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(Onze heures quarante-cinq minutes)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil
électronique.
La commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi numéro 15, Loi visant à
rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace. Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Alors, Monsieur Morin (Acadie) est remplacé par Mme Setlakwe
(Mont-Royal–Outremont).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Lors de l'ajournement
de nos travaux hier soir, les discussions portaient sur un amendement du député
de Rosemont proposant d'introduire un article 6.1 au projet de loi. M. le
ministre, je crois que vous deviez nous revenir avec une information sur cette
proposition, et je vais vous céder immédiatement la parole.
M. Dubé : Tout à fait. Alors,
M. le Président, merci beaucoup, et en ce beau vendredi, on va continuer nos
travaux. Sur la question de la motion, est-ce qu'on la voit toujours à l'écran
ou si c'est possible, de la revoir? Mais je me souviens qu'il y avait la notion
de gratuité, hein, c'est ça qui était...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, on va la projeter...
M. Dubé : ...oui, ici. Bon.
L'enjeu est le suivant, c'est technique, là, mais la notion de gratuité, si je
peux la résumer comme ça, elle n'est pas dans la LSSSS. Il n'y a aucune mention
de ça parce qu'elle est traitée dans la loi sur l'hospitalisation et la Loi sur
l'assurance maladie. Alors, je pense que c'est... vous allez me trouver tannant
pour commencer ce matin, là, mais ce n'est pas le bon endroit pour en discuter
parce que ce n'est même pas un concept qui est soulevé dans LSSSS puis qu'on
n'a pas du tout l'intention de reprendre dans la nouvelle loi, dans la loi du
projet de loi n° 15. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le député de
Rosemont.
M. Marissal : Oui. Bien,
bonjour, d'abord.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va bien, vous?
M. Marissal : Ça va, ça va.
Oui, ça va. Merci. Ce n'est pas dans la LSSSS, j'en conviens, je le sais. Donc,
qu'est-ce... Si c'est dans la RAMQ, ça couvre essentiellement le médical, les
médicaments aussi, là, qui sont couverts, donc ça laisse quand même tout un pan
de soins de santé qui ne sont pas couverts.
M. Dubé : Bien, je vais vous
donner un exemple, juste pour que vous compreniez ce que vous demandez, là.
Après avoir discuté avec mes légistes, si je laisse ça comme ça, là, les soins
esthétiques, qui ne sont pas en ce moment gratuits parce qu'ils sont offerts
dans un établissement, seraient remboursés.
M. Marissal : On parle de
soins esthétiques non médicalement requis?
M. Dubé : Des soins qui ne
sont pas nécessaires.
M. Marissal : C'est ça.
M. Dubé : Alors, c'est pour
ça que je dis, je pense que le débat n'est pas au bon endroit, il devrait être
au niveau de la Loi sur l'assurance-hospitalisation ou l'assurance maladie,
mais pas dans le projet de loi n° 15, qui reprend, encore une fois, les
mêmes termes que nous avons depuis 30 ans. Je pense que... Mais vous
voulez avoir le débat, c'est correct, mais on n'est vraiment pas au bon
endroit.
M. Marissal : Bien, ayons le
débat. Ou alors, savez-vous ce qu'on va faire? Parce que, là, le temps file,
puis ça arrive souvent les vendredis, là, qu'on... les travaux, au bleu,
s'étirent un peu, là, puis c'est correct parce qu'on avait une motion assez
émouvante aujourd'hui, là, sur la tragédie de Mégantic, ça fait que je ne veux
pas me plaindre que les travaux aient duré un peu plus longtemps aujourd'hui,
là, c'était essentiel. Ça fait qu'avec votre permission et le consentement des
collègues, M. le Président, savez-vous ce que je pourrais faire? C'est, en tout
cas, vous allez me le dire si c'est ça qu'il faut faire, l'enlever puis en
déposer un autre. Je ne peux pas le sous-amender parce qu'il n'est pas... Bien,
allez-y, je vous écoute.
Le Président (M. Provençal)
:Bien, écoutez, dans un premier temps,
il faudrait le retirer et, deuxièmement, vous pouvez redéposer un nouvel
amendement, qui introduit toujours un nouvel article, là. Parce que je vous
rappelle qu'on a suspendu présentement l'article 6 et un amendement qui
avait été déposé par le député des Îles-de-la-Madeleine, qui était en lien
avec... dans le respect de sa dignité, sur lequel on reviendra. Puis d'ailleurs
M. le ministre nous avait demandé d'attendre à la semaine prochaine pour
revenir sur l'amendement et l'article 6. Maintenant, dans la mécanique, je
vous suggère de retirer votre amendement qui introduit l'article 6.1 pour
en redéposer un nouveau.
M. Marissal : O.K. Savez-vous
ce qu'on va faire? Je pense, avec votre permission, là, on va le voter, il sera
canné, puis on va y aller avec l'amendement suivant.
Le Président (M. Provençal)
:Oui, oui. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions par rapport à l'amendement qui introduisait
l'article 6.1 au projet de loi n° 15?
M. Fortin :...le débat amorcé par le député de Rosemont, mais pas du
tout, là, parce que ça l'a sa place, ce débat-là, mais on peut-u présenter des
amendements à un article suspendu? Ça se fait-u, ça?
Le Président (M. Provençal)
:Ça, c'est un nouvel article.
M. Fortin :C'est un nouvel article. O.K.
Le Président (M. Provençal)
:C'est un nouvel article.
M. Fortin :C'est bon, c'est bon.
Le Président (M. Provençal)
:Vous avez raison de...
M. Fortin :Mais on peut-u même présenter quelque chose qui fait
référence à un article qui est suspendu? Parce que, là, il... je...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, parce que c'est vraiment un
nouvel article qui est introduit. Alors, il n'y a pas de problème.
M. Fortin : O.K., c'est
correct. C'est bon.
M. Marissal : Je trouvais
qu'il en manquait là-dedans, j'en ajoute.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
:Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement qui
introduit l'article 6.1 déposé par le député de Rosemont. Est-ce que cet
amendement-là est adopté?
Une voix : Adopté.
M. Marissal : Avec...
Le Président (M. Provençal)
:À vote nominal?
M. Marissal : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Mme la secrétaire, s'il vous
plaît.
La Secrétaire : Oui. Alors, M. Marissal
(Rosemont)?
M. Marissal : Bien, pour.
La Secrétaire : M. Dubé
(La Prairie)?
