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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît;
La commission des transports est réunie aux fins d'entendre les
personnes et les organismes en regard de la proposition gouvernementale
concernant l'organisation et le financement du transport en commun dans la
région de Montréal, déposée à
l'Assemblée nationale le 18 juin 1982.
Les membres de la commission sont: M. Bourbeau (Laporte), M. Charbonneau
(Verchères), M. Clair (Drummond), M. Fallu (Groulx), Mme Harel
(Maisonneuve), M. Léger (Lafontaine); M. O'Gallagher (Robert Baldwin)
remplace M. Mailloux (Charlevoix); M. Bissonnet (Jeanne-Mance); M. Proulx
(Saint-Jean) remplace M. Payne (Vachon); M. Rodrigue (Vimont); Mme Dougherty
(Jacques-Cartier) remplace M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Leduc (Saint-Laurent); M. Caron (Verdun) est
remplacé par M. Hains (Saint-Henri); M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Dussault (Châteauguay), M. Laplante (Bourassa); M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce) remplace M. Maciocia (Viger); M. Assad
(Papineau) remplace M. Mathieu (Beauce-Sud); M. Rochefort (Gouin).
Ce matin, nous devons revenir à l'ordre du jour d'hier,
étant donné qu'un groupe n'avait pu être entendu. Il s'agit
de la Commission de transport de la rive sud de Montréal, qui sera
entendue tout d'abord.
Par la suite, à l'ordre du jour d'aujourd'hui, mercredi le 13
octobre, nous entendrons la Chambre de commerce du district de Montréal,
Transport 2000, Les Gens de la terre Inc., Le Groupe (Interpublic communication
ainsi que les municipalités de Dorion-Vaudreuil, Île-Perrot,
Terrasse-Vaudreuil, Hudson et Pincourt). En cinquième lieu, nous
entendrons l'Atelier d'histoire Hochelaga-Maisonneuve, AQDR et YMCA
Hochelaga-Maisonneuve; l'Association du Parti québécois
(région de Montréal-Ville-Marie); le groupe STOP; le groupe West
Island Train Savers et Vélo Québec.
Alors, sans plus tarder, j'appellerais la Commission de transport de la
rive sud de Montréal, représentée par M. Jean-Guy Parent,
maire de Boucherville et président du Conseil des maires de la rive sud,
M. Georges Molini, président-directeur général de la
CTRSM, M. Bernard Legaud, directeur des services financier et administratif, M.
Armand Champagne, directeur du service de l'exploitation, M. Michel Goulet,
consultant, et Mme Jocelyne Gonthier, chef de cabinet, secrétaire.
M. le ministre.
Remarques sur la procédure
M. Clair: M. le Président, pendant que nos amis de la rive
sud de Montréal prennent place, je voudrais faire appel à tous
mes collègues des deux côtés de la table. Compte tenu de
l'expérience de la journée d'hier, compte tenu qu'on m'a
informé qu'en vertu du règlement on devait normalement cesser nos
travaux à 18 heures et qu'on a un ordre du jour très
chargé, je crois qu'on devrait autant que possible se fixer comme
objectif d'entendre, au cours de l'avant-midi, à tout le moins les deux,
sinon les trois premiers groupes, à savoir la CTRSM, le COPEM et
Transport 2000. Alors, quant à moi, je vais essayer de me limiter dans
mes questions pour essayer d'entrer dans ce cadre; j'en prends l'engagement
envers mes collègues et je suis prêt à commencer. (10 h
15)
M. Bourbeau: M. le Président, je veux bien croire les
promesses et les bonnes intentions du ministre, mais il nous a tenu le
même discours hier matin en nous promettant qu'il était pour
écouter et se limiter à questionner les intervenants. Or, et cela
dit sans malice, on a assisté pendant la journée à un
grand nombre de discours du ministre qui, dans son enthousiasme, voulait
défendre son projet de réforme. Finalement, l'une des raisons
importantes, je pense, du retard qu'on a pris, c'est la longueur du temps
employé par le ministre lui-même en tant que conférencier
à cette table. Alors, si le ministre veut bien se souvenir durant toute
la journée de ses bonnes résolutions, peut-être qu'on
pourra accélérer un peu davantage les travaux de la
commission.
M. Clair: Alors, merci pour le fait que le député
de Laporte ait raccourci lui-même son discours.
Le Président (M. Boucher): M. Parent, vous pouvez y
aller.
Conseil des maires et Commission de transport de la
rive sud de Montréal
M. Parent (Jean-Guy): M. le Président, M. le ministre,
madame, messieurs de la commission, la Commission de transport de la rive sud
de Montréal (CTRSM) et le Conseil des maires de la rive sud ont
décidé de présenter un seul mémoire puisque,
peut-être contrairement à ce qui se passe ailleurs dans la grande
région de Montréal, en ce qui concerne la rive sud - on pourra le
voir un peu plus loin - les élus de même que les dirigeants de la
commission ont résussi à bien s'entendre.
Concernant l'approche que nous avons prise, nous avons eu une approche
qui était beaucoup plus positive que ce qu'on a pu entendre hier, mais
il est bien sûr que sur la rive sud, à cause d'un certain contexte
qui prévaut déjà depuis deux ou trois ans, on a
réussi à franchir, je pense, certaines étapes que mes
collègues de Laval et de Montréal n'ont peut-être pas
encore pu franchir, n'ayant pas les outils nécessaires.
Le but du mémoire est de refléter l'opinion des
élus, soit le conseil des maires, ainsi que celle des commissaires
permanents de la Commission de transport de la rive sud sur la proposition
gouvernementale concernant l'organisation et le financement du transport en
commun dans la région de Montréal. Nous avons choisi d'aborder ce
travail en définissant, d'abord, le cadre de fonctionnement actuel de la
commission, en exprimant ensuite l'opinion du conseil et de la commission sur
les principaux points de la proposition et en formulant, finalement, des
recommandations visant à améliorer l'efficacité de la
commission dans le cadre de la réforme proposée.
Il est bien certain que nous aurions pu avoir une approche dans laquelle
nous n'étions pas d'accord avec la proposition du ministre, mais,
à la suite des quatorze heures d'écoute de la commission hier, je
me suis rendu compte finalement que mes collègues de Montréal et
de Laval, essentiellement, étaient contre au départ, mais, dans
le fond, étaient prêts à regarder certaines
propositions.
Nous avons peut-être procédé à l'inverse dans
notre mémoire; nous avons cherché, tel qu'il avait
été demandé, à apporter des solutions à la
proposition que vous faites. Ce mémoire est, je crois, très
positif par rapport à la proposition qui a été mise sur la
table par le gouvernement. Cependant, je tiens à faire des mises en
garde très importantes parce que, même si ce mémoire est
positif, il y a des points très importants auxquels nous tenons et, tout
au cours du mémoire, je pourrai insister davantage en ne prenant rien
pour acquis parce que, sur la rive sud, les choses vont relativement bien, tant
au point de vue des élus qu'au niveau de la commission, et il y a des
principes fondamentaux qu'on tient à garder.
Si vous le permettez, je vais en faire la lecture; le mémoire ne
comporte que vingt pages et cela devrait aller très rapidement. Nous
avons tenté de ne prendre et de ne mettre dans le mémoire que les
points qui nous semblaient les plus importants. L'approche des chiffres qui a
été faite par d'autres collègues, nous avons
préféré l'éloigner, puisque, dans un premier temps,
on doit d'abord s'entendre sur l'esprit et les chiffres qui sont très
importants, et, dans un deuxième temps, une fois qu'on se sera entendu
sur l'esprit, je pense qu'on pourra être placé pour
débattre tous ces points.
D'abord, une brève définition. Le Conseil des maires de la
rive sud, qu'on appellera tout au cours de ce mémoire le conseil, se
compose de douze représentants des sept municipalités du
territoire juridique de la commission; j'ai parlé de Longueuil,
Saint-Hubert, Brossard, Boucherville, Saint-Lambert, Lemoyne et
Greenfield-Park. Le conseil approuve les décisions de la commission,
adopte le budget et détermine le niveau de service à offrir
à la population.
La commission se compose de cinq commissaires, soit le
président-directeur général, M. Molini, un commissaire
nommé par le gouvernement et trois commissaires désignés
par le conseil, dont deux sont choisis parmi les élus.
La mission. La commission a pour mandat d'exploiter une entreprise de
transport en commun dans son territoire juridique. Sous réserve de
l'approbation du ministre des Transports et par le biais d'une filiale, la
commission peut étendre son réseau à l'extérieur du
territoire. Le territoire juridique de la commission comprend sept
municipalités: Boucherville, Brossard, Greenfield-Park, Lemoyne,
Longueuil, Saint-Hubert et Saint-Lambert. Dans ce territoire, la
commission assure le transport urbain et la liaison entre ces
municipalités et l'île de Montréal, principalement par la
ligne de métro Longueuil et les circuits d'autobus empruntant la voie
réservée du pont Champlain et le pont-tunnel
Hyppolyte-Lafontaine.
Depuis l'intégration de la Compagnie de transport régional
Métropolitain Sud (1967) Inc., la commission exploite un réseau
de transport interurbain dans plus de 50 municipalités réparties
le long de cinq différents corridors. Hier soir, le maire de Laval
faisait part qu'il y avait à couvrir quelque 40 municipalités,
plus la ville de Laval dans le cas de la rive sud. En termes de comparaison,
nous avons un noyau de sept municipalités qui sont la rive sud
immédiate et qui sont desservies par la CTRSM, mais de plus, par le
biais de notre filiale
Métropolitain Sud, nous avons à couvrir 52
municipalités.
Les opérations. Chaque jour, près de 73 000 personnes
utilisent les services offerts par la commission. La plupart des
déplacements s'effectuent le matin et le soir aux heures de pointe entre
le centre-ville de Montréal et les municipalités du territoire.
La commission emploie quelque 680 personnes dont 25 cadres. Elle utilise 307
autobus, 254 servant au transport dans les municipalités du territoire
juridique et 53 au transport interurbain, soit le territoire de
Métropolitain Sud. Elle assure l'entretien de ses véhicules dans
les garages situés à Saint-Hubert et Longueuil.
Les objectifs. Tout en poursuivant sa mission, la commission vise les
objectifs suivants, soit trois points: offrir un service de première
qualité, tenant compte des besoins de sa clientèle;
deuxièmement, obtenir la meilleure productivité et le meilleur
rendement des ressources qui sont disponibles; troisièmement, minimiser
les coûts et le déficit d'exploitation sans négliger la
qualité et la sécurité des services.
Cette efficacité nécessite l'établissement et le
maintien d'un environnement que nous appelons stable et cohérent. La
stabilité implique la continuité au niveau des services à
offrir, du territoire à desservir et des ressources humaines,
matérielles et financières mises à sa disposition. Cette
stabilité lui permet de planifier ses opérations à moyen
et à long terme. La cohérence se caractérise par
l'unité et l'interdépendance qui doit exister entre les
différents éléments de l'organisation pour assurer
l'efficacité opérationnelle de tout le système de
transport.
Dans le cadre de la proposition gouvernementale, la mission de la
commission ne changera pas. Elle devra être un transporteur efficace dans
son territoire juridique et dans les territoires extérieurs qu'elle
pourrait être appelée à desservir. La commission se soucie
donc de toute modification qui pourrait affecter les bases de son
efficacité. Nous aurons la chance tantôt pendant la période
de questions d'expliciter ce point.
À la suite de l'analyse de la proposition gouvernementale, le
conseil et la commission désirent exprimer leurs vues sur les points
suivants: la création d'un organisme régional de transport, soit
l'ORT; le maintien des commisssions de transport locales; le partage des
responsabilités entre l'ORT et les commissions; l'intégration
tarifaire et le nouveau partage financier.
D'abord, l'organisme régional de transport. Le conseil et la
commission sont d'accord sur le principe de créer un organisme
régional de transport. Plusieurs raisons motivent cet appui. Mentionnons
principalement l'interdépendance entre les secteurs de
l'agglomération, le besoin de coordination entre le transport local et
le transport régional, le besoin d'une planification
intégrée à l'échelle de la région et la
volonté de promouvoir et de rationaliser le transport en commun. Dans
les mémoires d'hier, M. le Président, mes collègues de
Montréal et de Laval sont revenus à plusieurs reprises sur le
sujet du besoin de coordination et de planification. Dans la mesure où
l'organisme régional de transport réalisera ces grands objectifs,
tout en respectant les points de vue et les décisions
particulières des commissions de transport locales, le conseil et la
commission appuient la création d'un tel organisme.
Le conseil et la commission entérinent la proposition
gouvernementale visant le maintien des commissions de transport existantes et
l'adoption des modes de fonctionnement semblables à ceux en vigueur
actuellement sur la rive sud.
La principale opération de la commission consiste à offrir
des services de transport au niveau local. En raison de leur taille et de leur
diversité, les territoires peuvent être mieux desservis par des
structures et des systèmes décentralisés adaptés
aux attentes particulières de chacun des secteurs. Une organisation
centrale serait moins apte à percevoir et à définir les
besoins locaux et à proposer des solutions s'ajustant aux diverses
réalités.
Il nous apparaît donc essentiel que le transport local soit
décidé et exploité par des entités administratives
capables de s'identifier aux populations.
Par ailleurs, l'organisation du transport en commun proposée au
palier local prévoit de donner le contrôle effectif aux
élus locaux en leur confiant notamment la responsabilité
d'adopter le budget et de définir le niveau de service. Cette
organisation est en application dans le territoire juridique de la Commission
de transport de la rive sud de Montréal depuis sa formation, soit depuis
1974, ce qui fait que la Commission de transport de la rive sud, dans la
région de Montréal, est la seule commission de transport ayant
vraiment la structure, je pense recherchée par le gouvernement.
Même avec cette structure que nous avions depuis 1974, cela a pris
plusieurs années et ce n'est que peut-être depuis les deux ou
trois dernières années que nous avons pu, les élus qui
avaient effectivement le contrôle mais qui ne l'exerçaient pas et
la commission de transport, réussir à atteindre l'objectif
visé dans la proposition gouvernementale, soit de faire en sorte que
vraiment ceux qui ont à envoyer la facture aux citoyens, les
différents maires des municipalités, aient un mot à dire
et un contrôle très serré sur les
dépenses et sur la planification de la commission.
Conséquemment, le conseil de la commission recommande que
l'organisation future de la commission respecte les grands principes de la loi
actuelle et exige qu'aucune modification à cette loi ne soit
effectuée sans consultation préalable.
Partage des responsabilités. Tout en reconnaissant le besoin
qu'un organisme, réalise et coordonne les systèmes à
caractère régional, ainsi que la nécessité de
maintenir des commissions pour l'exploitation des services locaux, le conseil
et la commission demandent au gouvernement d'apporter des précisions sur
le partage réel des pouvoirs entre les deux paliers et sur la
façon dont ces pouvoirs pourront s'exercer. Il nous semble, M. le
Président, qu'à ce stade-ci de la proposition, ce n'était
pas tellement défini et tellement clair. Pour nous, il serait important,
avant de franchir d'autres étapes, qu'on sache quel serait le partage
des responsabilités, principalement ce qu'aurait comme
responsabilités l'ORT.
Le conseil et la commission réalisent qu'une répartition
mal définie pourrait amener l'organisme régional de transport
à obtenir de plus en plus de pouvoirs et ce, malheureusement, au
détriment des commissions locales, ce que nous ne voulons à aucun
prix.
Le conseil et la commission recommandent que la loi constitutive de
l'organisme régional de transport ne puisse permettre d'imposer sur le
territoire de la commission un niveau de services, des systèmes de
transport et des dépenses d'immobilisations qui ne seraient pas
approuvés par les instances locales. Autrement dit, nous ne vouions pas
nous voir imposer par un ORT un prolongement d'un métro dans Longueuil
à moins que les instances locales, soit la commission et le conseil, ne
puissent vraiment avoir des droits de veto sur des points aussi fondamentaux,
affectant par le fait même nos quotes-parts. (10 h 30)
Le conseil et la commission demandent aussi qu'aucune loi ne puisse
freiner la volonté locale de se doter de services et de systèmes
de transport de son choix. La nouvelle législation devra répondre
aux exigences énumérées précédemment pour
que le conseil et la commission puissent maintenir leur accord de principe
à la proposition gouvernementale. Le conseil et la commission appuient
l'intégration tarifaire qui permettra, premièrement, de
privilégier le développement du transport en commun;
deuxièmement, d'assurer l'équité des contributions des
usagers et, troisièmement, de favoriser la rationalisation des moyens de
transport.
Rappelons qu'à la suite de l'application de la structure
tarifaire proposée 51% des usagers actuels de la rive sud auront
à subir une hausse de tarif s'échelonnant entre 12% et 30%. Le
conseil et la commission prévoient une diminution à court terme
de l'achalandage à cause de ce phénomène d'augmentation de
51% des usagers actuels de la rive sud. Le conseil et la commission demandent
au gouvernement d'étudier des mesures compensatoires temporaires pour
atténuer les effets éventuels de cette augmentation. Nous
pourrons, si vous le permettez, expliciter ce point à la période
de questions.
Partage financier. Le gouvernement propose un nouveau partage des
coûts du transport en commun dans la région de Montréal. Ce
partage tient compte des bénéfices reçus par les usagers
et les non-usagers, de même que de la capacité financière
des différents paliers de gouvernement. Selon cette proposition, la
participation financière des municipalités du territoire de la
commission se situerait à environ 23% du coût total
d'exploitation, incluant leurs quotes-parts dans le déficit et le
coût des immobilisations des systèmes régionaux. La
contribution municipale suggérée, en chiffres absolus et en
pourcentage, apparaît adéquate, réaliste et elle correspond
au niveau recherché par les municipalités.
Ici, j'ouvre une parenthèse, M. le Président. Bien
sûr, pour des élus, on pourrait très facilement dire au
gouvernement: Votre proposition, ce que vous nous demandez est beaucoup trop
coûteux et nous visons, par exemple, un maximum de 15% de contribution.
Mais réalistes et conscientes de la situation et du partage de
l'assiette en termes de coûts de transport, je pense que les.
municipalités ont fait un sérieux examen de conscience et que les
élus de la rive sud, de la CTRSM, qui sont unanimes sur ce
mémoire, sont aussi conscients que nous avons à prendre une
certaine part des responsabilités. Ceci ne veut pas dire, pour autant,
que si, demain matin, on devait aller dans des proportions beaucoup plus
grandes que la proposition ou, du moins, que les chiffres avancés
jusqu'à maintenant, on serait d'accord. Je pense qu'il faut quand
même y aller de façon limitative et, à partir des chiffres
qui ont été avancés et que nous croyons être assez
justes, au moins sur une prévision de trois à cinq ans, nous
osons nous avancer pour dire que nous sommes d'accord avec ce genre de partage
qui viserait environ 23%, autant en termes de pourcentage que de chiffres
absolus.
La participation directe du gouvernement au financement du transport en
commun de la rive sud diminuera de façon importante. En 1982, cette
contribution représentera 40% des frais d'exploitation. Dans le cadre de
la proposition, elle serait inférieure à 30%. Je pense que le
gouvernement en est pleinement conscient et que c'est une des mesures
qu'il désire mettre de l'avant.
Par ailleurs, le plafonnement de la subvention gouvernementale à
50% du déficit opérationnel de chaque commission pourrait avoir
des effets difficiles à quantifier présentement. On sait, par
contre, qu'une telle mesure appliquée à l'exercice en cours, soit
pour 1982, augmenterait d'un montant approximatif de 1 000 000 $ la quote-part
des municipalités du territoire juridique de la commission. Là,
j'attire votre attention sur l'annexe 3. Dans l'hypothèse où le
gouvernement plafonnerait à 50%, la quote-part des municipalités
serait, cette année, de 7 000 000 $ au lieu de 5 900 000 $, soit une
différence de 1 100 000 $.
La contribution régionale. La nouvelle source de financement
provenant des non-usagers représentera plus de 16% du coût total
d'exploitation de la commission. Le conseil et la commission recommandent que
la méthode de calcul et de distribution des revenus appartenant à
chaque commission tienne compte de critères et
d'échéanciers connus, acceptés et contrôlés
par les organismes locaux. Souvent, le problème vient du fait qu'on n'a
pas les mêmes méthodes de calcul, entraînant ainsi beaucoup
de discussions inutiles pendant des mois et même des années,
puisqu'on ne s'est pas entendu sur les critères de base.
Les municipalités devront supporter 30% du coût des
immobilisations des systèmes régionaux sur leur territoire.
À cet effet, le conseil et la commission soulignent le danger pour les
municipalités de se voir imposer par l'ORT des décisions
impliquant des investissements importants dépassant leur capacité
de payer. On n'a qu'à penser à l'exemple du métro que j'ai
donné tantôt ou au train de banlieue sur lequel on pourra revenir
plus tard, le train de Saint-Hilaire.
Le conseil et la commission recommandent que toute modification ou
addition aux systèmes régionaux, financée en partie par
les municipalités, reçoive leur approbation.
Les éléments essentiels visant à
l'amélioration de l'efficacité de la commission. Le conseil et la
commission formulent des recommandations en vue de favoriser
l'efficacité de notre commission. D'abord, le Vieux-Longueuil. La prise
en charge du service de transport en commun dans le Vieux-Longueuil est
essentielle pour assurer l'unité et la continuité du territoire
de la commission. Bien que la proposition gouvernementale n'en fasse pas
mention, les informations fournies par le COTREM confirment cette intention
à laquelle la commission souscrit. L'intégration de ces
territoires permettra une meilleure utilisation des ressources et la
réalisation d'économies appréciables au niveau des frais
d'exploitation. En fait, la commission perd quelque 50% des revenus qu'elle
pourrait aller chercher et qui sont actuellement en plein coeur de la ville de
Longueuil avec une haute densification, empêchant ainsi d'augmenter de
façon très importante le nombre d'usagers à très
peu de frais puisque nous avons déjà les infrastructures
nécessaires.
Les municipalités hors territoire et participantes. Les
municipalités du territoire C devront offrir des services de transport
en commun. Elles seront admissibles aux subventions gouvernementales, mais ne
feront pas partie du territoire juridique de la commission de transport. Pour
desservir ces municipalités, le gouvernement propose que les conseils
locaux accordent des contrats de services à des transporteurs publics ou
privés. Ces municipalités pourraient choisir de se relier
directement au centre-ville de Montréal, utilisant les ponts
plutôt que la ligne de métro Longueuil. Une telle situation, par
exemple, entraînerait la congestion de certaines routes et serait
contraire aux objectifs visés par la réforme proposée.
En conséquence, le conseil et la commission recommandent que les
municipalités du territoire C de la rive sud soient desservies par la
commission selon le niveau de services décidé par les conseils
locaux. À cet effet, nous avons signé, il y a quelques mois, une
entente avec la municipalité de Sainte-Julie, se trouvant dans le
territoire C et ne faisant pas partie de la CTRSM. On a offert un contrat de
services à la satisfaction des deux parties. Cette recommandation
permettra d'assurer la continuité du territoire, de rationaliser les
routes, d'accroître l'efficacité et la rentabilité du
service, ainsi que de réduire le nombre d'intervenants dans le transport
en commun. Elle diminuera la possibilité de déportements de
passagers ou, comme le disait hier M. le député de Laporte, de
débordement sur celui de la commission. Ces déportements
occasionneraient une utilisation non rationnelle d'un plus grand nombre de
véhicules.
Les municipalités hors territoire et non participantes. Selon la
proposition gouvernementale, les municipalités situées dans le
territoire D pourront décider localement du niveau de services et du
transporteur. Le conseil et la commission recommandent que ces
municipalités soient regroupées par corridors et que les contrats
soient octroyés à des transporteurs privés ou publics pour
desservir, en tout ou en partie contiguë, chacun des corridors.
Il serait également approprié que ces contrats soient
négociés pour une période de plusieurs années,
voire au moins cinq ans, afin de permettre aux soumissionnaires d'absorber
leurs dépenses ou, du moins, une bonne partie de leurs
dépenses
d'immobilisations.
Niveau de services. L'organisme régional de transport aura la
responsabilité de déterminer le niveau de services des
systèmes régionaux, ce qui affectera nécessairement le
fonctionnement du transporteur local. Les décisions de l'ORT devront
tenir compte des besoins et des ressources des différentes commissions
de transport.
Le conseil et la commission considèrent essentielle leur
participation à la détermination du niveau de services qui
influencera la qualité et le coût du transport dans leur
territoire juridique. Par exemple, si on avait trois, quatre ou cinq trains en
provenance, aux heures de pointe, de Saint-Hilaire, ceci a un effet direct sur
nos lignes actuelles d'autobus car il faudra prévoir accueillir ces gens
lorsqu'ils arriveront à notre territoire. Je pense qu'il serait
important d'assurer, sur ce sujet, que la commission locale puisse avoir un mot
à dire sur le service au plan régional. Lorsqu'on parlera de la
composition de l'ORT tantôt, ceci pourra justement expliciter notre
point.
Le conseil et la commission s'opposent à toute décision
relative à son territoire qui pourrait être prise sans leur
approbation et recommandent que celle-ci soit prévue dans la nouvelle
législation.
Stabilité financière. L'organisme régional de
transport déterminera les tarifs et redistribuera les revenus ainsi que
les subventions. Il aura donc une influence sur le déficit
résiduel des commissions locales et sur la contribution des
municipalités au financement du transport en commun. Alors, le conseil
et la commission recommandent que des dispositions légales soient
prévues afin d'assurer leur participation à toute décision
qui pourrait affecter la responsabilité financière locale.
Répartition des revenus. La répartition des revenus entre
les commissions de transport, basée uniquement sur l'achalandage, risque
de ne pas refléter les coûts réels encourus par les
organismes locaux. Le conseil et la commission recommandent qu'un ensemble de
critères soit défini et intègre diverses variables, telles
que le kilométrage parcouru, le temps de service, la population et le
potentiel fiscal des municipalités. Le partage des revenus et des
subventions pourrait tenir compte des coûts d'exploitation et de
l'efficacité particulière de chaque commission de transport.
Ils recommandent également la mise en place d'un mécanisme
permanent de révision des modes de partage et estiment indispensable de
participer aux décisions sur les formules et les critères qui
seront finalement retenus. (10 h 45)
Structure de l'ORT. Le conseil et la commission entrevoient que le
conseil d'administration et le comité exécutif de l'ORT
connaîtront des problèmes au niveau de son fonctionnement, du
moins tel que proposé dans le livre blanc ou dans la proposition
gouvernementale. Ces inquiétudes se fondent sur diverses raisons, entre
autres l'existence d'un double palier de décision; le trop grand nombre
d'intervenants, la diversité des intérêts et des
préoccupations, la compétence limitée des participants en
matière de transport et l'absence de permanents des commissions de
transport. De plus, certaines décisions pourraient être prises par
des personnes non concernées par les problèmes
étudiés et qui n'auraient pas à en supporter les
coûts.
Le conseil et la commission recommandent que l'organisme régional
de transport soit dirigé par un seul conseil formé de treize
membres qui seraient les suivants: trois représentants du territoire de
la CUM; deux représentants de la rive sud immédiate, soit le
territoire de la CTRSM; deux représentants du territoire de Laval; trois
directeurs régionaux des commissions de transport, soit les PDG ou les
DG; un directeur général qui serait le directeur
général de l'organisme, de même que deux
représentants du gouvernement. Ils recommandent que la participation des
représentants du territoire C se fasse au niveau de comités
consultatifs au sein des commissions locales, tel qu'il a été
suggéré par le Conseil des maires de la rive sud en juin
1982.
En fait, je pense qu'il est important ici de ne pas alourdir la
structure de l'ORT. Lorsqu'on parle, dans une proposition, de 31 personnes,
voire même plus, je ne crois pas que ceci pourrait être
fonctionnel. L'organisme régional de transport tel que nous le proposons
doit avoir une structure souple et légère, un conseil
d'administration qui verrait dans les grandes lignes à la tarification
de même qu'à la planification de grands investissements ou de
grandes infrastructures. Il doit être bien représenté par
des élus: trois au niveau de la CUM, deux à Laval, deux à
Montréal et deux sur la rive sud, ce qui ferait quand même sept
personnes sur treize. Les PDG ou les dirigeants de commissions de transport,
à mon point de vue, étant des permanents et connaissant à
fond les dossiers, doivent être présents à cette table;
d'ailleurs, ils le sont actuellement au niveau de la formation du COTREM. C'est
peut-être la seule occasion qu'ils ont, qu'ils avaient de se rencontrer
et de parler de problèmes communs. Je pense que les élus auraient
sur ces treize personnes quand même la main haute en étant
représentés par sept.
Quant à la proposition à laquelle je fais allusion, M. le
ministre, vous étiez présent le 3 juin dernier, à
Boucherville, lorsque nous
avons rencontré les 52 municipalités du territoire de
Métropolitain-Sud, MSI. Je pense que ces gens-là du territoire,
en l'occurrence on parle de C et D, avaient voix au chapitre et avaient le
droit de faire part de certains niveaux de décisions qui se prenaient
à la commission de transport. Ce qui avait été
proposé, proposition que j'avais avancée personnellement à
mes collègues maires, c'était qu'on mette sur pied des
comités consultatifs qui permettraient en tout temps de rejoindre nos
différents corridors ou encore le territoire de la zone C et qui
pourraient, via ce porte-parole de la commission, être
reflétés à l'ORT sans être présents à
la table de l'ORT. Les deux ou trois représentants des
différentes MRC dans une région un peu plus
éloignée, quoique ces gens-là aient voix au chapitre, ne
peuvent pas ou ne doivent pas avoir le même poids que les deux ou les
trois représentants de la commission de transport de la rive sud, par
exemple. Ceci pourrait amener un déséquilibre. Pour prendre un
exemple, deux maires représentant des MRC environnantes pourraient,
à cette table de l'ORT, annuler, à toutes fins utiles, les
décisions, les pressions ou les points apportés par deux autres
élus qui seraient de la commission de transport. Lorsqu'on s'embarque
dans tout le principe de la représentativité avec les MRC, c'est
là qu'on congestionne un peu l'ORT. Dans votre proposition, ce qui a
fait peur à tous les autres intervenants - j'en ai discuté hier
soir avec M. Des Marais, de même qu'avec M. Lefebvre - c'est cette
lourdeur. Ce qu'on vous propose, c'est quelque chose qui pourrait s'articuler
autour de cela.
En conclusion, la proposition gouvernementale résoudra des
problèmes qui ont empêché dans le passé le
développement du transport en commun dans cette grande région de
Montréal. L'organisme régional proposé dans le cadre de
cette réforme devra prendre, à l'échelle de la
région, des décisions fondamentales en matière de
planification, de coordination et de tarification. Cependant, le succès
de ce projet sera étroitement lié à la
responsabilité qui incombera aux élus locaux d'assumer les
conséquences financières des décisions locales et
régionales, ainsi que d'assurer l'efficacité administrative et
opérationnelle des services de transport sur leur propre territoire.
Dans une recherche de solutions pratiques et efficaces répondant aux
besoins réels des usagers de la rive sud, le conseil et la commission
demandent au gouvernement que la future loi prévoie les dispositions
suivantes: le pouvoir du palier local de décider du niveau de services
à offrir sur son territoire; la participation des commissions locales
aux décisions de l'ORT; la garantie que les pouvoirs de l'organisme
régional ne puissent pas supplanter les décisions locales; la
participation des commissions locales à l'élaboration et au
contrôle des mécanismes de partage et d'allocation des revenus et
des subventions.
M. le Président, je suis prêt à répondre aux
questions des membres de la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire. Avant de
donner la parole au ministre, j'aimerais préciser que le
député de Chambly, M. Tremblay, est intervenant à la
commission.
M. Clair: M. le Président, est-ce qu'il y a consentement?
J'aimerais remercier M. Parent et les gens qui l'accompagnent pour la
présentation de ce mémoire ce matin. Je dirai que, tout au long
du mémoire, on se rend compte, justement, de l'implication des
élus dans l'administration quasi quotidienne du transport en commun sur
la rive sud de Montréal. On sent qu'il y a là une
expérience acquise au fil des ans. C'est peut-être, d'ailleurs, ce
qui explique la position plus nuancée, basée sur
l'expérience, que nous soumettent aujourd'hui le conseil des maires de
la rive sud et la CTRSM. Étant donné que plusieurs de mes
collègues qui m'accompagnent du côté ministériel
proviennent de la rive sud et qu'ils sont intéressés à
poser des questions, je vais me limiter essentiellement à deux questions
qui sont fondamentales et sur lesquelles le conseil des maires de la rive sud
peut particulièrement nous renseigner à cause de
l'expérience vécue. À la page 5 du mémoire -
d'ailleurs, c'est repris en conclusion - on mentionne les objectifs d'un
organisme régional de transport: "Le conseil et la commission sont
d'accord sur le principe de créer un organisme régional de
transport. Plusieurs raisons motivent cet appui. Mentionnons principalement:
l'interdépendance entre les secteurs de l'agglomération; le
besoin de coordination entre le transport local et le transport
régional; le besoin d'une planification intégrée à
l'échelle de la région et la volonté de promouvoir et de
rationaliser le transport en commun."
Des intervenants, hier, nous ont dit -par exemple, la ville de
Montréal - qu'il y avait déjà, dans les lois actuelles,
dans les structures actuelles, dans les institutions telles qu'elles existent,
toute la souplesse voulue, à toutes fins utiles, pour atteindre ces
objectifs-là. J'avoue qu'on n'a pas encore répondu, à ma
satisfaction, à la question, pour ceux qui défendent cette
théorie: Oui, mais comment cela se fait-il que, si tout était
possible avec les lois telles qu'elles existent, les institutions qu'on
connaît, cela ne s'est pas encore fait? À partir de
l'expérience que vous avez vécue au cours des dernières
années, que ce soit relativement à la rationalisation tarifaire,
au retrait de la CTCUM de Longueuil, à la question du train de banlieue,
ma question
est la suivante: Croyez-vous que, par un organisme purement consultatif,
non décisionnel, une table d'élus ou de représentants des
commissions de transport qui se réunissent occasionnellement, ce serait
possible d'atteindre les objectifs que vous dites vouloir poursuivre et qui
sont ceux que le gouvernement voulait poursuivre? Croyez-vous que ce serait
réaliste de penser que, par une simple table de concertation non
décisionnelle, on puisse atteindre ces objectifs-là à
partir de l'expérience que vous avez vécue?
M. Parent: M. le Président, M. le ministre, à cette
question, je ne crois pas qu'il est possible strictement dans un processus de
consultation d'arriver aux objectifs visés. L'exemple que nous avons
vécu sur la rive sud au cours de ces dernières années,
particulièrement au cours des trois ou quatre dernières
années, nous a amenés à prendre conscience de certains
faits. Il faut avoir certains pouvoirs; il faut être capable, au-dessus
de la bonne volonté de tout le monde, d'être décisionnel.
C'est important. Lorsqu'on va vouloir parler de tarification sur tout le
territoire, on a vécu l'expérience pratique lorsqu'à la
fin de 1981 on parlait d'augmentation de tarif. Dans la petite commission de
transport sur la rive sud, on se posait la question: De quelle façon on
devait agir? Il a fallu, d'une certaine façon, faire de la concertation
avec Montréal et avec Laval puisque c'est un tout, un bloc, cette grande
région. On s'est aperçu qu'on a besoin d'un mécanisme.
Je veux quand même être bien compris, dans le sens qu'on
n'est pas des maniaques, si vous permettez l'expression, de bâtir des
structures. Je suis totalement en désaccord de bâtir des
structures pour bâtir des structures. Mais, si on peut trouver le moyen,
à travers ce que vous avez appelé dans votre proposition un ORT,
d'asseoir 13 personnes, qui formeraient un genre de conseil d'administration et
qui auraient différentes compétences, autour d'une même
table avec des pouvoirs décisionnels, pouvoirs décisionnels qui
refléteraient et respecteraient en tout temps les volontés
locales des trois commissions, je pense qu'on atteindrait de cette
façon-là l'objectif. Mais si on s'en va strictement à une
table de consultation, on risque de se parler longtemps; aucune décision
ne pourra en sortir si ce n'est pour la tarification. Je pense qu'il y a
beaucoup plus que ça. La tarification est un point important et un
exemple.
M. Clair: Si je comprends bien votre position, c'est qu'à
toutes fins utiles une simple table de consultation serait à peu
près l'équivalent du statu quo, puisque rien n'empêche
déjà les institutions actuelles de s'asseoir autour d'une
même table et de parler. C'est cela?
M. Parent: Exactement. On a, par exemple, de la planification qui
se fait avec le COTREM. Je me souviens, je me reporte trois ans en
arrière, qu'on avait beaucoup de difficultés sur la rive sud -
c'est beaucoup moins le cas aujourd'hui - à coordonner nos efforts de
planification avec ceux qui se faisaient au COTREM. Lorsqu'on réalise
qu'il y a toute une structure et qu'il y a quelque chose qui est
implanté et qui est en marche, je pense qu'il faut essayer, si possible,
de s'en servir. (11 heures)
Bien sincèrement, il y a deux ou trois ans, avec
l'expérience qu'on vivait à la CTRSM et en tant que membre du
conseil des maires à ce moment-là, on avait l'impression que tout
ce qui se faisait au COTREM était un ensemble d'études qui
restaient le plus souvent sur les tablettes. On était
énormément frustré d'apprendre tout à coup qu'une
étude approfondie sur le transport, les trains de banlieue sur la rive
sud était en train de se décider pendant que nous n'avions pas
été consultés. Faisant, tout de même, l'exercice et
nos devoirs et consultant de plus près, je dois dire que, depuis les
deux dernières années, le rapprochement entre la CTRSM, les
élus et l'organisation du COTREM nous a permis d'élaborer
davantage notre philosophie à ces gens, avant de leur dire: N'amorcez
pas cette approche, ne poussez pas plus loin, puisque nous voyons les choses de
telle ou telle façon. Je pense que, si nous avions été
autour d'une même table de façon régulière à
discuter et à planifier, nous aurions évité beaucoup de
frustrations de part et d'autre. Aujourd'hui, le dialogue est bien
engagé, mais je pense qu'on doit aller dans quelque chose de plus fort
et quelque chose de plus consistant afin de s'assurer, que ce soit au COTREM ou
au BTM, que tout ce qui est fait par les structures en place, tout ce qui est
fait par les permanents, corresponde, si possible, dans un avenir
prévisible à ce que les élus veulent.
J'écoutais le maire de Laval, hier, mon collègue, M.
Lefebvre. Il a exposé une philosophie du transport concernant la rive
nord et Laval. Sur la rive sud, on en a une aussi. Ce n'est qu'autour d'une
même table qu'on pourra possiblement échanger des propos et se
convaincre de certaines idées. Je pense que les élus doivent
s'élever un peu au-dessus et essayer de voir autre chose qu'uniquement
une planification à court terme. Le rôle de l'ORT, le rôle
de ce conseil régional, ce râle que principalement les élus
auront à jouer, est de s'élever un peu plus haut, pour regarder
ce qui se passe ou ce qui va se passer dans cinq, dix ou quinze ans.
Étant vraiment des élus, donc
constamment soucieux de la facture à payer, puisque nous avons
à l'expliquer tous les jours à nos citoyens, nous prenons
toujours ce point en considération. Je pense que c'est vraiment
fondamental. Lorsque je regarde l'objectif que vise le gouvernement, c'est de
dire aux élus: On vous donne les pouvoirs. Pour les élus, c'est
une lourde responsabilité, mais ils doivent faire cet exercice pour
s'assurer qu'on regarde un peu plus loin que le court terme.
On a parlé, hier soir, M. le ministre, de rentabiliser le
transport en commun. Il n'y en a pas de rentabilisation. On sera toujours en
déficit. Jusqu'où est-on capable de se payer une facture?
Voilà la question. L'exemple de la rive sud mérite d'être
pris en considération. En 1979, je me souviens -mon
prédécesseur, M. Bourbeau, était président du
conseil des maires - que nous avions entamé sur la rive sud un processus
afin de prévoir ce qui se passerait en 1983 dans nos
municipalités; on y arrive à 1983. Selon l'exemple que je peux
vous citer et les chiffres que j'ai en tête, la quote-part pour la ville
de Boucherville, qui était alors d'environ 550 000 $ à 600 000 $
- notre quote-part au déficit à la CTRSM, donc notre coût -
devait passer à environ 2 000 000 $. La firme SECOR avait fait une
étude et ses prévisions correspondaient à celles de la
commission. On regardait quatre ans ou cinq ans à l'avance et on se
rendait compte que, de la façon dont les choses s'amorçaient sur
la rive sud - des études, il devait y avoir une explosion
démographique; on avait fait cela il y a cinq, six ou sept ans - les
élus devaient ajuster leur tir parce que la capacité de payer de
nos citoyens était limitée. À titre de maire de
Boucherville et, maintenant, en tant que président du conseil des
maires, j'ai réalisé que, si la facture aux Bouchervillois
était de 1 000 000 $ elle se reflétait par 0,30 $ des 100 $
d'évaluation. C'est, tout de même, à ce niveau, quelque
chose qui est déjà lourd, mais qui est acceptable si on a une
efficacité. La facture aurait passé, en 1983, si on avait suivi
l'échéancier, à 2 000 000 $, se traduisant par 0,60 $ des
100 $ d'évaluation. On peut s'imaginer une propriété
moyenne évaluée à 50 000 $, la facture du transport serait
de 300 $ sur un compte de taxes; c'est tout à fait inadmissible.
Il y a eu cette prise de conscience, mais, comme je vous le dis, elle
s'est faite il y a trois ans. À partir de cela, les élus se sont
pris en main. On a réalisé qu'il fallait apporter des correctifs.
Aujourd'hui, on termine l'année 1982 et la quote-part de Boucherville
sera inférieure à 1 000 000 $. C'est pourquoi on a
continué d'améliorer les services, mais on a commencé
à couper là où il fallait couper et on a serré
à double cran. On a été très exigeant pour les gens
de la commission qui ont bien répondu. Le service qu'on a en 1982 est,
je dirais, amélioré sûrement de 50% comparé à
ce qu'on avait il y a trois ans, en 1979, et la facture n'a pas essentiellement
monté.
M. Clair: Merci. J'ai une deuxième question. Vous avez
affirmé tantôt, pour ce qui est d'assumer réellement le
contrôle effectif du transport en commun, en dépit du fait que la
loi le prévoyait depuis 1974, que c'est surtout au cours des deux, trois
ou quatre dernières années que cela s'est vraiment
concrétisé. Vous avez fait état aussi, dans votre
dernière réponse, du fait que c'est également au cours de
ces mêmes années que les relations avec le COTREM, la vision de la
nécessité de planifier régionalement et de réviser
certaines prévisions se sont faites et que le climat est bon maintenant
entre le COTREM, la CTRSM et le Conseil des maires de la rive sud.
Je sais que la question que je vais vous poser en est une d'opinion,
mais je pense qu'elle peut être éclairante pour nous. Selon vous,
la différence fondamentale entre la position du Conseil des maires de la
rive sud, par exemple, et la position de la Communauté urbaine de
Montréal et de la ville de Laval ne provient-elle pas, justement, du
fait qu'alors que, chez vous, les maires sont impliqués très
profondément dans la gestion des transports en commun depuis deux ou
trois ans, à Laval, comme sur le territoire de la communauté
urbaine, ils en ont été tenus à l'écart par des
lois, à toutes fins utiles? Donc, les contacts établis par le
COTREM l'ont souvent été beaucoup plus avec les exploitants
qu'étaient la CTL et la CTCUM qu'avec les élus.
Alors, n'ayant pas eu beaucoup de contacts avec le COTREM quant à
la nécessité d'une planification régionale, quant à
la nécessité d'impliquer les élus, si on veut mieux
contrôler les coûts, quant à la nécessité de
rationaliser la strucutre tarifaire, d'éliminer le dédoublement
de services à certains endroits, ne croyez-vous pas que,
fondamentalement, ce qui peut amener la position des maires de l'île de
Montréal, de celui de la rive nord, M. le maire de Laval, cela tient
fondamentalement au fait que, n'ayant pas été réellement
impliqués au cours des récentes années dans le
contrôle du transport en commun, voyant venir un organisme
régional de transport, ils craignent davantage de perdre des pouvoirs
qu'ils n'ont, de toute façon, pas juridiquement présentement que
d'être impliqués, rendus responsables dans un organisme
décisionnel à deux niveaux, les élus locaux
contrôlant pleinement, entièrement le transport local et
contrôlant également la dimension régionale du transport en
termes de planification, d'interdépendance, de rationalisation
tarifaire,
etc? J'aimerais avoir votre opinion sur cela, même si je suis
conscient que c'est une opinion que je vous demande.
M. Parent: D'accord, je vais essayer d'être bref
là-dessus. Je pense que la frustration de mes collègues est tout
à fait normale et justifiée puisqu'ils sentent, au moment
où ils passent en commission parlementaire, au moment où ils
vivent l'expérience du transport en 1982, qu'ils n'ont aucune
espèce de contrôle. Avec ce qu'on vit aujourd'hui - et je pense
bien parler au nom de mes collègues maires - je n'ai aucune peur de ce
qui peut s'en venir puisque nous avons un contrôle entier au niveau de la
commission. À Montréal, c'est un peu plus compliqué parce
qu'il y a la CUM et il y a beaucoup d'intervenants, mais, à Laval, je
comprends le maire qui reçoit une facture et qui n'a pas un mot à
dire, ou pratiquement pas. Dans les faits, c'est plus que frustrant, puisque ce
n'est pas le PDG ou le DG de la CTL qui envoie la note, donc, il est moins
concerné; je ne dis pas qu'il ne fait pas son travail, mais il est moins
concerné.
D'ailleurs, à cet effet-là, sans vouloir citer des
statistiques précises, je peux donner des ordres de grandeur; Laval a,
en 1982, un budget dans les environs de 45 000 000 $, tandis que nous avons,
sur la rive sud, un budget d'environ 30 000 000 $. Pourquoi cette
différence? La flotte que nous avons, le territoire que nous desservons
sont sensiblement semblables, à quelques comparaisons près;
même, s'il y a quelque chose, on a plus d'équipement qu'ils n'en
ont. Comment se fait-il qu'eux sont rendus à ce niveau-là et que
nous sommes à cet autre niveau? On n'est pas des magiciens. La seule
chose qu'on a faite, on a freiné pendant deux ou trois ans
l'arrivée des autobus. Je pense que M. Bourbeau en sait quelque chose,
il a été l'instigateur de cette chose-là. Cela a
été, M. le ministre, une prise de conscience; on ne reçoit
pas des autobus comme cela sans savoir ce qu'on va en faire.
La question que vous posiez, hier, à M. Des Marais, quelqu'un de
la commission, à savoir: Combien y a-til d'autobus aux heures de pointe
qui peuvent rester dans les garages, ils ne peuvent pas répondre
à ces choses-là. Moi, si vous me le demandez, je la connais, la
réponse, parce qu'on est là, l'administration, pas tous les
jours, mais toutes les semaines; on est là et on participe aux
décisions. Lorsqu'on a dit, en 1981, qu'on n'accueillerait pas les 50
nouveaux autobus qu'on voulait nous envoyer, c'est parce qu'on s'est dit: On va
commencer par nettoyer et vider ce qu'on a dans nos garages et on va
rationaliser le système.
L'autre exemple, dans chacune des municipalités, on a
implanté des comités de transport à partir de citoyens,
des comités de transport qui ont analysé chacune des lignes de
transport. Ces comités consultatifs nous font des recommandations de
façor régulière, deux, trois, quatre fois par
année, en disant: À telle, telle et telle ligne, il faut faire
sauter ce point-là, il faut enlever ici, il faut ajouter là. Ils
font ces recommandations-là, le conseil municipal les envoie à la
commission, on travaille en collaboration. Et cela a rationalisé. Si on
veut couper notre facture, il faut couper, à un moment donné, du
kilométrage. Alors, tout le monde fait cet exercice à partir de
la base jusqu'au niveau de la commission. À Laval ou à
Montréal, ils n'ont aucun contrôle; à Montréal, on
me confirme qu'il n'y a même pas de politique pour ajouter ou soustraire
de nouveaux services. À partir de quoi va-t-on ajouter trois nouveaux
autobus? Si tel est le cas, c'est très sérieux. Chez nous, il y a
des critères, on en a établi, parce qu'à un certain moment
on en a exigé. Ce n'est pas parce qu'un groupe de trois ou quatre
citoyens exige qu'on ait un genre de service qu'il faut le donner. Il faut
aller un peu plus loin, parce que, si on donne suite à toutes ces
demandes-là, je vous garantis qu'on va doubler notre flotte d'ici les
deux ou trois prochaines années et c'est là qu'on va se plaindre
qu'on n'est pas capables de payer la facture. Pour répondre à
votre question, si les élus avaient le pouvoir de faire des
recommandations, de prendre des décisions et d'apporter des correctifs,
ils ne se sentiraient pas comme ils peuvent se sentir actuellement. Dans le cas
de la rive sud, je pense qu'on vit une expérience qui est tout à
fait positive et qui se reflète dans notre mémoire.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez de...
J'ai été tellement ébloui par les propos du maire de
Boucherville que je me suis étouffé, M. le Président. M.
le maire de Boucherville, j'allais dire mon cher collègue -
ex-collègue, oui évidemment - je suis particulièrement
heureux de voir les gens de la rive sud et de la CTRSM ce matin à la
commission, d'autant plus que j'ai quelques années, oeuvré
à vos côtés, spécialement à la Commission de
transport de la rive sud. C'est un peu comme cette solidarité qui lie
ceux qui ont guerroyé ensemble, ça crée des liens, des
souvenirs. (11 h 15)
Je constate que l'approche que vous prenez dans votre mémoire est
une approche positive, contrairement, peut-être, à certains des
autres mémoires que nous avons entendus hier, entre autres, qui avaient
une approche plutôt négative sur la proposition
gouvernementale. Il peut paraître surprenant dans certains milieux
que ce soit de la rive sud que nous arrive l'approche la plus
rafraîchissante, en tout cas pour le ministre, parce qu'on est parfois
porté, dans certains milieux, à penser que la rive sud,
étant donné le grand nombre de municipalités qui composent
votre organisme, est un endroit où on ne fait pas facilement
l'unanimité. Alors, je pense que vous faites la preuve aujourd'hui que
ce n'est pas le cas et vous démontrez une grande ouverture d'esprit.
Cette volonté de coopérer est un peu étonnante et
je m'en réjouis, surtout quand on considère qu'en fait,
d'après les chiffres qui sont fournis, 51% des usagers de la rive sud
subiraient une augmentation de tarif dans la proposition gouvernementale.
Raison de plus pour admirer votre abnégation, si je puis dire, ou votre
héroïsme face à la proposition gouvernementale. En somme,
vous avez une approche de porte ouverte, mais vous dites que la porte pourrait
bien se refermer, forcément, si on ne donne pas suite à vos
recommandations, alors que d'autres sont arrivés avec une approche de
porte fermée, mais ont dit à la fin qu'on finirait
peut-être par ouvrir la porte si le ministre acceptait certains
changements. Donc, malgré qu'au départ ça pourrait avoir
l'air très éloigné comme position, en fait, votre position
n'est pas tellement éloignée de celle des autres qu'on a entendus
hier.
On doit aussi noter qu'il y a quand même des réserves
importantes dans votre mémoire. Vous ne donnez pas l'absolution sans
confession, si je puis dire. Entre autres, une des constatations que je fais,
c'est qu'à la page 9 de votre mémoire vous dites bien que, si la
proposition gouvernementale était adoptée, ça
coûterait 1 000 000 $ de plus aux municipalités de la rive sud.
C'est quand même un montant substantiel et ma première question
est: Est-ce que, selon vous, la constitution d'un organisme régional de
transport vaut 1 000 000 $ pour les municipalités de la rive sud, 1 000
000 $ de plus, évidemment?
M. Parent: M. le député, je vous dirais que ce
n'est pas une question, je pense, qui est directement reliée, à
savoir si un ORT vaut 1 000 000 $. J'ai mentionné dans le mémoire
que le problème de Longueuil, de la CTCUM, est un problème
sérieux qu'on se doit de corriger. Je pense que la proposition
gouvernementale ou, du moins, ce qu'on nous propose, le "package deal", si vous
me passez l'expression, fait en sorte qu'on va régler plusieurs
problèmes; il faut en être conscient. Quand on parle de 51% des
gens qui sont affectés, c'est bien sûr que, pour les gens de
Longueuil qui paient le tarif de Montréal, ça ne change d'aucune
façon et, avec l'intégration tarifaire, ils vont changer de zone.
Je pense qu'on ne peut pas relier strictement la décision de former un
ORT à cette implication financière. Je pense qu'il y a un
ensemble de facteurs.
Ce que je regarde, ce que nous avons étudié, ce que nous
avons regardé, c'est que, dans l'ensemble, entre ce que nous avons
vécu, ce que nous vivons et ce que nous voulons planifier, il y a, pour
la rive sud - à court et à moyen terme; à long terme, on
ne peut pas se prononcer - certainement du positif et, à cet effet, on
pense que la quote-part totale des municipalités va être similaire
aux participations qu'on a eues au cours de ces dernières années.
Je pense qu'on n'est pas, financièrement, directement affecté par
la proposition gouvernementale et je pense qu'on pourra à peu
près maintenir le rythme des quotes-parts si on réussit à
continuer de garder le contrôle sur les services à la commission
de transport. C'est bien sûr que, d'un côté, il y a des
"pour", et de l'autre, il y a des "contre". Dans l'ensemble, cela se traduit
par ce que nous appelons un bilan positif. Il y a beaucoup de choses que nous
voulons voir régler parce qu'on est rendu à cette étape;
vous en savez quelque chose, on attend après maintes et maintes
décisions depuis déjà deux ans. Alors, dans l'ensemble, le
portrait se traduit par un bilan positif et non négatif concernant nos
différentes municipalités, incluant Saint-Lambert.
M. Bourbeau: Sûrement, mais je vous ferai remarquer que je
ne représente pas seulement Saint-Lambert, mais d'autres
municipalités, comme Greenfield Park...
M. Parent: Vous parlez en tant que résident de
Saint-Lambert.
M. Bourbeau: ... Lemoyne et une partie de Longueuil aussi. Et
voilà pour la publicité électorale!
Dans vos propos, tout à l'heure, vous avez fait allusion au
problème que constitue le service que donne la Commission de transport
de Montréal dans le Vieux-Longueuil. C'est une situation qui existe
depuis très longtemps et qui crée certains problèmes en ce
qui concerne le fonctionnement de la Commission de transport de la rive sud
puisque, en plein milieu de votre territoire, existe un territoire très
dense, celui du Vieux-Longueuil, où vous n'avez pas le droit de donner
du service, mais que vous devez traverser continuellement avec vos autobus pour
aller rejoindre les autres municipalités dont, entre autres, la
très belle municipalité de Boucherville qui est située de
l'autre côté. Alors, évidemment, cela crée des
coûts additionnels pour la commission de transport puisqu'elle doit faire
du millage à travers cette poche de la ville de Longueuil où elle
n'a pas de service à donner. Est-ce que vous
pourriez, pour ceux qui ne sont pas particulièrement au courant -
et je pense que c'est un problème important - nous dire en quoi cela
crée des problèmes et quels seraient les avantages de faire en
sorte que vous récupériez ce territoire qui est situé en
plein centre de votre territoire à vous?
M. Parent: Comme je l'ai mentionné
précédemment, le fait que la Commission de transport de la rive
sud puisse desservir ce territoire entier de Longueuil va faire pratiquement,
si je ne m'abuse - M. Champagne, doubler, augmenter de 50%? C'est cela -
augmenter de 50% le nombre d'usagers. Alors, cette forte concentration de
population en plein coeur de Longueuil que nous devons contourner ou traverser
comme territoire, qui est du millage mort, avec une flotte de 50 ou 60 autobus,
pourrait être desservie, ce qui nous aiderait à rentabiliser et
à baisser nos coûts per capita ou par usager. Alors, c'est
fondamental, c'est important.
Dans ce sens, si vous me le permettez, sur ce que je mentionne à
la page 8 concernant cette augmentation de 51% de nos citoyens de la rive sud
affectés, dont les gens du Vieux-Longueuil ou les gens du territoire de
Longueuil, on aimerait demander, M. le ministre, d'envisager deux ou trois
possibilités de méthodes de compensation, qu'on appellerait un
régime intérimaire, qui pourrait être soit une hausse
graduelle, qui pourrait être une assistance dans ce déficit
à partir du fonds régional, je ne le sais pas ou qui pourrait
être, pour la prochaine année, par exemple, dans le sens de la
proposition de mon collègue de Laval hier, qu'au lieu d'avoir toutes nos
zones, en période intérimaire, c'est-à-dire
peut-être pour une période d'un an ou plus longue, si vous le
jugez approprié, d'avoir le bloc de la CTRSM, donc les gens qui passent
de la rive sud à Montréal étant considérés
comme un même bloc. Mais il faudrait trouver une formule compensatoire
pour ces 51% d'usagers qui sont desservis par la CTCUM actuellement et qui
seront desservis par la CTRSM. Pour nous, c'est important que, le plus
rapidement possible, on desserve ce territoire; c'est une lacune qui aurait
dû être corrigée déjà depuis deux ou trois
ans. On a eu l'accord du gouvernement l'année passée, mais cela
ne s'est pas fait encore. Avec cette intégration tarifaire, comme le
mentionne le député de Laporte, l'on voit cette population qui va
être affectée et il est bien sûr que c'est un point chaud au
coeur du problème. Je pense qu'on pourrait avoir une forme d'assistance.
On n'a pas de formule magique, mais on est prêt à en discuter une
dans ce sens, dans le corridor que je vous mentionne.
M. Bourbeau: Je pense que tous ceux qui sont ici autour de la
table sont bien conscients qu'on doive autant que possible réduire les
coûts en maintenant le service. Justement, ce qu'il y a d'assez
étonnant en ce qui concerne la question du service du Vieux Longueuil,
c'est que, d'une part, les véhicules de la Commission de transport de
Montréal qui desservent le Vieux Longueuil doivent faire un grand nombre
de kilomètres chaque jour pour partir de leur point de départ,
leur garage initial qui est situé, si je ne m'abuse, à
Montréal, donc, des voyages à vide pour se rendre dans le
territoire de Longueuil et, à la fin de la journée, ils doivent
retourner coucher à Montréal, ce qui fait encore du millage non
productif.
D'autre part, la Commission de transport de la rive sud a
également du millage improductif lorsqu'elle traverse ce territoire
où elle ne peut pas prendre de passagers. Je pense que vous avez fait
des études pour calculer quel est le coût total de la perte que
subissent et la Commission de transport de Montréal et la Commission de
transport de la rive sud par le fait que ces véhicules voyagent à
vide dans les deux commissions. Est-ce que vous pourriez nous éclairer
sur le coût total, de ce millage mort qui est effectué par les
deux commissions de transport?
M. Parent: En fait, cela se traduit par une perte, en chiffres,
en 1978, qui était de 1 000 000 $.
M. Bourbeau: En chiffres de 1978.
M. Parent: À ce moment-là, c'était 1 000 000
$ de perte de revenu que nous avions.
M. Bourbeau: C'est donc dire que si aujourd'hui, en 1982
bientôt 1983, on réglait ce problème qui traîne
depuis des années, l'ensemble des contribuables, ceux de la rive sud et
de Montréal, pourrait bénéficier d'une somme qui
excéderait 1 000 000 $, bien sûr, puisque vous parlez de chiffres
de 1978, sans qu'en aucune façon le service soit affecté. Est-ce
que je vous comprends bien quand vous dites cela?
M. Parent: C'est cela, c'est de cet ordre. C'est la raison pour
laquelle je vous répondais tantôt que dans son ensemble il y a des
points qui viendraient régler des litiges, mais qui sont aussi pour la
rive sud des mesures compensatoires, ce qui, je pense, nous justifie à
donner cet appui au gouvernement.
M. Bourbeau: Je pense que le ministre était très
attentif, qu'il a bien saisi l'ampleur des chiffres. Peut-être que cela
va aider à régler un problème qui traîne depuis
longtemps, le fait de l'avoir exposé au grand
public.
Tantôt, vous avez parlé des trains de banlieue.
