Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 11 mai 2023
-
Vol. 47 N° 15
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace efficace.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Caron (La Pinière) est remplacée par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Nous entendrons ce
matin le Bureau de coopération interuniversitaire et le Regroupement québécois
de médecins pour la décentralisation du système de santé.
Comme la séance a débuté 22 minutes...
avec 22 minutes de retard, j'ai besoin du consentement pour poursuivre nos
travaux au-delà de l'heure prévue. Consentement? Merci.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue
au Bureau de coopération interuniversitaire. Vous avez 10 minutes pour
votre présentation et, par la suite, nous poursuivrons avec des échanges. Je
vous cède immédiatement la parole. Merci beaucoup.
M. Jutras (Daniel) : Merci.
Merci beaucoup, M. le Président. Je m'appelle Daniel Jutras, je suis
recteur de l'Université de Montréal et président du Bureau de coopération
interuniversitaire. Je suis accompagné par un Dr David Eidelman,
vice-principal à l'Université McGill et président du Comité des doyens des
facultés de droit du Québec.
D'abord, je veux vous saluer, M. le
Président Provençal, M. le ministre Dubé, M. Fortin, M. Marissal,
M. Arsenault, ainsi que tous les membres du comité. Je veux commencer par
vous saluer collectivement et souligner le travail vraiment colossal que vous
abattez. C'est un projet de loi extrêmement important avec un volume et un
périmètre extrêmement importants. Je sais que c'est un travail tout à fait
fondamental pour doter le Québec d'un réseau de santé à la hauteur de ses
ambitions.
Un mot d'abord sur le Bureau de la
coopération interuniversitaire, le BCI. Il s'agit d'un regroupement des 20 établissements...
des 20 établissements, pardon, des universités québécoises. Il favorise la
concertation de ses membres. Comme... comme vous le savez, les universités
québécoises sont responsables du développement, de l'avancement et du transfert
des connaissances. Ce sont des organisations qui ont comme mission fondamentale
la recherche et la formation et, à ce titre, elles sont responsables de la
recherche qui soutient l'avancement du réseau de la santé et des services
sociaux au Québec ainsi que de la formation de la totalité des professionnels
qui oeuvrent au sein du réseau de la santé du Québec.
• (11 h 40) •
Je voudrais commencer par vous expliquer
un peu pourquoi nous sommes ici. Je viens d'évoquer la mission de formation et
de recherche des universités québécoises et, quand on ne comprend pas tellement
quand... comment sont formés les différents professionnels de la santé, on peut
s'imaginer que les universités forment ces professionnels dans un espace
académique que ces gens là, éventuellement, aboutissent dans le réseau pour
être absorbés par le réseau et y servir les besoins du réseau.
Mais vous le savez, parce que vous avez
tous et toutes bien au courant, le réseau, c'est en fait un lieu de formation
absolument fondamental. Pour certaines de nos professions, c'est le lieu le plus
important de formation et c'est aussi, au même titre, un laboratoire vivant de
la recherche et la mise en œuvre de l'innovation. Je mentionne ça parce que c'est
important pour situer notre propos aujourd'hui. Et si vous retenez une seule
chose de ce que je vais dire aujourd'hui, je pense que c'est ce que je vais...
ce que je m'apprête à dire. On souhaite vous aider à bonifier ce texte de loi,
et la bonification du texte de loi passe par la reconnaissance formelle, dans
le texte de loi, de cette intégration entre le réseau de la santé et des
services sociaux et le réseau des universités. Et ça passe par cette... cette...
cette reconnaissance formelle de plusieurs moyens. Je vais y revenir.
Et donc ce que je veux dire bien
clairement, c'est que l'arrimage du réseau des universités avec le réseau de la
santé, ce n'est pas seulement un enjeu, il y a des grandes orientations...
M. Jutras (Daniel) : ...stratégique,
c'est en fait un enjeu opérationnel. Et, à ce titre, c'est vraiment important
que la loi non seulement reconnaisse de manière formelle cet arrimage entre les
deux réseaux, mais aussi comporte des dispositions qui permettent
l'opérationnalisation de cet arrimage entre les universités et le réseau de la
santé.
C'est encore plus vrai dans le contexte
actuel de croissance des effectifs dans les facultés de médecine, dans les
facultés de sciences sociales, dans les facultés qui touchent les disciplines
d'intervention. On sait maintenant qu'on a une croissance des effectifs très,
très importante dans ces différentes facultés et départements. On sait aussi
que les besoins de la population sont en croissance, qu'il y a des enjeux liés
à la qualité et à l'efficacité des soins qui dépendent de la qualité de la
formation des professionnels que l'on va diplômer dans nos universités, en
milieu clinique et en milieu universitaire, et donc très grande importance à
accorder à cette coordination des deux réseaux. Et c'est ça, essentiellement,
le message fondamental que je veux livrer aujourd'hui. Il faut trouver le moyen
d'inclure dans la loi cette idée que l'organisation, l'efficacité et la qualité
des soins doit passer par une vision intégrée des deux réseaux qui place la
formation, la recherche et l'innovation dans le quotidien de la gestion du
réseau, concept est assez simple, je pense.
Ce matin, puisqu'on a très peu de temps,
j'y reviendrai peut-être plus en détail dans les questions, je propose quatre
pistes... quatre préoccupations qu'on a de notre côté, qui sont des pistes de
cette intégration. Et je vais les passer rapidement. D'abord, il faut enchâsser
dans la loi cette mission conjointe de l'agence et du réseau universitaire.
Ensuite, il faut s'assurer de reconduire les contrats d'affiliation. Plusieurs
existent déjà et ont demandé beaucoup de travail de négociation. Ensuite, il
faut, nous croyons, faire une place à la consultation des universités dans les
décisions importantes qui affectent l'intégration de la formation, recherche et
innovation dans la prestation des soins, et il faut conserver des espaces de
concertation.
Un peu plus de détails sur chacun.
Première idée, enchâsser le rôle et la contribution des universités dans la
mission de l'agence, ça peut se faire à plusieurs endroits dans la loi, puis je
pourrai y revenir en réponse aux questions, mais on pourrait imaginer une
mention explicite de cette relation formelle dans le préambule, dans
l'article 1, qui est la disposition introductive, dans l'article 23,
qui énonce la mission de l'agence. Et ça passe entre autres aussi, à notre
avis, par la présence de représentants universitaires au conseil
d'administration de Santé Québec. Au moins un siège devrait être accordé aux
organisations et aux établissements universitaires. Ça passe aussi par la
reconnaissance de la place des universités au sein des conseils
d'établissement, il y a déjà un siège, on pense qu'il devrait y en avoir deux,
comme c'est le cas maintenant, et par l'élargissement du mandat du conseil
d'établissement pour qu'il y ait un volet de soutien à la recherche ou de
supervision de la recherche et de l'enseignement dans le mandat des conseils
d'établissement.
Deuxième idée, je passe aussi rapidement
là-dessus, nécessaire reconduction des contrats d'affiliation. Toutes les
universités au Québec ont négocié, au fil des dernières années, des contrats
d'affiliation importants. Il faut qu'ils soient reconduits. La loi prévoit des
mesures transitoires pour la reconduction des contrats d'affiliation. On est
inquiet de ce qui va se passer ensuite et on est inquiet aussi de l'hypothèse
que les contrats d'affiliation deviennent uniformes, qu'ils aient une facture
plus uniforme, sans tenir compte des particularités des différents territoires
et établissements.
Troisième idée, la place doit être faite,
je pense, au réseau universitaire, dans les processus décisionnels importants
du réseau de la santé et des services sociaux. Et je pense en particulier à une
place qui existe déjà, un rôle consultatif que jouent les universités dans
plusieurs décisions, et en particulier pour ce qui touche les nominations. Dans
la loi, telle que proposée dans le projet de loi n° 15, il n'y a pas
beaucoup de place pour les universités pour être consulté sur la nomination du
directeur médical, pas vraiment de place pour être consulté sur les chefs de
départements cliniques puis les chefs de service cliniques, et, dans les CHU et
les IU, pas beaucoup de place non plus pour être consulté sur la nomination de
médecins qui sont pourtant des professeurs de nos universités et qui doivent, à
ce titre, porter un titre universitaire. On pourrait y revenir tantôt.
Dernière idée, importance de préserver des
espaces de concertation. La loi préserve les RUISSS dans une forme légèrement
modifiée. Elle fait disparaître la Table nationale de concertation des RIUSSS.
Nous, on pense que ça, c'est un lieu très important de collaboration, de
communication entre les établissements universitaires et le réseau et le
ministère.
Alors, je termine là-dessus, je vais céder
la parole à mon collègue, M. le docteur Eidelman, mais vous avez là quatre
exemples de cette volonté d'intégration étroite entre le...
M. Jutras (Daniel) : ...réseau
universitaire et le réseau de la santé et des services sociaux.
M. Eidelman (David) : Merci,
M. le Président, et M. le ministre, et les autres parlementaires de nous avoir
accueillis ici aujourd'hui. Alors, je parle au nom des quatre facultés
universitaires, avec facultés de médecine, avec quatre facultés de médecine et
en tant que président de cette conférence. Et j'aimerais souligner quelques
points additionnels. D'abord, par le principe de responsabilité sociale, les
facultés de médecine sont vraiment à l'écoute des patients et travaillent pour
répondre à leurs besoins, et, dans ce sens, on souscrit, de façon générale, aux
principes et à l'esprit qui guident le projet de loi n° 15, surtout,
d'accroître l'efficacité du système de santé, de centrer sur les patients,
d'encourager la gestion de proximité et de séparer les orientations
stratégiques des opérations quotidiennes.
Comme on l'a déjà mentionné, il y aura une
augmentation très importante dans l'effectif des étudiants, dans le système de
la santé, médecine, mais aussi les autres professions de la santé, comme les
sciences infirmières, et ça, ça oblige une implication importante des
universités dans la collaboration avec le système de santé, pour le gérer. Et
il faut souligner que les étudiants en médecine et les médecins résidents
passent la majeure partie de leur formation dans les hôpitaux et les autres
milieux cliniques, et, lorsqu'on considère toutes leurs années d'apprentissage,
c'est jusqu'à 80 % du temps d'apprentissage des médecins qui se déroule en
milieu clinique. Donc, ça, c'est très important à souligner.
Dans ce contexte-là, c'est très important
de souligner aussi, comme on a dit, que les médecins qui travaillent dans nos
centres de... nos CHU ou d'autres centres où il y a de l'apprentissage sont des
professeurs, sont les superviseurs d'apprenants, et il faut tenir ça en compte.
Il est donc vital pour le gouvernement, pour les facultés de médecine, la
population québécoise de pouvoir compter sur le réseau des établissements de
santé du Québec pour former leurs apprenants. Et dans cette optique, nous
croyons que l'affirmation de la mission formation, pour le réseau de la santé,
de façon explicite, peut-être dans le préambule du p.l. n° 15, nous semble
essentiel à l'atteinte nos objectifs communs.
Je crois aussi que c'est important
d'accorder un mandat distinct pour les CHU, y compris le CHU de Sherbrooke,
qui, je viens de l'apprendre, n'est pas, techniquement, un CHU, les instituts,
mais aussi les établissements avec des créneaux académiques très importants,
par exemple, l'Hôtel-Dieu de Lévis, l'Hôpital Sacré-Coeur, l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont ou l'Hôpital général juif, qui ont des créneaux très
importants, et qui ne sont pas, pour l'instant, reconnus dans le projet de loi
n° 15. Comme mentionné plus tôt, il est important d'intégrer la mission
d'enseignement de façon explicite, et il faut aussi, d'après nous, de conserver
la possibilité d'incorporer l'enseignement pour faire partie de tableaux de
bord de performance de l'établissement, parce que, pour nous, la formation est
intégrale dans la fonction de notre système de la santé et services sociaux.
Et, comme j'ai dit, avec l'augmentation du nombre d'étudiants, on va devoir
enseigner un peu partout dans notre réseau, alors, certainement, les CHU, les
CHA, mais aussi nos campus satellites, par exemple, nos facultés en Outaouais,
à Saguenay, Longueuil, Trois-Rivières, Lévis, Rimouski, juste pour donner des
exemples.
• (11 h 50) •
Et, finalement, j'aimerais insister sur
l'importance de protéger la recherche et l'innovation comme des missions
importantes pour assurer la qualité des soins pour aujourd'hui et à l'avenir.
Les établissements de santé doivent pouvoir miser sur la contribution des
universités pour garantir le développement des nouvelles approches
thérapeutiques et offrir des soins innovants à la population du Québec, tout en
assurant la formation de la relève à la qualité des services. Cet aspect est
important pour l'évolution de médecine, et dans la recherche biomédicale, et
aussi pour le rayonnement du système de santé du Québec, et nos établissements
ont un rayonnement international, qui doit être protégé. Or, les médecins ne
pourraient effectuer cette recherche sans supporter une nomination facultaire,
donc il faut une implication universitaire. Nous souhaitons donc que soient
reconduits les articles 237 à 259 de la LSSSS, qui régissent, actuellement, ces
situations et qui permettent d'encadrer la recherche dans les établissements en
santé. Donc, je vous remercie de votre attention et je vous cède la parole.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre
présentation. Vous avez vu que je voulais m'assurer que vous puissiez bien
passer vos messages, alors c'est pour ça que vous avez eu un petit peu plus de
temps, avec la permission du ministre. M. le ministre.
M. Dubé : Très bien. M. le
Président, merci...
M. Dubé : ...M. Jutras, Dr
Eidelman, merci beaucoup pour vos deux présentations. J'aimerais beaucoup
peut-être commencer en vous remerciant, avant d'aller dans le p.l. n° 15, pour
la façon dont vous vous êtes adaptés quand même assez rapidement, là, suite aux
demandes qu'on vous a faites d'avoir plus de formation de médecins peut-être un
peu à court terme. Parce qu'on en discutait un petit peu plus tôt cette
semaine, comment c'est important d'augmenter la... la formation puis ensuite
l'entraînement, mais je veux le saluer parce qu'on passe quand même à une
croissance très rapide du nombre de médecins qu'on veut former. Alors, je veux
saluer les efforts universitaires qui sont faits dans ce sens-là.
Peut-être un message de façon générale,
là, puis je sais très, très clair, là. Quand vous soulevez que... je pense que
le bon mot que vous avez utilisé, c'est... c'est «inquiétude», peut-être, qu'il
y ait l'absence de définition ou de présence de mission universitaire, puis
tout ça. Puis je veux vous rassurer, parce qu'il y a beaucoup de gens ici, là,
depuis, je ne sais pas, plus... plus de six mois, en tout cas, qui ont
travaillé à faire ce projet de loi là. Puis un peu comme je l'ai expliqué,
hier, pour les gens de santé mentale, quand on prend un petit peu de recul par
rapport au projet de loi, on se dit : Mon Dieu, ce n'est pas du tout
l'intention d'enlever la notion importante universitaire dans le projet de loi.
Mais effectivement, si vous avez la perception, puis vous me dites que vous
avez la perception, que cette mission universitaire là n'est peut-être pas
reconnue à sa juste valeur dans le projet de loi, c'est... c'est exactement le
bon moment de le dire puis de s'assurer qu'on va le reconnaître. Alors, il y a
des gens ici, là, qui prennent bonne note de vos commentaires. Puis quand on
est dans la... je dirais, dans la perception, c'est important, c'est assez
facile à corriger.
Mais donc ce que je vous dis en gros,
c'est qu'on serait très, très à l'aise à avoir ces... ces précisions-là qu'on
pourra discuter avec nos collègues de l'opposition, là, dans les prochaines
semaines. Mais je veux juste vous rassurer qu'on est très conscients de
l'importance du réseau universitaire dans le réseau de la santé. Ça, je pense
que c'est important de vous donner ce grand message là.
J'irais peut-être, là, parce que je vois
qu'il y a de mes collègues qui ont... qui ont des questions, sur la question de
la table de concertation. Je veux juste... Peut-être que, si vous m'expliquiez
un peu plus le rôle actuel de la table de concertation versus ce que nous, on a
mis, puis le fait... Puis peut-être que je ne vois pas de la bonne façon, ça
fait que je voudrais vous entendre parce que ça me semble important pour vous.
Le fait qu'on va passer à un employeur plutôt que 35 employeurs de qui on
voulait aller chercher l'information, mais on va quand même garder les éléments
de fondation, les éléments d'enseignement, de responsabilité, donc, qu'est-ce
qui vous inquiète dû au fait, là, qu'on élimine comme telle la table de
concertation? Je veux vous entendre parce que, s'il y a des... il y a des
corrections ou des ajustements à faire, moi, je suis très ouvert à bonifier ça,
mais je voudrais vous entendre là-dessus.
M. Jutras (Daniel) : Je peux
répondre d'abord brièvement. Les universités, les facultés de... toutes les
facultés, les universités sont conscientes de leurs responsabilités, là, pour
appuyer le gouvernement du Québec dans ses efforts pour soutenir le réseau puis
améliorer la performance du réseau mais surtout en augmentant, là, la présence
de professionnels de la santé puis pas seulement des médecins, évidemment, là.
Nous, on forme toutes les professions.
M. Dubé : Les infirmières,
voilà.
M. Jutras (Daniel) : Sciences
infirmières, toutes les sciences de la santé, toutes les professions de la
santé, les professions d'intervention sociale aussi, là, qui sont des...
M. Dubé : C'est pour ça qu'on
reconnaît l'effort que vous faites en ce moment, là.
M. Jutras (Daniel) : Oui. Ce
n'est pas facile, mais on est... on est conscients de notre responsabilité sur
ce terrain-là et on est prêts à travailler avec vous, toutes les universités
québécoises sont prêtes à travailler avec vous. Je dois vous avouer que je suis
vraiment rassuré, ce matin, de vous entendre affirmer cette volonté de
reconnaître le rôle des universités, qu'il n'y a pas d'intention, donc, de ne
pas en tenir compte.
Je vous dirais, il y a peut-être deux
niveaux de réponses à la question que vous posez, puis je vais laisser le
docteur Eidelman, peut-être un peu plus précis, sur les enjeux liés à la table
de... aux tables... à la ou les tables de concertation. Je pense, d'abord, il y
a un enjeu... j'hésite à le dire parce que, quand on dit ça, ça réduit la
portée, mais il y a un enjeu symbolique. C'est important que la loi décrive les
responsabilités de Santé Québec, non seulement les vôtres comme ministre, qui
sont énoncées à l'article 19, mais les responsabilités et la mission de Santé
Québec comme incluant la formation et la recherche. Ça, c'est la réalité sur le
terrain et c'est vraiment important que ce soit reflété dans le texte. Et ce
n'est pas que symbolique, ça veut dire, à partir du moment où on intègre cet
élément-là dans la mission, j'évoquais tantôt le préambule, l'article 1,
l'article 23...
M. Jutras (Daniel) : ...tant
d'endroits où on peut affirmer de manière explicite, là, cette relation
formelle entre les universités. Après ça, ça va se passer sur le terrain, là,
tu sais. Puis la question que vous posez, je pense que c'est important en ce
qui concerne les tables de concertation. La description qu'on a des RIUSSS, je
pense, est à peu près conforme à ce qu'on a maintenant, sauf la disparition
d'une table nationale, parce que les RIUSSS, je pense, ont fonctionné dans le
projet de loi 15 de manière autonome. Là, il y a une perte, peut-être, de
capacité de concertation à l'échelle nationale quant aux meilleures pratiques.
M. Dubé : Expliquez-les-moi,
parce que je veux la comprendre. Parce que, si vous me dites... quelle est
cette perte de concertation là, là?
M. Jutras (Daniel) : Bien,
bref, je peux laisser le docteur Eidelman répondre à ça. Ma compréhension,
c'est qu'à l'échelle nationale, il y a des occasions de partage de bonnes
pratiques, des occasions de réflexion sur les parcours de soins, par exemple,
qui peuvent être discutés à l'échelle nationale, plutôt qu'à l'échelle vraiment
locale. Il y a des discussions aussi qui se déroulent sur d'autres tables et
qui touchent les effectifs médicaux, par exemple, sur lesquels on n'a pas
d'indication dans la loi telle quelle.
M. Dubé : Bien, peut-être que
je peux poser la question à Dr Eidelman, parce que quand vous avez dit, Dr
Eidelman, dans votre présentation... Puis on le voit, là, vous nous aidez à
avoir des... plus de formations, mais ça se fait aussi beaucoup en région,
hein, je pense, là...
M. Eidelman (David) : De plus
en plus.
M. Dubé : Pardon?
M. Eidelman (David) : De plus
en plus.
M. Dubé : De plus en plus. En
Outaouais, avec votre collaboration avec McGill, je pense à Rimouski, avec
l'Université Laval. Alors c'est pour ça que je vous pose la question. Parce que
si... si c'est si important de le faire, bien, on va s'ajuster, là.
M. Eidelman (David) : Pour
moi, l'important, c'est les RIUSSS eux-mêmes, parce que c'est là... c'est
une...
M. Dubé : Juste expliquer
qu'est-ce que c'est... les gens qui nous écoutent, ils ne savent pas c'est
quoi.
M. Eidelman (David) : O.K.
Alors, il y a des... réseaux universitaires intégrés de santé et services
sociaux, qui, pour chacune de nos facultés... nos universités, avec faculté de
médecine, bien, ce n'est pas seulement nos universités. Il y a d'autres
universités qui sont impliquées, présidées par le P.D.G. d'un des CHU, il y a
une table qui s'appelle le RIUSSS où... qui fait en sorte d'établir des façons
de collaboration entre les centres universitaires, les centres hospitaliers
avec affiliation universitaire et les autres... actuellement, ils s'appellent
des CISSS et des CIUSSS, les autres acteurs dans le réseau. Alors, il y a
quatre RIUSSS, une pour chacune des universités. Et ça, ça nous donne une
opportunité d'un échange de connaissances et de bonnes pratiques entre les
centres universitaires et les régions plus éloignées. Et de plus en plus, c'est
un échange dans les deux directions, par exemple pour notre compréhension des
choses qui relèvent des personnes autochtones, par exemple, ça ferait...
comment les régions qui sont mieux équipées que nous pour savoir comment gérer
ça. Et d'après moi, l'importance, c'est les RIUSSS. La table de concertation
entre les RIUSSS, comme disait le recteur tantôt, c'est une façon de permettre
un échange entre les RIUSSS parce qu'il y a des choses qu'on peut partager
ensemble, mais la clé...
M. Dubé : ...la question que
je voudrais préciser, c'est parce que je dis souvent ça, il y a des choses qui
n'ont pas besoin d'être dans le projet de loi, qu'on a déjà. Et c'est pour ça
que je vous demande : En raison... moi,je pense que c'est de protéger le
RIUSSS qui est important, ça... mais c'est pour ça que je vous disais : La
table de concertation, est-ce qu'elle est vraiment ... bien, vous dites qu'elle
est importante, mais il doit y avoir concertation. Mais est-ce que c'est
important d'avoir... d'être là dans le projet de loi? En ce moment, on ne le
jugeait pas nécessaire, mais...
• (12 heures) •
M. Eidelman (David) : Ne pas
être légiste, je ne suis pas bien placé pour dire si c'est la bonne place ou
pas. Peut-être mon collègue d'à côté...
M. Dubé : ...
M. Jutras (Daniel) : M. le
ministre, vous savez que je suis juriste, là, on pense trois ans à la faculté
de droit à expliquer aux étudiants qu'il faut en mettre le moins possible dans
les lois, alors...
M. Dubé : Je suis content de
l'entendre dire d'un avocat, c'est très bon.
M. Jutras (Daniel) : Bien, je
pense que vous avez raison et je dirais que... ça, c'est un élément important.
Là, ce qu'on vient d'évoquer. Mais l'élément le plus important, c'est la
reconnaissance formelle de l'intégration recherche, formation, innovation dans
la loi. À partir... comme je l'évoquais tantôt, à partir du moment où ça, c'est
perçu comme une orientation stratégique fondamentale pour Santé Québec, bien,
sur le terrain, ça peut se déployer par des pratiques qu'on jugera utiles.
M. Dubé : Je suis très
content qu'on ait eu cette discussion-là puis peut-être que mes collègues dans
l'opposition pourra vous revenir. Il y avait une autre inquiétude, puis là, je
ne retrouve pas la... dans vos quatre points, je voudrais revenir, là, c'était
sur... attendez, les contrats d'affiliation. Bon, s'il y a bien une chose que
vous ne devriez pas vous inquiétez, c'est bien ça. Encore une fois, je dois
vous avouer que d'avoir quelque chose dans le projet de loi qui dit ça, c'est
comme... moi, je ne trouve pas ça nécessaire, mais...
12 h (version non révisée)
M. Dubé : ...est-ce que c'est
la bonne place à vous rassurer ici, mais vous comprenez ce que je veux dire, on
va... si on a le préambule que vous nous demandez, là... je fais cette
hypothèse-là parce que ce n'est pas moi qui va décider ça tout seul, mais, si
on avait ce préambule-là, qu'on reconnaît toute l'importance, est-ce qu'on a
vraiment besoin de reconduire... de dire, dans le projet de loi, qu'on
reconduit les contrats d'affiliation, mais...
M. Jutras (Daniel) : Bien, la
réponse à ça, c'est que c'est déjà traité dans la loi. Alors là, il y a un
élément d'ambiguïté dans le texte législatif, je pense, qui doit être corrigé.
Ça ne veut pas dire qu'il faut entrer dans tous les détails des contrats d'affiliation.
M. Dubé : Non, mais vous êtes
un bon avocat, alors je vous... Qu'est-ce que... Elle est où, l'ambiguïté?
M. Jutras (Daniel) : Bien, l'ambiguïté,
elle se trouve dans le fait que... En fait, elle est double, hein? Elle se
trouve dans le fait que les contrats d'affiliation se... puis je ne veux pas
faire l'avocat ici, ce n'est pas mon expertise, vous avez des légistes, mais il
se trouve que le droit transitoire, c'est mon truc aussi alors...
M. Dubé : En plus. Bien,
allez-y.
M. Jutras (Daniel) : Oui.
Elle est double, je pense. D'abord, on prévoit que les contrats d'affiliation
tels que rédigés sont reconduits pour trois ans, ça, c'est la période
transitoire de... qui est prévue par 11.33 et 11.34, pour les CHU et les IU.
Là, ça va, mais on ne sait pas trop qu'est-ce qui arrive après, qu'est-ce qui
arrive après les trois ans.
Et l'autre volet d'ambiguïté ou d'incertitude,
c'est : Qu'est-ce qui arrive aux centres hôpitaux affiliés avec lesquels
on a beaucoup de contrats d'affiliation? Pas juste les universités qui ont des
facultés de médecine, là, toutes les universités ont des contrats d'affiliation,
dont plusieurs couvrent les centres hospitaliers affiliés, ceux-là ne sont pas
couverts dans la loi. Puis, ça, c'est un trou. D'ailleurs, hein, mon collègue l'évoquait
tantôt, là, pour ce qui est des hôpitaux affiliés actuels qui n'ont pas le
statut de CHU, il y a un élément de régulation qui est incertain.
Des voix : ...
M. Dubé : J'avais promis qu'il
y aurait d'autres questions, mais, je pense, les gens ont pris bonne note, là,
ceux qui sont... du côté légiste.
M. Eidelman (David) : Est-ce
que...
M. Dubé : Non, allez-y...
M. Eidelman (David) : J'aimerais
ajouter un tout petit point. C'est pour l'agrément, O.K.? Pour beaucoup de
programmes de... l'existence d'un contrat est une chose... une condition
absolue pour l'agrément. Donc, c'est très important que ça soit réglé de la
bonne façon pour éviter... On a passé des années au Québec de ne pas avoir des
contrats d'affiliation. Le ministère a finalement construit un contrat uniforme
et c'est très important que c'est clair pour éviter des problèmes d'agrément.
M. Dubé : Bon, bien, je m'excuse
auprès de mes collègues d'avoir pris tant de temps, mais je trouvais que c'étaient
des points importants à bien comprendre de votre part. Puis on a pris bonne
note, là. Je ne sais pas s'il reste du temps pour...
Le Président (M. Provençal)
:Bien, il resterait une minute 20.
M. Dubé : Désolé.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Laporte?
Une voix : ...
M. Dubé : Shirley?
Le Président (M. Provençal)
:Ou Marie-Victorin?
Mme Poulet : Je voulais voir
avez vous... Bien, merci, M. le Président. Merci à vous deux d'être présents.
Vous avez... Il y a une question ici au niveau de la faculté de médecine. Vous
n'êtes pas les seuls impliqués dans la formation des professionnels. Il y a
plusieurs autres spécialistes. N'y a-t-il pas une forme d'iniquité à vous
consulter pour la nomination de postes clés dans les établissements? Comment
vous voyez ça, cet enjeu-là? Est-ce que vous pouvez élaborer?
M. Jutras (Daniel) : Bien, d'abord,
il faut dire que même les facultés de médecine forment d'autres professionnels
de la santé, là. C'est vrai à l'Université de Montréal, c'est vrai à l'Université
McGill, c'est vrai, je pense, à travers le réseau. Ce que l'on juge important,
en fait, c'est... Probablement, il suffirait de préserver les pratiques
actuelles qui comportent des mécanismes de consultation des universités. Alors,
à l'heure actuelle, les universités sont consultées pour la nomination des P.D.G.
des hôpitaux auxquels on est affiliés. Il y a des processus de nomination pour
lesquels on est consultés pour ce qui concerne les chefs de département, les
chefs cliniques, et ainsi de suite. On ne trouve pas ça dans la loi, à l'heure
actuelle. Alors, je pense que, là, la possibilité d'insérer, dans le processus
de nomination qui est confié aux P.D.G. des établissements, une occasion de
consultation auprès des universités, ça serait reconduire, en fait, les
pratiques actuelles.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
M. Jutras (Daniel) : Peut-être
Monsieur Eidelman veut ajouter à ça.
Le Président (M. Provençal)
:Je m'excuse. Je vais passer la parole
au député de Pontiac.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour, messieurs.