M. Dubé : Contre.
La Secrétaire : Mme Dorismond
(Marie-Victorin)?
Mme Dorismond : Contre.
La Secrétaire : Mme Poulet
(Laporte)?
Mme Poulet : Contre.
La Secrétaire : M. Chassin
(Saint-Jérôme)?
M. Chassin :Contre...
La Secrétaire : ...Madame
Blouin, Bonaventure?
Mme Blouin : Contre.
La Secrétaire : Madame
Lachance, Bellechasse?
Mme Lachance : Contre.
La Secrétaire : M. Fortin,
Pontiac?
M. Fortin :Pour.
La Secrétaire : Madame
Setlakwe, Mont-Royal-Outremont?
Mme Setlakwe : Pour.
La Secrétaire : Monsieur
Arseneau, Îles-de-la-Madeleine?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : Monsieur
Provençal, Beauce-Nord?
Le Président (M. Provençal)
:Abstention. Alors, le... l'amendement
qui introduisait un article 6.1 au projet de loi 15 par le député de
Rosemont est rejeté. Maintenant, ce que je comprends, M. le député de Rosemont,
c'est que vous voulez redéposer cette fois-ci un nouvel amendement, qui introduit
toujours un nouvel article 6.1?
M. Marissal : Oui, avec deux
minutes de suspension, juste pour permettre de finir, là, on va gagner du temps
comme ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, on va suspendre les travaux,
s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 52)
(Reprise à 11 h 58)
Le Président (M. Provençal)
:Nous reprenons nos travaux. Alors, je
vais inviter le député de Rosemont à nous présenter son amendement, qui
introduit l'article 6.1 au projet de loi n° 15. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, merci, M.
le Président. Alors, ça va comme suit : 6.1. Toute personne assurée en
vertu de la Loi de l'assurance maladie (chapitre A-29) a le droit à la gratuité
des services de santé et de services sociaux prévus par la présente loi.
Bref commentaire. Je le sais que le
ministre va me dire que ce n'est pas à la bonne place, mais c'est sur la bonne
loi, ça introduit l'idée... justement, on réintroduit l'idée de la gratuité...
introduit, je devrais dire, l'idée de la gratuité. Je suis en train de planter
des graines qui fleuriront pendant l'été, et qu'on récoltera dans nos travaux à
l'automne prochain. C'est, essentiellement, ça que je fais, je me prépare pour
la suite. Mais j'aimerais ça qu'on débatte quand même de la chose. Si le
ministre dit : Ce n'est pas le moment, ce n'est pas le bon temps, mais
qu'il dit qu'on fait le débat, je suis tout ouïe.
Le Président (M. Provençal)
:M. le ministre.
M. Dubé : Très bien. Je
voudrais juste, peut-être, M. le Président, que vous vérifiiez, s'il vous
plaît, si l'amendement est recevable, parce que, lorsqu'on parle de gratuité,
il y a un impact du financement sur... Je veux juste qu'on... avant de
débattre, là.
Le Président (M. Provençal)
:Oui, vous allez...
Alors, je vais suspendre, puis ma
secrétaire et moi, on va aller... on va se retirer quelques minutes pour faire
des validations.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
(Reprise à 12 h 22)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, on reprend nos travaux. M. le
ministre a soulevé une notion en lien avec l'amendement déposé par le député de
Rosemont qui introduit un nouvel article sur un point de gratuité. Avec la secrétaire
et d'autres personnes, vous savez, il existe quand même un recueil de
jurisprudence, là, juste pour vous dire, là, qu'il y a quand même plusieurs
éléments.
Cependant, compte tenu que, lorsqu'un
président de commission rend une décision, ça devient de la jurisprudence et
que ça peut servir pour d'autres projets de loi, en tout respect, j'aimerais
que le député de Rosemont accepte qu'on suspende son amendement pour que je
puisse vraiment avoir une décision étoffée qui va respecter l'ensemble des critères.
Parce qu'il y a des articles qui s'appliquent pour ce qui est d'une dépense.
Parce qu'en théorie c'est... le ministre, dans ses projets de loi, peut jouer
avec des dépenses, et théoriquement ce n'est pas un député qui peut amener de
nouvelles dépenses. Cependant, vous, vous faites référence simplement à une loi
qui existe présentement, qui est la Loi sur l'assurance maladie du Québec.
Alors, avec votre consentement, M. le
député, je me sentirais plus à l'aise si vous acceptiez la suspension. Je vous
promets que mardi, lorsqu'on reprend nos travaux, on débutera avec la décision,
et ça nous permettrait de poursuivre sur d'autres articles ce matin, là, même s'il
nous reste à peu près une demi-heure de travail. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, oui. Bien,
j'apprécie la décision, la sagesse de la décision. Vous n'avez même pas besoin
de me promettre, M. le Président, je vous fais parfaitement confiance pour la
suite des choses. Je pense, c'est sage de faire ça comme ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, consentement? Merci. Sur ce,
bien, merci beaucoup, j'apprécie énormément. Je vais mieux dormir durant ma fin
de semaine même si vous allez me faire travailler. Alors, M. le ministre, on va
aller au point sept.
M. Dubé : O.K., très bien.
Puis vous faites un excellent travail. Parce que, quand c'est des choses
techniques comme ça, je pense qu'on veut... on veut bien avancer. Merci
beaucoup.
Alors, l'article 7 : «Toute
personne a le droit de choisir le professionnel ou l'établissement duquel elle
désire recevoir des services de santé ou des services sociaux. Elle a également
le droit de recevoir ces services en présence. Rien dans la présente loi ne
limite la liberté qu'a un professionnel d'accepter ou non de traiter une
personne.»
Cet article énonce le droit d'une personne
de choisir le professionnel ou l'établissement duquel elle souhaite recevoir
les services de santé ou des services sociaux. Il est établi qu'une personne a
le droit de recevoir ces services en présence. Finalement, il précise qu'un
professionnel demeure libre d'accepter ou non de traiter une personne.
J'aimerais rappeler, M. le Président, pour
fin d'information additionnelle, dans notre tableau comparatif entre la LSSSS,
qui est notre base, et le projet de loi n° 15, si vous prenez le tableau
comparatif, vous allez voir qu'on a repris textuellement l'article 6 pour
notre article 7, à la différence que nous avons ajouté, à la fin du
premier alinéa, merci : «Elle a également le droit de recevoir ces
services en présence.» Puis la raison pour laquelle je le mentionne, puis là je
regarde les députés, entre autres le député de Pontiac, le député de
Maisonneuve-Rosemont...
