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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Les membres de la commission,
aujourd'hui, sont: M. Bissonnet (Jeanne-Mance), Mme
Lachapelle (Dorion), M. Bourbeau (Laporte), M. Clair (Drummond), M.
Desbiens (Dubuc), M. Lachance (Bellechasse), M. Léger (Lafontaine), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Rocheleau (Hull), M.
Rodrigue (Vimont) et M. Polak (Sainte-Anne).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Caron (Verdun), M. Doyon (Louis-Hébert), M. Blais
(Terrebonne), M. Gauthier (Roberval), M. Grégoire (Frontenac), M.
Dauphin (Marquette) et M. Perron (Duplessis).
Voici l'ordre du jour. Nous entendrons les représentants des
organismes suivants: l'Union des municipalités du Québec, l'Union
des municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec Inc., le Rassemblement des
citoyens et citoyennes de Montréal (RCM), la Ligue de taxis de Sorel
Inc., la Communauté urbaine de Montréal, le Regroupement des
usagers du transport adapté de la CUM Inc., la Communauté urbaine
de Québec, la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec et l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec.
Nous avons neuf groupes inscrits à l'ordre du jour et nous
disposons de huit heures en commission. Il ne faudrait pas qu'on dépasse
une heure par groupe, en espérant que certains groupes pourront prendre
moins de temps et ainsi terminer l'ordre du jour dans les huit heures.
J'inviterais ceux qui ont des exposés à faire, ainsi que les
membres de la commission à essayer d'orienter les questions sur les
points essentiels pour qu'on puisse, dans la mesure du possible, respecter
notre temps.
J'inviterais le porte-parole de l'Union des municipalités du
Québec à s'identifier et à nous présenter la
personne qui l'accompagne.
Union des municipalités du
Québec
M. Dufour (Francis): Je suis Francis Dufour, maire de
Jonquière et président de l'Union des municipalités du
Québec. Je suis accompagné par M. Jean Bélanger,
fiscaliste à l'Union des municipalités du Québec.
Vous avez en main le mémoire. Je vais passer l'introduction. Je
vais simplement souligner que la proposition gouvernementale porte sur trois
volets: l'élargissement du rôle du taxi, l'assouplissement du
cadre réglementaire de l'industrie du taxi, l'affirmation de l'existence
des ligues de taxi et la clarification de leur rôle.
Donc, le mémoire se présente en cinq chapitre. Le premier
chapitre, c'est l'état de la situation. Le livre blanc brosse, en
première partie, un tableau de la situation actuelle de l'industrie du
taxi. Une constante se dégage de l'analyse: l'uniformisation
poussée de cette industrie. Ainsi, tant au plan de la
réglementation que de l'organisation, on constate une
hiérarchisation et une faible flexibilité, d'ailleurs
accentuée par la provincialisation de cette activité en 1972. Les
conséquences d'une telle centralisation étaient éminemment
prévisibles: abondance d'intervenants, multiples normes au
contrôle difficile, inadéquation des services offerts et des
besoins de la clientèle, etc.
Sans vouloir reprendre l'ensemble de l'analyse, il nous apparaît
nécessaire de compléter l'examen de la situation actuelle par une
vision municipalisée de cet élément du transport urbain
que constitue le taxi. Cette étape est d'autant plus essentielle que le
livre blanc propose un transfert de responsabilités aux
municipalités.
Le partage des pouvoirs entre le niveau provincial et local. Le
transport urbain est généralement reconnu comme étant de
compétence municipale. Ainsi, comme le soulignait le groupe de travail
sur l'urbanisation (commission Castonguay), "...il existe actuellement une
dynamique politique qui favorise le passage de fonctions locales aux
gouvernements supérieurs. Il faut éviter que cela se produise en
matière de transport urbain, car il s'agit d'un service à
caractère vraiment local qui doit donc être sous la
responsabilité des autorités locales." C'est un extrait du
rapport Castonguay.
Or, en matière de taxi, force nous est de reconnaître que
les autorités locales n'ont actuellement aucun pouvoir réel sur
cette composante du transport urbain, notamment au plan de sa conception dans
la configuration du transport urbain.
Bien que le livre blanc nous convie à un nouveau partage de
compétences, nous
croyons important de définir et de préciser ce qu'est
réellement une décentralisation des pouvoirs. À cet effet,
le Conseil de planification et de développement du Québec fournit
les définitions suivantes. "Décentralisation: action par laquelle
un pouvoir de l'administration publique, qu'il soit d'ordre politique ou
administratif, et exercé par une autorité centrale ou unique est
remis à des autorités locales ou régionales.
Déconcentration: système dans lequel le pouvoir de
décision est exercé par des agents et organismes locaux ou
régionaux résidant sur place, nommés et non élus,
et soumis à une autorité centrale. Régionalisation:
affectation des activités centrales à l'échelle d'un
territoire géographique, lui donnant une certain autonomie."
De même, toute politique de décentralisation trouve son
corollaire dans la définition de l'autonomie locale. "L'autonomie locale
demeure la base de la revalorisation du pouvoir municipal. Elle signifie que
les municipalités doivent avoir les pouvoirs de décision et de
taxation nécessaires à l'accomplissement de leur vocation,
orientée vers la satisfaction des besoins légitimes de leurs
contribuables. Une véritable autonomie implique que les
collectivités locales doivent déterminer elles-mêmes, avec
la participation démocratique et responsable des citoyens et des
élus, la nature, la quantité et la qualité des services
qu'elles veulent s'offrir." Cela est le rapport conjoint du comité
Québec-municipalités.
À l'heure actuelle, le transport par taxi est, à toutes
fins utiles, une compétence provinciale. En effet, à la suite des
recommandations du rapport Bossé (1970), l'adoption en 1972 de la
nouvelle loi des transports amena une centralisation provinciale de cette
industrie. Or, le livre blanc dégage de la situation actuelle la
constatation suivante: "...un des effets marquants de la centralisation a
été le désengagement des autorités locales à
l'égard du taxi, particulièrement en ce qui concerne la
responsabilité de surveillance. Celle-ci était assumée
avant 1973 par les corps policiers municipaux. Par la centralisaiton, le
gouvernement a pris à sa charge le contrôle du respect de ses
règlements et en a confié la responsabilité aux
inspecteurs du ministère des Transports, sauf à Montréal
où elle est partagée avec les policiers de la communauté
urbaine. Cet aspect de la centralisation serait le plus déplorable."
Référence: gouvernement du Québec, De nouvelles avenues
pour le taxi.
Face à ces problèmes découlant de la
centralisation, le livre blanc trace une définition de la
décentralisation à laquelle nous pouvons difficilement souscrire.
En effet, un transfert des responsabilités concernant l'application des
contrôles n'est pas à proprement parler un transfert de pouvoirs.
Dès lors que le niveau provincial se ménage la définition
des normes et confie au palier local l'application des contrôles, nous
sommes en mesure d'affirmer qu'il s'agit là d'un simple transfert de
tâches administratives.
Face à cette confusion linguistique, nous aimerions proposer un
cadre d'analyse simplifié de la réalité en matière
de taxi; en effet, nous croyons que les compétences relatives au taxi
devraient se limiter à la distinction des notions de gestion et de
contrôle.
Alors que la gestion du taxi fait référence à la
complémentarité de ce mode au transport en commun, le
contrôle du taxi se définit, pour sa part, par rapport à
l'industrie du taxi et touche aux aspects de rentabilité, de
qualité du service et de conditions de sécurité des
usagers. Or, pour l'Union des municipalités, le partage des
compétences se situe autour de ces deux notions.
Ainsi, concernant la gestion du taxi, nous croyons qu'une
libéralisation de cette industrie devrait être entreprise afin que
ce mode puisse devenir une alternative au transport collectif conventionnel. Ce
faisant, les municipalités auraient le pouvoir d'évaluer l'apport
de ce mode au transport urbain et d'en concevoir l'utilisation potentielle. Une
telle approche permettrait d'adapter le taxi aux besoins locaux qui, on le
sait, sont fort différents d'une municipalité à l'autre et
d'une région à l'autre.
Quant au contrôle de l'industrie du taxi, il apparaît
souhaitable d'en maintenir la responsabilité aux autorités
provinciales dans la mesure où les aspects de rentabilité de
l'industrie et de sécurité des usagers exigent une norme
similaire à l'échelle du Québec. En effet, il ne pourrait
pas être acceptable que la sécurité des passagers varie
d'une région à l'autre en raison de normes différentes
établies par les municipalités.
Donc, pour l'Union des municipalités du Québec,
l'industrie du taxi, devrait être libéralisée afin que les
municipalités aient la possibilité d'envisager ce mode de
transport comme un complément potentiel au transport collectif
conventionnel. Quant au partage des compétences en matière de
contrôle, nous croyons qu'il est satisfaisant et qu'il ne requiert pas de
réaménagements décisionnels. Il y a une note qui dit:
Néanmoins, on ne peut ignorer l'acuité du problème de
cette industrie dans la région de Montréal, notamment,
l'agglomération A-11. Or, notre position n'est pas fermée
à toute entente particulière. À cet effet, les
autorités de la ville de Montréal sont certes plus
habilitées à préciser leurs vues en la matière.
Le taxi comme alternative au transport collectif de masse. Lors de la
commission
parlementaire sur la proposition gouvernementale de
réorganisation du transport en commun dans la région de
Montréal, quelques intervenants ont insisté sur la
nécessité de développer d'autres modes de transport
collectif communs sous l'appellation de paracollectifs. Nous aimerions
reprendre certains aspects de ces nouveaux modes et techniques de transport qui
offrent, à notre avis, d'autres alternatives au transport collectif
lourd.
Sans nier l'apport des modes lourds de transport en commun - autobus,
métro, train on remarque qu'à l'heure actuelle on assiste en
quelque sorte à l'apogée de ces modes. Ainsi, comme le souligne
l'étude sur Le prix du transport au Québec, de Jean-Luc
Migué: "Le transport collectif urbain moderne convient aux corridors
à grande densité des heures de pointe, mais s'avère
inadapté aux autres types de besoins de déplacement urbain."
Face à pareil constat, il importe donc d'évaluer et de
viser l'implantation d'autres formes de transport collectif: au nombre des
techniques douces de transport, on note les autobus à contresens, le
covoiturage, le taxi collectif (régulier, téléservice et
"jitney"). Pour les fins de notre mémoire, nous nous limiterons
spécifiquement aux aménagements possibles à apporter au
transport traditionnel par taxi.
La réglementation actuelle du taxi ne permet pas à ce type
de transport de devenir un complément au transport collectif lourd. Il y
aurait certes lieu de revoir cette réglementation de façon
à diversifier l'utilisation potentielle du véhicule taxi.
Toutefois, le développement du paracollectif n'implique pas
nécessairement qu'on recoure uniquement à l'industrie actuelle du
taxi qui ne s'est guère montrée progressiste en ce domaine.
À ce sujet, le rapport du groupe de travail sur le transport au
Québec soulignait que: "Rien n'impose, d'ailleurs, qu'on s'en remette
exclusivement à l'industrie actuelle du taxi pour atteindre les taux
d'occupation plus élevés et la variété de services
et de véhicules propres aux "jitneys", aux télébus ou aux
"carpools". Aux États-Unis, les résultats obtenus à ce
jour révèlent que les types de propriété,
d'organisation et de véhicules peuvent être extrêmement
variables." C'est extrait du rapport Migué.
En somme, toute réforme de l'industrie du taxi doit
s'intégrer dans la problématique du transport urbain.
Conséquemment, le taxi, comme composante du transport urbain, doit
être envisagé comme alternative aux systèmes lourds de
transport. Pour les municipalités, la rentabilité de cette
industrie n'est pas le but ultime, mais plutôt la conséquence
d'une meilleure adaptabilité de ce secteur aux réalités et
besoins en transport urbain. Ainsi, l'utilisation du taxi doit demeurer
à la discrétion des municipalités qui auront à
décider de la place et du rôle de ce mode en matière de
transport en commun. Donc, pour l'UMQ, les municipalités devraient avoir
le pouvoir d'opter pour le taxi et la liberté de le concevoir dans la
problématique du transport urbain.
Coût et qualité du service du taxi. Le livre blanc ne remet
pas en question le monopole existant au sein de l'industrie du taxi. Pourtant,
il est difficilement conciliable de maintenir un tel monopole et de rechercher
une plus grande flexibilité du transport urbain. Une certaine
contradiction existe dans la proposition gouvernementale dans la mesure
où l'on tolère un gel des permis de chauffeur. Or, le livre blanc
conclut, quant au nombre élevé de permis de chauffeur, que: "Le
grand nombre de permis par rapport au nombre de taxis n'est pas vraiment
problématique. Il constitue un réservoir de main-d'oeuvre dont il
faut déplorer la qualité trop souvent douteuse, mais qui a
l'avantage de permettre de faire face aux fortes fluctuations du
marché." C'est extrait du rapport du gouvernement du Québec.
Aussi contradictoire que cela puisse être, le livre blanc juge
saine une situation du libre marché pour les permis de chauffeur et
déplorable un dégel pour les permis de propriétaire.
L'existence et le maintien d'un monopole n'a jamais été un gage
d'efficacité économique et, en ce sens, l'exemple de l'industrie
du taxi est frappant. La vérité des prix devrait prévaloir
également dans ce domaine, comme le souligne cet extrait d'une
étude française sur le sujet: "Alors que, dans la plupart des
grandes capitales, le taxi est un moyen de transport populaire qui
complète les transports en commun, le nombre de taxis de Paris est juste
égal à ce qu'il était avant la guerre et ceux-ci sont
introuvables au moment des pointes en raison d'une réglementation
malthusienne qui, comme pour les transports routiers, assure une rente
importante au titulaire d'une licence. Le tarif élevé des taxis
parisiens est dû pour une bonne part à cette rente de
rareté créée par les pouvoirs publics." Et c'est extrait
de Hubert Lévy-Lambert, La vérité des prix.
Pour les municipalités, cette restriction du nombre de
véhicules-taxis diminue les alternatives à l'automobile et au
transport collectif lourd (train, autobus et métro). Pour les citoyens,
le monopole se traduit par des coûts accrus pour l'utilisation de ce mode
de transport. Ainsi, on peut estimer que, pour le seul territoire de la CUM,
les usagers paient annuellement près de 9 000 000 $ et ce, en raison
d'un plafonnement artificiel du nombre de véhicules-taxis. Ce montant
est calculé à partir d'hypothèses sur le coût du
permis, 15 000 $, sur le rendement espéré, 10% et sur le nombre
de permis, 5818.
Nous sommes, évidemment, conscients que le gel des permis n'est
pas la panacée à tous les problèmes de cette industrie.
Néanmoins, toute discussion sur la rentabilité du taxi doit tenir
compte de cette particularité au sein de l'industrie du taxi.
Quant à la qualité du service, il constitue un aspect
important pour certaines municipalités, notamment au niveau touristique.
Dans certaines villes, le taxi constitue un des premiers contacts de la
clientèle touristique et, en ce sens, le taxi a un rôle d'accueil
non négligeable. Par conséquent, bien qu'on ne puisse pas
généraliser et apprécier la qualité du service du
taxi à l'échelle du Québec, il n'en demeure pas moins que
les récriminations à l'endroit de ce service doivent être
prises en considération. Or, l'amélioration et le maintien de la
qualité du service de taxi reviennent en bonne partie à
l'industrie même. À titre d'exemple, un code d'éthique au
sein des associations de services pourrait certes être une contribution
importante dans cette optique de qualité accrue du service de taxi.
La problématique du taxi. La définition de la
problématique que l'on retrouve dans le livre blanc est symptomatique
des visées recherchées par la proposition gouvernementale,
à savoir, d'une part, répondre aux intérêts de
l'industrie du taxi et, d'autre part, libérer le gouvernement de ses
fonctions de contrôle. Ainsi, on aborde successivement l'érosion
du marché traditionnel, la centralisation et les difficultés
d'organisation des exploitants. Pour l'Union des municipalités du
Québec, l'aspect centralisation retient particulièrement notre
attention. Cependant, nous aimerions préalablement nous prononcer sur la
définition même de la problématique qui nous apparaît
insuffisante et peu orientée en fonction des réalités du
transport urbain.
Définition étroite de la problématique. Nous avons
soulevé au chapitre précédent l'importance d'aborder le
transport par taxi sous l'angle de la problématique globale du transport
urbain. Nous avons constaté que l'automobile et les systèmes
lourds de transport collectif furent traditionnellement les deux composantes
majeures du transport urbain. Or, de plus en plus, on remarque la pertinence
d'associer le transport paracollectif à la problématique
générale du transport urbain.
Nous croyons donc qu'il serait préférable d'envisager non
pas les nouvelles avenues du taxi, mais bien les nouvelles avenues du transport
urbain dont le taxi est une des composantes. Ce faisant, ie paracollectif ne
serait pas traité au niveau de mesures particulières, mais sous
une politique d'ensemble de mesures facilitant le développement de
nouvelles techniques douces.
On comprendra alors que l'Union des municipalités du
Québec ne souscrit pas d'emblée à la définition de
la problématique du livre blanc. En effet, la faible rentabilité
de cette industrie, de même que l'organisation conflictuelle des
exploitants ne constituent pas, à proprement parler, un problème
municipal dans la mesure où l'amélioration de la gestion du
transport urbain ne passe pas nécessairement par la solution de ces
problèmes. En fait, nous croyons plutôt que ces problèmes
s'estomperont en partie dès iors que l'industrie du taxi saura faire
preuve de flexibilité en matière de transport urbain.
Néanmoins, nous ne pouvons rester indifférents aux
problèmes que connaît cette industrie. À ce titre, la
qualité du service devrait faire l'objet d'une attention
particulière. Sans vouloir nous ingérer dans l'organisation de
cette industrie, nous croyons qu'une redéfinition des rôles et
pouvoirs des intervenants - ligues, associations, etc. s'impose.
En conclusion, le livre blanc met peu d'emphase sur le paracollectif et,
en ce sens, nous croyons qu'il serait utile d'analyser plus attentivement cette
alternative qui, d'ailleurs, correspond davantage aux intérêts des
contribuables municipaux et des usagers du transport urbain.
Le transport urbain comme fonction locale. Le livre blanc consacre une
section aux effets résultant de la décentralisation de
l'industrie du taxi depuis 1972. On réalise, une fois de plus, les
inconvénients associés à la centralisation. À cet
effet, nous croyons nécessaire de retenir certains extraits du livre
blanc, lesquels résument certaines de nos craintes face à la
régionalisation des services municipaux par l'intermédiaire de la
municipalité régionale de comté, MRC: "...il s'est
révélé souvent difficile pour le gouvernement de concilier
les démarches de réglementation des conditions d'exploitation
répondant à des besoins locaux avec un règlement
s'appliquant à l'ensemble du Québec. Le gouvernement ne peut
prévoir tous les cas; la législation est conçue pour
répondre à des besoins nationaux et non locaux.
L'éparpillement des responsabilités a entravé l'exercice
d'un certain contrôle de la part du gouvernement." (10 h 30)
Ces quelques extraits de la proposition gouvernementale sont
rafraîchissants pour l'Union des municipalités du Québec,
car ce constat rejoint nos griefs en matière de déconcentration
et de régionalisation. En effet, tout centre de décision qui
s'éloigne de son objet conduit inévitablement à une
inadéquation entre les objectifs visés et les résultats
réels.
Quant à la décentralisation, la compréhension de ce
concept ne coïncide pas
avec celle que nous lui reconnaissons généralement. En
fait, le livre blanc déplore exclusivement en problématique le
manque de contrôles afférents aux normes édictées
par le gouvernement provincial. Ainsi, on souligne que: "Un des effets
marquants de la centralisation a été le désengagement des
autorités locales à l'égard du taxi,
particulièrement en ce qui concerne la responsabilité de
surveillance... La centralisation au ministère des Transports de
l'application des règlements doit cesser. Seule la surveillance
étroite, exercée par les corps policiers municipaux, parviendrait
à décourager les fraudeurs... Le contrôle des chauffeurs de
taxi ne semble avoir été vraiment réel que lorsqu'il a
été exercé en étroite collaboration avec les
policiers municipaux."
Une fois de plus, on confond pouvoir et contrôle; alors que le
pouvoir fait référence à la notion de décision,
celle du contrôle renvoie au concept de fonction. Or, l'exercice de la
fonction de contrôle demeurera toujours soumis à la
décision de la norme. Donc, on ne peut discuter de
décentralisation lorsqu'on se limite au partage des
responsabilités de contrôle. À défaut de ce faire,
il serait alors plus approprié de parler d'une décentralisation
des comptes à payer ou des factures de contrôle.
Tel que mentionné précédemment, nous ne nous
opposons pas à ce que le palier provincial définisse le cadre
réglementaire en matière de taxi. De même, certains
réaménagements légaux et/ou réglementaires
devraient tendre à libéraliser l'utilisation potentielle du taxi
en matière de transport urbain. Toutefois, l'application des normes de
contrôle comme responsabilité additionnelle des
municipalités doit respecter les principes mis de l'avant lors de la
réforme sur la fiscalité municipale.
Ainsi, en ce qui concerne des responsabilités additionnelles, le
rapport du comité conjoint soulignait que: "La gestion de fonctions
provinciales décentralisées implique que le gouvernement conserve
sa responsabilité de définition de politique et de taxation. En
conséquence, toute décentralisation administrative doit
être accompagnée d'une compensation financière
équivalente au coût des services décentralisés."
Cette discussion nous amène maintenant à examiner
succinctement l'aspect financier du problème. Nous avons indiqué
précédemment que le manque de contrôles apparaissait comme
une lacune majeure au sein de l'industrie du taxi. Or, bien que le livre blanc
suggère qu'il faille s'en remettre désormais aux corps policiers
municipaux, encore faudrait-il que le coût de cette activité soit
abordé dans le document. À cet effet, le livre blanc explique la
faible application du règlement no 6 par le manque d'effectifs au sein
du ministère des Transports. Par conséquent, on doit se garder de
résoudre le problème de l'application des contrôles en
transférant aveuglément la facture de ces
responsabilités.
L'examen de la problématique effectué au chapitre
précédent nous a amenés à nous interroger sur
l'esprit même de sa définition. Ainsi, nous sommes d'avis que le
livre blanc consacre la majeure partie de son contenu aux problèmes de
rentabilité et de fonctionnement de l'industrie du taxi. Il eut
été préférable d'élargir la perspective de
cette proposition gouvernementale en un examen plus minutieux des alternatives
aux modes traditionnels en transport urbain: auto, train, autobus,
métro. L'orientation qui doit nous guider doit en être une de
développement de techniques douces de transport urbain, ce qui,
évidemment, peut nous amener à répondre indirectement aux
problèmes observés au sein de cette industrie. Par
conséquent, nous sommes d'avis que toute discussion relative au taxi
doit s'insérer dans un cadre élargi, susceptible d'analyser
également d'autres avenues au transport en commun actuel.
Le livre blanc nous convie, néanmoins, à une discussion
sur la place du taxi comme mode de transport urbain. En ce sens, nous croyons
utile de réaffirmer deux principes de base: d'une part, la gestion du
transport urbain est et doit demeurer une compétence locale; d'autre
part, à la suite d'une phase de développement infrastructure! en
transport en commun, nous devons désormais nous orienter vers la mise
sur pied de modes souples de transport. Conséquemment, le taxi devrait
s'insérer dans les outils disponibles aux élus locaux pour les
fins de gestion du transport urbain.
De façon spécifique au livre blanc, nous croyons utile
d'examiner certains aspects de la réforme proposée, notamment les
structures d'accueil et le partage des responsabilités. Les structures
d'accueil. La délimitation des territoires aux fins de juridiction en
matière de taxi pose, évidemment, certaines difficultés
d'appariement entre les corporations municipales et les agglomérations
de taxi. Il importe de distinguer la réforme proposée selon
qu'elle porte sur les communautés urbaines et régionale et sur
les territoires hors communautés.
Pour les communautés urbaines et régionale, à
l'exception de la Communauté urbaine de Montréal, il n'existe pas
de corps policier régional, d'où les difficultés
éventuelles d'une application uniforme de la réglementation. Nous
laissons le soin aux communautés urbaines et régionale d'exprimer
davantage leurs vues particulières sur les modifications
proposées par le livre blanc.
Pour les territoires hors communautés,
le non-agencement des territoires de desserte de taxi et ceux des
corporations municipales, de même que l'absence de corps policiers en
certains endroits militent en faveur du statu quo. En outre, la situation du
taxi au sein des MRC n'est certes pas problématique au point
d'introduire une panoplie de mesures hypothétiques, à savoir:
ententes intermunicipales, révision des agglomérations et
régions de taxi, etc. Par ailleurs, lors du colloque provincial de
l'Union des municipalités du Québec en septembre dernier, les
élus locaux se sont prononcés pour un moratoire quant aux
compétences dévolues aux municipalités régionales
de comté.
Somme toute, les modifications structurelles proposées semblent
comporter plus de difficultés que de solutions pour les MRC. De plus,
les municipalités regroupées au sein des MRC sont localement
responsables du transport urbain. Or, comme la gestion du taxi est une
composante du transport urbain, nous comprenons difficilement les raisons
militant en faveur de son rapatriement au palier régional. Par
conséquent, l'Union des municipalités du Québec est d'avis
qu'il faille respecter les structures et compétences actuelles des
municipalités.
Le partage des compétences. Le nouvel échiquier
proposé en matière de taxi mérite un sérieux
examen. Sommairement, le livre blanc prévoit que "... le gouvernement
garde le pouvoir de définir le service. La Régie de l'assurance
automobile du Québec est maintenue dans son rôle de gardienne de
la sécurité routière, tandis que la Commission des
transports du Québec conserve son rôle quasi judiciaire et a
pleine autorité sur les permis de propriétaire. Pour leur part,
les autorités locales auront pour tâche de préciser les
normes d'exploitation, d'établir les règles de qualité de
service et de fixer les tarifs."
Nous nous interrogeons sur le véritable sens accolé au
terme "décentralisation" dans le livre blanc. Il semble qu'on confond
les notions de pouvoirs et de fonctions lorsqu'on examine les
compétences dévolues aux paliers provincial et municipal. Tel que
l'indique le partage ci-après, le gouvernement provincial conserve son
pouvoir de définir les normes en matière de taxi et confie aux
municipalités les fonctions d'application et de contrôle desdites
normes.
Le niveau provincial. Le gouvernement provincial et ses organismes, CTQ
et RAAQ, auraient compétence pour: définir un encadrement minimal
des services de taxi, délivrer les permis de propriétaire,
établir les normes de propriété et les règles de
possession du permis de propriétaire, prendre les mesures
nécessaires à la protection des étrangers, administrer les
permis de propriétaire, délivrer le permis de conduire, fixer les
normes de sécurité des véhicules, élaborer les
règles applicables à l'immatriculation des
véhicules-taxis.
Le niveau municipal. Pour leur part, les municipalités auraient
les compétences suivantes: définir les politiques quant aux types
de services de taxi; établir les moyens de contrôle quant à
la qualité du service; édicter les normes d'aménagement et
d'utilisation du taxi; fixer les tarifs du service traditionnel ou collectif;
délivrer les permis de travail des chauffeurs.
À la lecture de ce partage proposé des compétences,
deux observations s'imposent. D'une part, on constate un certain chevauchement
de compétences entre les deux paliers de gouvernement. Or, le livre
blanc fait état de la subordination des politiques locales à
celles du gouvernement provincial: "... leur réglementation (les
municipalités) pourra compléter les normes déjà
prévues par la législation gouvernementale, en autant qu'il n'y
ait pas incompatibilité... Les modes de tarification actuellement en
vigueur demeureront les mêmes jusqu'à ce que les autorités
locales décident de les modifier suivant la législation
gouvernementale."
D'autre part, le livre blanc confie au gouvernement du Québec et
à ses organismes la définition de multiples normes qui devront
nécessairement faire l'objet de contrôles et,
conséquemment, de ressources nécessaires à leur
application. Or, sans le préciser, le livre blanc implique que les
autorités locales devront se doter de mécanismes de
contrôle. Somme toute, on reconnaît que le livre blanc assure
à chacun des intervenants la pérennité de leurs pouvoirs
à l'exception que l'on confie à l'instance locale le soin de voir
à l'application des règles édictées. Or, une telle
décentralisation des comptes à payer ne peut pas recevoir notre
approbation.
En conclusion, pour l'Union des municipalités, le livre blanc
offre l'occasion de revoir la réglementation afférente au taxi et
de situer la place que devrait occuper cette industrie dans la
problématique du transport urbain. Bien que la vision du livre blanc ne
corresponde pas exactement aux perspectives municipales, il demeure
néanmoins important pour l'Union des municipalités
d'établir un sain dialogue sur les nouvelles avenues pour le taxi. Une
réflexion plus poussée sur l'impact financier du livre blanc pour
les municipalités serait souhaitable dans la poursuite du dialogue. De
façon spécifique au livre blanc, notre mémoire s'est
surtout attardé à son impact pour les municipalités.
Ainsi, en ce qui a trait au partage des compétences, il est
fondamental de distinguer la gestion du taxi et le contrôle de cette
industrie. Nous croyons que le partage actuel des pouvoirs est satisfaisant et
ne mérite des modifications qu'en ce qui concerne la
gestion du taxi. En effet, une plus grande libéralisation quant
à l'utilisation du taxi permettrait aux instances locales de concevoir
davantage ce mode comme une alternative valable au transport en commun. En
conséquence, l'Union des municipalités recommande une
libéralisation et une diversification de l'industrie du taxi.
Au niveau du contrôle de cette industrie, le partage des
compétences établi en 1972 doit être maintenu. Toutefois,
les difficultés d'application des normes et règles pour cette
industrie devraient faire l'objet de discussions approfondies entre les
autorités provinciales et locales. Néanmoins, nous
réaffirmons le principe établi lors de la réforme sur la
fiscalité municipale, à savoir que toute responsabilité
additionnelle confiée aux municipalités fasse l'objet d'une
compensation financière équivalente au coût des services
décentralisés. L'Union des municipalités recommande donc
le respect des principes établis lors de la réforme sur la
fiscalité municipale face à tout réaménagement des
responsabilités en matière de taxi.
Pour ce qui est des modifications structurelles proposées par le
livre blanc, l'Union des municipalités du Québec
réitère son accord avec la position prise par les élus
locaux lors de notre dernier colloque provincial quant à
l'établissement d'un moratoire sur les pouvoirs et compétences
actuellement exercés par les municipalités régionales de
comté. En somme, au nom de l'autonomie locale, l'Union des
municipalités recommande le respect et le maintien des
compétences actuelles des municipalités tant en matière de
transport en commun que de protection policière.
Enfin, en se limitant au taxi, le livre blanc restreint la discussion
sur l'ensemble des modes alternatifs au transport en commun conventionnel,
métro, autobus et train. Or, le taxi, comme option au transport en
commun lourd, ne peut être isolé de la problématique du
transport urbain. De plus, la complexité de l'industrie du taxi
mérite qu'on analyse davantage son impact et sa contribution au
transport urbain. En conséquence, l'Union des municipalités
recommande que le dossier du taxi fasse l'objet de discussions plus
approfondies et soit élargi à la définition d'une
politique d'ensemble sur les modes alternatifs au transport collectif
conventionnel. Respectueusement soumis.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre. Il
reste au maximun une demi-heure pour la période des questions.
M. Clair: Je vais tâcher de faire cela rapidement, M. le
Président. D'abord, je remercie l'Union des municipalités du
Québec d'avoir bien voulu présenter un mémoire.
C'est évident que, dès qu'on parle de taxi, compte tenu de
la problématique évoquée par le président de
l'Union des municipalités du Québec, il nous importe au plus haut
point de connaître le point de vue de l'Union des municipalités du
Québec. Je remercie ses porte-parole d'être venus en commission
parlementaire pour présenter un mémoire et répondre aux
questions des parlementaires.
Concernant les commentaires, je vais d'abord soulever deux points: un
sur lequel il y a lieu de clarifier immédiatement la position du
gouvernement et de dire qu'on est en total désaccord avec l'Union des
municipalités du Québec; l'autre pour faire des nuances. (10 h
45)
Le premier point sur lequel on est en total désaccord - et je
pense que ce serait partagé par à peu près tout le monde -
c'est la question de la libéralisation complète, à toutes
fins utiles, des permis de taxi. Quand on demande, par exemple, si j'ai bien
compris, le dégel du nombre de permis de propriétaires de taxi,
il m'apparaît que faire cela entraînerait des résultats
exactement contraires à ceux qui sont poursuivis par l'Union des
municipalités du Québec. Cela entraînerait certainement
l'abandon du service d'un grand nombre de propriétaires puisque
l'émission de nouveaux permis de taxi "at large", pour employer une
expression populaire, dans tout le Québec, minerait encore davantage la
rentabilité de ce secteur économique. On verrait une concurrence
sauvage pendant un certain temps, mais, après cela, la disparition du
service, probablement, dans de nombreuses agglomérations.
Je dois dire là-dessus que, d'après les expériences
qu'on a regardées à l'étranger -je comprends que c'est
dans d'autres secteurs, mais il suffit de regarder actuellement, par exemple,
ce qui se passe aux États-Unis avec la déréglementation
complète dans le secteur aérien - on se rend compte que ces
solutions ne peuvent pas facilement être retenues. Je pense qu'il vaut
mieux envisager plutôt de la souplesse dans la réglementation,
d'assouplir les mécanismes plutôt que d'envisager purement et
simplement de déréglementer ce secteur et de continuer à
émettre de nouveaux permis. Le problème que nous vivons
présentement est causé en grande partie par ce régime qui
a prévalu pendant plusieurs années, à savoir
d'émettre à qui mieux mieux des permis, comme le soulignaient des
gens hier. C'est une des craintes du milieu du taxi. Je me fais simplement le
rapporteur de ce qu'ils déclaraient hier et de ce que certains
soulignent dans leurs mémoires. Ils ne veulent pas revenir à
l'époque où des politiciens locaux ou des politiciens nationaux,
si vous voulez, pourraient émettre à qui mieux mieux des permis.
À ce sujet, je
pense que c'est une avenue qu'il m'apparaît impossible
d'emprunter.
Une précision sur la régionalisation et sur la
décentralisation vers les MRC. Je tiens simplement à souligner
là-dessus que la proposition est très claire. On a mis sur la
table les trois hypothèses pour aller vers les MRC, soit le statu quo,
soit un transfert graduel vers les MRC ou soit encore que l'on donne suite
seulement aux demandes de certaines municipalités régionales de
comté. Là-dessus, notre idée n'est vraiment pas faite.
Simplement, le problème est le suivant: dans les communautés
urbaines, que ce soit Québec, Montréal ou la CRO, dans la mesure
où il y a une volonté politique d'aller vers la
décentralisation, cela ne crée pas de problèmes, puisque
les agglomérations de taxi sont complètement incluses à
l'intérieur de la structure institutionnelle existante. Il n'y a pas de
problèmes à ce point de vue.
Au niveau des autres agglomérations dans tout le Québec,
il y a des agglomérations de taxi qui recouvrent une seule
municipalité. Encore là, si on veut aller vers le pouvoir local
en matière de décentralisation, cela ne crée pas de
problèmes. Le seul endroit où il y a, à
véritablement parler, un problème, c'est dans les territoires
où il y a un grand nombre de petites agglomérations ou encore des
permis de taxi-région, des TR, qui ne se retrouvent pas dans une seule
municipalité, mais dans plusieurs municipalités. Je voudrais bien
qu'on envisage de décentraliser vers les municipalités.
C'était la première hypothèse sur laquelle on avait
travaillé au ministère des Transports, mais on se rend vite
compte que c'est pratiquement impossible de le faire, parce que les permis de
taxi couvrent déjà, dans certains cas, plusieurs
municipalités ou encore des agglomérations recouvrent plusieurs
municipalités. Cela crée un problème et là-dessus -
je tiens à le dire - notre opinion n'est pas arrêtée. Il
n'est absolument pas question - c'est dit clairement dans le plan d'action - de
bousculer les événements là-dessus et d'envoyer cela vers
les municipalités régionales de comté à court
terme. C'était au niveau des commentaires.
Au niveau de l'échange de points de vue et de questions, la
lecture qui a été faite par l'Union des municipalités du
Québec de notre programme d'action, quant à moi, ne
m'apparaît pas correspondre à ce qu'on a vraiment voulu faire
là-dedans. Ce que vous présentez comme étant des points de
désaccord m'apparaît plutôt être des points d'accord.
Au niveau de l'analyse de la problématique, par exemple, quand vous nous
dites que vous voulez que le taxi soit vu comme un mode de transport de
personnes sous la responsabilité des autorités locales et
pleinement intégré dans l'établissement d'une politique de
transport des personnes à l'intérieur d'une municipalité
ou d'une agglomération, à peu près tout ce que vous avez
dit dans votre mémoire, je pourrais le reprendre à mon compte.
C'est justement un des objectifs qu'on poursuit par la réforme. On n'a
pas voulu l'analyser uniquement dans une perspective de rentabilité,
car, à ce compte-là, on aurait pu se limiter, comme certains le
prétendent, à racheter des permis. On a voulu, au contraire,
avoir une approche qui vise en même temps à rentabiliser le taxi
et à l'intégrer, comme mode de transport, sous le contrôle
des autorités locales.
D'ailleurs, dans ce sens, quand vous parlez du partage de la gestion et
du contrôle, je dis: Premièrement, la problématique, on la
définit exactement comme vous la définissez, à mon point
de vue, peut-être pas dans les mêmes mots, mais dans le document,
c'est ce qu'on vise.
Deuxièmement, quand vous faites la distinction entre la gestion
et le contrôle, je me reporte à la page 19 de votre mémoire
où vous listez assez bien les pouvoirs et les compétences des
deux ordres de juridictions, le gouvernement et les municipalités. Sur
"l'encadrement minimal des services de taxi", c'est évident, à
mon avis, que c'est l'Assemblée nationale et le gouvernement qui doivent
déterminer centralement ce qu'est, en gros, un service de taxi; cela
m'apparaît évident. "Délivrer les permis de
propriétaire; encore là, tous les permis de transport sont
émis par une autorité centrale et cela m'apparaît assez
évident que cela doit demeurer comme cela. "Les normes de
propriété et les règles de possession du permis de
propriétaire"; on n'est pas pour récrire le Code civil ou pour le
"désécrire", si on veut, l'écrire à l'envers. "La
protection des étrangers"; cela m'apparaît aussi évident
que c'est une responsabilité gouvernementale. "Administrer les permis de
propriétaire"; cela va avec la délivrance. "Fixer les normes de
sécurité des véhicules", des autobus, des camions, etc.;
une bonne partie de cette juridiction est fédérale en termes de
normes de construction, de normes de sécurité; je ne vois pas
comment on pourrait se départir de cette responsabilité, de
même que pour l'immatriculation. Je ne pense pas que l'Union des
municipalités ait jamais revendiqué le pouvoir de délivrer
l'immatriculation des véhicules automobiles.
Voyons maintenant ce qu'on propose à l'échelle municipale:
"Définir les politiques quant aux types de services de taxi". Je me dis,
quand vous parlez de la gestion du taxi, que c'est exactement ce qu'on veut. On
dit à la page 26: "Les responsabilités des autorités
locales. Le gouvernement du Québec confiera aux autorités locales
ou régionales les pouvoirs qui leur permettront d'adopter leurs
politiques et de choisir les types de services qu'elles voudront
développer en fonction de leurs besoins particuliers." On dit: Le
taxi collectif, le taxi paracollectif, le minibus, le télébus, le
"jitney". Ce sont effectivement des outils de gestion du transport urbain et on
veut donner cette responsabilité aux autorités locales partout
où elles voudront l'exercer.
Dans ce sens, il me semble qu'on dit la même chose, qu'on ne dit
pas des choses contradictoires. Mettons de côté la question de
contrôle et de coût du contrôle, s'il y a un coût
important de rattaché au contrôle, en termes de
problématique, il me semble que ce que nous proposons est exactement ce
que vous revendiquez, dans d'autres termes peut-être. Il me semble que,
quand on donne le pouvoir de "définir les politiques quant aux types de
services de taxi", c'est normal qu'on ait le pouvoir de contrôle, car
cela ne vous donnerait rien qu'on vous donne le pouvoir de définir les
politiques en matière de taxi collectif si on ne vous donnait pas les
pouvoirs de contrôle qui vont avec. Ce serait rire de vous.
"Établir les moyens de contrôle quant à la qualité
du service". C'est une plainte répandue, surtout dans les grandes
agglomérations, que, centralement, on n'est pas parvenu à
contrôler de façon efficace la qualité du service. Il me
semble que cela va avec la définition du service aussi. "Les normes
d'aménagement et d'utilisation du taxi." Ce sont des outils de gestion.
"Fixer les tarifs; une fois qu'on a défini les politiques de gestion du
taxi, c'est à peu près ce qu'il y a de plus important dans les
moyens de gestion, justement. "Délivrer les permis de travail des
chauffeurs"; encore là, il me semble que c'est un outil essentiel entre
les mains des élus locaux.
D'où ma première question: Quand vous dites que la
problématique est trop étroite, moi, je vous dis: Peut-être
n'a-t-on pas assez insisté sur le taxi paracollectif et toutes les
mesures de diversification, mais il me semble que c'est clair qu'on veut
remettre cette responsabilité entre les mains des municipalités,
d'abord des municipalités locales, cela s'entend. Oublions les
difficultés auxquelles on peut avoir à faire face pour à
peu près 10% ou 15% des permis; ce n'est pas cela qui est le plus
pressant. Je pose la question suivante: Avec ce que je viens d'expliquer,
qu'est-ce qui nous différencie, si on veut, dans nos positions
respectives, puisqu'il me semble que l'analyse de la problématique est
la même et que les outils de gestion qu'on veut vous confier sont
justement ceux que vous réclamez?
M. Dufour: M. le ministre, vous avez un avantage sur nous. Vous
aviez votre rapport et je n'avais pas les questions que vous alliez nous
poser.
M. Clair: On n'est pas obligé d'être en
désaccord, vous savez.
M. Dufour: Lorsqu'on parle d'un gel de taxi, c'est bien sûr
qu'on l'a souligné seulement. On ne dit pas de dégeler, mais on a
souligné dans notre rapport ce que le gel signifiait dans n'importe quel
domaine. Ce n'est pas nécessairement la panacée à tous les
problèmes de l'industrie. C'était juste à souligner. On ne
vous dit pas dans le même souffle de dégeler le nombre de
permis.
Par contre, lorsque vous nous parlez des différences des normes
au niveau provincial et au niveau municipal, on ne dit pas que cela ne doit pas
se compléter. On dit que ce n'est pas de la décentralisation
parce que, d'une part, le gouvernement du Québec se garde le pouvoir de
fixer les normes, et l'application revient à la municipalité. En
même temps, on ne parle à aucun moment des coûts
supplémentaires qui vont être entraînés. Donc, ce
qu'on prétend, c'est que, si cette question se règle, cela va
à l'encontre de notre colloque provincial de septembre dernier où
on a parlé de décentralisation, où les
municipalités ont dit unanimement qu'il ne devrait pas y avoir de
nouveaux transferts faits au profit des MRC sans qu'il y ait des compensations
financières équivalentes ou sans sources de taxation
équivalentes aux transferts proposés. C'est là que se
trouve toute l'ambiguïté, à mon sens, de cette proposition.
Si on parle de décentralisation, il faudrait qu'on s'entende sur les
termes, si c'est vraiment de la décentralisation. Deuxièmement,
si on le fait, à quel endroit la municipalité qui va appliquer
les normes gouvernementales va-t-elle trouver son compte? C'est surtout dans ce
sens que l'Union des municipalités est en désaccord.
On souligne aussi dans notre mémoire qu'on ne touche pas au
problème de Montréal. On voulait parler au nom de l'ensemble des
municipalités, mais on fait un aparté en disant: Le
problème des taxis en réalité se pose plus à
Montréal que n'importe où ailleurs. Va-t-on
déréglementer tout ce qui existe actuellement parce qu'il y a un
problème particulier dans une agglomération
particulière?
M. Clair: Je vais vous poser une question directe. La suite
logique de votre demande d'intégrer le transport par taxi comme un mode
de transport local - sans méchanceté, êtes-vous
sérieux quand vous faites la demande? - il me semble que ce que l'on
propose, soit que le gouvernement va garder le pouvoir d'édicter des
normes, c'est vraiment un encadrement minimal qu'on veut garder à ce
point de vue, pour donner justement le plus de pouvoirs de gestion possible.
Oublions le cas de Montréal. Les avenues que vous avez
mentionnées, système "jitney", taxi collectif, paracollectif,
télé-
services, il me semble justement que c'est beaucoup en dehors de
l'agglomération de Montréal que cela peut s'appliquer. Encore une
fois, mettons de côté la question des coûts, parce qu'il
n'est pas question de décentraliser des factures, je l'accepte d'avance.
