Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 7 février 2025
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Vol. 47 N° 84
Interpellation du député de Pontiac au ministre de la Santé sur le sujet
suivant : La dégradation et la déshumanisation des soins de santé après
sept ans de gouvernement caquiste
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10 h (version non révisée)
(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, bon matin à tous. Je déclare
la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. La
commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du député de Pontiac
au ministre de la Santé sur le sujet suivant : la dégradation et la
déshumanisation des soins de santé après sept ans de gouvernement caquiste.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Rivest (Côte-du-Sud) remplace Mme Blouin (Bonaventure); Mme Prass
(D'Arcy-McGee) remplace Mme Caron (La Pinière); et M. Paradis (Jean-Talon)
remplace M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, madame. Conformément
à l'entente prévue pour la 43e législation, l'opposition officielle
interviendra lors des première, troisième, cinquième et sixième séries d'interventions,
et le député de Jean-Talon lors de la quatrième série d'interventions.
Comme la séance a débuté quelques minutes
en retard, je demanderais votre consentement pour qu'on soit sûrs d'avoir notre
bloc de deux heures pour l'interpellation. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Sur ce, M. le député
de Pontiac, vous avez la parole pour 10 minutes.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Merci aux collègues qui ont accepté
l'invitation, ce matin, de venir débattre de l'état du réseau de la santé et
des services sociaux, qui ont accepté de venir s'entretenir sur ce qu'on a...
ce qu'on a annoncé comme sujet, c'est-à-dire la dégradation et la
déshumanisation du réseau en ce moment. Et la dégradation, M. le Président, ce
n'est pas nous qui avons, tout seuls, fait ce constat. Il y a 5 %, 5% des
Québécois qui pensent qu'aujourd'hui les services se sont améliorés, en termes
de santé et de services sociaux, depuis que la Coalition avenir Québec est
arrivée au pouvoir. La déshumanisation des soins, ce n'est pas nous qui avons
amené ce concept-là, c'est le Protecteur du citoyen qui, lui-même, a fait le
constat qu'il y a de moins en moins d'humanité. Et ça, ce n'est pas, M. le
Président, je le répète parce que le ministre aime bien répondre à nos
questions en disant que c'est une critique envers le personnel, ce n'est pas
une critique envers le personnel du réseau de la santé, bien au contraire, la
plupart des critiques qu'on amène nous viennent du personnel du réseau de la
santé, qui nous demandent d'intervenir face à des situations qu'ils voient et
qu'ils jugent inappropriées.
Aujourd'hui, M. le Président, je considère
que le ministre de la Santé doit des réponses aux Québécois. Il doit des
réponses aux patients, d'abord et avant tout, aux gens qui comptent sur les
services de santé et de services sociaux. Il doit des réponses aux
contribuables québécois. Il doit des réponses au personnel qui oeuvre dans le
réseau de la santé et il doit des réponses aux gestionnaires du réseau de la
santé.
Quand je vous dis que le ministre doit des
explications aux patients, c'est que ce sont eux qui vivent des situations
particulièrement difficiles ces jours-ci. Et ma collègue... ma collègue...
M. Fortin :...responsable des services sociaux, là, en fait, depuis
plusieurs semaines, la démonstration éloquente, et elle va continuer de le
faire aujourd'hui avec des exemples bien précis des gens les plus vulnérables
qui comptent sur l'État québécois et qui ne... qui n'ont pas, à la hauteur de
leurs attentes, à la hauteur de leurs besoins, les services qui leur avaient
été promis. Et souvent, M. le Président, vous allez l'entendre aujourd'hui, là,
mais ces situations-là, elles sont à arracher le coeur. Parce que c'est
effectivement, malheureusement, la clientèle la plus vulnérable qui passe à la
trappe en premier en période de compressions.
Et c'est vrai pour les services sociaux,
mais c'est vrai pour nos soins de santé également. En ce moment, les
compressions demandées par le ministre de la Santé font en sorte que, dans
certaines régions, on va fermer les urgences. À Trois-Pistoles, il y a eu
manifestation hier de citoyens, d'élus locaux, de personnels de la santé qui
sont outrés de l'orientation gouvernementale qui vise à fermer l'urgence de
nuit.
On le voit pour les soins à domicile. Moi,
ça fait assez longtemps que je suis ici, M. le Président, que je me souviens,
lorsque la Coalition avenir Québec était dans l'opposition, et elle dénonçait
le fait que des gens qui avaient deux bains par semaine avaient un bain par
semaine. Bien, aujourd'hui, nous, ce qu'on entend, c'est qu'il y a des gens qui
sont incapables d'avoir des services. Ils nous disent : On avait des
services, on n'en a plus. On entend ça, M. le Président. On considère ou on est
en train de couper des services de mammographie, M. le Président, à l'hôpital
de Rimouski, les services de mammographie, hein? On fait état de notre grand
plan de prévention, au gouvernement, mais la mammographie, c'est souvent ça,
c'est de la prévention. En Mauricie, on coupe des kinésiologues, et
l'explication du ministre de la Santé se résume simplement à : Ah! bien, vous
savez, on a besoin de gens qui travaillent la fin de semaine et la nuit.
Kinésiologue, ça ne travaille pas la nuit. En Mauricie, on donne la directive
aux gens de vider les poubelles en partant. M. le Président, on ne vous demande
pas à vous puis à moi de vider les poubelles en partant de l'Assemblée
nationale.
Mais, le bout du bout, M. le Président,
c'est des patients atteints de cancer. Ce qu'on a appris, cette semaine, des
patients atteints de cancer qui n'ont pas le suivi nécessaire, parce qu'on coupe
et on ne remplace pas le personnel administratif qui est supposé les aider à
naviguer à travers le système, à obtenir les suivis, les prochaines étapes de
leurs traitements, de leurs tests. Ça, c'est de la déshumanisation. Quand les
gens ne sont pas capables d'avoir cette aide-là, ce suivi-là, lors des moments
les plus difficiles de leur vie, c'est de la déshumanisation.
Quand on dit que le ministre de la Santé
doit offrir des réponses aux contribuables, c'est le cri du cœur du mari de la
dame décédée dans la chambre 814, là, hein, on l'a tous entendu :
J'ai payé des impôts toute ma vie pour qu'on finisse ici. Des gens qui paient
des impôts, qui pensent qu'il y a un contrat social entre eux puis le
gouvernement. Et, quand ils ont besoin du gouvernement, quand... lorsqu'eux ont
rempli leur partie du contrat social, le gouvernement arrive à devoir remplir
la sienne, et il n'est pas au rendez-vous.
• (10 h 10) •
Quand on dit que le ministre de la Santé a
des comptes à rendre au personnel, personnel, là, c'est autant les médecins que
les infirmières, que les gens qui font le ménage, que les technologues, que les
travailleurs sociaux, les préposés, les gens qui travaillent dans les cuisines,
en administration, peu importe, M. le Président, là, ces gens-là, ils ne savent
pas où donner de la tête. Leurs postes sont coupés, et on leur dit : Bien,
faites-vous-en pas, on va afficher d'autres postes éventuellement. Oui, mais
là, là, qu'est-ce qui se passe dans leur vie à eux? M. le Président, des gens
qu'on appelait nos anges gardiens. Ils voient des postes d'infirmières couper,
puis, pendant ce temps-là, ils voient qu'au ministère, bien, tout continue
comme d'habitude. Ils voient qu'on crée une agence, Santé Québec à grands
frais, mais qu'eux leur poste, il est aboli.
C'est vrai que le ministre de la Santé a
pris l'approche inverse que celle qui serait recommandée par beaucoup de
Québécois, c'est-à-dire moins d'infirmières, plus de fonctionnaires. Ça ne
tient pas la route, ça, M. le Président. Alors, ces gens-là veulent savoir ce
qui s'en vient, de leurs postes, pour leurs patients. Ils veulent savoir ce qui
s'en vient au cours...
M. Fortin :...au cours des prochains mois.
Les gestionnaires, M. le Président, les
gestionnaires, ils ne comprennent pas dans... la directive du ministre de la
Santé. Alors, si à la fin de la journée, M. le Président, on arrive à une
chose, si on arrive à une chose d'ici la fin de l'exercice qu'on a, qui serait
d'avoir un peu de clarté pour les gens qui prennent des décisions sur les
services offerts à la population en ce moment, ce serait déjà ça, ce serait
déjà une avancée. Parce qu'aujourd'hui ces gens-là, ils ont vu, ils ont entendu
l'appel de la P.D.G. de Santé Québec, qui dit : Il faut couper
1,5 milliard. Ils ont vu les chiffres déclinés par région, la Côte-Nord
qui doit couper 130 millions, parce que c'est le déficit projeté,
l'Outaouais qui doit couper 97 millions, alors que tout le monde sait que
c'est déjà sous-financé par 200 millions, le CIUSSS de... le CISSS de
l'Abitibi, qui doit couper 96 millions. Ce n'est pas une grosse
population, en Abitibi, on leur demande de couper 96 millions de leur
budget. Ça, c'est ce qu'ils ont entendu. Après ça, ils ont entendu le ministre
de la Santé dire : Bien, on va jeter du lest, on n'a pas vraiment demandé
des coupures de 1,5 milliard. Mais, immédiatement après, ils entendent le
premier ministre, ils entendent le ministre de la Santé réitérer qu'il faut
revenir à l'équilibre d'ici la fin de l'année fiscale. Alors, ils ne savent
plus où donner de la tête. Ils lisent dans le journal, M. le Président, qu'il
pourrait y avoir des cibles particulières pour ces régions-là, la Côte-Nord,
l'Abitibi, l'Outaouais, des régions où c'est peut-être plus difficile, mais
c'est tout ce qu'ils entendent. Et ils sortent sur la place publique en
disant : On a fait des coupures, on n'arrivera pas au bout, on ne se
rendra pas à la commande, et ils demandent de l'aide au ministre de la Santé.
Ils demandent une orientation au ministre de la Santé. Hein, quand il a créé
Santé Québec, le ministre nous a dit : Moi, je vais donner les
orientations. Bien là, aujourd'hui, là, le P.D.G. du CISSS de la Gaspésie, il
demande au ministre : Comment je fais pour arriver à mes objectifs? On m'a
demandé de couper 44 millions, j'en ai coupé 10. Le reste, je ne le sais
pas comment y arriver, il va falloir qu'on nous le dise. C'est comme ça qu'il
l'a évoqué : Il va falloir qu'on nous le dise.
Alors, est-ce que, d'entrée de jeu, le
ministre peut être clair sur le montant des compressions? Est-ce que c'est
1,5 milliard ou c'est moins? Est-ce qu'il peut nous donner, région par
région, des cibles précises? Et est-ce qu'il peut donner une orientation, comme
il avait promis de le faire, aux P.D.G. qui se disent aujourd'hui : Qu'est-ce
que je dois faire de plus, parce que moi, je ne trouve pas? C'est ça qu'on
demande au ministre de la Santé.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. M. le ministre,
je vous cède la parole pour 10 minutes.
M. Dubé : Combien?
Le Président (M. Provençal)
:Dix minutes.
M. Dubé : Dix. 1-0. O.K.
Merci. J'avais compris...
Alors, bonjour, tout le monde. Bonjour à
mes collègues qui sont ici ce matin pour m'accompagner. Merci.
Merci, en fait, pour les députés de
l'opposition de... Moi, j'ai toujours pensé, puis, je pense, je vous l'ai dit
souvent, que j'ai déjà été dans l'opposition puis je respecte ce travail-là que
vous faites, parce que... Puis c'est drôle parce que vous l'avez dit hier,
grâce aux informations qu'on a maintenant dans nos tableaux de bord, vous avez
accès à l'information et vous êtes capables de regarder les choses qui ne vont
pas bien et de nous poser les bonnes questions. Puis je pense que ça a le
mérite d'avoir accès à cette information-là puis d'être transparent. Ce que
j'aimerais, des fois, c'est qu'au lieu de juste insister sur ce qui ne va
pas... c'est de mentionner ce qui va bien ou ce qui s'améliore, mais ça, je
comprends, puis on a chacun... on a chacun nos rôles là-dedans.
Maintenant, où j'ai un petit peu de misère
avec la terminologie de déshumanisation... Puis je pourrai en parler un petit
peu plus tard avec mes collègues, justement, de revenir sur des exemples de
choses qu'on a faites pour améliorer, justement, le côté humain du réseau, bien
que la transformation est assez importante. Donc, on pourra y revenir avec ma
collègue de Marie-Victorin.
Une chose que je ne voudrais pas qu'on
oublie, puis là je le dis pour les députés de l'opposition : c'est un gros
réseau à retourner de bord, je le dis souvent, mais j'ai fait une mise au point
au mois de novembre, qui est à peu près deux ans après la publication du plan
santé, et, M. le Président, j'ai expliqué clairement... puis j'ai une foule de
tableaux ici, là... puis je ne rentrerai pas dans le détail tout de suite, mais
qui montrent où est-ce qu'on s'est améliorés. Puis, quand on parle du... Et
cette présentation-là qu'on a faite, qui avait duré deux heures au mois de
novembre, elle est disponible sur un site web. On fera, sur les réseaux
sociaux, un suivi...
M. Dubé : ...parce que c'est
très facile de montrer ce qui ne va pas, mais c'est aussi encourageant pour les
Québécois de voir ce qui s'améliore. Puis, quand on parle d'humaniser le
réseau, bien, on pense aux patients puis on pense aux employés. Il faut penser
aux deux. C'est ça que ça veut dire «humaniser», pour les deux. Puis, dans le
cas des employés, là, les statistiques, on regardera le TSO, là, qui a fondu de
75 %. TSO, là, c'est le temps supplémentaire pour les employés. Ça fait
que ça, c'est des choses sur lesquelles on a travaillé puis qui fonctionnent,
hein, pour les employés, qu'on a travaillé pour la main-d'oeuvre indépendante,
etc., de rattraper. Maintenant 80 % des heures qui étaient en main-d'oeuvre
indépendante ont passé au réseau. Ça fait qu'il y en a, des choses qui
fonctionnent, M. le Pésident. Puis je pense par exemple à nos patients.
Regardez juste l'ouverture, puis ma collègue en parlera tout à l'heure en
détail, l'ouverture des maisons des aînés. Regardez, à toutes les semaines, là,
les familles qui sont heureuses de transférer des gens qui étaient en CHSLD
dans des belles maisons des aînés. Pour moi, ça, c'est de l'humanisation du
réseau, puis on pourra en reparler en détail.
Maintenant, je pense que, quand les
Québécois qui nous écoutent... Puis je le comprends, puis je le dis, là, on le
sait, que c'est une tâche titanesque de faire la transformation qu'on est en
train de faire, puis ça ne va jamais assez vite, mais je le dis, là, parce que...