M. Dubé : ...Vous vous souvenez
qu'on a discuté, lorsqu'on a fait p.l. 11, toute la question de la
télémédecine, qui a été confirmée. Et je pense qu'il est tout à fait normal, à
ce moment-ci, dans les droits, parce que, là, on est dans les droits, hein?, on
se rappelle, là, dans les droits, d'y ajouter le droit de le recevoir en
présence, parce que ce n'est pas toutes les personnes qui voudraient se faire
offrir la télémédecine et de le choisir.
Alors donc, je le répète, juste pour
clarification, c'est la copie conforme de l'article six, mais auquel on a
rajouté «elle a légalement le droit de recevoir ces services en présence». Je
voulais juste faire cette...
Le Président (M. Provençal)
:Cette Précision-là.
M. Dubé : ...cette
précision-là, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Y A-t-il des interventions concernant
l'article sept? Oui, M. le député de Pontiac.
M. Fortin :merci. Merci, M. le Président. J'apprécie la précision de
la part du ministre, de ses équipes, par rapport aux services en présence.
J'imagine qu'on n'est pas encore... Peut-être qu'un jour on va se rendre, mais
on n'en est pas encore rendus à dire qu'une personne a le droit de recevoir des
services en virtuel, peut-être, peut-être un jour, là, peut-être, mais on n'est
pas encore rendus là. Puis je ne pense pas que les soignants soient rendus là
non plus encore.
Mais ma question porte sur la notion
d'établissement. Puis ce n'est pas pour jouer dans ce qui est déjà là, c'est...
Encore une fois, là, c'est des médecins pour la décentralisation qui nous ont
dit de considérer la... Ou de reconsidérer la notion d'établissement. Eux
faisaient référence, et vous savez, ils l'ont mentionné souvent dans leur
audition, la notion de RLS. Donc, ça, c'est-à-dire, quand on dit : toute
personne a le droit de choisir son professionnel ou l'établissement,
l'établissement étant le CISSS ou le CIUSSS, là, essentiellement, donc santé
Québec Outaouais, Laurentides, etc. Donc, si j'ai le droit de choisir
l'établissement, donc, disons que je suis résident de quelque part sur une
ligne, entre deux, ou dans un centre urbain, là, j'ai le droit de dire :
Bien, moi, l'établissement que je veux qui me soigne, c'est le CISSS de Laval
et non le CISSS des Laurentides, par exemple. Mais, rendu là, est-ce que je ne
pourrais pas choisir l'hôpital de Saint-Jérôme ou l'Hôpital de Saint-Eustache?
M. Dubé : Dans... Si je peux
vous donner...
Le Président (M. Provençal)
:...M. le ministre.
M. Dubé : l'importance de cet
article-là prend acte que, même en ce moment, il y a des éléments de cette
loi-là qui ne seront pas respectés. Puis je vous dis ça parce qu'il y a
malheureusement... puis là, quand je dis des P.D.G., là, c'est pour simplifier,
des gestionnaires, ça va jusqu'à l'hôpital, vous disent : Écoutez, moi, je
regarde votre adresse, vous êtes par exemple du centre-ville de Montréal, puis,
en fin de semaine, vous avez un problème puis vous êtes dans les Laurentides,
bien, non. Mais c'est un droit du patient, ça.
M. Fortin :Donc, vous et moi, on est à Québec cette semaine, là. Vous
ne vous sentez pas bien à la fin de la commission, vous allez au...
M. Dubé : Je me sens très
bien, en passant, là, mais...
M. Fortin :Bien, O.K., je ne me sens pas bien, mettons. Mettons, là,
je me sens très bien, mais mettons que ça détériore dans les 35 prochaines
minutes, là, puis je vais au Jeffery Hale. Donc, ce que vous me dites, c'est
qu'il y a des gens... peut-être pas au Jeffery Hale en ce moment, mais il y a
des gens dans certains établissements, à certains endroits qui disent :
bien non, ton adresse est en Outaouais, va te faire soigner chez vous. Ça, ça
arrive en ce moment au Québec, ça?
M. Dubé : Oui.
M. Fortin :Et... O.K. mais je comprends qu'on ne change pas dans la
loi, là?
• (12 h 30) •
M. Dubé : Ah! pas du tout,
d'ailleurs, l'importance de ramener ça, alors c'est pour ça que je reviens
souvent. Là on est dans les droits de ce projet de loi, qui est un droit
fondamental de la LSSSS, qu'on ne fait que répliquer. Mais, quand... C'est
parce que votre question portait... L'établissement versus l'installation.
L'établissement, je sais que c'est tannant, là, mais c'est reconnu,
l'établissement, comme étant le CIUSSS, hein? Bon, alors, puis là, vous me
demandiez l'hôpital, indifféremment de quel hôpital, dans un établissement, ce
que je vous dis, c'est que c'est un droit fondamental de l'usager de se faire
soigner où il veut.
M. Fortin :O.K. Mais on va prendre ma question avant votre réponse,
disons, là. Dans...
M. Dubé : D'accord.
M. Fortin :Parce que c'est deux sujets connexes, mais pas tout à fait
la même affaire. Donc là, je regarde ça, puis on dit : «toute personne a
le droit de choisir l'établissement», j'enlève le... mais «l'établissement
duquel elle désire recevoir des soins», ça veut dire que moi, comme résident de
l'Outaouais, j'ai le droit d'avoir des services, par exemple, du CIUSSS chez
nous comme ailleurs. Mais, une fois que je suis dans le CIUSSS, je n'ai pas le
droit de choisir, je veux être traité à l'hôpital de Shawville plutôt qu'à
l'hôpital de Hull?
M. Dubé : Bien, je vais juste
vérifier, mais je ne pense pas que c'est ce qu'on dit dans l'article.
M. Fortin :Mais, parce que c'est ça qu'il dit. Quand, eux, ils disent
«par RLS», c'est qu'ils disent : les gens devraient pouvoir être choisis
d'être traités près de chez eux au lieu...
M. Fortin :...dans le grand établissement du CIUSSS ou du CISSS de l'Outaouais.
M. Dubé : Mais on est dans 8,
plus tard, c'est-u ça? Bien, je vous laisse répondre puis je...
Des voix : ...
