(Neuf
heures cinquante-quatre minutes)
Le Président
(M. Provençal)
: À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 15,
Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions
législatives.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Asselin
(Vanier-Les Rivières) est remplacé par Mme Boutin (Jean-Talon); M. Girard
(Lac-Saint-Jean), par M. Jacques (Mégantic); M. Tremblay (Dubuc), par
M. Caron (Portneuf); M. Ciccone
(Marquette), par Mme St-Pierre (Acadie); M. Derraji
(Nelligan), par Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce); M. Marissal (Rosemont), par Mme Labrie
(Sherbrooke); et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), par Mme Hivon
(Joliette).
Étude détaillée (suite)
Le Président
(M. Provençal)
: Merci
beaucoup. Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous en étions à l'étude
de l'amendement du ministre introduisant l'article 27.2. Le ministre a
signifié son intention de présenter une nouvelle version de l'amendement. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Carmant :
Merci, M. le Président. Donc, la nouvelle version se lit comme suit :
27.2. Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 38.2.1, du
suivant...
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre, je m'excuse...
M. Carmant :
Vous voulez retirer le... O.K.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
ça prend le consentement pour retirer l'article qui était déjà déposé. Donc,
consentement pour déposer...
M. Carmant :
Retirer.
Le Président
(M. Provençal)
: ...pour
retirer, excusez, oui... Et maintenant vous pouvez y aller pour votre nouvelle
version. Merci.
M. Carmant :
Parfait. Merci, M. le Président, deuxième essai. Donc : Insérer, après
l'article 27.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
27.2. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 38.2.1, du suivant :
«38.2.2. Pour
l'application de l'article 38.2, toute décision visant un signalement pour
une situation d'exposition à la violence conjugale doit notamment prendre en
considération les facteurs suivants :
«a) les
conséquences de l'exposition à cette violence sur l'enfant;
«b) la
reconnaissance du préjudice subi par l'enfant par l'auteur de cette violence;
«c) la capacité
des ressources du milieu à soutenir les parents dans l'exercice de [la
responsabilité];
«d) l'ordonnance,
la condition ou la mesure, de nature civile ou criminelle, concernant la
sécurité ou le développement de l'enfant.»
Alors, comme discuté
hier avec les membres de l'opposition, on voulait enlever la partie sur le
risque de... de violence puis l'asymétrie des... de la responsabilité, mais on
voulait quand même... bien, moi, je tenais quand même à garder l'aspect de
fournir des services aux deux parents. Donc, ici, on parle de soutenir les
parents dans l'exercice de leur responsabilité.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci,
M. le ministre. Y a-t-il des interventions sur l'amendement déposé par M. le
ministre?
Mme Weil :
...M. le Président, donc, ça a été éliminé. Vous avez juste enlevé cet
alinéa qui causait ce problème d'interprétation, qu'on mettait le fardeau,
aussi, sur la femme...
M. Carmant :
Exactement.
Mme Weil : ...qui vivait...
donc, victime de cette violence conjugale. Moi, ça me convient, M. le
Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Ça vous convient? Mme la députée
de Sherbrooke, est-ce que vous auriez des éléments? Parce que je vous vois réfléchir, alors je pense que vous
auriez probablement un commentaire ou une réflexion.
Mme Labrie : Non, ça me
convient. Mais, bien évidemment, c'est sûr qu'il va y avoir beaucoup d'autres
ajustements à faire dans le projet de loi concernant la violence conjugale.
Mais, par rapport à ça, ici, le motif de compromission, ça va.
Le
Président (M. Provençal)
:
Ça convient? Merci. À ce
moment-là... Compte tenu que nous avons suspendu 27.1, je vous suggère
que nous... qu'il y ait un consentement pour suspendre aussi 27.2.
Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Maintenant, nous savons que
nous avons plusieurs articles suspendus en lien avec la violence conjugale.
Alors, moi, ce que... Ce qu'on va faire, c'est qu'on va reprendre les articles
qui avaient été suspendus. Alors, on va revenir au départ, et là je vais suivre
la numérologie. Alors, au départ, on va aller à l'article 5. On va vous
projeter l'amendement qui était suspendu. Ce ne sera pas long, M. le ministre,
on va vous... Alors, pendant qu'on va chercher l'article, consentement pour
réouvrir l'article 5?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Et consentement pour réouvrir aussi
l'amendement? Consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Provençal)
:
Alors... Vous allez me donner quelques minutes, parce
qu'on a tellement d'amendements puis de sous-amendements que je veux...
Alors, je vais céder la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Donc, je vais le relire, parce que je pense que ça fait quand même
un moment que vous vous étiez penché là-dessus, puis je ne suis pas certaine
qu'il a déjà été lu, d'ailleurs, il avait seulement été déposé. Donc :
L'article 5 est modifié par l'insertion, après le deuxième paragraphe, de
ceci :
«Dans l'évaluation de l'intérêt de l'enfant et
des capacités parentales des parents, ne peuvent être pris en considération les
concepts associés à la théorie de l'aliénation parentale, ni les évaluations à
l'effet que l'enfant serait aliéné ou placé dans un conflit de loyauté.»
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
• (10 heures) •
Mme Labrie : Donc, je peux
peut-être expliquer l'objectif de l'amendement. Je sais que le ministre est
probablement familier avec ça, parce que c'est quelque chose de très, très
récurrent. Moi, comme députée, c'est la principale raison pour laquelle on me
contacte concernant les problèmes liés à la protection de la jeunesse. C'est,
presque 100 % du temps, un enjeu d'aliénation parentale alléguée dans le
dossier, c'est extrêmement récurrent. En fait, je peine à me souvenir d'autres
situations pour lesquelles on m'aurait contactée à propos de problèmes avec la
protection de la jeunesse, tellement c'est récurrent, comme enjeu.
Moi, j'ai vu énormément de situations où des
femmes qui avaient porté plainte pour violence conjugale... Même dans les cas
où la plainte avait été retenue, et des accusations, déposées, j'ai vu ces
femmes-là perdre la garde de leur enfant parce que, dans le dossier, on notait
qu'il y avait eu de l'aliénation parentale, parce que la personne avait porté plainte, et donc avait dénoncé un
comportement fautif de l'autre parent. Je l'ai vu vraiment souvent. J'ai
vu même des avocats suggérer à une mère victime de violence conjugale de ne pas
porter plainte parce que ça pourrait lui nuire, qu'on pourrait noter au dossier
qu'elle fait de l'aliénation parentale, et, malheureusement, c'est des conseils
qui sont avisés, parce que ça se produit.
Ça se produit sur une base très régulière que
des parents... Bien, en fait, ce sont des femmes, dans la plupart du temps, parce que l'on connaît la nature de la
problématique de violence conjugale, des mères qui vont dénoncer des
mauvais traitements subis, que ce soient de la violence physique, de la
violence psychologique, de l'emprise coercitive,
violence économique. Tous les types de violence conjugale que vous pouvez
imaginer, quand ils sont dénoncés, quand ils sont nommés, ils sont
retenus comme étant des manières de noircir l'autre parent, et donc ils sont
retenus comme un comportement s'apparentant à l'aliénation parentale. Parfois,
c'est l'avocat de l'autre parent qui va aller utiliser ça, mais, parfois, c'est
même l'intervenante à la protection de la jeunesse qui va considérer ça dans le
dossier.
Puis j'ai vu des situations où, donc, on
refusait de recommander la garde pour la mère, parce qu'elle avait porté
plainte. J'ai même vu une situation où on refusait de donner un droit de visite
à une mère parce que les enfants refusaient de parler à leur père. Le père
lui-même n'avait pas eu la garde, il avait eu le comportement violent, des
accusations avaient été retenues contre lui. Les enfants refusaient de lui
parler. Puis le dossier était tel que la protection de la jeunesse refusait à
la mère d'avoir des accès aux enfants tant que les enfants n'auraient pas
accepté de reparler à leur père, sous
prétexte qu'il y avait eu de l'aliénation parentale, alors que c'était une
situation où il y avait eu de la
violence conjugale, puis la personne avait osé porter plainte, dénoncer, comme
toute la société l'encourageait à le faire, à cause de ça. Puis, à ma
connaissance, à ce jour, elle n'a pas pu récupérer un accès à ses enfants, là,
puis ça se compte en années, à ce stade-ci, là, la
période de temps où elle n'a pas pu parler à ses enfants parce qu'elle avait
porté plainte. Ces situations-là ne sont pas rares, elles ne sont vraiment pas
rares.
Donc, l'objectif de l'amendement, ici, c'est de
s'assurer que jamais une victime de violence conjugale ne va subir des
préjudices de ça et ne va voir cette plainte, cette dénonciation-là lui causer
un préjudice de ce type-là dans l'accès à ses enfants. C'est vraiment un
problème réel, là.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. M. le ministre.
M. Carmant : O.K. Bien, je
remercie... bien, en fait, je salue la présence de la députée de Sherbrooke,
là, aujourd'hui. Donc, les situations décrites, je suis tout à fait d'accord,
là, sont inacceptables. Cependant, l'enjeu qu'on avait, puis j'avais discuté
avec les collègues déjà, c'est que, dans la Loi de la protection de la
jeunesse, il n'y a pas ce concept d'aliénation parentale, et de l'introduire
n'est pas demandé par la commission Laurent. Elle ne demande pas de modification législative, mais plutôt des
changements dans la pratique. Et même, j'avais parlé aux cinq
intervenants qui m'avaient été conseillés
par le député de René-Lévesque, incluant le Pr Simon Lapierre, de l'Université
d'Ottawa, et lui non plus ne nous encourageait pas à inclure un concept qui, en
fait, tu sais, n'est pas tout à fait basé sur des concepts scientifiques. En
fait, c'est juste, comme vous dites, dommage qu'on base des décisions
là-dessus. Donc, c'est vraiment un problème plutôt clinique.
Puis j'ai parlé beaucoup de l'importance de la
formation post-p.l. n° 15, formation sur la violence conjugale, formation
sur comment doit être gérée la violence conjugale, incluant la violence
conjugale post-séparation. Donc, pour le moment, nous, on ne serait pas prêts à
inclure ce concept-là dans la loi.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Est-ce que le
ministre peut me dire quels moyens concrets sont pris pour éviter qu'à
l'avenir, au Québec, quelque personne que ce
soit qui subit de la violence conjugale se voie revenir contre elle cette
dénonciation-là, sous motif d'aliénation parentale, concrètement, concrètement,
là, à part... Parce que moi, j'ai entendu une intention d'offrir de la
formation, de s'assurer que ça change au niveau clinique, mais concrètement,
comment on va faire pour que ça ne se reproduise plus jamais qu'une personne
s'empêche de dénoncer pour éviter de subir ce préjudice-là ou le subisse après
avoir dénoncé?
M. Carmant : Bien, c'est
toujours difficile, «plus jamais», là. Mais, quand même, je vais passer la
parole, M. le Président, à Mme Groleau, peut-être, qui est une clinicienne
et qui pourra plus facilement expliquer.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, consentement pour permettre à
madame de s'exprimer? Je vais vous demander de vous nommer, avec votre titre,
et, par la suite, commenter ce que Mme la députée de Sherbrooke vient de
mentionner.
Mme Groleau
(Hélène) : Oui. Bonsoir. Alors, Hélène
Groleau, conseillère aux programmes au ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Alors, bien, d'abord, vous avez entendu qu'en
fait... l'absence de consensus scientifique autour de la question de
l'aliénation parentale. Effectivement, dans les années 80, il y a une
théorie qui a été mise de l'avant par un psychologue américain, Richard
Gardner, par rapport au syndrome d'aliénation parentale, où on alléguait que,
dans un contexte, particulièrement, de conflit de garde, les mères pouvaient
induire toutes sortes, là, de verbalisations ou de propos, là, de la part des
enfants. Donc, effectivement, cette théorie-là a été réfutée par le corpus
scientifique, là, au fil des années, notamment lorsqu'on a observé ce qui se
passait concrètement sur le terrain.
Ceci dit, la recherche a évolué pour parler de
certaines situations dans lesquelles il y a des comportements qu'on peut
qualifier d'aliénants de la part de certains parents. Et là je ne parle pas du
tout d'un contexte où il y a des allégations de violence conjugale, ici, là, je
parle vraiment de comportements, de la part de certains parents, où on peut
tenter d'amener une rupture avec la relation qu'entretient l'autre parent avec
son enfant. À cet égard- là, je vous réfère, là, à la trousse de soutien à
l'évaluation du risque d'aliénation parentale, qui a été développée par
l'équipe de Marie-Hélène Gagné, qui est chercheure titulaire de la chaire de
prévention en partenariat de la maltraitance, là, à l'Université Laval. Donc, c'est une trousse, là, qui existe à
l'intention des intervenants qui... dans le fond, en protection de la
jeunesse, qui peut être utilisée pour, justement, offrir certains repères, là,
lorsqu'il y a présence de comportements aliénants chez un ou l'autre des
parents.
Ceci dit, lorsqu'on croise, là, ces deux
concepts-là, aliénation parentale et violence conjugale, il faut quand même savoir qu'il y a très peu d'études
québécoises qui se sont penchées sur la réalité de la situation dans le
contexte, là, de la pratique des intervenants
soit en protection de la jeunesse ou même au niveau de la Cour supérieure au
Québec. Tout récemment, il y a eu une étude publiée en 2011, donc,
par... je veux juste trouver... voilà, par Mme Paquin-Boudreau et Mme Karine Poitras, qui se sont penchées sur le
traitement judiciaire des litiges familiaux lorsqu'il y avait allégation
d'aliénation parentale. Et ce qu'ils ont démontré dans leurs recherches, en
fait, c'est que dans, 76 % des cas, des 164 dossiers qu'ils ont
examinés, là, le tribunal ne concluait pas à la question, là, de présence
d'aliénation parentale. Et, dans les cas où il y avait confirmation
d'aliénation parentale, je voudrais quand même mentionner à l'attention de tous
que 60 % des cas, les allégations provenaient de la mère, qui exercerait
de l'aliénation parentale, et quand même 40 %, là, qui provenaient, là, au
niveau des pères. Donc, dans leur étude, ils ont également examiné la question
des renversements de
garde, et c'est vraiment très, très peu de cas, là, donc, c'est-à-dire quatre
cas, où il y a eu renversement de garde, là, à la suite d'allégations
d'aliénation parentale.
Alors, je voulais
quand même ramener, là, les faits un petit peu plus objectifs, parce qu'on n'a
pas beaucoup d'études, là, qui se sont penchées sur la question, plus
précisément, du croisement de ces deux concepts-là. Alors, à ce stade-ci, il
apparaît prématuré, dans la loi, d'introduire des concepts qui nous
apparaissent encore flous, encore mous. Ici, l'idée du projet de loi était
vraiment d'amener une lumière autour de la question de la violence conjugale,
rehausser l'expertise des intervenants sur le terrain, favoriser la meilleure
prise de décision, le meilleur dépistage, aussi, des indicateurs de présence de
violence conjugale, autant dans le contexte, je dirais, de la vie de couple
que, par la suite, dans le contexte postséparation. D'où la proposition, là, à
l'article 38, là, du motif distinct, à c.1, sur l'exposition à la violence
conjugale.
Je terminerais juste
en disant, au niveau du conflit de loyauté tel qu'introduit ici, en fait, on
pourrait amener certains enfants... en fait, ne pas protéger certains enfants,
si on introduit cette question-là. Parce que le conflit de loyauté, c'est
beaucoup plus large que dans le contexte, là, d'allégations, là, ou de violence
conjugale postséparation. Je vous donne un exemple : on pourrait parler
d'un enfant qui est placé en famille d'accueil, qui maintient des contacts avec
son parent biologique. Ce dernier pourrait avoir des défis à s'investir dans sa
famille d'accueil, par loyauté envers son parent biologique, là. Donc, il faut
faire attention, si on introduit un concept qui couvre plus large que
l'objectif visé ici, dont les cas dont vous parliez, là.
• (10 h 10) •
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée.
Mme Labrie :
Je comprends la réponse. Je comprends aussi que les enjeux d'aliénation ou
de conflit de loyauté peuvent être présents de toutes sortes de manières, puis
même bien en dehors de situations de violence conjugale. Pour l'avoir vécu
moi-même comme enfant, là, je peux vous dire que je comprends que ce n'est pas
nécessairement lié à une situation de violence conjugale. La question qui me
préoccupe, moi, c'est que je ne veux pas qu'une personne qui a subi de la
violence conjugale se fasse reprocher d'avoir dénoncé et que ce soit retenu
contre elle, comme quoi elle entretiendrait un conflit de loyauté à cause de
ça.
Ça fait que moi, je
veux bien reconnaître qu'on se laisse une souplesse puis qu'on n'aille
peut-être pas jusque là où propose d'aller cet amendement, mais il faut qu'on
trouve un moyen, concrètement, de protéger les personnes qui vivent de la
violence conjugale, qu'elles décident de porter plainte officiellement à la
police ou pas, d'ailleurs, parce qu'il y a des types de violence conjugale qui
ne peuvent pas être l'objet d'une plainte au criminel, quand la violence
conjugale est essentiellement psychologique, notamment. Malheureusement, le
Code criminel ne permet pas vraiment encore de porter plainte, là, à la police
pour ça. Donc, il faut reconnaître la diversité des situations, aussi, en
violence conjugale, il ne faudrait pas l'exclure juste quand il y a eu une
plainte à la police, mais il faut prévoir des moyens concrets.
Puis moi, j'ai
entendu une intention de mieux former les intervenants. Je me joins à vous
aujourd'hui, pour la première fois depuis le début de l'étude du projet de loi.
Puis c'est un volumineux projet de loi. Peut-être, vous pourriez porter à mon
attention quels articles viennent vraiment baliser le fait qu'il va y avoir,
par exemple, des formations pour les intervenants. Est-ce qu'il y en a, des
articles dans le projet de loi qui viennent nommer concrètement quels types de
formations sur la violence conjugale vont être offertes aux intervenants? Peut-être,
vous pourriez me le signaler.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant :
Bien, premièrement, je veux dire que l'intention du législateur, là, est
exactement ce que vous avez exprimé. Moi non plus, je ne veux pas que, sur une
base d'allégations, là... que l'enfant soit transféré à un autre parent suite à
de la violence conjugale. C'est inacceptable, ça.
Deuxièmement, dans
les rôles de la directrice nationale, il y a le besoin de formation. Puis,
comme je vous l'ai dit, on va annoncer, après l'adoption du projet de loi
n° 15, la formation sur tous les points du projet de loi, de tous les
changements amenés par la loi, incluant la violence conjugale.
Puis le dernier
point, c'est que, dans notre... dans l'article 38... 38.1, en tout cas,
l'amendement 27.1, on on parle de violence directe et indirecte, justement
pour garder le concept plus large que la violence physique typique, là, qui
mène à un signalement.
Mme Labrie :
Donc, quand le ministre fait référence au rôle de la directrice nationale
d'assurer qu'il y ait des formations, c'est à quel article?
M. Carmant :
Je passerais la parole à la juriste, là. Moi, je ne le connais pas par
coeur.
Le Président
(M. Provençal)
: Me
Mathieu, lorsque vous aurez trouvé la réponse, je vais vous demander de vous
nommer puis donner votre titre, s'il vous plaît... Me Mathieu, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Jessica) : Oui.
Jessica Mathieu, avocate-légiste au ministère de la Justice. Je vais vérifier,
parce qu'il y a eu un amendement pour ajouter la question de la formation. Ça
ne sera pas très long, je vais vous revenir.
Mme Labrie : En
fait, je peux clarifier le sens de ma question pour obtenir la réponse exacte.
Moi, j'ai besoin de savoir si, dans cet amendement-là qui a été fait pour la
formation, c'est nommément inscrit, la question de formation sur la violence
conjugale, ou si on fait simplement référence de manière large à de la
formation. Parce que ce n'est pas la même chose, moi, quand le ministre me dit
que, suite à l'adoption du projet de loi, il va y avoir des annonces sur la
formation, par rapport à l'inscrire dans un projet de loi, de quel type de
formation on parle. Puis pour obtenir le changement dont on parle, puis le
ministre me dit qu'il veut aller à la même place que moi puis que lui aussi
veut régler ce problème-là puis il ne veut pas que ça se produise, comme
situation, bien, il va falloir que ce soit clair dans le projet de loi.
Puis je sais que c'est possible de faire ça.
Quand on a fait le projet de loi sur les tribunaux spécialisés, on a écrit
nommément dans le projet de loi quel type de formation, à qui, on a écrit tout
ça dans le projet de loi pour être certains que les gens, les bonnes personnes,
auraient les formations adéquates. Les objectifs de ces formations-là étaient
nommés également. Ça fait que je sais que c'est possible de le faire dans une
loi, parce que je l'ai fait avec d'autres ministres. Donc, moi, je veux
m'assurer que ça ne va pas être vague, qu'on ne va pas seulement faire
référence à de la formation qui sera annoncée plus tard, mais je veux que, dans
le projet de loi, ce soit inscrit, la formation spécifique sur la violence
conjugale.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Me Mathieu, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Jessica) : Oui.
C'est un amendement qui a eu lieu à l'article 30.6 : prévoir, là,
que... «de s'assurer du développement et de l'adaptation [...] de la formation
[continue] en protection de la jeunesse en fonction de l'évolution [des]
pratiques cliniques». Ces discussions-là ont déjà eu lieu. L'idée, ce n'est pas
de mettre l'accent sur une problématique en particulier. Il y a plein de
problématiques qui peuvent faire l'objet, là, de formations, que ce soit en
matière d'abus sexuels, d'abus physiques, de négligence, de mauvais traitements
psychologiques. Donc, non, il n'y a pas la précision, à l'amendement, de la
formation en violence conjugale. Mais l'idée, c'est de rester général pour, justement, capter tous les motifs.
Parce qu'ici on est en protection de la jeunesse, on n'est pas
exclusivement en matière de violence conjugale. Donc, c'est pour ça que
l'amendement est resté, là, libellé de manière générale, pour s'assurer de
couvrir tous ces volets-là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. J'entends la
réponse. Est-ce que le ministre, qui est le législateur, peut m'expliquer
pourquoi il n'a pas voulu être plus précis? Parce qu'évidemment qu'il n'y a pas
seulement les enjeux de violence conjugale qui méritent de la formation, mais
je pense que ça vaut la peine d'en faire une liste minimale, une liste qui ne sera pas exclusive, une liste qui va dire qu'il
y aura des formations, notamment sur x, y, z aspects qu'on considère,
là, quand on fait une réforme de la protection de la jeunesse, qu'il doit y
avoir minimalement des formations là-dessus. J'aimerais que le ministre
m'explique pourquoi ils n'ont pas voulu mettre des balises claires, là, sur
quel type de formation serait le corpus de base.
M. Carmant : Bien, parce que,
comme c'est la Loi sur la protection de la jeunesse et qu'on vient faire de
nombreux amendements, la liste aurait été exhaustive et trop longue, là. Mais
je pense que c'est clair pour tout le monde que la violence conjugale est en...
fait partie de cette liste.
Mme Labrie : Quoi d'autre fait
partie de cette liste?
M. Carmant : Les Premières
Nations, abus sexuels, abus physiques, toutes les conditions de compromission
qu'on est venu renforcer.
Mme Labrie : O.K. Puis le
ministre ne jugeait pas pertinent de faire inscrire ce qu'il vient de... bien,
ce qu'il vient de me synthétiser, ce qui était prioritaire pour lui? Pourquoi
on ne prend pas la peine de nommer...
M. Carmant : Bien, M. le
Président, j'ai déjà eu cette discussion. C'est parce qu'il y a beaucoup de
choses qu'on vient modifier dans la loi, donc on ne voulait pas pointer une
condition plus qu'une autre. Mais c'est sûr qu'elles sont toutes importantes
quand on parle de la protection de nos jeunes.
Mme Labrie : Le problème que
j'y vois, c'est que, là, moi, pour me répondre ici à la proposition
d'amendement que je fais à l'article 5, on me dit qu'on ne veut pas
l'inscrire dans la loi, on me dit que le ministre vise le même objectif que moi,
que plus jamais une victime ne se fasse conseiller de ne pas porter plainte,
pour éviter que l'aliénation parentale lui nuise plus tard, ou le fasse et en
subisse les conséquences. Bon, moi, je veux bien le croire quand il me dit
qu'il partage la même vision que moi puis qu'il ne veut plus jamais que ça se
reproduise. Mais on n'est pas capable de me de me dire que, dans la loi, on a
pris les moyens pour que ça se produise.
Ça fait que, là, il y a une intention
législative, mais il n'y a pas d'obligation législative qu'on vient créer, avec
ce projet de loi là. Donc, n'importe quel autre ministre ou gouvernement
pourrait décider que ça ne lui tient pas à coeur, cet enjeu-là, puis que ces
formations-là, elles ne seront pas données, parce qu'il n'y en a pas
d'obligation légale, on n'a pas... Même
chose avec les Premières Nations ou les violences sexuelles, abus physiques,
que le ministre a nommés, ce sont des choses qui
sont importantes pour lui, elles le sont pour moi tout autant, d'ailleurs.
Bien, moi, je pense que, quand on a ces priorités-là, c'est notre rôle comme
législateur de l'inscrire dans la loi pour être certain que tous ceux qui vont nous succéder vont aussi s'assurer de respecter
cette intention législative là. Mais, quand il y a un flou, ça veut dire
que toutes les personnes qui vont suivre, elles n'ont aucune obligation
d'assurer qu'il va y avoir des formations là-dessus. On ne peut pas nous
assurer qu'on va régler le problème, si on n'a pas pris les moyens concrètement
dans la loi.
Ça fait que
moi, je ne peux pas abandonner cette bataille-là ici, si je ne suis pas
convaincue vraiment qu'il va y en avoir, des formations là-dessus. Puis
ce n'est pas le seul sujet pour lequel il faut qu'il y ait des formations, je
suis d'accord avec le ministre. Mais on peut
quand même faire une liste des éléments fondamentaux, inscrire un
«notamment» qui vient faire en sorte que ce n'est pas exclusif, évidemment,
parce que ça va évoluer. Il faudrait qu'il y ait d'autres choses, mais on peut
faire cette liste. Puis, si on ne la fait pas, moi, je n'ai aucune garantie que
l'intention du ministre, elle va se concrétiser puis qu'elle va perdurer dans
le temps.
• (10 h 20) •
M. Carmant : Je n'ai pas de
commentaire.
Le Président (M. Provençal)
: Vous n'avez pas de commentaire?
Mme Labrie : Comment on fait
pour rassurer les parents? Parce que moi, je dois vous dire, tout au long des
travaux qu'on a faits sur Rebâtir la confiance, on rencontrait beaucoup
de victimes de violences sexuelles mais également de violences conjugales,
parce que le chantier portait sur les deux volets, puis une très forte
proportion des doléances des victimes de violences conjugales portaient sur la
manière dont ça se passait avec la protection de la jeunesse. C'était majeur,
c'était vraiment, vraiment majeur. Puis là je leur disais : Bien, écoutez,
nous, dans le cadre de Rebâtir la confiance, on se penche sur rétablir
la confiance envers le système de justice; là, ce que vous nous dites par
rapport à la protection de la jeunesse, ça va être les suites du rapport
Laurent, il va y avoir un projet de loi pour réformer la protection de la
jeunesse, puis c'est là que ça va se passer. Puis là on a, entre les mains, un
projet de loi qui n'adresse pas directement ces questions-là.
Donc, pendant plusieurs années, on a dit à des
victimes de violences conjugales qu'on entendait leurs préoccupations. Le
ministre dit qu'il les entend aussi puis qu'il ne veut plus que ça se produise,
mais là on a un projet de loi qui ne prend pas de moyen concret pour y arriver.
Ça fait qu'il faut être conséquent, là. Si on dit à ces victimes-là qu'on les
entend, qu'on trouve que ça n'a pas d'allure, que personne ne devrait vivre ce
qu'elles ont vécu, bien, il faut prendre les moyens qu'elles ne le vivent pas,
là.
M. Carmant : Mais le moyen
qu'on a pris, c'est de faire de la violence conjugale un alinéa séparé de motif
de compromission. C'est ce que nous demandait Laurent. En fait, c'est plus que
ce que nous demandait Laurent, c'est ce que nous ont demandé les gens qui sont
venus en consultations particulières. Donc, on a fait ce qu'on avait... ce
qu'on devait faire. Puis, encore une fois, tu sais, les autres projets que vous
nommez, c'est des projets sur la violence conjugale, sur la violence sexuelle.
La protection de la jeunesse, c'est quand même des centaines de causes de
compromission, et j'ai vraiment un malaise à dire que... une plus que l'autre,
là. Ce n'est pas comme ça qu'il faut voir ça. C'est vraiment un problème
global, et il faut s'attaquer à toutes les causes de compromission de nos
jeunes.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Oui. Le problème
que j'ai, puis on me corrigera si ma compréhension inexacte, mais c'est que la question de la compromission, ça, c'est par
rapport à retenir un signalement. Puis c'est une chose, c'est un volet
qui est important, puis je suis contente que
ministre le fasse, il faut que ça soit là, moi, je suis bien d'accord avec ça.
Mais, puis après? Après qu'on a dit : Ah oui! On peut
retenir un signalement pour ce motif de compromission là, présence de
violence conjugale, la suite des choses, il
faut quand même l'anticiper aussi. Ça veut dire qu'il risque d'y avoir plus de
dossiers qui vont se retrouver à la protection de la jeunesse avec comme motif
de compromission la violence conjugale.
Et là on a des gens... puis je suis désolée de
vous dire ça, parce que j'ai vraiment beaucoup d'admiration puis de sympathie
pour le travail des intervenantes qui travaillent à la protection de la
jeunesse, elles font un travail extrêmement difficile, mais la vérité, c'est
qu'elles ne sont pas équipées du tout, là, elles ne sont pas équipées du tout
pour répondre à ces enjeux-là, elles ne sont pas formées pour ça, elles n'ont
pas de compréhension des enjeux liés à la
violence conjugale. Elles gèrent déjà des situations comme ça sur une base
régulière, elles risquent d'en gérer encore plus parce qu'on vient
d'ajouter le motif de compromission pour violences conjugales, puis il n'y a
rien qui ne dit nulle part qu'on va s'assurer qu'elles vont être formées
adéquatement pour ça. Il faut équiper ces intervenantes-là.
Le Président (M. Provençal)
: Le ministre n'a pas de commentaire.
Mme Labrie : Il n'a pas de
commentaire?
Le Président (M. Provençal)
: Il juge qu'il a déjà répondu lors des
échanges qu'il y a eu sur ce point-là.
Mme Labrie : Parce que la
vérité, c'est qu'on a un problème de rétention de personnel très, très
important, à la protection de la jeunesse, je pense que c'est bien connu de la
partie gouvernementale, quand même. Il y a des équipes où
la personne qui a le plus d'ancienneté, ça fait un an qu'elle est là. Il faut
se poser des questions, là. Si les gens quittent à ce point-là, c'est peut-être
parce qu'ils ne se sentent pas suffisamment équipés pour bien répondre aux
besoins des enfants, des familles qu'on leur confie. À un moment donné, on ne
peut pas s'attendre de retenir ces gens-là, si on ne prend pas les moyens de
s'assurer qu'ils vont avoir ce qu'il faut.
C'est des situations très délicates, hein, quand
une intervenante, là, des fois, là, 21, 22 ans, là, se fait confier un
dossier de violence conjugale, là. C'est extrêmement complexe, il y a
énormément de manipulation. Souvent, quand il y a une situation d'emprise, là,
coercitive d'un des deux parents sur l'autre parent, cette personne-là, là,
elle est capable d'avoir de l'emprise sur d'autres, aussi, pas juste sur la
mère, elle peut en avoir sur l'intervenante. Ça teinte le traitement de
certains dossiers. Moi, j'ai vu souvent des situations comme celle-là.
Puis, comme député, on est absolument démuni. Un
député ne peut pas se mettre les mains dans un dossier de protection de la
jeunesse, là, vous le savez comme moi, là, on ne va pas aller, jamais,
recommander à la protection de la jeunesse de traiter le dossier différemment.
Nous, on n'a pas à jouer ce rôle-là. Par contre, notre rôle, c'est de s'assurer
qu'eux autres, ils vont être équipés comme il faut pour faire le traitement de
ces signalements-là une fois qu'ils sont retenus. Ce n'est pas tout d'ajouter
le motif de compromission.
Moi, je me sens la responsabilité ici, là, de
transmettre tous les problèmes que j'ai entendus en lien avec les enjeux de violence conjugale en protection de la
jeunesse. Puis je sais que le projet de loi ne porte pas seulement là-dessus,
puis là on est en toute fin de projet de loi, il reste seulement à discuter des
amendements qui portent là-dessus...
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée, en tout respect, le
20 minutes qui avait été alloué pour discuter — parce que vous, vous
avez pris la suite du temps que votre collègue de Jean-Lesage avait fait sur
cet amendement — il
est terminé.
Mme Labrie : O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je ne peux plus vous donner le
droit de parole. Je vais simplement demander : Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur cet amendement? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : ...j'ai regardé les
règlements que vous avez, j'essaie de voir, dans d'autres juridictions, est-ce
que, un règlement sur la formation, vous avez déjà réfléchi à ça? Étant donné
que, oui, la société évolue beaucoup, et on voit de plus en plus des formations
plus spécifiques qui doivent avoir lieu pour encadrer, il y a des règlements
sur toutes sortes de choses, c'est souvent une solution. Je vous dirais, dans
les législations que j'ai faites, je le vois. Pour les tribunaux spécialisés,
évidemment, on comprend, mais ils parlent de faire un règlement pour bien
encadrer tout ça. C'est un nouveau concept, alors je pose la question si ce
serait quelque chose d'envisageable.
Donc, c'est une liste qui va évoluer avec le
temps. Parce que vous avez des formations, comme vous dites, dans beaucoup de
domaines, c'est-à-dire, qui touchent beaucoup d'enjeux. J'essaie de réfléchir à
la réaction des légistes juristes. Je vous dis, dans mon expérience, souvent,
c'est ce qu'on faisait, en réponse, un peu, pour trouver une solution, pour
montrer l'évolution de la société. Et c'est des règlements qu'on modifie avec
le temps. Il y en a qui restent là longtemps tels quels, d'autres qui sont
modifiés avec le temps. Et donc on n'est pas obligé de rouvrir la loi, les
concepts sont là, dans la loi, les règlements viennent concrétiser la vision et
ce qui est dans la loi. Je ne sais pas si vous avez une réponse ou vous voulez
y réfléchir.
M. Carmant : C'est noté. Il
existe déjà des formations, puis nous, ce qu'on est en train... on est en train
de bâtir notre corpus de formations pour, comme je vous dis, une fois que le
projet de loi sera adopté. Donc, plus rapidement le projet de loi va être
adopté, plus rapidement on pourra aller de l'avant avec la formation.
Mme Weil : Les règlements
sont... Excusez-moi, M. le Président. Les règlements, c'est comme un processus
dynamique qui fait que la population est toujours... suit le rythme de l'enjeu,
parce que la société évolue, alors, et c'est plus facile, dans un sens...
Facile... C'est sûr que les principes doivent être dans une loi, ça, c'est sûr,
mais ça permet au gouvernement... Il y en a beaucoup, sur toutes sortes
d'enjeux, là, on a souvent eu... J'en ai fait, des projets de loi, puis on a
souvent regardé les règlements comme une solution par rapport à des enjeux
nouveaux qui sont soulevés, mais que, comme le ministre l'a dit, bon, il y a
cette hésitation de nommer certains. Bien, je demanderais peut-être au ministre
de consulter ses adjoints, l'équipe qui est avec lui, pour voir si ça pourrait
être envisagé.
M. Carmant : Bien, je serais
prêt à le faire, mais, tu sais, une fois que la loi sera adoptée, là.
Mme Weil : Oui, mais le
principe serait dans la loi, par règlement.
M. Carmant : Ah! je ne suis pas
prêt à aller là pour le moment. Je fais vraiment... on travaille vraiment sur
le concept, donc...
Mme Weil : Mais est-ce que vous
dites que vous pourriez le mettre ou faire un règlement? Vous pourriez? Tout
simplement... C'est envisageable?
M. Carmant : Je peux faire un
règlement quand...
Mme Weil : ...que
c'est envisageable?
M. Carmant : Absolument. Des
règlements, on peut les faire...
Mme Weil : Sur la formation et
avec... Normalement, ce serait dans la loi, là, qu'on le dirait. Je regarde la
loi sur les tribunaux spécialisés, c'est le
même domaine, violences conjugales. Parce que c'est un phénomène... le
phénomène est très ancien, est très vieux, malheureusement, mais la
compréhension des répercussions insoupçonnées dans la vie d'une femme et d'une famille... Notamment, la DPJ,
c'est peut-être un des premiers concernés par cet enjeu. Normalement,
c'est inscrit dans la loi, mais parce que... Vous hésitez parce que ce n'est
pas déjà inscrit dans la loi, par rapport aux autres règlements, c'est-à-dire
que le règlement est venu puis, bon, pour répondre à un enjeu.
M. Carmant : Non,
ce serait vraiment dans une phase ultérieure, là, qu'on pourrait le faire, mais
pas actuellement.
Mme Weil : Au besoin?
M. Carmant : C'est ça, comme
vous dites.
• (10 h 30) •
Mme Weil : Ici, donc, au moins,
parce que les gens écoutent les débats, le ministre affirme que ça pourrait ou
qu'il souhaiterait le regarder. Parce que c'est quand même un signal important
que le ministre donnerait, s'il l'envisage, à tout le moins.