Évidemment, il y a sur la rive sud un train de banlieue, le train de la
ligne Saint-Hilaire. Je sais que vous avez fait des études en ce qui
concerne l'opportunité d'augmenter le service sur les trains de banlieue
et son effet sur la CTRSM et sur les contribuables de la rive sud. Est-ce que
vous pourriez nous donner quelques éclaircissements sur cette
question?
M. Parent: II y a des études qui ont été
faites par le conseil des maires et par la commission au cours de ces deux
dernières années. Il y a des études qui ont
été faites par le COTREM aussi dans cette même
période. Je pense qu'on arrive à des résultats qui sont
difficiles à mettre ensemble dans le sens suivant. C'est que je pense
que les études qui ont été faites par le COTREM sont
beaucoup plus positives dans le sens qu'elles encouragent qu'on aille vers le
train de Saint-Hilaire, mais tout cela se traduit par une facture à
payer.
Concernant l'étude et le point de vue que nous avons, nous ne
sommes pas particulièrement chauds à aller vers ce service
étendu ou amélioré du train de Saint-Hilaire. Je
m'explique. Le maire de Laval hier soir, très tard en soirée,
faisait encore allusion à cette capacité de payer de ses citoyens
et à la répercussion, constamment, lorsqu'on prend une
décision aujourd'hui en 1982, qu'elle aura en 1984 sur le
côté financier. Notre rôle n'est pas facile en tant
qu'élus d'essayer d'envisager ce qui va se passer dans cinq ou dix ans.
Concernant ce cas particulier de la rive sud, la densification, à mon
point de vue et à partir des études que nous avons - je pense que
là-dessus l'ensemble de mes collègues m'appuie - ne justifie pas
nécessairement les coûts qui sont envisagés. C'est certain
qu'idéalement on peut peut-être se payer une Cadillac, mais je
pense que là on peut accorder des priorités et trouver un moyen
quelconque de desservir cette même région qui est la région
d'Otterbum-Park, Saint-Hilaire, Beloeil et tout cela; il y a peut-être
d'autres moyens de la desservir. (11 h 30)
Dans ce sens, toutes les décisions, lorsqu'on parle de grandes
décisions qui seront prises au niveau régional à l'ORT,
devront avoir l'approbation des instances locales. Par exemple, en tant que
président du conseil des maires, j'ai un chapeau et en tant que maire de
Boucherville, j'ai un autre chapeau. Mais lorsqu'on est assis dans le
même fauteuil - vous êtes passé par là, M. Bourbeau,
vous en savez quelque chose - il faut essayer d'être juste et
équitable pour tout le monde. Comment pourrais-je expliquer aux citoyens
de Boucherville qu'ils auraient une quote-part à payer de 150 000 $
à 200 000 $ par année - c'était de cet ordre l'impact sur
Boucherville - pour le train de Saint-Hilaire, quand personne chez nous ne va
l'utiliser? Ce que je dis face à cela, c'est que je suis tout à
fait disposé à étudier les possibilités, mais avant
de mettre d'autres infrastructures en place, il faut regarder la projection
démographique de la population dans les cinq ou les dix prochaines
années. Là-dessus, je peux vous dire que tous les chiffres que
nous avions en termes de statistiques il y a maintenant sept, huit ou dix ans,
à partir des études qui avaient été faites sur la
rive sud, sont complètement dépassés; il faut les
réviser, parce qu'il s'est passé un tas de
phénomènes, entre autres, le zonage agricole qui est venu freiner
le développement de plusieurs municipalités et la conjoncture
économique. Cette conjoncture économique est venue freiner de
beaucoup le développement. L'explosion de la rive sud n'est plus celle
qu'on anticipait dans les années 1975, 1976, 1977. Face à cela,
il faut constamment réajuster notre tir.
Dans le dossier du fameux train de banlieue, avant de s'embarquer dans
des coûts exorbitants, on peut s'asseoir à une même table,
de façon constante, avec les gens qui composent le COTREM. Avec un
organisme qui s'appelerait l'ORT, on pourrait regarder d'autres alternatives:
ajouter, par exemple, deux, trois, sept, dix autobus, peu importe et regarder
les coûts comparatifs. On a différents moyens d'atteindre
l'objectif, mais à des coûts différents. L'autre exemple
flagrant, c'est le prolongement du métro dans Longueuil. Les chiffres
d'un métro souterrain pour aller chercher des passagers une porte un peu
plus loin dans Longueuil, c'est exorbitant. Finalement, je me dis que, si on ne
peut pas se le payer pour l'instant, il faut peut-être envisager des
mesures qui vont faire que le projet peut être mis en attente pour les
cinq prochaines années quitte à réviser la position dans
le temps, mais il faut arrêter de se payer des structures si vraiment
elles ne sont pas amplement justifiées dans un avenir prévisible.
Ce dont il faut cependant - je tiens à le préciser - tenir
compte, c'est qu'avec la conjoncture actuelle et la crise économique, il
faut s'assurer de pouvoir répondre aux besoins de la population.
Lorsqu'est arrivée l'augmentation de l'essence en novembre 1981, il y a
eu, dans les deux mois qui ont suivi, une augmentation quantifiée
à la CTRSM de l'achalandage de quelque 22%; c'est-à-dire que de
plus en plus les citoyens de la rive sud - je suis persuadé que c'est le
même phénomène qui se passe à Montréal et
à Laval - sont conscients que l'automobile coûte cher, qu'il faut
penser transport en commun.
Je ne suis pas du tout d'accord avec mon collègue de Laval quand
il me dit: On
ne changera pas les habitudes des gens demain. C'est ce que je disais il
y a trois ans. Je peux vous assurer une chose aujourd'hui: les gens changent
d'habitudes. Quand cela commence à toucher le fond de la poche et qu'on
n'a plus les moyens, on les change, les habitudes. Les trois autos à la
porte passent à deux et passent de deux à une. Je regarde la
population de Boucherville, elle n'est pas mieux que les autres. Les gens sont
affectés. Le taux de chômage est là. Le
phénomène va faire en sorte que le transport en commun sur la
rive sud va continuer à augmenter. Notre moyenne de la dernière
année, on me disait hier soir qu'on va chercher des chiffres
d'augmentation de l'achalandage moyen pour les douze derniers mois qui vont
être de l'ordre de 13% à 14%. Au cours de la prochaine
année, cet achalandage, si on donne un bon niveau de services, va
continuer d'augmenter sûrement de 12% à 15%, voire davantage. Mais
il faut s'ajuster à cette nouvelle réalité.
L'exemple le plus frappant, c'est l'erreur qu'ont commise les grands de
l'automobile en pensant que les Québécois, les
Nord-Américains, ou les Canadiens ne s'ajusteraient pas et
continueraient à conduire de grosses voitures. En l'espace de 12
à 18 mois, les habitudes ont changé et on voit ce qui se passe
aujourd'hui; tout le monde est heureux de conduire une petite voiture parce
qu'elle fait deux foix, trois fois ce que la grosse faisait comme millage
auparavant. Nos habitudes ont changé. Il y a un an, ce n'était
même pas pensable.
Or, quand on parle de transport en commun et de coût, on parle de
changement radical d'attitude des gens, de nos citoyens. Actuellement, je suis
en campagne électorale et une consultation très profonde se fait
parmi la population sur tous les points. Le fameux point du transport en commun
en est un qui fatigue beaucoup de gens. On voudrait plus de transport en
commun. Par contre, il y a toujours cette note à payer. Je pense que les
deux sont conciliables. Il est important de réaliser qu'actuellement on
a sur la rive sud un transport en commun efficace, mais il faut voir à
ce que l'achalandage augmente, parce que les gens veulent du transport en
commun.
M. Bourbeau: M. Parent, je ne voudrais pas prolonger
indûment votre séjour à Québec puisque vous nous
dites que vous êtes en campagne électorale, quoique je ne sois pas
sûr que cela ne vous soit pas profitable, mais voici une autre question.
À la page 13 de votre mémoire, vous parlez du niveau de service
et vous dites ceci: "Le conseil des maires et la commission s'opposent à
toute décision relative à son territoire qui pourrait être
prise sans leur approbation et recommandent que celle-ci soit prévue
dans la nouvelle législation.
Est-ce que cette recommandation irait jusqu'à demander un droit
de veto, par exemple, dans la nouvelle législation? De quelle
façon voyez-vous que votre voeu pourrait être exaucé dans
la nouvelle législation?
M. Parent: Je pense que tous les points dans les pages
précédentes, M. le député, prouvent que,
relativement à la rive sud, deux aspects fondamentaux doivent être
préservés. Premièrement, les droits acquis ou ce que nous
avons réussi, ce que nous avons actuellement, nous ne voulons pas le
perdre. Deuxièmement, si on met de nouvelles structures en place, si on
met des structures qui tiennent en considération tout ce qu'on a
mentionné dans notre mémoire, parce que chaque mot est quand
même très important, on donne des appuis et on donne aussi des
restrictions, cela peut aller jusqu'à des droits de veto. On peut en
demander partout, mais dans les faits on veut être consulté dans
cette nouvelle législation.
M. Bourbeau: Finalement, M. Parent, voici une dernière
question que je considère assez importante, compte tenu de
l'expérience tout à fait spéciale que la Commission de
transport de la rive sud de Montréal a vécue. Cela a trait,
justement, à cette expérience que vous avez vécue au cours
des dernières années et aux conclusions que vous en avez
tiré tout à l'heure. Vous avez dit, au tout début de votre
exposé, qu'il y avait un certain contexte qui prévaut à la
commission depuis deux ou trois ans. Évidemment, cela impliquait que ce
contexte ne prévalait pas avant cette période-là et, quant
à moi, je vous ai compris très bien; c'est ce dont vous parlez
puisque j'étais avec vous durant cette période. À mon
sens, la Commission de transport de la rive sud de Montréal est un
parfait exemple de ce que devrait être aujourd'hui une commission de
transport bien gérée. Je pense que cela vaut la peine de prendre
une minute ou deux pour regarder ce qui s'est passé chez vous. Avant la
période dont vous parlez, le contrôle chez vous était
exercé, à toutes fins utiles, par des fonctionnnaires ou des
technocrates qui échappaient complètement au contrôle des
élus. Le résultat était une certaine incohérence,
une absence de rigueur administrative, un gaspillage et, évidemment, un
accroissement dramatique des coûts et des déficits et, par voie de
conséquence, des quotes-parts des municipalités. Il y a eu,
après cela, la volonté des élus de prendre en main ce que
certains appelaient un cancer à ce moment-là. Il y a eu le fameux
rapport SECOR dont vous avez parlé tantôt, qui en 1979
prévoyait pour les années 1982-1983 des déficits
énormes. Vous avez parlé de Boucherville tout à l'heure.
Je me souviens
d'une municipalité que je connais bien, Saint-Lambert, où
on estimait que la quote-part de la municipalité représenterait
20% du budget de la ville en 1983, à moins que des correctifs importants
ne soient apportés. Évidemment, ces projections tenaient compte
des engagements qui avaient déjà été pris par la
commission, entre autres, les autobus qui avaient été
commandés à même la fameuse commande globale de 2000
autobus, commande qui a été faite par le gouvernement du Parti
québécois en 1977 et dont environ la moitié
n'étaient pas requis.
Finalement, en projetant dans l'avenir les coûts d'utilisation de
ces autobus - non seulement des autobus, mais de l'engagement des chauffeurs,
des fonds de retraite, des garages qu'il faudrait construire pour loger ces
autobus, ces équipements - on en arrivait à des déficits
énormes basés non pas sur des projets en l'air, mais sur des
engagements déjà effectués par la commission de transport.
Donc, le rapport SECOR a été un point tournant, je pense, dans
l'histoire de la CTRSM et c'est l'instrument qui a permis de prévoir les
conséquences de ces engagements à court et à moyen terme
et de prendre certaines décisions.
Il y a eu la grande guerre pour le contrôle de la commission de
transport, cela a fait un peu tapage dans le temps et cela a donné une
certaine réputation de belligérance à la rive sud et
peut-être à celui qui vous parle présentement. Mais, quand
cette période troublée a été terminée, quand
l'abcès a été crevé, si je peux dire, après
la tempête, il semble que le calme soit revenu et qu'on soit en train de
récolter la moisson. C'est donc le calme après la tempête
alors que, dans d'autres cas, c'est le calme avant la tempête.
Je sais, pour l'avoir constaté, que la quote-part des
municipalités se situe maintenant en deçà de 10% de leur
budget. Je pense que, chez vous, c'est environ 7% ou 8% du budget, ce qui
équivaut à peu près au service de la police ou à
d'autres services municipaux. Je notais tout à l'heure ce que vous
disiez, à savoir que la CTRSM depuis deux ou trois ans exerce vraiment
le contrôle, un contrôle très serré, sur ses
dépenses et sa planification. Je pense bien que c'est à cela que
vous faisiez allusion.
En conclusion, il semble que le contrôle des élus, que vous
avez atteint de haute lutte, apporte une meilleure gestion et une
réduction des coûts. Je pense que le témoignage de la
Commission de transport de la rive sud est capital, M. le Président et
M. le ministre, parce que la CTRSM est justement un exemple vivant de ce que
signifient les mots "contrôle par les élus locaux" qu'on retrouve
dans la proposition gouvernementale. Trop souvent, ce sont des mots que
plusieurs politiciens emploient: la revalorisation du pouvoir local? On a
entendu cela lors de la réforme de la fiscalité municipale mais,
souvent, c'est de la musique et cela ne se traduit pas dans les faits, dans la
réalité. Or, ici, à la CTRSM, je pense que cela s'est
traduit dans les faits par une prise de contrôle effective. Le
résultat, c'est une meilleure gestion, un meilleur service aux citoyens
et des coûts moindres.
Vu tout ce contexte où vous avez atteint un objectif de haute
lutte, est-ce que vous ne craignez pas qu'après avoir tant combattu pour
atteindre vos objectifs l'ORT, éventuellement, lorsqu'il sera en place,
vous fasse retourner, si je peux dire, à la grande noirceur d'avant
1979-1980, en ce sens que ce seront peut-être les technocrates et les
fonctionnaires nommés par le gouvernement qui détiendront la
balance du pouvoir à l'ORT, d'après la proposition
gouvernementale? Ainsi, ce contrôle que vous avez atteint de haute lutte
pourra éventuellement vous échapper et faire en sorte que vous
ayez des factures à refiler à vos contribuables sur lesquelles
vous n'auriez pas vraiment le contrôle que vous avez aujourd'hui.
M. Parent: M. le Président, M. le député de
Laporte, non, je ne crains pas particulièrement qu'on retourne à
la grande noirceur parce que, premièrement, il est bien mentionné
dans le mémoire que la commission locale, les élus de la rive
sud, dont le conseil, tiennent absolument à conserver et à garder
ce qu'ils ont actuellement. En aucun temps - c'est bien dit noir sur blanc -
voudrait-on voir l'ORT venir directement s'ingérer et enlever des
pouvoirs au niveau de la commission locale. (11 h 45)
Si vous me le permettez, vous avez parlé de prise de conscience,
de planification. Vous avez raison; lorsqu'on a fait cet exercice - et vous
étiez là à ce moment - il y a eu définitivement une
prise de conscience qui s'est faite aux alentours de 1979. Cet effort de
planification, qui était peut-être une première que les
élus s'imposaient à ce moment, nous a fait réaliser des
choses. Vous-même, à ce moment, et moi aussi, on a
réalisé des choses et on s'est pris en main. La façon dont
je vois les choses pour les années à venir, c'est que je pense
que cette prise de conscience peut se faire maintenant à travers ce
qu'on pourrait appeler cet organisme léger, l'ORT. On peut avoir la
prise de conscience et les effets bénéfiques que nous avons
connus, pour autant qu'on a les outils nécessaires et qu'on s'en sert
à bon escient. Les outils, c'est le gouvernement qui peut les donner; je
pense particulièrement aux autres commissions de transport et il peut
nous en donner, à nous aussi, davantage. Mais cette prise de conscience
et cette planification du futur ne
pourra se faire qu'à une seule condition, j'en suis
profondément convaincu; elle se fera à la condition que tout le
monde soit assis à la même table en train de se parler, de
planifier la même chose et qu'un seul groupe de travail puisse faire des
études concernant de nouvelles implantations et non pas deux ou trois ou
tout le monde chacun de son côté. Je pense qu'on pourra
rationaliser de ce côté.
Je me permettrai, parce qu'on se connaît bien, de vous taquiner en
finissant. Vous avez semé beaucoup de choses et vous semblez dire que je
récolte toute votre semence. Je dois dire que j'ai fait, moi aussi, un
peu de semence que je récolte. Je vous remercie.
M. Bourbeau: M. Parent, en aucun cas je n'ai voulu insinuer cela.
Cela a été un travail collectif et loin de moi la pensée
de dire que c'était une oeuvre personnelle. Au contraire, je pense que
c'était une oeuvre d'équipe et c'est comme cela que cela a
toujours été perçu. Mais pour revenir à un point
capital - je veux revenir là-dessus parce que cela m'apparaît
essentiel - la proposition gouvernementale prévoit qu'au chapitre du
conseil d'administration la balance du pouvoir est détenue par des
fonctionnaires. Les élus de la CUM ont quatorze représentants et
les élus des banlieues nord et sud en ont quatorze; cela fait 28.
Après cela, il y a trois représentants gouvernementaux, trois
fonctionnaires. Donc, ces trois personnes détiennent la balance du
pouvoir entre la CUM et les banlieues. D'autre part, à l'exécutif
de l'ORT, vous avez deux fonctionnaires sur sept et, encore là, ils
détiennent la balance du pouvoir. Comme le gouvernement propose un
organisme décisionnel, je répète ma question: Est-ce que
vous ne craignez pas qu'en dépit des bons voeux que vous exprimez vous
soyez en train d'entrer dans un organisme où les technocrates vont
contrôler? Même s'ils n'ont pas une majorité absolue, ils
vont contrôler en fonction du fait qu'ils vont détenir la balance
du pouvoir entre les deux groupes, la CUM, d'une part, et les banlieues,
d'autre part. Est-ce que cela ne vous effraie pas un peu?
M. Parent: Enfin, je pense qu'il est clair qu'on n'est pas
d'accord avec la proposition des 31 et cela, c'est en page 16 de notre
mémoire. Il faut faire une nuance. Je pense que le mémoire est
relativement concis et clair; sur le principe, sur la table de concertation, de
planification et de tarification, on est d'accord. Mais on n'est pas d'accord
pour en avoir 31 et avoir le genre de répartition qu'on a actuellement.
Si on regarde la composition - et je me permets de la répéter -
on prévoit trois personnes au niveau de la CUM, deux sur la rive sud,
ainsi que deux à Laval. Dans notre esprit, ce sont des élus.
Je pense que c'est avoir une représentation au niveau des
élus qui est fort importante. Si on regarde les trois directeurs
généraux ou les trois PDG, là aussi, je pense qu'on a un
droit de par le mécanisme... Si les présidents des commissions de
transport nous représentent, donc, ils sont avec nous par le
mécanisme qu'on a instauré. Vous savez que sur la rive sud -
l'exemple pourrait se propager dans les autres commissions de transport - le
PDG, normalement, fait partie des recommandations du conseil des maires. Donc,
s'il est là, c'est parce qu'il travaille dans le même sens. Il a
fait suite à des recommandations des élus. C'est important de
considérer qu'à cette table que nous proposons de treize
personnes, nous avons dix personnes qui sont des élus; des technocrates,
je pense qu'il n'y en a pas beaucoup dans cette organisation, dans ce conseil
d'administration.
M. Bourbeau: Alors, je tenais à vous le faire
préciser; j'avais bien saisi, mais je pense que c'est important qu'on
sache que votre caution est quand même limitée par les remarques
que vous venez de faire. Quant à moi, cela termine les questions que
j'avais à vous poser. En terminant, je tiens à vous
féliciter pour la qualité de votre présentation, votre
connaissance évidente des dossiers. Si on n'était pas à la
télévision, j'irais peut-être même jusqu'à
vous souhaiter des bons succès dans les événements qui
s'en viennent, mais je pense que cela ne sera pas de bonne guerre, ce ne serait
pas selon l'ordre des choses. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Laporte. M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord,
dire qu'il nous apparaft très appréciable que le mémoire
de la CTRSM ait principalement mis l'accent sur les points d'accord avec la
position gouvernementale. Évidemment, cela coupait avec ce qu'on a vu
jusqu'à maintenant et je pense qu'il fallait le dire. Vous avez
ajouté des éléments d'amélioration, des suggestions
qui, évidemment, correspondent à vos convictions, mais qui seront
sans doute très utiles dans la poursuite du dossier.
Je vais rattacher mes deux petites questions à l'intervention que
le ministre a faite, de même qu'aux derniers propos de M. le
député de Laporte. M. Parent, à une question du ministre
sur les avantages de la consultation, du caractère consultatif des
structures par rapport au caractère décisionnel, vous avez
effectivement dit qu'il
était préférable de vivre ce qui est
décisionnel. En tout cas, c'est ce que j'ai compris de votre
intervention, je pense qu'elle était assez claire.
Cependant, je voudrais attirer votre attention sur un point dans votre
mémoire où il est dit: Ils recommandent (le conseil et la
commission) que la participation des représentants du territoire C se
fasse au niveau de comités consultatifs au sein des commissions locales.
Moi, je crains, M. le maire de Boucherville et M. le porte-parole de la
commission, que votre point de vue, à savoir qu'il vaut mieux vivre
quelque chose de décisionnel, ne plaise pas beaucoup aux maires du
territoire dit C. Je pense, pour les contacts que j'ai eus avec eux, du moins
pour la partie du territoire qui me concerne, que ces gens-là - sans
doute qu'on le verra très clairement à travers leur
mémoire -veulent avoir un rôle décisionnel à jouer.
Il semble que ce n'est pas ce que vous prévoyez pour eux, dans la mesure
où ils se rattacheront à vous, parce que - et c'est une autre des
orientations de votre mémoire -enfin, vous souhaitez qu'il y ait un lien
plus ou moins organique avec la commission!
J'aimerais savoir d'abord s'il n'y a pas là une contradiction,
selon vous, s'il n'y aurait pas lieu de réviser ce point de votre
mémoire en faveur des élus du territoire C et, deuxième
question - parce que, vous savez, le temps qui reste est court et je voudrais
aller au plus bref - s'il y a eu, entre vous et les maires de ces
municipalités, des contacts qui vous permettraient de penser que ce que
vous préconisez serait vivable pour eux.
M. Parent: Je pense que c'est une question qui est tout à
fait à point et qui mérite d'être éclaircie.
Premièrement, ce n'est nullement en contradiction lorsque je dis que
l'ORT, les gens qui sont là devraient être non pas au niveau
consultatif, mais au niveau décisionnel. Cependant, il faut être
conscient, lorsqu'on parle de planification, que les gens doivent être
représentés à la table de décision.
Idéalement, on devrait aller dans une formule où chaque maire des
municipalités qui sont impliquées est là à la
table; on sait que ce n'est pas possible. Alors, il faut aller dans ce que
j'appelle une formule de compromis et, à ce moment-là, à
la table de l'ORT, si on veut limiter les participants à un groupe
potable, possible, d'une dizaine de personnes, il faut s'assurer que les
représentants de la population et des usagers desservis dans le gros de
la masse -soit probablement 90% ou 95% des gens desservis - soient
représentés à la table. C'est dans ce sens-là que
les gens du territoire C - ou les gens du territoire D, mais prenons les gens
du territoire C qui vous concernent particulièrement -
représentent une infime partie par rapport à cette densité
de population et d'usagers que nous représentons.
Je ne les ignore pas, dans la proposition. En fait, c'est une suggestion
que je fais au ministre. Je ne les ignore pas. Je leur dis, d'une part, que
dans les grandes décisions régionales ils devront être
consultés. Par rapport à ce que nous avons actuellement, c'est
beaucoup mieux; ils ne sont même pas consultés. Si vous me
demandez si j'ai rencontré ou consulté ces gens-là, il y a
eu un exercice de fait, au cours de la dernière année, où
je me suis imposé en tant que président du conseil des maires
pour régler un conflit, je le rappellerai, vieux de quatre ans et auquel
personne n'osait toucher parce que c'était à prendre avec des
pincettes. Vous savez, réussir à réunir 52 maires de 52
municipalités qui sont dans tous leurs états avec les
députés concernés et le ministre et réussir
à faire un consensus sur une formule pour régler un
problème, je pense qu'il fallait le faire.
Ceci dit, je me suis engagé, vis-à-vis des gens du
territoire C, à ce qu'on les consulte. Le mécanisme que je
prévois est un mécanisme fort simple. On dit
précédemment, dans notre proposition, qu'on aimerait que les gens
du territoire C transigent avec la CTRSM, c'est-à-dire qu'on va leur
donner des contrats de services. On va s'entendre sur le degré qu'ils
veulent avoir. Donc, on va être des sous-traitants et ils vont être
pour nous des sous-agents en d'autres termes. Mais, étant donné
qu'ils ne font pas partie comme tels du groupe CTRSM, je pense qu'ils ne
peuvent pas être à la table de décision au même
titre. Il s'agit de prévoir un mécanisme fort simple qui va faire
que les deux ou les trois représentants de la rive sud qui seront
à l'ORT seront en contact continuel pour prendre le pouls et passer les
messages dans le couloir C et les passer à l'ORT. Sinon, on n'en sort
pas, on est obligé d'aller dans la formule du gouvernement qui est de
dire: Bon, je vais jusqu'où? Puis, elle regroupe à peu
près toutes les MRC. Si on veut toutes les prendre, ne pas en oublier et
être juste envers tout le monde, ce n'est pas 31 personnes, ça va
être 38 ou 40 personnes. À ce moment-là, on va avoir un
comité exécutif où il n'y aura que sept personnes qui vont
décider et ça va être encore moins
représentatif.
C'est pourquoi entre deux maux on essaie de choisir le moindre. Dans mon
esprit, je tiens à être clair, je ne veux pas le faire au
détriment de mes collègues qui seraient dans le territoire C,
mais je pense qu'il y a un mécanisme de consultation qui peut
très bien s'instaurer et qui serait drôlement mieux que ce que
nous avons actuellement parce qu'il n'y a pas de processus de consultation
actuellement.
M. Dussault: Alors, si je comprends bien, vous confirmez que,
évidemment, les maires concernés dans le territoire C seraient
traités d'une façon consultative, mais, dans le fond, ce que vous
faites à ces gens-là, c'est une offre de services.
Je voudrais terminer avec une parenthèse que vous avez
vous-même faite tout à l'heure, sur la question des factures. Je
pense, M. le maire de Boucherville, que le rôle que vous avez joué
est très appréciable. Je pense que c'est en tant que tel que vous
avez été à même de jouer ce rôle-là.
C'est moins connu, mais je voudrais vous dire, parce que ça vaut la
peine d'être dit, que le conseil des députés de la
région sud a aussi joué un rôle assez important, je pense,
dans ce dossier-là. Je pense que ce que nous avions
suggéré au ministre comme formule d'arrangement est effectivement
ce que vous avez convenu avec les maires et avec le ministre. Cela a
été un travail d'équipe de ce côté-là
et nous sommes bien fiers du résultat, en tout cas. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Châteauguay. M. le député de
Verchères, en essayant d'être très bref dans les questions.
(12 heures)
M. Charbonneau: M. le Président, j'aimerais qu'on me donne
les mêmes droits de poser des questions et d'intervenir que ceux qu'on a
donnés à mes collègues et qu'on ne commence pas
l'intervention en me faisant une petite remarque qui vise à me limiter
dans le temps. Ceci étant dit, vous comprendrez que de tous les gens qui
sont autour de cette table je suis peut-être celui qui est le moins
enchanté des propos du maire de Boucherville et du président du
Conseil des maires de la rive sud. D'une part, on suggère que les
municipalités que je représente et qui sont visées dans la
zone C et donc dans la zone de municipalités hors territoire, mais
éventuellement participantes, n'aient pas de pouvoir de décision
et qu'elles n'aient qu'un pouvoir de consultation. D'autre part, on nous
confirme, en fait, ce qu'on pouvait appréhender, qu'on ne doit
peut-être pas tellement compter sur l'appui et la collaboration des
municipalités de la rive sud immédiate pour sauver le service du
train de banlieue dans la région de Beloeil-Saint-Hilaire. Je n'ai pas
l'impression que les municipalités du corridor Saint-Bruno et
Saint-Hilaire qui vont venir témoigner demain vont être
particulièrement enchantées de cette approche. Je comprends
qu'elle peut être dictée par des objectifs de rationalisation dans
votre esprit, mais ce qui est difficile à accepter et à
comprendre, c'est que, par exemple, à la page 12, vous dites que vous
êtes prêts à consulter les municipalités du
territoire C sur le niveau de services, mais on ne semble pas tellement
prêt à les consulter sur les modes de transport. On n'est pas
clair sur le rôle, le pouvoir et la valeur qu'on accorde aux
municipalités hors territoire dans la zone C, et à leur
représentation. Dès le départ, on a une attitude ou une
opinion qui met plus en danger que jamais, finalement, la survie du seul train
qui reste, parce que déjà, il y a à peine un mois, l'un
des deux trains de banlieue qu'on avait en service est disparu par une
décision du gouvernement fédéral. Ce qu'on nous dit ce
matin, c'est que les municipalités de la rive sud immédiate ne
sont pas très chaudes pour, finalement, maintenir ce service.
Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais pour les gens qui
demeurent à Beloeil, à Saint-Hilaire, à Otterburn-Park et
qui utilisent ce train, celui-ci n'a pas de commune mesure, en termes de
service, d'efficacité, d'attrait et d'importance pour ce secteur, avec
l'autobus, car avec l'autobus, on est obligé de transiter au
métro de Longueuil. Les gens de Beloeil, Saint-Hilaire, Otterburn-Park,
McMasterville Saint-Bruno, et de tout ce secteur, qui travaillent en ville,
avec le train, se rendent directement dans le centre-ville sans avoir à
faire de transfert. C'est pour eux une économie de temps et un service
qui est finalement adapté à leurs besoins. C'est d'autant plus
adapté à leurs besoins que ces municipalités, dans la
mesure où elles ne réussiront pas au cours des prochaines
années à avoir un service de transport en commun qui
réponde à leurs besoins et à leur spécifité,
vont voir une partie de leur population avoir des choix difficiles à
faire. Déjà, des gens qui prenaient le train de 8 h 15 il y a
quelque temps et qui ne peuvent plus le prendre parce qu'il n'y en a plus se
demandent s'ils ne vont pas vendre leur maison et aller s'installer
peut-être à Boucherville, peut-être à Longueuil,
peut-être même sur l'île de Montréal. Le
résultat, c'est que, comme je le disais hier au président de la
Communauté urbaine de Montréal, on va peut-être
régler des problèmes qu'on avait créés à une
époque sur l'île de Montréal, mais les mêmes
problèmes qu'on avait à Montréal à une
époque on va les créer à l'autre extrémité
de la zone urbaine, parce qu'on va vider une partie de la population qui est
maintenant établie dans ce secteur. On va faire en sorte que,
finalement, ces municipalités vont rester avec des équipements et
puis les gens qui vont rester dans ces municipalités vont
peut-être être pris avec un fardeau fiscal beaucoup plus
élevé, comme les gens de Montréal à une
époque. Ceux qui restaient en ville étaient pris avec le fardeau
fiscal d'équipements qui avaient été construits, dont
l'île de Montréal s'était dotée et qui
bénéficiaient uniquement à ceux qui
restaient, alors que beaucoup de gens avaient quitté pour la
banlieue.
Je voudrais savoir si l'attitude ou la position que vous avez prise
quant aux trains de banlieue, c'est une position définitive, ferme,
irrévocable ou si, dans l'approche de consultation que vous semblez
priviligier, il y a moyen de trouver un interlocuteur, face aux
municipalités du corridor Saint-Bruno-Saint-Hilaire, qui n'aura pas
à ce point des idées faites d'avance afin qu'on puisse en arriver
peut-être à une solution qui va nous permettre de préserver
le service de trains de banlieue.
M. Parent: M. le député de Verchères, je
suis très déçu que vous soyez déçu. Tout
allait bien jusqu'à maintenant. On avait réussi pour une
première fois à rendre le gouvernement et l'Opposition
heureux.
M. Charbonneau: Le monde n'est pas parfait!
M. Parent: Je pense qu'il y a deux aspects à votre
question, deux aspects que j'aimerais toucher. D'abord, vous me dites que vous
êtes un peu surpris de la position que je prends. Ce n'est pas une
position nouvelle et je pense qu'on ne se comprend pas tout à fait;
alors, je vais m'expliquer davantage. On s'est toujours bien entendu quand on
s'est bien expliqué.
D'abord, les municipalités du territoire C. On demande dans notre
mémoire et dans la présentation du gouvernement, qui est votre
présentation, que les instances locales, donc la CTRSM, négocient
des services avec les municipalités du territoire C. Ceci veut dire que
les gens de Saint-Hilaire ou, les gens de Saint-Bruno ou peu importe, les gens
qui se trouvent dans la périmètre C n'ont qu'à s'asseoir
avec la CTRSM, ce qui est chose facile, et à négocier tant en
termes de services, de qualité de services et de prix, ce qu'ils veulent
avoir. Donc, ils sont à une table décisionnelle importante. On
leur donne ce qu'ils veulent autant qu'on est capable de le donner. On me dit
à la commission que c'est quelque chose qui est possible puis c'est
quelque chose qui nous intéresse.
Donc, concernant le territoire C et toutes ces municipalités -
j'ai cité l'exemple, et vous le vérifierez, des gens de
Sainte-Julie; avec le maire et le conseil, ils en ont demandé du service
et pratiquement sur commande, tant d'autobus le matin, tant le soir, puis on a
négocié les prix, cela s'est fait très facilement - le
niveau de services va être décidé entre l'instance locale,
soit les conseils municipaux, et la commission. Cela peut se faire rapidement
et cela peut répondre assez exactement à ce qu'ils veulent,
à ce que leurs citoyens sont prêts à payer.
Quand je dis que les gens du territoire C ne doivent pas
nécessairement être à la table de l'ORT, c'est parce
qu'à mon point de vue déjà nous avons
négocié avec ces gens-là le service dont ils ont besoin et
je pense qu'ils ne font pas de façon importante ou majeure partie du
débat. Ils ont le service qu'ils veulent avoir pour leurs citoyens, pour
les amener à Montréal. Cela concerne l'ensemble du territoire
C.
Concernant le cas plus particulier qui est l'autre partie du dossier du
train de Saint-Hilaire, d'abord, s'il y a une modification à ce qu'il y
avait avant, je n'y suis pour rien et la commission n'y est pour rien; cela a
à voir avec le gouvernement qui, au niveau du CN et du CP, a
décidé d'enlever certaines lignes. La seule chose que je dis: II
n'y a rien de coulé dans le béton, je pense que tout est
négociable, premièrement. Deuxièmement, la position du
Conseil des maires de la rive sud, donc du groupe des sept, a été
rendue publique en début d'année 1982, à la suite d'une
étude que nous avions fait faire, à savoir que nous
n'étions pas plus chauds que cela. C'est l'expression que j'avais
employée à ce moment-là. Je ne dis pas
catégoriquement qu'il n'en est pas question. Ce que je dis cependant -
et je l'ai mentionné aux maires de ces municipalités parce que je
les ai rencontrés à quelques reprises dans le fameux conflit MSI
- aux maires de Saint-Hilaire, de Saint-Bruno et à tous ces
gens-là, c'est ceci: II y a possibilité de vous donner le train
si vous désirez l'avoir; seulement, il faut être conscient que
quelqu'un devra payer la note, et la note de débordement du train, il ne
faudrait pas qu'elle ait des impacts financiers sur des municipalités
qui ne sont pas du tout touchées par cela.
Je pense que vous comprendrez très bien que, lorsque je
défends l'intérêt de mes citoyens, je défends aussi
les autres citoyens de la rive sud le groupe des sept, à savoir qu'on ne
veut pas ou on ne voudrait pas priver les gens d'un service de train
Saint-Hilaire-Montréal. Je pense qu'ils devront être conscients
qu'il y a un coût à payer, qu'une fois qu'on se sera entendu et
qu'on aura discuté du degré de services qu'ils veulent cela
correspondra à une facture à payer. Il faudra s'entendre: Comment
est-ce qu'on la paie? Parce que les gens qui désirent le service doivent
être les principaux payeurs. Je pense qu'à ce niveau on est
très réceptif et je crois qu'il y a différentes formules
qui peuvent être mises de l'avant. Je ne voudrais pas qu'à partir
de ce que vous aviez dans le territoire, avec ce que vous avez maintenant, vous
soyez pénalisés. Si on continuait dans la formule qu'on a
actuellement, Métropolitain Sud, CTRSM avec tout ce que cela a eu comme
complications dans les quatre dernières années et, encore
là, je n'y étais pour rien... Si on a fait tant d'efforts
pour
régler ce conflit, c'est qu'on voudrait, à compter du 1er
janvier 1983, s'entendre autant sur le degré de services que sur la
facture à payer. Soyez assurés - vous le transmettrez à
mes collègues maires - que le degré de services et la
façon de régler le train, on peut s'asseoir ensemble pour le
regarder. En aucun cas, les maires de la rive sud immédiate, le groupe
de sept, ne seront prêts à payer une facture importante qui va
venir toucher leur municipalité respective, puisque cela ne leur apporte
absolument rien. Dans le corridor, il y a un impact, il y a quelque chose
à régler de ce côté. Nous sommes tout à fait
disponibles.
M. Charbonneau: On sait que, jusqu'à récemment, un
des problèmes majeurs sur la rive sud, c'est que la commission de
transport, qui est une association de sept municipalités, desservait
aussi d'autres municipalités qui n'étaient pas dans le club. Ces
gens n'avaient pas grand-chose à dire. Il n'y avait pas finalement de
contacts, de discussions, de pourparlers entre les deux types de
municipalités, les municipalités de la CTRSM proprement dites et
les autres hors territoire. Je sais que, depuis un certain temps, les efforts
que vous avez faits ont amené un rapprochement. Est-ce qu'on pourrait
connaître à ce moment-ci l'état des relations entre les
municipalités du corridor Saint-Hilaire et la CTRSM? Est-ce que
l'état des pourparlers a avancé? Est-ce qu'on est plus
avancé maintenant, au début d'octobre 1982, qu'on ne
l'était au mois de juin de cette année ou encore il y a un an?
Est-ce qu'on a fait du progrès?
M. Parent: Inévitablement, il y a eu 100% de
progrès de fait, parce qu'on ne se parlait pas avant, il n'y avait pas
de dialogue, il y avait un conflit, il y avait un fossé qui
s'était accentué. L'exercice qu'on a fait, en juin dernier, a
permis avec la collaboration de tout le monde - votre collègue l'a
souligné tantôt - un effort concerté, ce qui prouve
justement l'exercice qui devrait être fait de façon continuelle
à une table qui s'appellerait l'ORT. Cet exercice concerté, avec
des gens autour de la table qui veulent faire avancer le dossier, nous a permis
dans ce corridor très particulier que vous mentionnez, les
différentes villes desservies par Métropolitain Sud, de faire
avancer le dossier de façon significative. Depuis juin, la proposition a
été mise de l'avant. Les engagements qu'avait pris le ministre
Clair à Boucherville à ce moment ont été
respectés et confirmés. Les engagements que j'avais pris aussi
ont été confirmés. On est rendu à la mi-octobre
1982, et 81% des différentes municipalités concernées ont
payé ou ont pris un engagement formel. Donc, à toutes fins
utiles, il y a quelques petites municipalités qui accrochent
actuellement concernant le règlement final. Elles ont reçu tous
les avis en conséquence. On est passé devant la commission aussi
pour faire entendre toutes les parties. Actuellement, 80% ont payé et
sont satisfaites. Elles avaient besoin d'engagements pour l'année 1983,
à savoir qu'on ne continuerait pas dans le même système. Le
dossier a évolué de façon suffisamment intéressante
pour nous permettre d'envisager que, d'ici la fin de l'année 1982, ce
dossier va être chose du passé.
M. Charbonneau: M. Parent, je savais que le dossier de la
quote-part était en train de se régler, mais est-ce qu'on a
commencé à aborder la deuxième étape,
c'est-à-dire les discussions sur les services à accorder par la
suite?
M. Parent: Malheureusement, c'est assez difficile, parce que dans
un même corridor et dans les cinq corridors, il y en a qui n'ont pas
payé. Je me trouve très mal placé. J'ai demandé la
collaboration de tout le monde. Je suis prêt à m'asseoir à
la table dès que tout le monde aura réglé la facture.
Déjà, les efforts ont été faits au niveau des
élus, ils ont été faits de la part du gouvernement. Les
instances locales doivent régler. Dans chacun des corridors, il y en a
qui n'ont pas payé. L'engagement que j'ai pris, c'est que dès que
ce problème est réglé, je suis prêt à
m'asseoir n'importe quand et à entamer la discussion pour le niveau de
services de 1983.
M. Charbonneau: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. le député de Chambly. (12 h 15)
M. Tremblay: M. le Président, on a fait état, tout
à l'heure, du fait qu'il y aurait 51% des usagers de la rive sud qui
subiraient des augmentations de tarif. J'ai bien l'impression qu'en ce qui
concerne la zone C 100% des personnes subiraient une diminution de tarif. Dans
la zone C, je ne pense pas qu'il y aurait d'augmentation. Est-ce que ce serait
exact de dire cela?
M. Parent: Le coût imposé dans la zone C, à
moins que je ne me trompe, sera déterminé par les
différentes municipalités. Donc, ce n'est pas à nous, de
la CTRSM, de fixer le tarif pour les municipalités de la zone C.
Exemple: le tarif imposé aux citoyens de Sainte-Julie actuellement;
parce qu'ils ont un contrat de services avec nous, on a établi un prix.
La municipalité a décidé de tel prix et nous n'avons rien
à dire là-dessus. C'est pour cela que je disais ceci au
député de Verchères tantôt: Quand on va parler et
négocier avec les municipalités du
territoire C - et c'est ce que je trouve très intéressant
dans la proposition gouvernementale, soit dit en passant - ces
municipalités auront l'occasion d'établir, d'une part, le niveau
de services qu'elles veulent et, d'autre part, le prix qu'elles veulent
facturer à leurs citoyens directement par la contribution du billet ou
par les fonds de la municipalité. Nous, on n'a aucun pouvoir et on n'en
veut pas. La seule chose qu'on veut, c'est négocier avec eux et leur
dire que cela va leur coûter 55 $ ou 60 $ ou 62 $ l'heure, les autobus
qu'on va mettre à leur disposition.
M. Tremblay: C'est dans le contexte où votre
mémoire serait appliqué intégralement, mais si le plan du
gouvernement était appliqué comme il est proposé, dans ce
cas-là, tous les usagers présents se trouveraient à avoir
une diminution dans la zone C, si mon analyse est exacte.
M. Parent: Oui, mais je pense que la participation ou
l'implication du gouvernement dans les parties de subventions aux
municipalités du C fera en sorte qu'il devrait y avoir un rabattement
sur le coût, donc, une diminution pour les usagers du territoire C. Vous
avez raison.
M. Tremblay: Dans un autre domaine, dans le sommaire de votre
mémoire, il y a deux paragraphes qui me frappent. Un peu dans la
lancée de ce que disait M. le député de Verchères,
moi aussi, chez nous, je suis préoccupé par ce qui se passe chez
les élus du territoire C. Vous dites dans votre mémoire qu'aucune
loi de l'organisme régional ne devrait freiner la volonté locale
de se doter de services et du système de transport de son choix. Vous
dites cela en pensant à la Commission de transport de la rive sud de
Montréal qui est là et qui ne devrait pas être
forcée par l'ORT d'agir ou d'acheter des équipements ou de se
donner des services différents.
Je suis très sensible à cela et je pense que, dans ce
sens-là, vous auriez mon appui. Ce que je trouve un peu contradictoire,
c'est quand il s'agit, par exemple, de municipalités que vous voulez
desservir, vous ne voulez pas leur laisser la même possibilité.
Vous dites que les municipalités du territoire C de la rive sud doivent
être desservies par la commission. Alors, vous ne leur laissez plus le
choix de se doter des services et du système de transport de leur choix,
parce qu'elles pourraient décider qu'une entreprise privée locale
ferait le service et que cela leur coûterait moins cher. Vous êtes
sans doute au courant qu'il y a eu des négociations à la ville de
Saint-Basile, où il y a un conseil qui est très
préoccupé par le transport en commun et qui a acheté
l'idée du transport en commun; on voulait introduire un service de
transport en commun directement de Saint-Basile à Montréal en
utilisant, nécessairement, la bouche de métro de Longueuil. Ils
avaient négocié des tarifs très avantageux - si on les
compare avec ceux que vous leur proposiez - par une entreprise privée
locale qui était nécessairement sur les lieux. Les autobus
étaient sur les lieux, donc, ils n'avaient pas à faire le
transport, le fameux trajet qu'on reprochait à Montréal tout
à l'heure. Le député de Laporte disait: Quand ils viennent
à Longueuil, ils doivent retourner au garage à Montréal.
Dans le cas de Saint-Basile, c'était la même chose. L'entreprise
privée était de beaucoup meilleur marché.
Ils n'ont pas pu établir le système parce qu'ils n'avaient
pas de quai au métro de Longueuil pour laisser descendre les passagers.
Ils devaient utiliser vos quais, et vous ne l'avez pas permis. Il serait
peut-être possible d'envisager un service, par exemple, pour
Saint-Basile, s'il y avait un organisme régional qui, lui, permettrait
de déverser ces gens et d'utiliser l'entreprise privée, donc de
réduire ses coûts.
Un autre projet pourrait être intéressant. Vous disiez,
tout à l'heure: Si les commissions de transport locales - en faisant
référence aux lignes - avaient l'autorité de fonctionner
sans passer par la Commission de transport de la rive sud, elles engorgeraient
les ponts. À ma connaissance, je ne pense pas que la voie
privilégiée du pont Champlain soit utilisée à sa
pleine capacité; il pourrait y passer quelques autobus de plus. Si l'on
regarde cela, la ville de Chambly, par exemple, pourrait vouloir un service de
transport en commun qui utiliserait l'autoroute des Cantons de l'Est et la voie
privilégiée sur le pont Champlain, ce qui ferait que des citoyens
de Chambly se rendraient à leur travail au centre-ville en 20 ou 25
minutes. Ce sont là l'un des avantages qui, à mon avis,
n'existeraient pas si on adoptait cette partie de votre mémoire.
M. Parent: Brièvement, voici ce que nous recommandons et
sur lequel vous ne semblez pas d'accord. Sur la couronne C, nous voulons faire
le service parce que cette couronne a tout de même une certaine
densification, qui n'est pas aussi forte que celle qu'on retrouve au niveau du
territoire de la CTRSM mais qui a ce qu'on a appelé, tout au cours de
cette commission, des effets de débordement importants. Je pense qu'on
se doit d'essayer de donner le service dans le corridor C. Advenant le cas
où des municipalités, dans le corridor C, voudraient,
principalement pour des questions financières plus attrayantes, aller
vers l'entreprise privée - je ne peux pas répondre ou m'engager
ce matin - on devra dire à ce moment de quelle façon on peut
trouver un moyen. Si le
transporteur privé en provenance de Chambly veut avoir un quai de
débarquement à Longueuil et que déjà c'est
surchargé ou si l'on veut utiliser la voie réservée, comme
vous dites, du pont Champlain, c'est autant de solutions qui devront être
examinées ensemble.
Je parlais d'un comité consultatif; cela peut être un
comité consultatif pratiquement permanent, en tous les cas dans la
période intensive où on établit le degré de
services. Pour le fameux train de Saint-Hilaire, il va falloir faire une table
de concertation juste sur ce cas. Autant pour les municipalités qui vous
concernent que pour les autres, il faudra qu'on regarde, avec ceux qui veulent
une autre solution, ce qu'il est possible de faire. Je suis tout à fait
prêt à regarder ces différentes possibilités, tout
comme, je pense bien, la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, même si cela fait
longtemps que cela a été dit, je voudrais dire deux mots
relativement à la déclaration du député de Laporte,
soit les 2000 autobus - qui étaient en fait 1200 - qui auraient
été commandés, par le gouvernement du Parti
québécois, en trop grand nombre. Je n'étais pas au
ministère à cette époque, mais mon sous-ministre adjoint y
était; il m'affirme qu'à l'époque le nombre avait
été effectivement réduit à 1200 par le gouvernement
puisque les commandes des commissions de transport étaient plus
élevées. Il semble qu'on n'avait pas assez comprimé les
ambitions des commissions de transport, à l'époque, et je pense
que la rectification méritait d'être apportée.
M. Bourbeau: Les commandes des fonctionnaires.
M. Clair: Ce que démontre bien ce cas, c'est qu'on va dans
le bon sens quand on veut donner le contrôle aux élus, dans
l'ensemble de la grande région de Montréal, sur le transport en
commun. Cela démontre que les structures des commissions autonomes de
transport, cela doit appartenir le plus rapidement possible au passé et
qu'on doit en donner le plein contrôle aux élus publics.
M. Bourbeau: Cela prouve également...
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député quand il a fait ses commentaires.
M. Bourbeau: II ne veut pas qu'on rectifie.
M. Clair: En terminant, je voudrais simplement remercier vivement
le Conseil des maires de la rive sud et les gens de la CTRSM pour avoir
accepté de venir nous présenter un mémoire qui a
été très intéressant. Je le dis non pas tant
à cause du fait que, sur plusieurs points, leurs vues concordent avec la
proposition gouvernementale, mais davantage parce que je pense que l'esprit
dans lequel le mémoire a été préparé,
l'esprit dans lequel le Conseil des maires de la rive sud travaille pour le
développement, la promotion du transport en commun dans cet immense
territoire de la rive sud de Montréal, démontre bien que c'est
possible, avec des structures adéquates, d'obtenir des résultats
intéressants sur le plan du contrôle des coûts, sur le plan
du niveau de services, de l'implication des citoyens et de la promotion
générale du transport en commun.
Je voudrais aussi, en terminant, souligner qu'effectivement, avec mes
collègues, le député de Verchères, le
député de Châteauguay et le député de
Chambly, j'ai eu l'occasion, grâce aussi à l'excellente
collaboration du président du Conseil des maires de la rive sud, de
régler, au cours du mois de juin dernier, ou, en tout cas, de
régler à 81%, me dites-vous ce matin, M. le maire, le fameux
problème des bouts de ligne hors territoire. Ce que je souhaite le plus,
c'est que, le plus rapidement possible, toutes les municipalités
acquittent effectivement leur quote-part pour le 1er novembre prochain si
possible, afin de s'assurer que l'étape suivante, qui viserait à
donner la possibilité à ces municipalités, par corridor,
de se doter du niveau de services qu'elles désirent, avec les moyens
qu'elles veulent utiliser pour les appuyer, puisse se faire le plus rapidement
possible; le 1er janvier 1983, cela vient très vite. Merci encore, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. Parent.
M. Parent: Un dernier commentaire, M. le Président. Je
tiens à assurer, au nom de mes collègues maires et au nom de la
CTRSM, le gouvernement de toute notre collaboration dans les semaines futures,
puisque je pense qu'à partir de ce qui s'est vécu hier et de ce
qui se vit ce matin, il y a sûrement des solutions à la
portée de la main, des solutions réalisables. Et si, au niveau de
la rive sud, à cause du contexte et de l'expérience que nous
avons vécue qui a été heureuse, nous pouvons faire quelque
chose pour faire avancer le débat et faire en sorte qu'on puisse trouver
un médium entre la solution ou la proposition originale du ministre et
ce que nous proposons, je pense que nous ferons, au niveau de la rive sud, tous
les efforts nécessaires et nous vous offrons notre entière et
pleine collaboration. Je remercie la commission.
Le Président (M. Boucher): Merci. Alors, au nom de tous
les membres de la commission, je remercie M. le maire, ainsi que ceux et celles
qui l'accompagnent pour la présentation de leur mémoire.
J'inviterais maintenant la Chambre de commerce du district de Montréal
à se présenter, le Bureau de commerce de Montréal.
Je me permets de rappeler aux membres de la commission que nous ne
sommes pas à Montréal, nous siégeons à
Québec. Il y a des gens qui, aujourd'hui, ont été
convoqués et, compte tenu du temps qui nous est alloué pour
entendre les mémoires, il y aurait lieu, quand même, de faire un
effort spécial pour que nous puissions entendre tous ceux qui ont
été convoqués aujourd'hui. À cet effet, sans
vouloir priver qui que ce soit de son droit de parole, je voudrais qu'on soit
le plus concis possible dans les questions et aussi, de la part des
intervenants, dans les réponses.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que je dois
comprendre qu'on sera limité, tant les parlementaires que les groupes
invités à la commission, dans notre temps de conversation
à cause de la décision du Parti libéral de refuser son
consentement de tenir la commission à Montréal?
Le Président (M. Boucher): Je n'ai pas affirmé
cela, mais je ferai remarquer...
M. Rochefort: J'ai compris, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): ... que les gens qui viennent
ici doivent retourner ce soir ou dans la journée et, s'ils sont
obligés de demeurer à Québec durant la nuit, ce sont des
frais supplémentaires et des choses qui ne sont pas prévues au
moment où on les convoque. (12 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question posée
par le député, parce que je pense qu'elle est importante, je
pense que la remarque est tout à fait inopportune. On a expliqué
amplement hier les raisons profondes qui ont motivé la décision
du Parti libéral de tenir les auditions de la commission à
Québec, au siège du Parlement. Je pense que les dépenses
dont vous parlez auraient été exactement les mêmes si tout
l'appareil administratif, y compris ceux qui sont ici et tous les
fonctionnaires qui nous entourent, avait dû se déplacer à
Montréal. Il aurait fallu payer exactement les mêmes frais, les
mêmes dépenses et cela aurait occasionné les mêmes
inconvénients. Alors, je pense que la remarque était tout
à fait déplacée et je sais que le député la
regrette déjà, d'ailleurs.
Le Président (M. Boucher): Mon intention n'était
pas de soulever de débat et je vous demanderais de procéder le
plus rapidement possible. M. le député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Je fais un plaidoyer pour un groupe, celui du
mémoire 37 West Island Train Savers, un mémoire de trois pages.
C'est une affaire qui prendrait environ quinze minutes. Je ne sais pas si vous
pourriez organiser les travaux de la commission afin qu'on les écoute
vers la fin de la séance. Ce sont deux individus qui sont obligés
de retourner travailler à Montréal demain; alors, ils ont pris la
journée d'hier et d'aujourd'hui.
M. Clair: M. le Président, c'est justement l'objectif que
vous nous demandez d'essayer d'atteindre, à savoir d'entendre tous les
gens qui ont été prévus aujourd'hui afin d'éviter
à des citoyens de la région de Montréal d'avoir à
défrayer le coût de coucher à Québec et de
peut-être manquer une journée de travail. Alors, je ne veux pas
être plus long que cela. C'est cela, les coûts dont parlait mon
collègue, le député de Gouin. Ce n'étaient pas des
coûts nécessairement pour le gouvernement, même si on doit
en tenir compte; c'étaient des coûts occasionnés aux
citoyens qui doivent venir à Québec. Je ne lui en fais pas grief,
il s'était bien défendu hier de sa responsabilité à
cet égard. Je pense que ce que l'on veut, c'est procéder plus
rapidement aujourd'hui.
M. Bourbeau: Une des raisons pour lesquelles il y a trop de gens
qui doivent passer aujourd'hui, c'est peut-être parce qu'on est un peu
long, mais peut-être, aussi, parce qu'on a mal prévu
l'échéancier des travaux. Sans vouloir faire de grief à
personne...
M. Clair: Cessons de placoter et travaillons.
M. Bourbeau: ... peut-être qu'on pourrait prévoir
moins d'intervenants par jour de façon à permettre à
chacun de venir à Québec au moment où on peut l'entendre
et non pas la veille ou l'avant-veille.
M. Rochefort: Mais cela n'aurait pas de conséquence si on
était à Montréal pour les groupes concernés.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: Cela aurait des conséquences pour tous les
autres membres.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, je
m'excuse. S'il vous plaît! Nous
perdons des minutes précieuses. Alors, M. Vallerand.
M. Vallerand: André Vallerand.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez
l'intention de lire le mémoire au complet?
COPEM
M. Vallerand (André): Non, non. Avec votre permission, ce
que j'entends faire, c'est résumer les principales têtes de
chapitre du mémoire et répondre à vos questions.
Évidemment, dans vos arbitrages de temps, je me suis senti un peu
impliqué. Alors, vous m'avez incité, peut-être, à
accélérer pour épargner le temps et éviter le
retard de la commission.
Dans un premier temps, M. le Président, j'aimerais d'abord vous
remercier et remercier les membres de la commission d'avoir bien voulu entendre
les représentations du COPEM. Pour mieux situer tout le monde par
rapport au COPEM, j'aimerais rappeler que le Comité de promotion
économique de Montréal est un organisme conjoint à la fois
de la Chambre de commerce de Montréal et du Montreal Board of Trade et
constitue, si vous voulez, un chapeau à travers lequel la
communauté d'affaires montréalaise exprime communément ses
positions face au développement économique régional. Je
pense que dans le passé, le COPEM a déjà
présenté des mémoires, notamment l'an dernier, sinon le
printemps dernier, au sujet de la réforme de la communauté
urbaine. Nous n'en sommes pas au premier mémoire que nous
présentons devant vos commissions et, à ce titre, on tient
à vous remercier de l'intérêt que vous portez aux
préoccupations que le COPEM entretient vis-à-vis de la
santé économique de sa région.
Et je dois ajouter dans la même foulée, M. le
Président, que la proposition d'organisation et de financement de
transport en commun constitue pour le COPEM, le comité de promotion, une
proposition extrêmement importante pour l'avenir et le devenir
économique de notre région, ne serait-ce que par rapport aux
sommes qui ont déjà été investies dans
l'infrastructure du transport collectif et du transport urbain dans notre
région, ne serait-ce que par rapport aux sommes qu'on entend y ajouter
dans le temps, ne serait-ce que par le constat, nous aussi, de cette
espèce d'incohérence vis-à-vis de l'interface du transport
régional et du transport local, ne serait-ce que par le constat d'une
augmentation d'au-delà de 20% des dépenses de ce secteur depuis
les six dernières années, ne serait-ce aussi que par le constat
que c'est un instrument de développement extrêmement important
pour la croissance des activités de notre région et l'ensemble du
développement économique et social. Donc, à ce titre,
j'aimerais, pour le bénéfice des membres de la commission,
résumer dans ce qu'elles ont d'essentiel les principales têtes de
chapitre du mémoire, comme je le mentionnais tout à l'heure, et
me prêter, après coup, à vos questions.
Pour autant que l'état de la situation est concerné dans
notre mémoire, je n'aimerais pas passer plus de temps sur les
observations factuelles ou courantes que vous faites vis-à-vis de la
situation du transport urbain dans la région de Montréal. Ce que
le mémoire tente d'apporter en complément à l'observation
très courante que vous faites, ce serait un peu une appréciation,
disons, historique du développement du système de transport
urbain dans la région montréalaise. Je pense que cette
perspective historique nous permet de mieux saisir les enjeux et les pourquoi
de la nécessité de cette réorganisation et de ce
refinancement du transport en commun dans notre région.
Il est toujours très difficile de tirer des lignes de
démarcation historiques très fidèles, mais je pense qu'on
peut s'entendre en disant que, à tout le moins depuis 1950
jusqu'à 1960, la solution du transport urbain dans la région de
Montréal est passée majoritairement par la construction
d'autoroutes urbaines. Principalement de 1950 à 1960, je pense qu'on
peut noter à cet égard la construction du boulevard
Métropolitain, de l'autoroute Décarie, de l'autoroute
Bonaventure, la construction du pont Champlain, du tunnel
Louis-Hyppolyte-Lafontaine. À peu près. La ligne de
démarcation historique est difficile à tirer, mais à peu
près. Majoritairement, la solution du transport en commun, du transport
urbain dans notre région passait par la construction d'infrastructures
lourdes, dites autoroutes urbaines, principalement.
La deuxième grande ligne de démarcation importante, qui
consolide un peu la structure du transport en commun et du transport urbain
plus globalement vu, a été le recours au transport collectif au
début des années soixante, bien incarné symboliquement par
le métro de Montréal, en 1966, entre autres, etc., par une
prolifération des besoins, de la production d'offres de services au
niveau des autobus locaux, régionaux et, à la rigueur, même
au niveau provincial.
