(Onze
heures vingt minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Bonjour à tous. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et
des services sociaux ouverte.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 15, Loi
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions
législatives.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Asselin
(Vanier-Les Rivières) est remplacé par M. Martel (Nicolet-Bécancour);
M. Girard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par Mme Boutin (Jean-Talon); Mme Guillemette
(Roberval) est remplacée par M. Bussière (Gatineau); M. Ciccone
(Marquette) est remplacé par M. Kelley (Jacques-Cartier); M. Derraji
(Nelligan) est remplacé par Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce); M. Marissal
(Rosemont) est remplacé par M. Zanetti (Jean-Lesage); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Ouellet (René-Lévesque).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M.
Provençal)
: Merci beaucoup.
Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous en étions à l'étude de
l'article 131.2 introduit par l'article 54 du projet de loi, et
c'était Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce qui avait la parole à ce
moment-là. Alors, je vous redonne la parole, Mme la députée.
Mme Weil : Oui.
Alors, M. le Président, on aurait un amendement, qui est déjà déposé.
Le Président (M. Provençal)
: Un amendement? Très bien.
Alors, on va suspendre pour recevoir votre amendement.
Suspension, s'il vous
plaît.
(Suspension de la séance à
11 h 21)
(Reprise à 11 h 24)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos
travaux. Alors, je vais inviter la députée de Notre-Dame-de-Grâce à nous faire part de son amendement à
l'article 54, concernant l'article 131.2. Alors, je vous invite à
nous le lire et à le commenter.
Mme Weil : Oui.
Merci, M. le Président. L'article 131.2 de cette loi, proposé par
l'article 54 du projet de loi, est modifié par le remplacement de l'alinéa
par le suivant :
«Pour l'application
du présent chapitre, est assimilé un prestataire de services de santé et de
services sociaux offerts à une communauté l'organisme autochtone qui a le
mandat d'offrir et de dispenser des services sociaux en milieu urbain pour la
communauté et qui est présent sur le territoire desservi par l'établissement
qui exploite le centre de protection de l'enfance et de la jeunesse pour lequel
oeuvre le directeur ou qui est désigné par la personne ou l'instance à laquelle
est confiée tout ou une partie des responsabilités dévolues au directeur en
vertu du régime particulier prévu à l'article 131.20 ou de toute autre
loi.»
Il me semble, «est
assimilé»... Donc, cette recommandation vient du Conseil de la nation
atikamekw, et ça explique très bien l'intention de cet amendement. Donc, le
conseil... Oui, il manque un «à» dans le texte, vous l'avez peut-être entendu,
on va le rajouter.
Donc, il considère
qu'il appartient aux autochtones de déterminer, évidemment, et d'identifier
l'organisme autochtone qui dispense des services en milieu urbain. À
l'intérieur du milieu urbain de la ville de La Tuque, c'est le CNA qui
dispense les services psychosociaux aux Attikameks. Le CNA a également entrepris
des démarches pour qu'il en soit de même pour la ville de Joliette. On voit, à
Montréal, aussi, le centre d'amitié autochtone.
«En vertu du
territoire d'application du régime particulier prévu à l'entente conclue en
vertu de l'article 37.5 de la loi — la LPJ — ce
sont les Services sociaux Atikamekw Onikam qui ont la responsabilité
d'intervenir auprès des enfants attikameks issus des communautés de Manawan et
Wemotaci qui se trouvent à La Tuque. Éventuellement, ce sera la même chose
pour les enfants attikameks se trouvant dans les limites de la ville de
Joliette.
«Or, il appert que,
dans chacune de ces villes, un centre d'amitié autochtone a pignon sur rue. Le
CNA considère qu'il n'appartient pas au directeur de la protection de la
jeunesse de déterminer l'organisme autochtone en milieu urbain qui sera appelé
à collaborer avec celui-ci. Cette décision revient entièrement aux autochtones.
«Aussi,
il n'est pas suffisant que l'organisme autochtone soit présent en milieu
urbain. Encore faut-il qu'il ait le mandat de dispenser auprès des autochtones
des services sociaux ou des services de la même nature que ceux dispensés par
le directeur.»
