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(Seize heures treize minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente des transports se
réunit aux fins d'étudier trois projets de règlement
concernant le transport scolaire, le règlement sur les véhicules
automobiles affectés au transport des écoliers, le
règlement sur le transport scolaire et les règles
budgétaires sur le transport des écoliers.
Les membres de cette commission sont MM. Blouin (Rousseau), Bourbeau
(Laporte), Clair (Drummond), Desbiens (Dubuc), Gauthier (Roberval), Lachance
(Bellechasse), LeBlanc (Montmagny-L'Islet) qui remplace Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Mailloux (Charlevoix), Middlemiss (Pontiac),
Ouellette (Beauce-Nord), Vaillancourt (Orford).
Peuvent aussi intervenir MM. Assad (Papineau), Baril (Arthabaska),
Beaumier (Nicolet), Caron (Verdun), Grégoire (Frontenac), Maciocia
(Viger), Mathieu (Beauce-Sud), LeMay (Gaspé) qui remplace M. Perron
(Duplessis) et M. Rodrigue (Vimont).
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais faire une
substitution, remplacer M. Mathieu (Beauce-Sud) par M. Pagé
(Portneuf).
Le Président (M. Rochefort): Alors, M. Pagé
(Portneuf) remplace M. Mathieu (Beauce-Sud).
Alors, est-ce qu'on pourrait procéder à la nomination d'un
rapporteur, s'il vous plaît?
M. Clair: Je voudrais proposer, M. le Président, le
député de Rousseau.
M. Bourbeau: Est-ce que c'est une motion débattable, M. le
Président?
Le Président (M. Rochefort): Sûrement.
Une voix: Combien d'heures?
Une voix: Vous avez droit à 30 heures.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? M. le
député de Rousseau est désigné rapporteur de cette
commission. M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Michel Clair
M. Clair: Merci, M. le Président. La réforme du
transport scolaire a été lancée le printemps dernier en
mai-juin, et elle a procédé très rapidement, compte tenu
des délais assez courts dans lesquels on devait agir. Le
ministère des Transports a, dans un premier temps, déposé
un livre blanc sur la réforme du transport scolaire, en vue de faire
connaître aux intervenants quels étaient les grands
paramètres de la réforme qu'envisageait de réaliser le
gouvernement. À la suite de la publication de cet énoncé
de politique, le ministère des Transports a reçu un grand nombre
de mémoires de la part des différents intervenants, que ce soient
l'Association des transporteurs écoliers du Québec, la
Fédération des commissions scolaires, certaines commissions de
transport. On a tenté, autant que faire se peut, d'en tenir compte dans
l'élaboration du projet de loi 31 qui a été adopté,
comme vous le savez, à la fin du mois de décembre dernier. Par la
suite, au moment de l'adoption du projet de loi 31, j'avais pris l'engagement,
compte tenu que la réforme est quand même très
substantielle... La présence aujourd'hui dans les galeries du salon
rouge d'un grand nombre de personnes témoigne justement de
l'intérêt de ces gens pour cette réforme qui, somme toute,
malgré certains points d'interrogation dans différents milieux.
On n'a jamais satisfaction pleine et entière lorsqu'une réforme
d'envergure survient, mais personnellement je suis très satisfait du
travail qui a été accompli par les fonctionnaires. Notamment au
niveau de la prise en considération des demandes qui nous provenaient
des différents milieux, on peut dire que c'est une réforme qui
aura été réalisée avec la collaboration des
principaux intéressés.
Alors, en décembre dernier, il a été
décidé à l'Assemblée nationale de tenir cette
commission parlementaire. Entre-temps, jusqu'après la date limite qu'on
s'était donnée pour le dépôt des mémoires,
nous avons tenu compte au ministère des Transports, autant que faire se
peut, des différents points de vue qui nous ont été
exprimés et nous avons consolidé dans trois documents, comme vous
l'avez souligné, cette réforme au niveau réglementaire. Le
premier règlement, c'est le règlement sur les véhicules
automobiles affectés au transport
des écoliers, qui reprend substantiellement les dispositions qui
existaient déjà en matière de normes de
sécurité, si on veut, des véhicules affectés au
transport des écoliers. Un deuxième règlement, qui donne
suite au projet de loi no 31, s'appelle le règlement sur le transport
scolaire, et enfin il y a un troisième document: Les règles
budgétaires.
Dès que ces documents ont été prêts, nous
avons essayé de les communiquer. On est resté en contact tout le
temps avec au moins des représentants de chacun des grands points de
vue, le monde scolaire, le monde des transporteurs, le monde des commissions de
transport. Jusqu'à la toute dernière minute nous avons
reçu des commentaires sur des améliorations possibles à
apporter à cette réglementation, à ces règles
budgétaires.
Sans commettre de précédent qui nous serait
reproché par nos leaders respectifs à la Chambre, malgré
que le mandat de la commission ne soit pas dans ce sens, je pense qu'il y a une
disposition dans notre règlement qui pourrait nous permettre, si mes
collègues de l'Opposition, à qui j'ai eu le temps d'en glisser un
mot juste avant le début de la séance... Si mes collègues
ministériels et de l'Opposition concouraient, nous pourrions, puisque
notre horaire de travail va jusqu'à 18 heures ce soir et de 20 heures
à 22 heures, compte tenu de la présence dont je suis heureux,
d'un grand nombre de personnes qui vont pouvoir voir quelle genre de
discussions on peut avoir en commission parlementaire sur une réforme
comme celle-là. Compte tenu de leur présence et sans vouloir
porter préjudice à ceux qui n'auraient pas été
convoqués auparavant, je n'aurais aucune objection personnellement
à ce qu'un certain nombre de représentants, ceux qui pourraient
nous en manifester le désir dans les minutes qui vont suivre, puissent
venir à la table des témoins - non pas des témoins, des
invités, c'est ma déformation professionnelle - à la table
du public, communiquer à la commission permanente des transports leurs
points de vue.
Je pense que, si on avait, par exemple - je le fais simplement à
titre indicatif; si d'autres en manifestaient le désir, probablement
que, d'ici 18 heures, on pourrait entendre quatre ou cinq groupes -les
représentants de l'ATEQ, j'ai eu l'occasion de saluer le
président, le vice-président et les gens de l'ATEQ qui sont
présents, il y a des représentants du conseil scolaire de
l'île de Montréal qui sont présents également. J'ai
vu des représentants, dans les galeries, de la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Québec. Bien spontanément, en
voyant ces gens, je me suis dit qu'il serait peut-être intéressant
d'entendre les points de vue des transporteurs. S'il y a des gens de l'APAQ ou
d'autres associations, ils pourraient s'identifier, on pourrait suspendre la
séance pendant quatre ou cinq minutes, le temps de dresser une courte
liste.
Si jamais il y avait dans l'assistance vingt groupes qui
désiraient se faire entendre, mon collègue, le critique de
l'Opposition en matière de transport et moi, devrions essayer de nous
entendre sur un nombre de groupes qui soit aussi restreint que possible. Si on
pouvait entendre quatre ou cinq opinants sur cette réglementation, sur
les règles budgétaires, cela ne pourrait qu'éclairer les
discussions qu'on pourrait avoir ce soir, à compter de vingt heures. Ma
proposition est la suivante. Je pense que notre règlement nous le
permet. Si l'Opposition est d'accord, on ne devrait pas se faire disqualifier
comme membres de l'Association nationale pour cela. Si mon collègue de
l'Opposition qui a manifesté tantôt un intérêt pour
cela était d'accord, on pourrait suspendre les travaux cinq ou six
minutes, le temps de voir quels sont les groupes qui désirent être
entendus.
Je sais qu'on pourrait me reprocher de ne pas avoir lancé cette
invitation préalablement, mais je pense que la façon dont nous
avons procédé au cours de cette réforme, à savoir
publication d'un énoncé de politique, réception d'un grand
nombre de mémoires, prise en considération de ces
mémoires, mise en forme du règlement et des règles
budgétaires, je pense qu'il y a eu un effort de consultation assez large
qui a été fait, mais on pourrait coiffer cela de ce que je viens
de proposer.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte sur cette question.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir de
souhaiter la bienvenue, comme M. le ministre, à tous les gens qui nous
font l'honneur de leur visite cet après-midi. Il me fait
également plaisir de saluer tous les députés à
cette table et, plus précisément, le député de
Charlevoix, ici à ma gauche qui, comme tout le monde le sait, est
l'ancien ministre des Transports. Il est sûrement, sans vouloir insulter
qui que ce soit, celui qui a le plus d'expérience et le plus de
connaissances dans ce domaine, étant donné le nombre
d'années au cours desquelles il a servi au ministère des
Transports.
J'aimerais également souligner que c'est sous son administration
que la réforme du transport scolaire au Québec a
été amorcée en 1974. Vous me permettrez, M. le
Président, de citer uniquement un paragraphe du communiqué
émis par l'ATEQ et qui dit, à l'égard de cette
réforme de 1974, que "cette manière d'opérer a permis un
service hors pair à la population étudiante et contribué
à hausser la qualité sécuritaire du
service à un degré d'excellence."
Je pense qu'il faut quand même reconnaître que la
réforme de 1974, si elle n'était pas parfaite et si elle est
devenue assez onéreuse avec le temps, a quand même
été très intéressante pour le transport scolaire.
Elle a contribué, je pense, à améliorer un service qui
n'existait pratiquement pas avant ou qui existait à un état
anarchique. Je pense qu'il y a lieu de rendre hommage au député
de Charlevoix.
Lors de l'étude des crédits, au printemps 1981,
l'Opposition avait souhaité et exhorté le gouvernement à
réformer le transport scolaire qui était devenu avec le temps un
problème et nous avons applaudi, évidemment, lorsque le
gouvernement a présenté un projet de loi à l'automne 1981.
Nous avons collaboré d'une façon, je pense, exemplaire à
l'adoption de la loi 31, au mois de décembre, et le ministre se
souviendra qu'à ce moment-là l'Opposition a tout fait pour tenter
d'aider le ministre à adopter son projet de loi avant les vacances de
Noël. Nous l'avons fait dans un climat de coopération et sous la
promesse formelle que le ministre tiendrait une commission parlementaire
justement en début d'année afin de nous permettre
d'étudier la réglementation et d'éviter ainsi que la
réglementation arrive dans le décor sans que les
intéressés aient eu le temps de l'examiner.
Nous avions également exhorté le ministre - il me
permettra de lui rafraîchir la mémoire - à tenir une
audition de tous les intervenants au cours de la même commission
parlementaire. Malheureusement, à ce moment-là, nos désirs
n'avaient pas été exaucés. Je suis heureux de voir que le
temps a fait son oeuvre et qu'après deux mois et demi, les suggestions
de l'Opposition ont finalement convaincu le ministre. Il s'est repenti et,
aujourd'hui, enfin, il ouvre la porte à tous les intervenants, ce qui
permet de conclure...
M. Clair: Je serais curieux de voir le journal des
Débats.
M. Bourbeau: ... que même si l'Opposition ne remporte pas
toujours des victoires, à la longue, quand on parle le langage du bon
sens, ça finit toujours par être compris.
Alors, M. le Président, c'est avec beaucoup de plaisir que
l'Opposition accepte d'entendre ceux qui voudront se faire entendre ici
à la barre aux témoins, comme disait le ministre tout à
l'heure. En ce qui concerne l'ensemble de la réglementation -puisque
qu'on va en discuter après coup - je tiens à dire que nous sommes
d'accord, d'une façon générale, avec ce qui a
été déposé. Il y a certainement des points
précis avec lesquels nous ne sommes pas d'accord. Nous en ferons
état un peu plus tard au cours de l'étude de cette
réglementation. Je tiens simplement à dire que nous allons donner
notre assentiment dans la mesure où la réglementation va
permettre de maintenir la qualité et la sécurité du
transport. Je vous remercie, M. le Président.
M. Clair: M. le Président, est-ce que je comprends qu'on
s'entendrait pour, jusqu'à 18 heures, de la façon la plus souple
possible, entendre les personnes qui voudraient se faire entendre et, entre 20
heures et 22 heures, étudier la réglementation comme on l'avait
prévu?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a consentement
sur cette question?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Donc, consentement. Nous
allons suspendre nos travaux pour quelques minutes pour dresser la liste et
l'ordre des intervenants. Nous reprendrons nos traaux immédiatement
après.
M. Clair: J'invite les principaux groupes
intéressés à se faire entendre à venir nous
rencontrer. On pourrait se donner un point de l'encontre ici, en
arrière, à côté du président.
Le Président (M. Rochefort): La commission suspend ses
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 27)
(Reprise de la séance à 16 h 37)
Le Président (M. Rochefort): La commission des transports
reprend ses travaux.
La commission a décidé d'entendre les cinq organismes qui
en ont fait la demande. Nous entendrons donc M. Paul Noreau, secrétaire
associé de l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec; M. Yvon Saucier, président de l'ATEQ; M. Guy D'Amours,
conseil-cadre gestion du Conseil scolaire de l'île de Montréal; M.
Roger Cyr, de la Commission scolaire des Mille-Îles de l'île Laval,
et M. Léonce Bouchard, président de la CTCUQ, dans l'ordre que je
viens d'énumérer.
Nous vous allouerons environ une quinzaine de minutes chacun au cours
desquelles vous aurez l'occasion de nous faire part de vos commentaires sur les
trois projets de règlement que nous avons à étudier et
ensuite, s'il y a lieu, les membres de la commission vous poseront un certain
nombre de questions.
Je demanderais donc immédiatement à
M. Paul Noreau, secrétaire associé de l'Association des
propriétaires d'autobus du Québec, ainsi qu'à ses
invités de prendre place à la table des témoins.
Pour les fins du journal des Débats, je vous demanderais de vous
identifier et ensuite de faire part aux membres de la commission de vos
commentaires sur les trois projets de règlement.
Association des propriétaires d'autobus du
Québec
M. Noreau (Paul): Paul Noreau, secrétaire de l'Association
des propriétaires d'autobus du Québec, dite APAQ.
Des voix: Bonjour.
Le Président (M. Rochefort): Bienvenue parmi nous.
Vous pouvez y aller.
M. Noreau: Nous avons fait parvenir aux membres de la commission
- je ne sais pas s'ils l'ont reçu - un bref mémoire concernant
les trois documents. Le document où on s'est attardé est surtout
celui concernant le transport scolaire. Notre première suggestion est
à l'article 12 où il est dit qu'une commission scolaire doit
offrir d'abord à un organisme public de transport le transport scolaire
qui est fait dans son territoire. Nous, de notre association, suggérons
que semblable privilège doit aussi être accordé aux
détenteurs de permis de transport en commun qui exploitent aussi des
services de transport urbain dans des centres urbains ou dans des villes de la
province.
Si les grandes villes ont besoin d'un transport public, je pense que les
petites villes en ont aussi besoin. En 1974, il avait été convenu
que les commissions scolaires devaient négocier des contrats de
transport scolaire avec ceux qui donnaient le service de transport dans les
villes ou dans les centres urbains. Cela a permis, dans bien des cas, de
conserver le transport. Si cette décision n'avait pas été
prise, il y a plusieurs villes actuellement qui bénéficient
encore d'un transport en commun non subventionné et qui n'auraient plus
de transport. Si on veut, dans ces mêmes villes, que le transport
continue de se donner -d'abord, ils ne sont nullement rentables, très
déficitaires - ce sera grâce à l'apport du transport
scolaire qui permet de maintenir des structures qui servent aussi pour le
maintien du transport en commun. C'est notre première
recommandation.
La deuxième recommandation, à l'article 24: II est dit
qu'une commission scolaire ou une institution d'enseignement peut, dans les 30
jours qui suivent l'ouverture des soumissions, négocier de gré
à gré avec toute personne. On pense que cela n'est pas
raisonnable, que cela ne devrait pas être là. Tout de même,
si cette décision est prise, il faudrait que la différence qui,
actuellement, est fixée à 5% de la plus basse soumission, soit
à 10% de la plus basse soumission, pour éviter qu'il y ait du
patronage ou des injustices envers ceux qui, depuis de nombreuses
années, font du transport scolaire.
La troisième recommandation, aux articles 18 et 27: On exige un
chèque visé au cautionnement d'exécution équivalant
à 50% du prix du contrat. On croit que les 20% qui existent actuellement
seraient suffisants. D'ailleurs, l'expérience a démontré
qu'il n'y a jamais eu exécution du cautionnement pour défaut d'un
transporteur.
La quatrième recommandation, aux articles 26 à 28: II est
question des stipulations minimales des contrats. Nous pensons qu'il devrait
aussi y en avoir d'autres pour garantir la survie des services de transport
scolaire. À ce sujet, notre première suggestion est qu'il
faudrait que, dans le contrat ou dans la réglementation, il soit
stipulé que les paiements aient lieu à tous les quinze jours
comme présentement. Parce que les engagements des transporteurs, surtout
au point de vue personnel... Il faut au moins qu'ils soient payés
à tous les quinze jours. Alors, ils ont besoin des sommes
nécessaires pour faire face à leurs obligations.
Deuxième recommandation quant aux contrats, lorsqu'il y a une
suspension du transport non imputable aux transporteurs, actuellement, la
réglementation prévoit que les dix premiers jours seront
payés en totalité. On sait que souvent il y a arrêt de
transport et que le transporteur doit quand même faire venir ses
employés sur le "stand by" parce qu'il peut y avoir reprise des
activités. Alors, c'est une réglementation qui existe
actuellement et elle devrait être reprise dans la nouvelle
réglementation. Après dix jours, c'est la même stipulation
qu'actuellement, que le transporteur soit payé 60% du prix du
contrat.
Advenant une grève chez les transporteurs scolaires et,
naturellement, l'arrêt du transport, la suspension du transport sera
imputable à sa faute. Mais il ne faudrait pas que l'on fasse comme on a
déjà fait dans le passé, qu'on arrive à
décréter l'annulation des contrats du transport scolaire, comme
cela s'est déjà fait. Alors, le transporteur serait pris dans une
position intenable, se rendant à des demandes déraisonnables de
la part de ses employés, ou il ferait face à l'annulation des
contrats. Alors, c'est la faillite qui le guette au bout du chemin. Il faudrait
qu'il y ait une stipulation, parce que le règlement 11, à la
suite d'un jugement déclaratoire obtenu, a dit que la commission
scolaire ne pouvait pas annuler les contrats. Mais le règlement 11
n'étant plus là, est-ce qu'actuellement les transporteurs
seraient protégés contre une menace d'annulation des contrats,
face à une grève de leurs employés?
Enfin, pour les règles budgétaires, nous faisons une seule
recommandation, car le taux d'indexation retenu n'a pas été
indiqué dans le projet de réglementation. Nous croyons qu'il doit
s'agir de l'indice du coût du transport, parce que c'est cet indice qui
détermine réellement l'évolution des prix dans le domaine
du transport et non pas l'indice général du prix à la
consommation. (16 h 45)
Voici, ce sont les recommandations que nous faisons et nous les avons
faites dans l'espoir que le transport scolaire puisse se poursuivre avec la
même qualité qu'actuellement. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Très rapidement, M. le Président. En ce
qui concerne l'article 12, je pense que dans le corps même de la
réforme on trouve une bonne partie de la réponse à la
question de M. Noreau à savoir que, puisque la réglementation
permettra, dans un premier temps, la négociation avec le transporteur
qui est déjà en place, les transporteurs auxquels il fait
allusion, à savoir des transporteurs qui sont détenteurs d'un
permis de la Commission des transports du Québec et qui font
également du transport scolaire, sont déjà, à la
suite de la réforme de 1974, sur place et seront donc "dans une
situation privilégiée" pour négocier un contrat avec la
commission scolaire, puisqu'ils sont déjà sur place. Maintenant,
je prends note du commentaire de M. Noreau la-dessus et on va aviser
très rapidement quant à savoir s'il est possible de tenir compte
un peu plus encore de cette préoccupation.
En ce qui concerne l'article 24, je crois que l'écart de 5% est,
en soi, suffisant puisqu'un écart de 10% dans ce cas-là
signifierait des sommes de l'ordre probablement de 2000 $ à 2500 $,
j'émets un chiffre moyen, si on veut, et je pense que le frein que M.
Noreau recherche est dans les 5%, qu'il est suffisant, et le fait de passer
à 10%, ce serait, à toutes fins utiles, éliminer d'autres
possibilités que la soumission publique.
En ce qui concerne le cautionnement d'exécution équivalent
à 50% du prix du contrat, actuellement, si on regarde au niveau des
travaux publics, des grands travaux, par exemple, on m'a indiqué que le
cautionnement d'exécution exigé était
généralement de l'ordre de 50%, mais, étant donné
qu'effectivement notre objectif n'est pas d'augmenter les coûts du
transport scolaire, on va prendre cela en très sérieuse
considération, malgré le fait que, même si, auparavant,
c'était 20% dans un grand nombre de secteurs, la norme gouvernementale
est de 50%.
En ce qui concerne les articles 26 à 28, la plupart des points
soulevés par M. Noreau seront des dispositions qui se retrouveront au
contrat qui interviendra entre un transporteur scolaire et la commission
scolaire en question.
Enfin, en ce qui concerne le taux d'indexation, la proposition que j'ai
soumise au Conseil du trésor et au Conseil des ministres demande de
tenir compte davantage de l'indice des prix dans le transport et faire la
moyenne arithmétique de l'indice des prix à la consommation, plus
l'indice des prix en transport, en divisant par deux, ce qui fait qu'ainsi on
tiendrait compte du fait que l'industrie du transport, le secteur transport
scolaire, est un secteur du transport, mais je pense que le fait d'appliquer
purement et simplement la norme de l'indice des prix en transport aurait
continué de comporter une contribution gouvernementale beaucoup trop
forte par rapport au prix réel dans le transport scolaire. J'ai
essayé de faire cela le plus rapidement possible, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'il y a beaucoup
des observations qui ont été faites par M. Noreau qui reviennent
dans les autres documents, entre autres celui de l'ATEQ. En en parlant une
fois, probablement qu'on n'aura pas besoin d'en reparler une deuxième
fois après. Tout simplement, à l'article 12, est-ce que les
organismes de transport comme le vôtre sont compris dans la
définition d'un organisme public de transport? Je ne le pense pas, c'est
un organisme privé qui fait du transport public.
M. Clair: C'est un détenteur de permis de la Commission
des transports du Québec.
M. Mailloux: Ce n'est pas cela qui est indiqué.
M. Clair: Dans le règlement actuel, c'est un organisme
public de transport, donc une commission intermunicipale, municipale ou une
commission de transport, mais les personnes que M. Noreau voudrait qu'on inclue
sont les détenteurs de permis de la Commission des transports du
Québec.
M. Bourbeau: Ceux qui font du transport public dans des endroits
où il n'y a pas de commission de transport ou de corporation
intermunicipale de transport, à mon avis, je pense bien que ces
gens-là, nous devrions également leur donner le
privilège
d'être ceux auxquels les commissions scolaires devraient
s'adresser en premier lieu puisque, dans ces endroits-là, il n'y a pas
évidemment de transport public normal; moi, je trouve cette position
assez raisonnable.
Pour ce qui est du fameux article 24 où on permet, après
qu'une soumission a été ouverte, de rejeter les soumissions et de
négocier un contrat avec toute autre personne, pourvu qu'il y ait une
différence de 5%, nous pensons que c'est un très dangereux
précédent à introduire dans le jeu des négociations
et dans le jeu des soumissions. Si on commence à permettre, une fois que
les soumissions ont été reçues, à quiconque,
même quelqu'un qui n'était même pas soumissionnaire, de
s'introduire dans le dossier et d'obtenir le contrat à un prix
inférieur de 5%, c'est ouvrir la porte à des abus, à des
critiques, à l'arbitraire, à une foule de problèmes que le
ministre connaît sûrement autant que moi. On reviendrait
peut-être exactement à la jungle qui existait avant que M.
Mailloux décide d'apporter un peu de réforme dans ce domaine en
1974. Je ne vois pas comment on peut souscrire à cette clause. Je
parlais justement il y a quelques jours à quelqu'un qui est dans le
domaine, qui me disait: Le lendemain que les soumissions sont ouvertes, je peux
faire un appel téléphonique à deux ou trois bonshommes et
dire: Écoute, si tu veux un contrat, tu peux l'avoir à 95% du
montant du plus bas soumissionnaire, amène-toi, on signe demain matin.
Je lui ai répondu: Je n'aurai même pas besoin de faire d'appels
téléphoniques, vous allez recevoir des appels de gens qui vont
vous offrir d'avoir le contrat à 95%, surtout s'il s'agit de contrats
importants où les montants sont en haut de 1 000 000 $. On peut penser
que pour 5% sur 1 000 000 $ ou 1 500 000 $, il y a toujours moyen de compresser
la soumission et de décrocher le contrat dans ces cas. Ou bien il faudra
augmenter à 10% ou bien il faudra trouver une autre façon, mais
je ne pense pas que ce soit la trouvaille du siècle, en ce qui nous
concerne, de toute façon.
En ce qui concerne la suspension des paiements après deux jours
en cas de grève non imputable aux transporteurs, la position de l'APAQ
est tout à fait défendable. Puisque ces gens sont liés par
contrat et doivent payer des salaires pendant deux semaines dans des cas de
grèves, par exemple, de grèves d'enseignants, on ne voit pas
pourquoi le gouvernement cesserait les paiements au bout de deux jours,
puisque, par contrat, ils doivent payer pendant deux semaines, je crois. Il me
semble qu'on devrait au moins respecter le délai auquel eux-mêmes
sont tenus.
Il reste évidemment la question du taux d'indexation retenu. Le
ministre s'est gardé toute latitude avec une phrase qui ne veut pas dire
grand-chose et qui permet de compresser à peu près comme on veut.
Le texte qui est employé, on pourra y revenir ce soir. Vous avez la
possibilité de dire, à peu près au moment où vous
voulez: Dans ce cas, on pense que c'est trop cher, on coupe, mais il n'y a pas
de paramètres du tout d'établis. Ce qui fait penser que pour les
4% qu'on avait évoqués dans le livre blanc comme étant la
compression que le gouvernement voulait appliquer et qui ont été
réduits à 2%, vous allez chercher les autres 2% en utilisant
cette clause au fur et à mesure des besoins du ministère.
Ce sont à peu près les remarques que j'avais à
faire sur votre intervention. Je ne sais pas si d'autres veulent en faire.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais simplement faire
une observation quant à ce qui est dit sur l'article 12 et appuyer un
peu ce que mon collègue de Laporte vient d'avancer, en ce sens que, dans
le règlement, on invite les transporteurs publics qui sont dans le
milieu à faire une soumission; le transporteur privé qui est un
transporteur d'écoliers fait probablement aussi de la charte-partie. Ce
qui m'inquiète davantage, c'est ceci: S'ils ne sont pas
privilégiés comme les commissions de transport, là
où il n'y a pas de transport en commun, je pense qu'on a constaté
dans le passé qu'il y a eu de la syndicalisation assez avancée
dans tout le transport scolaire. Si on ne met pas une différence de 10%
entre ce qui est indiqué dans le règlement et ce qui devrait
être indiqué, on verrait peut-être de nombreux transporteurs
nouveaux arriver et concurrencer avec 5% de moins, avec des employés non
syndiqués. Je me demande ce que cela apporterait sur l'ensemble de la
concurrence qui s'établirait alors. Est-ce que des gens pourraient avoir
du "cheap labour" pendant des mois ou des années et pourraient
concurrencer la syndicalisation qu'a dû affronter l'ensemble des
transporteurs scolaires, avec les coûts afférents, je l'avoue?
C'est un point d'interrogation que le ministre devrait avoir à l'esprit,
parce que cela va sûrement jouer; s'il y a de la concurrence et s'ils ne
sont pas privilégiés comme les commissions de transport, ceux qui
sont sur place auront sûrement une concurrence mortelle des entreprises
dont les employés ne seront pas syndiqués.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Les membres de cette
commission vous remercient, M. Noreau.
J'inviterais maintenant M. Yvon Saucier, président de l'ATEQ.
M. Saucier, je vous demanderais d'identifier les personnes qui vous
accompagnent.
Association du transport écolier du
Québec
M. Saucier (Yvon): Oui, M. le Président. Avec moi, il y a
le vice-président, M. Jean-Yves Bourgault et M. Michel Charlebois, le
directeur général de l'ATEQ. Beaucoup de transporteurs sont
également ici avec moi.
Le Président (M. Rochefort): Parfait. Si vous voulez nous
faire part de vos commentaires, s'il vous plaît.
M. Saucier: Mon premier commentaire est certainement d'abord pour
vous remercier et remercier le ministre de nous avoir donné l'occasion
de pouvoir communiguer avec vous autres, de donner le point de vue des
transporteurs, ceux gui ont à oeuvrer dans ce domaine depuis nombre
d'années. On constate heureusement - on vous en félicite - un
changement pas mal accentué du livre blanc - on a préparé
un mémoire dans lequel on le contestait - dans la réglementation
qu'on retrouve aujourd'hui. Il est évident que nous avons
souligné des points déjà et on vous souligne encore cet
après-midi des points très majeurs pour nous autres sur lesquels
nous voudrions que vous portiez une attention spéciale. Encore une fois,
je remercie tous les membres de cette commission d'avoir bien accepté de
nous entendre cet après-midi.
Il est évident que ce qui nous a toujours
préoccupés, c'est la sécurité et je pense que,
depuis la réforme de 1974, on a pu offrir un transport
sécuritaire. Si on regarde les statistiques, je pense que nous sommes
actuellement le modèle le plus sécuritaire en Amérique du
Nord. On est donc fier, le Québec est fier de pouvoir offrir un tel
service à la gent la plus précieuse, celle des enfants.
Il y a des points qui nous tiennent à coeur et dont on voudrait
bien continuer à discuter dans le domaine de la sécurité,
par exemple les berlines. Vous savez que, dans la réglementation, on a
réglementé les autobus d'écoliers et aussi les
véhicules d'écoliers, les minibus et on n'a rien fait concernant
les berlines. Nous autres, nous appuyons, nous demandons qu'on élimine
une fois pour toutes les berlines, si on veut continuer d'avoir un transport
sécuritaire. Au pis aller, si vous voulez les garder absolument, il va
falloir les rendre aussi très sécuritaires, parce
qu'actuellement, c'est aberrant ce qu'on voit. On sera blâmé par
la population, c'est évident. Si un accident arrive à une
berline, on dira: Ah! le transport scolaire; ah! le péril jaune, tout ce
que vous voudrez. On est tanné de cela. On est conscient que, chez nous,
lorsqu'on a réglementé les autobus d'écoliers, les
véhicules d'écoliers, on était d'accord, mais à
condition que ce soit le plus sécuritaire possible. Donc, un transport
sécuritaire, c'est bien important pour nous autres. (17 heures)
II est également très important, si on veut continuer
d'offrir un service sécuritaire, d'avoir un contrat. Comme on l'a
indiqué dans les recommandations qu'on a faites -vous les avez
étudiées les unes après les autres - le contrat est
très important pour nous parce que ça nous permet de fonctionner
avec quelque chose sur lequel on peut se guider. Ensuite, il est important,
lorsgue l'on construit les autobus, si on nous demande des recommandations
concernant les normes de construction, concernant la réglementation des
véhicules d'écoliers, il faudrait que les constructeurs d'autobus
soient aussi réglementés.