Si les limitations du recours à la construction d'autoroutes
urbaines pour résoudre des problèmes de transport urbain sont
assez bien connues historiquement: le problème de l'étalement des
superficies urbaines, par exemple, les problèmes de pollution, les
problèmes d'aménagement urbain par l'étalement des
superficies à l'extérieur du périmètre
urbanisé ou le plus urbanisé dans la région, etc., je
pense que
les limitations du recours au système de transport en commun sont
un peu moins bien connues, sauf qu'elles commencent à devenir assez
apparentes. Si le recours au système du "transport collectif" entre
guillemets, n'a pas connu les résultats qu'on escomptait au début
des années soixante jusqu'à aujourd'hui, il y a sûrement
des causes. C'est principalement à ces causes-là que je voudrais
m'arrêter quelques instants pour mieux apprécier comment l'on
pourrait arriver à trouver une solution équitable pour l'ensemble
des partenaires socio-économiques de notre région.
Ce qu'il est important de noter au niveau de l'expérience du
système de transport collectif dans la région de Montréal,
c'est que dans un premier temps on a consolidé une offre en termes de
structures lourdes pour principalement tenter de résoudre les
problèmes de congestion aux heures de pointe dans la région, ce
qui est assez logique, même après coup, parce que, encore
aujourd'hui, les deux tiers des déplacements du transport collectif se
font aux heures de pointe et près de 40% convergent vers le centre de
Montréal. Donc, ça nous permet de comprendre un peu plus la
prolifération du développement de l'offre, donc les
investissements massifs dans le domaine du transport en commun dans la
région de Montréal et plus particulièrement comment la
région de Montréal comme telle est peut-être plus
omniprésente au niveau de ces infrastructures.
Sauf que, pour des raisons de temps et d'autres raisons qu'on pourrait
aussi énumérer, la demande ou l'achalandage n'a pas suivi. En
même temps qu'on consolidait cette offre-là dans ces
infrastructures, dans ce qu'elles ont de lourd, on se rend compte que l'offre
se plafonnait. Votre mémoire, M. le ministre, est assez explicite
à ce titre-là et constate que de 1960 à 1980 l'achalandage
se plafonne à environ 300 000 000 d'usagers, tandis que l'augmentation
du nombre de kilomètres parcourus par le transport en commun passe de 91
kilomètres, si ma mémoire est fidèle, à 164
kilomètres, ce qui fait une augmentation de quasiment 80%, si bien que
cela nous permet d'apprécier davantage les problèmes relatifs au
financement du transport collectif actuellement. Évidemment, la
situation du financement est conséquente à cette
inadéquation entre l'offre et la demande dans le temps; elle est aussi
conséquente aux différentes politiques de soutien que le
gouvernement a mises de l'avant particulièrement depuis 1970. Car il
faut se rappeler qu'avant 1970, à tout le moins entre 1966 et 1970, la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal non
seulement faisait ses frais, mais faisait des surplus; jusque vers le milieu
des années soixante, les commissions de transport ou le transport
collectif dans la région de Montréal faisaient ses frais. En
1982, sans égard aux subventions gouvernementales, les déficits
de fonctionnement seront de l'ordre d'environ 250 000 000 $.
Donc, si vous examinez le premier graphique de notre mémoire
à la page 11, on voit nettement la prolifération des
dépenses et des revenus à partir des subventions
gouvernementales. Du moment que le gouvernement a commencé à
subventionner principalement les déficits de fonctionnement en 1970 et
après, vous voyez les écarts entre les revenus provenant des
usagers et les dépenses d'exploitation. Donc, je pense que c'est une
observation très importante avant d'entrer dans les
éléments de solution. Vous voyez venir, j'imagine, à
partir d'un constat de cette nature, ce que nous préconisons et ce que
nous allons préconiser dans nos recommandations et ce qui devient la
trame de fond de tout notre mémoire. C'est de dire: Les infrastructures
lourdes, on en a suffisamment dans notre région; elles servent
principalement à décongestionner le trafic de pointe. Avec les
changements économiques qui se produisent, avec l'évolution
démographique, avec le fait que la voiture constitue encore le moyen le
plus utilisé dans notre région pour se transporter de sa
résidence à son lieu de travail et inversement, les heures de
pointe s'estompent et nous considérons que les infrastructures lourdes
sont suffisantes pour plusieurs années à venir; si bien que nous
recommandons fortement d'imaginer des solutions plus douces ou des technologies
moins lourdes, par exemple, le covoiturage, le taxi collectif, les voies
réservées, les sens uniques etc., afin de ne pas ajouter à
cette lourdeur des infrastructures et, plus important, plus fondamentalement,
de ne pas ajouter aux problèmes de financement que constitue
l'aménagement du système des infrastructures collectif dans notre
région.
Une fois ces observations faites, nous enchaînons dans notre
mémoire avec ce qui nous permet d'articuler les principes qui vont
soutenir l'ensemble des positions prises dans nos recommandations. Nos
principes sont au nombre de cinq, comme ceux du livre blanc d'ailleurs, c'est
tout à fait accidentel, M. le ministre.
Le premier principe qui nous apparaît extrêmement important
à partir de ce constat, c'est de dire: Bon Dieu, considérons
maintenant que l'une des composantes du transport urbain, c'est le transport
collectif. Vous savez, cela veut dire plus explicitement que le transport
collectif ne constitue pas la seule survie ou la seule façon de
solutionner le transport urbain. Disons que le salut du transport urbain ne
passe pas uniquement par le transport collectif. Qu'on le reconnaisse dans les
faits et qu'on en tienne compte dans les recommandations et les
réalisations
qu'on apportera vis-à-vis de la proposition d'organisation et de
financement. (12 h 45)
Un deuxième principe qui sous-tend nos positions, qui est
extrêmement important à notre avis par rapport au financement,
c'est que la mobilité urbaine, cela se paie. Le transport collectif
n'est pas et ne sera jamais un bien gratuit. C'est un bien économique
auquel il faut rattacher un prix, si bien qu'il faut de toute évidence
dans la proposition de financement se convaincre que l'usager doit payer une
partie plus importante des frais de transport collectif.
Un troisième principe qui nous apparaît important par
rapport au point que nous représentons, c'est de dire que la
détermination du niveau de services dans le transport collectif est une
fonction locale, mais uniquement locale, qui devrait relever des élus
locaux, sinon municipaux.
Un quatrième principe, conséquent aux trois premiers,
c'est que dans la mesure où il y a une diversité, sinon une
hétérogénéité de besoins de services de
transport collectif dans la région de Montréal, il va de soi
qu'il faille imaginer la solution, qu'il faille imaginer des moyens de
satisfaction de ces besoins qui soient tout aussi diversifiés et qu'il
faille aussi que nos élus municipaux aient un droit de regard sur la
détermination du niveau de ces services en fonction du service rendu.
Cela qui amène le cinquième principe, à savoir que les
décisions régionales au niveau de l'établissement des
services doivent nécessairement relever des arbitrages locaux.
Comme vous le voyez, M. le ministre, ces principes s'inscrivent
carrément dans les cinq principes que vous mettez de l'avant, mais on
les renforce, si vous le permettez, en disant: II y a peut-être trois
carences dans les principes que vous énoncez, à savoir qu'il
n'est pas suffisamment fait mention de l'alternative au transport collectif
dans un aménagement de politique de transport urbain, l'automobile entre
autres. Si ce n'est pas dans votre livre blanc, c'est ailleurs sûrement,
mais je crois que le transport par voiture au cours des dix dernières
années a augmenté d'environ 7% pour passer de 60% à 67%
environ et le transport collectif a diminué d'autant pour être
à peu près aux environs de 33% alors qu'il était aux
environs de 40% antérieurement, à quelques points de pourcentage
près.
Donc, on dit qu'il serait utile de renforcer vos cinq principes en
disant: Le transport collectif, c'est une possibilité par rapport
à d'autres et ne portons pas de jugement de valeur sur la
préférence des gens. Si à 67% ils conviennent que
l'automobile est plus utile pour se transporter qu'un autre moyen de transport,
je pense que, factuellement, c'est une observation qui mérite
d'être respectée dans les choix et les possibilités
d'aménagement de transport urbain.
On dit aussi pour renforcer vos principes, deuxièmement, qu'il
faudrait qu'ils soient plus évidents. Nos intentions sont de faire en
sorte que l'usager paie davantage de la note du coût des transports en
commun dans notre région. Nous serions même prêts, entre
parenthèses, M. le ministre, à avancer jusqu'à concurrence
de 50% sachant qu'actuellement il se situe aux environs de 40%, si on exclut la
dette sur les équipements, le financement, et à environ 32%, si
on l'inclut. Donc, on serait prêt à dire: II faudrait à
tout le moins raisonnablement qu'ils se rendent jusqu'à concurrence de
50%. Troisièmement, il faudrait que soit davantage affichée dans
vos préoccupations l'autonomie locale, l'exercice plein et entier de
l'autonomie locale en matière d'aménagement des transports
collectifs et du transport urbain.
Jusqu'à maintenant, cela nous situe par rapport à
l'état de la situation, si on s'en remet au mémoire, et par
rapport au chapitre III qui sous-tend nos positions. Je les résume assez
globalement. Je préfère répondre à vos questions
que d'entrer dans le détail ou l'explication de chacune des têtes
de chapitre.
J'arrive au quatrième chapitre: Le projet de réforme. Ce
qu'il serait peut-être utile de souligner pour autant que le COPEM est
concerné, après y avoir passé vos principes, après
y avoir intercalé nos principes, c'est surtout nos remarques et nos
recommandations vis-à-vis de la structure d'organisation, plus
spécifiquement de la structure de l'organisme régional de
transport comme vous le baptisez dans votre livre blanc. Comme je le disais au
début, nous favorisons d'abord et avant tout le recours à des
techniques plus légères ou à des moyens plus doux de
transport collectif ou parapublic, comme le covoiturage et le taxi public, par
exemple.
Il va de soi que, pour être logique avec nous-mêmes, au
niveau de l'organisation régionale des transports, on voudrait que ce
soit tout aussi léger, tout aussi flexible et que cela serve davantage
les besoins en fonction d'un arbitrage local qu'en fonction de
l'omniprésence d'un tiers au niveau de la composition de l'organisme
régional, si bien qu'au lieu de votre organisme régional, dans le
mémoire, nous recommandons la création d'une conférence
régionale du transport urbain dans la région de Montréal.
Notre conférence, ce n'est déjà plus un organisme par
rapport à ce que vous préconisez. Dans sa nature même, on
lui donne des mécanismes et des missions qui vont faire en sorte qu'il
sera de moins en moins léger par rapport au choix proposé dans
votre livre blanc, à savoir l'organisme régional de
transport.
Nous voulons que cette conférence soit constituée
uniquement d'élus. Si on veut rejoindre fondamentalement le rôle
de l'arbitrage local, il va de soi qu'il faut sortir de cette conférence
les représentants gouvernementaux. Il faut que les arbitrages s'exercent
entre les élus locaux. Nous préconisons également au sein
de la structure régionale une représentation égale
assujettie à une double majorité, mais sans pour autant attacher
un poids plus important à un groupe, à une représentation
qu'à une autre, une représentation égale.
Nous imaginons la conférence régionale du transport urbain
comme étant une table de concertation décisionnelle qui aurait
comme mission de faire l'intégration tarifaire et l'interconnexion,
d'une part, et, d'autre part, de faire la planification, mais la planification
stratégique des besoins de transport à incidence régionale
uniquement et non pas une planification opérationnelle. Ceci nous
amène dans la même foulée à dire qu'on devrait,
à toutes fins utiles, dissoudre le COTREM, parce que le COTREM, qui
pourrait servir de secrétariat, nous apparaît beaucoup trop lourd,
ne serait-ce qu'au chapitre de sa capacité de planification qui n'est
plus du tout la vocation qu'on donne à la conférence
régionale de transport urbain dans notre mémoire.
Autre recommandation au chapitre de l'organisation régionale. On
conçoit difficilement qu'un organisme puisse planifier, ne serait-ce que
stratégiquement, et construire en même temps, si bien que le BTM
doit rester à la Communauté urbaine de Montréal, pour
autant que nous sommes concernés.
Au chapitre du financement, nous sommes en partie d'accord avec la
proposition gouvernementale; en partie d'accord, dis-je, parce que nous nous
opposons à l'imposition d'une nouvelle taxe qui est la taxe sur le
stationnement dans le centre-ville, en fait, qui se traduirait principalement
dans le centre de Montréal, sinon son centre-ville. Nous demandons que
le gouvernement compense les municipalités de la CUM, vu que vous ne
subventionnez que 60% des immobilisations au lieu de 100%. Nous retenons, par
ailleurs, la proposition gouvernementale de subventionner 40% des revenus, ce
qui nous apparaît davantage opérationnel que de subventionner des
déficits. Nous retenons la proposition gouvernementale de subventionner
75% des immobilisations au niveau local et 60% au niveau régional et que
le gouvernement assume 30% du déficit de fonctionnement du transport
régional. Qu'on se dise bien qu'à ce titre-là vous
n'inventez rien, sauf la nouvelle taxe sur le stationnement. La taxe sur les
autoroutes et la taxe sur l'essence appartiennent déjà au fonds
consolidé; qu'on les prenne là et qu'on les mette ailleurs, c'est
bonnet blanc, blanc bonnet, à toutes fins utiles. Ce contre quoi on vous
"met en garde", entre guillemets, par rapport aux intérêts qu'on
défend, c'est de ne pas hausser à la fois ces nouvelles
taxes.
Quand on trouve une vocation permanente à des fonds
généraux, qu'ils viennent de la taxe sur l'essence ou des
autoroutes à péage, il est évident qu'on peut imaginer que
cela peut toujours augmenter. D'ailleurs, dans votre proposition, il est bien
dit qu'on pourrait ajouter d'autres postes de péage. Il est bien dit,
quant à la taxe sur l'essence, qu'on pourrait ajouter 2% à
même les 40% déjà prélevés, mais on s'en
remet actuellement aux 40% comme tels pour faire la distribution. On n'augmente
pas la taxe sur l'essence, mais c'est déjà quelques portes
ouvertes et on vous demande, de grâce, pour l'aspect concurrentiel de
notre région, de ne pas déboucher sur des nouvelles formes de
taxation pour financer votre plan d'intégration.
Évidemment, on ne court pas de risque et, au passage, on accroche
votre idée de taxe sur la masse salariale. Vous la mettez de
côté après avoir expliqué très bien que cela
se faisait ailleurs et que cela serait très efficace. On vous dit non,
parce que, si on a à coeur le développement économique
concurrentiel de notre région - il faut comprendre que Montréal
concurrence non pas les autres villes du Québec, mais les villes
à l'extérieur du territoire du Québec, que ce soit
Toronto, Chicago, New York - il est extrêmement important de conserver
à Montréal un taux de taxation qui est concurrentiel avec les
régions qui sont concurrentes avec Montréal.
La tarification. Au chapitre de la tarification, nous acceptons votre
proposition pour autant qu'elle se situe au niveau d'un tarif par distance
parcourue. Quant aux zones, pour le moment, étant donné qu'elles
ne semblent pas faire l'unanimité au sein des municipalités
concernées, étant donné que les anneaux ne respectent pas,
semble-t-il, l'intégrité territoriale, on demande que la
conférence régionale de transport urbain reprenne toute la
discussion de la délimitation territoriale par rapport à une
tarification par zone. Je me résume. Nous demandons également que
l'on sursoie à la pratique du péage par honneur, tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas fait la démonstration plus évidente
d'autres solutions que celle-là; c'est assez marginal par rapport aux
recommandations.
Si vous me le permettez, en quelques minutes, je me résume de la
façon suivante. Nous disons: Le transport collectif est une des
composantes qui assurent, dans la région de Montréal, le
transport urbain. Deuxièmement, la mobilité individuelle en
milieu urbain est un besoin dont la satisfaction répond à des
règles économiques.
Troisièmement, le transport en commun est une fonction locale.
Quatrièmement, la diversité des besoins au sein de la
région exige une variété dans le service et, donc, une
diversité des responsabilités décisionnelles et
financières des municipalités de la région en fonction des
services reçus. Cinquièmement, vu la diversité des besoins
et des services offerts, les décisions à incidence
régionale doivent faire l'objet d'un arbitrage entre les
différents intérêts locaux.
Face aux mesures spécifiques proposées dans le livre
blanc, on reconnaît la nécessité d'une concertation
régionale qui se manifeste par la création d'une
conférence régionale de transport urbain composée
d'élus municipaux uniquement. Nous définissons la commission
régionale de transport urbain comme une table de concertation
décisionnelle représentant l'ensemble des administrations
locales, responsable de la coordination des fonctions de transport en commun
d'incidence régionale. Nous recommandons que les autres
responsabilités que l'on voulait confier à l'ORT, l'organisme
régional de transport, soient remises aux autorités locales. Nous
distinguons deux grandes responsabilités de coordination au sein de la
conférence: d'une part, l'intégration tarifaire et
l'interconnexion des services et, d'autre part, la définition des
services d'incidence régionale, que j'appelais tout à l'heure la
planification stratégique. Nous reconnaissons le bien-fondé d'une
représentation égale des municipalités de la CUM et des
autres municipalités de la région au conseil d'administration de
la conférence. Nous recommandons qu'il n'y ait aucun administrateur
nommé par le gouvernement. Nous recommandons qu'une formule de double
majorité soit incorporée dans les structures de la
conférence. On s'oppose catégoriquement au transfert du BTM au
niveau régional. Nous recommandons la dissolution du COTREM.
Nous appuyons la proposition de financement du livre blanc, avec les
réserves suivantes: le bris de l'engagement du gouvernement face au
financement du métro appelle une compensation; le niveau de subvention
des immobilisations mériterait d'être étudié plus
à fond; les taxes régionales ne sont que des euphémismes
pour déguiser, d'une part, une nouvelle taxe sur le stationnement au
centre-ville et, d'autre part, une nouvelle subvention du gouvernement; aucune
nouvelle taxe sur la masse salariale ne devrait être permise.
Nous ne retenons pas la proposition de tarification par zone du livre
blanc. Nous approuvons le principe d'une tarification territoriale, mais
laissons à la conférence le soin d'en élaborer les
modalités. Nous nous opposons à une réduction de la
tarification moyenne à l'occasion de l'intégration et
recommandons plutôt une réévalution de la contribution des
usagers. Nous demandons qu'on surseoie à toute expérimentation au
niveau de la perception des titres de transport.
M. le Président, je vous remercie ainsi que tous les membres de
cette commission. (13 heures)
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Vallerand. Nous
sommes à l'heure de la suspension. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, après en avoir
parlé avec mon collègue de l'Opposition, étant
donné que nous sommes mercredi, que le Conseil des ministres
siège et que j'ai des mémoires qui sont inscrits à mon nom
à l'ordre du jour du Conseil des ministres, si mes collègues
acceptaient, on pourrait pendant une vingtaine de minutes, surtout si M.
Vallerand accepte de se prêter à l'exercice, procéder
à un échange rapide d'une vingtaine de minutes à partir de
ses recommandations de la page 46. Par la suite, si jamais j'étais en
retard à la reprise à 15 heures, mes collègues
ministériels et l'Opposition pourront suppléer à mon
absence temporaire de, peut-être, une demi-heure.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Bourbeau: Le ministre nous a dit que c'est une période
de vingt minutes, que cela serait rapide; alors, on prend sa parole
jusqu'à preuve du contraire.
M. Clair: On va essayer, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Clair: Premièrement, je voudrais dire que je suis
extrêmement heureux de voir - je pense que c'est la première fois,
ce n'est pas du tout un blâme - que le COPEM se penche sur une analyse
aussi en profondeur de la problématique du transport en commun et qu'il
fait l'affirmation que M. Vallerand faisait tantôt que - je le cite
à peu près comme je l'ai noté - le transport en commun est
un instrument extrêmement puissant pour le développement
économique de la grande région de Montréal, conviction que
nous partageons. Dans ce sens, je suis très heureux que le COPEM ait
décidé de présenter un mémoire, mémoire qui
est particulièrement dense, particulièrement
étoffé. Somme toute, ce que j'en retiens après vous avoir
entendu, M. Vallerand, et avoir pris connaissance du mémoire, c'est que
c'est à peu près la même analyse de la
problématique, qu'il va passablement dans le sens des orientations ,
prévues dans la proposition gouvernementale. Cependant, dans certains
cas, il va un peu plus loin et, dans d'autres cas, il va un peu moins loin.
En ce qui concerne la problématique, la seule différence
de perception, peut-être, entre vous et moi, M. Vaiierand, c'est que vous
dites: L'achalandage n'a pas suivi les équipements lourds de transport
en commun. Donc, conclusion, il y en a assez, cessons d'investir dans les
équipements lourds. Pour ce qui est de la problématique, je pense
que les chiffres que nous avons publiés démontrent que cela est
tout à fait exact, mais je crois que si tel a été le cas,
c'est en grande partie parce qu'au cours des vingt dernières
années l'État et les municipalités ont investi
parallèlement, massivement, dans les deux: dans le développement
des autoroutes dans la région de Montréal et dans le
développement d'infrastructures lourdes de transport en commun.
L'inévitable devait se produire, à savoir que les deux
équipements seraient sous-utilisés, ce qui est le cas d'un grand
nombre d'autoroutes, ce qui est le cas de certains équipements de
transport en commun. C'était assez inévitable et ce n'est pas un
blâme à l'égard de ceux qui m'ont
précédé ou qui nous ont précédés. Je
pense qu'après coup ce qu'on peut constater, c'est cela; c'est ce qu'a
entraîné l'absence de choix politique entre des autoroutes ou des
immobilisations en infrastructures lourdes; le choix n'ayant pas
été fait, l'inévitable s'est produit.
En ce qui concerne les technologies plus douces, comme le covoiturage,
le taxi collectif, les voies réservées, on est tout à fait
d'accord sur ces mesures. Nous n'avions pas envisagé d'en confier
l'application ou l'introduction à un organisme régional de
transport. Si vous avez eu l'occasion de prendre connaissance de notre
proposition de réforme de l'industrie du taxi, du covoiturage - on a
parlé également des voies réservées hier - cela va
exactement dans le sens de ce qu'on prétend et qu'on est en train
d'essayer de mettre en place, par ailleurs.
Les questions maintenant. Justement, à la page 46 de votre
mémoire, vous parlez, au point deux, d'une "table de concertation
décisionnelle". Rapidement, la ville de Montréal, la
Communauté urbaine de Montréal et plusieurs autres s'opposent
à ce que cette table soit décisionnelle. Qu'est-ce qui vous
amène, vous, à considérer qu'elle doit être
décisionnelle?
M. Vallerand: Pour la simple raison, M. le ministre, que si on
veut que la conférence puisse prendre des décisions qui
deviennent opérationnelles, il faut qu'elle ait un minimum de pouvoir
décisionnel, très évidemment. Donc, même si on
préconise une représentation égale, on comprend, nous, que
les arbitrages qui se feront là décideront du bien-fondé
des propositions qui seront faites vis-à-vis de l'augmentation ou de la
coordination des services de transport à incidence régionale.
Mais il est clair que, ne serait-ce que pour appliquer la subvention de 30% du
déficit d'exploitation des services régionaux, cela prend un
minimum de pouvoir décisionnel pour pouvoir l'exercer et faire la
distribution au niveau de l'ensemble des municipalités qui seront
touchées - parce qu'on dit bien par le service rendu en autant qu'ils en
retirent un service - par la détermination de ces niveaux de service au
plan régional. Il faut quand même que les arbitrages se fassent.
Alors, on la veut, à ce titre-là, décisionnelle.
M. Clair: Merci. Autre question, la quatrième
recommandation: deux grandes responsabilités de coordination à la
CRTU, la conférence régionale de transport urbain:
"l'intégration tarifaire et l'interconnexion des services et, d'autre
part, la définition des services d'incidence régionale". Par
contre, vous ne voyez pas de personnel affecté à cela. Comment
serait-il possible que la CRTU puisse fonctionner à un niveau
décisionnel sur des questions d'aussi grande importance sans être,
passez-moi l'anglicisme, "staffée" un peu?
M. Vaiierand: C'est-à-dire qu'on ne s'oppose pas à
un secrétariat léger, sauf qu'on ne veut pas que ça
devienne un organisme lourd. J'ai entendu certains témoignages et,
après les consultations qu'on a conduites, on semble faire
l'unanimité, à savoir qu'on ne veut pas que l'organisme
régional soit quelque chose qui paralyse le pouvoir des
municipalités comme tel. Quand on parle de planification des services
à incidence régionale, dans notre esprit, c'est la planification
des services stratégiques et non pas opérationnels, si bien qu'on
considère que les municipalités qui auront à
décider au sein de l'organisme ont déjà des services sur
lesquels ils peuvent compter pour arriver à faire la définition
de la planification à tout le moins opérationnelle; la
conférence n'aura à intervenir qu'au niveau de la
stratégie, sinon d'une application opérationnelle des nouveaux
services qui seront décidés par la conférence.
M. Clair: Autre point, le point suivant: "reconnaît le
bien-fondé d'une représentation égale des
municipalités de la CUM et des autres municipalités de la
région sur le conseil d'administration de la CRTU". Là-dessus,
c'est assez étonnant, ça va dans le sens de la proposition
gouvernementale, mais si je fais le lien entre les attitudes prises par vos
élus municipaux que sont le conseil municipal de Montréal et la
Communauté urbaine de Montréal, hier, vos représentants
locaux élus sont venus nous dire qu'ils étaient opposés
à cela. Qu'est-ce qui, profondément, motive votre proposition de
parité?
M. Vallerand: D'abord, ce n'est pas une première pour le
COPEM. Vous vous rappellerez le projet de loi 46, c'était aussi notre
recommandation au sein du conseil d'administration de la communauté
urbaine. Dans la même logique, on considère que la
conférence devrait être composée de façon similaire
quoiqu'on l'assujettisse à une double majorité. On se sent
à l'aise vis-à-vis des opposants parce que, à toutes fins
utiles, ils auront les moyens d'aller à l'encontre de certaines
décisions qui ne leur conviennent pas par rapport aux incidences de
coûts ou autrement. À notre avis, si on doit faire l'arrimage
entre les services régionaux et locaux, il faut nécessairement
que ce soit une instance régionale avec des pouvoirs pour le faire qui
puisse en convenir. Autrement, je pense qu'on s'en remettra encore une fois aux
décisions d'un tiers, soit par pressions politiques, soit autrement, et
encore une fois on perdra de vue l'affirmation de la volonté
régionale dans la détermination de son niveau de services. Cela
nous apparaît capital dans l'organisation et la réalisation de
votre proposition à la fois de financement et d'organisation du
transport en commun dans la région.
M. Clair: Inutile de vous dire que je partage largement votre
point de vue là-dessus. "S'oppose catégoriquement au transfert du
BTM au niveau régional". Cela me complique l'existence...
Une voix: Vous n'êtes pas d'accord?
M. Clair: Non, je suis disposé à discuter de cela,
je l'ai indiqué dès le départ. Là où j'ai de
la difficulté à faire le lien, c'est quand vous dites: Cessons
les immobilisations lourdes et, si je comprends bien le message, le plus
tôt sera le mieux. À ce moment-là, pour moi, ce que
ça signifie, c'est qu'il n'y en a plus de BTM, parce que si le BTM, qui
a été le planificateur et le constructeur du métro
souterrain, voit son mandat en matière de métro souterrain venir
à terme, si on bloque, par exemple, toute possibilité de
métro de surface, de transformation de ligne de train de banlieue en
métro de surface, ça veut dire qu'il n'y a plus de BTM. Soyons de
bon compte. Vous semblez vouloir conserver le BTM, qui a
développé une expertise reconnue internationalement avec BTM
International, c'est exact. C'est l'une des têtes de proue du "know-how"
québécois. Alors, j'ai de la difficulté à relier
tout cela; si on s'oppose catégoriquement au transfert du BTM sur le
plan régional, donc, on le laisse à la CUM, mais on met fin
à son mandat. Qu'en reste-t-il?
M. Vallerand: Écoutez, pour répondre à vos
interrogations, on s'est interrogé nous- mêmes à savoir si
l'on devrait recommander la dissolution du BTM. On a dit: Notre verdict, c'est
qu'il demeure, à toutes fins utiles, que le BTM ne s'est exercé
qu'au sein du territoire de la CUM; que le BTM poursuive les objectifs de
construction prévus et qui sont raisonnables au sein de la
communauté, on n'a pas d'objection. Mais où cela nous
inquiète, c'est qu'en transférant sa mission sur le plan
régional, on s'embarque dans de nouveaux projets d'investissements pour
financer les infrastructures lourdes.
D'ailleurs, dans votre mémoire, M. le ministre - cela nous a fait
un peu peur aussi - il y a une trame de fond où on ne met pas de
côté les intentions de diminuer les dépenses dans des
infrastructures lourdes. Je prends à témoin l'intégration
des trains de banlieue, la construction des voies no 3, no 6 du métro de
surface, qu'on peut facilement et modestement chiffrer par plus de 1 000 000
000 $. Donc, on dit: Si l'on donne à cela des vocations
régionales et qu'en même temps, on leur donne l'organisme pour les
construire, on les planifie et on les construit, on repart encore pour les
dépenses d'infrastructures. C'est peut-être le sens de notre
recommandation.
M. Clair: Et si le regroupement des effectifs du COTREM et du
BTM, sous le contrôle de la CRTU ou de l'ORT, appelons-le comme on
voudra, avait pour effet de réorienter un peu la capacité de
planification de ces gens, d'abord, de l'unifier, de cesser d'avoir de la
planification parallèle dans un premier temps; dans un deuxième
temps, de transformer progressivement le mandat de planification du BTM et du
COTREM ainsi fusionnés pour aller davantage vers, justement,
l'implantation de voies réservées, justement vers des
expériences de transport collectif, je sais que ce serait une
transformation majeure du mandat du BTM. Je peux vous dire d'ores et
déjà que, à mon avis, c'est évident qu'il y a du
pain sur la planche pour le BTM dans quelque structure que ce soit pour encore
un certain nombre d'années, mais vous avez tout à fait raison de
dire qu'on ne construira pas indéfiniment des métros de surface,
c'est évident. Mais ne serait-il pas avantageux de donner le
contrôle de ces effectifs de planificateurs à une
conférence régionale de transport urbain chargée d'en
réorienter un peu le mandat de planification, de revenir à des
projets peut-être moins ambitieux?
M. Vallerand: M. le ministre, je dois avouer que vous êtes
très habile. D'abord, vous êtes d'accord avec notre composition de
la conférence et, à partir de cet accord, si on lui
transfère la mission de construction du BTM, bien, on se retrouve avec
votre ORT original. Nous disons: Non, c'est une structure qui est beaucoup trop
lourde et, à
notre avis, tant et aussi longtemps que la mission de la
conférence sera de faire l'interface régionale, locale, et aura
à planifier stratégiquement des fonctions de transport à
incidence régionale, on ne voit pas pourquoi elle serait obligée
de se doubler d'une structure de planification comme celle qui est
incorporée au COPEM et, en plus, de se donner dans cette doublure le
moyen de réaliser de la construction. Justement, si tel était le
cas, on revient carrément à votre proposition de l'ORT que nous
jugeons beaucoup trop lourde dans le processus actuel.
M. Clair: Merci. Il me reste deux questions pour les cinq
minutes. À la page 47, on indique un principe: "appuie la proposition de
financement du livre blanc avec les cinq réserves suivantes..." Je vous
avouerai honnêtement qu'après avoir lu les réserves je me
demandais ce que vous appuyiez.
M. Vallerand: Oui, oui, d'accord.
M. Clair: Est-ce que c'est le partage? C'est parce que,
fondamentalement, la proposition en matière de financement, c'est de
trouver... Avec les cinq réserves...
Une voix: II n'y en a que quatre. (13 h 15)
M. Clair: Oui. Fondamentalement, si vous le permettez, la
proposition de financement est la suivante: par le biais de sources de revenus
régionales - vous dites que c'est un euphémisme, mais je prends
l'épithète - on vise à soulager la facture du
gouvernement, bien sûr, mais des municipalités principalement de
la
Communauté urbaine de Montréal et à financer trois
choses: l'intégration tarifaire, une partie des immobilisations lourdes
déjà complétées ou à venir et,
troisièmement, une partie du déficit de fonctionnement des moyens
de transport régionaux. Ce sur quoi vous sembliez exprimer un certain
accord, est-ce que c'était sur la répartition qu'on avait faite
de ces montants ainsi affectés ou sur l'idée d'une source de
revenus régionale?
M. Vallerand: Quand on se dit d'accord avec votre proposition de
financement, on est d'accord avec ce que vous venez de dire,
c'est-à-dire qu'à toutes fins utiles, il y a environ 54 000 000
$, dont quelque 20 000 000 $ provenant de la taxe sur l'essence, 26 000 000 $
des autoroutes et 7 000 000 $ de la taxe sur le stationnement. Nous, on dit: La
taxe sur le stationnement, il n'en est pas question dans le centre-ville pour
les raisons que j'expliquais tout à l'heure; cela effrite la dimension
concurrentielle de Montréal et c'est encore les entreprises qui... Ce
contre quoi on en a, quant à la proposition de financement, c'est la
reconnaissance de la catégorie des non-usagers - lire automobilistes et
entreprises - et la taxe sur l'essence qui n'en est pas une, à toutes
fins utiles. C'est une subvention, parce qu'elle existe déjà,
sauf qu'il y a une nouvelle forme de taxe, soit la taxe sur le stationnement,
contre laquelle on en a. Pour ce qui est des autres éléments de
la proposition, on est d'accord.
M. Clair: Je ne vois pas comment on pourrait maintenir la
structure...
M. Vallerand: C'est 7 000 000 $, la taxe sur le stationnement. La
subvention de 30% des déficits d'exploitation au niveau régional
vient de nouvelles sources de financement. Les nouvelles sources de
financement, ce sont: la taxe sur les autoroutes, la taxe sur l'essence et le
stationnement. Les taxes sur les autoroutes et sur l'essence existent
déjà. C'est déjà au fonds consolidé. Vous
les prenez pour le financement de l'intégration; je suis d'accord avec
cela. 7 000 000 $, on dit: Prenez-les à même le fonds
consolidé, prenez-les ailleurs, mais n'arrivez pas avec une nouvelle
taxe pour compléter votre enveloppe de 30%.
M. Clair: Une petite question.
M. Vallerand: Cela représente à peu près 5%,
si ma mémoire est fidèle.
M. Clair: Juste une petite question rapide sur le stationnement.
En matière de stationnement, des études nous amènent
à croire - même si elles ne sont pas récentes pour
l'île de Montréal et, en particulier, la ville de Montréal
- que 60% des stationnements à long terme, à la semaine ou au
mois, non pas des stationnements de vingt minutes, sont défrayés
en partie ou en totalité par les employeurs. Ce que je cherche à
savoir depuis six mois, c'est comment on pourrait convertir cette contribution
des employeurs au stationnement privé, donc, à l'automobile
privée sans augmenter la charge des employeurs. Comment, sans alourdir
la charge des employeurs, pourrait-on convertir cette contribution, la
transférer de l'automobile vers le transport en commun? Si jamais vous
avez des idées là-dessus, j'apprécierais bien les avoir
parce que cela pourrait nous permettre de régler les 7 000 000 $ sans
accroître le fardeau des employeurs et de transférer directement
cette contribution au transport en commun.
M. Vallerand: M. le ministre, on ne crée pas quelque chose
à partir de rien. Dans le cas présent, c'est une nouvelle taxe;
qu'elle soit à la charge d'une entreprise ou
d'un individu, vous, vous annoncez une nouvelle taxe, contre laquelle on
s'insurge ou qu'on ne reconnaît pas.
M. Clair: Je suis d'accord que telle que
présentée... C'est parce que je n'ai pas trouvé la
réponse à ma question; alors, s'il n'y a pas possibilité
de la convertir d'une manière douce...
M. Vallerand: Manière douce, légère.
M. Clair: ... légère, on s'est dit: Avec une
surtaxe, automatiquement, la décision que les employeurs vont
probablement prendre, c'est de diminuer leur contribution au stationnement
privé et l'effet net, ce sera d'apporter effectivement une contribution
de plus au transport en commun. On s'est dit: les employeurs vont refuser de la
payer et vont simplement inciter leurs employés à aller davantage
vers le transport en commun.
Ma dernière question. Vous ne retenez pas la proposition de
tarification par zone du livre blanc, mais, par contre, vous êtes
d'accord avec la nécessité d'un redressement progressif de la
quote-part relative des usagers. J'ai posé la question à M. Des
Marais: De notre point de vue - c'est écrit noir sur blanc - nous
croyons que la quote-part relative des usagers doit être augmentée
progressivement. Pour ce faire, il y a deux grands types de méthodes:
une méthode douce et une méthode dure. La méthode douce,
c'est par une intégration tarifaire, c'est par une introduction de la
carte d'abonnement mensuel, par toutes sortes de moyens qui visent à
augmenter et l'achalandage et les revenus en dehors des heures de pointe. On a
toute une série de mesures qu'on peut mettre de l'avant pour augmenter
l'achalandage, donc les revenus. D'ailleurs, si on regarde le tableau à
la page 52 du mémoire de M. Des Marais, c'est démontré par
de belles courbes jaunes, rouges et bleues que l'effondrement de la quote-part
relative des usagers s'est considérablement ralenti avec l'introduction
de la CAM, de la carte d'abonnement mensuel.
La méthode dure d'atteindre l'objectif, c'est simplement de dire:
En peu de temps, en deux ans, en trois ans, sans intégration tarifaire,
sans essayer d'améliorer la rationalisation tarifaire, le fonctionnement
de nos réseaux, on augmente - je me suis fait suggérer cela par
quelqu'un, c'était fort simple, la solution de nos problèmes - de
50% en une année le coût de la CAM, du tarif. Notre
prétention, c'est que cela donnerait simplement de plus grands
déficits, parce qu'à ce moment on rendrait encore moins
alléchante l'utilisation du transport en commun. Donc, nous croyons que,
si on veut redresser progressivement la quote-part des usagers, nous devons
d'abord procéder à une rationalisation de la structure tarifaire
pour toute la grande région de Montréal. Partagez-vous ce point
de vue?
M. Vallerand: Au sujet de la tarification par zones, on n'a pas
d'objections de principe. On a des objections beaucoup plus pratiques. D'abord,
cela représente moins de 0,5%, c'est-à-dire à peu
près 1 000 000 $. Par ailleurs, cela semble créer beaucoup
d'opposition au niveau des municipalités, parce que, semble-t-il, on ne
respecte pas l'intégrité territoriale. Tout ce qu'on dit, et de
façon très pratique: Au lieu de s'embarquer dans une tarification
par zones qui ne fait pas l'unanimité, pourquoi ne pas la mettre en
suspens pour le moment et examiner avec les municipalités
concernées de quelle façon on pourrait réorganiser vos
anneaux ou votre zonage pour que ce soit plus équitable vis-à-vis
de l'ensemble des municipalités concernées? C'est tout. Il faut
bien le retenir, c'est moins de 0,5%, c'est à peine 1 000 000 $ pour la
première année, 1982.
M. Clair: Pour la première année. C'est ce que cela
aurait donné en 1982. Maintenant, les extrapolations pour les
années à venir pourraient permettre de voir que c'est beaucoup
plus intéressant. Je pose à nouveau ma question. Partagez-vous
notre opinion à savoir que le redressement de la quote-part relative des
usagers passe d'abord par une rationalisation tarifaire? Sans quoi, si on se
contente simplement d'accroître rapidement les niveaux de tarifs, on
risque de perdre d'un côté ce qu'on va gagner de l'autre.
M. Vallerand: Nous sommes d'accord pour autant que
l'intégration ne passe pas par des subventions au prix, comme cela a
été le cas dans le passé, ce qui revient à ne pas
hausser le prix du passage ou le prix à l'usager. L'intégration,
nous en sommes pour rationaliser et faire plus efficacement l'interface entre
les transports local et régional, mais que la tarification ne passe pas
par des subventions au prix. Vous le savez, la demande au prix pour le service
de transport en commun est complètement inélastique dans les deux
cas, autant dans la diminution. Donc, les succès d'achalandage qu'on a
connus, qui sont très sporadiques, à notre avis, proviennent
justement d'une réduction substantielle des prix sans pour autant que
votre recette totale ou que votre revenu augmente. C'est ce qu'on appelle une
demande inélastique. Donc, les coûts sont encore plus grands.
Mais, quand on augmente les prix et qu'une demande est inélastique, les
revenus augmentent. Donc, qu'on augmente les prix et que l'intégration
tarifaire ne se fasse pas par une subvention
au prix de l'usager.
M. Clair: Ma toute dernière question. Vous êtes
d'accord avec une idée de tarification en fonction de la distance
parcourue, même sur l'île de Montréal?
M. Vallerand: Non. La raison pour laquelle notre objection au
niveau des anneaux se précise, c'est qu'on trouve inconcevable - je
pense qu'on le cite dans le mémoire - qu'un résident de
Pointe-aux-Trembles paie plus cher qu'un résident de Ahuntsic ou
autrement, dans la mesure où c'est intégré à la
ville de Montréal comme telle comme territoire, ce que j'appelais tout
à l'heure l'intégration territoriale.
M. Clair: M. le Président, dans le cas où je
n'aurais pas l'occasion, au retour, de revoir M. Vallerand, je voudrais encore
une fois le remercier pour sa présence ici ce matin, pour son excellent
mémoire, qui est dense et bien étoffé et qui servira
certainement à éclairer les recommandations que j'aurai à
faire au gouvernement à la fin de cette commission.
M. Vallerand: Le COPEM vous remercie également, M. le
ministre.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. À
la reprise de nos travaux à 15 heures, nous pourrons continuer le
mémoire du COPEM. La commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 25)
(Reprise de la séance à 15 h 07)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre!
À la suspension de 13 heures, nous en étions au
mémoire du COPEM et M. Vallerand avait commencé à
répondre aux questions du ministre. Je crois que le ministre avait
terminé; alors, je vais donner la parole immédiatement au
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, mon collègue, le
député de Jeanne-Mance, avait une question à poser
à M. Vallerand et je lui ai cédé mon droit de parole,
quitte à le reprendre, avec votre permission, un peu plus tard.
Le Président (M. Boucher): D'accord. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, tout d'abord, comme
sûrement tous les membres de la commission, je dois féliciter le
COPEM pour son travail remarquable dans ce dossier.
C'est un mémoire qui est vraiment exhaustif en lui-même. La
seule question que je veux vous poser, c'est qu'à la page 12
évidemment, vous avez résumé les principales
recommandations - il est cité que, "de l'avis de nombreux observateurs,
le gouvernement est le principal fautif dans l'accroissement des coûts du
transport en commun. Pourriez-vous être plus explicite en ce qui a trait
aux augmentations des coûts de transport, à leur accroissement? En
quoi le gouvernement peut-il être fautif?
M. Vallerand: Oui. Tout d'abord, merci pour vos
commentaires...
M. Bissonnet: C'est une bonne question.
M. Vallerand: ... généreux sur la qualité de
notre mémoire. J'en profite pour ouvrir une parenthèse pour vous
dire que je ne suis que le porte-parole du groupe; c'est un travail
d'équipe qui a été fait par plusieurs membres, dont M.
Yvon Marcoux qui devait être avec moi aujourd'hui et qui a dû
s'absenter pour des raisons imprévues. En leur nom, j'accepte vos
félicitations. Merci.
En ce qui a trait à votre question plus spécifiquement, je
pense en toute honnêteté que c'est une faute plus du
côté de l'honneur que l'inverse, quand on blâme le
gouvernement à ce titre-là. Je pense que le gouvernement, au
même titre que les autres intervenants, lors de l'aménagement du
transport en commun dans la région, a cru que la meilleure façon
de consolider les infrastructures lourdes en matière de transport
collectif consistait à subventionner largement les immobilisations et
consistait, et de bonne foi, à subventionner les déficits de
fonctionnement, si bien qu'on se retrouve aujourd'hui avec une situation, qui
est bien décrite à la page précédente, où
vos coûts augmentent proportionnellement à vos revenus. On note
très bien que l'accentuation entre les deux part du moment où le
gouvernement a commencé à subventionner. C'est ce qu'on se
demande un peu dans notre mémoire, pour l'avenir, en disant que le
gouvernement n'imagine pas des solutions de financement à partir de
subventions au prix de l'usager; que le gouvernement révise aussi sa
politique de financement quant aux immobilisations parce que c'est une
incitation directe à des dépenses d'infrastructures lourdes.
Aussi demande-t-on qu'éventuellement, à moyen ou à long
terme, le gouvernement imagine remettre aux municipalités, aux
élus locaux, des points d'impôt pour qu'ils puissent assumer le
financement du transport en commun dans la région de façon
complètement autonome. C'est dans cette perspective que la remarque est
faite.
M. Bissonnet: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je veux m'associer
moi aussi aux membres de la commission qui sont intervenus jusqu'à
maintenant avec le groupe COPEM pour le féliciter du mémoire
qu'il nous présente. Sans être d'accord nécessairement sur
tout ce qu'il contient, je considère qu'on a là un mémoire
très fouillé et qui permet justement de susciter une
réflexion nouvelle à l'occasion chez certains parlementaires ou
chez d'autres personnes intéressées par la question. L'approche
du mémoire est souvent nouvelle et différente par rapport
à celle qu'on a connue jusqu'à maintenant. Je crois que c'est une
contribution importante au débat qu'il soulève.
Voici la première question que je voudrais vous poser. On sait
qu'actuellement au Québec et particulièrement dans la
région de Montréal, il y a un débat, qu'ont connu d'autres
sociétés et qui a été réglé d'une
certaine façon ou d'une façon différente selon les
situations, qui s'est installé au Québec, à savoir: est-ce
qu'on doit absolument favoriser le transport en commun, est-ce qu'on doit
favoriser l'automobile ou essayer de vivre avec les deux à la fois?
Effectivement, dans votre mémoire, vous l'abordez un peu de biais quand
vous dites que, d'après vous, si j'ai bien compris votre choix, il y a
moyen de faire cohabiter les deux formules ensemble, et qu'en
conséquence on n'a pas à réaliser plusieurs des
éléments prévus au projet de transport qui pourraient
aller chercher des investissements d'au-delà de 1 000 000 000 $ dans les
prochaines années dans la région de Montréal. Je crois que
c'est une question centrale. Il est clair que, même si on était en
période de grande croissance économique, des investissements de 1
000 000 000 $, c'est quelque chose de suffisamment important pour que, avant de
décider de réaliser ces investissements, on prenne une
décision sur l'option de transport que l'ensemble des
Québécois, et notamment ceux de l'agglomération
montréalaise, vont choisir.
Ce que je voudrais vous poser comme question - et je vous la pose
à vous peut-être parce qu'elle m'est venue à la lecture de
votre mémoire, mais elle pourrait très bien s'adresser à
d'autres et aussi à des intervenants politiques - Qui, d'après
vous, devrait prendre cette décision? Qui a la responsabilité
ultime de cette décision, qui a la légitimité de prendre
cette décision et qui a la force de s'assurer qu'ensuite tout le monde
va s'aligner derrière cette décision et prendra des
décisions qui vont vraiment dans le sens de cette grande orientation qui
aura été retenue?
M. Vallerand: Dans l'esprit de nos préoccupations, c'est
une excellente question. Nous tentons d'y répondre modestement dans
notre mémoire en remettant la décision à un arbitrage
local. Pour répondre directement à votre question, on dit que
cette décision doit être prise par les élus municipaux.
Autant on croit fermement que la détermination du niveau de services
dans une agglomération doit être régionale au plan de sa
cohérence économique autant, à notre avis, pour
l'arbitrage vis-à-vis des dépenses majeures comme celles que vous
citez et que nous soulignons dans notre mémoire, très justement,
en particulier dans le domaine de l'intégration des trains de banlieue,
la zone no 3, la zone no 6, afin aussi d'atténuer la charge
financière du gouvernement dans le temps - ce qui est très sain
à notre avis. Il est temps de corriger l'heure quant aux contributions
financières du gouvernement -la seule façon, c'est de remettre
ces arbitrages aux élus locaux. Mais faudrait-il encore que les
élus locaux aient véritablement les pouvoirs de prendre ces
véritables décisions. D'où notre recommandation d'une
conférence régionale de transport urbain avec une participation
paritaire, égale, des pouvoirs décisionnels et,
évidemment, des moyens pour réaliser ces décisions. On
peut se tromper, mais on a la conviction que les décisions
d'investissement de cet ordre, quand ce sont les élus municipaux qui en
décident, sont beaucoup plus prises à la marge que selon une
moyenne historique quand c'est pris par un gouvernement central ou par un
gouvernement qui est loin des préoccupations. Les élus
municipaux, on a l'impression qu'ils vont être capables de prendre des
décisions en fonction de leur capacité de payer. C'est
peut-être la meilleure police d'assurance vis-à-vis des
investissements trop massifs à très court terme. (15 h 15)
M. Rochefort: Je partage en partie votre opinion en ce qui a
trait à la décision des investissements. Mais quant à
celle qui, d'après moi, est un préalable à cela, celle de
savoir une fois pour toutes si on va maintenir l'absence de décision
quant à savoir si on privilégie le transport en commun ou
l'automobile, si on souhaite que ce soit plutôt l'automobile que le
transport en commun ou si on souhaite faire cohabiter les deux ensemble, quand
on tient compte des nombreuses implications d'une telle décision, par
exemple au plan financier - je pense que le gouvernement du Québec
contribue d'une façon majeure sur le plan financier au transport en
commun à Montréal et aussi au transport routier - je me demande
si on a vraiment la bonne formule pour s'assurer, comme je le disais
tantôt, que cette décision soit suffisamment acceptée par
l'ensemble des intervenants, des
agents concernés pour qu'ensuite on s'assure qu'à tous les
paliers de responsabilités les décisions qui seront prises par la
suite au plan des investissements, au plan d'accorder des voies
réservées aux autobus, par exemple, ou sur la question des
parcomètres, sur des questions comme celles-là, aillent vraiment
dans le sens de cette grande orientation qui aurait été
retenue.
Moi, là-dessus, autant je suis un fervent défenseur de
l'autonomie locale - je pense qu'il faut aller de plus en plus de ce
côté et beaucoup plus qu'on ne l'a fait jusqu'à maintenant
- autant je crois que c'est une décision de société,
finalement. Quand on regarde les sociétés qui ont
réglé cette question, elles l'ont réglée assez
largement. Moi, je pense qu'il faudrait peut-être en arriver à une
discussion qui pourrait avoir lieu, par exemple, à l'occasion d'un
sommet de la grande région de Montréal ou quelque chose comme
cela, parce que c'est plus large qu'une décision de transport. Je pense
qu'on doit reconnaître cela.
M. Vallerand: Oui, mais j'ai l'impression qu'on n'a pas le choix.
On ne prétend pas que la solution est facile. Mais, si on regarde la
situation financière propre au transport en commun dans notre
région, si on regarde l'évolution de ses coûts par rapport
à ses revenus, on n'a carrément pas le choix. Il ne s'agit pas de
privilégier un système par rapport à un autre et c'est ce
que nous recommandons, d'essayer de faire un mélange avec les deux, mais
surtout, dans un premier temps, de songer aux solutions légères
à cause de cette impasse financière.
M. Rochefort: Non, cela, je reconnais que c'est la position du
COPEM; elle est exprimée très limpidement dans votre
mémoire. Mais moi, sans prendre position sur une des différentes
options, une chose que je voudrais savoir, c'est: D'après vous,
où et par qui cette grande décision peut-elle être prise?
J'ai une deuxième question à vous poser. Dans votre
mémoire, vous soulignez que, d'après vous, le métro
souterrain de Montréal devrait plutôt être maintenu comme
une des responsabilités de la CTCUM et donc être
considéré - pour reprendre les termes de l'énoncé
de politique du livre blanc -comme un élément de transport local.
J'aimerais vous poser deux questions. Premièrement, qu'est-ce que vous
réservez, à ce moment-là, à l'ORT ou la CRTU, comme
vous l'appelez, comme responsabilité de transport en termes de
réseau? Et deuxièmement, si vous souhaitez voir maintenue
à la CTCUM la responsabilité du transport local incluant le
métro souterrain de Montréal, est-ce que vous êtes
satisfait des dispositions qui régissent le fonctionnement de la CTCUM
à l'heure où on se parle, que cela soit l'implication des
élus par le biais de la loi 46 qui a été retouchée
le printemps dernier ou des choses comme cela?
M. Vallerand: Pour répondre à votre première
question, effectivement, on reconnaît l'incidence régionale du
service du métro, sauf que 80% de l'achalandage se font à partir
de l'île de Montréal. Donc, on ne voit pas comment on pourrait
mettre cette responsabilité à un palier régional. De
façon opérationnelle, ce que nous disons ou sous-entendons, c'est
que la communauté urbaine conserve la direction du métro; qu'elle
s'organise, qu'elle négocie avec la conférence régionale
de transport urbain pour qu'une partie des 30%, en ce qui a trait aux frais
d'exploitation, soit versée pour ce qui a une incidence
régionale, ce qui est bout à bout; on le prend par Longueuil, on
le prend du côté d'Henri-Bourassa, à peu près. Sauf
que l'essentiel crèche très bien à l'intérieur de
la région. Il n'y a donc pas lieu d'en donner la responsabilité
à un autre niveau décisionnel. Quelle était votre
deuxième question?
M. Rochefort: Est-ce que, à partir du moment où on
décide de maintenir la responsabilité du métro souterrain
de Montréal sous la coupe de la CTCUM, vous êtes satisfait
de...
M. Vallerand: Cela va, je l'avais oubliée, oui.
M. Rochefort: ... la façon dont il est prévu, dans
les différentes lois, de gérer la CTCUM, d'y associer les
élus, un peu comme M. Des Marais le développait, hier?
M. Vallerand: Je pense que la loi 46 a apporté beaucoup de
modifications en ce sens, du moins, elle est susceptible d'en apporter,
à maints égards. Deuxièmement, on se dit que cela
fonctionne. Il ne faut tout de même pas précipiter des solutions
à partir de situations problématiques qui n'existent pas. Votre
interface locale régionale se fait actuellement. Si on fait abstraction
des problèmes de gestion, beaucoup plus que des problèmes de
congestion aux heures de pointe, si on regarde le nombre de débrayages,
seize en douze ans, le taux de croissance des dépenses, on se dit que
c'est bien plus un problème de gestion des infrastructures qu'un
problème de congestion comme tel.
M. Rocherfort: Dernière question, M. le Président.
Souhaiteriez-vous, dans ce cadre-là, que les dirigeants de la CTCUM
soient des élus de la Communauté urbaine de Montréal
plutôt que de hauts fonctionnaires, comme on les connaît
actuellement?
M. Vallerand: Non, pour autant que le rapprochement entre
l'administration de la
CTCUM se fait par le biais de la communauté urbaine, comme le
prévoit le projet de loi 46, cela nous satisfait.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Merci M. le Président. Le ministre nous avait
avertis, tout à l'heure, à la fin de la séance de ce
matin, qu'il ne pourrait pas assister au début de la séance de
cet après-midi. Nous avons été avisés, je ne veux
pas m'opposer à son absence; cependant, je déplore un peu qu'il
ne soit pas là parce que je pense qu'il aurait été
intéressant qu'il soit là pour pouvoir prendre connaissance des
questions que j'ai l'intention de poser. Je sais que son adjoint parlementaire
est ici et je tiens pour acquis qu'il lui transmettra fidèlement les
observations qui pourront être faites, parce que c'est le ministre qui
fera les recommandations au Conseil des ministres. Il serait malheureux qu'il
ne puisse pas profiter de la contribution qu'entend faire l'Opposition dans le
débat, surtout à l'occasion du mémoire du COPEM.
M. Rodrigue: M. le Président, je voudrais rassurer le
député de Laporte. Vous savez que le ministre des Transports est
un homme qui aime travailler en équipe non seulement avec son adjoint
parlementaire et les membres de cette commission, mais également avec le
personnel de son cabinet qui assiste à cette commission. Les
observations ont été notées et nous en tiendrons
sûrement compte.
M. Bourbeau: Je vous en suis reconnaissant, M. l'adjoint
parlementaire. Le ministre aurait, entre autres, eu l'occasion de prendre
connaissance de la trouvaille que vient de faire le député de
Gouin, soit la solution au problème du transport en commun à
Montréal. En fait, il vient de nous annoncer qu'il était pour
proposer la tenue d'un sommet sur le transport. Je suis vraiment
estomaqué, parce qu'on cherchait la solution ailleurs et vraiment on
l'avait à deux pas. Le député de Gouin vient de la
trouver. Un sommet, c'est une excellente idée, cela nous permettrait
d'en discuter. Je ne sais pas si cela réglerait quelque chose, mais
ça ferait au moins passer le temps, ce serait un bon exercice de
propagande et cela donnerait au moins aux citoyens l'illusion qu'on se penche
sur les problèmes de transport dans la région de
Montréal.
Une voix: Ce serait à Montréal.
M. Rochefort: C'est ce que j'allais dire. M. le
député de Laporte, soyez assuré qu'au moins ce serait
à Montréal.
M. Bourbeau: D'accord. Alors, on fera un sommet de plus, à
la suite de tous les autres, pour faire avancer le débat.
Entre-temps, on va revenir à M. Vallerand, si vous le voulez
bien. Vous avez parlé dans votre mémoire, entre autres, de
l'inadéquation entre l'offre et la demande à la CTCUM. J'ai relu
avec intérêt les remarques que vous faisiez à ce sujet et
je dois avouer qu'à la lecture de celui-ci j'ai été
frappé vraiment par un tableau, à la page 18 et qui est
intéressant à regarder pour ceux qui ont le mémoire devant
eux. C'est un tableau qui indique, pour les années 1974 à 1981,
le nombre de wagons de métro que possédait la CTCUM. Entre 1974
et aujourd'hui, on est passé de 336 wagons à 759. Donc, cela a
plus que doublé en sept ans. La colonne suivante donne le nombre
d'autobus; on est passé de 1904 à 2110. Donc, on a aussi
augmenté le nombre d'autobus.
Si on regarde un autre tableau que vous avez à la page 15, qui
indique l'achalandage à la CTCUM pour la période de 1950 à
aujourd'hui, donc, pour une période de 32 ans, on se rend compte que le
nombre d'usagers du transport en commun à Montréal était
plus important en 1950 qu'aujourd'hui. Si je comprends bien, cela veut dire
qu'on transportait, il y a 32 ans, plus de gens dans les autobus de la CTCUM
qu'on n'en transporte aujourd'hui avec les 750 wagons de métro et les
2110 autobus. Comment peut-on expliquer qu'ayant plus d'autobus aujourd'hui
qu'il y a 32 ans et 750 wagons de métro on transporte moins de monde?
Disons qu'il y a moins de demande. Ce n'est pas parce qu'on ne pourrait pas en
transporter plus. Si on réussissait à en transporter 400 000 000
avec moins d'autobus, aujourd'hui, on pourrait certainement en transporter 800
000 000, mais la demande n'est pas là, semble-t-il, en dépit du
fait qu'on ait donné des tarifs très intéressants avec la
CAM, avec les subventions aux laissez-passer pour les personnes
âgées et les étudiants.
Devant ces constatations que moi, je trouve étonnantes et, je
dirais même, un peu tragiques en ce qui concerne la gestion des fonds
publics, est-ce que vous ne trouvez pas que la conclusion qu'on doit tirer de
ça, c'est qu'il y a du gaspillage? Il n'y a pas de raison pour
qu'aujourd'hui on ait encore 2110 autobus sur la route alors que, il y a
déjà 32 ans, on transportait plus de gens avec moins d'autobus et
sans métro. Comment peut-on concilier ça? N'êtes vous pas
d'avis que, effectivement, il y a du gaspillage?
M. Vallerand: Je pense que vous avez fait une très bonne
synthèse de l'inadéquation entre l'offre et la demande,
que je reprenais en des termes moins explicites, moins visuels, ce
matin, que ceux que vous venez de dessiner. J'éviterais de porter, en
tant que représentant du COPEM, un jugement de valeur en disant que,
intentionnellement, on a mal usé des fonds publics.