Alors, on voit le
point de vue.
M. Carmant :
J'ai vraiment besoin de clarifications pour comprendre un peu mieux le but
des ajouts qui ont été faits. Quelle est l'intention?
Mme Weil :
De désigner... Qu'eux puissent
désigner, donc, qu'on sent qu'il appartient aux autochtones eux-mêmes de
désigner l'organisme qui va être l'organisme en milieu urbain, comme ils le
disent dans leur mémoire, si vous avez le mémoire, et que c'est eux qui...
D'ailleurs, dans leur cas, c'est eux qui dispensent les services psychosociaux.
Donc, s'il y a un organisme, c'est aux autochtones de déterminer quel sera
l'organisme qui va dispenser les services.
Actuellement... Bien,
je pourrais vous poser une question, M. le ministre : Comment sont
déterminés, donc, ces... les... justement, ces centres-là actuellement, là?
M. Carmant :
M. le Président, je passerais la parole à la directrice nationale.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui.
Mme Lemay, je vais vous demander de vous nommer.
Mme Lemay
(Catherine) : Catherine Lemay, sous-ministre adjointe au bien-être, au
développement et à la protection de la jeunesse et directrice nationale de la
protection de la jeunesse.
Alors, dépendamment
des milieux urbains où on se retrouve, il y a des centres d'amitié autochtones
de natures différentes, qui n'offrent pas tous
les mêmes services, dépendamment où on se retrouve au Québec. Donc, il y en a
qui ont... qui offrent une gamme de services, il y en a qui offrent des
services spécifiques, d'autres qui n'offrent pas de services mais qui sont
simplement des lieux de... pour venir faire la liaison pour les autochtones qui
sont hors communauté.
Mme Weil :
Et, M. le Président, actuellement, qui désigne l'organisme? Qui désigne cet
organisme qui sera le... celui qui donne... le prestataire, celui qui donne les
services?
Mme Lemay
(Catherine) : ...de services? Alors, c'est en collaboration avec le
directeur de la protection de la jeunesse,
qui offre les services, qui s'assure... soit un jeune dans la communauté ou
hors communauté qui fait la démarche.
Mme Weil :
C'est ça. Alors donc, dans la
vision d'avoir l'autonomie, que les autochtones prennent les décisions qui les concernent, leur intervention, c'est pour
s'assurer que c'est les autochtones qui déterminent qui sera le
prestataire, donc, un peu comme l'esprit, honnêtement, l'esprit de cette
modernisation, l'esprit des débats qu'on a eus. Ça allait tout à fait dans ce
sens. Évidemment, l'autonomie totale, éventuellement. Mais le ministre, le
gouvernement souhaitait faire un pas dans cette direction d'autonomie.
Alors, eux, ils ont
repéré... Puis moi, j'ai trouvé, personnellement... On a trouvé qu'en effet ils
connaissent ces centres, ils connaissent l'étendue des services, connaissent la
qualité, etc., pas dire qu'il n'y a pas, peut-être, plusieurs, dans... Mais,
s'il y a un prestataire, qu'eux soient... que ce soient les autochtones
concernés qui puissent décider. Donc, c'est ça, leur point de vue.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant :
Je n'ai pas... Je n'ai rien à ajouter vraiment, là.
Le Président
(M. Provençal)
: Non?
C'est beau? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Merci, M. le Président. À ce moment ici, l'objectif : rassurer les
communautés autochtones que ce soient
eux-mêmes qui décident quel acteur, dans le milieu urbain, est approprié de
désigner, parce que, présentement, ils n'ont pas confiance dans notre
processus en place. Alors, ça, c'est qu'est-ce que moi, je comprends du mémoire
de la nation attikamek, c'est vraiment un mécanisme pour rassurer eux autres.
Et qu'est-ce que j'ai entendu de la directrice, c'était : Encore, ça va
être le gouvernement qui décide pour eux autres. Il n'y a aucune place,
nécessairement, pour une consultation qui va être garantie par cette loi ici et
par cet article ici.
