Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 19 avril 2023
-
Vol. 47 N° 9
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n°
15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus
efficace.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Alors, M. Fortin (Pontiac) est remplacé par Mme Setlakwe
(Mont-Royal).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Nous débuterons ce
matin par les remarques préliminaires, puis nous entendrons par la suite les
témoins suivants : la Commissaire à la santé et au bien-être et le
Vérificateur général du Québec. Et, par respect pour les gens que nous devons
entendre... Vous savez qu'on a débuté nos travaux dépassé l'heure prévue.
Alors, j'ai besoin de votre consentement pour qu'on prenne le temps nécessaire
pour vraiment entendre les deux personnes ce matin. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. J'invite maintenant le
ministre de la Santé à faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous
disposez de six minutes. La parole est à vous.
• (11 h 30) •
M. Dubé : Très bien. Alors,
merci beaucoup et bonjour, tout le monde, autant du côté du gouvernement que
des oppositions et des députés indépendants. On est très contents, je pense, de
commencer les délibérations sur le projet de loi n° 15, qui est un projet de
loi important. Et j'aimerais commencer par remercier les oppositions ce matin,
toutes les oppositions, d'avoir eu une motion unanime qu'on devait collaborer
ensemble sur ce projet de loi là. Je pense que c'est une belle indication de ce
que les Québécois s'attendent de nous, comme parlementaires, d'être capables de
s'entendre entre nous, de trouver les bons compromis pour améliorer notre
réseau de santé. Puis je tiens à le dire, on a eu la chance... puis il y a
plusieurs des députés qui sont ici, là, des deux côtés de la Chambre, avec
lesquels on a collaboré depuis plusieurs mois à l'exécution et même à l'adoption
de plusieurs projets de loi, et je tiens à vous remercier. On ne sera peut-être
pas toujours d'accord, mais au moins on va être capables de se le dire puis de
faire ressortir les points. Alors, je voulais vous le mentionner. Pour moi, c'est
très important, ce travail de collaboration.
J'expliquais aussi que ça peut paraître
peut-être imposant ou même épeurant un peu lorsqu'on regarde un projet de loi
qui a cette ampleur-là, de plus de 1 000 articles, mais il y a
peut-être une autre façon de le regarder aussi, c'est de regarder les
principaux thèmes qu'on veut toucher. Et, lorsqu'on veut toucher, par exemple,
des éléments importants comme la séparation des opérations et...
11 h 30 (version non révisée)
M. Dubé : ...des orientations
d'un ministère. Je pense qu'il est assez facile de s'entendre sur le principe
ou sur ce thème-là.
Un deuxième thème, c'est toute la question
de la gestion de la proximité. Le député de Rosemont me posait des questions ce
matin : Oui, mais est-ce que c'est dangereux par rapport au comité des
usagers? On va vouloir rassurer les gens que, justement, on est là, on veut de
la gestion de proximité, puis c'est quand on va prendre connaissance des
commentaires des usagers que, s'il y a des articles de loi, que je citais ce
matin, qui ont besoin d'être corrigés ou qui ont besoin d'être ajustés, on va
le faire. Parce que le terme qui est important, le deuxième terme, c'est cette
gestion de proximité là.
Un troisième thème, que je pense qu'on va
s'entendre assez rapidement aussi, mais qui peut être délicat pour certains
professionnels de la santé, c'est tout ce qu'on appelle la gouvernance
clinique, comment on travaille avec nos médecins, comment on travaille pour s'assurer
que les médecins ont un... que les Québécois aient un meilleur accès à leur
médecin de famille, un meilleur accès à leur médecin.
(Interruption)
M. Dubé : Est-ce que c'est
moi, au micro, qui fait ça, ou... Non? O.K.
Alors, dans ce troisième thème là, je le
répète, je pense qu'on va s'entendre assez rapidement sur ce principe-là que,
ce qu'on veut améliorer, c'est la gouvernance clinique. Parce qu'on a fait
beaucoup d'efforts pour améliorer l'accès, mais, des fois, il faut donner, à
nos gestionnaires ou aux usagers, des leviers qu'ils n'ont pas, en ce moment,
avec soit leurs professionnels de la santé, ou d'autres.
Alors, ce que je dirais, ces grands thèmes
là, on va avoir la chance de les discuter, et, lorsqu'on aura fini cette
discussion-là puis on aura écouté les 40 personnes, une quarantaine de
personnes qui viennent nous rencontrer, on va être capables de se dire, avant
de faire l'article par article, qui sera la prochaine étape : Bien, est-ce
qu'il y a des ajustements qui doivent être faits, peut-être pas sur les
principes, mais à l'intérieur des articles de loi qui composent chacune de ces
composantes-là? Et là-dessus, je vous le dis, je l'ai répété, ce n'est pas vrai
qu'un projet de loi de 1 000 articles, de 12 parties, n'est pas
perfectible. Il est perfectible. Alors, c'est ça que je veux rassurer non
seulement des membres de l'opposition... Parce qu'on s'embarque, quand même,
dans un travail, je dirais, titanesque. Je veux dire, la journée, avec l'équipe
de Mme Savoie, qui m'accompagne, entre autres, avec l'équipe du ministère... C'est
un travail titanesque qui a été fait au cours des six derniers mois pour
développer ce projet de loi là, et je pense qu'on doit aux Québécois et à tous
ceux qui ont travaillé dessus, sur ce projet de loi là, d'y mettre le temps
nécessaire pour être capables d'arriver à notre objectif, qui est d'améliorer
le réseau de la santé puis le rendre plus efficace.
Ça fait que je remercie tout le monde à l'avance.
Je sais que ça va prendre un gros engagement de temps, parce que c'est
complexe, mais je pense que les réactions qu'on a eues et la collaboration qu'on
a eue de l'opposition, jusqu'à maintenant, dans d'autres projets, comme celui
qu'on a complété hier, le projet de loi n° 10 sur les agences privées, le
projet de loi n° 3 sur les données, qui a aussi été complété dans les
dernières semaines, m'encouragent beaucoup. Puis merci de votre collaboration,
entre autres, dans ce projet de loi là. Je pense que c'est bon signe pour les
choses à venir. C'est ce que j'avais à dire, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le ministre. Je
vais maintenant céder la parole à l'opposition officielle. C'est Mme la députée
de Mont-Royal qui nous fera ses remarques préliminaires, pour une durée maximum
de 3 min 36 s. À vous, madame.
Mme Setlakwe : Oui, merci, M.
le Président. Donc, d'entrée de jeu, ma collègue députée de La Pinière et
moi-même sommes ici en remplacement de notre collègue député de Pontiac. Vous
vous attendiez à le voir, sûrement, ce matin. Il est pris dans sa
circonscription pour une annonce importante, mais il sera de retour, soyez sans
crainte, et vous risquez de nous revoir, l'une ou l'autre, dans les prochaines
semaines, pour ce projet, ce travail titanesque, comme vous l'avez dit, M. le
ministre.
C'est un énorme projet de loi, qui revêt
une très grande importance pour les Québécois. Ça touche à notre santé, ce qu'il
y a de plus... ce qu'on a de plus précieux. Les Québécois veulent voir des
résultats en santé, et ça se comprend. Notre système, actuellement, ne
fonctionne pas à la hauteur de ce que les Québécois méritent. On a qu'à penser
aux difficultés qu'ont des milliers de Québécois à avoir un médecin de famille.
Autant d'attente dans les urgences, les délais en chirurgie. Les choses sont
difficiles en ce moment, ça crée beaucoup de frustration.
Le processus de consultation que nous
entamons est très important, ça prend une vraie consultation dans ce
dossier-là. On va prendre le temps d'étudier les propositions soumises et considérer
les préoccupations qui seront soulevées par les différents groupes et
intervenants qu'on doit entendre, d'autant plus que certains intervenants se
sentent...
Mme Setlakwe : ...plutôt
informés, actuellement, que consultés quant à la mise en application du projet
de loi. Mais soyez assuré, M. le ministre, que nous sommes ici aujourd'hui et
dans les prochains jours avec un esprit d'ouverture et de collaboration de
notre part afin de bonifier le projet de loi.
Toutes les propositions mises de l'avant
dans le projet de loi méritent qu'on les étudie, qu'on tente tous ensemble de
les bonifier. Puis, durant cet exercice, il faudra que le patient soit au cœur
de nos préoccupations en tout temps. Les différents éléments mis de l'avant
dans le projet, là, vous en avez nommé quelques-uns, ancienneté réseau,
gouvernance clinique modifiée, des plans régionaux d'effectifs médicaux, PREM,
qui seront élargis, et cetera, nous sommes ouverts à discuter de toutes ces
propositions-là. On va poser des questions. On va travailler de façon
constructive dans l'intérêt commun des Québécois.
Il y a une proposition, toutefois, à
l'égard de laquelle on va besoin... on aura besoin d'être convaincus, on a peu
d'espoir pour le moment, c'est la création de la nouvelle agence. Ce sera à
voir. On ne saisit pas actuellement en quoi cette nouvelle structure va venir
changer quoi que ce soit pour le patient, en quoi il y aura un impact positif
sur la qualité des soins. Donc, la démonstration est à faire que cette réforme
de structure qui crée une nouvelle entité qui nous apparaît loin du patient...
Il y a une démonstration à faire qu'elle sera bénéfique pour celui-ci. Nous
savons en réalité que les principaux enjeux qui touchent notre système de
santé, c'est... dans le fond, c'est deux choses, c'est le manque de
travailleurs puis les conditions de travail.
Aussi, on ne peut pas parler... on ne peut
pas ne pas parler de décentralisation ce matin. Vous le dites souvent, M. le
ministre, que vous souhaitez décentraliser. C'est l'objectif de votre réforme.
On... À sa face même, on ne le voit pas nécessairement dans le projet de loi.
C'est quelque chose qui va revenir à maintes reprises. On constate plutôt que
les conseils d'administration régionaux perdront leur pouvoir décisionnel. Or,
ce sont eux qui comprennent les besoins, qui comprennent les réalités du
terrain.
En terminant, un mot sur l'échéance
d'étude de ce projet de loi là, qui est très costaud. Il y aura sans doute des
modifications importantes à y apporter suite aux consultations. L'échéancier
proposé nous semble très serré. Une fois qu'on aura... qu'on a fini les
consultations, on a quelques jours d'envisagés pour l'étude détaillée. Ça nous
semble peut-être irréaliste, là, de compléter un processus aussi important, avec
rigueur, dans un laps de temps si serré. Ce sera à voir. Mais esprit
d'ouverture, esprit d'écoute à partir d'aujourd'hui. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme la députée de
Mont-Royal-Outremont, parce que j'avais oublié de spécifier le volet Outremont
tout à l'heure. Excusez-moi. Alors, je vais maintenant inviter le porte-parole
du deuxième groupe d'opposition et député de Rosemont à nous partager ses
remarques préliminaires pour une durée d'une minute 12 secondes.
M. Marissal : Oui.
72 secondes pour 1 200 articles. Parfois, l'arithmétique
parlementaire est un peu absurde.
Je suis heureux d'entendre le ministre
dire qu'on va prendre le temps qu'il faut. J'espère que ça veut dire qu'on ne
travaille pas sous menace de bâillon. Ça, c'est la prérogative du gouvernement.
Mais je suis heureux de l'entendre et je pense que c'est noté par tous les
collègues ici, qu'on prendra le temps, parce qu'effectivement il y a juste une
façon de manger un éléphant, et un mammouth à plus forte raison, c'est une
bouchée à la fois, et là on a un mammouth devant nous.
Oui, les patients, les patientes,
toujours, doivent être au centre de nos préoccupations, c'est vrai, mais le
personnel soignant aussi. Et ils se font brasser, là. Ils se font brasser, ils
ont été brassés, ils n'ont pas le goût de se faire rebrasser. Et je dirais que
des patients heureux, ça passe par du personnel motivé, bien traité, bien payé,
dans des bonnes installations. Alors, de ça aussi, je serai très, très, très
scrupuleux parce que j'ai vu trop de gens dans le réseau en ce moment qui sont
à bout de souffle, qui n'en peuvent plus, qui quittent, et on ne va pas aller
leur imposer une nouvelle mégaréforme de structure qui va, encore une fois,
affaiblir ce réseau-ci. Alors, ça sera ma principale préoccupation. Merci,
Monsieur...
Et, non, je dois dire qu'évidemment
j'offre ma collaboration, même si je suis d'accord avec le ministre pour dire
qu'on ne sera pas toujours d'accord, ça arrive assez souvent d'ailleurs, mais
néanmoins, néanmoins, débattons. Débattons. Merci.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, M. le député.
J'invite maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine à faire ses remarques
préliminaires pour une durée d'une minute 12 secondes. Je vous cède la
parole.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Alors, d'entrée de jeu, si on a offert notre collaboration au
gouvernement et au ministre, c'est qu'on pense, comme la majorité des
Québécois, qu'il faut des changements en profondeur dans la livraison des
services de santé publique au Québec, améliorer l'efficacité du réseau,
évidemment, on veut y contribuer. Et ça passe beaucoup par le travail et
l'organisation de la main-d'œuvre et la motivation de la main-d'œuvre sur le plancher
pour qu'effectivement Québec...
M. Arseneau : ...devienne un
employeur de choix, il doit faire des gestes forts. Et c'est à cet égard-là
qu'on va travailler avec le gouvernement, avec les parties prenantes ici, pour
faire en sorte que le projet de loi nous mène à mettre en place les conditions
qui permettront, justement, un engagement plus grand, plus fort des employés du
secteur public, que l'on parle, évidemment, des infirmières, des préposés aux
bénéficiaires, des psychologues, en fait, de tous les soignants, y compris les
médecins, et qu'on les mette tous à contribution dans un objectif commun
d'améliorer l'efficacité du service et du service public. On a des craintes
quant à l'invasion du privé, qui est plutôt une source de problèmes plutôt
qu'une solution, on y reviendra. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, les remarques
préliminaires étant terminées, nous allons débuter des auditions. Je souhaite
maintenant la bienvenue à madame Joanne Castonguay, Commissaire à la santé et
au bien-être. Je tiens à m'excuser pour le délai d'attente, madame. Vous
disposez de 10 minutes pour votre présentation, par la suite il y aura des
échanges avec les membres de la commission. À vous la parole, madame.
Mme Castonguay (Joanne) : Merci
beaucoup, M. le Président. Membres de la Commission de la santé et des services
sociaux, M. le ministre de la Santé, madame, monsieur, j'ai l'honneur de
prendre la parole aujourd'hui devant la Commission de la santé et des services
sociaux dans le cadre des audiences publiques sur le projet de loi n° 15,
Loi visant à rendre le système de santé et des services sociaux plus efficaces.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que
mon expertise et celle de mon organisation porte sur des enjeux systémiques de
gouvernance, et c'est donc sous cet angle que je souhaite humblement contribuer
à éclairer le débat public et soumettre des pistes de réflexion au législateur.
En raison du délai très court entre ma convocation et la comparution en
commission, il a été impossible d'analyser en profondeur l'ensemble du projet
de loi n° 15. Ainsi, je ne soumets pas de mémoire détaillée aujourd'hui.
Toutefois, je souhaite vous informer que le CSBE en déposera un ultérieurement
qui devra être plus précis sur les modifications proposées.
Mes remarques sont fortement inspirées des
constats que nous faisons dans les rapports que nous avons publiés en mars
dernier et qui portent sur la transformation de la gouvernance des systèmes de
santé. Ces rapports étudient notamment l'expérience de ce type de
transformations dans les systèmes de santé des provinces canadiennes. Dans
notre rapport Le devoir de faire autrement qui porte sur la performance des
soins et services aux aînés pendant la première vague de la pandémie, le CSBE
dressait le constat d'un ministère qui ne mobilise pas les leviers de la
gouvernance pour améliorer la performance du système de santé. Nous
recommandions alors au ministre que le gouvernement encourage le passage d'un
ministère qui agit comme opérateur du système à un ministère qui assure la
gouvernance. Nous recommandions aussi qu'il élabore un plan d'implantation un
réseau de santé et de services sociaux axé sur la valeur. Ce projet de loi nous
semble être un premier pas en ce sens et sa mise en œuvre sera toutefois
déterminante.
En analysant le projet de loi n° 15
ainsi que le mémoire du ministre qui l'accompagne, j'identifie trois grandes
stratégies qui ont le potentiel de résoudre des enjeux connus de longue date.
Premièrement, la séparation du rôle opérationnel du rôle de gouvernance du
ministère. Le choix fait pour cela est de créer une agence qui sera en charge
des opérations. Selon les objectifs annoncés, on comprend que l'agence devrait
permettre au ministère de se concentrer sur la gouvernance du système plutôt
que sur les opérations, faciliter une meilleure coordination des ressources
humaines, notamment en facilitant la mobilité du personnel, et améliorer la
coordination et l'intégration des services de santé et services sociaux,
notamment en confiant à Santé Québec la responsabilité de tenir les dossiers
des usagers qui reçoivent des services de santé et des services sociaux des
établissements publics.
En second lieu, la création des conseils
d'établissement qui visent à mieux faire entendre la voix des usagers et ainsi
contribuer à orienter l'offre de soins et de services vers les besoins et
l'expérience de l'usager.
Troisièmement, la création des postes de
directeur médical, de directeurs médicaux territoriaux de la médecine familiale
et de la médecine spécialisée qui visent la gouvernance clinique dans les
établissements. Ces stratégies sont louables. Toutefois, l'atteinte des
résultats escomptés dépendra de la capacité du législateur à s'assurer que le
projet de loi les reflète bien et aussi que le gouvernement s'assure que leur
mise en œuvre soutienne réellement l'atteinte de ses objectifs. En effet, nos
études sur la transformation du système de santé démontrent que ce n'est pas la
structure de départ de la transformation qui est déterminante, mais plutôt la
capacité de gouvernance qui en résulte, c'est-à-dire la capacité de
favoriser...
Mme Castonguay (Joanne) : ...en
continu l'innovation et l'adaptation des politiques publiques, de manière à
l'adoption de mesures législatives ou réglementaires favorables au bon
fonctionnement et à la performance du système de santé. Ce sont donc les
ajustements en continu apportés en vue de poursuivre l'amélioration de la
valeur pour les patients qui importe.
Je souhaite maintenant aborder quelques
enjeux et éléments du projet de loi qui nécessitent une clarification et qui
nous semblent problématiques.
À l'instar du CSBE dans Le devoir de faire
autrement, le rapport Savoie, déposé en juin 2022, relevait que les autorités
centrales demeurent trop engagées dans la gestion courante des opérations et
que les gestionnaires sur le terrain n'ont pas assez d'autonomie et
d'imputabilité. D'ailleurs, la décentralisation de la responsabilité et de
l'imputabilité vers les décideurs locaux revient beaucoup dans le discours
gouvernemental entourant le projet de loi. Bien que le mémoire du ministre sur
le projet de loi n° 15 énonce que l'intention est de décentraliser la
prise de décision vers les établissements, le projet de loi ne confère pas le
volet opérationnel aux établissements, mais plutôt à Santé Québec. Par
ailleurs, le projet de loi ne précise pas la contrepartie à l'imputabilité,
c'est-à-dire la marge de manœuvre dont disposeront les décideurs. On peut se
demander dans quelle mesure les gestionnaires locaux disposeront de l'autonomie
nécessaire pour atteindre les objectifs qui leur seront exigés des autorités
centrales. À notre avis, il faudra apporter des clarifications à cet égard.
Dans un ordre d'idées similaire, le p. l.
n° 15 prévoit que les établissements ne seront plus des entités légales
distinctes qui ont le pouvoir de conclure des ententes de service, c'est Santé
Québec qui aurait ce pouvoir. Ceci nous fait craindre que la centralisation de
l'attribution et de la gestion des contrats de service fasse en sorte que les
gestionnaires de contrats perdent de vue les objectifs de ces contrats et
surtout rendent difficile l'évaluation des solutions appropriées pour atteindre
les objectifs. Cela nuirait aussi aux capacités d'action des établissements en
engendrant potentiellement des délais importants. Cela dit, le p. l. n° 15
pourrait prévoir la possibilité que Santé Québec délègue certains de ses
pouvoirs aux P.D.G. des établissements. Sinon, l'autonomie requise pour permettre
aux établissements d'exercer une véritable gestion de proximité risque de
varier au gré des changements politiques.
Nous regrettons que le projet de loi ne
semble pas profiter de l'occasion fournie par cette réforme majeure pour
consolider la place des rôles et des pouvoirs des acteurs de Santé publique et
pour définir leurs relations avec les établissements. Dans notre rapport, Le
devoir de faire autrement, nous proposions de placer la Santé publique au cœur
des stratégies prioritaires du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Nous avons recommandé que le gouvernement mandate un groupe de travail pour
mener un chantier de réflexion stratégique sur l'évolution souhaitable de la
mission de Santé publique face aux grands enjeux de notre société. La
transformation de la gouvernance du système nous apparaît comme la parfaite
opportunité pour mener ce chantier.
La centralisation des données, maintenant.
Un dernier élément que nous redoutons est la perte d'informations en raison du
regroupement des données, alors que les installations locales font face à des
enjeux particuliers. Dans le passé, le regroupement des données des
installations au sein d'un établissement régional a entraîné la perte
d'informations cruciales à la prise de décisions... à une prise de décision
éclairée. Il sera important, dans la mise en place de Santé Québec, de
s'assurer de ne pas répéter les erreurs du passé à cet égard.
• (11 h 50) •
En conclusion, je souhaite partager un
certain nombre de constats issus de nos travaux sur la transformation des
systèmes de santé. Bien que ces constats ne soient pas tous directement liés au
contenu du projet de loi, ils ont le potentiel d'éclairer votre réflexion et
celle du gouvernement sur les enjeux à prendre en compte par la suite des
choses. En définitive, le modèle de départ choisi pour la transformation de la
gouvernance d'un système de santé ne semble pas aussi important que les
améliorations qui sont apportées pour l'équilibrer. Beaucoup se joue dans le
pilotage de la transformation. À cet égard, il est nécessaire de se donner une
orientation claire du système de santé sur la valeur au plus haut niveau du
leadership, une planification détaillée appuyée par le monitorage de la
transformation et de ses résultats — il s'agit d'une condition
essentielle à l'adhésion des acteurs envers le projet de transformation — et
un plan de transformation de la culture de gouvernance et des mentalités qui
permet d'orienter le virage vers un système de santé sur la valeur. L'évolution
culturelle demande beaucoup de temps et requiert une stratégie délibérée, la
transparence et une communication claire et sans ambiguïté au plus haut niveau
du leadership, autant sur les plans de la vision et de...
Mme Castonguay (Joanne) : ...de
la transformation que sur les rôles et les responsabilités des différents
acteurs. Les plans d'action et les résultats, il s'agit d'éléments cruciaux
pour le pilotage de ce type de changement.
Finalement, le changement dans les
relations entre les acteurs, les organisations et l'État en faveur d'une
amélioration continue des soins et services imposent un renouvellement des
capacités à tous les niveaux du système, soit au niveau du pilotage de la
transformation, de la gouvernance et des établissements. Je parle ici de la
capacité de mobilisation pour faire travailler les gens ensemble, des capacités
analytiques et des capacités organisationnelles. Si nous souhaitons changer les
résultats, il faut réunir les conditions pour pouvoir innover en matière de
pilotage des transformations et dans la gouvernance du système, des opérations
et de la prestation des services. Il faut aussi apprendre à développer
différemment des politiques publiques. Merci pour votre attention.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Madame, pour votre
exposé. Nous allons maintenant initier la période des échanges. M. le ministre,
vous allez disposer de 16 min 30 s. Je vous cède la parole.
M. Dubé : Très bien. Alors,
merci, M. le Président. Madame Castonguay, je pense que les gens ici, soit sur
notre commission ou peut-être des gens qui nous écoutent, n'ont peut-être pas
toute la connaissance de votre grande expertise et de ce que vous... de ce que
vous savez au niveau de la santé. Je voudrais juste dire quelques mots là-dessus
parce qu'on va vous écouter avec beaucoup d'intérêt. Parce qu'en fait vous avez
critiqué ou vous avez analysé plusieurs systèmes de santé au cours de votre
carrière, alors je pense qu'on va prendre vos commentaires avec beaucoup
d'intérêt. Particulièrement depuis, je dirais, deux ans que vous êtes, un petit
peu plus que ça, avec nous comme commissaire à la santé et au bien être, je
pense que, pour les Québécois de bien comprendre que votre rôle est un rôle
de... je ne veux pas dire de surveillance, mais de s'assurer que le ministère
répond bien à son rôle par rapport aux usagers, et ça, je pense que c'est
important que vous soyez... ce n'est pas un hasard que vous soyez la première
ici aujourd'hui, pour s'assurer que cette transformation-là, on la fait pour les
bonnes raisons. Alors, je voulais juste dire comment on va être excessivement à
l'écoute de ce que vous dites.
Vous avez fait référence, dans votre
présentation... Puis je sais que vous n'avez peut-être pas eu tout le temps
nécessaire, mais, au moins, je pense, vous avez assez excité notre curiosité
pour qu'on puisse attendre votre rapport détaillé. Mais il y a quelques
réflexions que j'aimerais avoir. Vous avez... vous avez fait référence à 3... à
3 rapports... Il y avait celui qui avait été sur la pandémie. Je pense que
ça, c'était très clair qu'il nous avait été excessivement utile.
Mais, après ça, lorsque vous avez fait le
lien avec la gouvernance comme telle du réseau, suite au rapport de madame
Savoie, là, vous avez été très clair. Et c'est d'ailleurs... je vais vous dire,
vous avez été une source d'inspiration pour, justement, nous convaincre qu'il
fallait séparer les opérations des orientations, qui était d'ailleurs un
élément qui avait été pris par madame Savoie, qui est à mes côtés ici, qui est
la sous-ministre à la Santé. Alors, ça, je pense que ça va être important, de
bien expliquer, je pense, aux Québécois pourquoi vous trouvez que c'est
important de séparer les opérations des orientations. Ça, c'est ma première
question.
La deuxième... Puis là, je saute plusieurs
commentaires que vous avez faits parce que je veux vous donner le temps de
répondre. Les gens ne sont pas ici pour m'écouter, ils sont ici pour vous
écouter. Ma deuxième question est beaucoup plus sur des enjeux qui ne sont pas
dans le projet de loi. Puis pourquoi je trouve ça important que vous en
parliez? Parce que vous l'avez soulevé quelques fois dans votre présentation,
il y a des choses qui ne sont pas dans le projet de loi, parce qu'on parle
souvent de changement de culture. Parce qu'ici on va travailler, des fois, sur
des mesures, par exemple des mesures de gouvernance clinique, ça, c'est un
élément clé de notre projet de loi, on va parler des ajustements aux
structures, ça en est un, élément clé, on va parler des mécanismes de plaintes,
ça en est, des mesures, mais toute la question du changement de culture,
j'aimerais ça que vous nous en parliez et que vous fassiez peut-être le lien
avec ce que vous nous dites depuis des années qu'on se parle, là, ça fait...
j'ai dit un peu plus que deux ans, qu'est-ce que c'est la valeur pour vous?
C'est quoi, la valeur que vous voulez qu'on regarde pour que les Québécois...
nous, comme gestionnaire d'un réseau, on...
M. Dubé : ...ne fasse pas
juste regarder le volume des transactions qu'on fait, mais est ce qu'on ajoute
de la valeur? Puis ça, je pense, Mme Castonguay, j'aimerais ça que vous
preniez quelques minutes pour l'expliquer aux gens. Ça fait que vous voulez
dire quoi quand vous parlez d'un changement de culture? Parce que ça n'est pas
dans le projet de loi? Il va falloir le faire ailleurs. Et mon dernier point,
qu'est ce que vous voulez dire par plan de transition? Parce que moi j'ai eu la
chance avec les P.D.G. actuels, là, en ce moment, pas plus tard qu'hier, on les
a rencontrés, puis Mme Savoie, puis son équipe ministérielle ont
dit : Écoutez! Si tout va bien, puis qu'un jour ce projet de loi là est
posé... est passé, on va avoir une période de transition. Puis dans cette
période de transition pour préparer Santé Québec puis cette nouvelle
organisation là, on va avoir un plan de transition, là. Ça ne se fera pas comme
ça. Et j'aimerais ça que vous nous parliez un peu de ces meilleures pratiques
que vous avez en tête dans le plan de transition qui, je le répète, ne sont pas
dans le projet de loi, ici. On est... On n'était pas là pour faire un plan de
transition, mais ça va être une étape importante. Donc, c'est mes trois
questions que j'aurais aujourd'hui, d'expliquer un peu pourquoi l'importance de
séparer les orientations des opérations, toute la notion de changement de
culture incluant l'importance de la valeur et de parler aussi d'un plan de
transformation qui viendrait à la suite du projet de loi qui serait voté
ultimement. Est-ce que ça va, Mme Castonguay?
Le Président (M. Provençal)
:À vous la parole.
Mme Castonguay (Joanne) : Oui,
oui, oui, ça va. Je vous remercie beaucoup. En fait, petite remarque, ça fait
trois, plus de trois ans déjà que je suis commissaire.
M. Dubé : Ça passe vite.
Mme Castonguay (Joanne) : Ça
va très rapidement. Alors, pourquoi séparer les opérations de la gouvernance?
En fait, dans les constats, dans le contexte de notre rapport, c'était le
devoir de faire autrement, là, c'est-à-dire notre rapport qui portait sur la gouvernance
de la santé, mais aussi la performance du système de santé à répondre à la
pandémie, le grand constat qu'on a fait, c'est que le ministère était tellement
accaparé par les opérations qu'il ne donnait pas, en fait, qu'il n'utilisait
pas les leviers de la gouvernance pour améliorer la performance du système de
santé. Donc... Et quand on parle de levier de la gouvernance, je vous donne des
exemples, d'abord, la planification, faire vraiment, là, une planification qui
porte sur des observations, sur le... quelles vont être les demandes futures du
système, quel... est ce que l'offre de services répond à la demande? Alors, on
a souvent entendu dans les rapports des experts dire qu'on avait un système qui
répondait aux besoins d'une clientèle jeune, donc qui avait des besoins aigus,
alors que la population avait vieilli et qu'on avait maintenant besoin d'un
système qui répondait beaucoup plus à des problèmes de maladies chroniques ou
de vieillesse, associés au vieillissement de la population.
Donc, l'idée ici, c'est que si le
ministère était moins dans les opérations et était davantage concentré sur
l'amélioration de la gouvernance, d'abord il ferait ces prévisions-là et il se
donnerait la possibilité de voir comment lever les obstacles pour ajuster les opérations
ou ajuster les politiques pour favoriser l'évolution des opérations pour mieux
répondre aux besoins de la clientèle ou des patients.
Alors, je vous donne un exemple, par
exemple les mécanismes de financement. Ça fait une éternité que je ne sais pas
combien de comités d'experts qui ont fait des recommandations pour faire
évoluer les mécanismes de financement, pour que les financements et les
mécanismes de financement soient orientés avec les objectifs du système. Donc,
si le gouvernement avait eu ou les ministères avaient eu plus de temps pour
donner de l'attention à la gouvernance, ils auraient fait évoluer ces
mécanismes-là plus rapidement. Donc, ça, c'est un exemple. Il y en a plein
d'autres. Il y a l'intégration des services. Enfin, je pourrais revenir
là-dessus, mais je veux répondre aux autres éléments en arrière, ce que je peux
juste vous.
• (12 heures) •
M. Dubé : Et est-ce que
je peux juste vous... juste vous interrompre. C'est important l'exemple que
vous donnez parce que juste pour que tout le monde comprenne bien, parce qu'on
a eu la chance, vous et moi, d'en parler. Alors, c'est pour que je me permets
de... Ce qui est intéressant, c'est que je pense que le ministère, dans son
rôle actuel, quand il est autant dans les grandes orientations que les
opérations, c'est très facile d'être siphonné par ce qui est urgent, ce qui est
du quotidien, les problèmes qu'on a eus. Puis on peut juste penser à la
pandémie. Ça, ça a été exacerbé. Alors des méthodes de changer le financement,
comme le financement par activités, ça fait longtemps que le ministère y
travaille, mais ça n'accouchait pas...
12 h (version non révisée)
M. Dubé : ...ça n'accouchait
pas parce qu'on en était toujours dérangé. Puis, quand je dis «on», là, ça fait
des dizaines d'années qu'on pense à... Il y a eu plusieurs rapports là-dessus.
Et l'exemple que vous donnez est excellent. Ce n'est pas que le ministère ne
veut pas faire la job, mais c'est qu'il était dérangé à des moments où il
disait : Bien, on n'a pas le temps de s'occuper de ça. Ça fait que, là, on
vient de le faire, là, et je pense que c'est ça qui va être important, c'est de
dire maintenant à un groupe comme Santé Québec, qui va se concentrer à dire :
Moi, je vais l'implanter du système de financement par activités pour que les
hôpitaux soient payés par les activités qu'ils ont et non de juste bumper leur
budget de 3 % par rapport à l'an dernier... Vous me suivez?
Je veux juste que les Québécois
comprennent bien cet exemple-là, comment c'est important de séparer une
orientation... C'est un gros changement, pour le ministère de la Santé :
On va vous payer selon vos activités plutôt que vous payer selon vos budgets. C'est
un gros changement, mais ça, ça prend deux équipes qui font ça, une sur les
opérations et une sur les...
Je vous laisse continuer, mais je trouvais
que c'était un exemple que les Québécois peuvent très bien comprendre. Je vous
laisse continuer là-dessus.
Mme Castonguay (Joanne) : Merci
beaucoup. Vous avez mentionné qu'on avait réalisé des travaux sur la
transformation de la gouvernance dans les derniers mois. Vous avez tout à fait
raison. On a fait d'abord une revue de littérature sur tout ce qui portait sur
la transformation de la gouvernance des systèmes de santé, alors comment faire
évoluer les systèmes de santé pour qu'ils répondent mieux aux besoins de la
population. Et on a fait aussi une analyse de l'évolution des systèmes de santé
dans les provinces canadiennes et une région de l'Australie, c'est-à-dire New
South Wales. Est ce qu'on a... On a fait des entrevues, d'ailleurs, avec les
leaders de ces transformations-là pour mieux comprendre, d'abord, c'était quoi,
leurs objectifs quand ils ont fait ça, est-ce que ça correspond aux objectifs
que nous, on poursuit, et beaucoup sur les facteurs de succès. On a bien saisi
quels étaient les facteurs de succès. Et je dirais qu'en gros, la plus
grosse... l'information la plus importante qui est sortie, c'est que ce n'était
pas nécessairement la structure de départ, c'est-à-dire la première décision
qui était prise. Par exemple, en Alberta, on avait décidé au début de la
décennie... je ne suis plus certaine des années, mais je pense que c'est 2008,
où est-ce qu'on avait décidé de centraliser, de créer une agence qui
centraliserait les opérations du système de santé. Et ils ont fait évoluer
cette structure-là pour justement donner beaucoup plus de pouvoir aux autorités
locales, ils ont reformé des régions, ils ont développé une structure pour
avoir une meilleure gouvernance clinique. Bref, mon point, ici, c'est de dire
que ce n'est pas tellement la structure de départ qui est décidée, mais
beaucoup plus l'agilité qui est donnée, la possibilité de faire évoluer les
politiques au cours du temps pour répondre aux besoins à mesure qu'ils se
manifestent.
M. Dubé : Parce que je vois
le temps qui file, là, mais est-ce que vous pouvez juste faire le lien avec le
plan de transition dont vous parlez parce que vous dites : Ce n'est pas
tellement ce qui est important, ce qu'on va commencer, mais comment on va le
faire évoluer. Alors, faites le lien avec le plan de transition, parce qu'il n'est
pas dans le projet de loi, mais je pense que c'est important de voir que ça
peut se faire sur un certain nombre d'années. On peut mettre... On suggère une
certaine structure aujourd'hui, mais parce que c'est une de mes deux, trois
questions : C'est quoi le plan de transition que vous nous suggérez, sur
combien d'années, pour aller au bon endroit?