Comme je le disais tout à l'heure, dans l'esprit de tout le
monde, quand les décisions ont été prises, on a
penaé véritablement résoudre un problème qui
était la congestion du transport urbain dans le périmètre
des trois commissions de transport auxquelles vous faites allusion. C'est
sûr et c'est la raison pour laquelle on dit: L'impasse étant ce
qu'elle est, la démonstration étant assez évidente, la
solution consiste non pas à se plaindre des fautes du passé, non
pas à accélérer ou à prendre les mêmes
décisions en augmentant les infrastructures de transport collectif dites
lourdes, mais davantage à consolider ce que nous avons et à
imaginer des solutions plus légères qui permettront, dans un
temps raisonnable, on l'espère, d'équilibrer un peu plus cette
inadéquation. Car, dans la référence que vous faites, M.
Bourbeau, entre autres, au tableau 1, il y a un élément
très significatif, c'est la productivité de ces infrastructures
au fil des années. C'est une mesure acceptée et vous remarquerez
que, lorsqu'on prend le nombre de kilomètres parcourus en millions par
rapport à l'achalandage, vous voyez que le rapport diminue
d'année en année. Donc, non seulement les moyens, mais la
productivité de vos moyens de transport comme tels par rapport au nombre
de passagers diminue d'année en année. C'est très
significatif, c'est très symptomatique de l'impasse actuelle.
M. Bourbeau: Je ne sais pas si vous tirez la même
conclusion que moi, mais il y a probablement trop d'équipements de
transport en commun à Montréal par rapport à ce qu'il y
avait avant et par rapport à l'achalandage, d'une part. D'autre part, ce
serait vraiment de la bêtise, sinon de la folie, de continuer à
mettre sur la route d'autres autobus, d'autres wagons de métro et des
trains de surface si l'achalandage n'est plus là. Je pense que c'est une
raison additionnelle pour mettre un frein au plan de développement du
transport en commun - le plan de Belleval - déposé par le
gouvernement il y a quatre ans.
M. Vallerand: C'est aussi notre conviction, M. le
député.
M. Bourbeau: Vous m'en voyez très heureux.
Je voudrais passer à un deuxième point. À la page
39 de votre mémoire, vous portez un jugement sur le COTREM et vous dites
-étant donné que vous n'avez pas lu votre mémoire,
peut-être qu'on me permettra de lire deux phrases - que vous n'envisagez
"pas non plus que les effectifs du secrétariat soient l'organisation du
COTREM sous une nouvelle structure organique. Le secrétariat sera un
organisme beaucoup plus léger que le COTREM." Vous parlez de l'ORT. "De
l'avis du COPEM - votre organisme - le COTREM a accompli sa mission. Il devrait
être démembré et ses effectifs rapatriés au
ministère des Transports." Cela rejoint la recommandation que nous
faisait hier le président de la CUM, M. Pierre Des Marais II, qui
recommandait également la dissolution du COTREM. Vous dites que le
COTREM a accompli sa mission et devrait être démembré.
Pourriez-vous expliciter un peu votre pensée là-dessus? (15 h
30)
M. Vallerand: Dans ce qu'on imagine comme structure
régionale, on voit très mal comment le COTREM, à tout le
moins dans sa forme actuelle, pourrait alléger la structure de
coordination générale. Comme je l'expliquais ce matin, parce que
nous préconisons des technologies légères ou des solutions
moins lourdes que par le passé, il va de soi que, dans l'arrangement
administratif de la structure régionale, on voudrait que ce soit tout
aussi léger.
Si on examine le COTREM qui, entre parenthèses, a accompli sa
mission utilement par le passé, je pense, par rapport à ses
effectifs de planification, entre autres, qu'on ne veut absolument pas donner
à l'organisme régional, on voit difficilement comment on pourrait
accoler le COTREM à l'organisme régional tout en atteignant
l'objectif d'avoir une structure régionale légère et
flexible par rapport à sa mission de tarification, d'interconnexion et
de planification stratégique. C'est dans ce sens-là qu'on ne voit
pas comment le COTREM pourrait servir efficacement la conférence
régionale de transport urbain que nous recommandons.
M. Bourbeau: Une autre question. Dans votre mémoire, vous
faites la distinction entre le transport en commun et le transport
privé. Vous parlez des deux types de transport et vous faites une
distinction assez intéressante entre le transport collectif et le
transport urbain, en expliquant que le transport collectif n'est qu'une des
composantes du transport urbain et qu'il y a également, outre le
transport collectif, ce que vous appelez le transport paracollectif qui
comprend plusieurs formes de transport.
Ce sont des systèmes plutôt légers ou des
méthodes douces comme le covoiturage, les voies réservées,
les taxis collectifs, etc.
À ce sujet, on pourrait peut-être penser trouver une
nouvelle formule et parler de transport en commun par l'automobile. On a
toujours été porté à penser que le transport en
commun devait se faire par des véhicules
publics; on pourrait fort bien penser que le transport en commun
pourrait aussi se faire par automobile privée.
Vous souhaitez qu'on respecte les choix des usagers, ce qui va un peu
à l'encontre de la politique du gouvernement qui, lui, nous parle de son
choix de société, qui est le choix que le gouvernement fait pour
nous, d'ailleurs, alors qu'il tente, dans sa problématique, de nous
imposer son choix, le transport en commun, à l'exclusion, semble-t-il,
des autres modes de transport. Vous faites la distinction à savoir qu'il
faut du transport collectif, bien sûr, et on est d'accord pour le
maintenir, mais que les usagers devraient pouvoir choisir, s'ils le veulent,
d'autres formes de transport. Vous faites appel, évidemment, à
l'entreprise privée et aux méthodes douces de transport. Est-ce
que je traduis assez bien votre pensée là-dessus? En ce qui me
concerne, c'est assez important qu'on insiste là-dessus.
M. Vallerand: Absolument, c'est l'orientation qu'on favorise
à ce titre en disant que le salut du transport urbain ne passe pas par
le transport collectif. Qu'il existe des choix - si on parle de choix de
société, on peut aussi parler de choix d'individus - ces
préférences sont assez évidentes si on regarde la
popularité du choix de la voiture pour se transporter de son milieu
résidentiel à son travail, préféré à
67%, ce qui laisse à peu près - et on dit bien à peu
près - 33% au transport collectif. De fait, c'est une
préférence qui est bien affichée. Qu'on la respecte et
qu'on arrête de vouloir éduquer ou de montrer aux gens à
décoder en fonction d'autres choix. C'est, comme vous l'avez
noté, une de nos recommandations qui nous amènent à une
solution plutôt mixte dans les choix, c'est-à-dire de faire
coexister ce que nous avons de collectif en matière de transport et les
préférences des gens, d'où le système que vous
qualifiez de parapublic ou mixte, le covoiturage, le taxi public, etc.
M. Bourbeau: Un des problèmes que vous identifiez dans la
proposition gouvernementale, une des embûches auxquelles vous faites
allusion est le contrôle des titres. Vous en avez parlé ce matin
et d'autres intervenants, hier, ont mentionné ce problème. Il
semble, quoique le livre blanc soit assez vague là-dessus, qu'on tente
de se diriger vers un système qui serait basé sur l'honneur.
Comme il devient très difficile de contrôler dans un
système interzonal l'endroit où les usagers descendent, on peut
peut-être vendre des billets au départ pour une très courte
distance; s'il y a plusieurs zones, théoriquement, un usager pourrait
prendre un billet pour deux zones, mais demeurer à bord du
véhicule pour cinq ou six zones. Il semble qu'il y ait de très
sérieux problèmes de contrôle. Cela existe, d'ailleurs,
dans tous les pays où il y a des systèmes de zones. Certains pays
ont des contrôles plus ou moins efficaces, d'autres ont un système
basé sur l'honneur.
Vous semblez avoir de fortes réticences là-desssus. Un
intervenant, ce matin ou hier, parlait d'un coût qui irait jusqu'à
10% pour tenter d'exercer un contrôle. C'est énorme, s'il fallait
qu'on dépense 10% du coût du transport pour tenter
d'établir des contrôles. Pourriez-vous préciser un peu
jusqu'à quel point vous avez des objections à ce sujet et si
vraiment ces problèmes vous paraissent de nature capitale?
M. Vallerand: L'ensemble de nos recommandations s'inscrit dans
une rationalisation des dépenses et, par ailleurs, une tentative
d'optimaliser au maximum le système actuel. On n'a pas réussi
à circonscrire cela de façon aussi précise qu'un
intervenant que je n'ai pas entendu ce matin qui situait à 10% les
pertes éventuelles, sauf que les consultations que nous avons conduites
nous amènent à conclure que partout où ce système
existe il y a effectivement des pertes qui sont appréciables. C'est la
raison pour laquelle nous demandons de surseoir à ce mode de
vérification, surtout avant même d'avoir arrêté le
mode de vente de titres à l'intérieur d'un système
zoné, où il y a une interaction d'une zone à l'autre. Je
pense qu'il vaudrait mieux, compte tenu des témoignages que nous avons
reçus lors de nos consultations, que ce système soit mis de
côté tant et aussi longtemps qu'on n'est pas capable d'en
évaluer l'impact sur le rendement, sur les coûts et sur les
revenus du système comme tel.
M. Bourbeau: M. Vallerand, j'aimerais faire un bref survol de vos
recommandations pour voir jusqu'à quel point il semble y avoir plus ou
moins concordance entre elles et celles de ceux qui vous ont
précédé. Vous ne recommandez pas la formation de l'ORT,
mais d'une conférence régionale de transport urbain qui est une
table de concertation. À certains points de vue, cela peut rejoindre
ceux qui proposent un ORT léger et non décisionnel. À ce
point de vue, je pense qu'on peut changer le nom de l'organisme, mais il
pourrait y avoir une certaine concordance, je pense, avec ce que d'autres ont
suggéré. Vous pouvez m'interrompre, si vous le voulez, si vous
trouvez que mon jugement n'est pas tout à fait conforme.
M. Vallerand: Oui, la comparaison serait valable avec les autres
organismes, dans ce que vous dites, dans la mesure où ils retiendraient
comme nous que, quand même, il faut que la conférence ait des
moyens de réaliser l'interface entre le local et le
régional. Donc, c'est la raison pour laquelle nous y accolons le
mot "décisionnel". Il faut quand même qu'elle
s'opérationnalise dans ses fonctions ou les missions qu'on lui
donne.
M. Bourbeau: Vous recommandez que la responsabilité soit
remise aux autorités locales. Je pense qu'il y a presque
unanimité entre tous ceux qui vous ont précédé et
vous-même. Vous recommandez une représentation égale des
municipalités de la CUM et des autres municipalités en dehors de
la CUM. Je pense qu'il y a un consensus là-dessus et que même le
président de la CUM était d'accord avec cela. La seule voix
discordante, je crois, était celle de la ville de Montréal qui
n'était pas de cet avis. Je pense que tous les autres avant vous
étaient de votre avis. Vous recommandez qu'il n'y ait aucun
administrateur nommé par le gouvernement. Je ne pense pas qu'on ait
entendu des points très clairs là-dessus ce matin. Je ne pense
pas qu'il y ait eu d'autres intervenants qui se soient prononcés d'une
façon aussi formelle sur ce point. Vous recommandez la double
majorité au conseil. C'est nouveau. Je pense que vous êtes les
premiers à recommander cela. Cela peut être intéressant.
C'est la formule qui est actuellement en usage à la CUM. Vous vous
opposez catégoriquement au transfert du BTM au niveau régional.
Je pense qu'il y a un consensus là-dessus. À ma connaissance,
tous les intervenants ont fait cette recommandation. Vous recommandez la
dissolution du COTREM. Vous partagez cette opinion avec le président de
la CUM, M. Des Marais. Vous ne retenez pas la proposition de tarification par
zone. Je pense que, là aussi, il y a une prépondérance
parmi ceux qui vous ont précédé. Vous approuvez le
principe d'une tarification territoriale et c'est également ce qu'ont
proposé ceux qui n'étaient pas d'accord avec la tarification par
zone. Vous demandez une réévaluation de la contribution des
passagers; là aussi, je pense qu'il y a consensus chez tous ceux qui
vous ont précédé. On vient de soulever le problème
que crée le contrôle de la perception des titres de transport;
ça aussi a été évoqué à quelques
reprises.
Je voudrais simplement vous interroger sur un dernier point. Dans le
mémoire, en fait au début de celui-ci en page 5, vous parlez des
systèmes lourds de transport qui existent dans le monde et vous faites
un survol des systèmes qui existent dans plusieurs pays, dans plusieurs
villes. Je trouve cela intéressant parce que, ici, au Québec,
depuis quelques années le COTREM et le BTM et, forcément, le
gouvernement provincial qui s'appuie sur les recommandations et les
études de ces deux organismes, ont tendance à privilégier
les systèmes lourds, comme le métro, le métro de surface,
etc., les gros projets.
D'ailleurs, le plan de Belleval, déposé en 1979,
était articulé autour de systèmes lourds dont le
coût aujourd'hui est évalué à au moins 1 000 000 000
$, comme vous en faisiez état tout à l'heure. Il est assez
difficile pour les élus, comme nous les députés, de tenter
de voir clair dans ces problèmes parce que nous n'avons pas, comme les
fonctionnaires, l'occasion de voyager à travers le monde et d'y voir ce
qui se fait sur place. Bien sûr, parfois, il y a des
délégations qui y vont. Ce sont surtout des députés
du gouvernement, mais en général ce sont surtout des
fonctionnaires qui se déplacent et qui ont l'occasion d'aller voir ce
qui se passe.
M. Rodrigue: M. le Président, il me semble que, justement,
au début de cette commission, on nous a dit que Mme la
députée de Chomedey ne pouvait pas être présente ici
parce qu'elle était en mission parlementaire à Nassau et elle
n'est pas une députée du Parti québécois elle n'est
pas députée du gouvernement. Il me semble que le
député de Laporte fait des affirmations qui dépassent un
peu le cadre des travaux de cette commission et qui, en plus, ne peuvent pas
être soutenues par les faits.
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'on sort du sujet et
le temps presse.
M. Rochefort: Jusque-là, son discours n'était pas
mal.
Bourbeau: L'adjoint parlementaire, je pense, me fait dire que je
suis en dehors du sujet. Je pense que je suis exactement dans le sujet puisque
je parle de systèmes lourds et des comparaisons que vous faites avec ce
qui se passe ailleurs dans le monde. Quant à la députée de
Chomedey, elle n'est pas en train d'étudier le transport en commun, j'en
suis bien convaincu.
Alors, pour revenir au transport et aux systèmes lourds qui
existent dans le monde, vous nous dites, si j'ai bien saisi ce qui est
écrit dans votre mémoire, qu'actuellement, dans les plus grandes
villes du monde où on a essayé les systèmes lourds au
cours des dernières années, ça été, à
toutes fins utiles, des échecs un peu partout, peut-être pas
tellement en termes techniques, mais au point de vue économique.
Personnellement, j'ai déjà visité le BART, à San
Francisco, qui est une réalisation technique merveilleuse, mais qui est
un désastre au point de vue financier. Vous semblez avoir fait une
étude beaucoup plus exhaustive de la situation et vous apportez, je
pense, un éclairage nouveau à ce titre, parce que vous faites
état d'expériences vécues ailleurs et il m'apparaît
qu'on pourra probablement ici retenir des leçons de ce que vous dites
pour éviter, évidemment, de vivre ici les erreurs
qui ont été vécues ailleurs. Je me demandais si
vous ne pourriez pas expliciter un peu votre expérience là-dessus
et les conclusions que vous en tirez.
M. Vallerand: Écoutez, à ce titre-là, dans
un premier temps, je me sens un peu député parce que je ne me
suis pas rendu sur place, ni les membres du comité, quoique nous aurions
bien aimé y aller. Si vous définissez notre étude comme
étant exhaustive à partir de ça, je dois vous dire
rapidement que cela a surtout été un survol des rapports des
principales commissions de transport de ces régions. Ce qui se
dégage de la lecture des rapports financiers de ces commissions de
transport et des commentaires qui les accompagnent, des témoignages que
nous avons pu obtenir indirectement, c'est que la majorité des grandes
superficies urbaines qui se sont dotées d'infrastructures lourdes comme
les nôtres, parce que nous ne sommes pas les seuls à souffrir de
ces maux, sont aussi en période de consolidation. Autant ils ont connu
une période euphorique au niveau des investissements massifs dans des
structures lourdes: transport collectif, autoroutes urbaines, etc., autant
aujourd'hui, dans la majorité des villes ou des superficies très
urbanisées, on observe une consolidation des effectifs lourds au profit
des structures plus légères et des technologies plus douces. (15
h 45)
M. Bourbeau: Et forcément moins coûteuses.
M. Vallerand: Et forcément moins coûteuses, parce
que dans tous les cas, c'est justement un effort pour ajuster le rapport
coûts-revenus, compte tenu des investissements substantiels qui ont
été engagés dans ces infrastructures dans le
passé.
M. Bourbeau: M. Vallerand, cela termine les questions que je
voulais vous poser. Je vous remercie au nom de mes collègues et surtout
au nom de l'Opposition, pour la contribution très valable que votre
organisme apporte au débat. Ce n'est pas la première fois,
d'ailleurs, que le COPEM contribue d'une façon significative aux grands
débats qui se déroulent dans notre société. Je
tiens à vous en remercier de nouveau.
M. Vallerand: Merci, M. Bourbeau.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Alors, M. Vallerand, vous savez également tout
l'intérêt que, en tant que députée de Maisonneuve et
membre du groupe parlementaire du Parti québécois, nous partons
à l'endroit des prises de position du COPEM et de ses initiatives dans
la région de Montréal.
M. Vallerand: Je crois qu'on a un rendez-vous à la fin du
mois.
Mme Harel: Oui, effectivement, oui.
Une voix: Qu'est-ce que vous allez faire?
M. Vallerand: Au caucus des députés
montréalais.
Mme Harel: Alors, pas de propos grivois, mes chers
collègues.
Une voix: On peut se retirer, si vous voulez.
M. Vallerand: Je ne voudrais pas que cela porte à
équivoque, Mme Harel.
Mme Harel: M. Vallerand, toute description historique
résume toujours un peu hâtivement les choses. Quand vous faites
l'évolution des modes de transport, vous brossez rapidement un tableau
des années cinquante grosso modo, avec, dans les années soixante,
les transports routiers, au début de 1970, les transports en commun
lourds et puis, vous plaidez pour que, dans la décennie 1980, on utilise
un mode alternatif qui soit plus léger, ce qui est intéressant et
qui, certainement, suscite beaucoup de réflexion.
Or, vous le savez également - durant les années
soixante-dix, là où vous situez l'ensemble des interventions en
termes de transport en commun, on retrouve, par exemple, sur le territoire de
la ville de Montréal, particulièrement à la fin de
l'année 1971 et au début de l'année 1972, la mise en place
d'une autoroute urbaine. Donc, en pleine décennie, en fait, où
vous situez le transport en commun, voilà une autoroute qui traverse
d'ouest en est tout le sud de Montréal et qui, en traversant ces
quartiers, a éclaboussé quelques milliers de maisons au passage.
C'est donc dire que les années soixante-dix ont vu des investissements
massifs dans les réseaux routiers et également des
investissements massifs dans les transports en commun. Vous disiez à
juste titre, au début de votre intervention, que le transport en commun,
ce n'est pas gratuit, mais le transport en voiture non plus. Vous faisiez
état justement des investissements d'immobilisations
considérables, vous les chiffrez par 1 500 000 000 $. En fait, cela peut
se discuter, mais j'imagine que c'est relativement quand même important
comme investissement dans les immobilisations dans le transport en commun.
Vous savez que durant les huit dernières années, de 1973
à 1981, c'est par
1 000 000 000 $ que se chiffre la participation gouvernementale dans la
construction et la réfection des routes dans la région de
Montréal, cela, évidemment, sans compter les budgets de voirie
des municipalités. C'est donc dire qu'en termes de réseau routier
cela a été également des investissements majeurs. Vous
admettrez qu'on discute beaucoup des investissements faits dans le transport en
commun et beaucoup moins de ceux qui sont faits dans le réseau routier
et qui, pourtant, sont plus considérables que ceux qui ont
été faits dans le transport en commun.
Si vous me le permettez, j'aimerais surtout poser la question de
l'achalandage. Je sais comment vous êtes concerné, combien vous
êtes intéressé par le développement industriel de
Montréal. En fait, l'existence de COPEM, comme l'existence de CIDEM ou
de SODEM, à Montréal, c'est un peu la conséquence d'une
période de désindustrialisation que Montréal a connue.
Cela m'amène à vous demander une explication car, au moment
où il y a, en fait, constatation, constat à peine discuté
d'une désindustrialisation de Montréal, au moment où l'on
constate un exode de la population - on l'évalue à peu
près à 130 000 personnes qui ont quitté la grande
circonscription - cela apparaît quand même assez miraculeux, les
chiffres qu'on retrouve à la page 18 d'une augmentation de 10% de
l'achalange. Au moment où il y a perte de population, au moment
où il y a désindustrialisation, au moment où le travail se
trouve à l'extérieur, il y a quand même eu augmentation de
l'achalandage. C'est donc dire que si on se replace - parce qu'un
problème ne vient jamais seul - dans le contexte, les transports en
commun n'ont jamais été autant utilisés que durant, par
exemple, les cinq dernières années puisque cela correspond
à une période où il y avait exode de population, où
il y avait exode industriel également.
M. Vallerand: Je vais tenter de répondre à la fin
de votre question et de votre observation. C'est juste qu'il y a eu une
augmentation de l'achalandage ces dernières années, sauf qu'il
faut aussi admettre que l'achalandage est directement proportionnel à la
réduction du montant des subventions que vous avez accordées pour
rendre le prix du passage plus bas. Donc, l'augmentation de l'achalandage ne
s'est pas faite à partir d'une augmentation de la demande, mais elle
s'est faite par rapport à une réaction au prix; c'est un effet du
prix sur l'achalandage et non pas sur le revenu comme tel.
Au niveau de l'achalandage total, à mon avis, il n'y a rien de
changé. D'ailleurs, prenez à témoin l'expérience du
train de Deux-Montagnes. La ligne Montréal-Deux-
Montagnes a toujours été déficitaire. Si vous
regardez les chiffres du mois de juillet, du mois d'août et du mois de
septembre, il y a une augmentation moyenne de près de 50%. Pourquoi? Les
prix ont baissé de 40% à 50%. Il n'y a pas plus de personnes qui
utilisent le train; il y a strictement un effet d'achalandage par rapport
à une réduction du prix de près de 50%. C'est la
même chose avec la carte CAM, d'ailleurs, qui donne les résultats
que vous mentionniez tout à l'heure, sauf que cela se fait à des
coûts extraordinaires pour l'ensemble de la collectivité.
Si on reprend votre remarque concernant les autoroutes, j'en suis.
D'ailleurs, nulle part dans notre mémoire on n'encourage la construction
d'autoroutes urbaines. Je le disais ce matin, il est très difficile de
tirer une ligne de démarcation historique précise
vis-à-vis de l'évolution de changements importants comme celui
qui nous préoccupe, le transport urbain, mais je crois qu'on peut
admettre que, bien qu'il y ait un certain chevauchement entre les deux, on peut
distinguer deux périodes: celle de la consolidation des autoroutes et
celle du transport collectif. L'addition des deux -parce qu'il faut bien
comprendre que c'est l'addition des deux; d'où, notre concept global du
transport en commun vu dans une perspective urbaine et non pas uniquement dans
une perspective de transport collectif de personnes - nous a amenés dans
l'impasse où nous sommes financièrement. Je crois qu'il faut
l'admettre et le gouvernement le reconnaît très bien en disant:
Nous subventionnons pour la région de Montréal trop
substantiellement le transport urbain; c'est inéquitable par rapport aux
autres Québécois. Nous en sommes, nous le reconnaissons dans le
mémoire.
Donc, nous n'encourageons d'aucune façon, non plus,
l'augmentation de la construction des autoroutes urbaines, sauf qu'il y a un
critère qui est peut-être plus facile au niveau du transport
individuel, c'est que le coût à l'individu est plus
élevé ou plus facilement identifiable au niveau de la
responsabilité, tout en reconnaissant quand même que l'ensemble
des infrastructures routières autant que collectives est payé par
des investissements publics.
Mme Harel: Me permettez-vous, M. le Président?
Tantôt, vous parliez d'équité entre
Québécois. Il me semble que cela pourrait être utile et
pertinent à la réflexion publique et au débat qui se fait
présentement que soient rendus publics les chiffres de la participation
gouvernementale dans les réseaux routiers au Québec, à
l'extérieur de Montréal et à Montréal. Je crois
qu'on se rendrait compte qu'il y a un écart très significatif
dans les investissements faits actuellement par le gouvernement du
Québec
dans le réseau routier à Montréal, un écart
à la baisse, évidemment, par rapport à l'ensemble du
réseau routier au Québec. Mais, l'option étant celle du
transport en commun, cela ne vient que compenser pour la diminution des
investissements faits dans le réseau routier à
Montréal.
M. Vallerand: Ce serait utile pour le débat. Je ne serais
pas à même de qualifier les rapports entre les deux, surtout
à l'échelle de la province par rapport uniquement à la
dimension du transport dans le réseau, mais ce serait sûrement
utile pour éclairer le débat davantage.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): M. Vallerand, vous parlez de
systèmes lourds, vous parlez de systèmes légers. Vous
dites: Voici, on va privilégier les systèmes légers. Je
veux bien, mais est-ce que cela a fait ses preuves? Est-ce qu'il y a eu des
expériences concluantes à votre sens? Évidemment, vous
dites: On n'a pas pu aller vérifier. Est-ce que vous ne pensez pas que
c'est utopique de dire: Voici, on va instituer le covoiturage, les taxis
collectifs? Évidemment, si vous parlez d'autobus à contresens, je
ne pense pas que ce soit majeur. Il faudrait, si on veut aller vers les
systèmes légers, parler de covoiturage et de taxis collectifs, de
minibus et de "jitneys". Pensez-vous qu'on va changer les habitudes des
Québécois? Je veux bien en parler, mais je n'ai pas l'impression
que c'est pour demain. Je n'ai pas l'impression qu'on va enlever le confort
d'une automobile facilement à nos Québécois.
M. Vallerand: M. le député de Saint-Laurent, est-ce
que je peux vous répondre par une autre question? Est-ce que cela se
fait en commission? Quand vous dites que les solutions légères
n'ajouteraient pas au confort des gens, qu'il serait utopique d'y songer,
êtes-vous au courant du rapport en pourcentage des choix entre le
transport par voiture individuelle et le transport collectif?
M. Leduc (Saint-Laurent): Vous avez parlé de 63%.
M. Vallerand: Au lieu d'inciter les gens ou de changer les
mentalités pour user d'infrastructures lourdes qui sont
extrêmement dispendieuses pour la collectivité, est-ce qu'il ne
réside pas là un élément de solution léger
dont le partage serait beaucoup plus équitable envers ceux qui voyagent
intensément entre leur résidence et leur lieu de travail?
Pourquoi infléchir des mentalités quand 67% des gens vous disent
qu'ils préfèrent voyager avec leur voiture? Si c'est cela,
apprendre aux gens à décoder, nous n'y croyons absolument pas. Je
pense que vous avez une réponse très nette des goûts et des
préférences des gens. On dit aux gens de la commission et
à ceux qui auront à décider ultérieurement:
Pourquoi aller contre ces préférences, pourquoi les forcer
à choisir d'autres modes de transport?
M. Leduc (Saint-Laurent): Ils préfèrent
l'automobile, mais peut-être pas nécessairement la partager, comme
le minibus.
M. Vallerand: Vous pouvez poser la question à vos
électeurs: Cela ou partager un autobus?
M. Leduc (Saint-Laurent): Ils ne prennent pas l'autobus,
justement.
Le Président (M. Boucher): II n'y a plus d'intervenants.
Au nom de tous les membres de la commission...
M. le député de Vimont.
M. Rodrigue: M. le Président, étant donné
que le ministre des Transports a dû s'absenter pour participer à
une réunion du Conseil des ministres - il devrait être de retour
d'ici quelques minutes; il avait un certain nombre de mémoires à
défendre au Conseil des ministres aujourd'hui; d'ailleurs, il avait eu
l'occasion de poser des questions à M. Vallerand avant la suspension du
dîner à titre d'adjoint au ministre des Transports, j'aimerais, en
remerciant M. Vallerand pour sa contribution extrêmement importante
à notre commission, souligner que ce mémoire, qui touche
l'ensemble des aspects sur lesquels la réforme porte, va nous permettre
certainement, avec la multitude de propositions extrêmement
concrètes qui ont été faites, de bonifier le projet de
réforme tel qu'il a été présenté. Ce qui me
frappe en particulier dans le mémoire du COPEM, c'est son approche
essentiellement pragmatique. Cela va contribuer, d'une façon très
importante, à faire avancer non seulement le débat sur cette
question, mais également le choix des solutions. Je vous en remercie, M.
Vallerand.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup, M. Vallerand,
au nom de tous les membres de la commission.
M. Vallerand: Réciproquement, M. le Président,
j'aimerais remercier tous les membres de cette commission pour l'accueil qu'ils
ont fait au mémoire du COPEM et leur souhaiter d'heureuses
délibérations et de sages décisions. Merci.
Le Président (M. Boucher): Je vais faire un petit accroc
à l'ordre du jour, compte tenu qu'une personne désirerait
déposer un
mémoire tout simplement sans commentaires. Il s'agit de M.
Normand Huneault, qui voudrait déposer un mémoire à titre
personnel. M. Huneault, vous n'avez qu'à remettre le mémoire et
nous allons le déposer officiellement. Merci, M. Huneault.
Maintenant, j'appellerais les représentants de Transport 2000,
ainsi que le Regroupement des usagers du transport adapté de la CUM
Inc., l'Association des usagers des transports adaptés aux personnes
handicapées de la rive sud de Montréal Inc., le Regroupement du
transport en commun du Haut-Richelieu, le Comité des usagers du train
Farnham-Montréal, l'Association sclérose en plaques rive sud
Inc., l'Association de parents de l'enfance en difficulté et un
représentant de la CSD, à bien vouloir prendre place à la
table centrale. (16 heures)
Le mémoire de Transport 2000 a été appuyé
par des télégrammes. J'énumère simplement les
associations qui ont appuyé ce mémoire. Il s'agit de
l'Association de parents de l'enfance en difficulté RSM, de
l'Association sclérose en plaques rive sud Inc., de l'Institut de
réadaptation de Montréal, du Regroupement pour la concertation
des personnes handicapées des Laurentides, du Comité provincial
des malades, de la Table de concertation RAPH-Lanaudière, de
l'Association locale des personnes handicapées de Chambly et la
région, du Groupement des associations de personnes handicapées
de la rive sud de Montréal.
Pour la bonne marche de la présentation de ce mémoire, le
secrétariat des commissions a pensé diviser en quatre blocs la
présentation du mémoire, en présentant d'abord le bloc I,
l'introduction du président, M. Guy Chartrand; le compte rendu de la
consultation auprès des groupes par Mme Sylvie Gagnon; le cadre
institutionnel par M. Pierre Lachapelle; le cadre financier par MM.
Gérard Chagnon et Jean-Pierre Dagenais. Suivra une période de
questions et puis nous entreprendrons le bloc II.
Alors, compte tenu des nombreux mémoires qui vont être
présentés, je demanderais aux intervenants, si possible,
étant donné que la plupart des membres de la commission ont pris
connaissance des mémoires, d'essayer d'en faire un résumé
rapide pour permettre une période de questions. Par la suite, nous
pourrons passer à travers les quatre blocs pour nous permettre quand
même de donner la chance à d'autres personnes qui sont ici depuis
ce matin de se faire entendre.
M. Chartrand.
Transport 2000
M. Chartrand (Guy): Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs, permettez-moi de présenter tous les gens qui sont ici
à la table et qui représentent les groupes qui ont
travaillé depuis plusieurs mois et même, dans certains cas, depuis
plusieurs années avec nous à la préparation de ce
mémoire et du travail qu'on fait dans le domaine du transport en
commun.
Premièrement, à mon extrême gauche, je vous
présente Mme Chantai Ruel-Dion, représentante de l'Association
des usagers des transports adaptés de la rive sud de Montréal et
représentante des personnes handicapées au comité
d'admission du transport des personnes handicapées de la CTRSM; Mme
Marie-Blanche Rémillard, présidente du Regroupement des usagers
du transport adapté de la Communauté urbaine de Montréal
et responsable du dossier transport adapté à Transport 2000; Mme
Rémillard, aujourd'hui, vous présentera le point de vue de ces
deux associations sur le transport adapté; M. Pierre Lachapelle,
vice-président de Transport 2000 Québec; M. Lachapelle
présentera la partie portant sur le cadre institutionnel; Mme Sylvie
Gagnon, permanente à Transport 2000 et responsable de la promotion et du
financement; Mme Gagnon présentera un compte rendu de la consultation
auprès des groupes de la région.
À ma droite, M. Gérard Chagnon, coordonnateur à
Transport 2000 Québec; M. Chagnon présentera la partie portant
sur le financement; M. Jean-Pierre Dagenais, recherchiste à Transport
2000 Québec; M. Dagenais présentera la partie portant sur le
financement; M. Todd Sloan, membre du Regroupement pour le transport en commun
dans le Haut-Richelieu; M. Sloan présentera la partie sur la desserte
des municipalités situées à l'extérieur du
territoire de l'ORT; Mme Claire Ducharme, représentante du Regroupement
pour le transport en commun dans le Haut-Richelieu, et Louise Gendron,
représentante du Comité des usagers du transport en commun de
Beauharnois.
Comme vous le voyez, au lieu de venir ici seul et de vous faire part du
travail que les gens ont fait chez nous en ce qui concerne la proposition
gouvernementale, vu que nous travaillons en groupe chez nous, en commun c'est
le cas de le dire, nous avons décidé que chacun des intervenants
et chacune des personnes qui ont travaillé sur les dossiers pourra venir
ici vous présenter son point de vue et également répondre
aux questions que vous voudrez bien lui poser. Les questions, vous pouvez les
poser directement à eux ou à moi; cela me fera sûrement
plaisir d'y répondre.
Avant d'aller plus loin, je dois dire, pour ceux qui ne connaissent pas
très bien notre organisation, que nous sommes une
association sans but lucratif fondée au Canada en 1976 dans le
but de défendre la cause des intérêts des usagers du
transport en commun et également de faire la promotion du transport en
commun. Nous avons présentement environ 1100 membres au Canada, dont
près de 300 au Québec. Nous travaillons dans chacune des parties
du pays. Nous sommes le seul organisme national d'usagers du transport en
commun structuré dans l'ensemble du pays et également à
l'ensemble du Québec. Nous faisons des efforts constants afin
d'améliorer la situation du transport en commun qui n'est pas toujours
facile, vous en conviendrez avec moi.
Je vais commencer immédiatement par l'introduction, et, ensuite,
je laisserai la parole à mes collègues. Lors d'une
première lecture de la proposition gouvernementale concernant
l'organisation et le financement du transport en commun dans la région
de Montréal, nous ne pouvons que souscrire aux grands objectifs qui y
sont présentés: répondre aux besoins de mobilité,
diminuer la pollution, économiser le carburant, mettre un frein à
l'étalement urbain, donner plus de pouvoirs aux municipalités,
contrôler l'emballement des coûts etc,. N'eussent été
une lecture et une réflexion plus approfondies, nous vous aurions
signifié notre appui inconditionnel.
En effet, à l'analyse, on s'inquiète de la faiblesse de
l'équation entre les objectifs visés et les moyens
préconisés. On remarque aussi l'absence de liens entre le cadre
institutionnel et le cadre financier proposés. Nous espérons que
les réflexions soulevées à l'intérieur de cet
échange fourniront à chacun les éléments
nécessaires à la définition de choix
éclairés en matière de transport en commun.
Bien que le gouvernement soit résolu à favoriser les
transports collectifs, il est malheureusement impossible de ne pas tenir compte
du système routier qui ceinture et pénètre
l'agglomération montréalaise. Même si le gouvernement est
décidé à ne plus intervenir massivement dans ce domaine,
nous constatons que, de toute façon, le réseau est
déjà très bien établi. De plus, s'il est possible,
au niveau du discours, de prétendre favoriser le transport en commun, il
est, au plan pratique, extrêmement difficile de ne pas continuer à
s'enliser dans un système routier qui a totalement orienté le
développement de l'agglomération. Il faudra donc prendre des
mesures énergiques pour contrer cette tendance. À elle seule, la
hausse du coût de la vie ne sera pas suffisante pour modifier les
habitudes des citoyens. Par ailleurs, il ne faudra pas sous-estimer les
coûts toujours croissants nécessités dans l'avenir par
l'entretien de l'infrastructure routière.
Conséquemment, le gouvernement sera obligé d'investir des
sommes importantes dans les deux modes de transport parallèles.
Voilà que se pose un véritable problème de fond. Comment,
en effet, mettre sur pied une structure de transport en commun qui
s'avérera fort coûteuse, alors que nous avons déjà
un réseau routier à rentabiliser? En réponse à
cette question, nous apporterons des recommandations visant à
contrôler l'emballement des coûts du transport en commun et
à réduire la demande à la hausse des infrastructures
routières.
Contrairement à une tendance qui s'est dessinée au cours
des dernières années, tant dans les groupes de citoyens et les
municipalités que dans les organismes publics, nous n'essayerons pas de
soutirer du gouvernement le maximum de fonds publics en vue d'obtenir un
maximum de services. Au contraire, nous voulons faire un pas de plus vers une
société qu'on pourrait qualifier de conservation par opposition
à une société de consommation excessive, voire de
gaspillage des ressources naturelles et du territoire, entre autres. À
cet égard, nous croyons que la réforme du transport à
Montréal ne devrait pas avoir pour seul objectif de favoriser une
meilleure mobilité de tous les citoyens de la région, mais aussi
d'en réduire les besoins de mobilité par une meilleure
planification des diverses fonctions du territoire.
À la lumière des remarques précédentes,
voici donc maintenant les principes et objectifs qui, tout au cours de cette
réflexion, ont guidé notre démarche: assurer la
participation des usagers aux décisions relatives au transport en
commun; mettre un frein à l'emballement des coûts du transport en
commun non pas en réduisant le service ou en augmentant indûment
les tarifs, mais en appliquant de meilleures méthodes d'exploitation et
en optant pour des choix technologiques moins coûteux; mettre un frein
à l'étalement urbain par une meilleure coordination entre
l'organisation du transport et l'aménagement du territoire de
façon à réduire les besoins de mobilité; assurer
une meilleure équité entre les subventions directes et indirectes
accordées aux usagers des transports en commun et aux automobilistes;
réduire le nombre d'accidents causés par l'automobile et,
finalement, économiser nos ressources naturelles par l'utilisation de
moyens de transport moins énergivores et plus écologiques.
Je serais tenté de faire déjà beaucoup de remarques
sur ce que je viens de dire, mais je vais laisser quand même la parole
à Mme Sylvie Gagnon qui va vous présenter la démarche que
nous avons suivie pour obtenir un peu tous les appuis que vous avez
mentionnés tout à l'heure, M. le Président. J'invite Mme
Gagnon à prendre la parole. Merci.
Mme Gagnon (Sylvie): Parallèlement à
l'élaboration de son mémoire, Transport 2000 Québec menait
sa propre consultation auprès de diverses associations de citoyens. En
tant que regroupement d'usagers du transport en commun, il nous apparaissait
important de prendre connaissance des opinions et des réflexions des
usagers, de façon à pouvoir les intégrer a notre propre
démarche, d'une part, mais également en vue de les acheminer aux
autorités impliquées dans le projet de réforme.
C'était là, à notre avis, une façon responsable de
jouer notre rôle de représentants des usagers et c'est pourquoi
nous soumettrons maintenant à votre attention les aspects importants de
cette démarche. Deux cents associations de toutes sortes ont d'abord
été contactées au cours d'entrevues
téléphoniques et, de ce nombre, 175 se sont montrées
intéressées à prendre connaissance de notre documentation
portant sur le projet de réforme gouvernemental et sur les principaux
aspects de notre mémoire. Des groupes de gens du troisième
âge et de femmes, des regroupements de handicapés, d'usagers des
transports collectifs, des syndicats, des clubs sociaux, des partis politiques,
ainsi que des associations de citoyens et plusieurs groupes populaires
intervenant sur des problématiques diverses ont été
rejoints lors de cette consultation à titre d'associations
composées d'usagers des transports en commun.
Cette démarche visait à associer le plus grand nombre
d'usagers au cheminement que nous poursuivons à Transport 2000 en
faisant partager de la sorte nos préoccupations et nos priorités
à plus d'usagers. Nous avons également pu recueillir leurs
commentaires et leurs réflexions, ainsi que, dans plusieurs cas, un
appui marqué à la position que nous leur soumettions. Il nous
faut cependant reconnaître que nous avons été quelque peu
déçus par la faible quantité de réponses
reçues en regard de l'ampleur qu'avaient prise la consultation
téléphonique et l'envoi de notre documentation.
Dans la mesure où elle nous apparaît
particulièrement significative, nous aimerions nous attarder ici
à certains facteurs pouvant expliquer cette participation mitigée
manifestée par les groupes en réponse à la démarche
de consultation qui leur était proposée. En effet, plutôt
que de conclure de façon hâtive à un
désintérêt de ceux-ci à l'endroit des questions
reliées au transport en commun, il nous a semblé plus juste de
nous attarder à d'autres facteurs correspondant davantage, à
notre avis, à la réalité en cause. En premier lieu, il
nous a fallu reconnaître la complexité même des questions
concernant le transport et qui, malgré leur importance et
l'intérêt qu'elles peuvent susciter, n'en découragent
peut-être pas moins certains profanes non initiés. Après
avoir identifié celle-ci, il nous a fallu ensuite considérer les
conditions concrètes à l'intérieur desquelles ces groupes
interviennent et le peu de ressources, tant humaines que matérielles,
dont la majorité d'entre eux disposent et qui, en fait, les obligent
à se limiter aux priorités immédiates de leur
problématique spécifique, les confinant ainsi à leur champ
d'action particulier.
On ne saurait, cependant, attribuer uniquement aux conditions
précaires de fonctionnement de plusieurs groupes l'entière
responsabilité de leur faible implication dans le dossier du transport
en commun. Dans un autre ordre d'idées, en effet, cette participation
mitigée constitue pour nous le reflet, voire le symptôme d'un
autre facteur non moins déterminant. Nous faisons allusion ici à
l'absence d'une tradition de participation populaire aux décisions
affectant les services de transport en commun. Comment s'étonner, alors,
du peu d'intérêt manifesté par les citoyens alors que,
jusqu'à ce jour, ils ont été pratiquement absents pour ne
pas dire éloignés, des centres de décision concernant les
transports collectifs? C'est pourquoi nous ne saurions ignorer ni sous-estimer
l'importance de cette dimension qui, en fait, nous renvoie, finalement,
à l'une des revendications majeures de notre association et que mes
confrères développeront tantôt. Qu'il me soit seulement
permis de rappeler ici l'importance de la participation des usagers aux
décisions concernant le transport en commun. (16 h 15)
Par ailleurs, la faible quantité des réponses
enregistrées à la suite de notre démarche de consultation
ne saurait, fort heureusement, nous faire oublier la qualité, au plan du
contenu, de celles que nous avons reçues et dont nous aimerions ici
souligner de façon brève certains aspects. Parmi les opinions et
les appuis qui nous ont été transmis, nous souhaitons porter
à votre attention la vulnérabilité particulière de
certaines couches de la population lorsqu'elles sont privées de services
de transport en commun conformes à leurs besoins. Les étudiants
et autres personnes à faible revenu, les gens du troisième
âge, les personnes âgées, auxquels s'ajoutent les
résidents des villes satellites travaillant ou nécessitant des
soins dans l'agglomération métropolitaine, sont
particulièrement affectés par l'absence de services de transport
collectif adéquats.
À titre d'exemple, nous citerons ici un extrait d'une lettre
d'appui provenant de la section Longueuil de l'Association
québécoise pour la défense des droits des retraités
et préretraités et dans laquelle nous pouvons lire ce qui suit:
"Des experts en gérontologie ont souligné à maintes
reprises que l'un des dangers qui menaçaient les personnes que l'on dit
de "l'âge d'or" était la solitude et,
pire encore, l'isolement. Or, le transport est le lien effectif qui
permet de réaliser un contact réel et matériel avec le
monde extérieur, soit pour faire des courses, soit pour avoir des
rapports sociaux avec d'autres humains. Le gouvernement nous parle beaucoup du
service de maintien des personnes à domicile. C'est très bien,
mais à la condition de pouvoir en sortir. Malheureusement, voilà
le hic, pour un grand nombre de personnes âgées, se
déplacer dans les conditions présentes est devenu une
corvée et même, pour certaines, un cauchemar. Beaucoup de
retraités finissent pas se lasser et limitent leurs sorties au strict
minimum pour glisser lentement et sûrement vers l'isolement, ce qui en
fait des candidats précoces pour les centres d'accueil". À ces
témoignages saisissants, nous pourrions en ajouter d'autres, tout aussi
percutants, qui nous ont été communiqués par des
associations de personnes handicapées ou des comités de citoyens,
par exemple. Nous leur laisserons, cependant, exprimer eux-mêmes cette
situation.
Mais il est une autre couche de la population dont nous ne saurions
éviter de souligner ici les besoins impérieux et prioritaires en
matière de transport en commun. Il s'agit de la communauté des
femmes dont, pour marquer l'importance, nous nous contenterons de rappeler
qu'elles constituent 52% de la population globale et assurément un
pourcentage plus élevé encore des usagers du transport en commun.
Comment pourrions-nous ignorer les préjudices causés aux
travailleuses, en forte majorité au salaire minimum et, de ce fait,
pouvant difficilement compter sur le transport privé et qui ne disposent
pas de services de transport public adéquats?
Pensons, pour ne mentionner que celles-là, aux travailleuses des
services résidant des les villes satellites ou même dans les
proches banlieues et dont le lieu de travail est généralement
dans la métropole. On imagine facilement les conséquences
qu'elles peuvent subir dans l'exercice de leur droit au travail. Quant à
celles qui sont au foyer, comment le gouvernement au pouvoir, qui
prépare actuellement une politique de la famille, peut-il être
conséquent avec lui-même s'il n'assure pas en même temps aux
femmes les transports publics nécessaires pour leur permettre
l'accès aux services communautaires et aux équipements collectifs
auxquels les renvoient leurs responsabilités familiales? Ne s'agit-il
pas là, en fait, de moyens essentiels à l'exercice de leur pleine
participation à la vie sociale et, finalement, à la
reconnaissance de leur statut de citoyennes à part entière?
Aussi, nous vous avisons que nous porterons ces réflexions
à l'attention de Mmes Pauline Marois et Claire Bonenfant, respectivement
ministre déléguée à la
Condition féminine et présidente du Conseil du statut de
la femme, afin qu'elles manifestent une attention et une vigilance
particulières quant aux conséquences des décisions prises
dans le transport en commun à l'endroit des intérêts et des
besoins des femmes.
En terminant, nous aimerions souligner le caractère positif,
selon nous, de la démarche de consultation menée par notre
association et qui, de fait, nous aura permis de contribuer à une
sensibilisation, voire à l'éducation du public en ce qui concerne
la question du transport en commun. En effet, nous croyons fermement que notre
démarche aura permis à plusieurs citoyens de prendre conscience
de l'importance de leur consultation et de leur participation à ces
questions. Et, qui sait, il faudra peut-être composer, dorénavant,
avec l'intervention croissante des usagers eux-mêmes en matière de
transport public.
Quant à nous, de Transport 2000, nous déposons, en
même temps que notre mémoire, les lettres d'appui que nous ont
fait parvenir une partie des associations contactées, ainsi que les
copies d'une pétition réclamant la participation des usagers au
conseil d'administration des structures mises en place par la réforme.
Nous nous engageons, de plus, à vous faire parvenir les réponses
que nous continuerons de recevoir au cours des prochains jours. C'est une
responsabilité qui nous est dévolue à titre d'association
représentant les usagers et que nous entendons assumer avec
sérieux.
Pour conclure cette présentation, nous exprimons le souhait
qu'une écoute attentive soit accordée aux recommandations qui
vont suivre et qui, nous l'espérons également,
bénéficieront de mesures favorables à leur
réalisation.
M. Chartrand: Merci, Mme Gagnon. Déjà, nous avons
reçu plus d'une quarantaine de lettres d'appui de groupes aussi
variés que des syndicats, des groupes sociaux et des groupes de
retraités. Il y a sûrement ici des gens qui voudront poser des
questions à Mme Gagnon à ce sujet.
Avant de continuer et de laisser la parole à M. Lachapelle qui
vous entretiendra du cadre institutionnel, j'aimerais rectifier un oubli que
j'ai fait tantôt en présentant les organismes qui sont ici. Il
faudrait ajouter le Regroupement des usagers du transport adapté de la
CUM, l'Association des usagers des transports adaptés aux personnes
handicapées de la rive sud et le Regroupement du transport en commun du
Haut-Richelieu. Ce sont des groupes autonomes qui sont membres de notre
association, mais qui sont légalement constitués dans les
régions concernées. Par contre, le Comité des usagers du
transport en commun de Beauharnois a été, tout
récemment, mis sur pied. À la suite de la visite des
fonctionnaires du ministère dans la région de Beauharnois, les
gens ont décidé de se prendre en main et de former un
comité pour défendre leur cause.
Il y a également dans la salle, mais ils ne sont pas avec moi,
des gens avec qui nous avons travaillé en étroite collaboration
depuis plusieurs mois. Je pense, par exemple, au Groupe de l'ouest de
Montréal et au groupe Les gens de la terre dans la région
d'Hudson. Ces gens auront des mémoires à vous présenter un
peu plus tard. Cela dit, je laisse la parole à M. Lachapelle. Merci.
Le Président (M. Boucher): Je réitère ma
demande: si vous pouviez résumer la partie qui vous concerne...
M. Lachapelle (Pierre): Je vais essayer de m'y tenir le plus
étroitement possible, M. le Président. Je m'adresse à M.
le ministre, à vous, M. le Président, à madame et à
messieurs les membres de la commission. Je vais essayer de vous exposer le plus
rapidement possible ce qui apparaît dans la table des matières de
notre mémoire sous le titre Le cadre institutionnel. La première
des deux grandes parties s'intitule La consultation et la participation des
usagers, et la deuxième, Les institutions à caractère
administratif.
Par rapport à la proposition gouvernementale sur la
réforme du transport en commun dans la région de Montréal,
nous avons mené une réflexion à l'intérieur de
Transport 2000 Québec. Nous en avons retenu un principe que nous allons
vous proposer. Il a, pour nous, beaucoup d'importance. C'est une pierre
angulaire. Nous avons aussi des recommandations que vous avez sous les yeux et
que nous allons essayer de voir le plus rapidement possible.
Jamais le droit au transport en commun n'a été
formellement reconnu par le gouvernement du Québec, par la
Communauté urbaine de Montréal ou par les villes qui en font
partie. Pourtant, il s'agit d'un besoin et, par conséquent, d'un droit
des citoyens au même titre que celui aux soins de santé ou
à l'éducation. Ce droit s'impose de façon
particulière dans la région de Montréal où le
transport en commun représente un domaine vital pour le mieux-être
de l'agglomération. Or, si la reconnaissance de ce droit implique
nécessairement l'existence d'un lieu où il puisse être
exercé, la réforme actuellement proposée, par ailleurs, ne
laisse nulle part au citoyen le loisir de l'exercer pleinement.
Dans cette même lignée, nous avons aussi constaté,
à propos de la condition de l'utilisateur des transports en commun,
qu'il a carrément un statut de quémandeur vis-à-vis des
services qu'il est en droit de recevoir pour se déplacer dans les
régions où il travaille et où il habite. À ce que
l'on sache, l'utilisateur de l'automobile privée n'a pas à
endosser un tel préjugé, bien que bénéficiant
également de l'apport des transports en commun. Il y a des avantages
pour les utilisateurs de véhicules privés.
Par conséquent, notre analyse nous a amenés à
définir un droit au transport et on en a dégagé un
principe. Nous voulons que soit reconnu, tant par les usagers eux-mêmes
que par les autorités en place, le principe de la participation des
usagers au sein du conseil d'administration des commissions de transport
locales et de l'ORT, qu'on appelle l'organisme régional de
transport.
Parlant de la place qui est disponible ou qu'on souhaite donner aux
usagers à l'intérieur de la réforme du gouvernement, nous
lui avons trouvé un cadre à l'intérieur de la commission
consultative permanente. Voici notre recommandation quant à la
façon de meubler cet endroit qui serait un outil de consultation. Nous
recommandons pour la commission consultative la composition suivante: deux
représentants d'usagers de la CTCUM, un représentant d'usagers de
la CTL, un représentant d'usagers de la CTRSM, un représentant
d'usagers hors territoire des organismes locaux de transport (OTL) ou d'autres
organismes de transport locaux, un représentant des usagers hors
territoire - nous précisons secteur D - un représentant d'usagers
du troisième âge, un représentant d'usagers
handicapés, deux représentants des bénéficiaires
non-usagers, trois représentants des syndicats, trois
représentants d'associations professionnelles. Nous pensons, par
exemple, au Centre de recherche sur les transports, à
l'INRS-Urbanisation ou encore à l'Association québécoise
des transports et des routes.
De plus, nous croyons qu'un usager devrait y siéger, en attendant
que soit inscrit dans la loi ou dans les faits la présence des usagers
au conseil d'administration de l'ORT et des organismes de transport locaux.
Nous demandons qu'un usager siège au conseil exécutif de l'ORT,
de telle sorte qu'on se donne le temps de mettre en application
l'avènement des usagers du transport en commun au conseil
d'administration.
Maintenant, pour la commission consultative permanente, nous avons
précisé un certain nombre de mandats à effectuer.
Brièvement, on peut les voir ensemble. La commission devra tenir des
séances publiques de consultation au moins deux fois par année.
La commission devra assurer le suivi des plaintes et recommandations qui lui
seront acheminées. Tous les procès-verbaux des réunions de
l'exécutif et du conseil d'administration des commissions de transport
et de l'ORT devront être déposés à la commission
consultative. Les membres de la commission consultative auront le droit de
consulter les documents internes produits par
chaque commission et par l'ORT. On comprendra que cela permettra une
plus grande diffusion d'information, un débat et une participation des
citoyens plus intense. La commission devra déposer un rapport annuel au
conseil de l'ORT. L'ORT devra fournir à la commission consultative le
soutien technique et financier nécessaire à son fonctionnement
et, plus précisément, à la production de ses rapports
(secrétariat et impression). L'organisme régional de transport
devra déposer à cette commission tout projet de budget, de hausse
de tarif et de modification affectant le service à l'intérieur
des délais légaux requis et ceci, afin que la commission puisse
le consulter et en faire rapport au conseil de l'ORT.
Des mandats spécifiques, nous en avons dégagé
quelques-uns. Durant sa première année d'activités, la
commission aura pour mandat d'apporter des recommandations quant aux
possibilités de modes de financement permanents pour les associations
d'usagers. Elle aura également pour mandat d'apporter des
recommandations sur le mode de nomination des représentants des usagers
au sein du conseil d'administration des commissions de transport et de l'ORT.
Elle devra également se pencher sur la question du versement-transport,
ainsi que sur les autres formes que pourrait emprunter la contribution
financière des bénéficiaires non-usagers.
Afin d'assurer une bonne communication entre le conseil de l'ORT et la
commission consultative, nous voulons qu'un représentant de cette
commission siège au conseil exécutif de l'ORT. Ce
représentant sera nommé par les membres de la commission.
Pour ce qui est de la commission permanente des organismes locaux de
transport, ce qui n'était pas nécessairement soulevé dans
le projet gouvernemental, nous croyons que le gouvernement doit mettre à
la disposition des citoyens en général et des usagers du
transport en commun, en particulier, des outils d'information et de
participation leur permettant de faire connaître clairement à
leurs élus leurs attentes et leurs besoins en matière de
transport en commun. (16 h 30)
Quels sont donc ces outils devant être mis à la disposition
des usagers au niveau local pour qu'ils deviennent des intervenants bien
informés, dynamiques et responsables? Une recommandation se
dégage de cette question. Nous voulons que la ville de Laval et le
Conseil des maires de la rive sud s'adjoignent une commission permanente sur
les transports, à l'instar de celle qui existe maintenant à la
Communauté urbaine de Montréal depuis l'adoption de la loi
46.
Nous passons maintenant aux institutions à caractère
administratif. Au niveau de l'organisme régional de transport, nous
devons dire que nous sommes en accord avec la proposition gouvernementales
visant à créer un organisme régional qui aurait pour
mandat de planifier, développer, construire et s'assurer du financement
des systèmes à caractère régional. Outre le
métro, les trains de banlieue et les autobus régionaux, nous
croyons que les stationnements incitatifs à caractère
régional devraient aussi relever de la responsabilité de l'ORT.
C'est une autre recommandation que nous déposons.
Nous sommes également d'accord avec la proposition
gouvernementale concernant les autres responsabilités confiées
à cet organisme. Par ailleurs, à ces fonctions déjà
attribuées, nous ajoutons les mandats de voir à
l'intégration interrive des réseaux de transport adapté
pour les personnes handicapées et d'assurer l'accessibilité des
futurs équipements, toujours à cette même
clientèle.
Au niveau des organismes locaux de transport, nous partageons avec le
ministre l'idée du maintien des commissions de transport locales,
plutôt que leur fusion en une supercommission régionale qui en
aurait rendu l'administration certainement difficile et qui aurait encore
conduit l'usager dans une condition de laissé-pour-compte.
Le soutien aux associations d'usagers. Nous recommandons que les trois
commissions de transport de la région de Montréal devraient, de
la même façon que pour les associations humanitaires, admettre,
pour fins de publicité corporative sur leur réseau de services,
les associations d'usagers légalement constituées.
Finalement, nous demandons qu'un tribunal d'arbitrage soit maintenu afin
de quand même garder un système d'urgence -on dirait en anglais un
"back up system", si vous me passez l'expression - à la disposition des
usagers, pour faire en sorte que des situations comme le circuit 12 de
l'Île-des-Soeurs, où il y eu des coupures aveugles du service
à Métropolitain Sud, soient évitées ou, du moins,
que les usagers aient des recours. Je vous remercie de votre attention.
M. Chartrand: Merci, M. Lachapelle. Maintenant, pour terminer
notre premier bloc, M. Gérard Chagnon et M. Dagenais vont vous
entretenir du cadre financier. Merci.
M. Chagnon (Gérard): Cela deviendra presque redondant de
parler de l'importance de diminuer les coûts du transport collectif,
mais, pourtant, dans chacune des interventions que nous avons entendues depuis
le début de cette commission et même dans la proposition
gouvernementale, il y a une analyse très peu détaillée qui
est faite des causes réelles de cette hausse de coûts. On parle,
tantôt, d'introduction de la CAM, de hausse de prix du carburant, mais
nous
verrons, tout au cours de notre démarche, qu'il y a des causes
peut-être plus profondes dans l'organisation même de la structure
du territoire de la région métropolitaine.
En effet, comme l'indique un tableau à la page 18 - que plusieurs
ont repris sous différentes formes - les coûts à la CTCUM
ou dans le transport dans la région de Montréal ont subi des
hausses assez impressionnantes. Cependant, la hausse des coûts du
transport collectif est, d'abord et avant tout, un processus de longue
durée et d'une nature structurelle. C'est pourquoi nous ne saurions nous
satisfaire des explications gouvernementales et des autres intervenants depuis
le début, faisant appel à la conjoncture des dernières
années: hausse rapide du coût des carburants, taux
d'intérêt élevés, importance de la masse salariale,
expansion des territoires desservis, déficience au chapitre du
contrôle des dépenses.
En ce qui nous concerne, la croissance régulière des
coûts du transport soulève une problématique plus globale
qui est celle de l'organisation des transports en relation avec
l'aménagement du territoire et, plus particulièrement, celle du
transport lié à la distribution spatiale de l'emploi.