Je l'ai mentionné cette semaine, puis même des journalistes qui me
disent : Ah! mon Dieu, on n'était pas conscients de l'ampleur, on sert
125 000 patients tous les jours dans nos urgences, dans nos cliniques, dans nos
lits d'hôpitaux. 125 000 personnes par jour. Est-ce qu'il y en a, des cas qui
sont des fois mal servis? La réponse, c'est oui. Mais c'est 125 000 par jour,
et ça, ça ne compte pas les 400 000 patients qu'on fait en soins à domicile par
année. Ça fait que je veux juste dire qu'il faut que les gens comprennent
l'ampleur de ce réseau-là qu'on a. Bon.
Maintenant, on parle beaucoup de budget,
on parle beaucoup de réorganisation de postes, on a passé à un budget de 40
milliards à 60 milliards juste dans les six dernières années. On n'a pas hésité
à mettre les sommes importantes, d'accord? Difficile d'entendre parler de ça,
mais je pense qu'il faut réaliser, puis je veux faire attention, là, parce
que... J'ai regardé, moi, les années libérales des quatre années, là. Il y en a
eu, des vraies coupures qui ont mis le système à mal, puis je vous montrerai un
petit tableau tantôt, là. Dans les années libérales, on ne couvrait même pas
les coûts de système tellement qu'on a coupé. Les coûts de système, là, ça veut
dire l'inflation puis l'augmentation des salaires. Ça fait qu'il y en a eu, des
grosses coupures. Moi, je regarde... Puis de passer de 40 à 60 milliards, là,
on est dans l'autre sens. Vous le verrez, je vous montrerai un tableau tantôt.
Bon.
Maintenant, sur la question de Santé
Québec. Santé Québec, elle a un mandat très clair. On l'a défini en projet de
loi. Pour moi, c'est très clair. À court terme, c'est de reprendre le contrôle
sur les dépenses du réseau. Les Québécois nous demandent clairement de
s'assurer qu'il y a une rigueur budgétaire. Écoutez, là, 60 milliards, là,
c'est plus qu'1 milliard par semaine. Il faut que ça soit géré avec les
avantages d'un employeur unique qu'on a mis. Et maintenant, oui, ils sont
arrivés à un moment difficile, il y avait un déficit, mais je veux juste clarifier
des choses, parce qu'on me dit : Ce n'est pas comme ça que le ministre l'a
dit, puis etc., là, je veux juste qu'on... Encore une fois, je vais le répéter.
Quand Santé Québec est arrivée au mois de septembre, au mois d'octobre, puis
qu'ils ont fini d'avoir leur équipe, ils étaient quand même quelques mois en
avance sur l'échéancier qu'on leur avait demandés, qui était le 1ᵉʳ décembre,
on leur a dit : Écoutez... Puis je me souviens très, très bien, là, de la
personne qui est responsable des finances, puis avec Mme Biron. Elle a
dit : Si rien n'est fait, si rien n'est fait, on va avoir un déficit de
1,5 milliard si rien n'est fait. Puis je le dis parce que moi, j'en ai
géré, là, des organisations où il faut faire un gros changement, un transfert.
Bien, j'ai dit : Vous allez faire ce que vous avez à faire, mais on... il
faut respecter l'équilibre budgétaire. Est-ce que c'est possible de sauver 1,5
milliard qui a été surdépensé dans les six, huit prochains mois, premiers mois
de l'année, de faire ça dans quatre mois? Impossible. C'est impossible. Je le
sais, je l'ai toujours dit, c'est une mission impossible. Par contre, il y a
des gestionnaires qui sont capables de le faire puis il y a des... il y a
d'autres régions qui ne sont pas capables de le faire.
• (10 h 20) •
Et savez-vous ce qu'on demande? On
dit : Étant donné qu'on veut minimiser l'impact sur les services — puis
c'est le mot que j'ai utilisé souvent — dites-nous ce que vous pouvez faire
puis on va suivre la situation proche. Il y a des gens à Santé Québec dont
c'est l'objectif de suivre ça tous les...
M. Dubé : ...ce qu'on ne
faisait pas avant. Je le dis souvent, là, avant, on recevait des états
financiers à tous les trois mois. Ça, ça veut dire qu'il s'était dépensé
17 milliards avant qu'on sache comment ça allait dans le réseau. Ça fait
que je veux juste... Quand j'entends que la commande n'est pas claire, la
commande est très claire.
Maintenant, est-ce qu'il y a des P.D.G.
pour qui c'est un changement de paradigme? La réponse, c'est oui, parce que,
malheureusement, quand ça arrivait dans le réseau avant, à la dernière minute,
on vous envoyait de l'argent puis le budget était réglé. Mais ce n'est pas
comme ça que ça fonctionne. On ne peut pas commencer... continuer à dépenser de
l'argent de cette façon-là.
Bon, maintenant... mais je le sais que ça
dérange de faire ça, mais nous, au lieu de faire comme les libéraux ont fait,
de faire des coupes paramétriques, puis on dit : On coupe 10 %
partout, nous, on dit : Faites preuve de jugement puis faisons le point à
tous les mois avec, maintenant, les données qu'on a.
Je reviens. Si aujourd'hui les Québécois
peuvent au moins entendre de nous qu'on avance, on a une vision très claire
d'ici 2026, c'est que tous les Québécois soient pris en charge. Moi, je reviens
toujours sur l'accès. Tout le temps. En ce moment, on a des Québécois qui n'ont
pas accès au réseau et c'est ça qu'ils nous demandent. Alors, je vais respecter
les points de l'opposition, M. le Président, mais je suis très à l'aise de
prendre les prochaines deux heures pour dire... je vais peut-être rappeler ce
que j'ai montré au mois de novembre, tout ce qu'on a fait, tout ce qu'on a
fait, mais surtout aussi ce qu'il reste à faire. Puis je regardais juste la
journée d'hier, là, je suis tannant avec ça, là, quand on a eu le début du
projet de loi n° 83, là, c'est facile quand on
demande des changements pour les gens de dire : Ah oui, on est d'accord
avec les changements pour améliorer le réseau, mais pas dans ma cour. Moi, j'ai
entendu ça hier des médecins : Pas dans ma cour. Tous les autres doivent
changer, mais pas nous. J'ai entendu ça hier.
Alors, je veux juste dire : Moi, je
n'ai aucun problème d'être transparent. Si on veut me prendre sur des points
spécifiques, qu'on est en retard ici puis là, je n'ai aucun problème, c'est la
job de l'opposition, puis je la respecte, mais, en même temps, M. le Président,
moi, je vais travailler sur la gestion, qu'est-ce qu'on est en train de faire
pour améliorer le réseau. Puis j'espère qu'à la fin de cette présentation là,
comme je l'ai fait au mois de novembre, on va me mettre à jour parce qu'il y a
des choses qui ont continué de s'améliorer depuis la mise au point. Puis
savez-vous quoi? On travaille là-dessus tous les jours puis c'est pour ça que
ça me fait plaisir d'être ici aujourd'hui avec mes collègues. Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. Je vais
maintenant recéder la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :Bon, moi, je vous avoue, je n'ai pas plus de clarté puis je
ne pense pas que les gestionnaires du réseau ont plus de clarté. Je ne pense
pas que les patients ont plus de clarté. Je ne pense pas que les employés du
réseau ont plus de clarté.
Le ministre a dit clairement, je réfère au
15 janvier, là, La Presse : «Une mission difficile, mais pas
impossible». Alors, il ne peut pas nous dire aujourd'hui qu'il a toujours dit
que c'était impossible, là. Il nous a dit que c'était possible d'arriver à
1,5 milliard de coupures en quatre mois. Il ne peut pas nous dire
aujourd'hui qu'on a passé des heures et des heures, moi puis le collègue de
Rosemont, en commission parlementaire pour définir le mandat de santé Québec,
puis que, ce mandat-là, c'était de reprendre le contrôle des finances du
réseau. On n'a jamais parlé de ça. Jamais. Puis il ne peut pas dire, M. le
Président, aux citoyens qui ont besoin de services puis qui ont de la
difficulté à y accéder : Bien, il faut que vous compreniez l'ampleur de la
tâche. Le citoyen, il sait, là, qu'il y en a des hôpitaux partout au Québec,
qu'il y a des CLSC partout au Québec, qu'il y a bien du monde qui se font voir,
mais il sait que... il sait aussi que tout ce monde-là, ils paient des impôts à
la fin de l'année, ils paient des impôts. Puis quand il remplit son rapport
d'impôt, il ne peut pas, lui, mettre une note pour le gouvernement en
disant : Aïe, bien, comprenez l'ampleur de la difficulté économique et
financière que ma famille vit en ce moment. Il ne peut pas faire ça. Alors, le
ministre ne peut pas demander aux contribuables, aux patients de faire ça non
plus.
Alors, à défaut, M. le Président, d'avoir
une clarté sur la demande du gouvernement, j'aimerais qu'il soit clair sur son
accord ou non avec certaines des mesures qui sont mises de l'avant, certaines
des mesures de compression qui sont mises de l'avant par Santé Québec en ce
moment.
Hier, il y a eu une manifestation à
Trois-Pistoles parce que l'urgence va fermer, hein, l'urgence va fermer de
nuit...
M. Fortin :...à Trois-Pistoles. Il y a eu une manifestation avec des
élus, des citoyens, des médecins. Moi, j'ai vu le préfet de la MRC des Basques,
M. le Président, avec sa tuque des Kings, hier, pour envoyer un message au
gouvernement en disant : Bien là, honnêtement, le gouvernement fait des
choix qui n'ont pas d'allure, puis c'est nous qui en font les frais. C'était
ça, son message, essentiellement.
Alors, j'aimerais ça, savoir, à défaut
d'avoir une orientation sur l'ensemble des restrictions budgétaires, est-ce que
le ministre peut nous dire si lui, il appuie la décision de Santé Québec de
fermer l'urgence à Trois-Pistoles?
Deuxième dossier. J'ai juste deux
questions pour le ministre dans ce bloc-là, M. le Président, ça ne devrait pas
être trop dur à répondre. Deuxième question, il a lu hier, dans La Presse,
l'appel de médecins qui ont dit que leurs équipements, lorsqu'ils faisaient des
chirurgies spécialisées sur des patients atteints de cancer, il ne fonctionnait
pas, qu'ils avaient besoin de nouvel équipement, qu'il cassait pendant les
opérations, Moi, comme patient, là, ça ne me rassure pas, ça, de savoir que,
quand j'ai besoin... quand j'aurai un jour, peut-être, je touche du bois,
j'espère que non, besoin d'une chirurgie spécialisée pour un cancer, que l'équipement
que les médecins ont risque de casser parce qu'il est désuet.
Et, M. le Président, Santé Québec a pris
la décision, à cause des compressions, d'annuler l'appel d'offres pour l'achat
de ce nouvel équipement, pour renouveler cet équipement-là. Alors, j'aimerais
savoir si le ministre de la Santé est d'accord avec cette décision-là. Et
est-ce qu'il va demander à Santé Québec de relancer l'appel d'offres tout de
suite pour que les médecins et les patients aient le meilleur équipement
possible, de l'équipement qui ne cassera pas en cours d'opération?
Et hier j'ai entendu le ministre de la
Santé, là, dire : Ah bien, vous savez, ça sort le jour de mon projet de
loi, tactique syndicale de la part des médecins. Honnêtement, ça manquait
d'humanité, cette réponse-là, parce que, derrière, peu importe, là, la raison
pour laquelle ça a été mis au grand jour, il y a des patients atteints de
cancer. Derrière ça, il y a des patients qui sont inquiets de l'équipement qui
est utilisé lors de leur chirurgie spécialisée. Alors, j'aimerais que le
ministre réponde directement à ces gens-là sur leurs préoccupations.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. M. le ministre,
s'il vous plaît?
M. Dubé : C'est un... M. le
Président, c'est un très bel exemple de... Je suis d'accord avec les questions
du député de Pontiac, parce que, si ça peut aider à clarifier certaines choses,
une session comme ce matin, aucun problème, je suis là pour ça.
Je vous donne un exemple... Vous me parlez
de Trois-Pistoles, bon. Trois-Pistoles, moi, j'ai une députée, là, qui est
venue me voir puis qui me dit : C'est quoi, cette affaire-là? Ça fait que
qu'est-ce qu'on fait dans ce temps-là? Puis c'est ça notre rôle, de dire :
On appelle à Santé Québec, j'ai une chef de cabinet, des fois, c'est moi,
dépendamment de ce qu'on a à régler, puis je dis : Pouvez-vous me dire
c'est quoi la décision? Première réponse que j'ai : Aucune décision qui a
été prise par rapport à Trois-Pistoles. Premièrement, là, je veux juste clarifier
les propos du député. Elle n'est pas fermée, là, il n'y a aucune décision qui a
été prise de fermer, non seulement l'urgence... Ce qui a été discuté, puis
peut-être que le P.D.G. est allé un petit peu vite... le P.D.G., il a dit à ses
gens du coin : Qu'est-ce que vous pensez si ça arrivait? Mais c'est... Il
n'y a aucune décision.
• (10 h 30) •
Alors, moi, j'ai appelé Santé Québec puis
j'ai dit : Expliquez-moi qu'est-ce qui justifie de fermer de nuit
l'urgence? Où... j'allais dire «by the way» excusez-moi, je vais revenir, en
passant, qui est une des meilleures régions? C'est là que s'est fait le GAP. Le
GAP a été inventé à Rimouski, qui est une des alternatives pour cette
urgence-là. Je rappelle : Il n'y a aucune décision de prise. Et tantôt,
quand je disais le rôle de Santé Québec, c'est d'avoir du jugement, est-ce que
c'est de «challenger», excusez-moi, une autre expression en anglais, mais de
s'asseoir avec le P.D.G. puis dire : O.K., pour être capable d'avoir des
éléments de rigueur budgétaire, est-ce que c'est la bonne décision? Est-ce que
c'est la meilleure?
Je rappelle, M. le député... au député, je
m'adresse à vous : Il n'y a aucune décision de prise sur Trois-Pistoles,
aucune, et Santé Québec va s'en occuper pour regarder quelle est la meilleure
décision à prendre, bon.
Deuxièmement, sur l'autre question, une
autre question très pertinente, moi, j'étais très, très... puis je le suis
encore, très sensible...
10 h 30 (version non révisée)
M. Dubé : ...avec des défauts
d'équipement. Moi, je viens du côté manufacturier, là, puis, quand un médecin
me dit que son équipement brise en cours de chirurgie, ça, ça n'a pas d'allure.
Bon, je n'ai pas eu le temps depuis hier, parce qu'hier on a fait d'autres
choses, là, mais là j'ai demandé à avoir un état de la situation. Puis de...
ça, c'est une question opérationnelle. Est-ce que c'est vrai en ce moment que
de l'équipement qui a été demandé, qui est retardé pour une raison d'appel d'offres...
Bien, écoutez, c'est juste du gros bon sens. Si c'est ça le cas puis que nos
chirurgiens, qui ont de la misère jusqu'à maintenant à rattraper les
chirurgies, manquent d'équipement... mais, voyons donc, c'est juste du gros bon
sens.
