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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Gratton): La commission permanente des
transports reprend ce matin ses travaux qui visent à étudier les
crédits du ministère des Transports.
Pour les fins de la séance de ce matin, les membres de la
commission sont les suivants: M. Blouin (Rousseau), M. Bourbeau (Laporte), M.
Clair (Drummond), M. Desbiens (Dubuc), M. Gauthier (Roberval), M. Lachance
(Bellechasse), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux
(Charlevoix), M. Middlemiss (Pontiac), M. Ouellette (Beauce-Nord), M.
Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau), M. Baril (Arthabaska), M.
Beaumier (Nicolet), M. Caron (Verdun), M. Grégoire (Frontenac), M.
Maciocia (Viger), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue
(Vimont).
Systèmes de transports terrestres
Au moment de l'ajournement, hier soir, nous en étions toujours au
programme 1, Systèmes de transports terrestres.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons passé
beaucoup de temps hier sur le programme 1, mais il faut quand même
admettre que c'est l'un des programmes où il se dépense beaucoup
d'argent au ministère, à part, bien sûr, les programmes 3
et 4 et le programme 9 qui est le transport scolaire. Comme on a beaucoup
parlé de transport scolaire au cours des derniers mois, nous n'avons pas
l'intention de nous éterniser là-dessus. Bref, il ne faudrait pas
paniquer si l'on est encore au programme 1, M. le Président. Je vous
assure que dès qu'on aura passé les programmes 3 et 4, cela
pourra aller beaucoup plus rapidement pour le reste.
Ce matin, j'aimerais conclure sur le programme 1. Il y a encore
certaines choses qui n'ont pas été dites, des questions qui n'ont
pas été posées. Il y a le programme 2 sur lequel on pourra
discuter un peu de la Régie de l'assurance automobile du Québec
pour ensuite aborder, un peu plus tard, peut-être vers 11 heures ou
quelque chose comme cela, les programmes 3 et 4. Mon collège, le
député de Pontiac, aura des questions à poser au ministre
à ce sujet. Je ne sais pas si cela peut aller comme cela.
Métro de surface (suite)
Pour revenir à la question du programme 1, on a discuté
longuement hier du plan de transport de la région de Montréal,
surtout la construction des infrastructures et, en particulier, du métro
de surface. Je n'ai pas l'intention de revenir là-dessus, sauf pour
demander au ministre: Est-ce qu'on a abandonné définitivement le
projet, qu'il y avait dans le plan de transport original, de construire la
ligne Vimont du métro de surface. On n'en entend plus parler, par les
temps qui courent. Est-ce que ce projet est abandonné?
M. Clair: Cela a été retardé
indéfiniment, pour l'instant.
M. Bourbeau: Mais pas abandonné définitivement.
M. Clair: II n'y a pas d'études qui se font
là-dessus actuellement.
M. Bourbeau: Pas d'études, bon. Quand on parle du
métro de surface, on parle de la ligne Deux-Montagnes et de la ligne 6;
celle qui a la préséance, du moins jusqu'à aujourd'hui,
c'est la ligne 6, si j'ai bien compris? Ce n'est pas nécessairement les
voeux de l'Opposition, mais si j'ai bien compris, c'est la
préséance du ministère.
M. Clair: C'est cela.
M. Bourbeau: Dans l'entente que le gouvernement a signée
avec le gouvernement fédéral, il est dit que, à
l'égard de la ligne Deux-Montagnes: elle devrait avoir une technologie
compatible avec le développement d'un service rapide éventuel
vers Mirabel. C'est à peu près textuellement ce qui est dans
l'entente; ce n'est peut-être pas le mot-à-mot, mais je me
souviens bien des mots "technologie acceptable" ou quelque chose comme
cela.
M. Clair: On va essayer de...
M. Bourbeau: Vous pouvez peut-être le sortir; je ne l'ai
pas devant moi, mais, de mémoire, je me souviens que ces mots-là
sont... Enfin, dans l'entente avec le fédéral, il a
été dit que c'est la ligne Deux-Montagnes qui doit
éventuellement servir, si elle doit servir à desservir
l'aéroport de
Mirabel d'une façon moderne et plus rapide, et que la technologie
qu'on doit employer sur cette ligne-là doit être assez
avancée.
M. Clair: Je n'ai pas avec moi l'entente intervenue avec le
gouvernement fédéral, mais si ma mémoire est
fidèle, la contribution du gouvernement fédéral doit
effectivement être telle que ce ne soit pas incompatible avec un
éventuel lien avec Mirabel. Je ne pense pas que ce soit une
condition.
M. Bourbeau: C'est plus fort que cela; c'est positif.
M. Clair: Je pourrais essayer...
M. Bourbeau: On dit que la technologie doit être compatible
avec un système rapide vers Mirabel.
M. Clair: On va essayer d'avoir le document entre les mains cet
après-midi...
M. Bourbeau: Je ne pense pas que cela exclue un métro de
surface. Le fait d'avoir employé ces expressions, je ne pense pas que
cela exclue un métro de surface, mais ce qui m'étonne un peu,
c'est que, dans le plan de transport déposé par M. de Belleval en
1979, on disait que c'était la ligne Vimont qui devrait desservir
Mirabel éventuellement. Elle avait été planifiée
pour cela. Je me demandais s'il y avait eu des changements dans la
pensée du ministère en ce qui concerne la desserte
éventuelle de Mirabel en voies de service sur rail depuis l'entente avec
Ottawa. Est-ce qu'Ottawa a fait en sorte que le ministère se soit
rallié à la demande ou aux voeux du gouvernement
fédéral d'utiliser la ligne Deux-Montagnes pour desservir Mirabel
ou si vous maintenez encore que c'est la ligne Vimont qui devrait
éventuellement... (10 h 15)
M. Clair: Cela demeure exclusivement pour l'instant du domaine
des possibilités parce qu'en ce qui concerne la priorité, cela va
à la modernisation de la ligne du CN en train de banlieue, dans un
deuxième temps, à l'éventualité d'un métro
de surface sur cette même ligne, et, dans un troisième temps,
à une liaison avec Mirabel. Pour l'instant, je vous dis qu'il n'y a pas
de travaux à ma connaissance qui s'effectuent là-dessus. Tout ce
que je pourrais ajouter, c'est que tant le COTREM, que l'ensemble des
intervenants dans la région de Montréal tiennent compte, et le CN
également, de la possibilité d'une desserte au niveau du tunnel
pour Mirabel, pour garder une fenêtre, si on veut, dans le tunnel qui
desservira Mirabel. Quant à des travaux qui s'effectueraient
présentement pour une liaison avec Mirabel, pour l'instant, il n'y a pas
de travail nouveau là-dessus.
M. Bourbeau: Là où je me pose des questions, c'est
qu'étant donné que dans l'entente avec le fédéral,
il a été convenu que la ligne Deux-Montagnes devait avoir...
M. Clair: Vous faites une affirmation à propos de
laquelle, comme je vous dis, je vais tâcher d'avoir cet après-midi
le texte de l'entente. On aura l'occasion d'y revenir.
M. Bourbeau: Le ministre peut me faire confiance, je n'affirme
pas cela sans l'avoir lu et relu à plusieurs reprises.
M. Clair: Est-ce que vous l'avez entre les mains?
M. Bourbeau: Je ne l'ai pas ici, mais je pensais que le ministre
le savait comme moi, était au courant comme moi.
M. Clair: Non.
M. Bourbeau: II faudrait peut-être qu'on se procure
l'entente.
M. Clair: On va tâcher de l'avoir pour cet
après-midi.
M. Bourbeau: Bon. Est-ce que M. le Président pourrait
prendre une note afin de nous permettre de revenir là-dessus cet
après-midi? On peut l'oublier?
M. le Président, si je reviens là-dessus cet
après-midi, vous allez me permettre de...
M. Clair: Avant d'être ingénieur, il était
sténographe.
M. Bourbeau: Même si on a adopté le programme 1, on
pourra revenir là-dessus?
Le Président (M. Gratton): Absolument.
M. Bourbeau: Je vous suis reconnaissant, M. le Président.
Pour ce qui est du métro lui-même de Montréal, il y a la
question de la construction. Est-ce que le ministre pourrait nous dire
rapidement où on en est dans la construction du métro et
jusqu'où actuellement le ministère est commis dans ces
engagements en ce qui concerne le développement du métro?
M. Clair: Les approbations qui ont été
données portent essentiellement... Est-ce que vous avez la carte?
M. Bourbeau: Mon recherchiste n'est pas ici encore...
Une voix: Faites-le rechercher!
M. Bourbeau: C'est ce que je suis en train de faire.
M. Clair: Les travaux en cours actuellement portent sur des
tronçons de Snowdon-Saint-Michel et de Snowdon-du Collège. Pour
le rythme des immobilisations, le gouvernement a déjà fait savoir
à la CUM que le rythme des immobilisations serait de l'ordre de 75 000
000 $ par année. On sait que l'an dernier, ils ont dépensé
environ 60 000 000 $ ou 61 000 000 $; pour l'année 1982, c'est un rythme
d'immobilisations de l'ordre de 75 000 000 $ qui est prévu.
M. Bourbeau: Est-ce que ces immobilisations vont se prolonger
d'année en année jusqu'à ce qu'on ait terminé, par
exemple, Anjou? Est-ce qu'il y a des projets actuellement pour aller
au-delà d'Anjou, à l'est de du Collège, au nord...
M. Clair: Pour aller au-delà d'Anjou, non, il n'y a pas de
projet pour aller au-delà d'Anjou. Mais, entre Saint-Michel et Anjou, en
termes de... Ce que le gouvernement a fait savoir jusqu'à maintenant
à la communauté urbaine, qui ne nous a pas encore soumis
officiellement son plan triennal d'immobilisations, c'est qu'il y aura un choix
à faire à l'intérieur de ce rythme d'immobilisations
entre, justement, la ligne 5 et la ligne 6, probablement. Alors, de ce point de
vue, nous attendons actuellement de voir quelle sera la proposition de la
Communauté urbaine de Montréal. C'est un sujet qui est
discuté présentement à la communauté urbaine.
Maintenant, en ce qui concerne, par ailleurs, le prolongement du
Collège vers Côte Vertu, à la suite des demandes
répétées de la ville de Saint-Laurent et, je pense, de la
Communauté urbaine de Montréal dans son ensemble, sans qu'il y
ait levée du moratoire pour ce tronçon, il n'y a toujours pas de
levée du moratoire, mais nous avons essayé de tenir compte
d'autant de facteurs que possible pour définir les paramètres
à l'intérieur desquels serait acceptable un prolongement vers
Côte Vertu. Pour l'instant, j'ai déjà fait savoir à
la Communauté urbaine de Montréal qu'à la condition
principale qu'on considère la station Côte Vertu comme
étant le terminus pour une longue période, je n'aurais pas
d'objection à recommander au Conseil des ministres de lever le moratoire
sur cette partie du tronçon, puisque Saint-Laurent faisait valoir
plusieurs arguments en ce qui concerne la congestion, la présence
d'autobus, etc. à la station du Collège. Alors, pour l'instant,
c'est l'état du dossier.
M. Bourbeau: Dans l'éventualité où le
ministre permettrait la construction de la station Côte Vertu, qui
deviendrait la station terminale pour longtemps, pour un bon bout de temps,
est-ce que, le raccordement avec la ligne de métro de surface no 6 - si
jamais cela se fait - aurait lieu à Côte Vertu ou à du
Collège?
Une voix: À du Collège.
M. Bourbeau: Toujours à du Collège.
M. Clair: Toujours à du Collège.
M. Bourbeau: Dans les négociations qui vont mener aux
décisions en ce qui concerne les dépenses d'investissements en
capital, soit pour la ligne de métro, soit pour la ligne de métro
de surface, le ministre disait tout à l'heure que c'est la
communauté urbaine qui va faire valoir ses préférences en
ce qui concerne la poursuite du métro vers Anjou ou les investissements
pour le métro de surface, si j'ai bien compris. Est-ce que le
ministère va également intervenir au niveau de ces
décisions ou s'il laisse entièrement la communauté urbaine
décider où elle veut, en premier lieu, investir des fonds?
M. Clair: Pour l'instant nous attendons la proposition de la
Communauté urbaine de Montréal. Je ne voudrais pas à ce
stade faire un choix. Le ministère a une opinion sur cette question.
M, Bourbeau: L'Opposition aussi.
M. Clair: L'Opposition aussi. Elle a voulu faire connaître
hier une toute nouvelle proposition ou une proposition très ancienne
qu'elle a remise sur la table. Maintenant, à ce stade...
M. Bourbeau: C'est avec du vieux qu'on fait du neuf, souvent, M.
le ministre!
M. Clair: C'est ce que vous avez essayé de faire au cours
des quinze derniers jours. À ce stade, je ne pense pas qu'il soit
opportun pour le ministre des Transports de faire le choix immédiatement
entre la ligne 6 et la ligne 5. D'autant plus que le gouvernement a
déjà fait connaître un rythme d'immobilisations qui lui
paraissait acceptable. On sait que les travaux qui sont en cours dans la
région métropolitaine sont très importants, surtout sur
l'île de Montréal, les deux gros blocs étant le transport
en commun et l'assainissement des eaux. Il faut établir un certain
nombre de paramètres pour être certain qu'on respectera les
engagements au niveau de la capacité financière d'entretenir le
service de la dette, tant pour les eaux usées, l'assainissement des
eaux, que pour le transport en commun. C'est le commentaire que je peux faire
à ce moment.
M. Bourbeau: Avant qu'une décision finale soit prise en ce
qui concerne la décision d'aller de l'avant avec la ligne de
métro no 6, est-ce qu'on pourrait avoir du ministre la promesse
d'une commission parlementaire qui pourrait entendre des témoignages
à ce sujet, de façon à rassurer l'Opposition et le public
en général en ce qui concerne cette décision très
importante de construire un métro de surface vers l'est de
Montréal?
M. Clair: En prendre l'engagement, M. le Président,
à ce moment ce serait déjà présumer qu'il y aurait
désaccord entre des parties importantes au dossier. Si le seul
désaccord était celui du député de Laporte, qui
connaît très bien la formule des questions avec débat du
vendredi,...
M. Bourbeau: C'est une bonne idée, ça!
M. Clair: ... il pourrait peut-être soulever cette
question. À ce moment je pourrais avoir avec moi l'ensemble de la
documentation qui est disponible. Je ne suis pas complètement
fermé à cette hypothèse mais, pour l'instant, je n'en vois
pas l'utilité.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait parler...
M. Clair: C'est au moins une première commission
parlementaire qui m'est demandée, je vais les noter, par le
député, une commission sur le métro de surface.
M. Bourbeau: Dans le meilleur intérêt des
contribuables toujours, M. le Président.
M. Clair: Oui, mais il faudrait laisser au ministre du temps pour
"ministrer".
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait parler du COTREM
maintenant?
M. Clair: Oui.
COTREM
M. Bourbeau: L'an dernier lors de l'étude des
crédits, on avait parlé de la composition du COTREM. Le ministre
avait fait état que le COTREM avait deux vocations: une vocation
d'administration ou de développement et une vocation de consultation, si
je me souviens bien, je ne me souviens plus des termes exacts, c'était
dans le journal des Débats. Le ministre avait laissé entendre
qu'il y avait une forte possibilité qu'on ouvre le COTREM un peu plus.
On sait que le COTREM est constitué uniquement d'un sous-ministre qui
dépend directement du ministre des Transports et des trois
présidents, des trois PDG des commissions de transport de
Montréal, la rive sud et de Laval. Ce qui fait que, dans plusieurs - le
ministre est sûrement au courant - des milieux municipaux de
Montréal, on se plaint que le COTREM est un organisme qui ne
consulte pas, qui n'a pas l'oreille et l'appui des milieux locaux, puisqu'il ne
les consulte pas. Est-ce que le ministre a eu le temps au cours de
l'année de réfléchir sur ce sujet et se propose de
modifier la composition du COTREM, ses objectifs ou ses travaux?
M. Clair: II y a un premier point sur lequel je voudrais
m'inscrire en faux après une année. Je pense que les élus
de la région de Montréal ont, à des degrés divers
-je le reconnais - apprécié le travail de COTREM et eu l'occasion
de bénéficier de ce travail. L'agressivité ou, en tout
cas, le mécontentement des élus ne s'adresse nullement au travail
effectué par le COTREM non plus qu'aux consultations. Au contraire, pas
une journée ne se passe sans que le COTREM soit en contact avec des
élus municipaux de la grande région de Montréal. On sait
à quel point les problèmes sont nombreux. Je pense que, pas plus
tard que la semaine dernière, j'avais des témoignages
d'élus municipaux que le COTREM avait pu les aider à faire
avancer leur réflexion sur les questions de transport en commun.
Cela étant dit, je réfute l'idée que le COTREM ne
consulte pas les élus municipaux et entretiendrait une relation
d'adversité avec les élus municipaux; je pense que ce n'est pas
exact. Cependant, je peux assurer le député que, dans la
proposition qui est pendante devant le Conseil des ministres actuellement pour
une proposition de réforme du cadre institutionnel et financier pour le
transport en commun dans la région de Montréal, le COTREM est
concerné. Je pense qu'il faut revoir tant la composition que le mandat,
que le mode de fonctionnement du COTREM et une proposition précise dans
ce sens se trouve incluse dans la proposition de réforme du cadre
institutionnel et financier pour le transport en commun dans la région
de Montréal. Ce seront des changements si le Conseil des ministres
accepte la proposition à laquelle j'ai travaillé depuis
l'été dernier et d'une façon plus particulière
surtout depuis les mois de novembre et décembre. Il y aura une
révision fondamentale en ce qui concerne le COTREM.
M. Bourbeau: Je ne voudrais pas laisser l'impression d'avoir
sous-entendu que le COTREM ne consulte pas. Je sais très bien que le
COTREM consulte, parce que j'ai été consulté à
plusieurs reprises. Le reproche que l'on fait au COTREM, ce n'est pas...
M. Clair: La représentativité...
M. Bourbeau: ... qu'il ne consulte pas, c'est, justement, que les
élus ne participent
pas à ses travaux et à ses décisions... M.
Clair: Absolument.
M. Bourbeau: ... et à ses recommandations. (10 h 30)
Le ministre vient de toucher le point suivant que je voulais aborder.
Est-ce que le ministre, par hasard, se propose de recommander au Conseil des
ministres la formation d'un organisme régional des transports qui
chapeauterait - d'ailleurs, cela transpire de plus en plus dans ses discours
qu'on lit avec avidité depuis un certain temps - une espèce
d'organisme supra communauté urbaine même, qui engloberait toute
la rive sud, la ville de Laval et toutes les banlieues en dehors de
Montréal et qui aurait pour mission de coordonner, de chapeauter et
peut-être aussi de répartir dans l'ensemble de ce grand
territoire, les coûts de ce que certains appellent les effets de
débordement, des coûts d'infrastructures sur l'île de
Montréal? Est-ce que le ministre pourrait nous dire si c'est à
peu près cela, son projet?
M. Clair: M. le Président, pour cette fois-là,
c'est moi qui demanderai la tenue éventuelle d'une consultation publique
qui pourrait prendre la forme d'une commission parlementaire sur la proposition
que le gouvernement fera pour la réforme du cadre institutionnel et
financier. Mais, à ce stade-ci, le député comprendra
certainement qu'au moment où on se parle, c'est sur la table du Conseil
des ministres. Mon objectif était d'être prêt plus tôt
que cela, mais vous savez que c'est une tâche d'envergure que
d'élaborer une proposition de réforme institutionnelle et
financière pour le transport en commun de la région de
Montréal. Je pense qu'il vaut mieux arriver trois ou quatre semaines
plus tard et avoir une proposition aussi complète, aussi
détaillée que possible. C'est la raison pour laquelle je ne peux
pas répondre au député sur une proposition que le ministre
des Transports a présentée au Conseil de ministres avant que le
Conseil des ministres ait eu lui-même l'occasion de se prononcer
là-dessus. J'aurais l'impression, à ce moment, de vouloir forcer
la main de mes collègues, ce qui m'apparaît être une
mauvaise façon de fonctionner.
M. Bourbeau: Le président de la CUM avait, il y a un an et
demi, fait une proposition semblable d'un organisme régional qui aurait
eu pour but de répartir, justement à l'échelle du
territoire de la grande région de Montréal, ce que certains
appellent les effets de débordement. On se souvient que le financement
de cet organisme devait être fait à partir d'une taxe
additionnelle sur l'essence et sur les plaques d'immatriculation. Ce qui est
arrivé, c'est qu'on lui a volé ses sources de financement, mais
on n'a pas créé l'organisme. Une des caractéristiques du
projet de M. Desmarais était que les élus municipaux auraient
vraiment contrôlé, si je peux dire, auraient été
à la tête de l'organisme. Est-ce que le ministre peut, sans
vouloir entrer dans les secrets d'État, nous dire si un organisme
éventuel, qu'il annonce depuis plusieurs mois dans ses discours, serait
chapeauté par des fonctionnaires nommés par Québec, du
genre PDG des commissions de transport actuelles, ou si ce serait vraiment les
élus municipaux qui auraient le contrôle du transport en commun
dans la région de Montréal?
M. Clair: Je vais vous répéter essentiellement ce
que j'ai eu l'occasion de dire dans des interventions publiques. Il
m'apparaît que deux des problèmes majeurs dans le fonctionnement
du transport en commun de la région de Montréal sont les
suivants. Premièrement, la fragmentation de l'autorité politique.
Je pense que c'est un fait indéniable que la fragmentation et, à
certains niveaux, la quasi-absence d'autorité politique sur le transport
en commun créent un problème. Actuellement, la
responsabilité pour le transport en commun est partagée entre des
présidents-directeurs généraux nommés par
Québec, des commissaires délégués, dans le cas de
la CTCUM, avec peu de pouvoir des élus municipaux sur l'adoption du
budget, par exemple, de la CTCUM. Sur la rive sud de Montréal, inutile
de préciser, le député connaît fort bien le
fonctionnement de la CTRSM et de sa filiale, Métropolitain-Sud. Au
niveau de Laval, c'est plutôt le modèle de Montréal. Au
niveau du gouvernement, le ministre des Transports administre un programme de
subventions et le ministre des Affaires municipales est responsable, quant
à lui, des relations avec les municipalités. Tout cela fait qu'il
y a là un morcellement d'autorité politique qui, à mon
humble avis, puisqu'il débouche inévitablement sur un
morcellement du fonctionnement des réseaux de transport en commun, est
préjudiciable au meilleur intérêt du fonctionnement du
transport en commun dans la région de Montréal. Alors,
première grande question à poser: Comment doit-on clarifier,
préciser le rôle d'un ou des responsables politiques au niveau du
transport en commun?
La deuxième grande distinction qu'on doit faire, à mon
avis, c'est qu'il y a une dimension locale dans le fonctionnement du transport
en commun, mais il y a également une dimension régionale, et
là je pense en particulier aux autobus régionaux, aux trains de
banlieue, aux équipements lourds qui doivent ou qui ont eu lieu dans la
grande région de Montréal. Jusqu'à maintenant, il
n'y a pas à proprement parler de responsable politique
chargé de la planification, du développement, de la gestion de la
dimension régionale du transport en commun dans la grande région
de Montréal, et ce qui m'apparaît encore plus important que de
savoir qui de l'un ou l'autre des deux niveaux aura la responsabilité
politique, c'est de savoir: Est-ce que, oui ou non, il y aura quelqu'un qui
aura la responsabilité politique du fonctionnement du transport en
commun tant de caractère local que de caractère régional
pour la grande région de Montréal?
Je pense qu'actuellement, et j'aimerais savoir si le
député partage mon avis là-dessus, surtout en ce qui
concerne la dimension régionale du transport en commun dans la grande
région de Montréal, le cadre juridique actuel dans lequel
évolue le transport en commun présente des difficultés
énormes de coordination. J'en donnais comme exemple l'intégration
tarifaire interzonale et intermodale. Dans le cadre actuel, l'autorité
politique est tellement morcelée qu'à toutes fins utiles il
devient impossible de dégager un consensus parce que justement certains
n'ont même pas de forum où aller faire valoir leur point de vue.
Alors, je pense que ce sont là les deux grands problèmes qui se
posent - deux des grands problèmes qui se posent - et auxquels la
proposition de réforme devra apporter des éléments de
réponse.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre souscrit à la
théorie de ceux qui prétendent qu'il existe sur l'île de
Montréal des effets de débordement, c'est-à-dire des
coûts qui seraient occasionnés à la CUM par des usagers
venant de l'extérieur de la CUM, du fait qu'ils utilisent les
équipements qui existent sur le territoire de l'île de
Montréal et qu'en conséquence les coûts des infrastructures
du transport en commun sur l'île de Montréal devraient être
payés non seulement par les résidents de l'île de
Montréal mais également par les banlieusards? Est-ce que le
ministre a des données là-dessus, des études de faites sur
la question des effets de débordement, tenant compte non seulement des
coûts additionnels, bien sûr, que peut poser à la CUM
l'utilisation du métro, par exemple, par des banlieusards, mais tenant
compte aussi des revenus additionnels qu'apporte à la CUM la
présence du métro en termes d'évaluations municipales
additionnelles pour les immeubles d'appartements, Place Ville-Marie, Place
Desjardins, etc.? Est-ce que le ministre a des études
là-dessus?
M. Clair: Oui, il y a eu des études qui ont
été faites de part et d'autre. Les gens de la banlieue
prétendent que la présence de banlieusards dans les
réseaux de transport en commun avec la présence du métro,
etc., a des effets positifs, que cela comporte plus d'avantages que d'effets de
débordement, mais je pense, moi, qu'il faut envisager cette
question-là dans une perspective plus globale. Je pense que là
où les effets négatifs ont été les plus importants,
ça ne provient pas surtout du réseau de transport en commun, mais
surtout du réseau autoroutier.