Merci d'être avec nous, docteur. M. le Président, si vous me permettez, j'aimerais
ça faire un petit accroc à notre façon habituelle de procéder parce que l'échange
avec le ministre et le Bureau de la coopération était particulièrement
intéressant, mais je trouverais ça de valeur de les laisser partir sans avoir
une clarification du ministre sur un point, là. Est-ce que je comprends que le
ministre veut préserver la table de concertation, qu'il va préserver la table
de concertation?
M. Dubé : Bien, dans la
version actuelle, elle est là. Mais ce que je veux dire, moi, je voulais
entendre les commentaires des deux représentants ici.
M. Fortin :O.K. Mais ça me semblait assez ferme, disons, comme
engagement, là, mais... Oui? O.K. C'est bon.
M. Dubé : On est assez
fermes.
M. Fortin :O.K. Merci.
M. Dubé : On est assez
fermes.
M. Fortin :C'est bon. Merci pour cet accroc, M. le Président. Bon, là,
je vous ai entendus, en réponse à la collègue... la collègue à l'instant,
dire...
M. Fortin :...que voulez préserver cette occasion de consultation lors
de la nomination, la nomination des directeurs médicaux. Vous dites «occasion»
et non «obligation». Là, on est en train d'écrire un texte de loi. Là, vous ne
pensez pas que ça devrait être une obligation de consulter plutôt qu'une
occasion?
M. Jutras (Daniel) : Bien, si
vous m'offrez l'obligation, je vais la prendre.
M. Fortin :Bien, oui, je vous l'offre.
M. Jutras (Daniel) : Oui,
mais je suis un homme réaliste, je comprends la nécessité d'avoir des processus
décisionnels efficaces. Nous, on souhaite évidemment être engagés dans la
conversation. Ça fonctionne bien à l'heure actuelle.
M. Fortin :Oui.
M. Jutras (Daniel) : Et je
pense qu'au minimum, il faudrait préserver cette capacité-là, puis dans toute
la chaîne. On a évoqué... Vous venez d'évoquer les directeurs médicaux, mais
pensez aux chefs de département, chefs de services cliniques. Puis pour les CHU
et les IU, les médecins et les dentistes aussi parce que, là, il doit y avoir
une coordination entre le réseau et les universités, parce que ces gens-là sont
aussi nos professeurs. Ça fait que...
M. Eidelman (David) : Effectivement,
c'est ça, le but. Ce n'est pas pour complexifier les démarches pour choisir des
personnes, c'est plutôt pour être certain que les personnes qui sont choisies
sont arrimées à la fois avec des besoins, les besoins d'un ministère, mais
aussi avec les universités parce que, de plus en plus, le système de la santé,
c'est un système de formation, d'enseignement et de recherche.
M. Fortin :O.K. Hier... hier ou avant-hier, là, on perd le fil de par
moments, mais on a entendu le fait que ça devenait difficile d'avoir ou de
trouver certains médecins pour faire de l'enseignement, entre autres. Est-ce
que la question des AMP pour des médecins de famille vous inquiète à ce
niveau-là? De la façon qu'elles pourraient être introduites, est-ce que ça
pourrait mener à une difficulté supplémentaire, disons, d'attraction des
médecins envers l'enseignement?
M. Eidelman (David) : Il n'y
a aucun doute qu'il y a des difficultés parfois à recruter des gens pour
enseigner, et on espère faire n'importe quel geste pour les encourager. C'est
une question un peu un problème de poule et oeuf parce qu'on a besoin de plus
d'enseignants, plus de médecins et les médecins sont de plus en plus sollicités
pour faire des efforts en santé, et leur demander de faire deux choses à la
fois, ce n'est pas toujours facile, mais certainement on soutien n'importe
quelle démarche qui va les encourager. Et d'après nous, ce serait important que
ça soit intègre... que ça soit intégralement considéré dans la construction et
l'opération du système de la santé. Quand on... par exemple, on planifie des
effectifs médicaux, je sais que déjà dorénavant, on planifie des postes
additionnels pour être certain qu'il y a suffisamment de personnes pour faire
l'enseignement. Alors là, c'est déjà une démarche qui est en cours, qui a été
faite par le ministère juste pour... depuis un certain temps. Mais on cherche
toujours d'autres... d'autres façons d'encourager les médecins de participer
aux besoins de former la prochaine génération. Et ça, pas seulement les
médecins, ça s'applique à d'autres professions de la santé aussi.
M. Fortin :Donc, si on le fait dans les plans d'effectifs médicaux, il
faut juste s'assurer que ça suit, là, dans les activités médicales
particulières également.
M. Eidelman (David) : Idéalement
oui.
• (12 h 10) •
M. Fortin :Oui O.K. Vous avez parlé d'élargir le mandat des conseils
d'établissements pour un volet de soutien à la recherche, là. En ce moment, de
ce qu'on en comprend, de ce que le ministre semble avoir évoqué initialement,
c'est... Les conseils d'établissement ont vraiment une vocation, disons, de
reddition de comptes de mesures de performance. Est-ce que ces gens-là... Mais
comment vous voyez un soutien à la recherche, là, de la part d'un CE qui n'a
pas les mêmes responsabilités que le CA en ce moment?
M. Eidelman (David) : Mais
pour nous, c'est important que l'imputabilité de ce conseil... C'est parce
qu'on ne peut pas séparer vraiment la qualité des soins et l'innovation en
recherche. Ce sont des choses qui... qui se renforcent les uns les autres. Et
donc, pour un conseil comme ça, ce serait important qu'il y a d'abord assez de
représentation du côté universitaire et, en même temps, que le conseil se voie
comme imputable pour la qualité de recherche et de l'innovation qui se fait
dans l'établissement, tout comme ils sont imputables pour la qualité des soins
qui sont prodigués à la population.
M. Jutras (Daniel) : Si je
peux ajouter très, très brièvement, c'est que l'image qu'il faut retenir, là,
c'est que les activités de recherche et de formation, d'enseignement ne
procèdent pas séparément de ce qui se passe au quotidien dans les activités
d'un centre hospitalier. Donc, l'activité de recherche, elle nourrit évidemment
la progression de l'innovation dans les secteurs cliniques, mais elle se
nourrit...
M. Jutras (Daniel) : ...aussi
l'activité clinique. Donc, dans la mesure où ces activités-là se déroulent à
l'échelle locale, dans un établissement, je pense, c'est absolument fondamental
qu'un conseil d'établissement puisse envisager non seulement la répartition des
tâches, là, cliniques, formation et enseignement, mais tenir compte de la
manière dont ces éléments-là s'intègrent les uns aux autres au quotidien.
M. Fortin :Très bien. Ça va pour moi.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va? Mme la députée.
Mme Setlakwe : On va y
aller rapidement.
Le Président (M. Provençal)
:Oui. 3 min 30 s
Mme Setlakwe : Oui. C'est
moins une question qu'un constat. Puis vous me donnez l'opportunité, peut-être,
de réitérer un point qui, moi, me semble fondamental. Vous faites bien de dire
que la qualité de la formation est intimement liée à la qualité des soins. Et
d'ailleurs, on avait des étudiantes ici, hier, qui étaient très éloquentes et
qui ont... qui nous ont fait part de l'importance de la formation dans leur
démarche, des étudiantes en médecine. Il me semble que l'omission, cette
reconnaissance explicite et surprenante. Et là, je ne sais pas si on va
recevoir un mémoire, mais vous dites que ça devrait se retrouver explicitement
dans la loi. Et... Mais quelle est votre réaction face à cette omission-là,
sachant que la formation est très importante, qu'on va avoir plus d'étudiants à
former, qu'on en a plus à former?
M. Jutras (Daniel) : Bien,
écoutez, ma réaction ce matin, c'est d'être rassuré en fait d'avoir entendu le
ministre qui a dit qu'il n'y avait pas de volonté d'exclusion, là, qu'on reconnaît
cette hypothèse-là. Il y aura des mémoires, je pense. Il faut comprendre, le
BCI, c'est un organisme de concertation, mais vous pouvez anticiper, je pense
que c'est déjà le cas, que certains établissements universitaires déposent des
mémoires à la commission, où ces arguments-là seront formulés de manière
beaucoup plus explicite et assortis de pistes d'action en termes législatifs,
là, pour l'insertion de cette valeur-là, cette orientation stratégique dans le
texte de loi.
Mme Setlakwe : Bien, moi
aussi, je suis rassurée sur ce que c'est. Oui, on ne veut pas en mettre trop
dans une loi, mais des principes fondamentaux doivent être... doivent s'y
retrouver si on veut que, sur le terrain, tous les acteurs soient guidés par
ces principes-là.
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste
1 min 50 s
Mme Setlakwe : Il me
reste 1 min 50 s? Je ne suis pas sûre. Vous... Bien, peut-être
que je vais déborder, mais ça me faisait penser, quand on parle d'augmentation
d'effectifs, plus de médecins à former, plus d'infirmières aussi. Et le
ministre a salué les efforts des universités. Mais qu'en est-il des
infrastructures? Parce que, oui, il y a beaucoup de la formation qui se fait
sur les plateaux hospitaliers, et cliniques, et autres, mais les infrastructures
au sein de nos universités, est-ce que vous sentez que les investissements
suivent?
M. Eidelman (David) : On
a eu déjà des investissements. Certainement je ne vais pas dire qu'il y a
suffisamment d'investissements. C'est dans ma nature de devoir demander plus,
mais vraiment on travaille en bonne collaboration avec le ministère de la Santé
et de Services sociaux, ainsi que le ministère de l'Éducation supérieur pour
trouver des solutions. Ce n'est pas tellement facile parce que certains de nos
établissements sont vétustes, et l'expansion très rapide implique toujours un
besoin de changement rapide qui n'est pas toujours facile à faire, mais on
travaille en collaboration avec le ministère depuis toujours pour arriver à
trouver des solutions.
Mme Setlakwe : C'est ce
qu'on souhaite. Merci
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, M. le député
de Rosemont, maintenant.
M. Marissal : Merci, M.
le Président. Bonjour. Merci d'être là. Bienvenue. M. Jutras, j'ai souri
tantôt quand vous avez dit que vous appreniez, les trois premières années de
droit, à ne pas mettre trop de trucs dans des projets de loi. Quand on sait
qu'on est devant un mammouth de 1 200 articles, ici, si vous avez des
conseils à donner, on écoute, là. Blague à part, vous avez dit tout à l'heure
il faudrait que dans la loi 15, le projet de loi no 15, nous
reconduisons les articles 237 à 259 de la LSSSS. Vous ne les retrouvez pas
du tout. Ça, c'est la première question. Parce que certains se retrouvent,
hein, copier-coller. D'autres vont changer un peu, là, par conformité pour la
loi. Ce n'est pas ça le terme, là, mais je vais vous le trouver tantôt, là. Par
concordance, c'est le terme que cherche. Et si vous ne les retrouvez pas,
qu'est ce que vous recherchez, que vous regardez? Je crois comprendre que ça
touche le CMDP en particulier et la gouvernance du CMDP.
M. Eidelman (David) : Ce
qui nous inquiète le plus... inquiétait, mais je suis rassuré par les
commentaires du ministre. Alors, je ne peux pas trop exagérer, mais ce qui nous
inquiétait, c'est qu'on avait l'impression que l'université n'aurait pas de mot
à dire sur les nominations de personnes très importantes dans la supervision et
la gestion de l'offre dans l'enseignement. Parce que, comme pour répéter, c'est
les mêmes personnes qui font le travail de gestion médicale, qui font
l'apprentissage, qui gèrent l'apprentissage de nos étudiants en médecine et nos
médecins résidents qui ont, par exemple, une...
M. Eidelman (David) : ...double
qualité. Médecin résident, c'est à la fois un employé du ministère et un
étudiant, entre guillemets, un apprenant. Et donc la chose qui nous inquiétait,
c'était l'apparente... on était écarté de ce processus-là. Mais maintenant je
suis rassuré qu'on va trouver une façon de nous réintégrer là-dedans. Et, si
c'est vrai, peut-être, mentionnant... spécifiques, des articles spécifiques de
la loi, j'ai... je suis allé un peu trop loin, pour un médecin, de proposer des
choses qui sont le domaine des juristes, mais, de toute façon, c'est... le but
de ça, c'est d'être certain que les universités ne sont pas écartées des
décisions qui touchent directement sur le choix des futurs professeurs de
médecine, par exemple. Alors, quand quelqu'un est embauché comme médecin dans
un établissement, cette personne-là est de plus en plus partout dans le
système, cette personne-là devient une professeure à un moment donné. Et donc
on ne peut pas simplement aller chercher des médecins juste comme ça, il faut
que les universités ont une façon d'avoir un mot à dire. Et, jusqu'à
maintenant, on a un système qui fonctionne bien, O.K.? On ne dit pas qu'il y a
un gros problème, on ne veut pas avoir des problèmes à l'avenir.
M. Marissal : Oui, je
comprends bien. Cela dit, un engagement verbal, ce n'est pas un article de loi.
Puis je ne présente pas de la mauvaise foi de personne, là, c'est juste qu'il
va falloir l'intégrer d'une façon claire pour que ce soit dans le projet de
loi, là.
M. Eidelman (David) : Tout à
fait.
M. Marissal : Comme vous
savez, le législateur ne parle pas pour rien dire apparemment. Alors, ça va
être important. Il me reste du temps ou non?
Le Président (M. Provençal)
:Cinq secondes.
M. Marissal : Yé! À peine le
temps de vous dire merci.
Une voix : Merci beaucoup.
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Je voulais simplement rajouter comme commentaire
que les propositions que vous faites sont en lien avec votre expérience et
votre expertise terrain, alors tout est bienvenu. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Messieurs Jutras, Dr Eidelman, j'aimerais, moi, parler de la
formation des ressources pour le domaine de la santé. On sait qu'on a une
pénurie de main-d'oeuvre qui est généralisée. Hier, les étudiants de la
Fédération médicale étudiante du Québec ont exprimé des réserves concernant le
recours accru aux services des cliniques médicales spécialisées, craignant
qu'ils ne puissent pas avoir accès, là, à une exposition clinique qui serait
adéquate, puis ils ont même mentionné qu'on pourrait avoir une atteinte aux
standards de qualité de la formation médicale. Qu'est-ce que vous avez à dire
là-dessus?
• (12 h 20) •
M. Eidelman (David) : Peut-être
je peux commenter. En principe, nous... Par le passé, si on regarde par le
passé, la formation des étudiants et des résidents se faisait toujours dans nos
hôpitaux de l'enseignement traditionnel, les CHU et d'autres. C'est peu, c'est
peu passible, O.K.? Par exemple, si je prends, moi, où je travaille, le CUSM,
il y a des chirurgies très, très compliquées, très avancées. Ils sont trop
avancés, vraiment, pour des étudiants ou même pour des résidents débutant en
chirurgie, donc ils doivent trouver... On sait que ces personnes-là doivent
passer une partie de leur formation ailleurs. Alors, ailleurs, c'est à
l'extérieur des CHU ou d'autres hôpitaux traditionnels de l'enseignement, ça
veut dire, donc, des hôpitaux qui sont dans la région, mais aussi, peut-être,
dans des cliniques privées ou autres qui... où ça se fait. Dans tous les cas,
c'est important que l'université fait son travail, parce que nous, nous sommes
imputables pour la qualité de la formation et aussi pour la qualité de la vie
d'apprentissage des étudiants et des résidents. Donc, juste comme dans...
chez... c'est la même chose, un CHU ou clinique privée, les standards doivent
être les mêmes et pas seulement la qualité de la formation, mais aussi la
qualité de l'environnement d'apprentissage, O.K.? Et ça, ce sont des standards
d'agrément auxquels ont droit toujours être en alignement.
M. Arseneau : Il y a
également les infirmières praticiennes spécialisées hier qu'on a rencontrées,
dont on sait qu'on voudrait augmenter le nombre, mais qui ont des difficultés
d'obtenir des stages. Est-ce que ça, c'est pour vous... vous pouvez agir d'une
façon ou d'une autre...
M. Eidelman (David) : Oui.
Comme notre École des sciences infirmières est ma responsabilité à McGill, je
suis très conscient de ce problème-là. C'est vraiment un problème. Il y a une
compétition même entre les infirmières praticiennes et les étudiants en
médecine des fois parce qu'on n'a pas assez de milieux d'apprentissage. Mais
ça, ce n'est pas... ça l'a... ce n'est pas la faute à quiconque, c'est la
réalité de faire une transformation très...
M. Eidelman (David) : ...de
système et nous travaillons très fort. On est toujours à l'affût de nouvelles
opportunités. Certainement, on a besoin de l'appui de ministères de la Santé et
Services sociaux ainsi que le ministère de l'Éducation supérieure pour trouver
les ressources nécessaires pour faire en sorte que ces choses se réalisent.
M. Arseneau : Le message est
passé. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Alors, je tiens à remercier M.
Daniel Jutras et le Dr David Eidelman pour leur participation à nos travaux.
Sur ce, je vais suspendre quelques minutes
pour qu'on puisse permettre au prochain groupe de prendre place. Merci
beaucoup, messieurs.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
(Reprise à 12 h 25)
Le Président (M. Provençal)
:Nous recevons maintenant les médecins
qui représentent le Regroupement québécois de médecins pour la décentralisation
du système de santé. Alors, je vais vous inviter à faire votre présentation, 10
minutes, et, par la suite, on fait nos échanges. Et je vous cède la parole.
M. Kaud (Daniel) : Bonjour.
Mon nom est Dr Daniel Kaud, je suis le président du regroupement. Je suis
accompagné de trois membres de mon conseil d'administration, Dre Ruth Vander
Stelt, Dre Marie-Claude Blouin et Dr Lê-Phat-Hô.
M. le Président, M. le ministre, Mme la
sous-ministre et membres de la commission, je vous remercie aujourd'hui de nous
avoir reçus. Nous sommes ici en tant que représentants du Regroupement
québécois des médecins pour la décentralisation du système de santé, que nous
nommerons ci-après le RQMDSS. Nous vous remercions de nous offrir la chance
d'exprimer nos commentaires et de répondre à vos questions sur le projet de loi
n° 15 visant à rendre le système de santé et services sociaux plus efficace.
Le RQMDSS a vu le jour en juin 2020, en
plein cœur de la crise sanitaire, alors que les médecins aux quatre coins de la
province constataient avec détresse à quel point la centralisation du système
de santé, par sa rigidité et sa lourdeur bureaucratique, les privait de
l'agilité nécessaire pour...
M. Kaud (Daniel) : ...combattre
la pandémie de façon efficace. C'est ainsi que près de 850 médecins, tant
spécialistes qu'omnipraticiens, issus de plus de 60 centres hospitaliers au
Québec, ont décidé d'unir leurs voix afin de réclamer une meilleure gouvernance
locale dans les établissements de santé et les installations du Québec. Nous
demeurons convaincus qu'il s'agit de la seule manière d'accroître l'efficacité
de notre système de santé.
Remettre le patient au cœur du système de
santé, briser les silos, offrir une gestion de proximité, travailler en
interdisciplinarité, voilà des objectifs qui pourront remobiliser et réengager
les soignants et les faire adhérer aux changements proposés de culture et de
structure de ce projet de loi. Ne l'oublions pas, nous sommes des humains qui
soignons des humains. Nous avons besoin d'humanité dans notre réseau. Et, pour
nous, humanité rime avec proximité.
C'est donc avec un esprit collaboratif et
engagé que nous avons pris connaissance du projet de loi n° 15. Nous
convenons que le statu quo est impossible. Nous sommes heureux de constater
l'ouverture du ministre lorsqu'il affirme que son projet de loi est
perfectible, car nous sommes d'avis qu'il peut être encore bonifié et optimisé.
Pour notre analyse détaillée du projet de loi n° 15, nous vous invitons à
consulter le mémoire que nous avons déposé à la commission et nous nous
attarderons ici à l'aspect de la gouvernance clinique, qui est au cœur de nos
revendications.
M. Lê-Phat-Hô (Félix) : M. le
Président, depuis sa création, le RQMDSS revendique quatre fondements d'une
gouvernance clinique locale et décisionnelle, à savoir un directeur général
local, un directeur des services professionnels local, un CMDP local et une
table des chefs des départements et services locale. Ces quatre éléments ne
sont pas retrouvés tels quels dans le libellé actuel du p.l. 15. Cependant,
d'autres nouvelles entités qui méritent notre considération y sont introduites.
Nous avons analysé la nouvelle structure de gouvernance clinique proposée par
le ministre et avons cheminé à partir de celle-ci afin de la bonifier et d'en
arriver à des propositions qui, à notre avis, pourront être à la satisfaction
de tous.
La gestion de proximité étant un des
leitmotivs centraux de la réforme, notamment à l'article 132, nous
proposons un organigramme de gouvernance clinique qui répondra aux besoins
d'efficience du réseau et qui est décrit de façon précise et explicite dans nos
propositions de modifications du texte de loi. En effet, le libellé ne doit pas
courir le risque d'une interprétation ambiguë qui pourrait résulter en une
application à géométrie variable dans les différentes installations du réseau.
Le p.l. 15 introduit, à l'article 29,
un concept, hautement pertinent et, à notre avis, fondamental, de subsidiarité,
principe selon lequel une autorité centrale ne peut effectuer que les tâches
qui ne peuvent pas être réalisées à l'échelon inférieur. Nous ne considérons
malheureusement pas que le texte du projet de loi reflète ce principe de manière
optimale et conséquente. Forts de notre volonté de collaborer avec le
législateur, nous avons intégré certains concepts prometteurs du projet de loi
à nos revendications initiales pour arriver à une structure de gouvernance
harmonieuse qui suit une logique professionnelle.
• (12 h 30) •
Mme Blouin (Marie-Claude) : Alors,
M. le Président, similairement aux motifs qui ont convaincu le ministre de
créer Santé Québec, à savoir le désir de séparer les orientations des
opérations, nous recommandons d'appliquer la même logique aux établissements et
aux réseaux locaux de services qui s'y rattachent. Ainsi, les établissements
doivent jouer un rôle davantage axé sur les orientations, l'intégration et la
coordination des trajectoires de soins, alors que les réseaux locaux de
services doivent se voir confier la gestion des opérations. Ainsi, le
responsable d'installation d'un centre hospitalier faisant partie d'un RLS doit
être nommé président-directeur général adjoint de ce centre hospitalier, de
même que du RLS correspondant et des installations qui s'y rattachent, afin
d'éviter toute ambiguïté dans son rôle.
Ensuite, le texte législatif doit indiquer
que, pour chaque réseau local de services, il y aura un directeur médical
local. En effet... En fait, toutes les catégories de professionnels mentionnées
à l'article 154 devraient pouvoir compter sur un directeur local
facilement accessible. Nous croyons fermement que chaque centre hospitalier
d'un RLS doit avoir son CMDP local...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Blouin (Marie-Claude) : ...en
effet, les conseils de professionnels sont des instances de concertation, qui,
pour avoir une réelle valeur, doivent susciter la mobilisation et le sentiment
d'appartenance des professionnels, ce qui n'est possible qu'à un niveau local.
Ces instances perdent tout leur sens lorsque physiquement déconnectées des
lieux de prestation de soins et des équipes soignantes qui les composent.
L'établissement, quant à lui, doit avoir
un rôle davantage axé sur les orientations, donc assurer une gestion
transversale de coordination entre ses différentes installations. À cet égard,
nous accueillons favorablement la création du Conseil interdisciplinaire d'évaluation
des trajectoires et de l'organisation clinique. Cependant, pour être
fonctionnel et ancré dans la réalité de chaque installation, ce conseil devrait
être constitué de tous les directeurs médicaux et directeurs des autres
catégories de professionnels de la santé, des RLS, formant l'établissement.
Par ailleurs, une portion significative de
la trajectoire des soins d'un patient relève de décisions du corps médical,
sans que les autres professionnels de la santé ne soient nécessairement
impliqués. Il n'y a qu'à penser, par exemple, à la décision médicale de
transférer un patient à l'unité des soins intensifs ou de procéder au transfert
d'un patient à un autre établissement, ou bien d'établir des corridors de
service pour diverses spécialités. Il faut donc qu'une instance de concertation
du corps médical existe également en parallèle de l'instance
multidisciplinaire. C'est ainsi que le RQMDSS propose la création d'un comité
de direction médicale. Ainsi, deux comités aviseurs cliniques seraient en lien
avec le P.D.G. de l'établissement, soit le conseil interdisciplinaire et le comité
de direction médicale.
Mme Vander Stelt (Ruth) : Le
RQMDSS accueille avec optimisme les initiatives du p.l. 15 visant à mieux
inclure les citoyens dans des processus décisionnels, tels les conseils d'établissement
et les comités consultatifs. L'important est d'obtenir une reddition de comptes
transparente, à l'échelle locale, plus près des citoyens, de même que de donner
à ces derniers une capacité d'influence sur la prestation des services et l'organisation
des soins. Que cette instance se nomme comité de vigie, conseil de surveillance
et d'alliance communautaire ou comité consultatif, cela importe peu, du moment
qu'une interface permanente soit créée entre les directeurs et les citoyens
afin de permettre à ces derniers de s'impliquer activement et de s'autodéterminer
dans la manière dont ils veulent être soignés.
En ce sens, nous rejoignons les intérêts
de nos partenaires, en particulier l'Alliance des patients pour la santé, le
Regroupement provincial des comités des usagers et l'Association québécoise de
défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, dont les
représentants sont d'ailleurs ici présents aujourd'hui pour nous supporter.
En résumé, ce que RQMDSS vous propose
aujourd'hui est de cheminer vers un organigramme de gouvernance clinique de
proximité. C'est par une gestion locale, à échelle humaine, M. le Président, qu'il
sera possible de mobiliser les ressources et d'obtenir l'adhésion des acteurs à
la réforme à venir. L'engagement des acteurs est un prérequis pour obtenir le
changement de culture souhaité dans notre réseau, et une meilleure gouvernance
clinique locale sera, à notre avis, garante d'une meilleure efficacité de notre
système de santé et de services sociaux afin, ultimement, d'offrir les
meilleurs soins à nos patients. Pour le plan de transition qui sera mis en
place afin de gérer la vaste transformation du réseau à venir, le RQMDSS sera
présent pour collaborer, M. le Président, au comité de pilotage. Nous vous
remercions pour votre attention et nous sommes maintenant prêts à répondre à
vos questions.
Le Président (M. Provençal)
:Merci pour cette présentation en
quatuor, très intéressant. M. le ministre.
M. Dubé : Merci, M. le
Président. Bien, premièrement, je suis vraiment impressionné de votre
présentation. Je dois vous dire ça, là, depuis tantôt, j'en parle avec le
docteur Bergeron, parce que... Puis c'est un peu malheureux que les Québécois
qui nous regardent ne puissent pas voir ça à l'écran, ce que vous nous avez
présenté, mais on nous a fait, disons, la vieille approche d'y aller papier,
là. Puis je vais, je vais essayer de le montrer pour les caméras, là. C'est
que, lorsqu'on a déposé le projet de loi puis qu'on a expliqué lorsqu'on a
déposé, on a fait l'avant et l'après avec ce qu'on a appelé la gouvernance
clinique. Je vais résumer ça comme ça. Et ce que vous déposez aujourd'hui, c'est
une version, je vais l'appeler comme ça, là...
M. Dubé : ...amélioré ou, en
tout cas, une version encore plus décentralisée. Puis je ne dis pas que je suis
100 % d'accord avec ce que vous dites, là, ce n'est pas l'objectif ce
matin, mais j'apprécie énormément parce que je m'étais engagé avec mes
collègues de l'opposition... quand on va aller à l'article par article, d'avoir
une espèce d'organigramme comme ça. Parce que souvent, puis c'est vous, je
pense, qui l'avez dit, que la loi, on peut essayer de bien la comprendre, mais
rien de mieux que de préciser des fois, par un organigramme, qui se rapporte à
qui puis qui a quel rôle. Alors, c'est ça que vous nous faites aujourd'hui.
Vous avez un organigramme qui vient supporter vos différents points. Puis ça,
pour moi, ça nous donne toute une valeur dans les discussions que j'aurai avec
mes collègues, et du gouvernement et de l'opposition, pour dire : Bien,
notre présentation... ou le projet de loi 15 comme il est, voici ce qu'il dit
que le CNDP devrait faire maintenant. La proposition de votre organisme, c'est
un peu différent pour telle raison.
Alors, je veux juste dire à tout le monde
aujourd'hui un gros merci parce que ça rend la discussion tellement plus
facile. Puis ce n'est pas facile quand on joue dans des concepts de
gouvernance, puis tout ça. Alors, je suis... C'est très apprécié le travail que
vous avez fait. Mais comme on n'a pas 3 h pour en parler, je voudrais peut-être
envoyer un message. Puis, dans votre... la fin de votre présentation, puis je
suis très content dans la dernière année d'avoir eu quelques discussions avec
vous parce que je vois de quelle façon vous travaillez... votre offre de
participer au comité de transition, puis tout ça, là, pour moi, ça, c'est
majeur. Parce que vous avez dit quelque chose... puis là on... j'attendrai de
voir, parce que j'avais mentionné qu'on... il faudrait peut-être rajouter dans
le projet de loi le principe qu'il y aura un plan de transition. Parce que
c'est beau de le dire, souvent, quand mes collègues le disent, mais des fois,
il faut le décrire aussi, ça fait que...
Mais le point que je veux faire, c'est que
vous avez... puis je veux juste de retrouver le bon thème, là, vous avez dit...
ou la bonne expression, pardon, vous avez dit : Mais on comprend qu'on ne
peut peut-être pas aller là tout de suite. Qu'est -e que vous avez dit, là?
Qu'il pourrait y avoir de le faire par étapes. Parce que je donne juste
l'exemple... là, vous dites : Ça prendrait... puis là je parle de votre
graphique, là, pas de celui qu'on a déposé. Mais vous dites qu'il faudrait
avoir une structure d'un PDGA dans chaque territoire. Ça commence à faire
beaucoup de monde, ça. Je comprends qu'on a voulu faire un gestionnaire de
proximité, mais vous lui donnez un rôle très élargi à ce... c'est un... Est-ce
que je lis bien votre principe, là?
