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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Boucher): La commission des transports
est réunie aujourd'hui pour l'étude de l'évolution et de
l'avenir de Quebecair.
Les membres de la commission sont: M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M.
Blouin (Rousseau), M. Bourbeau (Laporte), M. Clair (Drummond), M. Desbiens
(Dubuc), M. Lachance (Bellechasse), M. Léger (Lafontaine), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges) qui remplace M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Rodrigue
(Vimont); M. Gratton (Gatineau) qui remplace M. Vallières
(Richmond).
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau), M. Bisaillon (Sainte-Marie),
M. Brouillet (Chauveau); M. Polak (Sainte-Anne) qui remplace M. Caron
(Verdun)...
M. Bourbeau: Je m'excuse, c'est M. Ryan.
Le Président (M. Boucher): ...M. Ryan (Argenteuil) qui
remplace M. Caron (Verdun), M. Cusano (Viau); M. Proulx (Saint-Jean) qui
remplace M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes); M. Gauthier (Roberval), M.
Grégoire (Frontenac), M. Houde (Berthier), M. Perron (Duplessis).
Est-ce qu'il y a un rapporteur?
M. Clair: M. le Président, je suggérerais que le
député de Vimont, mon adjoint parlementaire, puisse agir comme
rapporteur.
Le Président (M. Boucher): M. Rodrigue (Vimont).
La commission entendra aujourd'hui les représentants de
Quebecair, soit M. Guy Bernier, président du conseil d'administration de
Quebecair, représentant de la Société d'investissement
Desjardins; M. Paul Gauthier, président de la Société
d'investissement Desjardins et membre du conseil d'administration de Quebecair;
M. Ghislain Leblond, vice-président exécutif de Quebecair; M.
Jean-Pierre Howison, vice-président aux finances chez Quebecair; M.
Alfred Hamel, président de Quebecair; Me Jean Guy, conseiller juridique
de Quebecair, et M. Richard Champagne, directeur général, Conseil
de l'industrie de l'hydrogène.
M. le ministre, pour les commentaires préliminaires?
Remarques préliminaires
M. Clair: Oui. M. le Président, je voudrais simplement
indiquer que j'ai eu l'occasion d'en discuter avec le député de
Laporte. Mon allocution d'ouverture prendra plus d'une vingtaine de minutes
peut-être, mais je ne manifesterai aucune opposition à ce que le
député de Laporte puisse faire de même, l'objectif
étant que le temps soit réparti également entre les deux
formations politiques. Dans ce sens-là, M. le Président, je
requerrais immédiatement le consentement pour dépasser 20
minutes. Cela permettra sûrement, par ailleurs, à la commission
d'économiser du temps. Cela m'évitera d'avoir à intervenir
souvent à l'intérieur de la commission.
M. Bourbeau: M. le Président, on est d'accord...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: ...mais est-ce que cela va dépasser une
heure?
M. Clair: Non, non, non. Cela n'atteindra pas une heure.
Le Président (M. Boucher): Alors, il y a consentement.
M. Michel Clair
M. Clair: La commission parlementaire des transports entame
aujourd'hui deux journées d'étude du dossier Quebecair. En tant
que ministre des Transports du Québec, responsable de ce dossier depuis
bientôt deux ans, je suis heureux que cette commission
télévisée puisse se pencher sur ce dossier qui a fait
couler tellement d'encre. Ainsi, tous ceux qui sont préoccupés
par les faits pourront voir et entendre directement les principaux acteurs dans
ce dossier et se former eux-mêmes une opinion plutôt que de se fier
à des comptes rendus souvent incomplets, parfois inexacts ou
contradictoires.
Tellement de choses ont été dites et écrites sur
Quebecair. On pourrait relever des centaines et des centaines d'affirmations,
d'articles de journaux, de revues, de
résolutions tantôt pour, tantôt contre Quebecair
depuis dix ans. Qu'il suffise de rappeler l'opération survie de
Quebecair, l'automne dernier, au cours de laquelle j'ai reçu des
centaines de télégrammes et de résolutions de
municipalités et d'organismes de toutes sortes réclamant le
maintien inconditionnel de Quebecair en vie et le déchaînement de
certains autres qui, en même temps, l'accusaient d'incompétence,
de cafouillis, de mauvaise administration, demandaient sa faillite, ma
démission comme ministre et quoi encore.
Mais que peut bien être Quebecair pour être l'objet d'un tel
intérêt et à la croisée des feux d'une telle
controverse? Au fond, c'est dans ce qu'elle a de plus simple comme
caractéristique que se trouve l'explication de tout cet
intérêt. Quebecair est la dernière compagnie
aérienne de son envergure sous contrôle québécois.
Elle est la seule compagnie aérienne en Amérique où le
français est la langue de travail. Elle est la seule aussi où 98%
des employés sont francophones et constitue donc le
débouché le plus naturel pour les Québécois
francophones qui désirent faire carrière dans l'aviation. Parmi
les compagnies aériennes régionales au Canada, elle est sans
contredit celle qui a les routes les moins payantes, le territoire le plus
étriqué. Elle offre des services essentiels pour les
régions du Québec. Elle n'a vécu que dans
l'adversité et des difficultés incessantes. Ajoutez à cela
une farouche détermination de garder leurs ailes en français pour
près d'un millier de Québécois et de
Québécoises qui y travaillent. Voilà, en
résumé, les caractéristiques les plus évidentes de
l'entreprise Quebecair.
Mais, me direz-vous, qu'est-ce que Quebecair peut bien avoir fait pour
se retrouver ainsi au centre d'une controverse aussi importante? D'abord, elle
existe. Dotée des caractéristiques que je viens d'énoncer,
sa simple existence est controversée parce qu'elle est la seule à
combiner toutes ces caractéristiques et constitue un témoin
gênant dans l'aviation commerciale canadienne dont plusieurs voudraient
bien se débarrasser.
Deuxièmement, elle a fait le rêve à la fois modeste
et fou de faire respecter son existence tout en poursuivant un projet de
rationalisation du transport aérien dans le Centre-Est du Canada, en
s'inspirant des politiques énoncées par le gouvernement
fédéral lui-même d'abord en 1969, et en 1978, alors qu'a
débuté la triste valse supposément ouverte pour le mariage
Quebecair-Nordair. Parce que Quebecair a poursuivi avec acharnement cet
objectif de rationalisation et de fusion, cela a fait d'énormes vagues
au Québec et en Ontario en particulier.
Troisièmement, épuisée par cette valse qui n'en
finit plus, menacée d'une guerre de prix, désillusionnée
par les engagements sans cesse reportés, Quebecair, en juillet 1981,
refuse malgré tout de se vendre à Nordair, de signer la reddition
et accepte plutôt une contribution financière de la part du
gouvernement du Québec. Cette intervention du gouvernement du
Québec dans la seule compagnie aérienne vraiment française
en Amérique ne pouvait pas non plus passer inaperçue. Il n'en
fallait pas plus pour que la controverse sur le "nationalisme simpliste et
émotif" se déchaîne, elle aussi.
Quatrièmement, Quebecair est déficitaire. Au cours des
quatorze dernières années, Quebecair a terminé huit de
celles-ci avec un déficit. Ah! M. le Président, des
déficits qui n'ont rien de comparable avec ce que d'autres transporteurs
de passagers publics ou privés peuvent réaliser. Qu'on pense
seulement à Via Rail, avec ses 755 000 000 $ de perte en 1982, soit 200
000 000 $ pour le Québec. Mais, comme il s'agit de Quebecair, un
témoin gênant qui défend avec agressivité une vision
logique de la rationalisation du transport aérien dans le respect des
droits des francophones avec l'appui du gouvernement du Québec, tous les
ingrédients sont là, pour l'Opposition libérale, pour les
adversaires de Quebecair et quelques petits Jos connaissants bien
placés, en mal de scandale, pour voir en même temps dans Quebecair
un cas idéal pour dénoncer pêle-mêle ce
nationalisme-simpliste-gaspillant-desfonds-publics-et-enrichissant-des-administrateurs-incompétents.
Cinquièmement, parce que, malgré tout, Quebecair n'est pas
morte, des négociations -je devrais plutôt dire une nouvelle valse
-sont en cours avec le gouvernement fédéral et Air Canada pour
supposément lui refaire une santé. La controverse ne manquera pas
de surgir, non plus, sur cet autre sujet dont je parlerai plus loin.
Le député de Laporte m'a déjà indiqué
que l'Opposition était intéressée à étudier
en particulier l'intervention du gouvernement du Québec dans Quebecair,
la gestion et l'administration de cette même compagnie et, finalement,
l'état des négociations entre Ottawa et Québec pour la
réorganisation proposée par M. Jean-Luc Pépin en novembre
dernier. Je pense qu'en regardant les deux côtés de la
médaille des cinq controverses que j'ai mentionnées plus haut
nous pourrons effectivement couvrir ces trois préoccupations.
Pour celui qui ne cherche pas tant à gonfler des ballons
qu'à comprendre l'évolution de Quebecair, il faut regarder le
dossier Quebecair d'abord avec un grand angulaire. Il faut voir dans quel
contexte Quebecair a évolué. Cela éclairera un peu plus le
débat.
Il faut d'abord rappeler le rôle dévolu aux transporteurs
régionaux canadiens selon
l'énoncé de politique établi par le ministre
fédéral des Transport, M. John Pickersgill, en octobre 1966, et
précisées par son homologue, son successeur, Don Jamieson, en
août 1969.
Je cite, M. le Président: "1) Les transporteurs régionaux
exploiteront des services réguliers de transport vers le nord et des
services locaux ou régionaux comme compléments des services
assurés par les grandes lignes intérieures d'Air Canada et de
CPAir; leur exploitation sera uniquement régionale. "2) Les moyens
suivants assureront aux transporteurs régionaux une plus grande latitude
dans l'établissement des routes et des services: "A) Dans les cas
pertinents, les transporteurs régionaux peuvent être
autorisés à exercer une concurrence restreinte sur certains
tronçons des lignes principales d'Air Canada et de CPAir à
condition que cette concurrence ne soit pas incompatible avec l'expansion de
leurs services locaux. "B) Dans quelques cas, les services secondaires
exploités à l'heure actuelle par Air Canada et CPAir peuvent
être transférés aux transporteurs régionaux. "C) Les
transporteurs régionaux joueront un rôle plus important dans
l'exploitation de services d'affrètement intérieurs et
internationaux, de voyages tout compris et de nouveaux types de services. "3)
Une plus grande collaboration entre les exploitants des lignes principales et
des transporteurs régionaux pourra s'exercer dans divers domaines,
notamment en ce qui concerne les services techniques et d'entretien, les
régimes de tarifs communs et autres domaines du même genre. Il
sera établi un comité permanent qui aura pour mission de mettre
en oeuvre cette collaboration. "4) On établira une ligne de conduite
visant le versement conditionnel de subventions temporaires à
l'exploitation de services régionaux selon la formule "à utiliser
ou à perdre", à savoir que les subventions continueront
d'être versées à la condition que les transporteurs
établissent et maintiennent un volume suffisant de trafic. "5) On
exercera un plus grand contrôle sur la structure financière des
transporteurs régionaux en raison des nouvelles modalités
concernant la délivrance des permis. "6) Des mesures seront prises en
vue d'aider les transporteurs régionaux dans leurs transactions
relatives à l'acquisition d'aéronefs, notamment en
prévoyant des consultations entre le gouvernement et les transporteurs
concernant les projets d'acquisition de nouveaux aéronefs et en
effectuant une étude spéciale afin de voir s'il est possible
d'envisager une action commune à cet égard de la part des
transporteurs". (10 h 30)
M. Don Jamieson précisait en 1969: "1) Le gouvernement a
l'intention de préserver le caractère essentiellement
régional des activités des transporteurs aériens
régionaux et n'a aucunement l'intention de créer, directement ou
non, d'autres transporteurs nationaux: "2) Les régions dans lesquelles
chacun des cinq transporteurs aériens régionaux sera
autorisé à compléter ou à remplacer les exploitants
principaux, selon les circonstances, sont les suivantes: a) Eastern Provincial
Airways, les provinces atlantiques; b) Quebecair, toute la partie du
Québec à l'est de Montréal; c) Nordair, le reste de
l'Ontario et le Nord-Ouest québécois; d) Transair, les provinces
des Prairies et le Nord-Ouest ontarien; e) Pacific Western Airlines, la
Colombie britannique et l'Ouest de l'Alberta. "3) Nordair et Quebecair
desservent toutes deux le grand marché métropolitain de
Montréal. Eastern Provincial Airways a accès au marché
montréalais par ses services à destination et en provenance des
provinces atlantiques. Il semble dans l'intérêt public que des
dispositions soient prises afin de permettre à Transair d'avoir
accès au marché métropolitain de Toronto à
destination et en provenance de sa propre région."
Pourquoi faut-il remonter aussi loin pour comprendre le dossier
Quebecair? Essentiellement, parce que l'application qui a été
faite de cette politique a été particulièrement
néfaste pour Quebecair. Des exemples, des faits, on pourrait en citer
à la tonne. Voici les plus importants qui démontrent bien que
l'existence même de Quebecair n'a jamais été qu'au mieux
tolérée, au pire torpillée par le gouvernement
fédéral.
D'abord, cela est évident à la vue même de la carte
de la répartition des routes aériennes. Nous voyons sur cette
carte la répartition des routes aériennes des principaux
transporteurs aériens régionaux au Canada. Nous voyons que depuis
1977, année de la fusion de Transair et de Pacific Western Airlines - le
gouvernement de l'Alberta contrôle Pacific Western Airlines -Pacific
Western Airlines dessert l'ensemble des provinces de l'Ouest, avec une pointe
jusqu'à Toronto et est le seul transporteur aérien
régional opérant dans l'Ouest du Canada, desservant au complet
les quatre provinces de l'Ouest. Nous voyons, par ailleurs, dans les Maritimes,
que Eastern Provincial Airways dessert quatre provinces soit
l'Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, la
Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve et le Labrador. D'autre part, nous voyons
que Nordair, filiale à 86% d'Air Canada, dessert des routes dans le
Québec, dans
l'Ontario, également le Nord du Canada à partir de
Montréal. On voit, finalement, que, coincé entre Nordair et
Eastern Provincial Airways, le territoire très restreint dans lequel
opère Quebecair, à partir de Toronto, qui est son point le plus
à l'Ouest et qui est desservie par Quebecair depuis 1981,
essentiellement, c'est la desserte de la vallée du Saint-Laurent et de
la Côte-Nord avec des services jusqu'à Schefferville. On voit
donc, M. le Président, à la vue même de la carte, de la
répartition des routes aériennes régionales au Canada, la
situation particulièrement difficile dans laquelle se trouve
Quebecair.
Je précise, M. le Président - j'y reviendrai dans mon
texte - que la politique de 1969 octroyait le territoire
québécois à l'Est de Montréal à Quebecair,
alors qu'aujourd'hui, en 1983, quinze ans après la politique de 1969,
Air Canada concurrence toujours Quebecair à Sept-Îles et dans
l'Abitibi.
M. le Président, comme je le disais, l'application qui a
été faite de la politique de 1969 a été
particulièrement néfaste pour Quebecair. À la vue
même de la carte de la répartition des routes aériennes,
Quebecair a le territoire le plus étriqué. Elle est la seule
à ne pas pouvoir desservir au moins toute une province. Elle a les
routes les plus courtes, les marchés les plus faibles, les
aéroports les moins bien équipés. Ce sont là des
faits incontestables.
Deuxièmement, alors qu'on a permis le regroupement de PWA et
Transair dans l'Ouest, on a fait vivre une valse cynique de plus de quatre ans
à Quebecair. Le ministre fédérai des Transports disait
vouloir vendre Nordair à Quebecair. Malgré je ne sais combien de
propositions de diverses parties privées, malgré une proposition
conjointe signée des deux gouvernements les plus populeux du Canada,
l'Ontario et le Québec en août 1982, la fameuse fusion n'a jamais
pu se faire. La valse s'est terminée par une proposition de faillite de
Quebecair, de la bouche même du ministre fédéral des
Transports du Canada qui proposait, en novembre dernier, la création de
Quebecair II.
Troisièmement, c'est le gouvernement de l'Alberta qui, devant des
politiques fédérales inadéquates dans l'aérien
régional, a décidé, en 1974, de s'impliquer dans PWA et,
par la suite, dans Transair pour s'assurer que les intérêts
régionaux de l'Ouest dans l'aérien seraient
représentés adéquatement. En 1977, le Parlement
fédéral adoptait un amendement à la Loi de
l'aéronautique pour empêcher le Québec de procéder
à une semblable implication dans le dossier Quebecair-Nordair. En fait,
il faudra attendre 1982 avant qu'Ottawa ouvre vraiment la porte à une
intervention financière du Québec dans Quebecair. Ce sera
après le dépôt du sinistre bill S-31. Cyniquement,
maintenant que Quebecair avait été éconduite par le
ministre des Transports du Canada, Pilate s'en lavait les mains.
Quatrièmement, alors que la politique de 1969 prévoyait le
retrait des transporteurs nationaux des routes régionales, comme
Sept-îles et l'Abitibi, quinze ans plus tard, Air Canada est toujours
là, concurrençant le transporteur aérien régional
attitré à ce territoire déjà restreint, Quebecair.
Pourtant, les autorités d'Air Canada reconnaissent que cette situation
est absurde, que ces routes sont régionales, qu'elles ne sont pas
profitables pour Air Canada alors qu'elles sont essentielles à
Quebecair.
Cinquièmement, la politique de 1969 prévoyait des
subventions aux régionaux selon certaines normes. L'application qui en a
été faite est aussi injuste qu'incompréhensible. Comment
expliquer, en fait, que Eastern Provincial Airways reçoive des
subventions de la Commission canadienne des transports pour son service aux
Îles-de-la-Madeleine, alors que Quebecair, qui les dessert à
partir du Québec, n'en reçoit pas? Comment expliquer que les
services de Quebecair vers Gagnon, Schefferville et Fermont ne soient pas
subventionnés par le fédéral, alors qu'une liaison en
Boeing 737 entre Goose Bay et Halifax l'est? Comment l'application de cette
politique de 1969 a-t-elle pu conduire à accorder 70% des subventions
à Eastern Provincial Airways et 30% à Quebecair, quand on jette
seulement un coup d'oeil à la carte des routes aériennes?
Sixièmement, la politique de 1969 devait favoriser pour les
régionaux, "l'exploitation de services d'affrètement
intérieurs et internationaux, de voyages tout compris et de nouveaux
titres de services." Comment expliquer l'attitude d'acharnement contre
Quebecair quand celle-ci a voulu innover dans ces domaines? Comment expliquer
la guerre des tarifs sur la Floride l'hiver dernier, livrée par Air
Canada? Comment expliquer le remplacement de Quebecair par Air Florida
l'année suivante sur ce marché à des tarifs beaucoup plus
élevés? Comment expliquer que le ministre fédéral
des Transports fasse grief à Quebecair d'avoir essayé de
développer ce marché du nolisé que la politique officielle
lui indiquait par ailleurs?
Septièmement, alors que la politique de 1969 favorisait la
rationalisation des appareils chez les régionaux, Quebecair a acquis des
Boeing 737 dans cet esprit, comme tous les autres transporteurs
régionaux au Canada, pour tenter en même temps de renouveler sa
flotte, ce qui était devenu nécessaire, de l'harmoniser avec
celle des autres et, en particulier, avec Nordair en prévision de la
fusion et tenter aussi de se donner en même temps un potentiel de
développement du côté des vols nolisés.
Comment expliquer maintenant que le ministre fédéral des
Transports blâme Quebecair pour un mauvais choix d'avions quand tous les
autres transporteurs régionaux, dont Nordair, ont ce type
d'appareils?
Finalement, en 1981, le ministre des Transports du Canada proposait un
nouveau projet de politique du transport aérien intérieur. Cet
énoncé ne proposait, en fait, que de figer la politique
fédérale sur la base du résultat décrit de
l'application de la politique de 1969. Autrement dit, on garantissait que le
mal serait permanent. L'Ontario, le Québec et même des
députés fédéraux du Québec ont
condamné cette politique dont on ne sait plus ce qu'il advient au juste,
si ce n'est qu'entre-temps rien ne change. Si cela peut intéresser
quelqu'un, je signale, en passant, que la seule personne que j'aie jamais
entendue appuyer la politique de 1981 au Québec, à part M.
Pépin lui-même, c'est le député de Laporte.
L'application qui fut faite de la politique de 1969 par Transports
Canada à l'égard de Quebecair, dans les faits, se résume
à peu près comme suit: on a confiné Quebecair à un
territoire étriqué, difficile d'accès, très
difficile à rentabiliser. Air Canada a continué de la
concurrencer sur des marchés déjà faibles, mais
représentant un bon potentiel pour Quebecair à l'intérieur
d'un territoire déjà trop petit. Quebecair n'a pas reçu sa
juste part des subventions pour ses services les plus déficitaires.
Quand Quebecair, pour se rentabiliser, a essayé de développer les
marchés du nolisement, qu'on lui avait pourtant indiqués, on lui
a cassé les reins et, finalement, alors qu'on lui avait promis la fusion
avec Nordair en 1978, on lui a proposé la faillite en 1982. Tout cela,
au moment même où la situation économique est
catastrophique sur la Côte-Nord pour l'aviation du fer, dont Quebecair a
toujours eu besoin pour vivre.
Au fond, Quebecair a été l'entreprise aérienne du
Canada qui s'est le plus attachée à respecter cette politique de
1969. Par contre, c'est celle qui a payé le plus cher pour cela. Dans
l'absurdité, le paradoxe est de règle, me direz-vous. En fait, je
ne le crois pas. C'est plutôt qu'il y avait d'autres règles, non
écrites, qui régissaient et régissent encore le transport
aérien au Canada. C'est le fameux concept du "evolving policy",
indiqué par le P.-D.G. d'Air Canada en 1978 devant la Commission
canadienne des transports.
À la page 1815 des notes sténographiques, je cite Me Jean
Fortin, représentant le Procureur général du Québec
à la Commission canadienne des transports en 1978. "D'une part, le
président d'Air Canada mentionne, comme le ministre - de l'époque
- le fait, le concept d'"evolving policy", mais sans jamais le définir
ni préciser de quelle évolution il s'agit. "D'autre part, dans
une réponse à M. Hamilton qui lui demandait:"Well, Mr. Taylor,
perhaps you could answer, are you aware of any official change in Government
policy dealing with the various roles of carriers in Canada?" "M. Taylor
affirme dans sa réponse: "No, I am not aware of any official
change".
Cela dit - et je continue de citer Me Fortin - "il est fort possible que
les "evolving policies" de l'actuel ministre des Transports et du
président d'Air Canada aillent dans la direction des tendances
déjà mentionnées, soit une progression de la situation de
monopole dans le secteur du transport aérien".
Cinq ans plus tard, après coup, on comprend mieux de notre point
de vue la portée de ces propos, quand le président d'Air Canada
déclarait, à la page 349, volume II, des notes
sténographiques: "Air Canada being the largest carrier in Canada, if it
wanted to, it could make it impossible for almost any regional carrier to live
beside it on any route where they parallel".
Il n'y a pas de paradoxe, il n'y a pas d'absurdité. Il y avait
une autre politique, an "evolving policy", dont Quebecair, le gouvernement du
Québec et le Québec tout entier n'ont jamais pu prendre
connaissance. Et, encore aujourd'hui, on ne sait toujours pas quelle place le
ministre fédéral des Transports voudrait bien voir octroyer
à Quebecair, si tant est qu'il y en ait une. Exister dans de telles
circonstances, c'est faire montre d'une espèce de rage de vivre, mais
c'est aussi être condamné à vivre dans l'adversité
et dans la controverse.
On pourra me demander, justement: Comment mettre un terme à cette
existence fragile, comment permettre à Quebecair de sortir de cette
vulnérabilité qui dure depuis quinze ans? Je ne remonterai pas
aussi loin que 1969, mais seulement à 1978 lors de l'acquisition de
Nordair par Air Canada, pour expliquer comment on a fait rater à
Quebecair sa meilleure chance d'accéder à une existence plus
sécurisante, plus sereine. Au moment de cette acquisition de Nordair par
Air Canada, l'Ontario et le Québec s'y sont opposés farouchement.
Devant la pression, le 7 novembre 1978, M. Otto Lang, ministre des Transports
du Canada, annonce -et je cite son communiqué de presse - "The
Government intends that Nordair will be restored to the private sector. It is
my objective to accomplish this within twelve months". (10 h 45)
Face à cet engagement, le gouvernement du Québec et des
intérêts privés se sont mis au travail pour permettre un
rachat de Nordair par des intérêts québécois et la
fusion Quebecair-Nordair afin de rationaliser le transport aérien dans
le Centre-Est du Canada, dans le respect des
intérêts des francophones et des Québécois.
Depuis ce temps, la position du gouvernement du Québec est restée
cohérente: un appui sans équivoque au rachat de Nordair par des
intérêts québécois; un appui sans équivoque
à la fusion Quebecair-Nordair sous le contrôle
d'intérêts québécois; une volonté clairement
exprimée pour le retour de Nordair-Quebecair fusionnée dans le
domaine privé.
De la même manière, le gouvernement du Québec a
toujours refusé: d'accepter que le Québec perde le contrôle
par le biais d'intérêts privés ou publics de Quebecair en
plus de celui de Nordair; deuxièmement, de renoncer à
considérer le transport aérien comme un outil de
développement essentiel aux régions du Québec;
troisièmement, d'abandonner à eux-mêmes les francophones
qui cherchent à faire carrière dans le domaine aérien
où, aujourd'hui comme hier, ils n'ont toujours pas leur juste part;
quatrièmement, de prendre le risque de perdre les retombées
économiques provenant de la présence au Québec de
Quebecair et de Nordair.
Ce sont ces grands objectifs qui ont toujours été
défendus par le gouvernement du Québec. J'ajouterai que, depuis
la déclaration ministérielle du 13 décembre 1979 de M.
Lucien Lessard, ministre des Transports du Québec à
l'époque, jusqu'à l'arrivée du nouveau
député de Laporte en 1981, l'Opposition avait toujours
endossé cette position du gouvernement du Québec.
Pour concrétiser cette orientation politique, toutes sortes de
projets ont été soumis à Ottawa depuis novembre 1978 par
des intérêts privés du Québec. Mais de ministre en
ministre, de promesse en promesse, de délai en délai, de
faux-fuyant en faux-fuyant, quand cela n'a pas été d'un mensonge
à l'autre, le gouvernement fédéral a finalement
changé son offre de vendre Nordair à Quebecair en juillet 1978 en
une offre de faire acheter Quebecair par Nordair en juillet 1981.
Cela était inacceptable au Québec pour bien des raisons.
D'abord, parce que l'acceptation par le gouvernement du Québec aurait
cautionné le mensonge et le faux-semblant dans lequel le
fédéral avait entretenu les intérêts
québécois. Nous aurions accepté rétroactivement
d'être de connivence dans une valse-hésitation pour le moins
cynique. Deuxièmement, il n'y avait aucune garantie quant à la
place qu'auraient réellement occupée les francophones dans cette
nouvelle proposition où Quebecair devenait filiale de Nordair dont on
connaît les velléités de la haute administration de faire
une place aux francophones, mais où la progression réelle de
ceux-ci s'est sans cesse heurtée à un blocage systématique
de l'entreprise dans son ensemble.
Troisièmement, en faisant de Quebecair une filiale de Nordair,
cela conduisait inévitablement à la disparition de Quebecair,
à la perte de centaines d'emplois chez Quebecair, car le principe de
l'intégration des employés selon l'ancienneté
n'était nullement acquis. Quatrièmement, nous savions que
l'acceptation de l'Ontario à une participation minoritaire de la SID
avait été obtenue contre une garantie de transfert d'autres
activités du nouveau groupe Air Canada-Nordair-Quebecair vers l'Ontario,
lequel s'est, d'ailleurs, en partie réalisé déjà.
Cinquièmement, comme l'Ontario et l'Alberta avant nous, nous croyions
que cela conduirait à un désintéressement de ce groupe
face au service aux régions et nous amènerait à devoir
intervenir de toute façon dans le transport aérien pour les
régions éloignées. Sixièmement, Air Canada voulait
profiter de l'arrivée d'un nouveau ministre des Transports au
Québec pour bousculer les événements en y allant
d'ultimatums successifs, espérant qu'en invoquant certaines discussions
avec mon prédécesseur pour tenter de dénouer l'impasse il
serait possible de bâcler l'affaire en quelques jours. S'il n'y avait pas
eu de changement de titulaire au ministère des Transports, le
gouvernement du Québec n'aurait probablement pas eu besoin de
délai additionnel. Mais, compte tenu de mon arrivée
récente au ministère des Transports du Québec, tout le
monde comprendra que, pour une décision d'une telle importance, un
proposeur aussi important qu'Air Canada, pour une question aussi importante,
aurait normalement proposé au nouveau ministre un délai
additionnel pour considérer les avantages de son offre.
Septièmement, l'engagement de revendre Nordair ayant été
trahi, nous n'avions aucune confiance dans la parole des mêmes gens qui
nous garantissaient maintenant la revente éventuelle du transporteur
fusionné à des intérêts privés.
Huitièmement, il n'y avait aucune garantie spécifique quant aux
retombées économiques provenant de plusieurs avantages que
confère au Québec la présence des sièges sociaux
d'Air Canada, de Quebecair et de Nordair, non plus qu'aux principales bases
d'opération de Quebecair, de Nordair et d'Air Canada. En fait, les 15
000 000 $ que nous avons investis en juillet 1981 ont servi à racheter
d'abord et avant tout la parole des fédéraux qui avaient promis
de revendre Nordair à des intérêts québécois
et qui ont trahi leur propre engagement.
C'est pourquoi, le ou vers le 16 juillet 1981, le gouvernement du
Québec proposait aux actionnaires de Quebecair l'offre que tout le monde
connaît, moins avantageuse pour les actionnaires de Quebecair que celle
qui était faite par le tandem Air Canada-Nordair, mais qui donnait un
nouveau délai de deux ans pour tenter d'en venir à un accord
acceptable de fusion Quebecair-
Nordair avec l'appui de partenaires privés. Pour le gouvernement
du Québec, ne pas avoir fait cette offre aurait été non
seulement accepter la reddition, mais aussi forcer ceux qui avaient
été les alliés du gouvernement pendant quatre ans à
faire de même, ne leur laissant aucune autre alternative que la
reddition.
Voilà ce qui explique l'intervention du gouvernement du
Québec dans Quebecair en juillet 1981. Depuis ce temps, le gouvernement
et celui qui vous parle ont continué activement à rechercher un
compromis acceptable pour toutes les parties dans ce dossier. Ainsi, le 9
août 1982, le ministre des Transports de l'Ontario, M. James Snow et
moi-même, au nom de nos gouvernements respectifs, avons soumis à
M. Jean-Luc Pépin une proposition conjointe de "rationalisation des
services aériens dans le Canada central."
Le 28 octobre 1982, après toutes sortes de pressions sur M.
Pépin, j'insistais, dans une lettre qui se trouve, d'ailleurs, dans les
documents distribués, auprès de celui-ci pour qu'il nous
réponde d'une manière ou d'une autre, lui signalant sa
responsabilité ministérielle à l'égard des
difficultés financières dramatiques de Quebecair. La
réponse est venue par le dépôt du triste projet de loi
S-31. Puis, quelques jours après, Quebecair en fut exemptée,
après le lancement de l'opération survie. Puis, nouveau
renversement, le 22 novembre 1982, M. Pépin propose la faillite de
Quebecair pour, finalement, se raviser le 21 décembre suivant et
proposer la création d'un groupe de travail sur la restructuration de
Quebecair sur la base d'une participation 50-50 entre Ottawa et
Québec.
Entre-temps, en termes d'administration et de gestion, Quebecair a
tenté de s'ajuster au mieux aux circonstances à travers vents et
marées de toutes sortes. Pour juger de la gestion tant
décriée par le député de Laporte de Quebecair et de
ses déficits supposément monstrueux, je crois que
l'éclairage général que je viens de donner permettra de
mieux comprendre dans quelle jungle Quebecair a évolué et
continue d'évoluer.
Le dernier point que je voudrais aborder est celui des
négociations entreprises avec le gouvernement du Canada et Air Canada
depuis la mi-décembre 1982. J'indique aux membres de la commission que
M. Ghislain Leblond est le président du groupe de représentants
québécois à la table de négociation et qu'avant sa
nomination comme vice-président exécutif de Quebecair il
était sous-ministre adjoint à la gestion financière de mon
ministère.
La façon la plus courte de résumer la position
québécoise à cette table de négociation est
sûrement de citer le texte même de la proposition de
réorganisation qui a été soumis à la partie
fédérale: "Premièrement, afin d'être mieux en mesure
de protéger ses intérêts, le Québec accepte
d'être partenaire à parts égales avec le
fédéral dans la société Quebecair existante, en
autant que la nomination du chef de la direction s'effectue à
l'unanimité de deux parties. "Deuxièmement, le gouvernement du
Québec accepte d'investir les sommes nécessaires à
même le trésor public uniquement parce qu'il s'y voit contraint en
raison du fait que les tergiversations du ministre fédéral
suivies de son refus d'acquiescer à la fusion Quebecair-Nordair ont
rendu virtuellement impossible toute participation privée dans cette
entreprise. "Troisièmement, le Québec accueille favorablement la
proposition que les activités de Quebecair soient conduites en
français. "Quatrièmement, le Québec exige, par contre, que
Quebecair soit dotée d'un rôle dans l'aviation commerciale
canadienne et nord-américaine et d'une mission opérationnelle
tels que: a) cette société puisse redevenir financièrement
viable comme elle aurait pu le faire dans le cadre de la fusion. À ce
chapitre, il faut, en conséquence directe du refus de la fusion, lui
permettre de consolider sa position dans son marché naturel par
l'exclusivité sur Sept-Îles, l'exclusivité sur les routes
de Montréal, Val-d'Or, Rouyn, sans contraintes opérationnelles;
la priorité sur la route Québec-Montréal-Québec, le
droit de desservir Fort-Chimo; le droit de continuer à desservir Wabush
et Toronto, mais sans contraintes opérationnelles; lui conférer
toute autre route qui contribue à l'atteinte du seuil de
rentabilité; continuer, à l'instar de tous les autres
transporteurs canadiens de deuxième niveau, les transporteurs
régionaux, de lui donner accès au nolisement international sur
une base complémentaire ou contractuelle; favoriser la diversité
de ses sources de revenus par des interventions dans les domaines connexes du
transport aérien et de l'aviation en général. "b) Cette
société soit dotée d'une flotte d'au moins cinq
réactés opérationnels et qu'elle prévoie à
moyen terme l'utilisation d'un minimum de trois Boeing 737 afin:
d'éviter que son rôle et sa mission ne soient constamment remis en
question et afin que son existence propre soit assurée à long
terme; que Quebecair puisse offrir aux francophones les opportunités
auxquelles ils auraient été en droit de s'attendre si la fusion
avait été autorisée, soit celles reliées à
l'opération, à l'entretien et à la gestion d'une flotte de
réactés modernes et toute la technologie de pointe s'y
rattachant; d'éviter que le tremplin naturel des francophones dans
l'aéronautique ne soit inexorablement condamné à
disparaître; finalement, que les diverses régions du Québec
puissent jouir de
services d'une qualité au moins égale à celle des
services offerts dans les autres régions du Canada.
"Cinquièmement, son acceptation de partager la propriété
de Quebecair ne signifie en aucune façon que le Québec ne
considère plus la fusion Nordair-Quebecair comme étant la
meilleure garantie de viabilité à long terme du transport
aérien de deuxième niveau dans le Canada central; de même,
ne confère-t-elle pas au gouvernement fédéral le droit de
disposer de Nordair sans l'accord explicite du gouvernement du Québec.
"Sixièmement, le Québec exige des garanties quant à la
quantité et à la qualité des retombées
économiques actuelles reliées à la présence
à Montréal du siège social d'Air Canada et d'une de ses
bases d'opération, des sièges sociaux de Quebecair et Nordair et
de leurs principales bases d'opération, ainsi que de celles
découlant de la desserte de l'Arctique canadien à partir de
Montréal."
Depuis le 15 décembre dernier, six réunions de
négociations ont eu lieu. Au moment où l'on se parle,
malgré plusieurs expressions verbales privées et publiques des
bonnes intentions de la partie fédérale, rien n'a encore
été déposé sur la table par celle-ci.
Premièrement, malgré que j'aie indiqué au ministre
des Transports du Canada que nous acceptions qu'Air Canada, comme
représentant de la partie fédérale qui détiendrait
éventuellement les 50% d'actions de Quebecair, puisse
déléguer immédiatement les représentants qu'elle
demandait au niveau du "management" au sein de Quebecair, personne n'a encore
été désigné.
Deuxièmement, malgré qu'il eût été
clairement signifié à la partie fédérale que son
intervention financière et autre était nécessaire à
compter du 1er janvier 1983, la partie fédérale nous indique
maintenant qu'elle veut reporter cette date.
Troisièmement, malgré l'affirmation publique du ministre
des Transports du Canada que - je cite - "les routes d'Air Canada seront les
premières sur la table", aucune n'a encore été
discutée et la partie fédérale refuse de proposer quoi que
ce soit jusqu'à maintenant au sujet de la mission opérationnelle
de Quebecair.
Quatrièmement, la partie fédérale a refusé
jusqu'à maintenant de discuter de la flotte d'avions dont Quebecair
devrait être dotée.
Cinquièmement, malgré la possibilité pour Quebecair
d'obtenir certains contrats ou routes aériennes additionnelles de la
part de la Commission canadienne des transports, Air Canada continue de
maintenir ses objections devant la Commission canadienne des transports contre
Quebecair.
Sixièmement, malgré le fait que le ministre des Transports
du Canada ait désigné Air Canada comme porte-parole de la partie
fédérale à la table de négociation, nous sommes
informés du fait que le conseil d'administration d'Air Canada a fait
connaître au ministre des Transports du Canada, par résolution,
son opposition à toute implication dans la réorganisation de
Quebecair.
Devant ces faits, vous comprendrez mon inquiétude quant à
l'issue de ces négociations. Néanmoins, nous allons les continuer
de bonne foi jusqu'au bout, même si cela ne devait servir qu'à
ajouter quelques pas de plus à cette valse-hésitation cynique
où l'on a convié Quebecair il y a cinq ans. Cependant, le
gouvernement du Québec n'a pas l'intention de jouer indéfiniment
à ce petit jeu. Au cours des six dernières années,
personne ne peut mettre en doute notre bonne foi et celle de nos partenaires
dans la poursuite d'objectifs qui étaient rationnels, raisonnables et
sur lesquels nous avons fait des compromis très substantiels sans pour
autant renoncer à nos intérêts légitimes. (11
heures)
Par ailleurs, de l'autre côté, les faits démontrent
clairement qu'on s'est moqué de nous, qu'on nous a leurrés,
menti, qu'on a essayé de toute manière de nous faire perdre pied,
allant jusqu'à demander la faillite de Quebecair par celui-là
même qui, trois ans plus tôt, en parlait comme de sa
fiancée.
M. le Président, encore s'il n'y avait que le dossier de
Quebecair où le Québec a été leurré dans le
domaine de l'aéronautique et de l'aérien en
général. Que dire du déplacement des vols transatlantiques
de Mirabel à Toronto, des retombées du F-18, des permis que la
Commission canadienne des transports a accordés à Québec
Aviation, que le ministre des Transports du Canada lui a enlevés trois
jours avant les élections pour les donner à une compagnie
à être créée, qui ne les avait jamais
demandés, mais qui, comme par hasard, allait être
contrôlée et gérée par Austin Airways de l'Ontario?
Que penser de la façon dont la Société des postes du
Canada a réussi à rejeter les plus basses soumissions de Propair,
filiale de Quebecair, il y a à peine quelques semaines, et de la
façon dont la Commission canadienne des transports augmente
régulièrement la desserte intérieure du Québec par
des transporteurs autres que québécois? Je pourrais continuer
à énumérer des faits pendant des heures. Le
témoignage le plus éloquent sur le sort réservé aux
Québécois dans les retombées aériennes au Canada
par les temps qui courent ne vient-il pas des députés
fédéraux du Québec eux-mêmes qui viennent de
créer, sous la direction de M. Deniger, un groupe de travail pour
scruter ce secteur et en particulier le dossier Air Canada? Sans aucune
mesquinerie de ma part, devant autant de déboires pour les
meilleurs intérêts du Québec, je souhaite vivement
qu'ils mènent leur action à terme.
M. le Président, devant une telle accumulation de faits qu'on
pourrait appuyer, un par un, par des chiffres, des dates, des noms, des lieux,
le gouvernement du Québec ne peut envisager comme seule hypothèse
de solution au dossier Quebecair, à ce moment-ci, un accord avec le
gouvernement fédéral. C'est la raison pour laquelle, au cas
où cette négociation ne serait rien d'autre que la continuation
de la sinistre valse dans laquelle on nous a entretenus depuis cinq ans
maintenant, le gouvernement du Québec a envisagé d'autres
solutions. Une seule a été écartée: la disparition
de Quebecair. Cela ne ferait l'affaire que de cette force occulte qui combat
depuis des années pour compromettre définitivement les
intérêts des Québécois dans le transport
aérien. En effet, cela causerait un tort irréparable à des
régions pour qui Quebecair, c'est un service aussi essentiel que celui
du transport en commun en ville. Cela briserait également
définitivement les espoirs légitimes de milliers de francophones
de faire carrière dans un transporteur aérien où ils ne
sont pas minoritaires et où ils n'ont pas à se battre toujours
pour le respect de leur langue.
Ces retards de la partie fédérale à déposer
sa proposition pour la mission, la flotte, l'organisation de Quebecair
coûtent cher à Quebecair, donc au gouvernement du Québec
dans les circonstances. Si le petit jeu de la partie fédérale est
de nous monter la plus grosse facture possible tout en rapetissant Quebecair
autant que faire se peut, qu'elle sache qu'on ne jouera pas longtemps. Notre
intérêt pour une participation fédérale dans
Quebecair est réel, mais à la condition que cette participation
ne soit pas une façon détournée de faire en sorte que,
d'une part, il en coûte plus cher au gouvernement du Québec que si
nous étions seuls et décidions maintenant de réorganiser
Quebecair en fonction d'objectifs purement québécois. D'autre
part, cette participation ne doit pas, non plus, être une façon
détournée de transformer Quebecair en une espèce
d'arrière-cour d'Air Canada pour quelques pilotes francophones un peu
trop agressifs.
Ainsi, même si je continue de croire qu'une entente est
souhaitable et possible, nous ne nous épuiserons pas quatre
années de plus à la rechercher avec des gens qui ne cherchent
qu'à nous épuiser. Si, d'ici quelques semaines, un
résultat satisfaisant n'est pas atteint dans ces négociations, le
gouvernement du Québec prendra les moyens nécessaires pour amener
le règlement de ce dossier par voie de nationalisation afin de permettre
à Quebecair de se réorganiser en fonction des objectifs
québécois et non plus en fonction des songes changeants du
ministre des Transports du Canada. Quebecair ne peut pas opérer
indéfiniment en se faisant dire une journée: Je te marie, le
lendemain: Je te tue. N'importe qui, qui a administré la plus petite
affaire, sait cela.
M. le Président, ce n'est pas le chemin que nous avions choisi au
départ; ce n'est pas, non plus, encore aujourd'hui, celui que nous
souhaitons retenir en priorité, mais dans l'état actuel des
discussions où l'on semble vouloir faire à Ottawa de Quebecair un
petit ghetto francophone en imposant une facture au gouvernement du
Québec plus élevée que si nous prenons la chance de vivre
seuls, c'est le chemin que nous choisirons sans hésitation, convaincus
que toute cette négligence, que tout ce mépris pour nos
intérêts légitimes par le gouvernement
fédéral finiront bien par se retourner contre leurs auteurs et
par donner raison à notre honnêteté, notre bonne foi et
notre bon droit. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir de saluer
ceux et celles, ici présents aujourd'hui, qui manifestent de la sorte
leur intérêt pour la survie de Quebecair et pour celle du
transport régional aérien au Québec. C'est avec d'autant
plus de plaisir que je leur souhaite la bienvenue que cette commission a lieu
grâce à la ténacité du Parti libéral qui n'a
cessé de la réclamer. Je n'entends pas répondre aux
attaques personnelles du ministre des Transports dans son allocution
d'ouverture. Je laisserai les faits parler par eux-mêmes et je m'en
remettrai avec confiance au jugement de la population.
Le Parti libéral a insisté pour qu'ait lieu ce
débat parce qu'il croit qu'il y va de l'intérêt de tous les
artisans de l'industrie du transport aérien au Québec, de
l'intérêt des usagers du transport régional et de celui de
la population du Québec. Il a aussi insisté pour qu'ait lieu ce
débat parce qu'une chose devenait de plus en plus claire, c'est que plus
le gouvernement fournit des explications sur la nature de son engagement dans
Quebecair, plus cela devient embrouillé aux yeux de l'opinion
publique.
Le problème qui nous réunit aujourd'hui semble avoir pris
une telle ampleur et une telle complexité que plus d'un serait
tenté de renoncer à y comprendre quoi que ce soit. De tout ce qui
a été dit sur cette affaire jusqu'à maintenant, il y a
pourtant moyen de dégager, au moins partiellement, deux problèmes
(qui ont eu le malheur de se rencontrer) qui semblent nettement être
à l'origine de la situation que nous connaissons maintenant: le premier,
d'ordre économique
et le second, d'ordre politique. À ce sujet, les travaux de la
présente commission nous permettront sûrement de faire tout
l'éclairage supplémentaire nécessaire à la
compréhension complète des faits.
Pour bien illustrer mon propos, je commencerai, d'abord, par exposer le
problème d'ordre économique, c'est-à-dire celui du
transport aérien régional dont les difficultés sont
difficilement dissociables de celles que connaît actuellement Quebecair.
Car l'importance et l'envergure que Quebecair a progressivement acquises la
désignent tout naturellement pour jouer un râle déterminant
au sein de cette industrie au Québec et même au Canada.
L'histoire du transport aérien en région est probablement,
d'abord et avant tout, celle de ses usagers. Que ceux-ci habitent la
Côte-Nord, le Nouveau-Québec, la Gaspésie, l'Abitibi ou le
Saguenay, leur situation est à peu près la même. Ils vivent
souvent loin des grands centres et l'avion constitue pour eux un moyen de
transport aussi essentiel que, pour d'autres, le métro ou l'autobus.
Dans bien des cas, ce rôle est encore plus important que cela, car leur
approvisionnement en biens et en services dépend presque exclusivement
des transporteurs aériens qui, à l'occasion, servent aussi dans
les cas d'urgence.
On serait porté à croire que tout a été
humainement mis en oeuvre pour assurer à ces gens le meilleur service
possible. Or, tel ne semble pas être le cas. Depuis bon nombre
d'années, les critiques des usagers sont aussi nombreuses et
pratiquement toujours les mêmes: retards continuels des avions,
diminution du service, prix exorbitants et majoration des tarifs à
répétition; sans parler du fait que ces usagers sont toujours
à la merci des conditions atmosphériques et du manque de
pièces de rechange qui clouent les appareils au sol durant plusieurs
jours à la moindre défaillance technique.
Du côté des transporteurs aériens, la vie n'est pas
plus facile. Ceux-ci font face continuellement aux problèmes sans cesse
croissants de la rentabilisation de leurs opérations, rendue
particulièrement difficile par l'étendue du territoire à
desservir et sa faible densité de population. Ils sont, de plus,
condamnés à se livrer entre eux une concurrence souvent mortelle
à cause de l'exiguïté du marché et les usagers
finissent invariablement par en faire les frais. L'absence de règles
précises n'a aidé en rien à résoudre ce
problème et cette situation a mené à un
enchevêtrement inexplicable des réseaux aériens
régionaux. On peut le voir, d'ailleurs, sur la carte derrière
nous. À cela vient s'ajouter le fait que les transporteurs
régionaux doivent souvent dispenser leurs services dans des conditions
extrêmes, car, pour la plupart, les installations aéroportuaires
en région tombent en désuétude et sont dotées de
systèmes de contrôle au sol inadéquats. Finalement, les
fortes hausses successives du prix du carburant ont porté à
quelque 40% la part que présente ce dernier dans les coûts
d'exploitation, soit 10 fois plus qu'en 1970. C'est sur cette toile de fond que
se joue l'avenir de Quebecair et de l'ensemble du transport régional
aérien.
Considérée comme l'un des quatre grands transporteurs
régionaux du Canada, Quebecair devrait normalement être
appelée à jouer un rôle clef dans toute éventuelle
rationalisation de ce secteur. Au sein des transporteurs
québécois, on s'attendrait qu'elle assume un certain leadership
en indiquant la voie à suivre pour aboutir à ce résultat
désiré, premièrement, en donnant l'exemple d'une gestion
saine et rigoureuse de ses opérations. Or, jusqu'à preuve du
contraire, il semble que Quebecair ait échoué dans sa tentative
de jouer un tel rôle.
À l'époque où la compagnie appartenait à
l'homme d'affaire Howard Webster, les milieux concernés par le transport
régional aérien reprochèrent souvent à ce dernier
de ne s'intéresser que de loin aux intérêts de la compagnie
et d'avoir fait des choix administratifs douteux mettant en péril la
stabilité financière de l'entreprise. Quelques mois à
peine avant que Howard Webster achète la compagnie, Quebecair venait de
faire l'acquisition d'appareils jugés comme très coûteux
à l'époque. En 1969, avec l'achat de deux BAC 1-11, Quebecair
devenait le premier transporteur régional canadien à se doter de
réactés. Quebecair en achetait un autre un peu plus tard sous sa
gouverne et, en 1974, elle s'équipait de Boeing 727 et 707.
Ces achats, qui trahissaient déjà les rêves de
grandeur de Quebecair, allaient grever lourdement son fonds de roulement.
Cependant, le tableau n'était pas complètement noir, car, au
cours de la même période, la compagnie aérienne
étendait son réseau au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à
l'Abitibi et aux Îles-de-la-Madeleine. On croyait y déceler une
réelle volonté d'étayer et de consolider sa vocation
première de transporteur régional. Mais c'était sans
compter sur les ambitions de ses dirigeants de voler vers de plus nobles
horizons. Déjà, en 1970, ils se laissent séduire par le
mirage des Caraïbes et des vols nolisés. Puis, en 1975, c'est la
grande envolée vers Paris et l'Europe.
À consacrer tant d'énergie pour sortir de la province,
Quebecair se classa à la fin des années 1970 première dans
le marché des vols nolisés parmi les transporteurs de sa
catégorie. Pendant ce temps, au chapitre du transport des marchandises,
elle passait au dernier rang, voyant sa part relative baisser de 12% à
9% de 1970 à 1978, tandis que, de
son côté, Nordair passait du 3e au 2e rang, augmentant sa
part relative de 21% à 23%. (11 h 15)
Rien de cela ne réglait les problèmes du transport
régional et de ses usagers qui continuaient vainement à attendre
une amélioration de leur situation. Le rachat de 86% des actions de
Nordair par Air Canada en 1978 vint raviver les espoirs. Le gouvernement
fédéral s'était engagé, au moment de cette
acguisition, à revendre Nordair à des intérêts
privés dès que ce serait possible. Cette promesse comportait
cependant certaines restrictions. Le ou les éventuels acquéreurs
devaient satisfaire à certaines exigences, entre autres, que leurs
offres d'achat soient compatibles avec une éventuelle rationalisation du
transport régional aérien dans l'Est du Canada. De plus, le
gouvernement fédéral souhaitait que le nouveau transporteur qui
naîtrait de cette fusion soit détenu à parts égales
par des intérêts québécois et ontariens, afin de
s'assurer que le nouveau service répondrait de manière
adéquate aux besoins des deux provinces.
C'est à la faveur de ce projet de fusion que M. Alfred Hamel et
sa compagnie Expéditex se portèrent acquéreurs, en 1979,
de 93% des actions de Quebecair, pour revendre aussitôt 40% des actions
acquises à la Société d'investissement Desjardins et
à la Corporation Provost. Soulignons que la présence de la
Société d'investissement Desjardins était destinée
à donner une plus grande crédibilité au projet de fusion
de Quebecair avec Nordair, la Société d'investissement Desjardins
ayant racheté du gouvernement du Québec un bloc d'actions de la
compagnie Nordair.
Du côté des usagers, le rachat de Quebecair par M. Alfred
Hamel, la Société d'investissement Desjardins et la Corporation
Provost fut accueilli avec soulagement. Enfin, se disaient-ils, des
intérêts québécois se portent à la
défense des Québécois. Mais mal leur en prit, car ils
durent déchanter très vite. Une malédiction planait
au-dessus de Quebecair. À peine M. Webster avait-il cédé
ses intérêts à M. Alfred Hamel que Quebecair se
lançait dans un programme d'achat de 5 Boeing 737 au coût
d'environ 15 000 000 $ chacun et dont l'acquisition mettait pour une seconde
fois en dix ans la stabilité financière de la compagnie en
péril.
Or, une étude sérieuse du marché aurait pu
constater que, déjà, en 1979, le secteur du transport
aérien commençait à marquer le pas. Un mémoire de
l'Association québécoise des transporteurs aériens,
déposé à l'automne 1981, rapportait que, de 1979 à
1981, plus de 30 compagnies aériennes avaient été
liquidées ou avaient fait faillite. De plus, les nombreux signes
avant-coureurs d'un ralentissement économique dans les régions
traditionnellement desservies par les transporteurs aériens commandaient
une approche empreinte de prudence, pour ne pas dire tout simplement
conservatrice.
Il semble que Quebecair ne l'entendait pas ainsi. Au contraire, les
décisions coûteuses qui avaient été prises au
début obligèrent Quebecair à adopter une politique de
fuite en avant. Encore une fois, Quebecair devait trouver de nouveaux
marchés qui lui permettraient de rentabiliser le plus vite possible ses
nouveaux appareils. Mais c'était sans compter que, quelque dix
années plus tard, les règles du jeu avaient complètement
changé. Les circuits en direction de Toronto et de la Floride
étaient déjà très encombrés et l'industrie
des vols nolisés en pleine perte de vitesse. Pourtant, Quebecair s'y
engagea quand même, s'étonnant après coup de la concurrence
féroce que se livrent entre eux les transporteurs aériens
desservant déjà ces marchés.
En juillet 1981, Nordair, dont les deux actionnaires sont Air Canada et
la Société d'investissement Desjardins, fait une offre d'achat
à Quebecair. Celle-ci vise à fondre les deux compagnies en un
seul transporteur aérien, dont les réseaux s'étendront de
Blanc-Sablon à Winnipeg et de Pittsburgh à la baie de la
Résolution. En même temps, cette offre comporte en filigrane un
projet de rationalisation et d'amélioration du transport aérien.
Air Canada s'y engageait "à continuer de laisser à la nouvelle
société la même autonomie qu'elle a permise à
Nordair et à maintenir son siège social au Québec".
Enfin, les actionnaires de Nordair, soit Air Canada et la
Société d'investissement Desjardins, déclaraient leur
intention de faire une émission publique d'actions qui amènerait
la réduction de la participation d'Air Canada à un
intérêt minoritaire, dès que la rentabilité de la
nouvelle société aurait été prouvée et
probablement avant cinq ans. La proposition préservait, de plus, les
emplois des travailleurs de Quebecair et permettait d'assurer la place des
francophones dans l'industrie du transport aérien.
Ici, j'ouvrirai une parenthèse. Les actionnaires de Quebecair
avaient devant eux une proposition honnête et qui leur assurait un profit
substantiel et payé comptant. Elle inversait peut-être le
scénario initial de l'achat de Nordair par Quebecair, mais Quebecair
n'avait plus les moyens de se payer une compagnie aérienne, ni
même un seul avion. Les actionnaires de Quebecair auraient pu choisir
d'accepter cette offre et, aujourd'hui, la survie de Quebecair, de même
que les emplois de ses 900 travailleurs seraient assurés. Et, au pire,
le plus grand risque que courait la collectivité
québécoise était celui d'économiser 50 000 000 $ et
de bénéficier d'une amélioration substantielle de son
service aérien.
Le gouvernement du Québec a choisi ce
moment precis pour "venir au secours des actionnaires de Quebecair". Ces
derniers n'avaient rien à y perdre et tout à gagner, car leur
compagnie était virtuellement en faillite et sans l'ombre d'un plan de
relance devant elle. Le gouvernement du Québec avait le choix des
décisions. Mais - et c'est là que réside tout le
problème politique - au nom de ses fantasmes nationalistes, il a choisi
d'investir dans ses rêves autonomistes et de faire passer les
intérêts de quelques particuliers pour les intérêts
de la nation. Prétextant la crice, le gouvernement procéda
à une nationalisation indirecte de Quebecair sans faire entériner
son geste par l'Assemblée nationale. Et, pour faire oublier le fait
qu'il injectait 15 000 000 $ dans une entreprise privée sans projet
précis, il se lança dans une nouvelle bataille contre le
gouvernement fédéral.
Les fuites en avant de Quebecair dans un expansionnisme
débridé avaient alimenté les rêves de grandeur du
gouvernement péquiste. Devant la tournure des événements,
en juillet 1981, celui-ci crut y déceler l'occasion parfaite de se
payer, à bon compte et à même l'argent des contribuables,
sa compagnie dite nationale de transport aérien. Il est, d'ailleurs,
significatif de constater que, tout au long du débat, le gouvernement
péquiste était plus inquiet de la concurrence supposément
déloyale d'Air Canada sur les marchés extérieurs que de
celle que se livrent entre eux les transporteurs régionaux, tels que
Nordair ou Eastern Provincial Airways. La nuance n'a pas échappé
à l'attention des usagers du transport aérien en région,
car, comme le soulignait un journaliste du Soleil, la question de la survie de
Quebecair a suscité beaucoup plus d'émoi chez les vacanciers de
Montréal que chez les usagers des régions qui prennent l'avion
par nécessité. Certains de ces derniers souhaitaient presque sa
disparition tellement ils jugeaient le service mauvais.
Si le gouvernement avait vraiment eu à coeur
l'intérêt public et celui des travailleurs de Quebecair, il se
serait engagé dans la recherche constructive d'une harmonisation des
services entre Quebecair, les autres transporteurs régionaux et les
transporteurs locaux. Au contraire, il était beaucoup plus inquiet de
l'honneur des Québécois qu'il jugeait bafoué par la
concurrence de la feuille d'érable contre la fleur de lis sur les plages
de la Floridel
Aujourd'hui, après avoir englouti des dizaines de millions de
dollars à même les fonds publics, le gouvernement se retrouve
exactement au même point qu'en juillet 1981 avec, sur la table, une
nouvelle offre d'Air Canada. Il y a de fortes chances que Quebecair soit
finalement sauvée, mais il n'y a pas de raison particulière de
crier victoire. Encore une fois, le gouvernement péquiste aura
déçu tout le monde et c'est lui-même qui aura
contribué à faire perdre la face au Québec. Dans cette
aventure, tout ce qu'il aura gagné, c'est de jeter le désarroi
parmi les employés de Quebecair, de faire perdre la confiance de la
population en cette compagnie, d'accélérer la déconfiture
du transport régional aérien et d'appauvrir le Québec de
quelque 50 000 000 $. Toute cette mobilisation inutile, toutes ces
énergies dépensées et tout cet argent gaspillé
n'auront servi qu'à affaiblir un peu plus une société qui
a désespérément besoin de se redonner confiance en
elle-même.
Il y a manifestement eu des erreurs dans la façon dont on a
essayé de régler les problèmes du transport aérien
régional. J'espère que les travaux de cette commission
permettront de mieux découvrir quels sont les véritables
impératifs et les conditions de relance de cette industrie chez nous.
J'invite le gouvernement à revoir son attitude dans ce dossier et,
à la lumière de ce qui s'est passé au cours des
dernières années, à travailler à
l'élaboration d'une politique cohérente dans ce domaine qui
tiendra compte de la faculté de payer des contribuables et des besoins
des usagers. Il est temps que le gouvernement cesse d'oeuvrer en cachette et
qu'il fasse preuve de bonne foi dans ses négociations avec le
gouvernement canadien, plutôt que de l'accuser invariablement
d'être responsable de tous les malheurs. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Clair: Simplement pour accréditer les propos du
député de Laporte, je voudrais indiquer que les statistiques sur
la ponctualité de Quebecair, pour les six ou sept dernières
années, sont au cahier vert. J'invite les gens à les
regarder.
Le Président (M. Boucher): J'inviterais les
représentants de Quebecair à prendre place à la table au
centre. M. le député de Gatineau.
Discussion générale
M. Gratton: Avant qu'on aborde l'audition de nos invités -
que je salue, bien entendu, comme tous les membres de la commission - est-ce
que le président pourrait nous indiquer quelles seront les heures de
travaux de la commission? On sait qu'une deuxième commission doit
siéger probablement demain et que cela pourrait compliquer les choses
quant à la télédiffusion des travaux de la commission.
Est-ce que le président est en mesure de nous dire maintenant si nous
siégerons à cette commission des transports demain et
à
quelles heures, tant demain qu'aujourd'hui?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau, on m'a fait part que le vice-président rendrait une
décision sur le sujet aujourd'hui même. Je n'ai pas encore
reçu confirmation de cette décision. Je n'ai pas encore
reçu le contenu de la décision que le vice-président doit
rendre aujourd'hui relativement à la télédiffusion de la
commission de demain.
M. Clair: Je suis au courant du litige également. Dans
l'esprit de l'Opposition, est-ce que ce soir on siège jusqu'à 22
heures ou jusqu'à minuit?
M. Gratton: Jusqu'à 22 heures.
M. Clair: On n'est peut-être pas obligé d'attendre.
On pourrait dégager un compromis. Il y a une possibilité. J'ai
remarqué que certaines personnes, qui devaient être entendues
demain, sont présentes dans la salle. On pourrait poursuivre
jusqu'à minuit ce soir et commencer la deuxième journée
à compter de 22 heures. Il ne semble pas y avoir de problème pour
la télédiffusion demain matin. On pourrait continuer demain matin
et il ne resterait que deux ou trois heures qui auraient pu être
télédiffusées et qui ne le seraient pas.
M. Gratton: II me semble qu'il serait maladroit de discuter de
ces choses parce que, selon les rumeurs qui circulent présentement, il y
a toutes sortes de possibilités qui sont évoquées quant
aux heures de la commission de l'éducation aussi bien que de celle-ci.
Il me semble qu'on devrait laisser le vice-président rencontrer son
conseil consultatif cet après-midi, quitte à aviser vers 18
heures de l'horaire des travaux pour ce soir.
M. Clair: C'est simplement parce que, le député de
Gatineau ayant soulevé la question, je voulais faire montre de
souplesse.
Une voix: C'était maladroit de sa part de la soulever.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: J'aimerais simplement souligner la position que nous
avons prise dans ce dossier. On sait qu'il y a quatorze personnes qui ont
été invitées à venir devant la commission.
Certaines ont été invitées par le ministre, certaines par
l'Opposition. Il arrive que la majorité des gens qui témoigneront
aujourd'hui sont les invités du ministre et que la très grande
majorité de ceux qui ont été invités par
l'Opposition doivent comparaître demain. Vous comprendrez que
l'Opposition ne peut pas accepter que la première journée des
débats soit télédiffusée et que, pour la
deuxième journée, pendant laquelle comparaîtront les
invités de l'Opposition, il n'y ait pas de télédiffusion,
parce qu'on estime qu'on doit donner une publicité égale à
tous les témoignages. Dans ces conditions, je pense que l'Opposition
insistera pour que les débats de ces deux journées soient
télévisés au complet. J'espère que les gens qui
sont chargés de discuter ces problèmes et de les régler
tiendront compte de la prise de position de l'Opposition à ce sujet. (11
h 30)
Le Président (M. Boucher): Messieurs, aussitôt que
j'aurai le décision prise par le vice-président, je m'empresserai
de vous en faire part.
J'invite les représentants de Que-becair...
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ...j'ai une dernière question préalable
avant qu'on entende les premiers invités. Vous avez indiqué le
nom des personnes qui doivent comparaître aujourd'hui. Si je ne m'abuse,
il s'agit de MM. Guy Bernier, Paul Gauthier, Ghislain Leblond, Jean-Pierre
Howison, Alfred Hamel, de Me Jean Guy et de M. Richard Champagne. Est-ce que le
président ou le ministre est en mesure de nous dire à quel moment
le président de la caisse de dépôt, M. Jean Campeau,
viendra rencontrer la commission?
Le Président (M. Boucher): On me dit que le
secrétariat des commissions aurait reçu une lettre de M. Campeau.
Est-ce qu'on pourrait m'en informer? Le 24 février 1983, M. Jean
Campeau, de la Caisse de dépôt et placement du Québec,
avisait ainsi le ministre des Transports, le secrétaire des commissions
et le greffier de la commission: "Messieurs, en relation avec la demande qui
m'a été transmise de vous indiquer s'il était dans nos
intentions de participer aux travaux de la commission élue permanente
des transports qui siégera aux fins d'étudier l'évolution
et l'avenir de Quebecair, je désire vous faire savoir que la
participation de notre organisme ne m'apparaît pas susceptible
d'être utile. "La Caisse de dépôt et placement du
Québec n'est pas en mesure, en effet, de commenter l'évolution ou
l'avenir de cette entreprise puisque nous n'y avons aucun investissement en
capital-actions. La seule affaire qu nous ayons traitée avec cette
société s'est concrétisée en 1982 par un
prêt de 4 000 000 $ en capital et intérêts que la caisse de
dépôt a consenti après avoir obtenu les garanties qu'elle a
exigées et qui ont été fournies à notre
satisfaction. Dans ces circonstances, vous comprendrez que nous n'avons ni
mémoire à déposer ni exposé à faire qui
serait susceptible de profiter aux membres de la commission et d'aider à
leurs travaux. "Veuillez agréer, messieurs, l'expression de mes
meilleurs sentiments. Jean Campeau."
M. Bourbeau: Est-ce le président?
Le Président (M. Boucher): C'est le
président-directeur général.
M. Bourbeau: En fait, c'est le président de la caisse de
dépôt, n'est-ce pas?
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Bissonnet: II a été invité par le
ministre et par l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, si je ne m'abuse, le
président de la caisse de dépôt a été
invité de façon formelle par le secrétariat des
commissions ou par le ministre à venir.
M. Clair: Par le secrétariat des commissions. Voici la
façon dont cela s'est passé. Je pense que le député
de Laporte peut en témoigner, nous avons dressé conjointement,
après négociations, une liste de personnes à entendre qui
nous paraissaient, dans certains cas pour le député de Laporte,
dans d'autres cas pour moi, susceptibles d'éclairer la commission. Le
député de Laporte a insisté pour que M. Campeau soit
invité. À ce moment, j'ai indiqué au député
de Laporte que des invitations seraient lancées aux personnes sur
lesquelles il insistait le plus, mais il a été très
clairement exprimé à ce moment et par la suite au
député de Laporte qu'on ne forcerait personne. D'autres personnes
qui ont été invitées par le secrétariat des
commissions, à ma connaissance en tout cas, après
vérification au secrétariat des commissions hier, ne se sont
nullement manifestées, de sorte qu'à ce moment j'ignore
complètement si elles viendront ou si elles ne viendront pas.
Quant au fond de la question, il me semble que la réponse de M.
Campeau est tout à fait légitime, valable. M. Campeau dit
exactement ce qu'il en est de la participation de la Caisse de
dépôt et placement du Québec dans Quebecair.
M. le Président, je pense que si on devait faire témoigner
tous les créanciers de
Quebecair, on n'en finirait plus; on pourrait entendre bien des gens.
Si, chaque fois qu'on étudie un problème en commission
parlementaire, il fallait faire venir les présidents des banques et des
sociétés de prêt, je pense que ces gens ne feraient que
cela. Si, d'ailleurs, les gens de l'Opposition veulent que le ministre de
tutelle - je pense que c'est comme cela qu'on l'appelle -vienne expliquer sa
position sur cette question, cela lui fera plaisir de venir. Il m'a
déjà fait part de son opinion là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, quant
au dernier commentaire du ministre, je serais surpris que le ministre des
Finances ait changé d'idée dans le fond et ait accepté de
venir ici nous expliquer de quoi il en retourne dans la mesure où,
à l'Assemblée nationale, il faisait savoir qu'en retournant en
arrière - je le cite, le 14 décembre - il s'était rendu
compte d'une chose: c'est que le prêt avait été obtenu
pendant qu'il était en vacances et il a essentiellement nié toute
participation active à l'autorisation du prêt dont il est souvent
question.
