à partir
du moment où on connecte les fermes sur un tel réseau, ça ouvre la porte à une
grande conversion, un grand type de conversion.
M. Caron
(Martin) : Et peut-être
des exemples concrets :
érablières, les évaporateurs, ça, c'en est un exemple. On sait que c'est un de nos fleurons qu'on a ici, au
Québec. Ça fait que ça, c'est une utilisation. On a parlé des serres
tantôt. Tous les systèmes au niveau de la
gestion des fumiers liquides, tout ça, et vous savez qu'il faut brasser nos
fumiers et tout ça, là, c'est tous des systèmes avec des tracteurs,
mais, si on avait le triphasé, à bien des places, ça serait des moteurs
électriques qui seraient là.
Et vous comprendrez qu'on a un tracteur qui est
là, qui fait du surplace et naturellement qui fonctionne pour brasser. Ça fait
que tous des systèmes-là qui sont là, quand on arrive au niveau de l'ensilage,
pour des silos, le même principe, c'est un
tracteur qui est stationnaire, qui va passer 10 heures, 15 heures là, fixe.
Mais, si on était capables d'avoir le triphasé à des endroits, bien, on
irait avec un moteur électrique directement, là.
Ça fait que c'en est plein d'exemples comme ça
que ça pourrait avoir un impact rapidement au niveau environnemental.
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste une minute.
M. Villeneuve : Oui. Bien, je
sais qu'au niveau de l'acériculture, entre autres, plus de la moitié maintenant
fonctionne encore malheureusement au diesel,
entre autres, et donc l'électricité viendrait changer la donne de belle
façon. Puis peut-être rapidement vous entendre
sur toutes les législations, toutes les réglementations municipales,
gouvernementales qui vous assaillent, je vais le dire comme ça, parce
que c'est le cas, là. Ça vous prend des experts, et vous en êtes, la plupart du temps, dans votre bunker sur la ferme
en train de travailler pour réussir à comprendre et à mettre en application tous les règlements. Vous verriez quoi
pour corriger ça?
M. Caron
(Martin) : Bien, pour
corriger ça... Je pense que tantôt, il
y a eu une question par rapport à amener vraiment les ministères de l'Environnement en région de
travailler avec les entreprises agricoles, travailler avec les producteurs,
productrices. Je pense, c'est une plus-value là-dessus.
M. Villeneuve : Un point de
chute?
M. Caron
(Martin) : Un point de chute
directement, mais je vous dirais que c'est le défi qu'on a
présentement, puis on a peut-être
deux exemples qu'on peut vous ramener bien rapidement au niveau de l'aquaculture ou de la volaille, entre autres. Je vais peut-être laisser Daniel aller côté de volaille, entre autres, amener des exemples, qu'est-ce qu'on peut vivre sur le terrain présentement puis ça a un impact majeur, même si on n'a pas encore ce droit-là
d'envoyer. Daniel.
M. Bernier
(Daniel) : Bien, en fait,
là, si on fait référence, justement, à l'importance de bien baliser les normes
puis à limiter les pouvoirs
discrétionnaires, là, même en l'absence de la latitude qu'accorderait la loi,
on est parfois vis-à-vis des cas où l'analyste qui a à examiner un projet de...
bon, dans le cas que je mentionnais, c'est une entreprise de volaille.
On est en processus d'agrandissement, on
présente la façon dont on va gérer les fumiers, notamment par entente
d'épandage, et là la direction régionale
refuse pourtant ce qui est possible par règlement en disant : Bon, on
exige qu'une partie du fumier soit traitée dans un centre de traitement,
bien que la réglementation ne prévoie pas cette exigence.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
Bernier. Malheureusement, ça met fin à la période d'échange avec l'opposition
officielle. Nous allons procéder à la période d'échange avec le deuxième groupe
d'opposition, et je vais céder immédiatement la parole au député de Masson.
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Merci, messieurs, d'être avec nous aujourd'hui. Je vais vous emmener sur la sécurité
financière. Vous en parlez un peu à la page 14 de votre mémoire. Dans le fond, vous craignez qu'une institution prêteuse, financière, là, elle pourrait revoir ses règles de financement puis même refuser de prêter à certains à certains types d'entreprises agricoles, compte tenu un peu, là, de la notion du pouvoir discrétionnaire du ministre,
là, puis que, dans le fond,
ceci, ça ouvrait la porte à une modulation inéquitable des règles à l'échelle
des fermes.
Pourquoi
est-ce que c'est si important pour vous puis, dans le fond, que... votre
crainte, là, sur l'augmentation des coûts de financement, si vous pouvez
nous donner plus de détails, s'il vous plaît.
M. Caron
(Martin) : Bien, je vais
laisser Stéphane commencer puis je vais compléter avec un exemple ou
deux.
M. Forest
(Stéphane) : Merci, M. le
député. Il faut savoir que nous, on représente des PME, donc des petites
entreprises qui n'ont pas la capacité
financière d'avoir des liquidités pour faire face aux diverses exigences,
expertises qui pourraient être exigées, rapports scientifiques, etc. Ça, c'est
une première des choses.
La deuxième des choses, c'est que dans le
mémoire, vous avez vu, pour générer un dollar de revenus, l'agriculteur doit investir 8 $. Ça, ce n'est
pas les mêmes proportions dans les autres types de PME au Québec ou dans
la grande industrie. Alors, c'est pour ça
qu'on est plus à risque. Le conseiller financier va se poser des questions s'il
est au courant que le pouvoir du
ministre peut s'exercer de façon régionale ou même, ce qui encore pire, à la
pièce, parce que c'est ça qu'on a
peur, c'est qu'au lieu qu'il y ait des normes, dans les règlements, qui
s'appliquent à tout le monde, que le pouvoir du ministre d'imposer des
conditions s'exerce à la pièce, par ferme.
Alors, il est conséquent de penser que le
conseiller financier va avoir des questions à se poser.
M. Lemay : Excellent. Puis votre
exemple?
• (12 heures) •
M. Caron (Martin) : Peut-être, dans
des exemples comme ça, c'est que ça a des impacts majeurs sur le côté financier. Puis je voudrais rajouter un autre
exemple aussi qui est assez important. C'est que tous ces éléments-là au
projet de loi, qu'on amène, au niveau
environnemental, il reste quand même l'exemple du REA, au niveau du Règlement
aux exploitations agricoles présentement.
Vous savez, vous êtes tous au courant qu'il y a 500 ou plus que 570
municipalités où est-ce que les producteurs
agricoles ne peuvent pas faire un accroissement au niveau des superficies. Ça,
ça a des impacts majeurs au niveau financier et ça nous amène aussi, je
vous dirais, un impact économique.
Puis bien
souvent, cet élément-là... puis je sais qu'on travaille présentement avec le
ministère pour regarder ces situations-là
puis d'amener des façons de faire pour vraiment modifier ces règles-là, parce
que ça a un impact financier, mais, en même temps, ça a un impact
environnemental aussi, parce qu'il y a une gestion qui est faite.
Je prends
juste un exemple. Vous avez deux champs qui sont croisés par un fossé puis vous
voulez faire du drainage de vos
terres pour avoir une meilleure efficacité. Vous voulez remplir le fossé, mais
vous n'avez pas le droit de faire ça, présentement, là, si vous êtes
dans les 570 municipalités qui ont été enlevées au niveau du droit
d'accroissement des terres. Ça fait que, tu sais, encore là, c'est un aspect financier, mais c'est un aspect
aussi environnemental. Et, par
rapport au projet de loi, c'est sûr qu'on le mentionne dans notre mémoire,
c'est quelque chose qu'il faut aller de l'avant très rapidement, ça fait des années qu'on demande ça au niveau du REA pour le maintien des superficies agricoles. Ça fait que c'est un défi. Je pense qu'on travaille présentement avec le ministère
pour trouver une façon de faire, mais il reste qu'il faut arriver rapidement,
parce que ça a un impact au niveau financier sur nos entreprises agricoles,
aussi.
M. Lemay : Parfait. Si on reste dans le même thème du financement, le ministre a parlé, dans le livre vert, qu'il voulait augmenter les tarifs pour les certificats
d'autorisation. Présentement, c'est en moyenne 45 % des coûts que
les gens paient, et puis ils veulent monter
ça à 100 %. Donc, vous le mentionnez ici, à la page 17 de votre
mémoire, là, à votre item 10,
que ça serait... dans le même sens, ça serait dommageable, si on vous chargeait
plus cher. Est-ce que vous avez quelque chose d'autre à
rajouter, ou vous l'avez tout mentionné tout à l'heure, dans ma première question?
M. Caron (Martin) : Je vais
laisser répondre Daniel là-dessus.
M. Bernier
(Daniel) : Oui. En fait,
bien, c'est ça, nous, le message qu'on passait... Parce qu'effectivement c'était une
intention, là, d'augmenter le ratio d'autofinancement. Nous, pour certaines dispositions
du règlement, on est exemptés de ces
frais-là, et on pense que, un, ça doit être maintenu, cette exemption-là, pour
les raisons qu'on sait, là, le contexte
particulier économique de l'agriculture, et même on devrait l'étendre à
d'autres activités agricoles, forestières notamment. Par exemple, prenons un producteur forestier qui a à faire
des travaux dans un milieu humide; on devrait aussi prévoir une exemption dans ces cas-là. Ce n'est
pas des activités qui génèrent énormément de revenus, alors, si les
tarifs sont trop élevés, la rentabilité n'est plus là.
M. Caron
(Martin) : ...on est en
compétition directement avec l'Ontario, à côté, puis au niveau des États-Unis.
Puis, quand on vous parle d'un plan de fertilisation, le bilan phosphore, reste
que ça amène des coûts au niveau des producteurs agricoles. On évalue en
moyenne à peu près à 1 000 $ par entreprise. Ça, c'est un revenu net,
quand on parle de 1 000 $,
comparativement au niveau de l'Ontario, qui n'ont pas ces coûts-là à assumer,
tout ça. Ça fait que, déjà là, on répond à différentes exigences. Si on
nous ramène encore d'autres exigences, bien, on vient de creuser l'écart, là. Je pense que c'est un défi qu'il faut réaliser
tout le monde ensemble. C'est bien qu'au niveau du Québec on se mette
peut-être des règles, mais, en même temps,
on a à faire face à la compétition de l'extérieur. Ça fait qu'il faut avoir une
certaine cohérence là-dessus.
M. Lemay : Parfait.
30 secondes, hein?
Le Président (M. Iracà) :
30 secondes.
M. Lemay :
30 secondes. Sur le Fonds vert, là, tantôt, vous avez parlé du courant
triphasé, vous avez aussi un encadré sur la biomasse forestière qui
pourrait vous aider. Est-ce que vous avez un petit court commentaire?
M. Bernier
(Daniel) : En fait, ça aussi ça pourrait être super intéressant pour
le chauffage. Il y a beaucoup d'énergies
fossiles qui sont utilisées pour le chauffage des bâtiments d'élevage ou même
pour l'évaporation en acériculture. Si on pouvait avoir des programmes
qui facilitent, là, l'utilisation de la biomasse, là, on ferait des gains
importants.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Bernier. M. le député de
Masson, merci beaucoup. Merci, messieurs, de votre contribution à la
commission. Je vais suspendre les travaux quelques instants pour permettre au
deuxième groupe de se présenter.
(Suspension de la séance à
12 h 3)
(Reprise à 12 h 6)
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Nous allons reprendre les travaux. Bien vouloir prendre place, s'il
vous plaît. Je souhaite la bienvenue aux représentants du Conseil du patronat
du Québec. Je vous demande de bien vouloir vous
présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Madame monsieur, la parole est à vous.
Conseil du patronat du Québec (CPQ)
M. Laplatte (Benjamin) : Eh bien, bonjour, et merci de nous recevoir. Alors, évidemment,
je tiens à adresser, au nom du Conseil du patronat et de ses membres,
nos remerciements à vous, M. le Président, M. le ministre et les parlementaires, pour cette invitation. Je suis Benjamin Laplatte, directeur principal
aux Affaires publiques du Conseil du patronat,
que je vais qualifier de CPQ pour la suite de l'exposé. Et je serai accompagné
d'Audrey Azoulay, économiste, qui a travaillé avec nous sur notre
mémoire.
Un
petit rappel. Créé il y a bientôt 50 ans, le CPQ est une confédération
d'associations sectorielles, à ce titre, qui représentent directement ou indirectement
près de 75 000 employeurs au Québec, et ce, c'est important de le
rappeler, dans les secteurs aussi bien privé
que public et parapublic. Et, à ce titre-là, le CPQ représente différents
secteurs d'activité. En fait, très peu de secteurs d'activité économique
au Québec qui ne sont pas membres chez nous.
Le
CPQ a décidé, il y a quelques années, de s'engager dans un dialogue sain et
constructif avec plusieurs groupes issus
de la société civile, et notamment environnementaux, c'est important de le
préciser, particulièrement dans le cadre de l'étude de ce projet de loi. C'est pourquoi, et nous le rappelons
régulièrement sur plusieurs tribunes, le CPQ s'appuie depuis plusieurs
années sur les compétences spécifiques du Conseil patronal en environnement du
Québec, qu'il a contribué d'ailleurs à
mettre au monde. Il prend également activement part au sein des discussions de
Switch, L'Alliance pour une économie
verte, au Québec. Il a également contribué très étroitement avec plusieurs
groupes, au cours des deux dernières années,
sur des réflexions concrètes, là, concernant le rôle de l'écofiscalité et la
reconnaissance du principe du pollueur-payeur,
d'ailleurs, en conséquence, avec le principe d'utilisateur-payeur, qu'on peut
prôner sur d'autres tribunes, mais également
des études sur l'importance d'oeuvrer à une transition énergétique dans le
transport des personnes et des biens, notamment
en vue d'optimiser nos plateformes logistiques. Et le CPQ continuera de
réfléchir de manière proactive aux déterminants
d'une économie durable et d'une prospérité par tous, pour tous et avec tous.
C'est d'ailleurs la signature de la campagne Prospérité.Québec que le
CPQ a initiée il y a maintenant deux ans.
Un préambule pour
vous dire que l'ambition que l'on nourrit ici est de faire en sorte que les
entreprises soient reconnues comme faisant
partie de la solution plutôt que du problème, comme on peut l'entendre encore
trop souvent. Et c'est avec cette
même philosophie qui nous anime aujourd'hui, et nous espérons qu'elle sera
reconnue par cette commission. Donc, voilà pour les motivations à réagir
à ce texte de loi.
J'irai
dans un avant-propos pour dire que le CPQ soutient les orientations du p.l.
n° 102. Il soutient la démarche du gouvernement pour une Loi sur la
qualité de l'environnement modernisée et pleinement propice au développement durable. À ce titre, il faut souligner, et
j'insiste là-dessus, le travail qu'a représenté l'écriture de cette pièce
législative. Nous allons en discuter plus
loin, mais on tient à souligner l'implication et le leadership dont a fait
montre le ministre, depuis son plan vert, pour modifier toute une pièce
législative qui est importante et qui sera elle-même suivie de plusieurs modifications réglementaires. Malgré l'ampleur du
travail accompli, évidemment, il en reste encore à abattre, et on espère
pouvoir le faire de façon constructive, sereine et ouverte avec vous.
• (12 h 10) •
Le
CPQ a déposé un mémoire, dont les recommandations cherchent globalement à
tendre vers un encadrement législatif et réglementaire qui vise trois
objectifs principaux : le pragmatisme, avec des objectifs réalistes et des
outils applicables concrètement; un projet
de loi qui se veut compétitif, en
prenant garde de ne pas pénaliser la trajectoire des entreprises
en motivant l'investissement et la création de valeurs; et mobilisateur, car évidemment
l'adhésion des entreprises visées, des promoteurs visés est un facteur
de succès essentiels, et ce, en se prémunissant le plus possible contre une
complexification des processus ou leur judiciarisation éventuelle.
Les commentaires
généraux, à présent. On retient du projet de loi une simplification qui est
évidente, mais certains éléments qui
demeurent imprévisibles et sur lesquels on aura l'occasion d'échanger. Néanmoins,
on reconnaît que
le projet de loi permet une avancée très significative dans la
simplification du fardeau réglementaire, et on a bien pris note que le ministre lui-même
a réitéré cet engagement fort, lorsqu'il a dévoilé le projet de loi n° 102, en
accompagnant ce projet de loi d'un certain nombre d'indicateurs de performance visant notamment
le raccourcissement des délais et l'allégement
du processus. Et c'est quelque chose qui rentre en pleine ligne avec la politique
d'allégement réglementaire.
Évidemment, on est
dans un terrain législatif. Il y a une écriture qui, des fois, peut paraître
indigeste et peut laisser place à certaines
interprétations ou perceptions, et c'est ce que nous allons tenter de clarifier
avec vous aujourd'hui. Mais on a en face de nous un régime qui est globalement
mieux structuré, en particulier grâce à une modulation des obligations
en fonction du risque, que le CPQ
juge pleinement judicieuse. Cependant, le nouveau régime d'autorisation environnementale présente également quelques
défauts certainement perfectibles et qui vont vous occuper au cours des
prochaines semaines, nous en sommes persuadés.
Revenons sur la
modulation en fonction des risques. C'est une des grosses pièces de cet élément
législatif. Plusieurs recommandations que nous vous formulerons plus tard, dans
la période des questions, nous amènerons à dire
que, par exemple, pour les risques notamment élevés, les préconsultations
prévues pour l'élaboration des PEEIE se devront d'être efficaces et de rester informatives plutôt que
prescriptives. Les conditions exceptionnelles qui permettront à un projet ou à un règlement d'être assujetti, par
exemple, à la PEEIE doivent également être rapidement précisées, selon
nous, et ce, pour bénéficier aux travaux qui vont suivre de cette commission,
mais également pour pouvoir répondre à
plusieurs préoccupations légitimes que pourrait avoir le milieu quant à
l'application de cette loi. Le gouvernement doit, à ce titre, garantir
un maximum de clarté sur ce qu'il entend par «étude complète».
On
retient également certains éléments de bonification qui vous ont été présentés
par d'autres groupes avant nous. Concernant la durée de validité des
autorisations, par exemple, pour les projets industriels, on fait
recommandation, une autre également, de la porter de cinq à 10 ans. Et on
pourra revenir sur d'autres éléments de bonification, mais globalement — je vais vite — le CPQ est favorable à cette modulation, mais
avec des modifications qui réduiront la stabilité réglementaire qu'on peut voir à ces endroits et
qu'on juge qui pourrait présenter un risque défavorable aux
investissements. Encore une fois, on va revenir sur l'importance de la
prévisibilité de ce cadre législatif là.
Justement, à ce
titre, on constate que certains pouvoirs discrétionnaires seront accordés au
ministre. Le CPQ, à ce stade-ci, comprend
tout à fait la volonté en arrière de cette intention qui est de se doter d'un
cadre qui soit agile et flexible. Bien que souhaitable, évidemment,
cette flexibilité mériterait d'être balisée par endroit, pour éviter de créer
justement l'effet contraire de ce qui a été recherché, une imprévisibilité
législative qui aurait, comme on le dit, un impact
immédiat sur la stabilité juridique et l'efficacité intrinsèque de la loi dans
son application. Donc, le CPQ demande d'ajuster certaines dispositions
qui permettront de réduire ses sources d'imprévisibilité dans les travaux
subséquents.
On doit vous faire
montre, par contre, d'un certain inconfort par rapport à la divulgation
d'informations confidentielles. Alors là,
évidemment, on lève un «flag» orange, que d'autres ont pu faire avant nous, en
ce qui concerne, bien, l'affirmation du caractère public de certaines informations
environnementales. Évidemment, on ne saurait suffisamment rappeler l'importance
de pouvoir préserver le secret industriel dans ce processus-là et de bien
baliser la divulgation d'informations qui pourraient avoir un caractère
confidentiel ou un caractère stratégique et qui pourraient placer une
entreprise demanderesse d'une autorisation dans une situation complexe, y
compris en regard de certains compétiteurs. Nous sommes persuadés que les
parlementaires que vous êtes saisissent bien cette importance-là.
On
va venir sur l'augmentation et l'ampleur de la LQE. On reconnaît dans le p.l. n° 102
la volonté d'augmenter l'ampleur de la loi, notamment avec
l'autorégulation par la divulgation d'informations, des dispositions
préliminaires favorisant l'inclusion des
principes de développement durable, donc, ce qui occasionne évidemment
un élargissement qui peut être intéressant en soi. Il
y a l'article 20 qui peut
soulever certaines questions, qui interpelle le ministre de la Santé. On retient, par
contre, des évaluations environnementales stratégiques plus systématisées, peut-être
mieux balisées dans leur mission et
dans leur coexistence avec le Bureau
d'audiences publiques. Évidemment,
on retient le test climat, sur lequel je reviendrai une minute tout de
suite.
Le Président
(M. Iracà) : 45 secondes.
M. Laplatte (Benjamin) : Mais le CPQ veut attirer l'attention du ministère
sur l'importance d'investir aussi dans le maintien du développement de ses ressources humaines. Parce qu'une des
conditions de succès de la mise en oeuvre de cette stratégie sera de faire en sorte que les pratiques
vont être harmonisées entre les directions générales et que les
différentes compétences pourront consulter les unes entre les autres, et ce,
peu importe où elles oeuvrent sur le territoire.
Enfin,
on ne pourrait qu'encourager le ministère à inviter ses équipes à se rendre sur
le terrain et se porter à la connaissance de la réalité qui va être
vécue par les entreprises, et ce, dans une perspective d'amélioration continue.
Sur le test climat,
je vous invite peut-être à nous poser des questions là-dessus, mais on a bien
pris note des échanges qui ont eu lieu
depuis mardi là-dessus, et je reviendrai peut-être ici pour répéter qu'on est
conscients qu'il peut subsister, des fois, dans l'aridité des textes de
loi, un écart entre l'intention de l'auteur et ce qu'on peut comprendre à la
lecture du projet de loi.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Laplatte.
Malheureusement, ça met fin à votre exposé. Vous n'avez plus de temps.
M. Laplatte
(Benjamin) : C'est parfait.
Le
Président (M. Iracà) :
Vous pourrez vous reprendre lors des périodes d'échange. Et nous allons débuter
avec une première période d'échange avec la partie gouvernementale, et je cède
la parole à M. le ministre.
M. Heurtel : Merci,
M. le Président. Bonjour, madame.
Bonjour, monsieur. Merci pour votre présentation ainsi que votre mémoire. Justement, sur le test climat, vous écrivez dans votre mémoire,
à la page 19 : «Le test-climat
n'inclut aucune considération
économique et s'écarte ainsi des principes du développement durable.» Le but du test climat... En tout cas, j'aimerais mieux comprendre cette affirmation-là, étant donné que le but du test climat, c'est, entre autres, d'identifier
d'abord puis fouiller les questions soulevées par un projet en matière de lutte
contre les changements climatiques. Il va y
avoir des questions, nécessairement, qui vont se lier à l'économique; le choix de technologies, par
exemple. Le but, justement, c'est d'alléger le processus.
On peut peut-être
percevoir le contraire, mais notre prétention, c'est que, pour des projets
majeurs, le fait de soulever en amont le
plus tôt possible ces questions-là et peut-être même trouver des solutions
auxquelles le gouvernement pourrait contribuer via le Fonds vert pour
améliorer les choix technologiques du promoteur, bien, nous, on voit ça d'un
angle économique aussi. Oui, il y a le but premier, qui est la réduction des
émissions de gaz à effet de serre et la cohérence
de notre processus d'autorisation environnementale avec tout l'écosystème de
mesures qu'on a mis en place en matière
de lutte contre les changements climatiques, mais il y a également tout un pan,
tout un volet de développement économique très important, c'est-à-dire
toute, justement, cette transformation de l'économie québécoise vers une
économie plus sobre en carbone. Ça, c'est des opportunités économiques.
Ça, il y a des
études, là, de A à Z. Je reviens de Marrakech, de la COP22, on confirme de plus
en plus le fait que la transition vers une économie plus sobre en carbone
démontre des opportunités de développement économique importantes. Oui, il y a
des types d'activité qui vont devoir être délaissés, mais en échange d'un plus
grand éventail d'activités, des meilleurs emplois, de la recherche, des
technologies propres. Bref, l'idée du test climat, c'est de venir justement
approfondir ces enjeux-là. Alors, je me questionne sur votre affirmation que le
test climat n'inclut aucune considération économique. Alors, j'aimerais mieux
comprendre les bases de cette affirmation-là.
• (12 h 20) •
M. Laplatte
(Benjamin) : Certainement. Je vais répondre à plusieurs niveaux.
Évidemment, je l'ai dit à deux reprises en préambule, il y a l'aridité intrinsèque
d'un texte de loi. Je vous dirai par contre que la réaction...
M. Heurtel :
...peut être amélioré, là, hein, c'est le but de l'échange, là.
M. Laplatte
(Benjamin) : Oui, et puis d'ailleurs on comprend que c'est pour ça
qu'on est ici.
M. Heurtel :
Oui.
M. Laplatte
(Benjamin) : Et puis on comprend également qu'au stade où nous en
sommes rendus du processus on va surtout discuter des grands principes et de
l'esprit, puisqu'il y a plusieurs
règlements qui vont devoir être mis à
jour. Et on est très certains qu'il y aura place à l'amendement, peut-être pour
alléger certaines écritures et éliminer des biais de perception. Parce que la façon dont vous venez d'expliquer le
test climat et le rôle que pourrait venir y jouer le Fonds vert, on est ailleurs. Lorsqu'on lit le
projet de loi, on constate que le test climat raisonne peut-être davantage
comme un examen. Un test, c'est un examen.
Un examen, bien, on le sait tous, on l'a vécu, prête en général à une sanction
qui peut être positive ou négative,
mais à une note de passage. Et, dans cette section-là, de surcroît, il est fait
mention, à un moment donné, de la possibilité d'obliger, contraindre une
entreprise vers un choix technologique.
Ce
qu'on comprend de votre intention... Et je vous dirai que là ça nous amènerait
sur une piste qui est intéressante. Si on approche le ministère de
l'Environnement dans une perspective de service à la clientèle, et je
m'explique, effectivement, c'est, à toutes
fins pratiques, extrêmement souhaitable que, dans sa demande d'autorisation, un
demandeur puisse bénéficier d'un conseil qui vise non pas à tester, examiner,
comme on pourrait l'entendre, mais à orienter le demandeur dans son choix et
où, effectivement, plutôt qu'une sanction de délivrance d'autorisation de
certificat, le demandeur puisse se voir
bénéficier une orientation dans les programmes qui sont ouverts puis qui
mériteraient d'être davantage utilisés, qui sont financés par le Fonds
vert.
D'ailleurs,
là-dessus, deuxième niveau de réponse, pour nous, c'est important, et on l'a
dit d'ailleurs dans l'étude du projet de loi
n° 106 consacrant la mise en place de Transition énergétique Québec, pour
nous, il est vital pour le Québec, afin qu'il puisse se doter des
ambitions légitimes à ses objectifs, que le Fonds vert et Transition
énergétique puissent travailler de manière
très, très ténue. Et, si on réunit ces ingrédients-là, bien, peut-être que la
réalité terrain sera plus proche de la vision que vous venez d'exprimer.
Donc, il y a certainement peut-être une place pour une écriture un peu plus
légère ou qui rendrait davantage justice à cette vision service à la clientèle
que vous venez d'exposer.
M. Heurtel :
Je crois qu'on n'est pas loin, parce que...
M. Laplatte
(Benjamin) : On s'approche.