En termes de pouvoirs de contrôle, quels sont les pouvoirs que vous
voudriez avoir et qui ne sont pas prévus être
transférés aux municipalités dans le document qu'on
propose? (11 heures)
M. Dufour: La plupart des municipalités où il y a
un système de transport en commun ont aussi un système de taxi.
Il y a des propriétaires de ces taxis. C'est envisageable, à mon
sens, sans tout déréglementer, que la corporation des transports
en commun puisse faire des ententes avec l'association ou les ligues de taxi
pour régulariser ou pour mettre un transport plus doux par rapport au
transport lourd. Il me semble qu'on n'a pas besoin de passer par toutes ces
étapes. Cela pourrait se faire par appel d'offres, comme cela existe
pour des modes qu'on connaît; par exemple, si on veut établir un
système de transport de fin de semaine. Je sais que cela est beaucoup
discuté dans les petites municipalités où le transport par
autobus ne s'impose pas. Il y a beaucoup moins d'usagers qui utilisent ce mode
de transport. À ce moment-là, il pourrait y avoir des ententes
entre la corporation municipale et un ensemble de ligues de taxi qui pourraient
soumissionner. Sans passer par toutes ces étapes, elles pourraient, il
me semble, rendre ce service et également faire partie du transport
collectif des municipalités.
M. Clair: On est d'accord avec cela. C'est ce qu'on propose.
M. Dufour: Mais on n'a pas besoin de déréglementer
ce qui existe et remettre tout le contrôle.
M. Clair: Oui. Pour cela, il faut qu'on donne... Je pense qu'on
ne peut pas autoriser des municipalités... Un peu comme, dans le
transport scolaire, en décloisonnant le transport scolaire, on n'a pas
créé d'obligation, mais permis aux municipalités qui le
désirent d'avoir autorité sur l'organisation de transport
d'appoint à partir des autobus scolaires. Mais cela prend un pouvoir
habilitant, tant pour la municipalité que pour l'association de services
ou la ligue de taxi, sans quoi la situation est confuse et on ne sait pas qui a
le pouvoir de le faire.
Encore là, il me semble que ce que vous demandez, en gros, c'est
ce qu'on propose. Il reste la question du coût du contrôle. Je
pense que, là-dessus, il faudrait effectivement voir, s'il y a un
contrôle à assurer par les municipalités, comment les
municipalités peuvent recouvrer les frais encourus pour assurer ce
contrôle.
M. le Président, je vois que le temps passe rapidement.
J'espère qu'on aura l'occasion de continuer à échanger
là-dessus. Quant à moi, à première vue, en tout
cas, ce que l'on propose, c'est, en gros, ce que vous demandez, sujet à
de plus amples informations.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: C'est le député de Hull.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
M. Dufour: M. le ministre, je voudrais ajouter une chose. L'Union
des municipalités du Québec n'a pas envisagé - je ne pense
pas que c'était son rôle - de décider, de
réglementer ou de régler le problème de l'industrie du
taxi en soi. On l'a regardé comme une alternative au transport. On est
d'accord pour banaliser, voir comment cela pourrait être
intégré dans le transport en commun sans qu'on soit obligé
d'établir un cadre - j'insiste là-dessus - pour remettre tout ce
processus en marche. C'était vraiment notre préoccupation et,
dans notre mémoire, si vous le remarquez bien, on n'a pas essayé
de régler le problème du taxi, le nombre de taxis, les montants
d'argent, les successions, etc.
M. Clair: M. le Président, je termine avec un dernier
commentaire. Cependant, dans la mesure - c'est pour cela que je reçois
votre mémoire très positivement - où vous voulez
intégrer le taxi dans la problématique du transport des
personnes, nous sommes d'accord, parce que non seulement cela clarifie les
responsabilités et permet d'utiliser pleinement cette technique douce
sans augmenter les coûts ni pour les contribuables ni pour le
gouvernement, mais, de plus, cela pourrait - un effet secondaire qui n'est pas
nécessairement votre préoccupation, je le reconnais - largement
contribuer à solutionner le problème de rentabilité de
l'industrie du taxi.
C'est très intéressant de voir que l'Union des
municipalités du Québec veut que le taxi soit
intégré comme un mode de transport des personnes.
Là-dessus, on est en parfait accord avec vous.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Premièrement,
je veux féliciter l'Union des municipalités du Québec
d'avoir soumis un
mémoire très intéressant en ce qui concerne plus
particulièrement l'industrie du taxi au Québec. Je pense que je
n'ai pas compris votre mémoire de la même façon que le
ministre a semblé le comprendre. Je l'ai davantage compris dans le sens
où l'Union des municipalités du Québec, tenant compte de
l'ensemble des municipalités du Québec, réitère de
nouveau - je cite à la page 17 -que "les élus locaux se sont
prononcés en faveur d'un moratoire quant aux compétences
dévolues aux MRC".
M. Clair: On est d'accord avec cela.
M. Rocheleau: C'est réglé, mais je pense, M. le
ministre, quand on regarde l'ensemble des politiques que votre ministère
semble énoncer, qu'on ne fait que retourner et examiner le Soleil du
mercredi 2 février 1983 où on lit: Le Québec se
prépare à abolir trois organismes. Entre autres, Québec
envisage très sérieusement d'abolir dès avril la Direction
du contrôle des lois et règlements du transport du
ministère des Transports. Lors d'une conférence de presse, le
ministre Bérubé...
M. Clair: M. le Président, je tiens à corriger,
c'est inexact.
M. Rocheleau: C'est inexact, mais il n'y a quand même pas
de fumée sans feu. Du côté des transports toujours, la
Direction de l'entretien des routes, sans disparaître, perdrait une bonne
partie de ses responsabilités au profit des municipalités
régionales de comté, les MRC.
M. Clair: C'est inexact, sauf pour certaines MRC qui nous ont
demandé des projets pilotes qu'on est à examiner
présentement.
M. Rocheleau: Je comprends que le ministre tente de justifier les
inexactitudes de la presse écrite ou parlée. Dans votre petit
document, M. le ministre, je me permets de lire un paragraphe qui est
peut-être plus important, mais qui en suit un autre aussi important. Les
communautés urbaines et régionale existent depuis plusieurs
années. C'est à la page 24. Elles ont eu le temps de consolider
leurs assises et jouent déjà un rôle majeur dans le domaine
du transport par le biais des commissions de transport. C'est totalement vrai.
Il nous apparaît donc souhaitable de leur confier dans les plus brefs
délais des responsabilités étendues en matière de
taxi. Du reste, elles regroupent 76% du nombre de permis et catégories.
Ici, vous dites: II nous apparaît donc souhaitable de leur confier dans
les plus brefs délais... Immédiatement après, vous
mentionnez: Après avoir examiné le râle et la vocation des
MRC, il nous apparaît également pensable de leur confier les
responsabilités que nous voulons décentraliser.
M. Clair: Terminez la lecture du paragraphe.
M. Rocheleau: Je pourrais en lire d'autres. Je retiens...
M. Clair: Terminez-la.
M. Rocheleau: D'accord. Nous garderons, par contre, à
l'esprit qu'elles sont en période de formation...
M. Clair: ...et que leur rôle premier réside dans
l'élaboration d'un schéma d'aménagement.
M. Rocheleau: ...un schéma d'aménagement.
M. Clair: II ne sera donc pas possible de leur confier des
responsabilités en matière de taxi avant que leur maturation ne
soit accomplie, c'est-à-dire avant quelques années dans la
plupart des cas. Après cela, on indique les trois hypothèses dont
une est le statu quo.
M. Rocheleau: Oui, mais on continue à la page suivante, et
je ne veux pas que cela devienne un dialogue de sourds: Bien que les MRC ne
soient qu'à leurs premiers pas en tant que structure administrative
régionale, il se peut que certaines d'entre elles soient
déjà à présent disposées à prendre en
charge le taxi. Ce à quoi j'en viens, M. le Président, c'est que
l'ensemble des municipalités régionales de comté, par la
bouche de leur président, l'Union des municipalités, l'Union des
conseils de comté demandent déjà, depuis l'adoption de la
loi 125, un moratoire sur l'ensemble des responsabilités qui pourraient
être dévolues aux MRC. Le premier rôle qu'on leur a
confié, et je pense que c'est incontestable, c'est la préparation
d'un schéma d'aménagement sur lequel toutes les
municipalités sont en accord.
Par contre, pour d'autres responsabilités futures, je pense qu'il
faudrait davantage respecter les municipalités. Je comprends que le
gouvernement, actuellement, comme on dit en anglais, tente de passer le "buck",
tente de passer aux autres certaines responsabilités. Si encore
c'étaient des responsabilités, mais ce sont beaucoup plus des
attributions de tâches pour lesquelles il y a des coûts. Dans le
mémoire de l'Union des municipalités, à la page 20, on
écrit, dans le dernier paragraphe en bas: Somme toute, on
reconnaît que le livre blanc assure à chacun des intervenants la
pérennité de leurs pouvoirs à l'exception que l'on confie
à
l'instance locale le soin de voir à l'application des
règles édictées. Or, une telle décentralisation des
comptes à payer ne peut pas recevoir notre approbation.
Si on examine l'industrie du taxi au Québec, elle va relativement
bien à l'exception de certains endroits, particulièrement
à Montréal. Ils ont des problèmes très particuliers
qui sont assez faciles à définir. Je pense qu'on les a
touchés hier, la question des assurances, le "no fault", le coût
de l'essence qui, avec la taxe Parizeau, la taxe ascenseur de 40%, leur a fait
terriblement mal et aussi la question du nombre de taxis dans certaines
agglomérations où il semble y avoir un nombre qui dépasse
les normes acceptables. Mais j'aimerais vous l'entendre dire, M. le
président - parce que le ministre a semblé dire tantôt que
vous partagez les mêmes opinions sur l'ensemble de la politique que
voudrait énoncer le gouvernement - et j'aimerais possiblement...
M. Clair: Lui faire dire le contraire.
M. Rocheleau: ...vous entendre conclure que...
M. Clair: Lui faire dire le contraire.
M. Rocheleau: Non, non, pas nécessairement lui faire dire
le contraire. Le mémoire ne contient pas du tout ce que vous dites, M.
le ministre, mais vous pensez que l'Union des municipalités partage
votre opinion. J'aimerais entendre le président là-dessus, parce
qu'on l'a entendu à plusieurs occasions dans des rencontres
régionales où l'Union des municipalités comme l'Union des
conseils de comté demandent un moratoire. Ils ne veulent plus se faire
donner des responsabilités pour lesquelles l'aspect financier n'est pas
considéré. J'aimerais peut-être entendre le
président là-dessus, et d'une façon très claire. Je
pense qu'il a été très clair tantôt, mais j'aimerais
peut-être l'entendre répéter.
M. Dufour: Je pense bien, pour répondre à votre
question, qu'on a un communiqué qui synthétise beaucoup plus
notre mémoire et notre prise de position. Je pense que je le lirais et
que cela répondrait possiblement à vos interrogations: "L'Union
des municipalités du Québec estime que le livre blanc sur
l'industrie du taxi devrait faire l'objet d'une étude plus approfondie,
notamment en ce qui a trait au coût des réformes projetées
par le ministre québécois des Transports, M. Michel Clair. C'est
ce qui ressort de notre mémoire. Dans ce document, notre organisme
rappelle que le projet du ministre Clair prétend accorder de nouvelles
responsabilités aux gouvernements locaux concernant l'application des
contrôles dans le secteur du taxi. L'union tient à
réaffirmer le principe établi lors de la réforme de la
fiscalité municipale voulant que toute tâche additionnelle
confiée aux municipalités soit assortie d'une compensation
financière correspondante. Ainsi, pour l'union, avant de procéder
à une redistribution des tâches dans le secteur du taxi, le
gouvernement provincial et les représentants du monde municipal
devraient s'asseoir ensemble afin d'examiner l'impact financier du projet de
réforme. Par ailleurs, l'union s'estime satisfaite de l'actuel partage
des compétences en matière de taxi et demande au gouvernement du
Québec de maintenir le statu quo à cet égard. C'est au
niveau de la gestion du taxi que des modifications devraient être
apportées et une plus grande ouverture quant à l'utilisation du
taxi pourrait, en effet, permettre aux municipalités de répondre
plus adéquatement à certains besoins particuliers en
matière de transport collectif. "Par ailleurs, selon l'union, le projet
du ministre comporte certains chevauchements dans la définition des
compétences des gouvernement provincial et locaux. L'Union des
municipalités constate en outre que la politique touchant le secteur du
taxi fait suite au dépôt d'autres propositions gouvernementales en
matière de transport de personnes, soit la réforme du transport
scolaire en octobre 1981 et celle du transport en commun dans la région
de Montréal en juin 1982. L'union déplore que le ministre des
Transports continue d'apporter des modifications sectorielles au lieu
d'examiner la question du transport urbain dans son ensemble. Or, peut-on lire
dans le mémoire, le taxi comme option au transport en commun
conventionnel ne peut être isolé de la problématique du
transport urbain. Dans cette perspective, l'union recommande que le
débat soit élargi à la définition d'une politique
d'ensemble sur les modes alternatifs au transport collectif conventionnel."
Je pense qu'à ce moment-là, on donne pas mal toute notre
idée, la plus synthétisée possible, en disant: C'est le
statu quo. On dit: Si vous voulez aller plus loin, il faut s'asseoir ensemble.
II n'y a pas de transferts et il n'y a pas d'argent, et on ne veut pas non plus
avoir seulement l'application, sans avoir notre mot à dire aussi au
niveau des normes.
M. Rocheleau: M. le Président, c'est exactement ce que
j'avais compris à la suite de la lecture du mémoire. Mais je
considère que le ministre ne semble pas avoir compris tout à fait
la même chose. En tout cas, c'est sûrement de bonne guerre. Il
tente de passer des responsabilités à quelqu'un sans pour autant
y mettre l'argent...
M. Clair: Les pouvoirs.
M. Rocheleau: ...ou les pouvoirs. Les pouvoirs, cela se
définit de bien des façons. C'est un transfert d'attributions de
tâches que je constate à la lecture de tous les mémoires,
et à moins que seul le ministre n'ait le pas et que tous les
intervenants jusqu'à maintenant n'aient mal compris les orientations que
semble vouloir donner le ministre des Transports aux avenues du taxi... Mais
j'aimerais poser une question au ministre. (11 h 15)
Le Président (M. Brouillet): Ce sera la dernière,
n'est-ce pas?
M. Rocheleau: Écoutez, c'est malheureux que j'aie toujours
à parler le dernier, mais on semble toujours couper quelques minutes au
temps alloué à l'Opposition, M. le Président, j'ai
été le seul à intervenir jusqu'à maintenant...
M. Clair: À cause de l'heure!
M. Rocheleau: ...le ministre avait sûrement plusieurs
questions intéressantes à poser, mais je ne voudrais quand
même pas qu'on soit toujours limité.
Tantôt, quand j'ai mentionné l'article du Soleil, à
savoir que le gouvernement du Québec se préparait à abolir
des organismes, est-ce que j'ai bien compris que le ministre a dit que
c'était faux?
M. Clair: L'article que le député citait mentionne
d'abord l'abolition du service d'inspection au ministère des Transports.
Là-dessus, c'est de notoriété publique que le gouvernement
est en train de revoir le râle et la façon de fonctionner de ce
service d'inspection. L'article parlait de l'abolir, c'est purement
inexact.
Quant à la possibilité de donner à des
municipalités régionales de comté certains pouvoirs avec
les budgets en matière d'entretien ou de construction du réseau
routier secondaire, si ma mémoire est fidèle, il y a trois
municipalités régionales de comté qui insistent
actuellement auprès du ministre des Transports pour vivre des
expériences dans ce domaine. Il y en a une avec qui on a accepté
de commencer à travailler afin de voir comment cela pourrait
fonctionner, parce que les MRC ne sont pas unanimes là-dessus. Nous
n'avons pas d'objection à examiner le fonctionnement, dans un ou deux
cas, sans non plus nous engager. Dans certains cas, certaines
municipalités régionales de comté prétendent
qu'elles pourraient faire mieux avec l'argent dont on dispose pour les budgets
d'entretien ou de construction. On veut bien examiner cela avec elles et voir
si c'est possible, mais, par contre, nous ne sommes pas
intéressés à payer plus. S'il y a moyen de faire plus avec
les mêmes sommes, je suis toujours disposé à en parler,
mais il n'est pas question d'imposer cela à des municipalités
régionales de comté, parce qu'au ministère,
nous-mêmes, nous craignons que les MRC soient déçues de ce
qu'elles peuvent faire de plus avec les mêmes sommes. Mais, dans un
état d'ouverture d'esprit, nous avons accepté de recevoir des
demandes qui nous sont venues; on ne les a pas suscitées. Si ma
mémoire est fidèle, il y en a une dans la Matapédia, une
autre dans la Beauce et une troisième... Mais ce n'est pas une politique
générale, ce sont des expériences pilotes qui pourraient
être enclenchées à la demande de certaines
municipalités régionales de comté.
M. Rocheleau: M. le Président, comme dernière
question, le ministre pourrait-il nous affirmer si, dans le sens d'un projet
pilote, une municipalité régionale de comté souhaitait en
faire l'expérience, il y aurait des compensations financières
équivalentes aux coûts que la MRC va devoir défrayer pour
le fonctionnement de ce projet pilote?
M. Clair: Je peux faire mieux que cela, je peux vous faire
parvenir tout l'échange de lettres entre les deux ou trois MRC. Je peux
vous montrer le dossier et vous allez voir qu'il n'y a rien à cacher. On
suit cela de très près, comme je vous le disais, il y a une
équipe qui travaille en Matapédia, une autre dans la Beauce, et
une troisième dont le nom m'échappe.
M. Rocheleau: Est-ce que l'échange de lettres traite des
compensations financières?
M. Clair: C'est évident. Ce qu'elles veulent faire, c'est
administrer notre budget. Alors, la question est de savoir si, avec le
même budget à administrer, elles peuvent faire mieux. Ce à
quoi je dis: Je n'ai aucune objection, à condition qu'effectivement vous
fassiez mieux. Si cela nous coûte plus cher en fin de compte, nous ne
sommes pas intéressés. Si, avec le même budget, vous pensez
que vous pouvez faire mieux, je suis prêt à en discuter.
M. Rocheleau: Sûrement, il y en a d'autres qui pensent
pouvoir faire mieux que le gouvernement dans ses dépenses et dans son
budget actuel. Cela confirme...
M. Clair: En matière de voirie, vous savez, c'est un
très vieux débat, ce n'est pas né avec nous.
Le Président (M. Brouillet): Alors...
M. Dufour: Cela m'amènerait presque à poser une
deuxième question au ministre. Est-ce que les municipalités
locales concourent à la demande de la MRC ou si
c'est la MRC seule qui fait cette demande?
M. Clair: Je pense que c'est unanime en ce qui concerne ces
municipalités. En particulier, dans la Matapédia, c'est unanime
de la part des conseils des municipalités. Je me souviens d'avoir
reçu des résolutions d'appui. Est-ce que toutes les
municipalités étaient représentées? Il me semble en
tout cas que c'était à l'unanimité.
Juste un mot pour terminer, simplement pour assurer l'Union des
municipalités du Québec que l'interprétation du rôle
qu'elle souhaite jouer en matière de transport des personnes et plus
spécifiquement dans le taxi, c'est-à-dire avoir une approche
globale du transport des personnes dans les municipalités, c'est
exactement ce à quoi on travaille présentement. C'est pourquoi,
par exemple, dans le transport scolaire, nous avons décloisonné
ce secteur. Déjà, plusieurs demandes sont à l'analyse.
Dans ce sens, je pense que, même si cela avait pu être souhaitable
d'avoir un grand projet global de réforme du transport des personnes
pour l'ensemble des municipalités au Québec, il nous est apparu
quant à nous plus réaliste d'essayer d'approcher cela bloc par
bloc, mais avec une vision d'ensemble cependant; c'est l'intégration des
différents modes de transport des personnes sur le plan du transport
local.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Nous
remercions les représentants de l'Union des municipalités. Nous
allons maintenant entendre les représentants de l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec.
Je demanderais au porte-parole de s'identifier et de nous
présenter la personne qui l'accompagne.
Union des municipalités
régionales
de comté et des municipalités
locales du Québec
M. Moreau (Jean-Marie): M. le Président, mon nom est
Jean-Marie Moreau. Je suis président de l'Union des municipalités
régionales de comté et des municipalités locales du
Québec. Ma partenaire est Me Gaétane Martel, qui est directeur
général de l'Union des municipalités régionales de
comté.
Avant de commencer la lecture de ce document, je voudrais dire qu'en ce
qui me concerne et en ce qui concerne l'Union des municipalités
régionales de comté, on n'a pas autorité pour parler au
nom de l'ensemble des municipalités du Québec, mais des
municipalités que nous représentons. J'aimerais que ce soit
inscrit.
L'Union des municipalités régionales de comté et
des municipalités locales du Québec, Inc., remercie les membres
de la commission permanente des transports de lui donner l'occasion de lui
transmettre ses commentaires sur le nouveau programme de réforme
intitulé: De nouvelles avenues pour le taxi.
Nous sommes tous conscients que l'entreprise du taxi connaît
plusieurs problèmes actuellement. Il est important d'en identifier les
causes réelles et d'y apporter des solutions adéquates.
Nous attirons toutefois votre attention sur le fait que certains aspects
de la réforme proposée méritent des
éclaircissements pour nos élus municipaux.
Le gouvernement prépare la décentralisation depuis fort
longtemps. Le livre blanc sur la décentralisation, le fascicule 5 et
d'autres documents d'intention énoncent des politiques très
précises en matière de décentralisation et vont même
jusqu'à ébaucher des échéanciers.
Des déclarations récentes font état de
délégation de compétence aux municipalités
régionales de comté en matière de tourisme, de chasse et
de pêche, gestion forestière, affaires culturelles et beaucoup
d'autres. L'avènement de ces nouvelles corporations régionales
déclenche tout un processus de réflexion sur le partage des
pouvoirs entre les paliers locaux, régionaux et provinciaux.
Il faut mentionner que la notion de décentralisation est
équivoque. On la confond souvent avec celle de la
déconcentration.
Définissons donc ces deux termes.
Décentralisation: action par laquelle un pouvoir d'administration
publique, qu'il soit d'ordre politique ou administratif, et exercé par
une autorité centrale ou unique est remis à des autorités
locales ou régionales.
Déconcentration: système dans lequel le pouvoir de
décision est exercé par des agents et organismes locaux,
résidents sur place, nommés et non élus et soumis à
une autorité centrale.
Si l'on en juge par la réforme qui est proposée, le
gouvernement conserve seul l'autorité sur l'émission et
l'administration des permis de propriétaires de taxis.
Les municipalités auront pour tâche d'exécuter
certaines compétences purement administratives dont le ministère
des Transports souhaite se départir.
Comme le mentionne si bien le projet de réforme, De nouvelles
avenues pour le taxi, le gouvernement conservera les aspects positifs acquis de
la décentralisation.
Le financement: L'une des principales questions qui émergent de
toute cette réforme demeure le financement. La fiscalité est le
principal outil de toute municipalité. Il semble impossible de discuter
de décentralisation des pouvoirs sans, par la même occasion,
traiter de fiscalité.
De quelle manière peut-on envisager ce financement? Le projet de
réforme stipule que le ministère des Transports mettra à
la
disposition des municipalités qui désirent réaliser
des projets de taxi collectifs une somme de 300 000 $. Quelle sera la
durée de cette subvention? Quelle formule sera utilisée pour
appliquer cette subvention?
Selon la réforme, les modes de tarification actuellement en
vigueur demeureront les mêmes jusqu'à ce que les autorités
locales décident de les modifier suivant la législation
gouvernementale. Il va sans dire que l'autonomie de la municipalité sur
la tarification est presque anéantie.
La réforme énonce que les municipalités desservies
par le transport en taxi devront, par le biais de leur police locale, faire
respecter la réglementation en ce domaine. Un problème se pose
dans les municipalités où il n'y a pas de corps policier. Si l'on
se réfère au programme de réforme, les petites
municipalités de 5000 habitants et moins, donc non assujetties à
la Loi de police, devront, dans les circonstances, conclure une entente avec
une municipalité voisine. Dans le contexte économique actuel, il
serait inconcevable qu'une municipalité soit obligée
d'établir une protection policière uniquement pour faire
respecter une réglementation concernant le transport par taxi.
Le programme de réforme propose des solutions pour le transfert
de la compétence en matière de transport par taxi.
Premièrement, la responsabilité est confiée à la
municipalité régionale de comté. Deuxièmement, la
responsabilité est confiée aux municipalités desservies.
Troisièmement, conserver le statu quo. Point n'est besoin de vous dire
que notre organisme favorise le troisième énoncé.
La loi 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme a
créé la municipalité régionale de comté dans
un but très précis. Ces nouvelles structures doivent
confectionner un schéma d'aménagement à l'intérieur
d'un délai prescrit par la loi. Il serait sage de laisser les
municipalités régionales de comté terminer la tâche
pour laquelle elles ont été créées avant de leur
confier de nouvelles responsabilités.
En conclusion, M. le Président, il est évident qu'il
subsiste certains malaises au sein de l'entreprise du taxi au Québec.
Plusieurs facteurs sont susceptibles d'en être la cause. L'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec Inc. est prête à
collaborer avec les différents intervenants gouvernementaux afin
d'améliorer la situation actuelle. Mais notre organisme s'oppose
formellement à quelque transfert que ce soit de compétence de
transport par taxi vers les municipalités régionales ou
locales.
Comment concevoir qu'une structure nouvellement créée
s'occupera de schéma d'aménagement, d'évaluation, de cours
d'eau, de gestion de déchets et, en plus, de l'entreprise du taxi?
Nous sommes justifiés de demander qu'aucun pouvoir ne soit
transféré d'un palier de gouvernement à un autre avant
l'issue de la conférence provinciale-municipale sur la
décentralisation.
Vous nous permettrez sans doute de vous transmettre, le cas
échéant, d'autres considérations sur ce projet de
réforme de l'entreprise du taxi à mesure que nos membres nous
feront parvenir leurs commentaires à ce sujet. Là-dessus, M. le
Président, je dois vous dire que nous n'avons pas reçu tous les
commentaires de toutes les MRC du Québec, mais cela devrait se terminer
vers la fin du mois de février. Nous espérons pouvoir compiler
cette documentation et vous la remettre à ce moment-là.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre. (11 h
30)
M. Clair: M. le Président, d'abord, deux commentaires. Un,
que j'ai déjà fait tantôt, concerne le transfert de
compétence, de la gestion et du contrôle de transport par taxi
vers les municipalités régionales de comté. J'insiste
encore là-dessus. Cela ne concerne qu'à peu près 16% des
permis de taxi actuellement. De notre point de vue, ce n'est pas le
problème le plus urgent puisqu'il s'agit surtout de permis de transport
par taxi, dit taxi régional, les TR. Dans ce sens-là, les trois
hypothèses évoquées, qui étaient dans le programme
d'action, dont l'une est le statu quo, sont envisagées sur un même
pied. Encore une fois, il n'est aucunement question de forcer les MRC à
exercer un nouveau pouvoir alors qu'on reconnaît nous-mêmes
qu'elles ne seraient pas prêtes à l'exercer présentement.
On a simplement évoqué cette dimension pour que tout le monde
soit conscient que, quelque mesure qu'on envisage dans le domaine du taxi, il y
a un problème de découpage des MRC par rapport au
découpage des agglomérations de taxi en province et des permis de
taxi régionaux.
Le deuxième commentaire concerne le financement non seulement de
l'hypothèse que nous avons mise de l'avant, mais de l'offre que nous
faisons de consacrer un montant pouvant aller jusqu'à 300 000 $ pour des
expériences de taxi collectif. L'objectif, ce n'est pas d'avoir 300 000
$ pour financer un déficit d'exploitation dans le domaine du taxi. Ce
qu'on s'est dit simplement - déjà, la ville de Laval nous a fait
parvenir une demande dans ce sens-là ainsi que la Commission de
transport de Laval - c'est la possibilité, si on veut, d'initier un
certain nombre de projets de taxi collectif. Cela va prendre des études
opportunes pour vivre les premières expériences. Ce qu'on s'est
dit, là-dessus,
c'est qu'on serait prêt à contribuer au financement de
certaines de ces études pour voir, dans un premier temps, quelles
seraient les possibilités réelles.
Quant au coût de financement en général, qu'est-ce
que cela a coûté aux municipalités locales jusqu'à
présent, maintenant qu'elles ont le pouvoir d'autoriser un transporteur
scolaire à organiser un transport en commun d'appoint? Réponse:
Cela n'a rien coûté, parce que c'est un pouvoir décisionnel
et le conseil municipal éclairé par ses permanents, ses
fonctionnaires, peut, dans le cadre normal de ses activités, sans
ajouter de poids financier, prendre une décision à ce sujet. De
la même façon qu'une décision, par un conseil municipal,
d'autoriser sa corporation municipale de transport à transiger avec des
taxis pour faire du taxi collectif, cela ne coûte rien. Il n'y a pas de
coût rattaché à cela. C'est simplement un pouvoir
décisionnel. Dans ce sens-là, on ne vise nullement à
envoyer des factures à qui que ce soit, mais des pouvoirs. Si c'est vrai
que le taxi est un outil de transport des personnes, il doit être comme
tel et il nous apparaît que, puisque les municipalités locales
revendiquent justement le pouvoir, la responsabilité en matière
de transport local des personnes, ce n'est que normal qu'elles puissent exercer
des pouvoirs de gestion en matière de transport par taxi.
Voilà pour les deux commentaires. Ceci dit, M. le
Président, j'ai l'habitude d'être franc et je vous dirai que
j'espère que l'Union des municipalités régionales de
comté va être ouverte, ne serait-ce, dans un premier temps,
qu'à nous entendre, qu'à recevoir les gens qui ont
travaillé avec moi à la préparation de ce document, parce
qu'il me semble que la lecture du document de votre mémoire
révèle une très mauvaise connaissance - je dois le dire,
parce que je le pense - de ce que nous proposons. Je relève seulement
une phrase: "Mais notre organisme s'oppose formellement à quelque
transfert que ce soit de compétence de transport par taxi vers les
municipalités régionales - j'ai dit ce qu'il en était - ou
locales." À ce moment-là, je dis: De deux choses l'une. L'Union
des municipalités régionales de comté et l'Union des
municipalités du Québec représentent quand même le
même monde. Quant à la définition de la
problématique, l'Union des municipalités du Québec
souhaite que le transport par taxi soit considéré comme un mode
de transport des personnes et qu'elle puisse en assumer la gestion. Or, l'Union
des municipalités régionales de comté dit: On s'oppose
formellement à quelque transfert que ce soit de compétence de
transport par taxi vers les municipalités locales. J'ai de la
difficulté à concilier les deux points de vue et il me semble
que, compte tenu que vous représentez, somme toute, finalement, les
mêmes entités, ce n'est pas une approche -je le dis comme je le
pense - très dynamique. C'est simplement de dire: Non, on ne veut rien
savoir, sans même avoir pris le temps de prendre connaissance de ce qui
peut s'offrir comme possibilités justement en matière de
technique douce de transport. Nous savons tous que le transport en commun
coûte très cher. Vous voulez que cela coûte moins cher; nous
aussi. Mais demander au ministère des Transports du Québec
d'aller organiser, à Drummondville par exemple, un service de transport
par taxi collectif, il m'apparaît que cela peut difficilement se faire,
d'un point de vue central, que le niveau décisionnel le plus apte
à gérer justement le taxi collectif, c'est le niveau local. Comme
je le disais tantôt, en ayant à l'idée le problème
de taxi régional, c'est une tout autre affaire qui ne concerne que 16%
à peu près des permis. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Comment conciliez-vous cela? Vous représentez le même monde. Vous,
vous dites: On ne veut aucun transfert de compétences. Par contre,
l'Union des municipalités du Québec voudrait que le taxi soit
inclus dans la problématique globale du transport des personnes.
M. Moreau: Voici. On n'a pas dit: On ne veut pas absolument dans
le temps qu'il n'y ait pas de transferts. On dit: On ne veut d'aucun transfert
de pouvoirs. Et c'est aussi vrai dans le domaine du transport que dans tous les
autres domaines qu'on veut confier aux municipalités tant et aussi
longtemps qu'il n'y aura pas eu une conférence provinciale-municipale
sur la décentralisation. On ne veut pas se faire passer de la
décentralisation goutte à goutte. Notre principe n'est pas qu'on
ne veut pas gérer le taxi, pas du tout. Mais chaque fois que le
gouvernement va transférer les pouvoirs aux municipalités
régionales de comté comme aux municipalités locales, il va
le faire sans donner des subventions.
Je voudrais relever justement, une conversation qui s'est faite, tout
à l'heure, entre le président de l'UMQ et les parlementaires qui
sont ici présents. On parlait de l'expérience qu'on fait dans
certaines MRC avec la voirie régionale. Cela va à l'encontre du
consensus gouvernement-municipalités, à savoir que chaque fois
qu'un nouveau pouvoir va être transféré, ce ne sont pas des
subventions statutaires ou spécialisées, des subventions
particulières, ce sont des avenues fiscales distinctes et autonomes.
C'est cela qu'on a demandé, c'est cela, le consensus. Là, ils ne
s'attaquent pas au principe en disant: Nous autres, on va gérer les
taxis. Pas du tout. Mais tant et aussi longtemps que le gouvernement et les
municipalités ne se seront pas assis ensemble pour déterminer ce
qu'on doit décentraliser,
ce qu'on peut décentraliser et ce qu'on veut décentraliser
et le coût de la décentralisation, j'estime que c'est
prématuré de le faire. Je ne parle pas là en mon nom
personnel. Je parle au nom d'une vingtaine de MRC qui nous ont envoyé
des mémoires dans le sens de celui-là. C'est aussi simple que
cela. Moi je ne viens pas ici comme Jean-Marie Moreau. Je viens ici comme le
président des MRC du Québec, pas plus que cela.
Mme Martel (Gaétane): Je pourrais peut-être ajouter,
M. Clair, qu'on a reçu jusqu'à maintenant peut-être une
trentaine de résolutions des MRC mentionnant qu'elles ne veulent pas se
prononcer sur le programme comme tel tant et aussi longtemps qu'une
conférence municipale-provinciale sur la décentralisation n'aura
pas lieu. Ce sont les réponses qu'on a eues et on vous mentionne cela
dans ce sens. C'est une résolution de notre dernier congrès
annuel qui dit qu'aucun pouvoir ne doit être transféré,
concernant les niveaux régional ou local, tant et aussi longtemps que la
conférence municipale-provinciale n'aura pas eu lieu. Elle va avoir lieu
à l'automne. D'ici là, aucun transfert de pouvoir, à
quelque palier que ce soit. C'est dans ce sens que le mémoire a
été fait.
M. Moreau: Nous autres, on n'attaque pas le principe de la
responsabilité. Pas du tout.
M. Clair: Je pense que vous allez admettre que le mémoire
reflète davantage une position de principe qu'une analyse du contenu de
la proposition.
Mme Martel: C'est plus à cet effet qu'il a
été fait. On a consulté toutes les municipalités
régionales de comté jusqu'à maintenant. On a eu une
trentaine de réponses écrites, beaucoup de conversations
téléphoniques nous disant qu'elles vont nous envoyer leurs
mémoires. Et les commentaires, comme je le mentionnais, sont qu'on ne
veut pas prendre position actuellement tant et aussi longtemps que la
conférence n'aura pas lieu. Nous, c'est une résolution du
congrès général. Il est fait de façon
générale sans entrer spécifiquement dans les
propositions.
M. Clair: Je dois dire, là, que nous avons fait un effort
d'information auprès des différents organismes: commissions de
transport, communautés urbaines, pour essayer de faire une
présentation. Avec l'Union des municipalités du Québec et
l'Union des conseils de comté, je comprends qu'il y avait une
période transitoire qui n'était pas facile, mais quant à
nous, nous aurions aimé avoir l'occasion de vous expliquer davantage le
contenu de la proposition afin de s'assurer que tout le monde parle de la
même chose. Je comprends que cela voudrait dire que, dans un temps
à déterminer, l'Union des municipalités régionales
de comté pourrait être ouverte à ce qu'une
présentation soit faite pour dire: Voici ce qu'on propose, quels sont
vos commentaires là-dessus?
M. Moreau: Très bien.
M. Clair: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Cela confirme... Ma
position est relativement la même que celle de l'Union des
municipalités et celle de l'Opposition aussi qui, au mois de juin 1982,
recommandait au gouvernement, plus particulièrement au ministère
des Affaires municipales, un moratoire sur les responsabilités que les
municipalités régionales de comté pourraient
éventuellement avoir, tenant compte du fait que cela impliquait une
nouvelle forme de fiscalité pour laquelle les municipalités ne
connaissaient pas encore les avenues que le gouvernement allait énoncer.
Dans ce sens, je pense comprendre l'ensemble des municipalités du
Québec qui ne veulent pas pour autant se faire imposer de nouvelles
responsabilités avant même de connaître l'efficacité
du premier mandat qui leur a été confié,
c'est-à-dire la préparation d'un schéma
d'aménagement dans leurs municipalités régionales de
comté respectives. Tenant compte du fait aussi qu'il y a quelques
semaines le ministre des Affaires municipales semblait dire que cela allait
pour le mieux dans le meilleur des mondes dans la création des
municipalités régionales de comté, nous en avons
rencontré plusieurs depuis quelques mois. Dans plusieurs cas, on ne
s'est pas encore entendu sur la délimitation territoriale d'une
municipalité régionale de comté, et on a vu dans plusieurs
cas l'imposition par le ministère des Affaires municipales d'une
délimitation. Une fois les municipalités régionales de
comté créées, elles ont un premier mandat, soit
d'établir un schéma d'aménagement. Il y aura
sûrement la conférence provinciale-municipale qui permettra
peut-être une évolution plus approfondie dans les
responsabilités qui pourront être dévolues à ce
moment-là, tenant compte des transferts de fiscalité qui pourront
se joindre à ces nouvelles responsabilités. Je pense que les deux
unions, dans ce sens, ne ferment pas la porte, mais veulent suivre le processus
normal de la création des municipalités régionales de
comté. Peut-être que M. le président pourrait simplement me
confirmer si c'est
cela, en fait, par étapes, et, une fois les étapes
franchies, on verra s'il y a autre chose à faire.
M. Moreau: Je pense bien, M. le Président, si vous me
permettez seulement une intervention, que l'implantation et l'étude du
schéma d'aménagement, c'est déjà une
procédure très compliquée, très complexe,
très difficile et qui, dans certaines régions, va provoquer aussi
des déchirements. Je ne pense pas que ce soit le temps - à mon
sens, remarquez bien, bien humblement - d'arriver avec de nouvelles
responsabilités, de créer des responsabilités et
d'établir une certaine anarchie dans l'administration immédiate
au niveau régional. Je pense que c'est bien important. Quand on parle -
si vous me permettez, bien humblement, ce n'était pas dans le sens de
tirer sur qui que ce soit - des MRC - et je dis cela au nom des MRC, des
municipalités que je représente, qui demandent des
responsabilités et des projets pilotes - je vous dirai que ces gens
n'aident pas - vous pourrez le leur dire aussi - le consensus qui a
été établi par toutes les municipalités du
Québec, à savoir qu'il n'y aurait pas de nouvelles
responsabilités sans de nouvelles avenues fiscales distinctes et
autonomes. Mais là, on veut administrer un budget du gouvernement.
Où est l'autonomie là-dedans? Il n'y en a pas. Malheureusement,
il n'y en a pas et il n'y en aura pas si cela reste ainsi. Il est essentiel, si
on veut vraiment que les municipalités soient autre chose que des
coupeuses de ruban, des percepteurs de l'État et des gens qui jouent un
rôle symbolique, qu'on leur accorde, autant que faire se peut, parce que
les municipalités, ce sont tout de même les créatures des
gouvernements des provinces, je le spécifie bien
particulièrement, et, à ce moment, c'est bien clair qu'il y a une
certaine allégeance des municipalités vis-à-vis du
gouvernement, mais, si on parle d'autonomie, si on parle de démocratie
locale, il est essentiel que, quand les municipalités assumeront des
pouvoirs, elles aient aussi des avenues de financement autonome; c'est
très important.
Le Président (M. Brouillet): Très bien,
alors...
M. Rocheleau: II y avait un autre point relativement important
qui était inscrit dans le mémoire, à la page 4: la
surveillance des règlements. Vous avez mentionné tantôt
que, si on se réfère au programme de réforme, les petites
municipalités de 5000 habitants et moins - donc non assujetties à
la loi 48 sur la police - devront, dans les circonstances, conclure une entente
avec une municipalité voisine. Est-ce que l'intervention que l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec a faite auprès du
ministère de la Justice a été reçue, accueillie et
considérée jusqu'à maintenant?
M. Moreau: II y a eu un colloque qui a été tenu il
y a environ quinze jours et il y a un comité qui est formé
présentement, mais dont la prochaine assemblée aura lieu samedi
prochain. Alors, il n'y a pas encore eu d'échanges directs avec le
ministre; j'espère qu'il y en aura, et de bons.
Le Président (M. Brouillet): Pour terminer, M. le
ministre.
M. Clair: Une toute dernière question que d'ailleurs
j'aurais aimé poser au président de l'UMQ tantôt et que
j'ai oubliée.
En conclusion du mémoire de l'Union des municipalités
régionales de comté, on dit: "II est évident qu'il
subsiste certains malaises au sein de l'entreprise du taxi au Québec."
C'est un constat. Par ailleurs, je pense que tout le monde s'entend pour dire
que le taxi c'est du transport local, très majoritairement, et que, en
conséquence, au moins une partie sinon la totalité des pouvoirs
de gestion doit appartenir aux autorités locales.
En attendant la conférence provinciale-municipale sur la
décentralisation, on va continuer à travailler quant à
nous. Si vous constatez qu'il y a un problème dans le taxi nous on le
constate aussi - si vous constatez qu'il y a une partie de la gestion du
transport par taxi qui est de responsabilité municipale, va-t-on pouvoir
compter sur l'appui de l'Union des municipalités régionales de
comté pour nous aider à résoudre ces problèmes dans
la mesure des responsabilités qu'elle considérera les siennes en
matière de transport des personnes?
M. Moreau: M. le Président, ce n'est peut-être pas
mentionné dans notre mémoire, mais, implicitement l'Union des
municipalités régionales de comté, comme l'ancienne Union
des conseils de comté du Québec, a toujours collaboré avec
le gouvernement pour autant que les intérêts de chacun
étaient protégés. Cela demeure encore notre ligne de
conduite.
M. Clair: Je vous remercie. M. le Président, je veux tout
simplement terminer en remerciant M. Moreau et la dame qui l'accompagne
d'être venus répondre à nos questions ce matin et nous
présenter leur mémoire.
M. Moreau: Merci.
Le Président (M. Brouillet): Merci bien, monsieur.
Maintenant, nous allons entendre les
représentants du Rassemblement des citoyens et citoyennes de
Montréal.
M. Bissonnet: Je pense qu'ils ne sont pas là, à
cause du mauvais temps. On pourrait peut-être passer au mémoire
suivant et les rappeler par la suite.
Le Président (M. Brouillet): Effectivement, ils ne sont
pas là. Alors, nous allons...
M. Bissonnet: M. le Président... Le Président
(M. Brouillet): Oui.
M. Bissonnet: ...allez-vous rappeler le rassemblement dans une
phase ultérieure de la journée?
Le Président (M. Brouillet): Oui. M. Bissonnet:
Parfait. M. Clair: Aujourd'hui?
Le Président (M. Brouillet): Oui, aujourd'hui, nous allons
essayer de...
M. Bissonnet: C'est à cause du temps, mais ils sont
probablement en route.
M. Clair: Probablement.
Le Président (M. Brouillet): Nous allons passer au
mémoire suivant; nous allons entendre les représentants de la
Ligue de taxis de Sorel. Je demande au représentant de bien vouloir
s'identifier, s'il vous plaît.
Ligue de taxis de Sorel
M. Saint-Jacques (Marcel): M. le Président, mon nom est
Marcel Saint-Jacques, président de la Ligue de taxis de Sorel.
Notre mémoire n'est pas tellement long. Voici quelques
suggestions:
Premièrement, service aux compagnies, avec contrat, pour voyages
à l'extérieur dans n'importe quelle agglomération de la
province. Par exemple, pour la compagnie qui nous a octroyé le contrat,
prendre des clients dans une agglomération autre que la nôtre pour
les conduire dans une autre agglomération.