Mme Castonguay (Joanne) : O.K.,
bien, en fait, tous les systèmes qui... en fait, non, pas tous les systèmes, ce
n'est pas vrai, parce que l'Alberta, ils ne l'avaient pas fait, et ça leur a
créé un gros problème, en fait. Ça a fait qu'aller chercher des avantages de la
transformation qu'ils faisaient, ç'a été beaucoup plus long qu'anticipé, et ils
n'avaient pas l'engagement des acteurs qui étaient requis pour justement
faire... obtenir les résultats escomptés.
Ce qu'on a observé après ça, dans les
autres provinces canadiennes qui ont fait leur transformation bien après, c'est
justement, c'est la formation d'un comité de pilotage qui a pour objet de
planifier cette transformation-là. Et, parmi les choses qu'ils nous ont dites
comme étant les facteurs de succès, c'était la communication.
M. Dubé : ...comité de
transition, Mme Castonguay, là?
Mme Castonguay (Joanne) : Oui,
exactement.
M. Dubé : Un comité de
transformation ou de transition. O.K.
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
ça. Et qui va, lui, avoir pour objet de s'assurer... par exemple, je parlais,
là, que les mécanismes d'imputabilité... puis comment on allait donner la marge
de manœuvre nécessaire aux établissements locaux régionaux pour justement
atteindre leurs objectifs. Ça leur a donné la possibilité...
Mme Castonguay (Joanne) : ...travailler
sur ces éléments-là. L'autre élément, la santé publique. Quelle va être la
place de la santé publique? Comment? Alors, il se... Ce comité de transition là
a la possibilité de travailler sur chacun des enjeux pour voir comment on
pourrait améliorer la réponse aux besoins.
M. Dubé : Mme Castonguay, il
me reste deux minutes, puis je vous écouterais pendant des heures. Alors, deux
choses. Le rapport dont vous parlez là, juste être sûr, il est disponible,
hein? Quand vous avez fait cette analyse-là des différentes gouvernances qui
ont été changées... Je pense qu'on devrait s'assurer, M. le Président, qu'on
rend disponible le rapport sur l'analyse des...
Mme Castonguay (Joanne) : On
peut vous le communiquer. On peut les communiquer, oui.
M. Dubé : J'apprécierais beaucoup
parce que je pense que les gens vont voir tout le travail que vous avez fait.
Il me reste à peu près moins de deux minutes. Parlez-nous un peu de la valeur.
Qu'est-ce que vous voulez dire quand vous dites comment c'est important d'avoir
le changement de culture vers la valeur qu'on apporte en santé? Je vous écoute
là-dessus.
Mme Castonguay (Joanne) : O.K.
D'abord, la valeur, là, c'est les résultats de santé qui sont importants pour
la population ou pour les citoyens, compte tenu des ressources qui sont
disponibles, O.K.? Donc, la grande différence, par exemple, actuellement, notre
système, les objectifs, les attentes, ce qui est communiqué, c'est en termes de
quantité de services, et donc... et ce que ça veut dire, c'est que...
L'hypothèse qui est derrière ça, c'est que tous les services qui sont offerts
sont pertinents et sont offerts avec qualité. Or, on sait très bien que c'est
impossible. Donc, si on mesure la valeur et les résultats, on oriente la
décision. Évidemment, ça prend la publication, la capacité des gens de voir ces
informations-là, mais on oriente les activités sur les résultats de santé
plutôt que sur l'augmentation de la quantité...
M. Dubé : Juste un exemple
concret, madame Castonguay, là, j'étire mon temps de deux secondes. Quand vous
dites ça : Il y a des indicateurs qui sont... Dans d'autres pays, où on va
dire comment on a réussi à prolonger la vie après un traitement pour le cancer,
par exemple, ça, c'est un indicateur de valeur, plutôt que de dire qu'on a fait
une opération. Mais je veux juste vous entendre là-dessus, parce que des fois
c'est théorique, cette notion de valeur là.
Le Président (M. Provençal)
:30 secondes. Mme Castonguay.
M. Dubé : 30 secondes,
O.K.
Mme Castonguay (Joanne) : Effectivement,
c'est le genre d'indicateurs qu'on chercherait. Puis là vous parlez des gens
qui sont atteints du cancer, mais il y a plusieurs niveaux. C'est-à-dire que,
là, on travaille sur les soins à domicile, comme vous le savez, et un
indicateur de la valeur, les soins à domicile... En fait, l'objectif de la
politique, c'est de demeurer le plus longtemps à la maison et, pour certains,
c'est idéalement mourir à la maison. Alors, un indicateur de la valeur, pour
ces gens-là, serait le pourcentage de la population qui... ou la possibilité...
les six derniers mois de la vie, le pourcentage de la population qui sont
décédés, qui ont réussi à passer le plus de temps possible à domicile pour les
six derniers mois de l'année.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour ce détail. Je
vais vous inviter à nous transmettre le rapport pour qu'on puisse... que M. le
ministre a mentionné, pour qu'on puisse le rendre vraiment disponible à
l'ensemble des membres de la commission. Merci.
Mme Castonguay (Joanne) : Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Maintenant, nous allons poursuivre
cet échange avec la députée de Mont-Royal Outremont pour 8 min 35 s. Madame.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Merci, madame Castonguay. Moi, j'ai deux petites questions, puis
après ça je vais céder la parole à ma collègue. On a hâte de voir votre... de
lire, de voir votre rapport détaillé évidemment. Juste pour revenir. Donc, moi,
si j'ai bien compris, vous n'êtes pas contre la structure de départ, c'est un pas
dans la bonne direction. Il va y avoir beaucoup de travail à faire. On parle de
transition, de planification, de communication. Vous voyez ça sur une période
de combien de temps approximativement?
• (12 h 10) •
Mme Castonguay (Joanne) : Honnêtement,
ce n'est pas quelque chose qui va se faire... Ça va se faire dans le temps, ça
va... Il y a la planification, la transition comme telle. Certains l'ont faite
à l'intérieur d'un an. Il y en a d'autres, comme le Manitoba, qui l'ont faite
sur une période beaucoup plus grande, parce qu'eux ils sont arrivés en pleine
période de pandémie. Donc, ça dépend. Mais ce que ça veut dire, ce n'est pas...
Tu n'as pas besoin de finir cette période de planification pour commencer à
obtenir... ou faire des changements ou obtenir des bénéfices. C'est-à-dire que
tu peux avoir la structure de base, c'est-à-dire définir la structure de base,
mais continuer à faire évoluer ton système. Alors, ça dépend comment tu
planifies puis tu structures ton comité de pilotage. Un exemple, je pense... je
ne suis pas certaine si c'est l'Alberta ou le... enfin, la juridiction qui l'a
faite. Mais ce qu'ils ont fait, c'est que la même personne qui... puis ça ne
veut pas dire qu'il faut faire ça, mais...
Mme Castonguay (Joanne) : ...la
même personne qui était le directeur ou le président du comité de pilotage est
aussi la personne qui a eu le premier rôle de P.D.G. ou de chef des opérations
dans la fameuse agence. Donc, l'idée, c'est que le plan de transformation, il
le possédait, c'est-à-dire l'ensemble des besoins de l'analyse. Et il a
continué, il a poursuivi dans cette direction-là.
L'objectif ultime, là, quand on parle de
gouvernance, c'est donner de l'agilité au gouvernement pour qu'il puisse faire
évoluer nos institutions pour mieux répondre aux besoins de la population.
Alors, on pourrait penser, un des éléments, là, qui est souvent soulevé, c'est
les conventions collectives. Alors, comment rendre plus souples les conventions
collectives de sorte que ça crée moins d'obstacles pour améliorer la prise de
décision locale. C'est un exemple. L'autre exemple, la circulation des données,
la circulation des données d'un établissement à l'autre. Ça prévient
l'efficacité. Alors, en ayant plus de souplesse, on peut continuer à faire
évoluer ton système à mesure que le temps passe, finalement.
Mme Setlakwe : Merci. Vous
êtes assez claire dans vos propos. Est-ce que vous êtes inquiète, dans le
contexte actuel, là, qu'on n'a pas la main-d'oeuvre requise, qu'on n'a juste
pas assez de monde pour réaliser la transition, réaliser ce changement?
Mme Castonguay (Joanne) : Je
m'excuse, j'ai un chat dans la gorge. Je serais menteuse de dire qu'il n'y a
pas d'inquiétude au niveau des ressources humaines. C'est une inquiétude qu'on
a dans l'ensemble de la société. Il n'y a aucun secteur qui est épargné par ces
enjeux-là. Ce que je dirais, par contre, c'est que, si on ne se donne pas la
possibilité de rendre notre système plus souple, plus agile, plus innovateur,
on ne rencontrera pas les défis qui nous sont posés par cet enjeu de ressources
humaines là. Il faut absolument qu'on donne la possibilité aux acteurs locaux
de travailler avec ce qu'ils ont à leur disposition localement pour répondre
aux enjeux auxquels ils font face. Et ça, ça exige de la flexibilité puis de
l'agilité.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de La Pinière va
prendre le relais.
Mme Caron : Merci. Est-ce que
je peux savoir combien de temps il reste, s'il vous plaît?
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Il vous reste quatre minutes
vingt-neuf, madame.
Mme Caron : Merci. Alors,
madame Castonguay, je pourrais vous entendre pendant des heures sur la
transition, mais je vais passer à une autre question. Qu'est-ce que vous auriez
aimé voir ou qu'est-ce que vous aimeriez voir dans la bonification du projet de
loi pour vous convaincre que les gestionnaires locaux auront ce qu'il faut,
auront les pouvoirs qui... nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par
le ministère?
Mme Castonguay (Joanne) : C'est
une bonne question. Puis je pense que... Quand j'ai dit que j'aurais aimé me
donner la possibilité d'étudier davantage les articles de loi, je pense que je
référais à ça, et donc... Mais c'est vraiment... Bien, en fait, ce que je
dirais, c'est que... parmi les deux choses qui sont moins claires puis qui ne
sont pas nécessairement des dispositions dans le projet de loi, c'est vraiment,
là, comment on va faire... Parce qu'on parle beaucoup d'imputabilité, rendre
les acteurs locaux imputables, mais, pour qu'ils soient imputables puis que ça
soit juste de les rendre imputables, il faut leur donner la marge de manœuvre.
Et, à l'heure actuelle, ce sont les institutions qui les empêchent, qui fait
qu'ils sont contraints dans leur capacité de développer des solutions. Donc,
ça, ça serait un élément.
Le deuxième élément, c'est qu'il faut
absolument qu'on se donne la possibilité d'aller chercher des nouvelles
capacités. Puis, quand je parle des capacités, je parle des connaissances, de
l'expertise, qu'il faut qu'on aille chercher des ressources à l'extérieur du
système pour espérer faire des changements de culture et des changements qui
sont importants. Alors là, je parle des capacités de mobilisation. Développer
des solutions qui soient innovatrices. Ça prend des acteurs avec des
différentes façons de penser. Aller chercher... On les a, les capacités, au
Québec. Il s'agit de les réunir pour développer les solutions. Des capacités
analytiques. Ici, je dirais que l'accès aux données a été tellement restreint
dans le secteur de la santé qu'on n'a pas développé les capacités analytiques
ou pas en quantité suffisante. Alors, il faudrait qu'on voie à cet enjeu-là.
Alors... Et évidemment, bien, les capacités organisationnelles. Ça, ça demeure
toujours. Mais bref, il faut amener du sang nouveau. Ça ne veut pas dire de
tasser tout le monde, au contraire...
Mme Castonguay (Joanne) : ...mais
c'est une opportunité, en développant un nouveau système, des nouvelles
organisations, de changer les rôles, de sorte que les acteurs en place aient
des objectifs qui soient différents, et ça, ça faisait partie aussi, là, des
éléments de succès dans les transformations qui ont été observées. En passant,
je n'ai pas juste un rapport, j'en ai deux, qui vont vous être communiqués.
Mme Caron : Parfait, merci
beaucoup. Alors, je comprends qu'on ne peut pas faire... en faisant cette
structure-là, ce n'est pas, je dirais, un copier-coller, de prendre exactement
toutes les mêmes ressources, qu'on met sous l'égide de Santé Québec, plutôt que
sous l'égide du ministère de Santé et Services sociaux. Il faut aller chercher
du sang neuf, des expertises différentes pour innover, comme vous avez
mentionné.
Mme Castonguay (Joanne) : Exactement.
Mme Caron : L'autre question,
rapidement. Vous aviez mentionné un souci au niveau de l'attribution des
contrats, peut-être trop centralisée. Est-ce que vous pouvez nous en dire
davantage, s'il vous plaît?
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
en fait, c'est un peu le même genre de phénomène, c'est-à-dire que, si on
centralise, mettons, comme on le fait pour tous les contrats au niveau de
Services Québec, bien là, on perd de vue les objectifs d'un contrat en
particulier. Alors, c'est ce qu'on a observé beaucoup dans le contexte, là, de
la pandémie, il y a beaucoup de contrats qui ont été donnés à des
établissements privés pour loger ou pour prendre en charge des personnes en
perte d'autonomie dans des CHSLD. Mais on le faisait en donnant des contrats au
plus bas soumissionnaire, sans tenir compte des besoins des personnes qui
étaient hébergées là. Donc, ce n'était non seulement pas équitable ou
acceptable pour les personnes qui étaient hébergées, mais ce n'était pas
acceptable, non plus, pour les personnes qui donnaient les... qui obtenaient
les contrats, parce qu'il n'y avait pas les ressources nécessaires pour
répondre aux besoins des personnes qu'ils hébergeaient. Et donc ça, ça faisait
partie de nos recommandations. Et donc, s'il y a un contrat qui est donné centralement,
le risque est qu'on ne réponde pas aux besoins si c'est trop centralisé. Donc,
il faut donner une capacité.
Le Président (M. Provençal)
:Je vous remercie, Mme Castonguay,
parce que le temps est écoulé pour cet échange. Avant de céder la parole au
député de Rosemont, je veux spécifier que le secrétariat a reçu les documents
de Mme Castonguay, ils sont sur Greffier, dans la section Autres documents.
Maintenant, M. le député de Rosemont, vous disposez de
2 min 52 s.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. Mme Castonguay, rebonjour. Je n'ai à peu près pas de temps, là, ça
fait que je vais y aller directement. Le ministre avait raison tout à l'heure
de dire qu'on n'a pas tous le même degré d'intimité avec vos travaux ici,
autour de la table. Probablement que c'est un peu plus intime que dans la
population, là, mais je me mets à la place des gens qui nous écoutent en ce
moment, là. Selon vous, là, le projet de loi n° 15, dans sa forme actuelle, ça
change quoi pour le patient?
Mme Castonguay (Joanne) : Ce
que je dirais, dans un premier temps... Bien, en fait, il y a trois éléments.
Là, je veux juste ne pas m'écarter, là. Il faut... Parmi les éléments, là,
essentiels, là, qui vont être donnés, c'est la... donner une meilleure voix au
patient avec la constitution des conseils d'établissement, c'est-à-dire, les
usagers et... la responsabilité des conseils d'établissement va être beaucoup
plus alignée avec l'usager ou le patient. Donc, ça, c'est un des avantages. Ça
semble aussi donner une meilleure possibilité d'aller chercher les données pour
mieux coordonner et intégrer les soins de services. Ça, l'intégration des soins
et des services de santé, ça fait mille ans qu'on sait... j'exagère toujours,
là, mais ça fait au moins une vingtaine d'années qu'on sait qu'on doit aller
vers ça pour améliorer la performance et diminuer les coûts non nécessaires du
système de santé. Et donc, en ayant un dossier unique, ça va faciliter
l'implantation puis l'obtention de ces données-là, qui sont importantes.
• (12 h 20) •
Puis, finalement, bien, comme je le
disais, faire évoluer les politiques. Tu sais, en ayant un ministère qui peut
faire la gouvernance, ça va leur donner la possibilité de faire évoluer les
politiques pour mieux répondre aux besoins de la population. Parce qu'on est
figés à cet égard. Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais, quand j'ai
préparé... j'ai présenté des dossiers dans le passé, je disais comment il y
avait un paquet de recommandations qui avaient été faites, par multiples comités
d'experts, qui n'avaient jamais... des recommandations qui changeaient nos
institutions et qui auraient permis de débloquer plusieurs enjeux ou obstacles
à l'amélioration de la performance. Bien, en donnant la possibilité au
ministère de davantage se concentrer sur...
Mme Castonguay (Joanne) : ...la
gouvernance, c'est leur donner la possibilité de pouvoir se concentrer sur ces
éléments-là.
Le Président (M. Provençal)
:Il reste 20 secondes.
M. Marissal : Ah! je vous
remercie, madame Castonguay.
Le Président (M. Provençal)
:Merci. Merci. Je m'excuse, M. le
député, mais ce sont nos règles du jeu. Alors, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous poursuivez pour 2 min 52 s.
M. Arseneau : Chic! Je vais
pouvoir récupérer le 20 secondes de mon collègue. Blague à part, madame
Castonguay, bonjour. Merci de votre présentation. Vous parlez d'améliorer la
performance et que la séparation de la gouvernance des opérations va pouvoir le
permettre. Mais, en même temps, pour mobiliser, comme vous dites, toutes les
ressources et puis développer une souplesse et une agilité, vous dites
également qu'il faut, dans le volet opérationnel, avoir une marge de manœuvre.
Nous, c'est exactement ce qu'on craint, c'est que cette structure hyperintégrée
au sein de Santé Québec ne nous permette pas d'avoir cette capacité des
décideurs locaux, des gestionnaires sur le terrain, de prendre des décisions de
façon autonome et de pouvoir mobiliser les gens qui prennent eux aussi des
décisions, au jour le jour, pour la meilleure gestion des établissements dans
l'ensemble du Québec et particulièrement dans le Québec de régions, que je
représente et que je sais que vous connaissez très bien. Alors, comment on peut
résoudre cette apparente contradiction?
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
d'abord, comme je le disais, là, le projet de loi ne précise pas comment ça va
être résolu, d'une part, mais l'idée, c'est de... tu sais, on parle... on
parlait d'un changement de culture. À l'heure actuelle, la culture de
développer des nouveaux moyens pour répondre aux enjeux, elle n'est pas là et
il y a énormément de rigidité dans le système, c'est-à-dire au niveau de nos
institutions. J'ai parlé des mécanismes de financement. Il y a les conventions
collectives, il y a, quoi, l'absence d'information, l'absence de données. Tous
ces éléments-là sont des éléments qui contraignent l'innovation puis la
capacité des acteurs à mieux répondre. Alors, ça, c'est un des éléments. Par
ailleurs, la capacité de mobiliser, développer ces solutions-là, alors, ce qui
fait que tout reste figé comme ça a toujours été : si on dépense, on
dépense puis qu'on prescrit : Voici, vous allez mettre votre budget de ce
service-là, dans ce service-là, dans ce service-là, ils sont trop contraints,
ils ne sont pas capables de répondre aux besoins à mesure que le besoin se
présente.
M. Arseneau : Vous avez parlé
aussi d'une perte de données lorsqu'on a fait des centralisations ailleurs. Ce
sont des phénomènes qu'on peut éviter comment, là? Parce que les données sur,
justement, les différentes régions, les différents secteurs, les différents
établissements, elles doivent servir aux gestionnaires locaux. Comment on...
Mme Castonguay (Joanne) : Absolument.
Bien, en fait, c'est simplement en ajoutant, en s'assurant qu'on indique
l'installation dans laquelle les services ou les activités sont effectués. À
l'heure actuelle, on a perdu cette information-là et on garde simplement
l'information régionale. Mais, si on devient dans une organisation puis qu'on
perd non seulement l'information locale, mais aussi l'information régionale,
bien là, à ce moment-là, ça devient impossible.
M. Arseneau : ...pour une
gestion de proximité. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, je vais céder maintenant... On
va compléter ce premier échange avec la députée de Vaudreuil.
2 min 12 s, Madame.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci, madame Castonguay. Vous avez beaucoup parlé de la
planification pour répondre aux besoins de la population. Moi, les besoins de
la population, ça me parle. Vous avez parlé des livrables, d'objectifs qui sont
déterminés et chiffrés par le ministre. Dans le projet de loi, moi, je ne
remarque pas que... entre autres, que l'agence a les pouvoirs de marge de
manœuvre budgétaire. Puis le ministre nous parle aussi beaucoup de vouloir
séparer le politique, l'éloigner des opérations. Avez-vous un commentaire
précisément à ce sujet-là? Parce que moi, ce que j'ai peur, c'est que, si le
P.D.G. de l'agence n'a pas de marge de manœuvre budgétaire, bien, c'est quand
même vers lui qu'on va se retourner, alors que c'est lui qui va avoir les
critiques, mais il est pris, il n'a pas de manœuvre budgétaire.
Mme Castonguay (Joanne) : Bien,
en fait, je ne suis pas trop certaine qu'est-ce que vous voulez dire par la
marge de manœuvre budgétaire, mais, ce que j'ai compris, puis ça, il faudrait
demander, là, des précisions à cet égard, mais c'est qu'au lieu d'avoir un
budget qui va être déterminé en amont ou dans quel service, est-ce que ces
budgets-là vont devoir aller. Alors, je donne un exemple. À l'heure actuelle,
les établissements reçoivent des budgets, puis ils savent quelle proportion va
aller en santé... en santé publique, quelle proportion va devoir aller pour les
soins aux personnes âgées ou les soins de longue durée, quelle proportion va
aller aux hôpitaux, c'est-à-dire que c'est tout prescrit au central, la... où
va aller la proportion des budgets. Ça, ça enlève énormément de marge de manœuvre
pour transférer les budgets d'un service à l'autre pour répondre aux besoins de
la population...
Mme Castonguay (Joanne) : ...alors,
par exemple, s'il n'y a pas assez de budget dans les soins de longue durée ou
les soins à domicile, par exemple, puis que, s'il y avait... on donnait plus de
services pour prévenir... excusez-moi, pour prévenir les complications dans les
soins à domicile, bien là, ça empêcherait, ça diminuerait les visites à
l'urgence, les visites aux hôpitaux, etc. Donc, l'idée, c'est leur donner de la
flexibilité à cet égard.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup.
Mme Castonguay (Joanne) : Je
m'excuse, je ne réponds pas à votre réponse... à votre question.
Mme Nichols : Plus ou moins.
Ça va, merci.
Le Président (M. Provençal)
:Donc, vous avez donné quand même
plusieurs éléments de réflexion, Mme Castonguay. Je tiens à vous remercier pour
votre collaboration, votre contribution.
Et nous allons suspendre les travaux pour
laisser place au prochain groupe. Encore merci, madame.
Mme Castonguay (Joanne) : Ça
me fait plaisir. Bonne journée puis bonne réflexion à tous.
Le Président (M. Provençal)
:Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 12 h 29)
Le Président (M. Provençal)
:Nous recevons maintenant nos invités
pour le deuxième groupe, Vérificateur général du Québec, donc nous accueillons
Mme Guylaine Leclerc, Vérificatrice générale, Mme Christine Roy,
sous-vérificatrice générale et M. Alain Fortin, directeur général d'audit.
Alors, je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour votre présentation, et
nous poursuivons avec nos échanges. La parole est à vous.
Mme Leclerc (Guylaine) : M.
le ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme la sous-ministre de la
Santé et des Services sociaux. Mmes et MM. les membres de la Commission, je
vous remercie de m'offrir la chance d'exprimer mes commentaires et de répondre
à vos questions sur le projet de loi n° 15, visant à rendre le système de santé
et de services sociaux plus efficace. Pour l'occasion, je suis accompagnée de
Mme Christine Roy, sous-vérificatrice générale, et M. Fortin, directeur général
d'audit.
Nous avons pris connaissance du projet de loi n°
15 et, d'emblée, nous jugeons que le fait que Santé Québec sera assujetti à la
Loi sur la gouvernance des sociétés d'État est une bonne chose. Nous voyons
d'abord d'un bon oeil que la nouvelle société doive notamment adopter des
mesures d'évaluation de son efficacité et de sa performance, qui incluront un
étalonnage avec des organisations similaires. Et nous trouvons pertinent qu'à
l'instar de certaines autres sociétés d'État québécoises, le ministre devra, à
chaque 10 ans, faire rapport à l'Assemblée nationale sur l'application de la
loi.
• (12 h 30) •
Par ailleurs, nous désirons attirer votre
attention sur trois volets. Le premier est en lien avec des constats que nous
avons formulés dans nos rapports d'audits des dernières années, soit la qualité
de l'information de gestion disponible dans le réseau de la santé. Les deux
autres volets concernent des éléments essentiels pour que le Vérificateur
général exerce sa mission de favoriser, par la vérification, le contrôle
parlementaire sur les fonds et autres biens publics sans entrave, soit la co-audition
des états financiers de Santé Québec par le Vérificateur général et un auditeur
privé qui est prévu dans le projet de loi...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Leclerc (Guylaine) : ...et
le risque de limitation du contrôle de la surveillance parlementaire sur les
établissements privés. J'attire d'abord votre attention sur la qualité de l'information
de gestion disponible actuellement dans le réseau de la santé. Comme son nom l'indique,
le projet de loi no 15 vise à rendre le système de santé et de services
sociaux plus efficace. Cependant, un élément essentiel pour effectuer l'évaluation
de l'efficacité est la disponibilité d'une information de gestion fiable et
pertinente. Or, lors des audits de performance que nous avons réalisés au cours
des dernières années, nous avons fréquemment observé dans le réseau que l'information
de gestion n'était pas produite au moment opportun, que la multitude des
systèmes informatiques utilisés n'était souvent pas interreliée et était
parfois obsolète, et enfin que les données recueillies étaient parfois de
mauvaise qualité.
Ainsi, il sera primordial que Santé Québec
s'assure de disposer d'une information de gestion fiable, pertinente et évite
de demander de l'information inutile, comme nous l'avons d'ailleurs soulevé en
2017 dans un rapport sur la reddition de comptes dans le réseau de la santé et
de l'éducation. De plus, puisqu'il découle du projet de loi que les états financiers
d'une trentaine d'établissements de santé ne seront plus audités, il y a un
risque que la qualité de l'information financière disponible sur ces
établissements s'en trouve diminuée. Il sera nécessaire que Santé Québec s'assure
de disposer tout de même d'une information financière de qualité à propos de
ces établissements comme de tous les établissements du réseau de la santé. Il
est en effet essentiel de favoriser une bonne reddition de comptes et une
imputabilité suffisante de chacun des établissements.
En deuxième lieu, je vois des enjeux en ce
qui a trait à la co-audition des états financiers de Santé Québec prévue à l'article 105.
Ce point me préoccupe grandement. Il s'agit d'une première pour une entité qui
n'a pas de vocation commerciale, comme c'est le cas par exemple pour
Hydro-Québec ou la Société des alcools du Québec. De plus, l'utilité de cette
co-audition n'a pas été démontrée. En effet imposer que les états financiers de
Santé Québec soient audités conjointement par le vérificateur général et un
auditeur privé vient diminuer le pouvoir qui est conféré par la loi au
vérificateur général. Non seulement le vérificateur général détient la plus
grande expertise en matière d'audit des fonds publics, mais en vertu de sa loi
constitutive, il a le pouvoir d'effectuer ces travaux au moment, à la fréquence
et de la manière qu'il détermine ce qui vient... ce que vient entraver le
projet de loi.
Puisque Santé Québec aura un budget annuel
de près de 40 milliards de dollars, soit plus du quart des dépenses
du gouvernement, il est important que le vérificateur général, à titre d'auditeur
des états financiers consolidés du gouvernement, puisse émettre une opinion
claire, indépendante et sans équivoque, tant sur les états financiers de la
nouvelle société que sur les états financiers du gouvernement du Québec. Ainsi,
il est important de laisser au vérificateur général la liberté de choisir à
quel niveau et dans quelle mesure l'apport d'un auditeur privé sera nécessaire.
C'est pourquoi je recommande de désigner le vérificateur général comme seul
auditeur des livres et comptes de Santé Québec.
En troisième et dernier lieu, je vois un
risque de limitation du contrôle et de la surveillance parlementaires sur les
établissements privés. L'article deux du projet de loi stipule que les soins de
santé et les services sociaux seront fournis par des établissements publics et
des établissements privés. Dans ce contexte, il faudra veiller à ce que les
parlementaires puissent bénéficier des travaux d'audit du vérificateur général
à l'égard de tous les établissements de santé, qu'ils soient publics ou privés.
J'ai de très grandes préoccupations quant à mon possible accès aux
installations des établissements privés, à leurs états financiers ou à tout
autre document que je jugerais nécessaire de vérifier.
La Loi sur le vérificateur général m'autorise
à effectuer un audit à l'égard des organismes recevant des subventions ainsi
que des organismes dont 50 % des revenus proviennent des fonds publics et
dont la majorité des membres de leur conseil d'administration sont nommés par
le gouvernement ou par une entité publique. Cependant, dans le passé, nous
avons rencontré des difficultés d'accès aux documents d'organismes privés. En
2020, trois entreprises ambulancières n'ont pas accédé à nos demandes d'information.
Leurs motifs étaient que les sommes qu'elles avaient reçues du gouvernement n'étaient
pas des subventions, mais plutôt un achat de services. Nous ne sommes bien sûr
pas d'accord avec cette position qui va à l'encontre de l'intérêt public et du
contrôle parlementaire sur l'utilisation des fonds publics. Soulignons que la
quasi-totalité des revenus de ces trois entreprises ambulancières provenait du
gouvernement. De plus, ce service essentiel pour la population...
Mme Leclerc (Guylaine) : ...offert
par l'ensemble des entreprises ambulancières privées représente une dépense
publique atteignant annuellement près de 360 millions de dollars.
De plus, le projet de loi actuel utilise
divers termes pour désigner le transfert de fonds publics aux établissements
privés. Par exemple, l'article 412 prévoit que les établissements privés
conventionnés recevront un budget de fonctionnement de Santé Québec. D'autres
articles indiquent, les ressources intermédiaires, les ressources de type
familial, les cliniques médicales associées, les centres spécialisés et les
résidences privées pour aînés vont conclure des ententes de fonctionnement.
Quel que soient le mode de financement des
établissements de santé et le libellé utilisé dans la loi pour définir ce
financement, il est important de s'assurer que le Vérificateur général aura la
possibilité de vérifier adéquatement l'utilisation de ces fonds publics par ces
établissements. C'est seulement qu'ainsi que je pourrai jouer pleinement mon
rôle de favoriser le contrôle parlementaire au moyen d'audits financiers et
d'audits de performance.
Je demande donc que le projet de loi soit
ajusté de manière à donner accès au Vérificateur général à toute l'information
qui lui permettrait d'exercer pleinement son rôle.
Certaines dispositions pourraient être
ajoutées pour faire en sorte que les établissements privés auront le devoir de
nous fournir sur demande leurs états financiers et tout document ou
renseignement jugé nécessaire.
En conclusion, afin que ce projet de loi
atteigne les objectifs attendus, Santé Québec devra mettre en place plusieurs
conditions, dont celle d'obtenir une information de gestion pertinente,
disponible et fiable.
Je souhaite également que le Vérificateur
général soit l'unique auditeur des états financiers de Santé Québec, et qu'il
puisse avoir accès à l'ensemble des informations jugées nécessaires concernant
les établissements de santé privés qui auront accès à des fonds publics
importants.
Je vous remercie de votre attention, et
c'est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, madame Leclerc, pour
votre exposé, et je pense que ce sera avec plaisir que les membres de la
commission vont vouloir avoir un échange avec vous. M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Dubé : Alors, madame
Leclerc, merci beaucoup d'être là avec vos deux collègues, c'est vraiment
apprécié. Juste pour que les gens comprennent bien votre rôle, ça fait combien
de temps que vous êtes l'auditeur général du Québec?
Mme Leclerc (Guylaine) : Vérificateur
général du Québec, ça fait plus de huit ans.
M. Dubé : O.K. Donc, vous
connaissez bien notre réseau, vous connaissez bien la santé, etc. Je pense que
c'est important que... de dire qu'on est... C'est un peu tôt pour vous dire oui
à tout, là, mais je veux juste vous dire qu'on est très sensibles à plusieurs
de vos demandes, parce que je crois que... Vous l'avez dit tout à l'heure, dans
votre rôle, notamment, en 2017, vous avez fait un rapport, puis souvent ces
rapports-là sont mis de côté puis il n'y a pas de suivi, puis c'est très
malheureux, c'est très, très malheureux. Alors, moi je vais vous dire, puis je
vais laisser... Je veux juste choisir les bons mots. Parce qu'on a dit qu'on
collaborait avec l'opposition pour trouver les aménagements de...
• (12 h 40) •
Alors, je ne veux pas dire aujourd'hui que
je suis d'accord avec tout, mais je voudrais vous dire que, premièrement...
expliquer que je suis très sensible à votre demande, que vous soyez le
vérificateur unique, juste vous dire tout de suite d'emblée. La raison pour
laquelle ça a été présenté comme ça, puis peut-être à tort, c'était de dire,
puis vous allez peut-être être surprise : Mais elle en a déjà beaucoup,
est-ce qu'on ne lui en rajoute pas trop? Mais je voudrais que ça soit votre
choix. Je ne sais pas si ça clarifie ma position là-dessus, puis j'aimerais ça
que les collègues puissent le demander. Mais ça n'a pas été mis dans un
objectif de vous restreindre l'accès, c'est au contraire. Et, si vous jugez
préférable, ce que je pense que je viens de comprendre très clairement de votre
part, que vous voulez être l'auditeur unique... Et ça sera à vous de décider
si, dans certaines fonctions... prenons par exemple... ça, c'est une deuxième
demande, d'aller chercher de l'information avec un autre vérificateur qui
voudrait vous aider, soit dans les cliniques privées, ou peu importe, ce serait
votre choix.
Alors, je ne veux pas présupposer des
ajustements qu'on va faire, mais je veux juste vous dire qu'à cette première
demande là je la comprends. Je le dis souvent avec délicatesse. Étant
originalement, moi aussi, un vérificateur, je comprends très bien ce que vous
demandez.
Deuxième question sur la question des données.
Bon, sur la question des données qui sont à l'extérieur du paramètre... du
périmètre comptable, on va le dire comme ça, les gens comprennent très bien que
vous pouvez aller chercher de l'information sur un CHSLD, sur un hôpital, mais,
lorsqu'on arrive par exemple dans les GMF, hein, lorsqu'on arrive, par
exemple... vous avez donné l'exemple des ambulanciers, les...
M. Dubé : ...c'est sûr que le
projet de loi qu'on vient de compléter, qu'on appelait le projet de loi n° 3,
sur les données, va clarifier beaucoup l'accès du... que nous, comme ministère,
on a accès maintenant aux données du privé, hein? Parce que c'était un petit
peu plus complexe, on va clarifier ça.
Alors, moi, je pense que, sous réserve...
puis je regardais madame Savoie tantôt, sous réserve que notre côté légal, nos
légistes nous disent que vous auriez le droit d'aller vérifier... auditer, on
dit, plutôt, d'auditer les gens dans les cliniques privées, je pense que... je
ne vois pas comment on pourrait vous refuser ça. Il faut juste trouver où ça
s'insère à l'intérieur des projets de loi, entre autres, majeurs qu'on vient
d'annoncer, qu'on a heureusement votés récemment, le p.l. 3, là, qui devient la
loi 5. Ça fait que je voulais juste vous dire que, ça aussi, on est très, très
sensibles à ça.
Sur l'exemple que vous avez donné des
ambulanciers, je ne peux pas m'empêcher de ne pas commenter là-dessus. Parce
que, lorsqu'on a décidé, avec la recommandation du ministère, de dire qu'est-ce
qu'on fait par le projet de loi n° 15 puis qu'est-ce qu'on ne fait pas, je vous
avoue honnêtement qu'on aurait voulu aller plus loin dans le préhospitalier, ce
qu'on appelle le système ambulancier. On aurait voulu aller beaucoup plus loin.