En effet, en laissant les forces du marché concentrer les emplois
dans le centre-ville, on oblige nécessairement à la mise en place
d'infrastructures de transport très lourdes afin d'amener à un
même moment tous les gens dans une même direction. Certains choix
technologiques ont été faits depuis les dernières
années; on pense ici au métro. Certains semblent dire: C'est trop
coûteux inutilement, mais il n'en demeure pas moins que ces
infrastructures ont été nécessitées par un type
d'organisation de l'espace et qu'on ne pourrait pas revenir, dans cette
conjoncture, à des tramways ou à des autobus, à moins de
changements importants.
Donc, si on veut vraiment toucher au fond de la problématique des
coûts du transport, il faut aussi repenser l'aménagement du
territoire. C'est peut-être un des messages importants que nous voudrions
transmettre dans notre mémoire aujourd'hui. Il ne s'agit pas seulement
de couper un petit bout de ligne là, de rogner sur le salaire des
employés ou d'essayer de couper un cadre ici ou là; c'est
vraiment une question d'organisation fondamentale de tout le territoire qui est
à envisager.
À ceci, il faut ajouter aussi les politiques de circulation des
municipalités et je pense qu'on doit parler en particulier de la ville
de Montréal qui empêche une exploitation économique des
réseaux d'autobus. Dans ce sens, des employés de la CTCUM
travaillant au service de la planification nous ont confirmé le refus
systématique de cette municipalité de collaborer à la mise
en place de voies réservées. Or, quand on connaît les
coûts énormes d'exploitation qui sont reliés au
ralentissement des autobus, on se demande comment il se fait qu'en même
temps les municipalités crient parce que cela coûte cher et
qu'elles ne prennent pas les mesures pour faire en sorte que les coûts
soient diminués.
Dans ce sens, le député de Laporte posait une question ce
matin: Comment se fait-il que, avec plusieurs années d'écart, on
transporte moins de personnes avec plus d'autobus? Je pense que le fait que la
vitesse commerciale des autobus dans la région de Montréal ait
beaucoup diminué avec les années, à cause de la
circulation automobile et des politiques de circulation qui s'y rattachent, est
un des éléments de réponse qu'il faudrait retenir.
Donc, je me permettrai, dans les minutes qui suivront, de faire une
espèce de petite parenthèse dans les recommandations que nous
faisons dans ce mémoire, qui ne portent pas sur la réforme
proposée par le ministère des Transports, mais qui ont justement
un impact sur cette question de l'aménagement du territoire. Dans le
document gouvernemental, ce lien-là n'est pas fait. Nous
considérons qu'il est indispensable qu'il se fasse et c'est pourquoi
nous apportons des commentaires qui pourraient paraître hors du
sujet.
D'abord, nous voulons que soient abandonnés les projets de
métro de surface et qu'ils soient remplacés par des
équipements moins dispendieux tels les trains de banlieue qui, comme
vous le savez sûrement, sur la ligne menant à Pointe-aux-Trembles
en particulier, existaient avant l'apparition du métro et qui ont
dû être abolis à cause, justement, de la mise en place du
métro.
Par ailleurs, et plus directement en lien avec la question de
l'aménagement du territoire, nous voulons qu'un moratoire soit
imposé sur la construction d'édifices de plus de huit
étages à Montréal. Par une telle mesure, nous souhaitons
que soit freinée la surconcentration des emplois au centre-ville.
On voudrait rappeler ici qu'à Toronto, sous l'administration du
maire Crombie, une telle mesure a été prise afin de limiter
à quatorze mètres la hauteur de tout nouvel édifice. On
sait d'ailleurs qu'à Toronto l'équilibre entre les lieux
d'habitation et l'emploi est beaucoup plus grand que ce que nous pouvons
trouver dans la région de Montréal.
Enfin, pour terminer, les mesures suivantes pourraient être
appropriées en vue de restreindre l'usage de l'auto en milieu urbain
montréalais: l'interdiction de la circulation automobile dans le
Vieux-Montréal. Nous revenons sur la question de l'implantation de voies
réservées pour autobus. Finalement, la limitation du
stationnement sur rue dans les quartiers du centre-ville à leurs
seuls résidents.
Pour en venir maintenant à ce qui nous concerne directement,
à savoir le financement, les recommandations que nous émettrons
dans cette partie du mémoire s'inspirent des principes suivants: la
participation directe de tous les bénéficiaires du transport
collectif à son financement; la transparence des responsabilités
de chacun des partenaires sociaux associés au financement des transports
publics; un souci d'équité en ce qui a trait aux
mécanismes de tarification et de taxation; la recherche d'une
efficacité optimale en ce qui concerne les méthodes
d'exploitation et de financement.
Dans la partie qui vient, nous parlerons justement de la question du
partage des responsabilités financières entre les quatre
principaux partenaires, à savoir les usagers, le gouvernement, les
municipalités et les bénéficiaires non usagers.
Hier, M. Pierre Des Marais II, président de la communauté
urbaine, parlait de ligne directrice quant au partage de la participation de
chacun des partenaires. Nous croyons qu'une telle norme ne veut rien dire,
à toutes fins utiles. Par exemple, à Sherbrooke et à
Toronto, les usagers contribuent dans une proportion de 70% au coût du
transport; cependant, cette excellente performance est due justement aux
méthodes d'exploitation. Donc, il est plus important de viser à
diminuer les coûts per capita que de vouloir augmenter la participation
en pourcentage des usagers.
Au risque de créer une certaine confusion chez les usagers et de
faire exploiter ce que je vais dire d'une façon indue par la presse,
à toutes fins utiles, il ne serait pas grave si, ici, à
Montréal, on payait effectivement aussi 70% des coûts, mais dans
la mesure où ce serait les politiques d'exploitation qui sont mises en
place et si elles sont faites effectivement pour le bénéfice des
usagers et non pas au bénéfice des automobilistes, des
entreprises ou même des vues partisanes des municipalités ou
même, à l'occasion, des besoins de création d'emplois du
gouvernement. Comme, actuellement, les méthodes d'exploitation sont
faites en fonction des autres partenaires, il est normal que les autres
partenaires participent dans la proportion de leurs intérêts.
De plus, comme le disait tantôt mon collègue Pierre
Lachapelle, on vante les mérites du transport en commun, ses effets sur
l'aménagement du territoire, sur la qualité de vie, sur
l'accessibilité au centre-ville, ses effets bénéfiques sur
la circulation et, en même temps, on veut faire payer l'usager en disant
que c'est lui le grand responsable de tous ces coûts. C'est un autre des
messages importants qu'on voudrait transmettre aujourd'hui: l'usager n'est pas
responsable des coûts du transport en commun. On assumera d'en payer la
note le jour où les coûts seront directement reliés aux
bénéfices.
Certains choix ont été faits en matière
d'aménagement du territoire en termes de type de technologie et de
politique de circulation. Plusieurs de ces choix n'ont pas été
faits pour le bien des usagers, mais, comme je le disais tantôt, pour
celui des automobilistes, des entreprises et autres. Donc, nous serons
prêts à assumer une plus grande part des coûts dans la
mesure où nous aurons une plus grande part des
bénéfices.
Maintenant, voyons dans le détail comment pourrait s'articuler
cette participation des usagers. Bien que nous soyons en accord avec le
principe d'une tarification selon la distance, nous croyons que les
réseaux urbains d'autobus devraient échapper à cette
mesure. En effet, pour nous, ce qui justifie l'importance d'une tarification
zonale, c'est d'éviter les déplacements sur de longues distances
ou de favoriser l'habitation loin du centre-ville de Montréal. Or, les
parcours locaux d'autobus se font sur des distances relativement courtes et la
majorité des déplacements qui se font en autobus se font à
l'intérieur d'une ou de deux zones. Donc, mettre sur pied un
système de tarification pour contrôler des gens qui se
déplacent sur de courtes distances est finalement une dépense
inutile. Nous recommandons donc qu'une tarification selon la distance soit
appliquée uniquement aux réseaux de transport rapide: trains de
banlieue, métro et métrobus.
En ce qui a trait à l'intégration tarifaire, nous
recommandons l'entrée en vigueur de la carte inter-rives pour les
usagers devant se déplacer entre Montréal et Laval ou entre la
rive sud et Montréal. Nous voulons que cette mesure soit prise dans les
plus brefs délais.
Nous recommandons également, à l'instar de ce qui se fait
à Sherbrooke, l'adoption d'une carte au porteur. Déjà en
vigueur à la Commission de transport de Sherbrooke, comme je le disais,
cette mesure relativement peu coûteuse, à la fois simple et
pratique, offre aux usagers un attrait supplémentaire. D'une
façon générale, elle favorise un transfert modal des
automobilistes au profit des transporteurs publics. On peut dire: Oui, mais
cela va diminuer la participation des usagers. Le président même
de la Commission de transport de Sherbrooke croit le contraire; il
considère, au contraire, que c'est un investissement et que cela fait
partie de sa politique de marketing, et que cette mesure a amené une
hausse de la participation des usagers. Un article de la revue Les affaires
fait, d'ailleurs, état de ces données.
Enfin, nous recommandions, jusqu'à aujourd'hui, que la
gratuité soit accordée aux personnes âgées voyageant
en dehors des heures de pointe. La consultation auprès de ces groupes de
personnes démontre qu'ils ne sont pas d'accord avec notre position; ils
ne veulent pas qu'on restreigne leur mobilité ou qu'on restreigne
à certaines heures le temps où leurs usagers pourraient voyager.
(16 h 45)
Revenons maintenant à la question de la répartition entre
la participation gouvernementale et celle des municipalités. Sauf erreur
de notre part, Québec entend modifier, pour une troisième fois
consécutive, sa politique d'aide au financement des équipements
de transport collectif. Pour tout dire, ces atermoiements démontrent
chez le gouvernement l'absence de règles solides qui puissent
éclairer sa politique. Quant à nous, nous aimerions voir adopter
la règle suivante qui allie la simplicité à la
clarté. À l'instar des infrastructures autoroutières de la
région de Montréal, la construction et l'entretien des
équipements de transport rapide, ainsi que l'achat des autobus devraient
relever du gouvernement québécois. On s'explique mal pourquoi le
transport régional, privé ou public, serait traité selon
le système douteux de deux poids, deux mesures. D'ailleurs, la mesure
que nous proposons nous semble être directement reliée à la
responsabilité du gouvernement du Québec en matière
d'aménagement régional du territoire.
Bien entendu, la contrepartie de notre proposition suggère que
les frais d'exploitation soient dorénavant laissés à la
charge des autres partenaires sociaux dont, évidemment, les
municipalités. À cet égard, nous proposons que leur
participation au déficit résiduel d'exploitation soit
établie en fonction du service que chacune d'entre elles reçoit,
calculé en termes de sièges-kilomètre, et que cette
participation soit pondérée par un indice des revenus. Cette
proposition vise essentiellement à une plus grande équité
dans la répartition du déficit résiduel. La formule ainsi
envisagée tient compte du niveau de revenu des citoyens de chaque
municipalité et répartit le déficit en fonction du service
reçu par chacune. En précisant la responsabilité des
villes en matière de financement, on les incite à
développer une meilleure exploitation du service et non pas à
toujours compter sur Québec pour ramasser les pots cassés. De
façon générale, nous souhaitons que les
municipalités puissent s'acquitter de cette tâche en favorisant le
transport en commun.
La contribution des bénéficiaires non-usagers. La taxe sur
l'essence. En ce qui a trait au prélèvement d'une partie de la
taxe sur l'essence pour financer le transport en commun, notre organisme appuie
entièrement la proposition gouvernementale.
Quant aux postes de péage, notre organisme recommande l'abolition
de tous les postes de péage au Québec, pour deux raisons
essentielles: du fait qu'actuellement cette mesure n'est pas équitable
envers tous les résidents de la région et que, par ailleurs,
l'utilisation systématique d'une telle mesure nuirait - aussi
contradictoire que cela puisse paraître - à la circulation
automobile en occasionnant des coûts supplémentaires de carburant.
En effet, l'arrêt de milliers de voitures aux postes de péage
entraîne un gaspillage insoupçonné de carburant. Selon nos
propres estimations, pour l'année 1981 seulement, nous avons perdu,
à cause d'un tel système de taxation, de 8 000 000 $ à 10
000 000 $ en carburant volatilisé. Employées autrement, ces
sommes, à titre d'exemple, auraient permis d'isoler de 8000 à 10
000 logements au Québec. Aussi, nous mettons sérieusement en
cause l'existence même du réseau des postes de péage.
À notre avis, des mesures plus efficaces en termes
énergétiques pourraient servir plus adéquatement le
système de transport en commun.
La taxe sur les stationnements. La proposition gouvernementale, en
limitant la taxe spéciale aux seuls stationnements du centre-ville,
défavorise les commerces et entreprises du centre par rapport à
ceux des banlieues. Notre souci d'équité exige d'étendre
cette taxe à l'ensemble du territoire couvert par l'ORT. De plus, nous
jugeons qu'il serait préférable d'imposer une taxe
spéciale sur tous les stationnements de plus de 20 places compris dans
le territoire de l'ORT. Nous incluons dans cette mesure les stationnements
gratuits offerts par les commerces, les entreprises, les administrations
publiques ainsi que les stationnements payants sur rue.
Nous avons parlé précédemment du lien à
créer entre l'aménagement du territoire et l'organisation du
transport. À cet égard, la taxe sur le stationnement vise
à la fois les entreprises et les automobilistes eux-mêmes. En
effet, actuellement, plusieurs entreprises et centres commerciaux offrent
gratuitement un stationnement à leurs employés et clients. Nous
croyons qu'il est important que cesse cette subvention déguisée.
Rappelons que des centaines de logements ont été détruits
pour permettre la construction de stationnements autour de Radio-Canada,
Télé-Métropole, l'autoroute Ville-Marie. En banlieue,
plusieurs centres commerciaux ont pu s'établir en plein champ parce
qu'il était moins coûteux qu'en ville d'y construire des
stationnements. Nous croyons qu'une taxe sur le stationnement incitera à
une plus grande sagesse dans l'utilisation du sol, notamment par la
construction d'habitations dans les espaces récupérés.
Finalement, de manière générale, cette mesure devrait
contribuer à favoriser le transport en commun plutôt que
l'automobile.
Un dernier mot, les mesures que nous proposons au niveau de la taxation,
comme je le disais tantôt, veulent créer le lien le plus
étroit possible entre les choix qui sont faits en matière de
transport.
La question du versement-transport n'a pas été retenue
pour le moment, non pas que nous la rejetions mais parce que nous devons y
réfléchir davantage, Ce pourquoi nous ne l'avons pas retenue
d'emblée, c'est qu'elle n'établit pas ce lien direct entre les
choix qui sont faits en transport. Elle est une forme d'impôt, à
toutes fins pratiques, qui permet de l'utiliser n'importe comment. Dans la
mesure où on veut créer une plus grande rationalité de
l'utilisation de l'espace, il faut prendre des mesures, à notre avis,
qui relient précisément ces deux éléments.
J'invite mon collègue, Jean-Pierre Dagenais, à ajouter des
éléments avant la période des questions, dans
l'éventualité où l'exposé serait incomplet.
M. Dagenais (Jean-Pierre): Je n'ai rien de particulier à
ajouter. Je répondrai éventuellement aux questions posées
sur le cadre du financement.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, permettez-moi, dans un premier
temps, de féliciter Transport 2000 qui a accompli un travail
énorme de consultation et d'implication du plus grand nombre de
citoyens, citoyennes et d'usagers réguliers du transport en commun. Je
pense qu'ils apportent une contribution importante à nos travaux, le
point de vue des usagers méritant certainement d'être entendu au
même titre que celui des exploitants ou encore des administrateurs
publics. Je pense qu'ils ont, par leurs nombreux mémoires d'ailleurs,
suscité beaucoup d'intérêt sur toute la question du
transport en commun et je les en félicite.
Cependant, M. le Président, Transport 2000 s'est associé
à plusieurs groupes et on ne voudrait pas, je pense, ni du côte de
l'Opposition ni du côté ministériel, pénaliser ces
gens. Normalement, nos travaux devraient se terminer à 18 heures et il
reste encore plusieurs groupes à entendre. Je pense qu'il est plus
important de donner l'occasion aux gens de se faire entendre que
d'échanger très longuement, en ce qui nous concerne, puisqu'on a
eu l'occasion d'étudier le mémoire. Je me limiterais donc, quant
à moi, à ce moment-ci, à deux questions: une question
fondamentale et une autre, de précision.
En ce qui concerne la participation des usagers, vous donnez comme
exemple la SNCF en France. À première vue, je suis fort
sympathique à l'idée d'une représentation des usagers. Que
ce soit au niveau hospitalier, par exemple, où il y a des
représentants des bénéficiaires, que ce soit au niveau des
cégeps, que ce soit au niveau des commissions scolaires, de plus en plus
les usagers sont représentés. Dans le cas du transport en commun
- je pense que votre mémoire en témoigne lui-même - il est
particulièrement difficile de trouver une façon de rendre
opérante la représentation au niveau décisionnel.
Ma question est la suivante: Avez-vous, en matière de transport
en commun - je ne veux pas savoir en matières sociale,
d'éducation, culturelle ou autres - des précédents
ailleurs dans le monde autre que celui de la SNCF où, si ma
mémoire est fidèle, c'est une représentation très
minoritaire? En avez-vous d'autres dans le monde? Est-ce que vous pensez
sincèrement qu'on peut rendre cela opérant? Finalement -tout
ça dans la même question - est-ce qu'il n'y a pas un risque pour
les usagers, si c'est une représentation minoritaire au niveau d'un
conseil d'administration, de jouer, finalement, un rôle de caution des
décisions qui sont prises par le conseil d'administration?
À l'autre extrême, s'il ne s'agissait que de nommer des
usagers pour contrôler une commission de transport, à toutes fins
pratiques, on aboutirait au système actuel où il y aurait des
commissions autonomes, mais le gouvernement, selon un processus de consultation
qui serait certainement très compliqué, en viendrait quand
même à nommer un président, des commissaires qui sont des
représentants des usagers et on se retrouverait avec le système
qu'on veut justement corriger. Alors, ma question est celle-ci: Comment est-ce
que cela se passe ailleurs dans le monde, à votre connaissance? Est-ce
que cela peut fonctionner? Est-ce que ce ne serait pas, finalement, jouer un
rôle de caution?
Une voix: M. Lachapelle va vous répondre.
M. Lachapelle: Je vais essayer d'apporter un
élément de réponse. Je ne dis pas que j'ai la
réponse ou toute la réponse à la question à deux
volets que vous avez posée. Premièrement, pour ce qui est de
rendre cela possible, je pense qu'il y a présentement des associations
d'usagers et nous en sommes une; il y a Les Gens de la terre qui
s'intéressent au transport en commun et, parmi les différentes
personnes que nous avons nommées uniquement à la commission
consultative permanente qui sont déjà des intervenants usagers
dans le domaine du transport en commun, il y a énormément
d'associations qui sont légalement constituées. Alors, dans un
mécanisme de mise en place, si nos recommandations étaient
retenues, il
s'agirait, pour ces organisations de contacter la direction de l'ORT -
pour les organismes de transport locaux, il y aura des présidents de
nommés - et de dire: Oui, nous sommes intéressées à
être membres. Il y aurait des élections, il y aurait des choix
lors d'assemblées générales publiques au sein de ces
usagers. Cela serait libre aux usagers d'en faire partie et d'aller se faire
valoir, d'aller faire leurs représentations au sein de ces
assemblées générales d'usagers à l'intérieur
des associations qui existent déjà.
Maintenant, le premier élément - je m'excuse - de votre
question, c'était à savoir si nous avons des
précédents dans le monde. Peut-être que d'autres membres de
notre groupe pourront répondre, mais, à ma connaissance, il n'en
existe pas.
Pour ce qui est du rôle de caution dont vous parlez, l'un des buts
que nous recherchons en admettant des usagers du transport en commun au sein
des conseils d'administration, c'est de participer à ce rôle
responsable et à ce rôle d'agents - comment pourrais-je dire cela?
- actifs à l'intérieur des décisions et des
équilibres de pouvoirs et décisionnels qui ont lieu dans le
domaine du transport en commun. Le constat que nous faisons - et on est
prêt à être convaincu du contraire, mais je crois que cela
va être très difficile - c'est que l'usager du transport en
commun, il est un client, mais un client qui est sans parole, qui est
laissé pour compte et, à maintes occasions dans l'histoire
récente de la région de Montréal ou de la région de
Québec, les situations où l'intervention d'un troisième
joueur - et cela, il faudrait l'essayer pour voir s'il n'y a pas des solutions
qui s'en approchent de ce côté - pourrait peut-être changer
la dynamique. Si on regarde seulement dans les relations de travail en ce qui
regarde l'exploitation, on a des guerres de chapelle entre élus
municipaux ou entre élus provinciaux et élus municipaux.
Quant au rôle de caution, je ne pense pas que c'est cela qui se
passerait. Je crois que, au contraire, en ayant un usager sur place,
l'information circulerait beaucoup plus parce qu'au niveau de l'information et
au niveau des conseils d'administration l'information ne sort pas et,
même si ce sont des fonds publics qui sont gérés, il y
aurait toute une nouvelle dynamique qui se mettrait en branle.
J'invite un autre membre, M. Chartrand.
M. Chartrand: Peut-être un commentaire. Il y a plusieurs
éléments que M. Lachapelle vient de dire justement, des exemples
qu'on pourrait donner où des usagers ont été
pénalisés par des décisions et se sont retrouvés
devant un fait, sans avoir peut-être tous les renseignements
nécessaires pour pouvoir réagir de la façon la plus juste,
la plus équitable possible. Je pense, par exemple, à un tas de
cas qui sont arrivés comme celui de la ligne 12, à
Montréal, à l'Île-des-Soeurs; ces gens n'ont même pas
été consultés. Du jour au lendemain, l'autobus ne va plus
à Montréal, au centre-ville, il va à Verdun; quant au
Métropolitain Sud, du jour au lendemain, on enlève 20% ou 22% des
services et, quand on veut avoir des chiffres, il faut jouer au
détective. Ils nous voient venir et c'est dangereux. "Oh boy!" Ils s'en
viennent et ils nous demandent des chiffres; cela va être dangereux.
Il faudrait être sur place, je ne dis pas pour faire renverser des
situations, mais au moins pour être informés de ce qui se passe.
Dans l'organisme régional de transport, avec la proposition
gouvernementale, il va sûrement se passer des tractations, des choses
vont se passer. S'il y avait un usager, il pourrait, je ne dis pas faire le
chien de garde, mais au moins voir ce qui se passe et s'il y a vraiment des
inéquités qui se font, au moins, être au courant de ce qui
se passe. On va être encore à l'extérieur et il va falloir
supposer qu'il s'est passé telle chose et il va falloir encore jouer au
détective pour avoir des informations.
M. Clair: Merci. Mon autre question est plus précise. Vous
dites non au métro de surface, oui au train de banlieue et il n'est pas
question du métro, alors qu'actuellement il y a des travaux en cours au
métro et que vous êtes sûrement au courant du débat
sur le métro souterrain de la ligne 5 et sur le métro de surface,
ligne 6.
Alors, ma question est la suivante: Est-ce que, si vous en avez contre
le métro de surface, la même attitude s'applique au métro?
Est-ce que votre objection s'applique même, en ce qui concerne le
métro de surface, à la ligne no 6 qui emprunterait une emprise
ferroviaire existante? (17 heures)
M. Chartrand: M. Dagenais va répondre à cette
question, il a fait des recherches là-dessus.
M. Dagenais: En ce qui concerne le métro, pour les
prolongements actuels, il est peut-être un peu tard pour s'opposer et
dire: On voudrait que cela s'arrête.
M. Clair: Pour Saint-Michel-Anjou, non.
M. Dagenais: Cela est une information qu'on n'avait pas. Par
ailleurs, en ce qui concerne le métro de surface, si on dit non, c'est
tout simplement qu'on en a vu les effets à l'étranger, entre
autres, l'expérience du BART à San Francisco. Cela nous fait
réfléchir beaucoup, car cela a des effets sur l'augmentation des
coûts et, finalement, il semble qu'il y a une tendance
générale à faire payer cela par les usagers. On se dit
que ce sont des infrastructures qui vont être coûteuses et
que c'est nous, en définitive, qui allons être obligés de
les payer. Il y a peut-être d'autres types de technologies qui sont
à l'essai en Europe, technologies intermédiaires ou technologies
moins coûteuses, comme le train de banlieue qui peut faire aussi bien
l'affaire et on s'en satisferait beaucoup.
M. Clair: Oui, mais, les trains de banlieue, il y en a deux. Le
train de banlieue du CN Deux-Montagnes-Rigaud, c'est déjà
réglé, c'est acquis. Il reste celui de Saint-Hilaire. Concernant
les autres possibilités vers l'est, notamment, il en reste trois:
métro de surface et/ou métro souterrain ou autobus. Ma question
est précise: Est-ce que votre objection de principe aux investissements
lourds vaut également pour le métro? De façon plus
particulière, êtes-vous opposés, oui ou non, à la
construction de la ligne de métro de surface no 6?
M. Dagenais: Celle qui se dirige vers l'est.
M. Clair: Oui, celle qui va vers Rivière-des-Prairies et
vers Pointe-aux-Trembles.
M. Dagenais: Sauf erreur de ma part, il existe une emprise
ferroviaire qui va en direction de Rivière-des-Prairies. D'ailleurs, on
pense construire le métro de surface sur cette emprise.
M. Clair: C'est cela.
M. Dagenais: Pour avoir entendu dire des choses concernant le
plan qu'on veut préparer en vue d'un métro de surface en
direction de Rivière-des-Prairies, cela nous fait frémir un peu.
On se demande si cela ne serait pas le gadget de quelques ingénieurs du
BTM qui veulent construire quelque chose de faramineux, qui veulent nous
entraîner dans on ne sait trop quoi. Par contre, il y a
déjà eu un train de banlieue qui a emprunté ce corridor et
on se demande ceci: Pourquoi ne pas le remettre en place, ce train de banlieue,
et retaper un peu les gares qui se trouvent sur le parcours?
M. Chartrand: M. le ministre, excusez-moi. Il y a eu un train de
banlieue jusqu'à Montréal-Nord jusqu'en 1966. Finalement, on se
dit: Avant de construire une grosse infrastructure, peut-être que la voie
ferrée qui est là, avec quelques améliorations, pourrait
faire l'affaire, vu la crise économique. Elle pourrait être
prolongée, cela pourrait être celle de Montréal-Nord qui
pourrait aller même jusqu'à Repentigny. Il en avait
été question. Alors, peut-être que cette option devrait
être regardée plus attentivement au lieu de construire un
métro de surface très dispendieux, style BART, tout
simplement.
M. Clair: Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je vais tenter d'être
aussi bref que le ministre et de me limiter, moi aussi, à deux questions
pour ne pas être en reste envers lui. Cependant, je ferai une remarque
préliminaire, à savoir que le ministre des Transports est en
train de frapper son Waterloo avec la ligne de métro de surface no 6. Il
nous annonçait hier sa préférence pour le métro de
surface de la ligne no 6 et voilà que, coup sur coup, non seulement le
Parti libéral du Québec s'est inscrit en faux contre ce projet,
mais hier la CUM, Laval et aujourd'hui le COPEM, qui sont des organismes
municipaux ou d'affaires, s'y sont opposés. Voilà maintenant que
les usagers également s'y opposent. Alors, je me demande vraiment qui va
rester pour soutenir la proposition du ministre. Il va y avoir à peu
près seulement le ministre, mais je sais...
M. Clair: Correction, M. le Président. Ce n'était
pas la proposition du ministre.
M. Bourbeau: Je sais que le ministre est un homme qui
écoute beaucoup et probablement qu'à la longue nous allons
réussir à le convaincre, on va continuer d'espérer.
J'ai deux questions, comme je le disais. La première a trait
à une déclaration que faisait M. Chagnon tout à l'heure et
qui nous disait que les usagers pourraient peut-être
éventuellement payer jusqu'à 70% des coûts du transport en
commun, si le transport était organisé en fonction des usagers et
non pas en fonction des autres partenaires et il a cité les
automobilistes, les entreprises, et autres. Il disait que, si c'était
fait, les usagers pourraient en retirer une plus grande part des
bénéfices. J'ai de la difficulté à voir exactement
ce que vous voulez dire par cela parce que, quant à moi, cela
m'intéresserait beaucoup de trouver une solution où la grande
partie pourrait être financée par les usagers sans que les tarifs
augmentent d'une façon exorbitante. Pourriez-vous préciser
comment, dans votre optique, un système comme celui-là pourrait
fonctionner?
M. Chagnon: D'abord, je voudrais refaire la mise en garde que
j'ai faite. J'apprécierais mal que qui que ce soit ici aille reprendre
devant la presse ou devant ses électeurs ou je ne sais qui que
Transport
2000 et les usagers veulent payer 70% des coûts et qu'on va
augmenter demain matin les coûts dans une telle proportion. Cela
étant dit, comme je le disais tantôt, à Toronto, les
usagers participent dans cette proportion, parce que, d'une part,
l'aménagement du territoire permet une meilleure exploitation des
réseaux et que les choix de technologie qui ont été faits
font en sorte que les coûts d'investissements ou les coûts
d'exploitation sont moindres. Cela fait que sur le marché, si je peux
dire, on peut se permettre d'avoir un prix X des droits de passage qui, tout en
étant acceptable, correspond à une plus grande proportion. On se
dit: Si on peut augmenter, selon l'inflation, les coûts du droit de
passage, mais en même temps diminuer les coûts d'exploitation et
donc augmenter la proportion des usagers, tant mieux.
Quand je parlais des autres bénéficiaires qui profitent,
à toutes fins utiles, du transport, je reviens à la question de
la circulation. Vous n'êtes pas sans savoir qu'à la CTCUM un mille
dans la vitesse commerciale coûte 20 000 000 $ à la commission et
qu'à vitesse comparée Toronto va deux milles de plus à
l'heure que Montréal. Donc, à service égal ou à
nombre d'autobus égal, on pourrait diminuer derechef de 40 000 000 $ nos
coûts d'exploitation. Pourquoi cela ne s'est-il pas fait? Parce que
Montréal ne veut pas implanter de voies réservées, ne veut
pas modifier sa politique de circulation pour favoriser le déplacement
des autobus, entre autres. C'est ce qu'on veut dire par: On n'est pas
prêts à assumer les coûts de services dont
bénéficient les autres.
Je pense que M. Dagenais aimerait ajouter quelque chose à ma
réponse.
M. Dagenais: M. Bourbeau, je voudrais vous rappeler un petit cas,
l'affaire de la station Namur-Blue Bonnets, qui illustre très bien que
les politiques de transport en commun ne sont pas toujours à l'avantage
des usagers du transport en commun. Si vous connaissez un peu le dossier, cela
se passe en 1974 quand Campeau Corporation, qui voulait établir un gros
complexe immobilier tout près de Décarie et Jean-Talon, a tout
simplement demandé au gouvernement Bourassa, à M. Hanigan de
déplacer la ligne de métro pour aller du côté de
Décarie. Cela a coûté des millions. On a été
pris pour payer ces choses. On pourrait trouver d'autres exemples comme
cela.
M. Bourbeau: En pratique, pour être vraiment concret, le
transport en commun fait des déficits dans la région de
Montréal de l'ordre de 150 000 000 $; je n'ai pas les chiffres devant
moi, mais le coût total est de 275 000 000 $ à peu près et
cela fonctionne avec deux tiers de déficit.
Pensez-vous sérieusement qu'on pourrait trouver suffisamment de
mesures concrètes -vous en avez proposé une pour
accélérer la circulation dans le centre-ville de Montréal
-pour réduire les coûts du transport en commun d'une façon
telle qu'effectivement la contribution des usagers, en ne l'augmentant pas - je
veux bien faire la réserve que vous avez faite - pourrait couvrir
jusqu'à 70% des coûts?
M. Chagnon: Je ne vois pas pourquoi, si Toronto a réussi
à le faire, on ne réussirait pas, si tous les partenaires
impliqués ont vraiment cet objectif.
M. Bourbeau: Je pense que cela vaudrait vraiment la peine que
cette proposition soit poussée plus loin, parce qu'à mon avis
c'est la direction vers laquelle on doit s'orienter.
M. Chagnon: MM. Chartrand et Dagenais aimeraient ajouter quelque
chose.
M. Chartrand: Ce ne sera pas long. J'aimerais, justement, ajouter
une petite chose là-dessus. Dans le Toronto Star du 15 juillet, il y a
une photo d'un tramway articulé qui va pouvoir transporter à
Toronto - il est en activité depuis quelques semaines - 300 personnes.
Il est mû à l'électricité. Quand on parle de
tramway, il y en a qui nous prennent pour des farfelus. Quand on pense aux
choix technologiques qui ont été faits dans la région de
Montréal, que nous constatons que nous sommes pris avec des flottes
d'autobus aussi imposantes que celles dont vous avez parlé tantôt
et qu'on regarde ce qui se fait ailleurs, on se pose de sérieuses
questions, les usagers.
On m'a dit - je n'ai pas les chiffres en main - que, pour à peu
près le même nombre d'usagers à la TTC à Toronto,
cela coûte la moitié des coûts d'exploitation de la CTCUM.
Ce sont des gens qui m'ont dit cela. Je n'ai pas les chiffres en main, mais il
semble que c'est véridique. Pour à peu près le même
nombre d'usagers, cela coûte la moitié du prix. Donc, quand on
voit la Commission de transport de Toronto investir dans des systèmes
légers comme cela, qui peuvent transporter 300 personnes dans un
véhicule moderne - un tramway, ce n'est pas si ancien que cela -
mû à l'électricité, comme si on n'en avait pas au
Québec, on se pose des questions. Cela va prendre trois autobus de la
CTCUM pour transporter le même nombre de personnes que va transporter un
tramway de Toronto. Ils en ont un expérimental qui fonctionne depuis
quelques semaines et je parie que, d'ici un an ou deux, ils vont en avoir
quelques centaines. C'est pour remplacer les anciens qu'ils ont. On se pose des
questions. Ce sont des choix technologiques qui ont été faits,
il
y a 25 ou 30 ans, et on en a des répercussions aujourd'hui. Il y
a des politiques de circulation à Montréal qui sont fort
différentes de celles d'autres grandes villes; on met des
parcomètres partout, on encourage l'automobile à outrance.
M. Dagenais: II y a des choix qu'on pourrait faire demain matin;
cela ne coûte absolument rien, ce sont les voies réservées.
Selon M. Hanigan lui-même, chaque fois que le réseau des autobus
voit sa vitesse réduite d'un mille, cela coûte à la
commission de transport 20 000 000 $. La vitesse commerciale des autobus de
Montréal est de deux milles inférieure à celle de Toronto.
Je pense qu'avec des voies réservées il y aurait moyen de
rattraper cela et d'économiser tout près de 40 000 000 $. C'est
M. Hanigan qui dit cela.
M. Bourbeau: Je pense qu'effectivement il y a certainement des
efforts à faire dans ce sens-là, d'autant plus que ce sont des
économies qui ne coûtent pratiquement rien à implanter.
Deuxième question. Cela concerne votre recommandation, à
la page 26, d'abolir les postes de péage au Québec.
Évidemment, cela a fait l'objet récemment de beaucoup de prises
de position dans les journaux, de la part de plusieurs groupes. Nous avions
hier le président de la Communauté urbaine de Montréal qui
recommandait, à l'inverse de ce que vous recommandez, de créer
une ceinture de postes de péage à l'entrée de I'île
de Montréal et une deuxième ceinture un peu plus loin; je ne sais
pas si c'est un genre de ghetto qu'on veut créer autour de l'île
de Montréal. Je sais que le ministre des Transports n'a pas l'intention
d'abolir les postes de péage puisqu'il les a doublés il y a
quelques mois. Je me demandais si vous ne pourriez pas expliciter un peu plus
votre pensée là-dessus, parce que je suis pas mal d'accord avec
votre proposition, enfin, je la trouve intéressante.
M. Chagnon: D'abord, il faut mentionner que, quand on parle
d'élimination des postes de péage, notre position va de pair avec
celle concernant les stationnements. À ce moment-là, je ne suis
pas certain que vous partagiez l'accord dont vous venez de faire part. Donc, si
nous proposons l'élimination des postes de péage, ce n'est pas
pour favoriser l'utilisation de l'automobile, mais bien parce que nous
considérons que ce n'est peut-être pas la mesure la plus
appropriée pour atteindre les objectifs visés par le
gouvernement. Les raisons qui sont données là, je pense que cela
ne sert à rien de les répéter, ce sont des raisons,
à toutes fins utiles, d'inefficacité ou même
écologiques. Vous pourrez me relancer si vous trouvez cela insuffisant,
mais, à moins de répéter ce que j'ai dit...
M. Bourbeau: En fait, c'est parce que vous prétendez dans
votre mémoire qu'actuellement il en coûte, en carburant
volatilisé, une somme de 8 000 000 $ à 10 000 000 $ par
année pour conserver les postes de péage tels qu'ils sont. Est-ce
qu'il n'y a pas aussi d'autres coûts? C'est vers cela que je tendais
tantôt; je pensais que vous étiez peut-être pour
préciser. Y a-t-il d'autres coûts que la perte en carburant? Par
exemple, on parle souvent de l'usure des freins de toutes les voitures qui
doivent s'arrêter aux postes de péage, de la congestion sur les
autoroutes le matin, du retard. Il y a un coût social au retard qui est
causé sur les autoroutes par le fait que les gens qui se
déplacent arrivent plus tard à leur lieu de travail; donc, ils
doivent partir plus tôt, etc. J'en passe. Est-ce que cela a
été comptabilisé? Avez-vous fait des études
là-dessus pour voir quel était le coût réel des
dépenses directes et indirectes causées par le fait de maintenir
des postes de péage à l'entrée des grandes villes?
M. Chagnon: Non, nous n'avons pas évalué d'autres
coûts ou d'autres impacts. Je pense que ceux que vous avez
mentionnés sont réels et que nous ne pouvons pas les
négliger, mais, comme je vous le dis, je pense que la position est
utilisée très différemment par les gens qui veulent
favoriser le développement de l'automobile et ceux qui, comme nous,
considèrent tout simplement que ce n'est pas une mesure
nécessairement adéquate. On est conscient que cette position est
ambiguë. D'ailleurs, vous remarquerez que nous n'avons pas fait en sorte
de nous associer les municipalités de la rive nord ou les gens qui
s'opposaient à ces postes de péage, parce que la mesure n'est pas
faite pour les mêmes raisons. Donc, c'est pour cela que je maintiens une
certaine distance entre les arguments que vous apportez et les
nôtres.
M. Bourbeau: Autrement dit, vous êtes d'accord avec moi,
mais vous aimez autant ne pas le dire.
M. Chagnon: Non, je suis d'accord avec vous. Ce que je vous ai
dit, c'est une médaille qui a deux faces et, quand on prend la
médaille, on prend les deux faces.
M. Bourbeau: Je comprends très bien ce que vous voulez
dire. Je n'ai pas d'autres questions. En terminant, je tiens à joindre
mes commentaires à ceux que faisait tantôt mon
prédécesseur et à vous féliciter du travail
important que vous avez fait, vous et tous ceux qui vous accompagnent. Pour
l'avoir lu, je pense que votre mémoire
contient une foule de recommandations très intéressantes.
Même si, sur certains points, nous ne partageons pas toujours votre point
de vue, sur bien des points, par exemple, la question du contrôle des
coûts, la question de l'efficacité du transport en commun, on est
vraiment sur la même longueur d'onde et votre président est au
courant des efforts qu'on a pu faire dans le passé pour tenter d'arriver
à ce but. Je pense que, si l'on se donne la peine d'étudier
attentivement vos recommandations, il y a bien des choses qui pourraient
être mises en vigueur rapidement et qui auraient pour effet de
rentabiliser le transport en commun et peut-être même de
l'améliorer dans la région de Montréal. Merci.
M. Chartrand: Nous avons la continuation du deuxième et du
troisième blocs. Est-ce qu'on peut passer immédiatement à
cette partie? Il y a d'autres questions peut-être?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vimont.
M. Rodrigue: Ma question a trait à votre position
concernant les dépenses d'immobilisations par le gouvernement. Vous
dites que le gouvernement devrait assumer le coût entier des
dépenses d'immobilisations. Je n'ai pas vu dans votre mémoire si
vous en traitiez, mais vous saurez me le dire. Est-ce que vous reconnaissez
tout de même un râle aux municipalités sur les territoires
desquelles ces immobilisations seraient réalisées? Est-ce que
vous leur reconnaissez un râle dans la décision de réaliser
ou non ces immobilisations? C'est une chose de dire: On va construire, au
coût de tant de dizaines millions, des infrastructures coûteuses,
mais cela peut être une charge très importante et même
parfois exorbitante pour une municipalité ou pour un ensemble de
municipalités d'avoir à supporter les coûts d'exploitation
et d'entretien de ces immobilisations et de ces équipements une fois
qu'ils sont en place. Dans votre esprit, est-ce que ces immobilisations,
payées entièrement par le gouvernement, devraient tout de
même requérir l'accord de la municipalité ou du groupe de
municipalités concernées avant d'être
réalisées?
M. Chartrand: M. Dagenais va vous répondre.
M. Dagenais: En ce qui concerne les infrastructures de transport
rapide, on dit dans le mémoire que la construction des infrastructures
devrait être à la charge du gouvernement provincial, et
l'entretien.
Une voix: Et l'entretien.
M. Dagenais: C'est parce que là on va peut-être
jouer un mauvais tour aux municipalités, à long terme. On
construit des choses, ce sont des infrastructures qui vont vieillir; qui les
entretiendra et qui les remplacera éventuellement?
En ce qui concerne le rôle des municipalités, si
éventuellement le gouvernement du Québec décidait d'opter
pour le métro de surface et que les municipalités n'en voulaient
pas, pour toutes sortes de raisons, il y aurait peut-être lieu de penser
à un mécanisme où il y aura moyen de concilier les
intérêts; le mécanisme est à trouver.
M. Rodrigue: Quand vous parlez de l'entretien,
c'est-à-dire que le gouvernement assumerait à la fois le
coût de l'immobilisation et les coûts d'exploitation et d'entretien
à 100%?
M. Dagenais: L'entretien physique des équipements.
M. Rodrigue: Mais les coûts d'exploitation, le paiement des
salaires, enfin tout cela?
M. Chagnon: J'aimerais apporter une précision ici.
Justement, l'équilibre que nous prétendons vouloir créer,
c'est de dire: Au Québec, on assume les coûts et
l'intérêt que pourront avoir les municipalités pour tels ou
tels choix technologiques est justement au niveau des coûts
d'exploitation. Si Québec, pour quelque raison, veut faire un
supermétro et qu'on évalue que les coûts d'exploitation
sont exorbitants par rapport à un service d'autobus, les
municipalités vont dire: On vous remercie quand même pour votre
cadeau, mais cela va nous coûter trop cher pour l'entretenir. À ce
moment, c'est là que va entrer en force la participation des
municipalités; donc, elles auront, à l'intérieur d'un OTR
éventuel, la possibilité de dire oui ou non, on n'embarque pas.
Ce qu'on met de l'avant, nous, c'est qu'on veut que cela soit clair: qui paie
quoi et pourquoi.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, une question très
brève. Vous avez parlé tantôt de la ville de Toronto. Il y
a eu un débat à la communauté urbaine en 1978 sur les
coûts d'exploitation des deux commissions de transport et sur les
bénéfices des usagers vis-à-vis de ces deux commissions.
Est-ce que vous avez pris connaissance des documents, à l'époque,
relativement à ces deux études? Je me demande si le
ministère, l'adjoint parlementaire pourrait vérifier cette
étude qui démontre hors de tout doute qu'il y a un manque
administratif très important
au niveau de la CTCUM. Est-ce que vous avez pris connaissance de ces
études? Première question.
Je vais poser la deuxième tout de suite pour ne pas avoir
à y revenir. Est-ce que vous avez étudié également,
vu que vous êtes un organisme qui a des membres à travers le
Canada, le bénéfice pour les usagers, des correspondances?
À titre d'exemple, à Vancouver, il y a une correspondance qui est
valable pour quatre heures pour celui qui prend le transport en commun. Il
peut, avec la même correspondance, reprendre le même autobus en
direction inverse, si vous voulez. Sa correspondance vaut pour quatre heures.
Et pour les coûts, à Vancouver, on parle de 30 $ par mois pour la
carte avec une ristourne de 50% et le prix est de 0,75 $ pour quelqu'un qui n'a
pas de carte, de CAM. Est-ce que vous avez étudié les principales
villes et avez-vous des propositions de solution en ce qui a trait, par
exemple, à la CTCUM, au titre de la correspondance qui pourrait encore
faciliter davantage l'accès aux usagers du transport en commun?
M. Dagenais: Je répondrai à votre première
question concernant l'étude à laquelle vous faites allusion. Je
l'ai entre les mains. Malheureusement, je l'ai regardée en biais et
rapidement. Je n'ai pu étudier à fond la situation de Toronto
comparée à celle de Montréal. Il semble qu'il y ait des
choses passablement intéressantes dans cette étude.
M. Bissonnet: Quant à la correspondance?
M. Chartrand: En ce qui concerne la correspondance, j'ai quand
même voyagé beaucoup. À Vancouver, je n'ai pas eu
l'occasion de visiter très bien le réseau depuis plusieurs
années, mais il me semble qu'à Montréal on manque
d'idées nouvelles, on manque de marketing, on manque d'idées pour
attirer davantage les usagers. Naturellement, les administrateurs disent que
déjà les infrastructures sont utilisées au maximum aux
heures de pointe. D'accord, et ils ne veulent peut-être pas amener plus
d'eau au moulin; il y a déjà suffisamment d'usagers aux heures de
pointe. Nous n'avons pas eu encore l'occasion de faire des études
très poussées dans ce domaine. Nous avons souvent eu à
défendre les usagers dernièrement dans bien des cas et nous avons
déjà fait beaucoup d'études, comme celle qui a paru dans
la revue Ma caisse parlant des coûts de l'automobile par rapport au
transport en commun.
À première vue, lors des visites que j'ai pu faire, ce que
j'ai pu constater par des observations, soit aux États-Unis, soit au
Canada, c'est qu'arrivent dix, quinze, quelquefois vingt ans en avant de
nous avec de nouveaux concepts dont on entend parler ici mais à
Montréal, on n'est jamais capable... Je pense, par exemple, à
Chicago. J'y suis allé cet été et j'ai vu de nombreux
autobus articulés. À Montréal, cela fait longtemps qu'on
en entend parler, mais cela ne se réalise pas. Il y a beaucoup de villes
qui reviennent aux autobus electrifies pour diminuer les coûts
d'exploitation, la durée d'un autobus électrifié
étant de dix à quinze ans supérieure à celle d'un
autobus conventionnel, au diesel. Il y a toutes sortes de choses qui se passent
partout et il me semble que dans la région de Montréal, sans
pouvoir vous donner des exemples très précis et des chiffres, on
manque de quelque chose. D'abord, il n'y a pas d'esprit régional dans le
domaine du transport. Tout le monde tire la couverture de son bord. Finalement,
il se passe peu de choses pour inciter...
J'entendais mes collègues parler de Sherbrooke, pas besoin
d'aller à Toronto. Ils ont sorti un laissez-passer à Sherbrooke.
Il y a quelques années, le transport en commun, c'était une
farce, il n'y en avait presque plus. Aujourd'hui, vous avez sûrement vu
la revue les affaires qui a paru le 18 septembre, cela fait déjà
près d'un mois. Bien, mon Dieu, c'est extraordinaire; Avec une carte au
porteur - donc, c'est une idée de marketing, dans le fond - on a
monté l'achalandage en trois ans de 700%. Vous allez me dire qu'il n'y
avait pas grand-monde, mais, quand même, ces gens viennent de quelque
part, à Sherbrooke. Il y en a sûrement qui laissent leur
automobile à la maison. Il y a des gens à Sherbrooke qui,
grâce à ce service, ne sont pas obligés de s'acheter une
deuxième et une troisième automobile. Ils vont en garder
peut-être seulement une. Cela coûte peut-être quelque chose
aux contribuables de Sherbrooke, mais pas tant que cela. Au moins, les
coûts du transport vont être diminués pour ces gens parce
qu'ils n'auront pas à acheter, finalement, une deuxième et une
troisième voiture dont on connaît les coûts.
Alors, imaginez-vous, justement, sur des revenus de 5 400 000 $ en 1981,
la CMTS en a tiré 63,8% des usagers, 31,7% du gouvernement
québécois et seulement 4,3% de la municipalité. Donc, cela
veut dire que les usages payent à peu près 65%, le gouvernement
du Québec, 32% et les municipalités, 4%. Alors, vous voyez que
les usagers payent environ 60% des coûts, mais il y a beaucoup d'usagers
qui s'en servent. Je suis certain, même si le gouvernement du
Québec contribue, si les municipalités contribuent et si les
"payeurs de taxes" contribuent dans une faible proportion, que c'est
très rentable pour la municipalité de Sherbrooke. J'ai
rencontré les gens de l'administration municipale, il y a quelques
semaines, à la suite des problèmes de Via Rail avec le
train de Sherbrooke et ils me disaient: Nous, à Sherbrooke, on a pris
nos affaires en main. On a un système d'autobus extraordinaire dans
notre ville. Le gouvernement fédéral se plaît à nous
enlever des services. Eux autres font exprès pour nous enlever nos
services. Ils n'ont fait aucun effort, tandis qu'eux, on voit qu'ils ont
vraiment fait des efforts. C'est dans cette optique, je pense, qu'il faudrait
agir à Montréal, avoir un peu plus d'idées de faire des
efforts de promotion. Alors, c'est là-dedans qu'on veut se diriger, nous
aussi, dans l'avenir.
M. Bissonnet: J'ai juste une question additionnelle. J'ai bien
compris qu'il y avait certaines difficultés avec la CTCUM quant à
innover et à faire des voies réservées pour les autobus.
Évidemment, il y a eu une loi 46 qui a été adoptée;
il y aura des périodes de questions au niveau du conseil de la
communauté urbaine. Alors, j'espère que, dès que cette loi
sera en vigueur, vous utiliserez ce tribunal pour saisir l'opinion publique de
vos revendications.
M. Chartrand: C'est fait, monsieur. Je ne voudrais pas vous
interrompre. On a déjà fait cela et on a reçu une
réponse que je trouve tout à fait incohérente. Finalement,
ce n'est pas une réponse. On explique que déjà les
"Défense de stationner" sur les grandes artères aux heures de
pointe sur les grandes rues à Montréal, cela fait comme des voies
réservées. Nous, on s'inscrit en faux contre cela.
Réellement, qu'il y ait sur certaines rues des "Défense de
stationner à l'heure de pointe", cela ne veut pas dire qu'il n'y aura
pas des autos qui vont se stationner là; ce n'est pas du tout cela une
voie réservée pour autobus. On constate, finalement, que la ville
de Montréal n'est tout simplement pas intéressée à
avoir des politiques de circulation et ils font même des saillies dans
les rues qui rendent la vie des chauffeurs d'autobus misérable, cela, je
peux vous le dire. Ils nous l'ont dit.
Mme Harel: M. le Président, me permettez-vous de soulever
un point? Je vois que mes collègues de l'Opposition sont munis de la
revue Ma caisse dont vous venez de parler. Est-ce qu'on pourrait en avoir? Ah
bon! Elle est à l'intérieur. Vous allez m'en donner une, parce
que je n'en ai pas à l'intérieur.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauharnois, vous avez demandé la parole, mais je constate que vous
n'êtes pas inscrit aujourd'hui à la commission.
Des voix: Consentement.
M. Lavigne: Je vais essayer de respecter le règlement. Je
sais que je ne suis pas inscrit à la commission, que je ne suis pas
membre de la commission, mais je vais demander un consentement à la
commission.
Le Président (M. Boucher): Alors, il y a consentement?
Des voix: Consentement.
M. Lavigne: Je savais que vous étiez pour me l'accorder,
mes chers amis. Par ailleurs, j'utiliserai mon droit de parole après le
prochain bloc qui sera présenté bientôt, parce que je
voulais parler des villes satellites et je pense que c'est dans le prochain
bloc. Donc, ce sera à la suite de ce bloc.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce qu'on est
prêt à passer au deuxième bloc? Je vous ferais remarquer
que le premier bloc a duré une heure et vingt-cinq minutes;
multiplié par quatre, cela fait tard ce soir.
M. Chartrand: Nous allons être très concis.
Le Président (M. Boucher): Alors, je demanderais que l'on
fasse un maximum d'efforts pour synthétiser les interventions, sans
priver personne de son droit de parole.
M. Chartrand: Nous allons faire des efforts dans ce sens, M. le
Président. Je tiens à vous présenter M. Todd Sloan. M.
Todd Sloan est membre de Transport 2000 et il a étudié toute la
question - avec moi-même d'ailleurs - de la proposition gouvernementale
en ce qui a trait à la desserte des villes situées à
l'extérieur de l'organisme régional de transport. Pour nous,
c'est une très grande préoccupation. Alors, je vaislaisser M. Sloan vous parler de notre proposition, de notre point de vue
là-dessus. M. Todd Sloan, de Saint-Jean.
M. Sloan (Todd): Je vais être bref dans mes commentaires,
étant donné que les deux présentations qui me suivront
vont, je pense, souligner mieux que je ne le pourrais les problèmes
causés aux villes satellites par les propositions du gouvernement.
Grosso modo, l'effet de la proposition du gouvernement, c'est une
non-proposition, l'absence d'une proposition et plutôt l'abandon effectif
non seulement des usagers des territoires qui sont maintenant inscrits sous le
territoire D, mais de leurs municipalités aussi. La proposition
laisserait les usagers sans aucune assurance d'existence continue d'un service
essentiel. Ce service s'est, à plusieurs endroits dans ce territoire qui
a des problèmes spécifiques, détérioré
depuis longtemps à cause d'un
manque de planification et de développement sain des
réseaux de transport en commun. (17 h 30)
Les usagers devraient, selon la proposition, dépendre de la bonne
volonté des services de l'entreprise privée qui n'a pas
montré, dans ces territoires, une capacité à bien
desservir les besoins de la population. On sera peut-être soumis,
même si on maintient des services, à des augmentations continues
de tarif, des coupures de services et cela, selon la proposition, sans aucun
devoir de la part de nos gouvernements, aux deux niveaux, de nous
protéger des effets de cette détérioration continuelle.
Les gouvernements n'auront aucun devoir de participer, avec les usagers,
à un processus de planification et de développement qu'il nous
faudra pour régler les problèmes spécifiques existant dans
ce territoire.
Comme vous le verrez dans notre mémoire, nous avons trois points
à souligner en ce qui concerne le territoire D. Le premier, c'est qu'une
définition réaliste des besoins des villes satellites autour de
Montréal n'est pas faite au moyen d'un outil statistique,
c'est-à-dire que la région de recensement métropolitaine
est un outil du gouvernement fédéral qui n'a pas les mêmes
buts que devrait avoir une proposition sur le transport en commun. Il se peut
que le concept RMR soit meilleur en ce qui concerne Toronto ou Vancouver
où le territoire du milieu bâti est plus grand. Le RMR ne
considère pas la situation spécifique autour de Montréal,
entre autres, l'existence, à quelques kilomètres de
Montréal, de plusieurs villes satellites.
Pour gagner un peu de temps, j'aimerais citer à titre d'exemple,
si on parle du concept RMR, la ville de Saint-Jean. Selon les statistiques dont
s'est servi le ministère, 5% de la population de Saint-Jean vont vers
Montréal pour travailler, mais 11% de la population de Saint-Jean
utilisent le transport en commun au moins une fois par semaine. Cela veut dire
que jusqu'à 6,2% n'utilisent pas quotidiennement le transport en commun
ou ne l'utilisent pas pour aller au travail, soit 60% de la population
voyageuse. Si ces chiffres ne sont pas vrais, cela veut dire que
l'utilité de RMR n'est pas exacte pour nos fins. Mais, si ces chiffres
sont vrais, cela veut dire qu'utiliser seulement des chiffres sur la population
de travailleurs ne satisfait pas les besoins de Saint-Jean en ce qui concerne
le transport en commun. Cela ne rencontre pas les besoins de 60% de notre
population voyageuse qui va à Montréal pour d'autres fins, aussi
importantes que d'aller travailler.
On voit d'autres lacunes si on parle du concept statistique qu'on a
utilisé. Si on parle d'individus qui utilisent le transport en commun,
à Saint-Jean, on a presque 9000 personnes qui l'utilisent au moins une
fois par semaine, comparé à 500 à Vaudreuil, 2000 à
Terrebonne, 4000 à Châteauguay, 2000 à Repentigny, toutes
des villes qui font partie du territoire C, qui font partie de l'ORT, selon la
proposition. On voit aussi que 11,2% de la population de Saint-Jean utilisent
le transport en commun, comparativement à 8,9% à Vaudreuil, 11%
à Deux-Montagnes, 12% à Sainte-Thérèse. Ces villes
font aussi partie de l'ORT. Il y a un achalandage de 5000 personnes par semaine
à Saint-Jean, comparativement à 2500 à Laprairie, presque
4000 à Repentigny, 3000 à Sainte-Thérèse, encore
des villes qui font partie de l'ORT.
Si on parle de distance par rapport à Montréal, Saint-Jean
se trouve à 30 kilomètres de Montréal, comparativement
à 30 kilomètres entre Chambly et Montréal, 60
kilomètres entre Vaudreuil et Montréal et jusqu'à 70
kilomètres entre Deux-Montagnes et Montréal. Là encore,
ces trois villes font partie de l'ORT, selon la proposition.
Si on parle d'un potentiel d'usagers, on voit qu'il y a, par semaine, 86
000 déplacements vers Montréal. Donc, c'est un potentiel
énorme d'usagers du transport en commun, comparativement à 44 000
à Sainte-Thérèse, 58 000 à Châteauguay et 28
000 à Vaudreuil. Encore là, ces villes font partie de l'ORT.
Les chiffres ne comprennent pas l'accessibilité à
Montréal par les autoroutes majeures, dont deux qui relient Saint-Jean
et Montréal. Les chiffres ne prennent pas en considération le
taux d'augmentation de la population de Saint-Jean comparativement à
celle de Montréal. Donc, on ignore le potentiel de Saint-Jean comme
centre de main-d'oeuvre, dans le bassin de main-d'oeuvre de la région de
Montréal. Il continue de croître, si on parle de sa population.
Alors, ce sont quelques aspects où le concept statistique utilisé
par le ministère ne répond pas au besoin d'une définition
réaliste du territoire de l'ORT.
La proposition ne considère pas, non plus, la relation
spéciale qui existe entre certaines villes satellites et
Montréal, des villes qui, peut-être, seraient laissées en
dehors de l'ORT même avec une meilleure définition de ce
territoire. Il serait regrettable que le gouvernement ne reconnaisse pas cette
relation spéciale entre ces villes et Montréal. Notre
recommandation serait de rationaliser cette relation d'une manière qui
considère les besoins des usagers, des municipalités et du
gouvernement et leurs responsabilités en ce qui concerne un service qui
devient, dans une période de crise économique, de plus en plus
essentiel pour les individus.
En ce qui concerne les villes satellites et une redéfinition de
l'ORT, notre but essentiel est qu'il y ait une considération de la part
des villes, du gouvernement et des
usagers des vrais besoins des villes satellites en ce qui concerne le
développement et la tarification d'un système de transport en
commun. On veut reconnaître, les trois parties ensemble, qu'il y a des
problèmes qui existent. On ne veut pas faire comme semble l'avoir fait
le ministère avec sa proposition; on ne choisit pas de résoudre
ces problèmes en les mettant à la poubelle.
Je vais maintenant céder la parole à Claire Ducharme, qui
va expliquer un peu la situation de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Mme Ducharme (Claire): Le
Regroupement du transport en commun du Haut-Richelieu regroupe les
usagers du transport en commun vers Montréal et les usagers du transport
en commun local. Nous habitons principalement les municipalités de
Saint-Jean-sur-Richelieu et de Saint-Luc. Des milliers d'usagers nous ont
donné leur appui quand nous avons protesté contre les coupures de
service local et des milliers d'autres nous ont appuyés quand nous nous
sommes opposés aux coupures de la CTRSM sur la ligne
Saint-Jean-Montréal. La présente proposition du gouvernement
risque fort de nous faire perdre encore plus. C'est ce que nous expliquons dans
les premières pages de notre mémoire.