Deuxièmement, dans l'agglomération A-16, nous demandons
que le tarif de taxi ne soit pas changé pour au moins deux ans.
Troisièmement, faire respecter les tarifs établis par la
Commission des transports, c'est-à-dire le compteur dans
l'agglomération et le tarif établi de 0,60 $ le kilomètre
pour les voyages à l'extérieur.
Quatrièmement, abolition du péage à certaines
compagnies pour l'obtention de concessions.
Cinquièmement, possibilité de faire diminuer le taux des
primes d'assurances dans notre agglomération où il y a
très peu d'accidents, comparativement à d'autres villes. C'est
tout, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. C'est
précis et concis. Je pense que le ministre aurait peut-être
quelques questions à vous poser.
M. Clair: Oui. Je voudrais remercier le président de la
Ligue de taxis de Sorel, A-16, d'être venu nous faire part de certaines
suggestions concernant le domaine du taxi.
J'aurais une question à poser concernant le troisième
point que vous évoquez: possibilité que nous avons pour faire
respecter les tarifs établis par la Commission des transports,
c'est-à-dire le compteur en agglomération et tarif établi
à 0,60 $ le kilomètre pour les voyages à
l'extérieur. Je dois vous avouer que je ne comprends pas très
bien le sens de cette suggestion ou de cette demande. Que proposez-vous
là-dessus?
M. Saint-Jacques: Nous avons deux compagnies et il y en a qui ont
des tarifs en bas du taux régulier, c'est-à-dire qu'au lieu de
vérifier si c'est 0,60 $ le kilomètre, ils vont partir plus bas.
Je ne sais pas si c'est à l'encontre du règlement, ce
système. C'est établi à 0,60 $ le kilomètre pour
les voyages extérieurs.
M. Clair: II y aurait non respect de la tarification dans
certains cas. Maintenant, au premier point, vous demandez la possibilité
pour l'association de services, de prendre des clients dans une
agglomération autre que la vôtre pour les conduire dans une autre
agglomération. Est-ce basé sur une expérience vécue
présentement? Quel est le sens exact de cette demande?
M. Saint-Jacques: Cela a déjà été
fait. C'est contre la loi un peu. Si c'est possible de l'organiser autrement.
Je ne sais pas si le gouvernement peut résoudre le problème.
Présentement, je sais que nous ne pouvons pas prendre un client dans une
agglomération et le transférer dans une agglomération
autre que la nôtre.
M. Clair: À Sorel, il n'y a qu'une agglomération de
taxis?
M. Saint-Jacques: Oui, c'est A-16.
M. Clair: C'est A-16. Je ne vois pas très bien le but de
votre demande de pouvoir prendre quelqu'un dans l'agglomération voisine,
est-ce parce que c'est loin?
M. Saint-Jacques: M. le ministre, si on
a un contrat avec une compagnie, qu'on s'en va à Ottawa ou
à Hull et que celle-ci nous donne un colis quelconque pour transporter
dans une autre agglomération que la nôtre, est-ce possible d'avoir
un règlement là-dessus?
M. Clair: Dans le fond, cela ne conduirait-il pas à
l'abolition des agglomérations purement et simplement, si tout le monde
peut prendre n'importe qui n'importe où et le conduire n'importe
où?
M. Saint-Jacques: C'est une demande qu'on suggère. Je ne
sais pas si c'est possible que cela se réalise.
M. Clair: Est-ce que l'objectif serait de pouvoir faire du
transport à contrat?
M. Saint-Jacques: Oui, c'est justement. C'est du transport
à contrat. C'est un peu ce qui est mentionné.
M. Clair: Vous en avez déjà fait à Sorel,
mais vous avez été arrêtés à cause de...
M. Saint-Jacques: II s'en est déjà fait à
Sorel...
M. Clair: Pardon?
M. Saint-Jacques: II s'en est peut-être déjà
fait à Sorel. Je ne veux pas m'embarquer dans n'importe quoi. Il semble
que cela se soit déjà fait et que des compagnies veulent le
faire.
M. Clair: Ce serait, quant à vous, une avenue
intéressante que de pouvoir ouvrir là-dessus.
M. Saint-Jacques: Oui, il me semble.
M. Clair: D'accord. C'est une des avenues qu'on propose pour
élargir le marché traditionnel, soit de pouvoir faire du taxi
à contrat. Maintenant, il faudra examiner encore plus attentivement le
sens de votre demande, à savoir si, pour le taxi à contrat, vous
pourriez solliciter même à l'extérieur de votre
agglomération. On va étudier cela attentivement.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je vous remercie pour le mémoire que vous
avez présenté à cette commission parlementaire. Quand vous
parlez de l'abolition du péage pour certaines concessions, est-ce que ce
sont des concessions gouvernementales ou des concessions privées,
accordées par des entreprises privées? Avez-vous, actuellement,
à la ligue A-16, des concessions?
M. Saint-Jacques: Oui, il y a quelques concessions privées
qu'on paie. Nous sommes deux compagnies à se lancer la balle. Chez nous,
il y a la compagnie Radio Taxi Royal Inc., et la Coop.
M. Bissonnet: Vous vous faites la lutte pour avoir des
concessions privées.
M. Saint-Jacques: Oui, c'est celui qui paie le plus et c'est un
"tiraillage".
M. Bissonnet: C'est surtout par téléphone et non
pas par stationnement à un poste. Ce sont des concessions qui appellent
directement à vos compagnies qui sont à Sorel.
M. Saint-Jacques: C'est cela.
M. Bissonnet: Quant à l'agglomération, si un client
vous appelle d'une autre agglomération que la zone A-16, je crois qu'ils
ont le droit d'y aller. C'est sur appel.
M. Clair: C'est le transport à contrat.
M. Bissonnet: Un transport à contrat, c'est autre chose.
Mais il faudrait regarder cet aspect. Évidemment, il faut respecter les
agglomérations.
Je n'ai pas d'autres questions. Merci.
Le Président (M. Brouillet): D'autres questions? Nous vous
remercions.
M. Saint-Jacques: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que la
Communauté urbaine de Montréal...
Une voix: Le Rassemblement des citoyens et citoyennes de
Montréal (RCM).
Le Président (M. Brouillet): Vous êtes les
représentants. Nous allons entendre les représentants du
Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal (RCM). Je
demanderais au porte-parole de s'identifier et de nous présenter la
personne qui l'accompagne.
RCM de Montréal
M. Doré (Jean): Avec plaisir, M. le Président. Je
m'appelle Jean Doré. Je suis président du Rassemblement des
citoyens et citoyennes de Montréal. M'accompagne, ce matin, M.
Jean-Robert Choquette, du Rassemblement des citoyens et citoyennes de
Montréal.
J'aimerais d'abord m'excuser de n'avoir
pu être à l'heure fixée, mais vous comprendrez que
les conditions de transport étant ce qu'elles sont, cela nous a pris
quatre heures et demie, par auto, pour nous rendre jusqu'ici. Peut-être
aurions-nous dû utiliser le transport en commun.
Cela dit, M. le Président, je voudrais dans un premier temps,
situer le cadre général du mémoire que nous
présentons ce matin en disant que, pour le Rassemblement des citoyens et
citoyennes de Montréal, le taxi n'est pas uniquement - je dis bien
uniquement - une question d'affaires ou une question à incidence
économique, mais c'est aussi - cela devrait être
considéré comme tel - un service public rendu par des
professionnels de transport collectif. Si bien que, quant à nous, la
dimension du transport collectif qui doit s'insérer dans l'étude
de la problématique du taxi nous apparaît importante. À cet
égard, la trame de fond du document préparé par le
ministère des Transports, voulant remettre certaines
responsabilités de contrôle de l'industrie du taxi aux
communautés locales ou régionales qui s'inscrivent aussi dans le
cadre de la réforme, de la décentralisation et du contrôle
par les élus locaux sur le transport collectif, nous semble être
une position qui réponde, à tout le moins pour ce qui est des
Montréalais et des Montréalaises, aux besoins de la région
de Montréal et, je pense, pour l'essentiel, aux besoins de l'ensemble
des citoyens du Québec.
Cela dit, le mémoire qu'on vous présente ce matin porte
plus particulièrement sur deux aspects qui nous intéressent et
qui s'inscrivent aussi dans la problématique qui apparaît au
document du ministère des Transports, soit de se préoccuper de la
rentabilité économique de l'industrie du taxi. À cet
égard, on porte plus particulièrement notre attention sur deux
avenues possibles pour rentabiliser l'industrie et mieux répondre
à la problématique du transport collectif. La première
est, bien sûr, l'utilisation du taxi comme moyen alternatif ou dans la
forme qu'on appelle généralement le taxi dit collectif, qui peut
devenir un complément utile aux services actuels d'autobus et de
métro. La deuxième est l'utilisation du taxi comme moyen de
transport adapté à certaines catégories de personnes
handicapées. (12 heures)
On connaît les difficultés, particulièrement dans la
région de Montréal, de l'industrie du taxi. Il nous
apparaît évident que les coûts sans cesse croissants de
l'achat des véhicules, les coûts de l'essence obligent de plus en
plus l'industrie à repenser ses modes traditionnels d'exploitation. En
ce sens, l'intégration du taxi aux services de transport en commun nous
semble susceptible d'apporter une vigueur nouvelle à cette industrie et
aussi d'améliorer sensiblement la qualité et
l'accessibilité du transport en commun, particulièrement dans les
situations suivantes: Je fais référence en particulier à
la page 5 de notre mémoire. Dans un premier temps, le taxi collectif
pourrait être utilisé à titre de complément aux
services d'autobus sur certains axes linéaires fixes. Il ne s'agit pas,
dans ce cas, de remplacer les services d'autobus déjà existants
sur ces axes, mais plutôt de réduire les besoins d'utilisation de
ces véhicules coûteux à opérer à
l'extérieur des heures de pointe. Cette expérience aurait
été tentée avec succès dans certaines villes de
l'Allemagne de l'Ouest, particulièrement des villes comme Francfort et
Hambourg, et, semble-t-il, avec un succès relativement certain.
La deuxième voie possible dans la problématique de
l'utilisation du taxi dans le domaine du transport collectif est l'utilisation
du taxi pour desservir de nouveaux circuits sur certaines rues, dans des
parties entières de quartier - évidemment, on parle de la
région de Montréal et de Montréal plus
particulièrement - qui sont à toutes fins utiles, mal ou peu
desservies actuellement. Les politiques de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal privilégient actuellement
le métro au détriment parfois de zones résidentielles
complètes. L'exemple de Westmount est à cet égard assez
significatif. Il n'y existe pratiquement plus de services sur les axes
nord-sud, mais essentiellement sur les axes est-ouest pour alimenter les
stations de métro.
Troisième voie possible, le taxi peut également être
un substitut à l'autobus dans des zones à densité faible
de population. On pense en particulier au West Island de Montréal, toute
la partie ouest de l'île. Le taxi pourrait alors servir à
transporter ces résidents vers les têtes de pont du métro,
avec correspondance. On pourrait éventuellement éviter ainsi de
mettre sur pied des circuits d'autobus qui sont trop dispendieux par rapport
à l'achalandage. On favoriserait du même coup l'utilisation du
transport en commun plutôt que du véhicule privé et on
décongestionnerait d'autant le centre-ville de Montréal. Des
expériences positives ont été réalisées
à Norfolk, à la Nouvelle-Orléans aux États-Unis et,
plus près de nous, à Peterborough en Ontario.
Enfin, le taxi collectif pourrait être utilisé avec
avantage la nuit alors que le volume de passagers ne justifie pas un service
d'autobus régulier et soutenu, particulièrement entre 1 heure et
6 heures du matin.
Voilà autant d'avenues qu'il nous semble important d'explorer et
sur lesquelles l'expérience américaine est très riche en
enseignement, particulièrement dans des villes comme San Francisco,
Pittsburgh,
Chattanooga. Atlantic City, San Diego et aussi à Porto Rico
où on a déjà mis en oeuvre certaines de ces mesures et
l'évaluation qui en a été faite par le ministère
américain des Transports se révèle non seulement positive,
mais extrêmement profitable à la fois pour l'industrie du taxi et
aussi pour l'amélioration de la qualité du transport
collectif.
Bien sûr, certaines mesures devraient être prises pour
favoriser l'intégration du taxi au transport en commun. La
première s'impose de soi, c'est une plus grande flexibilité dans
les divers types de tarification. À San Diego, par exemple, le chauffeur
de taxi peut opérer dans une même journée sur trois bases
de tarification différentes. Il peut utiliser le système actuel
de compteur pour le transport individuel exclusif. Il peut choisir de desservir
des clients réguliers sur la base d'un forfait per capita, ou encore il
peut opter pour un circuit linéaire fixe, de type taxi collectif, tarif
établi sur la base des zones traversées. À Washington, on
a, à la suite de la crise du pétrole, introduit le taxi collectif
sur la base aussi d'une tarification par zone traversée.
La CTCUM devra éventuellement intégrer des voitures-taxis
à sa flotte de véhicules et même employer certains
chauffeurs dans le cas des circuits sur les axes fixes. Un système de
tarification équitable devra être proposé pour les usagers
avec correspondance au réseau régulier de transport en commun.
C'est ce qui existe à San Diego et à Washington en particulier.
L'état de la technologie permet maintenant de facilement fabriquer des
compteurs qui peuvent enregistrer simultanément les coûts de cinq
courses différentes à des tarifications différentes.
L'intégration du taxi au transport en commun ne se fera pas sans
créer certaines difficultés, on en est parfaitement conscient, en
relation avec les conventions collectives existantes à la CTCUM,
particulièrement dans le cas du transport adapté aux personnes
handicapées, dont je vais vous entretenir dans quelques instants. Mais
nous croyons, au RCM, qu'il devrait être possible d'en arriver à
une entente avec les syndicats si la volonté politique de rechercher un
tel arrangement existe vraiment. L'amélioration du service peut se
réaliser, quant à nous, sans entraîner
nécessairement de mises à pied.
La deuxième avenue qu'on explore dans notre mémoire, M. le
Président - et qui nous semble extrêmement importante - est
l'utilisation du taxi pour le transport adapté aux personnes
handicapées. J'avais déjà eu l'occasion, pendant la
campagne électorale, de faire état de l'utilisation possible du
taxi pour ce mode de transport et on avait pris l'engagement de venir faire ces
représentations devant la commission. C'est un des motifs qui nous
amènent à être devant vous aujourd'hui.
On connaît l'évolution assez rapide du transport
adapté. Il y a eu, bien sûr, l'adoption de l'article 102 de la Loi
sur les droits des handicapés qui a conféré à la
CTCUM le pouvoir de fournir à l'intérieur de la communauté
un service de transport spécial. L'entrée en vigueur de l'article
67 de la même loi assurait l'exercice des droits des personnes
handicapées. L'article obligeait les organismes publics de transport
à préparer un plan de développement et à le faire
approuver dans l'année par le ministère des Transports. Enfin, en
avril 1980, la CTCUM a pris en charge le transport adapté en se
substituant au service existant, le service de minibus Forest, un organisme
sans but lucratif géré par des handicapés.
La CTCUM possède actuellement une flotte totale d'environ 40
véhicules. L'achalandage, selon des chiffres obtenus, serait de l'ordre
de 700 personnes par jour en semaine et de 300 personnes par jour en week-end.
La clientèle est composée de handicapés physiques, dont
55% sont en fauteuil roulant, 10% en fauteuil électrique et environ 45%
sont des personnes ambulatoires qui éprouvent des difficultés de
déplacement. Les priorités de déplacement sont de l'ordre
de 55% pour le travail, 35% pour les études, 7% pour les raisons de
santé et 3% pour le sport et les loisirs.
Le coût du service est estimé à environ 25 $ par
déplacement, 75% subventionnés par le ministère des
Transports, 20% défrayés par la CTCUM et 5% par l'usager, ce qui
correspond au tarif habituel du coût du transport à
Montréal. Les conditions d'admissibilité sont les suivantes: il
faut être résident de la Communauté urbaine de
Montréal, être affligé d'un handicap permanent, être
dans l'incapacité d'utiliser le métro ou l'autobus. Si la
personne handicapée est une handicapée ambulatoire, elle doit
obtenir un certificat médical décrivant son handicap et attestant
qu'elle ne peut utiliser le système de transport régulier.
Cependant, M. le Président, la réforme a
entraîné de multiples problèmes. D'une part, le coût
de fonctionnement est relativement élevé, soit environ 25 $ par
déplacement par personne, en moyenne. Deuxièmement, il n'existe
pas de mobilité interrives. Un résident de Laval ou de Longueuil
ne peut utiliser les services du transport adapté de la CTCUM lorsqu'il
est sur l'île et vice versa. Un résident de la CUM ne peut se
faire conduire à Laval ou à Longueuil. Il n'y a
présentement aucune représentation des usagers au comité
d'exploitation, comité formé pour l'examen des problèmes
encourus et des solutions à apporter. En fait, il serait surprenant
qu'il y en ait pour les personnes adaptées, puisqu'il n'y en a jamais eu
à la CTCUM pour
quelque forme de représentation des usagers.
Finalement, seulement une personne sur deux peut actuellement
bénéficier des services de transport adapté offert par la
CTCUM. Les handicapés mentaux, les obèses ayant des
difficultés de déplacement, par exemple, les handicapés
visuels sont exclus du service. Ils apparaissent sur une liste d'attente et il
est impossible pour l'instant de prévoir le moment de leur inclusion
dans le service. La CTCUM est très lente à effectuer des
modifications à ses véhicules ou à faire l'achat de
nouveaux véhicules. Enfin, l'administration du service est inutilement
lourde: l'obligation pour la personne handicapée de réserver les
services d'un véhicule 24 heures à l'avance en semaine; surcharge
des circuits téléphoniques, d'où difficultés et
délais d'obtention de communication avec le service. Vous pouvez vous
imaginer, M. le Président, madame et messieurs les
députés, que ce problème peut être
décuplé pour les handicapés au niveau des membres
supérieurs, bras et mains, lorsqu'ils doivent recomposer quinze fois ou
vingt fois dans une journée le numéro de téléphone
pour obtenir le service et se faire dire, à 16 heures, qu'on ne peut pas
avoir le service parce qu'on a réservé en retard pour le
lendemain et que cela ira au surlendemain. C'est manifestement un service qui
ne répond pas aux besoins de personnes qui n'ont pas d'autre moyen de se
véhiculer que le transport adapté.
C'est pourquoi, dans les éléments de solution que l'on
suggère à la commission, il nous semble que, d'une part, la
participation des usagers handicapés aux décisions relatives au
transport adapté devrait être un objectif prioritaire à
atteindre. On croit qu'au moins un représentant des usagers du transport
adapté devrait siéger au comité d'exploitation de la
CTCUM. À tout le moins, si cette formule n'était pas retenue,
nous favoriserions, au minimum, la création, à la CTCUM, d'un
comité consultatif d'orientation formé principalement d'usagers
du transport adapté. Ainsi les décisions prises relativement
à ce mode de transport pourraient davantage correspondre aux besoins
réels exprimés par les personnes handicapées qui nous
semblent être les meilleurs juges en la matière.
L'intégration des services de transport adapté, en
deuxième lieu, entre les différents territoires de la
région métropolitaine, doit être poursuivie. À
l'instar de la CTRSM et de la CTL, qui conduisent déjà, elles,
les handicapés de leur territoire sur le territoire de la CUM - et ce
pour le double du tarif habituellement exigé - on ne voit absolument pas
pourquoi la CTCUM devrait exclure la possibilité de faire la même
chose, c'est-à-dire de conduire des résidents de la
Communauté urbaine de Montréal sur les rives sud et nord aux
mêmes conditions tarifaires que la CTRSM ou de la CTL.
Une plus grande concertation entre les commissions régionales de
transport devrait permettre relativement facilement aux personnes de
bénéficier des services de transport adapté.
Enfin, l'utilisation des voitures-taxis, subventionnées pour le
transport de certaines catégories de personnes handicapées
permettrait d'améliorer substantiellement la situation. Selon cette
formule le propriétaire d'une flotte de taxis agit comme contractant et
est subventionné par le ministère des Transports et par
l'organisme de transport régional. Le tarif payé par l'usager est
l'équivalent du tarif payé par l'usager du transport en
commun.
Les avantages de la formule sont multiples. Premièrement, une
baisse du coût de revient, des frais d'administration, d'achat et
d'entretien des véhicules qui sont, bien sûr à la charge
des propriétaires de taxi. Les véhicules utilisés pour le
transport des personnes handicapées sont les mêmes que ceux
utilisés pour le service habituel aux citoyens et citoyennes de la
région, par opposition aux véhicules de la CTCUM qui, bien
sûr, sont munis d'équipement sophistiqué et
généralement acquis à fort prix. Le coût de revient
de ce service, selon l'expérience de la ville de Québec, est
presque deux fois moins élevé que le coût de transport
adapté actuellement à la CTCUM. Surtout, un autre avantage, une
plus grande accessibilité du service. Selon la formule actuelle, seuls
certains handicapés physiques peuvent bénéficier du
service de la CTCUM. Le transport adapté par taxi
bénéficiera à la clientèle exclue actuellement du
transport adapté par minibus. On pense particulièrement aux
handicapés mentaux, visuels et handicapés temporaires.
De plus, une large clientèle du transport adapté actuel,
des handicapés ambulatoires ou capables d'effectuer un transport de la
chaise roulante à un siège d'auto, pourrait utiliser avec
avantage le transport par taxi. Cette solution permettrait d'alléger les
services administratifs de la CTCUM, qui pourra alors répondre à
un plus grand nombre de demandes provenant de handicapés ayant
expressément besoin d'un véhicule spécialement
adapté pour se déplacer. On pense en particulier aux
handicapés qui se déplacent sur civière ou à l'aide
de fauteuil électrique.
Enfin, plus grande souplesse aussi. La rapidité et la
fiabilité des services offerts par les entreprises de taxi, la
possibilité d'effectuer des déplacements interrives sont autant
d'avantages qui profiteront à la personne handicapée pouvant
utiliser ce service non ou moins bureaucratisé. De plus, et c'est
là un fait non négligeable, les entreprises de taxi offrent leurs
services 24 heures sur 24, augmentant ainsi la
disponibilité par rapport au service de minibus actuel.
Par ailleurs, l'allégement des services de la CTCUM permettra
à cette dernière d'offrir un service amélioré et
une rapidité accrue aux handicapés obligés d'utiliser le
minibus.
En terminant, je souligne que c'est une façon d'augmenter la
rentabilité de l'industrie du taxi qui, particulièrement dans la
région de Montréal, à cause du trop grand nombre de permis
qui y existent et qui découlent de la période d'avant 1973, fait
qu'actuellement un bon nombre de chauffeurs de taxi et de travailleurs de
l'industrie du taxi n'arrivent pas à joindre les deux bouts et que c'est
une avenue possible pour augmenter la rentabilité de cette
industrie.
Je termine, M. le Président, en disant que ces nouvelles avenues
ne pourront voir le jour - c'est-à-dire la conception et l'utilisation
du taxi comme mode collectif de transport - si on n'assiste pas à un
changement substantiel d'attitude de la part de l'administration actuelle de la
CTCUM à l'égard du public en général et de
certaines catégories d'usagers en particulier. Le RCM croit que les
usagers doivent trouver leur place au sein de la CTCUM, si on veut s'assurer
que cette dernière réponde véritablement aux attentes du
milieu.
Les usagers devraient pouvoir avoir accès à l'information,
à la documentation disponible quant aux études faites par la
CTCUM sur les horaires et les trajets. Il est absolument anormal que la pierre
angulaire de l'élaboration d'une politique de transport en commun dans
une ville comme la ville de Montréal, qui sont les études
"origine-destination", demeurent des documents secrets qui ne peuvent pas
être consultés par les organisations intéressées par
les problèmes de transport de Montréal, qu'on ne puisse pas
normalement pouvoir être capables de nous y pencher et de voir si les
choix faits par la CTCUM sont les meilleurs dans les circonstances ou encore de
proposer d'autres solutions qui pourraient bonifier la qualité du
service. (12 h 15)
Les usagers devraient être consultés sur les changements
apportés aux divers circuits d'autobus. Vous savez, des villes comme Los
Angeles, qui ne sont quand même pas des petites agglomérations,
mais de très vastes agglomérations, ont intégré des
processus de consultations obligatoires, préalables au changement des
lignes d'autobus, au changement de l'emplacement de certaines stations ou, dans
le cas de construction de nouvelles lignes, soit de métro de surface,
particulièrement de trains de surface, la localisation des
éventuelles stations. On sait qu'à Montréal,
l'élaboration du réseau de métro, la localisation de
certaines stations a été beaucoup plus l'objet de pressions
occultes que de discussions publiques. On peut penser en particulier à
la station Namur qu'on a construite plus particulièrement pour
supposément répondre à un besoin d'un éventuel
projet domiciliaire d'une certaine corporation bien connue et qui, finalement,
force la plupart des usagers à marcher un demi-mille de plus pour avoir
accès à la station. S'il y avait eu consultation publique, ce
n'est vraisemblablement pas dans ce coin qu'elle aurait été
établie. Si c'est vrai pour la localisation des stations de
métro, c'est vrai aussi normalement pour les consultations qui devraient
être préalables à des changements de ligne d'autobus qui
affectent la qualité du service et les services aux usagers. Ce qui est
valable pour Los Angeles, quant à nous, devrait l'être pour
Montréal.
En résumé, le RCM conçoit l'utilisation des
voitures-taxis comme un ajout nécessaire afin d'augmenter la
qualité du service de transport en commun à Montréal. Une
étude réalisée par le service américain du
transport, en fait, le US Department of Transport, à l'occasion de la
tenue, en mai 1980, à Kansas City, d'une conférence nationale sur
les voies de renouveau de l'industrie du taxi, concluait - vous m'excuserez de
citer la conclusion en anglais, mais il me semble qu'elle est pertinente dans
l'étude que vous faites de la situation: "A close examination of the
situation in many cities may reveal that using taxicabs for some transit
services is more cost-effective and less difficult than policymakers currently
believe." Bien sûr, il faut faire un certain effort d'imagination. Il
faut sortir des sentiers battus. Il me semble, relativement à ces
expériences nord-américaines qui sont parfaitement
adaptées à la réalité québécoise dans
bien des cas sur le plan des questions de transport, qu'il serait relativement
possible d'explorer ces nouvelles avenues.
Dans certaines conditions, l'utilisation du taxi devrait permettre de
diminuer les frais d'exploitation. Dans le cas du transport des personnes
handicapées, elle corrigera une situation jugée inacceptable par
tous les organismes concernées et, bien sûr, par le RCM.
Ces nouvelles avenues interrogent finalement la volonté
réelle de l'administration actuelle de tenir compte de l'expression des
besoins formulée par les usagers.
M. le Président, je termine là-dessus, en ajoutant cet
élément que, bien sûr, ce que nous mettons de l'avant et
les réformes proposées que l'on suggère d'aborder autour
de la CUM et de la CTCUM devront être effectuées en collaboration
étroite avec le milieu du taxi. On pense très sincèrement
que ce que l'on met de l'avant et les autres avenues possibles qu'on peut
explorer devraient normalement répondre à la fois aux
besoins de la population pour augmenter la qualité du service et
répondre aux besoins de l'industrie du taxi de rentabiliser l'industrie
qui en a besoin. C'est là l'essentiel des propos que je voulais vous
livrer ce matin. Je suis évidemment disponible pour répondre
à des questions s'il y en avait.
Le Président (M. Brouillet): Merci, M. Doré.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, d'abord quelques mots pour
remercier M. Doré, président du RCM, d'être venu nous
livrer le point de vue du RCM sur le document qui a été
déposé en août dernier, "De nouvelles avenues pour le
taxi", et dire qu'on comprend bien le retard à cause de la
température aujourd'hui.
M. le Président, deux grands traits, deux grandes conclusions se
dégagent de ce mémoire présenté par le RCM. Le
premier, c'est d'abord un appui, une volonté ferme d'aller vers de
nouvelles avenues, une prise de position très claire et nette en faveur
de l'ouverture de nouvelles avenues pour le taxi. Deuxièmement, un
jugement très sévère porté sur la CTCUM, notamment
au niveau de l'organisation du transport des personnes handicapées.
Juste quelques chiffres qui peuvent intéresser les membres de la
commission, en termes de budget, sur le nombre de déplacements et le
coût unitaire des déplacements sur le territoire de la CTCUM. Le
budget de 1981, 3 300 000 $; en 1982, non encore certifié,
l'année vient juste de se terminer, 6 900 000 $; en 1983, les
prévisions sont de l'ordre de 7 400 000 $. Le nombre de
déplacements: en 1981, 135 500 déplacements; en 1982, 255 000
déplacements. On verra pour l'année 1983 ce que cela donnera.
En ce qui concerne le coût unitaire des déplacements pour
1982, le chiffre est légèrement plus élevé que
celui cité par le RCM. En fait, le coût unitaire du
déplacement, en termes de transport adapté aux personnes
handicapées, c'est 27 $ le déplacement. C'est encore
légèrement plus élevé.
Voilà, M. le Président, les deux grandes conclusions qui
se dégagent: d'une part, une prise de position en faveur de l'ouverture
de nouvelles avenues qui recoupent sensiblement les avenues qui étaient
proposées par le ministère des Transports; deuxièmement,
des commentaires concernant en particulier le transport des personnes
handicapées, souhaitant qu'à la mesure de l'expérience
qu'on a vécue à Québec, le taxi soit davantage
impliqué dans le transport des personnes handicapées.
Là-dessus, je dirai que notre intérêt est
réel relativement à l'ouverture de ce nouveau marché en
même temps que ce nouveau service, le transport des personnes
handicapées. Je vous cite simplement quelques phrases d'un document
d'analyse interne du ministère des Transports: "L'expérience
entreprise par la corporation Transport adapté du Québec
métro Inc. est très révélatrice quant aux
possibilités, au potentiel qui est offert par le taxi. Actuellement, les
deux tiers des déplacements effectués par cet organisme pour le
transport des personnes handicapées sont assurés par des
véhicules-taxis. Le coût moyen de ces déplacements est
d'environ 65% moindre que le coût moyen des déplacements par
véhicule spécialisé. À la suite de cette
expérience, le pourcentage de déplacements non desservis est
passé de 9% en 1981 à 0%, à toutes fins utiles, en 1982.
D'un autre côté, ce programme assure à l'industrie du taxi
des revenus de l'ordre de 250 000 $ pour l'année 1983, ce qui constitue,
il va sans dire, un apport substantiel dans le contexte actuel de cette
industrie."
Je pense qu'à partir de ces éléments, on peut voir
à quel point il est vrai qu'il peut y avoir un intérêt pour
tout le monde, pour la collectivité dans son ensemble, d'ouvrir
réellement cette possibilité, d'élargir cette
possibilité de l'utilisation du taxi pour le transport
adapté.
M. le Président, on ne se chicanera pas sur les objectifs
d'ouvrir de nouveaux marchés puisque, à quelque différence
près, le mémoire propose d'aller dans le sens qu'on proposait
d'aller concernant les nouvelles avenues.
Cependant, une question se pose: De qui devrait relever
l'autorité pour mettre en place les nouvelles avenues, que ce soit en
termes de transport adapté, que ce soit en termes de taxi collectif,
comme substitut ou complément au transport en commun? Est-ce que cela
devrait relever de la CTCUM? Est-ce que cela devrait relever directement de la
Communauté urbaine de Montréal? Quelle est votre opinion sur
cette question? En étant conscient du jugement sévère que
vous portez à l'égard de la CTCUM, je pense que c'est important
pour nous de connaître votre point de vue, à savoir qui devrait
assumer l'autorité pour la mise en place des nouvelles avenues pour le
taxi.
M. Doré: M. le ministre, vous avez à peu
près deviné ma pensée. C'est clair qu'on porte un jugement
assez sévère sur la CTCUM et ce genre d'administration. Il est
fondé sur la base de l'évolution de cette commission au cours des
dernières années et je pense qu'il est nettement juste. Je vais
vous donner un exemple.
Il m'apparaît absolument aberrant que le président de la
CTCUM n'ait jamais, publiquement à tout le moins - il l'a peut-
être fait privément, mais, encore là, à ma
connaissance, après avoir vérifié, je ne pense que cela
ait été fait - fait pression sur les municipalités de la
ville de Montréal et la ville de Montréal elle-même pour
aménager des voies réservées aux autobus afin d'augmenter
l'efficacité du transport à Montréal, afin d'inciter
davantage les citoyens à utiliser le transport en commun plutôt
que des véhicules privés, décongestionnant d'autant le
centre-ville, et permettre éventuellement que les voitures-taxis
utilisent également ces voies réservées, aux heures de
pointe, ce qui le permettrait aussi. Dans la réforme qu'on envisage,
l'utilisation du taxi collectif pourrait bénéficier de ces voies.
Jamais on n'a entendu le président de la CTCUM aborder cette
problématique. On a vu, récemment, la CTL prendre l'intiative
d'aménager une voie réservée sur le pont Viau avec le
corollaire, évidemment, qu'on a assisté à une augmentation
de l'utilisation du service et de son efficacité.
Dans le contexte où il nous semble que la CTCUM a
été relativement hermétique à tout ce qu'on
pourrait appeler efforts pour s'améliorer, dans le sens de
nouveautés, explorer de nouvelles voies, il me semble nettement clair
que, d'une part, cela doit relever de la responsabilité
régionale. Là-dessus, il m'apparaît clair que ce n'est pas
au ministère des Transports, à mon point de vue, de faire toute
la réglementation puisqu'on parle d'expérience pilote, puisqu'on
parle d'expérience adaptée à une réalité
spécifique qui est celle de la région de Montréal. Il me
semble que l'organisme approprié duquel devrait relever l'initiative
d'exploration de ces nouvelles avenues est forcément la
Communauté urbaine de Montréal. J'ajoute que la réforme
adoptée qui va se vivre à Montréal par la loi 46 à
travers la commission permanente sur le transport qui relève de la CUM
rend encore plus indiqué le choix de confier à cet organisme la
responsabilité d'explorer ces nouvelles voies concernant l'industrie du
taxi. Je compléterai en disant qu'éventuellement c'est le souhait
du RCM de voir l'autonomie de la CTCUM un peu moins grande relativement au
contrôle que peut avoir la CUM et les élus de la CUM sur la
gestion collective du transport collectif à Montréal.
M. Clair: Deux voies peuvent être ouvertes. Une
première, c'est que la Communauté urbaine de Montréal ait
autorité pour mettre en place de nouvelles avenues. Cependant, à
ce moment, compte tenu de l'existence de la CTCUM, de ses pouvoirs, cela risque
d'être difficile d'intégrer les nouvelles avenues dans le cadre du
fonctionnement quotidien de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal. Les expériences qu'on a pu voir en
Europe récemment, c'est justement que, dans la mesure où
différents modes de transport des personnes relèvent
d'autorités politiques différentes, la coordination, la
concertation est très longue à se faire. Je donne un exemple.
À Paris, le taxi relève du ministère de l'Intérieur
et il n'y a effectivement aucune intégration du taxi comme mode de
transport des personnes. C'est vu comme une industrie, point, avec un gel du
nombre de permis là aussi comme à Montréal. Si on devait
aller de l'avant vers l'ouverture de nouveaux marchés, je pense que ce
serait très important de s'assurer qu'il y a une ligne d'autorité
suffisamment claire pour qu'il n'y ait pas blocage entre deux
entités.
Si la communauté urbaine crée un groupe de travail, de
mise en place d'une politique d'ouverture de nouvelles avenues dans le taxi, si
de l'autre côté la CTCUM n'a pas de volonté dans ce sens,
je pense qu'on va vite se retrouver face à un cul-de-sac.
M. Doré: M. le ministre, c'est évident dans mon
esprit, je dis d'abord la responsabilité à la CUM, ce qui
n'exclut pas, bien sûr, que cela se fasse sur la base de comités
mixtes. Je ne vois pas comment on peut exclure la CTCUM. Dans le contexte de ce
qui est l'encadrement juridique de la CTCUM et de sa relative autonomie, la
CTCUM doit être associée à la démarche. Mais je dis
que la responsabilité devrait relever de la CUM parce que, dans notre
esprit, il faudrait éventuellement pousser au bout la réforme et
que le transport public soit complètement sous le contrôle de la
CUM tel qu'à notre point de vue cela devrait exister; et ce n'est pas le
cas actuellement. On dit: La responsabilité du contrôle local,
régional du taxi devrait relever de la CUM. L'exploration de nouvelles
voies pourrait être sous la responsabilité de la CUM en
collaboration avec la CTCUM dans le cadre de comités mixtes.
S'il se révélait que, précisément à
cause de l'autonomie qui caractérise la situation juridique de la CTCUM,
il soit impossible de mettre de l'avant des réformes qui auraient pu
faire l'objet d'un consensus entre autres, par exemple, au niveau de la
commission permanente du transport de la CUM, je pense qu'il serait
peut-être nécessaire au législateur de se rendre compte que
cette structure en place qui a été maintenue un peu avec la loi
46 devrait être révisée et qu'on devrait aller au bout de
la réforme et assurer le contrôle total des élus
éventuellement du transport en commun plus à fond que ce qui
existe actuellement. On est dans une structure un peu hybride relativement au
transport public actuellement à Montréal. Laissons une chance au
coureur et disons qu'on peut envisager que cela
puisse fonctionner. Mais, à cause de petits blocages
systématiques et, s'il est impossible, à cause de l'autonomie et
de l'attitude de la CTCUM, de dépasser le cadre très restreint de
l'administration d'un seul réseau d'autobus ou de métro, je pense
qu'on serait peut-être obligé de revenir devant le gouvernement
québécois, qui a, à la limite, la responsabilité
finale relativement au bon fonctionnement de ces structures. On devrait
peut-être aller au bout de la réforme qui a été
amorcée par la loi 46. C'est la position qu'on aurait actuellement. (12
h 30)
M. Clair: En juin dernier, le gouvernement a déposé
une proposition gouvernementale de restructuration du cadre institutionnel
financier et tarifaire du transport en commun dans la région de
Montréal. L'une des grandes orientations était justement le
pouvoir aussi élargi que possible des élus locaux sur le
transport en commun en milieu urbain, le transport local. C'est un consensus,
je pense, qui s'est dégagé au moment de la commission
parlementaire tenue en octobre dernier, à savoir d'accorder encore
davantage de pouvoirs sur les commissions de transport. Quant à moi, je
n'ai pas renoncé du tout à cette avenue. Au contraire. On
travaille présentement à voir quels seraient les pouvoirs qui
devraient être ajoutés, si on veut, à la Communauté
urbaine de Montréal sur la CTCUM. Quant à vous, quand vous dites
que cette autonomie de la CTCUM est encore trop grande, quels sont les pouvoirs
que vous verriez utile de transférer de la CTCUM vers la
Communauté urbaine de Montréal?
M. Doré: Il me semble qu'en dernier ressort, M. le
Président, c'est la CUM qui devrait avoir le contrôle du transport
collectif, si on pousse la réforme dans sa logique. Ce qu'on dit, c'est
que dans le document qu'on vous présente aujourd'hui, il y a deux
aspects: Prenons, par exemple, la question du transport adapté. On dit:
Il est important, il est très important que des organismes comme la
CTRSM, la CTL et la CTCUM travaillent en concertation. On entre de plain-pied
dans le cadre de la réforme que vous avez proposée et qui a
été discutée en octobre dernier, qui est la
création d'organismes régionaux de transport pour coordonner,
précisément, le transport public à l'échelle d'une
région. C'est par ce biais-là. Probablement que cela pourrait
être une concertation intercommission, avant la création d'une
superstructure régionale qui permettrait d'assurer une souplesse et une
intégration du transport adapté entre les rives nord et sud et la
CUM. Relativement à la CTCUM versus la CUM, plus
particulièrement, quant à nous, il nous semble que la CTCUM
devrait devenir un service de la CUM au même titre que le service de
l'environnement ou, éventuellement, les autres services de
l'aménagement, par exemple, les autres services qu'offre la CUM. Il nous
semble que la seule façon d'assurer le contrôle des élus
sur un organisme de transport et de s'assurer que l'organisme de transport
réponde bien aux besoins et aux aspirations de la collectivité
qu'elle dessert, c'est d'aller au bout un peu de ce qui était, je pense
bien, l'idée sous-jacente du législateur dans le cas de la loi
46, de dresser ou de donner le contrôle aux élus, ou une partie
aux élus, des grandes orientations du transport collectif à
Montréal. On verra, à l'usage aussi, comment la commission
permanente de la CUM sur le transport fonctionnera. Elle n'a pas encore
siégé. On est en train d'expérimenter. On verra au cours
des semaines et des mois qui vont venir et de l'année peut-être,
mais il est fort à craindre que les attitudes antérieures ne
changeront pas. Autant on pense que c'est à la CUM que devrait revenir
la responsabilité d'entreprendre des réformes relativement aux
nouvelles voies qu'on veut explorer dans l'industrie du taxi, autant on craint
qu'effectivement, les résistances traditionnelles de la CTCUM à
la nouveauté pourraient être une embûche. D'où
l'importance au départ de tenter de travailler dans le cadre d'un
comité mixte. Éventuellement, si cela ne fonctionne pas, je pense
que le législateur aura à se pencher de nouveau sur la
question.
M. Clair: Une toute dernière question, M. le
Président, rapidement, quelque chose dont le mémoire du RCM ne
traite. C'est toute la question du rachat des permis. On sait qu'au coeur de la
discussion sur le taxi dans la région de Montréal et surtout dans
l'agglomération A-11 qui se trouve la ville de Montréal, en
particulier, il y a deux grandes hypothèses. L'une, que le
ministère des Transports favorise, soit, plutôt que de racheter
des permis, qu'on favorise, au contraire, au maximum l'élargissement du
marché du taxi; l'autre est que l'on peut toujours envisager
d'élargir des marchés, mais que ce ne sera jamais suffisant, que
ce ne sera pas assez rapide et qu'en conséquence, le gouvernement
devrait racheter des permis. Le Rassemblement des citoyens de Montréal,
sur cette question, a-t-il une position à savoir que le gouvernement
devrait racheter des permis ou pas?
M. Doré: Là-dessus, M. le Président,
j'aurais tendance à vous répondre qu'à prime abord, je
pense que la politique actuelle du gel devrait être maintenue,
évidemment; qu'on devrait tenter de faire tous les efforts
nécessaires pour explorer de nouvelles voies dans les pistes qu'on
trace, qui ne sont pas
exclusives - il y en a d'autres qui peuvent être explorées
- en s'appuyant aussi sur le dynamisme du milieu, tant de la part de
l'industrie du taxi que des responsables du transport collectif à
Montréal. J'aurais tendance à penser qu'on devrait tenter
d'expérimenter ces nouvelles voies et d'évaluer la situation dans
deux ou trois ans pour voir si, eu égard au nombre de permis qu'on sait
être trop élevé - on connaît le ratio de
Montréal versus le ratio d'autres villes en Amérique du Nord qui
est de l'ordre d'à peu près, dans certains cas, de deux et dans
certains cas, trois fois plus bas qu'ailleurs - je pense en particulier
à New York par rapport à Montréal.
Cela dit, l'exploration et l'utilisation des nouvelles lois pourraient
permettre de régler le problème. Actuellement, je n'aurais pas
tendance à penser que le gouvernement devrait investir des fonds publics
pour racheter les permis en circulation pour résoudre ce
problème. Je crois qu'on n'a vraiment pas fait l'effort d'imagination
nécessaire jusqu'à maintenant. Je ne pense pas non plus qu'on ait
permis à l'industrie du taxi de manifester tout le dynamisme dont elle
pourrait être capable pour tenter d'innover et de trouver des voies pour
en arriver à cette solution pour le moment.
En résumé, je dirais plutôt: Maintien du gel,
explorons les voies nouvelles et réévaluons dans deux ou trois
ans si effectivement les voies nouvelles explorées permettent
d'augmenter la rentabilisation du taxi. Je vous ferai tout simplement remarquer
que, selon le chiffre que vous nous avez fourni tantôt, vous disiez que
le seul transport adapté dans la région de Québec a
créé des revenus additionnels d'environ 250 000 $ pour
l'industrie du taxi de la région. Or, c'est grosso modo 800 $ à
1000 $ par taxi, s'il y a de 250 à 300 voitures-taxis à
Québec.
Si on extrapole, si cette seule réforme engendrait à
Montréal des revenus additionnels moyens d'environ 1000 $ pour les
voitures-taxis, ajoutés à des voies nouvelles sur l'apport du
taxi collectif, on serait peut-être étonné de voir à
quel point cet apport nouveau pourrait éventuellement se traduire par
une rentabilisation accrue, tout en ayant une certaine autodiscipline dans le
milieu de l'industrie.