M. Heurtel :
Oui. C'est parce que l'idée... On ne peut pas nier le fait qu'on ait des cibles
de réduction d'émission de gaz à
effet de serre. Ces cibles-là sont adoptées en vertu de la Loi sur la qualité
de l'environnement, ce sont des décrets du Conseil des ministres qui les établissent. Et on a depuis... bon, on a
mis en place... on est à notre deuxième plan d'action sur les changements climatiques, plan d'action
électrification des transports, Politique énergétique, stratégie gouvernementale
développement durable, bref, un écosystème de mesures pour lutter contre les
changements climatiques. Vos membres y
souscrivent, je veux dire, le Conseil du patronat et vos membres, vous êtes
membres de L'Alliance Switch, entre autres,
vous travaillez avec les groupes environnementaux, d'autres acteurs économiques
en matière de lutte contre les changements climatiques.
Le
point du test climat, c'est qu'on s'assure, quand il y a un projet majeur,
qu'on puisse faire tout ce qui est possible pour assurer une cohérence avec l'ensemble de nos éléments puis nos
obligations ultimes d'atteindre nos cibles. Alors, on ne veut pas... Ce n'est pas de dire... Il n'y a
rien dans le projet de loi qui est : Ça passe ou ça casse. Il n'y a rien
dans le projet de loi... C'est de forcer l'évaluation à la lumière de
tout ce qu'on a établi et ce qui sera établi à l'avenir, parce qu'il va y avoir d'autres mesures, plus on avance
dans ce combat-là, de s'assurer qu'il y a une cohérence. Et, si le
projet doit évoluer, doit changer, tout
comme, dans des certificats d'autorisation, il y a des conditions, à l'heure
actuelle, qui affectent les projets,
bien, s'il y a des conditions au niveau économique, bien, justement on s'est
donné un outil, grâce au marché du carbone, qui est le Fonds vert, pour
contribuer, pour aider l'entreprise à adopter les meilleures technologies.
Alors, c'est
vraiment plus un échange, moins une question, là, mais je tenais quand même à
préciser ça, parce qu'on a eu
beaucoup de commentaires sur le test climat. Puis, en même temps, il mérite
certainement une réflexion sur comment on
peut peut-être le clarifier, parce qu'il y a plusieurs personnes, plusieurs
groupes ont soulevé des questions intéressantes. Mais, en même temps, je
tenais à quand même, peut-être, vous rassurer sur son objectif.
M. Laplatte
(Benjamin) : Si vous me
permettez une réponse. Bon, de un, il faut continuer de consacrer nos
efforts, nos énergies au choix que le Québec a fait de se doter du SPEDE et du
marché du carbone. Le piège dans lequel il ne faudrait pas tomber, c'est qu'un
test climat devienne une espèce de cheminement réglementaire parallèle qui...
M. Heurtel : On est d'accord.
M. Laplatte
(Benjamin) : Bon, je pense
qu'on s'est compris là-dessus. Et, pour éliminer toute confusion, il y
aurait peut-être lieu de réexaminer le
projet de loi et peut-être d'y éliminer les éléments qui ont une connotation ou
un caractère un peu trop prescriptif. C'est la piste sur laquelle je
vous amène.
M. Heurtel : Merci. Merci, M.
le Président.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. le ministre. Alors, je vais
céder la parole au député de Maskinongé, qui a quelques questions pour
vous.
M. Plante :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Donc, madame, monsieur, bienvenue.
Écoutez, on a bien écouté vos propos,
et j'ai bien aimé l'échange que vous avez eu précédemment avec le ministre, là,
je trouvais ça important de clarifier.
J'ai quelques points, à la lecture de votre mémoire, à peut-être clarifier, où
j'aimerais vous entendre plus en détail. Si je regarde à la page 14, vous faites ressortir deux points, le
deuxième point étant «l'augmentation des plateformes de consultations et
[des] risques de délais engendrés par [des contestations systémiques] et une
acceptabilité sociale mal engagée». J'aurais
besoin, si possible, d'une certaine définition ou d'une explication de cette
expression-là. Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous voulez
dire par «acceptabilité sociale mal engagée», j'ai une petite difficulté, là.
M. Laplatte
(Benjamin) : On va tenter de
s'expliquer, parce que c'est un commentaire qui est fondé aussi sur une
base empirique de l'expérience vécue par certaines entreprises, certains
promoteurs, particulièrement au sein du BAPE, par exemple.
Il est important de considérer, dans
l'évaluation de tout projet, sa raison d'être économique. Le projet de loi est intéressant dans le balisage qu'il fait des
rôles respectifs et de l'évaluation environnementale stratégique, pour
améliorer la connaissance et de renforcer le
rôle du Bureau d'audiences publiques en environnement dans ce qu'il sait faire
et fait le mieux. Néanmoins, et on
l'a répété sur différentes tribunes, on n'est pas toujours, là, dans des
environnements où on fait le débat
autour de l'acceptabilité sociale d'un projet, on n'est pas toujours là dans un
climat qui se prête à une évaluation sereine et objective de
l'opportunité économique de ce projet-là.
D'ailleurs,
j'imagine que c'est aussi l'intention, de se doter, à travers la mise en oeuvre
du projet de loi n° 102, là, de processus peut-être autres que le
BAPE ou l'évaluation environnementale stratégique pour recourir peut-être plus rapidement à de la médiation sur le terrain. C'est
peut-être là aussi l'intention qu'on lit que de favoriser un meilleur
climat d'acceptabilité sociale. Il reste que
l'acceptabilité sociale, puis on l'a dit notamment en réaction au livre vert du
MERN sur le sujet, c'est quelque chose de fondamental à discuter, et le plus
rapidement possible, parce que ça vient orienter drastiquement des décisions de gestion pour un promoteur. Par contre, il
est important que, dans tous ces processus qui visent à organiser ou
favoriser la recherche de l'acceptabilité sociale et surtout la recherche de
compromis, qu'on ne perde pas de vue en tout temps l'importance de pouvoir
sous-peser de manière objective et rigoureuse l'opportunité économique qui est
assortie à chacun des projets.
En résumé, ce
qu'on dit, c'est qu'empiriquement le Québec s'est doté d'outils intéressants,
d'ailleurs, qui sont des exemples
pour d'autres juridictions à travers le monde. Par contre, ces outils-là ont
tellement de succès, font l'objet de tellement
de popularité qu'à un moment donné il devient peut-être un peu difficile pour
le gestionnaire ou le décideur de sous-peser tous les avantages et
inconvénients d'ordre pas uniquement environnementaux, mais également sociaux,
et surtout économiques dans le cas dont on discute ici.
M. Plante : Parfait, merci. Je
crois que j'ai mon collègue d'Abitibi qui avait une question.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, ça fait le tour, M. le député de
Maskinongé? Alors, M. le député d'Abitibi-Est, la parole est à vous.
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Bonjour, bienvenue. Dans les recommandations que vous
nous adressez, il y a deux sections qui m'interpellent plus particulièrement.
J'aimerais mieux connaître... Vous demandez, à la 23e recommandation, d'imposer
des compétences de haut calibre en investissement stratégique aux membres du
conseil de gestion du Fonds vert. Vous traduisez ça comment, comme exigence?
J'aimerais mieux voir le profil.
• (12 h 30) •
M.
Laplatte (Benjamin) : Compte
tenu de toutes les discussions qui ont eu lieu depuis le début de la
commission sur le n° 102, et il y en
aura d'autres, on comprend toute l'importance que revêt le Fonds vert dans les
ambitions que nourrit le
gouvernement. C'est un fonds de financement éminemment stratégique pour
accompagner notre tissu industriel et nos entreprises dans la transition énergétique et vers la réduction de leur
empreinte carbone, sans sacrifier, et c'est important de le dire et de
le rappeler, leur compétitivité pour faire en sorte qu'elles demeurent
concurrentielles en regard d'autres juridictions.
À ce titre-là, c'est certain que, dans
l'opportunité qui nous est donnée de discuter de la gouvernance et de
l'organisation du Fonds vert, je pense que c'est légitime de rapporter combien
il serait important que le comité de gestion
du Fonds vert puisse être doté de personnalités qui ont la compétence et
l'expérience du financement, de la levée de projets, de la maturation et de la création d'entreprises — j'aurais dû dire : Création
d'entreprises et leur maturation, mais je pense qu'on s'est compris — et d'autres enjeux qui peuvent être
périphériques. Parce que, si on considère véritablement le Fonds vert comme un fonds de financement
stratégique pour accompagner la transition qu'on espère pour le Québec,
bien, c'est minimalement les compétences requises pour pouvoir opérer ce
fonds-là de façon efficiente.
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste moins d'une minute, monsieur le député.
M.
Bourgeois : Rapidement, également au niveau des recommandations, au
niveau de l'utilisation optimale du Fonds
vert, vous nous parlez, entre autres, d'un portefeuille technologique
transversal, donc de favoriser cette façon-là de faire. Avez-vous un exemple à nous proposer qui pourrait nous permettre
d'imager un peu plus ce que vous souhaitez?
M.
Laplatte (Benjamin) : Bien,
écoutez, là, quand on pense au Fonds vert, évidemment on pense aux
technologies propres, puis à un levier
financier qui va permettre à des entreprises qui sont soucieuses ou contraintes
d'améliorer leur performance
environnementale d'aller se doter de ces technologies. Cela dit, il faut
toujours tenir compte du niveau de maturité
de ces technologies. C'est comme d'avoir raison trop tôt; c'est le syndrome de Galilée.
Et, à ce moment-là, c'est important que le Fonds vert puisse aussi
servir à développer ces filières-là.
Vous me
demandez un exemple; il y a certainement des exemples qui seraient hautement
profitables à des secteurs plus
traditionnels dont on veut accompagner la transition. Puis ça, c'est important
de s'en soucier, parce que les technologies propres, ce n'est pas juste une fin en soi, c'est aussi un moyen de
permettre à des secteurs plus traditionnels de muter, en quelque sorte,
et de s'adapter. Mais un exemple qu'on nous a donné parmi nos membres, par
exemple, là, puis on s'approche un peu de l'univers des matières résiduelles...
Le Président (M. Iracà) : En 20
secondes, M. Laplatte.
M.
Laplatte (Benjamin) : Oui,
bien, c'est ça, mais c'est de s'intéresser à l'économie circulaire, puis
spécifiquement comment le Fonds vert peut contribuer à qualifier toutes
les opportunités liées à l'économie circulaire sur le plan de l'innovation, du
soutien à la commercialisation de ces innovations, découvrir de nouveaux
terrains d'application au niveau des produits, des matériaux, etc.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. Laplatte. Alors, ceci met fin à la
période d'échange avec la partie gouvernementale.
Nous allons procéder à la période d'échange avec l'opposition officielle. Et je
cède immédiatement la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui, merci. Bienvenue, M.
Laplatte, Mme Azoulay. Merci beaucoup de votre présence ici. Toujours
intéressant de recevoir le Conseil du patronat et de pouvoir échanger avec
vous.
Je voudrais
revenir sur la question du test climat. Vous avez eu un échange avec le
ministre. Si on le prenait sous un autre
angle... parce qu'au fond ce qui compte, c'est d'être capables d'atteindre des
cibles qui ont été fixées par le gouvernement
en termes de réduction des gaz à effet de serre, des cibles qui sont, bien sûr,
québécoises, mais qui sont aussi même internationales.
Et je
constate qu'effectivement le Conseil du patronat est favorable à ça. Vous
faites partie effectivement d'alliances aussi, comme Switch et autres.
On a eu l'occasion d'en discuter avec d'autres
groupes précédemment. Que diriez-vous d'inclure, dans une législation, ces cibles-là, donc que les cibles
soient légalisées, d'une certaine manière,
pas juste une orientation politique qui pourrait être fragile au gré des
changements de gouvernement, mais de les inclure dans une loi?
M. Laplatte (Benjamin) : Bien, la
question est intéressante. Évidemment, on s'est prêté collectivement, au Québec,
à cet exercice pour l'Horizon 2020, donc, la question peut légitimement être
posée pour ce qui est des cibles 2030. Mais
ça va m'amener à un commentaire et je vais réagir sur quelque chose que vous avez dit à l'égard de ces fameuses cibles. Il faut quand même réaliser qu'au Québec — et on ne le dit pas assez souvent — les entreprises ont quand même réduit leurs niveaux de 22 % par rapport à
1990, tandis qu'on voit que le transport, lui, a cru ses émissions de
presque 25 % depuis
1990. Donc, quand on parle des cibles, il faut aussi mesurer à quoi on
s'attaque. Et là, c'est certain qu'on est dans le contexte de l'examen du projet de loi n° 102,
où, évidemment, on s'intéresse essentiellement au périmètre législatif
qui encadre l'activité des entreprises. Il
ne faudrait pas oublier, parallèlement à cela, qu'on a toute une job qui nous
attend au Québec dans les secteurs de transport parce qu'actuellement c'est
peut-être un peu triste à dire, mais ce sont les entreprises qui... toutes choses étant égales par ailleurs, bien sûr,
là, mais qu'on pense quand même en partie substantielles, là, pour les
émissions dans le secteur de transport.
Alors, pour
répondre directement à votre question, d'enchâsser les cibles 2030 dans un
exercice législatif, c'est quelque
chose qui va mériter une réflexion de notre côté avec nos membres, mais pour
rebondir sur la fameuse question des cibles,
le milieu des affaires au Québec est déjà pleinement engagé dans cet effort
collectif de réduction des GES puis c'est
le choix qu'on a fait avec le marché du carbone puis le SPEDE. Les entreprises
ont déjà réalisé plusieurs efforts puis, je l'ai démontré, elles continueront de le faire, mais elles ne pourront
pas continuer de le faire dans les mêmes proportions nécessairement que ce qu'on a connu dans les
dernières années. Et ça, il faut le réaliser parce qu'il n'y a pas de
régression linéaire, là, entre le niveau
d'investissement puis ce qu'on va chercher comme gains en termes de GES. À un
moment donné, la technologie nous amène
toujours à devoir négocier un plateau. Donc, il va falloir s'intéresser à
d'autres secteurs que celui des entreprises.
M.
Gaudreault : Vous avez raison que les gros efforts à faire sont du côté du
transport puis il faut vraiment changer les pratiques là-dessus puis les
manières de faire.
Maintenant,
je voudrais vous entendre davantage sur le Fonds vert parce que vous avez dit
dans votre... je ne me souviens plus
si c'est dans la présentation ou en répondant à une question à un collègue,
vous avez parlé d'une relation ténue,
plus ténue entre le Fonds vert et Transition énergétique Québec, qui est créé
en vertu du projet de loi n° 106 qui est présentement à l'étude, et vous faites, dans votre recommandation 24,
deuxième sous-point, là, à la page 24, justement... vous dites :
«Privilégier également les programmes d'efficacité et de transition énergétique
incitant positivement les comportements des
consommateurs particuliers.» Alors, j'aimerais ça vous entendre sur ce que vos
pensées vraiment ou réellement, ou en...
complètement, là, sur cette relation entre le Fonds vert et Transition
énergétique Québec. Je voudrais savoir exactement ce que vous pensez.
M.
Laplatte (Benjamin) : On se
souviendra que Transition énergétique Québec aura pour mission de
coordonner plusieurs programmes destinés aux
différentes clientèles touchées en termes d'efficacité énergétique. Pour nous,
il y a un lien évident à faire entre
efficacité énergétique, réduction de la consommation énergie et, en bout de
ligne, réduction des GES, puis ce,
probablement pour la majeure partie des initiatives qui seraient visées par
Transition énergétique Québec. C'est
un gain à la marge. C'est un double dividende que la société québécoise va
aller chercher et c'est pour cette raison qu'on espère, et véritablement, que le Fonds vert va pouvoir servir de
source de financement stable, prévisible et suffisante pour nourrir
toutes les ambitions qu'on a avec Transition énergétique Québec. C'est aussi
simple que ça.
M.
Gaudreault : Mais est-ce que vous croyez que ce qui est prévu dans projet
de loi n° 102, que nous étudions présentement, va permettre ça?
Considérant que c'est quand même... Est-ce qu'il va y avoir un aller-retour
dans le conseil, le comité de gestion que
propose le ministre dans le projet de loi n° 102 et Transition énergétique
Québec, qui sera une autre instance, qui va quand même proposer aussi
des programmes, comme vous le dites, en réduction de la consommation
énergétique?
• (12 h 40) •
M. Laplatte (Benjamin) : Vous allez
me ramener sur un commentaire qu'on a déjà formulé dans l'étude du projet de loi n° 106. Si on veut que le
Québec réussisse, et si les gouvernements qui vont se succéder dans le futur
puissent faire état d'un bilan avantageux à
exposer à la face du reste du monde, bien, il faudrait peut-être éviter de
faire en sorte que le Fonds vert et
TEQ deviennent une espèce d'organisme à deux têtes. Il y a peut-être là un
risque dont il faut se prévaloir.
Et ce qu'on
espère sincèrement, en faisant ce commentaire-là, là, c'est que ce commentaire
soit pris autant par le gouvernement que par les partis d'opposition
pour la simple raison qu'on va vivre longtemps avec ces outils-là et qu'il s'agit de leviers, d'outils extrêmement
importants pour la prospérité du Québec au cours des prochaines années,
et particulièrement la capacité d'adaptation de notre tissu industriel.
M. Gaudreault : Oui, je suis entièrement
d'accord avec vous. C'est pour ça d'ailleurs que je vous pose cette question, parce que j'espère qu'on va faire une
législation. Le projet de loi qu'on est en train d'étudier vise à
modifier une loi qui a 44 ans d'âge.
Alors, ça montre qu'on la modifie rarement de façon aussi importante, alors,
c'est pour ça : raison de plus pour laquelle on doit travailler
correctement dès maintenant.
M. Laplatte (Benjamin) : ...à bien
faire les choses. Exactement. Mais c'est dans l'intérêt collectif.
M. Gaudreault : C'est ça. Il me reste
combien de temps?
Une voix : ...
M.
Gaudreault : Il nous reste deux minutes? O.K. Deux minutes pour
discuter du pouvoir discrétionnaire qui est accordé au ministre. Je veux voir comment vous vous situez par rapport à
ça, notamment sur la question de l'article 24 du projet de loi, où
on peut même constater un genre de déresponsabilisation du ministre parce qu'au
lieu d'avoir une obligation
de prendre en considération une série d'éléments environnementaux pour
l'analyse des impacts en environnement, il est mentionné nommément que
le ministre prend «notamment» en compte lesdits éléments.
Alors, comment vous voyez ça du côté du Conseil
du patronat et du côté aussi... on pourrait nommer d'autres articles qui
donnent un pouvoir discrétionnaire plus large au ministre?
M.
Laplatte (Benjamin) : Le
pouvoir discrétionnaire est toujours à double tranchant. C'est susceptible de
revenir dans la face du titulaire de charge
autant du côté du demandeur d'autorisation que du côté du grand public s'il y a
un enjeu d'acceptabilité sociale.
Donc, c'est
certain que, pour nous, puis on ne répétera pas nécessairement tout ce qui a
été dit par d'autres, qui sont d'ailleurs
des membres également du CPQ, pour certains d'entre eux. Il y a plusieurs
endroits où on ramène un pouvoir discrétionnaire qui va mériter d'être
balisé. Ça, c'est certain. On n'a pas, à ce stade-ci, tous les éléments de
réponse sur les meilleures balises à mettre
en place, mais on est certains que, pour des questions de prévisibilité, autant
que pour des questions de robustesse
législative, si on ne veut pas en venir à une surjudiciarisation un peu plus
tard à cause de trous discrétionnaires en pensant bien faire, on pense
qu'il va falloir se doter de certaines balises, là, pour encadrer ces pouvoirs
décisionnels là.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. Laplatte, M. le député de Jonquière. Ceci met fin à la période d'échange avec l'opposition officielle. Nous
allons débuter la période d'échange avec le deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Masson, la parole est à vous.
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Merci d'être ici avec nous en
commission. Vous savez, le projet de loi introduit la notion de modulation de risques, là, avec les
risques élevés, modérés, faibles et négligeables. Et puis vous avez
pris, à partir de la page 8, là... vous
en parlez largement, là, de qu'est-ce que qu'il peut se passer puis vous
craignez qu'il pourrait y avoir une surenchère dans l'évaluation des
risques. Je ne sais si vous désirez en parler un peu plus de ça, parce que, dans le fond, on n'a pas encore les intentions de
règlements du ministre. Donc, vous voyez ici une crainte de surenchère
dans l'évaluation des risques, là. J'aimerais avoir plus de commentaires, s'il
vous plaît.
M.
Laplatte (Benjamin) :
Évidemment, puis la crainte est légitimement fondée par l'absence,
actuellement, de certaines informations du cadre qui va permettre de
déterminer de ces listes ou qui va permettre de déterminer, au meilleur de la connaissance scientifique, quels
sont les projets qui vont mériter — mériter ou démériter,
malheureusement, là, excusez le jeu de mots,
là — de se
retrouver dans la catégorie des risques modérés ou élevés. Donc, c'est certain
que, de un, je pense que, pour le bénéfice
de tout le monde, on va gagner à avoir ces projets de réglementations là plus
tôt que tard afin de pouvoir les examiner.
Cela étant
dit, c'est certain qu'on peut voir évidemment, là, un risque ascenseur qu'un
projet se voit glisser dans une catégorie
à risques plus élevés. Ça semble être moins le cas à l'inverse. Il faudrait que
le projet de loi, dans son écriture, puisse
quand même minimalement tenir compte du fait que, bien, justement parce qu'on
veut favoriser l'amélioration continue de la performance
environnementale des entreprises, qu'à un moment donné un demandeur d'autorisation
puisse, pour un projet donné, se voir aussi bénéficier,
là, d'un reclassement, le cas échéant. Donc, il ne faudrait pas juste voir la chose comme un ascenseur vers le haut,
mais faire en sorte que l'ascenseur puisse redescendre, en des termes un
peu imagés. Et puis le Conseil patronal de l'environnement vous avait envoyé
sur une bonne piste, là-dessus, soit dit en
passant, là, c'était aussi de pouvoir consacrer... sans dire qu'il s'agirait
d'une cinquième catégorie de projets, là, mais de pouvoir
reconnaître les effets positifs aussi de certains projets sur l'environnement.
M.
Lemay : Ah, mais très bien,
dans le fond, un peu ce qu'on appelait, lors de l'étude du
livre vert, le «fast track» pour les projets ayant un effet positif sur
l'environnement. Vous êtes favorables à cette mesure-là.
M. Laplatte (Benjamin) : Définitivement.
M.
Lemay : Parfait, merci. Je vais vous amener à la page 17 de votre
mémoire, quand on parle de l'article 22 de la LQE. Dans le fond, vous avez des préoccupations en ce qui concerne
les investissements des entreprises, particulièrement les investissements industriels, puis vous
souhaitez «que l'assujettissement de ces activités permette une application
qui soit conforme au maintien de la compétitivité des entreprises concernées».
Puis moi, ce qui m'a intrigué, c'est que vous dites... bien, en fait, c'est
mentionné dans l'article «que toute augmentation de la production doit faire
l'objet d'une autorisation». Ça semble lourd, comme conséquence, ça, comme
réglementation. Est-ce que vous pouvez me donner plus de détails?
M.
Laplatte (Benjamin) : Oui,
effectivement, ça semble lourd et ça peut l'être, effectivement, sur le
terrain. On parle de certaines
industries qui, dans des cas, là, raisonnent leurs stratégies d'investissement,
là, sur plusieurs années, des fois
10, même 20 ans. Donc, de repasser à travers tout un processus fastidieux pour
agrandir une unité de production, peut-être
qu'on va un petit peu loin, là. Et puis, dans certains cas, là, il faut aussi
réaliser qu'augmentation de production ne signifie pas nécessairement augmentation de la pollution. Il n'y a pas
un rapport d'élasticité directe, là, mur à mur. Donc, là encore, il y a
peut-être un écueil dans le projet de loi, là, qu'il conviendrait d'améliorer.
M. Lemay : Donc, assurément un
amendement sur cette portion-là.
M.
Laplatte (Benjamin) : Fort probablement.
M.
Lemay : Parfait. Si on va à la page 19 de votre mémoire, quand vous
parlez des instruments économiques de la LQE qui doivent être augmentés, dans le fond, vous mentionnez que vous
souhaitez que l'application de cette disposition ne soit pas trop rarement appliquée, comme si, dans
le fond, quand on veut des projets qui auraient des nouvelles
technologies innovantes pour
l'environnement — on en a
parlé tout à l'heure un peu dans ma première question — bien là, ici, vous mentionnez que vous voudriez avoir des balises un
peu plus claires pour savoir quels projets pourraient pouvoir bénéficier
d'une... si on veut, d'être facilités, là, on en a parlé tout à l'heure un peu.
Moi, ma question,
c'est : Comment on pourrait faire la mécanique pour s'assurer que les
projets qui ont des caractères innovants
pour l'environnement puissent justement être facilités puis passer plus vite au
niveau des certificats d'autorisation? Est-ce qu'il y aurait une
mécanique spéciale à prévoir?
Une voix :
...
Mme Azoulay (Audrey) : Écoutez, très brièvement, il s'agit de faciliter
la vie des entreprises lorsqu'elles veulent investir, alors il y a toutes sortes de cas, là. Le vrai enjeu, je
crois, c'est que la capacité des agents du ministère à vraiment évaluer
l'innovation, parfois, elle paraît anodine, mais elle peut être majeure, alors
c'est cette sensibilité-là qu'il faut saisir, je pense, le principal enjeu.
M. Lemay :
Vous voulez rajouter?
M. Laplatte
(Benjamin) : Oui, certainement, et puis je le mentionnais en fin
d'introduction, là, et c'est vraiment
important, dans la mise en application de ce projet de loi, d'investir dans la
compétence des équipes qui sont chargées
d'évaluer les demandes d'autorisation. Et ça, c'est un élément de réponse à
votre question. C'est que, si on veut pouvoir faire en sorte qu'on ait
une fonction publique qui est efficace, il faut l'outiller, et il faut que ces
personnes-là soient capables d'apprécier, à
un moment donné, le niveau de conformité technologique, mais, aussi, pas juste
le risque avéré, l'impact aussi,
avéré, d'un choix technologique au détriment d'un autre pour pouvoir bénéficier
à un projet d'être mis sur le «fast track», comme vous le disiez.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup, M. le député de Masson. Merci, madame,
messieurs, pour votre contribution.
Je vais suspendre les
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à
12 h 50)
(Reprise à 15 h 2)
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. S'il vous plaît,
éteindre la sonnerie de vos téléphones cellulaires.
Je vous rappelle que
la commission est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières sur le
projet n° 102, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement
afin de moderniser le régime d'autorisation environnementale et
modifiant d'autres dispositions législatives notamment pour réformer la
gouvernance du Fonds vert.
Alors,
nous poursuivons notre merveilleuse consultation. Cet après-midi, nous
entendrons les groupes suivants : la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, le Comité
consultatif de l'environnement Kativik, le Comité consultatif pour
l'environnement de la Baie James et l'Alliance Transit.
Je
souhaite donc la bienvenue au premier groupe, la Fédération canadienne de
l'entreprise indépendante. Je vous demande de bien vouloir vous
présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Alors, madame monsieur, la parole est à vous.
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)
Mme Hébert (Martine) : Bonjour. Merci, M. le Président. Alors, je suis
Martine Hébert, vice-présidente principale à la FCEI. Je suis accompagnée par M. Bruno Leblanc, qui est notre
directeur pour le Québec des affaires législatives.