Le Président (M. Provençal)
: ...un commentaire, c'est que, depuis
le début de nos travaux, M. le ministre a toujours mentionné qu'il y aurait de
la formation qui serait donnée sur les différents points qui ont été soulevés
par l'ensemble des membres de la commission, et la description de ces
différents cours là, là, le corpus qu'on va mettre en place, sera à venir suite
à l'adoption du projet de loi. Moi, je pense que c'est un élément qui a été
répété maintes fois par M. le ministre.
Alors, c'était simplement un commentaire que je voulais émettre par rapport à
votre questionnement, Mme la députée.
M. Carmant : Je n'ai plus de
commentaire.
Le
Président (M. Provençal)
:
Ça va? Mais, si vous avez
d'autres interventions, libre à vous, Mme la députée.
Mme Weil : Bien, c'est mon
expérience, en fait, surtout à la Justice, je vous dirais, c'est que ça vient rassurer. C'est le côté engagement de la
population qui est important, quand on le mentionne dans la loi. Et donc ça
permet à tous ceux concernés, intéressés par cet enjeu, incluant les tribunaux,
de pouvoir suivre l'évolution des règlements, participer, etc. Donc, il y a un
objectif très louable à ces règlements. Des fois, d'ailleurs, je vous dirais,
il y a des juridictions au Canada qui procèdent presque tous... complètement
par règlement et peu de législation. Nous, c'est le contraire, plus civilistes, on procède beaucoup par des projets de loi.
Mais on a pris le goût des règlements aussi parce que c'est une façon dynamique d'adapter la société à
des réalités sociales ou autre. Donc, je dis ça comme... c'est
l'expérience que j'ai comme législateur ici, que j'apprécie beaucoup cette
formation que j'ai eue ici, à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Provençal)
: C'est bien reçu, madame. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions concernant l'amendement de la députée de Sherbrooke?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Rejeté.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Maintenant, oui. Est-ce que l'article 5, tel
qu'amendé, parce qu'il y avait déjà eu un amendement qui avait été déposé à
l'article 5... est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: ...à 7.1. Alors, je vais demander qu'on projette à l'écran
l'amendement 7.1. C'est un amendement qui avait été déposé par la députée
de Notre-Dame-de-Grâce.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: ...le relais.
Mme Weil : ...je vous le
lis : Insérer, après l'article 7 du projet de loi, l'article
suivant :
7.1. L'article 6 de la Loi sur la
protection de la jeunesse est modifié par l'insertion de l'alinéa
suivant :
«Lorsque le motif
de compromission est l'exposition à la violence conjugale ou qu'un parent
allègue la présence de violence
conjugale, toute évaluation ou expertise concernant l'enfant ou les parents
doit être réalisée par une personne détenant une expertise en matière de
violence conjugale.»
Donc, ça se lirait :
«Les personnes et les tribunaux appelés à
prendre des décisions au sujet d'un enfant en vertu de la présente loi doivent donner à cet enfant, à ses parents et
à toute personne qui veut intervenir dans l'intérêt de l'enfant
l'occasion d'être entendus.
«Lorsque le motif de compromission est
l'exposition à la violence conjugale ou qu'un parent allègue la présence de
violence conjugale, toute évaluation ou expertise concernant l'enfant ou les
parents doit être réalisée par une personne détenant une expertise en matière
de violence conjugale.»
Alors, on
sait, c'est bien la recommandation de Mme Zaccour, qui a joué un rôle
important lors des consultations.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : D'accord. Donc, on
en a discuté, de cet amendement. L'enjeu, c'est, bon : Qu'est-ce... qui
est un expert en violence conjugale, là? Nous, nos... à la protection de la
jeunesse, les actes sont plutôt réservés en fonction de l'évaluation... de la
formation de l'individu. Puis, encore une fois, je réaffirme mon désir de
former tous les intervenants et les membres du contentieux à la violence
conjugale suite à l'adoption du p.l. n° 15. Puis
c'est au juge d'apprécier l'expertise de chacun, là.
Donc, encore une fois, je suis très sensible à
la cause, mais c'est... Et, encore une fois, comment passer... C'est comme si
on demandait d'avoir un intervenant expert en abus sexuel, là. Ça n'existe pas.
Dans les petites régions où il y a peu d'intervenants, comment on ferait? Donc,
c'est quelque chose qui n'est pas vraiment applicable.
Donc, le désir de formation est là pour tous. Et
tout le monde qui travaille avec ces enfants doit avoir une expertise en
violence conjugale... doit avoir des connaissances en violence conjugale.
Mme Weil : ...je
vous dirais que cette question, M. le Président, de la formation revient
souvent avec Mme Zaccour. C'est sûr que c'est un... il y a un
apprentissage à faire. Il va falloir qu'il y ait de la formation à tous les
niveaux.
Est-ce que le ministre dit que, donc... étant
donné ce... un nouveau concept qui est inscrit dans la loi, que c'est automatique? Donc, dans les... le
fonctionnement de la DPJ, c'est de s'assurer que les intervenants auront...
Mais est-ce qu'il y aurait... Je pense que c'est vraiment important parce que,
dans... Je pense que tous, on a été éduqués en la matière. Instinctivement, on
le comprend, mais j'ai beaucoup appris, comme mes collègues, sur le terrain des
femmes qui m'ont décrit la situation. L'aliénation parentale, tout ça, c'est
des concepts qu'on ne comprenait pas, mais, quand ils nous décrivaient leur
situation, comme ma collègue la députée de Sherbrooke, c'est... on le comprend
assez rapidement. Mais là il y aura la formation, mais ce n'est pas évident que
les intervenantes ou intervenants... Ils l'ont vu, mais on a vu qu'ils ne le
comprenaient pas nécessairement dans la pratique. Honnêtement, c'est ça. On
nous a parlé de commentaires des intervenants qui prenaient parti totalement
pour l'homme, qui était la personne violente, souvent avec un profil... le
ministre va connaître ça parce qu'il connaît bien la psychologie, qui ont, bon,
des traits de caractère qui font qu'ils manipulent, etc. On accordait, donc, la
garde au père violent, des droits de visite, l'enfant terrorisé, on en a parlé
lors de la consultation.
Donc, vous dites que la formation sera là. Donc,
c'est sûr que vous allez vous assurer que ceux qui seront de près ou de loin
dans les décisions concernant cet enfant, la garde, ce couple-là, ils auront eu
cette formation. Et vraiment ils ont besoin de toute la formation, de A à Z,
dans toutes les instances, que ça soit pour que l'enfant soit placé dans une
famille d'accueil, que l'enfant sera devant les tribunaux... Parce que les
tribunaux, eux aussi, devront s'assurer... Puis il y a déjà le tribunal
spécialisé. Ça, c'est bon, parce qu'on parle de formation, d'ailleurs, dans la
loi. Puis les deux... les deux projets de loi, en fait, M. le ministre et M. le
Président, c'est quand même intéressant dans le temps, parce que tout ça va se
faire en même temps, alors...
Mais donc, pour vous, est-ce que, dans les
amendements que vous avez apportés, cette notion-là est incluse... dans tout ce
que vous avez apporté, M. le ministre, est-ce que... de cette question
d'évaluation, expertise, dans les amendements qui ont été apportés?
M. Carmant : Encore une fois,
on donne le rôle à la directrice nationale de s'assurer de cette... de ces
formations-là. On vient isoler la violence conjugale comme un motif, donc, qui
va être reconnu, tandis qu'avant je vous rappelle que c'était parmi toutes les
causes de mauvais traitements psychologiques. Donc, on n'avait aucune
distinction de la violence conjugale. Donc, encore une fois, je pense qu'on
vient... on fait un changement clé à la Loi sur la protection de la jeunesse,
changement qui nous avait été demandé par la commission Laurent.
Mme Weil : Très bien. Merci, M.
le Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'amendement? Oui, Mme la députée de
Sherbrooke.
Mme Labrie :
M. le Président, le ministre a dit que ce n'était pas possible de recevoir
cet amendement-là parce que ce serait difficile de s'assurer qu'il y ait...
qu'il y ait l'expertise partout. J'aimerais ça que le ministre me dise s'il va y avoir une personne responsable de
la violence conjugale dans chaque direction de la protection de la
jeunesse.
M. Carmant :
On a... Bien, c'est la directrice de la protection de la jeunesse la
personne qui est responsable. Je ne comprends pas la question.
• (10 h 40) •
Mme Labrie :
Parce que, dans le rapport Laurent, ça figure parmi les
recommandations : «désigner une personne responsable du dossier de la
violence conjugale dans chaque direction de la protection de la jeunesse».
C'est une recommandation, c'est à la page 340. Ça fait que je ne comprends
pas, si le ministre nous dit qu'il se... qu'il met en oeuvre le rapport
Laurent, comment il peut nous dire aussi qu'il n'y aura pas nécessairement,
dans chaque région... parfois, c'est des
plus petites équipes, il n'y aura pas nécessairement l'expertise en violence
conjugale. Est-ce que ça veut dire qu'il ne met pas en oeuvre cette
recommandation-là, de désigner, dans chaque direction de la protection de la
jeunesse, une personne qui va être responsable du dossier de la violence
conjugale?
M. Carmant :
Non, je parlais des intervenantes. On ne peut pas dire qu'il y aurait
des... une intervenante qui sera une experte
en violence conjugale dans les petites régions, parce que, comme vous le savez,
ils sont souvent obligés de toucher à tous les dossiers. Donc, à
Montréal, ce serait possible d'avoir quelques intervenantes, par exemple... ou
à Québec, quelques intervenantes qui sont... qui ne font que des dossiers de
violence conjugale, mais, dans une petite région, ce serait impossible. Mais,
s'il y a une recommandation d'avoir une personne responsable, peut-être que je
passerais la parole à la directrice nationale, qui pourrait nous dire quels
sont les...
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
Mme Lemay, vous allez vous renommer, s'il vous plaît.
Mme Lemay
(Catherine) : Oui. Catherine Lemay, sous-ministre adjointe au
bien-être, développement à la protection de la jeunesse et directrice nationale
de la protection de la jeunesse.
Alors, effectivement,
c'est une des recommandations de la commission Laurent, là, d'avoir quelqu'un
qui porte plus le dossier de violence
conjugale. La commission Laurent comporte 250 actions proposées,
65 recommandations, puis il faut quand même se donner le temps
d'ordonnancer les choses.
Par rapport à la
violence conjugale, notamment, il existe, dans les différents territoires,
lorsqu'une situation en... est vue comme une problématique... peut mobiliser...
j'oublie le nom, là, des groupes, mais il y a des groupes spécifiques qui se
mettent en place sur chacun des territoires. Ça a été développé dans les
dernières années pour assurer que la problématique est regardée et que les gens
qui peuvent porter des actions spécifiques le fassent.
Donc, actuellement,
ce n'est pas nécessairement une personne qui a seulement violence conjugale,
mais, dépendamment des configurations des établissements, il y a des gens qui
peuvent soit être rattachés à la protection de la jeunesse, soit qu'ils peuvent
être rattachés aux services de proximité également, parce que le phénomène de
la violence conjugale n'est pas nécessairement seulement pris en charge quand
les enfants sont suivis en protection de la jeunesse... peuvent être pris
également lorsque les parents prennent en main leur destinée, leurs
responsabilités et s'organisent pour se mobiliser. Donc, il existe ce genre de
structures là dans chacun des territoires.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée.
Mme Labrie :
Donc, le... Bon, on me dit que ça existe déjà dans chacun des territoires,
mais, en même temps, plus tôt, on me disait que toutes les recommandations
n'étaient pas mises en oeuvre, puis ça, je le comprends. Ça fait que je
voudrais juste clarifier. Est-ce qu'en ce moment il y en a une, personne
responsable du dossier de la violence
conjugale, dans chaque direction de la protection de la jeunesse ou il n'y en a
pas? Et, s'il n'y en a pas, est-ce qu'on
aspire à ce qu'il y en ait une dans chacune des directions de la protection de
la jeunesse, là, sur chaque territoire?
Mme Lemay (Catherine) : Alors,
pour l'instant, je ne peux pas vous affirmer qu'il y a des personnes
responsables dans tous les CISSS et les CIUSSS sous la responsabilité de la
protection de la jeunesse. Comme je vous le disais, il est possible que ça soit
dans les services de proximité. Mais ce que... ce que je vous affirme, c'est
que les... Ça s'appelle les cellules de crise, mon équipe m'a donné
l'information. Alors, sur les différents territoires, il y a des cellules de
crise qui se mobilisent pour regarder les situations.
Maintenant,
pour répondre à votre question de façon claire, y a-t-il actuellement... non,
ça n'a pas fait l'objet, là, d'une demande formelle au réseau, mais ce
n'est pas... on est en train de les mettre en oeuvre, les recommandations.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant :
...juste pour répéter que nous, on s'est engagés à mettre en oeuvre les
recommandations. Donc, oui, la volonté est là.
Mme Labrie :
Donc, ce sera le cas. Donc, ce n'est pas fait encore, mais ce sera le cas.
Vous êtes en train de le mettre en oeuvre. Il y aura, donc, éventuellement,
dans chacune des directions de la protection de la jeunesse, une personne responsable
du dossier de la violence conjugale. Et puis, en attendant que ce soit fait, il
y a des cellules de crise ou il y a une expertise qui peut être dans les
services de proximité, comme on m'a expliqué.
À ce moment-là, je ne
comprends pas l'argument du ministre, qui rejette cet amendement-là en disant,
bien, qu'il n'y a pas nécessairement une personne qui a l'expertise pour
analyser ça.
M. Carmant : Mais ce qu'il
demande, c'est que les personnes qui soient... qui évaluent l'enfant soient des
personnes qui aient cette expertise-là. Donc, ce serait impossible à mettre en
place parce que ce n'est pas tout le monde actuellement qui a l'expertise.
Premièrement, il y a tout l'enjeu de formation qu'il va... qu'il va falloir se mettre en place. Et qu'est-ce que c'est qu'un
expert? Quelqu'un qui a des connaissances en violence conjugale, peut-être,
mais un expert, c'est... ça, c'est... ce n'est pas le cas actuellement. Et,
même avec la formation, dans les petites régions, tout le monde ne seront pas experts
en violence conjugale.
Mme Labrie : Mais la personne
qui va éventuellement... Puis c'est peut-être... peut-être même qu'il y en a
déjà à certains endroits. Mais la personne qui va éventuellement être la
personne désignée responsable du dossier de la violence conjugale, elle va
développer cette expertise. Il y en aura une dans chaque direction régionale de
la protection de la jeunesse, on vient de me le confirmer, puisque c'est une
recommandation. Donc, l'intervenante qui aura un dossier comme ça pourra se
référer à cette personne.
M. Carmant : Non, mais... Se
référer, oui, mais là on parle de réaliser, «doit être réalisée».
Mme Labrie : Est-ce que le
ministre veut sous-amender, peut-être, pour qu'on fasse référence à ce... à la
consultation de la personne désignée responsable du... de la violence
conjugale? On pourrait écrire, par exemple...
M. Carmant : ...mais je n'ai
pas...
Mme Labrie : Pour répondre à ce
que le ministre dit, on pourrait écrire, par exemple : «Lorsque le motif
de compromission est l'exposition à la violence conjugale ou qu'un parent
allègue la présence de violence conjugale, toute
évaluation ou expertise concernant l'enfant ou les parents doit être révisée
par la personne désignée responsable du dossier de la violence conjugale
de la direction de la protection de la jeunesse.»
M. Carmant : Non.
C'est qu'on rentre dans des détails, je pense, qui sont... Peut-être passer la
parole à madame...
Mme Lemay (Catherine) : ...on a
déjà un article de loi... puis peut-être que la collègue de... la légiste
pourrait confirmer l'article de loi, mais qui permet au juge, s'il juge que la
situation le requiert, de demander une évaluation complémentaire, notamment une
évaluation d'expertise, d'expertise psychologique, puis l'expertise en violence
conjugale pourrait rentrer là-dedans, là. Ça fait qu'on n'a pas nécessairement
besoin d'un amendement supplémentaire. C'est déjà couvert dans une option que
le tribunal a pour aller plus loin dans certaines expertises, notamment en
violence conjugale, en abus sexuel, en abus physique, etc.
Mme Labrie : Mais, à ce
moment-là, avec la réponse que je reçois, ça va dépendre du tribunal. Parce
qu'on l'a nommé tout à l'heure, il y a
énormément d'intervenantes sur le terrain qui sont... qui ne sont pas équipées,
là, qui sont... qui ne sont pas formées pour ça, qui ne l'auront pas,
l'expertise, puis qui vont se retrouver avec des dossiers où il y a un motif de
compromission qui est l'exposition à la violence conjugale, vont devoir faire
une évaluation là-dessus.
Mme Lemay (Catherine) : Et là
il faut se ramener, là, on est dans un contexte où on parle des enfants et des impacts possibles de l'exposition à la violence
conjugale sur les enfants. Donc, on est dans des situations de bout de
ligne puisqu'on est dans des situations
d'exception en protection de la jeunesse. Donc, il est plausible que... si on
se retrouve dans une situation comme
ça, qu'on soit au tribunal et qu'effectivement l'expertise demandée puisse
l'être par le juge. C'est rarement des situations de mesure volontaire
où on se retrouve dans ce contexte-là. Donc, on sera nécessairement devant le tribunal. Et c'est important de se
centrer sur l'enfant lui-même et non pas sur, en général, les situations de
violence conjugale, là. C'est important de se rappeler qu'on est dans la Loi de
la protection de la jeunesse. Donc, notre lunette première, c'est l'intérêt de
l'enfant et les conséquences sur son développement ou sa situation immédiate.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Labrie : Mais le juge,
quand même, il doit faire confiance, dans une certaine mesure, aux évaluations
faites par les intervenantes de la protection de la jeunesse, parce que c'est
leur expertise plus que celle du juge. Ça fait que, là, on me dit que ça dépend
du juge de juger si, là, il pense que, peut-être, il aurait... peut-être,
l'évaluation qu'a faite l'intervenante en protection de la jeunesse mériterait
une révision.
Il me semble que l'intervenante elle-même
devrait pouvoir avoir recours à ça avant qu'un juge le demande. Parce que le
juge, là, normalement, il devrait pouvoir faire confiance que, quand
l'évaluation arrive devant lui, elle a été faite en allant chercher l'expertise
nécessaire, à moins que je me trompe, mais ça me semble logique, moi. Un juge
qui reçoit une évaluation de l'intervenante, il doit s'attendre, normalement, à
ce que cette évaluation-là ait été faite en considérant toutes les bonnes
expertises nécessaires.
Puis moi, je
n'ai pas entendu personne nier ici que ce ne sont pas toutes les intervenantes
qui sont suffisamment équipées, formées pour prendre des décisions
éclairées quand il y a eu exposition à la violence conjugale, là. Donc, moi, je doute fort que ce soit suffisant de compter sur le
faible bagage qu'ont ces personnes-là. Puis je n'aime pas ça dire ça, parce que
je ne veux vraiment pas juger leur travail, je sais qu'elles font de leur
mieux, mais il y a un roulement important à la protection de la jeunesse. Elles
ne restent pas là longtemps. Elles vont quitter vers d'autres emplois. Elles n'ont pas une grande expérience en
y arrivant. Elles se font leur première expérience de travail, souvent,
comme intervenantes à la protection de la jeunesse. Ça fait que ce n'est pas vrai
qu'on peut prendre pour acquis que ces personnes-là... puis ce sont souvent des
femmes, que ces femmes-là ont suffisamment de bagage puis d'expertise pour des
enjeux aussi spécifiques que la violence conjugale. Ça fait que moi, je n'aime
pas qu'on me dise : Ça va être au juge
de dire si, finalement, il trouve que l'expertise de l'intervenante n'avait pas
l'air suffisamment étoffée, là.
• (10 h 50) •
M. Carmant : Il y a un
mot : formation. Puis, comme je vous dis, une fois que le p.l. va être
adopté, on va vraiment focusser là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Labrie : Bien, le ministre
dit qu'il y a une formation, mais ça, c'est... ça, c'est son affirmation, mais
ce n'est pas dans le projet de loi. Le ministre, il est ministre, actuellement,
des Services sociaux. Peut-être qu'éventuellement il sera... on lui confiera
d'autres ministères. Moi, j'entends son intention en ce moment, mais elle n'est pas confirmée dans le projet de loi. Ça fait
qu'il repose tout son argumentaire sur : il y aura de la formation, il y
aura de la formation, il y aura de la formation, mais ce n'est pas prévu qu'il
y en aura dans le projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: Mais ce que je comprends, c'est que
vous ne mettez pas en doute ce que le ministre... quand le ministre vous dit
qu'il va mettre en place une formation, mais vous n'avez pas le filet de
sécurité que vous aimeriez avoir.
Mme Labrie : Exactement. Moi,
je ne mets pas en doute l'intention du ministre, sauf que, avec tout le respect que j'ai pour le ministre délégué aux
Services sociaux, il ne sera pas ministre délégué aux Services sociaux
toute sa vie. Je suis certaine qu'il a plein d'autres projets de vie, donc...
Puis, un jour, de toute façon, il y en aura d'autres, là.
Donc, moi, c'est... le filet de sécurité qu'on
demande, c'est parce que ce n'est pas... ce n'est jamais suffisant, puis sur
aucun projet de loi, là. Ce n'est pas spécifique... Ce n'est pas parce que mon
niveau de confiance est plus bas envers ce ministre-là en particulier. Je veux
dire, on fait ça sur tous les projets de loi. On ne peut pas se contenter
que... qu'une intention soit nommée. On a besoin que ça soit un engagement
formel dans la loi, on a besoin que la loi le prévoie pour que qui que ce soit
qui soit ministre des Services sociaux, puis, donc, responsable de la
protection de la jeunesse, les mette en oeuvre, ces formations-là. Parce que
c'est... Je sais que ce n'est pas un amendement qui parle spécifiquement des
formations, mais c'est parce que, chaque fois, la réponse, c'est : on n'a
pas besoin de cet amendement-là parce qu'il y aura de la formation. Mais elle
est où, cette formation-là? Il n'y a rien qui dit qu'il y en aura à part la
parole du ministre, puis je veux bien le croire, mais...
M. Carmant : Ça fait partie des
rôles de la directrice nationale de la protection de la jeunesse. C'est pour ça
qu'on a nommé cette personne-là, qui, aussi, nous a été demandée par la
commission Laurent.
Mme Labrie : Bien sûr, mais la
directrice de la protection de la jeunesse va mettre en oeuvre le projet de loi
qui va être adopté. Et, s'il manque des détails dans le projet de loi, après
ça, ça va dépendre de sa bonne volonté puis des consignes qu'elle aura du
ministre, quel qu'il soit. Donc, il y a un certain niveau de détail qu'il faut
aller chercher pour donner des garanties aux gens à un moment donné, là.
M. Carmant : Je n'ai pas
d'autre commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: ...M. le ministre. Je pense que la
députée de Notre-Dame-de-Grâce voulait reprendre la parole.
Mme Weil : Oui. Dans la Loi
visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et
de violence conjugale, qui a été sanctionnée en novembre dernier, voici un
paragraphe : «le ministre — donc de la Justice — est
responsable de s'assurer que les ministères et organismes concernés offrent de
la formation continue, de base et spécialisée, sur les réalités relatives à la
violence sexuelle et à la violence conjugale aux personnes susceptibles
d'intervenir au tribunal spécialisé, notamment aux avocats de la défense, aux
procureurs, aux greffiers, aux enquêteurs, aux policiers, au personnel de la
cour, aux interprètes et aux intervenants psychosociaux; aux fins de l'offre de
cette formation, les ministères et organismes consultent les personnes et les
organismes qu'ils estiment appropriés en raison de leur expérience, de leur
expertise, de leur sensibilité ou de leur intérêt en ces matières;».
J'ai eu l'occasion... J'étais là quand on
discutait de tout ça et j'ai demandé au ministre si tout ça, c'est appliqué à
la chambre jeunesse. Il a dit : Oui, évidemment, donc tout ce qui touche
la protection de la jeunesse. Donc, est-ce que la réponse est peut-être dans
cet article-là, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: À ce moment-là, je vais demander soit
à la légiste ou à madame... de nous donner la réponse à votre questionnement.
Mme Weil :
Juste vous dire que j'ai eu l'occasion de poser la question au ministre de
la Justice parce que j'étais là pour une partie de ce projet de loi. Il m'a
dit : Oui, tout ça concerne tous les tribunaux, incluant la chambre
jeunesse. Donc, il y aurait cette formation qui serait demandée à chacun des
ministères.
Mme Groleau
(Hélène) : Dans le fond, je voulais
clarifier qu'on collabore activement avec les travaux, en ce moment, au niveau
du ministère de la Justice, tant au niveau du tribunal spécialisé qu'au niveau
aussi des centres intégrés, donc qui est vraiment aussi une offre de services
cliniques, où on souhaite, là, regrouper l'ensemble des acteurs concernés sous
un même toit pour répondre aux besoins des victimes.
Donc, au niveau du
développement de l'expertise, il y a aussi le déploiement de ces centres
intégrés là, qui seront, bien entendu, arrimés avec l'offre de services en
protection de la jeunesse, là. Nous sommes à élaborer, là, ces grandes
orientations là. Il y a, d'ailleurs, un... la constitution d'un premier centre
intégré déployé dans la région de Québec qui
a été annoncée tout récemment. Et je le répète, là, la direction jeunesse,
donc, collabore à ces travaux-là pour arrimer toute la trajectoire
protection de la jeunesse avec le parcours aussi, là, des victimes, tant au
niveau de la violence conjugale, donc aussi des enfants exposés à la violence
conjugale, et des victimes d'agression sexuelle.
Mme Weil :
Donc, finalement, M. le Président, je comprends que la réponse est ici,
dans le sens que... et parce qu'il mentionne bien : «aux fins de l'offre
de cette formation, les ministères et organismes — donc le ministère en
question ici — consultent
les personnes et [...] organismes qu'ils estiment appropriés en raison de leur
expérience, [...] leur expertise, de leur sensibilité ou de leur intérêt», et
devront s'assurer de cette formation. C'est bien ce que je comprends. Alors,
c'est la réponse, je crois, M. le ministre?
Mme Groleau
(Hélène) : Au-delà de la formation, comme
je le dis, c'est aussi l'arrimage entre les services, je pense, qui répond aux
préoccupations, aussi, de votre collègue, là, par rapport à l'accès à
l'expertise à l'intérieur des établissements. Donc, c'est vraiment dans...
au-delà des tribunaux spécialisés, de l'aspect formation, je le répète, il y a
tout l'aspect aussi des centres intégrés, où on concerte l'expertise des
différents partenaires, là. L'expertise ne repose pas sur une seule personne
mais sur des structures qui assurent aussi une pérennité dans le temps, donc
autant au niveau des tribunaux spécialisés que les centres intégrés.
Mme Weil :
Et donc, quand on parle d'intervenants psychosociaux, c'est les
intervenantes et intervenants de la DPJ qui sont inclus dans tout ça?
Mme Groleau
(Hélène) : Notamment.
Mme Weil :
Notamment, oui. Notamment les
avocats de la DPJ, soit qu'ils représentent... bien, éventuellement
l'enfant... Donc, tous ceux dont on parle, nous, sont inclus dans cette
disposition. Alors, ça répond à la question de formation, je pense.
M. Carmant :
Et nous, on veut aller encore plus large, en fait, et former tous les
intervenants.
Mme Weil :
Est-ce qu'il y a... Donc, il y a des intervenants qui sont... Quel type
d'intervenants... au-delà de psychosociaux, vous dites?
M. Carmant :
Déjà, pas seulement ceux qui seront interpelés dans cette... dans ces
tribunaux-là ou qui travaillent au SIAM ou au centre intégré pour la violence
conjugale.
Mme Weil :
Mais je pense que le... je pense que l'idée, c'est ça, dans cette
disposition, quand on parle d'intervenants psychosociaux,
généralement. Bien, ce serait peut-être plus ceux qui sont en lien avec le
ministère de la Justice. Donc, ça...
est-ce que les... le terme «intervenants psychosociaux», ça couvre tous les
intervenants de la DPJ?
Mme Groleau (Hélène) : Si je peux préciser, en fait, effectivement, là, le... vous savez, la
Loi de la protection de la jeunesse, c'est une loi d'exception. Donc, la
protection de la jeunesse n'est pas impliquée dans tous les cas où les femmes sont victimes... où les personnes sont victimes
de violence conjugale. Donc, on fait vraiment reposer l'intervention du DPJ sur la compromission devant une
situation... d'un enfant exposé à la violence conjugale. Donc, il y a
beaucoup de cas qui sont aussi dans les services de première ligne, dans les
missions CLSC, dans les établissements.
Donc, c'est vraiment
important de ne pas juste considérer l'intervenant psychosocial comme celui en
protection de la jeunesse, bien qu'ici on est dans le projet de loi protection
de la jeunesse. Mais ces mesures-là se veulent beaucoup plus larges pour que
l'ensemble des victimes puissent avoir accès à des services, et non pas qu'ils
soient uniquement liés à la protection de la jeunesse. Donc, il y a toute une
concertation qui se fait, là, avec les autres directions des services sociaux
généraux, par exemple, au ministère de la Santé et des Services sociaux, qui
portent le volet agression sexuelle et aussi violence conjugale, pour s'assurer
d'avoir une transversalité et une offre de services qui est bien complète pour
l'ensemble des victimes.
Mme Weil :
Mais c'est bien l'objectif de cet article, ce que vous dites?
Mme Groleau
(Hélène) : Bien, effectivement...
Mme Weil :
C'est ça. C'est... Exactement.
Mme Groleau
(Hélène) : ...ça s'inscrit dans cette perspective-là, oui.
Mme Weil : Oui, oui, oui, ce
qui est très bien. C'est très large. Ça comprend tout le monde. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: ...recéder, excusez-moi, la parole à
la députée de Sherbrooke.
• (11 heures) •
Mme Labrie : Oui. Bien,
j'aimerais avoir une interprétation aussi large et enthousiaste, là, que ce qui
vient d'être nommé, de ce qu'on a fait dans le projet de loi sur les tribunaux
spécialisés, mais, pour y avoir travaillé pas mal fort aussi, avec d'autres
collègues, il était question, dans ce projet de loi là, des intervenants qui
étaient en lien avec le tribunal spécialisé,
donc ceux des organismes communautaires, notamment, qui vont accompagner les
victimes au sein du tribunal spécialisé.
Moi, je n'irais pas jusqu'à penser que ce projet
de loi là sur les tribunaux spécialisés, quand il parle de formation pour les
intervenants psychosociaux... qu'il couvre de la formation pour tous les
intervenants de la protection de la jeunesse. Moi, je n'avais pas interprété ça
comme ça quand on a adopté le projet de loi sur les tribunaux spécialisés. Je
suis surprise de ce que j'entends comme réponse. Honnêtement, tant mieux si
c'est le cas, mais j'en serais fort surprise, que ce soit vraiment ça, la
lecture technique qu'il faille faire de la façon dont on a écrit l'article dans
le projet de loi sur les tribunaux spécialisés. Moi, je ne l'interprète pas
comme ça, en tout cas, mais tant mieux si c'est le cas. Mais vraiment, là,
est-ce qu'on nous confirme ici aujourd'hui qu'à cause du projet de loi sur les
tribunaux spécialisés tous les intervenants de la protection de la jeunesse
vont avoir accès à cette formation-là? Non, hein? C'est ça que je pense.
M. Carmant : ...notre
formation, là. Ça, c'est...
Mme Labrie : Ça va être une
autre formation, oui.
M. Carmant : Ça, je veux être
clair là-dessus, là.
Mme Labrie : Parfait. Donc,
c'est une autre. Le ministre nous confirme que ce n'est pas ce projet de loi
là. Ça vient confirmer un peu ce que je disais.
Puis je suis contente que ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce
fasse référence à cet article-là du projet de loi sur les tribunaux spécialisés
parce que c'est un article où on a défini très, très, très clairement quels types
de formations, élaborées de quelle manière, vont être offertes à qui. C'est
exactement le type d'amendement qu'on aurait besoin pour sécuriser beaucoup de
monde dans le projet de loi n° 15. C'est exactement ça dont on aurait
besoin puis qu'on n'a pas en ce moment. Parce que, là, le ministre vient de me
confirmer que, non, ce n'est pas en vertu de
cet article-là du projet de loi sur les tribunaux spécialisés, c'est en vertu
de ses propres formations que lui-même va
implanter dans la protection de la jeunesse. Mais celles-là, elles ne sont
définies nulle part. Nulle part ce n'est défini. Qui va les suivre?
Elles vont porter sur quoi? On l'a fait pour les tribunaux spécialisés, on ne
le fait pas pour la protection de la jeunesse. Ça, c'est... Je vous ramène à
l'inquiétude que j'ai depuis le départ. Puis je sais qu'on peut le faire.
Puis, si on
relit attentivement ce que ma collègue vient de lire sur les tribunaux
spécialisés, il y a un «notamment» là-dedans. On prévoit, évidemment,
que ce n'est pas exclusif. On sait que ça, ça va pouvoir évoluer dans le temps,
mais, les balises minimales, on les a fixées. Les personnes qui vont devoir
recevoir cette formation-là, on l'a nommé, puis le ministre était d'accord avec
ça. Lui aussi savait que, pour que ça donne des résultats et que personne ne
puisse venir défaire son intention après lui, il fallait l'écrire dans la loi.
Ça fait que moi, je pense qu'il faut s'inspirer
de cet amendement-là, qui avait été fait par le ministre de la Justice dans le
projet de loi sur les tribunaux spécialisés, puis venir le définir aussi
clairement ici, parce que ce n'est pas cet article-là, dans l'autre projet de
loi, qui vient, nous, répondre à notre besoin ici.
M. Carmant : Bien, juste pour
conclure, encore une fois, c'est un... c'est une cause de compromission parmi
tant d'autres, là. Tu sais, je sais que c'est superimportant puis... mais ce ne
serait pas... je n'arrive... Il faut parler de toutes les causes de protection
de la jeunesse, puis, si on commence à faire une liste, c'est impossible. Le
reste, j'ai déjà dit ce que je pensais, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la députée.
Mme Labrie : Bien, moi, je suis
d'accord que ce n'est pas le seul motif de compromission, puis qu'il y en a
d'autres, puis qu'il faut s'y pencher également. Puis le ministre en a nommé
d'autres tout à l'heure, puis je suis d'accord avec tout ce qu'il a nommé, je
pense qu'il nommait les bonnes choses. Je pense que c'est ça qu'il faut
inscrire, c'est de ça dont il faut parler, si on adopte un amendement, pour
venir préciser de quel type de formation minimale on parle, parce que c'est
vrai qu'il n'y a pas juste ce motif-là de compromission avec la violence
conjugale. Mais la demande que je fais pour encadrer, plus spécifiquement, quel
type de formation on parle, pour qui, bien,
elle vaut aussi pour les autres problèmes qu'on cherche à régler avec cette
loi-là... Puis c'est vrai qu'il n'y a pas juste la violence conjugale.
Il y en a d'autres, il y a les enjeux autochtones, sécurisation culturelle,
tout ça. Oui, oui, faisons un amendement qui va dépasser
l'enjeu de la formation sur la violence conjugale puis qui va nommer aussi les
autres types de formation.
Puis cet amendement-là, il n'a pas besoin d'être
exhaustif. On peut nommer les principaux facteurs. Puis le ministre, il l'a
déjà fait, ce tri-là, tantôt, en nous nommant certaines choses qui étaient le
coeur, là, de ce qu'il voulait accomplir comme réforme. Cette démarche-là, elle
est faite déjà par le ministre. Ça fait qu'on peut le faire.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée, si vous me permettez,
vous serez d'accord avec moi que, dans l'article... dans l'amendement du 7.1
déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce, il n'y a pas de notion de
formation. Puis vous, vous voulez vraiment inclure un descriptif de formation,
on s'entend?
Mme Labrie : Bien,
j'en parle. Est-ce que je comprends de vos propos que vous trouvez que je suis
hors sujet?
Le Président (M. Provençal)
: Bien, c'est parce que là où je veux
en venir, c'est que, si vous voulez déposer un sous-amendement, bien,
faites-le, là. Parce que ce que vous amenez, présentement, n'est pas en lien
direct avec le 7.1. C'est pour ça que je fais le commentaire, Mme la députée,
en tout...
Mme Labrie : O.K. Bien, je vais
vous expliquer pourquoi moi, je trouve que c'est en lien.
Le
Président (M. Provençal)
:
...vraiment, en tout respect, là,
de tout ce que vous faites comme argumentation, là. Puis je ne veux pas
limiter non plus votre droit de parole. Comprenez-vous?
Mme Labrie : Bien, c'est en
lien avec la réponse que le ministre fait à l'amendement. Moi, c'est pour ça
que je parle de ça. Puis, honnêtement, le sous-amendement que vous me proposez
de déposer pour parler de formation, j'aimerais mieux que ça soit le ministre
qui le dépose, parce qu'il l'a fait, le travail intellectuel, déjà, de définir
c'est quoi, les secteurs sur lesquels il faut se pencher pour avoir des
formations spécifiques. C'est fait de leur côté. Ça fait que cet amendement-là,
je pense que c'est lui qui doit le déposer pour venir définir clairement puis
nommer aussi quel type de personnes, dans la protection de la jeunesse, vont
devoir suivre ces formations-là. Est-ce que c'est juste les intervenants de
terrain, les directions aussi? Qui va devoir suivre ça, ces formations-là?