Alors, j'essaie de voir comment on
pourrait, quand on aura nos discussions avec la Commission, dire : Oui, on
peut peut-être aller là, mais comment on pourrait le faire par étapes? C'est un
petit peu ça, là, pas juste la transition, qu'est-ce qu'on fait après six mois
lorsqu'on commence, mais sur quelques années, comment on va là. Parce que
c'est... Là, on est dans une... dans mon ancienne vie, là, chez mon employeur
que je ne veux plus nommer, là, mais là on était vraiment, là, au niveau
terrain. Alors, vous proposez vraiment un PDGA à chacune des... puis là des
territoires. Prenons un exemple. Puis là je vais vous laisser parler, excusez,
mais ça me fascine, ça me fascine, ce que vous avez fait ce matin, ça fait que
je vais vous dire ça m'impressionne, là, puis je veux... Mais prenons
Montérégie, je dis ça comme ça, hein, Montérégie, vous êtes dans mon comté,
bon, ça fait que Montérégie. Ça voudrait dire qu'il y aurait combien de... dans
Montérégie Ouest, il y aurait combien de territoires, selon votre... cette
analyse-là?
• (12 h 40) •
M. Lê-Phat-Hô (Félix) : ...ce
serait quatre RLS, donc quatre PDGA.
M. Dubé : Donc, la base,
c'est le RLS pour le territoire.
M. Lê-Phat-Hô (Félix) : Oui,
on veut comment renforcer la structure des RLS. C'est une structure qui est
naturelle. Les gens sur le terrain, les médecins et les professionnels sont
déjà regroupés en RLS. Vous savez qu'avant la loi 10 il y avait les fameux C3S.
Sans dire qu'on veut revenir vers cette structure-là, c'était une structure
plus naturelle. Donc peu importe le délai que ça va prendre pour arriver à
cette structure bien plus naturelle pour les gens sur le terrain, nous, on vise
des structures qui vont voir... qui vont pouvoir avoir des décisions... qui
vont prendre des décisions sur le terrain. Donc, on ne veut pas une
déconcentration des pouvoirs. On veut vraiment une réelle décentralisation sur
le terrain.
M. Dubé : Mais je ne veux pas
dire ce que vous ne voulez pas dire. Je ne veux pas vous le faire dire, mais
avec cette précision-là que vous venez de me donner, vous dites... parce que
nous, on a voulu respecter les CISSS et les CIUSSS, les 35 actuels. Ça, c'était
notre grand principe. On ne voulait pas changer ça. Vous, vous dites... vous
voulez avoir une étape plus loin, on va garder le CISSS comme... prenons...
M. Dubé : ...ou peu importe, mais
on aimerait qu'on aille dans une granularité plus fine puis redonner certains
pouvoirs de gestion aux RLS. Est-ce que... O.K., O.K.
Mme Blouin (Marie-Claude) : Si
je peux donner l'exemple, moi, je suis dans la Montérégie-Est...
M. Dubé : Quel beau coin!
Quel beau coin!
Mme Blouin (Marie-Claude) : Donc,
le CISSS de la Montérégie-Est, dans le fond, il y a trois pôles, il y a
l'Hôtel-Dieu de Sorel, il y a l'hôpital de Saint-Hyacinthe et Pierre-Boucher.
Il y a donc trois RLS. Il y a déjà des responsables de sites qui ont été nommés
pour chacun de ces trois centres-là. Donc, nous, on veut juste dire... pas
juste les appeler un responsable. Est-ce qu'il peut être le P.D.G. de ce
RLS-là? Donc, est-ce que... la personne responsable de l'hôpital Hôtel-Dieu de
Sorel, par exemple, est-ce qu'elle peut être le P.D.G.A., adjoint, de
l'Hôtel-Dieu de Sorel mais donc de tout ce qui est fiduciaire de l'Hôtel-Dieu
de Sorel, les installations un peu autour. Parce que c'est déjà naturel, comme
docteur Lê-Phat-Hô dit.
M. Dubé : Moi, je ne dis pas
oui ou non, là, parce qu'encore une fois, on est... je le dis souvent, cette
semaine, c'est pour écouter puis de poser des questions, mais ce que je trouve
intéressant... En tout cas, je vais le dire rapidement, là. Nous, dans le
gestionnaire de proximité, c'est quand même un gros changement, puis on a
décidé de lui donner certaines fonctions. Vous vous voulez juste dire :
Est-ce qu'à terme, puis je ne sais pas ce que pourrait être à terme, on
pourrait-tu aller plus loin puis lui donner des plus grandes fonctions? Parce
qu'un P.D.G.A. de RLS, il n'aurait pas du tout les mêmes fonctions qu'un
gestionnaire de proximité tel qu'on le voit dans p. l. n° 15, là. Est-ce que...
Mme Blouin (Marie-Claude) : Exactement.
Parce qu'il ne faut pas oublier, justement, toute l'intégration des
installations dans un RLS. Il n'y a pas juste le centre hospitalier, il y a les
CHSLD, le CLSC, le communautaire, le volet jeunesse. Donc, il faut qu'il y ait
une interaction avec chacune de ces installations-là. Puis on l'a dit, pendant
la pandémie, c'est trop gros pour un seul P.D.G. qui doit gérer des centaines
d'installations, là, c'est trop gros. Donc, si c'est réparti au niveau RLS,
déjà, ça devient plus gérable. Puis ces personnes-là peuvent se rapporter au
P.D.G., puis lui, ça lui donne vraiment une vision... une meilleure vision
d'ensemble.
M. Dubé : Je voudrais juste
vérifier, parce que je me suis emporté, excusez-moi, là, je voudrais vérifier
avec mes collègues si elles ont des questions. Mais je ne voudrais pas du tout
fermer la porte aujourd'hui, là, à cette suggestion-là. Je voudrais juste
trouver une façon, quand on regardera ça dans les prochaines semaines, comment
ça pourrait se faire. Mais...
M. Lê-Phat-Hô (Félix) : Si je
peux me permettre, M. le Président et M. le ministre...
M. Dubé : Allez-y.
M. Lê-Phat-Hô (Félix) : ...c'est
un rassemblement naturel pour les patients et les citoyens également. On a des
associations de patients, de citoyens derrière nous. Pour eux, c'est plus
humain, plus naturel de se regrouper en fonction des RLS. Vous avez des MRC
également. Vous savez, les RLS, c'est comme des circonscriptions dans le
système de santé. Pour nous, c'est... pour pouvoir avoir des soins de proximité
à échelle humaine, il faut vraiment se rapprocher du terrain, et je pense que
nos partenaires vont vous le dire aussi.
M. Dubé : Ce que j'aimerais
vous demander, là... Parce que ça fait beaucoup de PDGA, là, si j'additionne
tout ça, mais, en fait, c'est le même nombre de gestionnaires de proximité,
c'est à peu près une centaine. C'est juste que qu'est-ce que ça donnerait?
Donnez-moi un exemple d'un rôle additionnel qui est important dans la fonction
patient que vous venez de donner, là? Si c'était un PDGA, comme on le connaît
d'un... parce qu'excusez-moi, là, un président-directeur général adjoint, là,
parce que les gens qui nous écoutent, des fois, on a tellement d'expressions,
puis j'ai pris ce défaut-là moi aussi, ce P.D.G.-là adjoint, dans un grand
établissement, comme Montérégie-Est, il a presque le droit de vie ou de mort
sur... Là, vous donneriez les mêmes... les mêmes pouvoirs au niveau du RLS?
Allez-y donc.
Mme Vander Stelt (Ruth) : Ce
qu'on cherche, on cherche une agilité et un pouvoir décisionnel sur le terrain,
parce que, ce qui ne se gère pas sur le terrain, ça devient le chaos, c'est
chacun pour soi, il s'invente des règles, il s'invente des façons de
fonctionner, et on a vraiment besoin d'un pouvoir décisionnel local. Nous,
quand on a fait PDGA, on le respecte, le principe de décentralisation, et c'est
pour ça qu'on est arrivé à ça. Et on voulait respecter les structures qui ont
déjà été en place et la nomenclature. Que ça se nomme autrement... Je pense, ça
pourrait se nommer autrement, mais les pouvoirs décisionnels ont besoin d'être
là, parce que moi, dans le Pontiac, je travaille en milieu hospitalier. Je fais
de l'hospitalisation, je fais de l'urgence, je fais du bureau, je fais du CLSC,
je fais des soins à domicile, je fais... bon. Mais juste dans un RLS comme chez
nous, ça ne se parle par, les différents endroits, parce que tout un chacun
doit se rapporter à la Ville, nous, on appelle ça la ville, et puis tu attends.
M. Dubé : Oui, je sais, on en
a parlé, puis... Mais j'essaie juste de voir...
M. Dubé : ...j'essaie de voir
aujourd'hui, là, parce qu'on ne réglera... j'aimerais bien ça en régler ça plus
vite, là, mais... Est-ce que... On va faire des choses comme il faut, on va
faire les choses comme il faut, si on voulait aller là, avec votre expérience
de terrain, ça prendrait combien de temps, entre le scénario qu'on propose
aujourd'hui avec un gestionnaire de proximité qui a quand même un rôle plus
important qu'avant, il n'en avait pas, là il en a un, mais il a un rôle,
mettons, je vais dire plus limité, à aller vers ce que vous proposez, ça
prendrait combien de temps aller là?
Mme Vander Stelt (Ruth) : Bien,
ce ne serait pas très long, M. le ministre, parce que c'est ça qu'on cherche à
tous les jours, quelqu'un qui va prendre une décision. Alors... donc, c'est ça
qu'on cherche, là. Moi, mon haut-parleur...
M. Dubé : Mais il faut avoir
l'organisation qui suit, par exemple, en tout cas.
Mme Vander Stelt (Ruth) : Moi,
mon haut-parleur de la salle d'urgence, là, on ne l'entend pas dans la salle...
dans la salle d'attente, O.K., ça prend un «octopus» de... avec huit tentacules
pour aller en ville pour faire une demande pour que ce soit... Moi, je sors
dans la salle d'attente, il y a les patients qui quittent l'établissement parce
qu'ils n'entendent pas, puis nous, on pense qu'ils n'ont pas répondu, ça fait
qu'on écrit «quitte sans être vu». On veut juste quelqu'un qui peut dire :
Tu sais, tu peux-tu réparer ça? Tu sais, c'est... on parle de terrain, là. Ils
vont avoir un emploi demain matin, là, à temps plein.
M. Dubé : Comment il me reste
de temps, là?
Le Président (M. Provençal)
:Bien, quatre minutes, mais je pense
que M....
M. Kaud (Daniel) : Oui, M. le
ministre, M. le Président, nous ne sommes pas des législateurs, on n'est pas
des professionnels de l'organigramme, nous sommes des professionnels de... des
organes, hein. Voilà. Et je suis interniste, alors je connais tous les organes.
Voilà. Nous voulons avoir une décentralisation d'une prise décisionnelle, une
certaine prise décisionnelle au niveau du terrain. Nous ne parlons pas de tout
l'élément qu'on dit PDGA, peut-être vous pensez qu'on veut ramener une
séparation, un silo local versus un silo établissement territorial, ce n'est
pas ce que nous voulons faire. Nous voulons travailler en cogestion entre...
c'est... ce PDGA ou directeur général adjoint, je ne sais pas c'est quoi le
terme précis, mais personne muni d'un certain pouvoir décisionnel opérationnel,
et ça a toujours été ça depuis qu'on existe, notre regroupement. Notre premier
manifeste, nous l'avons dit, on a besoin de quelqu'un qui est opérationnel,
muni d'un certain pouvoir décisionnel, mais qui travaillera en coordination
avec les besoins territoriaux, et comme ça, nous allons gagner. Comme je
l'avais déjà dit, dans une de nos rencontres, fait de nos hôpitaux comme des
PME, des petits, moyens hôpitaux, des engins performants qui peuvent vraiment
être bien gérés, là, puis après ça, on arrime toutes les PME ensemble sur un
territoire puis ça être... ça va... on va scorer des buts.
M. Dubé : C'est pour ça qu'on
se comprend bien puis on s'est parlé si souvent. Moi, ce que j'aimerais vous
dire, parce que là je vois que mon temps est passé puis je vais me faire disputer,
là, mais je voudrais trouver la façon, quand j'en parlerai avec mes collègues,
d'aller vers là, puis peut-être que le principe qu'on pourra faire, là, je
pense tout haut, des fois, je ne devrais pas faire ça, mais...
Une voix : Non, non, allez-y.
M. Dubé : ...de dire... parce
que ça va me mettre dans le trouble, mais... ce n'est pas la première fois, là.
Alors, mais... je vais résumer ma pensée, notre gestionnaire de proximité, dans
le projet de loi, il a telle, telle fonction, est-ce qu'on pourrait, quand on
va faire nos discussions, de dire que, sur une période de transition x, on
verra, là, c'est quoi, comment on pourrait aller là sur quelques années pour
que ça ne soit pas le fouillis non plus? Mais je pense que le message que vous
nous envoyez aujourd'hui, je le trouve très intéressant, de viser à penser RLS,
parce que quand je vais discuter avec mes collègues, j'ai entendu la
proposition de M. Clair que la reddition de comptes devait se faire dans
une mécanique aussi de RLS, je trouve ça très intéressant. Ça fait que je ne
prends pas d'engagement aujourd'hui, là, j'ai essayé de vous poser des
questions ouvertes, mais je salue vraiment votre initiative et cette
présentation-là aujourd'hui. Merci beaucoup.
• (12 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
:Le député de Pontiac.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour à vous
quatre. Merci d'être là. Moi aussi, M. le ministre, j'ai une médecin de ma
circonscription aujourd'hui, alors on ne fera pas compétition à savoir laquelle
on aime mieux autour de la table, mais vous reconnaîtrez à travers le mémoire
toute la... tout le travail d'exactitude que je connais très bien, la Dre
Vander Stelt, alors...
M. Dubé : Quel beau
compliment.
M. Fortin :Là, je veux comprendre une chose, dans votre... dans votre
structure... dans votre... le PDGA que vous proposez, là, là, le ministre lui,
il dit : Bien, moi, j'ai des gestionnaires de proximité qui sont dans des
hôpitaux, les CHSLD et les CLSC, M. le ministre. Alors, ce que vous voulez,
c'est quelqu'un, si j'ai compris vos propos, Dre Vander Stelt, tantôt, là, qui
peut, oui, avoir des pouvoirs supplémentaires, mais également assurer une...
M. Fortin :...entre tous ces différents systèmes là qui sont à
l'intérieur d'un RLS... alors...
Mme Blouin (Marie-Claude) : Oui,
c'est ça.
M. Fortin :On l'a compris, c'est un début.
Mme Blouin (Marie-Claude) : Bien,
en fait, c'est ça, c'est que le fait de nommer un responsable local par
installation, oui, on salue ça, c'est ça qui a manqué pendant la pandémie dans
les CHSLD. C'est ça que vous vous êtes empressé de corriger, nommer un
responsable dans les CHSLD. Mais d'avoir un responsable qui va s'occuper que de
son installation, ça fait des silos, ça aussi, parce que les installations, ça
ne fonctionne pas tout seul, tu sais. Les patients, là, il faut qu'ils
transitent par plusieurs installations pour recevoir la gamme des soins qu'ils
ont besoin. L'hôpital, il va régulièrement faire affaire avec le CLSC. Il y a
des patients qui ont fini leurs soins à l'hôpital, il faut qu'ils passent par
le CLSC, aller faire, je ne sais pas moi, enlever leurs points de suture,
changer les pansements, la transition vers le CHSLD. Il faut qu'il y ait, comme
vous dites, une fluidité, il faut qu'il y ait une communication entre chacune
des installations d'un RLS.
Donc, le PDGA, lui, il verrait à
chapeauter toute la trajectoire, finalement, le lien entre ces différentes
installations là, au niveau du RLS. Puis c'est parce que, sinon, chapeauter
toutes ces installations-là, au niveau d'un seul P.D.G. en haut, au sommet de
l'établissement, c'est trop, on la perd, la proximité.
M. Kaud (Daniel) : Il ne faut
pas oublier qu'on avait aussi des tables de chef départementales locales qui
viendrait arrimer le travail dans nos hôpitaux. Et on aurait un directeur
médical dans notre idéal aussi, et un CMDP pour regarder le côté qualité de
l'acte localement dans chaque RLS, hôpital.
M. Lê-Phat-Hô (Félix) : Si je
peux me permettre aussi, pour le volet première ligne, parce qu'on parle
souvent d'hospitalocentrisme, on vous propose également une table locale de
soins et services de proximité qui relève du PDGA dans ce RLS. Donc, c'est une
nouveauté, c'est novateur. Au congrès de première ligne en santé, on en a
beaucoup parlé. Ça prend vraiment quelque chose pour arrimer les services de
première ligne, les professionnels de la santé, les médecins de famille, tout
le monde, privé, public, les organismes communautaires. On est vraiment des
médecins de terrain. On va rencontrer les organismes communautaires, les
maires, les élus. Ils veulent tous avoir... Ils veulent tous se réapproprier
leur système de santé et de services sociaux, et on veut le faire à échelle
humaine, et c'est ce qu'on propose par RLS.
Mme Vander Stelt (Ruth) : ...des
déterminants de la santé, vous les connaissez bien, le système de la santé se
place huitième dans les déterminants de la santé. Alors, c'est le temps
d'impliquer les patients, les mairies, les MRC, etc, là, la plupart des
déterminants de la santé les plus hauts, ils sont là. Alors, il faut être avec
les patients, il faut travailler. Puis ce n'est pas juste les individus, comme
le docteur Lê-Phat-Hô dit, tu sais, il y a une maturité incroyable, là, de la
représentativité des patients. Il faut travailler tout le monde ensemble, pour
ça, il faut une gestion de terrain.
M. Fortin :Mais je veux vous relancer là-dessus, justement, parce que
vous l'avez fait dans vos remarques d'ouverture, vous avez parlé de la capacité
d'influence des citoyens dans... Puis là je comprends, tu sais, vous proposez
essentiellement... pas un projet de loi alternatif, là, mais des... une
structure peut-être alternative. Est-ce que vous retrouver, dans le projet de
loi actuel, cette capacité-là d'interagir avec le citoyen, peut-être pas au
niveau que vous la souhaiteriez, mais est-ce que vous voyez une amélioration à
ce niveau-là?
Mme Vander Stelt (Ruth) : Le
potentiel est là, il faudrait qu'il soit clairement bonifié, parce que, dans
son état actuel, je ne vois pas comment que ça va nous aider, là.
M. Kaud (Daniel) : Bien,
c'est sûr que non, on peut quand même saluer, je pense, un effort de
consultation auprès des usagers, là, et je pense que c'est très bien, cet élément-là,
qu'on retrouve dans la loi. Ça ne touche pas nécessairement directement nos
enjeux de gouvernance clinique, mais je pense que ça a une plus-value. Mais
peut-être qu'il y aurait une manière de formaliser certaines structures comme
nous l'avons proposé pour vraiment s'assurer que c'est entériné dans la loi,
que les communautés peuvent participer à l'organisation des établissements.
M. Fortin :Dans les quatre fondements que vous aviez, là, que vous
revendiquez, peut-être avant de voir ce qui était présenté dans le projet de
loi, il y avait quand même une importance assez substantielle au CMDP. Là, il y
a des changements assez substantiels encore qui sont proposés au CMDP pour
donner une grande partie de ce travail-là au directeur médical qui est
essentiellement une personne, un fonctionnaire. Alors, vous, là, qui travaillez
tous les jours, qui voyez des CMDP, qui... est-ce que ce changement-là, vous
êtes capable de travailler avec, ou est-ce que ça fait du sens pour vous, ce
changement-là qui est proposé?
Mme Blouin (Marie-Claude) : Ça
ne fait pas de sens à nos yeux. Pour nous, le CMDP, là, c'est vital. Moi, si je
peux me permettre une petite analogie...
Mme Blouin (Marie-Claude) : ...si
on compare au hockey... Bien, moi je ne connais rien dans le hockey, mais si
moi je connais... si je suis capable de comprendre l'analogie du hockey,
d'après moi, vous allez comprendre. C'est comme si les médecins, c'est les
joueurs d'une équipe de hockey. C'est comme si les joueurs de l'équipe de hockey,
vous ne les faites jamais se rencontrer, jamais aller dans une chambre des
joueurs, jamais se voir en dehors de la glace et qu'ils n'ont pas de coach, pas
de capitaine d'équipe, puis vous leur dites : Allez jouer votre match. Ça
fait que chacun joue chacun de son bord, puis il fait ses petites affaires dans
son coin. Est-ce que ça va vraiment donner une bonne partie? Bien là, c'est un
peu la même chose, vous demandez au médecin d'aller chaque jour à l'hôpital
faire sa petite affaire dans son coin. Où est l'esprit d'équipe? Où est-ce
qu'on peut se rencontrer, avoir un espace de concertation, discuter entre
collègues, s'entendre sur des points, avoir notre plan de match? Puis c'est qui
notre coach? C'est le directeur médical. Mais c'est qui notre capitaine d'équipe?
C'est le président du CMDP.
Donc, avec les CMDP qui ont été créés à
l'échelle maintenant des CISSS et des CIUSSS, on a perdu toute la valeur et la
fonction que ça avait à la base de la CMDP. C'est vraiment ça qui entraîne une
perte du sentiment d'appartenance, perte de mobilisation, démotivation. Il y en
a plus de ça dans nos hôpitaux présentement. Nos CMDP, c'est rendu plus que
500 médecins, tu sais, c'est dilué.
M. Kaud (Daniel) : Bien,
c'est ça. C'est comme si on aurait un coach qui vient de Boston et un capitaine
qui vient de New York, là.
Mme Blouin (Marie-Claude) : Donc,
un CMDP, pour nous, c'est vital et c'est vital à un niveau local.
M. Fortin :Puis au niveau de l'organisation également, là. Pas juste
au niveau de la mesure de la qualité, et tout ça, là, au niveau de
l'organisation du travail, des soins.
Mme Blouin (Marie-Claude) : À
tous les niveaux. Et puis le CMDP, il ne faut pas oublier, c'est le fiduciaire
des patients et de la qualité des soins, la qualité de l'acte, puis... Donc,
oui, tu sais, le directeur médical, il y a sa fonction, puis c'est un peu
l'équivalent du DSP qu'on avait. On lui reconnaît tout ça, mais il ne faut pas
oublier non plus qu'il est nommé et qu'il fait partie de l'administration.
Donc, si on veut des poids et contrepoids
puis avoir une voix qui représente les patients, c'est le CMDP que ça prend.
M. Fortin :Bien, très bien. Je veux juste peut-être laisser un peu de
temps à ma collègue, si elle a des questions. Non?
Mme Vander Stelt (Ruth) : ...
M. Fortin :O.K. Allez-y, docteur.
Mme Vander Stelt (Ruth) : Il
ne faut pas prétendre que les CMDP actuellement fonctionnent à 150 %, là.
Je pense que ce n'est pas le cas. Je suis la première à le dire. Mais je pense
que s'il y a des problèmes actuellement dans le CMDP, le projet de loi ne
s'adresse certainement pas, ne donne pas les réponses, des solutions, là, aux
problèmes que nous avons. Moi, ce que je propose au législateur, c'est vraiment
de s'asseoir avec les CMDP pour qu'il puisse fonctionner correctement, mais pas
de les éviscérer de leur rôle premier.
M. Fortin :O.K. Peut-être, dernière chose, là. Quand vous parlez...
vous dites : L'idée de la subsidiarité, c'est très bien. Le ministre fait
souvent référence pour nous dire : Oui, oui, on a le principe de
subsidiarité, alors tout le reste va suivre. Vous, vous dites, si j'ai bien
compris votre propos : Pas nécessairement, là.
Mme Vander Stelt (Ruth) : On
a pris le temps de vous faire un tableau dans notre mémoire pour essayer
justement de reconduire le principe de subsidiarité à travers la loi, parce que
nous ne l'avons pas trouvé dans plusieurs articles. Alors là, où est-ce qu'on
ne l'a pas trouvé, on l'a fait à la médicale, si je peux dire. Ça fait qu'on a
essayé en tout cas d'aider le législateur à le reconduire un peu partout.
• (13 heures) •
M. Kaud (Daniel) : Le danger,
c'est que nous voulons que ce soit entériner, cette forme de structure de
gouvernance clinique locale, et le principe de subsidiarité qui fait en sorte
qu'un palier supérieur doit laisser au palier inférieur faire les tâches qu'ils
sont capables de faire, bien, on veut voir qu'il y a certains éléments
entérinés dans la loi. Selon nous, ça serait essentiel, sinon on retombe dans
la géométrie variable, et là, on laisse à chaque place de faire un peu comme
ils veulent, puis on l'a eu ça pendant sept ans, depuis la formation des CISSS
et des CIUSSS. Chaque CISSS et CIUSSS ont fait leur organigramme de façon
différente, et il y a eu beaucoup de maux dans le réseau à cause de ça.
M. Fortin :Merci. Merci à vous quatre. Puis, Dre Blouin, votre hockey
n'est pas si pire que ça, là. Je pense, vous avez compris le concept général.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Merci à vous quatre d'être là avec peut être un salut particulier à
Dre Vander Stelt, que j'ai rencontrée en début d'année dans son coin de pays,
dans le Pontiac, où je n'étais jamais allé, d'ailleurs, à ma courte honte. Et
le député de Pontiac m'en fait le reproche, d'ailleurs, à l'occasion. J'avais
visité d'ailleurs le CLSC de Mansfield, un endroit qu'il faut visiter, si vous
n'êtes pas allé encore, M. le ministre. Je sais qu'on va finir par se croiser
quelque part dans des hôpitaux ou au Madrid, là, à force de faire de la route,
là. Mais le CLSC de Mansfield est vraiment un exemple de ce qu'il faut faire en
proximité, en soins, en santé, puis merci de faire ça. Merci aussi de votre
mémoire que je qualifierais de mémoire jalon. C'est le genre de truc, je pense,
qui va...
13 h (version non révisée)
M. Marissal : ...nous habiter
pendant la très longue ou la longue, ou la courte période d'étude article par
article. Ça, on verra. Mais il y a des trucs là-dedans qui vont nous servir
beaucoup justement en gardant en tête qu'on traite d'abord des humains. J'ai
beaucoup apprécié que vous disiez ça parce qu'on parle beaucoup de structures
puis d'argent, assez rarement d'humains. Pourtant, c'est pas mal pour ça qu'on
a un réseau de santé. Alors, merci pour ça aussi.
Je... je suis un peu mystifié parce que je
m'explique mal... d'autant que vous avez dit vous avez parlé au ministre puis à
son équipe, je m'explique mal le ministre, aujourd'hui, qui semble avoir une
épiphanie en voyant votre... votre organigramme ici. Je m'explique mal l'épiphanie
puis le projet de loi qui est devant nous parce qu'entre ça puis le projet de
loi qui est devant nous, là, il y a un monde de différence. Alors, ça, on
réglera ça entre nous, là, au cours de l'étude article par article, là.
Mais la question que j'ai à vous poser, puis
ça m'étonne que mon idée de mon collègue de Pontiac ne l'ait pas posée. Vous
avez parlé au ministère, mais avez-vous été consultés ou c'est la première fois
que vous avez vraiment l'occasion de présenter ça qui semble tellement plaire
au ministre et à moi aussi d'ailleurs?
M. Kaud (Daniel) : M.
Marissal, M. le Président, M. le ministre, nous avons été quand même, je dois
dire, bien reçus, au fil des derniers deux ans, là, avec avec le ministre Dubé.
Je dois saluer vraiment quand même son approche, son équipe aussi. On a été
consulté par la sous-ministre Savoie lorsqu'elle a régi... rédigé, excusez, son
rapport sur la nouvelle structure de gouvernance, il y a un an, puis elle nous
a même mentionné comme partenaires dans le préambule. Je pense que peut-être le
fait que ce nouvel organigramme soit si percutant maintenant, c'est qu'il
reprend le projet de loi d'actuel qui a été présenté qu'on n'avait pas accès,
évidemment, il y a deux ans. Et maintenant on n'a que modifié un peu les
principes qu'on avait, qu'on présentait, et on les a arrimés à la vision du
gouvernement et du législateur. Donc, peut-être c'est pour ça que c'est plus
intéressant parce que c'est synchronisé.
M. Marissal : Oui, oui, non,
c'est parfaitement intéressant. Et comme je vous dis, là, j'ai plus de
commentaires que de questions à vous vous adresser parce que je suis assez d'accord
avec ça, puis on va travailler avec ça.
Et je termine peut être avec les secondes
qu'il me reste, en vous remerciant aussi pour l'excellent travail d'annotation
article par article qui est très ,très utile aussi, surtout quand on a 1 200 articles
à étudier, merci pour ça, puis on va suivre. On a aussi entendu l'intérêt du
ministre pour certains aspects. Ce n'est pas tombé dans l'oreille de sourd, j'en
suis sûr. Alors, merci de tout ça. Merci.
M. Kaud (Daniel) : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:La conclusion de cet échange, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Merci, mesdames et messieurs du travail très, très rigoureux que
vous avez réalisé. À mon tour de mentionner que, si vous êtes des spécialistes
des organes, certains d'entre vous, si jamais vous vous détournez du système de
santé, on aurait besoin de personnes pour faire une analyse aussi pointue avec
des suggestions texte actuel, texte suggéré, des commentaires et ainsi de
suite. On a toujours besoin de ressources également à l'Assemblée nationale si
jamais une autre carrière vous intéresse, mais je préfère que vous soyez dans
vos spécialités respectives.