M. Dubé : Ah! il veut me
parler à moi avant.
M. Fortin :Bien sûr. Pas de problème.
Le Président (M. Provençal)
:On va suspendre, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 12 h 33)
Le Président (M. Provençal)
:Vous pouvez y aller maintenant.
M. Dubé : Oui, puis on va
clarifier parce qu'on va entendre parler souvent dans les prochaines semaines d'établissement
versus installation. Ce que la loi actuelle dit puis ce que notre projet de loi
vient reprendre, c'est que le patient ou l'usager a le droit de choisir l'établissement.
De façon informelle, il y a des gens qui vont même accepter qu'ils choisissent
l'installation, c'est-à-dire l'hôpital, mais ce n'est pas un droit, le droit
est uniquement sur l'établissement.
M. Fortin :Mais ce que les gens des Médecins pour la décentralisation
sont venus nous dire, c'est que les gens devraient avoir le droit de choisir,
au-delà de l'établissement, le réseau local de santé. Donc, par exemple, pour
prendre un exemple que je connais, là, chez nous, là, quelqu'un qui est dans le
Pontiac aurait le droit de choisir d'être traité, soigné dans le réseau local
de santé du Pontiac, plutôt que dans le grand établissement de l'Outaouais.
Est-ce que ça fait du sens? Est-ce que ça fait du sens à vos yeux?
M. Dubé : Je comprends très
bien ce que vous demandez, mais là on est dans le comment. Puis je suis un peu
tannant avec ça, là, mais, en ce moment, c'est un principe qu'on ne veut pas
changer, le principe qu'on ait le droit de se faire servir où on veut. Mais, si
on commence à changer ça, là, il faut que je me dise : Avec qui, ça, va
être négocié? Alors, je vous dis que le principe fondamental ici est respecté,
même si, malheureusement... Puis je le dis, là, en ce moment, moi j'y tiens, à
cet article-là parce qu'on a des gestionnaires qui ne le font pas.
M. Fortin :Mais mon point, ce n'est pas de vouloir minimiser ou
déstabiliser ce qui est dans l'article en ce moment, c'est...
M. Dubé : Non, je comprends.
Vous demandez si on pourrait aller plus loin.
M. Fortin :Oui, c'est ça.
M. Dubé : Puis moi, ce que j'aimerais
vous dire, parce que vous savez que j'ai été très sensible à cette
présentation, là, des Médecins pour la décentralisation... selon moi, c'est
quelque chose qu'on pourrait faire dans le comment. Est-ce que ça pourrait
être, par exemple, une politique de Santé Québec? Parce que, vous savez, je dis
toujours la loi, les règlements, les politiques que Santé Québec va mettre en
place... Si vous le trouvez important, de revenir avec ça, moi, je n'aurais
aucun problème à le discuter dans le comment, parce que ça pourrait être une
politique de Santé Québec de dire qu'on va plus loin que l'article 6. Mais le
fondamental, il est là. C'est ma suggestion.
M. Fortin :O.K., mais on trouvera... je suis certain que vous allez
pouvoir trouver le moment où on pourra en discuter, là, peut-être, plus tard,
là.
M. Dubé : ...prendre bonne
note de ça, parce que je l'ai entendu souvent, ça, alors donc... mais au moins
qu'on ait le minimum qui est là.
M. Fortin :O.K.. Pour revenir sur le propos que vous avez tenu, là, il
y a quelques instants, puis je comprends que ce n'est pas une situation
anormale, ça arrive de toute évidence à l'occasion, à tout le moins, là, qu'il
y a des gens qui se pointent dans un établissement de santé et qui se font dire :
Tu n'habites pas dans la région, retourne dans ta région, on ne peut pas te
traiter parce que tu n'habites pas ici, ou on ne veut pas, ou on n'a pas la
capacité, ou peu importe.
M. Dubé : J'ai reçu, des fois,
des plaintes qui disaient ça.
M. Fortin :Oui. O.K.. Alors, est-ce qu'il y a une directive en ce
moment dans le réseau de la santé pour... Bien, je comprends que c'est dans la
loi, mais vous êtes le ministre... vous voyez une situation comme ça, la
réaction, c'est quoi?
M. Dubé : Bien, à ce
moment-là, ce qu'on fait, c'est... Bien là, en ce moment, vous connaissez la
structure, là, je n'ai pas mon unité de coordination qu'un jour on va avoir,
mais je suis obligé d'appeler, moi ou la...
M. Dubé : ...ministre
d'appeler : Écoutez, la loi dit ça, là, vous devez traiter cette
personne-là.
M. Fortin :Mais vous avez une structure qui vous permet quand même de
passer des directives au réseau de la santé.
M. Dubé : Oui, oui, mais
c'est très clair que, quand on entend ça, les gens n'ont pas respecté la loi.
M. Fortin :O.K. Alors, il y a une directive en ce moment dans le
réseau de la santé d'accepter tous les patients de partout au Québec.
M. Dubé : Tout à fait. Tout à
fait. Bon, ça fait combien de temps qu'elle n'a pas été mise à jour? Ça, je ne
le sais pas, là.
M. Fortin :O.K., mais il y en a une, directive.
M. Dubé : Ah! bien, c'est
sûr, parce qu'on est capables de... capables de dire : Regardez, c'est
très clair.
M. Fortin :Je me sens encore bien, mais, si je vais au Jeffrey Hale
tantôt puis ça ne marche pas, je vous fais ça.
M. Dubé : Oui.
M. Fortin :O.K., ça va. Ça va, mais on s'entend...
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Rosemont.
M. Dubé : ...rajouter, parce
que...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, allez-y, M. le ministre.
Allez-y, vous pouvez y aller.
M. Dubé : Non, mais on a
discuté cette semaine, vous avez vu l'annonce qu'on a fait sur le financement
par activités, le financement par activité, que l'argent suive le patient, c'est
exactement pour aller chercher ça.
M. Fortin :Je n'ai pas de problème avec le principe général de ce que
vous avancez, là, je le comprends, je l'entends puis ça fait un peu un certain
sens. Mais, encore là, vous avez dit : Ce n'est pas dans tous les
établissements, pour des... ou, tu sais, dans toutes les installations, pour
certaines bonnes raisons, là. Ça coûte peut-être plus cher, faire un certain
nombre d'opérations à l'hôpital de... que ça devrait en coûter à l'hôpital de
Gatineau pour des questions de volume, des questions de tout ça.