M. Clair: Question de règlement. Ce que j'ai dit, ce n'est
pas que le ministre des Finances voulait ou ne voulait pas venir participer au
débat sur l'intervention de la Caisse de dépôt et placement
du Québec. J'ai simplement noté le précédent que
cela créerait si, chaque fois qu'il est question d'une entreprise, on
demande au président d'une banque ou d'une caisse ou d'une
société d'investissement ou, encore, à la Caisse de
dépôt et placement de venir en commission parlementaire, compte
tenu de l'intérêt limité. M. Campeau le dit: La Caisse a
posé certaines conditions pour l'octroi du prêt, ces conditions
ont été remplies. Que voulez-vous que je vous dise de plus?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce qui était pertinent
dans tout ce débat, M. le Président, c'était
précisément de voir quel était le processus qu'on a suivi,
tant à la caisse de dépôt qu'au ministère des
Finances et au bureau du premier ministre d'ailleurs, afin d'en arriver
à un prêt garanti qui aurait été fait à
Quebecair. Au-delà de tout cela, il ne m'apparaît pas acceptable
qu'on puisse comparer le président de la caisse de dépôt,
fiduciaire des épargnes forcées, dans certains cas, des
Québécois ou de leurs dépôts ou des primes qu'ils
font en vertu d'un tas de régimes, à un président de
banque ou d'une
entreprise privée. Il n'est pas question de fonds des
Québécois en général dans ces derniers cas.
Par ailleurs, on n'a pas, autant que je sache, lors de l'invitation
adressée à M. Campeau, exprimé le désir de le voir
déposer un mémoire ou de l'entendre faire un exposé. Je ne
pense pas qu'il soit à même de présumer déjà
quelle sera la nature des questions que nous avons à lui adresser. Il y
en a une qui me vient immédiatement à l'esprit: Si l'absence
totale d'investissements en capital-actions lui permet de ne pas venir devant
nous, à partir de combien de dizaines de millions de dollars de
prêt à une entreprise comme Quebecair ou à quelque autre
entreprise, serait-il alors disposé à venir ici? Est-ce qu'on
doit attendre que la caisse de dépôt, par voie de prêt
garanti ou non, investisse ou prête 5 000 000 $, 10 000 000 $, 15 000 000
$ ou 20 000 000 $ de plus? C'est, entre autres, la question que nous aimerions
lui poser. Je ne pense pas que cette lettre réponde adéquatement
aux questions que nous lui avons adressées.
M. Clair: M. le Président, bien simplement, j'ai
indiqué la position des députés ministériels. Nous,
on ne votera pas un subpoena pour forcer M. Campeau à venir, compte tenu
des explications qu'il a fournies. Je m'attendais que vous alliez avoir cette
réponse, cela m'apparaît tellement évident. Si vous voulez
en faire un plat, faites-en un.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: II ne s'agit pas d'en faire un plat, comme vient de
le dire le ministre, M. le Président, mais si une commission
parlementaire n'a plus le loisir de poser des questions à des
fonctionnaires de l'État qui sont directement impliqués dans une
affaire soumise à l'étude d'une commission parlementaire,
notamment, l'évolution et l'avenir de Quebecair... On sait que la caisse
de dépôt a consenti un prêt de 4 000 000 $. Le ministre
lui-même a fait allusion tantôt à la possibilité
d'une éventuelle nationalisation ou plutôt de concrétiser
officiellement ce qui est déjà commencé, tout au moins
officieusement, c'est-à-dire la nationalisation de Quebecair par le
gouvernement du Québec. Je présume que la Caisse de
dépôt et placement du Québec aurait quelque chose à
voir dans une telle éventualité.
M. Clair: Oui, M. le Président, elle serait
payée.
M. Gratton: II me semble, M. le Président, que ce n'est
pas au président de la Caisse de dépôt et placement de
juger s'il est utile pour lui de se prêter aux questions d'un groupe de
parlementaires réunis en commission parlementaire. Il me semble que
c'est bien plus aux parlementaires eux-mêmes d'en juger.
Quand, dans sa lettre, M. Campeau a dit n'avoir ni mémoire
à déposer ni exposé à faire qui serait susceptible
de profiter aux membres de la commission et d'aider à leurs travaux, je
soumets respectueusement que c'est peut-être autant, sinon plus, aux
parlementaires membres de la commission d'en juger qu'à M. Campeau.
Motion pour convoquer M. Jean Campeau
Dans cette perspective, M. le Président, je pense qu'il serait
tout à fait irresponsable de la part de l'Opposition, tout au moins...
Si le ministre a quelque chose à cacher, il pourra répondre aux
questions qu'on lui posera, à lui, mais nous insistons pour pouvoir
poser un certain nombre de questions à M. Campeau lui-même. C'est
dans cette optique, à partir de l'article 153 de notre règlement,
que je voudrais faire la motion suivante: Que la commission des transports, qui
étudie l'évolution et l'avenir de Quebecair, requiert le
président de la Caisse de dépôt et placement du
Québec, M. Jean Campeau, de se présenter devant la commission
avant la fin de ses travaux.
M. Clair: On est prêt pour le vote, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Alors, vous avez une motion, M.
le député de Gatineau. Si vous pouviez nous en donner le texte,
s'il vous plaît!
M. le député de Rousseau.
M. Blouin: Ai-je bien compris le ministre des Transports
lorsqu'il nous a dit que le ministre responsable de cette institution, le
ministre des Finances, était prêt à venir fournir devant la
commission les explications relatives à cet investissement?
M. Clair: Exactement, M. le Président, et surtout j'ai
expliqué pourquoi il apparaît, après discussions, que si M.
Campeau vient à cette commission parlementaire-ci, quand il est question
de l'avenir d'une entreprise, l'ensemble des créanciers pourrait
être appelé à venir en commission parlementaire. À
ce moment-là, pourquoi un créancier, pourquoi pas tous les
créanciers de Quebecair?
M. Blouin: Alors, si le ministre...
M. Clair: Si le ministre des Finances est disposé...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse,
M. le ministre et M. le député de Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, si le ministre...
Le Président (M. Boucher): Nous avons une motion devant
nous.
M. Blouin: Si le ministre...
Le Président (M. Boucher): Le député de
Rousseau parle-t-il sur la motion? Seulement à titre de renseignement,
je voudrais signaler que nous avons une motion du député de
Gatineau, à savoir que la commission des transports qui étudie
l'évolution de l'avenir de Quebecair, requiert le président de la
Caisse de dépôt et placement du Québec, M. Jean Campeau, de
se présenter avant la fin de ses travaux.
M. Blouin: Je ne comprends pas pourquoi l'Opposition n'est pas
satisfaite de recevoir, non pas le président de la Caisse de
dépôt et placement du Québec, mais bien le ministre qui est
lui-même responsable de cette institution.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: II me semble qu'il y a une question de principe
importante qui est impliquée ici, M. le Président. M. Campeau est
le président d'une société d'État, la plus
importante institution financière du gouvernement du Québec, la
Caisse de dépôt et placement du Québec. Il arrive que dans
la question qui intéresse la commission, soit la situation et les
perspectives d'avenir de Quebecair, la Caisse de dépôt et
placement du Québec a consenti un prêt d'une importance absolument
substantielle. Peut-être qu'en interrogeant des représentants de
Quebecair, les membres de la commission seront-ils suffisamment
éclairés sur les circonstances dans lesquelles ce prêt a
été obtenu, les conditions auxquelles il a été
fait, pour être satisfaits. II me semble que s'ils n'étaient pas
satisfaits après avoir entendu les représentants de Quebecair, ce
serait leur droit de demander des explications au président de la
société d'État qui a consenti un prêt à la
société Quebecair. Il me semble que si on allait ériger en
principe le genre de réponse que M. Campeau donne à la fin de sa
lettre...
Cela me fait penser, je vais vous donner un exemple, si vous me
permettez. À la commission parlementaire qui étudie le
problème de Mirabel, la commission a adressé une invitation
à un organisme fédéral, la Société
immobilière du Canada, qu'il aurait été très utile
d'entendre. On trouvait que cela aurait été normal qu'elle vienne
donner des explications, vu qu'elle a des responsabilités
considérables dans la situation actuelle et même dans l'avenir du
territoire de Mirabel. La Société immobilière du Canada a
répondu par une lettre un peu semblable à celle-ci, contre
laquelle nous avons tous protesté vivement, autant les
députés ministériels, pour qui c'était très
facile en l'occurrence, que les députés de l'Opposition, qui
obéissaient au même principe dans ce cas que dans celui-ci. Il me
semble que pour une commission parlementaire, se contenter d'une réponse
comme celle-là, ce serait assez regrettable.
Encore une fois, je serais porté à suggérer que si,
après avoir entendu les témoins de Quebecair, les
députés, quels qu'ils soient, de l'Opposition ou du
côté ministériel, éprouvent le besoin d'interroger
M. Campeau, ce n'est pas à M. Campeau de déterminer s'il a des
choses à dire à la commission, mais c'est à la commission
de déterminer si elle a des choses à lui demander. Quand il
viendrait témoigner ici, il peut très bien juger que dans
l'exercice de sa fonction, il y a des choses qu'il ne peut pas dire. Il peut
très bien dire qu'il y a des choses au sujet desquelles il est
lié par son secret professionnel. Je le compendrais. Il viendrait le
dire lui-même, ici, devant la commission. Il viendrait s'expliquer,
entouré des conseils juridiques dont il peut avoir besoin, si la
nécessité s'en manifeste. Il me semble que régler le
problème de manière expéditive comme cela ne serait pas
bon pour l'institution parlementaire elle-même. (11 h 45)
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Sur la motion.
M. Perron: Oui, d'accord, sur la motion. Je trouve un peu curieux
que l'Opposition vienne devant cette commission avec une motion qui semble
privilégiée et qui porte sur la présence du
président de la caisse de dépôt à la commission
parlementaire. Même si on ne veut pas se couler dans le béton en
disant non, il me semble qu'il y a une chose importante: lorsqu'un contrat en
bonne et due forme est signé entre une institution prêteuse et une
compagnie quelconque, je ne pense pas que l'institution prêteuse soit
dans l'obligation de se présenter devant cette commission, puisque nous
avons ici des représentants de Quebecair qui, eux, sont vraiment les
emprunteurs. À partir du moment où ces personnes peuvent donner
des informations en rapport avec l'évolution du dossier, ou encore sur
ce que nous voulons savoir quant à l'implication de la caisse de
dépôt dans Quebecair, je pense que les représentants de
Quebecair pourraient
certainement nous donner les réponses qui s'imposent. D'ailleurs,
le député qui vient juste de parler antérieurement, soit
le député d'Argenteuil, a souligné qu'il y avait des
choses qu'il pourrait dire et des choses qu'il ne pourrait pas dire en tant que
président de la société, puisqu'il est, en fait, un
représentant de l'institution qui a prêté à
Quebecair. Il y a des accords qui ne peuvent pas être
dévoilés publiquement, c'est sûr et certain.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Perron: M. le Président, il y a autre chose que je
voudrais ajouter, si vous me permettez, M. le député de Laporte.
Puisque le ministre des Finances est responsable de cette
société, en fait de la caisse de dépôt, si celui-ci
est prêt à venir répondre aux questions de l'Opposition en
rapport avec la caisse de dépôt et en rapport avec ce qui s'est
passé au sujet de Quebecair, je pense que cela serait très
acceptable qu'il puisse être invité ici, comme l'a
mentionné tout à l'heure le ministre des Transports.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne peux que protester
devant l'attitude qui m'apparaît cavalière du président de
la caisse de dépôt, attitude qui est cautionnée,
d'ailleurs, par le gouvernement, puisque le ministre nous indique son intention
de ne pas voter pour la motion du député de Gatineau. Je dois
dire que nous avons eu l'occasion de poser plusieurs questions au ministre des
Finances sur ce sujet précis lors de la dernière session et que
le témoignage que pourrait nous amener le ministre des Finances ne
pourrait pas être très utile, puisque nous l'avons
déjà interrogé à quelques reprises. Nous
connaissons sa version à lui, mais nous aimerions connaître celle
du président de la caisse de dépôt et il est inutile de
nous ramener une autre fois le ministre des Finances, puisque nous avons
déjà entendu ce qu'il a à nous dire là-dessus.
Je pense que ce qu'il y a d'important à signaler, c'est que
quatorze personnes ont été convoquées devant cette
commission-ci, la plupart étaient du secteur privé, à ma
connaissance, et toutes ont accepté de venir - enfin, on verra demain si
elles sont toutes présentes, mais selon les vérifications que
j'ai pu faire, toutes ont accepté de venir - à une seule
exception, celle de M. Jean Campeau qui est non pas du secteur privé,
mais un fonctionnaire, un employé du gouvernement. Vraiment, on se
demande comment il se fait que M. Campeau qui a fait un prêt à
Quebecair, un prêt qui nous apparaît, à nous, un peu
inexplicable ou assez non orthodoxe - si je peux dire - parce que c'est un
prêt qui a été fait à une compagnie en
sérieuses difficultés financières...
M. Clair: ...du gouvernement.
M. Bourbeau: Oui, M. Campeau qui nous semble un peu
téléguidé dans la façon dont la caisse de
dépôt fait ses prêts, semble également avoir la
caution du gouvernement quand il est temps de venir se présenter et on
semble également vouloir le couvrir, le protéger, faire un genre
de camouflage du témoignage qu'il pourrait nous donner.
M. le Président, des gens très importants se sont
déplacés; ils ont des occupations importantes, je n'ai
qu'à citer celui qui est à la table présentement, le
président de la Fédération des caisses populaires de
Montréal, M. Bernier, qui est un homme important, qui est le
deuxième personnage le plus important du mouvement Desjardins, qui a
trouvé le temps de venir nous voir. Nous avons avec nous le
président de Quebecair, M. Hamel, qui gère aussi de grosses
affaires; le président de Nordair sera ici demain, une
société importante qui brasse de grosses affaires. Ces gens ont
jugé utile et ont jugé que c'était leur devoir d'accepter
l'invitation et la convocation de la commission parlementaire. Or, nous avons
ici un fonctionnaire qui devrait être encore plus disposé à
venir et qui refuse péremptoirement de se présenter en nous
disant que son témoignage ne lui apparaît pas utile. M. le
Président, je vous soumets que M. Campeau ne peut pas dire si ça
va être utile ou pas parce qu'il ne connaît pas les questions qu'on
va lui poser. Je pense qu'on verra après son témoignage si
ça aurait été utile ou non. S'il ne se présente
pas, chose certaine, on n'aura jamais l'occasion de savoir si ça aurait
été utile ou non. Je ne pense pas qu'on puisse avoir
bientôt une autre commission parlementaire sur Quebecair pour avoir
l'occasion de l'interroger.
Dans ces conditions, M. le Président, on est en droit de se poser
quelques questions. Premièrement, pourquoi M. Campeau refuse-t-il de
venir s'expliquer devant la commission parlementaire? Qu'a-t-il à
cacher? Est-ce qu'il a peur de se présenter? Autant de questions que
nous sommes autorisés à poser puisque ce monsieur refuse de venir
nous rencontrer. Dans les circonstances, M. le Président, je ne peux que
protester, déclarer que cette décision de M. Campeau, et
j'espère que le gouvernement ne l'entérinera pas, est
inacceptable. C'est une insulte, je pense, à la démocratie et au
privilège des commissions parlementaires et du Parlement. Je soumets
respectueusement que les membres de la commission devraient se rallier à
la proposition du député de
Gatineau et demander à M. Campeau de venir rencontrer la
commission parlementaire demain.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, c'était bien parti,
mais là, il me semble qu'on tombe encore dans les mêmes rengaines
qu'on nous a servies à l'Assemblée nationale: qu'est-ce que M.
Campeau a à cacher, etc. On essaie de faire un plat avec une histoire
comme ça. M. Campeau a répondu à une invitation qui lui a
été faite. Il estime, lui, avoir des raisons valables de refuser
l'invitation qui lui a été lancée en indiquant qu'il ne
pense pas avoir d'information à fournir à la commission qui soit
utile dans le cadre du mandat que nous avons.
Cependant, et là-dessus je rejoins un peu ce que disait le
député d'Argenteuil tout à l'heure, il y a quand
même une question de principe qui est en jeu. Une commission
parlementaire a le loisir d'inviter et de convoquer, péremptoirement
même, s'il le faut, ceux qu'elle juge utile d'entendre. À ce
titre-là, je pense que la suggestion qu'à faite le
député d'Argenteuil m'apparaîtrait une chose qui irait de
soi: finalement, qu'on entende les personnes qui sont ici présentes
devant nous, et qui se sont présentées à la commission
parlementaire, c'est-à-dire les représentants de Quebecair
eux-mêmes, et à la lumière des réponses qu'ils
fourniront aux questions qui seront soulevées autant par l'Opposition
que par les ministériels, on pourra juger, en fin de séance ce
soir, peut-être, s'il y a lieu de convoquer péremptoirement M.
Campeau pour demain. Peut-être qu'on jugera à ce moment-là
que ce n'est pas utile, et on laissera tomber. Si, au contraire, on juge que
c'est absolument indispensable, on pourra toujours reprendre la question et
voir s'il y a lieu de convoquer péremptoirement M. Campeau.
Il faut bien comprendre que c'est un dossier parmi d'autres, pour la
Caisse de dépôt et placement. Il y aurait peut-être lieu
d'inviter à un moment donné la Caisse de dépôt et
placement puis de l'interroger sur l'ensemble de sa gestion des fonds publics.
Ici, il s'agit d'un dossier bien ponctuel, bien spécifique et qui n'est
certainement pas le dossier majeur que doit administrer la caisse dans le
contexte actuel.
Quand même, étant donné la question de principe qui
est en cause, je pense que la suggestion du député d'Argenteuil
nous agréerait. On pourrait entendre les représentants de
Quebecair et par la suite, s'il y a lieu, la commission décidera si elle
doit convoquer péremptoirement ou non M. Campeau.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeannne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, c'est très simple.
Il y a eu une entente, M. Campeau a été convoqué par le
leader parlementaire pour cette commission. Il y a eu entente entre le
député de Laporte et le ministre de convoquer M. Campeau. M.
Campeau étant un fonctionnaire, ce n'est pas à lui de
décider s'il doit être ici ou non. Je pense que lorsque le
gouvernement lui demande d'être présent à la commission
parlementaire, il n'a qu'à être ici. Quant aux questions de
l'Opposition, c'est elle-même qui décidera quelles questions elle
aura à lui poser.
M. Rodrigue: Le député d'Argenteuil nous a
indiqué qu'il n'était pas encore sûr que la présence
de M. Campeau était indispensable ici, qu'il se laissait un peu de temps
pour en juger, suivant les questions qui seraient posées et les
réponses qui seraient données par les représentants de
Quebecair et les autres intervenants aujourd'hui. C'est pour cela que cette
suggestion-là nous apparaît acceptable, d'autant plus qu'on pourra
toujours poser le problème peut-être au retour, ce soir, et voir
s'il y a lieu ou non de convoquer M. Campeau péremptoirement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
toujours sur la motion et à l'égard des commentaires du
député de Duplessis et du député de Vimont, je peux
comprendre qu'effectivement il y a un contrat de prêt entre Quebecair et
la Caisse de dépôt et placement. Mais je ne vois pas en quoi les
emprunteurs seraient à même de répondre à des
questions extrêmement précises qui ont trait au processus
décisionnel que le prêteur a pu utiliser. Je ne vois pas, de
quelque façon que ce soit, qu'il y ait quelque chose de différent
ici de ce que le ministre des Finances lui-même a dit à
l'Assemblée nationale, savoir que ce genre d'intervention ou de garantie
que le ministre des Finances par intérim - à l'époque Mme
Marois - a indiqué que la caisse de dépôt était
disposée à faire valoir, en juillet, que c'était quelque
chose qui se réglait essentiellement "entre fonctionnaires". Ce sont les
mots mêmes du ministre des Finances.
Si cela se règle entre fonctionnaires, il me semble qu'un
fonctionnaire particulièrement impliqué, à qui on veut
poser des questions pour connaître comment cela se déroule entre
fonctionnaires, l'autorisation de prêts semblables, il me semble que le
président de la caisse de dépôt est tout
désigné. Dans ce sens-là, qu'il nous dise tout simplement
qu'il ne peut pas voir en quoi sa participation a quelque
rapport que ce soit avec l'évolution et l'avenir de Quebecair...
L'avenir à court terme, sauf erreur, de Quebecair, le 20 juillet 1982,
était extrêmement pertinent à toute cette question. La
lettre du ministre des Finances par intérim de l'époque fait
état de besoins de fonds et de disponibilités financières
immédiates d'environ 4 000 000 $, que la caisse de dépôt
était disposée à avancer sur la foi d'une garantie du
gouvernement du Québec.
Quant à l'évolution de ce prêt, il me semble que
cela s'inscrit précisément dans l'évolution
financière de Quebecair, de telle sorte que je ne vois pas quelles sont
les bases mêmes du refus du président de la caisse de
dépôt de venir nous expliquer comment il investit, que ce soit
avec garantie ou autrement, ou comment certains de ses fonctionnaires
décident d'investir les fonds des cotisants à toutes sortes de
régimes au Québec dans des sociétés où le
fonds de roulement, depuis une dizaine d'années, a été
déficitaire entre 2 000 000 $ et 20 000 000 $. Cela ne paraît pas,
à sa face même, comme une façon privilégiée
pour la caisse de dépôt de transformer son rôle en
"financeur", si vous voulez, à très court terme, comme une
institution privée pourrait effectivement le faire. Je n'ai jamais
compris que cela faisait partie du mandat que les fonctionnaires de la caisse
de dépôt pouvaient exercer.
C'est dans ce sens que je ne vois pas véritablement en quoi les
gens qui se sont donné la peine de venir ici aujourd'hui, ou qui
viendront demain, pourraient jeter quelque éclairage ou quelque
étincelle que ce soit sur le rôle de la caisse de
dépôt et des fonctionnaires du ministère des Finances et de
la caisse de dépôt dans tout ce dossier.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: Je comprends jusqu'à un certain point la
déception et l'intérêt des députés de
l'Opposition. Mais je peux aussi leur dire, de la même façon, que
j'aurais bien voulu que l'ancien ministre des Transports, M. Denis de Belleval,
puisse venir à cette commission. Il a été invité.
Pour des raisons tout à fait autres - c'est quand même l'ancien
ministre des Transports - vous admettrez que cela aurait pu être utile
qu'il vienne ici. Je pense qu'il n'y a pas lieu de le forcer. Il est
présentement en Algérie. Je voulais le faire venir...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si M.
Campeau est en Algérie, c'est une autre affaire.
M. Clair: Non, non. M. de Belleval... M. Johnson
(Vaudreuil-Soulanges):
Commencez à exhiber les passeports...
M. Clair: ...ne peut pas venir, compte tenu de l'éclairage
quand même limité sur l'ensemble du dossier de Quebecair... La
question de ce prêt est quand même, vous en conviendrez, un sujet
d'intérêt limité. Si vous voulez discuter de l'ensemble du
processus décisionnel - je pense que je reprends les mots du
député de Vaudreuil-Soulanges - à la Caisse de
dépôt et de placement du Québec, cette commission
parlementaire-ci n'a pas pour objet l'étude de ce processus.
Troisièmement, dans le même sens que mon adjoint
parlementaire et que le député d'Argenteuil le disaient
tantôt, un élément d'information additionnel. M. Ghislain
Leblond, vice-président exécutif de
Quebecair, sous-ministre adjoint à la gestion financière,
en congé sans solde - enfin, je ne sais trop comment cela s'appelle -
avec des dispositions pour être à l'emploi de Quebecair, M.
Ghislain Leblond pourra répondre aux questions. S'il advenait qu'il y
ait: d'autres questions, on pourrait réévaluer. Je m'engage
à ce que le ministre des Finances... Si vous acceptez de suspendre
l'étude de cette motion pour passer à l'audition des gens de
Quebecair, je pense qu'on pourra réévaluer cela une fois que vous
aurez entendu le ministre des Finances.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau. (12 heures)
M. Gratton: La suggestion du ministre de suspendre la
considération de cette motion, en attendant d'avoir entendu les
administrateurs de Quebecair, ne nous satisfait pas du tout. Le
député de Vaudreuil-Soulanges l'a indiqué clairement: Les
questions que nous voudrions et que nous insistons pour poser à M.
Campeau, président de la Caisse de dépôt et placement,
n'ont rien à voir avec le processus qui a pu être suivi au sein de
la société Quebecair quant à son besoin d'un prêt de
quatre millions, mais ont tout à voir avec le processus qui a
été suivi au sein d'une société d'État qui
est la Caisse de dépôt et placement du Québec. Et je ferai
remarquer au ministre qui nous disait: On pourrait peut-être, si on
acceptait cela, faire comparaître tous les créanciers de
Quebecair, qu'il y a une distinction fondamentale entre la Caisse de
dépôt et placement du Québec et les autres
créanciers de Quebecair. Les banques, les compagnies prêteuses,
les institutions prêteuses disposent de fonds qui n'appartiennent pas au
gouvernement du Québec, qui n'appartiennent pas, donc, à la
collectivité québécoise, alors que dans le cas de la
caisse de dépôt...
M. Clair: C'est le meilleur argument. M. Gratton: ...il
s'agit justement des
fonds de retraite des Québécois qui doivent être
gérés de la meilleure façon possible et au sujet desquels
on a la responsabilité de poser des questions.
Une des questions pertinentes qu'on voudrait poser à M. Campeau -
on l'a déjà posée au ministre des Finances, on l'a
déjà posée au ministre des Transports à
l'Assemblée nationale et on n'a pas eu la satisfaction d'avoir des
réponses convenables - c'est de savoir comment il en est arrivé
à accepter de faire un prêt de quatre millions à Quebecair.
Y a-t-il eu des pressions d'exercées par des membres du cabinet? Si on
pose la question au ministre des Transports, on sait bien qu'il va dire...
M. Clair: La réponse est non.
M. Gratton: La réponse est non et il faudrait prendre
cela...
M. Clair: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Un instant, M. le
député de Gatineau.
M. Clair: J'ai répondu à la question et, en vertu
de notre règlement, le député de Gatineau est
obligé de prendre ma parole ou de mettre son siège en jeu.
M. Gratton: Je prends la parole du ministre et j'aimerais pouvoir
prendre la parole du président de la Caisse de dépôt et
placement qu'il en est ainsi. Si le ministre lui-même n'a pas eu de
conversations avec le président de la caisse de dépôt,
peut-être ses fonctionnaires en ont-ils eu. C'est le genre de questions
qu'on veut poser, qu'on a le droit de poser et qu'on a même le devoir de
poser en tant qu'Opposition ici à l'Assemblée nationale.
Si le désir du ministre et celui de la commission, avec le mandat
que nous avons d'examiner l'évolution et l'avenir de Quebecair, doivent
simplement servir aux yeux du gouvernement à justifier les mauvaises
décisions que ce gouvernement a prises dans le dossier, soitl Je
conviens que c'est probablement ce que désire faire le gouvernement.
Nous, on n'a pas à se prêter à cela du côté de
l'Opposition. C'est dans la nature même des fonctions de l'Opposition que
de tenter de faire ressortir tous les faits, d'avoir toutes les informations de
façon que la population puisse juger, non pas à partir d'un texte
de vingt-cinq pages, que le ministre nous a présenté ce matin,
non plus qu'à partir du texte du député de Laporte, mais
à partir des témoignages qu'on peut obtenir en posant des
questions pertinentes.
Or, la simple décision de M. Campeau de décider, de son
propre chef, peut-être bien en consultation avec des membres du cabinet
ou des membres du gouvernement... Cela aussi on aimerait pouvoir le lui
demander et je suis sûr que si je posais la question au ministre ce
matin, il dirait: Non, nous ne nous sommes pas parlé, M. Campeau et moi,
absolument pas. C'est ce qu'on aimerait savoir de la bouche de M. Campeau si
quelqu'un du gouvernement lui a parlé avant qu'il n'indique son refus de
comparaître devant la commission.
La question de principe - le député d'Argenteuil y a fait
allusion - est la suivante: Si une commission parlementaire, qui a pour mandat
de faire toute la lumière dans un dossier qui a comporté des
investissements de deniers publics de l'ordre de plusieurs dizaines de millions
jusqu'à maintenant, si cette commission parlementaire n'a non seulement
pas le droit, mais le devoir de faire en sorte que tous les intervenants qui
peuvent ajouter à l'information du public soient convoqués en
bonne et due forme, d'autant plus s'il s'agit d'un fonctionnaire de
l'État...
Une voix: À part cela.
M. Gratton: ...eh bien, M. le Président, moi, j'en perds
mon latin. Et je comprendrais fort mal ou je comprendrais trop bien si la
majorité ministérielle de cette commission refusait de demander,
de requérir la présence de M. Campeau. Je ne pourrais qu'en tirer
une conclusion, c'est que le gouvernement ne tient pas à faire la
lumière dans ce dossier. Il tient à faire sa propagande, à
continuer de faire sa propagande. Quant à nous, inutile de dire que nous
n'y serons pour rien. J'invite donc ceux parmi les députés
ministériels, s'il en reste encore, qui ont la moindre notion du devoir
qu'ils ont à remplir à l'Assemblée nationale - on sait
qu'au cours des dernières semaines on leur a caché un certain
nombre de choses, même au conseil des députés, pour les
amener à poser des gestes, à voter de façon qu'ils
regrettent dans certains cas -à songer très sérieusement
à la portée du geste qu'ils poseront en refusant
d'entériner le principe qu'un fonctionnaire de l'État qui est
convoqué devant une commission parlementaire, qui est invité dans
un premier temps et qui refuse de façon cavalière, j'irais
même jusqu'à dire de façon méprisante à
l'égard des parlementaires de venir répondre aux questions des
parlementaires.
La question de principe en cause exige que cette simple invitation que
nous avions formulée au début, de consentement, semble-t-il, du
ministre et du député de Laporte, qui est porte-parole officiel
de l'Opposition, soit maintenant faite plus formellement à partir des
articles du règlement qui permettent - si on n'avait pas prévu
cette possibilité pour une commission parlementaire de devoir
requérir la présence de certains
intervenants, on n'aurait pas pris la peine d'inscrire les articles dans
le règlement de l'Assemblée nationale - de faire un travail
convenable, de présenter une telle motion et de l'adopter. En
exerçant mon droit de réplique sur la question, j'invite les
députés ministériels à y songer à deux fois
avant de repousser cette motion du revers de la main.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres de la
commission sont prêts à voter sur la motion, étant
donné que le député de Gatineau a utilisé son droit
de réplique?
M. Blouin: M. le Président...
M. Gratton: J'insiste pour dire que cela était mon droit
de réplique parce que le but visé par cette motion n'est pas de
faire perdre le temps de nos invités. On insiste pour entendre le plus
tôt possible le fonctionnaire. Je pense qu'il aurait été
irresponsable de notre part de ne pas faire... La question de principe aussi
bien que les aspects pratiques de cette motion méritaient, quant
à nous, qu'on s'y attarde tout de suite.
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont sur une question de règlement.
M. Rodrigue: II m'apparaît commode que le
député de Gatineau nous indique une fois son intervention
terminée qu'il s'agissait de sa réplique de sorte que cela nous
bâillonne et qu'on ne peut pas répliquer à ce qu'il a dit.
Il a fait plusieurs affirmations. J'aimerais que vous m'indiquiez si cette
proposition est rejetée je pense que selon notre règlement
qu'elle ne pourra pas être proposée par un autre membre de la
commission plus tard au cours de nos travaux. Est-ce exact?
Le Président (M. Boucher): La même proposition, non
M. le député de Vimont.
M. Rodrigue: La même proposition ne pourra pas être
posée. Il m'apparaîtrait utile qu'on revienne à la
suggestion du député d'Argenteuil.
Le Président (M. Boucher): J'appelle le vote
immédiatement sur la motion du député de Gatineau.
M. le député de Jeanne-Mance?
M. Bissonnet: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rousseau?
M. Blouin: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte?
M. Bourbeau: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Drummond?
M. Clair: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Dubuc?
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse?
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Lafontaine? Il est absent.
M. le député de Kamouraska-Témiscouata?
M. Lévesque (Léonard): Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Jean?
M. Proulx: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont?
M. Rodrigue: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau?
M. Gratton: Pour.
Le Président (M. Boucher): La motion est donc
rejetée...
M. le député de Vaudreuil-Soulanges?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour.
Le Président (M. Boucher): La motion est rejetée,
six contre quatre.
Je demanderais à M. Bernier de présenter les gens qui
l'accompagnent et de procéder à la lecture de son mémoire
ou de son allocution.
Auditions
Conseil d'administration de Quebecair
M. Bernier (Guy): M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, vous constaterez que les représentants du
conseil d'administration, de la direction générale et des
actionnaires de Quebecair se sont rendus spontanément à
l'invitation du secrétariat de la commission parlementaire pour
collaborer aux travaux de la commission.
Comme vous l'avez suggéré, avant de faire nos
exposés, j'aimerais vous présenter notre délégation
en commençant par mon troisième voisin de gauche, M. Jean-Pierre
Howison, vice-président aux finances chez Quebecair, M. Ghislain
Leblond, vice-président exécutif de Quebecair, M. Alfred Hamel,
président de Quebecair. Je suis le président du conseil
d'administration et aussi président du conseil de la
Société d'investissement Desjardins, mon nom est Guy Bernier.
À ma droite, M. Paul Gauthier, le président de la
Société d'investissement Desjardins et membre du conseil et de
l'exécutif de Quebecair, et, enfin, Me Jean Guy, qui est le conseiller
juridique de Quebecair.
M. le Président, c'est dans les derniers jours de l'année
1978 que le domaine du transport aérien a commencé à
susciter un intérêt au sein de la Société
d'investissement Desjardins. D'une part, les déclarations du ministre
Otto Lang quant à l'intention du gouvernement de vendre Nordair au
secteur privé et à sa préoccupation de rationaliser le
transport aérien et, d'autre part, des échanges avec Canadian
Co-Operative Credit Society Limited nous ont amenés à regarder de
plus près le secteur du transport aérien. Il nous est apparu
dès le départ que la meilleure stratégie consisterait
à prendre le contrôle de la compagnie Quebecair pour ensuite
acquérir la compagnie Nordair. C'est pourquoi, peu de temps après
la nomination de M. Alfred Hamel comme président de Quebecair, nous
sommes entrés en contact avec lui pour discuter de ses objectifs. Au
cours de cette rencontre qui prit place à la fin de janvier 1979, nous
avons pu constater que l'intérêt de M. Hamel ne se limitait pas
à Quebecair mais allait également vers le regroupement des deux
compagnies aériennes. C'est le 2 avril 1979 qu'un représentant de
la SID accompagne M. Hamel et son groupe ainsi que des représentants de
Great Lakes Airways lors d'une rencontre avec le ministre des Transports
à Ottawa, M. Otto Lang.
L'exploration se poursuivit tant du côté de l'acquisition
de Quebecair que du côté de la formation d'un groupe pour l'achat
de Nordair. Du côté de Quebecair, M. Hamel parvint à
obtenir le 10 août 1979 de M. Howard Webster une option d'achat sur
l'ensemble des actions que celui-ci détenait dans Quebecair.
Par ailleurs, la Société d'investissement Desjardins se
rapprochait non seulement de M. Hamel mais du groupe Provost, de Canadian Co-Op
Credit Society Limited et de Great Lakes Airways, contrôlée par
les frères Plaxton, dans le but de former un groupe représentatif
pour acquérir Nordair.
Entre-temps, les caisses d'entraide économique, qui
s'étaient portées acquéreurs d'un bloc d'actions de
Nordair à la fin de 1978, s'étaient alliées au groupe de
M. André Lizotte et à Makivik dans le but de prendre le
contrôle de Nordair. Ils eurent également l'idée
d'acquérir Quebecair et firent une offre à M. Webster au cours du
mois d'août 1979, ce qui eut pour effet de forcer M. Alfred Hamel
à exercer son option sur lesdites actions. C'est le 30 août 1979
que M. Hamel annonçait son achat et qu'il confirmait ses
négociations avec la Société d'investissement
Desjardins.
Le 6 septembre 1979, le ministre des Transports du Québec, M.
Lessard, convoquait une réunion des deux groupes québécois
intéressés à Nordair et tentait de les convaincre d'unir
leurs forces. Comme les deux groupes insistaient pour détenir le
contrôle, une entente ne fut pas possible. C'est finalement le 5 octobre
1979 que la Société d'investissement Desjardins se portait
acquéreur de 21% des actions de Quebecair.
L'étude de cet investissement montrait une rentabilité
éventuelle, d'autant plus que la planification faite par Quebecair
était calquée sur des solutions esquissées par des
spécialistes américains qui avaient fait pour le compte du
gouvernement du Québec une étude sur la modernisation de la
flotte de Quebecair. (12 h 15)
D'autres études spécialisées confirmaient le
bien-fondé du scénario de développement. Il subsistait un
degré élevé de risques compte tenu du coût
élevé du renouvellement de la flotte; cependant ce degré
de risques diminuait considérablement lorsqu'on faisait une
hypothèse de fusion Quebecair-Nordair. C'est pourquoi, dès son
entrée comme actionnaire de Quebecair, la Société
d'investissement Desjardins redoublait d'efforts avec ses partenaires pour
préparer une offre concrète pour l'acquisition de Nordair.
Dès le 12 octobre 1979, les grandes lignes d'une offre étaient
déposées auprès du ministre fédéral des
Transports, M. Don Mazankowski, à Ottawa.
Le 26 octobre 1979, une offre définitive était
présentée à Ottawa sous les signatures de
Société d'investissement Desjardins, Alfred Hamel, Expeditex
Inc., Great Lakes Air Holdings Ltd., Corporation Provost Ltée et
Canadian Co-Operative Credit Society Limited. Le 9 novembre 1979,
différents membres du groupe visitaient le ministre des Transports
à Ottawa pour appuyer l'offre qui lui avait été
déposée. Plusieurs démarches furent également
entreprises pour appuyer notre proposition et il semblait assuré que le
gouvernement de M. Joe Clark allait favoriser notre groupe. Cependant, des
élections précipitées allaient entraîner un
changement de gouvernement au début de 1980 avant qu'une décision
n'ait été prise.
C'est le 29 mars 1980 que notre groupe avait l'occasion de rencontrer
pour la première fois le nouveau ministre des Transports, M. Jean-Luc
Pépin. Lors de cette première rencontre, le ministre s'est
appliqué à bien connaître chacun des participants de notre
groupe et à susciter des réactions par rapport aux
intérêts manifestés par les autres groupes
intéressés à l'acquisition de Nordair.
Le 22 avril 1980, le ministre nous accordait une autre rencontre et nous
indiquait, à cette occasion, sa préférence pour que le
leader du groupe soit une institution financière plutôt qu'un
entrepreneur. À toutes fins utiles, il demandait à la
Société d'investissement Desjardins de s'impliquer davantage. Il
exprimait également le souhait qu'Air Canada participe activement au
processus d'intégration des deux compagnies régionales.
Mentionnons qu'au milieu d'avril j'ai su de façon certaine qu'à
la suite de la mort de M. Jacques Gagnon, la Fédération des
caisses d'entraide économique avait indiqué au ministre que s'il
décidait de vendre Nordair à notre groupe, la
fédération non seulement accepterait mais appuierait cette
décision.
À la suite de cette rencontre, la Société
d'investissement Desjardins démontrait le sérieux de son
intérêt en augmentant sa participation dans Quebecair de 21%
à 31%, en donnant deux lettres de confort pour le financement des deux
premiers Boeing 737 et en renforçant sa position au sein du conseil
d'administration de Quebecair, notamment par la nomination à la
présidence du conseil d'un de ses représentants. Je confirmais
d'ailleurs au ministre ces gestes dans une lettre datée du 9 mai 1980.
C'est le 3 juillet 1980 que le ministre des transports, M. Jean-Luc
Pépin, posait au groupe SID, les conditions qu'il jugeait
nécessaires à toute proposition qu'il pourrait soumettre au
Conseil des ministres. Après consultation avec nos associés,
j'adressais, le 15 juillet 1980, une réponse au ministre selon laquelle
l'ensemble de ces conditions nous apparaissait acceptable, à l'exception
de celle portant sur le contrôle de la compagnie. Je lui faisais savoir
que nous souhaitions fortement que les actionnaires du Québec conservent
55% des actions de la compagnie regroupée. Cependant, nous pourrions
considérer une répartition légèrement
différente qui amènerait ces dits partenaires
québécois à 51% de l'entreprise.
Au cours du mois d'août 1980, le ministre Pépin faisait
connaître sa décision de reporter à l'automne tout
règlement final du dossier Nordair. À la suite de cette annonce,
notre groupe multipliait les rencontres d'une part avec différents
ministres fédéraux du Québec qui manifestaient beaucoup
d'intérêt sur le dossier. C'est ainsi qu'à la suite de leur
demande, nous avons rencontré, tour à tour, MM. André
Ouellet et Pierre De Bané. Nous avons également fait les
démarches, tant auprès d'Air Canada que de Nordair. Ainsi, le 5
septembre 1980, nous rencontrions MM. Jean Douville et André Lizotte qui
nous ont fait ressortir notamment l'importance de confier à M. Lizotte
l'intégration des deux compagnies.
Le 10 septembre, nous rencontrions le président d'Air Canada qui
nous confirmait son intention d'obtenir le meilleur prix possible pour les
actions du contrôle de Nordair et sa préoccupation que la
direction de la nouvelle compagnie soit confiée au président de
Nordair. Deux rencontres avec M. Lizotte eurent lieu le 22 septembre et le 6
octobre 1980, pour discuter avec celui-ci de l'approche qu'il recommanderait,
à la suite de l'intégration des deux compagnies.
Entre-temps, la Fédération des caisses d'entraide
économique tentait de disposer de son bloc d'actions de Nordair. Le
comité exécutif de Quebecair demandait à la
Société d'investissement Desjardins, à sa réunion
du 22 septembre 1980, d'acquérir ce bloc d'actions ainsi que quelques
actions supplémentaires qui étaient offertes au même
moment. Grâce à la collaboration du ministre des Transports, M.
Denis de Belleval, SID se portait donc acquéreur du bloc d'actions de
Nordair, détenu par les caisses d'entraide économique, le 29
octobre 1980. À la suite de l'achat des deux blocs d'actions moins
importants, notre position, à la fin de l'année, totalisait 13,1%
des actions de Nordair.
Le 6 novembre 1980, MM. André Ouellet et Pierre De Bané
organisaient une rencontre avec tous les ministres québécois du
cabinet fédéral. Lors de cette rencontre présidée
par M. Marc Lalonde, ce groupe de ministres nous assuraient de leur appui, au
moment où M. Pépin déposerait un projet au Conseil des
ministres. Notons également des rencontres avec le nouveau conseiller
senior en politique des transports du ministre Pépin, M. David
Cuthbertson, le 14 octobre 1980, ainsi qu'une rencontre avec les
représentants du groupe Makivik, le 21 octobre 1980.
Le 25 novembre 1980, nous avions une autre rencontre avec le ministre
des Transports, M. Jean-Luc Pépin. À l'occasion de cette
réunion, nous pouvions sentir très clairement que la dimension
politique du dossier était devenue la dimension la plus importante. Sans
doute était-il question de la structure d'une entreprise
regroupée, des problèmes d'intégration des syndicats et du
prix de vente. Cependant, le problème le plus épineux semblait
être d'obtenir à la fois la satisfaction de l'Ontario et d'Air
Canada. À la fin de la rencontre, le ministre s'engageait à
contacter dans les plus brefs délais le président d'Air Canada
pour
discuter avec lui de l'ensemble d'une transaction possible. Dès
ce moment, il nous est apparu que l'acquisition de Nordair dans des conditions
acceptables pour notre groupe serait extrêmement difficile sinon
impossible à réaliser. Déjà les prévisions
des résultats de Quebecair pour l'année 1981 nous semblaient peu
reluisantes compte tenu de l'état général de
l'économie et de la situation particulièrement difficile que
vivaient certaines régions du Québec desservies par
Quebecair.
Malgré toutes ces perspectives peu encourangeantes, nous avons
continué à poursuivre notre objectif. C'est ainsi que, à
la suite de rencontres préparatoires avec M. Cuthbertson, une nouvelle
rencontre avec M. Pépin a eu lieu le 21 janvier 1981. À cette
occasion, il nous a indiqué, entre autres, que des pressions sur
d'autres ministres du cabinet n'ont pas aidé le dossier, puisqu'il veut
conserver son indépendance face à une décision difficile.
Il est question d'une possibilité que les actionnaires
québécois limitent à 46% leurs exigences quant aux actions
de la compagnie regroupée. D'autres solutions sont explorées, y
compris le remplacement d'Air Canada par un groupe important de l'Ontario.
À ceci, nous exprimons notre crainte que cette solution
entraînerait des problèmes importants du côté du
gouvernement québécois et auprès de plusieurs ministres
fédéraux représentant le Québec. Ce même
jour, lors d'une rencontre avec M. David Cuthbertson, il est question d'un
autre plan selon lequel Nordair demeurerait aux mains d'Air Canada et que
Quebecair obtiendrait un certain nombre de nouvelles routes et une
collaboration plus étroite d'Air Canada. Le 27 janvier 1981, une
rencontre avec le groupe Plaxton nous indiquait que ceux-ci étaient plus
intéressés à se développer sous le nom d'Air
Ontario avec le support de leur gouvernement provincial plutôt
qu'à demeurer avec notre groupe. Cette approche a d'ailleurs
été confirmée le 2 février suivant. Le 3
février, le président du conseil et le président de
Quebecair rencontraient le président d'Air Canada pour discuter du
retrait de cette compagnie de la route de Sept-Îles. Ce même jour,
un représentant d'Air Canada suggère d'engager deux firmes de
consultants pour évaluer les actions de Nordair et de Quebecair. Le
lendemain, nous recevions la confirmation de la position de l'Ontario qui
exigeait une participation de 40% dans un regroupement Quebecair-Nordair. On
nous indiquait également l'intérêt de l'Ontario pour la
formation d'Air Ontario. Le 5 février, nous recevions confirmation de la
position qu'Air Canada transmettait officiellement au ministre des Transports
et qui limitait la participation des actionnaires québécois
à 40% de la compagnie regroupée. De plus, Air Canada mettait un
prix très élevé sur les actions de Nordair et exigeait de
forts réinvestissements dans Quebecair avant toute fusion des deux
compagnies.
À la suite de tous ces développements, les actionnaires de
Quebecair tenaient une réunion spéciale les 6 et 7 février
1981. Dans une première partie, le comité exécutif de
Quebecair examinait officiellement les projets ambitieux de la direction de
Quebecair et l'impact de ces projets sur la composition de la flotte. Par la
suite, les actionnaires examinaient l'évolution des résultats des
deux dernières années tant de Quebecair que de Nordair. Ils
résumaient également l'état de la négociation pour
l'acquisition de Nordair.
Finalement, trois scénarios possibles sont examinés. Le
premier qui serait d'accepter l'approche d'Ottawa et d'Air Canada est
immédiatement écarté compte tenu de son coût
extrêmement élevé. La seconde solution retenue est de
s'adresser au gouvernement du Québec pour lui demander d'investir entre
15 000 000 $ et 25 000 000 $ pour assurer le développement de Quebecair
sur une base plus solide. Comme troisième solution, on retient la
possibilité de vendre Quebecair à Nordair puisque la fusion de
ces deux compagnies apparaît toujours comme la solution la plus
souhaitable pour rationaliser le transport aérien dans l'Est du
Canada.
On peut facilement constater que les actionnaires de Quebecair ont
poursuivi avec acharnement leur projet de fusionner cette compagnie avec
Nordair. La longue liste des rencontres et des interventions à cet effet
est loin d'être exhaustive. J'estime que des milliers d'heures ont
été consacrées à cet objectif, et ce, avec beaucoup
d'ouverture d'esprit et le souci toujours présent de réaliser
l'objectif de rationalisation. Il convient de souligner que jamais nous n'avons
reçu des ministres des Transports qui se sont succédé
à Ottawa de réponses écrites à nos lettres,
communications et offres officielles.
C'est le 23 février 1981 qu'un représentant des
actionnaires de Quebecair rencontrait le ministre des Transports du
Québec, M. Denis de Belleval. Celui-ci déclare qu'il n'est pas de
l'intention du gouvernement d'engager des sommes importantes dans le transport
aérien qui est de juridiction fédérale. Pour lui, il n'y
avait plus d'autre possibilité que celle de vendre Quebecair à
Nordair, mais à des conditions et avec des garanties qui soient
acceptables pour le Québec. Il s'engage à recommander au
président de Quebecair de considérer favorablement cette solution
et, en fait, il le rencontrerait le 27 février. Il s'offre à
amorcer les négociations avec le gouvernement fédéral et
il verrait à cet effet le ministre des Transports, M. Pépin, le 6
mars. Le ministre a rencontré M. Hamel,
tel que convenu. Ce dernier a accepté ses recommandations.
Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, celle de vendre
Quebecair à Nordair, SID entame des négociations avec Air Canada
le 16 avril 1981, lors d'une rencontre avec le président de la
compagnie, M. Claude Taylor, et le conseiller spécial du ministre des
Transports, M. Dave Cuthbertson. À cette occasion, le président
d'Air Canada se déclare tout disposé à mener rondement les
négociations, ayant comme seule condition qu'une telle démarche
soit acceptable tant par le gouvernement fédéral que par les
gouvernements du Québec et de l'Ontario. Notons que c'est à
l'assemblée annuelle du 23 avril 1981 que la Société
d'investissement Desjardins obtenait un siège d'administrateur à
Nordair.
À la suite de plusieurs sessions de négociations,
où les deux principaux interlocuteurs étaient M. Douville, d'Air
Canada, et M. Gauthier, de la Société d'investissement
Desjardins, un accord de principe est conclu et cet accord est accepté
par SID à son assemblée du conseil d'administration, le 16 juin
1981. (12 h 30)
C'est pendant la période de négociations que le
gouvernement du Québec désignait un nouveau ministre des
Transports en la personne de M. Michel Clair. Notre stratégie avait
été d'informer régulièrement le ministre des
Transports du Québec de l'évolution de nos relations avec Air
Canada, ce qui fut fait au départ de M. de Belleval. Cependant, ce n'est
que le 18 juin que nous avons pu rencontrer le nouveau ministre des Transports,
M. Michel Clair, pour lui faire connaître l'évolution du dossier.
Dès ce moment, il apparaît que M. Clair n'est pas
entièrement satisfait de la transaction imminente et qu'il voudrait
étudier le dossier plus en profondeur.
Le projet d'offre de Nordair pour toutes les actions de Quebecair est
déposé aux actionnaires le 9 juillet 1981. Cette offre, au
départ, est valide pour 24 heures, mais à la demande des
actionnaires, le délai est repoussé jusqu'au 13 juillet, à
16 heures. Le 12 juillet 1981, le gouvernement du Québec convoque les
actionnaires de Quebecair à une réunion pour le lundi matin 13
juillet. C'est à cette occasion que nous apprenons que le Conseil des
ministres a autorisé MM. Landry et Clair à négocier
l'injection, dans Quebecair, d'une somme pouvant aller jusqu'à 15 000
000 $. Le même jour, le délai de l'offre de Nordair est de nouveau
reporté, cette fois au 17 juillet, à midi. Finalement,
l'actionnaire majoritaire de Quebecair indique son intention d'accepter, dans
les circonstances, l'offre du gouvernement du Québec et les actionnaires
minoritaires se ravisent.
Il faut cependant mentionner que la
Société d'investissement Desjardins avait
négocié avec Air Canada une transaction qui semblait dans le
meilleur intérêt des deux transporteurs régionaux du
Québec. Avec une présence de 27%, la Société
d'investissement Desjardins estimait avoir une position suffisamment importante
pour s'assurer que les retombées économiques d'une telle fusion
favoriseraient le Québec: le développement d'emplois pour les
francophones dans le secteur de l'aviation, le maintien des sièges
sociaux, etc. D'ailleurs, les deux parties s'étaient entendues pour
concrétiser plusieurs points de cette nature dans une entente entre
actionnaires qui prévoyait, entre autres, qu'éventuellement, les
deux actionnaires pourraient se diluer en faveur d'une émission
publique, une fois le succès de la fusion bien assuré.
Mentionnons aussi que Corporation Provost Ltée avait donné son
approbation à la transaction. Cependant, comme il avait
été entendu avec le président d'Air Canada, qui traduisait
ainsi la position de M. Pépin, que le gouvernement du Québec
devait donner son accord à cette transaction, nous n'avions pas d'autre
alternative que de nous rallier à l'offre du Québec qui
démontrait, par le fait même, son refus face à la
transaction négociée avec Air Canada.
Les actionnaires de Quebecair ont donc complété, avec le
gouvernement du Québec, la vente de leurs actions le 24 juillet 1981. Le
prix de 2,25 $ l'action correspondait à l'offre de Nordair, mais les
actionnaires ont accepté que le paiement de ces actions ne se fasse
à leur option que le 24 juillet 1983. Ils acceptaient, par le fait
même, de donner leur assistance au nouvel actionnaire pour une
période d'au moins deux ans.
M. le Président, je termine ainsi mes remarques en
espérant qu'elles pourront éclairer la commission sur les
différents événements qui se sont déroulés
entre le début de 1979 et le 24 juillet 1981. J'espère avoir
montré que les actionnaires de Quebecair ont poursuivi avec acharnement
l'objectif d'une fusion Quebecair-Nordair. En corollaire, il ressort que le
gouvernement fédéral, malgré les promesses
fréquemment répétées à l'effet qu'il
réglerait le dossier dans de très courts délais, n'a
jamais pu arriver à prendre une décision qui favorise le
regroupement des deux compagnies québécoises bien
implantées dans le domaine du transport aérien
régional.
Le Président (M. Boucher): On m'informe que M. Hamel a
aussi une communication à faire. Est-ce qu'il veut la faire
immédiatement?
M. Bernier: Oui. M. Hamel, M. le Président, aura une
communication qui touche plus directement la gestion et l'évolution des
transactions qui se sont faites chez Quebecair, de 1979 à 1982. M.
Hamel?
Le President (M. Boucher): M. Hamel.
M. Hamel (Alfred): M. le Président, c'est avec
empressement que nous avons accepté l'invitation de cette commission de
présenter certains points de vue qui pourraient être relatifs
à notre administration. La présentation qui va suivre se veut
à la fois informative et concrète, tout en offrant un
aperçu de la situation générale de Quebecair. Nous
énoncerons un contexte et décrirons des conjonctures
particulières qui ont influencé certaines de nos prises de
décision.
Je n'ose supposer qu'il y ait ici, à cette commission, des
considérations politiques ou partisanes. Nous souhaitons que les travaux
de cette commission donnent un éclairage nouveau et rende justice
à Quebecair en rétablissant certains faits. Comme participants
aux travaux de cette commission, nous avons le devoir d'être objectifs
dans nos discussions et tâcher ainsi de présenter les
problèmes auxquels Quebecair a eu à faire face ces
dernières années en considérant objectivement les facteurs
existants qui ont servi de base à l'administration de Quebecair dans la
prise de certaines décisions pour résoudre les problèmes.
Nous voulons, avant tout, informer et éclairer cette commission mais
aussi le public québécois par l'entremise des médias et de
la presse ici présente. Nous ne cherchons aucunement à nous
justifier quant à certaines décisions ou actions, ou à
susciter la compassion. Ce sera pour nous, administrateurs et travailleurs de
Quebecair, l'occasion de porter au grand jour les détails d'une longue
et difficile démarche qui n'est pas terminée, croyons-nous. Il
fallait réorganiser et revitaliser une entreprise
québécoise essentielle à la qualité de vie de
dizaines de milliers de gens de chez nous.
En faisant la lumière sur la situation de Quebecair, nous tenons
à préciser que les différents problèmes qui s'y
rattachent ne sont pas exclusifs, voire même particuliers à
Quebecair. Ils sont le fardeau de plusieurs centaines d'entreprises et ont
donc, par ricochet, une influence néfaste sur l'ensemble du transport
aérien au Canada et ailleurs dans le monde. Les transporteurs IATA ont
perdu près de 3 000 000 000 $ en 1982 et, plus près de nous, les
transporteurs canadiens nationaux et régionaux n'ont pas
été choyés et démontrent une performance de
fonctionnement qui laisse beaucoup à désirer. Mentionnons
seulement dans notre cas l'effet dévastateur qu'a eu la situation
déclinante de l'industrie minière sur plusieurs de nos points de
réseau traditionnel et son influence sur certaines de nos
décisions.
Les quelques compagnies des États-Unis et d'ailleurs dans le
monde qui réussissent encore à démontrer des
opérations profitables le doivent à l'exploitation de
réseaux de routes aériennes très lucratives, à une
structure financière à toute épreuve et très
souvent à une série de facteurs réunis, particuliers
à des régions ou à des pays spécifiques,
créant une situation d'exploitation optimale. À cet égard,
la situation de Quebecair subit les mêmes pressions, avec la
particularité que 90% de son réseau est restreint aux limites du
Québec avec des distances de vol très courtes, un réseau
soumis à 100% aux fluctuations économiques locales et au
développement hydroélectrique, forestier et minier. Nous
connaissons tous la situation désastreuse de ces secteurs depuis
quelques années. Ces particularités de faible réseau,
surtout à une époque d'accroissement des coûts et de
diminution des revenus ont affecté la profitabilité de nos
opérations.
Pour bien situer notre démarche dans l'évolution de
Quebecair depuis ses débuts en 1946, alors que quelques entrepreneurs de
Rimouski en jetaient les bases, nous avons annexé au texte de cette
présentation un bref historique.
C'est en janvier 1979, après être devenu actionnaire de la
compagnie, que j'en assumais la présidence. Le tableau n'était
pas des plus roses, le défi était de taille. La compagnie avait
perdu près de 1 500 000 $ l'année précédente. En
janvier, le mois de mon arrivée, le taux mensuel de ponctualité
était à son plus bas niveau. La flotte d'avions était
passablement disparate. Elle se composait de cinq sortes d'appareils dont les
BAC 1-11 qui venaient d'être condamnés par la FAA
américaine, son indice de pollution par le bruit n'étant pas
conforme aux normes établies. La compagnie mère et ses filiales
fonctionnaient toutes à perte. Le prix du carburant avait
augmenté substantiellement et d'autres augmentations étaient
prévisibles. La compagnie sortait d'un lock-out de cinq semaines avec
ses agents de bord et, naturellement, comme vous le savez, une telle situation
laisse des traces. Finalement, le vice-président exécutif avait
démissionné en novembre 1978 et n'avait pas été
remplacé. Enfin, pour mettre la crème sur le gâteau, il
fallait clouer au sol les BAC 1-11 pour une période de cinq semaines
chacun afin d'effectuer des modifications commandées par les
manufacturiers. Notre cédule allait donc en prendre un coup puisqu'il
n'était pas possible d'obtenir un avion de réserve aussi
rapidement. Des correctifs s'imposaient et ce, dans des délais les plus
brefs. Heureusement, trois facteurs importants laissaient entrevoir des
possibilités pour un revirement positif de la situation à moyen
terme.
Le nombre de passagers sur le réseau avait constamment
augmenté depuis 1969 et continuait d'augmenter en 1979. Au cours de
consultations par groupes des employés, nous avions recueilli leurs
commentaires et
constaté leur confiance et leur bonne volonté. Plusieurs
d'entre eux avaient douze, quinze et même plus de 20 ans
d'ancienneté. Nous sentions leur espoir de renouveau et étions
convaincus de leur solidarité à la réalisation de nos
objectifs.
Le gouvernement fédéral avait annoncé le 7 novembre
1978 qu'il retournerait Nordair à l'entreprise privée dans les
douze prochains mois. Nous savions tous que la compagnie Quebecair était
visée directement pour réaliser cette fusion avec son voisin de
palier. Cet événement allait confirmer une volonté commune
de rationaliser le transport aérien dans l'Est du pays. Précisons
que ce principe semblait accepté d'emblée à Ottawa. Nous
pensions donc que cette fusion se ferait naturellement avec le concours de tous
les intervenants. Ce fut, d'ailleurs, la principale raison qui m'incita
à m'impliquer dans Quebecair.
Il y avait donc, comme vous pouvez le constater, des possibilités
de réalisations intéressantes à Quebecair à la fois
sur le plan humain, sur le plan du réseau et des régions à
desservir et dans l'anticipation d'un futur prometteur. C'est donc avec un
état d'esprit positif et rempli d'espoir que j'ai débuté
mon mandat. J'étais confiant de pouvoir insuffler un regain de
vitalité à la fois nécessaire et impératif dans la
seule compagnie privée de transport aérien du Québec de
cette envergure. Pour ce faire, il fallait tout d'abord assurer une plus grande
efficacité et une plus grande économie de la flotte.
Priorité fut donc donnée à l'examen de celle-ci. Une
étude fut menée conjointement par le personnel de Quebecair avec
les experts d'un constructeur d'avion. Le résultat de cette
étude, ainsi que celle réalisée en 1978 par une firme
américaine spécialisée en navigation, indiquait clairement
que la survie de la compagnie exigeait des changements à la flotte et
qu'à cet effet, l'option Boeing 737 était la plus
avantageuse.
Rappelons-nous à ce moment-ci que les BAC 1-11 étaient
condamnés après le 31 décembre 1984. Donc, en vertu de ces
études et comme les commandes d'avions neufs doivent se donner de 18
à 24 mois à l'avance afin d'obtenir des livraisons au moment
voulu, il était évident que nous devions agir rapidement.
Reporter le problème n'aurait fait qu'aggraver la situation. Il faut
tenir compte aussi qu'à cette époque, le marché du Boeing
737 usagé était pratiquement nul, dû au fait que tous les
transporteurs aériens étaient en pleine période de
progression et étant donné aussi l'âge moyen des
aéronefs en activité dans le monde entier qui n'était que
de huit à neuf années et n'offrait donc pas beaucoup de
possibilités pour un marché d'occasion. Un point
déterminant dans le choix d'un appareil résidait dans le fait que
tous les autres régionaux, tels Nordair, IPA et Pacific
Western, possédaient des flottes presque entièrement
composées de Boeing 737, série 200. Nous pensions donc en termes
d'uniformisation du type d'appareils, surtout en prévision de la fusion
proposée et alors passible avec la compagnie Nordair.
Un autre facteur important gouvernait notre choix d'appareils.
L'opération d'envergure de nolisement avec les Boeing 707 à
quatre moteurs en vigueur chez Quebecair depuis 1974, tirait à sa
fin.
À ce moment, les gros porteurs modernes avec moteurs
économiques avaient fait leur apparition sur l'Atlantique nord et
permettaient des tarifs moindres. L'économie d'exploitation des 707
était grandement atteinte et la plupart des exploitants de ce type
d'appareil s'en étaient départis ou étaient en train de le
faire.
Quebecair devait donc résoudre ce problème
immédiatement. Il fallait que le choix de l'appareil pour le
réseau tienne compte de l'opération nolisement en étant
compétitif aux gros porteurs des autres compagnies.
Il faut mentionner ici que Quebecair avait déjà pris une
option sur deux appareils 737, série 200, en octobre 1978. Nous
étions donc assurés d'une livraison plus rapide sur ces deux
appareils. Le 5 février 1979, nous confirmions les deux premières
options et, pour nous conformer aux recommandations minimales des études
mentionnées, nous en ajoutions deux autres, pour un total de quatre
appareils. Les premières livraisons devaient se faire en mai et juin
1980 et les deux dernières, en mars et avril 1981.
Il faut remarquer ici que Quebecair avait déjà fait au
moins deux autres études auparavant pour l'achat de Boeing 737, soit en
1967 et en 1977. Ces études concordaient entre elles quant au contenu et
furent des guides dans notre prise de décision.
Nous pouvions donc entrevoir la réalisation des objectifs
suivants: Répondre au besoin urgent de rajeunissement de la flotte;
uniformiser les types d'appareils avec ceux des autres transporteurs
régionaux canadiens, élément important dans le cadre de
pourparlers de fusion de transporteurs régionaux de l'Est du Canada;
réduire sensiblement les différents types d'appareils dans la
flotte, soit de cinq types à trois types; accroissement du nombre de
sièges disponibles tout en réduisant le nombre d'appareils dans
la flotte; assurer l'exploitation concurrentielle de la division nolisement
avec un appareil économique et fiable.
Avec l'acquisition d'appareils 737, Quebecair s'assurait de pouvoir
combiner l'utilisation de ces appareils sur le réseau et le nolisement
en même temps. En effet, pour aider à rentabiliser le
réseau, il fallait que le coût de propriété de
l'appareil soit absorbé en partie par la division nolisement.
D'ailleurs, notre vice-président au marketing, déjà
en 1978, recommandait une telle approche et l'avait soumise en audience
publique devant la Commission canadienne des transports sur l'acquisition de
Nordair par Air Canada et je cite: "Si le projet d'acquisition de Nordair par
Air Canada n'est pas désapprouvé, Quebecair et le transport
aérien au Québec se retrouveraient dans une situation
extrêmement précaire. M. Obadia a d'abord démontré
que depuis 1969, c'est-à-dire à la suite de
l'énoncé de la politique du gouvernement du Canada sur le
rôle des transporteurs régionaux, ces derniers avaient pu
améliorer sensiblement leurs services intérieurs grâce aux
revenus additionnels provenant des nolisements internationaux. Ces revenus
permettaient de rentabiliser les investissements nécessaires pour
l'achat d'appareils."
Il faut, de plus, préciser ici que les BAC 1-11, quoique
effectuant encore certains contrats de nolisement durant l'hiver 1979,
étaient devenus absolument non rentables face à la
concurrence.
Parallèlement à cette démarche de
rééquipement, divers pourparlers étaient entamés
avec les autres transporteurs canadiens utilisant des Boeing 737 pour tenter de
mettre sur pied un banque de pièces détachées et dans le
but de mettre en commun les ressources nécessaires pour éviter la
duplication technique. Les compagnies européennes du groupe ATLAS et
KSSU démontraient des résultats très prometteurs dans ce
domaine. Il fut même question d'installer éventuellement un
simulateur de vol de Boeing 737 à Montréal en collaboration avec
Nordair.
Enfin, l'appareil 727, série 100, opéré par
Quebecair depuis 1974, coûtait 400 $ l'heure de plus d'exploitation qu'un
Boeing 737 et ce coût avait tendance à augmenter. Une autre
décision à court terme s'imposait encore là. Cet appareil
fut donc vendu à l'automne 1979 lors de l'entrée en service de
deux appareils Boeing 737 qui avaient été loués pour une
période de six mois en attendant l'arrivée des deux premiers
Boeing 737 propriété de Quebecair. L'année 1979 vit donc
plusieurs changements prendre place qui ne portèrent fruit qu'en 1980.
Notre régularité avait été de 60,9% en 1979, mais,
à la suite des modifications effectuées à la flotte, cette
régularité se portait à 84,2% en 1980. Ce qui nous
plaçait au plus haut rang parmi les transporteurs sur le continent.
Dès le mois d'août 1979, nous demandions à la CCT de
nous accorder le permis de Toronto, à partir de tous les points de notre
réseau, en passant par Montréal. Ce permis nous fut
accordé après 17 mois, soit en janvier 1981. Quoi qu'en aient dit
les médias depuis les débuts du service sur Toronto, les
résultats n'ont pas été aussi négatifs. En effet,
au cours des 17 mois et demi d'exploitation, nous avons transporté
près de 100 000 passagers dans un marché à très
forte concurrence. Il fallait le faire. Malgré la présence de
trois autres transporteurs sur la route Montréal-Toronto, il
était logique pour Quebecair de la desservir, afin d'alimenter le
réseau à partir de Toronto au moment où la baisse du
trafic du nord se faisait sentir. Par comparaison avec nos prévisions
sur cette route, nous avons réalisé 85% de notre objectif de
coefficient de remplissage et 86% de notre objectif passager, tel que
mentionné à l'audience. Enfin, nous avons obtenu 6,74% du
marché local et 4% du marché total. Ce sont là encore des
résultats positifs dans un marché difficile et concurrentiel.
