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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports est réunie aux fins d'entendre les
personnes et les organismes en regard de la proposition gouvernementale
concernant l'organisation et le financement du transport en commun dans la
région de Montréal déposée à
l'Assemblée nationale le 18 juin 1982.
Les membres de la commission, pour aujourd'hui, sont: M. Bourbeau
(Laporte), M. Tremblay (Chambly), M. Clair (Drummond), M. Fallu (Groulx), Mme
Harel (Maisonneuve), M. Léger (Lafontaine), M. Dauphin (Marquette), M.
Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Proulx (Saint-Jean), M. Rodrigue (Vimont), M.
Leduc (Saint-Laurent).
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau), M. Rocheleau (Hull), M. de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Laplante
(Bourassa), M. Maciocia (Viger), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Rochefort (Gouin)
et M. Lavigne (Beauharnois).
Aujourd'hui, nous entendrons plusieurs mémoires. Tout d'abord,
permettez-moi d'informer la commission que la Chambre de commerce de la
province de Québec a présenté un mémoire pour
dépôt seulement, ainsi que le Conseil ferroviaire
fédéral-provincial. M. Gingras, à titre personnel, M.
Sylvio Buzzetti, à titre personnel, Mme Blanche Trudel, à titre
personnel, Mme Alice Filion, à titre personnel, M. Victor Bennett,
à titre personnel, ont aussi présenté des mémoires
pour dépôt seulement.
À l'ordre du jour, pour aujourd'hui, nous aurons d'abord le
Comité pour le progrès et l'autonomie de Laval; en
deuxième lieu, le Comité intermunicipal de transport des Moulins;
en troisième lieu, le groupe STOP; en quatrième lieu, la MRC de
Ste-Thérèse-de-Blainville; en cinquième lieu, la ville de
Saint-Eustache; en sixième lieu, la Fraternité des chauffeurs
d'autobus, opérateurs de métro et employés des services
connexes au transport de la CTCUM; en septième, la
Confédération des syndicats nationaux; en huitième, le
Comité intersyndical des trains de banlieue; en neuvième,
l'Association québécoise du transport et des routes Inc.; en
dixième, la Société pour le progrès de la rive sud;
et, en onzième, la municipalité de la paroisse de l'île
Bizard.
J'invite immédiatement le Comité pour le progrès et
l'autonomie de Laval à prendre place au centre. Il est
représenté par M. Clément Joly, membre du comité
exécutif; Me Jean-François Martel, conseiller; M. Robert Plante,
président. Messieurs, si vous voulez vous identifier.
Comité pour le progrès et l'autonomie de
Laval
M. Martel (Jean-François): Je vous remercie, M. le
Président. Mon nom est Jean-François Martel. J'ai eu mandat de
l'exécutif du Comité pour le progrès et l'autonomie de
Laval de présenter son mémoire aujourd'hui. J'ai à mes
côtés le président du comité, M. Robert Plante.
Quant à M. Clément Joly il a dû malheureusement s'absenter
à la dernière minute, il ne sera pas parmi nous aujourd'hui.
Le Président (M. Boucher): M. Martel, si vous voulez
présenter votre mémoire, tout en considérant que les
membres de la commission en ont pris connaissance et que ce mémoire est
disponible au secrétariat des commissions pour ceux qui voudront en
prendre connaissance au complet. Compte tenu du temps, si vous pouviez le
résumer pour que la période des questions puisse être plus
longue par rapport aux intervenants de la commission.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: À la suite de ce que vous venez de dire,
j'aimerais quand même souligner que, dans le cas de l'organisme qui est
devant nous, le Comité pour le progrès et l'autonomie de Laval,
on nous présente un mémoire qui fait à peine douze pages
et en plus à double interligne. Je pense que vous avez établi la
semaine dernière comme critère que lorsque le mémoire
excédait, vous aviez parlé d'une vingtaine de pages, on devrait
le résumer. Dans le cas d'un mémoire comme celui-ci, qui est
relativement court, quant à nous, on n'aurait pas d'objection à
ce qu'il soit lu ou enfin, lu dans une bonne mesure, parce qu'il devient
parfois assez difficile de résumer un
document qui est lui-même très condensé, qui souvent
est déjà un résumé d'un autre document. Je ne
voudrais pas que les directives que vous aviez données laissent
l'impression aux gens qui viennent devant nous qu'effectivement ils ne doivent
rien dire. Le mémoire est très court et, quant à nous, on
n'aurait pas objection à ce qu'il soit lu.
Le Président (M. Boucher): Alors, je tiens compte des
remarques du député de Laporte tout en lui disant que
j'espère que les mémoires qui seront présentés,
dans la mesure du possible, tiendront compte d'un laps de temps maximum de
vingt minutes, étant donné que la période de temps
allouée habituellement dans les commissions parlementaires pour la
présentation du mémoire, c'est environ vingt minutes. Si vous
considérez que vous avez le temps de lire le mémoire au complet
en vingt minutes, vous pourrez le lire au complet.
M. Martel (Jean-François): Merci. M. le Président,
M. le ministre, madame et messieurs les membres de la commission, le CPAL, pour
le désigner d'une façon raccourcie, est un comité ad hoc
sur le transport qui a été formé à la suite du
dépôt, par le ministre des Transports le 18 juin dernier, d'une
proposition gouvernementale concernant l'organisation et le financement du
transport en commun dans la région de Montréal. Il regroupe des
citoyens lavallois de divers milieux, tous concernés par cette
proposition gouvernementale en ce qu'elle présente pour l'avenir des
mesures susceptibles d'avoir un grand impact sur leur environnement, leurs
affaires et leur qualité de vie.
Au cours de sa dernière assemblée, le CPAL s'est pourvu
d'un exécutif dirigé par son président, M. Robert Plante,
que je vous ai présenté tantôt. Encore que le CPAL n'entend
pas se limiter à un seul secteur de la communauté lavalloise, il
est toutefois composé de plusieurs hommes d'affaires et compte
d'ailleurs parmi les membres de son exécutif M. Clément Joly,
président de la Chambre de commerce de Laval. Le Comité pour le
progrès et l'autonomie de Laval a préparé et
déposé un mémoire détaillant ses positions
relativement au régime de transport préconisé par le
gouvernement et faisant des recommandations. Les membres de la présente
commission parlementaire ont sans doute pris connaissance de ce mémoire.
C'est pourquoi aujourd'hui, nous n'entendons pas en faire une lecture
exhaustive. Nous désirons plutôt approfondir certains points qui
suscitent un intérêt particulier pour les citoyens de Laval.
Le premier de ces points a trait à l'actuel métro
souterrain en service sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal et dont une station se trouve dans la ville de Longueil.
Pour autant que nous sommes concernés, ce système de transport a
été conçu, planifié, construit et exploité
pour répondre aux besoins de la population de ces deux entités
municipales, à savoir la CUM et Longueuil. Le contexte juridique actuel
prévoit la possibilité d'un prolongement du métro sur le
territoire de la ville de Laval. L'expérience des années
passées nous a démontré toutefois, encore dans ce contexte
juridique, que tel prolongement n'est pas intervenu. Je n'ai pas l'intention
d'entrer dans les détails pouvant expliquer, du moins sur le plan
législatif, pourquoi ce prolongement n'est pas survenu, mais voui me
permettrez de simplifier en disant que l'exploitation d'un tel prolongement du
métro sur le territoire lavallois aurait requis le consentement et la
participation des autorités lavalloises. Je vous réfère
notamment aux dispositions actuelles de la loi de la CUM qui, bien que
permettant à la CUM de prendre l'initiative d'un tel prolongement,
feraient en sorte que, si une entente n'intervenait pas au préalable
entre les autorités lavalloises et la Communauté urbaine de
Montréal, Laval ne serait pas tenue, du fait qu'elle ne fait pas partie
des municipalités mentionnées aux annexes A et B de la loi, de
contribuer aux diverses dépenses, tant d'exploitation que
d'immobilisation, regardant ce métro. Donc, le consentement des
autorités lavalloises est actuellement nécessaire pour que le
prolongement du métro ait lieu sur son territoire.
La proposition gouvernementale dont nous discutons aujourd'hui entend
changer cet état de choses puisqu'elle affirme à plusieurs
reprises dans le texte préparé par le gouvernement que le
métro constitue la principale infrastructure à caractère
régional et qu'elle affirme également que le métro est un
système de transport à caractère régional. De
même, un peu plus loin dans le document gouvernemental affirme-t-on que
le métro profite largement à l'ensemble de le région et
non pas seulement aux résidents du territoire de l'île de
Montréal.
L'accession du métro à ce nouveau statut de système
régional de transport n'est pas sans soulever chez les gens de Laval
plusieurs questions. Il en est une, toutefois, qui retient davantage notre
attention et c'est celle du financement. Mais avant de l'aborder, vous me
permettrez de souligner simplement que si le métro s'avère
maintenant un système à ce point régional qu'il profite
largement aux résidents hors territoire de la CUM, on s'explique mal les
conclusions de l'analyse gouvernementale de la situation actuelle que l'on
retrouve au début de cette proposition sur le transport, où on
fait état de l'augmentation constante des déplacements vers le
centre-ville de
Montréal à bord d'automobiles privées. Est-ce
à dire que les non-résidents du territoire de la CUM
n'utiliseraient pas aussi largement qu'on veut le croire le système que
l'on veut proclamer régional? (10 h 30)
En tout état de cause, la proposition gouvernementale
prévoit, à la page 55 particulièrement, le mode de
participation financière des municipalités à ce
système de transport. Il est vrai que, par voie d'exemple, on laisse
entendre que Laval ne serait pas appelée à contribuer aux
dépenses d'exploitation et d'immobilisation du métro, parce que
celui-ci ne se trouve pas sur le territoire de Laval et qu'il ne le dessert
pas. Mais aussitôt, au même endroit, dans la proposition
gouvernementale, on prévoit l'hypothèse d'un prolongement de ce
métro sur le territoire de Laval et on prévoit ce qui se
passerait à ce moment-là, quelle serait la contribution de la
ville. Cela nous amène à nous demander qui déciderait d'un
tel prolongement. Actuellement, comme nous l'avons vu, Laval a son mot à
dire. Une étude plus approfondie de la proposition gouvernementale nous
laisse perplexes. Les trois voies dont disposerait Laval parmi les 31 du
conseil d'administration du futur organisme régional de transport ne
constituent pas, à nos yeux, une garantie importante que la
volonté des élus locaux, en ce qui concerne un éventuel
prolongement du métro, serait à ce point déterminante dans
la décision. Nous ne pensons pas que, sur ce sujet, la proposition
gouvernementale telle que suggérée constitue un avantage pour les
Lavallois puisque, dans l'avenir, l'organisme qui aurait juridiction en
matière de système de transport à caractère
régional pourrait très bien décider d'un tel prolongement
et nulle part ne trouvons-nous un mécanisme par lequel les
autorités lavalloises pourraient s'opposer à une telle
démarche. Ainsi, sur ce point précis, la position du CPAL
était la suivante: Le ministre des Transports est-il en mesure de donner
aux citoyens lavallois la garantie formelle que, dans l'avenir, leur
participation à des dépenses d'exploitation ou d'immobilisation
du métro ne sera jamais imposée, décrétée,
décidée, sans leur concours exprès, sans leur consentement
dûment requis et obtenu?
Le deuxième point qui retient davantage notre attention
aujourd'hui est celui des trains de banlieue, particulièrement en ce qui
concerne Laval, la ligne de Deux-Montagnes. Je m'en réfère
à la même section de la proposition gouvernementale pour
comprendre que Laval serait appelée à contribuer aux
dépenses d'exploitation d'un tel système puisqu'il s'agit encore
ici d'un système de transport à caractère régional
et qu'effectivement, on retrouve sur cette ligne une station en territoire
lavallois. D'ailleurs, l'affirmation que l'on retrouve à la page 73 de
la proposition gouvernementale que, malgré une contribution nouvelle au
coût de ces derniers, il y aurait économie pour la
municipalité, c'est à croire qu'effectivement Laval serait
appelée à contribuer aux dépenses de ce système de
transport que sont les trains de banlieue, du moins pour la ligne de
Deux-Montagnes. Actuellement, Laval n'a pas à assumer de coûts en
cette matière. Si bien que la proposition gouvernementale ne semble pas,
à prime abord, pour le moins, être encore une fois une
amélioration du sort de Laval. Actuellement, Laval n'a rien à
payer. Les Lavallois n'ont pas à contribuer à ces dépenses
et, si l'on s'en tient à la proposition du gouvernement, à
l'avenir, ils le devront.
J'ai mentionné tantôt que la proposition gouvernementale
faisait référence à une économie possible d'environ
700 000 $ pour l'année 1982, si on procède à une
rationalisation des réseaux de transport en commun locaux sur le
territoire de Laval susceptible de constituer une économie. Je ne sais
exactement comment on en est venu à une telle conclusion. Nous doutons
qu'un rabattement des lignes de service locales à Laval soit
pratiquement réalisable dans toute l'île pour venir rejoindre ce
système régional qu'est le train de banlieue à la station
qui est située à l'extrémité ouest du territoire
lavallois.
Je ne sais si le ministre a eu le loisir de connaître l'opinion
des gens qui, par exemple, demeurent à Saint-Vincent-de-Paul sur le
sujet et qui, si je comprends bien la proposition gouvernementale sur ce point,
se rendraient au centre-ville de Montréal en passant par
Laval-sur-le-Lac. Ce que nous avons été à même de
constater jusqu'à maintenant, c'est qu'une centaine de résidents
lavallois étaient des usagers de ce train de banlieue. C'est bien peu
comme proportion par rapport à la population totale de la ville de
Laval. Nous nous demandons s'il est avantageux pour tous les Lavallois de
contribuer à des dépenses d'exploitation d'un système
régional de transport pour une centaine de résidents qui s'en
serviraient puisqu'il nous apparaît - le mot est peut-être fort -
utopique de croire que nous réussirons, à l'aide du
système local de transport, à inciter cette masse de la
population à se diriger non pas vers son objectif, à savoir la
direction sud pour rejoindre Montréal, mais plutôt vers l'ouest
pour rejoindre le train de banlieue. Donc, sur ce point, nous nous demandons si
le ministre a eu l'occasion d'entendre les représentations
précises des Lavallois concernés sur ce sujet.
Le troisième point dont nous voulons vous entretenir traite de
l'organisme régional de transport. C'est un lieu commun que d'affirmer
aujourd'hui que le transport en commun dans la région de
Montréal
particulièrement est déjà saturé
d'organismes et de paliers multiples, tant dans le domaine décisionnel
que dans le domaine consultatif. J'en prendrai à témoin
simplement le nombre d'abréviations d'organismes que le gouvernement
à dû mettre en lexique dès le début de sa
proposition pour nous faire connaître toutes les juridictions, tous les
organismes, tous les intervenants existant déjà dans le transport
en commun. Ce qui nous amène à nous interroger sur
l'opportunité d'y ajouter une autre structure, un nouvel organisme.
Organisme bicéphale, si on dit qu'il a une juridiction
décisionnelle et aussi une juridiction consultative; organisme
multicéphale, si l'on veut tenir compte de tous ceux qui y
participeront.
Vous avez déjà sur le territoire de l'île de
Montréal la CUM, la CTCUM, le BTM, le COTREM, qui y a établi ses
pénates, et on voudrait y ajouter l'ORT. Vous avez déjà
sur la rive sud des municipalités diverses, un conseil des maires, une
commission de transport qui regroupe des représentants de tous ces
intervenants, et on voudrait chapeauter la CTRSM par une nouvelle structure.
Vous avez déjà à Laval un conseil municipal, une
commission de transport, et on voudrait y ajouter encore l'ORT.
Nous sommes sceptiques quant à l'opportunité de cette
nouvelle super-infrastructure, surtout après avoir pris connaissance des
objectifs que le gouvernement annonce dès le début de sa
proposition. S'agit-il ici, M. le ministre, de favoriser l'île de
Montréal, comme on le mentionne au début de la proposition
gouvernementale, aux dépens des municipalités de banlieue et des
gens qui ont librement choisi d'y demeurer, en se servant du transport en
commun comme d'un "instrument privilégié", comme on l'affirme
à la page 5 du document gouvernemental? S'agit-il de temporiser ou de
minimiser le contrôle que l'on remet aux élus locaux en
matière de transport en commun, comme on se plaît à le
proclamer dans la proposition gouvernementale?
Je ne pense pas qu'il s'agisse là d'objectifs auxquels des
Lavallois puissent souscrire. En fait, et la propositon gouvernementale
l'annonce, il ne reste qu'un objectif auquel les Lavallois pourraient
participer. Il s'agit de favoriser la coordination. Notre mémoire,
à ce sujet, dit déjà que nous faisons confiance à
nos élus locaux, aux autorités locales qui, nous en sommes
convaincus, peuvent, en discutant, échanger et s'entendre. Mais je
dirais que s'ils ont besoin d'un coup de pouce, que s'il est vraiment
indispensable d'envisager un organisme des dimensions de l'ORT, il faudrait
quand même savoir à quel prix. Sur ce sujet des dépenses
entraînées par la seule création de l'ORT, la proposition
gouvernementale est éloquente par son mutisme. Avant de prendre cette
décision de créer l'ORT nous soumettons qu'il faudrait que toutes
les parties en cause sachent avec précision combien il en coûtera,
non pas pour exploiter le transport, non pas pour faire fonctionner les lignes,
les systèmes, simplement pour créer l'organisme, combien il en
coûtera avec précision, surtout par les temps difficiles que nous
traversons. Donc, le ministre des Transports serait-il prêt, sur ce point
à informer, sans détour, directement la population du coût
réel de l'instauration de l'organisme régional de transport?
Le quatrième point que nous voulons débattre est celui que
l'on pourrait regrouper sous l'appellation générale d'assiette
fiscale foncière. On sait que dans le système actuel, les
municipalités disposent d'un certain potentiel fiscal, de par
l'évaluation des biens constitués sous les territoires soumis
à leur juridiction. Pratiquement parlant, ces biens-fonds, cette valeur,
servent à garantir les emprunts que la municipalité décide
d'engager pour le bien-être de ses citoyens.
Dans l'exercice de ses prérogatives, telles que définies
dans la proposition gouvernementale, l'ORT aurait-il le pouvoir de puiser
à même ces ressources, ce potentiel fiscal? Si oui, il convient de
l'affirmer clairement pour que les parties concernées puissent discuter
et s'entendre. S'agit-il ultimement de fondre ensemble le potentiel foncier de
toutes les municipalités de la région montréalaise? Est-ce
ainsi qu'il faut comprendre les explications qu'on retrouve en annexe?
Au tableau 10 de la proposition gouvernementale, lorsqu'on totalise
effectivement le potentiel fiscal et foncier de toutes les municipalités
concernées, on sait que le territoire de la CUM fournit environ 35 000
000 000 $ de potentiel fiscal et que le regroupement de toutes les autres
municipalités, dans la sphère d'intervention, y ajouterait
quelque 18 000 000 000 $ supplémentaires.
Étant donné les objectifs que le gouvernement s'est
fixés et qu'il annonce au tout début de sa proposition vous nous
permettrez de nous demander s'il s'agit ici de faire supporter, par tous, le
poids de certains investissements faits sur l'île de Montréal et
qui s'avèrent désormais trop lourds pour l'assiette fiscale dont
elle dispose. Le ministre est-il en mesure de donner l'assurance aux Lavallois
qu'ils continueront à l'avenir d'être les seuls maîtres de
leurs biens-fonds et que leurs ressources ne seront pas grevées
d'engagements pris par et pour d'autres? (10 h 45)
En conclusion, madame et messieurs les membres de la commission, nous
dirons que l'ampleur du projet présenté et mis de l'avant par le
gouvernement - le nombre, de même que l'importance des questions qui,
selon nous, sont encore en suspens - nous convainc que toute
décision immédiate de la part du gouvernement serait
unilatérale et prématurée. Il y a lieu, comme le
recommande notre mémoire, de faire des recherches, mais cette
fois-là effectuées conjointement avec les principaux
concernés et à une consultation véritable de ceux qui
auront à vivre et à payer le régime que l'on se propose
d'instaurer pour eux. Nous vous remercions.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Martel. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
ce comité spontané, semble-t-il, de s'être
intéressé à la question du transport à Laval, en
particulier et dans la grande région de Montréal. Je laisserai
mon adjoint parlementaire, le député de Vimont, président
du caucus de Laval pour les députés du Parti
québécois, poser des questions. Je me contenterai, quant à
moi, d'essayer de corriger un certain nombre d'interprétations, à
mon humble avis, absolument mal fondées qui ont été faites
par les gens du comité en question.
Premièrement, les dépenses relatives aux immobilisations
ou au fonctionnement du métro. Actuellement, s'il y avait prolongement
du métro à Laval de la même façon qu'à
Longueuil, par exemple, tel que cela a existé, il y aurait une
participation au service de la dette au métro selon l'évaluation
foncière uniformisée et une participation au déficit du
métro selon également l'évaluation foncière
uniformisée. Selon la proposition gouvernementale, la dette et le
déficit seraient attribués selon le service réellement
rendu sur le territoire de Laval. Première précision qu'il
était important d'apporter.
Deuxièmement, la proposition d'un éventuel prolongement du
métro à Laval. Ce que la proposition vise à faire, c'est
justement de respecter la dynamique régionale. Il est évident
qu'on peut interpréter la proposition comme permettant à
l'organisme régional de transport d'imposer un métro à
Laval, mais ce n'est absolument pas l'objectif de la proposition, puisque, au
contraire, on a eu l'occasion de voir en cours de commission que certains
s'opposent à toute nouvelle infrastructure lourde, alors que d'autres
réclament à cor et à cri des investissements lourds. Comme
est libellée la proposition gouvernementale avec une participation
limitée aux seuls bénéfices reçus par une
municipalité ou un regroupement de municipalités, à notre
avis, c'est inscrit dans la dynamique même des faits, que le
problème à l'organisme régional de transport va être
bien plus de bloquer des priorités plutôt que d'en inscrire toute
une série et d'essayer d'imposer un métro à
Brossard et à Laval. Au contraire. Le phénomène
contraire se produirait sans aucun doute. Dans ce sens-là, je vous
avouerai qu'à la réflexion, peut-être que cela aurait
dû être plus clair dans la proposition gouvernementale, mais il
nous apparaît évident qu'il ne saurait être question
d'imposer, par exemple, à Laval le prolongement d'un métro,
puisque justement la garantie qu'il n'y aurait pas de prolongement du
métro imposé à Laval, c'était dans le fait que
Laval y contribuerait pour seulement la partie qui la concerne, restreignant
ainsi probablement les appétits à un métro pour ceux qui
le réclameraient. D'autre part, étant donné qu'un 10% du
service de la dette proviendrait d'une contribution régionale, la
dynamique même de la proposition indique, au contraire, que Laval aurait
beaucoup de difficulté à convaincre la région de la
construction d'un métro sur son territoire. Elle aurait aussi à
convaincre, en plus de l'organisme régional de transport, ses propres
citoyens quant à une contribution financière au déficit de
fonctionnement de la partie du métro qui se trouve sur son territoire et
également quant aux immobilisations sur son territoire.
Là-dessus, c'est une interprétation qu'on peut faire, mais
qui n'est absolument pas dans la logique même de la dynamique
proposée et qui mériterait peut-être effectivement
d'être précisée à ce point de vue. Si, plutôt
que de l'interdire, on visait à le permettre pour ne pas se fermer
à toute éventualité... Nous étions convaincus - et
je le suis toujours - que la dynamique dans laquelle fonctionnerait l'organisme
régional de transport ne permettrait cela en aucune façon, car il
n'y aurait aucun intérêt pour qui que ce soit à imposer un
métro à Laval puisque toute la région en assumerait 10%
des coûts, d'une part, et que, d'autre part, Laval en assumerait les
30%.
En ce qui concerne le deuxième point, les trains de banlieue et
le rabattement à Laval-sur-le-Lac, le ministre est informé de la
configuration géographique de Laval; il sait que Laval-sur-le-Lac est
à une extrémité de l'île, que le train de banlieue y
passe et qu'il serait pour le moins étonnant de vouloir rabattre
l'ensemble de l'île de Laval sur cette station de Laval-sur-le-Lac.
Par ailleurs, le ministre est également informé du fait
qu'il y a une station qui s'appelle Val-Royal qui pourrait avantageusement
recevoir un rabattement d'autobus, qui pourrait desservir 2000 passagers
quotidiennement, ainsi que de la proposition d'ensemble à l'effet de
permettre à la Commission de transport de Laval de pouvoir distinguer,
de ne pas être obligée de faire assumer par les Lavallois les
déficits, s'il en est. C'est quelque chose qui est en train d'être
mieux mesuré que cela ne l'a jamais été, la question du
déficit du réseau
extérieur de Laval. Cette mesure de ne plus faire assumer par
Laval seule le déficit de fonctionnement du réseau
extérieur, la mesure d'intégration du train, la mesure de
rabattement sur la station Val-Royal, la mesure de tarification en fonction de
la distance, intégration tarifaire avantageuse pour plus de 50% des
usagers quotidiens du transport en commun à Laval, en plus de mesures
ponctuelles comme celle de la voie réservée à laquelle
s'est associé le ministère des Transports - on l'inaugurait hier
à Laval - l'ensemble de cela aurait fait passer la contribution
lavalloise globale en 1982 puisqu'on n'a pas voulu faire des projections qui
sont difficiles à faire, on s'est donc basé surtout sur 1982 - de
10 244 000 $ à 9 078 000 $.
Je comprends que, n'ayant pas eu l'occasion, comme cela a
été le cas pour les municipalités, de travailler avec les
gens qui ont préparé la proposition, vous ne soyez pas à
même de connaître l'ensemble des chiffres qui nous amènent
à conclure que, tant pour les usagers du transport en commun que pour
les contribuables lavallois, cela serait avantageux. Je peux vous assurer
qu'effectivement l'objectif de la proposition n'a jamais été
d'augmenter la contribution au moyen de la taxe foncière. C'est
évident, on l'a dit, on ne s'en est pas cachés, l'objectif, c'est
de réduire la contribution du gouvernement et la pression sur la taxe
foncière, principalement à la Communauté urbaine de
Montréal, mais en ne négligeant pas non plus les deux gros blocs
que sont la rive sud et Laval. Bien entendu, tout cela est
présenté dans une hypothèse d'ensemble, dont on peut
retenir des parties, celles qui, après la consultation, seront
considérées comme absolument nécessaires par le
gouvernement.
En ce qui concerne l'explication des chiffres, si vous voulez en prendre
connaissance, soit auprès de la ville de Laval, soit auprès du
COTREM, il me fera plaisir de communiquer l'ensemble des chiffres de la
proposition qui, si toutes les mesures avaient été retenues,
aurait donné les résultats dont je vous parlais tantôt pour
l'année 1982.
En ce qui concerne le coût de fonctionnement de l'organisme
régional de transport, je voudrais dire deux choses là-dessus. La
première est que, quant à nous, il nous apparaît que,
concernant les coûts de fonctionnement de l'Organisme régional de
transport par rapport à la situation actuelle, l'augmentation devrait
être nulle; nulle, parce qu'il y a deux organismes qui fonctionnent
déjà et qui s'appellent le Conseil des transports de la
région de Montréal et le Bureau de transport
métropolitain, le BTM. L'objectif n'a jamais été de
créer une nouvelle bureaucratie, une nouvelle superstructure, mais au
contraire d'en fondre deux dans une seule et d'en confier la
responsabilité aux élus locaux à un niveau régional
décisionnel. Il faut savoir qu'actuellement, par exemple, pour
l'année 1982, le BTM a coûté en dépenses de
fonctionnement 14 600 000 $ financés entièrement par le
gouvernement du Québec, vu qu'il est inclus dans le service de la dette
du métro. C'est 14 6000 000 $, plus le coût de fonctionnement du
COTREM. Nous prétendons et vous prétendez que le contrôle
des élus municipaux du transport en commun serait de nature à en
améliorer le fonctionnement, l'efficacité et à obtenir un
meilleur contrôle des coûts. Nous croyons que cela est vrai sur le
plan du contrôle opérationnel des commissions de transport. C'est
pourquoi la proposition vise à remettre aux élus le
contrôle de fonctionnement du transport en commun. Nous croyons aussi
qu'en matière de planification, de coordination, d'intégration,
là aussi, il y aurait avantage à ne pas en ajouter une structure,
mais à mettre un instrument, un cadre décisionnel, une table de
concertation décisionnelle entre les mains des élus de la grande
région métropolitaine. Là encore, loin d'augmenter les
coûts de fonctionnement de ces organismes que sont le COTREM et le BTM,
on pourrait au contraire les réduire, parce que c'est l'objectif qui est
poursuivi par le gouvernement.
En ce qui concerne le potentiel fiscal, M. le Président, si le
comité a pu interpréter notre proposition comme visant à
donner à quelqu'un le pouvoir d'aller percevoir sur la taxe
foncière des municipalités des quotes-parts, cela est inexact.
Nous avons, comme gouvernement, renoncé à la possibilité,
qui est demandée d'ailleurs par la Communauté urbaine de
Montréal, de lui confier ou de confier à quelqu'un d'autre un
pouvoir extraterritorial de taxation foncière. Nous y avons
renoncé et c'est parce que nous avons renoncé à cette
possibilité que nous avons plutôt proposé trois sources de
revenus différentes de celle de la taxe foncière pour la
dimension régionale du transport, l'essence, le péages
autoroutiers et les stationnement.
M. le Président, ce sont les éclaircissements que je
voulais donner parce que, loin de vouloir aggraver la situation de Laval, nous
entendons, au contraire, l'améliorer. Par-delà ce qu'on peut lire
dans les journaux sur la proposition gouvernementale et la différence
d'opinions entre les représentants élus même de Laval, nous
avons été à même de constater encore hier l'appui du
maire de l'administration de Laval quant à des initiatives comme celles
des voies réservées que nous entendons privilégier,
auxquelles nous avons travaillé comme ministère des Transports,
de l'intégration tarifaire qui est souhaitée par Laval comme par
le gouvernement, du
contrôle des élus des commissions de transport que Laval
réclame avec l'assentiment du gouvernement.
Hormis les moyens à prendre pour respecter la dimension
régionale du transport en commun dans la région de
Montréal - ce sur quoi il y a place à discussions, c'est la
raison pour laquelle nous avons tenu une Commission parlementaire - je voudrais
assurer les gens du comité pour le progrès et l'autonomie de
Laval qu'il y a une beaucoup plus grande coïncidence de vues entre les
autorités municipales de Laval et le ministre des Transports que peuvent
le laisser croire les interprétations qui ont pu en être
faites.
Je vous remercie, M. le Président. Mon collègue a
peut-être des questions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte. (11 heures)
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais, étant
donné que c'est la première fois depuis le début de la
semaine qu'on prend la parole sur la proposition gouvernementale, avant de
poser des questions à ceux qui sont ici, faire un résumé
de la situation, quitte à laisser au député de Vimont le
loisir de lancer les premiers boulets à nos témoins, pour revenir
ensuite leur poser quelques questions. J'aimerais...
M. Rodrigue: Pourquoi, M. le député de Laporte,
présumez-vous à prime abord que ce sont des gens à qui
j'aurais envie de lancer des boulets?
M. Bourbeau: Vous comprendrez que j'ai dit cela à la
blague. Je n'ai aucunement l'impression que le député de Vimont,
qui est député de Laval, va mettre à la torture les
témoins qui sont ici; au contraire, j'ai l'impression que cela va
être très gai et très peu agressif de sa part.
C'était justement pour souligner le fait que le député de
Vimont, j'en suis convaincu, va avoir un préjugé très
favorable envers les témoins.
M. le Président, je dirai quelques mots seulement au sujet de la
proposition gouvernementale. Le ministre, tout à l'heure, nous disait
que depuis le début des auditions, certains des organismes avaient des
objections et que d'autres réclamaient au contraire des investissements
lourds dans la région métropolitaine. On dit qu'il n'y a personne
de plus sourd que celui qui ne veut pas entendre et je crains que le ministre,
depuis le début des auditions, n'ait pas saisi que la grande
majorité des organismes qui se sont présentés ici se sont
déclarés contre la proposition gouvernementale telle qu'elle a
été présentée. Je suis surpris que le ministre
vienne encore avec des phrases comme celles-là où il tente de
nous faire croire qu'il y en a quelques-uns qui sont contre, mais qu'il y en a
un grand nombre qui sont pour.
Moi, je n'ai pas vu cela depuis le début, M. le ministre. Ce que
je vois, c'est une certaine unanimité contre l'ORT tel qu'il est
proposé, contre la structure lourde qui serait le résultat de la
mise en place de cet organisme. Je ne veux pas laisser passer le
résumé très facile que vous faites, qui pourrait laisser
l'impression à ceux qui viennent de se joindre à nous pour la
première fois, que depuis le début cela ne va pas si mal, que, au
contraire, il semble y avoir, de la part de la population en
général, un consensus sur la proposition qui est faite.
Vous dites que la ville de Laval - et surtout son maire - en
général, semble appuyer également la position du
gouvernement. Vous avez dit tout à l'heure que le maire de Laval
était bien content de voir, en fin de semaine, la mise en marche des
voies réservées sur un pont à Laval et qu'il se
déclarait également satisfait de certaines promesses donnant un
peu plus d'autonomie au niveau local, etc. Bien sûr que le maire de Laval
est d'accord sur cela. Vous avez omis de dire, cependant, qu'au moment de son
témoignage devant la commission, le maire de Laval s'est fortement
opposé à la mise en vigueur de l'organisme régional de
transport tel qu'il est proposé, et je pense que peu d'intervenants et
peu d'organismes ont condamné la démarche gouvernementale autant
que le maire de Laval et l'administration de Laval. Nous avons eu l'occasion
d'interroger le maire de Laval pendant au moins deux heures, ici, la semaine
dernière, et je pense que tous ceux qui étaient ici ont
constaté l'opposition systématique de la ville de Laval à
la proposition gouvernementale.
M. Clair: C'est l'autre dimension. C'est l'autre dimension.
M. Bourbeau: Je pense que c'est la dimension la plus
fondamentale, M. le Président...
M. Clair: M. le Président...
M. Bourbeau: ...parce que c'est facile de dire que la ville de
Laval est d'accord sur certains aspects secondaires, si je peux dire, et non
coûteux de la proposition. C'est bien sûr qu'à chaque fois
que vous proposez quelque chose qui est de nature à réduire les
coûts du transport en commun et à revaloriser le contrôle
des élus sur un service aussi important que le transport en commun, vous
allez trouver des appuis. Le député de Laporte et l'Opposition
seront les premiers à vous appuyer, vous le savez. Mais quand vous en
venez à la proposition fondamentale - et on est ici, je pense, pour
étudier la proposition fondamentale,
l'organisme régional de transport avec la superstructure et les
pouvoirs importants et décisionnels que vous proposez - là je
pense qu'on doit dire que la majorité des intervenants s'est
manifestée contre la proposition et surtout la ville de Laval. Je ne
voudrais pas que vous laissiez dans l'esprit des gens l'image ou l'impression
que la ville de Laval et son maire ont appuyé la proposition.
Maintenant, je voudrais également revenir à un autre
point, M. le Président, si vous permettez. Vous venez, tout à
l'heure, M. le ministre, de nous dire qu'à toutes fins utiles l'ORT ne
coûtera pas plus cher que ce que coûte actuellement le Bureau de
transport métropolitain, le BTM et le COTREM, qui sont les deux
organismes qui, dans un premier temps, formeraient le personnel de l'ORT. Vous
dites que le BTM, en 1982, a coûté 14 600 000 $. Je trouve que
cette assertion est intéressante, M. le ministre, et je vous remercie de
nous informer de ces détails. J'aimerais - tout à l'heure, quand
vous prendrez la parole, si vous avez le loisir de le faire, et je suis
sûr que vous allez l'avoir - que vous nous renseigniez un peu sur le 14
600 000 $ qu'a coûté le BTM en 1982. Est-ce que toutes ces sommes
sont payées par le gouvernement provincial ou s'il n'y a pas une partie
de la subvention fédérale qui a été consentie pour
la rénovation, la modernisation des trains de banlieue, qui a
été utilisée pour payer le coût du BTM en premier
lieu et je crois que oui en fait, mais j'aimerais que vous nous le disiez?
Deuxièmement, j'aimerais que vous nous disiez également,
puisque cela doit faire partie éventuellement de l'ORT, quel est le
travail exact du BTM. On sait qu'il fait des études mais ces
études, actuellement, portent sur quoi? Est-ce qu'elles portent sur la
planification de systèmes légers ou essentiellement sur la
planification qu'on est en train de faire des métros de surface,
spécialement la ligne no 6, qui doit aller jusqu'à
Rivière-des-Prairies et Repentigny? Est-ce qu'elles portent sur le
prolongement du métro ou sur quoi? Combien y a-t-il de personnes qui
travaillent au BTM? Est-ce que ce sont des employés du BTM ou est-ce que
ce sont des firmes privées? Qui sont-elles? De combien de contrats
ont-elles disposé en 1982? J'aimerais que vous nous renseigniez un peu
là-dessus. Ce sont des choses qui ne sont pas connues du public. Quant
au COTREM, qui est le deuxième organisme qui devrait composer l'ORT,
j'aimerais également que vous nous disiez quel est le budget du COTREM
en 1982, combien le COTREM compte d'employés, ce à quoi ils sont
occupés et, d'une façon générale, sur quoi ils
travaillent.
Vous nous disiez tout à l'heure que l'objectif du gouvernement en
déposant la proposition est de réduire les coûts du
transport en commun. Vous êtes convaincu qu'en procédant de cette
façon il n'y aura pas d'augmentation des coûts et vous souhaitez
même une réduction de ces coûts. D'une façon
générale, les gens qui viennent témoigner devant nous ne
semblent pas être d'accord. Ils semblent plutôt soucieux et
craignent d'avoir une augmentation des coûts. Tout à l'heure, je
pense que nous aurons l'occasion de les questionner là-dessus. Je
voudrais à ce moment terminer mes remarques préliminaires et
laisser au député de Vimont le soin de questionner les gens qui
sont ici et, subséquemment, nous reviendrons avec quelques questions. Je
vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte.
M. le député de Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, il me fait plaisir, au
début de mon intervention, de saluer les représentants de ce
comité ad hoc d'hommes d'affaires, qui s'est donné le nom de
Comité pour le progrès et l'autonomie de Laval, et qui ont
accepté de présenter un mémoire à cette commission,
à la suite de l'invitation que le ministre a faite publiquement, de
façon à faire connaître leur point de vue, celui du milieu
des affaires de Laval en particulier. J'ai noté à la lecture du
mémoire qu'il semble effectivement que les représentants de ce
groupe d'hommes d'affaires ont très bien compris l'objectif visé
par le gouvernement puisqu'ils reconnaissent dans leur préambule qu'il
existe de nombreux problèmes d'organisation du transport en commun dans
la région de Montréal et que ces problèmes exigent des
moyens d'action mis en oeuvre le plus rapidement possible afin de rationaliser
les coûts de ces services et d'en augmenter l'efficacité. C'est le
texte de leur mémoire. Ayant signifié leur accord de principe sur
les objectifs poursuivis par la réforme du transport en commun, ils
précisent dans les paragraphes qui suivent qu'ils sont en particulier
d'accord avec le transfert aux élus locaux des responsabilités de
la direction des opérations de transport en commun, ce qui est un des
éléments majeurs du projet de réforme. Ils sont
également d'accord avec la tarification interzonale telle que
proposée, sans doute parce que, comme d'autres hommes d'affaires qui
sont venus présenter des mémoires devant nous, ils recherchent
une certaine vérité des prix, pour utiliser l'expression
déjà employée devant cette commission, et qu'ils estiment
que plus la distance parcourue est longue, plus les dépenses sont
élevées et qu'à ce moment, plus il est justifié
d'imposer des tarifs élevés. En fait, il semble qu'il y a un
point important qui soulève de l'inquiétude chez ce regroupement,
c'est celui de l'organisme
régional et là, il y a des objections qui sont
soulevées, quant au rôle décisionnel de cet organisme, aux
pouvoirs étendus que le gouvernement entendrait lui confier.
Le ministre a établi clairement dans ses remarques tout à
l'heure qu'il n'était pas question d'imposer ou de transférer
à Laval une partie du fardeau actuel des coûts du métro de
Montréal ni du coût des prolongements futurs, pour autant que ces
prolongements ne se fassent pas sur le territoire de Laval. Je pense que cela a
été établi clairement et j'espère que cela vous
rassure. D'ailleurs, à la lecture du livre blanc, vous pourrez jeter un
petit coup d'oeil à la page 55, et au tableau de la page 74 en
particulier, où il est clairement établi, et
l'énoncé est très net, que la seule situation où
les Lavallois pourraient être appelés à contribuer au
coût du métro, cela serait qu'il y ait prolongement du
métro à Laval même. Évidemment les autorités
de Laval qui, en vertu du livre blanc, auraient à administrer le
transport en commun sur le territoire de Laval, auraient à se prononcer
sur l'opportunité ou non de prolonger le métro à Laval.
Cela coûte très cher un métro. On est rendu, je crois,
à des chiffres de l'ordre de 20 000 000 $ le mille, alors qu'un
métro de surface coûte beaucoup moins cher et les autobus encore
beaucoup moins cher. Donc, il y aurait là possibilité pour les
autorités de Laval non seulement de se prononcer, mais de poser un
jugement d'opportunité sur le prolongement du métro à
Laval. Le mémoire sur cela m'apparaît très clair, et je
vous invite à relire les passages que je vous ai cités. Dans
notre esprit, il est clair qu'il faudrait absolument l'accord des
autorités de Laval sur une question comme celle-là.
Un peu plus loin dans votre mémoire -j'avoue que cela m'a un
petit peu chatouillé - j'ai lu des expressions qui m'ont fait un peu
sursauter. Vous dites que: Laval demeure dans tout le scénario un enfant
pauvre, mais Laval est la région qui va probablement profiter le plus de
la réforme du transport en commun. Je vous invite à profiter de
l'offre que le ministre vous a faite de venir rencontrer ceux qui sont en
mesure de vous donner les chiffres qui le démontrent pour pouvoir
vraiment vous en faire une idée très nette. Dans la
réforme, Laval est certainement une des régions et possiblement
la région qui profitera le plus de cette réforme en termes de
retombées: d'abord, baisse importante du coût du transport pour
les usagers par l'introduction de la carte intermodale, également
réduction du déficit que les contribuables lavallois ont à
assumer et en bout de ligne la ville de Laval, réduction de ces portions
de la ville de Laval comme telle qui, finalement, sont financées
à même la taxe foncière. Vous allez me dire: D'où
viennent ces sommes? Elles viennent du fonds régional, donc, en partie
de l'augmentation des tarifs sur les autoroutes. Il faut bien comprendre que
les Lavallois, si on se reporte au mois de février ou mars 1983, les
Lavallois auraient contribué pour 4 000 000 $ à la hausse des
tarifs sur l'autoroute. Ce sont des chiffres qui ont été
vérifiés, à la suite de rencontres avec les
administrateurs de la ville de Laval. Quand on examine les retombées en
termes de sources de financement nouvelles, autant pour la ville de Laval que
pour alléger le fardeau des usagers, on constate que ce sont des sommes
qui approchent ce chiffre. Donc, il y aurait alors un transfert tout
simplement. On ne peut pas dire que les Lavallois sont les enfants pauvres. Je
vous avoue que votre affirmation sur ce point m'a fait sursauter parce que je
ne vois pas comment on peut tirer une telle conclusion du projet de
réforme qui est présenté ici. (11 h 15)
Vous poursuivez, à un moment donné, en disant que vous
n'êtes pas d'accord avec la philosophie appliquée par le
gouvernement, qui vise à restreindre le développement de Laval.
Là, vous invoquez le zonage agricole et la fiscalité municipale.
C'est vrai qu'il y a 40% du territoire de Laval qui est zoné agricole,
mais avant que la loi du zonage soit appliquée, il y en avait
déjà 30% qui était zoné agricole. Actuellement,
à Laval, nous avons des terrains pour construire. Au rythme des
meilleures années - pas cette année mais les années
passées - on a encore pour 25 ans de terrains où on peut
construire. À mon sens, l'avantage de cette politique, c'est qu'elle a
évité l'étalement urbain. La municipalité a
d'ailleurs donné son accord à la politique du zonage agricole
parce que, justement, cela évite que des aménageurs aillent
mettre en valeur des terres à trois milles de distance des
réseaux d'aqueduc et d'égout et qu'on soit obligé de payer
des coûts exorbitants pour leur donner les services.
La ville de Laval s'est dite pleinement d'accord avec le zonage
agricole. Il me semble que vous, comme hommes d'affaires et contribuables,
devriez aussi être sensibles à cette dimension de
l'aménagement rationnel de Laval.
Vous semblez croire que le gouvernement, par sa réforme du
transport en commun, veut privilégier uniquement le centre de
Montréal. Là-dessus, j'aimerais vous rassurer, ce n'est
sûrement pas la volonté du gouvernement. Ce que nous cherchons,
finalement, c'est un développement harmonieux de toute la région.
Il y a des personnes ici qui sont venues nous le dire, des personnes qui se
sont présentées comme vous, des représentants de groupes.
Nous partageons leur avis que l'amélioration des services de transport
en commun va favoriser non seulement le centre-ville de Montréal
mais
aussi la périphérie. Entre autres choses, cela va
favoriser les entreprises et les commerces de Laval si les services de
transport en commun sont mieux adaptés aux besoins de la population qui
vient magasiner à Laval ou qui vient travailler à Laval, parce
qu'il y a plus de 2000 Montréalais qui viennent travailler à
Laval chaque jour. Le maire de Laval nous a démontré par des
statistiques que, toutes proportions gardées, si on se fie aux
populations, si on fait des pourcentages en fonction des populations, il y a
plus de Montréalais qui viennent utiliser les services de transport de
Laval qu'il y a de Lavallois qui utilisent les services de transport de
Montréal.
J'en viens maintenant aux recommandations spécifiques que vous
faites. La première recommandation, c'est qu'un organisme
régional soit formé, composé de représentants du
gouvernement et de cinq partenaires autonomes, proportionnellement à la
population représentée. Cette proposition nous a également
un peu surpris parce que, finalement, dans la proposition gouvernementale nous
ne donnons pas le pouvoir absolu à la Communauté urbaine de
Montréal sur l'organisme régional, qu'il soit décisionnel
ou consultatif, pour l'instant, peu importe. Tandis que votre proposition
aurait pour effet, quand on dit "proportionnellement à la population
représentée", de donner un pouvoir absolu aux
représentants de la Communauté urbaine de Montréal. Je me
demande si telles étaient vos intentions et c'est la question que je
vous pose.
Le Président (M. Boucher): M. Martel.
M. Rodrigue: C'est à la page 7, la première
recommandation de votre mémoire.
M. Martel (Jean-François): Avec votre permission, M. le
Président, je ne suis pas aussi coutumier des usages parlementaires en
vigueur ici. Vous me serez sans doute d'une grande aide à ce sujet. Je
suis en mesure de répondre immédiatement à cette question.
Toutefois, j'aurai également d'autres remarques pour faire suite
notamment aux énoncés de M. le ministre et à ses questions
aussi. Si vous le désirez, je vais répondre immédiatement
à celle-là, mais je voudrais toutefois me réserver la
possibilité de répondre également par la suite.
M. Clair: M. le Président, si vous me le permettez,
simplement pour dire à M. Martel que ce que je faisais, c'étaient
des commentaires et ce n'était pas sous forme de questions. Je pense que
j'avais indiqué que je voulais que mon adjoint puisse poser des
questions.
Le Président (M. Boucher): Je n'ai pas d'objection.
M. Rodrigue: J'ai encore quelques questions, alors je vais les
poser. Si vous voulez y répondre au fur et à mesure...
M. Bourbeau: J'aimerais simplement ajouter un mot. Si vous avez
un message à passer, même si on ne vous donne pas l'occasion de le
faire, en répondant au député de Vimont vous pourrez faire
un crochet et dire ce que vous avez à dire de toute façon. Vous
n'êtes pas limité.
M. Martel (Jean-François): Très bien, merci.
Le Président (M. Boucher): Allez-y M. Martel.
M. Martel (Jean-François): Naturellement, M. le
député de Vimont, adjoint parlementaire aux Transports, il faut
lire le premier paragraphe de nos recommandations avec le deuxième,
l'ensemble étant, nous l'espérons, cohérent. L'organisme
dont il est question au premier paragraphe est défini au second
paragraphe et il apparaît clairement qu'il s'agit d'un organisme
strictement consultatif, qui fera des recommandations. Nous précisons
è la deuxième partie du deuxième paragraphe, la
deuxième proposition: quant à la réalisation des projets
régionaux et le partage des coûts de construction et
d'exploitation, ces projets devront être approuvés par les
partenaires concernés. Il n'est pas question, quant à nous, sur
le plan décisionnel, qu'il y ait, comme vous le laissiez entendre,
majorité de la CUM ou de qui que ce soit d'autre.
Quant à la consultation, à l'étude, il peut y avoir
effectivement représentation qui tiendra compte des effectifs
démographiques de chacun des participants, mais pas sur le plan
décisionnel.
M. Rodrigue: Mais est-ce que vous ne craignez pas qu'en donnant
la majorité absolue à la Communauté urbaine de
Montréal - cela semblait être l'une de vos craintes dans le
mémoire, tel que vous l'avez exprimé et c'est pour cela que j'ai
été surpris de constater que vous faisiez une proposition qui, en
tout cas, m'apparaissait un peu en désaccord avec ce que vous aviez dit
précédemment - est-ce que vous ne craignez pas que les
études se fassent en fonction du territoire de Montréal et que la
région périphérique soit un peu le parent pauvre, comme
vous l'avez souligné dans votre mémoire? Nous avons voulu
maintenir un équilibre là-dedans et éviter qu'un des
partenaires sur ce comité régional, ait une majorité
absolue; nous avons voulu faire en sorte qu'il y ait un certain
équilibre, qu'il soit majoritairement représenté puisqu'il
représente une majorité de population est tout à fait
logique et équitable, mais pas au
point qu'il puisse dieter les orientations de ce comité
régional en fonction de ses seuls intérêts propres.
Vous savez que le gouvernement, par la loi no 46, a dû intervenir
à l'intérieur de la CUM justement parce qu'il y avait ce blocage
entre la ville de Montréal et les municipalités de la banlieue de
Montréal. Ce que je craindrais par votre proposition c'est que l'on
crée une situation semblable. J'avais bien compris, comme vous l'avez
souligné, qu'effectivement vous proposez un organisme régional
plutôt consultatif - j'avais très bien compris. Mais remarquez
que, tout en utilisant des mots un peu différents, nous disons:
L'organisme est décisionnel, mais par ailleurs, il ne peut pas imposer
une infrastructure régionale à une municipalité qui n'en
veut pas ou à un regroupement de municipalités qui n'en veut pas.
Alors, je me demande si la différence ne tient pas plus à des
questions de sémantique qu'à autre chose.
Finalement, si vous me permettez, j'aurais une dernière question
à vous poser. À la recommandation 6 de votre mémoire -et
là, c'est plutôt une précision que je vais vous demander -
vous dites: Le comité est favorable à une structure tarifaire
régionale intégrée à taux variables,
c'est-à-dire, avec les zones, j'imagine - en tout cas vous pourrez
préciser cela. La phrase suivante, j'ai eu un peu de difficulté
à la comprendre et je vous demande de la préciser; vous dites:
Cette contrainte deviendra le choix libre des citoyens. Alors, à prime
abord, je me suis dit: Bon, une contrainte qui devient un libre choix, je
trouve cela extraordinaire. Je voulais vous demander de préciser. Je
crois comprendre ce que vous voulez dire, mais enfin, j'aimerais être
sûr.
M. Martel: Effectivement, M. le député. D'ailleurs
cela me permettra, en vous répondant, de revenir à un certain
point que vous avez soulevé dès le commencement de votre
intervention. Le CPAL est favorable à une structure tarifaire
régionale intégrée à taux variables parce qu'elle
apparaît logique. Elle est souhaitable en ce qui concerne les
résidants lavallois seulement en ce qu'elle pourrait constituer une
véritable économie par rapport au système actuel.
M. Rodrigue: Pour les usagers ou pour...
M. Martel: ...pour les usagers et pour les contribuables
également. Une telle structure serait susceptible de ne pas
pénaliser les résidents de l'île de Laval. Vous avez
toutefois, au commencement de votre intervention, mentionné que notre
rapport concluait à notre accord sur la structure de tarification
interzonale telle que proposée.
M. Rodrigue: J'ai plutôt parlé d'un accord de
principe, je pense.
M. Martel: Oui, il s'agit en effet d'un accord de principe
puisque nous n'endossons pas, dans sa totalité, la proposition
gouvernementale à ce sujet; notamment, et ce n'est qu'un point, la
cible, si je peux la décrire ainsi, qui est préconisée par
le gouvernement: elle créerait quand même, à
l'intérieur du territoire de Laval, deux zones, ce qui nous
apparaît difficilement acceptable pour certains citoyens de la ville de
Laval.
M. Rodrigue: Est-ce que vous rejoignez le maire de Laval qui a
proposé qu'il n'y ait pas de zone à l'intérieur du
territoire?
M. Martel: Si c'est ce qu'il a proposé, je crois bien le
rejoindre en disant que nous proposons qu'il n'y ait qu'une zone à
l'intérieur du territoire de Laval.
M. Rodrigue: En somme, le maire de Laval a proposé que la
carte intermodale s'applique plutôt sur une base interréseau,
c'est-à-dire CTCUM, CTL, que sur une base interzonale,
c'est-à-dire zone à l'intérieur de ces territoires. Ce
serait votre position, si je comprends bien.
M. Martel (Jean-François): À notre avis, la zone
naturelle, c'est la zone qui représente la réalité
politique, la réalité administrative, la réalité
géographique et la réalité démographique. La zone
naturelle, c'est l'ensemble du territoire de Laval et non pas un territoire de
Laval scindé en deux.
Avec votre permission, si M. le député de Vimont a
terminé ses questions, M. le Président, j'aimerais quand
même faire suite aux propos de M. le ministre. Je le ferai très
brièvement étant conscient des impératifs du temps que
nous avons.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. Martel.
M. Martel (Jean-François): En ce qui a trait au premier
point soulevé, celui du métro, je crois comprendre,
d'après la réponse du ministre aux questions que nous avons
soulevées à ce sujet, qu'il a pris l'engagement qu'effectivement
le métro ne pourrait être prolongé sur le territoire
lavallois sans que les autorités lavalloises soient consultées et
qu'elles soient d'accord. Je soulignerai simplement pour terminer ce point -
par sa formation professionnelle, M. le ministre le sait très bien - que
la bonne entente découle beaucoup plus facilement d'un texte
écrit clair que d'une interprétation que les deux parties
pourraient ne pas partager. Nous verrions d'un très bon oeil que cette
affirmation de principe
apparaisse clairement dans le texte législatif qu'il se propose
éventuellement d'adopter.
Le deuxième point traitait des trains de banlieue, enfin, c'est
dans cette optique seulement que nous l'avons abordé. La question est
toute simple, en ce qui nous concerne. Encore, je vous réfère
à la page 55 de la proposition gouvernementale, en voici un extrait: II
en irait de même pour les regroupements de municipalités des
secteurs de Vaudreuil et de Deux-Montagnes qui sont desservies par le train de
banlieue. Naturellement nous ne traitons ici que d'un exemple.
Au sens de ce paragraphe, Laval serait-elle considérée
comme étant desservie par le train de banlieue de la ligne
Deux-Montagnes étant donné qu'elle a sur son territoire une
station? Je ne voulais pas faire allusion aux possibilités d'utiliser le
service de Val-Royal, mais seulement à cette station en territoire
lavallois. Est-ce que du fait que cette station y est située, Laval
serait considérée comme une municipalité desservie par
cette ligne, par ce système de train de banlieue parce que actuellement
Laval n'a pas à contribuer au coût d'exploitation de cette ligne
bien particulière? Quant à nous, la question se résume
à ce seul point. Je n'entendais pas en l'abordant embrasser tout le
problème de l'utilisation, de l'intégration des sytèmes de
transport locaux à Laval aux autres sytèmes régionaux
pouvant exister dans son environnement. Je ne voulais traiter que de cette
question précise de la ligne Deux-Montagnes.
M. Clair: En ce qui concerne la ligne Deux-Montagnes, pour la
station située à l'intérieur de la ville de Laval, il est
bien évident que de deux choses l'une, ou Laval embarquerait dans
l'intégration du train de banlieue, ce qui rend indissociable, à
mon point de vue, la question de la station Val-Royal et la question de
Laval-sur-le-Lac, c'est être dedans ou ne pas être dedans, on ne
peut pas dans un même corridor de transport prendre des bouts qui font
son affaire et refuser les bouts qui font moins son affaire... C'est
évident que dans cette perspective, les deux sont
interreliés.
Quant aux municipalités en dehors de la ville de Laval et de la
CUM vers Vaudreuil, la proposition serait de les former en conseil local de
transport, puisque dans ces territoires, il est évident que le
morcellement des territoires, des autorités, des souverainetés
municipales fait en sorte que ce serait impraticable de tenter d'en venir
séparément à des accords avec toutes et chacune des
municipalités. Ce qui explique d'ailleurs qu'il n'y a pas eu
d'intégration puisqu'il n'y a pas de cadre juridique habilitant,
facilitant une telle intégration. (11 h 30)
M. Martel (Jean-François): Donc, c'est dans ce contexte
qu'il faut comprendre notre prise de position, à savoir que nous ne
voyons pas en quoi cet aspect de la proposition gouvernementale constituerait
une économie pour les citoyens lavallois, puisqu'actuellement nous ne
contribuons pas aux dépenses de cette ligne et que, si la proposition
gouvernementale était adoptée telle quelle, nous aurions à
y contribuer.
Le troisième point est celui de l'organisme régional de
transport. Nous avons recueilli les renseignements que vous nous avez
donnés quant au BTM, en ce qui a trait à son budget. Nous allons
nous joindre à la demande qui vous a déjà
été faite pour connaître celui du COTREM pour
l'année 1982.
D'une façon générale, il faut bien convenir d'un
point fondamental. Le gouvernement, dans sa proposition, dit clairement que sa
participation financière au transport en commun dans la région
métropolitaine de Montréal a connu une hausse trop forte par
rapport aux autres participants, au cours des dernières années,
et qu'il entend remédier à cet état de choses. Remarquez
bien qu'à ce niveau, où seul le gouvernement est concerné,
je ne suis pas prêt à lui jeter la pierre. Il est évident
que, quand nous payons, on aimerait bien moins payer. De notre
côté, il nous apparaît tout aussi clair que, lorsque vous
faites cette affirmation, vous allez chercher d'autres partenaires pour
participer aux dépenses et diminuer votre participation. Donc, la
création de l'ORT, selon nous, il va falloir qu'elle se paie. Dans le
contexte où vous avez présenté votre proposition, nous
allons participer à cette note, à cette facture. Nous aimerions
savoir combien cela coûtera et, ensuite, juger s'il est opportun que nous
"embarquions", comme vous le disiez, dans l'ensemble, dans le "package
deal".
Donc, en ce qui concerne le comité, il est difficile pour
l'instant de se prononcer sur cette opportunité, car
l'intégration proposée aura-t-elle toutes les vertus? Nous ne
pouvons quand même pas l'endosser sans savoir combien elle coûtera.
Cela nous paraît un point majeur que de déterminer quelle portion
des dépenses sera véritablement attribuable à la seule
présence de cette nouvelle structure qu'est l'ORT. Indépendamment
de tout le reste, votre proposition est quand même
détaillée pour ce qui est des coûts d'exploitation du
système de transport, mais, à ce sujet, elle est moins riche.
M. Clairs M. le Président, je pourrais rapidement dire
à M. Martel - parce que je ne voudrais pas être injuste à
l'égard des autres groupes - que je comprends fort bien que, n'ayant pas
eu l'occasion de prendre connaissance de l'ensemble du dossier, il ne puisse
endosser, appuyer la proposition de
constitution d'un organisme régional de transport. J'indiquerai
cependant que j'avais cru comprendre dans le mémoire que, sans avoir les
mêmes renseignements, il s'y opposait fermement. Je vois qu'à
discuter on se rend compte qu'il y a peut-être avantage à
continuer à parfaire de part et d'autre notre connaissance de la
réalité actuelle, afin de bien voir quels seraient les avantages
et les inconvénients pour Laval, quels seraient les avantages et les
inconvénients de la fusion de deux organismes qui existent
déjà en un seul et d'en confier la responsabilité à
des élus locaux pour être certain qu'il existe une direction
politique, une responsabilité unique par rapport aux mandats que sont
ceux du COTREM et du BTM.
Rapidement, en ce qui concerne le BTM et le COTREM, il n'y a aucune
subvention, à ma connaissance, du gouvernement fédéral
quant aux coûts de fonctionnement du Bureau de transport
métropolitain. Cela fait partie du financement du service de la dette du
métro. Les dépenses du BTM sont capitalisées et c'est de
cette façon que le gouvernement et la Communauté urbaine de
Montréal sont impliqués. Le BTM comporte 325 employés
permanents et est sous le contrôle exclusif et au service exclusif de la
Communauté urbaine de Montréal. Il travaille, sauf erreur,
principalement sur le métro puisque c'est là, selon ce qui nous a
été exposé par les employés du BTM et de la
Communauté urbaine de Montréal, le mandat qui est celui du
BTM.
Quant au COTREM, le budget est de l'ordre de 6 100 000 $ et est sous le
contrôle du gouvernement. Il travaille avec l'ensemble des commissions de
transport des municipalités de la grande région de
Montréal. Il a exercé des mandats sur la question des trains de
banlieue qui sont maintenant intégrés. Il prépare la
planification préliminaire du métro de surface et, à
compter d'une certaine étape, il s'occupe - j'oublie toujours le mot,
pour quelqu'un qui n'est pas versé dans ces matières - pas du
schéma d'aménagement, de la première phase de
préparation des plans et devis pour ensuite remettre cela au BTM, qui
complétera le travail avant d'aller en appel d'offres
éventuellement.
Le COTREM travaille également avec les commissions de transport
toujours sur les questions d'intégration tarifaire, de voies
réservées pour autobus, pour le covoiturage, pour aider les
municipalités de la grande région à établir leurs
besoins en transport, favoriser la coordination entre les différentes
commissions de transport, la question des parcs d'incitation, l'instauration
des cartes d'abonnement mensuel, qui a été également une
initiative du COTREM.
Voilà résumés à très grands traits
les deux mandats. Le BTM est surtout tourné vers le métro sous le
contrôle exclusif de la Communauté urbaine de Montréal. Le
COTREM, un organisme consultatif, vise à essayer de coordonner les
commissions de transport, mais également à servir de ressource
pour l'ensemble des municipalités de la grande région. Avec un
budget de 14 600 000 $ et un budget de 6 100 000 $, on voit à peu
près les ordres de grandeur. Je ne voudrais pas être plus long
là-dessus; je sais que mon collègue aura l'occasion, en
commission parlementaire, lors de l'étude de crédits, s'il le
veut, passer au travers de cette question des budgets. Quant à la
Communauté urbaine de Montréal et au BTM, mes réponses
sont nécessairement limitées puisque le BTM ne relève pas
du ministre des Transports. Ce qu'on vise, cependant, c'est qu'il relève
de l'ensemble des élus de la grande région de Montréal, ce
qui est indiqué dans la proposition.
Le Président (M. Boucher): M. Martel.
M. Martel (Jean-François): M. le Président, je
remercie le ministre des informations supplémentaires qu'il vient de
nous fournir. Puisqu'il sollicite, pour ainsi dire, notre appui à ce
niveau, nous n'avons traité jusqu'à maintenant que de l'aspect
consultatif de l'organisme proposé. Reste encore en suspens tout
l'aspect opérationnel autre que l'exploitation stricte des
systèmes de transport; il reste l'aspect de gérance,
d'administration et de coordination, qui sont des facteurs qui ne sont pas
touchés par le BTM et le COTREM puisqu'ils n'exercent pas de pouvoir
décisionnel actuellement. Ce sont des facteurs qui seront de la
prérogative de l'ORT au niveau décisionnel. Les chiffres que le
ministre a bien voulu nous fournir ne traitent que de l'aspect consultatif.
Le dernier point que je voulais soulever, M. le Président...
M. Clair: Juste une correction. Cela ne traite pas seulement de
l'aspect consultatif, cela traite de l'ensemble des dépenses
d'exploitation de ces organismes. Ce que j'ai beaucoup de difficultés
à comprendre, alors que ces dépenses existent déjà
et qu'elles sont, à toutes fins utiles, hors contrôle ou en
parallèle, c'est que des hommes d'affaires puissent s'opposer au fait
qu'on veuille mieux les contrôler.
M. Martel (Jean-François): Vous comprendrez que votre
proposition amène de nouveaux intervenants, notamment les hommes
d'affaires, en disant que les entreprises doivent contribuer dans l'effort
régional de subventions. C'est en cela que nous nous y sommes
intéressés.
Le dernier point, M. le Président, en ce qui concerne l'assiette
fiscale, il ne s'agit pas, du moins dans notre optique, que l'ORT
ait un pouvoir de taxation. Ce n'est pas ce que nous voulions laisser
entendre. Il s'agit plutôt de savoir si l'ORT, dans l'exercice des
prérogatives, qui est quand même de financer, concevoir,
exploiter, construire...
M. Clair: Nulle part il n'est mentionné que l'organisme
régional de transport pourrait être un exploitant.
M. Martel (Jean-François): À la page 42 de la
proposition gouvernementale...
M. Clair: Puisque les exploitants demeureraient les commissions
de transport actuelles, il n'est pas question dans notre proposition de faire
disparaître les exploitants actuels.
M. Martel (Jean-François): À la page 42 de la la
proposition gouvernementale, on lit: "Les responsabilités
confiées à l'organisme régional seraient donc les
suivantes: planifier, développer, construire et s'assurer du financement
des systèmes de transport à caractère régional".