Alors,
M. le Président, M. le ministre, distingués membres de la commission, je tiens
d'abord à vous remercier sincèrement
de cette invitation à discuter avec vous aujourd'hui du projet de loi
n° 102 sur l'environnement. Comme vous le savez, la FCEI est le plus important regroupement de PME au Québec et au
Canada. Nos petites et moyennes entreprises oeuvrent dans tous les
secteurs de l'économie au Québec. Ainsi, bon nombre d'entre elles doivent
composer avec les exigences de la Loi sur la qualité de l'environnement, et
autres, et notamment aussi avec le régime d'autorisation environnementale qui a été mis en place au fil des
décennies. On a donc pris connaissance, vous le comprendrez, avec grand intérêt du projet de loi n° 102, dont nous
avons d'ailleurs salué le dépôt. Et j'en profite, M. le Président, pour saluer
aussi le leadership du ministre dans cet
important dossier et complexe dossier pour lequel une modernisation était
attendue, là, depuis bientôt à peu près 40 ans, hein, qui date d'à
peu près 40 ans.
Donc, d'entrée de jeu, M. le
Président, j'aimerais souligner que la FCEI adhère totalement à la nécessité de
protéger l'environnement. Nos entrepreneurs sont évidemment bien conscients de
son importance et comprennent bien que le contexte
moderne des affaires doit s'y attarder. Cependant, pour la FCEI, il y aura
toujours un risque que les nobles objectifs de l'État en matière de
protection de l'environnement se transforment sur le terrain en cauchemar
réglementaire et administratif, ce qui
représenterait une entrave non seulement à la création de richesse collective,
mais aussi un obstacle important à l'observance et à la portée optimale
des lois et des règlements. Évidemment, ce n'est pas le cas dans le projet de loi qui nous occupe, et je comprends
bien aussi que ce n'est pas l'intention du ministre de faire cela parce
que j'ai entendu... on a écouté un petit peu,
là, les autres audiences, mais malheureusement, M. le Président, je vous dirais
que les ministres se succèdent souvent, mais
parfois ne se ressemblent pas, et par contre les écrits restent, par contre les
écrits restent. Alors, c'est un petit peu
pour ça qu'il y a certaines préoccupations, dont nous avons discuté dans notre
mémoire, sur lesquelles j'aimerais revenir, M. le Président, avec les membres
de la commission aujourd'hui.
À la lumière des
détails du projet de loi, force est de constater que le remaniement du régime
d'autorisation environnementale, entre autres, et le dépoussiérage général que
supposent plusieurs dispositions du projet de loi sont de bon augure, mais
annoncent aussi la possibilité que le ministre ou le gouvernement doive, au cours
des prochaines années, préciser le mode
d'intervention de plusieurs mesures par la voie réglementaire. En outre, il y
est du même souffle envisagé de réduire la période de consultations
avant l'adoption de certains règlements, en plus d'octroyer des pouvoirs
discrétionnaires au ministre, qui, à première vue, nonobstant les intentions
que le ministre a précisées, nous semblent,
en tout cas à l'écrit, très peu balisés. Une telle approche nous laisse un
petit peu perplexes, et on ne voudrait pas, dans le fond, qu'on vienne défaire de la main droite que l'on tente de
faire de la main gauche en termes de simplification, de clarté et de
prévisibilité en ne clarifiant pas certaines dispositions du projet de loi à
cet égard-là.
C'est pourquoi la
FCEI considère, contrairement à l'approche préconisée dans le projet de loi
n° 102, que la perspective d'une
activité réglementaire plus importante en aval de son adoption ainsi que les
pouvoirs discrétionnaires conférés au
ministre commandent l'expansion de consultations étendues du gouvernement et
non pas la suppression de dispositions
qui favorisent ces consultations étendues. On pense aussi qu'il y a certaines
dispositions du projet de loi qui commandent
un certain balisage des pouvoirs pour éviter des dérapages dans le futur. Cela
s'inscrirait d'ailleurs en lien avec les principes de développement
durable et les objectifs du gouvernement en matière d'allègement administratif
et réglementaire en plus d'ajouter à l'objectif visé en matière de
prévisibilité et de clarté. Nous souhaitons donc, M. le Président, que le
législateur puisse réviser les dispositions concernées afin de les baliser
davantage.
Quelques
mots maintenant sur l'application du développement durable et sur le nécessaire
rééquilibrage entre ces trois piliers. M. le Président, rappelons-le,
dans son préambule, le projet de loi prévoit, et je cite, qu'il vise à «établir
dans la Loi sur la qualité de
l'environnement un processus d'évaluation environnementale stratégique, lequel
vise à favoriser une meilleure prise
en compte des enjeux environnementaux ainsi que des principes de développement
durable lors de l'élaboration des
stratégies, plans et programmes des ministères et organismes gouvernementaux».
Or, M. le Président, si l'objectif du gouvernement est de doter le
Québec d'une économie durable, nous, on pense qu'il est impératif qu'un rééquilibrage se produise entre les trois piliers
du développement durable que sont le social, l'environnemental et
l'économique dans l'appréciation et l'évaluation des projets au Québec.
Il apparaît donc à la
FCEI que, dans bien des cas, le corpus réglementaire en matière de protection
de l'environnement, ou encore les analyses
qui en découlent, infère un biais souvent en défaveur du pilier économique
du développement durable. La FCEI estime
donc que le législateur devrait soigneusement faire en sorte de préserver,
voire rétablir l'équilibre entre ces trois piliers lorsqu'il légifère, et on
souhaiterait qu'il saisisse l'occasion que ce projet de loi offre pour ce faire. En ce sens, on pense que cela devrait se
retrouver, sans équivoque, inscrit non seulement dans la procédure de
sélection des membres du BAPE, mais également dans sa mission et dans ses
actions. En fait, la FCEI préconise même de transformer le BAPE, où on retrouve
le mot «environnement», plutôt en un BAPDD, qui serait le Bureau d'audiences
publiques sur le développement durable. Bref, une espèce de BAPE transgenre,
finalement.
Actuellement,
l'horizon disciplinaire duquel proviennent aussi les membres du BAPE est davantage
lié au prisme à travers lequel ces
mêmes membres analysent les questions qui leur sont soumises. Il est donc
primordial que non seulement le BAPE
étende son expertise, mais aussi que ses membres soient issus à parts égales de
tous les piliers du développement durable.
Je m'excuse, j'ai un
petit rhume, alors je vais devoir faire une petite pause de temps en temps.
Le Président
(M. Iracà) : Prenez votre temps, mais il vous reste
quatre minutes.
• (15 h 10) •
Mme Hébert (Martine) : Parfait. Concernant la sélection des membres du
BAPE, la FCEI estime que, dans le but de
garantir le maximum d'expertises à cet égard-là, l'obligation d'adopter une
procédure de sélection devrait être inscrite directement dans le
dispositif de la loi.
Dans
un deuxième temps, l'article 8 du projet de loi n° 102 prévoit la
possibilité qu'un comité de sélection soit formé. Nous, on souhaiterait que ce ne soit pas une possibilité, mais
bien une obligation. On souhaiterait également que le comité soit
composé de membres référés notamment par des organismes représentatifs des
groupes oeuvrant dans les trois piliers du
développement durable, et nous préconisons que, pour le volet économique, des
associations d'entreprises représentatives et en développement économique
soient désignées à cet effet.
Finalement,
la FCEI s'explique mal pourquoi le législateur, par le truchement de
l'article 13 du projet de loi n° 102, soustrairait le BAPE à
la production d'un rapport sur ses activités financières et au dépôt de ce dernier
à l'Assemblée nationale. On estime qu'en
cette ère de transparence le gouvernement devrait plutôt renforcer cette
responsabilité-là et s'assurer de la bonne gestion des affaires financières
de cet organisme-là comme de n'importe quel autre organisme. Il nous apparaît
donc inopportun de réduire le contrôle gouvernemental des activités de gestion
du BAPE.
Parlant de transparence et de gouvernance, M. le
Président, passons maintenant
au Fonds vert. Il y a
plusieurs éléments du projet de loi qui sont vus positivement. Ça fait longtemps
que beaucoup de gens réclament une meilleure gouvernance
pour le Fonds vert. Donc, on estime toutefois qu'il est essentiel
que le Fonds vert participe à des projets qui vont favoriser le développement durable, et ce,
en recourant, encore une fois, à ces trois piliers : environnement, économie et social. On
estime donc que la gouvernance du Fonds
vert devrait être ajoutée de manière
à ce que les trois piliers du développement durable y soient traités sur
un pied d'égalité.
Et
on profite de l'occasion, M. le
Président, pour dire aussi qu'on
souhaiterait que le Fonds vert fonctionne en cohésion avec Transition énergétique Québec, qui, on le sait, là,
est un autre organisme créé par le gouvernement
pour favoriser la transition énergétique au Québec. Je pense qu'il faut qu'il y
ait des ponts qui soient créés entre les deux organisations.
En
conclusion, M. le Président, je
pense que le législateur
fait le bon choix en modernisant le régime d'autorisation environnementale et en introduisant un système
d'autorisation à géométrie variable. La nouvelle procédure de sélection
des membres du BAPE, de même que les
nouvelles règles de gouvernance du Fonds vert et la transparence qui y sont associées, sont des avancées importantes.
Cependant,
si le nouveau cadre législatif
présente plusieurs améliorations en moult matières, je pense qu'il y a
des petites améliorations à apporter en
d'autres matières afin d'assurer qu'on atteigne les objectifs qu'on s'est fixés
avec ce projet de loi là, notamment
en matière de simplification, de clarté et de prévisibilité pour les
entreprises, et ce, je vous dirais,
M. le Président, au plus grand bénéfice, là, de l'ensemble des Québécoises et
des Québécois. Je vous remercie.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup, Mme Hébert. Vous êtes
exactement dans les temps. Alors, merci de votre exposé. Nous allons procéder à
la période d'échange avec la partie gouvernementale, alors je cède la parole à
M. le ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Hébert, M. Leblanc. Ne vous en
faites pas, vous avez quelques minutes, je vais faire un préambule assez
long à ma question, reprenez votre souffle. Vous avez très bien fait ça.
Bon,
juste deux commentaires avant ma question, parce que vous n'êtes pas la
première organisation à nous parler de
l'obligation de déposer un rapport à l'Assemblée nationale. On a enlevé cet
article-là simplement parce qu'il y avait une redondance avec les
articles 24 à 26 de la Loi sur l'administration publique, qui prévoient
déjà que les organismes gouvernementaux
comme le BAPE doivent déposer un rapport. Alors, l'obligation subsiste, c'est
juste qu'elle est prévue ailleurs
dans le corpus législatif, alors c'était simplement une question de ne pas
avoir à répéter quelque chose qui existe déjà. Donc, ça, c'est pour
l'obligation de déposer.
Pour
la coordination aussi, il y a eu d'autres organisations qui parlent de
la coordination entre les dispositions du projet
de loi n° 102 qui créeraient le
Conseil de gestion du Fonds vert et la coordination avec Transition énergétique
Québec. Bien comprendre, le Conseil de gestion du Fonds vert va s'occuper de mettre
en place le cadre de gouvernance pour l'ensemble du Fonds
vert. C'est ce qui veut donc dire que
les sommes du Fonds vert qui vont aller à Transition énergétique Québec vont nécessairement et obligatoirement être soumises au cadre de gouvernance qui va être établi par le
conseil de gestion.
Alors,
Transition énergétique Québec, comme les autres ministères et organismes qui
recevraient des fonds du Fonds vert, devront donc se soumettre à
l'ensemble des directives, donc, de rigueur, de transparence, de reddition de comptes, de gestion par projets que le conseil de
gestion établirait. Alors, j'espère que ça, à ce niveau-là, ça peut
clarifier. Mais c'est très clair, quand on
lit les dispositions du projet de loi n° 102, il n'y a pas d'exception
pour TEQ, TEQ qui va être un organisme gouvernemental, advenant
l'adoption du projet de loi n° 106. Et cet organisme gouvernemental, tout
comme les ministères, tout comme n'importe quel autre organisme gouvernemental,
va devoir respecter les règles de gouvernance du Fonds vert qui vont avoir été
établies par le conseil de gestion créé en vertu du projet de loi n° 102.
Donc, il y a une cohérence, et il n'y a rien dans le projet de loi n° 106
qui soustrait TEQ de cette obligation-là.
Ma
question maintenant. Je lis, de votre communiqué de presse que vous avez émis
sur le projet de loi n° 102, je cite... donc, ça revient que vous
dites... bon, l'actuel BAPE soit transformé en bureau d'audiences publiques sur
le développement durable, ce que vous avez
dit plus tôt. La citation : «Nous considérons que l'aspect économique est
souvent défavorisé dans le processus
d'évaluation de l'actuel BAPE.» J'aimerais ça que vous alliez plus loin.
J'aimerais ça mieux comprendre cette
affirmation-là. Avez-vous des exemples? Parce que je vous ai entendu dans votre
présentation, vous avez suggéré des
pistes de solution quant à la représentativité du BAPE, la composition du BAPE,
mais j'aimerais, en amont, que vous
nous expliquiez, bien, vous, vos membres, comment vous avez vécu ça, comment
vous arrivez à cette conclusion-là que je viens de lire.
Le Président (M. Iracà) :
...
Mme Hébert (Martine) : Merci, M. le Président. M. le ministre, on en
arrive à cette conclusion-là par plusieurs chemins, en fait, je vous dirais, puis je sais qu'on n'est pas les
premiers à venir dire aussi devant cette commission, là, qu'on sent
qu'il y a un déséquilibre, à l'heure actuelle, dans l'appréciation des trois
piliers du développement durable lorsqu'on
examine des projets. On a saisi, dans le fond, l'opportunité... Parce que ça
fait longtemps, à la FCEI aussi, comme d'autres
groupes, qu'on réclame qu'il y ait un bureau d'analyse économique des projets
qui ont des retombées ou qui ont des répercussions environnementales, et
on a saisi l'opportunité du projet de loi qui nous est donnée ici pour
dire : Bon, bien, si ce bureau-là n'a
pas été créé, d'abord est-ce qu'on peut rétablir l'équilibre, mais au sein d'un
organisme comme ce que pourrait être
un bureau d'audiences publiques en matière de développement durable, dans
lequel on pourrait ajouter une division économique pour faire des
analyses économiques, je vous dirais, sérieuses sur les projets qui sont
soumis?
Et je ne critique pas du tout, si vous
voulez, l'expertise et la compétence des membres du BAPE, mais je parle
en matière d'analyse d'impacts économiques
réels. Lorsqu'on apprécie, par exemple, l'imposition que ça soit d'une
centrale hydroélectrique ou peu importe, bien sûr il y a les emplois directs,
mais il y a aussi tous les emplois qui sont créés en dehors de ça à moyen ou à long terme. Lorsqu'on parle d'une mine, c'est
la même chose, il y a bien sûr les emplois liés à la mine, mais il y a les emplois qui vont être créés,
dans la région, dans les petits restaurants, dans les petites boutiques,
les commerces de détail, etc.
Donc,
on a rarement, en tout cas dans le débat public au Québec, lorsqu'on analyse
des projets, des résultats, des données
probantes ou encore des résultats, là, élaborés par rapport à ça. Et je suis
allée feuilleter, en fait, quelques rapports, là, qui ont été produits par le BAPE dans les dernières années, là, je
suis allée faire ça comme lecture de chevet hier soir, et, bon, souvent, effectivement, le volet économique
est très dilué dans le rapport ou encore est très factuel. On va donner
des statistiques sur la région, ou des
choses comme ça, ou encore on va faire acte de commentaires qui ont été
présentés, mais ce n'est pas une
analyse d'impacts économiques au sens où on l'entend — je suis moi-même économiste, là — on n'a pas un portrait... Et je trouve que ça manque dans le débat à l'heure actuelle,
et c'est pour ça qu'on a fait cette proposition-là, proposition, comme je vous dis, que nous avons
importée d'une autre proposition qu'on faisait pour la création d'un
bureau d'études économiques de projets, que
ce soit à caractère... qui ont un impact sur l'environnement. On a parlé
beaucoup des énergies fossiles au Québec. On a entendu très peu, dans le
discours et dans le débat, là, d'études sérieuses ou d'organisations, là, qui pouvaient apporter un éclairage sur les
retombées économiques potentielles de ce genre de projets là. Donc, c'est pour ça qu'on a saisi l'opportunité de
ce projet de loi là pour dire : Bien, d'abord, est-ce qu'on ne
pourrait pas transformer le BAPE ou, en tout
cas, faire du BAPE... parce que, dans sa mission, on en parle, de développement
durable, mais, dans l'actualisation de sa mission, on le perçoit peu.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, M. le ministre... Alors, je vais
céder la parole au député de Maskinongé, qui, je crois, a quelques
questions pour vous.
• (15 h 20) •
M. Plante :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Bonjour et bienvenue. Écoutez, le
ministre a bien parlé, là, de vos
interrogations. Moi, je vais aller dans le positif, parce qu'on sait que vous
attendiez la modernisation de la Loi sur la qualité de l'environnement depuis longtemps. Vos membres, qu'on
rencontre dans nos circonscriptions, nous faisaient part aussi de cette attente-là, et je sais que, comme
vous avez écouté la commission et que vous avez eu des rencontres avec
le ministre puis avec les membres du gouvernement à quelques reprises, vous
savez que l'intention aussi avec cette modification de la loi là est de donner
un rôle d'accompagnateur plus au ministère pour permettre, justement, aux entreprises d'être mieux accompagnées, pouvoir
faire ce qu'il faut, et par la suite, bien, suivre la réglementation, et
c'est plus facile, et c'était demandé de
votre part, de la part des chambres de commerce aussi, plusieurs personnes
demandaient ça. Et j'aimerais savoir,
pour vous, pour vos membres, quelle serait la meilleure façon d'accompagner, non seulement législativement, mais
d'accompagner un projet. On dépose un projet, on appelle le ministère de l'Environnement puis on
dit : J'ai ça. Quelle serait la meilleure façon, pour vous, que le ministère
accompagne les entreprises?
Mme Hébert (Martine) : Bien, écoutez, on est toujours disposés — d'ailleurs,
je tends la main au ministre — à
travailler avec ses équipes, là, pour faire
en sorte, particulièrement, que les petites
et moyennes entreprises, là,
puissent bénéficier d'accompagnement, non seulement, comme vous le
dites, en matière d'observance de la réglementation, mais aussi en matière d'accompagnement au niveau, là,
des sommes qui sont disponibles. Parce qu'un des gros défis qu'on va avoir au Québec... On peut avoir des bien belles
cibles en matière de réduction de GES, et tout, et tout ça, mais un des
gros défis qu'on va avoir, c'est qu'on est
une économie de petites entreprises. On est une économie, au Québec, de PME.
Et, lorsqu'on parle... Tu sais, on peut bien
parler, là... Je sais que M. le ministre a dit, par exemple, qu'il avait
rencontré des grandes entreprises,
entre autres à Marrakech, et tout ça, mais on n'est pas du tout dans les mêmes
moyens lorsqu'on parle de la petite entreprise, là, le petit maraîcher
qui produit en serre, là, dans une région du Québec.
Donc,
il va falloir qu'on s'assure que les programmes aussi... non seulement que la réglementation soit claire, et soit prévisible, et quitte à avoir des check-lists,
comme on dit, puis avoir de l'accompagnement de la part des gens du ministère
pour que ce soit clair pour les entreprises
de savoir à quoi elles doivent se plier. Mais, quand je parlais tantôt aussi
des synergies entre Transition énergétique Québec puis le Fonds vert, qu'il n'y
a ait pas 56 000 portes où tu vas cogner quand tu es une petite entreprise puis que tu as un projet, justement, que ce soit en matière de transition énergétique, ou de diminution de GES, ou quoi que ce soit, de
modernisation, d'innovation, que tu n'aies pas 12 portes à aller cogner
parce que c'est clair qu'à ce moment-là on n'aidera pas les entreprises. Ça fait que, quand on parle
d'accompagnement, là, c'est : porte d'entrée unique où on peut se diriger en fonction du projet qu'on a, un
accompagnement dans ce sens-là, des outils clairs, facilement
accessibles, mais qui traduisent en mots compréhensibles par tout le monde, là,
qu'est-ce que c'est, la réglementation.
Aïe! Je suis allée
voir... Justement, j'ai fait mes devoirs aussi, encore une fois, hier soir. Je
suis allée voir les guides, je suis allée
voir les guides, comment ça marche, là. Tu sais, un guide dans le recyclage des
matières résiduelles fertilisantes,
212 pages, le guide d'explication. Le guide de soutien aux entreprises agricoles,
37 pages, avec toutes sortes de termes,
de termes techniques. Ce n'est pas simple. Alors, oui, elles ont besoin
d'accompagnement, les entreprises, que ce soit au niveau agricole ou autre, et en ce sens-là ça prend des
spécialistes, au sein du ministère, qui sont capables d'accompagner les entreprises, mais dans une approche d'accompagnement,
pas dans une approche coercitive où on essaie de bloquer les projets. Parce qu'on a un gros défi au Québec, et le gros
défi, je le dis, si on veut rencontrer les objectifs que le gouvernement s'est donnés, il va falloir
qu'on soit conscients et qu'on ait des outils spécifiques pour nos PME
qui sont simples, facilement accessibles et,
évidemment, auxquels elles peuvent avoir accès, là, pour rencontrer ce défi-là.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Plante :
Oui. J'entends bien vos propos, mais d'entrée de jeu vous avez dit, puis j'ai
trouvé ça très, très bien, vous avez
dit : Aujourd'hui, une économie moderne passe par l'environnement puis le
respect des normes environnementales. Puis
je pense que tout le monde adhère à ça, vos membres, tout le monde est
conscient qu'aujourd'hui, désormais, si on veut développer, si on veut être en affaires, ou tout ça, on doit respecter
les normes environnementales. Et j'ai bien aimé votre première phrase,
c'est une belle ouverture, je trouve, et c'est un beau message à lancer aussi.
Quand
vous parlez d'accompagnement... Puis, vous le savez, c'est la volonté, puis ce
qui est important... Et je comprends
bien votre problématique, parce que, chez nous, vos membres, certains de vos
membres nous le disent, une petite
entreprise, là, pas de consultants à même l'entreprise, tout ça, et parfois est
un peu perdue dans des dédales, que ça soit le gouvernement ou autres,
bon, la paperasse, c'est compliqué.
La
volonté, c'est l'accompagnement, puis, moi, comme je vous disais tantôt... Vous
me parlez comme d'une porte unique ou
d'un guichet unique, là. Ça, c'est un vocabulaire qu'on utilise souvent dans
plusieurs sauces, mais au niveau de l'accès,
vous m'avez parlé des maraîchers, tout ça, même au niveau de l'accès avec le
Fonds vert, présentement, dans divers programmes, parce qu'il y a le
Fonds vert, mais on sait qu'il est réparti dans différents ministères, ils ont
accès à ces sommes-là, ils ont accès, puis je pense qu'ils sont informés qu'ils
peuvent avoir accès à...
Mme Hébert (Martine) : Vous savez, le défi, c'est toujours la ligne
entre... Avoir accès à quelque chose, c'est une chose, mais pouvoir y accéder, c'en est une autre, et avoir les moyens
d'y accéder, c'en est une autre. Donc, c'est sûr que le petit maraîcher qui regarde ça, là, puis qu'il
faut qu'il remplisse... si ça prend un doctorat en paperasserie gouvernementale
pour remplir la demande de subvention, là,
c'est sûr que vous allez le perdre. Vous ne l'aurez pas parce que le
doctorat en paperasse gouvernementale, ce
n'est pas ça qu'il a, lui, il est maraîcher, O.K.? Donc, il faut faire
attention. Il faut faire attention à
ce que les programmes soient accessibles. Puis, quand on parle d'accompagnement, moi, je verrais aussi des programmes
où, justement, les PME pourraient, par exemple, accéder à des fonds pour pouvoir embaucher un consultant ou pour pouvoir se prévaloir de services de
consultants. Et on ne fera pas ça aujourd'hui, là, mais c'est pour ça que je vous dis, on a offert... et je réitère l'offre au ministre
que j'ai faite tantôt pour dire : On est prêts à accompagner les gens dans
le ministère pour dire, bien, quels seraient, justement, les programmes
qui pourraient... ou quelles seraient les mesures qui pourraient aider
les PME à accéder à ces mesures-là. Et ça va nous faire plaisir, là, de
travailler ça avec le ministère et avec l'équipe du ministre.
Le Président
(M. Iracà) : Alors, merci, M. le député de Maskinongé. M. le
député de Dubuc.
M. Simard :
Pour 10 minutes?
Le Président
(M. Iracà) : Vous avez deux minutes.
M. Simard : Merci. Mme Hébert, bonjour. M. Leblanc,
bonjour. Une question. Je
pense que, dans votre mémoire,
vous parlez beaucoup de... D'abord,
on le sait, le gouvernement, par sa volonté de ce projet de loi là, c'est pour diminuer la paperasserie,
diminuer, je vous dirai, justement, le besoin d'une grande connaissance par rapport à faire les demandes. Mais sauf
que, quand je lis votre mémoire, vous dites, à l'intérieur de votre mémoire,
que vous êtes bien inquiète par
rapport aux pouvoirs qui sont donnés au ministre et vous... parce que,
sous-jacent à ça, ça dit qu'il va y avoir moins de consultations. C'est ce que
vous dites, puis vous êtes bien inquiète de ça... Bien, votre organisation est bien inquiète de ça, qu'il
y ait moins de consultations. J'aimerais que vous élaboriez un peu, là. Pourquoi?
C'est quoi, votre inquiétude par rapport à ce qui peut se passer, etc.?
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Hébert (Martine) : Deux choses. Une première chose, je crois
comprendre du projet de loi qu'on vient diminuer, par exemple, la période de consultations, là, pour la réglementation. Puis je suis consciente, en
même temps, qu'on recherche de la
flexibilité, hein? Je veux dire, on ne peut pas avoir... on essaie d'avoir le
beurre puis l'argent du
beurre, là, c'est... mais, bon, je comprends, en même temps, cet objectif-là.
La seule chose que je dis, c'est que de diminuer...
Si le législateur, au départ, avait fait en sorte que, par exemple,
dans un processus réglementaire, dans
le projet de loi, quand il est
question d'environnement, on met 60 jours de consultations au lieu de 45,
il y avait une raison, parce que souvent
c'est des questions qui sont plus complexes, parce que souvent des groupes
comme le nôtre, on n'a pas des experts à portée de main ou encore on n'a
pas... on ne peut pas non plus, là... et c'est complexe. Ce n'est pas comme une
consultation, là, sur un projet de règlement qui change une procédure
administrative, là, on n'est pas dans cette dynamique-là, alors c'est pour ça
que ça nous inquiète de voir les délais.
La
deuxième portion, c'est la question du pouvoir discrétionnaire. Puis on a bien
entendu que le ministre, ce n'était pas
son intention à lui, là, mais, comme je l'ai dit tantôt, les ministres se
succèdent et ne se ressemblent pas, mais les écrits, eux autres, ils restent, puis on reste pognés
avec. Alors, c'est comme... c'est comme... c'est pour ça que... Je vais
laisser mon collègue, peut-être, compléter la réponse, là.