Qu'est-ce qui a entraîné le niveau de taxation
foncière qu'a dû atteindre la Communauté urbaine de
Montréal, notamment à cause de la présence des
infrastructures lourdes de transports? Les autoroutes ont été
largement responsables du phénomène de l'étalement urbain
et du dépeuplement progressif de l'île de Montréal. Je
donnais les statistiques hier; les dernières statistiques de recensement
donnent une diminution de population de 130 000 habitants au cours des cinq
dernières années, ce qui, il est évident, diminue d'autant
visiblement la capacité fiscale de l'île de Montréal.
Environ 12% ou 15% des usagers viennent de l'extérieur de
Montréal et empruntent les réseaux de transport en commun sur
l'île de Montréal. Cette question, j'ai l'impression, après
avoir entendu les points de vue d'à peu près 25 intervenants dans
la région de Montréal là-dessus, que c'est un débat
d'où on ne sortira finalement jamais, parce qu'il y a des choses qui
sont très difficiles à quantifier. Je pense que, globalement,
cependant, si on tient compte de la présence des routes, des autoroutes,
du fardeau fiscal sur la taxe foncière, à l'intérieur de
la CUM et hors de la CUM, il y a certainement lieu d'envisager dans une
perspective plus régionale l'ensemble des effets de dépeuplement,
d'étalement urbain, de pression sur la taxe foncière. Les effets
de débordement ne constituent, à mon avis, qu'un des
éléments dont on doit tenir compte. C'en est un, mais ce n'est
pas le seul.
M. Bourbeau: Quand j'ai posé la question tout à
l'heure au ministre au sujet des études qui pourraient exister
relativement aux effets de débordement, il m'a dit qu'effectivement, il
y en avait. Est-ce que l'Opposition pourrait avoir accès à ces
études? Nous aimerions pouvoir les consulter.
M. Clair: La principale étude qui a été
faite là-dessus, c'est par l'INRS, une étude intitulée
INRS Urbanisation, c'est une étude qui est déjà publique
et qui pourrait être expédiée au député sans
problème.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministère lui-même ou le
COTREM a fait des études spéciales?
M. Clair: Le COTREM a fait des études uniquement en
fonction des déplacements, sur les déplacements in CUM,
hors CUM...
M. Bourbeau: Oui, mais ce n'est pas l'ensemble des effets de
débordement.
M. Clair: Non, c'est ce que je vous dis. Quant à
l'ensemble des effets de débordement, l'étude la plus
complète qui existerait là-dessus serait celle de l'INRS
Urbanisation qu'on va vous faire parvenir.
M. Bourbeau: On l'apprécierait beaucoup, parce que, si je
comprends bien, c'est une des composantes, c'est un des principes sur lesquels
s'assoient ceux qui réclament la mise sur pied d'un organisme
suprarégional, supramunicipal pour chapeauter l'ensemble du transport en
commun et pour répartir peut-être les coûts du transport en
commun dans la grande région de Montréal, n'est-ce pas?
M. Clair: Non, ce n'est pas uniquement cela, comme je le disais
au député tantôt. Le phénomène des effets de
débordement en matière de transport en commun dans la
région de Montréal doit être envisagé dans une
perspective plus générale, comme celle que je vous
décrivais tantôt et d'asseoir un organisme régional de
transport uniquement sur les effets de débordement... Je sais, il y a
des solutions simples qui nous sont avancées. Il y a des gens qui m'ont
dit: Ce n'est pas compliqué, donnez le pouvoir à la
Communauté urbaine de Montréal d'envoyer des quotes-parts sur la
taxe foncière à Laval et à la rive sud pour
l'équivalent - mettez le chiffre que vous voudrez - de 5 000 000 $, 10
000 000 $, 20 000 000 $, 50 000 000 $, si vous voulez, et chacun peut trouver
des arguments pour essayer de justifier ce point de vue, mais c'est une
façon un peu simple, un peu courte d'envisager le problème.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre accepterait dans les
prochaines minutes de se prêter à un sprint sur le programme 1 de
façon qu'on puisse le terminer? J'ai de petites questions assez courtes,
qui ne demanderont pas des réponses très longues.
M. Clair: D'accord.
Le Président (M. Gratton): Dix points la question.
M. Bourbeau: Le circuit du train de banlieue de Beloeil, celui
dont on ne parle jamais, qu'est-ce qui arrive? Est-ce qu'on va le faire
éventuellement? Est-ce qu'on va l'abandonner? Est-ce que les
études sont terminées là-dessus?
M. Clair: Non.
M. Bourbeau: J'apprécie que le ministre réponde
laconiquement. Est-ce que le fédéral, dans l'entente,
spécifie qu'il doit être amélioré? Est-ce qu'on va
l'améliorer bientôt?
M. Clair: Le CN est actuellement à terminer une
étude avec le COTREM sur ce dossier, sur la faisabilité. (10 h
45)
M. Bourbeau: Ce qui veut dire qu'il est possible qu'elle ne soit
pas rénovée du tout, qu'elle ne soit pas modernisée du
tout.
M. Clair: Tout est possible.
M. Bourbeau: Je comprends. Ce sont des réponses
très courtes mais je voudrais quand même avoir des réponses
pertinentes, M. le ministre.
M. Clair: C'est ça. Ce qu'ils sont en train
d'étudier, M. le Président, essentiellement, c'est la
faisabilité d'une hypothèse de trois trains par jour, la
façon d'harmoniser la présence de trois trains par jour avec les
trains de marchandise, les questions de signalisation, etc. C'est ce qui est
fait actuellement.
M. Bourbeau: Étant donné, justement, qu'il ne
semble pas que le trafic va être très important sur cette
route-là, à Beloeil, parce que ce n'est quand même pas
l'endroit, sur la rive sud où il y a la plus forte concentration de
population, est-ce qu'on étudie parallèlement d'autres solutions
qui pourraient être, par exemple, l'abandon de la modernisation de cette
ligne-là et le remplacement par un système d'autobus plus
sophistiqué?
M. Clair: C'est évident, M. le Président, que dans
ce cas-là - d'abord, ça aussi, c'est relié au cadre
institutionnel dont je parlais tantôt - les municipalités qui sont
intéressées par les trains de banlieue ne sont pas
représentées dans une entité juridique unique. Alors,
c'est évident qu'on est dépendant de la volonté des
élus politiques locaux de réaliser ou pas, parce que c'est
évident qu'il va devoir y avoir une contribution des
municipalités au même titre qu'il y a une contribution des
municipalités partout ailleurs pour l'organisation du transport en
commun. Je répète ce que je disais tantôt: L'étape
où on en est présentement, c'est une étape de
faisabilité de trois trains par jour. Avant de rejeter cette
hypothèse, je pense qu'il faut aller au fond de ça pour regarder
ce que cela offre comme potentiel, quel en est le coût, et les
décisions seront prises en temps et lieu.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre a pris connaissance d'une
étude de SECOR qui
traite, justement, de ce problème-là et qui concluait
d'une façon assez négative, en ce qui concerne la
rentabilité de cette ligne-là?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Oui, très bien. Le retrait de la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Montréal de la rive sud.
L'an dernier, à cette date-ci, j'ai posé la question au ministre;
il m'a fait part du fait que ça devait se faire éventuellement
dans les prochains mois; une année est passée depuis ce
temps-là et la CTCUM se promène encore sur la rive sud. Est-ce
qu'on peut espérer, M. le ministre, qu'au cours des douze prochains mois
on verra le retrait de la CTCUM de la rive sud?
M. Clair: On peut certainement espérer.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre aurait des dates
précises?
M. Clair: Mais, plus sérieusement, essentiellement, c'est
relié au dossier de l'intégration tarifaire dans la région
de Montréal. Alors, pour l'instant, encore là je pense que ce
sera plus facile, une fois que nous aurons précisé les
orientations en matière de structures institutionnelles, surtout,
à ce point de vue-là, et financières, aussi, de voir
comment pourra s'effectuer le retrait de la CTCUM de Longueuil.
M. Bourbeau: Une seule petite question sur l'intégration
tarifaire. Est-il exact qu'on est en train - le ministre en a touché un
mot, hier - de modifier le projet qui avait été
déposé, en ce qui concerne les zones? On avait parlé au
début de cinq zones. Est-ce que maintenant on serait rendu à un
plus grand nombre de zones?
M. Clair: Effectivement, on a repris complètement
l'hypothèse qui avait été déposée en
consultation auprès des élus.
M. Bourbeau: Avant les élections?
M. Clair: Non, non, non, qui a été
déposée l'été dernier. On est, actuellement... La
dimension nouvelle que nous avons mise de l'avant, c'est qu'en même temps
on procéderait à une intégration tarifaire, interzonale et
intermodale; je pense qu'il faut en venir à une rationalisation
tarifaire dans la région de Montréal. À compter du moment
où on introduit une dimension de rationalisation tarifaire dans la
région de Montréal, ça nous permettrait d'avoir une plus
grande équité entre les différents usagers du transport en
commun et la proposition du gouvernement sera contenue, elle aussi, dans la
proposition de réforme institutionnelle et financière.
M. Bourbeau: Dans la proposition initiale, il y avait aussi, si
je me souviens bien, une rationalisation. Je ne sais pas ce que le ministre
entend par rationalisation tarifaire, mais les tarifs qu'on proposait lors de
la... Je ne sais pas si on a le document, le fameux document bleu qui a
été publié un mois avant les élections où il
y avait les cercles, etc., il y avait là-dedans des tarifs
différents pour chaque zone.
M. Clair: Oui, oui.
M. Bourbeau: C'est ce que je conçois comme étant
une rationalisation. Est-ce que le ministre veut aller plus loin ou si c'est
différent maintenant? De quelle façon est-ce que c'est
différent?
M. Clair: Si je commence à expliquer de quelle
façon c'est différent, je vais commencer à vous expliquer
la proposition qui est présentement devant le Conseil des ministres.
M. Bourbeau: Le Conseil des ministres.
M. Clair: Essentiellement, comme je vous le dis, je ne nie pas
qu'il y avait des éléments de rationalisation dans la
première proposition. Ce que je dis, c'est qu'on pense qu'on peut aller
plus loin dans ce sens pour mettre en même temps plus
d'équité et plus de souplesse dans le système.
M. Bourbeau: D'accord. Une autre question sur le financement des
commissions de transport. On sait que lors de la réforme fiscale, il y a
deux ans, un des volets de la réforme était le financement des
déficits des commissions de transport. Le gouvernement avait à ce
moment abandonné l'ancienne politique de subventionner les
déficits pour subventionner les revenus. Est-ce que le ministre entend
apporter des changements à cette formule de financement des commissions
de transport? Si oui, est-ce que c'est pour bientôt?
M. Clair: Si je précise la proposition de réforme
pour le cadre institutionnel et financier du transport en commun, j'entre
immédiatement là-dedans. En ce qui concerne le mode de
financement des revenus plutôt que des déficits, je n'ai pas
l'intention de proposer au gouvernement de modifier la trame de base du
régime de financement pour la contribution gouvernementale. Je pense que
le nouveau régime a comporté des avantages considérables,
que ce soit au niveau du laissez-passer, que ce soit au niveau de la subvention
dans 40% des revenus générés. Il s'agit cependant de
s'assurer que ce régime qui a été mis de l'avant, ce mode
de subvention n'entraîne pas un déséquilibre dans la
contribution entre
les trois partenaires existant actuellement, savoir le gouvernement, les
usagers et les municipalités.
Fondamentalement, je peux vous dire tout de suite, en ce qui concerne
les subventions aux déficits par rapport aux subventions aux revenus
générés, que je n'ai pas l'intention de remettre cela en
cause. Cela ne veut pas dire que par ailleurs il n'y aura pas d'autres
éléments pour compléter cela, mais je n'ai pas l'intention
fondamentalement de remettre cela en cause.
M. Bourbeau: Cela termine l'ensemble des questions que j'avais
à poser sur le programme no 1.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que le programme no 1
est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Clair: Adopté.
Contrôle des lois et règlements de
transport
Le Président (M. Gratton): Programme no 2, Contrôle
des lois et règlements de transport.
M. Clair: M. le Président, ce programme vise à
assurer le respect des lois et règlements de transport pour le
territoire du Québec.
Le Président (M. Gratton): C'est tout à fait
vrai.
M. Bourbeau: C'est écrit.
M. Clair: Est-ce qu'on pourrait adopter le programme no 1? C'est
fait? Excusez-moi.
Le Président (M. Gratton): C'est fait.
M. Bourbeau: M. le ministre était distrait.
Une voix: Pourtant il était bien "clair" qu'on l'avait
adopté.
M. Bourbeau: Dans le programme no 2, ce n'est pas que les
crédits soient très importants. On parle de 7 600 000 $ sur un
budget d'à peu près 1 000 000 000 $. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire, en termes profanes, ce qu'on fait exactement avec ce
programme, Contrôle des lois et règlements de transport? Sans
répéter le texte qu'il vient de nous dire, pour être
très laconique.
M. Clair: C'est le service de l'inspection du ministère
des Transports qui est mandaté pour s'assurer que les lois et
règlements sur le transport et les décisions de la Commission des
transports soient respectés sur tous les plans. La protection, la
conservation du réseau routier ainsi que la sécurité
routière font donc partie de ces préoccupations. Les
activités du service pour remplir ce mandat répondent
également de plus en plus à des objectifs de qualité et de
productivité au niveau du contrôle des lois et règlements.
Essentiellement, c'est le coût de fonctionnement des inspecteurs du
ministère des Transports qui, comme on le sait, sont chargés du
respect des lois et des règlements de transport. Les postes
autorisés comprennent 160 personnes qui sont considérées
comme des agents de la paix et 62 autres personnes pour le soutien, en quelque
sorte.
M. Bourbeau: Les agents de la paix, la sécurité,
bref, c'est ce qu'on appelle "les bleus", je pense.
M. Clair: "Les bleus", c'est cela, essentiellement.
M. Bourbeau: Maintenant, il y avait, jusqu'à l'an dernier,
le BVA, je pense, le bureau des...
M. Clair: Oui, c'est-à-dire jusqu'à il y a deux
ans. Jusqu'en décembre 1980.
M. Bourbeau: Je pense bien que c'est à ce moment-ci qu'on
pourrait peut-être parler un peu...
M. Clair: Je pourrais peut-être signaler au
député, même si cela n'apparaît pas à ce
programme, que l'un des points d'intérêt pour les inspecteurs du
transport, c'est que nous avons à la programmation la construction de
huit postes de balance pour faciliter, rendre plus efficace la surveillance des
inspecteurs du ministère des Transports, pour favoriser un meilleur
contrôle du poids des charges, surtout. C'est peut-être
l'élément le plus important. C'était une demande
répétée de l'Association du camionnage, notamment. C'est
sûr que les camionneurs publics généraux, eux, ont
intérêt à respecter les lois, ont toujours craint
l'illégalité, d'une part - c'est certain - de certains
transporteurs, mais également la capacité de charge qui parfois
n'est pas respectée. Cela devrait faciliter le travail à ce point
de vue. Voyez-vous, les principaux endroits, il y en aurait à
Saint-Joseph-de-Soulanges, à Saint-Augustin-de-Desmaures, à
Chambord, à Chicoutimi, à Saint-Romuald...
M. Bourbeau: Personnellement, ce n'est pas l'aspect que
j'aimerais traiter...
M. Clair: D'accord.
M. Bourbeau: ... de ce programme, je
n'ai fait que le mentionner. Si le ministre n'a pas d'objection,
j'aimerais qu'on parle...
M. Clair: De la régie.
Régie de l'assurance automobile
M. Bourbeau: ... de la régie, étant donné
que le BVA a été transporté à la régie et
que l'ancien ministre des Transports avait bien assuré et le ministre
actuel, d'ailleurs, est d'accord qu'on pourrait discuter des questions de la
Régie de l'assurance automobile lors de l'étude des
crédits.
La Régie de l'assurance automobile a été
amalgamée au BVA ou plutôt le BVA à la régie de
sorte qu'aujourd'hui, c'est la régie qui contrôle
l'émission des plaques d'immatriculation, des permis de conduire et
également qui s'occupe de la question de l'assurance automobile, les
indemnisations pour les blessures corporelles.
La question qui vient tout de suite à l'esprit, c'est le
coût de l'assurance automobile qui est de 85 $, je pense, encore
aujourd'hui; est-ce que c'est exact?
M. Clair: Non, 95 $.
M. Bourbeau: 95 $, c'est parce que c'est fondu avec autre chose,
on ne paie qu'un seul montant alors, c'est plus que cela. Enfin, c'est
peut-être identifié sur le compte, mais le chèque que l'on
fait n'est qu'un seul chèque à la fin. Vous êtes
passés de 85 $ les trois premières années je crois; est-ce
que vous pourriez nous expliquer un peu comment la tarification a
été faite et où on en est?
M. Clair: Bien simplement, le régime est entré en
vigueur le 1er mars 1978, la tarification avait été fixée
à 85 $ en ce qui concerne la contribution sur les plaques
d'immatriculation, elle est demeurée inchangée jusqu'en mars 1982
- c'est cela en fait, vous parlez du moment de l'annonce -où elle est
passée à 95 $, soit une augmentation de 12%. C'était,
à mon avis, très raisonnable qu'après quatre ans de
fonctionnement les primes n'aient augmenté que de 12% sur quatre ans.
Là-dessus, on voit que les actuaires qui avaient fait des calculs au
moment de l'entrée en vigueur du régime et que le gouvernement
qui avait endossé et défendu ce projet de loi avaient visé
juste. C'est un régime qui se révèle à l'avantage
de l'ensemble de la population. (11 heures)
M. Bourbeau: L'avenir le dira, je pense bien. Aujourd'hui, un
automobiliste normal qui renouvelle ses plaques doit payer quel montant
exactement? Les 95 $, que défraient-ils quoi au juste?
M. Clair: Les 95 $ défraient essentiellement sa
contribution au Régime de l'assurance automobile du Québec, en ce
qui concerne les blessures corporelles et les décès, mais ne
couvrent en aucune façon les dommages matériels, qui continuent
d'être assurés par les compagnies privées.
M. Bourbeau: Les plaques elles-mêmes sont comprises dans
les 95 $?
M. Clair: Non, c'est la contribution...
M. Bourbeau: Je voudrais que le ministre spécifie
que...
M. Clair: C'est la contribution de l'automobiliste au
Régime d'assurance automobile du Québec pour les blessures
corporelles.
M. Bourbeau: Alors, les plaques sont en plus?
M. Clair: Les plaques, c'est une autre chose. Les droits
d'immatriculation, c'est tout à fait différent. Les plaques
d'immatriculation varient en fonction du poids des véhicules. Je pense
bien que, si vous le désirez, on pourrait vous fournir la grille...
M. Bourbeau: Cela peut varier, quels sont le minimum et le
maximum pour des voitures automobiles?
M. Clair: Entre 140 $ et 200 $ environ, en facture totale, dont
il faut soustraire les 95 $ de l'assurance.
M. Bourbeau: Alors, c'est entre 140 $ et 200 $ en tout?
M. Clair: Pour les droits d'immatriculation seulement. Ce qui
fait 140 $ moins 95 $ et 200 $ moins 95 $...
M. Bourbeau: Ce qui fait 45 $ et 105 $.
M. Clair: Si ma mémoire est fidèle, le moins cher
était 45 $ environ.
M. Bourbeau: Entre 45 $ et 105 $. Le permis de conduire
coûte combien maintenant?
M. Clair: Le permis de conduire, on le facture pour deux ans et
il y a des droits, là aussi, pour le gouvernement, 6 $ par année,
donc 12 $ pour deux ans, et une contribution à l'assurance automobile
qui est de 19 $ cette année avec les frais d'administration.
M. Bourbeau: Je m'excuse, une contribution à l'assurance
automobile, la
même assurance dont on parlait dans les 95 $?
M. Clair: Oui. On facture le propriétaire et le
conducteur.
M. Bourbeau: Autrement dit... M. Clair: C'est qu'à
l'origine...
M. Bourbeau: ... la prime d'assurance ne coûte plus 95 $
maintenant, elle coûte 95 $ plus le montant qui apparaît sur le
permis de conduire.
M. Clair: II faut revenir à l'origine de la mise en
fonction du Régime de l'assurance automobile du Québec.
Essentiellement, il y a trois sources de financement au Régime
d'assurance automobile du Québec. La première est une
contribution sur l'immatriculation des véhicules, la deuxième est
une contribution sur le permis de conduire et la troisième, il y a
toujours un cent le litre d'essence qui sert au financement du régime.
Voilà les trois sources de financement. C'est 95 $ pour la contribution
sur la plaque d'immatriculation, 19 $ sur le permis de conduire plus un cent le
gallon d'essence, qui va au financement du régime.
M. Bourbeau: Cela fait combien? 114 $ en tout? Cela dépend
du nombre de litres...
M. Clair: Cela dépend du nombre de kilomètres.
M. Bourbeau: C'est le nombre de litres qui est vendu à
travers la province dans une années?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Cela équivaut à combien?
M. Clair: 22 000 000 $ par année de financement pour le
régime.
M. Bourbeau: Cela équivaut à combien par
automobile? Vous devez avoir le nombre d'automobiles au Québec?
M. Clair: Non, parce qu'il faut séparer les
véhicules commerciaux des véhicules individuels, 10 000
kilomètres à 0,0022 $, cela fait 5 $.
M. Bourbeau: Quand on a mis le système en vigueur, est-ce
qu'on avait ces trois sortes de financement dès le début?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: C'était 85 $ pour les plaques.
M. Clair: À l'origine, c'était 85 $ pour les
plaques et 14 $ pour la contribution au régime et non pas le coût
du permis de conduire. Mais, la contribution au régime était de
14 $...
M. Bourbeau: Sur le permis de conduire?
M. Clair: Sur le permis de conduire et une contribution provenait
de la taxe sur les carburants.
M. Bourbeau: Vous avez encore le 0,01 $ le litre d'essence
aussi?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Quel était à ce moment-là le
total? Je vois que cela fait 100 $.
M. Clair: 99 $.
M. Bourbeau: Quelle est l'augmentation annuelle en termes de
pourcentage, pour les coûts du régime depuis le début, la
moyenne?
M. Clair: Toutes les prestations étant indexées au
coût de la vie, c'est au moins le coût de la vie et la variation du
nombre de victimes. Donc, c'est de l'ordre de 12% à 15%, si les victimes
montent. Maintenant, ces deux dernières années, le nombre de
victimes a plutôt tendance à baisser. C'est donc seulement le
coût de l'indexation qui fait accroître le coût du
régime.
M. Bourbeau: Dois-je comprendre que, depuis l'instauration du
régime, on a une augmentation moyenne annuelle de 12% à 15% des
primes?
M. Clair: Non, pas de 12% à 15% des primes. Des
dépenses...
M. Bourbeau: Du coût...
M. Clair: ... du coût du régime.
M. Bourbeau: Si ce n'est pas du coût du régime, cela
doit aussi être des primes, parce que le régime doit se financer
d'une façon quelconque. Si le coût augmente, il faut bien
que...
M. Clair: Si les coûts augmentent, mais que, par ailleurs,
le nombre d'indemnisés diminue, il y a là une contribution
à l'intérieur même du régime.
M. Bourbeau: Si les coûts augmentent... Justement, les
contributions aux indemnisés, n'est-ce pas dans les coûts?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Alors, si les coûts augmentent de 12% à
15%, c'est que le régime coûte de 12% à 15% de plus par
année.
M. Clair: C'est vrai, oui.
M. Bourbeau: Je ne vois pas le...
M. Clair: Mais si les actuaires, au départ, ont toujours
été un peu conservateurs, en nombre et en durée
d'invalidité, donc, les nombres ont été un peu moins
élevés que ce qu'ils avaient prévu, les durées
d'invalidité aussi, ce qui a permis une certaine
récupération.
M. Bourbeau: Vous avez fait des réserves au début;
ces réserves ne sont pas infinies, un bon jour, on aura quand même
une constante qui est une augmentation de coût de 12% à 15% par
année.
M. Clair: Sauf, si les accidents baissent.
M. Bourbeau: Sauf, si les accidents baissent.
M. Clair: Là-dessus, je répète
essentiellement le message de Mme Payette, et probablement que le
député de Charlevoix l'a lui-même utilisé à
l'époque: la meilleure façon, la façon la plus efficace de
s'assurer que les primes d'assurance automobile n'augmentent pas, c'est
essentiellement de diminuer le nombre d'accidents. C'est pour cela d'ailleurs
qu'on a adopté un nouveau Code de la sécurité
routière et mis de l'avant une campagne d'information pour tenter
d'infléchir le nombre des décès, le nombre des accidents,
des blessés de la route. C'est la meilleure façon de s'assurer
qu'on va contrôler l'augmentation des coûts du régime et
l'augmentation des contributions.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, avant la période
électorale, il avait été question, de la part du Conseil
des ministres, que la contribution au régime serait haussée
considérablement plus qu'elle ne l'a été, en fait,
après l'élection. Bien sûr que le coût de l'assurance
automobile est en fonction du nombre d'accidents, de blessés et de
dommages matériels. Il y avait annuellement environ 55 000
blessés sur les routes du Québec, entre 1500 et 2000 morts. Il y
a eu une réduction sensible, tant mieux! Est-ce qu'on serait capable
d'affirmer que, malgré les augmentations de 10% à 15% c'est
suffisant pour les réserves à venir, malgré la diminution
quand même mineure? C'est un régime à son début et
j'espère qu'on ne se retrouvera pas devant le phénomène
qu'avait connu la Colombie britannique, je crois. Au moment du changement de
régime, les citoyens avaient dû payer une augmentation de 111%. Je
ne pense pas que les calculs soient à ce point erronés ici, dans
le Québec, et qu'on soit devant une telle perspective un jour. Est-ce
qu'on est capable d'affirmer que les augmentations qu'on a faites à ce
jour sont suffisantes pour les réserves à venir, étant
donné qu'à longueur d'année, le nombre d'invalides va
continuer à être de plus en plus élevé?