On a décidé... Comme ma grand-mère disait souvent : Qui trop embrasse mal
étreint. À un moment donné, il a fallu faire des choix parce qu'on avait déjà
1 000 articles de loi. Mais je vous dirais que vous n'êtes pas sans
savoir qu'on a été très fermes avec les propriétaires ambulanciers dans les derniers
mois, que le renouvellement, ça, c'est important que les Québécois le
comprennent, de leur convention, le contrat qu'on a avec eux va être
conditionnel à la réception des états financiers. Je veux être très clair
là-dessus, là. Et, si on ne s'entend pas, on va décréter que l'entente doit
avoir les états financiers. Donc, je vous dirais que je suis très sensible à
m'assurer que vous allez avoir accès aux états financiers. Parce que, comme
vous l'avez bien dit, ces gens-là reçoivent 100 %, ou à peu près, de leur
contribution gouvernementale. Alors, je veux juste vous dire qu'on est en train
de... Il reste à peu près 90 jours à s'entendre. Si on ne s'entend pas, ça
va être décrété. Je voulais juste vous donner cette mise à jour là si vous ne
l'avez pas.
Une question que j'ai pour vous, que je
veux que... Parce que je sais qu'on a déjà discuté ça, vous et moi, dans un
autre contexte. J'aimerais ça que vous expliquez aux Québécois... Puis ça fait
un peu le lien avec ce que madame Castonguay... je ne sais pas si vous avez eu
la chance de l'entendre tout à l'heure ou, en tout cas, vous savez un peu
comment... Elle nous a parlé de valeur, hein, la valeur de ce qu'on veut
mesurer. Dans votre rôle de vérificateur, est-ce que... Puis ça, c'est
important pour nous de le comprendre.
Pour moi, il y a deux genres de données,
hein, vous le savez, il y a les données de gestion puis il y a les données que
j'appellerais... je veux faire attention, ce n'est pas les données
personnelles, mais des données médicales, et je m'explique. C'est une chose de
savoir qu'on a fait tant d'opérations, puis tout ça, mais est-ce que vous êtes
capable d'aller voir la valeur des opérations? Hein, on a... Quand vous faites
un rapport de vérification, des fois, vous allez un peu plus loin, vous regardez
l'aspect gestion, l'apport qui est donné, est-ce qu'on... est-ce que l'argent
qui est mis va à la bonne place.
J'aimerais ça que vous nous expliquiez un
peu jusqu'où peut aller votre rôle, de ne pas juste dire : Ils ont
effectivement dépensé 40 milliards, mais est-ce que le 40 milliards,
il a bien été utilisé. Et c'est là que je fais la différence entre les données
comme telles et la gestion. Je ne sais pas si vous pourriez expliquer ça un
petit peu, parce que ça, pour moi, c'est excessivement important dans comment
on change cette culture-là, exactement en ligne avec ce que madame Castonguay
disait tout à l'heure. Ça fait que je ne sais pas si vous voulez commenter
là-dessus, mais, étant donné que vous dites... vous voulez avoir accès aux
données, ce qui a été très difficile par le passé, je veux vous entendre
là-dessus parce qu'on a probablement un objectif commun, c'est d'aller chercher
de plus en plus de données pour faire ça. Mais je voudrais vous entendre
là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
:Mme Leclerc.
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui.
Alors, premièrement, je suis très contente de votre réceptivité face à nos
préoccupations. C'est certain... Puis je vais revenir sur la question des
données, mais j'aimerais peut-être clarifier la première partie de votre
intervention. C'est plus que des données financières qu'on a besoin. Ce n'est
pas parce que le ministère a accès aux états financiers des ambulanciers qui
va...
Mme Leclerc (Guylaine) : ...faire
en sort qu'on est en mesure de savoir si la performance qui a été faite par les
ambulanciers est en accord avec ce que les parlementaires s'attendent. Alors,
c'est plus que d'avoir de l'information financière, premièrement.
Deuxièmement, ce n'est pas parce que le
ministère a l'information financière que je vais être satisfaite. Donc, c'est
de pouvoir avoir accès nous-mêmes à l'information financière et à plus que de
l'information financière.
M. Dubé : Bien, c'est pour ça
que je voulais... c'est pour ça que je vous demandais financière versus
gestion. Mais continuez. c.est exactement ça.
Mme Leclerc (Guylaine) : Donc,
ça, on en a besoin, de... c'est certain que, pour remplir le rôle qu'on a à
jouer, c'est important que ce soit beaucoup plus... qu'on ait les coudées
franches comme on l'a pour les organismes publics. Et c'est tellement important
dans le p.l. 15, parce que p.l. 15, dans l'article 2, on vient dire que le
réseau, c'est des entités publiques et des entités privées. Donc, si on veut
être en mesure de jouer notre rôle, on se doit d'avoir accès tout autant aux
informations des données privées que des données publiques.
M. Dubé : Laissez-moi vous
poser une sous-question à ça, puis ça va peut-être aider à la réponse. Je
regarde une GMF, hein, groupe de médecine familiale. On en a 400 à qui on donne
des contrats, etc. C'est une chose de dire qu'on donne quelques millions par
année, mais est-ce qu'ils respectent les heures d'ouverture? Ça, c'est une
donnée de gestion. Est-ce qu'on s'entend?
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui,
et troisième élément : ils ont beau être ouverts, est-ce qu'ils voient les
patients?
M. Dubé : Voilà. On se
comprend bien.
Mme Leclerc (Guylaine) : Alors...
M. Dubé : Non, mais c'est important,
là, ce qu'on dit, parce que c'est souvent une problématique. Je ne dis pas
qu'on là avec tous, au contraire, la plupart le respectent, mais c'est le genre
de vérification de gestion que vous pourriez faire qui ajoute de la valeur.
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui,
et qui est notre rôle de jouer. D'autant plus, comme je le disais tout à
l'heure, que le réseau, c'est spécifié à l'article 2, c'est privé et public,
donc c'est important qu'on ait accès à l'ensemble.
M. Dubé : Et c'est pour ça qu'on
l'a mis, d'ailleurs... que les gens oublient déjà que... souvent que les GMF,
les 400 GMF qu'on a, c'est des entreprises privées avec qui on fait affaire.
Alors, quand on dit qu'on voudrait avoir accès à vous donner cette
vérification-là, bien, voilà, on se comprend.
Mme Leclerc (Guylaine) : L'autre
point que vous avez apporté, c'est... vous avez parlé du p.l. 3, et je ne suis
pas en mesure de vous dire si ça satisferait nos besoins par le p.l. 3. Alors,
je crois que, dans le p.l. 15, que ce soit clair que le Vérificateur général a
accès à toute l'information dont il a besoin pour remplir sa mission, je pense
que ce serait... j'aimerais mieux avoir ça clair dans le p.l. 15 que de
m'attendre à ce que, dans le p.l. 3, ce soit mentionné.
M. Dubé : O.K., bien,
peut-être, avant de passer... j'ai une de mes collègues qui voulait poser une
question, mais ce qu'on pourrait faire avec l'équipe ministérielle ici... Je
vous avoue que le p.l. 3, là, il vient d'être adopté, alors je n'ai pas tout le
détail, puis c'est un de mes collègues qui a mené le projet de loi avec les
gens de l'opposition. Je voudrais juste voir qu'est-ce que ça implique, est-ce
qu'on ferait cette précision-là ici ou... On le regardera, mais je comprends
très bien ce que vous demandez ici, là, O.K....
Mme Leclerc (Guylaine) : Alors,
lorsque lorsqu'on arrive à ce que vous parliez, là, au niveau de la valeur, là,
O.K....
M. Dubé : La valeur, oui.
• (12 h 50) •
Mme Leclerc (Guylaine) : ...de
l'information, bien, il y a trois niveaux, je vous dirais. Premièrement, la
qualité de l'information qui est collectée. Donc, ça, on a identifié souvent
des lacunes au niveau de la qualité de l'information qui était collectée. Au
niveau de la quantité aussi, des fois, on en collecte trop, puis on ne fait
rien avec. Donc, de solliciter les établissements, qui ont beaucoup de travail
à faire, pour collecter des informations qui peuvent ne pas être pertinentes,
donc, c'est un de nos rapports où on disait : Bien, c'est important de
s'assurer que ce que... bien là, dans ce cas-ci, ça va être l'agence ou Santé
Québec, dans quelle mesure il collecte l'information qui est pertinente, qui
est adéquate puis qui est utile. Donc, ça, c'est un des éléments qui est
important.
Et ce qu'on avait constaté dans le rapport
sur les chirurgies, bien, c'était ce qu'on en fait. Il y avait beaucoup
d'informations qui étaient disponibles, qui n'étaient pas toujours de bonne
qualité, mais qui étaient disponibles, et on ne faisait pas les analyses qui
auraient pu être pertinentes. Et j'ai entendu la fin de...
Mme Leclerc (Guylaine) : ...du
témoignage de la commissaire, et c'est effectivement très pertinent. Puis,
souvent on l'a, l'information, mais... bien, des fois, elle n'est pas de
qualité, là, mais, souvent, on l'a, l'information, puis on ne fait pas les
analyses qui pourraient être pertinentes pour prendre des bonnes décisions.
M. Dubé : Je ne peux pas être
en désaccord avec ce que vous dites, là. Alors, je vais laisser la parole
peut-être à une de mes collègues.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, M. le
ministre. D'abord, bonjour, madame Leclerc, bonjour à votre équipe. Je vais
rester dans le même ordre d'idée parce que je vous avoue que c'est là où je
m'en allais aussi. Vous avez parlé de la quantité, de la qualité et du
traitement de l'information. Je vous demanderais... Parce qu'il ne doit pas
rester très longtemps, hein?
Le Président (M. Provençal)
:Trois minutes.
Mme Lachance : Trois minutes.
Bon, vous avez parlé de quelques entraves à la... à la qualité ou à
l'accessibilité des données en termes, là, avec... entre autres avec votre
exemple des ambulanciers au niveau du privé, mais, de manière générale, est-ce
qu'il y a des entraves sur lesquelles vous voudriez porter notre attention? Et
aussi, peut-être par le fait même, quels seraient les mécanismes, s'il y en a,
ou les les les mécanismes qui pourraient être mis en place pour permettre une
meilleure accessibilité de ces données-là?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
la Loi sur le vérificateur général est très, très puissante, hein? Donc, on a
accès à toute l'information qu'on souhaite des organismes publics ou des
organismes dont 50 % et plus... dont les fonds viennent de 50 % et
plus du gouvernement et que plus de 50 % de leurs membres du conseil
d'administration sont nommés par le gouvernement. Mais outre ces... ce type-là,
on a des... les organismes privés nous limitent dans l'accès. Donc, c'est
important qu'on ait les mêmes pouvoirs pour les entreprises privées pour
lesquelles ils recevront, par exemple, 50 % et plus de leurs revenus qui
proviendraient du gouvernement. Bien, à ce moment-là, le Vérificateur général
devrait avoir accès à toute l'information, ses installations, ses états
financiers et tous les livres qu'il... qu'il souhaite avoir pour pouvoir
émettre un rapport qui va être utile par les... par les parlementaires.
Le Président (M. Provençal)
:Une minute.
Mme Lachance : Une minute.
Pour le privé, c'est très clair, mais, en termes de qualité... Vous avez accès
aux informations. Encore faut-il, comme vous l'avez mentionné, que ce soit des
informations ciblées et pertinentes à l'analyse que vous souhaitez faire. Donc,
à ce niveau-là, est-ce que vous auriez des...
Mme Leclerc (Guylaine) : Oui,
cibler, donc qu'on s'assure d'aller chercher la bonne information. Ça, c'est
rapport qu'on a fait en 2017 sur la reddition de comptes où on disait :
Bien, on ajoute des couches à chaque année aux établissements pour fournir de
l'information au ministère sans faire le tri sur ce qu'on demandait, est-ce que
c'était vraiment nécessaire ou pas. Donc, c'est... alors, ça, c'est l'aspect
qui est important. Puis, au niveau de... pour nous, l'accessibilité des
informations, bien, on a accès à toutes les bases de données, mais, par contre,
je peux vous dire qu'il y en a, des bases de données. Il y a un, si je ne me
trompe pas, je pense, c'est des... plusieurs centaines, sinon un millier de
systèmes. Donc, c'est des bases... c'est des centaines de bases de données
différentes, dont, dans certains cas, les données sont compilées de cette
manière et dans l'autre de cette manière, ce qui fait qu'on n'est pas capable
de jumeler l'information pour être en mesure de pouvoir en sortir des bonnes
conclusions.
Mme Lachance : Je comprends.
Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, on comprend
que vous faites souvent un travail de moine pour aller chercher l'information
que vous voulez avoir et qui soit pertinente. Ceci étant dit, je vais
maintenant céder la parole à la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Merci, madame Leclerc, madame Roy, Monsieur Fortin, pour votre intervention
ce matin. Donc... Mais le ministre a clarifié tout de suite, d'entrée de jeu.
Je pense qu'il a répondu à votre préoccupation. Vous souhaitiez être
vérificateur unique et ne pas être forcé à cohabiter, si je puis dire, avec des
auditeurs privés. Donc, je n'insisterai pas là-dessus. Plus généralement, quand
vous émettez des recommandations dans le cadre de vos travaux, tout ça, dans le
passé, elles étaient adressées aux ministères et on voit des résultats ou,
parfois, c'est plus long, on n'en voit pas. Est-ce qu'avec la création de
l'agence, vous voyez d'un bon oeil que vos recommandations soient mises en
application plus rapidement...
Mme Setlakwe : ...Il
pense que vous... Vous voyez d'un bon oeil. Vous avez espoir quant à la suite
des choses quand vous allez émettre des recommandations?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
je vous dirais, on va juger l'arbre à ses fruits. Alors, on va... Actuellement,
c'est un choix qui sera fait par les parlementaires, hein, de mettre en place
une agence. C'est important pour nous d'avoir les coudées franches pour auditer
l'agence. Je reviens un petit peu sur le point, puis je vais... je vais
répondre aussi à votre point, c'est quand on le sait, on veut nous ménager,
ménager le vérificateur général lorsqu'on dit... on voulait faire un co-audit.
Le fait que les établissements n'aient plus d'états financiers, c'est un
risque. C'est entendu, c'est un risque parce qu'on n'aura pas l'information. Ça
peut être plus difficile d'avoir l'information par établissement relativement à
leurs résultats financiers.
Par contre, le vérificateur général étant
unique vérificateur de l'agence, il n'aura pas le choix, de toute façon,
d'aller dans les établissements parce que c'est tellement des sommes
importantes au niveau des états financiers du gouvernement qu'on va se devoir
d'aller dans les établissements. Mais le fait qu'il n'y ait pas d'états
financiers au 31 mars fait qu'on va pouvoir aller dans les établissements
à la période où on ne va pas souhaiter aller. Donc, par exemple, nous, on a des
des creux qui sont plus prononcés à l'automne parce que beaucoup les états
financiers du gouvernement, c'est au 31 mars. Donc, à l'automne, on va
pouvoir aller faire des travaux dans les établissements. Donc, ça, il y a un
risque, le fait que les établissements n'aient pas d'états financiers. Mais
d'un autre côté, pour nous, au niveau travail d'auditeur, pour la planification
de nos mandats, on verra, mais on espère que ce sera facilitant.
Mme Setlakwe : J'enchaîne.
Vous dites que vous... Vous trouvez pertinent, vous jugez opportun que le
ministre doive, à chaque 10 ans, faire rapport à l'Assemblée nationale,
mais évidemment... Est-ce que vous ne pensez pas que ce délai est trop long?
Pour... On met en place un nouveau régime. Est-ce qu'on ne pourrait pas
l'écourter?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
dans la loi sur la gouvernance des sociétés d'État. Donc on trouvait déjà bien
que ce soit fait au moins après 10 ans, qu'il doive faire rapport sur
l'état, hein, de sa réforme, mais... Puis c'est des réformes qui sont longues.
O.K.? On se souvient de la dernière, je pense, c'était en 2016, là. Donc,
c'était... Tu sais, c'est des réformes qui sont longues. C'est entendu que si
c'était mentionné après, mettons, cinq ans, ou sept ans, ou huit ans, c'est
certain que ce serait bien. Mais déjà qu'il ait, après 10 ans, que le
ministre ait à présenter à l'Assemblée nationale son rapport sur l'état de
situation, déjà, on trouve que c'est une avancée.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Combien de
temps, s'il vous plaît?
• (13 heures) •
Le Président (M. Provençal)
:Il vous reste
4 min 21 s
Mme Caron : Merci.
Alors, je vais revenir brièvement, Mme Leclerc, merci d'être là, sur les
systèmes, les multiples systèmes de données, donc, centaines, voire, des
milliers de systèmes. Est-ce que la création de l'agence va changer quelque
chose à cela? Et sinon, que faudrait-il faire pour que... pour que votre travail
soit plus simple et qu'il y ait une interopérabilité des systèmes?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est...
On a fait... Bien, on utilise beaucoup les données, hein, dans les
établissements. Nos... Il y a plusieurs enjeux. Il y a des enjeux de protection
de renseignements personnels. Il y a des... Chacun de leurs systèmes ont leurs
particularités. C'est important que les systèmes se parlent. Je ne veux pas
donner le moyen. C'est au ministère ou à Santé Québec d'identifier le moyen,
mais ce sera important qu'on ait des données de qualité, tant sur la... sur les
données, par exemple, sur les délais chirurgicaux ou sur les résultats. Donc,
ce sera important que tous les systèmes, bien, se parlent. On l'espère, que le
fait que Santé Québec, qui... où ce ne sera pas des établissements qui
soient... chacun avec son... autonome...
13 h (version non révisée)
Mme Leclerc (Guylaine) : ...on
l'espère, que l'information de gestion va mieux circuler, que les systèmes vont
être plus adéquats. As-tu quelque chose que tu voudrais...
M. Fortin (Alain) : Non, c'est
correct.
Mme Roy (Christine) : J'ajouterais
juste aussi que ça serait intéressant que Santé Québec en profite pour prendre
l'opportunité d'informatiser davantage, parce que ce qu'on se rendait compte, c'est
que c'était beaucoup de l'information qui était traitée manuellement par des
gens qui sont des fois débordés, ce qui affectait beaucoup la qualité des
données. Puis en santé, bien, on a quand même un système qui a un certain
rattrapage à faire à ce niveau-là.
Mme Caron : Merci. Mon autre
question, en fait, est en lien avec une crainte qui a été formulée par la
Commissaire à la santé et au bien-être où elle disait que la centralisation de
l'attribution des contrats posait problème dans le sens que, comme la loi le
dit, il faut attribuer au plus bas soumissionnaire. Sauf que, quand c'est centralisé,
on perd de vue l'objectif des contrats et les besoins auxquels ils doivent
vraiment répondre localement. Alors, je me demandais si vous aviez peut-être
des recommandations à cet égard-là.
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
je ne vois pas en quoi, mais peut-être que je me trompe, là, ça délocalise, le
fait qu'il y ait Santé Québec. Chacun des établissements, chacune des régions
ont leurs particularités. On a fait un mandat au CISSS de la Gaspésie, O.K.? Il
avait ses particularités. Par exemple, pour avoir tel type de service, bien, il
y a juste une entreprise qui peut le faire, alors... bien, même si on allait...
on faisait un appel d'offres. Tu sais, il y a des enjeux locaux, donc... Mais l'important,
c'est de le gérer de façon adéquate. Et comme je... ma phrase de tantôt, on va
juger l'arbre à ses fruits, mais on va voir au fur et à mesure dans quelle
mesure on est capable de tenir compte des enjeux locaux, parce que ce n'est pas
parce qu'on a un conseil d'administration local qu'il fait nécessairement son
travail. Alors, des fois, on est mieux d'avoir un autre outil de gouvernance
qui fasse.... qui joue bien son rôle, mais que... plutôt que d'avoir une
structure extrêmement rigide, mais finalement qui ne joue pas leur rôle.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Nous en sommes
maintenant à... aux échanges avec le député de Rosemont.
M. Marissal : Ah! merci.
Merci d'être là, madame Leclerc, et à votre équipe. Je suis assez sidéré de
constater qu'il faut que vous demandiez d'être l'auditeur... l'auditrice unique
pour une société d'État qu'on est en train de créer, qui gérera 40
milliards de dollars, sous prétexte qu'on ne voulait pas vous accabler de
travail. Je suis sidéré d'apprendre ça. Peut-être autant que vous d'ailleurs,
là.
Dites-moi donc, là, les cliniques privées,
là, que vous voudriez auditer, là, si elles vous disent : Ce n'est pas des
subventions, c'est des contrats, si elles vous disent : Je suis privée,
vous n'avez pas accès à mes livres, comment on fait pour savoir que c'est
50 % de ses revenus qui vient de l'État? Puis, s'il n'y a pas personne de
nommé par l'État à ces cliniques privées, ce qui est généralement le cas, là,
Rockland Md, ce n'est pas nommé par le gouvernement, là, vous n'avez aucune...
vous n'avez aucune marge de manœuvre.
Mme Leclerc (Guylaine) : Ce n'est
pas ce que nous disons. Ce que nous disons, c'est ce qu'eux autres affirment.
Donc...
M. Marissal : Le résultat est
le même.
Mme Leclerc (Guylaine) : Le
résultat est le même, c'est ça.
M. Marissal : Vous n'aurez
pas accès.
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
qu'il faudrait qu'on dépense des fonds publics pour aller débattre notre cause.
Puis là, bon, bien, ça, on le sait, que c'est... les gagnants, ce seront
peut-être les cabinets d'avocats, parce qu'il va falloir qu'on débatte. Alors,
c'est un enjeu qui est très important pour nous, qui l'était déjà, le fait qu'on
interprète notre loi de façon restrictive pour ces entreprises privées là qui
desservent la population de manière très importante. Là, lorsqu'on parle de
cliniques ou de salles d'opération ou qu'on parle d'ambulances, bien, c'est
important que la performance soit au niveau des sommes qui leur sont versées et
des ententes qui ont été... et surtout des ententes qui ont été conclues. Puis
ça, on n'est pas en mesure de le faire sans aller vers un litige.
M. Marissal : O.K.
Devrions-nous alors ne pas nous limiter seulement à subventions mais contrats,
puisqu'il y en aura une trâlée?
Mme Leclerc (Guylaine) : Je
vous dirais, si vous y allez de façon trop spécifique, vous dites
subventions...
Mme Leclerc (Guylaine) : ...bien
là, ils vont dire : Non, c'est ni l'un ni l'autre, c'est un frais de
fonction. Alors, je vous dirais, il faut s'assurer que, dans le p.l. 15, ce
soit tellement clair que le Vérificateur général a accès à tous les livres et
comptes et aux établissements de manière à ne pas laisser de porte qui soit
refermable.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine, vous poursuivez.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Mme la Vérificatrice générale et membres de votre équipe,
merci de l'éclairage que vous apportez à une partie du projet de loi ce matin.
Effectivement, il est étonnant de constater que vous pourriez être privée
d'aller faire l'audit des livres de Santé Québec. Je pense que le ministre a
bien compris le message, en tout cas, nous, on l'a très bien entendu et on va
s'assurer de faire valoir ce point de vue là.
Mais j'aimerais savoir dans l'état actuel
des choses. Il y a beaucoup d'argent qui est dépensé actuellement au privé, et,
avec le projet de loi, on va y aller encore davantage en ce sens-là, j'aimerais
que vous nous brossiez un cours tableau, là, de ce qui se passe. Par exemple,
les agences de placement qui viennent drainer 1,2 milliard de dollars
de fonds publics, j'imagine, vous n'avez pas accès à leurs livres. Les
laboratoires privés qui font pour 3,5 milliards de profit sur le dos du
système public dans des services achetés, j'imagine, vous n'avez pas accès à
leurs livres. Les GMF, les cliniques médicales spécialisées, qu'en sera-t-il
des minihôpitaux? C'est quoi, l'état de la situation des CHSLD privés? On n'a
pas d'information sur la performance des services que l'on achète au privé
actuellement ou, dans certains cas, oui, dans d'autres, non?
Mme Leclerc (Guylaine) : Dans
certains cas, oui, dans d'autres, non. Donc, notre loi prévoit que... bon, tous
les organismes publics, ça, on peut y aller, on a tous les pouvoirs. Dans les
organismes qui... où on a accès pour les organismes privés, disons, là, c'est
ceux qui ont plus de 50 % de leur revenu qui vient du gouvernement et dont
plus de 50 % des membres du conseil d'administration nommés.
M. Arseneau : Mais la règle,
on l'a compris. L'exemple, je voudrais savoir, des pans de cette dépense
gouvernementale et des citoyens importante qui nous échappent actuellement. Ce
sont lesquelles?
Mme Leclerc (Guylaine) : As-tu
les chiffres, Christine?
Mme Roy (Chantal) : On
pourrait les... On pourrait même vous revenir avec un ordre d'idée, là. Parce
que, dépendamment si le CHSLD reçoit des subventions, on va pouvoir y aller,
mais, pour une partie, ça...
M. Arseneau : Je comprends
bien. J'aimerais avoir cette information-là. Mais c'est surtout parce qu'à
l'heure actuelle on a parlé à des groupes qui nous disent, le fait, par
exemple, que le gouvernement ait signé des ententes avec des cliniques
médicales spécialisées pour accélérer les chirurgies dans le privé, là, les
données financières ne sont pas disponibles, les données de performance ne sont
pas disponibles non plus, ce qui fait qu'on est peut-être en train de gaspiller
de l'argent, puis les listes ne baissent pas pendant ce temps-ci. Alors, si on
se tourne vers ce virage-là de façon importante avec le p.l. 15, ça a un impact
majeur. Mais j'aimerais savoir si vous partagez cette inquiétude.
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
ce que j'ai mentionné tout à l'heure, d'autant plus que, pour le p.l. 15,
c'est... on l'a mis à l'article 2, que le réseau de la santé comprend...
l'article 2, où on mentionne que les services de santé et services sociaux
sont fournis par les établissements soit publics, soit privés. Donc, c'est clair
ici, alors que...
M. Arseneau : Sans condition.
Mme Leclerc (Guylaine) : Pardon?
M. Arseneau : Et que ce soit
sans condition.
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien
là, je ne peux pas vous parler des conditions, mais c'est...
Le Président (M. Provençal)
:On va... Je vous remercie. On va
poursuivre avec la députée de Vaudreuil. Mme la députée.
• (13 h 10) •
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci d'être parmi nous. Dans le projet de loi, là, il y a un seul
article qui parle sur les TI ou du moins qui concerne les TI, puis c'est... il
n'y a même pas mention, là, d'uniformité, mais pas du tout. À votre
connaissance, là, est-ce qu'il y a un quelconque obstacle à ce que les données
soient aujourd'hui répertoriées par secteur, par établissement? Est-ce qu'il y
a quelque chose qui pourrait empêcher de faire ça? Puis est-ce que ça ne
devrait pas être imposé dans le projet de loi?
Mme Roy (Chantal) : Bien,
l'obstacle majeur, je pense, c'est le fait que, premièrement, là,
l'information, elle n'est pas rentrée de façon uniforme, aussi qu'il y a plein
de systèmes différents qui ne communiquent pas nécessairement entre eux. Donc,
je ne vous dis pas qu'il n'y en a pas, de l'information qui, à un moment donné,
se collige, mais c'est...
Mme Nichols : Mais la
collecte uniforme, ça, on a compris, il n'y en avait pas, là, mais...
Mme Leclerc (Guylaine) : Puis,
même s'il y en avait, souvent, elle est de mauvaise qualité.
M. Fortin (Alain) : ...joue
sur, tu sais, le plan, le nombre de systèmes dans... Comme là, il va y avoir un
grand défi, là. Chaque établissement a presque chacun son système. Ça fait que,
là... Puis des fois, ils ne se parlent pas. Ça fait que, donc...
M. Fortin (Alain) : ...la
qualité des données, ça, des fois, dans nos audits qu'on a vus plusieurs fois,
ce n'est pas toujours parfait.
Mme Nichols : Oui, je l'ai lu
dans différents rapports, mais moi, mon inquiétude, c'est qu'il n'est pas dans
le projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
:Continuez.
Mme Nichols : Ah! O.K., je
pensais que j'avais... je pensais qu'on m'avait coupé la parole... mais c'est
ça, par secteur, par établissement, quand vous cherchez de l'information, vous
la trouvez comment?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
on a accès aux bases de données de chacun des établissements et puis ils
sont... Mais, des fois, l'information, soit qu'elle n'est pas complète soit
qu'on n'est pas en mesure de comparer, hein, l'information parce qu'elle n'est
pas colligée de la même manière. Alors, c'est un enjeu, actuellement.
Mme Nichols : Bien, c'est
pertinent de la retrouver soit par le secteur, soit par l'établissement, soit
de la colliger de cette...
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
certain que ça va être important que Santé Québec ait l'information par
établissement. Ce sera son rôle, à Santé Québec, de s'assurer que l'information
de gestion dont il souhaite est accessible.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, Mme Leclerc,
Mme Roy, M. Fortin, merci de votre présence. Merci de votre contribution.
Sur ce, je suspends les travaux jusqu'à 15
heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 13)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 02)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! La
Commission de la santé et des services sociaux reprend ses travaux. Je demande
à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 15, Loi
visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace. Cet
après-midi, nous entendrons des témoins suivants : Me Michel Clair, l'Association
des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux, l'Association des
gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux et la
Fédération des médecins résidents du Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue à
monsieur Caire... Clair, excusez, maître, c'est mes idées qui ne sont pas
claires, qui est une... Moi, je l'ai toujours considéré comme une sommité. Je n'ai
pas le droit de le dire, mais je le dis quand même. Alors, je vous invite à
faire votre présentation. Vous avez 10 minutes. Et, par la suite, nous
aurons des échanges avec vous. Merci beaucoup.
M. Clair (Michel) : Alors,
merci beaucoup, M. le Président. Merci à tous les membres de la commission de
votre invitation. C'est assez émouvant pour moi d'être devant vous, en 2023,
invité sans doute à mon titre d'ancien président de la Commission d'étude de l'an 2000,
rapport en 2001, émouvant, car mes collègues et moi n'avions pas eu ce plaisir
à l'époque.
Alors, je vais tenter d'être bref et
concis dans mon introduction. Sauf erreur de ma part, c'est en 1999 que la
dernière politique générale de santé et de bien-être de la population
québécoise a été publiée par le MSSS. Il y avait cette même année un ministère,
une quinzaine de régies régionales, environ 600 établissements et 9 000 bénévoles
engagés dans des conseils d'administration du réseau de la santé et des
services sociaux. Dans une évolution inimaginable en 1999, la spirale
centralisatrice a à toutes fins pratiques fait disparaître autant les
établissements que le ministère lui-même, tous deux fusionnés depuis 2015 dans
un amalgame, je m'en excuse, mais que je considère largement défaillant, puis
je ne suis pas le seul dans la population, où beaucoup de mots ont perdu leur
sens, les professionnels et les soignants, leurs motivations, les patients,
leurs repères, et la population, son influence sur les services de proximité.
Les rôles habituels d'un ministère, soit
de planification stratégique à long terme, de publication de politiques, dans
le cas ici, de santé et de bien être et d'objectifs, avec une mesure des
résultats se sont affaissés depuis 22 ans au profit d'une microgestion
opérationnelle grandissante à partir de Québec. Nous en vivons tous les
conséquences aujourd'hui. Une exclamation? De grâce, pas dans 22 autres
années sans véritable vision stratégique de long terme, pas 22 autres
années de crise perpétuelle, gérées par un ministère souvent aussi omnipotent
qu'imprévoyant.
Dans nombreux domaines, nous vivons des
crises qui étaient déjà prévisibles en 2000. Notre commission s'en était
préoccupée. Ce sera un travail énorme pour une agence de sortir de cette
dynamique de crise permanente, de recréer des cultures organisationnelles
orientées sur la satisfaction des besoins des Québécois, avec des... et québécoises,
avec des principes de gouvernance, de gestion opérationnelle et de gestion des
ressources humaines contemporains et mobilisateurs. Mais, si nous voulons
vraiment planifier l'avenir, la renaissance d'un vrai ministère est aussi essentielle
que la création d'une agence. Dans les deux cas, il faudra un fort
renouvellement de la pensée et donc des effectifs si nous voulons changer d'ère.
Mon deuxième sujet a trait à la
décentralisation. Le choix du gouvernement s'est arrêté sur un modèle qui
prévoit, entre autres, la constitution d'un employeur unique et un rehaussement
du nombre de responsables ou directeurs dans un grand nombre d'installations à
vocation de centre hospitalier, de soins... de soins de longue durée, pardon,
et d'autres. Cette dernière mesure est certainement bienvenue. Après la
véritable décapitation, en 2004...
M. Clair (Michel) : ...de
plus de 1 000 postes de cadres dotés de personnes expérimentées, dévouées,
laissant par le fait même à elles-mêmes d'innombrables équipes. Il faut des
années, voire une décennie, pour former de tels cadres soudés à leur équipe,
légitimés par leur cheminement, leur engagement et leur expérience.
Cette mesure de responsables locaux est
donc absolument bienvenue, mais ce n'est pas de la décentralisation, c'est
davantage une déconcentration, encore qu'il faille préciser quel sera le
véritable niveau de pouvoir décisionnel de ces nouveaux directeurs. Je ne
remets pas en cause ici le choix du gouvernement, même si cela n'aurait
probablement pas été le mien.
Je propose maintenant une alternative à la
véritable décentralisation. Imparfaite, mais à mon avis efficace et compatible
avec les orientations du projet de loi. La première possibilité est basée sur
une conception matricielle de la gouvernance en vue de structurer une reddition
de comptes que j'appelle populationnelle, et favoriser la... et favoriser,
pardon, l'émergence d'alliances communautaires par territoire de MRC ou de CLSC
dans les grandes villes, en rapprochant les acteurs de la communauté des
services sociaux et de santé administrés par l'agence. Je propose donc
que--entre guillemets--des conseils de surveillance et d'alliance
communautaires soient constitués à l'échelle des territoires des 95, plus ou
moins, communautés des anciens CSSS ou CLSC.
Pour le volet surveillance, la reddition
de comptes serait basée sur des indicateurs de performance standards qui seront
sûrement déterminés par l'agence, des standards de performance cliniques,
opérationnels, satisfaction des usagers, du personnel, des professionnels. Tous
les directeurs ou directrices, y compris ceux des GMF et des CMS, devraient
présenter trimestriellement ou semestriellement leurs résultats à ce conseil.
La transparence dans les résultats et la performance à l'échelle locale doit
remplacer l'opacité nationale qui n'a cessé d'augmenter depuis des vingtaines
d'années... depuis les 25 dernières années.
Ces conseils auraient aussi comme mandat
de favoriser de véritables alliances dans la communauté en matière de santé
communautaire entre les directeurs locaux de l'agence, d'une part, et les
organismes structurants de la communauté en matière de services de proximité,
d'autre part. J'imagine un conseil formé d'une douzaine, dizaine de membres,
formé de deux ou trois représentants de la MRC engagés dans les programmes
Municipalité amie des aînés ou politique familiale, et d'autres intervenants
majeurs de la communauté, comme, par exemple les entreprises d'économie
sociale, d'aide à domicile, la police communautaire, les organismes communautaires
en santé mentale, en accueil de personnes immigrantes, en proche aidance, la
Chambre de commerce locale, etc.
Les pouvoirs de ces conseils seraient
limités à des recommandations et basés, en matière de surveillance, comme je le
disais tout à l'heure, sur les mêmes indicateurs que l'agence exigera sans
doute à l'échelle nationale en termes de reddition de comptes. En matière
d'alliance communautaire, j'ai confiance, ces conseils constitueraient des
lieux de concertation aussi influents que la bonne volonté et l'intelligence
collective qui émergerait de tous les acteurs, et j'y crois profondément.
• (15 h 10) •
Je suis convaincu qu'une telle gouvernance
matricielle à l'échelle des territoires de CLSC crédibiliserait beaucoup le
rôle des nouveaux directeurs et leur donnerait une légitimité d'action autre
que seulement hiérarchique. Cela valoriserait la contribution de tous, car
c'est la transparence qui permet de valoriser le travail bien fait, et non
l'opacité, et c'est la confiance mutuelle, assis autour d'une même table, qui
fait grandir les collaborations et traverser les murs administratifs au sein
des communautés.