Il y a un point qu'on ne retrouve pas dans la réglementation. On
nous a dit que ça viendrait plus tard. Pour nous, c'est un
problème majeur. Actuellement, on retrouve le problème des
chartes-parties. On était heureux quand le livre blanc nous a permis 200
kilomètres de distance. Là, on ne retrouve rien. Actuellement, la
population crie très fort. Vous savez, à la suite du livre blanc,
à la suite de cette orientation, on a dit: Enfin, on va pouvoir offrir
nos services à la population du Québec. On était d'accord
avec le livre blanc. On a envoyé un communiqué à nos
membres disant: Oui, c'est la recommandation du livre blanc. On est allé
de bonne foi dans cette optique-là. La seule chose qu'on a eue, c'est
300 $ par la tête pour plusieurs d'entre nous. Alors, ça nous a un
peu chatouillés. On a dit à nos membres: Écoutez, n'en
faites plus. Mais les associations qui ont goûté à
ça, gui ont aimé ça - parce qu'il y a beaucoup de petites
associations de clubs de hockey, de clubs de ski, qui ont pu
bénéficier de ces services à un coût qui est quand
même raisonnable -sont du jour au lendemain privées de ça.
Elles étaient heureuses d'avoir le livre blanc mais, actuellement, elles
sont devant un problème.
Ensuite, il y a une chose dans nos recommandations qui est très
importante, c'est la limite de temps allouée à une commission de
transport, ou à une commission intermunicipale, pour donner une
réponse. Supposons que l'on offre un service à la commission
intermunicipale et qu'elle répond deux ou trois mois après; on se
retrouve, comme on dirait en langage vulgaire, Gros-Jean comme devant, sans
savoir où l'on va. Au moins, qu'ils mettent une limite. On avait
fixé à dix jours cette limite; c'est ce qu'on retrouvait avant,
dans l'ancien règlement. L'esprit de l'article 12, on considère
que c'est dans ce même esprit qu'on retrouve soumission et, après,
négociation. Nous, on aimerait retrouver -
pour que tout le monde se comprenne -négociation après
soumission. Je pense que si on veut continuer à avoir un service
sécuritaire, il faut quand même que cette négociation se
fasse. Je pense que c'est dans l'esprit de cette commission qu'une franche
négociation se fasse avec les transporteurs actuels. Alors, au lieu
d'aller en soumission en premier, je pense qu'on devrait intervertir les mots.
Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais c'est important qu'on
intervertisse ces mots et qu'on insiste beaucoup sur la négociation,
parce que je pense qu'on pourra se comprendre davantage en négociation
qu'en soumission.
On n'a pas touché tellement au domaine de la caution, du bon
d'exécution de 50%. Pour nous, il est important que ce soient des
transporteurs raisonnables, solvables et rentables, en autant qu'ils pourront
rester rentables. On n'a pas tellement touché à ce domaine mais
on n'aimerait pas, non plus, que ce soit trop bas. On pourrait même vous
suggérer 35%, au lieu de 50%. Il y a plusieurs points qu'on a
touchés et qui vont revenir, vous les avez entre les mains. Pour nous,
l'important, c'est surtout le devis qui entrera dans le contrat. Le contrat
sera très important pour nous. Comme mon prédécesseur le
disait, il ne faut pas revenir à une formule d'avant 1974, où on
était payé une fois par année; on ne pourra pas
fonctionner, on ne pourra pas offrir un service sécuritaire. Donc, il
faudra que les clauses soient semblables à l'ancien contrat ou, du
moins, préparées en conséquence et reflétant un peu
les clauses que l'on a actuellement dans notre contrat, pour qu'on soit
payé au moins à tous les quinze jours pour que ce soit
réellement administratif. Lorsqu'on se penchera sur la formulation du
contrat, ce sera très important pour nous parce que c'est avec ça
qu'on va travailler. On espère, et on espère avec vous autres, je
pense bien, que l'esprit de ce projet n'est pas de favoriser, au
détriment des transporteurs actuels, un genre de maquignonnage ou de
favoritisme. L'association a pris ce règlement positivement et on veut
embarquer positivement dans ce règlement. Nous ne sommes pas contre le
règlement, au contraire, on en est heureux, mais il va falloir que
chacun fasse les efforts voulus pour embarquer positivement dans ce
règlement-là. On comprend exactement toutes les exigences qui
peuvent nous retenir.
M. Charlebois (Michel): Dans l'esprit de ce qu'on vient de dire,
nous aimerions mentionner certains points du projet de règlement qui
mériteraient une attention particulière, à commencer par
l'article 2, sur la composition du comité consultatif de transport. Dans
l'esprit de laisser à la population le soin de prendre des
décisions qui vont répondre aux besoins de toute la population,
on a suggéré de conserver le responsable des services de
transport au comité ainsi que le représentant de l'organisme
public de transport ou de chacun des organismes publics de transport, mais de
les exclure du droit de vote. La raison de cette demande est que chacune des
personnes, soit le ou les responsables du service de transport, soit le ou les
représentants des organismes publics, est impliquée directement
dans les fonctions quotidiennes du transport et doit faire des
représentations au niveau du comité. Je pense que ça peut
placer ces personnes dans des situations difficiles si elles avaient à
prendre un vote qui, tout compte fait, est un vote politique.
En ce qui concerne l'article 12, comme M. le président l'a
mentionné, nous suggérons d'inverser la dernière ligne de
l'article sans en modifier l'essence alors que, dans la réglementation,
l'esprit est toujours centré d'abord sur la négociation avec les
transporteurs en place et ensuite vers les soumissions publiques. On demande
d'inverser les mots "négociations de gré à gré ou
soumissions publiques" au lieu du texte qui est présenté
actuellement au projet de règlement.
En ce qui concerne l'article 13, nous avons demandé, à
toutes fins utiles, l'élimination des berlines, alors qu'on
suggère que tout le transport scolaire soit fait soit par autobus ou par
minibus. Mais, comme M. le Président vient de le mentionner, au minimum,
il serait important de réglementer la construction et surtout
l'inspection et l'utilisation des berlines afin que cette quantité, qui
commence à être importante, présente autant de
sécurité pour les écoliers que ce que donnent actuellement
les autobus.
L'article 15. Actuellement, le règlement propose ou donne la
possibilité à la commission scolaire d'offrir des contrats
à quiconque, de négocier des contrats avec quiconque, quand
l'année scolaire a débuté. Je fais une remarque ici,
disant qu'il serait important de mentionner ce qu'est une année scolaire
au niveau du règlement. C'est certainement un oubli qui se corrigera
plus tard mais, d'après le projet de règlement actuel, quand
l'année scolaire serait commencée, la commission aurait le
privilège d'offrir et de négocier des contrats à toute
personne. Nous ne pouvons pas accepter ceci.
Nous suggérons que la commission doit d'abord offrir le ou les
contrats disponibles à un des transporteurs déjà sous
contrat avec elle et, si elle ne peut s'entendre avec le transporteur de son
choix, elle devra aussi l'offrir à d'autres transporteurs
déjà sous contrat, et c'est à ce moment-là que, si
elle ne peut s'entendre avec ces transporteurs, elle pourra recourir aux
soumissions publiques. En passant, la réglementation
actuelle est beaucoup plus sévère que ça à
ce niveau. Si la commission scolaire offre un véhicule
supplémentaire à un transporteur et qu'il le refuse, elle n'a pas
tellement le choix que d'aller en soumissions publiques.
Ensuite, nous avons une demande au sujet du devis de transport. Si
jamais, dans une ou quelques-unes des commissions scolaires, il n'y avait pas
possibilité d'entente de gré à gré - ce dont on
doute -il y aurait lieu de demander des soumissions publiques, c'est
prévu au règlement. À ce moment il faudrait, au niveau des
devis, inclure une copie du contrat à intervenir entre les parties.
C'est extrêmement important pour nous de savoir sur quoi on va
soumissionner. Il faudrait aussi que le devis mentionne que le montant du
cautionnement de soumission est équivalent et ne sera valable que si le
contrat est octroyé au prix fixé par ce soumissionnaire. Cette
demande est compréhensible par le fait qu'on donne la possibilité
de retourner aux négociations avec toute personne qui n'a pas
déposé de cautionnement de soumission et on ouvre ce qu'on
appelle de folles enchères. Advenant le cas où un des
soumissionnaires qui a déposé un cautionnement de soumission se
réveillait avec un contrat à un prix ridicule, la caution serait
obligée de répondre de sa folle enchère, pendant qu'un tas
de personnes, même pas dans le transport, pourraient participer à
la folle enchère, même recevoir le contrat audit prix ridicule et
s'en laver les mains parce que après elles ne pourraient pas avoir de
cautionnement d'exécution. Si le devis mentionne que le prix de la
caution est équivalent au prix de la soumission, le problème que
je viens de soulever n'existe pas.
Ce sont les recommandations qu'on suggère au projet du
règlement.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, tel que convenu, on doit
terminer à 18 heures. Je vais faire, très rapidement, seulement
un commentaire sur chacun des principaux sujets et on aura l'occasion d'y
revenir ce soir.
En ce qui concerne la berline, je pense que ce serait irresponsable sur
le plan de la simple gestion des fonds publics d'exclure complètement la
berline parce qu'il y a des cas où cela est le moyen le plus
économique de répondre à des besoins particuliers.
Cependant, je voudrais rassurer les membres de la commission et l'ATEQ.
La tendance n'est pas à l'augmentation du nombre de berlines puisque les
statistiques dont je dispose démontrent, en 1974-1975, 518
véhicules et, en 1982-1983, 489 véhicules. Cependant, je ne suis
pas fermé à la possibilité qu'éventuellement il y
ait une réglementation plus serrée sur la question de la
berline.
En ce qui concerne la charte-partie, je dirais simplement à
l'ATEQ qu'il semble que les gens ont trop eu hâte de voir entrer en
vigueur ce règlement et qu'on ne peut pas faire d'exception tant que la
loi et les règlements seront dans l'état où ils sont. Ils
doivent être respectés. La raison pour laquelle il n'y a pas de
règlements disponibles actuellement sur cette question, c'est que
j'envisage la possibilité d'avoir un règlement qui couvrirait
l'ensemble du territoire en même temps plutôt que d'entrer en
vigueur progressivement par région, ce qui pourrait créer des
difficultés.
En ce qui concerne l'article 12, au niveau du libellé, j'accepte
le libellé qui nous est proposé; cela ne change pas le sens, cela
ne fait que clarifier l'article. Quant aux délais de négociation
avec les commissions de transport, il est certain qu'il serait avantageux
d'avoir un délai afin de ne pas laisser une commission scolaire en
suspens indéfiniment, selon le bon vouloir d'une commission de
transport. On va essayer de trouver une façon de libeller cela de
façon acceptable.
Au niveau du comité consultatif, je dois dire là-dessus
qu'on a eu toutes sortes de représentations et que si on les suivait
toutes, le comité consultatif de transport comprendrait des dizaines,
voire peut-être même des centaines de personnes. Si on essayait de
tenir compte des avis de tout le monde, ce comité risquerait
d'être non fonctionnel. Là-dessus, je n'ai pas l'intention de
proposer de modification.
Au niveau de la formulation du contrat, comme on le sait, c'est une
responsabilité qui incombe aux commissions scolaires. Au niveau de
l'article 15, pour la négociation avec toute personne dès que
l'année scolaire sera commencée, nous allons tenir compte de la
recommandation de l'ATEQ. Est-ce que la formulation sera celle qui est
proposée par l'ATEQ? Je dois dire immédiatement que non, ce ne
sera pas celle-là, mais il y aura quelque chose qui ira dans ce sens
afin de ne pas permettre - je comprends qu'il ne faut pas prêter une
mauvaise intention mais si on laisse le trouble là, il sera là -
à une commission scolaire d'avoir un très petit nombre
prévu d'autobus dans le devis et, dès que l'année scolaire
est commencée, de négocier à gauche et à droite
pour un, deux, trois ou guatre véhicules. On va trouver une disposition
qui va préciser ce qu'on avait mis dans le règlement. (17 h
15)
Alors, je vais essayer de faire cela le plus rapidement possible, afin
qu'on termine à 18 heures. On aura peut-être l'occasion, avec mon
collègue et avec mes collègues, de revenir sur ces questions ce
soir.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M.
le ministre.
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je me réjouis de voir
que le ministre est d'une très grande souplesse cet après-midi et
je retiens que c'est une très bonne chose d'inviter des gens, parce que,
quand on est en commission parlementaire fermée, il n'y a pas moyen de
lui faire bouger une virgule dans un texte.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
M. Bourbeau: Mais, tout à coup, je vois que la
majorité des suggestions que nous allions lui faire, il les accepte
d'emblée, parce que cela vient de l'ATEQ. Alors, c'est extraordinaire,
cela va raccourcir d'autant la réunion de ce soir.
Il y a un point, M. Charlebois, sur lequel je voudrais revenir. C'est la
question des cautionnements. Est-ce que votre organisme n'est pas
impliqué dans la question des cautionnements, directement ou
indirectement? Est-ce que vous n'émettez pas des cautionnements ou si
vous n'avez pas d'agent? J'aimerais cela si vous pouviez nous informer un peu
là-dessus.
M. Charlebois: Oui, nous nous sommes occupés à
obtenir des modèles de caution avec une compagnie d'assurances qui
cautionne les transporteurs, par l'entremise d'un courtier. Nous, du
siège social, du secrétariat de l'ATEQ, on s'occupe de recevoir
les demandes et de les transférer, par l'entremise du courtier, à
la compagnie d'assurances. Et on a un plan qui permet de couper le prix de
cautionnement de près de 90%, ce qui a été, en fait, une
diminution des dépenses publiques, par le fait que tous les
transporteurs d'écoliers qui participent au plan de cautionnement
assurent la commission scolaire d'une continuité de tous les contrats
advenant la cession, soit par faillite, soit autrement, d'un des
transporteurs.
M. Bourbeau: Mais vous n'êtes pas un courtier comme tel.
Est-ce que vous percevez une commission au passage ou quelque chose comme
cela?
M. Charlebois: Non.
M. Bourbeau: Pas du tout, c'est un service que vous rendez
à vos membres.
M. Charlebois: Non, le prix de vente de la caution est
supérieur au prix que la compagnie d'assurances reçoit, mais
c'est une cotisation appliquée au taux de la caution.
M. Bourbeau: Les transporteurs scolaires qui ne sont pas membres
de l'ATEQ profitent-ils aussi de vos services ou si c'est exclusif à vos
membres?
M. Charlebois: C'est exclusif à nos membres. Le
marché des assurances est ouvert à toute la population, sauf que
le prix est beaucoup différent, parce que les garanties que l'ensemble
des transporteurs donnent par l'entremise de l'association permettent à
la compagnie d'assurances d'offrir des taux qu'il était impossible
d'obtenir par une seule personne. Cela devient de l'économie
d'échelle. Quand on émet pour 27 000 000 $ de caution; on
achète 27 000 000 $ de caution, cela coûte bien meilleur
marché que d'en acheter pour 10 000 $ ou 20 000 $.
M. Bourbeau: Une dernière question. L'argumentation que
vous développez au sujet des cautionnements, la question de la folle
enchère, si jamais le prix... vous demandez que, dans le devis, on
spécifie que le cautionnement ne s'appliquera qu'au prix
soumissionné. Et là, vous avez évoqué la
possibilité d'une folle enchère où les prix baisseraient
et éventuellement l'assureur se trouverait pris à cautionner
à un montant trop bas, etc. En fait, vous faites la défense de
l'assureur, vous êtes en train de prendre les intérêts des
assureurs. Comme assurés, ce ne sont pas vos problèmes vraiment,
ce sont les problèmes de votre assureur. Je cherche à comprendre,
c'est parce que vous avez peur que votre assureur remonte les primes si cela
demeure comme c'est présentement. C'est cela?
M. Charlebois: Sur réception des projets de loi, j'ai
rencontré les assureurs avec qui nous avons une entente et je leur ai
soumis la question des cautionnements. On m'a répondu: De la
façon que c'est proposé, l'adjudication des contrats, il y a lieu
de croire qu'on n'acceptera pas d'émettre de caution de soumission,
parce que le risque présenté est beaucoup trop
élevé pour l'argent que je pourrai aller chercher. Alors, si on
se retrouve avec 30 ou 40 transporteurs qui acceptent un prix de contrat
ridicule et que ces transporteurs doivent refuser la signature même du
contrat quand c'est le temps de signer, et que ce sont des gens qui ont une
caution de soumission... La caution, selon la loi des assurances - et je parle
en leur nom, parce qu'on me l'a dit - doivent payer, selon le libellé
ici, 10% du prix contracté et non pas du prix soumissionné. Mais
il reste qu'ils doivent payer une certaine somme.
Alors, la question était: Ou je te demande très cher pour
une caution de soumission, ou tu fais placer aux devis la mention que le
cautionnement de soumission s'appliquera uniquement au prix
soumissionné, autrement le risque est très élevé
pour une compagnie d'assurances et ils n'accepteraient
pas une caution sur une folle enchère. M. Bourbeau: Je
vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Laporte.
M. le député de Rousseau, s'il vous plaît.
M. Blouin: Merci, M. le Président. M. Saucier, l'article
12 prévoit déjà qu'une commission scolaire doit s'adresser
d'abord à un organisme public de transport. M. Noreau, tout à
l'heure, suggérait que la priorité soit donnée aux
organismes privés qui offrent du transport public dans les petites
municipalités. Ce que je voudrais savoir très rapidement, je sais
que plusieurs membres de votre organisme sont déjà sensibles
à cette question, ce que je voudrais savoir de la part des
autorités de l'association, c'est comment vous entrevoyez l'utilisation
éventuelle de votre équipement par le public en
général, selon les mesures qui sont déjà
prévues dans la loi? Vous voyez cela comment, ces nouvelles
possibilités?
M. Saucier: Actuellement, ce qui se passe, je pense qu'il faut
regarder, lorsqu'on dit qu'on va offrir un service au public, je pense qu'on
doit négocier avec les transporteurs en place. Comment peut-on
l'utiliser? L'ATEQ, dans son mémoire qu'elle a remis, a donné une
certaine formule. Exemple: quelqu'un qui demeure au bout d'un rang; on pourrait
le transporter au circuit central où il prendrait les autobus du circuit
central, en autant qu'il y a de la place. Nous, on privilégie les
écoliers pour commencer, c'est évident, mais, s'il y a de la
place, pourquoi ne pas faire monter d'autres passagers jusqu'à un
circuit central? Alors, on privilégie réellement une
intégration, on n'est pas contre l'intégration, mais en autant
qu'on est là pour le faire, par exemple. Ce n'est pas de... On est
prêt; déjà, dans notre mémoire, on l'a bien
expliqué, nos autobus sont disponibles à la population en autant
que cela peut se faire.
M. Blouin: Sans entrer dans le détail des formules dont la
plupart, d'ailleurs, sont à inventer, vous dites que vous êtes
très ouvert à ce genre de formule.
M. Saucier: Je suis très ouvert à cela. D'ailleurs,
comme le soulignait tantôt M. le ministre, on était
peut-être trop d'avance pour chaque parti justement. Ce n'est pas parce
que c'est plus rentable, mais c'est aussi - on regarde la rentabilité -
le cri que les associations ont actuellement; il y a un besoin incroyable de le
faire et, vu que le livre blanc nous ouvrait cette possibilité, on s'est
dit: Pourquoi ne pas répondre à un besoin? Vous êtes
certains d'avoir un cri qui va monter, vous allez l'entendre d'ici quelques
jours, ce cri, qui va monter de la part des associations qui, actuellement,
sont bloquées parce qu'elles n'ont pas de transport.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je vais tenter
d'être bref parce qu'on a plusieurs groupes qui doivent intervenir.
Nous avons pris connaissance du projet de loi no 31 l'automne dernier,
nous l'avons étudié en deuxième lecture, en commission
parlementaire par la suite, article par article, le ministre a accepté
de se soumettre à une commission parlementaire sur le projet de
règlement et je dois l'en remercier aujourd'hui, d'autant plus qu'il a
accepté que différents groupes puissent intervenir.
Essentiellement, ce pourquoi nous demandions et nous souhaitions de
pouvoir prendre connaissance du projet de règlement, c'est qu'on sait
que le législateur, quel qu'il soit, de quelque formation politique
qu'il soit, présente un projet de loi dans lequel on a des principes,
c'est l'ossature, mais bien souvent la chair du projet de loi vient par
règlement. Trop souvent, malheureusement, le règlement, comme
vous le savez, n'est pas soumis au contrôle du législatif
aujourd'hui; l'exercice auquel on se convie est exceptionnel en ce que le
législateur, les députés ont la possibilité
d'étudier un projet de règlement. Bien souvent, lorsqu'on a des
problèmes avec l'application d'une loi, c'est à cause du
règlement. Le règlement, vous le savez, ce ne sont pas les
députés qui décident cela, c'est le gouvernement qui
décide cela et ça passe au Conseil des ministres.
Aujourd'hui, on a le règlement, on a plusieurs groupes qui
interviendront aujourd'hui, il semble se dégager un accueil assez
favorable au règlement en général, sauf certaines
précisions que vous avez apportées et, j'en suis convaincu,
plusieurs de celles-là seront retenues non seulement par le
législateur, mais aussi, je l'espère, par le ministre des
Transports.
Le point sur lequel j'ai une question à vous poser, un
commentaire à faire et aussi une question à poser au ministre,
c'est le suivant: Le point qui m'inquiète le plus dans tout ce projet de
règlement, c'est la fameuse question des soumissions publiques. Comme
j'ai eu l'occasion de le dire au ministre, lors de l'étude du projet de
loi no 31 en commission parlementaire, le transport scolaire au Québec
est parti d'une entreprise. Au début, dans certains cas, dans la
très grande majorité des cas, c'étaient des entreprises
artisanales. Je me réfère aux années soixante. Les
transporteurs scolaires
eux-mêmes, par leurs différentes associations, par les
représentations de ces associations et aussi par l'oreille attentive qui
a été donnée à leurs représentations par les
différents gouvernements qui se sont succédé, ont fait en
sorte qu'aujourd'hui, au moment où on se parle, nous avons au
Québec des entreprises de transport scolaire qui sont parties
d'entreprises artisanales jusqu'à de véritables industries, de
véritables entreprises bien structurées, bien organisées,
rentables dans la très grande majorité des cas, je
présume, qui ont un parc d'équipement qui se renouvelle
régulièrement, qui ont des travailleurs à qui elles
peuvent offrir des conditions de travail qui sont nettement comparables ou
aussi avantageuses que dans d'autres secteurs de l'industrie au Québec.
Ces entreprises bénéficiaient depuis 1974, à ma
connaissance, d'un régime en vertu duquel leur était
conférée une certaine sécurité. Aujourd'hui, pour
des motifs qui sont probablement justifiés, le gouvernement convie le
Parlement à une modification législative et aussi à une
modification par règlement.
Quand je prends le règlement, je vois l'article 12. Je suis
député de Portneuf, j'ai des entreprises dans le transport, six
ou sept dans mon comté, et cela va bien. Ces entreprises ont en moyenne
une vingtaine de véhicules et offrent des bonnes conditions de travail,
la sécurité, c'est très bien suivi. Je constate qu'il y
aura différents moyens ou différentes possibilités qui
pourront faire ultimement et malheureusement que ces entreprises pourront soit
perdre leur contrat ou ne pourront renouveler leur contrat comme c'était
le cas dans le passé.
Tout d'abord, dans un premier temps, on dit, à l'article 12: "Une
commission dont le territoire regroupe celui d'un organisme public de
transport, la commission scolaire devra dans un premier temps offrir ce
transport scolaire à l'organisme public." C'est déjà une
première brèche à l'entreprise privée qui faisait
du transport, qui était rentable et qui avait de bons
résultats.
Deuxièmement, une commission devra procéder, avant de
donner des soumissions publiques, à une négociation de gré
à gré avec le transporteur qui donne le service. Parfait, j'en
suis, pas de problème. D'ailleurs, je présume que, dans la
très grande majorité des cas, les transporteurs qui ont
déjà des contrats avec des commissions scolaires pourront
renouveler de gré à gré leur contrat selon certains
paramètres, selon certaines grilles, etc. Jusque là, pas de
problème. Au cas, par contre, où la négociation entre la
commission scolaire et le transporteur achoppe dans la négociation de
gré à gré, la commission peut s'en aller en soumissions
publiques, pas de problème jusque là. Qu'elle fasse des
soumissions publiques aux différents transporteurs, toute personne
intéressée à soumissionner selon les devis peut le faire,
d'accord. Les soumissions publiques sont ouvertes, mais le problème que
j'y vois, c'est l'article 24. Je dois vous dite aujourd'hui que je suis surpris
de voir dans votre mémoire que vous semblez tout à fait d'accord
avec ces dispositions. Une fois que les règles du jeu ont
été établies, une fois que tout le monde s'est entendu sur
l'opportunité ou la possibilité d'aller en soumissions publiques,
on joue les règles du jeu des soumissions publiques. Une fois que c'est
ouvert, la commission scolaire peut se permettre d'aller négocier
à rabais pendant une période de trente jours. Je crains, parce
que, vous savez, tant qu'il y aura des humains, il y aura des "humaineries", je
crains, dis-je, que l'arbitraire puisse s'installer dans certains cas. M.
Noreau parlait tout à l'heure de patronage. Vous savez, c'est un mot
dont il ne faut pas parler aux politiciens. Parlons d'arbitraire! J'ai peur de
cela, cet article. Je voudrais tout d'abord vous demander si vous êtes
pleinement d'accord et comment vous prévoyez que cela pourra fonctionner
tout cela, l'article 24.
M. Saucier: Tantôt, on nous a peut-être mal
interprétés. Il est évident que cette négociation
avec toute personne, on l'a bien souligné, doit être faite avec
les transporteurs qui ont été en soumissions, qui ont eu un
contrat, comme actuellement on a les avenants. A ce moment, nous aussi, cela
nous fait bien peur, si c'est "at large". Cela veut donc dire qu'une commission
scolaire pourra, au pis-aller, faire une demande de soumissions pour dix, alors
qu'elle a 200 véhicules à offrir. On va attendre les soumissions,
après cela, on va négocier. On a peur de cela, c'est
évident. On dit: Elle devrait l'offrir aux transporteurs qui auront
soumissionné, comme on disait tantôt.
M. Pagé: D'accord.
(17 h 30)
M. Saucier: On a confiance à la négociation. On
espère, parce que, quand même, nous sommes deux personnes assises.
On a les autobus et la commission scolaire a moins de services. Si on ne
s'entend pas, quelque chose va se passer, mais, encore là, on revient
à ceci qu'il est important pour nous que ce soit offert aux
transporteurs qui ont procédé par voie de soumissions. C'est bien
important pour nous. Comme on l'a dit tantôt, c'est important pour la
caution et pour l'esprit dans lequel on a fonctionné depuis 1974. Je
pense qu'il faut regarder ce qui se fait actuellement dans le transport
scolaire. C'est quand même un transport sécuritaire, un transport
dont on est fier, mais il ne faudrait pas, par toutes sortes de manigances
qu'on a connues autrefois, avant 1974, revenir à cette ère de la
jungle alors que l'on disait: Le gars le plus fort va
l'avoir. On ne veut pas revenir là, on veut continuer. Il est
évident que le contrat sera important pour nous autres afin qu'on
continue d'avoir une certaine sécurité. Vous savez qu'un autobus
aujourd'hui coûte 30 000 $, 35 000 $. Il va donc falloir avoir une
certaine sécurité pour pouvoir investir, si on veut que cela
continue. C'est cela que nous a procuré le règlement no 11 en
1974.
On remarque que dans cet esprit de changement il y a cet esprit de
sécurité. On espère - on se leurre peut-être, mais
on espère et on a confiance dans la négociation - que c'est dans
cette optique que le gouvernement fonctionne. On a actuellement une bonne
collaboration avec les fonctionnaires et avec tout le monde qui essaient de
nous expliquer ce qui en est, parce que nous, nous voulons collaborer. On veut
négocier. Ce n'est pas compliqué, on le veut, on est prêt
à s'y engager mais à condition, par exemple, qu'on ne soit pas
charrié. C'est tout.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Une brève
question à M. le ministre. On sait que l'article 24 est
présenté par le ministre au lieutenant-gouverneur en conseil.
Dans l'esprit du ministre, l'article 24 pourra-t-il permettre à une
commission scolaire, au lendemain de l'ouverture des soumissions publiques, de
négocier pour un contrat donné avec une personne qui n'a pas
participé aux soumissions, avec une personne qui ne fait pas de
transport scolaire ou n'a jamais fait de transport scolaire? Premier volet de
ma question. Je vous le dis, j'ai peur de cela. Le risque et l'écueil
possible, c'est le démembrement d'entreprises rentables,
sécuritaires et qui font du bon travail actuellement.
Deuxième volet de ma question. Le ministre pourrait-il m'indiquer
s'il existe dans d'autres secteurs, gouvernemental ou paragouvernemental, des
possibilités pour le gouvernement, une de ses agences ou une de ses
sociétés d'État, une fois que des soumissions publiques
sont ouvertes pour un contrat donné, d'aller négocier pour une
période de trente jour à rabais?
M. Clair: M. le Président, j'aimerais répondre
à la question du député, mais, compte tenu de l'entente
que nous avions et que la question qu'il soulève, surtout en ce qui
concerne les négociations après la soumission, pourrait donner
lieu à une longue discussion, je préférerais qu'on
réponde ce soir à 20 heures...
M. Pagé: On va être là.
M. Clair: ... parce qu'on n'aura pas le temps d'entendre les
autres avant 18 heures.
M. Pagé: Ma question sur les sociétés
d'État, vous pouvez y répondre tout de suite. Est-ce que cela
existe dans le gouvernement, pour ses agences et ses sociétés
d'État, le droit d'aller négocier à rabais une fois que
les soumissions publiques sont...