Moi, je pense que c'est le ministre qui doit le
faire. Ça fait que, là, je lui en parle puis je pense qu'il a la responsabilité
de le faire. Puis il y a beaucoup d'amendements qui ne seront peut-être plus
nécessaires, dont celui-là, si on a, éventuellement, une confirmation claire
dans le projet de loi qu'elles vont exister, ces formations-là, puis qui va les
suivre, puis elles vont porter sur quoi.
Le Président (M. Provençal)
: Plus de commentaire? O.K. M. le
ministre n'a plus de commentaire. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement est adopté ou rejeté?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Rejeté. Merci. Nous en serions
maintenant à l'amendement à l'article 8 qui était suspendu. C'est un amendement qui avait été déposé par le député
de Laurier-Dorion. Donc, ce sera à la députée de Sherbrooke de nous
faire part de ses commentaires et de... Alors, l'amendement est projeté. Alors,
je vous invite peut-être à nous relire cet
amendement-là, Mme la députée, et, par la suite, nous donner vos commentaires,
s'il vous plaît.
Mme Labrie : Avec plaisir, M.
le Président. À l'article 6.1 de la Loi sur la protection de la jeunesse,
ajouter l'alinéa suivant :
«L'opinion et les désirs d'un enfant en âge de
les exprimer ne peuvent être écartés au prétexte que celui-ci serait influencé
par un parent.»
Effectivement, c'est mon collègue de
Laurier-Dorion qui avait déposé ça, collègue qui avait participé comme commissaire sur la commission Laurent, donc qui a
participé à l'ensemble des travaux et à la rédaction de ce rapport-là.
Je pense qu'on peut s'entendre là-dessus quand même. Parce que moi, j'ai
vraiment entendu, à plusieurs reprises, le ministre nous dire que c'était
vraiment important de modifier la protection de la jeunesse pour répondre aux
besoins de l'enfant, que ça devienne ça, la priorité. Et je pense que c'est un
amendement qui va exactement dans ce sens-là. Donc, j'ai bien l'impression
qu'on peut s'entendre là-dessus.
M. Carmant : ...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme Lemay, s'il vous
plaît.
Mme Lemay (Catherine) : Bien,
en fait, effectivement, et c'est recherché dans tous les types de contextes,
dès que l'enfant est en mesure de se positionner, son avis... D'ailleurs, il y
a des formations qui sont données spécifiquement pour... qu'on appelle entrevues
non suggestives, qui est une façon de questionner les enfants pour ne pas induire, de la part de l'intervenant, des
idées ou un sens à donner à ce que l'enfant va dire. Donc, de venir
introduire un tel propos, les intervenants, là, ça fait partie de leur travail
de faire la part des choses entre ce qu'un enfant amène et
si ça a été induit éventuellement par un parent, notamment, par cette
formation-là, qui est une formation de base qui est offerte aux intervenants,
là, pour apprendre à travailler avec les enfants.
Donc, d'emblée, de venir introduire ça, c'est
déjà une façon de travailler, là, c'est un élément qui est extrêmement clinique
quand on amène ça comme ça.
Mme Labrie : Excellent, donc,
c'est une bonne nouvelle. Donc, j'entends qu'il y a de l'ouverture du
gouvernement d'inclure ça dans le projet de loi, puisque c'est déjà une manière
de travailler au sein de la protection de la jeunesse. Donc, je suis contente
qu'il y ait de l'ouverture à adopter l'amendement, parce que c'est vraiment la
direction qu'on souhaite prendre, je pense que c'est partagé. Moi, j'entends un
consensus politique là-dessus. Et donc, puisque c'est là où on veut tous aller,
puisque c'est conforme à ce qu'il se fait déjà sur le terrain, je pense qu'il
faut amender l'article 8 pour ajouter ça ici, vraiment en toute cohérence
avec ce qu'on veut faire, ce qu'on fait déjà, vraiment l'exprimer clairement
dans la loi. Parce qu'en ce moment, même si c'est une pratique, ce n'est pas
nécessairement nommé explicitement dans la loi.
Le Président (M. Provençal)
: Avant de céder la parole à Me
Mathieu, vous comprendrez que j'aurais dû demander le consentement pour ouvrir
l'article et ouvrir l'amendement. J'ai failli à ma tâche de président, mais
j'ai compris que je ne me ferais pas chicaner. Alors, Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Je
pense que les propos de Mme Lemay ont peut-être été mal interprétés, là.
L'amendement, tel que proposé, pose de grands enjeux, là, au niveau juridique,
entre autres, là. Ce que ça dit, quand on le lit, là, c'est qu'un enfant... on
va prendre un cas, là, exemple, là, pour que ce soit plus facile à figurer, là.
Un enfant qui a été victime d'abus sexuel, il est influencé par son parent
abuseur ou peut-être même son autre parent, qui ne reconnaît pas les faits, de
se rétracter. Bien, ici, ce qu'on dit, c'est qu'on ne peut pas écarter ça, on
doit le croire. Et il se rétracte, il n'y a pas eu d'abus, alors que, dans les
faits, il y a peut-être eu cet abus-là. Et c'est très fréquent, des rétractations,
là, chez les enfants en matière d'abus physiques, abus sexuels.
Donc, il y a d'importants enjeux par rapport à
cet article-là. Ça pourrait causer de graves problèmes, parce que, justement, on a des enfants qui peuvent
parfois changer d'idée et il faut être en mesure d'écarter, à ce moment-là,
leurs opinions ou leurs désirs. Donc, l'amendement proposé, là, ne fonctionne
pas à ce niveau-là.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Labrie : Oui. Bien, je
pense qu'en fait c'est de l'autre côté qu'il y a une erreur d'interprétation,
parce que le but de l'article ici, ce n'est pas de dire : Il faut prendre
pour du cash tout ce que disent les enfants, peu importe le contexte; c'est de
dire qu'on ne peut pas écarter d'emblée les désirs ou les opinions d'un enfant,
sous prétexte qu'il serait influencé par un parent. Ça veut dire de le prendre
en considération. Ça ne veut pas dire de faire très exactement ce que l'enfant
a exprimé. Moi, ce n'est pas mon intention non plus, là, puis ce n'est pas ce
qu'il est écrit dans l'amendement. Moi, je suis tout à fait consciente qu'il y
aura plein de facteurs à prendre en considération. Ce qu'on veut éviter, c'est
que l'opinion et le désir d'un enfant soient écartés à cause d'un contexte
particulier. Puis la juriste a nommé un exemple, là, c'en est un, il pourrait y
en avoir d'autres. Mais on veut simplement que ça ne soit pas écarté, on veut
que ça fasse partie de la discussion.
Puis moi, j'ai entendu que c'est déjà ça, la
pratique, de toute façon, de prendre en considération quand même, là, ce que
l'enfant a dit, bien qu'on sait qu'effectivement, des fois, des personnes
peuvent exercer de l'influence sur cet enfant-là. Mais il faut quand même
prendre le temps de l'écouter, il faut quand même le considérer. Puis j'imagine
que c'est déjà ça, la pratique, c'est ce qu'on m'a dit. Donc, ça vient
simplement le confirmer dans la loi.
M. Carmant : M. le Président,
moi, je prends évidemment l'avis de la juriste, là, et c'est toujours cette
histoire de trouver un équilibre entre ce qu'on veut puis ce qu'on peut écrire
dans la loi. Et, ici, écrire ça, ça aurait des effets collatéraux qui sont, tu
sais, qui sont significatifs. Donc, je ne peux pas appuyer cet amendement-là.
Mme Labrie : Quel genre
d'effets collatéraux?
M. Carmant : Bien, ce qu'elle
vient de décrire exactement. C'est ce que... On peut le répéter, là, mais...
Mme Labrie : Mais en quoi cette
formulation-là engendre des effets collatéraux? De dire qu'on ne va pas écarter
un témoignage, ça ne veut pas dire qu'on va appliquer le désir de l'enfant.
Moi, ce n'est pas ça que je demande, là, je ne veux pas ça non plus, là. Ce n'est
pas ça, l'amendement, là. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut appliquer
les désirs de l'enfant coûte que coûte, ce n'est pas ça. Moi, je demande que
leurs opinions, leurs désirs ne soient pas
écartés. C'est quand même l'objectif de toute la réforme de la protection de la
jeunesse, là de vraiment...
M. Carmant : Oui. Je pense
qu'on a tous entendu ce que la juriste a dit, M. le Président. Je n'ai rien à
ajouter, là.
Mme Labrie : Bien, je pense que
la juriste n'avait pas bien compris l'objectif de cet article-là, parce qu'il
n'est pas question ici de dire qu'il faut appliquer les désirs d'un enfant, là,
il est question de dire qu'il faut les prendre en
considération puis qu'on ne peut pas les écarter d'emblée. S'il faut ajouter le
mot «d'emblée» à l'article, on pourra
sous-amender, mais, honnêtement, je ne comprends pas. Je pensais que c'était
ça, l'intention du législateur.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, ce n'était
pas mon intention. Puis, comme je vous dis, ce qu'on écrit là a des dommages
collatéraux, donc on ne peut pas accepter cet amendement-là.
Mme Labrie : Bien, j'aimerais
qu'on me réexplique en quoi ça peut avoir un dommage collatéral de ne pas
écarter l'opinion et les désirs d'un enfant dans l'évaluation du dossier.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Bien,
écoutez, comme j'ai dit, quand on est en matière d'abus physiques ou d'abus
sexuels, l'opinion d'un enfant peut être influencée par son parent ou par la
situation, par le fait, là, que ce qu'il vit, c'est pire peut-être même que de
dévoiler l'abus. Toutes les conséquences que ça a de voir son parent aller en
prison, de voir... Donc... Et c'est ça qu'on veut éviter. On ne veut pas avoir
un débat sur le fait qu'on ne peut pas écarter son opinion parce que ça a été
influencé par un parent. Donc, c'est exactement le même exemple, là, que j'ai
nommé tout à l'heure.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Labrie : Est-ce que ça veut dire que l'opinion de l'enfant
va être écartée quand on sent qu'il pourrait y avoir de l'influence d'un
parent sur l'enfant?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Ce n'est pas ce
qu'on a dit, là. Je pense que l'exemple est clair, M. le Président. Moi, je
n'ai pas grand-chose à ajouter après l'exemple qui a été donné.
Mme Labrie : Parce que moi, c'est ce que je comprends de la
réponse qu'on me donne. On me dit : Il y aurait des dommages
collatéraux là, à écouter l'opinion puis les désirs d'un enfant parce qu'ils
peuvent être influencés par leurs parents.
Bien sûr qu'ils peuvent être influencés par leurs parents, tous les enfants
sont influencés par leurs parents, qu'il y ait de la violence ou pas
dans la situation, là, ça, c'est certain, là, bien sûr. Moi, je ne nie pas ça,
mais je pense qu'il ne faut pas écarter pour autant ce qu'ils ont à dire. Il
faut écouter ces enfants-là. Puis moi, dans la réponse que je reçois, c'est
comme si on me dit : Écoutez, là, ils peuvent être influencés, ça fait
qu'il ne faut pas le prendre en considération. C'est un peu ça que je reçois,
là, de...
M. Carmant : Mais la directrice
nationale a parlé de ce qu'on faisait sur le terrain, et nous, on vous donne les enjeux juridiques d'ajouter cet amendement-là.
Donc, je pense que l'amendement n'est tout simplement pas recevable de
notre côté.
Mme Labrie : Mais j'aimerais ça
entendre le ministre là-dessus parce que c'est lui, le législateur. Il fait
parler beaucoup de gens, mais c'est le ministre, le législateur. C'est son
projet de loi. C'est lui qui est ministre, c'est lui qui va mettre ça en
application. Le ministre, lui, qu'est-ce qu'il veut? Est-ce qu'il veut qu'on
écarte l'opinion puis les désirs d'un enfant parce qu'il pourrait avoir été
influencé par son parent, oui on non?
M. Carmant : Bien, il faut que
la loi soit suffisamment souple pour que les bonnes décisions soient prises
pour les enfants. Donc, on ne peut pas inclure un tel amendement dans la loi.
Mme Labrie : Mais l'amendement,
en quoi il n'est pas assez souple?
M. Carmant : Parce qu'il nous
oblige dans des situations où on ne peut écarter, au prétexte de celui-ci, que
celui-ci sera influencé par un parent.
Mme Labrie : Bien, il n'oblige
pas à appliquer les désirs de l'enfant. L'amendement n'oblige pas du tout à
appliquer les désirs ou l'opinion de l'enfant. Ce n'est pas ce qu'il est
proposé ici puis ce n'est pas du tout ce que je souhaite non plus, là.
L'amendement ne propose pas ça. Il n'oblige personne. Il fait juste dire :
On ne peut pas l'écarter. Est-ce que le ministre veut qu'on l'écarte, l'opinion
de l'enfant, ou non?
M. Carmant : Ce n'est pas oui
ou non, mais c'est que l'amendement est trop strict pour nous permettre de gérer toutes les situations. C'est vraiment ça, le
problème, c'est qu'il faut que la loi puisse permettre aux intervenantes
de gérer toutes les situations. Et là, en
mettant un tel amendement, on a un enjeu, par exemple, dans des situations
d'abus sexuels ou dans des situations d'abus où l'enfant peut effectivement
être influencé par un parent.
Mme Labrie :
Personne ici ne nie qu'un enfant peut être influencé par son parent. Puis,
personnellement, je pense que tous les enfants sont un petit peu influencés par
leurs parents. Des fois, ils sont influencés par leurs parents puis ils vont
faire le contraire de ce que leurs parents leur disent, mais ils le font
précisément parce que c'est le contraire de ce que leurs parents leur disent.
Ça fait que c'est de l'influence quand même. Mais j'aimerais comprendre c'est
quoi, le bout, c'est quoi, de l'amendement, le ministre trouve trop
contraignant. Parce que nulle part ici, ça dit que
ça doit guider puis que ça doit être ça qui est appliqué, là, l'opinion puis le
désir de l'enfant. Ça dit simplement qu'on ne peut pas les écarter, là, de
l'analyse du dossier.
M. Carmant :
Donc, c'est ça, une fois qu'on ne peut les écarter, on doit l'utiliser. Et
on vous a nommé une situation où ça peut être néfaste pour le bien-être de
l'enfant. Il faut se ranger vers le bien-être et l'intérêt de l'enfant, puis
c'est ce qu'on fait sur... tout au long du projet de loi.
Mme Labrie :
Donc, il va y arriver des circonstances où l'enfant ne sera pas consulté,
parce qu'on estime que cet enfant-là, il n'est pas en mesure d'avoir une
opinion juste.
M. Carmant :
Ce n'est pas du tout ça qu'on dit.
Mme Labrie :
Bien, c'est quoi sinon?
M. Carmant :
Ce qu'on dit, c'est que la façon dont vous dites que l'opinion de l'enfant
ne peut être écartée, ça peut avoir des complications significatives sur le
bien-être de l'enfant si le parent le fait dans des situations où le changement
d'opinion de l'enfant entraînerait des dommages à son bien-être. C'est quand
même très clair ce qu'elle vous a expliqué deux fois, là. Moi, je ne vois pas
qu'est-ce que je peux ajouter à cet exemple-là, M. le Président.
Mme Labrie :
C'est juste que la réponse que je reçois de la juriste, c'est comme si la
lecture qu'ils font de l'amendement, c'est qu'il faudrait appliquer l'opinion
et les désirs d'un enfant. Ce n'est pas ça, le but, puis ce n'est pas ça qu'il
est écrit non plus. Ça fait que, si c'était ça que je proposais, je
comprendrais cette réponse-là, mais ce n'est pas ça du tout qui est proposé
ici, c'est simplement d'aller écouter cet enfant-là, puis d'inclure dans
l'analyse du dossier... Puis je comprenais, je comprenais de madame ici que
c'est déjà ça qui est fait de toute façon.
M. Carmant :
M. le Président, on a donné l'exemple de ce qu'il se passe en clinique.
Puis, vraiment, quand on applique ce qui est
écrit là, ça peut entraîner des dommages au bien-être de l'enfant. Je n'ai plus
rien à ajouter là-dessus, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci,
M. le ministre.
• (11 h 20) •
Mme Labrie :
L'enfant, est-ce qu'il va systématiquement, s'il est en âge de s'exprimer,
être écouté sur ses besoins, sur sa situation?
M. Carmant :
Oui.
Mme Labrie :
Parfait. C'est ça que je demande ici. Alors, pourquoi on ne peut pas le
faire?
M. Carmant :
Mais c'est le cas, c'est déjà le cas.
Mme Labrie :
Mais pourquoi ne peut pas l'inscrire alors, si c'est déjà le cas? Ça vient
simplement confirmer une pratique.
M. Carmant : Parce que, quand... «ne
peuvent être écartés», ça peut causer préjudice à l'enfant. Mais, M. le
Président, clairement, la députée de Sherbrooke ne changera pas d'avis
là-dessus, là. Donc, moi, je n'ai rien à ajouter.
Mme Labrie :
Bien, clairement, non, parce que... Effectivement, moi, je ne changerai pas
d'avis là-dessus, parce que, quand on dit qu'on n'écarte pas quelque chose, ça
ne veut pas dire qu'on le met en application. Ça veut dire qu'on en tient
compte pour prendre des décisions, faire une proposition d'intervention, ou de
garde, ou quoi que ce soit. Il faut tenir compte de ça. Il faut tenir compte de
ce que les enfants nous disent, même si on pense effectivement qu'ils peuvent
avoir été influencés. Puis on peut noter au dossier : l'enfant a dit ceci,
cela. Il exprime tel besoin, tel désir. On pense que ça pourrait être influencé
de telle manière, mais c'est quand même ça qu'il a dit. Il faut que ça fasse
partie de l'analyse de la situation.
Puis moi, je
comprends que c'est déjà ça. Je ne demande pas un changement aux pratiques, je
demande de confirmer dans la loi, là, que, même quand on pense qu'il pourrait
être influencé, là, cet enfant-là, on va l'écouter, on va prendre acte de ce
qu'il nous dit, on va en tenir compte dans l'analyse de la situation puis dans
des interventions qu'on va faire.
M. Carmant : Mme
la députée de Soulanges, vous avez demandé la parole.
Mme Picard : Bien oui.
Justement, dans l'article 8, le c dit «de permettre à l'enfant et à ses
parents de faire entendre leurs points de
vue, d'exprimer leurs préoccupations et d'être écoutés au moment approprié de
l'intervention». Donc, je pense que ça semble être ça que la députée
questionne.
Mme Labrie : Oui, bien sûr.
Sauf que moi, le but de cet amendement-là, c'est de spécifier que ça va être
fait, même quand il pourrait y avoir de l'influence des parents. Parce que les
parents, eux autres, ils vont être écoutés, hein? Peu importe s'ils essaient
d'influencer quelque chose, ils vont être écoutés quand même. Ça va faire
partie de l'analyse de la situation, même s'il y a de la manipulation
là-dedans, le parent... Même un parent qui a commis des abus sexuels, il va
être écouté quand même.
M. Carmant : Bien sûr.
Mme Labrie : Bien, pourquoi, à
ce moment-là, on écarterait l'opinion et les désirs d'un enfant, alors qu'on
n'écartera même pas ce que son parent abuseur dit...
Le Président (M. Provençal)
: ...je pense qu'on a répondu à cette
question-là, en vous disant que...
Mme Labrie : Mais
c'est la première fois que je la pose, M. le Président, ça fait que je ne pense
pas qu'on y a répondu.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. Moi, je ne commenterai pas.
Mme Labrie : On me confirme, le
parent abuseur, on va l'écouter pour faire l'analyse de la situation?
M. Carmant : Comme l'enfant, on
va l'écouter aussi.
Mme Labrie : O.K. Mais on ne veut
pas préciser, dans la loi, que l'opinion de l'enfant ne sera pas écartée.
Pourquoi? Ça veut dire qu'on se permet de l'écarter, on se permet de l'écarter
puis on n'écartera même pas celle d'un parent abuseur. Comprenez-vous le
non-sens? Quand on prétend qu'on veut rétablir la primauté des droits de
l'enfant, on ne peut pas, d'un côté, dire ça, puis, de l'autre côté,
dire : Oui, on va se permettre quand même, quand on pense qu'il est
influencé, d'écarter son opinion, alors qu'on n'écartera même pas celle d'un
éventuel parent abuseur. Je trouve que ce n'est pas cohérent.
M. Carmant : Mais, si l'opinion
d'un enfant est changée pour les mauvaises raisons, vous acceptez ça? C'est ça
que vous me dites? Ça ne se peut pas, ça ne se peut pas. Tu sais, si c'est pour
les mauvaises raisons, comment... Tu sais, il faut tenir compte de la globalité
de la situation. Vous ne pouvez pas me dire que vous acceptez qu'une opinion
qui est changée, pour des mauvaises raisons, doit être acceptée. Ce n'est pas
possible, ça.
Mme Labrie : J'ai dit très
clairement : Je ne demande pas de mettre en application l'opinion puis les
désirs d'un enfant. Je ne dis pas d'accepter puis de mettre en application
l'opinion puis les désirs de l'enfant. Je dis que ça ne doit pas être écarté de
l'analyse. J'ai été très claire là-dessus. Je ne suis pas... Je l'ai dit, j'ai
dit : Il ne faut pas prendre pour du cash nécessairement ce que l'enfant
dit, mais on ne peut pas l'écarter sous prétexte qu'il aurait subi de
l'influence. On me confirme qu'on n'écartera même pas l'opinion puis les désirs
du parent abuseur, puis on ne veut pas confirmer qu'on n'écartera pas le
témoignage d'un enfant, ça n'a pas de sens.
Évidemment que je ne veux pas qu'on l'applique
textuellement, le désir puis l'opinion de l'enfant. Ce n'est pas ça que j'ai
dit, j'ai été superclaire là-dessus. Je comprends qu'un enfant peut être
influencé, tous les enfants le sont. Ils le sont par leurs amis, leurs frères
et soeurs, leurs parents, leur entourage, les médias, les réseaux sociaux. Tous
les enfants sont influencés par toutes sortes de choses, là. Je sais que ça se
peut, des enfants qui sont influencés. Je ne dis pas qu'il faut mettre en
oeuvre 100 % de ce qu'ils demandent. Je dis qu'on devrait préciser, dans
la loi, que, oui, on va les écouter puis on va écouter leurs parents, puis que
les enfants, on n'écartera pas leur opinion juste sous prétexte qu'ils
pourraient avoir été influencés. Pour moi, ça ne fait pas de sens qu'on
dise : On n'écartera même pas l'opinion puis les désirs d'un parent abuseur,
mais on va se permettre de peut-être écarter celle de l'enfant, parce que, lui,
il pourrait avoir été influencé. Comment on peut prétendre, après ça, qu'on
rétablit la primauté des droits de l'enfant puis qu'on accorde la priorité
aux... à l'enfant?
C'est... On n'est pas à une incohérence près, M.
le Président, c'est vraiment décevant, là. J'avais quand même beaucoup
d'attentes pour ce projet de loi là. Puis je n'étais pas la seule, d'ailleurs,
parce que c'est un projet de loi qui était très, très, très attendu, là. Puis
je défends régulièrement, là, l'intention du ministre, de la primauté des
droits de l'enfant. Vous connaissez, là, le débat qui a cours, en ce moment,
par rapport à ça, là, l'abandon de la primauté parentale pour la primauté des droits
de l'enfant. Je la défends, cette orientation-là, je la partage. Mais là je
trouve qu'on n'est pas capable de le mettre en oeuvre comme on voudrait dans le
projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que vous avez d'autres
interventions, Mme la députée?
Mme Labrie : Pas
sur cet amendement-là.
Le Président (M. Provençal)
: Pas pour cet amendement. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions concernant l'amendement qui avait été déposé par le
député de Laurier-Dorion?
Mme Weil : Non, mais on a eu
une longue discussion sur cet article, parce que nous, on avait proposé «à tout
moment», vous vous rappelez, donc... Et vous aviez expliqué pourquoi c'est «au
moment approprié», vous avez donné des
exemples. Mais on était un peu... On a fait ce débat, alors moi, j'ai compris
les explications, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement de
Laurier-Dorion. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Le
Président (M. Provençal)
:
Rejeté. Ce qui nous amène... Maintenant,
est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 8... S'il n'y
a pas d'autre intervention sur l'article 8, est-ce que l'article 8
est... adopté? Excusez-moi.
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
:
Adopté. O.K. Maintenant, je vais
vous inviter à l'article 15, sur lequel on avait un amendement. Je vais vous dire lequel. Alors,
c'était la députée de l'Acadie qui avait déposé un amendement. Alors, on
va le projeter à l'écran et on va demander maintenant à la députée de Notre-Dame-de-Grâce
de faire ses interventions.
Donc, l'amendement est à l'écran présentement.
Je vais inviter la députée de Notre-Dame-de-Grâce à nous en faire la lecture et
à nous émettre ses commentaires.
Mme Weil : Écoutez,
j'étais absente, mais j'ai suivi quand même. Donc, je vais vous le lire :
L'article 11.4 de cette loi,
proposé par l'article 15 du projet de loi, est modifié par l'insertion, à
la fin de l'article, le paragraphe suivant, alors :
«d) assurent à leur enfant, un milieu de vie
exempt de violence familiale ou conjugale.»
Maintenant, je ne me rappelle pas s'il y avait
eu des échanges déjà sur... Peut-être que le...
Le Présiedent (M. Provençal)
: On l'avait tout simplement suspendu.
Mme Weil : On l'avait
simplement suspendu. Évidemment, c'est dans un contexte où c'était au tout
début ou bien, je pense, c'est la deuxième
semaine peut-être, en tout cas, où cette question de violence conjugale,
finalement, revenait souvent à cause des
amendements, des consultations, des amendements apportés, des propositions
d'amendement apportées par les groupes. Ensuite, on a pris la décision que le
ministre allait étudier toute cette question et ramener des articles. Mais
évidemment je comprends la logique de cet amendement de ma collègue, mais
j'aimerais peut-être entendre le ministre sur sa réponse.
M. Carmant : Bien, comme
j'avais mentionné hier également, tu sais, initialement, on n'avait pas fait de
modification à l'article 38, parce que le projet de loi n° 2, qui
reprend le Code civil, mentionne que la parentalité doit s'effectuer sans
violence, d'accord? Et, ici, je pense que c'était pour affirmer, à nouveau, ce
désir-là dans le projet de loi sur la protection de la jeunesse. Mais,
juridiquement, c'est impossible d'insérer ça actuellement, parce que le Code
civil n'a pas encore été modifié. Donc, bien que j'adhère avec l'esprit de
l'amendement, juridiquement, on ne peut l'inclure dans le projet de loi
actuellement.
• (11 h 30) •
Mme Weil : Oui, je comprends
bien. Donc, juridiquement, on ne peut pas de façon... Mais c'est un motif de
compromission, la violence.
M. Carmant : Mais, maintenant,
la violence conjugale est un motif. C'est l'avancement qu'on a fait dans notre
projet de loi.
Mme Weil : C'est ça. Donc, ça
fait partie de la réponse aussi.
M. Carmant : Tout à fait.
Mme Weil : Mais la
première réponse, c'est que ce serait impossible, c'est déjà dans le Code
civil, et, par ailleurs, donc, ça a été intégré.
M. Carmant : Qu'il faut
l'ajouter dans le Code civil.
Mme Weil : Donc, oui, je pense
qu'on pourrait le retirer, parce qu'on a eu toutes sortes de débats par la
suite. C'était vraiment au début. Puis le ministre et son équipe, ils ont
ramassé toutes ces questions. On va y aller avec les autres que, peut-être...
Mais je pense que, dans celui-là, la réponse juridique est quand même claire.
Le
Président (M. Provençal)
: Alors,
Mme la députée, je comprends que vous retirez votre amendement. Est-ce qu'il y a consentement pour retirer
l'amendement? Consentement. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'article 15 tel qu'amendé? S'il n'y a pas
d'autre...
Mme Weil :
Peut-être, ça serait important de
relire, étant donné l'importance du sujet, là... Mais l'amendement juste
dans... Pour expliquer pourquoi je le retire, c'est que le ministre... On l'a
mis à... C'est dans les motifs de compromission. Donc, c'est c.1. Donc, par
insertion, après le paragraphe c, du paragraphe suivant :
«c.1) exposition à la
violence conjugale : lorsque l'enfant est exposé, directement ou
indirectement, à de la violence entre ses
parents ou entre l'un de ses parents et une personne avec qui il a une relation
intime, incluant en contexte post-séparation, notamment lorsque l'enfant
en est témoin ou lorsqu'il évolue dans un climat de peur ou de tension, et que
cette exposition est de nature à lui causer préjudice;».
Donc, ça vient
répondre, je pense, à l'amendement que j'avais apporté, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Effectivement.
Merci. S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'article 15 amendé, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 15, tel
qu'amendé, est adopté?Adopté. Merci. Nous allons maintenant à
l'article 16. Hein?
M. Carmant :
27.1.
Le Président
(M. Provençal)
: 16
a été...Pourquoi c'est marqué suspendu? C'est fait? O.K. Alors, on
irait à quel article?
Suspension, s'il vous
plaît, parce que je veux juste me repérer.
(Suspension de la séance à
11 h 34)
(Reprise à 11 h 43)
Le Président
(M. Provençal)
: Nous
allons reprendre nos travaux. J'ai besoin du consentement pour ouvrir
l'article 32.1. Consentement. Alors, au niveau de l'article 32.1,
nous aurons trois amendements qui avaient été déposés. Alors, nous allons
traiter le premier amendement qui avait été déposé par le député de
Laurier-Dorion, et je vais inviter la députée de Sherbrooke à nous en faire
part. Par la suite, nous aurons, toujours à 32.1, un amendement qui a été
déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce, et nous aurons un troisième
amendement qui a été aussi déposé par le député de Laurier-Dorion.
Alors, on débute avec
le premier amendement déposé par le député de Laurier-Dorion, et je cède la parole
à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. Donc, l'article 32.1. L'article 47.3 de
la Loi sur la protection de la jeunesse, proposé à l'article 32.1 du
projet de loi, est modifié par l'insertion d'un alinéa après «manifester sa
volonté»... du texte suivant :
«De plus, lorsque le
motif ou l'un des motifs de compromission est l'exposition à la violence
conjugale, le directeur peut, dans l'intérêt de l'enfant, convenir d'une
entente provisoire avec un seul des parents à l'exclusion du parent qui a
commis la violence conjugale.»
L'article se lirait
ainsi : «Le directeur peut convenir d'une entente provisoire avec un seul
des parents lorsque l'autre parent ne peut être retrouvé ou n'est pas en mesure
de manifester sa volonté. De plus, lorsque le motif ou l'un des motifs de compromission est l'exposition à la
violence conjugale, le directeur peut, dans l'intérêt de l'enfant,
convenir d'une entente provisoire avec un seul des parents à l'exclusion du
parent qui a commis la violence conjugale.»
L'objectif ici est de
s'assurer de la possibilité, hein, on ne demande pas que ce soit systématique,
bien sûr, mais de la possibilité de convenir
d'une entente provisoire pour que ce ne soit pas le parent qui a commis de la
violence qui ait la garde de l'enfant. Je préviens le ministre tout de suite.
C'est un amendement qui me tient particulièrement à coeur. Je juge
personnellement que ce n'est pas adéquat de confier la responsabilité d'un
enfant à quelqu'un qui a commis de la violence conjugale. Même si l'enfant n'y
a pas été exposé directement, il risque de l'être, notamment après une
séparation. Il risque même sa vie dans certains cas. On a vu que c'est le
summum ou l'aboutissement de la violence conjugale, à l'occasion, de s'en
prendre à l'enfant pour faire du mal à la mère. Malheureusement, l'actualité
nous le rappelle sur une base régulière.
Donc,
pour moi, c'est très important de permettre... Puis, je répète, là, pas
question que ça devienne systématique. Ce n'est pas ça, la proposition
ici, c'est de permettre que, quand un des motifs de compromission, c'est
l'exposition à de la violence conjugale, que l'entente provisoire pour la garde
puisse être faite seulement avec l'autre parent qui n'a pas commis de la
violence. C'est vraiment important pour la sécurité de l'enfant, à mon avis,
d'adopter cette modification législative là. Je vous remercie.
M. Carmant : Bien, au niveau... Ce qui
est recommandé, c'est vraiment... parce que l'enjeu, là, de... Le
retrait des attributs parentaux se fait
vraiment par le tribunal. Donc, nous, ce qu'on recommande, c'est vraiment de
mobiliser les parents à faire ce pas vers le
tribunal. Mais, au niveau de la direction de la protection de la jeunesse, une
telle entente, tu sais, n'a pas de... ne peut être faite. C'est vraiment
devant le tribunal que ça doit se faire.
Mme Labrie : On
parle ici déjà de l'entente provisoire. Il y a déjà des circonstances où c'est
possible. Le début de l'article, c'est qu'il
y a déjà quelque chose que le ministre prévoit, qu'il peut y avoir des ententes
provisoires avec un seul des parents. On veut simplement ajouter une
circonstance où une telle entente provisoire peut être faite. Puis évidemment
qu'au final ce sera à la cour de décider de la garde. Il est question ici des
ententes provisoires. Moi, je le répète, là, l'objectif, c'est d'assurer la
sécurité de l'enfant. Ça se voit très régulièrement que, lorsque le conjoint
violent n'est plus en mesure d'exercer sa violence ou son contrôle sur son
ex-conjointe, il va l'exercer sur l'enfant pour faire du mal à l'ex-conjointe.
C'est quelque chose qu'on ne peut pas nier, là, malheureusement. Donc, je pense
que c'est important de faire cette modification.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, il existe
déjà également des mesures de retrait d'urgence des enfants par la DPJ pour
permettre d'agir rapidement dans ces circonstances-là. Juridiquement, je crois
qu'on a des enjeux avec ce libellé-là. Donc, tu sais, je ne vois pas qu'est-ce
qu'on peut faire vraiment de plus à ce niveau-là que ce qui est déjà permis.
Mme Labrie : Je vais vous dire,
bien franchement, je pense que c'est une question de volonté politique bien
plus que d'ordre juridique. Sachez qu'en France, depuis quelques années déjà,
quand il y a une plainte en violence conjugale, la garde n'est pas confiée à la
personne qui est ciblée par la plainte. Même si la plainte n'a pas encore été
officiellement retenue puis des accusations déposées, déjà, on retire la garde.
Ça fait quelques années que c'est comme ça en France déjà. Ça fait que c'est
vraiment une question de volonté politique, là, c'est : Est-ce qu'on a la
volonté politique ou pas de faire en sorte qu'à l'occasion, quand il y a de la
violence conjugale comme motif de compromission, on s'assure que la personne
qui a exercé cette violence-là n'aura pas la garde, ne serait-ce que de manière
provisoire, en attendant qu'une vraie décision soit prise?
Pour moi, ça, c'est vraiment une décision
politique. Il n'y a pas de réponse... d'obstacle législatif pour faire ça, là.
En France, ils ont déjà légiféré là-dessus de manière assez claire, là. Ça fait
que c'est vraiment un enjeu de volonté politique. Est-ce que le ministre, comme
législateur, a la volonté politique de permettre la possibilité, hein, on n'est
pas dans le systématique, en France, c'est systématique... de permettre la
possibilité que, quand il y a un motif de compromission qui est l'exposition à
la violence conjugale, ce soit possible, si c'est dans l'intérêt de l'enfant,
de faire une entente provisoire juste avec l'autre des parents, celui qui n'a
pas commis la violence? C'est vraiment un enjeu de volonté politique ici. Puis
c'est le législateur que je veux entendre, là-dessus, là, parce que c'est
vraiment... c'était ça, dans les questions, là, c'est une volonté politique.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Je demanderais une
suspension, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 50)
(Reprise à 11 h 54)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. M. le
ministre avait demandé une suspension pour consulter ses juristes. Alors, M. le
ministre.
M. Carmant : Oui.
Alors, bien que la députée de Sherbrooke me met sous la lumière, là, je pense
qu'il y a quand même des enjeux juridiques majeurs à la disposition qui
est proposée qui font qu'on ne peut pas vraiment retenir cet amendement-là. Peut-être pour donner plus... un
meilleur éclairage, je passerais la parole à Me Legendre, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Me Dumas-Legendre, je vais
vous demander de vous nommer, votre fonction, et, par la suite, de nous
partager quel est l'enjeu.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Oui, merci, M. le Président. Hélène
Dumas-Legendre. Je suis avocate-légiste au ministère de la Justice.
Alors, je ne
sais pas, par rapport à la question qui a été posée, comment s'exerce ou
comment le débat autour de l'exercice
de l'autorité parentale se fait dans les autres pays. Maintenant, ici, ce
débat-là se fait à la cour. Donc, au Québec, c'est la Cour supérieure qui peut déchoir un parent de son autorité
parentale complètement. La chambre de la jeunesse peut retirer l'exercice de certains attributs, mais,
alors là, le tribunal y va de façon très minutieuse. C'est-à-dire qu'il
évalue, et il y a un débat sur l'évaluation d'un exercice de l'autorité
parentale, un attribut de l'autorité parentale, et c'est au terme du débat sur
ce point particulier que la cour tranche si elle laisse aux parents le droit de
continuer d'exercer cet attribut-là ou elle lui retire.