M. Clair: Oui, M. le Président, nous sommes en mesure de
l'affirmer. La régie, justement parce qu'elle est bien consciente que le
régime n'a que cinq ans d'existence, est conservatrice et le ministre
également. Il y a des révisions annuelles.
M. Bourbeau: II est conservateur, il n'est pas
libéral.
M. Clair: II y a une révision annuelle qui se fait par les
actuaires. Je pense que là-dessus la présidente de la
régie pourrait elle-même le dire, à titre de
présidente. Les actuaires procèdent à des révisions
annuelles, pour les prévisions. Je pense qu'on peut très
facilement répondre oui à la question du député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Depuis le 1er avril, en raison des modifications au
Code de la route, il y a des contraventions assez nombreuses qui sont
données à tous nos concitoyens et assez pesantes. Est-ce qu'une
partie de ces contraventions est affectée à la régie ou si
c'est le ministère de la Justice qui l'envoie au fonds
consolidé?
M. Clair: C'est envoyé au fonds consolidé. La
question que soulève le député est très pertinente.
Dans le financement du régime - il n'y a aucune décision prise
là-dessus, je l'indique immédiatement, ce sont des
hypothèses que la régie est en train de regarder avec le ministre
des Transports - il y a l'engagement qui avait été pris au
départ par le gouvernement, à savoir en venir le plus rapidement
possible à une contribution plus élevée
prélevée sur le permis de conduire en fonction du nombre de
points d'inaptitude, comme on les appelle maintenant, au régime de
l'assurance automobile. La régie a manifesté de
l'intérêt pour avoir une contribution qui proviendrait du
système des amendes plutôt que par exemple de l'essence. La
régie considère qu'il ne s'agit pas là de la meilleure
contribution permettant à l'automobiliste d'être en mesure de
faire le lien entre sa contribution au régime d'assurance automobile et
les coûts du régime. Alors, cela aussi fait partie du
portrait et c'est une réflexion qui est amorcée
présentement au niveau du ministre des Transports et de la Régie
de l'assurance automobile, qui s'amorce, devrais-je dire.
M. Mailloux: M. le Président, je pense bien que, lorsqu'on
impose une contribution sur le litre d'essence, c'est indiscutable que le
citoyen qui observe toutes les lois paie de la même façon que
celui qui ne les observe pas. J'imagine que le ministère devrait
accentuer son effort pour permettre à la régie d'aller chercher
les contributions de ceux qui sont en partie responsables des coûts de
l'assurance automobile et faire payer par ceux-là l'augmentation qu'on
verra dans l'avenir.
M. Clair: Le code permet cela. Le code de la
sécurité routière permet que le gouvernement nous alloue
une partie, et je préférerais effectivement que les citoyens
paient une prime à l'insécurité plutôt que de croire
qu'ils subventionnent le gouvernement en payant des amendes.
M. Mailloux: C'est cela.
M. Clair: D'ailleurs, à ce point de vue, la fusion du
bureau des véhicules automobiles et de la Régie de l'assurance
automobile du Québec, combinée à l'adoption d'un nouveau
code de la sécurité routière, nous permet, je pense,
d'envisager l'ensemble de la problématique tant du financement du
régime d'assurance automobile que des mesures à prendre pour
améliorer la sécurité routière dans une perspective
plus globale. C'est une orientation, comme je vous le dis, qu'on prend à
ce moment-ci; il n'y a aucune décision, il n'y a aucun document qui a
été soumis au Conseil des ministres ou quoi que ce soit
là-dessus.
Je dois dire qu'effectivement il m'apparaîtrait à
première vue, toujours sous réserve d'avoir des informations
additionnelles qui fassent qu'on découvre que ce ne serait pas
intéressant, mais à première vue il m'apparaît qu'on
doit au maximum avoir des contributions au régime de l'assurance
automobile qui rendent plus visible l'effort de sécurité
routière, la préoccupation constante de la Régie de
l'assurance automobile et de la faire partager par les citoyens, à
savoir que, quand le nombre d'accidents diminue, c'est à l'avantage de
tous, mais que ceux-là qui représentent les risques les plus
importants soient éventuellement appelés à contribuer
d'une façon plus importante au régime.
Les deux façons principales de le faire, ce pourrait être,
j'insiste là-dessus pour les journalistes qui prendront connaissance de
nos propos, il n'y a pas de décision de prise, mais les deux
hypothèses, ce serait effectivement soit un jour d'aller vers une
contribution provenant des amendes ou encore faite en fonction du nombre de
points de démérite attachés au permis de conduire, ou
peut-être même prélevée sur la plaque
d'immatriculation, quoique cela devienne très difficile de justifier une
contribution prélevée sur la plaque d'immatriculation tant que
c'est l'automobiliste conducteur qui a le contrôle, la maîtrise de
son véhicule.
M. Mailloux: M. le Président, une dernière question
en ce qui concerne le système de points de démérite. Je ne
veux pas revenir sur des vices de forme qui auraient pu être inclus au
programme au moment où il a été mis en place. De quelle
façon les citoyens qui graduellement ont reçu ou vont recevoir
des points de démérite et qui approchent le moment critique
où leur permis peut leur être enlevé, surtout depuis le 1er
avril, pour plusieurs cela va venir rapidement, de quelle façon peut-on
informer le détenteur d'un permis de conduire où il est rendu
avec le système? Moi-même, dans mon cas, je me rappelle avoir
été arrêté à 41 ou 42 milles dans des zones
de 35 milles; je dois être rendu à 7 ou 8 points. Si je commets
une grosse infraction, je vais m'asseoir dans mon bureau chez nous et attendre.
(11 h 15)
De quelle façon pourrait-on informer les gens? Parce que ce sont
quand même des dizaines et des dizaines de milliers de personnes qui
tantôt vont voir leur permis rendu à la limite et vont tenter
n'importe quelle procédure en cour de justice pour trouver un vice de
forme dans le système de points de démérite pour sauver
leur permis. Est-ce qu'on ne pourrait pas les informer valablement,
annuellement, parce qu'on ne le fait pas actuellement?
M. Clair: Oui.
M. Mailloux: De quelle façon le fait-on?
M. Clair: Nous envoyons à toute personne qui a atteint 6,
7, 8 ou 9 points un avis, à savoir que son dossier est maintenant
à ce nombre et que c'est à 12 points qu'elle voit son permis
révoqué à partir du 1er juin. Nous pouvons aussi convoquer
ces personnes, notre structure administrative ne le permet pas encore, mais
nous pouvons aussi les convoquer de façon à analyser avec elles
leur façon de conduire et éventuellement recommander qu'elles
suivent des cours de conduite préventive. Tous les citoyens sont
prévenus par écrit de l'état de leur dossier lorsqu'ils
atteignent 6 points.
M. Mailloux: À compter de 6 points. M. Clair: Oui.
D'ailleurs là-dessus, si
ma mémoire est fidèle, ma mémoire d'avocat
praticien, c'était déjà...
M. Mailloux: À 9 points.
M. Clair: ... inclus à 9 points, à l'époque.
L'amélioration qui a été apportée, c'est d'aviser
à compter de 6, 7, 8, 9, parce que comme praticien, souvent quand
c'était à 9 points, le problème qui se présentait,
c'est que l'individu qui recevait l'avis à l'effet qu'il avait
déjà accumulé 9 points de démérite, avait
souvent déjà eu une autre contravention. La seule chose que
l'avocat plaideur pourrait faire, c'était de gagner du temps, en
espérant que la première infraction vieillisse à un point
tel qu'elle disparaisse du système de points. Maintenant, une autre
amélioration...
M. Bourbeau: Je viens de comprendre où le ministre a pris
son expérience dans l'art de gagner du temps!
M. Clair: Ce qui va faire un grand déplaisir au
député de Charlevoix, c'est que j'ai été un des
avocats justement qui ont contribué largement à l'époque
à trouver des trous sur le plan juridique dans les premiers
systèmes de points de démérite.
M. Mailloux: Je n'étais pas avocat. Adressez-vous aux
fonctionnaires, aux hommes de loi pour les erreurs du système.
M. Clair: Non, ce n'est pas pour m'en faire une gloire,
aucunement, parce que, aujourd'hui, j'assume la responsabilité de
l'autre côté. Je me rends compte que parfois cela nous agace.
M. Mailloux: II n'y a pas de lois où il n'y a pas de
trous!
M. Clair: Ce que je voudrais ajouter, par ailleurs, c'est qu'il y
a un élément de souplesse en ce qui concerne l'accumulation de
points d'inaptitude, qui a été ajouté lors de la
révision du Code de la route, au moment de l'adoption du Code de la
sécurité routière. On se souvient tous de la vieille
iniquité qui était incluse dans nos lois, qui a encore cours
jusqu'au 1er juin, à savoir que lorsqu'une personne était
condamnée pour ivresse au volant et qu'elle accumulait automatiquement
12 points de démérite, elle pouvait, en vertu du Code criminel du
Canada, obtenir d'un juge de la Cour des sessions de la paix, ou d'un juge
habilité à entendre ces causes, un permis restreint pour les fins
de son travail, alors qu'une personne qui au moment où on se parle,
accumule 12 points d'inaptitude pour la commission d'infractions moins graves
que l'ivresse au volant, voit son permis irrémédiablement
suspendu pour trois mois sans que, ni le ministre des Transports, ni la
présidence de la régie, ni personne n'ait le pouvoir de changer
cette disposition et d'émettre un permis restreint.
À compter du 1er juin, la disposition suivante entrera en
vigueur, savoir que toute personne qui aura accumulé 12 points
d'inaptitude pourra se présenter devant un juge de la Cour provinciale
et faire valoir les raisons pour lesquelles elle a besoin de son permis de
conduire dans l'exécution de son travail. À ce moment, le juge de
la Cour provinciale sera habilité à autoriser l'émission
d'un permis restreint pour la personne qui en a besoin dans l'exécution
de son travail.
M. Mailloux: Est-ce que le ministre me dirait quand a
été corrigée l'erreur qui s'était glissée,
à savoir que dans la loi, on disait: Le directeur du BVA doit enlever?
Comme c'était un fonctionnaire, les avocats ont contourné cela
facilement. Est-ce au moment où la régie a été mise
en place?
M. Clair: Non. C'est dans un tout petit projet de loi. C'est
à l'époque où le député de Saguenay
était ministre des Transports.
M. Mailloux: Cela a été corrigé dans le
temps.
M. Clair: Cela a été corrigé dans le
temps.
M. Bourbeau: Je pense que le député de Laprairie
voudrait ajouter quelque chose.
M. Saintonge: On parlait tantôt d'avis donné
après six mois ou neuf mois...
M. Clair: Après six points.
M. Saintonge: Après six points ou neuf points, je
m'excuse. Je ne sais pas s'il y a moyen de corriger au niveau... On parle de
prévention. Les gens qui atteignent leurs 12 points de
démérite ou qui sont suspendus à la suite d'une ivresse au
volant, par exemple, je sais que quand j'étais en pratique, cela se
produisait; mais, je sais aussi par expérience depuis quelque temps, on
m'a apporté des choses, que cela continue de se produire. Les gens
reçoivent un avis de suspension de permis mais, dans certains cas, c'est
un mois et demi après le délai de l'infraction. Par exemple, on
vous dit: À compter de telle date, votre permis est suspendu, vous devez
retourner votre permis au ministère. La personne reçoit ça
un mois et demi après l'entrée en vigueur de la suspension. C'est
donc dire que, pendant un mois et demi, sur une suspension de trois mois, la
personne continue quand même à conduire. La pénalité
qu'on veut introduire, pour amener une sécurité plus grande, on
peut en perdre
l'avantage.
M. Clair: C'est une question d'expérience personnelle,
mais, dans ces matières-là, vous comprendrez sûrement que,
comme ministre des Transports, ministre chargé de l'application de la
Loi sur la Régie de l'assurance automobile, il ne me manque pas de
visiteurs pour venir me soumettre leur cas. Personnellement, en tout cas, dans
les cas que j'ai vus - et j'en ai sûrement vu une quinzaine,
récemment - sur une période de deux ou trois mois, dans ceux que
j'avais vus, moi, au contraire, il n'y avait pas cet aspect et le délai
de suspension du permis de conduire n'avait pas commencé à
courir; au contraire, il restait généralement quelques jours.
L'individu hésitait; il disait: Est-ce que c'est vrai que la police va
venir chercher mon permis de conduire? Qu'est-ce que vous pouvez faire pour
régler mon cas? Peut-être que le président de la
régie pourrait nous dire si on a constaté des délais
administratifs. Je dois dire, en tout cas, qu'à partir de mon
expérience de député de comté, qui reçoit
des gens qui ont des avis de suspension, je n'ai pas constaté ce
phénomène.
La régie doit attendre la conviction de culpabilité pour
enregistrer le point. Donc, pendant la période où la personne le
conteste et tant que le juge n'a pas rendu son jugement, c'est sûr que le
point n'est pas inscrit. L'avis de suspension part aussitôt que le greffe
nous avise que la personne a effectivement un nombre de points additionnels qui
la mènent à douze.
Mais, est-ce que je comprends bien, ce que vous soulevez comme
problème, c'est que des gens recevraient...
M. Saintonge: Je soulève comme problème, par
exemple, l'avis de...
M. Clair: ... des avis de suspension alors que le délai a
déjà commencé à courir?
M. Saintonge: Oui, vous avez une condamnation... c'est ça.
De pratique courante, en Cour municipale, il est arrivé que quelqu'un
soit arrêté, dans un cas comme ça. Cela se produisait
avant, j'en ai été témoin d'une certaine façon,
comme procureur de la couronne. Je sais que ça se continue aujourd'hui.
Dans certains cas, la personne commet une infraction, disons ivresse au volant.
L'avis s'en vient au ministère; je comprends qu'il y a un délai,
mais, entre le moment où le ministère reçoit l'avis de la
cour et celui où on envoie l'avis à la personne que son permis
est suspendu pour trois mois, on lui dit généralement: À
compter de telle date, votre permis a été suspendu pour trois
mois. La personne reçoit cet avis-là parfois un mois ou un mois
et demi après. Cela peut arriver, dans certains cas, que la police
arrête quelqu'un, fait une vérification par ordinateur et lui dit:
Votre permis est suspendu. La personne n'a jamais reçu d'avis à
cet effet. C'était dans le courrier. Au niveau du ministère,
c'était considéré comme suspendu. Même que les avis
arrivent postérieurement à la date d'entrée en vigueur de
la suspension, jusqu'à un mois après. J'ai certains cas qui m'ont
démontré que c'était arrivé récemment. Le
but de mon intervention est de faire une correction, si possible, parce que si
on veut vraiment qu'une infraction pénalise quelqu'un, c'est, si le
permis est suspendu pour trois mois, qu'on ait une suspension effective de
trois mois.
M. Clair: À part les délais de la poste, je ne
crois pas que cela doive se produire souvent.
M. Saintonge: J'espère qu'il y a des exceptions.
M. Mailloux: Je voudrais attirer l'attention du ministre sur un
autre point de vue qui concerne la signalisation routière, la
démarcation des lignes sur les routes. Je me demande s'il ne devrait pas
y avoir plus de collaboration entre la Sûreté du Québec et
le ministère des Transports, son service de signalisation. Voici
à quel endroit, je veux le signaler au ministre, il se produit des
erreurs, actuellement, dans la signalisation. On a construit dans le
Québec des routes à trois voies, un peu partout dans le pays
montagneux. C'est extrêmement difficile, pour l'intelligence d'un
conducteur, de faire une descente abrupte de 9% ou 10% derrière un
camion qui est en quatrième vitesse alors que la ligne est double sur
plusieurs centaines de pieds, pour ne pas dire davantage. Le conducteur d'une
automobile aurait la facilité de passer, mais la ligne étant
continue et double, c'est strictement défendu, là...
M. Clair: En descente.
M. Mailloux: ... en descente. J'ai vu des officiers de la
Sûreté du Québec me dire: On ne comprend pas qu'on ait
réussi à mettre une ligne double aussi longue que
celle-là, sans aucune possibilité pour un automobiliste de
passer. Nous sommes obligés de donner un billet d'infraction.
L'infraction sur une ligne double, vous savez ce que cela coûte
aujourd'hui. Je sais que vos officiers sont en mesure de vérifier un peu
partout en pays montagneux, comme dans le parc Talbot, vers Charlevoix. Je vais
vous mentionner en particulier les côtes de Saint-Joachim. C'est quand
même droit sur presque un demi-mille de longueur. Quand vous êtes
sur le dessus de la côte la ligne est double. Elle va être double
jusque presque au bas de
la côte. Si, à un moment donné, dans la côte,
il n'y a pas un deuxième véhicule qui monte sur les deux voies
montantes où on peut dépasser, pourquoi est-ce qu'à un
certain moment il n'y aurait pas moyen de dépasser, vu le coût du
carburant aujourd'hui, pour autant qu'il n'y ait pas danger d'accident? Cela se
produit. Je me rappelle que dans mon temps on a fait effacer des lignes doubles
à cause du belvédère à Baie-Saint-Paul parce que
ça n'avait pas de sens, tout le monde se faisait prendre. Même les
policiers dépassaient les camions qui étaient là "sur le
boeuf". Cela durait des arpents et des arpents et n'importe qui pouvait passer
en avant du camion.
Je ne dis pas que c'est général dans la province. Il y a
des endroits où l'intelligence d'un conducteur ne pourra pas être
satisfaite de l'indication ou de l'ordonnance qui lui est faite. Je me demande
s'il ne pourrait pas y avoir un peu plus de collaboration entre les effectifs
du ministère des Transports et la Sûreté du
Québec.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas d'objection en
particulier, dans le cas que le député de Charlevoix nous soumet,
d'examiner cette possibilité. Je n'ai personne aujourd'hui du secteur de
la signalisation qui m'accompagne. Cependant mon sous-ministre adjoint au
génie, M. Charland, souligne que tout est fonction de distance, de
pente, de visibilité, de longueur, etc. Peut-être qu'il y aurait
lieu d'essayer de mieux se coordonner avec la Sûreté de
Québec sur cela. Sans en faire une norme générale que dans
toutes les descentes de côte on permette les dépassements...
M. Mailloux: ... quand la sécurité y est
acceptable.
M. Clair: On va regarder cela.
M. Bourbeau: Je voudrais revenir un peu sur la question du BVA,
de la régie. Est-ce que vous maintenez une comptabilité
séparée à l'intérieur de la régie pour les
montants qui sont perçus au titre des plaques d'immatriculation, des
permis de conduire et des primes d'assurance?
M. Clair: Oui. La loi nous oblige à avoir une
capitalisation complète et un autofinancement complet pour le
régime et nous percevons des primes pour cela. La loi nous oblige aussi
à envoyer au gouvernement tout ce que nous percevons à titre de
mandataire pour les droits d'immatriculation et de permis de conduire et nous
ne gardons que les frais d'administration auxquels nous sommes autorisés
par décret annuellement. Nos crédits, bien sûr, sont
adoptés par l'Assemblée nationale. On a un décret annuel
qui, l'année dernière, était de 70 000 000 $ pour la
partie qui concerne la gestion du Code de la route. Il y avait un autre montant
de frais d'administration pour le régime. Ces comptabilités sont
complètement séparées.
M. Bourbeau: L'aspect de la gestion du Code la route, cela
implique quoi exactement?
M. Clair: Cela implique l'ensemble des opérations
relatives à l'immatriculation, aux permis, à la gestion des
suspensions ainsi que des montants pour la promotion de la
sécurité routière telle que la loi sur la fusion le
dit.
M. Bourbeau: Alors, cela coûte 70 000 000 $ cet aspect?
M. Clair: Le décret pour l'année 1981-1982
c'était de 70 000 000 $ en tout, mais dans cela, il y a au-delà
de 50% de salaires bien sûr.
M. Bourbeau: Bien sûr. Pour ce qui est du fonds
d'indemnisation, c'est constitué à même les primes
et...
M. Clair: Là encore la loi nous dit que c'est la
régie qui finance le fonds 78, et que le fonds 61, la régie a
pris ses actifs; et son passif c'est aussi une administration
séparée.
M. Bourbeau: De sorte qu'on peut dire que le fonds
d'indemnisation des victimes n'est constitué que par les primes qui sont
payées, que vous n'utilisez pas les fonds qui sont perçus pour
les plaques d'immatriculation ou pour les permis de conduire pour des fins
d'indemnisation des victimes, sauf les frais d'administration que vous retenez,
sauf aussi le montant de 19 $ qui est prélevé du permis de
conduire pour être...
M. Clair: ... de primes c'est sur l'immatriculation et sur les
permis de conduire.
M. Bourbeau: Quand vous parlez de primes...
M. Clair: ... de primes d'assurance, il y en a un morceau de 95 $
sur les plaques et les 19 $ sur les permis.
M. Bourbeau: D'accord. Le reste est retourné, en ce qui
concerne les permis de conduire et les plaques, au gouvernement?
M. Clair: Oui.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on est en mesure d'après vous de
bien pouvoir identifier avec
certitude le coût réel de l'assurance automobile en ce qui
concerne les blessures corporelles?
M. Clair: Absolument.
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut faire des comparaisons
équitables avec d'autres systèmes?
M. Clair: Absolument. Des comparaisons équitables
étant difficiles parce que les systèmes ne sont pas pareils. (11
h 30)
M. Bourbeau: Oui, d'accord. Lors de la dernière campagne
électorale, certains membres du gouvernement, entre autres l'ancien
ministre des Affaires sociales et l'ancien leader du gouvernement, qui, depuis
cette date, est devenu simple député, avaient fait des
déclarations à l'effet qu'ils souhaitaient l'étatisation
complète de l'assurance automobile - je l'ai entre autres, dans un
journal ici - "Charron souhaite l'étatisation complète de
l'assurance automobile". Ici, dans la Presse, M. Lazure: "Étatisation
complète de l'assurance automobile. Le gouvernement du Parti
québécois étudie actuellement la possibilité
d'inclure les dégâts matériels dans son régime
d'assurance automobile." Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, oui ou
non, on est encore en train de considérer la possibilité
d'inclure dans le système de l'assurance non seulement les blessures
corporelles, mais maintenant aussi les dégâts matériels ou
si on a abandonné ce projet? Est-ce que c'était une promesse
électorale seulement ou si c'est...
M. Clair: Cela n'a jamais fait l'objet, à ma connaissance,
d'aucun engagement formel ni du gouvernement ni du parti auquel j'appartiens.
Pour l'instant, non, il n'y a pas d'étude précise ou
spécifique en cours sur cette question. C'est évident que le
gouvernement - et cela n'engage nullement la régie, c'est une
responsabilité gouvernementale - ne peut pas être
indifférent aux augmentations de primes de l'assurance automobile pour
dommages matériels dans les régimes privés. On ne peut pas
écarter cette possibilité indéfiniment, pour
l'éternité et engager d'autres gouvernements à ne jamais
procéder à d'autres mesures semblables à celles qu'on a
prises pour les blessures corporelles. Mais, pour l'instant, la réponse
nette, franche, directe, c'est non, il n'y a pas d'étude en cours sur
cette question et ce n'est pas l'intention du gouvernement de procéder
à la nationalisation des régimes d'indemnisation pour dommages
matériels.
M. Bourbeau: Le ministre m'en voit
Je voudrais revenir un instant sur la question des primes d'assurance
pour blessures corporelles qui sont uniformes à travers la province,
sans égard au fait que certains conducteurs sont plus prudents que
d'autres et causent plus de dommages que d'autres aussi. Tout à l'heure
on en a parlé, je sais que le ministre en a parlé lors d'une
question posée par le député de Charlevoix. Mme la
présidente avait déclaré, il y a quelques mois ou il y a
un an ou deux, je pense, que la régie n'a pas exclu la
possibilité de "raffiner davantage sa tarification", entre guillemet. Un
des prédécesseurs du ministre avait dit ici, en commission
parlementaire: La régie considère que la prime d'assurance
devrait permettre de reconnaître les différents risques
représentés par les conducteurs délinquants. C'est
pourquoi elle a mentionné son intention d'ajuster la cotisation selon
les infractions commises aussitôt qu'il serait administrativement
possible de le faire. C'est un fait que, autrefois, il y avait des
différences très importantes dans les primes d'assurance, tenant
compte de l'âge des assurés, de leur dossier etc. Est-ce que, en
ce qui concerne la prime d'assurance aussi, on a l'intention de regarder la
possibilité de modifier la tarification ou si on s'en tient toujours
à une tarification unique?
M. Clair: C'est essentiellement ce que je répondais au
député de Charlevoix tantôt. Il y a une réflexion
qui s'amorce à la Régie de l'assurance automobile et au
ministère des Transports sur cette question. C'est évident que
c'est un des objectifs à long terme. Le régime n'a pas de
difficulté à se financer dans le cadre actuel qui lui est imparti
par la loi. Maintenant, ce qu'on se demande justement, ce qu'on a
commencé à faire comme réflexion, c'est comment on
pourrait raffiner la tarification en fonction des bons ou des moins bons
conducteurs. Les deux possibilités que j'évoquais sont
celles-là, dans le fond. Si vous avez d'autres idées,
soumettez-nous les, mais les deux grandes avenues possibles dans ce sens, ce
serait une contribution qui proviendrait des amendes ou, encore, une
contribution qui tiendrait compte du nombre de points de démérite
rattachés au permis de conduire, par exemple.