M. Clair: Une chose est certaine, c'est qu'un règlement
comme le règlement 11, qui prévalait depuis 1974, il n'y en avait
pas non plus. Si on veut essayer de réintroduire un certain niveau de
concurrence dans le secteur, je pense qu'il faut inclure des dispositions.
M. Pagé: Soumissions publiques.
M. Clair: Le député voudrait bien que l'ATEQ ne
soit pas d'accord avec la... Qu'est-ce que veut le député? L'ATEQ
l'a dit, son communiqué de presse est émis: "L'ATEQ satisfaite de
la réglementation proposée", Telbec, mardi 9 mars 1982.
M. Pagé: Qu'est ce qu'on fait ici d'abord?
M. Clair: Je pense que le député cherche à
faire voir que l'ATEQ ne serait pas d'accord. Globalement, elle est d'accord;
on a tenu compte d'un bon nombre des recommandations particulières en ce
qui concerne des points particuliers.
M. Pagé: Sauf...
M. Clair: Je ne veux pas engager la discussion avec le
député de Portneuf, je le connais trop. Je sais qu'il pourrait
nous entraîner dans une discussion qui pourrait nous empêcher
d'entendre d'autres groupes. Je me cloue le bec et je lui dis que la discussion
là-dessus, on l'aura ce soir.
M. Pagé: On va être là. M. Clair:
Parfait.
Le Président (M. Rochefort): Je remercie les
représentants de l'ATEQ. J'inviterais maintenant M. Guy D'Amours, du
Conseil scolaire de l'île de Montréal, à prendre place.
Je vous demanderais d'être le plus bref possible dans vos
commentaires, compte tenu que le temps court rapidement.
Le Conseil scolaire de l'île de
Montréal
M. D'Amours (Guy): D'accord. Je m'appelle Guy D'Amours. Je suis
conseiller-cadre en gestion au Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Pour ceux qui ne le savent pas, le Conseil scolaire de
l'île de Montréal chapeaute certaines activités des huit
commissions scolaires de l'île. En termes
d'équivalence, c'est à peu près 23% de la
population scolaire au Québec.
On vous remercie tout d'abord de l'occasion de nous faire entendre. Je
pense d'ailleurs qu'on a déjà eu l'occasion de vous soumettre nos
commentaires la semaine dernière. On était très heureux de
cette occasion-là. Je dois dire que, pour ouvrir l'affaire, pour ouvrir
les discussions, je pense que les commissions scolaires de l'île et le
conseil sont en général très heureux de la réforme
qui s'amorce sur le plan des responsabilités accrues, de l'autonomie
accrue et de la déréglementation du système.
Je voudrais, cet après-midi, vous parler de deux points
particuliers qui concernent spécialement Montréal. Je voudrais
aussi avoir l'occasion de vous entretenir sur le règlement qui touche
les véhicules automobiles affectés au transport scolaire. Comme
je l'ai dit à M. Clair tout à l'heure, on n'avait pas eu
l'occasion de discuter de ce document-là parce qu'on l'a reçu
seulement hier. Alors, je voudrais avoir l'occasion de vous faire quelques
petites remarques là-dessus.
Si on commence avec le règlement sur les véhicules
automobiles affectés au transport scolaire, je pense que, sur une note
positive, on est heureux de constater tout d'abord que l'article 211 mentionne
qu'il sera nécessaire dorénavant que chaque véhicule ait
un livre de bord. On a été très heureux de constater
ça. C'est une mesure qui peut contribuer à augmenter la
sécurité des véhicules. On est également heureux de
voir que l'arrêt obligatoire qui était stipulé dans
l'ancien règlement 11, l'arrêt obligatoire aux passages à
niveau, disparaît; on le retrouve maintenant seulement dans le nouveau
Code de la sécurité routière. C'est une bien bonne chose
parce que ça élimine toute la confusion qu'il y avait avant,
là-dedans. Il faut dire qu'avant l'arrêt obligatoire
n'était stipulé que dans le cas de vrais autobus, les autobus
jaunes, - et n'était stipulé que dans le cas où il y avait
des passagers à bord. Dorénavant, c'est pour tous les types de
véhicules scolaires et aussi pour tous les cas, qu'il y ait ou non des
passagers à bord. Alors, ça c'est une bonne chose. On doit dire
aussi que l'ancrage des sièges dans les véhicules
réguliers sera dorénavant boulonné. C'est une autre
très bonne mesure qui devrait contribuer beaucoup à
améliorer la sécurité. C'est l'article 153.
Par ailleurs, on doit vous dire - on termine le positif - que, du
côté moins positif, on est un peu malheureux de constater - je me
réfère à l'article 208 du même règlement -
qu'il y aura toujours des vérifications mensuelles qui vont être
exigées de la part du propriétaire de chacun des
véhicules. Maintenant, cette exigence-là ne couvre que les
autobus réguliers jaunes. Moi, je me demande pourquoi ça ne
devrait pas aussi couvrir les minibus, premièrement; deuxièmement
on croit que cette exigence-là devrait se faire, non pas auprès
du propriétaire, mais auprès des chauffeurs et que cette
inspection-là devrait être faite sur une base quotidienne et non
pas mensuelle.
Alors, c'est une recommandation qui était contenue dans un
rapport qu'on soumettait au ministre des Transports en août 1980.
C'était un rapport intitulé "L'écolier et la
sécurité routière" et ces recommandations-là
apparaissaient dans ce document.
Enfin, pour terminer la question de la réglementation sur les
véhicules automobiles affectés au transport scolaire, il y a une
autre remarque qui était également contenue dans le rapport que
je viens de vous montrer et qui concerne les minibus. Je constate que,
d'après le nouveau règlement, les minibus seront toujours
utilisés comme véhicules de transport d'écoliers. On vous
avait soumis, dans notre rapport d'août 1980, un gros point
d'interrogation sur ce véhicule-là, parce qu'on a constaté
qu'en Ontario, depuis à peu près un an ou un an et demi,
l'utilisation de minibus pour les fins de transport d'écoliers n'est
plus permise. On ne permet plus, en Ontario, depuis à peu près un
an et demi, l'entrée en service de nouveaux minibus. Ce qui veut dire
qu'en Ontario, d'ici peut-être sept ou huit ans, il n'y aura plus de
minibus en service là-bas pour le transport scolaire. On ne fera appel
qu'à ce qu'ils appellent en termes du milieu des "bussettes"; ce sont
des autobus scolaires réguliers mais plus courts.
Notre inquiétude en ce qui a trait au minibus, ce qui nous
tracasse, c'est que la caisse, la boîte du minibus en question, au
départ, a été conçue non pas pour du transport de
personnes, mais pour du transport de marchandises. Nous avons donc un gros
point d'interrogation sur la sécurité de ces véhicules. La
protection latérale, la hauteur relative du plancher par rapport au
pavé, ce sont toutes des choses qui nous apportent de gros points
d'interrogation. Ceci termine nos commentaires en ce qui a trait au
règlement sur les véhicules automobiles affectés au
transport scolaire.
Je voudrais revenir sur deux points qui sont très particuliers
à l'île de Montréal et qui touchent la question des
règles budgétaires. Le premier point est la question des
fermetures d'écoles. Je pense particulièrement au CEPGM et
à la CECM. Dans ces gros organismes, les fermetures d'écoles ne
sont pas des événements rares. En fait, il y a deux ans, la
Commission des écoles catholiques de Montréal a fermé
à peu près 30 écoles du même coup. Ce ne sont pas
des quantités négligeables. Nous avons été
très surpris de constater les règles budgétaires du projet
qui nous a été soumis parce que, dans le livre blanc, il est
mentionné sous la rubrique du calcul des
enveloppes de base qu'il serait possible de prévoir une
quatrième variable dite la variable des fermetures d'écoles. On
la voit très bien dans le livre blanc et on comprenait très bien
sa présence là.
Par ailleurs, aujourd'hui, le projet des règles
budgétaires ne parle aucunement de cette quatrième variable.
C'est pour vous dire qu'on a été très
désagréablement surpris de cet état de choses. C'est
sûr qu'il y a bien des gens qui vont vous dire aussi, les technocrates en
tête, que l'argument en faveur de ce système, c'est que le
transport devrait être considéré sur le plan
économique dans chaque cas de fermeture d'école. Je suis d'accord
avec ça, mais il ne faut pas oublier que, dans le passé, les
fermetures d'écoles dans les commissions scolaires, cela s'est fait
à reculons. Ce ne sont pas des choses qui se font facilement,
premièrement.
Il faut aussi dire que les fermetures d'écoles sont faites non
pas pour des considérations économiques ou de ce type-là,
mais surtout et presque seulement pour des considérations
pédagogiques. Cela arrive dans des cas où on a une école
qui n'est pas viable sur le plan pédagogique. On arrive avec une
bâtisse où il y a à peu près seulement 150
élèves ou une centaine d'élèves, alors qu'elle a
une capacité de 700 élèves. Sur le plan
pédagogique, ce sont des écoles qui ne sont pas viables et il
nous faut, pédagogiquement encore, les fermer pour regrouper les
élèves dans une autre bâtisse où ça
fonctionne mieux sur le plan de l'enseignement. C'est le premier point
particulier à l'île qui nous inquiète, la fermeture des
écoles. Cela touche les règles budgétaires.
L'autre point est la question - on a eu l'occasion d'en traiter avec
vous, M. Clair, mais je tiens peut-être à y revenir ici parce que
c'est encore très particulier à Montréal - du transport en
commun, la CTCUM. Vous savez très bien que, dorénavant, les
commissions scolaires vont devoir fonctionner avec une enveloppe fermée,
et on ne voudrait pas que, dorénavant, en cours d'année scolaire,
les commissions scolaires se retrouvent devant une hausse de tarifs de la part
de la CTCUM. Vous comprenez très bien qu'avec le système
d'enveloppes globales, on serait devant une situation très difficile,
budgétairement parlant.
Cela termine les commentaires que j'avais.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. M. le
ministre. (17 h 45)
M. Clair: M. le Président. Étant donné -
comme M. D'Amours l'a souligné - que j'ai eu l'occasion vendredi dernier
de rencontrer, en même temps que des représentants de l'ATEQ, des
représentants du conseil scolaire de l'île de Montréal, je
serai très bref.
En ce qui concerne l'article 208 et la question des minibus, ces deux
questions sont toujours à l'étude à la Régie de
l'assurance automobile du Québec au niveau de la sécurité
des véhicules.
En ce qui concerne les fermetures d'écoles, en utilisant le
critère de la clientèle inscrite plutôt que celui de la
clientèle admissible, on a une étude qui a été
réalisée au ministère de l'Éducation, que je ne
citerai pas longuement, mais simplement pour dire qu'un échantillonnage
d'une dizaine de cas de fermeture d'école a démontré que -
compte tenu de la densité en milieu urbain comme Montréal -
finalement l'effet global pouvait être neutre dans certain cas, et
même à l'avantage de la commission scolaire sur l'île de
Montréal, étant donné que parfois ce sont deux
écoles qui sont situées très près l'une de l'autre.
L'effet qu'on a pu constater est marginal et cela pourrait jouer dans les deux
sens.
En ce qui concerne la hausse de tarifs de la CTCUM, je pense que le
problème des hausses de tarifs à la CTCUM est un problème
qui dépasse la question du transport scolaire à proprement
parler, c'est un sujet dont je m'occupe activement présentement en ce
qui concerne tout le fonctionnement du transport en commun dans la
région de Montréal. Je pense que cette question devrait, avec la
réforme, notamment, de la loi sur la communauté urbaine, à
savoir le projet de loi no 46, trouver éventuellement des solutions
à ce problème.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Seulement le dernier point. Le ministre vient de
dire que la réforme de la CUM, la loi 46, devrait régler le
problème des hausses de tarifs. À ce que je sache, dans la loi
46, on ne donne pas beaucoup plus de contrôle à la CUM sur le
transport en commun, d'ailleurs, c'est un des reproches qu'on a faits, nous.
Même le budget va être retardé de mois en mois, il va
être adopté par tranches. Je ne trouve pas cela très
concluant qu'on va régler le problème des hausses de tarifs. Cela
est certainement un très bon point, parce que c'est sûr que cela
coûte beaucoup moins cher de transporter les étudiants avec le
transport public là où c'est possible, quand il y a de la place,
évidemment à la condition que le transporteur public n'ajoute pas
de nouveaux autobus qui eux, coûtent 120 000 $ chacun au lieu de 30 000
$. Mais, dans la mesure où il y a de la place dans le transport public,
je pense qu'un élève coûte la moitié ou le tiers du
prix aux commissions scolaires, si j'ai bien compris. Mais si, en cours de
route, la commission scolaire qui a fait des ententes avec le transporteur
public voit le tarif augmenter et qu'elle a une enveloppe
fermée, c'est sûr que cela va créer un
problème et peut-être même que cela va l'inciter à ne
pas donner de transport au transporteur public pour se garantir contre cette
éventualité. Dans le cas des transporteurs d'écoliers, il
n'y a pas de problème d'augmentation en cours de route. Il faudrait
peut-être prévoir un ajustement de subvention de la part du
ministère pour ces cas. De toute façon, comme le ministre est
responsable du transport scolaire et également des commissions de
transport public, je pense bien qu'il pourrait peut-être essayer de
trouver une solution miracle pour éviter que ce problème ne se
pose.
M. Clair: Très brièvement, M. le Président,
juste pour dire que, d'abord, au niveau d'une commission de transport et d'une
commission scolaire, il y aura là aussi un contrat qui interviendra
entre les deux, donc, possibilité de s'entendre sur cette
question-là.
Deuxièmement, je sais que la réforme de la CUM n'en
règle pas la totalité, mais je dis que le problème des
hausses de tarif à "l'improviste" peut trouver sa solution ailleurs
qu'uniquement dans le dossier du transport scolaire.
M. Bourbeau: Un seul mot, M. le Président, une
réplique. C'est une suggestion, en fait, que je pourrais faire au
ministre. C'est peut-être de dire à son collègue, le
ministre des Finances, de ne pas augmenter le coût de l'essence en cours
d'année de façon importante, et peut-être que cela
éviterait les hausses de tarif.
M. Blouin: Envoyez votre message à Ottawa.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Rousseau. Vous n'aviez pas demandé la parole?
Alors, nous remercions M. D'Amours, du Conseil scolaire de l'île
de Montréal. J'inviterais maintenant M. Roger Cyr, de la Commission
scolaire des Mille-Iles.
La Commission scolaire des Mille-Îles
M. Cyr (Roger): M. le ministre, messieurs. On se pose des
questions au niveau du règlement 31. Dans les notes explicatives, il est
dit que, tout en maintenant dans les faits la priorité à
l'intégration au transport en commun, le nouveau régime retire
aux organisations publiques le transport du caractère exclusif de leur
juridiction en matière de négociation de contrats de transport.
Et dans le projet qui est actuellement, je crois, présenté, on
dit que nous devons présenter nos besoins à la commission de
transport. Il n'y a pas contradiction entre les deux?
C'est que nous, au niveau de la ville de Laval, nous n'avons qu'un seul
entrepeneur, qui est la commission de transport et nous n'avons aucun moyen
d'aller en négociation avec les contracteurs existants, parce qu'ils ne
sont pas nos contracteurs, ils sont des sous-contracteurs à la
Commission de transport de Laval. Cela veut dire que, nécessairement, il
faudrait envisager une demande de soumission. Mais que vient faire la
contradiction entre les deux choses, s'il y a contradiction?
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires, c'est le seul?
M. Cyr: C'est tout.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Clair: Je pense que le cas que M. Cyr soulève est
particulier à la Commission de transport de Laval. Mes gens vont
regarder cela et on aura l'occasion de répondre de façon plus
spécifique à sa question. Mais une chose est certaine, c'est que
l'exclusivité est effectivement abolie, mais elle est quand même
permise par les dispositions de la loi et du règlement.
M. Cyr: Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Laporte. Un commentaire? Non?
J'inviterais finalement M. Léonce Bouchard, président de
la Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec,
à prendre place.
M. Clair: On remercie M. Cyr de sa question quand même.
Le Président (M. Rochefort): Alors, si vous voulez
identifier la personne qui vous accompagne et nous faire part de vos
commentaires.
La Commission de transport
de la Communauté urbaine
de Québec
M. Bouchard (Léonce): M. Liguori Hains, directeur
général de la commission de transport.
Mon intervention se fait peut-être à deux titres: à
titre de président de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Québec et aussi comme élu municipal de la
région de Québec.
Je voudrais citer d'abord le point de vue de la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Québec seulement, parce que cela ne
touche pas forcément les
autres commissions de transport de la province. Nous croyons que, si les
commissions scolaires bénéficient d'une enveloppe globale et
transférable, c'est-à-dire que ça pourrait être
affecté à d'autres fins que du transport, ces commissions
scolaires seront tentées de nous transférer de plus en plus la
clientèle scolaire, et surtout dans les milieux urbains. Comme cela
arriverait aux heures de pointe, il nous faudra ajouter des autobus et cela
occasionnera certainement des charges supplémentaires pour la commission
de transport qui est déjà déficitaire pour un bon
montant.
Comme vous le savez, les élèves bénéficient
présentement de tarifs privilégiés, c'est-à-dire
à moitié prix; donc, c'est une perte chaque fois qu'un enfant
prend la place d'un adulte, il y a une perte de 0,40 $ à chaque passage.
Nous croyons que cela va certainement accroître le déficit de la
commission de transport et, comme nous savons que ce sont les
municipalités qui épongent le déficit parce que les
subventions provinciales proviennent des revenus au lieu des dépenses,
nous croyons que ça va occasionner une dépense
supplémentaire aux municipalités. Il y aura peut-être le
problème de décalage horaire, mais c'est extrêmement
difficile. M. Hains pourra peut-être le dire, mais l'expérience
nous dit que c'est extrêmement difficile de négocier avec les
commissions scolaires pour un décalage horaire qui nous permettrait de
transporter ces élèves-là en dehors des heures de pointe
où cela pourrait être rentable pour nous.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Rapidement, M. le Président, justement pour
tenir compte de l'opinion des commissions de transport, on a essayé, au
niveau du règlement et des règles budgétaires, de
prévoir les tentations qui pourraient survenir et de placer tous les
gens avec des règles du jeu aussi claires que possible.
Alors, dans le règlement, à l'article 28, on
prévoit que tout contrat de transport scolaire intégré
à un service régulier de transport en commun doit
spécifier le nombre d'écoliers devant être
transporté et, au niveau des règles budgétaires, on
indique que l'allocation de base d'une commission scolaire autorisée
peut faire l'objet d'un ajustement non récurrent négatif lorsque
le nombre des écoliers à qui elle verse des montants pour le
transport intégré est supérieur à celui
prévu au contrat qu'elle a négocié avec un organisme
public de transport. C'est l'article 5.4. On indique qu'on spécifie un
peu plus dans le paragraphe suivant.
M. Hains (Liguori): Si vous me permettez, à la suite de ce
que M. Bouchard a dit et de ce que vous venez de dire, si on reprend l'article
12 et justement l'article 28, on peut peut-être les mettre en
parallèle. L'article 12 nous dit qu'une commission dont le territoire
recoupe celui d'un organisme public de transport doit offrir à cet
organisme l'ensemble des services. On comprend que par cette démarche il
s'agit de venir rentabiliser, au niveau des commissions de transport, le
réseau régulier. Rentabiliser le réseau régulier,
on entend par cela combler les vides dans le réseau existant. Pour
combler ces vides et pour que les gens ne soient pas tentés de
dépasser les normes, vous avez prévu à l'article 28 - je
pense que c'est une bonne chose - que tout contrat de transport scolaire
intégré à un service régulier de transport en
commun doit spécifier le nombre d'écoliers devant être
transportés. Si on va au-delà du nombre d'écoliers, on
prévoit une pénalité. Qu'est-ce qui arriverait à
une commission scolaire qui déciderait de ne pas passer de contrat et,
unilatéralement, de verser sa clientèle scolaire dans le
réseau régulier de transport en commun, particulièrement
aux heures de pointe, ce qui viendrait gonfler le parc autobus? On
connaît le coût d'un autobus urbain, enciron 120 000 $; on
connaît le coût du travail d'un chauffeur d'autobus. Qu'est-ce qui
arriverait, quel recours aurions-nous contre cette commission scolaire?
M. Clair: Je crois qu'il est très hypothétique
qu'une commission scolaire fasse cela, mais dans ce cas, elle ne recevrait
aucune subvention. C'est elle qui devrait supporter les subventions qu'elle
voudrait verser pour les écoliers. Il est très peu probable
qu'une telle hypothèse se produise massivement comme cela. 2658
M. Hains (Liguori): On en a des exemples déjà.
M. Clair: Si vous dites qu'il y a déjà des exemples
sous le régime actuel, le nouveau régime n'aggrave pas cette
possibilité.
M. Bouchard: C'est tellement plus simple pour une commission
scolaire de dire aux élèves: Demain matin, achetez-vous des
laissez-passer de la commission de transport et allez attendre au coin, on va
vous dire où aller. D'ailleurs, cela se fait présentement. Il y a
quelques commissions scolaires qui le font. Nous ne pouvons pas contrôler
les subventions parce que, évidemment, c'est le tarif
privilégié. On ne peut pas demander si un élève va
se faire soigner à l'hôpital où s'il va à
l'école. C'est là le problème. Vous savez qu'un
élève prend la même place qu'un adulte. Nous sommes
obligés de facturer un demi... Nous ne sommes pas obligés,
nous
pourrions peut-être augmenter le tarif, mais à ce moment je
ne crois pas que ce serait populaire, parmi notre population, d'augmenter le
tarif privilégié.
M. Clair: Si cela devait se faire à mon humble avis,
quotidiennement et massivement par des commissions scolaires, les premiers qui
réagiraient seraient les parents. À toutes fins utiles, ça
voudrait dire, compte tenu du fait que nous avons une pénalité,
puisque ça atteint la limite, que c'est un déversement pur et
simple de toute la clientèle scolaire, puis qu'ils s'achètent des
billets, la commission scolaire dit: Nous, on ne fait rien. Je pense que les
parents réagiraient vivement à une telle décision d'une
commission scolaire.
M. Bouchard: Nous donnons un service, je dirais, de 24 heures par
jour, parce que le laissez-passer que nous donnons est valable à toute
heure du jour, non seulement le matin et le soir, comme présentement
dans les autobus scolaires. Donc, cet étudiant-là et le parent
aussi vont être très heureux d'avoir un laissez-passer pour 120 $
par année avec lequel ils pourront voyager 24 heures par jour. Il n'y a
aucun moyen de contrôle, que je sache.
M. Hains (Liguori): C'est l'intervention que, je pense...
M. Bouchard: C'est le but de notre intervention. Nous croyons
définitivement que ça va accroître les déficits de
la commission de transport et, par voie de conséquence, ce sont les
municipalités qui vont écoper.
M. Clair: Quelle serait votre suggestion pour éviter qu'un
phénomène comme celui-là se produise?
M. Bouchard: Nous n'étions pas préparés pour
cette réponse-là. Mais il y a peut-être une suggestion,
c'est certainement de forcer le décalage horaire et forcer le
décalage horaire, c'est peut-être d'avoir une surprime pour
l'étudiant qui serait déversé dans le réseau
régulier en heure de pointe. En fait, il pourrait voyager au même
prix qu'un adulte régulier. On pourrait ainsi forcer un certain
décalage pour celui, ou les commissions scolaires, ou les parents qui ne
voudraient pas payer la surprime. Cela serait...
Le Président (M. Rochefort): Alors, avant de poursuivre,
je voudrais demander aux membres de la commission s'il y a consentement pour
que nous poursuivions nos travaux pour encore quelques minutes afin de terminer
l'audition de ce groupe. Cela va? Consentement? M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, deux questions. Pour
éclairer ma lanterne, M. Bouchard, étant donné que
ça fait quelques années que j'ai quitté ce
ministère-là, sur le territoire de la CTCUQ, il y avait des
transporteurs écoliers assez importants, là. Est-ce
qu'actuellement il en reste encore, ou si vous êtes les seuls sur
l'ensemble de votre territoire, les seuls transporteurs scolaires? (18
heures)
M. Bouchard: On va laisser M. Hains expliquer ce point.
M. Mailloux: II y en a encore plusieurs.
M. Hains (Liguori): II y a plusieurs transporteurs scolaires
privés sur notre territoire. Nous ne faisons pas d'exclusivité
dans le transport scolaire. Il y a simplement du transport scolaire
intégré, à l'heure actuelle; mais, de temps à
autre, c'est une intégration qui soulève des questionns.
M. Mailloux: On parle beaucoup de rentabilité, de ce que
les transporteurs scolaires puissent, avec une clientèle urbaine,
rentabiliser davantage les autobus. Est-ce que vous diriez, par rapport au
fameux décalage horaire des employés des secteurs public,
parapublic ou scolaire, si les tentatives faites dans les années
précédentes - il y en a eu quelques tentatives de fermer les
bureaux un peu avant ou un peu après - ont eu un certain effet sur
l'utilisation des véhicules ou bien si c'est à peu près
insignifiant comme portrait?
M. Hains (Liguori): Le phénomène des horaires
flexibles que nous connaissons actuellement, au niveau des fonctionnaires, est
le suivant. C'est qu'il se crée des habitudes et les
lève-tôt se lèvent tôt et les lève-tard se
lèvent tard. Alors, la situation, après que la formule est mise
en place, redevient relativement stable, et l'heure de pointe reste à
peu près la même. Alors, il s'agirait, dans un cas de
décalage efficace, de vraiment programmer ce décalage-là
et non pas de laisser libre cours aux gens de se situer dans le...
M. Mailloux: Cela veut dire qu'en raison des obligations des
parents, des professeurs et autres, ce sera toujours difficile d'espérer
une rentabilité venant du décalage horaire dans un milieu ou dans
un autre. Il n'y aura pas beaucoup de gain à obtenir de ce
côté-là, en raison des habitudes des gens, etc., de la
mère qui doit recevoir l'enfant à la maison ou vice versa.
M. Hains (Liguori): On pense que ce sont des contraintes,
évidemment. Une suggestion qui a été formulée tout
à l'heure, cela serait de ne pas permettre aux commissions scolaires de
transférer
directement aux parents l'argent, ou les 120 $, ou les 70% des 120 $,
pour que le parent aille s'acheter le laissez-passer du territoire desservi par
une commission scolaire. Cela permettrait probablement de ne pas abuser de ce
qu'on parlait tantôt, c'est une autre suggestion.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: II s'agit du problème de la surcharge des
réseaux de transport public par la clientèle scolaire. À
mon avis, il est essentiel d'éviter qu'une surcharge comme ça se
produise, parce qu'ayant été moi-même commissaire dans une
commission de transport publique, je témoigne qu'il n'y a rien de moins
rentable que le transport public. M. le ministre le sait aussi, mais j'ai une
expérience encore plus pratique parce que j'ai été
là-dedans. Nous avons coupé les budgets de la moitié, M.
le ministre, pour votre information. Lorsqu'une commission scolaire fait un
contrat intégré avec une commission de transport, vous donnez le
contrat, enfin vous négociez les prix au tarif étudiant, ce qui
est à peu près 7 $, 10 $ ou 12 $ par mois, je présume,
à peu près; enfin, sur la rive sud, chez nous, c'est à peu
près ça. Ce qui fait que le coût annuel pour la commission
scolaire, enfin sur la rive sud, c'était à peu près 70 $
l'année dernière; et on avise que ça va être 84 $
l'an prochain. Alors, c'est un coût inférieur au coût d'un
transport normal par écolier. Ce qu'il ne faut pas oublier
là-dedans, c'est que c'est rentable pour le transporteur public dans la
mesure où c'est fait dans des cas hors pointe, où vos autobus ne
sont pas pleins et vous ne faites que remplir des autobus existants. Ce n'est
absolument pas rentable s'il faut que vous achetiez de nouveaux autobus qui
coûtent quatre fois le prix des autobus scolaires. C'est la même
chose, j'aimerais seulement souligner que le même problème se pose
aussi pour les commissions scolaires, en ce sens que c'est rentable pour les
commissions scolaires de faire du transport intégré uniquement
dans la mesure où elles peuvent couper sur le nombre d'autobus
scolaires, parce que si elles ne peuvent pas couper sur le nombre d'autobus
scolaires, c'est un coût additionnel que de faire du transport
intégré. Or, il y a des cas où on ne peut pas couper. Une
commission scolaire pourrait, même en faisant du transport
intégré, être dans une situation où elle ne pourrait
pas couper sur le nombre d'autobus à cause, par exemple, de
l'élémentaire. Si j'ai bien compris, l'élémentaire
ne voyage pas par le transport intégré. Est-ce que c'est le cas,
M. le ministre? Il n'y a pas de transport intégré pour
l'élémentaire?
Une voix: II n'y a pas de règle, je pense,
là-dessus.
M. Clair: Généralement non.
M. Bourbeau: Je pense qu'il est exclu. Il n'est pas exclu du
transport intégré, l'élémentaire? Dans les faits,
est-ce que ce n'est pas ça?
M. Clair: Oui, dans les faits.
M. Bourbeau: Bon, alors, si, à cause de
l'élémentaire, une commission scolaire ne peut pas enlever des
autobus additionnels scolaires, ça devient non rentable que de faire du
transport intégré parce qu'elle paie deux fois. Elle a des
autobus non utilisés, d'une part, et après ça elle paie
pour le transport public. Alors, ce que je retiens de ça, c'est que le
transport intégré n'est intéressant que dans la mesure
où il y a des économies, où il ne force pas le
transporteur public à acquérir de nouveaux autobus. S'il y a un
problème, comme vous venez d'en décrire un, où on
déverse dans le transport public des étudiants aux heures de
pointe, je pense qu'il faut absolument trouver une façon d'éviter
que les commissions de transport public doivent se rééquiper
parce que ça serait la catastrophe financière pour tout le monde.
Je pense qu'il appartient au ministre de trouver des façons
d'empêcher que ce problème ne se pose. Je n'ai pas les solutions
ici, parce que c'est un problème qui n'apparaissait pas évident
au départ, mais je pense qu'il va falloir qu'on y
réfléchisse sérieusement.
M. Clair: M. le Président, c'est certainement un sujet sur
lequel je m'entends avec mon collègue de Laporte, à savoir que le
transport intégré est intéressant dans la mesure où
il n'accroît pas inutilement les coûts d'exploitation du transport
en commun. Maintenant, ce qu'on m'indique c'est qu'au niveau de Québec,
ici, les décisions auxquelles font référence M. Bouchard
et M. Hains, on m'indique qu'elles auraient déjà
été prises. On pense qu'avec les dispositions qu'on a mises dans
le règlement et dans les règles budgétaires, cela devrait
être suffisant pour éviter que des abus soient commis à ce
niveau-là, parce qu'on a des règles qui sont plus restrictives
à ce point de vue que celles qui existaient précédemment.