M. Dubé : Non, mais je vous
parlais de principe. Mais c'est correct, c'est bon.
M. Fortin :Oui, oui, mais, sur le principe, je comprends ce que vous
dites. Et, à partir de ce principe-là, l'hôpital n'a pas de raison de me
dire : Retournes dans ta région.
M. Dubé : Et voilà. Il peut
juste donner une raison de plus, exactement.
M. Fortin :Ça va.
M. Dubé : Avant de vous céder
la parole, Mme la députée de Mont-Royal Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Donc, premier alinéa de 7, bien là, on en a discuté assez amplement,
mais rappelons-nous qu'il est sujet à 14. Il vient le baliser. Donc, là, je ne
sais pas, dans les directives, des fois, si... ou si certains établissements se
permettent, des fois, trop aisément de se... de se dégager du principe. Moi,
c'est le deuxième alinéa. En lisant la loi, là, tu sais, vraiment, en n'ayant
pas énormément de connaissance du corpus législatif qui traite de la santé,
quand j'ai lu ça : «Rien dans la présente loi - puis ce n'est pas limité
par 14 - ne limite la liberté qu'a un professionnel d'accepter ou non de
traiter une personne. Il faut vraiment qu'on me l'explique, celle-là. Puis ce
n'est pas balisé par 14. Ça, c'est un... c'est un droit fondamental du
professionnel. Ça m'a vraiment étonné. Pouvez-vous me l'expliquer, M. le
ministre?
• (12 h 40) •
M. Dubé : Bien, je pense
qu'il faudrait reparler, entre autres, au Collège des médecins. Écoutez,
c'est... en ce moment, là, c'est ça. Et c'est pour ça, à chaque fois, je vais
vous dire : Quand on est dans ces droits-là, qu'il soit le droit du
médecin ou le droit de l'usager, est-ce qu'on veut faire cette discussion-là,
qui est une reprise de la LSSSS, qui fait ça depuis 30 ans, qui est sur
cette base-là? Encore une fois, je...
Mme Setlakwe : C'est nos
assises depuis 30 ans?
M. Dubé : Oui, oui, oui,
c'est ça, là, mais je ne dis pas que... Puis, encore une fois, Mme la députée,
j'apprécie, parce qu'on a eu toutes ces discussions-là hier, je rappelle qu'on
avait deux choix quand on a fait le projet de loi n° 15, je vais le
rappeler clairement, là, on avait le choix de faire ce que le docteur Barrette
a fait en 2015, puis de dire : Je veux faire ça, ça, ça, je ne révise pas
la LSSSS et je mets une loi par-dessus.
M. Fortin :Tout ce que votre collègue le ministre de l'Éducation est
en train de faire aussi.
M. Dubé : Oui, mais parlons
de la santé, là, si vous permettez, O.K.?
M. Fortin :Quand même.
M. Dubé : On a dit,
nous : Écoutez, ça fait quatre 40 ans que ça n'a pas été fait. Partons du
principe que ce qu'on veut accomplir avec le projet de loi n° 15, c'est
quoi? C'est la création de Santé Québec, c'est de la gestion de proximité,
c'est de la gouvernance clinique, et c'est principalement un système de
plaintes qu'on doit améliorer. Je dirais, là, si on a résumé ça, on a pris la
décision, et c'est pour ça qu'on a 1 180 articles, de reprendre la
LSSS et de la mettre à l'intérieur du projet de loi n° 15 pour que ça soit
plus facile de voir qu'est-ce qu'elle est la loi sur la santé, dont on changera
le titre lorsqu'on sera rendu à l'article 1 177. Là, si à chaque fois
qu'on prend des copie-coller, qu'on devrait prendre copie-coller, puis je ne
dis pas qu'un jour il ne devrait pas être changé, ce n'est pas ça que je dis,
mais, si on vient redemander à chaque fois de discuter des points fondamentaux
de ce qu'ils sont dans la LSSSS depuis 30 ans et plus, bien là, je vais
vous dire qu'on...
M. Dubé : ...à mon sens, pas
mal en dehors de ce qu'était l'objectif du p. l. 15. Mais c'est un
commentaire que je fais aujourd'hui, et c'est pour ça quand vous me
dites : Bien là, écoutez, vous avez un enjeu avec ça, on peut... on peut
en avoir, mais... et c'est pour ça que je pense qu'on a fait l'exercice, avant
le début de nos discussions, de montrer qu'est-ce qui était un copier-coller de
la LSSS puis qu'est-ce qui était vraiment un nouvel élément de ce projet de loi
n° 15. Je le dis comme ça.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, merci, M.
le Président. Il y a beaucoup de choses, là, je vais essayer de ne pas m'éparpiller.
Mais d'abord le ministre a commis le lapsus, tout à l'heure, de m'identifier
comme député de Maisonneuve-Rosemont.
M. Dubé : Je ne sais pas
pourquoi.
M. Marissal : Bien, moi, je
le sais pourquoi, mais d'habitude, ça me flatte et ça me flatte encore
aujourd'hui. Mais si les rumeurs de report de l'annonce qui viennent à mes
oreilles aujourd'hui sont vraies, je trouve ça doux-amer aujourd'hui de me
faire appeler le député de Maisonneuve-Rosemont. Je vais attendre les rapports
de presse qui s'en viennent sans doute, là. Mais mettons que je n'ai pas appris
une bonne nouvelle à matin si c'est une bonne nouvelle.
Cela dit, l'article 7 dit :
«toute personne a le droit de choisir le professionnel ou l'établissement.
C'est un copier-coller. Je comprends ça. Vous ajoutez «en présence». En ce
moment, là, c'est-tu vrai de vrai que le patient peut vraiment choisir son
professionnel et son établissement? Il peut le refuser. Mais est-ce qu'il peut
le choisir vraiment?
M. Dubé : M. le député, c'est
ce que la loi dit. C'est ce que la loi dit. Un peu comme je l'ai dit tout à
l'heure : Est-ce que tout le monde respecte la loi en ce moment? Il y a
des exceptions. Je vous dis, la loi dit ça en ce moment.
M. Marissal : Donc, vous la recopiez,
souhaitant que ce soit ça parce que je pense qu'on souhaiterait que ce soit ça.
M. Dubé : Ah! ce n'est pas
ça. Moi, ce que...
M. Marissal : On s'entend, ce
n'est pas ça en ce moment, là, sur le terrain.