Je voulais aussi mentionner que l'ensemble
de votre discours, la façon d'aborder la question, le principe de subsidiarité,
mais votre façon de le définir aussi, c'est de la musique à nos oreilles. La
gestion de proximité, puis vous proposez un modèle, et là-dessus je voudrais
vous entendre parce que vous semblez dire qu'on pourrait multiplier, par
exemple, le CMDP sur une base locale dans les RLS et tout ça. Et quelqu'un qui
dirait : Bien là, on va créer toutes sortes de structures, c'est encore
plus complexe et plus difficile. Pouvez-vous, en quelques mots, nous dire à
quel point ça va être au contraire beaucoup plus efficace?
Mme Blouin (Marie-Claude) : Oui,
c'est vrai qu'à première vue, on dirait que ça a l'air plus complexe quand on
regarde notre organigramme que l'organigramme du ministère. Mais en fait, c'est
de recréer au niveau du RLS, donc localement, une structure qui va lui
permettre d'être la plus autonome possible. Mais on ne veut pas de silo parce
que, tu sais, on ne peut pas... Tu sais, nous... moi, dans ma région, par
exemple, à Sorel-Tracy, on ne s'attend pas à ce qu'il y ait des greffes de
visage, là. On s'entend qu'on n'a pas le choix de pouvoir collaborer avec les
autres centres de notre territoire pour coordonner des services et tout ça. Ça
fait que oui, ça prend une structure qui chapeaute tout ça, ça fait que c'est
pour ça un peu notre idée de refléter. Il y a les structures locales qui
peuvent se refléter au niveau établissement qui va coordonner le tout. Vraiment
un peu comme ministère et Santé Québec, il y a l'Instance de coordination,
planification et les instances de...
Mme Blouin (Marie-Claude) : ...gestion,
opération.
M. Arseneau : D'ailleurs,
j'ai beaucoup aimé votre façon de décrire? Il y a, oui, la gestion de
proximité, mais il y a aussi la coordination de proximité puis la, je dirais,
la collaboration sur le terrain. Ces instances-là que vous proposez, c'est pour
qu'on prenne des décisions rapidement pour augmenter l'efficacité de votre
travail. C'est bien comme ça qu'il faut le comprendre.
Mme Vander Stelt (Ruth) : Je
pense que qu'est-ce qu'on veut aussi dans le haut de la structure de la santé,
on veut un gestionnaire qui est serein et on veut un gestionnaire qui peut
faire confiance à toutes les décisions qui se sont prises sur le terrain. Il
faut que ce gestionnaire en haut, le ministre, là, ou la ministre, en
l'occurrence, puisse être serein à prendre des décisions, à faire confiance à
tous ces paliers-là. Parce que, là, actuellement, qu'est-ce qui arrive? Il n'y
a pas de décision sur le terrain. Et, bien là, c'est comme quelqu'un prend une
décision, quelqu'un... Et là, finalement...
M. Arseneau : Donc, la
confiance...
Mme Vander Stelt (Ruth) : ...bien,
les hautes instances, ils doivent faire un plongeon dans les fonds de l'océan,
comme notre patient et puis ils prennent des décisions...
M. Arseneau : Et la
confiance va générer le sentiment d'appartenance et la... Ça...
Mme Vander Stelt (Ruth) : C'est
ça. C'est ça. Ça fait que quand tu gères sur le terrain...
M. Arseneau : J'ai une
dernière question rapidement puis j'ai peu de temps, c'est sur la table de
coordination que vous proposez. Moi, je voudrais vous entendre parce que les
communautés, à mon sens, ont un mot à dire sur les systèmes de santé qui les
desservent.
M. Lê-Phat-Hô (Félix) : Oui,
bien tout à fait. Bien, nous, localement, on a mis sur pied ce qu'on appelle
les rendez-vous de la première ligne. On avait invité tout le monde, les organismes
communautaires, tous les professionnels de la santé. On a tous été d'accord. La
conclusion, il faut une table de coordination locale parce qu'il faut établir
une responsabilité populationnelle locale, une responsabilité sociale locale.
Et il faut écouter les gens sur le terrain pour adapter l'offre aux besoins. On
a besoin des citoyens et des élus pour ça également.
M. Arseneau : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je veux saluer la
profondeur de la réflexion que vous avez faite en lien avec le projet de loi.
Merci beaucoup. Sur ce, je vais ajourner les... suspendre les travaux jusqu'à
14 heures. Merci énormément de votre contribution.
(Suspension de la séance à 13 h 08)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 03)
Le Président (M. Provençal)
:La Commission de la santé et des
services sociaux reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi no 15, Loi visant à
rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace. Cet
après-midi, nous entendrons les témoins suivants : Urgences-Santé, le Syndicat
des professionnels du gouvernement du Québec et l'Association des conseils
multidisciplinaires du Québec. Maintenant, je veux saluer la présence et on
donnera parole aux représentants d'Urgences-Santé. Ils sont trois personnes à
être présentes à la table. Vous avez 10 minutes pour votre présentation. Par la
suite, on y va avec les échanges. Alors, probablement que c'est M. Charpentier
qui va commencer?
M. Charpentier (François) : Oui,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Allez-y.
M. Charpentier (François) : Alors,
avant de débuter, j'aimerais vous présenter mes collègues, Mathieu Campbell,
directeur général adjoint exécutif, Patrick Liard, directeur général adjoint
opérations. Alors, M. le ministre, M. le sous-ministre, membres de la
commission parlementaire, mesdames, messieurs, en tant que président-directeur
général d'Urgences-santé, je suis heureux de venir vous présenter notre
organisation, qui est présente sur le territoire de Montréal et Laval depuis
plus de 30 ans. Urgences-Santé a comme mission d'assurer à la population de
Montréal et Laval des services préhospitaliers d'urgence de qualité, efficaces,
appropriés, afin de réduire la mortalité et la morbidité associées aux
conditions médicales urgentes de notre clientèle. Urgences-santé est également
un chef de file dans le domaine du préhospitalier qui a développé au fil des
années une importante expertise.
Chaque jour, à Montréal et Laval, les
répartiteurs médicaux d'urgence répondent à plus de 1000 appels. Les paramédics
procèdent à environ 750 interventions, dont 550 finiront par un transport vers
une salle d'urgence. De plus, nos gens de la logistique remettent en service
plus de 220 ambulances par jour. En toile de fond, des paramédics et des
répartiteurs médicaux d'urgence... ne bougez pas. En toile de fond, des
paramédics et des répartiteurs médicaux d'urgence qui travaillent avec cœur et
qui doivent être reconnus pour leur professionnalisme. D'ailleurs, nous
reconnaissons l'importance et appuyons fortement la création d'un ordre
professionnel pour les paramédics. Urgences-santé, c'est donc 1600 employés,
dont 1000 paramédics, plus de 100 répartiteurs médicaux d'urgence, 11
infirmières qui oeuvrent au centre de communication santé, qui est d'ailleurs
reconnu comme centre d'excellence accrédité par l'International Academy of
Emergency Dispatch. Le CCS, c'est le premier contact téléphonique avec l'usager
et c'est la répartition des ressources préhospitalières.
Urgences-santé, c'est aussi un chef de
file en matière de recherche hospitalière, du développement clinique et
opérationnel, de la formation de paramédics, de répartiteurs médicaux d'urgence
et de partenaires. Notre organisation possède des atouts fondamentaux pour un
réseau préhospitalier...
M. Charpentier (François) : ...efficace
et ancré dans sa communauté, le point de départ étant notre centre de
communication santé, qui est un centre névralgique dont... sa mission première
est de répondre à la population et de prendre en charge la trajectoire soins du
patient. Les RMU sont les premières voix entendues par la population ayant eu
recours au 9-1-1 pour une situation médicale urgente. Par leurs voix
rassurantes, ils prennent en charge le citoyen en détresse, tout en leur
transmettant les directives de soins immédiats. Les objectifs du centre de
communication santé sont notamment d'harmoniser la pratique, de maximiser
l'utilisation des ressources, de faciliter le suivi de la performance et
l'amélioration continue de la qualité, d'assurer la continuité des services et
de permettre des développements pour optimiser la réponse aux citoyens.
Urgences-santé possède un partenariat avec
la Fondation Jacques de Champlain afin que les répartiteurs médicaux d'urgence
aient accès à la position d'un défibrillateur externe automatisé, communément
appelé un DEA, public qui se situe à proximité d'une situation d'arrêt
cardiorespiratoire. Ainsi, le RMU pourra, par ses directives, prioriser les
actions des personnes sur place afin d'accélérer la défibrillation lorsqu'une
situation le requiert. Nous possédons aussi un centre de gestion des
opérations, communément appelé un CGO, qui permet de faire une vigie de
l'ensemble des activités préhospitalières de notre territoire en temps réel. Le
rôle de notre CGO est complémentaire à celui du centre de communication santé.
Il exerce une surveillance 24/7 afin d'identifier et de prendre en charge tout
événement pouvant affecter la mission préhospitalière. L'objectif :
assurer une meilleure fluidité dans les opérations.
Le CGO, c'est aussi des outils
technologiques qui nous donnent une vision globale et la bonne information en
temps réel, nous permettant une prise de décision rapide pour assurer et
optimiser le service à la population. C'est aussi un système d'alerte rapide,
robuste, et une capacité de mobilisation des partenaires opérationnels,
notamment le réseau de la santé et les partenaires de sécurité publique.
• (14 h 10) •
En ce qui concerne l'accessibilité aux
soins, la santé de la population n'a pas de frontière. C'est pourquoi il est
essentiel de travailler de façon intégrée dans toutes les composantes de la
chaîne d'intervention préhospitalière. En effet, le fait d'avoir des DEA
publics, des DEA dans les véhicules de police des premiers répondants et des
paramédics contribue à offrir un service complet aux citoyens. Voici quelques
exemples de l'expertise d'Urgences-santé, qui est la seule organisation
préhospitalière au Québec à travailler de façon aussi intégrée. Nous sommes la
seule à opérer notre propre centre de communication santé. Nous coordonnons les
services des premiers répondants sur notre territoire. D'ailleurs, l'ensemble
du territoire est couvert par ces services. De plus, nous avons des paramédics
à des endroits névralgiques, comme le métro et l'aéroport. D'autre part, nous
disposons d'équipes spécialisées qui assurent un service adapté à la population
en fonction des situations nécessitant un accès aux soins plus spécifiques.
Nous avons également la responsabilité de mobiliser nos ressources pour
répondre aux besoins de la population, notamment les interventions en matière
de sécurité civile durant les événements de grande envergure, dont le Marathon
de Montréal, la COP15, le Grand Prix de Formule 1 et les festivals, et ce, pour
éviter les impacts sur la population.
Dans tout ce que nous faisons, nous nous
assurons de faire évoluer nos services en fonction des besoins de la
population. Urgences-santé a aussi initié dans les dernières années le triage
secondaire, et depuis septembre 2022, nous avons intégré la paramédecine de
régulation, impliquant la co évaluation avec nos... nos paramédics, excusez, et
le référencement des patients vers les corridors de services du réseau autres
que les salles d'urgence. En plus d'être très favorable pour nos patients, cette
intégration au continuum de soins permet également de désengorger les urgences
et d'offrir un service mieux adapté. À titre d'exemple, sur 5282 appels traités
en paramédecine de régulation, 19 % des patients ont été réorientés vers
une trajectoire autre que celle d'une salle d'urgence.
En complément, nous notons que les
différentes stratégies, telles que le...
M. Charpentier (François) : ...des
guichets d'accès, la paramédecine de régulation, les travaux de la cellule de
crise, mis de l'avant par le ministère et dans lequel Urgences-Santé participe,
présentent des constats intéressants. En effet, une réduction de
2 000 transports par mois vers les salles d'urgence a été constatée
sur le territoire de Montréal et Laval, comparativement aux périodes prépandémiques.
Avec ces informations, vous êtes à même de constater l'ampleur du travail qui
se fait au quotidien au service des citoyens.
Nous sommes également d'avis que le projet
de loi 15 permettrait à Urgences-Santé de mettre de l'avant d'autres projets
visant l'amélioration des services rendus auprès de la population. Comme
mentionné précédemment, la force d'Urgences-Santé est la prise en charge
intégrée de l'ensemble de la chaîne d'intervention préhospitalière, et ce, à
partir du tout début. Pour assurer le meilleur accès possible aux soins
d'urgence de façon équitable, il faut capitaliser sur tous les maillons de la
chaîne. Ils sont tous en continuité, et ça va jusqu'au citoyen qui doit et qui
veut être impliqué.
En conclusion, on peut donc avoir confiance
en une organisation publique comme Urgences-Santé, qui cumule plus de
30 années d'expérience dans le domaine préhospitalier et gère plus de
40 % du volume des transports ambulanciers au Québec, avec 21 % du
budget préhospitalier. Nous avons la capacité d'avoir un système agile, moderne
et juste qui met le patient au cœur de ses préoccupations. Cette agilité est la
clé de notre approche, et nous sommes vraiment enthousiastes de nous inscrire
dans les changements prévus au projet de loi. Nous sommes fiers de pouvoir être
un acteur de premier plan dans ce système préhospitalier amélioré, toujours au
bénéfice de notre population.
Merci à vous pour votre écoute. Et M. le
Président, merci pour votre invitation.
Le Président (M. Provençal)
:C'est nous qui vous remercions d'être
ici, alors merci pour votre exposé. M. le Ministre, on débute cette période
d'échanges.
M. Dubé : Très bien. Alors,
M. Charpentier, merci beaucoup puis à vos collègues, là. J'aimerais
peut-être mettre le... puis j'apprécie beaucoup la description que vous avez
faite parce que les gens vont se dire : Bien, peut-être qu'on comprend
mieux qu'est-ce que c'est qu'Urgences-Santé. Parce que, la deuxième raison, il
n'y a pas beaucoup d'impact dans le projet de loi 15 sur Urgences-Santé
comme tel. Puis je dis ça parce que pour vous ils sont peut-être plus
importants. Je veux peut-être les résumer, mais... Puis ma deuxième question
qui viendra : Est-ce qu'il y a des choses qu'on aurait dû ajouter?
Mais je veux mettre ça en situation. La
première, c'est que... puis je l'ai déjà dit à mes collègues de
l'opposition : À un moment donné, il a fallu se restreindre sur le nombre
de choses qu'on voulait mettre dans le projet de loi qui est déjà assez
complexe. Les deux choses qu'on a décidé de mettre, étant donné... puis vous
l'avez bien décrit dans votre allocution, vous êtes vraiment dans les débuts de
la chaîne, hein? Si on regarde, là, oui, maintenant, on a mis un processus de
triage avec le guichet d'accès pour être sûr que les gens qui n'ont pas à aller
à l'urgence n'aillent pas à l'urgence, mais, dans bien des cas, l'urgence,
c'est quand même la solution. Puis les gens, lorsqu'ils sont en mode de grandes
questions, je dirais, de panique, en situation d'urgence, le réflexe est encore
là d'appeler le 911. Donc, vous êtes vraiment au début de la chaîne. Puis,
dans les deux endroits où on trouvait qu'il était important de mieux connecter
Urgences santé... puis je le dis, là, à tous ceux qui nous écoutent. On a
dit : Il y a une dizaine de centres d'appels, puis ça, ça va être une de
mes questions que je veux vous poser. On a dit qu'on voulait que ces centres
d'appels là d'en changer la gouvernance pour s'assurer que les 10 centres
d'appels au Québec, là, dont celui qui... il y en a un de plus, mais qui est
chez vous, là, qui fait partie intégrante de... qu'on voulait avoir plus de...
aller chercher plus les synergies. Puis j'aimerais ça expliquer... que vous
expliquer qu'est-ce que vous voyez des synergies, d'avoir mis la gouvernance...
un peu la même gouvernance qu'on a dans toutes les sociétés d'État, avec des
membres... un plus grand nombre de membres qui est indépendant, etc. Ça fait
que ça, ça va être une de mes premières questions. Le deuxième gros
changement, peut-être que les gens vont dire : Ça ne change pas
grand-chose, mais pour moi, c'est important, comme peut-être une première
étape, c'est de vous rendre, vous et votre équipe en direct avec la santé
Québec plutôt qu'avec le ministère. Moi, j'ai eu la chance de vous rencontrer
quelques fois depuis que je suis à la Santé, mais on pensait qu'il était
important, comme deuxième changement... Je ne dis pas qu'on n'aurait pas voulu
en faire plus, puis je sais que vous, vous vouliez en faire plus, mais que ça
soit important que vous fassiez déjà plus partie de la chaîne avec Santé
Québec...
M. Dubé : ...quand on dit que
Santé Québec, ça doit être les opérations, bien, y a-tu quelque chose de plus
opérations que des gens qui prennent nos gens en ambulance puis qui les amènent
dans nos différents hôpitaux. Ça fait que ça, c'est les deux grands changements
ou les deux implications qu'on a, donc les centres d'appels et le fait que vous
allez maintenant vous rapporter, là, quand... quand... si on acceptait le
projet de lo, comme il est en ce moment, que vous vous rapportez à la direction
de Santé Québec.
Parlez-moi des centres d'appels, comment
c'est important, puis le genre de synergie qu'on pourrait avoir si on avait une
meilleure intégration des 10 centres. Puis je dis, juste en terminant,
qu'il y a Urgences-santé, il y a les centres d'appels, mais il y a quand même
je ne me souviens pas combien de propriétaires ou organismes sans but lucratif
qui sont propriétaires des ambulances. Peut-être juste d'expliquer ça un petit
peu pour que les gens comprennent mieux où vous embarquez dans cette chaîne-là
et...
M. Charpentier (François) : Bien,
M. le ministre, merci. Oui, pour les centres d'appels, les 10 centres
d'appels présentement sont gérés par des conseils d'administration. Hein, c'est
des OBNL ou quelques compagnies, mais la plupart c'est toutes des OBNL. Les
conseils d'administration, comme vous l'avez mentionné, M. le ministre, c'est
composé en bonne partie de... soit de propriétaires de compagnies d'ambulances
ou de coopératives puis tout ça. La loi de gestion des sociétés d'État ou ce
que vous suggérez dans le projet de loi, d'ailleurs on est soumis à ça aussi.
On est en train de faire les modifications pour se conformer, là, au niveau de
la loi de gestion des sociétés d'État. Ça amène une autre sorte de gouvernance.
Ça amène des gens de l'externe, premièrement, qui ont une autre vision du
préhospitalier comme vous faites aujourd'hui. Vous allez avoir ce soir sûrement
une autre vision du préhospitalier. Ça amène ça. Ça amène aussi peut-être moins
d'influence. Il faut comprendre l'impact. Nous, on est considéré un peu comme
un CISSS ou une agence. On a notre CCS, on a notre directeur médical, on a tout
ça. C'est tout inclus dans le même budget. Au niveau régional, les CCS sont indépendants
avec leurs conseils d'administration. Lorsqu'il y a quelque chose, ils parlent
à un coordonnateur qui appartient au CISSS ou au CIUSSS, dépendamment où ils
sont. Et ce coordonnateur-là est en lien avec les gens du ministère. Alors là,
il peut y avoir certains impacts, mettons, puis on l'a vécu, voilà pas si
longtemps, avec des voisins de Montréal, Laval, c'est que, nous, maintenant,
depuis l'été passé, on fonctionne beaucoup avec le temps estimé d'arrivée au
patient, c'est-à-dire que si au bout de notre territoire, on prend ce qui peut
avoir un véhicule plus proche qu'un des nôtres, bien, on essaie... nos CCS se
parlent pour faire en sorte d'affecter la meilleure ressource, la ressource la
plus proche, puis ça, c'est c'est pas un caprice d'Urgences santé. Nous, on dit
souvent c'est un patient québécois, il y a quelqu'un qui a besoin d'un service,
peu importe la compagnie qui vient, c'est le service, il en a besoin là, qu'il
vienne de chez nous ou d'une autre compagnie, puis ça, bien, ici, des fois, ça
ne fait pas plaisir à certaines personnes. Ça remonte au CCS, puis là ça
remonte au coordonnateur, puis ça remonte au ministère pour... puis là, on nous
demande...
M. Dubé : Bien, juste de bien
expliquer ça, M. Charpentier, là, parce qu'une des raisons pour laquelle
on a dit qu'est-ce qui est le plus urgent à faire, c'est le cas de le dire,
plus urgent à faire pour que le patient soit mieux servi, c'est l'intégration
des centres. On aurait pu dire qu'on les intègre tout de suite, mais on a décidé
de juste changer la gouvernance. Ça veut-tu dire qu'en ce moment, ce n'est
peut-être pas optimal? Mettons en Montérégie ou je ne sais pas où, que ce n'est
peut-être pas le véhicule qui est le plus proche du patient pour aller le
chercher, parce que c'est une autre organisation qui aimerait mieux le servir.
En termes clairs, là, c'est-tu pas mal ça?
• (14 h 20) •
M. Charpentier (François) : Effectivement,
M. le ministre ou M. le Président je m'excuse il faut s'adresser au président.
Le Président (M. Provençal)
:C'est ça.
M. Charpentier (François) : Effectivement,
il peut y avoir quelqu'un, un véhicule qui est à quelques kilomètres de l'autre
côté des limites de notre territoire, mais notre CCS ne le sait pas. Si on
n'appelle pas le centre de communication santé voisin, on ne peut pas le
savoir. De là une autre étape qu'on est en train de mettre en place chez nous
ou qu'on va mettre en place, c'est une nouvelle répartition assistée par
ordinateur. Entre septembre et décembre 2024, nous allons avoir un nouveau
modèle de répartition assisté par ordinateur et je pense que tout le monde
pourrait en bénéficier si un jour on a une répartition pour tout le monde.
Donc, chaque CCS pourrait voir où sont les véhicules.
M. Dubé : Les CCS, là,
c'est...
M. Charpentier (François) : Le
centre de communication. Je m'excuse si...
M. Dubé : ...les centres de
communication, les 10, là, dont on parle.
M. Charpentier (François) : Les
10 qu'on parle. Si tout le monde était sur la même répartition, bien, peu
importe la compagnie, la limite, s'il y a un véhicule plus proche... À
l'occasion, il peut y avoir des véhicules de la Rive-Sud qui viennent faire un
transport à Montréal, et on a un transfert à faire sur la Rive-Sud...
M. Charpentier (François) : ...puis
on ne sait pas, ça fait que nous, on envoie un véhicule faire un transfert sur
la Rive-Sud, quand, probablement, au même hôpital ou à l'hôpital voisin...
M. Dubé : Mais qu'est-ce que
le fait de changer la gouvernance... Excusez-moi, là, parce que je veux
vraiment que les Québécois voient qu'est-ce que ça va amener. Le fait de
changer cette gouvernance-là, premièrement, au niveau des CSS, est-ce que vous
croyez que ça va vraiment aider à avoir une meilleure coordination dans les
appels, pour justement que ce soit l'ambulance qui est la plus proche possible
du patient qui le serve, même si elle appartient à un autre groupe?
M. Charpentier (François) : C'est...
Je crois que oui, de façon telle à que les gens qui sont autour de la table
vont avoir une autre vision, ils vont avoir moins une vision corporative, ils
vont avoir moins de vision pour dire... Parce qu'il y a des frais de rattachés
à tout ça, hein, tout est... puis c'est normal, une compagnie ou une coop, ils
sont là pour faire des profits ou pour donner des sous à leurs actionnaires,
ou, peu importe, là, mais ça amène une autre vision autour de la table quand
on... Parce que la loi de gestion des sociétés d'État, bien, ça prend un
comptable, ça prend quelqu'un qui représente le milieu, ça prend... ça fait que
ça amène une autre vision puis des gens qui posent des questions pour
dire : Bien là, pourquoi on ne se parle pas? Je pense que c'est un grand
pas à faire d'apporter une autre vision.
Puis, après ça, bien, c'est
l'interopérabilité. Parce que, comme je vous disais tantôt, un jour, il
faudrait être interopérables pour faire en sorte que, oui, on puisse se parler,
et non seulement ça, si j'ai un problème, il y a une panne chez nous... Moi,
j'ai un centre miroir, qu'on appelle, où je peux tout de suite transférer mes
choses, mais ce n'est pas toutes les régions qui ont des centres miroirs, ça
fait que, si tu tombes en panne, tu n'as plus personne, là. Ça fait que ça, on
pourrait s'organiser une interopérabilité.
M. Dubé : ...vous voulez
dire.
M. Charpentier (François) : Puis
ça, ce n'est pas un caprice d'un président d'une société, là, moi... On remet
toujours au patient c'est quoi qu'il a besoin, la personne qui est tombée ou,
peu importe, là.
M. Dubé : Il y a un chiffre
qui m'a frappé dans une des rencontres qu'on avait eues, puis vous le mettez
dans votre allocution, là. Vous dites, vous avez 20 % du budget puis
40 % du volume... Parce que, quand on regarde ça, tu dis : Il y a
quelque chose qui ne marche pas, là-dedans, là. Vous faites... Je veux juste
ramener peut-être, pour tout le monde, on sait qu'on a 10 000 visites
aux urgences par jour, il y en a 3 000 qui sont sur civière. Ça, c'est
votre département à vous. Vous, vous en avez... vous nous avez dit tantôt, à
peu près, en moyenne, combien...
M. Charpentier (François) : 550,
600 dépendamment des journées. On a des journées très achalandées où on monte à
1 400 appels dans une journée, donc on peut monter jusqu'à 700...
M. Dubé : Mais ils ne vont
pas toujours en ambulance, par exemple, c'est ça.
M. Charpentier (François) : Non,
non, puis on essaye maintenant avec la coévaluation puis le référencement,
justement, d'amener la bonne personne à la bonne place pour libérer des véhicules,
pour être capable de mieux répondre pour ceux qui en ont besoin différemment.
M. Dubé : Mais expliquez-moi,
là, pour que l'on comprenne bien parce que... d'ailleurs, c'est pour ça que je
pense qu'on a dit : S'il y avait un minimum à faire, c'est de mieux faire
travailler les centres d'appels. C'est ça qu'on discute depuis tantôt. Pourquoi
vous dites 20 % du budget puis 40 % du volume? Maintenant que l'on
comprend les chiffres un peu plus, là.
M. Charpentier (François) : Mais
on part avec les... ce qui nous est alloué, là, par le ministère au niveau
monétaire, puis nous, avec tout ce qu'on fait, je disais tantôt «on est
considéré un peu comme une agence ou un CISSS», on opère avec les budgets qui
nous sont donnés. On a à peu près 10 millions, 10 millions et demi
juste en salaires de répartiteurs médicaux d'urgence. En région, c'est le CISSS
qui paye ça. Les coordonnateurs... moi, j'ai mon coordonnateur, ça fait que
tous ces gens-là sont payés à l'extérieur des budgets des opérations des véhicules
qui sont faits par des tiers. En région, c'est payé par les CISSS. Ça fait que
moi, avec tout ce que j'ai comme budget, et j'ai des services spécialisés que
j'offre aux patients, j'ai des gens à l'aéroport à temps plein, j'ai des gens
dans le métro à temps plein, j'ai des...
M. Dubé : O.K., c'est ça,
c'est parce que vous avez des... vous avez, je comprends, des exigences dues au
fait que vous êtes... Montréal, des événements particuliers qui font que
vous... que les budgets peuvent être assez... Vu qu'on s'est limité à un
certain nombre de choses que j'ai expliqué, là, le transfert de la gouvernance
à Santé Québec puis les centres d'appels, ça aurait été quoi, la prochaine
étape, de dire... si on avait voulu aller encore plus loin, selon vous, là, si
on avait décidé d'aller plus loin, qu'est-ce que... qu'est ce qu'on aurait pu
faire?
M. Charpentier (François) : Bien,
moi, je crois qu'après avoir mis une répartition assistée par ordinateur au
niveau provincial, après il faut aller sur une gouvernance, une gouvernance des
CCS. Ça ne veut pas dire qu'on ferme les régions, au contraire, là, moi, je
suis un pro régionaliste, là, j'ai fait le tour du Québec dans mon ancienne
carrière. Puis non, il faut laisser les gens proches du terrain, surtout les
CCS puis les opérateurs, ça prend les opérateurs...
M. Charpentier (François) : ...partout.
Puis après ça, dans un monde, comme certaines autres provinces, un style de
regroupement, nationalisation, appelez ça comme vous voulez, mais comme un peu...
fait au Nouveau-Brunswick comme en Alberta.
M. Dubé : Donc, dans la
gouvernance qu'on va changer, là, si on s'entend, l'intégration... pas
l'intégration, mais le choix des systèmes, vous appelez ça des RAO, là.
M. Charpentier (François) : La
répartition assistée par ordinateur. Je m'excuse.
M. Dubé : O.K.. Ça va nous
prendre combien de temps avant d'être là? Le vôtre, il est rendu où?
M. Charpentier (François) : Le
nôtre est en développement. Il va être installé chez nous entre septembre et
décembre 2024, pour être fonctionnel et être installé, là.
M. Dubé : O.K., ce n'est
quand même pas si loin. Puis vous voyez quoi, la possibilité d'avoir des RAO
partout dans nos centres d'appels?
M. Charpentier (François) : Il
faudrait regarder...
M. Dubé : Est-ce qu'il y en a
qui l'ont déjà?
M. Charpentier (François) : Il
y en a qui ont des modèles déjà qui fonctionnent, il faudrait juste voir...
puis je ne suis pas le meilleur technicien, voir s'il explique... s'il y arrive
des jonctions...
M. Dubé : Ça fait que, ça, il
y a des gros bénéfices, parce que, là, vous êtes capable de voir que
l'ambulance qui est à la frontière de la Montérégie, est versus ouest, tu
dis : Bien là, on ne va pas envoyer un autre véhicule, prend le patient
qui est là au suroît, puis ramène le même s'il n'est pas dans la bonne région.
Le RAO haut va servir à ça, entre autres.
M. Charpentier (François) : Il
pourrait servir à ça puis la CCS aussi, parce que tous les appels passent par
le centre de communication santé, que ce soit les interétablissements ou peu
importe. Ça fait qu'il y aurait un gain de productivité et ça ne prend pas
moins d'ambulances, c'est juste qu'ils seraient mieux coordonnés. Puis là, tu
lèves les frontières au bénéfice du patient. Moi, ce que j'appelle un patient
québécois, et peut-être, c'est la seule fois dans sa vie qu'il va appeler un
service d'urgence puis il va bénéficier, lui, du meilleur service.