Alors, c'est ce qui nous préoccupe ici. Il ne s'agit pas de
prétendre que l'ORT aurait le pouvoir de taxation extra-territoriale, il
s'agit de savoir si, dans l'exercice de cette responsabilité qu'il
aurait, il pourrait dire - parce que j'imagine que s'assurer du financement des
systèmes, cela veut dire solliciter du financement, aller voir des
institutions prêteuses, enfin, entreprendre, engager une démarche
en vue de trouver du financement, l'obtenir - à ce niveau-là:
Écoutez, nous jouissons quand même d'un potentiel fiscal d'environ
53 000 000 000 $ et non pas seulement d'un potentiel fiscal de 35 000 000 000
$, comme c'était le cas auparavant pour la CUM. C'est le sens de notre
question, M. le ministre. Non pas que l'ORT puisse taxer
extra-territorialement, mais pourrait-elle se servir de ce potentiel global,
fiscal, pour aller chercher du financement pour ses projets?
M. Clair: La réponse, M. le Président, clairement,
c'est non. Il me semble que c'est indiqué clairement au document.
M. Martel (Jean-François): Si la réponse est aussi
claire, nous exprimons le voeu, M. le ministre, qu'elle apparaisse très
clairement dans les mesures que vous entendez adopter.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je comprends les
préoccupations de l'organisme qui est devant nous, le CPAL, en ce qui
concerne les pouvoirs de l'organisme régional de transport. Le ministre
nous a dit que l'organisme ne serait pas un exploitant, mais pourtant, à
la page 42, on nous dit que l'ORT serait chargé de planifier,
développer, construire, et s'assurer du financement des systèmes
de transport à caractère régional, donc le métro,
métro de surface, etc.
M. Clair: On ne parle pas d'exploitation.
M. Bourbeau: On ne dit pas textuellement, effectivement, comme
dit le ministre, que l'ORT va faire l'exploitation. Mais quand un organisme
détermine le niveau de services, donc dit aux commissions de transport:
Vous devez avoir tant d'autobus régionaux, tant de wagons de
métros de surface par heure ou à telle fréquence, sur
telle ligne, quand l'organisme régional est chargé de coordonner
les services sur l'ensemble du réseau, quand il détermine les
tarifs et surtout quand il distribue les subventions, on peut penser que
l'organisme régional a un sérieux contrôle sur le
système et qu'il peut, en pratique, s'il n'exploite pas lui-même,
exercer des pressions telles sur les commissions de transport que cela
équivaut effectivement à une exploitation par partie
interposée. Je comprends très bien les préoccupations du
CPAL en ce qui concerne cet aspect du problème et, personnellement, je
les partage.
Si on regarde l'ensemble de votre mémoire, messieurs du CPAL,
vous avez des objections à ce que la structure soit mise en place,
l'ORT. En fait, vous nous dites, si je comprends bien, que vous vous opposez
à ce que cette structure ait des pouvoirs décisionnels et, en
somme, des pouvoirs étendus. Si je comprends bien, c'est ce que vous
dites? Bon. Alors je pense bien, M. le ministre, que vous ne devez pas compter
cet organisme au rang de ceux qui appuient l'ORT de la même façon
que nous avions, l'autre soir, un groupe de maires qui nous disaient que dans
la région de Sorel et Tracy ils étaient entièrement en
faveur de la proposition gouvernementale dans la mesure où ils en
étaient exclus. Je pense que vous devez admettre, M. le ministre...
M. Clain C'est ce qu'on propose, M. le Président.
M. Bourbeau: C'est cela, on doit lire ce qu'on nous propose, M.
le ministre. Si vous avez d'autres propositions, mettez-les sur la table et on
va juger des autres propositions.
M. Clair: Dans le cas de ces municipalités, on propose de
les exclure et elles disent qu'elles sont d'accord. Qu'est-ce que vous voulez
que j'attende de plus? (11 h 45)
M. Bourbeau: Si vous avez d'autres propositions, mettez-les sur
la table et on va juger les autres propositions mais tant qu'on
aura seulement celles-là sur la table, on est obligé de
juger en fonction de ce que vous nous proposez. Or, ce que vous nous proposez
fait l'objet d'objections de la part des gens qui sont ici et de la part de
certaines municipalités qui disent: Nous sommes d'accord en autant que
nous sommes exclus.
M. Clair: Tel que le gouvernement le propose.
M. Bourbeau: C'est cela. Ceux-là, il faudrait les compter
contre. Dans le score que vous tenez, M. le ministre, mettez toutes ces
municipalités contre ceux qui ont appuyé votre proposition.
Deuxièmement...
M. Rodrigue: Je pense qu'on va laisser ces gens s'exprimer
eux-mêmes.
M. Bourbeau: ... M. le Président, je pense que je n'ai pas
encore laissé mon droit de parole. Vous avez eu amplement le temps, M.
le député de Vimont, tantôt de faire tous vos discours et
l'Opposition estime...
M. Rodrigue: Effectivement, monsieur.
M. Bourbeau: ... que c'est notre tour de parler. Vous parlez,
messieurs du CPAL, de la surcharge fiscale faite aux Lavallois par l'organisme
proposé, enfin vos craintes, et vous dites à la page 4 de votre
mémoire que les pouvoirs qui seront octroyés à l'organisme
dans la proposition gouvernementale permettraient d'imposer une surcharge
fiscale additionnelle aux Lavallois. Est-ce que vous pouvez préciser ce
que vous entendez par cela? Comment craignez-vous qu'il y ait une surcharge
additionnelle aux Lavallois puisque, d'après le ministre, il n'y aurait
pas de surcharge imposée aux municipalités?
M. Martel (Jean-François): Effectivement, c'est un point
qui mérite d'être élaboré. Il est malheureux que
nous ne disposions désormais que de peu de temps pour le faire, à
deux paliers, pour répondre précisément à votre
question, M. le député.
D'abord, en ce que les municipalités auraient quand même au
niveau régional une participation, nous ne connaissons pas de
façon certaine l'ensemble de la dette qui sera
générée par l'existence de cet organisme régional.
Je crois que nous l'avons démontré clairement. Donc, la portion
que chacune des municipalités, dont Laval, aura à assumer variera
naturellement selon le total de la somme qu'il faudra rencontrer au bout de
l'addition. Egalement, il est clair, comme vous le souleviez, en vous
référant à la page 42 de la proposition gouvernementale,
que l'organisme régional de transport aura une influence directe sur le
transport local. On affirme au niveau des principes que ce transport local sera
remis entièrement entre les mains des élus locaux. Toutefois, on
verra à la page 42 que l'organisme régional a tellement de
prérogatives pour accomplir sa mission régionale sur la
coordination des services locaux et régionaux, le niveau des tarifs dans
le contexte d'une structure tarifaire régionale, les revenus et les
subventions entre les commissions et autres organismes locaux de transport,
que, finalement, la charge de chacune des municipalités pour le
transport local risque sérieusement d'être augmentée et
d'une façon substantielle. Donc, la combinaison de ces deux facteurs,
d'une part, la participation de la municipalité au niveau
régional comme tel, qui est encore inconnue mais qui ira sûrement
à la hausse et, d'autre part, l'augmentation des coûts
d'opération du système local de transport, créera de
façon certaine une surcharge fiscale aux citoyens locaux.
M. Bourbeau: D'autant plus que je pense qu'en page 42, j'ai omis
tout à l'heure de mentionner et il semble que vous avez également
omis, de mentionner une des responsabilités de l'organisme, qui est de
dispenser l'information publique et faire la promotion des services. Là,
on sait que, quand on contrôle l'information et quand on contrôle
la promotion, ce qui est en fait de la propagande, les gens qui vont avoir en
main les outils pour faire cette propagande, vont être en mesure
sûrement d'exercer un contrôle; souvent, le contrôle de
l'information et de la propagande est plus puissant que tout autre
contrôle et cet organisme aura sûrement en main les moyens pour
exercer des pressions extrêmes sur les commissions de transport.
Je voudrais revenir à un autre point de votre mémoire. En
page 9, vous recommandez que l'organisme qui pourrait être
créé, qui serait autre que celui proposé par le
gouvernement, encourage la promotion des transports dans la région de
Montréal sans sacrifier ni brimer la liberté des citoyens dans le
choix du lieu de leur habitat et de leur travail. Évidemment, le fait
que vous employez cette expression implique - je pense que cela infère
du texte - que dans la proposition actuelle cette liberté pourrait
être brimée. Pourriez-vous nous dire en quoi, d'après vous,
la liberté des citoyens de Laval pourrait être brimée par
la proposition actuelle?
M. Martel (Jean-François): Cette recommandation, la
cinquième du CPAL, à laquelle vous référez, s'est
d'abord attachée à l'énoncé de principe
gouvernemental qui est fait au tout début de la proposition, notamment
lorsqu'on traite du choix d'une orientation d'aménagement pour la
région de Montréal, lorsqu'on dit, de façon que je crois
péjorative, du côté gouvernemental qu'il ne
faut pas permettre l'éparpillement domiciliaire; c'est à
cela surtout que voulait répondre la cinquième recommandation du
CPAL.
Les résidents lavallois ont choisi librement de s'établir
à Laval. Les résidents lavallois n'ont tout de même pas
voulu d'une ville dortoir. Ils ont pris les mesures - ils en ont d'ailleurs
assumé seuls les coûts - de se structurer en une entité
dans toute l'île qu'ils occupent. Ils l'ont fait depuis 1965. Ils ont
créé un milieu, il n'est pas artificiel, il n'est pas utopique.
Il y a des entreprises établies à Laval, pas seulement des
résidences. Les gens qui ont choisi d'y demeurer n'ont pas, parce que
cela ne concorderait pas avec les vues d'un gouvernement, à être
pénalisés de ce choix qu'ils ont exercé et qu'ils avaient
le droit d'exercer et que, quant à eux, ils avaient raison d'exercer. Il
ne s'agit pas par l'instrument ou l'outil privilégié du
transport, comme on l'appelle dans la proposition gouvernementale, d'essayer de
renverser ce mouvement naturel des gens ou de leur taper sur les doigts parce
qu'ils n'ont pas été gentils, qu'ils ne se sont pas
établis dans l'île de Montréal. C'est à cela que
veut faire écho cette cinquième recommandation du CPAL.
M. Bourbeau: D'accord. Je crois qu'on ne peut pas interroger les
gens de Laval s'en revenir sur un point qui est assez important pour les gens
de votre région, et c'est ce que vous mentionnez à la page 9 de
votre mémoire, la recommandation no 7 selon laquelle le gouvernement
devrait rétablir les anciens tarifs autoroutiers, et spécialement
aux heures des travailleurs. Est-ce vous aimeriez parler davantage sur cela? Je
pense que vous n'en avez pas vraiment parlé depuis le début de
votre témoignage et c'est assez important pour les gens de Laval, c'est
l'objet actuellement de plusieurs préoccupations de la part des
Lavallois. Vous aimeriez peut-être donner des détails sur
cela?
M. Martel (Jean-François): Nous sommes bien conscients que
plusieurs intervenants à la présente commission ont
réclamé l'abolition complète de ces postes à
péage, alors que certains autres, semble-t-il, ont proposé
plutôt qu'on les double. Quant à nous, il nous paraissait plus
logigue, et c'est le sens de toutes les recommandations, que d'abord il y ait
recherche conjointe, consultations véritables avant de changer le statu
quo et d'implanter des mesures énormes tant au niveau économique
qu'au niveau décisionnel. Avant donc de chambarder l'état actuel,
il y avait lieu de procéder par ces étapes de consultations et de
recherches.
Notre recommandation à ce sujet, si elle voulait être
logique avec l'ensemble de nos autres recommandations, était de dire:
Avant d'augmenter les postes à péage, comme cela a
été le cas, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu plutôt de
maintenir la situation telle qu'elle a existé jusqu'à
récemment et, après que les études auront
été faites, après que les divers partenaires se seront
entendus, on verra comment on disposera de cet aspect des postes de
péage? Le CPAL n'a pas à sa disposition les moyens fort
élaborés que le gouvernement peut avoir ou que les élus
locaux peuvent avoir. Il ne dispose pas d'un BTM ou d'un COTREM. Il n'est pas
en mesure, cela ne serait pas sérieux de notre part de vous dire: Voici
les implications économiques que peut avoir une mesure en matière
de postes de péage. C'est pourquoi nous nous sommes contentés de
cette proposition qui réclame le maintien ou le retour au statu quo. Ce
ne doit pas être interprété comme un appui pour l'une ou
l'autre des deux thèses que je situerais à l'extrême,
à savoir, d'un côté, l'abolition totale des postes de
péage et, d'autre part, à l'inverse, l'augmentation
déjà passée et celle qui est prévue pour l'avenir,
l'augmentation supplémentaire des taux de péage. Selon nous, on
doit d'abord s'arrêter avant d'augmenter, parce que, comme notre
recommandation le laisse voir, ce sont quand même les gens qui ont besoin
de se transporter pour les fins de leur travail qui sont
pénalisés ici.
M. Bourbeau: J'aimerais aborder un dernier sujet avec vous. Je
pense que c'est le sujet le plus important de votre mémoire. Il s'agit
de la page 6 où vous dites que votre organisme a une autre
appréhension quant au fardeau fiscal additionnel qui serait
imposé à Laval et aux autres municipalités de la
région. Vous dites que la proposition gouvernementale déplore la
participation financière excessive de deux intervenants: le gouvernement
du Québec et la CUM. Vous posez la question, je pense, qui
s'infère de cet énoncé: N'est-il pas évident que la
proposition gouvernementale propose une augmentation sensible de la
participation du troisième intervenant que sont les autres
municipalités de la région, dont Laval?
D'ailleurs, le ministre nous a bien dit tout à l'heure, il ne
s'en cache pas, qu'un des objectifs principaux de la réforme, c'est de
diminuer ou enfin de plafonner les dépenses du gouvernement et autant
que possible celles des contribuables de la CUM. Ce sont des objectifs
louables, on doit tenter de diminuer les coûts du transport en commun. La
question qui se pose, je pense, est que si on réduit les coûts de
deux des partenaires, est-ce que ça va avoir pour effet d'augmenter les
coûts des autres? Ou est-ce que ça va avoir pour effet, aussi, de
diminuer les coûts des autres? On serait
porté à conclure, quant à nous, que si la logique
prévaut, s'il y en a qui paient moins, certains vont payer plus. Le
ministre nous dit: Non. Le ministre nous dit que pas vraiment, qu'il y a moyen
d'épargner de l'argent, que la proposition nous dit qu'il va y avoir une
meilleure coordination, qu'à cause du regroupement il va y avoir des
économies d'échelle. Enfin, plusieurs arguments sont
invoqués dans la proposition, qui laissent sous-entendre que,
peut-être, ça ne coûtera pas plus cher. Effectivement, il
semble que selon certaines études qui sont mentionnées dans le
tableau VIII, il y aurait peut-être certaines économies
d'échelle avec le régime proposé. On parle de 14 000 000 $
en 1985 par rapport à ce que ça coûterait si on continuait
avec le régime actuel. Je parle des dépenses totales de la
région et des dépenses totales du système. En 1985, on
nous dit que ça coûterait 878 000 000 $ si on continuait tel que
maintenant, mais que si on mettait en vigueur la proposition nouvelle,
ça ne coûterait que 864 000 000 $, donc 14 000 000 $
d'économies.
En ce qui concerne le déficit des municipalités, en 1985,
si on continuait comme maintenant, ça coûterait 236 000 000 $,
incluant la contribution du CNCP, et en 1985, si on avait la nouvelle
proposition, les municipalités paieraient seulement 195 000 000 $,
alors, il faudrait approcher ça du chiffre de 219 000 000 $. Je
m'excuse. Si on continuait comme maintenant, ce serait 219 000 000 $ en 1985
et, si on avait le nouveau régime, 195 000 000 $, donc, une
économie de 24 000 000 $. Ce sont les chiffres gouvernementaux. Une des
raisons pour lesquelles ça coûterait moins cher, c'est qu'entre
autres, on élargit le bassin. Actuellement, il n'y a que la CUM qui paie
pour les dettes de la CUM et la rive sud de Laval. Là, on va chercher
d'autres participants. C'est une technique qui est vieille comme le monde que,
quand les coûts augmentent on élargit le bassin de ceux qui paient
pour faire diminuer les coûts de l'ensemble du réseau. (12
heures)
Maintenant, j'aimerais simplement vous demander ce que vous pensez des
coûts qui sont projetés. Le gouvernement nous dit qu'au cours des
trois prochaines années, selon la proposition gouvernementale, les
dépenses totales du coût du transport en commun dans la
région de Montréal augmenteraient de 9,5% par année. Ce
sont les hypothèses qui ont été retenues pour les fins de
calcul. Si vous regardez le tableau à la page 68, vous avez les
dépenses totales dans le régime proposé, pour les trois
années qui se terminent en 1985, on aurait une moyenne de
dépenses totales annuelles de 9,5% par année; ce qui fait qu'on
arrive à un total de 864 000 000 $ pour le coût du transport en
commun à Montréal, en 1985.
Certains intervenants, avant vous, ont repris ces chiffres et ont fait
des tableaux qui pourraient paraître plus réalistes pour certains.
On a dit: Qu'est-ce qui arriverait si plutôt que de penser que les
coûts du transport en commun à Montréal augmenteraient
seulement de 9,5% au cours des trois prochaines années - on n'a
qu'à penser entre autres au coût du carburant qui n'a pas
augmenté de 9,5% par année au cours des dernières
années - on appliquait plutôt le coût moyen des six
dernières années, ce que cela a coûté, de 1975
à 1981, d'augmentation annuelle; cela a coûté 20% par
année en moyenne depuis six ans. Ce ne sont pas des chiffres en l'air,
c'est la constatation de ce que cela a coûté depuis 1975 de plus
annuellement: 20% par année. Si on appliquait cela plutôt que le
9,5% des fonctionnaires du gouvernement, qu'est-ce que cela ferait? Cela ferait
qu'en 1985, plutôt de 864 000 000 $, on arriverait...
M. Clair: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Bourbeau: ... à 1 129 000 000 $.
M. Clair: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte, question de règlement.
M. Clair: J'invoque le règlement, M. le Président.
Écoutez, le député de Laporte aura tout le loisir - il l'a
abondamment tous les jours - de plaider contre la proposition du gouvernement,
je ne l'ai jamais empêché de le faire. Cependant, je pense que la
commission parlementaire d'aujourd'hui, comme au cours des derniers jours,
avait d'abord et avant tout pour objectif de permettre à des gens de
venir donner leur opinion sur la proposition gouvernementale, à la
demande non pas de l'Opposition, mais du gouvernement. Nous sommes fort heureux
de tous les recevoir; maintenant, je trouve que le député de
Laporte est en train de détourner la commission de son vrai sens depuis
ce matin. J'ignore si c'est parce qu'il trouve un des rares appuis à peu
près à toutes ses inquiétudes devant lui que, ce matin, il
parle d'abondance comme cela, mais je pense qu'actuellement il est en train de
détourner la commission de son objectif réel qui est celui de
permettre à des citoyens de se faire entendre et non pas de plaider.
S'il veut plaider, il le fera devant les journalistes, il y en a qui sont
là et qui n'attendent que cela, d'entendre son opinion. Il pourra le
faire lors du dépôt du projet de loi, s'il veut, en commission
parlementaire, à l'Assemblée nationale, en deuxième et
troisième lecture. Il pourrait même le faire dans ses
conclusions à la fin. Cela fait maintenant tout près d'une heure
trois quarts que nous avons commencé à entendre ce groupe; je le
trouve très intéressant, mais je veux simplement souligner qu'il
y a une dizaine d'autres groupes qui, eux aussi, désirent être
entendus. Je pense que le député de Laporte prend pas mal de leur
temps.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Sur la question de règlement. Le ministre
voudrait que le député de Laporte cesse l'exposé qu'il
était en train de faire et qui menait à une question, parce que
c'était un préambule à une question...
M. Clair: II reconnaît justement, M. le Président,
que c'était un exposé qu'il était en train de faire, ce
n'est pas le temps de faire des exposés, c'est le temps de poser des
questions.
M. Bourbeau: ... ce qui est, je pense, reconnu dans nos
institutions parlementaires, dans nos habitudes, de toujours, avant de poser
une question, faire un exposé. Le ministre - je comprends que le
bât blesse quand je parle de coûts - vient justement...
M. Clair: Asbolument pas, vous "charriez" des inexactitudes.
M. Bourbeau: ... d'indiquer dans quelle mesure cela lui fait mal
quand on parle des coûts du transport en commun. Cela me fait plaisir que
le ministre m'ait interrompu, cela souligne davantage comment cela lui fait mal
quand on...
Une voix: Alors, qu'est-ce que c'est la question?
Le Président (M. Boucher): Alors, M. le
député de Laporte...
Une voix: Qu'est-ce que c'est la question?
Le Président M. Boucher): Je m'excuse, je m'excuse.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement encore.
Le Président (M. Boucher): Sur la question de
règlement, je pense qu'il y aurait lieu de préciser que je n'ai
pas à me prononcer sur le fond des questions des intervenants, quoique
j'aie à me prononcer quand même sur la période de temps
allouée à chaque intervenant. Je ferais remarquer au
député de Laporte que la période de questions qu'il a
amorcée à 11 h 45 devrait tirer à sa fin, si l'on
considère 20 minutes par intervenant, vous approchez de la fin. Je vous
demanderais d'être très concis dans votre question et de la poser
le plus rapidement possible...
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Boucher): ... à nos
témoins.
M. Bourbeau: Toujours sur la question de règlement, M. le
Président. Je ne comprends pas pourquoi il y aurait deux poids, deux
mesures à cette commission. Le ministre a parlé pendant au moins
une demi-heure depuis que les gens du CPAL sont ici. Le député de
Vimont a parlé beaucoup plus longtemps que moi et, de l'heure et trois
quarts qu'on a parlé, je prétends que le gouvernement a
accaparé au moins une heure et quart. Je ne vois pas pourquoi le
ministre, parce qu'on parle d'un sujet qui lui fait mal, soit remettre en doute
les coûts projetés, je ne vois pas pourquoi vous donneriez raison
au ministre qui veut baîlloner l'Opposition. Je suis en train de poser
une question aux témoins et quant à moi, à moins que le
président veuille utiliser...
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: ... le pouvoir du gouvernement, qui a plus de
membres à cette commission pour prendre un vote et bâillonner
l'Opposition, je n'ai pas l'intention de cesser de parler.
Le Président (M. Boucher): Allez-y, M. le
député de Laporte, pour votre question.
M. Bourbeau: Je vous remercie.
M. Clair: On vous aime mieux quand vous posez des questions,
parce que sans cela vous vous avancez sur toutes sortes d'hypothèses
dont vous ne connaissez pas la finalité.
M. Bourbeau: Je comprends, M. le ministre, que vous n'aimiez pas
le sujet, mais de toute façon...
M. Clair: On a convoqué une commission parlementaire, on
voulait même qu'elle siège à Montréal et
l'Opposition s'est refusée à cela.
Le Président (M. Boucher): Si on veut
épargner du temps mettons fin à la discussion et
immédiatement, M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Revenons aux choses essentielles, M. le
Président, je suis d'accord avec vous.
Les coûts du transport. Un des mémoires nous a dit que ce
ne serait pas 878 000 000 $ le coût du transport en commun en 1985, mais
1 129 000 000 $. Donc, un excès d'entre 200 000 000 $ et 300 000 000 $
en 1985. Si on projetait sur l'avenir l'expérience passée et non
pas des données hypothétiques, si on prenait seulement
l'expérience du passé et qu'on le projetait sur les trois
années à venir cela coûterait entre 200 000 000 $ et 300
000 000 $ de plus pour le transport en commun dans la région de
Montréal dans trois ans. Selon trois hypothèses qui ont
été étudiées, l'hypothèse A étant le
statu quo, les données actuelles; l'hypothèse B étant que
le gouvernement reviendrait à subventionner 60% du métro comme il
le faisait avant, alors que le gouvernement devait subventionner 100% des
coûts du métro; l'hypothèse C étant une hausse de
tarifs qui serait conséquente avec la politique actuelle; selon les
trois hypothèses cela varie entre un minimum 200 000 000 $ et un maximum
300 000 000 $. J'emploie des chiffres qui sont un peu approximatifs parce
que...
M. Clair: À peu près.
M. Bourbeau: Vous savez que lorsqu'on parle de 200 000 000 $ et
300 000 000 $ on peut vous en concéder quelques-uns, on parle quand
même de chiffres assez importants. De toute façon, le taux de
croissance annuel du déficit serait au minimum de 37% par année,
au maximum de 46% par année. Ce sont des chiffres, je pense, plus
réalistes que le 9,5% de la proposition gouvernementale.
D'après vous, si on arrive avec ces chiffres de 200 000 000 $
à 300 000 000 $ de plus par année en 1985, pourquoi vous semblez
vous en faire tellement en ce qui concerne la possibilité que cela
augmente les coûts de Laval? Le ministre nous a dit tout à l'heure
que ce ne sont pas les municipalités qui vont écoper de la
différence; il nous a dit que ce ne sera pas le gouvernement puisque le
gouvernement plafonne sa contribution; ce ne sera pas la CUM non plus puisqu'on
veut la dégager. Et pourtant cela devrait coûter entre 200 000 000
$ et 300 000 000 $ de plus. D'après vous qui va payer pour cela?
M. Martel (Jean-François): Effectivement, M. le
député, nous craignons fort que les projections qu'on retrouve au
tableau no 8 de la proposition gouvernementale ne se réalisent. Nous
croyons plutôt - d'ailleurs le gouvernement est le premier à
l'admettre à la page 19 de la proposition - que les coûts seront
d'un niveau plus élevé. Lorsque le gouvernement dit: Ce montant
pourrait toutefois grimper à près de 1 000 000 000 $ si
l'inflation devait se maintenir à son niveau actuel, nous ne voyons rien
dans les mesures préconisées dans la proposition gouvernementale
qui aurait pour effet de contrôler l'inflation. Ce n'est pas l'ORT qui
pourrait diminuer l'inflation, au contraire; par le nombre d'emplois qu'il
générerait, il n'aurait qu'un effet multiplicateur d'inflation.
Quand vous faisiez allusion, tantôt, au coût de l'essence qui
augmenterait - tout cela est naturellement relié à l'inflation -
l'ORT n'aurait aucun contrôle sur ces facteurs. C'est pourquoi les
prédictions du gouvernement à la page 19, c'est-à-dire de
1 000 000 000 $ et plus, nous apparaissent plus sérieuses et probables
que celles du tableau 8.
Il est évident, quant à nous, nous n'avons pas encore une
fois à faire des études détaillées qu'on ne peut
pas se permettre, comme cela a été le cas pour la proposition
gouvernementale, mais on comprend une chose bien clairement: Le gouvernement
affirme que cela lui coûte trop cher et qu'il veut, lui, diminuer ses
dépenses. On est tous d'accord que les dépenses vont continuer
d'augmenter. Par conséquent, il a quelqu'un d'autre qui va participer,
il en faut de nouveaux payeurs. Il y a les municipalités et on nous dit
dans quelle proportion et selon quels mécanismes elles vont participer.
Toutefois, on ne nous dit pas quelle sera la facture totale. Les
municipalités, ce n'est rien d'autre que ceux qui y paient des
taxes.
On nous dit, d'autre part, qu'il y aura d'autres payeurs. Il y aura les
hommes d'affaires par le biais des entreprises. Il y aura les automobilistes.
Les hommes d'affaires, comme toutes les autres couches de la population,
comptent parmi eux plusieurs automobilistes. Il est évident qu'à
ce moment nous serons forcés de payer ces dépenses. Le
gouvernement le dit clairement. Je ne sais pas si aujourd'hui il veut s'en
cacher, mais c'est écrit: Nous payons trop, il faut diminuer notre
contribution.
Je ne crois pas, personnellement, que la solution soit dans
l'instauration d'un système aussi dispendieux et détaillé.
Le gouvernement s'est quand même doté déjà de moyens
par lesquels il peut contrôler ses investissements dans le transport en
commun. Cela s'appelle la politique de subvention au transport en commun.
Peut-être qu'il y a d'autres motifs qui pourraient inciter le
gouvernement à procéder, à choisir plutôt cette voie
qu'il a choisie que la voie traditionnelle de la politique de subvention par
laquelle il doit naturellement dire:
Écoutez, j'ai décidé, à cause des
contractions budgétaires ou quels que soient les motifs, de diminuer ou
de restreindre les subventions.
Le gouvernement a plutôt choisi de nous proposer ce régime
de transport en commun. Ce qui, pour nous, est important là-dedans c'est
que d'intervenants que nous n'étions pas auparavant, nous le deviendrons
pour l'avenir. C'est là que nous sommes intéressés
à connaître avec la plus grande exactitude possible à
combien se chiffrera notre contribution. Nous craignons qu'elle soit
élevée.
M. Bourbeau: MM. les gens du CPAL, au nom de l'Opposition, je
tiens à vous remercier pour votre participation à cette
commission. Enfin, pour autant que je suis concerné - il y a
peut-être d'autres questions - je peux vous dire que si vous avez des
appréhensions quant à l'organisme proposé nous aussi, de
l'Opposition, nous en avons beaucoup. Merci beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, très rapidement, en
terminant, il y aurait un grand nombre d'inexactitudes à relever dans
les propos du député de Laporte et je dois dire aussi,
malheureusement, dans ceux des gens du CPAL, mais je pense que le temps nous
presse et que nous devons passer à d'autres groupes. J'aimerais
simplement rappeler à ces gens que le fait d'être inquiet à
ce moment-ci, alors que les taux d'inflation, par exemple, semblent continuer
à être importants, plus importants peut-être que les
prévisions que nous avons faites... L'organisme régional de
transport, pas plus que les commissions de transport actuelles, pas plus que la
Communauté urbaine de Montréal, pas plus que le CPAL, n'aurait
d'effet déterminant sur le contrôle de l'inflation. Nous n'avons
jamais prétendu que l'organisme régional de transport aurait un
contrôle sur l'inflation. Cela relève des politiques
fédérales bien davantage que d'un organisme organisationnel en
matière de transport en commun. Cela va tout à fait de soi.
Les prévisions que nous avons déposées sur la table
et qui, à ma connaissance -d'affirmer, encore une fois, qu'elles sont
inexactes n'est pas le démontrer - avaient comme conséquence de
réduire et auraient comme conséquence effective de réduire
la tarification pour les usagers du transport en commun de Laval; les usagers
de Laval, pour 50% d'entre eux, verraient leur contribution réduite.
L'affirmation que près de 1 000 000 $ seraient économisés
sur la taxe foncière à Laval n'a pas été contredite
non plus; au contraire, les chiffres que nous avons pu échanger avec la
Commission de transport de Laval tendent à confirmer nos
hypothèses plutôt qu'à les infirmer. Je pense qu'à
ce point de vue, les deux grandes orientations que nous proposons à ce
chapitre seraient avantageuses pour Laval.
Quant à la dimension très importante du contrôle des
élus sur le transport en commun, là-dessus il y a à peu
près unanimité maintenant, alors qu'il y a quelques mois à
peine, il y a quelques années, plusieurs hésitaient à
s'impliquer dans le contrôle du transport en commun. Nous savons fort
bien, nous l'avons indiqué, que les coûts du transport en commun
vont continuer de croître. L'objectif du gouvernement est simplement le
suivant. Afin d'assurer un meilleur contrôle de la croissance des
dépenses, clarifions les responsabilités, donnons le
contrôle effectif aux élus locaux sur le transport local et
donnons-leur une structure régionale pour s'assurer qu'ils peuvent
exercer également un contrôle effectif sur la croissance des
coûts. On ne peut pas se tromper en essayant de mieux contrôler les
coûts par un contrôle plus effectif, plus réel des
élus sur la croissance des coûts du transport en commun.
Voilà pour la question du contrôle de la croissance des
coûts.
L'autre question, la répartition des coûts entre les
différents bénéficiaires du transport en commun. Sans, au
contraire, se décharger d'une responsabilité quant à un
meilleur contrôle de la croissance des coûts, nous pensons que
cette mesure d'un meilleur contrôle doit s'accompagner d'une meilleure
répartition des coûts engendrés par l'exploitation du
transport en commun. C'est uniquement dans ce sens-là que le
gouvernement, à partir de la réalité que nous connaissons,
a essayé d'établir des projections. En tenant compte des
contraintes politiques, géographiques, institutionnelles et historiques
de l'agglomération de Montréal, nous avons proposé une
répartition qui nous semblait mieux respecter l'équilibre des
différents bénéficiaires du transport en commun. Dans ce
sens-là, nous continuons d'être convaincus que le groupe qui
bénéficierait le plus de la réforme du transport en commun
en termes d'usagers, ce sont à court terme ceux de Laval. Je pense que
nous aurons l'occasion de le démontrer plus rapidement que certains le
croient. D'autre part, quant à la réduction de l'effort fiscal de
Laval, cette ville n'était pas traitée injustement. Certainement
que l'avantage est plus grand pour la Communauté urbaine de
Montréal; c'est normal puisqu'elle paie déjà plus, mais on
n'avait pas oublié les gens de Laval. C'était dans ce
sens-là que notre proposition allait et continue d'aller.
Je voudrais remercier les gens du
CPAL. Je ne sais pas combien de personnes... J'aurais aimé poser
une dernière question. Combien de personnes ou de groupes? Est-ce que ce
sont des groupes associés qui sont représentés?
M. Plante (Robert): Si vous me permettez de répondre
à votre question, M. le ministre...
M. Clair: Oui.
M. Plante: ... nous avons regroupé une trentaine de
personnes jusqu'à maintenant. Si vous nous faisiez parvenir d'autres
documents plus en profondeur, je pense qu'on pourra agrandir notre groupe et
que nous serons en mesure de répondre aux questions qui sont le souci
des entrepreneurs ainsi que des hommes d'affaires de Laval.
Je me permettrai, au nom du groupe, en conclusion, parce qu'on a
déjà pris beaucoup plus que notre temps, de remercier les membres
de la commission d'avoir accepté la présentation de notre
mémoire et de nous entendre aussi longtemps.
Je m'en voudrais, M. le ministre, avant de quitter, de ne pas parler
d'un point que vous avez soulevé tantôt concernant la CTL. Je
pense que si l'ORT a les mêmes pouvoirs que la CTL à Laval, j'ai
de sérieuses réserves concernant la note qu'on devrait payer et
j'ai de sérieuses réserves concernant les pouvoirs que les
élus ont dans un organisme semblable. Si j'ai bonne mémoire, M.
le ministre, nous n'avons qu'à payer lorsque la note est
présentée et même si les membres du conseil que nous avons
élus ne sont pas d'accord sur les budgets présentés, on
n'a qu'à payer, M. le ministre.
M. Clair: C'est justement ce que la proposition vise à
modifier. On vise justement à donner aux élus de Laval - et on
s'entend avec eux là-dessus - le contrôle effectif sur leur
commission de transport; c'est justement la situation qu'on entend
modifier.
M. Plante: Peut-être, M. le ministre, que j'irais un peu
plus...
Une voix: Je vous remercie de votre participation.
M. Bourbeau: Limitez-vous à cela.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je tiens à remercier les représentants de Laval
qui sont venus déposer ce mémoire et je les remercie de leur
participation.
M. Martel (Jean-François): Merci, M. le
Président.
Comité intermunicipal de transport des
Moulins
Le Président (M. Boucher): J'inviterais maintenant le
Comité intermunicipal de transport des Moulins,
réprésenté par M. Jean-Marc Fontaine, président; M.
Yves Landry, urbaniste à la ville de Mascouche; M. Jacques Lorrain,
conseiller de Terrebonne; M. Guy Lefebvre, conseiller de La Plaine; M. Claude
Martel, délégué de Lachenaie. Alors M. Fontaine, compte
tenu de l'heure et compte tenu aussi du volume de votre mémoire, s'il y
avait possibilité d'abréger la période de lecture en
résumant le plus possible, cela permettrait une plus longue
période de questions. M. Fontaine.
M. Fontaine (Jean-Marc): Si j'ai bien compris, le but de cette
commission est d'entendre les groupes. J'espère que vous allez nous
entendre plus longtemps qu'on va vous entendre. Elle n'est pas drôle?
M. Rodrigue: Elle se prend.
M. Fontaine: C'était long, en arrière, par exemple.
M. le ministre, notre comité, qui existe depuis trois ans et qui a pour
but d'aider à satisfaire les besoins de transport en commun dans les
municipalités de la région des Moulins, est heureux de vous
soumettre ce mémoire sur la régionalisation du transport en
commun pour la grande région de Montréal. À la suite de
rencontres d'information avec des représentants de votre
ministère, notre comité, qui est composé de
délégués des municipalités et autres organismes de
la municipalité régionale des Moulins, a recueilli certaines
informations et suggestions qui sauront sans doute guider vos actions futures.
Espérant que le contenu de ce mémoire saura satisfaire vos
désirs de consultation, nous vous prions d'accepter, M. le ministre,
l'expression de nos sentiments distingués.
Vous verrez, à la page suivante, les membres du comité. Il
y a deux délégués par municipalité, il y a cinq
municipalités, il y a deux délégués de la
commission scolaire, un de la Société régionale de
développement et un autre du CLSC. Un peu plus loin, vous verrez notre
région qui est composée des cinq municipalités de La
Plaine, Mascouche, Saint-Louis-de-Terrebonne et Lachenaie, et vous verrez que
le kilométrage carré est de 262,21 kilomètres, soit 101,25
milles et que la population en 1981 en était de 60 485. L'introduction
est en fait un résumé du mémoire. À la suite des
réunions d'information tenues dans la région des Moulins, nous
avons consulté les municipalités de la MRC des Moulins et autres
organismes régionaux en rapport avec vos projets de
régionalisation du transport en commun. Nous avons inclus les
informations recueillies dans
le présent mémoire qui, comme vous pourrez le constater,
reflète une incertitude quant aux coûts et services que la
régionalisation amènera.
Les résidents de la région des Moulins craignent
l'escalade des taxes qui leur seront imposées en rapport avec leur
capacité de payer. Ils craignent de plus que le mode de financement
régional que le ministère des Transports ou le gouvernement
provincial promet d'instituer soit éventuellement retiré.
Les personnes consultées désirent avoir une meilleure
représentation au sein de l'ORT et en même temps avoir un
représentant à la CTL. Évidemment, c'est si un jour le
projet venait à être mis en oeuvre. Alors qu'on souhaiterait
l'amélioration des services existants, il appert qu'on doit au contraire
craindre une diminution des services.
À cause de l'incertitude des coûts et des services, nous ne
pouvons favoriser votre projet et demandons un moratoire pour consulter
davantage les citoyens résidant dans la municipalité
régionale des Moulins, confiants que, tous ensemble, nous pourrons
trouver des solutions plus économiques.
Je vais sauter la page 2 parce que je viens de vous la lire pour la
deuxième fois. La première chose qui nous importe, c'est d'abord
que toute la région des Moulins soit incluse dans la région C,
qui est la zone tarifaire 6. Il y a La Plaine et une partie de Mascouche
après le coin nord-est qui ne sont pas incluses. Vous verrez un peu plus
loin dans le mémoire une carte géographique montrant la
même chose que vous avez derrière vous, où sont
indiqués les deux points de territoire qui ne seraient pas inclus dans
la région C et qu'on voudrait voir inclus dans cette région parce
que la région des Moulins, pour vous, c'est la localité des
Moulins. En passant, pouvons-nous vous faire la suggestion qu'un comité
comme le nôtre ou une région comme la nôtre s'appelle un
comité intermunicipal de transport? Cela éviterait
peut-être de la confusion. Dans votre livre blanc, on parle de
région et de local, et on a l'impression que local, c'est une
municipalité; or, vous voulez parler d'un MRC la plupart du temps. La
MRC des Moulins comprend, comme je vous l'ai dit, cinq municipalités, et
c'est en même temps le comté de Terrebonne. M. Fallu, d'ailleurs,
le connaît très bien. Il y aussi le CLSC Lamater qui fait partie
des cinq municipalités et la commission scolaire des Manoirs. C'est une
région homogène que nous voudrions voir respectée.
Je passe à la page 3, présentation d'un mémoire.
Lors de vos soirées d'information sur l'organisation régionale du
transport en commun dans la région de Montréal, vous avez
demandé aux organismes municipaux et aux autres, de même
qu'à la population, de soumettre des mémoires ou des avis. Notre
comité intermunicipal de transport des Moulins est heureux de vous
soumettre ce mémoire qui est un résumé des opinions
recueillies dans la région des Moulins. Ce mémoire est
appuyé - c'est pour cette dernière ligne - que je vous ai lu le
pararaphe - par la MRC des Moulins et les cinq municipalités qui la
composent, et vous trouverez les résolutions des cinq
municipalités et de la MRC qui appuient notre mémoire.
Il ressort, malgré les informations obtenues, qu'il y a beaucoup
d'incertitude en ce qui concerne les coûts et les services dont
bénéficieraient les résidents de la MRC des Moulins. Vous
pourrez consulter une comparaison des coûts assumés par les
résidents de Laval, soit 0,23 $ les 100 $, alors que les
résidents de la rive sud paient 0,24 $ les 100 $ et ceux de
Montréal 0,37 $ les 100 $. Il est question de 0,077 $ pour notre
localité.
Si vous voulez aller à l'annexe 13, on a fait un tableau qui
répète ce que je viens de vous dire. Vous verrez au milieu que
pour celui qui fait 44 voyages par mois, soit 22 aller et retour, à
Beloeil, il en coûte 92,10 $ et à Repentigny - cela est pour aller
au centre-ville - 71,20 $. Dans notre région, vous nous proposez 64 $.
Cela coûte cependant, dans le moment, 93,60 $. Il faudrait aussi que vous
sachiez bien qu'il n'y a pas de taxes municipales chez nous parce que l'usager
aussitôt qu'il sort de Laval, paie 1,90 $, alors qu'à Laval, c'est
1 $. C'est l'usager, qui paie la différence du transport, les
municipalités ne paient pas chez nous. Je pense qu'on est les seuls;
pour la rive nord, c'est la même chose aussi.
Vous voudriez diminuer cela de 93,60 $ à 64 $ pour l'usager qui
irait au centre-ville, mais les résidents paieraient 0,077 $ les 100 $;
pour une évaluation de 40 000 $, ce serait 30,80 $. Si on ajoute
ça aux 64 $, vous allez être regagnants parce qu'il y a bien plus
de personnes taxées que d'usagers.
On revient. Selon certains calculs, à la page 4, qui nous ont
été fournis lors de rencontres avec des représentants de
votre ministère, le coût des quatre municipalités de notre
région qui sont représentées serait 0,028 $ les 100 $.
C'est cela qui m'étonne. Lorsqu'on vous a rencontrés, on nous a
parlé de 0,028 $, du moins sur un vidéo qu'on nous a
présenté. Mais à la table, en avant, on parlait de 0,07 $
à 0,08 $. Cela m'étonne qu'un groupe aussi imposant de gens qui
ont fait des études change de coût en cours de route. Aujourd'hui,
ce serait 482 000 $ pour la région Des Moulins. Si on ajoute La Plaine,
qui n'est pas incluse, ça ferait 531 000 $. Nous savons que le
ministère des Transports veut baisser sa contribution au transport en
commun de 41,8% à 35% d'ici à 1985, c'est-à-dire une
diminution de 6,1% en moins de trois ans. Je vous ai parlé de
l'inégalité des coûts de la carte par le tableau
tout à l'heure.
On peut passer à la page 5. L'usager versus l'automobiliste. Dans
le moment, l'usager du transport en commun paie pour son transport. Votre
projet défavorise assurément l'automobiliste. Ce dernier paie
pour le fonctionnement et la dépréciation de son véhicule.
Au départ, le coût de son transport est plus élevé
que celui de l'usager du transport en commun. En effet, il paie la taxe sur
l'essence, la taxe sur les stationnements et il paie sur les autoroutes. Selon
votre projet vous voulez qu'il paie, en plus, par l'imposition d'une taxe
foncière, de 30 $ à 35 $ par année. D'un autre
côté, vous souhaitez une baisse des coûts à l'usager.
Dans notre région, ce serait de 93 $ à 64 $ pour 44 voyages au
centre-ville.
Nous comprenons que les personnes âgées et les
étudiants puissent profiter d'une carte mensuelle à tarif
réduit. Il n'est pas normal cependant que le travailleur qui utilise le
transport en commun profite d'une réduction, alors que l'automobiliste
qui, lui aussi, est un travailleur, n'en a aucune, et que déjà,
il semble combler le déficit du transport en commun par toutes sortes de
taxes directes ou indirectes.
Si votre but est de décourager l'usage de l'automobile, n'oubliez
pas que vous perdrez la taxe sur l'essence, la taxe sur les stationnements et
que les autoroutes rapporteront moins. Nous présumons que vous devrez
alors augmenter la taxe foncière. À Toronto, en 1980, l'usager
payait 53% du coût de transport; à Montréal, l'usager
payait 34,5%, une différence de 18,5%.
Un à côté ici qui n'est pas dans le mémoire:
j'ai vu quelque part, j'ai vu dans ce résumé que l'usager paie
présentement 31% et que le gouvernement paie 41%; je souhaiterais
l'inverse: 41% payés par l'usager et 31% payés par le
gouvernement. En page 6, je vais vous les lire deux fois ces deux lignes: "Les
usagers de notre région ne se plaignent pas des coûts, ils
désirent des services améliorés. Les usagers de notre
région ne se plaignent pas des coûts, ils désirent des
services améliorés."
Modes de financement de l'ORT. Sur le plan de l'organisation
régionale de transport, vous nous dites qu'on devra se fier aux revenus
venant des autoroutes, de la taxe sur le pétrole et sur les terrains de
stationnement. Nous savons que les autoroutes ne sont pas rentables à la
base et que depuis l'augmentation de la taxe sur le pétrole dans la
province, les ventes ont baissé. On peut s'attendre que l'usage des
stationnements diminue à cause de la nouvelle taxe. L'organisation
régionale s'approvisionnera-t-elle longtemps à même ces
revenus alors que le gouvernement provincial peut en tout temps décider
de les reprendre, en tout ou en partie, tel qu'il l'a fait pour la taxe de
vente? Dans un tel cas, qui paierait?
Même si nous croyons qu'une meilleure coordination des services
entre les organismes de transport doit exister, elle ne devra pas se faire
à n'importe quel prix. Il y a cependant quelque chose de bon dans tout
ceci: la commission, la préparation; c'est que déjà, des
gens qui ne se parlaient pas ont commencé à se parler. J'ai vu
qu'il se passe des choses à Laval et si cette commission n'existait pas,
il n'y aurait rien de fait. En tout cas, c'est un à côté.
Monsieur n'a pas l'air d'accord, mais en tout cas, je l'ai dit.
Capacité de payer. Nous sommes en période de
récession, les contribuables doivent se serrer la ceinture et on leur
demande de payer davantage. Ne croyez-vous pas qu'il y a une limite à la
capacité de payer des contribuables?
Composition de l'ORT. Votre proposition d'un organisme régional
de transport formé de 31 membres, dont 8 venant des MRC, semble
disproportionné dans sa composition par rapport aux besoins
spécifiques des régions limitrophes de Montréal et de
Laval. Les régions seront toujours sous la tutelle de ces deux
entités dont la majorité des membres composeront l'organisme
régional de transport et décideront par la majorité des
voix quels seront les coûts et les services à donner à ces
communautés déjà défavorisées. Je voudrais
faire une référence à quelque chose là-dedans:
c'est écrit que lorsque l'ORT n'aura plus d'argent, ce sont les
municipalités qui paieront. Je sais que vous allez dire que ce n'est pas
vrai, mais c'est là quand même.
L'amélioration requise. La région des Moulins est
desservie par la Commission de transport de Laval, alors que La Plaine est
desservie par la compagnie de transport Laurentide Ltée qui n'a qu'un
seul circuit qui passe sur la route 335, dans le village de La Plaine lequel
constitue seulement 16% de la population de cette municipalité. Vous
allez me dire: qu'est-ce que cela vient faire? Il demande des
améliorations? Bien, dans votre résumé, ou en fait dans
votre livre blanc -je ne sais pas comment vous l'appelez - vous en demandez des
améliorations, vous en suggérez. Quant à moi, je pense que
c'est un mémoire que vous nous avez soumis, on le critique un peu. Bon,
c'est une proposition, mais c'est quasiment un mémoire qu'on a
étudié plus longtemps, en tout cas... Attendez un peu, je suis en
train de me perdre. Ah oui! Si l'on vous demande des améliorations,
c'est que vous en suggérez, et on voudrait en avoir aussi, mais parce
que nous avons l'impression que cela va nous coûter plus cher, on veut
avoir quelque chose pour notre argent.
Certaines de nos municipalités ont fait des demandes
d'amélioration des services que nous aimerions voir se réaliser.
Vous
trouverez, ci-inclus, copie des tracés d'amélioration de
la municipalité de Lachenaie, La Plaine, Mascouche et
Saint-Louis-de-Terrebonne (voir annexes 15, 16 et 17). Vous pouvez aller voir;
on a de petits tracés, ils sont en rouge dans les mémoires
originaux; sur vos photocopies, je crois qu'ils sont en noir.
Nous tenons à souligner le fait que les régions au nord de
Laval ne sont pas favorisées par le transport est-ouest ou vice versa,
surtout qu'on a entendu dire que la seule ligne qui dessert Terrebonne,
Bois-des-Filion, si les subventions sont coupées, peut
disparaître.
Si nous adhérions à l'ORT, il serait souhaitable que nous
profitions de meilleurs services puisque nous serions taxés davantage.
Contrairement à nos attentes, la CTL parle de diminution de services. De
plus, à cause du mode de répartition des coûts
proposés, nous n'entrevoyons pas la possibilité
d'amélioration de nos services.
Composition du conseil d'administration de la CTL. Je n'ai pas besoin de
vous dire qu'il n'y a que trois commissaires. Pour un meilleur contrôle
des budgets et services, nous suggérons qu'un représentant de la
région des Moulins siège comme commissaire à la CTL. Nous
aimerions de plus que d'autres transporteurs publics puissent desservir notre
MRC dans certaines régions limitrophes.
Recommandations. Pour toutes ces raisons, à cause des nombreuses
incertitudes et le peu de temps mis à notre disposition pour
consultation, nous ne pouvons pas favoriser votre projet tel que soumis et
demandons un moratoire qui donnera à toutes les parties
concernées l'occasion de mieux analyser les conséquences,
avantages ou désavantages.
Considérant l'implication financière des résidents
de la MRC des Moulins, ce délai nous donnera l'occasion de consulter les
contribuables avant de décider de notre adhésion à
l'organisme régional de transport en commun de la région de
Montréal. Nous sommes confiants que nous pourrons trouver ensemble des
solutions plus économiques pour la région de la MRC des
Moulins.
Étant donne que je désire parler plus longtemps que vous
autres, est-ce que je peux continuer sur d'autres petits détails, avec
votre permission, M. le Président?
Le Président (M. Boucher): D'accord.
M. Fontaine: Parce qu'une heure, cela passe vite. Vous êtes
patient. Tout à l'heure, je vous ai dit que vous étiez contre,
c'est parce que j'ai pensé que vous aviez levé la main pour avoir
la parole, alors que c'était pour autre chose.
M. Tremblay: Pour plus tard.
M. Fontaine: Excusez-moi. Pour résumer notre intervention.
Tout d'abord, nous aimerions que tout le territoire de la MRC des Moulins soit
inclus dans la région C et la zone tarifaire 6. Je le
répète parce que je pense que c'est important. Nous croyons en
une consultation - peut-être en 1983, si vous accordez un moratoire - de
tous les intervenants pour aider à la coordination des services, sans
frais. Cette consultation pourrait être un test étant donné
la possibilité d'ententes entre la commission de transport, le
gouvernement, la MRC et les municipalités, tout cela sans escalade des
coûts.
Tout à l'heure, j'ai fait allusion au fait que le principal
profit qu'on a tiré à ce jour de la commission, c'est qu'il y a
des gens qui commencent à se parler. Je vais vous donner un exemple. On
s'entend très bien avec la CTL; notre comité a été
formé il y a trois ans et, depuis ce temps-là, il y a eu une
amélioration des services, des lignes nouvelles, une tarification
similaire partout, et, encore là, il y a une amélioration qui
s'en vient. On est capable de se parler et de s'entendre. Je sais bien que cela
n'est écrit nulle part. Entre autres, M. Gratton, qui n'est plus
là, nous a dit qu'ils venaient chercher leur argent pour
équilibrer leur budget dans notre coin. Je ne peux pas vous prouver cela
sur papier, mais cela a été dit à maintes reprises devant
nous.
Dans notre région, les usagers ne se plaignent pas des
coûts. Ils désirent des services améliorés. C'est la
troisième fois que je le dis, vous l'avez retenu. Nous croyons avoir le
droit d'en demander puisque le gouvernement a saisi l'occasion de faire des
suggestions dans son livre blanc ou mémoire, comme je l'appelle.
Permettez-nous d'insister sur le fait que notre MRC est une
déléguée à la Commission de transport de Laval. La
raison la plus importante pour laquelle nous demandons un moratoire, c'est pour
donner la possibilité de consulter les contribuables qui, vous
l'admettrez, ne se sont à peu près pas fait valoir à cette
tribune.
Un autre petit détail: J'ai vérifié auprès
de la CTCUM et j'ai obtenu le montant global des salaires de la CTCUM pour
1981; c'est 226 430 000 $. Nombre d'employés: 8074. Salaire moyen: 28
044,34 $. Pour la CTL: Montant global: 17 856 000 $. Nombre d'employés:
608. Salaire moyen: 29 368,42 $. J'ai vérifié auprès de
Statistique Canada pour notre région. Le salaire moyen est de 21 381,51
$. On veut nous taxer de 30 $ à 40 $ par propriétaire, nous qui
gagnons en moyenne 21 000 $, alors que pour les gens de la CTCUM, du balayeur
au président, la moyenne est de 28 000 $ et pour la CTL, 29 000 $.
Les usagers de notre région - je ne
veux pas me répéter, cela fait quatre fois que je le dis.
Cela a été souligné par les gens de Laval. À la
page 26, dépenses d'exploitation: "Une fois soustraits les revenus des
usagers et les subventions gouvernementales, le déficit résiduel
d'exploitation sera absorbé par les municipalités desservies,
dans le cas de réseaux locaux d'autobus, couvert à 30% par de
nouvelles sources régionales auprès des
bénéficiaires non usagers et à 70% par le regroupement des
municipalités desservies, dans le cas de réseaux
régionaux". On nous avait dit que notre argent servirait pour ce que
vous appelez les réseaux locaux, mais là, s'il en manquait,
à 70% par le regroupement des municipalités desservies dans le
cas de réseaux régionaux. Donc, les municipalités paieront
au niveau local et au niveau régional. 0e sais que vous allez avoir de
bonnes explications, mais c'est là quand même. Pourquoi est-ce
là?
Une autre chose m'étonne. Si on convoque une commission, c'est
pour avoir une idée de ce qui va être demandé et
après, la commission ayant siégé pour ramasser les
opinions de tout le monde, on va agir. Comment se fait-il qu'il y ait
déjà des choses de réglées avec Via Rail, à
Sainte-Marthe? On parlait tout à l'heure de Val-Royal. La perception sur
les autoroutes dans Laval va aller à Laval. Cela se passe avant la
commission. C'est ce que je ne comprends pas. Il se règle des affaires
avant même qu'on en ait parlé. Évidemment, vous êtes
le gouvernement, vous avez le droit de le faire, mais j'avais l'impression que
vous nous consultiez. Comment cela se fait-il? Excusez-moi, c'est à
bâtons rompus, mais cela ne me fait rien, je passe mon message quand
même.
Le gouvernement veut-il retirer ses subventions aux commissions de
transport et surtout à celle de la CTCUM pour les faire payer par les
contribuables des municipalités environnantes? On a rencontré M.
Lachapelle, de la CTCUM, mais c'est peut-être aussi de la CTL. Il nous a
dit: Le gouvernement veut nous enlever 2 000 000 $ au 1er janvier et veut
mettre autant que les municipalités vont mettre pour vous aider. Si
elles mettent 1 000 000 $, on mettra 1 000 000 $. Si elles mettent 500 000 $,
on mettra 500 000 $, ce qui veut dire que c'est le contribuable qui paierait
une partie de ce que la province verse. Est-ce le but de tout cela? Je me
demande si ce n'en est pas le but caché. Je sais que vous allez avoir de
bonnes explications. Je reviens à ce que je vous ai dit plus tôt.
Nous croyons que l'usager devrait payer 40% des coûts et je vous
suggère de ne pas prendre cette suggestion à la
légère. (12 h 45)
Concertation. Nous croyons à une concertation de tous les
intervenants pour l'amélioration et la coordination des services. En
deux ou trois rencontres des représentants des commissions de transport,
du gouvernement, des représentants des MRC, de même que des
représentants des compagnies ferroviaires, nous sommes persuadés
qu'il y aurait une très grande amélioration des services, surtout
quant à la coordination, et ceci sans augmentation du coût, du
moins lors des deux ou trois premières rencontres. Par exemple, notre
comité, qui existe depuis trois ans, a rencontré à
plusieurs reprises - je vous l'ai dit plus tôt - la CTL et cela apporta
des améliorations. Tout cela pour vous dire que les quatre
municipalités desservies par la CTL dans notre MRC ont profité
des réunions de notre comité avec la CTL et le gouvernement. Cela
n'a rien coûté ni aux contribuables ni aux usagers, qui en ont
profité à maintes reprises. Quelques rencontres en 1983
permettraient d'obtenir des résultats semblables dans tout l'ORT. C'est
pourquoi nous demandons un moratoire.
Nous sommes persuadés que l'application possible de votre projet
en 1984 coûterait alors beaucoup moins à toutes les parties
concernées: commissions de transport, gouvernement, usagers et
municipalités. Nous avons déjà amorcé des demandes
quant au covoiturage. Une annonce dans les journaux à deux reprises nous
a amené 30 noms; cela veut dire que l'on marche un peu dans le
même sens que vous de ce côté.
J'en ai beaucoup dit. J'ai peut-être bafouillé un peu, mais
j'ai l'impression que vous avez compris.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M.
Fontaine.
M. Clair: M. le Président, je voudrais féliciter M.
Fontaine pour la présentation qu'il nous a faite. Je pense que les
messages, comme il le dit, sont clairs et limpides. C'est vivement
apprécié par celui qui vous parle. Je vais essayer d'être
rapide, conformément au voeu de M. Fontaine. Il m'a posé pas mal
de questions pour ne pas me donner le temps de parole. Je vais essayer de
répondre le plus brièvement possible quant aux commentaires.
En ce qui concerne les limites de la zone 6 ou de l'organisme
régional de transport, elles n'étaient pas définitives
dans la proposition et, là-dessus, nous sommes fort heureux de recevoir
votre avis. Il fallait bien qu'on retienne un découpage. Nous en avons
retenu un, celui de la zone métropolitaine de recensement. Nous sommes
heureux de recevoir sur cette question, comme sur toutes les autres d'ailleurs,
les avis des gens qui viennent en face de nous à la commission. D'autre
part, un autre commentaire en ce qui concerne l'effet sur la taxe
foncière de la proposition pour la
MRC des Moulins; je voudrais dire qu'effectivement il y a eu une erreur
dans la transmission des données. Cela provient du fait que, la CTL ne
tenant pas une comptabilité séparée pour son réseau
sur le territoire de Laval . et en dehors du territoire, il y a des
difficultés à savoir comment répartir les coûts
entre la ville de Laval et le réseau extérieur. Même les
derniers chiffres qui vous ont été soumis sont sujets à
caution et à discussion. La CTL ne tenant pas, comme c'est le cas pour
Métropolitain Sud ou la CTCUM avec Métropolitain provincial, une
comptabilité séparée, cela est plus compliqué, dans
le cas du réseau extérieur de la CTL, d'établir les
coûts des différents corridors qui seraient impartis aux
municipalités que dans le cas des deux autres commissions de
transport.
En ce qui concerne les 70% du déficit résiduel des moyens
de transport à caractères régionaux, juste une
précision là-dessus. Actuellement, ce sont 100% du déficit
résiduel qui sont à la charge des municipalités. Dans le
cas de la proposition gouvernementale, ce serait réduit à 70%
plutôt que 100%. Je sais que dans le cas de chez vous...
M. Fontaine: Dans le cas...
M. Clair: J'y arrive. Dans le cas du réseau
extérieur de la Commission de transport de Laval, vu que les
municipalités hors territoire n'ont jamais rien payé, cela serait
une conséquence directe de la réforme que de soulager ceux qui
paient déjà en partie. Mais, dans le cas du territoire desservi
par la Commission de transport de Laval en dehors de Laval, cela constituerait
sans aucun doute une augmentation du fardeau - il n'y a pas de doute
là-dessus -mais dans une proportion moindre que si on ne changeait pas
le système.
En ce qui concerne l'objectif de faire payer les autres, de diminuer la
contribution du gouvernement du Québec, de la Communauté urbaine
de Montréal et des autres municipalités, Laval et celles de la
rive sud, l'objectif n'est pas de faire payer les autres par le biais de la
taxe foncière, je le répète. Les trois nouvelles sources
de financement seraient les péages, l'essence et le stationnement et non
pas d'aller vers la taxation foncière; je le réitère, ce
n'est absolument pas les intentions du gouvernement.
Un autre point sur lequel je partage complètement l'avis de M.
Fontaine, c'est qu'effectivement le débat public qui suit
présentement la déposition d'une proposition aura eu l'immense
avantage, justement, de permettre à des gens qui ne s'étaient pas
beaucoup parlé, peu parlé ou pas du tout parlé, au cours
des dernières années, de le faire maintenant. Quant à
nous, c'est certainement un des objectifs les plus souhaitables qu'on
poursuivait, à savoir de commencer la discussion avec toute une
multitude de regroupements de municipalités, d'intervenants qui,
jusqu'à maintenant, ne se parlaient pas beaucoup. Je suis tout à
fait heureux de constater que dans le cas de la MRC des Moulins, en ce qui vous
concerne, cela fait maintenant trois ans que vous avez commencé à
vous impliquer dans les discussions avec la Commission de transport de Laval
pour l'organisation du transport en commun chez vous.
J'arrive à ma question. Je pense qu'en ce qui concerne le
regroupement de vos municipalités, la première question, la plus
importante, c'est de savoir comment va continuer à fonctionner le
transport en commun chez vous, combien cela vous coûtera, quel niveau de
services sera offert aux gens.
La proposition que le gouvernement fait, dans le fond, c'est de
reconnaître juridiquement le comité intermunicipal que vous avez
constitué, de lui donner, en quelque sorte, des pouvoirs qu'il n'a pas
présentement. Quels seraient ces deux pouvoirs principaux? Le premier
pouvoir, ce serait celui de déterminer les services que vous
désirez pour votre population. Vous le faites de façon non
officielle avec Laval, présentement, avec la CTL. On dit:
Dorénavant, vous pourriez discuter sur une base juridique reconnue,
comme on l'a appelé un conseil local de transport. Je reconnais que cela
pourrait s'appeler comité intermunicipal de transport et cela
désignerait la même réalité.
Donc, le premier pouvoir que nous vous donnerions est celui de
déterminer le genre de services que vous désirez pour vos
citoyens. Deuxièmement, le pouvoir de signer un contrat de services avec
la Commission de transport de Laval ou un transporteur privé pour
assurer le service que vous désirez. Troisième
conséquence, inévitable à court ou à moyen terme,
si la CTL encourt des déficits pour l'opération du service, je
comprends que jusqu'à maintenant on a pu considérer que la
Commission de transport de Laval faisait des profits avec son réseau
hors territoire, maintenant, le maire de Laval et la Commission de transport de
Laval sont en train d'établir, justement, une comptabilité
séparée entre le réseau Laval et le réseau
extérieur afin de bien voir quelle est réellement la situation,
sans essayer de vous rouler. Bien sûr que Laval ne veut pas se rouler
elle-même non plus, c'est tout à fait logique, il n'y a personne
qui est intéressé à supporter seul les déficits
pour quelqu'un d'autre. Alors si la proposition - comme je vous le dis - du
gouvernement, c'est de donner à votre comité intermunicipal le
pouvoir de déterminer sur une base d'égal à égal
avec Laval, avec la CTL le niveau de
services que vous voulez et de signer un contrat de services pour ce
faire, est-ce que cela vous apparaît dans la continuité, si on
veut, du travail que vous avez déjà entrepris comme comité
intermunicipal de transport? En tenant pour acquis que cela serait
évalué plus en détail, qu'en fassent effectivement partie
les municipalités que vous souhaitez, est-ce que cela vous
apparaît aller dans la continuité de ce que vous avez
préparé comme travail depuis trois ans?
Le Président (M. Boucher): M. Fontaine.
M. Fontaine: C'est évident que si on continuait de
discuter avec la CTL comme on l'a fait, on s'est toujours bien entendu. Mais le
point qui est toujours chatouilleux, ce sont les coûts. Quand il faut que
tu ailles taxer ta population, c'est moins amusant. Vous n'avez pas eu beaucoup
d'usagers ni de contribuables qui sont venus ici. Il y en a peut-être un
peu plus à cette table-ci que dans les autres représentations que
vous avez eues. Cela chatouille le monde. J'ai deux conseillers municipaux
à mes côtés et quand ils en ont parié à leurs
contribuables, ils aimaient moins cela. Je comprends que vous nous dites: Vous
pouvez négocier, faire des ententes de services. Mais comme c'est
là, l'usager paye. Cela implique que c'est la municipalité qui
paierait, de la façon dont vous parlez. Cela, on aime moins cela. C'est
vrai que chez nous c'est différent, mais on est heureux en étant
différents.
M. Clair: Je comprends, mais, M. Fontaine, prenons pour acquis,
supposons que la CTL est aujourd'hui, dans le cadre juridique actuel, en mesure
d'établir que, pour son réseau de transport en dehors de la ville
de Laval actuellement, elle subit un déficit. Le maire de Laval me dit:
Je veux en avoir le coeur net de cette question, parce que je considère
que mon niveau de taxation est assez élevé et je ne veux pas
subventionner un déficit. Il est d'arrangement et il dit: Je suis
prêt à discuter moi aussi. Or, je ne veux absolument pas vous
confronter l'un et l'autre. Au contraire, je pense que, des deux
côtés, il y a une bonne volonté évidente.