Donc, dans ce cas-ci, dans l'exemple qui est
soumis, on aura un parent qui a encore l'autorité parentale et qui a encore la
possibilité de l'exercer puisqu'un tribunal ne lui a pas retiré cette
possibilité-là. Donc, on ne peut pas, ni par la loi ni
par un autre procédé administratif, faire comme si cet exercice lui avait été
retiré puisque le débat n'a pas eu lieu. Donc, on brime les droits, dans le
fond, du parent d'avoir ce débat-là et que ce soit le juge qui tranche par
rapport à son exercice.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Labrie : Je maintiens que
c'est un manque de volonté politique si on ne veut pas aller là. Est-ce que je
peux avoir un exemple d'un parent qui n'est pas en mesure de manifester sa
volonté? Parce que ça, c'est le... Moi, je propose un amendement à cet
article-là, mais, dans l'article, ce qui est déjà prévu, c'est qu'on peut faire
une entente provisoire avec un seul des parents lorsqu'on ne peut pas le
retrouver, bon, ça, je suis capable de m'imaginer cette situation-là, ou il
n'est pas en mesure de manifester sa volonté. C'est quoi, cette situation-là?
Une voix : ...
Mme Labrie : Il est disparu,
ça, c'est quand on ne peut pas le retrouver. Mais, quand on dit : Il n'est
«pas en mesure de manifester sa volonté», ça, c'est quoi?
M. Carmant : Il est à
l'hôpital, par exemple, pour une raison quelconque.
Mme Labrie : O.K. Donc, quand,
par exemple, la personne est dans le coma, on va permettre la possibilité de
faire une entente provisoire, mais ça va quand même brimer les droits de ce
parent-là, mais on fait quand même le choix de dire : On n'attendra pas
qu'il sorte du coma, on va prendre la décision quand même. Là, on parle d'une
situation où il y a un des motifs de compromission qui est l'exposition à la
violence conjugale. Il n'y a pas encore eu déchéance parentale. Ce n'est pas
passé en cour.
Donc, le ministre ne veut pas qu'on se permette
à l'occasion, hein, on parle de permettre à l'occasion, ce n'est pas
systématique, de convenir d'une entente provisoire avec un seul des deux
parents, c'est-à-dire celui qui n'a pas commis de violence. Le ministre veut
qu'on soit obligés de s'entendre avec les deux parents pour l'entente
provisoire de garde même quand il y a eu de la violence conjugale, peu importe
l'ampleur des types de violence, là, parce que c'est tout... Là, tu sais, moi,
je...
On peut imaginer des situations, par exemple,
là, où il y aurait eu tentative de meurtre sur la mère. Ça va de tous les...
Puis je ne veux pas avoir l'air d'exagérer en disant ça, là, mais, quand on
parle aux personnes qui travaillent dans des maisons d'hébergement en violence
conjugale, là, elles réchappent, toutes les semaines, des victimes de tentative
de meurtre, O.K.? C'est la pointe de l'iceberg, ce qu'on voit dans les médias.
Elles reçoivent à pleines portes des victimes de tentative de meurtre, des
femmes qui se font étrangler par leur conjoint. C'est sur une base régulière,
là. Ça se produit au Québec pratiquement tous les jours.
Donc, on n'est pas dans des scénarios
catastrophes de choses qui ne se produisent qu'exceptionnellement, là, O.K.? Ça
veut dire, là, si on ne donne pas cette latitude-là ici, que, même dans des
situations comme celles-là, qui existent, là... Il suffit de parler à n'importe
quelle intervenante de maison d'hébergement, elles vont vous le dire. On ne
veut même pas se donner la latitude, dans des situations aussi extrêmes, de ne
pas impliquer le père ou l'auteur de violence dans l'entente provisoire.
M. Carmant : Mais, dans ces
circonstances-là, le rôle du DPJ, c'est d'aller d'urgence au tribunal puis de
retirer l'enfant. Il y a quand même une... Cette situation-là est couverte
actuellement.
Mme Labrie : Combien de temps
ça prend?
M. Carmant : Extrêmement
rapide. Qu'est-ce que ça veut dire? Oui, peut-être, la juriste peut nous dire
combien de temps ça prend.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Pour
voir le spectre des choses qui sont possibles, là, on se centre sur l'entente
provisoire, mais, dans les faits, il y a beaucoup d'actions qui peuvent être
prises.
Premièrement,
le DPJ peut prendre des mesures de protection immédiate. Ça, c'est des mesures
qui sont effectives, là, pour un
maximum de 48 heures, où le DPJ peut, de son propre chef, sans le
consentement des parents, sans l'autorisation du tribunal, retirer un enfant, mettre les conditions qui sont
nécessaires, empêcher des contacts pour protéger l'enfant.
Ensuite, s'il n'est pas capable d'obtenir le
consentement des parents à une entente provisoire le temps qu'il continue
d'évaluer la situation, il peut aller au tribunal, et ça se fait en urgence,
extrêmement rapidement. Ça peut se faire dans ce délai de 48 heures là,
là. Le DPJ n'a pas le choix. S'il veut prolonger, il faut qu'il aille au
tribunal. Il y a des journées de cour qui sont toujours prévues pour ces
urgences-là. C'est des mesures provisoires qu'on va chercher où on peut
justement prolonger l'application de ces mesures de protection immédiate là.
Donc, dans l'exemple que vous donnez, l'enfant
serait protégé parce qu'on va au tribunal, on va chercher ces mesures-là et on
protège l'enfant. Ce n'est juste pas la voie de l'entente provisoire qui est
choisie, mais les mesures existent et elles sont appliquées depuis des années.
Mme Labrie : Dans
quelles circonstances sont utilisées les ententes provisoires puisque ce chemin
existe, là, d'aller directement, très rapidement, en cour en dedans de
48 heures? Dans quelles circonstances on utilise une entente provisoire?
Mme Mathieu
(Jessica) : Lorsqu'on a l'accord des parents, lorsqu'on
peut... on s'entend avec eux. L'entente provisoire, ça repose sur un processus qui est volontaire. Donc,
lorsqu'on s'entend avec les deux parents sur des mesures, on fait une entente provisoire, à ce moment-là, on
n'a pas besoin d'aller devant le tribunal parce qu'on a l'accord des parents.
• (12 heures) •
Mme Labrie : Et, si, justement,
on n'a pas l'accord d'un des deux parents qui se trouve à être un auteur de
violence ou de violence alléguée?
Mme Mathieu (Jessica) : On va
chercher des mesures provisoires auprès du tribunal.
Mme Labrie : Puis qu'est-ce que
ça prend pour pouvoir aller d'urgence au tribunal? Est-ce que ça prend qu'il y
ait eu une plainte déposée à la police?
Mme Mathieu (Jessica) : Non.
Mme Labrie : S'il y a juste des
allégations de la mère qui dit : Moi, j'ai été victime de ceci, cela, elle
n'a pas nécessairement de marques physiques, ça peut être de la violence
psychologique, à ce moment-là, ça va être suffisant pour la protection de la
jeunesse pour aller en cour chercher ce qu'il faut?
Mme Mathieu
(Jessica) : Chaque cas est un cas d'espèce, mais il n'y a
nulle part dans la loi qui exige qu'il y ait une plainte au criminel
pour que le processus se poursuive.
Mme Labrie : O.K. Donc, on me
dit qu'on n'a pas besoin de l'accord du père ou de l'auteur de violence parce
qu'on peut aller en cour. Si on ne veut pas l'impliquer dans le processus,
c'est possible d'aller en cour. C'est ça? C'est ça, le chemin, actuellement.
Puis il n'y a pas de situation où on n'aurait pas ce qu'il faut pour aller en
cour, mais qu'on aurait besoin d'une entente provisoire quand même, parce que,
s'il existe, le chemin de l'entente provisoire, là, on en parle, ça existe. On
fait même état de situations où l'autre parent ne peut pas être retrouvé ou
qu'il n'est pas en mesure de manifester sa volonté. Pourquoi vous prévoyez
quand même des ententes provisoires puis pourquoi, dans ces cas-là, vous
n'allez pas directement en cour si ça existe, ce chemin-là?
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que... Me Mathieu ou
Mme Lemay?
Mme Mathieu (Jessica) : Bien,
la situation est complètement différente. Dans les exemples qui sont prévus à
l'article actuel, c'est des cas où la personne n'est pas là pour manifester sa
volonté, son accord, alors qu'en matière d'exposition à la violence conjugale
l'exemple que vous donnez, à ce moment-là, l'autre parent peut être présent, peut vouloir manifester sa volonté, veut
participer au processus. Donc, on est dans deux concepts complètement
différents.
Mme Labrie : Mais, en fait, j'essaie de comprendre à quoi elle
sert, l'entente provisoire, si vous êtes capables d'aller très rapidement en cour dans une situation
où un des parents, là, il est... Bon, il est à l'hôpital, là, il est inconscient.
À quoi ça sert, une entente provisoire, si vous êtes capables d'aller en cour
très rapidement?
Mme Mathieu (Jessica) : Bien,
pourquoi qu'on judiciarisait des situations où on a une bonne collaboration des
parents? On s'entend avec eux, ça va bien. Le judiciaire, c'est toujours la
dernière option, là. On est en matière de protection de la jeunesse.
L'objectif, c'est de favoriser la collaboration. Il y a énormément de dossiers
en protection de la jeunesse qui ne sont pas judiciarisés et qui passent par le
processus volontaire. Mais, pour ça, ça prend l'accord des parents, leur
collaboration. Donc, il y a vraiment les deux voies qui existent. Donc, si la
voie volontaire ne fonctionne pas, on va vers le judiciaire. Mais c'est certain
que le volontaire est toujours priorisé, là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Labrie : Moi, je veux être
certaine que ça ne se produira pas. Puis c'est que j'en ai en tête, des
histoires où ça... où l'enfant a été confié au père, au père violent, là, tu
sais. J'en ai vu, des situations comme celle-là. Ça fait que je me demande
comment c'est possible. C'est la faute de la cour à ce moment-là, si la garde a
été confiée au père violent? J'essaie de comprendre. Si on me dit, on n'a pas
besoin, là, de négocier avec l'auteur de violences, là, on a un autre chemin, à
ce moment-là, peut-être que ce chemin-là ne marche pas toujours. Parce que moi,
j'ai vu des situations où c'est la personne qui avait commis de la violence qui
s'était retrouvée avec la garde.
M. Carmant : Bien, M. le
Président, je pense que des... Tu sais, des cas d'espèce, il y en a toujours,
là, mais je pense que le système est fait pour que ça ne se produise pas, mais
c'est sûr qu'il y a toujours des exceptions qui peuvent arriver, là. Et nous,
on veut les encadrer le mieux possible. Je pense, encore une fois, et je
reviens toujours à ça, maintenant qu'on a eu, tu sais, le gros mouvement qu'on
a fait dans notre loi, c'est d'avoir un alinéa spécifique pour
la violence conjugale. Puis c'était vraiment ça, le pas de l'avant qu'on vient
faire pour mettre en valeur ces motifs-là et toutes les conséquences que ça
peut avoir sur la vie d'un enfant.
Mme Labrie : Bien, ça, c'est un
pas qui a été franchi au niveau des motifs de compromission, tu sais, c'est
pour obtenir un signalement.
M. Carmant : Mais pour toute la
cascade.
Mme Labrie : Là, ici, on est
sur autre chose.
M. Carmant : Mais pour toute la
cascade. Oui, c'est un nouveau motif de compromission, mais ça impacte toute la
loi. C'est comme juste le fait de faire... de parler de l'intérêt de l'enfant,
ça impacte toute la loi. Ça impacte la vision de tous les intervenants,
psychosociaux, judiciaires ou magistrature, dans l'interprétation de la Loi sur
la protection de la jeunesse.
Mme Labrie : Bien, ça, ça reste
à voir, parce qu'on me dit qu'on va pouvoir écarter l'opinion de l'enfant dès
qu'on va penser qu'il a été influencé dans son opinion. Ça fait que, c'est ça,
ça reste à être démontré, là. Moi, j'aimerais ça que le ministre ait raison
puis qu'on parle d'exceptions, mais c'est juste que je serais surprise, là,
d'avoir... Au nombre de cas dont j'ai entendu parler, là, qui étaient des
situations comme celle-là, je serais surprise que
ce soit exceptionnel à l'échelle de Québec, parce que, juste en Estrie, j'ai
entendu parler de tellement de situations que je ne peux pas imaginer
que ce soit exceptionnel, là. Ce n'est pas... Ce n'est déjà pas de l'ordre
exceptionnel en Estrie puis, tu sais, je ne suis pas... Je ne suis même pas
porte-parole national de ce dossier-là. Je n'ose même pas imaginer, les
personnes qui le sont, la quantité d'histoires qu'ils reçoivent, là, tu sais.
Ça fait que, pour moi, je me retrouve dans une
situation où, tu sais, on me dit : Bon, bien, il y a déjà tout ce qu'il
faut pour s'assurer que la sécurité de l'enfant ne soit jamais compromise et
que la garde ne soit pas remise à un auteur de violence. Bien, en tout cas,
jusqu'à maintenant, ça ne marche pas, là. Jusqu'à maintenant, ça ne marche pas.
Tu sais, il y a quand même... Il y a quand même beaucoup de situations, moi,
qui m'ont été rapportées où est-ce que ça se trouvait à être l'auteur de
violence qui se retrouvait avec les enfants en attendant d'avoir le vrai jugement
officiel de la garde. Puis, à l'occasion, on nous rapporte dans les médias que,
pendant l'intervalle, bien, la violence a été exercée contre ces enfants-là,
dont certains en sont décédés. Et puis ce n'est pas des histoires isolées non
plus, là.
Ça fait que je... J'aimerais ça me fier aux
propos du ministre, mais c'est juste que la réalité qu'on voit, ce n'est pas
celle-là, là, tu sais. Puis moi, j'aimerais ça qu'on se donne tous les outils
pour être certains que ça ne se produira pas. Puis je sais qu'on ne peut pas
empêcher que ça se reproduise, là, mais on peut mettre tous les filets de
sécurité possibles par contre pour que ça se produise le moins souvent
possible. Puis là la vérité, c'est qu'au moment où on se parle il y a
énormément de personnes qui ont commis de la violence conjugale, puis qui ont
leurs enfants, là, puis qui s'en servent pour continuer d'exercer de la
violence sur leur ex-partenaire de vie, parfois de manière extrême, en enlevant
la vie à ces enfants-là. Ça fait que ça, c'est quelque chose qui existe, là. Ça
fait que ça... Si on me dit : Il y a déjà tout ce qu'il faut en place, on
n'a pas besoin de rien changer par rapport à ça. Il me semble que ça a failli à
plusieurs occasions dans le passé.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que, M. le ministre, vous avez
de quoi à ajouter?
M. Carmant : ...
Le Président (M. Provençal)
: Vous n'avez rien à rajouter. O.K. Mme
la députée, est-ce que vous voulez ajouter autre chose?
• (12 h 10) •
Mme Labrie : Je ne sais pas si
le ministre a eu souvent l'occasion de discuter avec des personnes qui étaient
aux prises avec une situation de violence conjugale, là, des personnes victimes
d'emprise, mais c'est... Je l'invite à le faire. Je l'invite à le faire. Puis
toutes les situations sont différentes, d'ailleurs. Ça fait qu'il ne suffit pas
d'en avoir rencontré deux ou trois pour prendre la mesure du phénomène, là.
C'est marquant. Honnêtement, c'est marquant. Puis, quand il y a des enfants
d'impliqués, ça l'est particulièrement.
Ça fait que j'inviterais le ministre à le faire,
parce que j'ai l'impression... Puis je ne veux pas l'accuser de rien, parce
que, tu sais, moi-même, j'ai eu beaucoup de prises de conscience dans les
dernières années en parlant avec ces victimes-là. Ça fait que je ne veux pas
dire qu'il banalise ça, là, puis tout ça, là. Moi-même, je pense que je devais
banaliser certaines choses avant de rencontrer des victimes puis de prendre
acte de l'ampleur de ce qu'ils vivent, là. Mais j'ai l'impression quand même
que de la façon dont on nous dit qu'il y a déjà pas mal tout en place pour que
ça ne soit pas si problématique que ça, c'est comme si on n'a pas pris
suffisamment acte de ce qui est vécu par les victimes de violence conjugale.
Ça fait que je trouve ça... Je trouve ça
dommage. Puis il n'est jamais trop tard pour apprendre, là. Moi, je suis
contente d'avoir rencontré ces personnes-là pour cheminer. Puis j'inviterais le
ministre puis, en fait, l'ensemble des équipes
à la Protection de la jeunesse, tu sais, parce que ce n'est pas juste le
ministre, là, c'est vraiment toute l'infrastructure qui doit se
familiariser avec ça, là. Il y a, pour vrai, un enjeu. C'est le problème le
plus fréquent qui nous est rapporté par rapport à la protection de la jeunesse.
Ce n'est même pas les délais de traitement des signalements, pouvez-vous croire, alors que c'est un enjeu majeur, là. Ce qui nous est
rapporté le plus souvent, c'est qu'il y a une incapacité du système de
protection de la jeunesse de comprendre les réalités vécues en violence
conjugale. Puis ça ne nous est rapporté pas juste par les victimes, par les
organismes communautaires qui oeuvrent en violence conjugale aussi. Ils passent
leur temps à nous le dire, ils gèrent ça à la semaine longue. Il y a vraiment,
vraiment un enjeu là. Je pense que la mesure n'est pas prise pleinement. Puis
je le sais que ce n'est pas le seul... Je sais que ce n'est pas le seul enjeu
en protection de la jeunesse, mais c'est probablement celui qui est le moins
bien compris, en ce moment, à l'intérieur de la structure. En tout cas, des
témoignages que je reçois du milieu communautaire, c'est définitivement l'enjeu
qui est le moins bien compris puis pour lequel il y le plus d'accrochages,
vraiment. Puis, tu sais, j'ai parlé des intervenantes plus tôt, mais ce n'est
pas juste les intervenantes, c'est à tous les niveaux de la structure,
vraiment.
Puis ce que j'entends, ici, ça me le confirme un
peu, là. Tu sais, c'est comme s'il y a une impression qui se dégage que...
C'est comme si tout est déjà fait, là, pour répondre adéquatement à ces
situations-là. Ça ne fitte pas avec ce qu'on voit sur le terrain.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'amendement déposé par le député de Laurier-Dorion?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Rejeté.
Le Président (M. Provençal)
: Rejeté. Nous allons maintenant
traiter l'amendement qui avait été déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
toujours à l'article 32.1.
Mme Weil : Oui, M. le
Président. Peut-être... Bah! Je vais le lire puis j'aurai une question.
Donc : «52.1 Le directeur peut convenir
d'une entente...»
L'amendement : L'article 52.1 de cette
loi est modifié par l'insertion, dans le deuxième alinéa, après les mots «de
son indifférence», de la phrase suivante : «De plus, lorsque le motif ou
l'un des motifs de compromission est l'exposition à la violence conjugale, le
directeur peut, dans l'intérêt de l'enfant, convenir d'une entente provisoire
avec un seul des parents à l'exclusion du parent qui a commis la violence
conjugale.»
Donc, on est
dans les mesures volontaires, ici. Est-ce que cette mesure-là est dans les
motifs de compromission? On voulait juste faire le parallèle...
M. Carmant : ...la violence
conjugale, oui.
Une voix : ...
M. Carmant : C'est que, là, on
vient de débattre le...
Mme Weil : Oui, oui,
excusez-moi. Est-ce que... oui, c'est-à-dire, une entente provisoire, ça
s'applique à toutes... avec un seul des parents, s'applique à toutes les
mesures?
Une voix : ...
Mme Weil : Motifs de compromission, oui. Auquel cas la violence
conjugale... Je pense qu'on répond, peut-être, à la question. On est en
train de prévoir votre réponse.
M. Carmant : C'est ce qu'on
vient de discuter.
Mme Weil : C'est ça.
M. Carmant : Exact.
Une voix : ...
Mme Weil : C'est des mesures
volontaires. Donc, dans le cas de mesures volontaires aussi.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Juste
pour démêler, là, «entente provisoire», c'est ce qu'on vient de parler, c'est
30 ou 60 jours. C'est avant qu'on décide si c'est compromis, alors que
l'entente sur mesures volontaires, elle intervient plus tard. C'est :
quand on a décidé que c'était compromis, on s'entend avec les parents pour
prendre des mesures. Mais là c'est à plus long terme, là. L'entente sur mesures
volontaires pourrait durer six mois à un an, là. Donc, les mêmes enjeux qui ont
été nommés jusqu'à maintenant sur... Parce que c'est la même chose que pour ce
qui a été discuté pour l'entente provisoire, là, mais les mêmes enjeux subsistent
et même sont exacerbés parce que, là, on a des ententes qui peuvent être de
plus longue durée, là.
Mme Weil : Mais c'est ça. Alors, je demanderais peut-être une
réponse complète à l'amendement du gouvernement pour en disposer,
c'est-à-dire, d'être vraiment juste sur cet amendement, votre réponse, puis ce
sera complet.
Mme Mathieu
(Jessica) : Bien, c'est exactement les mêmes enjeux qui ont
été nommés, même par ma collègue, là,
Me Dumas-Legendre, sur l'exercice de l'autorité parentale. De conclure une
telle entente avec un seul des parents, c'est nier l'autorité parentale
de l'autre quant à la garde, quant aux contacts, quant aux décisions. Et ça, il
faut que ce soit fait, là, devant le tribunal, comme ça a été exposé
précédemment. Puis, ici, c'est ça, la problématique est vraiment exacerbée,
parce qu'en mesures volontaires on est là pour une beaucoup plus longue durée.
Alors, la solution, à ce moment-là, un peu comme on l'a exposé pour l'entente
provisoire, à ce stade-là, si on veut prendre des mesures plus long terme et
confier la garde à un seul des parents en raison de la violence conjugale, par
exemple, on devra aller au tribunal, là, pour ce faire.
Mme Weil : Donc, dans les cas
où le constat, c'est qu'il y a de la violence conjugale, la réaction de la DPJ,
dans ce cas-là, ce serait d'aller automatiquement devant le tribunal?
Mme Mathieu (Jessica) : Pas
nécessairement. C'est vraiment... Peu importe le motif de compromission, on va
toujours regarder toutes les options qui sont ouvertes. Ça peut être le
processus volontaire, avec l'entente sur les mesures volontaires. Il pourrait y
avoir des ententes sur mesures volontaires même avec une situation d'exposition
à la violence conjugale. Et, si on n'a pas la collaboration des parents ou leur
consentement à cette entente-là, à ce moment-là, c'est là qu'on explore
davantage l'avenue judiciaire avec, à ce moment-là, vraiment un jugement qui va
venir, là, baliser, là, tous ces éléments-là.
Mme Weil : Et, dans la
pratique, vous voyez cette situation souvent, j'imagine. Quand même, vous, ça
fait longtemps que vous connaissez la situation. Là, on vient vraiment le
circonscrire, le nommer, expliquer, puis de voir, dans tous les chapitres, dans
tous les articles, qu'est-ce qu'il faut ajuster pour reconnaître officiellement
cette réalité. Mais, dans la pratique, sûrement, c'est... vous avez une
réaction à tout ça. Comment ça se passe, justement, dans ces mesures volontaires, généralement, quand vous avez
un parent, bon, le conjoint, qui est la personne violente? Comment ça se
vit, tout ça? C'est-à-dire, vous voyez le problème et, je ne sais pas, les
réactions de la victime, comment ils peuvent s'entendre? Comment vous gérez
tout ça actuellement?
Mme Lemay (Catherine) : Si vous
voulez des exemples plus concrets, je pense qu'Hélène serait peut-être en...
Mme Groleau serait plus en mesure de répondre aux réactions terrain. Mais
assurément, la situation des ententes volontaires, puis Me Mathieu l'a
très bien dit, là, ça prend une volonté des parents et ça prend le consentement
pour être en mesures volontaires. Parce que, si on se retrouve soit dans un
positionnement qui est volontaire puis que, mettons, le parent violent
dit : Oui, je m'engage, mais, dans les faits, sabote à côté, bien,
l'intervenant va voir ça, puis il peut porter la situation au tribunal, là, si
c'est cette situation-là qui se produit.
Mme Weil : Et vous, donc, vous
faites ce constat qu'il va falloir aller devant le tribunal parce que...
Mme Lemay (Catherine) : Pas
nécessairement. Si on est dans une situation où... Parce que le père, le parent
violent, pourrait consentir à accepter les mesures et va respecter les choses.
À ce moment-là, on peut demeurer en mesures volontaires. Mais, si on est dans
une situation où les mesures ne sont pas respectées, même s'il a dit oui, mais,
dans les faits, il dit non, ça prend l'intervention du tribunal.
Mme Weil : Juste... Alors donc,
disons que c'est vraiment cette situation de la femme terrorisée, là, qui est
incapable d'être... Donc, avec le conjoint violent, on ne peut pas parler de
mesures volontaires, on ne pourrait pas. C'est-à-dire qu'elle, elle
souhaiterait, mais c'est de... Vous l'exigez du couple, mais la question, c'est
de voir si, avec un parent, surtout si elle est victime... C'est ça,
l'intention de l'amendement, là, c'est de... Une fois que vous savez cette
réalité, vous pouvez convenir avec un parent. C'était l'argumentaire qui a été
présenté. C'est long. C'est Mme Zaccour, là, avec ses explications.
Donc...
Mme Lemay (Catherine) : Je
pense que les réponses ont déjà été données par...
Mme Weil : Oui, mais chaque
amendement est un peu différent. Dans ce cas, je pense que c'est important,
surtout pour ceux qui nous suivent, d'avoir la réponse simplement. Dans ce cas
de mesures, on parle de mesures volontaires, bien, j'apprécierais de réitérer
parce c'est un autre amendement, avec une situation distincte. C'est de voir
comment vous répondez à ça dans les amendements que le ministre a déposés.
C'est-à-dire, ce serait dans les amendements, je crois bien, globalement, par
la reconnaissance comme motif de compromission...
M. Carmant : De la violence
conjugale.
• (12 h 20) •
Mme Weil : ...de la
violence conjugale. C'est juste d'expliquer le lien entre tous ces amendements
qu'on a apportés, finalement, que le gouvernement amène, une réponse qui est...
qui couvre ces genres de situations. C'est ça que j'ai besoin d'entendre.
Mme Lemay
(Catherine) : Bien, en fait, on est venu introduire un alinéa
spécifique. On est venu sortir des mauvais traitements psychologiques
l'exposition à la violence conjugale à 38.2. On est venu donner un lexique
d'interprétation à 38.2.2 en nommant certains critères pour interpréter
l'exposition à la violence conjugale. Et, par la suite, quand on regarde au
début de la loi avec les préambules, l'intérêt de l'enfant et finalement
l'application, soit en mesures volontaires ou en mesures judiciaires, on doit
s'assurer qu'en mesures volontaires on a le consentement des deux parents pour
appliquer les mesures. Si le parent qui exerce de la violence par, notamment,
un pouvoir coercitif, mais ça peut être d'autres types de violences, dit :
Oui, je m'engage, mais, dans les faits et dans ses gestes, ne le fait pas, à ce
moment-là, même s'il a dit oui, l'intervenant en protection de la jeunesse peut
dire : Je ne suis plus dans un contexte volontaire. Donc, je vais porter
la situation au judiciaire. Mais, assurément, le directeur de la protection de
la jeunesse, à travers les intervenants, ne peut pas d'emblée retirer des
attributs de l'autorité parentale. Ça relève du pouvoir judiciaire, et c'est le
juge qui apprécie la preuve qui est faite devant lui, autant de la part du
parent auteur de violence que du parent victime, de même que de la position de
l'enfant puisque, dans tout ça, il est bien question de l'intérêt de l'enfant
et quels sont les préjudices qui lui sont causés.
Mme Weil : M. le Président, de
votre expérience, vous l'avez... Vous avez vu ces situations. Est-ce que, dans
la majorité des cas, c'est possible qu'il fasse ou vous voyez ça fréquemment,
même si vous savez, même si c'est connu, disons, connu qu'il y a des victimes
de violences conjugales, qu'il y a des pères qui sont capables de faire une
entente provisoire, mais ensemble?
Mme Lemay (Catherine) : Ce que
j'ai vu, quand c'est possible, c'est quand un père reconnaît, a entrepris des
démarches et, volontairement, se positionne en disant : Je prends en main
ma situation de parent violent. Ça prend un minimum de reconnaissance et de gestes
qui vont dans le sens de corriger la situation. Quand tu n'as pas ces deux
aspects-là, c'est extrêmement difficile.
Mme Weil : Et donc, dans la
loi... Parce que je ne reprends pas tous les argumentaires de tous les groupes.
Ça, c'est vraiment un autre argumentaire. C'était le Regroupement des maisons
pour femmes victimes de violence, Suzanne Zaccour, etc. Je pense que les gens
veulent savoir, globalement, pour tous ces incidents qu'on a déjà soulevés puis
on a déjà argumentés, en quoi, donc, actuellement, avec les modifications qui
sont apportées, un travail sérieux, vous répondez, donc, à cette réalité? Donc,
vous allez prendre conscience de ça. Puis, si vous voyez que c'est vraiment
impossible, il y aurait une mesure. La mesure serait prise avec la... Ce serait
la conjointe.
M. Carmant : Exactement. Avec
le tribunal.
Mme Weil : Avec le tribunal.
M. Carmant : Et, encore une
fois, c'est en mettant de l'avant la violence conjugale comme motif qu'on
réussit à faire ça.
Mme Weil : Et
vous, devant le tribunal, donc, vous jouez ce rôle, comment dire, les premiers
à avoir constaté de façon un peu juridique, si on veut, la réalité,
donc, qui va alimenter le tribunal?
M. Carmant : Exact.
Mme Weil : C'est ça, la différence.
M. Carmant : Exact.
Mme Weil : Et j'imagine que ça
a existé quand même un peu, mais là c'est vraiment nommé. Il y a la formation de tous. Donc, dans la chaîne, si on
veut, d'intervenants jusqu'au tribunal, il y aurait eu cette compréhension,
et qui vont... compréhension qui va éclairer le juge ou la juge sur les
décisions.
M. Carmant : Toutes les
décisions, tout au long du processus.
Mme Weil : C'est ça. Donc, on
voit que la formation, donc, elle est en continu jusqu'au tribunal, qui aura
des formations, mais dans l'application de cas précis. C'est ça qui change.
M. Carmant : Tout à fait.
Mme Weil : D'accord. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Sherbrooke avait
signifié qu'elle voulait intervenir.
Mme Labrie : Je vais me
permettre un commentaire sur la façon dont ça se passe dans la commission,
parce que je n'ai pas été là depuis le début, mais je vois comment ça se passe
depuis ce matin. Puis je dois dire que je trouve ça
surprenant à quel point, souvent, ce n'est pas le ministre qui répond aux
questions. J'ai quand même travaillé sur beaucoup de projets de loi, notamment
un autre avec le ministre des Services sociaux. Je n'ai jamais vu ça. Je n'ai
jamais vu ça, que ça soit aussi rare que ce soit le ministre qui réponde aux
questions et qui explique les positions du projet de loi, qui explique les
intentions du législateur. Je n'ai jamais vu ça. Tu sais, c'est le
12e projet de loi sur lequel j'interviens, là, ici, depuis le début de la
législature. Puis ça ne me met pas en confiance.
On dirait que, le projet de loi, il n'est pas
maîtrisé par le ministre. Ça fait que, tu sais, quand il nous parle de ses
intentions, parce qu'il prend la parole quand même à l'occasion, c'est comme si
je... On dirait que ce n'est pas le sien, parce que ce n'est pas lui qui le
défend. Il fait prendre la parole à d'autres personnes pour défendre les
postures gouvernementales. Ça fait que moi, je n'ai pas vu ça souvent, que ça
soit aussi souvent d'autres intervenants qui viennent défendre le projet de
loi, puis qui viennent donner des réponses à l'opposition. C'est particulier,
je trouve. Ça fait que je trouvais ça important de le nommer parce qu'au final
c'est le projet du ministre. C'est lui qui va devoir répondre de ça,
s'expliquer sur les impacts ou non qu'on réussit à avoir avec le projet de loi.
Ça devrait être lui qui a une suffisamment grande compréhension du projet de
loi pour pouvoir nous répondre, nous expliquer, se justifier. Puis il se réfère
beaucoup à son entourage. Puis il y a des propos fort appropriés, éclairants,
de ses collègues, mais moi, je n'ai jamais vu ça, que ce soit autant d'autres
intervenants qu'un ministre qui interviennent sur un projet de loi. Je suis surprise
de voir ça ce matin. Je voulais juste le nommer.
Le Président (M. Provençal)
: Moi, je veux juste souligner une
chose. Un, le ministre peut être appuyé en tout temps par son équipe. Deux,
surtout avec le consentement des membres, comme vous le faites, ça demeure une
pratique courante en étude détaillée. Et, quand on arrive dans des volets
vraiment techniques ou très pointus au niveau juridique, ce n'est pas
nécessairement la spécialité de M. le ministre, même s'il s'approprie la chose.
Alors, je pense qu'il est normal qu'il fasse appel aux gens du juridique pour
pouvoir vraiment...
Mme Labrie : Bien sûr, M. le
Président. Puis j'ai donné mon consentement à chaque fois, là, puis je suis
contente d'avoir entendu les propos de ses collègues. Moi, je ne veux pas
dénoncer ça. Je veux juste dire ce que ça crée chez moi. Ça crée un manque de
confiance envers la compréhension que le ministre peut avoir de son propre
projet de loi. Ça fait que ce n'est pas pour dire que ce n'était pas correct, les
propos des collègues. Puis j'étais content de les entendre. Puis j'ai donné mon
consentement à ça, comme on procède toujours. Puis, oui, ça arrive, à
l'occasion, sur d'autres projets de loi, qu'on entend l'expertise de
l'entourage du ministre, mais, dans une telle proportion, moi, ça me
déstabilise beaucoup, parce que le législateur, c'est le ministre. Donc, je
vous dis comment je me sens par rapport à ça. Je me questionne beaucoup
là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: Bien, je vous confirme que la majorité du temps, ça a été
M. le ministre qui a répondu, parce que vous l'avez bien signalé, vous n'avez
pas assisté à l'ensemble des travaux. J'ai deux députés qui voulaient
intervenir.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Bien, moi, je voulais juste dire que c'est un
travail d'équipe. Moi, j'ai fait partie de plusieurs projets de loi puis il y
avait toujours son équipe. Puis, quand le ministre, ça devient trop pointu,
c'est certain qu'il est, je veux dire, il est supporté par son équipe de juristes.
C'est normal qu'on puisse les entendre, puis qu'ils puissent nous donner des
éléments de réponse, là.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Lac-Mégantic.
M. Jacques : Merci, M. le
Président. Je veux juste mentionner, là, que la députée de Sherbrooke, durant
ses interventions, a même demandé que ce soient les fonctionnaires qui
répondent à certaines des questions qui étaient posées par elle. Donc, j'ai de
la misère à comprendre qu'elle ne soit pas heureuse des discussions qu'il y a
eu, alors qu'à maintes reprises, elle a demandé que ce soient les
fonctionnaires qui répondent à ces questions-là. Donc, merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : ...je terminerais,
M. le Président, par dire que je sens... J'aimerais avoir un certain respect autour de la table aussi. Puis la députée semble
prêter des intentions au ministre. Donc, je vous invite à faire
respecter...
Le Président (M. Provençal)
: Je veux juste ajouter que je n'ai pas perçu qu'on prêtait
des intentions à M. le ministre. Mme la députée a exprimé sa perception des
choses. M. le ministre, puis on termine avec ça, là.
• (12 h 30) •
M. Carmant : Oui. Bien, moi, je
veux juste la rassurer, là. En fait, c'était un peu de l'ouverture de ma part
de laisser la parole aux autres pour avoir des réponses complètes à des
questions que vous m'avez posées. Moi, je ne suis pas juriste. Je donne mon
intention dans le projet de loi et j'ai travaillé très fort sur ce projet de
loi là pour combler tout ce qui nous avait été demandé par les différentes
parties. Mais moi, ça me ferait un plaisir de répondre à toutes les questions,
mais vous n'aurez peut-être pas nécessairement des réponses aussi globales que
celles que, soit au niveau clinique, soit au niveau juridique, qui vous ont été
apportées ce matin. Mais j'ai bien entendu puis je vais m'assurer de répondre à
toutes les questions moi-même pour la suite des choses. Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Maintenant, compte
tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'après les affaires
courantes. Merci beaucoup de votre participation.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 31)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. La
commission poursuit l'étude détaillée du projet de loi n° 15, Loi
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions
législatives.
Avant toute chose, j'ai besoin d'un consentement
pour que le député de Laurier-Dorion puisse remplacer le député de Rosemont.
Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement. Lors de la suspension de nos travaux cet
avant-midi, nous étions rendus à l'amendement introduisant l'article 32.1
proposé par le député de Laurier-Dorion. Mais, avant toute chose, excusez-moi,
nous étions à l'amendement introduisant l'article 32.1, ça, ça va, mais
qui était proposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Alors, y a-t-il des
interventions? Oui, Mme la députée.
Mme St-Pierre : Alors, M. le
Président, ma collègue m'avise que nous allons retirer cet amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, consentement pour
retirer l'amendement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Maintenant, nous avions un
autre amendement introduisant l'article 32.1,
qui était proposé par le député de Laurier-Dorion. Alors, M. le député, on va
projeter votre amendement à l'écran, et vous allez nous faire part de
votre amendement maintenant.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, j'en fais la lecture : L'article 32.1 du projet de
loi est modifié par l'insertion, après l'article 51 de la Loi sur la
protection de la jeunesse, du texte suivant :
«51.01. Lorsque le directeur est d'avis que la
sécurité ou le développement [de] l'enfant est compromis en raison de
l'exposition à la violence conjugale, et lorsque les parents ne s'entendent pas
sur la garde physique de l'enfant, le directeur privilégie de confier l'enfant
au parent qui a subi la violence conjugale plutôt qu'à celui qui l'a commise.