Le Président
(M. Iracà) : Malheureusement, Mme Hébert, ça complète la
période d'échange avec la partie gouvernementale, mais rien n'empêche, s'il y a
une question qui se rapproche de la part de l'opposition officielle, d'y
revenir. Alors, je vais céder la parole, à ce moment-ci, au collègue de
Jonquière, député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Alors, bonjour. Bienvenue, Mme Hébert, M. Leblanc, ça fait
plaisir de vous accueillir ici. Votre
mémoire est intéressant. J'ai également regardé votre communiqué de presse émis
un petit peu plus tôt aujourd'hui. C'est
sûr que votre idée de changer le BAPE en bureau d'audiences publiques sur le
développement durable, c'est gros, c'est une grosse idée. Mais je
voulais juste vous relire la mission du BAPE telle qu'énoncée dans son dernier
rapport annuel 2015‑2016 : «Le
BAPE a pour mission d'éclairer la prise de décision gouvernementale dans une
perspective de développement durable,
lequel englobe les aspects écologique, social et économique. Pour réaliser sa
mission, il informe, enquête et
consulte la population sur des projets ou des questions relatives à la qualité
de l'environnement que lui soumet le ministre.» Bon, il produit ensuite
des rapports.
Plus loin, on
dit... c'est que le BAPE est un «organisme assujetti à la Loi sur le
développement durable et à la prise en
compte des 16 principes qui y sont énoncés, le BAPE poursuit sa démarche
pour parfaire la culture du développement durable dans la réalisation de
ses mandats et le travail quotidien de son personnel».
Et sur ses
valeurs éthiques, on dit que «le BAPE privilégie quatre grandes valeurs au
regard de la mission qui lui est propre
afin que ses actions soient guidées par l'éthique et pleinement orientées vers
la recherche d'un développement durable».
Et une petite
recherche rapide nous permet de constater également que, parmi ses membres, il
y a des gens proches du milieu économique, dont Mme Gisèle
Grandbois, par exemple, qui est économiste elle-même, qui a travaillé dans des
firmes de génie-conseil, etc.
Donc, est-ce que vous ne trouvez pas que, déjà,
c'est peut-être juste... Je veux dire, ça s'appelle le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, là,
mais il est soumis à la Loi sur le développement durable. Il est tenu,
dans sa mission même, de tenir compte du
développement durable. Quand il y a un projet qui est soumis au BAPE, le
promoteur doit le présenter au public, doit présenter une étude d'impact. Donc,
il y a quand même beaucoup d'occasions pour le promoteur de faire valoir différents volets sous l'égide du
développement durable. Alors, qu'est-ce qui ne marche pas?
• (15 h 30) •
Mme Hébert
(Martine) : Bien, écoutez,
nous, la perception qu'on a, là, puis on n'est pas les seuls,
d'ailleurs, je pense qu'il y a plusieurs
intervenants qui ont défilé devant
vous et qui sont venus le dire, la perception que nous avons et ce qu'on voit, ce qu'on constate, c'est qu'il y a un
déséquilibre en défaveur du volet économique. Et d'ailleurs le BAPE,
dans son appellation même, pourtant, on l'appelle le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement et non pas sur le développement durable. Si on veut vraiment en faire un organisme de
développement durable, bien, premièrement, qu'on le mette dans son nom même et non pas qu'on mette
dans son nom, dans son appellation même, un biais à l'égard de l'un des trois piliers du développement durable, l'un des
trois piliers, d'ailleurs, qui... on a entendu beaucoup de sommets, là,
sur l'environnement, mais, je vous rappelle,
qui ont fait l'objet d'un consensus international au sommet de Johannesburg
en 2002, et ce n'était pas écologique,
d'ailleurs, soit dit en passant, là, c'était : environnement, société et
économie. Donc, il y a ça.
Vous avez
parlé de la composition, effectivement, M. le député, des membres du BAPE.
C'est vrai qu'il y a une membre qui
est économiste sur six membres. Donc, encore là, ici, on a un déséquilibre par
rapport à la composition, mais aussi
par rapport à l'analyse. Comme j'ai dit tantôt, là, on a fait... D'ailleurs,
comme je vous disais, on est allés éplucher des rapports. Souvent, des retombées économiques, dans un rapport de 167
pages, chapitres 1, 2... il y a trois chapitres avec je ne sais pas combien de sections, puis tu as une
section sur l'économie, sur les retombées économiques, où, souvent,
c'est plus des statistiques qu'on énonce.
Puis je ne dis pas... Moi, je pense qu'il y a moyen de renforcer cette
composante-là. Il faut rétablir
l'équilibre, et comment le faire? Puis ce n'est pas de la mauvaise foi des
personnes qui sont là, là, pas du tout. Bon, il faut le faire comment? Il faut le faire dans l'appellation même de ce
que ce bureau-là est, en renforçant, dans sa mission même, que ce sont
les trois volets, à parts égales, qu'il faut qui soient regardés, dans sa
composition aussi et dans les ressources qui
lui sont attribuées, là, pour être en mesure justement d'effectuer des analyses
d'impact économique de façon aussi rigoureuse qu'avec les deux autres
composantes, donc, et ce n'est pas le cas actuellement. En tout cas, ça ne nous
apparaît pas être le cas actuellement.
C'est pour ça
qu'on se disait : Bien, profitons de l'occasion, là, ça fait 40 ans...
Vous dites : C'est gros. Là, ça fait quand même 40 ans, hein, qu'on attend cette modernisation-là, bien, tant
qu'à faire, tant qu'à y aller avec quelque chose, là, qui est attendu
depuis longtemps, est-ce qu'on ne pourrait pas regarder ça? Parce que
l'atteinte de... La lutte aux changements
climatiques du Québec va passer par le développement durable. L'outil,
l'instrument qui va nous permettre d'atteindre
les cibles qu'on se fixe, peu importe la couleur du parti ou les cibles que les
partis politiques... au-delà, là, des intentions, ce qui va nous
permettre d'y arriver, c'est le développement durable, mais le développement
durable avec ses trois composantes. C'est
sûr que, si on ne tient pas assez en compte la composante économique... Demain
matin, on pourrait fermer toutes les
entreprises du Québec, hein, puis dire : Regarde, on n'en aura plus, de
GES, là, puis arrêtez, tout le monde,
de circuler en auto. Je veux dire, on n'en émettra plus, de GES, sauf que ce
n'est pas ce qu'on souhaite. Alors, nous, ce qu'on pense, c'est : Il faut rétablir l'équilibre, et c'est une
des clés à l'atteinte des objectifs environnementaux que nous avons, au
Québec, pour nous.
M.
Gaudreault : En tout cas, moi, je constate que le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement, dans sa mission même, telle qu'énoncée
dans son rapport, et par sa loi même, constitutive, et par le fait qu'il est
soumis à la Loi sur le développement durable, pour moi, ce n'est pas juste une
question cosmétique d'avoir un nom qui inclut «développement durable», parce
que, regardez, le gouvernement a changé le nom du ministère des Transports pour
ministère des Transports, de la Mobilité
durable et de l'Électrification des transports puis le ministre des Transports
actuel se refuse
d'adopter une politique de mobilité durable incluant un transfert modal vers
plus de transport collectif. Alors, on peut bien faire des changements cosmétiques, mais, pour moi, il faut que ça
soit plus fondamental, parce que, moi, tant qu'à ça, je pourrais faire un peu de judo avec ce que vous
dites et moi, j'aimerais bien... j'ai hâte de voir un ministre du
Développement économique qui serait
écologiste, ou qui serait ingénieur en environnement, ou qui serait un
environnementaliste, là. Alors, en
tout cas, je reçois votre idée. Vous la lancez au jeu. On verra comment ça sera
reçu et accueilli, mais moi, je vous fais part de ma réaction à première
vue.
Je voudrais
vous amener par ailleurs sur le test climat. On a entendu des représentants de
différents groupes, soit patronaux ou
du monde économique, qui nous disaient qu'ils avaient peur, par exemple, que le
test climat amené par le projet de loi n° 102 puisse conduire à forcer, si on veut,
un promoteur d'un projet à utiliser une technologie plutôt qu'une autre. Comment vous vous
situez par rapport à ce test climat?
Mme Hébert
(Martine) : Merci, M. le Président. Je vais laisser mon collègue
répondre, parce que ça revient au pouvoir discrétionnaire
aussi, tout ça, là.
M. Leblanc (Bruno) : Bien, évidemment,
on a entendu certains autres participants à cette commission mentionner qu'il y avait potentiellement
un dédoublement dans ce test climat là par
rapport au SPEDE, puis effectivement
je pense que nous, on va quand même dans ce
sens-là, dans le sens où le marché du
carbone est un instrument qui est adopté, dans le fond, pour pallier à
des approches plus traditionnelles, qu'on dit de «command and control», dans le domaine de l'environnement, où, essentiellement, ce qu'on vous dit, devant une problématique environnementale... on veut réduire les gaz à effet de serre, alors, dans l'approche «command and control», on dit : Voici la
cible et voici le moyen pour l'atteindre, et le coût, bien, on tasse ça puis on verra ça après, alors que, dans
l'approche du marché, ce qu'on dit, c'est que... Écoutez, nous, ce qu'on veut, c'est que les gens, ou les industries,
ou les points d'émission de gaz à
effet de serre qui sont dans
le marché vont s'organiser pour aller
chercher la réduction qui est la moins onéreuse, et, par l'entrepreneuriat environnemental, entre autres, bien, on va y arriver.
Alors, quand
on vient instaurer un test climat qui, notamment, comme vous le mentionnez, amène une
dimension où, potentiellement, une technologie ou une autre, une même source d'énergie pourrait être identifiée, bien,
en quelque part, on vient un petit peu dédoubler cet effet-là du marché. Puis peut-être un exemple que
je pourrais donner, qui est plus
ou moins applicable, mais, je pense, ça va donner quand même une idée de ce que je veux dire, par exemple, dans
le cadre du marché du carbone, vous
savez qu'il peut y avoir certains crédits compensatoires qui peuvent être
octroyés ou obtenus par certains
projets qui vont viser à réduire les gaz à effet de serre, et, dans ce
domaine-là, un des critères de base qui est quand même reconnu à l'international, c'est le critère
d'additionnalité environnementale. Alors, évidemment, additionnalité, on
veut dire par rapport aux exigences de la
juridiction, si vous voulez, réglementaire. Il faut qu'on aille une coche plus
loin pour aller chercher ce type de crédit
là. Alors, dans un cadre où on rajoute une couche, si vous voulez, par-dessus
le marché du carbone, bien, on vient
potentiellement d'échapper une partie de ce marché-là, et puis il y a peut-être
des enjeux aussi quand on va arriver
pour vouloir se brancher sur d'autres juridictions. Éventuellement, peut-être,
ça arrivera, là, dans le temps.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
Leblanc. Malheureusement, ça termine la période d'échange avec l'opposition officielle. Nous allons procéder à
une période d'échange avec la deuxième opposition, et je cède la parole
au député de Masson.
M. Lemay : Merci, M. le Président.
Merci d'être ici aujourd'hui en commission.
Bon,
plusieurs bonnes questions ont déjà été posées par mes collègues, mais je vais
essayer d'aller sur d'autres sujets.
Il y a quelque chose qui a attiré mon attention. À la page 2 de votre mémoire,
vous parlez, dans le fond... puis vous sortez une statistique de
l'administration gouvernementale, qui estime pouvoir diminuer d'environ
20 % le délai de délivrance des
certificats d'autorisation. On sait aussi que c'est projeté par le ministre et
son ministère d'augmenter aussi les coûts pour obtenir un certificat
d'autorisation, qui sont présentement assumés par le demandeur à 45 %, de
faire augmenter les coûts à 100 %, mais
on voit ici, là, qu'on prévoit de réduire les délais de 20 %. Est-ce que
vous croyez que, dans le fond, on
pourrait faire un effort supplémentaire? Est-ce qu'on devrait moduler les coûts
en fonction du service qui va être rendu sur le délai de livraison?
Mme Hébert
(Martine) : Ça pourrait être
une option. Écoutez, moi, c'est sûr que de diminuer les délais... Les délais, c'est souvent des coûts pour des
entreprises, hein, parce qu'une entreprise qui est en attente d'une
autorisation de quelque chose, elle a
des coûts, elle assume des coûts, qu'ils soient directs ou indirects. Mais,
moi, je ne vois pas de... Évidemment,
sur la question des coûts, je reviens à ce que je disais tantôt, il faut se
rappeler que l'économie du Québec est une
économie qui est beaucoup basée sur la PME, hein? Vous savez, 95 % de nos
entreprises ont moins de 50 employés, le trois quarts en ont moins de 10, donc on est dans une économie,
lorsqu'on parle de lutte aux changements climatiques, lorsqu'on parle de
mesures environnementales, on est dans une économie où on deale... on est avec
de très petites entreprises, là. Excusez-moi
l'expression anglaise, on «deale», on jongle avec de très petites entreprises,
alors c'est sûr qu'il ne faut pas que les coûts, non plus, deviennent
disproportionnés, là, dans ce sens-là.
M. Lemay : Parfait. Donc, on convient
tous par contre que réduire les délais pour obtenir un certificat
d'autorisation, ça, ça reste que c'est quand même la priorité qui devrait être visée
par ce projet de loi là.
• (15 h 40) •
Mme Hébert (Martine) : Absolument.
M.
Lemay : Excellent. On va
aller à la page 10 de votre mémoire, on a... En fait, vous avez un encadré
concernant l'article 203 du projet
de loi, qui est, dans le fond, l'article 15.4.9, où qu'on fait... le Conseil de gestion du
Fonds vert, là, puis, dans cet article-là, on dit qu'on va avoir trois
membres qui vont être issus du gouvernement puis cinq membres indépendants qui vont être issus de la société
civile, mais vous, vous proposeriez dans un amendement qu'en plus de ça
les membres indépendants issus de la société civile soient faits selon une
recommandation d'organisations qui sont reconnues
comme étant des entreprises représentatives du pilier économique. Vous voulez
faire un commentaire sur ça?
Mme Hébert
(Martine) : Oui. Bien, c'est
dans la foulée de ce qu'on disait tantôt, il faut rétablir l'équilibre.
Alors, quand on fait des nominations, c'est
sûr que, si on nomme des individus qui ne sont pas nécessairement
représentatifs, là, des organismes qui
représentent, par exemple, les entreprises ou qui sont spécialisés en
développement économique, bien, c'est
sûr qu'on va rater notre cible. Donc, nous, ce qu'on a voulu faire à travers
les recommandations qu'on a faites dans ce sens-là, c'est de s'assurer justement que le volet économique serait
adéquatement représenté et que... Toujours dans le même esprit, là, il y a un filigrane, une trame de fond
à notre mémoire, hein, puis à nos recommandations, là, c'est de
rééquilibrer les trois piliers du développement durable, et on est dans une
situation, à l'heure actuelle, au Québec, où on est en déséquilibre par rapport
à ça. Donc, c'est dans cette foulée-là qu'on fait ces recommandations-là.
M.
Lemay : Ah! parfait. Parce que, juste pour le souci de nos auditeurs,
là, dans le fond, à l'article en question, là, quand on nomme les cinq membres indépendants, c'est mentionné que c'est
en tenant compte des profils de compétence et d'expérience établis par le conseil d'administration. Donc, ce n'est pas
assez précis là-dedans. Le conseil d'administration pourrait dire : Ah! on veut les gens avec
plus le volet environnement, puis vous, vous dites : On devrait venir
préciser dans la loi qu'on veut aussi tenir
compte des principes de développement durable puis d'avoir un volet économique.
Parfait. Merci de cette précision.
Si on va à la
page 11, on parle beaucoup de nécessité de maintenir le secret commercial. Vous
n'êtes pas les seuls qui sont venus
nous parler de ce volet-là. C'est un volet qui est quand même important, de
maintenir... et puis vous êtes inquiets, dans le fond, que nous, en tant
que législateurs, on n'ait pas pris soin, dans le projet de loi, «de baliser
les divulgations de documents afin [de
s'assurer] de la préservation du secret commercial et fiscal des entreprises,
dans le cadre des documents exigés
[par] les autorisations ministérielles». C'est un souci qui est aussi noté par
d'autres groupes. Je ne sais pas si vous voulez nous faire un
commentaire supplémentaire à cet effet.
Mme Hébert (Martine) : Bien, c'est
ça, il n'y a pas beaucoup de précisions par rapport à c'est quoi, les renseignements, qu'est-ce qui va devoir être
publié, et tout ça. Ça fait qu'encore une fois je ne dis pas que c'est
l'intention, que l'intention était là, mais
je pense que ça mérite d'être précisé, là, parce qu'il ne faudrait pas qu'on se
ramasse avec un registre sur lequel les entreprises sont obligées de se
retrouver à divulguer leurs secrets commerciaux ou encore des informations fiscales, là, et, dans ce sens-là, je
pense qu'il faut que ce soit balisé davantage, dans la loi même, c'est
quoi, le type d'information, là, qu'on va retrouver là-dessus, là, sur ce
registre-là, et qui va y avoir accès.
M. Leblanc
(Bruno) : Bien, si je peux peut-être ajouter, c'est qu'il ne faut pas
perdre de vue que les entreprises au Québec
ou les entreprises qui veulent venir faire des affaires au Québec ont le choix
de plusieurs juridictions, puis ça rentre dans leur matrice d'analyse du risque, ce type de risque là qui est lié à
des enjeux concurrentiels importants, et je pense que le législateur doit s'assurer, là, qu'on est bien
équipés, là, pour faire face à ce type d'enjeu là dans le développement
économique.
M. Lemay : Votre message est bien
rendu. Je sais qu'on a très peu de temps. Je ne sais pas si vous avez un
commentaire final à apporter?
Mme Hébert (Martine) : Bien,
écoutez, nous, je pense que ce qui est important, c'est qu'on voudrait qu'on saisisse... Outre ce que nous avons dit en matière
de balisage qui serait nécessaire au niveau des pouvoirs
discrétionnaires, en tout cas, à l'écrit,
là, et de la réglementation, je pense que ce qui est important, c'est de
dire : On voudrait qu'on saisisse l'opportunité
de ce projet de loi là pour rétablir l'équilibre vraiment entre les trois
piliers du développement durable dans l'appréciation
des projets, que ce soit au BAPE ou que ce soit ailleurs, et je pense qu'il
faut mettre dans le projet de loi les paramètres
qui vont nous permettre d'y arriver, parce qu'il y a un déséquilibre à l'heure
actuelle, et ce n'est pas gagnant pour le Québec, parce que le développement
durable, c'est par là qu'on va atteindre les objectifs qu'on s'est fixés comme
société.
M. Lemay : Merci.
Le Président (M. Iracà) : Merci, Mme
Hébert, M. Leblanc. Je vais suspendre les travaux quelques instants. Merci de
votre contribution à la commission. Je vais suspendre pour permettre au
deuxième groupe de se présenter.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 15 h 47)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Je souhaite la
bienvenue aux représentants du Comité consultatif de l'environnement Kativik.
C'est bien ça? Alors, je vous demande de bien vouloir vous présenter, ainsi que les personnes
qui vous accompagnent. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à la période d'échange avec
les membres de la commission. Alors, mesdames, monsieur, la parole est à vous.
Comité consultatif de l'environnement Kativik (CCEK)
M. Barrett
(Michael) : «Ullaakkut», bonjour. Mon nom, c'est Michael Barrett. Je
suis membre du Comité consultatif de l'environnement Kativik. À ma gauche, c'est Paule Halley, qui est aussi un membre du
comité consultatif, et Stéphanie Benoit, qui est une analyste pour le
comité.
Le
comité consultatif a été créé en vertu du chapitre 23 de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois, ça a été créé en l'année 1980, et
le comité est un interlocuteur privilégié pour le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada,
l'Administration régionale Kativik et les villages nordiques en termes d'environnement. Notre région, c'est
au nord du 55e parallèle. Il y a 14 villages
dans lesquels la population, la langue maternelle, c'est 90 % inuktitut.
Il y a aussi des territoires... en plus, des territoires des Inuits, des
Naskapis et, dans certaines sections, les lignes de trappe, les usages traditionnels cris. Donc, ça, c'est notre région.
Le régime environnemental, c'était différent que vous autres au Sud,
c'était aussi le chapitre 23 de la convention et le chapitre II de la Loi sur
la qualité de l'environnement.
La Commission sur la qualité de l'environnement
Kativik est comprise de huit membres,
quatre nommés par le gouvernement du
Québec, quatre par l'Administration régionale Kativik, et le président nommé
par Québec en consultation avec l'Administration régionale Kativik, et
la commission a été aussi créée en l'année 1980. Donc, je passe la parle à
Paule Halley.
• (15 h 50) •
Mme Halley
(Paule) : Alors, je vais poursuivre en résumant les observations et
les commentaires formulés par le Comité consultatif de l'environnement Kativik
dans son mémoire, dans lequel mémoire il cherche à mettre en évidence deux choses, d'une part, l'arrimage à
réaliser entre le projet de loi n° 102 et le chapitre II de la Loi sur la
qualité de l'environnement, dans lequel a
été intégré le chapitre 23 de la Convention de la Baie James, malgré le fait
qu'on souhaite que le projet de loi ne
modifie pas le chapitre 22, et on souhaite également mettre en évidence qu'il y
a, avec le projet de loi n° 102, une opportunité pour le Nunavik
d'améliorer et de moderniser également le régime d'évaluation environnementale,
pour lequel le CCEK a fait, dans le passé, plusieurs représentations à ce
sujet.
En matière
d'arrimage, arrimer le projet de loi avec les dispositions du chapitre II de la
Loi sur la qualité de l'environnement, nous souhaitons attirer votre attention
sur cinq aspects généraux.
En premier lieu, le
CCEK note que l'abrogation de l'obligation pour un promoteur d'obtenir un
certificat de conformité à la réglementation
municipale, qui est émis par la municipalité où se trouve le projet, n'apparaît
pas souhaitable vue dans une perspective du Nunavik, car cette procédure permet
à l'Administration régionale Kativik d'être informée en amont des
projets qui sont anticipés sur le territoire. Elle permet également d'assurer
ainsi une cohérence en matière d'aménagement.
Et la procédure est pertinente plus particulièrement sur un territoire aussi
grand que celui du Nunavik, où les projets se réalisent généralement à
l'extérieur des communautés, voire très loin de celles-ci.
Deuxième lien
d'arrimage qui préoccupe le comité, c'est celui qui devra être réalisé avec le
nouveau régime d'autorisation fondé sur une
déclaration de conformité. Le champ d'application n'est pas défini dans la loi.
La portée, au Nunavik, de ce régime
n'est pas claire. Dans ce contexte, il apparaît difficile au Comité consultatif
de l'environnement Kativik de se
positionner sur les implications de ce régime sur le territoire. Dans ce
contexte, il nous apparaît donc que nous ne souhaitons pas appuyer son application au Nunavik en raison des
conditions climatiques qui y sont particulièrement rigoureuses, alors que les activités soumises à
une simple déclaration sont susceptibles de produire plus d'impacts dans
un tel milieu nordique qu'elles n'en produiraient si elles se réalisent dans le
sud de la province.
En troisième lieu, toujours
en arrimage, le comité est très favorable à l'inclusion d'un processus
d'évaluation environnementale stratégique dans la LQE, mais il note là aussi
que le projet de loi n'est clair en ce qui a trait à son application au Nunavik, et ça soulève des
questions. On se demande comment les conclusions d'une EES seront-elles
appliquées dans les directives qui vont être délivrées sous le chapitre II.
Est-ce que cela va avoir une incidence sur la participation des Inuits qui
siègent à la Commission de la qualité de l'environnement Kativik et qui formulent
ces directives? Enfin, le comité note que la
nature purement volontaire du régime
d'évaluation environnementale stratégique n'est pas souhaitable et
recommande de faire comme ailleurs et de le rendre obligatoire.
En
quatrième lieu, toujours en arrimage, le comité constate que des propositions
du projet de loi en matière d'accès à
l'information tendent à répondre à des préoccupations que nous avons formulées
dans notre mémoire sur le livre vert. Le CCEK est tout à fait favorable à la mise en place d'un registre des
évaluations environnementales. Mais par ailleurs nous vous recommandons de modifier cette disposition,
118.5.0.1, afin d'inclure de manière expresse le fait que les projets
qui sont réalisés sur le territoire du Nunavik vont également pouvoir être
diffusés, les informations, être diffusées sous ce nouveau registre, ce qui
n'est pas le cas actuellement, alors qu'il y avait une référence, dans l'ancien
118.5, qui est disparue dans le projet de loi. Donc, c'est très important pour
nous que les activités qui ont lieu au Nunavik puissent également être rendues
publiques par le biais de ce registre.
Dernière remarque sur
l'arrimage, qui concerne le Fonds de protection de l'environnement et du
domaine hydrique de l'État. Est prévu que
les bénéficiaires seront notamment les municipalités, qui pourront obtenir un
soutien financier. Cette mesure devrait également
pouvoir s'appliquer à l'Administration régionale Kativik, mais, pour ça,
elle mériterait, cette disposition, d'être
précisée davantage en vue de s'assurer de l'admissibilité des municipalités
régionales de comté, ce qu'est l'Administration régionale Kativik. Dans le
libellé actuel, il y a une incertitude.
Enfin, j'aimerais terminer avec des opportunités
qui sont créées par le projet de loi n° 102 et qui mériteraient également
d'être transposées dans le processus d'autorisation applicable au Nunavik.
À
ce sujet, le comité constate que des modifications proposées au régime
d'autorisation seraient grandement profitables
également au Nunavik, comme par exemple le fait qu'il y ait des nouvelles
règles et de nouvelles conditions qui encadrent
la recevabilité des demandes d'autorisation qui encadrent la cessation des
activités et qui encadrent également la prise en considération des émissions des gaz à effet de serre et des
mesures d'adaptation aux changements climatiques. Ce sont des
améliorations qui gagneraient à être introduites au Nunavik.
Il
en va de même des précisions apportées aux règles et aux conditions encadrant
la recevabilité de l'étude d'impact, la
fin de l'évaluation environnementale, le fait de permettre à toute personne de
s'impliquer plus tôt dans le processus, et quelque chose que nous avons été sensibles, c'est le fait d'établir une
procédure de sélection des membres du BAPE, mais qui pourrait être transposée au Nord pour les nominations provinciales à
la Commission de la qualité de l'environnement Kativik et du Comité
consultatif de l'environnement Kativik.
Enfin,
vous trouverez, dans le mémoire du CCEK, les motivations à l'appui de nos
recommandations, ainsi que d'autres observations sur la teneur des
propositions du projet de loi n° 102. Je vous remercie pour votre
attention.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, Mme Halley. Alors, ça fait le
tour de votre exposé? Merci beaucoup. Nous allons procéder à un échange
avec la partie gouvernementale. Je cède de ce pas la parole à M. le ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour. Merci pour votre présentation, ainsi que votre
mémoire.
J'ai
juste deux... bien, une petite question, mais peut-être va nécessiter une
longue réponse, après ça, je vais laisser mon collègue d'Ungava questionner pour la partie gouvernementale.
L'arrimage que vous suggérez, est-ce que ça nécessite la réouverture de conventions ou... est-ce que ça
peut se faire simplement par voie législative normale ou est-ce que ça
veut dire rouvrir des conventions existantes puis des ententes existantes?
Le Président (M.
Iracà) : Mme Halley, M. Barrett?
Mme Halley (Paule) : En fait, on n'a pas le projet tel qu'il sera adopté. Il est évident que
le nouveau régime fondé sur une
déclaration de conformité ne pourrait pas actuellement viser des activités qui
sont sur les annexes A et B de la partie II parce qu'elles ne pourraient
pas s'appliquer dans le Nord, ce serait illégal. Donc, oui, il y a des éléments
qui soulèvent des questions d'arrimage. Donc,
celle-là, elle en est une. Donc, c'est pour ça, nous, on n'avait pas
suffisamment d'informations, et, compte tenu
de cette possibilité-là... qu'on propose que ce régime-là ne s'applique pas sur
le territoire du Nunavik.