Étude du Conseil du trésor sur le
BVA
M. Bourbeau: Dans le dernier rapport du Vérificateur
général, le dernier et l'avant-dernier, je pense les trois ou
quatre derniers, des reproches très sévères étaient
faits à l'égard du BVA, du fouillis administratif qui y
existait.
M. Clair: Pas dans le dernier.
M. Bourbeau: Le dernier qu'on a vu, je pense. Je ne voudrais pas,
en aucune façon...
M. Clair: Pas dans le dernier. M. Bourbeau: L'avant-dernier.
M. Clair: Dans l'avant-dernier.
M. Bourbeau: L'avant-dernier. Je ne voudrais pas commettre
d'impair. J'avais l'impression que cela avait été encore repris
dans le dernier. De toute façon, je vais vous donner la chance de
répondre dans quelques instants; cela sera sûrement l'occasion de
le faire. Un rapport du Conseil du trésor a fait état d'un
déficit absolument énorme. Une étude que le Conseil du
trésor avait faite sur les anomalies administratives du BVA concluait
que les déficiences du système du bureau ne permettaient pas
d'effectuer le contrôle adéquat des institutions
financières, ce qui impliquerait que des recettes du BVA, au montant de
500 000 000 $, n'avaient pas été contrôlées
adéquatement, concluait l'étude. Cela a également comme
conséquence...
M. Clair: Les déficiences et un déficit, ce sont
deux notions différentes.
M. Bourbeau: Je suis bien d'accord... que, rapporte
l'étude du Conseil du trésor, le BVA ne produit pas ou produit en
retard les rapports nécessaires à la régie, ce qui a pour
effet que celle-ci ne peut gérer adéquatement ses
activités. J'aimerais savoir si, suite à la loi qui fusionne le
BVA et la régie, on a pu corriger les 20% d'erreurs que l'étude
du Conseil du trésor et l'ex-ministre de Belleval admettaient exister
dans les fichiers du BVA.
M. Clair: C'est justement là-dessus que le
Vérificateur général, dans son dernier rapport, a
mentionné qu'il y avait eu une nette amélioration. La
régie encaisse maintenant l'ensemble des fonds elle-même. Avant,
c'était le ministère des Finances qui encaissait pour ses besoins
et aussi pour ceux de la régie. Le processus de ventilation, de
répartition des sommes s'est aussi amélioré, selon les
dires du Vérificateur général. Quant à la
qualité administrative, la régie a eu le plaisir cette
année de retourner au gouvernement 8 000 000 $ de crédits dont
elle n'a pas eu besoin pour gérer le code de la route. Nous sommes aussi
dans un chantier absolument complet sur une révision d'un système
informatique qui est à deux volets: corriger les anciens pour que ce
soit administrativement fiable et en refaire de nouveaux pour les amener
à des systèmes informatiques des années 1980 qui
fourniront, par exemple, accès direct dans tous nos bureaux aux
données qu'on a dans nos fichiers, autant pour l'immatriculation que
pour les permis. Mais cela prendra trois ans.
M. Bourbeau: Trois ans à partir de maintenant. Je me
souviens maintenant qu'effectivement dans le dernier rapport du
Vérificateur général il y avait une note selon laquelle il
y avait eu une amélioration, et je vous en sais gré.
M. Clair: Vous savez que la tâche qui est accomplie
actuellement par la Régie de l'assurance automobile du Québec,
c'est un des plus gros chantiers du parapublic et du public au niveau du
gouvernement. En aussi peu d'années, mettre sur pied un régime
d'assurance automobile qui fonctionne bien, fusionner le Bureau des
véhicules automobiles, assumer la responsabilité de
l'immatriculation de tout le fonctionnement de la sécurité
routière au Québec... D'ailleurs, on était assez fier des
commentaires du Vérificateur général, à savoir que
la situation se redresse à un rythme accéléré et je
dois dire qu'il m'arrive quelquefois de maugréer un peu, parce qu'il ne
se passe à peu près pas une semaine sans que j'aie deux ou trois
projets de règlement ou de décret qui proviennent de la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Cependant, je dois
dire qu'ils vont tous dans le bon sens; l'entrée en vigueur du nouveau
Code de la sécurité routière, notamment, occasionne un
réajustement de la réglementation impressionnant, et je pense que
c'est en très bonne voie.
M. Bourbeau: Est-ce que les assureurs privés ont
accès au fichier des points de démérite pour
établir leur propre tarification à l'égard de la partie de
l'assurance qui est pour le dossier matériel?
M. Clair: Le code de la sécurité routière
préconise que nous tenions nos renseignements confidentiels, sauf aux
fins de la sécurité publique ou de l'administration des lois.
Donc, nous donnons aux assureurs, qui recherchent une personne, soit pour
délit de fuite, soit pour régler un cas d'accident dans le sens
de la convention d'indemnisation directe, des renseignements relatifs au
propriétaire d'un véhicule, mais nous ne donnons aucun
accès au dossier du conducteur ni aux points de démérite.
Nous croyons, cependant, que si le gouvernement nous autorise à ajuster
notre tarification sur le dossier du conducteur, il va falloir être
cohérent et aussi permettre aux assureurs de le faire. Mais dans
l'état actuel des choses il n'y a pas accès au dossier du
conducteur.
M. Bourbeau: Est-ce que vous ne pensez pas que, justement, pour
assurer la sécurité routière, faire en sorte que les gens
qui constituent des menaces plus grandes soient
bien identifiés, il serait logique que les assureurs
privés aient accès à ces données de façon
que, dans l'établissement des primes, par exemple, pour l'aspect
matériel de l'assurance, les délinquants ne puissent pas
continuer à jouir du privilège d'une prime plus basse que paient
chèrement les non-délinquants? Actuellement, comme il n'y a
aucune façon de savoir lesquels sont délinquants et lesquels ne
le sont pas, tout le monde, même dans le domaine des assurances
matérielles, possiblement, paie le même prix. Est-ce que ce ne
serait pas une façon d'assurer la sécurité routière
que de pouvoir identifier davantage non seulement pour le système
d'État, mais pour le système privé, quels sont ceux qui
constituent des menaces pour la propriété privée et,
forcément, par voie de redondance, pour l'aspect corporel, l'aspect
humain aussi?
M. Clair: Je pense que la réponse a été
donnée. Le jour où le régime public pourra tenir compte de
ces facteurs, on devra envisager par cohérence la possibilité de
rendre disponibles ces renseignements également aux compagnies
privées. Je dois dire là-dessus que mon entrée en fonction
avait été marquée, dans les jours qui ont suivi, par une
déclaration dans ce sens et je m'étais fait dire par la voie des
journaux, si je me souviens bien, par le directeur du BAC, que mon idée
n'avait ni queue, ni tête. Je suis heureux de voir que le
député de Laporte se retrouve dans le même bateau que moi.
Je pense que la réponse a été donnée
là-dessus.
M. Bourbeau: Heureusement que ce n'est pas dans le même
avion.
M. Clair: C'est de s'assurer que pour des fins de
sécurité routière, dans un premier temps et
éventuellement dans un deuxième temps, les entreprises
privées puissent, si le gouvernement en décidait ainsi, avoir
accès à ces renseignements.
M. Bourbeau: Je pense que Mme la Présidente avait
employé à quelques reprises l'expression "équité et
causalité" en ce qui concerne le système. Si on est pour
maintenir un système d'équité et de causalité, il
faudrait peut-être que cela s'applique non seulement aux assureurs
publics, mais aux assureurs privés de façon à permettre
que cette équité soit ressentie dans tout le système des
assurances et non pas...
M. Clair: Ce que je veux dire, c'est que je trouve que des
données qui ont été colligées pour une fin doivent
servir seulement à cette fin, sauf si l'Assemblée nationale ou le
gouvernement en décide autrement; alors, cela devient public. Nous en
colligeons tellement, de données sur la vie des gens, nos fichiers sont
énormes et on pourrait en faire toutes sortes de choses, mais il
faudrait que l'usage qu'on en fait soit entériné par les
élus du peuple.
C'est évident que toute la question de confidentialité des
données, que ce soit au ministère du Revenu, que ce soit à
la Régie de l'assurance-maladie du Québec, que ce soit au
ministère des Affaires sociales, à la Régie de l'assurance
automobile du Québec, il y a toujours plein de gens qui auraient plein
d'idées pour utiliser ces renseignements pour toutes sortes de fins. Je
pense qu'il faut être très prudent sur ces questions. La
régie ne doit pas pour l'instant faire autre chose qu'utiliser les
renseignements dont elle dispose aux fins prévues dans la loi, sans quoi
on pourrait ouvrir la porte à toutes sortes d'abus.
M. Bourbeau: L'intérêt public quand même exige
aussi que...
M. Clair: Oui, je comprends, il y aura une loi inscrite au nom de
mon collègue, le ministre des Communications, en ce qui concerne
l'accès à l'information et à la protection des
renseignements confidentiels -je ne sais pas si c'est comme cela que s'appelle
cette loi - et qui traitera de l'ensemble de cette question. Par
expérience, on ne peut pas avoir une attitude autre qu'une attitude de
prudence et restrictive quant à l'accessibilité de renseignements
privés qui sont tenus dans des registres par des organismes
gouvernementaux ou paragouvernementaux pour des fins spécifiques et de
ne pas élargir l'utilisation de cela à qui mieux mieux.
Appel d'offres
M. Bourbeau: Une des dernières questions que j'aimerais
aborder, c'est une question d'appel d'offres. Récemment, la régie
faisait passer dans les journaux un appel d'offres relatif au regroupement de
la gestion du Code de la route. On demandait à des entrepreneurs de
soumissionner à des contrats pour des travaux
d'électricité, de ventilation et de plomberie. Il y avait le
montant de garantie de la soumission; je présume qu'on demandait aux
soumissionnaires de déposer un montant de garantie, c'est une proportion
de la soumission qui est équivalente à quoi, 5%, je
présume, ou 10%? (11 h 45)
M. Clair: Je ne pourrais pas vous dire, mais c'est selon la
procédure normale.
M. Bourbeau: La question que je voudrais poser est la suivante:
Dans ces appels d'offres, on disait aux entrepreneurs qui étaient
intéressés: Les plans et devis
pourront être obtenus au bureau de... - je ne nommerai pas
l'entreprise - gérant de construction. La régie a retenu les
architectes, les ingénieurs-conseils et un gérant de
construction, qui est un constructeur de la région de Québec
effectivement dans le cas qui nous intéresse ici. Les autres
entrepreneurs qui veulent soumissionner en fait doivent s'adresser à cet
autre entrepreneur qui est devenu le gérant, pour obtenir la
documentation et pour déposer leurs soumissions. Est-ce que le
gouvernement procède habituellement de cette façon pour
l'exécution de ces contrats? Où quelqu'un doit-il s'adresser? De
quelle façon doit-il procéder pour avoir accès à
cette filière privilégiée qui est la gérance des
projets?
M. Clair: Vous devriez poser la question au ministre des Travaux
publics qui, je pense, serait bien plus habilité que moi à
répondre à cette question.
M. Bourbeau: C'est un appel d'offres qui est fait par la
régie, moi, je pose la question à la régie.
M. Clair: Oui, mais, en ce qui concerne la régie, il y a
déjà eu un appel d'offres pour la partie antérieure du
projet, les architectes et le gérant de la construction, c'est notre
objectif que de faire cette partie du travail nous-mêmes. Une très
grande vétusté affectait beaucoup des locaux dont nous avons
hérité du ministère des Travaux publics, et je
considérais qu'il était extrêmement important de montrer le
plus rapidement possible aux employés que leurs conditions de travail
allaient être décentes puisqu'on allait aussi leur demander de
travailler très fort. En conséquence, il y a eu un certain nombre
de projets qu'on a dû confier à l'extérieur, plus qu'on ne
voudrait le faire normalement.
Donc, dans ce cas précis, nous avons d'abord
procédé par appels d'offres pour trouver les architectes et un
gérant de construction et, après cela, ce travail-là
étant fait, nous sommes allés en appel d'offres public pour avoir
les personnes pour réaliser la tâche.
M. Bourbeau: Vous me dites que vous avez procédé
par appel d'offres pour choisir les architectes et les ingénieurs,
est-ce que c'est un appel d'offres ouvert, par Rosalie ou par...
M. Clair: La régie n'est pas assujettie aux
procédures des Travaux publics et nous n'utilisons pas toujours Rosalie;
nous avons à la régie une procédure interne qui est
absolument dans la même veine que celle des Travaux publics. Nous allons
en appel d'offres sur invitation pour de petits contrats, et en appel d'offres
public pour de gros contrats.
M. Bourbeau: Pour ce qui est des ingénieurs, est-ce que
vous voulez me dire que vous allez en appel d'offres pour trouver des
ingénieurs et des architectes? Comment pouvez-vous aller en appel
d'offres lorsque les tarifs sont les mêmes partout?
M. Clair: Nous le faisons dans le cas des architectes; nous
faisons des demandes d'offres de service, des demandes de projet, oui. Il
s'agit ici de l'édifice Bois-Fontaine, 880, 930, où, en
particulier, il y avait des employés jusque dans le quatrième
sous-sol, ce qui était tout à fait indécent, il fallait
donc élargir.
M. Bourbeau: Je ne critique pas du tout votre décision de
faire des travaux, qu'on se comprenne bien, mais je ne comprends pas, vous me
dites que vous allez en appel d'offres pour des ingénieurs.
M. Clair: Pour des architectes.
M. Bourbeau: Là, vous venez de me dire que ce n'est pas un
appel d'offres, vous avez sollicité des offres de services.
M. Clair: Des offres de services d'architectes.
M. Bourbeau: Mais, lorsque vous avez fait le choix de
l'architecte ou de l'ingénieur, c'est un choix qui a été
fait non pas en se basant sur des prix des honoraires qui ont été
soumis par des architectes, des ingénieurs, vous avez fait un choix
entre plusieurs candidats qui avaient tous offert le même tarif, je
présume.
M. Clair: Oui, parce que les tarifs sont, je pense...
M. Bourbeau: Ils sont les mêmes. On ne peut donc pas parler
d'appel d'offres dans le cas du choix des ingénieurs et des architectes;
c'est un choix politique.
M. Clair: Non, ce n'est pas un choix politique, nous sommes un
organisme administratif, si, justement nous demandons des offres de service
à plusieurs, c'est pour pouvoir juger des choses au mérite
à la façon dont les personnes entendent faire cela; pas sur une
question d'honoraires, puisque les honoraires sont fixes, mais nous
évitons dans la mesure du possible de recourir systématiquement
à une entreprise; ce qu'on cherche à faire, c'est de faire
travailler le plus de gens possible au Québec.
M. Bourbeau: Oui, je comprends. Quand j'emploie le mot
"politique", je ne voulais
pas dire nécessairement que c'était de la politique
partisane, je voulais dire que le choix de l'ingénieur et de
l'architecte est fait par la régie...
M. Clair: Je préférerais insister sur le fait que
cela ne l'était pas.
M. Bourbeau: Pardon?
M. Clair: Je préférerais insister sur le fait que
cela ne l'était pas du tout.
M. Bourbeau: Quel critère retenez-vous pour choisir tel
architecte et tel ingénieur plutôt qu'un autre?
M. Clair: Je ne saurais vous le dire, il faudrait que je demande
aux ressources matérielles. Moi, je ne suis pas impliqué dans ce
processus.
M. Bourbeau: II y a la question des architectes et des
ingénieurs, mais ce n'est pas l'essentiel de mon propos. Sur la question
du gérant de construction, est-ce que vous y allez encore par appel
d'offres, de la même façon que vous faites pour les
ingénieurs et pour les architectes, ou si vous faites vraiment un appel
d'offres en demandant des honoraires, et vous accordez le contrat au plus bas
soumissionnaire?
M. Clair: Je sais que nous n'avons pas un gérant de
construction, qu'il y a un certain nombre de projets que nous assumons
nous-mêmes. Dans le cas où nous demandons à le faire
à l'extérieur, je pourrais vous rappeler là-dessus, je ne
le sais pas.
M. Bourbeau: Si, par exemple, le député de
Drummond, pour ne pas nommer quelqu'un de l'Opposition, a dans son comté
un entrepreneur qui voudrait être gérant de projet dans un contrat
de la régie, est-ce que cet entrepreneur peut s'adresser à la
régie et dire: J'aimerais être gérant de projet lors de vos
prochains travaux. Voulez-vous m'inscrire sur une liste spéciale? Est-ce
que vous avez des listes de gérants de projets, d'architectes ou
d'ingénieurs? Puisez-vous à même cette liste?
M. Clair: Non, je sais que nous avons une liste des architectes.
Dans le cas des ingénieurs et des gérants de projets, je ne
pourrais pas vous dire.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qu'il faut faire pour être sur la
liste des ingénieurs?
M. Clair: Je peux vous rappeler là-dessus.
M. Bourbeau: Vous pourriez? J'aimerais bien. Peut-être que
vous pourriez m'écrire même, ce serait peut-être encore
mieux.
M. Ouellette: Avez-vous des amis à placer?
M. Bourbeau: Non, pas du tout. Je ne suis pas dans le domaine du
génie. Pour les architectes, avez-vous une liste aussi?
M. Clair: La meilleure chose que je puisse faire, c'est de vous
envoyer notre procédure sur la question, ce qui éclairera la
chose.
M. Bourbeau: Pour revenir au gérant de projet, je voudrais
que ce soit bien clair; est-ce que vous demandez des soumissions avant
d'accorder le contrat de gérant de projet au plus bas soumissionnaire -
parce que ce ne sont pas des honoraires professionnels, ce sont des
constructeurs - ou si vous avez encore une liste de gens que vous choisissez,
je ne dirais pas arbitrairement, mais que vous choisissez selon le bon vouloir
de vos procédures?
M. Clair: Je ne sais pas.
M. Bourbeau: Est-ce que le ministre le sait?
M. Clair: La meilleure chose à faire sur cette question,
ce serait que je fasse parvenir, soit par mon entremise ou directement par Mme
Sotiau, les procédures qui sont suivies. Je pense que dans un grand
nombre de cas, la régie s'en remet au fonctionnement de Rosalie. La
Régie de l'assurance automobile du Québec n'a surtout pas pour
mandat - je ne pense pas qu'elle le considère comme faisant partie de
son mandat - de construire ou d'aménager des bureaux, mais comme la
présidente l'a souligné tantôt, dans certains cas, il y
aurait énormément de retard accumulé. Il y avait des
plaintes des personnes qui y travaillaient. Il y avait même un
état de démobilisation dans certains milieux qui était
très néfaste pour le bon fonctionnement de la Régie de
l'assurance automobile du Québec. La régie a des
procédures pour ces questions. Maintenant, je pense que le plus simple
serait qu'on puisse distribuer aux membres de la commission, à la
prochaine occasion, l'ensemble de la procédure qui est suivie.
M. Bourbeau: Nous ne remettons pas du tout en question
l'opportunité de faire des travaux. Je veux que ce soit bien compris.
C'est seulement que nous, comme d'ailleurs les autres députés,
avons des gens qui communiquent avec nous et qui nous demandent comment ils
peuvent faire pour éventuellement être...
M. Clair: Ils sont en droit d'avoir une
réponse.
M. Bourbeau: II y a une dernière question au sujet de cet
appel d'offres, M. le ministre ou Mme la présidente. Dans la soumission,
il y avait un point - électricité, plomberie, ventilation, on
comprend que ce sont des points importants - dans le cas présent,
où on demandait, comme dépôt, la garantie de soumission. Je
ne sais pas si c'est le plein montant du contrat, garantie de soumission. J'ai
l'impression que c'est plutôt un dépôt, parce que le
soumissionnaire, en faisant sa soumission, devait déposer ce montant. En
général, c'est un pourcentage assez minime du contrat. À
l'égard de l'électricité, c'était 10 000 $;
à l'égard de la ventilation et de la plomberie, 10 000 $. Il y a
un autre élément qui dit: fourniture et installation de plantes
jardinières, 4000 $. Est-ce que, par hasard, vous avez chez vous des
gens qui sont des grands amateurs de forêts vierges ou je ne sais quoi?
Il me semble que si le dépôt de soumission est de 4000 $, montant
de la garantie pour les plantes jardinières, il n'y a pas d'autre chose,
à moins que ce soit incomplet, il me semble que vous serez
littéralement entouré de plantes jardinières, si c'est 10%
du contrat. Est-ce qu'il n'y a pas là un danger que les gens qui
travaillent chez vous ne puissent pas se voir d'un bout à l'autre du
bureau? Est-ce que vous faites un si grand usage de plantes jardinières
qu'il y en a pour 4000 $, même dans le dépôt de la
soumission?
M. Clair: Nous devons être aussi parcimonieux sur les
plantes que sur le reste de l'usage qu'on fait des fonds publics. On ne doit
pas en avoir tant que cela.
M. Bourbeau: Est-ce une erreur? Peut-être que vous pourriez
jeter un coup d'oeil sur l'avis? C'est assez étrange de voir que la
plomberie, la ventilation coûte 10 000 $, et les plantes
jardinières, 4000 $. Il me semble que la proportion est assez
importante. J'aurais plutôt pensé 40 $.
M. Clair: Je vais répondre à cela aussi en
même temps. Je vais envoyer le tout.
M. Bourbeau: Je suis convaincu qu'il y a certainement autre chose
que des plantes jardinières même si ce n'est marqué que...
Ça va? Est-ce que vous me le remettez ou...
M. Clair: II doit sûrement y en avoir des copies à
la régie.
M. Bourbeau: Je m'en doute bien.
M. Middlemiss: J'aurais une question. Est-ce que la
procédure à la régie est la même que la politique
administrative du
Conseil du trésor dans le domaine des contrats?
M. Clair: Comme je le disais tout à l'heure, nous ne
sommes pas assujettis aux règles des travaux publics, mais toutes nos
procédures sont dans la même veine.
M. Middlemiss: Aussi pour la location de locaux et ainsi de
suite, tout ça, vous procédez de la même façon?
M. Clair: Oui, on procède pas mal de la même
façon.
M. Middlemiss: Merci.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que le programme 2 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Gratton): Le programme 2 est
adopté.
M. Middlemiss: Le programme 2, est-ce que c'est la partie qui
concerne les autoroutes à péage?
M. Clair: Non.
M. Middlemiss: Non, c'est quel programme, ça?
M. Clair: As-tu un livre des crédits?
Le Président (M. Gratton): Où se trouve l'Office
des autoroutes.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, comme ça, Mme
la présidente, on aura l'occasion d'entendre parler d'elle. Vous allez
nous faire parvenir les documents dont on parlait tout à l'heure.
M. Clair: Les crédits pour l'Office des autoroutes...
Le Président (M. Gratton): On va trouver ça au
programme 5. Vous pourrez peut-être en parler au programme 5, gestion
interne et soutien.
M. Clair: On peut en parler tout de suite, comme bon vous
semblera.
M. Bourbeau: On peut attendre.
M. Clair: Juste pour terminer avec la Régie de l'assurance
automobile. Alors, on s'entend que la régie fera parvenir, soit moi,
soit la régie, aux membres de la commission ces procédures
là-dessus. Est-ce que le programme 2 est adopté, M. le
Président?
Construction et conservation du réseau
routier
Le Président (M. Gratton): Le programme 2 est
adopté. Le programme 3, construction du réseau routier.
M. Clair: Est-ce que vous voulez parler des autoroutes avant
ou...
M. Middlemiss: Je vais présenter une chose, ensuite on
pourra parler des autoroutes.
M. Clair: Pour le programme de construction routière, mon
collègue et adjoint parlementaire, le député de
Beauce-Nord, va en prendre une large partie.
M. Bourbeau: Le député de Pontiac,
également, a l'intention de s'en occuper.
M. Middlemiss: II y a énormément de
députés de différentes régions qui veulent venir
aussi parler des autoroutes. Donc, on peut peut-être commencer de
façon générale et ils vont se joindre à nous pour
discuter chacun de sa région.
M. Clair: Chacun son bout d'autoroute. M. Middlemiss:
C'est ça.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. D'abord, une mise
en garde au sujet de mes remarques sur les programmes 3 et 4 du
ministère des Transports. Certaines notes d'aujourd'hui ressembleront en
tout point aux propos tenus par mes collègues lors de l'étude des
crédits en juin dernier, surtout à l'égard de la tendance
du présent gouvernement à considérer le réseau
routier du Québec comme le cadet de ses soucis. En second lieu, nous
disons au gouvernement qu'il est dommage d'avoir adopté une telle
attitude à l'égard du travail accompli au cours des vingt
dernières années qui, en plus d'avoir fourni du travail à
des milliers de personnes dans les secteurs reliés à la
construction d'autoroutes, directement ou indirectement, aura permis de doter
le Québec d'un réseau routier moderne dont la politique
correspondait au nombre croissant d'usagers et était compatible avec les
objectifs de développement social et économique du temps. En
troisième lieu, M. le Président, vous êtes-vous
arrêté un instant sur le prix que devraient assumer les
Québécois aujourd'hui, si un tel effort accordé au
développement autoroutier du Québec de même que la
modernisation des liaisons interrégionales n'avaient pas fait l'objet de
priorité à l'époque?
Le secteur témoin de l'éducation constitue un exemple
où, à cause du retard noté par rapport aux autres
provinces, on a dû parfois improviser une mise en application des
structures d'apprentissage des secteurs secondaire et collégial
desquels, malgré tout, est issue une génération
d'étudiants compétents mais éprouvant certaines
difficultés à modeler leur connaissance à un marché
du travail en profonde mutation.