Un dernier sujet, très brièvement, la
culture organisationnelle locale. Le plus puissant antidote aux agences de
placement se trouve dans une organisation locale du travail souple,
contemporaine et adaptée à la diversité des attentes des personnels. Je suis
personnellement convaincu que la pondération de l'ancienneté, des compétences
et de la pertinence de l'expérience pour de nombreux postes serait
particulièrement appropriée avec la venue d'un employeur unique en vue de
favoriser une évolution positive de la culture organisationnelle locale.
Probablement qu'il y a au moins 25 % des postes d'infirmières qui auraient
avantage à connaître une telle évolution. À ceux qui me diraient que cette
pondération est impossible ou utopique, je répondrais que je me souviens de
discussions d'un temps révolu, mais que j'ai vécu, où certains affirmaient que
l'équité salariale était un concept trop compliqué, fumeux, utopique...
M. Clair (Michel) : ...J'ai
la même conviction en ce qui concerne la gestion locale des horaires de
travail. Il est archaïque de penser qu'un seul type d'horaires de travail doit
prévaloir à la grandeur du Québec, sans égard aux préférences ou aux
contraintes personnelles. En collectivisant à outrance des matières à choix
individuel, on prive les personnes et les organisations d'une flexibilité
pourtant recherchée par celles-ci au pluriel. Si l'on veut favoriser
l'émergence de cultures organisationnelles locales plus conviviales, plus près
de la réalité des différents milieux, il faut sortir du mur à mur des
conventions nationales, aujourd'hui, à mon avis, éloignées des valeurs
d'équité, de diversité et d'inclusion de notre temps, s'entendant dans le sens
large de ces mots et non dans un sens étriqué de ceux-ci. Ces deux approches
feraient à mon avis reculer le recours aux agences et à la MOI plus que toute autre
mesure d'un mal créé au fond au cours des... au fil des ans, par les acteurs
patronaux et syndicaux, sans doute bien involontairement. Mais elles
adouciraient aussi l'atterrissage d'un employeur unique qui, inévitablement,
amènera des milliers de personnes à réviser leurs options de vie.
Enfin, l'autre avenue d'une
décentralisation possible serait d'habiliter l'agence à procéder à la
dévolution asymétrique de certains de ses pouvoirs à des conseils
d'administration selon des modalités s'apparentant à des filiales territoriales
sur l'horizon de la prochaine décennie. On a mis 20 ans à déposséder les
communautés locales d'un pouvoir sur leurs services de proximité. On pourrait
se donner, disons, une dizaine d'années pour qu'elles s'en réapproprient une partie
de façon ordonnée. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre exposé.
Alors M. le ministre, vous avez sûrement des échanges à avoir.
M. Dubé : Merci
beaucoup, M. le Président. M. Clair, je ne sais pas si j'ai le droit de
dire ça, là, puis je laisserai mes collègues faire de même au besoin, mais je
suis très impressionné de vous avoir avec nous aujourd'hui. Quand on connaît
votre bagage, le fait que vous avez déjà été dans ces murs-là, je pense que
vous étiez un des plus jeunes députés dans la députation de 1976.
M. Clair (Michel) : J'étais
le plus jeune.
M. Dubé : Vous étiez le
plus jeune. Alors, que vous soyez ici encore avec la même ferveur et la même
conviction politique de faire ce qu'il faut faire pour le Québec, je pense que
c'est important de le dire. Puis je viens de sauter une cinquantaine d'années
en vous disant : Merci d'avoir été là en 1976 avec un cabinet quand même
assez fantastique à ce moment-là. Et de vous avoir ici, aujourd'hui, avec une
présentation aussi ordonnée, je pense qu'on peut être impressionné que vous
ayez pris le temps d'écrire ce que vous avez écrit. Je vais revenir... Puis
merci beaucoup de participer au processus.
Je ne me suis jamais caché que je vous
avais consulté quelques fois au cours notamment du plan santé puis tout ça.
Puis, même si on n'est pas toujours d'accord sur tout, je pense qu'on peut, au
moins, je ne m'en cache pas, je suis très transparent, je vous ai beaucoup
consulté pour arriver aux conclusions auxquelles on est arrivé. Il y en a trois
que je ferais ressortir aujourd'hui, là, puis je vais y aller rapidement.
Je vais commencer par la plus facile pour
moi, celle où vous demandez d'aller, je vais l'expliquer dans mes mots, puis je
veux juste que vous me disiez si j'ai bien traduit votre pensée, aller à une
étape plus loin dans la reddition de comptes avec les autorités locales. De la
façon dont le projet de loi est bâti, puis mes collègues de l'opposition, ici,
là, je pense qu'ils ont déjà une bonne connaissance du projet de loi, en
passant de conseil d'administration des 36 établissements au conseil
d'établissement, on leur donne vraiment un rôle, je dirais, vis-à-vis de
l'usager. Puis d'ailleurs, on l'a bien expliqué, là, Mme Savoie a commencé
à rencontrer les conseils d'administration, puis la plupart comprennent bien
que leur rôle va être beaucoup plus orienté vers l'usager que d'administrer le
budget alors qu'ils n'avaient pas vraiment un budget à administrer. Je vais
dire ça comme ça. Bon.
Par contre, ce que je trouve intéressant,
puis je veux juste être certain que je comprends bien, là, parce que le temps
passe vite, là, vous nous dites : Allez une étape plus loin, puis au lieu
de faire juste une reddition de comptes de façon générale sans préciser avec
qui. Vous rajoutez... Je ne veux pas dire rajouter une couche là, mais, vous,
vous êtes plus précis en disant à qui vous devriez faire ce rapport-là, à qui
les conseils d'établissement devraient faire le rapport pour s'assurer qu'on va
encore... Parce qu'un conseil d'établissement, on l'a dit, nous, je pense que
c'est 11 personnes, puis qui représentent des usagers, mais vous dites :
Vous, vous devriez aller plus loin puis dire à qui ils vont faire le rapport.
Ça fait que ces 11 personnes là, par exemple, du conseil d'établissement
du CISSS de l'Est de Montréal, bien, il faudrait que ça soit défini...
M. Dubé : ...quel est le
conseil de surveillance à qui ils feront rapport? Est-ce que je comprends bien
votre point ou...
M. Clair (Michel) : Ce
pourrait être ça, mais ce pourrait également être que les directeurs locaux,
ils vont, j'imagine...
M. Dubé : Mais quand vous
dites «les directeurs», je veux juste être sûr qu'on a la même terminologie,
là.
M. Clair (Michel) : Bien, le
directeur de l'hôpital de Drummondville, mettons, pour dire quelque chose qui
n'est pas le directeur de l'ensemble, qui n'est pas le P.D.G. de la région.
M. Dubé : Je comprends.
M. Clair (Michel) : Bien, les
gens de Drummondville, de Victoriaville ou de Rimouski, là, ils aiment beaucoup
avoir des données qui les concernent, alors c'est simplement que le niveau de
granularité de l'information et de l'imputabilité, qu'on le ramène au niveau
des territoires qui parlent pour les gens, hein, qui parlent pour les gens, qui
est le territoire du CLSC et de la MRC.
M. Dubé : Mais dites-moi un
exemple... Quand vous donniez tantôt, puis je ne veux pas vous couper, là, je
m'excuse, mais juste préciser votre pensée, vous dites ce conseil de
surveillance là qui serait différent du conseil d'établissement, on se comprend
bien, il y aurait un directeur d'hôpital qui pourrait être là.
M. Clair (Michel) : Bien, sur
invitation, les gens viennent faire leur rapport. Le conseil de surveillance
n'a pas d'autorité décisionnelle, il fait des recommandations et il siège
également comme organisme, je dirais, comme conseil de développement de la
concertation dans le milieu avec les directeurs locaux. Alors, il n'y en a pas
seulement un. Dépendant des territoires, il peut avoir deux, trois, cinq, sept.
Et ce que je préconise aussi, c'est que sur le plan de la gouvernance locale,
que les GMF et les CMS d'un territoire donné, bien, pourquoi est-ce qu'il ne
viendrait pas partager leur information? L'agence, normalement...
M. Dubé : Mais ils ne sont
pas non plus... M. Clair, ils ne sont... ils ne seraient pas non plus sur
le conseil de surveillance, mais ils viendraient est invités par le conseil de
surveillance.
M. Clair (Michel) : Exact.
M. Dubé : O.K. Là, je
comprends mieux votre point. O.K., c'est bon.
M. Clair (Michel) : Exact.
M. Dubé : Et à ce moment-là,
bien, ça assure la granularité... Je ne sais pas si c'est un mot français, Mme
Savoie? Oui. La granularité de ce que, par exemple, le préfet de la MRC de
Drummondville, il dirait : Moi, c'est à lui que je veux parler.
M. Clair (Michel) : Exact.
M. Dubé : Je veux parler au
directeur de l'hôpital de Drummondville.
M. Clair (Michel) : Au fond...
au fond, M. le ministre, là, moi, par la décentralisation, à quoi ça servait...
En gros, à quoi servirait la décentralisation? Ça poursuit trois grands
objectifs. Le premier, c'est d'avoir une reddition de comptes transparente à
l'échelle où les gens peuvent comprendre, ça, on l'atteindrait. Le deuxième,
c'est de pouvoir donner à la société civile, via ceux que j'ai nommés, une
capacité d'impulsion sur deux choses, un, sur l'organisation des services... Je
n'ai aucun pouvoir, vous m'inviter, je prends parole, je vous influence, tout
le monde peut faire ça, d'ouvrir le micro, là, ça permet de donner de la voix
et de l'influence aux gens. Donc, une impulsion sur l'organisation des services
de proximité, mais, deuxièmement, aussi, de créer une interface permanente
entre tous ceux que j'ai nommés tantôt, là, et les directeurs de la place. Je
vais vous dire, je ne nommerai personne, mais au moins un P.D.G. de CIUSSS dans
la région de Montréal m'a dit que c'est à l'occasion de la pandémie qu'il a
appris le nom du directeur général de la ville, parce qu'on... tu sais, donc...
M. Dubé : Ça fait que vous
voulez... vous voulez un peu plus, puis parce que je veux traiter d'autres
sujets, là, mais si j'avais à résumer à mes collègues, quand on va faire le débriefing
de ce que vous avez dit, vous voulez un peu plus formaliser le processus de
reddition de comptes à l'échelle locale.
M. Clair (Michel) : Oui. Plus
près des citoyens.
M. Dubé : Plus près des
citoyens, par un conseil de surveillance.
M. Clair (Michel) : Et
d'alliances communautaires, parce qu'ils auraient deux missions, recevoir la
reddition de comptes, mais aussi, comme on disait chez nous, jaser de la
concertation entre tous les organismes de la communauté et la structure
officielle de l'agence.
• (15 h 20) •
M. Dubé : Très bien. Puis,
dans le fond, c'est... le point que vous avez fait, puis je reviens à ce que la
vérificatrice nous a dit ce matin, d'être sûr que ces gens-là auraient...
pourraient avoir le droit de convoquer une GMF ou... au besoin parce que
peut-être la GMF dans telle MRC, elle est très importante, disons, O.K.,
localement.
M. Clair (Michel) : Bien, je
pense... bien, moi, je me permets de dire, M. le ministre, honnêtement que
d'ores et déjà, dans la loi, les GMF, leur... Quand nous avons recommandé les
GMF...
M. Dubé : Vous avez été
instrumental.
M. Clair (Michel) : ...ça
faisait partie de ce qu'on concevait comme approche populationnelle, mais le
ministère a organisé l'imputabilité des GMF vers le haut plutôt que vers la
population. Ce que je vous propose, c'est de dire : Profitez-donc du
projet de loi pour ramener l'imputabilité sur... au moins sur les résultats...
M. Dubé : Très clair.
M. Clair (Michel) : ...au
niveau local plutôt qu'au niveau d'un ministère.
M. Dubé : O.K. Je vais
essayer de résumer...
M. Dubé : ...les... mes deux
autres points, peut-être dans un, mais donnez-moi juste une petite minute
pour... Vous avez dit quelque chose de très important. Puis, quand vous
commencez à parler de compétence puis d'ancienneté, des concepts qui sont assez
importants, très importants dans ce qu'on va essayer de faire pour
l'amélioration de l'efficacité, il y a des choses qui se font beaucoup par la
négociation des conventions collectives. On se comprend? Alors donc, ça, je ne
vous apprends pas ça. Il y a beaucoup de choses qu'on va avoir besoin en termes
de flexibilité dans nos conventions collectives. Puis je fais attention...
parce que, des fois, c'est galvaudé, là, flexibilité en convention collective.
Ce n'est pas d'imposer des choses, mais de donner aussi aux employés cette
flexibilité-là.
Où j'aimerais vous entendre, c'est que
vous savez qu'il y a bien des choses qui vont se négocier, parce que, de la
façon dont le projet de loi, il est présenté en ce moment, il est présenté pour
que... ce n'est qu'à la prochaine convention collective qu'on pourra avoir plus
une vue de la nouvelle organisation, c'est-à-dire de l'employeur unique, parce
qu'on ne peut pas toucher à la convention collective. On doit travailler
avec... pour celle qui est négociée en ce moment par ma collègue madame LeBel,
on ne peut pas y toucher en ce moment. On doit respecter la structure actuelle.
On se comprend bien là-dessus?
M. Clair (Michel) : Oui, oui,
je suis d'accord.
M. Dubé : Bon. Alors, s'il y
a des choses qu'on peut changer au niveau de l'ancienneté, puis tout ça, à
moins que madame LeBel soit capable de les amener tout de suite, il va falloir
attendre à la prochaine fois. Mais je veux juste qu'on... le dire en même temps
aux Québécois, parce que c'est un concept assez complexe. Mais de respecter les
règles de lois de la négociation, je voulais juste que... Mais ça ne m'empêche
pas de vous poser la question. Vous avez fait un commentaire très important.
Vous avez dit... Selon vous, il y a 20 % ou 25 % des postes qui
pourraient... devraient ne pas avoir uniquement l'ancienneté comme... Je
voudrais vous entendre là-dessus, parce que c'est un élément excessivement
important que vous dites là, là.
M. Clair (Michel) : Bien,
moi, je ne me prononce pas, à, pour... quant à savoir quel est le moyen, est-ce
que c'est par négociation, est-ce que c'est par législation, mais il me semble
aujourd'hui, là, que dans la société complexe dans laquelle on vit, puis ce que
j'ai observé aussi... Vous savez, moi j'ai quand même été pendant sept ans
directeur général de la vraie à ACAQ, l'Association des centres d'accueil du
Québec, à l'époque, de 1980...
M. Dubé : La vraie ACAQ, O.K.,
pas la CAQ, O.K., O.K.. Je voulais juste que les gens comprennent.
M. Clair (Michel) : Pour vous
taquiner. ...l'Association des centres d'accueil du Québec et j'ai quand même
été P.D.G. de Groupe Santé Sedna pendant 13 ans. Donc, ça fait une vingtaine
d'années dans le domaine de la santé, privé conventionné, surtout, ou public.
Qu'est-ce que... qu'est-ce que j'observe, c'est qu'on a eu tendance à essayer
d'avoir de plus en plus une solution unique pour tous. Et on a amené dans... je
vais dire dans le collectif ce qui était de l'individuel, et c'est ça qui
explique, selon moi, en très grande partie que beaucoup de gens ont préféré...
Je les ai vues naître, les agences. Il n'y en avait pas, d'agence en... de
placement, des agences de placement. Alors, ça, c'est né au fur et à mesure
que... comment je vous dirais donc, qu'on a dépersonnalisé la gestion des
ressources humaines, normalisé, standardisé, mis dans des conventions, puis
dire : C'est comme ça que ça se passe.
Alors, quand... c'est bizarre, parce qu'en
même temps on a une société qui nous parle... tu sais, qui valorise, hein,
l'équité, la diversité, l'inclusion. Ça, ça veut dire respecter les choix,
beaucoup, des individus puis d'avoir des organisations du travail qui peuvent
permettre différents types d'horaires, pas juste un type d'horaire.
Donc, moi, ce que je pense, c'est qu'avec
un employeur unique, si nous voulons redonner, comment je dirais donc, de
l'attrait à travailler dans le réseau de la santé, il faut que l'on puisse dire
aux personnes : Il n'y a pas... il n'y a pas juste un «one size fits all»,
excusez-moi l'anglicisme, mais nous, ici, on a choisi... il y a plus de gens
dans la région qui sont en faveur des quarts de travail de 12 heures
plutôt que des 8 heures, ou, peu importe, on va essayer de faire en sorte
que l'on en tienne compte au maximum, que ce soit plus. On va essayer de se
baser là-dessus plutôt que de dire : Ça va être l'exception. Et...
M. Dubé : O.K., mais là,
M. Clair, il faut que vous arrête, parce que je prendrais... il va me
rester, trois, quatre minutes. Rapidement, c'est important, il y a deux
concepts que vous amenez...
M. Dubé : ...tout à fait
répondu sur la notion de... Puis vous êtes un politicien. Peut-être, vous ne
voulez pas répondre.
M. Clair (Michel) : Non...
M. Dubé : Mais vous avez déjà
dit 20 % à 25 % qui devraient être pris...
M. Clair (Michel) : Ah! d'où
vient le 20 % à 25 %.
M. Dubé : Oui, rapidement,
parce que j'ai une autre question après.
M. Clair (Michel) : Je vais
vous dire, monsieur Dubé, bien simplement, c'est des très vieux souvenirs qui
datent de 40 ans, que... Parce que ces enjeux-là, là... Moi, ça fait 40 ans
cette année que j'arrivais comme président du Conseil du trésor, en 1983.
Alors, les enjeux reliés à la gestion des horaires de travail puis à la
pondération de l'ancienneté versus la compétence versus l'expérience dans le
poste, c'étaient déjà des enjeux qui étaient connus, et j'ai gardé tout
simplement en mémoire, je n'ai aucune statistique, j'ai gardé en mémoire qu'on
disait dans beaucoup... surtout, plus tu t'en vas vers du spécialisé, plus ça
devrait être de la compétence plutôt que strictement de l'ancienneté.
M. Dubé : Que strictement.
O.K. Parfait. Merci. Je voulais avoir cette précision-là. Le deuxième élément
que je trouve important... C'est parce que j'ai entendu une déclaration que
vous avez faite récemment par rapport à l'employeur unique puis par rapport à
une convention syndicale. Puis je veux juste bien entendre ce que vous vouliez
dire ou ce que vous avez dit. De ce que je comprends, vous dites... Et c'est
l'approche qu'on veut avoir, mais je veux que vous puissiez commenter sur ça.
Le fait de limiter le nombre d'accréditations syndicales, donc de conventions
collectives, qui est un des éléments corollaires d'avoir l'employeur unique, je
le dis comme ça... mais il ne sera pas une convention. Il va falloir respecter
le nombre de conventions...
M. Clair (Michel) : Oui,
oui...
M. Dubé : Oui, c'est ça,
parce que ça ne sera pas la même convention pour les infirmières que pour les
techniciens.
M. Clair (Michel) : Non, non,
non.
M. Dubé : On se comprend
là-dessus, O.K.?
M. Clair (Michel) : Oui, oui.
Je me suis sans doute mal exprimé. Je voulais dire que de passer de... Je ne
sais plus combien il y a de...
M. Dubé : 134.
M. Clair (Michel) : 134.
M. Dubé : Il y a 134
conventions collectives.
M. Clair (Michel) : Alors...
M. Dubé : Alors, qu'il y en
ait quatre ou huit, pour moi, là, c'est... mais le principe.
M. Clair (Michel) : Je
comprends.
M. Dubé : Mais le point qui
est important, que vous venez de dire, qu'il y en ait quatre, huit ou 12 au
lieu de 134, la gestion locale va rester quand même. Puis je veux juste dire,
l'exemple que vous prenez, puis je pense qu'il me reste une minute, il est très
important pour tout le monde ici, là. Si une convention nationale est négociée,
disons, pour les infirmières, puis je m'en viens au niveau local, ce qui va
avoir été accepté au niveau syndical en haut donne un choix individuel au
niveau local. Vous me suivez? Ça veut dire que l'infirmière, elle qui ne veut
pas faire de 12 heures, elle va pouvoir dire non, mais l'infirmière à qui,
elle, veut faire du 12 heures, ce n'est pas le syndicat local qui va pouvoir
dire non parce que le syndicat national a dit oui, on est d'accord avec le
principe, mais, en bas, c'est un choix personnel.
M. Clair (Michel) : Individuel.
M. Dubé : Individuel. Et ça,
êtes-vous à l'aise avec ça?
M. Clair (Michel) : Oui, oui.
M. Dubé : O.K.
M. Clair (Michel) : Bien,
moi, c'est ce que je préconise, de dire que l'on ajuste les mécanismes de façon
à... comment je vous dirais donc, à donner davantage de contrôle sur leur vie
professionnelle à l'intérieur du réseau aux personnes, dans la mesure où les
accommodements puis les systèmes peuvent le permettre.
M. Dubé : Est-ce que vous
avez le temps de revenir plus tard cette semaine? On vous prendrait encore
quelques minutes. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, je vais céder
maintenant à Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup, M. Clair. Alors, une question que j'aurais
pour vous. Vous avez parlé de nécessité de renouvellement de la pensée et des
effectifs pour que ça fonctionne bien. Qu'en est-il, par exemple, des effectifs
actuels du ministère? Comment vous voyez ce renouvellement de la pensée des
effectifs, tout en considérant qu'il y a un certain nombre d'employés au
ministère actuellement?
• (15 h 30) •
M. Clair (Michel) : Oui,
bien, je pense, ça doit se faire dans le respect et sur quelques années, hein?
Mais c'est sûr que de passer d'un système qui a été hiérarchisé puis, comment
je vous dirais, est de plus en plus hiérarchisé à un système où est-ce qu'il va
y avoir un délestage du ministère au niveau des opérations, si on veut que ce
soit vrai, moi, je vais vous... Je l'ai dit déjà, je pense, à la radio. Moi,
j'ai eu des discussions avec monsieur Bernard Landry en 2001 pour devenir
ministre de la Santé, puis ma condition, ce serait pas mal ça aujourd'hui aussi
pareil, de dire : Bien, pour créer une agence dans l'agence, là, selon
moi, il doit y avoir une diversité de provenance de personnes dans le but
d'avoir, comment je dirais, des cultures, des gens de cultures puis
d'expériences diverses. Il devrait y en avoir la moitié, selon moi. Au niveau du
ministère de la Santé et des Services sociaux, il y a sûrement... il y a
beaucoup de gens qui sont très compétents, mais voilà un ministère où, comment
je vous dirais donc, à ma connaissance, la circulation dans d'autres endroits
dans le gouvernement n'a pas été...
15 h 30 (version non révisée)
M. Clair (Michel) : ...tellement
forte. Alors si je prends des ministères comme à l'époque, moi, j'ai été
sous-ministre aux Ressources naturelles, il y avait des gens qui venaient,
beaucoup d'Industrie et Commerce, qui venaient d'Agriculture, il y avait une
mixité. Si on veut des cultures organisationnelles. Alors, on le faisait dans
le respect des personnes, mais c'est très différent, avoir un ministère de
planification, de développer des orientations d'un ministère qui a glissé
progressivement sur... sur la gestion opérationnelle. Ça ne diminue aucunement
la qualité des personnes qui sont là. Mais à un moment donné, ce n'est plus les
mêmes habiletés. Puis il y a une culture à faire évoluer, selon moi.
Mme Caron : D'accord. Et
puis, quand vous vous disiez renouvellement des effectifs, peut-être jusqu'à
hauteur de 50 %, c'est bien ça que j'ai compris.
M. Clair (Michel) : Oui,
du côté... du côté de l'agence.
Mme Caron : De l'opérationnalisation.
M. Clair (Michel) : Je
pense que si on veut avoir des approches de gestion opérationnelle, de gestion
des ressources humaines, de mobilisation des gens, je pense que ça serait bon
qu'il y ait du sang neuf. C'est une opinion.
Mme Caron : Parfait. Ce
qui rejoint d'ailleurs ce que nous disait la commissaire à la santé et au bien
être et qui disait : On devrait en profiter pour aller chercher des
expertises nouvelles pour pouvoir innover.
M. Clair (Michel) : Absolument.
Mme Caron : D'accord.
Justement, côté de l'ancienneté, étant donné que c'est un employeur unique et
qu'il existe plusieurs conventions collectives, est-ce qu'il y a des mises en
garde, des conseils, des recommandations que vous auriez pour éviter peut-être
les difficultés des conventions collectives qui ont dû être mises ensemble au
moment des regroupements municipaux? Est-ce que l'on risque de revoir un peu ça
cette fois-ci dans le cadre de l'agence?
M. Clair (Michel) : Vous
me faites plaisir de poser cette question-là parce que je fais le lien avec la
question de M. le ministre. Si je comprends bien, là, les syndicats, comme le
Conseil du trésor. Ils ont quelques années devant eux pour développer ensemble
les politiques, les mécanismes, les façons de faire pour dire : On va
concevoir quelque chose qui n'existe pas aujourd'hui. On va concevoir des
outils de pondération en fonction de différents types de postes pour que ce
soit plus équitable, pas moins équitable, plus équitable. Donc, pour faire ça,
c'est sûr qu'il faut mettre des cerveaux autour d'une table, des cerveaux de
bonne foi, puis dire : On pense qu'en 2023, ça fait du sens que de dire
que pour une bonne proportion des postes, la compétence, l'expérience dans le
poste et l'ancienneté ont des importances relatives qui peuvent varier selon
les circonstances.
Ça ne concerne pas tous les postes, mais
si je prends par exemple des infirmières, des infirmières en CHSLD, il peut
avoir des postes, oui, à la prévention des infections, qui sont particuliers,
mais ce que j'appellerais positivement, là, des infirmières régulières, là, sur
le plan des soins de longue durée, là, c'est plus difficile de dire :
Bien, ça prendrait d'autres règles que l'ancienneté. L'ancienneté a toujours
bien fonctionné puis l'ancienneté et l'expérience vont souvent de pair dans ce
milieu-là, mais ce n'est pas le cas de toutes les... de toutes les fonctions.
Mme Caron : Parfait.
Alors, outre les conseils locaux pour la reddition de comptes et puis pour une
alliance communautaire avec les différents acteurs, vous avez parlé de
dévolution asymétrique de certains pouvoirs à des conseils d'administration.
Donc, ce serait... l'instance des conseils d'administration-là?
M. Clair (Michel) : Bien,
je n'ai pas élaboré, là, mais dans le fond, si on veut, si nous pensions comme
société que nous aurions avantage à recréer une vraie décentralisation au
niveau des territoires de CLSC, honnêtement, pour en avoir discuté avec M. Dubé,
je me rends à l'argument que ça serait difficile opérationnellement de le faire
de but en blanc aujourd'hui. On est allé trop loin dans l'autre direction. Mais
si nous voulions reprendre le chemin de la dévolution vers les milieux locaux,
une structure de société d'État, ça permet de créer des filiales. Rien n'empêcherait
la filialisation, entre guillemets, progressive des, comment je dirais, de l'organisation
des services de manière asymétrique, en se disant qu'on ne crée pas de modèle
unique en partant.
Mme Caron : Puis puis ma
dernière question pour le temps qu'il nous reste, environ deux minutes, qui
aura la responsabilité... C'est à dire quel sera le rôle et les responsabilités
des gestionnaires par rapport... à la lumière de, par exemple, des conseils
locaux que vous préconisez ou...
M. Clair (Michel) : Moi,
mon... C'est... La seule obligation, c'est d'être, je vous dirais, c'est d'être
transparent puis de répondre aux questions du conseil qu'il leur pose sur leurs
opérations...
M. Clair (Michel) : ...Encore
une fois, moi, là, ce niveau-là, là, c'est vraiment de dire : Si on veut
redonner de la confiance à la population locale dans l'organisation puis la
dispensation des services de proximité, je pense que ça serait important que
les directeurs, entre guillemets, ou directrices locales se présentent au moins
deux fois par année pour répondre aux questions puis présenter leurs données de
façon transparente. Ça aurait deux résultats. Ça donnerait confiance aux gens
comme quoi que l'argent est bien dépensé, puis qu'on progresse dans l'atteinte
de certains résultats.
Mais deuxièmement aussi, là, par rapport à
la structure verticale, si un directeur ou une directrice locale a l'appui, là,
et la pression de son conseil de surveillance pour dire : Eh, ça, là, ça
ne marche pas. Ça fait trois ans de suite qu'on met plus d'argent dans
l'aide... dans le soutien à domicile puis on augmente de 10 %, puis la
croissance de l'offre de services est juste de 2 %. Ça ne fonctionne pas.
Qu'est-ce que c'est qui se passe? Donc, ça donnerait plus de légitimité, dans
le fond, à l'action de cette personne-là.
Mme Caron : ...remercie
beaucoup. Alors, j'aurais une autre question, mais 30 secondes, je pense
que je ne pourrai pas la poser. C'était à propos des données que vous proposez
de compiler localement. Puis on a la VG qui nous disait : Il faudrait
qu'il y ait une interopérabilité peut-être des systèmes pour que les données
soient accessibles.
M. Clair (Michel) : Absolument.
Il n'est pas question de proposer d'avoir deux, trois... excusez-moi
l'anglicisme, là, mais deux, trois... de données là. Mais c'est simplement que
la donnée plus granulaire, elle est présentée à un niveau local où les gens
peuvent voir qu'est-ce que les services publics font pour eux puis où les
organismes du milieu peuvent interfacer avec cette organisation publique là, de
façon à développer des concertations qui soient fécondes et productives.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors... Merci, Mme
la députée. M. le député de Rosemont, poursuivez.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. M. Clair, bonjour.
M. Clair (Michel) : Bonjour.
M. Marissal : Je ne suis pas
impoli, je suis pressé. Je vais couper court...
M. Clair (Michel) : Pardon?
M. Marissal : Je ne suis pas
impoli. Je suis très pressé dans le temps, alors je vais couper court...
M. Clair (Michel) : Oui, O.K.
M. Marissal : ...aux
salutations. On se reparlera une autre fois avec grand, grand plaisir.
M. Clair (Michel) : Oui, oui.
Pas de souci.
M. Marissal : Qu'est-ce qui
vous fait croire que les GMF, ou les CMS, qui sont essentiellement des
entreprises privées, seraient volontaires pour aller présenter
trimestriellement leurs résultats à un conseil, alors que la VG, la
vérificatrice générale, nous a dit il y a quelques heures ici qu'elle-même n'avait
pas vraiment les moyens de les contraindre à ouvrir les livres.
M. Clair (Michel) : C'est
parce que les lois ne le prévoient pas. Je regrette, mais les établissements
privés conventionnés, les EPC, là, quand tu remplis l'AS-471, là, il est
public. J'ignore par quelle loi ou quel règlement, mais c'est une obligation.
C'est une obligation légale, hein, puis les établissements privés conventionnés
se conforment à ça depuis les années 70.
M. Marissal : ...c'est
clairement des subventions de fonctionnement qui sont dirigées vers les CMS...
Parce qu'en ce moment c'est des contrats...
M. Clair (Michel) : Oui, oui.
M. Marissal : ...le plus
souvent des contrats de gré à gré.
M. Clair (Michel) : Mais ce
que je vous dis... On pourrait rentrer dans le détail, là, mais ce que je dis
moi tout simplement, c'est que c'est légitime pour la société. Quand on est une
entreprise privée d'intérêt public, c'est légitime, un, que l'État nous demande
d'avoir des mécanismes de gouvernance reconnus et, deux, c'est légitime que de
façon dépersonnalisée bien sûr, là, mais que le public ait accès aux résultats
opérationnels, cliniques, généraux. C'est simplement d'avoir une reddition de
comptes qui soit publique. Ça peut être organisé de différentes façons.
• (15 h 40) •
Moi, je me dis aujourd'hui que, si j'étais
impliqué dans un GMF, plutôt que d'avoir... plutôt que de laisser courir la
perception qu'on reçoit de l'argent... on est des privés puis qu'on fait de
l'argent, j'aimerais beaucoup mieux pouvoir aller présenter mes résultats,
montrer... pas les résultats financiers. Ça, les autorités gouvernementales ou
l'agence, ils vont s'en occuper. Moi, je vous parle de l'accès. Je vous parle
de la qualité de l'acte, de la qualité de la prise en charge. C'est ces données-là
que je pense que les gens veulent avoir, de dire les heures d'ouverture, est-ce
qu'on les a respectées, d'avoir de la donnée qui est pertinente pour juger,
dans le fond, de l'atteinte des objectifs pour lesquels les... des
organisations... des entreprises privées d'intérêt public devraient rapporter,
selon moi. Et je ne verrais pas pourquoi on s'opposerait à ça, là, au nom de
quoi, de dire : Moi, je suis...
M. Marissal : Au nom, par
exemple des contrats privés qui sont soumis à la confidentialité...
M. Clair (Michel) : Bien, je
ne vous parle pas des contrats privés, moi. Je vous parle des indicateurs de
gestion puis des indicateurs de performance cliniques, opérationnels...
M. Clair (Michel) : ...accessibilité,
de satisfaction de la clientèle, des choses comme ça.
M. Marissal : O.K. Merci à
vous.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député des Îles-de-la-Madeleine,
2 min 52 s.
M. Clair (Michel) : Ça serait
intéressant, hein?
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Je suis très heureux, M. Clair, de vous avoir entendu et d'avoir l'occasion de
vous poser des questions pendant deux minutes et demie. Très impressionné par
votre présentation et aussi ému parce qu'on a eu l'occasion de parler de votre
ancienne collègue, ma prédécesseure, Denise Leblanc, la première femme à
avoir représenté les Îles de la Madeleine à l'Assemblée nationale.
Bref, votre connaissance du sujet et
d'extraordinaire. Je voudrais d'abord vous poser une question très précise sur
la gouvernance. Vous êtes d'accord avec le choix du gouvernement de mettre en
place une agence, si je comprends bien?
M. Clair (Michel) : Oui, tout
à fait.
M. Arseneau : Mais ce que
vous dites, c'est que l'agence ne doit pas répéter le modèle du ministère,
c'est-à-dire s'encombrer, là, dans une vision verticale et puis tout diriger
depuis Québec, c'est ça?
M. Clair (Michel) : Bien,
moi, je crois dans la gouvernance contemporaine, ça a des caractéristiques. Ce
serait trop long de les énumérer. Je pense que l'agence devrait être soumise à
ces éléments de gouvernance contemporaine au même titre que les sociétés d'État
et qu'elle devrait même pousser plus loin sur le plan de la façon de concevoir
la gestion des ressources humaines et des services.
M. Arseneau : Et j'interprète
un peu vos propos, donc d'accord pour séparer la gouvernance des opérations ou
les orientations des opérations. Mais, pour ce qui est de la gestion, il faut
décentraliser ce qu'actuellement le projet de loi ne permet pas. Et la
décentralisation pourrait prendre une dizaine d'années, là, si on décidait
d'arriver avec une gestion de proximité et des conseils d'administration. Mais
d'ici là, une instance de gouvernance locale qui va chercher justement un
certain nombre d'intervenants locaux, ce serait un moindre mal.
M. Clair (Michel) : Bien, je
me rends l'argument. Je suis conscient, vous savez que, si dans un monde idéal,
ce serait la décentralisation, la recréation de conseils d'administration au
niveau des territoires de CLSC. Mais je suis conscient, là, que tout ça serait
un gros contrat aujourd'hui. Mais quels sont les objectifs que l'on poursuit
par la décentralisation? Un, la reddition de comptes transparente, populationnelle
à l'échelle locale; deux, une impulsion des organisations locales sur deux
choses, l'organisation des services publics de proximité puis, deux,
l'interface de tous les acteurs socioéconomiques avec le secteur de l'agence.
Troisième objectif, favoriser un sentiment d'appartenance des ressources
humaines à leurs institutions en favorisant une culture organisationnelle à
prédominance humaine plutôt qu'à prédominance, je dirais...
M. Arseneau : Oui, oui.
M. Clair (Michel) : ...normative.
M. Arseneau : Donc, je
comprends que la transparence, c'est fondamental.
M. Clair (Michel) : Alors,
c'est donc trois... trois des quatre grands objectifs seraient atteints, selon
moi.