Par
ailleurs, l'Administration régionale Kativik recevait déjà des
informations — on était
considérés comme une municipalité
régionale de comté — et là on
viendrait un petit peu retirer sa capacité d'avoir des informations.
Certainement que ça ne change pas le chapitre
II de la Loi sur la qualité de l'environnement, mais il y a une perte d'avis
pour l'Administration régionale Kativik. Je ne pense pas que ça, ce soit
nécessaire.
Le
processus d'évaluation environnementale stratégique, là aussi, on a des
problèmes d'arrimage parce que, c'est ça, dans quelle mesure on peut
appliquer ensuite... aux directives qui vont être élaborées dans un cadre où
siègent des personnes qui ne siègent pas aux
évaluations environnementales stratégiques? Donc, là aussi, on trouvait que ça
pose la question, et le fait que ce
ne soit pas clair ou manifestement clair, ça pourrait être à l'origine de
différends ou à l'origine de conflits
qui seraient malheureux. Alors qu'on voit déjà que la question se pose pour
l'EES, alors que, vraisemblablement, ça
pourrait avoir une portée intéressante pour le Nord, mais il conviendrait, là,
si ça a un impact sur le travail des comités, à ce que ce soit vu avec
les parties.
La
question d'accès à l'information, à mon avis, ne touche pas le fond des
accords, et le fait de rendre disponible... de faciliter la participation, ça va même dans le sens du renforcement
des principes qui ouvrent le chapitre 23. Donc, je crois que l'arrimage devrait être fait clairement pour
que les gens du Nord puissent profiter pleinement de ces avancées, de
ces innovations qui sont introduites dans la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Pour
l'arrimage avec le fonds sur la protection de l'environnement et du domaine
hydrique, je pense qu'il n'y a pas de
souci à ce qu'ils puissent, dans le Nord, avoir accès à des financements,
encore faut-il être sûr qu'ils puissent se qualifier. Et les opportunités aussi... Nous avons tenté évidemment de
ne pas proposer des modifications qui ne seraient pas légales, qui ne
seraient pas respectueuses de la Convention de la Baie James.
M. Heurtel :
O.K. Bien, je veux juste commenter... Ah! vous vouliez rajouter? Excusez-moi,
excusez-moi.
• (16 heures) •
M. Barrett (Michael) : Juste pour les certificats de conformité.
L'Administration régionale Kativik, elle va recevoir les demandes pour les certificats des promoteurs
suite à la décision de l'exécutif et faire les demandes pour l'avis aux
Inuits, communautés des Inuits adjacentes ou
pour les Naskapis, et, suite à ça, elle émet un certificat de conformité. Et
ça, pour nous autres, ça, c'est bien
positif parce que c'est l'information, et le territoire, c'est immense, c'est
le tiers du Québec, et, à ce moment,
les communautés sachent qu'est-ce qui va se passer à l'extérieur de leur
village, elle émet un certificat de conformité. Donc, ce n'est pas un
processus lourd, mais c'est un processus positif.
M. Heurtel :
Bien, je voulais juste dire merci pour vos recommandations, puis j'apprécie
notamment les précisions au niveau de
la reconnaissance des MRC. Très intéressant. Ça fait qu'on va certainement, là,
regarder ces recommandations-là de très près. Merci beaucoup. C'est tout
pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. le ministre. Alors, je vais céder la parole au député de Maskinongé
ou le député...
Une
voix : Ungava...
Le Président
(M. Iracà) : Ungava. Bien sûr! Le député d'Ungava a des
questions.
M. Boucher :
Combien de temps reste-t-il, M. le Président?
M. Iracà :
Il vous reste un gros 11 minutes.
M. Boucher : 11 minutes. Bon, c'est bien. Alors, bonjour,
M. Barrett, bonjour à aux gens qui vous accompagnent. «Ullaakkut». Quand on regarde votre mémoire, on
parle, à un moment donné, que... on dit que les promoteurs de
projets sont soumis à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts prévue au
chapitre I de la LQE puis qu'ils doivent payer des frais qui peuvent atteindre parfois jusqu'à 100 000 $,
selon l'envergure du projet. Vous dites que toutefois, bon, ces frais-là ne s'appliquent pas au Nunavik. Mais vous
dites qu'il serait souhaitable qu'on profite de cette mise à jour pour
corriger cette situation-là. Pourriez-vous m'éclairer un peu là-dessus, me
donner des détails?
Mme Halley
(Paule) : Pouvez-vous me préciser quelle page, là?
M. Boucher :
Ah! je n'ai pas la page sous les yeux, là. Je l'avais dans un résumé tiré à
part.
(Consultation)
M. Boucher :
O.K. pendant que vous cherchez ça, là, je peux y aller avec un... L'idée, ce
n'était pas de vous prendre par surprise, là, loin de là.
Mme Halley
(Paule) : J'espère que vous parlez de mon mémoire?
M. Boucher :
J'espère aussi.
M.
Hallé (Paule) : C'est pour ça que je posais la question. J'ai le livre
vert, donc... On en a parlé, de ça, dans le livre vert, mais là j'ai un petit
souci, là.
M. Boucher :
O.K. Bon. À la page 10 de votre mémoire, vous indiquez qu'«il serait
souhaitable d'assurer la représentation de
la société civile, [des gens des Premières Nations,] des Autochtones et du
secteur privé au sein du nouveau Comité
consultatif sur les évaluations environnementales stratégiques». J'aimerais
savoir, bon, selon vous, là, c'est quoi, les avantages, puis qu'est-ce
que ça apporterait, là, une telle composition.
M. Barrett
(Michael) : Avoir la présence des Inuits et des Premières Nations
associés avec l'évaluation?
M. Boucher :
C'est ça.
M. Barrett (Michael) : Alors, si je peux parler de l'exemple de
l'évaluation d'acceptabilité de l'industrie uranifère et dans laquelle
le Comité consultatif du gouvernement Kativik et le Comité consultatif de la
Baie-James avaient une participation avec le BAPE, dans notre région... Et nous
autres, on a trouvé ça bien positif et c'était... J'espère que le rapport émis par le BAPE avec un chapitre pour les
territoires conventionnés... La contribution était positive, selon moi.
M. Boucher :
O.K.
M. Barrett
(Michael) : Donc, pour une évaluation stratégique, d'avoir une
participation des Inuits et les Premières Nations, ça doit être positif pour
Québec.
M. Boucher :
O.K.
Mme Halley (Paule) : Je peux peut-être ajouter simplement qu'on a
quand même observé certaines pratiques d'évaluation
environnementale stratégique, puis le fait de sélectionner, de cadrer des
programmes, des impacts, on peut souhaiter que cette réflexion se fasse
avec les différentes représentations et groupes d'intérêt d'une société. Et à
ce moment-ci ce qu'on propose dans le projet
de loi, c'est plutôt une réflexion interne du gouvernement du Québec.
Puis on souhaitait souligner le fait qu'il
serait préférable de joindre à cet exercice les différents membres de notre
société pour réfléchir à ces questions en amont.
M. Boucher :
O.K. C'est bien. À la page 7 de votre mémoire, vous dites que «certaines
avancées proposées par le p.l. n° 102,
pour le chapitre I de la LQE seraient également profitables au régime
applicable au Nunavik [notamment] en ce qui concerne la possibilité pour
le gouvernement d'établir une procédure de sélection des membres du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement», du
BAPE, ainsi que : «Des modifications de cette nature auraient pour
effet d'améliorer la sélection des membres des comités nordiques et la
procédure de nomination.» Pouvez-vous élaborer à ce sujet-là, là, puis me
donner plus d'informations?
Mme Halley (Paule) : Bien, en fait, c'est des objectifs
de transparence, de reddition de
comptes, de sélection, donc c'est des éléments qui sont très valables pour
avoir une loi qui est claire, que les gens puissent s'approprier,
comprendre comment les choses procèdent. Il nous est apparu que ces bonnes
pratiques gagneraient à être appliquées également lorsque le gouvernement du Québec nomme des membres, également, dans les organismes
qui s'appliquent au Nunavik, qu'il s'agisse du Comité consultatif de
l'environnement Kativik ou qu'il s'agisse de la commission, toujours basé évidemment
sur l'expertise des personnes à capacité, là, de rendre compte des mandats qui
sont donnés à ces institutions.
M. Boucher : O.K. À la page 7 de votre mémoire, bon, vous
dites que vous êtes favorables à l'application
d'un test climat à même le régime d'autorisation environnementale. Donnez-moi,
bon, plus de détails, là, sur l'importance de l'application de cette mesure-là
sur le territoire nordique.
M. Barrett (Michael) : Parce
que quand vous avez demeuré au Nunavik,
un certain changement de climat, son impact,
c'est énorme. Pour l'infrastructure du village, on parle de danger pour les personnes
à l'extérieur du village, avec les changements de vents, avec les changements de
régime de glace, avec les changements de végétation. Et des industries nouvelles doivent essayer d'aider, de faire de la
réduction des effets de serre et dans le changement de climat. On a vécu
ça, on l'a vécu à Salluit, on a vécu ça avec
les infrastructures, on a perdu des personnes à cause des
changements de météo, les vents
violents. Et c'est partie de la vie, mais il faut voir dans l'évaluation environnementale pour rendre compte de ça. Des compagnies, des industries et nos communautés
doivent travailler plus fort là-dedans, et ça doit être dans l'évaluation environnementale, selon nous. Je parle un peu personnel, mais c'est comme ça,
c'est... Tu vois des avalanches, tu vois les infrastructures, quand le
plancher d'un garage tombe d'un mètre. C'était énorme. Et ça va
continuer. Et il faut faire notre part. Les industries, dans l'évaluation
environnementale, doivent faire de même.
Mme Halley (Paule) : J'ajouterais peut-être, à titre d'exemple,
la mine Raglan. Donc, c'est important de tenir compte
d'une perspective à très long terme. C'est très dynamique, c'est déjà en
action, et on ne peut pas penser que le pergélisol va être du pergélisol pendant 50 ans puis qu'on va
mettre des tailings dans le sol. Donc, c'est très important pour le Nunavik.
Donc, on voulait appuyer cette introduction de critères, l'adaptation, la
réduction des risques associés. Et certainement, sur le territoire du Nunavik,
c'est une question d'une grande acuité.
M. Boucher : C'est
ça. Parce qu'on sait qu'au Nunavik les changements climatiques sont vécus de
façon beaucoup plus marquée qu'au
Sud. Au Sud, on n'a plus les hivers qu'on avait, puis les automnes, les
printemps sont différents de notre jeunesse.
Mais au Nunavik, là, c'est vraiment accéléré, puis ça a vraiment des
conséquences beaucoup plus sérieuses, là, que le fait que la neige
arrive quelques semaines plus tôt ou plus tard que dans notre jeunesse, là.
On
va parler du Fonds vert un petit peu. Vous dites que... bon, vous recommandez
de bonifier l'article 15.4.38 de la Loi sur le ministère du
Développement durable et de l'Environnement de manière à garantir la
municipalité de l'Administration régionale Kativik, en précisant que le fonds
vise, entre autres, à apporter un soutien financier aux municipalités, qu'il s'agisse d'un territoire non organisé ou d'une
municipalité régionale de comté. Pourriez-vous m'éclairer puis me donner
plus d'exemples là-dessus par rapport à vos craintes ou... C'est à la
page 15 du mémoire.
• (16 h 10) •
Mme Halley (Paule) : En fait, le territoire conventionné est différent, et la terminologie est différente, puis
ce n'est pas un territoire
organisé comme un territoire du Sud, et l'Administration régionale Kativik
est considérée comme une municipalité régionale de comté pour qu'on puisse traduire certaines de ses responsabilités sur le territoire. Donc, c'est important pour nous que cette
expression-là soit présente pour que ça ne soit pas un risque de voir l'Administration
régionale Kativik être déclassée ou de ne pas être admissible à des
fonds qui vont être destinés à ce type d'administration là, mais pour des raisons de particularisme. C'est
pour ça aussi que le CCEK existe, là, c'est pour le rappeler qu'il y a des particularismes dans les
régimes juridiques du nord, et qu'il faut, à certains moments, adapter le
régime général pour s'assurer de ne pas
échapper personne. Et c'était notre souci, quand on a passé à travers le projet de loi n° 102, de voir s'il n'y avait pas justement
d'autres craques qui fait en sorte que...
M. Boucher :
...quelque chose, là.
Mme Halley (Paule) : Oui, on n'a pas la prétention de les avoir tous
relevés, malgré qu'on ait eu cette intention.
M. Boucher : On sait que, bon, au Nunavik, par exemple, chaque village est éclairé, bon, a un service d'électricité indépendant du réseau d'Hydro-Québec, qui fonctionne bien, mais qui, malheureusement, fonctionne
encore au pétrole encore aujourd'hui. C'est sûr que, bon, c'est un moindre mal, là, sauf que, ces
centrales-là, souvent, arrivent à la limite de leurs capacités puis, plutôt qu'en bâtir une plus grosse avec un plus
gros diesel, ça pourrait être intéressant d'arriver avec des solutions, soit des panneaux solaires, ou des
éoliennes, ou des choses comme ça, puis recevoir de l'aide à travers le Fonds
vert, par exemple. C'est des choses auxquelles vous voulez assurer votre droit,
là.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, M. le député d'Ungava. Malheureusement, ça
met fin à l'échange avec la période gouvernementale. Désolé de vous avoir
coupé, mais j'ai étiré l'élastique le plus loin que je pouvais. Alors, de ce pas, nous allons procéder avec l'échange
avec l'opposition officielle, et je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui, merci, M. le Président. Merci beaucoup de votre présence, Mme Halley,
Barrett et Mme Benoit. Alors, merci beaucoup de votre présence. Je sais que, dans certains cas, ça peut représenter beaucoup d'heures de déplacements, et je
pense que c'est important qu'on prenne du temps pour bien échanger ensemble.
Je veux être sûr de bien comprendre ce que vous
nous dites. Est-ce qu'au fond vous trouvez qu'il n'y a pas suffisamment, voire même pas du tout d'arrimage
entre la réalité, les lois, les conventions qui vous gouvernent, d'une certaine manière, ou qui sont en application sur
votre territoire et le projet de loi n° 102? J'en veux pour preuve...
Bon, par exemple, dans le sommaire de vos
recommandations, à la page 14, les «Dispositions interprétatives», vous
dites: «Remplacer le terme [des]"réalités des territoires et des
collectivités[...]" par [d'autres] notions», «énoncer clairement que les dispositions de la [loi] favorisent la
satisfaction des besoins des "générations futures"», et vous dites:
«Intégrer dans la LQE des
dispositions interprétatives spécifiques à l'obligation de consultation des
Autochtones.» Alors, est-ce que je dois comprendre que le projet de loi n° 102 ne tient pas suffisamment compte
de cette réalité-là au sens large et qu'on devrait même agir dès les
premiers articles, ou dès la présentation, ou les considérants de la loi?
Mme Halley
(Paule) : En fait, le projet
de loi n° 102 est l'occasion d'être ambitieux. Donc, il y a des choses
que nous aurions souhaité voir. C'était
l'occasion aussi de parler de ce qui était absent. Et, comme nous avons
participé aux différentes versions de la Loi sur les mines, au cours des
dernières années, sur les hydrocarbures, donc nous avons remarqué qu'on faisait
une attention particulière à la consultation des autochtones. Donc, dans cette
perspective d'harmonisation des législations
récentes, on a fait ces propositions. La même chose pour la disposition
préliminaire, où on préfère avoir des
références à la Loi sur le développement durable, à des concepts de la Loi sur
la qualité de l'environnement, au lieu d'avoir l'introduction de
nouveaux concepts qui peuvent, juridiquement, être peu significatifs.
Par ailleurs,
depuis le livre vert, il est très clair, dans ce projet, qu'on veut moderniser
la partie I de la LQE. Je pense que c'était très, très, très clair,
parce que les parties sont conscientes qu'ils ne peuvent pas changer la
partie II sans l'accord des signataires
de la Convention de la Baie James, notamment des Inuits et notamment des Cris.
Donc, c'est tout à fait logique.
Mais, par ailleurs, ce que nous remarquons, c'est que, malgré tout, il y a des
impacts du projet de loi sur la partie II. Et c'est ce qu'on
souhaitait mettre en évidence dans notre mémoire afin de sensibiliser le
législateur à cela et qu'à l'occasion il
conviendrait de préciser que... s'appliquent ou ne s'appliquent pas, comme la
question de l'accès à l'information.
Les modifications qui ont été apportées au registre du 118.5 font en sorte
qu'on devrait se retrouver dans le nouveau
registre des études d'impact. On s'attendrait à ça, ça serait la logique même.
Mais peut-être, à l'origine, dans l'architecture
du projet de loi, on n'a pas fait toute cette réflexion-là, et c'est pour ça
qu'un comité comme le nôtre existe, c'est pour s'assurer de ne pas les
oublier.
M. Gaudreault : C'est pour ça que
vous venez...
Mme Halley (Paule) : Et on est
vraiment, là, dans le coeur de notre mandat, ici.
M. Gaudreault : Oui, c'est sûr que
je comprends. Vous êtes vraiment ici pour venir nous le dire, là.
Mme Halley
(Paule) : Oui, qu'il va y
avoir des impacts. Parce que les articles 22, 32, 48 s'appliquent lorsque les projets sont soumis à ce type de régime, lesquels maintenant
vont passer sous un 22. Et là il faut essayer de se projeter pour voir tout ce que ça va poser comme questions
lorsqu'un projet va se réaliser sur le territoire du Nunavik. Puis il va y
avoir ces nouvelles dispositions, ces nouveaux régimes, aussi, donc...
M. Gaudreault : ...obligations de
consultation. Et vous trouvez que la partie II ne tient pas suffisamment
compte de ça?
M. Barrett
(Michael) : Avec
l'expérience, les révisions de la Loi sur les mines, dans laquelle il y a
des obligations, ça change
l'attitude. On a plus la consultation. Donc, ça, je parle d'expérience avec la
Loi sur les mines. Et tout ça positif pour Nunavik et pour Québec aussi.
Donc, c'est souhaitable que c'était... c'est le même dans la révision de la
loi.
M. Gaudreault
: O.K. Donc, vous nous suggérez,
au fond, peut-être, de nous inspirer davantage de ce qui a été
fait lors de la Loi sur les mines pour le projet de loi n° 102, c'est ça?
Mme Halley (Paule) : C'est ce
que nous avons proposé pour la consultation de nature autochtone.
M. Gaudreault
: O.K. Très intéressant. Maintenant, vous dites, toujours à la page 14, je
parle de la page 14 parce que je regarde le sommaire de vos recommandations, dans les «Régime d'autorisation de la LQE» : «Inclure la lutte contre
les changements
climatiques dans les processus d'autorisation de la LQE.» Vous trouvez que ce n'est pas assez? Comment vous
voudriez inclure davantage la lutte contre les changements climatiques? Le test
climat, par exemple, ça ne vous satisfait pas? J'aimerais ça que vous
m'expliquiez davantage cet élément-là.
Mme Halley (Paule) : En fait, nous souhaitons l'appuyer, mais elle s'applique au Sud, puis
là on a des questions, des interrogations quant à la portée de tout ça
dans le Nord. On appuie cette approche de prendre en considération les questions, notamment, d'adaptation, les
questions aussi de réduction, suivant les projets. Mais nous souhaiterions
que ces idées soient aussi portées au
Nunavik. Donc, on l'appuie pour le Sud, mais en fait notre mandat, ce n'est pas
véritablement de faire
la promotion des régimes pour le Sud. Mais on trouve que c'est des bonnes
idées. Et nous, on est particulièrement sensibles à ça et on
souhaiterait que ça soit une idée aussi qui soit prise en compte dans le Nord.
• (16 h 20) •
M. Gaudreault
: O.K. Et ça nous amène, disons, à discuter des quatre niveaux de risque
que le ministre amène dans le projet de loi n° 102, là :
risques faibles, modérés, risques...
Une voix :
Négligeables.
M. Gaudreault :
...négligeables, faibles, modérés et risques élevés. Bon. Alors, est-ce que
vous trouvez que ces quatre catégories s'appliquent de la même manière
dans le Nord? Et, deuxième sous-question, est-ce que vous seriez plus rassurés si vous aviez, dès maintenant, et
que ça puisse nous guider également lors de nos travaux en article par
article, les intentions réglementaires du gouvernement?
Mme Halley (Paule) : Je suis désolée, mais je n'ai pas vu utiliser le
mot «risque» dans le projet de loi. Je l'ai vu utilisé dans la documentation
administrative, et le mot «risque élevé, faible, moyen» n'est pas utilisé dans
le projet de loi. On parle d'impacts, on utilise l'impact négligeable,
juste après la disposition sur les déclarations de conformité, mais pas le mot «risque». C'est une très bonne chose. Je
suis venue en discuter, c'est avec un autre chapeau, à l'occasion du
livre vert. Et en fait les activités au
Nunavik sont déjà classées, et il y a déjà une institution qui s'occupe de
classer les impacts, donc il y a une
commission d'environnement Kativik... de l'évaluation de l'environnement et il
y a déjà une liste d'activités qui sont considérées comme suffisamment importantes, en termes d'impact culturel,
social, économique, etc., qui sont assujetties à une procédure au siège
des Inuits. Ça, le projet de loi n° 102 ne peut pas toucher à ça.
Également,
une liste de projets qui sont totalement exclus de la juridiction de cette
Commission sur la qualité de l'environnement
Kativik. Et ensuite c'est cette commission, ce sont ces personnes qui ont
juridiction pour déterminer si les activités, les impacts prévisibles
d'un projet devraient faire en sorte que ce projet soit assujetti à une
procédure d'évaluation et d'examen des
répercussions sur l'environnement et le milieu social, hein? Dans le Nord, on
évalue les impacts aussi sur le milieu social. Donc, ça, si ça doit être
modifié, ça devrait certainement être modernisé.
On a voulu insister
sur le fait que ça existe depuis 1978. On modernise la LQE, il y a des éléments
dans cette modernisation qui gagneraient à
être insufflés dans le régime du Nunavik. Mais par ailleurs il y a des éléments
que vous ne pouvez pas toucher avec
le projet de loi n° 102 parce que ça ressortit d'une négociation avec les
peuples inuits et cris, et ils devraient être consultés.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, Mme Halley. Malheureusement, ça met fin
à la période d'échange avec l'opposition
officielle. On va procéder avec une période d'échange avec le deuxième groupe
d'opposition, et je cède la parole au député de Masson. La parole est à
vous.
M. Lemay :
Merci, M. le Président. Merci encore une fois d'être ici. Bien heureux de vous
revoir. On s'était vus aussi au livre
vert. Maintenant, on va aller à la page 5-6 de votre mémoire. Vous
mentionnez l'obligation de consulter des communautés autochtones. Je sais que vous en avez parlé précédemment
avec le député de Jonquière, en ce qui concerne la Loi sur les mines, mais est-ce que vous aviez
quelque chose à rajouter? Parce que vous aviez des points spécifiques,
là, vous aviez sorti les extraits, là, les
points 2.1, 2.2 et 2.3, à la page 6, mais est-ce que vous avez un
endroit spécifique que vous voyez que
ça pourrait mieux s'intégrer dans le cadre de la LQE? Est-ce que vous avez une
section que vous croyez que, selon vous, ça s'intégrerait parfaitement à
tel endroit dans la loi?
Mme Halley (Paule) : En fait, on l'a mis comme vraiment au début. Je
crois que c'est une annonce au début d'une loi, de la façon dont
celle-ci sera appliquée d'une manière particulière à un certain peuple. Je ne
sais pas si Michael a quelque chose de particulier,
mais les membres du comité n'avaient pas nécessairement retenu un endroit
particulier, sinon d'imaginer que ça allait plutôt dans l'introduction,
dans les premières dispositions de la loi.
M. Lemay :
Si on va à la page 12 de votre mémoire, vous mentionnez, dans le fond,
que... on parle ici de l'article 118.5.0.1
de la LQE, puis vous mentionnez que des projets qui concernent le Nunavik
«soient soumis au processus d'évaluation
et d'examen [sur les] répercussions sur l'environnement et le milieu social
applicable au Nunavik». Est-ce que vous voulez donner des commentaires
supplémentaires? Dans le fond, ce que vous dites, c'est carrément de pouvoir modifier cet article-là pour dire : On veut
que le Nunavik soit inclus dans ce processus. C'est ça? C'est ce que je
comprends?
Mme Halley (Paule) : Oui, c'est tout à fait cela. Donc, il y a une
petite perte parce que les... Jusqu'à maintenant, 118.5 annonce que de
la documentation associée aux études d'impact qui sont réalisées au Nunavik est
rendue publique, puis là, maintenant, 118.5
parle juste de la loi. Donc, on comprend que ça pourrait être... Donc, c'est la
partie II. Puis on a ce nouveau
registre pour les études d'impact. Ça fait qu'on souhaiterait véritablement que ça ne soit pas juste les études d'impact, le processus du Sud, qui
bénéficie de ce registre, mais également le processus qui a lieu au Nunavik, qu'on puisse également consulter, avoir accès à cette information qui soit disponible, au lieu... C'est plus vague, sur ce qu'on propose à 118.5, dans le projet de loi. On souhaiterait vraiment pouvoir voir, avoir cette garantie juridique de
l'accès à l'information sur les études d'impact qui ont lieu au Nunavik. Et je ne crois pas que
ça porterait atteinte au consentement des parties de rendre disponibles
des informations qui sont par ailleurs publiques.
M. Lemay : Parfait, merci, c'est très clair. Et puis, si on
va à la page 15 de votre mémoire, à la toute fin, on parle du Fonds
de protection de l'environnement et du domaine hydrique de l'État. Vous
proposez une modification à l'article 203 du p.l. n° 102 afin que le
libellé du nouvel article 15.4.38 puisse inclure, là, aussi pour l'Administration
régionale de Kativik... vous mettez un commentaire : «S'il s'agit d'un territoire non organisé, d'une municipalité
régionale de comté.» Je sais que vous en
avez déjà parlé un peu, mais est-ce que vous voulez donner
des détails supplémentaires? Ça va sûrement en lien avec ce que vous
venez dire, précédemment, là, à la question précédente.
Mme Halley (Paule) :
...information juridique. Donc, comme je le soulignais, il y a un vocabulaire, il
y a un particularisme qui est associé à la signature de la Convention de la
Baie-James, qui fait en sorte que certains régimes généraux ne s'appliquent pas directement, et il faut donc faire des précisions. Et ce n'est
pas une municipalité, l'Administration régionale Kativik, mais elle est considérée, par sa loi constitutive,
comme une municipalité
régionale de comté. Donc, à toutes les fois
qu'on veut s'assurer qu'une administration comme celle-là puisse bénéficier des
attributs qu'on va accorder aux municipalités, il y a un certain souci que ça ne soit pas le cas, que
ça soit litigieux ou pas clair. Donc, on
préfère... On vous propose un libellé, même. On a essayé, quand c'était
possible, de vous proposer des libellés pour les modifications que nous vous
suggérons, afin de faire bénéficier le territoire du Nunavik des innovations, des
améliorations qui sont apportées avec le projet de loi n° 102.