C'est ainsi qu'au cours des années 1960 nombre d'activités
connexes à l'édification d'un réseau routier moderne
auront suscité l'implantation de nombreux parcs industriels où
des francophones se sont taillés une place de choix dans le monde des
affaires. Par surcroît, face à cette véritable explosion
des petites et moyennes entreprises au Québec, le présent
ministre de l'Industrie et du Commerce reconnaît que cette province est
toujours le paradis des PME. (12 heures)
Voilà un constat dont le crédit ne revient en aucune
façon au présent gouvernement mais bien aux gouvernements
antérieurs qui ont su créer un climat favorable à
l'investissement, encouragés qu'ils étaient par la
création de programmes visant à stimuler leurs activités,
à diversifier leur marché aussi bien à l'intérieur
qu'à l'extérieur de nos frontières.
Bref, les gouvernements libéraux ont été
sensibilisés aux impératifs de la situation
socio-économique des Québécois parce qu'ils ont su que le
secteur public ne pouvait suppléer au dynamisme et aux effets
multiplicateurs du secteur privé. Un de ces impératifs avait
justement trait au défi de doter le Québec d'un réseau
routier moderne.
Aujourd'hui, non seulement le présent gouvernement n'est pas en
mesure de prolonger cette action, mais le piètre état de ses
finances lui permet à peine d'entretenir les réseaux existants.
Placé comme il l'est, le secteur public ne peut suppléer, ne
serait-ce que temporairement, aux ralentissements des activités du
secteur privé. Voilà le mythe de la social-démocratie.
Rappelez-vous, M. le Président, les propos du ministre des
Transports en juin dernier, alors que l'Opposition lui soulignait
l'insuffisance des fonds affectés à la conservation des
réseaux routiers, une augmentation de l'ordre de 7,6%, un niveau
inférieur à l'indice du coût de la vie. Je cite la
réponse du ministre dans le journal des Débats: "Je pense que ce
qu'on entend faire au ministère des Transports avec l'argent disponible,
c'est de faire le mieux qu'on peut avec les moyens disponibles." L'inconscience
de ce gouvernement pousse l'audace jusqu'à ignorer en plus de l'impact
économique de cette politique d'avant 1976, l'impact social.
C'est ainsi qu'à la lumière des statistiques
gouvernementales nous sommes
fiers de réaffirmer que n'eût été de l'action
libérale à établir un réseau routier moderne, les
coûts économiques et sociaux seraient énormes aujourd'hui.
Jugez-en vous-mêmes! En 1976, l'ensemble des autoroutes accueillait 75%
de la circulation et occasionnait 3,3% des accidents, englobant les accidents
mortels avec blessures corporelles de même que les accidents avec
dommages matériels seulement. Pour leur part, les voies secondaires et
routes à deux voies occasionnaient 80% du même type
d'accidents.
Conscient de ces facteurs de développement industriel et social,
le gouvernement libéral aborda dès le début des
années 1970 en gardant l'esprit qui se développait alors en
matière de transport. Surgit alors la philosophie de l'architecture et
de l'ingénierie où la thèse d'humanisation du
développement urbain côtoyait les préoccupations propres
à l'écologie, lesquelles mettaient l'accent sur la conservation
et le recyclage de nos richesses naturelles. Les Québécois
placés devant une nouvelle réalité, celle de
l'épuisement de nos richesses et la pénurie éventuelle de
sources d'énergie ont dû entreprendre une réflexion plus
globale après des années de travail reliées à la
construction et consolidation de leur infrastructure, qui trouve son origine
après la seconde guerre mondiale.
Le bilan libéral est, au chapitre de la construction
d'autoroutes, routes régionales et locales, fort respectable. De
près de 243 000 000 $ qu'il était en 1970-1971 le budget parvint
à près de 585 000 000 $ en 1975-1976. Durant ces années
l'augmentation des budgets suivait la hausse du coût de la vie,
contrairement aux années du régime péquiste.
Après 1976, le gouvernement du Parti québécois
effectue une rupture avec le passé. On met alors l'accent sur d'une
part, ce qu'on dit être la concertation et d'autre part, la
priorité aux routes interrégionales et régionales en
portant un effort sur la consolidation et la conservation du réseau
existant.
Deux remarques s'imposent ici en rapport avec la concertation. J'ai
maintes fois entendu le présent gouvernement dénigrer le
précédent pour ce qui est du dossier des expropriations. Je vous
rappellerai simplement que c'est le Parti libéral qui, par l'adoption de
la Loi no 88 aura permis cette concertation entre les autorités du
ministère des Transports et les expropriés qui se voyaient
dès lors accorder un droit d'appel de 18 à 20 mois pour
défendre leur cause. Je suis d'ailleurs impatient à l'idée
de voir concrètement ce que sera cette concertation à la suite de
l'implantation des MRC, palier décisionnel, en matière
d'aménagement du territoire, duquel des retards d'exécution de
travaux devant se faire de toute façon sont à prévoir.
Finalement, qui supportera le coût de ce gouvernement régional
dont le mandat sera si ambigu que l'on ne saura qui, du gouvernement provincial
ou des MRC, gouvernera en cette province?
Au second regard cependant, M. le Président, ce présent
gouvernement n'en est pas à une ambiguïté près.
Pensons simplement au choix déchirant entre la souveraineté et
l'association née en 1968 à tendance...
M. Clair: Le député de Laporte nous a dit hier
qu'il ne faisait pas de choix.
M. Middlemiss: ...indépendantiste auquel on a pris soin de
construire un viaduc, aboli par la suite au dernier congrès, à
moins qu'il ne se reconstruise graduellement. Je ferme cette courte
parenthèse pour revenir au sujet plus concret du réseau routier,
pour souligner que la politique mise de l'avant dès la prise du pouvoir
du Parti québécois ne nous satisfait guère, tant sur le
plan des principes que sur celui de son application.
En premier lieu, le présent gouvernement a dit aux
Québécois qu'un frein serait appliqué en ce qui a trait
à la construction d'autoroutes chromées. Fort bien! et les
résultats traduisent fidèlement cette intention. Alors qu'un
budget de 211 000 000 $ était consacré en 1976-1977 à la
construction d'autoroutes, la baisse continuelle atteint 154 000 000 $ en
1982-1983. Ajoutée à l'indice du coût de la vie, cette
saignée budgétaire importante a ou bien retardé les
travaux en cours à l'époque ou bien annulé d'autres
projets.
Si on me permet d'être égoïste un instant, j'en
prendrai comme seule preuve l'autoroute 50, pour laquelle j'ai un
intérêt particulier, dont l'échéancier entre Hull et
Masson prévoit la fin des travaux en 1985. Vous vous souviendrez que
l'actuel ministre des Transports précisait pourtant que les travaux
seraient terminés en 1982; et cela vient du journal des Débats,
page B-632. Par ailleurs, dans le quotidien Le Droit du 17 février 1981,
on envisageait 1983. Alors, où est la vérité? Est-ce que,
sous prétexte que le présent gouvernement a décidé
de geler la construction d'autoroutes, l'on remet en question ce tronçon
entre Hull et Masson, essentiel pour l'économie de notre région
incluant l'aéroport de Gatineau? Pourquoi un échéancier si
long? La population de l'Outaouais n'a pas à souffrir des incuries
administratives et financières du gouvernement.
Pour continuer ce bilan, M. le Président, le présent
ministre des Transports précisait, à une question que je lui
posais le 11 mars dernier au sujet des nouvelles orientations en matière
de construction du réseau routier, ce qui suit: "La priorité dans
l'ensemble du budget de construction routière
du ministère des Transports ira aux routes régionales."
Qu'en est-il au chapitre des réalisations? Hormis les taux d'inflation
entre les années financières 1976-1977 et 1982-1983, les budgets
alloués à la construction des routes régionales
atteignent, en 1976-1977, 78 800 000 $; en 1977-1978, 76 100 000 $; en
1978-1979, 58 700 000 $; en 1979-1980, 63 300 000 $, seule année
où on note une augmentation; en 1980-1981, 59 100 000 $; en 1981-1982,
51 100 000 $, et, en 1982-1983, 49 300 000 $ sont prévus au budget.
Prise dans son ensemble, cependant, il est clair que la diminution des
crédits alloués à la construction du réseau
routier, variant entre 1% et 5% entre 1976-1977 et 1982-1983, portera atteinte
à la mission que se sont donnée les gouvernements
antérieurs de se doter d'un réseau routier moderne.
Voilà, M. le Président, un bref aperçu du sens des
priorités de ce gouvernement. En fait, il s'agit que les
Québécois apprennent de ce gouvernement qu'il entend
privilégier une priorité pour qu'elle ne se réalise
pas.
Depuis quelques semaines, le ministre des Transports se promène
à travers le Québec pour annoncer que l'ère de la
construction des autoroutes est terminée. Or, la seule augmentation des
crédits depuis cinq ans à ce chapitre survient en 1982-1983,
où l'on prévoit dépenser 154 200 000 $ comparativement
à 140 500 000 $ année précédente.
En ce qui a trait à la conservation du réseau routier, le
bilan est loin d'être impressionnant là aussi. Bien sûr, le
présent gouvernement peut bien se vanter de vouloir consacrer une somme
de 411 300 000 $ en 1982-1983, soit une hausse de 11,9% par rapport à
l'année précédente, mais nous devons souligner qu'une
rupture s'est produite dès 1977-1978, alors qu'on consacrait à ce
chapitre 267 200 000 $ comparativement à 466 100 000 $ en 1976-1977,
soit une diminution de 42,6% à cette époque. Les hausses
subséquentes de 6%, 15%, 4% et 7%, entre 1978 et 1981, n'ont fait que
refléter un retard accompli sous le régime péquiste.
Que peut-on ajouter de plus, M. le Président, devant un
gouvernement dont le choix en matière de politique de réseau
routier a fait et, à toutes fins utiles, a accompli dégradation
du réseau d'autoroutes, arrêt de plusieurs projets essentiels pour
le développement socio-économique du Québec, marge de
manoeuvre étroite en raison d'une crise financière sans
précédent au Québec? Comme lui, le Parti libéral du
Québec est conscient des tendances notées au cours de
dernières années, expliquées en bonne partie par la crise
de l'énergie survenue en 1973-1974 et 1978-1979.
Les automobilistes, principaux agents bénéficiaires de ce
réseau routier moderne, ont sensiblement modifié leurs habitudes
en matière de transport. Les secteurs industriel et commercial,
cependant, n'ont pas suivi cette tendance à la baisse du transport car,
géographiquement parlant, les régions
semi-éloignées et éloignées ne se sont par
rapprochées des centres d'approvisionnement. De plus, si le nombre de
voyages effectués par les autres automobilistes diminue, ceux des
passagers utilisant les services de transport interprovinciaux ou
interrégionaux augmentent sensiblement.
Enfin, la poursuite des travaux importants relevant du réseau
routier est, en 1982, d'autant plus essentielle que ce même gouvernement
ne cesse de dire aux Québécois que les prochaines années
doivent être consacrées au développement économique
de chacune des régions de notre province. Tel semble être le sens
du document Bâtir le Québec, tome II, devant être rendu
public prochainement, dit-on.
De ce côté-ci, nous disons qu'un tel objectif correspond
à une volonté de relever maints défis pour les
années à venir, sans nous convaincre de son intérêt
au chapitre de la construction et de la conservation du réseau routier.
De la même façon, le gouvernement ne peut espérer, dans les
années à venir, un changement radical quant au choix des
Québécois de se rapprocher des centres urbains. Devant une telle
décision, le facteur coût de transport entre le lieu de
résidence et celui du travail s'ajoute à d'autres
considérations d'ordre environnemental ou de fiscalité
municipale.
À tout considérer, un retour en masse de la population
vers les lieux de travail n'est pas à souhaiter, si l'on compare aux
problèmes vécus dans les villes surpeuplées: tension,
pollution, dégradation de l'environnement, etc. Aussi, je me contenterai
de demander, au nom de l'Opposition, dans la construction d'autoroutes de
consolider les acquis et de parachever des projets réalisés par
les Québécois au cours des dernières années. De
cette façon, il parviendrait à relancer le Québec sur le
chemin du progrès et à infléchir les décisions des
agents économiques dès le moment où il consentira, en
premier lieu, à parachever les travaux déjà entrepris,
même si la plupart d'entre eux datent de l'époque libérale;
deuxièmement, à allouer les crédits nécessaires
à l'entretien du réseau routier existant et,
troisièmement, à modifier ses choix budgétaires en
matière de transport, lesquels diminuent sans cesse en termes de dollars
et remettent en question la qualité du réseau routier
québécois.
J'estime que ces derniers méritent un meilleur respect de leur
gouvernement. À toutes fins utiles, le présent gouvernement est
confronté à une dure réalité en matière de
transport. La relance s'effectuera au moment où il comprendra que
l'action libérale doit être prolongée, de la même
façon que le gouvernement péquiste s'y est conformé
dans le dossier énergétique. (12 h 15)
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. Je ne
relèverai pas tous les points qui ont été soulignés
par le député de Pontiac parce qu'il y aurait danger de
révolte à cette table. J'aimerais simplement rappeler que le
député de Pontiac, à toutes fins utiles, dans son
intervention, a fait l'éloge des gouvernements précédents,
même s'il parlait au singulier et faisait sans doute état des
travaux qui ont été exécutés sous le gouvernement
Bourassa. Je pense que, honnêtement, il faut remonter au début des
années 1960 si on parle de mise en place d'un réseau routier et
surtout autoroutier moderne au Québec puisque les débuts de ces
travaux sont reliés à la construction de l'autoroute 20. Il fait
donc l'éloge des gouvernements précédents et il jette le
blâme sur le gouvernement actuel sous prétexte que celui-ci ne
continue pas, selon ses dires, au rythme qui avait été
donné sous les deux gouvernements précédents ou le
gouvernement Bourassa, en particulier. Je pense qu'il oublie un certain nombre
de données essentielles auxquelles nous devons nous
référer quotidiennement. Il faut dire que le gouvernement
Bourassa nageait dans l'argent. C'était la belle époque!
C'était l'époque où le gouvernement profitait même
de l'inflation.
Une voix: Le gaspillage...
M. Ouellette: J'y viens au gaspillage justement. Sans vouloir
lancer nécessairement la pierre à tous ceux qui nous ont
précédés, j'en viens quand même à me poser
des questions sur l'usage qu'on a fait de l'abondance qui prévalait
à ce moment-là. Est-ce que les sommes qu'on a ainsi
affectées à l'amélioration ou à la modernisation du
réseau routier au Québec l'ont été dans le meilleur
intérêt des Québécois? Est-ce qu'on a pris la peine
de faire des études suffisamment poussées? Est-ce qu'on a
cerné de façon convenable les vrais problèmes et est-ce
qu'on a apporté à ces problèmes les vraies solutions? Je
n'entrerai pas dans le détail, mais je rappellerai simplement la
construction de l'autoroute Ville-Marie, à Montréal, qui a
coûté une véritable fortune et dont nous avons
hérité, hélas! Je pourrais apporter d'autres exemples
où on a appliqué des solutions fort dispendieuses à des
problèmes qui méritaient peut-être des investissements un
peu moindres. Autrement dit, on a gavé certaines régions au
détriment de plusieurs autres et on nous remet un héritage qui
nous place dans une situation assez pénible. À cela s'ajoute,
bien sûr, la situation budgétaire qu'on connaît. Est-ce que
le Parti libéral, qui fait l'éloge de son
prédécesseur, qui était lui-même libéral,
tient compte du fait que la situation économique qu'on connaît
joue un rôle important dans les décisions qu'on a à prendre
pour les années à venir? Est-ce qu'il identifie les causes
réelles de ces difficultés financières qu'on
connaît? Je pense que s'il faisait l'analyse profonde de tous ces
éléments, il changerait carrément sa façon de voir
les choses.
Je laisserai tout à l'heure au ministre des Transports le soin de
corriger les chiffres auxquels faisait allusion le député de
Pontiac en toute bonne foi, puisqu'il les a pris dans le livre des
crédits, mais j'aimerais le rassurer en lui disant qu'il y a eu des
modifications et que ces modifications rendent la plupart de ses affirmations
erronées, même si elles ont été faites de bonne foi,
je n'en doute pas.
Il prétend que le gouvernement actuel considère le
réseau routier comme étant le cadet de ses soucis et qu'il va
même jusqu'à négliger l'impact économique et
l'impact social. Tout cela relié à ce que je viens de dire,
j'aimerais le rassurer en lui disant que, quand on regarde le tableau de
l'évolution du réseau routier, de l'état actuel du
réseau routier au Québec, on s'aperçoit que, par exemple,
la moitié des investissements autoroutiers au Québec se
retrouvent dans la seule région de Montréal. J'ai même vu
des collègues qui se plaignent d'avoir trois et même quatre
autoroutes dans leur comté alors qu'ils sont d'accord pour admettre que
deux auraient pu suffire et que les deux autres auraient pu être
investies ailleurs. J'entends aussi plusieurs de mes collègues se
plaindre de l'état lamentable du réseau routier régional
de même que de celui qu'on retrouve en milieu rural dans les
régions qu'on qualifie d'arrière-pays. Ils déplorent
également que les gouvernements précédents n'aient pas
consacré une partie des fonds qui sont allés, dans bien des cas,
en gaspillage pur et simple, dans ces régions rurales où des
citoyens qui paient aussi des taxes auraient droit à un minimum de
confort routier.
Nos intentions de ce côté sont clairement exprimées.
Vous le verrez encore mieux lorsque le ministre aura corrigé les
chiffres dans les éléments 1, 2, 3 et 4 du programme 3. Vous
verrez clairement que nos intentions sont d'aller vers l'économie, vers
la rationalisation des dépenses et, pour ce faire, évidemment, il
faut passer dans un premier temps par les modifications aux normes qui sont
généralement employées depuis plusieurs années.
Je vous ferai remarquer, par exemple, que nous ne construisons plus de
rangs dans des emprises de 80 pieds de largeur comme cela s'est fait jusqu'en
1977-1978. Lorsque
nous avons adopté le métrique, nous en avons
profité pour réduire ces emprises à 20 mètres, ce
qui donne 65 1/2 pieds. Il y a là une économie réelle
mais, même là, lorsqu'on regarde ce qui se passe dans nos
comtés, on s'aperçoit qu'avec les budgets qu'on peut
espérer pour les années à venir, si on garde les normes
aussi grandes, il faudra des années et des années avant qu'on
puisse fournir un minimum de confort routier aux gens qui habitent en dehors
des grandes régions. Je prends des exemples par coeur, mes chiffres ne
sont pas tirés de la bible, évidemment, mais dans le comté
de Beauce-Nord, si ma mémoire est bonne, nous avons encore 450 milles,
non pas des kilomètres, mais des milles de chemin de terre, et je dis
bien de terre parce que le gravier est à peu près absent. Si je
prends Beauce-Sud toujours de mémoire, environ 600 milles; Bellechasse,
900 milles; Lotbinière, 1200 milles.
Si on maintenait les normes qui ont été
généralement employées dans le passé, soit environ
200 000 $ le mille - et je ne pense pas exagérer, avec l'inflation c'est
pire que cela - ceci signifierait qu'avec des budgets annuels de l'ordre de 2
000 000 $ par circonscription électorale, ce qui est rêver en
couleur un peu, dans mon comté il faudrait 45 ans avant qu'on retouche
certaines parties du réseau routier rural. Dans Beauce-Sud, ce serait
une question de 60 ans, dans Bellechasse, 90 ans et dans Lotbinière, 120
ans. Est-ce que les gens qui sont souvent des producteurs agricoles qui ont
besoin d'un réseau routier vont attendre 120 ans sans se plaindre? Ou
est-ce que le gouvernement ne doit pas changer ses stratégies aux fins
de rendre la plus efficace possible l'utilisation des quelques millions de
dollars qu'on peut offrir à ce chapitre?
C'est pourquoi dans le préambule que je donnais hier soir je
parlais d'un futur programme, un programme qui sera sans doute en application
en 1983, du moins je l'espère, qui visera à réduire
davantage les normes pour faire un certain rattrapage dans l'ensemble du
réseau routier de l'arrière-pays. À ce moment-là,
je pense qu'on ne peut plus parler de négligence au niveau de l'impact
social parce que fournir un réseau routier qui permet au transport
scolaire de s'effectuer à longueur d'année, permettre aux
cultivateurs de livrer leur production agricole quotidiennement, etc., sont
pour moi des préoccupations hautement sociales qui ont été
oubliées sous les anciens gouvernements au profit d'un réseau
routier souvent chromé qu'on a dénoncé et qu'on
regrette.
Alors, on ne peut pas, je pense, occuper le pouvoir, exprimer des
regrets sans avoir en contrepartie à offrir des changements, et ces
changements-là commencent déjà à être
perceptibles dans le budget de cette année. C'est bien sûr que
nous aimerions tous avoir 1 000 000 000 $ de plus à investir dans le
réseau routier, les besoins sont là, on ne le nie pas, mais on a
les contraintes budgétaires dont je parlais, et on essaie dans le
présent budget de démontrer notre volonté d'appliquer les
quelques millions de dollars à chacun des chapitres, le mieux possible.
Je vous remercie, M. le Président.
M. Clair: M. le Président, je voudrais ajouter que je suis
en total désaccord avec ce que le député de Pontiac a
défendu comme position. Il nous a tenu un discours des années
soixante. Je sais tout le respect que le député de Charlevoix,
notamment, a de la part de ses collègues libéraux, mais ce
n'était pas nécessaire, à mon avis, pour la
crédibilité du député de Charlevoix de
répéter les discours des années soixante. Il vient mettre
en cause, par exemple, les schémas d'aménagement, la nouvelle
constitution de municipalités régionales de comté. S'il y
en avait eu des schémas d'aménagement régionaux, si la
planification des routes et autoroutes avait été faite au
Québec dans le cadre d'un schéma d'aménagement comme on va
pouvoir le faire avec les municipalités régionales de
comté, nous ne connaîtrions pas aujourd'hui les culs-de-sac que
nous connaissons dans un bon nombre de dossiers d'autoroutes.
S'il y avait eu des schémas d'aménagement, est-ce que
l'autoroute no 6 entre Farnham et Iberville aurait fait l'objet d'un
dépôt de plan en 1975? Est-ce que le gouvernement du Parti
libéral à l'époque se serait permis avant l'adoption de la
Loi sur l'expropriation qui, c'est vrai, a amélioré la situation,
un dépôt massif de plans? Je ne peux pas faire de procès au
gouvernement de l'époque. Discuter de l'histoire, c'est discuter de
l'histoire.
M. Middlemiss: Après les faits.
M. Clair: Aujourd'hui même, encore, dans mon budget, on
traîne un "backlog", comme on l'appelle, des expropriations qui ont
été faites à la suite du dépôt massif de
plans. Aujourd'hui encore, dans l'ensemble des régions du Québec,
le ministre des Transports est obligé de donner des explications sur le
fait que le gouvernement ne soit pas plus avancé dans tel ou tel projet
de construction d'autoroute, alors qu'on a déposé massivement les
plans. Il y a un virage qui s'est fait dans l'opinion publique. J'ai eu
l'occasion - si le député de Nicolet était ici, il
pourrait le confirmer -de rencontrer 41 des 42 maires du comté de
Nicolet. Eux-mêmes disaient avoir rencontré à une certaine
époque le ministre des Transports, le député de
Charlevoix, à Trois-Rivières, pour lui dire: L'autoroute 55-51,
demain matin, entre la frontière américaine et Shawinigan. Ils
disent: Aujourd'hui, on se
rend compte de l'erreur qu'on a commise. Le député de
Charlevoix, ministre des Transports, a été soumis à des
pressions énormes que le gouvernement de l'époque a
lui-même entretenues, mais ces pressions étaient réelles,
parce que le milieu québécois envisageait l'avenir. On pensait
que, parce qu'on construisait une autoroute, on allait amener le
développement. Venez voir dans ma ville, à Drummondville, qui est
une des villes les mieux desservies par les autoroutes, si la présence
des autoroutes a eu quelque chose à faire avec le développement
de Drummondville. Cela n'a pas nui, mais ce n'est pas cela qui a amené
le développement. Allez voir à Sorel, où la
présence de l'autoroute 30 n'a simplement que contribué à
vider les commerces au profit de la grande région de Montréal, et
aujourd'hui on s'en plaint.
Je pense que l'orientation qu'on doit prendre, c'est d'aller au maximum
sans faire de procès où on pourrait remonter à vingt ans.
On pourrait remettre en cause, par exemple, les décisions qui ont
été prises au début des années soixante. Je vois le
député de Bonaventure qui est là. Il est sûrement
l'un de ceux qui ont participé à cette prise de décision,
qui a fait que l'Office des autoroutes a vu son mandat réduit,
réduit, indéfiniment, alors que d'autres pays, comme la France,
comme l'Italie, comme les États-Unis, ont construit leurs autoroutes en
marge du budget de l'État pour ne pas, justement, hypothéquer
indûment la capacité financière de payer de l'État,
pour conserver suffisamment d'argent pour entretenir, améliorer le
réseau de base.
Je le dis publiquement, je le répète, j'ai eu l'occasion
de le dire: La priorité n'ira pas, au cours des prochaines
années, tant que le député de Drummond va assumer la
responsabilité du ministère des Transports, à une
accélération des travaux de construction autoroutière. Je
ne nie pas qu'il y ait des contraintes, qu'il va falloir effectivement terminer
des travaux autoroutiers, mais l'accent, ce n'est pas là qu'on va le
mettre. L'accent sera mis sur des routes comme la 117 pour aller en Abitibi,
sur la 155 pour relier le Saguenay-Lac-Saint-Jean à la Mauricie, sur la
116 dans les Bois-Francs, sur la 132, la 138. C'est sur des routes comme
celles-là qu'on va mettre la priorité. Autant que faire se peut,
on va dégager de l'argent pour ces gens. Je suis allé rencontrer
le conseil municipal de Saint-Fortunat, dans le comté de Richmond. Avec
un peu d'argent, il pourrait simplement s'assurer qu'au printemps les autobus
scolaires pourront continuer à desservir les écoliers et que les
camions à lait, les camions à moulée pourront circuler.