Mais si, à un moment donné, l'administration de Laval est
convaincue qu'elle supporte un déficit pour le réseau hors
territoire, j'ai l'impression qu'assez rapidement elle va faire l'une ou
l'autre des deux choses, soit qu'elle va réduire le service pour
équilibrer ses revenus à ses coûts, soit encore qu'elle va
requérir une augmentation de tarifs appréciable ou encore qu'elle
va requérir une participation financière de vos
municipalités. Même si on ne changeait rien, l'avantage chez vous,
dans votre région, c'est que, justement, on a un peu de temps pour voir
venir, alors que, sur la rive sud de Montréal, dans le réseau
Métro Sud et Métropolitain provincial, on sait déjà
que le service de transport en commun hors territoire est
déficitaire.
Il y a donc une urgence à régler le problème et il
y a fort à parier que les résultats, une fois une
comptabilité séparée tenue, dans votre région, vont
ressembler à ce qui se passe là. On a donc du temps en avant de
nous pour modifier la structure juridique et financière du transport en
commun dans votre région. Qu'est-ce que vous envisagez de faire si un
conseil local de transport n'est pas formé, que vous n'avez pas de
pouvoir décisionnel sur le niveau de service, pas de possibilité
de négocier juridiquement avec Laval si ce n'est que de faire des
représentations? Je pense que cela va bien tant que Laval est convaincue
que cette ville fait des profits. Le jour où elle sera convaincue
qu'elle fait des déficits, l'attitude risque de changer. Quelle est
votre façon de voir l'avenir, là-dessus?
M. Fontaine: Je devrais vous dire que je vous répondrai en
présence de mon avocat ou de mon comptable.
M. Clair: Rien ne sera retenu contre vous.
M. Fontaine: C'est cela qui m'inquiète. Si je m'avance,
c'est trop dangereux. Cependant, si vous nous permettez d'avoir un comptable
avec eux quand ils vont faire leur bilan... Là, peut-être, vous
savez, cela va, mais je n'aime pas cela une commission à trois
personnes. C'est de la dictature. Surtout que le président, vous le
connaissez un peu, je pense. C'est un ancien haut fonctionnaire chez vous. Il y
en a un nommé par le gouvernement et un autre nommé par la ville
de Laval. C'est un triumvirat, est-ce bien cela qu'on disait au moment
où on faisait notre cours classique? C'est dangereux, parce que
c'était... En fait, je fais un à-côté
évidemment, tout ce qui est correct est bien "le fun", si cela doit nous
rapporter, d'accord, mais moi, j'ai deux bons Juifs qui tirent la couverte d'un
bord et de l'autre, deux bons Canadiens dans la même affaire, et la CTR
va tirer la couverte quand elle va établir ses chiffres, c'est cela. Je
ne veux pas dire que ce n'est pas honnête, mais cela prendrait un
médiateur dans le milieu. J'aimerais cela être un petit oiseau et
pouvoir faire le calcul, en dehors du territoire et dans Laval. Quand je les
aurai et qu'on pourra les vérifier, parce qu'on aurait un membre
à la commission peut-être, je vous dirai peut-être que cette
affaire a du bon sens.
M. Clair: Je veux juste vous indiquer, M. Fontaine, que la
proposition du gouvernement et, là-dessus, je pense bien que
cela va aller dans cette direction, cela va être de ne pas
maintenir une structure de commissaires à la Commission de transport de
Laval mais bien d'en donner le contrôle effectif; autrement dit que le
contrôle effectif ne soit plus entre les mains des commissaires, comme
vous le remarquez, avec les difficultés que cela comporte, mais
plutôt d'en remettre le contrôle effectif aux élus
municipaux de Laval. J'imagine que si l'objectif que vous poursuivez est
d'être représentés dans les décisions qui concernent
l'organisation et les coûts du transport en commun sur votre territoire,
est-ce qu'il y a possibilité de faire mieux que de vous donner un
représentant à la Commission de transport de Laval? Mon
impression, c'est que oui, il y a moyen de vous donner bien mieux, il y a moyen
de vous donner un instrument beaucoup plus puissant de contrôle que juste
un commissaire dans une structure dont vous reconnaissez vous-même le
caractère inadéquat. Beaucoup plus de pouvoirs, c'est donner
à votre comité intermunicipal de transport des pouvoirs
réels sur le niveau de services, sur les ententes à
établir avec la CTL par contrats de services ou autrement, ou avec un
transporteur privé. Il me semble qu'à ce moment le contrôle
que vous auriez sur le transport en commun chez vous et sur les coûts du
transport en commun serait beaucoup plus grand que simplement avoir un
commissaire à la Commission de transport de Laval. N'est-ce pas votre
avis?
M. Fontaine: Je vais vous lire l'article 475 de la Loi sur les
cités et villes, M. le ministre: "Toute municipalité de
cité ou de ville peut, par règlement de son conseil
approuvé par le ministre des Affaires municipales et la Commission
municipale du Québec, conclure des ententes avec toute
municipalité, quelle que soit la loi qui la régit, pour
l'exécution de travaux, d'organisation, d'administration de services et,
généralement, pour l'exercice de toutes autres fonctions qu'elle
estime avantageux d'exercer en commun, sous réserve de l'article 60 de
la Loi de police. "Le conseil peut prévoir dans l'entente la formation
d'un comité intermunicipal et lui déléguer la
totalité ou une partie des pouvoirs qu'il possède à
l'égard de la fonction qui fait l'objet de l'entente. "Les ententes
conclues en vertu du présent article ne sont pas opposables aux
tiers."
Un comité comme le nôtre peut se prévaloir de
l'article 475 et peut agir légalement, mais nous n'en sommes pas encore
là. À ce moment, ce comité pourra négocier avec la
CTL, comme vous le dites. Vous n'avez pas l'air convaincu de mon...
M. Clair: ... quant aux moyens à prendre. Je pense qu'on
dit la même chose.
Quant aux moyens à prendre, il y a effectivement
possibilité, mais on m'a indiqué qu'il y avait des contraintes
juridiques à l'organisation du transport en commun en vertu de l'article
475. Que ce soit en vertu de l'article 475 par une entente intermunicipale ou
que ce soit en vertu de nouvelles dispositions législatives, est-ce que
je comprends que, quant à vous, une formule qui permettrait à un
regroupement de municipalités de pouvoir contrôler son niveau de
service, signer des ententes avec un transporteur public ou privé, cela
va dans le sens que vous souhaitez?
M. Fontaine: Je pense de toute façon qu'à cause de
tout ce qui se passe dans le moment, la régionalisation, je n'ai rien
contre cela, la bonne coordination des services, je n'ai rien contre cela, mais
pas à n'importe quel prix. Négocier avec la CTL, je n'ai rien
contre cela, excepté que, lorsqu'on vous demande un moratoire, c'est
qu'on se dit, nous, en 1983, qu'on va rencontrer la CTL deux ou trois fois
peut-être, et même l'organisme régional, même la
CTRSN, dans une grosse assemblée où on pourra jaser entre nous et
négocier, négocier, c'est peut-être fort, mais, en tout
cas, préparer des négociations futures. C'est pour cela qu'on
vous demande un moratoire, et cela nous tente aussi de consulter la population.
Une fois que bien des choses auront avoir été
déblayées, on sera ouvert à des négociations.
M. Clair: Cela va. Je comprends donc que ce n'est certainement
pas une opposition à une collaboration avec la CTL, avec les gens du
gouvernement. C'est écrit noir sur blanc dans votre mémoire que
vous réitérez votre disponibilité pour ce faire.
M. le Président, je termine par un bref commentaire pour indiquer
au préfet, M. Fontaine... Dit-on président de la MRC?
M. Fontaine: Non, non, président du comité
intermunicipal des transports.
M. Clair: ... au président du Comité intermunicipal
des transports des Moulins la disponibilité des gens du ministère
pour continuer à fournir toute la documentation possible. On voit la
nécessité d'avoir un suivi justement quand on s'aperçoit
que du fait que la comptabilité n'a pas été tenue
séparément à Laval, cela occasionne des interrogations,
des chiffres qui sont sujets à caution, qui vont devoir être
creusés davantage. Le COTREM va demeurer disponible et je peux vous
assurer que j'ai fort apprécié votre présentation. Je vous
invite d'ailleurs à continuer à travailler en comité
intermunicipal, comme vous le faites déjà. Je pense que c'est
certainement
prometteur pour vos gens et pour l'harmonisation du transport en commun
et son développement dans votre région. Je vous remercie.
M. Fontaine: M. le Président, M. le ministre, vous
consulterez les dames qui sont ici - il y en a quelques-unes qui me connaissent
- parce que j'ai eu beaucoup de correspondance avec votre ministère.
Vous avez même signé des lettres que probablement d'autres vous
ont présentées, mais je vous ai posté un mémoire
qu'on a déjà écrit il y a deux ans, etc., et beaucoup des
idées que j'ai émises ici sont déjà dans un dossier
à votre ministère.
Maintenant, c'est moi qui ai bafouillé pour tout le groupe; je
vais quand même vous le présenter plus précisément.
Je comprends que vous les avez présentés, mais il semble qu'ils
méritent un petit peu plus. M. Guy Lefebvre est le conseiller à
La Plaine; M. Claude Martel est représentant de Lachenaie, c'est un
contribuable; M. Yves Landry est urbaniste à Mascouche et M. Jacques
Lorrain est conseiller à Terrebonne. Je suis de Terrebonne - je vais
faire un petit à-côté - c'est moi qui ai fondé le
CLSC à Terrebonne qui s'appelle le CLSC Lamater. Je ne siège plus
au conseil d'administration, mais c'est un bon CLSC.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Étant
donné que l'heure passe...
Le Président (M. Boucher): Étant donné que
l'heure de la suspension est passée, est-ce que les membres sont
d'accord pour prolonger de cinq à dix minutes pour qu'on puisse terminer
avec le groupe qui est là présentement?
M. Fallu: M. le Président, j'aimerais qu'on puisse donner
justice à ce groupe parce qu'il s'agit d'un groupe représentatif.
Ce sont des élus, en plus. Il nous arrive de passer deux heures avec un
groupuscule qui se représente lui-même. Lorsqu'on a des gens
extrêmement représentatifs, avec un problème très
spécifique, des gens qui se sont mis en marche depuis des années,
je pense qu'il faut prendre le temps de les entendre. J'ai un certain nombre de
questions à poser et je sais qu'il y a deux de mes collègues
également qui ont des questions à poser.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis d'accord qu'on doit
donner tout le temps nécessaire aux gens qui sont devant nous pour se
faire entendre. Je pense, cependant, qu'on a déjà eu un
exposé assez long de la part de M. Fontaine. Je pense qu'il a eu souvent
l'occasion de se faire entendre. Le ministre tout à l'heure a fait un
long discours avant de poser ses questions. Nous pourrions nous limiter
à deux questions et à une période de cinq minutes, mais si
le gouvernement veut prendre plus de temps, ce sera selon ce que vous
désirez. Il n'est pas question de vous bâillonner. À ce
moment-là, je pense que ce serait illusoire de penser qu'on puisse s'en
tirer d'ici à dix ou quinze minutes, comme le suggérait le
président. Si vous deviez prendre plus de cinq minutes, comme nous avons
l'intention de le faire, on pourrait peut-être suspendre jusqu'à
quinze heures immédiatement.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le
député de Laporte aurait objection à ce qu'on file
jusqu'à treize heures trente?
M. Bourbeau: Bien, voyez-vous, on doit revenir à quinze
heures et certains d'entre nous profitons de la période du midi pour
vaquer à nos occupations de députés pendant que nous
sommes à Québec. Alors, si on ampute trop la période du
midi, on n'aura pas le temps de vaquer à nos obligations de
députés - j'allais dire professionnelles - mais je vous
répète que si vous voulez vous limiter à cinq minutes,
nous sommes prêts à nous limiter à cinq minutes.
M. Clair: Je pense, M. le Président, qu'il vaudrait mieux
suspendre dans ces conditions parce que mon collègue, le
député de Terrebonne...
M. Fontaine: M. le Président, j'aime mieux ne pas revenir.
J'aimerais entendre M. Fallu, si vous le voulez.
M. Clair: Consentement.
M. Fontaine: C'est notre ancien député.
Le Président (M. Boucher): Je regrette.
M. Fontaine: M. le PLQ, j'ai été organisateur
libéral la dernière fois. Cela ne fait rien, ces gens-là
je les aime quand même. Est-ce que vous me donnez la permission de dix
minutes pour moi, pas cinq minutes?
M. Bourbeau: Écoutez, nous ne voulons pas bâillonner
M. Fallu. Je suis convaincu que M. Fallu a des choses intelligentes à
dire. Le problème, c'est que si vous voulez rester ici jusqu'à
quatorze heures, je n'ai pas d'objection, mais à un moment donné
peut-être que certains d'entre nous devront partir et alors on se demande
si...
M. Fontaine: Ah bien! C'est parfait cela, si vous vous en allez,
on comprendra.
M. Bourbeau: Alors, est-ce qu'on peut s'entendre pour que M.
Fallu... Écoutez, un instant! On veut quand même avoir l'occasion
de parler de ce côté-ci. Est-ce que M. Fallu veut se limiter
à dix minutes, par exemple?
M. Fallu: Volontiers.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, vous pouvez...
Le Président (M. Boucher): Nous prolongeons jusqu'à
treize heures vingt.
M. Bourbeau: Cinq minutes pour l'Opposition et dix minutes pour
M. Fallu, c'est ça?
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Laporte.
M. Fontaine: On vient de perdre cinq minutes en discussion.
M. Bourbeau: M. Fontaine... M. Clair: Vous avez
raison.
M. Bourbeau: ... si on comprend bien votre mémoire, dans
une partie, au début, vous nous dites que... D'abord, je tiens à
vous féliciter pour les appartenances politiques dont vous venez de
faire état. Je pense que ça vous honore. Vous nous dites en page
2 que la municipalité de La Plaine "n'est pas incluse dans vos projets"
j'emploie vos mots - en parlant du gouvernement, qu'elle veut y appartenir et,
un peu plus loin, que la ville de Mascouche veut également être
incluse dans le projet.
M. Fontaine: Seulement un petit coin de Mascouche.
M. Bourbeau: Oui, mais je veux terminer ma question et je vais
vous donner amplement l'occasion d'y répondre.
M. Fontaine: C'est parfait.
M. Bourbeau: Un peu plus loin, par contre, en page 8, vous nous
dites: "... nous ne pouvons pas favoriser votre projet - vous employez toujours
le mot "projet" - tel que soumis et demandons un moratoire." À
première vue, ça pourrait avoir l'air contradictoire. Vous dites
que vous voulez être inclus dans le projet puis après ça
vous nous dites: Nous nous opposons au projet tel que... Vous dites
textuellement: "Nous ne pouvons favoriser votre projet et demandons un
moratoire." Pour éviter que le ministre soit tenté d'inclure vos
municipalités parmi celles qui appuient son projet - puisque je
comprends que vous êtes opposé au projet -pourriez-vous clarifier
un peu la situation afin qu'on ne puisse pas penser un jour que vous êtes
en faveur, alors que selon nous, vous êtes contre?
M. Fontaine: Non, ce n'est pas tout à fait cela. On n'est
pas contre. Cela vous désappointe, mais on n'est pas contre. On demande
un moratoire pour faire un déblayage qui va mener à des
négociations très sérieuses et très positives. Tout
à l'heure, j'ai dit que la commission en question a donné
l'occasion à des gens de se parler. On veut que cela continue; on ne
voudrait pas que cela s'applique en 1983, mais en 1984. On n'est pas contre le
projet. On s'y oppose pour le moment, jusqu'à ce que d'autres
études soient faites. C'est pour cette raison qu'on veut, même si
on s'oppose pour le moment au projet, inclure les deux parties qui ne sont pas
incluses dans la zone tarifaire C.
M. Bourbeau: Je reprends vos paroles. Vous venez de dire:
Même si on n'est pas en faveur du projet maintenant. Pour l'instant, vous
n'êtes pas en faveur, mais si des chiffres additionnels vous
étaient soumis, après étude des chiffres, vous pourriez
être en faveur éventuellement.
M. Fontaine: C'est l'argent qui nous inquiète.
M. Bourbeau: C'est l'argent? M. Fontaine: Oui.
M. Bourbeau: Boni D'accord. C'est une question de coût,
autrement dit. Vous nous avez dit un peu plus tôt que vos
municipalités veulent un meilleur service, et vous êtes conscients
que cela peut coûter de l'argent. Vous seriez prêts à payer
pour un service adéquat.
M. Fontaine: C'est cela.
M. Bourbeau: Des coûts raisonnables pour un service
adéquat.
J'aimerais revenir en deuxième question - et c'est ma
dernière, parce que je me suis engagé à me limiter
à cinq minutes et en général, j'aime tenir mes promesses -
à la page 24 où vous nous dites que, dans un premier temps, les
fonctionnaires du gouvernement vous avaient dit que cela coûterait, en
incluant La Plaine - parce que vous voulez inclure La Plaine - 196 000 $, la
quote-part de vos municipalités, et que subséquemment,
après une révision, on a estimé que cela coûterait
531 000 $, donc, une augmentation de coût de 171%. Les fonctionnaires
vous disent au départ que cela va vous coûter 196 000 $ et
après, ils vous disent: On s'est trompé, c'est 531 000 $. Le
ministre nous disait tout à l'heure que ce
n'était pas étonnant qu'on se soit trompé, parce
que c'est très difficile, dans le cas de la rive-nord, d'établir
les coûts, parce que la CTL, la Commission de transport de Laval; ne
tient pas une comptabilité séparée pour les
dépenses de la CTL en ce qui concerne la ville de Laval et les
dépenses hors territoire, en dehors de la ville de Laval, de là
la raison pour laquelle les gens du COTREM s'étaient trompés et
l'augmentation subséquente à 531 000 $. Évidemment, on est
porté à se demander pourquoi le COTREM n'a pas fait ses classes,
en premier lieu, ses études et avant de vous proposer un chiffre de 196
000 $, pourquoi ils n'ont pas fait les études complètes et
pourquoi ils n'ont pas retardé, si je peux dire, la visite chez-vous de
façon à arriver avec des chiffres réalistes. Quand on
procède de cette façon on risque, dans un premier temps,
d'entraîner une adhésion et une fois que l'adhésion est
obtenue, on dit: Oui, mais il y a un léger changement dans les chiffres;
on s'est trompé de 171%. Quant à moi, j'aurais
préféré que vous nous disiez: Le COTREM a retardé
sa visite chez-nous pendant quelques mois et finalement, ils ont mis les vrais
chiffres sur la table. Je n'aime jamais ces erreurs. C'est toujours triste de
voir des erreurs semblables et cela nous fait toujours penser aux erreurs que
nous présente chaque année le ministre des Finances dans le
budget du Québec, alors qu'il se trompe régulièrement de
30% dans le calcul des déficits. Mais passons outre. C'est, je pense, de
même nature. C'est la même erreur qui s'est produite un peu partout
dans l'administration gouvernementale. On est habitué à ces
erreurs de chiffres. À la longue, on devient tellement habitué
qu'on est porté à ne plus les relever.
Vous dites dans votre mémoire en parlant des coûts - et
c'est la dernière question - en faisant justement état du
problème dont je vous parle: Si c'est vrai que les coûts ne sont
pas ce qu'on pense qu'ils sont et que le gouvernement peut, en tout temps,
décider de modifier - je parle de la page 6 de votre mémoire...
Vous faites état du fait que pour l'instant, le gouvernement
prétend que les coûts additionnels, les coûts de la
région vont être payés par la taxe sur l'essence, sur les
autoroutes et sur le stationnement dans le centre-ville et non pas par les
municipalités. Vous dites: Si le gouvernement décidait de
reprendre en tout ou en partie cette forme de subvention qu'il offre
actuellement, qui paierait? La question que vous posez est textuelle: Qui
paierait? Évidemment, du moins dans le mémoire, vous ne
répondez pas, mais je vous retourne la question: D'après vous, si
ça se produisait, quand ça va se produire, qui va payer? (13 h
15)
M. Fontaine: Les contribuables, la municipalité sera
obligée d'augmenter son taux des 100 $ d'évaluation. Quand on
sait que Laval paie 0,23 $ et la rive sud 0,24 $ des 100 $, on paierait 0,077
$, on paierait plus et c'est ce dont on a peur.
M. Bourbeau: Un complément à ma question. Je vais
laisser le député, à ma gauche, la poser à ma
place.
M. Bordeleau: M. Fontaine, simplement une courte question. Vous
êtes pour le projet, par contre vous demandez un moratoire.
M. Fontaine: C'est ça.
M. Bordeleau: Dans l'hypothèse que le gouvernement
n'accepte pas un moratoire, êtes-vous pour quand même ou si vous
êtes contre?
M. Fontaine: Je n'ai pas été
délégué pour répondre à une question de ce
genre, on n'en a pas discuté.
M. Bordeleau: Cela vous prendrait votre avocat.
M. Fontaine: Surtout notre comptable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord vous
dire que ce qui s'est passé dans la région des Moulins est un peu
unique dans la région C-nord, comme on l'appelle, avec la réforme
du transport en commun, puisque c'est un milieu qui s'est pris en main depuis
trois ans, qui s'est dit des choses et qui a tenté de consulter les
usagers pour savoir de quel niveau de services ils avaient besoin et pour
pouvoir les transporter ailleurs, c'est-à-dire à Laval.
La région C, chez nous, tout le nord de la rivière des
Mille-Îles, vit une situation identique, à savoir que nous
recevons des services d'autrui, planifiés par autrui, avec des
thèmes bien définis. Ce ne sont d'ailleurs pas des thèmes
qui sont en notre faveur, c'est habituellement en faveur de Laval ou de
Montréal. On se souvient du slogan traditionnel "Venez magasiner
à Laval". Il y a peu de moyens contraignants pour rectifier ces
attitudes de la part de Laval, sauf la discussion.
Ce qui est proposé actuellement, c'est de passer à la
négociation. Ma première question a pour but d'élargir le
débat à un ordre beaucoup plus considérable. Au lieu d'une
discussion au-delà d'une négociation avec la CTL, M. Fontaine,
vous avez, entre autres, souligné les coûts exorbitants du
transport à la CTL - vous l'avez souligné notamment par le biais
du salaire moyen -
on pourrait le faire au niveau des équipements, on pourrait le
faire si on faisait l'analyse des bouts de lignes, un par un, en fonction du
coût par usager transporté, on trouverait des choses aussi
bizarres qu'on a trouvées, par exemple, à la CTCUM, à
l'île Bizard, où ça coûte 54 $ par client
transporté. Il y a donc des études à faire. Il y aurait
peut-être aussi des réflexions communes à apporter.
Est-ce qu'il serait pensable que la MRC se dote de ses propres services,
compte tenu d'un niveau de service que les gens voudraient avoir et compte tenu
d'une capacité de payer, plutôt que d'être toujours à
la remorque de quelqu'un d'autre? Peut-être à la limite, pour
quelques lignes qui traversent la MRC, venant de Rawdon, notamment, là,
il pourrait y avoir des contrats de services. Mais, l'analyse que vous avez
faite des besoins de transport vous porte-t-elle vers de telles solutions?
M. Fontaine: On n'a pas approfondi le sujet, mais on a
pensé à avoir un transporteur privé qui s'occuperait de
nous. Évidemment, on est cependant conscient que les transports sont
difficiles, parce qu'on sait que les gens n'aiment pas changer d'autobus, etc.
Mais ce sont toutes des choses possibles. L'article 475 autorise les
municipalités, avec la permission de la Commission municipale, à
créer leur propre organisme qui négocierait avec un transporteur
privé; on peut négocier avec la CTL. On ne veut pas faire comme
eux, on ne veut pas se servir d'une épée de Damoclès, on
ne veut pas suspendre quoi que ce soit au-dessus de la tête de personne
et on ne veut pas faire de chantage, en disant: On va retourner vers les
transporteurs privés. Ce n'est pas ce qu'ils nous disent, cependant, ils
nous disent: On va devoir vous couper les services si vous ne payez pas
à la place du gouvernement. Cela, je n'aime pas cela.
M. Fallu: Est-ce que vous avez pensé à
l'intégration des transporteurs scolaires, en partie du moins, pour
rendre des services?
M. Fontaine: Là-dessus aussi, on... C'est pour cela qu'on
a inclus la commission scolaire dans notre comité, mais on
découvre que ce n'est pas du tout le projet initial où il
était question de faire du transport entre les heures des
écoliers; ce n'est pas cela du tout. Aujourd'hui, les commissions
scolaires s'occupent seulement du transport scolaire -elles faisaient cela
avant, mais c'est structuré - mais, entre les heures des
écoliers, il faudrait que ce soient les municipalités qui se
servent des autobus. Là encore, il y a des problèmes.
Réalisez-vous que vous pourriez vous en servir seulement de 10 heures
à 15 heures? Et les faire sortir, est-ce que cela viendra à
temps? Cela demande bien des études.
M. Fallu: Avez-vous songé également à
utiliser le taxi, du genre taxi collectif, surtout que, chez vous, il y a une
agglomération qui est bien structurée, avec une
coopérative...
M. Fontaine: Oui, on a pensé à cela; on a
pensé à tout cela. Cependant, pour aller à Henri-Bourassa,
cela coûte 15 $.
M. Fallu: Non, non, mais simplement pour du rabattage à
l'intérieur, vers la fin des lignes, par exemple.
M. Fontaine: Oh! Vous savez, le transport à
l'intérieur de notre région n'est pas rentable; ce n'est pas
rentable. Notre premier mémoire, c'était une étude sur le
transport à l'intérieur de la région. On a
découvert que le plus gros usager, c'est la dame qui va faire ses
commissions au centre commercial, alors, ce n'est pas trop rentable, cela.
M. Fallu: Ce n'est pas la dame qui va au CLSC?
M. Fontaine: Pardon?
M. Fallu: Ce n'est pas la dame qui va au CLSC?
M. Fontaine: Ah! Au CLSC aussi, de temps en temps, mais je ne
pense pas qu'un transport à l'intérieur... D'ailleurs, vous en
avez des preuves, voyons! Saint-Jérôme, je pense bien que vous
devez subventionner Saint-Jérôme, c'est comme rien, n'est-ce pas?
Toutes les municipalités ont de la difficulté à arriver.
Avant qu'on organise un transport à l'intérieur, là, je
n'ai pas tellement consulté mes amis, mais j'en doute fort, vous
savez.
M. Falllu: Votre réflexion a-t-elle porté sur - je
sais que ce n'est pas directement sur le sujet - le transport adapté
dans la région?
M. Fontaine: Le transport?
M. Fallu: Le transport adapté, le transport pour
handicapés.
M. Fontaine: On a fait une étude là-dessus aussi.
Une moyenne de 1,5 personne par jour s'en servirait ou peut-être 2,5
parce que je... Il faudrait qu'un organisme bénévole, comme un
Club optimiste, nous fournisse un autobus et que les bénévoles du
CLSC l'administrent ou quelque chose comme cela. Mais cela ne peut pas
être payé par les municipalités, il n'y a pas assez
d'achalandage.
M. Fallu: Vous avez souligné un
problème qui est imminent dans le milieu, c'est le tranport SOS.
Or, il existe du transport en commun du côté de Repentigny; il
existe des lignes de la CTL du côté ouest, c'est-à-dire
Sainte-Thérèse, Rosemère. Il n'y a aucun raccordement
actuellement entre Terrebonne et Repentigny?
M. Fontaine: Non, mais cela pourrait être assez facile pour
les gens qui résident à ce qu'on appelle le carrefour des Fleurs;
elles sont tout proche. Vous êtes à combien de milles de
Charlemagne, vous autres?
M. Martel (Claude): Peut-être à un mille et demi,
environ.
M. Fontaine: Un mille et demi. L'autobus de la CTCUM passe
à un mille et demi d'où s'arrête l'autobus de la CTL.
Alors, ce serait plutôt la CTCUM qui se rendrait au domaine du carrefour
des Fleurs; en tout cas, ce sont des projets locaux. C'est à
l'étude, on n'a même pas soumis cela encore à la CTCUM.
M. Fallu: II est manifeste que la région des Moulins n'est
pas prête - j'allais dire, en termes même d'organisation,
d'organisme mis sur pied - à répondre à la demande du 1er
janvier. Cela est manifeste.
M. Fontaine: Oui.
M. Fallu: Quand vous demandez un moratoire, vous le prolongez de
combien de temps? Est-ce que c'est d'une année?
M. Fontaine: Oh! On ne l'a pas dit dans le mémoire
même, quoiqu'il y a une des résolutions - je parle de celle de
Terrebonne, n'est-ce pas? - qui demande un moratoire d'un an. En fait,
tacitement, c'est un peu cela qu'on avait dans l'idée. Je dis que si
l'on continue à discuter ensemble comme on le fait et que l'ORT... J'ai
entendu M. Des Marais dire ici que cela ne faisait pas son affaire qu'on
"embarque" avec lui. Là, si on les rencontrait, peut-être qu'ils
changeraient d'opinion. Avec la CTL, on s'entend bien et, entre la CTL et la
CTCUM, on commence à s'entendre. Ils parlent d'une carte pour deux
zones. Parlant de zones, cela a du bon sens, par exemple, ce qu'ils ont dit
à la CTL: Laval forme une zone; nous autres, une zone; et,
Montréal, toute une zone. J'aimerais bien mieux cela. À part
cela, quand vous viendrez avec toutes ces sortes de cartes, les chauffeurs sont
dans l'union, pensez-y comme il faut à cela. En tout cas, c'est un
à-côté; trois, quatre sortes de cartes, je ne vois pas cela
d'ici. On est prêt à négocier avec tout le monde. On veut
négocier tranquillement. Cela ne fait qu'un mois qu'on a
préparé cela. Nous n'avons pas de professionnel dans notre
groupe, on est tous des laïcs, c'est de la petite prose notre
mémoire. On est chanceux, on écrit en prose, on n'écrit
pas de vers, on écrit de la prose.
M. Fallu: Merci et félicitations pour votre bon
travail.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous dites: Nous, à ce jour, on
s'est organisés, cela ne coûte rien, on ne paie pas, c'est
l'usager qui paie, c'est vraiment du transport régional. Il n'est pas
question d'organiser le transport local. Vous dites que vous aimeriez qu'il y a
ait un moratoire. Si je comprends bien, vous dites: Face aux coûts
possibles, on a beaucoup d'hésitation. Est-ce que vous seriez d'accord
pour continuer le système actuel tout simplement?
M. Fontaine: Dans notre région, oui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous seriez heureux de ne pas
être venu ce matin ici nous rencontrer.
M. Fontaine: On vient vous dire qu'on est heureux comme on est
là.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous préféreriez ne pas
changer.
M. Fontaine: On est très heureux. Avec notre grande
gueule, on sait qu'on peut avoir un peu plus quand même, tout en restant
dans le même système.
M. Leduc (Saint-Laurent): Donc, vous dites que l'ORT, c'est
inutile à votre sens.
M. Fontaine: Pas complètement aussi bêtement que
cela!
M. Leduc (Saint-Laurent): En fait, c'est cela, vous dites: On
préférerait ne pas être inclus. Vous
préféreriez être exclus, c'est cela?
M. Fontaine: J'aime bien cela qu'on négocie, qu'on se
rencontre et qu'on cherche des solutions ensemble. Il y a le mot "ensemble"
à la fin de notre mémoire, c'est cela qu'on veut.
Pour le moment, pour l'année qui vient, 1983, pas de
problème, on reste comme on est. Évidemment, on ne voudrait pas
être les seuls à avoir le pas dans l'armée du transport,
par exemple. À un moment donné, peut-être qu'on
embarquerait, mais nous autres nous sommes heureux comme c'est là. On
pourrait rester longtemps comme cela. Il devait encore y avoir des
améliorations dans les circuits. Je le sais, la CTL dit: Oup! on n'en
peut plus, il faut que le gouvernement
paie, et le gouvernement donne seulement ce que vous donnez. On sera
obligé de couper des services. Je dirais une affaire à M.
Lachapelle: Si on coupe des services, il va y avoir des autobus à
vendre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous ne voulez pas être exclus.
Vous ne faites pas de demandes pour être exclus du territoire.
M. Fontaine: Non, on veut bientôt appartenir à
l'organisme.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Rapidement en conclusion, trois petits points. D'abord,
en ce qui concerne la problématique pour le réseau hors
territoire de Laval, l'objectif n'est pas de faire payer les
municipalités à la place du gouvernement, mais simplement que,
s'il y a un déficit résiduel à la CTL pour le
réseau hors territoire, les municipalités remplacent la ville de
Laval, si celle-ci ne veut pas supporter le déficit; alors, ce n'est pas
prendre la place du gouvernement, mais simplement prendre la place de Laval, si
elle le demande.
D'autre part, une petite remarque; trois à quatre sortes de
cartes, M. Fontaine, je voudrais vous dire que l'objectif est justement le
contraire. Il va y en avoir seulement une sorte pour toute la grande
région. Ce sera beaucoup plus simple de contrôler et de
voyager...
M. Fontaine: Oui, mais les prix varient; donc, il y a
différentes sortes de cartes.
M. Clair: Oui, mais déjà c'est le cas actuellement.
En ce qui concerne le réseau hors territoire des trois commissions de
transport, il y a déjà une tarification en fonction de la
distance qui existe; alors, cela ne serait pas plus compliqué, mais, une
fois rendu sur le territoire de la CTCUM, par exemple, la même carte
vaudrait. Cela ne consiste pas en une augmentation du nombre de cartes pour le
même usager, mais au contraire en une réduction. (13 h 30)
D'autre part, en ce qui concerne la dernière question du
député de Saint-Laurent, je crois que cela vous a donné
l'occasion de démontrer que vous étiez effectivement très
lucide sur le système tel qu'il est actuellement en termes de
coûts, non pas en termes de contrôle du niveau de services et de la
tarification. Il est bien évident que la région telle qu'elle
est, sur le strict plan de sa participation financière, a tout
intérêt à demeurer dans le statu quo puisqu'elle
reçoit un service qu'elle ne paie pas. La question, c'est: Si un jour
Laval, voyant que le service offert en dehors de son territoire n'est pas
rentable, décide soit de le suspendre, soit d'augmenter
considérablement les tarifs ou d'envoyer une quote-part aux
municipalités concernées, c'est là qu'il y aurait un
problème. À ce point de vue, l'objectif du gouvernement et
l'objectif du comité intermunicipal, c'est de voir venir et de s'assurer
qu'on se donne le temps qu'il faut effectivement pour voir venir. On ne peut
pas être fermé à cela. Il faut donner le temps à
chacun de prendre ses décisions et de voir comment cela va. Ce serait
irresponsable de la part du gouvernement et de la part du Comité
intermunicipal de transport de la région des Moulins de ne pas essayer
de prévoir ce qui s'en vient. S'il s'en vient quelque chose comme des
déficits auxquels ils n'ont pas été appelés
à contribuer et sur lesquels ils n'auraient aucun pouvoir, on serait
irresponsable de ne pas prévoir cet avenir. La même chose de votre
côté. L'objectif commun que nous avons, c'est d'essayer de voir
venir cela et de s'assurer que les services sont adéquats -vous l'avez
répété quatre fois, comme vous l'avez dit, les gens
veulent une amélioration du service - que les déficits sont sous
contrôle et que cela se fait dans la négociation et non pas dans
l'imposition par quelqu'un de l'extérieur de décisions qui
concernent votre population.
En terminant, je voudrais remercier M. Fontaine et les gens du
Comité intermunicipal des Moulins. Je voudrais leur dire que nous
suivons avec beaucoup d'intérêt leurs travaux et qu'en tout temps,
s'ils ont besoin des effectifs du gouvernement pour les aider dans leur
réflexion, dans leurs négociations avec la CTL et la ville de
Laval, il nous fera plaisir de rendre des gens disponibles pour ce faire.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Fontaine: Je vous remercie de nous avoir entendus. Cela a
été un plaisir pour nous de venir vous rencontrer. J'ai
aimé mieux notre session que celle de ceux qui sont passés avant
nous. Vous aussi? Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom de tous les
membres de la commission, je remercie les représentants du Comité
intermunicipal de transport des Moulins. À la reprise à 15
heures, nous entendrons le groupe STOP.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 33) (Reprise de la
séance à 15 h 12)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. À
la suspension de 13 heures, nous en étions au groupe STOP,
représenté par M. Charles D. Mallory, président, et M.
Derek Morton. M. Mallory.
STOP
M. Mallory (Charles D.): Merci, M. le Président. Je
m'appelle Charles Mallory. M. Morton n'a pas pu venir. J'ai
abrégé un peu notre mémoire afin de nous associer à
vos délibérations le plus rapidement possible.
Le Président (M. Boucher): Voulez-vous approcher votre
micro, s'il vous plaît?
M. Mallory: Est-ce que cela va? Le Président (M.
Boucher): Merci.
M. Mallory: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés. Incorporé au Québec en septembre 1970
à titre de groupe écologique de citoyens, STOP oeuvre pour la
protection de l'environnement, la rationalisation de l'exploitation et la
consommation des ressources naturelles. STOP s'est toujours
intéressé aux problèmes du transport en milieu urbain,
surtout le transport en commun. En 1972, nous avons publié un document
de 100 pages, "Montreal Transportation", qui a traité de tous les
aspects du problème. Depuis ce temps, STOP est intervenu à
plusieurs reprises sur différents problèmes, tels que le
prolongement de l'autoroute Ville-Marie, contre, la hausse des tarifs
autobus-métro, contre, et l'accès des bicyclettes dans le
métro, pour.
Selon STOP, le système de transport -et surtout son
développement - joue un rôle décisif dans l'essor
économique d'une ville. Il est évident que l'impact des choix
à faire dans le domaine du transport dépassera de beaucoup les
quelque milliards de dollars directement en question. C'est l'avenir de notre
ville qui est en cause. Ce point de vue sur le transport a guidé le
jugement que nous avons formé sur la politique du gouvernement et qui
est récapitulé au chapitre II du livre blanc: "Le transport en
commun, un choix régional".
Quant à la planification régionale, il y a deux grandes
lignes. Premièrement, les terrains vacants doivent être
utilisés avant de permettre l'étalement urbain.
Deuxièmement, les vieux quartiers de la ville doivent être
revitalisés. Une troisième politique touche plus directement le
transport, et inévitablement, c'est que le transport en commun doit
être privilégié dans le milieu urbain. Le système de
transport privé n'est en fait que l'automobile. Son appétit
d'espace est tout à fait incompatible avec une plus forte densité
d'utilisation du centre-ville, et surtout d'un centre-ville
revitalisé.
Nous parlerons ci-dessous des coûts sociaux de l'automobile. STOP
approuve donc les grandes lignes politiques dans le cadre desquelles on essaie
de dessiner un système de transport adéquat. Nous avons,
d'ailleurs, quelques suggestions sur les détails du plan
envisagé, le plan administratif. Le premier problème qui se pose
est la région à l'étude. Le livre blanc parle
essentiellement de la région métropolitaine
désignée par Statistique Canada. Toutes les villes situées
à l'intérieur de cette région sont désignées
participantes et celles situées à l'extérieur sont
désignées non participantes. Selon STOP, cette situation est tout
à fait ridicule, parce que les régions déjà
desservies par les organismes engagés dans le réajustement
prévu s'apparentent beaucoup plus à la région 6 de l'OPDQ,
comme vous pouvez le constater sur la carte, à droite, ici.
Deuxièmement, STOP tient à souligner l'importance d'une
tarification intégrée. Concernant la structure de l'organisme
régional, STOP appuie les principes démocratiques
incorporés. D'abord, le budget de l'organisme sera sous le
contrôle de personnes élues, même si indirectement. La
création d'une commission consultative permanente peut faciliter
l'accès du public aux processus décisonnels. Il faut que toutes
les réunions du conseil et de la commission consultative soient
publiques comme prévu. Finalement, les amendements à la loi de la
CUM, la loi 46, auront augmenté la participation du public aux
décisions de la CTCUM.
Le gouvernement a dévoilé le nouveau plan de transport
intégré en décembre 1979. Un point essentiel de ce nouveau
plan était d'éviter les projets coûteux pour lesquels on
avait décrété un moratoire déjà en mai 1976.
STOP veut féliciter le gouvernement pour cette décision
difficile, vu la popularité du métro, sinon des autoroutes en
ville. Nous reconnaissons que le métro souterrain requiert des
obligations financières très lourdes pour lesquelles le
gouvernement a dû assumer des dépenses à 100% dès
1980.
C'est surtout au niveau du réseau lui-même que
l'intégration est essentielle. Le terme anglais "modal interfacing"
exprime très bien ce qui est requis. Des connexions directes et
appropriées entre modes: train, métro, autobus, etc. Aujourd'hui,
le métro et les autobus sont bien intégrés si on regarde
par exemple les stations Henri-Bourassa, Berri-de-Montigny et Longueuil.
Lorsqu'on regarde les trains qui seront intégrés au
réseau, c'est plutôt une question d'opportunité que de
réalité. La situation à la station Vendôme est
typique. Elle est peut-être à 500 mètres de la station de
train Westmount mais toujours à côté des voies. Une
correspondance directe à l'abri du mauvais temps doit être
construite si la
station de Westmount ne doit pas être déplacée. Tous
les avantages d'une tarification intégrée peuvent être
invalidés par de mauvaises correspondances sur le terrain.
STOP appuie fortement la position des groupes de cyclistes en faveur des
bicyclettes dans le métro. Comme cela, un autre réseau doit
être considéré dans le cadre du projet actuel.
Évidemment, les bicyclettes doivent être permises dans le
métro régional et sur quelques routes d'autobus régionales
aussi. Par exemple à Santa Cruz, en Californie, on a des râteliers
sur les autobus. La route en question monte dans les montagnes avoisinantes.
STOP suggère que les autobus sur les routes régionales desservant
les Laurentides soient équipés d'une telle façon. L'autre
chose à faire, c'est d'assurer les correspondances appropriées
pour les bicyclettes aux stations de métro et du métro
régional. Des services sécuritaires à chaque station comme
on en trouve à Longueuil peuvent restreindre le nombre de bicyclettes
dans les trains.
Même si on a complètement ignoré la bicyclette dans
le livre blanc, le covoiturage méritait au moins une mention à la
page 12. La valeur du covoiturage, c'est qu'il a l'effet d'adapter le
système actuel, trop de dépendance sur les automobiles, de
façon très efficace. Sans aucun investissement public ou
privé, la capacité du système actuel peut être
augmentée. Deux interventions pourraient être
considérées afin de le favoriser. Les règlements sur
l'assurance des automobiles doivent être modifiés afin de
permettre aux automobilistes d'accepter de l'argent de leurs passagers. En
plus, des péages réduits pourraient être mis en oeuvre pour
les véhicules portant au moins trois personnes. STOP voudrait aussi
faire connaître son opinion sur la route du métro régional
de Castelnau-Vimont qui est à l'étude. Nous pensons que cette
ligne doit non seulement être construite mais doit aussi être
prolongée dans les deux sens. Vous pouvez consulter le tableau 1 qui
paraît au début de notre mémoire.
Vers le sud, la ligne pourrait être construite au moins
jusqu'à la station Préfontaine (avec une correspondance à
Rosemont) sinon au Vieux-Montréal
(l'ancienne gare Viger, d'où le premier train transcanadien est
parti il y a presque 100 ans). Comme cela, cette ligne serait reliée
directement aux trois lignes principales du métro, améliorant
beaucoup son utilité. Vers le nord, la ligne pourrait avoir deux
terminus: un à Mirabel et l'autre à Saint-Jérôme ou
plus loin.
Le plan financier. En huit ans, la contribution du gouvernement au
transport en commun dans la région de Montréal est passée
de 0 à 40%. De plus, le gouvernement paie le coût des nouvelles
immobilisations à 100%. STOP comprend que le gouvernement désire
plafonner sa participation, surtout en ces temps de crise économique.
Nous ne pouvons toutefois admettre sans preuve l'opinion selon laquelle le
gouvernement participerait déjà au financement de l'exploitation
du service dans une proportion qui "dépasse les bienfaits ressentis par
l'ensemble de la population du Québec".
Si le gouvernement subventionne le transport en commun (qu'il veut
privilégier) il ne s'ensuit pas nécessairement que l'auto ne sera
pas subventionnée. En plus des coûts directs, l'auto suscite des
coûts sociaux qui incluent les frais médicaux pour victimes
d'accidents et de pollution, la dégradation des centre-ville
(autoroutes, stationnement, bruit, saleté) et la consommation des
ressources non renouvelables, en particulier, le pétrole.
Malgré qu'on n'ait pas considéré ces coûts
dans l'étude faite par Transport 2000, dont on fait mention - vous avez
reçu tout cela l'autre jour, volume XVIII no 7 - on a trouvé un
grand déficit en faveur de l'automobile. À titre d'exemple, il
est évident que la pollution de l'air s'attaque dangereusement non
seulement à la santé des personnes, mais aux bâtiments et
aux matériaux. Au lieu de subventionner les automobilistes, il faudrait
leur imposer une surtaxe pour les services reçus afin de combler les
préjudices sociaux dont ils sont la cause. Même s'il est difficile
d'évaluer ces préjudices en termes pécuniaires, on peut
les diminuer. En annexe se trouve une description de la situation actuelle
concernant le contrôle des émissions polluantes des
véhicules.
STOP est toutefois heureux d'apprendre que le gouvernement songe
à faire contribuer les automobilistes aux déficits du
système de transport en commun. Par contre, il est difficile, à
notre avis, de dire qu'un groupe participe financièrement quand sa
contribution nette est négative.
STOP recommande que COTREM ou tout autre organisme analyse les
coûts et bénéfices des systèmes de transport public
et privé et les contributions financières des usagers dans chaque
cas. Entre-temps, les modifications du cadre financier discutées dans le
livre blanc, incluant une participation de 10% pour les automobilistes,
pourraient être appliquées mais elles ne doivent pas être
considérées comme une répartition finale.
En dernier lieu, STOP tient à faire connaître son opinion
sur la question des zones tarifaires. Nous acceptons le fait qu'on ne peut
avoir un seul tarif pour une région agrandie, mais l'idée d'avoir
neuf zones nous semble gênante et compliquée. STOP propose qu'on
établisse quatre zones de façon à respecter les habitudes
des usagers et les
limites des frontières municipales. En référence
à la figure 14, à ma gauche, il s'agit d'assembler 1, 2 et 3; 4
et 5; 6 et 7 et 8 et 9, plus ou moins, parce que ça ne respecte pas
toujours les contraintes que nous avons à identifier.
De plus, STOP ne voit pas pourquoi on propose des tarifs internes plus
élevés à Laval et sur la rive sud qu'à
Montréal. Le réseau de Montréal est plus grand et les
coûts du métro sont nettement supérieurs. Merci, M. le
Président et MM. les membres de la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais d'abord
féliciter les gens de STOP d'avoir étudié la proposition
gouvernementale, de s'être penchés sur elle et d'avoir soumis
à la commission parlementaire des transports un mémoire. D'autre
part, je pense que c'est assez évident, il s'agit de la part de STOP
d'un appui assez général à la proposition gouvernementale.
Je voudrais en remercier ses membres et formuler immédiatement deux
commentaires quant à des questions qui ont été
soulevées par le groupe STOP.
Premièrement, en ce qui concerne la délimitation de la
région retenue, j'ai eu l'occasion de signaler plus tôt dans la
journée que la région de l'OPDQ était effectivement une
région possible à retenir. Nous avions retenu, quant à
nous, la région métropolitaine de recensement parce qu'elle nous
semblait, tant en termes de déplacements que de statistiques, de
territoires bâtis, constituer la meilleure délimitation qu'on
puisse retenir pour fins de discussion quitte à ce qu'elle soit
ajustée par la suite.
D'autre part, en ce qui concerne le covoiturage, le vélo, le taxi
collectif, ce n'est pas que le gouvernement et le ministère des
Transports se désintéressent de ces questions; elles ont
été traitées ailleurs dans d'autres documents, notamment
en ce qui concerne le covoiturage et le taxi collectif dans la proposition de
réforme du cadre réglementaire, si l'on veut, opérationnel
de l'industrie du taxi.
Deux questions, M. le Président. La première concerne les
zones tarifaires. Vous êtes d'accord quant à l'intégration
tarifaire, quant à la tarification en fonction de la distance;
maintenant, vous proposez qu'il y ait quatre grandes zones plutôt que les
huit ou neuf prévues dans le projet. J'aimerais savoir ce qui vous a
amenés à faire une telle suggestion puisque en ce qui concerne la
Communauté urbaine de Montréal, l'objection à des zones
tarifaires portait surtout sur la création de zones sur l'île de
Montréal. Votre proposition maintiendrait quand même la
présence de zones sur l'île de Montréal, diluant les
avantages d'une structure à six ou sept zones principalement, - à
six zones en fait - parce que, à l'extérieur, on commence
à diminuer considérablement le nombre de personnes
concernées. On diminue donc les avantages d'une tarification en fonction
de la distance et par contre, on garde les inconvénients, s'il en est,
d'une tarification zonale sur l'île de Montréal. Alors, j'aimerais
savoir ce qui vous a amenés à proposer quatre zones plutôt
que celles qui étaient proposées.
M. Mallory: M. le Président, d'abord, quand on dit que
quatre est mieux que neuf, on ne dit pas qu'exactement les mêmes limites
que vous aviez doivent être gardées; quand on dit un, deux et
trois ensemble, par exemple, et quatre et cinq ensemble, par exemple, les
limites peuvent varier encore un peu afin de respecter certaines limites des
différentes municipalités. Mais le principe qu'il resterait plus
d'une zone sur l'île de Montréal, je pense que c'est acceptable
pour nous. Ce qui est plus difficile, c'est d'avoir des petites zones dans le
centre-ville. Je sais bien que c'est pour les voyages interzonaux plutôt
qu'à l'intérieur de cette zone. Mais l'idée principale,
c'est que les usagers de la région de Montréal ne sont pas
habitués à un système de tarification compliqué.
(15 h 30)
En effet, c'est très facile maintenant. C'est un billet ou une
carte et on peut aller partout. Si on leur impose tout de suite un
système aussi compliqué que celui-là, cela peut
restreindre le nombre des usagers; les usagers additionnels surtout. Ceux qui
connaissent déjà le réseau savent où ils vont,
quels sont les moyens; peut-être qu'ils seront toujours prêts
à s'accommoder. Vous voulez, j'en suis certain, que plus de monde
utilise le système de transport en commun; il faut, à ce
moment-là, minimiser autant que possible les inconvénients, par
exemple, un système de tarification trop compliqué. C'est une des
raisons principales.
M. Clair: Je vous remercie. À la page 8, au premier
paragraphe, vous faites état de la participation des automobilistes ou,
en tout cas, des bénéficiaires non usagers que le gouvernement
propose d'introduire, mais de plafonner à 10% des coûts de
l'ensemble. Je cite les deux dernières phrases: "Mais le 10%, soit
à peu près 65 000 000 $, correspond à la valeur des
services de la police aux automobilistes. Il est difficile, à notre
avis, de dire qu'un groupe participe financièrement quand sa
contribution nette est négative". J'aimerais que vous m'expliquiez cette
affirmation et, si possible, ce qui est identifié comme services de la
police aux automobilistes dans la région de Montréal.
M. Mallory: La question est pas mal compliquée, comme vous
le savez, parce que la base de la question, c'est: Quels sont les coûts
dus au système de transport privé, d'abord, comparativement aux
revenus? Nous constatons qu'il y a plus de coûts identifiables que de
revenus identifiables; en plus, il y a d'autres coûts, des coûts
sociaux comme la pollution de l'air, qui ne sont pas inclus. Alors, pour le
réseau automobile, il y a ce grand déficit. Il y a
évidemment un déficit de l'autre côté, dans le
transport en commun, mais c'est cela que nous voulons démontrer d'abord.
S'il y a un déficit du côté du transport en commun, il y a
toujours un déficit de l'autre côté aussi. En termes
précis, quelle est le coût pour le service de police que nous
incluons pour une partie? Ce sont les policiers qui sont affectés
à des fonctions qui sont nettement liées à l'utilisation
de l'automobile. L'étude que nous avons faite en 1978 et dont nous
faisons mention a été faite plus ou moins par le service de
police de la Communauté urbaine de Montréal. Elle n'a pas
été faite par nous, elle a été faite pour nous par
le service de la police. Nous leur avons demandé quels coûts dans
leur budget sont reliés directement à l'exploitation de
l'automobile en ville. Nous avons fait une très bonne étude avec
tout leur service de comptabilité, avec leur ordinateur et tout cela.
Ils ont déterminé - j'oublie les chiffres - qu'il y avait quelque
chose comme 300 agents qui travaillaient à temps plein soit pour diriger
la circulation aux heures de pointe, soit pour donner des contraventions pour
le stationnement illégal, et tout cela. S'il n'y avait pas un
système d'autos, ces agents ne travailleraient pas, on n'en aurait pas
besoin. Le coût qu'ils ont identifié pour l'année 1975,
c'est plus de 30 000 000 $. C'est leur estimation, mais nous sommes d'accord.
Ce n'est pas tout le coût pour les routes, parce qu'il y avait aussi des
camions et des autobus sur les routes. La partie du budget consacrée
à l'auto est d'à peu près 30 000 000 $. Cette
année, on peut dire que cela a doublé depuis ce temps, entre 1975
et 1982, avec un taux d'inflation de 10% qu'on a subi. Cela donne le montant de
plus de 60 000 000 $. Les 10% de contributions financières des
automobilistes dont vous parlez ne sont que l'équivalent d'une
subvention déjà donnée par une seule instance du
gouvernement aux différents paliers, c'est le service de police de la
Communauté urbaine de Montréal. Il y a plusieurs subventions qui
ne sont pas des subventions directes, mais des coûts absorbés par
différents groupes favorables aux automobilistes. Je ne sais pas si j'ai
été clair ou non.
M. Clair: Oui, cela répond à ma question, je vous
remercie. C'étaient mes deux questions. Je termine simplement en
remerciant M. Mallory, président du groupe STOP, de s'intéresser
à la question du transport en commun. Je lui dis que je compte
effectivement sur eux pour continuer à faire la promotion du transport
en commun. Comme M. Mallory a eu l'occasion de le voir, au cours des deux
journées qu'il a passées ici, il faut pouvoir compter sur le
gouvernement et sur les groupes parce qu'il ne semble pas qu'on puisse compter
sur l'Opposition pour faire la promotion du transport en commun.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, je veux
remercier et féliciter STOP et M. Mallory pour leur mémoire. Je
voudrais comme première question savoir qui est STOP. Qui
représentez-vous exactement?
M. Mallory: STOP est un groupe de citoyens qui s'occupent des
problèmes de l'environnement. Il a été formé en
1970 et ses membres regroupent quelque 400 individus, surtout dans la
région de Montréal. Nous nous occupons des problèmes de
l'environnement dans le milieu urbain. Cela ne veut pas dire qu'on ne
s'intéresse jamais à des problèmes plus vastes comme le
nucléaire et qu'on ne se limite, par exemple, qu'à la
région de Montréal. Nous regardons surtout les problèmes
des milieux urbains, comme la pollution de l'air et de l'eau, qui est un cas
typique. Les questions de la planification, de l'aménagement du
territoire dans les régions urbaines et le rôle primordial du
système de transport dans ce domaine nous amènent ici...
M. Leduc (Saint-Laurent): Au début, quand vous parlez de
villes participantes et non participantes, vous dites: Selon STOP, cette
situation est tout à fait ridicule. Pourriez-vous me dire exactement
quelle est votre pensée? J'essaie de vous comprendre. Que pensez-vous
quand vous dites que c'est tout à fait ridicule?
M. Mallory: Par exemple, le groupe précédent, le
Comité intermunicipal de transport des Moulins a regroupé cinq
municipalités. Si on regarde la carte, on trouve que c'est en effet une
municipalité de comté, mais, de ces cinq municipalités,
quatre se trouvent à l'intérieur de la région
métropolitaine identifiée par Statistique Canada. Quel est le
meilleur zonage? Celui identifié par Statistique Canada ou une
région utilisée à propos de plusieurs problèmes
locaux? Comme instance locale, la région en question est clairement
urbanisée ou plus ou moins urbanisée, mais quatre des cinq
municipalités sont considérées comme
participantes. Pour quelle raison la cinquième est-elle
considérée comme non participante? Également, pour
préciser ce que M. Clair a mentionné, quand on regarde la carte
de la Commission de transport de Laval et d'autres commissions de transport de
la rive sud, comme des Autobus Métropolitain Sud, etc., la région
qu'elles desservent déjà est beaucoup plus grande que la
région métropolitaine. Alors, si on pense à regrouper ces
commissions et les différentes instances dans un superorganisme, nous ne
voyons pas pourquoi on parle d'une région qui a, d'ailleurs, une logique
en soi, mais nous remettons en question cette logique appliquée à
la question du transport en commun dans la région de Montréal. Le
problème, c'est que les petites villes, les banlieues de la
région 06, ont à peine un système de transport en commun.
Si leur système n'est pas relié au système de la
métropole, il va mourir; mais il n'existe pas et il n'existera pas non
plus. Mais une fois qu'on a étendu le système de la
métropole, cela peut maintenir des services, un lien avec la
métropole pour les petites villes et les villages. Comme cela, le
système de transport en commun pourrait desservir toute la
région. Si on ne le fait pas comme cela, tous les petits villages, un
peu plus loin dans les banlieues, ne seront pas desservis du tout par le
système de transport en commun. Il sera à l'avantage de la
métropole, et du centre de la métropole même.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous parlez, à la page 6, de la
ligne régionale de Castelnau-Vimont. Est-ce que vous avez fait une
évaluation du coût de cette ligne? Est-ce que ce n'est pas
utopique de penser qu'on pourrait établir cette ligne? Et le coût?
Est-ce que vous avez fait l'évaluation de cette ligne?
M. Mallory: Nous n'avons pas fait une étude
précise, mais je peux dire qu'en tant qu'économiste j'ai
regardé les chiffres avant de parler. Je ne peux pas dire que nous les
avons tous évalués pour dire que cela va coûter tant par
passager, par mille, etc., mais le système prévu qui est un
métro de surface n'a rien, d'après nous, d'après ce que
nous avons lu, de commun avec le rapport du groupe BAREM qui prévoyait
un système qui coûterait 450 000 000 $ pour desservir
l'aéroport de Mirabel; cela, c'était fou. C'est toujours fou de
penser dépenser 500 000 000 $ pour desservir deux ou trois avions par
jour. Mais quand on voit qu'il existe déjà une ligne ferroviaire
- on parle du "up grading", si je peux utiliser le jargon anglais - cette ligne
peut amener des trains à une vitesse un peu plus grande, pas à
très grande vitesse, et peut-être électrifiée. La
moitié du coût est généralement le coût
d'achat du terrain. Or il n'y a pas vraiment de question de coût d'achat
du terrain. La ligne est là; il y a des connexions potentielles
très appropriées avec les trois lignes de métro
existantes. Évidemment, toutes ces lignes transportent de nombreuses
personnes par heure, des milliers de personnes. S'il y a à ces trois
endroits des stations où il y a des correspondances sur le terrain
très faciles, il y aura beaucoup de passagers. Cela va servir d'abord
pour la population de Laval et de Sainte-Thérèse comme une ligne
d'heure de pointe qui doit être utilisée très
fréquemment. Et pour juste prolonger un peu vers
Saint-Jérôme et Mirabel cela ne coûterait pas très
cher. Je ne sais pas le coût exact qu'on doit considérer par mille
mais c'est une question de peut-être 2 000 000 $ le mille. C'est
raisonnable. On parle de 8 ou 10 milles, c'est peut-être 20 000 000 $ de
plus. Et cela, c'est au maximum je dois dire. Ce n'est pas du tout dans le
même ordre que l'étude qu'on a faite d'ailleurs sur le rapport
Mirabel. Avec le nombre de passagers... S'il n'y a pas de liens avec le
métro, ou juste avec la ligne 5 qui ne sera pas très
fréquentée, nous ne voyons pas l'utilité d'une ligne
Vimont-de Castelnau, par exemple. Cela ne vaudrait pas la peine, je pense. Mais
s'il y avait connexion avec Préfontaine et Sainte-Thérèse,
ce serait la meilleure étape en termes de possibilités. Si on ne
veut pas élargir le système, si on veut arrêter toute
construction au point actuel pour des raisons financières, on peut
considérer cela. Pour nous, c'est une idée qui mérite
d'être étudiée. C'est pourquoi nous l'avons soulevée
ici parce que cela doit être étudié. Vous avez
demandé si nous avons fait l'étude. Nous voulons que ce soit fait
d'une bonne façon.
Une voix: C'est sûr que cela aurait un impact financier
pour la ville de Laval. Est-ce que vous pensez que Laval embarquerait
là-dedans?
M. Mallory: Pourquoi pas? Cela va améliorer la
qualité du service de transport en commun pour elle. C'est moins
coûteux que le métro. Je sais bien que le métro peut
coûter maintenant, je ne sais pas, 30 000 000 $ le mille. C'est beaucoup
moins coûteux que le métro. Nous sommes d'accord avec le
gouvernement qu'il devrait y avoir un moratoire sur la construction du
métro, surtout dans la situation où le gouvernement municipal a
vu le système du métro comme un concurrent, entre autres
concurrents, et c'est cela qui a peut-être créé en partie
le problème du fardeau financier existant. C'est la concurrence entre
systèmes. Par exemple, entre la ligne vers Deux-Montagnes et la ligne
qu'on construit justement dans mon voisinage, et peut-être le vôtre
aussi, par Notre-Dame-de-Grâce vers Saint-Laurent,
avec la capacité du métro et la capacité de la
ligne ferroviaire, il est en effet inutile... je ne m'attends pas à voir
ces trains pleins comme on voit entre Atwater et Berri par exemple.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord, je voudrais remercier STOP et
M. Mallory pour leur mémoire. Je voudrais surtout les assurer de
l'intérêt du Parti libéral pour le transport en commun de
la région de Montréal.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: En terminant, M. le Président, simplement pour
remercier à nouveau, M. Mallory au nom du groupe STOP d'être venu
faire entendre son point de vue et le remercier encore une fois de l'appui
qu'il apporte au nom de son groupe à la proposition du gouvernement. Je
vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Pour ma part, au nom de tous
les membres de la commission, je remercie M. Mallory, et je le remercie
particulièrement pour sa collaboration et sa patience, étant
donné que, la semaine dernière, il était inscrit à
l'ordre du jour et malheureusement en raison du nombre de mémoires nous
n'avons pu le faire passer. Merci beaucoup M. Mallory.
M. Mallory: Merci beaucoup. Je suis content qu'on ait pu
s'arranger finalement pour que je puisse le présenter et pas juste le
déposer devant vous. J'espère que j'ai clarifié les points
discutables que nous présentons. Merci, à vous tous.
Le Président (M. Boucher): Merci. MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville
J'appelle maintenant la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville
représentée par M. Jean Blanchard, préfet.
M. Blanchard, si vous voulez vous identifier, identifier ceux qui sont
avec vous et procéder à la lecture de votre mémoire. Si
vous désirez le résumer pour permettre une période de
temps supplémentaire pour les questions...
M. Blanchard (Jean): D'accord, M. le Président.
Mesdames et messieurs, je voudrais vous présenter tout d'abord
ceux qui m'accompagnent. À l'extrême droite, M. Claude Dagenais,
gérant de la ville de Sainte-Thérèse. À ma droite
immédiate, Me Nolan Filiatreault, maire de la ville de Boisbriand et M.
Pierre Robitaille, maire de la ville de Rosemère.
M. le Président, nous avons eu l'occasion de déposer un
premier mémoire, le 1er octobre, dont, je suppose, vous avez pris
connaissance. Durant la période de questions tantôt, on y
reviendra peut-être, mais vu que nous avons déposé
seulement ce matin ce mémoire complémentaire, j'aimerais en faire
la lecture avec vous tous. Nous arrivons...
M. Clair: Juste une précision, M. Blanchard, si vous
permettez.
M. Blanchard: Oui.
M. Clair: Étant donné que je n'ai pas eu l'occasion
de prendre connaissance... Vous dites que c'est un mémoire
complémentaire, donc il ne remplace celui qui avait été
déposé...
M. Blanchard: Non pas nécessairement. Il ajoute des
éléments nouveaux...
M. Clair: II le complète, cela va...
M. Blanchard: ... ou des arguments nouveaux parce que ce premier
mémoire avait été préparé, si vous voulez,
à la toute dernière minute.
M. Clair: Je vous remercie.
M. Blanchard: Merci.
M. le Président, M. le ministre, mesdames et messieurs les
membres de la commission, pour faire suite au mémoire que nous vous
avons fait parvenir le 1er octobre 1982 concernant la proposition
gouvernementale sur l'organisation et le financement du transport en commun
dans la région de Montréal, nous désirons avec votre
permission y annexer le document complémentaire ci-joint.
Vous remerciant d'avance de la bonne attention que vous y accorderez,
nous vous prions d'agréer, mesdames et messieurs l'expression de nos
meilleurs sentiments.
Le transport en commun: un choix régional. Comme le titre de la
proposition gouvernementale le mentionne, le transport en commun doit
être un choix régional, c'est-à-dire que s'il est
implanté dans une région donnée, il doit l'être
à partir du choix que la population concernée aura fait
après en avoir analysé les avantages et les désavantages
et en avoir étudié les coûts et les implications
financières.
En ce qui concerne le territoire couvert par notre MRC, ce choix devrait
être fait par les citoyens de chacune des municipalités qui la
composent. Ceci implique donc que chaque municipalité devra consulter
ses citoyens dans le sens d'une véritable consultation qui tiendra
compte des opinions émises de part et d'autre, et non pas dans le sens
d'une tournée d'information qui
renseignera les citoyens sur une décision déjà
prise. Mais dans le cas présent, quel choix aura notre région
puisque la proposition gouvernementale la force à faire partie d'un
organisme régional de transport avec 30 autres partenaires? Dès
que cet organisme sera formé, quel choix aura notre région avec
une voix sur 31 dans les grandes décisions qu'il devra prendre comme
l'achat d'équipements sophistiqués, la mise en place
d'infrastructures dispendieuses, le prolongement du métro de
Montréal? etc?