Durant le mois d'août 1979, également, des demandes furent
adressées au ministre des Transports du Canada pour le droit de
desservir certaines villes des États-Unis, incluant Fort Lauderdale,
à partir de Montréal et de Québec, sur horaire
régulier. Je dois vous avouer, malheureusement, que malgré les
demandes répétées annuellement et beaucoup de
démarches entreprises pour obtenir des résultats, aucune de ces
demandes n'a été acceptée en date d'aujourd'hui. Par
contre, Quebecair s'est fait un devoir d'avoir un représentant lors des
auditions entre les États-Unis et le Canada sur les ententes
bilatérales entre les deux pays. Ceci afin de surveiller nos
intérêts et de s'assurer qu'au moins les routes demandées
par Quebecair seraient placées sur la liste du ministère des
Transports et de la Commission canadienne des transports pour les discussions
entre les deux pays.
Au mois d'août 1979, je me portais acquéreur de la
totalité des actions de Quebecair. Peu après, Expéditex,
Corporation Provost et la SID devenaient actionnaires de Quebecair et le sont
encore aujourd'hui.
Au cours de l'automne 1980, il fut décidé de vendre l'une
de nos options de Boeing 737 avec moteurs -9. Cette décision nous
donnait la possibilité de remplacer cet appareil plus tard par un
autre avec des moteurs plus puissants, pour un plus long rayon d'action. Cet
avantage nous permettait donc d'accéder éventuellement à
des nouveaux marchés de nolisement, tels la Barbade, Calgary et autres.
Advenant une expérience non satisfaisante sur ces marchés, il
était alors possible d'enlever les réservoirs à carburant
additionnels et d'utiliser cet appareil sur tous les autres marchés de
Quebecair, au même titre que les autres Boeing 737 avec moteurs -9. La
vente de cette option a donc rapporté 683 000 $ canadiens à
Quebecair.
En 1978, Regionair possédait un Hawker-Sidely 748, trois BEACH 99
et deux DC 3. La perte d'exploitation de cette année-là fut de
900 000 $ ou, enfin, près de 900 000 $. Il fut recommandé
d'augmenter
la flotte de HS 748 pour uniformiser le type d'appareils en vue de
sortir éventuellement les DC 3 et les Beech 99, dans un autre effort de
rationalisation. Un appareil fut donc ajouté durant l'année 1979
et, grâce à cette décision, la perte d'exploitation fut
réduite à 600 000 $. Entre-temps, il fut décidé
d'améliorer le service aux Îles-de-la-Madeleine, à
Gaspé/Bonaventure et certaines villes minières, en
remplaçant les F 27, effectuant le service à partir de
Montréal par des HS 748 qui seraient localisés à
Sept-îles, donc, qui fonctionneraient à partir du coeur des
activités. La décision fut prise d'ajouter d'autres appareils HS
748, mais, à cause de la rareté des appareils usagés, il
ne fut pas possible d'en augmenter le nombre en 1980.
Ce projet visait également à éliminer les jets sur
certains parcours tels que Mont-Joli et Baie-Comeau/Québec, ainsi que
Val-d'Or et Rouyn, ceci afin de diminuer les coûts d'exploitation sur ces
parcours et augmenter le rendement de la compagnie mère et de sa
filiale. La recherche d'appareils ne s'avéra guère fructueuse
qu'au début de 1981. Quatre appareils purent être localisés
avec livraison graduelle jusqu'en juin et des rénovations furent
commencées sur ces appareils.
Or, il arriva que la dégradation du marché à
l'automne 1981 ainsi que la remise en vol prochaine des BAC 1-11 nous
obligèrent à un changement d'orientation et, par
conséquent, nous pouvions nous départir de deux appareils qui
furent mis en vente.
Il serait normal de conclure, à ce moment-ci, que si tous les
facteurs déterminants à la base de nos décisions
étaient restés inchangés, nous ne serions pas ici en
commission parlementaire pour discuter de la situation de Quebecair. En effet,
deux des trois facteurs déterminants que j'ai mentionnés au
début comme essentiels à notre réussite ont vu leur
état changer considérablement et n'ont pu être d'un apport
positif.
La performance du réseau, quant au nombre de passagers, qui
s'était maintenue et avait augmenté, de 1969 à 1979, sans
interruption, dans une proportion de 223% pour une moyenne de 11% par
année, a commencé à se dégrader. Elle était
de 2,9% en 1980, 6,5% en 1981 et, le pire, 18,9% en 1982. Ceci est toujours par
rapport, évidemment, à l'année 1979. Donc, d'une moyenne
annuelle de 6,7% en moins, si on tient compte de Toronto, et de 10,6% en moins,
si on exclut Toronto dans les statistiques.
L'année 1979, qui fut l'année de nos décisions
importantes, avait aussi accusé une augmentation de trafic et ne
laissait pas prévoir une dégradation dans les années
à venir. Nous avions commandé nos Boeing 737 en nous basant sur
l'étude prévoyant un indice d'inflation de 8% par année,
une augmentation des revenus de 6% par année et un taux
d'intérêt de 9% par année. Quant au nombre de passagers sur
le réseau, nous avions supposé une légère
augmentation à partir de 1979.
La seule variance des passagers en moins, basée sur
l'année 1979, a signifié une baisse importante des revenus pour
la compagnie. En effet, pour l'année 1980, 17 300 passagers en moins
pour un revenu non gagné de 1 300 000 $; pour 1981, 38 800 passagers en
moins, soit 3 400 000 $; en 1982, 113 295 passagers en moins, pour 11 300 000
$; pour un manque à gagner total en trois ans, sur le réseau
seulement, sur la base de 1979, de 16 000 000 $.
Quant aux nolisements, il faut dire que le remplacement des Boeing 707
par les Boeing 737 s'est avéré fructueux, jusqu'à la
guerre des tarifs déclenchée en 1981.
La réponse du public sur nos vols ABC vers la Floride et les
Caraïbes a démontré un intérêt croissant de la
part de notre clientèle. Nous avons transporté 10 839 passagers
à l'automne 1980, 55 516 en 1981, et 27 081, soit cinq mois, en 1982,
avec des facteurs de chargement moyens de 80%, si on prend en
considération la moyenne combinée de l'hiver et de
l'été.
Grâce à la présence des Boeing 737 dans
Vacances-Quebecair sur les vols ABC et le réseau, Quebecair enregistrait
un profit de 288 000 $ pour les trois premiers mois de l'année 1981 et,
sur une base consolidée, de 44 000 $, situation sans
précédent pendant le premier trimestre de l'année. (13
heures)
En effet, le nolisement et les vols ABC avaient contribué par des
montants substantiels au coût de propriété des appareils et
de dépréciation pour 1 312 739 $, ainsi qu'aux
bénéfices réalisés sur les opérations soit 1
071 000 $ pour un montant total, durant ces trois mois, de 2 884 000 $
allégeant ainsi le fardeau du réseau de Quebecair dans une bonne
mesure.
Il faut dire que, jusque-là, nos prévisions de rendement
sur les vols ABC et le nolisement s'étaient en grande partie
réalisées. Nous avions donc raison d'être optimistes en
continuant à développer les vols ABC ainsi que le nolisement.
Le deuxième facteur qui nous a échappé est celui de
la fusion avec Nordair. Nous avons dépensé beaucoup de temps,
beaucoup d'énergie et d'argent pour réaliser ce fameux projet de
fusion. Il semble que, pour certaines personnes, le mot économie ne
veuille rien dire. Malgré le fait que nous ayons publicisé
ouvertement une économie réalisable et réaliste de 6 000
000 $ par année en fusionnant les deux entreprises, le dossier n'a pas
pour autant été réglé.
Aujourd'hui nous pouvons dire que nous
avons été trompés par le gouvernement
fédéral dans cette affaire, ou encore qu'on nous a induits en
erreur sciemment. L'enjeu était pourtant si important. Je ne suis pas
d'accord que la rationalisation doive se faire par la force quand elle est
possible avec le concours volontaire des entreprises. Même Nordair aurait
profité de la fusion pour affronter les années difficiles.
Devant ce résultat négatif, il y a lieu de se demander si
les véritables intentions des autorités fédérales
quant à la rationalisation du transport aérien régional
sont celles exprimées publiquement. Existe-t-il, à la
lumière des faits passés, un autre plan prévoyant la
disparition des régionaux canadiens de l'aviation commerciale du pays?
La question est posée.
Un facteur additionnel important est venu contrecarrer nos calculs.
C'est celui des taux d'intérêt. Nos calculs prévoyaient des
taux d'intérêt canadiens moyens de 9%. Nous avons dû payer
beaucoup plus que prévu. Presque le double par période.
Plan de redressement. À l'automne de 1981, la FAA
américaine décidait d'extensionner la vie des BAC 1-11
jusqu'à 1988, tout en laissant la porte ouverte pour d'autres
prolongations après 1988. Ceci permit à Quebecair de revoir ses
coûts de propriété des avions face à la crise
économique et à la diminution graduelle du nombre de passagers
sur le réseau. Il fut donc décidé de retourner à
une flotte de trois BAC 1-11 et de deux appareils 737, tout en se gardant la
possibilité d'aller à cinq BAC 1-11, si nécessaire. Les
trois BAC 1-11 furent rénovés à l'hiver 1982 et mis en
service en mai de la même année. Cette décision faisait
partie d'un plan global de redressement mis en force à la même
époque.
La compagnie US Air, qui utilisait 28 BAC 1-11 et les avait tous mis en
vente, décida d'en garder 16 en service et de les rénover; Air
Canada prit une décision semblable avec ses DC 9, ainsi que Nordair avec
des FH 227.
Tout le monde connaît la suite. La situation économique a
continué de se dégrader, le nombre de nos passagers a
dramatiquement diminué en 1982, mais les coûts, eux, ont
continué de monter.
Les seuls facteurs favorables se trouvent aujourd'hui dans la diminution
des taux d'intérêt et l'arrêt momentané de
l'augmentation du coût du carburant. Ces facteurs seuls à l'heure
actuelle ne sont pas suffisants pour modifier dramatiquement les
résultats négatifs de nos opérations.
En résumé et compte tenu de tous les facteurs qui ont
été à la base de nos prises de décision, la seule
critique que vous pourriez nous faire, en se reportant dans le temps, serait
d'avoir été énergiques et optimistes. En effet, le
contexte de 1979 exigeait de l'action et la plupart des facteurs favorisant un
redressement dynamique de la situation étaient en place.
Nous n'avions pas le droit d'être passifs et de laisser la
situation empirer davantage. Vous nous en blâmeriez sans doute
aujourd'hui. En fait, on peut dire maintenant que les 737 auraient dû
être achetés beaucoup plus tôt, soit au début des
années soixante-dix, ou encore, vers 1975, en pleine montée du
trafic. Cette remarque ne se veut pas un blâme aux administrations
précédentes; elles étaient, elles aussi,
prisonnières de leur contexte.
Il est certain que la sous-capitalisation de Quebecair a toujours
été sa faiblesse et son problème continuel dans le
passé. Ce facteur a davantage été mis en lumière
avec la détérioration du trafic, couplée à la
hausse des coûts des dernières années, entraînant
ainsi un problème accru de liquidité courante.
En fait, les résultats de Quebecair, au 30 juin 1981, soit un
mois avant l'implication du gouvernement du Québec dans le
capital-actions de la compagnie de gestion, étaient loin d'indiquer que
les six autres mois de 1981 seraient aussi mauvais. Avec une perte
consolidée de 112 000 $ au 30 juin 1981, nous pouvions anticiper des
résultats de beaucoup meilleurs que ceux enregistrés, mais la
tendance négative des résultats s'est accentuée en 1982,
comme on le sait maintenant.
Je me dois de souligner que le seul des trois facteurs
déterminants mentionnés au début et qui nous soit
resté favorable est celui de la fidélité de nos
employés et de leur solidarité à bien servir la compagnie.
Notre pourcentage de ponctualité, qui a été de 79,2% en
1981, est remonté à 82,1% en 1982, grâce à l'effort
collectif de tous les employés.
En conclusion, il est maintenant facile, à la suite de
l'éclairage qui découle des faits exposés, d'identifier
clairement les grands facteurs responsables des problèmes de Quebecair
des dernières années. Ils sont les suivants: Premièrement,
une baisse sans précédent du trafic a entraîné un
manque à gagner de 16 000 000 $ sur le réseau, en bas du niveau
de 1979, sans compter le manque à gagner des vols ABC, estimé
à au moins 3 500 000 $, à la suite du gel des tarifs à
leur plus bas niveau, soit celui voulu par la compétition pour nous
éliminer. Qu'on se rende compte que, depuis notre retrait du
marché de la Floride, les prix en vigueur ont augmenté dans une
proportion allant de 32% de plus jusqu'à 100% à certaines
périodes.
Deuxièmement, les coûts inhérents au rajeunissement
de la flotte. Entre autres, l'écart du dollar canadien par rapport au
dollar américain engendre des coûts de financement additionnels,
ajoutés aux taux d'intérêt exorbitants que nous avons
connus.
Enfin, l'avortement du projet de fusion Quebecair-Nordair, promis par le
gouvernement fédéral pour la fin de 1979, a, bien sûr,
conséquemment, faussé les règles du jeu quant à
l'orientation proposée aux régionaux pour assurer leur avenir par
la rationalisation. Pensons qu'en juillet 1980 nous avions réglé
90% des conditions requises par le ministre fédéral des
Transports, M. Pépin. Comme vous le savez, la suite fait partie de
l'histoire. Finalement, il existe d'autres facteurs moins importants, mais qui
ont aussi contribué à détériorer la situation.
Enfin, comme hommes d'affaires et investisseurs, les actionnaires de
Quebecair ont pris des risques importants. Nous pensions avoir pris les
décisions difficiles mais nécessaires qui s'imposaient. La
conjoncture économique et les tergiversations fédérales
sont loin d'avoir aidé la situation. L'espoir que nous avons dans le
moment réside dans les négociations qui ont été
entreprises en décembre dernier pour le restructuration globale de la
compagnie, incluant une participation importante d'Air Canada dans le
capital-actions de la compagnie.
Après 37 années d'histoire et tous les efforts consentis
par des générations de travailleurs attachés à la
construction d'une entreprise qui leur tient à coeur, après avoir
joué le rôle de défricheur et ouvert la voie vers les
régions du Nord et participé à toutes les phases du
développement économique du Québec et compte tenu des
services immenses qui ont été rendus aux communautés
qu'elle a desservies dans son passé glorieux, Quebecair mérite de
survivre, mais dans de bien meilleures conditions, car elle est appelée
à rendre encore de nombreux services, forte de l'expérience
acquise et de la mission à laquelle on voudra bien la destiner.
Je voudrais qu'on n'oublie pas, durant cette commission parlementaire,
que les hommes et les gouvernements passent. Il faut garder à l'esprit
que Quebecair doit continuer d'exister et que, demain, cette compagnie
continuera d'être notre fierté, parce qu'on l'aura aidée
dans un moment crucial de son existence.
Nous souhaitons de tout coeur que les choses aillent bien dans un avenir
rapproché et nous tâcherons de continuer de l'y aider dans toute
la mesure du possible.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Hamel. Compte tenu
que nous avons dépassé l'heure de la suspension, la commission
doit suspendre ses travaux jusqu'à 15 heures. M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: Justement, avant qu'on procède à la
suspension et compte tenu de la présence du leader du gouvernement, si
je ne m'abuse, le gouvernement a pris une décision ou serait sur le
point d'annoncer une décision à 14 heures, en conférence
de presse, quant à la tenue des commissions parlementaires ou celle de
l'éducation. Le leader est-il en mesure de nous dire à ce
moment-ci comment les travaux de la commission de l'éducation pourront
affecter les travaux de la commission des transports?
M. Bertrand: D'aucune façon. La tenue de la commission
parlementaire de l'éducation peut très bien se concilier avec la
tenue de la commission parlementaire des transports sur le dossier de Quebecair
et sur le dossier du transport aérien, de même que la commission
parlementaire sur l'étude de la législation
déléguée. Donc, les commissions parlementaires peuvent
toutes siéger en même temps. De ce côté-là, il
n'y a aucune difficulté.
M. Gratton: J'aimerais que le leader m'explique comment la
commission des transports, notamment, et celle de l'éducation, qui,
toutes deux, doivent être télédiffusées, peuvent
siéger en même temps.
M. Bertrand: Je crois que, là-dessus, l'Opposition
comprendra très bien qu'au niveau de la télédiffusion,
évidemment, il y a un choix qui doit être fait puisque
l'équipement dont nous disposons ne nous permet pas de
télédiffuser en même temps deux commissions parlementaires.
Ce serait peut-être effectivement souhaitable - même trois,
à la limite peut-être même quatre, avec les débats de
l'Assemblée nationale - si nous avions tous les équipements
requis pour le faire. J'ai transmis, à titre de leader parlementaire du
gouvernement, une demande au président de l'Assemblée nationale
de réunir le comité consultatif sur la
télédiffusion des débats afin que demain, à compter
de 14 heures, lorsque la commission de l'éducation entreprendra ses
travaux, cette commission puisse voir ses travaux
télédiffusés.
M. Gratton: C'est à suivre. M. Bertrand:
Pardon?
M. Gratton: C'est à suivre, quant à la...
M. Bertrand: C'est une commission intéressante que
celle-ci. Oui, c'est à suivre.
M. Gratton: C'est tellement intéressant, justement, qu'on
voudrait que la population du Québec puisse prendre connaissance des
délibérations. C'est pourquoi on insiste sur la
télédiffusion des travaux. Le leader vient d'indiquer que ce sera
sûrement impossible à compter de 14 heures demain. Je vous avoue
que j'aurais préféré que les deux mois de
congé qu'on vient de passer chacun dans nos comtés aient
servi à faire les travaux qu'on nous demande maintenant de faire un peu
n'importe comment et à des heures indues.
M. Bertrand: M. le Président, M. le
Président...
M. Gratton: Comme je le disais tantôt, c'est à
suivre.
M. Bertrand: ...le député de Gatineau parle des
deux mois de congé qu'il a passés dans son comté. Nous, de
notre côté, on a l'impression qu'on a eu beaucoup de travail au
cours des deux derniers mois et qu'on a été extrêmement
occupés dans nos comtés respectifs.
M. Gratton: ...planifier les travaux de la commission
parlementaire.
M. Bertrand: M. le Président, je crois que nous pouvons
tout de même, de façon civilisée, en arriver à faire
en sorte que la commission des transports puisse travailler dans un contexte
où ses travaux puissent être télédiffusés au
maximum.
Selon mes informations, il y aurait eu, semble-t-il, parmi les personnes
ou organismes qui avaient l'intention de se présenter en commission
parlementaire, des désistements.
M. Gratton: M. Campeau, entre autres.
M. Bertrand: II y a eu des désistements pour aujourd'hui
et demain. Comme cette commission parlementaire peut siéger cet
après-midi de 15 heures à 18 heures, et ce soir, de 20 heures
à 24 heures, demain matin, de consentement, la commission peut
très bien, si elle le désire, siéger à compter de
n'importe quelle heure et jusqu'à 14 heures. Il n'y a aucune
difficulté de ce côté-là. On peut très bien
en arriver à certains accommodements, entre autres, pour permettre au
porte-parole de l'Opposition, si tel est son désir, dans la mesure
où nous réussirons cet après-midi à faire le tour
de la question avec les administrateurs de Quebecair, d'entendre dès
aujourd'hui des personnes qu'il avait l'intention d'inviter à se faire
entendre demain. Dans ce contexte, il y a une possibilité, M. le
Président, que la commission parlementaire puisse terminer ses travaux
demain à 14 heures si, de part et d'autre, on en arrive à
certaines ententes. Là-dessus, je pense que le ministre des Transports
et son collègue de l'Opposition pourraient très bien se
rencontrer à l'heure du dîner pour voir s'il y a des
possibilités de ce côté-là. Quant à nous,
nous sommes ouverts aux suggestions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je veux bien rencontrer le
ministre des Transports et tenter d'en arriver à une solution
équitable. C'est justement au nom de l'équité que
j'insiste pour que les invités qui ont été
convoqués par l'Opposition aient la même diffusion de leurs
opinions dans le public que ceux qui ont été convoqués par
le ministre. Ce serait tout à fait inexcusable et impensable que les
invités du ministre puissent jouir d'une diffusion
télévisée alors que ceux de l'Opposition soient
confinés à une commission parlementaire où leur
témoignage n'aurait pas le même impact dans l'opinion publique.
(13 h 15)
On veut bien s'asseoir avec le ministre pour voir quelle proposition il
nous fera, mais je peux dire et indiquer tout de suite que nous n'accepterons
certainement pas que nos invités, nos témoins, aient un
traitement - relativement à la diffusion de leurs propos -
inférieur à celui qu'ont reçu les invités du
ministre. Je pense que ce ne serait pas équitable pour les deux parties
en présence, le gouvernement et l'Opposition.
Nous avons préparé cette commission parlementaire depuis
longtemps. Nous avons à faire entendre des gens qui ont des choses
importantes à dire, qui ne sont pas nécessairement toujours
conformes à celles que les invités du ministre peuvent dire, ou
à ce que le gouvernement voudrait entendre dire. Et ce serait absolument
inacceptable qu'il y ait deux poids deux mesures, soit un poids pour le
gouvernement et un poids pour l'Opposition.
Dans ces conditions, je réserve l'opinion du porte-parole de
l'Opposition jusqu'à ce que j'aie entendu les propositions du ministre.
J'espère que celles-ci seront acceptables, compte tenu des propos que je
viens de tenir.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, juste une correction d'abord
dans les propos du député de Laporte. Je pense qu'il n'y a pas
à cette commission des invités du ministre et des invités
de l'Opposition. Il y a des invités de la commission parlementaire des
transports à partir d'une liste sur laquelle nous nous sommes entendus
conjointement. Comme le député de Gatineau soulignait ce matin
que dans leur esprit, du côté de l'Opposition, on devait terminer
nos travaux à 22 heures ce soir, je suis tout à fait ouvert
à des discussions avec les députés de Laporte et de
Gatineau, s'il y a lieu, pour tenter de trouver un accommodement. Je peux vous
assurer qu'on ne vise nullement à traiter de
façon différente les témoins, les personnes, les
invités de la commission. Ce n'est pas notre objectif et on essaiera de
s'entendre en tenant compte de la contrainte que nous connaissons.
M. Bourbeau: II y a un problème additionnel, M. le
Président. Les invités qui ont été placés
sur la liste de l'Opposition, parce que le ministre a bien dit qu'il y avait
deux listes, celle du ministre et celle de l'Opposition, sont des gens qui ont
été convoqués en principe pour demain.
M. Clair: Pardon, certains sont déjà dans la
salle.
M. Bourbeau: Oui, il y en a peut-être un ou deux dans la
salle. Mais si on veut faire en sorte que ces gens-là se
présentent ce soir, il n'est pas dit qu'ils pourront venir
témoigner devant la commission dès ce soir, à cinq ou six
heures d'avis. À ce moment-là on bousculera ces gens-là.
D'autres avaient été convoqués pour demain; probablement
qu'ils seraient passés demain après-midi et on les fera passer
demain matin. J'estime que faire passer des gens à minuit le soir comme
on le suggère, ou à 9 heures demain matin, ce n'est pas dans le
meilleur intérêt du témoignage qu'on pourrait obtenir de
ces gens-là.
M. Bertrand: Premièrement, les gens qui doivent passer
à chacune des journées sont toujours convoqués pour
l'heure d'ouverture de la séance. Donc, ce matin, les gens qui devaient
normalement être entendus durant cette première journée
d'audition, étaient tous convoqués pour 10 heures ce matin.
Même chose pour les gens qui doivent venir en commission parlementaire
demain.
Deuxièmement, il est exact que nous pouvons poursuivre nos
travaux au-delà de 22 heures, le règlement nous permet d'aller
jusqu'à 24 heures. Donc, il est possible, sans même qu'il y ait
consentement, puisque le règlement le permet, de travailler
jusqu'à 24 heures. C'est d'ailleurs ce qui se passera à la
commission de l'éducation.
J'ajoute qu'il m'apparaît possible, si, de part et d'autre on veut
bien évaluer la situation le plus sérieusement du monde, tout en
tenant compte des représentations qu'a faites le député de
Laporte, que pendant l'heure du dîner, le ministre des Transports et le
porte-parole de l'Opposition évaluent dans quelle mesure l'organisation
du temps, d'ici demain 14 heures, pourrait permettre et aux membres
ministériels et aux membres de l'Opposition de rencontrer leurs
objectifs en ce qui a trait à la comparution des invités à
cette commission parlementaire.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais réagir
très brièvement. Il n'y a pas de doute que, du côté
de l'Opposition, on tentera par tous les moyens d'accommoder tout le monde et
de faire en sorte que les travaux se déroulent de la meilleure
façon possible, de la façon la plus complète possible,
à la satisfaction de l'ensemble des membres de la commission aussi bien
que de nos invités.
Le fait demeure que le tout devra être assujetti aux conditions
qu'a énumérées le député de Laporte et,
également, aux intentions des intervenants de notre formation politique
à la commission de l'éducation.
Je pense que le vice-président de l'Assemblée nationale a
déjà convoqué, à 16 heures cet après-midi,
une réunion du comité consultatif. Les consultations qui
s'imposent se feront avec le ministre des Transports et notre
représentant à ce comité consultatif. Souhaitons tous
ensemble de trouver une solution adéquate.
Le Président (M. Boucher): Bonne chance dans les
négociations.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, alors qu'on
entendra les représentants de Quebecair en réponse à des
questions des membres de la commission.
(Suspension de la séance à 13 h 21)
(Reprise de la séance à 15 h 12)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des transports reprend ses travaux sur
l'étude de l'évolution et de l'avenir de Quebecair. À la
suspension de 13 heures, nous avions terminé les exposés des deux
côtés de la table. Nous allons passer maintenant à la
période de questions.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, dans leurs exposés, M.
Bernier et M. Hamel, ont dressé un bilan. En ce qui concerne M. Bernier,
ce fut un bilan des négociations relativement à une
éventuelle fusion Quebecair-Nordair, à compter de 1978. M. Hamel,
pour sa part, s'est attaché davantage, je pense, à
l'administration.
Je voudrais commencer, si vous le permettez, avec quelques questions
à M. Bernier. Même si c'est assez complet, comme information, sur
l'ensemble du déroulement du processus des négociations, j'aurais
quelques précisions à lui demander ou quelques faits à
établir plus précisément.
La première chose: Je pense que dans tout le processus de
négociations, il est resté dans l'opinion publique une impression
que jamais il n'y a eu d'accord entre deux groupes québécois: le
groupe de M. Bernier, le groupe SID, Provost, Hamel et tous les autres, et le
groupe de la Fédération des
caisses d'entraide économique. Est-ce que, de façon
très claire - je pense que c'est un élément important -
l'opinion publique a eu longtemps l'impression que c'étaient deux
groupes de Québécois qui n'étaient jamais parvenus
à s'entendre. Est-ce que, à un moment donné, il y a eu,
oui ou non, clairement, un accord entre les deux groupes?
M. Bernier: Un accord à savoir qu'on ne pouvait pas
s'ajuster pour former un seul et même groupe?
M. Clair: Voyez-vous, c'est relativement à la page 3,
quand vous dites que "le 22 avril 1980, le ministre nous accordait une autre
rencontre et nous indiquait, à cette occasion, sa
préférence pour que le leader du groupe soit une institution
financière plutôt qu'un entrepreneur. À toutes fins utiles,
il demandait à la SID de s'impliquer davantage. Il exprimait
également le souhait qu'Air Canada participe activement au processus
d'intégration des deux compagnies régionales". Mais par la suite,
vous affirmez que "la Fédération des caisses d'entraide
économique avait indiqué au ministre que s'il décidait de
vendre Nordair à votre groupe, la Fédération non seulement
accepterait, mais supporterait la décision". Est-ce que c'est clairement
acquis et est-ce que cette question-là a été portée
à la connaissance du ministre fédéral des Transports?
M. Bernier: J'ai eu une communication, M. le ministre, vers la
fin de mars, début avril 1980, avec M. Forest qui avait
succédé à M. Gagnon. M. Forest m'avait informé
à ce moment-là qu'il avait fait une démarche à
Ottawa pour presser le ministre de prendre une décision. M. Forest
m'avait également informé avoir fait part au ministre qu'advenant
le cas où la décision serait prise en faveur de notre groupe
plutôt qu'en faveur du groupe de M. Lizotte et de la caisse d'entraide,
il se rallierait et appuierait cette proposition parce qu'il attendait une
réponse définitive d'Ottawa. D'autant plus, si ma mémoire
est fidèle, qu'il y avait des engagements de la caisse d'entraide pour
financer les employés de Nordair qui avaient une participation dans le
projet de la Fédération des caisses d'entraide avec le groupe de
M. Lizotte.
M. Clair: C'est donc dire qu'à compter de ce
moment-là l'institution financière qui faisait partie du groupe
de M. Lizotte se ralliait en quelque sorte à l'idée que votre
groupe procède à l'acquisition, si c'était le choix du
ministre des Transports du Canada.
M. Bernier: Dans ma compréhension, à partir de
là ils se désistaient parce qu'eux aussi avaient une date limite
qui était en rapport avec leurs engagements vis-à-vis du
financement éventuel de l'acquisition et cela touchait les
employés de Nordair. On a compris, quand M. Pépin nous a
indiqué qu'il souhaitait qu'une institution financière soit
plutôt le leader du groupe, qu'il nous avait clairement
identifiés.
M. Clair: Cela va. Dans votre texte vous faites
référence au fait que, pendant toutes les démarches que
vous avez effectuées auprès du gouvernement
fédéral, vous avez eu l'occasion de rencontrer à plusieurs
reprises des députés et ministres fédéraux. Est-ce
que vous aviez l'impression, à ce moment-là, que c'était
peine perdue, que vous faisiez face à un refus de la part de ces
députés et ministres d'appuyer votre proposition ou si, au
contraire, vous avez pu bénéficier de l'appui du caucus des
députés fédéraux à Ottawa, ce qui vous
aurait encouragé à poursuivre vos démarches?
M. Bernier: L'impression qu'on nous a laissée est
très nette. Je pense aussi que la prise de position était non
équivoque. On a rencontré des députés
fédéraux. On a eu l'occasion de rencontrer aussi le caucus des
ministres fédéraux. Dans une circonstance en particulier, je
pense qu'ils étaient dix ou onze. M. Lalonde lui-même dirigeait la
délégation. On nous a clairement indiqué que les
députés et les ministres fédéraux du Québec
appuieraient notre proposition qui avait été
réécrite dans le temps et qui était très claire et
qu'ils feraient des pressions sur M. Pépin pour lui faire modifier son
attitude parce que, dans notre esprit, il était clair que la
résistance venait de là.
M. Clair: À ce moment-là, est-ce que la proposition
que vous aviez mise de l'avant comportait un intérêt majoritaire
pour votre groupe dans la fusion ou si c'était un intérêt
minoritaire?
M. Bernier: C'était majoritaire. Dans la première
proposition qui avait été déposée chez M.
Mazankowski, les intérêts du Québec étaient à
70% et ceux de l'Ontario à 30% ou 35%. Il pouvait y avoir une
négociation entre Great Lakes Airways et les coopératives de
crédit de l'Ontario. Alors, on a commencé avec ce modèle.
Quand nous sommes revenus, à la période des rencontres avec les
ministres fédéraux, on était rendu à 55%. Je me
souviens très bien que M. Ouellet et M. De Bané, qui
véhiculaient ce dossier pour nous, nous avaient fortement
encouragés à ne faire aucune concession inférieure
à 55%. Ils nous promettaient leur appui pour faire adopter cette
proposition. En dernier ressort, quand il semblait que c'était le seul
et unique point en cause pour que le dossier soit autorisé ou
recommandé, nous avions accepté de descendre à 51%. Je me
rappelle
encore très bien - je ne sais pas si c'était M. De
Bané ou M. Ouellet, l'un des deux ou les deux - qu'on nous avait
laissé entendre qu'on était un peu désappointé du
fait qu'on avait descendu à 51%.
M. Clair: Alors...
M. Bernier: Ces ministres fédéraux nous appuyaient
sur une proposition qui était de l'ordre de 55% et, en dernier ressort -
M. Hamel vous vous en souvenez très bien -nous avons accepté d'y
aller à 51%. Il faut peut-être vous dire aussi, M. le ministre,
que, dans la proposition initiale sur la répartition des pourcentages
touchant ce qu'on avait indiqué pour la Société
d'investissement Desjardins, M. Hamel et le groupe Provost, on laissait de la
place pour 15% pour Air Canada et Makivik. On avait laissé entendre cela
à M. Pépin. D'autant plus qu'on lui a dit qu'on pourrait faire un
certain réaménagement pour permettre une participation des
employés tant chez Quebecair que chez Nordair. Cela était dans la
proposition des 70%.
M. Clair: Alors, ce ne sont donc pas les députés
fédéraux qui vous ont incités à réduire vos
exigences quant à un contrôle québécois de
l'entreprise fusionnée.
M. Bernier: Jamais.
M. Clair: Maintenant - je ne sais pas si c'est trop précis
- est-ce que vous vous souvenez de la date à laquelle cette rencontre a
eu lieu?
M. Bernier: M. Gauthier, vous pourriez peut-être m'aider
sur la date exacte de la rencontre...
M. Clair: Sans que ce soit...
M. Gauthier (Paul): J'aimerais savoir de quelle rencontre...
M. Bernier: La rencontre...
M. Clair: La rencontre au cours de laquelle on vous a, si je
comprends bien, en quelque sorte reproché d'avoir réduit vos
exigences quant aux contrôles.
M. Gauthier (Paul): Pardon, M. le ministre, cela s'est fait par
téléphone.
M. Clair: Cela s'est fait par téléphone.
M. Gauthier (Paul): Oui et c'était au mois de septembre
1980.
M. Clair: Au mois de septembre 1980. M. Gauthier (Paul):
Fin août, début septembre 1980 où il y a eu plusieurs
rencontres ou appels téléphoniques à ce moment.
M. Clair: Maintenant, qu'est-ce qui explique, selon vous,
à ce moment, ce changement d'attitude de la part des autorités
fédérales? À compter de quand a-ton commencé
à vous laisser voir ou à vous laisser comprendre ou entendre que
le contrôle ne pourrait pas ou, en tout cas, que cela créerait des
problèmes que le contrôle soit entre les mains des
intérêts québécois?
M. Bernier: Dans l'esprit de M. Pépin, dès le
départ, il avait beaucoup de difficulté à accepter que les
intérêts québécois soient supérieurs aux
intérêts de l'Ontario ou aux intérêts de l'Ontario et
d'Air Canada combinés. On n'a jamais eu tellement d'espoir du bureau du
ministre selon lequel on accepterait une position majoritaire. Le support que
nous avons eu à ce moment, dans cette discussion, nous venait surtout
des ministres fédéraux du Québec et des
députés.
M. Clair: Qu'est-ce qui a pu expliquer une telle distance entre
ce qui se discutait officiellement, ce qui était proposé et ce
qui semblait accepté et l'évolution du dossier? Comment, en
d'autres mots, s'est transformée cette situation où on vous
laissait entendre que des propositions de contrôle
québécois pourraient être acceptables à une
situation où ce n'était plus acceptable?
M. Bernier: Dans ma compréhension, au niveau de M.
Pépin, on ne nous a laissé entendre, que c'était
acceptable que les intérêts québécois soient
supérieurs aux intérêts des autres partenaires. C'est
à la rencontre du 25 novembre 1980 que M. Pépin nous a
laissé clairement sentir que la dimension politique du dossier
était devenue la dimension la plus importante.
M. Clair: Maintenant, dans le groupe que vous formiez, des
intérêts ontariens étaient présents. Jusqu'à
quand avez-vous pu bénéficier de l'appui d'intérêts
privés ontariens?
M. Bernier: Voulez-vous répéter votre
question?
M. Clair: Jusqu'à quand avez-vous pu
bénéficier de l'appui d'intérêts privés
ontariens dans une proposition où les intérêts
québécois auraient été en contrôle du
transporteur fusionné?
M. Bernier: D'abord, assurément, jusqu'à
l'élection de 1980 parce que, pendant toute la période où
on a failli avoir l'autorisation ou la confirmation pendant le... Lorsque
le
Parti conservateur était au pouvoir c'est venu très
près. On avait une entente entre toutes les parties, incluant Great
Lakes, que l'engagement était maintenu. Mais quand on est allé
rencontrer M. Pépin pour la première fois, je me rappelle
très bien qu'on y était allé avec la proposition qui avait
été déposée chez M. Mazankowski. M. Pépin
nous a laissé savoir à ce moment-là qu'il avait
lui-même rencontré nos partenaires de l'Ontario. C'est lui qui
nous en a informés, alors que notre entente était encore en
vigueur. Je pense que l'engagement de l'Ontario est tombé... M.
Hamel?
M. Hamel: À la fin de février. M. Bernier:
Vers la fin de... M. Hamel: De février ou mars. M.
Gauthier (Paul): Février ou mars.
M. Bernier: ...vers la fin de février ou mars, alors que
l'Ontario s'est senti dégagé de ses engagements vis-à-vis
du groupe. Mais il y a certainement eu une démarche qui a
été faite par le ministère fédéral des
Transports chez nos partenaires de l'Ontario, pendant la période
où l'entente était en vigueur. Les gens de l'Ontario nous ont
laissé savoir qu'il y a une possibilité pour nous d'en avoir un
morceau de l'Ontario et d'avoir une structure corporative qui peut favoriser
l'Ontario. Évidemment, nous laisserons tomber le premier projet.
M. Clair: J'imagine, M. Bernier, que la question que je vais vous
poser est très embarrassante. Mais, au fond, ne devons-nous pas conclure
de ce que vous dites que c'est le ministre fédéral des Transports
lui-même qui a débauché, en quelque sorte, les
intérêts privés ontariens qui vous appuyaient?
M. Bernier: Je ne peux pas lui prêter des intentions, mais
je sais qu'il a rencontré les gens d'Ontario.
M. Clair: Une autre question, M. Bernier. Au départ, si je
comprends bien, votre première proposition aurait regroupé entre
les mains d'intérêts québécois quelque chose comme
65% ou 70% du contrôle du transporteur fusionné.
M. Bernier: Oui. Sur 70%, on avait une marge de manoeuvre de 15%,
soit pour Makivik, ou Air Canada, et aussi, on n'avait jamais poussé
jusqu'à sa limite la proportion qui pouvait être
éventuellement attribuée aux employés.
M. Clair: Dans votre texte, vous indiquez que, finalement, il
vous semblait que, rendu en juillet 1981, une participation minoritaire de 27%
vous semblait acceptable; qu'est-ce qui vous a amené à
considérer acceptable cette proposition, quant au départ, vous
parliez au moins d'un contrôle nettement majoritaire
d'intérêts québécois?
M. Bernier: Au départ, on poursuivait les objectifs de
rentabilisation avec aussi tous les autres objectifs qui concernaient la
participation des Québécois dans la fusion. Lorsqu'il est devenu
évident que le gouvernement fédéral, au niveau du
ministère des Transports, n'accepterait pas qu'on ait une position
majoritaire, on s'est retrouvé dans une situation où on avait
encore toutes les activités de Quebecair, tandis que les
espérances de pouvoir réaliser la fusion étaient beaucoup
moins grandes. Pour nous, la Société d'investissement Desjardins,
les objectifs d'investissement sont aussi des objectifs de
rentabilité.
Évidemment, la rentabilité d'un projet de Quebecair seule
était nettement différente de celle d'un projet
Quebecair-Nordair. Quand on a repris les négociations avec Air Canada,
on se trouvait à rouler nos actions de Quebecair à un prix
différent de ce que Air Canada était prête à payer
aux autres partenaires, parce que nous, on faisait la proposition en même
temps qu'on la recevait. Pour nous, on voulait nos actions à - si je me
rappelle bien, M. Gauthier -environ 1,60 $, c'était notre prix
coûtant. Air Canada acceptait aussi que les actions de Nordair soient
transigées au prix coûtant d'Air Canada afin de ne pas
réaliser de profit dans cette transaction, quitte à
réajuster le prix selon des barèmes établis d'après
les performances à venir de la nouvelle compagnie.
Il faut dire, aussi, qu'à ce moment-là l'offre ne
comportait pas de contrepartie de l'Ontario parce que, dans la proposition qui
impliquait la SID et Air Canada, l'Ontario n'était plus dans le portrait
et le ministre Pépin se faisait fort de faire accepter cet arrangement
par l'Ontario. Nous, on s'est dit: S'il n'y a rien à faire dans la
fusion avec Nordair, dans un objectif de rentabilité de la SID, il est
évident que la proposition est intéressante, d'une part. D'autre
part, aussi, comme on n'a pas pu réaliser nos objectifs de
rationalisation ni de participation dans le réseau aérien, dans
le nouveau projet, il y a une place pour nous, une place importante. Même
si le protocole d'entente n'avait pas été complété
ou négocié tout à fait, je pense qu'on était aussi
très préoccupé par les retombées
économiques, la présence du Québec, la sauvegarde des
sièges sociaux et que tout cela aurait évidemment fait partie du
protocole d'entente, parce qu'étant minoritaire à 27%, on ne
pouvait pas se prévaloir d'une position prépondérante au
conseil pour faire passer ces points. (15 h 30)
M. Clair: J'aurais une question: Vous affirmez justement, en ce
qui concerne la protection des intérêts économiques du
Québec, dans une position d'actionnaires minoritaires, vous aviez
l'intention de faire le maximum de ce qui pouvait être fait dans une
convention entre actionnaires. Ma question est la suivante: est-ce que cette
convention, cette éventuelle convention entre actionnaires a
été écrite et réalisée ou
déposée auprès de la Société
d'investissement Desjardins, du gouvernement du Québec, groupe de M.
Hamel, etc.?
M. Bernier: Je demanderais à M. Gauthier de
répondre à cette question-là parce que c'est lui qui
était dans le dossier des négociations avec M. Douville, surtout
dans les derniers jours où les textes ont été
préparés, et les conditions échangées.
M. Gauthier (Paul): Tous les points d'une convention
n'étaient pas écrits. Il y avait eu des échanges par
contre très précis. L'offre elle-même était
écrite. D'ailleurs, je crois qu'on retrouve du moins certains points
auxquels on se réfère, lorsqu'on parle de convention entre
actionnaires, dans une lettre qu'Air Canada adressait à l'honorable
Bernard Landry, le 16 juillet 1981. La réponse précise c'est que
l'entente n'avait pas été complétée de façon
définitive.
M. Clair: Merci. Je voudrais revenir à une autre question,
M. Bernier. Au moment de la proposition d'Air Canada, en juillet 1981, on sait
que Quebecair venait d'augmenter sensiblement sa présence sur la Floride
par des vols ABC ou nolisés. Est-ce qu'Air Canada ne vous a pas
laissé entendre assez clairement que ça lui était fort
désagréable et qu'il serait préférable d'accepter
l'offre qui était faite, sans quoi ça pourrait être
beaucoup plus difficile pour Quebecair l'année suivante?
M. Bernier: Je demanderais à M. Gauthier encore de
répondre à cette question-là.
M. Gauthier (Paul): M. le ministre, au cours des
négociations, il a été question plus d'une fois de
l'avenir de Quebecair, de sa performance sur la Floride durant la saison
1980-1981 qui avait eu, notons-le, pas mal de succès. On nous a
mentionné que chez Air Canada, c'est quelque chose qui ferait l'objet
d'une concurrence beaucoup plus serrée la saison suivante. On pouvait
s'attendre qu'en 1981-1982, la concurrence soit beaucoup plus vive du
côté de la Floride.
M. Clair: Maintenant, en 1981-1982 justement, est-ce que vous
pouvez m'indiquer si, selon les source que j'ai moi, Air Canada aurait
effectivement augmenté son offre de sièges, et le comportement
sur les prix aurait été le maintien ou le gel des prix sur la
tarification pour la Floride. Chez Quebecair, est-ce que vous avez des chiffres
là-dessus?
Le Président (M. Boucher): M. Hamel.
M. Hamel: En fait, cela avait commencé vers le mois de
février 1981. Nous devions avoir une augmentation de tarif qui n'est pas
venue. Pourquoi? Parce que, tout simplement, les grands de l'industrie
n'étaient pas prêts à accepter l'augmentation. Mais d'un
mois à l'autre, on devait l'avoir. Alors, de février, c'est
allé à mars et de mars à avril et d'avril à mai.
Enfin, d'un mois à l'autre, on devait toujours l'avoir. Finalement, on
connaît le reste de l'histoire. On s'est ramassé en juillet avec
l'annonce de la coupe de tarif, le gros programme d'Air Canada.
Alors, ce qui est arrivé, c'est que les grands se sont entendus
ensemble, d'après ce que nous pensons: Eastern Airlines, Delta, Air
Canada se sont entendus pour geler les tarifs, geler toute augmentation ou
empêcher toute augmention. Il est évident que sur les vols ABC,
dès qu'un opérateur charge 5 $ ou 10 $ de plus qu'un autre sur
ses sièges, vous perdez le trafic.
M. Clair: En terme d'offre de sièges, ma question
était la suivante: Est-ce qu'Air Canada a augmenté sa
présence dans les vols pour la Floride l'année suivante ou si
elle a maintenu, toujours en termes de nombre de sièges disponibles,
à peu près le même comportement que l'année
précédente?
M. Hamel: Non, en fait, Air Canada a au moins triplé, je
pourrais dire, le nombre de sièges offerts en ajoutant des L 10-11, deux
fois par jour, à Montréal et un DC 9 à partir de
Québec - alors qu'Air Canada n'était pas à Québec
avant - sur les vols nolisés à chaque jour de la semaine.
M. Clair: M. Bernier.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre...
M. Bernier: M. Hamel, est-ce que ce n'est pas aussi cette
même année qu'Air Canada a commencé à
développer des vols directs vers Fort Lauderdale?
M. Hamel: Oui, c'est exact. Cela fait partie de ce que je viens
de répondre. De Québec et de Montréal, Air Canada a
inauguré un service de vols nolisés ABC vers Fort Lauderdale,
alors qu'elle n'y était pas présente auparavant.
M. Clair: Ce qu'elle ne faisait pas
l'année précédente?
M. Hamel: Exactement.
M. Clair: Maintenant, étant donné que la politique
de 1969 indiquait par ailleurs aux transporteurs aériens
régionaux que l'une des avenues pour se rentabiliser, rentabiliser leurs
opérations ou maintenir leur niveau d'occupation, c'était
justement ces vols nolisés ABC, est-ce qu'il y a eu des plaintes
portées à ce moment-là, ou encore est-ce qu'il
était envisageable de porter des plaintes sur le plan juridique
auprès de la Commission canadienne des transports ou du ministre
fédéral des Transports ou je ne sais qui?
M. Hamel: Ceci a été fait évidemment par
tous les transporteurs qui étaient touchés dont Quebecair
d'abord, Wardair surtout ensuite. Bien sûr, les tarifs qui avaient
été déposés par Air Canada ont d'abord
été refusés par la commission. Air Canada a fait une
demande au comité de révision. Le comité de
révision a finalement accepté les tarifs d'Air Canada. On avait
prouvé que les tarifs d'Air Canada, tels que déposés,
étaient loin d'être compensatoires, qu'il y avait des pertes
énormes pour chaque passager transporté. Finalement,
malgré tout, cela a fini par être accepté. Wardair a fait
une guerre assez forte contre ces tarifs.
M. Clair: Afin d'être aussi équitable que possible
et compte tenu de la possibilité qu'une entente intervienne plus tard,
si je comprends bien, en ce qui concerne le déroulement et le suivi des
travaux, je vais limiter mes questions à ceci pour le moment, tout en
gardant le privilège pour mes collègues et moi-même d'y
revenir.
Vous remarquerez que j'ai pris 20 minutes. Peut-être que si on
pouvait fonctionner par blocs de vingt minutes, cela serait plus facile pour
vous de répartir équitablement le temps.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, si je comprends bien le
format qu'on adopte, on a le conseil d'administration de Quebecair devant nous
et chaque député peut questionner l'un ou l'autre, quitte
à revenir subséquemment. Je pense bien que l'on peut poser
quelques questions à M. Bernier -d'ailleurs, le ministre l'a fait -
d'autres à M. Hamel, et on pourra revenir après. Je pense bien
qu'on ne sera pas trop formaliste.
M. Clair: De la façon la plus simple possible.
M. Bourbeau: Bon, d'accord. Pour ce qui est des ententes, je
voudrais simplement dire qu'actuellement il n'y a aucune entente avec
l'Opposition. Il semble que le comité chargé...
M. Clair: ...s'il était possible qu'il y en ait une.
M. Bourbeau: ...d'étudier ces choses-là se
réunisse à 16 heures. Pour autant que nous sommes
concernés, la commission est convoquée pour siéger
aujourd'hui et demain, et jusqu'à nouvel ordre nous entendons bien
respecter ce mandat.
Je voudrais poser quelques questions à M. Bernier pour commencer,
mais je ne veux pas mentionner que ces questions seront les dernières.
Quelques points seulement et peut-être qu'un peu plus tard on pourra
revenir sur d'autres sujets. Je ne voudrais pas couvrir l'ensemble des sujets
avec vous. Je voudrais parler de certains points précis, quitte à
revenir. Je voudrais tenter de nettoyer certains points avec vous et
peut-être avec d'autres aussi.
M. Bernier, de la lecture du texte que vous avez livré ce matin,
il ressort que l'une des raisons fondamentales qui ont amené la
Société d'investissement Desjardins à s'occuper du dossier
de Quebecair - enfin, d'investir dans Quebecair - c'était la
possibilité de pouvoir, à court terme, effectuer une fusion entre
Quebecair et Nordair, ce qui aurait été un bon investissement
pour votre organisme. Est-ce que je traduis bien ce que j'ai lu dans votre
document?
M. Bernier: Oui, mais je tiens à préciser aussi
qu'on avait évalué le risque dès le départ que
cette fusion ne pourrait peut-être pas se réaliser. Et quand on a
présenté notre dossier au conseil d'administration de la SID,
évidemment, la question suivante a été soulevée:
Qu'est-ce qui arrive si jamais cela se réalise? À ce
moment-là, nos analystes financiers avaient fait passablement
d'évaluations et, selon les données qui étaient
disponibles dans le temps, il y avait encore possibilité de rentabiliser
Quebecair. Si jamais cette fusion ne se réalisait pas avec un programme
de développement des routes, de rationalisation de l'équipement,
évidemment, cela deviendrait beaucoup plus difficile. Ce n'était
pas le dossier qu'on recherchait, mais je pense que l'équipe de M.
Gauthier nous avait démontré que si jamais la fusion ne pouvait
se faire, c'était encore possible de vivre avec notre investissement
dans Quebecair.
M. Bourbeau: Pour résumer les faits: En novembre 1978, le
gouvernement fédéral avait annoncé son intention de
revendre éventuellement Nordair à l'entreprise privée,
sans spécifier à qui ce serait revendu, et le mouvement
Desjardins s'est intéressé à partir
de ce moment au problème des transporteurs régionaux. Il a
négocié avec M. Hamel et, finalement, en octobre 1979, il a
acheté des actions de Quebecair de M. Hamel, après que M. Hamel,
lui, ait acheté de M. Webster.
Est-ce qu'on peut dire, M. Bernier, qu'au moment où la SID a pris
sa décision et a effectivement acheté les actions de Quebecair,
vous n'aviez pas de certitude absolue que c'était à vous,
à votre groupe que le fédéral vendrait Nordair.
M. Bernier: Non, pas du tout. D'autant plus qu'on avait fait une
évaluation entre les dirigeants du mouvement Desjardins, à savoir
quelles seraient les personnes, les agents ou les entreprises qui devraient
être contactés pour les intéresser à ce dossier.
Etant donné que Nordair était à vendre et que tous les
acheteurs potentiels ne s'étaient pas encore manifestés, on en
était venus à la conclusion que notre meilleure approche
était de contacter M. Hamel, ce qu'on a fait.
M. Bourbeau: II y avait quand même un certain
élément de risque quand vous avez pris la décision. Vous
l'avez d'ailleurs souligné tantôt. Vous avez dit qu'il n'y avait
pas de certitude absolue. On savait que Nordair était à vendre.
Plusieurs groupes s'étaient manifestés au cours des mois qui ont
suivi. Vous étiez un des groupes. Vous pensiez être dans la
position de contrôle, peut-être pas de contrôle mais vous
pensiez être en avance sur ceux qui étaient
intéressés. On peut quand même rappeler qu'il y avait un
autre groupe: le groupe de M. Lizotte qui était intéressé
et qui avait fait valoir son intérêt. Il y avait aussi le groupe
de M. Claude Hébert qui s'est manifesté en novembre 1979 qui
comprenait en plus de M. Hébert, Algoma et EPA. Il y avait plusieurs
coursiers sur les rangs et non pas seulement le groupe Hamel-Desjardins. Est-ce
que je me trompe en disant cela? Est-ce que je traduis bien la
réalité des faits à ce moment-là?
M. Bernier: Le deuxième groupe qui a été le
plus rapidement identifié était le groupe de M. Lizotte et de ses
employés. Il y en a d'autres qui sont venus par après. Quand on
parlait de rationalisation, on était convaincu qu'on avait le meilleur
dossier parce qu'on avait Quebecair, tandis qu'eux, s'ils voulaient
rationaliser et acheter Nordair, ils ne possédaient pas Quebecair. Nous
étions déjà dans Quebecair, c'était une
première étape de franchie pour regrouper les deux compagnies.
Nous étions déjà dans une. Il y en avait plusieurs qui se
manifestaient mais ils n'étaient ni dans l'une, ni dans l'autre. Pour
rationaliser il fallait qu'ils réussissent à regrouper les deux.
Notre groupe avait sûrement des avantages parce qu'il possédait
déjà une compagnie.
M. Bourbeau: Quoique cela ne soit pas tout à fait exact en
ce qui concerne le groupe de M. Lizotte parce qu'ils avaient avec eux les
caisses d'entraide économique qui, elles, avaient déjà un
intérêt dans Nordair. Ce groupe était déjà
dans une des deux compagnies. Je parle du début de 1979...
M. Bernier: C'était à vendre. Les gens qui
étaient là avaient déjà vendu leurs
intérêts dans Nordair. On faisait partie de Quebecair - je ne veux
pas prêter d'intention aux autres - nous avions les capitaux
nécessaires, on avait l'investissement. Quand on a déposé
une offre auprès du gouvernement fédéral à M.
Mazankowski, on était capable d'honorer, s'ils avaient dit oui, quinze
jours après.
M. Bourbeau: Sauf que, M. Bernier, si mes notes sont exactes, les
caisses d'entraide avaient acheté leurs intérêts dans
Nordair en décembre 1978, un mois après que le gouvernement
fédéral eut annoncé que Nordair était à
vendre. À partir de ce moment-là les caisses d'entraide et
subséquemment le groupe Lizotte, dont elles faisaient partie,
étaient aussi qualifiées à prétendre qu'ils avaient
des intérêts dans une des deux compagnies. Je note que ce n'est
qu'en septembre 1980 que les caisses d'entraide ont vendu au gouvernement du
Québec qui vous a revendu le bloc d'actions de Nordair. On peut donc
dire qu'il y a eu une période d'environ deux ans - un peu moins de deux
ans - pendant laquelle un des groupes pouvait également prétendre
être qualifié pour acheter Nordair autant que le groupe Hamel.
Est-ce que je me trompe? (15 h 45)
M. Bernier: J'ai de la misère à saisir votre point.
En fait, les caisses d'entraide étaient impliquées dans une
société qui était à vendre. Alors, il fallait
vendre cette société de toute façon. Nous étions
impliqués dans Quebecair, qui était la société
qu'il fallait fusionner avec l'autre. Nous n'étions pas à vendre,
on était acheteur.
M. Bourbeau: Je comprends, mais dans une fusion les deux
sociétés se vendent l'une à l'autre. Vous aviez les
caisses d'entraide qui étaient coactionnaires dans Nordair et vous qui
étiez coactionnaires dans Quebecair...
M. Bernier: C'est cela.
M. Bourbeau: Vous avez formé deux groupes, tous deux
intéressés à faire la fusion. Je ne veux pas trop parler
là-dessus. Tout ce que je voudrais souligner simplement je pense qu'il
est important qu'on le réalise - c'est qu'il n'y avait pas de certitude
absolue, quand vous avez plongé
dans le dossier Quebecair, que le fédéral vous avait
promis Nordair. Vous n'aviez pas de promesse absolue et il y avait quand
même un élément de risque, vous l'avez souligné
vous-même tout à l'heure. Je pense que ce qui ressort de ce qu'on
a dit ce matin, je ne veux pas me faire le défenseur du
fédéral, mais il me semblait, d'après les propos qui ont
été tenus, que vous vous étiez embarqués dans
Quebecair avec la certitude que le fédéral vous avait promis
Nordair et qu'après coup Nordair ne vous a pas été
livrée et que, donc, vous aviez été trahis.
Ce que je vois en regardant les dates et les faits, c'est
qu'effectivement le fédéral avait dit: Nordair est à
vendre à l'entreprise privée. Et, à partir de ce moment,
on attend les offres. Vous vous êtes placés pour faire une offre
et je pense que vous étiez bien placés, mais d'autres
également ont fait valoir des points de vue et vous n'aviez pas de
certitude. Donc, ce que je veux dire, c'est que vous ne pouvez pas vraiment
après coup - et je ne pense pas que vous le faites d'ailleurs mais
peut-être que d'autres l'ont fait - venir prétendre que le
fédéral vous a carrément trahis et a renié une
promesse qu'il a faite avant que vous n'entriez dans Quebecair. Est-ce que
c'est exact?
M. Bernier: Avant qu'on entre dans Quebecair on n'avait aucune
assurance, sauf qu'un jour M. Pépin nous a fait venir à son
bureau pour nous dire qu'il avait choisi sa fiancée et que
c'était nous autres.
M. Bourbeau: Évidemment, c'est après.
M. Bernier: II nous a dit: À partir de là, si on
réussit à s'entendre sur une série de paramètres,
on fonctionnera. Il nous a même dit en plus: Indépendamment du
fait que M. Hamel est l'actionnaire majoritaire, dans les circonstances, je
préférerais que l'interlocuteur - je comprends que vous
travaillez ensemble - soit la Société d'investissement Desjardins
à cause de son rôle d'investisseur. Comme cela prendra beaucoup de
sous, il m'apparaît préférable que l'interlocuteur soit
plutôt un investisseur que l'exploitant. On s'était entendu avec
M. Hamel et la négociation s'est faite sur cette base. Cela ne change
rien au fait que M. Pépin ne nous ait jamais autorisé la
rationalisation, qu'il l'ait dit avant ou pas, sauf qu'il avait des intentions
manifestes de vendre Nordair; c'était eux qui l'avaient
décidé et non pas nous. On était très conscients
que l'engagement de M. Lang était de s'en débarrasser dans les
douze mois qui suivraient. On a surveillé l'occasion, elle nous est
arrivée avec M. Hamel; on a décidé de s'associer avec lui,
après discussions. On a véhiculé notre dossier avec les
gens de l'Ontario, les Credit Unions de l'Ontario, dans un premier temps,
jusqu'à l'aboutissement de la conclusion de M. Pépin de relancer
le dossier avec des intérêts du Québec, peut-être
diminués, et que nous étions l'interlocuteur choisi.
Voilà!
M. Bourbeau: D'accord. Alors, en résumé, en octobre
1979, vous embarquez dans Quebecair. Vous n'avez pas de garantie que Nordair
vous sera vendue. Vous savez que Nordair est à vendre. Vous rencontrez
M. Pépin et vous rencontrez également des ministres
fédéraux - vous l'avez dit tout à l'heure - vous avez
nommé M. De Bané et M. Ouellet. M. De Bané et M. Ouellet,
qui ne sont pas ministre des Transports, vous disent: Vous devriez pouvoir
garder 65% ou 70% du transporteur fusionné. M. Pépin, qui est
ministre des Transports, vous dit qu'il pense que ce serait plutôt 40%,
en fait, si je résume un peu ce que vous avez dit tout à
l'heure.
Remarquez que ce n'est pas absolument inusité qu'à
l'intérieur d'un cabinet il y ait des divergences de vues entre certains
ministres. On a vu ici même au gouvernement provincial un ministre des
Transports nous dire, en mars 1981, qu'il n'était absolument pas
question que le gouvernement du Québec investisse un seul cent dans
Quebecair.
M. Clair: M. le Président, question de
règlement.
M. Bourbeau: Et, trois mois après, notre ministre des
Transports dit: On investit 15 000 000 $ dans Quebecair. Donc, il y a aussi des
divergences de vues aussi fondamentales...
M. Clair: Question de règlement.
M. Bourbeau: ...au Québec qu'à Ottawa.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte, il y a une question de règlement. M. le ministre.
M. Clair: C'est simplement pour souligner au député
de Laporte que j'aurais bien aimé que celui dont il parle puisse venir
à la commission parlementaire. Je pense que vous avez reçu, M. le
Président, le télégramme que M. de Belleval a
envoyé d'Alger le 1er mars 1983 à l'attention de M.
Bédard, greffier du secrétariat des commissions: "Regrette ne
pouvoir me présenter devant la commission des transports les
1er et 2 mars." Je pense que c'est un peu déplacé que
de critiquer un ancien ministre qui n'est même pas ici pour se
faire...
M. Bourbeau: ... sur la question de règlement.
M. Gratton: Je veux quand même rétablir les faits.
D'abord, premièrement, ce que vient de faire le ministre des Transports,
et il le sait fort bien, ne constituait pas une question de règlement.
On a copie du télégramme de M. de Belleval. Nous constatons comme
lui qu'il ne peut être présent. C'est surtout faux de
prétendre, comme vient de le faire le ministre des Transports, qu'on
blâme une personne absente. En fait, je pense que ce que le
député de Laporte vient de faire, c'est féliciter...
M. Rodrigue: II y a une question de règlement
déjà.
M. Gratton: ... M. de Belleval d'avoir tenu les propos qu'il a
tenus.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Rodrigue: Question de règlement, M. le
Président. Non, mais il n'a pas soulevé de question de
règlement.
M. Gratton: Oui, j'interviens sur la question de
règlement.
M. Rodrigue: Du ministre.
Le Président (M. Boucher): C'était sur la question
du ministre, M. le député de Vimont.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais...
M. Gratton: Je termine en disant que si on veut faire de la
procédure de ce genre-là, on est prêt à la faire,
sauf que le député de Laporte n'a pas interrompu le ministre
lorsque celui-ci posait la question; il me semble que le ministre pourrait
faire la même chose à son endroit.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: On continue. Je disais simplement qu'il n'est pas
anormal qu'à l'intérieur d'un gouvernement il y ait des
divergences de vues entre des ministres. Cela existe à Ottawa et cela
existe à Québec. Dans le cas présent, il est bien
évident que c'était le ministre fédéral des
Transports qui avait un plus gros mot à dire dans le dossier que ses
collègues. Je pense que vous l'avez remarqué
éventuellement.
La compagnie Nordair que vous vouliez fusionner et que tout le monde
voulait acquérir est un transporteur qui a des routes et au
Québec et en Ontario. Pourriez-vous nous dire quelle est la proportion
des lignes de Nordair qui sont au Québec et la proportion en
Ontario?
M. Bernier: Je demanderais peut-être à M. Hamel de
compléter, mais nous, à l'époque, on se souvient
très bien que quand on avait fait les proportions pour les derniers
douze mois en cause le décompte des passagers avait été
que 55% des passagers étaient sur le Québec si les deux
compagnies fusionnaient et 45% sur l'Ontario, ou à peu près.
M. Hamel: C'est cela.
M. Bernier: Le nombre des passagers combinés des deux
compagnies était un petit peu plus fort du côté du
Québec.
M. Bourbeau: En termes de distance parcourue, est-ce qu'il y a
plus de lignes de longue distance, en termes de milles de routes, en Ontario ou
au Québec?
M. Hamel: Voici. En assumant que les vols vers Frobisher et le
Grand-Nord sont au Québec, à ce moment, les distances de Nordair
étaient à peu près 50% au Québec et 50% en Ontario,
parce que Nordair se rend jusqu'à Pittsburg et jusqu'à Winnipeg,
ce qui veut dire qu'avant l'avènement de Winnipeg et de Pittsburg,
évidemment, Nordair avait 70% de ses vols au Québec, mais cela a
changé avec les années.
M. Bourbeau: Est-il exact - c'est ce qu'on nous a dit - que
Quebecair est le transporteur régional désigné pour le
Québec et que Nordair est le transporteur régional
désigné pour l'Ontario au niveau de... Non je n'ai pas
cité le ministre. Le ministre s'imagine toujours qu'on cite ses propos.
Je n'ai pas parlé du ministre, je parle du fédéral, de la
Commission canadienne des transports. Quand on se réfère aux
transporteurs régionaux, Nordair est le transporteur
désigné pour l'Ontario. C'est exact?
M. Hamel: Pas à ma connaissance.
M. Bourbeau: Alors il faudrait poser la question à M.
Douville, le président de Nordair, qui viendra nous voir peut-être
ce soir ou demain.
Est-ce que vous trouvez que la position de M. Pépin était
déraisonnable d'exiger que l'Ontario ait des intérêts? Je
pense qu'il exigeait 40% pour l'Ontario dans le nouveau transporteur qui aurait
regroupé Nordair et Quebecair. La fusion qu'on voulait faire,
c'était pour Nordair et Quebecair et on disait tantôt que certains
ministres francophones du cabinet fédéral auraient
préféré avoir 60% ou 65% pour Quebecair; M. Pépin,
lui, voulait 40% pour le Québec et 40% pour l'Ontario. Est-ce que, dans
le
contexte d'un regroupement de deux transporteurs régionaux du
Québec et de l'Ontario, vous trouvez que c'était
déraisonnable de vouloir accorder une proportion de 40% à l'un et
40% à l'autre?
M. Bernier: Dans un premier temps, l'intérêt qui
avait été manifesté dans ce dossier par les investisseurs
du Québec, les trois: Hamel, Société d'investissement
Desjardins et Provost, c'était que pour nous, la consigne et l'objectif
à réaliser, c'était 50%. Toute proposition qui
était en bas de cela ne nous intéressait pas et on ne l'a pas
regardée. Aussi, on se disait: Si l'Ontario veut partager avec nous tous
les dossiers économiques qu'ils ont, on va peut-être regarder le
transport. Comment cela se fait-il que ce soit un principe de base, qu'on soit
obligé de garder les pourcentages pour la province voisine. Il y a bien
des choses qui ont été lancées avant nous et il y a bien
des entreprises qui font beaucoup d'affaires au Québec et on n'exige pas
que le capital-actions soit partagé entre les deux provinces. Alors,
notre approche était qu'on n'acceptait pas l'argumentation de
départ, étant donné qu'il y a 40% ou 50% dans l'Ontario,
qu'il faudrait donner 40% à 50% de nos compagnies. Les sièges
sociaux sont à Montréal, les emplois sont à
Montréal, l'économie est à Montréal, tout cela
à partir de là. Alors, on n'était pas prêt à
partager cela d'aucune façon à partir d'un raisonnement du
ministre fédéral des Transports. Il était très
enclin à donner une part du gâteau à l'Ontario.
On s'est dit: On va aller rencontrer les gens de l'Ontario dans
l'entreprise privée. On a établi les contacts avec les Plaxton et
avec les coopératives d'épargne et de crédit de l'Ontario.
On s'est dit: Si cela satisfait les exigences gouvernementales, on peut amener
des partenaires de l'Ontario et si ces deux-là ne font pas, on avait
déjà fait les démarches pour en avoir d'autres.
D'ailleurs, des contacts ont été faits dans ce sens.
Par la suite, on n'a jamais écarté de la SID, M. Hamel non
plus, la question d'une participation minoritaire d'Air Canada, ou même
plus importante au départ, à condition d'avoir une option de
racheter, parce qu'il y a un temps où on acceptait de descendre -je ne
pourrais pas dire exactement le pourcentage sans revenir à nos documents
-à la condition de pouvoir se rattraper sur une période de cinq
ans dans des options qu'on pourrait avoir pour devenir majoritaire, parce qu'on
croyait qu'Air Canada pouvait nous aider au niveau de l'expertise, au niveau de
la finance et au niveau du support à la gestion dans Quebecair.