M. Barrett
(Michael) : C'est ça,
parce que c'est le plus grand territoire, si je peux dire ça, municipal au Québec, mais personne ne demeure là-dedans. Et il faut
être plus précis, parce qu'en termes de protection environnementale et
de management régional il faut avoir, c'est bien clair, le pouvoir. Et
l'Administration régionale Kativik, les membres du conseil, c'était un membre de chaque village plus la nation des
Naskapis, plus le président et vice-président. C'est bien démocratique, ils essaient de s'occuper de la plus
grande région, mais il faut, c'est clair, dans les lois et les
règlements, le pouvoir. Sinon, on fait beaucoup de travail pour rien.
Et on a eu
des choses comme les sites d'occupation minière abandonnés. On a eu d'autres
exemples. Et il faut être plus clair au fait que l'Administration
régionale Kativik peut avoir le pouvoir de protection, de management dans le
territoire. Et en disant positif, on peut parler de centaines de camps de
pourvoyeurs abandonnés, le gouvernement du Québec,
on fait beaucoup de travail, la présentation, la semaine passée, pour les sites
minéraux abandonnés. Je ne sais pas,
avec les nouvelles compagnies, il ne fait pas ça. Mais on vit dans le passé, on
a une ligne de radar avec 38 sites abandonnés avec
15 000 barils, et donc on ne veut pas avoir ça dans le futur. Donc,
je parle de mauvais exemples passés, mais, dans le futur, si la région peut
avoir les mêmes pouvoirs que les municipalités au Sud, on peut améliorer ça.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. Barrett. Ça fait le tour
pour les échanges. Alors, merci beaucoup pour votre contribution à la
commission, d'être venus ici, c'est très apprécié.
Je suspends quelques instants pour permettre au
prochain groupe de s'installer.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
(Reprise à 16 h 33)
Le
Président (M. Iracà) : Nous
allons reprendre nos travaux. Je vous souhaite la bienvenue, au Comité
consultatif pour l'environnement de la Baie-James. Bienvenue chez vous. Je vous demande de bien
vouloir vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite,
nous procéderons à la période des échanges avec les membres de la commission.
La parole est à vous.
Comité consultatif pour
l'environnement de la Baie James (CCEBJ)
Mme Labbé (Pascale) : Merci, M. le
Président. Mon nom est Pascale Labbé. Je suis présidente du Comité consultatif
pour l'environnement Baie-James, le CCEBJ, membre nommé par le gouvernement du
Québec. Je suis accompagnée de Ginette
Lajoie, ici, membre nommée par le gouvernement de la nation crie, et de notre
analyste Graeme Morin. Le CCEBJ est
un comité tripartite, un peu semblable au comité que vous avez entendu
précédemment, le CCEK, dont le mandat
est la surveillance et l'administration du régime de protection de l'environnement
et du milieu social, créé en vertu du
chapitre 22 de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et enchâssé
dans le chapitre II de la LQE.
À ce titre,
nous sommes l'interlocuteur privilégié pour tout projet de loi et règlement qui
peuvent toucher au régime de
protection de l'environnement ou avoir des incidences sur le territoire de
celui-ci. Bien que les modifications proposées ne touchent pas directement le chapitre II de la LQE, nous croyons qu'il
a quand même des incidences sur le régime et sur son territoire, et le CCEBJ est soucieux de s'assurer que la Convention
de la Baie-James sera respectée, dont le mandat des institutions qui
sont créées par le chapitre 22 de la convention.
La principale préoccupation qui est exprimée
dans notre mémoire a trait au cadre qui est proposé pour les évaluations environnementales stratégiques. Nous
croyons qu'il y aura une incidence, ne serait-ce que par le fait que les recommandations issues d'une EES devront être
prises en compte également pour les projets qui seront évalués dans le cadre du chapitre 22. Nous croyons que le mandat
des institutions créées en vertu du régime de protection de
l'environnement devra être respecté,
particulièrement lorsqu'il y a une EES qui touche directement le territoire de
l'application de ce régime ou a des
incidences importantes sur ce territoire, à commencer par le mandat du CCEBJ.
On croit qu'on aurait un rôle à jouer, à titre de comité consultatif, pour
éclairer l'administration responsable d'une EES sur les enjeux qui doivent
être pris en compte, donc vraiment dans le cadrage de l'EES.
Mais
également, à la lumière des principes directeurs du chapitre 22, tout mécanisme
de consultation qui a lieu dans le territoire doit prévoir une place
prépondérante ou plus importante aux Cris que le public en général. C'est à la lumière de ce principe que, dans le cadre de la...
le mandat du BAPE, l'enquête sur la filière uranifère, une entente avait
été signée entre le gouvernement du Québec
et le gouvernement de la nation crie, et les modalités interpellaient
directement le mandat du CCEBJ en ce qui a
trait à la consultation publique qui devait avoir lieu et à l'élaboration des
recommandations en étant issues.
Pour signer
cette entente-là et pour définir le fonctionnement entre les commissions qui
avaient été créées par le BAPE et le
CCEBJ, ça a été un très long processus, qui a demandé beaucoup de temps, donc
nous croyons que, lorsqu'une EES
touche directement le territoire ou a des incidences importantes sur celui-ci,
des mécanismes clairs devraient être définis.
Donc, nous souhaitons que le projet de loi pave la voie à un établissement de
tels mécanismes de façon à ne pas devoir fonctionner au cas par cas, de
façon ad hoc, lorsqu'une situation similaire se produit.
On comprend
que, le cadre proposé, les EES se feraient sur une base volontaire. Dans ce
cas, nous comprenons difficilement
pourquoi les politiques ne figurent pas au projet de loi. Selon nous, une
politique peut être suffisamment stratégique
et structurante pour les initiatives qui vont en découler. Donc, on croit que
les politiques devraient figurer au projet de loi, mais nous
questionnons évidemment la crédibilité et la cohérence du processus dans la
mesure où les déclencheurs d'une EES ne sont
pas clairement identifiés. Pour le CCEBJ, il aurait été souhaitable que des
projets de loi, de règlements... en
fait, les stratégies, les plans, les politiques, certains types soient
identifiés et seraient automatiquement assujettis à une EES.
Pour les autres types d'EES, on suggère qu'il y
ait des critères très clairs d'assujettissement. Et lorsqu'une administration
évalue si son plan, sa stratégie doit passer par une EES, qu'elle justifie, en
fait, les raisons pour lesquelles une EES
n'a pas été jugée souhaitable. On croit même qu'un mécanisme de validation de
cette décision-là devrait être mis en
place. Et, en ce qui concerne les critères d'assujettissement, nous croyons que
les impacts sociaux doivent être pris en compte. Particulièrement en ce
qui concerne le territoire, ces impacts sociaux là vont toucher directement à
la protection des droits garantis par la convention.
Ensuite, notre intervention dans le mémoire
concerne les changements proposés au régime d'autorisation. Nous croyons qu'il
n'y a pas de division hermétique entre le Chapitre II de la LQE et les
autorisations, disons, plus sectorielles,
étant donné que plusieurs vont découler d'un projet qui est autorisé en vertu
du Chapitre II de la LQE. Donc, pour cette raison, on se préoccupe de la
cohérence qui doit demeurer entre les autorisations... bien, en fait, le régime
d'autorisation en entier, et les
autorisations qui peuvent être données selon le Chapitre II. À cette fin, nous
croyons que les impacts sociaux
doivent être pris en compte dans tous les types d'autorisation, non seulement
pour l'analyse, mais qu'elles puissent faire l'objet de conditions au
certificat d'autorisation. Et, dans le cas du territoire, ça peut comprendre
les répercussions sur la société crie, les
aires de trappe cries, les droits d'exploitation faunique, donc c'est un
événement qu'on croit important d'inclure au projet de loi.
• (16 h 40) •
Une
préoccupation majeure que nous avons, c'est concernant la classification des
projets selon les impacts ou selon la
notion de risque. Évidemment, pour les milieux nordiques, surtout les milieux biophysiques versus les milieux biophysiques du Sud... sont différents. Donc, les
impacts environnementaux peuvent être légers, peuvent être
négligeables au Sud, alors qu'ils seraient beaucoup
plus importants dans le Nord. Mais également
on voudrait s'assurer que cette notion de
risque là comprenne la dimension sociale. Le milieu nordique a ses
particularités qu'on croit qu'elles devaient prises en compte. Simplement, à titre d'exemple, la subdivision du territoire de la Baie-James
en aires de trappes familiales fait en sorte que des projets qui
seraient à risque négligeable, s'ils sont situés dans une seule aire de trappe
crie, les impacts cumulatifs deviennent importants. Donc, c'est pour cette
raison-là qu'on croit qu'on... En fait, le CCEBJ aimerait beaucoup
participer à la réflexion sur la catégorisation
des projets pour justement s'assurer que cette dimension-là puisse être
prise en compte.
On est très heureux des changements qui sont
proposés en ce qui concerne le registre des évaluations environnementales. On a le même message que le CCEK à l'effet qu'on
espère que ce registre-là va comprendre également le chapitre II de la LQE, les autorisations
données en vertu de ce chapitre, mais on aimerait que tous les types
d'autorisations, en fait, y figurent, y compris les déclarations de
conformité, afin que les citoyens soient informés de ce qui se passe sur le
territoire.
Ensuite, bon,
concernant les changements climatiques, la prise en compte des changements
climatiques dans le régime
d'autorisation, on voit ça d'un bon oeil, mais évidemment ça demande une
connaissance, une amélioration des connaissances
de base sur les changements climatiques, particulièrement dans le contexte
nordique où les chasseurs cris perçoivent
et des communautés cries vivent de près les changements climatiques. Les
connaissances de base, les états de référence
ne sont pas encore adéquats pour qu'un promoteur puisse suffisamment juger de
l'impact de son projet, et on croit que ce n'est pas uniquement la
responsabilité du promoteur de travailler à cet état des connaissances.
Par ailleurs,
dans les conditions qui seraient en lien avec les émissions de GES, on croit
que ça serait peut-être... en fait,
qu'il serait nécessaire d'ouvrir la porte à l'adaptation aux changements
climatiques, donc que des conditions puissent porter directement sur des
mesures d'adaptation aux changements climatiques.
Le... qu'on
vous propose, en fait, propose des avenues et certains principes sur quoi les
trois parties membres du CCEBJ se
sont entendues, mais la réflexion doit se poursuivre parce qu'on aimerait
proposer des avenues plus concrètes sur la façon de mettre en oeuvre ce qu'on propose, tout en respectant la
Convention de la Baie James, et donc on s'attend à être consultés sur
les initiatives qui vont suivre, les projets de règlement.
Je voulais souligner que, ce matin,
les membres du CCEBJ nommés par le gouvernement de la nation crie vous
ont déposé une lettre qui fait état de leur
position particulière par rapport à l'applicabilité de certaines dispositions
du projet de loi, et je voulais
préciser, en fait, qu'il s'agit d'une démarche qui se situe hors du corps du
processus qui a mené à l'adoption du mémoire et qu'il n'engage en rien
la position des autres membres du CCEBJ.
Merci beaucoup. On
est prêts à recevoir vos questions.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, merci beaucoup, Mme Labbé. Alors, M. le
ministre, nous allons procéder à une période d'échange avec la partie
gouvernementale. Je vais céder la parole à M. le ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames, monsieur. Merci pour votre
présentation et votre mémoire. Je voulais juste m'assurer... Aviez-vous terminé
ce dernier élément?
Mme Labbé
(Pascale) : Tout à fait, tout à fait.
M. Heurtel :
Ça va?
Mme Labbé
(Pascale) : Oui.
M. Heurtel : Écoutez, je vais simplement... je voulais vous
remercier, prendre bonne note de vos recommandations, mais je vais
m'arrêter là pour laisser mon collègue d'Ungava prendre la relève. Merci.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, oui, immédiatement, je vais céder la
parole au député d'Ungava, qui, j'en suis certain, a plusieurs questions
et commentaires à faire.
M. Boucher :
Alors, bonjour, «wachiya», «kwe». C'est un plaisir pour moi de vous recevoir
ici aujourd'hui.
Vous
parlez, bon, à la page 12... concernant les changements climatiques, vous dites
que les conditions qui peuvent être
imposées lorsque des projets sont autorisés doivent également prendre en
considération des conditions existantes dans la zone d'étude, notamment
des adaptations possibles aux impacts de changements climatiques, puis pas
seulement la réduction des GES.
De
quelle manière vous souhaiteriez que cette adaptation-là aux changements
climatiques soit prise davantage en compte dans l'analyse des projets en
milieu nordique, puis avez-vous des exemples à cet effet-là?
Mme Labbé
(Pascale) : Ginette...
Mme
Lajoie (Ginette) : Oui, je
pourrais répondre. Au départ, on considère que ce n'est pas seulement évaluer les mesures de gaz à effet de serre qu'un
projet pourrait libérer dans l'atmosphère et donc engendrer de nouveaux
impacts. Comme Pascale l'a mentionné tantôt, déjà, dans le territoire, les
utilisateurs du territoire, les chasseurs cris qui se promènent à l'ensemble du territoire observent, d'une part, et subissent les effets déjà.
L'ampleur varie dans le temps, varie
dans le territoire, mais nous, ce qu'on dit, c'est ceci : Dans
tous les projets qu'on examinera, cette dimension-là des impacts sur les utilisateurs du territoire
doit être documentée. Et, en plus, dans le cadre de ces projets-là, dans la
réalisation de ces projets-là, on doit inclure des mesures qui
permettent à aider à l'adaptation à ces changements-là. Je donnerais un exemple, ce qui est noté particulièrement chez les
chasseurs cris, c'est le moment de prise des glaces, à l'automne, qui a beaucoup changé, ainsi que la fonte au printemps.
Et on a noté plusieurs accidents qui sont arrivés dans le territoire
parce que justement ces changements-là, aux
lieux où ces plans d'eau n'ont plus le même comportement, entre guillemets,
alors, supposent que les gens doivent s'adapter.
Alors, ce que nous,
on propose aussi, c'est que, dans un contexte comme ça, il faut absolument
qu'il y ait une espèce... qu'on instaure une
vigie territoriale sur ces changements observés par les utilisateurs. Et il y a
déjà eu des efforts en ce sens faits
par l'Association des trappeurs cris, qui documentait, sur une base de GIS, les
endroits justement où certains phénomènes étaient observés et les
conséquences sur les utilisateurs. Et ce serait important que les données ainsi
recueillies soient colligées et accessibles, par exemple, soit aux instances
gouvernementales ainsi qu'aux promoteurs.
À
moins que Graeme ait quelque chose à rajouter, là, c'est, grosso modo, dans ce
sens-là qu'on voulait intervenir.
M.
Boucher : Et puis cette vigie-là... souhaiteriez-vous que
l'information soit disponible aux utilisateurs aussi? Vous parliez, bon, de comportement des glaces,
peut-être qu'il y a des endroits où, traditionnellement, c'était
sécuritaire de telle à telle période de l'année, mais maintenant ça ne l'est
plus, pour x, y raison.
Mme
Lajoie (Ginette) : Au premier chef, c'est évident qu'il faut que... de
toute façon, de la façon dont le projet avait été conçu à l'époque, là, si je m'inspire de cette idée-là, là,
qui est issue du milieu lui-même, là, c'était justement destiné pour qu'entre elles les familles puissent
partager — parce
que le territoire de la Baie-James est un grand territoire, on parle quand même de plus de
400 000 kilomètres carrés, 300 territoires de chasse familiaux — donc, cette vigie. Il est important de partager les informations, parce
qu'il y a beaucoup de déplacements, au cours d'une année, dans les
territoires.
M. Boucher :
Vous parliez tantôt, bon, parfois de projets qui peuvent avoir des impacts
mineurs ou mitigés sur l'ensemble du
territoire, mais étant donné que 100 % ou un fort pourcentage du projet
sera réalisé sur une ligne de trappe, que peut-être ça aura un impact
plus majeur sur cette ligne de trappe là.
Pour
le bénéfice de tout le monde, pourriez-vous faire un petit résumé, là, sur
c'est quoi, une ligne de trappe? Quand on parle d'un «tallyman», on
parle de quoi, puis comment tout ça vient s'insérer dans ça, là?
Mme Labbé (Pascale) : Ginette va
être mieux placée...
Mme Lajoie (Ginette) : Oui, je vais
essayer de résumer. Ces territoires traditionnels ont des dimensions qui peuvent varier entre, je dirais,
700 kilomètres carrés et peut-être 1 000 kilomètres carrés. Au sud,
ils sont plus petits, au nord, ils sont plus vastes. Plusieurs membres
d'une même famille en bénéficient, la tradition veut que le chef de famille, le
«tallyman», en soit le gestionnaire premier.
Et, de par ses connaissances traditionnelles, c'est lui qui est en mesure de
bien s'assurer que le territoire est bien occupé, entre guillemets. Je
résumerais ça...
• (16 h 50) •
M. Morin (Graeme) : J'ajouterais
tout simplement que ce système familial est reconnu explicitement au chapitre 24 de la convention et que nous, le
CCBBJ, ça fait partie de notre mandat d'assurer
le respect de ces droits qui sont élaborés au chapitre 24.
M.
Boucher : Dans la tradition
crie, on n'hérite pas de la terre, on l'emprunte à nos enfants. Donc, on doit
s'assurer de la remettre dans un état...
Mme Lajoie
(Ginette) : ...il y a une
grande compétition qui vient des projets de développement, et là est
toute la question pour nous, là, c'est...
M.
Boucher : Dans votre
mémoire, bon, à la page 12, vous parliez de la catégorisation des projets en fonction des risques, qui doit tenir compte des milieux
biophysiques, sociaux, culturels et spécifiques du Nord. Faites-vous
référence, bon, plus aux projets à faibles
risques qui pourraient être assujettis à une déclaration de conformité ou à une
autorisation ministérielle? Élaborez un petit peu là-dessus, là.
Mme Labbé
(Pascale) : Je pense
que c'est dans tous les types de projets. En fait, on se questionne si, justement,
la notion de risque comprend cette dimension-là, la dimension sociale. Et
comme, en fait, nous, on voudrait vraiment être
consultés là-dessus, et puis je passe le message que c'est le genre
de... ça va prendre beaucoup d'analyse parce que ce n'est pas simple
comme question. Donc on souhaiterait être consultés le plus en
amont possible sur le projet de règlement ou les listes de projets, là,
qui seraient...
Mme Lajoie
(Ginette) : Si vous me
permettez, en complément, je vous donnerais l'exemple de travaux que
nous avons accomplis sur une période de deux ans dans le cadre des recommandations
qu'on a faites aux différents gouvernements cris, fédéral et provincial, sur la révision des
annexes au chapitre 22 de la convention, ce que vous retrouvez dans la LQE, au chapitre II. Et on s'est
intéressés à la question des activités liées à l'exploration minérale qui
tombent dans des espèces de zones grises,
là. Et on a essayé de catégoriser justement les différentes activités d'exploration
minérale que ce soit forage, que ce soit
dynamitage, etc., pour essayer de dire : Actuellement, comme je vous
dis, ils sont en zone grise, donc on
doit déterminer si une activité doit être assujettie ou non à un processus d'évaluation environnementale. Et c'est dans ce sens-là qu'on a examiné par... un des critères était justement
le niveau de risque associé avec ce genre d'activité d'exploration
minérale.
Et, deuxièmement, ce niveau de risque là a été évalué en fonction aussi de l'existence
d'un cadre réglementaire qui pouvait encadrer les impacts liés à ces activités
d'exploration minérale. Et là, on voit venir... ça a été très difficile, premièrement, de décortiquer, de catégoriser. Alors, je vous dis que, si on se lance
dans cet exercice-là, ça vaut la peine de le faire, mais c'est hautement
complexe.
M. Boucher : M. le Président...
Le Président (M. Iracà) : Oui,
allez-y.
M.
Boucher : O.K.
C'est bon. Vous parliez, bon, de catégorisation de risques, et puis on sait
que, bon, sur votre territoire, ce n'est pas vraiment le BAPE, c'est le
COMEX, là, qui s'occupe de faire les études en question. Comment vous
voyez, là, qu'éventuellement une déclaration de conformité puisse contourner un
COMEX ou... expliquez-moi ça, là, comment vous voyez tout ça, là.
Mme Labbé
(Pascale) : Bien, en fait,
comme je disais tout à l'heure, on a des grands principes d'établis, mais
sur le comment, on a beaucoup
de réflexions à avoir, discussions à avoir au sein... mais il n'est pas question
de contourner le COMEX, les listes de
projets définis dans le chapitre II demeurent. Et, je veux dire, je ne crois
pas sincèrement que quelque chose qui ferait l'objet d'une
déclaration de non-conformité se retrouverait... je crois qu'il y a une préoccupation
de cette analyse-là déjà, ça serait surprenant. Mais ça fait partie de la
raison pour laquelle le CCEBJ veut être consulté parce que, même
s'il ne figure pas sur les listes, ça peut être peut-être des projets qui sont
en zone grise, donc la réflexion s'impose, là.
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste cinq minutes, M. le député d'Ungava.
(Consultation)
M.
Boucher : Vous parlez, bon,
un petit peu, là, de l'étude environnementale stratégique. Comment vous voyez, bon, ça, et puis comment tout ça vient s'arrimer,
là, avec ce qui existe déjà, puis qu'est-ce
qui fait qu'une étude environnementale stratégique pourrait être
déclenchée ou pas déclenchée, à quelles conditions, comment? Parlez-moi de vos
vues par rapport à ça, là, puis ce que vous pensez de ça.
Mme Lajoie
(Ginette) : Je me dois, à ce stade-ci, quand même, de souligner qu'il
y a une position qui a été développée dans un mémoire de laquelle les membres
nommés par le gouvernement, de la nation crie, se dissocient, particulièrement concernant la question des
évaluations environnementales stratégiques. De notre point de vue, et je
parle au nom des quatre membres qui sont
nommés par cette instance, les études... le cadre proposé actuellement ne
s'applique pas, selon nous, dans le territoire de la Baie-James.
Donc,
on va au-delà de ce qui est présenté. Il est clair pour nous, les
représentants, qu'il faudra qu'au préalable il y ait des discussions avec le gouvernement de la nation crie pour que
leur consentement soit atteint concernant l'application de cette
disposition concernant les EES dans le territoire.
Par
ailleurs, sur le fond... et le gouvernement de la nation crie l'a déjà dit,
notamment dans le cadre de sa vision du Plan Nord, que les évaluations environnementales stratégiques devaient
être un outil à considérer. Mais, dans le projet de loi actuel, nous
considérons que c'est inapplicable dans le territoire.
Mme Labbé (Pascale) : Simplement pour rappeler que c'est vraiment la position que fait valoir
le gouvernement de la nation crie.
Par ailleurs, ce qui est avancé dans le mémoire rejoint quand même... Je pense
que, sur les principes de base, on s'entend. C'est sur le comment...
Pour
l'instant, c'est sûr, comme j'ai exprimé tout à l'heure, que le CCEBJ étant un
comité consultatif, quand une EES touche... Bon, supposons, qu'il y
aurait une EES spécifiquement pour le développement du Nord, ou un plan de transport, ou quoi que ce soit spécifique au
territoire, il va de soi que le CCEBJ aura un rôle à jouer, là, dans le
cadrage, puis donner des observations sur
les principaux enjeux. Pour nous, ça, c'est essentiel, et ensuite, c'est clair,
pour nous, que le volet consultation
publique qui aurait lieu dans ce type-là d'EES ne peut pas être mené par le
BAPE ou pourrait se faire de façon conjointe, comme ça aurait été fait
dans le cadre du BAPE sur la filière uranifère.
Donc,
pour l'instant, nos réflexions en sont là. On va continuer à discuter ensemble,
peut-être arriverons-nous à une position commune plus élaborée
éventuellement.
M.
Boucher : Sur le quoi, il n'y a pas de problème, c'est plus le
comment, que, là, ça devient plus délicat, disons.
Mme Labbé
(Pascale) : Exact.
M.
Boucher : Dans votre mémoire, bon, vous ne semblez pas parler du Fonds
vert. On sait que... Bon, certains ont
apporté des choses, à savoir : être sûrs que le Fonds vert, bon,
s'applique sur leurs territoires, s'applique chez eux. Bien que, dans votre mémoire, vous ne semblez pas en
faire allusion, avez-vous une position là-dessus? Avez-vous une pensée
là-dessus à partager avec nous autres?
M. Morin (Graeme) : Pour dire que, non, le Fonds vert, ça n'a été.. pas un élément sur
lequel on s'est penchés, bon, pour
dire les choses comme elles sont. La réalité étant tout simplement que, peu
importe la volonté du législateur par rapport
au projet de loi, on est sûrement pour toutes actions qui peuvent réduire les
impacts des changements climatiques.
Mais,
honnêtement, pour nous, l'élément clé, c'est la connaissance de base, c'est la
connaissance du territoire pour pouvoir
émettre des conditions ou pour pouvoir mener des actions pour combattre les
changements climatiques. Donc, c'est vraiment
de là où on voulait se prononcer. On ne s'est pas vraiment penchés
particulièrement sur le Fonds vert parce qu'on disait que, oh! le problème numéro un, pour nous, au moins la
préoccupation numéro un, c'est vraiment la connaissance du milieu, des
impacts que les gens subissent déjà effectivement.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, merci...
• (17 heures) •
Mme
Lajoie (Ginette) : Mais, en complément, je dirais que les nouvelles
instances gouvernementales régionales qui
ont été créées, il y a maintenant deux ans, je crois, ont un rôle à jouer de ce
côté-là, et on ne voulait pas se substituer à ces nouvelles instances du
gouvernement régional cri Baie-James.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup. Ça met fin à la période
d'échange avec la partie gouvernementale. Nous allons procéder à la
période d'échange avec l'opposition officielle, et je cède la parole au député
de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Alors, bienvenue, Mme
Lajoie, Mme Labbé, M. Morin. C'est un plaisir de vous recevoir ici.
Je
vais continuer sur la lancée de mon collègue concernant les évaluations
environnementales stratégiques. Je veux juste être sûr de bien comprendre, et je comprends déjà qu'il n'y a pas
nécessairement unanimité sur le comment de faire les EES dans la région, dans votre région, là, de la
Baie-James. Alors, je comprends que vous, vous souhaitez que les
évaluations environnementales stratégiques soient presque un automatisme, mais
sur la base d'une liste préétablie. Voilà.
Donc, je vais commencer avec ça, là. Est-ce que je m'oriente bien de cette
manière? Puis continuez de me guider.
Mme Labbé
(Pascale) : Ça va bien. Je ne sais pas si je vais répondre... On avait
réfléchi aux titres de plans, programmes,
stratégies qui seraient... bien, surtout avec une vision du territoire, là,
qui, pour nous, devrait être systématiquement assujettie.
Ginette, si tu veux poursuivre sur la réflexion
qu'on avait eue là-dessus?
Mme Lajoie (Ginette) : Oui. Les
évaluations environnementales stratégiques, on trouvait que, dans le libellé actuel, ça portait à trop de flou et pas assez de
précision et de transparence. On s'inspire un peu, dans notre façon de
penser, aux annexes justement du chapitre 22
de la convention où là on a une liste de projets automatiquement assujettis,
ainsi qu'une liste de projets exempts de l'évaluation environnementale, et ce
qui ne se retrouve pas dans les deux listes, ce qu'on appelle la zone grise, bien là il y a une certaine marge de
manoeuvre, en fonction de ce qu'on nous présente, de décider après qu'on recommande d'assujettir ou
non. C'est dans ce sens-là qu'on s'inspire de ça, parce que ça, c'est
clair, c'est net, c'est...
M. Gaudreault : On sait où on
s'en va.