M. Dubé : Non, non, non, mais
attendez, là. Est ce que l'essentiel des gens qui sont servis ont le droit de
choisir leur médecin? La réponse, c'est oui, la réponse, c'est oui, là.
Faites-moi pas dire des choses que je ne dis pas, là.
M. Marissal : Vous le dites vous-même.
Je ne vous ai pas tiré les vers du nez, là. Je...
M. Dubé : Non, non, mais ce
que je... non, non, mais regardez, ce que je vous dis... ce que je vous le dis,
c'est... Quand vous me dites «toute personne», en ce moment, est-ce que tous nos
gestionnaires, tous nos médecins respectent à 100 %, ça? Je ne crois pas.
Mais là, on parle d'un droit fondamental, puis je vais revenir toujours,
l'exécution, puis moi, c'est ça que j'en ai, là. Puis je vous ai même cité le
rapport... Je vais être très direct, là, je vous ai cité à l'avance le rapport
du Lakeshore qui est sorti hier. C'est abominable ce qu'il y a là-dedans.
Alors, oui, il y a des droits des patients, mais on doit mettre la gouvernance
clinique à jour pour que ces choses-là soient applicables. Alors, c'est ma
réponse à votre question.
M. Marissal : Oui, mais la
personne qui est décédée dans des circonstances affreuses au Lakeshore, là, je
ne sais pas si elle avait choisi ou non d'aller dans cet hôpital-là. Ça n'a pas
tellement rapport, le Lakeshore dans ce dont on est en train de parler. Je vous
dis juste...
M. Dubé : Oui, ça a rapport à
la gouvernance clinique, puis c'est un élément important du projet de loi qu'on
va discuter un jour.
M. Marissal : Alors, nous en
discuterons plus tard.
M. Dubé : Voilà.
M. Marissal : Mais pour le
moment, là, dans l'immédiat, les gens qui sont sur des listes interminables
d'attente, là, soit pour une mammo, soit pour une chirurgie, ils se font
appeler puis ils se font dire : Tu vas aller à RocklandMD la semaine
prochaine, puis ils vont te le faire, ou même une colonoscopie, là, par
exemple, là, ils ont-tu vraiment le choix de l'établissement? Je veux dire, à
la fin, on veut qu'ils aient les services puis on s'entend là-dessus, là, je
suis en attente d'un certain nombre de choses comme vous savez, là, mais
pourquoi est-ce qu'on écrit ça?
M. Dubé : Oui, puis je ne
veux pas qu'on discute votre cas comme un exemple, là.
M. Marissal : Surtout pas
dans les détails. Mais est-ce...
M. Dubé : Oui, voilà.
M. Marissal : Pourquoi on
écrit ça dans ce cas là si ce n'est pas la... si ce n'est pas le cas? Puis je
vais vous donner un autre exemple. Le 8-1-1, là, votre cas de 8-1-1, là, ils ne
donnent pas le choix au monde d'aller où. Il dit où aller quand il le dit où
aller, là, puis quand il y a de la place, là. Ça, c'est autre chose, là. Mais
les gens qui passent par le 8-1-1, là, ils se font dire : Il y a une place
à telle clinique. Ils n'ont pas le choix.
Une voix : ...
M. Dubé : Écoutez, je
recommence. Je pense que c'est pour ça aussi qu'on avait eu l'idée, on verra si
elle est applicable, mais de lire dans l'ensemble le bloc 1. Parce que
quand vous me posez cette question-là, puis je le sais... d'ailleurs, c'est un
peu pour ça qu'on est ici...
M. Dubé : ...le système, on le
sait, il ne fonctionne pas bien, alors je n'essaie pas de vous convaincre que
le système va bien, là, M. le député, j'ai trop de respect pour vous. Mais
revenons à 14, juste quelques minutes, là, prenons juste quelques secondes pour
aller regarder 14. Si, en ce moment, il y a des gens qui ne peuvent pas être
traités dans des délais raisonnables comme on discutait hier, c'est... est-ce
que les... l'organisation, l'établissement dit : Moi, je n'ai pas les
ressources pour le faire. Puis, à ce moment-là, je vais donner un choix au
patient... à l'usager, pardon, d'aller dans une clinique privée pour avoir le
traitement semblable, mais ça sera toujours au patient de refuser ou pas s'il
le veut, mais je veux juste dire qu'il faut le regarder dans l'ensemble. Alors,
je pense que, puis je suis tannant un peu avec ça, là, mais à chaque fois, je
dis : Est-ce qu'on a un impact en ce moment encore plus grand de la pandémie?
Je pense qu'on en est tous d'accord. Alors, moi, je voudrais qu'on revienne sur
un principe bien important, en ce moment, c'est un droit auquel... On ne veut
pas nier nos... les droits. Les gens ont le droit de choisir.
M. Marissal : Ah, des fois,
les gens ont le droit de choisir d'appeler le 811 parce qu'ils n'ont pas
d'autre choix puis ils ont le choix d'aller à 25 kilomètres de chez eux
parce que c'est là qu'il y a un médecin peut-être disponible ou une IPS. Ce
n'est pas un choix, ça. Ça, c'est... Bien, c'est un choix, oui, ils ont le
choix de ne pas y aller.
M. Dubé : Bien, c'est...
Écoutez, moi, ce que je pense... parce que là je pense qu'on débat... Encore
une fois, on a dit qu'elle est le droit? Je reviens à mon qui, quoi, comment,
là, je pense qu'il faut avoir la discussion au bon endroit. Je suis d'accord
qu'on discute des principes, mais, en tout cas, je vais terminer là-dessus, je
pense que c'est des droits fondamentaux qui sont ici, qui ne doivent pas être
changés. Je pense que ce qu'on veut faire avec p.l. 15, c'est de rendre ça
beaucoup plus opérable.
M. Marissal : Je comprends
que nous sommes dans la section des droits, je comprends ça, mais il ne
faudrait juste pas se berner de... se bercer d'illusions et se berner, oui, par
la même occasion, et penser que c'est parce qu'on les réécrit, ça va être ça,
là, puis qu'il va y avoir une... un miracle, là, qui va se produire, puis que
ça va arriver. Mais je vous entends, je vous retiens, je ne sais pas si je peux
dire ça comme ça, là, mais on se retient mutuellement, puis on ira vers la
section du comment, là, après, là, puis de la dispensation des services.