À partir de ces paramètres, j'aurais tendance à
dire que, pour le moment, la suggestion du ministre de ne pas procéder
au rachat, mais de maintenir plutôt la politique du gel et de miser sur
l'innovation est assez sage.
M. Clair: M. le Président, juste avant de donner la parole
à mon collègue, le député de Jeanne-Mance, je
voudrais simplement transmettre une information qu'on m'a donnée
concernant les enquêtes origine-destination de la CTCUM.
Il semble que ces enquêtes soient publiques; les enquêtes de
1978 et de 1982 seront disponibles bientôt. Il semble que ces documents
soient du domaine public.
M. Doré: M. le ministre, simplement une précision.
Sont-elles disponibles pour les fonctionnaires du ministère ou pour les
citoyens et citoyennes de Montréal?
M. Clair: Ce sont des documents qui sont vendus, puisqu'il en
coûte quand même quelque chose pour l'impression. Il semble que les
enquêtes réalisées à tous les quatre ans soient en
vente.
M. Doré: Alors on m'a fourni une information
erronée, M. le ministre, parce qu'on m'a dit qu'on avait tenté
d'obtenir ces documents et qu'ils n'étaient pas disponibles.
Le Président (M. Brouillet): D'accord. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je voudrais remercier le
président du Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal
pour la présentation de ce mémoire.
Quand vous parlez des études "origine-destination",
effectivement, les documents sont disponibles, mais, avant qu'ils ne deviennent
disponibles publiquement, cela prend un certain temps.
J'aurais quelques commentaires à faire en ce qui concerne la
CTCUM par rapport à la Communauté urbaine de Montréal.
Lors de la commission parlementaire sur le projet de loi no 46, le
président et les commissaires de la CTCUM ne se sont pas
présentés aux audiences, cependant le chef de cabinet du
président était là. Lors de l'étude sur la
commission du transport, en octobre, aucun mémoire n'a été
soumis par la CTCUM. Ce matin, et pour les trois jours d'audition que nous
avons sur de nouvelles avenues pour le taxi collectif que, nous de
l'Opposition, favorisons, là encore la CTCUM est absente.
D'autre part, dans nos revendications au sujet du projet de loi no 46 le
gouvernement, dans un avenir le plus rapproché possible, devrait
considérer le service de la CTCUM comme un service à
l'intérieur de la CUM ou, sinon, que ce soient des élus qui en
fassent partie. En tant qu'ancien maire, j'ai eu plusieurs revendications
à faire à l'intérieur de tout... À titre d'exemple,
si vous ajoutez un ligne d'autobus ou même un changement d'arrêt
d'autobus, cela coûte plus cher de faire les études que
d'effectuer le travail.
Lorsque vous nous dites que le taxi est un service public qui doit
être fait par des professionnels du transport public dans une approche
globale du transport des personnes,
nous sommes très favorables à cette situation.
Quant à vos remarques relatives au transport des
handicapés, nous étudierons, ultérieurement, aujourd'hui,
le mémoire très exhaustif des gens qui représentent les
handicapés. Nous voyons une avenue nouvelle, comme cela a
été fait dans la région de Québec, pour
développer le taxi collectif à l'intérieur de
l'agglomération A-11.
Quand vous parlez d'une volonté politique - vous avez dit cela
dans votre exposé -en ce qui a trait à De nouvelles avenues pour
le taxi, vous y voyez un résultat, si la volonté politique existe
vraiment d'implanter un service collectif. Pourriez-vous nous dire, même
si vous ne siégez pas à la CUM, quelles sont les revendications
du Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal, quant à
pousser de l'avant cette volonté politique telle qu'elle est
favorisée dans De nouvelles avenues pour le taxi, le taxi collectif, en
particulier?
M. Doré: Je vous répondrai, M. le
député, qu'il était au départ dans notre intention,
si nous n'en avions pas été exclus, de participer activement
à la commission permanente sur le transport, à partir des quinze
élus du RCM, pour mettre de l'avant précisément ce qu'on
pense être de nouvelles avenues dans la façon de concevoir le
transport public à Montréal. On n'y est pas comme parti, comme
conseillers, on n'a pas été désignés par la CUM
à ces commissions, mais on y sera à titre de citoyens. On a
l'intention de suivre de très près les travaux des commissions
permanentes particulièrement celle des transports, sans exclure les
autres, mais particulièrement celle-là.
C'est à peu près le seul mécanisme qui,
actuellement, est offert aux citoyens et citoyennes de Montréal comme
porte d'entrée au niveau de la consultation pour faire valoir des points
de vue, des idées, des suggestions qui permettraient
éventuellement de mettre en oeuvre ne serait-ce que les voies qu'on a
tenté d'explorer dans notre mémoire. On espérerait
beaucoup, évidemment, que la CTCUM se présente devant vous et
fasse sienne cette vision des choses. Cela ne semble pas vouloir être le
cas. Je n'ai malheureusement pas eu le temps, avant de vous adresser la parole,
de prendre connaissance du mémoire de la CUM. Je pense que la CUM est
prête à accepter un rôle dans la gestion du taxi, de
l'industrie du taxi.
Évidemment, je pense que le forum approprié pour en
débattre au niveau de la consultation du milieu du taxi, comme d'autres
milieux montréalais qui se préoccupent des questions de
transport, devrait être la commission permanente de la CUM. C'est
peut-être le forum privilégié qu'on pourra utiliser. C'est
à peu près le seul, de toute façon, qui soit à
notre disposition pour le faire, puisqu'il n'existe pas, au sens strict, de
comité d'usagers intégré à la CTCUM, mais il n'y a
pas non plus, à la CTCUM, l'obligation de faire de la consultation
publique lorsqu'elle explore de nouvelles avenues ou lorsqu'elle modifie
certaines de ses politiques qui risquent d'affecter le service à la
population.
C'est une autre chose qu'on déplorait également. On pense
que ce qui est valable pour bon nombre de villes américaines
là-dessus devrait l'être pour Montréal, compte tenu de
l'importance du transport collectif à Montréal. Cela fera
peut-être partie de réformes à venir, mais, à tout
le moins, il existe maintenant une commission permanente, qu'on a souvent
demandée par le passé - c'est une réforme que le RCM
demande depuis 1974, pas juste pour la CUM d'ailleurs, pour Montréal
également, mais on en parlera éventuellement - et, en ce qui
concerne la CTCUM, on va sûrement utiliser ce forum.
M. Bissonnet: Merci, je n'ai pas d'autres questions.
M. Clair: Je n'ai pas d'autres questions. Je veux simplement, en
terminant, remercier Me Doré d'être venu nous présenter son
mémoire, en espérant qu'il n'aura pas plus de difficultés
à s'en retourner à Montréal qu'il n'en a eu pour venir ce
matin.
M. Doré: Merci de votre attention, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Je remercie tous les
représentants des différents organismes que nous avons entendus
ce matin. Je crois qu'il conviendrait, à ce moment, de suspendre nos
travaux jusqu'à 15 heures. Les travaux de la commission sont suspendus
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
(Reprise de la séance à 15 h 15)
Le Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux.
Nous entendrons, dans l'ordre, cet après-midi, la
Communauté urbaine de Montréal, le Regroupement des usagers du
transport adapté de la CUM Inc., la Communauté urbaine de
Québec, la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec et l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec.
Nous allons nous limiter, autant que possible, à environ une
heure par exposé et échanges, afin de pouvoir au moins passer
trois des cinq groupes d'ici 18 heures. Nous reprendrons les travaux en
soirée, si nécessaire.
J'inviterais les représentants de la Communauté urbaine de
Montréal à nous présenter leur mémoire. Je
demanderais au porte-parole de s'identifier et de nous présenter les
personnes qui l'accompagnent.
Communauté urbaine de Montréal
M. Des Marais II (Pierre): M. le Président, mesdames et
messieurs les membres de la commission, je vous remercie de donner l'occasion
à la Communauté urbaine de Montréal de s'exprimer sur
cette question importante, qui nous préoccupe. Je suis
accompagné, à la table, de M. Réal Landry,
ingénieur au Bureau de transport métropolitain; à ma
gauche, M. Robert Olivier, chargé de projets à la division de
recherche, aménagement du réseau, à la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal; à ma
droite, M. André Pilon, directeur et commandant de la section
circulation au service de police de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. le Président, nous avons préparé un
exposé que je vais vous lire rapidement et nous allons tenter de
répondre aux questions des membres de la commission et du ministre, s'il
y a lieu.
L'industrie du taxi sur le territoire de la communauté affecte,
évidemment, une clientèle nombreuse et variée qui est en
droit d'exiger une qualité de service minimale, un confort assuré
et une sécurité constante. Le projet gouvernemental
intitulé "De nouvelles avenues pour le taxi" propose de modifier le
cadre législatif de cette industrie par une certaine
décentralisation de pouvoirs vers la Communauté urbaine de
Montréal. C'est ce qui explique notre présence aujourd'hui.
Je tiens à souligner, M. le Président, que c'est la
première fois que je viens ici représenter la communauté
comme représentant officiel, et le mémoire qui est le nôtre
est bien le nôtre, contrairement à d'autres mémoires que
j'ai eu l'occasion de présenter à d'autres commissions
parlementaires, dans d'autres circonstances. C'est donc le mémoire de la
Communauté urbaine de Montréal, qui a été
approuvé et adopté par son comité exécutif.
Le gouvernement du Québec, par son programme d'action, "De
nouvelles avenues pour le taxi", désire améliorer la
rentabilité de cette industrie en modifiant son cadre législatif
et réglementaire et en lui permettant également d'exploiter de
nouveaux secteurs de l'activité économique. L'analyse de ce
projet permet d'en dégager trois conséquences directes pour la
Communauté urbaine de Montréal. La première est
l'accroissement des responsabilités de son service de police en cette
matière; la seconde fait ressortir l'opportunité pour la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
d'utiliser le taxi comme moyen de transport pour répondre à une
partie de ses besoins; enfin, on ne peut passer sous silence une
troisième conséquence, soit l'impact direct que crée cette
industrie sur certains volets de l'activité économique du
territoire de la communauté et, en particulier, le tourisme.
Quoique souscrivant aux objectifs généraux visés
par le gouvernement et lui assurant notre entière collaboration, il nous
apparaît cependant important d'indiquer qu'une analyse
préliminaire du programme d'action gouvernemental nous a permis d'en
dégager certaines réserves.
Sous le chapitre, Principes et réalités fiscales, par son
projet, "De nouvelles avenues pour le taxi", le gouvernement du Québec
entend confier certaines responsabilités à la Communauté
urbaine de Montréal. Faut-il rappeler que tous les changements
importants doivent être examinés en fonction de certains principes
de base et selon la réalité financière et fiscale de la
communauté. En effet, que l'on parle de principes se rapportant à
l'autonomie locale, de la participation volontaire ou de l'efficacité,
ces principes sous-tendent que notre société s'appuie sur la
participation démocratique et responsable de nos concitoyens et des
élus, en fonction de services dont la collectivité désire
se doter, selon ses préférences et sa capacité de
payer.
D'autre part, il est bon de rappeler au gouvernement du Québec
l'engagement qu'il a pris, lors de la réforme de la fiscalité
municipale, de compenser financièrement les communautés pour des
programmes qu'il entend leur confier. Ces principes doivent être
rappelés devant cette commission dans le cadre d'analyse du
présent projet.
Enfin, rappelons que les contribuables de la Communauté urbaine
de Montréal, déjà largement taxés, ne peuvent
aucunement subir de nouvelles charges fiscales en assumant de nouvelles
responsabilités. Cette réalité, la communauté la
vit quotidiennement et il est de notre devoir d'en faire ressortir
l'importance.
Sous le titre de la perception du projet, l'intention première du
gouvernement du Québec, selon son projet, vise à remettre une
partie de ses pouvoirs aux autorités locales et ensuite offrir de
nouveaux marchés à l'industrie du taxi. Toutefois, la proposition
annoncée ne semble pas répondre complètement au
problème de fond qui affecte cette industrie sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal. Son organisation nous en
démontre l'acuité. Au total, pour les trois
agglomérations, soit Montréal A-11, l'Est de Montréal, A-5
et
l'Ouest de Montréal, A-12, on dénombre 5818 permis
regroupant ainsi 63% des propriétaires de taxis et plus de 55% des
permis de chauffeurs de l'ensemble du Québec.
En comparant ces données à certains ratios tels le nombre
de permis par rapport à la population ou encore la valeur des permis de
taxi par rapport à la densité des permis pour certaines
agglomérations du Québec, nous sommes portés à nous
interroger sur l'efficacité économique de cette industrie du
territoire de la communauté plus spécifiquement en son centre,
l'agglomération A-11. Quant au cadre législatif, nous n'avons pas
l'intention de faire l'historique législatif entourant cette industrie.
Le dernier remaniement majeur date de 1973 par lequel les pouvoirs
étaient centralisés à Québec, mais nous
rappellerons son cadre actuel.
L'industrie du transport par véhicule-taxi est régie par
la Loi sur les transports et cette loi définit les pouvoirs du ministre,
les pouvoirs du gouvernement en matière de réglementation et
pourvoit à la création de la Commission des transports du
Québec.
La pierre angulaire du cadre législatif du taxi se retrouve dans
le règlement no 6 sur le transport par véhicule-taxi
adopté le 25 septembre 1973. Ce règlement fut
périodiquement amendé par le gouvernement au fil des ans et il
définit les normes de construction d'utilisation, de
sécurité, de garde, d'entretien et finalement les normes de
propriété et de possession des véhicules-taxis. Ce
règlement édicte aussi les règles applicables aux permis
de propriétaires de véhicules-taxis, leur catégorie, leur
nombre selon les types de services et les territoires desservis. Le
règlement no 6 prévoit aussi les modalités applicables
à la constitution des ligues de propriétaires, la
préparation de certaines règles de régie interne. La
Commission des transports du Québec est chargée de l'application
de cette réglementation et voit à l'émission des permis de
propriété et surveille les transferts de permis.
Les conditions de délivrance des permis de chauffeur d'un
véhicule-taxi sont régies à l'instar des autres permis de
conduire par le décret 34.74-81 concernant les permis de conduire dont
l'application relève de la Régie de l'assurance automobile du
Québec. Les municipalités possèdent la compétence
pour établir les postes de stationnement des véhicules-taxis.
L'établissement de ces postes de stationnement doit cependant recevoir
l'assentiment du ministre des Transports. Ayant pressenti le besoin
d'alléger cette centralisation extrême du cadre législatif,
la proposition gouvernementale suggère un transfert des
responsabilités vers les paliers d'autorité locale. Dès
lors, plusieurs options peuvent être élaborées afin
d'arriver aux résultats recherchés: déconcentration,
décentralisation fonctionnelle, décentralisation territoriale,
transfert pur et simple de juridiction.
Avant d'en arriver à un tel résultat et reconnaissant
l'autonomie de l'industrie, certaines mises en garde sont nécessaires.
La loi et la réglementation future devront reconnaître la
capacité et la nécessité pour l'industrie de
s'autocontrôler, d'où l'importance de clairement identifier ce qui
constitue un encadrement d'ordre privé et un encadrement d'ordre public.
Le premier, régissant le fonctionnement des structures de l'industrie,
lui est dévolu de droit. Les normes d'ordre public devront, par
ailleurs, faire l'objet d'une décentralisation dans leur
élaboration et leur application. La décentralisation
annoncée par le gouvernement devra se réaliser en évitant
tout empiétement de juridiction d'organismes disposant de pouvoirs de
réglementation et d'application. La communauté devra, cependant,
être nantie d'une certaine responsabilité pour mener à bien
le nouveau mandat qu'on s'apprête à lui confier.
Il faudra donc aller plus loin que le simple transfert de tâches
administratives. Quant au nouveau marché, il est intéressant de
souligner les efforts que le Québec entend fournir afin de rentabiliser
l'industrie du taxi. Il est indéniable que cette volonté y trouve
notre appui. Des réflexions préliminaires nous amènent
à présenter les trois considérations suivantes: Une
réglementation mai adaptée au secteur privé peut
grandement affecter les règles régissant l'offre et la demande ou
encore les notions de profit et de compétition et ce souvent au
détriment des consommateurs. C'est pourquoi nous recommandons la plus
grande prudence au gouvernement du Québec si son intention est de
changer les règles fondamentales de l'industrie du taxi. Nous
soulignons, par ailleurs, que la Communauté urbaine de Montréal
ne désire aucunement s'ingérer dans ce secteur de l'industrie
privée.
La seconde considération, et c'est celle qui demande le plus de
réflexion, est la possibilité de permettre à l'industrie
du taxi d'effectuer du transport paracollectif.
La troisième considération que nous aimerions apporter ici
est de solliciter la collaboration du gouvernement du Québec pour
examiner d'autres possibilités qui solliciteraient la contribution de la
première concernée soit l'industrie du taxi.
Enfin, un groupe de travail composé de fonctionnaires de la
communauté (soit des représentants du Bureau de transport
métropolitain, de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, de l'étude légale, du Service de
planification du territoire, du Service de police et de la Trésorerie) a
récemment été mis sur pied afin d'examiner cette industrie
sur notre territoire. Ce groupe de travail déposera à la
nouvelle commission du transport en commun de la communauté le
résultat de ses travaux. Cette dernière pourrait définir,
en consultation auprès de l'industrie du taxi, le râle de la
communauté en cette matière.
Quant à l'impact du projet, l'analyse du projet gouvernemental
nous laisse entrevoir l'obligation éventuelle pour la communauté
de mettre sur pied une structure d'accueil si le projet était
réalisé tel que présenté actuellement. C'est
pourquoi nous avons concentré nos efforts sur les dimensions qui
affecteraient le Service de police de la communauté.
Nous avons également examiné la question de l'utilisation
du taxi en matière de transport paracollectif. L'exploitation d'un tel
système au réseau intégré de la CTCUM
apparaît à première vue très marginale, complexe et
difficilement rentable. En principe, l'utilisation du taxi pour le transport
des personnes handicapées nous semble possible à condition que le
cadre de cette utilisation soit bien défini. Il faut, de plus, qu'il
soit réglementé afin de s'assurer que les besoins
identifiés n'excéderont pas l'enveloppe budgétaire
prévue à cette fin.
En matière de sécurité, si une
décentralisation du cadre législatif selon la proposition
gouvernementale était appliquée intégralement à la
Communauté urbaine de Montréal, notre organisme serait tenu de
créer 25 emplois additionnels et ce, probablement au service de police.
Cette responsabilité entraînerait des dépenses
additionnelles substantielles pour lesquelles nous sommes dans
l'impossibilité pour l'instant d'identifier des mesures de compensation
financière.
D'autre part, une mise en garde se révèle
nécessaire dans le but d'éviter toute duplication de fonctions
pour établir la probité des postulants chauffeurs dans
l'obtention d'un permis de travail et des activités de contrôle et
de qualité. Compte tenu que la RAAQ sera dans l'obligation de faire un
suivi de la qualité de travail de son réseau de centres
accrédités d'inspection mécanique, nous croyons que la
régie devrait être attitrée en ces domaines. Si
l'émission des permis de travail est dévolue à un niveau
de responsabilité locale, les critères d'appréciation et
d'application devront aussi être élaborés en tenant compte
des prérogatives locales. Cette responsabilité
déléguée devrait être assortie de compensations
financières adéquates.
D'autres mesures devraient également être
considérées soit, par exemple, laisser l'initiative aux ligues de
propriétaires de tenir à jour les dossiers des
propriétaires des véhicules-taxis ainsi qu'un registre central
d'affectation des chauffeurs.
En matière de transport collectif, lorsqu'il est question de
confier le transport pour handicapés à l'industrie du taxi, nous
n'avons, en principe, aucune objection. Cependant, ce service ne pourra
être offert qu'à un groupe spécifique parmi les
handicapés. Dans le cas précis du service en dehors des heures de
pointe, alors que la demande est moindre, le remplacement du minibus par le
taxi pourrait s'apparenter dangereusement à un service
personnalisé ou individuel. Il serait donc important de
déterminer à l'avance quelles seraient les normes de transport
pour handicapés par taxi sur le territoire de la communauté.
Un des points majeurs à considérer en regard de
l'application de cette réforme est l'obligation contractuelle qu'a la
CTCUM envers ses employés.
Pour ce qui est de l'utilisation des taxis comme moyen de transport
paracollectif à certaines périodes et dans des territoires
à faible densité, des normes très strictes peuvent
être édictées, respectant les notions d'économie
d'échelle et de transport collectif reconnues sur le territoire de la
CUM. Autrement, nous assisterons à une augmentation de l'offre, laquelle
pourra engendrer des coûts supérieurs et non acceptables selon les
politiques actuellement en vigueur.
Comme nous l'avons déjà dit, le déséquilibre
de l'offre par rapport à la demande pour l'industrie du taxi sur le
territoire de la communauté est plus crucial dans l'agglomération
Montréal A-11. Il semblerait difficile d'utiliser les taxis, même
partiellement, sur des réseaux de transport collectif, dans cette zone
déjà bien desservie. Par contre, aux extrémités
ouest ou est de la communauté, il serait sûrement possible
d'utiliser le taxi comme alternative à certains réseaux
d'autobus. Rappelons que l'industrie du taxi connaît moins de
problèmes dans ces deux agglomérations particulières.
Enfin, comme le système de transport collectif est totalement
intégré sur le territoire de la communauté, tout
réajustement demande une certaine planification. Sous quelque forme que
ce soit, le transport paracollectif doit être envisagé comme une
option pour la communauté et non comme une obligation.
En conclusion, M. le Président, la présente intervention
au projet de revitalisation de l'industrie du taxi est avant tout positive.
C'est pourquoi nous désirons y collaborer. Nous croyons également
qu'un équilibre entre l'offre et la demande pour cette industrie sur le
territoire de la communauté est la première étape pour
améliorer sa rentabilité. Il est donc important de
réaliser cette première étape pour laquelle le
gouvernement du Québec possède déjà tous les
pouvoirs nécessaires. (15 h 30)
La seconde étape consisterait à déléguer les
pouvoirs alors mieux définis à la
Communauté urbaine de Montréal et ce, aux conditions
suivantes: que la première étape, soit celle d'équilibrer
l'offre et la demande du taxi sur le territoire de la communauté,
soit réalisée; que soient adoptés des
énoncés de principes reconnus dans un projet de loi; que ces
énoncés de principes soient adaptés à la
conjoncture de la communauté en lui conférant un pouvoir
approprié; que toutes les responsabilités additionnelles que la
communauté se verrait confier soient accompagnées de
compensations financières adéquates et permanentes; qu'un
comité consultatif Communauté urbaine de
Montréal-industrie du taxi soit constitué afin d'assurer le suivi
de l'évolution de cette industrie.
En terminant, nous vous signalons que la Communauté urbaine de
Montréal continuera la réflexion amorcée sur la question
afin d'apporter une dimension complémentaire à l'orientation
gouvernementale dans ce projet.
M. le Président, à ce sujet, je vous souligne, ainsi
qu'aux membres de la commission, que la loi 46 avait prévu la mise sur
pied d'une commission de transport à l'intérieur du conseil de la
communauté et que, malheureusement, comme ces commissions ont
été crées tout récemment, la commission comme telle
n'a pas participé aux travaux de préparation de ce mémoire
qui cependant, comme je l'ai mentionné, a été
entériné par le comité exécutif. Cependant, je
tiens à vous assurer que ladite commission aura, dans l'ordre du jour de
ses travaux, la question du taxi à étudier et qu'elle collaborera
avec le gouvernement par l'intermédiaire du conseil de la
communauté et le comité exécutif aux fins de trouver des
solutions à ce programme.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, mes premiers mots sont d'abord
pour remercier le président de la Communauté urbaine de
Montréal et les gens qui l'accompagnent d'avoir, en période de
transition, préparé un mémoire sur toute la question du
taxi sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal.
Je dois dire, comme je l'indiquais aux porte-parole de la
Fédération des ligues de taxi et de la ligue A-11, qu'il est bien
évident que, du point de vue du ministère des Transports, nous
accordons une attention toute particulière à la question du taxi
sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, puisque,
comme c'est souligné dans le mémoire à juste titre,
environ 60% de la réalité du taxi se retrouve sur le territoire
de la Communauté urbaine de Montréal.
Je suis heureux de constater, comme c'est indiqué dans le
mémoire, que la Communauté urbaine de Montréal souscrit
aux objectifs généraux de la proposition du programme d'action
qui a été mis sur la table en août dernier par le
ministère des Transports du Québec et qu'elle entend y collaborer
pleinement.
Je suis particulièrement heureux du fait que la Communauté
urbaine de Montréal ait pris l'initiative de créer - je pense que
c'est une première dans l'histoire de la Communauté urbaine de
Montréal - un groupe de travail sur la question du taxi, lequel groupe,
si j'ai bien compris, sera chargé de faire rapport à la
commission permanente des transports dans des délais qu'on souhaite, de
notre point de vue à nous, les plus courts possible, puisque - c'est
l'utilité même d'une Opposition - l'Opposition pousse le
gouvernement à déposer, si possible - elle le souhaite - au
début de la prochaine session, un projet de loi. C'est aussi notre
volonté d'aller aussi rapidement que possible, mais je ne voudrais
cependant pas que nous nous privions d'un effort de réflexion qui se
fait à la Communauté urbaine de Montréal et que nous
agissions avant de connaître, dans un premier temps, le résultat
du travail de ce groupe de travail et, dans un deuxième temps, l'opinion
qui, j'imagine, sera émise par la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal. Je pense qu'on ne peut pas se
priver de cet apport dans la préparation du projet de loi puisque,
encore une fois, plus de la moitié des détenteurs de permis de
propriétaire de taxis se retrouve sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal.
Je suis heureux que le groupe de travail soit constitué et le
souhait que je formule est que, le plus rapidement possible, ce groupe de
travail fasse ses recommandations, que la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal se penche sur ce rapport et nous
fasse, à la communauté urbaine et à nous,
éventuellement, ses recommandations.
Le mémoire, malgré qu'il souscrive aux objectifs
généraux, manifeste cependant un certain nombre de
réserves, notamment quant à la question de la compensation
financière éventuelle. Je pense que le problème est
beaucoup moins important dans le cas de la Communauté urbaine de
Montréal que dans le cas d'autres municipalités puisque, si on
considère l'objectif de transférer à la Communauté
urbaine de Montréal la gestion en quelque sorte du taxi, dans une grande
mesure, devrait - cela est normal s'accompagner du transfert de certaines
ressources, comme par exemple, le coût de l'émission non pas des
permis de propriétaire, mais des permis de chauffeur. Il existe une
quinzaine de milliers de permis de chauffeur sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal. On m'indique 16 000 permis de
chauffeurs dans la ville, à 40 $ par année
actuellement, ce qui donne plus ou moins 700 000 $ par année de
revenus. Je pense que tout le monde s'entend pour dire qu'au moins en ce qui
concernera les chauffeurs qui se qualifieront après le 16 août
1982, les conditions d'admission pour devenir titulaire d'un permis de
chauffeur de taxi soient plus exigeantes quant à la formation. C'est
tout à fait dans l'ordre des choses qu'en conséquence, le
coût de l'émission et du renouvellement du permis de conduire soit
éventuellement plus élevé afin d'éliminer ceux qui
détiennent un permis de conduire, un permis de chauffeur de taxi, un
"pocket number", uniquement pour combler les fins de mois. Là-dessus, je
pense que les ligues sont claires. Ce qu'elles souhaitent, c'est qu'on
réserve au maximum l'activité de chauffeur de taxi pour les gens
qui exercent un travail à temps plein et non pas pour du travail
occasionnel.
Il y a des possibilités à envisager de ce point de vue.
Cela crée moins de problèmes aussi, puisque déjà,
le service de police de la Communauté urbaine de Montréal est
chargé de l'application d'une partie au moins de la
réglementation.
En ce qui concerne l'autocontrôlé, je pense
qu'effectivement la notion de disposition d'ordre privé, disposition
d'ordre public, c'est émis comme une réserve, mais je pense que
cela va de soi qu'effectivement, dans la loi, dans l'énoncé, il
faudra bien distinguer les choses qui sont en quelque sorte d'ordre
privé, internes pour les ligues de taxi, les associations de services et
les dispositions d'ordre public.
Quant à la demande que le développement de nouvelles
avenues, que ce soit en matière de transport paracollectif, de taxi
collectif, de "jitneys", ou d'autres systèmes, on demande que ce ne soit
pas une obligation, mais que ce soit un pouvoir. Quant à moi, c'est
exactement l'esprit dans lequel on a conçu ce programme d'action. Il
n'est pas question d'imposer quelque forme que ce soit de taxi collectif, mais
je pense cependant, que dans bien des cas, cette hypothèse devra
être creusée. Il y a un groupe ce matin, je me demande si c'est le
RCM, qui citait le résultat d'un colloque à Kansas City, aux
États-Unis, où on disait substantiellement que les hommes
politiques avaient malheureusement tendance - on parlait des États-Unis,
mais je pense que c'est un peu le cas chez nous aussi, que ce soit au niveau
municipal ou au niveau du gouvernement du Québec - à voir les
mises en application de formules de taxi collectif comme étant
peut-être plus compliquées qu'elles ne le sont dans les faits. Il
faudra voir à l'usage comment on peut en articuler.
Il y a deux secteurs, à court terme, qui retiennent notre
attention: c'est la question du transport adapté par
véhicule-taxi. Nous sommes au fait, nous sommes informés, nous
connaissons les chiffres que je citais ce matin au niveau du coût d'un
déplacement sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal. C'est 27 $ le déplacement, le coût pour un
déplacement dans le système actuel. Si on fait une comparaison
avec ce qui se passe à la CTCUQ avec le service qui a été
instauré avec le taxi, on constatait que la réduction du
coût du déplacement était de l'ordre de 65% en
procédant avec les taxis, que cela avait diminué à
zéro, à toutes fins utiles, les déplacements
refusés dans le cadre des normes actuelles pour l'admission aux services
de transport adapté et que pour les travailleurs du secteur du taxi,
cela avait amené des retombées intéressantes: 250 000 $
pour environ 450 permis de taxi. C'est donc dire qu'il y a là quelque
chose de très intéressant.
Un autre exemple: on a déjà mis sur pied un comité
de travail avec Transports Canada pour voir quelle serait la possibilité
de développer un service de taxi collectif entre Mirabel et le
centre-ville de Montréal. Voilà deux exemples concrets de
développement de taxi collectif qui méritent au moins
d'être creusés.
J'en viens donc à mes questions. Parmi les réserves, la
plus importante qui est énoncée par la Communauté urbaine
à Montréal, c'est qu'on nous dit que la première
étape soit celle d'équilibrer l'offre et la demande du taxi sur
le territoire de la CUM et que cette première étape soit
réalisée avant d'envisager quoi que ce soit. Cette question
m'apparaît être au coeur même du différend qu'il
pourrait y avoir entre la CUM et le ministère des Transports, parce que
je crains qu'on soit un peu dans un cercle vicieux. Deux grandes
possibilités s'offrent à nous, à mon point de vue. Une
première, qui est une revendication traditionnelle du milieu du taxi,
c'est de diminuer le nombre de permis de taxi par le rachat de permis.
Le cas échéant, dans mon esprit, on prend la solution
facile. On ne cherche pas beaucoup à étendre le taxi dans le
transport adapté et de lui ouvrir de nouveaux marchés dans le
taxi collectif. On prend la solution, l'expédient, il y en a trop, le
gouvernement les rachète. Il y a bien des embûches sur ce chemin,
parce que d'abord c'est un dangereux précédent dans une
conjoncture économique difficile; des permis de transport en vrac
à racheter, il y en aurait un bon nombre. On pourrait
éventuellement envisager de racheter des permis de camionnage
général. On a vu dans le rapport Kirby, au fédéral,
que l'on recommandait le rachat de permis de pêche. Jusqu'où
pourrait-on être entraîné à racheter des permis? D'un
point de vue gouvernemental, racheter des permis avec des fonds publics pour
créer du chômage sans avoir tout fait pour rentabiliser un
secteur, cela m'apparaît bien difficile à justifier face
à l'opinion publique.
Une autre avenue qui est possible et qui a été
évoquée par certains ce matin et hier, c'est la règle dite
d'un homme, une voiture par semaine. À ce moment on dit: Contingentons
les chauffeurs; qu'on ait une règle par laquelle les chauffeurs ne
peuvent conduire... On ne peut pas avoir sur le même véhicule
trois chauffeurs dans la même journée, par exemple. À ce
moment, le résultat sur la rentabilité, sur la
disponibilité, sur l'offre de service du taxi a un effet semblable
à celui du rachat du permis, d'un certain nombre de permis. Mais encore
là, aller vers la règle d'un homme, une voiture provoque deux
hypothèses. Le gouvernement l'impose ou on donne à quelqu'un la
possibilité de le faire par auto contrôle justement, par exemple,
en ce qui a trait aux associations de services, des ligues, mais en n'ayant pas
de garantie qu'avant d'envisager les autres mesures, on ait réussi
à équilibrer l'offre et la demande de taxi sur le territoire de
la Communauté urbaine de Montréal.
Ma question est donc la suivante. Compte tenu de ce que je viens
d'expliquer, est-ce que dans l'esprit de la communauté urbaine, quand on
dit que préalablement on doit rééquilibrer l'offre et la
demande du taxi, cela signifie une mesure précise comme le rachat de
permis, la règle d'un homme une voiture qui est imposée, ou
encore si cela peut aussi vouloir dire que le plus rapidement possible on met
en marche des initiatives comme celle du transport par taxi pour le transport
adapté et d'autres formules de transport collectif?
M. Des Marais II: La communauté a pris acte, comme tout le
monde au Québec, qu'il y a un problème de nombre. La raison pour
laquelle nous avons mis cette condition comme étant première et
primordiale, c'est que nous n'avons pas voulu, pour le moment, et cela ne veut
pas dire que dans les travaux de nos fonctionnaires et les travaux de la
commission des transports on ne se penchera pas sur cette question, indiquer
sans avoir étudié et consulté comme il se devait des
possibilités de réduction. Ce sur quoi nous voulons insister,
c'est que nous considérons que la responsabilité soit de la
diminution ou d'une addition de charge de travail pour permettre à tout
le monde de gagner sa vie réside clairement et totalement auprès
du gouvernement du Québec avec qui, encore une fois, nous sommes
prêts à participer à l'élaboration d'une solution;
mais nous ne sommes pas rendus assez loin dans notre démarche.
Simplement, on vous dit: Le problème est là. Qu'il soit
réglé par une réduction de quelque façon que ce
soit ou par une addition de charge de travail, nous considérons que
c'est une responsabilité qui appartient au gouvernement du
Québec. (15 h 45)
M. Clair: En termes de gestion, vous indiquez dans le
mémoire que ce que vous souhaitez, ce n'est pas simplement de vous voir
déléguer des tâches - l'expression m'échappe -
administratives. À la page 7 du mémoire on peut lire: "La
communauté devra cependant être nantie d'une certaine
responsabilité pour mener à bien le nouveau mandat qu'on
s'apprête à lui confier. Il faudra donc aller plus loin que le
simple transfert de tâches administratives."
Qu'est-ce que cela veut dire? Quel est le niveau d'implication
souhaité? L'Union des municipalités du Québec et l'Union
des municipalités régionales de comté ont beaucoup
insisté sur la différence entre la gestion et le contrôle
ou des tâches administratives et des fonctions. J'ai essayé de les
rassurer en leur disant qu'effectivement, quant à nous, il nous semble
que ce qui doit être décentralisé, c'est la gestion, bien
sûr, dans un encadrement défini nationalement, ce qui
m'apparaît inévitable. Les plaques d'immatriculation vont devoir
continuer d'être émises nationalement; les normes de
sécurité, de construction, etc., des véhicules ne peuvent
pas être décentralisées. Mais l'objectif que nous
poursuivons, quant à nous, c'est justement de décentraliser
réellement autant que possible la gestion, afin d'inclure le transport
par taxi comme un mode de transport des personnes à part entière,
de nature locale, sous la juridiction des élus locaux, au même
titre que le transport en commun. Est-ce que cela correspond à ce que
vous souhaitez quand vous dites que vous ne voulez pas simplement un transfert
de tâches administratives?
M. Des Marais II: De façon générale, oui, et
je donnerai un exemple. On ne voudrait pas se retrouver dans la situation
où on devrait appliquer des normes de gestion locales
édictées essentiellement par Québec. Par exemple, quand on
lit le décret, je pense qu'il réglemente toutes les infractions
possibles. C'est très large et, en principe, la communauté a la
totale responsabilité - le service de police, en particulier -
d'appliquer ces règles. Je dois dire, M. le ministre, qu'il y en a sur
lesquelles on peut se poser la question: Qu'est-ce que cela fait là?
Elles ne s'appliquent peut-être nulle part, il y en a qui ne s'appliquent
pas du tout sur le territoire de la communauté, mais on a toujours
pensé, quand on adoptait un règlement qui devait être
appliqué par nos fonctionnaires, qu'ils soient du service de police ou
des inspecteurs de différents services, qu'on devait mettre entre leurs
mains un règlement qui soit totalement applicable et non pas y inscrire
des dispositions qui laissent place à l'arbitraire.
Je vous donne simplement un exemple: on ne voudrait pas que les gens
puissent utiliser des dispositions réglementaires ou des décrets
qui serviraient à harasser - comme on s'en fait accuser
occasionnellement, peut-être sans raison - des gens, soit dans
l'industrie du taxi ou ailleurs. C'est dans ce domaine où on veut que
soient reconnues par le gouvernement du Québec les
responsabilités locales de la communauté. Il est bien
évident que les autres responsabilités concernant tout le
Québec, c'est au gouvernement du Québec de les assumer et nous
verrons à nous y conformer et à travailler avec vous pour les
appliquer.
M. Clair: Je peux vous en donner l'assurance, parce que la
difficulté du règlement no 6 provient justement, en grande
partie, du fait qu'un règlement d'application générale
pour l'ensemble du Québec prévoit des choses qui ne sont pas
très applicables sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal et, en plus de cela, on demande à un autre corps
policier de l'appliquer, c'est-à-dire au service de police de la
Communauté urbaine de Montréal. C'est justement la
conséquence de la centralisation et ce qu'il y a d'inacceptable
là-dedans, c'est ce que vous venez de souligner.
Une dernière question. Dans la mesure où vous souscrivez
aux objectifs généraux, on peut donc envisager
éventuellement certaines mesures de transport collectif et la mise en
application d'une politique d'introduction du taxi, par exemple, dans le
transport adapté ou - même si vous dites que c'est marginal -une
partie des nouvelles avenues en matière de transport paracollectif avec
les taxis. Dans votre hypothèse, de qui devrait relever la
responsabilité de mettre en marche des expériences de taxi
collectif ou l'utilisation des taxis dans tel ou tel secteur? Est-ce que, dans
votre esprit, cela devrait relever de la CTCUM puisqu'elle est l'exploitant en
matière de transport en commun et que, si on veut introduire le taxi
dans une politique appliquée quotidiennement de transport en commun,
cela peut aller vers la CTCUM? Ou est-ce que ce devrait être
rattaché directement dans une structure d'accueil spécifique
à la Communauté urbaine de Montréal? Quel est votre point
de vue là-dessus?
M. Des Marais II: M. le Président, il faut se rappeler que
nous avons une structure en transport qui est extrêmement complexe. En
dehors des responsabilités générales qu'assument le
conseil et le comité exécutif, je l'ai mentionné
tantôt, il y a la nouvelle commission de transport qui va se pencher sur
les politiques. Alors, disons que ce n'est pas elle. Nous avons en
planification des réseaux de transport et, même s'il n'y a pas de
construction comme telle, les planificateurs du Bureau du transport
métropolitain sont des gens compétents dans la planification de
réseaux de transport, que ce soit sur rails, sur roues et que les roues
représentent des autobus ou des taxis ou autres. Il y a notre
opérateur qui, au nom de la Commission de transport de la
communauté urbaine, assume la responsabilité du fonctionnement
quotidien.
Sous réserve de vérifier auprès de la commission de
transport, la commission des élus, je pense bien que cette
responsabilité ne doit pas amener la création d'un autre
organisme alors que, à la commission de transport de la
communauté, des spécialistes du transport sont disponibles qui,
encore une fois, compétents dans la matière, peuvent
intégrer dans leur structure administrative, comme ils l'ont fait
déjà pour le transport des handicapés par minibus,
d'autres formes et d'autres façons de transporter les gens.
En conséquence, sujet à une opinion de la Commission de
transport de la communauté urbaine, au point de vue politique
générale, je pense que ceci devrait aller à la Commission
de transport de la communauté urbaine.
M. Clair: Alors, en terminant, avant de laisser la parole
à mon collègue le député de Jeanne-Mance, le
comité consultatif CUM-industrie du taxi, dont vous proposez la
constitution, à la recommandation 5 de la page 15 du mémoire,
est-ce que c'est un comité consultatif qui serait mis en marche
simultanément, ou même parallèlement au travail qui se fait
par le groupe de travail? Autrement dit, est-ce que, dès les
réunions du groupe de travail, l'industrie du taxi serait appelée
à être mise à contribution immédiatement ou est-ce
que vous envisagez cela en deux temps: groupe de travail, présentation
du mémoire ou de la position, de l'analyse, de l'étude à
la commission de transport de la CUM et après cela, un suivi, une
consultation avec l'industrie du taxi? Comment l'un s'arrime à
l'autre?
M. Des Marais II: Pour les fins de la préparation du
mémoire, nous avons eu quelques consultations mais qui n'ont pas
été complètes avec des représentants de
l'industrie. Mais, il faudra que cela se continue. À mon avis, il faudra
que, aux paliers politique et des fonctionnaires administratifs, des
consultations préliminaires se complètent pour l'identification
des plus grands problèmes; que se prenne suite à cela, à
l'échelle politique, une décision générale à
la suite de la recommandation des fonctionnaires et que, par la suite, le
comité consultatif s'articule, là aussi en deux étapes,
probablement élus et représentants de l'industrie, de
fonctionnaires et de techniciens de l'industrie. Mais, cela peut se faire
très rapidement.
M. Clair: Je suis heureux de voir que c'est dans ce
sens-là et, simplement pour indiquer que, dans la mesure où le
ministère des Transports pourra apporter une contribution utile, je vous
fais l'offre des services que nos gens pourraient éventuellement rendre
en participant à ce groupe de travail ou au comité consultatif.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir au
nom de mes collègues de l'Opposition de me joindre au ministre pour vous
souhaiter la bienvenue M. l'ex-maire d'Outremont et président de la CUM
ainsi qu'à vos collègues.
Vous avez noté tout à l'heure, au début de votre
intervention, que c'est le premier mémoire que la CUM dépose en
son nom. On se souvient que, jusqu'à récemment, vous veniez
toujours déposer des mémoires en votre nom personnel en tant que
président de la CUM et vous preniez beaucoup de soin pour nous expliquer
que, étant maire d'Outremont, vous aviez deux chapeaux et que, à
cause de cela, vous aviez un rôle qui n'était pas jugé
suffisamment objectif, enfin, pas par vous-même mais peut-être par
certains des autres membres de la CUM. Aujourd'hui, le problème est
disparu. Vous avez acquis une grande indépendance, semble-t-il,
maintenant que vous avez démissionné de votre poste comme maire.
Cela me faisait penser tout à l'heure que mes collègues, le
député de Jeanne-Mance et le député de Hull, et
moi-même avons connu une situation semblable quand nous avons
démissionné de postes semblables. Cette mutation que nous avons
connue nous a apporté une grande sérénité.
Maintenant, nous siégeons au-dessus de la mêlée, loin des
querelles politiques. Surtout dans le cas du député de Hull,
c'est encore plus évident.
M. Clair: Ils se sont fait une renommée nationale.
M. Bourbeau: M. le Président, revenons à des propos
un peu plus sérieux. Votre mémoire fait état, aux pages 12
et 13, du transport collectif. Nous avons eu, dans le passé, à
plusieurs reprises, l'occasion de discuter de transport avec vous lors de
comparutions précédentes. Un des points qui m'intéressent
dans la réforme proposée, c'est justement cette recherche que
l'on fait de modes de transport alternatif moins coûteux pour la
collectivité, entre autres, le transport par taxi, le transport
paracollectif. Ayant participé quelque peu à la gestion d'une
commission de transport, j'ai toujours eu un sentiment de frustration à
voir comment le transport public est parfois peu rentable quand on pense aux
heures hors pointe, par exemple. Les spécialistes du transport nous
disent que le transport public n'est rentable qu'aux heures de pointe alors que
les véhicules fonctionnent à pleine capacité et qu'en
dehors des heures de pointe, c'est vraiment déplorable. On voit, dans
les quartiers, très souvent, surtout le soir ou tard le matin, des
véhicules, qui coûtent au-delà de 100 000 $ chacun, se
promener presque vides. C'est un peu la même chose dans d'autres
domaines. Par exemple, les usines de filtration qui, pendant de longues
périodes, n'utilisent pas leur plein potentiel. C'est pour cela que,
quand des propositions nous sont faites pour tenter de rentabiliser les
équipements, je réagis toujours d'une façon positive.