Non, notre région n'aura aucun choix. Elle devra subir les
décisions prises par d'autres, mais elle devra quand même payer la
note.
À notre avis, le regroupement des municipalités en
organisme régional de transport, ou en conseils locaux de transport,
devrait se faire à partir d'une volonté locale et non pas
à partir d'une décision imposée par le gouvernement.
Enfin, nous sommes bien d'accord sur l'énoncé: "Le
transport en commun, un choix régional", mais à la condition que
l'on convienne tous que le mot "choix" veuille bien exprimer le sens de
"liberté".
Le transport en commun versus l'aménagement du territoire. La loi
125 sur l'aménagement et l'urbanisme a confié à la MRC la
responsabilité de l'élaboration du schéma
d'aménagement de son territoire et, une fois qu'il est en vigueur, de
voir à ce qu'il soit respecté par tous, y compris le
gouvernement.
Mais avant que la MRC puisse procéder à
l'élaboration de son schéma d'aménagement, le gouvernement
doit lui faire connaître les grandes orientations de ses
ministères et autres organismes sur le territoire concerné.
Compte tenu de toutes les procédures et formalités fixées
par la loi 125, il peut s'écouler une longue période de temps
avant que ce schéma d'aménagement soit complété. La
loi prévoit un délai de quatre ans.
Comment notre MRC peut-elle s'embarquer dans cette proposition
gouvernementale quand l'élaboration de son schéma
d'aménagement n'est même pas commencée, quand elle ne sait
pas encore quels équipements ou infrastructures l'ORT décidera
d'implanter sur son territoire, même si ce n'est pas son choix, quand
elle ne sait pas si le réseau routier actuel est satisfaisant pour le
genre de transport en commun que l'ORT décidera d'organiser sur son
territoire, même si ce n'est pas son choix, quand elle ignore ce qu'il
adviendra du grand projet de transport rapide Montréal-Mirabel qui
devait traverser son territoire, projet qui a fait l'objet de nombreuses
études fort coûteuses?
Si cette proposition gouvernementale est l'une des grandes orientations
dont parle la loi 125, ne devrions-nous pas attendre de connaître les
autres orientations du gouvernement avant de prendre une décision qui
peut affecter une grande partie de notre territoire?
Comme notre MRC doit commencer, avant le 12 décembre 1982, les
procédures en vue de l'élaboration de son schéma
d'aménagement, et comme elle ne connaîtra pas les orientations du
gouvernement avant plusieurs mois, nous sommes d'avis que cette proposition
gouvernementale est à tout le moins prématurée et nous
suggérons un moratoire tant et aussi longtemps que la MRC et les
municipalités qui la composent n'auront pas en main tous les
éléments nécessaires à une prise de décision
éclairée.
À cet effet, nous suggérons qu'une table de concertation
municipale soit formée avec les autorités de Laval afin
d'analyser les besoins de nos concitoyens et d'en évaluer les
coûts, étant bien entendu que les autorités municipales de
notre MRC veulent bien prendre leurs responsabilités, mais ne veulent
payer que pour les services rendus à leurs concitoyens et pas plus.
L'impact financier. Comme nous l'avons souligné dans notre
rapport déposé le 1er octobre, la quote-part de la MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville, qui devait être à
l'origine de 34 000 $, a été substantiellement auqmentée
à 726 000 $.
Où allons-nous prendre les fonds nécessaires pour payer
cette quote-part, résultat d'un choix régional que nous n'avons
pas fait? Il est bien évident que nous n'aurons pas d'autre choix que
d'augmenter la taxe foncière de nos contribuables, augmentation
calculée à 8%.
N'est-ce pas contraire au grand principe établi par le
gouvernement lors de la réforme de la fiscalité municipale
lorsque tant le ministre des Finances que le ministre des Affaires municipales
déclaraient qu'aucune responsabilité nouvelle ne serait
dévolue aux municipalités sans qu'elle soit accompagnée
d'un transfert équivalent de revenus?
À la page 25 du résumé de la proposition
gouvernementale, il est mentionné que la participation financière
du gouvernement atteint un niveau qui dépasse les
bénéfices qu'en retirent l'ensemble des citoyens du
Québec, en particulier ceux résidant à l'extérieur
de la région de Montréal.
C'est possible, mais nous pouvons déjà déclarer que
la participation financière des municipalités de la MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville a déjà atteint, avant
même de commencer, un niveau qui dépasse les
bénéfices qu'en retireront l'ensemble de leurs citoyens.
De plus, à cette même page 25, il est écrit: La
contribution des municipalités devrait donc être basée sur
les services rendus sur leur territoire et sur les bénéfices
qu'en retirent leurs contribuables en termes de mobilité, de
qualité de vie et de bon fonctionnement de l'activité
économique. (16 heures)
Que ces choses sont bien dites et que les thèmes choisis sont
beaux! Mais je voudrais que le gouvernement nous démontre bien
clairement quels services additionnels seront rendus sur notre territoire et
quels avantages additionnels retireront nos contribuables en termes de
mobilité, de qualité de vie et de bon fonctionnement de
l'activité économique pour justifier une surtaxe de 726 000 $ la
première année, surtaxe qui n'ira sûrement pas en diminuant
les années suivantes. Nous n'avons qu'à examiner la progression
de l'augmentation des dépenses de la CTCUM au cours des dix
dernières années.
Le territoire de notre MRC est desservi par la Commission de transport
de Laval et le corridor
Laval-Sainte-Thérèse-Saint-Jérôme est rentable et
même profitable. Les autorités l'ont établi et le document
contenant la proposition gouvernementale déclare, à
l'avant-dernier paragraphe de la toute dernière page, que le surplus du
réseau suburbain de la CTL vient diminuer le déficit du
réseau urbain (176 000 $ en 1982).
Il y aurait peut-être lieu de réviser en conséquence
les tarifs de nos usagers et de réévaluer les besoins de nos
concitoyens en termes de transport en commun. Les autorités municipales
de notre MRC sont disposées en tout temps à faire cette
étude, à favoriser un plus grand usage du transport en commun,
mais, avant de procéder à une réforme globale du transport
en commun sur notre territoire, elles veulent connaître les coûts
réels afin de consulter leurs contribuables puisque ce sont eux,
finalement, qui paieront la note.
Incohérence des politiques gouvernementales. Le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur du Québec a mis de
l'avant un programme fort louable nommé Corvée-Habitation, dans
le but de relancer la construction. Dans le cadre de ce programme, les
municipalités de la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville ont
adopté un règlement prévoyant des subventions aux
propriétaires de maisons neuves. Ce faisant, les municipalités
voulaient collaborer et coopérer avec le gouvernement dans son programme
de relance.
Au cours d'une conférence que le ministre Guy Tardif donnait
à Sainte-Thérèse le 1er octobre 1982, il vantait les
mérites de son programme en citant des exemples d'entrepreneurs de
Drummondville, de Sainte-Foy, de l'Outaouais, qui avaient déjà
construit plusieurs dizaines de nouvelles maisons conformément à
son programme. À la suite de sa conférence, j'ai
déclaré au ministre que j'étais heureux des
résultats obtenus jusqu'ici, mais qu'il était significatif de
constater que ces entrepreneurs construisaient dans des régions
où il n'y a pas d'autoroutes à péage.
Qu'on veuille l'admettre ou non, le financement d'une partie des
coûts du transport en commun par l'augmentation du péage sur les
autoroutes est tout à fait inacceptable pour nous, car ce péage
constitue une disparité régionale et une injustice sociale pour
notre MRC et pour les Basses et Hautes-Laurentides.
La situation actuelle est la suivante. D'une part, le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur encourage l'accès
à la propriété modeste, le prix des maisons étant
limité à 60 000 $, et incite à construire dans des
développements de faible densité à des endroits où
les terrains sont moins dispendieux, généralement en dehors de
Montréal, les nouveaux propriétaires se devant même de
posséder une automobile, sinon deux.
D'autre part, le ministère des Transports adopte une politique
d'encouragement à l'utilisation du transport en commun et incite les
gens à s'établir sur l'île de Montréal. Pour ce
faire, il taxe à l'extrême l'utilisation de la voiture par des
péages autoroutiers spéciaux et, en plus, il propose aux
propriétaires de maisons neuves de leur faire payer, par le biais d'une
taxe foncière dont l'odieux reposera évidemment sur le dos des
municipalités, une quote-part pour le réseau des transports en
commun qu'ils n'ont pas et pour lequel ils n'auront jamais droit au
chapitre.
Donc, dans les faits, le programme mis de l'avant par un
ministère dans un but de relance économique se trouve
pratiquement annulé par les politiques préconisées par un
autre ministère du même gouvernement.
Le même phénomène se produit dans le cas du
ministère de l'Industrie et du Commerce qui, le 1er octobre 1982,
remettait une subvention substantielle à la Société de
développement économique de Groulx, nouvellement formée,
pour lui permettre de promouvoir le développement économique,
commercial, industriel et touristique des municipalités formant la MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville.
Comment pouvons-nous penser qu'une industrie, par exemple,
déciderait de s'implanter chez nous avec des autoroutes dont le
péage a déjà été doublé et qui sera
triplé bientôt, ainsi qu'une taxe de transport en commun qui ne
fera qu'augmenter d'une année à l'autre, alors que cette
même industrie pourrait s'installer dans une autre région qui n'a
ni péage autoroutier, ni taxe de transport.
Encore ici, tous les efforts qui seront déployés par notre
société de développement économique, avec l'appui
financier du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme seront annulés par les politiques du ministère
des Transports. Il nous semble opportun ici de suggérer bien
respectueusement qu'une meilleure cohérence puisse exister entre les
politiques mises de l'avant par les différents ministères du
gouvernement.
Vivre à Montréal ou en banlieue. La proposition
gouvernementale expose clairement qu'il faut inciter les gens à
s'installer à l'intérieur des limites actuelles du territoire
urbanisé et favoriser l'amélioration de la qualité de vie
sur l'île de Montréal. Il est bien évident que nous ne
pouvons nous opposer à ce que le territoire urbanisé de
l'île de Montréal soit peuplé et que la qualité de
vie soit améliorée, mais pour en arriver là faut-il
étouffer les villes de banlieue par des mesures coercitives dont
certaines sont déjà appliquées et d'autres
préconisées dans la proposition gouvernementale? Si cela se
produit, nous courons le risque de nous retrouver dans quelques années
avec des municipalités presque vides, sinon des bidonvilles, en
périphérie d'une seule grande agglomération dotée
de superservices où logeront les gens en moyens et les biens-nantis.
En effet, les gens riches et en moyens seront capables d'habiter la
grande ville bien organisée, alors que les gens moins riches qui ont fui
la métropole parce qu'ils n'avaient pas les moyens de payer les services
que la grande ville leur imposait à cause d'idées dispendieuses
ou de politiques de grandeur vont demeurer sur place dans les petites villes de
banlieue, mais ils n'auront plus l'aide de leurs concitoyens plus riches pour
maintenir dans leur propre municipalité les services essentiels.
En résumé, il pourrait arriver que nous de la banlieue
conserverons les HLM et la grande ville va récupérer les autres.
Devons-nous souscrire à une politique qui forcément va favoriser
un tel clivage de notre société et va rompre l'équilibre
actuel des composantes sociales de nos petites municipalités? Notre
réponse est non, d'autant plus que, si nos villes de banlieue
étaient étouffées de façon à tout concentrer
sur l'île de Montréal, nous devrons, dans un avenir pas tellement
éloigné, chercher des solutions de déconcentration qui ne
pourront se réaliser qu'à des coûts tout à fait
faramineux.
En conclusion, pour toutes les raisons mentionnées dans le
présent mémoire comme dans celui déposé le 1er
octobre et:
Considérant la très grande importance du dossier et sa
profonde complexité, et que le délai accordé pour
réagir et prendre des décisions valables est totalement
insuffisant pour les municipalités impliquées qui n'ont pas les
services de recherche et d'étude des grandes villes et du gouvernement
lui-même, et de plus n'ont pas accès facilement aux données
actuelles des commissions de transport existantes;
Considérant que les données fournies lors des
réunions d'information sur le sujet ne sont pas du tout en concordance
avec celles énoncées par le ministère des Transports,
incohérences et ambiguïtés soulignées dans le premier
mémoire déposé par la MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville;
Considérant qu'un des principaux objectifs de la proposition
gouvernementale est de créer un organisme supramunicipal, l'Office
régional de transport, au sein duquel notre MRC n'aura qu'une
insignifiante représentation auprès de partenaires trop puissants
et beaucoup plus intéressés de partager avec elle leurs
obligations financières;
Considérant que la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville
et les municipalités qui la composent n'ont pas l'intention de jouer le
rôle d'observateurs impuissants face à un tel organisme et n'ont
pas non plus l'intention de jouer le rôle odieux de percepteurs de fonds
pour le développement du transport en commun dans des
municipalités beaucoup plus riches qui ont parfois tendance à se
doter de services "chromés" au soutien de leur prestige;
Considérant enfin que la proposition gouvernementale
soulève de très nombreuses interrogations, à preuve le
grand nombre de mémoires déposés s'opposant au projet ou
tout au moins soulignant des inquiétudes sérieuses;
En conséquence, au nom de la MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville et des municipalités qui la
composent, que j'ai l'honneur de représenter ici, je formule madame et
messieurs, et avec beaucoup d'insistance, une demande en sept points qui se
résume comme suit:
Premièrement, que le gouvernement impose un moratoire sur
l'implantation d'une autre superstructure dont nous ignorons les coûts et
les retombées; deuxièmement, que le gouvernement démontre
d'abord que le système proposé répond à un
véritable besoin de transport en commun dans notre région
à un coût raisonnable; troisièmement, que le gouvernement
cesse de s'acharner sur la région défavorisée des
Basses-Laurentides et plus particulièrement sur les automobilistes en
leur imposant des contraintes économiques qu'il n'a pas osé
imposer aux autres citoyens du Québec; quatrièmement, que le
gouvernement consulte vraiment et sérieusement les citoyens par
l'intermédiaire des municipalités et qu'il laisse à
celles-ci le soin d'établir les services de transport en commun qu'elles
désirent aux coûts que les citoyens sont prêts à
payer; cinquièmement, que le gouvernement respecte l'esprit de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme et fasse part aux municipalités
régionales de comté des grandes orientations de ses
différents ministères et organismes afin que les MRC
puissent remplir le rôle préconisé par le
législateur et donner à leurs concitoyens les services collectifs
qu'ils désirent, y compris le transport en commun.
Sixièmement, que le gouvernement arrête de vouloir nous
imposer à tout prix ce dont nous ne voulons pas et qu'il nous donne tout
simplement ce que nous demandons.
Septièmement, que le gouvernement respecte les engagements qu'il
a pris lors de la réforme de la fiscalité municipale, à
savoir qu'aucune responsabilité nouvelle ne sera dévolue aux
municipalités sans qu'elle soit accompagnée d'un transfert
équivalent de revenus.
Le tout respectueusement soumis.
M. Clair: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Blanchard.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, malgré le fond de la
position de la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville, j'aimerais dire
qu'il y a quand même un élément qui me réjouit,
comme ministre des Transports. C'est le fait que la position vienne de la MRC,
donc d'un regroupement de municipalités conscientes des besoins de
transport dans l'ensemble d'une dimension sous-régionale ou
intermunicipale ou locale - appelons-là comme on voudra - mais dans un
ensemble de municipalités. Ne serait-ce que cela, d'amener une prise de
conscience au niveau sous-régional des besoins en transport et de la
nécessité d'une concertation entre des municipalités, je
pense que, déjà, on aurait franchi un pas énorme, comme le
soulignait M. Fontaine, représentant le Comité intermunicipal des
Moulins. Déjà, en soi, il y a un pas très important de
franchi. Je comprends, la position est claire, on ne peut plus limpide, de la
part de la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville.
Deux commentaires avant de poser une question. Premièrement, en
ce qui concerne les écarts de 34 000 $ à 726 000 $, j'ai eu
l'occasion d'expliquer qu'en fait le COTREM s'était basé sur des
documents qui avaient été fournis par la Commission de transport
de Laval. Juste pour le souligner aussi à mon collègue de Laporte
- ce n'est nullement pour blâmer la CTL, compte tenu qu'il n'y avait pas
de comptabilité et qu'il n'y a toujours pas de comptabilité
séparée entre le réseau hors territoire et le
réseau CTL - les premiers chiffres que la CTL avaient fournis
étaient ceux-là. Dès que l'on s'est aperçu qu'il y
avait lieu de corriger, on ne l'a pas fait en cachette. Les groupes ont
été informés de la correction à apporter, ce qui
démontre que lorsque les chiffres sont inexacts, on ne vise pas à
se conter des peurs et à en conter à d'autres.
En ce qui concerne la réforme de la fiscalité municipale,
aucune responsabilité nouvelle ne sera dévolue aux
municipalités sans qu'elle ne soit accompagnée d'un transfert
équivalent de revenus. Là-dessus, je voudrais simplement
signifier que vous avez tout à fait raison de le souligner, M.
Blanchard, c'est tout à fait exact. La réforme de la
fiscalité municipale reconnaissait également que le transport en
commun était d'abord et avant tout une responsabilité locale.
L'esprit de la réforme dans ce sens, la suite de la réforme de la
fiscalité municipale, c'est de concrétiser le contrôle
effectif des élus municipaux à leur commission de transport, mais
également dans les cas rares mais dont vous avez la chance de faire
partie, à savoir les municipalités qui reçoivent un
service, mais qui n'ont pas encore été impliquées
financièrement, de notre point de vue, il ne s'agit pas d'une
responsabilité nouvelle et générale. Je comprends que dans
vos municipalités, cela peut se traduire comme une responsabilité
nouvelle, c'est évident. Jusqu'à maintenant, c'est la CTL. Il y a
toute la discussion, à savoir si la CTL fait des profits ou des
déficits. La Commission de transport de Laval, à la demande de
l'administration de la ville de Laval, est en train d'aligner ses chiffres.
C'est légitime, le conseil municipal de Laval veut en avoir le coeur net
sur cette question.
En ce qui concerne l'organisme régional de transport, je dirai
aux gens de la MRC de Sainte-Thérèse-de-Blainville que l'objectif
du gouvernement - je me répète - sur la taxe foncière ne
sera jamais, tant que nous constituerons le gouvernement - dans 50 ans, je ne
sais pas ce qu'il en sera - dans la proposition du gouvernement...
Une voix: Dans deux ou trois ans...
M. Clair: Cela a été sérieusement
examiné et carrément rejeté par le gouvernement, la
possibilité de donner à la Communauté urbaine de
Montréal ou à qui que ce soit le pouvoir d'envoyer des
quotes-parts sur la taxe foncière pour la mise en place
d'équipements, pour l'achat d'équipements sophistiqués, la
mise en place d'infrastructures dispendieuses, l'extension du métro,
etc. Il est exact qu'on propose la création de trois nouvelles sources
de financement pour le transport en commun, mais la taxation foncière
n'est en aucune façon concernée puisqu'on vise justement à
ce que la taxation foncière soit réservée aux
décisions prises par la municipalité pour respecter le principe
que vous énoncez dans votre cinquième conclusion: donner aux
citoyens les services collectifs qu'ils désirent, y compris le transport
en commun à même leurs sources autonomes de financement.
(16 h 15)
Je comprends donc la problématique pour l'organisme
régional de transport et votre opposition. J'essaie simplement de vous
rassurer sur ce point, étant conscient cependant que vous ne pouvez pas
accepter facilement et que même vous n'acceptez pas du tout les trois
nouvelles sources de financement, notamment celles des péages. Mais, au
moins en ce qui concerne la création d'un organisme régional de
transport capable d'envoyer des quotes-parts sur la taxe foncière, je
vous dis, au nom du gouvernement, que la réponse est non. On a
refusé cette hypothèse et j'ai eu l'occasion de dire au
président de la Communauté urbaine de Montréal qu'il en
était nullement question.
Concernant l'organisme régional de transport, je comprends votre
position, mais je pense que les conséquences de la mise sur pied d'un
organisme régional de transport seraient beaucoup moins importantes que
vous pouvez le percevoir pour vos municipalités. Là où il
y a un problème dans votre région, comme dans toute la
périphérie en dehors de la CTRSM, de la CTL et de la CTCUM, c'est
que, jusqu'à maintenant, sur la rive sud et pour le réseau
Métropolitain provincial, les municipalités reçoivent des
quotes-parts pour un service qu'elles n'ont jamais demandé. Dans votre
région, la situation est encore différente, là, c'est la
CTL qui opère, qui définit le service, qui gère le service
de transport en commun chez vous. Vous dites, dès le départ: Un
choix régional, il le sera à partir du choix que la population
concernée aura fait après en avoir analysé les avantages
et les désavantages et en avoir étudié les coûts et
les implications financières. L'objectif qu'on poursuit pour votre
région, c'est justement cela. C'est d'éviter justement que qui
que ce soit vous impose un niveau du service, une tarification et des
déficits que vous n'auriez pas choisis. Alors, compte tenu du fait
qu'actuellement, il y a une étude en cours à Laval, si
l'étude révèle qu'effectivement c'est rentable, on en
conviendra, vous allez probablement vous arranger avec les décisions de
Laval et faire des représentations, etc. Quand il n'y a pas de
déficit au bout, vous avez probablement la même attitude que moi,
tant mieux si cela va, ne changeons rien. Mais le problème est que s'il
advient que le réseau extérieur de la CTL est déficitaire,
moi, je ne voudrais pas me retrouver dans une situation où on aurait
à vous imposer quelque chose. C'est pourquoi, pour respecter la Loi sur
l'aménagement du territoire et non pas la transgresser, pour donner le
pouvoir réclamé à un regroupement de municipalités
sur la base des MRC ou sur la base des corridors de transport, justement
après avoir analysé les avantages, les désavantages, les
coûts et les implications financières, pour vous donner la
possibilité juridique de transiger avec un transporteur public ou
privé, bien sûr, en en acceptant les conséquences, cela me
semble aller exactement dans le sens de ce que vous souhaitez et que le
gouvernement respecte l'esprit de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, fasse part aux municipalités régionales de
comté des grandes orientations de ces différents
ministères et organismes, afin que les MRC puissent remplir le
rôle préconisé par le législateur et donner à
leurs citoyens les services collectifs qu'ils désirent, y compris le
transport en commun.
Ce qu'on propose pour votre territoire, ce n'est pas des
infrastructures, ce n'est pas un service d'autobus. Comme municipalité
régionale de comté ou conseil local intermunicipal de transport,
on vous donne cette possibilité de choisir, de savoir ce qui
répond le mieux aux besoins de vos citoyens en termes de service, en
termes de contrôle du service qui est offert dans votre territoire.
J'ai l'impression qu'en mettant à part, encore une fois, la
question de l'organisme régional de transport, de façon plus
régionale ou plus locale chez vous, la grande question qui se pose est
celle-là. Je le disais ce matin, heureusement, chez vous, on a du temps,
alors que, sur la rive sud de Montréal et dans d'autres
municipalités, on n'en a pas. On sait que les déficits sont
là et les usagers ne veulent pas prendre des augmentations trop fortes;
les municipalités du Conseil des maires de la rive sud refusent de payer
pour le déficit hors territoire, les municipalités qui
s'étaient vu imposer des quotes-parts refusent de les assumer. On veut
éviter que cela se produise dans votre territoire.
Je termine ma question en disant: Votre proposition, à la page 5:
"Nous suggérons qu'une table de concertation municipale soit
formée avec les autorités de la ville de Laval afin d'analyser
les besoins de nos concitoyens et d'en évaluer les coûts,
étant bien entendu que les autorités municipales de notre MRC
veulent bien prendre leurs responsabilités, mais elles ne veulent payer
que les services rendus à leurs concitoyens et pas plus".
Moi, je vous le dis, M. le préfet, j'achète cela à
100%. On n'a jamais pensé que la proposition, d'abord, formait un tout
indissociable. On a voulu présenter une vue d'ensemble. On n'a jamais
pensé non plus qu'elle pourrait, le 1er janvier au matin, être
mise en place telle qu'elle est annoncée dans le livre blanc, sous les
applaudissements de l'agglomération de Montréal en
général. On était conscient qu'il y avait des
difficultés, qu'on avait besoin d'avancer sur certains points dans le
but d'en venir, justement, à ce que votre MRC dit: si cela correspond
à vos besoins. Je dois dire que je ne me souviens pas assez des
corridors de transport
dans votre territoire pour vous dire si la MRC est le bon
découpage, mais celui que vous choisirez... Puisque vous êtes
prêts à discuter avec la ville de Laval, avant même
d'être légalement formés en conseil local de transport, je
vous invite, et j'accepterais volontiers qu'immédiatement vous vous
mettiez à discuter avec Laval. Les gens de COTREM seront disponibles
pour vous aider dans la préparation de décisions qui seront les
vôtres justement.
Est-ce que vous accepteriez de traduire cette suggestion dans la
réalité et le plus rapidement possible de vous mettre avec Laval,
d'accepter que les gens du COTREM représentant le ministère des
Transports puissent y participer et de mettre cela en marche le plus rapidement
possible afin d'éviter qu'un bon jour on se réveille simplement
avec la ville de Laval qui dise: Moi, je n'offre plus de services, parce qu'ils
sont déficitaires, ou je vous envoie des quotes-parts, ou j'augmente
considérablement les tarifs, ou je diminue le service? Dans votre
premier mémoire il y a une affirmation que je trouvais
présomptueuse. On disait, à la page 8: "Sans inviter la CTL
à retirer son service actuel, si elle le désire, nous
présumons que le remplacement du service qu'elle donne serait rapidement
effectué." Je m'étais mis une petite note: Par qui, à ce
moment-là?
Alors, afin d'éviter que cela se passe, accepteriez-vous de
mettre en marche le comité en question et que des gens du COTREM
puissent vous fournir toute la documentation disponible, soumise à la
critique, à l'analyse, il n'y a pas de cachette là-dessus, pour
en venir le plus rapidement possible à l'objectif que vous souhaitez,
à savoir donner à vos citoyens les services collectifs qu'ils
désirent, y compris le transport en commun, après analyse des
coûts et des implications financières?
Le Président (M. Boucher): M.
Blanchard.
M. Blanchard: Oui, M. le ministre, je suis bien d'accord avec
vous sur cette prise de position en ce sens que la MRC devrait d'ailleurs, on
l'a mentionné dans notre mémoire - s'asseoir avec les
autorités de la ville de Laval ou de la CTL. D'ailleurs, effectivement,
j'ai déjà, avec d'autres collègues, rencontré le
maire de Laval au mois d'août à tout le moins et nous avons
déjà mentionné cette hypothèse en ce qui concerne
le transport en commun dans notre région.
Si vous me permettez de reprendre les différents points que vous
avez mentionnés dans vos commentaires... Ce que vous avez dit est
peut-être vrai, soit que la CTL ou les autres commissions ne tiennent pas
de comptabilité séparée...
M. Clair: Seule la CTL n'en tient pas.
M. Blanchard: Du moins en ce qui nous concerne, la CTL ne tient
pas de comptabilité spéciale et détaillée pour le
réseau suburbain. Sauf que, d'après les déclarations que
nous avons entendues de Laval, d'après un rapport qu'on peut dire secret
et qui date de 1979 et également dans votre proposition gouvernementale,
à la toute dernière page, le réseau suburbain est
profitable. Non seulement il n'est pas déficitaire, mais il est
profitable. Alors, notre corridor,
Laval-Sainte-Thérèse-Saint-Jérôme, est profitable et
actuellement, aux citoyens, aux contribuables de notre région, cela ne
coûte rien en termes de taxes municipales. Évidemment, vous pouvez
toujours argumenter en disant que si le gouvernement paie une proportion
quelconque du déficit de la CTL ou du transport en commun en
général, ce sont les citoyens qui paient, c'est vrai. Par contre,
si les municipalités, en vertu de la proposition qui est mise sur la
table, doivent trouver 726 000 $ en ce qui concerne le train inversé,
où ces municipalités devront-elles trouver l'argent? Poser la
question, c'est trouver la réponse. Les municipalités n'ont qu'un
moyen d'aller chercher de l'argent, c'est par le biais de la taxe
foncière. Et qui, je le répète, je l'ai mentionné
dans le mémoire, en aura l'odieux? Les municipalités. 11 est bien
entendu que les municipalités de la MRC veulent prendre leurs
responsabilités. Nous en avons discuté ensemble, nous en avons
même parlé avec les autorités de la ville de Saint-Eustache
qui est la municipalité voisine. Il y a une table de concertation qui
devrait s'installer dans notre région mais la décision qui sera
prise, ce sera une décision locale, qui ne viendra pas d'en haut. Ce
sont les municipalités qui la prendront, mais après avoir
consulté leurs citoyens et surtout leur avoir dit: Cela va vous
coûter tant, êtes-vous prêts à payer?
Vous me dites et le gouvernement, selon la proposition, ne veut pas
forcer l'organisme régional de transport à taxer. C'est bien
normal. Quitte à se répéter, cet organisme n'a pas, selon
la proposition, de pouvoir de taxation, mais les municipalités qui vont
en faire partie l'auront, ce pouvoir de taxation, et devront l'utiliser.
En ce qui concerne le service de la CTL sur notre territoire, comme
mentionné dans le rapport, il est bien évident que ce service
peut être amélioré. Indépendamment du profit que la
CTL fait actuellement, d'après les chiffres qui nous ont
été fournis, ce service pourrait sûrement être
amélioré et peut-être que d'autres lignes pourraient
être ouvertes à l'intérieur de notre territoire. Mais,
encore là, c'est une décision qui devrait être prise par la
population et par les autorités locales. Effectivement, nous
avons déjà, en ce qui concerne la ville de
Sainte-Thérèse, à tout le moins, fait des modifications au
tracé de la CTL dans notre territoire. Ces modifications ont
été faites, ont été acceptées de part et
d'autre après discussions avec la CTL et après avoir
analysé les coûts possibles qu'une telle modification pouvait
apporter ou impliquer. Une fois que cette étude a été
faite, les deux parties ont décidé de la modification à
apporter et elle a été apportée à la satisfaction
de tout le monde. C'est dans cet esprit que je dis que les municipalités
de notre MRC veulent discuter de ce transport en commun dans notre
région, mais est-ce que nous sommes obligés de faire partie de
cette grande superstructure qu'est l'ORT et puis de payer finalement les
montants qui nous ont été mentionnés? Lorsque nous avons
appris que c'était 34 000 $ selon les tableaux et la documentation
fournie par les officiers de votre ministère, on s'est dit que pour 34
000 $ répartis entre six des sept municipalités de notre MRC, il
n'y avait pas de quoi fouetter un chat. On verra bien si cela peut
améliorer le système de transport en commun dans notre
région. Mais lorsque, deux jours avant la date limite pour le
dépôt des mémoires, très exactement le 29 septembre
dans l'après-midi, grâce à la perspicacité de nos
gérants municipaux qui ont communiqué avec le COTREM, nous avons
appris que de 34 000 $ le montant s'était élevé à
726 000 $, vous comprenez facilement, M. le ministre, la réaction que
nous pouvons avoir vis-à-vis d'une organisation semblable. (16 h 30)
M. Clair: Étant donné que mon collègue, le
député de Groulx, avait également des questions, je ne
voudrais pas prendre trop de temps. Simplement pour encore une fois excuser les
gens, - vous comprenez que je les ai pas préparés moi-même
personnellement ces chiffres - qui fonctionnaient avec des chiffres d'une
première série de tableaux. Je comprends que cela peut
inquiéter des gens que quelques jours à peine avant de prendre
une position, ils voient modifier ainsi les chiffres; mais je pense qu'on a
simplement voulu en ce qui concerne les fonctionnaires être honnête
et reconnaître qu'il y avait place à correction, de façon
importante, avec les réserves que j'ai faites plus tôt.
Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre ne finit pas de
se morfondre en excuses au sujet...
M. Clair: Et vous, vous vous comportez comme un arrogant.
M. Bourbeau: ... des chiffres que nous fournit le
ministère des Transports et le COTREM. Je pense qu'on doit dire que le
ministre est honnête en donnant les vrais chiffres. Je dirais que non
seulement il ne serait pas honnête de donner les mauvais chiffres, mais
cela ne serait même pas intelligent de sa part de tenter de donner des
chiffres qui n'auraient pas de relation avec la réalité. En
vérité, est-ce que vraiment on peut, comme cela, arrêter et
dire: "Nous nous excusons, nous avons donné des mauvais chiffres." On
pourrait donner des excuses et des raisons. Mais quand on parle d'un
problème aussi important que celui qui nous confronte
présentement, les coûts du transport en commun dans la
région de Montréal, quant à nous, on reste très
perplexe devant le professionnalisme des gens j'inclus dans cela, le
ministère des Transports - qui se permettent de lancer dans le
décor des chiffres semblables. Si c'étaient des amateurs, on
pourrait donner des excuses et des raisons, comme tente de faire le ministre
continuellement; mais on tient pour acquis nous, de ce côté-ci,
que les gens qui avancent des chiffres sur la table sont des professionnels,
des gens qui connaissent un peu ce que c'est. Dans le cas présent, vous
nous dites que le 5 août 1982, ce n'est pas avant le déluge, aussi
récemment que le 5 août 1982, le COTREM émettait un
document qui vous disait: "Les gens de la MRC Sainte-Thérèse,
cela va vous coûter 34 000 $." On suscitait des espoirs chez vous et on
avait une proposition de réforme.
Le 29 septembre, grâce à la perspicacité, comme vous
le dites, de vos propres agents fonctionnaires municipaux qui ont
communiqué avec le ministère des Transports, on vous dit: "Nous
n'avions pas des bons chiffres, nous nous sommes trompés, ce n'est pas
34 000 $, c'est 726 000 $ que cela va vous coûter". Légère
différence, on parle d'une somme qui est 21 fois plus importante que la
première. J'ai tenté de faire des pourcentages tout à
l'heure. J'ai apporté ma règle à calculer parce que les
chiffres sont tellement importants et cela me donne un pourcentage d'erreur de
2035%. On ne parle pas de 10%, 20% ou 30% comme l'a fait le ministre des
Finances, dans son déficit annuel du budget du Québec, mais on
parle de 2035% d'erreurs.
M. Clair: Vous nous impressionnez.
M. Bourbeau: Nous, de ce côté de la table on se dit:
si les fonctionnaires du gouvernement se trompent de 2035% quand ils donnent
des chiffres à la MRC Sainte-Thérèse, quelle foi doit-on
apporter aux chiffres qui nous sont donnés? Ils nous disent qu'on a une
bonne raison ou une bonne excuse comme dirait le ministre, c'est que
les chiffres de Laval n'étaient pas de très bons chiffres.
Le ministre vient juste de nous dire tout à l'heure qu'on était
encore à fouiller dans les dossiers. Il nous a dit qu'à l'heure
où on se parle, la ville de Laval n'a pas encore les chiffres. Il vient
de nous dire il y a cinq minutes, vous pourrez regarder dans le journal des
Débats, qu'au moment où on se parle, on ne les a pas encore les
chiffres, que la ville de Laval est en train de ressortir tous les chiffres
pour voir quel est le coût réel du transport en commun à
Laval et quel est le coût réel dans le budget de la CTL pour la
partie qui est en dehors de Laval. Donc, de l'aveu même du ministre, on
ne les a pas les coûts aujourd'hui. Pourtant on vous a donné un
chiffre de 726 000 $. Si j'étais maire de Sainte-Thérèse
ou préfet de la MRC Sainte-Thérèse je prendrais encore ces
chiffres avec un grain de sel. Car si, il y a un mois et demi, on admet qu'on
n'avait pas les bons chiffres, qu'est-ce qui nous dit qu'aujourd'hui on a les
bons chiffres? Je ne pense pas qu'on ait plus de raisons d'avoir les bons
chiffres aujourd'hui qu'il y a un mois et demi; car le ministre admet qu'on est
encore en train de fouiller dans les chiffres et qu'on ne les a pas encore
aujourd'hui. Maintenant, vous parlez d'incohérence entre les divers
ministères du gouvernement, vous nous faites état d'un
ministère qui vous dit: On va investir des fonds dans la construction
domiciliaire chez-vous pour encourager la construction, un autre
ministère également qui favorise le développement chez
vous, puis le ministère des Transports qui, lui, tente de vous
étouffer avec ses taxes sur les autoroutes, etc. Je me permettrai de
vous donner une réponse à ce sujet. C'est que le ministre des
Finances a des raisons que la raison ne connaît pas. Je crois que c'est
cela la vraie raison. Quand on est vraiment pris à la gorge, on laisse
de côté tous les beaux principes et on va chercher l'argent
où on peut le trouver.
Autre point sur lequel je voudrais revenir, M. Blanchard. Vous dites
dans votre mémoire que, selon les chiffres qui avaient été
soumis en 1979, ou selon certains rapports confidentiels qui émanaient
de la CTL, on aurait fait un profit à la CTL avec le corridor
Saint-Jérôme-Sainte-Thérèse, etc. Là, je vous
dirais de vous méfier encore de ces chiffres, parce que, suivant mon
expérience personnelle dans ce milieu - j'ai participé assez
activement à l'administration d'une commission de transport - il n'y a
pas de profit à faire avec le transport public. Je doute
sérieusement que la CTL fasse un profit avec une ligne hors
territoire.
Maintenant, nous sommes en train de faire une étude à la
CTL et ce sont les élus municipaux qui font l'étude, donc j'aurai
peut-être plus confiance quand les chiffres seront éventuellement
connus. Je pense que le corridor
Saint-Jérôme-Sainte-Thérèse est un peu semblable au
corridor sur la rive sud de Saint-Hyacinthe-Saint-Hilaire-Saint-Bruno. On a
à peu près la même distance et, en matière de
densité de population, elle est au moins aussi importante. Je puis vous
assurer qu'il n'y a pas de profits sur cette ligne faits par la Commission de
transport de la rive sud ou sa filiale, Métropolitain Sud. Quant
à moi, comme je le disais tout à l'heure, je douterais qu'il y
ait des profits de faits sur la ligne de Saint-Jérôme, surtout
maintenant. En 1979, j'en doute; maintenant, j'en doute encore davantage parce
que les coûts n'ont pas diminué.
Je voudrais revenir sur la question du péage. Dans votre
mémoire, vous parlez de péage et vous faites état des
effets dévastateurs - un péage sur les autoroutes 15 et 13 - pour
votre région et son économie. Pourrais-je vous demander quelle
serait la solution non seulement pour Laval mais pour l'ensemble des banlieues
de Montréal en ce qui concerne ce problème?
M. Blanchard: Vous parlez du problème de péage sur
les autoroutes? En fait, on sait pertinemment que le ministère des
Transports, le gouvernement en général, a besoin d'argent. On ne
le nie absolument en rien. Sauf que nous considérons tout à fait
injuste pour notre région l'augmentation de ces péages quand on
constate qu'ici et là dans la province il y a de très belles
autoroutes où c'est tout à fait gratuit. Encore hier, en partant
de Sainte-Thérèse avec mes collègues, sur la courte
distance de Sainte-Thérèse à Montréal, nous avons
dû payer deux fois et, de Montréal à Québec, nous
n'avons absolument rien payé. Si nous faisions ce trajet souvent ou
à tous les jours de Montréal à Québec, nous ne nous
plaindrions pas. Mais, comme nous devons travailler et utiliser les autoroutes
l'autoroute 15 en particulier dans notre région - nous
considérons injuste le fait que nous soyons obligés de payer
alors qu'à même nos propres impôts nous payons la
construction et l'entretien des autres autoroutes de la province de
Québec.
Si les revenus provenant du péage des autoroutes doivent servir,
j'imagine, à payer l'entretien et la réparation qui reviennent
d'une année à l'autre, il y aurait peut-être lieu de se
demander qui devrait payer non seulement pour l'autoroute 15 ou l'autoroute 13,
mais pour toutes les routes du Québec. Ce ne sont pas seulement les
automobilistes de la région des Basses-Laurentides qui devraient payer.
Il y a d'autres routes et d'autres automobilistes au Québec qui
pourraient contribuer de la même façon.
M. Bourbeau: Un point sur lequel je voudrais revenir, c'est la
question de la contribution des municipalités par voie de la
taxe foncière. Le ministre des Transports s'acharne à nous
dire qu'on n'a pas retenu la solution qui ferait en sorte que l'ORT envoie un
compte de taxes aux municipalités. On a la parole du ministre
là-dessus et on peut, je pense bien, se fier à sa parole.
Jusqu'à preuve du contraire, il semble un homme de parole. Cela ne veut
pas dire que les municipalités n'auront pas à envoyer un compte
de taxes foncières pour le déficit du transport en commun, enfin,
cela ne veut pas dire que les citoyens, les contribuables ne recevront pas un
compte de taxes foncières pour le transport en commun. Le compte ne
viendra pas de l'ORT, mais, que je sache, il va provenir des
municipalités; il va continuer à provenir des
municipalités. Dans un cas comme le vôtre - actuellement, vous
n'envoyez pas de compte de taxes pour le transport à vos citoyens - les
contribuables vont commencer à recevoir un compte de taxes
foncières pour le déficit du transport en commun.
Dans le cas des autres municipalités de Laval, de la rive sud et
de Montréal qui, déjà, paient pour le transport en commun,
les contribuables vont continuer à recevoir des comptes de taxes pour le
transport en commun. Ce qui est un peu alarmant, c'est ceci: Est-ce que ce
compte de taxes va aller en diminuant ou en augmentant? Le ministre semble nous
dire que cela n'ira pas en augmentant, du moins pas...
M. Clair: Erreur, M. le Président! Erreur, M. le
Président!
M. Bourbeau: ... selon une progression importante. D'après
les chiffres qu'on regarde dans ce document-ci, il ne semble pas que les
coûts du transport en commun augmenteront avec la nouvelle formule par
rapport à l'ancienne; je pense bien que c'est ce qu'on peut dire. Il y a
même une économie, semble-t-il, de 14 000 000 $ sur une
période de trois ans.
Ce qu'il faut dire, en tout cas, ce que nous pensons, c'est que - je ne
reviendrai pas sur toute la démonstration - les projections sont
nettement inférieures à la réalité, enfin, à
l'expérience vécue. Donc, selon nous, il va y avoir une
augmentation sensible des coûts totaux du transport en commun dans la
région de Montréal d'ici à trois ans. Une chose est
certaine, c'est que le gouvernement, quant à lui, plafonne sa
contribution; c'est l'un des objectifs de la réforme et c'est bien
admis. On veut aussi dégrever les contribuables de l'île de
Montréal qui, semble-t-il, paient plus que les autres. En voilà
deux qui s'esquivent.
Qui reste-t-il? Il reste les municipalités et il reste ce qu'on
appelle le fonds régional, cette espèce de fonds qui n'a de
régional que le nom et qui est en fait une autre poche du gouvernement,
à l'exception de 7 000 000 $ sur le stationnement au centre-ville.
Alors, le fonds régional va en absorber une partie, mais cette partie
est définie dans le projet de réforme, c'est 10% du coût du
métro et un pourcentage des frais du déficit d'exploitation des
réseaux régionaux. Mais le reste... Quand le régional aura
pris sa part, que le gouvernement aura plafonné sa part propre et que
les villes de la CUM auront diminué leur contribution ou plafonné
aussi, qui va ramasser le bilan de la facture? Ce sont évidemment les
municipalités. Ce ne peut être personne d'autre, à moins
qu'on ne sorte quelque part un cinquième partenaire qui n'est pas connu;
ce sont certainement les municipalités parce qu'elles écopent du
résidu dans la formule actuelle.
On dit: Le gouvernement plafonne sa part à celle des
municipalités, mais l'inverse n'est pas vrai, on ne dit pas que les
municipalités vont voir leur part plafonnée à celle du
gouvernement. Au contraire, si le gouvernement plafonne la sienne, c'est bien
sûr que les municipalités ne verront pas la leur
plafonnée.
M. Clair: M. le Président.
M. Bourbeau: Donc, dans un contexte...
M. Clair: M. le Président, juste un point
d'information.
M. Bourbeau: M. le Président, bien, écoutez...
M. Clair: Non, mais juste un point d'information...
M. Bourbeau: ... M. le ministre, si vous voulez bien, à
moins que vous n'ayez un point de règlement, j'aimerais bien continuer
dans...
M. Clair: C'est juste un point d'information; cela va être
très bref. C'est simplement pour dire qu'on plafonne à la
quote-part des municipalités, c'est donc dire que c'est piastre pour
piastre de sorte que les deux évolueraient de façon
semblable.
M. Bourbeau: Le gouvernement plafonne sa propre part. Alors
supposons qu'actuellement le gouvernement paie dans une commission de transport
40% et les municipalités 30%, dans le même contexte, l'an
prochain, ce serait: 35%-35%, supposons. Mais si la part des
municipalités... Si, une fois que le gouvernement a plafonné, il
y a des dépenses additionnelles, selon nous, en tout cas, selon la
formule actuelle, c'est simple, le gouvernement dit: Ma part, elle est de tant:
40% des revenus autonomes plus les subventions, etc. Notre maximum, quant
à nous, disons, est de 8 000 000 $ dans une commission de transport
donnée. La part du
gouvernement est axée sur les revenus des commissions de
transport. Donc, l'apport maximal du gouvernement sera, disons, pour donner un
cas type, de 8 000 000 $. Après cela, les usagers, eux, paient selon les
tarifs, c'est connu.
Supposons que le coût total fait en sorte qu'après la part
de la région il reste 10 000 000 $, le gouvernement ne dit pas que les
municipalités vont plafonner leur part au montant du gouvernement. La
proposition dit que le gouvernement paie tant, mais plafonné au
coût des municipalités. Donc, si dans un cas donné il
arrive - et cela arrivera sûrement - que les dépenses sont
beaucoup plus importantes - on le sait - que ce qui est proposé - la
résultante, c'est que ce sont les municipalités qui vont
écoper. Le ministre a beau s'en défendre, il ne peut pas revenir
là-dessus. La part du gouvernement est plafonnée et n'augmentera
pas en fonction des déficits, c'est en fonction des revenus. Quand on
aura déterminé le montant que le gouvernement paie, c'est bien
malheureux mais, si le résidu est plus important, les
municipalités vont payer l'excédent quel qu'il soit. Alors, si le
gouvernement s'est trompé dans ses calculs -et nous on dit qu'il s'est
trompé - cela veut dire que ce sont les municipalités qui vont
écoper. Actuellement, on vous dit que votre part est de 726 000 $ selon
les chiffres révisés du COTREM. Cela est jusqu'à ce que
les gens de la ville de Laval aient terminé l'étude des dossiers;
on dira peut-être dans un mois ou deux que ce sera 1 000 000 $, mais
actuellement on vous dit 726 000 $. Supposons que le gouvernement se soit
trompé, M. Blanchard, dans ses estimations et qu'au lieu - comme c'est
marqué ici -d'un taux d'accroissement des dépenses de 9,5% au
cours des trois prochaines années le taux d'accroissement soit de,
disons, 15% -ce qui n'est pas si mal puisque cela a été 20% au
cours des six dernières années. Est-ce que vous êtes
d'accord pour payer votre quote-part non seulement des 726 000 $, mais de
l'excédent qui va vous arriver à ce moment-là?
M. Blanchard: Encore là, je vais vous
répéter ce que j'ai dit tantôt, poser la question c'est y
répondre. Si les municipalités de la MRC ne veulent pas payer 726
000 $, je pense bien qu'elles vont s'opposer à payer 1 000 000 $.
M. Bourbeau: ... détailler là-dessus.
M. Blanchard: Si vous me permettez, M. le Président, j'ai
deux questions que j'aimerais poser à M. le ministre ou à cette
commission. Est-ce que la MRC - Sainte-Thérèse-de-Blainville, en
ce qui nous concerne - aura le choix de faire partie de cet organisme
régional des transports ou pas?
Deuxièmement, si la MRC décide d'en faire partie, quel est
le rôle que vous voyez attribué à la MRC? Si je me rappelle
bien, lorsque les MRC ont été créées par la loi no
125, c'était dans le but de préparer le schéma
d'aménagement du territoire, et je pense qu'il n'y avait pas d'autres
pouvoirs prévus à la loi no 125, sauf les trois pouvoirs de
l'article 189. Est-ce que ce sont des pouvoirs additionnels que l'on veut
accorder aux MRC?
M. Clair: Cela me fait plaisir de répondre à la
question. Je vois que vous êtes plus intéressé à
savoir le vrai contenu de la proposition du gouvernement que d'entendre les
questions démagogiques de mon collègue de Laporte; je m'en
réjouis.
La réponse à la question c'est que le seul objectif
d'inclure des municipalités dans le territoire défini, c'est
qu'à l'intérieur de ce territoire les municipalités qui
contribuent au financement du transport en commun deviennent subventionnables.
Subventionnées comment? À raison de 40% des revenus
générés, des revenus autonomes, des revenus des usagers,
plus 110% du manque à gagner en ce qui concerne la carte d'abonnement
mensuel. Quant à la question de savoir si oui ou non vous en ferez
partie, on a cru qu'étant donné qu'il existait déjà
un service de transport en commun chez vous vous étiez vraisemblablement
intéressés à ce qu'il continue à fonctionner. Comme
mon collègue, le député de Laporte, le disait
tantôt, que ce soit cette année ou dans deux ou trois ans, il y a
malheureusement fort à craindre que le service soit déficitaire.
Plutôt que de vous laisser tomber et dire: II y avait un service
déficitaire, il n'y en a plus, qu'ils s'arrangent avec leurs
problèmes, qu'ils fassent n'importe quoi, plutôt que de faire
cela, ce qu'on a proposé, c'est de vous inclure dans le territoire
subventionnable, mais avec un plafonnement; c'est évident, on l'a
indiqué. On ne veut pas favoriser le relâchement dans le
contrôle des dépenses en matière de transport en commun. On
a dit: C'est trop facile, notre programme de subvention, c'est 40% des revenus.
C'est évident que la solution facile, c'est d'augmenter les tarifs, puis
le gouvernement paie et le gouvernement, c'est qui? C'est tous et chacun
d'entre nous. Comme vous le disiez tantôt: Que l'argent vienne du
contribuable municipal ou qu'il vienne du gouvernement du Québec ou du
péage sur les autoroutes, finalement c'est tous et chacun d'entre nous
qui payons cela.
Vous me demandez: Est-ce que la MRC aura le choix? Je vais vous dire
qu'après la commission parlementaire - parce que la consultation n'est
pas bidon, elle est réelle -on va l'examiner la possibilité, mais
on va tous vivre avec les choix qu'on aura faits réciproquement. Si
votre MRC est écartée du
territoire de l'organisme régional, de la zone C où il se
retrouve présentement, cela veut dire que c'est non subventionnable;
cela veut dire que si, comme on peut malheureusement l'appréhender, la
CTL fait des déficits, tôt ou tard, M. Blanchard, si on ne change
rien, vous allez vous retrouver avec un problème important. On veut
éviter que ce problème survienne et qu'on ne l'ait pas vu venir.
On connaît l'expérience de la rive sud, on connaît
l'expérience de Métropolitain provincial, on veut éviter
que, chez vous, les mêmes problèmes se posent. La première
question, c'était: Est-ce que la MRC aura le choix? Vous l'exercez
beaucoup par votre présence aujourd'hui et par l'attitude que vous allez
avoir face aux négociations avec la CTL, face aux chiffres
définitifs, quand on les aura, sur la situation réelle de
rentabilité ou de non-rentabilité du service. Vous contribuez
beaucoup à nous aider à définir si, oui ou non, on doit
vous laisser dans le territoire organisable en transport en commun ou pas.
Votre deuxième question m'échappe.
M. Blanchard: Le rôle de la MRC...
M. Clair: Le rôle de la MRC, d'accord. Je regrette beaucoup
qu'à cause de l'augmentation des péages, les gens de mon
ministère n'aient pas eu l'occasion de discuter à fond avec vous
de la proposition du gouvernement et d'échanger des points de vue avec
la MRC, comme on a pu le faire dans tout le territoire ou à peu
près. L'objectif, ce n'est pas de donner de nouveaux pouvoirs
spécifiquement à la MRC. On se dit, en regardant la carte qu'on a
devant nous, qu'il y a des autobus qui circulent dans ces corridors et on
présume que les gens veulent maintenir ce service. Il y a un
problème de financement. Il y a un problème à savoir qui a
autorité là-dessus. Plutôt que d'avoir une grande approche
de concertation par le comité Québec-municipalités, on a
essayé d'avoir une approche par corridors, de rencontrer les gens du
corridor de Saint-Hilaire, du corridor de Châteauguay, de Valleyfield et
de voir avec eux s'ils étaient intéressés à ce
qu'il se maintienne du transport en commun. La plupart ont répondu oui.
La première réponse est positive à cet égard.
Deuxièmement, on a deux problèmes: un problème de
financement, parce que, dans ce cas, des municipalités recevaient des
quotes-parts et, sans avoir décidé du niveau de services,
refusaient de le payer. Dans votre cas, on a une situation qui est favorable
pour l'instant, mais elle va durer combien de temps? On ne le sait pas. On se
dit: premier problème, problème de financement. Il va falloir
qu'on s'asseoie ensemble et qu'on le règle. On peut bien donner le
pouvoir aux municipalités, mais on sait bien que dans un territoire
comme le vôtre, municipalité par municipalité, on ne
réglera jamais le problème. Il faut s'adresser à un
ensemble de municipalités qui se trouvent dans un même corridor.
Donc, premier problème, problème de financement, on se dit qu'on
va essayer de le résoudre ensemble par corridors.
Deuxième problème: contrôle des élus. Sur le
niveau de services, encore là, on a cherché. On s'est dit qu'il
vaudrait peut-être mieux amender la Loi sur l'aménagement du
territoire et donner effectivement le pouvoir aux MRC. On s'est rendu compte
que dans certains corridors de transport, cela traverse trois
municipalités régionales de comté et que c'est seulement
une partie des municipalités d'une même MRC qui est
concernée. On s'est dit: Essayons d'avoir une approche souple par
corridors. Si, chez vous, le corridor correspond à la
municipalité régionale de comté, peut-être que c'est
la MRC qui devrait servir de base de regroupement. Si ce n'est pas le cas, on
n'a pas voulu s'enfermer dans une problématique uniquement de
municipalités régionales de comté, parce que cela ne
fonctionne pratiquement pas, dans certains cas. Tant mieux si cela fonctionne
chez vous. Le conseil local de transport pourrait fort bien être
l'équivalent des municipalités membres de la MRC.
Je suis heureux que vous m'ayez posé la question. Je m'excuse
d'avoir pris du temps pour y répondre. Je sens dans votre attitude
beaucoup plus de positif que mon collègue de Laporte ne tend à le
voir, parce qu'on ne vise pas à vous faire payer quelque chose que vous
n'aurez pas. On vise à vous donner le contrôle sur le transport en
commun dans votre région et s'assurer que, de cette façon, on
pourra mieux contrôler les coûts et qu'on partagera
équitablement la facture.
M. Filiatreault (Nolan): M. le ministre, tant et aussi longtemps
que cela va bien chez nous, ne peut-on pas attendre quelques années
avant d'être intégrés dans cet ORT?
M. Clair: C'est ce qu'il s'agit de savoir. Cela ne me fâche
pas du tout. Vous me dites: Les chiffres ont changé. Oui, c'est vrai,
les chiffres ont changé, parce que c'est notre responsabilité de
chercher à avoir les meilleurs chiffres, comme c'est la vôtre
aussi d'essayer d'avoir les meilleurs chiffres, sauf que, comme le disait le
député de Laporte tantôt, nous savons par expérience
que sur la rive sud de Montréal et dans tout le reste de la
région, les réseaux hors territoire ne sont pas rentables. Quand
on est conscient de cela, on serait irresponsable, je pense, de ne pas essayer
de vous alerter à cela et de ne pas vous dire: II y aurait avantage
à ce qu'on s'assoie ensemble avec la Commission de transport de Laval,
avec
les gens du ministère, afin d'avoir les données
réelles du coût du transport en commun dans votre région et
de nous assurer que nous ne nous retrouverons pas un bon matin devant des
problèmes importants. Parce qu'à court terme cela va bien,
faut-il se boucher les yeux et de ne pas voir venir ces problèmes
importants. Si on les voit venir...
Si après avoir gratté comme il le faut les chiffres, on se
rend compte qu'on s'est inquiété pour rien, que le réseau
hors territoire de Laval est rentable, je serai l'homme le plus heureux du
monde et vous aussi, j'en suis convaincu.
M. Filiatreault: Vu qu'il y a un certain imbroglio actuellement
dans les chiffres, le fait d'attendre un an, d'avoir un moratoire d'un an,
c'est une demande qui a été faite par le conseil intermunicipal
des Moulins, c'est peut-être aussi la même chose qu'on demande dans
notre mémoire.
M. Clair: Cela dépend comment on interprète le mot
"attendre". Attendre pour attendre, je pense que c'est irresponsable. Si c'est
attendre pour se mettre immédiatement au travail avec la CTL, avec la
ville de Laval, avec les gens de mon ministère, moi, je pense
qu'à ce point de vue... Comme je l'ai dit au début, nous n'avons
jamais pensé que la proposition gouvernementale, compte tenu de son
ampleur, pourrait tomber en place un beau matin du mois de janvier et que tout
entrerait dans l'ordre dans la minute qui suivrait. On est conscient de cela
puis c'est plus en s'attaquant au problème qu'on va voir combien de
temps le délai peut durer. Une chose est certaine, c'est qu'une attitude
purement attentiste ne réglerait rien.
M. Filiatreault: C'est ce qu'on vous demande à la page 5
aussi, de vous concerter avec Laval.
Le Président (M. Boucher): M.
Blanchard.
M. Blanchard: Merci, M. le Président. M. le ministre, vous
venez donc de le dire; d'une part, la CTL est en train de faire des calculs
véritables sur le résultat de ses opérations sur son
réseau suburbain, en particulier en ce qui concerne notre corridor, ce
qui peut prendre un certain temps. Ensuite, les chiffres, qui étaient de
34 000 000 $ et qui ont monté à 726 000 000 $, seront connus
probablement seulement après que vous aurez connu les chiffres de la
Commission de transport de Laval. Je ne pense pas que vous ayez cela la semaine
prochaine. Cela va prendre un certain temps; je suis bien d'accord avec vous
qu'il n'est pas question d'attendre pour le simple plaisir d'attendre, mais il
faut quand même avoir du temps. Si on parle de moratoire d'un an, on peut
peut-être régler pour onze mois, on ne s'arrêtera pas sur
cela, mais le moratoire dont il a été question ce matin et dont
il est question dans le mémoire, c'est justement pour connaître
toutes les coordonnées de tout cet imbroglio dont le maire Filiatreault
a parlé, en connaître les chiffres réels. Si, à le
supposer, cela doit nous coûter pour notre MRC 726 000 $ - il est
réel et n'est pas changé - il y aurait lieu pour la MRC
Sainte-Thérèse-de-Biainville, de calculer quelle en serait
l'implication et quels seraient les chiffres si elle ne faisait pas partie de
cet organisme régional de transport, puis essayer de faire une
programmation ou une planification sur quelques années. Si, pour le
simple fait de faire partie de l'ORT, cela coûte 726 000 $, M. le
ministre, je vous garantis que je vais pour ma part chez nous - je pense bien
que les maires des autres municipalités vont aussi le faire - soumettre
le tout à nos concitoyens. Pour payer les 726 000 $, nous devrons
adopter un budget ou adopter un règlement d'emprunt et eux, ils auront
à se prononcer. Je ne sais pas si un règlement d'emprunt a
déjà été battu sur une chose semblable. Je ne sais
pas, je n'en ai jamais tenu chez nous.
M. Clair: Regardez, M. Blanchard, à supposer même
qu'il n'y ait pas d'organisme régional de transport, à supposer
qu'on oublie cela complètement, qu'il n'y en a pas, cela ne changera pas
la réalité du problème si la CTL était demain matin
en mesure d'établir qu'il y a un déficit équivalent
à 726 000 $ dans vos municipalités; qu'il y ait ou pas organisme
régional de transport, cela ne change rien à la
réalité. Ce qu'on vise à vous donner...
M. Blanchard: Au moins on le saura, M. le ministre.
M. Clair: ... ce sont les moyens de faire face à cette
situation, si elle devait survenir, c'est ce qu'on vise à faire. (17
heures)
Je réitère ma dernière question, M. le
Président: J'aimerais - cela nous aiderait à progresser dans
votre région - savoir si vous acceptez, oui ou non, qu'un comité
de travail tripartite, le ministère des Transports par le biais du
COTREM, les gens de la CTL et chez vous, de participer justement à
l'étude des chiffres et des possibilités qui s'offrent?
M. Blanchard: Évidemment, M. le ministre, nous y sommes
intéressés parce que nous voulons savoir nous aussi ce que cela
va nous coûter, parce que nous devrons le dire à nos concitoyens.
D'ailleurs, on l'a
mentionné, les municipalités de la MRC sont prêtes
à prendre leurs responsabilités et à s'asseoir à
une table de concertation avec la ville de Laval, la CTL, le COTREM, le
ministère des Transports, avec tout le monde. On est bien d'accord, mais
nous ne sommes pas en position de vous dire: Oui, nous acceptons la proposition
telle qu'elle est mise sur la table, pas plus que de vous dire si on veut faire
partie de l'ORT.
M. Clair: On ne vous demande pas cela non plus.
M. Blanchard: J'espère, M. le ministre.
M. Clair: Ce qu'on vous demande pour l'instant, c'est à
tout le moins de travailler avec nous afin d'être bien sûr qu'on
connaît bien la situation et qu'on s'entend sur l'analyse de la situation
exacte.
M. Blanchard: D'accord. Donc, je pense qu'on comprend, M. le
ministre, que vous n'êtes pas prêt à mettre cette
proposition en marche immédiatement et que le moratoire commence
déjà.
M. Clair: Vous savez que moi, là-dessus, je suis
pleinement dépendant de la volonté de la Commission de transport
de Laval. Si la ville de Laval et la CTL dans trois mois font état d'un
déficit et décident de suspendre le service chez vous, si j'ai
accordé le moratoire, ce n'est pas moi qui serai pris avec le
problème, cela va être vous.
M. Blanchard: Est-ce qu'on pourrait dire qu'on y verrait à
ce moment-là, M. le ministre?
M. Clair: C'est pour cela que je pense justement que plutôt
que de s'entendre sur un moratoire, l'important est de trouver le plus
rapidement possible les moyens d'être bien sûr de ce qu'il en
coûtera pour le transport en commun chez vous et, après cela, s'il
y a lieu d'y avoir un moratoire X, Y ou Z, on pourra le regarder. Maintenant,
l'urgence est d'être bien sûr que vous êtes impliqués
dans la préparation des chiffres et que vous connaissez bien le pour et
le contre de la proposition.
M. Blanchard: Excusez-moi, M. le ministre. Oui, M. le maire
Robitaille.
M. Robitaille (Pierre): M. le ministre, on étudie
présentement seulement une solution...
M. Clair: Je m'excuse, je vais être
désagréable, mais la commission parlementaire n'étant pas
l'endroit pour questionner le ministre, mais plutôt celui pour
questionner les gens qui viennent témoigner, je réitère,
M. le maire, que les gens du Conseil des transports de la région de
Montréal, le COTREM, vont se faire un plaisir de vous rencontrer pour
répondre à toutes les questions que vous pourrez avoir. Sur ce,
cela m'a fait plaisir de répondre aux principales questions et cela me
ferait plaisir de continuer encore, mais je sens, M. le Président, que
vous allez m'arrêter à un moment donné.
M. Robitaille: Vont-ils nous répondre sur d'autres types
de transport?
M. Clair: Pardon?
M. Robitaille: Est-ce qu'on va pouvoir les questionner sur
d'autres moyens de transport qui pourraient être bons pour notre
région?
M. Clair: Absolument. Le mandat du COTREM, c'est d'examiner
toutes les possibilités d'organisation du transport en commun et je
pense que vous auriez vraiment avantage à les rencontrer. Vous allez
voir qu'ils ne sont pas si bêtes, stupides et méchants que le
laisse entendre mon collègue, le député de Laporte.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte, vous n'aviez pas terminé?
M. Bourbeau: II me restait une question quand M. le maire a
commencé à interroger le ministre. Une chose que je trouve
très étrange, c'est qu'à l'occasion le ministre me prend
à témoin pour tenter d'étayer ses thèses et il
n'hésite pas à dire: Comme le disait le député de
Laporte, surtout tantôt au sujet des coûts de la CTL. Par contre,
quand je tiens d'autres propos qui ne font pas son affaire, là, il me
taxe de faire de la démagogie. Je ne comprends pas, M. le ministre,
pourquoi à l'occasion vous me prenez à témoin. Vous
semblez ajouter foi à mes propos et tout à coup...
M. Clair: J'essaie d'exercer mon jugement, M. le
Président.
M. Bourbeau: Votre jugement me paraît fortement
coloré, M. le ministre. Alors, le ministre tout à l'heure nous
disait qu'il voyait du positif dans votre position et semblait en
déduire qu'effectivement il y aurait une adhésion possible.
J'aimerais simplement, en conclusion, voir comment se termine votre
mémoire et comment se termine votre présentation. Dans la
première partie de votre mémoire, vous concluez que votre
organisme, la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville, s'oppose
énergiquement à la mise en oeuvre de la proposition du
ministère des Transports; enfin, c'est ce qui est écrit. Par
déformation, je me fie plutôt aux écrits qu'aux
paroles de ceux qui lisent les écrits et, dans l'ajout, le
mémoire complémentaire, vous ajoutez que vous demandez un
moratoire. Donc, si je comprends bien votre position finale, du moins celle par
écrit, vous vous opposez à la proposition telle qu'elle est
déposée et vous demandez un moratoire d'un an, jusqu'à ce
que la CTL ait eu le temps de faire les calculs. Moi, cela m'apparaît une
position sage et je dois avouer que je serais porté, si j'étais
vous, à endosser ces propos parce que le ministre ici tente d'obtenir
une adhésion. Tout à l'heure, il vous disait qu'il n'était
pas prêt à attendre pour attendre, mais il reste quand même,
M. le ministre, que ces gens, on leur a proposé deux séries de
chiffres en deux mois qui allaient non pas du simple au double mais du simple
à 21 fois plus. Il y a de quoi effrayer des administrateurs
sérieux. D'autant plus qu'on leur dit dans un deuxième temps que
même ces derniers chiffres ne sont pas finaux parce qu'on n'a pas fini
d'éplucher les comptes de la CTL. Je trouve que vous avez absolument
raison de dire que vous n'êtes pas prêts à vous embarquer
dans une proposition comme celle-là parce que vous n'êtes pas
certains des chiffres, et personne ne l'est. Ce qu'on peut dire, c'est qu'avant
de vous demander une adhésion, il y aurait peut-être d'autres
solutions éventuellement. Si, comme le dit le ministre, et
moi-même j'en ai évoqué la possibilité tout à
l'heure, éventuellement...