Pour résumer, je vous donne le contenu de notre position que vous
retrouverez à la page 5 et aux suivantes. Attendu qu'on nous a
classés dans le territoire de service D plutôt que C; attendu que
l'agglomération urbaine de Saint-Jean est dans une zone limitrophe
à plusieurs égards; attendu que cette classification ne semble
pas avoir été suffisamment étudiée, en ce qui nous
concerne; attendu que nous serions classés dans le territoire de service
C, selon la définition de territoire de recensement retenue par d'autres
grands centres urbains pour l'organisation de leur système de transport
en commun; attendu que nous répondons aux critères de l'ancienne
définition du territoire de recensement (important marché du
travail, zone importante de voyages quotidiens, accès rapide et facile,
important taux de croissance de la population); attendu qu'à cause de
cette exclusion les usagers sont appelés à payer 100% des
coûts; attendu que le service proposé ne semble pas s'orienter
vers une amélioration; attendu que les municipalités n'auront
aucun pouvoir décisionnel si elles ne s'impliquent pas
financièrement; attendu que ces municipalités pourraient ne pas
s'impliquer financièrement et que, face à cette alternative,
l'ORT ou un entrepreneur privé déciderait unilatéralement
pour nous; attendu que les conseils locaux de transport des territoires A, B et
C ont, en plus de leurs responsabilités locales, une participation aux
responsabilités au niveau régional; attendu que nous avons des
propositions concrètes à émettre au niveau de la
restructuration du transport en commun, tant local que régional; attendu
que la clientèle potentielle qui se déplace vers Montréal
est appelée à s'accroître; attendu qu'une planification
complète du transport en commun s'impose au niveau local et
régional et ce, à l'intérieur de notre
agglomération; attendu que, pour organiser un système de
transport en commun adéquat, des expériences doivent être
tentées et des études entreprises; attendu que le conseil
municipal de Saint-Jean a décidé d'entreprendre une étude
sur le transport en commun local; attendu que le gouvernement économise
des sommes importantes d'argent en nous excluant de la zone
subventionnée;
Nous proposons, comme première possibilité,
l'intégration des villes Saint-Jean et Saint-Luc au territoire de
service C. Nous proposons comme deuxième possibilité, si la
première est refusée, la formation d'un conseil local
composé de représentants des municipalités et de
représentants d'usagers. Nous proposons que l'on donne à notre
conseil local les pouvoirs de négocier avec l'ORT ou avec les compagnies
privées les services qui nous conviennent, tant au niveau local que
régional. Nous proposons que le gouvernement, à défaut de
nous intégrer au territoire de service C, investisse une partie des
montants économisés pour nous aider à organiser le
transport en commun local et régional. Nous proposons que le conseil
local et régional soit formé d'ici la fin de l'année 1982.
Nous proposons que ce conseil planifie et entreprenne les démarches
nécessaires visant à tenter de nouvelles expériences de
transport en commun dans les plus brefs délais, tant au niveau local que
régional; Nous proposons qu'aucune détérioration du
service ou changement au profit de compagnies privées ne soient faites
avant que le conseil local ne soit mis sur pied et qu'il ait eu le temps de
faire les recommandations appropriées. Nous proposons que l'étude
envisagée sur le transport en commun local pour la municipalité
de Saint-Jean soit étendue à l'agglomération urbaine de
Saint-Jean, en tenant compte, bien sûr, du transport régional,
incluant le transport express vers Montréal. Nous proposons que le
gouvernement s'implique dans le financement de cette étude. Je vous
remercie.
M. Chartrand: Merci. Maintenant, je vous présente la
dernière intervenante dans cette partie, Mme Nicole Gendron,
représentante du Comité des usagers du transport en commun de
Beauharnois.
Ce comité a été formé de résidents de
Beauharnois à la suite de la visite des fonctionnaires du COTREM
à Beauharnois. D'ailleurs, cette réunion a été des
plus réussies et les citoyens ont vraiment compris
qu'ils étaient exclus du fameux ORT. Ils ont réagi et ont
formé un comité et nous les avons aidés à cet
égard. Mme Gendron va vous présenter un résumé de
son mémoire. Merci. (17 h 45)
Mme Gendron (Nicole): Nous avons pris connaissance du projet de
réforme du transport en commun de la région
métropolitaine. Ce projet désavantage de façon
significative la ville de Beauharnois et ses environs. Au nom des usagers de ce
service, résidents de la région de Beauharnois, nous voulons
expliquer à cette commission pourquoi il est important de réviser
ce projet pour ce qui concerne notre localité.
Nous croyons qu'en cette période de crise
énergétique la réforme devrait améliorer, partout
en province, le transport en commun plutôt que d'organiser sa
dégradation. Nous croyons que c'est le droit de tous de pouvoir circuler
facilement et librement dans toute la province. Dans ce sens, la réforme
devrait faciliter à tous l'accès au transport en commun, le
transport de l'avenir.
Favoriser Montréal au détriment des petites villes
satellites. Si nous avons bien compris le sens de la réforme que veut
faire le gouvernement, on veut mettre un frein à l'étalement
urbain qui a commencé au début des années soixante et qui
a formé des villes de banlieue comme Châteauguay ou Brossard. On
est, en fait, bien d'accord avec cette idée, mais Beauharnois n'est pas
une ville de banlieue. Beauharnois possède ses propres industries.
Beauharnois est une ville dense. Pourquoi alors pénaliser notre ville?
Veut-on aider Montréal pour augmenter le déficit de la ville de
Beauharnois? Les usagers ont des raisons sérieuses pour voyager. Les
voyageurs qui quittent Beauharnois chaque jour pour aller vers Montréal
ou Valleyfield le font pour des raisons spécifiques et sérieuses.
Les inciter à déménager dans la métropole en
employant des moyens quasi coercitifs les atteindra dans leur personne et
contribuera à abaisser leur qualité de vie.
Il y a, chaque jour, 200 personnes qui prennent l'autobus vers
Montréal ou vers Valleyfield. Réduire les services de transport
ou augmenter les prix aura un impact négatif considérable sur la
population de Beauharnois et des environs parce qu'à Beauharnois le
service d'autobus est un service essentiel pour plusieurs clientèles.
Nous allons vous en donner un aperçu dans les lignes qui vont
suivre.
La majorité des voyageurs sont des femmes. S'il y a quelque chose
de particulier à Beauharnois, c'est qu'une majorité des passagers
qui vont vers Montréal sont des femmes. En effet, Beauharnois, ville
industrielle, n'offre de façon générale des emplois
qu'à des personnes pouvant travailler dans l'industrie lourde, soit les
hommes. Les débouchés pour les femmes dans la région sont
très rares. C'est pourquoi, dès qu'un deuxième salaire est
nécessaire dans un foyer, c'est vers Montréal que les femmes
doivent chercher.
Le voeu du gouvernement de voir ceux qui travaillent à
Montréal aller résider à Montréal est tout à
fait irréaliste dans ces cas, car souvent le revenu principal des
familles est celui des hommes qui, eux, travaillent dans la région de
Beauharnois. La dégénérescence du service ne fera alors
que priver les ménages de revenus essentiels.
Il y a les étudiants. Beaucoup d'usagers des services de
transport en commun sont des étudiants qui doivent se rendre ou à
Valleyfield ou à Montréal vers les cégeps ou vers les
universités. Ces étudiants n'ont habituellement pas les moyens de
se payer un logement en ville. Voyager 30 à 40 milles par jour n'est pas
énorme et c'est beaucoup plus économique. Réduire les
services ou augmenter les prix aurait sur cette clientèle un effet
désastreux.
Il y a les malades et les personnes âgées. Les malades et
les personnes âgées n'ont habituellement pas d'auto. Ils ont
souvent des traitements médicaux à recevoir dans des
hôpitaux de Montréal où sont centralisés les
médecins spécialistes. Souvent, ces personnes prennent l'autobus.
Une réduction des services ou une augmentation des prix ne ferait que
rendre leur vie plus difficile.
Services gouvernementaux. Beauharnois est une ville-sandwich, une ville
prise entre deux villes plus grosses. À part le CLSC et le bureau de
poste, la ville de Beauharnois n'a pratiquement aucun service gouvernemental.
Par exemple, le bureau de l'assurance-chômage est à
Châteauguay, de même que le bureau de l'aide sociale. Pour ce qui
est de l'aide juridique et du Centre de main-d'oeuvre du Québec, ils
sont situés à Valleyfield. L'importance d'un bon service
d'autobus est essentielle pour ceux qui veulent utiliser les services
gouvernementaux provinciaux ou fédéraux.
L'unité des familles est en cause. La majorité des
familles habitant la région de Beauharnois ont une bonne partie de leur
parenté qui habite Montréal et sa région immédiate.
Il est essentiel que toute la région métropolitaine soit bien
pourvue en transport en commun. Cela est d'autant plus important que la crise
de l'énergie incite les citoyens à utiliser davantage le
transport en commun.
Les loisirs. Une grande partie des citoyens de Beauharnois vont à
Montréal pour leurs loisirs. Il n'y a qu'une seule salle de
cinéma à Beauharnois et le moins qu'on puisse dire, c'est que les
films manquent de variété. Pour les spectacles, les sorties,
c'est Montréal. Sans transport en commun, il y
aurait une grosse carence dans les loisirs des citoyens de la
région.
Organisation du transport. C'est à Montréal que sont
situés tous les terminus des différents moyens de transport
collectif: train, autobus, avion. Pour se rendre à ces terminus, il faut
des moyens. Si on veut aller à New York ou à Québec, il
faut qu'on passe par Montréal. Une réduction de la qualité
du service diminue notre droit de nous déplacer et c'est un droit
fondamental.
Disparité. Le projet gouvernemental risque d'accentuer les
disparités régionales. Il n'y aura que les régions riches
qui pourront se payer de bons services d'autobus. Beauharnois, qui fut, vers
les années soixante une ville florissante, régresse depuis.
Beauharnois, en perdant un service d'autobus convenable, ne fera que
régresser davantage et cela nous paraît inadmissible.
Gestion du service. Déjà le service a des carences. Les
usagers de Beauharnois sont forcés bien souvent de se contenter des
places debout, car, qu'ils viennent de Montréal ou de Valleyfield, les
autobus arrivent souvent déjà pleins à Beauharnois. Il y a
aussi d'énormes pertes d'énergie et de temps à transporter
les autobus du garage situé à Montréal jusqu'au point de
départ du trajet. Régulièrement, des autobus vides
circulent toutes portes fermées tandis que les usagers attendent sur le
bord de la route. On pourrait beaucoup économiser si ce problème
était résolu.
Nos revendications. Nous, usagers du transport en commun,
résidant dans la région de Beauharnois voulons que, compte tenu
de la crise énergétique, les moyens de transport en commun soient
davantage accessibles; qu'il y ait un moratoire de deux ans afin de permettre
d'étudier réellement les besoins des usagers et des
municipalités situées dans le corridor
Montréal-Valleyfield avant de faire quelque changement dans notre
service d'autobus; qu'on inclue Beauharnois dans les enquêtes
origine-destination, ce qui n'est pas fait à l'heure actuelle; que la
zone de Beauharnois devienne une zone C, une municipalité hors
territoire participante, afin que le déficit du transport en commun soit
subventionné par les gouvernements municipaux et provincial; que le
service de transport Beauharnois-Valleyfield soit amélioré,
surtout le matin (actuellement, le service n'est pas adéquat pour les
résidents de la région travaillant à Valleyfield); que la
circulation sur le pont Mercier soit améliorée pendant les heures
de pointe en réservant une voie du pont Mercier pour les autobus et le
covoiturage.
En terminant le chapitre sur nos revendications, nous voudrions vous
informer que nous endossons les mémoires de Transport 2000 à
cette même commission.
En conclusion, nous savons que la population de Beauharnois nous
soutient dans nos demandes. Déjà, des contacts ont
été pris avec la municipalité et le maire,
Paul-Émile Francoeur, a déclaré qu'il travaille à
garder le meilleur service d'autobus pour Beauharnois. La ligue des citoyens de
Beauharnois fait des pressions dans le même sens. La séance
d'information du 30 août à Beauharnois a été
à peu près la plus grosse de la tournée d'information sur
la réforme du transport en commun. Cela indique l'intérêt
de la population pour ce service essentiel. Notre comité est
organisé à Beauharnois sur une base permanente et nous sommes
prêts à recevoir vos enquêteurs afin de leur expliquer la
situation. Nous ne voulons pas perdre ce que nous avons. Nous voulons, au
contraire, l'améliorer. Le transport en commun, c'est le transport de
l'avenir. Ce serait régresser que le laisser
dégénérer.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais féliciter
les gens de ces trois régions, c'est-à-dire, en particulier, deux
sous-régions et tout le territoire D, de s'être
intéressés à la question du transport en commun. Je suis
fermement persuadé, pour ma part, que la meilleure façon de faire
la promotion du transport en commun dans les villes satellites, dans toute la
région, la périphérie de Montréal, c'est
certainement que les usagers sensibilisent l'opinion publique et leurs
élus, notamment, à toute la problématique du transport en
commun.
M. le Président, je ne formulerai pas de questions comme telles.
J'essaierai, cependant, de faire trois brefs commentaires. J'ai des
collègues, qui sont membres de la commission ou intervenants, qui se
chargeront de poser des questions sur chacun des trois mémoires qui ont
été présentés. En ce qui concerne la desserte des
municipalités situées en dehors du territoire de l'organisme
régional de transport, la principale remarque, finalement, est de nous
reprocher de nous être basés sur une zone statistique, la
région métropolitaine de recensement de Montréal. Je dirai
là-dessus qu'il y a place pour des discussions. Nous avons
examiné plusieurs possibilités et il nous est apparu que
c'était l'hypothèse de départ la plus réaliste,
compte tenu d'un certain nombre d'avantages, notamment quant aux statistiques,
justement, de la population dans cette région. On avait là une
source de données intéressantes. D'autre part, cela recouvrait
à peu près le territoire bâti de la grande région de
Montréal. On y a vu des avantages, mais ce n'est pas une
hypothèse définitive et irrévocable. Il sera possible, si
on nous convainc de cela, d'ajouter ou de retrancher des municipalités
de cette région.
En ce qui concerne la région de Saint-
Jean-sur-Richelieu et de Beauharnois, vous me permettrez de faire le
commentaire suivant. Vous savez, nous en sommes venus, par exemple avec les
factures de Métropolitain Sud, à des problèmes graves,
avec des poursuites devant les tribunaux et une contestation. Si le
gouvernement avait adopté une loi qui amenait les municipalités
à contribuer au transport en commun, c'est parce qu'il y croyait,
à la possibilité d'amener une contribution de ces
municipalités au transport en commun. Or, cette volonté
d'organiser le transport en commun n'a pas semblé être
partagée et il y a une partie de la démarche à
l'égard des autorités municipales qui ne peut pas être
faite par le gouvernement. Le gouvernement peut rendre disponibles des
programmes. Dans ce cas-là, il était même allé plus
loin: il avait forcé, à toutes fins utiles, une contribution des
municipalités. Comme ce sont des personnes élues au même
titre que celles qui sont présentes devant vous aujourd'hui, je pense
que c'est beaucoup la responsabilité des résidents de chacune de
ces municipalités de faire la promotion nécessaire du transport
en commun auprès de leurs autorités municipales.
Je vous souligne, par exemple, selon les renseignements dont on dispose,
que Saint-Jean refuse toujours de payer la quote-part, que la
municipalité n'aurait pas encore payée présentement. Sur
cette question-là, donc, je pense qu'il y a un travail de
sensibilisation qui doit être continué auprès des
élus municipaux. Cependant, quand on propose tant à Beauharnois
qu'à Saint-Jean-sur-Richelieu d'aller vers le transport en commun
privé, cela ne veut pas dire qu'on n'a pas de proposition, ça ne
veut pas dire qu'on souhaite une détérioration du service. Mais,
la politique étant l'art du possible, les finances publiques permettant
de faire un certain nombre de choses et ne permettant pas d'en faire un certain
nombre d'autres, nous avons analysé la situation et en sommes venus
à la conclusion qu'il était possible d'avoir un service
satisfaisant, peut-être même amélioré dans certains
cas, avec des transporteurs privés. Je prends les chiffres que madame
donnait tantôt en ce qui concerne Beauharnois. Avec 200 usagers
quotidiens, cela fait, si je compte bien, sur sept jours, 1400 passagers qui
transitent vers Montréal, avec un service public déficitaire,
problématique, qui s'en va, si ça continuait comme ça,
irrémédiablement vers l'abandon du service.
Je vais prendre l'exemple de ma propre ville. Je ne veux pas faire la
promotion de mon transporteur privé qui relie Drummondville à
Montréal, mais, selon ce qu'il me donne comme information, il transporte
plus de 3000 passagers par semaine entre Drummondville et Montréal. Cela
constitue pour lui même une source de rentabilité de son
entreprise. Il y a un service à l'heure entre Drummondville et
Montréal et il en transporte, comme je le disais, au-delà de
3000. Sauf erreur, cela correspond à peu près au chiffre de
déplacements entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Montréal. Ce sont
pas mal les mêmes ordres de grandeur.
Voici, la question que je suis tenté de vous poser: Qu'est-ce que
vous préférez? Que le gouvernement et vous autres, CTRSM, CTCUM,
continuent de se tirailler - parce que je pense qu'il faut appeler les choses
par leur nom - avec des déficits que personne ne veut absorber, une
détérioration continuelle du service ou plutôt d'envisager
d'autres solutions? Vous allez dire que c'est peut-être
prétentieux, ou que cela n'a pas de rapport, mais à mon avis, si
c'est possible d'exploiter un service rentable à plus de 3000 usagers
par semaine entre Drummondville et Montréal, je comprends mal pourquoi
il ne serait pas possible d'avoir la même chose entre
Saint-Jean-sur-Richelieu et Montréal, d'autant plus que la distance est
plus courte et que la facilité de communication est encore plus grande.
Alors, je me dis: Quand on se propose d'aller vers les transporteurs
privés, ce n'est nullement une approche qui permet de dire: On ne veut
pas en donner de transport en commun. Nous pensons sincèrement que dans
le transport intercités, interurbain, il est possible et avantageux
d'offrir un service à partir des transporteurs privés.
C'était mon commentaire, M. le Président. Peut-être que M.
Chartand veut réagir. (18 heures)
M. Chartrand: Oui, j'aurais justement quelque chose à dire
là-dessus. Vous avez raison, que des transporteurs privés
pourraient donner un service à moindre coût pour l'ensemble de la
société, sauf que des élus locaux ont dit qu'ils se
débarrassaient d'un problème et qu'ils en étaient bien
contents. On a entendu ces remarques. Je ne veux nommer personne, ici. Il y en
a qui disent: On n'a jamais voulu payer, on ne paiera pas, on va essayer de ne
pas payer, on va aller jusque devant les tribunaux et, à compter de
telle date, on ne paiera plus.
On nous donne la responsabilité, les usagers, ceux qu'on
représente, d'aller nous battre devant ces municipalités, d'aller
aux assemblées du conseil pour leur dire qu'on veut un service entre
Montréal et Saint-Jean ou entre Montréal et Beauharnois ou
quelques autres municipalités. C'est à nous que revient la
responsabilité - je comprends que vous nous la donnez, cette
responsabilité -d'aller devant les élus locaux leur
quémander ou leur dire qu'on a besoin d'un service entre Montréal
et Beauharnois ou entre Montréal et Saint-Jean, ou entre Montréal
et Joliette. Jusqu'à maintenant, les élus locaux ont
refusé, la plupart d'entre eux, de payer
leur quote-part. Quand il y a eu des réductions de service, ils
ne se sont pas prononcés; ils n'ont, d'ailleurs, jamais
été consultés. Tout cela fait qu'il s'agit là d'un
problème assez compliqué, mais on ne veut pas que des gens
disent: On ne paie plus, on payait tant d'argent et maintenant on ne sera plus
obligé de payer. On ne se préoccupe pas plus qu'il ne le faut du
service; qu'il y ait un autobus par jour, qu'il y en ait cinq, ce n'est pas une
grosse préoccupation pour ces gens. Je ne dis pas tous, je ne voudrais
pas généraliser, mais à certains endroits. Imaginez, s'ils
refusent de payer leur quote-part, ils ne sont pas intéressés
à s'impliquer dans le transport en commun.
À cet égard, il y a plusieurs municipalités au
Québec, dans la région de Montréal, où il n'y a
même pas de transport en commun local. Ces gens ont eu toutes les
occasions d'en avoir au cours des dernières années. Même
à Drummondville, M. le ministre, vous l'admettrez, le transport local
est un peu boiteux. C'est pareil à Saint-Jean. Il n'y en a plus à
Valleyfield depuis plusieurs années. Il y a beaucoup de
difficultés de ce côté. Alors, vous comprendrez que nous
sommes réticents à dire: L'entreprise privée va prendre
ça et elle va nous donner un bon service. Ce n'est pas certain. Les
transporteurs privés ont déjà des difficultés
financières.
M. Clair: M. Chartrand, je suis tout à fait conscient
qu'il faut distinguer entre le transport intercités et le transport
local. Ma prétention n'est pas que les gens deviendront millionnaires
avec ça, mais que ça fonctionne et que cela offre une
qualité de service acceptable, à mon avis, et même
meilleure par rapport à certains services dits publics. Mon point
était celui-ci: on ne pouvait pas aller plus loin, comme gouvernement,
que ce qui a été fait en 1978, soit imposer par loi une
contribution forcée. On voit où cela nous a menés. Cela
nous a menés au cul-de-sac.
Si une mesure comme celle-là ne mène nulle part, je pense
que ce n'est pas pour nous débarrasser de nos responsabilités
comme gouvernement, mais, au contraire, parce qu'il faut offrir une option
qu'on dit: Après tout, ils ont raison, on ne peut pas imposer cela
à des conseils municipaux, élus démocratiquement, qui
refusent de défendre devant leurs citoyens des quotes-parts de taxe
foncière pour développer le transport en commun. On ne peut pas
aller plus loin que là où nous sommes allés. Revenons-en
donc à ce qui existe dans d'autres régions qui offrent un
excellent service et voyons s'il est possible de le faire.
Je pense que si on réussit à mettre sur pied des conseils
locaux de transport, si les organismes de promotion du transport en commun
parviennent à intéresser leurs élus à la question
du transport en commun et si les transporteurs privés sont vraiment
désireux, comme ils nous l'ont dit hier, d'offrir un service acceptable,
ma foi, c'est probablement là la meilleure façon de régler
le problème. J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Je ferai remarquer aux membres
de la commission que nous avons dépassé l'heure de l'ajournement.
Je crois qu'il y a une entente, M. le ministre, M. le député de
Laporte, pour continuer jusqu'à 20 heures. Alors, nous continuons. M. le
député de Beauharnois.
M. Lavigne: Merci, M. le Président. Je profite de
l'assentiment que la commission m'a donné pour prendre la parole, en
tenant compte que je ne suis pas membre de cette commission. Je voudrais, tout
d'abord, féliciter et remercier le groupe des gens de Beauharnois qui
ont pris la peine de se rendre à la soirée d'information qui a eu
lieu au cours de l'été, à Beauharnois, et qui, à la
suite de cette rencontre, ont décidé de retrousser leurs manches
et de former un comité qui s'appelle le Comité des usagers du
transport en commun de Beauharnois. Je vous félicite donc d'avoir pris
cette initiative et d'avoir joint votre mémoire à celui de
Transport 2000.
C'est avec beaucoup de satisfaction et d'encouragement que j'ai lu votre
mémoire et constaté que les gens de Beauharnois ne veulent pas,
évidemment, perdre ce qu'ils ont. Je pense que c'est tout à fait
normal et, comme député du comté de Beauharnois, je vous
incite à continuer vos revendications. Je vois à la conclusion de
votre mémoire que vous avez eu des contacts avec les autorités
municipales de Beauharnois. Vous dites textuellement que le maire Francoeur a
déclaré qu'il travaille à garder le meilleur service
d'autobus pour Beauharnois. Donc, cela entre un peu dans la ligne de
pensée du ministre. Est-ce que M. le maire ou le conseil de ville de
Beauharnois va se contenter d'énumérer des voeux pieux, de
seulement souhaiter que le transport en commun soit maintenu? Est-ce qu'il va
aller jusqu'à décider avec son conseil de ville, lors de la
préparation de son budget annuel de dépenses, de mettre des fonds
dans le transport en commun? Je vous demande si vous avez évalué
avec le conseil de ville jusqu'où il serait prêt à aller.
Est-ce que ce serait seulement au niveau des voeux pieux ou bien s'il serait
prêt à investir des sous à partir des taxes municipales
pour maintenir le transport en commun? J'aimerais avoir votre réponse
là-dessus.
Mme Gendron: On ne l'a pas vérifié. On sait qu'il
est intéressé à ce qu'on garde le transport en commun; de
là à savoir s'il est prêt à débourser, on
pense bien qu'il
devrait être d'accord, mais il faudrait le lui demander.
M. Lavigne: Je vous encourage à aller dans ce sens.
Mme Gendron: Oui. Présentement, étant en
période électorale...
M. Lavigne: C'est le bon temps, je pense.
Mme Gariépy-Rochester (Raymonde): C'est le bon temps et
peut-être le mauvais temps.
M. Lavigne: Pardon?
Mme Gariépy-Rochester: C'est peut-être le bon temps
et le mauvais temps aussi. S'il est élu et qu'il nous a promis quelque
chose, ça va. Mais, s'il n'est pas élu, cela retomberait sur le
dos de celui qui serait élu et, à ce moment, tout serait à
recommencer.
M. Lavigne: C'est la responsabilité des hommes
publics.
Mme Gariépy-Rochester: Oui, je sais.
Mme Ducharme: II n'y a pas eu de résolution, à ce
que je sache, à propos du financement. Mais, officieusement, le maire de
Beauharnois nous a laissé entendre qu'il était prêt
à mettre probablement un certain pourcentage d'argent, mais à la
condition que les citoyens de la ville ne soient pas égorgés,
parce que cela ne sera pas rentable. Si on égorge les citoyens, cela ne
sera pas mieux que de couper le service et d'envoyer tout le monde à
Montréal. Il faut quand même rester avec les gens.
Déjà, la population de Beauharnois a diminué dans les
dernières années, c'est-à-dire qu'on est passé
d'au-dessus de 10 000 à 6669, selon le dernier recensement. Si on coupe
le service, la population risque de diminuer et, de cette façon, on va
augmenter la quote-part de chaque citoyen, qui va être encore plus grosse
au point de vue des taxes.
M. Clair: Je m'excuse d'interrompre l'échange entre mon
collègue et vous-même, mais le seul et unique problème du
transport en commun, c'est qu'il est déficitaire et qu'il faut se
partager la note. La seule chose qui est demandée à toutes les
municipalités qui désirent organiser du transport en commun,
c'est ai elles sont prêtes - je crois que c'est l'expression que vous
avez employée - à se saigner au même titre que les autres.
Ce n'est rien que cela, la question. Vous savez, je vous le dis d'avance, ce
qui serait parfaitement inacceptable, c'est que la ville de Beauharnois dise:
Nous, on serait prêts à financer du transport en commun, mais
à condition que le gouvernement subventionne à 70% des revenus
générés pour nous, alors qu'on le fait à 40%
ailleurs.
Dans le fond, si le transport en commun était rentable, il y en
aurait partout. Les entreprises seraient aux portes de la Commission des
transports du Québec pour obtenir des permis. Or, il est
déficitaire. Quiconque ignore cette question fondamentale ignore
complètement la problématique réelle. C'est pour cela que
je pense que mon collègue de Beauharnois a tout à fait raison. Ce
qu'il est fondamental de savoir non seulement de vos élus municipaux,
mais de tous ceux qui sont autour de la région de Montréal, c'est
si, oui ou non, ils sont prêts à s'impliquer
financièrement, au même titre que la rive sud le fait, au
même titre que Laval, Montréal et d'autres municipalités le
font.
Mme Gariépy-Rochester: Je peux vous dire une chose, M. le
ministre, du temps de M. Lessard, c'était Métropolitain
provincial, qui est un service privé. Il était déficitaire
et il a été acheté pour être intégré
à la CTCUM. Pensez-vous qu'un service public pourrait arriver à
nous donner le même service que Métropolitain faisait avec
déficit et qu'il pourrait le faire avec rentabilité?
M. Clair: Dans ce qu'on propose, il s'agit d'une
réorganisation de l'ensemble. Vous savez, on est loin d'être
opposé à avoir du transport en commun chez vous. Au contraire,
c'est non seulement mon souhait le plus cher qu'on soit capable de maintenir le
service et de diminuer autant que possible la part pour la municipalité,
mais c'est l'objectif qu'on poursuit. Ce serait long d'expliquer comment et
pourquoi
Métropolitain Sud était déficitaire; il y a toute
une série d'explications qu'on pourrait donner. Ce qu'on a fait, c'est
qu'on a pris Métropolitain Sud, entreprise déficitaire, et on l'a
greffée comme filiale à la CTRSM. Tout ce qu'on dit, c'est
qu'après une expérience de trois ans maintenant de ce
régime, peut-être y a-t-il moyen de trouver des façons qui,
justement, répondraient à vos objectifs d'avoir une bonne
qualité de service, d'avoir le moindre coût possible pour les
municipalités et aussi d'offrir un service qui soit acceptable pour les
usagers. Je ne voudrais surtout pas que vous pensiez que je suis opposé
à ce qu'on essaie, par toutes les possibilités, d'avoir du
transport en commun à Beauharnois ou à Saint-Jean; au contraire,
c'est là-dessus qu'on travaille; on travaille dans le même sens
que vous.
M. Lavigne: Pour terminer, M. le Président, deux
brèves questions à M. Chartrand. D'abord, vous avez fait un
parallèle ou une comparaison entre certaines
zones du territoire C et certaines zones du territoire D. Vous avez
surtout utilisé des chiffres comparatifs venant de la ville de
Saint-Jean par rapport à Vaudreuil, par exemple. Avez-vous des
données, des chiffres ou une étude qui pourraient comparer
Valleyfield à Vaudreuil, à Hudson ou à Saint-Lazare? Parce
qu'à première vue, à vol d'oiseau, par rapport à la
zone 1 de Montréal venant au centre de Valleyfield, comme distance,
ça m'apparaît sûrement sensiblement la même chose que
du centre de l'île Montréal à l'extrémité de
la zone de Vaudreuil, pour desservir finalement des populations très
différentes. Je pense qu'à Saint-Lazare ou à Hudson vous
avez des populations d'environ 4000 âmes et qu'à Valleyfield vous
avez un bassin de population d'environ 30 000 âmes, pour des distances
semblables. Je me pose un peu la question, à savoir comment il se fait
que Vaudreuil se retrouve - ce n'est pas parce que j'en veux à Vaudreuil
- dans la zone C et que nous, à Valleyfield, nous nous retrouvons dans
la zone D, avec un bassin de population à desservir de 30 000
âmes. Je vous pose cette question.
Je vais vous poser tout de suite la deuxième, et j'aurai
terminé. J'aimerais savoir - parce que, dans votre mémoire, vous
nous citez en exemple que, dans la grande banlieue de Toronto, il y a des
villes satellites qui sont même plus éloignées que les
villes dont on fait mention présentement; vous parlez d'une soixantaine
de kilomètres et plus - si ce transport est rentable, comment il est
financé et si le gouvernement ou les gouvernements interviennent avec
des subventions, ou si ce ne sont que des transporteurs privés qui font
la navette entre Toronto et ces villes satellites.
M. Chartrand: II y a deux éléments à votre
question. Je pense que, dans toute cette carte géographique, il y a
trois types de municipalités: les grandes municipalités de
Montréal, d'accord, mais il y a les municipalités de banlieue, il
y a les municipalités rurales et il y a les municipalités
satellites. Valleyfield, c'est une municipalité satellite pour autant
qu'on est concerné, tout comme Saint-Jean, tout comme Joliette, tout
comme Saint-Jérôme. Ce sont des municipalités - M. Sloan
pourra peut-être vous donner des chiffres sur Valleyfield, il a fait plus
de recherche que moi là-dessus - où il y a beaucoup de
déplacements, qu'on le veuille ou non.
Je suis tout à fait d'accord avec le ministre. Il nous dit bien
qu'il ne veut pas enlever le service, loin de là, mais, quand
même, on nous a dit qu'il était possible qu'il y ait des
augmentations de tarif assez élevées, si ce n'est
subventionné par personne. C'est dans ce sens-là que
l'inquiétude des gens de Valleyfield et de Saint-Jean ou de Beauharnois
est ici exprimée. C'est que ces gens-là en ont besoin pour aller
travailler à Montréal - ils travaillent à Montréal,
ces gens qui sont ici aujourd'hui - et ils ne veulent pas avoir, du jour au
lendemain, en tant qu'usagers du transport en commun, à payer 25% de
plus, parce que les municipalités et le gouvernement provincial ne
veulent plus financer. C'est une crainte et je pense que cette crainte peut
facilement être éprouvée. Il y a ce problème.
M. Sloan pourrait peut-être vous donner des chiffres, il a fait
quelques recherches là-dessus. (18 h 15)
Pour ce qui est de Toronto, il y a beaucoup de villes satellites qui
sont situées dans ce qu'on appelle le TATOA, plus qu'à
Montréal, et le TATOA s'étend dans un plus grand secteur que
Montréal, à ce que je sache. Même, la semaine
passée, on a entendu M. Snow, ministre des Transports, parler d'un grand
projet d'implantation d'améliorations dans la région de Toronto,
et cela va de Pickering, même d'Oshawa à Hamilton. Des villes
satellites comme Saint-Jean sont finalement incluses à Toronto. Si on
transposait cela à Montréal, il y a des villes qui, selon nous,
devraient être incluses dans l'ORT et elles ne sont pas incluses. Je
pense, par exemple, à Valleyfield qui n'est pas loin de Vaudreuil.
Saint-Jean est située sur le bord de Laprairie. Sorel est plus loin,
d'accord, mais quand même, il y a des questions sérieuses qu'on se
pose là-dessus. Je pense que M. Sloan a quelques mots à dire.
M. Sloan: En ce qui concerne ces deux villes, à mon avis -
c'est notre point fondamental - la raison pour laquelle Vaudreuil se situe
à l'intérieur de l'ORT et Valleyfield à
l'extérieur, c'est qu'en utilisant un outil de recensement
fédéral qui a peu de rapport avec les besoins particuliers des
villes satellites on a décidé, autour de Vaudreuil, de faire le
tracé en bleu et de laisser Valleyfield en blanc. C'est peut-être
la seule réponse possible à la question si on l'TORT, telle
qu'elle a été établie, est basée sur un
système qui n'avait pas comme but de définir un réseau de
transport. On peut dire, simplement pour vous donner quelques chiffres, qu'il y
a 36 départs de Vaudreuil, je pense, par jour, sinon par semaine,
c'est-à-dire des déplacements, et 24 de Valleyfield, mais
Valleyfield se situe à l'extérieur. Il y a des comparaisons qui
se répètent entre plusieurs villes qui sont dans le territoire C
ou D pour des raisons qui, franchement, m'échappent, à part le
fait qu'on utilise un outil statistique qui ne vaut pas beaucoup dans cette
situation.
M. Lavigne: Pour terminer, est-ce que, dans vos comparaisons,
vous tenez compte aussi des infrastructures déjà existantes comme
moyens de transport, des autoroutes, par exemple, que certaines villes
satellites ont ou n'ont pas, des voies ferrées que certaines villes ont
ou n'ont pas par exemple, Rigaud? Je sais que M. le ministre a inauguré
récemment un transport en commun Rigaud-Montréal par voie
ferrée. Quand on tient compte de Montréal-Beauharnois, par
exemple, nous n'avons pas l'autoroute 30, nous n'avons pas de rame de train
pour nous rendre à Montréal. Donc, il ne nous reste que la route
132 qui est saturée, comme vous le savez, et le transport en commun.
Donc, je pense qu'il va falloir ensemble trouver la meilleure solution pour
nous permettre de maintenir le transport en commun, que ce soit par
transporteurs privés ou par une participation des municipalités.
Il va falloir trouver, inévitablement, la solution qui s'impose parce
qu'on ne pourra pas laisser tomber le transport en commun.
M. Chartrand: Le seul commentaire que j'ai à faire
là-dessus, c'est que vous pouvez être assuré que les
membres de notre organisation vont faire des pressions auprès des
conseils municipaux où les villes sont juste sur le bord, comme
Saint-Jean, pour que ces gens-là essaient au moins de faire des
propositions au gouvernement pour qu'elles puissent entrer dans la zone C.
M. Clair: Je voudrais indiquer, M. Chartrand - sur ce, je tiens
à le répéter -que cela n'apparaît pas être le
coeur du problème parce que, quant à modifier les limites de la
zone C, on n'est pas fermé à cela. J'ai tenu à le
mentionner tantôt, c'est vraiment une hypothèse de départ
et c'est pour cette raison que dans l'analyse que M. Sloan faisait, qui m'a
appris un paquet de choses en ce qui concerne des régions statistiques
au Canada, il nous était apparu, à première vue, que
c'était la proposition la plus intéressante et on la soumettait
à la discussion justement pour qu'elle soit critiquée.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Jean.
M. Proulx: M. le Président, mon collègue...
Le Président (M. Boucher): Il reste deux minutes au bloc
II.
M. Proulx: Pardon? M. Lavigne m'a enlevé les paroles de la
bouche; ce n'est pas très hygiénique. Mais il a posé les
questions que j'aurais posées et on a répondu aux mêmes
questions. Vous avez fait allusion tout à l'heure, M. le ministre, au
problème que nous avions avec le conseil municipal. On en a d'autre
nature aussi. On a l'élection au début de novembre; le portrait
ou le contexte peut changer. C'est pour cette raison que, tout à
l'heure, on faisait allusion aux élections du mois de novembre. Donc,
cela peut changer.
Je voudrais profiter de l'occasion pour féliciter M. Todd Sloan.
À Saint-Jean, on a un groupement pour le transport en commun du
Haut-Richelieu qui a fait un travail assez extraordinaire depuis trois ans.
C'est un groupe de personnes, d'hommes et de femmes très actifs, qui ont
sensibilisé toute la population avec des macarons, par du travail, de la
publicité et des conférences de presse. Vous vous souvenez sans
doute de les avoir rencontrées lors d'une visite extraordinaire que vous
avez faite dans la région, M. le ministre. On vous a alors exposé
tous les problèmes de transport: aérien, maritime, ferroviaire et
routier... Non, je ne suis pas en campagne électorale.
Donc, M. Todd Sloan, vous avez fait un travail extraordinaire dans ce
sens-là. Vous avez été professeur comme moi dans une
institution militaire et comme moi aussi vous avez quitté les
institutions militaires pour prendre d'autres voies. J'ai pris la voie
politique et vous vous êtes engagé sur une autre voie. Je vous
félicite pour le travail que vous avez fait.
J'allais vous demander M. le ministre, si la zone bleue est gelée
ou si elle va dégeler au printemps.
M. Clair: Non.
M. Proulx: Vous nous avez dit que cela peut dégeler au
printemps. La chose fondamentale c'est le pourcentage du public voyageur que
vous avez donné. À certaines places c'est 6%, 7%, 8% et 10%.
J'imagine qu'on a le pourcentage des travailleurs, des étudiants, des
personnes âgées et des femmes qui voyagent beaucoup. Il faut tenir
compte de ce pourcentage.
Donc, la ligne bleue, les taches bleues, peuvent changer, avez-vous dit,
M. le ministre?
M. Clair: Oui, absolument, M. le Président. Je tiens
à le répéter pour mon collègue le
député de Saint-Jean, nous sommes réceptifs, mais,
cependant, il faut bien comprendre ce que cela signifierait de modifier la zone
C et d'inclure un certain nombre de municipalités. Cela veut dire
qu'elles deviennent "subventionnables" dans le cadre du programme d'aide au
transport en commun, mais à la condition qu'elles veuillent participer
au coût du déficit du transport en commun et au coût
d'immobilisation aussi, au même titre que les autres municipalités
de la zone C y
participent.
Comme jusqu'à maintenant la plupart de ces municipalités
qui sont dans la zone D et qui avaient un service de transport en commun public
refusaient de s'impliquer financièrement, pour ne pas qu'un bon jour le
service soit interrompu sans qu'il n'y ait aucune alternative, nous nous sommes
tournés vers la recherche d'autres solutions, soit d'aller vers des
transporteurs privés.
Si, demain matin, des municipalités aux abords, surtout à
la limite de la zone C, disaient au ministre des Transports: Nous sommes
prêtes à être incluses dans la zone C, à passer de la
zone D à la zone C, et à payer ce qu'il en coûtera au
même titre que les autres, soit notre quote-part, vous savez, ce ne
serait pas une grosse décision a prendre pour le ministre des Transports
que de modifier la zone C.
M. Proulx: Je tiens à vous dire, M. le Président,
que le premier transport en commun est apparu dans Saint-Jean en 1836,
lorsqu'on a fait une voie ferrée dans Dorchester qui est partie de
Saint-Jean à Laprairie. Notre région, qui est toujours une
région baromètre, avait le service de transport en commun.
J'espère, M. le ministre, que vous tiendrez compte de nos traditions
historiques...
M. Clair: Certainement.
M. Proulx: ... et que vous pourrez nous garder le transport en
commun qu'on a depuis des siècles. Autrefois c'était la
rivière, puis le chemin de fer, et maintenant c'est...
M. Clair: Je suis convaincu que vous allez vous-même
m'aider à le faire.
M. Proulx: Certainement, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Merci. Bloc 3, M. Chartrand, il
vous reste quelque chose à dire?
M. Chartrand: II s'agit des représentants des
regroupements des personnes handicapées. La première intervenante
sera Mme Marie-Blanche Rémillard, présidente du Regroupement des
usagers du transport adapté de la Communauté urbaine de
Montréal et responsable du dossier du transport adapté à
Transport 2000. Mme Rémillard présentera le point de vue de
Transport 2000 et de son regroupement sur le transport adapté.
Mme Rémillard.
Mme Rémillard (Marie-Blanche): La proposition gouvernementale sur la réforme du transport en commun de la
région de
Montréal a suscité beaucoup d'intérêt dans le
milieu des personnes handicapées de cette région. Notre document
est présenté par les associations suivantes: Premièrement
deux associations d'usagers de services locaux de transport adapté,
deuxièmement le
Regroupement des usagers du transport adapté de la CUM, et,
troisièmement, l'Association des usagers des transports adaptés
de la rive sud de Montréal.
Aux deux mémoires d'associations locales se greffe un
mémoire préparé par Transport 2000 Québec traitant
des enjeux régionaux du développement du transport adapté
dans la région de Montréal.
Pourquoi avons-nous pensé présenter un mémoire sur
le transport adapté dans le cadre d'une commission parlementaire sur la
réforme du transport en commun dans la région de Montréal?
C'est parce que nous pensons que le transport adapté est un transport en
commun et parce que se vivent, au niveau du transport adapté, des
problèmes qui ne peuvent pas être résolus au niveau
strictement local.
Parlant du niveau local, je vais aborder le plus vite possible le
mémoire du Regroupement des usagers du transport adapté de la
CUM. Le Regroupement des usagers du transport adapté de la
Communauté urbaine de Montréal, dont le but est la promotion et
la défense des droits des personnes handicapées en matière
de transport, existe depuis trois ans, est incorporé depuis deux ans, ce
qui veut dire qu'on a pu en voir de toutes les couleurs, voir toutes sortes de
choses qui se sont passées à la CTCUM depuis qu'elle a pris en
charge le transport adapté en avril 1980.
En avril 1980, la CTCUM transportait à peu près 300
personnes par jour. Actuellement, elle en transporte au moins 700 par jour,
ça commence à faire du monde. Nous aurions pensé qu'un an
après la tenue d'un sommet socio-économique sur
l'intégration des personnes handicapées, dans une proposition
gouvernementale portant sur la réforme du transport en commun dans la
région de Montréal, une section spéciale aurait pu
contenir des éléments concernant le transport adapté pour
les personnes handicapées. Nous aurions cru, entre autres, que cette
section aurait traité des problèmes aigus de transport
adapté interrive, d'admissibilité, d'exploitation,
d'équipement, etc. Malheureusement, il n'en est rien.
Les principes directeurs de notre position. Les principes en fonction
desquels nous voulons que le transport adapté soit inclus à la
proposition gouvernementale sont les suivants: assurer la participation des
usagers handicapés aux décisions relatives au transport
adapté, tant au niveau régional qu'au niveau local; freiner la
hausse des coûts d'exploitation; diversifier les moyens de transport
adapté afin de répondre
adéquatement aux besoins des différents types de
clientèles handicapées; améliorer la qualité des
services de transport adapté et permettre enfin aux usagers
handicapés l'utilisation de tous les services de transport adapté
au Québec.
Je vais essayer de faire un bref portrait de la situation du transport
adapté à la CUM et plus particulièrement de la
participation des usagers. À l'encontre des transports adaptés
dans la plupart des municipalités de la région de Montréal
et du Québec, il n'y a aucune forme de participation des usagers, des
personnes handicapées ou plus largement du milieu des personnes
handicapées à la gestion du transport adapté, ni au niveau
du comité d'admissibilité, ni au niveau de quelque chose qu'on
pourrait appeler un comité d'orientation, ni, évidemment, au
niveau d'un comité d'exploitation. Le manque de participation des
usagers a des effets notables, entre autres, sur la piètre
qualité du service, compte tenu des sommes d'argent
dépensées, et aussi sur une hausse constante et qui nous
inquiète dangereusement, nous, les usagers, des coûts
d'exploitation du transport adapté.
À part le fait d'impliquer davantage le milieu des personnes
handicapées dans le fonctionnement, dans le développement du
transport adapté, il y aurait certaines améliorations, certaines
innovations qui ne semblent pas, dans le contexte actuel, pouvoir être
reportées à la CTCUM. Nous pensons, entre autres, au fait
d'établir une table de concertation au niveau local permettant
d'intégrer des personnes handicapées plus
légèrement, des personnes âgées avec un léger
handicap au système existant de transport régulier.
Comme c'est là, comme il n'y a aucune table de concertation de ce
type, il y a de plus en plus de personnes avec un handicap léger qui se
dirigent vers le transport adapté parce qu'on pourrait dire que le
transport en commun n'est pas assez civilisé. Il y aurait aussi le fait
que la subvention à l'utilisation du véhicule taxi pour le
transport en commun des personnes handicapées est quelque chose qui
semble complètement bloqué à l'horizon du
développement du transport adapté dans la région de
Montréal pour toutes sortes de motifs, en particulier, pour des raisons
syndicales, des raisons de convention collective.
Les gens de mon regroupement tiennent particulièrement à
ce qu'on mentionne ici des problématiques qui, peut-être,
pourraient être résolues dans cinq ans, dans dix ans, mais qu'on
qualifie d'urgentes. Donc, on se demande si, par rapport à cela, il n'y
aurait pas des démarches à faire rapidement. Ce sont aussi des
changements qui ne peuvent pas être faits dans le cadre local dans lequel
le transport adapté doit fonctionner actuellement. On a, entre autres,
un problème interrive; c'est-à-dire qu'actuellement les gens de
Laval et de la rive sud peuvent venir à Montréal, mais les gens
de Montréal ne peuvent pas aller à Laval et sur la rive sud. Les
usagers non handicapés peuvent le faire; parfois, ça leur prend
plus de temps, parfois, ça leur coûte plus cher, mais les
handicapés ne peuvent pas y aller, un point, c'est tout! (18 h 30)
II nous arrive tous les jours des cas. Entre autres, il y a le cas d'un
handicapé visuel, un jeune aveugle qui est aussi en chaise roulante,
anglophone, par-dessus le marché, pour qui le seul cégep
accessible est situé sur la rive sud. Or, de nombreuses tractations et
manigances avec le ministère des Transports, avec la CTCUM, avec la
CTRSM ne nous ont pas fait avancer d'un pouce dans ce dossier. Il semble que ce
soit une impossibilité absolue de transporter un individu qui a un
besoin immense de transport sur la rive sud, alors que la CTCUM fait des
déplacements de la même distance tous les jours du centre-ville
vers Sainte-Anne-de-Bellevue ou vers toute autre direction. Il y a aussi un
problème d'admissibilité à la CTCUM, c'est-à-dire,
que des clientèles, qui sont admises dans tous les autres
systèmes de transport adapté dans la province et dans la
région de Montréal, en particulier, c'est-à-dire les
personnes déficientes mentales, les personnes handicapées
visuelles, les personnes obèses handicapées sont refusées
à la CTCUM, possiblement pour des raisons de contraintes d'exploitation.
Ce qui fait que l'on est intéressé à pouvoir aller
ailleurs que sur le territoire de la CUM. On croit que c'est très
important de régulariser ces questions d'admissibilité, que les
mêmes clientèles soient admissibles dans tous les systèmes
de transport adapté d'une même région.
Il y a aussi les problèmes de véhicules. Il semble que la
CTCUM ne soit pas capable de mettre au point des systèmes d'attache et
des systèmes cohérents pour transporter "différents types
de fauteuils roulants ou différents types de moyens de locomotion",
entre guillemets. Cela nous porte à croire que si jamais il y avait une
possibilité de transfert en différents territoires de commissions
de transport, on se trouverait pris avec un fauteuil roulant qui peut
être transporté par la CTCUM, mais ne pourrait pas l'être
par la Commission de transport de Laval ou par la Commission de transport de la
rive sud. C'est le genre de chose qu'il faut régler assez tôt
parce que, autrement, on va se créer des problèmes majeurs
à l'avenir.
Enfin, et je crois que c'est un besoin qui a été
manifesté par toutes les personnes consultées, quand une personne
est admise dans un système de transport adapté à d'autres
places dans la province, qu'elle
puisse utiliser le transport adapté dans une autre place,
même si elle n'est pas résidente de cette place. Actuellement,
cela se fait à Montréal à cause de l'état de
désorganisation du comité d'admissibilité, mais un jour ou
l'autre, des personnes handicapées arrivant de Québec ou de
l'extérieur de la province ne pourront pas utiliser le transport
adapté de Montréal. Ce serait très regrettable,
pensons-nous.
Pour résumer, je vais énumérer les recommandations:
Que soit reconnu aux usagers handicapés le droit de participer aux
décisions relatives au transport, tant au niveau de l'exploitation que
de l'orientation et de l'admissibilité.
Qu'un mandat clair et précis soit confié à
l'organisme régional de transport en matière de planification et
de coordination du transport adapté à l'échelle
régionale.
Que l'intégration interrive des réseaux de transport
adapté pour les personnes handicapées relève de
l'organisme régional de transport.
Qu'un représentant des usagers siège au comité
d'exploitation du transport adapté de la CTCUM.
Qu'un comité d'admissibilité au transport adapté de
la CTCUM soit formé au plus tôt pour permettre
l'admissibilité de différentes clientèles.
Que soit étudiée la possibilité de rendre
accessible à différentes clientèles de personnes
handicapées les moyens de transport en commun régulier.
Que des ententes puissent être conclues entre la CTCUM et les
compagnies de taxis afin de desservir les personnes handicapées
ambulatoires.
Que des aménagements d'urgence temporaires, mais efficaces soient
mis en place afin de permettre le plus tôt possible le transport des
personnes handicapées vers Laval et la rive sud.
Enfin, que lorsqu'une personne handicapée est admise à un
service de transport adapté, elle le devienne également partout
dans tout le Québec.
Je passe maintenant à Chantai Ruel-Dion du Comité du
transport adapté de la rive sud.
Mme Ruel-Dion (Chantal): Comme le temps nous presse, M. le
Président, j'aimerais vous lire un résumé du
mémoire que nous avons présenté. L'Association des usagers
du transport adapté aux personnes handicapées de la rive sud de
Montréal, AUTAPHRSM, par le biais de cette commission parlementaire, est
heureuse de pouvoir exprimer devant les décideurs son vécu depuis
l'implantation du service du transport des personnes handicapées de la
CTRSM et aussi ses visions de l'avenir.
M. le Président - je vois que nous avons un nouveau
président - lors du sommet socio-économique en décembre
1981 pour l'intégration de la personne handicapée, M. le ministre
Michel Clair, ici présent, a annoncé que le budget du transport
adapté public devait passer pour 1982-1983 de 4 100 000 $ à 9 100
000 $. Il proposait également que les comités urbains et les
commissions de transport aient, au sein de comités aviseurs, des
représentants des personnes handicapées. De plus, le ministre des
Transports s'engageait, conjointement avec l'Office des personnes
handicapées du Québec, à doter le ministère d'un
tel comité afin d'impliquer au maximum les personnes handicapées
dans l'élaboration et les améliorations à apporter au
programme de transport adapté public.
De ce qui précède, il était raisonnable de croire
que la proposition gouvernementale concernant l'organisation et le financement
du transport en commun dans la région de Montréal traiterait du
transport adapté public. Il n'en est rien. Il nous apparaît donc
incohérent, M. le Président, qu'un gouvernement responsable de
mesures législatives visant l'intégration de la personne
handicapée ignore cette dimension, justement dans un dossier qui est
l'épine dorsale du quotidien de la personne handicapée.
L'Association des usagers des transports adaptés aux personnes
handicapées de la rive sud de Montréal, que je représente
ici, est issue d'un comité ad hoc parrainé par le Groupement des
associations de personnes handicapées de la rive sud, le GAPHRSM, qui
est un organisme régional de promotion. Nous nous considérons
comme les intervenants du milieu les plus sensibilisés aux conditions de
vie et à la problématique des personnes handicapées. Par
conséquent, nous sommes intervenus avant qu'on complète le plan
de développement de la CTRSM qu'elle avait, de par la loi, l'obligation
de présenter au ministère des Transports du Québec.
À la suite de nos représentations, la CTRSM et le Conseil
des maires de la rive sud ont accepté d'inclure tous les motifs de
déplacement sans discrimination, d'assurer le service le soir et les
fins de semaine ainsi que d'ajouter un véhicule à la flotte
prévue. Nous tenons à souligner que, depuis le début du
transport des personnes handicapées de la CTRSM, le 1er décembre
1980, la CTRSM a suivi les recommandations du ministère en ce qui a
trait, entre autres, à la mise sur pied d'un comité d'admission.
Je précise, M. le Président, que ce comité fonctionne
harmonieusement. J'en fais partie et je crois que ma présence y apporte
une dimension primordiale pour assurer le droit au transport public pour la
personne handicapée, étant moi-même usager
handicapé.
De plus, la CTRSM semble avoir accepté que notre collaboration
leur rend la tâche plus facile et que notre but est d'améliorer le
fonctionnement du service. En fait, la majorité de nos recommandations
a
été adoptée. Cependant, il nous faut souligner, M.
le Président, qu'il existe une certaine méfiance dans les
relations et les communications et qu'au niveau de la participation des usagers
aux prises de décision les obstacles affrontés demeureront
insurmontables tant que des structures gouvernementales n'obligeront pas les
commissions de transport à considérer le principe des usagers au
sein de conseils d'administration.
Nous aimerions vous présenter maintenant les cinq
problématiques qui nous préoccupent plus particulièrement:
1. La non-admissibilité des enfants de moins de douze ans; 2. La
politique du ministère des Transports du Québec qui exclut le
transport institutionnel dans le transport des personnes handicapées de
la CTRSM. Pour vous donner un exemple, si votre mère était, par
exemple, en perte d'autonomie, obligée d'aller dans un centre d'accueil
et qu'elle bénéficiait du transport lorsqu'elle demeurait
à domicile, automatiquement, dès son entrée au centre
d'accueil, elle n'aurait plus accès au transport adapté public.
3. L'impossibilité pour un usager d'un transport adapté public
d'utiliser ce même service dans une région. 4. Le peu de moyens de
contrôle qu'ont les usagers sur l'efficacité de l'exploitation du
service et l'absence des moyens statistiques précis permettant
d'évaluer les besoins de transport adapté dans la région
et la nécessité d'augmenter les effectifs de la flotte. 5.
Plusieurs personnes ayant des problèmes de mobilité telles les
personnes âgées ou accidentées ne se classifiant pas dans
les critères proposés à l'article 1g de la loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées ont quand même
besoin d'un transport qui tiendrait compte de leurs difficultés.
Face à cette problématique que nous avons décrite
dans notre mémoire en nous appuyant sur des données fournies par
le ministère ainsi que des politiques prônées par votre
gouvernement, nous essaierons de condenser ici les recommandations qui s'y
rattachent. 1. Compte tenu des réalités démographiques de
la région, qui a une population très jeune, où il y a
beaucoup d'enfants, que la CTRSM facilite le transport aux enfants ayant une
déficience physique ou mentale pour leur permettre de commencer le plut
tôt possible le processus d'intégration. 2. Que le
ministère des Transports du Québec, conjointement avec le
ministère des Affaires sociales, délimite, de façon
claire, le rôle du réseau des Affaires sociales et celui de la
CTRSM dans le domaine du transport adapté face au transport
institutionnel et en affecte les budgets en conséquence. 3. Cette
recommandation rejoint celle du comité du Regroupement des usagers du
transport adapté de la CUM. Que, lorsqu'une personne handicapée
est admise à un service de transport adapté, le laissez-passer
émis à cet effet puisse être valide dans toutes les
régions du Québec où un tel service existe. Aujourd'hui,
je suis à Québec, j'ai bien une carte de la CTRSM mais je ne
pourrais pas l'utiliser pour le transport adapté ici. 4. Que les usagers
des transports adaptés soient représentés aux commissions
consultatives permanentes et au conseil d'administration de la CTRSM, dont les
modalités de composition seraient définies par le
ministère. Que les services techniques de recherche de la CTRSM et du
ministère des Transports du Québec élaborent des
mécanismes d'évaluation établissant des relations
précises entre les besoins de la clientèle et les effectifs en
activité. 5. Que la CTRSM apporte des modifications à
l'accessibilité au transport régulier et sensibilise ses
chauffeurs aux difficultés d'une clientèle en perte d'autonomie
mais non admissible au transport adapté actuel.
Finalement, que la CTRSM se prévale de la nouvelle
réglementation du taxi afin d'assurer une exploitation plus rationnelle
du service du transport adapté, de réduire les coûts et de
développer cette industrie dont la rentabilité et
l'efficacité ont été démontrées dans les
pays européens, notamment la Suède.
En conclusion, M. le Président, nous voulons mentionner notre
solidarité aux recommandations suivantes formulées par Transport
2000.
Que le gouvernement mette en place, pour les villes dirigées par
le Conseil des maires de la rive sud, une structure comparable à celle
de la commission permanente de la CUM.
Que le modèle de la commission consultative permanente
proposé par Transport 2000 soit adopté intégralement dans
sa composition et son mandat.
Que la participation des élus soit importante, nous le
reconnaissons, mais que celle des usagers présente une dimension tout
autre, centrée sur les besoins de la communauté - excusez
l'expression - "at large" sans considération d'intérêts
particuliers.
Que l'accès des personnes handicapées au réseau
régional de transport en commun régulier est aussi important que
les systèmes locaux de transport adapté.
Nous espérons que, malgré l'oubli de notre existence dans
la présente proposition gouvernementale, vous reconnaîtrez, M. le
Président, la légitimité de notre représentation
ainsi que l'importance et la rentabilité qu'apportera sa mise en
application. Si cela est, à notre grand avantage ainsi qu'à celui
de notre société québécoise, le transport en commun
adapté permettra à la personne handicapée de
devenir un citoyen à part entière. M. le Président,
ainsi que les membres de cette commission, je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie. M. Chartrand:
Mme Marie-Blanche Rémillard va terminer la dernière partie de ce
bloc en donnant le point de vue de Transport 2000 sur le transport
adapté.
Mme Rémillard: Dans cette partie du mémoire nous
aborderons les enjeux régionaux du développement du transport
adapté dans la région de Montréal. Ce travail
réalisé par Transport 2000, à l'aide d'une subvention de
l'Office des personnes handicapées, n'a été rendu possible
que grâce à la collaboration des agents de développement de
l'office, de plusieurs associations de la région ainsi que de nombreux
individus impliqués dans le transport adapté de leur
localité, tant sur la rive nord que sur la rive sud. Qu'on me permette
de remercier, entre autres, pour leur collaboration, la Table de concertation
régionale des associations de personnes handicapées de
Lanaudière et le Regroupement pour la concertation des personnes
handicapées des Laurentides.