Récemment, le président de la Commission de transport de
la Communauté urbaine de Montréal accordait une interview, qui a
été rapportée dans la Presse - ce n'est pas très
récemment; c'est à l'automne - à la suite de la
publication du livre blanc. Les propos du président de la commission de
transport étaient assez négatifs. Il ne semblait pas que,
vraiment, il soit possible que la CTCUM puisse entrevoir la possibilité
de collaborer relativement à ce genre de transport paracollectif, le
transport par taxi.
Dans le mémoire que vous nous présentez, vous n'êtes
pas extrêmement enthousiaste non plus. Il me semble que vous êtes
un peu plus enthousiaste, un peu moins négatif que le président
de la CTCUM. Est-ce que c'est parce qu'il y a eu un changement depuis cette
date ou si vous partagez l'aspect un peu négatif du président de
la CTCUM?
M. Des Marais II: M. le Président, je rappelle que,
personnellement, ce que je lis dans les journaux, je ne le crois pas. En
conséquence, on peut me citer des propos du président-directeur
général de la CTCUM. C'est peut-être cela ou autre chose;
je n'ai pas vérifié. Mais je pourrais simplement mentionner que
le fait qu'il nous ait délégué, au comité qui a
préparé ce rapport, des représentants distingués en
la personne du chargé de projets, division de recherche,
aménagement du réseau, et d'un chef de division de recherche,
aménagement du réseau, cela n'infirme ni ne confirme les propos
du président-directeur général, mais cela indique une
volonté de collaborer au projet de solution du problème qui est
devant nous.
M. Bourbeau: Je pense qu'il est admis que la CTCUM a un parc
d'autobus et de métro assez important et qu'à certains
égards la CTCUM souffre peut-être même de
suréquipement, surtout aux heures de pointe alors que beaucoup d'autobus
ne sont pas utilisés. Dans un contexte comme celui-là, ne
serait-il pas illusoire de penser que la CTCUM pourrait consentir
à collaborer à une réforme qui ferait qu'elle aurait
besoin de moins d'autobus puisqu'aux heures hors pointe, dans certains
secteurs, les autobus seraient remplacés par des taxis? (16 heures)
M. Des Marais II: M. le Président, avec tout le respect
que j'ai pour l'opinion professionnelle du député de Laporte, je
sais que cela a été discuté à plusieurs reprises et
qu'il a personnellement une opinion là-dessus qui n'est pas
nécessairement partagée par la CTCUM.
Avant de m'engager dans un débat sur la question de la CTCUM, M.
le Président, je vous rappelle que la loi de la communauté - je
pense que c'est un de ses derniers gros défauts - ne donne pas aux
élus le contrôle que, à mon avis bien personnel et qui est
partagé aussi par d'autres, on devrait avoir et qui nous permettrait, au
lieu de vous dire: C'est peut-être cela, c'est peut-être autre
chose, je n'en ai pas la responsabilité, de vous dire: On va y voir, si
réellement c'est le cas.
Il y a une question d'opinion, malheureusement, et, M. le
Président, j'aimerais ne pas m'engager sur ce terrain puisque je n'ai
pas la compétence, ni professionnelle, ni administrative, ni
légale, de parler au nom de la CTCUM.
M. Bourbeau: On revient toujours au même problème.
Alors que vous étiez président et maire, vous étiez
très hésitant à parler de ce sujet. Maintenant que vous
avez acquis une certaine indépendance, il me semble que cela n'a pas
tellement changé non plus. C'est malheureux parce que - je le dis en
toute sincérité - on se butte toujours au même mur. Il
semble que la CTCUM ne soit qu'une espèce de tour d'ivoire dont personne
ne puisse s'approcher. On sait une chose; c'est que le transport en commun
à Montréal coûte très très cher et qu'il
coûte relativement plus cher qu'ailleurs.
Quand on regarde les autres grosses communautés, comme Laval ou
la Rive-Sud, et les territoires adjacents qui sont quand même des
territoires assez populeux, les coûts du transport en commun sont
infiniment moins importants et, chaque fois qu'on tente de percer ce mur, de
savoir pourquoi cela coûte plus cher à la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Montréal, on se fait toujours
répondre que ce n'est pas possible, qu'on n'y a pas de contrôle.
Je ne vous blâme pas de répondre cela, je pense que vous dites la
stricte vérité. Mais c'est malheureux, en fait, comme
gestionnaire des fonds publics, d'être obligés de constater qu'on
ne peut pas exercer de contrôle, que les élus ne peuvent pas
exercer de contrôle.
Finalement, vous parlez de l'opinion professionnelle du
député de Laporte. C'est le seul qui émette des opinions.
Les autres ne veulent pas en parler. Je comprends pourquoi vous ne pouvez pas
le faire, mais je me demande si, un jour ou l'autre, on pourra savoir si,
à la CTCUM, il y a vraiment du suréquipement, si cela coûte
trop cher et pourquoi. On sait que cela coûte trop cher, cela n'est pas
un problème, mais pourquoi cela coûte-t-il trop cher, et n'y
aurait-il pas un moyen, un jour ou l'autre, de réduire les coûts
du transport en commun à Montréal?
Ce qu'on nous propose aujourd'hui, c'est une méthode qui pourrait
permettre de le faire. Certainement aux heures hors pointe en tout cas, la
CTCUM pourrait utiliser ce transport paracollectif par taxi. Mais je pense que
ce n'est pas M. Des Marais ou les gens de la CUM qui vont pouvoir régler
le problème, semble-t-il. Je ne sais pas si le ministre peut nous
éclairer...
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: ...parce que je pense que c'est sa
responsabilité et celle du gouvernement. Qu'on a le témoignage du
président de la CUM qui nous dit qu'il ne peut pas répondre, mais
qui constate qu'il n'a pas de pouvoir. Je pense qu'on peut déduire de ce
qu'il nous a dit qu'il y a un problème mais qu'il ne peut pas le
résoudre. Finalement, on tourne en rond et on se retrouve à la
porte du ministre pour lui demander: Qu'est-ce que vous faites?
M. Clair: M. le Président, l'automne dernier, au mois
d'octobre, s'est tenue une commission parlementaire sur une proposition de
restructuration du cadre institutionnel et financier du transport en commun.
L'un des consensus qui s'est dégagé, au moment de cette
commission parlementaire, c'est justement la nécessité pour les
élus de toute la région de Montréal - si on parle au
niveau local, en tout cas - de détenir les pleins pouvoirs, le plein
contrôle de leur commission de transport dans chacun des cas. Dans ce
sens, M. le Président, déjà, nous, au ministère, on
est au travail pour voir ce que cela signifie, donner les pleins pouvoirs
à la Communauté urbaine de Montréal sur la CTCUM et, comme
c'est un consensus, il ne restera qu'à traduire dans les textes
législatifs ce que cela signifie précisément.
Je pense que cela rejoint un peu la mise en application des mesures de
transport paracollectif. À quoi cela servirait-il de
décentraliser s'il y avait - passez-moi l'expression - du "tiraillage"
entre la volonté de la CTCUM, exploitant, et la volonté de la
Communauté urbaine de Montréal, organisme démocratiquement
composé d'élus? Je pense que les deux doivent se faire de pair,
à savoir la décentralisation, éventuellement, et la mise
en forme, dans une loi, de la
concrétisation de ce consensus du contrôle des commissions
de transport à Laval, Rive-Sud et CUM par les élus de ces
commissions de transport. J'espère, M. le Président - je profite
de l'occasion pour le redire - que les suggestions qu'on nous fera vont porter
sur les modalités, sur ce qu'est la définition de "avoir le plein
contrôle des commissions de transport". On n'a aucune objection à
cela; au contraire. C'était l'un des énoncés de la
proposition de juin dernier en matière de transport en commun.
M. Bourbeau: M. Des Marais, si la CUM avait le contrôle
effectif de la CTCUM, d'après vous, est-ce qu'on pourrait réduire
les coûts du transport en commun à Montréal?
M. Des Marais II: M. le Président, je voudrais d'abord
dire, pour éviter tout malentendu, qu'à l'intérieur du
cadre institutionnel avec lequel je ne suis pas d'accord, dont je
déplore la constitution et au sujet duquel je note avec plaisir les
propos du ministre, il n'y a pas, entre les individus qui travaillent pour la
communauté et pour la commission de transport, de problème ou de
tiraillement important, sauf qu'il est bien évident que chacun lit la
loi et réalise quelles sont ses responsabilités.
Pour répondre à cette question, il faut retourner
peut-être une dizaine d'années en arrière; ce n'est pas
tellement loin. Quand la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal ne déclarait pas un déficit à
la fin de l'année, on pouvait peut-être prétendre que les
élus n'avaient pas à être directement en contrôle
sauf par la nomination ou participation à la nomination des
commissaires; ensuite, la commission était relativement autonome. Au
moment où les déficits augmentent de façon
considérable, à cause de l'augmentation des coûts, à
cause de l'augmentation de la demande, à cause de la transformation du
réseau, à cause de la mise en service d'un plus grand nombre de
kilomètres de métro, il est bien évident, à mon
avis, que les élus doivent être partie au choix que devra faire la
communauté - je ne dis pas la commission, mais la communauté -
puisque la communauté devra décider si, pour un niveau de service
prévu, le coût est de X centaines de millions de dollars et que ce
service est réparti de telle façon sur le territoire de la
communauté. Si les élus décident que c'est cela que cela
coûte et que c'est cela qu'on doit donner aux gens qui utilisent le
réseau, ils assument la responsabilité. Si les élus
disent: Non, ce n'est pas 100 000 000 $ que nous allons percevoir chez les
contribuables pour ce service, mais c'est 50 000 000 $, à ce
moment-là, ils pourront dire à la commission, comme pour
n'importe quel autre service sous notre contrôle: Venez nous proposer des
réductions de prix, des augmentations de tarif ou quelque solution
possible pour réduire la participation du contribuable à 50 000
000 $. Dans ce sens, M. le Président, je pense que, si les élus
étaient responsables, il y aurait un meilleur contrôle des
coûts et on cesserait cette anomalie de répondre non seulement aux
élus du gouvernement du Québec mais aux gens qui élisent
les conseillers municipaux et les maires.
Concernant le transport, vous savez, nous n'avons pas toute la
responsabilité qu'on pourrait avoir pour nous permettre de vous dire:
Oui, nous pensons que la décision de la commission de cesser un service
sur une ligne quelconque ou d'augmenter le service sur une autre ligne, c'est
raisonnable pour toutes sortes de raisons, ce qu'on ne peut pas faire
aujourd'hui. La réponse, c'est oui, mais en la qualifiant comme je viens
de le faire.
M. Bourbeau: Pensez-vous que, si les élus avaient un
contrôle effectif de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, on aurait plus de chances d'obtenir de la CTCUM une
collaboration et, éventuellement, l'instauration d'un service
paracollectif, par taxi - enfin, certains projets pilotes - que si on demeure
dans le statu quo actuel?
M. Des Marais II: M. le Président, la réponse,
c'est évidemment oui. Si la commission de transport est un organisme qui
tombe sous les élus de la communauté, ce sont les élus qui
vont lui dire ce qu'ils veulent qu'elle accomplisse. En conséquence, la
réponse, c'est bien évidemment oui, plus qu'aujourd'hui,
malgré qu'aujourd'hui il y ait une bonne collaboration, mais dans un
cadre institutionnel qui est difficile.
M. Bourbeau: Pour terminer, là-dessus, c'est bien
évident qu'à partir du moment où on peut faire faire du
transport collectif par l'industrie privée, non subventionné,
c'est toujours plus intéressant que de le faire faire par les fonds
publics, quand on sait qu'un transport en commun est toujours
déficitaire.
Je vais changer de propos. Dans votre rapport, à la page 10, vous
parlez de la question de la surveillance policière et de la
sécurité. Vous avancez le chiffre de 25 policiers additionnels
dans le cas du transfert de juridiction. N'y a-t-il pas déjà des
policiers qui sont affectés à ce genre de travail actuellement?
Est-ce que les 25 feraient exactement le même travail que font les 10? On
m'a dit qu'il y en avait une dizaine, actuellement.
M. Des Marais II: De la façon dont travaille le service de
police actuellement, il n'y a pas, comme tels, de policiers assignés
aux taxis. Il y en a eu pendant plusieurs années, en fait,
jusqu'à assez récemment mais, au moment où on se parle,
que je sache, il n'y a pas de policiers comme tels attachés au taxi. Ce
qui arrive pour l'application du règlement, par exemple, ce sont des
directives qui sont réparties entre les postes et parmi les officiers de
direction dans les postes qui, eux, transmettent ces directives, qui sont
extrêmement détaillées, à tout le personnel qui fait
de la surveillance policière et qui peut appliquer ce règlement
particulier. Alors, il n'y a personne, en particulier.
Maintenant, dans les 25 emplois, on a bien pris soin de ne pas indiquer
que c'étaient 25 emplois policiers comme tels. Il y a peut-être un
certain nombre d'emplois policiers, un certain nombre d'emplois de cols blancs
aussi, mais je ne peux vous dire quelle est la proportion de l'un ou de
l'autre.
M. Bourbeau: J'ai de la difficulté à comprendre
pourquoi ça prendrait plus de policiers. Vous me dites que ce ne sont
pas tous nécessairement des policiers, mais il va certainement y en
avoir, puisque c'est au service de police. Si, dans le travail normal d'un
policier, il y a, entre autres, la surveillance des taxis actuellement,
pourquoi cela serait-il plus onéreux après la réforme?
M. Des Marais II: Je ne prendrai qu'un exemple. Aujourd'hui,
n'existent plus, à ce que je sache, des examens comme il en existait
auparavant à travers, en particulier, la ville de Montréal et, au
tout début, je pense, la communauté, sur la géographie
locale. Il est bien évident que si, demain, nous sommes responsables de
l'application de certaines réglementations, de la réglementation
locale, nous allons sans doute remettre en vigueur un règlement par
lequel les gens devront être au courant de la situation des rues, des
ruelles, des monuments, des gares, etc., ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Aujourd'hui, comme ce n'est pas notre responsabilité, si quelqu'un dit
à la communauté qu'elle ne fait pas son travail, moi, je dis:
Écoutez, je ne peux pas le faire parce que ce n'est pas ma
responsabilité. On pourrait penser que ce n'est peut-être pas
sensé, non plus. En conséquence, c'est un peu l'addition de
toutes ces choses. Le chiffre 25 doit être pris... C'est à peu
près 25.
Revenons à un point. Après étude, si on en vient
à pouvoir détailler 25, 50 ou 10, selon les principes de la
réforme sur la fiscalité... C'est surtout là-dessus qu'on
veut attirer l'attention du gouvernement. Selon les principes que nous avons
endossés, il était bien entendu qu'aucun transfert de
responsabilités n'existait au moment où la réforme a
été mise en place sans qu'il y ait un transfert équivalent
de ressources. J'ai été heureux, évidemment, d'entendre le
ministre nous parler de permis à 40 $ pour 600 000 $ ou 700 000 $. Il
faudra compléter notre travail là-dessus pour savoir, si
ça doit nous coûter 700 000 $, si notre revenu est de 700 000 $.
À ce moment-là, pas de problème, on va créer des
emplois et on va s'en occuper. Si le revenu est de 700 000 $ et que le
coût est de 2 000 000 $, nous allons en discuter un peu plus
longuement.
M. Bourbeau: Si je comprends bien votre dernière
réponse, la question des 25 emplois additionnels, ce n'est pas
nécessairement pour le service de la police; probablement que ce sera
même ailleurs qu'au service de la police. Vous avez plutôt
parlé de cours de géographie qui seraient donnés. Je pense
bien qu'on n'engagera pas un policier à 30 000 $ par année pour
donner des cours de géographie à des apprentis-chauffeurs de
taxi.
M. Des Marais II: J'ai mentionné le service de police
parce que, dans notre langage, le service de police comprend des policiers,
mais aussi des cols blancs et des employés civils. Cela peut s'agir de
policiers et de civils à l'intérieur du service de police.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Laporte, si vous pouviez terminer bientôt, votre temps est
écoulé.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai terminé sur
cette question. Comme vous voyez, je suis le député le plus
obéissant qu'il puisse y avoir.
Le Président (M. Brouillet): Bien, merci. Je remercie M.
Des Marais et son groupe.
M. Clair: M. le Président, en terminant, je veux
réitérer mon intérêt pour le groupe de travail qui a
été mis sur pied de même que notre désir de prendre
connaissance, le plus rapidement possible, des conclusions du groupe de travail
et de l'opinion de la commission permanente de la Communauté urbaine de
Montréal. (16 h 15)
M. Des Marais II: M. le Président, M. le ministre, madame
et messieurs les membres, merci beaucoup de nous avoir entendus.
Le Président (M. Brouillet): Maintenant, nous allons
entendre les représentants du Regroupement des usagers du transport
adapté de la CUM. J'inviterais le porte-parole à s'identifier et
à nous présenter la personne qui l'accompagne.
Regroupement des usagers du transport adapté de
la CUM
Mme Rémillard (Marie-Blanche): Marie-Blanche
Rémillard, je suis la présidente du Regroupement des usagers du
transport adapté de la CUM. Voici M. Jean-Marie D'Amours, membre de
l'organisme, qui a travaillé comme recherchiste à la
préparation du mémoire.
Le Président (M. Brouillet): Madame, pouvez-vous
présenter votre mémoire dans la mesure du possible, à
l'intérieur de 20 ou 25 minutes?
Mme Rémillard: Tout d'abord, au sujet du Regroupement des
usagers du transport adapté de la CUM, je voudrais que ce soit bien
clair que les personnes que nous représentons ne sont pas celles qui
auraient droit d'utiliser le transport adapté de la CTCUM,
c'est-à-dire que ce ne sont pas toutes les personnes handicapées,
ce sont les personnes handicapées qui sont incapables d'utiliser les
services de transport régulier de la CTCUM. Certaines de ces personnes
ont droit au service actuellement, certaines n'ont pas droit au service.
L'idée du taxi comme complément au service de transport
adapté par minibus pour les personnes handicapées n'est pas
nouvelle. Nous ne venons pas de la découvrir. Au tout début de la
prise en charge de la CTCUM, en 1980, les usagers étaient au courant
qu'ailleurs dans le monde, aux États-Unis ou en Europe, le taxi
était utilisé pour transporter les personnes
handicapées.
Nous avons aussi suivi attentivement l'expérience de
Québec. Lors du sommet socio-économique sur l'intégration
de la personne handicapée, en décembre 1981, le ministre a,
à plusieurs reprises, mentionné le fait que la possibilité
d'utiliser le taxi pour le transport des personnes handicapées
était une avenue intéressante. Avec l'évocation du
transport par taxi pour les personnes handicapées comme une avenue
nouvelle pour le taxi, nous avons décidé que c'était le
temps de faire le point et de présenter ce que nous voudrions comme
service de taxi. Comme je n'ai pas l'intention de lire le mémoire dans
son entier, je vais expliquer brièvement notre démarche.
Tout d'abord, il s'agissait de faire le point sur le transport
adapté à Montréal. En termes statistiques: les personnes
qui étaient desservies et les personnes qui n'étaient pas
desservies et le coût aussi de ces déplacements. Nous voulions
dire, après cela, qu'il y avait déjà du transport par taxi
fait sur le territoire de la CUM, mais aux frais des associations de personnes
handicapées et aux frais des usagers, même si quelquefois ces
personnes auraient eu droit et la plupart du temps en fait auraient eu droit au
transport adapté de la CTCUM. Il y avait aussi une pratique dans
l'industrie du taxi de transport des personnes handicapées, une certaine
compétence qui s'était développée. Nous sommes
allés voir à Québec. Nous avons interviewé toutes
les personnes que nous pouvions sur ce sujet. Nous en sommes revenus
très impressionnés. Donc, nous avons demandé à
Montréal, à tous les intervenants dans le dossier, ce qu'ils
pensaient de la possibilité d'une implantation d'un système de
transport par taxi à Montréal.
Nous avons déduit les avantages d'un tel service, nous en avons
défini les principales caractéristiques et nous suggérons
au gouvernement certains scénarios d'implantation. Viennent enfin les
recommandations.
Le service de transport adapté à Montréal
actuellement. Le service de transport adapté de la CTCUM comptait, en
1982, un total de 2200 usagers admis. Si l'on considère que la CTCUM a
systématiquement refusé l'admission des personnes obèses
et handicapées sur les plans visuel et intellectuel, il faut conclure
que le nombre total d'usagers actuels ne représente pas le nombre total
d'usagers potentiels. La CTCUM n'ayant pas actuellement de comité
d'admissibilité où pourraient être acheminées les
demandes en provenance de ces usagers potentiels, aucune donnée n'est
disponible pour évaluer leur nombre.
Cependant, des statistiques recueillies auprès de la CTL et de la
CTRSM, où ces personnes sont admissibles, nous permettent de croire que
ces personnes représentent entre 12% et 24% du nombre total des usagers
potentiels. Une projection conservatrice situerait ce nombre à environ
2600 usagers, 2600 personnes. 15% d'usagers non admis actuellement, soit
environ 400. Cette évaluation est très conservatrice si on tient
compte d'une publicité plutôt déficiente et de la grande
réticence de la CTCUM à admettre certaines clientèles.
Le pourcentage d'usagers ambulatoires, c'est-à-dire qui ne se
déplacent pas en chaise roulante, était de 25% en 1981 et de 32%
en 1982. Si l'on tenait compte de l'admission éventuelle des personnes
handicapées visuellement ou intellectuellement, ce pourcentage pourrait
se situer entre 40% et 45%, pourcentage assez réaliste si on le compare
à celui de la CTCUQ, où ces personnes sont admises, qui
était de 41% en 1982.
On comptait à la CTCUM, en 1981, 4,7% de refus de
déplacement, réduit en 1982 à 4,2%. Il s'agit de refus
attribuables à une surcharge du service. En chiffres absolus, cela
signifie que l'on refusait une moyenne de 656 déplacements par mois en
1982. Si l'on tenait compte des usagers potentiels non admis actuellement, cela
porterait le pourcentage de refus à 19% ou 3500
déplacements refusés par mois.
Le coût moyen d'un déplacement par transport adapté
à la CTCUM était de 24,40 $ en 1981. En 1982, à la suite
d'une augmentation importante du nombre de minibus et, par conséquent,
des frais d'exploitation, ce coût moyen se situait à 35,87 $ par
déplacement. Ce sont des chiffres qui nous ont été
transmis par la CTCUM au début du mois de février. Il s'agit d'un
coût très élevé. Il y a un tableau qui suit dans
lequel les gens qui sont intéressés peuvent voir que c'est
très élevé par rapport aux autres commissions de
transport.
Nous pouvons donc conclure que le service de transport adapté de
la CTCUM est loin de répondre aux besoins des personnes
handicapées de son territoire et ce, malgré des coûts qui
deviennent astronomiques. L'actuel transport adapté par taxi se fait
surtout par des usagers individuels, comme moi, par exemple, quand je prends un
taxi pour aller à un endroit si je ne peux pas avoir de minibus. Il y a
aussi des associations qui déplacent soit leurs travailleurs, soit les
gens pour des fins de loisirs en taxi parce qu'elles ne peuvent pas avoir le
service de transport adapté de la CTCUM. Le mémoire décrit
avec assez de détails l'expérience de l'utilisation du taxi
à Québec. C'est à partir d'une analyse critique de cette
expérience que nous avons déduit les avantages et décrit
les conditions de fonctionnement d'un tel service à Montréal. Je
pense que la CTCUQ va parler tout à l'heure de son service et j'aimerais
autant qu'elle en parle elle-même.
L'implantation d'un service de transport adapté par taxi sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Du point de vue
syndical, citons tout d'abord l'article 19 de la convention collective de la
Fraternité des chauffeurs qui se lit comme suit: "Sous la réserve
qui suit, aucun travail ou service exécuté présentement
par des employés assujettis à l'accréditation syndicale ne
devra être donné à contrat ou à sous-contrat
à une compagnie ou à un entrepreneur individuel." Ce même
type de clause se retrouve dans la convention collective de travail des autres
unités d'accréditation syndicales.
Les premières réactions de la fraternité face
à l'utilisation du taxi au niveau du transport adapté sont
très prudentes. On craint, évidemment, que l'utilisation du taxi
pour le transport adapté ne soit qu'un premier pas vers une utilisation
beaucoup plus large au niveau des services réguliers. Cependant, on ne
ferme pas complètement la porte, malgré tout, conscients que la
partie syndicale se doit se définir une position sociale (comprendre:
socialement justifiable).
Point de vue de la CTCUM. Le président de la CTCUM, M.
Lawrence
Hanigan, a affirmé, lors de la présentation de son budget
devant le conseil de la CUM, que le principe de l'utilisation du taxi au niveau
du transport adapté était acquis par la CTCUM. D'autre part, les
contacts établis avec des responsables de la CTCUM nous ont
confirmé que le principal obstacle à l'utilisation du taxi pour
le transport adapté se situait au niveau des conventions collectives.
Outre cet obstacle majeur que constituent les conventions collectives, bon
nombre de questions restent à résoudre au niveau de
l'administration d'un tel service. On insiste particulièrement sur
l'importance de maintenir la centralisation des activités reliées
à l'établissement de l'admissibilité ainsi qu'à la
réservation et à la répartition.
En ce qui concerne le point de vue de l'entreprise de taxi, nous avons
mentionné qu'il se fait déjà beaucoup de transport de
personnes handicapées par taxi sur le territoire de la CUM. Plusieurs
chauffeurs de taxi se sont spécialisés dans le transport de
personnes handicapées et vivent presque exclusivement de ce
marché depuis une quinzaine d'années, dans certains cas. Dans les
faits, il s'agit déjà de taxi collectif. On utilise
régulièrement des coupons de crédit et on négocie
des prix forfaitaires parfois inférieurs aux tarifs établis par
taximètre. Dans plusieurs cas, il s'agit de véritables contrats
réguliers.
Toute forme de subvention gouvernementale au transport par taxi de
personnes handicapées serait fort appréciée car elle
entraînerait un développement important de ce marché.
Avantages et conditions d'un service de transport adapté par
taxi. Parce qu'on est bien conscient qu'il ne s'agit pas seulement de demander
l'utilisation du taxi pour le transport de personnes handicapées, il
faut aussi dire quel genre de transport par taxi on voudrait.
Les avantages: Premièrement, l'utilisation du taxi pour le
transport des usagers ambulatoires ainsi que d'une partie des usagers utilisant
un fauteuil roulant standard représente une importante économie
sur les coûts du transport adapté; 30% à 40%
d'économie sur les coûts du transport adapté. 30% à
40% sur chaque déplacement effectué en taxi nous apparaît
une évaluation très réaliste, quand on sait qu'un
déplacement par transport adapté - minibus -coûte aux
contribuables de dix à douze fois plus qu'un déplacement par
transport régulier, toute économie possible devient un facteur
déterminant.
Deuxièmement, l'utilisation du taxi amène une très
grande flexibilité dans l'ajustement entre l'offre et la demande et
permet donc une réponse plus adéquate aux besoins des personnes
handicapées qui ne peuvent utiliser les services réguliers de
transport. L'utilisation du taxi permettrait,
entre autres, sur le territoire de la CUM, de desservir plus
adéquatement les usagers handicapés physiques, en
réduisant considérablement le pourcentage de refus, et de donner
enfin accès au transport public aux usagers handicapés visuels,
intellectuels, obèses et autres.
Troisième avantage, l'utilisation du taxi entraîne une plus
grande souplesse dans l'utilisation du service en permettant, entre autres, de
réduire à huit heures, voire quatre heures ouvrables, le
délai minimum de réservation. Ce délai constitue en effet
l'une des contraintes les plus lourdes imposées aux usagers du transport
adapté. Combien le réseau régulier perdrait-il d'usagers
s'il devait les soumettre à une telle contrainte?
Quatrièmement, l'utilisation du taxi permet un gain important
quant à la fiabilité du service en réduisant le nombre
d'usagers par véhicule et, en pouvant compter sur une véritable
décentralisation de ceux-ci, on élimine presque
complètement l'écart entre les horaires prévus et les
horaires réels.
Les conditions idéales pour un service mixte minibus-taxi. Sans
chercher à être exhaustifs, nous présentons un certain
nombre de conditions à privilégier en ce qui concerne un service
de transport adapté par taxi.
Premièrement, il faudrait privilégier un système
mixte permettant l'utilisation coordonnée de minibus et de taxis. Cela
permet de répondre à l'ensemble de la demande de transport
adapté des usagers ambulatoires ou utilisant un fauteuil roulant
standard ou motorisé.
Deuxièmement, il faudrait, dans l'hypothèse d'un service
mixte, laisser le libre choix à l'usager utilisant un fauteuil roulant
standard quant au mode de transport à privilégier. Ceci, afin de
tenir compte du degré relatif d'autonomie de l'usager. Le taxi comporte
suffisamment d'avantages, par rapport au minibus, pour qu'on laisse jouer
librement ce facteur incitatif. Ce choix devrait s'exercer au moment de
l'admission, mais pourrait être révisé au besoin.
Troisième condition, il faudrait privilégier le taxi
collectif, sans pour autant en faire un absolu, surtout en dehors des heures de
pointe où, même pour les usagers du transport régulier, les
lignes de déplacement deviennent beaucoup plus individuelles. Dans le
mémoire de la CUM, il y a quelque chose au sujet de la comparaison d'un
service par taxi avec un service par minibus. Je tiendrais à
préciser, comme usager du transport adapté, qu'en dehors des
heures de pointe le service de minibus fonctionne pratiquement comme un service
de taxi, c'est-à-dire presque généralement avec un seul
passager dans le minibus.
Quatrièmement, il faut légaliser la négociation de
prix forfaitaires qui peuvent permettre au service de transport adapté
de réaliser des économies d'échelles.
L'achalandage incite à négocier les prix pour les
entreprises de taxi.
Cinquièmement, il faut privilégier les coopératives
ou autres entreprises de taxi regroupant des propriétaires artisans.
Ceux-ci sont en mesure d'assurer une meilleure qualité de service et un
meilleur contrôle face aux plaintes qui peuvent provenir des usagers. Il
faut exiger des entreprises de taxi une assurance supplémentaire
couvrant les déplacements sous leur responsabilité à
l'extérieur du véhicule-taxi.
Il faut maintenir une centralisation administrative: un seul
comité d'admissibilité, un seul centre de réservations et
de répartition. Les usagers sont admis au transport adapté en
fonction de leur incapacité à utiliser le service de transport
régulier et non en fonction du mode de transport
spécialisé qu'ils requièrent. La centralisation des
réservations permet un meilleur contrôle face aux entreprises de
taxi et simplifie la procédure d'accès au service pour l'usager,
à condition, bien sûr, que le centre de réservation soit
facilement accessible par téléphone. La centralisation de la
répartition permet une complémentarité beaucoup plus
souple entre les deux modes de transport utilisés et une maximisation du
taxi collectif. (16 h 3D)
Huitième condition: Il faut réduire le plus possible le
délai minimum de réservation. Si l'on veut profiter au maximum
des avantages d'un système mixte avec répartition
centralisée, il faut prévoir un délai identique de quatre
heures pour tous les usagers.
Neuvièmement: Il faut prévoir pour les usagers du
transport adapté une tarification au même coût et selon les
mêmes modalités que pour les usagers du réseau
régulier.
Dixièmement: Il faut exiger une formation des chauffeurs de taxi.
Elle pourrait être préparée et donnée par un groupe
d'usagers. Cette session de formation devra être brève et avoir un
caractère vraiment pratique et, c'est très important, ne
devraient être affectés au transport adapté et
formés en conséquence que les chauffeurs qui y consentent
librement.
Onzièmement: Il faut inciter les propriétaires à
adapter leurs véhicules-taxis.
Douzièmement: Il faut adopter la plus grande prudence face
à la question des abus possibles de la part des usagers. Tout d'abord,
il faut noter que cette notion d'abus n'est jamais évoquée dans
le cas des usagers du réseau régulier. Au contraire,
l'introduction de la carte mensuelle a fait disparaître tout frais
modérateur. Soulignons aussi que l'augmentation de l'achalandage est
susceptible d'amener une économie d'échelle.
Treizième condition et non la moindre: Il faut former un
comité de concertation
réunissant administrateurs et usagers du service de transport
adapté. Ce comité-conseil constitue pour les administrateurs une
sorte d'entonnoir face aux multiples demandes qui peuvent provenir des
différents organismes de personnes handicapées, ainsi qu'une
source de recommandations vraiment représentative sur laquelle ils
pourront fonder leurs décisions. Les usagers, quant à eux, ont
tout avantage à organiser leur représentativité et
à définir par la concertation entre eux des positions communes
sur l'opération du service du transport adapté. Ce comité
de concertation pourrait très bien s'inscrire dans la structure plus
large d'un comité d'orientation qui aurait pour mandat de traiter autant
de l'adaptation du réseau régulier que de l'amélioration
du transport adapté.
Une fois qu'on a reconnu les avantages d'un système mixte de
transport adapté et qu'on en a décrit les principales
caractéristiques souhaitées, il nous reste à voir comment
un tel système pourrait s'implanter à Montréal en tenant
compte des contraintes que l'on connaît.
Scénario no 1, qui est notre scénario
préféré, le scénario qu'on suggère. C'est le
seul que je vais lire au complet.
À l'initiative du ministère des Transports, un
comité d'étude est formé pour négocier les
modalités d'implantation d'un service de transport adapté par
taxi à la
CTCUM.
Ce comité est formé de représentants des
unités d'accréditation syndicale concernées, de la CTCUM,
du ministère des Transports et des usagers.
Ce comité doit soumettre, avant le 15 octobre 1983, son rapport
dans lequel il recommandera des modalités d'implantation acceptables
pour les quatre parties.
À défaut d'un consensus, il faudra recourir à un
autre scénario.
Nous croyons que l'enjeu social de ces négociations peut amener
les parties à des compromis acceptables. Malgré l'urgence d'un
déblocage ressentie par les usagers, cette voie doit être
explorée avant toute autre.
Les scénarios 2, 3 et 4 impliquent des modifications à la
loi, alors que le scénario 5 est le scénario qui implique une
subvention directe à l'usager.
Recommandations: Considérant les nombreux avantages de
l'utilisation du taxi pour le transport adapté, avantages qui en font
globalement un service de qualité nettement supérieur pour un
coût significativement moindre:
Nous voulons que le ministre des Transports prenne tous les moyens en
son pouvoir afin de promouvoir ou d'imposer, si nécessaire,
l'utilisation du taxi pour le transport adapté.
Nous voulons que le ministre des Transports modifie la
réglementation actuelle afin de permettre l'utilisation du taxi
collectif au niveau du transport adapté.
Nous voulons que le ministre des Transports modifie la
réglementation actuelle afin de permettre la négociation de prix
forfaitaires inférieurs aux tarifs établis par
taximètre.
Nous voulons que le ministre des Transports forme un comité
d'étude chargé de recommander les modalités d'implantation
d'un service de transport adapté par taxi à la CTCUM. Ce
comité, comme on l'a mentionné tout à l'heure,
étant formé de représentants des unités
d'accréditation syndicale concernées, de la CTCUM, du
ministère des Transports et des usagers devrait en arriver à un
consensus et remettre son rapport avant le 15 octobre 1983. C'est le
scénario no 1.
À défaut de pouvoir implanter le scénario no 1,
nous recommandons que le ministre des Transports propose une modification
à la loi no 9 confiant la responsabilité du transport
adapté à la CTCUM, afin de remettre cette responsbilité
entre les mains d'une autre autorité. Celle-ci pourrait contracter avec
une corporation autonome chargée de l'exploitation d'un service de
transport adapté, un service mixte utilisant le minibus et le taxi. Nous
recommandons que le ministre des Transports s'inspire des conditions
d'exploitation énoncées dans le cadre de ce mémoire pour
toute démarche d'implantation et d'évaluation d'un service de
transport adapté par taxi et, enfin, nous recommandons que le ministre
des Transports favorise l'implication des associations d'usagers dans toute
démarche à venir visant l'amélioration du service de
transport adapté. Merci.
Le Président (M. Brouillet): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, d'abord quelques mots pour
remercier la présidente du Regroupement des usagers du transport
adapté de la CUM Inc. et la personne qui l'accompagne de s'être
penchées sur le programme d'action proposé en août dernier
par le ministère des Transports pour favoriser de nouvelles avenues en
matière de taxi.
Si toutes les possibilités qui sont offertes en matière de
taxi collectif avaient été aussi fouillées que l'a
été celle d'utiliser le taxi pour le transport adapté dans
la région de Montréal, je pense, M. le Président, qu'on
pourrait encore beaucoup plus rapidement passer à des projets concrets
car on voit dans ce mémoire une qualité -personnellement, en tout
cas, je la vois -exceptionnelle. On voit que le Regroupement des usagers du
transport adapté de la CUM a fait un travail vraiment approfondi, non
pas dans un simple souci d'améliorer le service,
mais en étant conscient aussi des contraintes financières
qui sont imposées à tout le monde dans le moment. Donc, c'est un
mémoire d'une grande qualité sur l'une des facettes qu'on veut
ouvrir dans les nouvelles avenues, à savoir l'utilisation du taxi pour
le transport adapté. C'est un mémoire de qualité, mais
aussi un mémoire très crédible, très
réaliste, dans le sens où il ne se contente pas simplement de
revendiquer des augmentations de budget, mais dans le sens où le
regroupement est très conscient que les fonds sont limités et que
cette avenue de l'utilisation du taxi pour le transport adapté peut
représenter un double avantage: une amélioration du service,
certes, mais aussi peut-être une diminution, en tout cas, un plafonnement
des coûts relatifs reliés au transport adapté par minibus
tel qu'on le connaît actuellement.
Je pense, M. le Président, qu'avec un mémoire de cette
qualité, un mémoire réaliste comme je le disais
tantôt, le Regroupement des usagers du transport adapté de la CUM
accroît sa crédibilité de jour en jour, de mois en mois, et
que, dans ce sens, le caractère très crédible du
mémoire devrait faire réfléchir ceux qui hésitent
à mettre à contribution les usagers, les comités
d'usagers. Que ce soit pour le transport en commun régulier ou pour le
transport en commun adapté pour personnes handicapées, je pense
qu'il est de plus en plus difficile d'ignorer les usagers quand on voit des
mémoires de cette qualité.
Compte tenu, M. le Président, que le mémoire est assez
clair, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de questions à poser, si ce
n'est sur le scénario d'implantation d'un service de transport
adapté par taxi sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal. Vous avez entendu, avant vous, le président de la
Communauté urbaine de Montréal nous indiquer qu'un groupe de
travail avait été formé pour étudier l'ensemble de
la problématique du taxi. Il est évident que c'est l'une des
possibilités qui vont être étudiées par le groupe de
travail. Cela m'apparaît tout à fait évident. Est-ce que
vous ne pensez pas qu'avant de prendre l'initiative de mettre en marche le
scénario no 1 ou quelque autre scénario, on devrait d'abord
attendre, dans un premier temps, de voir quel sera le résultat des
réflexions de ce groupe de travail? Est-ce qu'il va proposer d'aller
dans ce sens-là? S'il y a une volonté de la part de la CTCUM et
de la Communauté urbaine de Montréal d'aller vers cela, à
ce moment, je pense que la mise sur pied d'une table de concertation, en
quelque sorte, pourrait aboutir beaucoup plus rapidement que si on y allait
immédiatement. J'aimerais avoir votre opinion là-dessus. Vous
avez entendu comme moi, tantôt, le président de la
Communauté urbaine de Montréal sur cette question.
Mme Rémillard: Si la Communauté urbaine de
Montréal pense étudier sérieusement la possibilité
de transport par taxi, tant mieux. Mais les usagers du transport adapté
vivent, par rapport aux autres usagers du transport adapté - par
exemple, par rapport aux colis ou aux autres types de choses que pourraient
transporter les taxis - une situation d'urgence, en ce sens que les services
répondent de moins en moins aux besoins et que les coûts sont
astronomiques. Quand on parle de 35,87 $ par déplacement, c'est
peut-être difficile pour les gens de se rendre compte de ce que cela
implique, mais cela implique, pour une personne qui prendrait de dix à
douze fois par semaine le minibus, des coûts d'environ 400 $ par semaine,
ce qui veut dire, sur une année de 50 semaines, environ 20 000 $ pour un
déplacement.
Si je pense à ce qu'une personne pourrait faire pour se
déplacer, deux ou trois personnes ensemble pourraient s'acheter un
minibus adapté et se payer un chauffeur privé pour les
transporter.
II y a un point non seulement au niveau du manque de flexibilité
du service par minibus qui doit demeurer...
M. Clair: Vous allez faire saliver les représentants de la
ligue de taxi A-11 qui sont derrière vous et qui vous entendent. Je
m'excuse de vous avoir interrompue.
Mme Robillard: Le service de transport par taxi n'est pas
seulement une solution plus économique mais représente vraiment
une solution tellement plus flexible et tellement plus souple parce que, de
quelque façon qu'on regarde le problème du transport
adapté, on s'aperçoit qu'il ne pourra jamais y avoir suffisamment
de minibus, particulièrement aux heures de pointe, pour répondre
à la clientèle. Quand on sait qu'à Montréal une
bonne partie de la clientèle potentielle n'est pas encore desservie, on
ne peut pas dire à ces personnes-là: On va attendre que la CUM
ait produit un rapport sur l'utilisation du taxi pour le transport en
commun.
Cela ne vient pas assez rapidement, c'est une situation d'urgence et
à Québec, dès le début du transport adapté,
ils ont utilisé un mode de gestion qui leur a permis d'utiliser le taxi.
Si cela prenait trois, quatre ou cinq ans à la CTCUM, c'est un ordre de
grandeur qu'on ne peut absolument pas supporter dans l'état de la
situation actuelle.
M. Clair: Pourriez-vous élaborer un peu plus sur
l'état des discussions que vous avez eues avec les représentants
de la fraternité des chauffeurs? Est-ce que ces discussions sont
récentes? Sur quoi ont-elles porté spécifiquement? Quelle
réponse avez-vous eue? La même chose de la part de la
CTCUM.
Vous avez rapporté tantôt les propos de M. Hanigan au
moment de l'étude du budget de la CTCUM, mais avez-vous eu une rencontre
avec les responsables de la gestion du transport adapté par minibus?
Quel est le niveau d'information dans lequel vous êtes
présentement?
Mme Robillard: Le seul syndicat qui a été
consulté, c'est la fraternité des chauffeurs. Aucune
démarche n'a été entreprise auprès des autres
syndicats, qui sont quand même un peu moins impliqués dans le
transport adapté. Je vais répondre pour cela et je laisserai M.
D'Amours répondre au sujet de notre approche auprès de la
CTCUM.
En ce qui concerne la fraternité, premièrement elle ne
semble pas tellement éveillée à tout ce qu'impliquait le
document "De nouvelles avenues pour le taxi" par rapport aux
intérêts de ses membres ou par rapport à sa profession.
Face aux chiffres qui lui étaient présentés, elle
était évidemment surprise, elle avait peu de choses à
répondre. Les deux réactions un peu opposées,
c'était premièrement évident que ce serait un
précédent dangereux pour elle parce que, si le transport
adapté se faisait par taxi, ce serait une porte ouverte sur
l'utilisation du taxi pour le transport collectif.
D'autre part, ce qu'elle définit comme sa position sociale n'est
pas encore élaboré et, comme il y a eu récemment une
élection à l'exécutif de la fraternité et qu'il y a
un nouvel exécutif, les démarches doivent être
continuées.
Cependant, on a été invité pour une rencontre avec
les chauffeurs du transport adapté et l'exécutif de la
fraternité dans les jours a venir. Il y a donc un intérêt
et une volonté de parler au moins et on pense que c'est assez
important.
M. Clair: Parallèlement à cela... Je vais laisser
monsieur répondre et je reviendrai sur l'autre question pour savoir si
vous avez entrepris des démarches aussi auprès des taxis.
M. D'Amours (Jean-Marie): Je peux peut-être répondre
tout de suite au niveau taxi. On a eu un contact avec une des
coopératives de taxi à Montréal, la Coopérative de
taxi de Montréal, secteur A-11. C'est à partir de cela qu'on a
rédigé ce qui concerne le point de vue de l'industrie du taxi sur
l'utilisation du taxi pour le transport adapté qui est dans le
mémoire. C'est un premier contact mais il y a vraiment un grand
intérêt et je pense que ce serait un dialogue à
poursuivre.