Je pense qu'on s'entend. Je suis convaincu que l'immense majorité, pour
ne pas dire la totalité des commissions scolaires comprend
également qu'il n'y a pas avantage pour la collectivité à
déverser l'ensemble de la clientèle scolaire dans le transport
public, que le transport intégré est intéressant dans la
mesure où il peut permettre de faire des économies pour
l'ensemble de la collectivité, mais que, s'il y avait déversement
complet de toute la
clientèle scolaire dans le réseau de transport en commun
public, ça entraînerait des accroissements de coûts pour
lesquels la collectivité tout entière finalement paierait.
M. Bouchard: Notre suggestion pour que la subvention de la
commission scolaire soit transférée directement à la
commission de transport pourrait peut-être aider davantage, parce que
c'est marqué dans le règlement?
M. Clair: Je vais faire examiner ça par mes gens, parce
que je ne voudrais pas prendre d'engagement précis là-dessus. On
va examiner cette possibilité.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bouchard: Je veux seulement relever les dernières
paroles du ministre. Vous avez dit que l'éventualité où
une commission scolaire déverserait la totalité de sa
clientèle serait inacceptable, mais je vous signale qu'il n'y a pas
seulement la totalité, l'éventualité où une
commission scolaire déverserait dans le secteur public quelque partie
que ce soit qui obligerait le transporteur public à faire des achats
additionnels, cela serait aussi inacceptable, parce que ça serait d'un
coût énorme pour la collectivité. À mon sens, le
transport intégré ne doit exister que dans la mesure où il
y a de la place dans les autobus. Cela ne pourra être toujours que
très partiel, à moins qu'on réussisse à trouver des
décalages de pointe entre les travailleurs et les écoliers, si on
peut décaler les heures de pointe; sans cela, ce ne sera toujours que
très partiel.
M. Clair: C'est pour ça, M. le Président, qu'on a
prévu que, dans une toute première étape, il doit y avoir
une offre faite par la commission scolaire à l'organisme. Dans un
deuxième temps, on a mis dans l'article 28 une disposition stipulant que
le nombre d'étudiants doit être précisé, et on a
ajouté des pénalités au niveau des règles
budgétaires si le contrat qui intervient n'est pas respecté. Je
veux bien qu'on regarde encore s'il y a possibilité d'améliorer
ça, mais c'est extrêmement difficile de trouver un critère
qui réponde exactement à ce que c'est qu'un nombre
d'écoliers qui peut avantageusement être intégré au
transport en commun, parce que c'est certainement variable d'une commission de
transport à l'autre, d'un circuit à l'autre. Ce n'est que par la
bonne volonté d'une commission de transport et d'une commission scolaire
qu'on peut en venir à une entente satisfaisante pour la
collectivité. Tantôt, je ne voulais pas dire que c'était
seulement dans le cas où la totalité des écoliers serait
déversée, ce n'est pas le mot "déverser", serait incluse
dans le transport régulier, le transport en commun, c'est certain qu'il
y a une question de nuance là-dedans et que ça dépend du
fait que chaque cas est un cas d'espèce.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je ne voudrais pas prolonger inutilement le
débat, mais il y a un autre problème que je peux entrevoir, c'est
que dans le cas de la Commission de transport de Québec, c'est une
commission qui est contrôlée, à cause de sa charte, par les
élus.
Une voix: II n'y a pas de problème.
M. Bourbeau: Non, je trouve qu'il n'y a pas de problème
dans son cas à elle, justement parce que c'est une des rares commissions
de transport au Québec où les fonctionnaires n'ont pas une
autorité prépondérante. L'influence du ministre des
Transports, par exemple, l'influence néfaste, pourrais-je dire, du
ministère des Transports ne se fait pas sentir au niveau des
coûts, en ce sens que les élus municipaux peuvent contrôler
les coûts. C'est la même chose, d'ailleurs, je pense, pour la
Commission de transport de la rive sud, où, après les batailles
mémorables qu'on a faites, on a réussi à prendre le
contrôle; je parle des élus toujours. Mais il y a certaines
commissions de transport au Québec qui échappent au
contrôle des élus. Là, je ne veux pas faire de politique,
mais le ministre sait de quoi je parle. On peut voir, parfois, des
fonctionnaires spécialistes en transport qui seraient
intéressés, peut-être, à faire du
suréquipement pour augmenter la clientèle de la commission de
transport avec des écoliers. Je vois très bien certains PDG de
commissions de transport, au Québec, qui n'auraient aucune objection
à acheter 50 autobus nouveaux pour faire... M. le ministre, je vous les
nommerai si vous voulez, je ne veux pas salir des réputations, mais ce
n'est pas un secret pour personne. Ceux qui parfois n'ont pas à
contrôler les coûts préfèrent grossir parfois leur
commission de transport pour pouvoir dire qu'ils ont 300 autobus plutôt
que 200. À ce moment, s'il n'y a pas de frein apporté à
cela, on pourra voir des commissions de transport qui s'équiperont avec
des autobus normaux, des autobus pour adultes pour faire du transport
écolier. Je pense qu'il devrait y avoir certainement quelque chose dans
la réglementation qui interdirait ce genre de chose. Je
répète que tant que les élus vont avoir le contrôle
sur les commissions de transport il n'y aura pas de problème, mais
celles parmi les commissions de transport qui échappent aux
élus... J'ai connu des gens qui administraient des commissions de
transport et qui ne se seraient fait aucun scrupule
d'acheter 50 autobus pour augmenter le trafic. Il faudrait
peut-être faire attention que ça ne se produise pas. Là,
vraiment, c'est la collectivité qui paierait d'une façon
importante.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. Bouchard.
M. Bouchard: Ce que je veux, c'est présenter mon prochain
budget au grand conseil de la communauté sans me faire fusiller.
Le Président (M. Rochefort): Les membres de la commission
vous remercient. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
(Reprise de la séance à 20 h 13)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des transports reprend ses travaux.
Étude des règlements
Nous avons trois règlements à étudier ce soir. Nous
allons les étudier dans l'ordre suivant: le règlement sur le
transport scolaire, les règles budgétaires du transport des
écoliers et le règlement sur les véhicules automobiles
affectés au transport des écoliers. Nous les étudierons
règlement par règlement, en y allant dans l'ordre des articles
sur lesquels les membres de la commission désirent interroger le
ministre ou en discuter avec lui.
Nous commençons donc avec le règlement sur le transport
scolaire. M. le ministre.
Règlement sur le transport scolaire
M. Clair: Bien simplement, M. le Président, ce
règlement d'une trentaine d'articles, 29 exactement, donne suite au
projet de loi no 31 qui a été adopté en décembre
dernier. Effectivement, le cadre dans lequel se situe la discussion
aujourd'hui, c'est avant l'adoption finale de ce règlement par le
Conseil des ministres, tel qu'il avait été convenu. On pourrait
discuter des principaux points. Je n'ai pas d'exposé très long
à faire là-dessus; les parlementaires ont entre les mains
à peu près toute la documentation disponible. On pourrait
immédiatement prendre, sujet par sujet, les points qui soulèvent
de l'intérêt ou des questions.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Je suis bien d'accord avec la procédure
proposée. À la fin ou à un moment donné, quand on
aura fini l'étude des deux premiers règlements, j'aimerais
peut-être reprendre certains points d'ordre général, si
vous n'y avez pas d'objection. Qu'est-ce qu'on fait? On prend le premier
règlement et on fait le tour?
Le Président (M. Rochefort): On y va à la
suite.
M. Bourbeau: Concernant le comité consultatif...
Le Président (M. Rochefort): Quel article? L'article
2?
M. Bourbeau: ... à l'article 2, des représentations
ont été faites cet après-midi. Je ne sais pas si le
ministre aimerait dire un mot sur les représentations qui ont
été faites cet après-midi par les gens de l'ATEQ.
M. Clair: De l'ATEQ. Je pense, M. le Président, que ce que
l'ATEQ voulait surtout soulever, c'était le cas du directeur du
transport. Quel est son titre exactement? Le responsable des services de
transport d'une commission scolaire et le représentant d'un organisme
public de transport, l'ATEQ aurait souhaité que ces personnes n'aient
pas droit de vote au comité consultatif pour des raisons
d'éventuels conflits d'intérêts. Après avoir bien
examiné cela, avoir consulté les gens de chez nous qui, sans
être des administrateurs de transport scolaire, ont quand même une
très vaste expérience dans ce secteur, compte tenu du rôle
qui est joué par le comité consultatif, qui est un rôle
essentiellement consultatif justement, où la procédure de vote
est sûrement très souple, je pense que ce que l'ATEQ voulait
surtout faire ressortir, c'est la possibilité que quelqu'un parmi les
membres du comité consultatif, se retrouve dans une situation de conflit
d'intérêts. J'ai demandé aux gens chez nous d'examiner la
possibilité de rendre obligatoire une déclaration
d'intérêts au niveau du comité de transport, pour camion si
quelqu'un a un intérêt personnel dans le transport scolaire ou
dans le transport par autobus. On est à vérifier - je n'ai pas eu
de réponse précise là-dessus - il va s'agir de
vérifier si on a le pouvoir, en vertu de la loi, de mettre cette
disposition dans le règlement, c'est probablement ce qui ressort surtout
de l'argumentation de l'ATEQ. Maintenant si ce n'était pas possible...
Il est certain que l'opinion du responsable du transport scolaire dans une
commission scolaire va influencer les autres membres du comité
consultatif, mais de lui donner le droit de parole sans le droit de vote, je
ne
pense pas que ça change substantiellement l'influence qu'il peut
avoir.
M. Bourbeau: Je serais prêt à la section III, si
vous voulez.
Le Président (M. Rochefort): Section III, on s'entend pour
aller à la section III? M. le député de Laporte.
Octroi des contrats
M. Bourbeau: Cela comprend les articles 12, 13, 14 et 15, les
négociations avant les soumissions publiques. En ce qui concerne
l'article 12, je pense que le ministre s'est déclaré d'accord,
cet après-midi, pour faire une petite modification à l'article 12
de façon qu'on procède de gré à gré avant
les soumissions publiques.
M. Clair: Oui, à ce point de vue, la formulation va
être modifiée. Cela respecte l'esprit et c'est plus clair, la
façon dont c'est dit.
Le Président (M. Rochefort): Cela va. M. Bourbeau:
L'article 13. M. Clair: L'article 13, ça va. M. Bourbeau:
L'article 13...
M. Clair: M. le Président, juste au point de vue de la
procédure, on discute de sujets et non pas...
M. Bourbeau: Oui, d'accord.
M. Clair: ... parce que ce n'est pas une coutume que d'adopter
article par article.
Le Président (M. Rochefort): Non, on comprend bien que la
façon d'identifier les sujets qu'on veut aborder, c'est de signifier
à quel article ils se retrouvent dans le projet de règlement.
M. Clair: Cela va.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Les sujets de l'article 13, c'est là qu'on
parle des berlines. Encore là, je n'avais pas tellement d'objection
à cet article, mais j'ai pris connaissance comme vous, d'ailleurs,
aujourd'hui même, des objections de l'ATEQ qui prétend que les
berlines ne sont pas sujettes aux mêmes contraintes que les minibus ou
les autobus scolaires et qui réclame qu'on les assujettisse aux
mêmes contraintes. Il me semble que cet argument est valable, c'est
toujours la sécurité des écoliers qui est en cause. Est-ce
que le ministre a l'intention de donner suite à cette argumentation?
M. Clair: Si j'ai bien compris, la recommandation de l'ATEQ
était de biffer le deuxième paragraphe au complet. Or,
déjà, dans la réglementation actuelle, l'emploi de
berlines peut déjà se faire. Je n'ai pas lu exactement le
communiqué de l'ATEQ sur cette question, mais l'ATEQ semble craindre une
augmentation considérable du nombre de berlines en service. On aurait
dit qu'en 1974, le Québec ne comptait qu'environ 50 berlines et, 8 ans
plus tard, on en compterait plus de 600. En toute bonne foi, je dois dire que
les statistiques qui me sont fournies par les fonctionnaires du
ministère des Transports font état que - je pourrais vous donner
toutes les années - en 1974-1975, on avait 518 berlines; les
années les plus fortes ont justement été 1974-1975 avec
818, 1981, où il y en a eu 567, et, cette année, 498.
On voit que c'est toujours resté stable aux alentours de 500 avec
une légère tendance à la baisse depuis 1980. Les
coûts de remplacement des berlines dans des cas marginaux - 500, ce n'est
quand même pas un nombre effarant, cela peut sembler élevé
en termes de nombre, si on les compare à des autobus scolaires, mais le
nombre de passagers est beaucoup moins élevé - d'après nos
calculs, ça passe du simple au double pour la différence de
coût. Si, dans tous les cas, on devait remplacer les berlines par des
minibus, et on sait que même pour les minibus, comme on a pu le constater
cet après-midi, il y a des questions qui se posent quant à leur
utilisation, je pense qu'à ce point de vue-là, ce qu'il faudrait
beaucoup plus examiner, c'est d'avoir, à moyen terme, une
réglementation un peu plus serrée sur la sécurité
des berlines. Il y a déjà des choses qui se retrouvent au
règlement mais on me dit que ce qu'on retrouve dans la
réglementation en ce qui concerne les normes de sécurité
est très limité.
C'est un point sur lequel la réforme proposée
n'améliore pas la situation mais ne l'empire pas non plus, c'est, en
quelque sorte le statu quo par rapport à ce qui se passe
présentement. Mais une chose que je tiens à dire bien fermement,
c'est qu'en autant que les fonctionnaires du ministère des Transports
m'informent, il n'y a pas eu d'accroissement sensible, mais, au contraire, une
légère diminution dans le nombre de berlines.
M. Bourbeau: En ce qui concerne les sujets traités par les
articles 14 et 15, M. le ministre, à l'article 14, il s'agit d'une
commission scolaire ou institution d'enseignement qui décide de
négocier de gré à gré avec le transporteur avec
lequel elle était liée l'année précédente,
et qui ne peut négocier un contrat ayant pour effet d'augmenter le
nombre d'autobus ou de
minibus par rapport au montant de l'année
précédente. Et, dans le paragraphe 15, on dit que si, en cours
d'année, cette commission ou cette institution d'enseignement a des
besoins nouveaux, avant de procéder par soumissions publiques, elle peut
"négocier de gré à gré avec toute personne un
contrat pour assurer les services requis."
Il y a une question qui se pose. En cours d'année scolaire, s'il
y a ajout de véhicules et que la commission scolaire avait
négocié de gré à gré avec le transporteur en
place, est-ce qu'elle peut donner en avenant un nombre de véhicules
supérieur au nombre que le transporteur avait l'année
précédente? Etant donné que l'article 14 dit: qu'on ne
peut pas négocier de gré à gré un nombre
supérieur à l'année précédente, qu'est-ce
qui arrive si, en cours d'année, elle a des besoins additionnels? Est-ce
qu'elle pourra quand même négocier de gré à
gré et contrevenir peut-être à l'article 14 dans ce
cas-là? Il m'apparaît que ce serait quand même...
M. Clair: En ce qui concerne d'abord l'article 15, comme vous le
savez, l'ATEQ proposait un nouveau libellé afin d'offrir, non pas une
fois que l'année est commencée, non pas à "toute
personne", mais d'offrir à un transporteur avec qui elle est liée
par contrat - et elle ajoutait un prix proportionnel au prix payé
à son contrat en cours - un contrat pour assurer les services
requis.
Première chose que je tiens à préciser
là-dessus. Nous allons modifier l'article 15 afin de s'assurer qu'avant
de penser à "toute personne", la commission scolaire va devoir passer
par un transporteur avec qui elle a déjà contracté.
Maintenant, quant à la possibilité d'ajouter par ce
biais-là, en cours d'année, un nombre additionnel de
véhicules pour un même transporteur, c'est certain que si on
libelle l'article 15 de la façon dont je viens de le dire - j'en donne
l'idée et non pas le libellé - il pourra se produire qu'un
transporteur, pour des besoins nouveaux qui ne constituent pas simplement une
façon de détourner le règlement, pourrait effectivement
bénéficier d'un contrat pour plus d'autobus qu'il en avait
l'année précédente, à condition que les
règles prévues aux articles 14 et 15 aient été
respectées.
M. Mailloux: S'il y a une augmentation de la clientèle
étudiante à desservir, il ne serait pas empêché de
négocier.
M. Clair: Dans la première étape, à
l'article 14...
M. Mailloux: S'il y a une augmentation du nombre
d'étudiants à transporter, cela ne serait pas une condition qui
l'empêcherait de négocier avec le transporteur
précédent.
M. Clair: Selon l'article 14, oui, mais...
M. Bourbeau: Si les besoins existent au début de
l'année, il ne pourrait pas négocier de gré à
gré; n'est-ce-pas, M. le ministre? Mais si les besoins se font sentir au
cours de l'année et qu'on a un contrat négocié, on
pourrait ajouter "de gré à gré" avec le même
transporteur; c'est cela?
Une voix: On va attendre le ministre, si vous voulez.
M. Clair: S'il y a un accroissement de la clientèle
prévue, non pas prévisible mais prévue, à ce
moment-là, c'est l'article 14 qui s'applique, mais, une fois que
l'année scolaire est commencée, on tombe sous l'empire de
l'article 15, "en cours d'année scolaire". Une commission ou une
institution d'enseignement peut, avant de procéder par soumissions
publiques pour combler de nouveaux besoins de transport non prévus au
début de cette année, négocier de gré à
gré; c'est là qu'on modifie le texte, dans un premier temps, avec
un transporteur qui est déjà libre et qui peut certainement
être un transporteur qui a déjà eu un contrat.
M. Pagé: Est-ce que cela peut impliquer une augmentation
du nombre de véhicules?
Une voix: C'est cela le sens de la question.
M. Clair: Si c'est une fois que l'année scolaire est
commencée, oui.
M. Pagé: D'accord. Si je comprends bien, le type peut
avoir dix véhicules et négocier de gré à gré
pour les dix véhicules; donc, il se conforme à l'article 14 et,
en cours d'année, on constate un surplus de clientèle qui
implique là aussi une négociation de gré à
gré, ce qui fait en sorte que le type peut partir de dix à onze
véhicules.
M. Mailloux: II y a quelque chose que je ne comprends pas
là-dedans. Je ne comprends pas la raison. On dit qu'un transporteur de
l'année précédente peut, suivant l'article 13,
négocier de gré à gré. À l'article 14, s'il
y a un ajout de véhicules, il n'y a plus moyen de négocier avec
celui-ci.
M. Clair: S'il y a un ajout... Si, au cours de l'année, il
y a des besoins supplémentaires à ceux qui ont été
prévus...
M. Mailloux: Je parle du début de l'année.
M. Clair: En début d'année, il y a un plafond
à 14; c'est le même nombre de véhicules que l'année
précédente.
M. Mailloux: Quelle est la raison pour changer de transporteur ou
pour aller en soumissions publiques, parce qu'il n'est pas responsable s'il a
eu une clientèle supplémentaire dans un milieu donné?
M. Clair: L'objectif de 14, c'est d'éviter qu'une
même commission scolaire, en début d'année, décide
de négocier avec un seul transporteur et décide de tous les
éliminer. Maintenant, compte tenu du fait que l'accroissement de la
clientèle risque d'être beaucoup plus important dans des
commissions scolaires ou sensiblement plus important, c'est un
phénomène qui ne risque pas de se produire quand on connaît
le phénomène d'inscription et de dénatalité dans
nos écoles et il fallait s'assurer qu'on n'assiste pas, en changeant de
régime, à une situation où les commissions scolaires vont
finalement avoir un transporteur par commission scolaire.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: En résumé, on peut dire qu'en
début d'année il ne peut y avoir de négociation de
gré à gré que si le nombre de véhicules est
inférieur ou égal à celui de l'année
précédente, avec un transporteur donné.
M. Clair: C'est cela.
M. Bourbeau: S'il y a plus de véhicules en début
d'année que l'année précédente, il doit
nécessairement y avoir des soumissions publiques. À 14, c'est
cela?
M. Clair: À 14.
M. Bourbeau: S'il y a des négociations de gré
à gré, si une commission scolaire décide qu'elle veut
négocier de gré à gré...
M. Clair: C'est le même nombre de véhicules que
l'année d'avant ou un nombre inférieur.
M. Bourbeau: Elle ne peut négocier de gré à
gré avec un nombre supérieur.
M. Clair: Non.
M. Bourbeau: II faut absolument qu'on aille en soumissions
publiques si le nombre est supérieur à l'année
précédente mais si le nombre n'était pas supérieur
à l'année précédente et qu'on avait choisi de
négocier de gré à gré pour un nombre égal ou
inférieur à l'année précédente et
qu'après coup il y a des besoins nouveaux, là on pourrait
négocier de gré à gré un nombre additionnel avec le
même transporteur. (20 h 30)
La question que je posais au tout début, c'est: Est-ce que vous
allez faire une modification à 15 pour prévoir le cas où,
justement, on excéderait le nombre permettant de négocier de
gré à gré, alors que l'article 14 défend de
négocier de gré à gré avec un transporteur s'il y a
plus de véhicules que l'année précédente?
M. Clair: C'est à cela que je réponds oui, à
l'article 15, dans le sens que s'il a besoin d'un nombre de véhicules
additionnel avant de négocier avec toute personne...
M. Mailloux: Pour l'ensemble de la commission scolaire.
M. Clair: Oui, ils vont devoir négocier, dans un premier
temps, avec un transporteur qui est déjà lié par
contrat.
M. Mailloux: Nonobstant les termes de l'article 14 qui
limite...
M. Clair: Sans que la limite de 14 s'applique.
M. Bourbeau: D'accord. Je pense que c'est assez clair.
M. Mailloux: Je comprends de moins en moins.
M. Clair: Bien voyons donc.
M. Mailloux: On a une polyvalente de 1500 élèves
pour laquelle il y a cinq transporteurs; l'année suivante, il y a 1800
élèves. Est-ce à dire qu'étant donné qu'il y
a 1800 élèves, on n'est plus capable de négocier avec les
cinq transporteurs qui sont sur place l'année précédente?
Il y a un ajout d'élèves et il y a cinq transporteurs. Ce n'est
pas pour éviter qu'il n'y en ait qu'un, s'il y en a cinq. Pourquoi ces
cinq transporteurs n'auraient-ils plus le droit de négocier leur contrat
de gré à gré? S'il y a un contrat supplémentaire
à donner à un autre transporteur, qu'on le lui donne! II y a un
ajout d'élèves en début d'année et,
immédiatement, par l'article 14, ils sont empêchés de
négocier de gré à gré parce qu'il y a un ajout
d'élèves dont personne n'est responsable, pour lesquels cela
prendrait un transporteur supplémentaire. Je ne comprends pas comment il
se fait qu'on pourrait éliminer tous les transporteurs de cette
polyvalente. Il n'y a pas de monopole dans un cas semblable.
M. Clair: L'objectif de l'article 14, c'est non pas de faire du
favoritisme, mais
de tenir compte du fait qu'il y a déjà des transporteurs
qui sont sur place et favoriser au maximum la négociation d'une entente
de gré à gré entre une commission scolaire et un
transporteur qui a déjà des équipements, qui est
déjà sur place. Ce "privilège", on le limite au nombre
d'étudiants déjà transportés, au nombre de
véhicules déjà en service pour chaque transporteur
scolaire. Si, dans l'exemple que vous donnez, cela passe de 1500 à 1800
élèves, à ce moment, si la commission scolaire l'a
prévu, cela devrait aller en soumissions publiques. Si jamais elle ne
l'avait pas prévu et qu'en cours d'année, elle s'aperçoit
qu'elle a un nombre supplémentaire d'élèves à
transporter, un plus grand besoin que celui qui était prévu,
à ce moment, elle pourra, avant de procéder par soumissions
publiques pour combler de nouveaux besoins, négocier de gré
à gré avec un transporteur qui est déjà sur place
en cours d'année.
M. Mailloux: En début d'année, ils sont
probablement mis de côté aussi.
M. Pagé: Des soumissions publiques, on ne peut en avoir
qu'une.
M. Mailloux: Ils sont carrément mis de côté
en début d'année.
M. Pagé: C'est cela.
M. Clair: Remarquez que l'expérience de 1974, le
député de Charlevoix s'en souvient sûrement...
M. Mailloux: Cela va à la baisse, oui.
M. Clair: ... à ce qu'on me donne comme chiffres, c'est
que, dans 85% ou 87% des cas, il n'y avait eu qu'un seul soumissionnaire.
M. Mailloux: Pour l'ensemble d'une commission scolaire
donnée, régionale?
M. Clair: Pour l'ensemble du Québec. M. Pagé: Pour
l'ensemble des circuits.
M. Clair: C'est bien cela. Ce sont les chiffres dont on
dispose.
M. Mailloux: Pour quelle année? M. Clair: Pour
1974.
M. Mailloux: Et les autres années après?
M. Clair: Les autres années...
M. Mailloux: Cela a été reconduit.
M. Clair: ... cela a été reconduit.
M. Mailloux: Je ne comprends quand même pas. Je conviens
que la clientèle scolaire baisse partout, dans le Québec, ou
à peu près, mais il peut arriver, dans une région
donnée, qu'une industrie amène une clientèle
supplémentaire et que celle-ci ne soit pas placée sur le
même pied que les autres.
Une voix: C'est cela.
M. Clair: Je pense que c'est très peu susceptible de se
produire. Au cours des dernières années, on a vu le nombre de
véhicules en service non pas augmenter, mais diminuer grâce
à une rationalisation du transport scolaire avec l'enveloppe
budgétaire fermée transférable administrée par la
commission scolaire, avec un bénéfice pour elle si elle
réalise des économies. Je pense que la rationalisation du
système n'aura pas tendance à... Je vois même difficilement
des exceptions, puisque, dans le cas où il y aurait un accroissement de
clientèle scolaire dans un régionale donnée, c'est
peut-être justement dans ce cas où qu'il y aurait le plus de
rationalisation à faire. Les cas où cela pourrait s'appliquer
sont certainement marginaux.
M. Bourbeau: On pourrait peut-être passer au chapitre sur
les soumissions publiques. On pourrait peut-être dire quelques mots sur
le sujet traité par l'article 18, M. le ministre, où on parle des
cautionnements. Ce qui est prévu dans le règlement, maintenant,
ce sont des cautionnements qui sont équivalents à 50% du prix du
contrat, alors qu'antérieurement le bon d'exécution était
de 20% du prix du contrat, selon l'ancien article 250e du règlement 11.
On a fait valoir, je pense, cet après-midi, qu'en augmentant à
50% le bon d'exécution, cela aurait pour effet d'augmenter
éventuellement les primes d'assurance et donc les coûts du
transport scolaire. On a fait remarquer également, enfin selon tous les
intervenants -ce sont les renseignements que nous possédons ici - qu'il
n'y aurait eu à peu près aucun cas dans le passé où
des transporteurs scolaires auraient fait défaut, où les
assureurs auraient eu à honorer les bons d'exécution. On comprend
mal pourquoi on porte à 50% ce chiffre qui a pour effet d'augmenter les
coûts du transport scolaire.
M. Clair: Quant à l'affirmation que cela contribuerait
à augmenter les coûts du transports scolaire, dans un premier
temps, je voudrais dire que ce n'est certainement pas un objectif qu'on
poursuit; au contraire, la norme antérieure était de 20%. La
raison pour laquelle nous avons retenu 50%, c'était simplement que, dans
l'ensemble des travaux
"publics", il semble que c'était à peu près la
norme, 50%. Là-dessus, on s'engage à regarder d'un peu plus
près quelle est la norme applicable dans un pareil cas. Peut-être
que l'APAQ propose de laisser 20%, que l'ATEQ proposait 35%. On va le regarder.
Je ne pourrais pas prendre d'engagement ce soir. Toute la question des
cautionnements, mes fonctionnaires sont en train de vérifier
auprès des milieux concernés pour voir, pour s'assurer que ce
qu'on a dans la réglementation correspond aux us et coutumes du
marché dans ces matières-là. Alors, il n'est pas
impossible qu'on révise le cautionnement à la baisse.
M. Bourbeau: II faut quand même penser que ce n'est pas le
même cas quand on a un contrat de construction de route ou d'immeuble,
c'est un peu différent d'un contrat de transport scolaire. Parce qu'une
fois que le contrat est commencé en transport scolaire, je
présume que, même si le transporteur fait faillite, il va y avoir
d'autres transporteurs qui peuvent continuer le contrat et à peu
près au même coût. Les coûts sont connus. Ce sont des
coûts qui, en général, sont les mêmes dans toute
l'industrie. On parle de construire un immeuble, ça peut s'"effoirer"
complètement et ça peut être très coûteux de
prendre un contrat en cours de route, dans le cas d'un immeuble. Je comprends
pourquoi on demanderait une prime, un pourcentage plus élevé.
M. Clair: J'en conviens avec le député de Laporte.
Maintenant, vous savez que, par ailleurs, toute réduction du
cautionnement, si, comme l'ATEQ le soulignait, on n'a jamais eu besoin de
recourir au cautionnement... Plus on va baisser les exigences au niveau du
cautionnement, plus on facilite l'entrée de nouveaux transporteurs,
puisque les conditions d'obtention d'un cautionnement à 20%, c'est moins
exigeant qu'à 50% ou 35% également. Ce que je vous dis
là-dessus, c'est qu'on n'est pas fermé. On va essayer de faire le
tour d'un plus grand nombre de dossiers d'échantillons pour voir ce qui
serait une norme raisonnable dans ce cas-là.
M. Bourbeau: L'objectif, c'est justement d'assurer une bonne
compétition et les prix les plus intéressants possible pour le
public en général. Si on augmente les cautionnements d'une
façon importante, peut-être qu'on va réduire la
possibilité d'avoir une saine compétition.