On n'écarte pas du tout la possibilité de garder Air
Canada pour une partie, mais à condition que l'activité aboutisse
à un contrôle majoritaire québécois. On se donnait
de trois à cinq ans pour réaliser cela. Dans cette perspective,
quand M. Pépin est arrivé avec 40% Ontario, 40% Québec et
20% Air Canada, on l'a examinée à condition qu'on ait aussi une
possibilité d'option sur les 20%, parce que, autrement, la balance du
pouvoir ce n'est pas nous qui l'avons. On investissait des sommes
considérables dans les 40% et, à toutes fins utiles,
c'était l'entreprise qui investissait les 20% qui dirigait et qui
pouvait se mettre d'un côté ou de l'autre des deux
actionnaires.
M. Bourbeau: C'est eux qui détenait la balance du pouvoir,
comme on dit.
M. le Président, j'aimerais poser quelques questions à M.
Leblond qui est, je pense, le vice-président exécutif et
directeur général de Quebecair.
M. Leblond, avant de vous poser quelques questions, pourriez-vous vous
identifier et nous dire qui vous êtes, d'où vous venez, etc., pour
qu'on puisse vous situer un peu dans le portrait pour le bénéfice
de ceux qui ne vous connaissent pas.
M. Leblond (Ghislain): Mon nom est
Ghislain Leblond. Je voudrais corriger une impression que le ministre a
donnée. Je ne suis pas sans solde et je ne suis certainement pas en
congé par les temps qui courent. J'ai toujours le poste de sous-ministre
adjoint de la gestion financière. Le comité exécutif de
Quebecair m'a demandé de joindre les rangs parce que j'étais au
conseil d'administration de Quebecair depuis l'investissement du gouvernement,
le 24 juillet 1981. À la fin de mai 1982, le comité
exécutif a voté une révision, m'invitant à me
joindre comme vice-président exécutif, poste que j'ai l'honneur
d'occuper depuis ce temps.
M. Bourbeau: Alors, M. Leblond, vous êtes...
M. Leblond: Je ne sais pas si mes notes biographiques sont
suffisantes et complètes.
M. Bourbeau: On va expliciter un peu. Disons que vous
détenez, encore aujourd'hui, le titre de sous-ministre adjoint aux
Transports, n'est-ce pas?
M. Leblond: C'est cela, oui.
M. Bourbeau: Votre salaire est-il payé par Quebecair ou
par le gouvernement du Québec?
M. Leblond: Mon salaire de sous-ministre, quel qu'il soit - je ne
sais plus ce qu'il est - est payé par le gouvernement. J'ai une prime de
10 000 $ qui vient de Quebecair elle-même.
M. Bourbeau: Avez-vous d'autres...?
M. Leblond: Sauf que je pense que mon salaire n'est pas
facturé à Quebecair.
M. Bourbeau: Vous êtes payé...
M. Leblond: Donc, je suis payé par Quebecair.
M. Bourbeau: Vous êtes payé par le gouvernement et
le gouvernement facture à Quebecair pour vos services, n'est-ce pas?
M. Leblond: C'est cela. (16 heures)
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez d'autres avantages que la prime
dont vous venez de parler dans l'exécution de votre mandat?
M. Leblond: Je suis au conseil d'administration. J'ai donc des
jetons de présence que j'ai d'ailleurs coupés de 50%. Une voiture
est mise à ma disposition et sur laquelle je suis taxé à
60%.
M. Bourbeau: Vous êtes un sous-ministre adjoint aux
Transports et loué à Quebecair pour faire un travail depuis mai
1982. Vous êtes, en fait, l'officier sur place d'une façon
quotidienne pour administrer la compagnie. Vous êtes l'administrateur sur
place, le directeur général; donc c'est vous qui avez à
prendre des décisions quotidiennes.
M. Leblond, vous nous avez dit que vous avez été
nommé à Quebecair, en mai 1982, comme vice-président
exécutif; auparavant vous étiez sous-ministre adjoint aux
Transports. Depuis combien de temps êtes-vous sous-ministre des
Transports?
M. Leblond: J'ai été nommé sous-ministre
adjoint aux Transports en novembre 1980.
M. Bourbeau: Avant cette date, où étiez-vous?
M. Leblond: Si on y va à reculons, on va commencer par le
début.
Une voix: Votre école primaire.
M. Leblond: C'était à l'école
Dominique-Savio de Nazareth.
M. Bourbeau: Je pense qu'on peut passer la période de
l'adolescence.
M. Leblond: Au point de vue professionnel, de 1970 à 1974,
j'étais à la Banque du Canada; de 1975 à 1980, j'ai
été au Conseil du trésor du gouvernement du Québec.
J'ai fait six mois à SIDBEC, ensuite je suis revenu. J'ai
été sous-ministre adjoint des finances au ministère des
Transports.
M. Bourbeau: Donc, on peut dire que c'est votre première
expérience en matière de gestion de transport aérien. M.
Leblond, est-ce que vous pourriez nous décrire la situation
financière de Quebecair, aujourd'hui, au 1er mars 1983? Je sais que la
question est vague, mais on vous laissera quelques minutes, si vous voulez,
pour nous en parler.
M. Leblond: Je pense que la situation est sensiblement la
même. Enfin, elle s'est détériorée,
évidemment, depuis le 31 décembre 1982 étant donné
la situation de menace de faillite qui pèse sur nous, ce qui n'est pas
de nature à nous aider. Est-ce que je peux référer les
membres de cette commission aux états financiers au 31 décembre,
au bilan consolidé de Quebecair? Je pense que la première
constatation qu'on peut faire, c'est que Quebecair avait des actifs à
court terme, au 31 décembre 1982, de 12 951 000 $, un passif à
court terme de 37 855 000 $. Les 37 855 000 $ comprennent les 7 154 000 $
d'avances du gouvernement. Ce que vous voyez à la troisième ligne
comme emprunt à demande de la compagnie mère, celle-ci
étant le 1848 qui prend ses fonds du gouvernement. Cela comprend
également les 4 000 000 $ dus à la caisse de dépôt
et inclus à l'intérieur des 7 447 000 $, versement sur la dette
à long terme.
M. Bourbeau: J'aimerais vous poser une question là-dessus.
Vous dites: Je pense. Moi, j'ai l'impression que les 4 000 000 $ ne sont pas
compris dans cette somme. Est-ce qu'on pourrait le vérifier...
M. Leblond: M. Bourbeau, c'est compris.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait le vérifier
auprès du trésorier?
Une voix: Oui, absolument.
M. Bourbeau: II est compris dans les 7 000 000 $.
M. Leblond: Mais comment pourriez-vous - ce sont des états
vérifiés - ne pas inclure les 4 000 000 $?
M. Bourbeau: Écoutez, prenez un autre poste. Je ne sais
pas. Je vous pose la question. Vous dites: Je pense. Alors j'aimerais bien
qu'on soit sûr. Si vous dites que vous êtes sûr, il n'y a pas
de problème.
M. Leblond: Je vous dis que je suis sûr. D'accord?
M. Bourbeau: Parfait.
M. Leblond: Ce n'est pas pour rien que j'ai pris la peine de vous
donner ces précisions. Je savais qu'elles étaient là et
que vous poseriez la question. Je sais que vous êtes un fin analyste
financier. Ce qui laisse donc un fonds de roulement déficitaire de 27
000 000 $ au 31 décembre 1982. La dette à long terme est de 73
700 000 $. Il y a donc un passif à long terme de 111 700 000 $ contre
des actifs de 94 000 000 $, ce qui vous donne donc un avoir des actionnaires
négatif de 17 735 000 $ au 31 décembre 1982. Vous m'avez
posé la question au 28 février, en date d'aujourd'hui.
Évidemment, les états n'ont pas été
vérifiés à ce niveau-là. On a perdu environ 2 800
000 $, ce qui porterait l'avoir des actionnaires déficitaire de 20 500
000 $ en date d'aujourd'hui, sous réserve de vérification.
Si on passe à la page 2 des états financiers, on peut
constater que la perte nette totale de l'année d'exploitation a
été de 27 749 000 $. On constate qu'il y a une diminution des
revenus...
M. Bourbeau: Est-ce qu'il n'y a pas là une erreur, M.
Leblond? Je ne veux pas jouer au fin analyste financier, mais vous avez dit que
votre perte d'exercice en 1982 était de 27 749 000 $; est-ce que vous
n'exagérez pas un peu?
M. Leblond: Je m'excuse, je voulais dire 21 749 000 $. Alors, si
on regarde - je ne sais pas si vous voulez aller dans ces détails - les
revenus d'exploitation, ils ont baissé de 6 000 000 $ par rapport
à l'an passé, alors qu'ils se situaient à 90 000 000 $.
Aujourd'hui, ils sont à 84 000 000 $. La cause est essentiellement
attribuable à l'arrêt de Vacances-Quebecair, qui n'a
fonctionné que 5 mois cette année.
Quant aux frais d'exploitation, ils sont restés sensiblement les
mêmes. La grosse différence est évidemment au niveau des
intérêts à payer sur la dette à long terme;
c'était de 12 000 000 $ au lieu de 5 000 000 $, donc un écart de
7 000 000 $ à ce niveau. Il y a des corrections aux livres; on a
nettoyé les états financiers de tout ce qui pouvait
traîner, pour 2 700 000 $. Vous avez également une perte sur
disposition d'actif qui totalise 1 000 000 $. Alors, ce qui vous amène
une perte avant résultat, dans une compagnie affiliée, de 21 558
000 $ et une perte totale nette de 21 749 000 $.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Toujours M. Leblond ou son collègue M. Howison, il y a certains
postes ici qui peuvent être - si vous avez les documents qui vous
permettent de les soutenir, on pourrait regarder cela assez rapidement...
À titre d'exemple, vous parlez de redressement, de nettoyage des livres,
de radiation des coûts de formation et frais de mise en oeuvre, pour
près de 3 000 000 $. De quoi s'agit-il précisément,
à ce moment-ci? Est-ce que c'est relié à l'abandon de
l'exploitation de certains avions qui avaient été
commandés et pour lesquels les gens avaient été
formés, des choses comme ça?
M. Howison (Jean-Pierre): En partie oui, sur les frais
d'entraînement de pilotes de 737 effectivement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De 737 qui n'ont pas
été mis en service, je pense bien.
M. Howison: Oui, ils sont en service. Par contre, les
données financières qu'on a inclues pour l'année 1983
prévoient que cela fonctionne sur une base de cinq BAC plutôt que
deux 737 et trois BAC, de sorte que, quand on fait les données
financières de base, si on ne prévoit pas employer un certain
type d'appareil pour lequel il y a eu des frais d'entraînement de
pilotes, on le radie simplement parce que ça n'a pas de portée
dans l'avenir.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est comme ça que
ça se distingue des états financiers des années
antérieures, où vous capitalisiez ces frais de formation pour
ensuite les amortir sur le nombre d'heures de vol.
M. Howison: Oui, c'est ça, sur une certaine période
donnée.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Pendant qu'on est dans le nettoyage, est-ce que je peux reculer
peut-être d'un an? Je remarquais, dans les notes sur les états
financiers de l'an dernier, au 31 décembre 1981, toujours à
l'égard d'un appareil, que le solde du déficit de Quebecair avait
été redressé à la baisse de 1 500 000 $. J'essayais
de me retrouver, à savoir de quel avion il s'agissait. Est-ce que
c'était l'avion qui avait été vendu 2 000 000 $ et
racheté 2 000 000 $ en 1979 ou 1980, à l'égard duquel il
avait été question de le vendre, puis, éventuellement, de
le garder. Si oui, à quelle valeur? J'essaie de faire le portrait, le
voyage comptable de cet avion d'une façon plus particulière, si
on parle toujours du même. On a nettoyé les livres l'an dernier de
1 500 000 $. Il avait été surévalué, si je
comprends bien, de ce montant. Est-ce qu'il s'agit toujours du BAC qui avait
été vendu et racheté ou s'il s'agit d'un tout autre
appareil?
M. Hamel: Je connais une partie de l'histoire à laquelle
vous faites allusion. Il s'agit sans doute de la vente d'un BAC 1-11 à
l'automne 1979, alors que déjà nous avions loué deux
Boeing 737 pour une période de six mois, afin de préparer
l'arrivée des deux premiers avions achetés pour Quebecair et qui
devaient être livrés en mai et juin 1980. À ce
moment-là, on avait commencé à sortir le premier BAC 1-11.
Ensuite, nous l'avions reloué pour quelques mois. Nous nous
étions donné jusqu'au mois de septembre, alors que nos deux
premiers Boeing 737 devaient être déjà dans la flotte. La
pratique d'utiliser les deux avions était déjà vieille de
quelques mois. Par la suite, nous avons décidé de garder l'avion
plus longtemps. Finalement, nous l'avons racheté. Quand vous parlez du
BAC 1-11, c'est cela l'histoire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est celui-là.
M. Hamel: Maintenant, si vous référez à une
surévaluation de 1 500 000 $ quelque part, à mon avis, c'est
autre chose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est manifestement autre
chose, mais est-ce qu'il s'agit toujours du même avion?
M. Hamel: Est-ce que vous avez les mêmes dates?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les états financiers de
1981 font état, à la note 13, du redressement d'un solde de
déficit qui, dans les états financiers de l'année
précédente, le 31 décembre 1980, se chiffrait à 1
200 000 $. Ce solde de déficit a été augmenté de 1
500 000 $, représenté majoritairement, à 95%, par le
redressement de la valeur d'un avion de type BAC 1-11, afin de le
présenter à son prix coûtant moins l'amortissement
accumulé s'y rapportant, à la suite d'une décision du
conseil de conserver l'appareil. Est-ce toujours le même?
M. Hamel: Ah oui! C'est la même chose. C'est le même
avion.
M. Clair: C'est de cela dont il s'agit.
M. Hamel: Oui. À mon avis, c'est de cela dont il
s'agit.
M. Clair: Ce n'est pas deux fois le même appareil?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, non. Je comprends que ce
sont deux transactions différentes...
M. Hamel: Oui, différentes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...mais touchant toujours le
même appareil. M. Hamel: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un appareil qui, en 1980, se
promenait de part et d'autre - en réalité, à la fin de
l'année 1979 - a été vendu 2 000 000 $. Il a
été loué 25 000 $ ou 26 000 $ par mois pendant six mois.
Il a été racheté pour 2 000 000 $, toujours par Quebecair.
Il a été entré aux livres pour une valeur qu'on ignore et
que vous pourriez peut-être préciser. Mais quelle qu'ait
été la valeur à laquelle il a été
entré aux livres, elle était manifestement de 1 415 000 $ trop
élevée. C'est cela? En termes comptables?
M. Hamel: Oui, l'avion a été entré aux
livres, à ma connaissance, à la même valeur
dépréciée que les autres BAC 1-11 avaient dans les livres
de la compagnie, afin de garder une consistance.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et les états financiers
ont éventuellement été nettoyés afin d'assigner une
valeur aux livres qui reflète la valeur réelle, ou de
réalisation éventuelle?
M. Hamel: Dans ce temps-là, oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À ce moment-là,
en 1980.
M. Hamel: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Toujours dans l'état des résultats de l'exercice de 1982,
il y a un poste qui ne paraît pas important comme tel, qui est celui de
la participation dans les états d'une compagnie affiliée, une
perte nette de 191 000 $. Si on se réfère aux notes des
états financiers, où, en général, on retrouve un
peu plus de renseignements, il s'agirait d'une filiale dans laquelle Quebecair
possède la moitié des actions. C'est cela?
M. Leblond: C'est cela, oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II s'agit de Propair sans
doute?
M. Leblond: Oui, c'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À l'égard de
laquelle les états financiers donnent des détails quant à
la valeur du placement à des fins comptables dans Propair. Dans les
états financiers de 1982, à la note 4, page 6, on lit: Actions
ordinaires à la valeur de consolidation de 642 000 $, d'une part, qui
est évidemment de 191 000 $ moins élevé que l'année
précédente, les 191 000 $ représentant la moitié,
je
présume, d'une perte d'environ 380 000 $. C'est ainsi que vous le
comptabilisez? Propair aurait perdu près de 400 000 $ l'an dernier. La
part de votre perte est d'environ 200 000 $, c'est cela?
M. Howison: C'est cela. (16 h 15)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Par ailleurs, toujours sur
notre carte sur les placements, on voit que Quebecair a fait des avances durant
1982 de 405 000 $ à sa filiale et a donc, manifestement,
subventionné la totalité de la perte de Propair et je me
demandais en vertu de quel principe l'actionnaire à 50% est en train de
financer la perte entière pour l'année écoulée.
Est-ce qu'il y a des ententes entre actionnaires qui prévoient cela?
Est-ce une pratique administrative? Est-ce qu'il y a un engagement formel ou
non de la part de Quebecair d'assumer les pertes de Propair?
M. Leblond: Non, il y a un engagement en vertu d'une entente
entre actionnaires qui prévoyait que Quebecair devait racheter cette
année... Vous me permettez de référer à mes
notes?
M. Hamel: 350 000 $.
M. Leblond: ...350 000 $ d'actions privilégiées.
C'est en vertu de l'entente de juin 1980 ou 1981 signée entre les
actionnaires.
M. Hamel: Au début. M. Leblond: Au
début.
M. Bourbeau: Je m'excuse, les 350 000 $ dont vous parlez, est-ce
le montant qui correspond à la subvention gouvernementale de 350 000 $
également qui a été accordée à Propair pour
les services de Québec Aviation, je crois? Est-ce que cela a trait
à ça ou pas du tout?
M. Leblond: Je ne sais pas à quoi vous
référez. C'est en vertu du contrat initial de coparticipation
entre Quebecair, d'une part, et les autres partenaires dans Propair, à
savoir que Quebecair devait, un an après le "closing" final qui a
effectivement eu lieu au mois de juin 1981, dans les 365 jours qui suivaient,
acheter pour 350 000 $ d'actions privilégiées de Propair. Je ne
sais pas s'il y a eu une subvention, du moins je ne suis pas en mesure de
répondre.
M. Bourbeau: C'est parce qu'il y avait eu une subvention du
gouvernement du Québec de 350 000 $ lors de la fusion qui a
créé Propair et je me demandais si...
M. Clair: II n'y a eu, M. le Président, aucune
participation additionnelle à Propair à celle du 27 novembre
1980.
M. Bourbeau: Oui, mais il y avait quand même à ce
moment-là une subvention de 350 000 $ qui était accordée
à Propair...
M. Clair: 3 000 000 $ ont été investis en actions
privilégiées par le ministre des Transports dans la nouvelle
compagnie Propair qui a été formée à ce
moment-là, en novembre 1980. À ma connaissance, il n'y a pas eu
d'autre intervention financière du gouvernement du Québec dans
Propair depuis ce temps.
M. Bourbeau: Je voudrais signaler au ministre que s'il regarde le
décret qui concerne l'investissement du gouvernement dans Propair, en
plus des 3 000 000 $ dont le ministre parle et dont il dit que c'est le seul
montant, i! y a également deux autres sommes qui totalisent 800 000 $.
Il y avait une subvention de 350 000 $ en même temps que la souscription
de 3 000 000 $ et il y avait également un engagement du gouvernement du
Québec de subventionner à raison de 150 000 $ par année
pendant trois ans le déficit des activités de Propair, ce qui
fait que le total de la subvention gouvernementale, en fait l'investissement
gouvernemental, est de 3 800 000 $ dont 350 000 $ ont été
payés comptant puisqu'il y avait les 3 000 000 $ d'actions
privilégiées et la subvention payable comptant. Après
cela, il y avait les 150 000 $ par année. Dans ces conditions...
M. Clair: M. le Président...
M. Bourbeau: M. le ministre, si vous le permettez...
M. Clair: Oui, c'est juste pour des renseignements.
M. Bourbeau: Dans ces conditions, comme il y avait 350 000 $ en
plus des 3 000 000 $, je me demandais si cela correspondait au chiffre de 350
000 $ dont on parle maintenant.
M. Clair: Malheureusement, je n'étais pas là
à ce moment-là, M. le Président, mais - d'ailleurs le
député a peut-être le décret avec lui, j'aimerais
l'avoir car, malheureusement, c'est un document qu'on n'a pas jugé
à propos de mettre dans le gros cahier vert - on m'indique que les 350
000 $ ont servi à un achat d'actifs de Air Brazeau, à ce
moment-là. Si on lit le décret au complet, les 150 000 $ de
subvention étaient conditionnels à ce que la ligne vers Fort
Rupert soit octroyée.
M. Bourbeau: Les 350 000 $
concernaient non pas Air Brazeau, mais Québec Aviation...
M. Clair: Québec Aviation, qui a donné suite
à Air Brazeau.
M. Bourbeau: ...et se rapportent aux activités de la
compagnie dans le Nord-Ouest. Alors, cela n'a pas de relation avec les autres
350 000 $ dont vous parlez?
M. Leblond: Non, c'est en vertu de l'entente originale entre
actionnaires.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Toujours dans les notes des états financiers de 1982, dans la
dette à long terme, en ce qui concerne les versements exigibles à
court terme, vous avez mentionné tout à l'heure les 4 000 000 $
de la caisse de dépôt. Nos derniers renseignements étaient
qu'ils étaient remboursables le 31 décembre ou le 30
décembre, selon les dires du ministre des Finances à
l'Assemblée nationale, vers la fin de la session d'hiver, avant les
fêtes. Je remarque qu'il est toujours aux livres, le 31 décembre.
Il a été renouvelé. Il vient à
échéance en février 1983. Février 1983 est fini
depuis hier. Est-ce que le billet est toujours en date du 1er mars
1983 dans les états de la dette à court terme de Quebecair?
M. Leblond: Le billet a été renouvelé
jusqu'au 26 avril 1983, date à laquelle on espère que le sort de
Quebecair aura été heureusement réglé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On se souvient qu'en
assemblée il était question des termes de ce prêt qui
comportait, à titre d'intérêt, le taux
préférentiel bancaire plus 1,5% ou 1,75%. Je voudrais savoir
à quel taux le renouvellement pour janvier et février a
été fait parce que cela est présenté d'une
façon un peu différente. Il s'agit d'un billet à escompte.
On n'a pas les termes. Il devient un peu compliqué de calculer le
rendement.
M. Leblond: J'ai certaines photocopies que je pourrais faire
distribuer. Je peux vous dire très simplement que du 29 décembre
au 28 février, il a été renouvelé à 14,75%
et du 28 février au 26 avril, à 14%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Une dernière question qui traite des notes. Je mets en
regard trois notes distinctes pour les états financiers et j'essaie de
comprendre si à la simple lecture des notes on sait qui est le principal
actionnaire de Quebecair et qui le contrôle. Je vous réfère
donc à la note 11 qui fait état des débentures
émises et en cours à l'égard desquelles il y a un litige -
dans lequel je n'entrerai pas. On voit la dernière affirmation à
la page 10 selon laquelle les dirigeants de la compagnie croient que le
contrôle de la compagnie n'a pas été modifié et
considèrent que les remboursements de débentures devraient
s'effectuer en accord avec l'échéancier originalement
établi. C'est la première affirmation.
Par ailleurs, aux notes 2 et 15, on voit des affirmations qui traitent
plutôt du caractère de principal actionnaire comme étant
pertinent à l'évaluation de certains rapports, d'abord quant aux
transactions avec des sociétés apparentées. La note 15 dit
que dans le cadre de son exploitation courante, Quebecair effectue des
activités avec des apparentés à savoir le gouvernement du
Québec, principal actionnaire de la compagnie mère. On assimile
donc Quebecair à ce moment-ci à une société d'Etat
dans le libellé de ces notes. Par ailleurs, on retourne à la note
no 2 qui est la reprise d'une note qu'on a vue l'an dernier. C'était la
première fois dans les états financiers de 1981 que la maison
d'experts-comptables, que les vérificateurs se sentaient obligés
de parler de présomption de permanence de l'entreprise, ce qui est
extrêmement ennuyeux quand on doit traîner cela dans les notes. Ils
mentionnent cette fois-ci que la permanence de l'entreprise dépend de
l'appui financier continu et garanti requis par la compagnie mère et ils
ajoutent en 1982 son principal actionnaire. Qui est le principal actionnaire,
selon vous, de Quebecair, la compagnie mère? 18487199 Québec
Inc?
M. Leblond: La réponse est assez claire. Les actionnaires
privés contrôlent 100% des actions ordinaires. Le gouvernement,
par son investissement de 15 000 000 $ possède 100% des actions
privilégiées, ce qui lui donne 84% de l'équité
totale de 1848.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans ce sens-là, le
gouvernement du Québec est le principal actionnaire de Quebecair.
M. Leblond: Le principal bailleur de fonds de Quebecair.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Bailleur de fonds oui, mais on parle de principal actionnaire. Un
actionnaire n'est pas un bailleur de fonds. La caisse de dépôt est
un bailleur de fonds à l'heure où on se parle même si cela
est garanti par le gouvernement ou comme d'autres intérêts
privés pourraient l'être. Ce que j'essayais de voir avec vous,
c'est si cela vaut le peine de creuser la différence entre le rôle
du principal actionnaire et celui de l'actionnaire qui contrôle et si,
selon vous, nous sommes dans une situation où il y a des
intérêts qui peuvent être divergents lorsqu'il y a un
actionnaire principal d'une part qui vous identifiez comme étant
le gouvernement du Québec alors que le contrôle n'a jamais
changé selon les états financiers mêmes et, effectivement,
selon le lieu, le situs de l'exercice des droits de votes majoritaires quant
aux actions ordinaires.
M. Clair: Si le député de Vaudreuil-Soulanges est
intéressé à avoir, je dirais, la version juridique de
cela, il y a Me Jean Guy qui est à la table avec les gens de Quebecair
et qui pourrait fournir certaines explications s'il le juge à propos
concernant les différences entre le principal actionnaire et les actions
de contrôle de Quebecair. Je lui fais l'offre s'il le désire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II me fait une offre que je
décline avec le même plaisir que le ministre l'a faite. Je voulais
simplement entendre, de la part de M. Leblond, des explications sur
l'utilisation des affirmations qu'on retrouve dans les notes aux états
financiers afin de faire ressortir qu'il y a un actionnaire principal qui a mis
des millions de dollars, mais il y a également dans la structure
corporative un actionnaire qui contrôle. Ou, à tout le moins, ce
qu'on peut conclure simplement en regardant les états financiers, c'est
que ce n'est pas l'actionnaire principal qui contrôle, même si
c'est le sous-ministre du ministère des Transports qui est le
vice-président exécutif.
Quant à la façon dont - pour y revenir - il y a des
bailleurs de fonds, M. Leblond l'a mentionné lui-même. J'ai pris
comme exemple la caisse de dépôt comme bailleur de fonds. Est-ce
qu'en l'absence de M. Campeau, étant donné qu'on a une des deux
parties à l'emprunt ou aux prêts, selon le point de vue où
on se place, M. Leblond est-il disposé à nous expliquer comment
se sont déroulées les négociations avec la Caisse de
dépôt et placement du Québec quant à la provision
éventuelle d'un prêt de 4 000 000 $ par la Caisse?
M. Leblond: Oui, j'aimerais rappeler aux membres de la commission
que le premier billet a été signé le 21 juillet 1982. Avec
les états financiers et les résultats de l'année que je
vous ai décrits tout à l'heure, je pense que vous pouvez
facilement imaginer que dès juillet 1982, on avait des problèmes
de fonds de roulement très sérieux - il nous fallait 4 000 000 $
du 21 juillet jusqu'au 1er novembre, date à laquelle le gouvernement a
commencé à nous supporter directement - on avait besoin de 4 000
000 $. Il était évident qu'à la face même des
états financiers que nous avions qu'il n'y avait pas moyen d'emprunter
sans garantie gouvernementale. La raison pour laquelle je suis allé
à la caisse de dépôt - je ne voulais pas vous l'exprimer
différemment - c'est que si j'étais allé à la
banque qui nous finance habituellement ou tout autre créancier, ils
auraient non seulement exigé une garantie sur les 4 000 000 $, mais une
garantie sur tous les autres emprunts qu'ils nous avaient consentis auparavant.
Ce que je voulais éviter en allant à la Caisse de
dépôt, c'est que le gouvernement ait à étendre ses
garanties à tous les emprunts qui existaient à Quebecair. C'est
la raison pour laquelle je suis allé à la caisse de
dépôt. En fait, la raison pour laquelle j'ai cherché une
alternative aux banques commerciales usuelles. La façon dont cela s'est
déroulé, c'est que j'ai tout simplement pris le
téléphone, j'ai appelé la caisse de dépôt et
je lui ai demandé si, à l'intérieur de son statut,
c'était possible. On m'a dit oui. J'ai demandé quel genre de
garantie il lui fallait. On s'est entendu sur un libellé qui a
été accepté par le ministre des Finances...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...par intérim...
M. Leblond: ...par intérim et qui s'appuyait sur une
décision du Conseil des ministres tout simplement et cela a
été renouvelé par la suite. Alors, cela a
été fait simplement. Je n'ai pas fait de pressions d'ailleurs sur
comment et qui suis-je pour ne pas faire de pressions sur la caisse de
dépôt et je n'ai demandé à personne d'en faire non
plus pour moi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant aux gens, à la ou
les personnes auxquelles vous avez parlées à la caisse de
dépôt, je présume qu'il s'agit de gens en particulier ou
simplement de la personne qui répond: "Caisse de dépôt"
lorsqu'on téléphone à cet endroit. C'est ce que votre
réponse laisse soupçonner. (16 h 30)
M. Leblond: II semble que cela ait commencé comme cela,
car la téléphoniste a dit: "Caisse de dépôt".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et après?
M. Leblond: Évidemment, de par ce que je mentionnais tout
à l'heure à M. Bourbeau qui semble déplorer le fait que je
n'aie pas vécu dans l'aviation tellement longtemps quoique je...
M. Bourbeau: Excusez, M. le Président, je n'ai jamais
déploré le fait que vous n'ayez pas été dans
l'aviation avant 1982, j'ai seulement demandé si vous aviez une
expérience préalable et je n'ai émis aucun commentaire
favorable ou défavorable.
M. Gauthier (Paul): Vous l'avez souligné
tristement.
M. Bourbeau: Je vous suggérerais de dire les fait tels
qu'ils sont, s'il vous plaît!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Rodrigue: D'ailleurs, M. le Président, si on devait
reprocher à M. Leblond...
Une voix: De quoi parle-t-il?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Rodrigue: ...je suis sûr qu'on pourrait faire le
même reproche à M. Bourbeau qui est député depuis
peu lui aussi. Finalement, chacun ses expériences antérieures et
chacun ses activités actuelles.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M.
Leblond, vous pouvez...
M. Clair: II prétend pouvoir faire mieux que ceux qui
l'administrent...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre s'il vous
plaît! M. Leblond, si vous voulez continuer.
M. Leblond: D'accord. Je promets de faire amende honorable et de
garder mes commentaires humoristiques pour moi à l'avenir.
M. Bourbeau: Excellente idée.
M. Leblond: Donc, j'ai eu le bonheur de travailler à la
Banque du Canada pendant quatre ans. Or il arrive que plusieurs personnes
à la caisse de dépôt étaient des anciens de la
Banque du Canada que j'ai connus et qui sont en charge; donc, je les connais
personnellement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que vous nous feriez le
plaisir de nous faire part des noms des gens que vous connaissiez
personnellement et avec lesquels vous vous êtes si bien entendu en
l'occurrence?
M. Leblond: Je dois vous dire... Ce que je peux vous dire, c'est
que le type avec lequel je transige - je ne vous dis pas que c'est lui qui peut
autoriser les choses - est un M. Sauvageau qui est à... Je ne connais
pas son titre exactement. C'est avec lui que... Le premier contact qui s'est
fait entre lui et moi et le reste s'est déroulé entre M. Howison
et M. Sauvageau et son assistant.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, peut-être que M.
Howison aimerait compléter, dans ce cas, le commencement de
réponse que vous venez de fournir.
M. Howison: Oui, effectivement, le contact a été
fait par M. Leblond et je suis entré dans le jeu par après et je
ne me rappelle pas exactement avec qui j'ai transigé, mais
c'était beaucoup plus à l'état de mécanique quand
je suis intervenu.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Tout à l'heure, M.
Leblond, à titre de commentaire à votre réponse, j'admets
facilement que dans ce genre de partie, ce jeu, on appelle les gens qu'on
connaît dans les institutions qui peuvent nous donner un coup de main. Je
n'y vois pas de sombre complot ou quoi que ce soit. J'essayais simplement
d'établir la trame des événements et, manifestement, c'est
M. Howison qui fut particulièrement chargé de l'administration
financière de Quebecair qui a donné suite...
M. Leblond: II reste clair, M. Johnson, pour le
bénéfice de la commission, que c'est moi qui ai établi les
premiers contacts et c'est moi qui ai demandé les conditions auxquelles
on accepterait. On m'a dit que cela prendrait une garantie gouvernementale qui
devrait être libellée de telle ou telle façon.
Évidemment, dans mes tâches, les relations avec le gouvernement,
vous comprendrez, me reviennent et j'ai cheminé avec le gouvernement
tout simplement. Il reste que c'est clairement moi qui ai établi les
premiers contacts et la mécanique a été faite avec M.
Howison.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Comme vous dites, c'est parce que vous soupçonniez que,
de toute façon, tel prêteur exigerait la garantie du
gouvernement.
M. Leblond: De toute évidence, écoutez...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous ne vouliez pas, par
ailleurs - vous l'avez mentionné - étendre à
l'égard d'autres prêts déjà en cours chez d'autres
prêteurs, une obligation possible pour le gouvernement de garantir
l'ensemble des prêts déjà en cours. Ces garanties, sous
forme de lettres de confort comme le veut le libellé traditionnel,
existaient quand même déjà à l'égard de
certains engagements de Quebecair envers d'autres prêteurs.
M. Leblond: C'est cela. Puisqu'on est au niveau des banques, la
banque avec laquelle on fait affaire de manière régulière
est la Banque impériale de commerce. Notre marge bancaire est de 3 500
000 000 $ et nous avons d'autres prêts et d'autres... Dans
le cours normal des affaires, vous avez certaines garanties à
faire que la banque va vous émettre auprès d'autres fournisseurs,
etc. Je pense que pour employer un terme bien français, notre
"exposure", au niveau de la Banque de commerce, se situe entre 10 000 000 $ et
12 000 000 $. Enfin, il y a le toit et il y a une partie d'un Bac.
Pour ce qui est de la première lettre de confort qui est sur la
marge de crédit, si on regarde les états financiers, nous croyons
que la banque est très bien protégée puisqu'elle vient en
premier lieu et que les actifs à court terme sont largement suffisants
pour couvrir la marge bancaire en tant que telle. Cela aurait pu poser certains
problèmes. Notre crainte était que si on demandait 4 000 000 $
additionnels, on demande de garantir les 4 000 000 $ plus les 12 000 000 $,
enfin, les 9 000 000 $ qui n'étaient pas couverts.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une dernière question.
Quand on regarde le bilan, vous avez fait état du fonds de roulement
négatif, évidemment. Vous faites état de l'ampleur de la
dette et de l'équité qui ne semble pas suffisante. On a
parlé des problèmes de sous-capitalisation de
Quebecair. On regarde le déficit accumulé comme tel, on
regarde les échéanciers. Les chiffres sont très gros. Les
échéanciers des trois ou quatre prochaines années sur les
versements annuels quant à la dette qui finance carrément les
immobilisations que vous avez achetées ou alors les paiements auxquels
vous vous êtes engagés en vertu de contrats de location
d'appareils de toutes sortes... Dès cette année, on parle de 10
500 000 $ que vous devez acquitter; l'année prochaine, 5 000 000 $, 8
000 000 $, 9 000 000 $, 9 500 000 $, 10 000 000 $. Ce sont des chiffres
considérables qui, dans chaque cas, si on regarde les états
financiers récents, laissent supposer que la note, quant à la
dette à long terme, devra connaître des
réaménagements considérables. J'essaie seulement de voir
avec vous quel genre de marge de manoeuvre
Il existe, à votre sens, dans le réaménagement des
actifs ou de la dette, ou des deux, ou des exploitations comme telles de
Quebecair, pour pouvoir respecter des échéances très
proches et très considérables, quand on regarde les états
financiers tels qu'ils sont aujourd'hui.
M. Leblond: Je m'excuse, M. Johnson, on m'a glissé quelque
chose à l'oreille et j'ai manqué une partie de la question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous en prie. C'est que je
regarde le "snapshot", comme on dit, du 31 décembre et je constate que
le fonds de roulement est déficitaire, je constate le déficit
accumulé et une sous-capitalisation, si on regarde le reste de
l'industrie; c'est une base comparative. Je regarde les échéances
que vous devrez respecter très prochainement à un rythme de 1 000
000 $ par mois au moins, simplement à titre de remboursement de divers
emprunts, de divers baux ou de contrats de location. Quelles sont les
perspectives d'ici au 26 avril, date que vous avez mentionnée, pour
remettre de l'ordre là-dedans? C'est-à-dire que je recherche
essentiellement, je ne veux pas rouvir - ce sera plus tard - tout le
débat sur l'avenir comme tel de Quebecair, mais, à très
court terme, parce qu'on a les états financiers devant nous, on a des
échéances précises devant nous, que croyez-vous que
Quebecair peut faire assez rapidement pour se sortir de cette mauvaise passe
économique et financière?
M. Leblond: Premièrement, je pense qu'à même
les avances du gouvernement, on a l'équité suffisante pour se
rendre jusqu'aux dates que vous mentionnez. Évidemment, nous travaillons
très activement à vendre un avion, l'avion Dash 17 auquel
référait M. Hamel. Nous aimerions, tel que proposé et tel
qu'inclus dans la proposition faite à Air Canada - je pense qu'elle est
reproduite dans le livre vert - nous aimerions louer les avions pendant deux ou
trois ans de façon que ces avions s'autofinancent, ou à peu
près.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Clair: Si le député me le permet, je voudrais
seulement indiquer à mes collègues de l'Opposition que cela fait
maintenant une heure qu'ils ont la parole et, dans la mesure où on
voudrait faire une répartition... Je sais que le député a
encore des questions sur les états financiers; on a avantage à
poser toutes les questions sur un même sujet en même temps. Est-ce
que d'autres...
M. Bourbeau: Deux questions.
M. Clair: II n'y en a pas pour longtemps.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, les
état? financiers.
M. Bourbeau: Je ne tiens pas à prendre la parole à
ce moment-ci, mais le président me dit qu'il aimerait peut-être
qu'on en termine avec les états financiers. J'aurais simplement, M.
Leblond, quelques questions sur les notes au bilan. Au point 4, les placements,
vous avez les 50% des actions que Quebecair détient dans Propair. Il y a
également les actions privilégiées au coût... Vous
nous avez dit, tout à l'heure, ce
que c'étaient les actions dans Propair. Les avances, c'est
également à Propair, si je comprends bien: 405 000 $. Il y a les
actions non cotées au coût. Est-ce que vous pourriez nous dire ce
que sont ces actions? il y a pour 46 000 $ d'actions non cotées. Ce sont
des actions d'une compagnie d'aviation ou quoi?
M. Leblond: Je dois vous avouer, M. Bourbeau, que les 46 000 $
sur l'ensemble n'ont pas attiré mon attention.
M. Bourbeau: Peut-être que le directeur des finances
pourrait nous dire de quoi il s'agit?
M. Leblond: Écoutez, est-ce qu'on peut vérifier et
vous apporter la réponse un peu plus tard?
M. Bourbeau: Oui, sûrement. D'accord. Un peu plus loin...
Peut-être que M. Bernier a la réponse? Vous n'avez pas la
réponse? M. Hamel? M. Bernier? Non? A la note no 9, on parle d'un
montant de 11 400 000 $. Si je comprends bien, c'est le montant de l'avance du
gouvernement du Québec, les fonds propres du gouvernement du
Québec, l'espèce de marge de crédit dont le ministre nous
a parlé à quelques reprises en Chambre. Est-ce que c'est exact?
Est-ce le montant?
M. Leblond: C'est le total des 7 400 000 $ plus les 4 000 000 $
de la caisse de dépôt. D'accord?
M. Bourbeau: En date d'aujourd'hui, ce montant se situe à
quel chiffre?
M. Leblond: Les avances du gouvernement sont de 11 400 000 $.
À la fin du mois de mars, on évalue que les avances du
gouvernement seront de 11 400 000 $.
M. Bourbeau: C'est assez mêlant, parce que le chiffre qui
est là est également de 11 400 000 $ et vous nous dites que c'est
aujourd'hui 11 400 000 $...
M. Leblond: Si vous additionnez la caisse de dépôt,
cela fait 15 400 000 $.
M. Bourbeau: Cela fait 15 400 000 $, d'accord. Alors 15 400 000
$, c'est le total du prêt de la caisse de dépôt et des
avances du gouvernement du Québec à Quebecair depuis juillet
1982, n'est-ce pas? Depuis le mois juillet?
M. Leblond: C'est cela.
M. Bourbeau: Le 21 juillet 1982.
M. Leblond: C'est cela.
M. Bourbeau: Est-ce que l'avance gouvernementale n'avait pas
été plafonnée à 11 000 000 $? Je ne veux quand
même pas commencer à couper les millions en deux. Mais, M. le
ministre, il était question, en Chambre, d'un maximum de 11 000 000 $
que le gouvernement s'était engagé à avancer à
Quebecair. Là, il y a 11 400 000 $.
M. Clair: Je pense, si ma mémoire est fidèle, que
le décret prévoyait effectivement 11 400 000 $.
M. Bourbeau: Ah bon! Alors il y aurait 400 000 $ de plus.
M. Clair: C'est bien cela, M. Leblond, 11 400 000 $?
M. Leblond: Oui, on m'a avancé l'argent qu'on était
autorisé à avancer. On étire la sauce, évidemment,
pour aller le plus loin possible.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne voudrais pas abuser de
la bonne foi de mes collègues. Alors, je suis prêt à cesser
les questions sur les bilans de Quebecair à ce moment-ci.
Le Président (M. Boucher): Merci. Monsieur...
M. Bernier: M. le Président, à la réponse de
la question de M. Bourbeau... la compagnie, sur les 46 000 $.
M. Bourbeau: Les actions non cotées?
M. Bernier: Ce sont des actions que la compagnie a dans un
condominium à Montréal. Elle a 50% des actions d'un
condominium.
M. Bourbeau: 50% des actions d'un condominium à
Montréal?
M. Bernier: C'est un tiers, excusez.
M. Bourbeau: Un tiers des actions d'un condominium. Est-ce qu'on
pourrait avoir des détails sur ce placement de Quebecair?
M. Bernier: C'est un placement dans un condominium habité
par M. Hamel. Il est partagé entre M. Hamel, Expéditex et
Quebecair. On a une option de rachat de ces actions de M. Hamel.
M. Bourbeau: Ah bon! Quebecair détient un tiers des
actions dans un condominium appartenant à M. Hamel. En fait...
M. Bernier: II appartient dans un rapport un tiers, un tiers, un
tiers.
M. Bourbeau: II est habité par M. Hamel.
M. Bernier: Oui.
M. Bourbeau: M. Hamel a l'option de racheter ces actions?
M. Bernier: Pardon?
M. Bourbeau: C'est M. Hamel qui a l'option de racheter ces
actions?
M. Bernier: Oui.
M. Bourbeau: Au prix des 46 000 $ qui sont au livre? Je pense que
ce sont 46 000 $ au livre? Peut-être que M. Hamel pourrait nous
renseigner. Je ne comprends pas. M. Hamel, tout à l'heure, quand j'ai
posé la question, j'ai demandé si quelqu'un était au
courant et vous n'avez absolument rien dit.
M. Hamel: À ce moment-là, cela n'a pas
"cliqué".
M. Bourbeau: Pardon?
M. Hamel: À ce moment-là, cela n'a pas
"cliqué".
M. Bourbeau: Vous n'étiez pas au courant que Quebecair
avait un tiers des actions de votre appartement? (16 h 45)
M. Hamel: J'étais au courant. Mais, à ce
moment-là, l'idée ne m'est pas venue que c'était ça
l'investissement dont vous parliez.
M. Bourbeau: Ah bon!
M. Hamel: C'est en en parlant ensemble ici à la table
qu'on s'est rappelé que ça pouvait être cela, et en fait
c'est bien cela. Mais l'option de rachat, c'est une obligation en fait de ma
part, de racheter le tiers de ce condominium, qui est possédé par
Quebecair maintenant, advenant que je ne possède plus d'actions dans
Quebecair. C'est au prix du marché avec une variation d'environ 5%.
M. Bourbeau: Est-ce que Quebecair qui est propriétaire du
tiers de votre condominium l'utilise aussi très fréquemment
ou...
M. Hamel: Je suis en mesure d'affirmer que l'utilisation de
l'appartement pour des assemblées de différentes sortes de
Quebecair compense facilement ce que Quebecair a payé comme part de cet
appartement.
M. Bourbeau: Cela fait partie des avantages d'être
président de la compagnie, je présume.
M. Hamel: Bien écoutez, nous n'avons pas de bureau dans le
centre-ville. On n'a absolument rien comme pied-à-terre dans le
centre-ville. On n'a même pas un bureau de vente. Il arrive très
souvent qu'on a besoin de faire des assemblées de différentes
sortes dans le centre-ville puis à ce moment-là, ça nous
évite des voyages à Dorval parce qu'on est déjà,
pour d'autres raisons peut-être, dans le centre-ville et cela a
été trouvé très utile, dans le temps, pour le
comité exécutif qui a autorisé la transaction.
M. Bourbeau: Très bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
M. le député de Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, je ne reviendrai pas sur les
explications qui nous ont été fournies depuis le début de
la journée concernant les difficultés financières de
Quebecair. Ce sur quoi j'aimerais que M. Bernier ou d'autres nous renseignent,
c'est non seulement comme c'était notre tâche de nous y attarder,
mais seulement sur les difficultés financières de Quebecair, mais
pour pouvoir avoir une idée un peu plus juste de la situation des
compagnies d'aviation en général. J'aimerais que vous nous
fournissiez quelques exemples de compagnies d'aviation qui sont situées
soit ailleurs au Canada ou ailleurs dans le monde, et nous indiquer si cette
situation difficile que connaît Quebecair est relativement
généralisée à travers le monde? Aussi cette
situation difficile du transporteur aérien qu'est Quebecair est vraiment
une exception? Par exemple est-ce que cette année, vous pourriez nous
dire rapidement si Air Canada a connu des déficits ou si Air Canada a
connu des bénéfices? Est-ce qu'Air France a connu des
déficits ou des bénéfices? Est-ce que des compagnies
américaines ont connu généralement des déficits
cette année ou des bénéfices?
M. Leblond: Ecoutez, je n'ai pas de chiffres précis avec
moi. Il est évident que Nordair a annoncé la perte la plus
substantielle cette année, de toute son histoire. Air Canada, à
la fin du troisième trimestre, était au point de vue
opérationnel, avant récupération de taxes et autres
dispositions d'actif, en déficit, je cite de mémoire, de 50 000
000 $ à 60 000 000 $. Delta, qui n'avait pas fait de déficit
depuis 1948, qui est une compagnie américaine, qui avait fait 92 000 000
$ de profits l'an passé, en 1981, a annoncé une perte de
17 000 000 $ en 1982. Eastern Airlines a perdu 75 000 000 $ en 1982. CPR
annonce une perte de quelque 40 000 000 $ canadiens. Air France va perdre 120
000 000 $, en 1982, etc., etc., etc., Enfin les membres de l'IATA seront
largement au-dessus de 3 000 000 000 $ de pertes combinées en 1982.
M. Blouin: Ce que vous me dites, donc, c'est que l'ensemble des
compagnies d'aviation, si on fait le bilan en général dans le
monde, connaîtront des pertes d'environ 3 000 000 000 $ cette
année.
M. Leblond: C'est ça.
M. Blouin: C'est attribuable, je présume, à la
crise occidentale et notamment au coût du carburant et tous ces facteurs
qui ont également touché Quebecair cette année?
M. Hamel: Si vous me permettez d'émettre un commentaire,
M. le Président. Comme je l'ai dit dans ma présentation, ce
matin, les compagnies aériennes dans le monde qui ont
réalisé des profits dans leurs activités, au cours des
trois dernières années, sont des compagnies qui
bénéficient, d'avance, de routes extrêmement rentables,
extrêmement lucratives, soit par l'achalandage de ces routes ou par la
longueur des trajets et dépendant aussi du type d'avion qu'on doit
utiliser.
Il est reconnu que les gros transporteurs, sur certains parcours, sont
extrêmement payants. Je disais donc, dans ma présentation, qu'il
peut aussi y avoir des avantages spécifiques à certains pays dans
lesquels ces compagnies voyagent.
Évidemment, on pourrait donner plusieurs exemples à ce
moment-ci, mais il y a des compagnies qui sont encore en progression et qui
connaissent des facteurs temporaires permettant à celles-ci de faire des
profits. Évidemment, il y en a encore qui font des profits, mais elles
sont rares. On pourrait en nommer quelques-unes. Il y a US Air qui fait encore
des profits. Mais si vous analysez les profits, vous remarquez que 40% ou 50%
ou 60% de ces profits ont été générés par
des transactions sur des gains, sur disposition d'actifs, par exemple, ou
encore par des crédits d'impôt comme cela existe aux
États-Unis.
Maintenant, lorsque des compagnies achètent des avions,
grâce aux lois américaines, au lieu de les acheter, elles les
achètent pour les revendre aux banques. Elles profitent
immédiatement d'une réduction d'impôt leur permettant de
montrer des profits artificiels comptables dans leurs états de pertes et
profits. On pourrait en parler, mais, généralement, il y a une
crise mondiale de l'aviation commerciale et elle n'est pas encore finie.
M. Blouin: Un dernier mot à propos de Nordair dont vous
avez fait état; on en a parlé abondamment depuis ce matin. Vous
avez dit qu'elle a aussi accusé des déficits cette
année?
M. Leblond: Elle a accusé un déficit l'an
passé, et cette année également.
M. Blouin: De quel ordre environ?
M. Leblond: Pour cette année, 2,4%, en 1982.
M. Blouin: On m'a dit que Nordair était une compagnie qui
bénéficiait de certains contrats accordés par le
gouvernement du Canada depuis 1955 consistant à faire de la surveillance
et à alimenter des bases militaires situées dans le Grand-Nord.
Est-ce que vous avez des détails sur ces contrats?
M. Bernier: Sur les questions qui touchent directement la
compagnie Nordair, il y aura des gens de Nordair ici, demain. Plutôt que
de spéculer sur la réponse, je préférerais que vous
reposiez la question directement aux gens de Nordair pour avoir peut-être
un éclairage plus précis. On risque de vous donner des
informations incomplètes et peut-être pas tout à fait
justes.
M. Blouin: D'accord. Merci.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai une question de
règlement à soulever, si vous le voulez bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte, sur une question de règlement.
M. Bourbeau: La prochaine fois que nous aurons le droit de
parole, un peu plus tard, l'Opposition voudra interroger M. Richard Champagne,
qui a été convoqué pour être ici aujourd'hui. Il a
été le vice-président exécutif et le directeur
général de Quebecair de novembre 1979 à janvier 1982,
n'est-ce pas M. Hamel?
M. Hamel: Jusqu'à janvier 1982, oui.
M. Bourbeau: Janvier 1982. Bon. M. Champagne a joué un
rôle très important dans l'administration de la compagnie
puisqu'il était, comme je l'ai dit, vice-président
exécutif et directeur général. C'était un individu
qui travaillait dans la gestion quotidienne de la compagnie. Nous venons
d'être avisés que M. Champagne ne se présentera pas, qu'il
a refusé de se présenter. Enfin, on en a parlé tout
à l'heure. L'Opposition s'en étonne. C'est un individu
mentionné sur la liste soumise par
l'Opposition et nous considérons que c'est un personnage
clé dans l'étude de l'évolution de Quebecair au cours des
trois dernières années. Mon collègue, le
député de Gatineau, aurait quelques mots à dire sur ce
sujet. J'aimerais qu'on lui donne la parole, car il aurait une proposition
à faire.
M. Gratton: M. le Président, si on me le permet,
plutôt que de procéder à faire des motions, peut-être
pourrait-on s'entendre avec le ministre et les membres ministériels de
la commission pour demander au secrétariat des commissions d'entrer en
communication avec M. Champagne, pour lui transmettre le voeu de la commission
afin de pouvoir bénéficier de sa présence ici, avant la
fin des travaux. Il me semble qu'on pourrait éviter un délai
anormal qui n'a pas sa raison d'être. C'est tellement évident
qu'il devait être ici qu'à l'ordre du jour remis par le
secrétariat ce matin, le nom de M. Richard Champagne apparaît
comme l'un des intervenants d'aujourd'hui. Je ne comprends réellement
pas pourquoi il n'est pas ici. Et si on pouvait demander au secrétariat,
d'un commun accord de l'ensemble des membres de la commission, d'exprimer
à M. Champagne notre vif intérêt pour qu'il se
présente, je pense bien qu'on pourrait éviter toute la
procédure qu'on connaît.
M. Clair: M. le Président, pour répondre à
la question soulevée par le député de Gatineau, je dirai
essentiellement ceci: D'abord, du côté du gouvernement, nous
n'avions aucune objection et, d'ailleurs, si ma mémoire est
fidèle, dès que le député de Laporte a
soulevé le nom de M. Champagne, je pense bien que j'ai accepté
immédiatement parce que, effectivement, comme vice-président
exécutif de Quebecair jusqu'en janvier 1982, cela m'apparaissait
raisonnable comme personne en autorité, si on veut, qui a eu un
rôle important à jouer... Maintenant, là où j'ai des
difficultés, c'est que, comme j'ai aussi constaté qu'il avait
été convié pour ce matin, je me suis informé,
à l'heure du midi, au secrétariat des commissions, pour
connaître l'explication de l'absence de M. Champagne et ce qu'on m'a
indiqué... M. le Président, vous pourrez peut-être le
confirmer, c'est que moi-même j'ai indiqué au secrétariat
des commissions qu'on devrait signaler que la commission considérait
important que M. Champagne vienne et je crois que cela a été
fait, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le secrétariat des
commissions a communiqué à deux reprises aujourd'hui avec M.
Champagne, qui n'était malheureusement pas ici, pour lui signaler le
fait que la commission était intéressée à sa
présence. Sa secrétaire a répondu qu'actuellement il
était impossible à M. Champagane d'être à
Québec. Est-ce qu'il pourra l'être dans les jours qui viennent? On
me dit qu'aujourd'hui il est retenu à Montréal.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais dire un mot
là-dessus. Les informations que nous avons et que le ministre nous a
communiquées sont que M. Champagne a carrément refusé de
venir témoigner devant la commission. Je pense que le ministre peut vous
le dire puisque je le tiens de lui.
M. Clair: C'est l'interprétation que j'ai retenue, moi, de
ce qui m'a été indiqué par le secrétariat des
commissions, M. le Président.
M. Bourbeau: Moi, je n'ai pas parlé au secrétariat
des commissions, j'ai parlé au ministre des Transports.
M. Clair: II est là, le secrétariat des
commissions.
Le Président (M. Boucher): On m'informe que M. Champagne a
dit qu'il viendrait à la condition que la commission insiste.
M. Bourbeau: Bon, alors, c'est fantastique! On n'a qu'à
insister.
M. Clair: Insistons. M. Bourbeau: Insistons.
Le Président (M. Boucher): C'est un refus conditionnel
à l'insistance de la commission.
M. Bourbeau: M. le Président, compte tenu...
M. Clair: M. le Président, je pense qu'à ce
moment-là, ce que le secrétariat des commissions pourrait faire,
c'est faire connaître à M. Champagne l'intérêt
unanime des membres de la commission pour qu'il se présente dès
que possible à la commission.
Je voudrais cependant revenir sur la question qui a été
soulevée ce matin par le député de Gatineau et lui
indiquer que je me suis enquis auprès du bureau du vice-président
de l'Assemblée nationale sur la capacité de la commission de
convoquer, d'assigner des témoins et ce qu'on m'a dit, c'est qu'il n'y
avait pas de précédent dans ce sens, que seule l'Assemblée
nationale pouvait assigner des témoins et qu'une commission
parlementaire ne pouvait que faire des invitations importantes, insistantes. Je
ne le sais pas, mais je pense qu'en communiquant à M. Champagne
l'intérêt de tous les membres de la commission pour
l'entendre...
Le Président (M. Boucher): II y a une décision qui
remonte à décembre 1978 sur l'assignation d'un témoin
récalcitrant. La décision rendue est que la commission proprement
dite ne peut convoquer les témoins qui ne veulent pas venir, mais
qu'elle peut faire rapport à l'Assemblée nationale lui demandant
de convoquer ces témoins.
M. Gratton: M. le Président, si on me permet, c'est
effectivement en vertu de l'article 153 de notre règlement que nous
pourrions faire rapport et que le président de l'Assemblée
nationale pourrait prendre les mesures qu'il juge appropriées pour
assurer la présence d'un témoin quelconque. Je dois cependant
faire remarquer que, quand le ministre disait qu'il n'y avait pas de
précédent où on aurait exercé ce recours...
M. Clair: Oui, depuis 1976, selon ce qu'on m'indique. (17
heures)
M. Gratton: ...oui, et c'est probablement qu'il n'y a pas eu de
précédent non plus d'un témoin qui, comme M. Campeau, a
refusé péremptoirement de se présenter. Mais la question
de M. Campeau est réglée, n'y revenons pas. Dans le cas de M.
Champagne, je suis heureux de constater que le ministre est d'accord pour que
le secrétariat communique avec lui pour lui dire l'insistance unanime
des membres de la commission. Comme il a déjà indiqué que
si la commission insistait suffisamment il se présenterait, on aura
sûrement le plaisir de le rencontrer au cours des prochaines heures.
Le Président (M. Boucher): Je transmettrai au
secrétariat des commissions le voeu de la commission, de l'ensemble des
commissaires.
M. Bourbeau: J'aimerais dire un mot sur le sujet. Etant
donné que je suis le porte-parole de l'Opposition en matière de
transports, je voudrais ajouter que nous avons des questions très
précises et très importantes à poser à M.
Champagne, des questions qui sont absolument capitales pour la
compréhension de certains aspects du dossier. Si M. Champagne n'est pas
là, si M. de Belleval n'est pas là, si M. Campeau n'est pas
là, la commission, l'Opposition ne pourra pas faire la lumière
complète sur bien des aspects du dossier. En ce sens-là, si M.
Champagne ne se présente pas, je demanderais au ministre de nous dire
s'il va consentir à ce que la commission des transports se
réunisse un peu plus tard, quand M. Champagne sera disponible, pour
entendre son témoignage, de façon qu'on puisse terminer
l'interrogation de M.
Champagne. Est-ce que le ministre pourrait nous donner cette
assurance?
M. Clair: Je vais demander à y réfléchir. Il
est vrai qu'à titre de vice-président exécutif M.
Champagne a joué un râle important. Le député
connaît très bien mon argumentation pour l'entente sur la liste
des invités. Il m'apparaissait important d'inviter les gens qui avaient
eu une responsabilité décisionnelle importante dans la gestion de
Quebecair. Je pense que ce serait dévaluer l'importance du
témoignage du président du conseil, du président-directeur
général, des membres du conseil d'administration, du
vice-président aux finances et du vice-président exécutif.
Je vais réfléchir à la proposition du député
parce qu'il m'apparaît par ailleurs que la commission des transports et
les gens de Quebecair qui sont ici ne sont pas là pour se plier aux
caprices de tout un chacun.
M. Bourbeau: Je ne partage pas du tout l'opinion du ministre. Ce
n'est pas par caprice que nous...
M. Clair: Je ne veux pas dire que vous êtes capricieux. Ce
n'est pas l'idée. Comme vous le savez, les convocations ont
été faites il y a environ un mois. J'imagine que tout le monde a
eu le temps de prendre connaissance des invitations. Ce n'est pas du tout un
blâme contre vous que j'ai voulu signaler.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre peut nous dire quand sa
réflexion va aboutir en ce qui concerne la question que je lui ai
posée?
M. Clair: Attendons. Il y a une démarche qui se fait,
présentement, par le secrétariat des commissions.
M. Bourbeau: Très bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Duplessis avait demandé la parole. M. le député de
Vimont.
Une voix: II est revenu?
Le Président (M. Boucher): Ils ont demandé la
parole.
M. Bissonnet: ...poser des questions. Si vous voulez m'inscrire
à votre feuilleton, je suis prêt.
M. Rodrigue: Ma question s'adresse à M. Hamel. On a
beaucoup fait état, à certains moments - et je me
réfère en particulier à un article qui a paru dans la
Presse du samedi 4 décembre - de votre implication financière et
des retombées
économiques que la prise de possession de Quebecair par le
gouvernement pourrait avoir pour vous, éventuellement. Si je me
réfère à cet article, il était quand même
assez affirmatif. On disait que dans Quebecair il y avait "1 900 000 $ pour
Hamel" - c'était le titre - et on disait: "Même si Quebecair
disparaît, ou même si la compagnie doit déclarer faillite,
son principal actionnaire, M. Alfred Hamel, qui contrôle la compagnie,
s'en tirera financièrement indemne avec un profit d'au moins 1 900 000
$". On se référait à des documents soi-disant secrets qui
auraient permis d'affirmer que l'intervention financière du gouvernement
du Québec avait eu pour effet de protéger votre mise de fonds
ainsi que celle des autres actionnaires "tout en leur garantissant un revenu
certain, quelle que soit l'issue du dossier, même si la compagnie, sous
sa présidence, a sombré au bord de la faillite". Dans un autre
paragraphe, on disait: "En tout, M. Hamel retirera donc un profit de 1 910 883
$. Là-dessus, il a déjà en poche deux montants: 643 000 $
en profit sur la revente de ses actions privilégiées, ainsi que
sa prime de 300 000 $." M. Hamel, à supposer que cela se réalise
dans les prochains mois, est-ce que vous ferez tant d'argent que cela avec la
prise de possession de Quebecair par le gouvernement du Québec si jamais
le gouvernement du Québec décidait de prendre possession de
Quebecair ou de la nationaliser comme l'hypothèse a été
soulevée? Une affirmation comme celle-là m'apparaît quand
même assez importante. C'est un journaliste sérieux qui a
écrit cela.
II ne nous a pas habitués à se tirer en l'air dans des
déclarations non contrôlées et non appuyées sur une
recherche. Je pense qu'on peut d'habitude lire ses articles en ayant à
l'esprit que la recherche a été faite et que, la plupart du
temps, il touche des points importants dans les dossiers qu'il traite avec
assez de justesse. J'ai été surpris de prendre connaissance de
cet article et je voudrais savoir s'il est vrai ou non que vous ferez tant
d'argent que cela.
M. Hamel: Voici, M. le Président. Tout le monde peut
évidemment conclure que je n'ai pas été consulté au
préalable avant que le journal La Presse publie ce que vient de
rapporter le député de Vimont. Je dois dire -c'est un commentaire
personnel, naturellement - sans vouloir diminuer le talent et la
capacité des journalistes de la Presse, qu'ils ne sont sûrement
pas forts en économique.
Dans le monde des affaires, quand on parle d'un profit, c'est
après avoir déduit les dépenses. Dans ce cas-là on
fait allusion à des revenus et malheureusement on ne parle pas de
dépenses. C'est assez rare qu'on puisse faire des investissements de
cette envergure sans qu'il y ait des coûts inhérents à ce
genre de placements ou d'investissements.
Je dois tout d'abord mentionner que lorsque cette nouvelle a paru dans
la Presse du 4 décembre, j'étais à l'extérieur du
pays. Ce n'est que le lundi soir que j'ai été de retour à
Montréal et déjà il s'était passé trois
jours. J'ai pensé qu'il était déjà un peu tard pour
répondre à cet article. D'un autre côté les
compilations de coûts inhérents à cet investissement
n'avaient pas été faites. Depuis, cependant, je suis en mesure de
vous dire aujourd'hui que cette compilation a été faite et pour
répondre avec exactitude, je dois vous dire que les profits qui seraient
supposément faits le 1er août prochain, advenant que Expeditex et
Alfred Hamel demandent au gouvernement du Québec de nous rembourser le
prix des actions qui est prévu à l'entente entre actionnaires,
serait beaucoup plus bas que celui qui a été avancé par la
Presse.
En fait, quand on déduit tous les coûts inhérents
à la transaction, le montant qui serait réalisé comme
profit à ce moment-là serait de 194 633 $. Si la vente...
Pardon?
M. Rodrique: Sur des investissements de combien?
M. Hamel: De plusieurs millions quand on considère les
actions communes et les actions privilégiées. Dans les 3 800 000
$ ou 4 000 000 $ à Expeditex et Alfred Hamel.
Si vous me permettez un commentaire additionnel, on a dit que le
gouvernement du Québec avait, en quelque sorte, garanti les
investissements des deux, enfin du groupe Hamel. Il faut faire remarquer ici
que si on avait vendu à Nordair ou à Air Canada en juillet 1981,
on aurait été payé comptant. À ce moment-là
l'investissement n'avait pas besoin d'être garanti par personne. Quand on
est payé, on est payé. Le profit qui aurait pu être
enregistré à ce moment-là - parce qu'il y a quand
même deux années additionnelles de support dans l'investissement
qui arrivent en ligne de compte quand on n'a pas vendu - aurait
été de 608 875 $ et le coût pour le groupe Hamel d'avoir
vendu au gouvernement du Québec, est de 653 273 $. J'ai ici les taux
d'intérêt qui ont été payés sur
l'investissement, en attendant. Cela a monté jusqu'à près
de 21% par période. Tout le monde sait que les taux
d'intérêt ont été très élevés
ces dernières années.
C'est ma réponse, M. le Président.
M. Rodrigue: Dans un autre ordre d'idées, M. Hamel. On
entend beaucoup de critiques sur les services de Quebecair et, pourtant, les
statistiques que vous nous avez transmises, à la commission, laissent
à penser que la régularité des services de Quebecair est
parmi les plus élevées des compagnies aériennes donnant
des services
aériens au Canada. On constate qu'en 1979, effectivement, ce fut
une année difficile à ce point de vue, mais que, par la suite,
cela s'est rétabli très rapidement. Comment expliquez-vous qu'en
1983 on ait encore cette espèce de croyance qui, d'après les
renseignements que vous me donnez, m'apparaît folklorique? Je n'aurais
pas employé cette expression, la semaine dernière, parce que
j'avais aussi l'impression, à force de l'entendre, que les services
n'étaient peut-être pas adéquats, mais vous nous dites que
la régularité est de l'ordre de 80% ou plus. Comment
expliquez-vous qu'en 1983, au moins trois ans plus tard, après que vous
ayez rétabli ces services à un niveau qui semble comparable
à ceux des autres entreprises, il y ait encore cette espèce de
croyance folklorique qui circule au Québec selon laquelle les services
de Quebecair seraient inadéquats? J'utilise une expression très
douce parce qu'on en entend des plus radicales que celle-là
habituellement? J'ai de la difficulté à comprendre que cette
espèce d'impression persiste avec les statistiques que vous nous avez
transmises aujourd'hui.
M. Hamel: M. le Président, en relisant la
déclaration de M. Bourbeau, au début, j'ai compris qu'il
référait au service dans le Nord. Quand il parlait de
non-régularité, de problèmes de toutes sortes, il nous
accusait de retards continuels, de diminution du service, même
jusqu'à dire qu'on avait des prix exorbitants et qu'on majorait nos
tarifs à répétition. C'est à peu près cela?
Vous référez à cette déclaration.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement, parce que je suis cité.
M. Rodrigue: Je ne réfère pas à une
déclaration que j'ai entendue ici.
M. Bourbeau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Mes propos sont cités. Si vous relisez le
texte de ma déclaration de ce matin, ce sont les usagers du transport en
commun sur la Côte-Nord et dans les régions qui se plaignent de ce
dont vous parlez, et non pas le député de Laporte.
M. Rodrigue: En fait, M. le Président, je ne
référais pas nécessairement à des affirmations
faites à l'Assemblée nationale, malgré que, parfois, on
s'en sert et on les colporte d'une certaine façon. Également dans
les journaux, à certains moments, dans des chroniques, on a pu lire
qu'il y avait une espèce d'insatisfaction des services et, pourtant, les
statistiques que nous avons devant nous laissent à penser que... Comment
cela se compare-t-il aux autres entreprises?