M. Dubé : Vous allez voir, je
pense, qu'on peut être assez créatifs de la façon dont on peut s'assurer de
l'exécution. C'est là que j'ai hâte d'aller, moi.
M. Marissal : Il me reste peu
de temps, là, puis peut-être des collègues qui ont autre chose à dire. Moi, je
tombe en bas de ma chaise au figuratif, là, quand je vous entends dire qu'il y
a des D.G., en tout cas, ça revient sur les D.G., mais ça ne doit pas être le
D.G. lui-même qui dit au patient de... Retourne à Montréal parce que tu es à
Sainte-Agathe, là, puis tu n'es pas à la bonne place. Mais est-ce que vous avez
des cas documentés de ça? Parce qu'honnêtement, là, moi, je tombe en bas de ma
chaise, là. Savoir que je peux aller à Vancouver, là, me casser quelque chose
ou avoir un malaise, puis, en vertu de la Loi canadienne sur la santé, ils vont
être obligés de me prendre avec ma carte, là. Puis que si, au chalet, j'ai une
oppression thoracique puis que je vais à l'hôpital de Sainte-Agathe, puis qu'on
me dit : Bien, retourne donc dans Rosemont, mon vieux, parce que tu n'es
pas chez vous. Je capote. Je n'en reviens pas. Ça se fait pour vrai, ça?
M. Dubé : Ça se fait beaucoup
dans des GMF. Ce n'est pas un établissement, là, pour être clair, mais je l'ai
entendu souvent dans des GMF.
M. Marissal : Pas dans un
hôpital?
M. Dubé : Non. Dans des
hôpitaux, c'est déjà arrivé, mais ce que je vous dis, c'est parce que la façon
dont vous m'avez posé votre question, puis je vais être transparent, vous me
dites : Ça n'arrive jamais. Moi, je vous dis : Je ne suis pas capable
de vous dire que ça n'arrive jamais, mais j'en ai vu, là, ça fait trois ans que
je suis là, j'en ai vu de ces cas-là, là. C'est l'exception, alors c'est pour
ça qu'il est important... Non, mais c'est important...
• (12 h 50) •
M. Marissal : Oui, mais c'est
une exception de trop, M. le ministre, puis c'est important qu'on ait la
discussion, parce que vous savez que l'été s'en vient puis vous avez fait la
tournée du Québec comme moi, ce qu'ils nous disent, par exemple, dans les
Laurentides, c'est : Tout d'un coup, là, nos populations doublent et
triplent puis on a plein de monde qui arrive.
M. Dubé : Mais je viens de
vous répondre. Les cas les plus fréquents sont dans des GMF. C'est ça, l'enjeu.
Et c'est pour ça que quand on va arriver dans l'exécution, je vais vous dire
c'est quoi les mécanismes qu'il faut mettre en place pour que ça n'arrive pas?
Parce que... Il y a une bonne discussion hier, là, on a dit :
L'établissement fait des ententes avec les GMF, et ces GMF-là deviennent un peu
le bras de l'établissement pour donner un service qui s'appelle un groupe de
médecine familiale.
M. Marissal : O.K., mais je
n'avais pas compris tantôt que vous parliez nécessairement de GMF. C'est fort
probable que ça arrive...
M. Dubé : Je disais de façon,
en général, mais...
M. Marissal : ...mais comment
un GMF qui est une entreprise privée qui n'est pas nécessairement liée à une
région comme peut l'être un hôpital, là, par exemple, comment un GMF peut
refuser sur la base du code postal?
M. Dubé : Bien, en ce moment,
comme je vous dis, vous le savez, des fois, il y a plus...
M. Dubé : ...qu'une GMF dans
une région. Si vous regardez sur l'île de Montréal, il y en a plusieurs GMF.
Mais je pense que le débat est beaucoup plus sur ce que je vous ai dit, c'est
un droit fondamental auquel, selon moi... Puis on peut passer le temps que vous
voulez, là, mais, je le répète, c'est un droit fondamental qu'on veut
répliquer, c'est tout.
M. Marissal : O.K. C'est un
droit fondamental auquel on aspire, puis je suis à la même place que vous.
M. Dubé : Puis assurons-nous
de l'exécution quand on sera plus loin dans le pl 15.
M. Marissal : C'est ce qu'on
fera avec rigueur, parce que j'avoue que ce que j'entends ne me plaît pas du
tout, ça n'a comme pas de bon sens, là.
M. Dubé : Bien, c'est ça...
M. Marissal : En passant, en
plus, les médecins sont supposés soigner les gens, c'est comme dans leur...
c'est dans leur code de déontologie, mais enfin, bref. Vous dites, là, qu'il y
a une directive, est-ce que vous pouvez la déposer, la directive la plus à
jour?
M. Dubé : Je vais regarder
laquelle a été mise à jour. Je vais la sortir.
M. Marissal : La déposer.
M. Dubé : Oui. Bien, un, je
vais en prendre connaissance.
M. Marissal : O.K. Puis
dernière chose là-dessus, vous dites qu'il y a des directives, on m'a appelé...
À part les directives, vous faites quoi, avez-vous des recours dans la loi, en
ce moment, qui vous permettent de sanctionner? Parce que c'est une entrave à la
loi, ce que vous me décrivez là.
M. Dubé : Mais dans...
Écoutez, on va faire le débat, là, puis je pense qu'on devrait avoir le débat
quand on sera dans l'exécution. Mais c'est sûr que, quand on entend parler de
ça, ce n'est peut-être pas... ce n'est peut-être pas une lettre qui nous est
envoyée, c'est un appel, c'est... Alors, moi, ma façon de travailler, c'est
beaucoup, quand je fais mes nombreux appels réguliers avec les P.D.G., c'est de
soulever ces points-là. C'est très rare que c'est une documentation, parce que,
je le répète, c'est des cas d'exception, malheureusement.
M. Marissal : Bien,
malheureusement, il y en a, heureusement que ce sont des exceptions.
M. Dubé : Ça dépend comment
vous regardez. Il ne devrait pas y en avoir, d'exception.
M. Marissal : Non, il ne
devrait pas, on est d'accord.
Le Président (M. Provençal)
:Y a-t-il d'autres interventions
concernant l'article 7? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise au point de l'article sept. Par appel nominal? Ça va. Alors,
est-ce que l'article sept est adopté? Adopté. Article huit...