Au sujet de la CTCUM, à part la position officielle qu'a prise le
président lors de la présentation du budget, les contacts qu'on a
eus avec la CTCUM, ce sont des contacts avec des responsables de ce qu'ils
appellent maintenant le service d'aménagement du réseau. On nous
a dit, évidemment, que c'était leur opinion, en tant que
fonctionnaires à la CTCUM, que cela n'engageait pas
nécessairement la CTCUM. Mais il y a vraiment, chez les gens qu'on a
contactés, un intérêt, une ouverture. L'une des choses
qu'ils ont soulignées, c'est l'obstacle relativement aux conventions
collectives. Mais ils ont souligné, en même temps, une certaine
ouverture de la partie syndicale à d'autres dossiers, qui pourrait se
manifester également dans ce dossier. On semblait relativement
optimistes.
Mme Rémillard: Je voudrais ajouter quelque chose. À
la direction du transport, on a eu l'occasion, à plusieurs reprises,
d'entendre clairement exprimer l'idée, par la CTCUM, que, sans la
possibilité d'utiliser le taxi, le transport adapté était
dans un cul-de-sac, c'est-à-dire qu'il ne pouvait pas développer
davantage le type de ressources. Il pouvait le développer un peu; cela
pouvait améliorer d'un côté et cela pouvait
améliorer de l'autre, mais cela ne répondrait pas aux besoins.
Ils revenaient toujours en disant: Il faut une intervention du ministère
des Transports, une intervention du type...
M. Clair: Concertation ou législation?
Mme Rémillard: Pas concertation. Modifications à la
convention collective, modifications législatives.
M. Clair: La méthode simple et expéditive.
Des voix: Ah!
Mme Rémillard: La méthode plutôt
radicale.
M. Polak: Le gouvernement est expert là-dedans.
Des voix: Ah!
M. Polak: Copie de la loi 111 surtout.
Mme Rémillard: Sauf qu'on compte sur notre
possibilité de médiation. C'est peut-être, entre la CTCUM
et les syndicats, assez tendu comme relations. Mais nous arrivons, les usagers,
avec nos besoins réels, nos besoins humains, et on pense qu'on pourrait
jouer un certain rôle là-dedans.
M. Clair: J'indique immédiatement qu'il m'apparaît
que l'approche que vous avez choisie comme usagers est l'approche
privilégiée actuellement, à savoir que c'est
éminemment souhaitable que ce soit par négociation qu'on
en vienne à la solution de ce problème et qu'on puisse,
éventuellement, dans l'ensemble du Québec, réaliser un
virage pour essayer d'offrir le plus de services possible avec l'argent
disponible. Dans ce sens-là, je préférerais de beaucoup
que cela vienne d'un consensus qui se dégage entre la CTCUM, les usagers
et la fraternité que d'avoir à agir par législation, ce
qui est toujours délicat et contentieux.
Quand vous me dites que vous avez l'intention de continuer vos
discussions, je comprends donc, que ce soit auprès du milieu du taxi, de
la CTCUM ou de la fraternité, que vous avez l'intention de continuer
à faire la promotion de cette idée.
Maintenant, en termes de scénarios d'implantation, vous avez
élaboré des scénarios d'implantation. Est-ce que vous avez
fait des études pour savoir ce que cela pourrait représenter en
termes du nombre d'usagers qui seraient desservis? Combien cela peut-il
coûter? Combien cela occuperait-il de véhicules-taxis? Est-ce que
vous avez fait une étude là-dessus ou si vous ne vous êtes
pas rendus à quelque chose d'aussi précis?
M. D'Amours: On n'est pas vraiment rendu à des choses
aussi précises. Il y a quand même certaines données
incluses dans le mémoire desquelles on pourrait déduire aussi
d'autres choses. Mais on n'est pas rendu à des évaluations aussi
précises, aussi détaillées.
M. Clair: À la page 27 - je pense que vous appelez cela
des conditions d'opération - vous parlez de la formation des chauffeurs
de taxi. J'ai deux questions. Par qui et comment cette formation devrait-elle
se faire? Comment, à votre point de vue, l'adhésion, si on veut,
à ce système qui pourrait être mis de l'avant devrait-elle
se faire? Vous faites état, dans le mémoire, qu'autrefois il y
avait peut-être plus de chauffeurs de taxi qu'il y en a maintenant qui
connaissaient le fonctionnement, les exigences d'un transport adapté par
taxi. Comment voyez-vous cette formation des chauffeurs de taxi. Par qui?
Comment?
Mme Rémillard: En ce qui concerne Québec, par
exemple, ce sont les coopératives de taxi qui ont proposé
à Transport adapté du Québec métro, un mode de
formation assez rudimentaire, mais qui impliquait beaucoup de bonne
volonté de la part de la coop de taxis. C'était un texte avec des
dessins expliquant aux chauffeurs comment manipuler la chaise roulante,
d'où se dégageait une certaine attitude vis-à-vis de la
personne handicapée. C'est évident que, sur le plan du texte ou
sur le plan de la documentation, ce pourrait être détaillé,
mais il y a aussi le contact avec des usagers ou avec un groupe d'usagers,
entre des usagers et des chauffeurs, non pas nécessairement tous les
chauffeurs de taxi, mais ceux qui sont intéressés à donner
un service aux personnes handicapées.
M. Clair: Comment, pratiquement, se ferait ce choix des
chauffeurs intéressés? En termes d'organisation ou de
fonctionnement, je pense que l'envergure de l'agglomération
A-11, pour ne prendre que celle-là, avec à peu près
5000 détenteurs de permis de propriétaire et environ 15 000
permis de chauffeur, présente une situation plus compliquée
à Montréal que sur le territoire de la CTCUQ. Avez-vous
réfléchi sur cette question?
Mme Rémillard: Parce qu'on favorise les
coopératives ou des associations de ce genre. À Québec,
cela n'a pas été nécessairement décidé
à l'unanimité parmi les chauffeurs qui acceptaient de faire du
transport adapté; sauf qu'à Québec 75% des chauffeurs des
trois ou quatre coop impliquées font du transport adapté. Il y a
un système qui fait que, si les usagers se plaignent du comportement
d'un chauffeur -ce n'est arrivé qu'une fois, semble-t-il, depuis le
début du service - c'est la coop de taxis qui exerce une sorte de
censure et qui demande à ce chauffeur de ne plus faire de transport
adapté. Le chauffeur se plie à cette exigence de la coop.
M. Clair: Si je comprends bien, vous privilégiez la
négociation entre la CTCUM et une ou des associations de services qui
appliqueraient elles-mêmes des mécanismes d'auto contrôle en
discussion avec les usagers afin de s'assurer qu'il n'y a pas de mauvaise
qualité de service de la part de certains chauffeurs. C'est l'option que
vous privilégiez.
Mme Rémillard: C'est cela, exactement. Il me semble assez
important qu'il y ait possibilité d'une certaine concurrence. C'est
évident que, si c'est une seule association qui a l'exclusivité
du service par taxi, on peut se retrouver avec des problèmes semblables
à ceux qu'on avait avant.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, quelques questions. D'abord,
Mme Rémillard, au nom de l'Opposition, je voudrais également vous
exprimer notre admiration non seulement pour votre mémoire, mais surtout
pour le travail que vous faites. En fait, quand on a divisé la
tâche entre nous, j'ai demandé de
poser quelques questions sur ce mémoire parce que le travail, au
niveau de la déficience mentale et physique joue un très grand
rôle dans le district où je suis député, dans le
sud-ouest de Montréal, dans Sainte-Anne et Saint-Henri. D'ailleurs
quelques-uns de vos groupes ont envoyé des télégrammes
d'appui; ils sont très actifs sur toutes sortes de plans qu'on appuie
très activement. Quant à nous, nous vous offrons non seulement
notre admiration, mais tout l'appui nécessaire pour faire avancer le
dossier. Je sais que votre travail est souvent très frustrant et
très difficile; vous rencontrez fréquemment des obstacles. J'ai
été impressionné par le ton modéré du
mémoire.
M. le ministre, tout à l'heure, vous a dit que M. Des Marais a
expliqué qu'ils sont à étudier ce problème entre
eux, etc. Vous réclamez, à la fin de votre mémoire, un
comité tripartite ou à quatre parties. Vous n'avez pas
donné de réponse directe au ministre et je voulais revenir
là-dessus. Ai-je bien compris votre mémoire lorsque vous dites:
M. le ministre, vous comprenez ce problème, vous l'avez dit en
décembre 1981, il y a plus d'un an maintenant; alors, pourquoi ne
prenez-vous pas l'initiative, comme ministre des Transports, de former un tel
comité qui commencerait son travail, une étude, pour ensuite, en
octobre 1983, venir avec certaines recommandations? C'est ce que semble dire
votre mémoire à la page 29.
D'autre part, j'ai entendu le ministre dire que M. Des Marais commence
à étudier; on ne sait même pas si vous êtes
impliqués dans ces études. J'ai peur, si on laisse tout le monde
étudier individuellement, que le consensus sera beaucoup plus long
à se faire. Personnellement, je voudrais qu'on dise: Nous exigeons qu'un
tel comité soit formé, qu'il commence à travailler
là-dessus. M. Des Marais, au lieu de former sa petite équipe,
devrait vous inviter là-dessus. D'ailleurs, on peut faire une
recommandation positive concernant un représentant des usagers.
Peut-être que vous pourriez, justement, placer Mme Rémillard sur
un tel comité parce que je pense qu'elle connaît très bien
la matière et ce serait un facteur positif pour le travail. Est-ce que
j'ai bien compris que vous réclamez que le ministre prenne l'initiative
de nommer un tel comité et qu'on commence le travail tout de suite?
C'est cela que vous voulez?
Mme Rémillard: Je pense qu'on demande - c'est assez clair
à la page 35 -que le ministère prenne l'initiative de former un
tel comité ou d'inciter fortement toutes les parties à en faire
partie. C'est évident, par exemple, que ce qui se passe à la CUM,
quant au transport en commun en général, cela nous
intéresse et on voudrait être impliqué. Mais la
problématique du transport en commun en général, c'est une
chose; le transport adapté, c'est plus précis, c'est notre
affaire, c'est cela qui nous intéresse plus particulièrement. On
pense que le problème du transport adapté, de l'utilisation du
taxi pour le transport adapté pourrait arriver avant l'utilisation du
taxi pour le transport en commun en général et que ce serait au
profit des personnes handicapées qui sont concernées.
On ne voit pas nécessairement pourquoi la réforme ou la
discussion devrait se faire à un niveau très
général avant d'en arriver à ce problème. Il est
possible que les syndicats soient beaucoup plus intéressés
à discuter de cette partie spécifique du problème
plutôt que du taxi collectif en général. Si le propos de la
CUM est de donner une tangente particulière au problème du
transport adapté, tant mieux. Mais j'ai cru comprendre qu'il s'agissait
bien de l'utilisation du taxi en général pour le transport en
commun. Je crois qu'on risquerait de noyer le poisson.
M. Polak: Maintenant, autre point. À la page 4 de votre
mémoire, vous donnez des chiffres sur le coût moyen des
déplacements pour le transport adapté. C'était 24,40 $ en
1981; en 1982, c'était 35,87 $. Avez-vous des chiffres? J'ai
essayé de trouver cela dans le mémoire. Quand on prend le
modèle de Québec, que je trouve très excitant, très
intéressant, quel serait le coût moyen pour le transport si on
prenait les mêmes éléments? Combien de moins?
Mme Rémillard: Le coût à Québec est
divisé ici par le coût moyen par minibus, parce qu'à
Québec il y a quand même un service de minibus pour les personnes
qui en ont besoin. C'est 21,90 $ par déplacement par minibus et 14,60 $
par taxi. Cela veut dire que, de toute façon, même par minibus le
coût est bien moindre que le transport adapté à
Montréal, mais, évidemment, on ne peut pas complètement
comparer la situation de Montréal à celle de Québec. Il y
a toutes sortes de facteurs qui sont...
M. Polak: On peut dire, sans entrer dans les détails,
qu'avec la formule que vous suggérez de prendre des taxis sur une base
volontaire, cela va sans doute réduire substantiellement le prix actuel
du transport en commun par le biais de la CTCUM. On peut tirer cette
conclusion.
Mme Rémillard: Oui, on peut la tirer.
M. Polak: Maintenant, aux pages 26 et 31, vous parlez de
subventions. Est-ce qu'on peut dire qu'on aura moins besoin de subventions
directes de la part du ministère avec ce nouveau système, parce
qu'on épargne déjà de l'argent, justement, en prenant,
disons, le modèle de Québec pour le transport collectif par taxi?
Est-ce qu'on
aura besoin de moins de subventions directes ou que le ministère
aura moins à payer à la CTCUM pour ce mode de transport,
puisqu'on va le faire par taxi et que cela coûtera beaucoup moins
cher?
Mme Rémillard: Écoutez, on aimerait bien pouvoir
dire cela, c'est évident: On ne demande pas plus d'argent, on demande
seulement une meilleure utilisation des fonds. Cependant, il y a un grand
nombre de personnes handicapées qui ne sont pas encore desservies et des
carences évidentes du service, en particulier, du service de fin de
semaine, en tout cas, du service en général. Il est
évident que, si on améliore ces problèmes, si on les
résout, si on donne du service aux personnes qui ne sont pas desservies
actuellement, on n'est pas du tout en mesure de garantir que les coûts
globaux vont être moindres. Cependant, les personnes vont être
mieux desservies et si, par hasard, cela satisfait l'industrie du taxi, tant
mieux, on est bien content. Mais les buts qu'on poursuit, c'est de satisfaire
une clientèle qui est vraiment en assez mauvais état
actuellement, malgré les sommes énormes qui sont
dépensées par l'État pour ce service. (17 heures)
M. Polak: Une dernière question. À la page 10 de
votre mémoire, vous parlez du modèle de Québec où
le TAQM a contracté avec trois entreprises coopératives. Le
ministre a déjà référé à cela.
À Montréal, évidemment, c'est beaucoup plus grand et
beaucoup plus difficile parce qu'il y a énormément d'organismes.
Vous avez dit, tout à l'heure, que vous étiez entrés en
contact avec une première coopérative. Peut-être que je
peux vous donner un bon conseil, étant avocat. Très souvent, on
règle des causes dans le corridor avant de commencer à les
plaider. Les gens de la ligue A-11 qui étaient ici hier soir, qui sont
tout de même des gens influents, peut-être serait-il temps de
parler avec eux dans le corridor pour savoir - non, je suis sérieux, M.
le Président; ils sont probablement un peu plus au courant du
problème - s'il y a moyen de travailler ensemble là-dedans,
à savoir si vous devez approcher toutes les coopératives à
Montréal - les grandes - pour qu'il n'y ait pas de jalousies, une qui
dise: On m'a approché et l'autre qui dise: On n'en a pas parlé
avec moi? Je voudrais seulement faire avancer votre cause le plus possible.
Donc, vous devez peut-être commencer à aborder cela avec la ligue,
ensuite, voir quel rôle elle pourrait jouer là-dedans et, ensuite,
voir de quelle manière vous pourriez aborder ce problème sans
commencer à avoir toutes sortes de problèmes internes dans les
différentes ligues qui existent.
Mme Rémillard: D'accord. Nous aussi, on peut s'apercevoir
qu'il y a certains problèmes dans l'industrie du taxi à
Montréal, c'est-à-dire qu'on en a appris beaucoup hier.
C'était très intéressant de voir cela et on voit que le
système est, évidemment, beaucoup plus complexe qu'à
Québec où, avec quelques coopératives, ils couvrent
à peu près tout le réseau. Cependant, comme ce service est
d'implantation délicate à Montréal, on favoriserait
plutôt une approche sectorielle ou un contrat avec une coopérative
qui garantirait certains services. Au bout d'un certain temps, il y aurait des
conclusions qui seraient tirées de cela et il y aurait une
possibilité pour d'autres compagnies d'offrir leurs services
plutôt que d'essayer de faire une entente générale avec
toute une ligue. Cela nous a beaucoup frappés de voir qu'il n'y a pas eu
beaucoup de représentants de l'industrie du taxi qui ont parlé du
transport des personnes handicapées, c'est-à-dire que, comme voie
nouvelle ou avenue nouvelle, cela n'a pas été
évoqué de façon persistante. La Coop de Montréal
est une des compagnies qui font beaucoup de transport de personnes
handicapées. Il y a des chauffeurs de LaSalle, il y a des chauffeurs
d'autres compagnies qui en font aussi, mais on est prudent. On ne veut pas
régler les problèmes de l'industrie du taxi. On va régler
nos problèmes pour commencer.
M. Polak: D'accord. M. le Président, cela termine mes
questions. J'ai juste une recommandation personnelle et de notre groupe pour le
ministre.
M. Clair: De vous ou de votre groupe?
M. Polak: Personnelle, mais cela devient toujours du groupe parce
qu'ils sont toujours d'accord avec mes suggestions. Ils savent qu'elles sont
très positives. M. le ministre, en décembre 1981, vous avez fait
une déclaration au sommet socio-économique sur
l'intégration de la personne handicapée. Vous vous en souvenez
sans doute. Cela remonte à longtemps maintenant, c'était en
décembre 1981. Vous devez sans doute avoir une autorité morale.
Vous êtes le ministre des Transports. Donc, je pense que le ministre des
Transports devrait prendre l'initiative de dire à M. Des Marais: Vous,
ne commencez pas à parler avec votre petit groupe. Organisez-vous avez
eux, avec quelqu'un de votre ministère, avec ceux qui sont actifs dans
le domaine - trois ou quatre groupes - pour qu'ils commencent ce comité
d'étude tout de suite. Autrement, je peux vous prédire
déjà ce qui arrivera. M. Des Marais va soumettre son rapport dans
six mois, d'autres vont faire leur travail ici, La Fraternité des
policiers a une autre opinion. Cela n'arrivera jamais à rien. Et vous ne
voulez pas marcher par décret après l'expérience d'il y a
une semaine qui a été
assez malheureuse. Donc, vous voulez avoir votre consultation. Commencez
donc ce comité d'étude et nous, de l'Opposition, en serons
très heureux. Je pense que c'est positif.
M. Clair: M. le Président, effectivement, dans la suite du
sommet de décembre 1981, déjà plusieurs initiatives - je
sais que ce n'est pas suffisamment à la satisfaction des organismes de
promotion -ont été mises de l'avant par le ministère des
Transports. Je vous donne seulement une indication, par exemple: le budget
alloué au service de transport adapté a, je pense, à peu
près doublé d'année en année depuis deux ans et on
va continuer de lui octroyer beaucoup d'importance. Quant à la meilleure
façon de faire avancer le plus rapidement possible cette partie de la
réforme qui comporte une double réforme, dans le fond,
l'ouverture de nouveaux marchés pour le taxi, mais aussi la satisfaction
des besoins des usagers du transport adapté, je peux assurer le
député et le Regroupement des usagers du transport adapté
que, quelle que soit l'avenue qu'on va retenir, cela va être celle qui
va, selon nous, en tout cas, nous permettre d'atteindre des résultats
concrets le plus rapidement possible.
Je termine là-dessus, et je voudrais, encore une fois,
féliciter le Regroupement des usagers du transport adapté pour
l'excellente qualité de son mémoire et le remercier d'être
venu nous présenter son point de vue sur cette partie.
Le Président (M. Brouillet): Je vous remercie, madame.
Maintenant, nous allons entendre les représentants de la
Communauté urbaine de Québec.
Avant d'entendre la présentation du mémoire, j'aimerais
revenir à l'ordre du jour. Habituellement, nous suspendons à 18
heures pour reprendre à 20 heures; je le dis pour les deux autres
groupes qui doivent se faire entendre. Est-ce que les membres de la commission
seraient disposés à ne pas suspendre à 18 heures, mais
à terminer l'audition des trois groupes qu'il nous reste?
M. Bissonnet: Consentement.
M. Clair: Consentement, M. le Président, pour
continuer.
Le Président (M. Brouillet): Je suppose que les deux
derniers groupes sont présents. M. le représentant de la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec, cela
vous irait d'emboîter le pas après? L'Association des
propriétaires d'autobus du Québec est également ici?
Une voix: Parfait.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Bissonnet: Cela fera moins de décrets.
Le Président (M. Brouillet): Je demanderais au
porte-parole de s'identifier et de présenter les personnes qui
l'accompagnent.
Communauté urbaine de Québec
M. Pageau (Marcel): Marcel Pageau, président de la
Communauté urbaine de Québec. À ma gauche, M. Denis
Saint-Martin, secrétaire de la Communauté urbaine de
Québec.
Permettez-moi, en premier lieu, de vous remercier de nous avoir
donné l'occasion de vous présenter un mémoire aujourd'hui.
Pour ne pas prolonger le temps qui nous est alloué et pour ne pas
retarder les organismes qui nous succèdent, je vais commencer
immédiatement à vous lire rapidement le mémoire que nous
avons préparé.
Le gouvernement du Québec, en déposant le livre blanc sur
De nouvelles avenues pour le taxi, s'adressait aux citoyens et, en particulier,
aux corporations locales y incluant les communautés pour leur faire part
que le gouvernement était sensible "aux problèmes grandissants
auxquels font face les travailleurs oeuvrant dans le domaine du taxi" et
déclarait: "L'objectif de la réforme vise, d'une part, à
accroître la rentabilité de cette industrie pour ceux qui y
travaillent et, d'autre part, à faire en sorte que le service soit mieux
adapté aux besoins des usagers."
Le livre blanc a longuement été examiné par les
responsables de la Communauté urbaine de Québec qui, d'accord
avec le mémoire produit par la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec et l'Union des municipalités,
demandent au gouvernement de suspendre toutes nouvelles avenues pour le
transport par taxi, à moins que cette réforme ne s'inscrive dans
une politique globale de transfert de compétence du gouvernement central
aux corporations locales, politique qui devra au préalable avoir
été établie conjointement entre les parties.
La proposition du gouvernement. La problématique de la question
soulevée par le livre blanc exige que ce sujet soit discuté
beaucoup plus en profondeur et qu'il s'inscrive dans le cadre global de
discussions et d'ententes entre le gouvernement et les corporations locales.
Toutefois, en ce qui concerne particulièrement l'industrie du taxi, nous
remarquons en particulier que le gouvernement du Québec conserve le
pouvoir législatif général en cette matière,
laissant aux corporations locales et aux communautés
le soin d'appliquer les différentes réglementations du
gouvernement concernant l'industrie du taxi.
Les nouvelles avenues offertes à cette industrie ayant longuement
été examinées par la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec dans son mémoire produit
à cette commission, la communauté s'en remet donc audit
mémoire et endosse entièrement les conclusions qui y sont
contenues. La Communauté urbaine de Québec tient à
préciser qu'elle considère les problèmes vécus par
les travailleurs de l'industrie du taxi comme étant des problèmes
vécus par nombre de travailleurs de différentes industries de la
province de Québec et qu'à ce titre il ne faudrait pas que la
réforme proposée ne vise qu'à régler le
problème de ces travailleurs au détriment de
l'intérêt global de la population. Ainsi, il ne faudrait pas que
le gouvernement tente de régler rapidement ou d'apporter des solutions
trop rapides aux problèmes rencontrés par ces travailleurs sans
auparavant avoir examiné l'impact réel de cette réforme
sur les corporations locales et les communautés.
L'Union des municipalités du Québec a, à maintes
reprises - et particulièrement dans son mémoire produit le 7
février 1983 devant cette commission - réclamé ceci du
gouvernement: "Au nom de l'autonomie locale, l'UMQ recommande le respect et le
maintien des compétences actuelles des municipalités, tant en
matière de transport en commun que de protection policière". La
Communauté urbaine de Québec ne peut qu'endosser cette position
qui semble la plus convenable selon les circonstances.
La proposition du gouvernement expose différentes avenues pour
permettre à l'industrie du taxi soit d'acquérir de nouveaux
champs d'exercice et de compétence ou soit de pouvoir continuer à
exercer des pratiques qui n'étaient pas encadrées par les textes
légaux et réglementaires. Le gouvernement, dans sa proposition,
déclare qu'étant donné que l'industrie du taxi est une
industrie purement locale il revient donc aux corporations locales et aux
communautés d'assumer la gestion et le contrôle
réglementaire de cette industrie dans le cadre réglementaire
général fixé par le gouvernement. Cette proposition peut
sembler très convenable et réaliste, mais nous croyons qu'elle
doit faire l'objet de discussions plus approfondies entre le gouvernement, les
corporations locales et les communautés, afin de bien s'assurer que le
but visé par le gouvernement dans sa réforme sera atteint et
surtout de s'assurer que la Communauté urbaine de Québec y
trouvera son intérêt.
Nous croyons devoir ajouter que, face à cette proposition, il va
sar.s dire que la Communauté urbaine de Québec y souscrira
lorsque ses administrateurs seront convaincus que le transport par taxi pourra
s'inscrire dans le cadre des politiques de transport en commun
élaborées ou à élaborer par cette
communauté.
Nous examinerons dans les deux sections suivantes l'impact financier
d'une telle réforme sur les budgets de la Communauté urbaine de
Québec et, dans un deuxième temps, nous proposerons au
gouvernement une façon, à court terme, de résoudre
temporairement certains problèmes éprouvés par l'industrie
du taxi et dont la solution s'inscrira dans le cadre souhaité par la
Communauté urbaine de Québec.
L'impact financier de la réforme. Sans s'attarder trop longuement
sur les différents partages de compétence qu'implique cette
réforme, nous pouvons facilement résumer en disant que le
gouvernement du Québec maintiendra sous sa juridiction l'obligation pour
un propriétaire de taxi de détenir un permis pour offrir le
service de taxi et que le gouvernement entend également conserver le
pouvoir de préciser les normes de propriété dans les
règles d'immatriculation et les règles applicables à la
possession.
En ce qui concerne la responsabilité légale qui
incomberait à la Communauté urbaine de Québec, il nous est
beaucoup plus facile de citer le livre blanc, à la page 26, où il
est déclaré: "Le gouvernement du Québec confiera aux
autorités locales ou régionales les pouvoirs qui leur permettront
d'adopter leur politique et de choisir les types de services qu'elles voudront
développer en fonction de leurs besoins particuliers. Ainsi,
pourront-elles se doter des moyens de contrôle qu'elles jugeront
adaptés aux besoins de leurs citoyens quant à la qualité
des services, et, le cas échéant, susciter un attrait particulier
auprès des visiteurs dont le premier contact humain dans la ville est
souvent le chauffeur de taxi. Le gouvernement conservera par législation
un encadrement minimal des services de taxi. Il sera ainsi assuré d'une
cohérence entre les rôles des différents modes de transport
et conservera les aspects positifs quant à la centralisation."
Est-il besoin de préciser qu'en matière de
réglementation et de législation l'aspect le plus coûteux
du contrôle d'une réglementation n'est pas l'établissement
de la réglementation, mais de s'assurer que la réglementation est
respectée par les personnes qui sont directement touchées par
elle. Avons-nous également besoin de préciser que le
contrôle qui sera permis à la Communauté urbaine de
Québec par cette réforme exigera la mise sur pied d'un service
administratif particulier, ce qui exigera des sommes considérables au
niveau budgétaire, alors qu'aucun revenu escompté ne peut
être retiré directement par les travailleurs de cette industrie du
taxi.
Il nous est impossible pour l'instant de calculer l'impact financier
direct que peut amener une telle réforme, mais nous pouvons facilement
affirmer que la communauté devra prévoir des sommes
substantielles dans son budget afin d'assumer le contrôle de cette
industrie déjà réglementée par le gouvernement du
Québec. La communauté se rallie donc à l'opinion
émise par le mémoire de l'Union des municipalités du
Québec et réaffirme le principe établi lors de la
réforme sur la fiscalité municipale, à savoir que toute
responsabilité additionnelle confiée aux municipalités
fasse l'objet d'une compensation financière équivalente aux
coûts des services décentralisés. La communauté
recommande donc le respect des principes établis lors de la
réforme sur la fiscalité municipale face à tout
réaménagement des responsabilités en matière de
taxi.
Recommandations au gouvernement du Québec. La communauté,
après avoir longuement examiné tous les aspects visés par
le livre blanc sur l'industrie du taxi, recommande au gouvernement du
Québec de suspendre l'application de ce livre blanc et, par
conséquent, de retarder l'adoption de tout projet de loi
concrétisant cette réforme, à moins que le gouvernement ne
se soit entendu avec les corporations locales et les communautés sur la
façon dont un transfert de compétence et de responsabilité
peut être effectué avec compensation financière.
Toutefois, il n'est pas nécessaire de confier aux corporations
locales la gestion de l'industrie du taxi pour qu'il soit permis aux
travailleurs de cette industrie de bénéficier de certaines
avenues permises par la réforme sur l'industrie du taxi.
Le gouvernement pourrait modifier les réglementations actuelles
et permettre, entre autres, que le taxi puisse s'intégrer dans un cadre
de politique globale de transport en commun et ce, sans pour autant confier la
gestion de ces nouvelles avenues à la Communauté urbaine de
Québec et aux autres corporations locales. Toutefois, avant de ce faire,
le gouvernement devra consulter et s'entendre avec ses partenaires de
façon à ne pas nuire au mode de transport en commun
déjà développé à grands frais par la
Communauté urbaine de Québec.
Conclusion. Cette réforme proposée par le gouvernement du
Québec ne s'inscrit pas dans ce qui avait été
formulé lors de la réforme de la fiscalité. Si les
intentions du gouvernement sont de donner suite à ladite réforme,
il va sans dire que le gouvernement devra prévoir des mécanismes
pour compenser financièrement la Communauté urbaine de
Québec pour toute somme d'argent qu'elle sera appelée à
dépenser afin d'assumer le rôle qu'entend lui confier le
gouvernement.
Toutefois, dans le rôle de la
Communauté urbaine de Québec relativement à ladite
réforme, le gouvernement devra tenir compte des représentations
faites par la commission de transport relativement aux différents modes
de transport par taxi que le gouvernement entend mettre de l'avant et ce, afin
d'éviter que des problèmes sérieux ne soient causés
au mode de transport en commun déjà élaboré. (17 h
15)
Évidemment, il serait de beaucoup préférable que le
gouvernement suspende ce programme tant et aussi longtemps que les assises de
transfert de compétence entre le gouvernement et les corporations
locales n'auront pas été arrêtées. Par
conséquent, l'industrie du taxi devra faire partie desdites politiques
globales de façon à éviter la législation à
la pièce dans ce qu'on peut appeler la décentralisation
gouvernementale. De telles lois entraînent des frais considérables
pour les corporations locales qui doivent procéder à des
vérifications internes afin de s'assurer que toute nouvelle politique
n'impliquera pas des déboursés importants ou des changements de
structure considérables. Le gouvernement du Québec a avantage
à examiner plus en profondeur l'impact de cette réforme sur
l'industrie du transport en commun en général et, pour ce faire,
les partenaires locaux doivent être invités à se faire
entendre sur la politique globale et non exclusivement sur la réforme
proposée actuellement. Merci.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais remercier le
président de la Communauté urbaine de Québec d'être
venu présenter un mémoire sur la proposition gouvernementale De
nouvelles avenues pour le taxi.
Je pense que le coeur, en quelque sorte, du mémoire
présenté par la Communauté urbaine de Québec se
trouve à la page 12 - en tout cas, je pense que c'est là qu'il
est exprimé de la façon la plus condensée - où on
dit: "Le gouvernement pourrait modifier les réglementations actuelles et
permettre, entre autres, que le taxi puisse s'intégrer dans un cadre de
politique globale de transport en commun et ce, sans pour autant confier la
gestion de ces nouvelles avenues à la Communauté urbaine de
Québec et aux autres corporations locales. Toutefois, avant de ce faire,
le gouvernement devra consulter et s'entendre avec ses partenaires de
façon à ne pas nuire au mode de transport en commun
déjà développé à grands frais par la
Communauté urbaine de Québec".
M. le Président, je vous avouerai qu'il me semble qu'il y a
quelque chose de contradictoire là-dedans. Tout le monde reconnaît
- le gouvernement, la commission
de transport, les élus municipaux - que le transport urbain, le
transport collectif, le transport en commun sont une responsabilité
locale en matière de gestion. On en a un exemple à la CTCUQ, qui
est sous le contrôle complet des élus de la Communauté
urbaine de Québec. Je pense que tout le monde est d'accord
là-dessus.
Tout le monde s'entend également -l'Union des
municipalités du Québec le disait ce matin - sur le fait que,
dans une politique de transport collectif, l'un des outils de gestion du
transport collectif, c'est le taxi. À ce compte-là, il doit y
avoir une coordination évidente entre les politiques mises de l'avant
dans le domaine du taxi et celles dans le domaine du transport en commun. Ce
que j'ai de la difficulté à comprendre, c'est ceci: il "pourrait
modifier les réglementations actuelles et permettre, entre autres, que
le taxi puisse s'intégrer dans un cadre de politique globale de
transport en commun, sans pour autant confier la gestion de ces nouvelles
avenues à la Communauté urbaine de Québec ou à
d'autres corporations locales." Cela m'apparaît contradictoire. On dit:
C'est du transport local, ouvrez la réglementation, mais ne nous en
confiez pas la gestion. Je ne vois pas comment on peut envisager
d'intégrer le taxi dans un cadre de politique globale de transport en
commun sans en confier la gestion à celui qui est responsable de la
politique globale de transport en commun sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec. Il me semble que le meilleur
endroit où faire gérer le taxi, si on veut vraiment
l'intégrer dans un cadre de politique globale de transport en commun,
c'est chez ceux qui détiennent l'autorité pour établir des
politiques de transport en commun. Je ne vois pas pourquoi on compliquerait la
situation ou le ministère des Transports ouvrirait de nouvelles avenues
et se chargerait lui-même d'essayer d'intégrer cela aux politiques
de transport en commun de la Communauté urbaine de Québec. Il me
semble que c'est beaucoup plus simple que ce soit la CUQ et la CTCUQ, qui se
confondent un peu dans ce cas-ci puisque l'autorité est pleine et
entière de la part des élus de la CUQ sur la CTCUQ.
La meilleure façon d'éviter que le transport par taxi ne
nuise au mode de transport en commun déjà développé
à grands frais par la Communauté urbaine de Québec, la
meilleure façon de s'assurer qu'on a toutes les garanties
là-dessus, il me semble que c'est de confier la responsabilité de
la gestion du taxi à ceux qui sont chargés de
l'établissement de cette politique globale de transport en commun et de
veiller à ce qu'il n'y ait pas duplication ou à ce que cela ne se
fasse pas au détriment du transport en commun déjà
développé.
Mettons de côté la question financière, si on veut,
non pas qu'elle n'a pas son importance, mais c'est une question
différente, à mon avis. Sur le simple plan de la logique, il me
semble que c'est contradictoire à sa face même et que c'est de se
compliquer la vie inutilement. Il me semble que l'endroit au Québec
où on a vécu la plus belle expérience à ce point de
vue là, c'est justement sur le territoire de la CUQ, avec
l'expérience d'utilisation des taxis pour le transport adapté. Il
me semble que vous l'avez fait dans un cas; c'est le précédent
qui en inspire plusieurs. Je me dis que, s'il y a quelque chose à faire
dans l'intégration du taxi comme mode de transport des personnes dans
une politique globale de transport en commun, c'est à la CUQ, dans la
région de Québec, que la responsabilité devrait se
retrouver.
M. Pageau: M. le ministre, vous répondez exactement ce
qu'on veut. Dans le moment, on demande d'avoir le pouvoir de signer des
ententes. Vous nous dites que nous avons des ententes dans le moment avec les
handicapés, mais nous n'avons pas, pour cela, à
légiférer sur l'industrie du taxi. Nous avons conclu une entente
avec l'industrie du taxi au sujet du transport des handicapés. C'est ce
que nous voulons présentement. Donnez-nous la possibilité de
conclure des ententes sans pour autant avoir le contrôle de l'industrie
du taxi.
M. Clair: Par exemple, on envisage la possibilité de
développer le taxi collectif, le système "jitney" et autres, sans
aucune obligation. On veut offrir la possibilité d'avoir d'autres
utilisations du taxi que le taxi traditionnel. Dans la réforme,
lorsqu'on parle du pouvoir de gérer cela - on pense que ce serait
inutilement compliqué de le faire nous-mêmes - nous disons:
Habilitons les autorités locales, par exemple la CUQ, à
gérer cela, à juger si c'est bon, oui ou non, et dans quelles
circonstances de développer le taxi collectif, le taxi pour les
personnes handicapées. Nous disons: Donnons-leur le pouvoir de le faire.
Sur la question de la gestion, est-ce que je comprends que vous êtes
d'accord avec l'essentiel du mémoire?
M. Pageau: Je suis au courant que le mémoire de la
commission de transport touche à cet aspect-là. Tout à
l'heure, je ne voulais pas dévoiler le mémoire de la commission
de transport. Mais quand on vous dit que présentement, avec le
système de transport pour les handicapés, nous avons une entente,
nous n'avons pas une grosse administration à faire à
l'intérieur de cela et nous ne gérons pas, par le fait
même, l'industrie du taxi.
Notre deuxième point dans le mémoire est que, si nous
légiférons dans la question du taxi, cela nous prendra des
deniers. Vous
savez qu'à l'intérieur de la Communauté urbaine de
Québec il y a plusieurs corps de policiers, il y a des
municipalités qui n'ont pas de policiers à l'intérieur de
cela. Il faudra établir un système qu'on trouve très
onéreux et on veut savoir où on prendra les deniers pour
administrer un système semblable.
M. Clair: D'accord. Dans le fond, c'est une question
financière principalement, quant à vous.
M. Pageau: Principalement, c'est une question financière
et je pense que, dans les temps qui courent, la question financière est
drôlement importante.
M. Clair: Elle n'est pas négligeable. Il s'agit de mesurer
ce que cela coûte et quelles sont les avenues possibles de compensation;
premièrement d'établir ce que cela coûterait et,
deuxièmement, quelles sont les avenues de compensation. Sur le fond, ce
qui me préoccupe surtout, c'est ceci: Est-ce que oui ou non la
Communauté urbaine de Québec est intéressée
à explorer toute possibilité, sans obligation, mais à
avoir la possibilité de développer d'autres utilisations du taxi?
Si je comprends, la réponse, c'est oui, vous êtes
intéressés, mais vous ne voulez pas payer la facture du
contrôle si jamais il y avait des coûts attachés à
cela.
M. Pageau: On est intéressé à certaines
conditions qui sont contenues dans le mémoire de la commission de
transport. Il faut dire aussi qu'on vous mentionne que nous ne sommes pas
prêts à accepter des transferts à la pièce. On a dit
que, lors de la réforme fiscale, on devra faire un tout des transferts
à la pièce et savoir ce qui viendra ensuite de transferts aux
municipalités et où on prendra les deniers nécessaires
pour travailler sur ces projets de loi ou sur ces nouveaux transferts qui nous
sont donnés.
M. Clair: Une dernière question, M. le Président.
Puisque le principal coût qui pourrait exister est celui du
contrôle de la qualité des chauffeurs, à savoir
l'émission des permis de chauffeur de taxi, à votre connaissance
est-ce qu'il y a, sur le territoire de la Communauté urbaine de
Québec, des plaintes relativement à la qualité des
chauffeurs de taxi?
M. Pageau: Il n'est pas venu, à mes oreilles, de plaintes
de chauffeurs de taxi. Quand on prend un taxi, on s'informe un peu et on peut
déplorer, surtout, que les propriétaires de taxi se plaignent
qu'il y a trop de permis sur le territoire de la Communauté urbaine de
Québec.
M. Clair: Merci.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je profite de l'occasion pour souhaiter la bienvenue
aux représentants de la Communauté urbaine de Québec, mon
ancien employeur.
M. le Président, le mémoire qu'on nous soumet contient un
certain nombre de points extrêmement intéressants qui valent la
peine d'être développés. J'en retiens un tout
particulièrement. C'est une volonté de discuter positivement
l'utilisation des taxis pour le transport des personnes handicapées. Je
pense que cela s'inscrit pas mal dans la lignée du livre blanc que vous
nous présentez.
Il y a un certain nombre d'autres points qui me laissent, cependant,
songeur et sur lesquels j'aimerais avoir des explications
supplémentaires afin que cette commission parlementaire dispose de tous
les éléments nécessaires pour prendre une décision
éclairée. Ici, il faut faire appel aux gens qui sont les mieux
placés pour nous fournir ces renseignements.
Je me reporte au mémoire que nous a présenté le
président de la Communauté urbaine de Québec. Il nous
indique, à la page 12, que "le gouvernement pourrait modifier la
réglementation actuelle pour permettre, entre autres, que le taxi puisse
s'intégrer dans un cadre de politique globale de transport en commun."
C'est une phrase extrêmement importante. J'imagine que les gens qui l'ont
écrite et qui disent qu'il y aurait nécessité,
possibilité de modification à la réglementation actuelle
pourraient nous éclairer sur la nature des modifications à la
réglementation qui seraient nécessaires. Tenons pour acquis qu'on
accepte le paragraphe tel quel, quelles sont les modifications à la
réglementation actuelle que vous souhaiteriez voir adopter pour donner
suite à votre souhait d'intégrer le transport par taxi à
l'intérieur du transport en commun? Le président de la
Communauté urbaine de Québec pourrait-il éclairer la
commission à ce sujet, s'il vous plaît?
M. Pageau: M. le député, je peux vous dire que la
première des choses, c'est que, présentement - c'est contenu dans
le projet de la commission de transport - nous ne sommes pas capables, en
raison des conventions collectives, de donner des sous-contrats. Je pense que
c'est une clause extrêmement importante. Si nous ne sommes pas capables
de donner des sous-contrats ou de conclure des ententes avec l'entreprise
privée parce que, dans les conventions collectives, c'est bien
écrit que nous ne pouvons pas attribuer de travail à d'autres
personnes que celles qui travaillent à la
Communauté urbaine de Québec, si nous sommes
obligés de garder des clauses semblables, sans avoir de modification
législative, vous voyez dans quel pétrin on est. Il est
impensable de faire quelque économie que ce soit.
M. Doyon: Vous parlez de la convention collective qui
régit actuellement les relations de travail entre la commission de
transport et ses employés, en particulier les chauffeurs d'autobus.
Est-ce cela?
M. Pageau: C'est cela.
M. Doyon: Est-ce que cette clause qu'on retrouve dans la
convention collective est récente ou si elle existait auparavant?
M. Pageau: M. Hains, de la commission de transport, est ici. Je
peux vous dire que c'est une clause qui existe depuis plusieurs
années.
M. Doyon: Donc, qui a été négociée
librement, auparavant, par la Communauté urbaine de Québec, en
temps et lieu.
M. Pageau: Qui a été négociée par la
commission de transport antérieurement et qui n'était pas la
responsabilité de la Communauté urbaine de Québec. Vous
savez, M. le député, quand nous avons fait la fusion des
commissions de transport selon la loi, en 1979, nous étions tenus de
respecter les avantages que les anciennes compagnies avaient au fur et à
mesure que nous avons intégré de nouvelles commissions de
transport. Alors, vous savez dans quelles conditions cela s'est fait et les
avantages que cela a donnés aux travailleurs. (17 h 30)
M. Doyon: Ce que je veux souligner, M. le Président, c'est
que, la dernière convention collective n'ayant pas été
négociée, mais imposée, à la suite de
difficultés de relations de travail, il y a des conventions collectives
antérieures et tous les articles d'une convention collective, selon le
Code du travail, sont négociables, que je sache. Je ne veux pas en faire
un point, mais je le souligne. On m'a apporté cet exemple, mais, selon
moi, ce n'est pas, à proprement parler, de la réglementation
gouvernementale; ce sont des dispositions conventuelles entre des parties par
lesquelles on accepte de travailler l'un pour l'autre contre
rétribution. Mais cela, ce n'est pas de la réglementation
gouvernementale. On dit ici, à la page 12 - j'y reviens - que "le
gouvernement pourrait modifier les réglementations actuelles pour
permettre, etc." Quelle sorte de réglementation gouvernementale
voudriez-vous pour que nous puissions nous faire une idée
là-dessus? Quelle sorte de réglementation gouvernementale
voudriez-vous voir modifier pour que vous puissiez donner suite au souhait que
vous exprimez dans le premier paragraphe de la page 12?
M. Saint-Martin (Denis): M. le Président, si vous me le
permettez, je vais répondre au nom du président de la
Communauté urbaine de Québec. Le règlement-cadre qui
régit actuellement l'industrie du taxi pourrait être amendé
ou on pourrait adopter une loi d'ordre général. Pour bien
préciser le paragraphe, la communauté est convaincue que
l'intérêt global de la réforme n'est pas entier pour la
communauté. Il y a certains aspects, comme la commission de transport le
mentionne dans son mémoire, qui peuvent être intéressants
à la condition, évidemment, que certaines dispositions d'ordre
impératif soient respectées pour ne pas nuire au
développement du transport en commun.