L'article suivant ne semble pas causer de problème. Je pense que
le prochain article qui soulève la controverse, c'est l'article 24, les
négociations après les soumissions publiques. Je pense que la
plupart des intervenants, cet après-midi, en ont parlé. Il s'agit
de l'article qui dit qu'une fois que les soumissions ont été
ouvertes et sont connues, une commission scolaire peut les mettre de
côté, les rejeter et accepter un prix venant d'à peu
près n'importe qui pourvu que le montant soit au moins de 5%
inférieur au prix de la soumission la plus basse. Évidemment, je
pense que les membres de l'Opposition, ici cet après-midi, ont
déclaré que c'était proprement inacceptable, qu'on
était pour ouvrir la porte à l'arbitraire. Il me semble
également que c'est contraire à l'éthique reconnue des
soumissions et on risque avec ça de fausser carrément le jeu des
soumissions. Je me demande si, à moyen et à long terme, on va
vraiment faire des économies avec cette réglementation. Alors, je
pense qu'à moins que le ministre ne puisse trouver des arguments de
poids dont il n'a pas fait état cet après-midi, l'Opposition
n'est absolument pas convaincue de la sagesse de cette
réglementation-là. Je ne sais pas si mes collègues
aimeraient ajouter quelque chose à ce que je viens de dire, mais...
M. Pagé: Non, essentiellement, M. le Président, on
a eu l'occasion de s'inscrire contre les dispositions de l'article 24 qui
permettra finalement à une commission scolaire d'aller négocier,
d'aller changer les règles du jeu, une fois que les soumissions
publiques seront ouvertes. Nous osons espérer qu'à la
lumière des représentations qui ont été faites par
des intervenants, des réserves que ceux-ci ont formulées, et par
nous, le ministre va corriger son tir et accepter de retirer purement et
simplement les articles 24 et 25 de façon que, si une commission
scolaire tente de négocier de gré à gré et qu'elle
n'arrive pas au résultat escompté, elle aille en soumissions
publiques mais, une fois que les soumissions publiques sont lancées,
qu'on respecte les règles du jeu.
M. le Président, j'avais posé deux questions bien
spécifiques au ministre et j'aimerais bien avoir les
réponses.
M. Clair: C'est malheureusement un sujet sur lequel on ne pourra
trouver de terrain d'entente, mais je vais quand même essayer d'expliquer
au député pourquoi on doit avoir les articles 24 et 25 dans ce
règlement.
La meilleure façon de réintroduire un certain niveau de
concurrence dans ce secteur était, pour certains, d'en venir purement et
simplement à des soumissions publiques dans tous les cas et que le plus
bas soumissionnaire soit choisi. Cela représentait un certain nombre de
risques parce qu'on sait qu'en 1974, dans 87% des cas, il n'y a eu qu'un seul
soumissionnaire. On a donc bâti un équilibre beaucoup plus
délicat que de dire: On va aller en soumissions publiques, un jeu auquel
les
transporteurs auraient participé très gros et un jeu
auquel les commissions scolaires auraient elles aussi participé
très gros avec une enveloppe budgétaire fermée.
On a essayé de mettre dans le règlement une
procédure qui est délicate, je le reconnais, parce qu'on est dans
un secteur économique qu'on ne veut pas démolir. On veut que les
commissions scolaires puissent tirer avantage du fait qu'il y a
déjà des entreprises qui sont bien capitalisées, qui
offrent un bon niveau de services. On veut que les transporteurs scolaires qui
ont offert un bon service puissent eux aussi avoir un certain avantage par
rapport à des nouveaux venus sur le marché. On veut aussi
s'assurer qu'il y ait une certaine concurrence de réintroduite et que
les commissions aient, au niveau des dispositions réglementaires, la
possibilité de limiter la croissance des coûts dans le transport
scolaire. Il y a eu d'autres mesures en ce qui concerne l'enveloppe
budgétaire fermée, etc., mais au niveau de l'octroi du contrat,
prenons le cas des 87% de commissions scolaires qui n'ont fait affaires qu'avec
un seul soumissionnaire en 1974. (20 h 45)
Dans un premier temps, cette commission scolaire va tenter de
négocier de gré à gré avec le ou les transporteurs
scolaires qui sont déjà en place, selon les articles 14 et 15
dont on a discuté tantôt. Si on se fie à ce qu'on a pu
entendre de la part des représentants de l'Association du transport
écolier du Québec et également de ce que j'ai pu avoir
comme indication de la part des commissions scolaires, la réforme est
acceptée dans l'ensemble. Alors, il y a tout lieu de croire que
ça va négocier de part et d'autre.
Mais il faut se mettre à la place d'une commission scolaire qui,
avec une enveloppe budgétaire fermée, a négocié de
gré à gré, n'a pas réussi à s'entendre avec
son ou ses deux transporteurs scolaires, parce que ceux-ci disent: La
commission scolaire, qu'elle aille au diable, qu'elle aille taxer, si elle
veut, qu'elle aille en référendum, nous, on négocie
à tel prix ou on cote à tel prix...
Si on veut que cette commission scolaire ne soit pas dans un cul-de-sac
en quelque sorte, parce qu'on risquerait de se trouver dans des cas limites, je
le reconnais et on espère que les article 24 et 25 vont servir le moins
souvent possible, il faut avoir une porte de sortie pour une commission
scolaire qui ferait face à des gens qui, à proprement parler, ne
veulent pas négocier, pour que le niveau de la soumission publique
maintienne exactement les mêmes prix, et qui se retrouverait
coincée, si elle ne peut au moins avoir la possibilité de dire:
Puisque c'est comme cela, je me retourne vers quelqu'un d'autre. Cela va mettre
un poids terrible sur le transporteur, mais cela met également un poids
terrible sur la commission scolaire, parce qu'une commission scolaire, si elle
est satisfaite de la qualité de service qui a été offerte
jusqu'à maintenant, va elle aussi prendre un risque en allant vers un
nouveau venu.
Je pense que avec les articles 24 et 25, dans une réforme comme
celle-là, c'est une opération délicate que d'essayer de
réintroduire un certain niveau de concurrence, une possibilité
pour les commissions scolaires de réduire leur coût, pour le
gouvernement aussi et finalement pour la collectivité. C'est vraiment
une opération délicate, et même si je sais que le
député de Portneuf va dire: Cela ne s'est fait nulle part
ailleurs, je n'ai pas fait de recherche pour savoir s'il y avait des cas
où cela pouvait se produire, la négociation de gré
à gré avec toute autre personne après les soumissions
publiques, mais, dans ce cas-ci, je pense que c'est nécessaire, si on
veut donner une chance aux commissions scolaires de ne pas être aux
prises avec un transporteur qui, en quelque sorte, essaierait de lui faire
plier l'échine.
Le Président (M. Rochefort): Le député de
Laporte avait demandé la parole, mais...
M. Bourbeau: Cela n'a pas d'importance.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le ministre donne suite à une question que
je lui avais formulée cet après-midi. Le premier volet de la
question, c'était s'il pouvait indiquer à ce moment-ci quels
seraient les critères sur lesquels la commission scolaire pourrait
s'appuyer pour demander, une fois les soumissions publiques ouvertes, à
d'autres personnes de coter véritablement pour avoir
éventuellement ces contrats-là. Est-ce à dire que la
commission scolaire pourra faire affaires avec toute personne, même si
elle n'a jamais fait du transport scolaire, même si elle n'est pas
équipée pour en faire, pour négocier à rabais des
contrats où des transporteurs qui avaient déjà les
contrats auront soumissionné de bonne foi, auront participé de
bonne foi à votre mécanisme? Vous venez de me confirmer que la
commission scolaire pourra se retourner et dire: On va magasiner jusqu'à
moins 5%, pour autant que c'est moins 5%. Quels seront les critères et
les normes sur lesquels devra s'appuyer la commission scolaire pour pratiquer
une telle opération?
M. Clair: Essentiellement, une fois que la commission scolaire va
connaître son enveloppe budgétaire fermée, comme je vous
dis, les premiers intéressés à ce que le transport
scolaire se fasse bien, qu'il soit un
service sécuritaire, compétent, c'est bel et bien la
commission scolaire. Si une commission scolaire doit se rendre aux articles 24
et 25 dans le déroulement du processus d'octroi des contrats, ce sera
parce que la commission scolaire, probablement, fera face à quelqu'un
qui veut la forcer à défoncer son enveloppe budgétaire,
quelqu'un qui, à proprement parler, ne joue pas les règles du jeu
de la réforme. La décentralisation qu'on fait, c'est de redonner
du pouvoir aux commissions scolaires dans l'organisation de leur transport
scolaire. Je pense qu'on n'a pas le droit de présumer, ni que les
commissions scolaires vont se comporter de façon irresponsable, ni
qu'elles vont vouloir faire du patronage. Je pense que la présomption de
bonne foi existe que les commissions scolaires ont tout intérêt
à s'assurer d'un service de qualité. Je pense que ce sera dans
des cas assez limites qu'une commission scolaire se rendra aux articles 24 et
25.
M. Pagé: II y avait l'autre volet de la question, M. le
Président. Le ministre y a répondu mais je voudrais bien qu'il me
le dise clairement. Est-ce qu'il y a d'autres cas où le gouvernement du
Québec, les sociétés d'État ou les agences
gouvernementales vont négocier à rabais, vont magasiner pour
donner des contrats à rabais, après que cette
société, ce gouvernement, ce ministère ou ces agences
auront enclenché le processus normal, en matière commerciale, des
soumissions publiques?
M. Clair: Je ne suis pas un spécialiste sur les questions
d'octroi de contrats et de soumissions publiques. J'ai avoué
tantôt, et je peux le dire de façon plus précise,
qu'à ma connaissance un mécanisme comme celui-là, sans
avoir dressé un inventaire, je ne connais pas le processus d'octroi des
contrats dans l'ensemble de l'appareil public et parapublic... Je ne connais
pas d'articles 24 et 25 qui existent dans d'autres secteurs. Peut-être en
existe-t-il.
M. Pagé: II n'y en a pas.
M. Clair: Je n'en connais pas.
M. Pagé: II n'y en a pas. L'enveloppe
budgétaire...
M. Clair: C'est une affirmation ou une question?
M. Pagé: À ma connaissance, M. le Président,
et elle est aussi vaste à cet égard-là que celle du
ministre parce que cela fait aussi longtemps que lui, sinon plus, que je suis
ici, il n'y en a pas.
M. Clair: Je ne voulais vous insulter nullement.
M. Pagé: Cela n'a tout simplement pas d'allure. Cela n'a
pas d'allure ce que vous êtes en train de faire. J'aimerais demander au
ministre, maintenant, qui établit l'enveloppe budgétaire pour la
commission scolaire X.
M. Clair: Elle est établie au niveau des règles
budgétaires. Si, avec toute la compétence et l'ancienneté
que je reconnais au député de Portneuf, il se donnait la peine de
lire les règles budgétaires, il saurait que la réponse se
trouve là.
M. Pagé: C'est cela. C'est vous qui établissez les
règles budgétaires. M. le Président, c'est là
qu'est le problème. C'est que le gouvernement du Québec va
établir, pour une commission scolaire donnée, une enveloppe
budgétaire déterminée. Prenons le cas d'une commission
scolaire - pour faire un chiffre rond - qui a 10 000 000 $ en matière de
transport. Cette commission scolaire avait, l'année dernière, 10
000 000 $ affectés au transport scolaire. Le gouvernement du
Québec peut arriver, une fois ce règlement adopté et,
compte tenu du contexte difficile qu'on connaît à ce gouvernement
- on sait qu'on a un déficit gouvernemental depuis cinq ans qui est
exactement le même chiffre que le déficit accumulé au cours
des 109 années précédentes; vous avez réussi
à endetter le Québec de 5 000 000 000 $ alors que l'endettement
du Québec, de 1867 à 1976, était de 5 000 000 000 $ aussi
- dire à cette commission scolaire: Alors que votre enveloppe
budgétaire était de 10 000 000 $ l'année dernière,
cette année, elle est de 9 000 000 $; messieurs, vous avez 9 000 000 $,
c'est votre gâteau, arrangez-vous avec cela. Qu'est-ce que la commission
scolaire va faire? La commission scolaire va se revirer de bord et elle va
contacter son directeur en transport, qui va rencontrer ses transporteurs et
leur dire à peu près ceci: Je suis bien peiné, mais
l'enveloppe budgétaire allouée par Québec est telle que
cette année on doit couper. Il va essayer de négocier de
gré à gré pour en arriver à son chiffre de 9 000
000 $, et ce malgré qu'il y a peut-être des modifications dans les
circuits, malgré qu'il y a peut-être des augmentations de
clientèle dans certaines municipalités, peu importe pour quels
motifs. S'il n'est pas capable de négocier de gré à
gré, il va se revirer de bord et va commander des soumissions publiques;
si les soumissions publiques donnent 9 500 000 $, il va se revirer de bord et
essayer de négocier à rabais. Après que les soumissions
publiques et les règles de fair-play auront été
employées,
Il va essayer de négocier à rabais pour épargner
500 000 $.
C'est ainsi que le ministre des Transports, consciemment ou non, risque
de démembrer dans certains comtés du Québec des structures
de transport scolaire qui étaient bien implantées, qui donnaient
de bons services; tout cela se faisait sous l'égide de services à
la clientèle, des services sécuritaires avec des conditions de
travail acceptables pour les travailleurs. L'écueil, il est là;
le danger, il est là. Je suis convaincu que la très grande
majorité des députés, ici autour de la table, qui est au
fait de la situation qui prévaut dans nos comtés respectifs, est
bien consciente de tout cela. C'est dans ce sens-là que je me permets de
dire au ministre des Transports que les articles 24, 25, vous venez nous dire
que c'est pour redonner des pouvoirs aux commissions scolaires, mon oeil! C'est
strictement un motif budgétaire, pour que le gouvernement du
Québec puisse arriver au début d'une année et dire:
Tardivel dans Portneuf, chez vous, le budget, c'est cela; arrange-toi avec le
budget, négocie, serre la vis à tes transporteurs pour qu'ils
baissent, qu'ils diminuent. Parce que ces gars-là... Ecoutez,
l'entreprise qui a 8, 10, 12, 15 véhicules, un syndicat avec une
convention collective à négocier bientôt; l'endettement,
c'est normal et du financement et de l'amortissement à payer... Ces gens
vont être susceptibles d'accepter le serrage de vis et d'ailleurs ils
n'auront pas le choix, car ils vont se faire dire par le directeur: Mon vieux,
si tu n'acceptes pas cette négociation de gré à
gré, tu t'en vas en soumission publique. Et si le gars a le malheur
d'être le seul à soumissionner, le directeur ou la commission
scolaire ou votre comité consultatif, peu importe votre structure, aura
le privilège de dire: Même si les règles du jeu, on les a
jouées fair-play jusqu'ici, c'est fini, on négocie à
rabais et on invite telle personne à coter en autant que c'est 5% de
moins que ton contrat. Cela fera quoi? On risque de revenir à la
situation de transporteur artisanal, de gens qui n'ont pas
nécessairement l'expérience, de gens qui n'ont pas
nécessairement le capital à investir et qui se lanceront
là-dedans, dans une aventure. Après cela, vous autres et nous
autres, on sera poignés avec les problèmes.
M. Clair: M. le Président...
M. Pagé: Je suis contre cet article-là et que le
ministre ne vienne pas me dire à moi que ça redonne du pouvoir
aux commissions scolaires. Ce n'est pas vrai; c'est fait uniquement et
exclusivement pour respecter les contraintes budgétaires que vous vous
apprêtez à imposer aux commissions scolaires, et par
conséquent aux transporteurs d'écoliers du Québec, et ce,
en raison des restrictions budgétaires et de votre déficit.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Portneuf va mériter un nouveau prix, mais ce
sont des choses qui n'ont aucun fondement, ce qu'il vient de dire. Le
député de Portneuf, je le répète, s'il avait lu sa
documentation avant de se prononcer, saurait que, dans aucun cas,
premièrement, les enveloppes budgétaires vont diminuer. Il essaie
de citer des chiffres et d'induire des gens en erreur en disant qu'une
même commission scolaire pourrait recevoir 1 000 000 $ de moins sur 10
000 000 $. C'est tout à fait inexact.
M. Pagé: C'était l'exemple que je vous donnais.
M. Clair: C'est facile de donner des exemples qui n'ont pas de
bon sens.
M. Pagé: Votre enveloppe si elle est fermée, c'est
parce que vous avez un montant maximum; sans cela, elle ne serait pas
fermée.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre! M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, le député de
Portneuf, j'ai de la difficulté à me retenir parce qu'il dit des
choses qui sont sans aucun fondement. La proposition, l'établissement de
l'enveloppe budgétaire d'une commission scolaire va tenir compte des
paramètres suivants: Dans un premier temps, les coûts historiques
d'une commission scolaire. Dans un deuxième temps, la clientèle
inscrite. Dans un troisième temps, une indexation, ce qui va faire que,
dans aucun cas, il ne va y avoir une réduction; en tout cas, je ne vois
pas de cas où il pourrait y en avoir à moins qu'une commission
scolaire n'ait diminué de clientèle de façon telle que
c'est absolument imprévisible. Pour l'indexation, et je l'ai dit au
début de la réunion cet après-midi, la proposition que
nous avons déposée devant le Conseil du trésor et le
Conseil des ministres, le niveau d'indexation de l'enveloppe, cela va
être l'indice des prix à la consommation plus l'indice des prix en
transport, divisé par deux pour établir une moyenne
arithmétique. C'est de cette façon que l'enveloppe globale du
ministère des Transports pour le transport scolaire va être
indexée. Il n'est donc question en aucun cas de diminuer les sommes
allouées à une même commission scolaire. (21 heures)
Deuxième chose, en ce qui concerne les commissions scolaires. Si
les insinuations du député de Portneuf selon lesquelles tout ce
qu'on veut, c'est refiler une compression aux
commissions scolaires.. Mais c'est la première chose que les
commissions scolaires nous auraient dite; or, l'attitude des commissions
scolaires a été de dire: Oui, c'est vrai il y a un niveau de
compression. Le niveau de compression qui était proposé,
c'était l'indice des prix à la consommation moins 4%; nous avons
changé ce niveau d'indexation en faisant une moyenne arithmétique
entre l'indice des prix à la consommation moins 4%. Nous avons
changé ce niveau d'indexation en faisant une moyenne arithmétique
entre l'indice des prix à la consommation et l'indice des prix en
transport avec une compression de 2%, ce qui est beaucoup moins
élevé que 4%.
Dans un deuxième temps, pour essayer de normaliser la situation
des commissions scolaires où il y a des possibilités
d'économie, on applique, au niveau des règles budgétaires,
un long processus, si vous l'avez lu. C'est probablement cela, le
député de Portneuf a dû le lire, mais il ne l'a pas
compris, alors il dit n'importe quoi. En cinq étapes
consécutives, on détermine comment on va normaliser le coût
d'utilisation d'un autobus scolaire dans les commissions scolaires où il
n'y a pas eu d'efforts faits dans ce sens. On va tenir compte des
révisions particulières, on va tenir compte des efforts qui ont
été consentis par les commissions scolaires.
Là-dessus, au niveau de l'indexation, le député de
Portneuf tient un langage exactement contraire à celui que son
collègue de Laporte tenait le printemps dernier en disant: Oui, il faut
une réforme dans le transport scolaire; oui, il faut diminuer la
croissance des coûts dans le transport scolaire. Je ne sais pas quand le
Parti libéral dit la vérité. Est-ce en commission
parlementaire, au moment des crédits - le printemps dernier, le
député de Laporte nous disait qu'il fallait réduire la
croissance des coûts dans le transport scolaire - ou si c'est ce soir,
devant les transporteurs scolaires, que le député de Portneuf
vient essayer de faire son petit numéro et de dire: II n'y a pas
nécessité de comprimer et de ralentir la croissance des
dépenses dans ce secteur.
M. Pagé: M. le Président, il n'est pas question de
numéro. Je dirai strictement au ministre que j'ai pris connaissance des
documents cet après-midi, premièrement -c'est explicable.
Deuxièmement, je dirai au ministre que je n'ai besoin de personne en
arrière de moi pour me raconter ce qu'est le transport scolaire. Je
connais cela un peu plus que vous, entre parenthèses. Autre
élément...
M. Clair: Votre belle assurance vous sert très bien.
M. Pagé: J'aimerais que le ministre me dise s'il parle
d'enveloppes budgétaires fermées. Je comprends que vous soyez
fatigué peut-être de les avoir avec vous, mais c'est un autre
problème. Le ministre nous dit qu'il y a un paquet
d'éléments qui vont servir à l'établissement de
l'enveloppe budgétaire. Le ministre évoque de plus qu'à sa
connaissance il est peu probable qu'une commission scolaire verra son enveloppe
budgétaire actuelle réduite. Pouvez-vous affirmer de votre
siège - nous sommes à étudier actuellement un
règlement et c'est exceptionnel pour nous d'avoir l'occasion
d'étudier un règlement - comme ministre des Transports, qu'en
aucun cas les enveloppes budgétaires actuellement allouées aux
commissions scolaires pour le transport scolaire ne seront modifiées
à la baisse? Pouvez-vous l'affirmer?
M. Clair: En termes de dollars de 1981? Ce que je peux dire, le
piège tendu par le député de Portneuf ne pourrait se
produire que dans un cas tout à fait exceptionnel, mais, à notre
connaissance, il n'y a aucune commission scolaire où, en dollars de
1981, il y aura une réduction de l'enveloppe. L'enveloppe sera
indexée d'un montant très appréciable, la moyenne de
l'indice des prix à la consommation et de l'indice des prix en
transport, moins 2%, plus une normalisation dans les commissions scolaires
où il y a lieu de procéder à cette normalisation. On n'est
pas en train de réinventer le monde en procédant par des
règles budgétaires. Peut-être que le député
de Portneuf l'ignore, mais il y a déjà des règles
budgétaires qui sont appliquées par le ministère de
l'Éducation pour le financement des...
M. Pagé: Pouvez-vous l'affirmer de votre siège
qu'aucune commission scolaire ne connaîtra une diminution?
M. Clair: Non. Je connais les tours de passe-passe du
député. II voudrait essayer de me faire dire que dans aucun
cas...
M. Pagé: Si vous n'êtes pas capable, dites-le, et si
vous êtes capable, dites-le!
M. Clair: II y a combien de commissions scolaires au
Québec? 85 commissions. J'ai un sens commun minimal et, avant de prendre
un engagement aussi formel, il faudrait que j'aie devant moi la liste des 85
commissions scolaires. Ce que je vous dis, c'est qu'à ma connaissance
aucune commission scolaire, en 1982, ne connaîtra une diminution en
dollars de 1981 par rapport à ce qu'elles avaient. Voyons donc!
M. Pagé: Vous ne pouvez pas dire que toutes les
commissions scolaires connaîtront
une augmentation?
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Rousseau.
M. Pagé: C'est cela, on verra.
M. Blouin: M. le Président, ce n'est la première
fois que le député de Portneuf tire des conclusions hâtives
dans les dossiers.
M. Clair: Non, pas jusqu'à maintenant.
M. Blouin: Ce qui me désole un peu aussi, c'est qu'il n'a
pas tellement saisi l'esprit de cette commission et l'esprit de la
réforme parlementaire à venir. Il ne s'agit pas de faire de la
petite politique mesquine, mais il s'agit de régler des problèmes
et de traiter du fond des problèmes.
M. Pagé: J'invoque le règlement. Question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Question de règlement,
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Vous savez qu'en vertu de notre règlement,
on n'a pas le droit de soulever une question de privilège ici. J'ai
posé des questions qui, je pense, étaient tout à fait
justifiées. Les articles 24 et 25 sont susceptibles d'apporter des
craintes qui sont tout à fait fondées chez moi, et c'est ce que
j'ai voulu mettre en relief ce soir par les questions que j'ai posées au
ministre.
M. Clair: C'est comme la fois qu'il était inquiet du
téléphone.
M. Pagé: Si vous voulez faire de la politique, cela se
fait à deux, mon ami.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: Mais, lorsque vous parlez du fond du problème,
là-dessus je vais vous rejoindre. D'abord nous savons tous que, depuis
1974, dans la majorité des commissions scolaires, des territoires des
commissions scolaires, ce sont les mêmes transporteurs scolaires dont les
contrats d'année en année ont été reconduits en
vertu même du règlement no 11. Donc, en principe, la
majorité d'entre eux devraient entamer des négociations avec les
mêmes commissions scolaires et, dans la plupart des cas, je
présume, ce seront les mêmes transporteurs qui assumeront les
services qu'ils assumaient avant. Dans certains cas exceptionnels toutefois, il
peut arriver, comme l'a évoqué le député, qu'il y
ait une mésentente - là, j'ai suivi son cheminement -entre la
commission scolaire et le transporteur. Est-ce que le ministre ne croit pas
que, pour éviter que, dans des situations extrêmes qui tiennent
presque de la fiction, mais qui pourraient peut-être arriver, il pourrait
considérer que si, à l'article 25, le pourcentage de 5% passait
à 10%, cela n'éviterait pas que le premier venu vienne
s'installer, se mette à faire du transport scolaire et, peut-être
encore une fois, dans certains cas de plus en plus fictifs, menace
peut-être quelque peu la qualité et la sécurité du
transport scolaire? Une marge de 10% ne pourrait-elle pas assurer que le
premier venu vienne prendre la place de n'importe qui dans des cas
extrêmes qui pourraient se produire?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Clair: Je pense, M. le Président, que la marge de 10%
pourrait même représenter des dangers plus graves que 5%, parce
que, si on prend un écart de 5%, cela représente d'abord des
sommes déjà de l'ordre de 1200 $ à 1500 $ probablement. Si
on augmente ces sommes, et que cela devient un écart de 3000 $, ce n'est
quasiment plus une question d'être dans le marché, c'est que
quelqu'un est prêt à perdre quasiment de l'argent pour essayer
d'obtenir un contrat et, à mon avis, un écart de 10%
représenterait plus de danger qu'un écart de 5%, parce que,
là, ce seraient visiblement des gens qui ne seraient pas dans le
marché et qui voudraient s'y introduire.
Avec tout ce dispositif des articles 24 et 25, qu'est-ce qui arrive
normalement quand, après être allé en soumissions
publiques, un organisme gouvernemental ou une municipalité est
insatisfait des soumissions parce qu'il considère que tous les
soumissionnaires dépassent amplement les prévisions? Ce qui se
passe purement et simplement, c'est que le délai pour l'acceptation des
soumissions s'écoule; il n'y a pas de soumission qui est retenue et
l'organisme en question retourne en soumissions publiques. Or, c'est une
situation dans laquelle une commission scolaire est aux prises avec un
délai. Le mois de septembre, l'école recommence et il faut qu'il
y ait un transporteur scolaire chargé d'assurer le transport des
écoliers. Il n'y a pas beaucoup d'autres façons de lui permettre
de se sortir d'une impasse que d'inscrire les articles 24 et 25 et, à
5%, je pense que cela pourrait représenter des risques plus grands, si
quelqu'un arrivait avec un écart aussi considérable. Remarquez
que c'est certain qu'il peut y avoir une variante importante au niveau, par
exemple, de la capitalisation des entreprises. Si des entreprises sont bien
capitalisées et si une entreprise est à 90% "sur la finance",
cela a un impact évident sur le coût de propriété
des autobus, donc sur le coût d'exploitation du service de
transport scolaire. Nous, on considère que 5%, c'est...
Peut-être que ça serait 6%, peut-être que ça serait
4,75%, le chiffre idéal, mais on a pensé que, dans les
circonstances, 5%, c'était un critère acceptable.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, en premier lieu, je vais
commencer par corriger les inexactitudes du ministre. Au printemps dernier,
j'avais parlé d'une réforme du transport d'écoliers. Je
vous l'avais suggérée dans le but de faire une meilleure
utilisation des équipements. Si vous vous en souvenez, je vous avais
parlé des champs complets d'autobus scolaires inutilisés qu'on
voit durant les périodes d'été et c'est à ça
que j'avais fait allusion. Je vous avais exhorté de tenter de trouver
des utilisations supplémentaires pour le parc d'autobus scolaires du
Québec. Je n'avais pas nécessairement demandé de faire des
compressions budgétaires sur le dos des transporteurs ou des
étudiants, premièrement. Deuxièmement, le
député de Portneuf prétend que le but de l'exercice qu'on
a devant nous, c'est... M. le ministre, étant donné que je
m'adresse à vous, je vais attendre que... M. le ministre, le
député de Portneuf, tout à l'heure, prétendait que
le but de l'exercice, c'est de permettre au gouvernement de faire des
compressions budgétaires. Je partage son opinion et je peux vous assurer
que j'ai lu la documentation. J'attire votre attention, entre autres, en plus
des 2% de compression que vous allez appliquer - vous pouvez peut-être
regarder dans les règles budgétaires, parce qu'on a parlé
de règles budgétaires - sur la fameuse clause des compressions
sélectives que vous vous êtes réservées. On dit
ceci: Dans certaines commissions scolaires où l'organisation du
réseau de transport au cours de l'année scolaire 1981-1982 laisse
place de façon...
M. Clair: À quel endroit, quelle page?
M. Bourbeau: Mais, M. le ministre, vous devez le savoir, c'est
à la page 6, troisième étape...
M. Clair: Si vous pensez que je le possède par coeur!
M. Bourbeau: ... détermination du nombre de
véhicules requis. Est-ce que le ministre n'aurait pas lu sa
documentation, par hasard?
M. Clair: Si vous pensez que je le possède par coeur!
M. Bourbeau: Alors...
M. Blouin: ... du député de Portneuf s'attrape?
M. Bourbeau: La fameuse clause des compressions
sélectives, c'est là vraiment que le ministre va nous attraper.
Parce que les 4%...
M. Pagé: On n'a pas tout lu, mais on a lu ça.
M. Bourbeau: ... les 4% qu'il nous avait annoncés dans
sa...
M. Clair: Vous nous disiez que vous aviez tout lu!
M. Pagé: J'ai pris connaissance du document cet
après-midi.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est au député de Laporte.
M. Pagé: Ça, on l'a vu!
M. Bourbeau: Les 4% que le ministre nous avait annoncés
dans le livre blanc et qui, maintenant, sont réduits à 2% pour le
bonheur de tout le monde, les autres 2%, il va venir les chercher avec les
compressions sélectives. Alors, il nous dit ceci: On va appliquer des
compressions sélectives dans certaines commissions scolaires. On ne dit
pas lesquelles. On dit: Ce sont celles où l'organisation du
réseau de transport au cours de 1981-1982 laisse place, de façon
particulièrement significative, à un effort de rationalisation
par des mesures telles que l'aménagement des circuits, le
décalage horaire et l'intégration aux transports en commun. Bref,
c'est une phrase qui ne veut absolument rien dire, qui va donner au ministre le
loisir de décréter arbitrairement et de façon
discriminatoire que, dans cette commission scolaire-là, il y a place
pour un effort de rationalisation; il y a toujours place pour des efforts de
rationalisation. Alors, ça va être très facile d'appliquer
des compressions sélectives qui vont faire en sorte que le ministre
pourra rendre justice au ministre des Finances et dire: On a
comprimé.