M. Clair: ... à témoin si vous êtes
généralement contre les propositions.
M. Bourbeau: M. le ministre, je n'ai pas d'objections à
vous prendre à témoin. Ce n'est pas moi qui refuse de vous
prendre à témoin. On dit qu'il est prouvé que ce n'est pas
rentable pour la CTL de donner le service hors territoire. Le ministre en
conclut qu'à ce moment, vous devrez embarquer là-dedans de
gré ou de force. Il y a d'autres solutions peut-être qui
pourraient être envisagées. Par exemple, on pourrait
peut-être en venir à la conclusion que vous souhaitez instituer
chez vous une corporation intermunicipale de transport, tel que prévu
par une des lois, ou que vous voudrez peut-être donner le service
à l'entreprise privée. Cela se fait dans certains domaines et ce
serait peut-être une alternative qui serait drôlement plus rentable
que d'aller taxer vos gens pour 1 000 000 $ par année
éventuellement. Je pense que tant que vous n'aurez pas les chiffres de
la CTL, il serait téméraire de votre part de donner une
adhésion à la proposition. Il est même
téméraire actuellement d'avancer des chiffres, que ce soit les
726 000 $ qu'on a maintenant sur la table ou d'autres chiffres.
Personnellement, je ne peux pas vous blâmer.
Au contraire, je pense que vous défendez bien
l'intérêt de vos concitoyens en demandant au ministre un moratoire
d'un an jusqu'à ce qu'on ait eu le temps de voir clair là-dedans.
Je vous remercie de votre contribution. Je pense qu'elle est très
sérieuse et j'espère que devant ce témoignage, qui est un
de plus parmi tant d'autres qui dénoncent la proposition
gouvernementale, le ministre va finir par comprendre. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Groulx.
M. Fallu: M. le Président, il faut saisir que dans toute
la région C nord, le problème du transport en commun pour les
élus municipaux apparaît, à toutes fins utiles, pour la
première fois. Il ne faut pas s'étonner de certaines
réticences qu'on a eues ce matin du côté de Terrebonne,
qu'on a aujourd'hui du côté de Sainte-Thérèse, qu'on
aura tout à l'heure du côté de Saint-Eustache. La tradition
a voulu que nous ayons des services sans que les municipalités ne soient
impliquées dans le financement et, à la limite, elles ont
été très peu impliquées dans l'établissement
du niveau des services. Quelques recommandations, quelquefois, quelques
pressions personnelles, quelques lettres, quelques coups de
téléphone, peu de rencontres historiques, du moins chez nous.
Donc, c'est un phénomène neuf. Il y a un sujet
d'inquiétude qui est profond, il va s'en dire, parce que c'est une
responsabilité qui est ancienne, le transport en commun, comme
responsabilité municipale, on le sait. Elle a été
notamment dévolue d'une façon très officielle par la loi
73, si j'ai bonne mémoire, en 1978, mais l'autorisation existait
déjà par la possibilité de présenter des projets de
loi privés pour la création d'organismes municipaux ou
intermunicipaux. C'était déjà dévolu aux
municipalités mais chez nous on n'avait pas tellement à se
préoccuper du problème puisque d'autres le faisaient à
notre place. Évidemment, ils le faisaient à leur façon et
selon leur propre intérêt, on le sait drôlement, notamment
pour le transport interne. Quant au transport vers Montréal, on le
disait ce matin, on va magasiner à Laval, on fait le pèlerinage
des centres commerciaux avant d'arriver au métro.
Il arrive que nous sommes ensemble aujourd'hui. D'une façon plus
que symbolique, toute la région nord de la rivière des
Mille-Îles, Terrebonne, Sainte-Thérèse, Saint-Eustache se
retrouvent ici même dans cette salle aujourd'hui pour parler de transport
en commun. C'est beaucoup plus qu'un symbole parce que je pense que c'est une
première dans notre société des Basses-Laurentides. On
trouve un principe qui revient, le reste ce sont des modalités, à
mon avis, de la part
des élus municipaux: c'est l'acceptation de prendre en charge,
moyennant débats, le financement, les organismes à mettre en
place, etc. La reconnaissance de la part des élus municipaux d'une
responsabilité municipale dans le domaine du transport en commun, c'est
une démarche absolument fondamentale à laquelle nous assistons
ces temps-ci.
Remarquons également qu'il est difficile pour nous de parler de
transport en commun parce qu'on a été balloté aussi de
toutes sortes de façons. On a été presque en suspens entre
parenthèses, comme région en ce qui a trait au
développement régional et notamment au développement du
transport en commun. Il y a eu, par exemple, la longue hypothèque, qui
était à la fois une hypothèse, du REM traversant la
région comme méthode centrale de transport vers Montréal.
On a eu également l'hypothèque qui est devenue la catastrophe des
trois trains de banlieue qui traversaient Sainte-Thérèse et
Rosemère, lesquels même après financement de la part du
gouvernement du Québec, financement de déficit, ont fini par ne
plus exister. Il y a eu également ces lignes d'autobus entre Mirabel
quelque part et Montréal passant chez nous, qui ont fini par être
abandonnées: la CTL notamment a abandonné son transport vers
Mirabel, il y a eu un autobus qui nous desservait également en passant
par chez nous. On a eu l'émission de permis privés justement dans
la foulée de Mirabel, en supposant qu'évidemment nous aurions 191
000 habitants dans trois ans d'ici; et nous sommes toujours à 66 000
pourtant. Il y a eu toutes sortes d'hypothèques comme cela qui nous ont
ballotés constamment. Il y a même plus que cela. Quand tout
à l'heure, M. le préfet signalait la distorsion à propos
de l'aménagement du territoire, il faut savoir que la seule venue
hypothétique d'un REM chez nous, qui aurait éventuellement
réaligné le développement urbain, a fait que, d'une part,
nous nous sommes privés d'un parc industriel, et d'autre part, nous
avons stérilisé une partie de notre territoire pendant de
nombreuses années. C'est au point que le ministre lui-même, un de
vos prédécesseurs, M. le ministre, l'avant-dernier, soit dit en
passant, a même subventionné la municipalité pour lui
permettre de reconsidérer son plan d'urbanisme, car ce trou était
resté vague si longtemps que nous ne savions plus dans quelle direction
nous développer. Je me permets de faire ces remarques
préliminaires M. le Président, parce que le geste qui est
posé aujourd'hui...
Une voix: ...
Le Président (M. Boucher): ... une question.
M. Fallu: Je veux souligner exactement par là,
l'importance de cette réunion d'aujourd'hui. Le livre blanc a
été finalement un déclencheur chez-nous. On va maintenant
entreprendre quelque chose qui va nous mener on ne sait trop où, mais
enfin qui devrait nous mener quelque part en commun pour répondre
à des besoins. Quelques questions, parce qu'il y en a déjà
plusieurs auxquelles on a répondu, notamment en ce qui a trait à
l'ORT, au financement des équipements régionaux, au moratoire -
je pense que cela se devait d'ailleurs, c'était une des questions,
peut-être la plus importante cet après-midi, à laquelle on
devait avoir une réponse - en ce qui a trait au déficit
envisagé de la CTL qui nous dessert. Mais au-delà de tout cela,
première question: Est-ce qu'au moment où vous allez comme cela
avec le ministère, notamment et le COTREM... Est-ce que
l'hypothèse de l'intégration d'un transport en commun
intramunicipal pour la capacité portante qu'il peut avoir - on sait
qu'elle est relativement faible - ferait partie éventuellement de
l'analyse que vous feriez? (17 h 15)
M. Blanchard: C'est sûrement et tout probablement, M. le
député, parce que vous vous rappelez qu'il y a quatre ans ou cinq
ans il y avait eu une étude, je pourrais peut-être l'appeler une
petite étude maison, qui avait été entreprise et faite par
les municipalités avec des représentants de la CTL et le
cégep Lionel-Groulx. C'est vrai que ça fait déjà
cinq ans au moins que cette étude a été faite, le
résultat avait été assez négatif en ce qui concerne
le transport en commun intermunicipal dans notre région. Je n'ai pas
à la mémoire le pourcentage de la population qui avait
manifesté le besoin de ce transport en commun. Évidemment, depuis
cinq ans, les choses ont évolué, les temps ont changé et
les moyens financiers de tous et chacun ont changé, l'inflation et
ajoutez-en; alors il est fort possible que, maintenant, ces besoins qui
étaient assez négatifs en 1977 peuvent avoir changé. Donc,
je verrais d'un très bon oeil cette possibilité d'intégrer
du transport en commun entre les différentes municipalités.
Il y a toujours la question primordiale: un gros signe de piastre, le
coût et les besoins en termes de nombre de personnes impliquées et
de population. Mais, assurément, ça devrait à tout le
moins être envisagé et étudié
sérieusement.
M. Fallu: Vous avez parlé du financement, mais surtout en
rapport avec les déficits éventuellement trouvables ou
introuvables à la CTL. Vous avez parlé, par ailleurs, des
péages autoroutiers, mais en les mettant uniquement - à la
hausse, j'entends, pas à l'existence puisque c'était là
avant -en rapport avec l'urbanisation du territoire
mais sans les mettre en rapport avec une approche de financement
régional. On sait que le livre blanc propose trois modes de financement
régionaux. Il y en a un qui est déjà en application,
puisque c'est d'autorité gouvernementale, c'est un simple transfert
entre la Régie de l'assurance automobile et le ministère des
Transports, soit la taxe sur l'essence. Il y en a un second, c'est les
stationnements en zone urbaine montréalaise. Chose étrange, je
pensais que, étant donné qu'on veut empêcher des gens
d'aller à Montréal en auto, ce serait le premier geste qui
devrait être posé, d'abord de les bloquer dans Montréal.
Vous savez comment nous avons tous été étonnés,
pour utiliser un vocabulaire modeste, de cette hausse des péages. Il y a
encore des routes à construire chez nous, M. le maire. Oui, il y a la
335 à remplacer par la 19. Vous voyez, je suis très prudent en
public, devant le ministre des Transports.
M. Clair: Allez-y, ne vous gênez pas.
M. Fallu: Qu'est-ce que vous pensez de ces hypothèses de
financement régional pour le transport en commun ?
M. Blanchard: En fait, si je comprends bien, vous me posez la
question: Est-ce que j'aurais souhaité, comme vous l'avez
mentionné, que la taxe sur les stationnements dans la ville de
Montréal vienne avant l'augmentation des péages sur les
autoroutes? N'en déplaise aux gens de Montréal, j'aurais
souhaité que ça arrive en premier parce que nous utilisons
davantage chez nous, dans notre région, l'autoroute 15 pour aller
travailler, pour circuler selon les besoins de notre travail quotidien, que les
stationnements à l'intérieur de la ville de Montréal. Les
gens de Montréal vont prétendre le contraire, mais je
défends la région des Laurentides et non pas la ville de
Montréal. Je pense qu'elle est capable de le faire seule.
La question que vous me posez: Lequel des deux choix aurais-je,
privilégié? Quant à moi, il n'y aurait eu qu'un choix: le
stationnement et pas d'augmentation des péages sur l'autoroute. J'aurais
demandé au ministre des Transports de trouver une autre solution
ailleurs.
M. Fallu: Le message est rendu.
M. Blanchard: Pardon?
M. Fallu: Dans les équipements régionaux, il est
évident qu'il n'est pas question que le métro vienne chez nous.
Est-ce qu'il y aurait lieu de reprendre l'hypothèse non pas du REM,
parce que c'est lié à Mirabel et, surtout maintenant que les
dernières décisions ont été prises de ne pas
remettre Dorval à Mirabel et que tout reste en suspens, mais est-ce
qu'il y aurait lieu de reprendre l'hypothèse du train de banlieue,
puisqu'il y a quand même un train qui vient chez nous et qui a double
voie? Est-ce que cette hypothèse pourrait être retenue comme sujet
d'étude privilégié plutôt que des autobus qui
circulent à travers les méandres de Laval?
M. Blanchard: M. le député, effectivement, le
Canadien Pacifique venait chez nous, à Sainte-Thérèse,
à Rosemère et continuait...
M. de Bellefeuille: ... même jusqu'à Saint-Eustache
en passant par chez vous.
M. Blanchard: Ah bon! Voyez-vous? Et c'est arrêté.
M. le député de Deux-Montagnes confirmera que le CN va dans la
région...
M. Proulx: ...
M. Blanchard: Je n'ai peut-être pas à le lui dire.
Je m'excuse, M. le Président, on m'a distrait dans ma
réponse.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Saint-Jean!
M. Blanchard: Donc, le CN va dans la région de
Deux-Montagnes et, sauf erreur, je pense que le CN a été
subventionné pour permettre que ce train de banlieue continue vers cette
région. Notre région, encore là, sauf erreur, n'a
reçu aucune subvention, ni le CP, pour qu'il puisse continuer; est-ce
que ce ne pourrait pas être envisagé? Là, je m'adresse au
gouvernement, à M. le ministre, à MM. les députés;
est-ce qu'il ne pourrait pas être envisagé que le CP soit
subventionné pour qu'il puisse reprendre son système de transport
vers notre région? Évidemment, je ne peux pas vous dire
immédiatement, aujourd'hui - vous avez tous les services de recherche
nécessaires combien cela coûterait, ce que cela prendrait, le mode
de financement. Cela serait, je le pense bien, votre responsabilité; vos
services peuvent le déterminer, mais ce serait une autre
possibilité qui pourrait être envisagée pour notre
région. Est-ce que cela répond à votre question, M. le
député?
M. Fallu: Oui. Bon, il arrive que, dans le passé, le CP a
été subventionné et, même au moment où il a
fermé son service, le ministère lui offrait toujours une
subvention de même type, d'ailleurs, que celle qu'il offre à la
CTCUM. Maintenant, l'hypothèse est là. Je pense que vous aurez
l'occasion d'en parler avec le COTREM.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Laurent, sans un trop long
commentaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, non, je vais certainement
être moins long que le député de Groulx.
À vous écouter, M. Blanchard, et à écouter
les autres intervenants, je suis en train de développer un complexe. Vu
les bonnes dispositions du ministre, je suis à la veille de lui demander
d'exclure également Saint-Laurent. Tout le monde veut sortir et personne
ne veut entrer là-dedans.
M. Clair: Est-ce que cela vaut pour le prolongement du
métro chez vous? L'autre jour, vous étiez pour, après
cela, votre collègue était contre. Avez-vous changé d'avis
encore une fois?
M. Leduc (Saint-Laurent): Alors, si vous permettez, il y a une
chose que je voudrais savoir: Est-ce que vous avez, à l'intérieur
des municipalités qui forment la MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville, des services locaux ou bien s'il
n'y en a aucun?
M. Blanchard: De transport? Non.
M. Leduc (Saint-Laurent): Aucun. Est-ce que vous pensez que cela
pourrait être une...
M. Blanchard: Je m'excuse. Il y a la CTL qui a quelques lignes
entre Sainte-Thérèse et Saint-Eustache, par exemple, vers
Boisbriand, qui va à Terrebonne aussi et, évidemment, qui passe
dans Sainte-Thérèse, mais cela se limite, semble-t-il, à
cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous ne croyez pas qu'il y aurait
nécessité d'instituer ou de créer un organisme qui
pourrait desservir votre région?
M. Blanchard: En 1967, M. le député, comme je le
mentionnais tantôt, une étude avait été faite et la
réponse avait été négative. Est-ce que maintenant,
en 1982, une nouvelle ligne ou un nouveau réseau répondrait
à un besoin? Bien, c'est ce que je mentionne dans les conclusions du
rapport; si nous demandons un moratoire, c'est pour voir si le système
de transport répond à un véritable besoin dans notre
région. Pour cela, le seul moyen, c'est la consultation de toute la
population concernée, par le biais des municipalités, et c'est ce
que nous demandons. Quand nous demandons un moratoire, c'est pour nous
permettre de faire cet exercice de consultation de la population
concernée. Après avoir connu les coûts du déficit de
la CTL - les prix varient de jour en jour; si j'étais effrayé le
29 septembre dernier, je dois vous avouer que je ne suis pas plus
rassuré aujourd'hui sur ces coûts parce qu'on ne les connaît
pas - nous demandons un moratoire jusqu'à ce que nous ayons tous les
éléments nécessaires à une prise de décision
éclairée, éléments que nous n'avons pas
aujourd'hui. Est-ce que nous les aurons dans quatre mois, dans six mois? Je ne
le sais pas.
M. Leduc (Saint-Laurent): On vous a inclus dans le territoire,
parce que, évidemment, on trouvait qu'il y avait un lien en ce qui
concerne Sainte-Thérèse-de-Blainville. Je vous pose la question,
ne pensez-vous pas que le lien aurait été plus fort encore avec
Mirabel? Comment expliquez-vous - c'est une question que je pose au ministre -
que Mirabel n'a pas été inclus, alors que Mirabel est desservi
actuellement par la CTCUM, que je sache, et que le fédéral veut
en faire un centre international de fret, en fait une plaque tournante pour
l'Amérique du Nord?
M. Clair: Le fret ne prend pas les autobus.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, mais les deux. Je pense qu'on peut
parler de transport et de fret. Alors, on veut en faire le centre international
en Amérique du Nord. Ne pensez-vous pas que le lien aurait
été plus fort et qu'il n'y aurait pas eu lieu de l'inclure dans
le territoire peut-être plus que le vôtre? Je pose la question au
ministre également. Je ne comprends pas pourquoi Mirabel n'a pas
été inclus là-dedans.
M. Blanchard: En fait, vous dites: Je pose la question au
ministre. Je vais laisser le ministre y répondre.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que personnellement vous pensez
que cela aurait dû être inclus?
M. Blanchard: Je ne le sais pas, c'est fort possible;
peut-être que non, peut-être que oui. Je n'ai pas eu tout le temps
que les officiers du ministère ont eu pour préparer cette
proposition; ils ont des éléments de réponse que je n'ai
pas aujourd'hui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Est-ce que le ministre peut
répondre?
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je vais répondre aux
deux questions en même temps; celle de mon collègue et celle du
député de Saint-Laurent. En ce qui concerne, premièrement,
le train du CP, c'est exact, comme mon collègue de Groulx le signalait
tantôt, que le gouvernement du Québec subventionnait, comme les
autres trains de banlieue, le train en question. Malgré ces
subventions le service était déficitaire. Le gouvernement
fédéral a décidé de cesser de subventionner le
service de trains de banlieue, se départissant de sa
responsabilité à la charge des provinces. Les provinces ont
commencé à établir certains programmes
d'intégration. En ce qui nous concerne au Québec, nous avons
maintenu des négociations à bout de bras avec les deux compagnies
de chemins de fer. Maintenant, la raison pour laquelle les deux lignes en
cause, CN et CP, Rigaud et Deux-Montagnes, ont été
intégrées, c'est que la plupart des municipalités ont
accepté de contribuer au déficit, ce qui est le cas tant pour le
CN que le CP. Dans les autres cas chez vous, cela m'étonnerait fort que,
compte tenu de vos réticences à contribuer au déficit des
autobus, vous soyez intéressé à subventionner le
déficit de fonctionnement du train. Si sur une base de position de
principe avec des ordres de grandeur établis rapidement vous
étiez intéressé à poursuivre les études, on
les ferait, mais étudier pour du service sûrement plus lourd,
peut-être plus déficitaire que les autobus, je ne suis pas certain
que j'accepterais de donner mandat au COTREM pour poursuivre les études
là-dessus. Cependant, on n'est pas fermé; si cela vous
apparaissait être une possibilité, on pourrait le regarder.
Quant à la question de l'inclusion de Mirabel dans la zone C, le
service qui est offert à Mirabel est tout à fait différent
d'un service de transport en commun urbain pour des fins locales ou
régionales. Voyez-vous, on m'indique qu'à Mirabel, par exemple,
il y a 116 clients par jour en moyenne, alors que pour la MRC en cause c'est
1422 clients utilisateurs par jour. On voit, si on me passe l'expression, que
ce sont deux animaux très différents. (17 h 30)
M. Leduc (Saint-Laurent): C'est en fonction de l'aéroport,
c'est surtout cela.
M. Clair: Oui, mais l'objectif de la proposition de
réforme du cadre institutionnel du transport en commun dans la
région de Montréal n'était pas de régler le
problème de la liaison interaéroport. La liaison
interaéroport, c'est une autre question. Quant au service local de
transport offert par la CTL, c'est une tout autre question. Il y a 116 usagers
quotidiens par rapport à 1500 dans les municipalités qui sont
représentées par M. le préfet.
M. le Président, je termine ici mes remarques. Je voudrais
remercier les gens de la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville
d'être venus nous donner leur point de vue et les assurer d'une chose -
je profite de l'occasion de le faire publiquement - c'est que l'objectif que
nous poursuivons n'est nullement d'embêter les municipalités qui
sont dans cette région, mais au contraire - quand on dit gouverner,
c'est prévoir - on essaie simplement, quant à nous, à la
mesure de nos moyens et des renseignements dont nous disposons de commissions
de transport qui ne relèvent pas du ministère, mais qui sont des
organismes autonomes, on essaie simplement, dans votre région,
d'éviter qu'on se retrouve, d'ici à quelques années, dans
une situation par laquelle malheureusement la rive sud et Métropolitain
Provincial ont dû passer. On essaie de prévenir, de vous impliquer
là-dedans. Ce que je souhaite, c'est qu'encore une fois, en terminant,
les gens de la MRC Sainte-Thérèse-de-Blainville acceptent de
continuer à échanger, à se concerter tant avec la CTL, la
ville de Laval, qu'avec les gens du ministère. Ils pourront toujours
compter sur leur disponibilité.
Je termine là-dessus plutôt que de relever encore une fois
les propos démagogiques...
M. Bourbeau: Les propos démagogiques.
M. Clair: ... du député de Laporte. Vous voyez, il
m'a mis les mots dans la bouche.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. Blanchard.
M. Blanchard: Une dernière petite chose. M. le ministre
vient de poser une question, à savoir si nous accepterions de partager
le déficit du Canadien Pacifique pour le train de banlieue chez nous,
alors que nous ne semblons pas vouloir participer au déficit des
autobus. C'est assez clairement établi que nous acceptons de payer le
déficit pour le transport en commun que notre population voudra bien
avoir et payer. C'est aussi clair que cela.
M. Clair: On n'en demandait pas plus.
M. Blanchard: Deuxièmement, en ce qui concerne le genre de
transport, c'est justement le choix régional que nous voulons faire
après avoir consulté la population locale. Vous vous rappelez, au
début du mémoire, le transport en commun, choix régional.
C'est justement la région qui voudrait faire ce choix.
M. Clair: On compte bien que vous allez contribuer à le
faire dans votre région.
M. Blanchard: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie M. Blanchard et ceux qui l'accompagnent pour la
présentation de leur mémoire.
M. Blanchard: Messieurs, je tiens à vous remercier de nous
avoir reçus cet après-midi.
Le Président (M. Boucher): Merci.
J'appelle immédiatement la ville de Saint-Eustache,
représentée par M. Guy Belisle, maire, M. Ronald Biard, directeur
général, Mme Monique Blanchard, conseiller municipal.
Si vous voulez vous identifier et procéder à la lecture de
votre mémoire.
Ville de Saint-Eustache
M. Belisle (Guy): M. le Président, j'ai l'honneur de vous
présenter, à ma gauche, Mme Monique Blanchard, qui est
conseillère municipale à la ville de Saint-Eustache; à ma
droite, M. Ronald Biard, directeur général de la ville;
moi-même, Guy Bélisle, maire de Saint-Eustache.
Avant de commencer, M. le Président, M. le ministre, messieurs,
je tiens à vous souligner que la position de la ville de Saint-Eustache
est aussi une position régionale, mais, parce que notre MRC n'est pas
encore juridiquement constituée, il nous était impossible de
présenter un mémoire au nom de la MRC. C'est dans quelques jours,
mais, malheureusement, ce n'est pas encore arrivé. C'est donc la ville
de Saint-Eustache qui a pris l'initiative de présenter le présent
mémoire. Je dois vous dire qu'à la suite d'une rencontre qui a eu
lieu la semaine dernière, mercredi passé plus
précisément, toutes les municipalités ont endossé
comme étant le leur le présent mémoire, à
l'exception de deux municipalités qui, vous le comprendrez, pour des
considérations électorales, n'ont pu se rendre à
l'assemblée.
Nous avons présenté un mémoire qui vous a
été remis le 1er octobre 1982. Nous avons, avec votre permission,
ajouté une annexe à notre mémoire. Pour vous éviter
la lecture au complet du mémoire et de l'annexe, je me permettrais de
faire un très rapide résumé du mémoire
présenté le 1er octobre et, toujours avec votre permission, la
lecture de l'annexe, qui n'est pas tellement longue, environ huit pages.
En ce qui concerne le mémoire, nous commençons
l'introduction en disant justement que nous approuvons le principe de la
proposition gouvernementale concernant l'organisation et le financement du
transport en commun. Cependant, nous n'approuvons malheureusement pas son
application.
Cette proposition gouvernementale est orientée en vue d'un
contrôle par les élus, par contre, on se rend bien compte que la
proposition gouvernementale fixe une assiette en superficie qui regroupe la
moitié de la population du Québec. Ensuite, nous nous posons des
questions quant au râle des élus des villes de banlieue dans le
contexte de la formation de l'ORT et par rapport à la
représentation dévolue à la ville de Montréal et au
gouvernement du Québec. Nous considérons qu'il est très
dangereux, ce passage à l'intérieur de la proposition
gouvernementale, disant textuellement que la proposition entend aussi conserver
cependant à son égard les mécanismes de contrôle et
d'intervention habituellement utilisés dans le suivi des
activités des institutions locales. Or, c'est un enchaînement,
c'est une sous-question que nous nous posons encore là: quel sera
réellement le pouvoir des municipalités puisque cet
énoncé est très large et l'application finalement sans
limite?
En ce qui concerne le développement du transport, nous
reconnaissons la nécessité d'un transport au niveau local et nous
reconnaissons également la nécessité d'un transport en
commun au niveau régional. Cependant, nous craignons que notre
participation aux réseaux régionaux draine à peu
près complètement les fonds que nous pourrions avoir de
disponibles pour le transport en commun et qu'il ne nous en reste plus pour
l'organisation d'un transport au niveau local.
Arrive la capacité de payer de nos citoyens. Le gouvernement,
nous le comprenons, fait face actuellement à des contraintes
budgétaires. Il faut comprendre que les municipalités font face
à des contraintes budgétaires et les citoyens aussi, à
l'intérieur de leur budget personnel, ont ce même problème.
Quant aux municipalités, l'éventail d'approvisionnement en fonds
est très restreint puisque nous n'avons qu'une capacité de
taxation à l'évaluation foncière.
En ce qui concerne nos citoyens, nous considérons
qu'actuellement, leur capacité de payer dans la conjoncture
économique que nous vivons est pratiquement saturée. Nous avons,
il est certain, des projets municipaux et certains de ces projets sont vitaux,
dont un projet d'alimentation en eau. Alors, si nous avions à faire face
en plus à une augmentation considérable de nos dépenses
dans d'autres secteurs, cela aurait pour conséquence de nous restreindre
énormément dans notre marge de manoeuvre et, pour nous, il s'agit
de déterminer la priorité des projets, compte tenu de
l'environnement et du cadre de vie de nos citoyens.
Nos citoyens, on en a parlé tout à l'heure, sont
déjà durement touchés par toutes sortes de taxes et,
étant donné que nous sommes dans la même région que
nos prédécesseurs et collègues de tout à l'heure,
ils sont également touchés par l'augmentation du
péage.
Le partage des responsabilités financières. Nous
reconnaissons qu'il y a lieu de procéder à un partage des
responsabilités financières à tous les niveaux, y compris
au niveau municipal. Cependant, nous considérons aussi que le fait pour
une bonne partie de notre population régionale de
travailler à Montréal est aussi bon pour l'économie
de Montréal et qu'il faudra en tenir compte dans ce partage des
responsabilités financières. Nous convenons et nous sommes
convaincus qu'avant de prendre une décision dans un sens ou dans l'autre
il est extrêmement utile et nécessaire de connaître les
coûts. Comme un peu toutes les municipalités consultées
l'été dernier, en ce qui nous concerne, nous pensions payer
environ 50 000 $ comme contribution au transport en commun et nous nous
retrouvons actuellement avec une facture de 350 000 $.
En ce qui concerne la CTL, nous sommes prêts et nous sommes
très impatients de discuter avec elle. Nous sommes conscients que, si
nous avons une facture à payer, nous n'avons pas à imposer cette
facture aux citoyens de Laval. Cependant - et on pourra y revenir tout à
l'heure - nous avons pris connaissance de certains rapports où il
était dit et prouvé que le réseau de transport en commun
suburbain dispensé par la CTL était rentable. Non seulement il
est rentable, mais il subventionne le réseau urbain de la ville de
Laval. Pourtant, c'est un rapport qui date de 1979, cela ne fait pas tellement
longtemps.
Or, pour nous, et j'y reviens, l'ORT, dans notre concept, élimine
à toutes fins utiles le choix régional auquel on se
réfère et qu'on nous invite à faire. La composition de
l'organisme régional de transport ne nous laisse pratiquement aucune
représentation, sinon une au niveau de la MRC; au niveau du conseil
exécutif, absolument rien puisqu'il est bien sûr que dans la
représentativité de la rive nord, c'est Laval qui va
siéger au niveau de l'organisme régional de transport.
C'est là le résumé de notre premier mémoire
déposé le 1er octobre. Je me permets de vous lire ce que nous
avons annexé pour le compléter. (17 h 45)
L'objectif gouvernemental est de créer l'organisme
régional de transport avant la fin de l'année 1982. Il nous
semble que la réalisation de cet objectif présente de très
grands dangers tant au niveau des budgets municipaux à adopter pour
l'année 1983 qu'au niveau des engagements futurs qui seront les
nôtres. Si nous avons bien saisi la proposition gouvernementale, il
apparaît clairement qu'une partie des engagements futurs de la CUM en
matière de transport en commun deviendra, en quelque sorte, nos
engagements. Il ne faut pas oublier que, dans notre cas, nous sommes et
rattachés à la CTL et rattachés à la CUM par le
transport de train de banlieue. C'est donc dire que si nous sommes
obligés d'y contribuer financièrement, il ne nous restera plus
rien pour créer ou améliorer notre réseau local, ayant
déjà épuisé notre mince marge de manoeuvre. Notre
capacité de payer a atteint son maximum, particulièrement en
cette période de récession économique, et nous ne pouvons
demander plus à nos citoyens.
On nous a proposé un document de travail intitulé "Le
transport en commun, un choix régional". Encore faut-il nous laisser un
certain choix. Notre pouvoir de décision est absolument inexistant ou
serait absolument inexistant au sein de l'ORT. Nous n'y adhérerons pas
de plein droit. Nous serons forcés d'en faire partie. Pourquoi
parle-t-on alors de choix? De plus, qu'avons-nous eu à dire dans le
passé pour les équipements déjà en place et dont il
nous faudra participer au remboursement de la dette? N'y a-t-il pas là
une profonde atteinte à notre autonomie municipale? Qu'aurions-nous
à dire si les gens de la région décidaient qu'il ne
veulent pas du métro de surface proposé par l'ORT alors que ce
dernier décide du contraire? C'est bien la décision de l'ORT qui
prévaudrait alors.
Comment pouvons-nous espérer qu'une extension ou
amélioration générale du transport en commun pourrait nous
être accordée, à nous de la banlieue, quand le document,
à la page 10 du résumé, énonce comme grande
orientation celle "d'inciter les gens à s'installer à
l'intérieur des limites actuelles du territoire urbanisé et
favoriser l'amélioration de la qualité de la vie sur l'île
de Montréal?" Notre représentativité étant,
à toutes fins utiles, inexistante, il faudrait être naïf pour
ne pas voir là un merveilleux plan de faire payer les gens de la
banlieue sans les faire bénéficier directement et
proportionnellement des montants qu'ils débourseront. C'est une punition
tardive imposée aux citoyens de banlieue qui ont délaissé
la ville de Montréal. Cette mesure s'ajouterait à celle de
l'augmentation du péage des autoroutes; sans avertissement
préalable, nos citoyens se trouvent donc traqués de toute part
par un système qui se referme injustement sur eux et épuise de
façon inexorable leur capacité de payer.
Concernant la contribution du non-usager, la proposition gouvernementale
énonce de plus que 30% des déficits engendrés au niveau
régional devraient être absorbés par les non-usagers
automobilistes et les entreprises. Une surtaxe sur les terrains de
stationnement serait prélevée à Montréal. Qui,
pensez-vous, défraiera le coût de cette surtaxe? L'automobiliste
et personne d'autre. En plus d'être surtaxé de toute part, taxe
sur l'essence, augmentation du coût des plaques d'immatriculation,
augmentation des coûts de la régie de l'assurance automobile,
augmentation des péages des autoroutes, etc., voilà que l'on a
trouvé une nouvelle occasion d'accabler les automobilistes.
L'étau, nous le répétons, se referme sur eux,
particulièrement sur ceux qui n'ont pas le choix et qui se trouvent dans
l'obligation de
gagner leur vie par ce moyen de transport à cause de la nature de
leur travail et de l'impossibilité pour eux d'utiliser les transports en
commun.
Que dire des entreprises qui ont payé depuis belle lurette leur
contribution par les taxes et impôts de toutes sortes. On
répète qu'elles ont peine à traverser la crise actuelle.
Pourtant on songe à leur imposer un nouveau fardeau. N'y aurait-il pas
avantage que le tout soit référé au comité conjoint
Québec-municipalités puisqu'il s'agit au bout du compte de
fiscalité municipale? N'y aurait-il pas lieu que le gouvernement du
Québec libère une partie de son champ de taxation, laquelle
pourrait alors être occupée par les municipalités et
défrayer en tout ou en partie les frais de transport en commun? On ne
pourra pas indéfiniment taxer et taxer le citoyen. Il faudrait penser
à des transferts de champs de taxation et non plus en créer de
nouveaux. Il faudrait que le gouvernement du Québec, lorsqu'il
transfère des responsabilités financières aux
municipalités, transfère également un champ de taxation
correspondant.
La proposition gouvernementale déclare sans ambages que le
transport en commun doit être soumis au contrôle des élus
qui sont les mieux en mesure d'évaluer les besoins locaux et d'y
répondre. Or, que s'est-il passé en réalité? Les
représentants du COTREM nous ont fourni des chiffres qui ne
correspondaient aucunement à la réalité. Ce n'est que dans
le cours du mois de septembre que nous avons reçu des chiffres
corrigés, d'où notre empressement à rédiger trop
rapidement, nous en convenons, le présent mémoire. De plus, au
début du mois de septembre, les autorités de la ville de Laval
nous apprenent qu'elles encourent un lourd déficit à nous
dispenser le transport en commun. C'est la première fois que nous
entendons ce son de cloche. En effet, dans le passé, on nous a toujours
dit, à la CTL, que le service de transport en commun, dispensé
chez nous et dans les Basses-Laurentides était rentable et même
améliorait le déficit que la CTL encourait. Il ne faut pas
oublier que nos citoyens usagers de la CTL doivent payer chacun près de
1 $ de plus que le Lavallois uniquement pour traverser le pont de
Saint-Eustache. C'est à se demander si ce n'est pas un autre
péage sur le pont.
Nous sommes ouverts à toute discussion avec la CTL ou avec la
ville de Laval, selon le cas, et s'il appert que nous contribuons à
créer le déficit annuel nous paierons notre quote-part.
Cependant, avant d'aller trop vite dans ce dossier et d'en venir à un
désengagement de part ou d'autre, il y aurait avantage à ce que
les intervenants se rencontrent.
Dans l'argumentation du document, on donne comme exemple de
l'utilité et de la nécessité de l'existence du transport
en commun les embouteillages monstres créés lors de grèves
ou d'arrêts de travail. Nous en convenons. Cependant, imaginons
l'inverse. Si tous les automobilistes décidaient d'utiliser le transport
en commun, qu'arriverait-il aux usagers réguliers, aux commissions de
transport qui devraient alors investir en immobilisation, et qu'arriverait-il
à l'économie en général?
En conclusion, nous demandons au gouvernement du Québec de
considérer et de tenir pour acquis que nous existons et que sa
proposition concerne la moitié de la population du Québec. Ce
projet mérite qu'on s'y arrête, que les principaux intervenants
aient le temps de se rencontrer, de prendre réciproquement connaissance
de leurs projets, de leurs difficultés; qu'ils établissent leurs
besoins et qu'ils connaissent à l'avance les coûts
engendrés par ces besoins.
M. le Président, nous ne sommes aucunement contre la proposition
gouvernementale en ce qu'elle représente un élément de
solution à un service nécessaire. Cependant, nous ne voudrions
pas que des contraintes strictement budgétaires précipitent les
discussions qui auraient avantage à se poursuivre encore quelque temps,
puisque nous ne connaissons les chiffres réels que depuis quelques
semaines. Encore là, nous émettons certaines réserves
quant à la réalité des chiffres que nous avons en
main.
Votre attitude et votre ouverture d'esprit nous permettront de
réaliser si nous avions réellement le choix.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire. M. le
ministre.
M. Clair: Alors, M. le Président, sur la conclusion quant
aux chiffres, quant aux besoins et quant aux coûts engendrés par
ces besoins, je répéterais sensiblement la même chose qu'au
groupe précédent, aux gens de la MRC
Sainte-Thérèse-de-Blainville, à savoir que le
ministère était disponible au cours de l'été pour
rencontrer les gens de la MRC et, à ma connaissance, ce ne sont pas les
gens du COTREM qui ne se sont pas rendus disponibles. On espère que cela
pourra être corrigé dans l'avenir.
Dans ce sens, mon seul commentaire-question est le suivant. Puisque,
à toutes fins utiles, notre position ressemble beaucoup à celle
de la MRC précédente, je ferai la même offre. À la
page 2, nous sommes ouverts à toute discussion avec la CTL ou avec la
ville de Laval, selon le cas, et s'il appert que nous contribuons à
créer le déficit annuel nous paierons notre quote-part; j'en
prends acte. Cependant, avant d'aller trop vite dans ce dossier et d'en venir
à un désengagement d'une part ou d'une autre, il y aurait
avantage à ce que les intervenants
se rencontrent. C'est exactement ce que je pense, c'est exactement ce
qu'on aurait aimé pouvoir vous dire au cours de l'été
dernier, qu'il faut s'assoir ensemble pour vérifier si les chiffres dont
on discute sont les bons, si les vues des élus locaux de la
région sont respectées, et pour les impliquer.
Je ne remets pas en cause les décisions qui ont été
prises par les élus des Basses-Laurentides, mais le passé
étant le passé, l'avenir étant l'avenir, je
réitère simplement la proposition que j'ai faite tantôt,
à savoir qu'à compter de maintenant... Les gens du COTREM, dans
le fond, ne faisaient qu'essayer d'aller chercher des chiffres pour vous; on
peut les blâmer d'y être allés trop vite, peut-être
auraient-ils dû ne pas le faire, mais je continue à croire que,
malgré la critique dont ils sont l'objet à cet égard, ils
ont eu raison d'essayer de connaître la réalité des
coûts qui risquaient d'être impartis, plus ou moins rapidement,
tôt ou tard à votre région. Alors, je réitère
l'offre que je faisais, je prends l'offre de disponibilité que vous
faites à la page 2 - je pense que ce n'est pas la page 2, j'ai
l'impression qu'il y a une mauvaise numérotation...
Une voix: C'est à la fin.
M. Clair: Oui, c'est que je me rends compte que toutes mes pages
sont numérotés "2". Il y a sûrement eu... En tout cas,
à l'endroit où vous faites part de votre disponibilité
pour examiner les chiffres, connaître la situation réelle,
acceptez-vous, oui ou non, que le COTREM puisse vous rencontrer, avec la CTL et
les représentants de la MRC qui naîtra ces jours-ci, à ce
qu'on m'indique, pour justement s'assurer qu'on mesure bien la situation telle
qu'elle est présentement et voir quelles sont les meilleures
solutions.
M. Bélisle: M. le Président, concernant l'absence
aux discussions qui ont eu lieu l'été dernier, il faudrait bien
préciser qu'il ne s'agit que d'une seule réunion, une seule
assemblée parce qu'à toutes les autres réunions...
M. Clair: Généralement, quand on convoque quelqu'un
à une première réunion et qu'il ne se présente pas,
on évite de le convoquer à d'autres.
M. Bélisle: Non, à la première, nous y
étions. C'est à la dernière réunion que nous n'y
étions pas. À ce moment-là, nous avions déjà
en notre possession des chiffres, mais qui étaient erronés. C'est
lors de la dernière réunion qu'on nous a déposé des
chiffres et celui qui les a reçus a oublié d'en faire la
distribution aux municipalités. Mais même ces chiffres-là,
qui nous ont été divulgués au mois d'août - je pense
que c'est le 19 qu'a eu lieu la dernière réunion - avaient eu le
temps d'être modifiés parce qu'ils étaient à 0,074 $
au mois d'août et à la fin de septembre, au moment où on a
rédigé le mémoire, ils étaient rendus à
0,089 $ et ils étaient partis à une ou deux cents les 100 $
d'évaluation. Je pense qu'il ne faut pas imputer cela uniquement
à notre absence, d'autant plus que c'était durant
l'été. Vous savez qu'il s'agit d'une période où
c'est extrêmement difficile d'avoir tous nos gens pour assister à
des rencontres de cette nature; d'ailleurs, Mme Blanchard faisait partie de ce
comité.
Même si c'était difficile, je peux vous assurer que nous
avons toujours eu cette représentation adéquate, sauf à la
dernière assemblée.
M. Clair: Je suis heureux de voir que vous envisagez l'avenir
avec une meilleure collaboration de part et d'autre et je vous en remercie. Je
crois que mon collègue a une question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte. (18 heures)
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. M. le maire, et
j'oserais peut-être dire cher collègue ou ex-collègue
puisque vous exercez la même profession, je crois, que j'exerçais,
il me fait plaisir de vous recevoir à cette table.
À la page 4 de votre mémoire, vous parlez de la
contribution du non-usager. Je pense qu'on doit traduire ça, en langage
un peu plus simple, par les taxes que le gouvernement impose aux
automobilistes. Vous vous portez un peu à la défense de ces
citoyens.
Évidemment, le gouvernement a beaucoup taxé les
automobilistes, surtout depuis un an, et vous faites une
éenumération de la panoplie de taxes dont le ministre des
Transports nous a affublés depuis un an. Le ministre des Transports est
devenu le meilleur ami du ministre des Finances, dit-on, et, comme je le disais
hier, il se prend encore pour le ministre du Revenu.
Mais il reste quand même que, chez vous - je vais vous poser la
question - ça crée un problème chez des gens et je
comprends que, vivant en banlieue, il est possible que vous ayez plusieurs de
vos concitoyens qui ont besoin d'utiliser l'automobile. On appelle ça la
contribution des non-usagers et le ministre nous explique ça par le fait
qu'il a fait un choix de société en faveur du transport en
commun. En fait, il a choisi pour nous, nous avons choisi ensemble; par
l'intermédiaire du ministre des Transports, nous avons fait un choix de
société. Dans votre mémoire, vous dites que les
automobilistes, eux, n'ont
souvent pas le choix et qu'ils doivent utiliser leur automobile et vous
vous portez à leur défense.
Je pense qu'effectivement ce n'est pas toujours très sage
d'effectuer un tel choix et de rejeter toutes les autres solutions. Ceux qui
sont dans le commerce savent fort bien qu'il est toujours malhabile de se
livrer pieds et poings liés à un seul fournisseur. Or, ce qui
arrive, quand on rejette toutes les autres formes de transport, c'est
qu'effectivement on risque de devenir l'otage du seul fournisseur auquel on
fait confiance, notamment le transport en commun. Je crois comprendre que vous
privilégieriez une formule qui serait plus souple et qui permettrait
également aux citoyens d'exercer un vrai choix; vous semblez dire que ce
n'est pas le cas actuellement.
Est-ce qu'effectivement, chez vous, il y a beaucoup de gens qui ne
peuvent pas utiliser le transport en commun et qui doivent utiliser
l'automobile? Est-ce que ça crée un problème additionnel
dans votre région?
M. Belisle: II y a beaucoup de gens qui utilisent le transport en
commun et il y a aussi beaucoup de gens qui ne l'utilisent pas. Parmi ces
derniers, il y en a aussi qui pourraient l'utiliser, mais il y en a une assez
forte proportion qui ne peut absolument pas utiliser ce mode de transport en
commun pour l'excellente raison qu'ils ne travaillent pas à
Montréal et que la région où ils travaillent n'est pas
desservie par le transport en commun. On n'a qu'à penser, par exemple,
à ceux qui travaillent à la compagnie General Motors, on n'a
qu'à penser à ceux qui travaillent à l'aéroport de
Mirabel. Il y en a quand même 3000 ou 4000 qui y travaillent. Il y en a
qui travaillent à Laval et il y en a également qui travaillent
à Montréal et qui ne peuvent pas, malgré tout, utiliser
les modes de transport en commun.
Or, ces gens, on peut les appeler et leur donner des noms. On peut les
appeler des usagers, on peut les appeler des non-usagers; sauf que, lorsqu'on
est un élu local, en plus des noms qu'on leur donne, on vit avec eux et
on vit avec leurs problèmes, on vit avec un certain dépouillement
particulièrement dans la période que nous vivons - et on essaie
de défendre ou en tout cas de représenter tout le monde. Parmi
ceux-là, il y a les usagers et les non-usagers et je pense qu'on doit
défendre en même temps les uns et les autres, parce qu'on n'a pas
le droit de pénaliser une catégorie qui est captive du mode de
transport qu'elle est obligée d'utiliser, à cause de la nature du
travail, du lieu du travail ou d'autres considérations qui
l'empêchent complètement d'utiliser les modes de transport en
commun. Si on revient aux automobilistes, je reviens encore au péage.
Les gens de Laval trouvent dispendieux de passer un péage. Les gens de
chez nous sont obligés d'en passer deux par jour et paient deux fois le
prix et le prix de l'augmentation du péage. Si vous regardez au bout de
l'année ce que cela peut faire comme trou dans un budget, ça
mange, en tout cas, les augmentations de cette année, peut-être
celles de quelques années à venir également.
M. Bourbeau: Si je traduis bien votre pensée, la
société que vous choisiriez pour vos électeurs est une
société où il y aurait non seulement du transport en
commun, mais également la liberté pour vos citoyens de choisir un
autre mode de transport, par exemple, l'automobile, lorsqu'ils ont l'obligation
de le faire, et vous souhaiteriez que ce soit à des coûts qui ne
soient pas trop prohibitifs.
M. Bélisle: En fait, ce qu'on préconise, c'est que
ce ne soient pas les automobilistes qui permettent aux usagers du transport en
commun de bénéficier d'un bon transport en commun, parce que les
automobilistes n'ont pas les moyens de payer un bon transport en commun
à ceux qui peuvent les utiliser et qui les utilisent à coups de
subventions alors qu'ils n'en ont pas.
M. Bourbeau: Je voudrais maintenant aborder un autre point. Vous
parlez, dans votre mémoire, du même sujet que vos
prédécesseurs, à savoir que les dirigeants du COTREM vous
ont communiqué des chiffres qui ne correspondaient aucunement à
la réalité et que subséquemment on vous a donné les
chiffres corrigés. Quels étaient les premiers chiffres?
C'était 50 000 $, je crois, que vous avez dit pour Saint-Eustache.
M. Bélisle: Exactement. C'était aux alentours de 50
000 $.
M. Bourbeau: Et les derniers étaient 350 000 $.
M. Bélisle: 428 000 $ pour la région dont 350 000 $
applicables à la ville de Saint-Eustache.
M. Bourbeau: 350 000 $ pour Saint-Eustache. Les 50 000 $,
c'était pour la région ou pour Saint-Eustache?
M. Bélisle: C'était pour Saint-Eustache.
M. Bourbeau: Donc, en ce qui concerne votre municipalité,
c'est passé de 50 000 $ à 350 000 $.
M. Bélisle: C'est ça.
M. Bourbeau: Ce qui veut dire sept
fois...
M. Clair: Le député remarquera, M. le
Président, que le pourcentage d'erreur est fort similaire puisque,
effectivement, c'est encore là une question de comptabilité
séparée et de façon dont sont impartis les
différents frais du transport en commun.
M. Bourbeau: Alors c'est sept fois. Je ferai remarquer à
mes collègues du Parti québécois qu'on savait qu'ils ne
savaient pas compter, mais on vient d'en avoir la preuve. Ils nous disent que
cela fait 700%.
M. Clair: Le député...
M. Bourbeau: Vous reprendrez vos calculs, messieurs. Cela fait
600%.
M. Clair: M. le Président, le député pense
qu'il insulte les députés du Parti québécois...
M. Bourbeau: Pas du tout. Tout simplement, M. le
Président...
M. Clair: Ce n'est pas ce qu'il fait. Il insulte des
fonctionnaires qui sont à la recherche de la vérité.
M. Bourbeau: M. le Président, vos collègues
viennent de nous dire que cela fait 700%, or, s'ils avaient pris un crayon et
s'ils savaient compter, ils verraient que cela fait 600%. Mais là n'est
pas le point. On est habitué à des erreurs de calcul avec le
Parti québécois.
On vous a dit, à deux mois d'intervalle, que cela serait 600%
plus cher la deuxième fois que la première, si je comprends
bien.
M. Bélisle: Oui.
M. Bourbeau: Vous en concluez que cela ne fait pas tellement
sérieux, que vous n'êtes pas portés à croire aux
nouveaux chiffres. Vous aimeriez attendre un peu plus longtemps pour avoir la
chance de faire vous-mêmes vos propres calculs. Je ne peux pas vous
blâmer. Je conclurais, quant à moi, que cela enlève toute
crédibilité aux chiffres avancés par le gouvernement
puisque, continuellement, ses fonctionnaires se trompent, et cette fois-ci ce
n'est que de 600%. La fois précédente, c'était de 2000%.
C'était un commentaire que je voulais faire. Je voulais simplement
avoir... Je voulais vous faire préciser les chiffres parce que je les
avais mal compris en ce qui concernait votre municipalité.
Vous avez parlé de la CTL, tout à l'heure. Je voudrais
simplement revenir là-dessus parce que, encore là, il y a une
imprécision. Vous êtes victimes d'une imprécision en ce qui
concerne les chiffres que vous a donnés le COTREM par rapport à
votre propre contribution - une erreur de 600% - et vous êtes
également victimes d'une certaine imprécision en ce qui concerne
les chiffres que vous donne la CTL. Vous vous trouvez donc devant un double
dilemme. Deux séries de chiffres dans deux problèmes
différents, à l'égard desquels vous avez des doutes
très sérieux.
En ce qui concerne la CTL, le problème se pose comme suit: dans
la proposition gouvernementale, on fait état d'un surplus de 176 000 $
en ce qui concerne le réseau hors CTL. Donc, la CTL ferait un profit de
176 000 $ en 1982, ceci est mentionné à la page 74 de la
proposition gouvernementale. Or, vous nous dites que les gens de Laval vous
apprennent qu'ils encourent un lourd déficit à vous dispenser le
transport en commun. Donc, voilà encore une affirmation qui est bien
étrange. On se croirait en plein amateurisme. Nous avons des gens
sérieux qui nous disent dans un document supposément très
sérieux aussi que la CTL fait un profit de 176 000 $ et à vous
les gens de Laval disent qu'ils font un lourd déficit.
Évidemment, vous qui êtes pris entre les deux, vous en concluez
qu'il faut prendre le temps qu'il faut pour savoir ce qui en est.
Pour tenter de comprendre ce qui se passe à la CTL, cela vaut
peut-être la peine de prendre une minute ou deux. Historiquement, les
commissions de transport, entre autres, la CTL ont été
dirigées par des fonctionnaires qui étaient nommés par
Québec et je ne veux pas jeter le blâme uniquement au gouvernement
actuel, cela date du tout début. On a toujours eu à la direction
des commissions de transport des fonctionnaires ou des gens qui étaient
nommés par le gouvernement du Québec quel qu'il soit, et qui
étaient des gens de transport. On en a un exemple très clair
à Laval où on vient de nommer un nouveau président qui est
un fonctionnaire, un des bras droits du ministre des Transports. Donc, les
commissions de transport étaient littéralement
téléguidées par le ministre des Transports et par le
ministère des Transports. Ces gens-là n'avaient pour but que de
faire du transport et ne se préoccupaient que très peu de la
gestion des fonds publics, si je puis dire, dans le sens que ce ne sont pas eux
qui devaient taxer les contribuables ou qui devaient faire supporter les
déficits par les contribuables. Donc, la fonction transport les
intéressait beaucoup plus que la fonction administration. On a vu les
résultats que cela a donnés. Vous avez un exemple à Laval.
Les fonctionnaires ont élargi le mandat en donnant du transport à
l'extérieur de la ville. On est allé aussi loin que Mirabel et
Saint-Jérôme et pendant ce temps-là, les fonctionnaires de
la CTL, qui étaient les
seuls à contrôler la CTL à ce moment-là,
à connaître les vrais coûts, faisaient entendre aux gens, y
compris les gens de Laval, qu'on faisait des profits avec le service qu'on vous
donnait. Évidemment, les élus municipaux entendant cela n'avaient
aucune raison de mettre fin à ce système, puisque, semble-t-il,
on faisait des profits. Alors, on vous a donné un service gratuit,
gratuit pour vous bien entendu, mais probablement qu'on verra bientôt que
ce n'était pas gratuit pour les contribuables de Laval. Si
l'expérience passée est garante de l'avenir, l'enquête
qu'on fait actuellement à Laval démontrera qu'effectivement il
n'y avait pas de profit et qu'il y avait sûrement de lourds
déficits comme la nouvelle autorité de Laval semble le dire.
Quant à moi, je le disais tout à l'heure, je n'ai aucun
doute que lorsque la nouvelle administration de Laval aura terminé son
étude, elle conclura qu'il y avait de lourds déficits et non pas
des profits à vous donner le service. Vous mêmes dites que s'il y
a des déficits, vous n'avez pas d'objection à vous asseoir avec
les représentants de Laval et à payer la quote-part qui vous
reviendra, à la condition que vous ayiez la chance de pouvoir examiner
les chiffres et de déterminer le niveau de service qui vous sera
donné. Je pense que c'est une attitude très responsable de votre
part de dire que si cela coûte de l'argent, vous êtes prêts
à payer ce que cela vaut et pas plus. Je pense que je vous cite
textuellement en disant cela.
Pour ceux qui ont observé cela, il semble étrange que
pendant si longtemps on ait laissé pourrir une situation comme
celle-là et que les élus municipaux ait assisté pendant
des années et des années à un spectacle où les
fonctionnaires les leurraient littéralement, leur comptaient des
blagues, les embarquaient dans des bateaux, dans des aventures
extra-territoriales, faisaient faire des dépenses importantes aux
commissions de transport et disaient que cela ne coûtait pas cher et
qu'on faisait des profits. Tout à coup, la hache tombe, on voit qu'une
administration municipale a décidé de passer les comptes de la
CTL à tabac et en vient à vous dire qu'il y a des lourds
déficits. Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs on dit
déjà qu'il y a de lourds déficits, parce qu'il ne semble
pas que l'étude des dossiers soit terminée. Pour qu'on puisse
déjà nous dire, avant que l'étude ne soit terminée,
qu'il y a de lourds déficits, c'est donc qu'on a de bonnes raisons de
croire qu'il en sera ainsi. (18 h 15)
Je veux simplement conclure en disant que je pense que vous avez raison
de vous poser des questions, de vouloir attendre de connaître les vrais
chiffres. Je pense qu'il est très responsable de votre part aussi de le
faire et de vouloir ne payer que ce que ça coûte. En ce qui me
concerne, je vous remercie de votre participation et j'espère que dans
les mois qui viennent vos problèmes de transport vont se régler
sans que les citoyens aient à. débourser des sommes d'argent plus
importantes que leur capacité de payer. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci. Avant de donner la
parole au député de Deux-Montagnes, je voudrais m'enquérir
auprès des membres de la commission jusqu'à quelle heure ils
entendent continuer; à l'heure de la suspension, j'ai
présumé qu'on avait accepté de continuer.
M. Clair: Mon collègue, le député de
Deux-Montagnes, aimerait bénéficier de cinq ou six minutes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): D'accord.
Le Président (M. Boucher): Disons une dizaine de minutes.
Allez-y, M. le député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Je suis
heureux d'accueillir Me Bélisle, Mme Blanchard et M. Biard devant cette
commission. Comme citoyen de Saint-Eustache, je me réjouis que ma
municipalité ait décidé de se présenter devant la
commission avec non pas modestement un mémoire, mais avec deux
mémoires, ce qui manifeste, je pense, un excellent esprit de la part de
la municipalité qui a voulu s'adapter aux circonstances nouvelles, aux
faits nouveaux portés récemment à sa connaissance.
La ville de Saint-Eustache manifeste un esprit de collaboration dont je
me réjouis aussi, ce qui ne veut cependant pas dire que nous soyons tous
d'accord sur les données du problème. Je remarque, par exemple,
que M. le député de Laporte vient, dans son intervention, de
faire de cette question de la place de l'automobiliste dans notre
société presque une question philosophique. Il a lui-même
posé à ce sujet une question de liberté. Je ne pense pas
qu'il soit dans l'intention du ministre des Transports de brimer la
liberté de qui que ce soit. Ce n'est vraiment pas une question de
liberté. Je pense bien qu'au Québec les gens seront toujours
libres d'utiliser leur voiture si c'est le choix personnel qu'ils font. Ce que
nous devons étudier ici, ce sont plutôt les avantages qu'il y a
pour la population, aidée des pouvoirs publics, de développer des
transports en commun selon des besoins qui sont de plus en plus
généralement reconnus.
Parmi les avantages qu'il y a à recourir au transport en commun,
il n'y a pas
seulement les avantages immédiatement monnayables, il y a aussi
des avantages quant à la qualité de la vie, des avantages quant
à la pollution, quant à l'encombrement des routes et toutes
considérations qui sont concrètes et auxquelles, je pense, les
Québécois sont sensibles, même si on prétend que
nous sommes très attachés, chacun de nous, à notre voiture
et au privilège que nous avons d'utiliser notre voiture. Même si
cela est vrai, malgré cet attachement à ce privilège, de
plus en plus de gens dans notre région, comme dans d'autres
régions du Québec, se rendent compte de la
nécessité de porter une plus grande attention au
développement des transports en commun.
On pourrait discuter du cadre financier. Vous avez dit, Me
Bélisle, que les gens de Saint-Eustache qui vont travailler à
Montréal, c'est bon pour l'économie de Montréal. Je pense
que vous faisiez allusion au fait que les Eustachois qui vont travailler
à Montréal peuvent, à l'occasion, faire des
dépenses à Montréal: un repas, un achat ici et là.
C'est évidemment de l'eau au moulin de l'économie
montréalaise. Mais si vous analysez les coûts plus en profondeur,
je pense que vous allez vous rendre compte qu'il n'y a pas de
bénéfice net pour la ville de Montréal dans le fait qu'il
y ait des Eustachois qui vont travailler à Montréal parce que les
coûts que représente la fourniture de certains services sont plus
élevés que les avantages qui peuvent se présenter si
quelqu'un, à un moment donné, prend un repas ou fait un achat ou
deux ou paie son stationnement.
Mais je pense qu'on ne va pas débattre cela longuement parce que,
en fin de compte, les coûts qui nous préoccupent le plus, ce sont
les coûts réels des transports et nous avons eu du mal justement
à les évaluer. Vous avez fait allusion à une facture
proposée de 350 000 $ pour la ville de Saint-Eustache. C'est pour les
services de la Commission de transport de Laval. N'est-il pas exact, M. le
maire, que, dans l'ensemble du plan, il y a aussi un autre coût
proposé à la ville de Saint-Eustache, qui est de l'ordre de 289
000 $, dans le cas du chemin de fer de banlieue?
M. Bélisle: C'est exact maintenant, sauf que, dans ce cas,
on n'a pas eu les chiffres finals. Cela peut être 289 000 $ comme cela
peut être 400 000 $. À cela vont s'ajouter probablement des
coûts additionnels comme participation à la construction si jamais
le métro de surface se réalise. À ce moment, je pense que,
pour le nombre d'utilisateurs, il va falloir que la région, non
seulement la ville de Saint-Eustache, puisse se prononcer à savoir si
elle fait ce choix d'accepter que le métro de surface se rende chez nous
et d'accepter d'en payer le prix. Nous, ce qu'on pense, ce qui est notre
crainte, c'est que toutes sortes de superstructures chapeautées par
l'organisme régional de transport prennent une décision contre
notre gré et que finalement, parce que c'est bon pour la CUM, parce que
c'est bon pour le West Island, c'est bon pour un peu tout le monde, y compris
nous autres aussi. Mais peut-être qu'à cause de notre nombre
restreint on n'aura pas les moyens d'absorber cette dépense
additionnelle; on veut avoir et on a beaucoup de craintes d'avoir ce choix
réel si on oeuvre à l'intérieur d'un conseil
régional de transport.
M. de Bellefeuille: J'aimerais bien vous comprendre parce que
vous avez déjà plus tôt exprimé la crainte d'entrer
de force dans cet ORT. Est-ce qu'une excellente garantie contre un abus en
quelque sorte d'autorité de la part d'une organisation, d'un ORT, ce ne
serait pas de vous-mêmes vous constituer en conseil local de transport
avec les municipalités environnantes?
M. Bélisle: Par la municipalité régionale de
comté, je pense que ça va être pratiquement automatique. En
tout cas, il y a une forte proportion du nombre des municipalités qui
vont faire partie de la municipalité régionale de comté et
qui vont être concernées par le problème du transport en
commun et on va probablement faire un comité intermunicipal de transport
ou peut-être un comité de transport à l'intérieur de
la MRC. Pour être plus précis, nous, nous ne voulons pas de l'ORT
et nous ne voulons pas que les décisions de planification, de
construction et de financement, comme il est indiqué dans la proposition
gouvernementale, qui sont des responsabilités qui écherraient
à l'ORT, nous ne voulons pas que ce soit i'ORT qui assume, en ce qui
nous regarde, nous, et je pense que cela s'applique à toutes les
municipalités qui ne sont pas des grosses municipalités, et nous
impose des volontés que nous ne voudrions pas.
À ce moment, c'est dans ce sens que je dis que nous n'aurons plus
le choix puisque nous serions de force à l'intérieur de cet
organisme.
M. de Bellefeuille: II existe déjà un comité
présidé par le maire de Deux-Montagnes, M. Parr, sur les
transports en commun. Est-ce que ce comité ne pourrait pas être
l'embryon du conseil local de transport?
Mme Blanchard (Monique): M. de
Bellefeuille, c'est que le comité, au début, avait
été formé pour des rencontres avec le COTREM. Au
début, la cotisation des municipalités était pour
l'intégration tarifaire. Ce qu'on nous disait au début,
c'était que le prix payé par l'utilisateur du train devait
diminuer, et que la partie ainsi diminuée contribuerait à un
déficit pour la
CTCUM dont les municipalités devaient combler le vide à ce
moment-là. C'est pour cette raison qu'à ce moment-ci, nous
demandons encore un peu de temps, parce que pour nous, la ville de Laval, c'est
tout nouveau dans le décor. Je me souviens que le maire de Laval
assistait à ces réunions et il n'était pas
intéressé lui-même à l'intégration tarifaire,
parce que pour lui, sa cotisation était de 700 000 $ et il se disait que
pour les utilisateurs de Laval du train de banlieue, il ne pouvait pas
contribuer à un déficit à la CTCUM. Et là,
aujourd'hui, se revirant de bord, il veut nous faire contribuer à son
déficit. C'est pour cette raison que pour nous, le déficit de
Laval est tout nouveau, parce que, au début, ce n'était pas ce
à quoi on devait contribuer. On devait contribuer au déficit
engendré par la tarification diminuée de l'utilisateur, mais
déjà, le 19 mars 1982, le coût du billet qui passait de 66
$ à 35 $ n'était déjà plus à $35 $. Il
était déjà augmenté à 60 $. C'est pour cette
raison que nous sommes encore bien mélangés. Que la ville de
Laval entre dans le décor à ce moment-ci et nous dise: Vous allez
contribuer au déficit engendré par la CTL, on voudrait bien
savoir si c'est la CTL qui va nous faire contribuer à son
déficit. Quant à la CTCUM, est-ce que cela va être pour le
déficit engendré par nos utilisateurs à coût
réduit ou à coût normal? C'est tout cela qu'il faudrait
savoir et qu'il faudrait éclaircir, à un moment donné.
M. Clair: Voyez-vous madame...
M. de Bellefeuille: Dans...
M. Clair: Je m'excuse de t'interrompre, Pierre. Je te laisserai
continuer après.
M. de Bellefeuille: Oui.
M. Clair: Mais voyez-vous, madame, l'immense avantage que cela
comporterait de vous constituer en conseil local de transport, c'est de vous
donner l'autorité, justement, de trancher ces questions, de faire le
choix et de définir quelles sont les priorités que vous
retenez.
M. de Bellefeuille: Laval n'en ferait pas partie, normalement.
Cela ne vous empêcherait pas de discuter avec la municipalité et
la CTL, mais Laval n'en ferait pas partie.
Mme Blanchard: Non.