Il prend les mesures et offre aux parents le soutien nécessaire pour que cesse
la situation de violence conjugale, y compris post-séparation, notamment la
supervision des contacts avec le parent violent.
«51.02. Lorsque le motif de compromission est
l'exposition de la violence conjugale, ou lorsque, bien que le motif de
compromission soit autre, une situation de violence conjugale existe ou a
existé, le directeur en tient compte dans son évaluation des capacités
parentales. Le directeur doit présumer que la violence conjugale se poursuit
post-séparation et qu'elle affecte négativement l'enfant.
«51.03. Lorsque le motif de compromission est
l'exposition de la violence conjugale ou qu'un parent allègue que la violence
conjugale a lieu ou a eu lieu, le directeur ne tire pas d'inférence négative
sur les capacités parentales du parent victime de violence du fait que :
«a) le parent
a dénoncé une situation d'exposition à la violence conjugale ou [des] mauvais
traitements psychologiques, d'abus
sexuels ou d'abus physiques envers l'enfant, et ce, même si la situation de
compromission n'est pas démontrée;
«b) le parent victime craint subjectivement pour
sa sécurité ou pour celle de l'enfant;
«c) le parent victime a laissé savoir à l'enfant
qu'il vit de la violence conjugale ou en a discuté avec l'enfant;
«d) le parent victime a pris des mesures pour
faire évaluer l'enfant ou pour en assurer la sécurité;
«e) le parent victime demande la réduction des
contacts entre l'enfant et le parent violent;
«f) le parent victime ne force ou n'encourage
pas l'enfant à être en contact avec le parent violent;
«g) le parent
victime ne cherche pas ou ne réussit pas à améliorer la relation entre le
parent violent et l'enfant;
«h) le parent victime demande ou privilégie la
réduction des contacts entre l'enfant et le parent violent.»
Voilà. Fin de l'amendement proposé, M. le
Président. Donc, cela correspond à une volonté de plusieurs, dans la société...
dans notre société, là, d'avancer beaucoup plus loin, là, dans la définition
des différents types de violence conjugale, qui est considérée comme un motif
de compromission. Et l'amendement vise à, en quelque sorte, typifier
différentes sortes d'action ou de situation, plutôt, qui doivent être
considérées par la direction de la protection de la jeunesse eu égard à la
violence conjugale, là. Donc, il ne suffit pas de dire qu'il y a seulement...
que la violence conjugale est un motif de
compromission, il faut aller beaucoup plus loin, parce que la violence
conjugale se manifeste dans
différentes façons, elle aboutit à différents types de conséquences, et il nous
semble que... bien, pas juste à nous, mais
à plusieurs groupes dans la société, de défense des droits des femmes en
particulier, là, que le législateur doit tenir compte des différents types de situations qui existent pour, un,
évidemment, protéger l'enfant et ne pas tomber dans le travers qu'on a entendu trop souvent où les cas de
violence conjugale sont simplement considérés ou traités comme simples
cas d'aliénation parentale.
Donc, lorsqu'une partie,
souvent, très souvent la femme, allègue qu'il y a de la violence conjugale,
souvent on a eu tendance, trop souvent même, à considérer comme un simple motif
de chicane de couple et qu'évidemment la femme utilise la violence conjugale
pour aggraver les conséquences... cette situation de conflit de couple. Et,
voilà, on tourne la page et on traite seulement le conflit comme un simple
conflit de couple, qui a des conséquences sur l'enfant, alors qu'on est en
train de laisser de côté des situations extrêmement graves qui doivent être
considérées par la direction de la protection de la jeunesse, et, pour cela, il
est nécessaire de donner des outils législatifs à la DPJ pour pouvoir traiter
correctement ces cas-là.
Donc, j'appelle au ministre d'aller encore plus
loin dans sa volonté de faire évoluer cette loi-là et inclure différentes
dispositions concernant la compromission... la violence conjugale, pardon, et
se mettre un peu au diapason du débat qui existe en ce moment dans l'ensemble
de la société concernant la violence conjugale, qui a abouti, depuis la
dernière année, en particulier, là, à des situations très, très malheureuses,
où il y a eu des décès de femmes, là, aux mains de leur mari violent. Donc,
c'est une situation qui préoccupe grandement la société, et il me semble qu'il
est un devoir du ministre d'aller plus loin et inclure différents types de
situations afin que la DPJ puisse faire correctement son travail. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
ministre... M. le Président. J'entends très bien le discours du député de
Laurier-Dorion. Sa collègue, ce matin, de Sherbrooke m'a clairement... a
clairement fait entendre qu'elle aimerait que j'exprime clairement l'intention
du législateur, donc c'est ce que je vais faire cet après-midi.
Je lis tout ça. Ce sont des descriptions
cliniques de comportements cliniques qui, selon moi, devraient faire partie du
cadre de référence et non pas d'une loi. Donc, je ne tiendrai pas compte de cet
amendement dans le projet de loi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le député de
Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Évidemment, le
cadre de référence, il est éminemment important. Mais on n'est pas en train de discuter, ici, d'un cadre de référence. On
discute, ici, d'une loi qui doit tenir compte de ces différents cas là. Il n'y
a rien qui m'assure... Si on regarde le passé, là, où la violence conjugale a
trop souvent été traitée par la direction de la protection de la jeunesse
comme un simple cas d'aliénation parentale, donc des conflits entre parents,
qu'est-ce qui nous garantit que, dans
l'avenir, le futur cadre de référence va tenir compte de l'ensemble de ces
cas-là? Qui ne viennent pas de n'importe où, hein, ils ont été longuement
réfléchis et travaillés avec des intervenantes dans le domaine de la violence conjugale.
Donc, ils sont... ils correspondent à une réalité objective qui existe
malheureusement dans notre société, là.
Donc, ici, on est en train d'étudier des lois,
et il est impératif, il me semble, d'indiquer à la direction de la protection de la jeunesse, là, qu'est-ce que c'est, la compromission,
donner une... qu'est-ce que c'est, la compromission causée par
l'exposition à la violence conjugale, et certains repères de comment doit-elle
traiter ces cas-là.
Donc, sinon, sinon, qu'est-ce qu'on fait? On est
en train de seulement dire à la DPJ : Tenez... Considérez la violence
conjugale comme un cas de compromission, sans plus. On ne dit pas à la... La
loi ne dit pas... Le législateur n'informe pas la DPJ comment, dans quelle
direction, de quelle façon doit-on comprendre la violence conjugale, et surtout
comment doit-on la traiter. Il appartient au législateur, il me semble,
d'avancer dans ce sens-là.
Moi, je suis
tout à fait ouvert à ce que le ministre ne reprenne pas le libellé en tant que
tel de ma proposition, là, mais, au
moins, s'il était ouvert à adopter certains principes qui soutiennent cet
amendement-là, ce serait hautement apprécié et très positif, là, pour le
traitement de la violence conjugale au sein de la direction de la protection de
la jeunesse.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : Donc,
comme le député de Laurier-Dorion, j'ai bien entendu Mme Zaccour,
étudiante au doctorat, qui est venue présenter clairement ses
intentions, et qui sont reprises ici, mais je n'ai pas l'intention d'intégrer
ces amendements dans le projet de loi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. M. le député,
excusez-moi.
M. Fontecilla : Très bien.
Écoutez, je trouve les réponses du ministre assez courtes. Il nous a dit tout
d'abord que, pour lui, tous ces cas-là, ces cas de figure là, vont se retrouver
au sein du cadre de référence. Est-ce que... J'aimerais ça qu'il nous explique
un petit peu plus. En commençant, est-ce que, lui, il... Quand est-ce qu'il va
être produit, ce cadre de référence? Est-ce qu'il va être produit d'ici le mois
de juin prochain, là, pour qu'on puisse voir s'il a été repris, ou si ce cadre
de référence va être remis, bien, après cette session-ci, donc aux calendes
grecques, là, parce qu'on sait qu'il va y avoir des élections dans... sous peu?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : M. le Président,
ça n'a rien à voir avec les élections. Le cadre de référence existe déjà. Il va
être adapté au projet de loi n° 15, si on arrive à le voter. Et, encore
une fois, je pense que ça, c'est des situations cliniques qui ne doivent pas se
retrouver dans notre projet de loi.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Fontecilla : Est-ce que le
ministre peut au moins nous dire... Parce que, là, il nous fait une promesse.
Il nous dit : Ça va se retrouver dans le cadre de référence. De quelle
façon? On n'a aucune idée. Va-t-il s'y retrouver effectivement? On n'a aucune
idée. On ne compte que sur la parole du ministre. Mais, au moins, est-ce qu'on
va avoir ce cadre de référence d'ici le mois de juin prochain, là?
M. Carmant : M. le Président,
il existe déjà, le cadre de référence. On va y travailler. Les modifications vont arriver quand elles seront prêtes à être
intégrées au cadre de référence. On vient d'ajouter une nouvelle raison
de compromission qu'est la violence conjugale et on va travailler à partir de
ça une fois que le projet de loi sera adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre.
M. Fontecilla : Donc,
on n'a aucune certitude que les différents cas qui sont exposés ici, dans cet
amendement-là, vont se retrouver dans un... dans le cadre de référence remanié,
si je comprends bien, là, mais est-ce que le ministre pourrait nous indiquer au
moins quelles sont ses directives concernant ce cadre de référence, là, sur la
violence conjugale, évidemment?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : C'est vraiment la formation et l'adaptation au
changement du p.l. n° 15 sur la violence conjugale. Je l'ai
mentionné à plusieurs reprises, M. le Président, déjà.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre.
M. Fontecilla : Je n'ai pas
très bien compris. C'est la formation et quoi d'autre, pardon?
M. Carmant : Ajusté aux changements de la loi sur la violence
conjugale qu'on a faits, dans les amendements qu'on a faits.
M. Fontecilla : O.K. Donc, il
n'y aura... Est-ce que le ministre pourrait au moins nous dire s'il y a des
éléments dans cet amendement-là qui ont été apportés par des intervenants dans
la violence conjugale qui vont se retrouver dans le cadre de référence, là?
M. Carmant : Je n'ai pas de
réponse actuellement, c'est du travail qui est en cours, M. le député.
M. Fontecilla : Je reviendrai
dans quelques minutes sur le même sujet, s'il y a d'autres députés, là, qui
veulent intervenir.
Le
Président (M. Provençal)
:
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Là, je vois que la députée de
Joliette...
Mme Hivon : Oui, je veux juste
savoir si, dans la compréhension du ministre, c'est quand même un élément
important et que, de manière générale, on pourrait penser que l'auteur de la
violence n'est pas celui qui devrait donc rester ou assurer la protection de
l'enfant en contexte de compromission.
Donc, est-ce qu'il comprend un peu la
sensibilité que mon collègue tente d'exposer avec cet amendement-là et qu'il y adhère jusqu'à un certain point, là? Il
n'est pas le juge, il n'est pas l'intervenant non plus, mais qu'il comprend
la volonté de bien marquer le coup, comme aussi la collègue l'exposait ce
matin, de Sherbrooke? Parce que, dans la réalité, aujourd'hui, vu que ce n'est
pas tenu en compte de manière spécifique, on assiste à des situations où
l'auteur de la violence peut être jugé comme la personne qui peut mieux
protéger l'enfant de manière assez fréquente.
Donc, je veux juste savoir si le ministre
comprend bien la sensibilité qu'on essaie de transmettre, que le collègue
essaie de transmettre avec ça.
M. Carmant : Tout à fait. Et je
l'ai dit que ce matin, que c'était inacceptable et qu'on ne voulait pas que ça
survienne, que la DPJ a des outils entre ses mains pour s'assurer que ça ne
survienne pas, mais que...
Là, ce qu'on me demande, c'est de me dire... Au
niveau du projet de loi, je ne crois pas que l'amendement ait lieu d'être dans
notre projet de loi. Mais je suis très sensible à ça, très, très sensible à ça.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre.
Mme Hivon : Puis, concrètement, comment on va arriver à,
justement, éviter ces décisions-là ou ces situations-là, que l'on voit
encore, à partir de ce qui est prévu dans le projet de loi ou de ce qui va en
découler? Parce que le ministre nous parle
du cadre de référence puis de toutes sortes d'outils, mais, évidemment, on ne
les pas sous les yeux. Donc, comment,
nous, on peut se rattacher à quelque chose de concret pour les gens qui nous
alertent sur des situations comme
celles-là pour dire : Oui, oui, le projet de loi va vraiment faire une
différence par rapport à ça à cause de tel élément?
M. Carmant : Donc, la reconnaissance de la violence conjugale
comme un alinéa séparé, donc une reconnaissance, ce qui nous était
demandé par la commission Laurent. Ensuite, le travail de la directrice
nationale de la protection de la jeunesse dans la formation, qui est une
obligation.
Ce qu'il faut se rappeler puis que je répète
depuis deux jours, c'est qu'on parle ici de la Loi sur la protection de la
jeunesse. Donc, tout ce qui est écrit ici devrait être répété pour toutes les
conditions de compromission. Donc, on ne peut pas mettre des situations
cliniques dans un projet de loi qui touche à tous les enjeux de la protection
de la jeunesse. C'est impensable. C'est tout simplement impensable. Je
comprends la bonne intention, mais c'est oublier l'abus sexuel, c'est oublier l'abus physique, c'est oublier la
négligence, c'est oublier le... tu sais, c'est plein de choses qu'on oublie si on fait ça. On ne peut pas faire
ça. Donc, c'est pour ça que je ne veux pas inclure ça dans le projet de
loi.
Mme Hivon : Ça va, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Est-ce que le
ministre reconnaît au moins qu'il est nécessaire de faire une distinction très
claire et très nette entre ce qui est un cas d'aliénation parentale, donc
d'existence d'un conflit dans un couple et qui peut s'envenimer pour
différentes raisons, là, sans nécessairement arriver à la violence, et les cas
de violence conjugale, où on arrive tout à fait à une autre dimension, là? On
dépasse le Rubicon, là, et on est dans un autre cas de figure, là, qui n'est
plus une chicane de couple et qui doit comporter un type d'action, là, de la
part des intervenantes de la DPJ, là, complètement différent.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui, M. le
Président, puis on en a longuement discuté ce matin, de pourquoi on ne peut pas
entrer un concept qui n'est pas encore clairement défini, comme l'aliénation
parentale, dans la loi, mais qu'il faut vraiment s'assurer que le parent
agresseur ne soit pas celui qui garde l'enfant. Donc, ça, on en a parlé
longuement ce matin, et je suis tout à fait d'accord avec ce concept-là.
Mais, ici, ce que vous me donnez, c'est des
décisions cliniques par rapport à la violence conjugale, qui, encore une fois,
n'ont pas rapport avec le... je n'ai pas l'intention d'inscrire dans le projet
de loi. Donc, tout ce que vous me demandez, j'ai déjà dit oui, mais ceci
n'entre pas dans le projet de loi.
M. Fontecilla : Et pourquoi
ne... Bon, le ministre, ce qu'il nous dit, c'est que c'est des cas cliniques,
là. Si on s'avance dans ce domaine-là, à définir davantage, il faudrait le
faire pour le reste des cas de compromission, là. C'est fondamentalement ça.
Et, dans ce sens-là, il refuse, là, puisqu'il ne veut pas que la loi devienne
un compendium de mesures cliniques, là. On peut comprendre son point de vue,
là.
Mais, au-delà de la simple reconnaissance de la
compromission due à la violence conjugale, ne pourrait-il pas, par exemple,
reprendre certains principes qui sont... qui, encore une fois, ont été préparés
avec... conseillés par différentes intervenantes expertes dans le domaine de la
violence conjugale, comme, par exemple, le principe très simple qu'un enfant
exposé à la violence conjugale ne doit pas être confié au parent agresseur, là?
Ce n'est pas... C'est une situation clinique, mais ça peut être aussi un cas
juridique qui est inclus dans la législation qu'on est en train d'étudier, là.
• (15 h 50) •
M. Carmant : Bien, on en a
parlé ce matin, M. le Président. Je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Fontecilla : C'est très
bien, monsieur. Je n'ai rien d'autre à ajouter.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? S'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement. Est-ce
que l'amendement est adopté ou rejeté?
M. Fontecilla : M. le
Président?
Le Président (M. Provençal)
: Oui?
M. Fontecilla : Je demande le
vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, monsieur. Il n'y a pas de
problème.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire :
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Guillemette (Roberval)?
Mme Guillemette :
Contre.
La Secrétaire :
Mme St-Pierre (Acadie)?
Mme St-Pierre :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)? Pardon. Mme Joliette... Mme Hivon
(Joliette)? Pardon.
Mme Hivon :
Abstention.
La Secrétaire :
Désolée. M. Provençal (Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors,
l'amendement à l'article 32.1 déposé par le député de
Laurier-Dorion est rejeté.
Maintenant, nous
serions rendus à l'amendement qui avait été déposé par le député de Jean-Lesage
à 51.1. Dans un premier...
On me fait des gros
yeux, là. Est-ce que j'ai fait une erreur? Est-ce que j'ai un oubli?
Une voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Non.
Nous, on était rendus dans les... dans ce que j'avais.
Suspension, s'il vous
plaît.
(Suspension de la séance à
15 h 52)
(Reprise à 15 h 57)
Le Président
(M. Provençal)
: Nous
allons reprendre nos travaux. Nous sommes à l'article 45. Donc,
consentement pour rouvrir l'article 45? Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: À l'article 45,
nous avions eu le dépôt d'un amendement par la députée. Maintenant, ça va être
la députée de l'Acadie. Et je vais inviter la députée de l'Acadie à nous faire
part de leur amendement et, après ça, de le commenter.
Mme St-Pierre :
O.K. Merci, M. le Président. Alors, l'article... l'amendement a été
suspendu. Donc, il avait déjà été lu par ma collègue. Donc, est-ce que... Je
n'ai pas besoin de le relire?
Le Président (M. Provençal)
: Ce n'est pas nécessaire.
Mme St-Pierre :
O.K. Parfait. Donc, la question qui est importante pour... pour nous, c'est
de s'assurer que, dans le projet d'entente... que le projet d'entente inclut
tous les motifs de compromission, donc que tout est là, tous les motifs, que...
Par exemple, la violence conjugale ne sera pas exclue.
M. Carmant : Bien non. Maintenant
qu'on... Maintenant que c'est clairement séparé, c'est sûr que ça va être
inclus.
Mme St-Pierre :
O.K. Parfait. Alors, M. le Président, nous allons retirer notre amendement.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Consentement pour retirer l'amendement?
Des voix : Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
maintenant, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 45? S'il
n'y a pas d'autre intervention sur l'article 45, est-ce que
l'article 45 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Merci. Maintenant, nous allons à l'article 50. Alors, je demande le
consentement pour ouvrir l'article 50. Consentement?
M. Carmant :
Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. À ce moment-là, à
l'article 50, il y avait un... on avait suspendu, puisque la
députée de Notre-Dame... excusez moi, la députée...
Une voix :
...
Le Président
(M. Provençal)
: ...de l'Acadie,
excusez-moi, là, avait déposé un amendement. Alors, on va présenter
l'amendement à l'article 50 — on va aller chercher la partie en gras,
s'il vous plaît. Merci.
Alors, Mme la
députée, je m'excuse, là, je vous cède la parole.
Mme St-Pierre : Oui.
Alors... Ça va, M. le Président. Donc, l'article... l'amendement avait été lu
préalablement, donc je ne relirai pas
l'amendement. Je vais souligner quand même le changement qui était souhaité,
c'est-à-dire qu'on ajouterait :
«Lorsque le motif de
compromission est l'exposition à la violence conjugale, toute évaluation ou
expertise concernant l'enfant ou les parents doit être réalisée par une
personne détenant une expertise en matière de violence conjugale.»
Donc, je pense que
l'idée de l'amendement, c'est de vraiment s'assurer que la personne est
compétente dans ces domaines-là. Mais, M. le Président, nous avons l'intention
de retirer l'amendement.
• (16 heures) •
Le Président
(M. Provençal)
: Merci
beaucoup. Consentement pour retirer l'amendement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement. Maintenant,
est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 50 tel
qu'amendé? Parce qu'il avait été amendé par le ministre. S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 50, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté?
Merci. Maintenant, nous sommes à l'article 51.
Une voix :
...
Le Président
(M. Provençal)
: Oui. Étant donné
qu'il est 16 heures, je vais faire une suspension, parce M. le ministre a
besoin de sortir de la salle.
Alors, suspension,
s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à
16 h 01)
(Reprise à 16 h 38)
Le Président
(M. Provençal)
: Nous
reprenons nos travaux. Lorsque nous avons suspendu les travaux, nous venions
d'adopter l'article 50, tel qu'amendé. Cependant, suite à des discussions
avec la partie ministérielle, il y aurait un amendement à déposer. Alors, je
vous demande votre consentement pour qu'on puisse réouvrir l'article 50.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement. Maintenant, je vais
demander à M. le ministre de déposer un nouvel amendement à l'article 50.
Alors, allez-y, M. le ministre.
M. Carmant : Merci, M. le
Président. Donc, l'amendement se lit comme suit : Dans le troisième alinéa
de l'article 87 de la Loi sur la protection de la jeunesse, proposé par
l'article 50 du projet de loi, insérer :
1° après «psychologiques,», «d'exposition à
la violence conjugale,»; 2° après «c,», «c.1,».
En lien avec l'amendement proposé à
l'article 38 de la loi, qui vise à définir l'exposition à la violence
conjugale dans un nouveau paragraphe, l'article 87 de la loi doit être
modifié afin de référer à ce nouveau paragraphe pour que l'interdiction de refuser de se soumettre à une évaluation
psychologique ou médicale ou à une autre expertise exigée par le tribunal continue de s'appliquer
dans les cas d'exposition à la violence conjugale. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Alors, vous conviendrez
avec moi que, compte tenu que M. le ministre a fait référence à
l'article 38, qui est traité, dans notre projet de loi, à 27.1 et 27.2,
nous allons, avec consentement, suspendre,
pour le moment, cet amendement-là. En même temps, bien, on suspend
l'article 50 tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas finalisé 27.1
et 27.2. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Maintenant, nous sommes à
51.1, qui est un amendement qui a été déposé par le député de Jean-Lesage. Cependant, je vous demande, premièrement,
un consentement pour ouvrir cet amendement. Consentement?
Des voix : Consentement.
• (16 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Et, deuxièmement, je vais vous
proposer une correction de forme pour que l'amendement soit renuméroté 51.0.1,
considérant que 51.1 a déjà été adopté par les membres. Ça va? Alors,
consentement pour...
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Maintenant, je vais céder la
parole au député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Donc, c'est un amendement. Rappelez-moi, s'il vous plaît, la
nouvelle numérotation?
Le Président (M. Provençal)
: 51.0.1.
M. Fontecilla : Donc,
amendement 51.0.1 : L'article 91 de la Loi sur la protection de
la jeunesse, proposé à l'article 51.1,
est modifié par l'insertion, dans le paragraphe o, après «qu'il estime dans
l'intérêt de l'enfant»... le suivant :
«Lorsque le motif de compromission est
l'exposition à la violence conjugale, le tribunal doit, pour la période qu'il
détermine, ordonner que l'exercice des attributs de l'autorité parentale soit
retiré au parent qui a commis la violence conjugale, à moins qu'il soit
démontré que cela va à l'encontre de l'intérêt de l'enfant.»
Donc, c'est un amendement afin de... qui
s'adresse aux tribunaux, non pas directement à la DPJ. Mais le tribunal, dans
le cas où il y a un motif de compromission qui est l'exposition à la violence
conjugale... le tribunal n'a pas le choix, pour la période qu'il détermine, là,
de retirer l'autorité parentale au parent qui a commis la violence conjugale
et, évidemment, par conséquence, donner l'autorité, octroyer l'autorité
parentale au parent qui est victime de violence conjugale, évidemment, à moins
qu'il soit démontré que cela va à l'encontre de l'intérêt de l'enfant.
Je pense que, dans le cas qui nous occupe, là,
on doit éviter de donner une latitude aux tribunaux pour... et même à la DPJ, là, de donner et... d'octroyer
l'autorité parentale au parent qui est l'agresseur, là. Donc, par cet
article-là, on indique clairement que, dans
le cas de compromission due à l'exposition de violence conjugale, le tribunal a
l'obligation de donner l'autorité parentale à... au parent victime. Il me
semble que cela va de soi, mais il est important de l'inscrire dans la loi, et
cela est pertinent, ce n'est pas un cas clinique, là, c'est du... c'est le
traitement juridique de cet aspect-là, qui est l'exposition à la violence
conjugale.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : Bien, écoutez,
moi, je pense que c'est difficile de diriger la décision du tribunal, d'entrée
de jeu, de dire que le juge ne peut pas apprécier la preuve et rendre sa
décision basée sur la preuve et sur le strict intérêt, l'intérêt principal de
l'enfant. On ne peut pas rendre ce processus automatique, bien que je suis tout
à fait d'accord avec vous, là, que, si la preuve est faite... Mais on ne peut
pas rendre le processus automatique.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
Je suis d'avis qu'il appartient au législateur de donner des paramètres,
des ordres et des directives établis dans les lois, concernant les
comportements et les décisions du juge. Un juge ne peut pas considérer de
donner des jugements qui semblent contraires à l'intérêt — en
tout cas, ici — de
l'enfant ou, en tout cas, de la victime de violence conjugale. On a,
malheureusement, déjà vu, dans l'histoire judiciaire, des juges qui avaient
la... une latitude pour prononcer des décisions, et que ces décisions-là
étaient complètement erronées. Et il y a toujours la possibilité de les
corriger par différents processus d'appel, mais, en première instance, ce qu'on
est en train d'essayer de dire, là, c'est que le juge a une directive, là.
C'est-à-dire que, dans le cas de compromission due à l'exposition de violence
conjugale, l'autorité parentale doit absolument aller au parent victime de
violence conjugale, là. Il me semble qu'on ne peut pas laisser ça... Ce serait
complètement déplacé de laisser cet aspect-là à la discrétion du juge, là.
C'est au législateur de décider, là, qu'est ce que le juge doit décider dans
tel cas, non pas un juge, là, qui, pour x raisons,
va décider le contraire. Et on a déjà vu, dans l'histoire judiciaire, encore
une fois, là, des erreurs de ce type-là.
Donc, c'est une responsabilité qui appartient au
législateur, n'appartient pas... cette latitude-là ne doit pas être donnée aux
juges, là. C'est à nous, le législateur, de définir les paramètres concernant
l'autorité parentale en cas de motif de compromission due à l'exposition à la
violence conjugale, là. Donc, la question qui se pose au ministre : Est-ce
que le législateur doit, dans ce cas-ci, indiquer au juge la latitude qu'il
doit avoir, plus ou moins grande, ou il doit dire une directive... il doit lui
intimer une directive, là, dans une loi, de prendre la décision dans ce sens-là,
et non pas dans un autre?
M. Carmant : Je crois
sincèrement que d'être aussi directifs pourrait entraîner des erreurs dans
l'autre sens. Je pense qu'il est important
d'entendre la preuve, et moi... Écoutez, il faut quand même respecter le travail
que font nos juges. J'apprécie
beaucoup, là, les situations que les juges... le travail que les juges font et
je pense que l'amendement proposé
ainsi nous amènerait à commettre des décisions sans entendre la preuve. Donc,
je pense que c'est inacceptable pour moi.
Le Président (M. Provençal)
: Allez-y, monsieur... Excusez-moi.
M. Fontecilla : Je signale au
ministre que, dans notre amendement, il est spécifié que l'autorité parentale
soit retirée au parent qui a commis la violence conjugale. Donc, dans ce
cas-ci, la violence... le fait d'avoir commis l'acte de la violence conjugale
est déjà prouvé, là. C'est un fait qui vient après, là, c'est implicite, dans
l'amendement qu'on doit... qu'on vient de présenter, là. Donc, un juge, là, se
retrouve... il n'a pas à décider... dans l'amendement qui est ici, là, c'est l'esprit... il n'a pas à décider s'il y a eu ou
il n'y a pas eu de violence conjugale, là. Ça, ça appartient à d'autres
instances, là, judiciaires. Mais il se fonde sur le fait qu'il a déjà été
prouvé que l'acte de violence conjugale a été commis. Donc, dans ce cas-là, le
juge doit prononcer une décision dans le sens d'octroyer l'autorité parentale
au parent qui a commis la violence conjugale, là. Et voilà, dans ce cas-ci, là,
la violence conjugale est déjà chose jugée, là. C'est à partir de ce moment-là
que le juge commence une autre délibération.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, écoutez, je
ne suis pas sûr de bien comprendre, là, ce que le député nous explique, mais,
comme on a discuté ce matin, le DPJ peut aller, d'urgence, devant le juge,
retirer l'enfant, s'il le faut, et le juge doit écouter la preuve et prendre sa
décision. Donc, si le juge juge qu'il y a violence conjugale il prendra la
décision appropriée pour cet enfant-là. Je trouve que ce serait pernicieux, là,
d'intégrer un automatisme, tant dans la pratique que dans... qu'au niveau de la
cour. Je ne suis pas prêt à aller là, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Fontecilla : Donc, il y a
plein d'automatismes dans les lois, hein? Si vous commettez une infraction au
Code de la route, là, vous recevez une contravention automatique, là. Vous
pouvez la contester, évidemment, mais c'est un long processus. Donc, on vient
introduire un automatisme qui est logique. Parce que, là, on est en train... si
on n'adopte pas cet amendement-là, on est en train de dire aux juges :
Vous pourriez, selon un contexte donné, octroyer l'autorité parentale au parent
agresseur, là. Cela est possible, puisque... À moins que le ministre me dise le
contraire, là, il m'indique, il informe le législateur, là, qu'il est
impossible qu'un juge donne l'autorité parentale à un parent agresseur, là.
Mais, par la non-adoption de cet amendement-là, il est en train d'introduire
cette possibilité-là, donc, d'octroyer l'autorité parentale à un parent
agresseur, là. Est-ce que cette éventualité est possible?
M. Carmant : Mais je pense que
le juge retire l'autorité parentale, plutôt qu'octroyer l'autorité parentale.
Et je pense que la preuve doit être analysée pour prendre les bonnes décisions.
M.
Fontecilla : Est-ce qu'il existe dans d'autres... dans le
projet de loi qu'il a présenté ou dans d'autres lois au Québec, là, la possibilité qu'un juge retire
l'autorité parentale à un parent agresseur, là, qui a commis de la violence
conjugale?
M. Carmant : ...supérieure.
Donc, c'est possible.
M. Fontecilla : Est-ce que cela
est automatique ou pas?
M. Carmant : Pas
à ce que je sache.
M. Fontecilla : Est-ce qu'il y
aurait... Donc, il existe toujours la possibilité qu'un parent garde l'autorité
parentale même s'il a été reconnu coupable de violence conjugale.
• (16 h 50) •
M. Carmant : Il faut que la
preuve soit entendue, M. le Président, puis moi, je trouve que c'est
fondamental dans notre société de droit, là.
M. Fontecilla : On est tout à
fait d'accord. Les parties doivent être entendues. La preuve doit être
présentée et analysée par un juge, là. Ma question est plutôt très
précise : Est-ce qu'il existe la possibilité, dans nos lois, qu'un parent victime... pardon, je recommence, qu'un
parent qui a commis de la violence conjugale garde l'autorité parentale?
M. Carmant : C'est possible.
M. Fontecilla : Est-ce que cela
vous paraît correct?
M. Carmant : Mais il faut
analyser le cas par cas. C'est impossible de faire ça. Nous, il faut garder une
loi qui est ouverte, qui va nous permettre d'analyser toutes les situations, M.
le député. Les spécificités que vous demandez ne sont pas... ne bonifient pas
le projet de loi que je propose ici aujourd'hui, bonifient une situation très
précise à laquelle... que vous, vous visez. Mais moi, je dois m'occuper de tous
les enfants du Québec, M. le député, de toutes les causes de compromission, M.
le député. Les causes que vous m'apportez aujourd'hui sont des situations très,
très pointues, qui limitent la capacité de tout le système de faire son travail
adéquatement. Voilà ce que je pense, puis c'est pour ça que je ne suis pas prêt
à aller là avec l'amendement que vous proposez.
M. Fontecilla : ...je comprends
votre... et je salue votre décision... votre volonté de vous occuper de tous
les enfants du Québec, là, exigeant la
protection de la jeunesse, là. Mais, d'après ce que je comprends de votre... de
vos propos, M. le ministre, pour
vous, il est concevable, selon certaines circonstances, là... mais, à la base,
il est concevable de permettre à un parent qui a commis de la violence
conjugale de garder l'autorité parentale. C'est une possibilité qui existe.
M. Carmant : Ce n'est sûrement
pas idéal, et ce n'est sûrement pas ce qui est voulu, mais toutes les
possibilités sont présentes. Et ce que je pense qui est important, c'est que le
juge analyse la preuve qui est devant lui et prenne la meilleure décision.
M. Fontecilla : Voilà. Donc, je
pense que c'est... on vient toucher le fond de la question, là. Pour M. le
ministre, il est concevable qu'un parent agresseur puisse garder l'autorité
parentale, alors que, pour nous et plusieurs groupes dans la société, il est
inconcevable qu'un parent agresseur puisse garde l'autorité parentale là. Je
pense que ça a été très clairement exprimé, là.
J'aimerais apporter une autre suggestion, là. Le
ministre nous dit qu'il est tout à fait... qu'il est... que, pour lui, là, il
faut donner la latitude au juge, là, pour analyser une situation et rendre une
décision, affirmation avec laquelle je suis tout à fait en accord, là. Notre
amendement dit que le tribunal doit ordonner que l'exercice des attributs de
l'autorité parentale soit retiré au parent qui a commis la violence conjugale.
Si je lui dis, pour, justement, garder cette latitude du juge, là, si on dit,
au lieu que le tribunal «doit», on dit que le tribunal «peut» ordonner que
l'exercice des attributs de l'autorité parentale soit retiré au parent qui a
commis la violence conjugale, est-ce qu'il serait ouvert à cette
possibilité-là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Mais ça, c'est
déjà prévu dans la Loi sur la protection de la jeunesse, c'est déjà prévu.
«Peut», ça, c'est déjà prévu.
M. Fontecilla : Donc, encore
une fois, le ministre maintient sa position que l'autorité parentale peut... le
parent qui a commis de la violence conjugale, là, peut garder l'autorité parentale.
M. Carmant : Bien non, «peut
retirer», je viens de dire. Ça, c'est... «peut retirer», c'est déjà prévu dans
loi.
M. Fontecilla : Oui, «peut»
retirer, mais qu'il «doit» retirer, là. Ça vient confirmer l'analyse que vous
nous avez expliquée, là. Il «peut», un tribunal «peut», a contrario, justement,
peut rendre la décision que le parent qui a commis de la violence conjugale
garde l'autorité parentale. Cette possibilité-là existe. Le tribunal peut
retirer l'autorité parentale, mais peut aussi conserver ou garder l'autorité
parentale pour le parent qui commet de la violence. C'est l'état actuel des
choses. Et vous avez... vous pensez qu'il faut garder les choses telles
quelles?
M. Carmant : Je n'ai rien à
ajouter... Il a bien compris mon propos.
M. Fontecilla : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Excusez-moi?
M. Fontecilla : Je n'ai pas
d'autre chose à ajouter.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement du député de Laurier-Dorion?
M. Fontecilla : Pardon?
Le Président (M. Provençal)
: Je voulais savoir : Est-ce qu'il
y a d'autres interventions?
M. Fontecilla : Je n'ai pas
d'autre intervention, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix.
M. Fontecilla : ...par appel
nominal.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire : Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
La Secrétaire : Mme Guillemette
(Roberval)?
Mme Guillemette : Contre.
La Secrétaire : Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Abstention.
La Secrétaire : Mme Hivon
(Joliette)?
Mme Hivon : Pour.
La Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors, l'amendement
déposé par le député de Laurier-Dorion est rejeté.
Maintenant, nous avions un autre amendement, à 51.5, qui était... qui avait été
déposé par le député de Jean-Lesage. Alors, pour traiter cet
amendement-là, c'est le même principe, on va réouvrir l'article...
Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Et on va devoir faire la même technicalité, M. le député,
c'est-à-dire que la numérotation va devenir 51.0.1 pour celui-ci, compte tenu
que le précédent vient d'être rejeté. Ça va? Mais ça ne change absolument rien au contenu. Alors, je vous laisse présenter cet
amendement-là, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Donc, un amendement, article 51.01... non, je recommence,
51.0.1, article 51.5 du projet de loi, ajoutant l'article 91.0.1 à la
Loi sur la protection de la jeunesse : 51.5. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 91, des suivants :
«91.0.1. Lorsque la sécurité ou le développement
d'un enfant est compromis en raison de l'exposition à la violence conjugale, ou
lorsqu'il est d'avis qu'une telle situation de violence conjugale existe ou a
existé entre les parents, le tribunal en tient compte dans l'évaluation des
capacités parentales.
«Le tribunal présume que la violence conjugale
se poursuit ou se poursuivra après la séparation et que la violence conjugale affecte négativement le parent
victime et l'enfant, même si ce dernier n'est pas directement témoin.
«De plus, le tribunal présume, dans le cas où
les parents ne s'entendent pas sur la garde de l'enfant, que celle-ci doit être
confiée au parent qui a subi la violence conjugale plutôt qu'à celui qui l'a
commise. Le tribunal doit considérer, en tenant compte des désirs de l'enfant
en âge de les exprimer, l'opportunité de suspendre, de mettre fin ou d'imposer
la supervision des contacts avec le parent violent.