Même si vous disiez à tout le Québec que c'est à
cause des cinq ans de régime péquiste, il n'y a pas un chat qui
va vous croire, il n'y a personne qui va vous croire.
Le retard accumulé là-dessus l'a été pendant
vingt ans. Il a été la responsabilité de plusieurs
gouvernements successifs. C'est maintenant qu'il faut prendre le virage.
Le député en a probablement dans son propre comté,
des gens comme le maire de Saint-Antoine-de-la-Baie-du-Febvre, que j'ai
rencontré justement lors de la réunion avec les maires et qui me
faisait la remarque suivante: La politique, je ne m'intéresse pas
à cela, je m'intéresse à ma paroisse. Je constate juste
une chose - là-dessus, cela rejoint un peu les préoccupations du
député de Laporte - c'est qu'il y a des régions qui sont
desservies par deux ou trois autoroutes. Je constate que je contribue à
défrayer le coût du transport en commun à Montréal,
à Québec, à Sherbrooke, à Trois-Rivières et
dans d'autres villes. Je voudrais juste vous dire bien humblement, M. le
ministre - parce que je lui exposais sensiblement les priorités que je
viens d'exposer - que je suis d'accord sur cela, parce que j'achève mon
mandat de maire. Je suis content, parce que Saint-Antoine-de-la-Baie-du-Febvre
a été érigé en paroisse sous le régime
français quelque part aux alentours de 1640 on va bientôt
célébrer notre 350e anniversaire. Avec le petit budget du
député pour l'amélioration de nos chemins, on a pu
asphalter notre premier kilomètre de route après 350 ans
d'existence. (12 h 30)
Moi, ça m'a frappé parce que je me suis dit: C'est vrai,
il y a un certain déséquilibre. Je ne veux pas faire de
procès. On a pris des décisions entre 1960 et 1980 qu'on a cru
juste de prendre. C'est vrai qu'il y avait un retard. Je ne nie pas qu'il ne
fallait pas construire l'autoroute 20, qu'il ne fallait pas s'engager dans
l'autoroute 40, dans l'autoroute 10, l'autoroute 15. Je ne nie pas ça.
Ce que j'affirme, c'est que la priorité ne doit pas aller vers
ça. La priorité doit aller vers les routes
numérotées de 100 à 199, vers les routes
régionales, vers la petite voirie, parce que c'est là qu'il y a
le plus de retard accumulé. Quand bien même, encore une fois, on
essayerait de faire croire à qui que ce soit que ce retard a
été accumulé au cours des cinq dernières
années, c'est loufoque comme prise de position. Le discours que tenait
le député, à mon avis, c'est le discours des années
soixante. Il ne se rend pas compte que la réalité a
changé. Cela m'étonne d'autant plus que c'est un
député d'une région éloignée, le
député de Pontiac, qui vient soutenir cette
position-là.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, ce n'est pas mon intention
de revenir sur l'ensemble des propos de mon collègue qui sont les siens,
d'ailleurs, de même que sur la prise de position que vient de nous donner
le ministre
des Transports. On critique, actuellement, l'ensemble du réseau
autoroutier qui a été mis en place dans le Québec. C'est
toujours facile de le critiquer quand il est en place et qu'on n'a pas à
le refaire. Si les gens du Parti québécois que je vois circuler
sur les autoroutes prenaient les routes secondaires plutôt que les
autoroutes, je dirais: Ils sont contre ça, les autoroutes.
M. Clair: M. le Président, question de règlement.
Je ne voudrais pas que le député de Charlevoix interprète
mes propos comme étant un jugement à l'égard de la
construction des autoroutes qui ont été mises en place, à
savoir que j'ai quelque chose contre les autoroutes. Ce que je dis, c'est que
dans la mesure où il y a une marge de manoeuvre pour de la construction
routière, la priorité, par les années qui passent, ne doit
pas aller vers les autoroutes, mais plutôt vers les autres routes.
M. Mailloux: M. le Président, l'affirmation que vient de
faire le ministre, je la partage. Parce que lorsqu'on a des restrictions
budgétaires et qu'il y a un réseau qui est en place, on n'a pas
à le refaire, forcément. Il y a d'autres priorités qui
sont à l'attention du gouvernement. Ce que je voudrais dire c'est ceci,
et ce n'est pas pour ma propre défense parce que la plupart des
fonctionnaires, je pense, qui accompagnent le ministre étaient là
au moment où j'y étais moi-même. J'ai déjà
affirmé personnellement, comme ministre des Transports, que je n'ai eu
à autoriser aucune construction d'autoroutes, même celle de la
Beauce qui a été décidée par mon
prédécesseur. C'est moi qui ai entrepris les travaux. Elle
était autorisée avant que je sois titulaire de ce
ministère.
M. le Président, dans les années 1960 à 1976, oui,
il y a eu un impact formidable dans la province par la construction, les
investissements qui ont été mis en place sur l'ensemble des
routes du Québec, autoroutes comme routes secondaires et autres, routes
tertiaires. Est-ce que les normes de construction dont on s'est servi
dépassaient la capacité de paiement des gens? Je l'ai
déjà dit moi-même. Je pense que je partage l'opinion de
ceux qui prétendent que, quand on a 44 000 milles de routes à
entretenir et à construire, la capacité de payer des citoyens du
Québec mettra du temps à aller au dernier mille. Je pense qu'on
la partage depuis longtemps, cette idée-là. En 1960, quand le
Parti libéral a pris le pouvoir, je pense que l'histoire est quand
même assez connue, si la province de Québec avait
décidé de participer à la construction de la
Transcanadienne en même temps que les autres, à des coûts
moindres, on aurait probablement mis en place l'autoroute 20 dans la presque
totalité de ces quatre années-là, comme l'Ontario l'a fait
en construisant la Golden Belt.
Je ne partage pas, par contre, l'opinion du ministre qui dit qu'à
la suite de la construction d'autoroutes, on ne voit pas immédiatement
après des industries qui longent ces autoroutes, un peu partout, que ce
soit à Drummondville ou ailleurs. Chez nous, il n'y a pas d'autoroutes.
Je conviens qu'il y a des montagnes. Dans la région allant
jusqu'à Rivière-du-Loup, cela a aidé
considérablement quantité d'industries à s'y implanter
comme un peu partout sur la route 20, alors que, sur la rive nord, dans le
comté à Berthier, de Trois-Rivières ou partout ailleurs,
les retards qu'on a sur la route 40 ont fait que ça s'est
industrialisé un peu moins vite.
Il a donc fallu que ces gouvernements rattrapent des retards. Je ne
voudrais pas refaire l'histoire, mais on se rappelle le pourquoi des refus du
temps.
Je suis un peu surpris, par contre, des réponses
catégoriques que donne le ministre parce que si on veut parler de
l'autoroute de la Beauce, qui concerne particulièrement son adjoint
parlementaire, changement de période, des fois on change d'opinion. Nous
avions une programmation forcément qui établissait qu'on voulait
se rendre jusqu'à Saint-Georges de Beauce. Je me rappelle que, lors
d'une élection partielle, j'ai entendu des déclarations qui m'ont
un peu surpris de la part de gens supposément en autorité. Le
titulaire du ministère du temps disait qu'il fallait que ça
commence par les deux bouts plutôt que seulement par un bout. Le premier
ministre est venu renchérir en disant que l'on devait non seulement
avoir une autoroute jusqu'à Saint-Georges de Beauce, mais qu'il fallait
la rendre jusqu'à Jackman, alors qu'il y a autant de chevreuils qu'il y
a d'automobiles dans ce coin. C'est donc dire que ce n'était pas le
député de Charlevoix qui disait à ce moment qu'il fallait
construire l'autoroute de la Beauce, pour des fins électorales, je
l'imagine, c'étaient quand même des personnes en autorité
qui le disaient dans le temps.
Je dirai au ministre des Transports qu'il y a une autoroute avec
laquelle je suis en désaccord. Elle a été
décidée avant que je sois titulaire du ministère et je
vais la lui nommer, c'est l'autoroute 51, qui n'aurait jamais dû
être construite, dans mon esprit, étant donné que
l'autoroute 55 existait déjà et que c'est sur l'autoroute 55 que
les ententes entre le Canada et le Québec auraient dû se
préciser pour que les travaux y soient accentués. Deux autoroutes
parallèles dans mon esprit. Je me rappelle qu'il y a eu à ce
moment des divergences d'opinions profondes au Conseil des ministres à
ce sujet. De toute façon, lorsqu'on parle du système d'autoroutes
qui dessert aujourd'hui la ville de Montréal, la ville de
Québec et les grands centres urbains du Québec, on peut
toujours dire qu'il y en a trop. On conteste certaines autoroutes, mais quand
on regarde l'achalandage qu'on y retrouve, on se demande, si elles
n'étaient pas en place, ce que le gouvernement aurait comme circulation
aux heures de pointe, soit à 9 heures du matin ou à 5 heures de
l'après-midi.
À différentes occasions, l'ensemble des fonctionnaires qui
accompagnent le ministre se sont-ils posé la question? Plutôt que
de construire des autoroutes et des routes d'accès faciles vers les
centres urbains en y amenant une congestion considérable, en y amenant
la pollution, en y amenant tout ce qu'on voudra comme problèmes à
l'intérieur des villes, est-ce qu'on ne devrait pas changer notre
optique? Je me rappelle que, dans la banlieue de Montréal, il
était fortement question dans les années 1970-1972 de construire
de vastes terrains de stationnement pour éviter la surcharge des ponts,
que ce soit l'un ou l'autre, à Montréal, ou le tunnel
Hippolyte-Lafontaine. Le même phénomène s'est produit dans
Québec avant la construction des autoroutes qui desservent abondamment
la région métropolitaine de Québec. Est-ce qu'il n'aurait
pas fallu éviter que l'ensemble des fonctionnaires qui viennent y
travailler ou que tous les employés qui vont vers le centre-ville ne
viennent obstruer le centre-ville? Le gouvernement, aujourd'hui, n'a pas
à repenser ces choses, parce qu'elles sont en place et que les gens les
utilisent.
Je pense que les gouvernements précédents ont dû
tenir compte des habitudes des citoyens nord-américains. Qu'on le
veuille ou non, malgré toutes les tentatives que voudra faire le
ministre et que j'ai voulu faire dans le temps afin qu'on se serve davantage
des transports en commun, - on n'est pas dans la banlieue de Paris et on n'est
pas dans Paris même, - les gens, on n'a qu'à les regarder arriver
vers le parlement, ce n'est pas en covoiturage qu'ils le font. Ils
prétendent être le mieux servis possible par leur propre
véhicule, ce qui coûte très cher à l'État et
très cher aux citoyens. Ce sont des habitudes qu'un parti politique a
beaucoup de difficulté à changer. Peut-être qu'aujourd'hui
le ministre sera plus chanceux pour modifier les habitudes des gens en raison
de l'augmentation considérable des carburants; c'est une raison majeure
pour que les gens pensent davantage à l'économie qu'ils doivent
faire. De toute façon, peu importe ce que le ministre pourrait penser
des autoroutes qui ont été mises en place au Québec, elles
étaient une nécessité dans le temps. Elles ont
été construites à un moment où
financièrement le Québec pouvait se permettre de les construire.
Est-ce que cela a entraîné des retards considérables sur
les réseaux secondaire et tertiaire?
J'avais affaire moi-même à quantité de
députés ruraux sur les 102 auxquels j'avais à distribuer
le gâteau. Je me rappelle que, quand on leur offrait de partager la plus
grande part du gâteau sur le réseau tertiaire et le réseau
dont parlait le député de Beauce-Nord - c'est vrai,
évidemment, que dans des comtés, ceux qu'il a nommés et
d'autres, les réseaux secondaire et tertiaire ont été
négligés - le choix qui nous venait des milieux, que ce soit des
maires des municipalités, des chambres de commerce, de tous ceux qui
avaient à coeur l'économie des régions, c'était
d'abord d'avoir un réseau principal le mieux pourvu possible. Que ce
soit dans Bonaventure vers la Gaspésie, que ce soit dans le comté
du titulaire qui l'a précédé, le député de
Saguenay, sans autoroute, on voulait avoir au moins le meilleur réseau
possible conduisant vers une région donnée. Je pense que c'est un
peu normal que le Québec, suivant les disponibilités
financières qu'il avait, commence à s'attacher d'abord aux
grandes artères de communication. Je ne connais pas d'autoroutes dans
Charlevoix. Je pense que, si on s'était limité à cela un
peu partout dans les régions rurales, cela aurait peut-être
coûté un peu moins cher. Il ressort qu'on peut quand même
dire que le Québec s'est doté d'une infrastructure
routière qui, économiquement parlant, a aidé nos
concitoyens dans une économie un peu plus stable. Mon collègue
tantôt a mentionné, pour l'ensemble des autoroutes du
Québec, le côté sécurité; je pense que c'est
un fait à ne pas oublier. Parce que si on a dépensé
plusieurs centaines de millions pour les autoroutes, on a peut-être
économisé considérablement en lits d'hôpitaux qu'on
a vidés, étant donné qu'il y avait une meilleure
sécurité.
Deux autres points. Le ministre est revenu sur le dépôt
massif de plans qu'on a dû faire au moment où plusieurs articles
de la loi 88 entraient en vigueur. Je dirai au ministre qu'au début de
1975 il a fallu déposer des plans, oui, pour au-delà de 300 000
000 $. Ces plans ont été déposés pour éviter
d'obstruer les deux années subséquentes, dans l'optique du
ministère des Transports de l'époque. Si nous construisions alors
des routes pour environ 400 000 000 $ par année, je pense que, comme la
loi 88 était en vigueur, il nous fallait absolument déposer des
plans, suivant l'optique du gouvernement. Je vais finir, M. le leader, si vous
voulez intervenir. C'est pour cette raison qu'il nous a fallu déposer
des plans ou arrêter catégoriquement toute construction
d'autoroutes.
M. le Président, c'était les quelques observations que je
voulais faire. Je ne peux pas revenir, évidemment, sur ce qui a
été mis en place. Je laisse aux citoyens du Québec le soin
de juger si l'action du
gouvernement de l'époque a été
bénéfique un peu partout dans le Québec. Je comprends que
le ministre des Transports n'ait pas, évidemment, aujourd'hui à
construire ce qui a déjà été construit. Il est
peut-être facile de critiquer la façon dont cela a
été fait. J'aime mieux laisser les citoyens du Québec
juger. Évidemment, si cela n'avait pas été fait à
l'époque, comment aujourd'hui pourrait-on mettre en place un
réseau routier acceptable comparativement à d'autres provinces
industrialisées?
M. Clair: Très brièvement, M. le Président,
sur deux points. En ce qui concerne les autoroutes déjà
construites, on pourrait les prendre une par une: certaines se justifieraient
à 100%, en grand nombre, j'en suis sûr - d'autres à 80%,
d'autres à 50%, d'autres à 10%. D'autres ne seront jamais
complétées ou pas complétées de la manière
dont les travaux avaient été lancés à
l'époque. Certaines remontent effectivement à même avant
l'entrée en fonction du député de Charlevoix.
Ce n'est pas d'être tourné vers le passé qui importe
à ce moment-ci, je pense que c'est davantage d'être tourné
vers le présent et vers l'avenir. Dans ce sens-là, je suis
très heureux que le député de Charlevoix, qui a
assumé les mêmes fonctions, qui a affronté les mêmes
difficultés sans doute à la tête du ministère des
Transports, partage de façon générale la
réorientation qu'on doit faire actuellement vers d'autres routes que les
autoroutes. (12 h 45)
II y a un deuxième point que je voudrais lui souligner;
probablement qu'il le sent lui-même dans ses contacts avec ses
collègues députés et avec les maires. Je pense que
l'ensemble de l'opinion publique a évolué sur cette question et
ce n'est pas aller à contre-courant de l'opinion publique, au contraire.
J'ai rencontré combien de maires, combien de petits regroupements de
citoyens et de centres de commerce, etc. Bien sûr, il y a encore
certaines régions qui poussent sur un dossier de construction
autoroutière mais, dans l'ensemble, les pressions qui sont faites sur le
ministre des Transports vont de plus en plus dans ce sens. Je pense que c'est
un sain réalisme de la population quand on constate des écarts
aussi considérables entre le niveau de services pour certains
résidents du territoire du Québec par rapport à d'autres.
Il faut, au fil des ans - et ce n'est pas une décision facile, elle ne
peut pas se faire en claquant du doigt sur un ou deux ans. C'est une
réorientation sur plusieurs années qui se fera et tout ce que
j'espère, c'est que les décisions qu'on prend seront au profit
des économies régionales et de la desserte de ceux qui sont le
moins bien servis actuellement par le réseau routier du
Québec.
Je voudrais simplement dire ceci, parce que mon adjoint parlementaire
l'a signalé tantôt et j'ai oublié de le rappeler. Au livre
des crédits apparaît un budget de construction de 392 000 000 $.
Ce n'est pas modifié, c'est la répartition entre les
différents éléments du programme. La préparation de
la revue de programmes pour 1982-1983 s'est effectuée au mois
d'août 1981 et l'évaluation des travaux à exécuter
en parachèvement a été faite selon des prévisions
de dépenses. Étant donné que, sur plusieurs contrats
d'importance, les travaux ont continué durant l'hiver, le montant
réel des travaux en parachèvement se trouve ainsi d'autant
modifié, ce qui donne comme résultat, à
l'élément construction d'autoroutes, des crédits
réels pour 1982-1983 de 139 899 000 $ au lieu de 154 000 000 $; de 113
105 000 $ au lieu de 102 900 000 $ à la construction de routes
principales; à la construction de routes régionales, il n'y a pas
de changement et à la construction d'autres routes, 90 000 000 $ au lieu
de 85 000 000 $.
Le député de Charlevoix est familier avec ce
phénomène. Par rapport au moment de la préparation des
crédits en revue de programmes dans la réalité actuelle,
on voit que ce que mon adjoint parlementaire signalait tout à l'heure
est exact, à savoir qu'il n'y a pas une augmentation aussi importante
que le député de Pontiac le disait tantôt avec les
renseignements qu'il avait au niveau de la construction d'autoroutes. C'est
plutôt à la construction de routes principales et d'autres routes
que les sommes seront réaffectées. C'est simplement pour donner
les renseignements.
Le Président (M. Gratton): J'invite maintenant la
commission à se tourner vers la Gaspésie avec le
député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Je vous remercie, M. le
Président. J'ai été mis en cause par le ministre des
Transports, il y a quelques instants, et j'ai pensé que ce serait une
excellente occasion pour moi d'être invité à cette
commission pour prendre la parole quelques instants. Je voudrais vous dire tout
l'intérêt que nous portons, du côté de la
Gaspésie, en particulier, au ministère des Transports, à
son budget, à ses politiques, car tout cela touche de très
près l'avenir même, le présent en particulier, de notre vie
communautaire. Il faut vivre dans une région éloignée pour
connaître l'importance du transport. Je n'ai pas, à ce moment-ci,
l'intention d'aborder les autres formes de transport que sont le transport
aérien, le transport ferroviaire, le transport maritime, mais
peut-être, à d'autres occasions, il serait bon de toucher à
ces points.
Laissez-moi simplement vous rappeler que, dans ces autres formes de
transport, il y a de sérieuses lacunes. Ceci m'amène à
mettre encore davantage l'accent sur l'importance d'un réseau routier
adéquat pour notre région. Inutile de vous rappeler que nous
avons été continuellement, pendant des années,
complètement desservis par le réseau routier. En effet,
simplement dans les comtés de Bonaventure et de Gaspé, sur la
route principale qui s'appelait à ce moment la route no 6, nous avions
à franchir 56 passages à niveau entre Gaspé et
Matapédia. Je pense bien que tout le monde savait que nous étions
dans une situation extrêmement déplorable - et nous n'avions pas
d'autre route - au point de vue du réseau routier et c'est ce qui a
amené, entre autres, le Bureau d'aménagement de l'Est du
Québec à souligner comme priorité et urgence la
reconstruction de ce qu'on appelait à ce moment-là la route
6.
Les travaux du BAEQ, qui ont commencé vers 1962-1963, ont
finalement débouché sur un rapport et des recommandations qui ont
amené, en 1968, la signature d'une entente
fédérale-provinciale, à Rimouski. MM. Trudeau et Johnson,
respectivement alors premier ministre du Canada et premier ministre du
Québec, signaient cette entente devant 1000 personnes, je crois, de
l'Est du Québec qui se réjouissaient des quelque 200 000 000 $
qui étaient consacrés au développement économique
et social de l'Est du Québec. On s'apercevait cependant, très peu
de temps après, malgré l'insistance du BAEQ sur le réseau
routier, qu'on avait oublié cet élément dans le programme
de développement de l'Est du Québec.
M. Clair: Quand?
M. Levesque (Bonaventure): Pardon?
M. Clair: Vers quelle année?
M. Levesque (Bonaventure): La signature de cette
entente-là a eu lieu en 1968, à Rimouski. Me faisant
l'écho de la population comme député de Bonaventure,
j'avais, à partir de ce moment-là, dénoncé cette
entente non pas dans ce qu'elle avait de positif, mais surtout dans ce qu'elle
avait oublié d'essentiel, c'est-à-dire le réseau routier
lui-même. Aux élections de 1970, je m'étais engagé
à faire l'impossible pour que, si nous étions élus, cette
entente soit reprise; il fallait absolument revoir cette entente-là. Ce
qui, d'ailleurs, s'est fait dès notre élection, c'est que nous
avons demandé que cette entente soit revue par le gouvernement
fédéral, par nous et, à l'automne de 1971, j'ai
moi-même signé une nouvelle entente pour remplacer celle de 1968.
Celle-là portait de 258 000 000 $ à 411 000 000 $ le montant de
l'entente. Cette augmentation était attribuable en grande partie
à l'inclusion dans l'entente d'un projet de réfection de la route
132.
Dès 1972, les travaux ont commencé et cela s'est
continué jusqu'en 1981, incluant le régime actuel. Cela s'est
poursuivi d'une façon que j'aurais voulu plus
accélérée, mais connaissant la longueur du territoire et
les coûts qui étaient afférents, c'était entendu que
nous comprenions la situation. Mais nous voyons des progrès annuels dans
la réfection de la route 132, particulièrement dans les
comtés qui en avaient le plus besoin, c'est-à-dire Gaspé,
Bonaventure et Matapédia. Je n'ai jamais eu la moindre pensée
qu'un gouvernement quel qu'il soit puisse, à un moment donné, se
mettre en cause ou remettre en question cette programmation qui, comme je le
dis en toute justice pour le gouvernement actuel, s'est poursuivie sous le
gouvernement actuel. D'ailleurs, les expropriations se sont poursuivies
jusqu'à tout récemment.
Ce qui m'amène à ce moment-ci à poser certaines
questions ou à me poser certaines questions - devrais-je plutôt
dire que j'ai besoin d'être rassuré - c'est que des rumeurs qui
persistent semblent vouloir indiquer que, dans le nouveau budget, on ne
retrouverait pas de sommes destinées à poursuivre ces travaux en
cours depuis une dizaine d'années maintenant. C'est un territoire
extrêmement important, si on s'en tient encore au réseau routier.
Je vois que tous les gens présentement, le ministre en tête,
l'adjoint parlementaire, le sous-ministre, tous sont en train de regarder les
fiches. Ils sont à la veille de me rassurer. Je continue tout de
même, au cas où il y aurait certaines hésitations.
Comme je le disais, depuis 1972, ces travaux se poursuivent. Pour donner
un exemple, dans le comté de Bonaventure, il reste le village de
Port-Daniel-Centre qui est un problème depuis quelques années. On
discute sans doute entre le gouvernement fédéral et le Canadien
National. On discutait à la fin de 1976; j'imagine qu'on discute encore.
Mais il faudrait bien en arriver à cette conclusion. Dans les travaux
prévus pour cette année, selon l'échéancier, on
devait entreprendre les travaux de New-Carlisle et de Paspébiac
où il y a deux passages à niveau encore à faire
disparaître et ensuite la voie à reprendre. D'ailleurs, il ne faut
pas se le cacher, quand on sait qu'il y a dans l'échéancier des
travaux prévus, on met l'accent sur les autres routes, sachant que
celles-là seront refaites ou rebâties dans un avenir prochain.
C'est donc dire que le réseau routier New-Carlisle-Paspébiac, en
particulier dans Paspébiac, est complètement désuet. La
route, réellement, attend sa reconstruction. Les expropriations sont
faites. Tout était prêt, mais des rumeurs, encore
une fois, circulent à savoir que les travaux prévus dans
l'échéancier seraient remis.