M. Bélisle: Justement, M. le Président. On a ce
genre de comité local de transport puisque vous avez justement
évoqué qu'il existe - il a même un président - et
pourtant, c'est un comité qui doit discuter ou avoir comme
priorité de solutionner ou d'étudier en profondeur les
problèmes de transport en commun. Si nous n'avions pas réagi, il
n'y aurait pas de position régionale ici malgré qu'il y ait un
comité. Je pense que Sainte-Thérèse-de-Blainville non
plus, parce que c'est quand même par nos services qu'à un moment
donné on s'est aperçu que les chiffres ne concordaient plus et
qu'il fallait faire vite et présenter un mémoire. Je pense que si
on avait demandé au comité local de présenter un
mémoire, il n'aurait pas été en mesure de le faire, comme
nous, parce qu'il n'y a pas de service.
Pour revenir à Laval, je ne voudrais pas m'étendre, mais
seulement vous dire pourquoi nous prétendons - en tout cas, on a des
chiffres qui le prouvent - que le réseau suburbain de Laval est
rentable. Par exemple, dans un rapport de 1979, il est textuellement
écrit: Un passager qui traverse la ville de Laval - en métro -
entre Laval-Ouest et Ahuntsic - Laval-Ouest, c'est tout près de
Saint-Eustache, juste en face - paie 0,50 $ pour franchir 14,7 milles.
Un passager qui part de Saint-Eustache, donc un mille plus loin, de
l'autre côté de la rivière, paie 1,30 $ pour franchir les
quinze milles vers Ahuntsic. C'est de là que vient à peu
près l'impossibilité que notre transport en commun ne soit pas
rentable pour la ville de Laval, parce que la ville de Laval vient chercher des
clients à un seul point dans Saint-Eustache, au terminus d'autobus. Le
réseau ne fait pas la ville. Il fait un point et cela rentabilise sa
ligne qui vient à Laval-Ouest. Dans les conclusions qu'on en tire, je
vais vous en lire deux; "on tire donc les conclusions suivantes de cette
étude: Le réseau suburbain dispense à Laval un service
urbain et c'est dans Laval que les autobus du réseau suburbain
transportent le plus de passagers/mille". Ce qui illustre ce que je viens de
vous dire. Et aussi, on dit: "C'est ainsi que l'on peut affirmer que le
réseau suburbain subventionne le transport en commun urbain de Laval.
(18 h 30)
Si vous voulez avoir des chiffres, je vais vous donner un seul chiffre,
parce que je sais que l'heure avance rapidement. Réseau suburbain: en
1979, partie suburbaine, surplus: 389 230 $. Déficit, partie urbaine: 1
914 376 $. Vous comprenez qu'on sera très surpris si, en 1982, il nous
arrive un rapport - fait probablement par des experts tout aussi
compétents que ceux qui ont fait celui-là - dont les conclusions
prouvent que le service est maintenant devenu extrêmement
déficitaire et qu'il nous faut désormais participer. J'exprime
tout simplement les mêmes appréhensions que M. Fontaine, de
Terrebonne, ce matin, lorsqu'il disait: On aimerait bien avoir une
troisième personne pour superviser les chiffres qui seront maintenant
alignés les uns après les autres.
M. de Bellefeuille: M. le maire, abstraction faite des chiffres,
il est évident qu'il existe un problème de financement du
transport en commun dans la région de Montréal. Mettez-vous un
peu, s'il vous plaît, dans les chaussures du gouvernement et, puisque
vous êtes réticents quant à la contribution que vous
pourriez être appelés à faire - vous nous dites que
l'automobiliste est déjà assez taxé - dites-nous où
le gouvernement va aller chercher l'argent pour combler des déficits
croissants et pour établir les transports en commun qui sont de plus en
plus exigés par la population?
M. Bélisle: M. le député, je ne pense pas
que ce soit à moi à faire la structure ou à inventer la
structure financière d'un tel financement. Il y a un comité
tripartite qui siège actuellement de façon permanente, au
ministère des Affaires municipales, et qui traite justement de la
fiscalité municipale. J'irais même jusqu'à dire: Qu'on nous
transfère le champ de taxation correspondant à la
responsabilité encourue par le transport en commun, qui ne serait pas
une nouvelle taxe, mais qui serait un champ libéré par le
gouvernement et occupé par les municipalités, et on est tout
aussi capables d'assumer ces frais. Sauf qu'actuellement on a peur que ce
soient des subventions gouvernementales qui continuent de nous être
octroyées. À cause des contraintes budgétaires, les
subventions gouvernementales vont probablement rester à un point maximal
déjà atteint, je présuppose, ou elles vont commencer
à diminuer. Par contre, proportionnellement, la responsabilité
des municipalités va augmenter.
Or, on ne voudrait pas que ce soit par cette diminution que la
responsabilité financière des municipalités augmente. On
voudrait avoir une situation claire et qu'au point de vue fiscal on puisse
compter sur un champ de taxation qui nous fasse assumer cette
responsabilité. Vous l'avez dit tout à l'heure, il s'agit d'une
responsabilité municipale. Sans doute que, dans les grosses
dépenses en immobilisation, il y a encore le gouvernement qui peut venir
à la rescousse, mais, en ce qui concerne le financement, il me semble
qu'on devrait trouver un moyen pour que ça s'autofinance et que le
gouvernement sorte de ce champ.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le maire. M. Bélisle:
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): À vous écouter, M. le
maire et les autres intervenants, je suis de plus en plus inquiet parce que,
moi, je fais partie de la CUM et j'ai peur de me retrouver seul à payer
la facture. On parlait tantôt de complexe, je ne sais pas si je ne
devrais pas parler de syndrome. Si on regarde les chiffres, est-ce que vous ne
pensez pas qu'il serait logique d'envisager une certaine contribution? Laval et
les villes en ceinture - la couronne qu'on appelle - nous envoient tous les
jours dans un sens unidirectionnel, Laval 18 500, la couronne environ 4000,
pour 22 000 déplacements vers Montréal. On suppose,
évidemment, que ça se déplace dans l'autre sens ensuite.
Cela, c'est l'ensemble des déplacements par la CTCUM. Si vous prenez le
métro, c'est environ 15 000. À la lueur de ces
chiffres-là, tout de même on cherche quelqu'un pour nous aider, on
pense qu'on va être seul à payer la facture. On cherche des
âmes charitables. Alors, je me pose la question et je vous la pose:
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'envisager peut-être une certaine
contribution - justice distributive -que vous contribuiez d'une certaine
façon à ces coûts-là? Ce sont des chiffres, je ne
parle même pas du nombre de personnes transportées par le CN, mais
ne pensez-vous pas que ce serait normal que vous nous donniez un coup de
main?
M. Bélisle: Est-ce que vous voulez dire une contribution
au réseau existant sur l'île de Montréal?
M. Leduc (Saint-Laurent): Une certaine contribution. Laval dit:
Nous, on ne veut pas payer le métro, on ne veut surtout pas payer la
facture. Personne ne veut payer la facture. Nous, on va être
obligés de la payer, on n'a pas le choix. Vous allez dire: Au
départ, qui payait ces frais-là? C'est Montréal. Ensuite,
on a agrandi. Le gouvernement a dit: On va aider Montréal, on a inclus
la CUM, toutes les villes de l'île et maintenant on veut aller plus loin.
Bien sûr, on voit exactement où le gouvernement veut aller. Je le
vois, vous le voyez, mais je suis inquiet, parce que je suis dans le centre et
je vais être seul. Ces chiffres-là sont tout de même des
chiffres réels. Je ne pense pas que ce soit négligeable. Dans les
deux sens, cela veut dire environ 35 000 déplacements; c'est tout de
même la population d'une ville moyenne. C'est assez important. Je me
demande si vous ne seriez pas d'accord pour reconnaître ces
chiffres-là et nous aider d'une certaine façon - en tout cas, en
ce qui concerne le principe - ou bien si vous dites: Non, on ne veut pas faire
partie de l'ORT ou de tout organisme et on ne veut pas payer du tout. Moi,
évidemment, c'est l'impression que j'ai eue de certains
intervenants.
M. Bélisle: Je pense qu'en ce qui concerne la CTCUM,
même si vous ne parlez pas des trains de banlieue, nous on va en
parler, parce que c'est...
M. Leduc (Saint-Laurent): Je vous dis: N'aidez pas le
gouvernement, aidez nous.
M. Bélisle: Qui on est pour vous aider? En ce qui concerne
les trains de banlieue, on aura sûrement à contribuer pour la
construction et l'amélioration du service. Cette contribution, on va la
payer à la CTCUM, parce qu'elle découle directement de la CTCUM.
Ce qu'on déplore dans tout cela, ce n'est pas le fait qu'on nous appelle
à contribuer. C'est bien sûr qu'on va y voir deux fois. On ne veut
pas contribuer seulement pour le plaisir de payer. On veut savoir si on
reçoit un service proportionnel. Dans tout cela, on n'a rien à
dire. On aurait juste à payer. Vous allez prendre l'amélioration
des trains de banlieue. On en est fier actuellement, sauf qu'on n'a jamais
été mis au courant du contenu des négociations qui ont
lieu entre le CN et la CTCUM. On ne sait pas comment c'est arrivé. On ne
sait pas à quel prix. Mettez-vous à notre place. On veut bien
payer, mais pas les deux yeux fermés. Cette position-là, je
pense, est partagée par tous mes collègues de la région
nord, parce qu'on est conscient aussi que notre population a besoin de
transport en commun et de ce genre de service. Si elle en a besoin, elle doit
assumer le paiement d'une certaine facture proportionnellement à ses
besoins, proportionnellement au choix qu'elle aura fait quant à
l'utilisation de ces services et quant à la nature des services qu'elle
aura voulu se donner, c'est-à-dire de très bons services, des
services moins bons ou des services moyens.
En ce qui concerne la CUM, elle a quand même pris des
décisions et elle est assez grande fille pour en assumer la
responsabilité. On présume qu'elle a sûrement fait comme
nous, au moment où on prend des décisions au niveau municipal;
quand on prend une décision, on prétend avoir les moyens de
payer.
Pour tout investissement futur, dans le nouveau cadre ou dans la
nouvelle proposition gouvernementale, ce n'est pas impossible que, si on nous
prouve que certaines infrastructures, qui feraient partie de la CUM, peuvent
servir de façon directe ou indirecte à nos citoyens, on accepte
d'en payer une partie. Dans ce sens, on est réceptif, sauf qu'on veut
savoir pour quoi on paie et on veut garder la liberté de dire: On n'est
plus capable de se donner un service -excusez l'expression, mais elle a
été lancée tout à l'heure - plus chromé que
le chrome qu'on a actuellement. Il s'agit d'y aller selon ses moyens. Nous,
comme administrateurs, connaissons nos moyens et nous savons jusqu'où on
peut aller.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais pas nécessairement à
travers l'ORT?
M. Bélisle: Non.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, il ne me reste qu'à
conclure et à remercier les gens de Saint-Eustache et des autres
municipalités qui formeront prochainement une nouvelle MRC de
s'être intéressés au dossier du transport en commun. Quant
à nous, je réitère l'offre que je faisais tantôt. On
a également eu des contacts avec le comité présidé
par M. Parr, avec lequel le COTREM a eu l'occasion d'échanger. Peu
importe la façon dont le regroupement se fera au niveau du conseil local
de transport ou de la MRC, quant à nous, nous sommes disponibles
à travailler avec les gens de la région.
Le Président (M. Boucher): Merci. Au nom de tous les
membres de la commission, je remercie M. Bélisle ainsi que ceux qui
l'accompagnent pour la présentation de leur mémoire.
M. Bélisle: Merci, M. le Président, M. le ministre,
madame et messieurs.
Le Président (M. Boucher): Les membres de la commission
seront-ils prêts à revenir à 20 heures?
M. Clair: À 20 heures.
Le Président (M. Boucher): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 43)
(Reprise de la séance à 20 h 15)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
À la suspension de 18 heures, nous en étions à la
Fraternité des chauffeurs d'autobus, opérateurs de métro
et employés des services connexes au transport de la CTCUM.
J'inviterais Me Suzanne Boivin, avocate, et M. Gilles Labelle, directeur
syndical, à prendre place à la table du centre. Vous avez
déposé un nouveau texte. Veuillez en faire la lecture.
Fraternité des chauffeurs d'autobus et
opérateurs de métro de la CTCUM
M. Labelle (Gilles): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, au nom de la Fraternité des
chauffeurs d'autobus, opérateurs de métro...
Le Président (M. Boucher): Pourriez-vous approcher votre
micro, s'il vous plaît?
M. Labelle: ... et employés des services connexes de la
CTCUM, permettez-moi, en guise d'introduction, d'exprimer notre accord quant
à la nécessité d'une réforme du cadre
institutionnel et financier, ainsi que de la structure tarifaire des transports
collectifs dans la grande région de Montréal. En effet, de
nombreux problèmes résultent du manque d'intégration des
services de transport existants et d'un esprit de concurrence entre les
différents systèmes conduisant à une sous-utilisation des
réseaux.
Par ailleurs, nous devons nous inquiéter de certaines lacunes qui
apparaissent à la lecture de la proposition gouvernementale. Vu notre
mandat spécifique, notre préoccupation majeure vise
évidemment l'impact qu'auraient sur les salariés du transport en
commun, les structures d'administration et de financement adoptées dans
le but de la réforme proposée. Nous sommes également
conscients du besoin de fournir à d'autres groupes
intéressés, notamment les usagers, l'occasion de se faire
entendre dans le cadre des mécanismes institutionnels appelés
à être mis sur pied. Nous croyons que les personnes les plus
directement touchées par toute question relative au transport en commun,
soit les personnes qui doivent quotidiennement assurer le service et
parallèlement celles qui en profitent, doivent jouer un râle
important dans l'établissement des services à venir, non
seulement du point de vue consultatif, mais aussi du point de vue
décisionnel. C'est dans cet esprit que nous formulons certaines
recommandations à la présente commission parlementaire.
Cadre institutionnel. Nous appuyons le principe de
l'établissement de deux paliers décisionnels se partageant les
responsabilités en matière de transport. Nous accueillons avec
intérêt le principe visant à assurer le contrôle du
transport en commun, tant au niveau régional qu'au niveau local,
à un groupe de personnes élues en majorité. Toutefois,
nous estimons qu'une place aux conseils décisionnels et consultatifs de
l'organisme régional et de chaque municipalité ou de commission
de transport locale doit être réservée aux
représentants syndicaux. Il est étonnant que, de tous les
intervenants possibles dans le dossier de la réforme, la proposition
gouvernementale semble oublier des représentants dûment
mandatés et les salariés du transport en commun. Or, il nous
semble vital que les personnes qui auront ultimement à mettre en
application les décisions concernant notamment la tarification soient
invitées à participer à l'étude et à
l'implantation de tout nouveau projet ainsi qu'à l'évaluation des
projets existants. À cette fin, nous envisageons une
représentation syndicale dont les modalités précises
resteraient à déterminer dans les mois qui suivront, mais
comportant l'essentiel des recommandations qui suivent tout en respectant les
principes que les représentants syndicaux doivent être choisis par
ceux et celles qu'ils représentent.
Représentation sur l'organisme régional. Nous recommandons
que, dans la proposition de la commission consultative permanente, au moins
trois places soient réservées à des représentants
syndicaux dont au moins un délégué de la
fraternité. Nous recommandons également que les trois
représentants choisissent parmi eux un membre qui siégerait au
conseil d'administration de l'organisme régional. Nous estimons qu'il
est essentiel d'assurer ainsi la contribution des personnes qui peuvent faire
état des conséquences pratiques des questions relevant du mandat
de l'organisme régional.
Pour ce qui est du rôle de la commission consultative, nous
proposons que celle-ci ait le mandat précis de définir les
questions qui devront lui être obligatoirement soumises par le conseil
d'administration de l'organisme régional et qu'elle ait accès
à tout document, y compris les procès-verbaux du conseil
d'administration, afin de pouvoir remplir adéquatement son mandat de
consultation.
La représentation au niveau local. L'historique des conflits de
travail à la CTCUM démontre qu'il est illusoire de maintenir une
politique de gestion dans le transport en commun sans mécanisme de
consultation des salariés en cause. D'ailleurs, la
nécessité de prévoir des mécanismes de consultation
a été reconnue, notamment dans les secteurs de l'éducation
et des affaires sociales où il est prévu que les comités
formés de représentants patronaux et syndicaux discutent des
décisions ayant un impact à long et à court terme sur le
fonctionnement des établissements. Par ailleurs, un des facteurs qui
contribuent fortement à la tension lors des négociations de
conventions collectives est le fait que le président ainsi que les
membres de la commission de transport, forts de leur mandat de 10 ans, peuvent
se permettre des abus qui ne seraient pas tolérés s'ils avaient
à répondre en public de leurs actions. Une solution qui s'impose
est de prévoir un terme plus court au mandat donné aux
commissaires, y compris le président. Quant aux moyens de rendre les
commissaires vraiment responsables de leurs actions, plusieurs peuvent
être envisagés, soit l'élection, la présentation
d'un rapport en audience publique ou encore une procédure
spécifique de révocation.
La proposition gouvernementale ne précise pas quel organisme aura
le mandat en matière de négociation de conventions
collectives. Le climat particulier à la négociation
collective est tel qu'il faut éliminer toute ambiguïté quant
au rôle de chaque organisme. En effet, il est essentiel qu'un seul
interlocuteur ait juridiction sur la négociation et l'application de la
convention collective. Nous recommandons qu'il soit dit clairement que cette
responsabilité incomberait à chaque commission de transport
locale.
Comme le mentionne la proposition gouvernementale, la Communauté
urbaine de Montréal, depuis l'adoption de la loi 46, est maintenant
dotée d'une commission permanente sur le transport. Nous croyons que,
pour que cet organisme devienne vraiment un outil d'information et de
communication adéquat, il faut y assurer la participation, comme
membres, de représentants syndicaux et de représentants des
usagers. Soulignons qu'il n'existe à l'heure actuelle aucune table
réunissant les membres du public et les représentants des
salariés. Or, trop souvent les chauffeurs d'autobus et les
opérateurs de métro sont la cible de critiques et même
d'assauts de certains usagers, provoqués par des situations, par exemple
les délais, qui ne sont pas imputables aux agissements des
salariés. Dans le cadre de la réforme proposée, il est
important de tenir compte du besoin urgent de communication entre toutes les
parties intéressées. Par conséquent, nous recommandons que
les représentants syndicaux désignés par le syndicat, et
dont au moins un représentant de la fraternité, soient
nommés comme membres de la commission du transport en commun de la CUM.
Nous recommandons également qu'une formule de représentation soit
développée pour assurer la présence des usagers sur la
même commission.
Cadre financier et structure tarifaire. Nous n'avons pas de
recommandation précise à faire quant au mode de financement du
transport en commun. Nous désirons souligner, toutefois, que les
salariés ne doivent pas faire les frais d'une réforme du cadre
financier.
Pour ce qui est de la structure tarifaire, la préoccupation
majeure de la fraternité est que le contrôle de la tarification
soit simple et précis.
À notre avis, l'objectif visé par le gouvernement de
valoriser le transport en commun au détriment de l'automobile est un
objectif qui non seulement est louable, mais qui s'impose dans la
société contemporaine. Certaines propositions sont de nature
à favoriser un climat de travail plus sécuritaire pour les
membres de la fraternité, par exemple, la proposition d'aménager
des voies réservées pour les autobus est accueillie avec
enthousiasme par la fraternité. D'autres mesures doivent être
envisagées pour maximiser la rentabilité de l'équipement
nécessaire pour assurer le transport en commun et nécessitent une
restructuration, non seulement des réseaux du transport en commun comme
tel, mais également du fonctionnement de notre société en
général. Notamment, l'extension des heures de pointe aurait un
effet de décongestion bénéfique à tous.
Sachant que d'autres groupes feront des interventions précises
concernant les mesures globales à adopter pour favoriser le transport en
commun, nous avons choisi de limiter le présent mémoire aux
aspirations particulières des membres de la fraternité en
insistant sur les besoins de reconnaître aux représentants des
salariés le droit de participer à titre d'intervenants à
part entière dans le dossier de la réforme du transport en commun
avec la mise en application qu'elle implique. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup. M. le
ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président. Permettez-moi d'abord dans
un premier temps de remercier Me Boivin, M. Gilles Labelle d'avoir
représenté la Fraternité des chauffeurs d'autobus,
opérateurs de métro et employés de services connexes au
transport de la Commission de transport de la communauté urbaine de
Montréal. Je pense que c'est tout à fait légitime que la
fraternité veuille se faire entendre et soumettre son point de vue aux
membres de la commission sur la réforme proposée puisque que,
comme c'est souligné à bon droit, les opérateurs
quotidiens du réseau de transport en commun sont justement les
employés de la CTCUM. Je laisserai à mon adjoint parlementaire,
le député de Vimont, le soin de poser les questions quant au
point principal qui est soulevé, soit la représentation des
travailleurs au niveau du conseil d'administration de la CTCUM, pour ne
m'attarder qu'à un point qui a attiré mon attention, sur lequel
vous n'avez pas donné beaucoup de détails dès le
départ dans l'introduction. Vous exprimez votre accord quant à la
nécessité d'une réforme du cadre institutionnel et
financier ainsi que de la structure tarifaire et vous dites que ce qui a
amené, semble-t-il, votre adhésion ce sont de nombreux
problèmes qui résultent du manque d'intégration des
services de transport existants et d'un esprit de concurrence entre les
différents systèmes conduisant à une sous-utilisation des
réseaux. Ce qui me frappe dans cette affirmation, qui va comme vous le
savez dans le sens des prétentions gouvernementales à l'effet
qu'il y a moyen d'améliorer l'efficacité, la rationalisation, la
coordination des réseaux, ce qui me frappe, c'est que les
autorités de la Communauté urbaine de Montréal, de la
ville de Montréal, sont venues en commission et nous ont dit: II
n'y en a pas de concurrence entre les modes et l'intégration des
services de transport existants elle est déjà faite, puisqu'il y
a trois commissions de transport qui desservent trois territoires juridiques
différents; alors que vous, vous avez un point de vue contraire. Est-ce
que vous avez des exemples à donner de cela? Qu'est-ce que vous voulez
signifier par cela?
M. Labelle: D'une part, c'est que présentement le
problème semble réglé mais pour le service
aéroportuaire, à un moment, Laval, la CTL donnait un service
ainsi que la CTCUM; cela, c'est un cas. Ensuite, il y a le dédoublement
des circuits. On peut prendre l'exemple de l'adhésion de
Métropolitain provincial, lorsque Métropolitain provincial a
été acquise par la Commission de transport avant que tout cela
soit structuré, et Métropolitain provincial et la Commission de
transport de la communauté urbaine de Montréal donnaient le
même transport sur à peu près les mêmes circuits.
Donc, ce sont des dédoublements concrets, qui présentement...
M. Clair: II y a au moins un cas, ce sont les rabattements
d'autobus dans l'ouest de Montréal par rapport au train et la CTCUM sur
la rive sud de Montréal, en parallèle avec la CTRSM. Je me
demandais si vous vouliez signifier autre chose que ces exemples qui, quant
à nous, sont connus, sont réels. Je voulais savoir si vous
entendiez démontrer plus que cela.
M. Labelle: Non.
M. Clair: Je laisse à mon collègue et adjoint
parlementaire le soin de continuer.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
Mme Boivin (Suzanne): J'apporte une petite correction à ce
que dit le ministre. Le mémoire n'entend pas demander une
représentation de la fraternité au conseil d'administration de la
CTCUM.
M. Clair: Je m'excuse, vous avez raison.
Mme Boivin: D'accord.
M. Clair: C'est pourquoi je laisse la parole à mon
collègue.
M. Rodrigue: Le mémoire que vous présentez apporte
une suggestion intéressante, soit celle de réserver trois postes
de représentants syndicaux à la commission consultative et
également un poste de représentant syndical au conseil. Comme
vous dites que ce n'est pas celui de la CTCUM, pourriez-vous préciser de
quel conseil il s'agit?
Mme Boivin: Nous demandons trois représentants syndicaux
à la commission consultative dont un qui serait
délégué au CA de l'organisme régional et nous
demandons une représentation à la commission permanente de la
CUM, créée par la loi no 46.
M. Rodrigue: Très bien. Mme Boivin: D'accord.
M. Rodrigue: Cela précise des choses. C'est une suggestion
qui peut être intéressante parce que l'apport d'un
représentant syndical, c'est une expérience qui est
déjà vécue dans le domaine hospitalier, en particulier,
où les groupes de salariés, soit les dentistes ou les groupes de
techniciens ou les groupes d'employés de l'hôpital se voient
représentés à ce conseil d'administration. Cependant, ce
que l'on constate, du moins les personnes avec lesquelles on peut discuter de
ces choses, celles qui ont un peu d'expérience de ces situations, c'est
que tout dépend finalement des personnes qui représentent les
salariés à ces conseils d'administration, la qualité de la
participation est fonction de l'intérêt de l'individu qui
finalement représente ses confrères et consoeurs à ces
conseils d'administration. On me dit que dans certains cas, la participation
est très importante et très utile et que, dans d'autres cas,
c'est assez mitigé. Somme toute, ils ont l'impression que les gens
viennent là pour obtenir des informations, mais que cela ne
dépasse pas ce cadre. Cela pose cependant un problème, je vous le
pose et je vous demande ce que vous en pensez. Qu'arrive-t-il en situation de
négociation de convention collective? À ce moment, le
salarié qui est membre de son unité syndicale et qui, en
même temps, siège au conseil d'administration, prend les
décisions qui vont orienter la position patronale en négociation,
ne se trouve-t-il pas un peu en conflit d'intérêts? De quelle
façon devrait-on procéder pour éviter cela? (20 h 30)
Mme Boivin: Je pense que c'est justement pour ça que nous
n'avons pas recommandé que nous soyons présents au conseil
d'administration de la CTCUM, parce que nous préconisons que la CTCUM
garderait ce pouvoir de négociation alors que la commission qui est
créée par la loi 46 -corrigez-moi si je n'ai pas raison - semble
avoir un rôle consultatif auprès de la CUM. À ce
moment-là, je ne vois aucune raison pour laquelle il n'y aurait pas des
usagers et des représentants syndicaux.
M. Rodrigue: Si je comprends bien votre précision, vous ne
demandez pas de siéger au conseil d'administration d'une commission de
transport comme telle...
Mme Boivin: Non, s'il y a une ambiguïté...
M. Rodrigue: ... mais plutôt au conseil consultatif.
Mme Boivin: ... je m'en excuse...
M. Rodrigue: Cela va. C'est la précision que vous
apportez.
Mme Boivin: Quand nous regardons la représentation au
niveau local - et nous nous référons à la loi 46
spécifiquement - nous demandons une représentation à titre
de membre de la Commission de transport de la CUM, c'est-à-dire la
commission permanente de transport. Malheureusement, c'est le terme que la loi
emploie.
M. Rodrigue: Dans le mémoire, vous dites: "Toutefois, nous
estimons qu'une place sur les conseils décisionnels et consultatifs..."
Alors, il y a le mot "décisionnels".
Mme Boivin: D'accord, c'est plutôt au niveau de l'organisme
régional. Nous sommes conscients d'un certain conflit
d'intérêts au niveau local si on maintient notre suggestion que
chaque commission de transport locale soit responsable de la négociation
de la convention collective. Mais, au niveau de l'organisme régional,
tel ne serait pas le cas. Alors, nous voudrions une représentation au
conseil d'administration pour faire un peu le lien entre la commission
consultative, parce que, si vous me le permettez, quand on regarde les mentions
concernant la commission consultative, à la page 49 de la proposition
gouvernementale, c'est un peu flou pour dire le moins. On nous annonce qu'on va
légiférer sur le cas, que la commission viendra compléter
le râle, disons, du conseil de la CUM, mais on ne donne pas de
tâche définie à cette commission consultative. Est-ce que
c'est un organisme de broche à foin qu'on va envoyer un petit peu
partout dans la province avec des mandats un peu vagues. On ne le sait pas.
Nous disons: Donnez-nous une représentation garantie là-dessus et
donnez-nous aussi une voix au CA de cet organisme. J'espère que
maintenant c'est clair.
M. Rodrigue: Cela clarifie la question et, à ce
moment-là, il est évident qu'il ne pourrait pas y avoir de
conflit d'intérêts, parce que ce n'est pas cet organisme qui
aurait à traiter des négociations en particulier. Ce n'est pas un
exploitant.
Vous vous interrogez sur le niveau des responsabilités, qui
aurait à négocier des conventions collectives avec vous, et vous
suggérez, à toutes fins utiles, que ce soient les commissions de
transport locales. Effectivement, c'est ce que propose la réforme qui
est devant nous, c'est-à-dire que la responsabilité de
négocier les contrats de travail demeure aux commissions de transport
actuelles, c'est-à-dire au niveau local.
Pour ce qui est des trains de banlieue, ce sont les compagnies de chemin
de fer qui, actuellement... Le personnel est prêté par les
compagnies de chemin de fer, à toutes fins utiles, et est sous leur
juridiction. Donc, ce sont ces compagnies qui doivent négocier les
contrats de travail. Cela clarifie ce point.
Quant à la structure tarifaire, vous demandez que les
contrôles de la tarification soient simples et précis. J'aimerais
que vous expliquiez davantage votre point de vue, en particulier sur la
tarification par zones qui est proposée et qu'on voit au tableau en
arrière. Est-ce que, pour vous, c'est une chose qui vous apparaît
trop compliquée? Est-ce que, finalement, la tarification selon la
distance parcourue vous apparaît un principe acceptable?
M. Labelle: La tarification selon la distance parcourue, bien
sûr que c'est acceptable, sauf pour la perception. Tarification et
perception, ce sont deux choses. La tarification, pour nous, la
fraternité, on ne s'en fait pas, mais la perception relève
directement des salariés de la fraternité, qui doivent percevoir
selon les tarifs. La perception, c'est une autre chose.
M. Rodrigue: Vous entrevoyez des difficultés...
M. Labelle: Quant à la tarification, vous avez le
système de correspondance, vous avez la carte appelée CAM. Ce
sont deux modes de tarification, la correspondance et la CAM; il n'y a aucun
contrôle là-dessus. Une CAM, n'importe qui peut l'utiliser, la
seule chose qu'on vérifie, c'est le mois. Quant à la perception,
cela fonctionne selon le zonage. La perception doit être simple et
précise.
Pour ce qui est de la structure tarifaire, la préoccupation
majeure de la fraternité est que le contrôle de la tarification
soit simple et précis. C'est cela "le contrôle de la
tarification", autrement dit la perception. Est-ce que c'est dans ce sens
qu'allait votre question?
M. Rodrigue: Du fait que vous affirmiez cela, je me suis
demandé si ce que propose le projet de réforme, vous le
considérez comme simple et précis ou, au contraire, si cette
remarque, dans votre mémoire, signifie que vous le trouvez un peu
compliqué. C'était cela le sens de ma
question, est-ce que vous estimez que la tarification par zones va
entraîner des problèmes de contrôle finalement? Est-ce cela
que vous avez voulu dire à la commission?
Mme Boivin: Je ne pense pas que la remarque s'adressait
spécifiquement aux recommandations de la proposition gouvernementale
parce que la préoccupation principale, c'est: Quelle sera la nature du
document que devra exhiber l'usager et, aussi, quel sera le degré de
contrôle qui va différer d'une zone tarifaire à une autre?
On ne commente pas précisément ceci, mais on dit: Voilà
une raison de plus pour nous consulter avant d'adopter un nouveau
système parce que c'est nous qui devons les regarder les carte pour voir
si cela est valable. C'est nous qui devons examiner les documents et, à
ce moment-là, c'est nous qui pouvons vous dire: Oui, c'est valable; ou
non, ce n'est pas valable; du côté pratique.
M. Rodrigue: Ce n'est pas une prise de position quant au mode de
tarif proposé dans le mémoire, mais vous voulez plutôt vous
assurer que ceux qui auront à faire le contrôle de ces cartes ou
à percevoir ces tarifs auront leur mot à dire sur les modes de
perception ou de contrôle, de façon que cela soit le plus simple
possible. Très bien. C'est tout comme questions, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le député de Marquette aurait des
questions à poser aux gens. Peut-être qu'à la fin je
reviendrai avec une question.
Le Président (M. Boucher): C'est d'accord, M. le
député de Laporte. M. le député de Marquette.
M. Dauphin: Je tiens également à remercier, au nom
de l'Opposition, la Fraternité des chauffeurs d'autobus et de
métro ainsi que les employés des services connexes.
J'aurais seulement quelques petites questions. Tout d'abord, sachant
fort bien que vous n'avez quand même pas les services du ministère
pour faire des études, est-ce que vous avez une information, sur les
grandes villes comparables au Canada ou en Amérique du Nord, sur la
représentation de salariés à une commission consultative,
comme la proposition gouvernementale?
Mme Boivin: Non. Pas concernant le transport. Nous n'avons pas
entrepris d'étude dans ce sens-là, mais notre point de
repère, comme nous le mentionnons, ce sont les conventions collectives,
par exemple, dans le secteur public, où on a des organismes du style des
comités de relation du travail dans le secteur de l'éducation et
des organismes parallèles dans le secteur des affaires sociales, et
où il y a des discussions qui se font avec des représentants de
la partie patronale et de la partie syndicale.
Par ailleurs, si vous me le permettez, je voudrais répondre
à un commentaire que j'ai oublié de soulever tantôt. On me
dit que le degré de compétence ou d'engagement d'un
délégué syndical peut dépendre de la personne du
délégué, mais je pense que cette remarque, on pourrait la
faire au sujet de n'importe quel élu.
M. Rodrigue: Ce qui arrive, c'est que la part des
syndiqués au conseil d'administration... Vous avez parfaitement raison,
mais c'est que cette personne est la seule à représenter un
groupe; il n'y a peut-être pas grand monde qui peut finalement examiner
sa performance, tandis que...
Mme Boivin: C'est douter de la démocratie syndicale.
M. Rodrigue: Lorsque c'est un exécutif syndical qui agit
pour et au nom de ses membres, c'est déjà une équipe qui
travaille. À ce moment-là, ils sont un peu exposés, les
gens voient comment cela fonctionne et ils peuvent porter un jugement. Je parle
des membres. Tandis que, lorsqu'une personne est seule à
représenter un groupe à un conseil d'administration, selon
qu'elle est très active et se sent très impliquée ou
qu'elle se sent moins impliquée, la qualité de la
représentation en souffre ou est bonne selon les cas, mais le jugement
que ses pairs et ceux qui l'ont déléguée peuvent porter ne
peut pas s'exercer parce qu'ils ne la voient pas agir, sauf si c'est une
personne qui fait des rapports à son assemblée syndicale assez
fréquemment. Là, il y a possibilité que...
Mme Boivin: Comment ferions-nous? Le même
phénomène peut se produire avec les maires des
municipalités que nous avons vus aujourd'hui devant vous et qui ne
semblent pas, à mon avis, appuyer le point de vue des usagers; bien au
contraire, selon moi, ils appuient beaucoup le point de vue des automobilistes
et des... Le problème du péage les concerne beaucoup plus et
pourtant vous voulez les voir siéger à un organisme
régional qui aurait pour but d'améliorer le transport en commun.
N'a-t-on pas le même problème? C'est alors à l'instance
syndicale...
M. Rodrigue: On peut effectivement...
Mme Boivin: ... de corriger son mécanisme de consultation
avec son délégué.
M. Rodrigue: Oui, vous avez un point
qu'il faut retenir.
M. Dauphin: J'ai une autre petite question. Vous mentionnez
également dans votre mémoire, à la page 3, ce qui est
source de conflits dans le renouvellement des conventions collectives à
la CTCUM avec ses employés. Vous prévoyez, entre autres, au lieu
de nominations pour dix ans, une possibilité de révocation des
commissaires à la commission. Je me demande, sur un plan
réaliste, qui serait habilité - disons qu'il y a une
négociation de convention - qui serait le juge pour déterminer si
tel commissaire ne vaut pas 0,05 $ sur le plan de la négociation.
J'aimerais que vous expliquiez un peu cela. Si on se fie au passé, ces
gens étaient élus à chaque renouvellement de convention
collective. Il n'y a pas qu'un responsable non plus.
Mme Boivin: Vous faites un rapport entre deux phrases. C'est
peut-être le texte qui prête à cette confusion. Je ne pense
pas que notre prétention soit de demander la révocation des
commissaires à chaque fois qu'on nous impose ou qu'on veut
négocier une convention collective qui ne fait pas notre affaire. Ce
serait peut-être le rôle de la commission permanente
créée par la loi 46, quand il y en aura dans les autres
municipalités. Cela va dépendre du rôle que jouera cette
commission, c'est-à-dire si on va vraiment demander des comptes aux
commissaires du transport. Je voudrais vous donner simplement un exemple: Nous
vivons, à la fraternité, une situation où, à notre
avis, il y a des abus de la part de la CTCUM dans les questions d'accidents du
travail. C'est un autre domaine où cela pourrait peut-être
démontrer un besoin de représentation des salariés. Il y a
beaucoup d'accidents de travail au niveau de la CTCUM. Nous voyons une action
concertée où chaque cas est systématiquement porté
en appel jusqu'à la dernière instance. Ce serait le genre d'abus
que nous voudrions soulever devant une instance publique et pour lesquels nous
voudrions demander des comptes aux commissaires s'ils ont pris un vote pour une
position comme celle-là.
M. Dauphin: D'accord, cela va.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent avait demandé la parole.
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez mentionné tantôt
que les maires venaient ici pour prendre la défense des
automobilistes?
Mme Boivin: J'ai dit que cela semblait ressortir des positions
qu'on a entendues des maires, aujourd'hui.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, ce n'est pas ce que j'ai
perçu.
M. Clair: Cela venait du Parti libéral aussi à vue
d'oeil.
M. Leduc (Saint-Laurent): Non, j'ai perçu que ces gens
étaient l'écho des contribuables et qu'ils voulaient payer le
moins possible de taxes. C'est ce que j'ai compris. Je n'ai pas compris qu'ils
défendaient les automobilistes. Il ne faut pas les défendre, ils
sont capables de se défendre. Je ne vois pas du tout le rapport.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. J'ajouterai, pour
l'information des membres de la partie gouvernementale, que le Parti
libéral défend les intérêts de tous les citoyens, et
non pas seulement d'une seule catégorie de citoyens.
M. Clair: J'ai déjà eu l'occasion de le dire, la
position du député de Laporte c'est: Je ne suis ni pour ni
contre, bien au contraire!
M. Bourbeau: Bon, c'est cela!
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! M. le
député de Laporte, vous avez la parole.
M. Bourbeau: Le ministre aime bien faire des blagues mais,
à la vérité, les blagues ne règlent rien.
M. Clair: C'est cela, la vérité. La plus grande
leçon qu'on a apprise de cette commission, c'est cela.
M. Bourbeau: Nous défendons les intérêts de
tous les citoyens et non pas d'une seule catégorie de citoyens, comme
semble le faire le ministre. Je notais tout à l'heure que vous avez
parlé de la question de contrôle. C'est revenu à plusieurs
reprises depuis le début des travaux, le contrôle des titres de
transport. Évidemment, vous êtes les techniciens du transport,
vous représentez les chauffeurs d'autobus et de métro. Si jamais
on a la structure en question, il va y avoir l'intégration tarifaire et
l'intégration des différents modes de transport avec un titre
unique. Ce que plusieurs des intervenants avant vous ont noté, c'est
qu'il se crée toujours des problèmes sérieux dans les
endroits où des systèmes comme ceux-là existent quant
à la vérification des titres de transport. Par exemple, un usager
prend le train de banlieue à Sainte-Anne-de-Bellevue et descend à
la station de Montréal, au bout de la ligne, prend le métro ou
peut prendre l'autobus, toujours avec le même type de
transport, mais peut-être qu'au départ, il avait pris un
billet uniquement pour aller de Sainte-Anne-de-Bellevue à Beaconsfield,
par exemple, donc avait payé un montant minime, est resté
à bord du train, se rend jusqu'à Montréal et change.
Là, il est difficile de le contrôler, parce que les
contrôles se feraient théoriquement à la sortie. (20 h
45)
Dans plusieurs villes du monde où il y a des systèmes
comme ceux-là, on fonctionne sur l'honneur. On fait confiance à
l'intégrité des gens, pour bien penser que ces gens ne tricheront
pas le système. Un des intervenants de la semaine dernière a dit
que les coûts de ce système pouvaient aller jusqu'à 10%.
Enfin, on peut situer de 5% à 10% le coût estimé de la
tricherie populaire, si je peux dire. Cet intervenant mettait en doute
l'opportunité de mettre sur pied le système, étant
donné que c'est un système qui peut coûter très cher
et que si on voulait vraiment contrôler l'honnêteté des
usagers, cela coûterait peut-être une fortune, en fait, parce que
c'est difficile de les attraper un peu partout le long du système.
Avez-vous une expérience de cela? Avez-vous des commentaires à
faire à ce sujet? Vous en avez parlé tantôt, mais je serais
intéressé à savoir si vous n'aviez pas, par hasard, des
suggestions à faire en tant que représentant des gens qui sont
sur les lignes de combat. Peut-être que vous avez un point de vue qui
serait intéressant à entendre.
M. Labelle: Je peux vous donner un exemple. La perception des
tarifs, enfin le type de transport à Los Angeles s'effectue à la
sortie, c'est-à-dire qu'un usager se véhicule à bord du
métro ou d'autobus et, avant de se véhiculer, il insère de
l'argent dans une machine quelconque. S'il y insère 20 $, il peut
voyager pour 20 $. Quand il sort du métro, par exemple, il
réinsère son billet dans cette machine en question et elle lui
dit: Tu as bien 8 $; c'est-à-dire qu'il peut se véhiculer avec 8
$. C'est une façon de faciliter la perception et de contrôler les
passages et les tarifs. C'en est une et il y en a sûrement d'autres.
Nous, la fraternité, on demande qu'elle soit simple et précise en
termes de perception.
Mme Boivin: Je pense qu'il faut dire aussi que tout
système est probablement susceptible de tricherie. On n'a qu'à
aller à la Cour municipale de Montréal pour voir combien il y a
de cas de fraude avec la CAM, que ce soit une carte empruntée ou une
carte qui a les mêmes couleurs, mais qui est de quelques mois auparavant,
c'est devenu un fait quotidien à la Cour municipale d'avoir de ces
causes. Notre point principal est de dire: On peut aller voir et comparer, mais
parlez-nous-en parce que nous, nous allons vous montrer les petites failles de
chaque système.
M. Bourbeau: C'est justement dans ce sens que je vous
interrogeais parce que ceux qui sont susceptibles d'avoir des idées sont
ceux qui sont dans le bain tous les jours et qui pourraient certainement
apporter un éclairage intéressant pour le ministre et ses
fonctionnaires. À ce sujet, j'aimerais bien, si le ministre se sentait
en verve dans les minutes à venir, qu'il puisse nous éclairer sur
la façon dont fonctionnera le contrôle des types de transport
parce que moi, je dois avouer avoir des doutes sur l'exactitude des
contrôles qu'on peut mettre en place. Est-ce que le ministre pourrait
nous donner quelques précisions là-dessus?
M. Clair: Certainement, M. le Président. D'abord, je suis
heureux de voir que M. Labelle, représentant de la fraternité, en
apprenait au député de Laporte, qui avait été
lui-même président d'une commission de transport...
M. Bourbeau: La porte est ouverte à toute suggestion, il
n'y a pas de problème.
M. Clair: II existe effectivement plusieurs modes de
contrôle. Je vous avouerai bien humblement que, n'ayant pas eu
personnellement la possibilité d'aller à Los Angeles et de
constater comment cela fonctionne, je ne connais pas la technique de cela. Tout
simplement, ce que l'on dit et qui est tout à fait exact, la
prétention du gouvernement est la même dans le fond que celle de
la Fraternité des chauffeurs; c'est que, en premier lieu, tous les
systèmes sont violables. Il n'y a à peu près pas de
système qui soit parfait, inviolable, sans fraude, que c'est un peu un
épouvantait à moineaux qu'on agite quand on dit: La tarification
interzonale est incontrôlable, cela ne peut pas se faire s'il risque d'y
avoir de l'évasion, non pas fiscale, mais tarifaire, si on veut, de
façon élevée. D'ailleurs, vous allez voir demain, en
recevant les gens de la Conférence des maires de banlieue qui ont
reproduit l'ensemble de la documentation sur laquelle est basé le
mémoire de M. Des Marais... Je ne le reproche pas à M. Des
Marais, cela plaidait en faveur de sa cause de donner des exemples de villes
où la carte d'abonnement mensuel est à un niveau fixe, sans
tarification zonale. Mais dans les mêmes documents de la CUM, on peut
trouver plusieurs exemples de grandes villes dans le monde qui ont
effectivement - j'ai pris la liste dans la documentation du Conseil des maires
de banlieue - des systèmes simples de perception, justement, soit
basés sur l'honneur, soit basés sur des techniques plus
perfectionnées, plus sophistiquées, du genre de celle qui semble
être en vigueur à Los
Angeles. Ce sont des modes de contrôle efficaces, simples, qui ne
sont pas plus évasifs que ceux qui existent déjà. Dans le
fond, ce que les gens de la fraternité nous disent, c'est que de la
fraude, il y en a déjà, et il faut la combattre, parce que je
pense que c'est normal que tous les citoyens paient le même tarif.
Maintenant, il n'y a pas une solution unique à cela. Si jamais le
député est intéressé à ces questions, on
aura l'occasion d'échanger plus en profondeur là-dessus avec les
techniciens. J'avouerai que, quant à moi, je ne suis pas un technicien
de ces questions. Ce que je sais, cependant, c'est qu'il existe d'autres modes
de contrôle ailleurs dans le monde qui sont tout aussi efficaces.
M. Bourbeau: Mais cela ne vous crée pas de problème
en ce sens que vous ne pensez pas que cela va être un problème
important; vous semblez très confiant que vous allez pouvoir
régler ce problème sans difficulté importante. Moi, je
dois dire que j'ai plus de doutes que vous sur la possibilité d'en venir
à un contrôle, pas absolu...
M. Clair: Ce n'est pas nouveau, vous êtes toujours plus
"douteux" que moi.
M. Bourbeau: Bien, c'est l'expérience, M. le ministre, qui
m'a enseigné à me méfier, peut-être plus que vous.
Je dois avouer que je suis très sceptique quant à la
possibilité d'exercer un contrôle adéquat. Je sais bien que
la nature humaine étant ce qu'elle est, il va toujours y avoir des
fraudeurs, mais il faut quand même contenir cela à
l'intérieur d'un minimum acceptable. Si on peut facilement
contrôler la CAM, par exemple, parce qu'on sait où on commence et
on sait où on sort, donc on peut la contrôler à
l'entrée, dans le cas d'un système interzonal et intermodal, on
ne peut pas contrôler à l'entrée. Tout ce qu'on sait, c'est
qu'à l'entrée il y a un billet qui peut permettre à
quelqu'un de faire un kilomètre ou cent kilomètres. Étant
donné qu'on fait payer selon la distance, au départ, on ne peut
pas présumer que l'usager va frauder et sortir plus loin que
prévu. C'est à la sortie que le contrôle doit se faire.
Est-ce qu'il faut avoir des contrôles à chaque sortie? C'est
là que cela devient très dispendieux.
Le ministre semble prendre cela à la légère et nous
dire qu'à son avis il n'y a pas de problème, enfin pas de
problème sérieux. Moi, je me pose des questions sur l'importance
de la fraude possible. Évidemment, si la fraude devenait très
importante, ce serait très injuste pour ceux qui auraient à
supporter les coûts du système.
M. Clair: Je peux donner un exemple au député de
Laporte. Si je voyage entre le point A et le point B dans la Communauté
urbaine de Montréal et que je franchis 5 zones, si j'ai une carte
d'abonnement mensuel qui me donne le droit de franchir 3 zones et qu'il y a un
contrôle à l'entrée seulement, bien sûr que le matin
dans une direction je pourrais tricher, mais au retour, je risque d'avoir de la
difficulté à fonctionner. Simplement pour revenir
là-dessus, dans les documents de la Conférence des maires de
banlieue, voyez-vous, à Philadelphie, à Baltimore, à
Boston, Boston Rapid Transit... Il me semblait que j'en avais d'autres qui
étaient tirés de la documentation même qui a servi à
l'élaboration du mémoire de la Communauté urbaine de
Montréal où il y a effectivement des zones et où on semble
avoir effectivement réussi à contrôler ces
problèmes-là. Là-dessus, je pense qu'on pourra toujours
vérifier le niveau de la fraude, même si cela est très
difficile à évaluer dans chacune de ces commissions de transport
par rapport à ce qui existe à la Communauté urbaine de
Montréal. Cela sera toujours hypothétique, parce que, en soi, le
niveau de fraude est un chiffre noir, on ne le connaît pas, on peut avoir
des estimations, une idée.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que c'est
terminé, M. le ministre?
M. Clair: C'est terminé, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous voulez ajouter
autre chose, Me Boivin?
Mme Boivin: Seulement pour souligner le problème principal
au niveau local pour lequel nous demandons une table de concertation qui
réunirait des usagers, des élus et des représentants
syndicaux. C'est vraiment que le mécontentement du public, ce sont les
chauffeurs et les opérateurs de métro qui en font les frais, le
plus en tout cas, au niveau de la CTCUM. Le public ne fait pas toujours les
distinctions entre les différents organismes syndicaux qui font la
grève par exemple. À un moment donné, c'est toujours la
personne qu'on voit le plus, c'est-à-dire le chauffeur à qui on
fait des reproches. Il me semble que s'il y avait un endroit où on
pouvait dire: ces choses-là se discutent et venez faire valoir votre
opinion, cela pourrait soulager la tension qui s'est développée
entre les trois parties, les trois intervenants principaux du côté
quotidien de la chose. Je vous remercie.
M. Clair: Je vous remercie beaucoup. M. le Président,
permettez-moi simplement en terminant de remercier à nouveau la
Fraternité des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro
d'être venus nous faire
connaître leur point de vue sur la réforme et en
particulier pour le fait qu'ils partagent avec le gouvernement l'objectif de la
promotion et du développement du transport en commun comme une
alternative à l'automobile. Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom des membres de la
commission, je vous remercie, Me Boivin et M. Labelle.
Confédération des syndicats
nationaux
La Confédération des syndicaux nationaux CSN,
représentée par M. Christophe Auger, vice-président, Mme
Francine Dubé, secrétaire générale, Conseil central
de Montréal et M. Pierre Lanouette, secrétaire
général ERP.
M. Auger, veuillez vous identifier et identifier ceux qui vous
accompagnent.
M. Auger (Christophe): Il y a Francine Dubé,
secrétaire générale au Conseil central de Montréal,
Pierre Lanouette secrétaire de la Fédération des
employés du service public, affiliée à la CSN et moi, je
suis Christophe Auger, vice-président de la CSN.
J'aimerais d'abord indiquer, M. le Président, aux membres de la
présente commission que nous avons remis ce matin la version 2 de notre
mémoire après avoir envoyé la première dans les
délais, le plus possible les délais qui nous avaient
été indiqués par le greffier. J'espère que tous les
membres de la commission en ont pris connaissance. J'aimerais en faire lecture.
C'est un document qui est peut-être un peu plus long que ceux que nous
avons lus ce matin. Je trouvais cependant essentiel compte tenu d'une part,
comme à peu près tous les groupes qui ont passé
auparavant, des énergies que nous avons investies et en même
temps, pour vous dire que même si on passe un peu plus de temps, compte
tenu du monde qu'on représente dans la région de Montréal
dans ce secteur du transport, et des membres qui nous sont affiliés
également comme confédération...
J'ai trouvé enrichissant de passer la journée avec la
commission aujourd'hui. Cela m'a permis entre autres de faire un calcul.
Parfois les calculs mathématiques sont bêtes et méchants
mais j'ai fait un calcul mathématique ce matin. Lorque le premier groupe
d'intervenants a pris environ deux heures pour 30 membres, je m'étais
dit: si on appliquait un prorata semblable aux 75 000 membres de la CSN, nous
en aurions pour près d'un an ensemble; si on l'appliquait seulement aux
600 syndicats couverts, on en aurait pour environ deux jours. Supposons qu'on
va essayer de terminer cela dans les quelques heures qui viennent. Ceci dit,
j'aborde la lecture du mémoire qu'on vous dépose.
En juin dernier, le ministère des Transports rendait publique la
proposition gouvernementale concernant l'organisation et le financement du
transport en commun dans la région de Montréal. La
Confédération des syndicats nationaux a accueilli avec
intérêt cette proposition gouvernementale. Plus d'une fois, les
organismes qui nous sont affiliés et qui représentent près
de 75 000 membres dans la région de Montréal ont
dénoncé, à la fois le cadre institutionnel et la
tarification du transport en commun de Montréal. De plus, la CSN porte
intérêt à cette question puisqu'elle représente la
majorité des travailleurs oeuvrant dans ce secteur dans la région
de Montréal. Au Québec, le ministère des Transports a
traditionnellement privilégié le transport privé par
l'amélioration constante du réseau de voirie et des
infrastructures.
Le transport public, quant à lui, n'a jamais
bénéficié d'un appui gouvernemental comparable. Selon les
études effectuées pour le compte de Transport 2000, si 80% de la
population québécoise représente la clientèle de
l'automobile, elle n'en reçoit pas moins plus que sa part des
dépenses de l'État en transport, soit 88% du budget du
ministère des Transports. C'est dire que les usagers du transport en
commun, en général moins fortunés que l'autre
catégorie, subventionnent par leurs taxes la population
motorisée. Pour la ville de Montréal, la redistribution fiscale
avantage encore plus l'usager de l'automobile. Les dernières
données disponibles montrent que l'usager du transport privé
reçoit une subvention annuelle de 563 $ comparativement à une
somme de 321 $ pour l'utilisateur du transport public. (21 heures)
Toujours selon les mêmes études, le total des revenus
produits par l'utilisateur de l'automobile, taxe sur l'essence, sur la vente
etc., s'établissait à 1 505 600 $ pour la période
1979-1980 alors que les dépenses de protection routière,
subventions, carburant, etc., s'établissaient à 3 304 800 $. Le
gouvernement a toujours favorisé l'utilisation du transport privé
au détriment du transport public, même si l'industrie de
l'automobile n'a produit aucun effet bénéfique notable au
Québec, contrairement à l'industrie du transport en commun
où le Québec a pris les devants par rapport au reste du Canada.
Qu'on pense ici uniquement aux contrats que Bombardier réussit à
décrocher.
De plus, l'automobile est non seulement une source de pollution et de
gaspillage d'énergie, elle est la source d'une multitude de coûts
sociaux absorbés par la collectivité. À Montréal,
près de 6000 logements furent rasés pour des projets autoroutiers
et l'automobile occupe près de 45% du centre-ville. Contrairement
à ce qui s'est passé au début des années soixante,
alors que les
politiques d'habitation favorisaient les classes aisées à
s'installer en banlieue, de plus en plus de gens à faible et à
moyen revenu sont aujourd'hui chassés du centre-ville pour faire place
à ces classes aisées. Si des logements sont construits au
centre-ville, ce sont des logements dispendieux, l'utilisation de terrains
vacants coûtant très cher. Pour la CSN, une politique de transport
collectif visant à déconcentrer le centre-ville doit s'allier
à une véritable politique d'habitation qui ne laissera pas
l'entreprise privée occuper tout le terrain. Le transport en commun est
un outil de politique sociale et économique que le gouvernement doit
utiliser.
Les grands axes de revendications de la CSN et de ses organismes
affiliés, concernant le transport en commun, ont toujours
été de cinq ordres: La priorité au transport en commun, la
gratuité du transport collectif, l'amélioration des services,
l'intégration des réseaux et des tarifs, le financement du
transport en commun par les entreprises qui en tirent profit.
À première vue, la proposition gouvernementale rejoint
quelques-uns des objectifs que la CSN a mis de l'avant à diverses
occasions, notamment devant la Commission des transports du Québec.
Cependant, permettez-nous dès le départ de souligner que nous
sommes déçus que la proposition gouvernementale n'aborde qu'une
partie du problème du transport. Il aurait été
préférable, nous semble-t-il, que le gouvernement s'attarde
à toutes les dimensions du transport, que ce soit le covoiturage ou
encore les incitatifs à utiliser le transport en commun. Les solutions
concernant le transport en commun doivent se situer, quant à nous, dans
une perspective globale puisque tous les éléments d'une
véritable politique du transport sont interdépendants.
De plus, nous déplorons vivement que la proposition du
gouvernement ne vise que la région de Montréal. En ce sens, cette
proposition nous semble partielle et dépendante des politiques qui
viendront la compléter en ce qui concerne les autres régions.
En lisant attentivement la proposition gouvernementale, nous nous
rendons compte que cette nouvelle réforme est avant tout due au fait que
le transport en commun coûte plus cher que prévu au gouvernement
et qu'en conséquence il est pressé d'agir. Si on
décentralise, ce n'est pas par esprit de démocratie, si on avance
de nouveaux modes de financement, ce n'est pas pour freiner la hausse des
tarifs des usagers et favoriser le transport en commun. Bref, si on
procède à la pièce aujourd'hui, si le gouvernement avance
de nouvelles propositions à peine trois ans après la
réforme de 1979 sur le financement du transport en commun, c'est parce
que les goussets de l'État sont moins bien garnis et que celui-ci
souhaite renier des engagements pris en 1979.
Cela est d'autant plus évident que la proposition gouvernementale
ne dit pas un mot sur le transport des personnes handicapées, qu'elle
annonce l'uniformisation des tarifs réduits pour les étudiants et
les étudiantes et les personnes âgées de la région
métropolitaine, alors que dans d'autres régions il y a
gratuité, qu'il n'y a pas de proposition pour favoriser l'utilisation du
transport en commun, comme des stationnements gratuits en tête de ligne
de métro, le long des stations des lignes du métro de surface et
des lignes de train de banlieue, à titre d'exemple.
Le cadre institutionnel. Bien qu'à première vue, le cadre
institutionnel proposé peut séduire par la qualité des
objectifs poursuivis, une seconde lecture nous permet de conclure que les
véritables objectifs poursuivis n'ont rien à voir avec la
démocratie. Ce qui est recherché avant tout c'est de
dégager le gouvernement de responsabilités financières
qu'il dit trop lourdes. Dans un contexte de charges financières accrues
pour les municipalités, découlant du nouveau mode de financement,
l'effet réel du cadre institutionnel proposé, c'est l'arrêt
du développement du transport en commun, c'est la mise au rancart de la
priorité au transport en commun, le retard dans la mise en place des
infrastructures qu'engendreront inévitablement les nouvelles contraintes
financières dans le cadre institutionnel proposé ira directement
à l'encontre de l'objectif énoncé par le gouvernement de
priorité du transport en commun.
Si la politique de transport en commun dans la région
métropolitaine vise la consolidation du tissu urbain,
l'amélioration de la qualité de la vie et de la diminution de la
consommation d'énergie, la structure administrative proposée pour
la mettre en oeuvre a des objectifs plus modestes, à savoir,
remédier aux défauts de l'ancien modèle dont on estime
qu'il souffre d'absence de perspective régionale, de manque de
contrôle par les élus et des effets de l'ambivalence de la
politique gouvernementale de décentralisation. Du moins, tels sont
quelques-uns des objectifs énoncés à l'égard du
système actuel, que nous allons reprendre un à un.
En instituant un organisme régional de transport, l'ORT, le
gouvernement veut remédier à l'absence de perspective
régionale. L'ORT semble avoir les pouvoirs et les moyens de s'inscrire
dans une telle perspective. Les pouvoirs de planification, de gestion, de
mission et de relations publiques dont il dispose permettent de
matérialiser tous les prérequis administratifs à la
production des services de transport au plan régional. Une seule
réserve, mais de taille: le pouvoir qui consiste à s'assurer du
financement des systèmes de transport, quand il ne repose pas sur la
levée directe d'un impôt ou d'une taxe, peut être
inopérant.
Comment l'ORT peut-il forcer les municipalités et le
gouvernement, s'ils sont récalcitrants, à contribuer? Cela ne
l'empêche peut-être pas d'avoir une perspective régionale
mais l'empêche carrément de la mettre en oeuvre efficacement. Le
manque de contrôle par les élus locaux n'est pas corrigé en
déléguant au niveau régional 28 élus municipaux
pour qu'ils tentent de s'entendre sur le partage du coût financier tout
en leur refusant les moyens fiscaux nécessaires. De plus, à
l'ORT, il y aura certes 28 représentants et représentantes des
élus locaux et trois du gouvernement, ce qui paraît favorable au
pouvoir local à première vue mais, quand on constate que 14
d'entre eux représenteront la CUM et qu'ils auront très
certainement des intérêts opposés aux 14 autres; on se rend
compte que le gouvernement aura la balance du pouvoir. Il suffisait d'y
penser.
La composition du comité exécutif réussit le
même tour de force et laisse la balance du pouvoir aux
représentants gouvernementaux. Quand un gouvernement rompt avec son
ambivalence avouée et décentralise, on est en droit de
s'étonner, compte tenu que l'on n'a jamais vu de gouvernement se
départir de ses pouvoirs quand il en a et qu'il ne manque pas de moyens
pour les exercer. Mais, disait le doyen Bois au colloque Jean-Yves-Rivard 1980,
où il commentait la décentralisation en matière de
services de santé, il arrive qu'en temps de crise les gouvernements
décentralisent les problèmes et les coupures.
En plus de ces objectifs, pour corriger les lacunes du passé, le
gouvernement formule aussi une nouvelle série d'objectifs qui,
ceux-là, peuvent être atteints par les structures
proposées. Deux objectifs de cette série nous paraissent
grandement favorisés par les structures proposées.
Premièrement, établir une adéquation entre
l'échelle des décisions et celle des équipements. Cette
adéquation de type économiste est si bien garantie par la
structure proposée qu'on serait porté à croire qu'il
s'agit là de l'axe majeur de la réforme. Deuxièmement,
s'assurer que le gouvernement participe à la planification pour faire
respecter ses orientations et ses contraintes. La balance du pouvoir qu'il
détient au plan régional lui permet de contrôler non
seulement ce niveau mais le niveau local en même temps, dont la marge de
manoeuvre est nulle à l'intérieur du cadre
prédéterminé par l'ORT.
Trois autres objectifs nous paraissent au contraire très
compromis par la structure proposée. Premièrement, s'assurer que
les responsables disposent des ressources fiancières suffisantes. Au
contraire, la présence des élus locaux, la formulation de
l'intervention gouvernementale, l'absence de pouvoir de taxation directe pour
l'ORT, l'analyse de l'évolution des contributions respectives ailleurs
dans le document, tout laisse présager que les autorités ne
disposeront pas des ressources nécessaires. Cela compromet le
développement du transport en commun et risque d'augmenter le fardeau
financier des usagers et usagères.
Permettre la participation des usagers et de la population à la
définition des besoins et à l'élaboration des politiques.
La phrase laconique sur la participation éventuelle des usagers et
usagères est la suivante: L'organisme régional sera enfin tenu de
s'adjoindre une commission consultative permanente, laquelle tiendra des
séances publiques dans le but de recueillir les recommandations et les
doléances de tous les intéressés. Si les mécanismes
actuels d'appel sur la localisation des circuits et les hausses de tarifs
devant la Commission des transports du Québec ne sont pas maintenus - il
n'en est pas fait mention dans le livre blanc - il y aurait même un net
recul des droits des usagers et usagères.
Enfin, s'agissant de favoriser un climat de confiance entre les
intervenants et le personnel affecté aux services, il est difficile de
voir en quoi la structure proposée pourrait avoir cet effet. Nous sommes
plutôt portés à penser que les effets possibles de la
restructuration sur la taille des unités syndicales et le contrôle
des budgets par les élus locaux seraient plutôt de nature à
ne pas améliorer le climat des relations du travail. Il faut noter le
silence presque total du livre blanc sur ce qui arrive aux employés des
sociétés et des organismes qui seront restructurés.
Le contexte nous rappelle fâcheusement les
précédents historiques vécus lors de l'intégration
des employés de Métropolitain Sud à la CTRSM et
l'expérience du minibus Forest. Ce laconisme du livre blanc est tel
qu'il n'est pas clair qui sera l'employeur dans les services locaux d'autobus,
dont la gestion a été laissée aux commissions de transport
et aux conseils locaux de transport, suivant les territoires, puisque,
même pour le transport local par autobus, c'est l'ORT qui fixe les
tarifs, distribue les revenus et assure la coordination. Il n'est pas
impensable qu'il assume le rôle d'employeur régional pour
l'ensemble des transporteurs publics.
La réforme institutionnelle a pour effet prévisible de
vider les commissions de transport de leurs pouvoirs, de transférer ces
pouvoirs entre les mains de l'ORT et de réduire la part de la
contribution gouvernementale dans le financement des services. La
création de l'ORT, telle que prévue, implique que les pouvoirs
dont on se
propose de la doter seront retranchés de l'enveloppe des
commissions de transport. Les commissions de transport deviennent des
exécutantes, sans marge de manoeuvre aucune, de politiques
prédéterminées jusque dans les moindres détails par
l'ORT. Bref, il s'agit là d'une solution politique qui évite de
soulever des résistances puisqu'en dépouillant des individus de
leurs pouvoirs, on leur laisse leur poste, leur statut, leur salaire et leur
pension.
Ce qui est certain, par ailleurs, c'est que les municipalités
locales y perdront des plumes et que, quel que soit le discours
décentralisateur que tient le gouvernement, le processus en cours est un
processus de centralisation régionale puisque les pouvoirs
regroupés à l'ORT étaient autrefois exercés
à une échelle territoriale plus petite.
Le livre blanc ignore les intérêts divergents des diverses
municipalités de la région et le peu d'intérêt de
chaque élu municipal à payer la facture d'un service qu'il ne
contrôle pas vraiment. La réélection de ces élus
locaux dépendant pour une large part de la non-augmentation des taxes
locales, il est fort à parier qu'il y aura diminution de la
qualité des services ou hausses régulières des tarifs.