Alors, c'est vraiment
juste de renforcer une demande qui est claire et nette. Et je rappelle... Et je
sais que le ministre est au courant, mais le Conseil de la nation atikamekw a
beaucoup d'expérience dans ce dossier. Alors, je pense que c'est mieux d'être à
l'écoute de leurs suggestions pour rassurer eux autres que c'est eux autres qui
vont décider quel organisme est approprié pour offrir ces services-là.
Le Président (M. Provençal)
: Donc, c'est vraiment dans
une notion d'autonomie, que vous discutez. M. le ministre.
• (11 h 30) •
M. Carmant :
Mais... Parce que la décision, en bout de ligne, elle revient à la famille,
aux parents, on s'entend là-dessus. Parce que je ne comprends pas pourquoi la
communauté désignerait tel centre par rapport à tel centre. Puis, si on a un
Attikamek qui habite à Montréal, je veux dire... Je ne comprends pas
l'importance, tu sais, de... Je veux dire, les centres d'amitié autochtones
sont clairement là pour desservir les populations autochtones.
Mme Weil :
...clarification. Donc, «offerts à une communauté». Donc, on peut en avoir
cinq, prestataires de services, sur le territoire, mais sans... quel que soit
le nombre, là, mais que ce soit la communauté autochtone qui prenne les
décisions des prestataires de services. Donc, si c'est des centres spécialisés,
sous-spécialisés...
Je pense que le point qu'ils font ici, avec cet
amendement, c'est que ce soient eux qui décident, justement, bon, si des services... bon, la santé mentale, si c'est
physique... Quoi qu'il en soit, là, la décision leur appartient de le
désigner. Parce que, comme on a vu, le gouvernement, actuellement, désigne, et
en consultation. C'est la réponse qu'on a eue. J'entends le plaidoyer de la
communauté autochtone, qui dit : Ce serait à nous à prendre cette décision
entièrement. On est vraiment dans, comme le président l'a dit, toute cette
quête d'autonomie, le contrôle sur ce qui va aider la communauté, qu'eux
prennent ces décisions.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Peut-être passer
la parole à la juriste, parce qu'on n'a pas la même vue, là. Peut-être que son
explication va nous clarifier les choses.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Jessica
Mathieu, avocate au ministère de la Justice.
Donc, j'aimerais recadrer l'objectif de la
disposition. Ici, on vient dire qu'un organisme autochtone en milieu urbain est
assimilé à un prestataire. L'effet de ça, comme on en a parlé, là, hier, c'est
de créer une fiction juridique pour qu'à chaque fois qu'on parle du prestataire
les centres d'amitié autochtones soient également couverts par les dispositions
sur la collaboration.
L'effet de la disposition, là... de
l'amendement, là, pardon, là, qui est présenté, c'est comme de dire que, pour
qu'on collabore avec un centre d'amitié autochtone, on va devoir prouver qu'il
y a un mandat par la communauté. Donc, on se retrouve à être beaucoup plus
restrictifs sur la collaboration, alors que l'objectif de la disposition, c'est
de s'assurer que tous les centres d'amitié autochtones soient couverts.
Donc, dans l'exemple que M. le ministre a donné,
d'un enfant attikamek qui réside à Montréal, ses parents ont déjà des liens,
par exemple, avec un centre d'amitié autochtone, le DPJ va collaborer avec ce
centre, va... À 131.7, là, je vous rappelle la disposition sur la
collaboration. Donc, le DPJ sera dans l'obligation de le faire.
Ici, on s'astreint à démontrer qu'il y aurait un
mandat. Donc, on se retrouve à être beaucoup plus sévère par rapport aux
centres d'amitié autochtones et à faire en sorte que peut-être que certains
centres ne seront pas considérés. Le DPJ ne sera plus visé par l'obligation de
collaborer, uniquement à cause de cette question-là du mandat, alors qu'il y a des parents qui pourraient être bien avec
leurs centres d'amitié autochtones, qu'on voudrait qu'ils collaborent. Il y
a des écueils par rapport à ça. Ça, c'est par rapport au premier passage, là,
de l'amendement.