Or, si c'était vrai, j'aurais un discours à faire. Si ce
n'est pas vrai, j'aimerais tout simplement être rassuré. Je ne
sais pas si les discours comptent avec nos amis d'en face, mais je dois leur
dire que ce serait une situation catastrophique à tous les points de
vue. Si on prend le comté de Bonaventure, de Gascons jusqu'à
Nouvelle-Ouest, et ensuite de Pointe-à-la-Croix à
l'extrémité ouest du comté, ces travaux-là ont
été faits et j'en suis fort heureux. Cela fait suite au programme
qui a débuté en 1972 et qui s'est poursuivi jusqu'en 1981. Mais
pourquoi - à moins que ces rumeurs ne soient encore fausses et
j'espère que c'est faux à un moment donné, sans aucun
avertissement, arrêterait-on soudainement ça? Si c'était le
cas, ce serait dommageable pour notre économie, évidemment ce
serait dommageable pour le réseau routier lui-même, ce seraient
des dépenses faites en expropriation qui resteraient là à
attendre. On s'est fait reprocher ça, nous autres; on pourrait bien le
reprocher aux autres aussi. Je ne le sais pas, à moins qu'il n'y ait une
erreur ou que ces rumeurs-là ne soient réellement pas
fondées, mais j'ai eu des échos de ça, d'endroits qu'on
dit de source autorisée ou je ne sais pas quoi. Je suis
réellement inquiet.
Une voix: II pourrait faire son discours. (13 heures)
M. Levesque (Bonaventure): Oui. Non, je ne sais pas si ça
vaut la peine de faire un discours pour le moment, j'aime mieux être
rassuré que de faire des discours. Quant aux sections qui ont
été faites l'an dernier, je sais qu'on a commencé à
avoir des problèmes à l'automne quand on a dit: On ne peut pas
asphalter ces nouvelles sections, on n'a pas d'argent, on fera ça au
printemps. Alors, depuis l'année passée, depuis l'automne
dernier, à travers les pluies et la vase et avec les pare-brise
brisés, tout le monde s'est dit: II n'y avait pas d'argent, enfin, on
l'aura au printemps. Je pense bien que, pour l'asphalte, vous ne pouvez pas
attendre plus longtemps, il va falloir en mettre; autrement, tout ce que vous
avez fait va disparaître. C'est une première chose.
Deuxième chose, des travaux sont prévus pour cette
année, qui ne sont pas des travaux de revêtement bitumineux, mais
de nouveaux travaux, et la rumeur circule qu'il y aurait peut-être une
traverse à niveau qui serait refaite, parce que c'est la
responsabilité du Canadien National, qui le ferait. Je ne demande pas
des comptes au ministre des Transports sur cela. Cela ne lui coûte rien,
il a seulement à le laisser faire, parce qu'apparemment, lorsque c'est
un viaduc, lorsque la traverse à niveau est remplacée par une
route qui passe en dessous, c'est le CN qui paie et, quand ça passe
au-dessus, m'a-t-on dit, c'est le ministère des Transports.
Il est déjà treize heures. Je sais que je n'aurai pas
l'occasion de revenir à cause de mon emploi du temps, mais est-ce que je
ne pourrais pas demander simplement d'être rassuré par le ministre
des Transports? Parce que je vous assure que tout le monde attend ça,
même toute l'équipe des camionneurs du comté qui se dit:
Tout d'un coup, que ça s'arrête brusquement comme ça. Au
moins ne faites pas ça! Cela va causer des problèmes inouïs.
Je n'ai pas à en parler davantage. D'autant plus que vous
arrêteriez, surtout dans le secteur Paspébiac-New-Carlisle, dans
les deux villages du leader parlementaire et du premier ministre, qui se vante
souvent d'être né là. Il me semble que ça n'a pas de
bon sens.
M. Ouellette: II a envie de garder son caractère
rustique!
M. Bourbeau: Étant donné que le
député de Bonaventure nous menace de faire un long discours -
c'est ce qu'il a dit tout à l'heure - si le ministre ne lui donne pas
satisfaction, et étant donné que nous n'avons pas beaucoup de
temps pour terminer les travaux de la commission, je suggérerais au
ministre de s'engager tout de suite à donner pleine et entière
satisfaction au député de Bonaventure, ce qui aurait pour effet
de le satisfaire, donc de le faire taire. Le député de
Bonaventure étant satisfait, on pourrait continuer les travaux de la
commission et peut-être les terminer à 6 heures ce soir. Il me
semble que ce serait une solution pratique et intéressante pour tout le
monde, surtout pour le député de Bonaventure.
M. Clair: M. le Président, je peux prendre un engagement
beaucoup plus considérable que celui que me demandent de prendre le
député de Laporte et le député de Bonaventure,
parce que l'autoroute 132 ne passe pas seulement dans le comté de
Bonaventure, comme le député de Bonaventure le sait très
bien; elle passe dans le comté...
M. Mailloux: Elle passe dans le budget!
M. Clair: ... de Matane, elle passe dans le comté de
Gaspé et dans le comté de Matapédia. Dans l'ensemble, le
chiffre le plus probant quant à la volonté du gouvernement
d'aider le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, surtout pour l'autoroute
132 qui m'apparaît être le dossier prioritaire dans cette
région, c'est qu'au niveau de la répartition de l'enveloppe
totale de construction routière par région, c'est la
région du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie qui vient largement
en avant de
toutes les régions du Québec, avec un budget total de 34
000 000 $ qui sera dépensé en 1982-1983. La priorité sur
l'autoroute 132 va au secteur qu'on appelle le secteur des quais. L'hiver
dernier, il faudrait me le préciser, je ne me souviens plus à
combien d'endroits la route a été coupée par la mer.
Une voix: II y en a pour 1 500 000 $ de dégâts.
M. Clair: II y a eu pour plus de 1 500 000 $ de
dégâts et de dépenses ponctuelles qu'on a dû
consentir. Le secteur des quais, c'est du côté de
Gaspé-Nord. La région qui a le plus gros budget, 34 000 000 $,
c'est cette région. C'est certain que les besoins sont énormes
pour la construction de l'autoroute 132. Le plus gros contrat octroyé et
qui est en cours est un contrat de 12 000 000 $ dans le secteur des quais.
Pour rassurer le député de Bonaventure, il y a des travaux
de prévus à la programmation pour le début du mois
d'août, pour la construction d'un tunnel du CN. Le coût total est
de 1 700 000 $ et on prévoit dépenser cette année 700 000
$. En ce qui concerne l'entente auxiliaire sur le développement des
transports, les projets admissibles cette année sur la route 132 et la
route 199 qui faisaient également partie de la route des
Îles-de-la-Madeleine, il y en a pour 8 333 000 $. La contribution du MEER
sera de 5 000 000 $. C'est donc un rythme de 5 000 000 $ par année qui
provient du MEER. L'ensemble des projets, le coût estimatif des projets
pour la route 132 et la route 199, c'est 148 000 000 $ et la contribution du
MEER est de 25 000 000 $, ce qui laisse une contribution globale du
gouvernement de Québec de 123 000 000 $.
Maintenant, quant aux détails des travaux de construction, de
voirie, comme je l'ai fait l'an dernier, c'est mon intention, dès que le
Conseil du trésor aura terminé les approbations usuelles et que
les crédits seront adoptés en commission parlementaire,
d'informer chacun des députés de la programmation des travaux
dans leur comté et des principaux grands travaux dans leur région
aussi. Je suis vraiment sérieux quand je dis que l'engagement que je
prends c'est bien plus que de dire qu'on va faire la route 132 dans le
comté de Bonaventure. Je l'ai dit tantôt, cela fait partie des
grands axes des routes numérotées entre 100 et 199. La route 132,
la 117 vers la Gaspésie, la 155, la 116, la 175...
Une voix: La 140.
M. Clair: Non, il y a un autre engagement sur celle-là.
C'est une décision beaucoup plus importante.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, comme il se
fait tard, je vais attendre que le ministre dépose, j'espère dans
les prochains jours...
M. Clair: Avant le 15 mai, on devrait être en mesure de
faire cela.
M. Levesque (Bonaventure): ... avant le 15 mai, la liste des
travaux d'une façon plus précise. Mais je vous assure que je ne
suis pas rassuré du tout. Je suis plus inquiet même que lorsque je
suis venu ici. J'ai l'impression que l'échéancier -
j'espère que je me trompe et je m'excuserai si je me trompe - qui avait
été prévu par le gouvernement, par le ministère
vient d'être modifié sérieusement. Si c'est le cas, et
surtout avec un budget total qui diminue au lieu d'augmenter, avec l'inflation,
c'est clair qu'il faut que le ministre coupe quelque part. S'il est en train de
couper dans ce qui est vital chez nous, je reviendrai à la charge et
j'aurai un petit message pour lui.
Le Président (M. Gratton): Sur ce, la commission ajourne
ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 08)
(Reprise de la séance à 17 h 25)
Le Président (M. Gratton): Nous poursuivons l'étude
des crédits du ministère des Transports. Les membres de la
commission, pour les fins de cette séance, sont les suivants: M. Blouin
(Rousseau), M. Bourbeau (Laporte), M. Clair (Drummond), M. Desbiens (Dubuc), M.
Gauthier (Roberval), M. Lachance (Bellechasse), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mailloux (Charlevoix), M. Middlemiss
(Pontiac), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Vaillancourt (Orford).
Intervenants: M. Assad (Papineau), M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier
(Nicolet), M. Caron (Verdun), M. Grégoire (Frontenac), M. Maciocia
(Viger), M. Mathieu (Beauce-Sud), M. Perron (Duplessis), M. Rodrigue
(Vimont).
Bien entendu, comme il s'agit de l'étude des crédits, tout
autre député qui désire prendre la parole peut le
faire.
M. Mailloux: M. le Président, pour l'Opposition, est-ce
que vous pourriez ajouter le nom de l'honorable député de
Frontenac, s'il vous plaît?
Le Président (M. Gratton): Oui, je constate. On va
sûrement discuter de la question nationale avec le député
de Frontenac à notre commission. Cela étant dit, nous en
étions aux programmes 3 et 4 au moment de l'ajournement.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: ... puis-je vous demander si je suis inscrit comme
intervenant?
Le Président (M. Gratton): Oui. M. le député
de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
poser beaucoup de questions au ministre sur les programmes 3 et 4; une seule.
Plusieurs personnes de mon comté m'ont parlé de l'autoroute 2 et
de l'autoroute 20, celle qui mène vers Dorval et un peu plus loin, dans
la région de Montréal, où, l'an dernier, je recevais des
représentations à savoir qu'elle était très
dangereuse sur une section, à Pointe-Claire, où l'accotement
était en train de s'effondrer, où l'éclairage est
dangereux. Est-ce qu'il y a eu quelque chose de fait?
M. Clair: Là-dessus, je peux dire au député
que j'ai même eu l'occasion d'en discuter avec les deux
députés concernés et de leur fournir une réponse
écrite. Cela m'étonne qu'ils ne vous en aient pas fait part.
C'est une réponse qui leur est parvenue à peu près il y
a... Pour la 2 et la 20, on leur a répondu par écrit, aux
députés? Il y a à peu près combien de temps? Il y a
à peu près un mois.
M. Bourbeau: Est-ce que la réponse est positive ou
négative?
M. Clair: C'est une réponse très positive.
M. Bourbeau: Comme toujours. Je n'ai pas d'autres questions.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Beauce-Sud.
L'autoroute Robert-Cliche
M. Mathieu: Oui, M. le Président. Le ministre ne
s'étonnera certainement pas si je viens m'enquérir des nouvelles
au sujet de l'autoroute de la Beauce, l'autoroute Robert-Cliche. Vous savez que
je n'ai pas à faire la démonstration de l'importance de cette
voie d'accès, de cette porte d'entrée venant des
États-Unis et également de son importance pour le commerce et
pour les communications de la Beauce. Ce que je voudrais demander au ministre,
c'est relativement à l'échéancier qui avait
été prévu. Si je ne fais pas erreur, il était
prévu que l'autoroute se rendrait à Saint-Georges sur deux voies
seulement à partir de Sainte-Marie, et cela pour 1985. Par la suite, il
y a eu des rumeurs à savoir que l'autoroute ne se rendrait qu'à
Vallée-Jonction et que, par hasard, il pourrait y avoir un virement vers
la capitale de l'amiante, peut-être à la grande satisfaction de
certains, mais à la consternation des Beaucerons, soyez-en
sûr.
Je voudrais que le ministre nous confirme si l'échéancier
prévu sera respecté, quelles sont les sommes prévues au
budget de l'année présente, 1982-1983, pour l'autoroute de la
Beauce, et quelle sera la longueur du tronçon qui sera couverte avec le
présent budget.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Beauce-Nord.
M. Ouellette: Avant que le ministre ne réponde au
député, j'aimerais simplement lui faire remarquer que j'ai pris
connaissance de cette rumeur à savoir que l'autoroute 73 ou
Robert-Cliche, une fois construite à la hauteur de
Vallée-Jonction, bifurquerait vers Thetford Mines. Jamais cela ne pourra
se produire sous un gouvernement du Parti québécois parce que ce
serait un virage à droite extraordinaire. Je veux vous rassurer
là-dessus, c'est absolument sans fondement et il n'en est pas question.
Pour ce qui est de l'échéancier, je vais quand même laisser
au ministre le soin de donner les réponses.
M. Mathieu: Merci pour le virage.
M. Clair: Avant de répondre en détail au
député, je ne sais pas quand j'ai un allié chez le
député de Beauce-Sud. Le député de Beauce-Sud est
un député qui suit activement ses dossiers de comté et qui
envoie avec ses municipalités de nombreuses résolutions de
comté, de conseils municipaux qui demandent en particulier qu'on mette
l'accent sur la voirie locale, sur la petite voirie, la voirie
régionale. Par ailleurs, j'ai cru comprendre qu'à certains
moments le député de Beauce-Sud s'intéresse en particulier
aux chemins ruraux dont les producteurs agricoles ont un grand besoin pour se
développer, pour expédier leurs produits, pour envoyer leurs
enfants à l'école. Il est plutôt pour la petite voirie et
la voirie locale et, à d'autres moments, je le vois prendre des
positions pour l'autoroute 73.
M. Mathieu: L'un ne va pas contre l'autre.
M. Grégoire: Si on a de l'argent pour les deux! (17 h
30)
M. Clair: J'aime avoir l'occasion de tenir compte de l'opinion
des différents députés, tant de l'Opposition que du
gouvernement, dans l'ordonnance des travaux dans leur comté. J'aimerais
que le député de Beauce-Sud m'indique, quant à lui, vers
quoi
va sa priorité.
M. Mathieu: M. le Président, je suis content de la
question du ministre. On nous a toujours dit que l'un n'exclut pas l'autre. Ce
sont deux choses excessivement importantes, surtout, M. le Président -
je veux le souligner au ministre - à cause du retard considérable
de la voirie rurale dans le comté de Beauce-Sud. À un moment
donné, il y a eu des changements de postes d'affectation, on a pris les
quatre paroisses les plus mal en point du bureau de Lac-Mégantic et on
les a mises au bureau de Beauceville en leur disant: Vous serez mieux
traitées. C'est la même chose pour certaines paroisses de
Dorchester qui sont montées à Beauce-Sud. Ceci vient encore
empirer l'état du réseau routier secondaire.
Pour répondre à la question, on nous a toujours dit,
depuis que je m'occupe de ce dossier, que le budget voté pour les
autoroutes ne vient pas affecter le budget pour la voirie rurale. Ce que je
veux revendiquer, c'est deux choses. Dans les sommes votées au niveau
des budgets d'autoroutes, je veux que Beauce-Sud ait sa part. Ce n'est pas
Beauce-Sud. En réalité, M. le ministre, je revendique au nom de
Beauce-Nord, puisque l'autoroute de la Beauce se déroule à peu
près sur 35 à 40 milles dans Beauce-Nord et à peu
près sur 3 milles dans Beauce-Sud.
M. Clair: Est-ce que vous vous rendez compte que vous
réclamez de l'autoroute dans Beauce-Nord au détriment de la
voirie rurale dans Beauce-Sud?
M. Mathieu: M. le ministre, l'un n'exclut pas l'autre.
M. Clair: À supposer, M. le Président, que j'aie 1
000 000 $. Avec 1 000 000 $, je pourrais lancer un contrat additionnel en cours
d'année, mettons, sur l'autoroute 73; cela pourrait être sur une
autre autoroute. J'ai 1 000 000 $, je n'ai pas 10 000 000 $. Avec 1 000 000 $,
qu'est-ce qu'il souhaite que je fasse? J'ai prévu dans son comté,
effectivement, 1 052 000 $ au programme des travaux régionaux pour
1982-1983.
M. Grégoire: II est bien traité! Cela n'a pas
d'allure! Faut-il être dans l'Opposition pour avoir des travaux de voirie
ici? J'ai 750 000 $, moi je voudrais avoir l'explication, savoir comment cela
se fait.
M. Clair: Si le député de Beauce-Sud veut que
j'avance des travaux de construction d'autouroute sur l'autoroute 73, il est
encore temps au moment où on se parle - mais c'est urgent - de
déplacer ce 1 000 000 $ qui était prévu pour la voirie
régionale, pour les travaux régionaux dans son comté de
Beauce-Sud, et de le mettre sur l'autoroute 73 dans Beauce-Nord.
M. Mathieu: M. le Président, il n'est pas question de nous
priver de notre pitance élémentaire. Maintenant, je veux vous
mentionner une chose. À propos de ce 1 000 000 $, n'est-il pas vrai que
la plus grande partie va à l'entretien du réseau et non pas
à la construction du réseau secondaire?
M. Clair: 1 000 000 $, ce sont des parachèvements et des
nouvelles initiatives en voirie régionale dans le programme de travaux
régionaux pour le comté de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Je veux vous mentionner qu'il y a quelques
années, ce n'était pas 1 000 000 $ par année,
c'était peut-être 7 000 000 $ ou 8 000 000 $ par année
qu'il y avait. Depuis quatre ou cinq ans, comme par hasard, c'est le
désert, c'est la sécheresse. Je veux vous mentionner
également, outre les besoins d'autoroute, que dans le réseau
secondaire, il y a la route Langevin entre Saint-Philibert, Saint-Côme et
Saint-Prosper, qui est une route où il reste à peu près
trois milles à finir. J'espère qu'une partie du budget va servir
à compléter cette route qui est urgente. Il y a également
la route entre deux municipalités, Saint-Simon et Saint-Benjamin, qui
ont beaucoup de communication en commun. J'ai eu l'occasion de passer par
là en fin de semaine, c'est tout simplement indécent de laisser
circuler des gens dans des chemins semblables. Il y a aussi la
municipalité de Courcelles qui a des besoins considérables,
Saint-Ludger, Sainte-Aurélie, le rang Saint-Jean-Baptiste.
Je ne les énumère pas toutes, mais je vous dis les
besoins. Nous avons un retard considérable à rattraper, M. le
ministre, et je vous mentionne que nous ne saurions renoncer à la
pitance que nous avons cette année pour accélérer les
travaux d'autoroutes parce qu'on m'a toujours dit, au ministère, qu'il y
a un budget pour les autoroutes et un budget pour la voirie, les routes
numérotées et les routes secondaires, et que l'un n'affectait pas
l'autre, que l'un n'excluait pas l'autre. Alors, ce que je veux revendiquer au
nom de ma population, c'est ceci. D'abord, je voudrais connaître
l'échéancier. Vous n'avez pas répondu à cette
partie de ma question. Je serais très intéressé à
connaître l'échéancier de l'autoroute et également
à obtenir des sommes raisonnables pour la voirie secondaire.
M. Clair: Dans un premier temps, je suis bien heureux de
constater - parce qu'il me semble que c'est le choix logique à faire
- que le député n'entend pas renoncer à des travaux
de voirie locale, régionale dans son comté de Beauce-Sud parce
que c'est la mort dans l'âme que j'aurais réaffecté de
l'argent à une autoroute, au détriment de la voirie locale et
régionale.
Je voudrais dire au député qu'en ce qui concerne sa route
Langevin, en particulier, à Saint-Philibert, il y a effectivement des
travaux de prévus, en 1982-1983, sur cette route; on commencera le
terrassement et le gravelage en 1982-1983 et il y aura un parachèvement
en 1983-1984.
Quant à l'échéancier de l'autoroute 73, au cours de
l'été dernier, pour des raisons de sécurité
routière, nous avons fait des travaux importants à la hauteur de
Sainte-Marie. Vous avez sûrement pu constater, si vous êtes
passé par là récemment, que nous avons ajouté deux
échangeurs à la hauteur de Sainte-Marie au coût de - il me
semble que c'est de cet ordre - de 1 500 000 $. Ce n'était pas
prévu, si ma mémoire est fidèle, dans les travaux
originaux. Dans un effort d'équité - je sais que, des deux
côtés de la Chambre, les députés, en ce qui concerne
leurs projets routiers, pensent: Les miens sont toujours plus prioritaires que
les tiens -j'ai cru, cependant, qu'il valait mieux, quitte à retarder
peut-être d'un an l'échéancier originellement prévu
pour l'autoroute 73, ajouter de la sécurité sur nos autoroutes,
ce en faveur de quoi le député de Charlevoix plaidait ce matin.
On a préféré plutôt, pour des raisons de
sécurité, ajouter de l'argent sur ce tronçon, quitte
à retarder peut-être d'un an le prolongement du contrat qui est en
cours actuellement. Mon adjoint parlementaire connaît mieux le terrain
que moi, il pourrait dire exactement quel est le tronçon; vous le
connaissez vous-même, j'en suis sûr. Quitte à ce que le
projet de prolongement vers Saint-Georges soit retardé d'un an.
M. Ouellette: Est-ce que je pourrais compléter? Au moment
où les premières contraintes budgétaires ont surgi, nous
allions, les deux députés de la Beauce - à
l'époque, M. Roy était dans Beauce-Sud -nous unir pour essayer
d'obtenir le maximum possible, malgré les contraintes
budgétaires. À ce moment-là, on avait établi un
consensus visant à réduire de quatre à deux voies
l'autoroute de la Beauce pour qu'on se rende le plus rapidement possible
à Saint-Georges. La raison de cette décision commune vient du
fait qu'on était conscients que le problème le plus lourd, sur
tout ce tronçon de Sainte-Marie à Saint-Georges, est
précisément entre Beauceville et Saint-Georges. C'est là
qu'on retrouve 8000 véhicules par jour, des gens qui travaillent
à Saint-Georges mais qui habitent Notre-Dame-des-Pins ou Beauceville, de
telle sorte que c'est là qu'est le pire problème. Si on avait
décidé de continuer l'autoroute à quatre voies, on serait
arrivé, à Saint-Georges, à effectuer des travaux autour de
1989 et cela nous paraissait beaucoup trop tard.
On a donc convenu d'obtenir que deux voies se fassent pour y arriver le
plus rapidement possible. On a exigé à cela un certain nombre de
garanties pour être certains que ces travaux n'aboutissent pas à
une simple route nationale. On a exigé qu'en même temps le
gouvernement fasse l'expropriation, lors du tracé, d'une emprise
suffisamment large pour qu'on ajoute les deux autres voies un jour. C'est
là-dessus qu'on s'était entendus à l'époque. Ce que
le ministre vient de dire, c'est qu'une fois commencé, le tronçon
de la route Cameron à la route Carter à Sainte-Marie, la question
s'est posée à savoir: Est-ce que ce sera sécuritaire?
Personnellement, j'ai appuyé le ministre dans sa démarche, et le
Conseil du trésor également pour qu'on ajoute les
échangeurs au niveau de la route Cameron et de la route Carter, de telle
sorte que même si on n'a qu'une autoroute à deux voies, cette
autoroute-là soit vraiment sécuritaire, en ce sens qu'il y a des
"sauteux" pour les routes sans échangeur et qu'on n'ait pas de traverse
à niveau, quitte à reporter à plus tard les
échangeurs. Alors, de cette façon-là, on aura une
autoroute à deux voies, mais sécuritaire au maximum. Cela engage
le ministère à continuer dans ce sens-là. Lorsqu'on
traversera Vallée, Saint-Joseph, Beauceville, Notre-Dame et qu'on
arrivera à Saint-Georges, on sera tenu de mettre les échangeurs
en question.
M. Clair: Je pourrais ajouter là-dessus, d'ailleurs, un
autre exemple du même type. Dans le comté d'Argenteuil, du chef de
l'Opposition, il y a un tronçon d'autoroute 50 qui existe
déjà au sud de Lachute; c'était reconnu comme un des
endroits les plus dangereux. J'avais donc le choix, soit de construire
l'échangeur à la hauteur de Lachute, soit de lancer plus
rapidement un contrat de construction qui aurait pu se situer, par exemple,
entre l'aéroport de Gatineau et Masson pour continuer l'avancement des
travaux. Je ne me souviens plus, je pense que c'était 2 500 000 $; 1 500
000 $ l'échangeur de Lachute.
Quand on assume la responsabilité du ministère des
Transports, c'est certain que, sur le plan politique, c'est bien plus rentable,
pour un député de l'Opposition comme pour un député
du gouvernement, de dire: On lance les nouveaux travaux et on s'en va vers
telle ou telle direction avec des nouvelles initiatives. Mais j'ai cru que
c'était ma responsabilité, non pas pour faire plaisir au chef de
l'Opposition, ni pour lui déplaire, mais pour des raisons de
sécurité publique de donner priorité à la
construction de l'échangeur de l'autoroute 50 à la hauteur de
Lachute. On a agi de la même façon dans le cas de
l'autoroute 73.
Le député de Beauce-Sud disait: On m'a toujours dit qu'il
y a quatre éléments de programme. Oui, c'est vrai, il y a encore
cela, quatre éléments de programme, mais il y a 392 000 000 $ qui
se répartissent entre les quatre éléments de programme.
Qu'on me dise que je n'en ai pas assez dans un, pas assez dans l'autre,
trop dans un, trop dans l'autre, chacun, selon ses intérêts les
plus immédiats en politique dans son comté, va avoir une opinion
là-dessus. Moi, je réitère ce que j'ai dit ce matin: On
doit donner la priorité non pas au développement des autoroutes.
Quand on fait des autoroutes, assurons-nous qu'on donne priorité
à des choses aussi sécuritaires que possible et, pour le reste,
que le maximum de la marge de manoeuvre qui puisse être consenti le soit
vers de la voirie qui concerne les routes numérotées,
principales, régionales et les autres routes.