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste 1 min 40 s.
M. Dubé : Une minute. O.K..
Vous dites... Et ça serait quoi la prochaine étape qui...
M. Charpentier (François) : Présentement?
M. Dubé : Oui.
M. Charpentier (François) : Là,
présentement, si on peut travailler avec les CCS, la nouvelle RAO,
interopérabilité des communications, ça aussi, c'est un gros projet.
M. Dubé : Ça veut dire quoi
quand vous dites ça, là, juste pour...
M. Charpentier (François) : D'être
capable de se brancher sur des mêmes fréquences s'il arrive une catastrophe.
S'il arrivait quelque chose, notre centre de gestion des opérations qu'on
utilise...
M. Dubé : Mais tout ce que
vous avez a appris, là, depuis que vous êtes là, ça fait quoi, deux ans?
M. Charpentier (François) : Un
an et quelques mois.
M. Dubé : Un an... Est-ce
que... Comment c'est différent en région? Là, je sais que c'est une question
large, mais la situation de Montréal puis du Grand Montréal, ce n'est pas du
tout la même chose en Abitibi, puis tout ça. Des centres d'appels, ça va
avoir... Cette intégration-là va donner...
M. Charpentier (François) : Oui,
bien, sans tous les connaître, quelques-uns que je connais...
M. Dubé : De votre passé,
là...
M. Charpentier (François) : Il
y a des centres d'appels qui n'ont même pas de répartition assistée par
ordinateur encore, puis ils sont au tableau blanc au début du quart du travail.
Puis après ça, là, ils se parlent sur les ondes pour savoir s'il y a un camion
disponible puis si...
M. Dubé : Ça veut dire quoi,
un tableau blanc?
M. Charpentier (François) : Un
tableau, un ancien tableau à craie, là.
M. Dubé : Ah! c'est ça que
vous voulez dire?
M. Charpentier (François) : Oui,
oui, un tableau blanc. Puis au début du quart, la personne marque ils sont où
ses points d'attente. Puis après ça, il n'y a plus rien, là. Après, ils ont
commencé à bouger parce qu'ils ont des appels, là, des appels sur les ondes.
M. Dubé : O.K., ça fait que
c'est pour ça que la priorité est sur ça. O.K., en tout cas.
Le Président (M. Provençal)
:C'était avant les fax.
M. Dubé : C'était avant les
fax, O.K..
• (16 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Pontiac.
M. Fortin :Oui, merci. Merci, M. le Président. Bonjour, M.. Merci
d'être là. O.K., je vais commencer avec ce sur quoi vous avez terminé, là. Vous
êtes rendu... J'ai entendu le mot «nationalisation» en quelque part dans votre
échange. Là, vous parlez de quoi spécifiquement, là? Pas juste des centres de
communication. Là, vous vous parliez de l'ensemble des différentes régions pour
des services ambulanciers?
M. Charpentier (François) : Oui,
mais on est loin d'être rendu là.
M. Fortin :Oui, oui, mais c'est ce que vous avez évoqué, là.
M. Charpentier (François) : Bien
un jour, un jour peut être.
M. Fortin :Je comprends que le ministre commence à placer ses messages
aussi, là. Ça va. Mais vous, vous voyez que c'est une possibilité à long terme.
M. Charpentier (François) : À
très long terme, parce qu'il faut marcher avant de courir.
M. Fortin :Oui, O.K.
M. Charpentier (François) : Puis
là ça passe par les CCS, c'est la coordination. L'important, là, la première
chose, là, c'est qu'il puisse y avoir une certaine opérabilité puis maximiser
l'utilisation des ressources qui sont déjà là, là. Puis, si je vais plus loin
que ça, techniquement en région, comme on l'a à Montréal, Laval, il devrait
avoir des premiers répondants. Il devrait y avoir des DEA dans des endroits
publics. Moi, je reste en campagne puis je sais qu'à mon dépanneur il y a un
DEA qui est là, qui est accessible si jamais quelqu'un en a besoin. Il y en a
ici, à Montréal, il en a partout en région puis, de plus en plus, il commence à
en avoir. Ça, c'est la première chaîne du maillon.
Après ça, il y a des premiers répondants.
Ce n'est pas des paramédics, mais c'est des gens qui sont capables de faire le
RCR dépendamment le niveau, puis ils peuvent intervenir. Puis là le paramédic
arrive après pour continuer la chaîne. Mais ça, ça devrait être là, là. Les
premiers répondants puis les DEA, ça, c'est...
14 h 30 (version non révisée)
M. Fortin :...des DEA...
M. Charpentier (François) : Défibrilateurs.
M. Fortin :...corrigez-moi si j'ai tort, là, mais il commence à y en
avoir à pas mal... pas mal des endroits, là, tous les arénas, tous les... il y
a beaucoup d'endroits publics, là, où ils sont obligatoires.
M. Charpentier (François) : Oui,
mais, dans certaines provinces, les commerces, c'est obligatoire, les bâtiments
provinciaux, fédéraux, c'est obligatoire, il y en a. Nous, on est chanceux. Sur
votre application de la Fondation Jacques-de-Champlain, vous savez où sont les
DEA. Ça fait que nos répartiteurs l'utilisent. Je présume qu'en région ils font
pareil, mais...
M. Fortin :O.K. Mais, si ça, c'est la première étape pour marcher
avant de courir, là, c'est quoi, votre recommandation par rapport à où les DEA
devraient être?
M. Charpentier (François) : Bien,
il devrait y en avoir partout, tous les établissements commerciaux publics.
Moi, dans mon livre à moi, je crois à ça beaucoup, il devrait y en avoir
partout, dans les municipalités, les commerces, les... Mais il y a un coût. Ça
fait que chaque propriétaire de compagnie... J'ai un dépanneur, j'en mets un. C'est
ce qui est arrivé chez nous. La municipalité, dans mon village, en a mis un au
service d'incendie. Ils en ont mis un au centre des loisirs. Mais idéalement,
si les gens veulent s'équiper... C'est au bénéfice de tout le monde, là.
M. Fortin :Là, on a marché ensemble, là, on va se rendre à la course,
là. On a fait notre réchauffement, là, disons, là...
M. Charpentier (François) : Oui.
Il faut aller vers les premiers répondants en s'en allant.
M. Fortin :Oui. O.K. Mais là, si je comprends bien, là, l'objectif...
bien, pas l'objectif, le point, disons, à long terme que vous avez amené, là,
la nationalisation... Expliquez-moi pourquoi un système nationalisé comme le
vôtre pourrait mieux fonctionner que, par exemple, la coopérative des paramédics
dans ma région.
M. Charpentier (François) : S'il
y a une coordination qui est... qui est vraiment faite puis qui maximise l'utilisation
des ressources... et il y a plein de provinces, si on regarde nos voisins de l'Ontario,
c'est les municipalités qui opèrent pour la grande partie, puis sauf quelques
compagnies, mais tu t'organises pour avoir des centres de communication santé
puis des centres de gestion opérationnelle. Si on va dans un modèle comme ça
qui fonctionne bien, on peut continuer comme ça. Mais, si on continue comme on
est là présentement, c'est plus compliqué, mettons.
M. Fortin :Parce que ce que vous dites, là, quand vous parlez de
communication entre les différentes régions, ou peu importe, là, ce que vous
dites, c'est... puis là je vais prendre un exemple que je connais, puis, s'il y
a une autre région que vous voulez que je nomme parce que c'est peut-être plus
facile géographiquement pour vous, là, mais, s'il y a une ambulance à Fassett,
qui est en Outaouais, là, mais à la limite des Laurentides, puis qu'il y a un
appel juste de l'autre côté de la ligne dans les Laurentides, cette
ambulance-là, elle ne peut pas... elle n'a même pas la...
M. Charpentier (François) : Elle
ne le saura jamais.
M. Fortin :...elle n'a pas la connaissance qu'il y a un appel qui
rentre dans les Laurentides, c'est ça?
M. Charpentier (François) : Elle
ne va jamais le savoir.
M. Fortin :O.K. Alors, ce que vous dites, c'est que ce n'est pas
nécessairement... on n'a pas besoin d'un opérateur commun nécessairement, on a
juste besoin d'être capable de se parler pour savoir elle est où, la plus
proche.
M. Charpentier (François) : Il
faut commencer par les CCS, puis, après ça, les gens qui sont compétents
verront c'est-tu maximisé. Moi, ce que je vous dis... puis je ne connais pas
toutes les régions, là, moi, ce que je vous dis, c'est qu'il faut commencer par
là, puis, si on peut aller vers une répartition assistée par ordinateur
commune... Il en existe déjà. On peut-tu les brancher? Je n'ai aucune idée. Je
ne suis pas un technicien. Mais ce que je peux vous dire, c'est que le client
qui attend pourrait en bénéficier.
M. Fortin :Mais, par exemple, votre exemple de l'Ontario, là, ça se
fait en Ontario. Même si c'est les municipalités qui le gèrent, ils le voient
bien, que, dans la municipalité d'à côté, là, il y a un appel, là?
M. Charpentier (François) : Oui,
oui.
M. Fortin :O.K. Bon, bien...
M. Charpentier (François) : Ça
se fait.
M. Fortin :Techniquement, ça peut se faire, là, ici aussi?
M. Charpentier (François) : Au
Nouveau-Brunswick, Medavie gère la province, puis même c'est eux qui gèrent les
DEA. C'est la... C'est comme une compagnie d'assurances, que j'ai pu
comprendre, là, Medavie, puis c'est eux qui gèrent tout l'ensemble des
paramédics, mais aussi la disposition des DEA puis...
M. Fortin :O.K. Dans votre mémoire, là, vous faites référence au projet
de loi n° 15 explicitement une fois. Vous dites : «Nous sommes
également d'avis que le projet de loi n° 15 permettra à Urgences-Santé de
mettre de l'avant d'autres projets visant à l'amélioration des services». À
quoi vous faites référence spécifiquement?
M. Charpentier (François) : Je
fais référence à l'article 1 017 du projet de loi, qui...
M. Fortin :J'espère qu'on va se rendre à l'étude article par article, monsieur...
M. Charpentier (François) : Ah!
bien, il faudrait, celle-là...
M. Fortin :Oui? O.K.
M. Charpentier (François) : Qui
est l'article 80.1, en réalité, de la loi des services préhospitaliers d'urgence,
qui autorise des projets pilotes. Parce que, vous savez, présentement, quand on
essaie de faire des projets pilotes, bien, s'il n'y a pas de changement de
règlement ou changement de loi, c'est compliqué puis c'est... et on ne peut pas
le faire des fois. Ça fait que là, avec ça, le ministre pourra autoriser les
projets pilotes de trois ans, de quatre ans pour voir si c'est rentable, voir
si ça rend bien le service aux patients, pour faire en sorte de... Ça serait
beaucoup moins compliqué. Quand on parle, là, que... cet article-là aussi. La
gouvernance est importante, mais cet article-là, pour nous, le fait d'être
capable de faire des projets pilotes... puis, comme je disais tantôt, ce n'est
pas un caprice... si on peut... Il y a des choses, des fois, qu'on voit puis qu'on
dit : On peut-tu améliorer le service qu'on donne? Si on a des gens qui
sont... Si on a des gens qui sont toxicomanes, s'il y a ci, s'il y a ça, peut-on,
avec notre directeur...
M. Charpentier (François) : ...directeur
médical national, qui est docteur Messier, peut-on convenir d'un protocole pour
amener dans des lits de désintoxication plutôt que dans une urgence, peut-on
amener telle personne à telle place plutôt que... Les projets pilotes seraient
plus faciles à avoir avec cet article-là. Ça fait qu'il faut se rendre à
l'article 1017.
M. Fortin :On s'entend là-dessus? Il faut se rendre, il faut se rendre
à l'article.
M. Charpentier (François) : Je
m'excuse.
M. Fortin :Ça me va, ça me va, M. le Président. Je ne sais pas si ma
collègue avait des questions.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée, il vous reste
2 min 40 s.
Mme Setlakwe : Bien, merci,
je veux vous entendre encore plus longuement, là, juste sur... Bien, vous avez
beaucoup parlé de vos opérations, ce que vous vous faites où vous vous en allez
pour être interopérable, et puis c'est super important, mais en lien avec...
parce ce que, vous vous faites les transports vers les hôpitaux, qu'est-ce que
vous constatez, vous, de votre point de vue, comme étant les lacunes
principales,là, que vous constatez sur une base quotidienne?
M. Charpentier (François) : Bien,
des lacunes, c'est-u des lacunes? C'est sûr qu'à Montréal, Laval, on a beaucoup
de circulation, il y a beaucoup de travaux. Et, quand on fait nos comparaisons,
on le fait, nous, avec Toronto. Toronto est un peu une ville qui a à peu près
les mêmes problématiques que nous, ils en ont un petit peu plus dans certains
cas, mais, au niveau du volume. Et nous, à Montréal, Laval, bien, les travaux
ne nous aident pas. Il faut que les véhicules se rendent sur les lieux puis il
faut être capable de repartir. C'est sûr que, dans les urgences, on travaille
beaucoup avec nos partenaires, les CISSS, les CIUSSS. Ça va de mieux en mieux.
Libération de nos civières, ça va... ça va mieux, ça va même très bien. Ça fait
que, là, on essaie d'avancer ces choses-là. Mais un des gros problèmes, puis on
va le voir cet été, c'est tout ce qui est circulation. Au niveau de la
circulation, là, ça devient des fois une problématique, parce que ce n'est pas
parce que t'as des flasheurs puis une sirène que tu passes plus vite. Quand les
trois voies sont bloquées, tu essaies de sortir puis d'aller prendre une autre
alternative. Ça fait que... Mais c'est des enjeux que toutes les métropoles
ont, c'est des enjeux que... c'est pancanadien, là. Mais, si on réussit à
continuer à faire ce qu'on fait là, d'amener le bon patient à la bonne
référence, ça fait déjà en sorte qu'on fait beaucoup moins de transport dans
les hôpitaux. Donc, on libère nos véhicules.
Des fois, on donne des rendez-vous, via
notre soutien clinique, avec les plages qui nous sont disponibles. Ça va
arriver, même, on paye le taxi. La personne qui est autonome, qui est capable
de se rendre, plutôt que de prendre un transport ambulancier, on va lui donner
un coupon de taxi, on va lui donner un rendez-vous, et, dans les
24 heures, on rappelle pour voir s'il a eu le service, parce que ce n'est
pas parce que tu lui as donné un rendez-vous qu'il s'est rendu. On vérifie s'il
y a eu le service, s'il va bien, puis on passe à un autre appel, comme ça, on
libère nos ressources, nous, pour les urgences qui ont besoin d'avoir une
ambulance sur place. Ça fait que, souvent, même, ça peut être fait avec un
paramédic dans une auto qui se rend sur place, qui fait la coévaluation, il
parle à l'infirmière, l'infirmière parle au patient. Puis là, après ça, on peut
lui donner un rendez-vous ou même de l'autosoin. L'infirmière va donner des
conseils, puis le patient, il va rester drette là, là. Ça fait que ça évite un
transport, puis lui, pour lui, c'est ça qui est le mieux. Ce n'est pas parce
que tu l'amènes à l'urgence que... Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Non, non, non, non. Je pense qu'on
est plusieurs à apprécier vos explications, mais là, je dois de la parole au
député de Rosemont.
• (14 h 40) •
M. Marissal : Oui, merci, M.
le Président. Merci, Monsieur, d'être d'être là. On vous espérait ici, oui pour
le p.l. 15, mais on vous espérait aussi en commission parlementaire,
point, sur les services préhospitaliers au Québec. On l'a demandé. C'est mon
collègue ici, des Îles-de-la-Madeleine, qui l'a demandé d'ailleurs. J'étais
tout à fait d'accord avec lui parce que je pense que c'est un des services qui
ne va pas très, très bien au Québec. Vous avez parlé de la disparité aussi, la
mosaïque un peu bizarroïde du service au Québec, là, avec des OBNL, du privé,
Urgences santé. Bref, on souhaite vraiment avoir l'occasion un jour d'aller au
fond des affaires sur le préhospitalier. Puis ce n'est pas ici que ça va se
passer, malheureusement, parce qu'on est sur le projet de loi n° 15.
Puisqu'on est sur le projet de loi n° 15 puis qu'on souhaiterait améliorer
les services, vous manquez combien paramédics, en ce moment, à Urgences Santé?
M. Charpentier (François) : Ouf!
On prévoit embaucher entre 50 et 60, là, dès la fin des classes, c'est-à-dire
peut être une quarantaine, après, qu'il pourrait nous manquer, mais avec les
50, 60, peut-être plus...
M. Fortin :Donc, il vous en manque 100.
M. Charpentier (François) : Oui,
pas tout à fait, mais oui.
M. Fortin :O.K. Il y en a combien... il y en a combien qui ont quitté
dans la dernière année?
M. Charpentier (François) : C'est
une trentaine. Mathieu, t'as-tu les chiffres proches? On a les chiffres exacts,
c'est... on a une vingtaine qui sont partis à la retraite, puis on en a 48 qui sont
partis. Ça veut dire qu'il y en a 28 qui sont partis pour d'autres raisons.
M. Marissal : O.K. O.K....
M. Marissal : ...depuis
plusieurs années, moi, je reçois régulièrement des infos, là, d'Urgences-Santé
et d'autres services préhospitaliers, là, mais Urgences-Santé en particulier.
Huit, 9 h d'attente pour un état détérioré en P3, 14 kilomètres pour un
arrêt cardiaque, 40 véhicules en manque la nuit, plan de contingence
permanent ou presque. Moi, je veux bien, là, qu'on fasse des CCS, là, dans le
projet de loi 15, puis je pense qu'effectivement on serait rendus là, là, ce
n'est pas ça la question. Mais il me semble qu'il y a plus urgent puis que...
Un CCS qui va vous permettre de prendre une ambulance entre L'Assomption pour se
rendre à Montréal... je veux bien, là, c'est la logique même de toute façon,
là, Uber fait ça maintenant avec un téléphone intelligent, là. Puis on est
rendus là. Mais sur le terrain, là, il n'y a pas comme plus urgent pour qu'on
s'assure que vous ne donniez pas des coupons de taxi à quelqu'un qui fait un
infarctus?
M. Charpentier (François) : Là,
vous me ramenez à l'été passé, juste après que je suis arrivé à Urgences-santé.
Oui, on a eu des périodes plus difficiles parce que... Avant mon arrivée, il y
avait eu des moyens de pression syndicaux qui avaient fait en sorte qu'il n'y
avait pas eu de stages, qui avaient fait en sorte que personne n'avait
appliqué. Là, maintenant, on prévoit embaucher entre 50 et 60, il y en a 131
qui ont appliqué, O.K.? Des paramédics. Ça fait que nous, on dit : Ils ne
viendront pas tous chez nous, puis c'est... mais on prévoit, avec 50, 60, on
est correct. Pour ce qui est des délais de 9 h de... c'est ça que c'était,
parce que ce n'est plus le cas présentement. C'était des basses priorités. Pour
ce qui est des arrêts cardiaques, des 14 kilomètres puis des
15 kilomètres, je ne me souviens pas... des 10, 11, 12 minutes. Mais
il ne faut pas oublier qu'à Montréal, le délai d'intervention du premier
véhicule, O.K., qui n'est pas nécessairement l'ambulance, ça peut être un
véhicule du service d'incendie parce qu'ils sont premiers répondants. Ça peut
être un véhicule d'intervention rapide, un paramédic avec une auto. Mais la
couverture globale, notre temps, puis tu me corrigeras si je me trompe, était
autour de 7,59 minutes pour un appel urgent. Puis ça, là, c'est sur
plusieurs périodes de temps. Et ce qu'on entrevoit pour l'été, c'est mieux. Le
fait qu'on fait de la coévaluation, du référencement, toutes nos faibles
priorités sont envoyées ailleurs dans le réseau par un paramédic, dans une
auto, ce qui fait en sorte que ça me libère des camions pour répondre aux
appels, même s'ils sont de faible priorité, ce que vous appelez les P3. Je n'ai
pas les derniers chiffres, mais même nos P3 présentement se font de façon assez
rapide. Il y a des journées, on a 12, 15 véhicules, C'est monté jusqu'à 29
une journée cette semaine, en attente.
M. Marissal : J'ai une
dernière question, très rapidement, parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
M. Charpentier (François) : Ah!
Je m'excuse.
M. Marissal : Dans les
hôpitaux que j'ai visités, tous les hôpitaux que j'ai visités, j'ai vu des
paramédics qui attendaient...
Le Président (M. Provençal)
:M. le député, je comprends que vous
aviez un très bon sujet. J'ai permis presque un deux minutes de débordement,
alors je vais demander au député des Îles-de-la-Madeleine de poursuivre. Je
m'excuse, M. le député de Rosemont.
M. Arseneau : C'est ça, on va
faire un peu une course à relais. Moi aussi, je n'ai que trois minutes, mais si
j'ai bien compris, là, on abordait la question des ambulances... bien, merci
d'être là, tout ça. Mais les urgences qui sont... des urgences... des
ambulances qui sont utilisées comme une extension des places, de l'attente en
urgence, est-ce que vous vivez ça dans votre réseau? Parce qu'on apprend ça un
peu partout, à Québec, ailleurs?
M. Charpentier (François) : Oui.
On en a vécu, de moins en moins, mais on en a vécu. On en a encore. On a fait
un processus... Puis là, je ne vais pas brûler rien, au niveau d'un protocole
de libération rapide des civières, c'est-à-dire que le paramédic qui arrive,
qui constate un État parce qu'il y a le protocole à suivre, rendu à la salle
d'urgence, on remplit un document, prend le patient, l'installe dans la salle
d'attente, remet les documents à l'infirmière, et ça libère nos véhicules.
M. Arseneau : Mais ça, c'est
fort intéressant. Mais est-ce que vous êtes les seuls à Urgences-Santé à
pouvoir faire ça? Parce qu'on m'a dit que c'était exactement ce qu'on
souhaitait faire, de façon plus simple encore, puis qu'on ne pouvait pas le
faire dans bien d'autres réseaux?
M. Charpentier (François) : Je
suis désolé, je ne le sais pas.
M. Arseneau : Vous ne le
savez pas?
M. Charpentier (François) : Il
faudrait demander au directeur médical national, c'est lui qui octroie les
permissions pour faire ce type de...
M. Arseneau : En fait, je
vais vous dire que trois minutes, c'est fort peu pour aborder ce que... moi,
je... en fait, ce que je perçois et ce que plusieurs disent comme étant une
crise dans les soins préhospitaliers d'urgence à travers le Québec. Vous avez
une vision qui semble beaucoup plus positive que moi, ce que j'entends sur le
terrain à travers le Québec, où on a des horaires de faction, là où on a une
pénurie de main-d'oeuvre, là où on a des temps d'intervention qui s'étendent à
plusieurs, plusieurs minutes, et plusieurs dizaines de minutes. On a des
découvertures aussi un peu partout. Votre vision me semble fort optimiste. Et
puis je les dis au ministre puis il n'a pas aimé ça. J'ai dit : J'ai
l'impression qu'on a un système...
M. Arseneau : ...de soins
préhospitaliers d'urgence à deux vitesses pour les centres, les grands centres,
comme ce que vous couvrez, et puis ailleurs au Québec. Et c'est pour ça qu'on
voulait vous entendre en commission parlementaire pour essayer d'inclure ça
quelque part dans une grande réforme qui nous permette de prendre le patient,
là, justement, à la maison puis de l'amener jusqu'à... au bon soignant puis
qu'il puisse en sortir indemne. Est-ce que vous avez l'impression, vous, que ça
va bien chez vous puis que ça va moins bien ailleurs, ou...
M. Charpentier (François) : Je
ne peux pas vous parler d'ailleurs, M. le Président. Je ne suis pas au fait de
ce qui se passe. Même si je visite le Québec, je ne vais pas voir
systématiquement ce qui se passe, là, mais...
M. Arseneau : Mais... Parce
que je...
M. Charpentier (François) : Je
peux vous dire qu'à Montréal on est optimiste puis ce que vous avez vu
là-dessus, c'est ce qui se passe. On a d'autres projets qui s'en viennent qu'on
ne va pas élaborer ici. Mais ce que vous avez vu sur le document, c'est ce qui
se passe présentement, là, c'est ce qu'on fait à tous les jours. Puis quand...
En tout cas, notre vision, quand on met le patient au centre de tout ça, on
trouve des raisons puis on trouve comment faire.
M. Arseneau : Bien, moi, je
pense que tous les ambulanciers, tous les techniciens ambulanciers, toutes les
entreprises ambulancières veulent mettre le patient au centre des
préoccupations, mais souvent ils ont les pieds et les mains liés pour agir à la
hauteur de leurs compétences. Est-ce que vos membres ou en fait vos employés
ont l'impression qu'ils peuvent vraiment être pleinement valorisés dans toutes
leurs compétences à l'heure actuelle dans leurs interventions?
M. Charpentier (François) : Bien,
vous savez, ça, c'est une question de l'ordre professionnel. Quand l'ordre
professionnel des paramédics va être en place, ça va élargir les specs, puis
tout ça. Mais c'est l'Office des ordres, puis c'est les gens qui vont devoir
décloisonner. Mais les paramédics sont super bien formés au Québec et ont
beaucoup de compétences.
M. Arseneau : On est
d'accord.
M. Charpentier (François) : Il
s'agit de les mettre en pratique. Mais encore là j'aimerais bien avoir tout ce
pouvoir-là, mais ce n'est pas moi, c'est l'ordre professionnel qui va faire en
sorte que ça va élargir le champ de pratique.
M. Arseneau : Merci. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre
présentation puis votre contribution à nos travaux. Sur ce, je vais suspendre
momentanément pour qu'on puisse faire place au prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 14 h 48)
(Reprise à 14 h 52)
Le Président (M. Provençal)
:Nous reprenons nos travaux. Nous
recevons en visioconférence...
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:S'il vous plaît. S'il vous plaît.
Habituellement, j'ai plus de place. Je ne veux pas monter le ton. Alors, nous
recevons le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec. Alors, nous
avons quatre personnes qui pourront s'exprimer. Vous avez 10 minutes pour
votre présentation. Alors, M. le Président, je vous cède immédiatement la
parole. Et par la suite, on procède aux échanges. À vous.
(Visioconférence)
M. Bouvrette (Guillaume) : Je
vous remercie, M. le député de La Prairie, et ministre de la Santé et des
Services sociaux. Mmes et MM. les députés, membres de la Commission de la santé
et des services sociaux, Mmes et MM. membres du SPGQ affectés à la bonne marche
de cette commission et des travaux parlementaires en général, je vous dis
bonjour. Je suis Guillaume Bouvrette, président du Syndicat des
professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec. Je suis
accompagné de MM. Marc Dean, conseiller à la recherche, Étienne
Blanchette, coordonnateur au service de l'application des conventions
collectives, et Martin Charron, conseiller à l'accréditation.
Nous sommes ici pour représenter le SPGQ,
le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il
représente aujourd'hui plus de 33 500 spécialistes. Avant de
commencer, nous tenons à remercier les membres de la commission de nous avoir
invités à nous exprimer sur le projet de loi no 15 visant à rendre le
système de santé et de services sociaux plus efficace. Merci de nous recevoir
en visioconférence et nous permettre de participer à vos travaux fort
complexes. Nous allons, au cours de la présentation, vous amener un angle
différent, un angle plutôt administratif au niveau tant de la gestion du
ministère de la Santé que du réseau comme tel.
Alors, d'entrée de jeu, j'aimerais
souligner que le SPGQ est ici dans un esprit de collaboration, ce même esprit
qui l'animait lors de sa participation aux rencontres organisées par le
ministère de la Santé et des Services sociaux durant la pandémie de COVID19 et
depuis l'annonce du plan de santé en mars 2022. Par la création de l'Agence
Santé Québec, le gouvernement souhaite séparer la définition des orientations
de la gestion des opérations. L'intention du gouvernement de revenir à une
gestion de proximité est louable, nous soulignons. Cependant quelle sera la
véritable marge de manœuvre des décideurs locaux? Bien, la question se pose.
De son côté, le SPGQ recherche des
solutions pour améliorer le système de santé et de services sociaux, les
services à la population et, évidemment, les conditions de travail de ses
membres. Et vous constaterez au cours de notre présentation que ces éléments
sont, à notre avis, intimement liés. Nous toucherons à trois thèmes différents
et terminerons en vous formulant quatre recommandations.
D'abord, je ferai un petit retour dans le
temps. Lors de la création de l'agence Revenu Québec en 2011, une expérience
qui nous est propre au SPGQ, le gouvernement avait alors fait miroiter des
hausses de salaire à son personnel. Plusieurs de nos membres au SPGQ transférés
vers Revenu Québec y voyaient alors la possibilité d'un rattrapage salarial par
rapport à l'Agence de revenu du Canada puisque, dans les faits, le Secrétariat
du Conseil du trésor a gardé le contrôle de la politique salariale. Le personnel
professionnel de Revenu Québec gagne donc aujourd'hui à peu près le même
salaire que celui de la fonction publique. L'écart avec le concurrent direct
qu'est Revenu Canada se chiffre entre 25 et 30 % au moment où on se parle.
Seulement les membres du conseil d'administration et des cadres supérieurs qui
ont véritablement amélioré leur condition. Vous comprendrez alors que le SPGQ
et les membres que nous représentons au ministère de la Santé craignent de voir
l'histoire se répéter avec Santé Québec.
Les difficultés d'attraction et de
rétention du personnel et les problèmes qui en découlent actuellement vont
perdurer si la nouvelle Agence Santé Québec n'améliore pas significativement
les conditions de travail de son personnel. Le FPJQ compte... Le SPGQ, dis-je,
compte près de 1 000 membres au ministère de la Santé...