Pour fins de présentation, le mémoire a été
complètement remodelé. Alors, si vous suiviez sur le
mémoire, vous ne vous reconnaîtrez pas du tout et je m'en excuse.
(18 h 45)
La loi 9 sanctionnée en juin 1978 donnait un certain cadre
juridique au développement du transport adapté, en incitant les
organismes publics de transport à îssurer, dans un délai
raisonnable, le transport en commun des personnes handicapées dans le
territoire qu'ils desservent. Depuis, non seulement sur les territoires des
organismes publics de transport, mais aussi sur celui de plusieurs
municipalités ou regroupements de municipalités, sont nés
et se sont développés des systèmes de transport
adapté fort différents les uns des autres. Il y a tout lieu de
croire que nous assisterons, au cours des prochaines années, à la
création de beaucoup d'autres petits réseaux, les uns à
côté des autres, desservant chacun leur territoire avec plus ou
moins d'efficacité et de respect pour es besoins de leurs
clientèles.
Il ne faudrait pas croire que les nombreuses difficultés
qu'affronte l'organisation du transport adapté ne soient
âttribuables qu'à la jeunesse des institutions, l'armistice des
organisations locales et l'absence de planification régionale sont des
acteurs plus spécifiques. Nous nous attendons que le gouvernement
provincial, à cause de sa très large participation au Financement
du transport adapté, profite de a réforme du transport en commun
dans la région de Montréal pour installer au niveau
régional un mécanisme d'intervention, de coordination, de
planification du développement du transport des personnes à
mobilité réduite dans la région de Montréal.
Donc, quand on fait référence à des personnes
à mobilité réduite, on n'entend pas seulement les
personnes en fauteuil motorisé, on entend toute une catégorie de
personnes dont une très petite minorité ont besoin d'un transport
très spécial du style fourgonnette modifiée. C'est
important, parce qu'il ne faut pas penser aux personnes handicapées qui
ont besoin de transport adapté seulement comme des personnes en chaise
roulante.
Il n'existe pas, d'autre part, de relevé statistique pour
évaluer de façon précise le nombre de personnes à
besoins spéciaux en transport dans la région de Montréal.
Le plus souvent, c'est en effet la mise en place d'un service de transport
adapté qui révèle des besoins jusque-là totalement
ignorés.
Si on essaie de résumer les besoins en transport pour les
personnes handicapées, on devrait les regrouper de la manière
suivante: pour les gens demeurant dans des territoires dépourvus de
service de transport adapté, le besoin de se déplacer localement;
pour les gens demeurant à l'intérieur du territoire desservi par
les trois commissions de transport, le besoin de pouvoir circuler librement
d'un territoire à un autre et à l'intérieur des
territoires, même s'ils n'en sont pas résidents; pour les gens
demeurant dans des municipalités situées en bordure du territoire
desservi par les trois commissions de transport, le besoin aussi grand d'aller
vers l'île de Montréal que de se déplacer localement; pour
les gens de toute la région, le besoin d'un réseau minimal de
transport en commun accessible aux personnes à mobilité
réduite à l'échelle régionale; et enfin, pour
l'ensemble des personnes handicapées admissibles au transport
adapté, le besoin de pouvoir utiliser n'importe quel service de
transport adapté.
Il n'est pas nécessaire d'expliquer beaucoup pourquoi des
personnes au niveau local ont besoin de se déplacer. C'est
évident que, si les gens ne peuvent pas se déplacer à
l'aide d'un transport en commun et qu'ils n'ont ni les moyens financiers, ni
les moyens physiques d'avoir leur véhicule individuel, ils sont
voués pour toute leur vie à se fier à la charité de
bénévoles ou à être très dépendants de
leur famille. Il y a déjà suffisamment de personnes qui ont
quitté leur région d'origine pour venir rester à
Montréal parce que c'était la seule façon d'avoir une vie
quelque peu active.
Les obstacles, d'autre part, affrontés dans la mise sur pied des
systèmes locaux de transport adapté sont nombreux. Les
fastidieuses opérations préliminaires à la mise sur pied
ansi que les résistances des élus locaux à participer
à un tel projet, la
difficulté des municipalités à s'entendre entre
elles sur des questions de partage de coût ont eu raison de
l'enthousiasme de nombreuses associations de personnes handicapées.
Comme autres complexités qui rendent encore plus problématique la
création de réseaux locaux, il y a les chevauchements de
territoires de commissions scolaires, municipalités régionales de
comté, centres locaux de services communautaires. Il y a aussi le fait
que, dans les zones rurales ou semi-urbaines dépourvues de transport en
commun, les personnes handicapées sont un peu gênées de
demander un transport en commun qui leur soit exclusif. D'autre part, les gens
ont vaguement entendu parler de modifications aux règlements du taxi, de
nouvelles possibilités reliées au transport scolaire, des
ressources en transport des établissements du réseau des affaires
sociales. L'absence de coordination, tant organisationnelle que
financière, empêche l'utilisation de ces ressources.
La raison pour laquelle nous nous penchons sur certains aspects du
transport local, c'est que la façon dont se développe ou ne se
développe pas les réseaux locaux de transport adapté peut
avoir, à plus ou moins long terme, un effet sur les possibilités
d'échange sur une base régionale entre transport
adapté.
Le transport local à l'intérieur des trois commissions de
transport. Considérant qu'on a déjà parlé du
transport local sur le territoire de la CUM et sur la rive sud, cela va
être très bref. Les personnes handicapées vivant sur le
territoire desservi par les trois commissions de transport disposent à
l'heure actuelle de services de transport adapté. Ces services sont
gérés par les commissions, mais exploités, dans le cas du
transport adapté de Laval et de la rive sud, par des compagnies
privées. Ainsi, les personnes handicapées d'abord reconnues
admissibles au transport adapté sont assurées, sur
réservation ou par abonnement, d'un transport de porte à porte.
Les déplacements s'effectuent principalement par véhicules
fourgonnettes modifiés.
Depuis que ces services existent, les usagers ont, à maintes
reprises, fait connaître, tant aux commissions de transport qu'au
ministère des Transports, leur insatisfaction, face à certains
aspects du service.
À l'intérieur d'autres municipalités. Quelques
autres services de transport adapté existent dans la grande
région de Montréal...
M. Laplante: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse. M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je m'excuse auprès de madame, mais vu l'heure
tardive, je ne sais pas s'il y aurait possibilité - tout à
l'heure on a dit: Les gens sont ici bénévolement et s'ils sont
obligés de coucher ici, ce soir, ils vont encourir des dépenses
supplémentaires -de faire un résumé du mémoire, au
lieu de le lire au complet, pour essayer de donner une chance d'entendre
d'autres gens avant 20 heures. Y aurait-il possibilité d'avoir cette
coopération de votre part, sans trop vous brimer?
Mme Rémillard: Mais vous êtes conscient que faire un
résumé, quand on s'attendait à lire un mémoire,
ça demande un fonctionnement mental très
accéléré.
M. Laplante: Je m'excuse, mais vous avez été
avisés qu'il y avait une heure en tout pour ça et,
réellement, ça fait environ quatre heures qu'on est là.
C'est intéressant, ce que vous dites, mais on en a tous des exemplaires
et il y a des comités, autant dans l'Opposition que du côté
ministériel, pour reprendre chacun des mémoires et aller au fond.
C'est pour ça qu'on préférerait poser des questions
actuellement.
Mme Rémillard: Si vous pensez que tout le monde a
ça en tête, ça ne me fait rien de lire simplement les
recommandations, sauf qu'elles sont pas mal brèves.
M. Laplante: S'il vous plaît.
Le Président (M. Boucher): J'ai fait remarquer tout
l'après-midi que les membres de la commission ont les documents et en
ont pris connaissance; il n'est pas nécessaire de les lire au complet,
il s'agit de les résumer. Deuxièmement, vos mémoires sont
au secrétariat des commissions, alors, si quelqu'un est
intéressé à en prendre connaissance, il peut se les
procurer au secrétariat des commissions. Il n'est donc pas
nécessaire de les lire au complet.
Mme Rémillard: D'accord. Nous demandons que la
possibilité soit aquise aux réseaux locaux de transport
adapté, situés à l'extérieur des trois commissions
de transport, mais à l'intérieur des limites de l'ORT, de
transporter des personnes handicapées vers Laval, la rive sud ou
Montréal. Ceci devrait se faire en conservant la priorité aux
déplacements locaux.
Nous demandons que des mesures soient immédiatement prises pour
faciliter et rationaliser le déplacement des personnes
handicapées sur le territoire des trois commissions de transport
concernées.
Nous demandons que l'organisme régional de transport se charge de
réaliser l'intégration interrives de systèmes de transport
adapté.
Nous demandons que, dans le développement des nouveaux
réseaux de transport adapté, le ministère des
Transports
veille à ce que les plans de développement tiennent compte
des possibilités de relations entre des municipalités adjacentes
ainsi qu'en direction de Montréal.
Nous demandons que l'organisme régional de transport assure aux
personnes handicapées de la région de Montréal un
accès au réseau régional de transport en commun
régulier, que ce soient les autobus, que ce soit le métro de
surface, que ce soit le métro souterrain, dans une certaine mesure, et
les trains de banlieue.
Enfin, je tiens à rappeler deux principes importants: la
participation des usagers à l'administration des systèmes locaux
de transport, ainsi que le principe d'admissibilité universelle des
personnes handicapées aux différents réseaux de transport
adapté.
Le Président (M. Boucher): Merci.
Mme Rémillard: Juste un mot. Partage des
responsabilités... Non, j'arrête là.
Le Président (M. Boucher): Merci. Est-ce que M. Delage, de
la CSD, pourrait faire immédiatement sa communication? Ensuite il y aura
une période de questions.
M. Delage (Arthur): Voulez-vous m'accorder trois minutes? C'est
tout ce dont j'ai besoin.
Le Président (M. Boucher): Allez-y.
Centrale des syndicats démocratiques
M. Delage: C'est une lettre d'appui - le sujet c'est: Le
mémoire du groupe Transport 2000 - qui s'adresse au ministre et si on
tient à le présenter - c'est de cette façon que je fais
l'introduction -c'est qu'il y a certaines recommandations qui ne sont pas
nécessairement les mêmes. Alors, on fait certaines dissertations
et les voici.
La Centrale des syndicats démocratiques a pris connaissance de la
version résumée du mémoire ci-haut mentionné,
c'est-à-dire celui de Transport 2000. À bien des égards,
la CSD appuie les positions du regroupement des usagers du transport en commun
que constitue Transport 2000.
Au niveau des principes directeurs et objectifs, nous aimerions
souligner l'importance de la participation des usagers aux décisions.
Nous croyons que l'organisme régional de transport, l'ORT, serait
l'instance appropriée de participation. L'idée d'une structure de
participation au niveau de la Commission consultative permanente, la CCP,
devrait, selon nous, être plutôt appliquée directement
à l'ORT. L'expérience nous montre que des organismes à
vocation uniquement consultative s'avèrent, en pratique, inefficaces.
Dans un tel cas, la CCP pourrait se limiter à un rôle de centre de
recherche et d'information.
Quant à la composition de la délégation des usagers
à l'ORT, nous croyons que la représentation devrait suivre une
logique de types d'usagers: usagers travailleurs, étudiants,
consommateurs, retraités, handicapés, etc. Dans chacun des cas,
les représentants devront être mandatés et faire des
rapports à leur association respective: par exemple, centrales
syndicales et autres associations publiquement reconnues. Il est certain que la
quantité d'associations représentatives peut poser un
problème pratique à cause de leur grand nombre. Dans ces cas,
elles pourront être invitées à des regroupements ad hoc. Il
est toutefois fondamental que toutes les associations représentatives
désireuses d'intervenir aient leur place, que ce soit par des formules
de regroupement ad hoc, de rotation de mandat ou autres. Quant à la
représentation régionale, nous insistons sur l'inclusion des
villes satellites.
Vous me permettrez, par exemple, d'ouvrir ici une parenthèse; ce
n'est pas dans la lettre. Ce qu'on avait compris, quand on parle de villes
satellites, c'est que comme grand cercle, cela allait chercher Valleyfield,
Beauharnois, Saint-Jean, Granby, Saint-Hyacinthe, Sorel, Joliette et
Saint-Jérôme. On ne l'a pas mentionné. C'était
l'esprit dans lequel on a travaillé. Je peux vous dire que, quant
à nous, à la centrale, étant donné que
c'était dans nos discussions, on appuiera certainement le principe que
ce grand cercle soit inclus à l'intérieur d'une
réorganisation.
En effet, le mémoire de Transport 2000 porte aussi sur la
desserte des municipalités à l'extérieur du territoire de
l'ORT. La CSD appuie pleinement la reconnaissance des villes satellites et les
recommandations qui en découlent, notamment, en ce qui concerne la
participation des représentants des villes satellites aux
décisions qui les concernent.
Un second principe sur lequel nous aimerions insister, c'est celui de la
cohérence et de la liaison plus étroite entre
l'aménagement du territoire et le transport en commun. Par exemple, il y
a trop de parcs industriels isolés des réseaux de transport en
commun. Cette situation oblige pratiquement les travailleurs et les
travailleuses des parcs industriels à utiliser l'automobile. D'ailleurs,
cet aspect nous amène à nous interroger sur les failles actuelles
du système de transport en commun et de l'aménagement. Avant de
penser à compléter le système, il faudrait
réorganiser ce qui existe dans le sens d'un service qui colle
concrètement aux besoins actuels. La CSD aimerait soulever deux
problèmes reliés au fonctionnement du réseau de transport
en commun.
Nous considérons que l'île de Montréal devrait
être desservie 24 heures par jour, métro et autobus - avec le
service actuel,
on oblige pratiquement les gens à délaisser, pour
certaines heures, le transport en commun parce qu'ils peuvent partir pour aller
quelque part, mais ils n'ont plus le métro pour revenir; c'est ce qu'on
veut dire ce qui résoudrait le problème des travailleurs et des
usagers de nuit. Évidemment, il s'agirait d'un système
allégé par rapport à celui de jour. Le système de
nuit s'ajusterait aux besoins en cause. Ensuite, il faudrait voir à
coordonner les départs de trains et autobus des villes satellites vers
Montréal et vice versa. Il faudrait voir aussi à coordonner les
arrivées et les départs aux points de relais. Bref, la CSD
considère que l'encouragement à l'utilisation du transport en
commun doit reposer avant tout sur l'organisation d'un système qui colle
concrètement aux besoins des usagers. Dans notre esprit, il est clair
qu'il en coûte plus cher de satisfaire le transport individuel que le
transport collectif. Nous ne remettons donc pas en cause le principe de
l'encouragement au transport collectif, mais nous croyons que cet encouragement
doit passer avant tout par la mise en oeuvre d'un système
adéquat. (19 heures)
Pour ce qui est du financement, la CSD préfère, pour
l'instant, soulever certains points particuliers. D'abord, il est certain que
la question du péage sur les autoroutes devrait être
réglée une fois pour toutes. Prise dans une optique
régionale, la présence conjointe d'axes à péage et
de d'autres qui ne le sont point, apparaît nettement incongrue. Mais la
question qui se pose est plus profonde: Le transport en commun doit-il
être principalement financé sur la base de son utilisation - usage
- ou plutôt sur la base des revenus des citoyens et entreprises? La
question est profonde et mériterait une analyse fouillée.
D'ailleurs, elle se pose directement à propos de la tarification selon
la distance.
Ce que la CSD constate, c'est que, dans plusieurs cas, les grands axes
routiers ont entraîné l'implantation d'entreprises. Hors, ces
mêmes grands axes n'offrent pas nécessairement des coûts
d'habitation accessibles pour les travailleurs et travailleuses. La distance
entre la résidence et le lieu de travail n'offre pas de relation valable
par rapport à la situation des revenus de ceux et celles qui sont en
cause.
Dans le cas de l'île de Montréal, la tarification selon la
distance défavoriserait nettement les usagers à faible revenu.
Par exemple, un travailleur ou une travailleuse qui occupe un emploi dans le
West Island, le long de la route 20, n'a pas nécessairement les moyens
de résider dans ce secteur. À ce moment, la tarification selon la
distance vient brimer les faibles revenus. La CSD considère que dans le
cas de l'île de Montréal, la tarification selon la distance,
particulièrement à des fins de travail, n'est pas
appropriée. Le système actuel devrait être maintenu dans ce
cas. D'ailleurs le même raisonnement peut s'appliquer à
l'intérieur de Laval où à l'intérieur de la rive
sud immédiate.
Dans la même veine, la CSD s'interroge sur les formules de
gratuité ou de réduction tarifaire lorsqu'il n'y a pas de
discernement quant aux niveaux des revenus. Ne faudrait-il pas s'interroger sur
la capacité de payer? Ce qui est en cause c'est notre régime de
sécurité de revenu, fiscalité, impôt négatif,
régime universel, etc.
Bref, la CSD considère que le financement du transport en commun
nous oblige à nous interroger sur toute la structure de protection des
faibles revenus dans notre société. Or, tel n'est pas l'enjeu
ici.
Veuillez agréer, M. le ministre, l'expression de nos meilleurs
sentiments. C'est une lettre d'appui que la CSD donne...
Il ne me reste qu'à remercier le président, M. le ministre
et les membres de la commission d'avoir bien voulu nous entendre afin que nous
puissions faire valoir notre point de vue là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Chartrand: J'aurais juste une précision à faire.
Je remercie M. Delage de cet important appui. On considère la CSD comme
étant un groupe très important, cependant, j'aimerais quand
même dire qu'elle ne faisait pas partie de notre présentation
telle que nous l'avions programmée au départ. Merci quand
même. De toute façon nous sommes très heureux de cet appui,
mais cela ne faisait pas partie de notre présentation officielle et je
tiens à le dire.
Vous voudriez peut-être poser des questions et je vais conclure
rapidement. J'ai quelques petits points à apporter et ce sera tout. Je
sais qu'il commence déjà à être très tard. Je
ne veux pas me faire d'ennemis; il y a d'autres personnes qui veulent parler
aussi.
M. Clair: C'est cela. Il ne faudrait pas qu'en prenant trop de
temps vous perdiez d'autres appuis éventuels.
M. Chartrand: C'est exact.
M. Clair: M. le Président, d'abord je remercie M. Delage
de nous avoir fait sa communication rapidement. Nous prenons bonne note de ses
commentaires.
Quant aux deux autres mémoires qui sont présentés
concernant le transport adapté, j'aimerais dire que les questions qui
sont soulevées et les points de vue qui ont été
apportés sont très pertinents, il n'en fait
aucun doute, quant à la question du transport adapté.
Quant à la raison pour laquelle vous nous faites reproche de ne
pas avoir prévu dans notre proposition de réforme une partie pour
le transport adapté, je dirai là-dessus qu'étant
donné que la réforme que nous proposons est d'abord et avant tout
une réforme institutionnelle et financière du transport en commun
régulier et que le transport adapté, dans les trois cas les plus
importants: Laval, rive sud et Montréal, relève justement des
commissions de transport, selon le bon vieux principe du qui dit plus dit
moins, le tout comprend les parties. Également il nous apparaissait que
cela faisait automatiquement partie de notre préoccupation en ce qui
concerne, par exemple, l'intégration interrive à propos de
laquelle il ne fait aucun doute que c'est souhaitable. Mais on avait compris,
quant à nous, qu'à la suite du sommet socio-économique de
décembre dernier concernant les personnes handicapées toute une
série de mesures étaient déjà en marche au niveau
du ministère des Transports et de l'Office des personnes
handicapées.
Par exemple, on me rappelait l'engagement en ce qui concerne le budget
pour le transport adapté. Effectivement, et cela est vérifiable
dans les crédits du ministère des Transports, les budgets
alloués au transport adapté ont plus que doublé, à
peu près, passant de 4 300 000 $, si ma mémoire est
fidèle, à 9 100 000 $.
En ce qui concerne l'intégration des services entre transport
institutionnel et transport adapté, il existe actuellement un
comité composé de représentants du ministère des
Affaires sociales et du ministère des Transports du Québec sur
cette question. Quant aux comités d'admissibilité, là
encore, le ministère des Transports insiste, dans tous les cas, pour
favoriser leur mise sur pied. D'ailleurs, je pense qu'il existe un
comité formé de l'OPHQ, du ministère des Transports et
d'un organisme de promotion qui étudie cette question. Donc, nous
assurons un suivi là-dessus.
Quant à l'admissibilité universelle, cela voudrait dire
pouvoir utiliser cette carte, dès qu'on est admissible dans une
municipalité qui a un réseau de transport adapté, dans
l'ensemble du réseau, là où il existe du transport
adapté. Nous avons reçu de l'OPHQ un certain nombre de
recommandations à ce sujet. Maintenant, inutile de vous dire que cela
représente un problème pratique énorme parce que, pour
parler en termes concrets, si, à Drummondville, où il existe un
système de transport adapté - d'ailleurs,
Drummondville a été la première ville au
Québec à se doter d'un système de transport adapté
en dehors de Montréal, de Québec et de Sherbrooke - une carte
valable à Montréal peut, en tout temps, être
utilisée même s'il n'y a qu'un seul véhicule, c'est
évident que cela pourrait représenter des inconvénients
majeurs pour les bénéficiaires de ce service dans une ville
donnée si, en tout temps, les véhicules peuvent voir leur horaire
complètement bouleversé parce qu'il arrive quelqu'un d'autre.
Cela présente des problèmes pratiques énormes, mais
ça ne veut pas dire pour autant qu'on y renonce. On vise surtout
à favoriser l'intégration interrive, dans un premier temps, dans
la région métropolitaine de Montréal.
Tout cela pour vous dire que les sujets que vous soulevez sont
réels, les questions que vous soulevez sont pertinentes, mais quant
à nous, fondre le dossier du transport adapté, recommencer
à discuter de l'autorité sur le transport adapté de
l'organisme régional de transport, alors qu'on commence à peine
à avoir des services acceptables, nous avons cru que vous auriez
peut-être un peu l'impression qu'on vous faisait passer de Cal'phe
à Pilate et que, sitôt une structure mise en place, on propose
d'autres changements. On a donc choisi de traiter séparément ce
dossier. Peut-être que le reproche que vous nous faites est
justifié, mais je voulais simplement donner les explications, les
raisons pour lesquelles nous avons préféré cette
approche.
Rapidement, en ce qui concerne le rapport sur la rive sud de
Montréal, en ce qui concerne l'étude conjointe avec le
ministère des Affaires sociales, comme je vous le disais, c'est en
cours. Que le laissez-passer puisse être valide dans toutes les
régions du Québec où il existe un tel service, on n'a pas
d'objection, mais cela présente des problèmes pratiques
énormes. Relativement à la représentation des personnes
handicapées, des usagers des transports adaptés au niveau des
conseils d'administration, les décisions que nous prendrons en
matière de transport en commun seront exactement applicables en
matière de transport adapté.
Que la CTRSM ou d'autres se prévalent de la nouvelle
réglementation du taxi afin d'assurer une exploitation plus rationnelle
du service de transport adapté, sur ce dernier point, l'objectif que
nous nous sommes fixé, là aussi, cela évolue dans beaucoup
de secteurs, dans le domaine des transports, et on essaie de répondre
aux attentes le plus rapidement possible. Ce volet se retrouve dans les
propositions de programmes d'action en matière de taxi. Nous partageons
tout à fait votre avis: on doit aller vers une meilleure utilisation des
véhicules taxis pour le transport adapté. Cela se fait avec
beaucoup de bonheur et de satisfaction, semble-t-il, ici, à la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec,
même si la légalité pourrait être mise en cause par
certains. On veut sécuriser juridiquement ce phénomène,
l'élargir. Vous ne pouvez
cependant pas reprocher à la CTRSM de ne pas se prévaloir
de la réglementation parce qu'elle n'est pas adoptée, elle est
à venir.
Je termine mes remarques simplement en vous réitérant
l'intérêt du ministère des Transports du Québec
d'assurer effectivement le suivi du sommet socio-économique de
décembre 1981. Nous déployons beaucoup d'efforts avec le
personnel dont nous disposons pour avancer sur tous ces fronts. La seule raison
pour laquelle nous n'avons pas traité du domaine du transport
adapté dans la réforme proposée, c'est que celle-ci
était d'abord et avant tout de nature financière pour le
système de transport en commun dit régulier et, également,
de nature institutionnelle pour l'ensemble des organismes qui sont
chargés de faire fonctionner le transport en commun, que celui-ci soit
adapté ou que ce soit le métro, le train ou l'autobus. Les
préoccupations que vous avez, nous les avons également; c'est
simplement qu'on ne les avait peut-être pas mises dans la même
filière que celle que vous auriez aimé qu'on utilise.
Mme Ruel-Dion: M. le ministre, je dois vous dire que...
Mme Rémillard: C'est parce que...
Mme Ruel-Dion: Ils entrent cela dans les recommandations de la...
J'aurais un commentaire à faire et je te cède la parole, si tu
permets, excuse-moi.
Mme Rémillard: D'accord.
Mme Ruel-Dion: J'aimerais vous dire, M. le ministre, que les
raisons que vous donnez pour ne pas l'inclure dans la proposition, pour moi, ne
sont pas très claires, mais j'avoue que vous parlez très bien et
que vous vous en êtes très bien sorti, je présume. Je
pense, disons, à la carte dont vous parlez; vous dites que cela
créerait des problèmes pratiques énormes. Est-ce que des
études ont été faites là-dessus? Je me pose la
question.
M. Clair: C'est ce que je vous indiquais - je m'excuse de vous
interrompre - tantôt. Nous avons reçu une communication de
l'Office des personnes handicapées du Québec sur cette question.
Nous sommes à l'étudier. Maintenant, vous savez, il ne fait aucun
doute que l'Office des personnes handicapées, dans ce cas,
représente avec vigueur vos intérêts, mais les techniciens
sur le plan du transport, eux, se disent: II s'agit maintenant de rendre cela
fonctionnel et c'est très compliqué.
J'ajoute que, jusqu'à maintenant, un peu comme c'est le cas,
d'ailleurs, pour le transport en commun régulier, la
responsabilité incombait davantage purement et simplement, même -
aux organismes de transport comme tels: la CTL, la CTRSM, la CTCUM. Je ne dis
pas qu'il n'y aurait pas lieu de retenir certaines de vos propositions en ce
qui concerne le rôle de l'ORT en matière d'intégration
interrive non seulement pour le transport en commun, mais également sur
le transport adapté. On va l'examiner et on verra à prendre les
décisions qui s'imposent dans ce domaine.
Mme Ruel-Dion: Je tiens à préciser, en tout cas, en
ce qui a trait au transport des personnes handicapées, l'Office des
personnes handicapées, que nous avons l'appui des alimenteurs en
information et que c'est nous, à la base, qui leur apportons de
l'information, plutôt que l'inverse.
M. Clair: Je suis convaincu qu'ils l'apprécient beaucoup
d'ailleurs.
Mme Ruel-Dion: Oui. Deuxièmement, au sujet de
l'intégration interrive, je tiens à préciser que, pour
nous de la rive sud, ce n'est pas une priorité parce que 50% de notre
clientèle va à Montréal, d'accord, se déplace et le
service est déjà assuré. Donc, ce n'est pas une
priorité et le système interrive, pour nous, pourrait jouer en
notre défaveur, si vous avez vu la problématique à
Montréal où le transport est absolument incohérent.
Personnellement, nous pensons justement que le système de carte par
lequel un usager pourrait utiliser le transport serait peut-être meilleur
qu'un système interrive. Moi, d'ailleurs, j'en ai déjà
parlé avec des représentants de la CTRSM et ils ont
été absolument négatifs à ce sujet.
Maintenant, je me demande aussi quel est le pourcentage de gens de
Montréal qui a besoin d'aller vers la rive sud; c'est sûrement
très différent parce que les services sont à
Montréal. C'est tout ce que j'avais à ajouter, M. le
Président.
M. Clair: Je comprends que vous partagez notre point de vue
largement sur cette question. Merci.
Mme Rémillard: M. le ministre, lors d'une de vos
premières soirées d'information, à Montréal, vous
aviez jeté un peu, enfin, semé un vent de panique sur le milieu
des personnes handicapées. Je ne sais pas si vous vous en rappelez.
J'avais posé nai'vement la question: En quoi la réforme
proposée va-t-elle aider, va-t-elle favoriser la possibilité pour
les personnes handicapées de Montréal d'aller à Laval ou
sur la rive sud, même si elles sont très peu nombreuses, en fait,
si elles en ont vraiment besoin? Vous avez répondu: On va commencer par
réaliser, par implanter la réforme au niveau du transport en
commun régulier et, après, on tirera des conclusions qui seront
peut-être applicables
au transport adapté. Or, quand on voit le temps que peut prendre
l'implantation d'une réforme dans le transport régulier, comment
cela peut prendre du temps et être compliqué quand on s'attaque
à des structures qui existent déjà et qui sont bien
implantées, des structures locales et des conflits de juridiction, des
choses semblables, on n'est pas tellement intéressé dans le
transport adapté à ce que les réseaux locaux soient
coulés dans le béton au niveau de toutes sortes de leurs
composantes pour qu'après cela ce soit quasiment une
impossibilité de leur faire développer des liens l'une avec
l'autre. Comme le ministère des Transports assume 75% du coût du
transport adapté et que, finalement, un très petit nombre
d'usagers sont touchés par rapport aux usagers du transport
régulier, il nous aurait semblé qu'il aurait été
possible d'aménager, dès maintenant, des possibilités de
transfert d'un système à l'autre ou des modalités qui
assoupliraient les services pour leur permettre plus tard d'établir des
échanges. Deuxièmement, au sujet de la carte
d'admissibilité universelle, je voulais seulement dire - parce que j'ai
peur de l'oublier...
M. Clair: Je vous fais remarquer en toute taquinerie, madame, que
d'habitude, en commission parlementaire, ce sont les membres de la commission
qui questionnent.
Mme Rémillard: Ah, oui! Excusez-moi. Je n'avais même
pas remarqué que j'avais posé une question.
Une voix: C'est parce que vous êtes enthousiaste et...
Mme Rémillard: II faut qu'on se la pose à
soi-même.
M. Clair: Oui. Ce n'est pas un reproche.
Mme Rémillard: II n'a jamais été question
pour nous, quand on parle d'admissibilité universelle, de s'attendre
qu'un groupe de 60 Montréalais allant en touristes dans la région
de Sherbrooke puissent immédiatement, comme cela, avoir accès au
transport adapté à l'unique minibus de Joliette. Cela n'a jamais
été notre intention. Pour nous, les déplacements locaux
par les usagers locaux ont toujours la priorité, sauf qu'actuellement il
y a souvent des disponibilités dans le fonctionnement d'un transport
local et des usagers évidemment admissibles sont refusés pour une
promenade et pour se déplacer avec un ami de la région. C'est
dans le sens d'offrir une possibilité aux gens de l'extérieur de
se servir du réseau local. C'est dans ce sens qu'on parlait, au moins
dans un premier temps, d'une admissibilité universelle.
M. Clair: C'est dans ce sens, justement, que je vous disais que
nous travaillons, mais conscients des contraintes que cela comporte, sur le
plan très pratique, sur l'horaire des véhicules. Il y a risque de
déséquilibrer des horaires et de pénaliser des services
locaux pour favoriser l'intégration universelle. Je voudrais cependant
revenir sur ce que vous avez dit au début, corriger la malheureuse
impression que j'ai pu laisser en répondant à votre question lors
de cette rencontre à Transport 2000. Ce que j'ai voulu signifier
à ce moment-là - peut-être me suis-je mal fait comprendre -
c'est un peu comme je l'ai dit la réforme qu'on propose est d'abord une
réforme institutionnelle et financière. Sur le plan
institutionnel, dans la mesure où on parviendra à régler
l'ensemble du cadre institutionnel pour faciliter l'intégration
interzonale pour l'ensemble du transport en commun régulier, on ne peut
pas agir sur le caractère institutionnel uniquement pour le transport
adapté. Il faut également agir pour le transport en commun. Il
est évident - à mon avis, en tout cas - que, dans la mesure
où on agit sur l'intégration du transport en commun dit
régulier, automatiquement s'ensuit l'intégration plus facile du
transport adapté, parce que ce sont les mêmes institutions de qui
relève, à toutes fins utiles, l'exploitation des services.
Deuxièmement, ce que j'ajoute peut-être aujourd'hui comme
complément d'information, c'est que cela n'empêche nullement le
ministère des Transports du Québec, l'Office des personnes
handicapées, le ministère des Affaires sociales, dans la
foulée du sommet de décembre 1981, d'assurer le suivi des
engagements qui ont été pris lors du sommet avec, comme je vous
le disais tantôt, un comité qui siège quant à la
question du transport institutionnel et du transport adapté public, la
question de l'admissibilité et la question du transport interrive. On
continue de regarder cela en particulier. Quant à l'intégration
universelle, nous avons reçu des recommandations de l'OPHQ qui sont
présentement à l'étude. Je voulais simplement corriger
cela, mais je pense qu'on s'entend sur une donnée fondamentale; que ce
soit pour le transport interrive dans la région de Montréal ou
que ce soit pour l'intégration universelle au Québec, le travail
que nous faisons est dans l'optique de maintenir la priorité au
transport local. On travaille donc sur une marge qui est assez étroite;
c'est parfois difficile à agencer, mais on n'a pas renoncé
à atteindre cet objectif que nous partageons avec vous.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je serai le plus court
possible, certainement plus court que le ministre. Je n'ai pas l'intention de
reprendre tous les points. Je voudrais simplement dire que le transport
adapté aux personnes handicapées est certainement le grand
oublié du transport en commun. Pourtant ces gens sont sûrement
ceux qui en ont le plus besoin. Je peux vous dire que la formation politique
que je représente, le Parti libéral du Québec, est
très sensible à ce problème. Tout à l'heure, les
gens de la rive sud faisaient état, dans leur mémoire, que le
transport sur la rive sud a commencé le 1er décembre 1980.
À ce moment, j'étais président du conseil et commissaire
à la Commission de transport de la rive sud et j'ai participé
à la décision qui impliquait la CTRSM dans le transport des
personnes handicapées de la rive sud de Montréal. J'ai
également, par le fait même, accepté les coûts
additionnels même si, le ministre le sait, je suis tellement
réfractaire à quelque coût additionnel que ce soit.
Je ne peux qu'inciter le ministre des Transports et le gouvernement
à accélérer le déblocage des fonds requis pour
faciliter davantage vos objectifs. Je sais que le ministère fait
déjà un effort. Le ministre a dit tantôt que le budget
avait été doublé pour l'année courante. Je suis
convaincu que le ministre pourrait trouver encore un peu d'argent,
peut-être en coupant un peu sur les coûts du métro et du
métro de surface, ou peut-être en faisant faire moins
d'études par le COTREM, le BAREM et tous les autres organismes qui
dépensent des millions. Je pense que, de cette façon, ces fonds
permettraient d'atteindre plus facilement les objectifs que vous poursuivez et
que nous partageons.
Finalement, je formule le voeu que les problèmes que vous avez
soulevés trouveront une solution satisfaisante et que les mesures que
vous avez proposées trouveront un écho favorable auprès du
ministre et ce, dans les meilleurs délais.
En terminant, M. Chartrand, les gens de Transport 2000, mesdames,
messieurs, je vous félicite pour un travail bien fait et merci de votre
importante contribution.
M. Clair: M. le Président. Avant de laisser le dernier mot
à M. Chartrand, je voudrais complimenter mon collègue, le
député de Laporte. À ce moment-ci, j'en sens le besoin. Le
Parti libéral du Québec a manqué, pendant longtemps, d'un
homme comme lui puisque, dans le passé, avant que le Parti
québécois arrive au pouvoir, il n'y avait jamais eu de programme
de subventions au transport adapté. Je suis convaincu qu'à ce
point de vue, il a constitué un apport énorme pour le Parti
libéral.
Deuxièmement, double compliment. Le Québec manque de
maires comme lui qui étaient intéressés au transport
adapté, puisque, avec des crédits de l'ordre de 9 100 000 $ cette
année, nous n'aurons aucunement besoin de diminuer nos investissements
dans son comté, par exemple, en termes de réseau routier,
puisqu'il y aura des crédits périmés cette année,
au niveau du budget du transport adapté, pour la bonne et simple raison
qu'actuellement les demandes des municipalités ne sont pas venues aussi
rapidement que nous le souhaitions. D'autant plus que nous faisons nôtre
cette préoccupation d'essayer de plus en plus de tenir compte - je ne me
souviens plus si c'est Mme Rémillard ou Mme Ruel-Dion qui a
souligné cela - d'un ensemble de municipalités afin
d'éviter d'avoir des services de transport adapté limités
à un territoire un peu trop restreint.
Dans ce sens, je pense que je pouvais complimenter mon collègue.
Le Parti libéral l'attendait depuis plusieurs années.
M. Bissonnet: II fera un excellent ministre. La prochaine fois,
il fera un excellent ministre.
M. Bourbeau: Cela ne sera pas très long.
Une voix: Enfin, il est arrivé!
M. Clair: M. le Président, blague à part, je
voudrais terminer en remerciant sincèrement les gens de Transport 2000,
les gens de tous les organismes qui sont venus, M. Chartrand, M. Chagnon, M.
Dagenais, M. Lachapelle, Mme Gagnon, Mme Rémillard, Mme Ruel-Dion, M.
Sloan et les autres qui les accompagnaient. Je pense que, encore une fois, j'ai
eu l'occasion de le dire au début, lorsque je vous ai accueillis, la
promotion du transport en commun repose certainement sur les épaules du
gouvernement, des partis politiques.
Quant à nous, nous avons essayé, depuis six ans
maintenant, de faire la preuve que nous avions effectivement un
préjugé favorable qui s'est concrétisé largement
à l'égard du transport en commun et du transport adapté.
Je pense que nous devons compter aussi sur les organismes
bénévoles d'usagers comme Transport 2000 et les autres
regroupements qui étaient présents pour faire avancer cette
alternative à l'automobile: le transport en commun. On aura beau nous
répéter que le transport en commun est déficitaire, il
n'en reste pas moins qu'on a eu plusieurs preuves, dans les interventions qui
ont été faites, en particulier par Transport 2000, que si on
voulait l'organiser, si on ne le considérait pas comme le parent pauvre
des modes de transport, le transport en commun pourrait atteindre un niveau
d'efficacité et d'économie pour les citoyens et les
citoyennes et constituer une alternative alléchante non seulement
pour les citoyens, mais également pour les pouvoirs publics. Je vous
remercie donc de votre passage chez nous.
M. Chartrand: Merci, M. le ministre, de vos bonnes paroles. Je
partage tout à fait les mêmes idées que vous. Le transport
en commun doit grandir dans l'avenir. On a beaucoup parlé de transport
urbain aujourd'hui, mais le système interurbain nous intéresse
également beaucoup, au Québec. Je vais dire en concluant qu'il y
a des problèmes qui ont subsisté depuis quelques années
dans le transport en commun, que des simples citoyens comme nous se sont
impliqués et ont vu ce qui se passait, des choses qui ne semblaient pas
normales. On s'est posé des questions l'an passé, à savoir
pourquoi, par exemple, le parking incitatif à Brossard a
été neuf mois arrêté? Il y a eu des problèmes
à des niveaux politiques, entre les municipalités. Sur la rive
sud, à Montréal, l'intégration des trains de banlieue a
été un succès après quelques mois. Cela aurait pu
se faire plus vite, mais il y a eu malheureusement des tractations entre les
municipalités, des problèmes, des difficultés. On pense
que l'appart des usagers pourrait -peut-être un peu comme chiens de garde
-apporter du sang nouveau à des problèmes souvent politiques et
amener des choses concrètes dans l'avenir et des améliorations
dans toute cette problématique.
Je vais terminer en disant que je ne voudrais pas que les propositions,
tout ce qui a été dit aujourd'hui et tout le travail de mes
collègues, des bénévoles, retournent aux oubliettes. Pour
éviter cela, je pense qu'il serait opportun de vous demander de voir
à mettre sur pied ce que j'appellerais un comité d'implantation
de la réforme. Vous avez dit, je pense, hier, lors de l'ouverture, qu'il
y aurait d'autres consultations, etc. Mais, quand même, il y a des
aspects de la réforme qui pourraient être implantés
dès le mois de janvier, probablement. Or, j'aimerais quand même
vous exprimer que notre association souhaiterait qu'un comité
d'implantation de la réforme, composé de représentants du
gouvernement, des municipalités et des usagers, soit mis sur pied. Ce
comité aurait pour mandat d'établir les priorités et de
préparer un plan de travail, afin que tout ce qui se fait cette semaine
et ce qui se fera la semaine prochaine, lorsque d'autres intervenants
témoigneront, tous les travaux qui se font avancent et débouchent
dans des délais raisonnables. S'il y a des choses qui peuvent être
faites, encore une fois, sans trop de difficulté comme, peut-être
la carte intérieur ou des choses comme cela, tous les problèmes
comme ceux dont on a parlé ce matin, de la ville de Longueuil,
pourraient se régler plus vite que cela s'est fait dans le passé.
Alors, je pense qu'un comité d'implantation serait très opportun
dans ce sens-là. Merci.
Le Président (M. Boucher): Alors, au nom de tous les
membres de la commission, je remercie le groupe de Transport 2000. Maintenant,
il reste trente minutes avant l'ajournement et il nous reste encore six
mémoires à entendre. On m'informe que sur les six
mémoires, il y en aurait quatre qui voudraient absolument être
entendus ce soir. Il s'agit de Les gens de la terre Inc., Atelier d'histoire
Hochelaga-Maisonneuve, West Island Train Savers et Vélo Québec.
Est-ce qu'il y a consentement pour qu'on prolonge après vingt heures ou
si...
M. Clair: M. le Président, ma suggestion serait d'entendre
les quatre groupes à la file, et si vous leur accordiez un temps
raisonnable, compte tenu de l'heure qu'il est et de leur mémoire...
M. Bissonnet: Est-ce que le groupe STOP est compris
là-dedans?
Le Président (M. Boucher): Non, le groupe STOP sera
entendu mardi prochain.
M. Bourbeau: Je suggérerais peut-être de demander
à ceux qui viennent de lire les conclusions de leur rapport. On pourra
peut-être se limiter à une question ou une remarque pour chacun
des deux groupes parlementaires, de façon à tenter de faire cela
en une dizaine de minutes pour chacun des groupes.
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'il y aura lieu
d'aller toute de suite aux conclusions de chacun des mémoires et, par la
suite, les questions pourraient être formulées des deux
côtés de la table. (19 h 30)
Les gens de la terre Inc.
J'appelle le groupe Les gens de la terre Inc. M. Rochester, tel
qu'entendu avec les membres de la commission, étant donné l'heure
avancée, il y aurait lieu de lire les conclusions ou les recommandations
de votre mémoire tout simplement et, par la suite, on passera
immédiatement à la période des questions.
M. Rochester (Peter): C'est tout à fait notre intention,
M. le Président. Cependant, au départ, y aurait-il moyen de
déposer une pétition que les usagers des trains ont signée
pour un remaniement des horaires? Parce que, contrairement à ce qu'il
est dit - c'est-à-dire que le tronçon Rigaud-Montréal est
maintenant intégré et que tous les problèmes sont
résolus - chez nous, en effet, on est
laissé avec la moitié d'un train, avec départ de
Montréal à 17 heures. C'est simplement dans cette optique que
j'aimerais déposer deux copies de ça.
Le Président (M. Boucher): Nous allons la déposer
au secrétariat des commissions.
M. Rochester: Merci.
M. Bissonnet: Une de ces copies est envoyée au
ministre.
M. Clair: Certainement.
M. Rochester: C'est ça.
J'aimerais lire notre introduction et notre position. Je crois que
ça va suffire comme présentation.
Nous sommes conscients que la proposition gouvernementale vise à
instaurer un système de transport en commun régional et, en ce
faisant, le gouvernement veut inciter les gens à s'en servir de
préférence à l'automobile. Cependant, pour être un
service régional, il ne faut pas négliger les régions qui
entourent Montréal. Nous croyons que les banlieues telles que Vaudreuil,
Hudson, Rigaud, ont besoin d'un service adéquat, et ceci ne mettrait
nullement en doute la politique de vouloir favoriser I'île de
Montréal. Maintenant, voici notre position: 1. Nous sommes en faveur du
plan de transport régional intégré et croyons qu'il doit
être accessible aux citoyens du comté de Vaudreuil.
Évidemment, les niveaux de service sont à négocier selon
la capacité des villes de payer. 2.1 Nous croyons que les
municipalités du corridor Rigaud-île-Perrot doivent faire partie
de l'ORT, avec un représentant choisi parmi les usagers si possible. La
question est que le corridor Rigaud-île-Perrot doit faire partie de
l'ORT, c'est-à-dire la zone C. 2.2 Toutes les négociations quant
au transport régional doivent se faire avec toutes les parties
impliquées présentes. 3. Les coûts de transport seraient
mieux contrôlés, à long terme, par la mise en place d'un
centre de recherche et de développement des systèmes de transport
de personnes comprenant tout le système, les voies, le stock roulant -
c'est-à dire les équipements - la signalisation et
l'exploitation. Il faut aussi impliquer les représentants des
travailleurs, évidemment, parce que ce sont des planifications à
long terme et il est préférable de les impliquer. 4. La
participation des citoyens aux commissions consultatives est souhaitable, mais
dépendra de la qualité de l'information dont ils disposeront. 5.
Nous suggérons une zone de transition tarifaire pour Île-Perrot et
Vaudreuil, étant donné l'écart énorme entre les
tarifs et la distance minime, c'est-à-dire 5,3 kilomètres, entre
Sainte-Anne-de-Bellevue et Vaudreuil (Dorion). Nous suggérons un tarif
d'environ 49 $ mensuellement pour Île-Perrot et la station Vaudreuil. 6.
Une publicité plus soutenue pour informer non seulement les usagers,
mais aussi les non-usagers, c'est-à-dire les citoyens du comté,
est requise; une publicité qui donne les avantages du service du train
pour amener un plus grand nombre d'usagers à l'utiliser et, de ce fait,
réduire l'utilisation des voitures et contribuer au financement du
système. Ainsi, les maires seront mieux convaincus de l'utilité
d'un tel système pour leurs citoyens. 7. Les sondages
"Origine-Destination" pour les régions environnantes de l'île de
Montréal, en l'occurrence, le comté de Vaudreuil, doivent
être menés dans les localités qui sont à
l'étude avec un pourcentage d'échantillonnage beaucoup plus grand
que pour les centres urbains, afin d'avoir une meilleure idée des
caractéristiques de déplacement, etc.
M. le Président, je crois que le reste de la pétition,
malgré certaines fautes, traite du service actuel et des
problèmes qu'on a avec le départ de 17 heures, qui incommode plus
de la moitié des usagers à l'heure actuelle, ce qui est
malheureux. Le train de 17 h 15, avec un train correspondant à 6 h 45 le
matin, laisse la possibilité à beaucoup plus de gens de se servir
de ce moyen de transport.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Rochester. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, je voudrais féliciter M.
Rochester et les gens qui l'accompagnent qui ont pris le beau nom de "Les gens
de la terre Inc." pour se regrouper avec pas beaucoup de moyens pour faire
valoir, faire la promotion du train, au-delà de la Communauté
urbaine de Montréal, dans Vaudreuil, vers Rigaud. Je pense que cela
témoigne d'un dynamisme, d'un intérêt certain pour la cause
du transport en commun dans cette région.
Quant à la question précise qui est soulevée, les
raisons qui ont motivé le maintien d'un seul train par direction par
jour sont, en résumé, les suivantes. D'abord, il y avait la
question de la disponibilité de matériel roulant.
Deuxièmement, l'objectif était de maximiser le service requis
là où il y a le plus grand nombre, les plus grands besoins,
c'est-à-dire sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal.
Maintenant, quant à la possibilité de changer l'horaire du
train du soir, de 17 heures à 17 h 15, si ma mémoire est
fidèle, à ce sujet, je vais demander au COTREM de
réexaminer la question. Je vous dis tout de suite que les
difficultés sont de deux ordres.
Premièrement, nous devons examiner les répercussions
éventuelles sur l'ensemble de la ligne puisque, avec le nombre de trains
qui circulent à l'intérieur de la Communauté urbaine de
Montréal, il y a toute la question du temps, de la synchronisation des
trains. La raison pour laquelle le train est à 17 heures, j'imagine que
ce n'est absolument pas par méchanceté, mais parce que dans
l'organisation, la synchronisation des trains, c'était de cette
façon que cela pouvait se faire. Maintenant, si on étudie la
question, il est bien évident, par ailleurs, comme j'ai eu l'occasion de
le dire à d'autres intervenants aujourd'hui, que si nous sommes
disposés à étudier cette question et s'il devait y avoir
un déplacement d'horaire ou des coûts occasionnés puisque,
actuellement, il n'y a pas intégration de cette partie de la ligne de
chemin de fer, les municipalités concernées devraient d'abord
manifester leur volonté de participer financièrement au
déficit du train comme la Communauté urbaine de Montréal a
déjà accepté de le faire.
Voilà, en quelques mots, M. le Président, mes commentaires
à ce sujet. Je remercie à nouveau M. Rochester et les gens qui
l'accompagnent de continuer, dans des conditions qui ne sont pas faciles,
à faire la promotion du train de Rigaud. Je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Bissonnet: Juste un mot, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je suis conscient des
problèmes qu'a la population de Rigaud et du secteur. Ce qui m'a
frappé surtout dans ce document, c'est qu'une majorité
d'étudiants, qui vont au cégep ou à l'université,
sont dans l'impossibilité... Nous parlions, M. le ministre, d'un train
à 17 h 15. C'est actuellement l'heure à laquelle le train part de
Montréal. Il part à 17 h 15. Mais il est évident que pour
tous les gens qui travaillent, il part à 17 heures.
Mme Gariépy-Rochester (Raymonds): À 17 heures.
M. Bissonnet: Je vois que dans votre mémoire on parle de
17 h 15.
M. Rochester: C'était avant le 1er octobre.
Mme Gariépy-Rochester: Jusqu'au 1er octobre.
M. Bissonnet: Je pense, M. le ministre, qu'il faut attacher une
importance tout à fait spéciale au service actuel. Même
à 17h 15, je pense qu'il est assez difficile pour les étudiants
et les travailleurs d'arriver à temps pour prendre le train. Le
ministère des Transports doit attacher une importance
particulière à cela.
M. Clair: C'est la raison pour laquelle j'ai dit qu'on allait
demander au COTREM de réexaminer la question mais en tenant toujours
compte que s'il y a des coûts additionnels, c'est évident que nous
ne pouvons pas avoir deux poids deux mesures avec la communauté urbaine
et l'extérieur. On examinera la question.
M. Rochester: Tous les trains sont à quinze minutes
d'intervalle à peu près, selon le nouvel horaire, sauf qu'il nous
manque les arrêts de Westmount et de Montréal-Ouest.
Mme Gariépy-Rochester: Pour le train qu'on avait à
17 h 15, c'est exactement la même chose. Passé Vaudreuil, il n'y a
aucun problème pour les trains, parce qu'il n'y en a pas d'autres.
M. Clair: Je vais faire examiner la question.
Mme Gariépy-Rochester: Merci.
Le Président (M. Boucher): Je vous remercie, M. Rochester,
ainsi que les dames qui vous accompagnent, pour la présentation de votre
mémoire et surtout pour la belle collaboration que vous avez
apportée aux exigences qu'on avait posées. Merci.
Mme Gariépy-Rochester: Merci.
Atelier d'histoire (Hochelaga-Maisonneuve, AQDR et
YMCA
Le Président (M. Boucher): J'appelle maintenant l'Atelier
d'histoire Hochelaga-Maisonneuve, AQDR, et YMCA Hochelaga-Maisonneuve.
Si vous voulez vous identifier et faire part des conclusions de votre
mémoire, comme on l'a demandé.
Mme Difolco (Sylviane): Je voudrais présenter, à ma
droite, Rose Lafrenière, de l'AQDR, l'Association
québécoise pour la défense des retraités;
Élodie Martel, de l'Atelier d'histoire d'Hochelaga-Maisonneuve et
moi-même, Sylviane Difolco, du YMCA Hochelaga-Maisonneuve.
Je voudrais d'abord souligner qu'il y a une erreur dans le
mémoire. Cela commence bien. À la page 4, la note 2 au bas de la
page: Les bornes du quartier devraient se lire: à l'est, les limites
sont Viau et Vimont et, à l'ouest, c'est la rue Moreau et non pas la rue
Morgan.
M. Clair: D'accord.
Mme Difolco: Je voudrais d'abord commencer en disant que le but
du mémoire est de défendre et de refléter les
intérêts des citoyens du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Je pense
qu'il est important de préciser que le quartier Hochelaga-Maisonneuve a
une population de 62 000 habitants environ, soit l'équivalent des villes
de Verdun ou de Saint-Laurent ou l'équivalent, en termes de populations
réunies, des villes de Hamstead, Baie-d'Urfé, Kirkland et
Lachine. Vous pouvez donc constater que c'est quand même un quartier
assez dense en population.
Dans notre intervention nous avons deux aspects: La participation des
usagers et les conséquences des limites de la zone 2.
Comme tout bon groupe populaire, nous voudrions aussi déposer une
pétition et donner la nomenclature des groupes qui ont appuyé le
mémoire. Je voudrais aussi souligner que ce travail, que ce soit le
mémoire, les pétitions ou les lettres d'appui, a
été effectué dans un très court délai,
c'est-à-dire dix jours. On aurait donc probablement eu plus de
pétitions et plus de lettres d'appui si on avait eu plus de temps.
Pour nous appuyer, on a le CLSC Hochelaga-Maisonneuve; l'Association des
locataires Hochelaga-Maisonneuve; le Tour de I'île, un groupe populaire
d'alphabétisation; le Comité des travailleurs et travailleuses
d'Hochelaga-Maisonneuve; le Service à l'habitation
Hochelaga-Maisonneuve; le Centre culturel et sportif de l'Est et le Pavillon de
l'éducation communautaire.
Le Président (M. Boucher): Vos pétitions seront
déposées au secrétariat des commissions.
Mme Difolco: Pour en venir directement au mémoire, dans la
première partie, on parle de la participation des usagers et on met en
relief le fait que dans votre réforme, vous parlez beaucoup du fait que
les usagers doivent prendre la place qui leur revient. Nous sommes tout
à fait d'accord avec cela en disant que non seulement ils doivent
participer financièrement, mais il faudrait aussi leur accorder une
place au niveau décisionnel.
La recommandation à ce propos est assez claire: II nous
apparaît essentiel de définir plus précisément ce
que veut dire "démocratiser encore davantage le processus
décisionnel" et d'assurer une place de choix aux usagers à
l'intérieur de ce processus. (19 h 45)
La deuxième partie, qui est l'aspect très local de ce
mémoire, concerne la limite est de la zone 2. Dans votre réforme,
vous indiquez que le boulevard Pie-IX devrait être la limite de la zone
2. Nous demandons que cette limite soit transférée à la
rue Viau pour des raisons qu'Élodie Martel va vous expliquer. En prenant
Pie-IX, on coupe carrément le quartier en deux; on aura deux sortes de
contribuables, deux sortes d'usagers pour le même transport, dans le
même quartier.
La conclusion. La position du gouvernement d'améliorer le
transport en commun à Montréal et d'offrir une option
régionale nous semble aller dans le sens des intérêts des
citoyens de notre milieu (économiquement défavorisé).
Cependant, l'application, dans un cas particulier, tel Hochelaga-Maisonneuve,
amène certaines lacunes. Nos propositions se veulent un correctif
à cette situation. Une pétition, que j'ai déposée
et qui recueille au-delà de 700 noms, démontre la volonté
des citoyens de garantir que cette réforme soit équitable et
juste pour tous les résidents d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Martel (Élodie): Pour ma part, j'aimerais attirer
votre attention sur un document que vous avez dû recevoir il y a quelques
minutes: Passeport pour Hochelaga-Maisonneuve. Il explique très bien les
limites du quartier, l'histoire du quartier. En fait, c'est une visite qu'on
vous invite à faire par le biais de ce petit document qui vous
démontre un peu la vie de quartier chez nous. Je me permettrais
d'ajouter que c'est un des plus vieux quartiers de Montréal qui va
d'ailleurs fêter son centenaire en 1983. Je l'ajoute même si ce
n'est pas le sujet d'aujourd'hui. C'est ajouté en annexe à notre
mémoire.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Oui. M. le Président, je trouve tout à
fait intéressant que des groupes comme ceux qui sont devant nous
présentement - l'Atelier d'histoire Hochelaga-Maisonneuve, l'AQDR, le
YMCA Hochelaga-Maisonneuve - s'intéressent à la question du
transport en commun dans leur quartier, dans leur milieu. Je pense
qu'effectivement la responsabilité de faire la promotion, de jouer un
rôle de chien de garde à l'égard des gouvernements locaux
ou du gouvernement du Québec, en matière de transport en commun,
incombe à tous les citoyens. Je trouve fort intéressant que vous
ayez pris connaissance du projet de réforme proposé et que vous
soyez devant nous aujourd'hui pour soulever des points qui sont d'ailleurs
très à propos, notamment, la question de la représentation
des usagers. Je comprends que vous rejoignez à peu près
totalement la position de Transport 2000. Comme vous connaissez la
réponse que j'ai donnée à Transport 2000, je ne la
répéterai pas.
Quant à la limite de la zone 2, je ne
veux pas parler d'un appui que vous n'auriez pas donné, mais
j'interprète votre demande de modifier la limite de la zone 2 comme
comportant en soi un appui à la tarification en fonction de la distance.
Quoi qu'il en soit, je ne veux pas vous faire dire des choses que vous n'aviez
pas l'intention de dire; si vous me les dites, elles me seraient
agréables, par ailleurs, mais, quoi qu'il en soit, soyez
assurées, surtout dans le cas du passeport Hochelaga-Maisonneuve, que
notre objectif n'est certainement pas d'avoir des zones qui auraient des effets
aussi destructeurs sur les quartiers que ce qu'a pu avoir, par exemple,
l'échancrure de l'autoroute est-ouest dans le quartier Maisonneuve.
C'est évident qu'on ne veut pas répéter artificiellement,
par des limites de zone, des erreurs comme celle-là. Votre demande sera
prise en considération très sérieusement si la formule de
tarification en fonction de la distance retenue est celle qui vient
d'être soumise.
Je vous remercie de votre présence devant nous et soyez
assurées que votre passage n'aura pas été inutile.
Mme Difolco: Merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: II me fait aussi plaisir de souligner la
présence des représentantes des trois organismes du quartier
Hochelaga-Maisonneuve. Nous trouvons aussi très intéressant que
vous ayez pris la peine, que vous ayez fait l'effort de rédiger un
mémoire et de venir nous le présenter. Nous apprécions cet
effort. Je n'ajouterai pas grand-chose à ce que vient de dire le
ministre. Il va falloir éventuellement reconnaître le rôle
et la place des usagers du transport en commun, puisqu'ils participent de leurs
deniers. Je pense qu'il faudrait, éventuellement, leur trouver une
place, non seulement dans le paiement des coûts, mais aussi dans le
processus décisionnel. En ce qui concerne le fait que votre quartier est
scindé en deux par une zone, je pense que cela met en cause tout le
principe de l'établissement des zones. Le moins qu'on puisse dire, c'est
qu'il n'y a pas unanimité encore parmi ceux qu'on a vus depuis le
début en ce qui concerne le principe même de
l'établissement de zones. La plupart se sont opposés; nous, nous
ne sommes pas très chauds non plus, quoique nous ne soyons pas non plus
complètement refroidis. Surtout en ce qui concerne l'île de
Montréal, il y a des problèmes additionnels qui se posent dans
les zones et vous venez de faire état d'un des problèmes.
Le ministre vous a donné une réponse là aussi. Je
pense qu'il n'y a rien de coulé dans le béton en ce qui concerne
ces zones et peut-être qu'il y a des modifications qui peuvent être
apportées. Finalement, votre passeport pour Hochelaga-Maisonneuve, je
dois avouer que je trouve cela très "cute" personnellement que vous ayez
décidé de faire un document comme celui-là. Probablement
que cela incitera des gens à aller visiter ces lieux que vous
dénombrez dans votre passeport. Je dois dire que je suis allé
faire une visite très exhaustive du quartier Maisonneuve, il y a une
couple d'années, lors d'une certaine élection partielle, et que
j'ai visité beaucoup de lieux. Je ne me suis pas attardé
tellement aux églises à ce moment, mais je me promets d'y
retourner bientôt et d'apporter plus d'attention aux églises et
aux monuments historiques que vous énumérez dans votre passeport.