M. Arseneau : Exact.
Transparence fondamentale pour rétablir la confiance, mais aussi avoir un
pouvoir d'influence sur les services auxquels on est en droit de s'attendre,
puis pas de solution unique pour l'ensemble du Québec, non seulement région par
région, mais presque sur le plan individuel, dans la gestion des ressources
humaines aussi, créer des équipes qui soient motivées et engagées.
M. Clair (Michel) : Je pense
que vous savez la, la centralisation, puis la centralisation telle qu'on la
connaît, là, c'est une responsabilité partagée de l'évolution syndicale et de
l'évolution patronale, et du gouvernement. Si nous voulons replacer les humains
au centre de la préoccupation sur le plan de leur mobilisation au travail, je
pense qu'il faut que les deux parties se donnent un agenda de dire : On
pense qu'il faut aller dans une autre direction. On a le temps de le faire. Je
ne sais pas quand est-ce que vous allez régler votre convention collective en
négociation actuellement, mais elle va être bonne pour le moment, alors
pourquoi pas ouvrir des nouveaux chantiers?
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Mme la députée de
Vaudreuil, vous allez compléter cet échange s'il vous plaît.
Mme Nichols : Oui, avec
plaisir. Bonjour, Me Claire. Merci d'être parmi nous. J'ai compris puis j'ai lu
vos notes, là, puis j'ai compris que je comprends que vous êtes vraiment très
favorable à l'administration locale, même que vous favorisez, là,
l'administration locale. Moi, j'ai quelques réticences. Je ne suis pas sûr que
ça me tenterait d'aller voir un préfet ou un élu ou quelqu'un qui... J'ai
quelques réticences, je vous le dis, là, sur ce côté-là, mais on en a beaucoup
parlé. Je voulais aller dans la donnée puis j'en ai parlé un petit peu plus...
un petit peu plus tôt aussi, avec la vérificatrice... la Vérificatrice
générale. C'est parce qu'il n'y a rien présentement, là, dans le projet de loi
qui rend obligatoire d'uniformiser, d'uniformiser le tout, d'uniformiser les
données, alors qu'une fois de plus, vous vous nous rappelez à quel point, à
quel point c'est... c'est important. Vous parlez de l'information granulaire,
donc le système, le système uniforme n'est pas là. Quel....
M. Clair (Michel) : Ça va
sûrement prendre des.... Si ça n'existe pas, ça va sûrement prendre des...
comment je vous dirais, des priorités.
Mme Nichols : Bien,
l'importance de l'enchâsser...
M. Clair (Michel) : Bien,
c'est parce que, si on n'a pas de données... on ne peut pas... on peut très
difficilement...
M. Clair (Michel) : ...en tout
cas, encore plus difficilement améliorer quelque chose au sujet duquel on n'a
pas vraiment de données. Alors donc, puis c'est décourageant de ne pas avoir de
visibilité sur nos résultats. C'est décourageant à la base, là, si, tu sais, je
travaille, je travaille puis ce n'est pas mesuré. Alors, moi, je pense que ça
va être... ça va être dans les priorités, j'imagine, d'avoir des... d'avoir des
indicateurs de gestion qui sont pertinents, à l'échelle du Québec, et qui vont
être construits progressivement, si ça n'existe pas.
Mme Nichols : Et de
l'intégrer dans le projet de loi.
M. Clair (Michel) : Est-ce
que ça doit être fait par loi? Ça, je ne le sais pas, là. Ça peut être un
pouvoir habilitant, mais ça doit être fait.
Mme Nichols : Puis c'est
quoi, votre commentaire? Parce qu'en gros ce que vous nous proposez, là, ce
n'est pas ce qu'on voit dans le projet de loi, là. On vous écoute, on vous
entend, mais ce n'est pas dans le projet de loi, là.
M. Clair (Michel) : Ça n'en
prendrait pas beaucoup pour que ça y soit, parce que je ne remets pas en cause
des choses fondamentales. Je ne remets pas encore en cause des choses
fondamentales. Moi, je pense que c'est à vous, les parlementaires, de décider
de l'avenir, hein? J'ai fait mon temps, moi, ici.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je pense que votre
message est très bien reçu, M. Clair. Merci beaucoup de votre contribution
puis de votre présence à nos travaux, grandement apprécié.
On va suspendre temporairement pour
permettre au prochain groupe de se joindre à nous. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 48)
(Reprise à 15 h 50)
Le Président (M. Provençal)
:Nous reprenons nos travaux. Nous
recevons maintenant madame Carole Trempe, présidente-directrice générale de
l'Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux. Alors,
Madame, vous allez disposer de 10 minutes pour votre présentation et nous
poursuivrons avec les échanges avec les membres de la commission. Je vous cède
immédiatement la parole, madame.
Mme Trempe (Carole) : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le Président. Bonjour à tout le monde.
Alors, l'Association des cadres supérieurs regroupe les cadres supérieurs
directeurs adjoints, les cadres supérieurs directeurs, les directeurs généraux
adjoints des CISSS et CIUSSS, et les directeurs généraux des établissements
privés conventionnés. Donc, juste pour bien identifier la strate que nous
représentons, ça représente à peu près... autour de 1 200 hauts
dirigeants du réseau de la santé et des services sociaux. Merci pour cette
invitation.
Je dois vous dire qu'à cause du délai très
court qui s'est déroulé entre l'avis de convocation et notre présence
aujourd'hui, notre mémoire s'est concentrée sur deux volets que je vais
partager avec vous. On s'est concentré, donc, sur deux aspects. Le premier,
plus technique, porte sur l'impact de certains articles, notamment sur certains
titres d'emploi de cadres supérieurs, et le deuxième volet sur la gouvernance,
Santé Québec.
Alors, je vous présente, donc, dans
l'ordre, les premières observations concernant le volet conditions de travail.
En fait, ce qu'on a observé, c'est... la façon dont certains articles sont
rédigés pourrait...
Mme Trempe (Carole) : ...entraînant
un glissement de certaines fonctions de cadres supérieurs vers des fonctions
cadres intermédiaires. J'attire votre attention sur la fonction de directeur
médical. Aux articles 164, 165, on lit la personne adjointe au directeur
médical, alors, comme étant la personne qui sera sous l'autorité du directeur
médical et qui pourra même faire son intérim. Si on réfère à la notion de
personne adjointe en lien avec le répertoire des classes d'évaluation des
fonctions types de cadres supérieurs, on retrouve cette nomenclature, alors
qu'on pense évidemment, compte tenu de la fonction stratégique et de
l'importance de ce poste, ça devrait être clairement indiqué que ça demeure une
fonction de cadre supérieur. D'ailleurs, nos collègues du ministère nous l'ont
assuré, et c'est important, quant à nous, de vous... peut-être de sonner le
glas sur l'importance de revoir la formulation pour dissiper tout doute.
Une attention est également portée, avec à
peu près la même rationnelle, concernant les cadres commissaires aux plaintes
et à la qualité des services. On voit, à l'article 603, encore une fois,
la désignation «personne adjointe». Donc, ça crée des doutes sur le type de
fonction.
Dans la loi, par contre, on voit... dans
le projet de loi, c'est-à-dire, on voit la volonté clairement exprimée de
consolider et de renforcer l'examen des plaintes. Donc, juste porter à votre
attention le fait que, depuis 2005, cette fonction-là relève de l'encadrement
supérieur, notamment à cause de la reconnaissance et de l'importance capitale
de ces fonctions au sein de notre réseau de la santé et des services sociaux.
Également, concernant la fonction
directeur adjoint de services professionnels... aux services professionnels,
dans les mesures transitoires du projet de loi, à l'article 1 103, on
voit que le DSP deviendra un directeur médical, et on n'a trouvé aucune
disposition similaire pour la fonction directeur adjoint des services
professionnels. Donc, ça crée une certaine préoccupation. On se demande même si
cette fonction-là sera appelée à disparaître.
Dernière observation sur le plan
législatif. Concernant l'exclusivité de fonction prévue à l'article 58, on
est satisfaits de constater que cet article 58 du projet de loi se
rapproche de l'article 234 de la LSSSS, qui fut privé d'utilité en 2015
avec la réforme, menant souvent à des résultats qui ont eu pour effet de priver
les cadres supérieurs de vaquer à des occupations légitimes pour l'exercice de
leur poste. Donc, voilà pour le volet législatif.
J'aborderai donc la deuxième question
soulevée par notre mémoire, qui est celui de la gouvernance de Santé Québec.
Sur ce volet, le plan santé et le rapport Savoie nous ont promis une vaste
décentralisation de la gouvernance et ont fait de l'autonomie des établissements
un principe... un des principes fondateurs de la réforme et de la
réorganisation du réseau de la santé et des services sociaux. On est très
heureux de constater que certains éléments-phares du plan santé se retrouvent
dans le projet de loi, notamment la question de la gestion de la proximité et
le principe de subsidiarité. On considère qu'il s'agit probablement d'une
première étape qui mène vers le changement de culture requis et attendu.
D'ailleurs, le modèle qu'on connaît en ce moment craque, et puis... et ça prend
un engagement politique très fort pour opérer ce changement-là.
À la lecture du projet de loi,
actuellement, la vaste décentralisation annoncée ne se retrouve pas
nécessairement, ce qui nous fait penser ou présumer qu'il y aurait des
ajustements en cours pour co-construire, justement, cette transformation
culturelle tant attendue et tant espérée. Et d'ailleurs on réitère la
collaboration des hauts dirigeants du réseau de la santé, et notre
participation à l'égard de cette co-construction est toujours disponible
également.
Quand on lit le projet de loi n° 15,
au moment où on se parle, il y a plus de questions que de réponses qui
viennent... qui nous viennent, et on en a soulevé quelques-uns à travers le
court mémoire qu'on vous a déposé. Il manque plusieurs éléments d'information.
Je ne sais pas si ces éléments d'information devraient se retrouver dans la
loi, mais, après en avoir discuté avec un petit comité stratégique composé de
plusieurs dirigeants, on en est venus à identifier quelques questions.
La première, en lien avec les
articles 19, 25, 26 du projet de loi n° 15, pose un questionnement
sur la volonté de décentralisation. C'est-à-dire qu'on comprend bien la
création de Santé Québec avec une certaine mainmise qui reste en faveur du
ministre. Alors, est-ce qu'il s'agira simplement de l'ajout d'une structure
supplémentaire ou bien s'agira-t-il d'une allée vers cette décentralisation? La
question se pose parmi nos...
Mme Trempe (Carole) : ...Deuxième
chose, cette nouvelle culture de transparence ou de proximité ou de... cette
nouvelle gouvernance va émerger de quelle façon? Comment est-ce qu'on va s'y
prendre? Quel sera le ou les principes directeurs qui engendreront ce réel
changement qui est souhaité? Une question en lien avec quels seront les acteurs
stratégiques? À qui est-ce qu'on va confier la coordination de l'ensemble des
opérations de Santé Québec? D'où proviendront ces acteurs? Est-ce qu'ils
proviendront du secteur public, du réseau de la santé et des services sociaux,
du secteur privé? Est-ce qu'il s'agira de gens qui y seront relocalisés à
partir du ministère de la Santé et des Services sociaux? Leurs conditions de
travail, à ces fameux acteurs stratégiques, seront-elles les mêmes conditions
de travail que celles qui sont prévues actuellement dans le règlement portant
sur les conditions de travail et d'exercice des cadres supérieurs et des hors
cadres? Vu l'importance de la responsabilité et l'imputabilité de chaque
gestionnaire de proximité qu'on s'apprête à nommer, est-ce que, dans chaque
installation, est-ce que ces gens seront... feront partie du personnel
d'encadrement supérieur? Vous voyez, ce sont des questions que le projet de loi
suscite en ce moment, mais, comme je le dis, force nous est de constater que sans
doute, il y a une co-construction qui va devoir se faire au fur et à mesure que
les événements se passent.
Donc, en gros, il s'agit de nos
observations et de nos commentaires en lien avec les deux volets que nous avons
traités à travers ce mémoire. Merci de m'avoir accordé le temps de présenter
ses observations et commentaires.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre exposé.
Nous allons initier immédiatement les échanges et nous débutons avec M. le
Ministre.
M. Dubé : Écoutez, M. le
Président, merci beaucoup, et merci de votre présentation, surtout que je
comprends Mme Trempe, là, que vous n'avez pas eu beaucoup de temps non
plus, puis que c'est un projet quand même assez substantiel. Mais il y a deux
points que vous faites ressortir clairement, puis je veux essayer d'en
clarifier un peut-être rapidement. Il y a beaucoup de terminologies, puis vous
avez raison, là, j'en glissais un mot à Mme Savoie que vous connaissez
bien, là. Qu'on devrait vous rassurer que notre objectif n'est pas de baisser
le niveau de cadres, parce qu'on parle d'un adjoint administratif, ou quoi que
ce soit, puis si c'est de la terminologie légale qu'il faut s'ajuster, je veux
juste vous rassurer, on va le faire. On a la chance ici de vous écouter de vive
voix de M. Daniel Paré que vous connaissez maintenant, là, qui est le
grand responsable de toutes nos ressources humaines maintenant. Alors, entre
autres, je pense que je veux juste vous rassurer. Je n'irai pas dans le détail
de chacun des points que vous avez faits, là, des différents articles, mais, je
pense, vous n'avez pas à vous inquiéter, mais si ça vous inquiète, on va... on
va le clarifier très rapidement. Puis j'en prends bonne note de le discuter
avec mes collègues qui ont sûrement pris bonne note aussi qu'on pourra faire
ces clarifications-là par voie d'amendement lorsqu'on passera à l'article par
article.
J'ai plus une question de fond que je vais
me servir, parce que vous avez raison de dire : C'est tout un changement
de culture qu'on fait là. Puis vous vous avez... on s'est parlé plusieurs fois,
là, dans les trois dernières années, quand je parlais aux cadres pour savoir
comment ça allait, puis je sais ce que vous pensez un peu de l'ancienne
réforme, là, je n'embarquerai pas dans le politique de ça, là, mais il y a
beaucoup de vos cadres supérieurs qui ont perdu leur emploi avec cette
réforme-là qui a été très, très difficile pour beaucoup de cadres supérieurs,
on le sait. Par contre, ce que je voudrais vous... vous dire puis j'aimerais ça
vous entendre là-dessus parce que vous dites : Comment... comment ça va
arriver pour qu'on ne fasse pas les mêmes erreurs. Que ce ne soit pas vu comme
une autre réforme où...
• (16 heures) •
Et ce que j'aimerais vous dire, puis après
ça vous entendre, c'est Mme Castonguay, ce matin, je ne sais pas si vous
avez eu la chance de l'entendre, mais elle a été très claire que, même si ce
n'est pas dans le projet de loi comme tel, ça nous prend un plan de transition
très fort, très, très fort, parce qu'on peut bien avoir la structure voulue,
jour un, elle va évoluer, un peu comme disait M. Clair tout à l'heure,
vous allez avoir à faire des changements au fur et à mesure des deux, trois
prochaines années, des fois, ça va être d'attendre qu'est-ce qui se passe au
niveau syndical. Là, on va donner des grands thèmes. Moi, je voudrais savoir
comment vous... vous pouvez participer à cette transition-là avec l'expérience
parce que vous réunissez à peu près 10 000 cadres, c'est-u à peu près
ça, là, que...
Mme Trempe (Carole) : En
fait... bien, en fait, ils sont répartis sur plusieurs... sur trois...
16 h (version non révisée)
Mme Trempe (Carole) : ...sur
trois associations. Mais pour notre association, il y en a à peu près 1 200 personnes
qu'on représente, là.
12 223
M. Dubé :
O.K. les 1 200, les 1 200 qui sont ce qu'on appelle des cadres.
Mme Trempe (Carole) : Les
directeurs. Les cadres supérieurs. Des cadres supérieurs...
12 223
M. Dubé :
Des cartes supérieures au réseau de la santé, ce n'est quand même pas
négligeable, là.
Mme Trempe (Carole) : Exactement.
12 223
M. Dubé :
Alors, comment vous voyez... Parce qu'encore une fois, moi, je... La loi, c'est
une chose. Le projet de loi, c'est une chose, mais je veux que les Québécois
comprennent qu'on va avoir à faire beaucoup de choses en parallèle parce que la
journée qu'on voterait, là, avec les changements qui auront été demandés, ça n'arrivera
pas demain matin, ça. On va être capable de dire : On a une transition qui
est prévue de six mois, au moins six mois. Alors, je voudrais vous entendre
sur... Après avoir fait les commentaires que vous venez de faire, vous voyez ça
comment, cette transition-là pour ne pas qu'on répète les mêmes erreurs que la
dernière fois?
Mme Trempe (Carole) : Je
pense que la première considération qui est... qui est capitale, c'est la
volonté que vous démontrez de vouloir changer la culture. Ça, c'est la première
chose. De vouloir décentraliser à travers vos paroles et les écrits, le plan
santé et le rapport Savoie, comme je le disais tout à l'heure, nous a vraiment
mis l'eau à la bouche sur la décentralisation de façon à ce qu'on attende, on
espère se voir conférer l'autonomie nécessaire à l'exercice de la fonction de
haut dirigeant du réseau de la santé. En fait, plus qu'une reconnaissance, des
pouvoirs, une flexibilité décisionnelle pour être en mesure justement de
collaborer à ce changement de culture en agissant autrement par la proximité et
par le pouvoir décisionnel que vous allez nous conférer. En fait, c'est ce qu'on
espère.
12 223
M. Dubé :
Prenons un exemple.
Mme Trempe (Carole) : Oui.
12 223
M. Dubé :
Je vais donner un exemple. On parle d'un directeur médical ou on va parler
d'un directeur médical, administratif ou adjoint, là, peu importe, là. Mais ce
qu'on veut faire, puis ça, je pense que le projet de loi, il est très clair, c'est
qu'on veut donner à ces gens-là des leviers pour être capables, quand il y a
des cas de désaccord, d'être capables de prendre une décision. Parce que quand
un directeur médical, peu importe son titre actuel, ça va bien, puis on s'entend
sur l'organisation du travail puis quel patient devrait passer avant puis qu'il
y a toute cette organisation là du travail, quand on s'entend, ça va bien. C'est
quand, des fois, woups, il y a des choix à faire qui sont difficiles, moi, ce
que je crois, c'est que le directeur médical doit avoir des leviers pour dire :
Bien, excusez, là, oui, c'est vrai, vous êtes docteur, mais moi, j'ai un
travail à faire qui s'appelle : j'ai de la fluidité à m'organiser dans mon
hôpital. Je comprends que vous avez une responsabilité éthique ou une autonomie
professionnelle, mais je vais vous challenger aussi que j'ai besoin de penser à
la prochaine personne. Et je veux que les gens comprennent, quand vous demandez
quel genre d'autorité on peut avoir, ça, c'en est un exemple. Est-ce qu'on se
comprend bien? Parce que...
Mme Trempe (Carole) : Oui,
oui. En fait...
12 223
M. Dubé :
On l'a déjà discuté.
Mme Trempe (Carole) : Oui.
12 223
M. Dubé :
Mais je veux que les gens comprennent, qui nous écoutent aujourd'hui, ça
veut dire quoi avoir un exemple de ça, là.
Mme Trempe (Carole) : Ça
veut dire... Bien c'est... L'exemple que vous donnez, si je peux continuer
dans ce sens-là, je pense qu'à partir du moment où on permet à la personne qui
est en autorité de prendre une décision, sans nécessairement devoir toujours
valider avec le... ce qu'on appellera le politique, là, en agissant de façon
fluide, en fait, en instaurant une culture de mouvement, hein, plutôt que de
changement, mais de mouvement, pouvoir bouger pour donner... pour répondre
rapidement...
12 223
M. Dubé :
O.K.
Mme Trempe (Carole) : ...en
temps réel aux soins et services, en ayant les leviers. Et surtout vous parliez
et on a eu, comme vous le dites, M. Dubé, on a eu plusieurs échanges, on a
souvent parlé d'imputabilité et de responsabilité. Mais le pendant de ça, c'est
d'avoir les moyens et également de pouvoir les exercer.
12 223
M. Dubé :
Les leviers. Moi, c'est ce que j'appelle les leviers.
Mme Trempe (Carole) : Les
leviers. Bon, c'est ça.
12 223
M. Dubé :
Bon bien, écoutez, j'aurais d'autres questions, mais je sais que quelques-unes
de mes collègues, ici... M. le Président, peut être voir avec qui...
17 829
Le
Président (M. Provençal)
:...la
députée de Marie-Victorin.
19 063
Mme Dorismond :
Bonjour, bonjour.
Mme Trempe (Carole) : Bonjour.
19 063
Mme Dorismond :
Je veux savoir. J'avais une question, mais vous savez, moi je suis
infirmière clinicienne depuis 20 ans en santé communautaire et j'ai aussi
comme mandat, là, de remettre sur pied les CLSC. Et partout où je vais, dans
chaque CISSS, CIUSSS que je vais, on parle beaucoup de gestion de proximité et
que le mur à mur, ce n'est plus possible. Donc, j'aimerais savoir votre vision,
votre vision comme gestionnaire, là, pour la nécessité d'un changement dans le
réseau de la santé. Même quand je vois... je vais voir mes collègues, là, de
terrain, des infirmières, là, ou des inhalothérapeutes ou les médecins, le mur
à mur, ce n'est plus possible puis le changement de culture, c'est vraiment
nécessaire. J'aimerais savoir votre vision à vous.
Mme Trempe (Carole) : Vous
savez, je pense que ce qui est important de...
Mme Trempe (Carole) : ...ne
jamais perdre de vue, c'est le fait que le réseau de la santé est mené par des
humains pour des humains. Et cet élément-là, malheureusement, pour toutes
sortes de considérations, a été un peu écarté, je pense, en tout cas écarté de
la pensée et de la philosophie qu'il devrait pourtant sous-tendre.
Les régions ont des réalités différentes,
les populations ont des réalités différentes. Les organismes communautaires,
quant à moi, sont des éléments extrêmement clés pour faire la différence dans
la vie au quotidien de la population, tant sur le plan de la santé que sur le
plan des services sociaux. Alors, tenir compte de toutes ces distinctions... Le
mur à mur, comme vous dites, là, qui ne s'applique... le hamburger qu'on mange
en Chine ou qu'on mange... chez McDo, à Montréal ou en Chine, là, composé de la
même façon, la standardisation, ça n'a pas de bon sens, ça ne tient pas la
route. On a vu où ça nous a menés. Alors, l'importance de la proximité, c'est
connaître les employés qui travaillent dans notre installation, connaître les
patients, connaître les familles des patients, connaître les organismes
communautaires, connaître le chef de police, connaître le chef de pompiers,
connaître le directeur d'école. Bon, vous voyez, là, vous comprenez.
Alors, la vision qu'on a, nous, c'est
d'humaniser davantage la gestion, permettre aux gestionnaires... Vous savez,
les gestionnaires sont déjà engagés par cœur dans le réseau de la santé. Et
vous le savez, vous les connaissez. Ces gens-là, ce qu'ils demandent, c'est de
pouvoir exprimer... exercer cette influence-là dans leur travail, parce qu'ils
sont là pour faire la différence. Alors, comme ce sont des gens qui sont des
experts de milieu, des experts du terrain et qui possèdent l'expertise, la
connaissance de ce milieu complexe, bien, qu'on leur donne un mandat clair
d'avoir les coudées franches et de pouvoir, justement, prendre des décisions
dans une fluidité et dans un contexte humain de proximité. Je ne sais pas si je
réponds à votre question.
Mme Dorismond : Merci, oui.
Le Président (M. Provençal)
:Député de Saint-Jérôme, vous avez une
question?
M. Chassin :Merci. Alors, évidemment, c'est vraiment en droite ligne
avec ce que ma collègue soulevait, puis c'est un peu ce que M. Clair
disait. Alors, je ne sais pas si vous l'avez entendu, mais il y a... donc, il y
a évidemment des liens hiérarchiques, des responsabilités. Il y a aussi une
partie que vous évoquiez à l'instant, là, de mobilisation, de leadership, de
relations avec le milieu. Le milieu de la santé a probablement un rôle central
à jouer sur plein d'indicateurs, et on veut un réseau plus humain, tant pour le
personnel à l'interne qu'à la limite pour le lien avec la communauté. Est-ce
que vous verriez, dans ces directions d'installation, là, ce rôle de faire le
lien? Est-ce que vous le mettriez à un autre niveau? Pouvez-vous préciser
là-dessus ce que vous envisagez?
Mme Trempe (Carole) : Juste...
juste pour être bien certaine de comprendre ce que vous me demandez.
M. Chassin :La relation avec la communauté, là, externe.
Mme Trempe (Carole) : La
relation avec la communauté, oui. Bien, écoutez, je pense que ça fait partie
des attributions des gestionnaires, justement, de faire ces liens-là. C'est des
liens de proximité, alors c'est comme une petite communauté chaque fois. Oui,
je pense que les gens sont en mesure d'effectuer et de faire la mise en action,
appelons ça comme ça, de ce lien de proximité.
M. Chassin :Est-ce que vous diriez qu'il faut le préciser quelque part,
ce rôle de leadership ou de communication externe?
Mme Trempe (Carole) : Vous
savez, je pense que chaque organisation chapeautée par un P.D.G. pourrait très
bien prendre ce type de décisions avec l'équipe de direction, voir comment ça
va s'orchestrer. Il ne faut pas aller dans la nanogestion, hein, parce qu'on en
a déjà vécu là, puis ça n'a pas donné de grands résultats. Ça fait que moi, je
pense que laisser la chance au coureur, faire confiance aux gens, savoir qu'on
a affaire à des experts, puis déterminer, dans l'organisation, c'est quoi, les
valeurs, qu'est-ce qu'on veut mettre de l'avant, comment est-ce qu'on va s'y
prendre.
M. Chassin :Donc, ce n'est peut-être pas le texte législatif qui est le
meilleur outil pour déterminer comment procéder.
• (16 h 10) •
Mme Trempe (Carole) : Vous
savez, je ne pense pas qu'un texte législatif, pardon, puisse camper une
culture. Je pense qu'il peut nous donner... il peut nous donner des balises,
hein? Puis, vous savez, on a vécu ce que... par la réforme 2015, je ne
veux pas m'éterniser là-dessus, mais on a vécu ce que c'était, le sens pur d'un
changement de structure. Là, là, on parle d'autre chose, on parle d'un
changement de culture. Et ça, bien, c'est plus long, c'est moins drastique,
c'est plus humain, c'est plus dans le «soft», pour parler français, et, bien,
ça ne prend pas des textes, nécessairement. Ça prend, oui, un texte
d'orientation, ça prend des chartes, ça prend des valeurs, ça prend des
missions discutées, ça prend de l'ouverture, de la collaboration, de la transparence.
C'est un changement de paradigme. Il faut écarter la verticalité le plus
possible. Il faut penser autrement, il faut faire autrement. Vous savez,
toujours essayer de faire la même chose, puis souhaiter un changement, c'est la
définition de la folie. C'est Einstein qui l'a dit, ce n'est pas moi.
M. Chassin :Absolument.
Le Président (M. Provençal)
:La députée de Bonaventure aurait une
question.
Mme Blouin : Oui, une
question...
Mme Blouin : ...à la fois
assez simple et complexe, je pense. J'aimerais savoir pour en assurer son
succès, qu'est ce qu'on doit absolument retrouver dans le projet de loi?
Mme Trempe (Carole) : Écoutez,
c'est une question, oui, simple et complexe, c'est à dire que c'est une... moi,
je ne suis pas une légiste, mais peut-être des précisions ou des lignes
directrices un peu plus articulées autour de ce dont on discute en ce moment,
là. Comment ça peut se faire? Je suis désolée, je ne peux pas répondre
clairement à votre question parce que j'imagine que ça prend des habiletés que
je n'ai pas, là, puis que je ne peux pas partager avec vous. Mais quelques fils
directeurs supplémentaires, peut-être quelques éléments d'orientation.
Mme Blouin : Donc, pour aider
les cadres à faire atterrir le projet de loi, puis que ça se passe bien.
Mme Trempe (Carole) : Bien
oui, mais comme je... Mais, en fait, vous savez, à partir du moment où
l'orientation ministérielle va être claire puis qu'elle va descendre dans les
organisations, bien, moi je pense qu'il faut laisser les organisations trouver
leur façon de faire pour justement faire descendre ce changement de gouvernance
là. Puis, oui, on est des acteurs importants, on est des acteurs centraux. Tu
sais ce que je veux dire, il n'y a pas une journée qu'on n'entend pas parler du
réseau de la santé dans les journaux, à la télé, n'importe où, là.
M. Dubé : Mais peut-être que
je peux...
Le Président (M. Provençal)
:Bien, oui, deux minutes.
M. Dubé : Parce que pour tout
le monde, ici, là, je pense que ce qu'on retrouve principalement dans le projet
de loi, c'est ce qu'on doit avoir sur une base légale pour être sûr que les
postes sont clairs et que les leviers sont là. Parce que souvent, on est pris
avec des responsabilités ou des gouvernances professionnelles qu'il faut
clarifier par les leviers que chacun peut avoir un sur l'autre, et ça, c'est ce
qu'on a essayé de mettre le plus possible clair dans le projet de loi.
Par contre, les éléments de culture puis
tout ça, c'est pour ça qu'on pourrait... on pourrait faire la charte des
valeurs puis tout ça, mais ça ne va pas dans le projet de loi. Je pense que ce
que Mme Florent dit, c'est ce qui est important, c'est il faut que ça soit...
Il faut que ça soit quelque part. Mais la culture, il ne faut pas que ça soit
dans le projet de loi, mais ça va devoir être ce qu'on a commencé à véhiculer.
Ce n'est pas un élément de structure, c'est un élément de culture. Ça fait que
je comprends la question qu'on pose, mais il me semble que vous avez raison de
dire : Est-ce qu'il y aura une charte des valeurs à établir? La réponse,
c'est oui, mais je ne suis pas sûr qu'elle va dans le projet de loi. Alors, ça
va être intéressant de continuer ces discussions-là. Mais je vais laisser mes
collègues...
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Maintenant, la suite va
appartenir à Mme la députée de La Pinière pour la suite de nos échanges.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Alors merci pour votre présentation, madame Trempe. La question que j'aurais
pour vous, c'est comment vous envisagez le fait que la future agence de santé
Québec va devenir un employeur unique. Qu'est-ce que ça va signifier pour vous
dans la gestion des ressources humaines, par exemple?
Mme Trempe (Carole) : Ça fait
partie des questions qu'on se pose nous aussi. Je m'excuse de répondre par une
question à votre question.
Mme Caron : Ça va.
Mme Trempe (Carole) : Mais en
fait, ce n'est pas par par manque de respect à votre égard, mais c'est parce qu'il
y a certaines questions qui doivent être répondues avant qu'on puisse aller
plus loin dans le sens de répondre à votre question.
Je le disais tout à l'heure d'entrée de
jeu, il y a des réponses qu'on n'a pas encore. Qui sera l'équipe stratégique et
quel sera le mandat de cette équipe? Parce que coordonner les activités, les
opérations, qu'est ce que ça veut dire concrètement? Comment ça va descendre?
C'est des questions qu'on se pose en ce moment, puis je le répète, c'est des
questions qu'on a déjà posées à M. Dubé parce qu'on a échangé sur ces
aspects-là à quelques reprises, puis c'est des choses dont on est conscient
qu'elles devront être répondues en cours de route. Alors, ce que nous, on
espère, dans ce contexte-là, c'est qu'n sera consulté et on fera partie des
gens qui seront aussi partie de la coconstruction de ça.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Pour revenir tout à l'heure, on parlait de connaître les acteurs locaux, les
patients, le personnel, le domaine communautaire. Juste avant vous, il y avait
un Me Claire qui est venu et qui proposait des conseils locaux pour la
reddition de comptes, mais aussi pour faire le lien avec le communautaire, des
conseils où il y aurait peut-être des... c'est ça, de surveillance, mais aussi
s'assurer que le communautaire est là pour que les services répondent bien à la
population localement, là. Et par contre, vous avez mentionné, je dirais,
peut-être une vision différente des choses en disant que ça fait partie des
attributions du gestionnaire de faire ces liens avec la communauté. Est-ce que
vous pouvez nous en parler un petit peu plus?
Mme Trempe (Carole) : Oui,
bien....
Mme Trempe (Carole) : ...oui,
je pense que vous référez, en fait, à la question de la gouvernance des
conseils d'administration. Oui, c'est ça. Bien, écoutez, nous... nous,
depuis...
Mme Caron : Oui, non,
j'allais dire, c'est parce qu'il nous parlait de gouvernance matricielle à
l'échelle des territoires de CLSC. Et puis... et c'est ça, il nous parlait de
conseils locaux, de reddition de comptes, surveillance, mais avec une alliance
communautaire.
Mme Trempe (Carole) : Bien
entendu, ce qui est important au niveau de la... Comment dire? Ce qui est
important, c'est de trouver une façon de rendre la gouvernance accessible. En
fait, vous savez, le citoyen doit pouvoir avoir confiance en ses institutions,
dont le conseil d'administration de l'organisation sociosanitaire de sa région.
Pour ça, il faut qu'il puisse se retrouver pas devant quelque chose qui soit
potiche, mais quelque chose qui lui donne les éléments de base pour avoir et
pour bâtir cette relation de confiance là. Nous, on a depuis... de tout temps
insisté sur l'importance d'accorder des pouvoirs plus grands aux conseils
d'administration et une représentativité plus proche de la population. Alors,
tout ce qui va dans ce sens-là, pour nous, on y est favorables.
Mme Caron : O.K. Est-ce que
c'est quelque chose que vous voyez dans le projet de loi actuellement ou est-ce
que c'est un des éléments, peut-être, qu'il manquerait?
Mme Trempe (Carole) : Bien,
en fait, on voit dans le projet de loi actuellement la transformation des
conseils d'administration en conseils d'établissement. Est-ce qu'on aurait dû
leur accorder un plus grand pouvoir? Je vous dirais oui, à la lecture même, là.
Mais bon, en ce moment, là, c'est ce qu'on lit, là.
Mme Caron : O.K. Mais vous
seriez pour une... plus de leviers au niveau de ces conseils-là peut-être?
Mme Trempe (Carole) : C'est
en toute logique, en toute logique.
Mme Caron : Est-ce que ça
peut avoir une incidence sur le... justement, sur le principe de subsidiarité,
sur les décisions prises près du terrain, pour les personnes du terrain?
Mme Trempe (Carole) : Dans un
monde idéal, oui. Dans un monde idéal, oui, parce que le principe de
subsidiarité, c'est ça, hein, prenons des décisions ensemble pour notre
communauté, pour notre établissement, notre population. C'est ça qu'on veut.
C'est ça qu'on veut améliorer.
Mme Caron : Parfait. Est-ce
que, pour vous, l'impact du... bon, c'est général, mais est-ce que, pour vous,
l'impact du projet de loi va pouvoir se faire sentir rapidement sur les
patients ou ça va prendre... ou ce sera moins rapide? Qu'est-ce... Comment vous
l'envisagez comme gestionnaire d'expérience?
Mme Trempe (Carole) : C'est
une grosse machine à virer sur un 10 sous. Je pense qu'il y a des étapes. On
parlait tout à l'heure d'un plan de transition. Déjà, les acteurs sont en
action, sont en activité. Déjà, dès le dépôt du projet... Bien, en fait, même
avant le dépôt du projet de loi, parce que monsieur Dubé a fait quand même une
tournée auprès de ses partenaires pour en parler dans la mesure où il
pouvait... dans la mesure où il pouvait discuter de ce de quoi il était
dédouané de discuter. Ce que je veux dire, c'est qu'on est en réaction... en
proaction, là, plutôt.
À partir du moment où on sait que ça s'en
vient, bien, les gestionnaires de haut niveau bougent, bougent dans ce sens-là,
là. Alors, ils se mobilisent, ils voient comment ça peut aller, qu'est-ce qu'il
va y avoir comme changements. Donc, on est déjà dans cette énergie de changer
les choses. Alors, on le fait en parallèle parce qu'on le sait, ce qui s'en
vient, et on anticipe les choses. Et c'est un élément qui fait partie du travail
du gestionnaire, d'anticiper. Donc, on est déjà dans cette énergie de mouvement
là. Comment ça va se concrétiser au quotidien auprès de la population? Bien, le
plus tôt possible, on l'espère. Ça a déjà commencé avec la nomination de
quelques gestionnaires de proximité, là. Il y a déjà des choses qui sont en
place et qui favorisent un meilleur service à la population. Difficile de dire
quand, mais on est dans le processus. C'est déjà anticipé, c'est déjà entamé.