«91.0.2. Lorsque la sécurité ou le développement
de l'enfant est compromis en raison de l'exposition à la violence conjugale,
lorsqu'un parent allègue une situation de violence conjugale, ou lorsque le
tribunal est d'avis qu'une telle situation de violence conjugale existe ou a
existé entre les parents, il ne tire pas d'inférence négative sur les capacités
parentales du parent victime du fait que :
«a) le
parent qui allègue être victime de la violence conjugale a dénoncé une
situation d'exposition à la violence conjugale ou de mauvais traitements
psychologiques, d'abus sexuels ou d'abus physiques envers l'enfant, et ce, même
si la situation de compromission n'est pas démontrée;
«b) ce parent craint subjectivement pour sa
sécurité ou pour celle de l'enfant;
«c) ce parent a laissé savoir à l'enfant
qu'il vit de la violence conjugale ou en a discuté avec l'enfant;
«d) ce parent a pris des mesures pour faire
évaluer l'enfant ou pour en assurer la sécurité;
«e) ce parent demande la réduction des
contacts entre l'enfant et l'autre parent;
«f) ce parent ne force ou n'encourage pas
l'enfant à être en contact avec l'autre parent;
«g) ce parent ne prend pas la
responsabilité d'améliorer la relation entre l'enfant et l'autre parent;
«h) ce parent demande ou privilégie la
réduction des contacts entre l'enfant et l'autre parent violent.»
• (17 heures) •
Il manque un mot ici, M. le Président, n'est-ce
pas? Donc, il manque un mot. Je ne sais pas comment... Parfait, voilà. Et
c'est, fondamentalement, le même contenu que dans une proposition d'amendement
que nous avons faite il y a quelques minutes, qui s'adressait... l'autre
amendement s'adressait... qui a été rejeté... s'adressait plus
spécifiquement à la direction de la protection de la jeunesse pour le
traitement des situations où il y a compromission due à l'exposition pour
violence conjugale. Et le ministre nous a répondu que ceux-là, c'était des cas
cliniques, et qui devaient être... qu'ils
allaient être considérés dans le cadre de référence, d'où son refus d'accepter
cet amendement-là.
Maintenant, c'est le même contenu, mais
appliqué, cette fois-ci, aux tribunaux, et ceci est d'autant plus important,
là, où... parce que, dans ce genre de cas, les tribunaux jouent un rôle très
important, et il revient, encore une fois,
au législateur d'informer et d'encadrer la réflexion des tribunaux concernant
les situations où il y a compromission pour exposition à la violence
conjugale, là. Donc, dans un... à une époque, là, où, justement, le gouvernement
actuel est en train de faire d'importantes réformes, avec raison, là, sur les
tribunaux qui traitent la violence conjugale, il est important aussi, en
quelque sorte, d'adapter la législation concernant les enfants qui sont exposés
ou qui vivent, même de façon indirecte, la violence conjugale, là. Donc, les
avancées doivent se faire dans tous les champs de bataille, là, si je peux
m'exprimer ainsi, là, directement concernant le traitement de la violence
conjugale, la violence envers les femmes, très majoritairement, mais aussi dans
d'autres législations, comme celle de la direction de la protection de la
jeunesse, là, où... dans laquelle on retrouve des enfants impliqués.
Donc, pour nous, c'est une mise à niveau qui est
concordante avec les efforts du gouvernement actuel, là, pour faire en sorte
que les tribunaux s'adaptent mieux à traiter les cas de violence conjugale,
mais, cette fois-ci, dans le cas de
compromission pour les enfants. Donc, c'est une mise à niveau nécessaire qui
nous... que cet amendement-là introduit dans la législation qu'on est en
train d'étudier.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député, juste pour
l'enregistrement, en h, la phrase doit se lire : «ce parent demande ou
privilégie la réduction des contacts entre l'enfant et l'autre parent violent».
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président, c'est exactement cela.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre.
M. Carmant : Bien, comme l'a
mentionné le député de Laurier-Dorion, tout comme, tout à l'heure, face aux cliniciens, je ne pense pas qu'il convient d'aller
dicter les décisions non plus à ce... en détaillant ainsi, point par
point, la conduite à tenir. Puis, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, on
parle de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui inclut
de multiples raisons de passer devant le juge et puis d'intervenir au niveau
juridique. Donc, je pense que ces amendements n'ont pas lieu d'être dans le
projet de loi actuel.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Fontecilla : J'aimerais
obtenir plus de précisions sur le non-lieu d'être. Pourquoi spécifiquement le ministre
refuse d'indiquer... d'adopter des directives aux tribunaux, là, dans le cas
qui nous concerne, donc la compromission due à l'exposition à la violence
conjugale? Pourquoi refuse-t-il d'aller là?
M. Carmant : Bien, je crois
que... Tu sais, tout ce qu'on vient de faire dans le projet de loi pointe vers
ça. Tout ce qu'on vient de faire implique que toute la chaîne de la protection
de la jeunesse va maintenant avoir une sensibilité, une reconnaissance
particulière à la violence conjugale. Maintenant, d'aller dire aux juges, tu
sais, comment gérer chaque point, là, de a à h, c'est là que je ne suis pas
prêt à aller. C'est vraiment ce pas-là que je trouve... Encore une fois, une
recommandation de Mme Zaccour, étudiante au doctorat. Tu sais, je trouve
que c'est tout simplement exagéré.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Fontecilla : La
Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse,
la commission Laurent, là, nous disait que... nous informait que les
tribunaux, malheureusement, jusqu'à aujourd'hui, sont utilisés souvent par les
parents, là, peu importe, de façon très générale, là, pour continuer à régler
les comptes entre eux. Et, bon, c'est malheureux, là, mais, dans le cas qui
nous concerne, lorsqu'il y a violence conjugale qui se rajoute à un conflit, un
conflit sévère de séparation, il arrive souvent, et la commission Laurent le
signale, que le parent agresseur, là, celui qui a commis de la violence conjugale,
utilise, encore une fois, les tribunaux pour continuer à réaffirmer sa volonté de contrôler le parent victime, qui est le
plus souvent une femme, là. Donc, il y a une utilisation des tribunaux,
là, pour... et des procédures de lois actuelles, là, et, comment dire, des
protections qui sont données... aux possibilités qui sont données aux
différentes parties pour s'exprimer, là, il y a une utilisation malveillante,
là, pour continuer la domination sur le
parent qui, objectivement, en est victime, dans le cas de violence conjugale.
De quelle façon va-t-il, le ministre, avec sa loi, éviter que ce type de
situation se produise?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, encore une
fois, moi, ma vision, c'est vraiment la formation, tu sais, formation des
intervenants, formation des contentieux. Il faut vraiment mettre cette cause de
l'avant pour que tout le monde réalise l'importance et l'impact de la violence
conjugale. Ça, je suis tout à fait avec vous. Mais de là à aller dicter point
par point le comportement des juges, c'est là que je ne suis pas prêt à aller.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Fontecilla : Il me reste du
temps, monsieur... Il me semble que je parle depuis longtemps.
Le Président (M. Provençal)
: Il doit vous rester à peu près cinq
minutes. À peu près cinq minutes.
M. Fontecilla : Parfait. Nous
sommes ici dans une situation où le ministre nous dit que la solution, c'est la
formation, là. Mais, au préalable, il y a une situation qui était clairement
démontrée par la commission Laurent, là, que le processus actuel, là, autant
dans les tribunaux que dans la protection de la jeunesse, là, il y a une
tendance à considérer les cas de... comment dire, à considérer les conflits
sévères de séparation uniquement sous l'angle de l'aliénation parentale, donc
d'un simple conflit de couple, et on a tendance à ne pas considérer dans toute
son ampleur la violence conjugale et ses conséquences. Le ministre nous dit
qu'il est conscient de cette situation-là et qu'il entend régler la chose par
la formation. Nous, de notre côté, on y va avec une proposition assez... et
j'en conviens, assez détaillée et le ministre refuse d'aller jusqu'à ce niveau
de détail là. Mais, entre la volonté de régler le problème juste par la
formation et la volonté de régler le problème par des spécifications dans le
détail, là, du comportement judiciaire, là, d'un tribunal, il y a une marge.
Est-ce que le ministre... est-ce qu'il serait prêt à aller un petit peu plus
loin que juste la formation? Parce que la formation, dans le cas des tribunaux,
ça peut prendre très longtemps, y compris dans le cas de la DPJ. Il y a des
réflexes, là, qui sont durs à défaire, là, et il faudrait peut-être donner un
coup de pouce, là, pour que les tribunaux aillent un petit peu plus loin, là.
Mais est-ce que le ministre serait prêt à dépasser le simple stade de la
formation, dont on ne connaît pas le résultat, alors que, par l'adoption d'une
loi, on connaît le résultat? Est-ce qu'il serait prêt à aller un petit peu plus
loin, là, que la simple formation, là?
M. Carmant : Qu'est-ce que vous
entendez par un petit peu plus loin?
M. Fontecilla : Bien, par
exemple, non pas nécessairement reprendre notre amendement avec son niveau de détail, là, mais de trouver une autre formulation
qui pourrait indiquer aux juges, là, que dans le cas qui nous concerne,
c'est-à-dire la compromission due à l'exposition à la violence conjugale, là,
les juges, dans certains cas, doivent... bien, dans tous
les cas, là, doivent aller dans cette direction-là. Sans reprendre... Je tiens
à ma formulation, il est certain, là, mais devant la négative du ministre à le
reprendre tel quel, je suis tout à fait ouvert à la remanier, là, mais dans le sens
d'indiquer, de dire aux tribunaux, là, ce qu'ils doivent décider, là, dans tel
et tel cas, là. C'est l'objectif du législateur, n'est-ce pas?
M. Carmant : Mais écoutez, moi,
c'est vraiment l'aspect juridique, puis moi, je ne suis pas prêt à modifier cet
article-là pour le moment.
M. Fontecilla : Donc, si je
comprends bien, le ministre s'en tient à une mesure qui va peut-être donner des
résultats un jour, là, mais on n'en est pas du tout certains, là. Et donc c'est
la formation. Il est contre le fait d'indiquer, par la législation, l'effet de
dire aux tribunaux comment ils doivent agir dans le cas de compromission due à
l'exposition à la violence conjugale, là. Il s'en tient seulement au principe
général de la formation.
M. Carmant : Et tous les
changements qu'on a apportés à la loi par rapport à l'article 38.2,
38.2.2, qui sont des avancées majeures, selon moi.
• (17 h 10) •
M. Fontecilla : Je n'ai pas
d'autre intervention, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Vous n'avez pas d'autre intervention?
Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui. Peut-être
juste pour clarifier puis rassurer, est-ce que le ministre peut vraiment
établir qu'en introduisant les amendements
qui viennent mettre la violence conjugale comme motif possible de
compromission à 38, ça, ça va faire en sorte que ça va suivre tout le processus
jusqu'aux décisions des tribunaux? Parce qu'une des préoccupations qui nous est
véhiculée, c'est qu'il est mis là, dans l'étape de l'évaluation et de la rétention ou non du signalement comme motif, en
partant du motif de compromission. Puis hier, Mme la sous-ministre
expliquait que ça devait suivre, donc que ça allait se répercuter. Comment on
peut... Quand on lit la loi, comment on peut être certain de ça, que, parce que
c'est introduit à cet endroit-là, ça va évidemment influencer tout le reste de
la trajectoire en protection de la jeunesse, y compris les décisions des
tribunaux?
M. Carmant : Bien, parce que ça
donne une nouvelle vision sur la violence conjugale, ça la met de l'avant. Et,
encore une fois, si on fait ça pour l'exposition à la violence conjugale, il
faut le faire pour l'abus physique, il faut le faire pour l'abus sexuel, il
faut le faire pour la négligence, il faut le faire pour la négligence
éducative, il faut faire pour tout... une somme de raisons de compromissions
qui sont importantes. Je veux dire, la protection de la jeunesse, c'est
l'affaire de tous les Québécois, quelle que soit la cause, incluant la violence
conjugale.
Mme Hivon : Ça fait que, ce que
le ministre nous dit, c'est que, dans le fond, à 38, quand on a la liste des
motifs potentiels de compromission, évidemment, ça, ça déclenche tout le reste
des actions en protection, y compris les décisions des tribunaux où, dans
l'état actuel de la loi, de toute façon, on ne vient pas prévoir comment le
tribunal doit se comporter pour les autres motifs de compromission. Donc, il ne
veut pas singulariser la question de la violence conjugale, mais c'est certain
qu'à partir du moment où il y a un motif de compromission qui est reconnu pour retenir ou non un signalement, tout le reste
s'enclenche et que ça suit évidemment avec toutes les préoccupations,
toutes les considérations jusqu'au moment de la décision, juste pour que ce
soit dit clairement dans le micro.
M. Carmant : M. le Président,
je pense que la députée de Joliette lit dans mes pensées, et que ça déclenche effectivement
un changement d'attitude, un changement de comportement, de réflexion par
rapport au motif de la violence conjugale sur tout le long de la chaîne.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, Mme la députée?
Mme Hivon : Oui. C'est parce
que je pense qu'il faut rassurer les gens qui voient une avancée dans la
reconnaissance de la violence conjugale, mais qui, évidemment, s'inquiètent
qu'on s'arrête, je dirais, à mi-chemin. Et puis je comprends d'où viennent ces
préoccupations-là qu'on voit dans l'amendement, c'est qu'en fait on se
demande : Est-ce qu'ensuite les tribunaux vont en tenir compte de manière
aussi importante qu'on le souhaite? Parce qu'on ne voudrait pas s'arrêter à
juste un stade, mais, en fait, ce que le ministre nous dit, c'est que c'est
déjà le cas pour les autres motifs de compromission. Donc, je trouvais ça juste
important que le ministre le réitère.
Le Président (M. Provençal)
: Comme il l'a fait, donc il y a
vraiment une trajectoire qui existe. Est-ce que vous avez un autre commentaire,
Mme la députée?
Mme Hivon : Pour l'instant, ça
va.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement de M. le député de Laurier-Dorion? S'il n'y a
pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix par vote
nominal. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour,
contre, abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Contre.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire : Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
La Secrétaire : Mme Guillemette
(Roberval)?
Mme Guillemette : Contre.
La Secrétaire : Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Pour.
La Secrétaire : Mme Hivon
(Joliette)?
Mme Hivon :
Abstention.
La Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. L'amendement du député de
Laurier-Dorion est rejeté.
Maintenant,
nous revenons à l'article 27.1 qui était proposé par le ministre. Alors,
je vais demander un consentement pour réouvrir l'amendement introduisant
l'article 27.1. Consentement? Nous revenons à 27.1. Excusez-moi. Alors, on
avait suspendu l'amendement. Alors...
M. Carmant : Il n'est pas
modifié.
Le Président (M. Provençal)
: Il n'est pas modifié?
M. Carmant : Je le lis quand
même?
Le Président (M. Provençal)
: Non, il avait été lu et commenté. Alors, y a-t-il des
interventions, à ce moment-ci, sur l'amendement qui a été déposé par M. le
ministre à l'article 27.1? Je laisse quelques minutes parce que, vu qu'on l'a traité un petit peu, je pense
qu'il y a des gens qui avaient besoin d'une petite relecture rapide.
Alors, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui.
Je veux juste noter qu'à la fin de la définition, on parle de nature à lui
causer un préjudice, parce que je sais qu'on va débattre de cette
notion-là aussi ultérieurement, alors, je voulais savoir pourquoi, dans la
définition, on a décidé de parler de préjudice plutôt que d'entraîner des
conséquences. Pourquoi on a retenu le mot «préjudice»?
Moi, je suis d'accord, mais, tout à l'heure, on discutait hors micro, on va y
revenir tantôt, à savoir : Est-ce qu'on doit parler de préjudices, de
diverses conséquences? Donc, le choix du mot «préjudice» dans la
définition, moi, il m'apparaît le bon, mais juste peut-être nous expliquer
pourquoi c'est cette notion-là qui a été retenue.
M. Carmant : Mais,
ici, on voulait avoir un impact sur le bien-être de l'enfant, donc on a choisi
le mot «préjudice», qui est clair à l'article c.1.
Le Président (M. Provençal)
: Parce que Mme la députée de Joliette
fait référence au prochain amendement qui s'en vient.
Mme Hivon : C'est ça, on va en
discuter. Donc, je fais juste soumettre qu'il y aurait pu avoir un choix
différent de fait, de dire : «de nature à entraîner des conséquences sur
son bien-être sa sécurité ou...» Moi, j'aime le mot «préjudice», je pense juste
qu'il va falloir être cohérents quand on va débattre de la suite des choses.
M. Carmant : ...dans l'ancien
alinéa, c'était le mot «préjudice» qui était là aussi. Donc, on l'a reporté,
là. Avec «violence conjugale», on a reporté «préjudice».
Mme Hivon : Qu'est-ce que le
ministre veut dire par l'ancien alinéa?
M. Carmant : Quand
c'était sous traitements, mauvais traitements psychologiques, tous regroupés
ensemble, le terme utilisé était «préjudice» aussi.
Mme Hivon : Oui, oui, oui,
c'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, Mme la députée?
Mme Hivon : Oui, moi, ici, je trouve
que c'est le bon mot, mais je veux juste qu'on soit conscients qu'on l'utilise
là puis qu'on... peut-être que ça va être utile de le garder à l'esprit pour la
suite.
Le Président (M. Provençal)
: Je suis très conscient que le mot
«préjudice» vous convient très bien, à ce moment-ci, dans l'amendement.
Mme Hivon : Quand j'ai quelque
chose qui me cause de la joie, je veux l'exprimer, vous comprenez, M. le
Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Difficile de ne pas... C'est très
bien traduit par votre non-verbal. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le 27.1? Oui, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : ...en effet, je
pense qu'on avait déposé un amendement, mais je trouve que cet amendement va plus loin, c'est plus clair. Je trouve que c'est
une avancée. Je pense que c'est important de le souligner.
Essentiellement, c'est ça, on avait déjà débattu. Évidemment, il y a beaucoup
de débats qu'on a déjà eus au tout début, finalement, ou quand on a commencé à
parler de ça. Mais je le regarde à nouveau et c'est une avancée importante,
comme... de reconnaître la violence conjugale comme un motif de compromission.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention sur
l'article 27.1, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 27.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Alors, l'amendement est
adopté. Donc, le nouvel article 27.1 est adopté. Maintenant, nous allons à
27.2. 27.2, il y avait déjà un amendement qui avait été déposé par M. le
ministre. J'ai cru comprendre, M. le ministre, que vous vouliez le retirer pour
en déposer un nouveau.
M. Carmant : Exactement, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: C'est le cas?
M. Carmant : Exactement.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, j'ai besoin du consentement
pour retirer l'amendement qui avait été déposé par M. le ministre de façon à
nous permettre d'en déposer un nouveau. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement. Merci. Alors,
maintenant, on va afficher, s'il vous plaît, la nouvelle proposition
d'amendement de M. le ministre.
M. Carmant : Donc, l'amendement
se lit comme suit : Insérer, après l'article 27.1...
Le Président
(M. Provençal)
: Un
instant, s'il vous plaît, parce qu'on ne l'a pas à l'écran.
M. Carmant : Excusez-moi.
Le Président (M. Provençal)
: Pour le bien-être de l'ensemble des
membres, M. le ministre.
M. Carmant : Je ralentis. Donc,
M. le Président, je peux y aller?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
M. Carmant : Donc :
Insérer, après l'article 27.1 du projet de loi tel qu'amendé, le
suivant :
27.2. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 38.2.1, du suivant :
«38.2.2. Pour l'application de
l'article 38.2, toute décision visant un signalement pour une situation
d'exposition à la violence conjugale doit notamment prendre en considération
les facteurs suivants :
«a) les conséquences de l'exposition à cette
violence sur l'enfant;
«b) la reconnaissance de ces conséquences sur l'enfant
par l'auteur de cette violence et les moyens pris par ce dernier pour prévenir
d'autres situations d'exposition à la violence, le cas échéant;
«c) les actions prises par le parent qui n'est
pas l'auteur de cette violence pour protéger l'enfant de l'exposition à cette
violence ainsi que les entraves à ces actions posées par l'auteur de cette
violence, le cas échéant;
«d) la capacité des ressources du milieu à
soutenir les parents dans l'exercice de leurs responsabilités; [et]
«e) l'ordonnance, la condition ou la mesure de
nature civile ou criminelle, concernant la sécurité ou le développement de
l'enfant.»
Donc, M. le Président, on a tenu compte de
plusieurs des commentaires qui ont été effectués hier pour revenir avec ce
nouvel amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Oui, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Donc, peut-être
quelques questions. Bon :
«a) les conséquences de l'exposition à cette
violence sur l'enfant;
«b) la reconnaissance de ces conséquences sur
l'enfant par l'auteur de cette violence et les moyens pris par ce dernier pour
prévenir d'autres situations...» Peut-être aller... m'expliquer, M. le
ministre. Donc, ça vient de recommandations
ou de discussions qu'on a eues? Juste pour voir cette... comment dire, même les
experts, c'est-à-dire qu'il faut que l'auteur de la violence prenne
conscience des conséquences.
M. Carmant : Exactement.
Puis on voulait... parce qu'inclure dans le cas où ce ne soit pas un parent,
donc il faut vraiment... On voulait
prendre toutes les figures de cas, encore une fois, et être le plus global
possible dans notre description.
Mme Weil : D'accord.
L'auteur... ensuite, le parent, donc, même quand on parle du parent, bon, la
mère et l'auteur de la violence dans le couple, la capacité des ressources,
donc, on vient changer... Qu'est-ce qu'on vient rajouter ici ou changer? Vous
l'avez dit dans vos commentaires, mais...
M. Carmant : Alors, on a ajouté
le point e, qui était «l'ordonnance, la condition [à] la mesure, de nature
civile ou criminelle, concernant la sécurité ou le développement de l'enfant».
On vient réintégrer en fait aussi les actions prises par le parent qui n'est
pas l'auteur de cette violence sous la recommandation d'experts. Donc, on vient
vraiment baliser toutes les circonstances, là, dans l'interprétation de
l'exposition à la violence conjugale.
Mme Weil : Et ça, c'est un
amendement... Ce n'est pas dans les amendements qu'on avait reçu ou c'est
bien... c'était déjà dans des amendements qu'on avait reçus...
M. Carmant : On l'a remodifié.
Mme Weil : ...qu'on a eu
l'occasion de discuter, d'accord.
M. Carmant : Ça, c'est les
amendements que vous avez reçus jeudi dernier et qu'on a remodifiés.
Mme Weil : D'accord, qui a été
modifié, d'accord. Ça va pour l'instant.
Le
Président (M. Provençal)
:
Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Oui, Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci, M. le
Président. Bien, on avance, on avance. Donc, bien, je remercie le ministre. Je n'étais pas ici ce matin pour rediscuter quand il
a déposé la nouvelle version de l'amendement, donc, qui prenait en
compte certains des éléments que j'avais soumis hier. Malheureusement,
l'amendement global que j'avais soumis a été rejeté par le ministre. Mais je
comprends qu'il a cheminé, il a intégré certains éléments, donc je pense qu'on
est en train de bonifier les choses à la lumière de ce que plusieurs groupes
nous ont dit, à la lumière des propositions faites hier.
Je voudrais juste qu'on
les passe. Donc, le a, évidemment, «les conséquences de l'exposition à cette
violence sur l'enfant», il ne faisait aucun doute, tout le monde était
d'accord. Ensuite, dans la version originale — j'ai à peu près huit versions
devant moi, là, donc je vais essayer de garder le cap — on
parlait de «la reconnaissance du préjudice subi par l'enfant par l'auteur de
cette violence». Puis hier, j'avais suggéré qu'on ajoute et les moyens pris par
ce dernier pour prévenir d'autres situations. Parce que je pense,
effectivement, que c'est important qu'il n'y ait pas simplement une
reconnaissance par l'auteur, mais qu'il se mette en action pour prévenir, pour
agir, pour pas que ça se reproduise. Alors, ça, ça m'apparaissait vraiment
important. Malheureusement, dans la version de ce matin, on avait perdu cette notion-là avec les changements
qui avaient été faits. Hier, le ministre disait : On ne peut pas
l'inclure à b parce qu'il arrive plus tard, mais finalement, aux changements
qui ont été faits plus tard, on a perdu cette notion-là.
Donc, ça, je
salue ça positivement, que ça revienne. J'ai toutefois une question. On
parlait, avant, de préjudices. Là, on parle de la reconnaissance, plus
globalement des conséquences. Les mots ayant un poids, surtout quand il y a des
impacts juridiques, pourquoi ce changement, alors qu'avant, il y avait vraiment
le... au b, on parlait vraiment du préjudice, alors qu'au a c'était la même
chose, on parlait des conséquences de l'exposition? Pourquoi on avait choisi alors
«préjudice»? Et pourquoi maintenant on change de mot pour opter pour
«conséquence»?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, encore une fois,
on voulait être... avoir un impact encore plus large que préjudice. Je pense
que le mot «conséquence» est englobant du terme «préjudice», et c'était le mot
qu'on utilisait ailleurs, donc à l'alinéa a et b. Donc, on trouvait que conséquence
était adéquat. C'est sûr que «conséquence», c'est plus large que «préjudice».
Donc, dans le contexte... je n'y vois que du positif, c'est peut-être plus
global que juste «préjudice».
Mme Hivon : Puis, en quoi
une... je voudrais juste, par exemple, des exemples, là. En quoi il y aurait
des conséquences qui pourraient ne pas être qualifiées de préjudices? Parce
qu'on parle... évidemment, il ne pourra pas y avoir de conséquences positives,
là, on se comprend. Donc, est-ce qu'on a un exemple qu'on peut fournir d'une
conséquence qui ne se qualifierait pas de préjudice, puisqu'on me dit que c'est
plus large?
M. Carmant : Par exemple, si
c'est des impacts psychologiques, par exemple, c'est plus... La capacité de définir le préjudice est peut-être plus difficile,
mais on peut dire que ça a une conséquence sur le développement de
l'enfant.
Mme Hivon : Moi, je pense que,
s'il y a des impacts psychologiques, c'est un préjudice dans le sens qu'en
droit, un préjudice, il peut être moral, physique et il peut être de tout
ordre. Donc, j'essaie juste... Je ne veux pas faire, là, un débat de sémantique
trop long, mais, quand on change un mot, généralement, c'est parce qu'il y a
vraiment une volonté derrière. Là, je me dis : C'est-tu juste une volonté
d'harmoniser parce qu'on ne s'était pas rendu compte qu'à a on parlait de
conséquences, donc on veut être cohérent puis on se dit : Bon, vu qu'on
amène un nouvel amendement, on s'est rendu compte de ça, on le corrige? Ou
est-ce qu'il y a vraiment une portée juridique différente? Parce que moi, je
dois vous dire que les conséquences... J'essaie vraiment de voir des
conséquences qui ne seraient pas qualifiées de préjudices. Puis c'est ça que je
cherche. Est-ce qu'on parle... Donc, je ne sais pas s'il y a des exemples, là,
de quel type de conséquences on pourrait voir, mais qui ne seraient pas vues
comme un préjudice, qui pourraient être vues comme positives ou autres, il me
semble qu'il n'y en a pas, là, ou neutres.
M. Carmant : Non. Exactement.
Je suis d'accord avec vous, là. Oui, oui, ça...
Mme Hivon : Il me semble que ça
va toujours être négatif, donc, ça va toujours être préjudiciable. Donc, je
pense, ça va toujours être un préjudice. C'est la raison pour laquelle je ne
m'explique pas tellement le changement. Puis je ne voudrais pas qu'on ait l'air
de minimiser. Je pense, c'est un peu ça, ma préoccupation, si je l'exprime en
mots, là. Je ne voudrais pas qu'on ait l'air de minimiser puisqu'on change les
termes, de dire que, dans le fond, il pourrait y avoir des conséquences qui ne
sont pas préjudiciables ou qui ne sont pas un préjudice.
• (17 h 30) •
M. Carmant : Bien,
l'intention n'est aucunement de minimiser. Mais, comme on utilisait le terme
«conséquences» au point a, je trouvais que c'était raisonnable d'utiliser le
terme «conséquences» au point b également.
Mme Hivon : C'est une
suggestion des légistes dans une optique de cohérence ou parce que c'est un
terme qui, légalement ou juridiquement, va être plus porteur? Je suis juste
curieuse de comprendre pourquoi, entre ce matin puis aujourd'hui, cet
après-midi, on a décidé de changer le terme.
M. Carmant : Bien, il y avait
l'enjeu de cohérence puis il y avait l'enjeu également d'être plus englobant,
là, bien que... C'est sûr que les conséquences de la violence conjugale sont
toujours négatives, là, on s'entend là-dessus.
Mme Hivon : Oui. Bon. Bien,
écoutez, je ne ferai pas une bataille pendant des heures si toute l'équipe du
ministre pense que c'est mieux de parler de conséquences, mais je pense que
c'est important de dire qu'il n'y a pas une volonté dans l'utilisation de ce
terme-là de minimiser et qu'on est bien conscient que ce sont des préjudices
qui vont être causés et ce sont des conséquences qui sont négatives, on ne
pourrait pas imaginer autre chose, mais que c'est par souci de cohérence
légistique qu'on utilise le mot. C'est bien ça?
M. Carmant : Oui,
tout à fait. Puis j'appuie le fait qu'il n'y aura pas de... Les conséquences
sont négatives. Ça, c'est absolu.
Mme Hivon : Oui. O.K. Donc, ça,
c'est...
Le Président (M. Provençal)
: Me permettez-vous un commentaire, Mme
la députée?
Mme Hivon : Bien sûr.
Le Président (M. Provençal)
: Parce que, quand on parle d'une
notion de conséquences, souvent, on fait référence à un effet, à un résultat.
Quand vous parlez de votre notion de préjudice, c'est un résultat de ce qu'il
est arrivé. Donc, la notion de conséquences,
à mon avis, inclut très bien ce que vous voulez préserver. C'était
simplement un commentaire. Vous avez le droit de l'accepter ou de le refuser,
mais je me permets de le faire.
Mme Hivon : Je ne commenterai
pas vos arguments d'autorité, de votre chaise de président. Donc, écoutez,
c'est ça, je ne ferai pas un long débat là-dessus, mais moi, je fais juste le
dire, j'aimais le terme «préjudice» parce que je trouve qu'il marquait vraiment
ce que c'est pour l'enfant, que sont les conséquences. C'est préjudiciable pour
lui. Je trouvais que c'était plus porteur et c'était plus fort. Mais,
«conséquence», avec les explications que le ministre donne, je pense qu'on peut
vivre avec ça.
Donc là, je comprends que, si je regarde la
bonne version, vous faites, donc, la reconnaissance de ça et vous liez aux
moyens pris, donc, pour prévenir d'autres situations d'exposition à la
violence. Donc, ça, je pense que c'est vraiment une avancée puis c'était
important que ce soit là. Puis à c, là, vous revenez au parent qui n'est pas
l'auteur de la violence en disant qu'on
doit, donc, tenir compte des actions qui sont prises pour protéger l'enfant de
l'exposition à cette violence ainsi que les entraves qui pourraient être posées
par l'auteur de la violence sur les actions posées pour protéger. Donc, hier,
vous avez bien compris que j'étais extrêmement inconfortable. Et je pensais que
l'ancien article c, tel qu'il était rédigé, on ne pouvait pas l'accepter parce
qu'il mettait les parents, donc en parlant de parents l'auteur potentiel de la
violence et le parent qui en est victime, sur le même pied pour prévenir la
suite et les conséquences négatives et prendre les actions. Là, quand je dis qu'on
avance, c'est que, d'abord, on cherche dans le b à vraiment faire en sorte
qu'il y a des actions qui doivent être prises puis qui vont être regardées par
l'auteur de la violence.
Mais, pour le c, je veux comprendre ce qu'il y a
de... ce qui peut être aidant pour la mère, parce que c'est souvent la mère,
généralement la mère, qui est victime de la violence, qu'est-ce qui peut être
aidant pour elle, quand on va regarder la situation dans l'ensemble du
signalement, de dire qu'en mettant ça comme ça, dans le fond, on va tenir
davantage compte des spécificités de la violence conjugale. Pourquoi c'est plus
positif de mettre ça que de ne pas le mettre? Parce que vous savez d'où je pars
dans mes craintes, c'est-à-dire qu'on responsabilise ou qu'on blâme une mère de
ne pas avoir fait tout ce qu'il devait être fait pour protéger son enfant alors
qu'elle est dans un contexte de contrôle coercitif, de violence qui fait en
sorte qu'elle n'est pas dans un contexte normal où elle pourrait faire des
gestes auxquels on s'attendrait. Parce qu'elle est victime de cette
violence-là, elle n'est pas en mesure de poser ces gestes-là. Et là, quand je
dis qu'on avance, c'est que j'aime le fait, au moins, qu'on distingue, on ne
met pas les parents, l'auteur de la violence et le parent victime, sur le même
pied. Ce n'est pas la même chose qui est demandée. Puis la notion d'entrave,
ça, je pense que c'est positif. Mais, par ailleurs, je voudrais juste être
rassurée sur le fait que ça peut être aidant pour comprendre la situation de la
mère qui est victime de violence conjugale plutôt que de nuire à, je dirais, la
prise en compte de sa situation spécifique, si on met ça. Je ne sais pas si je
suis claire.
M. Carmant : Oui, je crois que
oui.
Mme Hivon : O.K.
M. Carmant : Puis ce qu'on
veut, c'est vraiment un côté positif aux actions prises par la mère pour
protéger l'enfant puis la capacité de... tu
sais, de... En fait, on retire le terme «capacité» qui était là auparavant,
mais vraiment... Moi, mon intention, c'était vraiment de s'assurer qu'on
puisse aider les deux parents et aussi s'assurer que tout ce que la mère fait
soit effectivement reconnu.
Mme Hivon : Donc, vous, vous le
voyez davantage comme un moyen de tenir en compte de ce que la mère fait. Par exemple,
je suis sortie du milieu de la violence, je suis allée en ressource
d'hébergement. C'est quelque chose qui peut être vu positivement parce que j'ai
voulu protéger mon enfant en le sortant du milieu où il y avait de la violence.
Donc, ça pourrait être quelque chose, dans l'évaluation, qui... qui montre que
la mère, malgré le contexte extrêmement difficile, a agi, par exemple.
M. Carmant : Exactement.
Mme Hivon :
O.K. Mais, par ailleurs, une mère, ou un parent victime de violence, qui,
compte tenu de la situation extrêmement toxique, lourde, de contrôle n'arrive
pas à sortir du milieu, n'est pas en mesure, a trop peur à sa vie, a peur à la
vie des enfants, est dans une situation de contrôle tellement extrême qu'elle
n'arrive pas à poser ces gestes-là, que de l'extérieur, on pourrait dire :
Bien, voyons, c'est la chose normale à faire, ou tout ça. Mais, compte tenu du contexte de violence conjugale, des rapports
inégaux, elle n'est pas capable, n'est pas en mesure de le faire, tout
simplement, est-ce qu'on va, donc, potentiellement évaluer ça de manière
négative par rapport à ce qu'elle fait dans la situation donnée?
M. Carmant :
Non, aucunement. Et je pense que je reprends ce que M. Lapierre
disait, c'est que ne pas accorder d'importance à leur stratégie de protection,
tu sais, ne faisait pas de sens et nie la force de certaines victimes, et non
pas l'inverse. C'est vraiment de... que ce soit un argument positif dans le
dossier.
Mme Hivon :
O.K. Mais on se comprend que, de la manière que c'est libellé, ça englobe
quand même l'ensemble des actions ou des non-actions posées, ou ce n'est que
les actions qui vont être posées?
M. Carmant :
Les actions prises.
Mme Hivon :
Mettons, la non-action, est-ce qu'elle est... Je ne sais pas si vous me
suivez, là, mais...
M. Carmant :
Oui. Mais ce n'est pas l'intention.
Mme Hivon :
Ce n'est pas l'intention.
M. Carmant :
Non, absolument pas.
Mme Hivon :
Donc, ça, ça aurait un effet neutre en quelque sorte.
M. Carmant :
Exact.
Mme Hivon :
Ou un... parce que, c'est ça, vous savez d'où je pars hier.
M. Carmant :
Non, non, tout à fait.
Mme Hivon :
Et donc il y avait un grand inconfort parce que les parents étaient sur le
même pied, puis le libellé était différent aussi, là, parce qu'on parlait pour
protéger l'enfant de l'exposition à cette violence, alors que, ce que je vous
disais, c'est que ça n'a aucun sens de responsabiliser le parent victime de
l'exposition future à d'autres situations de violence. Donc, on avance, parce
que, là, on ne parle plus du tout de ça quand on parle du parent qui n'est pas
l'auteur de la violence, on ne s'attend plus à ce qu'il ait cette
responsabilité-là, ou qu'on le juge, ou qu'on regarde ce qu'il a fait pour
prévenir, n'est-ce pas?
M. Carmant :
C'est ce que j'avais demandé, effectivement.
Mme Hivon :
C'est ça, parfait. Donc, en fait, on regarde uniquement les actions du
prisme de la protection de l'enfant qui auraient pu avoir... qui ont pu avoir
un effet bénéfique sur l'enfant.
M. Carmant :
Exactement.
Mme Hivon :
Et non pas l'inverse.
M. Carmant :
Tout à fait.
Mme Hivon :
O.K. Donc, je pense que c'est nettement mieux parce qu'on sépare les deux.
On parle de la... bien, en fait, des réalités de chacun puis on n'est pas en
train de mettre un fardeau sur les épaules de la personne, de la mère
généralement, là, qui... dans ces cas-là, la victime. Donc, je pense que,
là-dessus, on avance.