Mme Lajoie (Ginette) : On sait où on
s'en va. Tout le monde sait où on s'en va, que ce soit un ministère, que ce
soient le public, les communautés. C'est déjà une balise claire qui permet aux
gens de... Quand on annonce qu'éventuellement
il y aura une politique énergétique, par exemple, qui sera mise à jour, les
gens peuvent déjà se préparer à ce que ce soit assujetti à une
évaluation environnementale stratégique.
M.
Gaudreault : Et vous voudriez que cette liste de sujets, on va
dire, soit en annexe à quelque part ou dans un règlement à la loi. C'est ça? Pouvez-vous me donner des sujets, par
exemple, qui pourraient se retrouver dans cette liste, sans que ce soit
exhaustif ou...
Mme Lajoie (Ginette) : Oui. Bien, on
avait déjà, dans le mémoire, indiqué, par exemple... Je vous citais la
politique énergétique. On parle de plan de transport. Maintenant, on appelle ça
un plan de mobilité durable, là. Bon, l'exemple,
le plan de mobilité durable du Nord-du-Québec, par exemple, pour nous, ça va de
soi que ça devrait être assujetti à une évaluation environnementale
stratégique. On a déjà défendu, il y a plus de cinq ans de ça,
l'assujettissement du Plan Nord à une
évaluation environnementale stratégique. Bon, c'est des exemples. La politique
minière, pour nous, pourrait être les
plans d'aménagement territoriaux. Et enfin je vous donnerais comme exemple les
plans d'aménagement forestier, pas les opérationnels, là, ou annuels,
mais ceux qui sont de niveau plus stratégique.
M. Gaudreault : Bien, c'est
quand même des gros morceaux.
Mme Lajoie (Ginette) : C'est un bon
menu.
M. Gaudreault : Oui, c'est
ça.
Mme Lajoie (Ginette) : On s'entend.
M. Gaudreault : Oui, M.
Morin?
M. Morin
(Graeme) : Ce que
j'ajouterais aussi, juste peut-être pour fermer la boucle un peu, c'est qu'en
termes de balises générales, là, ça sera...
pour nous, si le PPP, le plan, le programme ou la stratégie a un caractère
stratégique, bien là, déjà là, vous
avez un raisonnement pour l'assujettir, et effectivement que le plan ou le PPP
en question va avoir un effet assez «significant»
sur des actions ou des projets qui en découlent en amont, donc, bon, justement,
comme plan, comme guide général pour quel type de PPP devrait être
assujetti.
M.
Gaudreault : O.K. Maintenant, moi, je m'intéresse aussi à la
question, vous en faites mention à la page 9 de votre mémoire, dans le premier encadré, là, la deuxième recommandation,
sur la catégorisation des projets en fonction des risques. Mon collègue d'Ungava en a parlé aussi
tout à l'heure, et j'ai bien retenu — puis, je pense, c'est Mme Lajoie qui
le disait — que c'était hautement complexe d'arriver à une catégorisation en fonction des risques. J'ai
entendu ça. Mais là, en même temps, vous nous dites : «La
catégorisation des projets en fonction des risques doit tenir compte des
milieux biophysiques, sociaux et culturels
spécifiques [au] Nord.» Alors, si, en même temps, c'est hautement complexe,
comment on règle ça, là? La voie de passage
est où pour dire : il faut en tenir compte, catégoriser les risques en
fonction des besoins ou des réalités
biophysiques, sociales, culturelles spécifiques à votre région, mais c'est
hautement complexe? Alors, est-ce que c'est une utopie? Comment on y
arrive?
Mme Labbé
(Pascale) : Bien, on a fait
l'exercice dans le cadre des recommandations qui avaient été présentées pour la révision des annexes du chapitre 22
en ce qui concerne l'exploration minière. Ça a été long, ça a été
fastidieux, mais je pense qu'on y est
arrivés, et, en fait, c'est simplement... Je pense que ce qu'on entendait par
«complexe», c'est que ça prend quand
même du temps parce que ce n'est pas simplement un élément, ça demande aussi
d'aller consulter un milieu qui peut
être touché par ce genre... qui a vécu ce type d'expérience là avec un projet
spécifique. Donc, c'est dans ce sens-là que ce n'est pas...
M.
Gaudreault : Donc, est-ce qu'on pourrait envisager, puis je ne sais
pas, là, je réfléchis au fur et à mesure que je parle, là, est-ce qu'on pourrait envisager un genre de structure
permanente de discussion pour être capable d'évaluer ça? Parce que, si, en même temps, on veut avancer avec
le projet de loi n° 102, mais qu'il y a en même temps des réalités
dont on doit tenir compte dans la catégorisation des risques, et on n'a pas
tout non plus comme information ici, là, lors de l'étude du projet de loi, parce qu'il nous manque des intentions
réglementaires, il nous manque toutes sortes de documents si on veut bien
faire notre travail, est-ce qu'on ne devrait pas se dire tous ensemble :
Bien, le gouvernement et votre administration, on se crée une structure qui se
parle, là? Est-ce que c'est quelque chose d'envisageable?
Mme Lajoie
(Ginette) : Bien... Non,
non, mais absolument, dans... En fait, au Comité consultatif sur
l'environnement de la Baie-James, ce qu'on souhaite toujours, c'est
d'avoir un canal d'échange au lieu de s'envoyer des lettres, de prendre le temps de réfléchir, et c'est ce qu'on
avait fait dans le cadre des travaux liés aux listes d'assujettissement et
de l'exemption, hein? Alors, on avait travaillé avec différents groupes, ainsi
qu'avec les comités d'examen, etc., pour en arriver...
Donc, c'est comme ça qu'on a pu cheminer à travers ça. Dans ce cas-ci, c'est
évident que ce serait un gain de pouvoir avoir un processus d'échange
continuel.
M. Gaudreault : Il me reste du
temps?
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste une minute à peu près.
M.
Gaudreault : O.K. Concernant l'accès à l'information, à la
page 12, dans votre premier... en encadré, en haut, la recommandation 2, vous parlez d'un registre central des projets assujettis au processus
d'évaluation, avec des hyperliens, en tout cas,
qui devraient être ajoutés en attendant. Pouvez-vous m'en parler un petit peu plus, de cette idée de registre central?
Mme Labbé
(Pascale) : En fait, présentement, le COMEX a créé un registre sur sa page Internet de tous les
projets qui passent dans la procédure du chapitre 22. Donc, ce qu'on
demande, c'est qu'au minimum, lorsque le registre des évaluations environnementales sera créé, ce serait bien qu'il
y ait un lien vers le registre
existant du COMEX. Mais je pense qu'à
terme on souhaiterait que le registre des évaluations environnementales comprenne tous les régimes d'évaluation environnementale, et
on pousse encore plus loin, pour l'accès à l'information des citoyens sur tout
ce qui se passe au territoire. Donc, tous les types d'autorisations environnementales
devaient y figurer, y compris les déclarations de conformité, autrement, on craint que, et je parle autant pour l'ensemble du Québec, en fait, les citoyens ne
sachent pas qu'est-ce qui se produit,
alors qu'à l'heure actuelle il y a des moyens, on sait qu'il y a un certificat
d'autorisation émis. Donc, cet
aspect-là, de l'accès à l'information sur les projets qui ne feraient plus
l'objet d'autorisation, nous inquiétait un peu.
M. Gaudreault : Ça va. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, merci beaucoup. Ça met fin à l'échange
avec l'opposition officielle. Nous allons procéder à la dernière période d'échange avec le deuxième groupe
d'opposition, et je cède la parole au député de Masson.
M. Lemay : Merci, M. le Président.
Mme Lajoie, Mme Labbé, M. Morin, bienvenue.
Vous savez,
tout à l'heure, à la dernière question du député d'Ungava, Mme Lajoie, vous
parliez des instances régionales. Je
ne crois pas que vous aviez terminé votre réponse, ou, si vous aviez terminé,
en tout cas, moi, je n'avais pas trop compris ce que vous disiez. Est-ce
que vous pouvez approfondir?
• (17 h 10) •
Mme Lajoie
(Ginette) : On parlait du Fonds vert, je crois, à ce moment-là, là?
Oui. Ce que j'essayais de souligner, c'est qu'il y a maintenant des
nouvelles instances de gouvernance, dans le territoire de la Baie-James, qui
datent de peut-être deux ans, je dirais, environ, adoptées en janvier par le
Parlement du Québec, qui créent des nouveaux... un gouvernement qui implique directement les Cris, ainsi que les résidents
de la Baie-James, pour les terres de catégorie III, ainsi qu'un gouvernement Eeyou Istchee pour les
terres de catégorie II, où les Cris sont là à décider de ces portions de
territoire là. Donc, vous avez ces nouvelles
structures de gouvernance, et je pense que, dans leur mandat, il y a la
question de tout l'aménagement du territoire, etc. Dans le cas du Fonds vert,
ce que je pense et j'espère, j'ose espérer que ces nouvelles instances gouvernementales auront accès, comme les autres
régions, à ce Fonds vert pour plein de projets, là.
M.
Lemay : Parfait. Merci de la précision. J'aimerais vous amener à la
page 6 de votre mémoire, lorsque vous parlez
des évaluations environnementales stratégiques. Mais votre recommandation
n° 4, dans le fond, on sait, dans le projet de loi, c'est... en fait, dans la loi, c'est à l'article 95.5 que c'est
introduit, puis vous mentionnez là-dedans qu'il y aurait des définitions qui devraient être plus claires en
termes de stratégie, de plan, de programme, de politique ou d'autres
formes d'orientation afin d'améliorer la
clarté et la prévisibilité de la procédure des EES. Est-ce que vous avez des
commentaires supplémentaires à faire sur cette recommandation spécifique?
M. Morin (Graeme) : Oui. Tout simplement,
ça va de soi pour nous qu'il faut absolument bien définir ces éléments-là pour
pouvoir faciliter la compréhension de tout le monde et la prévisibilité du
processus. Donc...
M.
Lemay : Est-ce que c'est aussi pour... Est-ce que c'est dans un souci
de mieux inclure la réalité que vivent les communautés du Nord, dans le
fond, ou c'est simplement général?
Mme Labbé
(Pascale) : ...clarification générale.
M. Morin (Graeme) : C'est une
clarification. Exemple...
Mme Lajoie
(Ginette) : Bien, je dirais,
ce qui a stimulé ce questionnement chez nous, c'est lorsqu'est apparue dans le
projet de loi la notion d'assujettir à une EES des stratégies, quand, partout
ailleurs au monde, notamment dans l'Union européenne, on parle de plans
et programmes. À l'époque, ils ont parlé aussi d'inclure les politiques. Quand,
tantôt, Greame faisait référence aux PPP,
c'était... Normalement une EES s'attarde aux politiques, plans et programmes,
et là on arrive maintenant avec une
nouvelle terminologie, «stratégie». On peut aller dans le dictionnaire pour
essayer de comprendre qu'est-ce qu'on
veut dire par «stratégie». Alors, on était curieux puis on s'est dit :
Pour que le public... parce qu'il faudra que le public participe à ces évaluations environnementales stratégiques, il
faut que ça soit clair dans la tête de tout le monde, qu'est-ce qu'on
entend par ces différents compartiments.
M. Lemay : Merci. Si on va à la page
7, dans les modifications au régime d'autorisation pour les projets de
développement, vous avez un encadré, là, dans votre premier paragraphe, là, que
vous semblez dire que «même si les changements
proposés ne semblent pas avoir d'incidence sur le régime de protection de
l'environnement [en vertu] du chapitre 22», bon, vous dites que, dans le
fond, «ils pourraient en avoir sur le régime et sur ses objectifs de protéger les droits et les garanties prévus dans le régime
de chasse, de pêche et de piégeage du chapitre 24 de la CBJNQ». Est-ce
que vous avez des détails spécifiques à mentionner là-dessus?
Mme Labbé
(Pascale) : Bien, comme on
spécifiait tout à l'heure, c'est que des changements, des projets qui ne
feraient plus l'objet d'autorisation, de certificats d'autorisation, peuvent peut-être
paraître à risque négligeable, mais, dans
une même aire de trappe crie, les impacts cumulatifs pourraient éventuellement
nuire à la protection des droits de prélèvement,
par exemple. C'est quelque chose qu'on présume, mais, encore là, on a beaucoup
de réflexion à faire sur comment s'assurer... Comme on parlait tout à
l'heure, la notion de risque, comment prendre en compte cet aspect-là?
Mme Lajoie (Ginette) : Je donnerais
l'exemple... Le comité consultatif est allé sur le terrain il y a peut-être deux ans. On est allés visiter un futur site de
développement minier, et là on a rencontré aussi le maître de trappe et
sa famille, ainsi que le promoteur minier,
et là on a bien mieux compris la notion d'impact cumulatif. On pouvait, par
exemple, imaginer qu'un campement industriel
installé pour le projet minier ou encore une gravière, ça peut apparaître comme
un projet négligeable, ça pourrait donc être
classé, catégorisé projet négligeable
en termes de risque. Or, quand vous le mettez dans le contexte de l'utilisation du territoire
de cette famille de trappe là, on s'est rendu compte qu'il y avait déjà eu d'autres types de développement à
l'intérieur de ce territoire-là,
mais on s'apercevait que, là, ce projet-là s'approchait trop d'une zone particulièrement
sensible et importante pour eux, le «moose yard», le... Comment j'appellerais
ça en français? Là où se concentrent les
orignaux, là, pendant une certaine période de l'année. Et c'est très, très, très important pour les chasseurs
cris. Or, à prime abord, on peut regarder l'ensemble du territoire puis dire : Il n'y a pas de
risque, or, il y en avait un très sérieux pour la viabilité de la
pratique du droit de chasse.
M.
Lemay : Je comprends. Je me rappelle que vous aviez mentionné ça dans
l'étude du livre vert. Justement, là, avec le maître trappeur, vous
aviez aussi un autre exemple. Bien, merci. Je crois que c'est tout le temps que
j'avais.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. le député de Masson. Effectivement, ça met fin à la période
d'échange. Merci de votre contribution. Je suspends les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 19)
Le
Président (M. Iracà) :
Merci. Nous allons reprendre nos travaux. Je souhaite la bienvenue au représentant
du groupe d'Alliance Transit. Je vous demande
de bien vouloir vous présenter. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé. Par la suite, nous procéderons à une période
d'échange avec les membres de la commission. Alors, monsieur, la parole est à
vous.
Alliance Transit
M.
Cousineau Morin (Philippe) : Oui, merci, M. le Président. Bonjour, je
suis Philippe Cousineau Morin. Donc, je
suis coordonnateur et porte-parole de l'Alliance Transit. Donc, l'Alliance
Transit pour le financement des transports collectifs au Québec reçoit l'appui d'une cinquantaine de groupes de la
société civile de divers horizons et d'un comité d'experts universitaires. Notre mission est essentiellement, là, de
faire de la recherche et de la représentation sur le meilleur cadre
financier pour le développement des transports collectifs dans toutes les
municipalités du Québec.
Alors, merci de nous recevoir sur le projet de
loi n° 102. Nous saluons la volonté de modernisation de la LQE qui est présentée par le gouvernement. Vous
aurez compris par ailleurs que notre intervention porte essentiellement sur le sujet de la réforme du Fonds vert. On a
déjà fait des interventions par le passé sur le sujet. D'entrée de jeu, je
tiens à souligner l'importance, le caractère
incontournable, pour nous, du Fonds vert, et je pense que c'est très salutaire aujourd'hui, après une durée de vie, donc,
d'environ une décennie déjà, d'aller vers une deuxième étape, donc de
réformer pour raffermir les bases. On pense
que... Il y a eu des critiques, et on en
a été, mais le levier qu'est le Fonds vert demeure un levier incontournable, puis on pense qu'avec le projet de loi n° 102 on peut en faire... on peut passer d'un bon
outil à un très bon outil, voilà, et,
dans ce sens-là, donc je veux saluer le travail qui est fait par le ministre et
les gens du ministère du Développement durable sur le Fonds vert, sur le
marché du carbone en général, donc le sérieux et la rigueur qui est portée à ce sujet-là. Même s'il y aura
peut-être des turbulences climatiques, là, au sud de notre
frontière, on a l'impression qu'ici ça va bien aller, les bases sont
bonnes, et donc allons-y pour une version réformée qui sera encore mieux.
• (17 h 20) •
Alors, nous
avons quelques propositions à soumettre aux gens de la
commission qui découlent de préoccupations sur une action bien spécifique. Alors, vous comprendrez que mon domaine
d'intervention, c'est les transports. Alors, je vous parle d'une action spécifique du plan d'action sur
les changements climatiques, sachant que les préoccupations qui sont nôtres peuvent se reproduire peut-être
dans d'autres volets qui concernent d'autres ministères, mais donc, en se
préoccupant de cette action, le 13.2 du plan d'action sur les changements
climatiques, elle recoupe quand même... elle accapare, c'est-à-dire, 500 millions des
fonds du plan d'action sur les changements climatiques. Donc, c'est une part
non négligeable et il faut s'en assurer d'avoir une bonne gouvernance.
Donc, l'action 13.2, transports collectifs, FORT — le
FORT, c'est le Fonds des réseaux de transport terrestre — permet au ministère des Transports, de la
Mobilité durable et de l'Électrification des transports d'utiliser
jusqu'à 500 millions pour son programme
principal d'infrastructures en transport collectif, un programme en vigueur
depuis la fin des années 70, alors, je le souligne, donc depuis bien
avant le libellé de la lutte aux changements climatiques, là, au gouvernement
du Québec. Nous avons quatre préoccupations qu'on a inscrites à notre mémoire.
La première, c'est que, pour cette action, il
n'y a pas de cible de GES qui est exigée. En fait, il y a très peu d'indicateurs, en général, qui sont fixés. On a
compris récemment que le principal indicateur, c'est, je cite,
«l'incidence directe sur les gaz à effet de
serre». Alors, je ne sais pas pour vous, mais ça me semble un critère peut-être
un peu trop vaste, un peu trop
général pour pouvoir évaluer la valeur d'un projet versus un autre projet,
surtout quand on parle de sommes aussi importantes. Je souligne
néanmoins, là, que le critère GES n'est pas un critère absolu, hein? Il y a
bien sûr des mesures structurantes qui
peuvent coûter plus cher que d'autres, mais qui sont néanmoins incontournables.
Mais il y a néanmoins un besoin d'avoir des indicateurs sur les projets
choisis par le ministère des Transports.
Deuxièmement, la deuxième préoccupation, c'est
une reddition de comptes qui est incomplète, reddition de comptes qui est enchâssée à l'entente qui lie le
ministère des Transports, là, avec le ministère de l'Environnement.
Donc, l'action 13.2, plus spécifiquement, a
des exceptions de redditions de comptes, et on ne comprend pas pourquoi il y a
un passe-droit pour certains programmes
versus pour... ou, par exemple, pour ce ministère-là versus d'autres ministères
qui n'en auraient pas. Alors, c'est une deuxième préoccupation.
Pour aller plus précisément dans le sujet, la
troisième préoccupation, c'est le versement, donc, des crédits qui proviennent du Fonds vert au MTQ dans le... oh,
pardon, le MTMDET, dans un autre fonds spécial, le FORT, donc, pour Fonds des réseaux de transport terrestre. Donc,
l'action qui est visée par le financement du Fonds vert pourrait se
trouver diluée dans toutes les interventions
du FORT, et, je le souligne, le FORT est probablement bien plus opaque que ne
l'est le Fonds vert. On a probablement encore moins d'informations, et ce n'est
pas lui pourtant qui est visé par un projet de réforme aujourd'hui.
Et ça nous
amène à la quatrième préoccupation qui est la distinction à faire, dans l'usage
que fait le ministère des Transports,
entre les projets qui vont contribuer à des réductions additionnelles de gaz à
effet de serre et des projets de maintien
ou de renouvellement des actifs existants en transport collectif. Alors, ça a
été souligné également récemment à la Commission
de l'administration publique, là, qui, dans son rapport en juin dernier,
demandait spécifiquement au ministère de
l'Environnement et au ministère des Transports, dans les sommes visées par le
Fonds vert, de distinguer les sommes visant les réductions
additionnelles des sommes qui pourraient servir à du maintien d'actifs.
Alors, ça
m'amène à essentiellement trois conclusions que je vous présente... trois
recommandations que je vous présente sous leur aspect politique.
La première,
c'est que l'usage des revenus ou l'usage des sommes du Fonds vert reflète
expressément les finalités du Fonds
vert. Ça devrait aller de soi, il me semble, mais je le répète parce que je ne
suis pas certain que tous les intervenants gouvernementaux... ça a été parfaitement appliqué. Puis vous me
permettrez de revenir à l'intention du législateur, hein, à la création du Fonds vert, c'est-à-dire que les sommes
puissent servir à financer... je cite, «financer des mesures visant la réduction, la limitation et l'évitement
d'émissions de gaz à effet de serre [...] la sensibilisation du public et
l'adaptation aux impacts» des réchauffements climatiques. Alors donc, la
première recommandation, effectivement, qu'on respecte expressément les
finalités, je le répète, c'est important.
Deuxièmement,
on pense qu'en termes... Je ne suis pas spécifiquement un comptable, mais je
pense que, dans le suivi, la reddition de comptes que doit présenter
le Fonds vert, on devra distinguer, donc, l'usage des crédits qui
passent d'un fonds spécial, le Fonds vert,
vers un autre fonds spécial, le FORT. Ça nous semble être une double
comptabilité qui complexifie, si on
veut, la reddition de comptes. Alors, notre suggestion, c'est d'éliminer le
passage par le fonds spécial au MTQ,
que, comme elle le fait dans d'autres ministères, les crédits qui proviennent du Fonds vert
soient appliqués pour un programme
spécifique dans les crédits généraux du ministère des Transports. Et
je l'ai dit, je crois quand même
que le FORT a aussi beaucoup
d'enjeux sur son opacité, alors c'est important, pour nous, pour bien distinguer les mesures
qui seront utilisées avec les sommes du Fonds vert.
La
troisième recommandation, qui est de portée plus générale, là, pas spécifiquement sur des articles du projet de loi,
et il manque un mot à ma recommandation dans mon mémoire, c'est que le
gouvernement, comme il l'a fait en 2006, à la suite du premier plan d'action sur les
changements climatiques, il a adopté une politique québécoise du transport
collectif, donc, pour un des secteurs
principaux d'intervention, là, en changements climatiques... Donc, la
recommandation est à l'effet que le
gouvernement adopte une nouvelle politique de mobilité durable qui indique
notamment des cibles et des indicateurs qui seront utilisés quand on définira les programmes ou quand on
raffinera les programmes au ministère des Transports, notamment ceux qui
sont issus du Fonds vert.
Alors,
c'était l'essentiel des trois propositions, puis, bien sûr, il y a d'autres
aspects dans mon mémoire. Alors, je suis en bas de mon temps, mais je
suis prêt à recevoir les questions et échanger avec vous.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. Cousineau. On va procéder à
la période d'échange avec la partie gouvernementale, et je cède la
parole à M. le ministre.
• (17 h 30) •
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Bonjour, merci pour votre
présentation, ainsi que votre mémoire. Ce n'est pas la première fois qu'on vous rencontre devant cette
commission, et je peux vous féliciter pour la constance de votre
message. Et je crois quand même que le
gouvernement a entendu ce que vous et d'autres ont soulevé concernant la
gouvernance du Fonds vert, et d'où la motivation que nous avons, dans ce projet
de loi, de faire une réforme en profondeur de la gouvernance du Fonds vert.
J'aimerais
vous référer, donc, au projet de loi, et c'est l'article 203 du projet de loi,
qui crée, entre autres... l'article qui propose la création de l'article
15.4.7. Alors, c'est dans la nouvelle section II.2 de la loi sur le ministère,
sous la rubrique «Mission et pouvoirs» du
Conseil de gestion du Fonds vert. Puis là je vais faire une longue citation, mais
ma question, ça va être de voir comment,
d'après vous, la disposition que je vais vous lire répond aux préoccupations
que vous soulevez puis aux recommandations
que vous avez décrites dans votre présentation, mais : «Le conseil de
gestion a pour mission d'encadrer la gouvernance du Fonds vert et
d'assurer la coordination de sa gestion dans une perspective de développement
durable, d'efficacité, d'efficience et de transparence.
«À cette fin, il
privilégie une gestion par projets, axée sur les meilleurs résultats à obtenir
pour le respect des principes, des
orientations et des objectifs gouvernementaux, notamment ceux prévus à la
Stratégie de développement durable
adoptée en vertu de la Loi sur le développement durable, à la Loi affirmant le
caractère collectif des ressources en eau
et visant à renforcer leur protection, à la Politique de gestion des matières
résiduelles prévue à l'article 53.4 de la Loi sur la qualité de l'environnement et au plan d'action
pluriannuel sur les changements climatiques prévu à 46.3 de la Loi sur
la qualité de l'environnement, lequel — et là c'est le plus important — contribue à la lutte contre les changements
climatiques et favorise l'atteinte des cibles gouvernementales fixées en
matière de réduction [d'émissions] de gaz à effet de serre.
«Il exerce plus
particulièrement les fonctions suivantes — encore le conseil de
gestion :
«1°préparer
annuellement les comptes du Fonds vert, en collaboration avec le ministre et le
ministre des Finances — le
ministre étant le ministre de l'Environnement;
«2°proposer au
ministre des renseignements à intégrer aux comptes du Fonds vert;
«3°conclure
[des] ententes visées à l'article 15.4.3, veiller au respect des engagements
pris par les ministres dans le cadre
de ces ententes et approuver les frais d'administration pouvant être débités du
Fonds vert en application de ces ententes;
«4°préparer
sur une base annuelle, en collaboration avec le ministre, une planification des mesures financées par le Fonds vert et un plan de dépenses à cet égard, en
conformité avec les objectifs gouvernementaux établis en cette matière;
«5°
évaluer la performance du Fonds vert en fonction de ses affectations
particulières et recommander au ministre les ajustements requis pour
favoriser une meilleure performance;
«6° assurer la
supervision et le suivi des activités de trésorerie du Fonds vert et de ses
flux financiers;
«7° collaborer à la
préparation des prévisions du Fonds vert pour chaque année financière; et
finalement,
«8°
proposer les orientations stratégiques, les objectifs et les axes
d'intervention applicables au Fonds vert qu'il convient de retenir.»
Quand
même, je crois qu'on touche à beaucoup d'éléments que vous avez soulevés, non seulement aujourd'hui, mais de par le passé. Alors, j'aimerais avoir
votre réaction spécifique à cette
disposition, là, qui est dans le projet de loi.
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Merci, M. le ministre. Je suis content, en fait,
que vous la citiez, parce que je me
l'étais notée à la main ici, justement, pour souligner. Dans les premiers mots,
là, vous avez utilisé la gestion axée sur le résultat, vous avez parlé des cibles. Ça me semble effectivement
aider le Fonds vert à faire une bonne partie du chemin vers une
meilleure reddition de comptes.
Je
retiens, entre autres, que vous avez parlé aussi, dans le libellé, des cibles
gouvernementales. Permettez-moi de réitérer que les cibles
gouvernementales, elles sont là, la cible globale en changements climatiques,
cible ambitieuse pour 2030, aussi, mais il y
aura probablement besoin d'aller vers des cibles sectorielles également, pour
bien comprendre l'effort qui devra
être fourni par chacun des secteurs, nommément le transport. Puis, en fait,
c'est une réflexion générale, je ne suis pas allé relire toutes les
autres lois qui régissent les fonds spéciaux du gouvernement. Mais, quand vous
avez parlé, donc, de la façon dont on
prépare les états de comptes, si on en avait un effort aussi subséquent pour
d'autres fonds spéciaux, comme, par
exemple, le FORT ou d'autres, d'une aussi grande transparence — c'était déjà le cas dans la plupart
des lois qui régissent ces fonds spéciaux — on ne serait peut-être pas à
discuter, justement, de ces problématiques-là.