Écoutez, on met... Je reviens toujours. Si
on met 60 milliards par année puis on a besoin d'avoir le bon équipement
au bon endroit, il y a quelque chose qui doit être corrigé. Ça fait que, sur
les... d'autres points, hier, quand j'ai.. Je veux juste dire, puis le député
pourra penser ce qu'il veut de ma réponse, mais j'ai dit : C'est drôle que
je n'ai pas de réponse sur ce que je demande au niveau du projet de loi, puis
on me revient là-dessus. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à dire,
mais je dis que j'ai demandé un état de la situation à Santé Québec pour voir
comment on allait corriger la situation si, effectivement il y a des chirurgies
qui sont interrompues en raison de bris d'équipement.
Mais je ne peux pas m'empêcher... parce qu'il
me reste une minute, là, j'ai parlé tantôt des années libérales. Puis je veux
que les Québécois le voient, parce que, là, quand on parle de coupures, ça, c'étaient
des vraies coupures. Puis je ne sais pas si vous le voyez, là, mais, dans les
années du gouvernement libéral, là, quand on parlait de coupures, là, c'étaient
des coupures, on appelle ça paramétriques. Ça, ça veut dire : Coupes en
santé publique, coupes dans les chirurgies, coupes partout. Puis ça prend des
économies. Regardez, là, quand ils sont passés après le PQ, là, ça a passé de
37 milliards à 40. Quand vous regardez ça, là, moins de 3 % de
croissance, là, ça ne couvre même pas l'augmentation des salaires puis l'inflation.
Ça, ça veut dire qu'on coupe, là.
Bon, maintenant je vais sauter, parce qu'il
va me manquer de temps, mais regardez l'argent qu'on a investi, incluant tout l'argent
qui a été mis pour la pandémie, là. Je vais le mettre sur les réseaux sociaux,
là. Ça fait que, quand on me parle de coupures aujourd'hui, là, je veux juste
qu'on se rappelle dans quel état on a pris le réseau de la santé, M. le
Président. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, je vais maintenant céder la
parole à Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond : Merci, M. le
Président. Je vais continuer dans la même lignée que le ministre, parce que,
pour moi, c'était important, quand j'ai pris la parole mercredi, dans la
motion... c'était important pour moi de parler de l'austérité, de l'ancienne
réforme Barrette. J'ai bien dit, mercredi : L'austérité a été plus loin
que c'était prévu en 2016 et en 2017. Tous les établissements devaient
appliquer la mesure d'optimisation. Qui, qui a été le plus touché? Qui été
vraiment le plus touché? C'étaient nos CLSC. Et, à cette réforme de Barrette,
il a décidé de transférer un demi-milliard aux cliniques privées.
Hier, on a eu la chance d'avoir la
Coalition Solidarité Santé. Et ils ont mis dans leur site Internet une entrevue
accordée à... sur les ondes de Radio-Canada du ministre de la Santé à l'époque,
de Gaétan Barrette, qui justifiait les transferts d'activités des ressources
importantes des CLSC vers les groupes de médecine de famille, en évoquant l'échec,
de ses propres mots, l'échec du concept initial du CLSC, des propos que le
ministre semblait dire et suggérer que les CLSC sont les principaux
responsables de cet échec.
J'ai dit aussi, mercredi, que je me souvenais
des discours des anciens gestionnaires, comment qu'ils étaient en choc
post-traumatique de cette réforme-là. Et on a débattu, moi et le député de
Rosemont, sur les CLSC, pour s'assurer que les CLSC restaient dans le projet de
loi n° 15. Depuis plusieurs années, les CLSC au Québec ont subi des
coupures de services directs à la population. Et les plus affectés, c'était le
soutien à domicile...
Mme Dorismond : ...domicile.
C'était dur à vivre comme infirmière, de vouloir minimiser, de donner des
services à cette population qui était vulnérable. La fusion aussi des
réformes... de la réforme Barrette en 2015, le transfert des professionnels des
centres locaux de services communautaires vers les groupes de médecine de
famille, ça a été difficile. C'était une bataille constante incluant les
professionnels en santé, on s'est battus pour rester en CLSC, pour continuer à
servir à cette population vulnérable, incluant les médecins de famille. Les
médecins de famille qui servaient cette population vulnérable en CLSC se sont
battus aussi et ont sorti contre cette réforme.
C'est une approche d'intervention
particulière en CLSC. C'est difficile d'appliquer ça aujourd'hui à l'intérieur
des gros CIUSSS. C'est pour ça aussi qu'on a entamé... et que le premier
ministre... et grâce au ministre de la Santé que j'ai pu faire des tournées à
travers les CLSC et de mettre l'avant ces services-là, parce que ces
services-là fonctionnent, et on doit... on se doit d'utiliser la première ligne
puis d'utiliser toutes les ressources qui sont en place dans la première ligne.
Les CLSC sont ancrés dans les quartiers. Ça donne des services
multidisciplinaires, communautaires, ça agit avec les autres organismes
communautaires. Ça fait que, pour moi, c'est superimportant, tout qu'est-ce
qu'on a fait, en ce moment, dans les tournées, en CLSC, ça fait en sorte qu'on
a vu beaucoup, beaucoup, beaucoup de patients. On parle de 250 000 et plus
de patients qui ont visité les CLSC, et je n'ai pas fini de faire ma tournée,
mais ça fonctionne. Les gens ont besoin d'aller vers les CLSC, et c'est une
ressource adéquate avec plein de ressources humaines. C'est une augmentation
près... à peu près de 50 % de plus en visites. Mais de venir dire que
nous, au gouvernement, on... non, c'est faux.
Le Président (M. Provençal)
:...merci beaucoup. La parole va
maintenant être au représentant du deuxième groupe d'opposition, et je vais
céder la parole au député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Merci au collègue de Pontiac d'avoir saisi ce... cette occasion
d'interpellation pour reparler de quelque chose dont on parle beaucoup mais
dont on ne parlera jamais assez. Parce que je l'ai dit cette semaine, dans une
intervention le mercredi, qu'en ce moment, là, on est débordés, dans nos
bureaux de circonscription, de témoignages de gens qui n'ont pas les services,
qui se font couper les services. Ce sont de vrais témoignages, c'est du vrai
monde, des gens qu'on représente et qui sont en détresse, ils sont en détresse.
Je peux... Je peux vous lire, là... parce
qu'on les collige, évidemment, puis mon équipe fait un travail extraordinaire,
comme, je suis pas mal sûr, les attachés de tous les bureaux. On n'a pas le
choix. J'ai reçu ça justement pendant que j'étais en train de faire mon
intervention mercredi. Ça me vient d'une de mes attachées. «Je viens de
rencontrer une dame qui s'est fait couper ses services à domicile. Sclérose en
plaques avec des foyers épileptiques qui occasionnent des pertes cognitives,
double stomie et gavage. Elle peut physiquement se déplacer, mais elle est
immunosupprimée.» Cette dame-là s'est fait couper une portion importante de ses
services à domicile. Rendu là, des services à domicile pour une personne comme
ça, on peut appeler ça quasiment des soins, là, parce que ça va de soi, là. Et
c'est tous les jours, tous les jours, des cas comme ça.
• (10 h 40) •
Alors, moi, je sors d'une semaine assez
surréaliste où on a débattu de l'existence ou non d'une commande qui a été
faite par le ministre à Santé Québec, surréaliste en ce sens que la commande,
elle a été faite, tellement que Santé Québec a compris que c'est ça, puis c'est
ça qu'ils font. C'est ça que les gestionnaires font. Quand les gestionnaires ne
répondent pas aux nombreuses questions de Santé Québec, là, qu'ils essaient de
se démêler dans le réseau, comme si nos gestionnaires avaient juste ça à faire,
là, recommencer, là... quand ils ne sont pas en train de répondre aux
nombreuses questions de Santé Québec...
M. Marissal : ...ils sont en
train de faire des plans de compression avec leurs équipes. C'est ça qu'ils
font. Et nous, ici on a débattu de façon surréaliste à savoir si le roi est nu
ou non. Bien, moi, je vous le dis, le roi est nu. Il y a 1,5 milliard de
compressions en cours. On n'y arrivera, on n'y arrivera pas à la fin. Ça, c'est
un débat de comptables, ça n'intéresse pas le monde. Mais il y a des
compressions tous les jours partout. Puis je sais que le ministre n'aime pas ça
quand on parle de ça, mais, dans mon ancien métier, on disait que les médias ne
sont pas là pour parler des trains qui arrivent à l'heure. Dans mon présent
métier, l'opposition n'est pas là pour envoyer des fleurs au gouvernement. Bien
sûr, la chose n'est pas impossible puis je vous dirais même que c'est agréable
quand on peut le faire, parce que, des fois, on arrive à faire des choses
ensemble, et je ne me suis jamais privé de le faire. Sauf que, là, ma job,
c'est de sonner l'alarme. C'est la job de tous les députés ici. Des témoignages
comme celui que je viens de vous lire là, on en a, là, 13 à la douzaine. Donc,
on ne va pas se rentrer la tête dans le sable, là, le roi est nu, je le répète.
Et je vais profiter du très, très peu de
temps que j'aie là pour vous lire un document qu'on a obtenu par la loi d'accès
à l'information qui vient du comité de régie du Département de médecine du
CHUM, le plus gros hôpital au Québec. Le comité de régie du département, comme
son nom l'indique, c'est un comité qui se réunit périodiquement, faire les
suivis avec les chefs de départements, les médecins, et tout le personnel
impliqué est représenté à cette table. Une réunion récente, d'octobre dernier,
dans lequel, à la section Budget, on dit, je cite : «Le déficit prévu du
CHUM atteint maintenant 80 millions. On peut s'attendre à des années
d'austérité et de coupures.» Ces mots ne sont pas de moi, ils sont du comité de
régie du Département de médecine du CHUM. «Parmi les répercussions, moins
1 préposé aux bénéficiaires sur les unités — comme si on en avait déjà
trop — baisse de 170 à 100 externes en soins infirmiers —comme si on en
avait trop. Aucun développement pour 2026, à moins que le financement ne
provienne d'une enveloppe spéciale du MSSS.» J'ajoute que je pense que ça
n'arrivera pas. Je termine ici avec quelque chose qui est vraiment inquiétant.
Je cite : «L'hygiène et salubrité est également ciblée dans les coupures
budgétaires. Le Dr Bilodeau est contre cette idée et le sujet sera discuté à la
prochaine table des chefs. Il y aurait un grand risque d'éclosion partout dans
l'hôpital.»
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Rosemont, je vais
être obligé de vous interrompre, malheureusement. Ça va? Alors, je vais céder
maintenant la parole à M. le ministre.
M. Dubé : Bien. Alors, on va
continuer la discussion, parce qu'encore une fois je l'ai dit, j'étais
d'accord, puis je comprends très bien que, dans des cas comme ce que le... le
député de Rosemont, que je respecte beaucoup, peut amener ces points-là, on est
ici pour ça, j'en suis très conscient. Puis, quand je disais qu'on fait 125 000
traitements par jour, bien, il y en a, de ces exemples-là puis,
malheureusement, il y en a encore beaucoup, malgré les efforts qui sont faits.
Bon.
Ceci étant dit, vous me dites que je
n'aime pas entendre ça, là, puis c'est correct, mais je sais aussi que,
quand... je dis souvent, quand on est ici, au salon rouge, là, M. le Président,
vous m'avez entendu le dire souvent, il faut regarder comment aussi notre
clientèle a changé, comment l'augmentation de la population... puis je vais les
mettre sur les réseaux sociaux, là, au cours des prochains jours, faire une
mise à jour de l'augmentation de la population, qu'est-ce que c'est, l'impact
sur le réseau. Puis je ne veux vraiment pas faire d'âgisme, parce que j'ai une collègue
aux Aînés qui me dit : Faites attention, comme vous le dites, mais on sert
une clientèle beaucoup plus âgée à chaque année. À chaque année, là, c'est à
peu près 50 000 à 60 000 personnes de plus à chaque année qui sont plus que
75 ans. Puis pourquoi j'en parle? Parce que, malheureusement, les
gouvernements précédents n'ont pas eu cette vision-là de développer une
stratégie pour... et une augmentation de la demande. Puis ça, on le sait, là,
comment qu'on a eu beaucoup d'impact de l'immigration, mais on doit s'occuper
de ces personnes-là. Et alors, quand on arrive...
M. Dubé : ...puis je vous le
dis, là, il y a des budgets qui ont été développés avec une information, mais
quand on apprend durant l'année qu'il y a 100 000 personnes de plus,
100 000 personnes de plus, particulièrement dans nos grands centres
urbains, puis ces gens là arrivent au CHUM puis au CUSM, bien, les gens
disent : Moi, je n'avais pas le budget pour ça, puis ils ont raison, ça
fait qu'encore plus, quand Santé Québec est arrivé en plein milieu de l'année
puis les gens disent : Bien, moi, j'ai une obligation de service, je sers
ces gens-là. Ça fait qu'on dit : Faites votre possible. Et je comprends le
point ici, là, puis j'en ai des exemples, moi aussi, tous les jours de ça, particulièrement
dans ces gros centres-là.
Alors, je comprends très bien, M. le
Président, le point qu'apporte le député de Rosemont, je ne l'aime pas plus que
lui, mais il faut accepter la réponse aussi. La réponse, c'est qu'il y a une
demande croissante, beaucoup plus que l'argent qu'on a de disponible en ce
moment, là.
Bon, moi je suis en train de dire... puis
j'ai donné l'exemple, de dire : Quand Santé Québec aura fait son possible
avec ce qu'ils sont en train de faire d'ici la fin de l'année courante... Moi,
je suis en train de regarder les budgets pour l'année prochaine. Qu'est-ce
qu'on aura comme impact du vieillissement de la population? Maintenant, on le
connaît, on est capable, à 5 000 personnes proches, de dire :
C'est vrai que les gens coûtent plus cher, mais ils ont payé des impôts toute
leur vie puis il faut être capable de les soigner. Est-ce qu'on va avoir encore
un impact au niveau de l'immigration? La réponse, c'est oui.
Alors, ces choses-là, il faut être capable
d'en tenir compte. Et ce que j'ai demandé à Santé Québec : Maintenant,
avec la connaissance que vous avez des six derniers mois, dites-moi qu'est-ce
qui est soutenable. Parce qu'avant ce qu'on avait... oui, je regarde le temps
qui file, mais je veux juste que les Québécois comprennent, j'avais
34 P.D.G. qui avaient tous leurs petits silos, puis là c'est la première
fois qu'on a un équipe qui regarde ça globalement puis qui dit : Est-ce
qu'on est capable de déplacer des gens, déplacer des budgets en fonction des
endroits où on a des croissances plus importantes? Ce n'est plus chaque
personne qui doit défendre son terrain, mais de s'assurer qu'on tient compte de
mouvement de la population, de vieillissement de la population. Puis quand je
parle de vieillissement de la population, c'est que... puis je pense... moi, je
connais bien la région de Lévis, il y a beaucoup de gens qui viennent des
régions pour se faire... vous le savez, M. le Président, qui viennent se faire
soigner dans nos grands centres comme celui de Chaudière-Appalaches ou, par
exemple, de Québec. C'est tout ça qu'on est en train de regarder. Est-ce qu'on
avait toute l'information avant? La réponse, c'est non. On l'a maintenant puis
on est capable d'agir.