Autre endroit, M. le ministre - j'attire votre attention - c'est ce dont
vous parlez, à la page 7, quatrième étape. On dit que
l'évaluation monétaire des variations, à la baisse ou la
hausse, dans le kilométrage des véhicules, est obtenue sur la
base du coût marginal du kilométrage supplémentaire tel
qu'établi par le ministère des Transports. Alors, quel sera le
coût marginal du kilométrage supplémentaire? Encore
là, ça va dépendre de ce qui va rester dans le budget
du ministère. Si le ministre des Finances vous a dit que vous
avez un budget plus comprimé que moins comprimé, vous allez
pouvoir dire aux commissions scolaires: Bien, voici, notre coût marginal,
on le diminue ou on l'augmente. Alors, je pense que le député de
Portneuf a raison de s'en faire parce que vous vous êtes gardé,
dans les règles budgétaires, assez de latitude pour pouvoir
comprimer selon le budget que vous aurez. Je pense qu'effectivement, il a
raison.
Ceci étant dit, je suggérerais, étant donné
qu'on est en train de faire l'étude, M. le ministre, des
règlements sur le transport scolaire et qu'on a étudié les
règles budgétaires, qu'on pourrait revenir aux règlements
sur le transport scolaire et, après ça, on pourrait passer aux
règles budgétaires...
M. Clair: C'est le député de Portneuf qui nous a
entraînés dans ce sentier.
M. Bourbeau: ... étant donné que je n'ai pas
terminé...
M. Pagé: C'est ça...
M. Bourbeau: ... étant donné que je n'ai pas
terminé... M. le Président, j'ai encore la parole, je pense.
M. Clair: Est-ce que...
Le Président (M. Rochefort): Oui, la parole est toujours
au député de Laporte.
M. Clair: Avant de revenir aux règlements, je voudrais
juste avoir l'occasion de dire quelques mots. (21 h 15)
M. Bourbeau: Je vais seulement terminer mon exposé. Je
n'ai pas encore terminé. Tout ça a commencé quand le
ministre nous disait qu'il voulait réintroduire la concurrence. En fait,
la fameuse règle de 5%, j'aimerais qu'on y revienne parce que c'est de
ça qu'on parle. Il nous dit qu'il n'y a pas eu de concurrence en 1974 et
qu'effectivement, dans 87% des cas, il n'y a eu qu'un seul soumissionnaire
donc; il n'y a pas eu de concurrence. Il nous dit: Étant donné
qu'il n'y a pas eu de concurrence, cette fois-ci on voudrait qu'il y ait de la
concurrence; si les soumissions sont jugées trop élevées,
on va permettre de se retourner de côté et d'aller négocier
avec n'importe qui à 5% plus bas.
Je soumets ceci à l'attention du ministre: premièrement,
en 1974, il y avait dans le règlement no 11 une stipulation qui n'existe
pas aujourd'hui, disant que les soumissionnaires devaient déjà
être propriétaires d'autobus. Cela n'existe pas aujourd'hui.
C'était l'ancien article 249, là, si mes renseignements sont
bons, qui a été abrogé depuis ce temps. Or, cet article
-l'ex-ministre pourrait le confirmer - faisait en sorte qu'on devait être
propriétaire d'autobus au moment où on soumissionnait; si je n'ai
pas raison vous voudrez bien me contredire, mais il me semble que personne ne
me contredit. C'est exact? Bon. Évidemment, cela restreignait d'une
façon singulière le nombre de soumissionnaires. Aujourd'hui, on
permet à tout le monde de soumissionner même sans autobus. C'est
la première raison pour laquelle, aujourd'hui, on devrait avoir beaucoup
plus de concurrence.
Deuxièmement, on m'avise également qu'en 1974 on pouvait
accorder le contrat à l'ancien transporteur si sa nouvelle soumission
n'excédait pas 10% de l'ancien prix. Donc, raison additionnelle pour
limiter la concurrence en 1974. Aujourd'hui, ces stipulations n'existent pas
et, quant à moi, j'estime qu'on devrait avoir beaucoup plus de
concurrence au niveau des soumissions qu'on en a eu en 1974. Donc, on n'a pas
besoin d'introduire un facteur supplémentaire de concurrence qui est la
fameuse norme de 5% du ministre - d'ailleurs, il nous l'a dit tout à
l'heure - parce qu'il a peur qu'il n'y ait pas de concurrence.
Il y a peut-être une chose qu'on pourrait suggérer et je
partage l'avis du député de Portneuf là-dessus, à
savoir qu'on devrait simplement abolir cette possibilité d'aller
négocier des contrats à rabais. Mais, si le ministre ne veut pas
se rendre à cette demande, on pourrait faire une distinction et dire
que, dans les cas où il n'y a qu'un seul soumissionnaire - il semble que
ce soit ce dont le ministre a le plus peur, qu'il n'y ait pas de concurrence -
et uniquement dans ces cas-là, qu'on permette à une commission
scolaire de négocier non pas selon la norme de 5%, mais avec une
différence d'au moins 10%. Dans les cas où on n'aurait qu'un seul
soumissionnaire et où on pourrait peut-être penser que le prix est
trop élevé, on pourrait peut-être dire que la commission
scolaire pourra se retourner et aller négocier pourvu que la
différence soit de 10%; là, cela m'apparaîtrait plus
logique. Je soumets ça comme option, si l'opinion du
député de Portneuf ne peut pas prévaloir.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le ministre.
M. Clair: Je pense que le député de Charlevoix
voulait ajouter quelque chose immédiatement là-dessus.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Je conclurai mes remarques relativement aux deux
articles en question et, principalement, aux 5% dont on parle dans l'article
25.
Si on me le permet, je voudrais revenir à 1974, au moment
où le règlement fut adopté. Je vais tâcher de le
faire le plus apolitiquement possible. Je comprends le ministre qui, dans un
service à offrir à la population, voit les coûts monter en
flèche comme on les a connus ces quelques dernières
années. Je comprends qu'il cherche à faire l'impossible pour
tenter de minimiser l'importante augmentation qu'on a connue. Je crois que
c'est aux alentours de 90 000 000 $ que ça coûtait en 1974 et
c'est passé à quelque 200 000 000 $ aujourd'hui.
M. Clair: On va toucher les 250 000 000 $.
M. Mailloux: Je comprends qu'on a eu la crise du pétrole
qui a amené des problèmes particuliers entre-temps;
c'était une dépense assez importante dans le transport scolaire.
On a dit tantôt que dans 85% des cas, en 1974, on n'avait eu qu'un seul
soumissionnaire. Je vous avouerai bien franchement - parce qu'il y a des
officiers qui sont encore au ministère aujourd'hui, je pense - comme le
ministre a d'abord la sécurité routière en tête,
quant à la richesse naturelle que sont nos enfants, on avait
également cette priorité en tête, en 1974, et on venait de
vivre deux années, 1972 et 1973, qui n'avaient pas été
faciles sur le réseau routier. On voulait assurer la meilleure
sécurité possible à nos enfants, nonobstant les
coûts effarants qu'on appréhendait, et on voulait en même
temps assurer le meilleur professionalisme possible à ceux qui auraient
à transporter nos enfants. On s'est ramassé avec 85% avec un seul
soumissionnaire et j'avouerai qu'au ministère même - on m'excusera
de l'autre côté de la clôture - on appréhendait qu'on
puisse s'entendre comme larrons en foire pour se partager passablement les
territoires et c'est un peu ce qui a prévalu dans le temps.
J'ai déjà dit publiquement que les transporteurs scolaires
avaient été, dans l'ensemble du transport intermodal, un peu les
enfants chéris du ministère, parce que la Commission des
transports, en vertu du règlement 11, reconduisait les contrats avec les
augmentations successives qu'on a connues. Je ne regrette pas, par contre, le
geste posé dans le temps, parce que l'expérience qu'on a connue
depuis dans le transport scolaire a été méritoire et
valable, le professionnalisme qu'on espérait, on l'a obtenu
également.
Le ministre fait aujourd'hui face à des compressions
budgétaires que je comprends, quand il est assis à son
siège. Je trouvais cela aberrant parfois, ayant été
moi-même à la classe plus jeune et me transportant sur mes pattes
un mille et demi, deux milles, quatre milles, matin et soir, qu'on transporte
des enfants non pas seulement sur les distances qu'on permet dans le service
actuel, mais sur des distances beaucoup plus courtes. Malgré qu'on
trouvait aberrantes, ces demandes supplémentaires, quand on allait sur
place de visu constater comment les enfants étaient en danger, car il y
a de très grandes artères dans les milieux urbains, on se disait:
Cela va coûter cher à la société, mais je pense
qu'il faut le faire également.
Les contrats ont été reconduits. Aujourd'hui, on se
retrouve devant les gens qui ont donné un service excellent. Quand vous
amenez l'article 25, je l'achèterais à une condition. Disons que
je n'ai pas à décider, c'est vous qui déciderez, mais je
l'achèterais à une condition et j'en ai parlé un peu cet
après-midi. On a constaté qu'après 1974, il y a eu dans le
transport scolaire une syndicalisation poussée qui nous a
coûté très cher. Je me rappelle les grèves dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean et comment cela a influencé l'ensemble des
transporteurs scolaires pour l'ensemble du Québec.
Si l'article 25 demeure tel qu'il est, je voudrais que le ministre
prenne son crayon et me dise comment, avec des transporteurs scolaires dont le
personnel est aujourd'hui syndiqué totalement ou en majorité,
dans les cas où il faudrait rappeler une soumission publique, il ne
serait pas contre une soumission publique s'il y avait une possibilité
que le jeu se fasse valablement. Comment le ministre peut-il m'expliquer
qu'avec une différence de 5%, il faudrait rappeler des soumissions
publiques, alors que l'on connaît l'importance, à travers le
coût du système de transport scolaire, de la note a payer pour le
personnel, pour les chauffeurs? Il y a deux coûts primordiaux: le
chauffeur d'abord et le carburant ensuite. Je pense que ce sont deux
coûts extrêmement importants, mais d'abord les salaires de 300 $
par semaine qu'on l'encontre un peu partout.
Il y a un chômage effréné au Québec
actuellement. Je n'espère pas que cela va se produire et ce n'est pas
contre la philosophie gouvernementale, parce que vous poussez vers la
syndicalisation, mais comment ces gens-là pourraient-ils
équitablement venir concurrencer un nouvel entrepreneur, qui aurait
besoin d'acheter, peut-être, trois, quatre, cinq véhicules, mais
qui aurait l'assurance que lui, avec ce qu'on appelle peut-être du "cheap
labour", mais du personnel non syndiqué, il peut venir concurrencer un
transporteur qui n'aurait pu négocier de gré à gré,
mais qui ferait face à des concurrents avec du personnel valable, mais
pris dans le milieu même, parmi les 350 000 chômeurs qu'on a, et
Dieu sait s'il y en a des dizaines et des dizaines de milliers de conducteurs
qui, actuellement, pourraient conduire des autobus scolaires au
prix qu'on connaît?
Par la suite, ce que cela entraînerait, c'est que ces
gens-là pourraient faire le travail de manière moins
sécuritaire, avec des véhicules très confortables,
étant donné qu'ils n'ont pas l'expérience. L'on verrait
par la suite des grèves successives, parce qu'à l'instant
où le propriétaire obtiendrait le contrat, on verrait les
employés tâcher de se syndiquer également comme les autres
le sont.
Je pose la question au ministre. Je serais prêt à acheter
la différence de moins 5%, peut-être à une condition, c'est
que dans une commission scolaire donnée, au transporteur qui a fourni un
service valable à la population et à la personne qui devra le
concurrencer, le même jeu s'applique. S'il y en a un qui est
obligé de répondre avec des gens appartenant à la CSN ou
n'importe quelle centrale syndicale et l'autre, à côté,
avec des gens qui ne sont pas syndiqués, on imagine immédiatement
que ce n'est pas 5% à ce moment-là. Je voudrais qu'on me fasse le
calcul. On va chercher 10%, 15% ou 18% de différence. C'est là
qu'est le problème majeur dans l'affaire en question.
M. Clair: Je ne suis pas sûr de bien comprendre. Je
comprends très bien le point de vue de la syndicalisation, mais le
député de Charlevoix me dit: Je serais prêt à
l'accepter à une condition. C'est cette condition j'ai de la
difficulté à comprendre.
M. Mailloux: Que les deux soient sur le même pied et qu'ils
aient affaire à des employés syndiqués dans les deux
organisations et non pas, dans un cas, à un transporteur dont les
employés sont syndiqués, donc, obligés de respecter le
syndicat et, dans l'autre cas, à un propriétaire qui vient
d'acheter un autobus ou qui est prêt à l'acheter, avec des
employés qui ne seraient pas syndiqués. Comment les deux
seront-ils placés pour se faire concurrence? Immédiatement, le
transporteur qui était sur place vient de disparaître parce que
l'autre va prendre le risque qu'éventuellement ils peuvent se syndiquer,
mais ils ne le sont pas pour le moment. Alors, ils ne sont pas sur le
même pied.
M. Clair: M. le Président, d'abord...
M. Mailloux: Ce n'est pas une vérité de la foi,
mais je dis que c'est une interrogation que j'ai à l'esprit.
M. Clair: D'abord, je voudrais dire au député de
Charlevoix que, par rapport à la réforme qu'il a lui-même
effectuée en 1974, je pense qu'il a raison de dire qu'au plan de la
qualité du service, au plan de son efficacité, de sa
sécurité, on a franchi des pas importants. L'étape qu'on
s'apprête à franchir maintenant - c'est l'équilibre
délicat dont je parlais tantôt qu'on essaie de conserver - c'est
de pouvoir bénéficier de la présence d'entreprises qui ont
de l'expérience, mais par ailleurs, essayer de tenir compte de ce que le
député de Charlevoix disait lui-même tantôt. Les
entreprises de transport scolaire n'ont pas été les plus
maltraitées par le ministère des Transports. Il faut essayer de
tenir compte de tout cela. À la suite de la réforme de 1974,
l'issue qu'on propose, même si c'est un équilibre délicat,
est probablement la seule véritable issue, si on veut éviter
simplement de comprimer aveuglément dans l'ensemble du Québec,
alors qu'il y a des commissions scolaires qui ont fait des efforts de
rationalisation très importants et que d'autres n'en ont fait aucun.
Cela se comprend. Les commissions scolaires, jusqu'à maintenant, - le
député de Charlevoix le sait fort bien - n'avaient pas
d'incitation à essayer de contrôler la croissance des coûts.
Que ce soit au niveau des fermetures d'écoles, de l'organisation du
transport, de l'offre de services, les commissions scolaires n'avaient pas
beaucoup d'incitation. Maintenant, par la réforme, on essaie de leur
donner cette incitation. C'est pour cela qu'au niveau de la compression, on
minimise autant que faire se peut la compression répartie dans
l'ensemble du réseau pour essayer de concentrer nos efforts sur les
commissions scolaires où il y a quelque chose à faire. Le
député de Laporte disait tantôt: Cela va être facile
pour le ministère des Transports, avec les règles
budgétaires, de compresser de façon sélective des
commissions scolaires. Il a tout à fait raison. Cela va être
facile. En 1981-1982, même si l'opération était
centralisée au niveau du ministère des Transports, - comme le
député de Charlevoix le sait - nous avons réduit d'environ
450 à 500 le nombre de véhicules en service. Malgré cette
réduction du nombre de véhicules, même s'il y a eu un
certain nombre de plaintes de la part des parents, dans certains cas, vous
n'avez pas vu une campagne tous azimuts, ni de la part des commissions
scolaires, ni des transporteurs scolaires, qui sont souvent ceux qui savent le
mieux qu'avec la dénatalité il y a une compression, une
rationalisation qu'il est possible de faire sans diminuer la qualité du
service, qu'avec des circuits de transport mieux organisés, il y a
possibilité de diminuer le nombre d'autobus scolaires en service. (21 h
30)
Je pense que l'objectif des transporteurs scolaires n'est pas d'avoir le
plus grand nombre possible de véhicules qui fonctionnent parce qu'ils
savent fort bien, ces gens-là, qu'il faut être réaliste et
qu'on ne peut pas se payer, comme collectivité, un
nombre inutilement élevé d'autobus scolaires quand la
clientèle ne le justifie pas, quand la rationalisation est possible. Ils
veulent s'assurer que quand un autobus scolaire fonctionne, ce véhicule
scolaire entraîne un niveau de rentabilité, de profit acceptable
pour le fonctionnement d'un tel autobus scolaire. Je pense qu'en
procédant comme on le fait, dans les règles budgétaires,
on le fait de façon beaucoup plus fine qu'à l'origine, parce
qu'on a tenu compte des représentations qui nous ont été
faites par l'ATEQ, par la fédération des commissions scolaires,
par l'ensemble des gens.
Maintenant, j'en viens à la question précise du
député en ce qui concerne les 5% par rapport à des
entreprises qui sont syndiquées, d'autres qui ne le sont pas. Une chose
que nous n'exercerons pas, c'est le jugement à la place de la commission
scolaire. Cependant, dans l'établissement des enveloppes, de l'enveloppe
de base pour chaque commission scolaire, nous tenons compte des coûts
historiques de chaque commission scolaire. Nous sommes à faire une
étude pour établir, région par région, les
coûts historiques selon les dépenses d'équipements, de
salaires, de carburant afin de ne pas mettre dans une situation intenable un
transporteur scolaire qui est syndiqué, qui fait face à un
certain nombre de coûts. On essaie de tenir compte de l'historique, on ne
fait pas une croix complète sur ce qui s'est passé depuis 1974,
on dit: On ne veut pas partir de nulle part pour s'en aller dans une direction
inconnue. On dit plutôt: On va essayer de partir de la situation
actuelle, en établissant des paramètres qui sont susceptibles de
rendre justice aux transporteurs qui sont déjà en place, mais en
s'assurant que les commissions scolaires vont pouvoir diminuer la croissance
des coûts au niveau de la rationalisation, au niveau de la
négociation, de la soumission publique. C'est dans ce paramètre
d'établissement des coûts historiques qu'on va être en
mesure de tenir compte de la situation des transporteurs au niveau de chaque
région.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, pour répondre
à la préoccupation du député de Charlevoix que je
trouve très appropriée, il nous a donné un facteur, le
facteur coût au niveau des salaires. Je crois qu'il y a un autre facteur
extrêmement important qui peut contrebalancer le facteur coût; si,
par exemple, effectivement, il devait y avoir une espèce de concurrence
déloyale à ce niveau-là, ce serait parce que quelqu'un qui
est intéressé à se lancer dans l'entreprise du transport
ne possède pas les équipements que l'autre possède, je
présume. Lorsqu'on connaît les coûts d'intérêt
pour s'équiper, j'ai l'impression que cela s'annule passablement si on
le remet en conflit ou, en tout cas, l'un vis-à-vis de l'autre ces deux
facteurs, et la différence de 5% devient, je crois, acceptable.
M. Clair: Sans se conter de peurs et avec beaucoup de franchise,
nous savons tous que, de façon générale, les entreprises
de transport scolaire sont assez bien et fort bien capitalisées. C'est
évident que ce que le député de Bellechasse dit est fort
à propos; quelqu'un qui va vouloir s'équiper de 5, 10, 20 autobus
scolaires va déjà connaître un handicap qui est au moins
équivalent aux taux d'intérêt dans notre gouvernement qui
est toujours en grève de cloche... Oui?
M. Blouin: ...
M. Clair: ... nous gratifie. Il est évident que cela aussi
est un facteur important dont on doit tenir compte.
Maintenant, j'avais quelque chose à ajouter, mais je l'ai
oublié.
Le Président (M. Rochefort): Alors, cela va pour ces
articles.
M. Bourbeau: II reste à tirer une conclusion qui est assez
évidente. Du côté de l'Opposition, on se pose de
sérieuses questions sur ces fameux articles 24 et 25. Le
député de Portneuf, tout à l'heure, a fait état de
son objection de principe. Le député de Charlevoix a
également parlé dans le même sens et a dit qu'il se
rallierait peut-être, à condition qu'on puisse s'assurer que, dans
le cas d'une concurrence, ce soit à chance égale. Je
résume pour que le ministre s'en souvienne bien au moment où il
aura à prendre une décision. S'il fallait absolument conserver -
le ministre y tient absolument -cette possibilité de mettre de
côté les soumissions et d'aller négocier à rabais,
comme disait le député de Portneuf, on pourrait peut-être
faire une exception pour les cas où il n'y a qu'un seul soumissionnaire,
le permettre dans ces cas. Ce seraient les cas où vraiment il y aurait
possibilité d'abus. On pourrait peut-être penser, à ce
moment, puisqu'il y aurait un seul soumissionnaire, que la soumission pourrait
être beaucoup plus haute, avoir un décalage de 10% et non pas de
5%, ce qui pourrait sûrement éviter les injustices les plus
flagrantes.
Ceci étant dit, à moins que d'autres veuillent parler sur
ce sujet, je serais prêt à passer à autre chose. En ce qui
concerne ce document, le règlement sur le transport, il n'y a pas autre
chose à dire.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'on peut conclure
que l'étude du règlement
sur le transport scolaire est complétée? M. Bourbeau:
Oui.
Le Président (M. Rochefort): Cela va. Nous passerons
maintenant à... M. le député de Rousseau.
M. Blouin: Avant de terminer l'étude du règlement
sur le transport scolaire, j'aimerais poser une question au ministre. Puisque
nous avons maintenant discuté très en détail de la
façon dont s'articulera l'administration du transport scolaire,
j'aimerais lui demander, puisque c'est un des aspects importants de la loi
comment son ministère organisera le transport d'appoint en milieu rural
et quel est le plan qu'il a prévu pour que se développe cet
aspect de la loi qui est très important?
M. Clair: En ce qui concerne le transport en commun
d'appoint...
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, je ne veux
pas intervenir, mais ne s'est-on pas entendu pour passer à travers les
trois règlements, puis qu'il y aurait ensuite, un certain nombre de
questions d'intérêt général qui seraient
abordées?
M. Blouin: Cela se réfère aux articles 8 et 10.
Le Président (M. Rochefort): Du règlement sur le
transport scolaire?
M. Blouin: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Allons-y!
M. Clair: Dans la réglementation, on a donné la
possibilité de laisser monter à bord des autobus des personnes
autres que les écoliers sur les circuits réguliers, avec un
dispositif juridique qui va permettre que cela soit possible. Maintenant, pour
répondre au député de Rousseau, en ce qui concerne cette
mesure de polyvalence et l'autre mesure de polyvalence, à savoir le
transport en commun d'appoint, j'ai déjà répondu ce matin
sur la charte-partie. Ces deux autres mesures ne sont pas aussi urgentes que
l'adoption par le gouvernement des règles budgétaires du
règlement et, pour l'instant, nous recevons les demandes des
différentes régions qui seraient intéressées
à ce que ces dispositions s'appliquent chez elles. On espère
être en mesure de prendre une décision au cours de
l'été quant aux régions où cela pourrait
s'implanter progressivement. C'est dans la loi que l'implantation se fait sur
autorisation du ministre, région par région et on a mis dans le
règlement le dispositif juridique nécessaire pour s'assurer que
cela soit possible.
M. Blouin: D'accord. Ce que vous me dites, c'est que vous vous
attaquez d'abord à l'aspect administratif de la réforme, parce
que c'est urgent?
M. Clair: Oui, parce que, dans le moment, ce qui est le plus
urgent, c'est que les transporteurs et les commissions scolaires connaissent
les règles du jeu pour la prochaine année scolaire.
M. Blouin: Cela va.
Règles budgétaires
Le Président (M. Rochefort): Cela va? Nous passerons donc
maintenant à l'étude des règles budgétaires du
transport des écoliers.
M. Bourbeau: M. le Président, dans les règles
budgétaires, j'aimerais, si vous voulez, qu'on passe
immédiatement à la page 3. Le montant des subventions...
Le Président (M. Rochefort): Est-ce qu'il y a des membres
de la commission qui voulaient aborder d'autres questions avant
celle-là?
Le député de Laporte suggère qu'on aille
immédiatement à la page 3, à l'élément 1.5,
montant des subventions.
M. Bourbeau: Je n'ai pas l'intention de faire le relevé de
tout ce qu'il y a dans le document, à moins que le ministre ne veuille
étudier cela article par article, mais il nous a dit que...
Le Président (M. Rochefort): Non. D'ailleurs, ce n'est pas
l'objet du travail de la commission. Cela va?
M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Le point important, c'est l'allocation de base, qui
est calculée selon la méthode qui est décrite ici, le
coût historique normalisé en fonction de la variation annuelle de
la clientèle inscrite et, finalement, le taux d'indexation retenu. Or,
pour ce qui est du montant de la subvention, d'après ce qu'on retrouve
ici, c'est qu'avant le 30 mars de chaque année, c'est-à-dire
d'ici trois semaines, le ministère fournit à chaque commission
scolaire une évaluation préliminaire du montant de l'allocation
de base et ce montant sera confirmé avant le 30 juin 1982. Le ministre
entend-il consulter les commissions scolaires avant d'en arriver, le 30 juin
1982, à une confirmation de l'allocation de base?
M. Clair: On me confirme ce que je savais déjà,
mais il y a toute une série de discussions qui ont cours entre les
commissions scolaires et le ministère des Transports en ce qui concerne
ces différents
éléments, parce que c'est évident que, pour
établir l'enveloppe, cela doit se faire avec la collaboration des
effectifs du ministère des Transports et des commissions scolaires afin
d'être certain qu'on dispose des mêmes chiffres. C'est
évident que les commissions scolaires sont associées à la
préparation de leur allocation de base. Elles ne sont pas
consultées dans le sens: Dites-nous ce que vous voulez, mais elles sont
associées à cette préparation. Elles vont recevoir,
dès que le gouvernement aura adopté les règles
budgétaires et la réglementation, l'ensemble de la documentation,
des informations pertinentes. Elles sont déjà habituées
à fonctionner avec des règles budgétaires comme
celles-là avec le ministère de l'Éducation et cela ne
devrait pas créer de problème. C'est plus compliqué dans
le cas des plus grosses commissions scolaires, c'est plus simple dans le cas
des plus petites généralement.
M. Bourbeau: Le but de ma question, M. le ministre, c'est que,
justement, dans la détermination de l'allocation de base, il y a, en
troisième étape, la détermination du nombre de
véhicules requis. À cet égard, je reviens à ce que
je disais un peu plus tôt, il y a le fameux paragraphe c) qui parle des
compressions sélectives dans certaines commissions scolaires. Alors, le
ministère pourra décréter des compressions
sélectives s'il juge qu'on peut faire un effort de rationalisation, etc.
Est-ce que, par exemple, les commissions scolaires seront informées
à l'avance des paramètres qui seront utilisés pour
déterminer le nombre de véhicules requis? Est-ce que ces
paramètres seront connus des commissions scolaires ou est-ce une
décision du ministère qui sera tout à fait arbitraire?
Évidemment, cela va influencer le nombre de véhicules requis, ces
compressions sélectives, donc l'allocation de base. Je pense que ce
serait important à ce moment-là que les commissions scolaires
sachent quels sont ces paramètres qui seront utilisés de
façon qu'elles puissent défendre leurs intérêts,
évidemment, et ceux de leurs étudiants.
M. Clair: Si on regarde comment cela s'est passé cette
année au niveau de la réduction du nombre de véhicules en
fonction, dans la majorité des cas la réduction du nombre de
véhicules a été, je ne dirais pas acceptée avec
enthousiasme par la commission scolaire, mais elle n'a pas créé
de bouleversement très grand. On peut espérer que
l'opération qui a été commencée cette année,
qui va se poursuivre l'année prochaine avec des règles nouvelles,
mais qui sont, au point de vue de la rationalisation, substantiellement les
mêmes, que la collaboration des commissions scolaires sera requise. C'est
évident que, si on essaie de demander à une commission scolaire
de réduire son nombre d'autobus de façon telle que ce n'est plus
possible d'offrir le transport, le service... Les fonctionnaires du
ministère discutent avec les gens des commissions scolaires et tentent
d'en arriver à une entente sur le niveau de rationalisation qui est
possible dans cette commission scolaire. Je vous fais remarquer que 2%, vous
vous souvenez que la compression était de 4%; il y en a 2% qui sont
généraux, plus 2% qui seront sélectifs. Ce n'est pas un
niveau de compression qui va entraîner la disparition de 1200
véhicules, c'est quand même une compression modeste par rapport
à ce qu'on a fait cette année.
M. Bourbeau: Ce qui nous...
M. Clair: Alors, voyez, juste pour nous donner un point de
référence, cette année nous avons le réduit le
nombre de véhicules de tout près de 500, et on pense que pour
l'année à venir, quand nous aurons atteint 175 véhicules,
ce sera à peu près l'équivalent de notre effort. (21 h
45)
M. Bourbeau: En fait, on comprend très bien le souci du
ministre de vouloir rationaliser les équipements et on souscrit
entièrement à cette politique, dans la mesure où ça
correspond vraiment aux besoins des commissions scolaires et du transport
étudiant. Là où on craint un peu, c'est qu'à un
moment donné le ministre ne cède à l'enthousiasme qui se
propage dans le gouvernement depuis un certain temps et qu'on décide de
couper non pas en fonction de ce qui pourrait être coupé
normalement, dans le gras comme on dit, mais en fonction des besoins de
trésorerie du ministre des Finances. Il ne faudrait quand même pas
que le ministre utilise ces clauses-là, comme la fameuse clause des
compressions sélectives, pour aller au-delà de ce qui peut
être coupé raisonnablement, vraiment trancher dans le vif et faire
en sorte que les véhicules requis par les commisions scolaires ne
puissent pas être obtenus, le nombre de véhicules.
M. Clair: Non, je peux assurer le député que notre
objectif n'est pas de nous comporter de façon déraisonnable.
C'est un secteur dans lequel il y a encore des efforts de rationalisation, de
ralentissement de la croissance des coûts à faire. On a
l'intention de les faire, mais on n'a nullement l'intention d'essayer de
détruire le système de transport scolaire et de diminuer ainsi
l'accès à l'école. Ce n'est pas dans nos objectifs.
M. Bourbeau: On peut peut-être dire un mot aussi du
fameux... à la page 7.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce
qu'il y a d'autres membres qui voudraient aborder des questions avant,
celles qu'on retrouve à la page 7 du projet de règlement?