M. Mathieu: Juste en terminant, je remercie le ministre. Je
voudrais lui dire que ma démarche c'est en réalité pour
l'aider à avoir des crédits supplémentaires au Conseil du
trésor, d'une part, et d'autre part, c'est en solidarité
beauceronne avec mon collègue de Beauce-Nord que j'effectue ces
démarches en faveur de l'autoroute de la Beauce.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, le
député de Beauce-Sud a peut-être raison de brailler; moi,
j'ai encore bien plus de raisons de brailler. Il en a une autoroute, moi je
n'en ai pas. On vient de dire qu'on met 1 500 000 $ de plus que prévu;
moi, je n'ai même pas 1 500 000 $. II y a 1 000 000 $, en plus de cela,
sur les routes régionales; moi, j'ai 750 000 $. Je n'ai pas d'autoroute.
En plus de cela, l'ingénieur de la voirie me dit: Dites-nous les routes
que vous ne voulez pas qu'on entretienne pendant l'été, parce
qu'on n'est pas capables de toutes les entretenir. Minute, il y a quelque chose
qui ne marche pas.
Mais, lorsque je regarde le budget du ministère des Transport,
ça augmente toujours; de 1 370 000 000 $ à 1 498 000 000 $; 128
000 000 $ de plus. D'où est-ce que cela vient, cette affaire-là?
Je m'aperçois que ce n'est pas pour nos routes; ça baisse, chez
nous. Où est-ce que ça s'en va? Cela s'en va dans le transport en
commun à Montréal; c'est là qu'il y a une augmentation
d'à peu près 100 000 000 $. Les gars peuvent se promener d'un
bout à l'autre de l'île en bicyclette et cela ne sera pas un
problème. Ce n'est pas long; ils n'ont pas de distance à
parcourir, eux autres. Ils prennent leur automobile pour faire dix coins de
rues et cela leur prend deux fois plus de temps parce qu'ils sont toujours
"jammés" dans la circulation. C'est eux autres qui ont tout l'argent. Et
nous autres, qu'est-ce qu'on a? Je m'aperçois qu'il y a des
constructions d'autoroutes pour 154 000 000 $. Je n'ai pas un sou
là-dessus; je n'ai pas un sou dans le comté de Frontenac.
Zéro! (17 h 45)
Au deuxième élément, construction de routes
principales, il y a 102 932 000 $. Je n'ai pas un sou là-dedans.
Zéro; Arrive construction de routes régionales où, il y a
49 000 000 $ et construction d'autres routes - il faut croire que j'entre
là-dedans - où il y a 85 000 000 $. Cela fait 135 000 000 $ et
j'ai 750 000 $ là-dessus. M. le ministre, il y a quelque chose qui ne va
pas. Avez-vous fermé seulement le comté de Frontenac? Vous
êtes-vous dit: Dans ce coin, c'est trop loin? Il y a quelque chose.
Là, je ne blâme pas le fédéral, parce que ce n'est
pas le fédéral, mais je vais dire que c'est le ministre. Je ne
sais pas qui parmi les fonctionnaires. Je sais qu'il y en a autant qu'avant et
vous ne construisez pas de routes, vous construisez moins de routes. Nous
sommes dans les montagnes. Il y a eu de l'érosion, il y a eu des
inondations. J'ai eu pour 200 000 $ de dommages sur mes routes, des routes de
gravier, des routes du gouvernement du Québec. Ils sont rendus "wise" au
ministère des Transports. Ils disent: En ce qui concerne l'entretien des
routes en hiver, on ne les reprend plus le 1er mai, il y a eu trop de
dégâts par l'érosion, on va attendre au 15 mai, et
là, ils veulent reporter cela à la fin de mai. Ils disent aux
municipalités: Réparez les dommages sur nos routes. C'est ce que
le ministère dit aux municipalités: Réparez sur nos routes
les dommages causés par les pluies et par les inondations. J'en ai pour
200 000 $. Le ministre des Transports me disait: Va voir le ministre des
Affaires municipales. Le ministre des Affaires municipales me dit: Va en voir
un autre. Je me promène.
Une voix: Pas de chicane dans la famille!
M. Grégoire: II n'y en a pas encore un qui m'a dit d'aller
à Ottawa.
Une voix: L'Office des autoroutes. Allez-y.
M. Grégoire: M. le Président, il faut dire une
chose. Il y a des limites, tout de même! Je m'aperçois que vous
allez construire des routes pour 392 000 000 $, près de 400 000 000 $,
et je n'ai qu'un petit trois quarts de million. J'ai un pont à 15 000 $,
des choses comme cela. Il y en a qui ont été acceptés aux
réunions des
ingénieurs de district pour à peu près 1 700 000 $
dans mon comté, mais on me coupe 1 000 000 $. C'est peut-être les
1 500 000 $ de surplus qu'ils ont envoyés dans Beauce-Sud, je ne sais
pas. Cela ne fonctionne plus, parce que nos routes, M. le ministre, vous
n'êtes pas venu les voir, mais je vais vous y amener. Mettez-vous un
chapeau comme les mineurs en mettent, parce que vous allez avoir à vous
protéger la tête. Vous allez revoler dans l'automobile. Il y a des
routes de terre, de gravier. Cela a été négligé
pendant les quarante ans où le Parti libéral a été
au pouvoir et toutes les années où l'Union Nationale a
été au pouvoir. Ils n'ont jamais rien fait pendant ce temps. On
s'est dit: On va essayer un autre gouvernement, cela va peut-être aller
mieux. Cela a été mieux pendant un bout de temps, mais cette
année cela ne fonctionne pas. Je me dis: Comment cela se fait-il que
vous allez mettre cette année 110 000 000 $ dans le transport terrestre,
le transport en commun? Cela monte de 232 000 000 $ à 321 000 000 $; 90
000 000 $ de plus! Pour nous, cela coupe d'à peu près 15 000 000
$. Je sais que cela coupe en maudit dans le comté de Frontenac. Vous
envoyez tout à Montréal ou quoi? Est-ce que nous n'existons plus?
Pourtant, Montréal, on l'entretient. S'il y a une usine Atlas Turner
à Montréal qui emploie 300 personnes pour fabriquer de
l'amiante-ciment, c'est parce qu'on leur envoie de l'amiante! S'il y a une
usine qui s'appelle la Société Distex, qui fabrique des freins
à Montréal, où il y a 150 employés, c'est parce
qu'on leur envoie de l'amiante! Vous envoyez tout l'argent à
Montréal pour payer le stade, pour payer le toit du stade, pour payer
leur transport en commun.
Une voix: Le métro de surface.
M. Grégoire: Dites-vous bien une chose, c'est que vous
augmentez les montants. Le chauffeur d'autobus n'est pas content parce qu'il
gagne 29 000 $ à la CTCUM et c'est vous qui payez cela. Vous payez 50%
des salaires. À Thetford, le chauffeur d'autobus ne gagne pas 29 000 $.
Quand il en a gagné 12 000 $ et 13 000 $, c'est le maximum. Vous payez
pour eux et nos routes restent en gravier. Vous n'êtes même plus
capables de les entretenir ou à peu près. On existe. Il va
falloir faire quelque chose.
Des voix: Bravo!
M. Grégoire: C'est la première question -
après cela, on entrera dans les détails -pour connaître au
moins quelle est la politique globale du gouvernement, parce que je dois dire
au ministre qu'il diminue les constructions de routes, mais le personnel reste
le même et je me demande ce qu'il fait à l'heure actuelle, le
personnel. Il ne travaille plus parce que...
M. Clair: M. le Président, est-ce que le
député veut avoir sa réponse?
M. Grégoire: Pour le moment, oui.
M. Clair: Pour donner une réponse pleine et
entière, j'ai peur d'être obligé d'entrer dans des
détails, comme le disait le député de Frontenac. De deux
choses l'une: ou, malheureusement, le député de Frontenac vient
de perdre 1 250 000 $ de travaux dans son comté, ou il vient de
commettre une erreur, selon les chiffres dont je dispose. Je sais que ça
va faire de la surenchère peut-être avec le député
de Beauce-Sud ou le député d'Arthabaska ou un autre, mais le
total de travaux prévus dans le comté de Frontenac, au budget
1982-1983, n'est pas de 750 000 $ mais plutôt de 2 042 000 $.
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement...
M. Clair: M. le Président, je voudrais continuer, si vous
le permettez.
M. Grégoire: ... ou de privilège. Une question de
privilège.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Frontenac, sur une question de règlement.
M. Grégoire: Si je viens de gagner un million et demi de
dollars, je veux bien le savoir et je serais bien content. Je voudrais bien que
le ministre me dise en quoi, parce que je pense que ce n'est pas juste, ce
qu'il vient de me dire là. J'ai su lundi, il y a deux jours de mon
ingénieur de voirie, district no 27 à Plessisville, quels seront
les travaux qui seront réalisés cette année. J'ai
demandé la même chose à son adjoint parlementaire, il y a a
peine quinze minutes; ils m'ont dit tous les deux: 750 000 $. Je voudrais
savoir la vérité.
M. Clair: En parachèvement, il y a 1 132 000 $ de travaux
qui vont se réaliser.
M. Grégoire: Qu'est-ce que c'est que cette
affaire-là?
M. Clair: Je ne peux pas être au courant pour le
député.
M. Grégoire: Attendez un peu. Il ne faut pas tromper le
monde! Si on parle des travaux qui avaient été acceptés
l'an dernier et qu'il recalcule cette année, alors les 750 000 $ que
j'ai cette année de travaux non terminés, vous allez me les
recalculer l'année prochaine. Faites durer les travaux trois ans et vous
allez les calculer trois fois. Là, j'en aurai pour 3 000 000 $. Une
minute!
II faut tout de même s'entendre. Ce qui n'aura pas
été fait cette année, vous allez me le recalculer une
autre fois l'an prochain. Attendez un peu là!
M. Clair: M. le Président, la première bonne
nouvelle pour le député de Frontenac, c'est qu'il y aura 2 042
000 $ sur les 400 000 000 $ en constructions routières qui seront
dépensés dans son comté. En plus de cela...
M. Grégoire: Vous me calculez deux fois des montants.
M. Clair: ... il me parlait de l'amiante, de l'importance de
bonnes routes pour l'expédition de l'amiante vers la région de
Montréal, notamment. C'est justement à cette fin qu'on va
améliorer la route 116, sur laquelle on effectuera des travaux de
l'ordre de 3 500 000 $ à 4 000 000 $. Malheureusement, il s'adonne que
le tronçon de route sur lequel on va travailler ne se situe pas dans le
comté de Frontenac, mais dans le comté d'Arthabaska. Je voudrais
assurer le député de Frontenac, cependant, que c'est justement en
étant préoccupés des expéditions d'amiante qu'on a
décidé d'améliorer la route 116. Je suis convaincu que
l'ensemble des gens de la région de l'amiante saura profiter de
cela.
M. Grégoire: Je dois dire au ministre que, s'il y a un
sophisme, c'est bien celui-ci. En nous faisant faire un détour par la
route 116, cela va nous faire 80 milles à partir de Thetford Mines pour
aller rejoindre l'autoroute 20, alors qu'on est situé à 28 milles
de l'autoroute 20. Ils vont nous réparer tous les comtés voisins
et on va avoir 80 milles à parcourir avant de rejoindre l'autoroute,
tandis qu'on est à 28 milles à vol d'oiseau. Vous pouvez leur
faire faire toute la Beauce, mais on ne passera pas par la Beauce pour aller
Montréal. Faites-nous donc passer par Sherbrooke sous prétexte
qu'il y a une autoroute entre Sherbrooke et Montréal. Faites-nous
rallonger de 150 milles. Là, vous nous faites faire 80 milles. On
l'accepte, on l'endure. Mais ne venez pas nous dire que vous faites des routes
pour nous. Vous nous faites faire 80 milles avant d'atteindre l'autoroute 20,
alors qu'on est à 28 milles à vol d'oiseau.
Je n'ai jamais vu un sophisme comme cela, venir nous dire que c'est pour
nous -voyons donc - pour sortir notre amiante! À ce rythme, les gars
aiment mieux prendre le train. Cela s'en va par le train, cela s'en va à
Halifax et à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, et cela prend les ports de
mer de l'Atlantique au lieu de prendre les ports du Québec. Vous ne
m'aurez pas sur le transport de l'amiante! Faites-nous passer par
Drummondville, si vous voulez, cela va faire 100 milles avant de rejoindre
l'autoroute 20.
M. Clair: Justement, sur cette question que soulève le
député de Frontenac, à savoir la liaison entre Thetford
Mines et la région de Montréal, des études ont
été faites. D'ailleurs, il suffit de connaître la
région -et il la connaît très bien, je le sais - pour le
savoir. C'est un sophisme de dire qu'on peut tracer une ligne droite à
partir de Thetford Mines et rejoindre l'autoroute 20. C'est un
phénomène géographique, c'est un phénomène
de distance, c'est un phénomène physique de dire que le plus
court chemin entre deux points, c'est la ligne droite. Si le chemin le plus
court est un chemin acceptable, il n'y a aucun doute que c'est la route 116 qui
mène le plus directement vers la région de Montréal et non
pas la création d'une route à angle droit avec l'autoroute 20 qui
amènerait les gens en ligne directe, c'est exact, sur l'autoroute 20,
mais qui rallongerait le parcours en direction de Montréal. C'est un
fait, la route 116...
M. Grégoire: On fait trop de détours par la route
116, il faut prendre quatre routes. Il faut prendre la 265, la 263, la 116 et
une autre. Avant d'arriver à la 20, on prend quatre routes
différentes.
M. Baril (Arthabaska): C'est un raccourci.
M. Grégoire: Non, non, cela ne nous raccourcit pas, de
Thetford, cela nous rallonge.
M. Vallières: Question de règlement.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Frontenac acceptera qu'un de ses collègues de l'Opposition pose...
M. Grégoire: Je voudrais avoir des réponses avant
à ma question sur les principes.
M. Vallières: Vous ferez comme nous autres, vous
attendrez.
M. Grégoire: Je veux bien croire qu'on nous donne pour 2
000 000 $ de travaux, mais il y en a qui ont été calculés
l'an dernier. Cette année, j'ai pour 750 000 $ d'initiatives nouvelles,
alors que j'ai au-delà de 1100 milles de routes, dans mon comté,
et c'est quasiment tout en gravelle. Je suis sur la gravelle plus que n'importe
qui.
M. Clair: Si on veut avoir les statistiques de gravelle, on les
a, on va essayer de trouver cela. Mon adjoint parlementaire les a
laissées en haut. Les statistiques de gravelle, on pourrait vous les
fournir. Le comté de Frontenac est
effectivement du nombre des comtés qui en ont beaucoup, mais il
n'est pas le seul dans cette situation. Je lui pose la même question
qu'au député de Beauce-Sud. Qu'est-ce qu'il veut retenir comme
priorité, quand il y a un budget déterminé qui est
alloué à la construction routière? À moins de
rêver comme Alice au pays des merveilles ou je ne sais trop qui, il faut
utiliser les sommes disponibles, mais en fonction des priorités qu'on se
fixe. Je l'ai dit: La priorité du ministre actuel est d'aller au maximum
vers la voirie régionale: les routes principales, les routes
régionales et la voirie municipale, la voirie locale.
Les nouveaux projets d'autoroutes, je n'ai pas l'intention d'en faire
pour le moment. On complétera au fur et à mesure, en donnant
priorité aux projets sécuritaires, les autoroutes qui sont
déjà en chantier. J'ai même la conviction profonde que
c'est une solution comme celle-là qui est à l'avantage du
comté de Frontenac. Il ne faut pas faire l'erreur qu'on a commise
pendant un bon bout de temps de consacrer le meilleur de notre marge de
manoeuvre à la construction d'autoroutes au détriment de la
voirie régionale. J'ai eu l'occasion de le dire ce matin: Si les chemins
municipaux, routes principales, régionales et autres routes sont dans
l'état de détérioration où ils sont
présentement, ce n'est certainement pas dû aux cinq
dernières années; c'est un phénomène qui s'est
étendu sur une vingtaine d'années, qu'il est temps qu'on commence
à corriger et c'est ce que j'ai l'intention de faire.
M. Grégoire: M. le Président, juste pour
répondre au ministre. J'en ai pris mon parti pour l'autoroute.
M. Vallières: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gratton): Question de règlement,
M. le député de Richmond.
M. Vallières: Je vous pose la question. Est-ce que nous
sommes ici pour poser des questions au ministre, ou le ministre, pour poser des
questions aux députés? Il reste environ cinq minutes à la
commission et j'ai des questions à poser au ministre. Je pense que M.
Grégoire pourrait en parler dans son caucus, s'il a des échanges
à faire avec le ministre. Il reste environ quatre minutes maintenant
à la commission. J'espère que j'aurai l'occasion de poser
quelques questions au ministre.
Le Président (M. Gratton): Compte tenu que le
député de Frontenac est le premier député du parti
ministériel à prendre le temps de la commission, je lui
permettrai une dernière courte question.
M. Grégoire: J'ai commencé à exactement 17 h
43 et il est 17 h 55. Cela fait 12 minutes que j'ai commencé et j'ai le
droit à au moins 20 minutes, moi aussi, à cette commission.
Le Président (M. Gratton): D'ailleurs, on ne s'est pas
formalisé jusqu'à maintenant, de ce côté. Je permets
une dernière question au député de Frontenac pour ensuite
donner la parole au député de Richmond.
M. Grégoire: Je voudrais dire ceci au ministre: J'en ai
pris mon parti, pour l'autoroute, à l'heure actuelle. Mais cela ne veut
pas dire que j'accepte, par le fait même, qu'on me donne à peine
750 000 $ d'initiatives nouvelles pour ce qu'il appelle les routes
régionales et les autres routes. Si on vient m'ajouter ce qui avait
déjà été voté l'an dernier et que le
ministère n'a pas eu le temps de terminer, mais qui avait
été réservé l'an dernier, cela peut faire 2 000 000
$, mais je n'accepte pas de comptabiliser deux ans de suite les mêmes
routes. J'en ai pris mon parti pour les autoroutes, mais je calcule que,
n'ayant pas de dépenses d'autoroutes comme dans d'autres comtés,
mais me retrouvant avec à peine 750 000 $ d'initiatives nouvelles dans
le comté de Frontenac, qui est un comté, comme le ministre l'a
admis, où on est pas mal en gravelle plus que partout ailleurs,
là je me dis que ce n'est pas correct.
Je voudrais savoir - c'était là le but de ma
première question - si votre idée, c'est de continuer à
augmenter les dépenses pour le transport terrestre dans l'île de
Montréal, au détriment des routes dans les autres comtés
du Québec ou si, à un moment donné, vous allez essayer
d'équilibrer cela. Je m'aperçois que vos 120 000 000 $
d'augmentation, cette année, vous les mettez dans le transport en commun
dans les deux principales villes, mais vous négligez les autres
comtés. C'est là-dessus que je voudrais avoir une
déclaration de principe de votre part. (18 heures)
M. Clair: M. le Président, la question du choix entre le
transport en commun et la construction routière, c'est aussi vieux que
la chicane entre les ruraux et les urbains. Dans ce sens-là, je pense
que s'il y a de la place pour la construction et l'entretien du réseau
routier régional, l'ensemble du budget du ministère des
Transports affecté à la construction, à la conservation et
à l'entretien du réseau routier atteint 800 000 000 $, alors que
le programme d'aide au transport en commun, soit tout le programme 1, se situe
à environ 300 000 000 $ pour, bien sûr, en grande partie, la
région de Montréal. Maintenant, il faut dire, par contre, que,
l'avantage du ministère des Transports en ce qui concerne
la construction routière, c'est que l'argent qui est
dépensé à chaque année est investi
complètement pendant l'année en cours, alors qu'on sait que, pour
le transport en commun dans la région de Montréal, une bonne
partie des crédits qui sont affectés au ministère des
Transports pour le programme de transport en commun sert à entretenir un
service de la dette, pour la construction du métro, qui remonte à
1967.
Je pense que là-dessus, M. le Président, il ne faudrait
pas qu'au fil des ans on fasse le développement du transport en commun
au détriment de la construction routière au Québec ou au
détriment de la conservation du réseau routier. Mais il y a place
pour les deux et on essaie d'avoir une position aussi juste et raisonnable que
possible entre les deux.
M. Bourbeau: ... Je suis content de voir que le ministre est en
train de se joindre à ma théorie.
Le Président (M. Gratton): II est 18 heures. Est-ce que le
programme 3 est adopté? Non?
Alors, si je comprends bien, il y a encore des questions au programme 3.
Si c'est le cas, on continuera l'étude du programme 3 à la
prochaine séance.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de faire encore
une quinzaine de minutes, peut-être, pour tenter de finir le programme 3?
Est-ce que c'est impossible de faire cela?
M. Clair: Si on pense pouvoir faire cela en quinze minutes.
Une voix: On n'aura pas le temps.
M. Bourbeau: Combien de temps aurons-nous lors de la reprise, M.
le Président?
Le Président (M. Gratton): Je pense que l'entente qui est
intervenue est pour un bloc de deux heures.
M. Bourbeau: Cela devait être deux heures pour les
programmes 5, 6, 7, 8 et 9, Si on commence à emprunter... Le
député de Pontiac me dit qu'on n'a pas assez de quinze minutes;
donc, j'estime que cela va être au minimum 30 minutes.
Le Président (M. Gratton): Pourrais-je suggérer aux
membres de l'Opposition de s'entendre entre eux quant à la
répartition du temps?
M. Bourbeau: Avec le député de Frontenac,
évidemment!
M. Grégoire: J'assisterai à votre caucus.
Le Président (M. Gratton): Je n'ai pas d'objection
à ce que vous incluiez le député de Frontenac dans vos
conciliabules. Par contre, l'entente est claire; c'est un bloc de deux heures.
La répartition quant à l'utilisation de ces deux heures devra se
faire entre vous. Je pense que normalement la commission devrait se
réunir le mardi 3 mai, mais de toute façon on aura un ordre de
l'Assemblée.
M. le député de Pontiac, rapidement.
M. Middlemiss: Est-ce qu'il serait possible d'avoir
l'échéancier pour les routes régionales?
M. Clair: Le seul engagement que je prends - parce que si on
commence à traiter de l'ensemble du programme de construction
routière en incluant la petite voirie, cela devient quelque chose de
très compliqué a photocopier et risque de donner lieu à
des débats interminables - c'est d'expédier, dès que les
crédits des programmes 3 et 4 seront adoptés, à chacun des
députés la programmation retenue pour son comté.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Lors de la séance de ce matin, je pense que
le ministre devait se faire communiquer l'entente. Est-ce que le ministre a eu
la chance de la regarder? On avait dit qu'on en reparlerait, mais...
M. Clair: Oui, je l'ai entre les mains, mais je n'ai pas eu le
temps de la lire.
M. Bourbeau: L'entente avec Ottawa sur les trains de
banlieue.
M. Clair: Je vous lis l'article 6: "Le Québec ou les
organismes qu'il désignera à cette fin s'engagent à
planifier et à exploiter le service de métro régional de
surface envisagé de manière à coordonner la planification
du métro régional avec les services ferroviaires actuels ou
futurs de voyageurs, qui emprunteraient les mêmes voies que le
métro régional dans le tunnel Mont-Royal et la Gare centrale. Le
Québec fera en sorte de planifier les infrastructures et
équipements ferroviaires nécessaires pour l'exploitation du
métro régional dans la région de Montréal afin
qu'ils soient d'une technologie compatible avec un futur service Mirabel-rail,
que ce service soit une partie intégrante du métro
régional ou soit exploité séparément par toute
autre agence."
Alors, c'est uniquement au plan de la technologie qu'il doit être
compatible.
M. Bourbeau: Ce sont les mots que j'ai
employés ce matin.
M. Clair: C'est ce que je disais, mais ce n'est pas une condition
qu'il est difficile de satisfaire, parce que, de nature, la technologie est
compatible.
M. Bourbeau: Cela dépend de quoi on parle. Si on parle
d'un train "choo-choo" rail, ce n'est pas compatible. On parle d'un train
moderne; plus que d'un train, en fait; on parle...
M. Clair: D'un éventuel métro de surface.
M. Bourbeau: Alors, la question avait été
amenée par le fait que vous aviez prévu, dans le plan de
Belleval, que ce serait la ligne Vimont qui irait vers Mirabel et, là,
vous avez signé un document qui dit que ce sera la ligne Deux-Montagnes.
Ma question est toujours la même: Laquelle des deux va aller à
Mirabel?
M. Clair: II n'y a pas de décision de prise
là-dessus et cela ne détermine pas l'avenir que d'accepter cela.
Cela garde deux possibilités ouvertes.
Le Président (M. Gratton): M. le député de
Pontiac, brièvement.
M. Middlemiss: Est-ce qu'il serait possible d'avoir une copie de
l'échéancier des routes régionales et secondaires pour
notre propre usage?
M. Ouellette: Oui, vous allez avoir cela quand les crédits
seront acceptés.
M. Middlemiss: On ne peut pas l'avoir avant; pour quelle
raison?
M. Clair: Écoutez, la tradition est à cet effet,
dans un premier temps. Deuxièmement, le député de Laporte
aura ainsi l'occasion de discuter d'autre chose que de tous et chacun des
échéanciers de routes régionales.
M. Mailloux: Disons que, contrairement à ce que vient de
demander mon collègue, je sais que la tradition a toujours invité
le ministre des Transports à déposer ces documents quelques jours
après l'acceptation de ses crédits pour éviter des
débats interminables.
Le Président (M. Gratton): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 06)