Alors, est-ce qu'on va faire les
corrections nécessaires? La réponse, c'est oui, mais quand j'entends ces
cas-là, ils m'affectent autant que les députés. Je vous le dis, là, je suis
très sympathique à ça. Mais en même temps, donnez à Santé Québec le temps de
faire les changements qu'on est en train de faire avec les bons budgets qui
vont être devant eux. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. Alors, je vais
maintenant céder la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Merci. Merci de
me donner d'abord cette opportunité de pouvoir échanger avec vous, tous les
collègues, prendre la parole afin de réaffirmer à tous les collègues, au fait,
qui sont ici et aux gens qui nous écoutent, la détermination, puis notre
volonté, et cet engagement-là qu'on a envers les Québécois dans le niveau des
soins de santé, qui est la priorité n° 1 de notre
gouvernement. Et d'ajouter à ça l'audace, puis la rigueur qu'on a actuellement
dans les actions qui sont réalisées par notre gouvernement, mais aussi à tous
les niveaux puis dans tous les secteurs. Je salue aussi le travail rigoureux et
déterminé de notre ministre de la Santé et de l'ensemble de ses équipes.
• (10 h 50) •
Le sujet aujourd'hui qui nous rassemble,
bien, nous permet de parler directement de la qualité de vie des citoyens du
Québec, puis on a à cœur de rendre un meilleur service, le meilleur service qui
soit, le plus humain, justement, et le plus proche du terrain. Mais si vous me
permettez, M. le Président, je vais me permettre de faire un petit clin d'oeil
plus personnel sur la situation qu'on vit, parce que j'ai eu, dans les derniers
mois, à accompagner ma mère dans les soins de santé qu'on a au Québec. On a
visité plus de trois hôpitaux dans le cheminement qu'elle a dû faire. J'ai
moi-même été opéré aussi dans la région de Kamouraska, où j'ai rencontré un
orthopédiste extraordinaire dans un hôpital de région, Notre-Dame de Fatima, et
où j'ai eu une opération dans les derniers mois à Rivière-du-Loup. J'ai
demandé... parce que je savais que j'avais à venir vous parler aujourd'hui,
j'ai demandé à ma mère, qui a visité Saint-François d'Assise à l'urgence, qui a
visité l'hôpital Laval pour son opération, l'Hôtel-Dieu de Québec, puis j'ai
demandé le...
M. Rivest : ...quel est le
résultat, et quels sont les éléments, et comment tu as senti le travail qui a
été fait par l'ensemble des équipes qui étaient là? Je vais vous le dire,
qu'est-ce qu'elle m'a répondu. Elle a trouvé les gens patients, à l'écoute,
elle a reçu des soins exceptionnels, les gens étaient avenants, dédiés. J'ai
chez moi, dans les hôpitaux de Montmagny, de La Pocatière, des témoignages sur
les résultats, et moi- même, j'en suis témoin aujourd'hui et je vous partage
ça.
Donc, cet équilibre-là, bien, on a
aujourd'hui aussi à regarder ça. Puis je salue aujourd'hui les équipes, entre
autres de Montmagny puis de La Pocatière, mais aussi de l'ensemble des hôpitaux
que je viens de nommer et de l'ensemble des hôpitaux puis des CHSLD qu'on a au
Québec. Merci à vous pour votre travail précieux.
Aujourd'hui, d'ailleurs, j'ai aussi cette
occasion-là de faire le point sur le progrès qui est réalisé jour après jour
puis de rappeler que ça fait six mois que Santé Québec est mis sur pied dans
l'organisation puis dans ce vaste chantier pour moderniser la gestion de notre
système de sentier puis de... de santé, pardon, et de rappeler les choix que
nous avons faits.
Le collègue de Pontiac, tout à l'heure,
mentionnait la clarté, un souhait d'avoir cette clarté-là. Moi, ce que je vois
aujourd'hui, c'est qu'il n'y aura jamais eu autant de transparence dans le
partage des données qu'on a mis sur pied, puis ça, c'est un élément majeur qui
permet à l'ensemble du système de santé et aussi aux équipes de mieux
comprendre le système puis de travailler dans les mois à venir avec plus d'agilité.
Les tableaux de bord, entre autres, en sont témoins.
J'ai entendu aussi dans mon milieu, dans
les derniers mois... On a parlé d'ailleurs tous ensemble ici d'un exemple de
Chaudière-Appalaches où on mentionnait, autant dans les médias qu'ici même, les
coupures de 133 postes dans les équipes de Chaudière-Appalaches. Grâce aux
rencontres qu'on a assez régulièrement avec les équipes du CISSS de
Chaudière-Appalaches, on peut aussi voir l'équivalent de 300 postes qui étaient
ouverts dans le même moment, sur le même élément. Donc, cet équilibre-là, il
doit être partagé aujourd'hui.
J'aime bien le regard aussi de mon
collègue en Santé, le ministre de la Santé, sur l'amélioration des TSO. C'est
un élément très important qu'il fallait moderniser puis qu'il fallait changer,
puis on est en action, puis, M. le Président, les choses bougent.
Je vous dirais que le réseau de la santé
et des services sociaux a franchi dans les derniers mois des étapes
significatives sous la direction du ministre de la Santé, puis cette période a
été également marquée par des transformations majeures, des actions concrètes
qui visent à améliorer l'accès, la qualité, l'efficience des soins de santé.
Ces soins-là sont offerts à l'ensemble des Québécois, puis on parle, entre
autres, de la première ligne, ma collègue de Marie-Victorin en parle
régulièrement, et on démontre comment l'éventail des possibilités dans la
première ligne devient quelque chose d'important.
Donc, je vous le dis, on est en marche. Le
projet de loi n° 15 a été majeur pour notre gouvernement, puis ça vise à
améliorer la gouvernance puis l'organisation des services. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le député. C'est
au tour maintenant de Mme la députée de D'Arcy-McGee pour cinq minutes, s'il
vous plaît.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Donc, moi, je suis porte-parole pour les services sociaux, et les
services sociaux, ça représente les services pour les gens les plus vulnérables
de notre société, et des gens qui se sentent visés, quasiment. Ils se sentent
abandonnés, et, si vous voulez parler de déshumanisation, bien, je vais vous
donner un exemple clair.
Le chronométrage qui se fait des tâches
pour offrir des services de soutien à domicile à des personnes. Un monsieur de
Rimouski qui nous raconte que les gens de... de la... du réseau de la santé
sont débarqués chez lui pour faire le chronométrage du temps de transfert de
son fauteuil roulant au bol de toilette, pour savoir combien de temps on allait
lui allouer pour la tâche d'aller à la salle de bain. Alors, on a chronométré
le temps de son fauteuil roulant au bol de toilette, au bol de toilette, au
fauteuil roulant, qu'ils ont chronométré à 15 minutes, et c'est le temps qu'ils
vont lui allouer pour cette tâche, sauf qu'ils ont oublié de calculer le
transfert intestinal. Alors, si on veut parler de déshumanisation, quand on dit
à une personne : Vous avez 15 minutes pour aller à la salle de bain, on va
vous offrir ce service-là, s'il n'y a pas... c'est un affront, là, à cet
individu-là et à cet... la réalité qu'il doit vivre.
Le programme Soutien aux familles, un
programme qui a été créé pour offrir du financement aux familles pour leur
offrir du répit pour leurs enfants avec des besoins particuliers, ce programme,
qui était alloué par enfant, bien, ces familles qui sont prestataires ont
appris dans une lettre...
Mme Prass : ...que ces
montants ne seront plus alloués par enfant, mais plutôt par domicile. Et donc,
qu'est-ce que le ministre dit à la famille de neuf à Lanaudière, dont cinq
enfants sont atteints d'un TSA, qui, dorénavant vont recevoir un chèque plutôt
que cinq pour se payer du répit? On sait déjà qu'avoir neuf enfants ce n'est
pas évident, encore moins cinq qui ont des besoins particuliers. Et on a besoin
de se recharger, on a besoin de se ressaisir. Sans ces fonds-là pour s'offrir
du répit, ces parents sont en voie d'épuisement. Ils vont avoir des enjeux de
santé mentale. Il y en a qui vont devoir quitter leur emploi, parce que les
services ne sont plus là pour leur aider avec leur réalité à s'occuper de leurs
jeunes enfants.
Et, quand j'en ai parlé au ministre des
Services sociaux, c'est moi qui lui ai appris que cette coupure allait se
faire. Il n'était pas au courant. Donc, qui est le patron? C'est qui, qui est
responsable avec la venue de Santé Québec? Est-ce que c'est les ministres qui
sont responsables des programmes ou c'est Santé Québec qui vont prendre des
décisions et que c'est les médias ou des individus qui vont l'apprendre aux
ministres qui sont responsables de ces dossiers et de ces programmes-là?
Soutien à la famille coupé. Là, on parle
de tarification pour le soutien à la famille. La première fois que ça n'a
jamais été évoqué, car, en 1988, justement, il y a eu... justement,
excusez-moi, en 1988, on s'inscrit... excusez-moi, en 1988, le gouvernement de
Robert Bourassa avait adopté le principe de la compensation des limitations
fonctionnelles des personnes handicapées. Ce principe stipule qu'une personne
n'a pas à payer pour pallier son handicap ou sa déficience. Et c'est exactement
ce que le gouvernement est en train de mettre de l'avant. Donc, on veut prendre
une personne qui est vulnérable, en situation de handicap, qui a des revenus
qui sont restreints, qui n'est pas nécessairement apte au travail. Et on va
leur demander de payer des services qui sont nécessaires pour qu'ils puissent
rester chez eux le plus longtemps possible. Parce qu'à la fin de la journée,
c'est ce que le gouvernement prône. On veut que les gens puissent rester chez
eux. Et, justement, la raison pour laquelle on leur offre des services directs
à la maison. Parce que quelle est l'alternative, se mettre sur une liste
d'attente pour un CHSLD, se mettre sur une liste d'attente pour intégrer une autre
institution du gouvernement? Et c'est... il y a un manque de vision de la part
de ce gouvernement. Parce que ça coûte beaucoup plus cher pour une personne de
rester dans un CHSLD que de leur offrir des services directement chez eux, pour
rester le plus longtemps possible. Donc, oui, ces gens se sentent abandonnés,
ces gens se sentent qu'ils ne comptent plus, que la déshumanisation, bien,
c'est la façon dont on va procéder. Parce que, clairement, les services dont
ils ont besoin, qui sont essentiels pour eux, ne sont pas importants auprès du
gouvernement et surtout pas auprès de Santé Québec. Des coupures en santé
mentale, des lits qui ferment, des hôpitaux en santé mentale qui voient leurs
effectifs réduits. Où sont les services sociaux? C'est pour ça que c'est Santé
Québec et pas Santé et Services sociaux Québec, comme mon collègue a proposé
en... amendement lors du projet de loi n° 15. Et on sentait qu'il allait y
avoir un abandon des services sociaux et ce qu'on voit aujourd'hui. Merci.
Le Président (M.
Provençal)
:Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le ministre.
M. Dubé : Est-ce que...
excusez-moi, si je suis en train de vérifier, moi, je peux prendre la réponse
ou est-ce que ça peut être ma collègue à ce moment-là?
Le Président (M. Provençal)
:C'est la réplique du ministre.
M. Dubé : La réplique du
ministre. O.K. parfait. Désolé, là, c'est ce que je vérifiais. Puis...
Des voix : ...
M. Dubé : Non, M., c'est
correct, c'est comme...
Le Président (M. Provençal)
:...oui, c'est ça, la députée va venir
après.
• (11 heures) •
M. Dubé : O.K. merci.
J'avais... c'est pour ça que je voulais vérifier, là. Écoutez, juste donner une
orientation très claire qui a été discutée avec Santé Québec, là. Et ça, je
pense que ça va aider à clarifier les choses, parce que c'est en ligne avec ce
qu'on a discuté quand on a fait p.l. no 15. On a dit... Un des gros
avantages qu'on a au Québec, là, puis qui vient de... des bons côtés de la
réforme précédente, c'est l'intégration des services. Parce qu'à un moment
donné on se... on disait : Est-ce qu'on va juste du côté de ce qu'on
appelle le... tout le côté médical, ou on continue d'avoir des centres qui sont
intégrés avec les services sociaux? Et ça, pour moi, la décision de garder ça,
ça a été la meilleure décision, parce que, quand on prend... puis c'est une
expression qu'on entend, là, de la responsabilité populationnelle d'une région,
il faut s'occuper de l'ensemble des besoins de...
11 h (version non révisée)
M. Dubé : ...de l'ensemble de
cette région-là. Donc, je veux juste vous dire que, quand le ministre qui est
responsable des Services sociaux fait partie de cette équipe-là de santé, comme
le fait la ministre qui est responsable des Aînés... Parce qu'on regarde une
région, on regarde un établissement pour l'ensemble des services populationnel.
Bon. Ceci étant dit, tout à l'heure, j'ai donné l'exemple de comment on peut
demander à Santé Québec de corriger une situation. Puis ça, c'est important que
les gens le comprennent, là. Parce que, dans le p.l. 15, on n'a pas dit que le
ministre perdait la responsabilité par rapport aux orientations. Puis ça, je
suis content que vous me donniez cette question-là parce que j'ai donné l'exemple
tantôt de Trois-Pistoles suite à la question du député de Pontiac. Parce que,
si Santé Québec... après avoir pris connaissance d'une décision d'un P.D.G.,
elle a le droit de le questionner puis de dire : Écoutez, oui, on a besoin
de faire de la rigueur budgétaire, on a besoin de suivre nos budgets, mais ce n'est
peut-être pas la meilleure décision que vous prenez en ce moment. Je reviens.
Mais c'est ça, la marge de manœuvre quand j'ai dit de leur faire preuve de
jugement. Mais c'est à eux de gérer ça et c'est à nous de superviser, comme, je
pense, ce qui est fait entre autres par le conseil d'administration de santé
Québec. Et, quand le ministre sent le besoin d'intervenir, bien, il doit
intervenir. Ça fait que ça, je veux juste qu'on soit très clair là-dessus,
très, très clair là-dessus.
Maintenant, sur la question spécifique des
services sociaux, ma collègue... C'est pour ça que je me demandais, puis tantôt
on pourra revenir... C'est beaucoup plus difficile, selon moi, quand on arrive
avec des cas de services sociaux qu'un cas de chirurgie où vous... parce que l'action
peut être beaucoup plus rapide, des fois dans des... qu'est-ce qu'on peut... on
peut-tu travailler sur telle urgence ou travailler sur telle salle d'opération.