Quant au deuxième passage de l'amendement, là, à
la fin, qui est souligné, je vous rappelle que, pour les directeurs, là, qui
ont des responsabilités dévolues, là, avec l'ancien article 37.5, on a
rajouté une disposition dans la loi pour les assimiler à un directeur de la
protection de la jeunesse, pour justement s'assurer qu'ils soient couverts dès
qu'on parle de directeur. Alors, on n'a pas besoin de le mentionner ici. Ça,
c'est 131.21, là, si ma mémoire est bonne. Je peux vous le confirmer si vous me
donnez un instant. Exactement, c'est 131.21.
Mme Weil : Dans leur quête
d'autonomie entière, le mandat... Donc là, vous dites, bon, le mandat puis...
le mot «mandat», il y a comme des
conséquences à ce concept de mandat. Mais pourquoi... Si le mandat et la
décision est prise par la communauté, en quoi ça change le... J'essaie
de comprendre, juridiquement, pourquoi ça changerait la relation pour
l'instant, là, actuellement, alors qu'éventuellement on espère qu'ils auront
l'entière autonomie, qu'eux soient... Avec
les services qui seront rendus... En quoi ça change la dynamique avec la DPJ
qu'eux choisissent l'organisme dans
certains domaines? Ça pourrait être plusieurs. Quelle est la différence? Parce
que je pense que l'important, pour eux, c'est...
Nous, on le
sait, oui, les centres d'amitié, je ne pense pas qu'ils excluent qui que ce
soit, là. Mais ils souhaiteraient avoir
cette autorité, si on veut, mais toujours, évidemment, avec ce que ça veut
dire, et je n'ai pas compris qu'ils seraient exclus ou pas ou qu'ils ne feraient plus partie des
services que le gouvernement... qu'ils ne seraient pas dans ce giron, là, dans
ce sens.
M. Carmant : Je pense que, nous, ce
qu'on voulait dire, c'était que, quand on travaille avec un centre d'amitié
autochtone, le DPJ doit collaborer avec eux. Mais, si on vient dire que la
communauté doit mandater certains centres, bien, je pense que, comme la juriste
a dit, ça devient beaucoup plus restrictif.
Mme Weil : Mais je n'ai pas compris,
légalement, pourquoi le gouvernement peut décider, décider, tout à fait, de...
bon, c'est leur mandat, mais, justement, dans la volonté de rendre service et
de fournir des services, etc., ou de... bien, peut-être, ce que ce mandat veut
dire, là, tout ce que... les conséquences du mandat. Parce que, déjà, quand on
parlait de la transition vers une autonomie, il y a certaines régions, aussi,
qui sont déjà là. Le gouvernement est présent toujours mais fait des gestes
pour assurer plus d'autonomie, c'est là, puis respecter, par exemple, que les
enfants restent dans leur communauté. Donc, il y a des pas dans ce sens-là.
Donc, ce n'est pas comme si le gouvernement se retire, là, dès qu'ils auraient
le mandat de décider.
Je ne vois pas pourquoi le gouvernement se
retire de cette relation, surtout quand on est en transition. Alors, je vais peut-être voir avec mon collègue, là, pour
creuser la compréhension puis pourquoi, soudainement, le gouvernement ne
serait pas présent, mais je pense que j'aimerais plus que, peut-être, mon
collègue...
Le
Président (M. Provençal)
: Le député de
Jacques-Cartier, excusez-moi, a demandé la parole. Alors, je...
M. Kelley : Bien, c'est juste une question. Pourquoi le focus
est exclusivement sur les centres d'amitié autochtones?
M. Carmant : Bien,
je pense que c'est le service, en général, qui se trouve en milieu urbain. Je
ne sais pas s'il y avait d'autres... Parce que, tu sais, la famille peut aller
consulter où elle veut, mais on demande aux DPJ de collaborer, puis, en général,
ce qu'on trouve, c'est se tourner vers les centres d'amitié autochtones.