Ce qu'on veut dire par là est très simple. Le gouvernement
n'a pas besoin de donner aux communautés ou aux corporations locales la
gestion totale de l'industrie du taxi. Il peut modifier ses lois pour permettre
prenons cette hypothèse - à la Communauté urbaine de
Québec de conclure des ententes avec des corporations locales de taxi
afin de s'occuper du transport pour handicapés ou afin de compenser,
dans des temps morts, le transport par autobus sur des lignes secondaires. On
pourrait le faire mais, encore là, on se bloque...
M. Clair: Je m'excuse de vous interrompre, mais vous avouerez
avec moi qu'on joue un peu sur les mots. Faire cela, c'est gérer.
Habiliter la commission de transport ou la communauté urbaine de
pouvoirs visant l'implantation de taxis collectifs là où elle le
juge à propos, si vous ne voulez pas appeler cela de la gestion, soit,
on ne l'appellera pas ainsi, sauf que, dans mon dictionnaire, cela tombe
effectivement dans de la gestion.
M. Saint-Martin: M. le ministre, il y a une différence
entre permettre de conclure certaines ententes sur certains aspects de
l'industrie du taxi et confier la gestion de l'industrie du taxi. C'est une
autre paire de manches.
M. Clair: Dans l'hypothèse où la communauté
urbaine ou la CTCUQ désire conclure une entente avec une association de
services sur telle ligne pour remplacer des autobus par des taxis, qui va le
faire? Est-ce le ministère des Transports qui va aller s'assurer du
respect de la convention intervenue entre la CTCUQ et l'association de
services?
M. Saint-Martin: Cela relève du
domaine des liaisons entre les entreprises privées et la
communauté. Le contrôle du permis que détiendrait le
chauffeur de taxi n'est pas de notre autorité. Si on conclut une entente
avec une entreprise de taxi pour faire du transport sur des lignes secondaires,
comme hypothèse, à ce moment-là, on signera une entente
avec une compagnie de taxi qui s'engagera à nous fournir des chauffeurs
qui ont légalement le pouvoir de conduire. C'est exactement le
même phénomène qui se produit lorsque le gouvernement du
Québec conclut une entente de transport de biens avec une entreprise
privée pour faire du déménagement. À ce que je
sache, le gouvernement du Québec, lorsqu'il reçoit le chauffeur
de camion à sa porte, tient pour acquis que le chauffeur du camion
détient un permis.
Ce qu'on vous demande par là, c'est d'ouvrir certaines avenues en
nous permettant de conclure des ententes sans pour autant nous dire: Vous allez
gérer l'industrie du taxi, vous allez vous assurer que le chauffeur
détient son permis de conduire, comme hypothèse. Nous vous
demandons de nous ouvrir des champs de compétence; on administrera ces
champs de compétence sans aller dans le détail. Actuellement,
à ce que je sache, dans le domaine du transport des handicapés,
on n'a pas à contrôler si le chauffeur de taxi détient
réellement son permis de chauffeur de taxi. Je ne pense pas que cela
aille si mal actuellement.
M. Clair: Au contraire, justement, cela va bien. Je m'excuse
auprès du député de Louis-Hébert, mais...
M. Doyon: Je me reprendrai après.
M. Clair: ...à mon avis, si on prend l'exemple du
transport adapté - appelons cela comme vous le voudrez - je ne sais pas
si vous l'administrez ou si vous le gérez -utilisez l'expression que
vous voudrez - mais toujours est-il que c'est la CTCUQ qui s'en occupe et non
pas le ministère des Transports du Québec.
M. Saint-Martin: Je suis d'accord avec cela.
M. Clair: Et c'est ce qu'on veut élargir. C'est ce qu'on
veut faire dans d'autres avenues.
M. Saint-Martin: Si c'est le cadre de la politique du
gouvernement dans le livre blanc, si cela se limite à cela, tout au
moins pour la Communauté urbaine de Québec, je pense qu'on peut
difficilement être en désaccord avec cela, mais si ça
allait plus loin, si on nous en donnait un peu plus, je pense qu'on serait en
désaccord.
M. Doyon: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vais continuer après avoir gracieusement permis au ministre de faire
valoir un certain nombre de points qui lui importaient. Au niveau de la
réglementation, je retiens que la communauté urbaine
désire le statu quo, ni plus ni moins, avec une plus grande latitude en
ce qui concerne particulièrement la possibilité de signer des
ententes. C'est ce que je crois comprendre dans la modification à la
réglementation qui est souhaitée. La communauté urbaine,
dans son mémoire, fait grand état, et fort à propos, des
compensations financières, des déboursés additionnels qui
seraient amenés par un transfert de responsabilités de la nature
de celui qu'on retrouve dans le livre blanc du ministre des Transports.
Là aussi, je me vois dans l'obligation de demander des précisions
parce qu'il est certain que des responsabilités supplémentaires
vont amener des déboursés supplémentaires. La
communauté urbaine ayant, dans son mémoire, affirmé une
chose semblable doit pouvoir à titre indicatif nous dire, s'il y avait
application éventuelle par une loi des propositions gouvernementales,
ministérielles, quels seraient les montants impliqués pour les
contribuables et pour la communauté urbaine en particulier pour prendre
sur son dos, sur ses épaules les responsabilités qui seraient
celles d'administrer localement au niveau de la communauté urbaine tout
ce qui concerne le taxi. Est-ce que la communauté urbaine,
premièrement, a fait des études à ce chapitre?
M. Pageau: On n'a pas fait des études concernant le
montant réel de cela, mais M. le député, avec
l'expérience qu'on a à la communauté urbaine, on sait ce
que ça coûte quand nous mettons un service sur pied dans le temps
actuel. Comme je l'expliquais tout à l'heure, nous ne sommes pas comme
la Communauté urbaine de Montréal; nous avons différents
corps policiers à Québec, ici, qui sont sous des juridictions
locales et vous avez plusieurs municipalités à l'intérieur
de la communauté urbaine qui n'ont même pas de corps policier, qui
font affaires avec la police provinciale. Vous savez combien cela coûte
pour mettre sur pied un système semblable. Quand on s'informe
auprès du gouvernement pour savoir combien il y a de personnes qui
contrôlent l'industrie du taxi dans la région 03 et que nous
faisons approximativement une règle de trois, on peut savoir que c'est
un montant assez élevé que cela représente.
M. Doyon: J'en retiens que vous savez que cela va coûter
quelque chose, mais que le montant exact ou même approximatif vous est
inconnu.
M. Pageau: Sur le montant exact, on
n'a pas fait d'études.
M. Doyon: Entre nous, je pense que c'était une
évidence que, pour cette chose-là, il y aurait des coûts.
Ce qui aurait vraiment éclairé cette commission, cela aurait
été la nature et le montant des coûts. Cela nous aurait
été très utile. Moi, me faire dire qu'il y a des
coûts impliqués quand on transfère des
responsabilités, je suis bien aise d'apprendre cela, mais je le savais
déjà. Que quelqu'un vienne me dire: Cela va coûter tant ici
à la Communauté urbaine de Québec, cela est utile. Je
regrette de ne pas pouvoir avoir ces renseignements. C'est ce pourquoi cette
commission siège ici, en grande partie. J'aurais aimé le savoir
et je regrette qu'on ne puisse pas nous le donner.
M. Pageau: Je peux vous dire qu'on a senti que cela coûtait
assez cher pour le mentionner dans notre mémoire. Alors, cela n'a pas
été mentionné, comme cela, pour dire que c'est un
coût que cela va apporter. Lors de la réforme fiscale, nous avons
dit que, quelque argent que cela va prendre pour administrer une nouvelle
compétence, on veut avoir un champ pour nous donner le pouvoir d'avoir
cet argent.
M. Doyon: Là-dessus, vous me permettrez d'enchaîner,
à savoir que les coûts, dont tout le monde admet qu'ils seront
là, devront être compensés par des moyens financiers, des
moyens d'imposition financière quelconques. Ces coûts dans leur
exactitude sont présentement inconnus. Le président de la
communauté urbaine nous parle, dans le mémoire, de compensation
financière. J'aimerais qu'il nous indique quelle forme pourrait prendre
cette compensation financière. Serait-elle de la nature - j'imagine que
non, mais je pose la question - d'une subvention? Serait-elle de la nature
d'une part de ce que coûte un permis de taxi ou un permis
d'immatriculation de voiture-taxi? Serait-elle de la nature - je ne sais pas -
d'une partie de la taxe de vente?
Bien sûr, pour que cette commission puisse faire des travaux
utiles encore, il faut qu'on soit éclairé sur le genre de
compensation financière qu'envisagerait la Communauté urbaine de
Québec. Si - elle ne le souhaite pas, évidemment - les
responsabilités lui étaient dévolues, cela lui prendrait
une compensation financière. Alors, ce que je demande au
président de la communauté urbaine, M. Pageau, c'est de bien
vouloir indiquer à cette commission de quelle nature serait cette
compensation financière que vous souhaitez dans votre
mémoire.
M. Pageau: Ce n'est certainement pas une compensation
financière que nous irons chercher chez le contribuable directement
comme on le fait présentement sur une évaluation de
propriété, parce que les évaluations de
propriété dans le moment et les taxes qu'on perçoit sont
rendues très élevées. Ce n'est certainement pas
là-dessus. Ce n'est pas nous qui émettons les permis de conduire.
Ce n'est pas nous qui émettons les plaques d'immatriculation de ces
voitures. Je pense que, dans le moment, c'est en deuxième temps. C'est
au gouvernement de faire des suggestions pour savoir quel champ d'imposition il
est prêt à nous confier. Je pense que cela revient à celui
qui nous donne la responsabilité d'appliquer une loi de nous dire
où on pourra prendre cet argent.
M. Doyon: Oui, mais, finalement, est-ce la poule avant l'oeuf ou
l'oeuf avant la poule? En fait, je pense qu'il faudra, évidemment, qu'il
y ait une compensation. Je suis d'accord sur cela, M. le Président, que
les taxes foncières sont déjà trop élevées
dans la région de Québec. Vous n'aurez aucune difficulté
à m'en convaincre, je le sais de bon droit. Finalement, le propos que
vous tenez est le suivant: Si on nous obligeait à prendre cette
responsabilité, on la prendrait, mais à condition qu'on ait une
compensation financière adéquate. J'avais poussé mon
interrogation un peu plus loin en demandant quelle était la nature et
quelle forme prendrait cette compensation financière, parce que cela
nous aurait aussi éclairés. Évidemment, vous renvoyez la
balle dans le champ du ministre. Peut-être que je peux, en même
temps, lui poser la question: Comment verriez-vous, M. le ministre, une telle
compensation financière que ne semble pas connaître la
communauté urbaine?
M. Clair: D'abord, M. le Président, je dirai que les
coûts associés à un transfert de responsabilités, de
notre point de vue à nous, sont infiniment plus petits que ce qu'on peut
envisager. Il ne s'agit pas de prendre la décision, à la CTCUQ ou
à la CUQ, d'aller vers le service de taxi pour le transport
adapté, par exemple. C'est une décision politique, après
des analyses qui sont faites par les services existants. Je ne pense pas qu'il
y ait eu des coûts de rattachés, en soi, à l'exercice de
cette décision. Bien au contraire, je pense que tout le monde y a
gagné. Le service coûte moins cher que ce que cela aurait
coûté s'il y avait eu une utilisation de minibus additionnels pour
offrir le service. Cela m'apparaît évident.
D'autre part, en ce qui concerne le service policier, il ne faut pas
s'imaginer que les 450 propriétaires de permis de taxi à
Québec sont tous régulièrement, tous les jours, en
état de fraude. On contrôle au niveau du Québec la
réglementation du taxi avec une petite équipe, dont je ne
dévoilerai pas le nombre exact de personnes, au service d'inspection.
À mon sens, dans la plupart des
villes - je prends la mienne où il y a 44 permis de
propriétaires de taxis à Drummondville - cela n'occupera pas un
policier à temps plein de surveiller ces 44 personnes, qu'il surveille,
de toute façon, dans l'exercice de certaines de ses
responsabilités relatives aux infractions, relatives au stationnement,
à la vitesse, etc. C'est déjà du travail qui se fait, en
grande partie. Je ne nie pas que cela puisse entraîner un certain
accroissement des responsabilités, mais je ne pense pas que les
coûts soient facilement identifiables, parce qu'ils sont minimes.
D'ailleurs, aucun corps policier, à ma connaissance, n'a
congédié des gens, en 1973, après que la
responsabilité eut été passée au gouvernement,
parce que, tout à coup, on se serait retrouvé en surpeuplement
dans les services policiers du Québec. À ma connaissance, il n'y
a eu aucun changement dans les services de police nulle part dans tout le
Québec quand la responsabilité est devenue centrale.
Il reste la question du contrôle de la qualité des
chauffeurs que nous proposions de remettre aux autorités locales qui
nous paraissent, avec leur service de police, mieux en mesure que nous de
contrôler la qualité des chauffeurs. Cela veut dire que la
façon dont on entrevoyait cela, nous, c'est que la Régie de
l'assurance automobile du Québec fasse un premier effort pour
développer des critères pour savoir ce que c'est, un bon
chauffeur de taxi, qu'elle remette le produit de son travail aux
municipalités et qu'à partir de cela un petit service soit
chargé de vérifier l'habileté de nouveaux chauffeurs de
taxi qui veulent obtenir un "pocket number", comme on dit
régulièrement. Quand on aurait occupé, à mon avis,
deux personnes à la CUQ pour voir au contrôle de la qualité
des nouveaux chauffeurs qui veulent venir s'inscrire, je pense qu'on aurait les
employés en nombre suffisant pour ce faire. (17 h 45)
Ce qu'on envisageait comme possibilité de transfert de ressources
financières, c'était, comme le député de
Louis-Hébert l'évoquait lui-même, une partie ou la
totalité des revenus des permis de chauffeur de taxi, des "pocket
number", selon une règle qui a été retenue, d'ailleurs,
par l'Union des municipalités du Québec elle-même, à
savoir que ceux qui sont réglementés paient à peu
près ce que cela coûte pour les réglementer. Dans ce sens,
cela nous paraissait être une avenue à retenir qu'une partie ou la
totalité des revenus de l'émission des permis de chauffeur aille
en contrepartie de la responsabilité du contrôle de la
qualité des chauffeurs. À la limite, qui a le plus
intérêt à ce que, sur le territoire de la Communauté
urbaine de Québec, on ait une bonne qualité de chauffeurs? C'est
sûr qu'on y a tous intérêt; le gouvernement a
l'intérêt supérieur dans toutes les questions
d'intérêt public.
Mais qui a un intérêt plus immédiat... M. Polak:
Les passagers.
M. Clair: ...si ce ne sont les passagers, comme le dit le
député de Sainte-Anne? Qui sont ces passagers? Ce sont
généralement des résidents de la Communauté urbaine
de Québec ou encore des touristes. Qui a intérêt à
ce que les touristes soient le mieux traités possible, si ce ne sont,
encore une fois, les responsables de la Communauté urbaine de
Québec, de Montréal ou de la CRO?
Alors, dans le fond, ce n'est pas si sorcier que cela les
responsabilités qu'on voulait transférer aux communautés
urbaines. C'est beaucoup moins coûteux, a notre avis. Il y un coût
d'associé à cela, c'est évident. Comment pourra-t-on le
mesurer? C'est difficile parce qu'il n'est pas très élevé,
mais on envisageait de transférer des ressources financières
compensant à peu près les coûts additionnels à
partir des revenus provenant de l'émission des permis, des "pocket
number", parce qu'on se disait: Si les "pocket numbers" sont
contrôlés localement, cela apparaît tout à fait
normal que les revenus aillent avec; cela ne nous apparaissait pas
déraisonnable.
M. Doyon: Merci, M. le Président. En terminant, disons
que, même si on reste un peu sur notre appétit, au moins le
mémoire de la Communauté urbaine de Québec nous aura
permis d'aller un peu plus en profondeur quant aux applications pratiques
administratives. Les réponses ne sont peut-être pas là,
mais les questions sont posées, elles demeurent ouvertes et, avec la
permission de cette commission, j'inviterais la communauté urbaine
à se pencher sérieusement sur les questions que je me suis senti
tenu de poser sur la compensation financière, sur la nature des
changements à la réglementation et sur les coûts
impliqués, de façon que, éventuellement, si jamais c'est
adopté, quand la communauté urbaine aura des discussions pour
mettre en pratique un certain nombre de dispositions législatives, la
communauté urbaine et les contribuables de la Communauté urbaine
de Québec soient bien au fait de ce que cela implique et qu'on ne s'en
aille pas dans le vague et dans le flou, qu'on sache ce que cela va
coûter et ce que cela veut dire. Je pense que c'est la base
nécessaire et essentielle à une discussion qui puisse mener
à une entente qui permettrait, éventuellement, de protéger
les intérêts des contribuables de la communauté urbaine
tout en tenant compte des besoins de la population en général. On
doit faire cela et, pour faire cela, il faut avoir des chiffres, il faut avoir
des études, il faut avoir de la recherche. Les questions que j'ai voulu
poser étaient dans ce sens.
Je remercie la communauté urbaine de nous avoir
éveillés aux difficultés qu'elle entrevoit dans le livre
blanc qui nous est proposé par le ministre des Transports. Cela nous
permet de nous poser des questions qui sont vitales, qui sont fondamentales.
Si, dans un deuxième temps, la communauté urbaine était
capable de nous donner un éclairage qu'elle n'a pas été
capable de nous fournir maintenant, j'en serais très satisfait. Je
serais très heureux de pouvoir disposer de ces renseignements, à
la convenance, bien sûr, de la communauté urbaine, avec les moyens
dont elle dispose. Je vous remercie...
M. Pageau: M. le Président, je voudrais bien
répondre à ces questions. Quand j'envoie quelqu'un acheter
quelque chose, ce n'est pas celui qui vend qui doit dire où il va
prendre l'argent dans son budget; je pense que c'est celui qui va acheter qui
est censé avoir l'argent pour acheter ce qu'il désire. Dans le
moment, on veut transférer une juridiction à la Communauté
urbaine de Québec, mais on veut savoir où on va et avec quel
argent on va administrer la nouvelle juridiction transmise à la
Communauté urbaine de Québec. Je pense que c'est cela dans le
moment. Quand bien même on voudrait avancer des chiffres ou toutes sortes
d'hypothèses, celui qui transfère doit savoir combien cela lui
coûte pour administrer cette chose, quel est le personnel qu'il a pour
faire la vérification nécessaire et les juridictions qu'ils
veulent transférer à la communauté urbaine.
Le Président (M. Brouillet): Vous avez terminé?
M. Bissonnet: Juste un commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Est-ce que le ministre pourrait transmettre aux
membres de cette commission dans les plus brefs délais toute la
structure administrative, au niveau des employés, inhérente
à l'émission des permis de taxi, à l'émission des
examens de taxi et également au contrôle des permis de taxi?
M. Clair: M. le Président, c'est certainement quelque
chose qu'on va devoir faire de façon plus détaillée. La
difficulté provient du fait qu'il n'y a pas beaucoup de personnes qui
sont affectées uniquement à la question du taxi. C'est à
l'intérieur d'autres responsabilités, si on veut, qu'à la
Régie de l'assurance automobile, au ministère des Transports,
à la Commission des transports du Québec on s'occupe de ces
questions. Maintenant, c'est certain que c'est un sujet sur lequel on devra
approfondir nos études afin d'être en mesure de donner une
information aussi précise que possible.
M. Bissonnet: Juste à titre d'exemple...
M. Clair: Je pense qu'il fallait d'abord et avant tout discuter
de la question de principe. Ce sera mon dernier mot, tout en remerciant M.
Pageau et...
M. Saint-Martin: Saint-Martin.
M. Clair: ...M. Saint-Martin, de leur présence. Je suis
heureux qu'ils soient venus à la commission parlementaire, qu'ils ne
nous aient pas simplement envoyé un mémoire parce que finalement,
en se parlant, quant à moi, je retiens qu'il y a beaucoup plus
d'ouverture d'esprit de la part de la Communauté urbaine de
Québec que ce qu'on pouvait y comprendre au premier abord, à la
lecture du document, dans le sens qu'ils ne sont pas fermés aux
nouvelles avenues. Il s'agit de s'entendre sur quelles seront ces nouvelles
avenues et comment s'exerceront -je ne sais plus quel mot employer - la
gestion, le contrôle de ces nouvelles avenues. Troisièmement, il y
a la question financière qui est présente dans l'ensemble des
mémoires et qui est une préoccupation, comme je le disais
tantôt, très légitime de la part des
municipalités.
M. Pageau: M. le ministre, on vous a prouvé que nous
avions l'esprit ouvert quand nous avons eu des problèmes dans le
transport des handicapés. Nous avons exactement le même esprit
à la communauté urbaine, mais nous y pensons toujours quand nous
envoyons la facture aux contribuables.
M. Clair: À cette occasion, vous avez pu vérifier
l'ouverture d'esprit du ministre des Transports.
M. Pageau: Oui, cela a pris peut-être un peu de temps parce
que j'ai été retenu en otage pendant plusieurs heures avant
d'avoir une décision du ministre des Transports.
M. Clair: Je veux souligner, sans méchanceté, que
ce n'est pas le ministre des
Transports qui vous détenait en otage justement!
M. Pageau: Non.
Le Président (M. Brouillet): Rapidement, s'il vous
plaît!
M. Doyon: Je voudrais conclure rapidement. Simplement pour dire
que moi aussi je retiens que l'approche que propose la communauté
urbaine est faite dans un esprit positif, un esprit qui permettra d'en
arriver
éventuellement à une entente, à la condition qu'on
dispose de tous les éléments nécessaires pour pouvoir
discuter d'une façon intelligente et rationnelle. Je remercie la
communauté urbaine. Je suis satisfait du mémoire qu'elle nous a
présenté. Je suis content de voir qu'elle s'est
déplacée, qu'elle est venue nous trouver. Elle a pris le temps de
le faire et a bien voulu répondre aux questions qu'on lui a
posées. Je remercie et M. Pageau et M. Saint-Martin.
M. Pageau: M. le Président, je n'ai plus qu'à
remercier les gens de la commission, qui ont bien voulu nous entendre. Nous
sommes à votre disposition pour répondre à toutes les
questions et pour travailler d'une façon positive à la
préparation du projet.
Le Président (M. Brouillet): Merci bien. Nous allons
entendre maintenant la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Québec. Je demanderais au porte-parole de s'identifier et de nous
présenter la personne qui l'accompagne.
Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec
M. Carignan (Gilles): M. le Président, mon nom est Gilles
Carignan, je suis vice-président de la CTCUQ. En l'absence du
président, M. Léonce Bouchard, j'agirai comme porte-parole du
conseil d'administration. Je suis accompagné du directeur
général, M. Liguori Hains. Je vous signale que M. Pageau est
également membre du conseil d'administration.
L'introduction du document intitulé "De nouvelles avenues pour le
taxi" décrit trois volets - je pense qu'il est important de le rappeler
au début - que comporte le programme d'action proposé par le
gouvernement du Québec et qui fait l'objet justement des travaux de
cette commission parlementaire.
Ces trois volets, je les rappelle en faisant référence au
document lui-même. Dans le premier, il s'agit de "l'élargissement
du rôle du taxi offrant de nouveaux services aux usagers afin qu'il
s'intègre mieux au réseau actuel de transport des personnes".
Dans le deuxième volet, il s'agit de "l'assouplissement du cadre
réglementaire qui régit l'industrie du taxi afin de permettre
actuellement aux instances locales de mieux jouer leur rôle" et je pense
que, sur ce point, le mémoire de la Communauté urbaine de
Québec a insisté. Quant au troisième, il s'agit de
"l'affirmation de l'existence des ligues, de la clarification de leur
rôle afin de favoriser leur développement, tout en permettant au
ministre des Transports d'intervenir s'il y a lieu".
De ces trois objectifs, c'est le premier surtout qui nous
intéresse à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec et c'est essentiellement sur celui-là que
portera ce bref mémoire.
Les politiques proposées par le gouvernement du Québec. Il
est dit que "le gouvernement du Québec se propose de supprimer les
barrières réglementaires qui empêchent actuellement les
propriétaires de taxi d'offrir à la population des services plus
diversifiés que le taxi traditionnel". Les domaines d'activité
mis à la disposition de l'industrie du taxi pour le transport des
personnes seraient alors les suivants. D'abord, le service traditionnel qui est
maintenu.
Le service à contrat: "Un client pourra, sur une base
régulière, selon un lieu d'origine et de destination
préétablis, contracter une entente avec un propriétaire de
taxi en s'écartant de la tarification réglementaire." "Sous la
forme contractuelle, l'industrie pourra offrir ses services aux entreprises
pour le transport des employés, aux organismes à but non lucratif
pour le transport de leurs membres, aux institutions d'enseignement et aux
commissions scolaires pour le transport des étudiants et
également à des groupes structurés de personnes pour des
activités communes de loisir, de travail et d'études. Cette
formule contractuelle sera aussi autorisée pour le transport
subventionné accordé aux bénéficiaires d'aide
sociale à des fins de traitements médicaux."
Ici, je pense qu'il est important de faire une distinction. C'est que,
"dans le cas des employeurs, des organismes à but non lucratif, des
institutions d'enseignement, des commissions scolaires, le requérant ne
serait pas nécessairement bénéficiaire du transport".
Quant au deuxième cas, la catégorie des groupes structurés
à des fins de loisir, de travail ou d'études, "les clients seront
obligatoirement bénéficiaires du transport et chacun des membres
de tels groupes sera partie au contrat".
Le troisième domaine d'activité concerne le service
collectif. "Le gouvernement entend également étendre le
marché du taxi au service collectif. Ce service pourra être offert
au public par voie réglementaire ou contractuelle, selon le cas. Lors de
l'intégration au service de transport en commun, s'il existe un
organisme public de transport, celui-ci pourra négocier avec l'industrie
du taxi un système complémentaire ou substitutif au transport par
autobus." "Le contrôle de l'exploitation des taxis appartiendra -
d'après le document de travail à la communauté urbaine.
Elle aura également pour tâche d'établir les tarifs des
services de taxi traditionnels ou collectifs s'il y a lieu. "Quant au service
de taxis à contrat, la tarification sera essentiellement fonction de
l'entente entre le client et le pourvoyeur de service. Le rôle de la
communauté ne sera
alors que d'attester en avoir pris connaissance."
Voilà les principaux éléments, dans le document que
vous nous avez présenté, qui nous intéressent et qui
feront l'objet des réflexions de la CTCUQ. La Commission de transport de
la Communauté urbaine de Québec est consciente que le transport
par taxi représente, dans certains cas, une alternative
intéressante à l'autobus conventionnel pour le transport des
personnes en milieu urbain. Comme le mentionne le document, le transport par
taxi "pourrait fort bien, en effet, être utilisé au remplacement
d'autobus, là où la demande est faible", ou encore pour assurer
un transport spécialisé tel que le transport des personnes
handicapées. (18 heures)
À propos de ce dernier point, M. le Président, j'aimerais
insister sur l'expérience intéressante vécue par la CTCUQ
au cours des derniers mois. Au départ, je voudrais rectifier une erreur
qui apparaît dans notre document et qui, malheureusement, a
été reprise par M. le ministre au cours de différents
exposés. Il s'agit du pourcentage qui apparaît là. On
aurait dû lire que c'est 35% moindre ou encore 65% du coût moyen
que représentent les frais pour l'utilisation des voitures-taxis. Vous
avez dit à plusieurs reprises, si j'ai bien compris, que c'était
65% moindre. En fait, on aurait dû lire 35% dans le mémoire.
Si vous voulez, à l'aide de certaines données, je tenterai
davantage de faire état de...
M. Clair: ...
M. Carignan: Oui, je pense que c'est assez important, mais je
pourrai l'expliciter un peu plus loin. En gros, nous avons signé
jusqu'à maintenant trois ententes avec des organismes, soit au niveau de
la ville de Québec, de la ville de Sainte-Foy et de la ville de
Charlesbourg. Prochainement, nous devrions être en mesure de signer
également une entente avec un organisme de la ville de Beauport. Les
principaux éléments de ces ententes sont importants, à
cause de l'expérience qui sert un peu de modèle et je pense qu'il
faut insister sur les éléments de l'expérience. D'abord,
il n'y a aucune obligation de paiement si la course n'est pas autorisée
par TAQUEM - Transport adapté du Québec Métro - qui est
une sorte de filiale, une corporation autonome, mais les administrateurs de la
CTCUQ sont également administrateurs de cet organisme autonome.
Si on peut expliquer le succès, pour répondre à
certains points qui ont été soulevés antérieurement
par des organismes, je pense que le succès à Québec
s'explique par l'existence pour le transport des personnes handicapés de
cette corporation autonome, par l'autonomie de cette corporation.
Le taximètre ne peut être mis en marche qu'au moment
où le client est dans la voiture. Le chauffeur doit percevoir le montant
de 0,85 $ en argent ou en billet. De plus, il doit compléter un coupon
crédit qui contient les détails suivants: Le prix total de la
course plus 0,50 $ de frais de service, le numéro du chauffeur, la date
de la course, les adresses desservies et la signature du dernier client de la
course.
La compagnie de taxi facture TAQUEM aux quinze jours en y ajoutant 5%
pour les frais d'administration. Aucune garantie d'un nombre minimum ou maximum
de courses à effectuer n'est donnée. La compagnie de taxi fournit
une liste contenant le plus grand nombre possible de prix fermes pour les
courses.
Il y a une couverture d'assurance-responsabilité
supplémentaire pour l'aide fournie en dehors des voitures-taxis.
Les avantages de l'utilisation d'un transport mixte, si on peut
l'appeler ainsi, consistent d'abord en une réduction des délais
de réservation. Au lieu d'avoir des délais de 24 heures en
moyenne, il y a des délais qui sont de 8 heures actuellement. Donc,
c'est beaucoup plus rapide de retenir la voiture-taxi pour une course.
La durée moyenne de la course est diminuée d'environ 20
minutes. Il y a élimination des impossibilités de transport
inhérentes au système à cause du système qui est
beaucoup plus lourd. Avec l'utilisation des minibus il y avait beaucoup de
refus. Le mémoire le dit, nous devions refuser à peu près
9% des demandes dans le passé, alors qu'avec cette formule mixte, nous
sommes en mesure de répondre à toutes les demandes.
La répartition des déplacements est beaucoup plus flexible
et il y a la réduction des immobilisations; en fait, cela paraît
évident, il y a moins de minibus qui font partie de la flotte.
Les caractéristiques opérationnelles de cette formule:
D'abord, quant à la répartition de la clientèle, nous
avons 59% de fauteuils roulants et nous avons 41% de handicapés
ambulants. Le nombre de déplacements, pour l'année 1982, a
été de 65 982. Si vous voulez une idée de la
répartition des déplacements, environ 66% se sont
effectués par taxi et 34% - le reste -par véhicules
spécialisés, minibus de TAQUEM.
Le coût moyen des déplacements: Là-dessus, des
chiffres ont été donnés tout à l'heure. Nous aurons
les chiffres exacts lorsque nous posséderons les états financiers
vérifiés de TAQUEM. Nous avons quand même des estimations.
Je pense que le coût moyen total des déplacements est actuellement
de 17 $. Par véhicule-taxi, ce
coût est de 14,50 $ environ, encore une fois, parce qu'il s'agit
toujours d'estimations. Par véhicule spécialisé, c'est 22
$ environ. Si vous faites le calcul, vous en arrivez à la proportion de
35% et 60%, environ.
Je me permets de vous indiquer quelques-uns des désavantages qui
sont reliés à l'utilisation de cette formule. Évidemment,
le transfert du fauteuil à la voiture-taxi occasionne des craintes de la
part de certains clients, mais on ne peut pas dire qu'il y a eu des plaintes en
abondance. Je pense que les gens qui utilisent le service sont, règle
générale, très satisfaits de la formule.
Certains handicapés se plaignent du mauvais état de leur
fauteuil roulant sous certaines conditions climatiques. Le fauteuil peut, par
exemple, être froid, sale, mouillé. Il y a la difficulté
à obtenir un véhicule-taxi pour de petites courses,
particulièrement s'il s'agit d'un handicapé en fauteuil roulant.
Il y a la difficulté, pour la corporation, de contrôler la
nécessité et la présence d'un accompagnateur. Finalement,
la flexibilité et la souplesse qu'offre le taxi au plan de la
mobilité du handicapé peuvent produire des abus de la part de
certains clients, pouvant occasionner l'impossibilité de transport pour
d'autres clients ayant des motifs plus prioritaires, si vous voulez, dans le
cadre du respect d'une enveloppe budgétaire affectée à ce
type de transport.
Voilà ce qui résume l'expérience vécue par
la commission de transport. Je me permets également de vous indiquer que
- ce qui a été soulevé par le regroupement des
handicapés de Montréal - nous avons, à TAQUEM, un
comité consultatif d'orientation pour vérifier cette
expérience et peut-être modifier certaines orientations qui sont
suivies jusqu'à maintenant. Ce comité est formé d'un
représentant de l'Office des personnes handicapées, d'un
représentant du CRSSS, de deux membres du comité
d'admissibilité et des représentants de la CTCUQ et de
TAQUEM.
En résumé, à la suite de cette expérience,
nous pouvons dire que l'industrie du taxi va profiter de revenus, pour
l'année 1983, d'environ 250 000 $, provenant des organismes qui
bénéficient de l'entente, ce qui constitue, d'après nous,
un apport substantiel dans le contexte actuel de cette industrie.
Cependant, avant tout accroissement du rôle du taxi dans le
domaine du transport des personnes, le gouvernement du Québec devra,
pour en assurer les chances de succès et d'efficacité, apporter
des correctifs à deux aspects particuliers du projet. C'est
là-dessus, maintenant, que je voudrais insister. Le premier concerne la
coordination essentielle qui, selon nous, devrait être assurée
entre les commissions de transport et l'industrie du taxi pour toutes les
activités de transport des personnes autres que le service traditionnel
par taxi. Le deuxième concerne l'obligation de légiférer
pour libérer des conventions collectives des commissions de transport
des clauses qui interdisent de donner un service à sous-contrat.
Là-dessus, je pourrai peut-être apporter notre éclairage
aux questions qui ont été soulevées tout à
l'heure.
Concernant la coordination commission de transport-taxi, les
municipalités et le gouvernement du Québec ont investi
énormément d'argent dans la mise en place d'un système de
transport en commun adéquat pour desservir la population de la
région de Québec. Il ne faut pas que l'entrée d'un nouveau
partenaire dans le domaine du transport des personnes en milieu urbain ne mette
en péril les profits des investissements déjà consentis et
la qualité du service actuellement offert. Cela ne sera possible que
s'il existe un maître d'oeuvre chargé de la coordination entre les
différents intervenants dans ce domaine. Il faut le mentionner, c'est
cette coordination qui a permis, selon nous, le succès du service de
transport des personnes handicapées par taxi.
Malheureusement, cette coordination n'est pas assurée par les
propositions contenues dans le projet gouvernemental. La coordination existe
pour le service de type taxi collectif puisque sa mise en place ne peut se
faire qu'à la suite d'une entente entre la commission de transport et
l'industrie du taxi. Cette coordination est cependant absente pour tout ce qui
touche le taxi à contrat qui ne relève que d'une entente prise
entre le client et le pourvoyeur de services, la CUQ se contentant
d'enregistrer l'accord. Une telle situation peut avoir des conséquences
néfastes sur la qualité minimale de services offerts à la
population de certains secteurs du territoire.
Par exemple, supposons que, pour un secteur donné de la
région, le service de taxi à contrat attire une part
appréciable de la clientèle actuelle du transport en commun. Il
n'est pas certain que la clientèle restante soit suffisante pour que
soit assuré un service minimal de transport en commun. La commission de
transport se trouvera alors devant le choix suivant: soit continuer d'assurer
le service, avec comme conséquence un accroissement du déficit de
fonctionnement, soit cesser le fonctionnement du service avec comme
conséquence la non-disponibilité de transport pour une partie des
résidents des secteurs concernés. C'est ce type de situation,
d'après nous, qu'il faut éviter. Si le projet était
corrigé dans ce sens, je pense que le problème serait
évité.
Maintenant, quant aux contraintes des conventions collectives, je pense
que, pour l'information des personnes, il serait peut-être bon de lire la
clause de la convention collective à laquelle on a fait
référence tout
à l'heure. Je la lis, si vous voulez: "Tout travail ou service
exécuté à forfait ou à être
exécuté par la commission, étant sous la juridiction des
fonctions assujetties à l'accréditation syndicale, ne doit
être donné à contrat ou sous-contrat, en partie ou en
entier, à une compagnie, à un contracteur individuel ou à
tout autre entrepreneur, à moins que la commission ne possède pas
l'équipement nécessaire à cet effet". Si nous avons pu en
arriver à cette entente avec les organismes de taxi pour le transport
des handicapés, c'est justement parce que la corporation était
autonome et que nous n'avions pas cette clause dans nos conventions
collectives.
En plus de faire état de cette clause, nous avons fait examiner
la valeur de cette clause et nous avons obtenu une opinion juridique qui nous
dit qu'il ne serait pas possible d'aller à l'encontre de cette clause,
si elle existait. Pourquoi demandons-nous l'intervention législative? Si
nous tombons dans une impasse, s'il n'y a pas possibilité d'entente
entre le TAQUEM ou la commission de transport et les employés,
même si l'avenue est là, même si elle existe
théoriquement, je pense qu'en pratique, nous ne pourrions pas
l'appliquer. De façon impérative, en donnant la
possibilité à la commission de transport d'aller à
l'encontre de ce genre de clause, nous pourrions, je pense, éviter un
problème qui pourrait se poser. Mon commentaire, je le formulerai
peut-être sous forme de question. Concernant les contraintes de la
convention collective, s'il y a une impasse, s'il n'y a pas entente,
étant donné que c'est une clause de convention collective et que,
comme on l'a dit, c'est le résultat d'une négociation, s'il y
avait impasse, comment pourrions-nous appliquer ce qui est
suggéré dans le document de travail gouvernemental?
En conclusion, la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec est consciente de l'intérêt que
représente l'élargissement du rôle du taxi à des
activités de transport de personnes en milieu urbain autres que son
rôle traditionnel. Cependant, elle exprime son désaccord à
cet élargissement tant que la loi future ne prévoira pas un seul
maître d'oeuvre. Concernant cette gestion opérationnelle, le
maître d'oeuvre pourrait être la CTCUQ elle-même pour les
activités de transport en commun par autobus et pour les
activités de taxi collectif et de service à contrat par taxi.
Cette opposition sera aussi maintenue tant et aussi longtemps que la loi
proposée ne libérera pas la CTCUQ des contraintes de ces
conventions collectives qui lui interdisent de donner un service à
sous-contrat.
La position de la CTCUQ a pour objectif d'assurer que toute
expérience de taxi collectif ou de taxi à contrat sur une grande
échelle améliore les conditions de déplacement des
résidents de son territoire de desserte, tout en protégeant la
rentabilité des investissements déjà consentis et la
qualité du service actuellement offert à la population.
Voilà les quelques réflexions que je voulais vous
communiquer au nom du conseil d'administration de la CTCUQ. Je suis à
votre disposition ainsi que le directeur général, M. Hains, pour
répondre aux questions que pourrait soulever notre mémoire. (18 h
15)
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, permettez-moi d'abord de
remercier M. Carignan et M. Hains de nous permettre de profiter d'abord et
avant tout de leur expérience dans l'organisation d'une des nouvelles
avenues de taxi pour les personnes handicapées. Je pense que l'ensemble
de la commission de même que les autres organismes qui font
régulièrement appel à eux pour avoir de l'information ont
apprécié et apprécient encore aujourd'hui la mise en
disponibilité, si on veut, de toutes les informations que vous
détenez sur cette expérience puisqu'elle est unique au
Québec, à ma connaissance. Dans ce sens, je vous remercie
beaucoup d'en avoir traité aujourd'hui même, ici en commission
parlementaire.
Deux questions majeures sont soulevées par le mémoire de
la CTCUQ. La première est relative au seul maître d'oeuvre dans
les activités de transport en commun, de transport par taxi collectif et
de service à contrat pour le taxi.
M. Carignan: II faut quand même être clair, M. le
ministre. Il s'agit bien de la gestion opérationnelle et non pas
administrative.
M. Clair: Oui, je comprends cela. C'est ce que j'avais compris.
Sur la question d'un seul maître d'oeuvre en ce qui concerne le service
à contrat par taxi, je ne sais pas si vous avez fait des études
détaillées là-dessus. Quelles recherches avez-vous faites
là-dessus? Quant à nous, nous croyons sincèrement que le
taxi à contrat peut être une avenue pour rentabiliser, pour offrir
une plus grande gamme de services par le taxi. Mais de là à
entrevoir la possibilité que, dans une partie du territoire de la CTCUQ,
par exemple, le taxi à contrat soit tellement populaire que cela vienne
miner la rentabilité du réseau de transport en commun, je trouve
que l'affirmation est pas mal importante. C'est la raison pour laquelle je
voudrais savoir si vous avez essayé de faire des études
là-dessus. De deux choses l'une: ou bien il faudrait que ce soit
tellement très
populaire ou il faudrait que cela se passe dans un secteur où, de
toute façon, la présence d'un autobus ne se justifie pas beaucoup
et qu'un moindre déplacement de clientèle du transport en commun
vers le taxi à contrat viendrait achever, si on veut, un circuit
d'autobus en particulier.
Est-ce que c'est une appréhension ou si c'est basé sur
quelque chose d'un peu scientifique comme prise de position
là-dessus?
M. Carignan: J'invite le directeur général à
donner son point de vue.
M. Hains (Liguori): L'un des objectifs de la commission de
transport, c'est justement d'offrir dans tous les secteurs du territoire une
desserte complète. Dans des secteurs de banlieue où la
densité de population ne justifie pas une fréquence de service
qui soit jugée par l'usager intéressante, on croit justement que
les nouvelles avenues au taxi collectif, c'est dans ce genre de secteur
qu'elles vont s'appliquer. Nous, notre position était la suivante: si on
ne peut pas coordonner les efforts de ces deux modes de transport pour
qu'à certaines périodes de la journée, ce soit un mode qui
prévale sur un autre, et qu'à d'autres périodes de la
journée, ce soit un autre mode exclusivement pour pouvoir faire un
partage du service dans certaines heures de la journée ou certaines
journées de la semaine... On croit que, si nous avons la coordination,
nous pourrons affecter totalement le mode de taxi collectif à certaines
périodes et retirer le service d'autobus pour pouvoir ainsi
récupérer une certaine rentabilité.
M. Clair: La coordination à cette étape entre taxis
collectifs, style "jitney", je pense que vous avez tout à fait raison,
mais vous réclamez plus que cela, vous réclamez aussi la
coordination même du taxi à contrat. Je vous avoue que je trouve
que la revendication n'est pas très soutenue sur ce point. Je veux bien
m'en laisser convaincre, mais, à première vue, je me dis: II
faudrait vraiment que cela connaisse un succès phénoménal
pour que le taxi à contrat vienne miner la possibilité d'utiliser
le taxi collectif et l'autobus sur certaines lignes. C'est pour cela que je
posais la question. Sur la coordination du taxi collectif, sur un circuit qui
remplace des autobus, vous avez tout à fait raison, pour qu'il n'y ait
qu'un seul lieu de coordination et un seul maître d'oeuvre. Mais pour le
taxi à contrat, il me semble que vous en demandez beaucoup.
M. Hains (Liguori): En fait, nous considérons...
M. Clair: Vous en demandez beaucoup pour ce que vous êtes
capables d'avancer comme études.
M. Hains (Liguori): Effectivement, ce sont des réflexions
seulement. Nous n'avons pas d'études très exhaustives sur le
sujet, mais aussi minime que soit l'effet, je pense que ce sera
déjà trop en termes de rentabilité, justement dans des
secteurs où la viabilité d'un trajet d'autobus ou d'un parcours
d'autobus est souvent mis en doute dans les secteurs de banlieue. On pense
à des institutions scolaires qui pourraient signer des contrats. On
pense à des organismes importants qui pourraient signer des contrats,
comme Bell Canada, par exemple. On connaît une expérience au
niveau de Bell Canada qui, actuellement, en vertu de la réglementation
actuelle, utilise le taxi pour transporter, par exemple, ses
téléphonistes en fin de soirée ou des choses du genre. On
pense que la prolifération de ce genre de contrat pourrait,
éventuellement, nuire à la rentabilité d'investissements
déjà en place dans la communauté.
M. Clair: On pourrait affirmer aussi à l'inverse que cela
pourrait permettre à la communauté d'éviter d'avoir
à assumer le coût de services très déficitaires.