Lorsqu'on est dans les services sociaux, là, on est dans des éléments de
support à la population, puis c'est pour ça que, tout à l'heure, je voudrai
revenir. Puis d'ailleurs je trouve que mon collègue, là, je vais avoir l'air de
le féliciter, mais je le crois aussi, il est très, très proche du terrain. Même
des fois, je dirais, les gens de Santé Québec... en posent, des questions, mais
c'est correct. C'est correct parce qu'en ce moment, je le répète, on est dans
une phase de transition avec Santé Québec. Puis Santé Québec, c'est sûr que, de
voir l'ampleur de cette tâche-là, incluant les services sociaux, ils se disent :
O.K., je comprends, là. On a besoin de s'assurer que, quand quelque chose comme
vous venez de mentionner ne fonctionne pas, bien, c'est à eux de corriger puis
de le dire au P.D.G. de l'établissement.
Maintenant, je pense que les gens vont
comprendre, puis c'est pour ça que, depuis que j'ai sorti ces statistiques-là
un petit peu plus tôt cette semaine, quand les gens voient le nombre de
transactions qu'on a... Puis je regarde juste en DPJ, là. C'est énorme, les
demandes de prise en charge qu'on reçoit dans chacune des régions. Puis c'est
un peu pour ça que... Je fais juste regarder le programme d'Agir tôt. On est en
train de dépister maintenant près de 50 000 enfants. C'est presque 75 %
des naissances au Québec. Ça fait que tout ça pour vous dire...
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Merci, M....
M. Dubé : ...qu'il y a
beaucoup de travail dans les services sociaux. C'est ça que je voulais dire.
Le Président (M. Provençal)
:Je vais céder maintenant la... Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Dorismond : Moi, j'ai
envie aussi encore de continuer dans ma lignée pour que, vraiment, les
Québécois comprennent. Le ministre de la Santé, tantôt il a dit : Moi, j'étais
dans l'opposition. Bien, moi, j'étais l'infirmière qui subissait ces coupures
budgétaires. Pour bien comprendre les conséquences de ces coupures-là, il y a
eu une diminution de l'accessibilité aux soins de santé de première ligne,
particulièrement en milieu rural, il y a eu l'affaiblissement de l'approche
communautaire et préventive dans les CLSC, il y a eu une augmentation des temps
d'attente pour certains services. Il y a aussi eu, auprès des intervenants, la
perte de sentiment d'appartenance entre les intervenants et les citoyens du
quartier. Alors, quand le député de Pontiac parle de déshumaniser le réseau de
la santé, pour moi, c'est faux car c'est eux qui l'ont fait. Vous n'avez pas
mis de l'avant la prévention, vous n'avez pas jamais voulu valoriser les
professionnels en santé en CLSC... M. le Président. Vous avez toujours eu une
vision hospitalocentrisme, M. le Président...
Mme Dorismond : ...puis vous
le savez comme moi, ce n'est pas facile de changer une gestion. Ce n'est pas
facile de changer une culture et défaire des réflexes. Et c'est pour ça que le
ministre de la Santé parle aussi que Santé Québec peut retourner auprès des
P.D.G. pour corriger ces réflexes.
La population me le dit souvent quand je
suis en tournée en CLSC ou les parents quand je raconte les parents des
écoles : Mme la députée, les aires ouvertes, ça fonctionne. Les maisons
des aînés, ça fonctionne. Les CLSC, ça fonctionne. J'ai été accueillie par une
travailleuse sociale, j'ai été accueillie par une infirmière. Mme la députée en
pharmacie communautaire, j'ai pu renouveler mes médicaments, ça fonctionne. Il
a fallu faire ces changements-là. Il a fallu offrir des services à la hauteur
des besoins des Québécois afin de donner un système de santé plus efficace et plus
humain. Soigner les personnes où elles le demandent, c'est ça qu'on fait, M. le
Président. Ne plus transférer des professionnels de la santé des CLSC en GMF,
on l'a l'autorisé. C'est sûr qu'il y a des GMF qui fonctionnent, mais il y en a
d'autres que non. On a eu la preuve. Quand ça ne fonctionne pas, on ramène les
professionnels de la santé en CLSC où ça fonctionne, où qu'ils ont besoin de
ressources. Ramener le sans rendez-vous à l'accueil psychosocial et aux
services courants, ça fonctionne, M. le Président. Ça fait du renforcement
auprès des travailleurs puis ça fait du renforcement aussi avec la communauté
du quartier. Ma collègue aussi, Mme Bélanger, elle a dit que la porte
d'entrée des aînés, c'est les CLSC. Mais les aînés, savez-vous qu'est-ce qu'ils
me disent? Ils ont l'impression de retourner au bercail. C'est la clientèle qui
connaît le plus les CLSC puis ils sont heureux d'y retourner.
On a effectué un travail colossal en
soutien à domicile pour remettre les soutiens à domicile. Ça a commencé avec
mon ancienne collègue, Marguerite Blais, l'ancienne ministre des Aînés, et ma
collègue, Mme Bélanger, a poursuit ce travail. Maintenant, il y a du
soutien à domicile 24/7, c'est du jamais vu, M. le Président, du jamais
vu! L'aide médicale à mourir à domicile, du jamais vu. Quand je fais mes
visites porte à porte auprès de certaines clientèles : Enfin, j'ai eu
accès à l'aide médicale à mourir. Ça a été super. L'humain... c'est humain, ça,
M. le Président, on tend la main. Oui, on a dû retourner en arrière, retourner
avant la réforme Barrette où, là, je travaillais comme infirmière clinicienne
spécialisée avec une clientèle marginale et vulnérable où ça fonctionnait. Et
c'est ma bataille, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Nous allons poursuivre maintenant
avec le député de Jean-Talon. Je vous cède la parole pour cinq minutes.
M. Paradis : C'est important
de se souvenir, c'est la devise du Québec sur les plaques
d'immatriculation : Je me souviens. Et moi, je me souviens bien d'une de
mes premières expériences comme député récemment élu, c'est le bâillon sur le
projet de loi n° 15 pour mettre en œuvre la grande
réforme de la santé du gouvernement. Je me souviens qu'on avait à peine étudié
deux tiers du projet de loi, dont 600 amendements qui venaient d'être
déposés. Et je me souviens du travail colossal, notamment du député de Pontiac,
du député de Rosemont et du député des Îles-de-la-Madeleine pour maintenir le
débat démocratique qui devait être fait sur cette réforme-là. Réforme qui nous
a été enfoncée dans la gorge parce que : Quel était l'unique argument
alors qu'on voulait continuer à travailler sur cette importante réforme? On va
livrer des résultats, des services à la population après Noël. C'était ça, le
message du gouvernement, des résultats. Et le résultat, ça a été
l'accouchement, le très long accouchement de Santé Québec.
• (11 h 10) •
Le ministre, qui nous disait qu'il voulait
d'un réseau plus performant, plus humain, plus décentralisé, fait un brassage
de structures contraires à ce qui avait été annoncé. Et qu'est-ce que ça donne
dans la réalité? Dans les nouveaux employés de l'État, seulement 8 % qui
sont des infirmières alors que 50 % sont des gestionnaires et des cadres.
Une augmentation des contrôles et de la bureaucratie qui fait en sorte que le
Protecteur du citoyen, parce que c'est...
M. Paradis : ...pas le député
de Pontiac qui dit ça, c'est le Protecteur du citoyen : «Rigidité
administrative et affligeante perte de sens. Le Protecteur du citoyen a allumé
une lumière jaune et a constaté une déshumanisation des soins et des services
offerts par l'État québécois.» Et c'est ce qu'on entend dans le réseau, c'est
ça que les gens nous disent dans le réseau, puis ils disent que c'est exacerbé
par les compressions qui ont été commandées par le gouvernement, qui coupe des
postes d'infirmières et de préposés aux bénéficiaires. Ce sont des postes qui
offrent des services à la population. Les gens, dans le système, nous disent
eux-mêmes : Il y a une dégradation des soins et, en plus, il y a une
omerta. Le gouvernement nie ce que tout le monde constate. Il y a des postes
qui disparaissent, puis : Non, non, non, il n'y a pas de coupures.
Nous, au Parti québécois, on a été très
clair, on a dit : On veut miser sur une approche humaine et décentralisée
avec les CLSC comme porte d'entrée du réseau. On veut miser sur la prévention
et la réduction de la maladie, des saines habitudes de vie pour une population
plus en santé, réduire la surprescription chez les jeunes, chez les personnes
âgées. Ça, c'est une réelle façon de faire des économies sans toucher les
services directs à la population. On veut réellement freiner le recours au
privé, pas parler des deux côtés de la bouche.
Alors, souvenons-nous aussi, j'ai commencé
avec ça, souvenons-nous comment le gouvernement de la CAQ s'est présenté aux
élections en 2018 puis en 2022. Il a dit : Je vous promets 80 minutes
d'attente... 90 minutes d'attente à l'urgence. Aujourd'hui, c'est, en moyenne,
4 h 58. Un médecin de famille par personne. Maintenant... ensuite, on a parlé
d'un groupe de médecins de famille par personne puis, ensuite, un professionnel
par personne. Aujourd'hui, 2 millions de Québécoises et de Québécois n'ont
toujours pas accès à un médecin. Mettre fin à l'incorporation des médecins et
changer le mode de rémunération. Au lieu de ça, on est embourbé dans des
négociations interminables avec les fédérations de médecins, et le gouvernement
n'a pas encore eu le courage de prendre des décisions difficiles, celles qu'il
avait lui-même annoncées. Ouvrir des postes d'infirmières à temps complet,
c'était ça, la promesse.
Aujourd'hui, on apprend que, dans le CISSS
de Chaudière-Appalaches... 222 postes d'infirmières, d'infirmières auxiliaires
et d'inhalothérapeutes coupés. CISSS de Laval, des postes de préposés aux
bénéficiaires non remplacés en nuit en CHSLD. CIUSSS du
Centre-de-l'île-de-Montréal, 40 postes d'infirmières et de préposés aux
bénéficiaires coupés. Redonner plus d'autonomie aux régions, aux usagers, aux
gestionnaires. Résultat, la... ce qu'on a fait, on a centralisé à Santé Québec.
Depuis décembre, aucun conseil d'administration d'établissement n'a tenu de
rencontre. Les comités d'usagers ont été négligés dans la réforme et ne sont
plus consultés. Le comité national des usagers n'a pas encore été mis en place.
Le gouvernement dit : On va améliorer l'accès aux soins le soir et la fin
de semaine. On a fermé des services, comme la mammographie le soir dans le Bas-Saint-Laurent.
On a fermé l'urgence du soir et de la fin de semaine au Centre hospitalier de
Trois-Pistoles, malgré la motion qu'on a présentée nous-mêmes. L'urgence de
Rivière-Rouge a été fermée. C'est les citoyens qui ont dû aller devant les
tribunaux.
Alors, des problèmes, et ces problèmes-là
dans le système de santé, j'en entends parler à tous les jours dans Jean-Talon
puis j'ai hâte de leur répondre que le gouvernement s'attaque avec courage aux
bonnes priorités.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Dubé : ...tour?
Le Président (M. Provençal)
:Oui, c'est à votre tour.
M. Dubé : Je vais finir par
l'avoir. Je vais prendre quelques points précis, là, parce que... avais donné
grossièrement des exemples, là, sur trois des points que le député vient de
faire. Premièrement, je l'ai mentionné en Chambre quelques fois, là, durant les
dernières semaines, je prends l'exemple de Chaudière-Appalaches dont vous venez
de parler, M. le Président. C'est une région que vous connaissez bien, là. La
réorganisation des postes, M. le député, qui se fait, en ce moment, là... il y
a effectivement 150 postes qui ont été abolis. Ce que vous oubliez de dire,
puis excusez-moi, je dois m'adresser à vous, c'est, en parallèle, il y a 350
postes qui ont été ouverts. Ça, là, il ne faut pas oublier, il faut dire toutes
les choses à la population. On ne peut pas juste donner un côté de l'équation.
Puis je peux vous donner l'exemple, là,
Capitale-Nationale, fermeture de 258 postes. Il y en a 1400 qui sont ouverts.
Des postes qui sont ouverts en parallèle. L'Abitibi-Témiscamingue, 111 postes
qui sont fermés, 37 qui sont ouverts.
Et là ce que je suis en train de demander,
ce que je suis en train de demander à Santé Québec, parce que je leur dis... on
suit ça : Vous allez nous dire l'ensemble de la situation. C'est ce qui
est en train d'être fait au fur et à mesure que ces données-là rentrent, j'ai
l'engagement, je vais être très transparent. Voyez-vous? Ce que je pense qui
est important, là, c'est de dire aux Québécois...
M. Dubé : ...puis je l'ai
expliqué en Chambre, puis je vais le faire parce que c'est ça que cette
session-là me donne l'opportunité, ce matin, de dire. Ce qu'on a demandé à
Santé Québec, là, puis qu'ils font, là, depuis... c'est quand même très récent,
là, puis je reviendrai sur le Protecteur du citoyen... c'est qu'on leur a
dit : Maintenant qu'on a l'avantage d'avoir l'employeur unique puis on est
capables d'avoir une flexibilité dans les conventions collectives... Puis ma
collègue le sait, comment ça a été difficile, la négociation des conventions
collectives, mais on a réussi à avoir la flexibilité qui a été demandée, pour
qu'on soit capables de mettre le bon personnel au bon endroit. Bien, toutes ces
réorganisations de postes là, il faut quand même suivre nos conventions
collectives. Et la convention collective qui donne le droit à l'ancienneté,
bien, c'est sûr qu'il faut avoir fermé un poste pour en ouvrir un autre, pour
que les bonnes personnes puissent appliquer dessus. C'est ça, nos conventions
collectives, puis on les respecte, mais ça prend du temps, faire cette
réorganisation-là.
Alors, de dire qu'on fait des coupures de
postes et de ne pas parler des ouvertures de postes qu'on fait pour avoir plus
le bon personnel au bon endroit, notamment dans les heures défavorables, je
pense qu'on n'a pas toute l'information. Et, je le dis, on va continuer
d'informer les gens, parce que c'est ça qu'on a demandé.
Bon, maintenant, sur la question du
Protecteur du citoyen, le Protecteur du citoyen, là, il a fait son rapport au
mois de mars 2024. C'est un peu difficile de mettre ça sur la faute de Santé
Québec, là. Santé Québec est arrivée à l'automne 2024. Bon, je veux juste
qu'on... soyons... je veux juste être clair, là, on ne peut pas mettre la faute
sur Santé Québec dans un rapport du Protecteur du citoyen qu'il a fait au début
de 2024, sur une période précédente, O.K.
Est-ce que... On a vécu une pandémie.
Est-ce qu'on a vécu des moments difficiles qui ont fait que... Mais quand je...