M. Bourbeau: C'est toujours dans le calcul du coût
historique afin d'en arriver à l'allocation de base. Dans le calcul du
coût historique, on vient de parler de la troisième étape,
qui est la détermination du nombre de véhicules requis et la
fameuse clause des compressions sélectives. La quatrième
étape, c'est la détermination des variations de coûts
occasionnés par les variations de kilométrages. A cet
endroit-là, je le disais un peu plus tôt d'ailleurs, il y a une
autre phrase qui fait tressaillir un peu, quand on dit que le coût
marginal du kilométrage supplémentaire sera
déterminé par le ministère des Transports. Encore
là, est-ce que le ministre a l'intention de faire connaître les
paramètres qui vont être utilisés pour déterminer le
kilométrage supplémentaire ou cela va-t-il être fait en
fonction des besoins de trésorerie du ministère?
M. Clair: Étant donné qu'il s'agit d'une question
assez technique - ça va faire plaisir au député de
Portneuf - je vais demander à quelqu'un qui a consacré beaucoup
de temps à cette réforme-là de nous fournir la
réponse.
Essentiellement, ces chiffres sont établis sur une base
statistique dans le sens qu'à l'aide des informations qu'on
possède déjà sur le coût du prolongement d'un
parcours d'une dizaine de kilomètres, disons de dix kilomètres
par tranche, que ce soit de 10 ou de 8 kilomètres, peu importe, c'est
sur cette base-là qu'on établit le coût d'une tranche
additionnelle de kilométrage à un parcours qui en fait
déjà un certain nombre; c'est purement statistique. Sur la base
de coûts qu'on a déjà et qu'on observe, on a des...
M. Bourbeau: Est-ce que ces coûts-là sont les
mêmes pour toute la province ou cela varie-t-il de région en
région?
M. Clair: C'est établi sur la base de chaque commission
scolaire, lorsque c'est possible. Lorsque ce n'est pas possible parce qu'il n'y
a pas un nombre suffisant de véhicules d'une catégorie
donnée qui nous permette de l'établir pour cette commission
scolaire-là, c'est établi sur une base régionale.
M. Bourbeau: Actuellement, dans chaque cas, les commissions
scolaires doivent connaître leur coût marginal?
M. Clair: Si elles ne le connaissent pas, elles peuvent le
calculer, mais ça va nous faire plaisir de le leur fournir.
M. Bourbeau: La formule est-elle connue dans le métier,
actuellement?
M. Clair: Je ne vous dis pas que les commissions scolaires ont
déjà été amenées à faire ces
calculs-là. Ce que je vous dis, c'est que, pour celle qui a les
données statistiques du coût du transport d'écoliers depuis
X années, il y a moyen de faire ces calculs-là.
M. Bourbeau: Encore là, la seule hantise qu'on peut avoir,
c'est que ça donne lieu à de l'arbitraire et qu'on puisse
profiter de ça pour appliquer une autre compression additionnnelle, mais
si vous nous assurez, dans le calcul de ces coûts-là, qu'il va y
avoir un minimum d'équité envers les intéressés, je
pense bien que...
M. Clair: Je pense qu'on a indiqué au député
qu'il n'y avait pas de piège là-dedans.
M. Bourbeau: Un autre point qui est peut-être un peu moins
important. Dans la cinquième étape, toujours dans
l'établissement du coût historique, vous avez l'ajustement pour
tenir compte du nombre de jours de transport supérieur à 180. Il
semble que parfois ça donne 182, 183, ça peut aller
jusqu'à 186, 187...
M. Clair: La formule est la suivante, elle est fort simple. C'est
un ajustement pour tenir compte du nombre de jours de transport
supérieur à 180 pondéré à 40%, ce qui se
résume de la façon suivante: a plus b, multiplié par le
nombre de jours supplémentaires, multiplié par 40/100 sur 180
jours.
M. Bourbeau: Le ministre est éblouissant dans ses
formules, mais il y a un problème qui se pose et qui ne se posait pas
autrefois. Dorénavant, vous aurez des enveloppes fermées, donc on
doit savoir d'avance le montant. Autrefois, c'était facile, vous pouviez
arriver à la fin de l'année ou à l'automne suivant et
faire le calcul. Vous aviez 6, 5 ou 4 jours, c'était facile, mais
à partir de maintenant vous arrivez au début de l'année
avec une enveloppe fermée. Comment allez-vous faire pour savoir si c'est
2, 3 ou 4 jours dans une commission scolaire donnée? Allez-vous avoir un
nombre de jours équivalents pour toutes les commissions scolaires?
Comment allez-vous procéder?
Le ministre réalise que la situation a changé par rapport
aux années précédentes. Vous avez maintenant une enveloppe
fermée. Donc, il va falloir que vous déterminiez d'avance le
nombre de jours supplémentaires. Vous ne pouvez pas attendre à la
fin de l'année pour savoir s'il y a eu 183...
M. Clair: Si je peux me permettre,
déjà, la situation, en vertu du règlement 11, nous
amène à payer à 40% du taux normal des tables, si vous
voulez, les écarts dans le nombre de jours additionnels par rapport
à 180. Ces jours additionnels se présentent
généralement guand une commission scolaire régionale fait
également du transport pour un certain nombre d'autres commissions
scolaires locales gui offrent le primaire. Elles ont chacune des calendriers
scolaires qui ne sont pas synchronisés, en ce sens gu'une commission
scolaire locale peut commencer les cours trois, guatre ou cinq jours plus tard
que la commission régionale et à la fin de l'année c'est
l'inverse. Ce qui fait qu'au total la période globale de transport
scolaire s'étend sur plus des 180 jours de régime
pédagogigue prévus.
Par contre, étant donné que ces calendriers scolaires sont
déterminés à l'avance par les commissions scolaires dans
le cadre de la planification de leur année financière, c'est
certainement quelque chose sur lequel elle ont le contrôle au moment de
la planification de l'organisation de leur transport scolaire. Comment sont
déterminés les calendriers scolaires, écoutez, sans
être dans le milieu scolaire personnellement, j'imagine que
déjà on commence, au sein des commissions scolaires, à
penser à ce que va être l'organisation et le calendrier scolaire
pour la prochaine année.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir, au sein d'une
même commission scolaire, des cas où il y aurait un jour, trois
jours ou six jours de plus? Est-ce gu'il ne peut pas arriver gue dans le cours
d'une année il y ait des jours d'ajoutés, qui n'étaient
pas prévus au début? Par exemple, je ne sais pas si...
M. Clair: Écoutez...
M. Bourbeau: Je ne peux pas penser tout de suite à ce qui
pourrait arriver, mais il me semble que dans le cours d'une année
scolaire il pourrait arriver qu'à cause d'une tempête de neige gui
se produise une bonne journée on annule les cours et qu'on reprenne cela
une autre fois. Vous pouvez avoir une journée de plus.
M. Clair: Ma seule expérience de ce domaine-là est
quasiment celle de parent et je constate qu'on a toutes sortes de congés
mobiles, flottants et polyvalents. J'ai l'impression gue ces journées,
dont un bon nombre sont prévues au calendrier scolaire comme
journées pédagogiques, peuvent varier d'une école à
l'autre, mais demeurent quand même prévues au calendrier scolaire.
Et, un certain nombre de journées flottantes sont notamment
utilisées pour pallier à des cas de tempête ou de fermeture
d'école pour des causes exceptionnelles. En général, le
calendrier scolaire, sauf dans une situation très exceptionnelle
où il y a des conflits de travail gui amènent à fermer les
écoles -comme on en a connu à certains moments -et où il
doit y avoir du rattrapage le calendrier scolaire a une date de début et
de fin gui est fixée et qui ne peut pas bouger.
M. Bourbeau: En fait, le point que je veux faire ressortir, c'est
gue, autrefois, si mes renseignements sont bons, on comptait le nombre de jours
transportés à la fin de l'année et on disait: II y a eu
184 jours. Enfin on pouvait faire le décompte après coup et
ensuite, on pouvait appliquer la formule. Dorénavant, puisgu'on fait des
enveloppes fermées au début de l'année, il faudrait
qu'à ce moment, on s'entende sur un nombre de jours pouvant varier d'un
cas à l'autre; mais, on le saura seulement à la fin de
l'année si ce nombre a varié. Je me demandais s'il n'y avait pas
une faille dans le système qui ferait qu'il faudrait déterminer
d'avance un nombre de jours, qui serait peut-être 186, pour tout le
monde. C'est un problème technique. Je n'ai pas la solution
moi-même. Je me demandais si vous y aviez songé et s'il y avait
des...
M. Clair: C'est guelque chose qui est
prédéterminé, effectivement, le nombre de jours de classe.
En fait, c'est sur la base du coût historique parce qu'on est toujours
dans le processus de déterminer le coût historique
normalisé. Donc, on parle de l'année scolaire 1981-1982 qui,
à toutes fins utiles, se termine. J'admets que l'année n'est pas
tout à fait terminée à ce moment, mais c'est une chose
guand même déterminée à ce moment-ci.
M. Bourbeau: Vous allez utiliser l'année courante,
1981-1982, avec son expérience gui sera projetée sur
l'année suivante. Supposons qu'au cours de l'année 1981-1982, il
y a eu six jours additionnels, au-delà de 180, vous allez utiliser cela
pour l'an prochain, même si, effectivement, l'an prochain, il pourrait
n'y avoir que trois jours ou deux jours, ou l'inverse.
M. Clair: Exactement, dans le processus dont nous parlons, nous
sommes dans la détermination de ce qu'on appelle le coût
historique normalisé et on se base sur l'expérience de notre
année de référence.
M. Bourbeau: Je vous pose la question suivante: Supposons que
dans l'année de référence, l'année courante, vous
avez 180 jours uniquement, vous prenez cela comme base de calcul pour
déterminer le coût historique et vous l'appliquez pour l'an
prochain; cela devient la formule. Si l'an prochain, dans la même
commission scolaire, il y a six jours de plus, parce que le
calendrier arrive comme cela, qu'est-ce que vous allez faire avec les
six jours de plus? Il va y avoir du transport de fait pendant six jours de
plus, donc, des coûts additionnels. Allez-vous rembourser ces montants?
Est-ce qu'il va y avoir une perte assez importante pour la commission
scolaire?
M. Clair: C'est une enveloppe budgétaire fermée qui
est établie sur cette base-là et en principe, il n'y aurait pas
de montant additionnel qui s'ajouterait si pour l'an prochain ou une
année subséquente il devait y avoir un nombre de jours
additionnels qui s'ajoutent par suite de choix local. Si jamais il y avait une
décision gouvernementale d'allonger l'année scolaire de dix
jours, le ministère des Transports ou le gouvernement devrait y parer.
Mais dans une commission scolaire où il y avait une synchronisation de
calendrier qui faisait qu'il était possible d'avoir 180 ou 182 jours de
transport, c'est sur cette base que l'on procédait, alors que dans une
autre, pour toutes sortes de raisons qu'on ne veut pas juger, où on
avait plus que cela, 185 ou 186 jours, peu importe, on maintenait cette
situation.
M. Bourbeau: Ce qui veut dire" qu'effectivement...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte, justement, pour vous redonner la parole; il est 22 heures. Est-ce
qu'il y a consentement des membres pour poursuivre nos travaux?
M. Clair: Pendant quelques minutes; je crois qu'on avait convenu
de...
M. Bourbeau: Moi, je n'ai plus beaucoup de choses à dire
après cela.
Le Président (M. Rochefort): II y a consentement?
Consentement; alors, la parole est au député de Bellechasse.
M. Lachance: M. le député de Laporte, j'aurais
peut-être un complément d'information suite à la question
très pertinente que vous venez de poser et je fais
référence à mon expérience de directeur
d'école. Dans une année scolaire normale qui est celle du
régime pédagogique, il y a un nombre - et cela, c'est dans les
conventions collectives des enseignants, celle qui est en vigueur
présentement - de 200 jours de présence à l'école
des enseignants et il y a un nombre maximal de 180 jours de présence a
l'école des étudiants; donc, le nombre de jours où le
transport scolaire pour amener à l'école des enfants, dans le cas
où il n'y aurait aucune journée de tempête, rien de cela,
ça ne peut pas être plus que 180; ça peut être moins,
mais ça ne peut pas être plus.
(22 heures)
Une voix: Je ne suis pas d'accord du tout.
M. Clair: Je pense que ce que le député de
Bellechasse fait ressortir, c'est le fait que si il y a des cas, ce sont des
cas où il n'y a pas de synchronisation entre des commissions scolaires.
On respecte cela au point de vue historique, mais je pense que ce serait de la
mauvaise administration publique que d'avoir un incitatif, en quelque sorte,
à ne pas se coordonner. À ce point de vue, je pense que
l'expérience du député de Bellechasse et ce qu'il vient de
nous dire confirment qu'il n'y a pas de largesse à y avoir de ce
côté.
M. Bourbeau: Je ne veux pas poursuivre trop longtemps sur ce
point, mais selon mes informations, effectivement, dans la majorité des
commissions scolaires, enfin, dans un grand nombre on excède les 180
jours, parce que justement la coordination n'est pas possible.
M. Clair: Alors, si c'est déjà le cas, on en tient
compte dans l'établissement du coût historique.
M. Bourbeau: D'accord. Supposons qu'on a un cas où il y a
une journée dans l'année de base, l'année courante, une
seule journée, et que l'année suivante, pour des raisons qui ne
peuvent peut-être pas être imputées aux commissions
scolaires, on est obligé d'ajouter 2 ou 3 jours de transport à
cause de ces problèmes d'ajustement, il va y avoir une compression
sérieuse additionnelle sur le budget, parce que la commission scolaire
devra payer ces montants-là aux transporteurs, puis elle ne recevra
pas... Cela ne sera pas comptabilisé dans l'allocation de base.
M. Clair: Quand le député dit: Pour une
décision qui ne serait pas imputable à la commission scolaire, le
seul cas prévisible, à mon avis, c'est celui où le
gouvernement déciderait au niveau de la convention collective de
prolonger l'année scolaire, je ne sais, d'une journée, deux
jours, de passer de 180 à 182. Et, à ce moment-là, c'est
bien évident que, à moins que de façon très
spécifique on veuille faire porter une compression sur ça, il
faudrait rallonger notre participation pour autant. Ce serait un choix local,
s'il y a plus que 180 jours; ce choix local devrait être supporté
par ceux qui l'ont fait.
M. Bourbeau: On pourrait peut être passer, s'il n'y en a
pas d'autres qui veulent prendre la parole, sur cette question-là. Au
fameux taux d'indexation retenu qui est en
page 8, c'est toujours dans le calcul de l'allocation de base. On dit
que le taux d'indexation retenu pour l'allocation de base de l'année
scolaire 1982-1983 est celui qui sera approuvé ultérieurement par
les autorités gouvernementales. Ce taux d'indexation retenu est assorti
d'une mesure de compression uniforme de 2%. Alors, là c'est la formule.
Le ministre nous a expliqué qu'on prenait... je pense... Est-ce que le
ministre pourrait répéter encore...
M. Clair: On va prendre la moyenne arithmétique entre
l'indice... la moyenne arithmétique de l'addition, je devrais dire, de
l'indice des prix à la consommation et de l'indice des prix en
transport, divisé par deux. Autrement dit, ce qu'on fait, on dit: C'est
vrai que l'indice des prix à la consommation est moins
élevé que l'indice des prix en transport. On dit cependant:
L'indice des prix en transport qui est un indice développé par
Statistique Canada qui est plus englobant que le transport scolaire, est
probablement trop élevé pour l'indice des prix en transport
scolaire. On fait donc la moyenne de l'indice des prix à la consommation
et de l'indice des prix en transport, ce qui va avoir comme conséquence,
et c'est évident, d'augmenter le facteur d'indexation; je n'ai pas de
calculs à côté de moi si on suppose que l'indice des prix
à la consommation, l'an prochain, serait de 10% et que l'indice des prix
en transport serait de 17%, si on additionne les deux, 10 plus 17 font 27,
divisés par deux, ça donnerait un facteur d'indexation de 13,5%.
C'est sur ce facteur qu'on appliquerait la compression de 2%, ce qui nous
ramène à 11,5% d'indexation réelle. Je donne ces chiffres
par pure hypothèse, mais c'est l'essentiel de notre formule, alors que
l'autre formule, toujours avec un indice des prix à la consommation de
10%, avec une compression de 4% aurait donné une indexation de seulement
6%.
M. Bourbeau: J'ai devant moi les documents de Statistique Canada
pour les douze mois se terminant en janvier 1982; l'indice des prix à la
consommation en général est de 12,1% et celui dans le transport
est de 21,1%; ce qui fait, que si on ajoute les 2, ça fait 33,2%
divisé par 2 ça fait 16,6%. Est-ce que c'est à peu
près l'indice que le ministre se propose d'appliquer là?
M. Clair: Écoutez, ce n'est pas encore approuvé par
le gouvernement; actuellement c'est une proposition actuellement sur laquelle
le gouvernement va avoir à se prononcer, mais les renseignements sur
lesquels nous, nous nous basons c'est un indice des prix à la
consommation de 12,4% et l'indice des prix du transport, de 17,3%.
M. Bourbeau: Mais, vos chiffres datent d'avant l'augmentation de
l'essence de M. Parizeau, parce que j'ai ici le document de Statistique Canada
devant moi: Transport pour les 12 derniers mois en janvier 1982, 21,1%; sur le
transport. Vous pouvez peut-être y jeter un coup d'oeil.
M. Clair: Écoutez, je ne veux pas partir une bataille de
statistiques de chiffres avec le député de Laporte.
M. Bourbeau: C'est dans la région de Montréal.
M. Clair: On va vérifier.
M. Bourbeau: Incidemment, c'est dans la région de
Montréal, celui-là. À Québec, c'est 22,3% sur le
transport.
M. Clair: On va vérifier ces chiffres-là.
Maintenant, je vous dis qu'à ce jour les chiffres qu'on me soumet, c'est
12,4% pour l'indice des prix à la consommation et 17,3%, pour l'indice
des prix du transport.
M. Bourbeau: Cela termine ce que j'ai à dire sur ce
sujet.
M. Clair: C'est vrai qu'il faut tenir compte aussi du fait que
pour l'année 1981-1982, suite à l'augmentation de la taxe sur
l'essence, on a déjà inclus dans la base un 2% additionnel, pour
tenir compte de ça. Ce qui fait que nos chiffres se rapprocheraient pas
mal. Ce doit être le député de Portneuf qui est parti les
lire. Il regrettait.
M. Bourbeau: Le député de Portneuf avait fait son
travail, M. le ministre, ne vous en faites pas. Il y avait après
ça, ah! oui, la fameuse question de la rupture d'entente.
Une voix: À quel article?
M. Bourbeau: C'est 3.3, page 13; oui, c'est ça.
Le Président (M. Rochefort): Justement, M. le
député de Laporte. Est-ce qu'il y a des membres de la commission
qui veulent soulever d'autres questions, avant qu'on en arrive à
celle-ci? Page 13, 3.3. Alors, M. le député de Laporte.
Mode de subvention des institutions
privées
M. Bourbeau: Ici, on dit que lorsqu'une institution privée
admissible ne peut reconduire une entente qu'elle avait avec une commission
scolaire autorisée pour le transport des ses élèves, elle
peut recevoir du ministère des Transports une allocation
suite à une autorisation préalable du ministre des
Transports. Ici, il s'agit d'une institution privée qui obtenait son
transport d'une commission scolaire autorisée, régionale, ou une
commission scolaire autorisée et qui ne peut reconduire son entente.
Maintenant, je ne sais pas ce que cela signifie exactement. Est-ce que c'est
parce qu'elle ne veut pas reconduire, ou parce qu'elle ne le peut pas? Alors,
elle décide de faire son transport elle-même. On dit qu'à
ce moment-là, ce qui va se passer, c'est qu'on va lui retirer... Elle
peut recevoir du ministère une allocation suite à une
autorisation préalable du ministre des Transports. Il est dit qu'on
va... Le montant qui est retiré de l'enveloppe budgétaire de la
commission scolaire est calculé sur le coût moyen par
élève, alors que les subventions qui dans le passé
étaient accordées, l'étaient sur le millage additionnel.
Cela veut dire que lorsqu'on ajoutait autrefois une institution privée,
on donnait uniquement le coût pour le millage additionnel, le
kilométrage additionnel, alors qu'ici, au moment où l'institution
privée va se retirer, on va retirer de l'enveloppe non pas le montant
qu'on avait ajouté mais le coût moyen. Or, le coût moyen est
beaucoup plus important que le coût du kilométrage additionnel. On
parle du simple au double. Cela va pénaliser énormément
les commissions scolaires parce qu'elles avaient reçu un montant et on
va leur enlever le double, dans le cas d'un retrait d'une institution
privée.
M. Clair: C'est que les situations peuvent se présenter
différemment. Dans certains cas, le transport à des institutions
est effectué, à toutes fins utiles, par des véhicules qui
peuvent être consacrés exclusivement au transport vers ces
institutions-là. C'est quasiment juste une forme de sous-traitance
qu'une commission scolaire peut faire. Dans d'autres cas, effectivement, le
transport se fait avec les mêmes véhicules. Il est
intégré avec le transport qui se fait pour les
élèves de la commission scolaire elle-même. Maintenant, en
utilisant la base du coût moyen, est-ce que ça pénalise la
commission scolaire? C'est loin d'être certain. Il faudrait que ce soit
étudié dans chaque cas. Tout dépend, évidemment si
elle est capable - avec la capacité qui est libérée de ces
véhicules-là, les élèves qui en sortent - si elle
est capable de réorganiser des parcours et d'utiliser de meilleure
façon les mêmes véhicules et d'épargner d'autres
véhicules. Ça ne devrait pas la pénaliser. Par contre, on
ne peut pas avoir une réponse tout à fait définitive, ce
serait cas par cas. Globalement, on peut dire que s'il y a une entente de
services qui permet à deux institutions de fonctionner, il est
souhaitable, et puis c'est un peu le sens des règles qui sont là,
que ça se poursuive, parce que même du côté de
l'institution privée, le fait de lui donner le coût moyen par
élève, qui est établi sur la base de la commission
scolaire, c'est loin d'être quelque chose qui est nécessairement
un cadeau très considérable. Les deux, en somme, peuvent avoir
profit à poursuivre l'entente de services qu'elles avaient.
M. Bourbeau: Le seul souci que j'ai c'est qu'au niveau de
l'institution privée on pourrait la subventionner selon le coût
moyen, et peut-être que ce serait suffisant. Ça devrait être
suffisant pour défrayer les coûts du transport, mais le montant
qu'on retirerait à la commission scolaire pour le donner à
l'institution privée serait inférieur. En fait, on demanderait
à la commission scolaire le coût moyen, alors que la commission
scolaire n'a pas reçu le coût moyen pour faire ce
service-là. Donc, il y a une perte nette au niveau de l'enveloppe
budgétaire de la commission scolaire. Mon souci n'est pas la subvention
que vous allez accorder à l'école privée, mais
plutôt l'enveloppe budgétaire disponible à la commission
scolaire, qui, elle, cette enveloppe-là, serait réduite d'une
façon plus importante que ce qu'on lui avait donné pour faire le
service, dans le cas où on a utilisé le kilométrage
additionnel pour l'enveloppe. Enfin, je ne sais pas si...
M. Clair; Votre observation est juste. Mais comme je vous le dis,
il faut également voir que si ça se produit et si ça
libère des places dans les autobus, ça peut également
permettre à la commission scolaire de réorganiser des parcours et
de tirer profit de cette capacité-là, indépendamment du
fait qu'elle était, comme vous le dites, payée, elle, juste pour
le millage excédentaire. C'est loin d'être évident,
à première vue, qu'elle y perd à ce point-là. Ce
serait juste des études bien précises de cas par cas. D'ailleurs,
il n'y a pas un très grand nombre d'institutions privées dans
cette situation-là. Je ne sais pas si on a les chiffres
précis.
M. Bourbeau: De toute façon, je voulais seulement porter
ce problème-là à votre attention, parce qu'il y a des gens
que ça préoccupe assez, semble-t-il. Maintenant, si vous voulez,
on pourrait peut-être passer à la page 14. Là, une
observation, peut-être pour éclairer un peu ma lanterne.
M. Clair: Allez-y.
M. Bourbeau: "L'allocation versée à l'institution
privée admissible est calculée de la façon suivante."
Alors, là, il y a les fameuses formules dont le ministre aime tellement
faire état, parce que ça a l'air assez savant. Mais dans la
deuxième étape...
M. Clair: Non, c'est parce que ça donne une réponse
très brève.
M. Bourbeau: Dans la deuxième étape, l'allocation
versée, je vous dispense de la lecture parce que ça a l'air
compliqué. Ça ne l'est pas vraiment là, mais à la
fin...
M. Clair: J'aimerais mieux que vous me dispensiez de l'expliquer
parce que je ne suis pas fort en formules mathématiques; j'aimerais
mieux la lire.
M. Bourbeau: D'accord, je vous l'expliquerai après, M. le
ministre, on pourra se rencontrer. À la fin de la formule, il y a la
compression de 4%. Est-ce qu'effectivement vous appliquez une compression de 4%
dans le cas des institutions privées, alors que vous appliquez une
compression de 2% pour les commissions scolaires ordinaires? Est-ce qu'il y a
une compression additionnelle pour l'enseiqnement privé? Est-ce que
c'est une erreur ou si c'est vraiment ce que vous voulez faire? J'ai entendu
dire qu'à peu près tous les enfants des ministres du gouvernement
vont à l'école privée, alors je vais les défendre,
parce que le ministre va être trop gêné pour les
défendre lui-même. (22 h 15)
Une voix: Non, je n'ai absolument rien contre l'école
privée, au contraire.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, à
l'ordre messieurs!
M. Bourbeau: Je suis pour la justice distributive,
l'équité.
M. Clair: Alors, le député a raison. Dans ce
cas-là, la compression serait effectivement de 4%. Il y a deux raisons
à cela. La première, c'est de ne pas inciter les institutions
privées à mettre sur pied un service de transport scolaire
différent. La deuxième, c'est que dans ce cas-là,
étant donné qu'il s'agirait, la plupart du temps, d'un nombre
très limité d'autobus, on ne souhaite pas que ça aille
dans ce sens-là, premièrement. Deuxièmement, ce serait
difficile, dans ce cas-là, d'essayer d'avoir une compression
sélective. Alors, on a retenu une compression de 4% afin de ne pas
créer, non plus, d'incitatifs à.
M. Bourbeau: Alors, si je comprends bien, c'est le ministre qui
est contre l'école privée et non pas le député de
Laporte. Vos députés tantôt me demandaient si
j'étais contre l'école privée, alors je suis obligé
de faire la nuance.
M. Clair: On n'est contre rien, on est en faveur d'une
rationalisation du transport scolaire.
M. Bourbeau: Bon. M. le ministre, si vous appliquez la
compression de 4% au niveau de l'école privée, dois-je comprendre
de vos remarques que vous n'appliquerez pas la compression sélective
avec autant de rigueur au niveau du calcul de l'allocation de base? Ou vous
allez également appliquer des compressions sélectives...
M. Clair: Qui s'additionneraient à ça? Non.
M. Bourbeau: Non. Alors, effectivement ça peut revenir
à peu près à la même chose?
M. Clair: C'est ça.
M. Bourbeau: Bon, vous êtes prêt à
déclarer ça?
M. Clair: Oui.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Nicolet.
M. Beaumier: En ce qui concerne les institutions privées,
je connais des comtés où, effectivement, la promiscuité
d'une institution privée et d'une institution publique est assez grande
pour que, dans l'optique de la rationalité - soit de coûts
d'énergie ou de coûts de transport - soient encouragées les
ententes entre une institution privée et une institution publique,
d'autant plus qu'il ne s'agit que de transport, il n'y a pas d'autres valeurs
qui sont en jeu que la notion de transport. J'imagine très mal que, dans
un même rang, puissent se promener, un même matin, deux autobus
pour aller chercher des enfants qui seraient peut-être voisins, et dans
une institution privée ou publique. Je voudrais m'assurer tout
simplement, tout en disant que je comprends quand même un peu les
formules de la page 14, je voudrais m'assurer si ces formules-là sont
incitatrices à une entente entre l'institution privée et la
commission scolaire.
M. Clair: Oui, elles sont incitatrices, comme je l'expliquais
tantôt, dans le sens que la compression est un peu plus aveugle dans le
cas d'une institution privée qui voudrait sortir et organiser son propre
transport; dans ce sens-là elle est découragée de le faire
et je pense que le député de Nicolet a raison. On ne doit pas
viser comme objectif - je suis bien convaincu que les transporteurs scolaires
n'auraient rien contre ça - de pouvoir organiser du transport
parallèle pour différentes institutions. Dans un esprit de saine
rationalité, on ne doit pas inciter; au contraire, on doit essayer de
freiner ça.
M. Beaumier: Dans l'optique où ce ne
serait pas l'école, l'institution privée qui voudrait se
retirer ou se faire un transport scolaire à soi, mais où ce
serait une commission scolaire, par exemple, qui aurait le goût, pour
toutes sortes de raisons certainement très valables, de mettre en
difficulté le transport pour l'institution privée, est-ce que la
commission scolaire aussi, par la formule quantitative qu'elle a, sera
pénalisée de ne pas avoir d'entente et d'en arriver à une
entente avec l'institution privée?
M. Clair: Si on se fie aux interprétations que le
député de Laporte faisait tantôt, la réponse serait
oui, la commission scolaire serait pénalisée. Si on prend ce que
j'ai précédemment déclaré à ce
sujet-là, cela varierait beaucoup d'un cas à l'autre. Maintenant,
il faut bien savoir qu'on ne parle pas d'un nombre de cas très
abondants. Depuis que j'occupe cette fonction, je n'ai vu qu'un cas qui
concernait une douzaine d'élèves, et je pense que, de
façon générale, ça fonctionne assez bien.
M. Beaumier: Pour terminer, je voudrais être assuré
- et peut-être le voir par après -que ce sera effectivement
incitatif dans le sens d'une entente qui sera fonction de la
rationalité. Je n'en suis pas complètement sûr.
M. Clair: La seule façon de forcer les commissions
scolaires, ce serait de les pénaliser davantage sur le plan
budgétaire, d'avoir une compression spécifique à cet
égard-là. Maintenant, je trouve que ce serait aller se mettre le
nez assez loin dans les ententes entre une commission scolaire et une
institution d'enseignement privé.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais qu'on passe
à la page 18 maintenant, si vous voulez.
Le Président (M. Rochefort): Y a-t-il des parlementaires
qui voudraient soulever des questions sur des points qui arrivent avant
celui-là? M. le député de Laporte. Page 18.