M. Bouvrette (Guillaume) : ...avec
le projet de loi 15, le personnel professionnel affecté aux orientations,
donc, demeurerait au ministère, alors que celui affecté aux opérations, soit
environ la moitié, là, irait à Santé Québec. Actuellement, le gouvernement veut
que ce transfert se fasse sur une base volontaire, ce qui est souhaitable. Par
contre, le personnel transféré serait soumis aux conditions de travail
actuelles du réseau de la santé, et c'est là que ça accroche. Nos recherches
nous ont amenés à constater que la convention collective actuelle du personnel
professionnel du réseau de la santé prévoit des salaires oscillant entre sept
et 14 % de moins pour des postes comparables avec les professionnels de la
fonction publique au ministère de la Santé.
Il va donc sans dire que le ministère aura
de la difficulté à convaincre le personnel professionnel d'être transféré vers
Santé Québec si rien n'est fait pour remédier à la situation. Concrètement, le
SPGQ croit que le gouvernement devrait créer une accréditation syndicale
distincte pour le personnel professionnel administratif de Santé Québec. Ce
geste viendrait reconnaître son apport particulier à l'administration du réseau
et à terme permettrait aussi de corriger les écarts salariaux entre
l'administration publique et celle du réseau de la santé.
Actuellement, le gouvernement souhaite
imposer un employeur unique, une seule liste d'ancienneté par accréditation
syndicale et un seul syndicat par catégorie d'emploi, pour un total d'au plus
quatre syndicats. On se demande s'il ne contrevient pas ainsi à la
convention 87 de l'Organisation internationale du travail, donnant la
liberté aux travailleuses et aux travailleurs de constituer des organisations
de leur choix et de s'y affilier. C'était le premier thème.
Le deuxième, et vous verrez, il est
distinct, nous portons donc à votre attention que le projet de loi 15 fait
passer l'Institut national de psychiatrie légale Philippe Pinel du côté de l'Agence
santé Québec. Le SPGQ et les membres que nous représentons à l'Institut Pinel
craignent que le caractère et les expertises uniques de celle-ci soient mis à
mal par la réforme. Je ne vous apprendrai pas, qu'il y ait un seul employeur
doté d'une liste d'ancienneté unique pourrait se faire au détriment des
services offerts à la clientèle et de la sécurité du public. Parce que,
concrètement, le droit de supplantation, qu'on appelle communément le bumping,
pourrait faire en sorte qu'une personne avec plus d'ancienneté ailleurs dans le
réseau puisse supplanter une personne avec moins d'ancienneté, mais ayant,
elle, développé une expertise spécifique auprès de la clientèle de l'Institut
Pinel. Dans ce contexte, il ne faudrait surtout pas que la mission de l'Institut
Pinel soit compromise par l'application du projet de loi numéro 15. Et
d'ailleurs la dernière réforme de la santé et des services sociaux a jugé qu'il
était judicieux de conserver l'Institut Pinel sous la juridiction directe du
ministère pour protéger sa spécificité. L'Institut Pinel ne serait pas un cas
unique, je vous le soumets. Le projet de loi 15 garde notamment l'Institut
national d'excellence en santé et services sociaux sous l'aile du ministère de
la Santé et de son ministre, pour s'assurer, là aussi, de préserver son
caractère unique. Alors, le SPGQ croit que l'Institut Pinel devrait être traité
de la même façon.
Et finalement, le SPGQ estime que le
gouvernement devrait chercher à ramener dans le giron public tous les services
et les tâches qui sont confiées à l'entreprise privée. Autrefois, ceux-ci
étaient offerts à moindre coût par du personnel professionnel qualifié de
l'État. C'est toujours possible de revenir à ce modèle. L'explosion des coûts,
la sous-traitance dans nombre de fonctions stratégiques de l'État devrait faire
aujourd'hui réfléchir le gouvernement. La nouvelle loi limitant le recours aux
services d'une agence de placement de personnel et à de la main-d'œuvre
indépendante dans le secteur de la santé et des services sociaux est,
d'ailleurs, on le souligne, un pas dans la bonne direction.
• (15 heures) •
Le SPGQ est préoccupé par le rôle accru
que le plan santé veut donner au secteur privé, notamment les projets
d'hôpitaux privés et le plan de modernisation technologique. Selon le
gouvernement, ce plan permettra de simplifier les tâches administratives, de
déployer un seul dossier de santé numérique pour chaque patient. C'est
important de se rappeler que des milliards de dollars ont été perdus en
dépassements de coûts dans les projets informatiques réalisés en partie en
sous-traitance au cours des dernières années. Dans les cas de SAGIR, de... et
du dossier santé du Québec notamment, les dépassements de coûts sont de 10 à
15 fois la valeur de la soumission initiale.
En 2012, 2014, 2015 et 2018, le
vérificateur général du Québec a dénoncé le recours important du gouvernement
aux ressources externes et à la sous-traitance en technologies de
l'information. Il recommandait alors de moins y avoir recours et surtout,
surtout de reprendre la maîtrise des fonctions stratégiques pour éviter une
dépendance à celles-ci. L'expérience du SPGQ de la sous-traitance
professionnelle dans la fonction publique démontre que le privé coûte plus cher
que le public pour des actes comparables. Nous avons récemment rendu public un
sondage sur la sous-traitance réalisé auprès de nos membres. Le constat, c'est
que dans cinq des 10 principaux domaines confiés en sous-traitance, dont
les technologies de l'information, les taux journaliers moyens facturés par les
consultants sont environ deux fois supérieurs à ceux des ressources internes.
Au bas mot, ça coûte deux fois plus cher. Le gouvernement pourrait économiser
environ 250 millions de dollars par année pour la seule catégorie des
contrats en informatique, s'il recourait plutôt à des effectifs...
15 h (version non révisée)
M. Bouvrette (Guillaume) : ...à
l'interne. Les craintes du Vérificateur général se sont donc confirmées. Près
de 75 % des personnes sondées observent que, depuis 10 ans, les
activités confiées en sous-traitance dans leur direction provoquent une
dépendance envers les ressources externes.
Comme les autres organisations syndicales
du Québec, le SPGQ considère que l'argent public devrait financer les services
publics plutôt que de contribuer au profit d'entreprises privées. Quand l'État
paie beaucoup plus cher en ayant recours à la sous-traitance, c'est le
contribuable qui est perdant.
Nous soulignons au passage que certains
pays membres de l'OCDE sont plus performants que le Québec et le Canada dans leurs
dépenses en santé. Ils offrent notamment des couvertures publiques d'assurance
maladie et d'assurance médicaments plus étendues. À titre d'exemple, les pays
scandinaves investissent des sommes beaucoup plus importantes dans le public
que dans le privé.
En conclusion, le SPGQ dépose quatre
recommandations à la commission et au gouvernement : d'abord d'améliorer
les conditions de travail et de salaire du personnel de la santé, ensuite de
créer une accréditation syndicale distincte pour le personnel professionnel
administratif de Santé Québec, ensuite de garder l'Institut national de
psychiatrie légale Philippe-Pinel sous la juridiction du ministère de la Santé
et des Services sociaux et de son ministre pour préserver son caractère et son
expertise unique, et, finalement, de limiter la sous-traitance, de ramener au
public les services et les tâches qui sont actuellement confiées à l'entreprise
privée pour éviter l'explosion des coûts. Mesdames et Messieurs, je vous
remercie pour votre attention.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le président, pour
votre exposé. On débute immédiatement avec cet échange avec M. le ministre. À
vous la parole.
M. Dubé : M. le Président,
merci beaucoup. Et, M. le Président aussi, Monsieur Bouvrette, merci pour cette
présentation succincte et au point. Je vais aller très rapidement parce que je
voudrais maximiser le temps qu'on a ensemble. Juste peut-être nous dire, un peu
comme je le demande souvent, vous avez combien de membres exactement, puis par
rapport au réseau de la santé, juste pour que l'on comprenne bien, s'il vous
plaît.
M. Bouvrette (Guillaume) : Ces
deux volets, M. le ministre, d'abord, au ministère de la Santé, près de 1 000 professionnels
qui y travaillent, et donc une partie serait affectée par la cession à Santé
Québec, et, à l'Institut Pinel, c'est environ 100 professionnels qui y
travaillent.
M. Dubé : Est ce que... O.K.
Est-ce que vous êtes le seul syndicat à Pinel ou c'est une...
M. Bouvrette (Guillaume) : Non,
nous nous représentons uniquement le personnel professionnel de Pinel. Il faut
savoir... je précise que le SPGQ ne syndique que du personnel professionnel,
partout où nous sommes présents.
M. Dubé : Oui, c'est ça, mais
je voulais vous demander, puis il y a sûrement une raison, parce que vous
insistez beaucoup sur Pinel, pour que Pinel garde un statut particulier, puis
je pense que mes collègues ne seront pas surpris que, des fois, on a la même
demande de dire pourquoi qu'on ne l'aurait pas de Sainte-Justine, ou on ne l'aurait
pas pour des centres qui ne sont pas des CIUSSS. Pourquoi vous insistez tant
sur Pinel? Parce que vous avez l'air, puis c'est votre droit de le dire, là,
mais de... d'avoir une préoccupation pour l'expertise de Pinel. J'essaie de
comprendre qu'est-ce que... quelle est votre crainte?
M. Bouvrette (Guillaume) : Bien,
spécifiquement, ce qui distingue Pinel, c'est que c'est le seul institut de
psychiatrie légale qui intervient au niveau de la santé... de la santé, la
sécurité du public, dis-je.
M. Dubé : O.K., mais
quelle... mais, puis encore une fois, je vous écoute, là, quand j'entends que
Sainte-Justine est différent puis l'Institut de cardiologie est différent, tout
le monde est différent, mais ça ne vous empêchera pas de mettre... de s'assurer
que ces institutions gardent leur caractère distinct, même si elles sont à l'intérieur
de Santé Québec, j'essaie juste de comprendre pourquoi vous insistez tant sur
Pinel.
M. Bouvrette (Guillaume) : En
clair, l'enjeu qu'on y voit, M. le ministre, c'est la liste d'ancienneté unique
qui permettrait à des gens qui n'ont pas nécessairement développé cette
expertise-là spécifique au domaine, là, à la psychiatrie légale qui pourrait
venir supplanter, donc prendre des postes à Pinel au détriment de gens qui ont
moins d'ancienneté, mais une meilleure expertise spécifique au contenu.
M. Dubé : Ah, O.K., donc, c'est
une question d'ancienneté dont vous parlez. O.K., non, non, mais je comprends
parce qu'on en a parlé beaucoup d'ancienneté, vous revenez à... au... puis je
comprends votre point, là, c'est plus l'ancienneté réseau, puis, etc., mais ça,
juste le dire puisque tout à l'heure, je sais des fois que je me répète, là,
mais on a bien dit que tout ce qu'on veut faire au niveau de l'employeur
unique, parce que vous l'avez bien mentionné dans votre allocution, vous avez
dit : Il y a des impacts d'avoir l'employeur unique. Mais on se comprend
bien, là, tout ça va devoir être négocié, il n'y a pas... la seule chose qui
va... qui ne sera pas négociée, c'est le fait d'avoir un employeur unique, mais
les conventions collectives qui vont suivre la création, elles vont devoir être
négociées, puis on va respecter la loi sur... la Loi sur les négociations...
M. Dubé : ...alors je
veux juste vous rassurer. Dans ce sens-là, il n'y a pas de. Il n'y a pas de. Il
y aura des négociations et je pense, le répéter plusieurs fois cette semaine
dans les derniers. Maintenant...
M. Bouvrette (Guillaume) : La
question qu'on se pose, M. le ministre, par rapport à ça, c'est clairement...
M. Dubé : Allez-y, oui.
Pardon?
M. Bouvrette (Guillaume) : Je
m'excuse de vous interrompre. Ce qu'on a constaté en comparant des postes
similaires entre des postes dans la fonction publique au ministère de la Santé
et le réseau, c'est qu'il y a déjà un décalage salarial important, alors que
déjà pour l'appareil public, on dénonce du rattrapage à faire par rapport aux
autres secteurs d'activité.
M. Dubé : Je comprends.
M. Bouvrette (Guillaume) : Et
on se questionne sur, dans ce contexte-là, comment le réseau de la santé va
être capable d'attirer et de retenir l'expertise dont il a cruellement besoin?
M. Dubé : Oui. Mais ça,
écoutez, là, je ne me mêlerai des... qui regardent ma collègue, Mme LeBel,
là. Vous avez... vous avez toute votre équipe pour négocier, elle a la sienne,
puis je suis certain que vous allez trouver des terrains d'entente le plus
rapidement possible. C'est ce que je veux dire pour aujourd'hui. Vous allez
comprendre ça.
Je veux revenir sur les TI parce qu'il y a
effectivement... puis ça, je suis tellement d'accord avec vous, il faudrait
tellement qu'on aille plus d'expertise interne qui viendrait entre autres
probablement dans vos syndiqués. Mais il faut avoir les employés avant
d'avoir... qu'ils soient syndiqués. C'est sûr qu'il y a eu des dérapages
importants dans les programmes TI, là, puis vous avez raison de dire ça.
Qu'est-ce qu'on peut faire? Parce qu'entre vous et moi ça n'a pas tant rapport
avec p. l. 15. Mais, vu que vous en parlez, moi, un peu comme mon collègue des
fois de Pontiac me dit : En dehors du projet de loi, qu'est ce qu'on
pourrait faire pour attirer plus de gens à venir en TI chez nous, à part le
salaire, à part le salaire.
M. Bouvrette (Guillaume) : À
part le salaire?
M. Dubé : À part le
salaire. Non, mais c'est parce que le salaire, on va s'entendre...
M. Bouvrette (Guillaume) : Évidemment.
M. Dubé : ...c'est sûr
que c'est un élément important, puis on est tous dans la question des offres
différenciées puis tout ça, là. Je n'embarquerai pas là-dedans aujourd'hui.
M. Bouvrette (Guillaume) : Je
comprends.
M. Dubé : Mais, si on
veut être capable de faire les grands projets de transformation qu'on veut et
de les faire comme on les fait en ce moment en santé, ce qu'on appelle
l'approche agile. On ne fait pas des big bang, on le fait à une petite place,
on regarde si ça fonctionne, puis ça semble fonctionner. Qu'est-ce qu'on peut faire
pour attirer des gens chez vous, là, en matière de TI? Parce vous en avez parlé
pas mal dans votre présentation.
M. Bouvrette (Guillaume) : C'est
une excellente question. Oui, à juste titre, parce qu'on est foncièrement
préoccupés par ça. Le fait d'avoir... évidemment de souhaiter un réseau
informatique, des dossiers uniformisés, c'est louable et c'est nécessaire
d'avoir les moyens d'y arriver. Maintenant, l'ampleur du chantier, elle est
telle que ce qu'on a vécu récemment avec la SAAQ, c'est tout petit comme projet
par rapport à ce que vous mettez sur la table, et on doit apprendre de ça. Et
je donne l'exemple de la SAAQ parce que c'est 200 facilement de nos
professionnels qui ont travaillé à pied d'oeuvre et qui continuent à régler des
problèmes... vraiment.
M. Dubé : Non, non, moi,
je n'ai pas de problème à en parler, là. Vous avez quand même des syndiqués, de
vos employés qui étaient là.
M. Bouvrette (Guillaume) : Et
qui ont fait un travail formidable pour arriver tant à livrer qu'à corriger les
problèmes, et ce n'est pas terminé, là, on le sait. Mais, dans ce dossier-là en
particulier et dans plein d'autres, c'est la moitié des ressources qui sont des
ressources externes souvent. Alors, quand vous me dites autre que le salaire,
on paie déjà plus cher.
M. Dubé : Mais, si on ne
les a pas à l'interne, qu'est-ce qu'on fait pour faire...
M. Bouvrette (Guillaume) : ...on
paie déjà beaucoup plus cher pour des ressources externes, ça demandera
éventuellement des décisions de gestion extrêmement courageuses et peut-être
politiquement moins populaires d'amener un redressement des cdt8 dans le
secteur public pour attirer les gens. En dehors du salaire, l'autre élément que
je peux porter à votre attention, M. le ministre, c'est les conditions
d'exercice du télétravail. Ça revient partout. Nous avons vécu cette
révolution-là dans le monde du travail dans les dernières années, et les gens
sont prêts à faire des concessions salariales, notamment, pour une plus grande
flexibilité dans l'exercice du télétravail
M. Dubé : Bon. Si je
m'en mêle plus que ça, Mme LeBel va m'appeler à 4 h 30 cet
après-midi.
M. Bouvrette (Guillaume) : Probablement,
probablement.
M. Dubé : Alors, je vais
la laisser continuer les discussions avec vous. Mais je comprends très bien ce
que vous dites. Je vais laisser peut-être mes collègues qui auraient des
questions pour vous.
M. Bouvrette (Guillaume) : Oui,
merci.
• (15 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, M.
le Président. Merci à vous d'être d'être avec nous cet après-midi. Je voudrais
discuter avec vous parce que vous avez abordé la protection de l'institut à
caractère unique, le cas de l'Institut Pinel, et vous avez abordé l'importance
de l'expertise dans la sélection des ressources. Vous dites que l'expertise...
ou, dans le fond, qu'est-ce que ce que vous dites, c'est que l'expertise, les
compétences doivent être privilégiées lors de la sélection d'une personne?
M. Bouvrette (Guillaume) : Je
ne suis pas certain de comprendre votre question. Je m'excuse si...
Mme Lachance : Bien,
vous nous parlez... vous nous abordez à propos du bumping entre autres
choses...
M. Bouvrette (Guillaume) : Oui.
Mme Lachance : ...et
vous dites qu'une personne dans l'expertise... De préserver l'expertise, donc
une personne qui a l'expertise doit être privilégiée ou considérée. Mais la
question m'amène à me poser... La question que je me pose, c'est la...
Mme Lachance : ..suivante.
Dans le cas où une personne a une expertise moins grande mais un profil de
compétence exceptionnel, quelle attitude on devrait avoir? Comment on devrait
traîter cette situation là?
M. Bouvrette (Guillaume) : Je
comprends. Et le lien, je pense qu'il est... ou là où on voit l'enjeu, c'est
avec une ancienneté réseau qui permettrait, par exemple à un psychologue, hein,
parce que ça fait partie des gens q'on représente à Pinel, de décider :
Moi, je veux relever ce défi-là, aller travailler et de supplanter, là... Je ne
sais pas... je ne veux pas utiliser le terme de bumping, mais une personne qui
est là et qui a vraiment cette expérience-là et cette expertise. Et c'est là
qu'on a cette inquiétude-là. Elle est spécifique à Pinel dans...
Mme Lachance : Je comprends
vraiment ce que vous dites, là, quand on parle d'expertise dédiée au milieu,
qui est très spécifique. Mais je vous amène sur les compétences qui peuvent
être développées dans des contextes différents, être, ma foi, encore plus grandes
dans certains cas. Comment on devrait traiter ça? Parce qu'il y a toujours deux
côtés à la médaille. Et vraiment, ma question est de bonne foi, en ce sens que
je me pose la question si l'expérience et l'expertise est le seul critère ou le
critère le plus important pour arriver à offrir un service d'une qualité qui
soit la meilleure pour les bénéficiaires.
M. Bouvrette (Guillaume) : Je
comprends... ça. Ce que j'ai envie de dire, c'est qu'actuellement, si une
personne souhaite aller mettre son expertise à contribution, on est toujours en
recherche de poste, en recherche, il y a toujours des postes vacants, je vais
le dire comme ça, notamment à l'Institut Pinel. Alors, il y a des processus de
sélection qui existent actuellement, où les gens pourraient aller offrir leurs
services pour relever ces défis-là, sans qu'il y ait un automatisme et une
ancienneté réseau qui viennent, je veux dire, semer un peu le chaos dans tout
ça.
Mme Lachance : Qui viennent
semer...
M. Bouvrette (Guillaume) : Semer
le chaos.
Mme Lachance : Semer le
chaos.
M. Bouvrette (Guillaume) : Ce
n'est pas le bon terme, mais de dire je... parce que j'ai une ancienneté réseau
plus importante, je pourrais prendre la place de quelqu'un qui est là, à Pinel,
qui est sur place et qui a développé ses compétences sur place.
Mme Lachance : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Laporte.
Mme Poulet : Oui, merci, M.
le Président. Merci à vous quatre de votre présence. J'ai une question
concernant le secteur privé. Vous estimez que le contribuable est perdant
lorsque l'État est prêt à payer pour des services offerts par le service privé.
Toutefois, vous êtes en accord avec le principe selon lequel des citoyens qui,
pour toutes sortes de raisons, pourraient recevoir gratuitement des soins.
Quelle est votre position? Pouvez-vous élaborer un petit peu plus à ce
niveau-là... ou votre organisme par rapport au secteur privé?
M. Bouvrette (Guillaume) : Ce
qui est démontré clairement dans nos recherches dans nos études, c'est que le
recours à la sous-traitance coûte au minimum deux fois plus cher. Et on se
retrouve à quelque part dans une certaine spirale négative où on n'arrive pas à
recruter des ressources et à avoir l'expertise nécessaire à l'interne. Alors on
se voit forcés de confier des tâches du quotidien à de la sous-traitance, ce
qui fait qu'en bout de ligne, là, le contribuable paie plus. Le gouvernement
paie plus pour les mêmes services parce qu'il se voit forcé de sous-traiter
certaines tâches. À aucun moment on n'a comme position que la sous-traitance,
ça doit être absolument éliminé, hein, il y a des contextes particuliers, il y
a des expertises spécifiques qui doivent être confiées en sous-traitance et il
y a parfois des surpoids de travail, ou des projets particuliers qui s'y
prêtent. Là où le bât blesse, c'est quand des gens sont sous-traitants depuis
cinq ans, 10, 15 ans dans le même endroit. On se pose la question : Est-ce
qu'il n'y a pas le développement d'une fonction publique parallèle qui est là
et qui est plus coûteuse?
Mme Poulet : Mais n'êtes-vous
pas en accord que ça pourrait être un complément au secteur public et que ça
aide à réduire les listes d'attente?
M. Bouvrette (Guillaume) : En
fait, je comprends, votre question est au niveau des soins. Les gens qu'on
représente ne font que de l'administratif, hein, donc la gestion de réseau, ce
sont des conseillers en informatique, là, on en a parlé, mais des agents de la
gestion financière, des conseillers en approvisionnement, et donc n'ont pas
d'impact direct sur les soins à la population. En fait, ils ont un impact par
leur travail de support autour, là, mais ils ne rendent pas directement des
soins.
Mme Poulet : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Ça va? Est-ce qu'il y a... Oui, M. le
ministre.
M. Dubé : S'il n'y a pas
d'autre... Oui, c'est bon? On me montre des statistiques, ici, puis là je ne
veux pas rentrer dans un débat de chiffres, là, que je n'aime pas. Le réseau
aurait à peu près ... le réseau versus le ministère, là, aurait à peu près
11 % de ressources externes. Le ministère lui-même serait à peu près à 27,
28 %, puis là je ne sais pas en date de quand sont ces statistiques-là,
peut-être fin 2022. Et ce qu'on appelle la fonction publique, là, que vous
connaissez bien, 34 %. J'avais peut-être mal compris tantôt, avez-vous dit
qu'on était...
M. Dubé : ...plus élevé
que la fonction publique dans le réseau de la santé? Parce que ce n'est pas ça
que les chiffres me disent.
M. Bouvrette (Guillaume) : Non,
par rapport à la sous-traitance, non, je n'ai pas... je n'ai pas commenté le
recours à la sous-traitance dans le réseau de la santé par rapport à la
fonction publique.
M. Dubé : Mais est-ce
que... est-ce qu'on a les mêmes chiffres? Parce que je vous avoue qu'on
aimerait ça en avoir le moins possible. Ça, je reconnais ça. Mais quand même
11 % puis 27 %, ce n'est pas. Ce n'est pas si grand que ça en
termes... Puis est-ce que c'est des chiffres que vous avez vous aussi?
M. Bouvrette (Guillaume) : Une
réponse globale au niveau de la sous-traitante, je n'ai pas les chiffres, là,
du réseau de la santé, M. le ministre, là, je le précise, sur l'utilisation de
la sous-traitante. Dans la fonction publique, ce qu'on a constaté, c'est que
dans certains ministères et organismes, on a dépassé 50 % en
sous-traitance pour les contrats d'informatique.
M. Dubé : Bien, en tout
cas, c'est quelque chose que je vais creuser parce que c'est sûr qu'à long
terme, bien, puis même à court et moyen terme, si on veut s'améliorer, il faut
retenir l'expertise interne dans nos projets de TI. On a tellement des projets
de TI, mais j'ai quelqu'un de ressources humaines avec moi qui me suggérait ces
chiffres-là. Je pense que c'est bon de pouvoir continuer à les discuter parce
qu'on veut retenir l'expertise interne, particulièrement dans des projets de
TI. Fait que je ne sais pas s'il me reste du temps.
Le Président (M. Provençal)
:Une minute.
M. Dubé : Une minute?
M. Bouvrette (Guillaume) : Si
je peux préciser, là.
M. Dubé : Oui.
M. Bouvrette (Guillaume) : Les
pourcentages dont je vous parlais tout à l'heure, et je vous les donne, un
analyste en informatique dans le réseau gagne 83 000 $. Présentement
au ministère de la Santé, 90 000 $. Alors, c'est là. C'est ce qu'on
dénonce, le fait que des gens souhaitent...
M. Dubé : O.K. Votre
point était plus sur l'écart salarial que le pourcentage. Bon, bien, là, je
vais vraiment arrêter parce que Mme LeBel va me... Alors, oui, je pense
que je suis mieux de passer au député de Pontiac.
Une voix : ...en minutes.
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Provençal)
:Je vais céder la parole au député de
Pontiac.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président.
M. Dubé : J'ai déjà été
dans ses souliers... Voilà! O.K.
M. Fortin :Bonjour, messieurs. Merci d'être là, de nous faire part de
votre perspective. C'est vrai que j'aurais aimé que la partie gouvernementale
ait un peu plus de temps, soit pour que la ministre continue dans son erre
d'aller ou qu'on puisse entendre le député de Saint-Jérôme même. J'aurais aimé
avoir sa perspective par rapport à la sous-traitance versus les employés du
public, mais on y reviendra effectivement. On aura peut-être la chance, un
autre tantôt. Sur le... votre point, puis je veux revenir à la...
Vous avez parlé de la création de l'Agence
du revenu en 2011 puis ce que ça a amené comme situation. Alors là, le ministre
propose la création d'une autre agence. Alors, vous avez une perspective
historique, disons, à votre organisation et... Et là je veux... Si j'ai bien
compris, là, les gens qui ont quitté à l'époque le ministère et qui se sont
dirigés vers l'agence s'attendaient à avoir un salaire supérieur. Ce n'est pas
ce qui s'est produit. Là, ce que vous nous dites, c'est... c'est à peu près ça
qui pourrait se reproduire encore, alors qu'il pourrait y avoir un salaire pour
les hauts dirigeants, les «top guns» du ministre, mais que les gens qui
travailleraient dans le réseau... C'est votre expression, ce n'est pas moi qui
l'a inventé, c'est vous qui l'avez, qui l'avez initiée. Mais...
Une voix : ...
M. Fortin :Mais c'est ça qui vous inquiète. C'est que le salarié, là,
le professionnel pourrait, lui, se retrouver dans exactement la même situation
qu'il est en ce moment. C'est ça?
M. Bouvrette (Guillaume) : C'est
ça. Oui.
M. Fortin :Oui?
M. Bouvrette (Guillaume) : Et
c'est même pire.
M. Fortin :Et pourquoi ça vous inquiète que le traitement et que les
conditions de travail soient les mêmes qu'au ministère?
• (15 h 20) •
M. Bouvrette (Guillaume) : Actuellement,
en fait, c'est ce que je soulignais précédemment, et merci pour la question,
j'ai vraiment... C'est qu'actuellement les conditions de travail, et le salaire
notamment, dans le réseau de la santé pour des postes comparables sont
inférieures.
M. Fortin :Oui.
M. Bouvrette (Guillaume) : Concrètement,
ça veut dire que des gens qui quitteraient le ministère de la Santé, et qui
gagnent 90 000 $ actuellement, se retrouveraient hors échelle, donc,
au-dessus de l'échelle, recevraient seulement la moitié des augmentations
salariales données au réseau de la santé jusqu'à ce que l'échelle les rattrape.
Et si on a 10 % d'écart, on peut comprendre que ça va prendre de
nombreuses années.
1forO.K. Mais je ne suis pas certain que je
vous suis, là, parce que je regarde votre tableau que vous avez à la
page 8 de votre... de votre mémoire. Là, vous dites, le salaire, par
exemple, j'en prends un au hasard, là, le... Bien, le premier en haut de la
liste, ça va être plus facile, spécialiste en procédés administratifs, au
ministère, gagne un petit peu plus que 90 000 $. Dans le réseau,
gagne 84 000 $. Ce que vous me dites, c'est si on crée l'Agence Santé
Québec ferait... Quelqu'un qui quitte le ministère pour aller là se
retrouverait à 84 000 $ plutôt qu'à 90 000 $?
M. Bouvrette (Guillaume) : Il
demeurait à 90 000 $, mais il aurait par la suite la moitié des
augmentations annuelles de ses collègues parce qu'il est au-dessus de l'échelle
salariale jusqu'à ce que l'échelle le rattrape. Ça demande...
M. Fortin :O.K. Il garderait son salaire, mais se retrouverait dans la
mauvaise échelle salariale si... si on suit le même modèle qui a été créé en
2011. C'est ça?
M. Bouvrette (Guillaume) : Pas
exactement. Là, je finis là-dessus, sur les dispositions transitoires.
Quelqu'un qui se retrouverait hors échelle...
M. Bouvrette (Guillaume) : ...se
retrouve donc pénalisé par rapport s'il était demeuré dans la fonction publique
et jusqu'à ce que l'échelle le rattrape, et ça pourrait prendre très, très
longtemps. Un des enjeux de la création de Revenu Québec en 2011, hein? Et,
personnellement, j'ai fait partie de ça. J'ai été, donc, cédé... C'est la perte
de certains atouts de la fonction publique, notamment la mobilité, en emploi.