Certains seront alors bien placés pour blâmer les élus
municipaux au nom du présumé contrôle des élus
locaux. L'effet de cette réforme équivaut en quelque sorte
à l'abandon de la priorité au transport en commun, à
l'abandon de la conception que le transport en commun constitue un outil de
politique social et économique, à l'abandon de la notion du
service public. La politique de transport qui nous est proposée est
centrée sur Montréal. On ne s'y préoccupe aucunement de
développer le transport en commun dans les régions
périphériques. Tout au contraire, la réforme
proposée laisse sous-entendre que les quelques services qui y sont
actuellement offerts pourraient disparaître ou encore être
confiés à des transporteurs privés. À toutes fins
utiles, cela signifie l'abandon de ces lignes moins payantes qui, actuellement,
sont en quelque sorte subventionnées par les lignes rentables des
commissions de transport locales. Pour toutes ces raisons, la CSN s'oppose au
cadre institutionnel proposé.
Si le gouvernement veut véritablement atteindre ses objectifs,
c'est par d'autres voies qu'il doit passer. La CSN est d'avis que le COTREM,
sur mandat spécifique du gouvernement, peut très bien
procéder à l'intégration tarifaire et à
l'intégration des réseaux. Le gouvernement doit confier au COTREM
la planification et le développement des réseaux
régionaux, compte tenu que celui-ci possède déjà
l'expérience et les ressources requises.
Nous comprenons que le COTREM n'a pu, jusqu'ici, accomplir cette
mission, notamment à cause des intérêts divergents entre
les municipalités de banlieue et la CUM. Au lieu de perpétuer cet
affrontement, nous croyons que le gouvernement, par le biais d'une politique de
financement incitative adéquate, comme il l'a fait pour l'introduction
de la carte mensuelle, peut donner les moyens au COTREM pour que celui-ci
réalise l'intégration pour le bénéfice de
l'ensemble des citoyens et des citoyennes, quel que soit leur lieu de
résidence.
En conséquence, nous maintenons les pouvoirs des commissions de
transport locales. En laissant le pouvoir là où il se trouve
actuellement, cela a pour effet, non seulement de ne pas centraliser encore
plus, mais cela assure aux bénéficiaires des zones
périphériques que la qualité des services sera, à
tout le moins, maintenue.
Par ailleurs, il nous a toujours semblé illogique que le
contrôle des commissions de transport échappe aux élus.
Nous croyons que les lois régissant les commissions de transport, en
particulier la CTCUM, devraient être amendées, afin que les
élus locaux y aient un contrôle réel. (21 h 15)
Nous sommes d'avis que le gouvernement doit mettre sur pied une
commission de surveillance du transport de la région
métropolitaine, constituée majoritairement d'usagères et
d'usagers. Toute hausse éventuelle de tarif, la structure tarifaire, le
niveau des services, l'infrastructure régionale devraient être
préalablement autorisées par cette commission avant de pouvoir
s'appliquer. En créant une telle commission de surveillance le
gouvernement, à notre avis, s'assure que sa contribution
financière sera beaucoup plus fonction de l'achalandage que des hausses
de tarifs. La réforme de 1979 avait pour effet d'inciter les
municipalités à hausser indûment les tarifs du transport en
commun puisque le gouvernement s'engageait à verser 40% du total des
revenus des commissions. Notre proposition tente de corriger cette
situation.
Le cadre institutionnel que le gouvernement propose transfère le
poids financier aux municipalités. Or, c'est précisément
à ce niveau que la taxe est la plus régressive ce qui, à
notre avis, ne corrige en rien l'injustice déjà commise. C'est
pourquoi, au niveau de la répartition des coûts, nous ferons des
propositions qui tiennent compte de l'aspect régressif des taxes.
Le cadre financier. Ce qui nous frappe le plus dans le cadre financier
proposé par le gouvernement, c'est l'absence quasi totale de
contribution d'une partie importante des bénéficiaires non
usagers. En effet, l'ensemble des entreprises et des commerces de la ville de
Montréal profitent d'un réseau de transport en commun. Celui-ci
leur donne accès à une main-d'oeuvre abondante, disponible,
variée. Les entreprises
commerciales pour leur part bénéficient d'un
système qui amène à leur porte une partie importante de
leur clientèle. De plus, un réseau de transport en commun
réduit les besoins d'espaces de stationnement, lesquels, au centre-ville
surtout, constituent un élément important des coûts de
fonctionnement des entreprises. Or, actuellement, la seule contribution des
entreprises se retrouve dans l'impôt foncier qu'elles paient et qui sert
à financer une partie des déficits d'exploitation des
réseaux de transport. Il est de notoriété publique que la
part de l'impôt foncier payée par les entreprises et les commerces
tend à diminuer au détriment de la charge assumée par les
propriétaires résidentiels. Le projet gouvernemental
appliqué intégralement aurait pour effet de réduire encore
l'impôt foncier des entreprises. Que propose le gouvernement? D'abord et
avant tout de réduire sa participation financière en plafonnant
sa contribution. Les ressources manquantes suite à cette
réduction proviendrait des usagers et usagères, dont la
contribution au financement augmenterait, et de nouvelles sources
régionales, c'est-à-dire une partie du revenu du péage des
autoroutes, une partie de la taxe sur l'essence perçue dans la
région de Montréal et une nouvelle taxe sur les espaces de
stationnement commerciaux.
L'effort demandé aux bénéficiaires non usagers est
donc quasi inexistant, alors que plusieurs pays européens et de
nombreuses régions des États-Unis ont développé ce
mode de financement. Dans la région parisienne, à titre
d'exemple, les entreprises paient une taxe sur la masse salariale pour les fins
du transport en commun, qui a un rendement équivalent à 20% des
dépenses totales du système. Or, la proposition gouvernementale
ne suggère qu'une taxe sur les stationnements commerciaux dont le
rendement, 7 000 000 $ en 1982, ne représente que 1% du coût total
du système. Non seulement une telle taxe serait-elle
inévitablement refilée aux consommatrices et consommateurs, mais
elle est dérisoire par rapport à l'ensemble des contributions
demandées aux autres intervenants.
De plus, nous osons croire que la notion de stationnements commerciaux
inclut les stationnements publics et privés, excluant ceux qui sont
utilisés à des fins sociale ou humanitaire, sinon une telle taxe
serait discriminatoire pour les automobilistes qui n'ont d'autre choix que
d'utiliser ce type de stationnement. Les automobilistes jouissant de
stationnement payé par l'employeur sont rarement de bas
salariés.
Le gouvernement invoque le climat économique pour rejeter
l'hypothèse d'une contribution des entreprises. Invoquer cette situation
pour les entreprises et ne pas en tenir compte pour les usagers dont on veut
augmenter la contribution nous semble inadmissible. Lorsque le gouvernement
affirme que la part des usagers et usagères de la région de
Montréal n'est pas suffisante, nous tenons à lui rappeler qu'elle
est, entre autre supérieure à celle des usagers de Boston, de
Seattle et de plusieurs autres municipalités.
Le gouvernement veut réduire sa participation financière
en plafonnant sa contribution au fonctionnement des réseaux et en
réduisant à 60% sa contribution aux achats d'équipements
pour les réseaux régionaux. Cette mesure entraînera, selon
nous, une dégradation des équipements et un arrêt de la
croissance des réseaux car les municipalités refuseront
d'augmenter les taxes locales pour payer l'achat de nouveaux
équipements. De plus, le gouvernement annonce son intention de ne plus
financer les services de transport à l'extérieur du territoire de
l'organisme régional. Cette mesure revient, à toutes fins utiles,
à supprimer les circuits de transport desservant les
municipalités périphériques. Le gouvernement affirme sa
volonté de «privilégier les transports collectifs. Nous ne
pouvons qu'être d'accord là-dessus. Cependant, nous ne croyons pas
que le cadre financier proposé soit le meilleur dans les circonstances.
Ainsi, nous proposons d'abord la diminution de la part des usagers et
usagères dans le financement du système du transport en commun.
Nous croyons que le fardeau des usagers et usagères du transport en
commun a dépassé ses limites. N'oublions pas que 70% de la
clientèle actuelle de la CTCUM est captive de ce moyen de transport.
Le transport en commun est un service collectif au même titre que
l'éducation et la santé. À long terme, nous
désirons la gratuité totale de ce service. Cependant, nous sommes
conscients que le contexte actuel ne se prête pas à une telle
revendication. Ceci n'empêche pas de demander la réduction de la
contribution des usagères et usagers puisque nous estimons qu'il est
possible de se procurer auprès d'autres sources les sommes que ceux-ci
n'auraient plus à contribuer. Tout au plus, à court terme, nous
serions prêts à envisager un gel de la part des usagers et
usagères.
La diminution de la part des usagers et usagères aurait aussi un
effet bénéfique sur l'achalandage et serait un excellent
incitatif à utiliser le transport collectif plutôt que
l'automobile, ce qui en augmenterait la rentabilité. D'ailleurs,
d'autres mesures pourraient être mises de l'avant, telles que couloirs
réservés pour les autobus, stationnement gratuit en tête de
lignes de métro et le long des stations de métro de surface et
des trains de banlieue, mise sur pied d'une véritable réforme de
l'industrie du taxi afin de l'intégrer à une politique
générale du transport en commun.
Une source de financement progressive tenant compte de la
capacité de payer de chacun serait l'idéal. L'impôt sur le
revenu constituerait la formule la plus équitable dans le cadre d'un
financement à 100% par l'État. L'implantation immédiate
d'une telle hypothèse ne nous semble pas possible pour l'instant, mais
nous insistons pour que la seule part du financement du transport en commun qui
provient en partie de l'impôt sur le revenu, la contribution du
gouvernement québécois, soit à tout le moins maintenu.
Pour le reste, nous devons donc nous tourner vers des formules qui demeurent
socialement équitables dans le contexte économique actuel.
C'est pourquoi, ainsi que nous l'avons signalé
précédemment, nous croyons que le gouvernement devrait puiser une
partie de ses ressources auprès des bénéficiaires
non-usagers, en l'occurrence les entreprises et les commerces de la
région montréalaise. Il s'agit là d'une importante
catégorie de bénéficiaires dont la contribution
proposée est insignifiante, compte tenu des avantages qu'ils retirent du
transport en commun.
Nous tenons à souligner cependant que, pour la première
fois, le gouvernement introduit le principe de la contribution des non-usagers,
mais nous déplorons qu'il ne veuille pas pousser plus loin cette
formule. En effet, on ne pourra nous faire croire que la multitude des
commerces qui ont le métro à leur porte, que la multitude
d'entreprises qui profitent du transport en commun, que les promoteurs
immobiliers qui accentuent la rentabilité de leurs investissements
grâce au développement du réseau de transport n'ont pas
à contribuer d'une manière significative. Le gouvernement, pour
sa part, doit continuer à financer entièrement les
équipements régionaux et il doit conserver sans plafond ses
subventions au fonctionnement des réseaux afin d'en permettre le
développement et, par le fait même, en augmenter
l'achalandage.
Il devrait aussi maintenir ses subventions aux commissions de transport
pour les circuits extérieurs de la zone couverte par la proposition
gouvernementale. Ces subventions représentent un déboursé
minime en regard de l'ensemble des coûts, (1 500 000 $ sur un total
d'au-delà de 658 000 000 $) et sont la seule garantie de maintenir au
moins le service à son niveau actuel. Les nouvelles sources de
financement proposées, combinées à une augmentation de la
clientèle des réseaux, devraient permettre au gouvernement de
maintenir sa participation à un niveau raisonnable en fonction du
contexte actuel.
Une des sources de financement proposées par le gouvernement
consiste à utiliser une partie de la taxe sur l'essence
déjà perçue dans la région de Montréal. Si
le gouvernement entend continuer à percevoir une taxe sur l'essence,
nous croyons que toutes les régions devraient bénéficier
des revenus ainsi perçus. Ainsi que nous l'avons dit, le transport en
commun est un service collectif qui devrait être disponible pour
l'ensemble de la population. Dans cette optique, le gouvernement devrait
utiliser une partie des revenus de la taxe sur l'essence pour créer et
alimenter un fond de développement du transport en commun.
Nous tenons cependant à souligner l'aspect régressif de
cette forme de taxe indirecte. Les études du Conseil économique
du Canada ont démontré que les ménages qui gagnent moins
de 20 000 $ paient, en proportion de leurs revenus, deux fois plus de taxes
générales de vente et de taxes sur le carburant que les
ménages gagnant plus de 40 000 $. Cette taxe a par ailleurs un avantage
certain: celui de favoriser le transport en commun en décourageant
l'utilisation de l'automobile.
De plus, la mesure proposée par le gouvernement est
discriminatoire, puisque les automobilistes des autres régions du
Québec paient aussi cette taxe et, à moins d'avis contraire, ce
revenu ne reviendrait pas sous forme d'amélioration au transport en
commun dans les régions. Le gouvernement pourrait ainsi mettre à
la disposition des collectivités régionales les sommes
nécessaires pour appliquer les principes énoncés dans son
livre blanc sur la réforme du transport des écoliers au
Québec.
L'adoption de la loi 31, en décembre 1981, permettait entre
autres aux transporteurs scolaires de véhiculer une clientèle
autre qu'étudiante dans leurs véhicules. À l'époque
cependant, le gouvernement affirmait que, tout en favorisant l'utilisation de
ce réseau pour le transport en commun dans les régions rurales,
il ne le financerait pas, ce qui, à toutes fins utiles, rendait
l'ouverture tout à fait théorique.
Le fonds que nous proposons permettrait de pallier cette lacune et
d'éviter que la région de Montréal soit la seule à
puiser dans une source de financement que tous les automobilistes contribuent
à alimenter.
Fidèle à la logique qui sous-tend tout son projet de
réforme, le gouvernement propose une structure tarifaire qui correspond
aux bénéfices reçus. Le tarif serait donc relié
à la distance parcourue. La CSN ne s'oppose pas à ce principe,
mais il ne doit pas constituer la seule règle; nous devons aussi tenir
compte de la capacité de payer des intervenants. C'est pourquoi nous
demandons que le niveau actuel des tarifs soit diminué ou, à tout
le moins, gelé. Cette revendication s'inscrit dans le cadre de la
structure de financement que nous proposons. Ainsi, à titre d'exemple,
la citoyenne de
Pointe-aux-Trembles continuerait de payer 21 $ pour sa carte mensuelle,
alors que la résidente du centre-ville verrait le coût de sa carte
diminué.
De plus, nous demandons que le Parti québécois respecte
son programme concernant les personnes âgées, alors qu'il
s'était engagé à leur garantir le transport en commun
gratuit en milieu urbain et un tarif réduit pour le transport
interurbain. Dans le contexte économique actuel, le gouvernement doit
donner suite à cet engagement qui vise une catégorie de la
population largement défavorisée financièrement et donc
particulièrement dépendante du transport en commun pour ses
déplacements. D'ailleurs, la CTCUQ a déjà mis sur pied un
programme favorisant les personnes âgées, programme contenant une
gratuité partielle.
Nulle part dans la proposition gouvernementale il n'est fait mention des
personnes handicapées. S'agit-il d'un oubli ou est-ce une omission
volontaire? Pourtant, le gouvernement a adopté la loi 9, loi qui, entre
autres, prévoit la mise sur pied ou l'intégration des services de
transport adaptés pour les personnes handicapées partout
où cela est possible. Nous demandons donc que la réforme
s'applique aussi au réseau de transport adapté, qui existe sur le
territoire couvert par le projet gouvernemental.
Enfin, nous tenons à rappeler que la CSN est tout à fait
favorable au principe de l'intégration tarifaire. Il s'agit d'une mesure
que nous réclamons depuis longtemps. Nous demandons cependant que les
coûts engendrés par cette mesure ne se répercutent pas sur
les tarifs, mais que les sommes requises pour financer l'opération
soient prises à même la contribution gouvernementale et, si
nécessaire, à même les contributions des commerces et
entreprises de la région.
Le Québec est à l'avant-garde actuellement dans la
production d'équipement de transport en commun. L'industrie du transport
en commun est une des rares industries qui ait réussi "le virage
technologique" et qui permette le développement de l'emploi. C'est aussi
une industrie qui est très peu exportatrice de capitaux, contrairement
à l'industrie automobile. De plus, nous possédons des ressources
hydroélectriques qui permettraient d'électrifier l'ensemble du
réseau ferroviaire. En favorisant cette source d'énergie non
polluante qui est nôtre, le gouvernement réduirait sa
dépendance face aux produits importés et améliorerait
ainsi sa situation économique.
La modernisation des réseaux de transport et leur
intégration permettent de favoriser le transport en commun, ce qui
diminuerait les coûts sociaux directement imputables à
l'automobile que la collectivité absorbe actuellement. Une politique des
transports collectifs permet non seulement d'agir comme gouvernement sur la
redistribution des revenus, mais permet aussi d'agir sur le
développement économique du Québec. Pour toutes ces
raisons, la CSN croit que le gouvernement ne doit pas se départir de ses
responsabilités en ce domaine. De plus, il doit convoquer une commission
parlementaire dès qu'un projet de loi sera déposé sur
cette question.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie.
M. Auger: Vous avez par la suite les propositions qu'on a
regroupées en une page et demie. Vous pourrez vous y
référer pour fins de discussion.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Auger. M. le
ministre. (21 h 30)
M. Clair: M. le Président, permettez-moi d'abord de
remercier la CSN de s'être penchée sur la proposition de
réforme du cadre institutionnel et financier du transport en commun de
la région de Montréal et d'avoir décidé de
soumettre un mémoire à la commission parlementaire des
transports. M. le Président, le mémoire que nous venons
d'entendre lire a l'immense avantage, certainement, d'être à la
fois un mémoire très dense, très articulé,
s'inspirant d'une vision très claire - je ne dis pas que je partage tout
et chacun des points - des objectifs que la CSN souhaite voir poursuivre par le
gouvernement.
La proposition a aussi l'avantage de poser des questions fondamentales
en ce qui concerne la promotion, le développement du transport en
commun. Sans vouloir flatter les gens de la CSN, je pense qu'on doit le
reconnaître, c'est certainement un des mémoires qui posent le plus
de questions d'orientation fondamentale, de choix entre le transport en commun
et, par exemple, l'automobile privée, reliant à la structure
économique même du Québec, finalement, la promotion du
transport en commun. Je pensais que j'avais été le seul à
dire que l'automobile avait finalement très peu profité au
développement économique du Québec, puisque hormis
d'importer le carburant, d'importer les voitures, de les entretenir et de les
utiliser, à quelques exceptions près, à part l'usine de GM
et quelques autres initiatives qui ont eu cours au Québec, finalement,
les retombées économiques permanentes ont été moins
importantes que ce qu'elles auraient pu être, alors qu'en matière
de transport en commun, on a pu développer une technologie qui est
maintenant exportable mondialement.
D'ailleurs, cela me rappelle que j'avais une question que je voulais
poser à un maire qui est passé devant nous aujourd'hui et
chez
qui, justement, était située une usine de fabrication
d'autobus et je l'ai oubliée.
M. le Président, la première question fondamentale qui est
soulevée est celle de savoir: est-ce que le gouvernement veut, oui ou
non, maintenir la priorité au transport en commun. Le mémoire que
nous avons devant nous laisse entendre que par l'analyse qui est faite des
propositions du gouvernement, le gouvernement voudrait remettre en cause cette
priorité au développement du transport en commun, encore une
fois, non pas contre les automobilistes, comme j'ai eu l'occasion de le dire,
mais dans le but d'offrir une alternative réelle à l'automobile
privée. L'interprétation qu'en fait la CSN est en ce sens qu'on
remettrait ce choix en cause.
Quant à nous, je vous dirai, partageant le même objectif de
maintenir la priorité au transport en commun, mais peut-être plus
conscient, je le dis sans aucune prétention, ou encore plus
confronté aux limites de la situation financière, structurelle,
organisationnelle du transport en commun, nous avons fait une proposition qui,
nous le croyons, va dans ce sens-là. Finalement, qu'est-ce qu'on apporte
comme proposition et pourquoi j'affirme que cette proposition va dans le sens
du maintien de la priorité au transport en commun? Qu'est-ce qu'on fait
dans la proposition? On constate un certain nombre de choses. On constate que
pour toutes sortes de raisons, les coûts continuent de croître
à un rythme accéléré et on essaie d'identifier les
pincipales raisons. Celle qui nous apparaît la plus évidente,
c'est un manque de contrôle démocratique par des personnes
élues sur les budgets des commissions de transport. La réponse
que nous proposons à cela, c'est de dire: Confions la
responsabilité à des élus, qui sont des élus
locaux, selon une structure à deux paliers, palier local et palier
régional. On espère qu'avec une responsabilisation de personnes
élues, le contrôle des dépenses sera effectué de
façon plus serrée.
D'autre part, ce dont on se rend compte aussi, c'est que même en
espérant les meilleurs résultats possible - que mon
collègue le député de Laporte s'est employé
à diminuer - on sait fort bien que les coûts du transport en
commun vont continuer de croître, tant au niveau de l'exploitation qu'au
niveau des immobilisations. On regarde la structure actuelle, telle qu'elle se
présente devant nous: on voit qu'il est sorti, par exemple, de la
Communauté urbaine de Montréal, 130 000 personnes au cours des
cinq dernières années. On se dit donc qu'il n'y a pas beaucoup
d'avenir, d'issues, dans une augmentation de la taxe foncière si on ne
veut pas que la taxe foncière devienne la cause de l'étalement
urbain et que cela croisse.
Le gouvernement du Québec a, croyons-nous, atteint un niveau
très respectable par rapport à ce qui se passe dans le reste du
monde. Je sais qu'on peut trouver des commissions de transport où la
participation "nationale" est plus élevée, mais je pense
qu'à ce point de vue, on est certainement dans la bonne moyenne. On
regarde la tarification telle qu'elle existe et on se dit que cela n'a pas de
bon sens de se contenter, comme certains le proposent, de régler les
problèmes du transport en commun en doublant les tarifs, parce qu'on
pense que cela ne ferait qu'accroître le déficit, parce que
l'achalandage continuerait à diminuer et on écarterait de plus en
plus de clientèles éventuelles.
Par ailleurs, nous croyons, comme gouvernement, qu'on doit continuer,
soumis aux contraintes financières actuelles, à immobiliser dans
des moyens de transport lourd comme le métro de surface, comme les
trains de banlieue. Éventuellement, en matière de métro
souterrain également. Et là, on est confronté à un
déséquilibre des quotes-parts de chacun. Ce qu'on propose, c'est
effectivement donc, en matière de contrôle des dépenses,
d'avoir une philosophie de responsabilité politique plus claire. En
matière de financement, ce n'est pas tant de se dégager de nos
responsabilités, parce que ce n'est pas cela qu'on vise à faire,
mais on vise par un nouveau partage du fardeau financier à nous donner
cependant les moyens, comme société, de continuer à
privilégier le choix du transport en commun, sans quoi, assez
rapidement, on va en venir à donner raison à mon collègue,
le député de Laporte, qui dit: C'est trop lourd pour les
municipalités, c'est trop lourd pour le gouvernement, arrêtez le
développement du transport en commun; moratoire.
On propose donc un nouveau partage, un partage qui va continuer à
donner au gouvernement une plus grande responsabilité financière,
qui va avoir tendance à corriger certains effets néfastes des
quotes-parts tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de
la CUM et à essayer d'éviter que la taxe transport en commun,
taxe foncière, constitue un élément de
déstabilisation démographique de la région de
Montréal.
Troisièmement, on se dit: On va ouvrir vers les
bénéficiaires non-usagers. On aurait pu aller plus loin, des gens
nous reprochent d'y être allés, d'autres de ne pas être
allés assez loin. Nous pensons, nous, qu'on doit aller vers cette
possibilité. De cette façon, on pense qu'avec une meilleure
répartition du coût du transport en commun, on pourra continuer
à faire des immobilisations au rythme qui nous sera permis par la
situation économique et financière. On pense qu'on va pouvoir
continuer à offrir une qualité de services acceptable, si
possible même de la développer. Finalement, quant à la
tarification pour les usagers, on pense qu'effectivement, la quote-part
relative aux
usagers a eu tendance à s'effondrer au cours des dernières
années et qu'on doit, à tout le moins, la stabiliser. Les effets
de la réforme, la quote-part des usagers passerait d'à peu
près 32% à 35% - je le donne de mémoire - sur trois ans,
passant de 32% à 35%; elle reste donc relativement faible par rapport
à ce qui se passe ailleurs. Maintenant, pour augmenter la quote-part des
usagers, encore là, on peut le faire bêtement, stupidement, en se
contentant en théorie d'augmenter la tarification comme cela. La
structure tarifaire reste comme elle est et on augmente les tarifs et cela
devrait augmenter la quote-part des usagers. Rien n'est moins sûr. C'est
la raison pour laquelle on préfère une approche beaucoup plus
réaliste et beaucoup plus sociale, équitable. On se dit,
puisqu'il y a des injustices dans la structure tarifaire actuelle qui
empêchent l'augmentation de l'achalandage et qui minent la
rentabilité dans certains coins de la grande région, on propose
une structure tarifaire unique, interzonale, qui donnerait un traitement
similaire à l'ensemble des usagers éventuels ou actuels du
transport en commun, ce qui, sans augmenter indûment la tarification
comme telle, le niveau des tarifs, va permettre largement d'augmenter la
quote-part relative des usagers. Je pense qu'à ce point de vue, cela
fait également partie de l'approche que je décris comme
étant positive en faveur du transport en commun, consciente des
contraintes que nous impose le régime actuel et non pas simplement
chercher à se départir de nos responsabilités et d'en
venir, comme cela a déjà été le cas, à
simplement un moratoire général sur toutes nouvelles initiatives
dans le transport en commun et à des augmentations de tarifs
inévitables si les coûts continuent de croître au rythme
où ils croissent présentement. D'ailleurs, je souligne en passant
que le transport en commun, c'est à peu près, dans l'ordre, 70%
de la masse salariale, à peu près 20% du service de la dette et
quelque chose comme 10% du carburant, à peu près dans cet ordre
de grandeur. On voit que les salaires étant beaucoup reliés
à l'inflation et sans entrer dans la discussion des négociations,
de fait, la masse salariale a tendance à évoluer beaucoup par
rapport à l'inflation. Les taux d'intérêt également
ont augmenté considérablement au cours des dernières
années et le prix du carburant a tendance à s'accroître
rapidement aussi. On voit donc que ce n'est pas facile de ralentir la
croissance des coûts du transport en commun; c'est en termes
d'efficacité qu'on doit le faire. Voilà pour mon commentaire.
M. le Président, je ne suis pas sûr d'avoir convaincu les
gens qui sont à notre table du fait qu'on voulait maintenir la
priorité au transport en commun. Une chose est certaine, le plus
honnêtement possible, de notre point de vue à nous, c'est
l'objectif qu'on vise, avec les contraintes qu'on connaît dans le
système actuel.
En ce qui concerne les questions qui m'ont été
posées dans le mémoire, il y en a deux en particulier sur
lesquelles on est revenu deux fois, je crois. Pourquoi ne traite-t-on pas des
personnes handicapées? Voici une réponse, très rapidement.
Le gouvernement n'a pas renoncé à ses objectifs
d'intégration des personnes handicapées par le biais du transport
adapté. Je souligne en passant que le budget, cette année, a
doublé mais on a traité ce sujet séparément parce
qu'on a voulu le traiter dans le cadre du suivi au sommet économique de
la personne handicapée, comme j'ai eu l'occasion d'en discuter avec les
organismes de promotion. C'est donc un oubli volontaire, si on veut, dans le
sens qu'on considérait qu'on traitait ce dossier ailleurs.
C'est la même chose en ce qui concerne le transport interurbain.
On n'a pas voulu attendre une proposition d'ensemble concernant le transport
des personnes au Québec parce que la tâche est immense,
énorme; si l'on avait attendu d'être prêt également
quant au transport interurbain, on aurait pu attendre encore un bout de
temps.
Les questions que je voudrais poser maintenant; il y en a deux. La
première, en ce qui concerne le cadre financier, la CSN propose qu'on
aille davantage vers, si j'ai bien compris, la taxation sur la masse salariale,
comme mode de financement du transport en commun, ou vers une façon
quelconque de taxer les entreprises les plus près des stations de
métro. Je dois dire que c'est une chose qu'on a examinée, mais
qui nous est apparue très difficile d'application parce que très
discriminatoire. Comment imposer, sur le plan foncier, différemment des
immeubles situés à proximité des stations de métro?
On n'a pas trouvé de solution à cela.
Quant à la taxe sur la masse salariale, il y a une autre raison
qui, je pense, est mentionnée dans la proposition du gouvernement. Alors
qu'en France, par exemple, il y a le versement transport pris à
même la masse salariale, comme vous l'avez expliqué dans votre
mémoire, traditionnellement, au Québec, la taxe sur la masse
salariale est réservée aux programmes sociaux ou de santé,
de sécurité du revenu, etc. Est-ce qu'il n'y aurait pas un risque
qu'on dilue les possibilités offertes par cette source de revenus pour
d'autres fins auxquelles la société québécoise est
au moins autant attachée, à savoir le financement de programmes
de sécurité du revenu, par le RRQ ou la CSST ou
l'assurance-chômage, la RAMQ, et j'en oublie peut-être. N'y a t-il
pas un risque qu'en faisant cela on diminue les possibilités, par
exemple, d'augmenter la contribution de la RRQ?
(21 h 45)
M. Auger: Pour répondre, d'abord, on n'a pas
indiqué dans notre mémoire qu'on favorisait directement la
perception sur la masse salariale des entreprises. Ce sont effectivement des
choses qui existent dans d'autres pays, mais on ne l'a pas proposé.
Quand on s'est arrêté, quand on a réfléchi à
cette participation davantage significative de la part des
bénéficiaires non-usagers, particulièrement des
entreprises, commerces et autres, on a regardé un certain nombre
d'hypothèses. On se disait, par exemple -cela, il me semble que c'est
assez reconnu -qu'il faudrait envisager comment on pourrait faire en sorte que
les entreprises qui bénéficient très directement du
transport en commun puissent avoir une taxe foncière, soit de la
municipalité, soit des impôts venant des gouvernements, qui ne
serait pas nécessairement prise sur la masse salariale. Je veux juste
vous rappeler que, lors du sommet économique d'avril dernier, dans le
document déposé à ce moment-là on avait
indiqué que ça pouvait être, par rapport à certaines
contributions sociales et autres, une ouverture que d'aller chercher des choses
dans la masse salariale. Mais, comme nous sommes en changements technologiques
-c'est un vocabulaire qui est à la mode, vous parlez souvent de virage
technologique - ce que nous avons pu constater dans les analyses qu'on a pu
faire, c'est que les entreprises qui sont les plus touchées par une
perception à la source sur la masse salariale sont celles qui sont les
plus créatrices d'emplois. Celles qui développent de la haute
technologie se sont déjà départies de leurs travailleurs
ou travailleuses. Si on va prendre sur la masse salariale, on va chercher
moins.
On avait donc proposé une taxe sur les nouvelles technologies,
compte tenu de l'impact social qu'avait l'arrivée ou la
pénétration de ces nouvelles technologies. On ne s'est pas
arrêté à une hypothèse particulière. On en a
examiné un certain nombre sans les définir. Je donne cet exemple,
je donne l'exemple de la taxe foncière, il y en a peut-être
d'autres qui pourraient être identifiées.
C'est la même chose quand on parle des immeubles près du
métro. Pour nous, c'était une participation globale qu'on voulait
de la part de ces entreprises.
Quant à l'impôt foncier par rapport aux régimes
sociaux, sur la dilution et tout ça, on dit, nous, dans notre
mémoire qu'on considère - je pense que vous l'avez repris, M. le
ministre, tout à l'heure - qu'on ne peut pas, il nous semble - et ce
n'est pas parce qu'on veut oublier, même si on voulait l'oublier ce ne
serait pas facile, le contexte difficile qu'on traverse actuellement - parler
d'attribuer priorité au transport en commun et qu'en même celui
qu'on considère comme un acteur principal sur le plan du financement et
sur le plan de l'organisation régionale, quand on déborde le
cadre d'une municipalité ou d'une communauté urbaine, qui est le
gouvernement, dise au départ: Bon, on s'est déjà trop
avancé là-dessus, on va geler notre partie et on verra par la
suite où on va pouvoir aller chercher le reste.
Partir de là, pour nous - c'est ce qu'on dit dans notre
mémoire - malgré les intentions de la proposition
gouvernementale, ça consacre, à toutes fins utiles, qu'on va voir
le développement du transport en commun au Québec
s'écraser littéralement. Tenant toujours compte du contexte
difficile dans lequel on se trouve, on évalue malgré tout que le
gouvernement du Québec est probablement celui qui est le mieux
placé -en termes de juridiction - quant à l'accès à
une source de revenu, qui est l'impôt foncier, la plus progressive. 11
nous semble qu'on devrait pouvoir utiliser davantage...
M. Clair: Vous voulez dire l'impôt sur le revenu.
M. Auger: ... l'impôt sur le revenu, pardon. Sur les deux
questions que vous posez, on ne compterait pas inclure directement un nouveau
volet pour la participation au transport en commun. On pense qu'il y a ce
développement de l'impôt sur le revenu.
D'autre part, il y a la fameuse taxe sur l'essence. Quand le ministre
Parizeau a imposé cette taxe sur l'essence, nous avons dit rapidement
qu'on ne pouvait pas être d'accord avec une telle taxe parce que c'est
toujours le même problème, ce sont des taxes qui ont des effets
régressifs. Elle est là. Il semble qu'elle soit là pour
rester encore un certain temps. Ce qu'on dit c'est que si elle est là,
cette taxe sur l'essence, on le constate, elle a probablement un effet sur
l'utilisation de l'automobile. On dit: Cette partie du revenu du gouvernement,
pourrait-on envisager, comme d'ailleurs vous l'avez identifiée pour la
région de Montréal, de l'appliquer pour aider les transports en
commun dans l'agglomération de Montréal et, en même temps,
est-ce que ce serait envisagé pour d'autres régions? On fait
référence à l'application de la loi no 31 sur le transport
scolaire où il nous semble - en tout cas, vous nous corrigerez
là-dessus -selon les dernières vérifications qu'on a pu
faire, où ça semblait indiquer que la loi no 31 n'a pas permis ce
développement souhaité. Est-ce qu'il y a une ouverture? Alors, ce
sont deux pistes, disons, dans le cas du gouvernement, et une troisième,
dans le cas des entreprises, qu'on souhaite envisager.
Je terminerai en disant que notre problème à nous, quand
on regarde la situation des travailleurs et des travailleuses qu'on
représente pour une bonne part et pour beaucoup de travailleurs,
malheureusement,
qu'on ne représente pas, c'est que la situation difficile dans
laquelle le gouvernement se trouve, dans laquelle les municipalités se
trouvent, dans laquelle les entreprises se trouvent... J'ai malheureusement eu
un peu l'impression, ici aujourd'hui, de la part d'un certain nombre
d'intervenants, que c'était comme moins dramatique pour les usagers et
usagères. Nous pensons qu'ils sont en situation tout au moins aussi
dramatique, sinon plus dramatique, dans certains cas.
On ne peut pas toucher à tous les sujets, il y aurait... Je sais
que c'est lié et c'est pour cela qu'on dit, dans notre mémoire:
II faut lier aussi cette politique de transport en commun à toute la
question du développement économique du Québec; on ne peut
pas la prendre comme un bloc isolé. On aura peut-être l'occasion
de s'en reparler en d'autres temps.
M. Clair: C'est ce qui entraîne justement ma
deuxième question.
Effectivement, il y a beaucoup d'éléments et c'est
difficile de traiter de tous. Je vais essayer de fondre mes deux questions.
Comme moi, vous avez assisté aujourd'hui à la commission
parlementaire. Nous sommes le gouvernement élu du Québec; nous
croyons représenter l'intérêt des Québécois
quand on propose la priorité au transport en commun. Vous êtes les
représentants d'une des plus grandes centrales syndicales au
Québec. Vous dites qu'on doit accorder une priorité à
cela, mais, cependant, dans la réalité, dans les faits, on voit
que les mentalités semblent avoir évolué moins rapidement
sur la question du choix de l'automobile par rapport au transport en commun,
puisque, dans la région de Montréal, il y a encore, je pense, 65%
des déplacements qui s'effectuent en automobile privée. Alors, ma
question. Qu'est-ce qui explique, selon vous, ce fossé qui semble
exister entre les représentants des populations, sur le plan
gouvernemental et sur le plan syndical, par rapport à la
réalité et aux choix que font les citoyens et les citoyennes?
D'autre part, la position que vous semblez prendre par rapport au
contrôle des élus locaux, vous semblez mettre cela en cause: oui,
peut-être, mais vous ne semblez pas avoir beaucoup confiance au
contrôle des élus locaux sur le transport en commun. Est-ce que ce
n'est pas parce que, finalement, ils représentent, comme les
intervenants précédents le disaient, beaucoup plus la voix de la
majorité des citoyens qui continuent d'utiliser, dans la région
de Montréal, leur automobile privée? J'aimerais cela vous
entendre là-dessus.
M. Auger: Je vais commencer par la deuxième si vous
permettez. Sur les contrôles des élus locaux, il ne me semble pas
que, dans notre mémoire, il ressorte une méfiance terrible
à l'égard de ces élus locaux. Au contraire, ce qu'on dit,
c'est qu'il faut pouvoir s'assurer que ces élus locaux aient un
contrôle démocratique sur la commission de transport. Là
où il y a divergence avec la position gouvernementale, c'est en termes
de création de l'ORT qui est proposée par la proposition
gouvernementale, alors que nous disons: II y a des pouvoirs qui sont
déjà dévolus aux commissions de transport. Le
problème, ce n'est peut-être pas fondamentalement qu'ils
administrent plus ou moins bien ces pouvoirs seulement, mais c'est
fondamentalement - et on est placé un peu pour le savoir - qu'entre
autres - et on le mentionne plus spécifiquement dans le cas de la CTCUM
- il n'y a pas de relation directe entre la CTCUM et les élus municipaux
de Montréal. Pourtant, que je sache, la CUM, comme la ville de
Montréal, paie une certaine partie du financement. Dans la proposition
que vous formulez, vous nous dites: II y aura 28 élus municipaux, 14
venant de la CUM et 14 des zones périphériques, Laval, la CTRSM
et les villes de la couronne. Ils iront siéger à l'ORT auquel
vous accordez un certain nombre de pouvoirs. Nous, on dit que cela ne donne pas
plus de pouvoirs aux élus locaux. À notre avis, cela en
enlève un peu parce que le rapport devient direct entre l'élu
local qui part de son conseil, qui s'en va à l'ORT, qui, rendu à
l'ORT, discute de choses qui redescendent au niveau des municipalités
où elles sont reprises ou pas reprises en charge par ces
municipalités. Nous pouvons ou bien bloquer la mécanique ou bien
ne pas la bloquer.
Ce matin chez les représentants de Laval, les
représentants de cet après-midi, de Sainte-Thérèse,
les représentants de Saint-Eustache, j'ai senti cette inquiétude.
On semblait dire: Attention, est-ce que le gouvernement veut nous imposer, par
l'ORT, par une décision de l'ORT, une charge financière à
laquelle on serait en quelque sorte contraints? Je dirais, après la
lecture de la proposition gouvernementale: Ou bien l'ORT va avoir du pouvoir,
et ce sera assez directif à partir du moment où il y aura des
décisions qui seront prises et qu'on enverra la note à des
municipalités pour qu'elles paient, parce qu'elles seront
déjà représentées, ou bien les municipalités
vont dire: Attention, avant que mon délégué de la CUM
prenne une décision, ou que les 14 délégués
prennent une décision, ils vont retourner voir le maire et le conseil de
ville le 8 novembre prochain et ils vont décider, concernant la CUM, ce
qui va arriver. Ensuite ils diront: On va retourner à l'ORT, on a un
mandat d'ouvrir ou de ne pas ouvrir. Cela risque de geler les propositions qui
vont être formulées par l'ORT.
Il y a un danger dans ce lien indirect.
On pense que, ou bien les municipalités vont ramasser la facture
ou bien elles ne voudront pas du tout la ramasser, et c'est tout le
développement qui risque d'en prendre pour son rhume. Nous, ce qu'on
dit, c'est qu'on ne change pas ces rapports de forces, ils vont toujours
demeurer là. On les laisse où ils se trouvent actuellement. On
dit: Intervenez directement sur les commissions de transport telles que vous
les voyez et on accorde des pouvoirs au COTREM pour ce qui est, entre autres,
de deux éléments essentiels qui sont l'intégration de la
structure tarifaire et également la coordination des services pour
s'assurer que lorsque on débarque du métro on ne se retrouve pas
à pied ou à attendre trois quarts d'heure un autobus ou à
ne pas avoir de correspondance avec un train de banlieue. Ce n'est pas de la
méfiance ou un manque de confiance envers les élus locaux; au
contraire, on leur laisse les pouvoirs là où ils sont, mais on
diverge, sur un aspect structurel ainsi que sur le cadre institutionnel, avec
la position gouvernementale. D'accord?
Concernant la première question, c'est excessivement difficile de
répondre, d'expliquer comment les automobilistes n'ont pas perdu
l'habitude d'engorger le centre-ville avec leur automobile. La réponse
la plus simple à vous donner ce serait de vous dire: C'est parce qu'on
n'a pas de réseau de transport en commun suffisant. Ce serait
peut-être un peu simple, un peu court, vous allez l'admettre avec moi. Il
y aurait peut-être un élément supplémentaire pour
moi. Ce qu'on dit dans notre mémoire, c'est que si on veut que les
automobilistes perdent cette habitude, assez ancrée, on doit le dire, il
faudra agir avec un certain nombre de mesures incitatives. Celles qu'on a
prévues qui nous paraissaient importantes sont, entre autres, qu'on
prévoie au niveau des têtes de lignes de métro, pour le
long des lignes de métro, le long des lignes de banlieue, les trains de
banlieue, des stationnements gratuits. (22 heures)
On a discuté avec nos conseils centraux, qui n'ont pas pu
participer avec nous aujourd'hui à la commission parlementaire, dans la
zone périphérique, (à Sorel, Saint-Hyacinthe, Granby,
Saint-Jean, Sud-Ouest, Valleyfield, Laurentides, Sainte-Thérèse,
Saint-Jérôme, Lanaudière) un peu des problèmes que
cela leur posait, parce qu'ils sont touchés, en termes de couronne.
C'est une clientèle qu'on représente là-dessus. Cette
remarque est revenue. Ils disaient: Nous autres, on pourra toujours
considérer qu'on prend le transport en commun s'il était
seulement adéquat pour se rendre à Montréal, aller
travailler ou aller magasiner, mais notre problème, c'est que là
où on prend le transport en commun, il n'y a pas de place pour
stationner. Il y a un problème là. C'est une mesure incitatrice
qui aurait probablement pour effet de changer ce comportement.
Est-ce qu'il s'agit d'un fossé entre les positions de principes
que vous mettez de l'avant, les positions de principes qu'on met de l'avant en
termes de développement du transport en commun par rapport à un
développement de la conscience ou de la sensibilisation de notre monde?
Ce fossé, quand on le regarde sur le terrain, je me dis qu'il y a des
explications matérielles. Il y a effectivement des changements de
mentalité qu'il va falloir faire. Ils ne se produiront pas du jour au
lendemain. Je ne sais pas si c'est une bonne analyse, mais je pense que le
changement des mentalités ne se fera pas non plus dans l'abstrait ou en
fonction d'une théorie. Il va se faire à partir du moment
où on sera confrontés à des éléments
pratiques. C'est pour cela qu'on pense que ces éléments
correctifs par rapport aux lignes de métro, aux lignes de trains de
banlieue devraient être mis en place. Ce ne sont pas des coûts
importants. Ils auraient comme effet de ralentir la rentrée
d'automobiles au centre de Montréal, en particulier, ou dans d'autres
zones de convergence du transport en commun, et auraient, comme deuxième
effet, et non le moindre, à mon avis, d'augmenter une clientèle
dans le réseau du transport en commun, facilitant d'autant la
rentabilité et pouvant probablement éviter, à tout le
moins, ce qu'on propose: arriver au gel du tarif pour les usagers et
usagères du transport en commun.
M. Clair: M. le Président, j'ai déjà pris
beaucoup de temps, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Madame et messieurs de la CSN, il a
été question tout à l'heure de l'automobile. Vous en
traitez un peu dans votre mémoire. J'aimerais faire un commentaire avant
de vous poser deux ou trois questions. Le ministre tout à l'heure est
revenu sur le fait que le gouvernement favorise les systèmes lourds.
Même si tout le monde constate...
M. Clair: Je favorise le transport en commun, c'est tout.
M. Bourbeau: Non, vous avez insisté sur les
systèmes lourds tout à l'heure. Même si tout le monde
constate que les coûts actuellement...
M. Auger: Pourriez-vous parler un peu plus fort?
M. Bourbeau: Je disais que dans le
transport en commun, le gouvernement actuellement privilégie les
systèmes lourds. M'entendez-vous bien?
M. Auger: Oui, cela va.
M. Bourbeau: II y a un commentaire que j'aimerais faire. Quoi
qu'on en dise, l'automobile fait quand même partie de ce que
j'appellerais notre héritage de Nords-Américains, au même
titre que les hamburgers ou la coupe Stanley. Ailleurs, dans d'autres pays,
peut-être qu'au lieu d'utiliser l'automobile, on utilise des traineaux
à chiens ou qu'on se promène à dos
d'éléphants, mais il faut quand même penser que chez nous,
on vit dans une société qui a inventé pratiquement
l'automobile et qui l'utilise depuis plusieurs générations. Cela
fait partie de notre mode de vie. J'aimerais citer un paragraphe de
l'éditorial du Devoir de samedi dernier où Jean Francoeur disait
ceci: "Un fait brutal s'impose. Les Québécois, quoi qu'on dise et
quoi qu'on veuille, malgré toutes les forces s'exerçant en sens
contraire, n'ont pas sensiblement modifié leur propre "choix de
société". Ils restent fidèles à l'automobile.
"Avoir un char", disait Yvon Deschamps." M. le ministre, vous connaissez
sûrement Yvon Deschamps, on ne peut pas dire que c'est quelqu'un qui est
de philosophie libérale. On peut le citer et cela vous fait plaisir,
j'en suis convaincu. "Un gouvernement ne peut pas longtemps ramer seul à
contre-courant", dit l'éditorialiste. Cela me fait penser que justement
l'automobile est peut-être partie de notre civilisation et qu'on
rêve en pensant qu'on peut l'écarter. À ce sujet, il me
semble, enfin, je n'en suis pas certain, qu'il y a une certaine contradiction
dans votre mémoire, parce que je pense bien qu'on peut dire que vous ne
privilégiez pas l'usage de l'automobile, que vous faites la
défense du transport en commun, et je pense que vous avez raison de le
faire, mais vous dites également, à la page 4 de votre
mémoire, que vous êtes déçus que la proposition
gouvernementale n'aborde qu'une partie du problème du transport et qu'il
aurait été préférable que le gouvernement
"s'attable" pour étudier toutes les dimensions du transport, dont le
covoiturage, et vous nommez cette forme de transport qui est celle par
automobile. Ne croyez-vous pas justement que, plutôt que de
privilégier les systèmes lourds qui sont très
coûteux, on pourrait privilégier le transport en commun en en
faisant justement davantage par le covoiturage?
M. Clair: Je suis prêt à...
M. Bourbeau: Ma question est posée aux témoins, M.
le ministre.
M. Clair: C'est parce qu'on m'a cité d'une façon
erronée, M. le Président.
M. Bourbeau: Non, je ne pense pas.
M. Clair: Seulement un éclaircissement. Je n'ai jamais dit
qu'on privilégiait à tout prix les moyens de transport lourd,
mais là où on en a besoin, on dit qu'on est prêt à
continuer. Cela n'exclut nullement qu'on soit prêt à aller vers
d'autres moyens, comme les autobus, le transport par taxi collectif, le
covoiturage. Le député sait fort bien qu'il y a des propositions
qui sont sur la table à ce sujet.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais quand même
que le ministre laisse répondre les gens. Je pose des questions aux gens
qui sont ici; le ministre intervient tout le temps, court-circuite mes
questions et finalement, répond à la place des gens.
M. Clair: Faites des préambules exacts.
M. Bourbeau: Si le ministre veut qu'on fasse des débats
à deux, on va s'asseoir, on va se questionner l'un l'autre, mais le
ministre peut quand même laisser répondre les gens qui sont
là.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député de Laporte, vous avez le droit de parole. Êtes-vous
prêt à répondre, M. Auger?
M. Auger: Je pense que notre position dit: On a besoin d'un
transport en commun. Pour nous, on va devoir mesurer ce dans quoi on travaille.
Quand on travaille avec la région métropolitaine de
Montréal, on ne travaille pas avec la ville de Gaspé. Un
système léger pourrait probablement très bien s'appliquer
dans une municipalité ou dans une ville de faibles dimensions. Dans la
ville de Montréal et dans la région métropolitaine, compte
tenu d'un tissu urbain beaucoup plus serré, il faut envisager un
transport en commun de type plus lourd que celui qu'on pourrait envisager
ailleurs. Ce qui ne veut pas dire, et, là-dessus, notre mémoire
le mentionne, qu'on doive éliminer et bannir à tout jamais sur
l'île de Montréal la pénétration d'une voiture. On
dit: II y a probablement des gens qui, quel que soit le niveau de
développement du système de transport en commun, ne pourront
jamais se rendre à leur emploi adéquatement par le système
de transport en commun. Facilitons à ce titre-là le covoiturage.
C'est une technique douce, comme on l'appelle, facilitons-la. On est d'accord
pour l'interpénétration ou l'intégration de ces deux
dimensions; elles ne sont pas en opposition, elles sont en complément,
à notre avis, là-dedans. Cela m'apparaît être un des
éléments qu'on y a mis.
D'autre part, au sujet de l'utilisation de la voiture-héritage et
tout cela, j'en suis. On a une culture nord-américaine qui fait en sorte
- on a un pays qui est grand comme plusieurs pays européens - qu'on se
déplace en voiture, on y est habitué, on a le modèle des
voitures américaines qui nous a été donné et dans
lequel on s'est véhiculé. On commence à changer un certain
nombre d'habitudes, mais c'est cependant peut-être par la force des
choses. Il y a un autre élément, à mon avis, sur lequel on
doit modifier sensiblement notre comportement. Peut-être que les
études qu'on a citées dans notre mémoire pourront
être contredites; j'aimerais qu'elles puissent être contredites et
qu'on puisse avoir pour cela des bases solides, mais une chose est
démontrée, c'est que le coût de l'automobile, ne serait-ce
qu'en infrastructures routières, en autoroutes, cela a un type, une
intervention ou un coût économique très
élevé, un coût, à notre avis, plus
élevé que tout ce qui pourrait se développer comme
transport en commun; d'un, et de deux. Moi, pour avoir travaillé depuis
quelques années dans le centre-ville de Montréal, au 1601 de
Lorimier, j'ai toujours trouvé agaçant de voir la rasade de
loyers qui a été faite dans le centre-ville pour le projet
autoroutier. Ce sont des éléments, à notre avis - et on le
mentionne dans l'introduction de notre mémoire - dont un gouvernement du
Québec doit tenir compte, il doit intégrer aussi ces dimensions.
On ne pourra pas passer, si on veut intégrer ces notions-là,
à côté d'un équipement assez lourd dans un tissu
urbain qui est lui-même très dense, parce que cela aussi, c'est un
héritage de notre culture que de s'être donné des
centre-ville pas toujours bien coordonnés, pas toujours bien
développés ni bien aménagés, de sorte que notre
transport en commun, comme le transport individuel, est rendu à certains
moments pénible. Je dirais seulement que c'est une intégration de
ces deux-là; que l'un ne peut pas remplacer l'autre dans des situations
extrêmes; que dans des situations mitoyennes ils peuvent agir en
complément pour faire en sorte que l'évolution de notre culture
se fasse plus progressivement et la réponse à des besoins
importants de la population, qu'est le développement du transport en
commun, soit fournie également dans les meilleurs délais.
M. Bourbeau: Avec une nuance qu'on doit quand même
apporter, c'est que l'infrastructure routière, elle est là. Elle
a été payée depuis 20 ans et on n'a pas à la
refaire, puisqu'elle y est déjà. Alors que si on développe
d'autres nouveaux systèmes lourds, on va devoir se les payer
également. Je pense qu'il y a quand même une nuance. Pour ce qui
est de la question des systèmes lourds et du système
complémentaire de covoiturage, je pense que c'est une question de
dosage. Je suis bien d'accord avec vous qu'il ne s'agit pas d'avoir seulement
un mode de transport et d'écarter complètement l'autre; il
s'agit, je pense, de faire une meilleure utilisation de l'ensemble de ces deux
formules.
Je voudrais revenir sur la théorie de l'achalandage que j'ai lue
avec intérêt dans votre mémoire. Vous développez une
théorie disant que si on baissait les tarifs du transport en commun, on
aurait un achalandage plus important; je pense bien que cela ne fait pas
l'ombre d'un doute, et qu'en conséquence cela aurait pour effet de
rentabiliser le transport en commun dans les réseaux. Or, les chiffres
qui nous ont été fournis depuis quelques jours et qui sont
basés sur les bilans des commissions de transport indiquent qu'en
matière de transport en commun, cela fonctionne à déficit.
Pour prendre l'exemple de la Commission de transport de Montréal, qui
est de loin la plus importante, on nous dit qu'à chaque kilomètre
qui est parcouru on fait un déficit de 2,13 $. Je me dis, comme la
plupart des gens à ce titre-là: le transport en commun est un
service qui s'équipe en fonction des heures de pointe, autrement dit,
aux heures de pointe, actuellement, l'ensemble de la flotte est utilisé.
Un peu comme dans les tempêtes de neige, on sort tout
l'équipement. Si on devait augmenter l'achalandage du transport en
commun, par exemple en baissant les tarifs, il faudrait s'équiper
davantage, parce que c'est aux heures de pointe qu'on a des problèmes.
Comme on aurait beaucoup plus de monde qui utiliserait le transport en commun,
il faudrait ajouter de l'équipement, équipement,
évidemment, qui coûterait plus d'argent que maintenant et qui
serait inutilisé, en grande partie, aux heures hors pointe, parce qu'aux
heures hors pointe, il y a un excédent important de matériel. Le
même phénomène que maintenant se reproduirait: le transport
en commun n'est pas rentable quel que soit l'achalandage. Si on augmente
l'achalandage, il va être d'autant moins rentable; il ne sera pas plus
rentable, puisqu'il va falloir s'équiper davantage. Si on
réussissait à augmenter l'achalandage aux heures hors pointe
seulement, on ajouterait des passagers, mais sans ajouter de
l'équipement: là, je vous suivrais. Mais je ne crois pas que ce
soit le cas, parce que si on baisse les tarifs, je pense que le réseau
va être utilisé autant aux heures de pointe qu'aux heures hors
pointe. Donc, si on suit votre proposition, on baisse les tarifs, on augmente
la demande, on doit s'équiper davantage. Or, comme on fonctionne avec un
déficit de 2,13 $ du kilomètre ou dans un ratio d'à peu
près 2/3, 65% du déficit, on va augmenter encore davantage le
déficit. Puisque les tarifs vont être moins élevés,
les revenus vont être moins importants, donc on va encore
accentuer le déficit. Comment pouvez-vous dire qu'on rentabilise
le transport en commun en vertu de cette formule? (22 h 15)
M. Auger: Je ne peux pas contredire les chiffres que vous avez
mis sur la table. Je n'ai pas eu l'occasion de vérifier des
études qui ont été faites à ce sujet. De plus, je
m'avance sur une base, je le dis au départ, sur laquelle je n'ai pas
d'études scientifiques pour m'appuyer, mais il me semble une chose,
c'est que pour utiliser occasionnellement le transport en commun dans la
région de Montréal, on intensifie bien sûr aux heures de
pointe le rythme et des lignes de métro et des autobus. Je pense qu'on
pourrait, à partir de la situation actuelle, augmenter l'achalandage en
dehors des heures de pointe, on s'entend là-dessus, sans que cela
crée de problèmes et cela rentabilise, même durant les
heures de pointe, sans avoir à acheter proportionnellement des
équipements lourds aussi coûteux que les bénéfices
qu'on pourrait en retirer. C'est le sentiment que j'ai.
Dans la situation actuelle à Montréal, par rapport
à l'équipement qui existe - je connais particulièrement
plus le centre-ville de Montréal parce que j'ai à me
déplacer dans ces environs - il ne me semble pas qu'on soit à la
limite, on n'a pas atteint la limite maximale de densité aux heures de
pointe qui nécessiterait que si on augmente l'achalandage de
façon significative, il faudrait tellement augmenter l'équipement
lourd que cela rendrait cet achalandage déficitaire. C'est ma
perception.
Je ne sais pas si des études ont été
réalisées qui pourraient démontrer ou réfuter cela.
C'est mon sentiment. Si cela devenait le cas, qu'on doive progresser au niveau
d'extension de l'équipement lourd par un trop grand achalandage, dans la
mesure où on propose une structure tarifaire intégrée,
dans la mesure où sans s'être prononcé sur le modèle
de la carte isochronique ou de la carte des zones tarifaires qui est là,
sans se prononcer sur cette modalité précise où on parle
d'intégration tarifaire, de zones avec des tarifs qui pourraient varier
d'un endroit à l'autre, quant à ces mesures qui sont en
même temps accompagnées de mesures incitatives pour faire en sorte
que l'automobiliste utilise cette ligne de métro ou ce train de banlieue
avec des stationnements en tête de ligne de métro ou en terminal
de ligne de train de banlieue, il me semble qu'on serait capable, d'augmenter
suffisamment l'achalandage pour que même un équipement lourd ou
semi-lourd... Dans le langage, je crois comprendre que, quand on parle
d'investissement lourd, on parle principalement de métro souterrain...
Quand on parle de train de surface ou de métro de surface ou d'autobus,
on peut dire que ce n'est plus le même poids. Il y a là, il nous
semble, une marge de manoeuvre. Et cela, malheureusement, je ne peux pas vous
offrir une contre-preuve scientifique, mais selon mon sentiment, c'est qu'on
n'a pas atteint de limite du tout. On a encore une marge de manoeuvre sur
laquelle on devrait pouvoir tabler avec les mesures incitatives qui
s'imposent.
M. Bourbeau: Je reviens là-dessus parce que je pense que
vous pouvez peut-être apporter un éclaircissement
intéressant à ce point de vue. Auparavant, j'ouvre une
parenthèse pour vous dire que les chiffres que j'ai avancés tout
à l'heure sont extraits des états financiers de la CTCUM. On a
pris les dépenses totales de la CTCUM divisées par le nombre de
kilomètres parcourus et cela donne un coût de 3,09 $ par
kilomètre, c'est assez simple. Et on a pris les revenus totaux de la
CTCUM, provenant des usagers, divisés par le nombre de kilomètres
parcourus, cela donne 0,96 $ le kilomètre. Si on soustrait les revenus
des dépenses, cela donne un coût, un déficit de 2,13 $ par
kilomètre. Je pense que c'est un calcul assez facile à faire.
Je reviens à la dernière partie de votre réponse.
Vous nous dites qu'à votre avis, il est possible que même aux
heures de pointe, on ne fasse pas actuellement une utilisation complète
et totale des équipements existants. En tant que représentant des
gens de la CSN, est-ce que vous seriez en mesure de nous éclairer sur ce
point? À votre connaissance, est-ce qu'il y a une quantité
importante de matériel roulant, qui n'est pas utilisée aux heures
de pointe par la CTCUM? Vous avez des gens qui travaillent dans ce domaine.
Est-ce que vous auriez des commentaires à nous faire,
là-dessus?
Le Président (M. Boucher): M.
Lanouette.
M. Lanouette (Pierre): Je n'ai pas de chiffres très
précis sur la quantité d'équipement inutilisé par
la CTCUM en dehors des heures de pointe. Je sais que c'est tout de même
une assez faible proportion de l'équipement qui n'est pas
utilisée. Je pense qu'il faudrait compléter cela car, il est
très clair que, même si l'achalandage augmentait et qu'il faille
ajouter un peu d'équipement au réseau de transport en commun
actuel, de toute façon, si on regarde juste l'infrastructure
routière qui existe à Montréal et aux alentours
actuellement, l'infrastructure est insuffisante. On n'a qu'à regarder
les embouteillages qu'il y a aux heures de pointe, cela démontre
très clairement qu'il y a un choix à faire entre une
infrastructure ou l'autre. Ou l'on satisfait aux besoins des automobilistes en
augmentant l'infrastructure routière, ce qui coûterait très
cher - je ne
sais plus combien de millions de dollars au kilomètre coûte
une autoroute - ou l'on ajoute à l'infrastructure déjà
existante aussi du transport en commun. Je pense que cela coûterait
beaucoup moins cher parce qu'on se sert d'une infrastructure routière
déjà existante ou d'une infrastructure de chemin de fer ou de
métro déjà existante. Ajouter un peu d'équipement
à cela coûte sûrement moins cher que de faire quelques
kilomètres de route ou un pont entre la rive sud et Montréal.
M. Bourbeau: Si vous le prenez comme cela, c'est probablement
vrai; par contre, si on réussissait à enlever des automobiles sur
la route, sur les ponts, en favorisant d'une façon systématique,
par exemple, le covoiturage - quand trois personnes prennent la même
voiture plutôt que chacun sa voiture individuelle, vous venez d'enlever
deux voitures sur le pont - si c'était bien organisé, on pourrait
drôlement décongestionner les voies d'accès, les ponts,
sans en aucune façon demander à la collectivité de payer
des nouveaux autobus ou un métro de surface.
J'aurais d'autres questions à vous poser, mais je sais que le
temps passe et je voudrais tout de même apporter notre collaboration
à la volonté de tout le monde de ne pas terminer trop tard cette
nuit. J'aimerais dire ceci, en terminant.
Nous considérons, de ce côté-ci, qu'effectivement
vous avez produit un mémoire très sérieux et qu'il apporte
une contribution originale au débat qui a cours depuis plusieurs jours
aussi. Bien entendu, votre mémoire est présenté en ayant
bien à l'esprit la défense des intérêts des gens que
vous représentez, nommément les usagers, et je pense que c'est
normal. Beaucoup de gens se sont présentés ici et ont
défendu la part des municipalités ou des contribuables. Le
gouvernement se débat comme un diable dans l'eau bénite pour
défendre sa part à lui, depuis le début aussi. Alors, tous
ont été bien défendus jusqu'ici. Probablement que les
seuls, en fait, qui ne sont pas ici pour se défendre, ce sont les
non-usagers, le quatrième partenaire dans la proposition, les industries
et les commerces qu'on n'a pas entendus. S'ils venaient à la barre, ici,
aussi, ils pourraient faire une défense éloquente de leurs
intérêts. De toute façon...
M. Clair: ...
M. Bourbeau: Je sais que M. le ministre fait état de ses
préoccupations électorales en premier lieu. Je dirais, en
conclusion, que votre témoignage a constitué un pas en avant dans
la recherche de la vérité vers laquelle nous tendons tous. En ce
sens, cela a été une contribution importante et je tiens à
vous en remercier au nom de mes collègues.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Vous savez, durant cette commission parlementaire -
c'est la quatrième journée - il a souvent été
question de la vérité des chiffres. L'avantage de votre
mémoire, c'est qu'il permet d'identifier les coûts
économiques, les coûts sociaux qui ont des répercussions
économiques liées au transport par voiture. Quand le
député de Laporte a fait mention d'une certaine opposition entre
le transport et l'infrastructure routière et l'infrastructure dans le
transport en commun, au profit de l'infrastructure routière, sous
prétexte qu'elle était terminée depuis 20 ans et qu'il n'y
avait pas lieu d'y investir des sommes d'argent considérables, ce n'est
pas la vérité des chiffres.
Depuis huit ans, notamment dans la grande région de
Montréal, la participation financière du gouvernement du
Québec a été de près de 1 000 000 000 $,
au-delà de 900 000 000 $, en termes de construction et de
réfection de routes. Ce qui est intéressant dans ce débat
que, tantôt, vous avez poursuivi sur la civilisation de l'automobile,
c'est que non seulement c'est le comportement individuel qu'il vous faudra
modifier, mais c'est aussi la prise de conscience des pouvoirs publics. En
général, les coûts du transport en commun, on les scrute
scrupuleusement - on en fait d'ailleurs l'objet de commissions parlementaires
tandis que sur les coûts reliés à l'infrastructure
routière, je ne sache pas qu'il y ait eu de commissions parlementaires,
notamment sur l'autoroute urbaine Ville-Marie. Pourtant, il s'agit là
d'investissements financiers considérables.
Je vous trouvais, dans votre mémoire, sachant que vous êtes
situés sur la rue de Lorimier, très altruistes; vous
préconisiez que, si tant est qu'il y ait une taxe sur les
stationnements, il y en ait une également sur les stationnements
privés. Je sais que le vôtre est immense. Vous savez,
tantôt, ceux qui vous ont précédés, de la
fraternité... Est-ce que, entre autres choses, ce stationnement est
gratuit pour votre personnel?
M. Auger: Bien sûr, et, compte tenu qu'on a eu l'occasion
de discuter du mémoire à la CSN, le trésorier est
très au courant des positions qu'on a avancées et des
conséquences que ça pourrait avoir.
Mme Harel: Alors, dans le mémoire de la Fraternité
des chauffeurs d'autobus, qui vous a précédés, il y avait
une suggestion qui peut faire partie des techniques douces qui sont très
souvent mentionnées par le
député de Laporte, notamment l'étalement des heures
de pointe. Je ne sais pas ce que vous pensez comme représentants
syndicaux de cette possibilité, pour une collectivité qui a
à se donner des infrastructures importantes, qu'en contrepartie elle
puisse les utiliser au maximum, notamment par une politique qui pourrait
être incitative. On peut étaler de telle façon
l'achalandage de ces infrastructures en se rappelant évidemment que,
s'il n'y a pas de solution de rechange au transport par véhicules, il y
aura de très fortes pressions. Vous avez parlé de congestion dans
le centre-ville. Il y aura de très fortes pressions non seulement pour
construire à l'intérieur de la ville mais également pour
avoir, par des ponts ou des ponts-tunnels, des voies d'accès. Il faut
quand même se rappeler que l'agglomération montréalaise est
une île.