À ce compte-là, si je tiens pour acquis que c'est dangereux
d'aller vers le transport à contrat dans le taxi, pour être
certain de ne pas toucher à la clientèle éventuelle de
l'autobus, on ne devrait pas légaliser le covoiturage. On ne devrait
prendre aucune mesure pour encourager soit le covoiturage, soit le taxi
collectif ou le taxi à contrat. On devrait, au contraire, empêcher
ce phénomène de se développer. Je vous dis que,
là-dessus - je sais bien que ce n'est pas un argument, c'est une
constatation - vous êtes les seuls à penser à peu
près comme cela.
M. Hains (Liguori): C'est-à-dire que, sur le plan du
covoiturage, je pense bien que les contraintes inhérentes au covoiturage
lui-même imposent des limites à ce mode de transport. Il y a des
contraintes substantielles au covoiturage et ces contraintes limitent l'usage
très grand d'un type de transport semblable qui a, éventuellement
et nécessairement, sa place dans un transport urbain, effectivement.
M. Clair: Mais ne pensez-vous pas que le transport par taxi
à contrat a aussi des contraintes et des limites comme
possibilités?
M. Hains (Liguori): Ce qu'on retrouve dans le document, c'est que
ce n'est pas l'utilisateur qui va payer pour la course en question. C'est
l'employeur qui va payer et c'est peut-être...
M. Clair: Ce pourrait être les deux.
M. Hains (Liguori): Ce pourrait être les deux.
M. Clair: Deuxième question. À la fin, sur les
contraintes de la convention collective, vous dites, quant à
"l'intérêt que présente l'élargissement du
rôle du taxi à des activités de transport des personnes en
milieu urbain autres que son rôle traditionnel, que, cependant, la CTCUQ
"s'opposera à cet élargissement tant que la législation
future ne prévoira pas un seul maître d'oeuvre..." On vient d'en
discuter et là, je lis: "Cette opposition sera aussi maintenue tant et
aussi longtemps que la législation proposée ne libérera
pas la commission des contraintes de ses conventions collectives qui lui
interdisent de donner du service à sous-contrat." Là-dessus, M.
Carignan, je pense, disait: Au cas où on ne réussirait pas dans
des négociations - si j'ai bien compris - à nous libérer
de cette hypothèque, on pourrait requérir, à ce
moment-là, une loi. Mais je vous dis qu'il me semble qu'une affirmation
comme celle que je viens de lire, "cette opposition sera maintenue tant et
aussi longtemps", ne nous démontre pas une volonté bien ferme de
la part de l'administration de la CTCUQ d'essayer d'aller en
récupération, si on veut, ou en ouverture sur cette clause et
que, dans le fond, on s'en lave un peu les mains. On dit au gouvernement: Fais
la "job"; nous autres, on ne la fera pas. Quand on dit que c'est une
opposition, cela ne démontre pas une volonté très intense
d'essayer de régler vous-mêmes le problème. Dans ce sens,
je répète ce que j'ai dit tantôt au Regroupement des
usagers du transport adapté de la CUM: II m'apparaît que la
solution à ce problème doit venir, d'abord et avant tout, par
négociation et qu'on ne doit pas envisager le règlement de
problèmes comme ceux-là en se tournant toujours
immédiatement vers la loi comme premier recours. C'est quoi, la
volonté de la CTCUQ d'essayer de régler ce problème par
voie de négociation?
M. Carignan: Vous me permettrez une brève
réflexion. Je ne voudrais pas me transformer en historien, mais je pense
qu'il y a eu une tentative dans le passé et, si je me souviens bien,
à un moment donné, quelqu'un a dit: On ne touche pas à
cela.
M. Clair: Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je remercie la Commission de transport de la
Communauté urbaine de
Québec d'avoir voulu se présenter devant cette
commission.
Je retiens, de l'idée générale du mémoire
que ses représentants nous présentent, une ouverture d'esprit
positive. Ils sont prêts à des accommodements, ils
prévoient des problèmes et ils proposent un certain nombre de
solutions qui peuvent être aménagées d'une façon ou
d'une autre.
Le ministre soulignait tout à l'heure la question de certaines
clauses des conventions collectives. Je pense que, même si on retrouve la
phrase que le ministre vient de citer, on peut quand même espérer
qu'à l'intérieur d'une convention collective, qui contient je ne
sais combien d'articles, il y a du "give and take" - comme on dit - qui peut se
faire, il y a toutes sortes d'accommodements qui sont possibles. Je me permets
de souhaiter que cette avenue soit explorée à fond et la preuve
devrait être faite d'une façon très satisfaisante qu'on
peut procéder par entente négociée, l'attitude du parti
que je représente, ici à cette commission parlementaire,
étant bien connue en ce qui concerne les décrets et les
interventions législatives de cette nature.
Je suis heureux de voir que le ministre partage là-dessus
l'opinion de l'Opposition et qu'il ne désire pas outre mesure intervenir
quand il peut faire autrement. C'est extrêmement intéressant.
Maintenant, la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Québec a fait oeuvre de pionnier en ce qui concerne le transport des
personnes handicapées, à telle enseigne que, depuis que cette
commission siège, il en a été question à moult
reprises.
Le vice-président, M. Carignan, nous a apporté des
chiffres qui sont extrêmement intéressants et qui nous donnent une
idée du mode de fonctionnement pratiquement et comment cela peut
s'organiser et se faire. Les résultats semblent être
satisfaisants.
Là-dessus, j'ai quand même un certain nombre de questions;
ce ne sont pas des inquiétudes, ce sont simplement des questions. Nous
avons eu des indications, si ma mémoire est bonne, que, par exemple
à Montréal - je peux me tromper dans les chiffres - il y avait
environ 40% de la population handicapée qui était desservie par
le service existant. J'aimerais, M. Carignan, que vous nous disiez si vous
considérez que, dans l'agglomération urbaine de la
Communauté urbaine de Québec, toute la population
handicapée est considérée comme étant desservie par
le service qui est en place actuellement.
M. Carignan: C'est-à-dire que 100% des gens admissibles
peuvent actuellement utiliser le service qui est offert.
M. Doyon: Excellent.
M. Carignan: On pense répondre entièrement à
la demande.
M. Doyon: Parfait. Si la chose est possible, j'aimerais savoir si
vous avez eu l'occasion de vérifier des études qui auraient
été faites à certains endroits - ou de les faire
vous-mêmes, s'il n'y avait pas d'étude existante - des
résultats et la façon dont fonctionne le taxi collectif dans
certaines villes américaines. Vous êtes au courant qu'il y a des
villes américaines qui ont mis en place un tel système qui
semble, d'après ce qu'on a cru comprendre, donner des résultats
satisfaisants, à certains endroits en tout cas. Étant
donné que c'est une possibilité qui est évoquée et
qui est même proposée dans le document ministériel, est-ce
que, de votre côté, à la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec, vous avez été un peu
plus loin et vous avez regardé comment cela se passait ailleurs? Si oui,
où plus particulièrement?
M. Carignan: Nous avons des données assez complètes
d'expériences dans deux villes, Stockholm et Los Angeles. Je pense que,
dans ces deux villes, à première vue -je n'ai pas les
données devant moi - une très grande proportion des
déplacements se fait par ce genre de moyen. On me dit même que 80%
ou 90% des déplacements se font par taxi collectif.
M. Doyon: En ce qui a trait à la satisfaction quant
à ce mode de déplacement?
M. Clair: De quels déplacements?
M. Carignan: Mon collègue pourrait peut-être
expliquer.
M. Hains (Liguori): Par taxi.
M. Clair: De 80% à 90% des déplacements par taxi se
font par taxi collectif?
M. Hains (Liguori): Ce sont des déplacements...
M. Clair: D'accord, je comprends mieux.
M. Hains (Liguori): Environ 80% de la desserte du transport
adapté est faite par taxi, dans ces villes, à des coûts
comparables à ceux qu'on retrouve ici et même moindres.
M. Doyon: Mais si je me réfère au taxi collectif
ordinaire, pour me limiter encore aux personnes handicapées, y a-t-il
des études qui ont été faites à savoir comment les
choses pourraient se passer ou comment elles se passent ailleurs?
M. Carignan: Non, malheureusement, on ne dispose pas de ces
données.
M. Doyon: La Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec est-elle en processus ou en période
d'expansion, c'est-à-dire songe-t-elle à acquérir de
nouveaux véhicules, est-elle en train de penser à des
investissements majeurs, par exemple, au niveau du garage ou de ces choses? Y
a-t-il des projets pour la commission de transport dans ce domaine? (18 h
30)
M. Carignan: Cela déborde un petit peu l'objet de la
commission, mais je peux vous dire que nous avons adopté
récemment un plan triennal où nous avons des réponses aux
questions que vous soulevez. Évidemment, il y a des discussions
actuellement concernant... D'abord, pour 1983, il y aura livraison d'un certain
nombre de véhicules. Il y a déjà des discussions qui sont
entamées avec d'autres commissions de transport pour les prochaines
années. Maintenant, quant aux immobilisations - vous parlez d'un garage
-notre garage actuellement est utilisé à pleine capacité.
Il y a des travaux qui sont actuellement faits au niveau du service de
planification pour étudier soit une possibilité d'agrandissement
de l'immeuble actuel ou peut-être l'établissement d'un poste
satellite.
M. Doyon: M. le vice-président Carignan affirmait que cela
débordait le cadre de la discussion de cette commission. Pour lui
montrer que ce n'est pas le cas, je vais poursuivre ma question en lui
demandant si, hypothétiquement, il y a eu des études comparatives
de faites au niveau des coûts, de l'utilisation de taxis collectifs, de
l'utilisation de taxis par contrat. Quel serait l'impact de la mise en place de
telles avenues par rapport à certains investissements qui semblent se
dessiner? Je ne dis pas qu'ils sont certains. Il est bien sûr qu'on peut
considérer l'utilisation de ces avenues pour le taxi in abstracto, comme
étant des choses qui n'ont pas de rapport avec le garage de la CTCUQ. On
peut aussi considérer que l'utilisation du taxi collectif, que
l'utilisation des taxis à contrat auraient un impact sur le fait qu'on
n'a pas besoin d'agrandir le garage, qu'on n'a pas besoin d'acheter de nouveaux
autobus, etc., et, par voie de conséquence, on diminue les
dépenses de la Communauté urbaine de Québec.
C'était là l'objet de ma question. Je ne voulais pas du tout
déborder le cadre des discussions. On voit comment tout cela se rattache
finalement.
M. Carignan: Oui, d'accord, la question est pertinente, mais je
n'ai pas voulu dire que la question était sans intérêt.
J'ai tout simplement voulu indiquer que nous nous étions
préparés à partir du mémoire. On n'a
pas voulu apporter de renseignements. Je pense quand même qu'il
est important d'apporter une réponse. Actuellement, le service de
transport en commun est établi, si vous voulez, en fonction des heures
de pointe. Tout le service auquel je faisais référence, en dehors
des heures de pointe... Je laisserai peut-être le directeur
général expliciter comment ces nouvelles avenues pourraient tenir
compte des ressources dont nous disposons actuellement.
M. Mains (Liguori): Je dirai que, même dans les banlieues
les plus éloignées du centre, où la densité est
relativement faible, à l'heure de pointe, on retrouve suffisamment
d'usagers pour faire usage du transport collectif conventionnel. C'est surtout
en dehors des heures de pointe où une utilisation mixte ou exclusive au
transport collectif pour ces secteurs serait avantageuse en termes de
récupération de coût d'exploitation. Étant
donné que la pointe détermine le nombre d'autobus,
détermine nécessairement les possibilités de remisage, sur
le plan de la récupération au niveau des investissements, je
dirai que non. En termes de récupération de coûts
d'exploitation hors pointe et à certaines journées de la semaine,
il y a évidemment de l'intérêt à examiner cela de
très près.
M. Doyon: C'est une ouverture qui vaudrait la peine d'être
explorée. Je suis heureux de voir que le directeur général
de la CTCUQ se déclare prêt à le faire. Je souligne en
passant qu'il n'y a rien qui dit qu'aux heures de pointe, on ne puisse pas
avoir de taxi collectif et il n'y a rien qui dit qu'aux heures de pointe, on ne
puisse pas avoir de transport par taxi à contrat. À ce moment,
l'argument qu'il m'amène vaut pour autant qu'on prenne comme
prémisse qu'il n'est pas question qu'il y ait du transport par taxi
collectif aux heures de pointe. Si on n'accepte pas, parce qu'on doit envisager
quand même toutes les possibilités, cette prémisse qui ne
paraît pas être une chose qui va de soi, à ce moment,
l'argumentation que vous nous faites valoir vaut beaucoup moins, vous devrez
l'admettre.
M. Carignan: Je pense que, si les nouvelles avenues se
concrétisent, évidemment, dans l'établissement du service,
avec toutes ses modalités, il faudra tenir compte de l'existence des
services ou des modes de transport qui existeront à ce moment-là.
Je pense que ça serait important de le faire. Mais nous verrons le suivi
des travaux de la commission. Je pense qu'un programme de planification doit se
mettre à jour régulièrement. On tiendra compte de cette
possibilité.
M. Doyon: Finalement, une dernière question, M. le
Président. La région de Québec est une région
où l'industrie touristique joue un grand rôle. Il est exact,
à ma connaissance - à moins que je ne me trompe - que la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec a des
ententes avec Grey Lines - je ne sais trop comment ça fonctionne - qui
permettent certains déplacements pour les touristes, qui permettent
à des gens de visiter la belle région de Québec et de se
familiariser avec ce qu'il y a de beau à voir autour d'ici. Maintenant,
ces ententes-là donnent une exclusivité de facto - j'aimerais
qu'on éclaire la commission là-dessus - à la commission de
transport pour ce genre de transport en commun. Comment cela se passe-t-il
exactement? Comment voyez-vous l'arrivée éventuelle des taxis -
parce qu'on doit explorer cela aussi - dans un tel décor où ils
pourraient, jusqu'à un certain point, pour la ville de Québec et
pour certains autres endroits aussi qui ont sûrement des attraits
touristiques, servir de guides touristiques? Est-ce une possibilité que
vous avez envisagée? Quels seraient les impacts sur ce que vous donnez
comme service actuellement? Comment voyez-vous la chose en gros?
M. Carignan: Concernant ce service touristique, je dois vous dire
que nous exploitons la franchise Grey Lines comme une entreprise privée
et, à ce titre, nous devons faire face à une concurrence. Donc,
ce n'est pas en exclusivité. Maintenant, quant à cette
concurrence, je demanderais au directeur général de donner
quelques renseignements sur son importance, ou encore sur le pourcentage du
service touristique qui est assumé par Grey Lines et la CTCUQ.
M. Hains (Liguori): Comme M. Carignan le signale, nous dirigeons
la franchise Grey Lines comme une entreprise privée, à savoir que
nous devons demander nos permis à la commission des transports comme
d'autres transporteurs. Et la commission juge de l'opportunité de nous
donner le permis ou de nous le refuser, de le donner à d'autres ou de le
refuser à d'autres.
Maintenant, en termes de véhicules-autobus, nous avons
l'exclusivité, c'est-à-dire que les propriétaires
privés ne pourraient s'acheter un autobus de 45 passagers et venir nous
faire concurrence, à moins que la commission n'émette de nouveaux
permis, chose qu'elle n'a pas faite depuis un certain temps. Et c'est justement
sur ce plan que le conseil d'administration a tracé quand même une
ligne assez nette, à savoir que la place de la commission de transport
dans l'opération des services touristiques se situe dans un transport de
masse, c'est-à-dire avec gros véhicules. Et
particulièrement en été -c'est un aspect
intéressant - alors que le service urbain est plus léger, il y a
un
surplus de véhicules que nous affectons au transport touristique.
Je pense que c'est une façon de rentabiliser l'équipement
déjà en place. Nous nous concentrons très fortement sur le
service de masse, c'est-à-dire de volume. La charte-partie qui arrive de
l'extérieur est transférée dans nos véhicules. Nous
avons des chauffeurs-guides formés par la commission de transport, et
ils font fonctionner ce service.
M. Doyon: M. le Président, en terminant, j'ai simplement
des commentaires personnels. Je n'ai pas d'autre question.
Je retiens des dernières réponses que, pour ce qui est des
taxis proprement dits, il y a une avenue qui ne semble pas susciter
d'objections majeures de la part de l'exploitant actuel de la concession Grey
Lines. Il serait peut-être intéressant de voir quel avantage il y
aurait à ce que les chauffeurs de taxi puissent, avec une formation
adéquate, bien sûr, servir de guides touristiques et de promoteurs
de la région qu'ils desservent.
Je terminerai, M. le Président, en faisant part aussi d'un autre
commentaire personnel. Cela concerne les taxis à contrats. La commission
de transport dit dans son mémoire, à la page 5, qu'elle
souhaiterait être, ni plus ni moins, une tierce partie contractante pour
les taxis à contrat. Ma réflexion personnelle, est que cela
m'apparaît aller un peu loin. Je pense que nous devons évoluer
à l'intérieur d'un système qui est le nôtre,
c'est-à-dire un système où ce sont les personnes
directement intéressées qui contractent des ententes. Et il faut
respecter ce système. Je n'ai pas d'objection à ce qu'il y ait
une information qui soit transmise à la commission de transport. Je
pense que cela peut être utile. Si on acceptait - comme le ministre l'a
mentionné et je dois dire que je suis d'accord avec lui là-dessus
- une obligation pour la commission de transport d'intervenir comme partie
cocontractante dans de tels contrats, il faudrait déboucher
nécessairement, en vertu des arguments qu'ils nous font valoir
eux-mêmes, sur le fait que, pour ce qui est du covoiturage ou quelque
autre arrangement qui puisse être pris, on peut caricaturer en disant
que, même pour les gens qui décident d'aller au bureau en faisant
du "jogging" il faudrait que la commission de transport en soit informée
puisqu'il y aurait là diminution de la clientèle. En tant
qu'utilisateur de la bicyclette pour me rendre au bureau pendant de nombreuses
années, M. le Président, je n'aurais pas aimé avoir
à avertir qui que ce soit que j'avais l'intention d'aller au bureau en
bicyclette.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Juste une question, M. le Président. Lorsque
le vice-président de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec a reçu le document du ministre des Transports
intitulé: De nouvelles avenues pour le taxi... Il y a deux objectifs
à cela: premièrement, de rentabiliser l'industrie du taxi et de
diminuer les coûts de transport en commun dans les commissions de
transport. C'est parallèle à la rentabilisation du taxi.
Vous avez fait preuve d'initiative, ce qui a été
remarqué par la population du Québec, en ce qui a trait au
transport des handicapés par véhicule-taxi. Est-ce que vous
seriez prêts à vous engager dans un projet pilote? Nous parlons du
taxi collectif, le ministre en parle depuis un bon bout de temps et, tant qu'on
n'aura pas un projet pilote quelque part, on ne sera pas plus avancé. On
demande au ministre un projet de loi pour le printemps. Je suis convaincu que
ce ne sera pas au printemps, que cela ira à l'automne et, à
l'automne, cela ira peut-être au printemps prochain.
M. Polak: Il y aura des élections entre-temps.
M. Bissonnet: M. le député de Sainte-Anne...
M. Polak: ...notre projet.
M. Bissonnet: ...la question n'est pas pertinente.
M. Polak: On réglera le problème.
M. Bissonnet: Est-ce que la commission de transport qui a
déjà pris une initiative -parce que, évidemment, vous
aurez des demandes de citoyens pour de nouvelles lignes d'autobus - a
pensé à préparer un projet pilote afin de l'essayer
à Québec? Pour la Communauté urbaine de Québec, je
pense qu'il est peut-être plus facile de tenter une première
expérience, à titre d'exemple, que pour la Commission de
transport de la CUM parce que la communication entre les citoyens, vu que c'est
une ville très belle, mais de moindre importance au niveau de la
population... Est-ce que vous avez pensé à cela?
M. Carignan: Quand vous posez la question, est-ce que vous
allouez également des ressources pour faire cette expérience
pilote?
M. Bissonnet: Écoutez! Je ne suis pas ministre des
Transports! Je souhaite que l'initiative soit prise par une commission de
transport, d'une part, et également que le ministre des Transports suive
cette initiative.
M. Clair: Les enchères, M. le Président, je
suis...
M. Bissonnet: Écoutez! Vous parlez du transport
collectif.
M. Clair: Oui, oui.
M. Bissonnet: Vous avez fait des études à votre
ministère, mais, tant qu'on n'aura pas fait une expérience
pilote, M. ie ministre, il ne sert à rien d'en parler, on ne sera pas
plus avancé. Il faut aller de l'avant et agir.
M. Clair: Les enchères sont ouvertes, M. le
Président, parce que, dans le document...
M. Bissonnet: ...à Québec, on pourra regarder cela
de très près.
M. Clair: ...on a indiqué qu'on était prêt
à contribuer à la mise sur pied d'une première
expérience, surtout en termes d'analyse de coûts, parce qu'en
termes de fonctionnement, notre objectif n'est pas de subventionner le
fonctionnement du déficit d'exploitation d'un réseau de taxi
collectif. Si on en venait à cette conclusion, on passerait à une
autre étape.
Actuellement, Laval nous a contactés là-dessus, comme je
l'ai indiqué, et aurait une proposition à nous faire. Nous irons
vers la proposition la plus intéressante qu'on recevra. Si la CTCUQ est
prête à nous faire une proposition là-dessus, on sera
prêt à l'étudier parce qu'on sait qu'effectivement, comme
le dit le député de Jeanne-Mance, c'est certainement une des
commissions de transports, qui pourrait se prêter le mieux à une
expérience pilote à cause de son dynamisme, de sa volonté
d'innover.
M. Carignan: Je suis content de vous entendre reconnaître
le dynamisme de la commission de transport et son esprit d'initiative. J'aurais
aimé que ce soit constant, qu'il n'y ait pas de phases où cela ne
s'applique pas, des phases récentes auxquelles je fais
référence, M. le ministre. (18 h 45)
Je pense qu'on a fait la preuve, avec le transport adapté, qu'on
n'avait pas besoin d'attendre que quelqu'un nous demande de faire
l'expérience; on l'a faite. Concernant l'autre possibilité, avec
la collaboration des fonctionnaires du ministère des Transports, nous
sommes prêts à envisager sérieusement de faire cette
expérience pilote dans la région de Québec.
M. Bissonnet: Merci.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie...
M. le ministre.
M. Clair: Juste un mot en terminant, M. le Président, pour
remercier les gens de la CTCUQ d'être venus en commission parlementaire
et leur dire que j'attendrai, dans un prochain courrier, une proposition de
leur part.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: ...du ministre. J'ai été très
heureux de les voir et on a été suffisamment
éclairé pour que les travaux de cette commission aient
profité de leur passage parmi nous. Merci, encore une fois.
Le Président (M. Desbiens): Merci.
J'inviterais l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec à s'approcher, s'il vous plaît! Je demanderais au
porte-parole du groupe de s'identifier et d'identifier son partenaire.
Association des propriétaires d'autobus du
Québec
M. Poliquin (Guy): Je suis Guy Poliquin. Je parlerai à
titre de vice-président de l'Association des propriétaires
d'autobus du Québec. Je suis accompagné de M. Paul Noreau qui est
secrétaire à l'association. Je lirai le mémoire puisqu'il
est très bref et j'ajouterai certains commentaires à la suite des
conclusions.
L'Association des propriétaires d'autobus du Québec
regroupe quelque 90 membres dont la presque totalité sont
impliqués à la fois dans le transport en commun et le transport
des écoliers. La flotte des membres de l'APAQ représente plus de
2000 véhicules qui sont affectés tant au transport urbain et
interurbain qu'au transport des écoliers. Selon les statistiques du
ministère des Transports pour l'année 1980, 58 transporteurs en
commun privés, ne recevant pas de subvention, ont transporté 8
400 100 passagers et parcouru 67 233 700 kilomètres pour des revenus
bruts de plus de 84 000 000 $.
Sans compter le nombre important d'emplois suscités par ce
secteur de l'économie, l'industrie du transport en commun a
été jusqu'ici un véhicule extraordinaire d'échanges
socio-culturels, touristiques et économiques. En fait, les transporteurs
desservent quelque 950 municipalités au Québec dont 850
desservies uniquement par l'autobus. Il fut un temps pas tellement
éloigné où le nombre de municipalités desservies
atteignait 1100.
Différentes politiques en matière de transport,
appliquées par les autorités
gouvernementales, ont fait régresser quelque peu cette industrie
qui a pourtant encore un rôle très valable à jouer comme
facteur de progrès social et économique. Il est primordial de lui
assurer une juste protection afin de prévenir que sa situation
s'affaiblisse davantage, ce qui aura pour effet que la population perdra ses
services de transport en commun ou il faudra investir des montants
considérables en fonds publics pour prendre la relève.
La situation: Le transport par taxi fait face, depuis quelques
années, à quelques problèmes de rentabilité. Cette
situation n'est pas exclusive à ce système de transport car les
services de transport en commun sont aussi confrontés avec les
mêmes difficultés, soit une rentabilité complètement
négative.
Cet état de choses, pour l'un comme pour l'autre de ces deux
modes de transport, a sans doute les mêmes causes: une hausse des frais
d'exploitation alors que les revenus se stabilisaient et avaient même
tendance à la baisse. Il a fallu hausser les taux, ce qui a
provoqué une diminution de la clientèle. C'est alors le cercle
vicieux aux conséquences néfastes qui a commencé: nouvelle
hausse de taux, nouvelle baisse de la clientèle et ainsi de suite. La
crise économique actuelle est venue empirer les choses.
L'utilisation de l'automobile de promenade pour les déplacements
demeure une coutume profondément enracinée dans la population
malgré le coût élevé d'achat et de possession de ce
véhicule. Et, comme nous le disions précédemment, la
hausse des taux ou tarifs des autres modes de transport n'est pas de nature
à favoriser un changement d'habitude.
On cherche maintenant les moyens de prévenir une
dégradation accentuée de la situation. La solution idéale
serait certes que l'on trouve la façon d'augmenter l'achalandage des
taxis dans l'exercice de leur rôle traditionnel. Il semble qu'une des
solutions préconisées par les taxis eux-mêmes pour
atteindre cet objectif serait la diminution du nombre de taxis en circulation.
En fait, il faudrait peut-être moins de monde pour partager un
gâteau qui rapetisse constamment.
La réforme. Dans son livre intitulé De nouvelles avenues
pour le taxi, le ministère des Transports propose différentes
mesures en vue de rentabiliser l'industrie du taxi. Ce sont les professionnels
qui oeuvrent dans ce secteur qui sont le plus aptes à les
apprécier, surtout en ce qui concerne le nouveau cadre
réglementaire touchant uniquement l'exploitation d'un taxi
traditionnel.
Cependant, il y a certaines avenues envisagées qui concernent
aussi l'industrie de l'autobus. Il en est ainsi du taxi collectif et du
transport des biens par taxi. Il faudrait prévenir que la
libéralisation des règles pour le taxi empiète
indûment sur des activités réservées jusqu'ici
à l'autobus utilisé dans les services de transport en commun.
Rappelons que ces derniers services vivent aussi des jours très
difficiles et que leur viabilité est très précaire. Il
faudrait peu de choses pour que les exploitants fassent une nouvelle
concurrence qui viendra tarir davantage leur source de revenus
déjà nettement insuffisante et faire qu'ils soient dans
l'obligation d'abandonner la partie.
Effectivement, bien des services de transport en commun, surtout les
services régionaux et locaux, sont disparus ces dernières
années et il s'est aussi produit un très grand nombre de
diminutions de services. La moindre atteinte portée au peu de droits qui
leur reste aura pour effet d'accélérer ce processus au
détriment de l'ensemble de la population.
Il est donc impérieux de bien encadrer les droits additionnels
que l'on veut octroyer au transport par taxi afin qu'il n'en découle pas
une concurrence mortelle pour les services de transport en commun
exploités par l'entreprise privée. Là où il
n'existe pas de tels services, il ne peut y avoir d'objection à ce que
le taxi se voie confier un rôle plus large en ce qui concerne le
transport de personnes et de biens.
Dans une tentative pour rentabiliser les taxis, il faut empêcher
de rendre encore moins viable un autre moyen de transport. En
déplaçant la clientèle d'un système de transport
vers un autre, on n'aura pas réglé grand chose; bien au
contraire, il est bien possible que le taxi ne sorte pas beaucoup plus
revigoré d'un changement pour lequel il est plus ou moins adapté
mais qui pourra quand même causer un grave préjudice à
l'autobus.
Dans tous les changements qui surviennent ou qui sont à venir,
les transporteurs en commun ont fortement l'impression d'être
laissés pour compte. II y a bien actuellement une étude sur le
transport en commun, mais on craint que le malade soit
décédé avant que les remèdes ne soient
appliqués.
À la suite de cette dernière remarque, j'aimerais
enchaîner avec un propos tiré du mémoire de la CUQ qui
parlait d'une politique générale. Particulièrement
à la suite d'événements récents, on sait que la
Société des jeux du Canada a accordé des contrats pour le
transport des athlètes à un transporteur scolaire alors que les
transporteurs en commun de la région étaient largement en mesure
de répondre à ces besoins.
Les questions que se posent les transporteurs en commun sont les
suivantes. Nous avons eu la loi 31, qui a changé le système de
transport des écoliers, qui prévoit la possibilité, par
réglementation, d'ouvrir la
charte-partie aux transporteurs d'écoliers dans un rayon de 200
kilomètres. Nous arrivons aujourd'hui avec un livre blanc sur le taxi,
qui concerne le taxi collectif, le covoiturage. J'ai fait mention d'un groupe
de travail, dont M. le ministre a annoncé la formation en septembre,
pour étudier les problèmes du transport en commun fourni par
l'entreprise privée. Face à tout cela, on se demande si, avant
d'adopter des décisions, par exemple, quant aux 200 kilomètres,
quant au taxi collectif, quant au covoiturage, il ne serait pas sage d'au moins
attendre le rapport de cette étude ou de ce groupe de travail puisque,
en fonction du taxi collectif, par exemple, nous n'avons pas d'objection, mais
on craint que s'il s'appliquait à des services à faible rayon
d'action ou des services suburbains, les quelques passagers que le transporteur
pourrait perdre pourraient entraîner sa perte. La même chose pour
le covoiturage. Nous n'avons pas d'objection formelle à tous ces modes.
De même à l'égard des 200 kilomètres, par exemple,
mais on a vraiment l'impression que si des décisions intervenaient avant
qu'on ait pu faire dresser tout le tableau de l'industrie du transport par
autobus dans la province, il pourrait y avoir des décisions qui feraient
en sorte qu'il n'y ait plus de possibilité de revenir en arrière
et qu'un tort considérable soit causé.
En terminant, nous avons déjà fait part au
ministère d'une possibilité qui serait sûrement favorable
à l'égard des transporteurs en commun et qui a été
soulevée par les ligues de taxis. Vous savez que les coûts ont
augmenté, que les transporteurs ont augmenté leurs coûts de
la même façon qu'il a augmenté pour les automobilistes.
Dans ce sens, si les transporteurs en commun pouvaient déjà se
voir exemptés d'une taxe sur le carburant, nous croyons
assurément que cela permettrait un encouragement à l'entreprise
de transport en commun. Nous soumettons le tout et nous sommes disponibles pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Clair: Je voudrais remercier les représentants de
l'Association des propriétaires d'autobus du Québec de
s'être penchés sur les nouvelles avenues en matière de
taxi, que nous avons proposées en août dernier, et de venir en
commission parlementaire nous présenter leur mémoire et leur
point de vue.
Les deux principaux points qui sont soulevés, c'est,
premièrement, la crainte que le taxi collectif ne puisse, dans certains
cas, miner la rentabilité de transporteurs privés. On sait que
les transporteurs par autobus privés soutiennent que plusieurs de leurs
circuits sont déficitaires. J'ai de la difficulté à
comprendre. Quant à nous, il nous apparaît que le taxi collectif
pourrait, dans certains cas, constituer une alternative à des circuits
à très faible achalandage, donc des circuits déficitaires.
Dans ce sens, j'ai un peu de difficulté à comprendre l'argument.
Le résultat le plus possible qui pourrait se produire, c'est que des
taxis collectifs remplacent des autobus privés sur des circuits
déficitaires. Si ces circuits sont déficitaires, pourquoi y
tient-on? Pourquoi cela ne serait-il pas une avenue intéressante que de
pouvoir soulager éventuellement des propriétaires d'autobus
privés détenteurs de permis de transport en commun sur des
circuits qui sont déficitaires et les remplacer par du taxi
collectif?
M. Poliquin: À ce sujet, nous n'avons pas d'objection
formelle comme telle, mais avant d'adopter une loi, une réglementation
dans ce sens, je pense qu'il faudrait d'abord identifier les endroits où
effectivement - il y a un groupe de travail qui se penche là-dessus
actuellement - c'est dans ce sens. Comme je vous l'ai dit, on n'est pas
totalement négatif au sujet de cette idée. Je pense qu'il faut -
je reprends l'idée de la CUQ - peut-être voir cela dans le cadre
d'une politique générale de transport de personnes et non pas
uniquement d'une politique de transport en commun pour l'entreprise
privée, pour le taxi. Je pense que c'est une politique qui doit
être vue dans son ensemble et qu'on doive faire en sorte que les
industries comme telles soient le moins pénalisées possible, ou
qu'on favorise le plus possible la rentabilité de chacune de ces
industries.
M. Clair: C'est ce que nous essayons de faire, mais, encore une
fois, c'est fonction de l'approche que j'ai retenue depuis mon entrée au
ministère des Transports. Plutôt que d'essayer de définir
une politique globale des transports et de ne rien faire en attendant, mais
d'essayer de voir théoriquement comment on peut articuler une politique
globale de transport, on s'est fixé un certain nombre d'objectifs:
l'intégration des différents modes de transport, la diminution
des coûts, l'augmentation de la rentabilité de ceux qui sont
rentables ou qui peuvent l'être, agissant dans chacun des secteurs,
transport scolaire, transport en commun, public, privé, transport par
taxi, trains de banlieue, etc. Donc, l'approche globale, nous l'avons
jusqu'à un certain point. En tout cas, c'est l'effort qu'on fait
présentement, mais on se refuse à accepter qu'on ne bouge pas
tant et aussi longtemps qu'on n'est pas en mesure de voir une application
concrète de règles encore plus précises pour chacun des
groupes de transporteurs concernés. On essaie d'agir,
effectivement, dans le cadre d'une politique d'ensemble, secteur par
secteur, en tenant toujours compte, effectivement, des intérêts
des uns et des autres autant qu'on le peut. (19 heures)
Sur la question du transport de biens, je veux vous rassurer. Je ne
pense pas que, dans les permis de transport en commun urbain privé, il
se fasse beaucoup de transport de biens. Là où il s'en fait,
c'est dans l'interurbain, où on transporte de petits colis par autobus.
Dans ce sens, je voudrais simplement vous rassurer pour vous dire qu'on ne vise
nullement, en libéralisant le transport de petits colis par taxi,
à autoriser la transformation, en quelque sorte, des permis de taxi en
permis de transport interurbain de petits colis. Je pense que là-dessus
on peut vous rassurer. Ce serait quand même très limité.
Cela devrait répondre à des critères d'urgence et de
dépannage et non pas permettre, en quelque sorte, la transformation de
permis de taxi en permis de transport en commun ou en permis de transport de
biens ou de petits colis.
M. le Président, je n'ai pas d'autres questions ou commentaires,
quant à moi.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président, même si tout le
monde commence à constater qu'il est 19 heures, je pense que le dernier
groupe mérite autant d'attention que les autres. Donc, j'aurai quelques
questions. M. Poliquin, ai-je bien compris que la plupart des membres de votre
association se trouvent en dehors des grands centres?
M. Poliquin: Pas nécessairement, c'est-à-dire que
la plupart des membres de notre association effectuent du transport
interurbain. Donc, ce sont les grands et les petits centres qui sont
réunis d'un bout à l'autre de la province.
M. Polak: D'accord, parce que quand vous parlez, à la page
3, de la peur que vous avez vis-à-vis du transport collectif, transport
de biens par taxi, cela ne s'applique pas vraiment dans des centres comme
Montréal ou Québec? S'il y avait un tel changement, vos membres
sont là...
M. Poliquin: Cela ne s'applique pas, évidemment, dans des
commissions de transport ou des régions métropolitaines comme
Montréal ou Québec, mais cela s'applique dans les régions
suburbaines surtout, et c'est là la crainte. Pour prendre un exemple
à Québec, prenons les services comme
Québec-Sainte-Anne-de-Beaupré.
Québec vers la Beauce ou vers Bellechasse.
Il y a une foule de services de transport en commun quotidiens qui
s'effectuent. Prenons le transport collectif, éventuellement. Pour le
transport collectif, s'il y avait un mode, une description, avec des
règles particulières qui s'appliqueraient, on craint, s'il y a
des services qui se donnent matin et soir entre ces localités, que les
quelques passagers qui pourraient utiliser ces services... Ce serait un
transfert de passagers, tout simplement, et cela pourrait mettre en
péril le système comme tel.
M. Polak: Oui, je comprends. Est-ce que...
M. Poliquin: Cela s'applique moins, évidemment, sur les
services interurbains de longue distance, c'est évident.
M. Polak: ...les membres de votre association sont
déjà impliqués dans le transport? On a beaucoup
parlé de transport adapté. D'après moi, il semble y avoir
vraiment de nouvelles avenues dans ce domaine. Y a-t-il moyen, pour vous ou
votre groupe, d'y participer avec des minibus, par exemple? Cela
existe-t-il?
M. Poliquin: Oui. Il y a certains transporteurs privés qui
exploitent actuellement un tel service. J'ai un exemple en tête: la
région de Chicoutimi, où la corporation avait la
responsabilité d'implanter le transport adapté et en a
confié l'exploitation à une entreprise privée.
M. Polak: Donc, en d'autres termes, si j'ai bien compris, vous
dites: M. le ministre, nous sommes bien intéressés à vos
nouvelles avenues, mais il ne faut pas que cela devienne pour nous une route
glissante.
M. Poliquin: On est déjà... Je pense que le
ministre est déjà conscient des problèmes de l'industrie
du transport en commun par autobus et on ne voudrait pas que des
décisions viennent nous affecter avant même que d'autres
décisions soient prises pour aider l'entreprise privée dans le
transport par autobus.
M. Polak: Vous avez entendu l'engagement du ministre tout
à l'heure.
M. Poliquin: Oui, monsieur, j'ai très bien entendu.
M. Polak: C'est tout enregistré. Donc, il n'y a pas de
problème. On peut toujours invoquer cela plus tard.
M. Poliquin: Oui, oui.
M. Polak: Votre engagement tout à l'heure... Vous ne vous
rappelez plus ce que vous avez dit?
M. Clair: J'en ai pris plusieurs, n'est-ce pas?
M. Polak: Oui, j'espère bien que c'est tout
enregistré.
M. le Président, quant à moi, je n'ai pas d'autres
questions. Mon chef d'équipe...
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Lorsqu'on parle de transport collectif par taxi, on
se limite à l'intérieur d'une agglomération, parce que les
taxis qui ont des permis sont à l'intérieur
d'agglomérations. Alors je ne pense pas que ce soit l'intention du
ministre des Transports et du ministère d'agrandir un transport
collectif entre certaines agglomérations, parce qu'on reste toujours
à l'intérieur d'une agglomération. Donc, en pratique, vous
n'avez pas à vous inquiéter.
M. Poliquin: Évidemment, si c'est à
l'intérieur d'une agglomération, il n'y a pas de problème.
Mais la réglementation actuelle...
M. Bissonnet: ...à l'industrie du taxi et aux
règlements qui sont là, c'est à l'intérieur d'une
agglomération. Donc on ne peut pas partir de
Sainte-Anne-de-Beaupré, parce qu'à ce moment-là ce n'est
plus du taxi collectif, c'est du transport. Là, on rentre dans un autre
schéma.
M. Poliquin: Je m'excuse, M. le député de
Jeanne-Mance, mais la réglementation actuelle permettrait, dans le cas
du transport collectif, à un taxi de prendre des passagers - par exemple
pour un détenteur de la région de Sainte-Anne-de-Beaupré -
et de les conduire à Québec par une procédure qui serait
du transport collectif, par un règlement ou une...
M. Clair: II n'en demeure pas moins que l'inquiétude de
l'APAQ je la comprends très bien. Elle mérite d'être
considérée à sa juste valeur parce qu'il y a
effectivement, à l'intérieur d'une même
agglomération - je prends l'agglomération de Drummondville - il y
a effectivement à l'intérieur de l'agglomération de taxi
de Drummondville, une agglomération de taxi, mais il y a aussi un
détenteur de permis de transport en commun privé qui offre un
service de transport en commun à l'intérieur. Et la concurrence
entre le taxi collectif et le transport en commun peut, dans certains cas,
être réelle. C'est une dimension dont on devra tenir compte.
En terminant, ce que je voudrais dire, c'est qu'il y a
présentement le groupe de travail sur le transport en commun
privé qui fonctionne.
Je questionnais M. Ménard, mon directeur du transport des
personnes chez nous, sur les échéanciers prévus afin
d'être en mesure de fournir, comme ministre, tout l'éclairage
nécessaire à l'analyse de la situation et aux perspectives
d'avenir qu'on pourrait avoir pour les transporteurs privés. Nous
espérons, à l'automne, être en mesure de mieux voir quelles
sont les orientations qu'on pourrait privilégier pour l'avenir. Et je
tiens à vous assurer que je suis tout aussi préoccupé du
sort des transporteurs par autobus privés que je peux l'être du
sort du taxi. Dans ce secteur du transport des personnes, les services qui sont
offerts par l'APAQ sont très importants et, dans ce sens, ils
reçoivent toute mon attention. Même, je pense que, si on regarde
la proposition qu'on a mise sur la table en juin dernier en matière de
restructuration du transport en commun, s'il y a une place pour le taxi
collectif, pour développer le taxi, je pense aussi qu'en termes de
transporteurs privés pour le transport en commun, dans la
périphérie de Montréal notamment, là où on
est en train de voir comment on pourrait mieux utiliser les transporteurs
privés, il y aura là un marché important qui pourra se
développer.
Soyez assurés que vous n'êtes pas laissés pour
compte dans les efforts qu'on fait présentement pour remettre à
jour, en quelque sorte, nos politiques de transport au ministère des
Transports. On s'est attaqué dans le domaine public aux commissions de
transport, aux trains de banlieue, au décloisonnement des autobus
scolaires; on est présentement dans le domaine de l'industrie du taxi.
On a l'intention de consacrer la même énergie dans le domaine du
transport par autobus privé. Mais que voulez-vous, on ne peut
malheureusement pas tout faire en même temps. Je peux cependant vous
assurer que, quand on agit dans les autres secteurs, on est également
préoccupé des conséquences que cela peut avoir chez vous.
Vous savez qu'actuellement, par exemple, la raison qui explique pourquoi nous
n'avons pas encore mis en vigueur la disposition concernant les 200
kilomètres pour des voyages à charte-partie par des autobus
scolaires, c'est parce qu'on veut en même temps adapter l'ordonnance 17
dans le sens des préoccupations de l'Association des
propriétaires d'autobus du Québec.
Tout cela pour dire que, même si on envisage un rajeunissement du
cadre dans lequel évoluent les autres transporteurs, on n'oublie pas non
plus l'Association des propriétaires d'autobus du Québec, je puis
vous l'assurer.
Le Président (M. Desbiens): Nous vous remercions de votre
participation à la commmission élue permanente des
transports.
M. Polak: Une dernière question, M. le
Président...
M. Clair: ...de plus, le transport des traversiers, des avions,
on a touché à tout.
M. Polak: ...à mettre à l'ordre du jour de
demain...
M. Clair: Nomme-le, je l'ai.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je voudrais rappeler au
ministre que - cela ne se trouve pas dans le mémoire - il y a un point
à discuter demain, c'est-à-dire au sujet de ceux qui ont le
problème de passer l'examen à cause du fait qu'ils peuvent
difficilement lire ou écrire. Vous vous rappelez, il y a quelques cas
comme cela. J'ai votre lettre ici datée du mois de juillet: "cette
question pourrait être revue à l'occasion de l'examen d'une
nouvelle politique en matière de taxi -je l'ai justement ici - qui sera
publiée bientôt". Donc, est-ce qu'on pourrait, demain, prendre une
dizaine de minutes? Il s'agit de quelques cas. D'ailleurs, il y a des
députés ministériels qui ont le même
problème.
M. Clair: Certainement.
M. Bissonnet: Également, il y a toute la question des
points de démérite chez les chauffeurs de taxi.
M. Clair: Certainement. Points de démérite des
chauffeurs de taxi et des autres.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des transports ajourne ses travaux à demain matin, dix
heures.
(Fin de la séance à 19 h 12).