On retient une grande partie de l'expertise professionnelle à l'interne de la
fonction publique parce que les gens peuvent relever des nouveaux défis dans un
nouveau ministère ou un organisme qui en ressentent le besoin. Ça n'a pas été
le cas. Et au moment où on se parle, 12 ans plus tard, les conditions de
travail salariales à Revenu Québec se distinguent fort, fort peu de celles d'un
professionnel de la fonction publique.
M. Fortin :O.K.. Je vous réfère à votre dernier tableau, là, à
l'annexe 3, les dépenses en santé, et là vous avez un tableau comparatif
de différentes juridictions, ce qu'on dépense dans le public, ce qu'on dépense
au privé dans chacune de ces juridictions-là. Le Québec est un peu... pas tout
à fait, là, mais pas loin d'être dans le milieu du peloton. Alors, qu'est ce
que vous essayez de démontrer à travers ce tableau-là?
M. Bouvrette (Guillaume) : Simplement
qu'on peut faire mieux, définitivement, quand on se compare avec d'autres pays,
notamment ceux auxquels on a référé dans tout ça. J'ai envie, si vous
souhaitez, dans le fond, de passer la parole à Marc Dean, conseiller à la
recherche chez nous qui a élaboré ce tableau.
Le Président (M. Provençal)
:Allez-y.
M. Dean (Marc) :En fait, c'était pour donner un ordre de grandeur sur les
dépenses en santé de certains pays de l'OCDE. Peut-être pour vous dire que,
souvent... Puis je parle plus spécifiquement des pays scandinaves qui, pour
des... je vous dirais, un pourcentage de dépenses de PIB inférieurs combinés à
des dépenses publiques plus importantes, ils vont offrir des couvertures de
soins beaucoup plus importantes, des couvertures publiques de soins beaucoup
plus importantes pour leurs citoyens. C'est un peu pour vous dire qu'il existe
différents modèles de santé publique, des modèles où on a une part plus faible
du privé et qu'on peut aller chercher... on peut aller donner à nos citoyens
des services beaucoup plus complets.
M. Fortin :Dernière chose, parce que vous l'avez amené... La
sous-traitante en TI, est-ce qu'il y en a de plus en plus ou de moins en moins,
selon votre analyse?
M. Dean (Marc) :De plus en plus et...
M. Fortin :Ah! Il me semblait avoir vu ça dans la plateforme de la
Coalition avenir Québec il y a quelques années qu'on devait avoir de moins en
moins de sous-traitantes en matière de TI. Il faudra en reparler au député de
La Peltrie, oui.
M. Dean (Marc) :Les coups de barre, s'il y en a à faire, devront se faire
progressivement, ça demandera d'ajuster les conditions de travail pour attirer
et retenir l'expertise à l'interne pour progressivement la limiter et la
réduire, cette sous-traitante-là. Ce n'est pas quelque chose qui pourrait se
faire en claquant des doigts.
M. Fortin :O.K., très bien, ça va pour moi. Merci beaucoup, messieurs.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de...
Mme Setlakwe : Il me reste un
peu de temps?
Le Président (M. Provençal)
:Oui.
Mme Setlakwe : Bien, je pense
qu'on est allé sous différents angles pour revenir essentiellement à votre
message : C'est régler l'écart de salaire. Vous êtes inquiet de la
création de cette agence puis de pouvoir recruter les employés, mais si on
regarde d'autres volets, parce que moi, je voulais parler justement des modèles
qui vous inspirent, Finlande, Suède, Norvège, Danemark, vous venez d'en parler
un petit peu, mais est-ce qu'il y a d'autres éléments sur lesquels vous voulez
profiter de la plateforme que vous avez, du forum que vous avez en ce moment
pour passer certains messages. Vous aussi, vous parlez de gestion de proximité.
Alors, je vous laisse élaborer sur d'autres éléments que... on a compris, là,
l'écart salarial puis les conditions de travail.
M. Bouvrette (Guillaume) : Merci.
Essentiellement, vous l'aurez compris, il s'agit d'un cri du cœur, d'une
inquiétude profonde qu'on émet sur la capacité à réaliser le projet, à avoir
des services publics en santé qui sont plus performants. Le projet, il est
louable, mais pour y arriver, il faudra prendre des décisions de gestion
courageuses. Je vous dirais que, pour le reste, on ne s'est pas prononcé sur le
mode de gestion des soins parce que ce n'est pas notre domaine et on laisse nos
collègues des autres organisations faire leur travail, ils l'ont fait
d'ailleurs avec toute la...
Mme Setlakwe : Sur la
question de l'accréditation distincte, est-ce que vous êtes allé... vous sentez
que vous avez assez bien expliqué dans votre recommandation 2? En quoi ça
viendrait faire partie de la solution?
M. Bouvrette (Guillaume) : En
bref, c'est que l'accréditation distincte du personnel professionnel
administratif, là, on le précise dans le cas du réseau de la santé, peut
permettre de spécifiquement combler les écarts salariaux, de mieux comparer
avec des... je cherche mes mots, avec des catégories d'emplois, donc, plus
spécifiques, avec...
M. Bouvrette (Guillaume) : ...les
compétiteurs et d'ajuster la rémunération en fonction de ce qui se fait sur le
marché pour la catégorie du personnel professionnel. Alors, ça permet une plus
grande flexibilité.
Le Président (M. Provençal)
:...
Mme Setlakwe : Il reste une
minute? Mais revenons sur les TI. Moi, c'est un sujet que je suis de près
aussi, puis la question de la dépendance accrue à de la sous-traitance, c'est
un sujet préoccupant. Est-ce que vous voyez des projets à l'horizon ou en cours
qui sont... Comment ça peut affecter négativement les projets ou comment est-ce
que... Allez-y.
M. Bouvrette (Guillaume) : Bien,
j'ai envie de vous dire qu'au-delà des coûts, là, on en a amplement parlé, il y
a, je vous dirais, une certaine démotivation du personnel à l'interne, qui voit
les mandats les plus... les plus intéressants, les plus motivants confiés aux
ressources externes. Quand je pense au développement, à l'élaboration d'un
projet informatique de grande ampleur, les premières étapes, c'est passionnant,
c'est motivant. Quand on arrive à la fin, dans la mise en place, dans le test,
dans le «fine tuning», soudainement, les sous-traitants sont moins intéressés.
Ça a vraiment un impact négatif sur les ressources à l'interne, qui,
ultimement, se disent : Pourquoi je ne donnerais pas ma démission pour me
faire embaucher en contrats et choisir les mandats les plus... les plus
excitants pour moi.
Mme Setlakwe : Et donc, s'ils
sont démotivés... mais ça peut juste affecter la qualité du déploiement du
projet.
M. Bouvrette (Guillaume) : On
se trouve, je vais dire, dans une certaine spirale négative, un certain cercle
vicieux, là, si je peux me permettre l'expression, où, ça coûte plus cher, on a
de la difficulté à retenir les ressources et donc on est forcé d'avoir recours
à la sous-traitance, qui coûte plus cher, qui est moins motivante. Je le disais
également, il y a plusieurs ressources externes qui sont là depuis de
nombreuses années au sein de l'appareil public, c'est vrai dans différents
ministères et organismes, qui utilisent les équipements, les locaux, qui
apparaissent dans les organigrammes, qui... leurs coordonnées sont dans le
bottin. Alors, on se questionne à un moment donné. Est-ce que ce sont
réellement les sous-traitants ou plutôt une fonction publique parallèle?
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Nous poursuivons avec le député de
Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Oui, bien, bonjour. Merci. Merci d'être là, même virtuellement.
Pouvez-vous me réexpliquer en quoi le fait de garder Pinel... Je suis assez
sensible à la situation, là, de Philippe-Pinel. Pouvez-vous me réexpliquer en
quoi le fait de le laisser sous la juridiction du MSSS serait bénéfique? Ou, à l'inverse,
si vous voulez me dire pourquoi ça ne serait pas bénéfique de passer ailleurs,
là.
M. Bouvrette (Guillaume) : Oui.
Bien, je pense que j'ai élaboré... Merci, M. le député pour la question. J'ai
élaboré sur le volet d'ancienneté, hein, qui ne serait donc pas... la portion
pas bénéfique de passer ailleurs. Ce qu'on soumet, c'est qu'actuellement Pinel
relève directement du ministère, et ça fonctionne, ça fonctionne bien cette
formule-là pour les professionnels. Tous les échos qu'on a du terrain sont
positifs. Et on a une culture du travail qui est spécifique, à l'Institut
Pinel, et on ne voit pas nécessairement le... on voit... En fait, on ne voit
aucun bénéfice à modifier les paramètres qui sont en place.
M. Marissal : Mais,
considérant justement... là, je vais le prendre a contrario, là, considérant le
caractère assez unique, là, de l'Institut Pinel, ce n'est peut-être pas le
premier endroit où ça se bousculerait pour bumper, là, ça prend quand même une
certaine expertise, là. Je vous le dis comme ça, là. Allez-y.
M. Bouvrette (Guillaume) : Je...
Vous avez peut-être raison, mais il faudra... l'histoire nous le dira si on le
testait sur le terrain, mais on émet quand même cette inquiétude-là.
M. Marissal : O.K. Puis
Pinel, c'est d'abord pour des patients. Selon vous, là, un changement, par
exemple, là, d'affectation, là, ou d'accréditation, qu'est-ce que ça aurait
comme impact sur les patients de cet institut stratégique à Montréal, là?
• (15 h 30) •
M. Bouvrette (Guillaume) : C'est
les patients, mais il faut comprendre, puis je pense que tout le monde est bien
au fait, que la clientèle est parfois particulière, hein? C'est aussi parfois
des gens qui sont en détention ou qui ont... sur qui on doit réaliser des
expertises. C'est des conditions de travail qui sont un peu différentes de ce
qui se fait ailleurs dans le réseau. Voilà. Je sens, M. le député, que j'ai
fait le tour d'où je pouvais aller dans cette question-là.
M. Marissal : D'accord. Bien,
j'ai fait le tour aussi. Merci.
M. Bouvrette (Guillaume) : Merci
à vous.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Rosemont, ça va?
M. Marissal : Oui, ça va. Je
vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Monsieur Bouvrette, c'est bien le mont Fuji qu'on voit derrière
vous?
M. Bouvrette (Guillaume) : Oui.
M. Arseneau : La mer, le mont
Fuji, j'ai un lien affectif avec ces deux éléments. Écoutez, plus sérieusement,
la gestion de proximité, vous appelez à une plus grande place à la créativité
ou à la marge de manœuvre. Il y a d'autres personnes avant vous qui ont demandé
peut-être pas exactement le contraire, mais ils ont demandé de bien baliser,
s'assurer que...
15 h 30 (version non révisée)
M. Arseneau : ...que vous
appelez les décideurs soient effectivement des décideurs. En d'autres mots, d'avoir
des gestionnaires de proximité, c'est bien, pourvu qu'ils aient la marge de
manœuvre décisionnelle. Je veux juste savoir si c'est bien ce que vous voulez.
Puis, à ce moment-là, est-ce qu'on devrait préciser dans le projet de loi jusqu'à
quel point ils peuvent prendre des décisions? C'est ce qu'on nous demandait
tout à l'heure. On veut des gens qui puissent prendre des décisions sur le
terrain et non pas des exécutants de nos fameux Top Gun, là, qui seront
recrutés, à quelque part, là, dans une tour d'ivoire...
M. Bouvrette (Guillaume) : Bien...
la question, elle est complexe et on la pose. Je pense qu'actuellement c'est
récurrent comme questionnement, ou... quelle sera la marge de manœuvre des
décideurs locaux? On parle de décentralisation, mais aussi de centraliser du...
dans la même phrase, les orientations au sein du ministère, c'est simplement
des questions qu'on soulève, qu'on doit préciser avant la mise en place et la
création d'Agence santé Québec.
M. Arseneau : C'est ça. Je
pense qu'on veut la même chose, mais en fait, c'est de savoir si vous
privilégiez qu'on définisse leurs responsabilités ou si vous privilégiez qu'on
laisse le champ libre, mais avec le risque qu'ils se voient imposer des
responsabilités qui ne sont pas à la hauteur de ce que vous souhaiteriez sur le
plan local. Je ne sais pas si vous avez une préférence.
M. Bouvrette (Guillaume) : Je
pense que ces orientations-là doivent être mieux définies au départ.
M. Arseneau : D'accord,
merci. Vous avez parlé des fusions d'accréditations, abondamment. Bon, puis,
sur le plan syndical, sur le plan des droits... du droit des travailleurs, je
comprends. Pouvez-vous nous illustrer quelles sont les conséquences sur le
plan, là, de... la... de l'usager, du citoyen utilisateur des services publics?
Est-ce que ça a un impact, selon vous, là, qu'on restreigne justement ces
droits-là, là, ou le nombre d'accréditations syndicales?
M. Bouvrette (Guillaume) : Pas
nécessairement. Ce qu'on soulignait, c'est que c'est surtout qu'à l'aube d'une
ronde des négociations dans le secteur public, où... on le conçoit, là, les
négociations sont complexes. Il y a de nombreuses accréditations syndicales,
mais celles-ci permettent aussi une flexibilité au niveau local sur les enjeux
qu'un établissement en particulier pourrait avoir et donc convenir de modalités
différentes. On entend la volonté du gouvernement de faire des négociations de
manière plus efficiente et on y souscrit. Je pense simplement que la méthode
actuelle, elle va trop loin, elle va trop vite et surtout elle a été faite sans
consulter les organisations syndicales sur la question.
M. Arseneau : Je vous remercie
beaucoup.
M. Bouvrette (Guillaume) : En
clair, je ne crois pas que c'est ça qui a le plus d'impact sur l'expérience des
usagers.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup de votre participation
à nos travaux. Je suspends quelques instants pour permettre au prochain groupe
de prendre place. Merci beaucoup.
M. Bouvrette (Guillaume) : Merci
à vous.
Le Président (M. Provençal)
:Bonne fin de journée.
(Suspension de la séance à 15 h 34)
(Reprise à 15 h 38)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Nous
allons terminer notre séance de travail avec l'Association des conseils
multidisciplinaires du Québec. Alors, on a avec nous Mme Périgny et
Mme Poulin. Alors, 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, on
fait notre échange. Et je vous cède la parole immédiatement.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Merci,
M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour à toutes et tous. Mon nom,
Marie-Andrée Périgny, je suis travailleuse sociale et présidente du conseil
d'administration de l'Association des conseils multidisciplinaires du Québec.
Je suis accompagnée aujourd'hui de ma collègue Claudia Poulin, qui est
ergothérapeute et vice-présidente également du conseil d'administration.
L'ACMQ, c'est un organisme sans but lucratif, nous formons une association qui
regroupe une trentaine de conseils multidisciplinaires représentant plus de
76 000 techniciens et professionnels du réseau de la santé et des
services sociaux, principalement dans les domaines de la prévention, la
réadaptation, les services psychosociaux, la santé physique, la recherche et
l'enseignement.
Les conseils multidisciplinaires ont vu le
jour en 1991, au moment de la révision de la loi de la LSSSS. Quant à elle,
l'ACMQ a été créée en 1996 en vue de faciliter les échanges d'information, la
collaboration entre les conseils multidisciplinaires des établissements de
santé et services sociaux. En vertu de l'article 226 de la loi, un conseil
multidisciplinaire est institué pour chaque établissement public.
Le dépôt du projet de loi n° 15
interpelle directement l'ACMQ. Le projet de loi constitue un changement de
paradigme dans le milieu de la santé et des services sociaux et aura un impact
direct sur la gestion participative de l'ensemble des techniciens et
professionnels du réseau. L'ACMQ est d'accord avec le principe du projet de loi
n° 15. Nous accueillons positivement l'inclusion dans le vocabulaire
politicomédiatique et dans la structure du réseau de la santé et des services
sociaux, les termes «services sociaux».
• (15 h 40) •
La plupart des gens, quand nous parlons du
système de santé, pensent intuitivement aux soins physiques, aux médecins, aux
infirmières et aux urgences. Plus largement, le réseau de la santé et des
services sociaux comprend aussi tout le volet de la prévention, la santé
mentale, pour ne nommer que ceux-là. Nous sommes évidemment d'accord avec le
concept de l'interdisciplinarité du projet de loi. L'objectif du gouvernement,
avec le projet de loi n° 15, est de mettre en place un système de santé et
de services sociaux efficaces en facilitant l'accès à des services sécuritaires
et de qualité. Cette réforme souligne aussi l'importance de renforcer la
coordination des différentes composantes du réseau tout en rapprochant les décisions
des communautés qui sont liées à l'organisation et à la prestation de services
des usagers.
Cela dit, le projet de loi n° 15
suscite des enjeux pour les conseils multidisciplinaires. En tant que rouages
essentiels des services directs à la population, les conseils
multidisciplinaires permettent aux professionnels du terrain d'exprimer leurs
voix directement aux administrateurs pour influencer positivement les décisions
quant aux...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...services
offerts et aux meilleures pratiques à mettre de l'avant.
En conformité avec les objectifs du projet
de loi n° 15, soit de revenir avec une gestion de proximité et être à l'écoute
des usagers, l'ACMQ soutient que la réforme du système de santé doit se
concrétiser sous l'angle de la décentralisation des opérations et de la
gouvernance clinique dans une perspective locale de terrain.
Le projet de loi, tel que présenté
actuellement, propose la scission des conseils multidisciplinaires en deux
catégories : d'un côté, les professionnels de la santé et, de l'autre, les
professionnels en services sociaux. Nous croyons que ceci aurait davantage
d'effets négatifs que de le maintenir en une seule entité. Cela traduirait par
une... Cela se traduirait par une dissolution importante de la multidisciplinarité
et de la complémentarité des connaissances qui amènent une vision complète de
la santé de l'usager.
Ainsi, nous recommandons que la scission
des deux entités prévues dans le projet de loi soit rejetée par les
parlementaires et que le conseil multidisciplinaire demeure une seule entité
comme stipulé dans la loi. Peu importe le scénario retenu, les conseils auront
besoin de ressources financières et la possibilité de libération garantie.
Le projet de loi n° 15 propose que tous
les conseils professionnels émettent désormais leurs avis et recommandations au
Conseil interdisciplinaire d'évaluation des trajectoires et de l'organisation
clinique. Le conseil interdisciplinaire serait dorénavant la principale
instance mandatée à faire dire directement leurs recommandations au
président-directeur général d'un établissement de santé.
Nous sommes fondamentalement d'avis que
chaque conseil professionnel devrait pouvoir poursuivre ses activités en
matière... de manière indépendante et que le président-directeur général puisse
y siéger d'office. Nous croyons que le conseil interdisciplinaire devrait
assurément être une instance où les grands enjeux transversaux de qualité et
d'organisation de services puissent être traités pour l'ensemble des professionnels
qui oeuvrent dans l'établissement de santé. Il faut absolument... Il ne faut
absolument pas substituer la posture stratégique des conseils professionnels au
profit d'un... de ce nouveau conseil interdisciplinaire. Tous devraient avoir
accès directement aux dirigeants.
Cela dit, le conseil interdisciplinaire
vient officialiser dans la structure un lieu de concertation entre les
professionnels dans des situations plus complexes où l'on peut avoir besoin de
partager une intégration élevée des savoirs professionnels, avoir des objectifs
communs et de pouvoir aligner nos interventions dans une même direction.
Aussi, nous recommandons que soit
maintenue la représentativité numérique du conseil multidisciplinaire proposé
dans le projet de loi en cumulant effectivement les représentations du volet...
du volet santé et du volet services sociaux et en maintenant leur nombre égal
entre eux au sein de ce conseil interdisciplinaire.
En ce qui concerne les conseils
multidisciplinaires, nous croyons qu'ils doivent relever directement du
président-directeur général de l'établissement de santé et non de la direction
des services multidisciplinaires. Les conseils multidisciplinaires sont des
instances-conseils et représentent le meilleur reflet de ce qui se passe dans
les activités cliniques vues et perçues par les professionnels du terrain.
L'ACMQ est favorable à l'affiliation
fonctionnelle des conseils multidisciplinaires à la direction des services
multidisciplinaires, mais il est important que le rattachement hiérarchique
puisse se faire au président-directeur général.
A contrario, nous nous éloignons des...
nous nous éloignerions des décisions prises concernant la qualité et la
pertinence de l'organisation des services. Les conseils multidisciplinaires
sont des instances stratégiques pouvant et devant exercer leur rôle auprès des
instances décisionnelles et y contribuer en portant la voix et la vision des
professionnels du terrain de ceux qui offrent les services aux usagers.
Les conseils multidisciplinaires exercent
un rôle de conseiller et une posture spécifique stratégique. À l'instar du
ministre Dubé, nous croyons que l'information terrain doit se rendre plus
fluidement au président-directeur général. L'objectif fondamental, c'est de
demeurer, soit celui de favoriser une plus grande adaptabilité, flexibilité et
rétroaction, de sorte que les solutions sont adaptées au milieu de même qu'à la
culture locale et que ce soit rapidement mis en place. Nous croyons fermement
que chaque établissement de santé doit demeurer agile et flexible, en phase
avec la réalité du terrain.
La gouvernance clinique doit demeurer
locale. Son application peut différer d'une région à l'autre en raison de
cultures différentes. La gouvernance clinique doit demeurer le plus près possible
des usagers d'un territoire donné. Ainsi...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...nous
recommandons qu'il soit prévu au projet de loi une plus grande représentativité
des domaines de la réadaptation, du psychosocial, de la santé physique au sein
du conseil d'administration de Santé Québec et au Comité national de vigilance
et de la qualité.
À la lecture de l'article 154 du projet de
loi, les personnes liées à la recherche et à l'enseignement dans un... dans le
conseil multidisciplinaire n'apparaissent pas dans la composition des membres
de ce dernier. Cela nous apparaît problématique à plusieurs égards. Dans une
optique d'interdisciplinarité et d'intégration de la recherche clinique, il est
impératif de maintenir au sein des membres du Conseil multidisciplinaire les
personnes liées à la recherche et à l'enseignement.
En conclusion, l'ACMQ représente une
richesse au sein du réseau, et notre crédibilité n'est plus à démontrer. Nous
sommes l'association la plus interdisciplinaire axée sur la collaboration
interprofessionnelle. Les recommandations présentées dans notre mémoire sont le
fruit d'une vaste consultation auprès de tous les membres de l'ACMQ, soit
auprès de 30 conseils multidisciplinaires. Nous espérons également participer
au plan de transition. On est prêts à collaborer, bien sûr. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre
présentation, Mme la Présidente. Alors, M. le ministre, je vous invite à
initier cette dernière période d'échange que nous aurons ajourd'hui.
M. Dubé : Alors, Mme Périgny,
Mme Poulin, merci beaucoup. Vous êtes notre dessert aujourd'hui, hein? Alors,
merci beaucoup d'être là puis d'avoir préparé quelque chose de... Écoutez,
c'est un sujet, je pense... Les gens qui nous regardent vont être beaucoup plus
familiers à ce que c'est qu'un conseil multidisciplinaire, des comités
interdisciplinaires, c'est... Je pense qu'on va tous devenir des experts à la
fin de la semaine.
Est-ce que vous avez besoin de, je
dirais... peut-être, je vais vous poser la question autrement. Vous représentez
combien de... combien de spécialités ou de... dans votre comité... dans la
forme actuelle, oublions le projet de loi 15, si on veut le séparer ou pas, là.
Dites-nous à peu près quel genre de professions, vous... Parce qu'on le dit,
c'est multidisciplinaire. Puis je comprends que vous faites un très bon
travail, là, les gens qui sont à côté de moi me le disent. Dites-moi,
donnez-moi des exemples de gens que vous représentez, parce que ça a l'air, je ne
sais pas si c'est le bon mot, hétéroclite, là, ça représente beaucoup de
professions. Donnez-moi des exemples, qu'on comprenne un peu qui vous
représentez quand vous parlez aux P.D.G. ou... O.K.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien,
on représente de 60 professionnels... 60 professions et titres d'emplois et
même plus encore.
M. Dubé : 60?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Et
plus, là, vraiment...
M. Dubé : Donnez-moi un
exemple.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Des
exemples? Il peut y avoir autant des ergothérapeutes, des physiothérapeutes,
des travailleurs sociaux, des techniciens en laboratoire, en imagerie médicale.
On pense à des intervenants en soins spirituels, au niveau des archivistes.
C'est très, très, très varié. On en a une multitude, effectivement.
M. Dubé : Bon. Et quand
j'aurai la chance de discuter avec mes collègues, parce que... Je ne sais pas
si vous avez entendu la présentation qu'on a eue ce matin, justement, du
groupe, là, qui voit la décentralisation, puis qui nous ont fait, eux aussi,
certaines recommandations. Je dois vous avouer que j'étais un petit peu
surpris, puis c'est pour ça que je veux comprendre, parce qu'on n'est pas
obligés de toujours être d'accord. Mais j'ai regardé des gens qui ont commenté
sur l'à-propos de séparer les services sociaux du comité... Parce que vous le
dites vous-mêmes, il y en a... vous en représentez beaucoup. Je ne dis pas que
vous ne le faites pas bien, au contraire, là, ce que j'entends, mais je suis un
peu... Vous, vous êtes... Votre expertise, vous l'avez dit, est en travailleur
social?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
travailleuse sociale.
M. Dubé : Je suis un peu
surpris de ce désaccord-là. Bien, on est en train de discuter, hein, on n'est
pas, on n'est pas en train de finaliser. Pourquoi... Vous n'avez pas trouvé que
c'est une bonne idée de séparer les... Parce que ça aurait quand même une
portion importante en ce moment puis, je dirais, encore plus, peut-être, avec
ce qu'on a vécu à la pandémie. Je veux vous entendre pourquoi vous auriez gardé
les services sociaux dans le comité interdisciplinaire. Je suis un peu surpris
de ça, mais c'est le bon temps de le dire, là.
• (15 h 50) •
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
oui. Non, bien, en fait, on est... au contraire, on le salue, effectivement, et
c'est pour ça qu'on l'a nommé en début. Les termes «services sociaux», on est
très, très, très d'accord avec que ce soit de plus en plus mentionné, parce que
ça fait partie intégrante de notre système de santé. Donc, là-dessus, on est
très d'accord. Par rapport au conseil multidisciplinaire, ce qui ressort... Il
y a beaucoup de questionnements... parce qu'il y a eu une grande
consultation... il y a beaucoup de questionnements avec nos membres. Il y a des
points plus positifs ou négatifs. Mais ce qui ressort de tout ça...
M. Dubé : Vous dites... Juste
pour comprendre. Vous les avez consultés, une fois que le projet de loi a été
déposé, pour voir qu'est-ce qu'ils en pensaient, là?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
tout à fait.
M. Dubé : O.K. Bon, ça, ça
m'intéresse beaucoup.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Puis
peut-être pour...
M. Dubé : ...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Peut-être
pour rappeler, l' ACMQ, donc, il y a 30 conseils multidisciplinaires qui sont
membres de l'ACMQ...
M. Dubé : Oui, oui.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...donc
c'est dans les 30 établissements, là, de notre réseau, et oui, il y a eu une
grande consultation, il y a plus... il y a eu plus de 140, là, personnes dans
les exécutifs qui se sont mobilisées, et la très grande majorité, au bout de la
discussion, des échanges, ont effectivement ramené cette préférence-là de
rester unis, non pas que c'est en désaccord avec l'aspect service social...
M. Dubé : O.K.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...services
sociaux, les services sociaux, mais bien... ils voyaient ça comme un recul, en
fait. C'est comme si on venait séparer, justement, cette multidisciplinarité...
M. Dubé : Oui, oui.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...qui
est en train de... bien, qu'on a, ça fait partie de nous. Ça fait que toutes
ces interventions-là qui sont faites, cette concertation-là, les gens le
voyaient comme étant plutôt négatif que positif au niveau des conseils
professionnels. C'est vraiment à cette nuance-là.
M. Dubé : Intéressant. Puis
peut-être que je suis complètement dans le champ gauche, mais je vous donne...
On a entendu des psychologues hier, puis on est tous dans la discussion de
comment faire part aux P.D.G., soit par le comité interdisciplinaire ou
directement aux P.D.G., mais on a entendu les psychologues hier nous
dire : Bien, nous, on voudrait être tout seuls, là, tu sais. On se
comprend. C'est pour ça que je mets en porte-à-faux cette... Mais il me semble
que les psychologues pourraient dire la même chose : On fait partie du
continuum de soins. Eux autres nous disaient hier entre autres qu'ils sont...
Ils se voient plus du côté physique. Vous, vous n'êtes... bien, en tout cas,
je pense, pas du tout du côté physique, quand on parle des travailleurs
sociaux, mais par contre vous représentez des techniciens, entre autres, qui
sont beaucoup plus proches, on va le dire, du côté physique. Vous me suivez?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...
M. Dubé : Alors, est-ce que
vous avez officiellement testé vos membres là-dessus? Parce que, ça, quand...
ça a été des... C'est-tu par sondage, comment vous avez fait ça? Ça, ça
m'intéresse de savoir, si vous arrivez à cette conclusion-là que c'est bon de
le garder, puis que ça fonctionne bien, je pense qu'on devrait être sensible à
ça aussi, mais...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui.
Bien oui, dans la grande consultation...
M. Dubé : Vous comprenez
pourquoi je fais le parallèle avec la santé mentale, hier, puis avec les
psychologues, là? Je veux juste voir... Oui.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien,
pour nous, quand on fait référence, dans ce cas-ci, des services de santé
physique au niveau de la Santé et Services sociaux, on n'est pas à un niveau de
santé... ça, la santé mentale fait partie de tous ces... les types de services
offerts, ça fait que c'est... Ça fait qu'on n'était pas nécessairement
là-dessus. Mais, effectivement, on n'a pas eu de... Dans la consultation auprès
de nos membres, on n'a pas eu d'informations qui nous disent que de... certains
de ces membres-là souhaitent quitter l'aspect conseil multidisciplinaire, on
n'a pas eu de ces informations-là, ça n'a pas été mentionné, c'est ça, au
contraire, dans la discussion, c'est-à-dire : Bien, on fonctionne déjà en
interdisciplinarité. Ça fait que c'est comme si ça devenait incohérent, surtout
dans un contexte de projet de loi, de... tu sais, qu'on veut mettre...