Je ne sais pas si le... le député de... de Jean-Talon l'a vu tantôt, quand j'ai
présenté, là, on n'est vraiment pas dans la baisse des investissements, là. Je
ne sais pas s'il était là au moment que je l'ai fait, là, mais l'ère libérale
de l'austérité, dont j'ai parlé tantôt, là... Bien, non, mais... Je m'excuse,
M. le Président, mais il faut dire les choses comme elles sont. Regardez la
période de la pandémie, qu'est-ce qu'on a fait là. On est passé de
44 milliards à 58 milliards durant cette période-là. Pourquoi qu'on a
eu des... une augmentation des coûts si importante? Parce que les besoins ont
changé, il fallait protéger... Alors, est-ce qu'on a eu des difficultés durant
cette période-là? La réponse, c'est oui. Mais on est quand même une des nations
qui s'est le mieux protégée contre la pandémie à travers l'Amérique. Alors,
écoutez, moi, je veux juste dire qu'il faut faire attention de vouloir mettre
Santé Québec à... en dessous de l'autobus.
Puis, je dirais, on reproche le p.l.
n° 15 d'avoir été fait en bâillon. On a quand même fait 90 % des
lois, 1 600 lois, durant 250 heures, ensemble. Ils ont été discutés, là.
Il y a... j'ai deux collègues qui sont en face de moi, là, qui ont participé à
tout ça, là. Alors, de dire que ça a été mis dans la gorge des gens, là, je
trouve qu'on exagère un petit peu. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre.
Alors, M. le député de Côte-du-Sud, prenez le relais.
M. Rivest : Merci. Je vais
poursuivre ce qui vient d'être dit, puis suite aux propos, aussi, de... du
collègue de... de Jean-Talon. Donc, on le sait que les défis, là, ils restent
nombreux, puis que l'année qui s'est terminée, je peux vous dire que je vois un
témoignage important de l'engagement sans faille que nous avons, puis de notre
volonté ferme, réelle de moderniser le système de santé, puis ça se poursuit au
quotidien. Mais je suis obligé de revenir... parce que peut-être que mon
collègue n'avait pas entendu ma première intervention. Mais je dois rappeler
que...
• (11 h 20) •
(Interruption)
Le Président (M. Provençal)
:...votre intervention, monsieur.
M. Rivest : Donc, juste de
repartager l'information au niveau de... des éléments factuels de
Chaudière-Appalaches. Actuellement... puis c'est une donnée, M. le Président,
de février, là, c'est une donnée toute... toute neuve, qu'il y a 1 044 postes
de disponibles en Chaudière-Appalaches. Et de rappeler également, comme mon
collègue ministre de la Santé a mentionné... je me souviens, je me souviens des
1 600 articles, des 250 heures réalisées en travail pour la plus grande
commission parlementaire qui a été réalisée par le... le Québec, puis tenue
ensemble... je dois rappeler qu'il faut d'abord travailler tous...
M. Rivest : ...puis aider,
puis collaborer, être présent et s'assurer qu'on puisse faire ce travail-là
collectivement, pour le mieux-être collectif de tout le Québec, M. le
Président.
Je dois rappeler qu'une des réalisations
phares de cette année puis du travail réalisé avec le projet de loi 15,
dans le but... et qui visait à améliorer la gouvernance puis l'organisation des
services. La réforme réalisée, elle s'articule autour de la création de
l'agence Santé Québec, une entité qui autonome, dont le mandat est de
simplifier la gestion et d'assurer une meilleure coordination des soins. On en
a parlé aussi, dans les différents échanges avant, ça fait six mois, M. le
Président, que Santé Québec est mis sur pied. Il faut les laisser travailler.
Grâce à cette modernisation, le ministre a
posé les bases d'un réseau qui se veut plus agile, d'un réseau qui se veut plus
décentralisé, plus humain, plus proche des gens puis mieux adapté évidemment
aux besoins de notre population. J'en ai parlé d'entrée de jeu, dans mon
premier bloc d'intervention, du travail qui est réalisé dans ma
circonscription, l'hôpital, entre autres, de Montmagny, puis l'hôpital
Notre-Dame-de-Fatima, de La Pocatière, que je salue, l'ensemble des équipes,
encore une fois, pour dire comment leur travail, il est exceptionnel. J'ai eu
la chance aussi, dans les derniers mois, d'avoir une visite surprise de M. le
ministre dans notre hôpital à Sainte-Anne de... à La Pocatière, à
Notre-Dame-de-Fatima. Puis je peux vous dire que ces échanges qui ont été
réalisés, avec des médecins, avec des infirmières, étaient des éléments qui
portent à croire que le travail qu'on réalise aujourd'hui est bien senti par
les Québécois, d'abord, mais aussi par le système qui voit combien passer de
40 milliards à 60 milliards, dans quelques années, bien, il faut
revoir et moderniser et s'assurer que la gouvernance de tout ce vaste
système-là puisse se faire avec la meilleure efficience possible.
Un autre point que j'aimerais partager
avec mes collègues, ça a été aussi la gestion améliorée aux urgences grâce à la
mise en œuvre d'un plan de gestion de débordement des hôpitaux. Je peux
comprendre que ce n'est pas parfait, mais on met sur pied les éléments qui va
nous amener à développer et d'améliorer évidemment l'accès de la première
ligne. Ces plans, ils sont basés sur une meilleure coordination entre les
services hospitaliers, les soins à domicile, qu'on a parlé également ensemble,
puis qui ont permis de réduire des séjours prolongés en urgence pour des
patients qui sont en attente d'un lit. Est-ce que c'est parfait? Non, mais nous
sommes en action, M. le Président. Puis également, je dois dire que, dans les
récents mandats qu'on s'est donnés, les 50 mesures du plan santé, bien,
ils mènent tous vers un meilleur accès pour le patient. On le voit, M. le
Président, on est sur la bonne tendance. Depuis les derniers mois, on commence
aussi tout juste à faire plus de chirurgies que les demandes qui sont en... qui
rentrent. Donc, pour la première fois depuis 2020, nous sommes passés sous la
barre des 10 000 personnes
en attente, et ça continue de descendre. On va continuer le travail, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. Je vais
maintenant céder la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Juste avant de rentrer dans le cœur
de mon propos, là, je veux revenir sur certains des... certaines des choses qui
ont été avancées par les députés et le ministre. D'abord, la députée de
Marie-Victorin qui nous parle de : Ça va donc bien dans les CLSC depuis
qu'on est là. L'urgence du CLSC de Fortierville, elle est fermée, hein? On a
voté... on a voté ici, là, 98 à 0 pour l'ouvrir 24 heures sur 24,
98 députés, incluant le ministre de la Santé, la députée de Marie-Victorin,
le député de Côte-Sud, tout le monde a voté, puis elle est encore fermée.
Alors, on peut-tu nous dire c'est quoi, le plan pour l'urgence du CLSC de
Fortierville?
Elle nous a dit : Ça va donc bien
dans les CLSC? Le CLSC du Lac-Brome, il a été fermé tout l'été au complet, tout
l'été. Je sais que c'est... le ministre nous dit qu'il devrait... On devrait
trouver des exemples positifs aussi, des fois, mais ce n'est pas facile. Dans
son propre propos, il nous a dit : Ah! il faut aussi compter les postes
qu'on ajoute. Puis, en Abitibi, bien, on a coupé 111 postes, mais on en
rajoute 37. Ça fait longtemps que je n'ai pas fait un cours de maths, mais dans
ma tête c'est moins 74, ça. Il y a quand même 74 postes de moins. Puis le
député de la Côte-du-Sud qui nous dit que la priorité numéro un du
gouvernement, c'est la santé, mais je pensais que c'était l'éducation, je...
M. Fortin :...pensais que le premier ministre, il était revenu en
politique pour l'éducation puis il nous parle des urgences. Et là je vais je vais
accorder ça au ministre de la Santé, preuve de l'indépendance de Santé Québec,
pendant qu'on est ici ils ont publié des chiffres sur ce qui se passe dans les
urgences. Et voici : évolution du taux d'occupation sur civière au Québec.
2022 2023, 103 %, 2023-2024, 111 %, 2024-2025, 115 %. Je ne
pense pas que j'aie besoin de rappeler aux députés le titre de La Presse il y a
quelques semaines : Pires taux d'occupation en cinq ans.
Évolution du taux d'occupation sur civière
par région, regardez, regardez ce qui se passe à Montréal. C'était 112 %,
il y a deux ans, c'était 126 %, l'an dernier, puis c'est 140 % cette
année. On ne peut pas nous dire que ça s'améliore, là. Pour... Je cite Santé
Québec ce matin, il n'y a pas plus tard qu'une demi-heure : «Pour l'ensemble
du Québec, la durée moyenne de séjour est passée, quant à elle, de 18,2 heures
à 18,4 heures. On s'en va dans la direction opposée de ce que le ministre de la
Santé avait promis, de ce que le premier ministre avait promis lorsqu'il a été
élu, en 2018.
Et, M. le Président, moi, là, j'en suis,
là, des... Je comprends les députés, là, qui disent: On veut se féliciter,
comme gouvernement, on travaille fort, mais la réalité, c'est que les Québécois
ne sont pas mieux servis. Le service, il est pire en ce moment. Il y a 5% des
Québécois qui pensent que ça va mieux aujourd'hui qu'en 2018, quand le
gouvernement de la CAQ est arrivé au pouvoir.
Alors, je reviens à mon propos initial, M.
le Président, le propos initial, là, qui était de dire au ministre : Si on
peut tous quitter ici à midi avec un peu de clarté, ce serait déjà ça. Puis
j'ai entendu le député nous dire : Oui, il y a des tableaux de bord,
c'est... on est transparent comme personne ne l'a jamais été. Oui, transparent
comme personne ne l'a jamais été : les conseils d'administration
d'établissements, là, ils se rencontrent à portes closes, sans que personne
n'ait l'agenda, sans que personne ne sache c'est qui, les rencontres, on n'a
aucune idée de ce qui se discute là. Alors, si on veut réellement être
transparent, si on veut vraiment faire preuve de transparence, là, puis donner
aux gestionnaires un mandat clair, et je reviens à ma demande initiale au
ministre... Parce que les gestionnaires, ce qu'ils ont entendu à date, c'est
qu'il faut qu'ils coupent 1,5 milliard, c'est qu'en Outaouais il faut qu'ils
coupent 97 millions, c'est qu'en Gaspésie il faut qu'ils en coupent 44, sur la
Côte-Nord, plus de 100 millions. Puis ça, tantôt, le ministre nous
disait : Bien, on ne fait pas des coupes paramétriques. Bien Nnon, on
prend les régions où ça va le plus mal puis on leur demande le plus grand
effort.
Alors, est-ce qu'on peut nous dire c'est
quoi, le montant des restrictions budgétaires? Est-ce que c'est 1,5 milliard?
Est-ce que le ministre de la Santé a vraiment jeté du leste? Est-ce qu'il tient
à son 1,5 milliard? Est-ce qu'on peut donner une cible exacte par région? Parce
que les gestionnaires, aujourd'hui, ils coupent parce qu'ils pensent que c'est
1,5 milliard. Alors, si ce n'est pas ça, est-ce qu'on peut le dire?
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Dubé : Bien, écoutez, je
vais faire encore des clarifications parce que, malheureusement, là, il y a
plusieurs choses qui ont été dites ou, des fois, des demi-vérités. La première,
c'est tout à fait faux, M. le Président...
Une voix : ...
M. Dubé : M. le Président, je
vais répondre à la question.
Le Président (M. Provençal)
:Oui, mais on s'en tient, là, on...
M. Dubé : Oui, O.K., je vais
faire une correction.
Le Président (M. Provençal)
:S'il vous plaît.
M. Dubé : De dire que les
conseils d'établissement se font à portes closes, c'est faux. C'est faux.
M. Fortin :...journalistes.
• (11 h 30) •
M. Dubé : Bien, c'est ça,
vérifiez, demandez aux journalistes de vérifier comment la première réunion qui
s'est faite, c'était pour avertir tout le monde de la procédure qui allait être
suivie. Les conseils d'établissement qu'on a mis dans le p.l. no 15, M. le
Président, là... C'est la première fois qu'il va y avoir des élus, soit
municipaux, ce que Michel Clair avait demandé. Ce n'est pas des portes closes.
Les conseils d'établissement vont se faire avec la participation du public,
alors c'est pour ça que je fais cette correction-là, parce que c'est faux.
Deuxièmement, ce que j'aime beaucoup, je
vais le répéter, sur l'équilibre budgétaire... je vais le répéter, là, parce
que... le député pourra dire qu'on ne l'a pas dit, mais ce qu'on a dit quand on
a pris connaissance...
11 h 30 (version non révisée)
M. Dubé : ...de l'estimé du
déficit, on a dit : Ce qu'il faut faire, c'est de viser l'équilibre
budgétaire pour être capable de se rapprocher d'ici la fin de l'année. Mais je
l'ai dit clairement, il y a des gens qui ne seront pas capables de le faire
parce qu'il y a des problèmes en région, qui ont encore de la main-d'œuvre
indépendante, etc. Alors, je pense que le jugement, M. le Président... Puis je
l'ai dit : minimiser l'impact sur les services. La commande est très
claire. Il y a des P.D.G. qui nous disent : On va être capables, nous,
dans notre cas, mais il y en a d'autres qu'ils ne seront pas capables. Puis on
va les appuyer, on va les aider. C'est ça, faire de la gestion, et non des
coupures paramétriques comme les libéraux ont fait. Je sais que le député de
Pontiac n'aime pas ça que je compare avec l'ère libérale. Mais ce n'est pas la
même chose du tout. On fait ça en termes de gestion, on ne fait pas ça comme ça
a été fait dans les années libérales. Je le sais, qu'ils n'aiment pas ça, M. le
Président, quand je dis ça, là, mais c'est ça, la réalité. Bon.
Maintenant, maintenant, je veux juste qu'on
regarde quelques éléments sur l'urgence. Une autre chose qu'il n'aime pas que
je dise, c'est qu'on a des augmentations de volume. Il y a plus de monde qui
passe, O.K.? Puis j'ai toujours dit que les améliorations à l'urgence, elles se
font. Les taux baissent malgré le fait qu'on voit plus de monde. Alors, il faut
faire attention. Parce que le député, il est intelligent, mais il ne peut pas
juste prendre une donnée. S'il prend le taux d'occupation, c'est sûr qu'en ce
moment, quand on est en période grippale, ou etc., les taux d'occupation sont
élevés. Savez-vous combien de personnes de plus on a passé à l'urgence à la 10 ᵉ
période, là, de plus? Je vais vous donner un chiffre, là. L'an dernier, à
pareille date, on avait 2,7 millions Québécois qui étaient passé à l'urgence.
Combien on en a, là? C'est près de 3 millions, près de 3 millions. Et
ça, là, M. le député, là, allez voir, là, ils sont dans nos statistiques. Ça
fait qu'on peut bien dire que c'est difficile en ce moment dans nos urgences,
mais il faut regarder tout. On peut bien regarder le taux d'occupation, on peut
bien regarder... Oui, on a baissé juste de deux heures le temps d'attente. C'est
énorme d'être capable de baisser le temps d'attente de 2 heures quand tu
as 200 000 ou 300 000 personnes de plus qui montent. Alors, je
veux juste dire, ils ont toute l'information pour... Alors, quand je dis qu'on
ne peut pas juste regarder ce qui va mal, il faut être capable d'avoir l'analyse
complète puis de dire : Oh! là, je comprends l'impact d'avoir plus de
personnes qui passent à l'urgence.