M. Hamel: M. le Président, il est indéniable que
Quebecair a amélioré ses services dans une mesure exceptionnelle
durant les dernières années. Je suis toujours surpris quand
j'entends des critiques générales, par exemple, il y a des
retards. Ecoutez! Cela peut arriver dans une compagnie aérienne assurant
le transport des passagers. Il y a des retards et il y a toutes sortes de
raisons hors du contrôle de l'entreprise. J'ai dit, ce matin, dans ma
présentation, que Quebecair avait enregistré 82,1% de
ponctualité, en 1982, et ce sont là des statistiques qui viennent
de nos sources internes; elles sont véridiques et sont publiées
officiellement avec l'IATA. J'ajouterais même que notre façon de
calculer les retards est très sévère comparativement aux
autres transporteurs. Pour nous, un retard commence dix minutes après
l'heure cédulée de départ, tandis que, pour les autres
transporteurs, c'est quinze minutes. C'est vous dire qu'on ne joue pas avec la
ponctualité. (17 h 15)
De plus, laissez-moi vous dire que, pour 1983, à ce jour, sur
1483 départs cédulés, nous en avons effectués
95,6%, soit 1430, ce qui est 96,4%. Vous connaissez un peu le genre de temps
qu'on a eu pendant tout l'hiver. En plus de cela, les départs
programmés jusqu'à maintenant, depuis le 1er janvier, sont de
92,3%. C'est donc dire que cette année on se dirige vers une
ponctualité meilleure que celle de l'année passée, qui va
dépasser sans doute celle de 1980. Vous savez, chez Quebecair, on ne
reçoit pas seulement des critiques, on reçoit aussi des
félicitations. Et j'ai ici avec moi une foule de lettres de
félicitations qui peuvent attester qu'il n'y a pas seulement une
critique de temps en temps sur Quebecair, il y a aussi des gens qui sont
contents et qui veulent revenir voyager avec nous.
M. Rodrigue: La comparaison avec les autres entreprises, cela
vous place comment?
M. Hamel: C'est qu'en 1982, avec 82,1% de ponctualité,
nous sommes certainement dans les quelques premiers. Je n'ai pas actuellement
le pourcentage exact ou le rang de la compagnie, mais, en 1980, comme exemple,
nous avions 84,9% et nous étions les premiers sur le continent. Je suis
tout à fait surpris quand j'entends dire que Quebecair n'est pas
à l'heure. Écoutez, cela peut arriver une fois de temps en temps
sur le réseau de Quebecair, bien entendu. Je dois admettre que notre
performance a été moins bonne à Regionair. Si on parle de
Regionair, c'est autre chose parce que là, écoutez, il y a des
problèmes absolument particuliers au
réseau du nord et on pourrait en parler. Mais si c'est cela,
dites-le-moi.
M. Rodrigue: Je pense que mon collègue de Duplessis
voudrait vous poser des questions là-dessus. Je vais terminer. Je
voudrais adresser ma dernière question à M. Bernier.
Dans le mémoire que vous nous avez présenté,
à la page 5, vous nous dites ceci, on le lit: Le 25 novembre 1980, nous
avions une autre rencontre avec le ministre des Transports, M. Jean-Luc
Pépin. À l'occasion de cette réunion, nous pouvions sentir
très clairement que la dimension politique du dossier était
devenue la dimension la plus importante. - Cela est à la suite de la
reprise du pouvoir par les libéraux à Ottawa. - Vous poursuivez,
un peu plus loin vous dites: Cependant, le problème le plus
épineux semble être d'obtenir à la fois la satisfaction de
l'Ontario et d'Air Canada.
Si je comprends bien, vous avez eu des rencontres avec les ministres
fédéraux des Transports. Cela a commencé sous le
gouvernement conservateur et cela s'est poursuivi après cela sous le
gouvernement libéral qui avait succédé au gouvernement
conservateur.
Tout à coup, vous affirmez que vous constatez que la dimension la
plus importante, ce n'est plus l'aspect économique, l'aspect de
rentabilité de l'entreprise, mais que c'est la dimension politique.
J'aimerais que vous nous expliquiez un peu davantage ce que vous entendez par
là. Je vous avoue que cela me surprend beaucoup parce que, ici à
l'Assemblée nationale, l'impression première qu'on peut en avoir,
c'est qu'à Ottawa ce sont des gens sérieux qui, quand ils font
des affaires, ils font des affaires, ils ne s'amusent pas à faire de la
petite politique. En tout cas, c'est ce qu'on nous dit ici
régulièrement à l'Assemblée nationale.
Effectivement, disons qu'on est parfois porté à accorder du
crédit à cela et, de façon générale,
j'imagine que c'est peut-être cela qui se produit aussi. Mais là,
on tombe dans le dossier Quebecair où tout à coup des personnes
qui ont été impliquées là-dedans d'un bout à
l'autre nous disent que les problèmes politiques sont devenus la
dimension la plus importante.
Il faut dire, cependant, que le mot politique, on peut
l'interpréter de bien des façons. On peut dire que c'est de la
politique partisane. Il y en a qui disent: Faire de la politique, c'est
être partisan, c'est faire de la politique partisane. Il y en a d'autres
qui vont donner un sens plus large au mot politique, qui vont dire: Faire de la
politique, c'est tenir compte de toutes les dimensions socio-économiques
d'un dossier pour prendre des décisions qui ont des incidences, disons,
économiques, c'est-à-dire l'investissement, la
rentabilité, etc.
J'aimerais que vous me précisiez dans quel sens vous entendez,
vous, le mot politique dans une phrase comme celle-là parce que cela
peut porter à bien des interprétations. Je vous laisse aller
là-dessus parce que moi cela m'a beaucoup fait sursauter cette
phrase-là quand je vous ai entendu la lire tout à l'heure.
M. Bernier: M. le Président, j'ai ici un texte qui
résume notre rencontre avec M. Pépin en date du 25 novembre 1980.
Les réactions de M. Pépin que nous avons annotées, je
pense que c'est aussi fidèle que notre mémoire, et bien plus. M.
Pépin soutient que nous accréditons la thèse que Quebecair
est l'acheteur de Nordair en insistant pour que les trois partenaires
québécois contrôlant Quebecair obtiennent
éventuellement le contrôle de Regionair, parce que Regionair,
c'était le nom qu'on avait avancé pour la compagnie
fusionnée. Il ne faut pas confondre cela avec les Ailes-du-Nord qui sont
devenues Regionair, c'est-à-dire que Nordair et Quebecair
regroupées, aux fins de la discussion, on appelait cela Regionair. Pour
lui, l'esprit d'un consortium voudrait qu'on accepte que le contrôle du
groupe SID inclue entre autres CCCS, et vous verrez pourquoi. Il dit: Vous
êtes aussi apparentés - le Mouvement Desjardins - avec Canadian
Co-Op Credit Society que vous pouvez l'être avec Alfred Hamel, sinon
plus. Cela enlève la barrière Ontario-Québec, parce que
vous vous associez avec des gens de l'Ontario qui sont aussi vos petits cousins
autant que M. Hamel, du Lac-Saint-Jean, dans le sens que c'est une
coopérative, ce qui fait qu'on veut avoir des sortes d'affinités.
La partie CCCS s'ajoutant à la nôtre, la majorité des
intérêts, la proportion de la capitalisation ajouterait CCCS.
C'est cela, je pense, le point suivant qui va peut-être donner un
éclairage à cette commission. Il veut éviter des
confrontations Québec-Ontario - il faut préciser que M.
Pépin est un député de l'Ontario - en démontrant
que le groupe du Québec, s'il a plus d'actions que celui de l'Ontario,
n'est quand même pas majoritaire, dans le sens que le groupe du
Québec, si on a CCCS avec nous, en faisant le décompte pour avoir
50% et plus, on a un partenaire de l'Ontario dans le groupe du Québec.
Il veut également éviter la confrontation possible entre les
ministres québécois et ontariens du cabinet
fédéral. C'est une préoccupation majeure chaque fois qu'on
le rencontre et je pense que cela a aussi été soulevé,
à savoir que M. Pépin nous avait laissé savoir que les
pressions qu'on faisait sur les ministres fédéraux
québécois ne lui plaisaient pas plus que nécessaire. Il
veut éviter également une confrontation lors des assises de la
Commission des transports du Canada qui examinera la transaction. Sur ce sujet,
il
soulève l'importance d'avoir à la fois la satisfaction de
l'Ontario et d'Air Canada et, dans ce dernier cas, d'avoir une transaction qui
soit à un prix qui se justifie devant le public. C'est la dimension
politique à laquelle je faisais allusion dans ma présentation de
ce matin.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Les dernières
paroles de M. Hamel m'ont fait penser que je devais effectivement poser
certaines questions en rapport avec Regionair, un dossier que je connais
très bien. Contrairement à certaines personnes autour de cette
table, en particulier certains membres de l'Opposition, je fais une nette
différence entre Quebecair et Regionair, et je m'explique. Comme vous le
savez, j'ai l'occasion de prendre l'avion assez régulièrement.
D'ailleurs, Quebecair et Regionair sont mes privilégiées et,
lorsque j'ai voyagé en direction Sept-Îles-Québec ou
même Sept-Îles-Wabush, il n'y a jamais eu de retard, si ma
mémoire est bonne, lorsque j'ai pris l'avion, depuis à peu
près trois ans. Il est peut être arrivé qu'à
certains moments, lorsque je n'étais pas là, il y ait eu des
retards, mais lorsque vous mentionnez la fréquence - vous parliez tout
à l'heure d'un chiffre de 96% - et que cela joue aux alentours de 85%
à 86%, je pense que c'est vraiment la réalité.
Normalement, c'est la température, lorsqu'on fait usage d'un Boeing 737
ou encore d'un BAC 1-11, qui apporte des retards, soit la pluie
verglaçante ou la neige mouillée, quelque chose du genre. On peut
le réaliser physiquement lorsqu'on vit sur place et lorsqu'on regarde un
peu en haut ce qui nous tombe sur la tête.
Quant à Regionair, elle fonctionne actuellement de
Sept-Îles en direction de Blanc-Sablon, en touchant l'île
d'Anticosti, soit Port-Menier, touchant aussi la ville de Gagnon, en
particulier, et la côte sud du golfe Saint-Laurent, soit le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie ainsi que les
Îles-de-la-Madeleine, si ma mémoire est bonne. C'est surtout sur
cet aspect que les gens, les résidents de ces endroits se plaignent des
retards qui sont causés par la température ou encore par des bris
des avions 748 ou encore pour d'autres raisons. Tout à l'heure, je vais
vous poser certaines questions se rapportant à Regionair. Il est entendu
qu'à cause du fait que Regionair est reliée directement à
Quebecair les gens sont portés à penser que les deux
administrations sont les mêmes. Si ma mémoire est bonne, ce n'est
pas le cas. Vous me corrigerez là-dessus, c'est ma première
question: la direction de Regionair est-elle la même que la direction de
Quebecair dans les faits?
M. Hamel: La direction des activités de Regionair est
faite à partir de Sept-Îles. Toutes les activités sont
contrôlées à partir de Sept-Îles; l'entretien est
fait également à Sept-Îles ou il était fait
jusqu'à maintenant à Sept-Îles. Alors, c'est bien sûr
que le contexte dans lequel Regionair fonctionne est complètement
différent de celui de Quebecair. À ce sujet, puisqu'on parle de
régularité, de ponctualité, j'aimerais demander ici
à M. Leblond de nous donner une idée du pourcentage
d'irrégularité de Regionair, même si on a connu certaines
perturbations extraodinaires à cause de changements d'appareils passant
d'une flotte de deux 748 à six et de l'élimination graduelle des
DC 3 - on n'en voit plus de DC 3 - et de l'élimination graduelle aussi
des BEACH 99.
M. Perron: Je veux juste clarifier une chose M. Hamel, si je
comprends bien les statistiques que vous avez données tout à
l'heure concernant les 85% à 86% d'assiduité, et même dans
certains cas, 96%, n'incluaient pas Regionair. C'était
indépendant de l'assiduité de Regionair.
M. Hamel: C'est Quebecair seul. M. Perron: C'est Quebecair
seul. M. Hamel: C'est cela.
M. Perron: Mais vous avez - et là c'est une bonne chose
que M. Leblond nous les donne - des statistiques sur l'assiduité de
Regionair en direction de Gagnon, en direction de la Basse-Côte-Nord vers
Blanc-Sablon, incluant Natashquan et Chevery, incluant Saint-Augustin, et aussi
en direction de Port-Menier, ainsi qu'en direction de Mont-Joli ou encore vers
Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine.
M. Hamel: On vous donnera cela, M. le député.
M. Perron: Merci, j'ai d'autres questions par la suite.
M. Hamel: Très bien.
M. Leblond: Si je peux commenter là-dessus, M. Perron,
c'est que la moyenne de l'année est de 60%, sauf qu'il faut noter que
cela a varié entre 48% et 82%. La cause principale de ces variations sur
l'année, c'est que, comme vous le savez, les relations du travail sont
difficiles à Sept-Îles. Je ne voudrais pas faire de
négociations de conventions collectives ici, mais on peut noter une
très grande corrélation entre les moments de tension plus
particuliers entre les pilotes et la direction et le coefficient de
régularité.
M. Clair: J'aurais une question parce que je pense que cela peut
éclairer aussi le débat. Malgré ce fait, est-ce qu'il n'y
a pas aussi de nombreux retards qui sont dus aux conditions climatiques
particulièrement difficiles sur la Basse-Côte-Nord de même
qu'une demande répétée de Quebecair, de Regionair et des
Ailes-du-Nord auparavant quant à des équipements d'aide
d'approche ou d'instrumentation générale.
M. Leblond: Je pense que c'est un point qui est fort pertinent.
Si la commission me le permet, j'aimerais donner la parole à M.
Trépanier qui est notre vice-président à l'exploitation et
qui est tout à fait au courant des équipements de chaque point et
quelles sont les conditions particulières d'activités à
chacun des ces points.
M. Trépanier (Jean-Louis): Effectivement, si vous regardez
le graphique de régularité, on pourra le faire circuler s'il y en
a qui sont intéressés. Il est très évident
d'après le graphique qu'il y a des baisses de régularité
à deux périodes bien spécifiques de l'année
c'est-à-dire: le printemps et l'automne. Or, ce sont des périodes
de brouillard d'une part et d'autre part, les périodes de gel, de pluie
verglaçante ou de neige mouillante selon que c'est le printemps ou
l'automne. Alors, durant ces périodes, c'est excessivement difficile et
la régularité en prend pour son rhume, c'est évident.
D'autre part, les infrastructures aéroportuaires, principalement
sur la Basse-Côte-Nord sont évidemment de beaucoup
inférieures à celles qui peuvent exister par exemple ou bien
à Sept-Îles ou à Mont-Joli. Or, nous transportons à
bord de nos appareils des centaines des milliers... Le ministère des
Transports nous impose des normes d'instrumentation qui coûtent des
centaines et des centaines de milliers de dollars par appareil, mais nous
n'avons tout simplement pas au sol les infrastructures qui nous permettent de
prendre avantage complètement ou totalement de ces installations, avec
le résultat - il est bien évident - que le degré de
régularité pour maintenir une certaine sécurité
doit être diminué. Or, ce sont les causes principales dans le
fonctionnement de turbopropulseurs, en particulier sur la
Basse-Côte-Nord, en Gaspésie, et aux Îles-de-la-Madeleine.
(17 h 30)
M. Perron: Une question additionnelle à celle que le
ministre vient de poser. À propos des infrastructures, des
équipements pour l'aide à la navigation, les pistes
elles-mêmes, pourriez-vous nous donner, dans le comté de Duplessis
- puisque c'est mon comté, Gagnon, Schefferville, on va prendre les deux
villes nordiques touchées par des 748 ou encore par le contrat que vous
avez avec une compagnie de Schefferville pour la liaison
Wabush-Schefferville-Wabush - une idée générale des
installations en place? Est-ce qu'elles sont adéquates ou pas?
M. Trépanier: Vous avez fait allusion à Gagnon,
Wabush et Schefferville. Il est évident que des installations qui
existent là, même si elles ne sont pas du calibre de celles
existant à Sept-Îles, sont quand même de beaucoup
supérieures à celles de la Basse-Côte-Nord. Or les
installation à Wabush avec ILS et instruments de mesure sont
certainement de beaucoup supérieures à celles de la côte et
permettent une régularité supérieure.
M. Perron: Comparativement, maintenant, à ces
installations avec Gagnon et Schefferville, est-ce que c'est adéquat
à Schefferville? Est-ce que c'est adéquat à Gagnon?
M. Trépanier: Remarquez qu'on peut se sentir
gâté et dire qu'on en veut plus quand il en existe davantage. Je
serais porté à croire, principalement à Wabush, que ce
serait satisfaisant. Il y a certaines améliorations à être
apportées à Gagnon et à Schefferville.
M. Perron: Maintenant, en Basse-Côte-Nord.
M. Trépanier: D'accord. Dans la Basse-Côte-Nord, ce
n'est plus la même chose. Les installations de la Basse-Côte-Nord
sont décidément des instruments de base absolument primaires. Il
y a un radio-phare, un radio d'alignement, mais aucun dispositif de
lumières d'approche, aucun dispositif d'approche sur précision
aux instruments. Il n'y a rien de cela sur la Basse-Côte-Nord, entre
Sept-Îles et Blanc-Sablon.
M. Perron: Mais, par contre, est-ce que la direction de Quebecair
ou encore la direction de Regionair a déjà demandé que ces
équipements soient ajoutés aux équipements
déjà en place pour donner un meilleur service sur la
Basse-Côte-Nord? Parce que, on le sait parfaitement bien, les
journalistes savent, la population du Québec sait - surtout la
population de cette région le sait aussi - que les problèmes
vécus dans le réseau aérien surviennent surtout dans cette
région.
M. Trépanier: Évidemment. Il est définitif
que Quebecair, je veux parler des Ailes-du-Nord Ltée, par exemple -
parce que c'était les Ailes-du-Nord depuis que Quebecair est
associée avec les Ailes-du-Nord, en 1965 - à partir du tout
début et à chaque année, Quebecair a produit des demandes
et a fait des représentations
auprès du ministère des Transports et les autorités
compétentes en général justement pour
l'amélioration des installations aéroportuaires et des
infrastructures de toute la Basse-Côte-Nord. Même qu'en 1971, si je
me rappelle bien, un effort particulier avait été fait, il y
avait un supposé plan quinquennal qui devait amener des
améliorations considérables. Le plan quinquennal, on l'a
repoussé d'année en année et on est encore en train de
faire les prochains cinq ans. Ce n'est assurément pas
adéquat.
M. Perron: Merci beaucoup. Maintenant, ma question s'adresse
à M. Bernier et touche la fusion possible de Quebecair et Regionair.
Parce que j'entrevois le jour où on va parler seulement de Quebecair et
qu'on va oublier Regionair parce que Regionair constitue surtout une grosse
partie des problèmes de Quebecair, d'une part, et, de plus, des plaintes
qui arrivent de la part de la clientèle. Pourriez-vous nous dire, M.
Bernier, où en est cette fusion entre les deux installations et, pour
vous ou encore une personne que vous pourriez mandater pour répondre,
pour vous, les membres du conseil d'administration, quels seraient les effets
positifs d'une telle fusion? Effets positifs autant du côté de
l'administration ou du côté financier et de l'assiduité.
Est-ce que vous pourriez donner certaines explications en rapport avec
cela?
M. Bernier: Je vais répondre à une partie de la
question en demandant à M. Hamel de compléter. Évidemment,
au conseil d'administration de Quebecair, lorsque la décision a
été prise de séparer Regionair, d'en faire une filiale et
peut-être aussi de la rendre plus autonome - on a même eu comme
objectifs, pendant un certain temps, d'intéresser des investisseurs
régionaux dans Quebecair - c'était dans une perspective
éventuelle de fusion d'une part; c'était dans une perspective
aussi où les activités de Quebecair seraient accrues davantage
vers l'Ouest où on aurait standardisé aussi certains
équipements différents de ceux de Regionair. Cela créait
des incompatibilités majeures en ce qui concerne la structure
administrative et également tous nos contrats avec les pilotes. Il y
avait deux syndicats séparés. Evidemment, quand on regardait
l'avenir de Quebecair dans la perspective qu'on vous a expliquée plus
tôt dans la journée, Regionair prenait toute sa signification et
toute son importance. Par la suite aussi, il y a eu d'autres sortes
d'inconvénients. On a réévalué quelle serait la
position de Quebecair et de sa filiale face aux problèmes syndicaux, aux
pilotes, à la fusion des syndicats ou à l'adhésion de tous
les pilotes vers un même syndicat. À partir de là,
étant donné que la fusion ne s'était pas faite, on a
reconsidéré ce dossier. M. Hamel, vous pourriez peut-être
continuer.
M. Hamel: L'idée d'intégrer Regionair à
Quebecair aujourd'hui a commencé il y a presque un an. Il s'agit de
donner les mêmes standards de services à Regionair qu'à
Quebecair, à tout point de vue, évidemment, suivant les
conditions auxquelles on peut avoir à faire face et qui sont
réalisables du point de vue du service à la clientèle et
de l'opération des avions sur la Côte-Nord, dans les points que
nous desservons. Ce n'est pas une intégration facile parce qu'il y a des
problèmes de relations du travail, mais je dois vous dire que depuis que
Regionair existe, depuis que Quebecair l'a acquise en 1965, il y a toujours eu
certains problèmes. Quand je suis arrivé en 1979, il y avait un
grave conflit qui existait au niveau des pilotes. On a tâché, par
les meilleurs moyens possible, de négocier, de discuter entre nous,
Quebecair et ses pilotes. Le problème à ce moment était
plutôt chez les pilotes de Quebecair. Cela s'est transposé
finalement chez les deux groupes, si bien qu'on a décidé
l'intégration au printemps de 1982. Cette intégration est en voie
de se compléter, mais non sans certains problèmes.
Pour vous dire où en est rendue l'intégration, j'aimerais
qu'on demande au responsable de cette filiale, M. Jean-Louis Trépanier,
de nous indiquer où en sont les pourparlers et les progrès
réalisés.
M. Bourbeau: Question de règlement. Je ne voudrais pas
empêcher M. Trépanier de parler, mais il reste quand même
que la commission entendait poser des questions à certaines personnes et
la liste des personnes a fait l'objet d'une longue discussion entre le ministre
des Transports et l'Opposition. Si on commence à inviter chacun des
chefs de service de Quebecair et de Nordair pour venir nous parler de
plomberie, finalement, on va manquer de temps pour poser les questions les plus
importantes. Non pas que je dise que le sujet dont on parle n'est pas
important, mais je ne voudrais pas qu'on commence à aller d'adjoints en
sous-adjoints, etc.
M. Perron: Question de règlement, M. le Président.
Si ma mémoire est bonne, l'Opposition, et spécialement le
député de Laporte, s'est vantée tout à l'heure que
c'est son groupe qui a demandé cette commission parlementaire. On l'a
ici. Je pense qu'on devrait poser les questions qu'on veut aux gens qui sont
présents. Cela va des deux côtés de cette table.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte, je vous ferai remarquer que je n'ai pas à juger du fond des
réponses ni de la valeur des questions. Tout ce que j'ai à
contrôler, c'est que les questions se posent et que les
réponses soient données le plus complètement possible. Si
les invités font appel à des gens qui sont avec eux pour
répondre à des questions, je n'ai aucune objection. Je pense que
dans les commissions parlementaires, c'est régulier de le faire.
M. Bourbeau: M. le Président, si on veut s'entretenir avec
d'autres personnes que celles qui ont été convoquées
à la commission des transports, je n'ai pas d'objection, mais à
ce moment, on prendra cinq jours, six jours ou sept jours pour entendre tout le
monde. Je n'ai pas d'objection.
M. Clair: M. le Président, sur la question de
règlement. Franchement, je pense que le député
exagère un tout petit peu. La personne qui avait la parole, M.
Trépanier, c'est le vice-président actuel aux opérations
de Quebecair. Le député fait tout un plat pour l'ancien
vice-président exécutif de Quebecair et, parce que le
président de la compagnie, pour mieux répondre aux questions d'un
membre de la commission parlementaire, demande non pas au 48e responsable du
secteur, mais au vice-président responsable des opérations, de
l'aider dans sa réponse pour mieux répondre au
député, je trouve que le député de Laporte ferait
mieux de se conformer à votre décision.
Le Président (M. Boucher): M.
Trépanier.
M. Trépanier: On va aller vite, M. le Président.
L'intégration a commencé au cours de l'été 1982.
C'est une intégration opérationnelle des services de Regionair
dans Quebecair. Évidemment, c'est régi par la Commission
canadienne des transports, c'est-à-dire que cela implique le transfert
des permis de Regionair dans Quebecair. La requête a été
déposée. On attend la décision de la commission. Rien ne
peut être fait, du point de vue juridique, pour les fonctions techniques
et juridiques, avant que le transfert des permis soit effectué.
Le principe de l'intégration est simple et est le suivant: Les
activités de turbopropulsés de l'Est du Québec seront
centralisées à partir d'une base qui est et qui continuera
d'être située à Sept-Îles. Pour ce qui est de
l'exploitation en général et de l'entretien des aéronefs
748, les fonctions opérationnelles seront intégrées
à celles de Quebecair, sous les permis et les certificats de Quebecair.
Il est évident que Regionair étant actuellement autonome au
niveau de ses permis, de ses licences et de son certificat d'exploitation les
critères ne sont pas les mêmes. Alors, c'était l'objet de
l'intégration. Les modalités, c'est une intégration des
services opérationnels de Regionair dans Quebecair pour en faire une
sorte de section de turboréactés de l'Est du Québec de
Quebecair. C'est grossièrement...
M. Perron: Merci beaucoup, monsieur. Une autre question à
M. Bernier, ou il pourra déléguer la réponse aussi. Dans
le mémoire de M. Hamel à la page 7, vous mentionnez une
étude qui a été menée conjointement par le
personnel de Quebecair, avec des experts d'un constructeur d'avions. Dans un
deuxième temps, vous mentionnez une firme américaine
spécialisée en aviation qui indiquait clairement que la survie de
la compagnie exigeait des changements à la flotte et qu'à cet
effet l'option Boeing 737 était la plus avantageuse. Compte tenu du fait
que lorsque M. Hamel a mentionné cela l'étude en question n'a pas
été explicitée plus qu'il le faut, pourriez-vous donner
des informations additionnelles, à savoir pourquoi la firme
américaine - je pense que même l'autre comité avait fait
à peu près les mêmes recommandations et vous vous
êtes fiés à ces deux comités d'étude, ces
deux firmes - a pris cette décision sur les 737? Pourriez-vous donner
des détails sur l'étude américaine surtout, parce qu'on a
déjà un rapport sur l'autre?
M. Bernier: M. le Président...
M. Clair: Je ne sais pas si je peux répondre à la
question, qui pourrait tout aussi bien s'adresser à moi, parce que je
pense que le député fait référence à
l'étude qui a été payée par le gouvernement
auprès de la firme spécialisée de New York...
M. Perron: C'est vrai.
M. Hamel: Cela en est une. Quebecair en a fait faire une autre et
il y en avait eu deux autres de faites avant, en 1967 et en 1977 dans
Quebecair.
M. Clair: Seulement pour mettre tout le monde à l'aise, en
ce qui concerne cette étude de Lehman Brothers Kuhn Loef du mois
d'août 1978, qui concluait justement à l'achat de Boeing 737 par
Quebecair, l'étude comme telle est un document très épais,
mais, compte tenu que cela avait été payé par le
gouvernement à ce moment-là, j'ai aucune objection qu'on les
distribue. Je pensais que c'était dans le cahier vert et on m'indique
que ce ne l'est pas. L'étude - le résumé de 18 pages - je
n'ai aucune objection qu'elle soit distribuée aux membres de la
commission, de même qu'aux gens de la presse. C'était seulement un
élément d'information avant que M. Bernier réponde.
M. Perron: D'accord. J'ai une dernière question.
M. Clair: M. Bernier, vous pouvez répondre.
M. Perron: Pardon, d'accord.
M. Bernier: M. Hamel, je pense que...
M. Clair: Sur la question des études.
M. Bernier: ...vous pourriez commencer avec les deux autres
études.
M. Hamel: Voici, c'est que les recommandations de l'étude
à laquelle M. le ministre Clair a fait allusion, nous les avons
également. La Société d'investissement Desjardins en avait
une copie. Il s'agit de trois volumes assez épais, mais, en fait, les
recommandations sont contenues dans la partie I, ici, qui se résume
à ce document. (17 h 45)
En résumé, la plupart des études disent la
même chose. Elles en viennent à la conclusion qu'il n'y a pas
d'avenir pour Quebecair à garder une flotte disparate comme elle
existait, parce que c'était à peu près la même tout
le long, excepté en 1967. En 1977, 1978, 1979, alors qu'il y a eu trois
études - une chaque année - on avait la même flotte
à présenter. Les recommandations vont en ce sens que Quebecair
doit investir immédiatement, parce que reporter le problème ne
fait qu'augmenter les coûts. En attendant, elle ne garantit d'aucune
façon la survie de la compagnie ni son expansion possible. Là, je
vous donne cela dans les grandes lignes, s'il est question de donner plus de
détails, il va falloir que j'aie recours au texte et m'en tenir
exactement à ce qui est écrit dans le livre ou dans les
études.
M. Perron: Maintenant, est-ce qu'il serait possible que cette
étude, en tout cas le résumé et les recommandations,
soient à peu près les mêmes que celles de la firme
américaine?
M. Hamel: Oui, en substance, les trouvailles, enfin, et les
recommandations sont les mêmes.
M. Perron: D'accord. Alors à ce moment-là, est-ce
que ce serait possible pour vous de distribuer cette partie - je ne veux pas
demander de dépôt de rapport confidentiel - aux membres de la
commission?
M. Hamel: Certainement, avec plaisir.
M. Perron: Merci. Ma dernière question se rapporte aux
problèmes financiers de Quebecair. Lorsqu'on regarde la carte qui a
été expliquée cet avant-midi par le ministre des
Transports du Québec, on peut voir que la grande majorité, en
tout cas les trois intervenants autres que Quebecair, soit Nordair, Pacific
Western ainsi que Eastern Provincial Airlines, n'avaient pas normalement
à faire des sauts de crapaud -comme on l'appelle dans le jargon - pour
sauter d'un aéroport à l'autre. Donc, ils étaient
très étendus, spécialement dans l'Ouest du Canada.
Cependant, lorsqu'on regarde les trajets qui sont effectués par
Quebecair, ce sont sur des lignes qui sont tout de même très
courtes. Je pense que la plus longue que vous avez - si ma mémoire est
bonne - actuellement, c'est Sept-Îles-Québec.
M. Hamel: Sept-Îles-Québec qui ressemble
passablement, maintenant, à Toronto-Montréal.
M. Perron: Bon! Une des raisons pour laquelle Quebecair a
actuellement des problèmes financiers, c'est surtout à cause des
coûts d'opération des courts trajets, puisque le carburant est
plus coûteux lorque vous faites le démarrage, soit la
montée. Est-ce que c'est cela le gros de vos problèmes?
M. Hamel: Voici. Quand vous avez des vols courts, comme par
exemple Montréal-Québec, Québec-Baie-Comeau,
Mont-Joli-Québec, on appelle cela des vols courts, parce que ce sont des
vols de 25, 30, 35 minutes. Déjà, lorsqu'on n'est pas en
période de crise dans l'aviation, c'est dur à rentabiliser. C'est
pour cela que ces tarifs sont plus élevés que ceux sur des
distances beaucoup plus longues. Mais quand on est en période de
dépression ou, enfin, en période de crise comme celle qu'on
connaît depuis une couple d'années et que le nombre de nos
passagers diminue, c'est encore pire, parce que non seulement on fait la
navette sur des parcours qui sont courts, mais on a moins de passagers à
bord. Évidemment, le problème est d'autant aggravé. C'est
ce que je mettais en lumière dans mon rapport de ce matin quand je
disais qu'en 1982, seulement, on a eu exactement 114 000 passagers de moins sur
le réseau dans nos avions, comparé à 1979. Il y en avait
38 000 de moins sur la même base en 1981, et il y en avait 17 000 de
moins, en 1980. Si vous mettez tout cela ensemble, cela donne 165 000 passagers
de moins en trois ans. Mais les parcours courts, eux, sont toujours
restés là. C'est là qu'il faut faire la différence
des deux parce qu'ils s'additionnent finalement.
M. Perron: Le court est resté là, cependant le
court n'est pas rentable. C'est le long trajet qui est rentable.
M. Hamel: D'avance, c'est dur à rentabiliser.
M. Perron: Oui.
M. Hamel: Même avec de bons tarifs surtout depuis que le
coût du carburant est tellement élevé, parce que le
coût du décollage est extrêmement élevé.
M. Perron: À la suite d'un article paru dans le journal Le
Soleil datant du mois de novembre, je crois, quant aux activités de
Regionair sur la Côte-Nord et sur la rive sud du golfe Saint-Laurent, cet
article écrit par le journaliste Jean-Didier Fessou descendait pas mal
les 748 qui vous aviez achetés, je crois, du Venezuela. On faisait
état de bruits réguliers, du manque de pièces. On
mentionnait à peu près tout là-dedans et ça
semblait laisser entendre que ces avions-là devraient être
retournés au Venezuela ou encore être mis au rancart pour
plusieurs années pour passer à d'autres avions.
Le gouvernement fédéral, à ce moment-là, a
décidé de faire une enquête sur la technicité et sur
les avions eux-mêmes pour voir si ces avions pouvaient être
pilotés en toute sécurité. Est-ce que vous pourriez nous
dire si vous avez eu un rapport là-dessus en provenance du
fédéral, quant aux 748 qui furent mentionnés dans
l'article en question?
M. Hamel: Oui, nous avons un rapport. Ce rapport était
positif et il nous est venu du gouvernement fédéral. Maintenant,
nous avions toujours été certifiés et on pense que
certains petits problèmes ont été gravement
exagérés par les pilotes. Cela fait suite, c'est assez
évident, aux problèmes de relations du travail qu'on a connus
à la suite de l'intégration de Regionair. Alors, à ce
moment-là si vous voulez qu'on dépose le rapport, on peut le
faire parce qu'il est disponible.
M. Perron: Je veux en avoir une copie.
M. Hamel: Je peux vous dire que la sécurité, dans
les avions de Regionair, n'a jamais été mise en cause.
M. Perron: Merci. En tout cas, je ne sais pas si les autres
membres de la commission voudraient avoir une copie du rapport, mais j'aimerais
bien, personnellement, en avoir une copie, M.
Hamel, s'il vous plaît! Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, l'Opposition aussi aimerait
bien avoir une copie du rapport si M. le président de Quebecair veut
bien en prendre note.
M. Hamel: On va en donner à tout le monde.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait souhaiter, M. le
Président, que vous nous en enverrez également une copie.
M. Bernier: M. le Président, je pense qu'il faudrait
peut-être s'entendre. C'est que nous, nous avons des extraits du
même document auquel le ministre a fait allusion tout à l'heure.
On pourrait peut-être comparer nos extraits de rapport avec la firme
américaine pour déposer les mêmes documents une fois
seulement. Dans ce sens-là, nous autres, nous avons produit, à un
moment donné, des extraits de ce rapport-là.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais poser quelques
questions à M. Hamel. En novembre 1979, vous avez procédé
à l'engagement d'un vice-président exécutif et directeur
général, M. Richard Champagne. Pourriez-vous nous dire qui a
engagé M. Champagne? Qui l'a déniché? Quelles
étaient ses qualifications?
M. Hamel: C'est moi qui ai procédé personnellement
à l'engagement de M. Champagne. J'ai reçu son curriculum vitae
à ce moment-là. Je le connaissais depuis déjà
quelques mois parce qu'il était à la Société de
développement de la Baie James. M. Champagne a été
engagé et est entré en fonctions le 26 novembre 1979. Il a
quitté la compagnie le 31 janvier 1982. Quant à ses
qualifications en aviation, naturellement il n'en avait pas, cependant il avait
un assez bon bagage en gestion dans d'autres entreprises.
M. Bourbeau: Est-ce que vous connaissiez M. Champagne avant cette
date?
M. Hamel: J'ai connu M. Champagne à la fin de l'hiver
1979. Non, excusez-moi! J'ai rencontré M. Champagne pour la
première fois, exactement le 21 janvier 1979, parce qu'à ce
moment-là j'avais une conférence de presse suite à mon
entrée chez Quebecair. J'avais fait une petite étude de la
compagnie pour dire ce qu'on avait l'intention de faire par rapport à la
flotte et le reste. M. Champagne était présent à cette
conférence de presse. Il m'a été présenté
à ce moment-là.
M. Bourbeau: Est-ce que vous aviez rencontré M. Champagne
à la Baie-James? Dans vos entreprises de camionnage, par exemple, est-ce
que vous aviez fait affaire avec lui au moment où il était
gérant de la municipalité de la Baie-James?
M. Hamel: Avant le 21 janvier 1979, je ne savais pas que M.
Champagne existait.
M. Bourbeau: Non, mais entre le 21 janvier 1979 et le mois de
novembre 1979, quand vous l'avez engagé, est-ce que vous avez eu affaire
à lui à la Baie-James?
M. Hamel: Absolument pas. D'aucune façon.
M. Bourbeau: Absolument pas. Vous dites que...
M. Hamel: Excusez-moi, M. Bourbeau. Cependant, il y avait un
projet commun dont M. Champagne m'avait fait part lors de la conférence
de presse du 21 janvier à laquelle je viens de faire allusion. Il
était question que la Société de développement de
la Baie James s'intéresse à la fusion de certains transporteurs
locaux et de troisième niveau dans le Nord-Ouest. Comme vous le savez,
la Société de développement de la Baie James avait
plusieurs besoins sur son territoire. C'est à ce moment-là,
justement le 21 janvier, que M. Champagne m'a parlé du principe qu'Air
Fecteau puisse être fusionnée, à un moment donné,
à d'autres transporteurs.
M. Bourbeau: Ah bon! Alors, quand vous avez engagé M.
Champagne en novembre 1979, je présume que vous aviez à l'esprit,
entre autres choses, justement de réaliser la fusion entre Air Fecteau
qui était la filiale de Quebecair, et La Sarre Air Service, fusion qui,
effectivement, s'est matérialisée un an plus tard sous le nom de
Propair. Est-ce exact?
M. Hamel: II y avait des pourparlers de fusion avant, oui. Mais
le projet n'était pas vraiment poussé à fond, comme il l'a
été plus tard dans le courant de l'année 1979.
M. Bourbeau: Vous nous dites que la première fois que vous
avez rencontré M. Champagne il vous a parlé d'une
possibilité, enfin il vous aurait dit que ce serait souhaitable ou qu'il
pourrait - je ne me souviens pas des mots précis que vous avez
employés tout à l'heure - il vous a parlé d'une fusion
éventuelle entre Air Fecteau, votre filiale, et d'autres transporteurs.
Donc, ça veut dire que, déjà à ce moment-là,
M. Champagne était pour vous quelqu'un susceptible de s'occuper de la
fusion de Air Fecteau avec La Sarre Air Service, puisque c'est vous-même
qui venez de le dire.
M. Hamel: C'est-à-dire qu'avant que M. Champagne devienne
un employé de Quebecair, il n'était pas question qu'il s'occupe
de ces choses-là pour nous, si j'ai bien compris votre question.
M. Bourbeau: Oui. J'imagine...
M. Hamel: Parce que déjà, nous, on avait un projet
de fusion de Air Fecteau et on ne savait pas encore avec qui à ce
moment-là. Dans la rationalisation qu'on avait entreprise dans la
compagnie, nous voulions rentabiliser les filiales, nous regardions l'avenir.
C'est comme cela que, tout de suite, dans les trois mois qui ont suivi mon
arrivée, on a vendu la compagnie d'hélicoptères.
M. Bourbeau: M. Hamel, Air Fecteau, votre filiale, dont vous
vouliez vous départir, ça valait quoi en 1979 cette
compagnie-là? Qu'y avait-il là-dedans comme équipement et
quelles étaient les performances financières de la compagnie?
M. Hamel: La compagnie, au point de vue performances
financières, faisait un profit une année, une
légère perte l'autre année. C'était environ un
"break even" au cours des deux années avant que j'arrive. Cependant, sa
flotte était impressionnante. La compagnie fonctionnait avec environ 20
ou 25 avions équipés pour les vols de forêt; des avions de
différentes grosseurs et de différentes sortes: des Beaver, des
Otter et des Cessna. La compagnie avait la renommée de posséder
une flotte en ordre qui fonctionnait bien et des avions qui avaient une grande
valeur marchande.
M. Bourbeau: M. Hamel, j'ai eu une conversation avec un
ex-directeur des finances de chez vous qui était là à ce
moment et qui m'a dit que la compagnie avait à peu près entre
douze et quinze Otter et Beaver et qu'elle utilisait des avions
extrêmement vieux, très âgés et qui n'avaient presque
pas de valeur marchande. Je suis étonné que votre
témoignage vienne absolument en contradiction avec ce que l'un de vos
anciens directeurs des finances a dit.
M. Hamel: Alors, voici...
M. Bourbeau: Est-ce que vraiment vos avions étaient
récents - les avions de Air Fecteau - ou si c'étaient de vieux
avions?
M. Hamel: Je n'ai pas dit qu'ils étaient récents.
Les avions de Air Fecteau étaient des avions âgés, oui,
mais des avions en excellente condition.
M. Bourbeau: Ah, bon.
M. Hamel: Quand on parle de valeur marchande, cela dépend
évidemment de la demande. Il y a des années où il n'y a
pas de demande. Que l'avion soit récent ou usagé, s'il n'y a pas
de demande, il n'y a pas de demande. L'évaluation de la flotte qui a
été faite au moment de la fusion avec Air La Sarre qui est devenu
Propair démontrait une valeur commerciale, une valeur
marchande excessivement élevée de la flotte de Air
Fecteau.
M. Bourbeau: Combien y avait-il d'avions chez Air Fecteau? Vingt,
vingt-cinq ou douze, quinze?
M. Hamel: II y avait entre vingt et vingt-cinq avions. Il y avait
environ onze ou douze Otter. Il y avait une dizaine de Beaver, sept, huit, dix
Beaver et quelques Cessna.
M. Bourbeau: Air Fecteau, en 1979, montrait une perte
d'exploitation. On a les bilans, ici, mais je pense que la compagnie perdait de
l'argent à la fin, n'est-ce pas?
M. Hamel: Oui, nous avions des pertes à la fin de 1979.
Comme je l'ai dit tantôt, une année on pouvait faire un
léger profit et l'année suivante c'était une perte.
M. Bourbeau: C'était une perte.
M. Hamel: Je n'ai pas le bilan devant moi mais je serais
porté à penser qu'il y avait une légère perte.
M. Bourbeau: Est-ce que Air Fecteau devait de l'argent à
Quebecair?
M. Hamel: Oui, Quebecair avait prêté ou fait des
avances à Air Fecteau.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez nous dire le montant?
M. Hamel: Ce ne sera pas tellement long. Quebecair avait des
avances dans Air Fecteau pour 2 850 000 $. (18 heures)
M. Bourbeau: Je suis un peu étonné de voir que vous
ne vous souvenez pas de cela parce que 2 850 000 $ pour Quebecair en 1979,
c'était une somme importante: deux à trois fois la perte ou le
profit que Quebecair avait fait l'année précédente. Il me
semble que ce n'est pas un petit montant. Ce n'est quand même pas comme
46 000 $ pour un condominium. 2 850 000 $, il me semble que vous devriez vous
souvenir de cela. Quand vous avez engagé M. Champagne, un de ses
premiers dossiers a été de s'occuper de négocier pour
Quebecair, je pense, la fusion de sa filiale Air Fecteau avec LaSarre Air
Service pour former Propair, n'est-ce pas?
M. Hamel: Non. Je ne dirais pas que cela a été la
priorité dans les devoirs qui lui ont été assignés.
Écoutez, chez Quebecair, nous avions une foule de priorités et
évidemment, la fusion avec Propair en était une qu'on a
travaillée en même temps que les autres.
M. Bourbeau: Oui, mais au moment de la fusion avec Propair,
est-ce qu'il n'était pas entendu que votre créance de 2 850 000 $
vous serait remboursée à ce moment?
M. Hamel: II y a eu des négociations, évidemment,
pour faire la fusion de Air Fecteau avec Air LaSarre et il a toujours
été question que la fusion ne serait pas possible sans l'apport
du gouvernement du Québec. Il y a eu des négociations
menées par les frères Pronovost qui étaient
propriétaires de Air LaSarre conjointement avec les propriétaires
de Air Fecteau. Cela a duré un bon bout de temps. Cela n'a pas
été une affaire facile. Il a fallu faire des études et
regarder la rentabilité future de Propair. Cela s'est fait en même
temps que bien d'autres choses.
M. Bourbeau: C'était M. Champagne qui s'occupait des
négociations, n'est-ce pas?
M. Hamel: M. Champagne, comme directeur général de
la compagnie et vice-président exécutif avait la
responsabilité de voir à ce que ces négociations soient
poursuivies et elles se sont poursuivies, tantôt avec mon concours. De
temps en temps, je n'étais pas présent, mais cela se continuait
avec M. Champagne.
M. Bourbeau: À un moment donné, au mois de
septembre 1980, je crois, les négociations ont abouti et le gouvernement
du Québec a investi 3 000 000 $ dans Propair. Qu'est-il arrivé de
la créance de 2 850 000 $ que votre compagnie avait contre Propair?
Le Président (M. Boucher): Étant donné que
nous sommes à l'heure de la suspension, est-ce que les membres sont
d'accord pour continuer quelques minutes pour terminer sur cette question?
D'accord.
M. Bourbeau: M. Hamel, est-ce que Quebecair a été
remboursée de ces 2 850 000 $ lors de cette transaction?
M. Hamel: Effectivement, oui.
M. Bourbeau: Alors, vous avez été remboursé
à même les 3 000 000 $ que le gouvernement a mis dans Propair?
M. Hamel: Oui.
M. Bourbeau: II me semble que c'est facile.
M. Clair: Je peux peut-être apporter un peu plus
d'explications sur cela. Je n'étais pas là, mais j'ai la chance
d'avoir un attaché politique qui travaillait à l'époque
pour le
ministre des Transports, M. Lucien Lessard et M. de Belleval
également. L'objectif de M. Lessard, justement pour la concurrence avec
Austin Airways dans le Nord du Québec, tentait de regrouper Direct Air,
Air Fecteau, LaSarre Air Service et Air Brazeau dont les actifs ont
été acquis pour 350 000 $ si mes informations sont bonnes. C'est
le ministre des Transports du Québec qui, pour le développement
justement de la fameuse ligne vers Fort Rupert, si je ne fais pas erreur, a
pris l'initiative de regrouper ces transporteurs aériens qui
étaient des transporteurs de brousse pour essayer, dans une seule et
même entreprise fusionnée, de développer ce qui s'est
appelé par la suite Propair, parce que si je ne fais pas erreur, Direct
Air a fait faillite. M. Hamel.
M. Hamel: Direct Air a été vendue. Cela a
donné une faillite, mais est devenu Air Mistassini en même
temps.
M. Clair: Air Mistassini; les actifs ont été
rachetés par Air Mistassini justement.
M. Hamel: C'est cela et éventuellement Propair...
M. Clair: De sorte que les négociations se sont surtout
déroulées... Ce qu'on m'indique, c'est que ces
négociations étaient commencées en tout cas du point de
vue gouvernemental, bien avant l'arrivée de M. Champagne chez Quebecair.
On a même des noms. C'était M. Pronovost qui négociait pour
LaSarre Air Service et un M. Parent qui aurait négocié pour Air
Fecteau. M. Champagne étant gérant de la municipalité de
la Baie-James à l'époque, il était à la table un
peu comme coordonnateur lors des négociations au moment où M.
Lucien Lessard était ministre.
Juste pour préciser, parce que le député a
marqué son point, il voulait prouver que, lorsque le gouvernement a
injecté 3 000 000 $ dans Propair, il y en a 2 850 000 $ qui ont servi
à rembourser une créance de Quebecair. Le ministre des Transports
de l'époque...
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas terminé
mon point encore. Le ministre des Transports a pris la parole en plein milieu
de mes questions et je pense...
M. Clair: M. le Président, je veux faire un petit point.
S'il ne veut pas avoir les explications... Il cherche à poser des
questions dans toutes sortes de directions et il ne veut pas avoir les
explications.
Le Président (M. Boucher): Je regrette..
M. Clair: II a fait cela pendant deux ans à
l'Assemblée nationale.
M. Bourbeau: C'est le contraire. C'est que je ne veux pas changer
de direction.
Le Président (M. Boucher): Je regrette.
M. Bourbeau: C'est le ministre des Transports qui change de
direction. Je suis en train d'interroger M. Hamel et le ministre lui coupe la
parole puis s'en va dans toutes sortes de choses.
Le Président (M. Boucher): J'avais présumé,
M. le député de Laporte, que vous acceptiez la réponse du
ministre. Si vous n'acceptez pas, je peux vous remettre la...
M. Bourbeau: Ce n'est pas une réponse, c'est une
conférence qu'il nous fait.
Le Président (M. Boucher): Je peux vous remettre la
parole. M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. Hamel, on parle du 3 000 000 $ que le
gouvernement du Québec a mis dans Propair qui est une filiale à
50% de Quebecair. Combien valait, d'après vous, Air Fecteau, votre
filiale, au moment de la fusion avec LaSarre Air Service?
M. Hamel: II y a une évaluation qui a été
faite des deux entreprises, dont Air Fecteau et la compagnie est loin d'avoir
été achetée à sa valeur marchande. Je n'ai pas le
bilan d'Air Fecteau devant moi pour vous donner la valeur aux livres à
ce moment-là, mais je peux vous dire que des 3 000 000 $, Quebecair a
fait un investissement de 750 000 $ pour acheter sa part de 50% dans Propair, a
consenti des avances de 200 000 $ sans intérêts au nouveau Propair
pour une période de deux ans, a acheté cette année des
actions privilégiées de Propair pour 350 000 $ et, en plus, a
garanti la dette du père des Pronovost, une dette d'environ 340 000 $,
au cas où Propair n'aurait pas les moyens de le faire, lorsque la dette
viendrait à échéance.
Comme vous pouvez le voir, dans le fond, sur les 3 000 000 $, tout ce
qui est resté à Quebecair, c'est 1 700 000 $, ce n'est pas 3 000
000 $.
M. Bourbeau: D'accord, mais au moment de la fusion vous avez pris
50% du nouveau transporteur Propair et le coût de vos actions a
été de 750 000 $, est-ce exact?
M. Hamel: Exact.
M. Bourbeau: C'est donc dire qu'on peut conclure que le
coût de Propair, au moment de la fusion, était de 1 500 000 $. Il
y avait 750 000 $ pour vos actions et 750 000 $ pour les actions de votre
associé
dans Propair. Je pense que c'est exact. Vous avez dit que vos actions
vous ont coûté 750 000 $ pour 50%. Dans ces conditions, les 3 000
000 $ du gouvernement du Québec excédaient largement la valeur de
la nouvelle société. Est-ce que je me trompe?
M. Hamel: C'est votre évaluation.
M. Bourbeau: D'accord. Quand vous avez engagé M.
Champagne, il s'est occupé -vous l'avez dit tout à l'heure - de
négocier pour vous le dossier de la fusion avec Propair. C'était
assez naturel puisqu'il vous avait déjà parlé de cela
avant même que vous l'engagiez et vous avait dit qu'à la
Baie-James, il s'occupait un peu de ces choses. Êtes-vous au courant si
M. Champagne connaissait assez bien ou avait des relations avec le ministre des
Transports du temps, M. Denis de Belleval?
M. Hamel: Je n'étais pas au courant des relations de M.
Champagne avec M. de Belleval.
M. Bourbeau: Est-ce que vous l'êtes aujourd'hui?
M. Hamel: Si je le suis aujourd'hui? Je suis au courant des
relations qui ont pu avoir lieu après qu'il ait été chez
nous, dans certains dossiers dont celui que vous parlez, mais
antérieurement à cette date, je ne suis pas au courant.
M. Bourbeau: Vous ne sauriez pas, par exemple, si M. Champagne a
été un confrère de classe du ministre de Belleval ou des
choses comme cela?
M. Clair: Ah! Ah! la farce.
M. Bourbeau: Est-ce que vous étiez au courant, M.
Hamel...
M. Rodrigue: Est-ce que sa mère n'était pas la
compagne de la mère de M. de Belleval?
M. Bourbeau: ...de liens qui auraient pu exister entre M.
Champagne et le ministre de Belleval?
M. Hamel: Et le Mouvement Desjardins? M. Clair:
Répétez donc la question.
M. Hamel: Antérieurement à son arrivée chez
nous?
M. Bourbeau: Oui.
M. Hamel: Non, je viens de vous le dire, je n'étais
absolument pas au courant.
M. Clair: M. le Président, j'aimerais que le
député de Laporte répète sa question parce que
même s'il n'est plus ministre, l'ancien député de
Charlesbourg a encore droit au respect. J'aimerais cela l'entendre juste pour
être sûr de ce qu'il a dit.
M. Bourbeau: M. le ministre, si vous voulez bien faire en sorte
qu'on puisse convoquer M. Champagne, on pourra lui poser la question.
Malheureusement, vos témoins ne se présentent pas...
M. Clair: Je ne vous demande pas cela, je vous demande de
répéter votre question
M. Bourbeau: ...à cette commission, alors on est
obligé de poser des questions à des tiers.
M. Clair: Je vous demande de répéter votre
question.
M. Bourbeau: M. le Président, je l'ai posée deux
fois ma question. Cela ne donne rien de la reposer une troisième fois.
Je pense...
M. Clair: Je lirai le journal des Débats.
M. Bourbeau: M. Hamel dit qu'il n'est pas au courant, alors je
prends sa parole. M. Hamel n'a pas de raison de ne pas dire la
vérité.
M. Hamel, si vous voulez, on va revenir à la transaction au terme
de laquelle vous avez acheté Quebecair. Vous avez acheté
Quebecair de M. Webster en août 1979 et vous avez payé 4 700 000 $
pour les actions de M. Webster. Est-ce exact?
M. Hamel: Une minute.
M. Bourbeau: 4 762 785 $ est le prix mentionné au contrat
entre vous et M. Webster.
M. Hamel: Oui, c'est à peu près cela.
M. Bourbeau: C'était en août 1979. Deux ans
après, presque deux ans exactement, en juillet 1981, vous convenez de
vendre vos actions, enfin, vous et vos associés, au complet, au
gouvernement du Québec pour à peu près 7 645 000 $.
J'additionne les 4 500 000 $, qui ont déjà été
payés en juillet 1981 aux actionnaires, à vous et vos
associés, plus les 3 100 000 $ qui vont vous être payés cet
été si vous exercez votre option, cela fait en tout un prix de
vente de 7 600 000 $ pour vos actions. Est-ce exact?
M. Hamel: Je ne vous ai pas suivi tout à fait dans votre
calcul. Je ne peux pas dire que c'est cela.
M. Bourbeau: M. Hamel, le prix de vente...
M. Perron: II n'est pas capable de calculer.
M. Bourbeau: ...de vos actions, Mouvement Desjardins et Provost,
au gouvernement du Québec est de combien?
M. Perron: Tu ferais mieux de grossir, toi, là!
M. Hamel: Le prix de vente de tous les actionnaires
privés"7
M. Bourbeau: Oui, mais les 93%, parce que vous détenez
93%.
M. Hamel: II va falloir que je le calcule, je ne l'ai pas
là.
Une voix: Voyons donc!
M. Bourbeau: M. Hamel, vous savez fort bien que vous avez vendu,
vous et vos associés, pour 4 500 000 $ d'actions en juillet 1981. Les
journaux en ont parlé. Tout le monde en a parlé. C'est dans les
contrats partout. Vous avez les contrats devant vous. 4 500 000 $, c'est un
chiffre qui est facile à retenir, non? Les chiffres sont-ils trop
petits? Faudrait-il parler de centaines de millions pour que vous vous en
souveniez?
M. Hamel: En fait, je n'ai pas les chiffres devant moi, mais si
vous voulez que je vous les confirme, je vais les regarder.
M. Bourbeau: Si vous me le permettez, M. Hamel, je vais poser la
question à M. Bernier. M. Bernier, c'est quoi le prix de vente total des
actions des actionnaires de Quebecair au gouvernement du Québec en vertu
de la convention?
M. Bernier: Le gouvernement du Québec a racheté des
actionnaires des actions privilégiées au coût de 4 500 000
$. C'est cela? 45 000 actions au coût de 4 500 000 $.
M. Hamel: Ce sont les privilégiées. M. Bernier:
Ce sont les privilégiées.
M. Bourbeau: Elles ont été payées en juillet
1981?
M. Bernier: Notre quote-part, on l'a réinvestie en
dépôts à terme dans Quebecair. Vous voyez les chiffres dans
l'état financier. C'est 1 395 000 $. On s'est retourné de
bord.
M. Bourbeau: D'accord. C'est cela, c'est au bilan.
M. Bernier: On a payé nos actions 1,60 $ en moyenne et on
les a vendues 2,25 $, mais avec le "put" de la livraison dans deux ans. On
avait ce choix, ou bien de les vendre comptant à Air Canada. On les a
donc vendues à terme et sans intérêt, c'est-à-dire
qu'on les a roulées dans 1848. C'est cela. Pour le Mouvement Desjardins,
le résultat de la transaction a été d'enregistrer un
bénéfice d'environ 400 000 $ qu'il a fallu comptabiliser sans y
toucher, parce qu'on avait seulement fait un transfert de livres.
M. Gauthier (Paul): C'est un faux bénéfice dans un
sens puisqu'il était comptable, mais, effectivement, on n'a pas encore
touché l'argent et là aussi il y a un coût pour supporter
pendant deux ans cet argent, ce qui fait qu'il ne reste pas de
bénéfice.
M. Bourbeau: Le bénéfice du Mouvement Desjardins,
si je peux dire, dans l'opération est de quelque 400 000 $, mais il y a
des coûts d'intérêts à assumer entre-temps.
M. Gauthier (Paul): Ils s'équivalent à peu
près.
M. Bernier: C'est-à-dire qu'on supporte les actions
pendant deux ans sans aucun retour. Donc, en définitive...
M. Bourbeau: Oui, seulement les actions communes.
M. Bernier: ...cela va donner le même résultat que
si on les avait vendues comptant au fédéral.
M. Bourbeau: D'accord. Seulement les actions communes, parce que
les actions privilégiées vous ont été payées
comptant.
M. Bernier: Les actions privilégiées ont
été payées comptant, mais, comme le Mouvement Desjardins
avait comme objectif de rester dedans pour continuer à rationaliser, on
a réinvesti nos actions privilégiées en
dépôts à terme dans Quebecair.
M. Bourbeau: Oui, mais Quebecair vous paie un
intérêt sur ce montant.
M. Bernier: Évidemment, elle a besoin des fonds.
M. Bourbeau: Oui, d'accord, mais ce que je veux dire, c'est
que...
M. Bernier: Cela veut dire que des 15 000 000 $ que le
gouvernement du
Québec a investis, il a remboursé 4 500 000 $ d'actions
privilégiées, mais nous avons retourné 1 400 000 $.
M. Bourbeau: Oui, d'accord, mais vous avez prêté 1
400 000 $ moyennant intérêts.
M. Bernier: On a prêté 1 400 000 $, parce qu'on
voulait être sur la même base que les autres actionnaires.
M. Bourbeau: D'accord. Ce 1 400 000 $, ce n'est pas de l'argent
perdu. Vous retirez des intérêts et c'est garanti par le
gouvernement. (18 h 15)
M. Bernier: On retire des intérêts. On a une "lettre
de confort". On présume que c'est une bonne garantie.
M. Bourbeau: Oui, une "lettre de confort" du ministre des
Transports, c'est aussi bon que la banque. Soyez sans crainte. En
résumé, le Mouvement Desjardins a fait environ 400 000 $ de
profit, disons, brut dans la transaction. Pour tenter de départager
cela, vous avez 31% des actions, je crois.
M. Bernier: 31% dans l'ancienne et 34% dans la nouvelle.
M. Bourbeau: D'accord. Le groupe Provost a à peu
près un tiers de vos actions.
M. Bernier: Le groupe Provost en a onze dans les 1848.
M. Bourbeau: Bon, onze représente à peu près
le tiers, oui. Alors, si vous retirez 400 000 $ de profit brut, on peut dire
que le groupe Provost retire à peu près 150 000 $ de profit brut.
Je présume que c'est le même ordre de grandeur.
M. Leblond: II n'a peut-être pas le même coût
moyen de propriété, M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Pardon?
M. Leblond: Je m'excuse. Il n'a peut-être pas le même
coût moyen de propriété.
M. Bernier: Non, le coût de propriété -M.
Leblond, c'est exact - du groupe Provost est un peu plus élevé
que le nôtre.
M. Bourbeau: D'accord.
M. Bernier: Et à part cela, lui aussi supporte
évidemment, le financement de ses actions.
M. Bourbeau: De ses actions ordinaires? M. Bernier: De ses
actions ordinaires. Il a été payé pour ses actions
privilégiées.
M. Bourbeau: Ses actions privilégiées ont
été payées comptant.
M. Bernier: Voilà!
M. Bourbeau: M. Hamel, est-ce que vous êtes d'accord avec
monsieur?
M. Hamel: Oui, c'est parfait.
M. Bourbeau: Alors, 7 645 000 $, disons 7 600 000 $, c'est
à peu près le prix que le gouvernement du Québec paiera
pour la totalité des actions de tout le groupe. Est-ce exact?
M. Gauthier (Paul): Oui.
M. Bourbeau: M. Gauthier, vous dites que c'est exact? Bon!
M. Gauthier (Paul): Oui.
M. Bourbeau: Alors, M. Hamel, le gouvernement du Québec
paiera 7 600 000 $ pour les actions et vous avez payé ces actions 4 700
000 $ de M. Webster il y a deux ans. C'est donc dire que le profit brut, total,
qui se fait sur cette transaction est de 2 900 000 $. C'est facile, c'est 7 600
000 $ moins 4 700 000 $. Je laisse faire les centaines de milliers, je laisse
faire les décimales. Donc, un profit brut au départ de 2 900 000
$. D'accord? Vous me suivez?
M. Hamel: Je vous suis jusqu'à ce que vous arriviez au
bout et que vous déduisiez le coût de supporter
l'investissement.
M. Bourbeau: Oui, oui, on y arrivera après. Il faut quand
même commencer par mentionner les données de base. Après
cela, on parlera des coûts. Alors, 2 900 000 $ est le profit brut qui
sera fait sur les actions. Je dis bien brut parce que...
M. Hamel: Non, il n'y a pas de profit brut parce qu'avant de
calculer un profit brut il faut soustraire le coût de
l'investissement.
M. Bourbeau: Oui, je comprends, M. Hamel.
M. Hamel: D'accord?
M. Bourbeau: Je comprends, mais vous avez acheté...
M. Hamel: Cela n'est pas un profit brut.
M. Bourbeau: ...des actions à 4 700 000 $ et elles ont
été revendues
7 600 000 $. Alors, il y a quand même un profit au départ.
Avant déduction des coûts, il y a quand même un profit de 2
900 000 $ qui se fait.
M. Hamel: Non, ce n'est pas un profit, c'est un revenu duquel il
faut déduire les dépenses.
M. Bourbeau: D'accord, un revenu. Alors, il y a un revenu...
M. Clair: Brut.
M. Bourbeau: ...brut de 2 900 000 $.
M. Clair: Bon, on commence à s'entendre.
M. Bourbeau: Vous et votre groupe Expéditex détenez
51% des actions de Quebecair.
M. Hamel: 51,6%, pour être exact.
M. Bourbeau: Oui, je comprends, mais je vous... 51,6% des actions
de Quebecair. D'accord?
M. Hamel: C'est cela,
M. Bourbeau: Enfin, de la compagnie mère. On ne
s'empêtrera pas dans les fleurs du tapis. C'est donc dire que des 2 900
000 $ de revenu brut, pour employer votre expression, vos 51% signifient
à peu près 1 500 000 $ de revenu brut. D'accord?
M. Hamel: Grosso modo, oui.
M. Bourbeau: 1 500 000 $, d'accord. En plus de cela, vous avez
vendu des actions en cours de route au Mouvement Desjardins et à la
Corporation Provost. Est-ce que vous les avez vendues le même prix que
vous les aviez payées à M. Webster ou avec un profit?
M. Hamel: II y a eu des coûts inhérents à
cette transaction.
M. Bourbeau: Je ne vous parle pas des coûts, je vous parle
des profits.
M. Hamel: Non, non, mais, écoutez, quand on vend des
actions sur lesquelles il y a déjà eu des coûts, il faut
les vendre plus cher. C'est ce qui est arrivé.
M. Bourbeau: Bon, vous les avez vendues plus cher.
M. Hamel: Alors, il y a eu une transaction privée et elles
ont été vendues plus cher.
M. Bourbeau: Bon! De combien plus cher?
M. Hamel: Une certaine proportion. Dans le cas de Desjardins, on
a fait une entente spéciale parce que l'arrivée du groupe
Desjardins dans la transaction avec Quebecair représentait aux fins pour
lesquelles je m'étais impliqué dans Quebecair une valeur
inestimable. Les actions ont été vendues 1,60 $.
M. Bourbeau: Et vous les aviez payées 1 $.
M. Hamel: C'est cela, oui.
M. Bourbeau: Donc, vous avez fait un profit de 0,60 $ l'action
quand vous avez vendu à Provost et au Mouvement Desjardins.
M. Hamel: II y a eu deux transactions avec Desjardins. La
première a été pour 21% à 1,50 $ et la
deuxième à 1,60 $.
M. Bourbeau: Bon, d'accord. Disons une moyenne de 1,55 $. Ce
n'est pas tellement important.
M. Hamel: Environ.
M. Bourbeau: Combien cela faisait-il d'argent? Combien y avait-il
d'actions? Vous aviez 1 396 000 $ au départ. Vous en avez vendu 42%.
Vous avez vendu quelque chose comme 600 000 actions avec un profit de 0,55 $
l'action, n'est-ce pas?
M. Clair: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): Question de règlement,
M. le ministre.
M. Clair: Je ne sais pas où le député s'en
va, mais on est ici pour étudier... M. le Président, je
soulève une question de règlement. C'est mon droit comme
député de le faire. La commission a pour mandat d'étudier
le dossier de Quebecair. Actuellement, si je comprends bien, ce que nous sommes
en train d'étudier, ce sont des relations entre M. Alfred Hamel, d'une
part, et la Société d'investissement Desjardins, d'autre part,
qui ont eu lieu bien avant que le gouvernement intervienne et qui concernent
des parties privées. Je ne sais pas quel est l'objectif que poursuit le
député, mais je trouve qu'il détourne présentement
la commission parlementaire de son vrai sens. Ce qu'il essaie de faire - cela
fait longtemps qu'on le sait, il l'a dit à plusieurs reprises -ce n'est
pas du tout de connaître les problèmes de Quebecair et de voir
quelles sont les difficultés qu'a éprouvées Quebecair,
quelles sont les possibilités de réorganisation.
J'invoque le règlement parce qu'à mon sens -peu importe,
les témoins répondent bien, ils n'ont pas de pouvoir de se
défendre devant la commission parlementaire - ce que le
député veut faire, c'est détourner le mandat de la
commission parlementaire. En effet, je me rends compte, en l'écoutant et
en écoutant ses questions et les réponses, que ce dont il traite,
c'est de relations entre M. Alfred Hamel, Expéditex et la
Société d'investissement Desjardins et non pas des transactions
relatives à Quebecair, comme entreprise, et non pas quant de
l'évolution et des difficultés financières de Quebecair.
Ce sont des relations de parties privées.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre des Transports prétend que cela
ne concerne pas l'évolution de Quebecair. Je dirai simplement que les
fonds qui ont été utilisés pour acheter les actions dont
on parle sont des fonds publics. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas en
parler. Je suggérerais au ministre...