M. Dubé : Donc, ça ne vous
donne pas l'impression qu'un technicien en — je vais dire n'importe
quoi — en imagerie médicale qui ne se sent pas — oh, je
fais attention à mes mots, là — mais noyé dans la grande diversité
des professions ou des spécialités... Ce n'est pas... Ce n'est pas le...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : C'est
des éléments qui sont ressortis. Quand on disait qu'il y a eu discussion
vraiment avec tous nos membres, c'est des points qui sont ressortis, mais pas
de... pas comme étant négatifs, dans le sens que, oui, ça fait partie, parce
qu'on... comme je vous disais, on représente plus de 60 professions.
M. Dubé : O.K., parce que...
Bien, c'est ça.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Ça
fait que oui. Par contre, que de le scinder en deux, que de le scinder, pour
dire quelque chose, en quatre, tu sais, pour nous, puis c'est ça qui ressortait
des membres, ultimement, en fait, ce n'est pas tant de faire valoir chacune des
professions ou des pratiques, c'est vraiment de dire : Ensemble, dans
l'interdisciplinarité, comment on peut arriver à apporter des pistes de
solution dans des défis rencontrés, répondre aux besoins des usagers? Ça fait
qu'on est vraiment à ce niveau-là. Oui.
M. Dubé : Parce que ça peut
sembler très technique, mais, si j'essaie de résumer ça à quelque chose de
simple, tous ces comités multidisciplinaires là, c'est pour donner le meilleur
avis à la direction d'un... un P.D.G., ou d'un CISSS ou d'un CIUSSS, sur le
continuum de soins, hein, de dire : Il y a ces spécialités-là. Comment on
pourrait mieux travailler ensemble avec les médecins, avec les infirmières, qui
sont d'autres comités? On se comprend?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Celui-là,
c'est plus au niveau... spécifiquement avec ce qui est proposé dans le projet
de loi, qui est le comité interdisciplinaire. Effectivement...
M. Dubé : C'est ça.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...ça
poursuit ces objectifs-là par rapport au conseil professionnel, parce
qu'actuellement c'est le cas, on émet nos avis et recommandations directement
au P.D.G. Bien, ce qu'on dit, c'est qu'il y a une plus-value à ce que le P.D.G.
puisse... lui qui a le regard macro sur toute l'organisation des services,
puisse avoir ces informations-là plus fines de chacun de ces conseils-là ou de
ces professionnels des enjeux qui sont partagés, qui n'est pas...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...en
lien tout le temps avec une trajectoire de service, ou comment offrir les soins
et services.
M. Dubé : Bien, ça, c'est ma
deuxième question. La... Parce que je trouve ça... D'un côté, oui, vous êtes
d'accord avec l'objectif du pl 15, puis tout ça. Vous dites que vous êtes
d'accord avec le comité de... Interdisciplinaire, oK, mais vous dites vous
aimeriez continuer à viser directement le P.D.G. quand même. Il va en avoir pas
mal à faire, le P.D.G., là, à un moment donné. Pourquoi vous insistez
là-dessus? Parce que j'aurais pensé que, si on... En tout dans dans d'autres
organisations que j'ai vues, si ce comité-là, qui voit à mieux faire travailler
des gens ensemble, des bons conseils de votre part, ça a-tu besoin d'avoir en
plus une rencontre directe? Je ne sais pas comment ça se fait, là, ou comment
vous suggériez ça. C'est... Ça commence à faire beaucoup de rencontres du
P.D.G., là.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien,
actuellement, on trouve que c'est gagnant. vraiment, il y a une présence à même
tous les conseils... Des conseils professionnels, donc le conseil
multidisciplinaire. Mais on trouve que c'est très gagnant parce que ça apporte
vraiment la vision du terrain. Tu sais, on parlait de gestion de proximité,
pour nous, c'est aussi une façon de faire de la gestion de proximité. C'est...
On ne le voit pas juste comme étant redonner des pouvoirs décisionnels aussi,
il y a tous cet aspect-là, de redonner des pouvoirs décisionnels, là, à
différents niveaux, mais c'est aussi de... Que les gens puissent être dans ces
lieux-là et être directement, par exemple... Donner des recommandations au
président-directeur général, là, donc, qu'il puisse avoir une plus grande vue
d'ensemble de ce qui est traité. Ça fait que, pour nous, c'est vraiment
important, là.
M. Dubé : Il y a-tu d'autres
choses que vous voulez nous dire aujourd'hui, là? Parce que, moi, je vais vous
avouer que ça m'a surpris un petit peu, que vous disiez ça, là, par rapport
au... ce que j'avais entendu à date sur les travailleurs sociaux, là, L'intérêt
de le séparer, parce que c'était très différent. Ça représente combien de vos
membres, ça?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien,
en tout, là, partout au niveau de l'ACMQ, les membres de tous les CM, de tous
les professionnels et techniciens, c'est 76 000, qu'on représente. Et donc
c'est bien sûr pas que les travailleurs sociaux, hein?, il y a vraiment tout,
il y a vraiment une diversité.
M. Dubé : Mais non. Mais, les
travailleurs sociaux, sur le 76 000, c'est combien?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Je
n'aurais pas les chiffres par contre.
M. Dubé : Seriez-vous capable
de...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
tout à fait, prendre en note.
M. Dubé : Parce qu'on peut
les trouver, mais si ça venait de vous?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
tout à fait.
M. Dubé : C'est parce que
c'est toujours pareil, puis peut-être que je me trompe, là, mais j'en profite
pendant que vous êtes là. Si, admettons, tous les autres services, toutes les
autres professions, c'est, je ne sais pas, moi, je vais dire 30 000, 40 000,
Puis il y en a 30 000, 40 000 qui sont seulement des travailleurs sociaux, j'aurais
pensé qu'il y avait une certaine logique de le séparer pour dire : on va
continuer ce principe-là, de multidisciplinaire, mais on va isoler les
travailleurs sociaux. Mais, encore une fois, des fois, peut-être, la loi des
nombres n'est pas le seul facteur. Mais je suis un peu hésitant. Puis On pourra
en parler avec mes collègues quand on débattra ce principe-là, parce que, ce
que j'entends, en même temps, c'est que ça fonctionne bien. Puis, quand il y a
des choses qui fonctionnent bien, on a assez de changement qu'on veut faire,
bien... Donc, je suis assez...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Ça
fonctionne bien, mais, si je peux me permettre, vous venez de faire une nuance
aussi. Parce que, la façon que c'est présenté dans les deux... la division, la
scission des deux conseils multidisciplinaires, les services sociaux, ce qu'on
en comprend aussi, que ce n'étaient pas nécessairement que les travailleurs
sociaux, ça fait qu'il y a cette précision-là aussi peut-être à éclaircir, là,
mais...
M. Dubé : Mais en tout cas on
a les bonnes...
Une voix : ...
• (16 heures) •
M. Dubé : Je ne sais pas si
mes collègues ont d'autres questions. Bien, À ce moment-là, je vais vous amener
ailleurs, parce que, je pense, vous l'avez bien tourné. est-ce qu'il y a des
éléments dans le reste du projet de loi qui... qu'on a oubliés? Parce que, moi,
ce qui m'inquiète beaucoup souvent, c'est... On a pensé à beaucoup de choses,
mais il y a des choses qu'on a oubliées. Il y a-tu des professions qui sont un
peu, comment je dirais, pour le futur de la santé, tiens, je vais le dire comme
ça, parce que souvent, on regarde les gens qu'on a aujourd'hui puis on pourrait
arriver, puis dire : Mon Dieu, on n'est pas en train de penser à
l'intelligence artificielle, on n'est pas en train... C'est quoi les
professions émergentes qui pourraient venir puis qu'on dirait... ou je verrais
très bien dans du multidisciplinaire, de dire : on pense-tu à ces gens-là,
qui vont nous aider à changer notre système? Est-ce qu'on... est-ce que ça inclut
nos gens de recherche? C'est ça que j'aimerais prendre les quelques minutes,
là, que vous nous ameniez un petit peu ailleurs. Parce que vous êtes là-dedans
depuis des années, vous regardez toutes les professions. Je vous donne quelques
minutes pour me dire ça, là.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui.
Bien, très, très bonne question...
16 h (version non révisée)
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...Je
ne pourrais pas dire dans tout le spécifique de chacune des professions que je
vois, mais vous le mentionnez, effectivement, tout l'aspect de la recherche
dans différents établissements, on le voit, il y a vraiment une présence de la
mission universitaire aussi. Je pense qu'il y a vraiment un apport à avoir,
effectivement, tout le monde de...
M. Dubé : Est-ce que c'est
bien couvert par votre groupe, ça, en ce moment?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
bien oui, tout à fait. Puis d'ailleurs, c'est une des recommandations qu'on
avait faites, de... Parce qu'on ne voyait plus, dans le nouveau projet de loi,
l'intégration des gens de la recherche et de l'enseignement, donc on l'a...
M. Dubé : Bon, C'est ça. Les
universités nous en ont parlé, de ça, ce matin.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Exact.
Ça fait que, pour nous, c'était important qu'ils puissent être maintenus dans
le conseil multidisciplinaire et donc toujours dans l'optique, effectivement,
de quand on a des projets ou des enjeux, des améliorations qu'on veut faire,
bien, le fait d'intégrer la recherche, le fait d'intégrer les bonnes pratiques,
l'innovation va être très intéressant.
M. Dubé : Oui, bien, ça, je
veux vous rassurer. Puis on en parlera en... lorsqu'on ira dans... Des fois, on
n'a peut-être pas besoin de le mentionner en détail, qu'est-ce qui rentre dans
le comité multidisciplinaire, dans le projet de loi, parce que c'est un peu
pareil. Si cette profession-là n'existe pas dans... Aujourd'hui, mais dans deux
ans, est-ce qu'il faut changer la loi? En tout cas, on pourra débattre ça.
Mais, la recherche, pour vous, il y en aura toujours, de la recherche, vous
dites, si ce n'est pas nommé. O.K.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Et
on souhaite effectivement que ça puisse être nommé pour les mois à venir. Mais
je comprends.
M. Dubé : Bien. Merci
beaucoup. Moi, ça ça me va, puis je trouve ça très éclairant, ce que vous avez
amené dans votre présentation. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. M. le député de Pontiac.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. Merci d'être là.
Moi, je suis toujours surpris quand le ministre est surpris des positions qui
sont prises par des groupes, alors j'aimerais ça savoir de votre part, est-ce
qu'avant le dépôt du projet de loi, est-ce qu'on vous avait consultés? Est-ce
qu'on vous avait parlé? Est-ce que vous aviez eu la chance de vous prononcer
sur certains des grands pans de la proposition du gouvernement?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien,
on n'était pas... non, on n'était pas allé de l'avant dans d'autres sujets, d'autres...
mais, pour le projet de loi comme ça, là, non.
M. Fortin :O.K. Très bien. Vous avez une partie de votre mémoire qui traite
de la gouvernance de Santé Québec, spécifiquement de Santé Québec, et vous
commencez en disant, et je vous cite : «Élément-phare du pl 15, la
création de Santé Québec, indépendant du ministère de la Santé et des Services
sociaux, suscite une certaine ambivalence au sein de notre organisation.» J'aimerais
ça vous entendre sur qu'est-ce que vous voulez dire, le pour et le contre que
vous voyez à travers cette ambivalence-là, comme vous la mentionnez.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien,
en fait, un, effectivement, ce qu'on voit, c'est qu'on doit, à tout prix, aussi
éviter justement une nouvelle structure qui va manifester plus de façon
centralisatrice. Ça fait que c'est un peu notre ambivalence, mais de la façon
dont c'est présenté, on voit l'intention de décentraliser. Ce qu'on ramène par
rapport à Santé Québec, c'est, bien, en fait, s'assurer qu'il y ait la
représentativité aussi, justement, des professionnels, donc tout le domaine de
la réadaptation, la santé physique, la prévention. Donc, vraiment d'avoir cet
angle-là aussi à Santé Québec, donc au conseil d'administration. Ça fait que
ça, on veut s'assurer de ça.
M. Fortin :Est-ce que c'est des... puis, effectivement, là, vous
parlez de la réadaptation, la santé physique, puis le psychosocial, là, si je
ne me trompe pas, dans vos recommandations. Est-ce que c'est des domaines qui
sont bien entendus, bien représentés dans la structure actuelle? Est-ce qu'ils
ont déjà ces mécanismes-là pour vraiment faire porter la voix de ces trois
domaines-là ou d'autres, si vous considérez qu'il y en a d'autres d'importance?
Parce que si vous le recommandez aujourd'hui, c'est parce que vous ne le voyez
pas dans la structure proposée, mais dans ce qui est présentement en place à
travers le ministère, est-ce que vous trouvez qu'il y a une voix suffisante
pour ces domaines- là?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Suffisante,
non, elle est actuellement là, entre autres, via les conseils
multidisciplinaires. Ça fait que ça, c'est vraiment la voix du terrain, c'est
ça, le mandat, finalement, entre autres, aussi, des conseils
multidisciplinaires. Ça fait que, oui, ils le sont à certains égards, mais
assurément, puis c'est là qu'on revient aussi un peu à la suite, de dire qu'on
salue l'intégration de services sociaux. Donc, effectivement, on veut que ça
prenne plus de place, qu'il y ait plus cette représentativité-là. On représente
quand même 76 000 professionnels et techniciens. On peut vous faire suivre, là,
la liste justement des différentes professions que l'on a. C'est beaucoup, et
on l'entend peu, et on le voit peu. Ça fait que ça, effectivement, c'est...
Mais, via les conseils multidisciplinaires, il y a des recommandations qui sont
faites au présent directeur général, et actuellement... même au conseil d'administration.
C'est l'une des voies de passage, en tout cas, pour nos professionnels.
M. Fortin :Quand vous dites, quand vous dites...
M. Fortin :...au sein de ces représentations-là, puis effectivement la
composition des 76 000 membres, si vous pouvez la faire parvenir à la
commission, c'est probablement la bonne place pour le faire pour qu'on y ait
tous accès. Mais, quand vous dites cette voix, on l'a présentement, cette
possibilité de faire... de porter nos revendications, nos messages à travers
les P.D.G. des établissements, c'est-à-dire les P.D.G., par exemple, du CIUSSS
de la Capitale-Nationale, ici, ou d'autres. Là, vous proposez que, directement,
au conseil d'administration de Santé Québec, donc l'organisme plus global, mais
régionalement, est-ce que vous voulez le même type d'exercice, dans le fond?
Parce que, quand vous dites... quand vous dites que vous devriez... les
conseils multidisciplinaires devraient relever des P.D.G., vous me parlez des
P.D.G. d'établissement.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Des
établissements.
M. Fortin :Parce que vous dites aussi des conseils d'administration,
quand vous parlez de la structure actuelle, vous parlez des conseils
d'administration également.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
exact.
Mais les conseils d'administration n'ont
plus exactement la même vocation. Donc, s'ils ne sont pas à même de faire
valoir une priorisation ou une spécificité locale, donc la voie vers
laquelle... ou l'avenue vers laquelle vous devez porter votre voix, c'est
nécessairement uniquement celle du P.D.G. d'établissement.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
bien oui, c'est ce qu'on souhaite, que cette voix-là soit maintenue, vu qu'il
n'y aura plus le conseil d'administration dans nos établissements actuels. Effectivement,
au lieu que ce soit vers, soit le conseil interdisciplinaire ou la direction
des services multis, ce serait vraiment au P.D.G., pour maintenir ce lien-là.
Puis peut-être pour ajouter aussi, c'est vraiment d'avoir l'aspect... comment
je dirais, d'avoir cet impact-là, de ce lien-là direct. Peut-être, si je peux
passer la parole à ma collègue, elle va pouvoir vous donner des exemples aussi
de ce que font les conseils multidisciplinaires avec leurs membres, mais aussi
le lien direct qui peut être fait. Ça fait que ça va peut-être vous illustrer
davantage.
M. Fortin :Très bien.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Merci.
Mme Poulin (Claudia) : Merci.
En fait, on est le seul conseil qui a le mandat de faire des comités de pairs,
donc pour apprécier la qualité de la pratique professionnelle. Donc, ces
comités-là sont vraiment très, très intéressants. En fait, c'est qu'on peut
demander à nos membres de faire des projets ou eux nous soumettent des projets
qu'ils souhaitent faire pour améliorer, par exemple, ici, l'accessibilité aux
services... non, excusez-moi, réduire le temps de la liste d'attente. On a déjà
eu un groupe d'orthophonistes qui avait travaillé sur... l'harmonisation de
leurs services puis qui offrait des interventions en groupe pour les enfants,
puis les parents, puis ça, ça a permis de diminuer leurs délais d'attente.
Donc, c'est des projets qui sont concrets,
qui sont sur le terrain, qui peuvent passer par nous. Ils nous font des
demandes. Puis là, à ce moment-là, on peut leur octroyer des heures de
libération pour qu'ils travaillent sur des projets concrets pour la clientèle.
M. Fortin :O.K. Très bien. Moi, ça me convient, M. le Président. Si ma
collègue a des questions...
Le Président (M. Provençal)
:Oui, Mme la députée.
Mme Setlakwe : Mais je
voudrais rebondir un peu, qu'on entende plus d'exemples, parce qu'on a parlé de
certaines de vos recommandations, puis on est un peu tous surpris que vous
vouliez faire... ou que vous voulez qu'on rejette la scission, puis là vous
voulez qu'on maintienne un lien hiérarchique direct vers le P.D.G.. Mais il
faut qu'on comprenne sur le terrain, là, comment tout ça se manifeste. En
quoi... Continuez avec vos exemples précis, là, pour illustrer l'importance de
ces recommandations-là, concrètement, sur le terrain, pour améliorer les soins.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Vous
voulez...
Mme Setlakwe : Parce que là,
l'exemple des orthophonistes est utile, mais vous devez sûrement en avoir
plusieurs autres en tête.
• (16 h 10) •
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui,
je vais laisser ma collègue...
Mme Setlakwe : Merci.
Mme Poulin (Claudia) : Parfait.
Donc, c'est certain que, par les comités de pairs, nos membres peuvent
travailler, par exemple, pour développer des gabarits au niveau de la
rédaction, pour réduire le temps de rédaction, parce que le temps de rédaction,
bien, c'est du temps qu'on n'offre pas à nos usagers. Ça fait que ça, ils
peuvent faire ça. Puis nos CM font aussi plusieurs... des fois, ils vont faire
des projets qui vont regrouper plusieurs professions. Puis d'ailleurs on vous
l'a proposé, dans notre recommandation 12, d'inclure des projets
interdisciplinaires.
Donc, je vais vous en nommer quand même
quelques-uns, que c'est des gens qui ont déjà fait ces comités-là, puis qui ont
d'ailleurs, là, gagné des prix via l'ACMQ. Donc, il y a un groupe pour
favoriser l'accès au service des personnes immigrantes, un groupe
interdisciplinaire qui réunissait psychologues, organismes communautaires, travailleurs
sociaux, coordonnateurs en santé...
Mme Poulin (Claudia) : ...qui
a vraiment travaillé sur la façon d'adapter les services aux personnes
immigrantes et d'offrir un soutien aux intervenants de différents secteurs de
la région. Donc, ce projet-là a permis de... voyons, d'aider l'accès aux
services pour les personnes immigrantes. Il y a également déjà eu un projet qui
était plus innovateur de partenariat entre des professionnels issus de la
réadaptation du milieu universitaire et de la collectivité, qui a permis de
faire un projet d'intégration au Musée d'art thérapie pour les jeunes adultes
ayant des difficultés de communication. Et on a également un autre projet qui a
aidé pour l'accès aux services qui réunissait des psychoéducateurs, des travailleurs
sociaux, éducateurs spécialisés, oui, des spécialistes en activités
professionnelles qui représentaient, là, le centre intégré du réseau en
neurodéveloppement qui a réussi à faire du dépistage précoce pour réduire la
prise en charge des enfants afin... en actualisant leur plateforme de
dépistage. Donc, c'est des projets qui peuvent passer par nos comités pour
aider, là, au niveau, là, de la clientèle, là.
Une voix : On a fini? Bon.
J'avais une sous-question.
Le Président (M. Provençal)
:On avait une question. Alors, M. le
député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Bonsoir. Oui, presque. C'est notre 19 ᵉ groupe en un peu plus
de 48 heures. Ça fait que si je bafouille, vous ne m'en tenez pas rigueur.
On n'est pas pires pour le moment. Je veux d'abord faire une remarque quant à
votre recommandation no 2 que le principe du projet de loi soit adopté,
incluant ses objectifs d'efficacité et de considération juste de l'expertise
clinique qu'il contient, conditionnellement à l'adoption de certains
amendements visant à prendre en considération l'expertise des conseils
multidisciplinaires et des professionnels. L'idée est parfaitement louable,
mais l'adoption du principe de ce projet de loi là ne fait pas beaucoup de
doute que, considérant la composition de l'Assemblée nationale, vous l'aurez
compris. Puis je voudrais bien qu'il y ait une conditionnalité à ça, mais je
n'en suis pas très sûr. Alors, je voulais juste vous dire que ça se pourrait
que ça n'arrive pas. Mais le projet de loi... En tout cas, le principe va être
assurément adopté, à moins qu'il se passe quelque chose de l'autre bord que je
ne comprends pas, là.
Je fais vite parce que je n'ai pas
beaucoup de temps. Vous... Je ne trouve pas nécessairement une contradiction,
mais vous n'êtes pas à la même place que le ministre sur votre... où vous
devriez être, votre connaissance. Je comprends ça. Le ministre semble en être
surpris. Ce n'est pas la première fois que ça arrive, là, cette semaine, là.
Les sages-femmes se retrouvent à quelque part où elles ne veulent absolument
pas être puis demandent de ne pas y être. Hier, les psychologues, c'était
l'inverse. Elles voulaient y être puis elles n'y sont pas.
Là, visiblement, c'est un immense réseau,
là, santé et services sociaux. Je le sais, là. C'est 350 000 personnes.
C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde. Honnêtement, je vais vous le dire
bien franchement, je n'étais pas sûr de connaître votre existence avant
aujourd'hui, là. Puis ne prenez pas ça mal, là. Il y a bien du monde. Puis
déjà, dans la structure actuelle, il y a visiblement de la friture sur la
ligne, là. Les messages ne se rendent pas tout le temps, on le voit, là. Alors,
je ne peux pas m'empêcher de me dire : Mettons qu'avec la création d'une
nouvelle méga patente qui va s'appeler l'Agence Santé Québec, qui va être hors
du politique, est ce que ça va être mieux, la communication, ou selon vous, ça
va être encore plus diffus, lointain et confus?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Je
ne sais pas si... Je ne sais pas à ce niveau-là, mais assurément, ce que nous,
on souhaite, c'est vraiment... Et d'où le fait de vouloir toujours maintenir,
de relever du P.D.G. du président-directeur général, c'est pour assurer cette
communication-là, ces informations-là de terrain...
M. Marissal : Je comprends.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...et
qu'elles se rendent et qu'il n'y ait pas nécessairement... Ça fait que... Mais
c'est une façon. Moi, je donne ça en un exemple, il y a une table. Bien, il y a
l'angle des professionnels, il y a l'angle des gestionnaires, il y a l'angle
de... Et ensemble, on est capables d'apporter des améliorations aux soins,
services et à l'accessibilité des soins et services. Ça fait que c'est vraiment
ça qu'on souhaite. Ça fait que... Est-ce que le tout va ou non favoriser? On le
souhaite, que ça... que l'intention, après, ça s'actualise aussi sur le
terrain, là, assurément, là.
M. Marissal : Mais vous
souhaitez avoir un contact direct, de proximité, beaucoup plus local, par exemple,
avec le D.G. dont vous nous parlez.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Vraiment.
Oui, oui, tout à fait. Tout à fait. Et comme on... Et comme on salue le fait
qu'effectivement la gestion de proximité et qu'on... C'est vraiment important
que cette... de redonner ces pouvoirs-là décisionnels à tous les niveaux et
donc même au... et au gestionnaire le plus proche du terrain...
Mme Périgny (Marie-Andrée) : ...oui,
que ça facilite puis qu'on puisse réagir rapidement, d'être flexible et de
répondre aux besoins des usagers, là, et, dans notre cas aussi, bien sûr, en
incluant les professionnels dans ces pistes de solutions là et peut être des
projets novateurs à inclure.
M. Marissal : O.K. Bien, je
vous remercie. Je vous remercie de votre témoignage, de votre rapport aussi,
là. On en prend bonne note aussi puis ça nous sera utile pour la suite. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous savez la conclusion de cet échange.
M. Arseneau : Alors, merci
beaucoup, M. le Président. C'est un poids très lourd que vous mettez sur mes
épaules, complété ces heures et ces heures de plaisir dans l'étude du projet de
loi no 15. Mesdames Périgny et Poulin, merci de votre contribution à nos
travaux. Je vais aborder les mêmes thèmes que vous avez abordé qui ont été
discutés. Pour mieux comprendre, là, aujourd'hui, les conseils
multidisciplinaires sont unifiés, si on veut, est-ce que les membres ont déjà
été l'objet de critiques dans leur travail, d'une façon ou d'une autre, qui
aurait pu amener le ministre ou ses fonctionnaires à dire : Ça
fonctionnerait pas mal mieux si on scindait ça ou ça a été une surprise pour
vous?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Ça
a été une surprise, oui et non. Oui, parce que tout ce qu'on entend et ce qu'on
voit sur le terrain avec les conseils multis trouvent que ça fonctionne bien
comme ça. C'est ce que nous, on a comme information. Surprise, oui et non, on
l'avait entendu, mais d'où... à notre consultation, puis ce n'est pas ce qui
ressort.
M. Arseneau : Exact. Donc, si
je comprends bien, on est en train de réparer quelque chose qui n'est pas
brisé. C'est un peu comme ça qu'on pourrait l'exprimer? C'est quelque chose qui
fonctionne à votre point de vue et selon les gens qui y participent. Est-ce que
vous avez le point de vue, sans parler en leur nom, là, les P.D.G. avec qui
vous faites affaire aujourd'hui? Est-ce que le son de cloche, c'est : Ça
ne me tente vraiment pas de fonctionner avec des gens qui viennent d'un peu
partout, puis on devrait les scinder ou j'apprécie vos commentaires puis ça
fonctionne bien?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien,
en fait, on n'a pas le retour, de cette façon-là, des présidents
directeur-général, mais actuellement, ce qu'on porte, la contribution qu'on y
amène, les pistes de solutions concrètes faites par les professionnels est bien
là.
M. Arseneau : Puis est-ce que
les pistes d'action, les recommandations que vous faites selon votre
appréciation, là, est-ce que, dans le fonctionnement actuel, vous avez
l'impression qu'elles... justement, elles sont retenues par les P.D.G.? Puis
elles contribuent effectivement, là, parce que, là, on veut couper le lien, là,
ou, en tout cas, le distendre.
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Oui.
Bien, ça fonctionne bien. D'ailleurs, dans le début de la pandémie, il y a des
gens... puis ça a été un sujet qui était partagé par beaucoup de conseils
multis, c'est tout ce qui est le télétravail, télésanté. Donc, il y a eu des
avis et recommandations qui ont été faits justement à la direction générale,
avec des pistes, de dire : Bien, il faut tenir compte de différents
aspects pour nos professionnels, si on utilise davantage le télétravail,
télésanté. Et ça a été retenu et on a été... les conseils multis ont été aussi
réimpliqués dans la mise en place, si on veut, de l'adaptation, là, du projet,
là. Ça fait que, oui, c'est retenu.
M. Arseneau : Alors, moi, je
me mets, l'espace de quelques secondes, dans la peau d'un P.D.G. Je me dis :
Il y a de l'information qui pourrait me venir, là, de façon directe, puis il y
a un projet de loi qui va faire en sorte que ces recommandations-là, je n'y
aurais pas accès. Je serais peut-être un peu déçu, là, en me disant : Je
veux avoir une connexion sur le terrain. Est-ce que vous pensez que c'est ce
qui peut arriver, justement, c'est que les P.D.G. seront encore plus loin de ce
qui se passe sur le terrain, avec des impacts, justement, là, qu'on peut
imaginer dans les décisions qui sont prises? C'est un peu ça qu'il faut
comprendre de votre point de vue?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Bien
oui, bien oui, c'est ce qu'on pense, là, c'est ce qu'on pense. Ils vont avoir
l'information via le nouveau conseil interdisciplinaire, parce qu'on y sera
tous, mais, assurément, le fait d'avoir la particularité des différents
conseils, il y aurait peut-être moins de cette information-là.
• (16 h 20) •
M. Arseneau : Juste une
petite dernière question. Vous prenez combien de temps dans l'horaire mensuel
d'un P.D.G., là, pour lui donner des recommandations, là, pour voir s'il y a
vraiment un gain d'efficacité?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Je
ne saurais vous dire.
M. Arseneau : Mais est-ce
qu'il y a des longues rencontres de trois jours, là, qui font en sorte que le
P.D.G. ne pourrait pas faire sa job s'il vous rencontrait?
Mme Périgny (Marie-Andrée) : Je
dirais que non.
M. Arseneau : O.K.. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le député. Alors,
je remercie Mme Périgny et Mme Poulin pour leur contribution puis surtout leur
participation. Merci de votre patience parce que vous êtes le dernier groupe
que nous avons vu aujourd'hui.
La commission ajourne ses travaux au mardi 23 mai
2023, à 10 heures. Je tiens à remercier l'ensemble des membres de la commission
pour votre participation puis la collégialité qui... tout au cours de nos
travaux. Bon retour en comté puis bonne semaine en comté.
(Fin de la séance à 16 h 21)