M. Kelley :
Et, s'il y a une autre organisation sur le terrain dans le même coin, on peut
ajouter eux autres à la liste, pas de problème, et le processus pour le faire,
ce n'est pas compliqué. Est-ce qu'il y a une obligation, des fois, aussi, à
voir avec la communauté si c'est nécessaire? Parce que, de temps en temps, le
centre d'amitié autochtone et un conseil de bande ne travaillent pas
nécessairement très bien ensemble.
M. Carmant :
Ça, c'est vrai.
M. Kelley :
Et ça, c'est une réalité. Alors, je pense, ça, c'est une façon aussi de
dire que, des fois, un conseil de bande... ou un enfant s'est trouvé sur...
mais, des fois, dans une ville, il y a cette réalité que c'est entre les deux.
Il ne veut pas être nécessairement by-passé
par un centre d'amitié autochtone. Je pense que ça, ça explique un peu, peut-être,
la crainte du conseil attikamek, et aussi
juste aussi clarifier, si une autorisation vient chez nous pour dire :
C'est... oui, le centre d'amitié
autochtone, mais c'est aussi une autre... Je pense, ça, c'est peut-être une
clarification qu'eux autres cherchent.
M. Carmant :
O.K. Donc... Mais on ne voit pas qu'est-ce que l'amendement vient ajouter.
• (11 h 40) •
Mme Weil :
Mais moi, je ne comprends pas pourquoi, si eux désignent, ça changerait
leur relation avec le gouvernement. Bien, c'est que...
M. Carmant :
Ça ne change pas notre relation, mais ça limite les familles.
Mme Weil :
Donc, que le mandat qu'ils auraient d'offrir des services... Il ne pourrait
pas y en avoir deux ou trois, dépendant de leur spécialité.
M. Carmant :
Bien, comme le député vient de mentionner, il faudrait que ce soit un qui
soit désigné, ce que je trouve qui n'est pas le...
Mme Weil :
Mais par eux. Ça pourrait être désigné par eux, peut-être...
M. Carmant :
Oui, mais, justement... Mais c'est peut-être ça, le problème, aussi.
Mme Weil :
Est-ce qu'on pourrait peut-être se parler? Parce que c'est quand même un
sujet complexe et important. Est-ce qu'on pourrait juste se parler?
Le Président
(M. Provençal)
: On
va suspendre, oui.
(Suspension de la séance à
11 h 41)
(Reprise à 11 h 51)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos
travaux. Alors, il y a eu des discussions hors caméra. M. le ministre,
est-ce que je vous cède la parole ou je donne la parole à Mme la députée?
M. Carmant :
Non, je peux commencer, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
M. Carmant :
Alors, on a rediscuté avec les collègues de l'opposition officielle pour
leur expliquer que, vraiment, le but de notre... du nouvel article, c'est de
reconnaître la collaboration et la contribution des centres d'amitié
autochtones et que, si le parent choisit d'aller là, bien, on demande aux
instances d'avoir leur pleine collaboration. Puis j'espère que la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
maintenant, appuie ce nouvel article. Puis je serais prêt... Moi, je serais
prêt à passer au vote, s'il le faut.
Mme Weil :
Non, je comprends. Et, peut-être pour clarifier, là, donc, ce n'est pas la
DPJ qui décide avec qui ils vont transiter... avoir des relations, mais c'est
quel est l'organisme qui existe ou que les parents choisissent. Mais, ici,
donc, il semble, dans leur explication, qu'ils ont un sens que d'autres milieux
ne sont peut-être pas... qu'il n'y a peut-être pas de relation... Je ne sais
pas la réalité sur le terrain. C'est comme ça que c'est expliqué.
Alors, je comprends la...
Essentiellement, M. le Président, il n'y a pas de mandat, essentiellement — c'est
ça qui a été clarifié — avec
un organisme. C'est l'organisme qui est créé par la communauté, les familles
choisissent cet organisme, et donc c'est...
et que la DPJ, c'est ce qu'ils ont confirmé, eux, ils vont avoir une relation
avec des organismes qui sont sur le terrain. On va quand même vérifier
que c'est la réalité dans cette région-là. Mais il n'y a rien, dans la loi, qui
crée de mandat. C'est surtout ça qui est important.