M. Clair: Absolument pas.
M. Bourbeau: M. le Président, si vous voulez, je vais
terminer mon intervention. Je suggérerais au ministre de s'asseoir bien
confortablement dans son fauteuil, de boucler sa ceinture et autre chose, si
possible, et de s'abstenir de toujours intervenir quand le député
de Laporte est en train d'interroger les gens.
M. Clair: M. le Président, je reviens sur ma question de
règlement parce que le député dit qu'on est en train, par
ses questions, de traiter d'actions qui ont été achetées
par des fonds publics. Ce n'est pas le cas. Ce dont il traite, c'est d'actions
qui ont été achetées par la Société
d'investissement Desjardins de M. Alfred Hamel. Dans ce sens, je ne vois pas
quel est le lien que le député essaie de faire.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est que M. Hamel nous a
dit tout à l'heure que son profit total dans la transaction est de 194
000 $. Je tente de vérifier si cela est exact. Je ne mets pas en doute
la parole de M. Hamel, mais je veux voir si c'est exact qu'il a fait 194 000 $
de profit. Il me semble que c'est normal qu'on pose des questions dans ce
sens.
Le Président (M. Boucher): Si vous le permettez, M. le
député de Laporte, il est déjà 18 h 20. Si les
membres de la commission sont d'accord pour qu'on continue jusqu'à 19
heures ou 20 heures. Si on peut continuer.
M. Bourbeau: Peut-être qu'on pourrait seulement finir ce
point.
Le Président (M. Boucher): On pourrait quand même
finir ce point. Je vois le mandat de la commission: étude de
l'évolution et de l'avenir de Quebecair. Lorsqu'on parle d'autres choses
que Quebecair, je n'ai pas la connaissance du dossier pour vous donner des
directives sur le fond des questions. Si les témoins croient que cela
n'entre pas dans leur mandat de répondre à des questions
semblables, ce sont les témoins qui peuvent le dire. Pour le moment, il
serait peut-être bon qu'on mette fin au débat et qu'on suspende
jusqu'à 20 heures.
M. Gratton: M. le Président, avant qu'on suspende, je
dirai simplement que les questions que posait le député de
Laporte étaient ni plus ni moins l'extension que celles qu'avait
posées préalablement le député de Vimont à
M. Hamel. Quant à moi, je trouve que votre avis est tout à fait
conforme au règlement que si, en tout temps, un de nos invités
considère qu'il n'est pas d'intérêt public ou du mandat de
la commission de répondre aux questions du député de
Laporte, libre à cette personne d'en décider. Je verrais mal que
ce soit le ministre qui indique au député de Laporte, aux
témoins ou aux membres de la commission ce qui est pertinent ou ce qui
ne l'est pas.
M. Clair: M. le Président, le député de
Gatineau ne sortira pas son collègue, le député de
Laporte, de l'embarras aussi facilement parce que la question des
profits...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Clair: ...ou des supposés profits à partir des
fonds publics a été soulevée de notre côté.
On n'a donc pas de reproche à nous faire de ce côté. Le
député de Gatineau est assez intelligent pour comprendre - je le
connais assez pour cela -qu'il y a une différence entre les transactions
intervenues entre le gouvernement et les actionnaires et les transactions
intervenues entre les parties privées avant que le gouvernement
intervienne. Cela m'apparaît évident.
M. Gratton: Alors, ce serait à M. Hamel de décider
si ce n'est pas du ressort de la commission; ce n'est pas au ministre. C'est ce
que j'entends.
M. Clair: M. le Président, ce n'est pas à lui,
c'est au président de la commission de décider si les membres
respectent le mandat de la commission ou pas.
M. Bissonnet: II y a des questions qui sont posées qui
sont bien.
Le Président (M. Boucher): Je pense, M. le
député de Laporte que vous êtes en mesure de
connaître le dossier. Dans le mandat de la commission on parle de
l'étude de l'évolution et de l'avenir de Quebecair. Quand les
questions ne se rapportent pas à Quebecair, pour ma part je ne peux pas
les accepter. Si les invités veulent y répondre,
évidemment, libre à eux d'y répondre, mais essayons de
nous en tenir à la pertinence du débat.
M. Rodrigue: M. le Président, seulement une petite
seconde, s'il vous plaît! Étant donné qu'on a fait
référence à la question que j'avais posée tout
à l'heure, je veux quand même faire remarquer au
député de Gatineau que j'ai demandé à M. Hamel
quelles étaient les conséquences financières pour lui de
l'implication du gouvernement du Québec dans le dossier de Quebecair,
mais je n'ai pas demandé de commencer à nous
révéler les transactions qu'il a faites avec d'autres partenaires
privés à ce moment-là. Il me semble que c'est la
différence qu'il faut faire entre ce qui implique les fonds publics et
des transactions normales entre partenaires du secteur privé.
M. Bourbeau: M. le Président, si vous voulez, je vais
finir de poser mes questions à M. Hamel sur ce sujet.
Le Président (M. Boucher): Alors, les membres de la
commission sont-ils d'accord pour continuer encore cinq minutes?
Une voix: Certainement. Cela va très bien.
Le Président (M. Boucher): Cinq minutes.
M. Bourbeau: M. le Président, je peux vous assurer que
cela concerne Quebecair, pour demeurer, comme vous le dites, dans la pertinence
du débat. Je peux vous assurer également que je ne suis
absolument pas dans l'embarras et je me demande qui l'est, parce que ce n'est
pas moi qui ai interrompu la conversation avec M. Hamel.
M. Hamel, je pense qu'on peut voir assez facilement que, lorsque vous
avez vendu au Mouvement Desjardins, vous avez fait un profit brut, pour
employer votre expression, d'environ 300 000 $ à 400 000 $. On voit que
c'est à peu près 600 000 actions à 0,55 $ en moyenne de
profit. Alors, disons 300 000 $ en termes vagues. Vous avez également
perçu un bonus, une prime sur vos actions, c'est au contrat. Alors,
cette prime se chiffre exactement à 300 000 $. Je pense que vous vous en
souvenez, de celle-là. Vous en souvenez-vous?
M. Hamel: Absolument.
M. Bourbeau: Alors, 300 000 $ en prime. Si on regarde les
chiffres que j'ai alignés, je pense qu'ils ne sont pas tellement
compliqués. Je résume: le profit fait sur la transaction entre le
coût à l'achat et le coût à la vente est de 2 900 000
$. Vous avez la moitié des actions à peu près, un peu plus
que la moitié d'ailleurs, ce qui fait environ 1 500 000 $ pour votre
part. Vous avez 300 000 $ de profit avec le Mouvement Desjardins quand vous lui
avez revendu une partie de ses actions et vous avez fait 300 000 $ en prime
avec le gouvernement du Québec, votre prime personnelle de 300 000 $.
Donc, au départ vous avez fait un profit brut de 2 100 000 $. J'avance
ce chiffre-là; vous dites 194 000 $ et moi, je vous dis 2 100 000 $.
Pourriez-vous m'expliquer comment les chiffres que j'avance et qui sont
basés sur les contrats diffèrent du vôtre, parce que c'est
un rapport de dix à un?
M. Bernier: M. le Président, si vous le permettez,
j'aurais seulement une précision sur la transaction entre M. Hamel et le
Mouvement Desjardins. On avait convenu avec M. Hamel, lorsqu'on s'était
rencontré pour faire une participation dans Quebecair, que cela pouvait
se passer de deux façons: soit qu'on faisait la transaction en
même temps que lui avec M. Webster soit qu'on la faisait après. Il
s'est avéré plus facile de réaliser la transaction en
permettant à M. Hamel de faire, dans un premier temps, la transaction
avec M. Webster à cause des débentures de Quebecair
vis-à-vis de M. Webster et de certains traitements
privilégiés que Quebecair pouvait obtenir à condition que
M. Hamel soit à la direction de Quebecair. On a laissé faire la
transaction par M. Hamel. On n'avait pas déterminé au
départ le partage, mais il était évident que pour la SID,
il fallait que ce soit quelque chose d'au moins 21% parce que chez nous, on est
une société d'investissement et que si on ne consolide pas, il
n'est pas intéressant de faire un investissement. Alors, des
investissements en bas de 21%, on les regarde de loin. C'était clair en
partant qu'on n'était pas intéressé en bas de 21%. (18 h
30)
Quand les transferts, ont été faits, on a
évalué avec M. Gauthier le coût des dépenses que M.
Hamel avait faites pour acheter les actions et pour les supporter jusqu'au jour
où on les a achetées. On a eu
une démonstration claire, nette et précise qui nous a
satisfaits en ce sens que, si on avait fait la transaction à peu
près en même temps que lui, cela équivalait peut-être
à 1,50 $ au moment où on l'a faite, aussi près que
possible. Dans un deuxième temps, il les avait supportées plus
longtemps avec du financement très élevé; alors, on les a
achetées à environ 1,68 $, pour avoir un prix moyen. Au moment
où on les a achetées de M. Hamel, cela veut dire qu'elles nous
auraient coûté à peu près la même chose que si
on les avait achetées en même temps que lui. C'était cela
notre idée d'ajuster notre prix. On partait du prix de 1 $, plus le
coût d'acquisition ou le coût de financement et c'est comme cela
qu'on est arrivé à notre compte.
M. Bourbeau: Sans aucun profit pour M. Hamel?
M. Bernier: M. Hamel nous a démontré, à
notre satisfaction, qu'il avait supporté ces coûts.
M. Bourbeau: De toute façon, je veux quand même
préciser, M. Hamel, que l'Opposition, ou le député de
Laporte, ne vous blâme pas de faire un profit, loin de là. Je ne
voudrais pas que vous pensiez que nous estimons que faire un profit, dans la
société, pour un homme d'affaires, c'est une chose qui est
mauvaise; au contraire, je pense que si vous pouvez trouver quelqu'un qui est
prêt à vous payer...
M. Clair: Je n'ai jamais vu quelqu'un d'embarrassé comme
cela.
M. Rodrigue: C'est un mauvais patinage à reculons.
M. Bourbeau: Je ne comprends pas ce que le ministre des
Transports veut dire. Moi, je pense, M. Hamel, que si vous avez trouvé
quelqu'un qui était prêt à vous payer 25 000 000 $ pour vos
actions, tant mieux pour vous. Je ne vous blâme pas d'avoir fait un
profit en vendant vos actions au gouvernement du Québec. Si vous avez
fait 2 000 000 $ de profit, tant mieux pour vous en tant qu'homme d'affaires.
C'est que vous avez été plus astucieux et que vous avez
réussi à négocier un bon contrat. Mais je voudrais
simplement savoir comment vous pouvez, vous, dire que votre profit est de 195
000 $, alors que, au départ, si on regarde les contrats, il se situe au
moins à 2 000 000 $. Je comprends qu'il y a eu des frais
d'intérêt sur les montants d'argent et peut-être des frais
d'avocat et des choses comme cela, mais de là à justifier une
différence entre 194 000 $ et au-dessus de 2 000 000 $, il
m'apparaît que l'écart est énorme et je ne vois pas comment
on peut y arriver.
M. Hamel: M. le Président, lorsque j'ai répondu au
député de Vimont à la suite de sa question concernant ce
qui a paru dans la Presse du 4 décembre 1982, j'ai répondu
exactement sur la base de ce qu'il m'a demandé, c'est-à-dire ce
qu'il y avait dans la Presse. Dans la Presse, on parlait d'un profit depuis que
Québec était embarqué. À un moment donné, on
vend au Québec, en août 1983. Il est bien entendu - je ne l'ai pas
mentionné parce que l'occasion ne s'est pas présentée -
que les 300 000 $ de prime que vous avez mentionnés n'étaient pas
inclus. Ce que j'ai dit concernant le profit de 194 000 $ est la
vérité. Cela a été calculé par des
comptables étrangers à notre organisation.
Maintenant, les 300 000 $, si vous voulez en parler, on peut en parler,
c'est facile. Tout d'abord, ma conception des affaires, c'est que ce n'est pas
ce que cela coûte quand on paye quelque chose pour avoir un service, mais
c'est ce que cela rapporte. Je peux vous dire que le fait que j'aie
accepté, pour la prime de 300 000 $ dont on a parlé, de garder le
contrôle de Quebecair a fait épargner à Quebecair
aujourd'hui, au 1er mars, 1 150 000 $ de frais
d'intérêt qui, autrement, auraient dû être
payés par la compagnie si le contrôle avait changé.
De plus, je voudrais vous dire une autre chose. Cela semble assez
facile, 300 000 $, c'est un profit net dans sa poche. J'ai entendu toutes
sortes de réflexions là-dessus. Mais n'oubliez pas que
l'engagement que j'ai pris de garder le contrôle jusqu'à ce qu'une
négociation conduise à des taux acceptables, enfin à des
termes acceptables par toutes les parties de la dette de M. Webster de 8 000
000 $, c'est quelque chose d'important. C'est un engagement qui peut
coûter des grosses dépenses à celui qui vous parle. Il n'y
a rien qui me garantit que, le 1er août, ce problème
sera réglé. En supposant qu'il n'est pas réglé et
il ne l'a pas été jusqu'à maintenant malgré tous
nos essais et il y a eu plusieurs rencontres avec le groupe Webster, cela
voudrait dire qu'on reste accroché. Le gouvernement ne sera pas
obligé de nous payer le 1er août si cette affaire n'est
pas réglée. Alors, il faudrait supporter tout près de 2
000 000 $ d'investissements pendant un temps indéterminé, on ne
le sait pas. Il n'y a rien qui ne me garantit que cela sera réglé
le 1er août. Je peux vous assurer que c'est une responsabilité
assez grande. Alors ces 300 000 $, je ne les considère pas comme un
profit; il y a des dépenses rattachées à cela. Il y en a
eu jusqu'à maintenant, d'ailleurs. C'est cela, ma réponse
là-dessus. Je ne les considère pas comme un profit.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez personnellement garanti les 8
000 000 $ de dette à M. Webster?
M. Hamel: Non, non, il n'y a pas de garantie personnelle sur le
remboursement lui-même.
M. Bourbeau: Ah! bon. Les 8 000 000 $, les débentures de
M. Webster, remarquez que c'est vous qui en avez parlé, moi, je n'avais
pas l'intention d'en parler parce que je sais qu'il y a des litiges
là-dessus. Puisque vous avez ouvert la porte, on va en parler. Cet
argent-là que vous n'avez pas garanti personnellement, ça c'est
Quebecair qui doit l'argent.
M. Hamel: C'est ça.
M. Bourbeau: D'accord. Vous, vous avez dit: Parce que je suis
demeuré actionnaire majoritaire et au contrôle de Quebecair,
ça rapporte de l'argent à Quebecair et c'est rentable pour
Quebecair, parce que Quebecair peut continuer à jouir de prêts
avantageux. Mais est-ce que ce n'était pas à votre avantage de
demeurer quand même, indépendamment de la prime de 300 000 $, au
contrôle de Quebecair puisque de toute façon vous êtes
actionnaire et que vos actions ne vous seront pas payées avant juillet
prochain? Est-ce que ce n'est pas intéressant pour quelqu'un à
qui on doit une somme importante de rester dans la société pour
s'assurer qu'elle est bien gérée plutôt que de laisser la
société être administrée par d'autres?
M. Hamel: Cela dépend du point de vue où on se
place. Si vous regardez un investissement comme celui d'Alfred Hamel et
d'Expéditex qui serait gelé dans Quebecair, écoutez il y a
moyen de faire travailler l'argent mieux que ça. On a accepté
d'être dans Quebecair pour un certain temps, on ne connaissait pas
l'avenir. On a pris des risques. Évidemment, vu que la compagnie n'a pas
enregistré de profits, c'est sûr que la valeur des actions n'a pas
augmenté. Si on considère l'inflation, parce qu'on n'en a pas
parlé encore, la valeur des actions au 1er août 1983 ne sera pas
la même qu'il y a deux ans.
M. Bourbeau: M. Hamel, est-ce que le gouvernement du
Québec ne vous a pas garanti au 31 juillet 1983 de vous payer un prix
fixe de 2,25 $ l'action, indépendamment de la valeur aux livres?
M. Hamel: Exactement.
M. Bourbeau: Alors, pourquoi vous nous dites que la valeur des
actions tombe ou peut tomber, puis qu'il y a des problèmes? Il n'y a pas
de problème, vous êtes garanti par le gouvernement du
Québec.
M. Hamel: Oui, le chiffre de 2,25 $ est garanti comme tel. Mais
j'ai mentionné qu'à cause de la diminution de la valeur de
l'argent d'année en année, de l'inflation, votre argent n'a plus
la même valeur. Vous ne pouvez pas acheter en 1983, pour le même
nombre de dollars, ce que vous auriez acheté en 1981.
M. Bourbeau: Tantôt, M. Hamel, vous avez dit au sujet des 8
000 000 $ du prêt de Webster à Quebecair que c'était de
grosses responsabilités pour vous, puis que si au mois d'août ce
n'était pas réglé il y aura des problèmes. Il n'y
en a pas de problèmes. La convention avec le gouvernement du
Québec dit qu'au 31 juillet 1983 vous êtes payé de vos
actions. Ce n'est pas vous-même personnellement qui supportez la
responsabilité du prêt de Webster, c'est Quebecair, puis Quebecair
appartient au gouvernement. Alors, en quoi ça vous dérange?
M. Hamel: C'est là où, justement, il vous en manque
un bout.
M. Bourbeau: Alors, dites-moi ça. On va apprendre
ça.
M. Hamel: C'est que s'il n'y a pas eu une nouvelle
négociation qui donne satisfaction à tous les actionnaires de
Quebecair quant au paiement de la dette de M. Webster, parce que moi, Alfred
Hamel et Expéditex on s'en va, le gouvernement a seulement à dire
non, puis il ne nous paye pas.
M. Bourbeau: En vertu de quoi?
M. Hamel: En vertu de l'entente entre actionnaires.
M. Clair: M. le Président, juste pour éclairer, je
citerai l'article 4,5 de la convention entre actionnaires: "Lemah s'engage
à renégocier en faveur de la compagnie - Lemah c'est, je pense,
Hamel viré à l'envers - les termes et modalités des
prêts qui ont été consentis par Hochigan, The Imperial
Trust, Dascon Investments. Les termes et conditions devront être
acceptables à Expéditex Inc., Société
d'investissement Desjardins, Corporation Provost et au ministre. Tant et aussi
longtemps que l'engagement de Lemah n'aura pas été
réalisé en entier, ni Lemah ni Expéditex ne pourront
vendre leurs actions. Elles devront conserver le contrôle de Quebecair,
Air Québec afin de permettre à la compagnie de continuer à
bénéficier des avantages reliés à ces
prêts.
"Les parties reconnaissent que l'entreprise a payé à Lemah
une prime pour chacune des actions ordinaires de Quebecair, soit une somme
totale de 300 000 $ en considération du fait que Lemah accepte de
conserver, tant et aussi longtemps que l'engagement mentionné au
paragraphe 4,5 ne sera pas réalisé, une position majoritaire dans
l'entreprise afin de permettre à Quebecair de continuer à
bénéficier des avantages reliés aux prêts
mentionnés."
M. Bourbeau: Quand vous dites renégocier les prêts,
M. Hamel, il n'est pas dit pour quelle période. Le texte qui est
employé est très vague.
M. Clair: Tous les actionnaires, c'est ça que dit le
texte.
M. Bourbeau: À renégocier. Actuellement, on sait,
parce que cela a été dit à plusieurs reprises, que la
famille Webster, enfin les créanciers ont pris une action contre
Quebecair, ça été dans les journaux, pour exiger le
remboursement de ce prêt-là. Vous êtes au courant de
ça, je présume?
M. Hamel: Exactement.
M. Bourbeau: Bon. Alors, qu'est-ce qui va arriver si la cour dit
qu'effectivement les prêts sont dus? Qu'est-ce qui va arriver avec vos
actions?
M. Hamel: Ah, là, c'est une autre affaire. Vous parlez
d'une éventualité. C'est une hypothèse.
M. Bourbeau: C'est une renégociation que la cour aura
faite elle-même, à ce moment-là?
M. Hamel: Non, écoutez. Vous parlez d'un
événement qui n'était pas prévu et qui a
été causé parce qu'il y a eu tellement de publicité
à propos du dossier. Mais, laissez-moi vous dire que, quand vous parlez
du fait que l'entente est vague, il n'y a pas de termes définis dans la
nouvelle négociation, dans la nouvelle entente. Je dois vous dire qu'il
y a eu plusieurs rencontres avec les intéressés et il n'y a pas
eu moyen de s'entendre. C'est la preuve que les actionnaires sont
exigeants.
M. Bourbeau: M. Hamel, vous dites...
M. Hamel: Et il n'est pas question de laisser aller des termes de
quinze ans aux conditions qui ont été consenties et dont
Quebecair jouit actuellement pour d'autre chose qui serait
considérablement différent. En tout cas, jusqu'à
maintenant, c'est l'expérience que nous avons acquise depuis que ce
dossier fonctionne, depuis le 1er août 1981. Mais je dois vous dire qu'il
y a beaucoup d'imprévu dans cette affaire.
M. Bourbeau: Oui, cela on s'en est rendu compte un peu, M. Hamel.
Mais quand vous dites que la famille Webster a pris action parce qu'il y a eu
pas mal de publicité à propos de ce dossier, vous voulez dire
que, si personne n'en avait parlé, si on était resté
silencieux, peut-être que Webster n'aurait pas su ce qui se passait et
qu'il n'aurait pas pris action. Mais n'est-il pas vrai que M. Webster
siège au conseil d'administration de Quebecair?
M. Hamel: II y siégeait.
M. Bourbeau: II siégeait jusqu'à quand?
M. Hamel: Jusqu'au mois d'avril 1982.
M. Bourbeau: Alors, comment pouviez-vous lui cacher ce qui se
passait dans la compagnie puisqu'il siégeait au sein même du
conseil d'administration de la compagnie Quebecair?
M. Hamel: II n'était pas question de lui cacher quoi que
ce soit.
M. Bourbeau: Bien oui, vous avez dit tantôt que la
publicité au sujet du dossier a éveillé la
curiosité de M. Webster, lui a mis la puce à l'oreille.
M. Hamel: Excusez-moi, j'ai mentionné qu'il y a eu
beaucoup de publicité, mais je n'ai pas donné de
précisions.
M. Bourbeau: Oui, mais cela impliquait que, si on n'avait pas
fait de publicité, peut-être que M. Webster n'aurait pas su ce qui
se passait et qu'il n'aurait pas réclamé le remboursement de son
prêt. Et comme il siégeait à votre propre conseil
d'administration, vous ne pouviez pas lui cacher cela.
M. Hamel: Non, non, il n'était pas question de lui cacher
quoi que ce soit. Au contraire.
M. Bourbeau: Ah, bon. D'accord. Donc, ce n'est pas la
publicité que l'Opposition a pu faire ou quelqu'un qui a
renseigné M. Webster?
M. Hamel: Écoutez...
M. Bourbeau: II était renseigné
déjà?
M. Hamel: ...il y a des façons de faire de la
publicité, de faire connaître des choses et il y en a d'autres
aussi. Il y a différentes façons de procéder.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. Hamel, sur cette question-là, est-ce que ce
n'est pas plutôt tout le discrédit qui a été
jeté à un moment donné sur Quebecair - et je pose la
question aussi à M. Bernier - l'inquiétude qui a pu s'emparer
à ce moment-là du créancier, une attitude psychologique
qu'on a développée chez lui, qui ont fait en sorte que les
négociations ont pu être rendues plus difficiles? M. Bernier?
M. Bernier: C'est bien possible parce qu'en fait je suis au
conseil de Quebecair déjà depuis 1979. J'ai été
président en 1980 et je n'ai pas vu M. Webster une fois au conseil. Il
ne suivait pas tellement les activités du conseil. J'ai l'impression
qu'il demandait des nouvelles à M. Hamel. Mais il est sûr aussi
que tout le discrédit et tout ce qu'on a soulevé à propos
de Quebecair dans les journaux ou ailleurs n'était pas de nature
à rassurer M. Webster. C'est évident.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger, je vous ferai remarquer qu'il est tard. Je vais vous permettre une
question tout simplement avant que nous suspendions.
M. Maciocia: J'ai seulement une question à poser à
M. Hamel. Tantôt, vous avez dit que vous aviez fait un projet de 194 000
$ sur vos actions de Quebecair. Je suppose que vous connaissiez ce montant au
moment de la parution de l'article dans la Presse qui parlait de 1 900 000 $.
En supposant que vous connaissiez ce montant à ce moment-là,
parce que c'est logique que vous le connaissiez - vous avez dit tantôt
que vous n'étiez pas ici, au Québec et au Canada, à ce
moment-là, mais que vous l'avez appris trois jours après, parce
que vous êtes rentré au Québec trois jours après et
vous n'avez pas jugé opportun de faire une mise au point - moi, je
considère, M. Hamel, qu'en tant qu'homme d'affaires averti, qu'homme
d'affaires responsable et en tant que président de Quebecair, il
fallait, même trois jours après, tout de suite faire la mise au
point; mieux encore, ne pas faire seulement la mise au point, mais demander une
rétractation à la Presse à cause de la différence
de 190 000 $ à 1 900 000 $. parce que cela induit tout le monde en
erreur, s'il est vrai que vous avez raison. Même dans l'opinion publique,
cela a laissé les gens supposer que vous aviez fait des profits indus.
(18 h 45)
M. Hamel: Tout d'abord, lorsque cette nouvelle a paru dans la
Presse du 4 décembre, la compilation inhérente au support de
l'investissement n'avait pas été faite, c'est sûr.
M. Maciocia: À quelle date cela a-t-il été
fait?
M. Hamel: Cela a été fait depuis ce temps. Depuis
le 4 décembre, cela a été fait.
M. Maciocia: Depuis le?
M. Hamel: Depuis le 4 décembre, cela a été
fait.
M. Maciocia: Le 4 décembre. Vous étiez au courant
le 4 décembre?
M. Hamel: Non, non. M. Clair: La publication.
M. Hamel: Le 4 décembre est la date de la publication dans
le journal La Presse.
M. Maciocia: D'accord.
M. Hamel: À ce moment-là, il n'y avait pas de
compilation qui avait été faite de nos coûts pour supporter
l'investissement. Cela a été fait par la suite.
M. Maciocia: Quand?
M. Hamel: Cela a été fait il y a un mois. Je
savais, grosso modo, que le profit de 1 900 000 $ n'avait absolument aucun
sens. C'est impensable. Je savais aussi que j'aurais l'opportunité de
jeter de la lumière là-dessus pour le public. De plus, j'ai
annoncé qu'il se pourrait que des procédures soient
intentées contre le journal. Comme vous le savez, il y a des
délais qu'on doit observer, et ces délais ne sont pas tous
expirés.
M. Maciocia: Comment se fait-il, M. Hamel, que vous n'ayez pas
été au courant du montant de votre profit le 4 décembre
dernier? C'est probablement une question stupide, mais c'est une question que
se posent des gens stupides comme moi.
M. Hamel: Première des choses, un profit est
réalisé lorsque vous avez vendu la marchandise et que vous avez
été payé. Je savais très bien à
première vue, sans faire de calculs, le 4 décembre, enfin, le 6
ou le 7 décembre lorsque j'en ai pris connaissance, que c'était
impensable. C'est ce que j'ai, d'ailleurs, dit à mes amis, qu'il y avait
une exagération coupable, sans bornes et impensable de la part d'un
journal sérieux comme le journal La Presse. À ce
moment-là, je ne pouvais pas donner de précisions puisque les
compilations n'étaient pas faites.
M. Maciocia: Vous n'avez pas pris la précaution en tant
que président de
Quebecair, de faire une mise au point, sans mentionner de chiffres. Vous
venez de mentionner que c'était exorbitant, exagéré mais
vous n'avez pas pris la précaution, en tant que président de
Quebecair, de faire une mise au point.
M. Hamel: Je viens de vous dire que j'étais parfaitement
conscient que la lumière pourrait être faite lors d'une occasion
spéciale. Nous l'avons aujourd'hui.
M. Maciocia: Je regrette de vous le dire, mais vous
n'étiez pas au courant qu'il y aurait une commission parlementaire
à laquelle vous pourriez dire que vous n'aviez fait que 194 000 $ de
profit.
M. Hamel: Cela aurait pu être aujourd'hui.
M. Maciocia: Vous savez que cela ne fait pas longtemps qu'on a
décidé de tenir une commission parlementaire.
M. Hamel: Cela aurait pu être aujourd'hui ou cela aurait pu
être à n'importe quelle autre occasion également.
Une voix: Cela aurait pu être en décembre.
M. Maciocia: Parfait.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 h 30.
(Suspension de la séance à 19 h 49)
(Reprise de la séance à 21 h 03)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des transports reprend ses travaux. Simplement,
avant de donner la parole à un des membres de la commission, je voudrais
préciser que M. Maciocia (Viger) remplace M. Cusano (Viau) comme
intervenant.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ...ce n'est sûrement pas pour m'opposer
à ce remplacement. Cependant j'aimerais vous demander si on est
maintenant fixé sur le déroulement de nos travaux après ce
soir, c'est-à-dire demain.
M. Clair: Si cela peut vous éclairer, j'ai cru que, dans
la salle, ce soir, était présent M. Obadia. Je crois être
informé qu'il devait témoigner demain. Je crois que les gens de
Nordair, M. Douville et les gens qui l'accompagnent pourraient être
disponibles. J'ai vu dans la salle aujourd'hui, même si je ne le vois pas
maintenant, M. Lizotte, qui avait également été
convoqué. Quant à nous, tout ce que je peux faire, c'est
répéter l'ouverture d'esprit du parti ministériel,
c'est-à-dire la possibilité de finir un peu plus tard ce soir et
de commencer peut-être un peu plus tôt demain matin et d'entendre
les gens. L'autre possibilité, si je suis bien informé, c'est que
la décision du comité consultatif était plutôt
d'ajourner nos travaux à quelques jours; je crois que c'était au
14 mars prochain. Nous sommes ouverts, de ce côté-ci, aux deux
possibilités, soit de travailler un peu plus tard ce soir et de
travailler un peu plus tôt demain matin ou encore de tenir une
deuxième journée de commission parlementaire le 14 mars qui,
selon les informations qui m'ont été transmises par mon leader,
était la date ultime à laquelle l'Opposition souhaitait
poursuivre ses travaux, date qui pourrait me convenir. J'indique, cependant,
aux députés de l'Opposition et au député de
Gatineau, sans vouloir créer de chichi, que ce ne sera pas très
facile de trouver une autre date compte tenu, sans prétention, de mon
horaire très chargé au cours du prochain mois et aussi de
l'horaire et de la disponibilité des gens de Quebecair qui, comme j'ai
eu l'occasion de le dire plus tôt dans la journée, tout en
essayant de gérer au mieux une compagnie alors qu'on leur fait, depuis
un certain temps, un certain nombre de reproches, doivent se préparer
pour venir répondre du mieux qu'ils peuvent aux questions des
parlementaires. En plus de cela, ils sont occupés à des
négociations avec le gouvernement du Canada et Air Canada. Je pense, M.
le Président, que le député de Gatineau va bien comprendre
cela. Notre position, en résumé, est une position d'ouverture
d'esprit. Si c'est possible d'accommoder les gens qui sont devant nous, les
invités, d'accommoder l'Opposition et de nous accommoder, soit en
prolongeant ce soir et en commençant plus tôt demain matin ou en
tenant une commission le lundi 14, même si je vous avouerai qu'en ce qui
me concerne, moi, personnellement, j'avais des activités inscrites
à mon horaire dans mon comté qui me dérangent de
façon très importante, pour ne pas créer de chichi, je
suis prêt à y consentir. Je suis convaincu que mes
collègues ministériels sont prêts à faire de
même, mais je pense, M. le Président, qu'on ne pourra pas
s'entendre sans que tout le monde ait un esprit de compromis.
Le Président (M. Boucher): C'est l'information que j'avais
eue du vice-président, à savoir que la commission pourrait
siéger à une date ultérieure. Mais,
étant donné que, suivant notre règlement, la
commission est maîtresse de ses travaux, elle peut en disposer de la
façon qu'elle juge la plus rentable. Il s'agit de s'entendre ce soir sur
l'heure à laquelle on va terminer et sur l'heure à laquelle on
pourra continuer demain matin.
M. Gratton: M. le Président, je remercie, d'abord, le
ministre de ces précisions, ainsi que vous-même. Quant à
nous, loin de nous le désir de nous accommoder en tant que membres de
l'Opposition. Je pense que ce n'est pas ce qui est important, en fait. Ce qui
est important, c'est de faire en sorte qu'on accommode le mieux possible ceux
qui doivent témoigner devant la commission et surtout qu'on fournisse
à la population la meilleure chance possible d'être bien
informée sur l'ensemble du dossier que la commission est mandatée
d'étudier. Dans ce contexte, il nous semble qu'il serait
préférable de nous entendre maintenant.
Même en dépassant l'heure ce soir, même en
commençant un peu plus tôt le matin, il nous semble tout à
fait impossible de pouvoir procéder à l'audition de l'ensemble
des personnes qui sont ici présentes. En l'occurrence, je pense qu'on
pourrait sûrement - et le député de Laporte pourra me
contredire s'il le désire - d'ici minuit, s'entendre pour libérer
les gens qui sont avec nous depuis ce matin, quitte, cependant, à nous
entendre avec M. Douville et M. Bourque, de Nordair. On sait qu'il y a une
délégation d'une dizaine de personnes de Nordair qui est ici ce
soir. Est-ce qu'on pourrait s'entendre avec elles pour les entendre demain
matin, entre 10 heures et 13 heures, qui serait la période normale des
travaux de la commission, pour ensuite ajourner au 14 mars, si on n'avait pas
terminé l'audition de l'ensemble des invités?
Mais, si le président me le permettait, j'aimerais qu'on demande
à M. Bourque, le vice-président de Nordair, de dire quelles
pourraient être les contraintes du côté de sa
délégation relativement à une telle
possibilité.
M. Clair: M. le Président, quant à nous, je ne
pense pas que, du côté de mes collègues, il reste beaucoup
de questions à l'intention des gens qui sont devant nous
présentement, les gens de Quebecair. Ce qu'il serait possible de faire
et qui serait encore mieux, à mon avis, c'est filer jusqu'à 22
heures. Selon mes informations, les gens de Nordair pourraient se faire
entendre dès ce soir. Maintenant, je pense que de compromis en
compromis, si l'esprit qui anime le député de Gatineau est le
même que le mien, il avait été convenu que la commission
devait siéger deux jours, non pas deux jours et demi, trois quarts,
trois tiers pour finalement arriver à quatre jours. Je n'ai aucune
objection à ce qu'on essaie d'accélérer les discussions
avec les gens de Quebecair et qu'à compter de 22 heures ou 22 h 30 on
puisse entendre les gens de Nordair.
M. Gratton: Est-ce qu'on pourrait demander à M. Bourque de
nous dire quelles sont les disponibilités de son groupe? Cela pourrait
peut-être nous éclairer pour prendre les décisions qui
s'imposent ensuite.
M. Clair: Sans créer de précédent.
M. Gratton: Sans qu'il nous fasse de présentation.
Le Président (M. Boucher): Sans créer de
précédent. Alors, M. Bourque, si vous voulez vous approcher d'un
des micros.
M. Bourque (André): D'accord, je vous remercie, M. le
Président. Effectivement, Nordair a été convoquée
à cette commission et a apporté un soin tout à fait
particulier à la présentation de son mémoire. Le
président-directeur général de Nordair a tenu à se
faire accompagner ici par toute la haute direction de Nordair, ce qui veut dire
que dix personnes se sont déplacées de Montréal.
D'ailleurs, on a dû bousculer un conseil d'administration qui devait
avoir lieu demain matin; on l'a reporté à ce matin pour cela. M.
Douville sera tout prochainement à l'extérieur du pays, ce qui
rendrait une comparution ultérieure impossible. Nous sommes - pour
paraphraser M. le ministre - très occupés aussi à
gérer effectivement et rentablement une société
aérienne québécoise et nous croyons qu'il est dans
l'intérêt de la commission et, également, certainement des
gens qui se sont déplacés ce soir de savoir s'ils seront entendus
ce soir ou demain matin.
M. Clair: Est-ce que vous êtes disponibles pour être
entendus ce soir?
M. Bourque: Je puis m'entendre avec mes gens pour qu'ils soient
ici ultérieurement, certainement, si tel est le souhait de la
commission.
M. Clair: Dès ce soir? M. Bourque: Dès ce
soir.
M. Clair: M. le Président, quant à nous, il n'y a
pas de difficulté.
M. Gratton: Je m'excusel Quant à nous, on n'aurait pas
d'objection non plus, sauf qu'on a encore un bon nombre de questions à
adresser à nos invités de Quebecair, de la Société
d'investissement Desjardins, etc. Cela
nous mènerait à une heure assez tardive pour entreprendre
l'audition du mémoire des gens de Nordair et on est convaincu qu'on ne
pourrait pas terminer ce soir à une heure convenable.
M. Clair: M. le Président, on ne peut pas regarder son
gâteau et le manger en même temps et le voir rester sur la table.
L'entente était qu'il y avait deux jours de commission parlementaire.
J'ai fait preuve de toute la souplesse possible; j'ai dit, plus tôt dans
la journée, que nous étions disposés à tous les
accommodements possibles pour tenter d'arranger et l'Opposition et les gens qui
devaient venir en commission parlementaire. Comme je l'ai dit plus tôt
dans la journée, je comprends que les gens de Nordair et M. Champagne
aient des obligations qui peuvent ne pas leur faciliter leur présence en
commission parlementaire aujourd'hui, demain ou le lundi 14. Mais, en toute
honnêteté, je pense, encore une fois, que les compromis on les a
à peu près tous faits. Je vous offre toute la gamme des
possibilités.
Vous vouliez que la commission parlementaire soit ajournée afin
de permettre demain la télédiffusion - comme le gouvernement le
souhaitait aussi - des travaux de la commission parlementaire de
l'éducation, souhait que j'accepte. Vous voulez que la commission
parlementaire des transports soit ajournée à un autre jour avant
le 14 mars, souhait que j'accepte. Mais on ne peut pas passer de deux jours
à deux jours et demi, à deux jours et trois quarts, à
trois jours, à trois jours et demi, à quatre jours
peut-être à la commission parlementaire.
M. le Président, les compromis qu'on avait à faire on les
a faits et je pense qu'on utilise mal le temps qu'on a devant nous. Si le
député de Gatineau et l'Opposition officielle veulent
procéder rapidement, nous pensons que c'est possible d'entendre les gens
de Nordair ce soir. Après tout, eux aussi ont des obligations et ils
doivent assez mal comprendre que la commission parlementaire ne puisse pas
siéger demain, pas à huis clos, à la salle 81 en bas - la
commission parlementaire des transports pourrait se réunir en bas
à la salle 81 avec des micros, des journalistes, tout le monde en
présence -pour un petit caprice soit que vous voulez la
télédiffusion de cette commission. À première vue,
je n'étais pas d'accord. Finalement, je me suis rallié. J'ai dit:
D'accord, on va la remettre, la deuxième journée de la commission
parlementaire, mais passer de deux jours à deux jours et demi, trois
jours, trois jours et quart, quatre jours, il n'en est pas question.
M. Gratton: II n'est pas question de quatre jours, non plus.
M. Clair: Commençons. Est-ce qu'il y a eu un consensus?
Est-ce qu'il y a eu une décision du vice-président?
Une voix: Oui.
M. Clair: Alors, respectons-la.
M. Bourbeau: M. le Président, je demande la parole. (21 h
15)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je demande la parole pour
dire ceci: Ce n'est pas l'Opposition qui a demandé que la commission
parlementaire de l'éducation prenne la place demain de la commission
parlementaire des transports.
M. Clair: Est-ce que vous vous opposez à ce que la
commission parlementaire de l'éducation soit
télédiffusée?
M. Bourbeau: Laissez-moi terminer. Je ne vous ai pas interrompu
tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Gratton: Vous n'êtes pas capable de le laisser parler
tranquille, comme on le fait avec vous!
M. Clair: J'ai bien de la difficulté, je le reconnais et
je m'en excuse.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Bourbeau: Je sais, M. le ministre, que le bât vous
blesse quand on prend la parole.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, j'étais en train de
dire que ce n'est pas nous qui avons demandé que la commission de
l'éducation siège demain. Nous nous étions entendus pour
avoir deux jours de commission parlementaire sur Quebecair. Comme les gens que
nous avons invités, nous, de l'Opposition, doivent passer demain, nous
trouvons qu'en toute équité les gens qui vont passer demain, la
deuxième journée, devraient avoir le même traitement que
ceux qui passent la première journée. C'est pour cela que nous
demandons que les débats de la deuxième journée soient
aussi télédiffusés.
En ce qui concerne les gens de Nordair, il semble que M. Douville, le
président de Nordair - vous le savez, M. le ministre -avait
été avisé en premier lieu que la
commission aurait lieu les 1er et 2 février. C'est la
date que vous aviez indiquée au tout début et vous le lui aviez
indiqué, d'ailleurs, lors de conversations. C'est vous-même, M. le
ministre, qui avez retardé d'un mois la commission, parce que vous
deviez aller en Europe. Vous m'en avez parlé, vous en avez parlé
à M. Douville. Nous avons consenti à retarder d'un mois parce que
vous faisiez un voyage en Europe. Voilà que M. Douville, maintenant,
nous fait savoir que le 14 mars, c'est lui-même qui sera en voyage, je ne
sais pas si c'est en Europe, mais, enfin, en dehors du pays. Il me semble qu'il
serait normal que, dans son cas, puisqu'il a pris la peine de se
déplacer avec un grand nombre de personnes pour être entendu, on
fasse un effort et qu'on ait la courtoisie de l'entendre.
M. Clair: M. le Président, nous sommes
disposés...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Bourbeau: M. le ministre, si vous voulez me laisser terminer,
s'il vous plaît: Je sais que vous êtes bien nerveux. Pour ce qui
est des gens qui sont devant nous ce soir, les gens du Mouvement Desjardins, M.
Hamel, etc., nous avons encore un grand nombre de questions à leur
poser. La première journée leur était destinée. Je
ne vois pas pourquoi on escamoterait les témoignages de ces gens et
qu'on les forcerait à revenir le 14 mars, alors qu'ils sont
déjà ici, depuis le matin. Je pense qu'on devrait terminer le
travail qu'on a commencé à faire avec les gens de Quebecair et
si, par hasard, à la fin de la soirée, il y avait du temps pour
les gens de Nordair, je ne dis pas. Mais je trouve que ce serait
déplacé de demander à M. Douville de venir à 23 h
30 faire une présentation, alors que les gens seront absolument
épuisés.
Nous avons demain matin deux ou trois heures. Les gens seront
reposés. Il n'y a aucun problème qui nous empêche de
siéger demain matin à 10 heures. À moins que le ministre
ne veuille absolument empêcher les gens de Nordair de témoigner,
je ne vois pas pourquoi il les empêcherait de témoigner demain
matin. De toute façon, M. le ministre, si vous comptez les heures au
compte-gouttes et que vous ne voulez pas nous donner plus de deux jours
exactement, je serais d'accord pour que le 14 mars on retranche de la
deuxième journée les deux heures qu'on donnera demain matin
à M. Douville. Vous aurez exactement à ce moment-là, M. le
ministre, vos deux jours, pas une minute de plus, et vous serez très
satisfait.
M. Clair: M. le Président, plusieurs choses. D'abord, en
ce qui concerne la télévision des débats de la commission
parlementaire de l'éducation, il est exact que c'est le gouvernement qui
a demandé que ce soit télévisé. Par contre,
à ma connaissance, l'Opposition ne s'est pas opposée, non plus,
à ce que ce soit télévisé. Cela m'apparaît
évident. D'autre part...
M. Gratton: Ce qui prouve que l'Opposition ne s'oppose pas
toujours.
M. Clair: ...cette commission parlementaire, si elle a
été fixée dans l'ordre du jour de M. Douville et des gens
de Nordair pour les 1er et 2 mars, elle a aussi été fixée
pour les 1er et 2 mars dans l'ordre du jour du président du conseil et
du président-directeur général de Quebecair. J'ai
communiqué avec ces gens-là ce soir, mais eux aussi, ils ont des
contraintes d'agenda. Le président de la Société
d'investissement Desjardins, le président de la
Confédération des caisses populaires de Montréal vu
qu'il est question de leur entreprise, aimeraient avoir le loisir
d'être présents pendant tout le débat de cette commission
et le contraire vous fâcherait probablement. Or, cela ne veut pas dire
que ce serait facile pour eux de trouver une date dans leur agenda qui fasse
leur affaire. Le 14 fait leur affaire.
Par ailleurs, en ce qui concerne le report de la commission des
1er et 2 février aux 1er au 2 mars, si ma
mémoire est fidèle, cela ne faisait pas l'affaire seulement du
député de Drummond, ministre des Transports, mais cela faisait
également l'affaire de l'Opposition, du député de Laporte.
Vous ne vous êtes pas opposé; cela a été d'un commun
accord que cela a été décidé.
En ce qui concerne les discussions qui ont eu lieu au comité
consultatif, ce soir, pendant la suspension, la décision du
président est en ce sens que la commission parlementaire ajourne ses
travaux au 14 mars et qu'en conséquence on puisse continuer à
travailler jusqu'à minuit ce soir, mieux utiliser le temps de la
commission que ce qu'on fait maintenant, entendre les gens de Quebecair,
commencer à entendre les gens de Nordair. S'ils n'ont pas fini
d'être entendus à minuit ce soir, rien n'empêche, si M.
Douville n'est pas disponible pour venir continuer sa présentation ou
pour répondre aux questions, qu'il désigne quelqu'un. Les gens de
Nordair sont venus nombreux. Il n'y a rien qui empêcherait, si M.
Douville ne peut pas être présent, qu'il délègue
quelqu'un de son conseil d'administration, de son exécutif pour venir
continuer le témoignage. À ce moment, M. le Président, on
aura commencé ce soir à entendre M. Douville et on pourra
continuer le lundi 14 mars.
Je veux bien croire l'argument qu'on nous fait valoir, c'est un argument
logique.
M. Douville a voulu se faire accompagner d'une dizaine de personnes,
mais, à ma connaissance il n'y en a qu'une qui a été
invitée et c'est M. Douville lui-même. Dans le compromis, je vais
même jusqu'à vous dire: Si M. Douville veut se faire remplacer par
quelqu'un le lundi 14, soit! Je vous donne mon consentement d'avance. Qu'est-ce
que vous voulez de plus, M. le Président?
M. Houde: II a dit demain.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Clair: II n'a pas dit demain, M. le Président. Son
porte-parole nous dit qu'il serait disponible dès ce soir.
Le Président (M. Boucher): M. Bourque.
M. Bourque: Oui, en fait, le message que j'ai pour la commission,
c'est que Nordair est extrêmement intéressée à
comparaître devant elle et espère que la commission pourra
respecter l'horaire qui a été soumis à Nordair. En ce qui
concerne la substitution de M. Douville, je pense que la commission peut aussi
comprendre que M. Douville voue un intérêt très particulier
à sa société et désire être le principal
porte-parole de cette société aérienne. En fait, le but de
notre intervention, ce soir, est simplement, d'abord, de vous assurer de
l'intérêt de Nordair pour cette commission et de s'assurer qu'elle
pourra être entendue soit ce soir, soit demain matin.
M. Clair: M. le Président, dans ce contexte, j'indique que
- parce que je pense que l'Opposition se déferait de sa parole, des
engagements qu'ils ont pris au comité consultatif - la commission
parlementaire doit siéger deux jours. Nous avons consenti, afin
d'essayer de trouver un compromis, à ce que la commission puisse
siéger lundi le 14 mars, ce qui ne m'arrangeait nullement, ce qui
n'arrangeait pas nécessairement le président de la SID, ni le
président de Quebecair, ni le président de la
Société d'investissement Desjardins. Tous ces gens, je les ai vus
sur l'heure du souper parce que mon leader m'avait indiqué qu'une
entente était intervenue. Franchement, j'espère que votre parole
vaut plus que cela, M. le Président. C'est ce qui nous avait
été indiqué. J'ai pris les arrangements pour que lundi, le
14 mars, autant de personnes que possible puissent être disponibles. M.
le Président, je ne vois pas comment on peut sortir de cette
impasse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Forcément, si le ministre ne veut pas sortir
de l'impasse, on n'en sortira pas, mais je lui offre la solution suivante. Le
ministre nous dit: On pourrait continuer plus tard ce soir, commencer plus
tôt demain matin et essayer de tout bâcler avant la tenue de la
commission parlementaire de l'éducation à 14 heures demain
après-midi. Par contre, on a, du côté de Nordair, M.
Douville qui voudrait absolument comparaître soit ce soir ou soit demain
matin. Le ministre s'inquiète énormément que la commission
dépasse les deux jours convenus, les deux jours complets de
séance que normalement nous aurions eus le 1er et le 2 mars.
Ce que le député de Laporte suggérait tantôt, j'en
saisis le ministre à nouveau, c'est que nous terminions l'audition des
gens de Quebecair et de la Société d'investissement Desjardins ce
soir, que nous abordions demain matin, pendant deux ou trois heures, entre 10
heures et 13 heures, l'audition de M. Douville qui sera là avec son
groupe de Nordair et que, le 14 mars, nous revenions entendre ceux qu'il nous
reste à entendre, mais sur une période qui serait
écourtée des trois heures que nous aurions consacrées
à entendre Nordair demain matin.
On aura respecté l'enveloppe complète de deux jours. On
aura accommodé M. Douville et le groupe de Nordair. On aura
peut-être imposé aux gens de Quebecair et de la
Société d'investissement Desjardins d'être ici demain matin
en plus. Cela ne semble pas leur créer un problème de revenir le
14. Cela nous permettrait d'entendre M. Champagne également qui n'est
pas ici et qui ne sera pas ici avant le 14, à moins que les informations
que je possède ne soient erronées. Cela nous permettrait
d'entendre M. Obadia et je ne sais qui d'autre que nous devons entendre et que
nous ne pourrions pas entendre ce soir, cette nuit, demain matin ou à
quelque autre heure. Il me semble que cela respecterait l'ensemble des
données dont on a discuté ensemble. Je verrais mal que le
gouvernement dise pour épargner trois heures: Non, c'est soit ce soir
soit le 14.
M. Clair: M. le Président, est-ce que les
députés de l'Opposition et mes collègues
ministériels accepteraient qu'à ce moment-ci - je viens d'avoir
un court conciliabule avec lui - le leader du gouvernement puisse prendre la
parole?
M. Bissonnet: II n'y a rien de compliqué là.
Le Président (M. Boucher): On veut entendre le plus de
monde possible dans le temps requis.
M. Bertrand: M. le Président, j'étais
présent à mon bureau et, évidemment, comme me le
permettent les techniques de
communications, je pouvais savoir un peu ce qui se déroulait en
commission parlementaire. Je m'attendais, évidemment, à ce qu'ici
même, en commission parlementaire, sans que le leader parlementaire du
gouvernement ait à intervenir, on en arrive à des ententes qui
satisfassent un peu tout le monde, non seulement, bien sûr, les
parlementaires, mais aussi les gens qui ont demandé à se faire
entendre devant la commission.
Ce que je veux dire, c'est ceci et cela m'apparaît
extrêmement important; le ministre en a fait état. Nous avons, le
député de Laporte le sait, offert à l'Opposition de finir
d'entendre les représentants et administrateurs de Quebecair ce soir,
d'entendre dès ce soir MM. Lizotte et Douville, et, dans la mesure
où l'un des deux était absent, l'un ou l'autre. Je pense que
c'est M. Lizotte qui était présent aujourd'hui; demain, à
la convenance des membres de la commission parlementaire, de 9 heures, 9 h 30,
10 heures à 12 h 30, 13 heures, 13 h 30 ou 14 heures, peu importe,
d'entendre tous les autres groupes ou toutes les autres personnes, d'autant
plus qu'aujourd'hui et demain deux personnes se sont désistées
parmi celles que nous devions entendre. Il y avait donc une possibilité
d'en arriver à une entente.
Cet après-midi, à la demande du leader parlementaire du
gouvernement, le comité consultatif sur la télédiffusion
des débats s'est réuni. Il s'est réuni à 16 heures,
à la suite d'une demande bien particulière qui correspond -
là-dessus, je crois que, de toute façon, je dois indiquer que
l'Opposition n'a pas fait d'obstruction, au contraire - aux priorités
qu'on doit se fixer comme société. Il y a ce problème de
toute la discussion des conditions de travail des employés oeuvrant dans
le secteur de l'éducation qui va maintenant accaparer notre attention
demain à compter de 14 heures. Nous avons offert à l'Opposition
la possibilité de continuer à travailler demain toute la
journée en séance publique, durant la matinée avec la
télévision et, durant l'après-midi et en soirée,
sans la télévision.
Lors de la première réunion du comité consultatif
à 16 heures, l'Opposition nous a fait savoir par son porte-parole, le
whip en chef de l'Opposition, que dans les circonstances actuelles, comme les
personnes qui venaient ici aujourd'hui, au dire même de l'Opposition,
étaient les invitées du gouvernement et que, demain, celles qui
venaient devant la commission étaient les invitées de
l'Opposition, cette dernière voulait avoir une journée
complète pour elle-même et une journée complète
télédiffusée. Il était d'ores et déjà
évident, M. le Président, qu'au moins une bonne partie de cette
journée-là allait être télédiffusée,
c'est-à-dire demain matin, de 9 heures, 9 h 30 ou 10 heures
jusqu'à 13 heures, 13 h 30, 14 heures. Cela, c'était très
clair.
(21 h 30)
L'Opposition officielle nous a dit: Dans les circonstances actuelles,
nous n'acceptons pas de commission parlementaire demain matin, même si
elle est télédiffusée, parce que nous considérons
que toute la journée au complet doit l'être. Là-dessus, il
y a eu des consultations. La commission a poursuivi ses travaux. Vers 18 h 45,
j'ai rencontré le ministre des Transports et je lui ai dit: Comment
réagissez-vous face à la proposition qui nous est faite par
l'Opposition de reporter à une date ultérieure l'audition de
toutes les personnes qui devaient se faire entendre demain, le 2 mars? À
ce moment-là, l'Opposition nous a fait valoir que, effectivement, elle
préférait que l'ensemble des personnes devait se faire entendre
demain puissent être entendues à une date ultérieure et on
a proposé la date du 14 mars pour que, justement, "les invités de
l'Opposition", comme on les appelle, soient entendus et que toute la
journée soit télédiffusée.
Nous avons argumenté, M. le Président. Nous avons dit:
Demain matin et même ce soir, nous pourrions commencer à entendre
ces personnes que vous considérez comme vos invitées et, demain
matin, sachant que deux personnes se sont désistées, nous
pourrions terminer les travaux de cette commission, l'audition des groupes qui
veulent venir se faire entendre. Nous pourrions terminer tout cela demain vers
13 heures ou 14 heures en commençant à 10 heures, 9 h 30 ou 9
heures.
Cette proposition a été rejetée par le
comité consultatif où siège le whip en chef de
l'Opposition. Je dois dire très sincèrement que j'ai
espéré - et j'en ai fait état à cette commission
parlementaire aujourd'hui même -que, durant l'heure du midi, le ministre
des Transports et le porte-parole de l'Opposition en viennent à une
entente pour faire en sorte que nous puissions, dès ce soir, si
possible, entendre MM. Douville et Lizotte, à défaut de l'un,
l'autre, et, demain matin, procéder à l'audition des
représentations de tous les autres groupes, de toutes les autres
personnes qui ont été invités à cette commission
parlementaire. Cela a été refusé par le comité
consultatif sur la télédiffusion des débats où
siègent notre whip en chef, M. Jacques Brassard, député de
Lac-Saint-Jean, et le whip en chef de l'Opposition, M. Michel Pagé,
député de Portneuf.
Dans ce contexte-là, si, ce soir, le leader adjoint de
l'Opposition me dit que nous pourrions effectivement, en nous donnant des
heures raisonnables, arriver à entendre M. Lizotte qui, paraît-il,
est présent...
Une voix: M. Douville aussi.
M. Bertrand: M. Douville aussi. M. Clair: II est
disponible.
M. Bertrand: ...et demain matin entendre les autres personnes qui
sont inscrites à cette commission parlementaire, je dis au leader
adjoint de l'Opposition que nous sommes tout à fait disposés
à procéder de la sorte: terminer les auditions avec les
administrateurs de Quebecair, tenir les auditions avec MM. Lizotte et Douville
et, demain matin, terminer avec les quatre autres personnes qui sont inscrites
aux auditions de cette commission. Nous sommes tout à fait
disposés à le faire. Plus que cela, je dirai même à
l'Opposition que, n'eût été l'attitude de son
représentant au comité consultatif sur la
télédiffusion des débats, je suis convaincu que nous
aurions pu arriver à une entente qui nous aurait permis de terminer nos
travaux demain vers 13 ou 14 heures en ayant entendu tout le monde. Je veux que
MM. Douville et Lizotte le sachent. Je veux qu'ils le sachent. Nous avons
offert que demain matin, à 10 heures, la commission puisse siéger
et entendre MM. Douville et Lizotte et toute autre personne jusqu'à 13
heures, parce que la commission de l'éducation ne siège pas
pendant cette période. Nous l'avons offert et cela a été
refusé. Je dis que cela a été refusé parce que
l'Opposition - et là-dessus, c'est elle qui a à défendre
sa position - a indiqué au gouvernement qu'elle voulait avoir une
journée complète pour entendre ses invités.
M. Bourbeau: Est-ce que cela achève, le discours?
Une voix: Prenez vingt minutes.
M. Bertrand: Voilà donc les choses telles qu'elles se
présentent. Dans ce contexte-là, je pense que la proposition que
nous faisons à l'Opposition mériterait d'être
agréée, mais, pour ce faire il faudrait que nous terminions avec
les administrateurs de Quebecair, que nous procédions à
l'audition de MM. Lizotte et Douville et que, demain, nous terminions dans des
heures qui nous paraissent convenables avec les quatre autres personnes qui ont
été invitées à cette commission parlementaire. Je
pense que cela méritait d'être replacé dans son
contexte.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je ne sais si M. Bourque voudrait faire une
représentation quelconque à ce moment-ci.
M. Bourque: Je voudrais simplement dire que nous avons
été tout à fait étrangers aux tractations qui ont
pu se faire. C'est un point important qui doit être souligné. Ces
choses-là ont été négociées
complètement en dehors de notre connaissance. Par ailleurs, je voudrais
ajouter que Nordair s'estime avant tout l'invitée de la commission.
M. Bertrand: Parfait. Très bien.
M. Gratton: Je reconnais volontiers, comme le disait le leader du
gouvernement, qu'entre parlementaires on peut s'entendre sur n'importe quoi. On
peut s'entendre sur n'importe quoi, mais surtout à condition que cela
fasse l'affaire du gouvernement parce qu'effectivement, si on soumet quelque
question que ce soit au vote de cette commission, on perd. Comme le dit mon
collègue de Jeanne-Mance, c'est tout à fait automatique, on l'a
vu ce matin, au moment où on a voulu inviter ou requérir la
présence du président de la caisse de dépôt; cela
s'est réglé en deux temps, trois mouvements. On regrette parce
que nous, on n'acceptera pas que le témoignage que peuvent apporter les
gens de Nordair, les autres invités qu'on n'a pas encore eu l'occasion
d'entendre ici à la commission parlementaire se fasse un peu n'importe
comment, à la va comme je te pousse, en pleine nuit ou à compter
de 8 heures demain matin, on ne sait trop comment. On espère, j'imagine,
du côté du gouvernement que le message qu'on voulait faire passer
aujourd'hui aura été passé et que ceux qui pourraient
peut-être venir en contradiction avec ce que le gouvernement voudrait
entendre, cela se fasse en catimini à 81-A en présence de
centaines de journalistes, demain après-midi, qui ne seront pas du tout
intéressés à ce qu'Yvon Charbonneau aura à dire
devant la commission de l'éducation. C'est bien sûr! Tous les
journalistes, l'ensemble des médias d'information vont se ruer sur la
commission des transports pour entendre les gens de Nordair et les autres qui
auront des choses à dire et délaisseront complètement la
commission de l'éducation qui entendra Yvon Charbonneau demain
après-midi! Cela saute aux yeux.
Dans ces circonstances, on n'acceptera pas de faire le jeu du
gouvernement. Ce n'est pas nous qui avons décidé de convoquer une
commission parlementaire de l'éducation. Ce n'est sûrement pas
nous, non plus, qui avons invité le gouvernement à adopter une
stratégie qui nous mène au chaos social dans les relations avec
les employés des secteurs public et parapublic. Le gouvernement a ses
problèmes, tant pis pour lui. Mais moi, je dis que, on a un travail
responsable à faire ici à la commission des transports et qu'on
ne s'associera pas à une démarche du gouvernement pour escamoter
la chose à son profit.
En l'occurrence, le comité consultatif sur la
télédiffusion des débats ayant décidé
qu'on ajournerait à compter de minuit ce soir jusqu'au 14, je
regrette, que cela puisse incommoder un certain nombre de personnes, notamment
M. Douville, probablement, mais plutôt que de lui imposer de venir faire
sa présentation à 2 heures du matin ou - ce qui ne serait pas
mieux pour nous - d'escamoter le reste des questions qu'on a à adresser
à nos invités présentement, on va s'en tenir à cela
et on va souhaiter que tant M. Douville que l'ensemble des autres personnes
qu'on a invitées, incluant M. Champagne... On aimerait bien que M.
Champagne soit là et je ne pense pas que le secrétariat soit en
mesure de nous dire que, si on siège jusqu'à 3 h 30 ce matin, M.
Champagne va se présenter tout d'un coup. Il y a un M. Campeau aussi et
on va peut-être y revenir à l'Assemblée nationale puisqu'on
sera en session à compter de mardi prochain. Donc, M. le
Président, à moins que le gouvernement n'accepte la proposition
qu'on faisait tantôt de siéger demain matin pour entendre Nordair,
quitte à retrancher les trois heures qu'on reprendra demain matin de la
séance prévue pour le 14, on s'en tiendra à la
décision du comité consultatif.
M. Bertrand: M. le Président...
M. Bourbeau: Fais-nous un discours.
M. Bertrand: ...il est déjà 21 h 40. Je serai
très réservé sur l'attitude qu'a adoptée le whip de
l'Opposition au comité consultatif, mais notre représentant, le
député de Lac-Saint-Jean, whip en chef du parti gouvernemental, a
proposé que demain matin, de 10 heures à 13 heures...
M. Bourbeau: Ne recommencez pas votre discours.
M. Gratton: Vous vous répétez. Ce n'est pas la
même chose, du tout, que ce qu'on a dit.
M. Bertrand: Un instantl Cela vous agace.
M. Bissonnet: Cela ne nous agace pas du tout, mais vous faites
perdre le temps de la commission actuellement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît: S'il vous plaît!
M. Bertrand: ...mais je vais le dire, M. le Président.
J'ai le droit de parole. Est-ce que je l'ai? Est-ce que je l'ai?
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Contrairement à ce que dit...
M. Houde: Continuez encore. J'aime vous écouter.
M. Bertrand: ...le député devant moi... M.
Houde: De Berthier.
M. Bertrand: ...de Berthier, non seulement je ne fais pas perdre
le droit de parole des parlementaires et la possibilité d'avancer dans
nos travaux, mais je vais, par une proposition, faire en sorte que les
représentants de Nordair puissent se faire entendre, malgré - je
leur dis et je le dis aux membres de la commission parlementaire - l'attitude
qu'a prise l'Opposition au comité consultatif à deux
séances qui ont été tenues à 16 heures, dans un
premier temps et à 19 heures, dans un deuxième temps, qui
consistait à dire que demain, il n'y avait pas de commission
parlementaire sur le dossier Quebecair et sur son avenir. Je dis que,
malgré cette attitude de l'Opposition, nous sommes encore prêts,
du côté gouvernemental - parce que nous savons que la
séance de demain matin peut être télédiffusée
- à entendre les représentants de Nordair, c'est-à-dire
MM. Lizotte et Douville. Mais je veux qu'on...
M. Bissonnet: Vous vous reprenez à l'autre bout.
M. Bertrand: ...sache une chose, M. le Président, c'est
qu'en ce faisant, le député de Gatineau, leader adjoint de
l'Opposition, dit: La prochaine fois qu'on se rencontrera, le 14 mars,
probablement, qu'on acceptera, bien sûr, de tenir compte du fait qu'on a
siégé le 2 mars au matin. Mais je lui dis ceci aussi:
C'était notre proposition. Non seulement c'était notre
proposition, mais dès ce soir, nous étions prêts à
entendre MM. Douville et Lizotte et dès demain nous étions
prêts à terminer les travaux de cette commission
parlementaire.
M. Bissonnet: C'est ce qu'on ne veut pas.
M. Gratton: C'est ce qu'on ne veut pas. M. Houde: Ce n'est
pas cela.
M. Bertrand: Oui, je le sais, vous ne voulez pas.
M. Bissonnet: On ne veut pas siéger la nuit.
M. Bertrand: Mais au fond, quand la population jugera...
M. Bissonnet: "Any time".
M. Bertrand: ...qui aura eu l'attitude la plus positive dans ce
dossier, elle sera obligée de reconnaître que nous avons voulu,
nous, donner la possibilité aux gens qui se sont déplacés
de se faire entendre, télédiffusion ou pas. Demain matin, tout
sera télédiffusé et MM. Lizotte et Douville pourront
savoir que leur témoignage sera enregistré devant les
caméras de la télévision.
M. Gratton: Très bien.
M. Bertrand: Dans ce contexte, M. le Président, je dis une
chose, c'est que l'Opposition devrait, avant de prendre des attitudes qui ont
des allures de menace au comité consultatif sur la
télédiffusion des débats...
M. Gratton: Avez-vous eu peur?
M. Bertrand: ...savoir qu'il y a possibilité d'en arriver
à des ententes, de travailler dans un contexte civilisé et de
faire en sorte que l'Opposition entende des gens qui se sont
déplacés. (21 h 45)
M. Gratton: Pourquoi cela a-t-il pris une heure pour vous amener
à voir clair? Cela fait une heure que vous nous faites des discours
là-dessus.
M. Bertrand: Non, c'est vous au comité consultatif...
Parce que le comité...
M. Gratton: On est en commission ici, on n'est pas en
comité consultatif. Arrêtez donc vos farces.
M. Bertrand: Savez-vous qu'on est en train de renverser une
décision du comité consultatif.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: Puis après.
M. Bissonnet: On fera des revendications...
M. Gratton: Le gouvernement tombera peut-être!
M. Bourbeau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bertrand: Vous êtes en train de rejeter...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau. M. le député de...
M. Bertrand: ...et de dénoncer votre propre
représentant au comité consultatif.
M. Bourbeau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte, sur une question de règlement.
M. Bourbeau: M. le Président, j'invoque le
règlement pour une précision: c'est que je pense que le leader du
gouvernement est victime d'une certaine confusion. Je pense qu'on s'entend, que
le problème est réglé, sauf quand vous dites que demain
matin, on entendra les représentants de Nordair, soit M. Douville et M.
Lizotte. Or, ce n'est pas exact. M. Lizotte n'est pas un représentant de
Nordair; le représentant de Nordair, c'est M. Douville...
M. Bissonnet: C'est cela.
M. Bourbeau: ...et je pense que son témoignage prendra les
deux heures dont on a besoin demain matin et je pense que M. Lizotte devra
être entendu le 14 mars, mais toujours dans l'enveloppe qui nous sera
impartie, à moins qu'après le témoignage de Nordair demain
matin, on ait le temps d'entendre aussi M. Lizotte, qui n'est pas de
Nordair.
M. Clair: Sur la question de règlement, il y a deux
choses. D'abord, sans méchanceté, si on se fie aux
déclarations de M. Lizotte au cours des derniers mois, je vous avouerai
franchement, comme ministre des Transports du Québec, que je pense que
M. Lizotte semble continuer à jouer un rôle important dans le
dossier Nordair et qu'à ce titre, il pourrait être
intéressant de l'entendre en même temps: Par ailleurs, je pense
que la raison principale pour laquelle le député de Laporte
insistait pour la présence de M. Lizotte, c'était à cause
de son rôle dans les négociations qui ont eu lieu avant juillet
1981 et dans ce sens, tout comme on a offert la possibilité aux gens de
Quebecair de prendre place à la table ensemble afin de répondre
en même temps à des questions, il m'apparaissait tout à
fait normal dans mon esprit que les gens qui ont été
mêlés à cette négociation, M. Paul Gauthier de SID,
M. Douville et M. Lizotte soient présents à la table en
même temps pour discuter de cette négociation.