Et donc je fais juste
revenir... je vais juste tous les passer, puis, après, mes collègues
pourront... O.K. La capacité des ressources, c'est aussi mieux libellé, selon
moi, parce qu'encore une fois on ne parle pas de prévenir l'exposition à la
violence, parce que, pour un des deux parents, cette responsabilité-là ne doit
pas être vue comme la sienne. Puis évidemment, le e, c'est un débat que j'ai
fait hier, et puis je me réjouis vraiment qu'on ait cette avancée-là parce que
c'est une... un élément vraiment important aussi du rapport Rebâtir la
confiance d'essayer de voir s'il y a eu d'autres ordonnances dans d'autres
cours, dans d'autres instances en matière familiale, en matière criminelle pour
en tenir compte quand on est à évaluer la situation.
Donc,
M. le Président, je... ça répond à mes questions. Je remercie le ministre
d'avoir considéré l'amendement que j'ai déposé hier, tous les
commentaires que je lui ai faits, les préoccupations que je lui ai transmises,
qui, évidemment, nous avaient été transmises
par les regroupements et je le remercie de son ouverture puis je pense
qu'on est en train d'améliorer les choses.
• (17 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Alors, vous êtesen
train de confirmer que M. le ministre a écouté, a réfléchi et a modifié
de façon à améliorer le... son projet de loi tout en respectant certaines...
certains desiderata que vous aviez.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
En regardant la série d'articles, c'est sûr qu'il y a vraiment une
différence, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Et, dans ces
articles, parfois, on parle de «préjudice» et, des fois, «conséquences». Donc,
comme, par exemple 38.2, on parle de toute décision visant à déterminer si un
signalement doit être retenu, on est dans les conséquences pour l'application.
M. Carmant :
Mais c'est écrit «préjudice» à 38.2, je suis bien d'accord. Là, on commence
38.2.2 avec «conséquences»...
Mme Weil :
C'est ça.
M. Carmant :
...et on maintient «conséquences»...
Mme Weil :
C'est plus large.
M. Carmant :
...en considérant que c'est des conséquences négatives, comme j'ai mentionné
tout à l'heure, qui incluent les préjudices.
Mme Weil :
C'est ça. Et, dans 38c.1, on parlait de «préjudice»...
M. Carmant :
Exact.
Mme Weil :
...dans l'article 38 modifié, donc l'article c.1, qui a été rajouté.
Dans ce cas-là, quand on le dit, là, «exposition à la violence conjugale :
lorsque l'enfant est exposé, directement ou indirectement, à de la violence
entre ses parents ou entre l'un de ses parents une personne avec qui il a une
relation intime, incluant un contexte post-séparation, notamment lorsque
l'enfant en est témoin ou lorsqu'il évolue dans un climat de peur ou de
tension, et que cette exposition est de
nature à lui causer préjudice;». Là, on a vraiment mis la table, là, pour le
mot «préjudice». Donc, il y a réellement une différence, comme le
ministre le disait. «Conséquences», on regarde un peu globalement l'impact sur
l'enfant, mais, dans certains cas... et donc l'intervention serait différente
dépendant de...
M. Carmant :
Non.
Mme Weil : Pour l'application... la sécurité et le
développement... une situation d'abandon et de négligence... d'exposition à la violence, d'abus... on entend...
par des troubles de comportement sérieux. C'est vraiment des
définitions, là, oui.
M. Carmant :
Mais l'intervention serait la même, on s'entend là-dessus.
Mme Weil :
Oui, oui, tout à fait.
M. Carmant :
Merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
que ça va, Mme la députée?
Mme Weil :
Oui, merci.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla :
...je veux bien comprendre.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
c'est important.
M. Fontecilla : Écoutez, tous... tout le but de cet article-là, c'est de
savoir s'il y a compromission ou non suite à un signalement, et là on donne toute une série de paramètres pour savoir si
la sécurité de l'enfant est compromise. Moi, c'est par rapport à l'alinéa c et les actions, en
contexte de violence conjugale, évidemment les actions prises par les
parents, là.
Je veux seulement
bien comprendre. Si, par exemple, il y a un signalement sur un enfant, là, qui
est exposé à la violence conjugale. Suite à... dans l'étude, par la Direction
de la protection de la jeunesse, de ce cas-là, on se rend compte, par exemple, que
la femme qui est victime de violence conjugale n'a pas pris les actions, là,
pour extraire, en tout cas, cet enfant-là de la violence conjugale. Par
exemple, elle n'est pas allée à un centre d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale. Est-ce
qu'on peut arriver à la conclusion qu'il y a motif de... il y a
compromission puisque le parent, la mère, dans ce cas-ci, victime, n'a pas pris
des mesures pour éviter à l'enfant d'être exposé à cette violence conjugale?
M. Carmant :
Non. Comme j'ai mentionné, le motif de compromission, c'est l'exposition à
la violence conjugale, et cette situation-là
ne sera pas prise comme négative par rapport à la conduite de la mère, là. Au
contraire, là, nous, ce qu'on veut, c'est
valoriser les mères qui, effectivement, prennent des actions, comme nous l'a
suggéré M. Lapierre.
M. Fontecilla :
O.K. D'accord, mais on s'entend que l'objectif de la... du processus c'est
déterminer si la sécurité de l'enfant ou son développement, là, est compromis
ou pas.
M. Carmant :
Exact.
M.
Fontecilla : Et, dans le cas d'exposition à la violence conjugale,
lorsque, par exemple, dans une famille, il y
a de la violence conjugale, et la mère victime, dans ce cas-ci, n'enlève... ne
prend pas de mesure, ne part pas de la maison,
par exemple, et l'enfant reste dans cette maison-là exposé à la violence
conjugale, il y a compromission, non, de la sécurité, du développement
de l'enfant, parce qu'il continue à être exposé à la violence conjugale.
M. Carmant :
Alors, ça, c'est l'ancienne définition où c'était dans les impacts
psychologiques. Nous, on vient dire : Il y a violence conjugale, la cause
de compromission, c'est la violence conjugale. C'est ça, le changement de
mentalité qu'on vient implanter ici avec notre motif spécifique de
compromission. Ce n'est pas le fait qu'il soit resté dans la maison où il y
avait de la violence conjugale, c'est violence conjugale, et, ensuite, le
comportement de la mère, si elle le protège, si elle a... tu sais, si c'est
positif, mais le fait qu'elle soit... on ne tiendra pas ça contre elle. Ça,
c'est bien important, parce que le motif de compromission, c'est violence...
exposition à la violence conjugale?
M. Fontecilla :
Tout à fait, mais ce n'est pas retenir la chose contre elle, là, c'est on
se centre sur l'enfant, là.
M. Carmant :
Oui.
M. Fontecilla :
Si l'enfant est... Deux possibilités, c'est noir ou blanc : L'enfant est
exposé à la violence conjugale ou n'est pas exposé à la violence conjugale.
M. Carmant :
Motif de compromission. O.K.
M. Fontecilla : Pour moi, un enfant qui
est exposé à la violence conjugale, sa santé, sa sécurité, son
développement est compromis.
M. Carmant :
Exact.
M.
Fontecilla : Et il sera... et ça sera ainsi tant et aussi longtemps
qu'il va rester dans ce... dans ce milieu-là.
M. Carmant :
Mais ça ne sera pas à cause de la mère, ce sera à cause de...
M. Fontecilla :
Non, je ne dis pas que c'est à cause de la mère, c'est toujours... Par
exemple, la DPJ pourrait arriver à la conclusion : il y a compromission
parce que la mère demeure et continue à rester dans un milieu exposé à la
violence conjugale. Donc, par exemple, la DPJ pourrait décider : on va
retirer cet enfant-là parce qu'il est exposé à la violence conjugale, et la
mère n'a pas pris les mesures nécessaires pour éviter cette situation.
M. Carmant :
Mais, nous, ce qu'on veut, c'est que le motif... L'intention du
législateur, c'est que le motif de compromission soit l'exposition à la
violence conjugale. Je veux dire, c'est... là, vous êtes en train de mettre le
blâme sur la mère, ce n'est pas du tout
qu'on veut faire. Le blâme est sur le parent abuseur, là. C'est exactement ce
qu'on vient...
M. Fontecilla :
Expliquez-moi, là, s'il vous plaît, là, quelle est la conséquence, là,
directe, là. Si vous dites : C'est sur le parent abuseur, pas de problème.
Mais quelle est la conséquence directe sur l'enfant, là? De la part de la DPJ,
là, quelle décision va-t-elle prendre par rapport à cet enfant-là?
M. Carmant :
Mais, encore une fois, cas d'espèce. Nous, on est sur une loi qui doit
considérer tous les cas différents. Mais ce que je dis, c'est que l'intention
du législateur, c'est que la violence conjugale soit le motif distinct de
compromission et que les parents qui subissent la violence... le parent qui
subit la violence, tous ses efforts soient pris... soient considérés de façon positive.
C'est sûr que certains parents peuvent avoir besoin d'aide effectivement, mais
l'important, c'est que tous les parents... toutes les actions soient soit
considérées comme étant positives.
M. Fontecilla :
Donc, pour que cesse la compromission, par exemple, on pourrait conseiller
à la mère, dans le cas de violence conjugale, d'aller dans un centre
d'hébergement, etc.
M. Carmant :
Tout à fait.
M. Fontecilla :
Mais ma question n'est pas du côté de la prescription, là, c'est-à-dire ce
qu'il faudrait faire, dans ce cas-ci, de la mère. Et c'est dans le cas... ma
collègue de Joliette, la députée de Joliette l'a exprimé, là, il y a des cas où
les victimes de violence conjugale sont paralysées, elles ne... et la seule
décision qu'elles prennent, c'est de rester dans cette situation qui les
paralyse, l'intimidation, etc. Qu'est-ce qu'il se passe dans ce cas-là?
M. Carmant : Mais il faut
l'aider.
M. Fontecilla :
Donc, on lui conseille d'aller dans un centre d'hébergement pour femmes violentées.
Mais, dans le cas de l'enfant, non pas le cas de la mère, dans le cas de
l'enfant, la situation de compromission demeure tant et aussi longtemps que cet
enfant-là reste dans ce foyer-là. Je ne sais pas si je me fais comprendre.
M. Carmant : Oui, oui, non, je
comprends. Mais, tu sais, l'action posée va varier. L'important, ce que je dis,
c'est que la raison de la compromission,
c'est l'exposition à la violence conjugale d'abord et avant tout, et le... et
c'est le parent abuseur qui... qui est fautif, là, on s'entend là-dessus.
Maintenant, il faut... ce qu'on discutait hier, c'est qu'il faut effectivement
aider les deux parents, mais de façon asymétrique, là. C'est exactement ce
qu'on vient régler avec les amendements qu'on a proposés.
Le Président (M. Provençal)
: ...M. le député.
M. Fontecilla : Très bien,
merci.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Joliette.
• (17 h 50) •
Mme Hivon : Oui. Bien, c'est
ça, je pense juste que c'est vraiment important d'être très clair là-dessus
parce qu'on veut donner de la force aux parents victimes des gestes qu'ils
posent. Je suis parfaitement sur ce point-là, mais il faut être certain qu'il
n'y a pas l'espèce de contrepoids qu'on va leur donner de la force, mais que,
si ces gestes-là ne sont pas posés, on va en tenir compte négativement à leur
endroit. Donc, je comprends que le ministre a dit : Non, ça ne sera pas le
cas. Mais, compte tenu un peu de l'historique par rapport aux situations de
violence conjugale traitées par la DPJ où il y a eu énormément de mères
victimes de violence conjugale qui ont senti qu'on ne tenait pas compte de leur
réalité, et que, même, certaines, on me rapportait, dans le passé, se sont fait
blâmer d'aller en ressource d'hébergement en disant : Oui, mais là ce
n'est pas un milieu apte pour votre enfant, la stabilité de l'enfant. On se
comprend, là.
M. Carmant : Oui, oui, je le
sais.
Mme Hivon : Donc là, j'espère vraiment qu'en ayant un motif
de compromission, on est en train complètement de changer le prisme d'analyse et de voir qu'on est
dans d'autres choses. Mais je pense que, tous les collègues, on a cette
même préoccupation qu'on ne soit pas en train non plus de mettre un fardeau sur
les épaules de la mère quand on va évaluer la situation dans son ensemble, sur
le... ayant un focus sur les gestes qui ont été posés parce que certains des
gestes qu'une personne, hors contexte de violence conjugale, on pourrait
s'attendre à ce que ce soit raisonnable de poser ne sont pas les mêmes
situations de violence conjugale. Donc, je comprends les avantages de le
mettre, mais je veux juste être certaine qu'il n'y a pas de désavantage par
rapport à ça, cet élément-là, où on pourrait venir juger un peu de certains
gestes qui n'auraient pas été posés, mais que la personne était juste dans
l'impossibilité de les poser avec une lorgnette différente, je dirais.
M. Carmant : Bien, je réitère
ma position là-dessus.
Mme Hivon : O.K. Mais je...
moi, je trouve ça vraiment bien que le ministre nous donne sa position. Moi, je
veux être sûre que sa position, à la lumière de la formation, de tout le
continuum, de ce qu'on va créer en amenant ce nouveau motif de compromission
là, elle va être celle de tout le monde sur le terrain, donc des intervenants
jusqu'aux juges, parce qu'en fait on donne une prise pour que les actions de la
mère qui est victime soient regardées. Ça peut être positif, mais on se comprend
que, souvent, il y a un... si ça peut être vu comme positif, ça pourrait avoir
un impact aussi négatif. Le ministre, lui, il nous dit : Non, il ne pourra
pas y avoir d'impact négatif comme si on va le
regarder juste si c'est positif pour la mère. Mais je pense que le ministre
peut comprendre qu'on a cette appréhension-là que ça puisse aussi être
regardé de l'autre côté. Donc, quand il nous dit : Non, non, non, ça va
juste être regardé si, en quelque sorte, ça donne des points ou c'est positif
pour la mère, dans l'évaluation des choses, que cette vision-là qu'il a, que ça
ne pourrait pas se retourner contre elle, c'est clairement quelque chose qui va
être partagé dans l'ensemble du continuum du traitement en matière de
protection de la jeunesse, des cas de compromission liés à la violence
conjugale.
M. Carmant : Exact.
Mme Hivon : Exact. Tout le
monde va être sur la même longueur d'onde que le ministre partout? Moi, je vous
invite à aller faire la formation, là. Un petit contrat, un petit contrat, là,
à part.
M. Carmant : Oui, je ne sais
pas si j'aurai le temps, mais, tu sais, l'intention est claire.
Mme Hivon : O.K. Bien, écoutez,
je pense qu'à la lumière des explications puis des avancées qu'on fait
clairement en distinguant les deux, l'auteur et le parent victime, puis en ne
s'attendant pas à la même chose, je pense qu'on arrive à un bon équilibre. Puis
le ministre a entendu nos préoccupations, donc j'espère que la formation va tenir compte de tout ça. La formation va être cruciale,
on l'a répété plusieurs fois, le ministre aussi. À partir de différents amendements, il nous ramenait à la formation. Donc, j'espère
vraiment que tout ça va être bien, bien, bien compris et intégré à toute la
formation, parce qu'il y a eu trop de situations inacceptables, dans le passé,
où on a minimisé les conséquences de la violence conjugale et l'impact sur les
comportements de toutes les personnes impliquées.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée.
Est-ce que ça va?
Mme Hivon : ...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je céderais la parole à la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Pour faire suite, en
effet, on a eu l'occasion de parler de ces enjeux déjà il y a quelques
semaines, mais le ministre a évoqué que, bon, quand on observe ça, parce qu'on
a cette définition et compréhension de violence conjugale, il a commencé avec
une réponse qui dit : Bien, on va l'aider. Donc, c'est juste de voir
les... une fois qu'on sait que la mère, bon, qu'elle n'a peut-être pas pu et
qu'elle n'a pas agi, ça ne sera pas tenu... on ne va pas tenir en compte,
contre elle, de ce facteur, mais peut-être plus pour l'aider.
M. Carmant : Exact. Si elle a
besoin d'aide.
Mme Weil : Ça, c'est important,
cette réponse-là. Donc, à quelque part, est-ce que le ministre reconnaît dans... justement, dans la suite des choses, dans
la façon que la DPJ va aborder ces questions-là, qu'il y aura des
changements? Dans le sens qu'on comprend ce qu'il s'est passé là, ce n'est pas
parce qu'elle n'a pas voulu, c'est qu'elle était incapable, elle était
terrorisée, tout ça. Je pense qu'on en a beaucoup parlé. Donc, que la DPJ...
donc, c'est de... parce que la pire chose, c'est de séparer l'enfant de la
mère, et que la mère perde la garde de son enfant... C'est une mère aimante, et
tout ça, mais, dans des situations particulières, on va reconnaître qu'elle a
besoin d'aide. C'est comme ça que le ministre voit la suite des choses. Ça,
c'est important parce qu'on n'est pas allé dans ce détail-là la première fois
qu'on a eu cette discussion, c'est tout simplement reconnaître, mais le
ministre l'a évoqué. Donc, je pense, c'est important d'évoquer la suite des
choses et comment ça va changer l'intervention de la DPJ.
M. Carmant : Mais
M. Lapierre m'a lui-même mentionné qu'il était impressionné de voir, tu
sais, les changements dans la prise en charge puis dans l'évaluation qui a été
faite après les formations qu'il a fournies, et je pense que ça va se
transmettre, comme la députée de Joliette l'a dit, sur tout le long de la ligne
du processus de la protection de la jeunesse. Je ne peux pas aller plus loin.
Mme Weil : Très bien. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement de M. le ministre à 27.2? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement déposé par le
ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
:
Adopté. Alors,
l'amendement 27.2 est... tel qu'amendé, est adopté et il introduit
un nouvel article qui est le 27.2. Merci.
Maintenant, on va revenir à l'article 50
parce qu'il y a un lien direct avec le 38 de la loi existante. Et j'ai besoin
de votre consentement pour ouvrir l'article 50 parce que M. le ministre
avait déposé un amendement, on va le projeter à l'écran, s'il vous plaît, qui
introduit une notion d'exposition à la violence conjugale. M. le ministre, vous
pouvez y aller.
M. Carmant : Oui. Voulez-vous
que je le relise ou...
Le Président (M. Provençal)
: Bien, vous pouvez. Je ne pense pas
qu'on avait... Est-ce qu'on avait pris... eu le temps de le lire?
M. Carmant : Oui, je l'avais
lu.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, allez-y.
M. Carmant : C'est
vraiment par concordance, là, pour introduire l'«exposition à la violence
conjugale», M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Pouvez-vous lever le texte pour juste
amener le... en caractères gras? Donc, c'est... la modification est là.
M. Carmant : Ça devient un
critère distinct des mauvais traitements psychologiques.
Le
Président (M. Provençal)
:
C'est ça. Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement déposé par M. le ministre? S'il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement déposé par M. le ministre à l'article 50 est adopté?
Des voix : Adopté.
• (18 heures) •
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Maintenant, est-ce que
l'article 50, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté, merci, ce qui va nous amener
maintenant à l'article 28.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui. Alors, consentement pour rouvrir
l'article 28? Et avant toute chose, il y a un amendement qui avait été
déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce à l'article 28. Est-ce que
c'est...
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il est maintenu ou... est-ce qu'il avait été
déposé? Parce que vous aviez déposé un amendement.
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Donc, est-ce que ça veut dire, Mme la députée, que votre
amendement à l'article 28 est retiré? Non, sûrement pas.
Mme Weil : Est-ce qu'on peut
demander la suspension, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Je suspends, oui.
(Suspension de la séance à 18 h 01)
(Reprise à 18 h 07)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Je vais inviter la députée de
Notre-Dame-de-Grâce à nous déposer l'amendement à l'article 28.
Mme Weil : Je pense qu'il est
déjà déposé.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui, mais à nous en faire la...
Mme Weil : Le relire? D'accord.
Le Président (M. Provençal)
: ...excusez, nous en faire la lecture et le commenter.
Mme Weil : Donc, d'accord. Alors, l'article 39 de cette
loi, proposé par l'article 28 du projet de loi, est modifié par le
remplacement de l'article suivant :
«39. Toute personne incluant celle qui est
liée par le secret professionnel, sauf l'avocat et le notaire, qui a un motif
raisonnable de croire que la sécurité et le développement de l'enfant est ou
peut-être considéré comme compromis au sens de l'article 38 ou 38.1, est
tenue de signaler sans délai la situation au directeur.
«Toute personne visée au présent article peut à
la suite du signalement qu'elle a effectué communiquer au directeur toutes
informations pertinentes liées au signalement concernant la situation de
l'enfant en vue d'assurer la protection de ce dernier.»
Donc, l'article tel que proposé, c'est... Je ne
sais pas si vous voulez que je le relise, M. le Président. Ça va?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
Mme Weil : Ça va? De le lire ou
pas nécessairement?
Le Président (M. Provençal)
: Il y avait... Je ne suis pas certain qu'on l'avait lu.
Mme Weil : O.K., on va le lire.
Donc...
Le
Président (M. Provençal)
: Alors,
prenez le temps de le lire, s'il vous plaît, oui.
Mme Weil :
...tel que proposé: «Toute personne incluant celle qui est liée par le secret professionnel,
sauf l'avocat et le notaire, qui a un motif
raisonnable de croire que la sécurité et le développement de l'enfant est ou
peut-être considéré comme compromis au sens de l'article 38 ou
38.1, est tenue de signaler sans délai la situation au directeur.
«Toute personne visée
au présent [titre] peut à la suite du signalement qu'elle a effectué
communiquer au directeur toutes informations pertinentes [et] liées au
signalement concernant la situation de l'enfant en vue d'assurer la protection
de ce dernier.»
Donc, ça, c'était une
recommandation, le ministre va peut-être s'en rappeler, des directeurs de
protection de la jeunesse et directeurs provinciaux, qui parlaient de
responsabilité collective. L'explication : «La recommandation suivante
appuie le principe de responsabilité collective. Les enfants du Québec doivent
être au coeur des priorités de l'ensemble de la population, comme c'est le cas
dans les autres provinces canadiennes.» Donc, c'était vraiment ça, le débat. On
n'est pas allés, je pense... je pense qu'on a suspendu ou... assez rapidement.
Donc, c'est pour entendre le ministre sur cette question.
M. Carmant :
Bien, moi, je pense qu'actuellement le problème n'est pas là. Même, je
dirais que ce serait le contraire. Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment, comme
j'ai partagé beaucoup avec la députée de l'Acadie et vous-même aussi... c'est
de promouvoir tout ce qui est en amont de la DPJ. Donc, de là de rendre
obligatoire à tous le signalement, quelle que soit la raison de compromission,
ça entraînerait une augmentation très, très, très importante, là, des
signalements.
Mme Weil :
...à quel... Excusez-moi, M. le ministre. Quel article... Généralement? O.K.
M. Carmant : Quand on parlait du rôle
des organismes communautaires, puis de la première ligne, et tout ça.
Mme Weil :
Oui, oui, oui, j'ai entendu.
M. Carmant :
Donc, nous, on pense que le...
Mme Weil :
Donc, l'effet néfaste.
M. Carmant :
C'est ça, ce serait vraiment...
Mme Weil :
Les conséquences néfastes.
M. Carmant :
...beaucoup plus important que ce qui est écrit ici.
Mme Weil :
O.K. Je comprends. J'avais entendu l'échange, mais je ne l'avais pas lié à
cet article.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça va?
• (18 h 10) •
Mme Weil :
...hein, alors on a toujours un respect particulier. Oui, en bout de ligne,
je pense, c'est plus contraignant, c'est
sûr, par respect pour les directeurs. Alors, on... je pense, à la lumière des
explications, on va le retirer.
Le Président
(M. Provençal)
: Consentement
pour que l'amendement de Notre-Dame-de-Grâce soit retiré? Consentement?Ça
va? Maintenant, je vais inviter M. le ministre à nous déposer son amendement à
l'article 28.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le Président.
L'amendement se lit comme suit : Remplacer l'article 28 du
projet de loi par le suivant :
L'article 39 de
cette loi est modifié :
1° par
l'insertion, dans le troisième alinéa et après «c», de «, c.1»; et
2° par
la suppression des quatrième et cinquième alinéas.
Cet amendement est
une modification de concordance puisque l'exposition à la violence conjugale a
été prévue dans un motif de compromission distincte à l'article 38 de la
Loi sur la protection de la jeunesse.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'amendement de M. le ministre? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement à l'article 28 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Donc, l'article 28, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté. Merci.
Maintenant, article 29. À l'article 29, de mémoire, il y avait un
amendement qui avait été déposé par... avant... Est-ce qu'il est encore là?
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, l'article 29, l'amendement se lit comme suit :
Remplacer, dans l'article 41 de la Loi sur la protection de la jeunesse,
proposé par l'article 29 du projet de loi, «Les premier et deuxième
alinéas de l'article 39 et l'article 40» par «Les articles 39 et
40».
Cet amendement vise à permettre à un
professionnel non visé par le premier alinéa ou le deuxième alinéa de
l'article 39 de la LPJ de signaler la situation d'un enfant lorsqu'il a un
motif raisonnable de croire que la sécurité ou le développement de celui-ci est
ou peut être compromis. Actuellement, les personnes ou les professionnels qui
ne sont pas visés par l'obligation de signaler ont néanmoins la possibilité de
faire un signalement au directeur de la protection de la jeunesse lorsqu'ils
ont un motif raisonnable de croire que la sécurité ou le développement d'un
enfant est ou peut être compromis. Cependant, la loi, dans sa forme actuelle,
ne prévoit pas la levée du secret professionnel dans ces situations. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement à l'article 29,
de M. le ministre. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
:
Adopté. Merci. Est-ce que,
maintenant, l'article 29, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci. Ce ne sera pas long. Nous sommes rendus à
30, oui. Alors, je vais inviter M. le ministre à nous lire l'article 30,
qui n'avait pas été lu.
M. Carmant : Oui,
M. le Président. L'article 43 de cette loi est modifié par l'insertion,
après «articles 39», de «, 40».
Cette modification vise à accorder la même
protection contre les poursuites aux personnes visées au deuxième alinéa du nouvel article 40 qui
communiquent au directeur toute information pertinente liée au
signalement.
Comme ces personnes sont dans l'exercice de leur
profession ou de leurs fonctions et qu'elles collaborent avec le signalant,
elles devraient pouvoir bénéficier des mêmes protections.
Juste pour rappeler le contexte, là, pour ceux
qui n'étaient pas là, on vient permettre, par exemple, si le médecin fait un signalement, à toute l'équipe
médicale de pouvoir participer au signalement. Donc on vient les
protéger, par le fait même, avec la modification qui est incluse ici.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions sur l'article 30? S'il n'y a pas d'intervention, je vais
procéder à la mise aux voix de l'article 30. Est-ce que l'article 30
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre, je vais vous
inviter à lire l'article 31.
M. Carmant : Merci,
M. le Président. L'article 44 de cette loi est modifié par l'insertion,
après «articles 39», de «, 40».
Cette modification vise à accorder la protection
de la confidentialité de l'identité du signalement aux personnes visées au deuxième alinéa du nouvel article 40 qui
communiquent au directeur toute information pertinente liée au
signalement.
Comme ces personnes sont dans l'exercice de leur
profession ou de leurs fonctions et qu'elles collaborent avec le signalant,
elles devraient pouvoir bénéficier des mêmes protections. Donc, comme le
précédent.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 31? S'il n'y a pas d'intervention sur l'article 31,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 31 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
:
Adopté. Merci. Juste une petite vérification. Alors, maintenant, je vais
inviter... nous allons aller à l'article 33, qui était suspendu. Alors, M.
le ministre, l'article 33, s'il vous plaît.
M. Carmant : Je lis
l'article 33, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, parce qu'après ça je pense
que... Oui, s'il vous plaît.
M. Carmant : Parfait.
L'article 53 de cette loi est modifié par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «deux» par «trois».
Cette modification vise à permettre que la durée
des ententes sur les mesures volontaires puisse être jusqu'à trois ans.
«Une entente sur les mesures...» Alors, le texte
proposé se lit comme suit :
«Une entente sur les mesures volontaires doit
être consignée par écrit et sa durée ne doit pas excéder un an. Le directeur
peut convenir d'une ou de plusieurs ententes consécutives, mais la durée de
toutes les ententes ne peut dépasser trois ans.»
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Mme Weil : ...des notes, comme
quoi le ministre... Est-ce qu'il y avait une consultation avec le ministère de
la Justice? Est-ce que c'est celui-là, cet article-là? J'ai une note.
M. Carmant : Oui. Et puis tout
était en accord avec le ministère de la Justice.
Mme Weil : C'est quoi, l'enjeu?
Je ne me rappelle pas exactement... Un service de médiation jeunesse, ça
concernait la médiation. C'est ça qu'on a mis dans nos notes, c'est d'inclure
une disposition sur les services. Ah oui! Donc :
«En attente de discussions avec la Justice afin d'inclure une disposition sur
le service de médiation.» C'était ça.
M. Carmant : Ah! d'accord, oui.
Donc, oui, je me souviens que vous vouliez qu'on inclue le projet pilote dans
le... Mais en fait le projet pilote est déjà en cours. Le ministre de la
Justice m'a informé que le financement récurrent vient d'être accordé et qu'on
comptait le déployer à travers le Québec. Donc...
Mme Weil : C'est une bonne
nouvelle, ça.
M. Carmant : C'est une
excellente nouvelle.
Mme Weil : Très bien.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
Mme Weil : Oui, on avait parlé
de médiation, de l'importance de la médiation, on se rappelle les discussions
qu'on a eues, hein, ces dernières semaines?
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 33? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 33 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Maintenant, M. le ministre, vous
aviez un amendement à déposer pour introduire, je pense, l'article 33.1.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Donc : Insérer, après l'article 33 du projet de loi, le
suivant :
33.1. L'article 57.2 de cette loi est
modifié par l'insertion, après le paragraphe a, du paragraphe suivant :
«a.1) considérer la sécurité ou le développement
de l'enfant comme compromis au sens de l'article 38 ou au sens de
l'article 38.1 lorsque des faits nouveaux sont survenus depuis la décision
portant sur la compromission;».
Cet amendement vise à clarifier le rôle du
réviseur lorsque des faits nouveaux sont portés à l'attention du directeur de la protection de la jeunesse.
Actuellement, il existe des interprétations divergentes quant au rôle du
réviseur dans cette situation et cela peut créer un obstacle à l'accès et à la
qualité des services en protection de la jeunesse.
Donc, le fait, c'est que, souvent, on nous
disait qu'il fallait retourner, recommencer le processus, tandis que, là, si
l'enfant est déjà suivi à la protection de la jeunesse, on veut que le
processus puisse se continuer sans répétition.
Le
Président (M. Provençal)
:
Est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement déposé par M. le
ministre? S'il n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix de l'amendement introduisant l'article 33.1. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Donc, l'article 33... le nouvel
article 33.1... l'amendement, excusez, est adopté tel que libellé.
Maintenant, nous allons revenir à
l'article 5.
Une voix :
...
Le
Président (M. Provençal)
: 5. On va
revenir à l'article 5, et là on repart de l'article 5, puis je me
rends jusqu'à 63. On va, si le temps nous le permet, faire le préambule et on
terminera avec 64. Ça va? Alors, article 5, c'est un... Excusez-moi, je
vais juste prendre le temps de...
(Consultation)
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, j'ai besoin du consentement pour réouvrir l'article 5.
Consentement? Maintenant que l'article 5 est réouvert... Excusez, je vais
juste vérifier mes notes pour être sûr de... Nous avions un amendement qui est
déposé par M. le ministre à l'article 5.
• (18 h 20) •
M. Carmant :
Oui. Merci, M. le Président. Donc, l'amendement se lit comme suit :
2° dans le
deuxième alinéa :
a) par l'insertion,
après «milieu familial,», de «incluant les conditions
socioéconomiques dans lesquelles
il vit,»;
b) par la suppression
de la dernière phrase.
Cet amendement
propose de prendre notamment en considération les conditions socioéconomiques
dans lesquelles l'enfant vit dans la
détermination de son intérêt. Et ça, ça faisait suite à la demande du député de
René-Lévesque, où on avait une
considération particulière au phénomène ethnoculturel. Il nous avait soulevé
l'enjeu, là, des conditions socioéconomiques qui varient dans certaines
régions, donc qu'on avait appuyées.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui, Mme la députée
de Joliette.
Mme Hivon :
Oui. Je pense que c'est un amendement important, et donc que mon collègue
avait suggéré, donc j'apprécie, je pense que c'est une avancée de pouvoir le
reconnaître noir sur blanc dans la loi.
Le Président
(M. Provençal)
: Est ce qu'il y a
d'autres interventions sur l'amendement de M. le ministre à l'article 5?
S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté. Maintenant,
est-ce que l'article 5, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté?
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté. Merci.
Article 6... Alors, consentement pour réouvrir l'article 6?
Des voix :
Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: Maintenant, j'invite
M. le ministre à nous lire son amendement à l'article 6.
M. Carmant :
L'article 6... l'amendement se lit comme suit :
Insérer,
après l'article 4 de la Loi sur la protection de la jeunesse, proposé par
l'article 6 du projet de loi, le suivant :
«4.0.1. Lorsqu'un
enfant est retiré de son milieu familial, le maintien de l'enfant avec sa
fratrie dans un même milieu de vie substitut doit être favorisé à condition que
cela soit dans l'intérêt de cet enfant.»
Cet amendement vise à
favoriser le maintien de l'enfant avec sa fratrie dans un même milieu de vie
substitut, si c'est dans son intérêt, ce qui fait suite à la demande de la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, M. le Président, puis sur lequel on s'était
finalement entendus, au niveau des Premières Nations, et qu'on vient inclure à
tous les enfants du Québec.
Mme Weil :
Oui, alors est-ce que le ministre va me l'accorder, comme on fait souvent quand
c'est proposé? Parce que je... question de maternité, là.
M. Carmant :
Si elle veut en prendre la maternité, je n'ai aucune objection.
Mme Weil : Oui, parce que ça a toujours été un enjeu que je considérais important,
là, cet enjeu. Alors, je remercie le
ministre d'avoir apporté cet amendement et aussi, évidemment, dans le cas des
autochtones, des Premières Nations.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, est-ce que l'amendement déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce
à l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté. Ça va?
Est-ce que maintenant l'article 6, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Merci. Je fais juste une vérification d'usage. Je pense qu'on serait rendus à
l'article 17.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, nous allons à l'article 17. Je vous
demande le consentement pour réouvrir l'article 17 qui avait été suspendu.
Consentement? Merci.
Maintenant, à l'article 17, il y avait un
amendement qui avait été déposé par le député de Jean-Lesage, que je vais
projeter maintenant à l'écran. Alors, est-ce que, M. le député de
Laurier-Dorion, vous pouvez prendre la parole?
M. Fontecilla : Oui, M. le
Président. Donc, je suis... Rapidement, c'est un article court, que «le
directeur national de la protection de la jeunesse, nommé par un vote au 2/3
des membres de l'Assemblée nationale, exerce outre les responsabilités qui lui
incombent en vertu de cet article, les suivantes».
Il nous paraît que c'est important que le
directeur ou la directrice nationale de la protection de la jeunesse soit nommé
par l'Assemblée nationale parce que ça lui donne une base, une légitimité
beaucoup plus importante que si la personne est nommée par le gouvernement. Non
pas que la personne qui est nommée par le gouvernement ne soit pas légitime, ce
n'est pas du tout le cas, mais c'est évidemment une base.
Le fait d'être nommé par l'Assemblée nationale à
deux tiers, en plus, là, ça lui permet d'avoir un ascendant, une voix
politique, là, beaucoup plus importante dans l'ensemble de la société
québécoise, telles que d'autres personnes qui sont nommées à des postes
importants. Je pense à la Commission des droits de la personne et des droits de
la jeunesse et le Protecteur ou la Protectrice du citoyen, etc., le
Vérificateur ou la Vérificatrice générale.
Donc, ça permet d'avoir... que la personne qui
occupe cette fonction-là a une capacité d'influence plus grande, et sa parole
est beaucoup plus importante que si la personne avait été nommée par le
gouvernement. Je vous rappelle qu'en général la commission Laurent avait
signalé l'absence de voix politique des enfants, au Québec, et effectivement,
parce que les enfants ne votent pas. Et l'effet de donner... d'asseoir la
légitimité du directeur ou directrice de la protection de la jeunesse sur un
vote à deux tiers de l'Assemblée nationale permettra de donner une voix
politique très importante à cette personne-là. Et donc, voilà, la nécessité de lui
donner beaucoup plus de poids, là, à cette fonction-là qu'il n'en a en ce
moment. Voilà.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : Oui. M. le
Président, on a eu ce débat à plusieurs reprises, là, tout au long du projet de
loi. Encore une fois, les fonctions de la directrice nationale viennent
directement du rapport de la commission Laurent, la commission sur laquelle
vous avez siégé, et qui nous demande que celle-ci ait un rôle de sous-ministre
adjoint. Donc, la nomination doit être faite telle qu'elle est actuellement. Je
comprends l'importance, là, de ce rôle plus global, que vous voyez, mais je le
verrais beaucoup plus pour le futur commissaire que pour la directrice
nationale, dont la fonction de sous-ministre est fondamentale à son rôle
qu'elle joue dans le réseau de la santé.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Fontecilla : Dernier
élément, M. le ministre. Il a été constaté par la commission Laurent que la
réforme du système de santé et de services sociaux, en 2015, avait fait en
sorte, en quelque sorte, de faire perdre un peu le profil, je vais m'exprimer
ainsi, là, de la protection de la jeunesse au sein de la grande structure des
services de santé et services sociaux. Et il était important de... même que
ça... il y a plusieurs personnes qui l'ont suggéré, de refaire l'opération des
fusions de services de protection de la jeunesse avec les CISSS et les CIUSSS,
de les défusionner, en quelque sorte. Mais cette proposition-là va dans ce...
non pas... va dans le sens, là, de leur donner un profil organisationnel plus
clair à la direction de la protection de la jeunesse. Voilà.