Le Président (M. Provençal)
: Votre collègue de Jacques-Cartier
voulait ajouter...
M. Kelley : Oui. Bien, juste
pour ajouter... Encore, c'est un amendement qui a été préparé par le conseil
attikamek. Alors, je pense, c'était important d'au minimum présenter ça devant
la commission.
Pour avoir discuté ça, je pense que, le
ministre, c'est sûr qu'il va avoir le devoir de faire beaucoup d'explications à
tout le monde après que ce projet de loi est terminé. C'est très, très normal.
Mais je pense qu'il y a une façon que le ministre puis le ministère peut bien
expliquer aux communautés autochtones un petit peu, comme question, qu'il y a
toujours une flexibilité de choix, mais d'aussi s'assurer que, si c'est un
conseil de bande ou une communauté, une ville, n'importe quoi qui a un lien
avec les peuples autochtones... qu'ils sont bien partie du processus de
consultation et d'édition, et pas encore de juste renforcer le message que, des
fois, c'est la famille qui décide aussi.
Alors, je pense qu'on a eu une bonne discussion
là-dessus puis je veux juste remercier le ministre et ses juristes pour la
discussion.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. De toute manière, je voudrais
signifier aussi que M. le ministre a clairement signifié la notion de formation
qui sera en place, suite à l'adoption du projet de loi, pour que tout le monde
ait la même compréhension.
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons
procéder à la mise aux voix de l'amendement.
Mme Weil : ...M. le Président,
parce qu'on a clarifié qu'il n'y a pas de mandat. Ça n'existe pas en tant que
tel. On va le retirer.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, consentement pour retirer?
Merci. M. le ministre, je vous invite à passer à 131.3.
M. Carmant : Merci, M. le
Président. 131.3 se lit comme suit : «Toute décision prise en vertu de la
présente loi au sujet d'un enfant autochtone de même que toute autre intervention
le concernant faite en vertu de celle-ci doit favoriser la continuité
culturelle de cet enfant.
«Les établissements, les organismes et les
personnes à qui la présente loi confie des responsabilités envers l'enfant
ainsi que celles appelées à prendre une telle décision doivent considérer,
parmi les interventions possibles auprès de l'enfant et de ses parents, le
recours aux soins coutumiers et traditionnels qui sont disponibles, s'ils sont
portés à leur connaissance.»
Donc, le premier alinéa de cet article reprend
l'esprit du dernier alinéa de l'article 3 actuel de la Loi sur la
protection de la jeunesse tout en élargissant sa portée. On n'utilise plus
l'expression «la préservation de son identité culturelle» mais plutôt celle de
continuité culturelle.
Le second alinéa ajoute l'obligation de
considérer les soins coutumiers et traditionnels parmi les interventions
possibles.
Donc, ici, c'est vraiment un nouvel article qui
rejoint les demandes des Premières Nations, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le député de Jean-Lesage a
signifié qu'il avait un amendement à cet article, nous allons le projeter à
l'écran, donc, un amendement à l'article 131.3, à l'intérieur du premier
paragraphe. Aussitôt qu'il est projeté, M. le député, je vais vous inviter à
nous en faire la lecture et à le commenter, s'il vous plaît.
M. Zanetti : Parfait. Alors,
l'article 131.3 introduit par l'article 54 du projet de loi est
modifié, dans le premier alinéa, par la suppression de «favoriser la continuité
culturelle de cet enfant» et son remplacement par «être faite en conformité
avec le principe de continuité culturelle».
L'alinéa se
lirait ainsi : «Toute décision prise en vertu de la présente loi au sujet
d'un enfant autochtone de même que toute
autre intervention le concernant [...] en vertu de [la loi] doit être — là,
j'imagine que c'est «faite» — [...] en conformité...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, «doit être faite».
M. Zanetti : ...avec le principe de
continuité culturelle.»