M. Dubé : Donnez-moi juste une
petite seconde. Mon... a eu une grosse semaine. O.K. Merci beaucoup, Étienne.
Alors, l'article huit. «Toute personne
dont la vie ou l'intégrité est en danger a le droit de recevoir les soins que
requiert son état. Il incombe à tout établissement, lorsque demande lui est
faite... en est faite, pardon, de voir à ce que soient fournis les soins.»
Alors, cet article prévoit qu'une personne
a le droit de recevoir les soins que requiert son état lorsque sa vie ou son
intégrité est en danger. Il ajoute qu'alors qu'un établissement, lorsque
demande lui en est faite, doit voir à ce que soient fournis ces soins. Merci.
Et je peux-tu juste reprendre le document? Je reviens entre l'article sept dans
la LSSSS et l'article huit. C'est une version intégrale de ce qui est dans
l'article sept de la LSSSSl, comme il est montré dans le document. Ça va?
Le Président (M. Provençal)
:Y a-t-il des interventions concernant
l'article huit?
M. Fortin :Donnez-moi une seconde là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
:Oui, oui, il n'y a pas de problème.
M. Fortin :L'article huit, si je comprends bien, il n'est pas soumis à
l'article 14 lui, là, parce que là on parle de quelqu'un qui est en danger, là,
dont la vie ou l'intégrité est en danger, ce n'est pas comme aux articles six,
sept, il n'y a pas d'astérisque, là, qui dit que ça dépend des ressources
matérielles et financières.
M. Dubé : Excuse-moi, c'est
parce que je suis en train d'en...
Des voix : ...
M. Dubé : ...alors je suis un
peu... C'est beau, c'est beau le sans-papier, mais, des fois, ça...
M. Fortin :J'aimerais mieux que ça vous arrive à la période des
questions qu'ici, ça, mais, bon.
Le Président (M. Provençal)
:On va demander à Me Paquin de vous
répondre.
M. Paquin (Mathieu) : Oui, M.
le Président. Effectivement, la restriction qui est prévue à l'article 14 du
projet de loi, elle ne s'applique pas à l'égard de l'article 8.
M. Fortin :O.K. C'est une bonne affaire, là, parce qu'on parle de la
vie, l'intégrité, donc elle va amener les ressources matérielles...
M. Fortin :...on va essayer de sauver la vie à quelqu'un avant de
penser à ça. O.K. Rien d'autre de mon côté.
Le Président (M. Provençal)
:Je pense que votre collègue aurait
posé la même question.
Mme Setlakwe : Non, je n'ai
pas d'autre commentaire...
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Bien,
rapidement, c'est une question de formulation, là. «Il incombe à tout
établissement, lorsque la demande...» D'abord, ça, c'est copié-collé de la
LSSSS, là, je présume, c'était déjà là, là, ça va de soi. «Il incombe à tout
établissement, lorsque la demande lui en est faite, de voir à ce que soient
fournis ces soins.» «Lorsque la demande lui est faite», là, on parle en termes
très, très, très général, là, parce que, parfois, ça ne vient pas de la
personne qui a besoin d'être traitée parce qu'elle n'est pas en état de faire
la demande. Ça fait que c'est juste une drôle de formulation.
Le Président (M. Provençal)
:Maître.
M. Paquin (Mathieu) : Oui, M.
le Président. Écoutez, je pense qu'ici l'idée ou le principe à retenir, c'est
que ce n'est pas le rôle des établissements de se promener dans la rue et de
surveiller s'il y a des gens dont la vie est en danger, mais c'est plutôt que,
bon, l'établissement existe, il y a du personnel, si on arrive et on dit :
Écoutez, telle personne a besoin d'aide, sa vie est en danger, faites de quoi,
alors là, bien, il y a lieu d'intervenir, mais il y a une demande qui doit être
faite.
M. Marissal : Je vous dirais
qu'à l'inverse le rôle des établissements, ce n'est pas de remettre dans la rue
des gens dont la vie est en danger, là, comme on a déjà vu parfois dans le
passé, mais évidemment c'est caricatural ce que vous dites, là. Je dis juste
que la personne qui arrive, là, en état de trauma avancé ne peut pas faire la
demande. Donc, je présume que la demande, c'est très, très généralement qu'il y
a une demande qui arrive.
M. Paquin (Mathieu) : Oui, M.
le Président.
M. Marissal : O.K. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 8? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 8 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
:Adopté. Article 9. Monsieur.
M. Dubé : Je vais en profiter
pendant que mon iPad fonctionne. Alors article 9 : «Tout usager des
services de santé et des services sociaux a le droit d'être informé sur son
état de santé et de bien-être de manière à connaître, dans la mesure du
possible, les différentes options qui s'offrent à lui ainsi que les risques et
les conséquences généralement associés à chacune de ces options avant de
consentir à des soins le concernant. Il a également le droit d'être informé, le
plus tôt possible, de tout accident survenu au cours de la prestation de
service qu'il a reçue et susceptible d'entraîner ou ayant entraîné des
conséquences sur son état de santé ou son bien-être ainsi que des mesures prises
pour contrer, le cas échéant, de telles conséquences ou pour prévenir la
récurrence d'un tel accident. Pour l'application de la présente loi, un
accident s'entend d'une action ou d'une situation où le risque se réalise et
qui est ou pourrait être à l'origine de conséquences sur l'état de santé ou le
bien-être d'un usager.»
Je vais finir avec le commentaire. Cet
article prévoit qu'un usager a le droit d'être informé sur son état de santé et
de bien-être afin de pouvoir consentir aux soins de manière éclairée. Il
prévoit également qu'un usager a le droit d'être informé d'un accident survenu
alors qu'il recevait des services lorsque cet accident est susceptible
d'entraîner des conséquences sur son état de santé ou de bien-être ou qui a
entraîné de telles conséquences. Cet usager a le droit d'être informé des
mesures prises pour contrer de telles conséquences. Enfin, il ajoute une
définition du terme «accident» pour l'application du projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
:Je vais inviter les membres de la
Commission à réfléchir, particulièrement aux oppositions, aux questions que
vous aurez à poser la semaine prochaine, parce que, compte tenu de l'heure, je
vais ajourner les travaux au mardi 6 juin 2023, à 10 heures. Merci
beaucoup de votre collaboration. Et encore merci, M. le député de Rosemont,
d'avoir accepté de suspendre votre amendement, très apprécié.
(Fin de la séance à 13 heures)