M. Carmant : Oui. Juste pour
dire qu'on est bien d'accord là-dessus, là, 2015, ça a fait très mal à la
protection de la jeunesse. Ce qu'on est venus faire, on est venus lier la
direction de la protection de la jeunesse au P.D.G., et qui doit se rapporter
également au C.A. de l'établissement — ce qu'on parlait, de sortir
la DPJ du sous-sol. Et aussi on jugeait
qu'une réorganisation puis de tout ressortir, ça aurait été très difficile,
aurait été un changement de structure qu'on ne veut pas faire pour le
moment.
Une voix : ...
M. Carmant : Exactement. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement du député de Laurier-Dorion? S'il n'y a pas
d'autre...
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Alors, Mme la secrétaire, s'il
vous plaît.
La Secrétaire : Pour,
contre, abstention. M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla : Pour.
La Secrétaire : M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire : Mme Blais
(Abitibi-Ouest)?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Contre.
La Secrétaire : M. Caron
(Portneuf)?
M. Caron : Contre.
La Secrétaire : Mme Guillemette
(Roberval)?
Mme Guillemette : Contre.
La Secrétaire : Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Abstention.
La Secrétaire : Mme Hivon
(Joliette)?
Mme Hivon : Pour.
La Secrétaire : Et M. Provençal
(Beauce-Nord)?
• (18 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors, l'amendement
déposé par le député de Laurier-Dorion est rejeté. Maintenant, est-ce que l'article 17,
tel qu'il avait été amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Provençal)
:
Adopté. Merci. Maintenant, j'ai
besoin du consentement pour ouvrir l'article 20. Et il y a un amendement qui avait été déposé aussi
par la députée de Bourassa-Sauvé. Donc, consentement pour ouvrir l'article 20? Consentement. Maintenant, nous
allons à l'amendement qui avait été déposé par la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Weil : Oui, c'est bien ça.
Écoutez, j'ai suivi les débats à ce moment-là, donc, évidemment, c'est suite, je crois bien, aux recommandations de la
Commission spéciale sur les droits des enfants, c'est-à-dire qu'il faut
rapidement accélérer le processus
d'adoption. Je n'ai pas de souvenir s'il y a eu des débats ou discussions,
parce que je regardais...
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Weil : Donc,
essentiellement, la réponse du gouvernement par rapport à cet amendement... Et
c'était bien dans le cadre, hein, des recommandations de la commission Laurent,
la recommandation d'aller rapidement? Et est-ce que, donc, c'est bien reçu, cet
amendement qui est proposé, selon le projet de vie, donc, demander au tribunal
de déclarer un enfant admissible à l'adoption pour accélérer?
M. Carmant : Bien, on n'était
pas prêts à faire d'ajouts additionnels. On avait parlé des délais maximaux, on
avait parlé également de la suite des choses, mais on n'était pas prêts à aller
plus loin que là où on en était rendus.
Mme Weil : Quels
seraient les enjeux d'aller plus loin, la problématique? C'est que l'analyse
n'est pas complète?
M. Carmant : C'est
ça. Donc, on a modifié 91. Donc, ça couvrait pas mal ce qui est écrit ici. Et
ces modifications-là n'étaient pas
non plus situées au bon endroit, parce qu'ici on est dans le rôle de... Puis on
a fait les modifications dans 91.
Mme Weil :
Est-ce que l'esprit, l'intention ou la recommandation de la commission
Laurent est finalement repris ailleurs? C'est ce que vous dites?
M. Carmant :
Dans 91.
Mme Weil :
O.K. Donc, dans 91. Ah! c'est ça, donc il était suspendu en attendant
l'étude de 91.
M. Carmant :
Les changements de 91. Ça doit être ça.
Mme Weil :
Très bien. Ça répond à la question, oui.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention...
Mme Weil :
...par appel nominal quand même.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Par appel nominal, oui. Mme la secrétaire.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil :
Pour.
La Secrétaire :
M. Carmant (Taillon)?
M. Carmant :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
La Secrétaire :
Mme Boutin (Jean-Talon)?
Mme Boutin :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Blais (Abitibi-Ouest)?
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Contre.
La Secrétaire :
M. Caron (Portneuf)?
M. Caron :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Guillemette (Roberval)?
Mme Guillemette :
Contre.
La Secrétaire :
M. Fontecilla (Laurier-Dorion)?
M. Fontecilla :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme Hivon :
Abstention.
La Secrétaire :
M. Provençal (Beauce-Nord)?
Le
Président (M. Provençal)
: Absention.
Donc, l'amendement proposé par la députée de Bourassa-Sauvé est rejeté. Maintenant, est-ce que
l'article 20... est-ce qu'il y a des interventions sur l'article 20,
de nouvelles interventions? S'il n'y a pas de nouvelle intervention,
est-ce que l'article 20 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci. Je vous
invite maintenant à l'article... Nous allons à l'article 53.1, et
53.1 est un amendement. Donc, c'est un nouvel article qui est introduit par
amendement par M. le ministre.
M. Carmant :
Oui, M. le Président. L'amendement se lit comme tel : Insérer, après
l'article 53 du projet de loi, le suivant :
53.1. Cette loi
est modifiée par l'insertion, après l'intitulé de la section IV du
chapitre V, de l'article suivant :
«130. Le
ministre de la Justice peut, par règlement, modifier une règle de procédure
applicable lors d'une intervention judiciaire prévue au chapitre V ou une
règle de procédure prévue à tout autre article que le ministre de la Justice est chargé d'appliquer en vertu de
l'article 156 ou en adopter une nouvelle afin de procéder à un projet
pilote dans les districts judiciaires qu'il indique. Le règlement fixe
la durée du projet pilote, laquelle ne peut excéder trois ans.»
Ce nouvel article
habilite le ministre de la Justice à mettre en oeuvre des projets pilotes par
lesquels il modifierait les règles de procédure prévues à la loi ou par
lesquels il en édicterait de nouvelles.
Ces projets pilotes
permettraient d'évaluer l'impact des règles de procédures nouvelles ou
modifiées avant d'en proposer le changement de façon permanente à la loi.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Est-ce... Oui, Mme la députée de Joliette. Excusez, j'étais
en train de...
Mme Hivon :
On parle de quel type de règles de procédure et dans quel contexte? Je dois
vous dire que c'est assez particulier, qu'un ministre de la Justice puisse changer
à sa guise des règles de procédure par règlement. Donc, j'essaie de comprendre
de quel type de règles de procédure est-ce... J'imagine qu'on ne parle pas de
règles du code de procédure, qui est un code sur lequel on a travaillé il y a
quelques années assidûment. Donc, je ne vois pas comment on pourrait changer
une loi par règlement. Sinon, c'est les règles de pratique de la cour. Ça, ce
n'est pas de sa juridiction. Donc, est-ce qu'on peut me dire de quelles règles
on parle?
M. Carmant :
Bien, je passerais... M. le Président, je passerais la parole à
Me Legendre.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Me Dumas-Legendre, s'il vous plaît.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Oui. Hélène Dumas-Legendre,
avocate-légiste au ministère de la Justice. Donc, ici, essentiellement, on
parle effectivement de règles de procédure. Donc, il s'agit de règles comme des
délais. Donc, on pourrait, dans le cadre d'un projet pilote, venir ajuster des
délais. On parle aussi, par exemple, de mode de signification qu'on pourrait vouloir changer pour tester un nouveau mode
de signification, tester une nouvelle façon de signifier des procédures. On pourrait s'en servir aussi pour ajouter, ou
forcer, ou proposer des règlements alternatifs... des modes alternatifs
de règlement des conflits, donc une médiation particulière, une nouvelle forme
de médiation.
Et c'est une
disposition qui s'inspire de l'article 28 qui existe actuellement dans le Code
de procédure civile et qui permet au
ministre de la Justice de faire exactement la même chose, mais avec la
procédure du Code de procédure civile, avec des règles de procédure du
Code de procédure civile.
Le Président
(M. Provençal)
: Mme
la députée.
Mme Hivon :
Alors qu'ici les règles de procédure qui sont visées sont des règles de
procédure strictement reliées à la protection de la jeunesse.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Tout à fait.
Mme Hivon :
Qui sont prévues dans la loi, dans la présente loi.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Dans la loi, oui.
Certaines règles... En fait, devant la chambre de la jeunesse, les règles du Code de procédure civile
s'appliquent aussi. Il y a un article, c'est 85, dans ce coin-là, qui nous dit
quelles règles du Code de procédure civile
s'appliquent aussi en protection de la jeunesse. Et la loi prévoit aussi des
dispositions particulières pour des procédures ajustées ou adaptées, si
vous voulez.
Mme Hivon :
Puis, dites-moi, l'article 28 auquel vous faites référence, est-ce
qu'il a déjà été utilisé? Est-ce qu'il y a déjà eu des modifications de règle
de procédure par règlement?
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Très rarement. J'ai
deux exemples. J'ai notamment le règlement... non, attendez, qui n'est
plus en vigueur...
Mme Hivon : Vous
étiez préparée, hein, pour cette question-là? Je sens que vous avez tous vos
exemples sous la main.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Juste une petite seconde. Donc,
on avait un règlement établissant un projet
pilote de médiation obligatoire pour le recouvrement des petites créances
découlant d'un contrat de consommation. Donc, ça a déjà été adopté, là, un règlement du ministre. Évidemment, ça
dure... ça a une durée dans le temps, maximum trois ans, le
règlement le détermine, et ça permet de tester certaines règles de procédure
différentes, et, en bout de piste, de décider, si on modifie la loi, si ça a
été efficace, et on choisit de modifier la loi.
Mme Hivon : Donc,
à ce jour, ça a été utilisé une seule fois, si je comprends bien, en matière de
petites créances.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Oui, c'est ce qu'on a trouvé.
Mme Hivon : O.K. Puis, est-ce
qu'on a en tête le type de projets pilotes pour lesquels on voudrait une telle
disposition? Parce qu'on peut montrer une ouverture, mais c'est certain que,
quand on est dans l'opposition, en général, des pouvoirs extraordinaires comme
ceux-là où un ministre peut venir changer une loi par règlement, c'est quand
même un gros geste de délégation de pouvoir, dans le fond, du législatif à
l'exécutif. Donc, il faut être extrêmement prudent quand on fait ça. Alors,
j'essaie juste de comprendre qu'est-ce qu'on a en tête. Si on dit : Bien,
on va se donner ce pouvoir-là parce que ça peut bien être utile un jour, mais
j'imagine que, si on fait ça, du moins, j'espère, c'est parce qu'on a déjà en
tête certains types de projets pilotes qu'on voudrait peut-être tester.
M. Carmant : On a eu l'exemple
du projet de médiation, dont on a parlé un peu plus tôt, mais finalement qui
avait déjà eu cours, mais... Là, c'est ce style de projet alternatif pour
diminuer la judiciarisation qui est surtout visé par le ministre, par mon
collègue.
Mme Hivon : Donc, c'est surtout
pour avoir des projets pilotes de médiation.
M. Carmant : C'était l'exemple
qui m'a été nommé.
Mme Hivon : O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il d'autres interventions? Mme
la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
• (18 h 40) •
Mme Weil : J'allais dans le
même sens, c'est de comprendre l'objectif, donc de rendre le système,
peut-être, d'un projet pilote pour rendre le système plus fluide. On sait que
les délais sont épouvantables en protection de la justice, c'est ce que les
avocats me disent. Et on parle du temps de l'enfant et l'importance d'avoir un
projet de vie, et tout ça. Et tout bloque à la justice, alors ils vont dans
différents districts judiciaires pour trouver un juge. Des fois, ils tombent
sur un autre juge qui ne connaît pas le dossier et ils veulent le juge... Bon, il
y a tout ça qui se passe. Donc, est-ce que c'est pour accélérer? Est-ce que
c'est pour rendre le système, donc, un projet pilote pour tester des façons de
rendre le système plus efficace?
Parce qu'en effet c'est évident, les règlements
peuvent être très dynamiques pour tester des idées, mais, en même temps, c'est
un transfert vers l'exécutif. C'est sûr qu'on est prudents là-dessus. Mais je
pense que l'important, c'est de comprendre l'objectif ici pour dans le...
comment dire, pour le bien du système de protection de la jeunesse, qu'on
comprenne la vision qu'il y a derrière ça. J'ai évoqué celui de rendre l'accès
à la justice, essentiellement, hein, tout le grand dossier de l'accès à la
justice, et, les délais, de réduire, qu'il y aurait des projets pilotes,
peut-être, qui pourraient tester des nouvelles façons de faire. La médiation
est un exemple, en effet.
M. Carmant : Et, comme vous
dites, les délais à la cour sont extrêmement longs. Donc, tout effort pour
diminuer tout ce qui est judiciarisation pourrait rentrer dans cette
perspective de projet pilote.
Mme Weil : M. le Président,
est-ce que le Barreau a été consulté ou est-ce que le Barreau serait consulté
dans ce dossier-là? Parce que le Barreau avait aussi parlé de ce problème
d'accessibilité à la justice.
M. Carmant : Je passerais la
parole... Me Dumas-Legendre devrait venir m'aider. Ça, je ne sais pas
quelles démarches ont été faites.
Le Président (M. Provençal)
: Me Dumas-Legendre, s'il vous
plaît. Est-ce que vous avez compris ce que Mme la députée vient de dire?
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Non. S'il vous plaît, est-ce
qu'on pourrait...
Mme Weil : Bien, je comprends
que vous ne pouvez pas avoir de discussion avec le Barreau avant, là. Mais,
dans les commentaires du Barreau, notamment la commission spéciale, et
peut-être éventuellement le Barreau qui pourrait jouer un rôle, peut-être juste
nous parler de comment le Barreau pourrait s'impliquer dans... Parce qu'on parlait du système judiciaire, là, et le problème des
attentes, et le manque de tribunal, et le manque, en fait, de temps, que c'est
bondé actuellement, et donc c'est très au ralenti actuellement. C'est ce qu'on
me dit, c'est ce qu'on nous dit. Alors, c'était de voir si le Barreau est à
quelque part dans les discussions qui ont eu lieu.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Oui. Alors, oui, effectivement, quand on envisage
des modifications à la Loi sur la
protection de la jeunesse, on réfère
souvent aux experts, le ministre... le ministère de la Justice consulte des
experts, notamment par le biais du comité
permanent, et le Barreau fait partie des experts, là, qui sont effectivement
consultés.
Mme Weil : Donc, l'objectif,
ici, c'est de tester des projets pilotes qui rendraient le système plus fluide,
plus efficace, et tout ça, et qu'éventuellement, dans ces projets pilotes, les
experts de procédure et fluidité du système de justice seraient impliqués pour
concevoir ces projets pilotes.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Tout à fait, pour les
concevoir, pour analyser les résultats, donc l'efficacité des mesures qu'on a
testées pour ensuite recommander...
Mme Weil : Les implanter.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : ...une modification à la loi après avoir éprouvé,
disons, les nouvelles mesures.
Mme Weil : Oui, c'est très
bien.
Le Président (M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre... Oui,
excusez, excusez, je ne vous avais pas vu.
Une voix : C'est mon collègue.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, M. le
Président. Je me pose la question et, effectivement, je suis sensible à
l'argument de la collègue de Joliette, là, concernant l'octroi des pouvoirs
supplémentaires, donc la possibilité de changer des lois par règlement, là. Et
n'y aurait-il pas lieu de donner des indications dans la loi, là, sur... dans
des domaines où on voudrait appliquer cet article-là? On a nommé la question
des délais, ça m'apparaît tout à fait admissible, et, d'autre part, la question
de la médiation. Donc, je pose la question à M. le ministre : N'y
aurait-il pas lieu de dire : Notamment dans le domaine de la... ou... je
ne sais pas, ou... je n'ai pas la formulation, mais d'accélérer les délais ou
de la médiation? Particulièrement la médiation. Je pose la question.
M. Carmant : Est-ce qu'on peut
suspendre M. le... Moi, je peux en discuter avec les équipes de suspension.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Suspension.
(Suspension de la séance à 18 h 45)
(Reprise à 18 h 52)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, M.
le ministre, vous avez consulté vos juristes pour donner une réponse à M. le
député de Laurier-Dorion.
M. Carmant : Oui. Alors, un,
pour tenir compte de ce que le député de Laurier-Dorion a dit, je proposerais
d'ajouter que ces circonstances seraient pour faciliter l'accès à la justice et
diminuer les délais en protection de la jeunesse.
Le Président (M. Provençal)
: M. le... oui, allez-y.
M. Fontecilla : Oui. Tout à
fait, faciliter la... ça me paraît bien, et j'ai... Diminuer les délais, vous
avez dit?
M. Carmant : Exact.
M. Fontecilla : C'est
essentiel, surtout dans le domaine de la protection de la jeunesse, pas que les
délais ne soient pas importants pour les adultes, là, mais, pour les jeunes, ça
apporte un impact supplémentaire, ces délais-là qui sont extrêmement longs. Par contre, je me pose la question, l'autre
sujet qui a beaucoup fait l'objet de discussions dans la commission Laurent, c'est les différents types ou avenues de
médiation. Et, quand vous faites allusion à l'accès à la justice, c'est
un principe extrêmement large, auquel je souscris bien évidemment, mais,
justement, peut-être, le problème, c'est que, s'il est trop large, il n'est
pas... il n'est pas assez précis, là, alors que moi, j'allais du côté de la
médiation, là. Donc, je vous...
M. Carmant : C'est
ça.
M. Fontecilla : ...si vous
pouviez nous expliquer qu'est-ce que vous entendez par accès à la justice.
M. Carmant : C'est... Ce qu'on
voulait, c'est, encore une fois, ne pas se fermer de portes si jamais d'autres
types de procédures peuvent être implantées pour faciliter l'accès à la
justice, et non pas se limiter juste aux projets de médiation, qui sont déjà...
dont un type est déjà en place.
Donc, vraiment, l'intention serait de faciliter
l'accès à la justice et réduire les délais judiciaires en protection de la
jeunesse.
M. Fontecilla : Donc, dans
votre esprit, l'accès... faciliter l'accès à la justice, ça comprend la
médiation et d'autres moyens qui pourraient éventuellement surgir.
M. Carmant : Tout à fait.
Exactement.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Oui, M. le
Président. Je suis allée lire l'article 28 dans le Code de procédure
civile, dont on s'inspire ici. Je dois vous dire que c'est quand même beaucoup
plus encadré que ce qu'on voit là, hein? Donc, ça nous dit que «le ministre de
la Justice peut, par règlement, après avoir pris en considération les effets du
projet sur les droits des personnes et obtenu l'accord du juge en chef du
Québec ou du juge en chef de la Cour supérieure ou de la Cour du Québec, selon
leur compétence, et après avoir pris l'avis du Barreau du Québec et, le cas
échéant, de la Chambre des notaires du Québec ou de la Chambre des huissiers
[...] du Québec».
Donc, évidemment, on n'est pas exactement à la
même place. Mais moi, je dois dire que je pense qu'il est impératif qu'il y ait
une consultation et un accord. Et moi, je vous dis ce que je vois, là, pour
l'instant. D'ailleurs, je ne comprends pas que le ministre puisse... de la
Justice puisse faire ça seul, sans consulter son collègue responsable comme
ministre de la Protection de la jeunesse ou, minimalement, la directrice
nationale, ensuite le juge en chef de la Cour du Québec, parce que ce sont des
dossiers à la Cour du Québec, et le Barreau. Parce que, là, sinon, là, c'est
vraiment un chèque en blanc avec une mesure. On s'imagine que, normalement, on
n'ira pas implanter quelque chose avec lequel le milieu ne serait pas d'accord.
Mais, quand on voit comment c'est encadré, puis avec raison, parce que c'est exorbitant,
le pouvoir qu'on délègue du législatif à l'exécutif là-dedans, je pense qu'il
faut que ce soit beaucoup plus encadré que ce qu'on a devant nous.
Et puis j'ai un gros malaise que le ministre
responsable de la Protection de la jeunesse ne soit pas mis dans le coup, que
ce ne soit pas prévu expressément, qu'il donne son accord, même chose pour juge
en chef et Barreau. Puis j'ai d'autant plus un malaise qu'on n'a pas pu
consulter les gens sur ça. Donc, ça peut avoir l'air formidable de faire toute sorte
de projets pilotes, là, pour tester des choses, mais encore faut-il qu'il y ait
des contre-pouvoirs quand on confère un poids aussi important.
Donc, moi, je suggérerais peut-être qu'on le
suspende et puis qu'on... On a d'autres choses encore à finir pour ne pas... Si
le ministre est ouvert à analyser les possibilités, là.
M. Carmant : Oui.
Mme Hivon : Parce que je
comprends qu'il n'est pas seul pour ça, parce que ça interpelle son collègue,
là, mais... C'est lui... C'est le ministre, évidemment, délégué aux Services
sociaux, à la Protection de la jeunesse qui a l'expertise. Donc là, je
comprends que c'est pour l'application des règles plus justice...
M. Carmant : Judiciaires.
Mme Hivon : ...les délais, puis
tout ça. Mais, sur le fond des choses, il ne faut pas qu'il y ait des impacts
négatifs qui ne seraient pas bien évalués par le ministre de la Justice et qui
ont trait plus à l'expertise du ministre, et de la cour, et du Barreau. Donc, c'est
la proposition que je ferais à ce stade-ci.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça veut dire que vous
allez déposer un amendement?
Mme Hivon : Bien, en fait,
éventuellement, si le ministre ne prend pas ça en délibéré et, lui-même, amène
des amendements, je vais déposer un amendement. Mais la proposition que je
faisais, pour ne pas retarder nos travaux, c'est qu'on le suspende et qu'on
poursuive avec les autres éléments qui restent à discuter.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre, est-ce que
vous êtes d'accord pour suspendre, et on poursuivrait avec les autres articles?
M. Carmant : Oui. Je crois que
je suis prêt à suspendre, M. le Président, puis à passer à un autre article.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement pour suspendre?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. J'ai besoin du consentement
maintenant pour aller à l'article 54.1. Consentement? Alors, à
l'article 54.1, M. le ministre...
M. Carmant : Oui.
Donc, l'article 54.1 se lit comme suit : Insérer, après
l'article 54 du projet de loi, le suivant :
54.1. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 132, du suivant :
«133. Le ministre de la Santé et des Services
sociaux peut, par règlement, mettre en oeuvre un projet pilote relatif aux
responsabilités du directeur visées par les dispositions de la section II
du chapitre III ou à l'intervention sociale visée par les dispositions
[...] chapitre IV ou du chapitre V.1 dans le but d'étudier,
d'améliorer ou de définir des normes et obligations applicables en ces
matières.
«Un tel règlement prévoit les normes et
obligations applicables dans le cadre d'un projet pilote, lesquelles peuvent
différer de celles prévues par les dispositions visées au premier alinéa. Il
prévoit également les mécanismes de
surveillance et de reddition de comptes applicables au projet ainsi que sa
durée, laquelle ne peut excéder trois ans.»
Cet amendement vise à habiliter le ministère de
la Santé et Services sociaux à mettre en oeuvre, par règlement, des projets
pilotes dans le but d'étudier, d'améliorer ou de définir des normes et
obligations applicables, à l'intervention sociale ou aux responsabilités du
directeur de la protection de la jeunesse, lesquelles peuvent différer de
celles prévues en ces matières dans la loi.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions? Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui. Alors,
qu'est-ce qu'on vise ici? Donc, chapitre II, c'est le directeur de la
jeunesse, c'est bien ça? Donc, du directeur visé par les dispositions de la
section, mettre en oeuvre un projet pilote relatif aux... Donc, qu'est-ce qu'on
vise ici?
M. Carmant : Alors,
c'est de modifier certaines pratiques qui sont difficiles à changer parce que,
par exemple, les contentieux de certaines régions ne vont pas dans le
même sens. Donc, on voudrait pouvoir projeter des projets pilotes sur certaines
conditions ou avec certains groupes qui nous permettraient, avant d'étendre les
changements à la loi, de faire des projets pilotes, sur une durée maximale de
trois ans, auprès de certains groupes.
• (19 heures) •
Mme Weil : Donc,
on touche à l'intervention sociale, d'une part, et, sinon, section II du
chapitre III, c'est quelles dispositions?
On parle de quelles dispositions? Je vois «l'intervention sociale, visée par
les dispositions du chapitre IV». Qu'est-ce qu'on vise... Donc, les
responsabilités du directeur visées par les dispositions... donc, c'est
plusieurs éléments qu'on veut tester... «du
chapitre IV [...] dans le but d'étudier, d'améliorer ou de définir [les]
normes et obligations applicables». Oui, je pense que ça prend
peut-être...
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui.
Par exemple, si on veut faire des interventions, par exemple, avec certaines Premières Nations, qui sont distinctes de
ce qu'on peut faire, cet amendement nous permettrait, par exemple, de le faire,
pour faire des projets pilotes.
Mme Weil : Mais on parle alors
des responsabilités du directeur en particulier, ou l'intervention sociale,
dans le but...
Le Président (M. Provençal)
: Alors, maître... Mme Lemay.
Mme Lemay
(Catherine) : Bien, par exemple, à l'heure actuelle, là... Parce
qu'il ne faut pas se priver d'innovation dans un contexte où les
personnels sont réduits, puis les défis sont nombreux. Mais une des choses qui
serait visée, c'est de venir agir en amont de la protection de la jeunesse et
se donner tous les leviers possibles pour... à l'étape de la rétention du
signalement. Donc, voir s'il y a des options qu'on peut prendre en charge
différemment de ce que la loi prévoit pour essayer d'autres choses, puis,
ultimement, améliorer et venir circonscrire davantage les dossiers qu'on
retiendrait à l'étape...
Mme Weil : ...du signalement.
Mme Lemay (Catherine) : ...du
signalement. Et, plus tard, dans l'intervention comme telle, la commission
Laurent prévoyait un rôle de réviseur élargi pour pouvoir partager avec plus
que seulement les gens de l'application des mesures, donc confier à des
organismes communautaires, confier à des gens qui ont déjà un suivi en
proximité en CLSC, l'autorisation en protection de la jeunesse. Alors, ça se
fait de façon marginale. Si on avait... on dédouanait, dans un projet pilote,
d'essayer ça de façon plus structurée, peut-être qu'éventuellement ça pourrait
devenir un amendement spécifique dans la loi, puis élargir cette possibilité-là
de délégation de suivi.
Mme Weil : Dans ça, est-ce que
vous voyez la première ligne, les organismes communautaires, etc.?
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant : Oui. Un bel
exemple qu'on a, par exemple, c'est au Bas-Saint-Laurent, où la directrice de
la protection de la jeunesse est également
directrice jeunesse, donc elle, elle est capable de gérer toute l'activité
jeunesse sur son territoire. Puis le Bas-Saint-Laurent, c'est vraiment une des
régions où les choses vont le mieux au niveau de la protection de la jeunesse.
Mais certains endroits ne permettraient pas cette souplesse-là, par exemple, au
niveau de la rétention, de rediriger un patient vers des services de première
ligne par quelqu'un de la protection de la jeunesse.
Mme Weil : Et,
par rapport au signalement, qu'est-ce que vous envisagez, c'est-à-dire qu'il y
a un signalement, mais que vous pouvez peut-être intervenir autrement?
Comme j'ai déjà entendu, quand la DPJ remarque que c'est peut-être une question
qu'on pourrait régler, hein...
M. Carmant : Exact.
Mme Weil : ...donc,
l'exemple de la diversité surtout, là, mais compréhension de peut-être
certaines pratiques, et j'ai eu
l'occasion d'en parler dans un cas. Donc, la DPJ pourrait dire : Bon, là,
je pense qu'on sait c'est quoi, le problème. On va voir si le milieu
puisse prendre en charge cette famille, c'est-à-dire avec un accompagnement,
puis on évite puis c'est de la... bien, prévention secondaire peut-être.
M. Carmant : C'est exactement
ce que font le groupe du Bas-Saint-Laurent, par exemple.
Mme Weil : D'accord. Est-ce
qu'il y aurait lieu peut-être de rendre plus clair l'objectif? Parce que c'est
positif, ce n'est pas... c'est positif et c'est constructif, on ne le sent pas
dans le libellé, dans la lecture.
M. Carmant : Bien, est-ce que
ce serait, encore une fois, ce serait pour faciliter l'accès et diminuer les
délais d'attente? C'est ce que ce serait encore...
Mme Weil : Bon. D'améliorer,
vous avez ça, d'étudier, d'améliorer ou de définir des normes.
(Consultation)
Mme Weil : Oui, vous avez responsabilités du directeur,
d'une part, un projet pilote relatif aux responsabilités du directeur ou
à l'intervention sociale visée par les dispositions.
M. Carmant : On
parle de l'application des différentes mesures qui peuvent se faire par... pas
nécessairement des gens... sous la DPJ, par
exemple. Donc, il y a d'autres modèles qui peuvent se faire ou quelqu'un... un
intervenant qui connaît l'enfant peut recevoir, se faire déléguer les droits de
faire de l'intervention.
Mme Weil : Est-ce
que le ministre... Est-ce que vous avez en tête peut-être certains exemples de
projet pilote?
M. Carmant : Alors...Bien, c'est ça, l'exemple que j'ai parlé du Bas-Saint-Laurent, où le
signalement pourrait être redirigé
vers d'autres sources. L'exemple du contentieux que la directrice nationale a
donné, ou encore l'exemple de d'autres intervenants qui peuvent faire le
suivi des patients... excusez-moi, des enfants, qui sont en mesure... en
application des mesures.
Mme Weil : D'autres
intervenants qui pourraient...
M. Carmant : Oui, venant
d'autres milieux qui ne sont pas nécessairement sous la DPJ classique.
Mme Weil : O.K. Et puis en
partenariat avec le milieu.
M. Carmant : En partenariat,
c'est ça, pour utiliser toutes les ressources disponibles dans le réseau.
Mme Weil : Pour que ce soit
plus dynamique aussi, peut-être dans le sens inclure dans l'action des éléments
de la communauté puis tout ce qui entoure l'enfant aussi.
M. Carmant : Oui, puis il y
aurait un phénomène de confiance également avec un intervenant que l'enfant
connaîtrait déjà, par exemple, ce serait une autre plus-value, là.
Le
Président (M. Provençal)
:
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, avez-vous...
Mme Weil : Moi, ça va. Je ne
sais pas si vous pourriez réfléchir, là, mais donner quelque chose dans la
phrase qui rend ça plus dynamique, parce que de ce que j'entends, ça reflète beaucoup
cette notion de village, ça prend un village, et on a
beaucoup entendu ça dans les recommandations de la commission Laurent. Je ne
sais pas si j'ai raison, mais est-ce qu'on voit ici aussi un effort de mettre
en application les recommandations... cet aspect des recommandations qui
touchait vraiment la première ligne, qui touchait les organismes
communautaires, et tout, où la DPJ n'a pas vraiment nécessairement de rôle ou
d'obligation, mais qui, nécessairement, a des entrées, soit avec le milieu scolaire,
le milieu communautaire? Je vois un peu ça dans cet article, mais je ne sais
pas s'il y avait moyen de le rendre plus... qu'on puisse mieux le comprendre.
Moi, je le comprends parce qu'on en a beaucoup parlé, tout
ça.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, moi, je suis
prêt à écouter les autres, peut-être, et puis on va voir comment on pourrait le
clarifier, là, s'il y a quelque chose qui...
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres...
M. Carmant : ...ferait
consensus.
Le Président (M. Provençal)
: ...Mme la députée de Joliette aurait
une intervention.
Mme Hivon : ...toujours
la même chose, dans le fond, extrêmement large. Là, je comprends qu'on est
évidemment dans les dispositions particulières aux autochtones. C'est pour
l'ensemble.
M. Carmant : ...notamment les
autochtones, oui.
Mme Hivon : Oui.
M. Carmant : Ça peut être des
projets pilotes pour d'autres personnes, pour d'autres communautés aussi.
• (19 h 10) •
Mme Hivon : Mais je ne sais pas
si... C'est parce qu'on est en train de refaire une loi. Puis là on se dote d'une loi à jour, actualisée, avec les bons
principes. Puis là on vient dire que, par projet pilote, le ministre pourrait,
dans le fond, passer outre toute... toute
règle, dans le fond, qui est prévue à cet article-là. Donc, j'imagine que le
ministre comprend que c'est quand même particulier de dire : On est
en train de faire une loi qu'on veut la meilleure possible, adaptée aux
réalités, mais on n'est pas tout à fait complètement assez sûrs que ce qu'on
fait est vraiment bon. Donc, on va encore se
permettre d'avoir des moyens de tester des choses qui, éventuellement,
pourraient faire leur entrée dans la loi.
Donc, je pense juste que ça nécessite plus
d'explications puis plus de précisions dans l'article. Parce que mettez-vous à
notre place, on est comme en train de dire : On vote une loi avec des
belles règles puis des principes qu'on veut appliquer, mais on vient dire, en
même temps : Ça se peut qu'on veuille essayer des affaires. Donc, on veut
se donner un pouvoir très large de pouvoir passer outre à ce qu'on est en train
de voter par projet pilote.
Donc c'est sûr que, pour les mêmes raisons que
j'ai expliquées tantôt, qui étaient pour votre collègue la justice, je trouve
ça particulier. Je trouve ça extrêmement large. Et je pense qu'il faudrait, au
moins, restreindre dans le libellé ce qu'on vise avec ça, puis qui va être
consulté quand on va mettre ça en place. Puis ça touche autant les autochtones que les non-autochtones. Mais est-ce
qu'on va consulter une nation autochtone? Ça s'appliquerait. Est-ce
qu'on va... Est-ce qu'on va consulter des gens sur le terrain? Je suis vraiment
perplexe, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Évidemment que
je souscris au principe de tenter d'expérimenter de nouvelles pratiques qui
visent à faire évoluer le système de protection de la jeunesse, là. Si je comprends
bien, ici, on est carrément dans les... On est dans les opérations de la
protection de la jeunesse, là, et avec toutes les étapes que ça comprend, là.
Et, pour moi, il y a deux types
d'innovations, celles qui se produisent à l'intérieur de la boîte, la
protection de la jeunesse, là, et celles qui exigent une, comment dire,
une collaboration avec d'autres... d'autres acteurs, là, que ce soit des
acteurs étatiques, là, par exemple le système de la santé, là.
Et notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce a parlé
du fameux dicton, là, ça prend un village, là, pour élever un enfant.
Effectivement. Il faut peut-être développer des projets pilotes avec,
éventuellement, là, avec le système scolaire. Et vous avez parlé, M. le
ministre, des organismes communautaires. Mais les organismes communautaires,
c'est des entités autonomes, là, donc, on ne peut pas leur dire quoi faire, là.
Donc... ou encore plus délicat, là, tout ce qui concerne l'intervention dans...
chez les Premières Nations, là, où l'obligation de consultation est
omniprésente.
Donc, je me pose la question, puisque... Et, à
moins que les personnels de la protection de la jeunesse nous disent que ça ne
correspond pas à des collaborations avec d'autres types de réseau, n'y
aurait-il pas lieu d'inclure la nécessité des consultations, là, justement, de
concertation, de dialogue? Ma collègue de Joliette est allée dans le même sens
aussi, là, de consulter les différents réseaux avec qui on développe. Mais,
justement, peut-être que vous allez nous
dire, ça n'a rien à voir, là, mais c'est parce que, juste, encore une fois, là,
la formulation est tellement vaste qu'on a de la misère à voir sur quoi
ça concerne. Mais je suis tout à fait apte à considérer certaines modifications
qui visent certains principes, là. Si ça concerne la collaboration avec
d'autres, des entités extérieures de la DPJ, mais la nécessité de consultation,
de concertation, que sais-je, là, par exemple.
Le Président
(M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, absolument.
Je pense qu'il n'y a aucun de ces projets pilotes là qui ne va être imposé, là. Je veux dire, ça se fait en consultation
avec les partenaires et avec le réseau, ça, c'est fondamental. Puis c'était
inclus, tu sais, dans la pensée derrière cet amendement.
M. Fontecilla : Ici, c'est une
formulation très, très, très juridique, très... Ça dit ce que ça dit, et ça ne
dit... Ça dit beaucoup de choses, mais on a de la misère à l'appliquer, là. Je
vois mal l'esprit, justement, là, quand vous dites : C'est la pensée
implicite, par exemple, la question de la concertation ou la consultation. Mais
je ne vois pas cette idée-là dans cette formulation-là qui est très...
M. Carmant : D'accord. Mais, tu
sais, tout règlement qui est édicté, tu sais, fait part de consultations, de commentaires, tu sais, de... Donc, c'est... Tout
est travaillé. Puis, avant de mettre sur pied un projet pilote, il faut
clairement travailler avec les partenaires où on va implanter ce projet pilote
là. Ça, c'est quelque chose de fondamental.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, moi, compte tenu de l'heure,
la commission va ajourner ses travaux au
mercredi 6 avril, après les affaires courantes, où elle poursuivra un
autre mandat. Et, d'ici là, bien, j'invite M. le ministre, peut-être, à
réfléchir aux différents commentaires qui ont été formulés par les oppositions
sur... autant sur le 53.1 que sur le 54.1. Merci beaucoup de votre
collaboration.
(Fin de la séance à 19 h 15)