Je voulais savoir ce que vous pensez de cet étalement possible
des heures de pointe. Dans le mémoire, il y avait également un
aspect que je trouvais intéressant et qui concernait
l'intégration possible de l'industrie du taxi dans une politique
générale de transport en commun. Qu'est-ce que vous envisageriez
à ce niveau-là?
M. Auger: Sur la question de l'intégration de l'industrie
du taxi, on connaît tous la situation dans l'industrie du taxi à
Montréal comme ailleurs en province. C'est une situation qui n'est pas
facile. Il y a beaucoup de travail à faire pour une meilleure
harmonisation. Dans le mémoire, on pense aux périodes de faible
activité, aux périodes de nuit où l'activité est
très faible mais où il y a quand même des gens qui doivent
se déplacer et qui n'ont pas toujours les moyens de prendre seuls un
taxi, ou qui n'ont pas de voiture. On s'interrogeait sur la possibilité
d'examiner comment, par l'industrie du taxi, il pourrait y avoir, dans des
circonstances semblables, une intégration plus ou moins
coordonnée, avancée de voitures-taxis liée au transport en
commun. Un n'a pas pu développer davantage, sinon qu'on doit faire en
sorte, et dans l'esprit où M. Bourbeau, je crois, le mentionnait
tantôt, d'utiliser au maximum toutes les ressources. Les voitures-taxis,
je pense bien que, même si on sent beaucoup de ..., on va s'en garder
encore quelques-uns. C'est ce qu'on voyait sur l'industrie du taxi mais on n'a
pas eu le loisir de développer beaucoup.
Du côté de l'étalement de l'heure de pointe, je vous
donne un avis assez personnel parce qu'on n'a pas non plus
développé cet aspect-là dans notre mémoire. Je ne
sais pas si Pierre a d'autre chose à ajouter. Mais, quant à moi,
il n'y aurait pas de problème à envisager une mesure comme
celle-là. Ce qu'il faut voir, cependant, ce à quoi on a
été confronté - et je vous cite ça strictement par
rapport à un point de vue syndical très strict des heures de
travail, de début et de fin de journée - tout le problème
que ça peut impliquer pour le conjoint ou la conjointe, pour les
déplacements, tout le problème que cela peut causer par l'apport
des horaires souples; c'est tout cela qui entre en ligne de compte. (22 h
30)
Jusqu'à maintenant, la position de la CSN là-dessus, c'est
de dire: Lorsque les travailleurs ou les entreprises sont d'accord, s'ils
songent à intégrer, par exemple, l'horaire souple, on ne se bute
pas à cela, au contraire, dans la mesure où cela respecte les
données. Les gens vont regarder et vont décider. C'est une voie
qui, probablement, pourrait permettre une meilleure utilisation, une
utilisation plus optimale des ressources qu'on a déjà investies
dans le transport en commun, comme dans le réseau routier, d'ailleurs,
cela pourrait aussi avoir des effets de ce côté. Je ne peux pas
mesurer, cependant, quel impact plus global cela aurait en termes de
signification.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. Auger, si je comprends bien, vous
dites qu'en matière de transport en commun, il faut mettre cela dans les
mains des élus, c'est cela que vous dites. Mais, par ailleurs, vous ne
semblez pas tellement faire confiance aux élus. Vous dites d'abord: On
ne veut pas l'ORT, on veut le maintien du COTREM. Le COTREM est un organisme
gouvernemental. Par ailleurs, vous dites, à un autre endroit: La
réélection des élus locaux dépendant pour une large
part de la non-augmentation des taxes locales, il est fort à parier
qu'il y aura diminution de la qualité des services ou hausse
régulière des tarifs. Pour moi, c'est une contradiction. Est-ce
que c'est la même perception que vous avez?
M. Auger: Non, carrément non. Il n'y a pas de
contradiction. Ce qu'on dit d'abord -je l'ai dit en réponse au ministre
des Transports et je veux le reprendre - ce sont deux choses. Premier
élément. On veut qu'il y ait un contrôle des élus et
qu'il soit le plus direct possible. Ce qu'on pense, c'est qu'à partir du
moment où il y aurait création d'un organisme régional,
comme l'ORT, les élus qui vont siéger là... Prenons les 14
représentants de la CUM, ce sont peut-être ceux qui seront les
moins dépaysés; ils vont se retrouver une bonne "gang" ensemble,
mais prenons ceux qui seront dans les MRC, ceux qui seront de Laval, des
municipalités de la rive sud, qui vont se retrouver à l'ORT, le
problème que l'on a, c'est qu'ils seront là comme membres de
l'ORT, délégués de leur municipalité ou d'un
ensemble pour une MRC, ils seront présents à ce titre. Les
conséquences d'une décision de l'ORT vont se répercuter,
non pas sur l'ORT, parce qu'il n'y a pas de structure financière
rattachée directement à l'ORT; elles vont se répercuter
sur chacune des municipalités ou des regroupements de
municipalités, dans le cas des MRC ou de la CUM.
Ce qu'on dit tout simplement, c'est qu'il nous apparaît que cet
ORT n'est pas un élément essentiel dans le cadre actuel de la
réforme du transport en commun. On dit: Laissons le pouvoir aux
commissions locales, organisons-nous pour qu'il y ait effectivement
coordination. Les mandats qu'on donnne au COTREM, c'est l'intégration
des réseaux, c'est la question de la structure tarifaire. Il y aura,
à la suite de ces décisions, des retours sur le plan de... Les
pouvoirs des commissions locales de transport en commun demeurent ce qu'ils
sont et organisons-nous pour qu'il y ait emprise des élus locaux sur les
commissions de transport en commun, ce qui n'existe pas actuellement dans la
CTCUM, mais ce qui existe partiellement dans le cas de Laval et de la CTRSM. Ce
n'est pas une question de méfiance par rapport aux élus
municipaux.
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais est-ce que...
M. Auger: Quand on dit...
M. Leduc (Saint-Laurent): Si vous permettez, est-ce que c'est la
raison pour laquelle vous ne voulez pas les envoyer à l'ORT? Parce que
vous dites: De toute façon, ils ont tellement de préoccupations
politiques sur le plan municipal qu'ils ne permettront pas d'augmentation de
taxes, ils ne verront pas à la qualité des services parce qu'ils
ont la préoccupation de se faire élire. C'est textuel. Alors,
est-ce que c'est la raison pour laquelle vous ne voulez pas qu'ils aillent
à l'ORT?
M. Auger: Non, ce n'est pas la raison. Si c'était cette
raison, on ne leur confierait pas de pouvoir direct sur les commissions de
transport. Quand on dit: "S'assurer que les autorités responsables
disposent des ressources financières suffisantes..." C'est à la
page 7 de notre mémoire, le deuxième paragraphe du haut; on dit:
"Au contraire, la présence d'élus locaux, économes des
taxes de leurs électeurs, la formulation de l'intervention
gouvernementale afin de faire respecter les contraintes résultant de
cette disponibilité financière, l'absence du pouvoir de taxation
directe par l'ORT, l'analyse de l'évolution des contributions
respectives ailleurs dans le document 4, etc., tout laisse présager que
les autorités ne disposeront pas des ressources nécessaires." Ce
qu'on dit, c'est qu'il y a deux éléments; il y a la structure
institutionnelle ou le cadre institutionnel, d'une part, et là-dessus on
ne conteste aucunement la validité et la valeur de la
représentation des élus municipaux ayant une autorité
démocratique sur les commissions locales de transport. On dit cependant,
quand on fait référence, dans un autre temps, à la
structure financière ou au cadre financier, c'est que si on modifie le
cadre financier pour faire en sorte que les municipalités se voient
rejeter une responsabilité trop lourde sur le dos, ce que je disais au
début, il va se produire qu'elles auront comme attitude - et je l'ai
senti à quelques reprises aujourd'hui de la part de certains
intervenants - de dire: Si on a un pouvoir quelconque, si quelque chose ne fait
pas notre affaire à l'ORT si on a un pouvoir, nous autres, on va le
bloquer, comme municipalité, en prenant un certain nombre de moyens.
C'est ce fragile équilibre qu'il y à trouver entre chacune des
forces qui va composer l'ensemble des revenus du transport régional pour
Montréal. Et c'est à ce titre qu'on fait référence
aux élus qui sont économes de taxes, si on ne leur donne pas
suffisamment de moyens et non pas en fonction des pouvoirs parce que
effectivement, si c'était le cas, il y aurait contradiction, mais il y a
deux rapports, il y a le cadre institutionnel et le cadre financier dont il
faut tenir compte.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: En terminant, je remercie, encore une fois, la CSN
d'avoir présenté ce mémoire qui, comme je le disais au
début, présente le dossier du transport en commun comme
étant un dossier de choix fondamentaux à prendre. Je pense que
cela peut être très utile pour la réflexion de l'ensemble
des parlementaires, en particulier du côté de l'Opposition, quant
à la réalité d'un choix qui confronte notre
société. Je donnerai simplement pour exemple, la
référence de M. Lanouette tantôt, quant aux immobilisations
en matière de transport routier, et la question de ma collègue,
la députée de Maisonneuve. Je ne me souviens pas combien
exactement le ministère des Transports a investi dans l'infrastructure
routière, au cours des dix dernières années, je pense que
c'est dans l'ordre de grandeur qui est indiqué. Mais je sais cependant,
à coup sûr, en termes de choix d'investissements, en termes de
demandes d'investissements pour la construction autoroutière dans la
région de Montréal pour les dix prochaines années qu'il y
a sûrement pour 1 000 000 000 $ de demandes. Juste deux exemples: le
prolongement de l'autoroute est-ouest, selon son concept
original, coûterait au bas mot 200 000 000 $; la construction de
l'autoroute 13, au bas mot 125 000 000 $. Je ne vous ai pas parlé de
l'autoroute 30; je ne vous ai pas parlé de la 50; je ne vous ai pas
parlé de la 19; de la 440; de la 640; de la 25; de la 31 et de la 35. Si
vous faites le total de cela, c'est vrai qu'on efface un choix en
matière d'investissements comme en matière de coût
d'utilisation, de coût d'exploitation du transport en commun. Je pense
que l'immense avantage du mémoire de la CSN aura été de
faire réfléchir l'ensemble des parlementaires par-delà les
autres points sur les choix fondamentaux qui s'offrent à nous et qu'on
doit prendre, auxquels on ne peut pas échapper, je pense.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre.
M. Bourbeau: II faut dire qu'un grand nombre des autoroutes qu'il
a nommées ne sont même pas dans la région de
Montréal. Il parle de la 50 qui est dans la région de
l'Outaouais...
Mme Boivin: La 13-50.
M. Bourbeau: Vous auriez pu nommer les autoroutes dans...
M. Clair: La 13-50 dans la région de Lachute.
M. Bourbeau: L'Arctique, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick, quant
à y être.
M. Clair: C'est parce que le député n'est pas assez
au courant. Lachute, par exemple, propose qu'au lieu de construire la 13 on
prolonge la 50 de Lachute vers le boulevard Mirabel jusqu'à Mirabel, sur
la carte qu'on voit là, ce qui fait qu'on est encore dans la
région de Montréal.
M. Bourbeau: Tout est dans la région de
Montréal.
Le Président (M. Boucher): M. Auger.
M. Auger: Je voudrais d'abord remercier la commission
parlementaire, vous dire qu'on est heureux d'avoir participé à
cette commission. Je réitère également la demande parce
que je crois qu'il y aura un certain nombre de choses, du moins la commission
parlementaire semble être pour cela. On livre un point de vue, les
travaux se poursuivent, il y a un projet de loi ou un avant-projet de loi qui
est déposé. Je veux juste répéter que dans la
conclusion de notre mémoire, on souhaitait qu'il y ait à nouveau
une commission parlementaire pour qu'on puisse discuter sur, d'une part, le
cadre modifié - on peut le souhaiter dans le sens que, nous, on l'a
invoqué - et, d'autre part, sur des modalités probablement sur
lesquelles le ministère des Transports et les organismes, tant
régionaux que provinciaux auront eu à travailler pour
préciser ces modalités. On sera heureux de venir donner notre
point de vue sur ces questions. Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup. Au nom de tous
les membres de la commission, je remercie les représentants de la CSN
pour la présentation de leur mémoire.
Comité intersyndical des trains de
banlieu
J'invite le Comité intersyndical des trains de banlieue,
représenté par M. Daniel Daoust, des Travailleurs unis des
transports, et M. Jean-Marc Gagnon, de la Fraternité des
ingénieurs de locomotive.
M. Gagnon (Jean-Marc): M. le Président, M. le
ministre...
Le Président (M. Boucher): Vous êtes M. Daoust?
M. Gagnon: Non, je suis M. Gagnon, M. Daoust est à mes
côtés. Je me proposais d'ailleurs de faire les
présentations. Je recommence donc mon introduction. M. le
Président, M. le ministre, madame et messieurs les membres de la
commission permanente des transports, mon nom est Jean-Marc Gagnon. Je
représente la division 91 - je me permets d'insister - de la
Fraternité des ingénieurs de locomotive et mon confrère,
Daniel Daoust, à mes côtés, représente pour sa part
le local 1139 des Travailleurs unis des transports.
Le Comité intersyndical des trains de banlieue, ci-après
nommé le comité, est un regroupement de deux cellules syndicales
distinctes: le local 1139 des Travailleurs unis des transports et la division
91 de la Fraternité des ingénieurs de locomotive. Ces deux
entités représentent, d'une part, les chefs de train, les chefs
de train adjoints et les agents de train, affectés entre autres au
service de la banlieue qu'exploite le CN sur la rive nord, et, d'autre part, la
majorité des ingénieurs de locomotive affectés entre
autres au même service.
Ce regroupement est né d'une volonté commune de
s'impliquer dans tous les processus d'études, de décisions et de
réalisations de la restructuration des transports en commun, et plus
particulièrement dans la réorganisation des trains de banlieue et
l'éventuelle mise en service du métro régional. Nous
croyons que la vaste expérience acquise par nos membres en tant
qu'ouvriers spécialisés du transport urbain de masse devrait
être prise en
sérieuse considération et mise à profit de
façon beaucoup plus systématique par ceux qui auront la charge de
planifier, développer et coordonner le futur système de transport
en commun.
Il convient d'abord de dire que le comité est en accord presque
complet avec les diverses mesures de redressement envisagées tant au
plan institutionnel que financier et tarifaire. Les quelques réserves
que nous inspire cette proposition, à certains égards fort
audacieuses signe d'un courage et d'une volonté peu communs, ne
devraient en aucune façon retarder la mise en marche de cette
réforme tant entendue.
L'aspect institutionnel. Le comité apprécie beaucoup la
décision que prend l'État de vouloir confier l'organisation des
transports en commun aux élus locaux. On a voulu, à bon escient,
suivre le vieil adage selon lequel on n'est jamais si bien servi que par
soi-même. Cette initiative nous garantira plus de démocratie et
manifeste une volonté certaine de décentralisation et de
rapprochement de la population. Il est toutefois évident que plusieurs
problèmes sont à prévoir, tels que les
intérêts différents - là, je me permets d'insister
sur le mot "différents", chez les élus municipaux en ce qui
concerne l'organisation du transport au niveau local - on veut ici parler des
conseils locaux de transport dont fait mention la proposition gouvernementale -
et les intérêts également différents et parfois
même carrément divergents des élus appelés à
siéger au futur organisme régional de transport. Ce ne sont que
deux exemples. (22 h 45)
La décision de vouloir confier la responsabilité du
transport local aux élus municipaux regroupés dans les MRC est
bonne en soi, mais le comité a l'impression qu'un volume d'eau assez
important aura coulé sous les ponts du Québec avant que des
mesures de redressement concrètes aient été
adoptées. Cela demandera de la part des édiles municipaux une
dose de maturité peu commune et un sens civique développé.
Nous ne doutons aucunement de leur bonne volonté et de leur désir
de plaire, mais la tâche à laquelle ils sont conviés pourra
peut-être, à notre humble avis, sembler bien lourde à
certains d'entre eux.
Il est cependant à remarquer qu'ils n'ont participé
à aucune étape de la consultation jusqu'à ce jour, ou si
peu, et nous déplorons vivement ce fait. Ce n'est toutefois pas
là une raison valable de laisser passer l'occasion qui leur est offerte
de rationaliser les services de transport de personnes dans leur petit coin de
pays. Les mêmes remarques vont au niveau régional mais les
problèmes que nous entrevoyons sont beaucoup plus grands.
La formation d'un organisme régional de transport est une chose
vivement souhaitée; la mise en place d'une structure administrative
dotée de pouvoirs décisionnels non équivoques est en effet
une condition sine qua non à la réalisation d'un système
efficient au niveau régional. Nous souhaitons ardemment que les
élus qui seront appelés à siéger à l'ORT
soient animés d'une volonté commune d'en arriver à trouver
les solutions aux problèmes auxquels ils seront immanquablement
confrontés. Nous n'énumérerons ici que ceux qui nous
apparaissent les plus évidents: intérêts divergents et
parfois même incompatibles des entités régionales;
multiplicité des transporteurs qui, il convient de le souligner ici, ne
seront pas représentés à l'ORT; instances
décisionnelles supérieures différentes concernant les
transporteurs, comme, par exemple, la Commission canadienne des transports pour
les compagnies ferroviaires, le ministère des Transports du
Québec pour les autobus, etc.
Enfin, bien que solidairement voué au bien commun, nul ne peut
iqnorer, entre guillemets, le "choc des personnalités" possible
concernant certains membres appelés à siéger à
l'ORT. C'est à notre avis, à ce niveau surtout que le sens du
défi régional, expression que M. le ministre Clair se plaît
à utiliser dans la lettre qu'il adressait à ses concitoyens et
concitoyennes de la région de Montréal dans sa lettre du 16 juin
1982. C'est, à notre avis, à ce niveau que le sens du défi
régional prend toute sa signification et son importance. Il appartiendra
dorénavant aux hommes de bonne volonté de retrousser leurs
manches et de le relever, ce fameux défi.
L'aspect financier. Ne disposant que de ressources locales
limitées et n'ayant à sa disposition ni firme d'actuaires ni
spécialistes du domaine fiscal, le comité ne commentera que
brièvement l'aspect financier de la réforme proposée, bien
qu'il se déclare d'accord, de façon générale, avec
les solutions envisagées et telles qu'elles sont exposées dans la
proposition gouvernementale. Il convient cependant de noter ce qui suit.
Concernant les usagers, qu'on nous permette de faire
l'énoncé suivant: pas de transport en commun sans usagers.
Certes, les usagers sont les premiers bénéficiaires de ce service
et, à ce titre, ils doivent faire leur part pour en défrayer une
partie du coût. Nous croyons toutefois qu'idéalement ce service
devrait être gratuit, tout comme le sont les soins de santé. Qu'on
nous comprenne bien, nous sommes conscients que les soins de santé au
Québec sont loin d'être gratuits, mais, comme chacun le sait, sur
présentation d'une simple carte, tout le monde au Québec peut se
faire soigner. Pourquoi le même système n'existerait-il pas en ce
qui concerne le transport de personnes à l'intérieur d'une
conurbation comme celle de Montréal? En attendant le jour où
on
verra apparaître la carte de transport, il faut s'accommoder du
présent système, si imparfait soit-il.
En tant que premiers bénéficiaires du transport en commun,
les usagers sont également ceux qui souffrent le plus lorsque, pour une
raison ou pour une autre, le service est lent et parfois même interrompu.
Dieu sait si les Montréalais en savent quelque chose! Il ne faut pas
oublier non plus que l'immense majorité des usagers est
constituée de travailleurs et travailleuses à faible ou moyen
revenu, d'étudiants et de personnes âgées disposant de
ressources financières limitées. Ne serait-ce que pour ces
raisons, on devrait garder à l'esprit que leurs contributions ne
devraient jamais dépasser un certain niveau, disons 35% du coût
total.
En ce qui concerne les municipalités, le comité est
d'accord avec le principe général mis de l'avant par le
gouvernement et voulant que le taux de taxation doit être proportionnel
au niveau de service reçu, en ce qui a trait au transport en commun tout
particulièrement. À cet égard, les négociations
avec les municipalités, si elles n'ont pas déjà
débuté, devraient être entreprises dans les meilleurs
délais afin que cet important aspect du dossier ne puisse retarder
indûment la mise en vigueur des autres réformes
proposées.
En ce qui concerne le gouvernement, celui-ci a été
jusqu'à maintenant un partenaire financier important des
différents réseaux de transport en commun, et plus
particulièrement depuis les dernières années. Grâce
à son infléchissable volonté de vouloir faire progresser
l'état de la situation qui, disons-le honnêtement, se
détériorait à un rythme accéléré -
qu'on songe par exemple à la mort lente, mais inexorable,
qu'envisageaient les compagnies ferroviaires pour leurs services de banlieue,
et je me permet d'ajouter que malheureusement il y a déjà
plusieurs trains de banlieue qui existaient il y a quelques années
seulement qui maintenant n'existent plus - et en dépit des nombreuses
contraintes auxquelles il dû faire face, la lumière commence enfin
à poindre au bout du tunnel. Le comité croit que la participation
financière du gouvernement devrait se stabiliser sans toutefois trop
décroître. Il est tout à fait normal de vouloir de temps
à autre effectuer certaines corrections, faire des mises en garde, etc.
Nous ne croyons cependant pas que la quote-part gouvernementale au
déficit du transport en commun dans la région montréalaise
ait atteint un seuil si critique qu'il faille s'en émouvoir outre
mesure, eu égard au volume de population qu'englobe la dite
région. Au risque de froisser certaines personnalités, on doit
admettre que Montréal et sa région sont le coeur même, le
moteur de cette contrée en devenir qu'est le Québec. Sa
population constitue environ 42% et on entend par là la région
métropolitaine de recensement - 42% de toute la population de cette
province. Elle paie des taxes et des impôts elle aussi, et elle a droit
à des services.
En ce qui concerne les non usagers, ce sont tous ceux qui ne
bénéficient, lit-on, au texte de la proposition, que de
façon indirecte de la présence du transport en commun. Le
comité est d'avis que cette catégorie de
bénéficiaires devrait être appelée à
contribuer dans une proportion d'au moins 10% du coût total. Les raisons
qui nous amènent à faire ce raisonnement sont multiples et
rejoignent facilement celles que l'on retrouve énoncées au texte
de la proposition gouvernementale.
En ce qui concerne les automobilistes, il serait injuste qu'une partie
seulement des automobilistes de la région soit appelée à
contribuer au moyen d'une nouvelle taxe sur les péages. En effet, celui
venant de la rive sud, par les ponts autres que Champlain, et cet autre venant
du West Island, par les autoroutes 20 ou 40, n'ont aucun frais de péage.
Pourtant, ces voitures polluent autant et occupent autant sinon plus d'espace
au centre-ville et ailleurs sur l'île que celles venant du nord par les
autoroutes 13 ou 15 ou de l'est par l'autoroute 40. La plus
élémentaire justice serait qu'on ajoute des péages
à toutes les voies d'accès à fort volume convergeant vers
le centre-ville ou que, plus simplement, on abolisse les péages
déjà existants. Quant à une taxe spéciale sur
l'essence, nous croyons l'idée pour le moins hardie. Un certain
pourcentage de la taxe déjà perçue pourrait être
affecté au transport en commun et personne n'aurait à y redire.
Mais l'idée d'une nouvelle taxe n'est guère alléchante,
d'autant plus que le Québécois est d'ores et déjà
le citoyen nord-américain le plus taxé. En ce qui concerne les
entreprises, elles devraient contribuer, dans une proportion beaucoup plus
large au transport en commun, dont elles sont, à notre avis, un des plus
grands bénéficiaires. Il n'y a qu'à voir l'état de
quasi-panique dans laquelle se retrouvent les boutiquiers des grandes
artères commerciales du centre-ville, par exemple, lors d'une
interruption du service du transport en commun, pour se rendre compte à
quel point ils en sont tributaires. Le comité croit que la contribution
des entreprises, quelle soit sous forme de taxe sur la masse salariale ou
autre, devrait être en fonction de l'importance de l'entreprise et des
avantages directs que lui procure le transport en commun en termes de
disponibilité de main-d'oeuvre, importance du chiffre d'affaires
etc.
En conclusion, le comité désire assurer le gouvernement de
son très vif intérêt pour la cause du transport en commun
et se tient à sa disposition pour toute question relative
à ce sujet et relevant de sa compétence. La preuve est
faite depuis longtemps, auprès des membres que nous représentons,
qu'il est très facile de critiquer. Les mercis sont rarissimes lorsque
le train à bord duquel on voyage est à l'heure cent fois, mais
s'il accuse un retard de quelques minutes, c'est souvent un déluge
d'injures. Mais cela fait partie de la rançon à payer pour
pouvoir exercer ce métier fascinant.
Le défi à relever est de taille mais surmontable si chacun
y met du sien. Quant à nous, soyez assurés que lesdits
changements technologiques et autres à venir sauront stimuler notre
désir de toujours faire mieux.
En terminant, le comité désire remercier les membres -
là je vais peut-être un peu en avant, mais je vais le dire tout de
même - de cette commission d'avoir pris le temps nécessaire pour
entendre ce mémoire et profite de l'occasion qui lui est ici offerte
pour publiquement féliciter M. Michel Clair, ainsi que toute son
équipe, pour le travail accompli. Nos félicitations les plus
sincères vont également à toute l'équipe du COTREM
qui, sous la présidence éclairée de M. Paul Lussier, a
permis qu'un peu de lumière soit faite autour de cette épineuse
question.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup M. Gagnon.
M. Gagnon (Jean-Marc): Je vous en prie.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, s'il nous a fait plaisir
d'entendre plus tôt dans la journée, des représentants
d'une centrale syndicale, la CSN, un peu avant également, la
Fraternité des chauffeurs et opérateurs de métro, je dois
dire qu'il nous fait également grand plaisir d'accueillir les
représentants du Comité intersyndical des trains de banlieue,
comme son nom l'indique, qui a préparé -sans
référer à leur centrale ou à d'autres
regroupements, mais de façon très impliquée comme
citoyens, comme syndicat dans l'opération d'un moyen de transport en
commun, les trains de banlieue - un mémoire sur la question de la
réforme du transport en commun. Je pense qu'ils sont donc doublement
"méritoires", entre guillemets, d'avoir ainsi, sans beaucoup de
ressources, préparé un mémoire qui porte sur la
question.
Je voudrais aussi, au nom des gens du COTREM et en mon nom personnel,
vous remercier des bonnes paroles que vous avez eues pour nous et vous dire
qu'elles sont appréciées à leur juste valeur sans aucun
doute par tous les gens qui ont travaillé à la préparation
de la proposition.
J'ai deux courtes questions. En ce qui concerne la participation des
bénéficiaires non usagers, vous avez insisté pour dire: Le
comité est d'avis que cette catégorie de
bénéficiaires devrait être appelée à
contribuer dans une proportion d'au moins 10% du coût total. Est-ce que
vous avez une idée plus précise du pourcentage dont il devrait
s'agir, idéalement?
M. Gagnon (Jean-Marc): N'étant pas des experts du domaine
fiscal, nous préférerions nous abstenir. Cependant, nous croyons
que les non-usagers, ceux qu'on appelle les non-usagers, c'est-à-dire
les entreprises et les automobilistes, bénéficient dans une
proportion beaucoup plus large qu'on ne le laisse entendre de la proposition
gouvernementale du transport en commun. Je pense qu'on a voulu les
ménager - trop, à notre avis - les automobilistes et les
entreprises. Qu'on songe, par exemple... Quand je pense aux entreprises, je
pense à certains gros magasins, entre autres, d'une artère
très importante de Montréal que je ne veux pas nommer, le long de
laquelle il y a une ligne de métro, qui ont une station de métro
en plein dans le magasin. Je ne sais pas si - c'est la rue Sainte-Catherine,
pour ne pas la nommer, mais je n'irai pas plus loin, je ne veux pas faire de
publicité à personne. On ne veut pas s'avancer, donner des
chiffres, dire que ça devrait être plus ou moins. Qu'on prenne les
petites annonces du journal du matin et qu'on regarde la section des logements
à louer. Les logements à louer situés près d'un
station de métro sont toujours plus chers. Je donne cela comme exemple.
Ceux qui bénéficient d'une façon beaucoup plus directe
qu'on ne veut le laisser entendre devraient, on dit au moins 10%... (23
heures)
M. Clair: Cela ne vous apparaît pas excessif, en tout
cas.
M. Gagnon (Jean-Marc): Non, cela n'apparaît pas excessif.
Disons de 10% à 15%, au moins 10%. Qu'on ne se gêne pas pour aller
chercher 10% chez les bénéficiaires non-usagers. On n'a rien
contre cela. C'est ce qu'on veut dire.
M. Clair: Je vous remercie. Ma deuxième question, les
représentants des travailleurs du secteur du transport en commun qui
sont venus juste avant vous ont indiqué leur intérêt pour
une participation au niveau des organismes consultatifs, surtout
éventuellement au niveau de l'Organisme régional de transport.
Ils souhaiteraient, par exemple, au niveau de la commission consultative ou
encore de l'ORT, pouvoir déléguer un certain nombre de
représentants, au même titre que des groupes d'usagers qui
sont venus réclamer, au niveau décisionnel ou consultatif,
une représentation des usagers. Votre position là-dessus, vous
n'en faites pas mention; est-ce que cela a été discuté au
comité intersyndical et quelle est la position qui a été
retenue?
M. Gagnon (Jean-Marc): Si on se compare, par exemple, à la
Fraternité des chauffeurs d'autobus, opérateurs de métro
et employés des services connexes - ils sont, je crois, 4800 membres -
nous ne sommes qu'un groupuscule. Il serait irréaliste de notre part
d'aspirer à faire partie d'instances décisionnelles
supérieures. Ce que nous aimerions, ce à quoi nous aspirons -
c'est une des principales raisons pour lesquelles nous sommes ici, d'ailleurs -
c'est être informés, à l'avance - je vous donnerai un
exemple tantôt - des changements à venir et qui nous touchent
directement. Là je vous donne un exemple très précis. Le
1er juillet dernier, comme vous le savez, M. le ministre, était la
première journée de l'intégration du train de banlieue
entre Montréal et Deux-Montagnes, sur lequel nous sommes appelés
à travailler de façon quotidienne. Je vais vous narrer un
incident cocasse. Cette journée-là - comme tout le monde le sait
- c'est la journée de la Confédération, alors tout le
monde avait congé. J'ai personnellement eu à prendre le train -
étant moi-même un résident de Deux-Montagnes - pour aller
au centre-ville. J'ai vu quelque chose qui m'a... Les gens qui ont la charge
d'encaisser les billets à la Gare centrale sur les trains sont des
employés de la compagnie VIA, qui n'a rien à voir avec la CTCUM
ou le CN; ils étaient autrefois des employés, soit du CN, soit du
CP, ils ont été regroupés sous VIA. Les gens qui
encaissent les billets à la Gare centrale sont des employés de
VIA - et là on parle du 1er juillet - ceux qui commencent leur travail
à six heures le matin pour encaisser les billets sur le premier train.
On ne leur avait strictement rien dit 20 minutes avant que le train parte.
Strictement rien dit, en ce qui concernait l'intégration. Ces
gens-là avaient des transferts à remettre aux gens. Ils l'ont su
20 minutes avant le départ du train.
En ce qui nous concerne, c'est un peu comme cela. On est mis au courant
des changements en ce qui concerne, par exemple, nos horaires de travail, nos
conditions, etc., à la toute dernière minute. C'est ce qu'on
aimerait, à l'avenir, que cela change. On aimerait être avertis
à l'avance. On aimerait, si on peut dire, voir venir les coups. Qu'on ne
nous arrive pas une semaine ou deux jours avant - comme cela a
été le cas. Mon confrère, M. Daoust, pourrait
peut-être vous en parler plus longuement parce qu'il est appelé
à oeuvrer à bord des trains; j'oeuvre à bord des
locomotives, alors je n'ai pas tellement affaire à cela, mais on le
déplore vivement. On aimerait que cela change. On nous a
chambardé, par exemple, nos horaires de travail, je ne veux pas entrer
dans les détails parce que ce serait odieux, fastidieux, etc. On a
présenté une semaine à l'avance, c'est-à-dire
autour du 24 juin, à nos représentants qui sont
accrédités pour aller négocier ces choses, les nouvelles
feuilles d'affectation avec les nouvelles heures dessus; on leur a dit: Tiens,
c'est cela. Lis cela et signe en bas. C'est l'intégration de la CTCUM et
nos heures de travail ont été prolongées, dans certains
cas, de trois heures et j'irais jusqu'à dire jusqu'à quatre
heures par jour. On n'avait pas le choix, c'était: Signe cela. Tout est
fait sans aucune consultation ni rien. C'est dans des petites choses comme
celles-là. On n'a pas la prétention de vouloir planifier tout le
système de transport en commun, ce n'est pas notre ouvrage. Mais plus
cela ira, avec le nouveau système qui s'en vient et qu'on souhaite, plus
il va y avoir de ces choses. C'est ce qu'on voudrait éviter, dans la
mesure du possible.
M. Clair: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte ou M. le député de Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Je serai bref. Au
même titre que le Parti ministériel, évidemment,
l'Opposition est très fière de la présentation de votre
mémoire; même si on a constaté que vous étiez quand
même sensiblement d'accord avec la proposition gouvernementale, on ne
vous en veut pas pour cela. Je vous remercie d'avoir attendu toute la
journée jusqu'à 11 heures pour présenter votre
mémoire. Il y a juste une petite chose. Sans avoir les mêmes
ressources peut-être que d'autres syndicats, je ne sais pas si vous vous
êtes penchés sur le sort des handicapés, par exemple. C'est
toujours en relation avec les trains de banlieue, alors qu'on n'y retrouve
presque rien dans la proposition gouvernementale. Je ne sais pas si vous avez
pensé aux plus démunis de notre société. Vous n'en
parlez pas dans votre mémoire et je ne vous reproche absolument rien non
plus. J'aimerais juste avoir votre son de cloche là-dessus. On a entendu
la CSN à ce sujet, tantôt.
M. Gagnon (Jean-Marc): Je dois avouer que non; on n'y a pas
pensé. Nous avons eu, à l'occasion, à transporter des gens
handicapés à bord de nos trains. Je ne sais pas si M. le
député a déjà voyagé à bord des
trains de banlieue, mais, personnellement, je n'aimerais pas avoir à
monter à bord d'un train de banlieue en fauteuil roulant. Quoique cela
se soit produit à l'occasion, il n'y a pas
beaucoup de gens qui le font; ce qui arrive dans ce cas-là, c'est
qu'on les aide, tout simplement. Ce sont nos agents de train qui le font, mais
ce n'est pas notre domaine. Je veux dire qu'il faudrait que des changements
soient apportés aux plates-formes et aux systèmes de wagons,
etc., pour que ce soit vraiment efficace pour les personnes handicapées.
En fait, vous le savez sûrement, les compagnies ferroviaires - je veux
parler du CN, entre autres; je ne veux pas parler contre cette compagnie, c'est
mon employeur - n'ont rien fait ou presque dans les 25 dernières
années pour améliorer leur système. Cela a
été le statu quo pendant 25 ans. Il y a sûrement des
améliorations importantes à apporter pour les personnes
handicapées et pour tout le monde.
M. Dauphin: Juste une dernière question, M. le
Président, si vous me le permettez. Relativement à la
contribution financière du gouvernement, si j'ai bien compris votre
mémoire, vous dites: Cela ne devrait pas décroître quant au
plafonnement. Y a-t-il une intention claire de votre part qu'effectivement, on
n'ait pas ou que d'autres intervenants n'aient pas à payer les frais, si
vous voulez, d'une diminution de la contribution financière du
gouvernement? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Gagnon (Jean-Marc): C'est-à-dire qu'on ne fait pas
d'omelette sans casser des oeufs. Si les Québécois, les
Montréalais, entre autres, les gens de la grande région de
Montréal décident, optent pour le transport en commun au lieu de
la voiture, comme ils l'ont fait depuis quelques années, il va falloir
qu'il y ait quelqu'un qui paie. Au moyen de l'impôt sur le revenu, au
moyen de la taxe foncière, en mettant ton billet dans la boîte
d'autobus ou en achetant ta "passe" ou peu importe, sur le train, il va falloir
qu'on paie. C'est un choix collectif à faire. Comme on l'a dit, on est
d'accord sur la grande orientation que prend le gouvernement de favoriser le
transport en commun. Actuellement, les gens qui ont affaire
régulièrement à Montréal savent très bien
qu'en ce qui concerne le tissu autoroutier, à l'heure actuelle -
à mon humble avis en tout cas - il y a peut-être de la place
encore pour construire des ponts pour relier, par exemple, la rive sud à
l'île de Montréal, ou l'île de Laval à
Montréal, mais au centre-ville il y a un petit problème. Au
centre-ville, il n'y a plus de place pour construire des autoroutes, à
moins qu'on détruise encore plus de maisons. Alors c'est un choix
à faire et je pense que la logique nous dit que le transport en commun
est non seulement le meilleur choix, mais le seul choix logique à
faire.
M. le député de Laporte semble avoir un
préjugé plus que favorable - j'ai dit "semble", je me trompe
peut-être - semble avoir un préjugé plus que favorable
à l'endroit des automobilistes. Vous disiez -vous me corrigerez si je
fais erreur - qu'il y a encore 65% des déplacements qui se font en
automobile. Vous ne semblez pas croire que cela peut changer, parce qu'on est
des Américains et parce que, comme disait Yvon Deschamps, avoir une
automobile, avoir un "char", pour parodier M. Deschamps, c'est le rêve de
tout Québécois. J'aimerais vous poser une question, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Je suis au banc des accusés. Tout à
l'heure - moi je n'ai pas objection à ce que vous me posiez une question
- le ministre s'est opposé à ce qu'un des intervenants lui pose
des questions parce...
M. Clair: C'était la quatrième, M. le
Président.
M. Bourbeau: C'est plutôt notre rôle de poser des
questions à ceux qui viennent que l'inverse. Alors, si vous voulez me
poser des questions, je n'ai pas objection à vous rencontrer tout
à l'heure, mais je pense...
M. Clair: Consentement, M. le Président.
M. Gagnon (Jean-Marc): Non, mais écoutez...
Le Président (M. Boucher): Je pourrais recommander au
témoin de présenter son commentaire d'une façon
interrogative. Si le député de Laporte veut y répondre, il
y répondra.
M. Bourbeau: Je vois qu'il y a collusion entre le
président et le gouvernement, à ce que je vois.
M. Clair: Cela rêve de prendre le pouvoir et
déjà ça ne veut plus répondre aux questions. C'est
effrayant.
M. Bourbeau: Ce n'est pas un rêve. Ce sera bientôt
une réalité, M. le Président.
M. Gagnon (Jean-Marc): M. le député de Laporte, qui
aurait dit, et auriez-vous cru, vous-même, il y a quinze ans - je vais en
mettre beaucoup, là - quinze ans, qu'il y aurait autant de petites
voitures sur les routes, ici au Québec? C'est bien beau, le rêve
du Québécois, d'avoir un "char", mais ce n'était pas
seulement avoir un "char", là. C'était un gros 8, avec, comme on
dit, tous "powers": "power brakes" "power steering" "power finance" aussi. Qui
aurait dit, il y a quinze ans, qu'on verrait autant de petites voitures? Je
crois que les mentalités sont en train de changer.
Une voix: Les bicyclettes. (23 h 15)
M. Gagnon (Jean-Marc): Oui, les bicyclettes. Mais il y a le
climat qui, enfin, disons... On n'a plus le choix, à cause du coût
de l'essence et tout cela, enfin. Je ne crois pas personnellement que les
mentalités sont à ce point immuables. Cela évolue.
Peut-être lentement, mais cela évolue quand même. Je crois
que si les gens - que ce soit à Montréal ou partout ailleurs -
ont à leur disposition un système de transport en commun
efficace, ils vont s'en servir. Je ne dis pas qu'ils n'achèteront plus
de voitures. Non. Mais ils vont se servir du système de transport en
commun. Vous avez mentionné tantôt le covoiturage comme mesure
incitatrice. C'est dommage que je ne l'aie pas avec moi - cela va
peut-être vous paraître drôle ce que je dis - mais je suis
abonné à une revue américaine, The National Geographic
Magazine, pour ne pas la nommer. Il y était beaucoup question de crise
énergétique, il y a une couple d'années et les
abonnés de cette revue ont reçu un numéro spécial
sur l'énergie. Vous avez parlé tout à l'heure aux
représentants de la CSN de covoiturage comme mesure incitative, cela se
pratique à maints endroits aux États-Unis. Je ne sais pas si vous
connaissez cette revue, qui est très versée dans la photographie.
On dit qu'une photo vaut mille mots. Je ne suis pas sûr si c'est à
Seattle que le covoiturage se pratique depuis longtemps, il y est
légalisé et fortement encouragé; on l'annonce même
dans de la publicité télévisée, etc. On voit donc
une photo d'un pont à l'heure de pointe le matin. Il y a une voie
réservée strictement pour les voitures avec deux personnes et
plus dedans. Je suis désolé de vous dire que le covoiturage aux
États-Unis, c'est un "flop". Je n'ai pas d'étude
là-dessus, mais je peux vous dire que c'est un "flop" ou presque.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez terminé?
M. Gagnon (Jean-Marc): Oui.
M. Bourbeau: Si vous n'avez pas d'étude, je pense que
c'est inutile d'en parler. Vous me dites vous-même que vous n'êtes
pas compétent pour en parler. Alors, moi non plus, pas plus que cela,
sauf qu'on a entendu précédemment un groupe qui
représentait le covoiturage qui, vraiment, était plus au courant
de la situation et qui nous a annoncé - un des fondateurs du groupe,
d'ailleurs, c'est M. Paul Lussier, sous-ministre des Transports, qui est ici
présent, que vous vantez dans votre mémoire - ces gens-là,
je le répète, nous ont dit le contraire de ce que vous venez de
nous dire. Je pense qu'ils sont plus qualifiés. Ils nous ont fait
état d'expériences actuellement vécues en Californie
où le covoiturage est un succès total, etc. Vous dites qu'une
photo que vous avez vue montrait une voie libre. Évidemment, cela
dépend de l'heure où la photo a été prise, ou
plutôt de l'instant; il n'y avait peut-être personne sur la voie
à ce moment-là, mais rien ne dit que, trente secondes plus tard,
ce n'était pas plein d'automobiles. Je ne pense pas qu'on puisse
conclure du fait qu'une photo ne montrait personne sur une voie qu'il n'y a
jamais personne. Je ne pense pas que ce soit tellement concluant.
À la première question que, tout à l'heure, vous
m'avez posée, si j'aurais cru, il y a quinze ans, qu'il y aurait
aujourd'hui tant de voitures, je vous dirai: II y a quinze ans, j'étais
très jeune, premièrement, et, deuxièmement, les
statistiques disent qu'aujourd'hui 65% - ce n'est pas moi qui le dis, ce sont
les statistiques - des déplacements pour fins de travail se font
actuellement dans la région de Montréal par automobiles
privées, cela a été dit par certains intervenants avant
vous. J'ai lu des revues sur le sujet, il est bien évident que le
pourcentage des déplacements totaux, donc non seulement pour fins de
travail, est encore plus important que cela en général. Je sais
qu'il y a quatre ans les statistiques situaient à plus de 90% le
pourcentage des déplacements totaux en automobile. Évidemment,
comme vous l'avez souligné, depuis un certain nombre d'années, on
délaisse le "gros char" pour employer l'expression d'Yvon Deschamps,
pour des voitures plus petites, plus économiques, moins polluantes,
etc., de sorte qu'on peut peut-être prétendre aujourd'hui qu'une
petite voiture prend la place d'une demie des anciennes grosses voitures. Cela
pourrait même faire l'objet d'un plaidoyer en faveur de la petite voiture
sur les ponts car elle prend moins de place que les anciennes; donc, on peut en
mettre plus; elle prend moins d'espace de stationnement dans le centre-ville et
pollue moins.
De toute façon, remarquez que je n'ai pas d'objection à
répondre à vos questions parce que vous n'avez pas tenté
de me mettre en boîte, au contraire. Je voudrais simplement terminer,
enfin, pour l'Opposition, en soulignant le dernier paragraphe de votre
mémoire où vous rendez hommage au ministre Clair et à son
équipe pour le travail accompli. On ne voudrait pas être mesquin
de ce côté-ci de la table et on voudrait joindre notre
témoignage au vôtre pour féliciter le ministre et son
équipe pour tout le travail accompli. Cependant, on voudrait ajouter
qu'en ce qui nous concerne, le travail accompli est bien minime et qu'il reste
encore beaucoup à faire. Dans ce sens-là, il reste tellement
à faire que, quant à nous, on a l'impression qu'il va falloir
revenir éventuellement avec une nouvelle proposition
qui tiendra compte davantage de ce qui a été dit devant
cette commission. Pour reprendre le titre de l'éditorialiste du Devoir:
Vingt fois sur le métier, il faut remettre l'ouvrage, je pense qu'il va
falloir qu'on en vienne à cela. Pour ne pas être mesquin non plus
envers le président du COTREM, dont vous dites que la présidence
éclairée a permis qu'un peu de lumière soit faite autour
de cette épineuse question, quant à nous, nous aurions
aimé que non seulement un peu de lumière, mais toute la
lumière soit faite sur cette question. On en a terminé, en ce qui
nous concerne, avec le Comité intersyndical des trains de banlieue.
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président. Je remercierai
sincèrement les gens du Comité intersyndical des trains de
banlieue pour leur mémoire. Je n'ajouterai pas de commentaires aux
propos que vient de tenir le député de Laporte - les commentaires
sont égaux au personnage et on a été habitués
à cela tout au cours de la commission. Je voudrais simplement, encore
une fois remercier ces gens, surtout de leur patience compte tenu de l'heure,
et les assurer de notre intérêt pour le transport en commun et
pour les représentations qu'ils nous ont faites. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup au nom des
membres de la commission. Oui, M. Gagnon.
M. Gagnon (Jean-Marc): Est-ce que je peux me permettre juste une
phrase en terminant, s'il vous plaît? Je ne voudrais pas partir et
laisser au député de Laporte l'impression que le dernier
paragraphe de notre mémoire est partisan. Mais le fait est... En tout
cas, moi, ça fait dix ans, mon confrère également, et il y
en a que ça fait plus longtemps que nous, que j'entends parler de
réforme, de changement, d'amélioration, etc., et c'est la
première fois... Remarquez bien que, si vous étiez à la
place de M. le ministre Clair, vous auriez eu droit aux mêmes
félicitations. Ce n'est pas un blâme à votre endroit, mais
c'est comme cela. C'est le premier gouvernement qui ose mettre la main à
la roue, qui ose faire quelque chose de cette envergure pour le transport en
commun. C'est la raison pour laquelle on tenait à le féliciter
publiquement.
M. Bourbeau: Je voudrais seulement ajouter que nous nous
réjouissons aussi que la question des trains de banlieue ait
été réglée. Bravo si cela a été fait
par le ministre Clair. Soit dit sans aucune restriction mentale, nous sommes
bien heureux que le problème ait été réglé.
Comme le dit mon collègue, on peut souhaiter que cela a
été fait avec la participation de tous les organismes
concernés, le Canadien National, le Canadien Pacifique, tous les
intervenants. Mais le ministre, je pense, a joué son rôle
là-dedans et l'Opposition, à plusieurs reprises en Chambre, l'a
incité a aller de l'avant et finalement cela s'est fait. Tant mieux!
Nous sommes bien heureux et...
M. Clair: Qu'est ce qu'il ne faut pas entendre!
M. Bourbeau: ... que tous ceux qui ont leur part de mérite
là-dedans la prennent. Ce qui compte, c'est que le travail ait
été fait et il semble qu'il a été bien fait. On
vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Alors, merci, M. Gagnon, merci,
M. Daoust, au nom de tous les membres de la commission.
On m'a informé que l'Association québécoise du
transport et des routes Inc. avait demandé à comparaître au
début de la séance demain. Quant à la
Société pour le progrès de la rive sud, on m'informe que
les gens ont dû retourner à Montréal cet après-midi.
Ils n'ont pas pu attendre jusqu'à ce soir. Alors, leur mémoire
est déposé comme tel devant la commission. Il reste la
municipalité de la paroisse de l'île-Bizard, que j'inviterais
à se présenter. Elle est représentée par M. Jacques
Crevier, maire suppléant, M. Gaston Ladouceur,
secrétaire-trésorier, M. Claude Leroux, conseiller et M. Guy
Perron, conseiller.
M. le maire suppléant.
Municipalité de la paroisse de
l'île-Bizard
M. Crevier (Jacques): M. le Président, je voudrais
apporter une correction à la présentation, M. Leroux a
été retenu à Montréal. Je voudrais présenter
à ma gauche, M. Guy Perron, conseiller à la municipalité,
et à ma droite, M. Ladouceur, notre
secrétaire-trésorier.
Avant de procéder à la lecture de notre mémoire,
permettez-moi, madame et messieurs, de souligner que l'intervention de notre
municipalité se veut très objective et que les buts visés
par ce mémoire sont en plusieurs points très près de ceux
énoncés par M. le ministre des Transports au cours de la
journée, soit diminuer les coûts si possible, redonner aux
élus locaux des pouvoirs décisionnels accrus et établir en
commun des services de transport selon un choix régional. À ce
stade-ci, je vais vous faire la lecture du mémoire qui a
été rédigé par notre maire, le Dr Bernard
Patry.
M. le Président, MM. les membres de
la commission, je tiens, en tout premier lieu, à vous remercier
de l'occasion qui nous est offerte de vous présenter ce court
mémoire. L'île-Bizard, comme vous le savez sûrement, fait
partie de la Communauté urbaine de Montréal depuis sa
création et s'est vu imposer la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, avec tous ses coûts, il y a
deux ans. Imposer, oui, car un référendum a clairement
démontré à 96% que les citoyens de notre
municipalité étaient contre le service de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal car ce service ne
dessert que 2 milles sur les 45 milles de rues de notre territoire; à
peine 15% de notre population sont ainsi desservis.
Nous sommes contre, car vu les structures actuelles de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, il ne fait aucun
doute dans notre esprit que ce service ne sera jamais amélioré,
d'où il s'ensuit que le coût de ce service, incluant le
métro, par support au service lui-même est astronomique et
injuste. La réponse proposée est encore plus injuste pour nous
car on divise la réqion de Montréal en zones et
l'île-Bizard se trouve dans les zones 5 et 6, avec pour
conséquence directe que nos citoyens devront encore payer des surplus
pour voyager à Montréal, eux qui paient déjà
à 100% pour tous les services. Il est sûrement juste de faire
payer une partie du métro par les citoyens de la rive sud et de la rive
nord car les statistiques prouvent qu'ils utilisent effectivement le
métro. Les citoyens de l'île-Bizard, eux, n'utilisent pas le
métro, paient 100% de ce dernier et paieront encore plus pour aller
prendre le métro. C'est totalement injuste.
Il est donc impératif que le mode de taxation pour le transport
en commun régional soit révisé, et ce en ne tenant pas
compte des structures actuelles, dont la Communauté urbaine de
Montréal et la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Montréal.
Un choix s'impose: que l'île-Bizard effectue elle-même son
transport en commun selon ses nécessités et ses besoins. Elle en
a facilement la possibilité et desservirait 100% de sa population au
lieu de 15% avec la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. Elle paierait totalement son transport en commun local. De
plus, elle contribuerait au paiement régional pour tous les services,
non pas comme membre de la région A, mais plutôt de la
région B. En conclusion, pour le transport en commun, l'île-Bizard
devrait se desservir elle-même et en assumer les coûts;
deuxièmement, elle devrait faire partie de la zone B au lieu de la zone
A pour le paiement des services de transport en commun régional. Le
mémoire a été rédigé par le maire, Bernard
Patry.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Crevier. M. le
ministre.
M. Clair: Je souhaite la bienvenue au maire suppléant de
l'île-Bizard et aux gens qui l'accompagnent à la commission
parlementaire des transports. Je voudrais dire, en ce qui concerne le
mémoire tel qu'il nous est présenté, même s'il
touche effectivement - je comprends le point de vue des élus de
l'île-Bizard - un problème réel, que ce problème ne
pourra être réglé à la faveur de la proposition de
réforme du cadre institutionnel et financier du transport en commun
parce que, au fond, ce qui est remis en cause, c'est beaucoup plus
l'appartenance même de l'île-Bizard à la Communauté
urbaine de Montréal que la quote-part de la CTCUM, frais de
fonctionnement et d'immobilisation, au transport en commun.
En ce qui concerne cette partie, je pense que le gouvernement a
déjà fait savoir sa position là-dessus. J'ignore si le
ministre des Affaires municipales, de qui relève l'application de la loi
sur la communauté urbaine, entretient des échanges avec vous
quant à une possibilité de modifier la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal, mais, quant à moi, je me
déclare simplement impuissant face à cette situation, pour la
bonne et simple raison qu'elle ne relève pas de mon ministère.
Elle relève plutôt du ministère des Affaires municipales.
Donc, à ce point de vue, je ne vois pas beaucoup d'issues par la
réforme que nous proposons. (23 h 30)
Par ailleurs, en ce qui concerne ce que je qualifierais quasiment votre
désespoir de voir le service amélioré un jour sur
l'île-Bizard, je dirai là-dessus qu'avec la réforme de la
loi 46, qui donne justement plus de contrôle aux élus sur le
transport en commun, sur la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, je pense qu'il y a quand même là une
possibilité à exploiter par votre municipalité pour faire
valoir son point de vue auprès de la Commission de transport de la
Communauté urbaine. Enfin, en ce qui concerne les divisions dans les
zones 5 et 6 pour les résidents de l'île-Bizard, vous
considérez que c'est doublement injuste. Là-dessus, je dis
simplement que, quant à nous, notre hypothèse de zonage si on
veut de la région métropolitaine de Montréal
n'était qu'une hypothèse. Que ce soit le gouvernement ou que ce
soit la Communauté urbaine de Montréal ou qui que ce soit, NORT,
par exemple, qui aura un jour à prendre une décision, c'est
évident que l'argument que vous évoquez devra être pris en
considération dans l'établissement des zones tarifaires afin que
ce soit équitable au maximum pour vos résidents.
Je termine, M. le Président. À proprement parler, je n'ai
pas de question
sur ce point. C'est en trois points. 1. Sur l'appartenance de
l'île-Bizard à la Communauté urbaine de Montréal, ce
sujet relève du ministre des Affaires municipales. En ce qui concerne
l'amélioration du service, je pense que les amendements que nous avons
apportés à la Loi de la CUM par la loi no 46 concernant le
contrôle de la CTCUM peuvent donner de l'espoir au moins, de s'essayer.
Finalement, en ce qui concerne les zones 5 et 6, je pense qu'à ce point
de vue, qui que ce soit qui aura à établir les zones, il devra en
tenir compte. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Vous amenez, devant la commission, le
problème de l'appartenance de l'île-Bizard à la CTCUM. Cela
apparaît, en tous les cas, à première vue comme un beau cas
d'absence de démocratie: 96% des gens de votre localité se sont
prononcés contre l'inclusion dans la CTCUM et malheureusement, il semble
que celle-ci est un fait acquis pour l'instant. Le ministre nous explique que
cela ne dépend pas de lui, de son ministère, que ce soit
corrigé. Je pense que c'est un peu déplorable, effectivement,
pour quelqu'un qui est de l'extérieur, en tous les cas. Une question:
Combien cela vous coûte-t-il actuellement votre appartenance à la
CTCUM? Vous dites que vous payez un montant important. Est-ce que c'est
injuste? Quel est le montant exact que vous payez?
M. Crevier: En coûts, 82, pour être au même
niveau que les coûts mentionnés par M. le ministre, on parle de
446 479 $ pour desservir 15% de la population.
M. Bourbeau: 446 000 $. Il y a une population de combien à
l'île-Bizard?
M. Crevier: 7500.
M. Bourbeau: 7500? C'est énorme. Ce n'est pas croyable. Je
fais des comparaisons avec certaines municipalités ailleurs et c'est
vraiment une somme très importante.
M. Crevier: Votre remarque fait suite à ce qu'on a
toujours mentionné et même élaboré au niveau du
conseil: le coût est très élevé compte tenu de la
population et nous croyons être en mesure d'offrir un service plus
économique; notre demande s'orientait vers un statut particulier au
niveau du transport en commun. Je crois que c'est quelque chose qui serait
peut-être réalisable. Je ne vois pas... pourquoi avoir une
attitude si négative? Je trouve cela curieux. Je crois qu'il serait
facilement possible, même avec les formations en présence, soit la
CUM ou la CTCUM, de créer un statut particulier à ce niveau parce
qu'il faut en faire profiter quelques personnes qui sont nos citoyens. Nous
leur devons cela. C'est le but de notre présentation.
M. Bourbeau: Je présume que cela doit excéder 10%
du budget de la municipalité un chiffre comme celui-là?
M. Crevier: C'est à peu près 10%.
M. Bourbeau: À peu près 10%. Vous dites dans votre
mémoire que les gens chez vous n'utilisent pas le métro,
absolument pas.
M. Crevier: Actuellement. Soyons réalistes. Le
métro, si on oublie que maintenant il sera disponible, je ne sais pas
s'il est déjà disponible à Saint-Laurent...
Une voix: Pas encore.
M. Clair: Le député s'y oppose.
M. Crevier: II est tout à fait impensable de partir de
l'ouest complètement et aller prendre le métro, alors que le
service de l'ouest par la 13 ou la 220 nous mène directement au
centre-ville et que la moyenne de nos citoyens, si on fait le pourcentage, la
plupart ont deux voitures. Actuellement, le service n'est assurément pas
utilisé au prorata de notre population.
M. Bourbeau: Les gens chez vous n'ont pas le choix. Ils utilisent
en grande majorité l'automobile pour se rendre à
Montréal.
M. Crevier: C'est cela.
M. Bourbeau: Une dernière question. Quand vous demandez de
faire partie de la zone B au lieu de la zone A pour le paiement des services de
transport en commun régional, vous parlez de quoi, exactement? Du tarif
des usagers ou du...
M. Crevier: Sans l'établir, nous trouvions à ce
moment-là normal de s'aligner un peu sur une position comme celle de
Laval et de Longueuil, par exemple, étant donné qu'on est voisin
de la ville de Montréal, ce qui impliquerait - toujours au prorata de
notre population - le même barème tarifaire.
M. Bourbeau: Mais parlez-vous au niveau du paiement par la
municipalité des coûts du transport en commun régional ou
du paiement par les usagers des tarifs dans le cadre de la proposition
gouvernementale?
M. Crevier: De la participation de la municipalité au
niveau de... Le tarif en lui-
même de l'usager peut être établi de plusieurs
façons. Encore là, lorsqu'on a mentionné qu'on pouvait
fournir un service à un coût moindre, qui nous permettrait
d'amener notre usager au service de la CUM, par exemple, ce seraient des
coûts absorbés par nous. Dans un premier temps, je peux vous dire
qu'on a même établi - c'est même prouvé,
discuté avec des gens compétents -qu'on peut donner un service
à moindre coût tout à fait gratuitement. C'est curieux,
mais c'est tout à fait cela. On pourrait amener les gens à la CUM
et de là, établir un barème de tarifs pour les usagers.
Par contre...
M. Bourbeau: Vous parlez de la possibilité que vous
desserviez vous-mêmes votre propre territoire. C'est bien sûr
qu'avec 446 000 $, vous pourriez certainement avoir quelques autobus maisons,
mais je reviens à ma question, parce que j'ai de la difficulté
à saisir ce que vous voulez dire. Vous dites que vous voudriez faire
partie de la zone B qui est la zone qui comprend Laval et la rive sud
immédiate...
M. Crevier: C'est...
M. Bourbeau: ... en ce qui concerne le paiement des services du
transport en commun régional. Dans la proposition gouvernementale - je
ne sais pas si le ministre comprend plus que moi - pour le déficit
régional, il n'y a pas de traitement différent pour la zone B que
la zone...
M. Clair: II y a le fait que si c'était
considéré comme un service régional, que ce soit la zone B
ou la zone A, d'ailleurs, c'est que ce soit 110% seulement du déficit
résiduel qui serait à la charge des municipalités
plutôt que 100%.
M. Bourbeau: Ah, bon! Vous voudriez que chez vous, ce ne soit
pas... Oui, c'est sûr que si vous ne voulez pas être dans la CTCUM,
donc, ce ne serait pas le service local qui vous serait imposé. Les
coûts de la CTCUM ne vous seraient plus imposés et vous
deviendriez imposables uniquement sur le déficit régional. C'est
dans ce sens que vous dites... J'ai saisi.
Je pense que votre mémoire dit bien ce que vous voulez dire. Tout
ce que je peux vous dire, c'est que j'ai personnellement -et, je pense, mes
collègues également -beaucoup de sympathie pour la situation un
peu pénible qui est la vôtre. On doit le constater.
Espérons que les solutions seront trouvées pour amener un peu
plus d'équité en ce qui concerne la situation de
l'île-Bizard dans le transport en commun de la région de
Montréal.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Oui, M. le Président. En terminant...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent, avant, si...
M. Leduc (Saint-Laurent): Évidemment, je pense bien que
vous allez être obligés d'en faire votre deuil. Vous faites
sûrement partie de la CUM. J'étais en commission parlementaire
lors de l'étude de la loi 46. Vous aviez, je pense, un argument de poids
à ce moment-là. Vous disiez: Nous, on voudrait ne pas en faire
partie, parce qu'on est zoné agricole, donc, on n'est pas une
entité urbaine. Je pense qu'à ce moment-là vous aviez
drôlement raison; si vous faites partie de la CUM, il est peut-être
logique également que vous fassiez partie du territoire.
Dans votre mémoire, vous dites: Le service ne dessert que deux
milles sur les 45 milles de notre territoire et à peine 15% de notre
population est desservie. Je me pose la question suivante: Avez-vous
demandé à la CUM de vous donner des services normaux, les
services que les membres de la CUM peuvent attendre? Je n'accepte pas que vous
contribuiez et que votre territoire ne soit desservi que dans une proportion de
15%. Avez-vous fait les demandes? Est-ce que vous avez fait...
M. Crevier: Des discussions ont été entreprises
à ce sujet, à savoir si on peut éventuellement
améliorer le service, etc. C'est simplement au stade des discussions. La
première occasion qu'on voyait de corriger le problème,
c'était justement l'offre qui nous avait été faite par le
ministre Clair qui semblait nous donner la possibilité de nous asseoir
et de négocier une nouvelle formulation des services de transport en
commun. À la suite des réponses que j'ai ce soir, peut-être
devra-ton s'asseoir et refaire des demandes officielles à la CTCUM, pour
étudier le dossier "service de l'île-Bizard". Si vraiment la
réponse devait être totalement négative, ce serait
sûrement une démarche à faire, parce que, à 446 000
$ - si on tient compte de la nouvelle évaluation - j'ai bien peur qu'on
dépasse les 500 000 $ l'année prochaine.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je me rappelle, lors de l'étude
du projet de loi no 46, le ministre des Affaires municipales avait dit:
Demandez et on va vous donner les services.
M. Crevier: Je prends en considération vos remarques, on
fera le nécessaire.
M. Leduc (Saint-Laurent): II semble que vous n'ayez pas fait les
représentations utiles et nécessaires.
M. Crevier: Je vous remercie de l'information.
M. Clair: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: En terminant, je voudrais remercier les
représentants de la municipalité de la paroisse de
l'ÎIe-Bizard de leur patience, compte tenu de l'heure. Par ailleurs, je
voudrais les assurer que je suis convaincu qu'ils ne sont pas venus pour rien.
Ils ont quand même sensibilisé une dizaine de membres de
l'Assemblée nationale à une situation qui, en tout cas,
mérite certainement d'être regardée. Même si elle ne
relève pas directement du ministre des Transports, ça en fera un
de plus de sensibilisé à ce problème que vous vivez; de
même, des deux côtés de l'Assemblée nationale, vous
avez également sensibilisé des députés à vos
problèmes. Je vous remercie.
M. Crevier: Si vous me permettez une dernière
intervention, M. le Président. Vu l'heure, je serai bref. C'est à
titre de non-usager, cette fois-ci.
Tantôt, on parlait d'essence, etc. J'interviens pour deux raisons.
De toute façon, je suis non-usager, je n'utilise pas le service
d'autobus actuellement et, deuxièmement, en tant que revendeur de
produits pétroliers, je connais les problèmes que peut
occasionner une surtaxe. Je vous demande de reconsidérer votre geste
pour la seule bonne raison que la première surtaxe, imposée par
M. Parizeau, a affecté grandement les volumes d'essence au
détail. A ce moment-là, on se doit de réaliser qu'on donne
des subventions aux zones frontalières américaines, dans la
région de Rock-Island, aux frontières provinciales avec
l'Ontario; c'est probablement la même chose au Nouveau-Brunswick.
À ce moment-là, il ne reste qu'un noyau central de gens
susceptibles de payer vraiment la taxe.
Il y a une erreur additionnelle à la dernière taxe que je
voudrais mentionner à la commission, c'est le fait que cette taxe
s'appliquait également au diesel. Le diesel étant surtout
utilisé pour les camions, il ne faut pas se surprendre de voir le volume
de rente du diesel baisser au point qu'on l'a connu récemment pour la
bonne raison que nos camionneurs québécois, actuellement, pour
toutes sortes de raisons, s'approvisionnent à l'extérieur. Comme
propriétaire d'une station frontalière, je peux vous dire que
j'en subis les conséquences. Je demande donc qu'une deuxième
surtaxe soit bien étudiée avant d'être imposée. Je
vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire, ainsi que
ceux qui vous accompagnent, au nom de tous les membres de la commission.
Demain matin, la commission recevra l'Association
québécoise du transport et des routes Inc.; la Conférence
des maires de la banlieue de Montréal; la ville de Repentigny; la ville
de Le Gardeur; la paroisse de Saint-Sulpice; les villes de Berthierville, la
paroisse de Saint-Antoine-de-Lavaltrie, le village de Lavaltrie, la paroisse de
Sainte-Geneviève-de-Berthier et la paroisse de Saint-Joseph-de-Lanoraie;
Ferland et Belair; l'Association des consommateurs du Québec; le Conseil
régional de développement des Laurentides Inc.; M. Claude Turcot,
à titre personnel, et M. Hubert Leduc, à titre personnel.
La commission ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 40)