Alors, l'objectif, évidemment, ici, c'est de
dire... Bien, on est d'accord avec l'amendement, mais, au lieu de dire qu'il
faut tendre à ce que ce soit fait, là, favoriser la continuité culturelle,
bien, il faut s'assurer que ce soit fait. Parce que, probablement qu'arrivé sur
le terrain, s'il y a comme une porte pour s'échapper un peu puis qu'il y a un
manque de ressources, bien, il est fort probable que ça ne se fera pas, alors
que, s'il y a une obligation de le faire, bien, il y aura clairement une
pression sur les établissements et la DPJ pour mettre... s'assurer que les
conditions de la possibilité de la continuité culturelle soient vraiment mises
en place. Je sais qu'il peut y avoir peut-être... Bon, c'est ça. Alors, voilà,
c'est ça, l'esprit, mettons, à la base.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci.
M. le ministre.
M. Carmant : Oui.
Bien, c'est une question, tu sais, d'obliger, là, d'obligation. Nous, on
voulait quand même ne pas aller jusque-là. Je pense que c'est débattable, hein?
Évidemment, on
veut... Je pense que... Jusqu'à présent, moi, ce que les chefs nous disaient,
c'est que ces soins coutumiers là n'étaient pas reconnus comme faisant partie
d'une intervention adéquate ou, tu sais, reconnue. Nous, on l'accepte. On dit
que ça doit tout à fait être reconnu. De là à aller jusqu'à l'obligation, je
pense que c'est un pas de plus que je ne suis pas prêt à prendre.
M. Zanetti : Bien,
en fait, moi, ma préoccupation, c'est que... Si on prend, par exemple, l'exemple...
un exemple d'intervention, qui est le placement d'un enfant dans une famille,
dans une... puis là on dit : Bon, pour assurer la continuité culturelle,
on va essayer de le placer dans une famille, bon, ou autochtone, ou de sa
famille, ou dans la communauté, ou, à la rigueur, dans une autre communauté, ou
etc., puis là on se dit, mettons, rapidement... Si on se dit : Ah! mais là
il n'y a pas de place parce qu'il manque de familles d'accueil, bien, on ne
peut pas le faire, alors, on va prendre une
autre solution. Si on laisse, donc, l'amendement comme ça, bien, c'est
probablement ce qui va arriver souvent.
Puis, vu que les
enfants autochtones sont surreprésentés... Puis j'imagine qu'il n'y a pas une
surreprésentation des familles d'accueil non plus, là. Ils ne doivent pas avoir
nécessairement... Je le présume, mais, s'il y a, à un moment donné, un
problème, bien, on va tout simplement faire : On a fait ce qu'on a pu,
mais là, bien, tant pis, il n'y aura pas de continuité culturelle, tandis que,
s'il y a une obligation, bien, on va être obligés d'agir sur les ressources qui
vont permettre la continuité culturelle. Alors, on va dire : Pourquoi
est-ce qu'il n'y a pas assez de familles d'accueil autochtones? Est-ce que ça a
un rapport avec nos façons de fonctionner? Comment qu'on pourrait faire? Est-ce
que c'est une question de moyens? Est-ce que c'est une question de communication?
Est-ce que c'est une question de format? Puis là, bien, on va faire tout ça
pour faire en sorte que la continuité culturelle soit toujours possible, alors
que, si on ne le met pas comme une obligation, moi, je crains que ça va... ça
pourrait risquer de demeurer des voeux pieux dans un contexte où les gens se
disent : Ah! bien là, je n'ai pas le moyen de le faire.
Alors, voilà. Mais
c'est comme une obligation, en fait, de moyens plus qu'une obligation de
résultat, comment c'est formulé, là. Ça veut dire que... Bon, le résultat, de
toute façon, c'est difficile à mesurer et quantifier. Mais c'est juste que ça
oblige l'État et la DPJ à prendre tous les moyens pour que ça se puisse,
finalement.
M. Carmant :
Bien, tu sais, je suis tout à fait dans le même sens. Puis moi, je veux
éviter que ces enfants fassent la grande traversée vers le Sud, là, qui est
toujours une... quelque chose de... pas nécessairement ce qu'on désire. Mais,
clairement, tu sais, on va venir à ça dans 131.5. On veut donner des étapes
pour s'assurer que l'enfant, le plus possible, reste dans sa communauté.