Alors,
ma réponse est à l'effet, un, effectivement, de souligner qu'effectivement cet
article-là est très intéressant. Puis
je pense qu'on pourra aller plus loin, si on valide, une fois que la loi est en
vigueur, que ça fonctionne bien, pour aller exiger d'autres fonds spéciaux, qu'ils appliquent le même genre de
dispositions, même genre de normes, et, spécifiquement sur les cibles,
qu'on aille sur des cibles sectorielles. C'est ce que...
M. Heurtel :
Parfait. Parce qu'étant donné votre préoccupation particulière à propos du
FORT, donc, avec ce que je viens de
vous lire, une fois adoptées, toutes les sommes provenant du Fonds vert qui
seraient versées au FORT, bien, cette disposition
s'appliquerait aux fonds provenant du Fonds vert qui seraient déposés dans le
FORT. Alors, on aurait donc réponse à
vos préoccupations, tout comme les fonds qui seraient déposés dans l'éventuel
TEQ, du côté transition énergétique, ça serait la même chose. Alors, ça
suit.
L'autre chose, par rapport aux cibles, c'est
important de souligner que ces cibles, la cible de 2020 et la cible de 2030, ont été établies par voie législative.
C'est la Loi sur la qualité de l'environnement, un processus...
D'ailleurs, on a eu une commission parlementaire, je ne sais pas si...
Aviez-vous participé à celle sur la cible? Parce qu'on en a fait beaucoup, mais... Donc, vous aviez notamment
participé à la commission parlementaire qui est prévue par la loi, qui a
établi la cible de 2030 et qui est fixée par
décret du Conseil des ministres, suite à la procédure prévue par la Loi sur
la qualité de l'environnement. Donc, je
comprends que l'article 15.4.7 qui est projeté va dans le sens de vos
recommandations.
M. Cousineau Morin (Philippe) :
Effectivement.
M. Heurtel : Bon, parfait.
M. Cousineau Morin (Philippe) :
Effectivement, et notre première recommandation, à la page 8 de notre mémoire, serait peut-être un ajout, là, comme je
l'ai dit, par rapport à l'usage des revenus, c'est-à-dire sur le nouvel
article... En fait, là, je n'ai pas le bon
article de la loi. Le nouvel article 15.4.1, alinéa 1, donc, de la loi sur
le ministère, qui conserve une
référence expresse aux finalités du Fonds vert, c'est-à-dire celles que je vous
ai nommées comme étant l'intention première
du législateur, là. Donc, je supporte votre point puis je dirais : Si on
ajoute cela, là, ça me rassure énormément.
M. Heurtel : Merci beaucoup.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a
des collègues de la partie gouvernementale? M. le député de Maskinongé.
M. Plante :
Bien, peut-être juste une question en ajout ou en complément, là. Vous avez
mentionné d'entrée de jeu, dans votre présentation, que présentement,
bon, le Fonds vert est essentiel, que c'est une bonne chose, mais qu'il y a possibilité de le rendre excellent. Suite aux
réponses que le ministre vous a données aux questionnements, selon vous,
quelles seraient des modifications pour le rendre encore plus excellent, selon
votre façon de dire?
Et, autre
chose, vous critiquez aussi le fait, plus loin dans votre mémoire,
que les sommes du Fonds vert
peuvent aller à l'entretien ou la mise aux
normes d'infrastructures de transport déjà existantes, là. Je résume
ça assez bref, là, mais j'aimerais vous entendre aussi là-dessus un
petit peu plus.
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Donc, sur
les deux volets de votre question — merci,
M. le député — donc,
oui, effectivement, on supporte l'article
qui a été cité par le ministre. On a des recommandations
complémentaires qui nous rassureraient encore plus. Et donc le Fonds vert
fonctionnera bien, ça reste un outil financier, un outil financier qui s'applique à, donc, une des grandes politiques
gouvernementales. Alors, ce n'est peut-être pas dans le cadre du projet
de loi, mais, comme je l'ai dit, je le
répète, il faudra que les transports, qui, encore aujourd'hui, sont un des
moins bons élèves en lutte aux
changements climatiques, il faut le dire... on devra leur fixer une cible
spécifique en GES à l'intérieur de la cible gouvernementale, ce qui nous
amènera à des cibles GES par action. Alors qu'actuellement la plupart des
actions n'ont pas... c'est-à-dire,
l'ensemble des actions n'ont pas une cible elles-mêmes en GES. Je vais te
laisser du temps, s'il y a une autre question, puis je reviendrai...
M. Plante : Tu as du temps
encore.
M. Cousineau Morin (Philippe) :
Oui? O.K., parfait.
M. Plante : Il vous reste cinq
minutes.
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Sur la deuxième partie de votre question, c'est...
Puis je vous amènerais, donc, à l'annexe
de mon mémoire. Ce n'est que récemment, moi, que j'ai pris connaissance, et
c'est pour ça que je les ai mis dans le mémoire, des programmes, donc, qui ont été... c'est-à-dire des actions
qui ont été financées cette année au MTMDET, dans l'action 13.2.
Vous avez une liste qui a été obtenue, à mon sens... qui a été obtenue,
c'est-à-dire, pardon, par accès à l'information,
alors que dans d'autres cas on trouve les listes très facilement sur le site du
ministère, là, qui de plus en plus met...
le ministère de l'Environnement, qui de plus en plus met les programmes. Mais,
comme je disais, ce programme-là semble un peu plus opaque que les
autres.
Peut-être
juste souligner, là, entre autres choses, dans cette liste-là, quand on
dit : On n'a pas confirmation qu'on fait de la réduction additionnelle de GES ou on fait de l'entretien. Je vais
nommer quelques projets : centre d'entretien; gare intermodale de Longueuil; métro de Laval... Métro
de Laval, hein, c'est un projet annoncé en 2003. La lutte aux
changements climatiques, là, a commencé un peu plus tard, comme vocable d'État.
Alors, je reste un peu surpris, je me
dis : Si on n'avait pas eu de lutte aux changements climatiques,
aurait-on, finalement, réussi à payer le métro de Laval en entier? Achat d'autobus hybrides, bon, bien, bien
sûr, l'hybride... la propulsion hybride vous permet de réduire les GES. Mais ma question, c'est : Est-ce qu'il y a une
proportion du projet qui est financée, ou c'est l'entièreté d'un projet de changement d'un autobus? Par exemple, si on
dit : On a un autobus en fin de vie, au diésel, on change pour un
autobus hybride, est-ce que c'est l'ensemble
de l'autobus qui est payé ou c'est l'équivalent du surcoût de la propulsion
hybride? On n'a pas ces réponses-là, et moi, je pense qu'on devrait les avoir.
M. Plante : Merci. Juste pour répondre ou ajouter, le ministre
l'a bien mentionné qu'avec la réforme, s'il
y a un centime ou 1 $ qui va dans des projets comme ça, ils vont
devoir se justifier, le ministre l'a expliqué tantôt. Mais je voulais
vous entendre. Et là je vais laisser la parole à mon collègue de Dubuc, qui a
une question à vous poser.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. le député de Dubuc.
M. Simard :
M. le Président, merci. M. Morin, bienvenue. D'abord, tout à l'heure, je
vous entendais, dans vos recommandations,
la troisième recommandation : Adopter une nouvelle politique de
développement durable. J'aimerais que vous expliquiez ça un petit peu
plus, autrement dit, mettre du gras après l'os, parce que c'est pas mal
général, là.
• (17 h 40) •
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Je me suis peut-être trompé, c'est de mobilité
durable, que j'ai dit. Donc, c'est en
fait ce qui avait cours de 2006 à 2012, une politique québécoise du transport
collectif. J'ai changé le nom, j'ai dit : Une politique de mobilité
durable. Vous savez, ça a été, à notre sens, et on l'a dit, on le redit, ça
fait plaisir de le redire aujourd'hui, ça a été un des programmes les plus
efficaces, dès le début du financement de la lutte aux changements climatiques au Québec. C'est-à-dire, on a
dit : Faisons un programme qui augmentera les services de transport dans
toutes les villes du Québec, ce qui nous
permettra d'augmenter l'achalandage. Et les résultats ont dépassé de loin les
attentes. On attendait 8 % de plus de
gens dans les transports collectifs au Québec, il y en a eu 11 % de plus.
Ça se chiffre en millions, le nombre de déplacements par année qui ont
été augmentés.
Et, depuis
2011, les sommes affectées à ce programme-là ont stagné, et il n'y a pas eu de
nouvelle vision mise de l'avant, il
n'y a pas eu de nouvelle politique qui dit : Quelle est la vision vers
laquelle on mobilise les municipalités, les sociétés de transport, les
MRC qui ont des services? Je pense que c'est très important pour la lutte aux
changements climatiques, mais pour plein
d'autres raisons pour lesquelles la mobilité durable est bonne, là, puis ça
inclut les transports actifs, aussi,
pas seulement les transports collectifs. Je pense que c'est important que le
gouvernement dise : Il y a une vision à long terme, et tous les acteurs qui ont aussi la vision dans leur milieu peuvent s'adjoindre à cette vision-là
et ils ont aussi un support
financier, un support technique, réglementaire avec la vision qui est mise en place avec le gouvernement. Ça fait
cinq ans, donc, qu'on attend qu'elle soit
renouvelée. Elle a été promise à un certain nombre de moments, et on
aimerait bien que ce soit mis de l'avant.
M. Simard : Merci.
Le Président (M. Iracà) :
Est-ce que ça complète?
M. Simard : Bien oui, M. le
Président, oui. Merci.
Le
Président (M. Iracà) : Ça complète pour la partie
gouvernementale. Alors, nous allons procéder aux échanges avec
l'opposition officielle, et je cède la parole au député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Merci, M. le Président. Merci, M. Cousineau Morin, de votre présence.
Je comprends qu'au fond votre mémoire
et vos critiques sont essentiellement adressées à l'égard du ministère des
Transports. Et vous souhaitez, autrement
dit, en intervenant sur le projet de loi n° 102, un peu comme on joue au
billard, là, viser une balle pour viser un autre coin, là, être capable d'attaquer... bien, pas d'attaquer, mais de
cibler le ministère des Transports. Parce que moi, je partage votre
opinion que les plus grands efforts à faire dans la lutte contre les
changements climatiques sont dans les transports.
Donc, on ne peut pas envisager de faire une loi comme celle sur laquelle on
travaille présentement, et qui vise principalement à lutter contre les
changements climatiques, en ignorant totalement les transports. Je pense qu'on
se suit là-dedans. Donc, je comprends que
vous souhaitez qu'on en tienne suffisamment compte, que le projet de loi
n° 102 en tienne suffisamment compte,
et que vous souhaiteriez même que les cibles de réduction des gaz à effet de
serre contiennent des cibles
sectorielles claires, précises, incluant les transports. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ce que je viens de dire?
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Oui, effectivement. Vous me dites que je cible
principalement le ministère des Transports.
Nous avons réussi, grâce à nos efforts de recherche, de mettre en lumière
quelque chose qui nous apparaissait comme
imprécis. Peut-être y a-t-il d'autres ministères qui usent du Fonds vert de la
même façon qui serait donc incohérente avec
les finalités du Fonds vert. Donc, c'est pour ça qu'on est contents qu'il y ait
une réforme qui soit en place et qui, l'espérons-nous,
permettra d'éviter cela, c'est-à-dire que tous les gens qui bénéficient des
sommes du Fonds vert comprennent bien à quoi cela doit servir.
La deuxième partie de votre question, c'est sur
les cibles. Je ne connais pas les calculs précis du ministère de l'Environnement, mais, si on regarde pour 2030, on
voit bien que le secteur des transports devra baisser ses émissions à
autour 20 millions de tonnes, ce qui est un effort significatif de
réduction. On le sait, que ça va être difficile, c'est complexe à faire, c'est ambitieux, mais il n'y a pas d'autre choix que
de passer par là. On le connaît, le contexte climatique. Alors, pour faire le pont entre cette grande cible
gouvernementale, sociétale de moins 20 % en 2020, moins 37,5 %
en 2030, et des
actions très précises, très ponctuelles dans les milieux, je pense qu'il
faut... on est capable comme société de se dire, aussi : Le secteur
des transports devra contribuer tant, le secteur de l'agriculture devra
contribuer tant, le secteur de l'industrie...
Mais c'est comme vous l'avez dit, c'est essentiellement aux transports que ça
se passe. C'est presque une réduction de la moitié des émissions des
dernières années d'ici à 2030, là, c'est majeur.
M. Gaudreault :
Est-ce que, selon vous, ça faciliterait cet objectif, l'atteinte de cet objectif,
si on incluait dans la loi carrément les cibles?
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Bien, en termes juridiques, je ne peux pas vous
valider, si ce serait dans la loi, que
ce serait la bonne chose. Mais, comme le ministre disait que la cible générale
est effectivement une cible, donc, dans une loi, je pense...
M. Gaudreault :
...la cible générale est décidée par décret mais n'est pas dans la loi comme
telle.
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Par décret, O.K. Mais je suis favorable à l'idée de
façon générale, là, ça me semble être une proposition qu'il faut... oui,
qui est intéressante, donc, que le secteur des transports...
M. Gaudreault :
Parce qu'en même temps cela amènerait ou conduirait à des obligations
auxquelles tous les ministères... bien, le gouvernement dans son ensemble
serait tenu, là.
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Je pense qu'on va dans le même sens, de dire :
Cette réforme-là doit faire une deuxième
étape, pour qu'on ait bien compris, dans l'ensemble de l'appareil d'État, que
le plan d'action qui est mis en place, d'autres
politiques transversales comme la stratégie de développement durable,
s'appliquent partout de façon uniforme. C'est une stratégie gouvernementale. Puis la proposition que vous me
soumettez, d'inclure une cible pour les Transports dans la loi, aurait le même effet, c'est-à-dire
d'obliger les gens qui ne sont pas, au quotidien, nécessairement dans
l'action en lutte aux changements climatiques à se mobiliser, à se conformer
aux efforts.
M. Gaudreault :
Puis à avoir une forme de cohérence...
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Absolument.
M. Gaudreault :
...peu importe le changement de gouvernement ou le changement de ministre, pour
être au moins... c'est ça, avoir cette cohérence pour l'atteinte des cibles.
Donc, pour vous, ça serait encore plus fort.
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Absolument.
M. Gaudreault :
... sans mauvais jeu de mots, là...
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Oui, absolument. Bien, au même sens où on demande
une politique de mobilité durable, effectivement, ça serait une bonne
suggestion.
M. Gaudreault :
J'aimerais ça vous entendre sur le test climat. Le ministre en a parlé à
quelques reprises, je ne sais plus
c'est quand, là, hier, ou aujourd'hui, ou... Par exemple, un projet d'autoroute
pourrait être soumis au test climat. Alors, j'aimerais ça vous entendre
là-dessus. Prendre un exemple au hasard, là, que vous chérissez
particulièrement, disons l'autoroute 19,
par exemple. Donc, elle pourrait être soumise au test climat au moment où le
gouvernement fait l'annonce. Alors, qu'est-ce que vous pensez, vous, de
cette idée de test climat?
M. Cousineau
Morin (Philippe) : On n'a pas étudié les dispositions spécifiques, là,
qui sont proposées par rapport à ça,
puis... Donc, en tant qu'Alliance, ce n'est peut-être pas spécifiquement sur le
test climat que je me prononce, mais ça me semble être une bonne idée de façon générale, au sens où... Je
donnerais un exemple. Il est évident qu'à travers les mécanismes actuels
comme le BAPE les projets de transport sont très mal compris dans l'ensemble de
leurs impacts, de leurs effets, notamment en
termes de gaz à effet de serre, pas seulement environnemental, mais en termes
de gaz à effet de serre.
Effectivement, je dois répondre à votre proposition au hasard... pas
proposition, mais votre sujet au hasard, avec l'autoroute 19, je me
rappelle avoir participé au BAPE, sur l'autoroute 19, et il me semblait
que la côte était grande à remonter pour
pouvoir expliquer qu'il y avait, oui, un fort impact en émissions de gaz à
effet de serre d'un tel projet. C'était mal compris. Alors, si je reviens au test climat, si ce test climat, là,
peut nous aider à ce que les projets de transport soient bien mieux compris, bien mieux préparés par leurs
promoteurs, comme le ministère des Transports, en termes de quels seront
les impacts de gaz à effet de serre, absolument, on y est favorables.
M. Gaudreault :
O.K. Et, pour vous, ne n'est pas incompatible avec, par exemple, le marché du
carbone, vous n'êtes pas dans cet univers-là. Parce qu'on l'a quand même
entendu ici à quelques reprises.
M. Cousineau Morin
(Philippe) : Je ne pourrais pas aller dans le détail pour répondre à
votre question.
M. Gaudreault :
O.K. Maintenant, bon, évidemment, vous intervenez beaucoup sur la question du
Fonds vert, de la gestion du Fonds
vert. Vous faites référence, entre autres, à d'autres travaux auxquels j'ai eu
l'occasion de participer avec bonheur, là, à la Commission de
l'administration publique, et les recommandations de la CAP, la Commission de l'administration publique, concernant la gestion
du Fonds vert, à la suite des rapports assez critiques, voire
dévastateurs, du Vérificateur général, du
Commissaire au développement durable. Donc, en termes de gestion du Fonds vert,
idéalement, là, si c'était vous qui teniez
le crayon, là... Parce que le projet de loi n° 106 crée Transition
énergétique Québec, qui va gérer une portion du Fonds vert. Là, on a un
autre comité de gestion, un conseil de gestion du Fonds vert. Vous, vous êtes inquiet concernant la portion au MTQ. Alors, pour
éviter justement la multiplication de ces tuyaux-là, là, séparés l'un de
l'autre, comment on pourrait les inverser pour qu'ils communiquent, là?
M. Cousineau
Morin (Philippe) : De façon générale, effectivement, on s'inquiète de
la trop grande discrétion qui est
laissée. Je donne l'exemple, je reviens sur mon exemple du ministère des
Transports, sur son utilisation des sommes du Fonds vert. Alors, si
l'imputabilité, la reddition de comptes remontent vers le porteur du Fonds,
mais la stratégie gouvernementale, qui est le PACC, qui va avec, c'est-à-dire
vers le ministère de l'Environnement, et c'est ce qui est présenté, je pense, en partie dans le projet de
loi, on est favorables. C'est-à-dire que, comme on se disait un peu plus
tôt, ce n'est pas à chacun dans l'appareil
d'État à avoir sa compréhension de ce qu'est le plan d'action sur les
changements climatiques. Je cite d'autres
politiques gouvernementales auxquelles... le ministère des Transports aurait
avantage à être meilleur élève, donc : les cibles en changements
climatiques; mais, bien sûr, les cibles en réduction de pétrole; plus récemment dans la politique énergétique; plus
récemment, la politique de prévention en santé, qui contient des
objectifs en transport et aménagement du
territoire. Alors, moi, j'ai bien confiance, comme je l'ai dit d'entrée de jeu,
envers les gens du ministère du
Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques pour mettre en
oeuvre... pas mettre en oeuvre, mais sélectionner des bons programmes,
pour l'instant, qu'on ait des critères, des bons indicateurs en place.
M. Gaudreault : Mais
c'est comme si vous disiez, au fond, au ministère des Transports : On va
soumettre la reddition de comptes des sommes que tu utilises à un autre
ministère. C'est un gros morceau.
• (17 h 50) •
M. Cousineau Morin (Philippe) :
Dans le volet changements climatiques, c'est-à-dire, et c'est là qu'est la difficulté,
actuellement, dans la fusion des comptes.
M. Gaudreault : Vous dites : Soyons cohérents, si le Fonds vert
sert à la lutte contre les changements
climatiques et qu'on en verse, à ce titre, une portion aux Transports, il faut
que ça...
M. Cousineau
Morin (Philippe) : ...le ministère des Transports est un mauvais élève, mais j'ai quand même espoir qu'il devienne un bon
élève. Comment on s'y prend? Bien, je pense qu'il faut l'accompagner, puis,
dans ce cas-là, l'accompagnateur, c'est le ministère de l'Environnement.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. le député de Jonquière...
M. Gaudreault : C'est
bon. Merci.
Le
Président (M. Iracà) :
...ça met fin à l'échange avec l'opposition
officielle. Nous allons procéder à la
dernière période d'échange avec le député de Masson. La parole est à vous.
M. Lemay : Merci,
M. le Président. Merci d'être ici
avec nous. Je me rends compte que je suis le dernier intervenant avant l'ajournement
de nos travaux. Donc, on va tâcher d'être brefs et concis. Vous savez, vous
avez mentionné qu'il y avait de la difficulté de suivre, quand
l'argent passe du Fonds vert vers le FORT ou vers d'autres programmes.
Mais, dans le projet de loi, on introduit une nouveauté en introduisant le
Fonds de protection de l'environnement et du domaine hydrique de l'État. Est-ce
que vous pouvez faire un commentaire là-dessus? Est-ce que vous voyez ça d'un
bon oeil, l'introduction de ce nouveau fonds?
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Malheureusement, je n'ai pas regardé sur le volet hydrique, je ne pourrais pas
répondre plus précisément à votre question.
M. Lemay : Parfait. Alors, je
comprends que vous avez regardé principalement le volet des transports. Mais je voulais juste savoir, puisque vous aviez fait
un commentaire en ce sens avec le FORT, peut-être
que vous auriez pu...
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Bien,
comme j'ai dit, les préoccupations qu'on a soulevées... Puis, comme l'a dit le ministre, ce n'est pas pour la première
fois, elles se produisent peut-être dans d'autres secteurs d'activité. À
d'autres de le dire. Alors, assurons-nous
que les dispositions, là, dans le projet de loi n° 102,
permettent de l'éviter dans l'ensemble des ministères, s'il y a des
dérives qui peuvent arriver.
M. Lemay : Excellent. Dans
votre conclusion, vous mentionnez, dans le fond, que le PACC 2013‑2020, là, il n'y pas de cible, de politique, d'objectif
supplémentaire, il n'y a pas de hausse de budget de programme existant,
malgré les revenus croissants du Fonds vert,
malgré le fait qu'il y a déjà 2,1 milliards, là, de mesures qui sont dans
le secteur des transports. Puis vous mentionnez
aussi que la politique québécoise des transports collectifs est arrivée à
échéance en 2011 sans être remplacée. Vous faites une recommandation. Est-ce
que vous voulez commenter?
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Oui. Bien, c'est un peu dans le sens... je vais
compléter ce que j'ai dit de ce côté-ci tantôt. Les budgets, donc, qui
étaient là, le principal programme de la politique québécoise du transport collectif, comme je l'ai dit, c'était pour la
hausse de l'achalandage, et ces budgets-là n'ont pas été rehaussés depuis
lors, malgré une forte croissance,
effectivement, du marché du carbone, de l'intervention de l'État. Alors, on se
serait attendu... et 2011, c'était
aussi l'année de la création de notre alliance, donc on s'attendait dès lors à
voir ce programme-là dédoubler ses effets,
et ça ne s'est pas matérialisé depuis. Il y a quelques ministres qui l'ont
promis. Il y a eu une courte durée, je dois le dire, une courte vie dans la Stratégie nationale de mobilité durable,
lancée en 2013, mais, donc, on n'a toujours pas à ce jour, là, la vision
à long terme du gouvernement sur cet enjeu-là.
M. Lemay : Je vais vous amener
à quelque part. Dans le fond, vous êtes l'Alliance pour le financement des transports collectifs au Québec, et puis on voit
de plus en plus... en fait, on a encore vu dans les journaux, je crois
que c'est ce matin, Volvo et Nova Bus qui
sont prêtes à faire le déploiement des autobus électriques, commercialiser
leurs autobus électriques. Et puis, dans le
fond, je voulais savoir, si on fait le lien avec le fait que les budgets n'ont
pas été revus ou les sommes...
peut-être des sommes qui ne sont pas allouées, une municipalité, là, qui
voudrait introduire des autobus électriques
à grand déploiement, là, dans sa flotte, là, elle fait comment présentement,
là? Est-ce qu'elle peut recevoir de l'aide, selon vous, ou c'est un peu
difficile, c'est ardu ou...
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Bien, il existe effectivement, donc, dans le volet
électrification des transports, là,
de l'action du gouvernement, il existe des fonds pour ça. Mais, sur le volet,
donc, de développement de l'offre, non seulement
le programme gouvernemental est limité, mais également les municipalités, actuellement,
ont de la difficulté à accoter la
contrepartie qu'elles doivent apporter dans ce programme-là qui est à 50-50,
là, 50 %, 50 %. Les municipalités, donc, leurs sources de revenus pour aller, au moins, jusqu'à leurs
ambitions en transport collectif, sont, elles aussi, limitées. Et là on est bien sûr dans un débat beaucoup plus
large que celui qui nous occupe aujourd'hui, mais c'est quand même à
souligner, parce que, si on veut avoir les moyens de nos ambitions, c'est non
seulement au gouvernement du Québec, mais c'est aussi dans les municipalités.
M. Lemay :
Je comprends qu'on sort un peu... on est dans un volet un peu plus large, mais,
bref, le fait qu'on doive y aller à
un appariement de 50-50, ça semble être problématique, là. Moi, j'ai discuté...
Mettons qu'on discute avec quelqu'un...
On prend, par exemple, à Terrebonne, dans ma MRC, on a Urbis—Les Moulins, qui sont en train de faire un
test sur un autobus. Bref, eux, ils ont fait la sélection d'un autobus qui
vient de la Chine, mais ça reste quand même... Il mentionnait : Si on veut l'utiliser, on n'a pas les sommes, là,
le coût pour l'achat du véhicule de l'autobus est tellement supérieur à un autobus conventionnel au diesel
que, bon, bref, il ne voit pas comment qu'il va pouvoir l'implanter s'il
n'a pas d'aide supplémentaire. Vous auriez une recommandation d'aide, dans ce
cas spécifique là, qu'on pourrait faire?
M. Cousineau
Morin (Philippe) : Il faut
avoir un certain surcoût, effectivement, qui, on l'espère, tombera dans les prochaines années. Mais je me dois de rappeler
qu'en termes d'émissions de gaz à
effet de serre, donc, pour l'instant on est encore plus gagnant à ajouter plus d'autobus, soient-ils au diésel,
que des autobus hybrides ou électriques. J'espère que ça ne sera pas pour le long terme, mais, pour
l'instant, c'est encore le cas pour les problèmes que vous soulignez, que
c'est encore difficile opérationnellement d'avoir des flottes électriques
viables, là, tout dépendamment des types de villes auxquelles ça s'applique.
Donc, je peux peut-être compléter...
M. Lemay : Parfait... Allez-y.
M. Cousineau Morin (Philippe) :
C'est ça, j'allais donc compléter en disant que c'est pour ça aussi qu'on demande très fortement à ce que le programme
d'augmentation de l'offre de service, qui était si gagnant, soit
rehaussé, soit amélioré et fasse partie
d'une nouvelle vision gouvernementale, soit-il à court terme, des achats
d'autobus diésel. Mais c'est quand même gagnant pour le portrait général
des gaz à effet de serre au Québec.
M. Lemay : Bon bien, merci
beaucoup.
M. Cousineau Morin (Philippe) :
Merci.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ceci met fin à la période
d'échange. Merci beaucoup de votre contribution à la commission.
L'ordre du jour étant épuisé, je lève la séance
et ajourne les travaux jusqu'au lundi 28 novembre, 14 heures. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 56)