Il me semble que c'est tout à fait dans l'ordre des choses que M.
Lizotte, l'ancien ou actuel intéressé à Nordair et M.
Lizotte, le représentant, semble-t-il, de Nordair à la table des
négociations avant juillet 1981 soit présent en même temps
que M. Douville et M. Gauthier à la table des invités. Cela
m'apparaissait tout à fait normal. Vous savez si l'invitation du
député...
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement.
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Le ministre nous dit qu'il parle sur une question de
règlement, je voudrais savoir en vertu de quel règlement le
ministre est en train de nous faire un discours sur M. Lizotte. Est-ce qu'on
peut procéder à l'interrogation des gens qui sont là.
M. Clair: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Bourbeau: II reste à peine deux heures et le ministre
est en train de tuer le temps.
M. Bissonnet: Quel article?
M. Clair: C'est exactement en vertu du même
règlement que le député de Laporte a invoqué,
à savoir la question du déroulement de la commission, en vertu
des articles qui prévoient la formation des commissions parlementaires
et leur rôle. Je pense qu'on devrait continuer immédiatement avec
les gens de Quebecair. M. Lizotte et les gens de Nordair devraient demeurer
disponibles. Si jamais il restait du temps avant minuit ce soir, on pourra
commencer à les entendre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte avait demandé la parole pour des questions à nos
invités.
M. Bourbeau: M. Bernier... M. Bertrand: M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le leader.
M. Bourbeau: Je voudrais m'adresser à M. Bernier.
M. Bertrand: Comme je dois retourner à mon bureau pour
continuer à préparer la commission sur l'éducation qui
aura lieu demain et sachant donc que maintenant on en arrive à une
entente, puis-je simplement indiquer, en terminant, que les travaux de cette
commission auraient commencé à 20 h 30, n'eût
été l'attitude qu'a prise l'Opposition...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Bertrand: ...au comité consultatif sur la
télédiffusion des débats....
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Bertrand: Nous étions prêts à
siéger demain matin de 10 heures à 13 heures et c'est
l'Opposition qui nous a fait perdre une heure et demie ce soir.
M. Bourbeau: Vous l'avez dit trois fois, cela suffit.
Le Président (M. Boucher): C'est simplement...
M. Maciocia: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre!
À l'ordre!
M. Clair: M. le Président... M. Maciocia: M. le
Président...
M. Bissonnet: Félicitations pour votre programme!
M. Maciocia: ...je traite le leader de menteur, parce que...
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît: À l'ordre!
M. Maciocia: ...parce que le ministre s'est
présenté à 21 h 15.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, les
membres de la commission sont d'accord pour siéger ce soir
jusqu'à minuit pour entendre les gens de Quebecair et, s'il reste du
temps évidemment, entendre les gens de Nordair...
M. Bissonnet: Après.
M. Bourbeau: Demain matin, à 10 heures.
Le Président (M. Boucher): Demain matin à 10
heures. Est-ce que vous vous entendez pour demain matin, à 10 heures
simplement ou à 9 heures ou à...?
Des voix: À 10 heures.
M. Clair: J'aimerais qu'on garde un tout petit peu de souplesse
à moins que, si jamais les questions étaient
épuisées avant minuit, les gens de Nordair et M. Lizotte
demeurent disponibles.
M. Bourbeau: C'est sûr. Si vous voulez...
M. Gratton: On est d'accord avec cela et on dira tout de suite
aux gens de Nordair qu'ils pourront comparaître demain. Je vous
suggère d'envoyer une petite note de remerciement au leader du
gouvernement -cela va lui faire plaisir - nous, cela ne nous dérange
pas. Au moins on pourra vous entendre dans des conditions acceptables, c'est ce
qui nous importe.
M. Blouin: Ne commencez pas à votre tour.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Bourque.
Une voix: Alors, c'est de 10 heures à 13 heures
demain.
M. Clair: M. le Président, je demande la parole.
Le Président (M. Boucher): Pour en informer le
secrétariat des commissions, doit-on convoquer les autres personnes pour
le 14?
M. Bourbeau: Tous les autres.
M. Gratton: Est-ce qu'on va prendre deux jours...
M. Bissonnet: Incluant M. Champagne et M. Campeau
M. Gratton: Ne soyez pas inquiet.
M. Bissonnet: M. Champagne, M. Campeau et tous les autres.
Le Président (M. Boucher): Pour demain, il n'est question
que d'entendre M. Douville et M. Lizotte. Pour les autres, ils peuvent
être distancés.
M. Bissonnet: Vous vous reprendrez le 14 pour le temps qu'il
restera. D'accord on s'entend.
M. Clair: M. le Président, je demande la parole.
M. Bourbeau: Je l'ai déjà demandée, M. le
ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte a déjà demandé la parole.
M. Clair: Je ne suis pas dans le compte que vous tenez du temps
utilisé par les partis. Est-ce vous pouvez me dire comment cela se
balance présentement.
Le Président (M. Boucher): Cela serait assez difficile de
vous donner un rapport rapide parce que j'ai compilé les temps et cela
s'équivaut. Pour le moment, cela s'équivaut M. le ministre.
M. Clair: Je vous demande de reconnaître à votre
guise le député de Laporte ou moi-même.
Le Président (M. Boucher): II y a une heure pour
l'Opposition et il y a une heure pour le parti ministériel.
M. Clair: Reconnaissez celui que vous voudrez.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Laporte avait demandé la parole au tout début. Je lui accorde la
parole et après, M. le ministre...
M. Clair: Vous me reconnaîtrez ensuite.
M. Bourbeau: Je voudrais poser quelques questions à M.
Bernier. Je voudrais seulement essayer de me replacer dans le contexte; je
pense qu'on a un peu perdu le fil de l'action. En résumé, en
octobre 1979, le Mouvement Desjardins s'engage dans Quebecair, achète
des actions de Quebecair et les négociations s'enclenchent avec le
gouvernement fédéral pour tenter de convaincre le gouvernement
fédéral de vendre Nordair à Quebecair. Le gouvernement
fédéral avait dit: Nous allons revendre Nordair à
l'entreprise privée et votre groupe; essayez de convaincre le
gouvernement fédéral de vendre à votre groupe plutôt
qu'à un autre groupe.
Entre-temps, le gouvernement conservateur a été élu
à Ottawa. Les négociations ont lieu avec le nouveau ministre des
Transports conservateur. Quelques mois après, le gouvernement
conservateur tombe et un nouveau gouvernement est élu. Vous reprenez les
négociations avec M. Pépin et le temps passe. Là, il y a
la question de la demande de M. Pépin selon laquelle le nouveau
transporteur fusionné, s'il en est, soit possédé à
40% par le Québec, 40% par l'Ontario. Enfin, on a parlé de tout
cela ce matin.
Entre-temps, vous êtes toujours aux commandes de Quebecair avec M.
Hamel et la situation financière de Quebecair se détériore
et on se retrouve en février 1981. Je voudrais qu'on s'amène
à cette période. Dans votre exposé de ce matin, vous nous
avez dit ceci et je vais citer trois ou quatre lignes parce que je voudrais
qu'on en discute un peu. Vous dites: Le 23 février 1981, un
représentant des actionnaires de Quebecair rencontrait le ministre des
Transports du Québec, M. Denis de Belleval. Celui-ci
déclare qu'il n'est pas de l'intention du gouvernement du
Québec d'engager des sommes importantes dans le transport aérien
de juridiction fédérale. Pour lui, pour M. de Belleval, il n'y
avait plus d'autre solution que de vendre Quebecair à Nordair et dans
des conditions acceptables au Québec.
Qu'est-ce qui vous fait dire, M. Bernier, que M. de Belleval n'avait pas
l'intention, pour le gouvernement du Québec, d'investir dans Quebecair
en février 1981? D'où tenez-vous cette information, puisque vous
l'écrivez et que M. de Belleval a déclaré qu'il n'y avait
pas d'autre solution pour lui que de vendre Quebecair à Nordair?
M. Bernier: Je demanderais à M. Gauthier de
répondre à cette question parce que le représentant des
actionnaires de Quebecair qui avait rencontré M. de Belleval est M.
Gauthier.
M. Bourbeau: D'accord, très bien.
M. Gauthier (Paul): M. le Président, effectivement,
à la suite de la rencontre des actionnaires qui s'était tenue,
comme le dit le rapport de M. Bernier, les 6 et 7 février 1981, j'avais
été mandaté par les actionnaires pour aller rencontrer le
ministre des Transports. Au cours de cette rencontre, M. de Belleval, qui
connaissait quand même assez bien le dossier de Quebecair, n'a pas perdu
trop de temps et on en est vite arrivé à la conclusion que
l'offre du ministre des Transports du Canada était difficilement
acceptable. On nous demandait de réinvestir des sommes
considérables. Cette voie était difficilement acceptable.
Du côté de l'investissement du gouvernement du
Québec dans le transport aérien, je peux vous dire que le
ministre des Transports du Québec m'a affirmé qu'au moment
où il me parlait, sans prendre nécessairement d'engagement
à long terme, il ne voyait pas pourquoi le Québec investirait de
15 000 000 $ à 25 000 000 $ dans Quebecair. Il a
référé au fait que le 23 février 1981, voilà
déjà un peu plus de deux ans, le ministre des Transports du
fédéral, M. Lang, avait dit qu'il revendrait Nordair aux
intérêts privés, que cette décision avait
été très lente à venir, donc que le problème
était vraiment entre les mains du gouvernement fédéral et
qu'il voyait très mal le gouvernement du Québec intervenir dans
le domaine du transport aérien face, si vous voulez, à la lenteur
de la décision d'Ottawa.
Par ailleurs, il a dit à ce moment qu'une des solutions, à
défaut, pour les actionnaires du groupe Quebecair, de faire
l'acquisition de Nordair, était peut-être d'entamer des
négociations inverses. Je crois qu'il reconnaissait parfaitement que la
rationalisation du transport aérien dans l'Est du Canada était
véritablement un objectif souhaitable. Il comprenait les avantages qui
pouvaient ressortir de ces deux compagnies. À ce moment, son idée
était de dire: Essayons de négocier une vente de Quebecair
à Nordair. Maintenant, je dois dire qu'il a dit: à des conditions
qui soient acceptables pour le Québec.
M. Bourbeau: Est-ce que M. de Belleval s'est offert pour aller
rencontrer M. Pépin, pour solliciter une offre d'achat de Quebecair par
Nordair?
M. Gauthier (Paul): C'est-à-dire qu'il s'est offert pour
aller expliquer une approche différente qui soit acceptable par le
gouvernement du Québec.
M. Bourbeau: À la suite de cette rencontre avec M. de
Belleval, je pense que vous-même, M. Gauthier, avez été
délégué par vos coactionnaires pour représenter les
actionnaires de Quebecair dans des négociations qui se sont
amorcées avec Air Canada, avec M. Jean Douville, je crois, qui sera ici
demain matin, et d'autres personnes pour mettre au point une offre d'achat par
laquelle Nordair achèterait Quebecair. Vous avez vous-même
négocié pendant quelques mois, je crois, une offre d'achat
semblable, n'est-ce pas?
M. Gauthier (Paul): C'est vrai, oui.
M. Bourbeau: On se retrouve après cela au mois d'avril
1981. Des élections ont eu lieu, le ministre des Transports, M. de
Belleval, n'est plus ministre des Transports, nous avons un nouveau ministre
des Transports, M. Clair et les négociations continuent entre vous et
Air Canada dans le but de préparer une offre d'achat. On se retrouve
après cela au mois de juillet 1981, le 9 juillet
précisément, où, finalement, l'offre d'achat est
prête et est remise aux actionnaires de Quebecair. Pourriez-vous nous
dire comment les faits se sont déroulés à partir de ce
moment pour qu'on puisse saisir ce qui s'est passé?
M. Gauthier (Paul): Je crois que la déposition de M.
Bernier contenait quand même passablement de détails à cet
effet. Effectivement, il y a peut-être une précision à
apporter. Comme actionnaires, nous avons sans doute reçu l'offre, mais
nous l'avons faite aussi, puisque nous nous étions, si vous voulez,
entendus avec Air Canada pour devenir un actionnaire encore plus important de
la compagnie regroupée. Je vous rappelle que nous avions
déjà 13,1% des actions de Nordair et que l'effet net de cette
transaction, c'est-à-dire le roulement des actions de Quebecair dans la
nouvelle compagnie ainsi que le réinvestissement d'un certain nombre de
dollars faisaient passer
notre position à 27% de cette entreprise. Donc, on a reçu
l'offre, mais on l'a faite en même temps. On était des deux
côtés de la transaction, si vous voulez. (22 heures)
À partir de ce 9 juillet 1981, le délai prévu au
départ était, comme l'affirmait M. Bernier, de 24 heures, mais,
à la suite de la lecture de cette offre, les autres actionnaires de
Quebecair ont demandé un délai un peu plus long. Finalement, le
délai a été porté au 13 juillet, à 16
heures. Je crois que c'est le 12 juillet que M. Bernier a reçu une
communication de la part d'un ministre du gouvernement, nous demandant une
rencontre avec lui-même - il s'agissait de M. Landry - ainsi qu'avec M.
Clair pour le lundi 13 juillet, tôt le matin. Effectivement, c'est
à ce moment que le gouvernement a mentionné son intention
d'investir une somme de 15 000 000 $ dans Quebecair. Jusqu'à un certain
point, cela constituait, si vous voulez, la confirmation que le gouvernement du
Québec rejetait l'offre qui avait été faite par les
représentants d'Air Canada et par nous-mêmes, jusqu'à un
certain point. Alors, il y a eu tergiversation un peu. Les gens ont
demandé du temps pour réexaminer les deux offres. Je crois qu'on
peut dire jusqu'à un certain point que la balle était du
côté de l'actionnaire majoritaire. Il a indiqué son
intention d'accepter l'offre du gouvernement du Québec. Je dois avouer
que nous, comme nous le mentionnons dans le rapport de M. Bernier, à ce
moment-là, cela signifiait que nous n'avions d'autre choix que de nous
rallier à cette acceptation.
M. Bourbeau: Justement, dans le document de M. Bernier, quand M.
Bernier raconte ces faits, il dit que l'actionnaire majoritaire de Quebecair,
M. Alfred Hamel, indique son intention d'accepter l'offre du gouvernement du
Québec et les actionnaires minoritaires, qui sont vous-mêmes, se
rallient. Donc, il est bien évident, en lisant cela et en comprenant ce
que vous venez de nous dire, enfin, il m'apparaît que vous n'étiez
pas particulièrement d'accord avec la décision d'accepter l'offre
du Québec. Est-ce que je me trompe en disant cela? Sans cela, vous
n'auriez certainement pas utilisé ces mots-là. M. Bernier
aimerait peut-être parler à ce moment-ci.
M. Bernier: M. le député, je pense que dans ce
dossier, comme M. Gauthier vient de le dire, nous étions des deux
côtés de la clôture, parce qu'on faisait une offre et on
était aussi les récipiendaires de l'offre, en étant
actionnaires de Quebecair. C'est aussi pour cette raison que l'offre qui nous
était faite par Air Canada-Nordair n'était pas la même
offre pour le prix de nos actions que celle faite au groupe Hamel et au groupe
Provost, évidemment, parce que nous restions dedans. Alors, dans les
circonstances, nous nous sommes ralliés à la décision de
M. Hamel, pour la bonne raison aussi que M. Pépin nous a laissé
savoir à quelques reprises, lors de nos visites, que toute proposition
qui pourrait être négociée devrait recevoir l'accord final
et du gouvernement de l'Ontario et du gouvernement du Québec.
Il a dit: Moi, le gouvernement de l'Ontario, je m'en occupe. Le
gouvernement du Québec, je présume que vous avez suffisamment de
communications au niveau de Quebecair et du Mouvement Desjardins pour vous
assurer que les propositions et les négociations que vous ferez seront
acceptables. Or, dans notre esprit, il était évident que, si on
avait une entente, une offre, une proposition ou un scénario qui venait
d'Air Canada ou de Nordair, on admettait au départ que cette offre
devrait être acceptée par le gouvernement du Québec,
présumant que M. Pépin ferait ses vérifications avec
l'Ontario, pour qu'elle puisse être entérinée. Alors, c'est
pour cette raison qu'on dit qu'évidemment M. Hamel avait un rôle
important comme actionnaire majoritaire dans ce dossier, à partir du
moment où son acceptation faisait pencher la décision d'un
côté ou de l'autre. Alors, nous aussi, nous disons que, même
si on acceptait l'offre du fédéral, il demeure que M.
Pépin ne consacrera pas la décision finale s'il y a un
désaccord du gouvernement du Québec. Alors, à la limite on
aurait pu se retrouver avec une offre qu'on acceptait au niveau du
fédéral et avec une offre qu'on refusait au niveau du
Québec. Si ce n'était pas une offre, dans l'esprit du ministre
fédéral des Transports, qui était acceptable par les deux
paliers de gouvernement, c'est possible que la transaction ne se serait jamais
faite.
M. Bourbeau: Donc, si je comprends bien, c'est parce que le
gouvernement du Québec ne voulait pas que vous vendiez vos actions
à Nordair que vous n'avez pas accepté l'offre.
M. Bernier: M. le député, le gouvernement du
Québec évaluait les garanties qui pouvaient être offertes
dans cette transaction. Dans les objectifs du Mouvement Desjardins, on peut
avoir des objectifs qui rejoignent ceux du gouvernement du Québec, mais
on n'a pas les mêmes sortes de responsabilités par rapport aux
dessertes de la population, par rapport aux services publics, etc. On avait des
objectifs très clairs au niveau de la rentabilité de notre
investissement et au niveau de la rationalisation qu'on poursuivait. Sachant
que le dossier de Nordair était plus que compromis, évidemment,
c'était pour nous une solution qui nous apparaissait acceptable, mais
sachant aussi que les critères sur lesquels on basait notre offre
n'étaient pas nécessairement les critères sur
lesquels le gouvernement du Québec pouvait baser sa décision, on
a respecté cela.
M. Clair: M. le Président, sur une question du
député de Laporte, parce que dans la question du
député de Laporte, il y aurait eu un empêchement de la part
du gouvernement du Québec pour les actionnaires de Quebecair d'accepter
l'offre. Il est exact de dire que le gouvernement du Québec
n'était pas intéressé à ce que cette offre soit
acceptée, qu'il a senti la responsabilité de faire une offre
comparable à celle qui a été faite par Air-Canada-Nordair,
mais il n'avait aucun moyen juridique d'empêcher les actionnaires de
Quebecair d'accepter. Il est évident, par ailleurs, que le gouvernement
du Québec a fait les représentations qu'il fallait au groupe des
actionnaires de Quebecair pour que son offre soit acceptée. Mais si on
doit interpréter le terme "empêchement" comme ayant un lien
juridique qui pouvait nous permettre d'empêcher, il n'y en avait pas.
M. Bernier: M. le Président, d'autant plus que c'est nous
qui avions suggéré, dans la même semaine, au groupe
Air-Canada-Nordair, pour être sûr qu'on n'interprétait pas
l'offre, d'avoir une rencontre avec les autorités gouvernementales.
C'est à ce moment-là que les gens ont demandé une
rencontre avec les ministres, et elle a eu lieu dans cette semaine.
M. Bourbeau: M. Bernier, à ce moment-là, en juillet
1981, au moment de l'offre, les prévisions que vous aviez pour
l'année 1981 indiquaient - je pense - un déficit assez important
à prévoir pour la fin de l'année, n'est-ce pas?
Peut-être que M. Gauthier aimerait répondre?
M. Gauthier (Paul): Je voudrais seulement dire une chose, c'est
qu'il est évident que le gouvernement n'avait pas de pouvoir juridique
de le faire, mais comme l'a dit M. Bernier, non seulement M. Pépin, mais
M. Taylor, au début de la négociation, avaient dit très
clairement que cela prenait quand même l'acceptation du gouvernement du
Québec. Alors dans un sens, sans avoir un pouvoir juridique, il avait un
pouvoir moral d'arrêter la transaction.
En ce qui concerne les prévisions, lorsque nous avons
examiné les perspectives de Quebecair pour l'année 1981, à
la toute fin de 1980 - d'ailleurs, ce sont des chiffres que nous avons soumis
à notre conseil d'administration au début de février 1981
-nos prévisions indiquaient que Quebecair perdrait un peu plus de 2 000
000 $ au cours de l'année 1981. Je dois admettre que, rendus au mois de
juillet, nous étions un petit peu plus pessimistes.
M. Bourbeau: Rendus au mois de juillet, au moment où vous
avez reçu l'offre de Nordair, est-ce que vous aviez les résultats
pour les six premiers mois de l'année 1981 en main pour pouvoir...
M. Gauthier (Paul): À ma souvenance -je ne voudrais pas
mal interpréter là-dessus -je crois que nous avions le premier
trimestre de l'année 1981.
M. Bourbeau: Vous aviez le premier trimestre, mais vous n'aviez
pas le deuxième?
M. Gauthier (Paul): À ma souvenance, c'est ce que nous
avions à ce moment-là. Le premier trimestre n'était pas
mauvais du tout chez Quebecair, si je me souviens bien, on avait fait un profit
de 47 000 $ au cours des trois premiers mois de 1981. Par ailleurs, on savait
qu'il y avait des mois plus difficiles qui s'en venaient.
M. Bourbeau: Effectivement, le premier trimestre avait
été relativement bon, parce qu'il y avait eu beaucoup de vols
nolisés vers le sud dans les mois de janvier, février et mars.
Mais, subséquemment, la situation s'est détériorée.
Tantôt, vous avez parlé des prévisions que vous aviez en
début d'année qui montraient un déficit de 2 000 000 $,
mais au mois de juillet, est-ce que vous aviez des prévisions
révisées pour l'année 1981? On sait que le déficit
d'exploitation a été de 10 000 000 $. U a été
ramené à 8 000 000 $ à cause de la vente d'actifs, mais
étant donné qu'on a terminé l'année six mois plus
tard, même cinq mois plus tard, cinq mois et demi, à 10 000 000 $
de déficit d'exploitation, je présume que vous deviez avoir une
petite idée en juillet que ce ne serait pas 2 000 000 $ à la fin
de l'année...
M. Gauthier (Paul): Encore une fois, je crois qu'à ce
moment-là les seuls chiffres disponibles que nous avions étaient
les chiffres du premier trimestre 1981. Donc, le reste était un peu plus
nébuleux. Sans avoir refait les prévisions d'une façon
aussi détaillée qu'à la fin de l'année 1980 pour
arriver à notre chiffre de 2 280 000 $ - si je me souviens bien - nous
estimions qu'il y avait un risque que cela se rapproche davantage de 4 000 000
$ que de 2 000 000 $, mais sans avoir fait le même exercice
prévisionnel.
M. Bourbeau: Au moment de vos discussions...
M. Bernier: M. Gauthier, il faut peut-être ajouter aussi
à M. le député que, à ce moment-là, il y
avait des dispositions d'avions qui nous permettaient d'évaluer une
récupération importante des pertes qui pourraient
être enregistrées dans les opérations de 1981. Cela
touchait, M. Hamel, les F 27.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez averti le gouvernement, au
moment où il a décidé de s'impliquer dans Quebecair, que
les prévisions pour l'année 1981 étaient beaucoup plus
noires que ce qui était en début d'année? Est-ce que le
gouvernement a été mis au courant de cette situation plus
précaire en juillet 1981 qu'elle ne l'était en début
d'année?
M. Gauthier (Paul): On n'a pas précisé qu'elles
étaient plus ou moins précaires. Je pense qu'on a quand
même, au moment de rencontres avec M. Clair et M. Landry, fait
état que nous, on estimait qu'il y aurait sans doute une perte au cours
de l'année 1981.
M. Bourbeau: Vous avez dit tout à l'heure qu'à ce
moment-là vous estimiez que la perte devait être de 4 000 000
$.
M. Gauthier (Paul): D'une façon interne, on estimait
qu'elle serait probablement un peu plus que les 2 200 000 $ prévus
originalement, mais on n'avait pas fait exactement le même exercice
prévisionnel, de sorte qu'il était difficile de mettre un chiffre
très précis. Je pense que nous avons dit à ce
moment-là au ministre que les pertes de Quebecair selon nous - et c'est
bien subjectif, nous n'étions pas responsables de la gérance de
Quebecair - pourraient être de quelques millions de dollars au cours de
l'année.
M. Bourbeau: Quelles réponses avez-vous eues du
gouvernement quand vous l'avez avisé que...
M. Gauthier (Paul): Je ne crois pas qu'il ait donné de
réponse à cela. Il a pris bonne note, comme de d'autres
commentaires qui étaient peut-être un peu différents.
M. Clair: Juste une petite question à M. Gauthier, si le
député de Laporte me le permet. Est-ce que ce qui
inquiétait les dirigeants de Quebecair à ce moment-là
n'était pas justement la possibilité ou non de rentabiliser les
vols nolisés vers la Floride, dépendamment de l'attitude de la
compétition?
M. Gauthier (Paul): Absolument, M. le ministre. Je pense que les
notes un petit peu pessimistes qu'on pouvait avoir à ce moment-là
étaient reliées spécifiquement au fait qui a
été soulevé plus tôt aujourd'hui, à savoir
qu'après avoir négocié pendant 4 mois avec Air Canada, on
était au courant que la guerre commerciale s'annonçait plus dure,
pour la saison 1981-1982, pour les vols nolisés qu'elle ne l'avait
été pour la saison 1980-1981. On savait qu'Air Canada se
préparait à des programmes plus agressifs, un nombre de
sièges plus élevés vers la Floride. Déjà, je
crois qu'on avait des indications en ce qui concerne Wardair. Ils auraient
aussi peut-être un peu plus de sièges vers le Sud.
L'autre point, c'est qu'à ce moment-là, on avait
décidé de l'ouverture de la route de Toronto pour Quebecair,
c'est-à-dire l'entrée de Quebecair sur la route de Toronto. On
sait qu'habituellement, au départ, lorsqu'on entre dans une route
nouvelle, il se passe quelques mois avant qu'une telle route puisse produire
une rentabilité pour un transporteur aérien.
M. Bourbeau: M. Gauthier, est-ce qu'en juillet 1981 vous aviez un
budget pour l'année 1981 qui avait été
préparé, que vous aviez en mains et qui vous indiquait ce
à quoi vous deviez vous attendre en fin d'année? Est-ce que vous
aviez un budget pour l'année 1981?
M. Gauthier (Paul): II faut dire qu'on n'avait pas le budget
définitif pour l'année 1981. Nous avions eu un budget pour les 4
premiers mois de l'année se terminant à la fin d'avril 1981.
Compte tenu qu'il y avait, si vous voulez, une réévaluation des
besoins des avions de Quebecair pour entreprendre la saison 1981-1982, la
direction nous avait demandé de retarder le dépôt final des
chiffres des derniers mois de l'année 1981.
M. Bourbeau: On se dirigeait vers une vente de la compagnie soit
au gouvernement fédéral soit à Nordair ou au gouvernement
du Québec. Vous arrivez au mois de juillet pour négocier avec
l'acheteur possible et vous n'avez pas de budget en mains pour indiquer quelle
va être la performance de la compagnie au cours de l'année. Est-ce
que c'est normal pour une entreprise de se retrouver au mois de juillet d'une
année donnée sans budget? À ce moment-là, comment
peut-on prétendre qu'on pouvait estimer avoir des déficits de 2
000 000 $, de 4 000 000 $ ou de 10 000 000 $ comme cela a été le
cas, des déficits d'exploitation, alors qu'on n'avait même pas de
budget?
M. Gauthier (Paul): Lorsqu'on fait des estimations à ce
niveau-là, au niveau de la Société d'investissement
Desjardins face aux investissements qu'on peut faire dans différentes
entreprises, on ne se base pas nécessairement et exclusivement sur les
budgets de la dite entreprise. On fait nous-mêmes nos prévisions
qu'on confronte avec les prévisions, si vous voulez, de la
société en question. Alors, c'est pourquoi nous, nous avons fait
nos prévisions à la fin de l'année 1980 pour ce que
pourrait être l'année 1981
de Quebecair. Par ailleurs, lorsque nous avons négocié...
(11 h 15)
M. Bourbeau: Excusez-moi, est-ce que c'étaient les
prévisions du Mouvement Desjardins ou les prévisions de
Quebecair?
M. Gauthier (Paul): Lorsqu'on parle de deux millions deux cent
quelque mille, c'étaient nos prévisions, nos estimations, si vous
voulez, ce n'étaient pas des prévisions budgétaires, mais
nos estimations pour l'année 1981 à Quebecair.
M. Bourbeau: Les estimations de qui? Du Mouvement Desjardins, de
la SID ou de Quebecair?
M. Gauthier (Paul): De la SID pour l'entreprise Quebecair.
M. Bourbeau: Ah, bon, alors là vous...
M. Gauthier (Paul): C'était interne, ce sont des chiffres
internes...
M. Bourbeau: Je m'excuse...
M. Gauthier (Paul): Vous nous demandez des renseignements
qui...
M. Bourbeau: ...car il y a confusion. Je croyais que vous me
disiez que vous aviez des estimations de Quebecair pour l'année 1981.
Donc, Quebecair n'avait pas de budget 1981 au complet, mais vous, au Mouvement
Desjardins, aviez fait des estimations en tant qu'actionnaires qui vous
donnaient probablement un déficit de l'ordre de deux à quatre
millions pour l'année 1981. Est-ce que c'est normal? Est-ce que
Quebecair avait comme pratique de ne pas faire de budget d'une année
à l'autre?
M. Gauthier (Paul): Ils avaient fait un budget pour les quatre
premiers mois de l'année.
M. Bourbeau: Mais vous étiez rendus au mois de juillet.
Ils étaient passés les quatre premiers mois.
M. Gauthier (Paul): J'aimerais juste soulever un point. Vous
semblez dire qu'on a négocié au mois de juillet, mais on a
négocié au mois d'avril avec le gouvernement
fédéral. À la fin de mai à peu près, tout
était conclu et, au mois de juin - la preuve c'est notre conseil
d'administration du mois de juin dans les deux premières semaines du
mois de juin - l'accord de principe avait été accepté. Il
restait à fignoler un petit peu les points de l'offre et c'est pourquoi,
finalement, l'offre a été déposée au mois de
juillet. Mais c'est au mois de mai que tout cela a été
négocié.
M. Bourbeau: D'accord pour la négociation avec Nordair,
mais quand vous avez négocié avec le gouvernement du
Québec, c'était en juillet 1981. À ce moment-là,
vous n'avez pas pu présenter de budget au gouvernement du Québec?
Le gouvernement du Québec a investi sans avoir aucun budget pour
l'année 1981?
M. Bernier: On avait un budget qui prévoyait une perte de
45 000 $ au 30 juin 1981. J'ai l'état ici. Le grand point
d'interrogation, à ce moment-là, c'était le
résultat de nos activités pour la Floride, pour l'automne, qui
commencent à partir de septembre, et là, à partir du
moment où on avait des craintes ou des appréhensions sur les
tarifs, le résultat de cette activité était très
problématique. Mais une fois qu'on eut fait la disposition des
appareils, des F 27, le résultat définitif au 30 juin 1981, au
moment où on était sur le point de conclure avec le
Québec, incluant le gain de capital, cela a donné une perte de
112 500 $.
Donc, on était très près du budget qui avait
été projeté, sauf évidemment, que ce qui nous a
favorisé, ce sont les gains sur les dispositions d'actifs. Mais il reste
qu'on n'était pas déséquilibré dans le chiffre
global, dans le sens que le résultat des états financiers qui ont
été déposés au conseil, pour le 30 juin 1981,
démontraient une perte de 112 000 $ contre une projection d'une perte de
44 000 $. Évidemment, encore une fois, si les réalisations des
gains de capitaux n'avaient pas été faites avant le 30 juin, les
chiffres auraient pu être un peu moins reluisants, mais, de toute
façon, c'est la situation qui s'est révélée par
après, au 30 juin 1981, au moment où le Québec s'est joint
au dossier de Quebecair. Toute la grande question, encore une fois,
était reliée à notre capacité d'aller chercher des
tarifs adéquats pour l'automne.
M. Clair: M. le Président, à propos de la question
posée par le député de Laporte, je pense qu'une partie
s'adresse à celui qui vous parle, à la question de savoir si le
gouvernement a décidé d'investir sans analyse financière.
Là-dessus, j'aimerais simplement, dans le fond, utiliser les
renseignements qui sont fournis par M. Bernier dans son texte même et qui
coïncident avec ce que j'en ai mémoire. C'est que la
première rencontre -d'abord j'ai été nommé
titulaire au ministère des Transports le 30 avril - que j'ai eue avec
les représentants de Quebecair, par l'entremise de M. Paul Gauthier, si
ma mémoire est fidèle, est aux environs du 18 juin. La
documentation qui se trouve au cahier vert, à savoir la
négociation d'un éventuel protocole d'entente à être
signée, a été rendue disponible vers le 9 juillet suivant.
C'est à compter de ce moment-là qu'étant informé de
l'état des négociations,
vers le 12 juillet (11 ou 12 juillet), mon collègue, le ministre
d'État au
Développement économique, M. Bernard Landry,
député de Fabre à l'époque, a convoqué les
gens de Quebecair à une rencontre. Nous avions tenu, à ce
moment-là, à préciser aux gens de Quebecair quel
était le mandat préliminaire que nous avions obtenu du Conseil
des ministres. Les délais qui étaient imposés à
l'acceptation de l'offre faite par Air Canada-Nordair étaient
très courts - je pense que ce sont des faits. Le Conseil du
trésor a procédé à l'analyse avec toute la
documentation disponible à ce moment-là. Nous avons fait
conjointement, mon collègue le ministre d'Etat au Développement
économique et moi, les recommandations au gouvernement. Dans les
circonstances, il nous semblait qu'il était raisonnable, après
avoir soutenu pendant quatre ans les actionnaires de Quebecair, dans une
éventuelle fusion Nordair-Quebecair, de fournir une offre qui
s'inspirait largement de l'offre qui était faite par Nordair et qui y
était conforme en tous points, si ce n'est qu'elle était moins
avantageuse vu qu'elle valait, pour la plupart des actionnaires, pour juillet
1983 plutôt que de valoir pour juillet 1981. Ce sont les
éléments d'information que, je pense, il peut être utile de
fournir au député de Laporte. J'ai indiqué ce matin que
les délais avaient été très courts pour
réagir pour celui qui vous parle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre a dit qu'il voulait prendre son temps.
Je suis bien prêt à ce qu'il poursuive puisqu'il parle depuis cinq
minutes. On reviendra après. Je n'ai pas terminé mais...
M. Clair: ...pour un bout de temps.
M. Bourbeau: ...on va vous laisser la parole, M. le ministre, et
on reviendra après.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: Je voudrais revenir où on a laissé le
débat à 18 h 45 parce que je pense que ce n'est pas très
clair dans l'esprit de tous, la question des profits évoqués par
le le député, qui a plus de talent que moi et qui pour ce faire a
utilisé abondamment, à son gré, les notions de revenus
bruts, revenus nets, profits bruts, profits nets. Il est capable de faire cela
avec beaucoup plus d'habileté que moi, compte tenu de son
expérience de la comptabilité. J'aimerais poser une question
à M. Bernier, qui est le président du conseil d'administration de
Quebecair, sur les profits, tantôt avant coûts
d'intérêt, tantôt après coûts
d'intérêt, sans considération des 300 000 $ pour M. Alfred
Hamel, la prime qui a été payée pour ses actions de
contrôle compte tenu de certains engagements à être retenus
ou pas. Selon la notion de profit que vous utilisez dans vos affaires comme
responsable des caisses Desjardins, comment pouvez-vous dresser le portrait de
cette situation tant en ce qui concerne la Société
d'investissement Desjardins que le groupe de M. Hamel?
M. Bernier: Je dois d'abord vous dire que j'ai trouvé un
peu pénible l'exercice qu'on a fait faire à M. Hamel sur la fin
de l'après-midi. Évidemment, dans ce genre de dossier on se
défend comme on peut et c'est toujours lorsqu'on est impliqué que
c'est le plus difficile. Il demeure que, lorsqu'on fait un investissement, il y
a un risque beaucoup plus grand que lorsqu'on fait un dépôt
à terme. Il est sûr que, si M. Hamel avait décidé de
faire un dépôt à terme de 4 700 000 $ au lieu de faire un
investissement dans Quebecair, cela aurait été beaucoup plus
profitable pour lui. Il est sûr aussi que l'investissement dans Quebecair
était hautement risqué. Chez nous, à la
Société d'investissement Desjardins - dans le Mouvement
Desjardins il y a des endroits où on fait des investissements et
d'autres où on fait des dépôts - on recherche un retour sur
l'investissement de 15% après impôt. Généralement on
l'a. Des fois on l'a et des fois on ne l'a pas. La plus-value des actions sur
une base donnée, à moyen terme et à long terme, fait qu'on
peut retrouver notre rendement et peut-être qu'on ne le retrouve pas non
plus. Plus l'investissement est risqué, plus la norme de 15% peut
varier. Dans le cas de M. Hamel, on a évalué - on a fait
état de ce qui était paru dans les journaux, on a parlé de
l'article du journal La Presse -et on a considéré que ses profits
étaient réalisés. Il nous faudra faire le cheminement
jusqu'au mois d'août parce qu'on a, comme on dit dans le langage du
métier, un "put". On pourrait vous demander de nous payer 2,25 $
l'action au mois d'août. Dans le cas de M. Hamel, il y a une autre
attache qui est accrochée à cela, c'est que son "put" n'est pas
aussi clair que le nôtre, pour autant que son engagement vis-à-vis
de la libération de certaines obligations du groupe Webster soit
accompli. Je pense que ce n'est pas exact, ce n'est pas correct de dire qu'il y
a eu de tels profits de réalisés. Toutes les conditions se
réalisent à ce moment. Évidemment, il faut tenir compte de
cet aspect. Évidemment, si nous avions acheté les actions de
Nordair - juste comme exemple - au moment où elles étaient
à vendre la première fois, ce n'est pas le genre de prix qu'on
aurait payé la deuxième fois. Ce n'est pas de la faute de Nordair
ni de personne si nous, on est entré dans le portrait chez Nordair pour
acheter des
actions au moment où elles étaient vendues une
première fois à Air Canada avec ce qu'on appelle, dans ce
langage, avec le critère de X fois les profits, on achète les
actions à X fois les profits ou X fois les bénéfices
anticipés et réalisés.
Il y a un calcul qui joue sur les bénéfices du gars,
réalisés, sur les bénéfices aussi à venir.
Dans ce contexte, évidemment, il est sûr que si on était
entré dans ce dossier dans la première phase au lieu d'entrer
dans la deuxième, on aurait payé ces actions meilleur
marché. Mais on était dans la deuxième ronde sur un prix
à évaluer et à négocier. On n'a pas fait de
reproches à ceux qui nous ont vendu, à ceux qui ont fait des
bénéfices sur les actions parce qu'ils avaient leurs risques.
Dans le contexte, pour revenir à la question, pour être plus
direct, chez nous à la SID, le critère de rendement et je pense
que toutes les sociétés d'investissements et toutes les
entreprises, les organismes, les individus qui font de l'investissement ne sont
pas capables d'aller anticiper un revenu de 15% sur les investissements
après impôt, ils vont acheter du dépôt à terme
et ils ne se casseront pas la tête avec cela et ils n'auront pas les
risques et tout cela.
Dans le cas, évidemment, d'achat des actions du groupe Webster,
je ne suis pas au courant du prix qui avait été offert par la
concurrence au moment où M. Hamel s'est prévalu de son option, il
est sûr qu'il y avait un risque qui était élevé dans
une période où les taux d'intérêts étaient
très élevés pour financer l'achat de toutes ces actions.
Or, nous, il nous apparaît qu'évidemment si le gouvernement du
Québec était - c'étaient toujours des suppositions -
entré dans ce dossier trois ans plus tôt ou quatre ans plus
tôt, il aurait pris le risque de M. Hamel et peut-être qu'il aurait
payé les actions un peu meilleur marché. Je pense qu'on ne peut
pas parler de scandale ni de profits exorbitants qui ne sont pas encore
réalisés. C'est dans le cours normal des choses, quand on prend
de gros risques, de risquer de perdre ou de risquer de faire des sous si jamais
la transaction tombe du bon côté.
C'est la façon avec laquelle nous évaluons en tout cas la
transaction de Quebecair. Quand nous avons acheté les actions de M.
Hamel, nous les avons achetées à un juste prix, en tenant compte
du prix qu'il avait payé, en tenant compte des risques qu'il avait pris,
en tenant compte du dossier qu'il avait supporté et en tenant compte de
toutes les dépenses, de tous les frais et de toutes les énergies
qui avaient été engagées en ressources humaines et en
ressources financières à partir du moment où il a fait la
transaction, à partir du moment où nous on est embarqués
dans le dossier. On n'est pas encore sûr, d'une façon
définitive, comment tout cela va tourner parce que, depuis qu'on a
investi dans Quebecair de toute façon, les supposés profits
même ceux que la SID a réalisés, sont des profits sur
papier et jusqu'à temps que la transaction soit consommée en
juillet 1983, on ne sait pas ce qui arrivera. On ne sait pas non plus ce qu'on
fera en juillet 1983 selon l'attitude de ce qui pourra se développer
concernant le gouvernement du Québec.
Si on fait des calculs plus précis, nous, en juillet 1983,
à échéance, si le gouvernement du Québec, si on
tire notre révérence, on aura fait un rendement d'environ 11,5%
ce qui est en deçà des rendements qu'on a dans des
investissements que vous connaissez; vous connaissez les investissements de la
SID. Sur les actions privilégiées, on a fait environ 16,5%. Je
pense que c'est tout à fait dans l'ordre, ce genre de transaction, et
moi je voudrais en tout cas qu'on élimine toute équivoque quant
à des profits exorbitants qui auraient été
récupérés ou rachetés par le gouvernement du
Québec ou n'importe quel autre intervenant dans ce dossier.
M. Clair: Maintenant, si je comprends bien, donc, en ce qui
concerne la Société d'investissement Desjardins, c'est un
rendement de 11,5% par rapport à 15% qui est un rendement exigé
en vertu des critères utilisés généralement.
M. Bernier: À l'échéance de 1983 en tenant
pour acquis que c'est un investissement. Ce n'est pas un
dépôt.
M. Clair: Est-ce que c'est en tenant compte de l'inflation ou
sans tenir compte de l'inflation?
M. Bernier: Pas du tout. On fait un investissement à une
date donnée. On calcule notre rendement sur l'investissement, on
recherche un rendement de 15%, au moment où on en dispose à
environ 11,5%; 15,5% évidemment qui sont privilégiés. (22
h 30)
M. Clair: Ce qui vous fait dire, évidemment, qu'en ce qui
concerne la Société d'investissement Desjardins, il ne vous ne
semble pas que le profit soit exorbitant, au contraire.
M. Bernier: On a des rendements supérieurs à cela
dans d'autres investissements qu'on a faits, M. le ministre.
M. Clair: Bon! Par ailleurs, si je reprends les trois
thèmes qui étaient soulevés par le député de
Laporte, en ce qui concerne la vente d'actions du groupe de M. Hamel au groupe
Société d'investissement Desjardins, est-ce que je résume
bien vos propos si je dis que les montants qui ont été
payés, c'était ce que vous considériez le juste prix
après avoir pris connaissance des coûts qui avaient
été assumés par M. Hamel ou Expéditex pour cet
investissement?
M. Bernier: Absolument.
M. Clair: Cela veut dire que sur cette question non plus, pour
autant que vous êtes informé, on ne puisse sûrement pas
parler de profits exorbitants et peut-être même pas d'un profit le
moindrement significatif.
M. Bernier: Cela reste à voir, parce que la transaction
n'est pas complétée et même...
M. Clair: Non, je parle de la transaction entre le groupe de M.
Hamel ou M. Hamel personnellement et la Société d'investissement
Desjardins.
M. Bernier: Non, non, je pense que c'est tout à fait dans
l'ordre. Nous avons évalué la situation dans laquelle on se
serait retrouvé si on avait fait nos achats d'actions au moment
où M. Hamel est entré en transaction avec M. Webster et le fait
aussi que notre transaction avec M. Hamel s'est réalisée dans un
deuxième temps.
M. Clair: Voilà pour ce deuxième point. En ce qui
concerne maintenant le troisième point, on a lu tantôt la clause
4.5 de la convention entre actionnaires par laquelle le LEMAH s'engage à
renégocier en faveur de la compagnie Quebecair les prêts consentis
par le groupe Webster tant et aussi longtemps que M. Hamel contrôle la
compagnie Quebecair. La question que je vous pose là-dessus est la
suivante: si c'était le groupe que vous représentez qui avait
contracté en contrepartie d'un tel versement de 300 000 $ les
engagements en cause, considéreriez-vous actuellement que vous avez
réalisé un profit brut ou net de 300 000 $? Au moment où
on se parle, pourriez-vous considérer cela si c'était la
Société d'investissement Desjardins ou la
confédération? Est-ce que vous considéreriez, au moment
où on se parle, qu'avec une telle clause vous avez déjà
acquis un profit de 300 000 $?
M. Bernier: Évidemment pas, il faudrait que
j'évalue ce que représente la prime de 300 000 $ sur le gain ou
la perte au moment de la disposition. Nous n'aurions probablement pas
négocié une prime sur cette base, mais on aurait sûrement
négocié une rémunération en fonction du risque qui
était pris au moment où se disait: au lieu de faire un prix fixe
sur lequel on peut compter et évaluer en juillet 1983, il faut
peut-être escompter qu'en juillet 1983 on ne sera pas en mesure d'exercer
cette option. Il aurait fallu évaluer les risques que cela comporte et
négocier une prime qui n'aurait peut-être pas été de
300 000 $, mais aujourd'hui on ne peut pas savoir si 300 000 $, c'est payant ou
pas payant. On peut l'évaluer en fonction du terme de juillet 1983, mais
en juillet 1983 ce n'est pas sûr. L'option de M. Hamel n'est pas la
même que la nôtre. Notre option, c'est qu'on peut être
payé et lui, il y a des conditions à la réalisation de sa
prime.
M. Clair: Ai-je bien compris que pendant le temps où vous
avez été président du conseil, vous ne vous souvenez pas
que M. Webster se soit présenté aux réunions du
conseil?
M. Bernier: Je me souviens qu'il ne s'est pas
présenté.
M. Clair: Vous vous souvenez qu'il ne s'est pas
présenté. Une dernière question. Plus tôt dans la
journée, M. Hamel, à qui je vais poser de nouveau la question
pour être bien sûr que nous avons tous compris, a soutenu que sans
ce fameux article du journal La Presse, on avait tenu compte des revenus bruts
qui pouvaient lui revenir avec la vente éventuelle de ses actions au
gouvernement du Québec en titrant à la une: "1 900 000 $ de
profit dans la poche d'Alfred Hamel". M. Hamel a défendu la
théorie selon laquelle c'étaient des revenus, mais que cela ne
signifiait nullement que c'étaient des profits bruts et encore moins des
profits nets. Il a plutôt prétendu que, compte tenu du coût
qu'il a dû assumer pour, justement, supporter cet investissement, son
profit réel serait plutôt de l'ordre de 190 000 $. Par ailleurs,
j'ignore si vous avez dans votre institution financière des relations
d'affaires avec les entreprises de M. Hamel, mais, compte tenu de la
période de temps, du coût moyen des intérêts pendant
cette période, est-ce que cela vous paraît vraisemblable que,
finalement, le profit réalisé sur les actions de M. Hamel ne soit
pas de l'ordre de 1 900 000 $, mais plutôt de l'ordre de 194 000 $, tel
qu'énoncé par M. Hamel? Est-ce que cela vous paraît
vraisemblable?
M. Bernier: Écoutez, M. le ministre, je n'ai pas fait le
calcul, mais je sais par exemple que pendant toute cette période les
dépôts à terme sont passés de 10% à 12%, 13%,
14%, 15%, 16%, 17%, 18% et 19%. Alors, il est sûr que ce n'était
pas la période propice pour faire de l'argent sur des investissements.
Il était plus facile de rester chez soi et de faire des
dépôts à terme. Il est évident - à moins que
M. Hamel ait eu 5 000 000 $ ou 4 500 000 $ comptant dans son compte de banque -
que, s'il a été obligé de faire du financement
là-dessus, financement qu'il a été obligé de
supporter,
s'il fait tous ses calculs... C'est un rendement qui n'est pas encore
réalisé d'ailleurs parce que les transactions ne sont pas
terminées et, pour lui, ce n'est pas sûr que cela se terminera en
juillet 1983. Si vous ajoutez ses coûts de financement - il les
connaît plus que moi - c'est bien sûr que...
M. Clair: M. Hamel, je m'adresse à vous. À supposer
que, à supposé que tout fonctionne comme le journal le rapportait
à ce moment, pouvez-vous me préciser justement si, comme le
disait M. Bernier, vous aviez 4 000 000 $ ou 5 000 000 comptant qui dormaient
dans un bas de laine, prêts à être investis dans Quebecair
ou si vous avez dû assumer le coût du financement de cet
investissement?
M. Hamel: Malheureusement non, M. le ministre. Comme on peut le
supposer, on ne l'avait pas à notre disposition, il a fallu
l'emprunter.
M. Clair: Comment en arrivez-vous à la conclusion que
votre profit est de 190 000 $? Pouvez-vous me répéter le
raisonnement que vous avez fait?
M. Hamel: Bien voici. C'est que la compilation de tous les
coûts par période, avec tous les changements de taux
d'intérêts - et il y en a eu un paquet - durant cette
période, cette compilation a donné que pour les montants qui
étaient financés et pour les périodes données...
Par exemple, on a vendu nos actions privilégiées au gouvernement
du Québec. Alors, la différence entre le prix qu'on a payé
et celui qu'on a vendu a servi à rembourser presque tous les
intérêts, mais il en a manqué un peu, il n'y en a pas eu
assez. Alors, il n'y a absolument pas eu de profit. On a fait la même
chose pour le solde, en supposant que le 1er août 1983, la transaction
serait complétée. Pour votre information, évidemment
à partir d'aujourd'hui jusqu'au 1er août 1983, il a fallu supposer
un taux d'intérêt; alors le taux d'intérêt qui a
été pris a été de 13%. Si cela vous semble trop
haut, c'est le temps de le dire, mais on pense que c'est un taux à peu
près normal. Si vous payez 1% sur le "prime", cela peut arriver à
peu près à un taux juste et raisonnable de 13%.
Alors, la compilation a été faite à même les
livres de la compagnie. Les taux ont été vérifiés
avec la banque, pour être certains, et ce sont les chiffres que cela
donne. C'est puisé à même les livres de la compagnie.
Alors, on en arrive à 194 000 $ si on est payé le 1er août
1983 et, bien sûr, cela ne tient pas compte de l'inflation, en fin de
compte de la différence de la valeur de l'argent d'il y a deux ans avec
celle du 1er août 1983.
M. Clair: Et cela, si j'ai bien compris votre intervention plus
tôt aujourd'hui, vous a été certifié par un
vérificateur-comptable.
M. Hamel: C'est-à-dire que notre propre
vérificateur a commencé par faire son examen et ensuite cela a
été confirmé par des comptables de l'extérieur.
M. Clair: Maintenant, si j'ai bien compris cet après-midi
également, si l'acceptation de l'offre qui vous a été
faite par Nordair pour acquérir tant vos actions
privilégiées que vos actions ordinaires, si vous aviez
accepté cette offre en juillet 1981, tout compte fait, cela aurait
signifié un profit supplémentaire non pas de 190 000 $, mais
plutôt de l'ordre de 600 000 $. Est-ce que c'est cela en gros?
M. Hamel: J'ai le chiffre exact ici qui a été
compilé. Le profit, si on avait vendu à Nordair en juillet 1981,
aurait été de 608 875 $. Et le coût, pour avoir vendu au
gouvernement du Québec, je le répète, je l'ai donné
avant le souper, c'est 653 273 $.
M. Clair: Pour accepter l'offre du gouvernement du
Québec.
M. Hamel: C'est cela.
M. Clair: Maintenant, M. Hamel, il y a une question que je ne
peux m'empêcher de vous poser. Vous aviez investi beaucoup d'argent dans
Quebecair en 1979. Vous aviez fait des efforts très importants avec les
gens qui vous accompagnent pour en venir à une fusion Quebecair-Nordair.
En juillet 1981, le tandem Nordair-Air Canada vous a fait une offre
substantiellement plus avantageuse en termes de profits parce que, somme toute,
190 000 $ sur des investissements de l'ordre de plus de 3 000 000 $...
M. Bourbeau: ...d'interrompre. M. Hamel a dit plutôt que
les 190 000 $ ne comprennent pas cependant le boni de 300 000 $. Vous avez dit
qu'il fallait l'ajouter en plus, n'est-ce pas?
M. Clair: Oui, je pense que cela a été
précisé.
M. Bourbeau: Donc, on devrait parler de 490 000 $.
M. Clair: Non, M. le Président, parce que, encore une
fois, le député aura beau s'entêter à ne pas lire et
à essayer de déformer les faits...
M. Bourbeau: C'est M. Hamel lui-même qui l'a dit.
M. Clair: ...l'article 4.5 de la
convention entre actionnaires est écrit, signé et,
à ma connaissance, ni les autres actionnaires ni l'actionnaire que je
représente, c'est-à-dire le gouvernement du Québec, n'ont
accepté un renouvellement du prêt en cause. Ma question à
M. Hamel est la suivante: On a tenté de démontrer, au cours de la
journée, que vous aviez fait des profits qui, jusqu'à preuve du
contraire, n'existent pas au moment de la vente de certaines actions que vous
déteniez de Quebecair à la Société d'investissement
Desjardins. On a tenté de démontrer que vous aviez eu une prime,
un cadeau, une faveur de 300 000 $ alors que, en fait, vous avez
contracté, à ce moment, des engagements qui étaient
beaucoup plus importants que ceux d'attendre un coup de téléphone
du président de Nordair. Vous avez accepté, en ce qui concerne
vos actions ordinaires, un montant beaucoup moins intéressant que ce qui
a été finalement proposé par le gouvernement du
Québec. Ma question est la suivante: Qu'est-ce qui, comme homme
d'affaires québécois, vous a amené, à ce moment,
à accepter l'offre du gouvernement du Québec d'intervenir
financièrement pour essayer de soutenir Quebecair et de continuer les
négociations pendant au moins deux ans plutôt que d'accepter
purement et simplement de vendre vos intérêts majoritaires dans
Nordair? Parce que cela peut sembler pour le public assez surprenant qu'un
homme d'affaires accepte une proposition moins intéressante en affaires
et il me semble que cela peut surprendre l'opinion publique.
M. Hamel: Évidemment, dans le document de M. Bernier et
avec tous les détails qu'il en a donnés lui-même, il y a
quelques instants, c'est qu'il était clair, à notre connaissance,
que lorsque la transaction proposée avec Air Canada ou sa filiale
Nordair n'était pas entérinée par le gouvernement du
Québec, nous n'avions pas le choix, il n'y avait pas de transaction.
C'est ce que cela voulait dire. Et le gouvernement du Québec nous a
exprimé ses vues et, dans les circonstances, on a accepté de
vendre au gouvernement du Québec. À ce moment, il est bien
sûr que la question ne se posait pas sur un profit non
réalisé si on avait vendu à Nordair parce qu'on ne vendait
pas à Nordair. On se sert de Nordair aujourd'hui pour faire des
comparaisons en disant "si" on avait vendu à Nordair. Mais, à ce
moment, on a compris que le gouvernement du Québec avait ses vues.
Evidemment, on a accepté de rester deux ans de plus pour aider la
compagnie à se rationaliser avec les investissements que le gouvernement
du Québec se proposait de faire dans l'entreprise. On a eu confiance
dans l'avenir.
M. Clair: M. le Président, j'ai une question à
poser à M. Bernier à propos des actions dans Nordair. Est-ce que
mes renseignements sont bons si je comprends qu'actuellement vous
détenez 13,1% des actions de Nordair? Actuellement, avez-vous des
représentants au conseil d'administration de Nordair?
M. Bernier: Nous avons un représentant au conseil.
M. Clair: Pouvez-vous me dire depuis quand vous détenez
ces actions précisément?
M. Bernier: C'était dans mon texte de ce matin. Depuis
octobre 1980.
M. Bourbeau: Je pense que c'est depuis décembre 1980.
M. Bernier: Depuis le 29 octobre 1980. M. Bourbeau: Depuis
octobre 1980.
M. Clair: Depuis le mois d'octobre 1980. Est-ce que cette
position d'actionnaire minoritaire de Nordair vous a permis, jusqu'à
maintenant, d'infléchir en tout point les politiques de Nordair, que ce
soit au niveau de la politique de commercialisation ou de la politique
financière? Est-ce que cela vous a permis de jouer un rôle
significatif jusqu'à maintenant dans l'administration de Nordair? (22 h
45)
M. Bernier: M. le ministre, évidemment, quand on
détient 13% des actions d'une entreprise comme Nordair et qu'on est
minoritaire et le seul autre actionnaire, on ne peut pas influencer tellement
les politiques, sauf que l'administrateur qui nous représente à
Nordair m'a laissé savoir récemment qu'on lui permettait de
s'exprimer et qu'on l'incitait même à faire ses interventions en
français au conseil pour lui permettre d'être davantage à
l'aise dans ses interventions. On me dit aussi que, depuis ce temps, le
fiduciaire de Nordair est maintenant du côté du Mouvement
Desjardins. Ce n'est pas qu'on a influencé les politiques, mais on
commence à faire des affaires avec eux.
M. Clair: Si on vous proposait demain, M. Bernier,
d'acquérir, à un juste prix, 27% des actions de Nordair, est-ce
que cela vous intéresserait?
M. Bernier: II faudrait, d'abord, regarder dans quelles
conditions on peut se procurer ces actions. On a acheté les actions de
Nordair un peu sur la base de l'achat des actions de Quebecair de M. Hamel, au
prix où les caisses d'entraide les avaient payées de la caisse de
dépôt, plus le financement que les caisses d'entraide ont dû
supporter
jusqu'au moment où on les a acquises. M. Gauthier, je pense que
les actions avaient été acquises à 12,60 $, et nous, nous
les avons payées 15 $. Quand on a fait notre négociation avec Air
Canada au printemps 1981, le prix de base négocié était le
prix d'acquisition d'Air Canada avec les ajustements appropriés en
fonction des résultats que pourrait produire Nordair par la suite.
M. Clair: Ce n'était pas tellement le sens de ma question,
M. Bernier. S'il y avait un prix très alléchant, très
intéressant et que vous pouviez acquérir 27% des actions de
Nordair et qu'on vous proposait une convention intéressante entre
actionnaires, seriez-vous intéressé à acquérir
actuellement 27% des actions de Nordair?
M. Bernier: La réaction du président de la
Société d'investissement Desjardins est que, si cela rencontre
nos critères de rendement et à partir du moment où c'est
déjà un secteur privilégié par la
Société d'investissement et par le Mouvement Desjardins, il est
sûr qu'on le regarderait, pour autant que le critère de rendement
dans cette acquisition pourrait être respecté.
M. Clair: Vous avez dit tantôt qu'avec 13% des actions de
Nordair cela permettait à votre administrateur de se faire entendre -je
ne veux pas vous fâcher - en français aussi longtemps qu'il le
désirait et que, même, on suscitait sa participation. Mais est-ce
que cela permettrait de faire beaucoup plus que cela si, au lieu de
détenir 13% chez Nordair, vous en déteniez 27%?
M. Bernier: Cela dépend, M. le ministre, dans quelle
situation on nous mettrait dans cette compagnie. À la
Société d'investissement Desjardins, quand nous faisons des
investissements, on considère toujours un minimum de pourcentage de
participation, soit 21% pour la consolidation. Actuellement, les états
financiers de Nordair ne sont pas consolidés avec ceux de SID, parce
qu'on détient 13% et que les critères de consolidation sont de
21%, en plus d'avoir une participation significative dans les orientations de
l'entreprise. Alors, c'est ce qu'on n'a pas évidemment dans Nordair.
M. Clair: Je suis convaincu que vous avez deviné où
je voulais en venir. Quand vous avez accepté les 27% moyennant
convention entre actionnaires avec les gens d'Air Canada-Nordair, au fond, M.
Bernier, pensiez-vous qu'avec 27% et une convention entre actionnaires vous
étiez réellement en mesure d'infléchir le
déroulement des événements? 11 me semble - c'est un des
rares jugements que je porterai - que, malgré la meilleure des
conventions entre actionnaires, quand on est minoritaire à 27%,
finalement il est très difficile de faire respecter la convention entre
actionnaires, si ce n'est que de la dénoncer.
M. Bernier: M. le ministre, disons qu'on a des expériences
du genre. Dans certaines compagnies, on a des investissements de participation
de 27% à 30%. Dans ces entreprises, on a deux ou trois administrateurs
et on ne peut pas prêter au départ des intentions à nos
partenaires, même s'ils sont hautement majoritaires. Notre philosophie
est de marcher avec ces partenaires comme des associés.
L'expérience que nous vivons jusqu'à maintenant à la
Société d'investissement avec d'autres partenaires, c'est que
lorsque l'on se retrouve avec 25% à 30% des actions, on joue un
rôle très significatif dans ces entreprises, dans ces compagnies
et on a un rôle déterminant aussi sur leur orientation. J'ai,
entre autres, en mémoire un de nos investissements; on a un rôle
très significatif dans cette entreprise.
M. Clair: M. Bernier, on détient 30% de CP, on sait que
c'est un gros bloc d'actions qui permet, à toutes fins utiles, un
contrôle virtuel pour cet actionnaire, tellement il est important par
rapport à une multitude d'autres actionnaires. Mais, dans une situation
où un gouvernement a nationalisé une entreprise, qui en
nationalisait deux à ce moment-là, est-ce que le rapport de force
n'est pas un peu modifié quand c'est un actionnaire qui détient
27% avec d'autres qui en détiennent des blocs variables, mais sans
qu'aucun ait une majorité vraiment absolue? Est-ce que ce que vous dites
- je le conçois, c'est tout à fait exact - n'est pas surtout vrai
quand il y a plusieurs actionnaires et que n'est-ce pas, en conséquence,
beaucoup moins facile pour un actionnaire minoritaire lorsqu'il est seul avec
un autre actionnaire qui est très largement majoritaire?
M. Bernier: En tout cas, d'après les expériences
que nous vivons... On a même un de nos partenaires dans la salle ici, le
groupe Provost, dans lequel on est à 22%. Je pense qu'on joue un
rôle significatif dans l'entreprise Provost avec 22%. On est
impliqué dans le groupe Canam à 34%, 35% et, évidemment,
c'est M. Dutil qui dirige son entreprise. Ce n'est pas nous qui intervenons,
mais je pense qu'on a un rôle influent à l'intérieur de
cette entreprise, soit par le financement, et pour des expertises.
Évidemment, dans les entreprises paragouvernementales avec lesquelles on
est associé, on a aussi d'autres expériences, mais là on
est majoritaire.
Pour nous, quand on avait fait cette négociation de bonne foi
avec Air Canada
avec une participation de 27%, je ne sais pas si on péchait par
excès de confiance ou par naïveté, mais on était
assuré que dans ce dossier on pourrait jouer un rôle significatif
dans l'entreprise regroupée à condition, évidemment, qu'on
réussisse à négocier un protocole d'entente, une entente
entre actionnaires qui n'était pas encore complétée, qui
protégerait les objectifs que nous recherchions, évidemment.
Aussi, on était très conscient qu'il fallait épouser les
objectifs, dans un dossier comme celui-là, du gouvernement du
Québec.
M. Clair: Ma dernière question pour le moment. Vous
présidez le conseil de Quebecair depuis maintenant quelques
années. Vous avez été mêlé, M. Bernier,
à toutes les négociations que vous avez supervisées
à un moment donné. Vous n'avez pas nécessairement
participé à chacune des étapes, mais vous êtes
certainement l'une des personnes au Québec, avec les deux personnes qui
sont à votre gauche et à votre droite, et peut-être
quelques autres, qui connaissent probablement le mieux le dossier des
négociations Quebecair-Nordair, de l'avenue qui s'offrait de
rationaliser le transport aérien à partir du contrôle
d'intérêts québécois. Vous avez vu évoluer
les négociations entre le gouvernement fédéral et votre
groupe et d'autres groupes. Vous m'accompagniez, si ma mémoire est
bonne, quand nous sommes allés soumettre au ministre
fédéral des Transports la proposition conjointe
Québec-Ontario. Vous avez donc suivi le déroulement de ce dossier
depuis plusieurs années. Vous avez de plus une expérience
très importante dans le domaine des affaires. Quant à vous,
l'issue des avenues possibles pour Quebecair à compter de maintenant,
dans l'état actuel des négociations entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, dans la mesure, bien
sûr, où vous en êtes informé parce que vous n'avez
pas été témoin nécessairement des conversations
téléphoniques que j'ai eues ou que je n'ai pas réussi
à avoir avec le ministre des Transports du Canada, mais dans la mesure
de votre éclairage, si Quebecair doit continuer d'exister, comment vous
apparaît son avenir?
M. Bernier: Nous, M. le ministre, évidemment, quand on est
entré dans le dossier de Quebecair en vue d'une fusion
éventuelle, dans une préoccupation de rationalisation des
réseaux, on pensait aux critères et aux paramètres qui
sont établis pour la Société d'investissement Desjardins.
On pensait aussi au rôle que le Mouvement Desjardins doit jouer dans la
communauté ou dans le Québec par rapport à nos
sociétaires qui sont répartis à la grandeur de la
province. Il est sûr que les critères de rendement de 15%
après impôt et tout cela, Quebecair ne les rencontrait pas
à première vue, même en relation avec des calculs qu'on a
faits dans un scénario où la fusion serait faite ou dans un
autre.
Il est sûr aussi que, selon nous, les actions de Nordair avaient
été payées un très bon prix par Air Canada; puis,
dans une deuxième vente, ce n'était pas une aubaine. Mais vu le
rôle que le Mouvement Desjardins doit jouer au Québec par rapport
à la population, par rapport au développement économique
du Québec, par rapport aussi aux régions, parce que nous aussi on
vit les disparités régionales, par rapport à la structure
du Mouvement Desjardins, par rapport aux besoins qu'on rencontre dans les
régions. SID ne peut pas se confiner au développement
économique de Montréal parce que son siège social est
là, pas plus que le Crédit industriel Desjardins ou nos autres
institutions. On se sentait une vocation, une obligation et un rôle
particulier à jouer pour la rationalisation et l'amélioration des
communications au Québec dans Quebecair.
Tout ce qui nous a animés au long de ces années-là,
avec les milliers d'heures et les énergies qu'on a mises
là-dedans... M. le ministre, on ne sera jamais capable au niveau de
l'équipe de SID de mettre autant d'heures, autant d'énergies,
autant de travail dans un dossier d'investissement qu'on en a mis dans le
dossier du transport aérien; cela n'a pas de bon sens. Il est sûr
que, si on évalue cela par rapport aux coûts, cela ne tient pas,
l'évaluation du coût qui a été mis
là-dedans.
Mais il est évident aussi qu'on a réalisé que
l'implication des gouvernements dans ce dossier était essentielle et
importante. Autant le gouvernement du Québec n'a pas le choix de
s'impliquer ou non dans le service d'énergie, de s'assurer qu'il y a des
services téléphoniques et des services de transport en commun,
autant nous, nous pensons que le dossier du transport aérien est
important pour l'avenir économique du Québec, par rapport aux
régions, par rapport à l'éloignement, par rapport à
la population. Nous, en tout cas, nous étions dans le secteur
privé et nous le croyions.
J'étais très heureux, ce matin, d'entendre que, si cela ne
peut fonctionner dans la négociation actuellement entreprise avec le
fédéral, avec Air Canada, vous n'aurez pas le choix, M. le
ministre: vous allez être obligé d'embarquer là-dedans,
vous allez être obligé de régler ce dossier, vous allez
être obligé d'assurer le service à la population. Et au
lieu de spéculer sur toute une série de choses et de
dépenser un paquet d'argent et d'énergie dans tout cela, un jour
vous allez être obligé de faire vos choix, à moins qu'on ne
décide que l'avenir du Québec se rétrécit et qu'on
rétrograde.