Mme Caron : D'accord. Donc,
je comprends que vous êtes proactifs. Vous n'attendez pas à ce que le projet de
loi soit adopté et que tout soit...
Mme Trempe (Carole) : Ah!
non, non.
Mme Caron : Parfait.
Mme Trempe (Carole) : Non,
non, mais non, parce que... Non, parce que les gestionnaires, justement, sont
des gens qui anticipent les choses. Alors, non, c'est... on est là-dedans.
• (16 h 20) •
Mme Caron : Parfait. Et puis
est-ce que votre association a une position sur l'ancienneté réseau, sur la
gouvernance clinique? Est-ce que c'est... vous vous positionnez à cet égard-là?
Mme Trempe (Carole) : Pas
vraiment, parce qu'au risque de me répéter encore une fois on a eu cinq jours
pour déposer un mémoire. Alors, on aurait voulu faire une consultation plus
grande, là. Ça n'a pas été possible, évidemment. Donc, je n'ai pas... il n'y
aurait pas... je ne pourrais pas... je ne pense pas pouvoir communiquer une
position à cet égard-là. Ça viendra par exemple, parce qu'on va continuer de
consulter nos membres, surtout au niveau de la gestion clinique.
Ce qu'on peut en dire, c'est qu'il y a
quand même un changement au niveau... un changement important au niveau de la
gestion clinique. On voit l'arrivée du directeur médical, un peu d'érosion du
pouvoir des CMDP. Il y a cette espèce de changement là...
Mme Trempe (Carole) : ...Comment
ça s'articule concrètement et quelle est la position de l'association par
rapport à ce volet-là? Malheureusement, on n'a pas eu l'occasion d'en discuter
encore avec les gens du terrain, mais ça viendra.
Mme Caron : D'accord...
Mme Trempe (Carole) : C'est
certain qu'on va communiquer. C'est... Pour nous, c'est important que les gens
du terrain se mobilisent par équipe stratégique, décident ensemble de quels
sont les enjeux, et qu'on les communique par la suite à M. Dubé.
Mme Caron : D'accord. Il
reste à peu près 45 secondes. Outre les questions de terminologie, que
vous avez abordées au départ et sur lesquelles le ministre vous a rassurée,
est-ce que... Si vous aviez un ou deux éléments à changer absolument pour
bonifier le projet de loi, ce serait quoi?
Mme Trempe (Carole) : Écoutez,
prévoir dans le projet de loi que les conditions de travail seront maintenues
et améliorées, parce qu'au cours des dernières années, elles se sont érodées.
Je parle des conditions de travail des gestionnaires de haut niveau. Et, bien
évidemment, tout ça, ça fait partie d'un principe de reconnaissance, et puis on
connaît l'enjeu de pénurie de main-d'oeuvre en ce moment. Ce n'est pas simple
et puis ce n'est pas... non plus, ça ne court pas les rues des gens qui veulent
devenir gestionnaires. Voilà. C'est un vœu que je formulerais, voir à ce que
leurs conditions soient améliorées, sincèrement. Puis ça, bien, on a le temps
pour en discuter. Mais, puisque vous tendez la perche...
Le Président (M. Provençal)
:Merci, madame, pour cet échange avec
la députée de La Pinière.
Mme Trempe (Carole) : Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Nous poursuivons maintenant avec le
député de Rosemont.
M. Marissal : Madame Trempe,
bonjour.
Mme Trempe (Carole) : Bonjour.
M. Marissal : C'est peut-être
pour ça que le ministre cherche des tops guns dans le privé. C'est que les
gestionnaires ne se bousculent pas. Et je vous comprendrais d'ailleurs après ce
que vous avez vécu après la réforme précédente.
Ça fait juste quelques heures qu'on étudie
le projet de loi. Moi, j'ai déjà un problème de focus, là. J'ai l'impression que
mes yeux louchent, là, parce qu'il y a deux discours ici. Il y a le discours du
ministre, du gouvernement, qui dit : Décentralisation, décentralisation.
Nous, de ce côté-ci de la table, là, je ne veux pas parler pour mes collègues,
là, mais, en tout cas, je vais parler pour moi, je dis : Centralisation.
Bon, ça se peut que ça soit un autre
dialogue de sourds entre le gouvernement et l'opposition. Ça ne serait pas la
première fois. Mais vous, là, qui êtes sur le terrain, là, je ne veux pas, moi,
parler pour vous, là, est-ce que c'est, selon vous, la mouture actuelle, un
exercice de décentralisation, de centralisation, ou quelque chose de mitigé
entre les deux, ou une autre réponse, si vous en avez une autre?
Mme Trempe (Carole) : Écoutez,
c'est certain qu'il y a des choses à clarifier à ce niveau-là, parce que la
simple preuve, c'est qu'on a ce discours-là. On se pose la question, au moment
où on se parle aujourd'hui, sur ce point-là. C'est... La volonté exprimée à
travers le discours, à travers le plan santé, à travers le rapport Savoie nous
mène à conclure qu'on est dans un exercice de décentralisation.
Maintenant, ce qui peut créer une forme de
questionnement, c'est que, quand on regarde la création de Santé Québec, on
voit que cette entité-là, cette agence sera quand même sous la mainmise du
ministre. Ça peut avoir l'air d'une centralisation. C'est... Je pense qu'il
faut qu'on laisse la chance au coureur, sincèrement, puis qu'on fasse confiance
et qu'on travaille dans l'esprit d'aller vers cette décentralisation. Parce
que, c'est là qu'on est, c'est là qu'on est rendu socialement. C'est là qu'on
doit aller si on veut que les choses se fassent différemment. J'ai dit d'entrée
de jeu tout à l'heure que le modèle qu'on connaît casse, la maison casse, alors
il faut que ça change. Et ce qu'on sait, c'est que depuis 2015, on a été dans
une hyper centralisation, pas une centralisation, une hyper centralisation. Et
on a vu, on a constaté là où vers quoi ça nous a menés.
Donc, moi je pense... Moi, comme représentante
de l'Association des directeurs et des directeurs généraux adjoints, je pense
que je peux très bien dire qu'on est dans un exercice de décentralisation pour
faire en sorte que les choses changent et que les services s'améliorent à tous
les niveaux.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, Madame.
Mme Trempe (Carole) : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:On poursuit avec le député des Îles
de la Madeleine.
M. Arseneau : Et, si vous
permettez Madame, on va poursuivre sur le même thème parce que j'ai de la
difficulté quand même à vous suivre. Si ce qu'on a vécu ces dernières années,
c'est de l'hyper centralisation, j'aimerais savoir ce que vous voyez dans le
projet de loi, actuellement, qui nous permet de dire qu'on inverse la tendance.
Nous, on a...
M. Arseneau : ...plutôt
l'impression qu'on l'accentue.
Mme Trempe (Carole) : Bien,
oui, en fait, je m'excuse, mais je vais répéter ce que je viens de dire à votre
collègue. Si on regarde... si on entend le discours, si on entend le discours
du gouvernement, si on... si on lit le rapport Savoie, si on lit le plan santé,
on campe bien là une décentralisation. Maintenant, quand on a parlé tout à
l'heure de changement de culture, on a parlé de plan de transition. Et puis je
ne sais pas quoi rajouter pour répondre à votre question, en toute honnêteté.
M. Arseneau : Non, mais
d'accord, c'est ça, donc vous faites référence à des déclarations, à des
documents externes pour dire que le projet de loi, lui, dans ce qu'il contient,
pourrait nous mener à une décentralisation, mais sans ressortir aucun des
éléments du projet de loi qui nous permettrait de dire qu'on va atteindre une
certaine décentralisation. Et vous parlez de construction. Donc, ce que vous
nous demandez... en fait, ce que vous semblez faire, c'est une espèce d'acte de
foi, en disant : Une fois qu'on aura changé la structure puis adopté ce
projet de loi là, on pourra en faire ce qu'on veut, puis vraisemblablement
décentraliser, si tant est qu'on décide de le faire. Mais ce n'est pas le
projet de loi en tant que tel qui nous mène à la décentralisation, c'est le
rapport Savoie, c'est la déclaration du ministre, et ainsi de suite. C'est ça?
Mme Trempe (Carole) : Je vous
ai dit tout à l'heure... Bien, comme je vous ai dit tout à l'heure... Attendez,
je vais juste repréciser. Votre question est un peu tendancieuse, là. D'abord,
les documents sur lesquels je m'appuie sont des documents...
M. Arseneau : On joue la même
partie que les autres autour de la table.
Mme Trempe (Carole) : Non,
non, c'est correct. Les documents sur lesquels j'appuie ma réflexion sont des
documents qui proviennent du gouvernement, là, ça ne vient pas, ce n'est pas...
Donc, on est dans la même philosophie. J'ai dit d'entrée de jeu que...
M. Arseneau : C'est
simplement qu'on étudie actuellement non pas le rapport Savoie ou les
déclarations du ministre, mais un projet de loi. Mais je voudrais sauter à une
autre question. Quelle est votre réponse aux questions que vous posez? Parce qu'on
ne pose pas des questions innocemment. Quand vous dites : D'où
proviendront les acteurs stratégiques de la santé, est-ce qu'ils viendront de
l'interne ou bien du secteur privé, avec les déclarations, justement, les
rapports qu'on a vu, vous avez une idée de la réponse, non?
Mme Trempe (Carole) : Je pose
la question, non. Si j'avais la réponse, j'aurais écrit la réponse.
M. Arseneau : Et, si on vous
dit qu'on va chercher des gens au privé, des Top Gun, pour faire le travail,
quelle est votre opinion là-dessus?
Mme Trempe (Carole) : Bien,
écoutez, je pense qu'il faut aller vers partout où on pourra avoir des
ressources qui sont importantes d'avoir. Je pense que tout est une question
d'équilibre. Je pense qu'il peut y avoir un partage de connaissances à tous les
niveaux. Ça peut être des gens qui proviennent du privé, ça peut être des gens
qui proviennent du public, ça peut être aussi des gens qui proviennent du
ministère et qui sont relocalisés. L'idée, c'est de voir comment est-ce qu'une
culture de changements peut être mise en place à partir de la composition de
l'équipe, la petite équipe stratégique de l'agence de santé.
M. Arseneau : On termine avec
la députée de Vaudreuil.
• (16 h 30) •
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci, madame Trempe, d'être parmi nous, de participer aux
consultations particulières. Je ne veux pas... je ne veux pas créer de malaise,
je ne veux pas mettre personne dans l'embarras puis je ne veux pas me faire
dire non plus que je suis prétentieuse, mais je vais vous ramener sur l'article
de Dr Lamontagne du 4 avril dernier. C'était quand même un article qui
était assez... c'était David contre Goliath, là, puis je trouve... je trouvais
que ça... vous pourriez peut-être nous apporter des éclaircissements. Mais ça
parle, entre autres... tu sais, on compare le... entre autres le Québec à la
Suède. On regarde le nombre d'employés... Parce qu'on a une population... O.K.,
ils ont un petit peu plus en... d'habitants en Suède, là, mais on regarde les
employés, ils sont 100 000 fonctionnaires là-bas... 36 500
fonctionnaires là-bas, 100 000 ici. Puis, même si on regarde les
fonctionnaires, c'est incroyable, là, l'écart, je veux dire, là, la différence
est quand même assez spectaculaire, ça saute aux yeux. En conclusion, ça dit
qu'on est surencadrés ici, au Québec. Puis je ne sais pas si le projet de
loi 15 va y remédier, parce que ça semble être une des problématiques.
C'est quoi, votre avis là-dessus? Qu'est-ce que vous en pensez? On est
surencadrés et c'est une problématique?
Mme Trempe (Carole) : Je ne
pense pas qu'on soit surencadrés. Ça, c'est le premier constat. Au contraire,
on a vu que la réforme de 2015 a éliminé 30 % du personnel d'encadrement,
avec les résultats que ça a donnés. Vous savez, les directeurs sont des gens
qui orchestrent les changements et qui s'assurent, justement, de la
coordination de toutes les opérations et de toutes les activités. On en a
manqué, tant et si bien qu'il n'y avait personne sur les étages, il n'y avait
personne à appeler en cas d'urgence, il n'y avait personne à rejoindre en cas
de nécessité absolue. Je ne vois pas où est-ce qu'est la surpopulation de
cadres. Au contraire, dans la réalité...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Trempe (Carole) : ...sur
le terrain. La réalité des choses, c'est que plusieurs cadres occupent
plusieurs fonctions. Vous savez, leur titre de fonction ne tient pas sur une
carte d'affaires, c'est trop petit. Alors, il faudrait les faire tenir sur une demi-page 8
1/2 par 11. Ça veut dire qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de job qui se
fait par la même personne, et ça, c'est, d'une certaine façon, assez inhumain.
Alors, je pense que le projet de loi, comme il a... tu sais, il prévoit un
ajout de cadres, notamment pour assurer qu'il y aura un patron par
installation, bien, on revient... Tout se tient dans ce qui... en ce qui
concerne la notion, là, de proximité et de gouvernance décentralisée.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme Trempe, pour
vos réponses. Alors, merci surtout de votre contribution et de votre
participation à nos travaux. Sur ce, je vais suspendre pour que nous puissions
accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup, madame, et bonne fin de journée.
Mme Trempe (Carole) : Merci.
Merci beaucoup, M. le Président. À vous aussi, au revoir.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 16 h 41)
Le Président (M. Provençal)
:Nous reprenons nos travaux. Nous
recevons Mme Danielle Girard, présidente-directrice générale,
Mme Joanie Maurice-Philippon, directrice juridique et
M. Jean-Philippe Brunette, directeur juridique pour l'Association des
gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux. Alors, vous
avez un 10 minutes pour votre présentation et nous poursuivrons avec des
échanges. Vous avez la parole.
Mme Maurice-Philippon
(Joanie) : Merci, M. le Président. M. le ministre, Mmes, MM. les
députés, il nous fait très plaisir d'être ici aujourd'hui. Comme vous l'avez
mentionné, je me nomme Danielle Girard, je suis P.D.G. de l'Association des
gestionnaires des établissements de santé et des services sociaux et je suis
accompagnée par Mme Philippon, M. Brunette, respectivement directrice
et directeur des affaires juridiques de notre organisation. Nos membres sont
près de 8 000 personnes qui gèrent au quotidien, sur le terrain, nos
installations, nos services de soins dans notre réseau de santé et de services
sociaux. Nos membres sont ceux qui exercent une gestion de proximité. Ils
soutiennent leur équipe à travers la province. Nos membres et leur personnel,
selon nous, comprennent bien les besoins de nos usagers.
Notre objectif est de collaborer avec le
ministère pour améliorer l'accès et la qualité des soins et des services à la
population, et ce, dans le respect des droits de chacun. Nous nous présentons
également, en tant que partenaires au développement et à la consolidation du
réseau, le p.l. no 15, notamment, avec la création de l'Agence Santé
Québec s'inscrit dans un contexte particulier. On convient tous, vous le savez,
de la nécessité de tirer des leçons de la pandémie et qu'une reconfiguration du
système de santé s'impose afin de l'adapter aux nouvelles réalités. Le ministre
de la Santé, M. Dubé, affirme à juste titre que le statu quo de notre
réseau de la santé n'est plus viable. Par le passé, l'association a eu
l'occasion de participer aux commissions parlementaires portant sur
l'organisation du réseau de la santé et des services sociaux. Nous souhaitons
aujourd'hui, à l'opposé des réformes passées, avoir l'occasion de participer
aux différents forums pour la mise en place de ce grand projet de réforme.
L'association est un partenaire
incontournable qui constitue un accès à l'expertise de milliers de
gestionnaires dans toutes les régions du Québec. Nous sommes favorables au
principe du projet de loi no 15, incluant ses objectifs d'efficacité,
d'accessibilité et de coordination. Nous saluons la vision de gestion de proximité
au cœur du projet de loi. Maintenant, nous croyons que le projet de loi doit
prévoir l'adoption d'amendements destinés à tenir compte de la réalité et
l'expertise terrain de nos gestionnaires. Nous sommes d'avis que le
gouvernement du Québec ne peut faire l'économie de notre expertise et de nos
réflexions pour mener à bien cette réforme plus que majeure dans notre réseau.
Dans ce sens, vous pourrez voir, nous
proposons au point 4 de nos recommandations la création d'un Conseil des
gestionnaires de proximité dont les responsabilités seraient analogues à celles
du Conseil interdisciplinaire. Le ministère de la Santé souligne à juste titre
l'importance de cibler une grande performance pour les gestionnaires oeuvrant
au sein du réseau. Même son de cloche pour l'association. Vous savez, la
définition même de la profession de gestionnaire est directement reliée à la
performance, les responsabilités menant à l'imputabilité. D'ailleurs, je vous
rappelle aujourd'hui que nos gestionnaires performent au quotidien dans un réseau
en perpétuel combat.
Ceci étant, le projet de loi no 15
comporte des enjeux et des défis à ne pas sous-estimer. Avec la création de
Santé Québec, en regroupant une trentaine d'employeurs en un seul, le
gouvernement devra inévitablement ajuster le partage des responsabilités
actuelles. Il nous apparaît capital pour favoriser la confiance de tous les
intervenants que les rôles et responsabilités de chacune de ces entités soient
clairement définis et communiqués de façon claire et transparente. Il est également
requis que nos gestionnaires aient une autonomie d'action dans les
responsabilités qui leur sont confiées. La base même, encore une fois, de la
profession de gestionnaire est synonyme d'autonomie, de marge de manœuvre dans
les décisions et d'objectifs clairs et également de soutien de l'employeur en
situation de crise.
La fusion des établissements de santé en
Santé.Québec aura également des répercussions pour les gestionnaires sur leurs
conditions de travail, sans oublier les règles de représentativité des
associations. Nous...
Mme Girard (Danielle) : ...vont
être aux premières loges des discussions en regard des conditions de travail de
nos membres. À cet effet, nous réitérons, l'association, une demande historique
de bénéficier d'un droit à la négociation des conditions de travail de ses
membres, incluant un mécanisme de règlement des différends. Cette demande
aujourd'hui est d'autant plus pertinente dans un contexte d'employeur unique.
Nous devons nous préoccuper également de
l'attraction et de la rétention de gestionnaires engagés au sein du réseau. Il
semble logique de créer des conditions de travail justes, équitables pour les
gestionnaires de celui-ci. Dans cette perspective de soutien de nos
gestionnaires de proximité, il est important de procéder à l'ajout de personnel
professionnel pouvant apporter un soutien dans les secteurs administratifs,
notamment en ressources humaines et dans diverses activités de ces
installations. Nous sommes clairement favorables à l'ajout de gestionnaires de
proximité. Plusieurs postes de cette nature ont été abolis en 2015 par
l'adoption de la loi n° 10.
De plus, l'augmentation des dernières
années du nombre d'employés syndiqués justifie grandement l'ajout de
main-d'œuvre d'encadrement. Cet ajout de postes permettra une bonification du
taux d'encadrement, car autrement, celle-ci demeure le plus faible de tous les
secteurs du public. Il permettra également une amélioration de la santé
physique et psychologique des gestionnaires. Je tiens à porter à votre
attention que les gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux
sont surreprésentés en matière d'invalidité. On y voit là et on constate ici un
lien évident.
À la lecture du projet de loi, nous
constatons la volonté que les gestionnaires, plus précisément les chefs de
service oeuvrant au sein de la direction des services professionnels, relèvent
dorénavant la gouvernance médicale, soit des chefs de département cliniques
issues des professionnels. Actuellement, ces collaborateurs du réseau oeuvrent
en cogestion avec le corps professionnel. Nous croyons que le projet de loi
doit être amendé afin d'assurer le maintien du principe de cogestion entre la
gouvernance administrative et gouvernance clinique, sans assujettir un secteur
ou l'autre, directement ou indirectement.
Concernant le rôle du privé au sein de
notre réseau de la santé, nous recommandons que le gouvernement privilégie le
caractère public du réseau de la santé et des services sociaux et intègre le
plus possible les établissements privés à Santé Québec et prévoie de
conventionner les établissements privés de santé et de services sociaux.
À la lecture du p. l. 15, nous sommes
d'avis que les pouvoirs conservés par le ministre de la Santé sont importants,
ce qui pourrait diminuer l'autonomie de Santé Québec. Nous recommandons ainsi
que le p. l. 15 soit amendé afin de limiter les pouvoirs d'intervention
directe du ministre dans la gestion quotidienne des établissements de santé et
des services sociaux. Une entité comme Santé Québec doit avoir pleins pouvoirs
sur ses opérations.
Mesdames, messieurs, en terminant, voici
nos recommandations. Première recommandation : Que le principe du
projet de loi soit adopté, incluant ses objectifs d'efficacité,
d'accessibilité, de coordination, de proximité qu'il contient, à la condition
de l'adoption d'amendements destinés à tenir compte de la réalité et aussi de
l'expertise des gestionnaires des établissements de santé et des services
sociaux.
• (16 h 50) •
Que les parlementaires et le gouvernement
reconnaissent l'importance de la contribution, de l'expertise, de l'implication
et de l'imputabilité des gestionnaires des établissements de santé et de
services sociaux de l'ensemble des régions dans la réforme proposée au projet
de loi.
Que le projet de loi soit amendé afin
d'assurer le maintien du principe de cogestion entre la gouvernance
administrative, la gouvernance clinique sans assujettir, comme je l'ai dit
précédemment, ni l'un ni l'autre, directement ou indirectement.
Que le projet de loi prévoie la création
d'un conseil de gestionnaires de proximité dont les responsabilités seraient
analogues à celles du Conseil interdisciplinaire d'évaluation des trajectoires
et de l'organisation clinique, mais à propos de l'efficacité, de l'efficience
et de la fluidité des services.
Que le projet de loi prévoie que la
personne responsable de chaque installation soit un gestionnaire de proximité.
Que le projet de loi prévoie un mécanisme
formel de négociation des conditions de travail et de gestion des différends
avec les gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux,
incluant les règles de reconnaissance de la représentativité.
Que le gouvernement privilégie le
caractère public du réseau de la santé et des services sociaux, intègre le plus
possible les établissements privés à l'Agence Santé Québec et prévoie autrement
de conventionner...
Mme Girard (Danielle) : ...les
établissements privés de santé et services sociaux. Que le projet de loi soit
amendé afin de tendre à limiter les pouvoirs d'intervention directe et
opérationnelle dans la gestion quotidienne des établissements de santé et de
services sociaux. Que le gouvernement prévoit de fournir aux gestionnaires du
réseau les ressources nécessaires, dont l'ajout de personnel, par exemple, en
ressources humaines et dans d'autres activités dans les installations, pour
leur permettre d'atteindre les objectifs espérés, accompagnées d'un retour des
gestionnaires de proximité de manière plus globale, la gestion de changement, bien
sûr, découlant de ce projet de loi.
Je vous remercie beaucoup de votre
attention, et maintenant nous sommes disponibles pour vos questions.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Mme Girard, pour
votre présentation. M. le ministre, on débute.
M. Dubé : On débute. Alors,
Mme Girard, merci à vos deux collègues. Je le dis à tous ceux qui sont
venus, surtout pour la première et la deuxième journée : Merci d'avoir
fait l'effort de... je dirais, en accéléré, de prendre connaissance d'un projet
de loi si important puis d'arriver avec quelque chose d'aussi clair
aujourd'hui. C'est... Vous devez avoir quelques talents de cadres pour être
capable de faire ça aussi rapidement.
Moi, je vais commencer par vos deux
dernières recommandations. La première, vous ne serez pas surprise que je parle
des pouvoirs du ministre. Parce qu'on était un petit peu déchirés lorsqu'on
faisait le projet de loi avec madame Savoie, puis moi, je disais : Si on
délègue, hein... parce qu'il y a une grande différence, comme vous savez, entre
garder la responsabilité et déléguer une responsabilité, hein? On peut déléguer
une responsabilité, mais on reste toujours responsable. Ça, c'est... Moi, c'est
ma philosophie. Et moi, je déléguerais beaucoup plus souvent, mais je reste
toujours responsable, dans les autres vies que j'ai connues.
Vous dites ici qu'on doit limiter les
pouvoirs d'intervention. Moi, je trouve que je m'en suis gardé beaucoup aussi.
Mais j'aimerais ça vous entendre si vous... puis si dans un objectif de
critique, là, très constructive... Je ne vous dis pas que je suis contre ça. Au
contraire, je vous dis que je suis favorable à en avoir moins, mais je ne suis
pas là pour... Parce que souvent... Je ne dirais pas que l'opposition dirait
ça, là, mais des fois ils pourraient dire : Mon Dieu! On dirait que le
ministre veut se dégager de ses responsabilités. Alors, tu ne peux pas te
dégager d'une responsabilité. Tu peux la déléguer, mais tu es toujours
responsable.
Alors moi, j'aimerais vous demander...
Donnez-moi un exemple, dans le projet de loi actuel, si vous pouvez aller à ce
niveau de détail là, de quelques pouvoirs d'intervention, parce que vous
dites : Des pouvoirs d'intervention directe dans la gestion quotidienne?
S'il y a bien une chose que je ne veux pas, c'est intervenir de façon
quotidienne dans les opérations. C'est pour ça qu'on veut mettre la petite
équipe qui va venir compléter nos 35 gestionnaires. Ça fait que donnez-moi
quelques exemples, un ou deux, où vous dites : M. le ministre, pourquoi vous
voulez continuer à faire ça, alors que je vous disais à l'avance, je ne veux
pas? O.K. Ça fait qu'aidez-moi, s'il vous plaît.
Mme Girard (Danielle) : Vous
savez, la première chose que je pourrais... Pour répondre à votre question, je
commencerais par... pour être moi-même un gestionnaire depuis... depuis
27 ans, pardon, par la vision de... qu'on voit des pouvoirs du ministre
versus des pouvoirs d'une entité comme Santé Québec. On voit vraiment avec les
orientations... Tout ce qui est de la planification, les orientations sont
politiques. On voit de Santé Québec qui sont l'employeur et qui, effectivement,
devient l'employeur, le seul employeur, donc qui gère les opérations.
Donc, il y a une notion de planification,
orientation et une notion d'opérations... et de planification également, là,
mais d'opérations avec reddition de comptes au ministre. Les exemples qu'on
pourrait vous donner dans le projet de loi... Entre autres, si on regarde
l'article 26, c'est que le ministre par directive pourrait contraindre
Santé Québec dans ses décisions sur plusieurs aspects dans la gestion courante.
Donc, ce qu'on retrouverait, par exemple
gestion des ressources humaines, financières et matérielles, administration,
fonctionnement, organisation ou actions. C'est dans ce... Je vous dirais, c'est
à peu près... Dans le projet de loi, c'est les éléments qui nous... qu'on
ressortirait.
M. Dubé : Bien, écoutez, vous
mettez le doigt sur des discussions qu'on a eues, là, puis c'est ça que ma
collègue me rappelle. Comme je vous dis, moi, je n'en voulais pas du tout. Et
ce qu'on a réussi à me convaincre puis...
M. Dubé : ...la raison, puis
je veux vous les expliquer, c'est pour ça qu'il est là toujours, c'était de
dire : Il peut y avoir des cas exceptionnels où on voudrait dire :
Écoutez, là, en termes de... je ne sais pas, là, même si on a mis les grandes
orientations au ministère, on a délégué ça, il arrive une situation où tu
dis : Attends une minute, là, il s'est passé vraiment quelque chose, puis
je pense en termes de ressources humaines, est-ce qu'on a bien traité nos gens?
Puis de dire que le ministre n'aurait pas son mot à dire, de dire :
Écoutez, là, moi, ça, je ne suis pas à l'aise avec ça. Alors, je donne exemple,
parce qu'il faudrait que ça soit exceptionnel. Puis c'est pour ça que je suis
content de vous entendre, parce que ça ne serait pas n'importe quel genre de
directive, là. Je ne sais pas si on se comprend.
Alors, je voulais juste voir où on
s'entend, où on ne s'entend pas, parce que je ne cours pas après ça. Puis je ne
pense pas que n'importe quel autre ministre de la Santé voudrait ça non plus.
Mais je comprends très bien, puis je veux que les gens l'entendent, il
faudrait... Puis on aura la chance de discuter, parce que c'est clairement dit
dans l'article 26, vous avez raison. Puis, quand je le discuterai avec mes
collègues de l'opposition, quand on fera ça, il faudra bien définir qu'est-ce
que c'est qu'une circonstance exceptionnelle dans laquelle le ministre pourrait
dire : Attends une minute, là, je passe au-dessus de Santé Québec, puis je
dis : Sur ça, j'aimerais ça avoir une directive, par exemple en termes de
ressources humaines. Ça fait que je voulais juste vous.... Je suis content que
vous choisissez ce point-là, mais... Je pense qu'on aura la chance d'en
reparler, mais on s'en souviendra, que vous l'avez pointé très clairement.
La deuxième... Je vais aller tout de suite
à la deuxième recommandation, parce que je sais que... mes collègues voudraient
vous poser des questions aussi. Je reviens sur les ressources humaines, votre
recommandation neuf. Je l'ai dit publiquement puis je ne veux pas le
personnaliser, là, on m'a dit qu'on avait regroupé les fonctions de ressources
humaines, d'affaires juridiques et de communication dans un même poste, qui
s'appelle une DRHCAJ, et ça, j'ai dit publiquement que je trouvais ça atroce.
Pas parce que ce n'est pas des bonnes personnes qui font les trois fonctions,
mais ça ne va pas ensemble. Puis j'aimerais ça vous entendre là-dessus, si vous
êtes à l'aise d'en parler. Parce que, pour moi, une direction de ressources
humaines, c'est une direction de ressources humaines. Ça prend certaines
compétences, ça prend un certain focus. Une direction de communication, c'est
d'autre chose. Une direction d'affaires juridiques, c'est d'autre chose. Je
peux comprendre que ça a été fait pour des raisons d'austérité de ramasser tout
ça ensemble. Mais vous, comme cadre, là... Puis vous en avez 8 000... vous
en avez des DRHCAJ dans vos gens, là. Parlez-moi de ça, comment vous... Parce
qu'encore une fois, ça, ce n'est pas dans le projet de loi, mais c'est une
question de culture, ça. Quand qu'on regarde, on va dire : Comment on va
s'organiser? Puis, tout à l'heure, mes collègues posent les bonnes questions.
C'est quoi, la transition? Vous voyez ça comment l'importance des ressources
humaines? Parce que c'est ça, votre point, là, de fournir aux gestionnaires du
réseau les ressources nécessaires, dont l'ajout de personnel de gestion en
ressources humaines. Parlez-nous de ça, parce que moi, ça, ça me... Puis on
n'aura pas besoin de mettre ça dans le projet de loi, mais on peut s'entendre,
drôlement, comment c'est important d'avoir... pour faire la planification des
ressources humaines... Ça fait que je n'en dirai pas trop. Je vous laisse
parler, bien, sur votre recommandation neuf. Je trouve ça important.
Mme Girard (Danielle) : Merci.
Vous avez fait référence au passé. Vous savez, dans... pour toutes sortes de
bonnes raisons, pour toutes sortes de raisons justifiées, lorsqu'on prend la
décision d'abolir des postes, d'abolir des fonctions, c'est clair que, quand on
parle des fonctions soutien, pour avoir été dans d'autres organisations, c'est
le réflexe souvent des organisations.
• (17 heures) •
M. Dubé : ...opérationnel,
là...
Mme Girard (Danielle) : Soutien
par rapport... opérationnel...
M. Dubé : ...administrative,
ressources humaines...
Mme Girard (Danielle) : Exactement.
M. Dubé : O.K.
Mme Girard (Danielle) : ...administrative,
gestion de nos bâtiments, technologies de l'information, on tend,
effectivement, à réduire ces fonctions-là.
Alors, ce qui... c'est entre autres, ce
qui est arrivé à partir de 2015, et on a fait des fusions. Moi, comme
gestionnaire, ce que je vous dirais, c'est que ce qui est important, c'est
qu'on ait les bonnes personnes avec les bons titres et la bonne profession au
bon endroit. Je suis de l'école qu'être gestionnaire c'est une profession. Et
une profession... joindre des activités et joindre différentes professions de
gestionnaires, bien, c'est clair que ça peut amener plusieurs problèmes... Ça
fait que...
17 h (version non révisée)
Mme Girard (Danielle) : ...vous
parlez de DRH... Moi, je vous parle de ressources humaines, effectivement.
Alors, je suis de cet avis. Chacun... C'est un métier, être gestionnaire, mais
chaque métier de gestionnaire a des fonctions et a un apprentissage pour
comprendre son métier. Alors, je suis d'avis...
M. Dubé : Bien, surtout...
Excusez-moi, puis je vais laisser mes collègues... puis, si j'ai le temps, je
reviendrai, là. Mais c'est quoi, notre plus grande ressource? C'est au-dessus
de 300 000 personnes.
Mme Girard (Danielle) : C'est
ça.
M. Dubé : Je veux dire, c'est
beau, les communications, c'est beau la gestion juridique, là, puis je sais qu'il
y a quelques légistes ici, alentour, là, mais notre plus grande ressource, c'est
nos ressources humaines. Et quand on parle d'un changement de culture, bien, il
va falloir que nos gestionnaires soient les meilleurs gestionnaires disponibles
en gestion de ressources humaines. Je pense qu'on s'entend là-dessus.
Mme Girard (Danielle) : On s'entend...
M. Dubé : Alors, je vais
laisser, M. le Président, laisser peut-être quelques collègues, là, s'il y a
des questions spécifiques...
Le Président (M. Provençal)
:Alors, qui... est-ce que... qui veut
prendre la parole?
Une voix : ...
M. Dubé : Oui, je vais y
aller, avec plaisir. Si on parlait de... Vous avez dit : un comité...
O.K., c'est le point 4, la création d'un conseil des gestionnaires de
proximité. Là, je veux juste voir comment ça pourrait être pratique, ça. Là, on
rajoute quelque chose, puis, quand qu'on rajoute... Je veux juste être sûr qu'on
comprend pourquoi on rajoute, là. Alors, expliquez-moi votre vue là-dessus.
Mme Girard (Danielle) : Vous
savez, notre vue là-dessus, c'est que nos membres, nos gestionnaires de
proximité, nos gens ont vécu... certains ont vécu... ils sont rendus à leur
troisième réforme. Donc, au quotidien, sur le terrain, ces gens-là ont embarqué
dans des projets, ont embarqué dans les projets de réforme, ont vu des
solutions possibles, ont tenté d'émettre leurs commentaires pour la mise en
place, ont vu les problèmes possibles. Puis là je vous amène à travers les
régions, dans les différents établissements. Nous, ce qu'on recommande, pour
une fois, dans cette réforme, écoutons nos gestionnaires terrain pour la mise
en place, écoutons pour le suivi, la mise en place et le suivi. Ce conseil de
gestionnaires de proximité va vous amener une vision vraiment terrain des gens
qui gèrent au quotidien, avec leurs équipes d'employés, qui gèrent au quotidien
pour soutenir ces équipes et soutenir les usagers.
M. Dubé : O.K. Mais
faites-moi la différence... non, je comprends très bien ce que vous dites,
O.K., mais entre cette expertise-là, que je trouve très importante, là, je ne
peux pas être contre la gestion de proximité, j'ai dit que c'était un des
quatre thèmes les plus importants... mais entre l'avoir dans un comité
permanent versus l'avoir dans un plan de transition. Parce que je vais vous
dire où on le voyait initialement, là, puis je le dis en même temps, là, parce
qu'on a dit qu'on n'avait pas, dans le projet de loi, défini c'est quoi le plan
de transition.