Félicitations, merci.
Le Président (M. Boucher): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Moi, je veux vous saluer et également vous
féliciter. Vous représentez bien la vitalité des femmes de
ce quartier. Particulièrement, je pense à la représentante
de l'AQDR, l'Association québécoise des droits des
retraités et des préretraités, qui a été
pour beaucoup dans l'acquisition de plus de 700 ou 800 noms sur la
pétition qui a circulé dans le quartier. Peut-être, votre
présence parmi nous vous aura-t-elle permis d'acquérir une
expérience et de ramener dans le quartier cette expérience pour
témoigner qu'il est opportun, qu'il est utile de représenter le
point de vue des usagers à différents niveaux. Pour vous, enfin,
il s'agissait de votre première intervention devant une commission
parlementaire. Je pense qu'il faut que cela se répète. Je veux
signaler que le quartier, évidemment, est en réflexion sur
l'ensemble de la question du zonage, de la tarification. Il y a un débat
qui se poursuit dans les organismes populaires, dans les journaux, dans
l'hebdomadaire local. Je ne pense pas qu'il y ait eu une conclusion qui se soit
imposée, mais dans le centre-ville je pense qu'un bon nombre de gens se
demandent si ce ne serait pas opportun que la tarification selon la courte
distance puisse avantager ceux qui sont assez captifs des transports en commun.
Je pense que dans notre quartier c'est au-delà de 65%, les gens qui
n'ont pas d'automobile, qui utilisent le transport en commun et qui se
demandent, s'il y avait tarification moyenne sur l'ensemble de l'île,
s'ils n'en feraient pas finalement les frais.
La réflexion va se poursuivre. D'ailleurs, on aura encore du
temps; le projet de loi ne tardera pas, j'imagine, mais on aura certainement du
temps pour avoir un point de vue dans le quartier là-dessus. Je ne sais
pas si vous voulez ajouter quelque chose sur cette question...
Mme Difolco: Face au problème, à la question du
zonage, c'est vrai, on a eu plusieurs discussions. On n'est toujours pas
arrivé à un consensus à savoir si oui ou non le zonage
à Montréal c'était une chose à prendre ou à
rejeter. Le problème - en tout cas, je pense que c'est important de le
mentionner - c'est qu'en représentant le quartier Hochelaga-Maisonneuve,
au début, on se disait: S'il n'y a aucune zone à Montréal,
il est clair qu'à ce moment-ià, on n'a plus le problème de
la zone 2, c'est-à-dire Pie-IX, mais, d'un autre côté, si
on fait seulement une zone, cela veut dire que l'augmentation va affecter nos
gens de la même façon. Donc, à ce moment-là, on se
dit: On est un peu pris entre deux feux. Oui, au non-zonage et non à
l'augmentation. Ce serait un peu cela.
M. Clair: Si jamais, en tout cas, vous en venez à la
conclusion qu'effectivement, comme je le pense sincèrement, ce serait
à l'avantage des gens qui sont des utilisateurs captifs des modes de
transport en commun d'avoir une tarification basée sur la distance,
parce que cela les favoriserait, si jamais vous décidiez que ce serait
bon et que vous décidiez de m'appuyer, dépêchez-vous, parce
que j'ai l'air d'être pas mal tout seul.
Mme Difolco: On n'est pas encore contre.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission, je remercie les représentants de l'Atelier d'histoire
Hochelaga-Maisonneuve, l'AQDR et le YMCA Hochelaga-Maisonneuve de la
présentation de leur mémoire.
J'inviterais maintenant le groupe West Island Train Savers,
représenté par M. Charles G. Taylor. M. Taylor.
West Island Train Savers
M. Mezei (Jean-François): Merci, M. le Président.
Premièrement, j'aimerais mettre une chose au point. Je ne suis pas
Charles Taylor.
Le Président (M. Boucher): Ah, bon!
M. Mezei: M. Charles Taylor est probablement en automobile en ce
moment et s'en retourne à Montréal. Mon nom est
Jean-François Mezei et je fais aussi partie du groupe West Island Train
Savers.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Mezei: Premièrement, comme courte introduction, pour
ceux qui ne sont pas familiers avec le nom, le groupe West Island Train Savers
a été formé par des citoyens, les usagers du train CP Rail
lorsque CP a annoncé qu'il allait couper le service pour promouvoir
l'intégration, et c'est nous qui sommes responsables de toutes les
lettres qui sont rendues au bureau du ministre Clair. Il y a quatre points dont
nous nous sommes occupés au sujet de ce projet de loi, qui sont,
premièrement: Une définition du projet d'envergure dans le sens
que je vais expliquer plus tard; des recommandations provenant des citoyens et
des recommandations qui auront besoin d'information; ensuite, une meilleure
coordination entre les différents moyens de transport et finalement les
abris pour les passagers des trains.
Pour revenir au premier point, le projet d'envergure, dans le document,
il y a une phrase qui dit... Un instant! "La commission consultative devrait
tenir des audiences publiques avant que ne soit réalisé tout
projet d'envergure." Nous nous sommes demandé qui serait responsable de
la définition d'un projet d'envergure. Est-ce l'installation de 50
nouvelles lignes d'autobus? Est-ce l'installation de 300 milles de
métro? Est-ce la disparition des lignes de métro? Qu'est-ce que
c'est, exactement? Nous craignons qu'un jour, un gouvernement quelconque puisse
arriver et dire: On enlève tous les autobus. Cela ne coûte rien.
Donc, ce n'est pas un projet d'envergure. Nous aimerions que le gouvernement
définisse un peu mieux ce point pour que la consultation du public soit
assurée lorsque le public en a besoin. On ne veut pas dire que le public
doit être consulté pour choisir la couleur des autobus, mais quand
même, pour certaines affaires qui sont assez importantes, nous
désirons avoir l'"input" du public.
Deuxièmement, pour les recommandations avec connaissance de
cause, ce que nous disons, en fait, c'est pour que le public puisse contribuer
favorablement et avec raison, avec des faits valables, aux consultations du
gouvernement et à celles des transports. Le public doit être
informé. Par "public", évidemment, on entend des organisations
valables, telles que WITS ou Transport 2000, etc. Donc, ce qu'on dit, dans le
fond, c'est que l'information doit pouvoir aller à ces groupes. Ces
groupes doivent avoir accès à l'information pour pouvoir donner
des recommandations valables. Trop souvent, je pense, il est arrivé que
quelqu'un dise: On veut cela, mais la personne ne connaît pas les faits
valables. Donc, le gouvernement peut arriver et dire: On ne peut pas vous
donner cela, parce que cela ne marche pas. Il y a autre chose que vous ne
connaissez pas. C'est ce qu'on veut éviter. Tout ce qu'on veut, c'est
que, quand une recommandation est faite par le public, elle soit
acceptée par le gouvernement lorsque la recommandation est faite sur des
faits valables.
Pour ce qui est de la coordination des
trains et des autobus, l'organisation régionale des transports,
l'ORT comme on l'a dit si souvent aujourd'hui, doit avoir, je pense, la
responsabilité d'assurer une coordination entre les différents
moyens de transport tels que le métro, le train et l'autobus, en vue de
rendre efficaces les transferts et aussi d'enlever tous les chevauchements de
services qui peuvent se produire. (20 heures)
Pour terminer, en ce qui concerne les abris pour passagers des trains,
soit du CP ou du CN, puisqu'il s'agit d'une infrastructure qui existe
déjà, ils devraient être la responsabilité de
chacune des municipalités. Les raisons en sont simples.
Premièrement, je pense que la municipalité est plus près
du peuple et peut choisir exactement de dont ce peuple a besoin pour la
station. Il y a certaines stations qui n'ont besoin que d'une plate-forme,
d'autres, où il y a plus de monde, ont besoin d'un abri. La ville est
plus accessible, parce qu'elle a des employés municipaux qui sont
là, et il ne s'agit que d'un coup de téléphone au "town
manager", comme on dit à Beaconsfield, pour lui dire qu'une
lumière est brisée ou des choses comme cela. Je pense que le
public a un accès plus direct à la ville pour ce qui est des
abris. Comme les abris sont moins nombreux pour les trains, je pense que c'est
une situation valable.
Pour conclure, je pense que le public, et on l'a vu dernièrement
avec l'intégration des trains, est intéressé au transport.
Si nous lui donnons la chance de participer activement, il le fera.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup M. Mezei. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président. J'ai eu effectivement
l'occasion de faire connaissance avec le WITS à l'occasion d'une
pétition qui comportait plusieurs milliers de signatures et qui m'avait
été remise à mon bureau. Je suis fier et heureux,
aujourd'hui, de dire, sans vantardise: mission accomplie. Les deux trains,
celui du CN et celui du CP, sont maintenant intégrés, grâce
aux ententes intervenues entre le gouvernement du Québec et la CTCUM, la
Communauté urbaine de Montréal et les deux compagnies de chemins
de fer concernées. Cela me ramène donc à votre
définition de projet d'envergure. Là-dessus, je vous dirai que
j'aimerais fort que vous sensibilisiez votre député ou vos
députés dans la région du West Island. Si je me fie aux
porte-parole du Parti libéral, ce serait comme discuter du sexe des
anges que discuter des projets d'envergure, et demander qu'on ne
complète pas la modernisation des trains de banlieue. Mais comme ils ne
désirent pas qu'on poursuive les projets d'envergure, il deviendrait
assez théorique de discuter ce qu'est un projet d'envergure puisqu'ils
nous demandent, à toutes fins utiles, de mettre un terme à des
travaux qui se dérouleraient dans l'est de Montréal, à
savoir, la construction de la ligne de métro no 5 et la ligne de
métro de surface no 6.
Quoiqu'il en soit, étant donné qu'ils sont dans
l'opposition et que nous formons le gouvernement et que nous avons l'intention
de continuer à développer les transports en commun, avec la
volonté des institutions municipales, il faudra préciser cette
notion afin de mieux l'encadrer.
Quant à la question du raccordement des autobus avec les trains,
vous avez raison. C'est dans ce sens, d'ailleurs, que nous avons incité
la CTCUM à mieux coordonner, avec le nombre de trains qui sont
ajoutés maintenant, les autobus avec les trains de banlieue afin de
faire ainsi des économies appréciables.
Enfin, sur la dernière question des abris pour les passagers, je
pense que si une demande m'était formulée par les
municipalités desservies par les trains de banlieue, à l'effet
qu'elles entretiennent les stations, je serais ouvert à cette
possibilité. Mais les municipalités voient peut-être la
chose d'un autre oeil, puisque l'intégration et la modernisation des
trains de banlieue sont consécutives à une entente
fédérale-provinciale, ainsi qu'avec les communautés
urbaines de Montréal et de Québec. Je suis loin d'être
convaincu qu'elles seraient intéressées à assumer le
coût de l'entretien. Mais si elles étaient décidées
et intéressées à le faire, nous serions prêts
à examiner cette question.
Je terminerai par une question. Lorsque vous étiez venu me
rencontrer, vous craigniez - si ma mémoire est fidèle - de perdre
un des deux trains, vous étiez un utilisateur du CP; avez-vous
utilisé le service depuis son intégration, il y a maintenant deux
semaines?
M. Mezei: J'étais sur le même train que vous, lors
de l'inauguration. Le wagon d'en arrière.
M. Clair: Moi, on m'avait mis dans le wagon en avant. Je n'avais
pas choisi.
M. Mezei: Vous êtes au pouvoir.
M. Clair: Je vous remercie M. Mezei. Très
intéressant.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je vais laisser la parole à la
députée de Jacques-Cartier, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Ah bon! Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: J'aimerais vous féliciter de votre
intérêt soutenu pour les problèmes de transport, surtout au
West Island. Je sais que vous avez fait des efforts considérables pour
l'intégration des trains, que vous êtes devenu un expert des
lettres et des pétitions et un vrai enthousiaste des trains.
Dans votre deuxième question, vous avez dit que l'accès
aux informations pertinentes est d'une importance majeure. De quoi parlez-vous?
L'accès avant, pendant ou après l'étude d'un projet? Nous,
les députés, sommes inondés d'information et j'ai
l'impression que le public est peut-être inondé quelquefois de
trop d'information. De quoi s'agit-il? Voulez-vous préciser votre
idée?
M. Mezei: Pour donner un exemple de WITS, trop souvent,
même, on a demandé certaines informations à certains
députés, à certains maires de ville, justement sur des
questions d'horaire, parce qu'on connaissait les besoins des usagers, mais on
n'en a pas eu. Personne ne voulait nous dire des choses comme cela. Je pense
que c'est important que pendant le processus d'élaboration d'un
système, ou de processus de décision, les citoyens participent,
et pour pouvoir participer, ils doivent avoir de l'information, puisque
justement le projet n'est pas encore établi. Lorsqu'une loi n'est pas
adoptée, la majorité du monde ne sait pas que la loi va
l'être, mais c'est pendant que la loi est en train de se faire
établir en dehors de la Chambre que les citoyens doivent participer,
parce que c'est dans ce temps-là que la loi est écrite et que les
politiciens sont le plus ouverts à dire: Bon, c'est cela que les
citoyens veulent, je vais mettre cela dans la loi. Une fois que c'est
imprimé et adopté à la Chambre, c'est beaucoup plus
difficile de changer une loi. En ce moment, pour les horaires de train, on sait
très bien que cela ne sera pas changé avant le prochain mois
d'avril. Si on avait eu la possibilité, par exemple, de participer lors
de l'élaboration des horaires, on n'aurait peut-être pas tout eu,
évidemment, mais on aurait eu quand même la satisfaction d'avoir
participé à leur élaboration. En ce moment, on veut
évidemment participer à l'élaboration des horaires, mais,
comme on dit, c'est déjà établi, c'est très
difficile de les changer. Notre point est que pendant les consultations, comme
par exemple ici, le public est consulté avant que la loi ne soit
adoptée. Or, ici, en ce moment, on n'a pas eu d'information au point de
vue fiscal. Disons qu'on a eu certaines... on aurait aimé avoir plus
d'information. Cela a été très difficile à obtenir.
Donc, c'est cela notre point. Pour qu'on puisse présenter des
propositions valables, on doit avoir de l'information. On dit qu'une
proposition est valable pendant l'élaboration d'un projet. Ce n'est pas
après, parce que c'est pendant l'élaboration que le public peut
contribuer et non après. Une fois que c'est établi, tout ce qu'on
peut faire, dans le fond, c'est critiquer. Or on est tanné de critiquer
tout le temps, on veut participer au processus d'élaboration. C'est pour
cela qu'on a besoin d'information.
Mme Dougherty: Est-ce que vous avez déjà vu
cela?
M. Mezei: Oui, on a déjà vu cela.
Mme Dougherty: Est-ce que c'était disponible au
public?
M. Mezei: Oui.
M. Clair: Oui, Madame la députée. C'était
disponible au public en français dans un volume et dans un
résumé, et il y a également un résumé en
langue anglaise qui a été publié par le
ministère.
M. Mezei: Pour ce projet-là, c'est un bon exemple
où on a eu de l'information, mais je pense qu'il y a trop souvent trop
de projets où c'est tenu trop secret. Le public doit pouvoir
participer.
M. Clair: M. le Président, l'objectif de cette commission
parlementaire est de permettre un débat public faisant suite à
une centaine au moins de rencontres publiques et de séances de travail
avec les élus municipaux.
M. Mezei: Exactement. C'est cela, on veut voir ce processus se
perpétuer pour tous les projets. Merci.
M. Clair: Merci, M. Mezei.
Le Président (M. Boucher): J'inviterais le groupe
Vélo Québec à venir présenter son mémoire.
Mme Marie-Anne Rainville et M. François Marcil.
Une voix: Comme vous avez tous l'air à chauffer au bois,
on va vous donner encore du papier.
Une voix: Pardon?
Une voix: Vous avez d'autres feuilles. Vélo
Québec
Mme Rainville (Mme Marie-Anne):
Bonsoir. J'avoue que je me sens plutôt mal à l'aise de me
présenter devant la commission. À vous regarder, j'aurais
plutôt envie de vous amener en vélo; je pense que cela vous ferait
plus de bien que de m'entendre. Mais
je vous ferai remarquer que, si on partait en vélo à une
heure aussi tardive, il faudrait se munir de dynamos parce qu'il fait noir
dehors; on est arrivé, il faisait clair, par exemple.
Le Président (M. Boucher): Mme
Rainville, comme vous avez vu la collaboration que nous avons eue des
autres groupes...
Mme Rainville: Oui, je vais accélérer. Mais
l'humour, ça ne tue pas, n'est-ce pas!
Le Président (M. Boucher): ... je compte sur la même
collaboration de votre part.
M. Clair: Non, madame, c'est rafraîchissant, c'est
sûr.
Mme Rainville: On est rendu à rire! Donc, quand on parle
de la problématique du transport au Québec, inévitablement
on est confronté - on l'est, depuis que les habitants du pays y sont -
à la grandeur du pays; la problématique du transport, pour nous,
est inséparable de la problématique d'habiter et de
posséder le pays ou la ville.
Quant à nous, de Vélo Québec, nous
représentons les gens qui ont décidé et choisi d'habiter
cette ville et d'y vivre en utilisant leur bicyclette comme moyen de transport
privilégié.
Je vais tenter de vous résumer les points particuliers du
mémoire. L'ensemble de ce qu'on vous présente repose sur
l'idée suivante: à la lecture des documents qui nous ont
été présentés par le ministère des
Transports, il était évident qu'on voulait y faire plus ou moins
le procès de l'automobile et qu'on utilisait un terme qui nous semblait
un peu ne pas réfléter la réalité, parce qu'on y
parlait de transport privé. Comme je le faisais déjà
remarquer au ministre Clair, la bicyclette nous semble être un des moyens
de transport les plus privés qui puissent exister; on ne peut que s'y
véhiculer un ou une à la fois. Ainsi donc, tout ce que
Vélo Québec vous présente n'est pas tant pour discuter des
modalités ou du fond de la réforme, mais pour discuter de la
grande absente, la petite reine. Si on tient à ce point à vous
présenter le point de vue des cyclistes, c'est que, depuis la crise de
l'énergie, le transport en commun est devenu un droit, notamment parce
qu'il a perdu sa connotation négative de transport des pauvres.
Aujourd'hui, bien des gens choisissent de vivre sans automobile, autant pour
des raisons d'économie, d'efficacité, que de sens moral.
Ainsi donc, la volonté du ministère des Transports de
favoriser le transport collectif au détriment du transport par
automobile apparaît comme un rayon de soleil dans la grisaille de la
crise économique.
Compte tenu de cela, nous endossons tout à fait le projet de
réforme du transport de Montréal, qui rééquilibre
l'offre de services entre les différents modes de transport. Nous
l'endosserions d'autant si on y trouvait une petite place pour la
bicyclette.
Ce qui nous apparaît important de souligner à la
commission, c'est que la bicyclette nous apparaît être un heureux
mélange du transport collectif, par son coût, très
particulièrement et par le respect qu'elle a de
l'écosystème et du transport privé, pour
l'efficacité, la rapidité et la disponibilité du
moyen.
Vous me permettrez de vous souligner l'ensemble des avantages que semble
représenter, pour nous, et surtout pour les cyclistes qu'on
représente, le vélo.
D'abord, c'est un véhicule privé qui va partout. Il vous
attend à la porte de votre domicile, quand il n'est pas purement et
simplement stationné à l'intérieur. Il vous conduit
exactement là où vous voulez aller, quand vous le désirez.
Il ne pollue pas. Il utilise douze fois moins d'espace que l'automobile, sur la
chaussée, pour transporter en moyenne autant de passagers. Il va aussi
vite que l'automobile en milieu urbain, pour des parcours inférieurs
à huit kilomètres, ce qui représente 75% des
déplacements en milieu urbain. Il se gare très facilement en
utilisant, pour ce faire, très peu de place - particulièrement
les parcomètres. Il se moque des embouteillages.
De plus, le vélo a des avantages qui lui sont propres. Plus qu'un
véhicule, il est un sport, il garde l'individu en forme, ce qui n'est
pas évident dans le cas de l'automobile et du transport en commun. Il
peut être facilement transporté par les autres véhicules et
multiplier d'autant leur rayon d'action, et il est une des rares industries
québécoises traditionnelles qui connaissent un fort taux de
croissance: quatre sur cinq des plus grands manufacturiers canadiens de
vélos sont des compagnies québécoises.
M. Marcil (François): Je ne sais pas si vous avez eu le
temps de lire le Devoir jusqu'à la dernière page, aujourd'hui.
Dans le cahier Économie, il y a un article qui parle de Procycle qui
fait l'acquisition de 49% des Cycles Peugeot U.S.A. On est en train d'envahir
l'Amérique, c'est ce qu'on appelle, nous, la revanche des
vélos.
Mme Rainville: Compte tenu de tout ça, Vélo
Québec appuie donc, sans réserve, les objectifs sous-tendus dans
la réforme du transport en commun de Montréal, que nous
étudions à l'actuelle commission parlementaire. Nous estimons que
le ministère des Transports se doit de réduire l'espace
utilisé pour des fins de transport, en
favorisant les déplacements collectifs, de réduire les
coûts per capita du transport dans la zone urbaine et la banlieue
montréalaise, de réduire la pollution atmosphérique, s'il
vous plaît, autant pour le bien-être de la population de la zone
urbaine que pour celui des contribuables qui circulent à l'air libre,
soit en vélo ou à pied.
Ce qui nous a particulièrement plu dans les lignes qu'on a pu
lire dans les documents du ministère des Transports, c'est qu'enfin nous
avions un peu l'impression d'être un peu moins farfelu et un peu moins
passéiste parce qu'on retrouvait là des choses qu'on dit depuis
longtemps. Le procès de l'automobile, quant à nous, est fait et
il semble que nous ayons à peu près la même analyse au
ministère que chez nous.
Ainsi, nous invitons fortement le ministre des Transports à
prendre garde, à l'avenir, de pourfendre le vélo avec
l'automobile lorsqu'il condamne le transport privé.
Je passerai donc aux conclusions de notre mémoire,
c'est-à-dire que je vais conclure et François vous
présentera, de façon plus spécifique et
particulière, les recommandations qu'on fait.
M. Marcil: Les recommandations sont assez précises. Ce
qu'on dit, c'est que le transport en commun est un mode de transport qu'on doit
privilégier en milieu urbain pour des raisons d'économie et que
la clientèle qui utilise le transport en commun est souvent, comme on
l'a vu tantôt, une clientèle captive. Les gens qui font du
vélo sont souvent des gens qui, par choix ou par obligation, n'ont pas
d'automobile ou n'utilisent pas l'automobile. Donc, c'est aussi une
clientèle captive pour le transport en commun.
Nous, on dit que si on prenait les moyens, si on se servait de sa
tête un instant et qu'il y avait moyen d'intégrer un tant soit peu
le transport en commun et le vélo, de la même façon qu'on
intègre l'automobile au transport en commun avec des stationnements et
autres, il y aurait moyen d'améliorer grandement la situation actuelle
et d'encourager les gens à se servir encore plus du vélo et, par
conséquent, à faire un mariage de raison qui ferait en sorte que
l'automobile, on la laisse encore plus de côté parce qu'on a une
plus grande polyvalence.
Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire? Il y a cinq ou six
mesures. Premièrement, il y a des stations de métro qui existent
à l'heure actuelle. Ce sont souvent des zones de rencontres, des zones
qui desservent une destination très précise, une zone de services
très précise. C'est évidemment le cas des
extrémités de lignes. C'est le cas de Place-des-Arts. C'est le
cas du métro Berri avec l'Université du Québec.
S'il y avait, à ces endroits, des stationnements
sécuritaires pour bicyclettes et non pas des vieux "racks" à
bicycles qui datent des années trente - les bicycles valent plus cher
qu'il y a 40 ans - si on avait des stationnements un peu plus intelligents et
mieux pensés - on a fait le tour de toutes les stations de métro
et c'est possible à peu près partout sans que cela coûte
très cher - on a l'impression que cela pourrait augmenter un tant soit
peu l'utilisation du transport.
Présentement, la CTCUM en a aux stations Angrignon, Monk, Pie-IX,
Cadillac, Honoré-Beaugrand. La ville de Montréal en a à
Henri-Bourassa, Rosemont, Champ-de-Mars, Papineau, Place-des-Arts. Le meilleur
exemple, c'est le métro de Longueuil où le stationnement est
sécuritaire, protégé et bien indiqué. Tout le monde
le voit. Il est à la vue. Je pense que M. Bourbeau connaît assez
bien l'endroit. C'est vraiment un très bon exemple. Quand a-t-il
été découvert? Lors d'une grève de la CTRS, aussi
étrange que cela puisse paraître. Tout le monde venait de
Longueuil par le transport de la CTCUM, mais les gens de la CTRS prenaient le
vélo pour venir au métro.
Montréal, c'est une île. Je pense que M. Des Marais vous
l'a dit hier. Quand on veut y pénétrer en automobile, il y a
moyen d'empêcher les gens d'y aller en mettant des postes de
péage. Mais quand on est à vélo on n'a même pas
besoin de mettre des postes de péage. On n'a qu'à regarder les
ponts, la façon dont cela a été pensé, et on
s'aperçoit que c'est illégal ou suicidaire de s'y rendre à
bicyclette. Le pont Jacques-Cartier, c'est illégal. Le pont Victoria,
c'est illégal. Le pont Champlain, c'est illégal. Le pont
Hyppolyte-Lafontaine, c'est aussi illégal. C'est sensiblement le
même problème sur la rive nord.
Il y a deux solutions qu'on peut envisager pour permettre aux gens de
traverser. On aménage les ponts autrement, on crée des ponts pour
les cyclistes. Le pont Jacques-Cartier, cela coûterait environ 5 000 000
$ pour l'élargir, pour faire une piste cyclable. Cela coûterait un
peu cher. Ce qui serait bien simple, ce serait d'installer des supports
à bicyclette sur les autobus qui traversent les ponts, tout simplement,
en mettant un arrêt à Montréal et un arrêt sur la
rive sud ou sur la rive nord. Il en existe pour les autos. Il en existe aux
États-Unis; à Seattle, notamment, c'est le cas. Il y a une
compagnie québécoise qui n'attend que cela, qu'on lui donne des
contrats pour fabriquer ces choses. Il y a des gens qui sont prêts
à utiliser ce moyen de transport. Un exemple bien ridicule, M. Bourbeau
doit le connaître aussi: les îles de Boucherville. On a fait une
piste cyclable sur l'île Sainte-Marguerite et, pour aller sur ladite
île, on a besoin d'une voiture. C'est
agréable. Les gens qui veulent partir d'Hochelaga-Maisonneuve,
qui veulent partir de la rive sud, ont besoin d'une voiture pour traverser
là, alors que la CTRS y va. Plutôt que de mettre un bac on
mettrait seulement un support à vélos sur l'autobus le dimanche,
quand il y a plus de monde, et l'autobus pourrait amener des gens dans le parc
fluvial.
D'autre part, je pense qu'on a souvent fait le procès des
commissions de transport et surtout de celle de Montréal. Il y a un
problème très évident dans ce cas-là, que tout le
monde a soulevé et qui est encore plus évident dans notre cas,
c'est la publicisation des services. Le marketing, à la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, ce n'est pas son
fort, laissez-moi vous le dire.
Un "scoop" est sorti à la radio pour dire que les vélos
avaient maintenant droit de circuler, qu'un permis allait être offert,
mais on n'a jamais dit quand le permis allait sortir. Il a fallu que nous
appelions et les gens continuent à appeler Vélo Québec et
non pas la CTCUM pour savoir quand ils peuvent aller chercher leur permis. La
commission ne l'a jamais annoncé. Et c'est partout pareil.
Concrètement, les stationnements des stations de métro
n'ont jamais été annoncés non plus. Comment se fait-il que
sur la carte qu'on nous donne, qui indique les parcours de la CTCUM, par
exemple, on ne nous dit pas qu'il y a des stationnements pour vélos
à certaines stations particulières? Il y a un marketing
évident qui fait défaut dans ce cas-là, on n'a pas l'air
de vouloir aller chercher cette clientèle captive.
Ils ne sont pas les seuls dans ces cas-là. Je déborde un
peu pour vous montrer que finalement dans l'imbécilité, il y a
parfois des gens qui se font concurrence.
Quant au transport interurbain, on est dans le Moyen Âge. Le
train: Via Rail ne semble pas intéressée à avoir de
voyageurs. Via Rail joue sur les mots. Quand vous êtes passager, on vous
accepte, quand vous avez des bagages on vous accepte, mais quand le passager
est un cycliste et que son bagage est un vélo, il n'a plus le droit
d'entrer.
On a été bloqué récemment. On avait
organisé un voyage dans l'Outaouais, on voulait aller à Ottawa et
on a été obligé de limiter le nombre de personnes parce
que le wagon n'était pas équipé pour ça. Ce serait
pourtant simple de le faire. Chez Autobus Voyageur, c'est encore pire; on a les
soutes à bagages, mais on refuse d'accepter le vélo dans la soute
à bagages parce que, semble-t-il, cela va tacher les bagages des gens
alors qu'il n'y a jamais rien dans les soutes à bagages. On dit qu'on
doit avoir une boîte pour transporter le vélo, sauf qu'on ne vend
pas de boîte. Aussi bien dire qu'on n'offre pas de service. Ce serait
simple, encore là, d'avoir un support à vélo à
l'arrière. Vous installez votre vélo au départ, vous
débarquez à l'arrivée, ça ne coûte rien
à personne. On peut payer un léger supplément pour le
service comme tel. Il me semble que cela serait sortir le transport en commun
du Moyen Âge.
Il serait facile pour nous de partir de Montréal, prendre le
vélo, l'embarquer à bord de l'autobus Voyageur et s'en retourner
chez nous, sauf que là, on est obligé de prendre un taxi pour se
rendre au terminus et de retourner ensuite à Montréal et de faire
la même chose. Heureusement qu'à Montréal, il y a le
métro.
M. le ministre, on a été étonné
récemment de voir le "scoop" de Radio-Canada à propos du plan
d'urgence en cas de grève du transport en commun. Quand on s'est
aperçu que le ministère des Transports essayait de trouver une
solution aux grèves répétées en utilisant certaines
voies de circulation pour permettre aux taxis d'agir comme autobus, finalement,
comme véhicules collectifs qui serviraient pour la CAM, avec la police
qui est au coin de la rue et qui empêche les gens d'utiliser la voie,
somme toute que le ministère faisait une espèce de loi des
mesures de guerre pour réquisitionner l'espace de Montréal, on
s'est dit: Cela va être beau. Qu'est-ce qui arrive quand il y a une
grève du transport en commun? Les gens qui sont mal pris sont les gens
qui prennent l'autobus. Ce sont souvent les gens qui font du vélo le
dimanche, qui ont leur vélo dans le garage, qui disent: Je vais prendre
mon vélo pour aller travailler. Sauf que le seul chemin qu'ils
connaissent pour aller travailler dans le centre-ville, ce sont les grands
axes.
Ces gens-là n'ont pas beaucoup d'expérience quand ils se
promènent en vélo. La preuve, c'est qu'ils ne vont pas travailler
à vélo et ils ne savent pas par où passer. Donc, ils se
ramasseraient sur les grands axes. Vous voyez cela, les policiers sur le bord
qui empêchent les cyclistes de passer sur Christophe-Colomb, Saint-Denis,
Saint-Hubert et tous ces axes, si cela n'a pas été pensé
au niveau de l'intégration.
Ce qu'on pense, c'est que si jamais il y a un plan d'urgence qui se fait
de cette façon-là, il faudrait en profiter pour
réquisitionner le fameux axe nord-sud que vous êtes d'accord de
faire depuis longtemps et que la ville de Montréal ne veut pas faire.
Dites-nous que Henri-Julien sera un axe pour vélo et tout le monde
s'alignera là-dessus.
Il faudrait finalement trouver une solution pour qu'en cas de
grève, en cas de situation très grave, les gens puissent utiliser
le vélo de façon sécuritaire et que si on fait une
promotion pour dire aux gens: II y a des moyens de dépannage, qu'on
utilise le vélo.
Lors de la dernière grève, on a fait un convoi cycliste
qui est parti de Henri-
Bourassa et qui est descendu dans le centre-ville. On a eu toutes les
misères du monde à avoir la collaboration des postes de radio;
pourtant il y avait du monde pour suivre le convoi!
J'en viens au métro de surface. Il y a eu beaucoup de discussions
et je ne sais pas s'il se fera. Tout ce qu'on peut dire, c'est que si jamais le
métro de surface se fait de la façon dont il a été
prévu dans le plan de Belleval, on aimerait que le vélo soit
intégré à cette planification. Comme on est
présentement dans un stade de planification, comme cela relève du
COTREM et que le COTREM, c'est vous autres et non pas la CTCUM, je pense qu'on
peut se parler entre quatre yeuxl
Premièrement, au niveau des nouvelles stations de métro,
c'est important qu'il y ait des stationnements pour bicyclettes de la
même façon qu'il y aura probablement des stationnements pour
automobiles. Qu'on y pense de la même façon.
Deuxièmement, la CTCUM, quand elle a refusé l'accès
des vélos au métro, a donné comme argument que le
métro n'avait pas été pensé pour cela. Dans les
stations de métro, il y a des escaliers et il y a des tourniquets. S'il
vous plaît, quand vous allez penser au métro de surface,
voulez-vous penser en fonction des chaises roulantes et des vélos pour
qu'on puisse avoir accès aux quais des gares? Qu'on ne vienne pas nous
dire: Cela n'a pas été pensé pour cela. Vous avez des gens
qui sont payés pour penser, on aimerait que cela s'intègre dans
leurs réflexions.
On nous a dit aussi: Les wagons de métro ne sont pas
pensés non plus pour accueillir les vélos; où les gens
vont-ils aller avec cela? À ma connaissance, les devis du métro
de surface ne sont pas encore faits; il faudrait peut-être prévoir
un endroit pour tasser les vélos dans un coin et pour que les gens
puissent se déplacer, pour qu'on utilise le wagon comme tel et que cela
ne dérange pas, pour ne pas que ce soit salissant, comme nous a dit la
CTCUM.
D'autre part, on nous a dit aussi que, dans le cas du métro de
surface, il va y avoir une voie de service qui va longer le métro pour
dépanner, en cas d'incendie, notamment, afin qu'un camion de pompier
puisse se rendre sur les lieux et aussi pour que les gens puissent
débarquer si jamais il y a une panne d'électricité, par
exemple. On nous a dit que cette route pourrait notamment servir de piste
cyclable. Ce serait extraordinaire! Vous partez de chez vous, vous avez le
ministère qui finance un aménagement cyclable qui amène le
monde à une station de métro, vous avez le droit de laisser votre
vélo là et de prendre le métro ou vous pouvez emprunter la
piste cyclable qui longe le métro pour vous rendre à destination.
S'il se met à pleuvoir, vous arrêtez à l'autre station de
métro, vous barrez votre bicycle là, vous montez dans le
métro et vous continuez. Cela ne coûte rien d'y penser à ce
moment-ci. Cela ne serait pas compliqué et imaginez-vous le
réseau cyclable qu'on aurait. Imaginez-vous! On a dépensé
65 000 000 $ pour un vélodrome, pour tenir des "salons" et, là,
on va dépenser 1 000 000 000 $ pour faire un aménagement
d'infrastructures assez importantes qui pourraient très facilement
intégrer le vélo. Nous aimerions que vous y pensiez cette fois-ci
afin de ne pas commettre la même erreur qu'il y a dix ans avec le
vélodrome. C'étaient nos recommandations sur la question. Il y a
une brève conclusion que Mme Rainville va vous faire.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. Marcil.
Mme Rainville: Exactement. Pour nous, le fait de pédaler
n'est ni un retour en arrière, ni un aveu d'impuissance. Cela constitue,
au contraire, une formidable échappatoire dans un monde de vitesse
où tout est congestionné à heure fixe et où le
ministère des Finances ne sait plus où donner de la taxe!
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Cela surprendra peut-être mes collègues,
mais ce sera le groupe avec lequel je serai le plus prudent.
Mme Rainville: Pourquoi?
M. Clair: La raison en est fort simple. À la suite de la
dernière conférence de presse à laquelle j'ai eu
l'occasion de participer avec Mme Rainville et M. Marcil, on a publié
dans le journal The Gazette un article faisant état de ce que
j'ignorais, à savoir que les talents de lobbyiste de M. Marcil, en
particulier, et de Mme Rainville étaient tels qu'ils amenaient le
ministre à se compromettre sur des choses qui étaient fort
surprenantes. Dans ce sens-là, comme rarement un organisme comme
Vélo Québec reçoit en quelque sorte la médaille
d'or du lobbyisme auprès du gouvernement, vous comprendrez que quant
à moi, n'étant en place que depuis un an et demi, je vais
être très prudent, maintenant que je sais que M. Marcil appartient
à la catégorie trois étoiles dans le domaine du
lobbyisme.
M. Marcil: Je peux vous dire, M. le ministre, que j'ai
passé une très belle journée.
M. Clair: D'autant plus que j'ai parfois de la misère
à me situer quand je vois, d'une part, cet article et, d'autre part,
à la
page 7 du mémoire de Vélo Québec, la phrase
suivante: "Au-delà des encouragements sympathiques que nous
témoigne l'actuel ministre des Transports, il n'en demeure pas moins que
le vélo ne fait pas vraiment partie de la famille dans son
ministère". Là, j'ai de la difficulté à me situer
pour quelques semaines quant à savoir si oui ou non j'en fais trop
relativement au vélo ou si je n'en fais pas assez. Il semble que ce soit
compliqué.
Trêve de plaisanteries, j'aimerais simplement dire que Vélo
Québec a réussi, au fil des années, à se
développer une crédibilité dans tout le Québec
quant aux aménagements cyclables, quant à la promotion du
vélo. Quant à nous, au ministère, le vélo fait
effectivement partie de la famille du ministère des Transports; comme
tous les enfants du ministère des Transports - ils sont fort nombreux -
cet enfant aura à grandir comme les autres et à se faire valoir
par ceux-là qui croient en ce mode de transport. Quant à nous, au
ministère des Transports, je pense qu'on a démontré notre
intérêt, au cours des dernières années, avec
l'introduction sous la responsabilité de mon collègue et
prédécesseur, M. Denis de Belleval, je pense, peut-être
même M. Lucien Lessard, d'un programme d'aide financière aux
municipalités pour des aménagements cyclables. Nous avons
poursuivi l'implication du ministère dans la préparation cette
année d'une véloroute de la carte cyclable du Québec. Nous
avons encore d'autres projets qui sont à l'étude. Nous avons
contribué à financer les colloques régionaux qui ont
été tenus et dont les résultats sont présentement
à l'analyse. Tout cela pour vous dire, M. le Président,
qu'effectivement le vélo fait partie de la famille du ministère
des Transports, qu'on s'intéresse à ce mode de transport, non
seulement comme un outil de loisir, si on veut, une occasion de
récréation, de plein air, mais également comme un mode de
transport des personnes et tous les commentaires qui ont été
faits par Vélo Québec dans son mémoire seront soumis
à la réflexion du ministère des Transports.
Quant aux recommandations, au dernier point, qui ont été
soulevées par M. Marcil et Mme Rainville, en ce qui concerne les
stationnements de bicyclettes, vous connaissez fort bien - inutile d'y revenir
- le programme d'aide financière aux aménagements cyclables. S'il
y avait lieu d'orienter davantage une partie des fonds disponibles vers de tels
stationnements, je suis tout à fait réceptif à
l'idée d'examiner, effectivement, cette possibilité. Quant
à la question des ponts et des... Comment appelle-t-on ça? Pour
les autobus...
Une voix: Des supports.
M. Clair: Des supports, c'est le mot que je cherchais. Quant aux
supports pour l'arrière des autobus, pour le lien entre la rive sud, en
particulier, et la rive nord et l'île de Montréal, même
chose au nord, pour l'instant, cette juridiction appartient en propre aux
commissions de transport et tout ce que le ministère des Transports peut
faire, c'est de les inviter à prendre cela en très
sérieuse considération. Quant à nous, cependant, quant au
fameux lien cyclable entre Montréal et la rive sud, je devrais avoir sur
mon bureau, dans les prochains jours, un projet qui serait réalisable
à court terme, à moins de frais qu'on ne le croyait au
départ, ce qui, on l'espère, entraînera le déblocage
du dossier sur ce point.
Quant au plan d'urgence auquel vous faisiez référence,
d'abord, je voudrais signaler que cela a été effectivement
préparé par les fonctionnaires et non pas par le ministre des
Transports, en vertu du mandat général du ministère des
Transports d'être prêt à organiser en tout temps le
transport des personnes où que ce soit sur le territoire, au cas
où le gouvernement devrait faire appel à d'autres moyens qu'aux
moyens usuels de transport, et comme ce plan était préparé
en collaboration avec d'autres instances, il nous fallait, bien sûr,
avoir la collaboration de tout le monde dans tout ce qui pouvait être
envisageable.
Deuxièmement, comme cela avait été
préparé à l'occasion d'une grève, d'une
interruption de service pendant le mois de janvier... Je sais qu'il y a des
mordus du vélo qui utilisent le vélo à longueur
d'année, mais vous comprendrez certainement que la question était
quand même plus théorique en plein mois de janvier alors qu'il
faisait 20o Fahrenheit sous zéro. Je pense qu'à ce point de vue,
on avait donc des explications utiles à fournir.
Quant à la planification du métro de surface, à
l'étape où nous en sommes présentement, nous n'en sommes
pas rendus au design des stations ou encore au design des véhicules; je
pense que, là où nous en sommes rendus, il est encore temps,
effectivement, de prendre en considération les revendications. Je crois
cependant qu'il faudrait être extrêmement prudent - si mon
collègue me reproche de vouloir faire des immobilisations lourdes, trop
coûteuses dans l'est de Montréal - quant à toute
immobilisation importante. J'entends une voie, une piste cyclable longeant la
ligne de métro de surface. Seulement à l'oeil, comme on dit, ce
sont visiblement des coûts importants qui pourraient être en cause.
Je pense qu'il faut agir avec mesure dans ce cas. Non pas dans le sens de
renier les droits des cyclistes, mais dans le sens d'être bien sûr
que les fonds publics sont utilisés surtout pour les moyens les plus
lourds de transport et d'éviter de s'éparpiller dans trop
de directions en même temps, ce qui ferait que les projets, s'il
fallait doubler chaque circuit de transport, corridor de transport... Vous
savez, si j'écoutais tous les promoteurs de l'un ou l'autre des modes de
transport, il y aurait un parallèle constamment, au moins une autoroute,
une route secondaire, un avion qui circule, un train, un autobus interurbain,
un taxi collectif, un vélo et probablement que j'en oublie. Il faut
essayer de faire les choix les plus rationnels possible sur chacun des
corridors de transport, sans quoi les coûts risqueraient d'être
très importants.
Je termine ici mon intervention, M. le Président, en assurant de
nouveau Vélo Québec de mon intérêt, comme ministre
des Transports, pour que, justement, le vélo fasse partie de la famille
du ministère des Transports à part entière, et c'est ce
à quoi nous nous employons au meilleur de nos connaissances et des
disponibilités financières que le gouvernement met à la
disposition du ministère des Transports. Je vous remercie.
Mme Rainville: M. le ministre, j'aimerais faire un petit
commentaire - d'une part, j'ai hâte au premier "party" - de tous les
modes de transport dans les rêves dont vous parliez, à savoir que
les gens demandent l'avion, l'automobile et tout le reste, je veux vous
signaler qu'un aménagement cyclable, c'est de loin le moins cher.
M. Clair: Oui, vous avez tout à fait raison dans la
plupart des cas, mais je faisais allusion en particulier au cas du métro
de surface et cela se limitait simplement à ce point.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis content de constater
que le ministre redoute de plus en plus les reproches du député
de Laporte et en fait état de plus en plus dans ses discours. Je pense
que cela indique, finalement, qu'on joue notre rôle et que le ministre va
faire des efforts pour dépenser moins d'argent en faisant en sorte de
mieux administrer son budget et celui du Québec. En ce sens, cela
valorise l'Opposition et on sent qu'on n'est pas inutile, mais je tiens
à dire au ministre que je vais continuer à lui rappeler
continuellement qu'il fasse attention de ne pas trop dépenser.
M. Clair: Si vous ne le faisiez pas, vous ne feriez pas votre
travail.
M. Bourbeau: Mais vous pourriez ne pas en tenir compte. Je me
rends compte que vous en tenez un peu compte. C'est un bon point. Cela milite
en votre faveur, M. le ministre.
M. Clair: ... un autre, si je comprends bien.
M. Bourbeau: Nous arrivons à la fin d'une très
longue journée de travail où M. le Président, ici à
ma droite, me communique que nous avons entendu quelque chose comme seize ou
dix-sept organismes dans la journée. Évidemment, la fatigue
commence à se faire sentir. J'apprécie que vous ayez
écourté votre présentation et je vais tenter de faire de
même. Vous êtes là pour représenter Vélo
Québec. On ne peut bien parler que de ce qu'on connaft. Je suis un
utilisateur du vélo. J'en ai un que j'utilise aussi souvent que
possible. Évidemment, ce n'est pas un vélo à dix vitesses.
Je me contente d'un vélo à trois vitesses, mais je pense que
c'est mieux pour la santé d'avoir moins de vitesses que trop de
vitesses. D'ailleurs, je dois dire qu'on a besoin de faire un peu de
vélo après être resté ici pendant dix heures. Cela
aide un peu à se garder en forme. Évidemment, le ministre, lui,
ne se promène pas en vélo. Il n'a pas le temps. Il se
promène en avion du gouvernement, en jet. On ne peut pas trop lui en
vouloir, parce que s'il se promenait en vélo, il ne pourrait pas faire
un très bon boulot.
M. Clair: J'apprécierais volontiers, M. le
Président, d'avoir l'occasion d'effectuer mon travail seulement en
utilisant le vélo. Ce serait moins productif, mais ce serait beaucoup
plus agréable.
Mme Rainville: Vous seriez en meilleure santé et beaucoup
plus de bonne humeur.
M. Bourbeau: Le ministre se promène à bord des
avions du gouvernement et nous nous promenons à bord de
Québécair. On rentabilise la compagnie du gouvernement.
Pour revenir à votre mémoire, madame et monsieur, je
remarque qu'il est assez bien fait. Il est présenté de
façon originale. Dans l'introduction, je vois que vous attaquez de front
l'automobile. Votre premier chapitre s'intitule: "L'automobile au banc des
accusés". Évidemment, vous attaquez aussi de front la position
que je défends, parce que je ne partage pas tout à fait vos vues.
Je suis bien prêt à défendre votre cause et je la fais
mienne, mais je n'aime pas exclure d'autres moyens de transport. Je pense qu'il
faut être le plus ouvert possible là-dessus. Je pense que vous
avez une excellente cause, mais je ne pense pas nécessairement que le
fait de favoriser le vélo ou le transport collectif implique qu'on ne
doive pas favoriser le transport paracollectif comme les moyens
dérivés de l'automobile.
Le deuxième paragraphe de votre mémoire s'intitule: "Les
vélos au purgatoire du ministère des Transports". Vous avez fait
état tout à l'heure de vos récriminations à
l'endroit du ministère des Transports. Cette expression "les
vélos au purgatoire", vous rapproche, dans un sens, du Parti
libéral, parce que nous aussi, évidemment, on est...
Une voix: Nous aussi.
M. Bourbeau: ...au purgatoire de la politique du Québec
depuis maintenant plus de six ans. Comme le disait récemment le chef du
Parti libéral, M. Gérard D. Levesque, si c'est le purgatoire pour
le Parti libéral depuis six ans, on peut dire que pour le Québec,
c'est l'enfer, avec le gouvernement du Parti québécois.
Je reviens à votre mémoire. Vous dites que vous êtes
pour la réduction des coûts du transport en commun.
Évidemment, nous sommes entièrement d'accord avec vous
là-dessus et nous l'avons démontré amplement au cours de
la journée.
Réduire la pollution atmosphérique, je pense que c'est
excellent, tout le monde doit y tendre aussi.
Sur la question des vélos dans les stations de métro, les
supports à vélos, etc., le ministre, tantôt, vous a fait
une réponse très diplomatique en refilant la balle aux
commissions de transport. C'est probablement de bonne guerre, mais, quant
à moi, j'ai l'impression que quand le ministre veut convaincre les
commissions de transport de faire quelque chose ou de ne pas faire quelque
chose, il a à sa disposition des moyens persuasifs, qu'il emploie
à l'occasion. Je suis bien convaincu que s'il veut y mettre un peu du
sien, il pourrait certainement accélérer la décision des
commissions de transport ou les inciter à l'accélérer.
Je suis un peu étonné d'une de vos recommandations dans
laquelle vous souhaitez l'aménagement de parcs de stationnement pour les
vélos. Je n'ai rien contre ça, mais je vous avertis tout de
suite, si vous faites des parcs de stationnement, attendez-vous à une
taxe sur le stationnement du ministre des Finances, c'est régulier.
Rampes d'accès aux quais d'embarquement du métro. Je pense
bien que si jamais vous obtenez le droit de vous promener dans le métro
d'une façon permanente, il faudrait bien vous permettre d'y
accéder, ça s'infère.
Dans votre mémoire, il y a quelques têtes de chapitres qui
m'étonnent un peu. À la page 18, vous proposez
l'aménagement de stationnements pour vélos aux gares de
métro de surface. Là, vraiment, vous tenez pour acquis que le
métro de surface va se faire, parce que, à la page 19, vous
proposez l'aménagement de rampes d'accès aux quais d'embarquement
du métro de surface; à la page 20, l'aménagement d'une
structure d'accueil pour les vélos à l'intérieur des
wagons du métro de surface et, à la page 21, l'utilisation de la
voie de service du métro comme piste cyclable, le long des voies du
métro de surface. Vous avez certainement fait plaisir au ministre des
Transports, qui se débat pour tenter de convaincre tout le monde de la
nécessité d'un métro de surface. Quant à nous, nous
n'en sommes évidemment pas très convaincus. Comme pour un autre
sujet, tout à l'heure, dont on a parlé, je pense que le ministre
est un des rares qui, dans le domaine du transport, subsiste encore à
préconiser, avec les ingénieurs du BTM, évidemment, la
construction d'un métro de surface. C'est un projet qui a la vie dure au
ministère et dans la tête du ministre. Je souhaite bien que si
jamais il y a un métro de surface, vous puissiez avoir accès
à ces choses-là, mais je ne peux pas endosser vos souhaits.
N'étant pas d'accord avec la construction du métro de surface,
actuellement, je ne souhaiterais pas, évidemment, que le ministre fasse
un métro de surface uniquement dans le but de faire plaisir aux gens de
Vélo Québec, ça coûterait un peu cher, une piste
cyclable de 300 000 000 $, 400 000 000 $ ou 500 000 000 $.
Pour en revenir à un autre point de votre mémoire, vous
faites allusion à l'usage grandissant et à la popularité
grandissante du vélo. C'est un fait qu'on constate de plus en plus cette
popularité et vous dites, quelque part dans votre mémoire, que
probablement, au Québec, on y vient moins rapidement parce que, entre
autres, les ingénieurs du ministère des Transports ont
été à l'école américaine où on
privilégie plutôt le transport automobile, le transport lourd.
Effectivement, en Europe, comme vous le savez, on est beaucoup plus à
l'aise avec le vélo ou le vélo motorisé et on n'est pas
surpris de voir des gens aller travailler en vélo, même avec la
serviette sous le bras. Probablement qu'on y viendra le plus tôt
possible.
Finalement, j'ai écouté avec beaucoup de plaisir le
leitmotiv de M. Marcil, qui nous parlait de la revanche des vélos. Moi,
il m'est venu à l'idée une suggestion au ministre des Transports.
Étant donné que vous faites souvent des campagnes de
publicité à la télévision et que vous avez eu un
certain succès avec votre campagne visant à promouvoir le port de
la ceinture de sécurité, qui disait: On s'attache au
Québec, peut-être que je pourrais vous suggérer une
campagne qui dirait: On pédale au Québec. Ce serait
peut-être une bonne façon de promouvoir le vélo. (20 h
45)
En conclusion, Mme Rainville et M. Marcil, merci pour votre
participation et félicitations pour un mémoire très bien
préparé et très bien présenté.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de Bourassa.
M. Laplante: Ce sera très court, M. le Président.
J'ai apprécié votre mémoire avec le petit ton d'humour que
vous y avez mis. Je pense que c'est une coutume, chez vous, les gens du
vélo, chaque fois que vous faites des revendications, de faire un peu
d'humour. C'est peut-être cela qui a fait que la cause du vélo
avance assez rapidement au Québec. Le député de Laporte a
dit que le Parti québécois lui a fait faire six ans de
purgatoire. Si je posais la question à M. Ryan, il dirait
peut-être qu'il a vécu six ans d'enfer avec vous autres.
La question que je voulais vous poser est la suivante. Dans le
métro, on vous a donné des journées, je crois, une
journée par semaine...
Mme Rainville: La fin de semaine.
M. Laplante: Une journée de fin de semaine. Pouvez-vous
nous dire ce que cela a donné jusqu'à présent? Y a-t-il
encombrement?
Mme Rainville: Ce qui est très intéressant, en tout
cas, ce qu'il faut retirer de l'expérience, peut-être que
François pourra conclure... Les raisons qui avaient motivé le
refus de permettre l'accessibilité des cyclistes au métro
étaient particulièrement le fait que nous serions, avec nos
bicyclettes, dangereux pour la population au plan de la sécurité,
qu'on les frapperait, qu'on les tacherait, qu'on salirait le métro; et
que le métro serait particulièrement utilisé par les
adolescents, associés à une clientèle, à
l'occasion, troublante. Les conclusions qu'on peut en tirer, c'est que les
abonnés de la carte vélo-métro sont des familles, d'une
part; deuxièmement, c'est qu'il n'y a eu aucun accident et il n'y a pas
encore eu une robe envoyée chez le nettoyeur.
M. Laplante: Je vous remercie.
M. Marcil: Ce qu'on peut conclure, c'est que la CTCUM n'a fait
aucune publicité sur l'utilisation de la carte, à savoir
où on pouvait se la procurer.
Mme Rainville: Et comment.
M. Marcil: Les principaux problèmes -ce qui nous renverse
carrément qu'appréhendait la CTCUM, c'était, notamment,
que les gens seraient incapables de traverser le tourniquet avec un vélo
à bout de bras, de descendre les escaliers, de ne pas tacher les gens,
de se placer dans le wagon pour ne pas déranger les gens. Dans la
feuille de règlements qu'on vous remet quand on vous vend la carte, il
n'est aucunement question de la façon de se conduire civilement avec
votre vélo dans le métro. On ne vous dit pas comment faire pour
être un bon citoyen. Cela ne peut pas avoir pour résultat que vous
ne vous tromperez pas et que l'expérience pilote va être un
succès. En voulant dire: cela fait tellement longtemps que vous l'avez
demandé, arrangez-vous et si vous faites des gaffes, on vous attend dans
le détour. Cela nous semble très mesquin comme attitude. Ce sont
vraiment des gens qui ont plié parce qu'il y avait trop de gens qui
poussaient, que la porte était sur le point d'être
défoncée et qu'ils avaient l'air fou.
On s'aperçoit d'une chose: c'est qu'il n'y a pas tant de gens qui
prennent le métro. C'est bien évident, on l'a
répété pendant dix ans: ce que les gens veulent, c'est
faire du bicycle, ce n'est pas se promener dans le métro avec un
bicycle. C'est bien évident. C'est bien assez de monter au
deuxième étage avec un bicycle sur l'épaule. Quand on
pense que quelqu'un s'en va à Longueuil avec un bicycle, c'est bien
évident que c'est un désarroi et ce n'est pas le "fun". Les gens
s'en servent comme dépannage. Les gens partent de chez eux pour aller
pédaler au parc Angrignon et les gens partent de Longueuil pour aller
pédaler sur la piste Ahuntsic. Ils y vont en famille et en groupe. Ce
n'est pas un "party". On ne fait pas de manifestation et on ne réunit
pas 300 personnes dans le métro avec un vélo. C'est un service
qu'on a demandé. Ils ont tellement hésité à le
donner que cela a eu l'air d'une affaire monstrueuse. Cela a eu l'air d'une
révolution. Il n'y a rien là; c'est un petit service minable
qu'on a demandé, qui ne coûte rien et qui est maintenant
accessible. On s'aperçoit qu'il n'y a pas de problème. Quand on
dit que vous pensez faire un métro de surface, pensez-y donc à
l'avance pour régler ces problèmes-là et si vous ne le
faites pas, au moins la proposition aura été là et nous
aurons joué notre rôle. Si vous en décidez autrement, vous
en serez les responsables. En tout cas, nous aurons joué notre
rôle comme association de cyclistes.
M. Clair: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Clair: En terminant, puisqu'il a fallu autant de lobbying
justement pour obtenir de la CTCUM qui, selon M. Marcil, s'entêtait
à le refuser... Puisqu'il a réussi à l'obtenir, je vous
dirai que j'avais raison d'être prudent puisque, effectivement, il est un
dangereux lobbyist sur les questions qui intéressent le vélo.
M. le Président, avant de terminer, je voudrais relever une
affirmation que le
député de Laporte faisait tantôt. Il a dit, au
début de ses remarques de la fin, que c'était un mémoire
qui était assez bien fait. Je l'ai noté entre guillemets:
"Permettez-moi de vous dire que je considère que ce mémoire
était très bien fait".
M. le Président, quand on est du côté
ministériel, quand on agit comme ministre, on mesure
l'intérêt réel de l'Opposition pour les questions qui
concernent son ministère, par les questions qui sont posées
à l'Assemblée nationale par le critique de l'Opposition sur tel
ou tel sujet. Je ne présume absolument pas d'un manque
d'intérêt du député de Laporte pour la question du
vélo, même s'il est lui-même un cycliste, mais je vous dirai
que j'attends avec impatience sa première question à
l'Assemblée nationale sur le vélo.
Je termine ...
Mme Rainville: Je l'attends avec autant d'impatience, M. le
ministre. Parlez de vélo à l'Assemblée nationale et on
fait un "party" à Vélo Québec.
M. Clair: M. le Président, je termine en remerciant
...
M. Bourbeau: Je peux dire un mot, M. le ministre? Je vais vous
laisser quand même le mot de la fin. Écoutez, si je n'ai pas
posé de question sur le vélo à l'Assemblée
nationale, ce n'est pas parce que je ne voulais pas, mais quand on pose des
questions à l'Assemblée nationale, la règle dit qu'il faut
toujours aller aux choses les plus dramatiques et les plus urgentes. Or, il y a
tellement de problèmes dans le transport aérien que le chef ne
m'a jamais permis de poser de question sur le vélo. Il fallait
absolument s'occuper des problèmes urgents du Québec. Le
vôtre est urgent, mais les autres sont dramatiques.
M. Clair: Vous voyez qu'effectivement, dans l'ordre des
priorités du député de Laporte, le vélo passe
après les avions.
Mme Rainville: II y a des gens qui ont des vélos et des
billets d'avion.
M. Clair: Oui, en termes politiques, il y a plus de gens qui ont
des vélos qu'il y en a qui voyagent en avion.
Trêve de plaisanteries, M. le Président. Je voudrais
terminer en remerciant Mme Valarie-Anne Rainville et M. François Marcil
d'avoir su nous intéresser sur les questions concernant le vélo
et de songer non seulement au vélo comme mode de transport, comme mode
de récréation, mais de le voir aussi comme un moyen de transport
à intégrer aux autres, en particulier au transport en commun,
sujet qui nous intéressait au cours de cette journée. Merci.
Le Président (M. Boucher): Au nom de tous les membres de
la commission je vous remercie pour votre mémoire.
J'informe les membres que nous n'avons pas complété notre
ordre du jour, trois groupes devaient encore se faire entendre aujourd'hui.
Demain matin, le groupe Le Groupe sera entendu au début de la
séance avec l'Association du Parti québécois de la
région Montréal-Ville Marie. Le groupe STOP sera entendu mardi
prochain.
La commission ajourne ses travaux à 10 heures demain matin.
(Fin de la séance à 20 h 53)