Je donne juste cet exemple-là. Quand on
parle des chirurgies, puis j'aimerais revenir sur les chirurgies parce qu'on en
parle souvent, c'est sûr que la pandémie a créé une liste d'attente incroyable.
Puis ça me dérange autant que tout le monde ici. Par contre, la bonne nouvelle
qu'il faut regarder, tout à l'heure mon collègue l'a dit, on a réussi pour la
première fois à baisser nos chirurgies en attente de plus qu'un an, on avait...
c'est l'engagement qu'on a pris, de faire ça le plus rapidement possible. Le
mois dernier, on est revenu au niveau prépandémie. C'est quand même incroyable,
là. Est-ce que c'est parfait? Il reste encore 8 000 personnes sur la
liste. On en avait 23 millions il y a un an. Est-ce que c'est parfait?
Non. Mais savez-vous pourquoi on a été capable de le faire? C'est la première
année qu'on revient à un volume de chirurgies équivalent à ce qu'on avait avant
la pandémie. Donc, il ne faut pas juste regarder les listes d'attente. Est-ce
qu'on est en train de faire les bonnes choses pour baisser nos listes d'attente?
La réponse est oui. On fait plus de chirurgies qu'on en faisait en 2019 avant
la... C'est la première année que ça arrive. Il faut regarder les statistiques
comme il faut. Puis c'est à ça que ça sert, un tableau de bord.
Le Président (M. Provençal)
:Maintenant, Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Dorismond : ...Président.
Je voulais revenir aussi sur la méthode de prévention de mon collègue de
Jean-Talon pour dire que le ministre a fait une déclaration en annonçant une
politique sur la prévention. Et rappelons aussi que la population est
vieillissante et... les maladies chroniques aussi. Renforcer l'approche
préventive permettra de mieux soutenir et pérenniser l'accessibilité du système
de santé pour les années à venir. Donc, il y a tout le plan d'action aussi de
la prévention de 2024 à 2026, le Programme québécois de cancérologie, très axé
sur le dépistage, l'élargissement, la couverture de plusieurs vaccins, dont
celui du VRS, Zona, VPH, l'accès au dépistage du cancer colorectal directement
liés à des points de services locaux. Il y a aussi l'élargissement du dépistage
du...
Mme Dorismond : ...cancer du
sein aux femmes de 50 ans à 74 ans. Sauf si, comme moi, femme noire, on est
plus à risque, on peut l'avoir... on peut faire le dépistage avant. Il y a
aussi toute la stratégie gouvernementale, la fierté de vieillir, que je suis
très fière aussi. Et, comme je l'ai dit tout à l'heure, quand je marche dans la
rue, la population me parle beaucoup des maisons des aînés. Et j'ai eu
l'honneur d'inaugurer la 38ᵉ maison des aînés avec Mme Bélanger et mon collègue
M. Carmant, mon voisin de circonscription. Ça va toucher 2 500 places ouvertes,
c'est 84 % d'occupation de la capacité maximale. Et j'étais heureuse de
voir qu'il y avait autant de professionnels de la santé qui étaient présents
cette journée-là pour l'inauguration, pour nous accueillir, mais aussi les
aînés qui étaient là avec leurs proches aidants.
Et la Maison des aînés, c'est
l'approche... l'approche humaine qui est présente, qui rayonne aussi dans cette
maison. Une meilleure intégration des personnes de... proches aidantes. Ils ont
une chambre à eux. C'était magnifique de voir ça. Et on se rapproche aussi
davantage à... du milieu de services à domicile. Il y a un beau milieu de
travail pour le personnel. On ne travaille pas de façon quotidienne, là, les...
les personnes, s'ils décident de se lever à 10 heures, ils se lèvent à 10
heures. Si les personnes veulent se lever à 7 heures, il y a des personnes qui
seront là pour les accueillir à 7 heures du matin. C'est la liberté. C'est
comme si on était à la maison. C'est moderne. C'est moderne, c'était très joli,
C'est à échelle humaine, c'est plus fonctionnel, c'est un chantier pour une
génération.
Et il faut se dire que nos aînés, c'est
nos bâtisseurs du Québec, on leur doit bien ça. C'est une dimension, que je
vais répéter tout le temps, c'est humain, ça sera au cœur des relations entre
les résidents, leurs proches, le personnel et la communauté. Aussi, dans les
dernières années, il y a eu des grands efforts qui ont été déployés par notre
gouvernement pour adapter les milieux d'hébergement en réalité actuelle et pour
qu'ils correspondent davantage aux désirs des Québécois et de bénéficier des
milieux de vie à échelle humaine, dans des lieux chaleureux, stimulants et
épanouissants.
Aujourd'hui, moi, je peux témoigner de ces
efforts-là, démontrés par le gouvernement qui est à l'écoute des personnes
aînées, des besoins de la communauté aussi. On a travaillé d'arrache-pied pour
tout repenser l'offre de services d'hébergement, de repenser aussi la connexion.
Il y a certains CISSS et CIUSSS qui avaient déjà pensé à équilibrer les CHSLD,
soutien à domicile, les RI, les RPA, pour faire un tout, parce que, des fois,
la personne aînée peut se promener, et que son dossier peut être suivi. Mais la
Maison des aînés, ça l'amène vraiment plus un côté humanitaire. Le proche
aidant peut être là, il n'y a pas de... restrictif. C'est vraiment un beau
projet.
Et, pour moi, ce qui est important et
clair, c'est de garantir un accès universel équitable aux soins de santé. Et,
M. le Président, nous sommes déterminés à continuer à améliorer notre système
de santé pour le bien-être des Québécois et pour que les Québécois en aient
pour leur argent.
Le Président (M. Provençal)
:...madame. Alors, je vais maintenant
céder la parole à la députée de D'Arcy-McGee pour cinq minutes.
• (11 h 40) •
Mme Prass : M. le Président,
je voudrais revenir sur les propos de la collègue de Marie-Victorin, dont elle
a mentionné plus tôt, quand elle se vantait des réussites, par exemple, d'Aire
ouverte, Aire ouverte, qui a 42 points de service à travers le Québec et qui a
trois psychologues disponibles pour nos jeunes dans les 17 régions du Québec,
dans ces 43 points de service. Donc, comment elle voit ça, comme une réussite?
Moi, je ne comprends pas cette réalité-là. Et Agir tôt, Agir tôt, que la
communauté appelle maintenant agir tard, parce que, oui, les diagnostics se
font, mais les services ne suivent pas. Donc, être fier de programmes qui font
en sorte qu'ils ne livrent pas justement ce qu'ils promettent, on devrait se
gêner un petit peu.
On va parler du chèque emploi-service et
revenir à la question de qui est bien le patron. Parce que quand j'ai
questionné la ministre des Aînés au mois de décembre, quand on a su que, du
jour au lendemain, des familles, des gens avec... vivant avec un handicap ont
su que leurs heures de chèque emploi-service, qui sont essentielles pour eux,
allaient être coupées du jour au lendemain...
Mme Prass : ...la ministre a
dit que ce n'est pas sa décision à elle, qu'elle n'était pas d'accord avec
cette décision. Et la journée même, elle est sortie sur ses réseaux sociaux, et
je la cite : «Soyons clairs, aucune directive de couper dans le chèque
emploi-service aux familles n'a été donnée. Le chèque emploi-service doit être
préservé. Je demande aux établissements de ne pas couper dans les services aux
usagers.» Dans la même semaine, le sous-ministre de la Santé a également écrit
à Santé Québec, dans le cadre de ce même dossier, pour lui rappeler, et je le
cite, qu'«il importe de s'assurer que les services soient maintenus au sein des
différents établissements et que la clientèle admissible continue d'être
desservie à la hauteur de leurs besoins». M. le Président, nous sommes deux
mois plus tard, et les familles... et les individus continuent de se faire
couper leurs heures de chèques emploi-service. Donc, si c'est la ministre qui
est responsable du programme, pourquoi quand elle dit à Santé Québec qu'il ne
faut pas couper, bien, eux, ils procèdent. Et c'est justement la raison pour
laquelle il était nécessaire qu'il y ait un vice-président associé aux services
sociaux, soit autour de la table à Santé Québec, parce que, clairement, le fait
qu'ils ne sont pas là, il n'y a personne pour défendre ces personnes
vulnérables là et les différents programmes qui font en sorte qu'ils peuvent
vivre avec... en dignité.
Encore dans le cadre du chèque
emploi-service, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse ont
pensé nécessaire, eux également, de s'adresser sur ce sujet. Encore une fois,
je cite : «La commission se dit vivement... excusez- moi : «La
commission dit s'inquiéter vivement des réductions du nombre d'heures de
service accordées au soutien à domicile pour les personnes en situation de
handicap, puisque ce soutien est essentiel pour préserver leur autonomie et
leur assurer des conditions de vie respectueuses de leur dignité. Que ces
réductions à ce soutien qu'elle considère comme essentielles, car il permet aux
personnes de préserver leur autonomie et de rester chez elles, plutôt qu'en
ressources d'hébergement, et de bénéficier ainsi des conditions de vie
respectueuses de leur dignité.» Quand la Commission des droits de la personne
sort, quand la ministre elle-même sort, quand le sous-ministre lui-même sort et
que Santé Québec décide d'ignorer tous les trois, bien là, encore une fois, on
se pose la question : C'est qui, qui est le patron?
Et, justement, on pouvait prévoir, jusqu'à
un certain point, cette situation, parce que lors du projet de loi n° 15, quand
ils étaient en commission, les ex-commissaires de la commission Laurent sont
sortis pour réclamer des garanties que la nouvelle Agence Santé Québec assurait
aussi la mission des services sociaux. Car, pour eux, il s'agit ici d'une
question fondamentale d'affirmation et de reconnaissance des deux grandes
missions complémentaires. Et ils voyaient, en le projet de loi n° 15, qu'il
n'y avait aucune garantie que les services sociaux obtiendraient les ressources
nécessaires dans la nouvelle structure du réseau de la santé. Et c'est
exactement ce qu'on voit aujourd'hui, c'est exactement ce que moi j'entends sur
le terrain, tous les jours, dans mon bureau de comté. Comme je suis sûre, c'est
le cas pour les 124 autres collègues qui reçoivent des appels de personnes qui
sont en situation de désespoir, parce que le peu de services qu'ils recevaient
déjà pour maintenir leur autonomie sont maintenant disparus d'une journée au
lendemain.
C'est qui, à Santé Québec, qui va parler
au nom de ces personnes-là? Parce qu'encore une fois, ce n'est pas Santé,
Services sociaux Québec, iIl n'y a pas de VP pour les services sociaux. Il n'y
a personne autour du conseil d'administration qui est responsable des services
sociaux. Donc, on se demande... ça va aller de plus en plus mal et c'est
vraiment un abandon pour ces personnes-là. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme la députée. M. le
ministre, pour la conclusion, 10 minutes.
M. Dubé : On est déjà rendus
à la conclusion. Bon, premièrement, je veux remercier mes collègues, parce que
ça a été une belle discussion, puis je pense qu'on est là pour ça. Puis je le
dis, là, j'ai entendu des choses aujourd'hui, puis je veux qu'on en tienne
compte. Puis j'apprécie, j'apprécie ce qui est fait, puis c'est pour ça que
j'étais content de venir aujourd'hui.
Vous annonciez qu'il y a eu une nouvelle,
tout à l'heure, pendant qu'on se parlait, mais j'en ai une autre à vous dire -
puis vous allez l'apprécier - qui vient de sortir. Notre gouvernement, par
l'intermédiaire du Trésor, vient de s'entendre avec la FMOQ pour reconduire le
programme GAP. Et ça, je pense, c'est une très, très bonne nouvelle pour les
Québécois. Ça va être sur le fil de presse, si ce n'est pas déjà fait, mais on
me dit ça à l'instant. Puis vous vous souvenez comment ça a été difficile la
dernière fois de renouveler l'entente GAP, là, alors là, elle a été renouvelée
en collaboration avec la FMOQ, je veux les saluer. Mais c'est une très, très
bonne nouvelle que d'être capables, en parallèle avec la négociation...
M. Dubé : ...des médecins de
s'entendre sur le renouvellement du GAP. C'est plus de 1 million de Québécois,
là, qui utilisent le service d'accès, donc, une très bonne nouvelle.
Juste qu'on revienne, là, sur la question
du chèque d'emploi service. Je ne veux pas rentrer dans ma conclusion tout
seul... tout de suite, pardon, mais c'est quand même Santé Québec qui a la
responsabilité de s'assurer que les ressources sont bien réparties. Puis le
chèque d'emploi service, pour moi, là, il est très, très, très important. Puis
ce qu'a dit la collègue tout à l'heure, je vais répéter, là, quand il y a des
éléments où on se dit : Woups! Ça, ce n'est pas à notre goût, notre
travail comme ministre, comme députés, puis c'est la même chose pour les
députés qui sont en face... de nous le dire, puis on va demander les
corrections nécessaires. C'est ça. C'est ça, notre travail. Je le dis souvent,
c'est un gros... c'est un gros paquebot à changer, et, quand il y a des gestes
qui peuvent être corrigés, on va le faire.
Maintenant, je parle souvent de gestion de
changement, puis j'aimerais conclure un peu là-dessus, parce que, vous savez,
j'en parle souvent, puis ce n'est pas facile, faire ce qu'on fait là. Puis,
encore une fois, je respecte beaucoup le rôle de l'opposition, mais on a quand
même pris un réseau qui était très, très mal en point, lorsqu'on a été au
gouvernement, puis, malheureusement, puis ce n'est pas la faute de personne, on
a eu une pandémie qui est venue encore plus mettre à mal le réseau. Mais ce que
j'ai entendu aussi, aujourd'hui, entre autres, du député, puis il l'a dit
hier... il a dit : On est chanceux d'avoir le tableau de bord puis
l'information parce qu'on est capable de picosser un peu le ministre. Il n'a
pas dit ça comme ça, mais c'est ça que ça voulait dire, parce qu'on a
l'information de ce qui va mal. C'est correct, je suis d'accord, mais j'ai
aussi précisé que, des fois, il faut regarder ce qui va bien.
Mais on va continuer d'être transparent, mais
ce que je veux surtout que les Québécois retiennent, aujourd'hui, d'une
rencontre comme aujourd'hui, c'est toute la gestion du changement qui a été
mise en place par l'équipe. C'est une transformation qui est énorme. Je l'ai
dit souvent, cette semaine, dans les dernières semaines : Il n'y en a pas
d'autre, organisations, au Canada, qui ont 350 000 employés. Il n'y en a pas.