Mais est-ce que vous pourriez être à l'aise
que l'expertise de nos gestionnaires de proximité soit mise à contribution
durant le plan de transition? Parce que je pense qu'ils devraient être très en
amont de tout ce qu'on a à faire parce que... J'essaie de voir, dans le
quotidien, comment c'est aussi important. Mais vous me voyez venir, que, s'il y
avait une façon de les impliquer très tôt dans le plan de transition, c'est
peut-être plus facile pour nous de faire ça que de créer un autre comité. Mais
j'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Girard (Danielle) : Vous
savez, un projet... la mise en place d'un projet, et vous le savez, et les
messieurs, mesdames ici sont au courant aussi, c'est énorme, hein? La
transition est grande, et là vous l'amenez, effectivement, dans la transition.
On vous le dit, on veut être là et on souhaite d'être là. Maintenant, pour
nous, on souhaite que nos gestionnaires de proximité puissent aussi, lorsque le
projet de loi sera implanté, voir, dans ce comité plus permanent, comme vous le
dites, comité permanent... de voir qu'est-ce qui va bien, qu'est-ce qui va
moins bien, qu'on fasse vraiment notre... si vous voulez, tout notre projet, de
regarder... On l'a planifié, on l'a mis en place. Maintenant, on va s'assurer
que ça va bien, on va y apporter des correctifs, et ça, tout au long...
M. Dubé : ...ça pourrait être
évolutif.
Mme Girard (Danielle) : ...et
ça, pour moi, c'est permanent.
Également, ce qui est important, c'est qu'on
ne retrouve pas le complémentaire à la voix des professionnels. Pour nous, ça,
c'est important, et c'est important de façon permanente. Il y a des... Je l'ai
un peu mentionné tout à l'heure, à travers les années, on a des gestionnaires,
c'est leur troisième réforme, alors il y a des choses, oui, dans la transition,
mais il y a des choses dans le...
Mme Girard (Danielle) : ...quotidien
qui vont s'avérer...
M. Dubé : On pourra faire un
débat de ça, parce que je pense que c'est peut-être la dernière fois qu'on se
reparle, là. Mais...
Mme Girard (Danielle) : Non...
M. Dubé : Puis je sais que
vous avez déjà des contacts avec les équipes du cabinet, là. J'apprécie
beaucoup, parce qu'on va être très attentifs. Mais il faut juste faire
attention entre le rôle du P.D.G. puis le rôle de ses cadres, tu sais. À mon
avis, le suivi dont vous parlez, c'est le rôle du P.D.G. qui doit s'assurer,
par exemple, avec son cadre de ressources humaines, c'est quoi, le suivi qui
est fait. Mais je vous entends, mais, à mon avis, je vous demande... Vous avez
un intérêt pour un plan de transition de participer à ça?
Mme Girard (Danielle) : Absolument.
M. Dubé : O.K. Parce que ça,
pour moi, je vous dirais... Est-ce qu'il me reste du temps pour le...
Une voix : ...
M. Dubé : Je ne veux pas
prendre le temps de personne, c'est correct? Recommandation 5 :
«Chaque installation soit un gestionnaire de proximité.» Ça semble évident de
dire ça, là, mais on a dit que ça nous prenait un gestionnaire pour chaque
installation, à moins de petites exceptions, là. Vous voulez dire... Je pense
qu'on dit la même chose, mais je veux juste savoir pourquoi vous demandez de préciser
ça.
Mme Girard (Danielle) : Peut-être
faisons-nous référence à, peut être, la sémantique, dans le sens qu'on parle
d'un responsable des installations. Alors, pour nous, dans le projet de loi, il
est indiqué un responsable des installations, mais, pour nous, on parle
vraiment d'un gestionnaire de proximité et un gestionnaire des installations.
M. Dubé : Je comprends. Bien,
ça, c'est une bonne... Puis ça je pense que M. Paré est, justement, en train de
prendre une note pour... Parce que, si ça porte à confusion, il y a... C'est
une nuance importante. Donc, ça prend un gestionnaire, c'est ça que vous nous
dites, là, plutôt? Allez-y, oui.
M. Brunette (Jean-Philippe) : Je
permettrais d'intervenir. Là, on cible ici l'article 132 qui désigne une
personne responsable à veiller à la bonne marche des activités. Nous, on
souhaiterait que ce soit un gestionnaire responsable.
M. Dubé : Oui, je pense que
c'était pour les petites installations qu'on a mis ça, mais on va... C'est un
excellent point.
Le Président (M. Provençal)
:Donc, votre remarque est bien notée.
M. Dubé : Bien noté.
Le Président (M. Provençal)
:Sur ce, je vais passer la parole à
Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci beaucoup. Alors,
merci pour votre présentation, puis je trouve ça fort intéressant que vous
arriviez déjà avec des propositions concrètes. Alors, vous avez mentionné le
maintien de la cogestion de la gouvernance clinique et administrative. Est-ce
qu'il y aurait des articles... des amendements, en fait, que vous auriez à
proposer au projet de loi dans sa forme actuelle pour assurer le maintien de
cette cogestion et peut-être nous dire quels en sont les bénéfices, les
avantages?
• (17 h 10) •
Mme Girard (Danielle) : D'accord.
Alors, on fait référence à l'article, entre autres, 187 du projet de loi
n° 15. Pour nous, présentement, selon nos membres, il existe, dans le
réseau, partout dans le réseau de la santé et des services sociaux, une
expertise et... pardon, une cogestion de la gouvernance clinique et
administrative. Ces collègues travaillent ensemble et ces collègues sont au
même pied d'égalité si vous le voulez.
Pour nous, à chacun son expertise propre.
La gestion clinique demande une expertise. Et, pour nous... comme je vous l'ai
un peu dit dans mon allocution, pour moi, la profession de gestionnaire
administratif, c'est une profession en soi. Alors, nous, pour les témoignages,
d'ailleurs, qu'on a à l'effet que la cogestion est un modèle qui est efficace,
il y a des façons de faire actuellement qui se trouvent au quotidien dans les
opérations, et il y a une collaboration qui est requise de part et d'autre pour
arriver à une solution. Alors, si on assujettit un en dessous de l'autre, c'est
un autre débat, c'est un autre défi pour le réseau.
Il est important aussi de baliser les
rôles et responsabilités de chacun et de maintenir la liberté d'action selon
l'expertise propre, une expertise de gestionnaire administratif, une expertise
de directeur clinique. C'est un peu, là, notre vision.
Mme Caron : ...de cet
article-là, est-ce que vous voyez que l'un est assujetti à l'autre ou pourrait
faire croire que l'un est assujetti à l'autre?
Mme Girard (Danielle) : Alors,
on le ramène ici. Si vous permettez, je pourrais peut-être juste en faire
lecture et expliquez mon... notre interprétation. «Sous l'autorité immédiate du
chef de département clinique, le chef de service exerce à l'égard du service de
la même fonction et pouvoir que le chef de département clinique exerce à
l'égard du département. Il ne peut cependant élaborer...
Mme Girard (Danielle) : ...les
règles contraires à celles élaborées. Bon. Alors, nous, ce qu'on comprend,
c'est que, sous l'autorité immédiate du chef de département clinique, le chef
de service... Donc, c'est dans ce sens-là, aujourd'hui, qu'on voit vraiment le
chef de... un assujettir l'autre, et nous, ce qu'on travaille... ce qui se
passe dans le réseau actuellement, c'est de la cogestion, et ça fonctionne.
Mme Caron : Parfait. Tantôt,
vous avez mentionné aussi, là, à propos de l'article 132, que vous souhaitez
que ce soit un gestionnaire de proximité, puis ça a déjà... et je pense que ça
a été bien entendu. Est-ce que vous pourriez me dire quelles sont, selon vous,
les attributions d'un gestionnaire de proximité ou qu'est-ce qu'elles devraient
être idéalement?
Mme Girard (Danielle) : Les
attributions d'un gestionnaire de proximité?
Mme Caron : D'un gestionnaire
de proximité.
Mme Girard (Danielle) : Vous
savez, ce sont les attributions de nos membres, donc ce sont les gens sur le
terrain, tout dépendant de leur type d'activité. Par exemple, on va retrouver
nos chefs en services infirmiers, on va retrouver... Alors, pour nous... Nos
chefs d'installation. Alors, par exemple, gestion de proximité... va avoir à
gérer des installations, des CHSLD, des... Alors, nous, les attributions, c'est
sur le terrain, c'est vraiment... C'est ce que je pourrais vous donner, là,
comme vision qu'on a.
Mme Caron : D'accord. Parfait.
Est-ce que vous voyez un lien aussi avec la communauté dans les attributions de
ces gestionnaires de proximité?
Mme Girard (Danielle) : La
communauté. Vous parlez de la communauté des usagers, la communauté... C'est ce
qu'on voit...
Mme Caron : Des usagers, les
organismes communautaires et tout ça. Peut-être que je peux vous dire pourquoi
je vous pose cette question-là. En fait, c'est que Michel Clair, qui est venu
plus tôt, recommandait peut-être la création... bon, les conseils locaux de
surveillance pour la reddition de comptes, mais il proposait d'ajouter comme
une... que ces conseils-là servent aussi d'alliance avec le communautaire. Une
autre personne nous a dit : Bien, pour moi, ça fait partie des
attributions du gestionnaire d'être en lien avec la communauté. Alors, je
voulais avoir votre vision des choses.
Mme Girard (Danielle) : Vous
savez, on sera très, très intéressés à voir ce que M. Clair a proposé, on
pourra le regarder. Ce que nous... je vous dirais, c'est qu'on salue également
le fait que des communautés d'usagers, que les gens du volet communautaire
puissent effectivement intervenir. Ce sont eux aussi, la voix... nos usagers,
la voix du privé. Mais, pour la suite, c'est clair qu'il me fera... je
m'empresserai d'aller voir les... ce que M. Clair, entre autres, a amené. Je
donnerais... à M. Brunette.
M. Brunette (Jean-Philippe) : Un
complément à la réponse. Actuellement, sur le terrain, ce qu'on a comme suivi
de nos membres, c'est qu'il y a plusieurs gestionnaires de proximité qui sont
répartis sur plusieurs sites. Donc, un gestionnaire est responsable de cinq,
sept sites. Là, ce qu'on comprend de l'esprit de la réforme, c'est d'ajouter un
gestionnaire par site qui pourra, je pense, se concentrer davantage sur les
suivis avec la communauté. Donc, en ce sens-là, on est favorables à ça puis on
est d'accord que ça fait partie d'une attribution d'un gestionnaire de
proximité.
Mme Caron : Parfait. Et, dans
le... Excusez-moi. Il reste toujours... Il reste encore quelques minutes, je
pense?
Le Président (M. Provençal)
:Il reste 2 min 30 s
Mme Caron : Merci. Alors,
pour vous, quel serait... vu que Santé Québec deviendrait un employeur unique,
quel impact ça peut avoir à la fois sur votre gestion des ressources humaines
ou la gestion des ressources humaines de vos gestionnaires et aussi ce que vous
avez amené à propos des conditions de travail de vos gestionnaires?
Mme Girard (Danielle) : Merci.
Vous savez, la notion d'employeur unique... On passera d'une trentaine
d'établissements à... une trentaine d'employeurs à un employeur. Premièrement,
c'est clair que ce qui est important, c'est que les choses soient faites dans
le bon ordre et étape par étape, pour nous. Pour nous, vous savez, la réelle
question et le réel défi, c'est d'avoir à nos gestionnaires de proximité
l'autonomie, que les rôles et responsabilités soient bien clairs et bien
identifiés, et nous, vous savez, nos membres sont favorables aux outils de
gestion standardisés. Nous, l'enjeu n'est pas à l'employeur unique, l'enjeu est
vraiment pour nos membres, que cette transition-là se fasse correctement et
que... comme je vous dis, qu'on ait... que ce soit bien clair, les rôles, les
responsabilités.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Et puis... Une question qui a déjà été posée.
Est-ce que vous pensez que l'impact du
projet de loi peut se faire ressentir assez...
Mme Caron : ...rapidement sur
les patients, ou ça risque de prendre quelques mois ou quelques années, ou
comme vous le voyez?
Mme Girard (Danielle) : La
façon qu'on le voit, c'est comme un projet, comme la gestion d'un projet, alors
il doit être bien planifié, il doit être planifié avec les bons intervenants.
On doit consulter les bons intervenants et on doit y aller par étapes. Et, dans
un projet, on planifie les étapes dans le temps. À partir du moment où le
projet de réforme est géré de cette façon-là, à ce moment-là, pour nous, on va
croire, effectivement, que rapidement on pourra avoir des impacts sur le réseau
et sur nos agents.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, M. le député
de Rosemont, je vous donne suite.
M. Marissal : Merci. Je suis
d'accord qu'il faut bien planifier les grands projets, je me tue à le dire pour
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, je suis content de pouvoir le redire
aujourd'hui. C'est comme ça qu'on fait les grands projets de brique ou de
réforme.
Petite précision. Tout à l'heure, le
ministre disait : On ne peut pas se départir de ses responsabilités, on
peut les déléguer. En tout cas, moi, ici, je parle de la responsabilité
ministérielle en termes parlementaires, pas tant des responsabilités, point,
mais de la responsabilité ministérielle, que je vois en partie transférée vers
l'Agence Santé Québec. Je voulais juste préciser ma vision de la chose, on aura
l'occasion d'y revenir. Vous avez peut-être entendu madame Castonguay ce matin?
Mme Girard (Danielle) : Malheureusement,
non...
M. Marissal : Bon, bien, je
vais vous lire ça, c'est assez rapide, parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
La responsabilisation... «La décentralisation de la responsabilité et de
l'imputabilité vers les décideurs locaux revient beaucoup dans le discours
gouvernemental entourant le projet de loi... Or, malgré l'intention du ministre
Dubé "de décentraliser la prise de décision vers les établissements, le
projet de loi ne confère pas le volet "opérationnel" aux
établissements, mais plutôt à Santé Québec"...», dit madame Castonguay.
Alors, elle se demande aussi, et
j'aimerais que vous commentiez rapidement là-dessus : «On peut se demander — dit-elle — dans
quelle mesure les gestionnaires locaux disposeront de l'autonomie nécessaire
pour atteindre les objectifs qui leur seront exigés des autorités centrales.»
Mme Girard (Danielle) : Alors,
vous savez, le point, pour nous, ce n'est pas la centralisation ou la
décentralisation. Le point, pour nous, ce qui est important, ce qu'on salue,
c'est la gestion de proximité. Ce qu'on... Le défi, c'est l'autonomie. Madame
Castonguay semble le mentionner, pour nous, le défi est également de
l'autonomie. Un gestionnaire, c'est une profession, il faut avoir ses
responsabilités, les objectifs doivent être clairs et on doit avoir la mainmise
sur la mise en œuvre des décisions. Ça, pour nous, c'est important. Alors,
l'enjeu n'est pas : Est-ce qu'on centralise, décentralise? Pour nous, il
n'est pas là, l'enjeu, il est vraiment, sur le terrain, d'avoir une réelle
autonomie et la capacité de donner la couleur régionale. Ça, c'est important
pour nos membres... des éléments de centralisation, ce qui est important pour
nous, c'est que la couleur régionale doit transparaître. Notre réseau est
grand, notre réseau couvre l'ensemble de la province.
M. Marissal : Madame
Castonguay parlait davantage d'autonomie nécessaire que de centralisation,
décentralisation, elle n'y voyait pas, justement, l'autonomie nécessaire pour
atteindre des objectifs. Ça, on parle de vos membres, là?
Mme Girard (Danielle) : Oui,
absolument. Il me fera plaisir d'aller voir ce que madame Castonguay a dit.
Malheureusement, nous, on était vraiment à courte échéance à travailler sur le
projet de loi, et on pourra... Mais ce que j'entends dans l'autonomie, dans
l'inquiétude de madame Castonguay, bien, c'est clair que, pour nos membres, il
est aussi là, le défi du projet de réforme, s'assurer que nos gestionnaires
aient l'autonomie suffisante et Santé Québec, l'entité également, que les rôles
et responsabilités soient claires aussi de Santé Québec et qu'ils aient
l'autonomie suffisante.
• (17 h 20) •
M. Marissal : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:...à vous spécifier qu'en tout temps
vous pouvez faire parvenir d'autres commentaires malgré les consultations. Si
vous jugez pertinent de nous les faire parvenir, la secrétaire pourrait les
distribuer aux membres de la commission. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Madame Girard...
Mme Girard (Danielle) : Bonjour.
M. Arseneau : ...madame et
monsieur. Je vais continuer un peu sur la même thématique, juste pour faire
référence à quelqu'un d'autre qui vous a précédé, là, l'Association des cadres
supérieurs qui ont fait référence aux réformes passées qui avaient créé une
hypercentralisation. Alors, je sais que vous ne voulez pas utiliser ce mot-là,
mais est-ce qu'on était dans l'hypergestion de non-proximité, et là ce qu'on
voit, ça va être la gestion de proximité, si on veut utiliser votre vocable? En
fait, quel est le degré d'autonomie que vous avez actuellement dans la gestion
de proximité et en quoi est-ce que cette réforme-si dans le projet de loi qu'on
a devant nous vous...
M. Arseneau : ...espérer qu'on
puisse exercer une véritable gestion de proximité?
Mme Girard (Danielle) : Vous
savez, actuellement, ce n'est pas à travers le réseau que nous avons une
gestion de proximité, de là que le projet de loi amène une plus grande gestion
de proximité. Pour nous, vous l'avez dit, centralisation, décentralisation,
hypercentralisation, pour nos membres, ce n'est pas l'enjeu. Et je vous dirais
que, dans les réformes passées, pour nos membres, ce n'était pas l'enjeu, parce
que nos membres sont, au quotidien, aux besoins de leurs équipes puis aux
besoins des usagers. Alors, pour nos membres, aujourd'hui, on manque de
gestionnaires, parce qu'on a des équipes... puis je l'ai mentionné dans mon
allocution, les équipes ont grandi, alors, pour soutenir nos équipes sur le
terrain, c'est important. Et alors voilà, je ne sais pas si je réponds à votre
question?
M. Arseneau : Oui, un peu,
mais je vais aller un petit peu plus loin. Est-ce que la simple volonté de
multiplier le nombre de gestionnaires là où on les a fait disparaître il y a
quelques années, pour vous, c'est une garantie suffisante qu'ils vont avoir
l'autonomie et la marge de manœuvre pour gérer leurs équipes, prendre des
décisions et sortir de formules standards, mur à mur, à travers le Québec, pour
appliquer des solutions qui touchent à la situation de chacun des centres?
Mme Girard (Danielle) : Alors,
vraiment, je vois ça en deux... C'est deux choses pour nous. C'est : il
faut ajouter des gestionnaires de proximité. Il faut les bonnes personnes, aux
bonnes places, la bonne profession de gestionnaire, avec le bon service. Alors,
pour nous, je pense, dans la différenciation où vous le faites, c'est
important. Donc, pour répondre à votre question, ce n'est pas le fait d'ajouter
des gestionnaires de proximité qui fait qu'on est rassurés sur l'autonomie,
c'est d'ajouter des gestionnaires de proximité et s'assurer que ces gens-là,
leurs rôles et responsabilités soient claires, que leur autonomie soit claire,
qu'ils aient de la marge de manœuvre décisionnelle. Pour nous, c'est deux choses.
M. Arseneau : Dernière
question... 10 secondes? Je vous remercie beaucoup. J'aurais d'autres
questions, mais je vous donnerai un coup de fil. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:On termine cet échange avec la
députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Je vais prendre les huit secondes à mon collègue. Bonjour, merci
d'être parmi nous. Je comprends, là, puis je l'entends, vous l'avez mentionné,
là, à plusieurs reprises, là, l'ajout... vous parlez d'ajout de RH, finalement,
là. Est-ce que vous êtes capable de le quantifier? Est-ce que vous êtes capable
de nous dire... Tu sais, vous voulez plus de ressources, plus de cadres. Est-ce
que vous êtes capable de nous dire où on s'en va avec ça, puis de nous... de le
quantifier?
Mme Girard (Danielle) : Ce
que je vous dirais, dans le temps qui nous a été imparti pour produire une
recommandation... Et, comme la commission se fera sur plusieurs semaines, il
est clair que nous retournerons des amendements et nous retournerons des
informations plus claires sur ces volets-là, en termes de nombres. Nous les
avons, nous les avons, mais, vous le savez, en termes de temps qu'on a eu... Et
on ne critique pas ça, on est très heureux d'être ici aujourd'hui en cette
date, mais on pourra prendre le temps...
Et, vous savez, autre réponse également,
lorsqu'on parle, dans la transition et par la suite, que nos gestionnaires de
proximité soient consultés, c'est aussi pour ça, c'est aussi pour ça. Ce n'est
pas si simple, ce n'est pas d'arriver et de dire : Bien, on va rajouter,
par exemple, 30, 40 personnes. C'est que... à chaque endroit, dans le bon
établissement. Alors, il y a quand même un travail. Mais ce que je vous dirais,
il y a des données qui pourront sortir, dans des amendements, avant la fin de
la commission.
Mme Nichols : Donc, je
comprends qu'on pourra compter sur votre collaboration pour nous orienter un
peu plus quand on ira, là, dans... vers... soit... l'étude détaillée.
Dernière question.
Le Président (M. Provençal)
:...secondes.
Mme Nichols : En 30 secondes?
Wow! J'ai compris que vous étiez, dans le fond, en faveur de la cogestion. Je
me demandais : Seriez-vous d'accord pour que l'agence soit aussi une
cogestion, c'est-à-dire avec soit deux «top guns»? Parce que j'ai lu aussi
votre lettre sur le «top gun». Est-ce que ce serait, tu sais, «top guns», ou
clinique puis un «top gun» administratif, ou une cogestion de l'agence?
Mme Girard (Danielle) : Bien,
écoutez, on parle de cogestion. Ce que je vous dirais, c'est quelque chose qui
est à réfléchir. Pour nous, il manque des gestionnaires dans le réseau, alors
c'est clair qu'il faut aller aussi à l'extérieur, car ils ne sont pas tous, les
«top guns», dans le réseau, il en manque. Ça fait que, voilà.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, on apprécie
votre contribution, votre présence à nos travaux.
Et, sur ce, nous allons suspendre pour
permettre au prochain groupe de prendre position. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 26)
(Reprise à 17 h 30)
Le Président (M. Provençal)
:Nous recevons la docteure Jessica
Ruel-Laliberté, présidente, Maître Patrice Savignac Dufour, directeur général,
et madame Marie-Annick Laplante, coordonnatrice aux affaires syndicales pour la
Fédération des médecins résidents du Québec. Vous aurez 10 minutes pour
nous faire votre présentation et par la suite nous débutons nos échanges.
Alors, je vous cède la parole.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Merci.
Chers membres de la commission, je vous remercie de cette invitation. En brève
introduction, la FMRQ représente les médecins résidents des quatre facultés de
médecine du Québec, soit environ 4 000 médecins en formation, qui
offrent des services à la population partout au sein des établissements du
Québec.
Le parcours professionnel des médecins
résidents s'échelonne sur plusieurs années. Après une formation doctorale de 4
à 5 ans, ils amorcent leur résidence en médecine familiale de deux ans ou
de 5 à 7 ans dans les autres spécialités. Par la suite, certains
choisissent de réaliser une formation complémentaire, communément appelée
fellow, qui peut ajouter d'une à trois années de formation avant de débuter une
pratique autonome complète. Durant leur résidence, bien qu'ils soient ultimement
sous la responsabilité professionnelle des médecins en exercice, les médecins
résidents sont directement impliqués dans les soins aux patients. Nos données
démontrent que les médecins résidents travaillent en moyenne 72 heures par
semaine, incluant des gardes de nuit, de soir et de fin de semaine.
Nous souhaitons d'entrée de jeu exprimer
aux membres de la commission que c'est toujours un honneur pour nous d'être
invités à notre avis... à partager notre avis sur des pièces législatives.
Cependant, le projet de loi n° 15 est un cas...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : ...fort
particulier. Compte tenu des courts délais de présentation en vue de notre...
de préparation en vue de notre passage, la FMRQ a concentré ses énergies sur
les aspects du projet de loi les plus susceptibles de toucher les médecins
résidents. Malgré d'importants défauts, des éléments perfectibles et notamment
un article 392 qui ne passe pas auprès de la relève médicale, la FMSQ
reconnaît que le projet de loi n° 15 pourrait constituer une première
étape d'une réforme souhaitable et souhaitée. Mais le succès d'une réforme de l'ampleur
proposée dépendra tout de même, en bout de piste, de la capacité du
gouvernement de mobiliser positivement, et non pas par la menace ou les
contraintes, l'ensemble des acteurs du réseau, dont ceux qui s'apprêtent à y
investir leur vie professionnelle, comme c'est le cas des médecins résidents du
Québec.
Pour ce qui est des dispositions du projet
de loi qui proposent des contraintes de travail des médecins spécialistes ou,
pourrait-on dire, des restrictions à leur autonomie professionnelle, le
gouvernement semble encore, malheureusement, avoir recouru à la méthode
consistant à instrumentaliser le pouvoir législatif pour se positionner
stratégiquement dans ses négociations avec une fédération médicale, mais cette
fois en visant la FMSQ plutôt que la FMOQ, comme ce fut le cas avec le projet
de loi n° 11. Nous laisserons le soin à nos collègues de la FMSQ d'élaborer
davantage à ce sujet, dont sur celui de possibles atteinte à leur droit de négocier
les conditions de leurs membres.
Nous ne pouvons pas passer sous silence
que le projet de loi, dans sa forme actuelle, semble, au surplus, vouloir
imposer des paramètres aux médecins spécialistes avec la menace, en cas d'impasse,
d'en faire payer le prix à la relève médicale. Il n'y a pas d'autre lecture
possible, pour nous, de l'article 392, qui suggère la possibilité d'attacher
des conditions de pratiques futures à des étudiants en médecine comme condition
d'entrée en résidence. Une proposition qui en plus d'être moralement,
légalement douteuse serait un échec assuré dans son application.
Nous rappelons également à la commission
que les jeunes médecins du Québec ont déjà subi des clauses orphelines dans le
milieu des années 90 et le gouvernement a dû finalement reculer sous les
pressions populaires menées par les jeunes médecins et la FMRQ. Nous espérons
ainsi qu'on écartera rapidement toute nouvelle proposition du genre afin de ne
pas revenir 30 ans en arrière.
Ce qu'on vous demande clairement aujourd'hui,
c'est de retirer les dispositions discriminatoires à l'article 392. Selon
nous, d'imposer d'avance des conditions de travail à des personnes qui en sont
à des années d'entrée en pratique doit être retirées, de même que toute autre disposition
qui irait dans le sens de faire supporter le fardeau de changements
organisationnels sur le dos des jeunes médecins.
Les membres de la FMRQ rencontrent déjà
des difficultés à se trouver un poste à la fin de leur résidence, après plus de
10 ans de formation universitaire, en raison notamment de la limitation du
nombre de postes dans plusieurs spécialités autres que la médecine de famille.
Le gouvernement détermine déjà les postes disponibles en fonction des besoins
de toutes les régions du Québec, dans le cadre d'un plan quinquennal, alors il
n'y a aucune raison, pour nous, d'ajouter davantage de contraintes à la
pratique et encore moins dès l'entrée en résidence.
Plusieurs questions sur l'article 392
restent sans réponse pour nous. Quelle est la logique du ratio de 25 % des
postes? Pourquoi viser spécifiquement les postes de spécialités autres que la
médecine familiale? Pourquoi cette question de transfert de postes d'une
spécialité vers la médecine familiale? Puisque les postes sont déjà répartis en
fonction des évaluations de besoins futurs de chaque spécialité. C'est comme si
on déshabillait Pierre pour habiller Paul, alors qu'il existe aussi des
pénuries dans certaines spécialités.
Devons-nous comprendre de ce texte de loi
que le ministre consulterait les partenaires uniquement pour la détermination
des postes prévus au deuxième alinéa, donc pour les postes dans les
spécialités, et non pour les postes en médecine de famille? Si c'est le cas,
pourquoi? Et pourquoi consulter uniquement les partenaires désignés?
À la lumière des questions qu'on vous
pose, ceci dit, avec respect, c'est sans queue ni tête comme article. La FMRQ
demande ainsi le retrait de l'article 392 ou, au minimum, le retrait des
dispositions que nous jugeons illégales, et nous avons proposé une modification
dans notre mémoire.
Les admissions en médecine et en résidence
passent déjà à l'heure actuelle par des décrets annuels proposés par le
ministre au Conseil des ministres, suivant les recommandations de la Table de
concertation permanente sur la planification de l'effectif médical au Québec.
Le projet de loi n° 15 ne précise pas clairement comment se ferait cet
exercice si le projet de loi devait être adopté.
Pour planifier le nombre de médecins qu'il
faut former pour assurer les besoins populationnels, l'exercice suppose de
faire des prévisions de 10 à 15 ans d'avance. De l'avis de la FMRQ, le
système actuel dont la table de concertation sur les effectifs médicaux est un
précieux lieu de réflexion et d'échanges qui serait absolument à conserver. Il
est d'ailleurs à souligner que la pertinence de cette table a été soulignée
lors du Congrès international de médecine universitaire qui s'est tenu au palais
de congrès de Québec le week-end dernier et qui fait l'envie des autres
provinces. De plus, cette table de concertation est...
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : ...plus
en plus utilisé pour aborder d'autres questions en matière de formation
médicale. L'existence d'un tel forum où l'on peut échanger sur les enjeux de la
formation de la relève médicale est une revendication de longue date de la
FMRQ.
J'ai trois exemples pour vous montrer
l'importance que le Québec soit davantage présent dans les enjeux de formation
médicale. Le premier, la réforme majeure des modes d'enseignement et
d'évaluation de la médecine spécialisée, la compétence par conception, que nous
appellerons ici CPC. C'est venu graduellement transformer la formation de nos
membres en médecine spécialisée avec des effets pervers très inquiétants, y
compris, à terme, de possibles perturbations sur notre système de planification
des effectifs médicaux au Québec. Il aura fallu quatre rapports de la FMRQ, des
sorties publiques en 2022 et un exhaustif rapport de chercheurs indépendants
qui concluait à l'absence de fondements scientifiques de cettedite réforme pour
que des changements soient enfin envisagés à cette méthode pédagogique en
décembre dernier. Il est tout de même révélateur que le gouvernement du Québec
n'ait été vraisemblablement impliqué dans ce dossier, malheureusement, qu'une
fois qu'il y a de l'aide financière — on parle de dizaines de
millions ici — ait dû être apportée à nos facultés aux prises avec
cette réforme bâclée aux effets négatifs mal évalués.
Deuxième exemple, la proposition de permis
de pratique pancanadienne de la médecine. C'est un dossier juridiquement très
complexe qui soulève d'importantes questions de juridiction fédérale,
provinciale et qui pourrait avoir des effets importants sur la mobilité de la
main-d'œuvre médicale.
Troisième exemple, il y a actuellement une
proposition de réforme du Collège des médecins de famille du Canada qui veut
imposer une troisième année obligatoire de résidence en médecine de famille. La
FMRQ a alerté le ministère à ce sujet dès 2019. Mais comment expliquer que
cette proposition, qui se discute depuis des années dans les cercles restreints
de la formation médicale au Canada, n'ait vraisemblablement pas été portée à la
connaissance du gouvernement du Québec par ses principaux promoteurs, avant que
les scénarios d'application d'une telle proposition ne soulèvent d'importance
enjeux financiers pour le gouvernement du Québec. Ce n'est pas un secret non
plus pour personne que nous avons, au Québec, une capacité d'accueil limitée
dans le nombre de places de résidence en médecine de famille, et la proposition
actuelle qui viendra ajouter une troisième année de résidence en médecine
familiale nécessiterait éventuellement près de 500 nouvelles places. De
plus, même si nous avions les places et les ressources suffisantes pour
accueillir ces places de résidence en médecine familiale, nous avons déjà des
données, que le ministère a d'ailleurs lui-même, démontrant que l'ajout d'une
année de résidence obligatoire en médecine familiale aurait un effet négatif
important sur l'attractivité auprès des étudiants en médecine.
Donc, en résumé, la FMRQ demande le
retrait de l'article 392 du projet de loi ou, minimalement, ses
dispositions discriminatoires, où que l'on juge illégales. Pour la
détermination des admissions en médecine et en résidence, nous sommes d'avis
que de conserver l'actuelle table de concertation des effectifs médicaux, même
que l'on pense qu'il faudrait en bonifier le mandat en y intégrant les
questions de formation médicale avec les enjeux dont je viens de vous énumérer.
Dans le même sens, nous demandons également que... malgré l'éventuelle création
de Santé Québec, que le gouvernement s'assure de maintenir et de bonifier
l'expertise du MSSS sur les enjeux de formation médicale afin de cesser d'être
à la traîne des partenaires canadiens sur ces questions. Notre mémoire comporte
également, bon, des aspects plus techniques, dont un sur le suivi des plaintes,
qui pourraient éventuellement toucher des médecins résidents. Nous invitons les
membres de la commission à en prendre connaissance dans notre mémoire. Merci.
• (17 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Dubé : Très bien.
Une voix : ...
M. Dubé : Oui, oui, merci, et
vous êtes notre dessert aujourd'hui. Alors, merci beaucoup d'être là. Et je le
dis à ceux, à tous ceux qui sont venus comme groupe aujourd'hui, un merci
spécial d'avoir accepté d'être dans les premiers groupes, parce que vous savez
que le processus décisionnel ne vous a peut-être pas donné beaucoup de choix.
Alors, merci d'avoir fait l'effort de vous préparer aussi rapidement, puis je
tiens à le souligner.
Je vais commencer par un... je dirais, un
petit exercice didactique, mais avec beaucoup d'humilité, d'accord, que j'ai
appris moi aussi durant le processus du projet de loi, d'accord? Et je veux
l'expliquer à vous, mais principalement aux Québécois qui vont nous écouter
lors des prochains mois. La LSSSS, la loi, telle qu'on la connaît en ce moment,
s'applique à tout le monde incluant les autochtones. Vous allez me dire :
Pourquoi qu'il spécifie ça aujourd'hui? C'est important de le voir. Le Docteur
Barrette, quand il est arrivé avec sa réforme de 2015, il est venu ajouter une
loi au-dessus de la LSSSS au lieu de jouer dans la Loi sur la santé et les
services sociaux. Ça, vous êtes au courant de ça. Nous ce qu'on a décidé de
faire pour ne plus avoir deux lois, on a décidé qu'on reformait...
M. Dubé : ...la LSSSS, donc,
la fameuse loi. Mais, comme on ne voulait pas toucher à tous les droits
autochtones, parce que c'est compliqué, la LSSSS, dans sa forme actuelle, va
s'appliquer aux autochtones. Et ce qu'on refait... puis là c'est important,
parce que je vais vous parler de 392 dans une minute, vous allez me voir
venir... la LSSSS plus la loi de M. Barrette, je l'appelle comme ça, on les
fusionne ensemble pour n'avoir qu'une nouvelle LSSSS.
Alors, vous me suivez? Je vais avoir une
LSSSS, l'ancienne, qui s'applique aux communautés autochtones parce qu'on ne
voulait pas toucher à ça, et on a une nouvelle LSSSS. Il ne va y en avoir rien
qu'une. Ça fait que ça... Alors, c'est pour ça que, souvent, on va parler de
1 000 ou 1 180 articles, mais il y en a beaucoup qui ne sont que des copier-coller
de la LSSSS. Je vous le dis à vous, là, mais je le dis à tout le monde qui nous
écoute, parce que, souvent, ce n'est pas évident. Et quand on va faire
l'article par article, il va falloir dire : Ça, c'est vraiment une reprise
de la LSSSS, on n'a rien inventé, ce n'est pas le projet de loi n° 15 qui
vient faire ça. Ça va? Bon. Maintenant... Excusez mon cours didactique, je ne
suis pas un très bon professeur. Mais si je prends votre demande sur l'article
392, 392, c'est une copie collée de la LSSSS actuelle, on n'a rien rajouté.
Alors, je veux juste qu'on respire, là, puis on n'a pas inventé l'article 392.