Alors, il est sûr que, dans le contexte
économique des années quatre-vingt et de l'an 2000, nous,
au Mouvement Desjardins, avec l'électronique, avec tout ce qu'on est en
train de développer en informatique pour assurer les meilleures
communications possible d'un bout à l'autre de ia province de
Québec par rapport au développement, nous n'avons pas le choix de
nous interroger à savoir si nous devons maintenir ou non un service
aérien pour les populations de la province. Il est sûr que ce
n'est pas la responsabilité unique du Mouvement Desjardins de
développer à nos frais un service comme Quebecair. Une
décision devra être prise dans les prochains mois.
Là-dessus, je pense que la province devra s'impliquer d'une façon
très forte et de faire un choix une fois pour toutes. Regardez ce que
cela peut vous coûter pour le transport en commun, regardez ce que cela
vous coûte pour les traversiers, regardez ce que cela vous coûte
pour tous les autres services. Je pense que celui-là est aussi
prioritaire que les autres. (23 heures)
M. Clair: Une toute dernière question très courte,
M. le Président, au cas où je n'aurais pas l'occasion de revenir.
Finalement, à partir de toute l'expérience de ces
négociations que vous avez conduites pendant ces années, une
question très simple se pose: Je sais qu'il est embêtant pour vous
de répondre, mais je pense que cela peut éclairer l'opinion
publique québécoise parce qu'on a souvent l'impression que les
hommes politiques se contredisent et que les hommes d'affaires qui essaient de
trouver des solutions de rationalisation n'ont pas l'occasion de s'exprimer. Je
vous pose la question très simplement. Vous en profiterez, si vous le
voulez, pour répondre. Si vous préférez vous abstenir,
faites-le, je ne vous en ferai pas grief. Après toutes ces années
de négociations, tous ces efforts que vous avez consacrés, est-ce
que vous considérez que, dans la mesure de l'information que vous
détenez, le groupe que vous avez dirigé a été
correctement traité? J'emploie l'expression "correctement
traité". Je ne veux pas dire qu'on est toujours obligé de gagner
-ou de toujours perdre, mais est-ce que vous considérez que vous avez
été correctement traités par les autorités du
gouvernement fédéral dans ces négociations? Je vous laisse
le choix de répandre ou de ne pas répondre.
M. Bernier: C'est peut-être embêtant de
répondre à cette question-là. Je ne vous dirai pas qu'on a
été correctement ou incorrectement traités, mais je peux
vous dire qu'on a été très mal compris.
M. Clair: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Je voudrais poser une question à M. Hamel. M.
Hamel, cet après-midi, je vous ai posé des questions sur les
profits possibles que vous avez faits et le député de Vimont vous
avait posé une question au cours de laquelle vous aviez dit que vous
faisiez un profit de 194 000 $. J'avais des chiffres qui avaient, d'ailleurs,
été reproduits dans les journaux et qui démontraient que
c'était beaucoup plus. Ma question a été: Comment
conciliez-vous vos chiffres avec les miens? Donc, je vous demandais de nous
dire comment vous arriviez à vos chiffres. Malheureusement, vous ne
m'avez pas répondu, mais je suis content de voir que ce soir vous l'avez
fait. Je veux vous répéter ce qu'on vous a dit cet
après-midi. Nous ne vous blâmons pas d'avoir fait des profits.
S'ils sont seulement de 194 000 $, c'est malheureux, mais s'ils avaient
été de 2 000 000 $, cela aurait été tant mieux pour
vous. On ne veut pas vous blâmer d'avoir fait des profits. On voulait
simplement savoir comment la différence pouvait exister entre les
chiffres que la presse avait rapportés et ceux que vous nous avez
donnés. Vous avez eu l'occasion de nous l'expliquer un peu ce soir. M.
Bernier l'a fait un peu pour vous et, en ce qui nous concerne, nous sommes
satisfaits.
Je voudrais revenir sur un point. Tout à l'heure, quand le
ministre vous a questionné sur l'offre d'achat de juillet 1981, il vous
a demandé comment vous, un homme d'affaires, aviez pu accepter une offre
qui vous faisait perdre de l'argent. Vous nous avez dit que cela vous
coûte 600 000 $ d'avoir refusé l'offre de Nordair pour accepter
l'offre de Québec. Vous avez dit: Écoutez, dans les
circonstances, le gouvernement du Québec avait décidé de
s'impliquer et nous n'avions pas le choix, on devait se soumettre. C'est
à peu près ce que vous avez répondu, je pense.
M. Hamel: C'est cela.
M. Bourbeau: D'accord! Si le Québec vous avait dit,
à ce moment-là, M. Hamel: Écoutez, vous avez
entièrement le choix, on ne veut absolument pas exercer quelque pression
ou quelque droit, est-ce que vous auriez accepté l'offre de Nordair si
vous n'aviez eu aucune contrainte?
M. Hamel: II est assuré que, à ce moment-là
les actionnaires de Quebecair -que nous étions à ce
moment-là - se seraient consultés et auraient tâché
de faire en sorte que la transaction avec Air Canada se concrétise.
M. Bourbeau: Elle était plus payante,
en fait.
M. Hamel: Écoutez, dans le fond, nous croyions à la
régionalisation, à la rationalisation, d'autant plus que nous
devions, à ce moment-là, considérer le fait que, si les
choses s'étaient présentées de la façon dont vous
venez de le mentionner -évidemment, on parle avec des si - il y a
peut-être d'autres avenues qui auraient pu être examinées.
Mais, encore là, on parle avec des si. On peut aller loin avec des si.
Il reste une chose, cependant. Sans aucun doute, si on avait été
vraiment à notre aise et si on avait senti que ce n'était pas un
refus du gouvernement du Québec de nous laisser vendre à Nordair
ou à Air Canada, nous l'aurions fait, c'est certain.
M. Bourbeau: Vous auriez fait 600 000 $ de plus, si j'ai bien
compris tout à l'heure.
M. Hamel: Écoutez! Évidemment, quand vous parlez de
600 000 $ de plus, on ne faisait pas un tel calcul parce qu'on n'était
pas rendu à faire un tel calcul.
M. Bourbeau: En fait, c'est vous qui avez lancé le chiffre
tout à l'heure.
M. Hamel: Oui, d'accord. C'est parce qu'aujourd'hui on se
reporte...
M. Bourbeau: De toute façon, c'était plus payant.
D'ailleurs, le ministre l'a dit à plusieurs reprises, l'offre d'Air
Canada était plus payante.
Je voudrais maintenant poser une question à M. Bernier. Le
ministre vous a interrogé longuement sur la position minoritaire de 27%
que vous auriez eue dans Nordair s'il y avait eu fusion. Vous seriez devenu,
avec Air Canada, un des deux actionnaires du transporteur fusionné,
Quebecair-Nordair, et le Mouvement Desjardins aurait eu 27% des actions de
cette nouvelle société. Vous estimiez avoir une position
suffisamment importante à ce moment-là pour nous assurer que les
retombées économiques d'une telle fusion favorisent le
Québec. Vous avez parlé de création d'emplois pour les
francophones dans le secteur de l'aviation, de maintien des sièges
sociaux, etc. D'ailleurs, vous avez dit que les deux parties, Air Canada et
vous-même, s'étaient entendues pour concrétiser plusieurs
points de cette nature dans une entente entre actionnaires qui
prévoyait, entre autres, qu'éventuellement les deux actionnaires
pourraient se diluer en faveur d'une émission publique, une fois le
succès de la fusion bien assuré.
Vous concluez: Cependant, il avait été bien entendu avec
le président d'Air Canada que le gouvernement du Québec devait
donner son accord à cette transaction. Nous n'avions pas d'autre
alternative que de nous rallier à l'offre du Québec qui
démontrait, par le fait même, son refus face à la
transaction négociée avec Air Canada. Vous dites également
que, dans votre cas - je pense que cela rejoint un peu la position de M. Hamel
- devant le refus - c'est le mot que vous employez - du gouvernement du
Québec, vous n'aviez pas d'autre alternative que de vous rallier
à l'offre du gouvernement du Québec.
Devant ces deux déclarations, la vôtre que je viens de lire
et celle de M. Hamel, j'aimerais vous faire lecture très rapidement
d'une déclaration qui a été faite par M. Bernard Landry,
à Radio-Québec, le 6 décembre 1982, lors d'une interview
de M. Pierre Nadeau. Je voudrais savoir si ce que M. Landry a dit au sujet de
cet événement reflète correctement ce qui s'est
passé. Je cite M. Landry: "Mon collègue des Transports - il
citait, évidemment, le ministre des Transports qui est ici - leur a dit
(en parlant de vous et de M. Hamel): Vous avez là une offre sur la
table. Qu'est-ce que vous faites? Aimez-vous mieux Québec? Aimez-vous
mieux Ottawa? Aimez-vous mieux quoi?" C'est la question. La réponse est
venue sans hésitation, parce que cela faisait quatre ans que ces
gens-là négociaient avec Ottawa sans pouvoir s'entendre. La
réponse est venue sans hésitation: Si Québec achète
du capital privilégié et empêche la compagnie de sombrer -
car elle aurait sombré dès cette époque et on ne serait
même plus là; on serait dans le post mortem sans hésitation
-"si Québec embarque, on préfère Québec et on
refuse l'offre d'Ottawa." Est-ce que c'est de cette façon que cela s'est
passé ou si c'est un peu différent?
M. Clair: Question de règlement.
M. Bourbeau: M. le ministre, je pose la question aux gens qui
sont ici.
M. Clair: Question de règlement.
M. Bourbeau: En vertu de quel article du règlement, M. le
ministre?
M. Perron: En vertu de l'article 94.
M. Clair: Mon collègue, le ministre du Commerce
extérieur, se fera un plaisir de venir participer aux travaux de la
commission et de répondre des propos qu'il a tenus. M. le
Président, si mon collègue a parlé de la façon que
le député semble le citer - cela dépend de
l'interprétation qu'on fait des événements - je pense que
jusqu'à un certain point, c'est absolument cela qui s'est produit. La
meilleure preuve, c'est que les gens ont préféré accepter
l'offre du gouvernement du Québec.
Une voix: Laissez-les le dire.
M. Bourbeau: Je veux savoir si cela s'est passé de cette
façon. Est-ce parce que vous aimez mieux Québec qu'Ottawa que
vous avez accepté l'offre ou parce qu'il y avait un gouvernement du
Québec entre les deux qui ne vous donnait pas le choix?
M. Hamel: II n'y a aucune autre version que celle que je vous ai
dite, pour autant que cela me concerne, qui ait existé. Je
n'étais pas au courant de la déclaration de M. Landry. Vous venez
de me l'apprendre. En fait, il n'y a pas d'autre version que
celle-là.
M. Bourbeau: M. Bernier, est-ce de cette façon que cela
s'est passé?
M. Bernier: Pour nous, il n'y a pas d'autre version que celle
qu'on a mise dans notre texte.
M. Bourbeau: Votre version, c'est que vous n'aviez pas d'autre
alternative que de vous rallier à l'offre du Québec qui
démontrait, par le fait même, son refus face à la
transaction. Ce n'était donc pas, comme M. Landry l'a dit: Aimez-vous
mieux Québec ou aimez-vous mieux Ottawa? Ce n'était pas ce genre
de question.
M. Clair: C'est une façon imagée de
présenter la chose.
M. Bourbeau: M. Hamel, je voudrais revenir...
M. Gratton: À l'image du ministre
délégué au Commerce extérieur.
M. Bourbeau: ...à des propos un peu plus terre à
terre. On voudrait parler un peu des Boeing. Quebecair a acheté deux
Boeing 737 B-17. Pourriez-vous nous dire quelle est la différence entre
les B-17 et les B-9 que vous aviez avant et à quelle date avez-vous
placé la commande pour deux Boeing B-17?
M. Hamel: Voici...
M. Bourbeau: Je m'excuse, je veux dire les -17.
M. Hamel: Oui. La différence entre les deux, c'est que le
-9, c'est un moteur qui permet une charge au décollage de 118 500 livres
et, donc, avec un rayon d'action plus limité, tandis que l'autre moteur
permait 128 500. À ce moment, vous avez des réservoirs d'essence
additionnels qui permettent plusieurs centaines de kilomètres de
distance. Vous pouvez faire des vols plus longs sans escale.
M. Bourbeau: C'est de combien plus long avec les -17?
M. Hamel: Je n'ai pas le détail exact ici avec moi. On
l'aura sûrement dans nos documents, mais de mémoire le -9 donne
environ 1800 milles et le -17, environ 2300, 2400.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on serait exact en disant que le -9 se
rend à peu près jusqu'en Jamaïque et que le -17 se rend
jusqu'à la Barbade?
M. Hamel: C'est cela, à la Barbade sans
difficulté.
M. Bourbeau: À quel moment avez-vous acheté les
-17?
M. Hamel: On aurait voulu les acheter avant, effectivement, la
date exacte où l'achat a été réalisé. Nous
avons commencé à regarder pour des -17 durant l'hiver 1981 et
vous vous souviendrez qu'à l'automne 1980 on avait abandonné une
option sur des -9 et avions opté d'attendre pour trouver un ou deux -17
éventuellement. D'un autre côté, l'achat des -17 -
appelez-les comme vous voudrez - entrait dans le plan qu'on avait établi
de rajeunissement de la flotte.
M. Bourbeau: On n'a pas beaucoup de temps. J'aimerais vous poser
des questions assez précises. Il ne reste presque plus de temps.
J'aimerais savoir à quelle date vous avez placé la commande pour
le -17, s'il vous plaît.
M. Hamel: Nous avons regardé pour les -17 pendant
plusieurs mois, à partir du mois de février 1981 environ, pour
trouver des appareils, parce qu'il n'y en avait pas beaucoup de disponibles. Il
y en avait quatre dans le monde qui étaient disponibles à ce
moment. Nous avons trouvé ces deux-là chez Maersk à
Copenhague. Évidemment, il a fallu les négocier. Cela a pris
plusieurs mois. Finalement, nous les avons acquis au cours du mois d'août
1981, je crois, avec une livraison possible le 15 novembre pour le premier et,
pour le deuxième, le 25 avril 1982.
M. Bourbeau: Le 25 avril 1982. M. Hamel: Comme
livraison.
M. Bourbeau: À quel moment avez-vous placé la
commande ferme pour les deux avions? Peut-être que M. Leblond s'en
souvient?
M. Hamel: II y a eu des négociations et, dès qu'on
s'est entendu, on les a achetés.
M. Bourbeau: Vous dites au mois d'août
1981.
M. Hamel: Cela peut être août ou début
septembre, quelque chose comme cela.
M. Bourbeau: M. Leblond, est-ce que vous pourriez confirmer la
date? Vous étiez, à ce moment, au conseil d'administration;
peut-être que vous vous en souvenez.
M. Leblond: Je suis arrivé au conseil d'administration au
mois de septembre et la commande était déjà placée
à ce moment. Je pense que je peux confirmer que c'était au mois
d'août, fin juillet ou début d'août.
M. Bourbeau: M. Hamel, vous nous dites que ces avions ont
été achetés du Danemark; donc, ce n'étaient pas des
avions neufs.
M. Hamel: Des avions usagés.
M. Bourbeau: À quel moment avez-vous reçu
effectivement les deux avions?
M. Hamel: Le premier a été livré, tel
qu'entendu lors de l'achat, pour commencer le programme des vols vers la
Floride, aux Caraïbes et à la Barbade. J'imagine que c'est vers le
15 novembre. Il me semble que l'avion a commencé à voler vers le
1er décembre.
M. Bourbeau: Le deuxième?
M. Hamel: Le deuxième nous a été
livré, en fait, le 25 avril 1982.
M. Bourbeau: Est-ce que le deuxième avion vole
maintenant?
M. Hamel: Non, concernant le deuxième avion, le plan de
redressement qui est arrivé entre-temps, au début de l'hiver
1982, a prévu qu'on ne ferait pas voler le deuxième avion, qu'on
le mettrait en vente immédiatement.
M. Bourbeau: Au moment où vous l'avez reçu,
déjà il était en vente.
M. Hamel: Exactement. (23 h 15)
M. Bourbeau: Et le premier, vous l'avez reçu le 15
novembre et vous l'avez, je pense, également mis en vente au
début de 1982, n'est-ce pas, à cause de votre plan de
redressement?
M. Hamel: Oui, dans le courant de l'hiver, dès que le plan
de redressement a été décidé, vers le début
de février.
M. Bourbeau: Bon! Vous avez volé avec le premier pendant
un mois ou deux et là, vous avez décidé de le mettre en
vente.
Quant au deuxième, au moment où vous l'avez reçu,
il était déjà en vente depuis une couple de mois.
M. Hamel: Non, je vous demande pardon. Le premier a volé
tout l'hiver sans exception jusqu'à la fin d'avril.
M. Bourbeau: Oui, mais votre plan de redressement est
entré en vigueur au début de 1982.
M. Hamel: Le plan de redressement a commencé à
être discuté sérieusement au mois de novembre. Il a
commencé à être mis en vigueur dès qu'il a
été prêt en décembre, en janvier et tout l'hiver et
cela a continué par la suite.
M. Bourbeau: Le plan de redressement comportait la vente des deux
-17.
M. Hamel: Oui, cela a été inclus dans le plan de
redressement à un moment donné, mais c'est un plan de
redressement global. Il y a beaucoup d'autres choses que cela.
M. Bourbeau: Oui, oui, je connais bien le plan. Les deux Boeing
venaient du Danemark, n'est-ce pas?
M. Hamel: Oui.
M. Bourbeau: Le deuxième qui a été
reçu en avril 1982, où est-il présentement?
M. Hamel: II est stationné à Dorval.
M. Bourbeau: II n'a jamais volé depuis que vous
l'avez?
M. Hamel: Non, nous ne l'avons même pas peint. Il a
été offert en vente et il est tel qu'on l'a reçu.
M. Bourbeau: II n'a jamais volé. N'y a-t-il pas,
d'ailleurs, des empêchements techniques qui font qu'il ne peut pas voler
au Canada?
M. Hamel: Non, pas à ma connaissance.
M. Bourbeau: Non? Pardon? M. Leblond, voulez-vous ajouter quelque
chose?
M. Leblond: Oui, si vous le permettez, M. Bourbeau.
Effectivement, il y a des empêchements techniques. On ne l'a pas
canadianisé, on ne l'a pas rendu conforme aux lois canadiennes. Comme on
n'avait pas l'intention de le faire voler, on ne voulait pas dépenser 75
000 $ pour le rendre conforme.
M. Clair: Cela fait-il référence à des
normes canadiennes seulement? Cela ne veut
pas dire que l'avion n'est pas, pour un profane, en état de vol.
Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas en état de voler.
M. Leblond: Absolument pas.
M. Clair: Je pense que c'est ce que M. Hamel...
M. Leblond: Chaque juridiction d'aéronautique a ses
spécifications quant aux équipements. C'est tout simplement
cela.
M. Bourbeau: Autrement dit, il manque les équipements
radar spéciaux au Canada qui font... Je ne me souviens plus du terme
technique.
M. Leblond: II serait acceptable aux États-Unis, mais il
ne l'est pas ici.
M. Bourbeau: Cela coûte environ une centaine de...
M. Leblond: II pourrait être acceptable en France, mais pas
en Grande-Bretagne.
M. Bourbeau: Oui. N'est-il pas étrange, M. Hamel, que vous
preniez livraison du premier avion le 15 novembre 1981 au moment même
où vous dites que votre plan de redressement est déjà en
discussion et alors que ce plan de redressement prévoit la vente de cet
avion? Donc, autrement dit, au moment où vous le recevez, vous venez de
l'acheter et déjà, vous avez décidé que vous n'en
avez pas besoin et qu'il faut le revendre. Quant au deuxième, c'est
encore pire; au moment où vous le recevez en avril, cela fait trois ou
quatre mois - je ne sais pas, deux ou trois mois - que vous avez
déjà décidé que vous n'en avez pas besoin et qu'il
faut le revendre. Cela n'a-t-il pas l'air un peu étrange en termes
d'administration d'acheter des avions qui valent quand même 15 000 000 $
canadiens, je pense, chacun et dont l'un n'a même pas été
reçu que déjà on trouve qu'on n'en a plus besoin et qu'il
faut le revendre? Ne trouvez-vous pas cela un peu surprenant?
M. Hamel: C'est simple. Il faut se reporter dans le temps et
regarder les conditions qui ont régi la décision de faire voler
ces avions et de les acheter. Vous comprendrez avec moi que, quand on veut
voler sur les vols nolisés, il faut faire des plans à
l'avance.
M. Bourbeau: Vous avez acheté l'avion pour faire des vols
nolisés?
M. Hamel: C'est l'hiver que les vols nolisés sont bons au
Québec et au Canada, alors qu'en Europe, c'est l'été. Nos
saisons fortes sont différentes. Pour nous, il était important,
tant qu'à entrer ces avions, qu'on puisse en profiter tout l'hiver au
lieu, par exemple, de commencer le printemps, alors que les vols nolisés
sont à leur plus bas ou l'été. Il était normal
qu'on fasse des plans à l'avance et c'est ce qu'on a fait. Un plan de
vol sur la Floride ou un plan de vol ABC, comme celui qu'on a mis en marche
à chacun des trois hivers, surtout 1980-1981 et 1981-1982, cela prend
six à sept mois de préparation. Il faut s'assurer d'avoir les
appareils. Il faut entraîner des équipages. Il faut vendre des
billets. Il faut que la clientèle soit là quand l'affaire part
et, pour partir le 1er décembre, il faut commencer au mois de mai ou au
mois de juin. Demandez-le même aux gens de Nordair quand ils vont se
présenter, ils vont vous le dire.
M. Bourbeau: Les vols nolisés, en fait, ne sont payants,
quand ils le sont, que durant la période de l'hiver, de décembre
à avril, au maximum. Le reste de l'année, il n'y a pas beaucoup
de vols vers la Floride ou vers les Caraïbes, n'est-ce pas?
M. Hamel: Oui, mais n'oubliez pas que j'ai commencé
à expliquer tout à l'heure que nous n'avions pas acheté
ces avions uniquement pour faire des vols nolisés.
M. Bourbeau: Pourquoi avoir choisi ces avions? Vous en aviez
déjà qui se rendaient facilement - les -9 - jusqu'à la
Jamaïque, à peu près, enfin, au moins en Floride, un peu
plus loin et il semble que ce ne soit pas suffisant. Vous en avez acheté
avec des moteurs plus gros pour aller jusqu'à la Barbade.
M. Hamel: Nous voulions justement...
M. Bourbeau: Donc, ce n'était pas pour aller à
Sept-Îles. Vous en aviez assez pour aller à Sept-Îles quatre
fois et revenir. C'était pour aller jusqu'à la Barbade, en fait.
Donc, ils ont été achetés pour faire des vols
nolisés plus loin encore que la Floride, donc à la Barbade ou au
Mexique.
M. Hamel: Oui, nous voulions attaquer des marchés sur vols
ABC à des distances où, pour être concurrentiel, il faut
faire des vols sans escale; autrement, cela ne vaut pas la peine d'y aller.
Vous n'êtes pas capables d'avoir de passagers. On avait en vue
différents marchés. N'oubliez pas que, depuis l'hiver 1981, la
loi du vol nolisé a été amendée passablement
à Ottawa. Ces nouveaux amendements vous permettent d'attaquer des
marchés qui n'étaient pas accessibles autrefois. Nous avions
prévu que, pour compléter le rajeunissement de la flotte, nous
irions à cinq appareils 737. Nous avions sorti les BAC à
l'automne 1981 et,
pour être logiques avec notre plan de rationalisation de la
flotte, il nous manquait ces deux avions. Tant qu'à avoir cinq avions,
on s'est dit: On devrait avoir des avions à long rayon d'action pour
attaquer des marchés qu'on n'a pas encore.
M. Bourbeau: Pendant ce temps, pour les régions du
Québec que vous devez desservir, ce n'est pas avec des -17 que vous
pouvez desservir un vol entre Baie-Comeau et Sept-Îles. Ces avions
étaient beaucoup trop puissants et beaucoup trop coûteux à
faire fonctionner pour des vols régionaux. C'étaient des avions
qui avaient manifestement été achetés - je pense que c'est
exact, vous l'avez dit vous-même -pour faire du vol nolisé et,
encore là, plus loin que la Floride. Sans cela, vous auriez gardé
vos gros -9.
M. Hamel: II ne faut pas oublier que, pour la petite
différence qu'il y a entre le coût d'exploitation d'un -17 et d'un
-9, vous pouvez quand même utiliser votre avion sur n'importe quel
réseau. Cet avion pouvait aller n'importe où.
M. Bourbeau: C'est bien sûr qu'il peut aller n'importe
où.
M. Hamel: Absolument partout.
M. Bourbeau: Oui, je suis bien conscient qu'il peut aller
n'importe où. Mais, au sujet du -17, il y a un pilote d'avion de
Quebecair qui m'a dit qu'il y avait un problème avec les soutes à
bagages, quand ' vous l'avez utilisé pour faire des vols nolisés,
en ce sens que les réservoirs d'essence prenaient tellement de place
qu'on avait amputé les soutes à bagages et que vous deviez faire
transporter les bagages des vacanciers sur des vols d'Air Canada. Est-ce
exact?
M. Hamel: C'est arrivé à quelques reprises. Nous
avons fait des expériences. Nous le savions avant. C'était connu.
Il n'y a pas eu de surprises de ce côté.
M. Bourbeau: Vous ne trouvez pas un peu étrange d'acheter
un avion à 15 000 000 $ pour faire du vol nolisé, alors que vous
avez déjà des -9 qui se rendent plus loin que la Floride. Pour
aller plus loin, on ampute la soute à bagages un peu pour mettre des
plus gros réservoirs d'essence afin de faire du vol nolisé. Les
vacanciers partent et il n'y a pas de place pour mettre les bagages; il faut
mettre les bagages sur des vols d'Air Canada. N'est-ce pas complètement
ridicule?
M. Hamel: Vous parlez de choses excessivement occasionnelles. Il
ne faudrait pas généraliser avec cela.
M. Bourbeau: Cela n'est pas arrivé souvent?
M. Hamel: Non, ce n'est pas arrivé souvent.
M. Bourbeau: Enfin, des pilotes d'avion nous ont dit que cela
arrivait assez fréquemment.
M. Hamel: Si vous voulez prendre la version des pilotes d'avion,
faites-les venir et demandez-leur.
M. Bourbeau: On essaie de les faire venir. Apparemment, on va
peut-être en avoir un demain ou la prochaine fois. Je pense que mon
collègue, le député de Vaudreuil-Soulanges voudrait
également vous poser quelques questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Toujours à propos des...
M- Clair: Juste une seconde. En tenant compte de la
répartition du temps, le parti ministériel aurait droit encore
à une quinzaine de minutes.
Une voix: Bien sûr, c'est certain.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est toujours à propos
des 737. Autant pour pénétrer le marché des vols
nolisés, manifestement comme vous venez de l'expliquer, que sans doute
pour rationaliser la flotte, vous avez entrepris un programme d'acquisition de
737. Cela se fondait, entre autres, si je me souviens de certaines de vos
réponses et de votre témoignage de ce matin, sur une étude
interne que Quebecair, en 1977, avait commandée et qui, entre autres -
de mémoire, pour ne pas l'avoir vue, mais simplement en me rappelant vos
propos - avait conclu qu'effectivement il y aurait lieu d'uniformiser un peu la
flotte au bénéfice de l'acquisition de 737, pour qu'il n'y ait
pas cinq types d'avions, mais bien trois, auquel cas, cela devrait être
des 737, étant donné que d'autres transporteurs régionaux
étaient dans ce "bag", si on veut, et que dans la perspective d'une
nationalisation du transport aérien dans l'Est, c'est une bonne
idée, en plus, d'avoir des 737. L'étude que le ministre nous a
distribuée, celle de Lehman Brothers Kuhn Loeb, conclut sensiblement
dans le même sens, en août 1978. Comme question préalable,
étiez-vous au courant des conclusions et de la démarche qui
avaient
été empruntées dans cette étude,
commandée par le gouvernement du Québec et y avez-vous eu
accès d'une façon ou d'une autre?
M- Hamel: Non, je n'ai pas eu accès à cette
étude. Je savais qu'elle avait été faite et qu'elle
existait. On m'avait donné les grandes lignes et les recommandations de
l'étude.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bon, d'accord. À votre
sens, cela confirmait l'étude de 1977 que Quebecair elle-même
avait commandée.
M. Hamel: Oui, sensiblement dans les grandes lignes:
c'était une recommandation de procéder le plus rapidement
possible, car autrement cela coûterait plus cher pour rationaliser la
flotte.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Est-ce que cela devenait à ce moment-là une
confirmation additionnelle de la décision qui était en train de
se prendre d'aller vers l'achat de 737, sachant que les Lehman Brothers
abondaient un peu dans le même sens?
M. Hamel: Évidemment.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Étiez-vous, par
ailleurs, au courant de la méthodologie que Lehman Brothers a
utilisée et des réserves extrêmement sérieuses
qu'ils ont eux-mêmes émises quant à la façon dont on
peut s'inspirer de leurs conclusions? Vous me direz oui ou non
éventuellement. Je suis surtout intéressé de savoir si les
mêmes réserves existaient dans l'étude de 1977 de Quebecair
avec laquelle vous êtes sans doute plus familier.
Je cite quelques passages de l'étude de Lehman Brothers
d'août 1978 commandée par le gouvernement du Québec et sur
la foi de laquelle des actions ont été finalement prises: Les
méthodes employées posent - dans le texte original - "a serious
handicap to comprehensive operational and financial analysis." Autrement dit,
il y avait eu des difficultés sérieuses de la maison de
conseillers en aviation, Simat, Helliesen et Eichner qui n'avait pas eu
accès à un tas de renseignements sur lesquels ils auraient
aimé se fonder pour en arriver à des conclusions plus
intéressantes. De la même façon, Lehman Brothers fait
remarquer que, dans la mesure où il existe des réserves
sérieuses sur la méthodologie employée par les conseillers
en matière d'aviation, son étude à elle, cette firme
Lehman Brothers, est sujette également au même degré de
caution. "The same caveat as noted above with respect to the Simat, Helliesen
et Eichner study also affects our conclusions." Ils prétendent que cela
permet quand même de tirer de grandes conclusions, que "the order of
magnitude and the relative attractiveness of the various options are meaningful
and useful." Cela m'apparaît très général et
très vague après les réserves qu'on avait entendues.
Il y a ensuite certaines conclusions, quant à l'approche
analytique employée pour les facteurs de financement pour l'acquisition
d'une flotte de 737, qui parlent notamment -et cela revient à plusieurs
reprises - d'un taux de capitalisation de l'entreprise concernée, en
l'occurrence Quebecair, qui devait assurer que la dette ne représentait
pas plus de 80% dans la structure du capital. Or, évidemment on sait que
cela n'a pas été le cas pendant très longtemps et
qu'aujourd'hui ce n'est pas encore, à l'heure où on se parle, le
genre de ratio de capitalisation qui existe et qui permettrait les conclusions
de Lehman Brothers, qui utilisait, d'ailleurs, un taux d'intérêt
de 10% qui, comme vous le voyez, n'est pas tellement réaliste par les
temps qui courent.
M. Clair: C'était en 1978.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je comprends que
c'était en 1978, mais là on est en 1983 et certaines des
commandes ont été passées en 1979, 1980 et 1981
même. Donc, ces études-là sont essentiellement sujettes
à caution. Celle-ci l'est, en tout cas, de l'aveu même des gens
qui ont soumis le rapport au gouvernement du Québec. Je me demandais si
cela éveille chez vous des souvenirs du même genre que les
conseils de prudence qui se retrouvaient dans l'étude de 1977 tout
simplement.
M. Hamel: Si on s'attarde à ces détails, il ne faut
pas oublier, non plus, que des recommandations finales existent aussi dans ce
rapport. J'ai devant moi ces recommandations finales, comme il y en avait dans
toutes les autres études, et je pourrais vous les lire si vous voulez;
il y a quatre paragraphes à la page 9. Disons, dans les grandes lignes,
qu'ils recommandent de faire "l'up-grading" au 737 le plus tôt possible
parce que plus on attendra, plus cela coûtera cher. L'étude de
Boeing qui a été faite en 1979, après mon arrivée,
de concert avec le personnel de Quebecair, nous a indiqué la même
chose, mais encore d'une façon un peu plus sérieuse, un peu plus
poussée, c'est-à-dire qu'il y avait eu assez de temps perdu et
qu'il fallait arrêter de perdre du temps; autrement, cela coûterait
de plus en plus cher, sans compter ce que j'ai indiqué par rapport
à la condamnation des BAC 1-11 pour ces vols par rapport aux normes sur
le bruit après 1984. (23 h 30)
Nous avons dû faire un ensemble de tout cela. À un moment
donné, quand on prend une décision, on a examiné tous
les
faits et on décide qu'on prend une décision, celle qui
nous semble la meilleure. C'est évident que les réserves dont
vous venez de faire mention existaient. Il y a des calculs de base qui ont
été pris dans une étude qui n'était pas tout
à fait la même que dans une autre. Il a fallu tenir compte de tout
cela et faire la part des choses là-dedans.
Votre remarque est sûrement significative, mais, quand même,
il a fallu faire un compromis dans l'ensemble des études qui ont
été faites jusqu'à maintenant à Quebecair. Celle de
1979 était la dernière, la plus récente.
Déjà, la compagnie avait pris deux options sur deux appareils 737
à l'automne 1978, avant mon arrivée. Il fallait décider
dans le mois suivant de faire les premiers dépôts sur ces deux
avions-là.
Un processus était engagé et l'étude avec de
Boeing, vérifiée par notre personnel, a confirmé que la
route à suivre était claire, était tracée et c'est
ce qu'on a fait. J'espère que cela a répondu à votre
question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, cela fait avancer les
choses et vous ajoutez, évidemment, que l'étude de Boeing
était dans le portrait en 1979, qui confirme, elle aussi, la direction
empruntée. Est-ce que Boeing s'impose la même discipline que
Lehman Brothers ou d'autres conseillers dans la mesure où elle est en
train de vous vendre ses avions, sauf erreur...
M. Hamel: Justement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...ou de vous vendre
éventuellement la réparation majeure de ses avions, puisque vous
ne les achetez pas nécessairement neufs de la société
à Seattle? Est-ce que la société Boeing se penche, dans
ses recommandations, sur les considérations de structure de capital
d'une entreprise qui est en train d'acheter cela, compte tenu de la structure
de l'industrie? Est-ce qu'elle se penche sur le volume, sur le "mix" des
routes, sur le "mix" des passagers par rapport au cargo, sur le trafic des vols
nolisés l'hiver par opposition à desservir le Québec
jusqu'à Chevery et Saint-Augustin? Est-ce qu'elle regarde tout cela ou
est-ce qu'on est simplement en train de comparer des appareils de technologie
similaire, comme l'a fait remarquer Lehman Brothers qui est bien prudente et
dit: Nous n'endossons pas le Boeing 737. Il peut y avoir d'autres sortes
d'appareils qui sont sur le marché et qui ont des
caractéristiques d'opération, des coûts d'opération
qui sont à regarder selon les besoins de chaque entreprise. Si vous
confiez à Boeing le mandat d'évaluer ce que cela peut faire pour
Quebecair d'acheter cinq Boeing 737, on pourrait présumer qu'il n'y aura
pas trop de difficultés dans les conclusions à recommander
l'achat des Boeing 737. J'aimerais savoir si cela a dépassé
l'analyse des performances techniques et la conformité des performances
techniques du Boeing 737 avec les besoins de vol purement technique de
Quebecair.
M. Hamel: Nous étions au courant que Boeing voulait vendre
des avions, c'est sûr. Justement, cela nous a peut-être mis dans
une position de réserve additionnelle. C'est la raison pour laquelle
nous avons pris les résultats de l'étude de Boeing. En dehors de
sa présence, nous avons fait notre propre étude de son
étude et nous nous sommes dit: Supposons qu'on atteingne 50% du "cash
flow", des profits nets et des résultats dans l'ensemble de Quebecair
avec la flotte des Boeing 737, est-ce encore intéressant de les acheter?
Nous sommes partis avec une réserve de cette envergure justement pour ne
pas nous laisser endormir par une étude de vendeur d'avions. Remarquez
que cela peut arriver non seulement pour les avions, cela peut arriver pour les
camions, pour n'importe quoi. Le vendeur est intéressé à
vendre, on s'en doute.
Il reste qu'on a donné en même temps une autre étude
à Boeing qu'on a pu vérifier parce qu'il n'était pas
question de nous vendre des avions à ce moment-là. Elle a
été concluante. À ce moment-là, cela concernait
justement l'abandon des vols 707. C'était l'abandon de faire voler des
avions qui avaient été construits par Boeing. Son étude a
été concluante. Elle nous a prouvé, évidemment,
avec notre personnel, que la contribution de nos vols 707 sur l'Atlantique-Nord
et partout où on faisait du nolisement avec ces avions, c'était
rendu absolument non rentable. Nous aurions pu faire encore quelques vols sur
le continent, mais on ne peut pas garder des avions à quatre moteurs
avec les équipages requis, avec l'ensemble qui contribue à donner
un service régulier quand vous avez la demande. Il fallait absolument
faire voler ces avions au moins 3000 heures par année. Boeing nous ont
donné une étude très concluante qui a été
vérifiée dans nos livres, avec nos résultats.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En terminant, je voudrais
savoir si la dernière étude qui se fondait sur celle de Boeing,
mais que votre personnel a effectuée, est disponible, d'une façon
ou d'une autre.
M. Hamel: Oui, nous l'avons ici, d'ailleurs. On peut la
déposer.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord.
M. Hamel: Nous en avons plusieurs copies.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci.
M. Clair: J'ai une question relativement au choix des Boeing 737,
si vous me le permettez, M. le Président.
M. Bourbeau: Je croyais qu'on s'était entendu pour que le
député pose des questions et que vous...
M. Clair: Je pourrais prendre quinze minutes et lui laisser les
dernières minutes.
Le Président (M. Boucher): On tiendra le temps, M. le
député.
M. Bourbeau: D'accord.
M. Clair: Relativement au choix des Boeing 737, M. Hamel, en
1978-1979, quelles étaient les autres possibilités? J'imagine que
vous avez dû envisager d'autres possibilités: le
non-renouvellement de la flotte, l'achat -je ne connais pas tous les types
d'avions -d'avions français, d'avions allemands ou d'autres types
d'avions. Quelles étaient les possibilités qui s'offraient
à Quebecair à ce moment-là? Est-ce qu'il y en avait? Si
oui, quelles étaient-elles?
M. Hamel: Écoutez! En conscience, nous avons aussi
examiné la possibilité d'acheter des DC-9, étant
donné qu'il n'y avait pas d'avions usagés disponibles sur le
marché, soit des Boeing, et aussi parce que cette étude des DC-9
ne pouvait pas être concluante. On s'en doutait bien au départ
parce qu'à ce moment-là on aurait peut-être
été dans les normes avec Air Canada, mais cela aurait
été le seul dans le coin. Autrement dit, les régionaux,
comme Eastern Provincial Airways, Nordair et Pacific Western, étaient
tous équipés de Boeing 737. Alors, il fallait toujours revenir en
disant: II faut quand même se standardiser avec les autres
régionaux. Il faut aussi se reporter dans le temps. Il était
question de la rationalisation. Il était question de la fusion.
C'était un élément très important à ce
moment-là. Si on le regarde aujourd'hui, après, et qu'on dit que
cela n'a pas été fait, on est porté à penser que
cela n'avait pas d'importance autant que cela en avait. Mais cet
élément conduisait déjà plusieurs décisions
qui étaient prises ou qui allaient être prises. Notre étude
a été concluante. On voulait se standardiser avec les autres
régionaux. Personne ne peut nous blâmer pour cela. Ce qui est
arrivé - c'est peut-être la raison pour laquelle on est ici
aujourd'hui - c'est que les marchés ont tous tombé alors que
toutes les décisions avaient été prises à une
époque où le marché était encore, je dirais,
très bon, pour ne pas dire florissant. En 1979, on a eu une augmentation
du trafic.
M. Clair: Mes informations, si elles sont bonnes, m'indiquent
que, vers 1978, environ 40% des revenus de Quebecair provenaient de
l'activité du nolisement. Est-ce le bon ordre de grandeur?
M. Hamel: C'est environ 25% à 30%.
M. Clair: 25% à 30%.
M. Hamel: 20 000 000 $ sur les avions 707 à eux seuls, sur
un volume d'affaires de 75 000 000 $, pour l'année 1979.
M. Clair: Est-ce qu'il était possible de continuer,
à votre avis, les activités de nolisement soit avec les BAC 1-11,
les 707 ou les 727? Est-ce que c'était possible d'envisager de continuer
de faire du nolisement avec ce type d'appareils de façon
concurrentielle?
M. Hamel: Absolument pas. M. Clair: Pourquoi?
M. Hamel: D'ailleurs, je l'ai dit dans ma présentation, ce
matin. Nous avons été obligés d'arrêter
l'activité des BAC 1-11 sur les vols nolisés au cours de l'hiver
1979. N'eût été le fait qu'on avait signé des
contrats et qu'on était pris avec des contrats, on aurait
abandonné ces vols plus rapidement. Nous avons dû,
évidemment, rencontrer nos obligations et terminer les vols de BAC 1-11
sur nolisement vers la fin d'avril 1979.
M. Clair: Est-ce que je comprends, à ce moment, que, si le
tournant n'avait pas été pris vers les Boeing 737, Quebecair
aurait connu plusieurs problèmes à la fois? Premièrement,
une incapacité de poursuivre ses activités de nolisement. Donc,
deuxièmement, des mises à pied importantes chez Quebecair.
Troisièmement, une impossibilité de continuer à exploiter
de façon rentable les BAC 1-11 pendant longtemps puisqu'ils
étaient hors d'usage à cause de la FAA après le 31
décembre 1984 et que, finalement, la possibilité de desservir le
réseau de Quebecair à long terme avec des avions
réactés risquait d'être compromise. Est-ce que mon analyse
est bonne ou si elle est erronée, tant M. Bernier que M. Hamel ou M.
Leblond?
M. Hamel: II est évident, M. le ministre, qu'avec les BAC
1-11 il n'était plus question de faire du vol nolisé et
c'était un point très important. D'ailleurs, je l'ai dit ce matin
et j'ai cité justement le témoignage de M. Obadia, concernant la
déclaration qu'il avait faite à Ottawa en 1978 lors de
l'étude pour l'achat de Nordair par Air Canada. Entre 1970 environ et
1978, les vols nolisés avaient représenté pour les
transporteurs
régionaux des revenus extrêmement importants et avaient
permis à ces régionaux d'imputer ou, enfin, de faire payer par
cette division une bonne partie des coûts de propriété des
appareils. C'est ce qui a permis à plusieurs régionaux de
grandir, de s'acheter des avions modernes et d'être capables de faire une
utilisation maximale des appareils. Pour nous, la voie était toute
tracée. Il s'agissait de s'assurer qu'on achetait le bon avion. Quant au
nolisement, le marché était là. Il fallait
l'exploiter.
M. Clair: Dernière question concernant les Boeing 737.
Vous dites que votre décision est basée sur des études
faites par votre personnel et à la l'extérieur. En ce qui
concerne les études à l'extérieur, on en a fait
état tantôt. Maintenant, en ce qui concerne le processus de
décision interne, vous dites que vous avez tenu compte de l'avis qui a
été émis par les gens de Quebecair. Une question qui se
pose est celle-ci: Est-ce que ces avis étaient unanimes dans toute
l'entreprise Quebecair, à savoir qu'il n'y avait qu'un seul choix qui
s'offrait, les Boeing 737, ou si, comme cela arrive souvent dans des
entreprises, comme il y a plusieurs possibilités, les opinions varient
et à un moment ou à un autre les dirigeants doivent prendre une
décision. Comment cela s'est-ii passé, cette question du choix
des Boeing 737 à l'intérieur?
M. Hamel: Moi, M. le ministre, je n'ai aucune souvenance qu'il y
ait eu à l'intérieur de la compagnie des contradictions quant au
besoin urgent de moderniser la flotte et qu'on se soit opposé ou qu'on
ait apporté des éléments pour nous empêcher ou nous
conseiller de ne pas procéder. Je n'ai absolument aucune souvenance que
cela ait été contredit à l'intérieur de la
compagnie. On sentait que le besoin de renouveler la flotte était
ressenti par tout le monde. Notre service des opérations était
déjà sensibilisé, d'ailleurs, comme je l'ai
mentionné plus tôt puisque deux appareils avaient
été mis en option à l'automne 1978 et, après
vérification auprès de tous les intéressés dans
l'entreprise, la conclusion a été évidente: on achetait
des avions neufs, des 737.
M. Clair: Maintenant, si vous comparez votre situation comme
transporteur aérien avec celle des autres transporteurs aériens
au Canada ou aux États-Unis, est-ce que Quebecair est la seule compagnie
effectivement à avoir des avions qu'elle ne peut pas faire voler
à cause de la baisse du trafic ou s'il y a d'autres compagnies qui sont
dans cette même situation? (23 h 45)
M. Hamel: Écoutez, c'est généralement connu
que la plupart des compagnies aériennes ont des avions en surplus.
Évidemment, les compagnies qui ont une structure financière
solide, à toute épreuve, peuvent passer à travers, et
personne, je pense, ne fait état du fait qu'il y a des avions qui ne
volent pas. Cela peut varier aussi d'une compagnie à l'autre et cela
peut être pour des périodes temporaires, mais à ma
connaissance - et là, je ne voudrais pas prétendre que j'ai
l'information officielle -des personnes m'ont mis au courant que même Air
Canada a des avions en surplus actuellement. La compagnie Air Canada a quand
même pris livraison de ses appareils 767 pour se moderniser. C'est un
besoin. Avant que ces appareils en surplus soient vendus, ils ne servent pas.
Je suis aussi au courant que la compagnie Nordair a annoncé qu'elle
réduisait le nombre de vols avec ses 737 et qu'elle avait remis en
service un ou deux appareils F-27. Aux États-Unis, je pense que c'est de
notoriété publique qu'il y a beaucoup d'avions en surplus.
D'ailleurs, la raison pour laquelle le marché de l'avion usagé
est tombé, c'est parce qu'il y en a trop d'offerts. Il n'y a pas de
demande. Air Florida a des avions à disposer et on pourrait en nommer,
comme cela, une douzaine sur les doigts de la main.
M. Clair: Seulement une question sur la desserte de Toronto. Des
gens prétendent que cela été une erreur d'aller desservir
Toronto, alors que, si j'ai bien compris votre énoncé ou votre
allocution d'ouverture ce matin, votre prétention est que cela tienne
compte de l'affaiblissement de l'un des deux pôles. On sait qu'en
aviation le minimum que cela prend pour faire fonctionner une ligne
aérienne, ce sont deux pôles; sans quoi, on fait du vol sur place
au-dessus de la ville et ce n'est pas cela, une compagnie aérienne. Cela
prend un minimum de deux pôles importants. Quand on regarde la carte, il
apparaît assez évident que, traditionnellement, les deux
marchés les plus importants devaient être la ligne
Montréal-Québec-Sept-Îles. Avec l'affaiblissement du
marché de Sept-Îles, si j'ai compris votre énoncé,
vous disiez que c'est pour essayer de drainer un peu plus de trafic dans votre
réseau dans la direction est et dans la direction ouest que vous avez
pris la décision de desservir Toronto. Est-ce que je comprends que
c'était l'objectif poursuivi par la compagnie Quebecair? Et votre
recommandation quant au maintien de la présence de Quebecair à
Toronto va-t-elle toujours dans le même sens ou si, selon vous, c'est une
décision qui devrait être révisée?
M. Hamel: Comme on le sait, les seuls vols sur horaires
réguliers en dehors du Québec sont ceux vers Toronto. Je voudrais
revenir au début de votre question concernant les résultats de
cette opération.
Je l'ai dit ce matin dans mon document. Durant la première
année, nous avions prévu de faire quatre vols en 737. Nous avons
donc fonctionné durant l'année 1981, pendant cinq mois et demi,
avec des 737, à raison de quatre vols par jour. Si vous me permettez de
retourner à la bonne page, on a transporté près de 100 000
passagers durant les 17 mois et demi, au 31 décembre 1982. Nous avons
atteint nos prévisions sur la route dans les proportions suivantes: 85%
de l'objectif de coefficient de remplissage et 86% de l'objectif passagers, et
c'est basé sur ce qu'on avait donné à la Commission des
transports lors de l'étude de notre demande pour Toronto.
Évidemment, il faut faire ici la distinction suivante: en 1982,
à partir de la fin d'avril, nous avons réduit notre nombre de
vols à trois et, à ce moment-là, nous avons affecté
des BAC 1-11 à la route de Toronto, sauf le matin, un vol par jour en
737, et le reste de la journée, les deux autres vols en BAC 1-11, et on
a obtenu ce que je viens de vous donner, ce qui veut dire qu'on a obtenu 6,74%
du marché local et 4% du marché total. On a estimé que,
pour le temps où on a desservi Toronto, considérant l'achaladange
d'autres transporteurs qui étaient déjà sur cette route
très compétitive, malgré tout, compte tenu de la crise
économique, on s'en était quand même pas si mal
tiré. Je ne recommanderais pas du tout qu'à ce moment-ci la route
de Toronto soit abandonnée. Nous avons tous les chiffres sur Toronto.
Nous savons ce que cela a coûté. Si Quebecair veut avoir un peu
d'avenir, il faut qu'elle commence enfin à sortir du Québec sur
des vols plus longs qui peuvent devenir éventuellement plus
lucratifs.
M. Clair: Je pense que mon temps est écoulé.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais poser une
question à M. Hamel, puis mon collègue de Gatineau aurait aussi
quelques questions à vous poser. Depuis que la grève chez Nordair
est terminée, avez-vous un coefficient de remplissage aussi bon sur le
vol de Toronto qu'avant ou si cela a baissé?
M. Hamel: Sans aller voir les chiffres, durant la période
de reprise des vols de Nordair avec la réduction des tarifs de 50%, on a
été affecté. Mais dès que cela a été
terminé, nous sommes revenus à un coefficient de remplissage
assez intéressant. Je n'ai pas de précisions à vous
donner, mais on pourrait vous les donner si vous voulez.
M. Bourbeau: Je veux seulement souligner que la grève de
Nordair a dû vous aider quand même un peu, parce que vous aviez un
gros concurrent de moins sur la ligne.
M. Hamel: Oui, mais on a senti le fait que Nordair était
disparue lors du début de la grève pendant seulement les deux ou
trois premières semaines. Par la suite, cela a été
normal.
M. Bourbeau: Une autre question, M. Hamel, au sujet des BAC 1-11.
Vous nous avez dit un peu plus tôt que vous aviez été
pratiquement obligé de prendre la décision d'acheter des Boeing
737 parce que la FAA, l'agence fédérale américaine, avait
interdit les vols des BAC 1-11 à compter du 31 décembre 1984. Je
crois que c'est ce que vous nous avez dit plus tôt. Vous nous avez dit
également que, quand on commande un Boeing 737, le délai de
livraison est de 18 mois. Vous avez dit cela un peu plus tôt dans la
journée.
M. Hamel: Oui.
M. Bourbeau: À ce moment, qu'est-ce qui vous pressait
d'acheter des Boeing en 1979, en 1980 ou en 1981? Vous auriez pu,
théoriquement, commander vos Boeing au début de 1982 et
être quand même prêt pour respecter l'échéance
du 31 décembre 1984. Est-ce que je me trompe en vous disant cela?
M. Hamel: C'est une hypothèse que vous faites.
M. Bourbeau: Excusez-moi, je me trompe. Vous auriez pu les
commander au début de 1983 plutôt; puisque cela prend 18 mois,
vous auriez été prêt pour la fin de décembre 1984 en
les commandant en 1983.
M. Hamel: Vous faites une déduction. C'est une
hypothèse. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que plus on attend, pire
c'est, parce que l'appareil augmente de 500 000 $ à 750 000 $ par
année.
M. Bourbeau: Je comprends que le prix aurait été
plus élevé, mais au moins, ce que je veux dire, c'est qu'on
aurait pu voir venir davantage la situation économique. Étant
donné que la FAA a levé la restriction en 1981, peut-être
qu'on n'aurait jamais acheté de Boeing. Je ne dis pas que vous n'auriez
jamais dû en acheter un seul; je n'ai jamais prétendu que le fait
d'acheter un ou deux Boeing a été fatal à la compagnie. Je
veux simplement souligner le fait que l'objection du 31 décembre 1984 de
la FAA ne vaut pas, en ce sens que ce n'était pas urgent d'acheter en
1979, parce que la FAA avait dit qu'au 31 décembre 1984 elle ne
laisserait plus voler les BAC 1-11. Vous aviez devant vous deux ou trois ans
encore. Je veux simplement écarter cette raison qui ne me
paraît pas très forte, puisque, quand on voit les .
délais qui restaient, vous aviez amplement le temps de les commander en
1983.
M. Hamel: Je regrette, M. le député, mais je ne
suis pas d'accord avec votre affirmation. Quand on regarde les choses avec un
certain recul, c'est facile de dire des choses comme celles-là. Dans le
temps, n'oubliez pas que nous voyions venir sur nos BAC 1-11 des coûts de
vérification qu'on voulait éviter.
M. Bourbeau: M. Hamel, je comprends, c'est un autre
problème.
M. Hamel: II y avait de l'argent à épargner.
M. Bourbeau: Je comprends que vos BAC 1-11 vous coûtaient
cher, je ne veux pas discuter de cela. Je veux simplement souligner le fait que
l'objection technique du 31 décembre 1984, ce n'était pas cela
qui vous a obligé à acheter en 1979 et en 1980 des Boeing. Vous
pouviez attendre jusqu'en 1983.
M. Hamel: C'est une ensemble de raisons...
M. Bourbeau: D'accord.
M. Hamel: ...mais celle-là en était une majeure,
par exemple.
M. Bourbeau: Pas à mon sens, puisque vous pouviez attendre
jusqu'en 1983. De toute façon, je vais donner la parole au
député de Gatineau qui a des choses très importantes,
semble-t-il, à vous demander.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: En fait, cela peut paraître anodin, M. Hamel,
mais quand on parlait de l'achat des deux -17 tantôt, je me suis dit
qu'effectivement cela ne devait sûrement pas être pour permettre
à Quebecair de s'acquitter de sa vocation d'assurer des services en
région, en tout cas, pas dans celle que je représente,
l'Outaouais.
Brièvement, j'aimerais vous poser une question. Quebecair avait
obtenu un permis de la Commission des transports et avait commencé
à assurer la liaison Québec-Gatineau avec des appareils F-27, je
pense. Pourquoi, après quelques mois d'activité, avez-vous
laissé tomber ce service?
M. Hamel: Nous avons eu ce vol Québec-Gatineau du 16 juin
1980 au 22 février de l'année suivante. Pour nous, cette
expérience était suffisante pour savoir si le
F-27 était un appareil qui convenait, au point de vue de la
dimension, de la capacité, pour le trafic qu'il était possible de
dégager de Gatineau. Nous savions d'ailleurs, de plus, que les F-27
devaient éventuellement être sortis de cette activité, mais
ils étaient disponibles à ce moment-là.
L'expérience a prouvé que cela prenait un appareil plus petit et
c'est là qu'on a conclu une entente avec Québec Aviation.
Quebecair elle-même s'est désistée de cette
activité.
M. Gratton: D'ailleurs, c'est tout à fait la perception
qu'on en avait et je dois vous dire que le malheur possible de Quebecair dans
ce cas a fait le bonheur de beaucoup de gens puisque, maintenant, avec
Québec Aviation, on a trois envolées quotidiennes
Gatineau-Québec aller-retour. Selon les informations que je
possède, c'est très rentable pour Québec Aviation.
Je réitère au ministre l'invitation que je lui ai
déjà faite d'encourager les fonctionnaires du gouvernement du
Québec à utiliser plus souvent les services de Québec
Aviation, pas simplement parce que c'est une compagnie
québécoise, mais parce que, en l'occurrence, elle fournit de
meilleurs services qu'Air Canada entre Ottawa et Québec. Je peux vous
dire que nous sommes les premiers à en bénéficier.
J'aurais souhaité, par contre, que Quebecair continue
l'expérience avec d'autres appareils, qu'elle possède les
appareils nécessaires, cela aurait peut-être pu influencer
certaines décisions quant à la rentabilisation de
l'aéroport de Gatineau.
M. Hamel: Si vous me le permettez, M. le député,
une simple remarque. L'expérience de Quebecair avec les F-27 a
aidé Québec Aviation à faire ses calculs. Nous nous sommes
rencontrés et nous étions d'accord. Quebecair ne pouvait pas se
permettre, à ce moment-là, d'avoir des Beech-99. On introduisait
encore dans notre flotte un autre type d'appareil. Il aurait fallu qu'on donne
cette activité à Regionair, qui n'était pas prête,
non plus, à prendre cela. C'est la raison pour laquelle nous avons
convenu d'aider Québec Aviation qui voulait, d'ailleurs, se
développer et, aujourd'hui, il y a un bon service. C'est ce que vous
dites. C'est ce qu'on entend dire et on est heureux.
M. Clair: M. le Président, je vais donner une information
au député de Gatineau en ce qui concerne la rentabilité du
service de Québec Aviation, de Gatineau à Québec. Je dois
lui dire qu'une directive du Conseil du trésor est loin d'être
étrangère à la fréquence d'utilisation par les
fonctionnaires des services de Québec Aviation entre Gatineau et
Québec.
M. Gratton: Excellent. Continuez.
M. le Président, je serai très bref. On a parlé,
cet après-midi, en réponse à des questions du
député de Laporte, du rôle que M. Richard Champagne avait
joué dans la négociation de l'implication financière du
gouvernement du Québec dans Propair. Entre novembre 1979, où M.
Champagne est arrivé à Quebecair, et septembre 1980, plus
précisément le 17 septembre, il y a eu des négociations
qui ont mené au décret du 17 septembre afin d'investir 3 800 000
$ dans Propair. M. Champagne était-il responsable d'autres dossiers du
genre, d'autres négociations? Je fais référence plus
précisément au contrat pour le rehaussement du toit du hangar de
Quebecair, à Dorval. M. Champagne était-il mandaté
spécifiquement pour assurer les négociations de ce contrat?
M. Hamel: M. Champagne, qui était vice-président
exécutif et directeur général de la compagnie, avait la
responsabilité, évidemment, avec notre département de
l'entretien qui se sert du garage, d'obtenir des soumissions pour
procéder éventuellement à la levée du toit en
même temps qu'on ferait d'autres réparations. Bien sûr,
comme vice-président exécutif, c'était normal que cette
tâche lui soit dévolue. Je ne sais pas où vous voulez en
venir avec votre question.
M. Gratton: En fait, c'est pour savoir de quelle façon on
a procédé pour les appels d'offres. Est-ce qu'on a
procédé par appels d'offres publics? De quelle façon?
M. Hamel: C'est sur convocation. Les appels d'offres ont
été demandés à un minimum de deux
entrepreneurs.
M. Gratton: Lesquels?
M. Hamel: Mais il y a eu des pourparlers avec d'autres qui n'ont
pas conduit à des soumissions. En fait, on a eu deux soumissions, celle
que vous connaissez et une autre qui était beaucoup plus
élevée. (Minuit)
M. Gratton: Celle que je connais, c'est Transit Construction.
M. Hamel: Oui, c'est cela.
M. Gratton: Celle que je ne connais pas, c'est laquelle?
M. Hamel: Le nom? On pourra vous le fournir demain matin, si vous
voulez, parce qu'il faudrait fouiller dans les dossiers.
M. Gratton: En fait, est-ce la coutume ou la pratique courante
à Quebecair de procéder par invitation pour des contrats de cet
ordre - le contrat original a été de quelque 800 000 $ - et
est-ce la pratique aussi d'inviter des entrepreneurs spécialisés
dans le genre de travaux à effectuer ou si c'est parce que la
société Transit, de M. Luc Cyr, se spécialisait dans les
réparations majeures, apparemment, qu'on l'avait invitée à
soumettre un prix pour ces travaux?
M. Hamel: J'ai été informé que Transit avait
effectué des levées de toit de ce genre et possédait des
crics hydrauliques, comme on les appelle, et tout ce que cela prenait comme
outillage. D'un autre côté, le nombre d'entrepreneurs se
spécialisant dans ce genre de construction ou de réparations est
assez limité.
M. Gratton: Qui vous avait informé de cela? M.
Champagne?
M. Hamel: C'est notre service d'entretien.
M. Gratton: Connaissiez-vous M. Luc Cyr vous-même,
personnellement?
M. Hamel: M. Luc Cyr? Non, je ne l'avais jamais rencontré
avant ce contrat.
M. Gratton: On sait également que le contrat original a
été signé le 23 septembre, à six jours, en fait, de
la décision du gouvernement d'investir 3 800 000 $ dans Propair.
Ensuite, en juillet 1981, après que le gouvernement du Québec eut
décidé d'investir 15 000 000 $ de plus dans Quebecair, il y a eu
des additions, ajouts au contrat. Je présume qu'il s'agissait là
d'estimations additionnelles pour des travaux sur le même contrat.
M. Hamel: Oui. Vous parlez toujours du toit du garage? Oui,
évidemment, il était prévu que, si les fondations avaient
besoin d'être renforcées par rapport à la levée du
toit, chose qui ne pouvait pas être connue au moment de la signature
parce que les sondages n'étaient pas terminés, à ce
moment-là, il y aurait un extra là-dessus. Il y avait un ordre de
grandeur donné ou une estimation. Il y avait également des
réparations comme un nouvel éclairage, de nouvelles portes
à installer et toute l'isolation du toit à refaire. Il a fallu,
évidemment, demander des prix là-dessus au fur et à mesure
de la poursuite de la construction et, finalement, le coût de la
levée du toit, dans l'ensemble des travaux, a atteint 64% du total.
M. Gratton: En fait, le contrat original était de 800 000
$ et, finalement, on a abouti à un coût total, avec deux ajouts,
de 1 386 667 $.
M. Hamel: Duquel un montant est en litige, un montant
substantiel.
M. Gratton: Oui. Cela m'amène, d'ailleurs, à vous
poser ma prochaine question. À un moment donné, Transit
Construction a intenté des poursuites pour un montant de quelque 500 000
$ et, à défaut d'une réaction de Quebecair, il y a eu un
jugement de rendu en faveur de M. Luc Cyr et de la compagnie Transit.
Pourriez-vous me dire pourquoi Quebecair n'a pas fait les
représentations qui s'imposaient à ce moment-là?
M. Hamel: II s'est produit un cas fortuit à savoir que les
documents ne se sont pas rendus aux personnes. Nous n'étions pas au
courant et nous l'avons su officiellement la haute direction de la compagnie
lorsque le jugement suivant l'audition de cette affaire a été
rendu. Nous nous sommes occupés immédiatement de faire relever ce
jugement. Nous avons comparu et nous avons été
relevés.
M. Gratton: Vous voulez dire que, quand M. Cyr a intenté
sa poursuite, son action contre Quebecair n'a pas été
signifiée par huissier ou autrement? Cela s'est perdu quelque part?
M. Hamel: Tout cela a été débattu en cour et
la preuve que les raisons invoquées par la compagnie étaient
valables, c'est que le jugement a été relevé. Les
documents ne se sont pas rendus aux personnes concernées qui auraient pu
prendre une décision. Moi-même, je n'étais pas au courant
jusqu'à ce qu'on me serve une copie du jugement sur mon bureau. J'ai
appris qu'on venait d'être mis en défaut, parce qu'on n'avait pas
comparu. On a pris immédiatement les procédures
nécessaires pour se faire relever du défaut, ce qui a
été fait.
M. Gratton: C'est toujours pendant quant au règlement
final.
M. Hamel: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Bourbeau: J'ai seulement une question pour compléter.
M. Hamel, si j'ai bien compris, - j'ai jeté un petit coup d'oeil
là-dessus aussi - l'action de Transit Construction a été
signifiée à Quebecair. Elle a été reçue chez
vous par l'avocat résident. C'était dans le temps de Noël
et, semble-t-il, l'avocat ne vous a pas avisé. Enfin, il y a eu un
manque de communication interne chez Quebecair, de sorte qu'aucune
défense n'a été présentée par Quebecair dans
le dossier et que Quebecair a été condamnée par
défaut. Est-ce exact?
M. Hamel: Les raisons qui font que moi, comme président,
je n'ai pas été mis au courant, ni l'avocat extérieur de
la compagnie qui s'occupe continuellement de certains cas majeurs de Quebecair,
sont contenues dans la comparution que nous avons faite subséquemment.
Je ne voudrais pas à ce moment-ci, sans avoir le dossier devant moi,
accuser qui que ce soit par mesure de prudence. Je dois vous dire que cela a
été une grande surprise pour moi de recevoir un jugement
après avoir été mis en défaut, parce qu'on
n'a...
M. Bourbeau: Je comprends que ce fut une grande surprise pour
vous de vous faire dire que vous étiez condamné à 500 000
$ sans être au courant. C'est une grande surprise également pour
l'Opposition de constater qu'une compagnie qui se fait signifier une action de
500 000 $ n'en a pas connaissance, enfin, que cela ne se répand pas
à l'intérieur de la compagnie, qu'elle ne fait pas de
défense et qu'elle se fait condamner sans même opposer en cour une
comparution. Les deux surprises s'équivalent, je pense.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Clair: M. le Président, juste un très bref
commentaire là-dessus avant de poser une toute petite et dernière
question sur le même sujet. Je ne connais pas le dispositif du jugement
qui a relevé Quebecair de son défaut de comparaître, mais
qu'est-ce qui vous permet de dire que ce n'est pas une erreur qui a
été commise par le huissier? Pourquoi portez-vous, encore une
fois, l'accusation du côté de Quebecair?
M. Bourbeau: M. le ministre, c'est parce que j'ai lu le jugement
et qu'effectivement ce n'est pas une erreur du huissier.
M. Clair: Je ne l'ai pas lu.
M. Bourbeau: Lisez le jugement. Vous allez remarquer que le
huissier a signifié l'action. Je ne veux pas blâmer M. Hamel. Il a
dit qu'il n'a pas reçu personnellement la convocation.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député. Qu'il me laisse donc finir!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Bourbeau: Vous m'imputez des motifs. Lisez l'action et le
jugement, et vous verrez ce qu'il en est, c'est tout.
M. Clair: Qu'il me laisse donc finir!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
Étant donné l'heure...
M. Clair: Je n'ai pas pris connaissance de ce jugement.
M. Bourbeau: Si vous n'en avez pas pris connaissance, n'en parlez
pas!
Le Président (M. Boucher): ...M. le député,
est-ce que les membres de la commission sont d'accord pour continuer?
M. Gratton: Sur une question de règlement. J'aurais voulu,
moi aussi, continuer avec une question, mais j'ai vu qu'il était minuit.
Je l'ai laissée là, mais, si on veut continuer, entendons-nous
pour continuer et vider la question au complet.
M. Clair: Si le député de Gatineau ne m'avait pas
interrompu, ce serait déjà fini. Simplement un commentaire pour
dire que, quand on est relevé du défaut, c'est la meilleure
preuve qu'on avait une bonne raison de l'être. Ma question est la
suivante: En quelle année la décision de relever le toit du
garage a-t-elle été prise?
M. Bernier: J'avais ici tout à l'heure les
procès-verbaux. Le 22 septembre 1980, un détail de soumissions
comportait 862 000 $, plus 85 000 $ de frais d'ingénieurs-conseils. Le
dossier est revenu au mois d'octobre 1981, avec un rapport très
détaillé sur l'escalade des coûts et les raisons pour
lesquelles les coûts avaient été augmentés. Cela
avait été autorisé au conseil la première fois en
septembre 1980 et cela a été révisé en octobre 1981
avec les explications concernant l'escalade des coûts.
Le Président (M. Boucher): Nous en avons terminé
avec les représentants de Quebecair. Au nom de tous les membres de la
commission, je remercie M. Bernier, M. Hamel et ceux qui l'accompagnent d'avoir
bien voulu comparaître devant la commission. La commission ajourne ses
travaux jusqu'à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 0 h 10)