350 000 employés. C'est ça, Santé Québec. Alors, est-ce qu'il est normal
d'avoir des ajustements? La réponse, c'est oui. De coordonner les 34 entités,
c'est ça, le rôle de Santé Québec, puis c'est ce qu'on va continuer à suivre,
mais je le répète, j'ai pleinement confiance dans l'équipe qui a été mise en
place, bon.
Maintenant, j'ai énuméré souvent, M. le
Président, puis je l'ai fait au mois de novembre, on le fait aujourd'hui, mais
je vais continuer de le faire... continuer de mettre à jour des Québécois.
Parce que, oui, Santé Québex, officiellement, c'était le 1ᵉʳ décembre, puis je
pense que j'ai dit assez souvent qu'on ne peut pas leur demander en quelques
mois d'avoir réglé tous les problèmes. Ça, je pense que ce serait un peu
utopique de penser que quelqu'un qui a fait le moindrement de gestion... qu'on
retourne un bateau gros comme ça en quelques mois, bon. Moi, ce que je dis, c'est
qu'on a fait déjà pas mal de changements, puis des changements qui ont
fonctionné. Puis, quand je disais tout à l'heure qu'on n'a pas eu le temps, là,
bien, moi, une des grandes satisfactions que j'ai du travail que j'ai fait avec
mes collègues d'en face, c'est quand on a fait le projet de loi sur la MOI,
hein, pour enlever la main-d'oeuvre indépendante... quand on a fait le projet
de loi, puis je vous le montre ici, là, au mois de novembre dernier, quand j'ai
fait la mise à jour, là, je vous ai dit qu'on était en avance sur notre
objectif de diminuer les heures en main-d'oeuvre indépendante puis ramener des
gens chez nous pour le faire. C'était ça, l'objectif. On avait 60 % des
heures qu'on avait éliminées des agences. Donc, on était en avance dans notre
plan. Aujourd'hui, là, je suis allé voir dans des tableaux de bord qui sont
disponibles, on est rendu à 80 %. On s'était donné trois ans pour faire
ça. On est vraiment en avance. Puis ça... Je veux remercier les députés parce
que ça a été un beau projet de loi qu'on a fait ensemble, puis je suis content
de voir, aujourd'hui, que ça fonctionne, ça fait que... Mais c'est des gros
changements, puis il y en a... il y en a d'autres à faire, bon.
• (11 h 50) •
Maintenant, ça, c'est ce que j'appelle des
changements de fond, mais il nous en reste des gros à faire, des difficiles. On
l'a vu, hier, on était en consultations avec les médecins sur le projet de loi
no 83. Ce n'est pas facile de faire des changements. En parallèle, on est en
négociation avec les médecins. Puis je veux... je veux aussi informer les
Québécois parce que ça a été discuté hier puis je veux juste le mettre en
contexte, parce que 10 minutes de présentation, des fois, c'est difficile. J'ai
expliqué au Dr Amyot, puis là je pense aux médecins de famille, j'ai dit :
Oui, il y a la... ce qu'on... il y a le projet de loi no 83...
M. Dubé : ...il y a les
négociations. Mais j'aimerais ça qu'on reconnaisse aussi tout ce qui est fait
en parallèle. Je viens de donner un exemple, là. On vient de s'entendre sur le
GAP. Ça va faire une grosse différence, ça. Alors, oui, peut-être que ça va
prendre du temps avoir la prochaine négociation avec les médecins, à moins que
Mme LeBel, la présidente du Conseil du trésor fasse du miracle, là, ça peut être
encore assez long, mais, en attendant, on fait des choses. On vient de régler
le GAP. Pour moi, c'est une grosse nouvelle, là. Deuxièmement, on a dit qu'on
allait changer le système de PREM, le Dr Amyot, peut-être qu'il l'a oublié
hier, là, mais il participe à ce groupe de travail là, puis on s'est entendu
comment qu'on va changer les PREM, c'est gros, là, puis de façon à mieux
respecter en région. Le député, quand il va voir ça, là, j'ai hâte de voir,
mais je pense qu'il va être content, il va être très content, comment on va
maintenant travailler avec les régions pour que ça soit effectivement moins
coercitif au niveau des PREM.
Alors, pendant ce temps-là, on continue à
faire des choses, M. le Président, et c'est ça que j'appelle les changements de
fond. Ça fait que, quand je regarde ces changements-là qu'on est en train de
faire pour une meilleure prise d'accès, une meilleure prise d'accès, je l'ai
dit, moi, je veux que tous les Québécois aient accès à un professionnel de la
santé dans un milieu de soins en 2026. Alors, à ce moment-là, on va continuer à
mettre à jour tous les changements qu'on fait, ceux qu'on a pensés, comment ils
sont en train d'évoluer, ce que je viens de vous montrer. On suit ça de très,
très près. Les négos avec les médecins, les ententes qui nous restent à faire,
Mme LeBel... je devrais toujours dire la présidente du Conseil du trésor, elle
a fait un travail incroyable. Puis je ne dis pas ça parce que c'est notre
gouvernement, là, mais regardez tout le décloisonnement des professions qui est
en train d'être fait. Ça, là, pour être capable d'avoir des infirmières, des
IPS qui peuvent prendre des patients en charge, pour être capable d'avoir des
pharmaciens maintenant qui peuvent prendre directement des prescriptions, tous
ces changements-là qui prennent du temps à faire, qui prennent du temps à faire
sont faits grâce à ces changements-là du décloisonnement des professions qui a
été faite par ma collègue au Trésor.
Alors, je veux juste que les Québécois...
Puis c'est pour ça que je m'adresse à eux, là. Ce n'est pas parfait où on est
rendu, loin de là. Puis, encore une fois, j'apprécie le travail de l'opposition
de nous les soulever pour qu'on puisse les adresser, mais en même temps il faut
qu'on comprenne que c'est ensemble, toutes ces actions-là qui vont finir par
avoir un impact. Et tantôt, quand je parlais des urgences, bien, je donnais cet
exemple-là parce que... On a des vents contraires. On a des vents contraires
qui font que, bien, il y a plus de population, puis on a un engagement envers
le panier de services, puis, le panier de service, il faut les servir ces
gens-là. Ça fait que peut-être que les améliorations ne vont pas aussi vite
parce qu'on a plus du monde de... on a plus de personnes à s'occuper, mais ça
fait partie de notre responsabilité. Et moi, je veux que les Québécois en
tiennent compte. Quand on publie des statistiques où on dit que ça va mal aux
urgences, je dis : Faisons attention, faisons attention parce qu'il faut
tenir compte de l'environnement. Puis, tout à l'heure, ma collègue, très
humaine, elle l'a dit, on a une grande responsabilité envers nos aînés. Puis,
quand on dit qu'on a plus de personnes en ce moment qui vont à l'urgence parce
que la population vieillit, bien, il faut tenir compte aussi de ça, puis on ne
peut pas les traiter aussi rapidement qu'un jeune qui s'est coupé un doigt ou
qui a besoin d'un point de suture, c'est un environnement différent.
Alors, je termine là-dessus, M. le
Président. On avance. Ce n'est jamais aussi vite qu'on veut, mais je pense que
nos équipes font un excellent travail. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre. La
conclusion finale vous appartient, M. le député de Pontiac.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président. On a entendu beaucoup de
choses aujourd'hui. On n'a pas entendu ce qu'on souhaitait réellement entendre,
c'est-à-dire des cibles claires, transparentes pour l'ensemble des
gestionnaires, mais on a entendu bien des affaires. On a entendu un ministre et
des députés dire : Bien non, on ne peut pas dire qu'il y a une
déshumanisation, le député de Pontiac ne peut pas dire ça. C'est le Protecteur
du citoyen qui le dit. Ce n'est pas nous qui a inventé ce terme-là, c'est le
Protecteur du citoyen, qui vous dit que le réseau, il est de plus en plus
déshumanisé. De la façon qu'on traite les gens, c'est de moins en moins
humanisé. J'ai entendu dire, de la part du ministre, que la première mission de
Santé Québec, c'était de...
M. Fortin :...les finances en ordre. On a passé — vous étiez
là, M. le Président — des heures et des heures, des centaines
d'heures à débattre de comment Santé Québec allait fonctionner, puis jamais on
ne nous a dit que la première mission de Santé Québec, c'était de remettre les
finances en ordre.
J'ai entendu le ministre dire que les
affirmations selon lesquelles les séances devaient être à huis... les séances
des conseils d'administration d'établissements devaient être à huis clos. Bien,
ce n'était pas tout à fait... ce n'était pas tout à fait vrai. M. le Président,
en date d'il y a deux jours, le CISSS de Chaudière-Appalaches dit : les
séances à huis clos jusqu'à nouvel ordre. Il y a deux jours, ils ont dit ça.
J'ai entendu le ministre vouloir faire la
comparaison avec les années libérales, en nous disant : Aïe! il n'aimera
pas ça, le député de Pontiac, mais je vais le faire quand même. Et il a
dit : Ça n'a pas d'allure, il y a des années où ils ont dépensé moins que
3 % d'augmentation dans le réseau de la santé. Je lui rappelle la mise à
jour économique de son gouvernement, qui prévoit que, l'an... l'an prochain, il
va y avoir une augmentation de 1,8 % des dépenses en santé.
J'ai entendu le ministre de la Santé
dire : Nous, on ne fait pas comme les libéraux, il n'y a pas de coupures
paramétriques. Bien non, ils font pire, M. le Président. Les coupures imposées
au réseau, en ce moment, là, c'est pire que des coupures paramétriques. Il
prend les régions où c'est le plus difficile, les régions qui n'arrivent pas à
boucler leur budget, pour toutes sortes de raisons, là, parce qu'ils n'ont pas
le personnel nécessaire puis ils sont obligés de faire affaire avec des
agences, parce qu'il y a un sous-financement historique, et il dit à ces
régions-là : Aïe! là, vous êtes allés plus loin que votre budget, c'est
vous autres qui allez rembourser davantage, c'est vous autres qui allez couper
davantage. Les régions où les citoyens ont déjà de la difficulté à avoir de
l'accès, vous le savez, M. le Président, les régions où c'est le plus
difficile, là, d'avoir de l'accès, la Côte-Nord, l'Abitibi, l'Outaouais,
Montérégie-Ouest, M. le Président, Montérégie-Ouest, qui doit couper
134 millions. Ça, là, c'est... c'est Châteauguay, Châteauguay. Je ne veux
pas rappeler à la commission ce qui s'est passé à l'urgence de Châteauguay
l'année passée, ou il y a quelques mois, je n'ai pas besoin, tout le monde le
sait, M. le Président. Je n'ai pas besoin de vous parler du taux d'achalandage
monstre à l'urgence Anna-Laberge, vous le savez, je le sais déjà.
J'ai entendu le ministre nous dire :
Aïe! on ne peut pas regarder les données que Santé Québec vient de sortir sans
considérer, sur l'urgence, sur l'augmentation des délais à l'urgence... sans
considérer l'ensemble de la chose, il y a une augmentation du volume de gens
qui vont à l'urgence. Bien, il a raison, le ministre a raison. Ça me fait
plaisir d'inclure, quand je parle de l'augmentation des délais d'attente à
l'urgence, qu'il y a plus de gens qui vont à l'urgence parce que ces gens-là ne
sont pas capables de voir leur médecin, parce que ces gens-là n'en ont pas, de
médecin, parce que ces gens-là sont incapables d'accéder au GAP. Le ministre
vient de nous dire : Aïe! le GAP est renouvelé, là. Bonne affaire. Le GAP
n'a jamais arrêté d'exister, là, il est encore là, il fonctionne encore, on
pouvait appeler le 8-1-1 encore, mais les gens sont incapables d'avoir un accès
de première ligne, alors ils se tournent vers l'urgence. C'est vrai qu'il y a
une augmentation, M. le Président, on va la mettre dans le contexte sans
problème.
• (12 heures) •
Moi, j'ai entendu le ministre et son
équipe nous dire : Aïe! ça va mieux au niveau des chirurgies. Peut-être,
mais je vais... je vais écouter le ministre et le mettre dans le contexte. Les
gens ne se rendent même pas à la chirurgie. Il y a 895 682 Québécois qui
attendent pour voir un spécialiste, 10 % du Québec attendent pour voir un
spécialiste pour peut-être se faire dire : Vous avez besoin d'une
chirurgie. Alors, si le blocage, il est avant même la chirurgie, on ne peut pas
nous dire : Aïe! on s'améliore, il y a moins de monde sur notre liste de
chirurgies. Les gens ne se rendent même pas là.
Ça, c'est sans compter les gens qui, dans
ma région, là... Puis, je le sais, vous allez me dire : C'est une région
particulière. C'est vrai, c'est le Ground Zero de la difficulté d'accès en
matière de soins de santé au Québec. Dans ma région, les gens attendent deux
ans pour avoir une IRM, deux ans. Ça, c'est des gens qui, selon les standards
du ministère de la Santé, ne devraient pas attendre plus que trois mois. Mais
quand on attend une IRM pendant deux ans, on ne se retrouve pas sur la liste
d'attente pour une chirurgie orthopédique, on est sur la liste d'attente
précédente. Ça, c'est sans compter les gens qui, dans ma région, attendent un
an et demi pour avoir une mammographie. On ne peut pas être sur la liste
d'attente pour une chirurgie si on n'est pas capable d'avoir une mammographie.
Mais, M. le Président...
12 h (version non révisée)
M. Fortin :...de tout ça, là. Le débat auquel on a assisté ou on a
participé aujourd'hui, les gens, auquel ils ont assisté, c'est le même qu'on a
eu il y a deux jours ici, lors de la motion du Parti québécois. C'est exemple
après exemple, les coupures de chèque emploi services, des coupures de
programmes en santé mentale, les coupures au niveau de l'hygiène dans nos
hôpitaux, des coupures au niveau des postes d'infirmières, des salles d'urgence
qui vont fermer, des services de mammographie le soir qui ne seront plus
disponibles, puis un gouvernement qui nous dit : Non, non, il n'y a pas de
coupures. C'est un gouvernement qui se met la tête dans le sable, M. le
Président. Et, pendant ce temps-là, je vous fais une petite prédiction, M. le
Président, demain, dimanche, lundi, mardi, mercredi, il va encore y avoir des
histoires qui vont sortir, de services coupés aux Québécois, de services
diminués aux Québécois. Ces services-là, là, ils étaient disponibles. Le
programme de santé mentale à Malartic, il était disponible, il ne l'est plus.
Et les coupures, ils vont continuer, parce que les gestionnaires continuent de
ne pas avoir de commande claire. Le ministre nous a dit : Il y a quelques
régions, oui, ça va être moins facile, mais on n'a pas de commande claire, on n'a
pas de perspective claire. C'est tout ce qu'on demandait au ministre aujourd'hui.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le député. Alors,
compte tenu de l'heure, je lève la séance, et la commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux au mardi 11 février, à 9 h 45,
où elle poursuivra un autre mandat. Merci beaucoup, bon retour dans votre
circonscription.
(Fin de la séance à 12 h 03)