Et j'aimerais aussi vous rassurer sur deux
choses. L'alinéa de 25 %, là, il n'a jamais été utilisé en 25 ans. Bon, si
ça vous tracasse tant que ça, très ouvert à le reconsidérer. Alors, je veux
juste vous rassurer. Mais j'ai pris la peine de vous expliquer qu'on n'a pas
inventé 392, là, on ne pensait pas qu'il avait besoin d'un changement. Mais si
c'est quelque chose, en tant que résident, qui... vous êtes la relève des
médecins, puis on en a besoin, c'est ça que vous êtes, hein, vous êtes les
4 000 relèves... on va juste s'entendre assez facilement sur celui-là,
d'accord? Je voulais juste vous rassurer là-dessus. Alors...
Mais ça va s'appliquer à beaucoup de gens
qui vont venir ici, des fois, de dire : Écoutez, ça, je m'excuse, c'est
une copie collée. Mais c'est... on ne pouvait pas avoir un signe à côté du
projet de loi, là. Des fois, on devrait faire ça. Mais je le dis aussi qu'il va
falloir trouver, nous, quand on va faire... Il va falloir avoir un logo, de
dire : Des 1 180 articles, il y en a peut-être 400 quelques, là... On
a demandé à faire cet exercice-là, puis je le dis à mes collègues, parce que
c'est déjà... je m'excuse de vous dire ça, là, mais, déjà, de mettre les deux
lois ensemble pour n'en avoir qu'une, c'était une grosse job, je vais le dire
comme ça. D'accord? Excusez-moi. Mais très ouvert à votre commentaire sur 392.
Moi, j'aimerais ça vous amener un petit
peu ailleurs, O.K., parce que je sais qu'on va avoir encore des... parce que
vous avez vraiment une contribution importante. J'aimerais ça vous parler des
AMP, O.K., parce que... Je sais que c'est un sujet très délicat et je...
mais... et si vous voulez en parler, vous pouvez; si vous n'aimez mieux pas...
mais je ne vous ai pas entendus là-dessus puis je suis un petit peu surpris.
Alors, moi, ce que j'aimerais savoir de vous, en termes de...
On croit, nous, fortement qu'il y a deux
éléments importants qu'on demande aux médecins de famille, hein... les PREM,
donc une entente sur le lieu de pratique, je vais le dire comme ça, mais aussi
ce qu'on appelle les activités médicales particulières, les AMP, pour
dire : Bien, écoutez, dans votre responsabilité régionale ou locale, qui
est le PREM, on vous demande aussi de nous donner certaines activités qu'on a
besoin. Comme, par exemple, dans votre région, on voit... et ça, c'est, en ce
moment, les DRMG qui font ça... donc, des directeurs généraux de médecine
viennent dire : Écoutez, moi, dans ma région, j'ai besoin de plus de
médecins, par exemple, dans les CHSLD, ou c'est plus un besoin en urgences, par
exemple. Et c'est comme ça qu'on oriente un peu 45 % de la pratique du
médecin, parce que 55 %... du médecin omni, là, le généraliste...
Je sais que vous savez tout ça, mais je le
dis aux Québécois, en même temps, pour qu'on se comprenne. Et ça, ça fonctionne
à peu près comme ça...
M. Dubé : ...depuis une
vingtaine d'années pour les omnis. Il n'y a pas cet équivalent-là, en ce
moment, de responsabilité populationnelle et d'AMP pour les médecins
spécialistes. On peut comprendre toutes les raisons pour lesquelles c'est
différent. Des fois, on dit : C'est parce qu'il est relié à un
établissement, etc.
Moi, j'aimerais ça, vous entendre sur le
principe des AMP. Parce que j'ai entendu beaucoup de médecins, je vous avoue,
récemment, là, depuis le projet de loi, qui ont dit : Nous... Puis, dans
une grande majorité d'eux... Mais ce n'est pas des médecins qui, comme vous,
sont la relève, là, c'est ceux qui pratiquent déjà. Ils disent : Moi, j'en
ai... je me sens déjà responsable régionalement. Si tu viens le clarifier, je
n'ai pas de problème. Mais, moi, j'aimerais ça, vous entendre alors, parce que
je vais redébattre ça avec le Dr Oliva quand il viendra, là, puis il est
chanceux, il a un peu plus de temps que vous pour y penser, je vous dis ça, là.
Alors, je ne veux pas vous mettre sur la sellette, mais il est important pour
moi de vous entendre là-dessus, et, je vous le dis à l'avance, si vous n'êtes
pas à l'aise de finaliser votre réponse aujourd'hui, finissez-la plus tard, en
nous envoyant une mise à jour. Parce que, pour moi, ça, c'est important, je
vous le dis, là, entendre les pour et les contre de vous, comme étant la relève
des médecins. Qu'est-ce que vous pensez des AMP, qui sont... qui auraient des
principes similaires à ceux qu'on a avec les omnis, pour s'assurer d'une
responsabilité populationnelle? Alors, si vous voulez en parler quelques
minutes, je serais très intéressé à vous entendre.
M. Savignac Dufour (Patrice) : Merci,
M. le ministre. Bien, évidemment, vous devinez que sur la question...
M. Dubé : Juste vous
représenter, pour que les gens sachent bien...
Le Président (M. Provençal)
:Ça, c'est monsieur... C'est Me
Patrice Savignac Dufour, qui est le directeur général. C'est ça?
M. Savignac Dufour (Patrice) : Oui,
absolument. Bien, effectivement, sur les détails, tu sais, on va laisser nos
collègues de la FMSQ faire cet échange-là avec vous, mais peut-être justement,
puisque vous en parlez, se rappeler les AMP ont existé pourquoi, et les AMP ont
existé d'abord, voilà très longtemps déjà, pour ramener des omnipraticiens dans
les centres hospitaliers, ça a d'abord servi à ça, puis un jour Dr Barrette
s'en est servi pour les sortir des hôpitaux puis essayer de les amener
ailleurs. Bon.
Mais, tu sais, je veux dire, moi, je
pense, c'est assez simple, s'il y a des besoins populationnels à combler et que
le gouvernement juge, ou les parlementaires jugent que ces besoins-là ne sont
pas comblés par les médecins spécialistes, bien, il y aura à trouver des façons
de le faire. Est-ce que c'est les AMP? Vous ferez la discussion, je pense, avec
les personnes directement concernées. Nous, ce qui est sûr, c'est que je pense
que tout le monde a une responsabilité de rencontrer les besoins
populationnels, on va... ce n'est pas la FMRQ qui va vous dire qu'on n'est pas
d'accord avec ça.
Maintenant, est-ce que c'est les... Est-ce
que ça doit passer par les AMP? On va vous laisser ça avec la FMSQ. Mais c'est
sûr que c'est un mécanisme qui a été existé... un mécanisme qui a été utilisé,
qui existait. On l'a déjà dit, je pense, dans le projet de loi n° 11, ou ça se
trouve dans notre mémoire sur le projet de loi n° 20, il y a eu beaucoup
d'improvisation, historiquement, qui a été faite avec les AMP, là, on a fait
une chose, on a redéfait une chose et tout. Alors, la chose qu'on vous dirait,
c'est : Souhaitons que ça ne soit pas ça cette fois-ci aussi, là, tu sais,
qu'on utilise les AMP pour défaire ça dans la prochaine réforme dans 10 ans,
parce que ça conditionne la pratique des gens, ça a des conséquences
importantes sur le plan professionnel, et je pense que c'est assez important
que les gens aient une certaine, je dirais — comment on dit? — tu
sais, régularité, là, ce n'est pas le mot que je cherchais, là, mais dans leur
pratique, là, une prévisibilité aussi, mais donc... Mais ce n'est pas nous
autres qui sommes contre de s'assurer de trouver des mécanismes qui seront, je
dirais, idéalement négociés avec les organisations représentantes, là, pour
répondre aux besoins.
• (17 h 50) •
M. Dubé : Parce que... Bien,
j'apprécie cette ouverture-là, puis, encore une fois, je ne voulais pas vous
mettre sur la sellette, puis je vous laisserai en discuter, là, si vous voulez
préciser, mais... Parce que ce que les Québécois, souvent, veulent savoir,
c'est : Comment ça se fait que j'ai peut-être de la difficulté à avoir
accès à un spécialiste, hein? On le voit, puis je vous donne l'exemple, là...
Vous n'êtes pas encore tout à fait là. Mais, quand on voit les listes d'attente
entre les rendez-vous qui sont donnés par un omni, un médecin général à un
spécialiste, on a des listes d'attente qui sont énormes. Alors, on se
dit : C'est-tu parce qu'il manque de médecins ou c'est parce qu'ils ne
sont peut-être pas à la bonne place au bon moment?
Alors, c'est un petit peu ça qui est l'objectif
des AMP de façon générale, c'est de pouvoir voir les besoins populationnels
puis dire : Est-ce que nos médecins peuvent être là? Ça fait que
j'apprécie qu'on puisse dire : On aura la chance d'en reparler avec la
FMOQ, mais je pense qu'il est important d'avoir cette discussion-là à un moment
donné pour trouver la bonne façon que le médecin, quand il prend son serment
d'Hippocrate, là... de dire : Oui, j'ai une responsabilité
populationnelle, mais d'aller un peu plus loin sur le principe de dire comment
ça peut se transmettre chez vous. Alors...
M. Dubé : ...l'ouverture, mais
on pourra... Avez-vous un commentaire aussi là-dessus? Oui.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui,
si je peux juste ajouter un petit point là-dessus. Nous, ce qui est vraiment
important, pour nous, c'est que toute nouvelle... que ça passe par les AMP, ou
une nouvelle contrainte, ou une nouvelle manière de répartir la tâche, on veut
juste s'assurer que ça ne passe pas uniquement par des contraintes liées à la
pratique des nouveaux médecins... Ça, c'est clair pour nous.
M. Dubé : O.K., je... Oui,
oui, je comprends très bien, parce qu'on ne voudrait pas que ce soit... O.K.,
je vais le dire dans mes mots-là, puis je ne suis pas un légiste, il ne
faudrait pas qu'il y ait de clause grand-père, ou une clause grand-mère, je ne
sais pas si ça se dit, là, je ne veux pas être non genré, là, mais on se... Je
comprends ce que vous dites, là...
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui,
oui.
M. Dubé : ...si on le fait,
on le fait pour tout le monde, pour que ça fonctionne pour tout le monde. Je ne
voudrais pas mettre la pression sur les jeunes médecins puis pas sur les
médecins qui pratiquent, c'est ce que je ne comprends pas de votre point.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Exact.
M. Dubé : O.K., O.K., je
comprends. Est-ce que je peux demander à mes collègues s'ils ont des questions
ou je...
Le Président (M. Provençal)
:Oui.
M. Dubé : Oui. Oh! je vois un
grand oui. O.K.
Le Président (M. Provençal)
:O.K. Alors, Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Dorismond : Bonjour,
j'espère que vous allez bien. Oui? J'aimerais ça avoir votre vision au niveau
du privé. Comment vous voyez ça, pour votre pratique en privé?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui,
on avait vu venir cette question... Oui...
M. Savignac Dufour (Patrice) : Bien,
écoutez, effectivement, c'est une question complexe. Ça fait partie des
questions qu'on se disait qu'il me semble qu'on a manqué de temps pour regarder
cet aspect-là. Pour ce qui est de la résidence, pour le moment, ça ne se fait
pas, en fait, il n'y a pratiquement pas de résidence qui se fait dans le privé.
Il y a eu des cas, là, tu sais, par exemple, en cliniques de fertilité, et tout
ça, donc. Bon, il y a des enjeux, je pense, d'affiliation universitaire, là,
qui sont liés à ça, là, pour ce qui est des médecins résidents. Mais c'est sûr
qu'a priori tu sais, on est partisans du système public.
Maintenant, comme on disait tout à
l'heure, pour les AMP, tu sais, trouvons les meilleures façons de donner les
services à la population en se donnant des balises démocratiques. Est-ce qu'il
y a une combinaison privé et public... Bon, on pourrait pousser... Qu'est-ce
que ça veut dire, «privé», là? Tu sais, il y a des cliniques médicales privées
qui donnent des services qui sont publics. RAMQ, les gens ne paient pas pour
les services. Donc, à moins que vous ayez une question très précise sur le type
de privé que vous avez en tête, là, ça fait déjà partie de la réalité, là.
Mme Dorismond : Vous n'êtes
pas trop contre.
M. Savignac Dufour (Patrice) : Ça
dépend de quel privé vous parlez.
Mme Dorismond : Bien les
GMF-U?
M. Savignac Dufour (Patrice) : Ça
existe déjà, c'est ça, exact.
Mme Dorismond : Exact. Puis ça
va bien.
M. Savignac Dufour (Patrice) : Ce
n'est pas privé privé, là, c'est privé RAMQ, là, tu sais.
Mme Dorismond : Puis mon
autre question, ça serait : Là, vous avez parlé d'AMP comme prise en
charge populationnelle, est-ce que vous en avez d'autres, d'autres solutions
pour une prise en charge populationnelle? Est-ce que vous en voyez d'autres,
d'autres solutions pour améliorer la prise en charge?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : La
prise en charge, vous voulez dire à l'accès de la première ligne pour nos...
Mme Dorismond : Ça peut être
la première ligne, oui.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Bien,
en fait, nous, une de nos recommandations, puis ça va au-delà du projet de loi
puis ça fait longtemps qu'on en parle, mais c'est sûr qu'on considère à l'heure
actuelle que notre système de santé est pas au XXIe siècle, en ce sens
qu'on a certains aspects positifs qu'on a pu voir dans la pandémie avec
ClicSanté, mais, pour nous, c'est certain que de fonctionner encore avec des
fax, de ne pas savoir à qui se référer, de voir le parcours du combattant que
certains de nos patients doivent faire pour réussir à avoir accès au service,
pour nous, c'est clair qu'on n'est pas dans le bon siècle actuel, là. Ça fait
que ça, c'est sûr que, pour nous, ça passe par un.... mais c'est déjà, je
pense, dans vos orientations, là, mais, pour nous, ça passe par un dossier
patient qui est universel au Québec, par des systèmes de rendez-vous qui sont
plus électroniques. On en parlait, justement, aujourd'hui dans notre
préparation, mais Ma clinique médicale, pour la petite histoire, fonctionne
encore avec du sans rendez-vous où on doit faire la file dehors le matin, O.K.?
On se dit que la SAAQ, ça n'a.... que ça n'a pas fonctionner de faire la file
dehors pendant des heures. Bien, ça existe encore à l'heure actuelle au Québec
pour des systèmes de prise de sans rendez-vous ou pour avoir accès à notre
médecin de famille. Donc, bref, pour nous, ça, c'est des exemples concrets de
choses qu'il faut entrer la technologie là-dedans. Ça fait que, pour nous, ça,
c'est clair, net et précis qu'on n'est pas rendus là.
M. Dubé : Peut-être juste
vous encourager à finir les dernières années, là, les systèmes informatiques
qui sont vraiment dans notre priorité. Je veux juste vous rassurer, là, on est,
je me permets de le dire, M. le Président, en appel d'offres majeur sur nos
systèmes qu'on va appeler de dossiers de santé numérique, et on va être
capable, d'ici la fin de l'année, de commencer l'installation dans deux CISSS
et CIUSSS, qui vont être notre modèle des prochaines années...
M. Dubé : ...alors on n'est
pas... ce n'est pas dans des années qu'on va faire ça, c'est cette année.
Alors, je voulais juste vous rassurer là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. Mme la députée
de La Pinière, vous allez prendre le relais à M. le ministre.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Alors, merci pour votre présentation, il y avait beaucoup d'informations que
vous avez tenté de nous livrer en peu de temps, alors je vais me permettre de
revenir sur des choses que vous avez dites pour avoir un petit peu plus de
détails. Une chose que je... ce n'est pas la première fois que je l'entends,
mais je me mets à la place de... de mes voisins, de mes voisines, par exemple,
dans mon comté, ou un peu partout en région au Québec, vous avez mentionné que
vous avez de la... parfois de la difficulté à trouver des postes, comment ça?
Parce que les... M. et Mme Tout-le-monde doivent se dire : On a
l'impression qu'on manque tellement de médecins, comment se fait-il que les
médecins ne trouvent pas de poste, ou que les résidents ne trouvent pas de
poste de résidence? Alors, est-ce que vous pourriez nous en parler un petit peu
plus, s'il vous plaît?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui.
Bien, en fait, ma... ma réponse ne sera pas si négative, là, en fait, au
Québec, on a quand même, avec les... le plan quinquennal puis l'attribution des
postes par les PREM, on a quand même un système au Québec où est-ce qu'on tente
de planifier puis de répartir, nous, ce qu'on appelle répartir la rareté,
c'est-à-dire dans certaines spécialités, incluant la médecine familiale, il y a
des pénuries et donc le système que nous avons actuellement, qui vise à déterminer
dans quel... je vais prendre un exemple concret, ça va être beaucoup plus
facile, les gynécologues, on en a 12 finissants cette année, où est-ce qu'on
les met? Bien, chaque établissement va pouvoir dire un peu c'est quoi son...
quels sont leurs besoins? Puis, par la suite, il y a un plan quinquennal qui
est fait puis qui détermine où est-ce qu'il va y avoir des postes. Ça, on ne
remet pas en question du tout le système puis le... le comment ça fonctionne.
Effectivement, par la suite, dans certaines
spécialités, historiquement, ça a pu être plus difficile de se trouver un poste
en finissant puis dans certaines ces spécialités aussi, ça peut être plus
difficile, comme, par exemple, je vais encore vous donner un exemple concret
qui va être beaucoup plus facile, mais les postes sont déterminés par
spécialité, donc on va dire, mettons, l'obstétrique gynécologie, mais, par la
suite, si quelqu'un fait une surspécialité en gynéco-oncologie, pour prêcher
pour ma paroisse, bien, le poste va être affiché en obstétrique gynéco. Donc,
est-ce que, par la suite, il y a un poste en gynéco-oncologie? Bien là, ça ne
va pas être plus difficile à trouver où sont les besoins, parce que le plan ne
va pas se rendre dans les surspécialités. On n'est pas en train de dire qu'il
faut que ce soit ça qui soit fait, mais on est en train de vous dire que, des
fois, même un système qui fonctionne bien, mais, pour certaines sur
spécialités, ça peut être plus difficile de se placer, c'est ça qu'on veut dire
par là.
Mme Caron : Parfait. Merci.
Vous avez parlé d'une table de concertation des effectifs médicaux qui est à
conserver, que ça fait l'envie d'autres provinces, est-ce que vous pouvez nous
nous parler un petit peu davantage du rôle de cette table-là? Puis pourquoi...
Puis si... Est-ce qu'il y a quelque chose, selon vous, dans le projet de loi
qui peut... craint qu'elle disparaisse ou bien... ou c'est une crainte comme
ça, mais sans nécessairement être liée au projet de loi?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui,
dans le fond, la table de concertation, elle est vantée dans les autres
provinces, parce qu'on est l'une... la seule province, actuellement, qui
planifie vraiment ses besoins, puis sa répartition de ses ambitions en
médecine, mais aussi de ses résidents, donc en médecine familiale et en
médecine spécialisée, vraiment, en fonction... des facteurs démographiques de
notre population.
Donc, chaque année, à cette table-là, il y
a des besoins qui sont présentés, qui sont calculés en fonction du
vieillissement de la population, du nombre de départs à la retraite qui est
anticipé pour chacune des spécialités. Donc, pour nous, ça représente vraiment
un modèle d'exemple à suivre, puis on est chanceux, au Québec, d'avoir ça. Le
point, nous, on considère vraiment que c'est important que cette table-là
reste, mais aussi on pense qu'il faut la bonifier, parce qu'actuellement, avec,
par exemple, la troisième année de résidence en médecine familiale, dont on a
parlé, bien, on veut avoir un forum où on peut discuter de ces enjeux-là qui
vont arriver et qui peuvent représenter des centaines de millions de dollars
pour le gouvernement, mais aussi, vraiment, des changements organisationnels.
Si, par exemple, on a une troisième année
en médecine familiale qui arrive dans cinq ans, mais ça, ça veut dire qu'une
année complète, il n'y aurait pas de cohorte de médecins finissants en médecine
de famille. Ça a des impacts majeurs pour le Québec, et pourtant c'est une
décision qui est en train d'être prise au Canada, sans que le ministère ait son
mot à dire ou puisse être vraiment au fait de ce dossier, alors que nous, la
FMRQ, on entend parler de ce dossier-là depuis des années. Ça fait que c'est
pour ça qu'on pense qu'il faut la bonifier, cette table-là. Puis on pense qu'on
a des sujets puis des choses qui doivent être discutés avec l'apport du
ministère, qu'il puisse amener sa contribution au niveau canadien.
• (18 heures) •
Mme Caron : Alors donc,
est-ce que vous vous iriez jusqu'à l'enchâsser dans le projet de loi?
M. Savignac Dufour (Patrice) : Bien,
non, mais non, parce que notre inquiétude était, justement, qu'en créant Santé
Québec, tu sais, qu'est-ce qui va rester sur le plan des orientations
politiques au...
18 h (version non révisée)
M. Savignac Dufour (Patrice) : ...ça
nous apparaissait assez important de dire, dans le cadre du projet de loi n° 15,
ce qu'on pense qui doit rester comme expertise au MSSS. Donc, pour nous, ça ne
devrait surtout pas aller à Santé Québec, ces questions d'orientation politique
là, mais ne pas l'oublier, qu'il y a des choses importantes qui existent au
moment où on se parle, au MSSS. Et, dans la division des tâches, si je peux
dire, il y a des choses qui vont à Santé Québec. Ça, il faut que ça reste au
ministère, et même le bonifier, là.
Mme Caron : O.K., merci. Pour
ce qui est d'un autre enjeu, vous avez mentionné le permis de pratique
pancanadien de médecine. Est-ce que ce sont des enjeux positifs, négatifs, un
peu des deux? Est-ce que vous pouvez élaborer aussi?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui.
On n'a pas de position officielle, la FMRQ, parce que certainement certains de
nos membres seraient en faveur d'un permis pancanadien. Par contre, ce qu'il
faut savoir, c'est que ce permis-là, s'il arrive, bien, ça va avoir des enjeux
importants sur la mobilité. Actuellement, lorsqu'on a un permis, on demande un
permis au Collège des médecins du Québec puis, si on veut pratiquer dans d'autres
provinces, il faut demander le permis. Ce n'est pas quelque chose qui est
interdit, à l'heure actuelle, d'aller travailler dans une autre province, mais
ce qu'on veut dire, c'est que, s'il y a un permis pancanadien, bien, c'est sûr
qu'il peut y avoir des enjeux sur la mobilité de nos membres, qui va être
rendue plus facile.
Donc là, encore une fois, bien, on veut
que le ministère fasse partie de ces discussions-là parce que, bien, la FMRQ se
ramasse à une table où est ce qu'on discute de cet enjeu-là, mais on pense que
le ministère aurait certainement une opinion là-dessus.
Mme Caron : Parfait. Je vais
vous amener maintenant sur ce dont vous avez parlé tout à l'heure quand vous
avez dit : On n'est pas dans le bon siècle, là, avec les fax et puis les
files d'attente. Est-ce que vous avez des propositions? Bon, bien sûr, l'informatisation,
j'imagine, mais est-ce que vous avez d'autres propositions, d'autres choses en
tête que vous aimeriez voir mises en place, peut-être, que vous avez vu
ailleurs, dans votre table de concertation, par exemple? Est-ce qu'il y a des
propositions que vous auriez à faire pour bonifier le système, le réseau?
M. Savignac Dufour (Patrice) : Bien,
votre question est excellente, puis c'est ça, notre préoccupation, on a une
préoccupation de gouvernance. Peut-être qu'éventuellement, à Santé Québec, il y
aura des nouvelles structures avec des nouveaux intervenants qui vont être sur
cette question-là, puis on va pouvoir travailler avec eux, mais, tu sais,
présentement, il se fait un peu la loi de la jungle, là, alors les gens
développent des utilisations d'applications mobiles sur leur iPhone pour se
parler entre eux — là, je parle du corps médical — puis là,
des fois, on dit : Là, êtes-vous sûr, avec le Collège des médecins, que c'est
correct, là, cette pratique-là? Puis le Collège de médecins travaille aussi sur
l'encadrement, sur l'utilisation des nouvelles technologies de l'information,
mais c'est clair qu'il faut que tout le monde se parle avant de mettre en place
des choses.
Alors, une fois peut-être qu'on aura mis
au point qui s'occupe de l'opérationnalisation dans le réseau, il faudra parler
aux groupes de médecins et au Collège des médecins pour trouver des façons de s'assurer
que la mise en place de technologies ne va pas créer d'autres problèmes, sur le
plan déontologique, par exemple. Alors, c'est des questions complexes, mais,
oui, on a plein de suggestions qu'on pourra faire aux personnes concernées une
fois que la première étape sera passée.
Mme Caron : O.K., merci. Et
puis comment vous voyez le fait que l'agence, la future Agence Santé Québec va
devenir un employeur unique pour le réseau? Est-ce que ça a des impacts pour
vous?
M. Savignac Dufour (Patrice) : Bien,
votre question est bonne. En fait, pour ce qui est des fédérations médicales, c'est
organiser autrement les négociations des conditions de travail, surtout que nos
membres à nous bougent beaucoup d'un établissement à l'autre, à la grandeur du
Québec, presque tout le long de leurs résidences, donc c'est une situation
très, très particulière. Donc, nos collègues des organisations syndicales vont
sûrement avoir des réponses à cette question-là, plus précises, on va les
laisser répondre, parce que ça n'a pas d'impact pour les médecins résidents,
avec ce qu'on lit dans le projet de loi n° 15 puis dans les faits. C'est l'analyse
qu'on fait là.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:...M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Oui, merci, M.
le Président. Bonjour. Bonsoir, à cette heure-ci. Je comprends que vous ne
voulez pas faire ici la bataille des négociations de la FMSQ. Par contre, vous
en parlez nommément dans votre mémoire, là, puis c'est assez explicite, ce que
vous en dites. Puis, bon, on comprendra facilement que vous êtes les prochains
membres de la FMSQ, pour ceux et celles qui choisiront des spécialités, là,
alors je présume que vous avez écrit ça pour une raison. Je ne veux pas vous
mettre sur le «hot seat», en anglais, je ne veux pas vous mettre dans l'embarras,
mais vous dites que «le gouvernement semble encore malheureusement avoir
recouru à la méthode consistant à instrumentaliser le pouvoir législatif pour
se positionner stratégiquement dans ses négociations avec une fédération
médicale, cette fois-ci en visant la FMSQ plutôt que la FMOQ». C'est vrai qu'on
a l'impression d'être dans une suite d'un film qu'on a déjà vu où le rôle du
vilain était occupé par la FMOQ.
Et je précise, je ne travaille ni pour la
FMOQ ni pour la FMSQ, mais j'aimerais quand même que vous élaboriez un peu
là-dessus parce qu'il y a des demandes très particulières, dont on reparlera
ici...
M. Marissal : ...qui seront
faits via le projet de loi n° 15 aux médecins spécialistes.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Vous
savez, les médecins spécialistes, ça représente plus de 60 spécialités. Pour
nous, c'est très difficile d'avoir une réponse pour vous aujourd'hui,
simplement parce que, un, on trouve qu'on ne veut pas venir prendre la place de
la FMSQ sur ce dossier-là, mais aussi parce qu'on pense qu'il n'y a pas de
solution unique pour les médecins spécialistes ensemble, c'est-à-dire qu'étant
donné qu'ils représentent une entité qui, avec une pratique qui varie
grandement dépendamment de la spécialité qu'on a choisie, bien, selon nous, ça
représente une population trop hétérogène pour qu'on puisse arriver avec une
règle "one size fits all". C'est ça, notre point aujourd'hui.
M. Marissal : C'est ce qui se
dit parmi vos membres?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui,
puis je vous dirais que notre point à nous, c'est de dire... On est vraiment
d'accord avec le fait qu'on doit servir la population puis qu'on doit répondre
aux besoins, qu'on doit, comme fédération, mais aussi comme profession, servir
dans toutes les régions puis offrir des services à notre population, on est
d'accord avec ça. Notre point qu'on veut que vous reteniez, c'est que, si on
impose des AMP ou qu'on impose des nouvelles... je vais appeler ça, des
contraintes, mais ça ne veut pas nécessairement dire que c'est contraignant,
là.
Mais, bref, qu'on impose des nouvelles
règles aux médecins spécialistes, on veut juste s'assurer que ce soit égal pour
tous, et donc pas juste sur le dos de la relève, puis que, pour nous, c'est un
partage de tâches qui doit se faire au sein de tous les spécialistes et non pas
juste la relève qui arrive. C'est notre point.
M. Marissal : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, merci,
M. le Président. Merci à vous d'être là. On retient, bien entendu, que vous
voulez le retrait de l'article 392, que vous jugez discriminatoire, moralement
inacceptable, même illégal ou douteux, justement... et inique. Je ne sais pas
s'il y a d'autres vocables que vous utilisez pour dénoncer, dénoncer cet
article. Mais pourquoi illégal? J'aimerais comprendre ce qui serait illégal
là-dedans.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Bien,
pour nous, dans le fond, ce qui est illégal, ce serait d'imposer des clauses
qui ne touchent, dans le fond, que la relève médicale. Pour nous, on l'a dit,
on pense qu'avec le plan quinquennal puis le fait qu'on répartit les besoins en
médecine spécialisée, dans chacune des régions, selon les besoins
populationnels, bien, déjà, on impose déjà, dans le fond, aux futurs médecins
spécialistes qui veulent avoir un poste une certaine... un certain choix
restreint, en fonction des besoins, d'aller dans certaines régions.
Donc, pour nous, de venir dire que,
lorsque je choisis que je vais être obstétricienne-gynécologue et que je vais
graduer dans cinq ans, de dire : Tu vas aller travailler à Matane, pour
nous, c'est quelque chose qui ne fonctionne pas, mais aussi, c'est quelque
chose qui, dans le concret, serait très difficile à prévoir. Parce que les
besoins, dans six ans, parce que, lorsqu'on choisit notre spécialité, on est
comme un an d'avance, les besoins, dans six ans, ils sont très difficiles à
prévoir. Ça fait que, pour nous, ce n'est pas quelque chose qui est possible.
• (18 h 10) •
M. Arseneau : Les gens de
Matane seraient contents de savoir, cinq ans à l'avance, qu'ils vont pouvoir
accoucher là-bas. Mais, cela dit... mais je comprends votre argument à la page
neuf, de dire que, prévoir cinq ans, six ans à l'avance, là où on va vouloir
travailler avant même d'avoir fait un choix professionnel très, très précis,
c'est difficile. Et puis même les besoins populationnels, les prévoir dans
cinq, six ans, je comprends aussi, mais de dire que c'est illégal, j'avais un
doute là-dessus. Mais je vais vous poser une question plus générale parce que,
pour les citoyens qui nous écoutent, je pense qu'il y a un préjugé favorable
envers le principe qui a été défendu par le ministre et au sein du projet de loi,
il parle de cette espèce de responsabilité des médecins, des spécialistes, même
des omnipraticiens envers la population, qu'on qualifie de responsabilité
populationnelle.
Est-ce qu'il faut nécessairement l'opposer
à l'autonomie professionnelle ou est-ce qu'il y a moyen de trouver cet
équilibre-là à travers le projet de loi, parce qu'il y a encore des régions qui
sont mal desservies? Comment vous voyez ça, là?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui.
Bon. Mais, en fait, on ne pense pas que ça doit nécessairement s'opposer. On
est vraiment d'accord sur le principe d'avoir une responsabilité
populationnelle. On est vraiment d'accord sur le principe de partager cette
responsabilité-là professionnelle au sein de tous les membres d'une profession,
je vais le répéter encore. Puis on pense qu'il y a des solutions alternatives
qui peuvent exister. Donc, par exemple, il y a des corridors de services qui se
font pour offrir des soins dans certaines régions. On pense que, versus
d'avoir un finissant qui doit aller dans une région, dans un poste que,
parfois, on peut qualifier de suicide... C'est le terme que nous, on utilise
dans notre fédération, parce qu'il y a certains endroits où est-ce que ça ne
permet pas de garder toutes nos compétences, dans certains endroits qui ont,
par exemple, très peu de débit, où est-ce qu'on pratiquerait très peu d'une
intervention où est-ce qu'on perdrait nos compétences, bien, pour nous, ça
passe par un corridor de services...
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : ...et
non pas par le fait de dire : Toi, tu vas aller dans telle région, mais
dans tel établissement qui ne te permettra pas de garder tes compétences, puis,
dans quatre ans, bien, si tu veux revenir, bien, tu vas avoir perdu tes
compétences, puis ça, pour nous, ce n'est pas faisable. Donc, on ne pense pas
que nécessairement la responsabilité professionnelle... la responsabilité
populationnelle s'oppose à l'autonomie professionnelle. Au contraire, on pense
qu'il y a des solutions, mais ces solutions passent par le partage et non pas
par l'attribution à une seule personne.
Le Président (M. Provençal)
:On va terminer cet échange-là avec
Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le
Président. Merci, vos points ont le mérite d'être très clairs. Je vais même
aller un petit peu plus loin, et vous devez connaître le «billing number», en
Colombie-Britannique. Est-ce que ça irait jusque-là? Est-ce qu'il y aurait...
ça mériterait d'aller jusqu'à procès?
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Moi,
là, tout ce qui est légal, je ne suis vraiment pas la pro, mais...
M. Savignac Dufour (Patrice) : Juste
préciser à quoi vous faites référence exactement.
Mme Nichols : Bien, le
«billing number», ça avait forcé des résidents justement à aller travailler
dans des régions, puis ils sont allés à la cour, puis ils ont gagné, à la cour,
là.
M. Savignac Dufour (Patrice) : Bien,
en fait, en fait, à notre connaissance, la seule chose qui existe où on
pourrait d'emblée demander à quelqu'un qui... dire à quelqu'un ou exiger de
quelqu'un qui est aux études où est-ce qu'il va travailler puis... c'est dans
l'armée qu'on fait ça, O.K.? Il n'y en a pas d'autres, cas, là, tu sais. On ne
dit pas à un étudiant en droit qui commence : Tu vas être dans un tel
cabinet, dans telle région du Québec pour avoir le privilège d'étudier en
droit, là. D'où c'est que ça sort, ça, là, là, tu sais? Il n'y a même pas de
relation d'emploi qui existe encore, là, tu sais, c'est une absurdité juridique
de dire que, parce quelqu'un serait étudiant dans une faculté de médecine, on
pourrait déjà déterminer quelle spécialité il va faire, dans quelle région,
pour quel hôpital il va travailler huit ans plus tard, tu sais, en soi, c'est
une absurdité, là, sur le plan de la faisabilité, mais, sur le plan légal, je
pourrais vous nommer six articles des chartes canadienne et québécoise, là, que
ça viole. Alors, tu sais, la Cour suprême nous a déjà dit qu'une municipalité
ne peut pas exiger de quelqu'un d'habiter dans la municipalité, là, ça, c'est
discriminatoire, imaginez de demander à quelqu'un qui n'est même pas encore à
l'emploi qu'un jour il va travailler à telle région. Tu sais, c'est une
évidence, là, ça viole d'emblée trois ou quatre articles des chartes, là,
alors, tu sais, pour nous, il n'y a même pas de débat sur la légalité de cette
disposition-là.
Mme Nichols : Donc, ça
pourrait être agréable si ces contraintes-là s'appliquent un peu comme ça
s'applique à tout le monde, avec des compensations ou des mesures, mais pas
juste pour les résidents, là, je parle, je parle pour l'ensemble. Donc, les
mêmes règles pour l'ensemble, pour le bassin au complet, c'est ce qu'on
comprend.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : On
ne veut pas se rendre à la bataille juridique, honnêtement. On est trop gentils
pour ça.
Mme Nichols : Oui, mais il y
a de la jurisprudence en votre faveur.
Mme Ruel-Laliberté (Jessica) : Oui.
Mme Nichols : On vient le
mettre de l'avant, juste comme ça.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
:Je remercie les représentants de la
Fédération des médecins résidents du Québec pour leur contribution et leur
participation à nos travaux.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain jeudi 20 avril 2023, après les avis touchant les travaux des commissions.
Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 14)