Arrêt de service imputable au
transporteur
M. Bourbeau: Alors, le sujet traité par la clause 5.2,
arrêt de service. Cela a été évoqué cet
après-midi. Nous aimerions en discuter un peu aussi. Il s'agit d'un cas
où un arrêt de service n'est pas imputable au transporteur.
Évidemment, quand l'arrêt de service est imputable au transporteur
- c'est le cas d'une grève des chauffeurs d'autobus, par exemple - on
comprend que l'entrepreneur n'a pas à payer de salaires, donc, n'a pas
à payer non plus de carburant. À ce moment-là vous coupez
immédiatement, vous faites une retenue à partir du
troisième jour, et la retenue est de 40% du montant des subventions;
c'est l'équivalent des salaires, je pense, et du carburant. Mais dans le
cas où l'interruption n'est pas imputable au transporteur, par exemple,
une grève des enseignants. Là, si mes informations sont bonnes,
le transporteur doit payer pendant deux semaines les salaires de ses
chauffeurs. Vous dites: nous allons couper à partir de la
troisième journée; ce qui veut dire que les transporteurs
syndiqués doivent payer deux semaines de salaire aux chauffeurs, selon
les conventions collectives qui existent à ce moment-là, avant de
faire les mises à pied. Donc, ils devront payer 100% des coûts
pendant les dix jours, les deux premières semaines, et ils ne seront
remboursés que pour les deux premiers jours. Est-ce qu'il n'y a pas une
injustice envers les transporteurs puisqu'on ne leur rembourse pas les
coûts qu'ils doivent payer, puisque les conventions collectives les y
obligent? Je pense que ce point-là a été soulevé
cet après-midi par un des intervenants, nous avions également
l'intention de le faire. Est-ce que le président voudrait suspendre la
séance pendant quelques minutes?
M. Clair: Effectivement le régime du règlement 11
prévoyait le délai de 10 jours, c'est-à-dire qu'il y avait
une retenue de 40% après la dixième journée, alors que les
règles budgétaires, dans le cas que vous décriviez,
prévoient la même retenue, c'est-à-dire de 40% mais
après la troisième journée. C'est un délai, c'est
une disposition qui nous est parue raisonnable, compte tenu, d'autre part,
qu'il reste quand même un paiement de 60% qui est là, non
seulement pour les trois premiers jours, mais également les jours qui
suivent, sachant que les autobus ne roulent pas, c'est-à-dire qu'il y a
un certain nombre de dépenses qui ne sont pas encourues. Selon notre
évaluation, pour ce qui est de la disposition de la règle
budgétaire vis-à-vis de la commission scolaire, ça nous
apparaissait une mesure normale. Maintenant, la règle budgétaire,
ce n'est pas et ça ne tient pas lieu de contrat entre le transporteur et
la commission scolaire. C'est dans le contrat entre un transporteur et la
commission scolaire que des clauses de paiements partiels ou de retenues, en
cas d'arrêt de service ou d'interruption de service, vont être
inscrites.
M. Bourbeau: Oui, mais il va se produire, dans un cas comme
celui-là, que pendant les dix premiers jours de la grève, le
transporteur scolaire devra payer non seulement ses frais
généraux puis ses coûts
de financement, tous ses frais, mais il devra payer en plus des
salaires. La seule économie qu'il va faire c'est sur l'essence, qui
n'est pas quand même 40% des coûts du transport écolier.
Donc, cela veut dire que la commission scolaire devra payer au transporteur, je
présume, 90% des coûts du contrat, à moins que dans...
M. Clair: À moins que dans le contrat ce soit...
M. Bourbeau: Ce serait quand même une clause totalement
injuste. Il me semble que si on encourage les commissions scolaires à
stipuler dans les contrats des clauses qui sont totalement injustes envers les
soumissionnaires, il va arriver que les soumissionnaires vont se
protéger contre cette éventualité-là en remontant
le prix des soumissions, puis ça va augmenter les coûts du
transport. Je ne veux pas penser qu'on va faire subir cela aux transporteurs
scolaires. Je ne dis pas ça parce qu'ils sont ici. Il m'apparaît
assez aberrant qu'on dise que s'il y a des grèves d'enseignants, ce sont
les transporteurs qui paieront les coûts. Il me semble que si le
gouvernement a un préjugé favorable pour les travailleurs, et
s'il encourage la syndicalisation, il devrait être conséquent avec
lui-même. Il devrait dire: S'il y a une grève des enseignants, on
n'est pas pour pénaliser les transporteurs scolaires, puis
forcément les employés aussi des transporteurs scolaires. Il me
semble que, dans un cas comme celui-là, on devrait, pour les dix
premiers jours, dire, au moins, qu'on va subventionner 90%. La seule
économie qu'il y a, c'est le carburant. Je ne sais pas si c'est 10% ou
15%, il faudrait peut-être l'établir, et au moins laisser la
commission scolaire payer ces montants-là, ne pas lui soustraire de
l'enveloppe ce montant-là. À ce moment-là, je pense que
ça serait de l'enrichissement sans cause. Si le ministre se souvient de
ses cours de droit, le gouvernement s'enrichirait.
M. Clair: De in rem verso.
M. Bourbeau: D'accord, si vous le voulez, on va rester en
français. Ce n'est pas le ministre, mais le gouvernement qui
s'enrichirait d'une façon indue aux dépens des transporteurs,
à mon avis.
M. Clair: Je ne suis pas d'accord avec le député de
Laporte. Je comprends que ça peut occasionner des coûts pour la
commission scolaire ou le transporteur, selon des contrats qui pourront
intervenir. Si le seul argument pour la dixième journée c'est
relatif à des dispositions de conventions collectives, je pense que si
c'est bon après dix jours et que les conventions collectives se sont
alignées sur les dix jours, à un moment donné ça
pourra être de demander une concession au ministère des
Transports, que ce soit 20 jours, que ce soit 15 jours. Je pense qu'à ce
point de vue là on ne doit pas mettre dans une règle
budgétaire un incitatif qui va servir à
prédéterminer le contenu de conventions collectives. En dehors de
l'argument des conventions collectives, si c'est juste après 10 jours,
c'est aussi juste après 3 jours.
M. Bourbeau: Le chiffre de 10 jours n'a pas été
pris comme ça, dans les airs, en rêvant; cela correspond,
semble-t-il, à ce qui existe actuellement dans l'ensemble des
conventions collectives. Il semble qu'il y a un "pattern" d'établi,
à l'effet que c'est ce qui existe présentement. Il me semble
qu'il faudrait que la législation ou la réglementation
reflète cette réalité-là. (22 h 30)
M. Clair: Je veux bien y repenser, mais à première
vue, je ne suis pas d'accord avec le député. C'est certain que
ça pourra se répercuter sur l'offre qui sera faite, l'offre en
matière de coûts, de soumissions ou de prix négociés
entre un transporteur scolaire et une commission scolaire. Je veux bien le
réexaminer, mais à première vue je ne suis pas très
très favorable à l'idée.
M. Bourbeau: Bon, en tout cas, c'est le ministre qui va prendre
la décision et non pas l'Opposition.
M. Clair: On va le regarder.
M. Bourbeau: Mais, en toute équité, il nous
apparaît à nous qu'on ne devrait pas pénaliser les
commissions scolaires, ou par voie de conséquences, les transporteurs
scolaires pour une situation dont ils ne seraient pas responsables.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Rousseau.
M. Blouin: Très rapidement, est-ce que le ministre
pourrait me dire si...
M. Clair: Quel sujet? M. Blouin: 5.2. M. Clair:
5.2.
M. Blouin: Services imputables aux transporteurs. Est-ce que le
ministre pourrait me dire si dans certains cas on pourrait évaluer, il
pourrait arriver qu'on évalue que cet article puisse s'appliquer
à une situation de grève et que dans ce cas particulier, le
ministère des Transports continue à verser intégralement
à la commission scolaire autorisée ou à l'institution
privée, la totalité des subventions auxquelles elle est
admissible? Dans un pareil cas, est-ce que la commission scolaire
pourrait prendre sur elle de verser une partie de ses subventions à la
compagnie qui est en grève? Est-ce que ça pourrait s'appliquer
dans un cas comme ça, selon la façon dont l'article est
libellé? Parce qu'à ce moment-là, vous comprendrez que
ça viendrait annihiler tout rapport de forces.
M. Clair: Je ne suis pas sûr de comprendre. C'est dans le
cas de grève du transporteur.
M. Blouin: Entre le transporteur et...
M. Clair: Chez le transporteur, on verserait directement au
transporteur.
M. Blouin: Non, non, ce n'est pas ça que je veux dire.
M. Clair: La commission scolaire verserait au transporteur.
M. Blouin: Oui.
M. Clair: Elle lui verserait pourquoi?
M. Blouin: Supposons, par exemple, qu'on considère que
l'arrêt de services... Il y a une situation de grève.
M. Clair: Chez le transporteur scolaire.
M. Blouin: Chez le transporteur scolaire. Il pourrait arriver
dans certains cas qu'il soit évident - ça peut arriver - que
l'arrêt de travail soit imputable au transporteur. On pourrait
évaluer une situation comme celle-là. Dans un pareil cas, selon
cet article, le ministère des Transports verserait intégralement
la subvention à la commission scolaire; est-ce que celle-ci ne pourrait
pas reverser une partie de sa subvention, même s'ils sont en
grève, aux transporteurs scolaires?
M. Clair: Pourquoi à ce moment-là? Pour lui faire
plaisir.
M. Blouin: Ce qui pourrait arriver.
M. Clair: J'imagine... La première question que je me
pose, c'est une question d'intérêt. Quel intérêt une
commission scolaire aurait-elle à verser, à payer pour un service
qui ne lui est pas rendu?
M. Blouin: Je sais que dans certaines situations, si cela avait
été permis en fonction de l'ancien règlement, ce serait
arrivé.
M. Bourbeau: II ne faut pas oublier que les commissions scolaires
sont tout de même redevables envers les contribuables de leurs
agissements aussi. Ce sont des organismes publics qui ont des réunions
publiques, ce serait assez difficile à expliquer qu'on paie pour des
services qu'on ne reçoit pas.
M. Blouin: Mais, en d'autres mots dans une situation de
grève - restons-en là simplement - dans une situation de
grève, est-ce que cet article-là pourrait s'appliquer, ne
serait-ce que pour verser la subvention directement à la commission
scolaire?
M. Clair: Oui, c'est ça qu'on prévoit
là.
M. Blouin: S'ils n'ont pas à payer de services, je
présume que leurs contrats prévoient que s'il y a un arrêt
du service, ils n'auront pas à payer, faute de service. Alors, pourquoi
le ministère des Transports verse-t-il des subventions aux commissions
scolaires s'il n'y a pas de services donnés?
M. Middlemiss: II faut que les parents le fassent. Les parents
qui font le transport.
M. Clair: À quoi, à ce moment-là, ça
peut servir? Cela peut servir, par exemple, pour la commission scolaire
à le verser directement aux parents.
M. Middlemiss: Le ministère des Transports ne veut pas le
faire présentement.
M. Clair: Cela peut servir pour les jours de
récupération éventuellement, c'est à la commission
scolaire de décider.
Le Président (M. Rochefort): Alors... M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Donc, ces sommes d'argent, en supposant qu'on les
verse aux commissions scolaires et qu'elles, en retour ne les versent pas aux
parents ou à un autre transporteur, est-ce qu'il y a des
règlements qui voient à ce que ces sommes soient
dépensées ou cela devient-il un fonds de réserve?
M. Clair: Étant donné la nature de l'enveloppe
budgétaire fermée et transférable, à la limite la
commission scolaire pourrait l'utiliser à d'autres fins.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, on arrive à la
fin. À la page 20, il y a un paragraphe sur les documents à
produire au cours de l'année scolaire 1982-1983. On remarque au
paragraphe 6.3 que les institutions privées admissibles recueillent des
informations en provenance des institutions privées admissibles et des
commissions
scolaires autorisées. En fait, il y a une collecte d'information
et, ce qui nous étonne, c'est qu'on croyait que cette réforme
avait été faite dans le but de diminuer la paperasse et de
déréglementer un peu le domaine. Est-ce que le ministre n'a pas
un peu exagéré la litanie de tous les documents que les
institutions privées ou les commissions scolaires sont obligées
de fournir au gouvernement, par exemple, les statistiques sur la
clientèle et l'organisation du réseau, l'information relative aux
arrêts de service, etc? On me dit, par exemple, qu'au printemps, au mois
d'avril, mai ou juin, on demande aux commissions scolaires de fournir un
tableau sur l'utilisation des routes, enfin, fournir à l'avance toute la
description des routes dans les devis.
Mais, quand le mois de septembre arrive, les gens qui sont en charge de
la répartition du transport scolaire voient le nombre
d'élèves qui sont inscrits et, dans la plupart des cas, tous les
documents qui ont été fournis au ministère sont
jetés au panier; ils ne sont même pas utilisés et on fait
de nouveaux documents sur la base de ce qui se produit sur le terrain. De sorte
que toute la paperasse qui a été fournie au mois d'avril, mai ou
juin ne sert pas du tout et on recommence à zéro. Et je tiens de
bonne source que c'est du travail qu'on fait faire pour rien aux commissions
scolaires, parce que, lorsque le mois de septembre arrive, c'est là
qu'on voit le nombre d'élèves qu'il y a. Il y a des modifications
sur pratiquement tous les circuits, on ajoute, on retranche. S'il y a moins
d'élèves sur des circuits, on ajoute des secteurs. C'est bien
évident qu'on ne peut pas savoir au mois d'avril combien il y aura
d'élèves au mois de septembre. Sur un circuit donné, s'il
y a plus ou moins d'élèves, on fait des modifications et,
semble-t-il, qu'il y a des modifications à peu près dans tous les
cas.
Donc, est-ce qu'on ne pourrait pas en profiter, à l'occasion de
cette réforme, pour vraiment tenter de faire un effort de diminution de
cette paperasse? Je présume qu'il y a autant de paperasse qu'on en exige
de part et d'autre.
M. Clair: La réponse à cela, M. le
Président, c'est que, en ce qui concerne le total de documents à
remplir, cela va être globalement moins important que ce que
c'était auparavant, surtout en ce qui concerne l'approbation des
circuits, des devis de transport, etc. Ce sera une grosse amélioration
avec la décentralisation que comporte la réforme. Maintenant, si
vous le remarquez, la plupart de ces documents à produire sont des
statistiques, des informations. C'est plus une cueillette d'information, ce qui
est, à mon avis, un instrument essentiel entre les mains du
ministère des Transports pour établir correctement l'enveloppe,
les allocations de chacune des commissions scolaires. Je peux assurer le
député que, globalement, ce n'est pas un accroissement du fardeau
de paperasses pour les commissions scolaires.
M. Bourbeau: Je voulais simplement attirer l'attention sur
l'article 6.4, qui établit des pénalités dans le cas
où il y a un retard dans l'acheminement des documents exigés. On
dit que, si on est en retard pour acheminer les documents, il y a une
pénalité qui correspond au produit de 10% de l'allocation de base
par le nombre de jours de retard sur 365 jours, ajusté selon le taux
d'intérêt préférentiel et le moyen observé.
Le gouvernement, le ministère des Transports, est très exigeant
en ce qui concerne les délais pour produire les documents. Par contre,
on se rend compte que, quand c'est le ministère qui doit fournir des
documents, le ministère lui-même n'est pas tellement ponctuel. Par
exemple, on m'avise que les commissions scolaires du Québec n'ont pas
encore en main les formules pour l'exploitation de l'année scolaire
1981-1982 et on leur demande de fournir les renseignements. Le ministère
n'est pas capable de fournir les formules et il ne permet pas qu'on fasse des
rapports sur d'autres formules que les siennes. Actuellement, le
ministère dit: Vous devez faire des rapports, n'utilisez pas les
formules de l'an dernier parce qu'on en a de nouvelles. Cependant, les formules
ne sont pas disponibles. Si le ministère lui-même n'est pas
capable de fournir les formules à temps, est-ce qu'il ne devrait pas
commencer par se pénaliser lui-même et s'appliquer à
lui-même les pénalités avant de les imposer aux autres?
M. Clair: Si on devait, M. le Président, nous
pénaliser nous-mêmes, cela entraînerait une compression
additionnelle au budget du ministère des Transports, ce qui ne
réglerait le problème de personne, ni des commissions scolaires
ni des transporteurs.
M. le Président...
M. Bourbeau: C'est pénalisé...
M. Clair: ... en investissant 250 000 000 $ comme le gouvernement
le fait dans le transport scolaire, c'est évident qu'il a besoin de
sources de renseignements pour administrer correctement le programme de la
façon la plus juste et équitable possible. Je sais que tout le
monde autour de la table pourrait faire de longs et vibrants plaidoyers en ce
qui concerne la paperasse du gouvernement, sa rapidité à exiger
des renseignements, sa lenteur à en produire. Cela est inhérent
à la taille du gouvernement. Je peux assurer le député que
tous les efforts seront faits pour mettre
entre les mains des commissions scolaires le maximum de formulaires, de
renseignements nécessaires à l'application de la
réforme.
M. Bourbeau: En fait, ce qui est un peu étonnant
là-dedans, M. le ministre, c'est que le gouvernement est bien mal
placé pour faire des leçons aux autres en ce qui concerne les
retards dans la production des documents, quand on connaît la lenteur
administrative du gouvernement. Cela fait rire un peu de voir une clause comme
celle-là quand on sait comment vous n'êtes pas de ceux qui sont le
plus à...
M. Clair: M. le Président, il faut être prudent sur
ces jugements parce que, dans le fond...
M. Bourbeau: Quand je parlais de retenues, tout à l'heure,
de pénalités, je ne voulais pas que le gouvernement se
pénalise lui-même en enlevant des montants dans l'enveloppe de
base. On pourrait peut-être faire des retenues sur le salaire du
ministre, par exemple.
M. Clair: C'est cela. Je vais me rendre responsable de tous les
retards des mille quelques cents personnes qui travaillent au ministère.
Je pense que malgré toute la bonne volonté de mes fonctionnaires,
mon salaire ne suffira pas.
De façon plus sérieuse, il faut quand même
être prudent parce que c'est une responsabilité très
importante que celle du ministère des Transports, des fonctionnaires qui
administrent ce programme. Quand on porte un jugement sur la rapidité de
l'appareil d'Etat du Québec, finalement, c'est un jugement qu'on porte
sur l'ensemble des fonctionnaires du gouvernement. Avant de blâmer des
gens de retarder sciemment l'avancement des choses - et j'en suis loin -je peux
vous assurer, en ce qui concerne le livre blanc le projet de loi, les
règles budgétaires et les règlements afférents, sur
un plan très personnel, que les fonctionnaires qui ont travaillé
là-dessus ont acquis ma considération et mon estime. Ils ont
travaillé de façon continue, en restant en contact avec les
associations, les commissions scolaires. Cela n'a l'air de rien, mais
réaliser une réforme comme celle-là dans un aussi court
délai, je peux vous assurer que cela a demandé bien du travail,
en dehors des heures régulières des fonctionnaires, et qu'aucun
effort n'a été ménagé pour essayer de donner, le
plus rapidement possible, aux commissions scolaires tous les renseignements
dont elles ont besoin pour établir leur budget. On essaie de se coller
au maximum aux dates que le ministère de l'Éducation se fixe et
fixe aux commissions scolaires pour la préparation de leur budget. Je
pense que ce serait injuste à l'égard des gens qui administrent
ce genre de programme que de laisser entendre qu'ils ne font pas le maximum. Il
y a toujours place à amélioration, cela, c'est certain. (22 h
45)
M. Bourbeau: Je ne voudrais pas que le ministre prenne mes
paroles comme une critique à l'endroit de ses fonctionnaires. Au
contraire, on a été à même, ce soir surtout, de se
rendre compte comment ils sont même plus compétents que le
ministre, parce que le ministre a passé la soirée à les
consulter. Effectivement, depuis qu'on les voit à l'oeuvre, on se rend
compte qu'ils sont au courant de ce qui se passe et on peut voir que la
réforme s'est faite dans un délai assez court. Malheureusement,
on a fait 90% du chemin ou 95% du chemin et il reste à raffiner
certaines formules. On a concentré nos efforts là-dessus ce soir
et le ministre me saura gré d'avoir sauté de nombreuses pages des
règlements. Je pense qu'on ne doit pas s'arrêter à 90% du
chemin, je pense qu'il reste un petit bout de chemin à faire encore et
on aimerait, si c'est possible, que les remarques qu'on a faites ce soir soient
prises en bonne part par le ministre, de façon à en arriver
à une réforme qui soit vraiment la meilleure possible.
Le Président (M. Rochefort): Justement, M. le ministre,
est-ce qu'on peut conclure que l'étude du document sur les règles
budgétaires relatives au transport des écoliers est
complétée?
M. Bourbeau: C'est terminé.
Le Président (M. Rochefort): Alors, il y a le
troisième document, le règlement sur les véhicules
automobiles affectés au transport des écoliers.
Règlement sur les véhicules automobiles
affectés au transport des écoliers
M. Bourbeau: Est-ce qu'on commence par l'article no 1? Dans ce
document-là, je vais vous dire franchement, c'est un document
très technique qui parle des véhicules automobiles et qui parle
des pare-brise. Je n'ai pas l'intention, quant à moi, de faire une
étude de ce document-là. J'ai une question que je voudrais poser
au ministre; il s'agit de la conversion des véhicules au gaz propane. Je
sais qu'il y a eu des demandes ou des efforts de faits, une volonté
exprimée de la part de certains transporteurs d'utiliser le gaz propane
dans les véhicules et de convertir les véhicules. Je sais qu'il y
a une résistance au niveau du ministère. Est-ce que vous avez
l'intention de le permettre éventuellement?
M. Clair: II y a un mandat pour étude qui a
été confié à la firme Lavallin, je
crois, et nous en attendons les résultats à la fin de
mars.
M. Bourbeau: Et, si jamais les résultats étaient
positifs... Est-ce que c'est une question de sécurité qui vous
retient actuellement?
M. Clair: Je n'ai pas eu l'occasion récemment de faire le
tour de cette question-là avec les gens du ministère et de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, mais la
résistance qu'il y avait à la mise en service de véhicules
au propane, c'étaient justement des questions de sécurité.
Afin de faire le point correctement là-dessus, il y a un mandat qui a
été confié et on attend les résultats.
M. Bourbeau: Est-ce que, la sécurité mise à
part... Si la sécurité pouvait être assurée, il
reste que c'est quand même, semble-t-il, une méthode
économique et qui, au point de vue écologique, est bien
préférable. C'est un carburant qui est beaucoup plus net que
l'essence ordinaire. M. le Président, si d'autres députés
veulent poser des questions sur le règlement sur les véhicules
automobiles, je n'ai pas l'intention d'aller plus loin dans ce
document-là.
Le Président (M. Rochefort): Alors, cela va.
M. le ministre.
M. Clair: D'abord, avec un peu de taquinerie à
l'égard du député de Laporte, je voudrais lui dire que,
s'il donne au ministre et au ministère des Transports une note de 95%,
j'en prends une partie seulement sur le plan technique, j'en laisse l'immense
majorité du crédit à mes fonctionnaires avec qui j'ai
passé de longues soirées à travailler sur cette
question-là, avec la volonté politique de corriger un certain
nombre de problèmes qui étaient contenus dans la réforme
de 1974. C'est la volonté politique qui a permis à cette
réforme de se réaliser.
Je sais que c'est une joie qu'il ne pourra jamais connaître, celle
de parrainer un projet de loi et une réforme aussi importante que
celle-là, mais je voudrais lui dire qu'il y a toujours place à
une amélioration, effectivement. S'il nous donne une note de 95%, son
très haut niveau de compétence et de connaissance, qui est
largement supérieur au mien sans aucun doute, il aura certainement le
temps, au cours des quatre prochaines années, de réfléchir
et de fignoler toutes sortes d'amendements pour se préparer à
atteindre le score de 100%.
Trêve de plaisanterie, M. le Président. Je voudrais, de
façon plus sérieuse, remercier mes collègues
ministériels qui ont participé à ce long processus de la
préparation d'un livre blanc, du dépôt d'un projet de loi,
de l'adoption d'un projet de loi, de la réglementation que nous avons
étudiée aujourd'hui. Vous avez pu le constater, leur
intérêt est très vif pour ces questions de transport
scolaire.
Ce sont tous, eux aussi, des citoyens qui ont des enfants et qui
souhaitent que, dans le transport scolaire, on puisse continuer à
compter sur du transport de qualité, sécuritaire, en même
temps avec une préoccupation que tous les citoyens et les citoyennes ont
à ce moment, d'essayer de ralentir la croissance des coûts dans
tous les secteurs où cela est possible. Dans le domaine du transport
scolaire, avec une réforme qui aura été menée de
façon positive avec l'ensemble des intervenants, même si cela
exige des "compromis" - entre guillemets - de la part de tous les intervenants,
je suis convaincu que, pendant plusieurs années, on pourra
bénéficier de cette réforme, que ce soit au niveau des
mesures de polyvalence, que ce soit au niveau de la décentralisation, de
l'incitation aux commissions scolaires à essayer de rationaliser et
à tous les niveaux. Je suis convaincu qu'on pourra
bénéficier longtemps encore d'un transport scolaire de
qualité qui va coûter non pas de moins en moins cher, mais dont la
croissance des coûts va être ralentie par des mesures qu'on a voulu
aussi justes que possible.
Je voudrais dire aussi que, pendant tout ce processus qui va se
terminer, à notre niveau à nous parlementaires, dans les
prochains jours avec l'adoption des règles budgétaires, j'ai
particulièrement apprécié l'esprit très positif
avec lequel la réforme a été accueillie par l'ensemble des
intervenants, que ce soit l'ATEQ, la Fédération des commissions
scolaires, le Conseil scolaire de l'île de Montréal et l'ensemble
des intervenants. Je ne peux pas en nommer davantage parce que, dans le
très grand nombre de mémoires, de commentaires que j'ai
reçus, dans tous les cas, j'ai pu constater que les gens étaient
conscients qu'il fallait essayer d'améliorer le système, que les
moyens qu'on prenait pouvaient être raffinés. Nous en avons tenu
compte. Nous avons essayé de raffiner ces moyens. L'avenir nous dira si
les 5% d'amélioration que recherchait le député de
Laporte, ce sera possible de les avoir dans les années à venir.
On sait que le régime est implanté pour trois ans. On verra, en
cours de route, s'il y a lieu d'essayer de l'améliorer. En ce qui
concerne le député de Laporte lui-même, je voudrais le
remercier. On a travaillé positivement. Je regrette simplement le
passage intempestif du député de Portneuf qui est venu essayer de
mettre un peu de trouble. Il aurait voulu que cela aille mal, alors que cela
allait bien.
M. Bourbeau: Question de règlement. Je m'oppose aux
remarques du ministre. Le ministre aurait eu amplement le temps de faire ces
remarques à l'endroit du député de Portneuf tantôt,
quand il était ici.
M. Clair: D'accord. Je ne me suis pas gêné pour le
faire devant lui.
M. Bourbeau: Je lui suggérerais d'attendre que le
député de Portneuf soit ici pour qu'il puisse se défendre.
Je sais que le ministre craint beaucoup les réparties du
député de Portneuf et qu'il ne se permettrait probablement pas
des remarques comme celles-là si le député de Portneuf
était ici.
M. Clair: Je les crains beaucoup, M. le Président, parce
que quelqu'un qui a gagné autant de prix émérites qui lui
ont été octroyés par la presse, c'est redoutable
effectivement. Quand même, je voudrais en revenir au député
de Laporte et le remercier de sa collaboration qui m'a été
acquise dans ce dossier, que ce soit au niveau de l'adoption de la loi, de la
commission parlementaire et de cette étape-ci.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas si le
ministre m'envoie des fleurs parce qu'il veut m'endormir ou quoi. Je ne suis
pas tellement habitué à recevoir des fleurs de la part du
ministre, cela me gêne un peu. Je me demande si cela ne m'occasionnera
pas...
M. Clair: C'est parce que vous n'en méritez pas
souvent.
M. Bourbeau: ... le courroux du député de Portneuf.
Tout à l'heure, le ministre, dans ses remarques préliminaires -
avant de lancer les fleurs, il a lancé le pot - faisait état de
ses espoirs personnels d'une longue carrière au ministère et,
avec le ton arrogant qu'on lui connaît, parlait de la possibilité
que le député de Laporte soit dans l'Opposition très
longtemps. Je lui rappellerai d'abord que son propre chef lui a
conseillé à de nombreuses reprises de ne pas faire preuve
d'arrogance, que ce n'était pas la façon de se maintenir au
pouvoir très longtemps. Également, j'aimerais lui rappeler une
phrase de La Fontaine - je ne sais pas, le ministre a sûrement dû,
dans sa jeunesse, aller à l'école quelques jours - où il
était dit: "Qui de nous, des clartés de la voûte
azurée, doit jouir le dernier?" C'est la fable du Vieillard et des trois
jeunes hommes. Je suggérerais au ministre de relire cette fable du
Vieillard et des trois jeunes hommes et peut-être que le ministre, dans
les commissions parlementaires suivantes, serait un peu moins arrogant.
J'aimerais conclure, M. le Président. L'Opposition a conscience
d'avoir fait un travail constructif, en ce qui concerne l'adoption de la loi 31
et de la réglementation. Notre but était bien sûr de faire
de la critique, puisque c'est notre rôle, mais une critique qui
n'était pas destructrice. Nous avons tenté autant que possible
d'améliorer et le projet de loi et la réqlementation. Nous avons
fait des recommandations sérieuses, basées, peut-être pas
dans le cas du député de Laporte, mais surtout dans le cas des
députés de Charlevoix et de Portneuf, sur l'expérience.
J'espère que le ministre va les considérer sérieusement et
qu'il va en tenir compte.
Je remercie mes collègues qui se sont dérangés et
les collègues du côté ministériel aussi. Je remercie
le président de sa grande compréhension. Je remercie aussi le
ministre; je n'hésiterai pas à lui adresser certaines
félicitations pour l'ouverture d'esprit dont il a fait preuve en
accordant sa collaboration pour la tenue de cette commission parlementaire.
J'espère que cette collaboration et cette compréhension vont
l'amener à regarder les notes qu'il a prises ce soir, surtout quand
l'Opposition lui a fait des suggestions, et qu'il va s'en souvenir.
M. Clair: M. le Président, juste pour avoir le dernier mot
avant vous. Je vous remercie effectivement de votre patience. J'aimerais dire
au député qu'il a confondu arrogance et humour. L'arrogance est
un bien grand défaut en politique, il a tout à fait raison;
l'humour, par contre, c'est fort utile.
Le Président (M. Rochefort): La commission ajourne donc
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 57)