Maintenant, si on va
à l'obligation, on risque d'aller à des lésions de droit, à des... J'aimerais
quand même... Tu sais, je comprends le point de vue du député de Jean-Lesage,
mais j'aimerais quand même garder une certaine souplesse à cet article de loi.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va?
M. Carmant :
Merci, M. le Président.
• (12 heures) •
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement déposé par M. le député de
Jean-Lesage? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder... Oui?
M. Zanetti :
...par appel nominal.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le député. Appel
nominal pour l'amendement de M. le député de Jean-Lesage.
Le
Secrétaire : Pour, contre, abstention. M. Zanetti (Jean-Lesage)?
M. Zanetti :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Carmant (Taillon)?
M. Carmant :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Picard (Soulanges)?
Mme Picard :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
Le Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Martel (Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel : Contre.
Le Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Pour.
Le Secrétaire :
M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley : Pour.
Le Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors, l'amendement
déposé par M. le député de Jean-Lesage est rejeté. Y a-t-il d'autres
interventions sur le 131.3? Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. J'ai manqué le
début des discussions hier soir, mais je veux juste savoir c'est quoi, la
définition légale de la continuité culturelle.
M. Carmant : J'arrive. Alors,
le principe de continuité culturelle vise notamment, à l'égard d'un enfant
autochtone, la transmission de la langue, de la culture, des pratiques, des
coutumes, des traditions, des cérémonies et des connaissances de sa communauté
et de sa nation.
Le
Président (M. Provençal)
:
M. le député Jean-Lesage, vous
aviez signifié que vous vouliez reprendre la parole.
M. Zanetti : Oui, pour déposer
un autre amendement.
Le Président (M. Provençal)
: À 131.3?
M. Zanetti : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que votre amendement a été
transmis au Greffier?
M. Zanetti : Il a été transmis.
Le
Président (M. Provençal)
:
Oui, sur le Greffier? Alors, je
vous invite à l'imprimer, puis on va le projeter à l'écran.
Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 12 h 03)
(Reprise à 12 h 06)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, je
vais inviter le député de Jean-Lesage à nous faire part du nouvel amendement
qui est déposé sur l'article 131.3. À vous la parole.
M. Zanetti : Avec grand plaisir.
Merci, M. le Président. Alors : L'article 131.3 introduit à
l'article 54 du projet de loi est modifié, dans le deuxième alinéa,
par :
1° la suppression de «aux soins coutumiers
et traditionnels» et son remplacement par «aux approches de guérison coutumière
et traditionnelle»; et
2° la suppression de «s'ils sont portés à
leur connaissance».
Le deuxième alinéa se lirait ainsi : «Les
établissements, les organismes et les personnes à qui la présente loi confie
des responsabilités envers l'enfant ainsi que celles appelées à prendre une
telle décision doivent considérer, parmi les interventions possibles auprès de
l'enfant et de ses parents, le recours aux approches de guérison coutumière et
traditionnelle qui sont disponibles.»
Alors, le premier élément,
changer «soins coutumiers» par «approches de guérison coutumière», c'est une
demande des centres d'amitié autochtones du Québec, puis, essentiellement, ça
vise à adopter une terminologie qui est moins
occidentale, là, qui correspond plus à la réalité de ces approches-là qui...
qui ne sont pas nécessairement toujours, disons...
qui... qu'on ne peut pas toujours identifier comme étant vraiment un soin au
sens où on l'entend dans la médecine occidentale. Alors, je pense que
c'est... bien, c'est un amendement qui... qui nous rapproche un peu de la
réalité.
Et puis la
suppression de «s'ils sont portés à leur connaissance», c'est, en fait, pour...
bien, c'est pour éviter, là, qu'on ait une espèce... pas d'échappatoire, là, je
ne veux pas l'appeler comme ça, mais, tu sais, que ce soit un peu plus
contraignant, là. C'est-à-dire, on garde quand même les approches de guérison
coutumière et traditionnelle qui sont disponibles, donc, ça, je veux dire,
c'est très pragmatique et réaliste, là, c'est... on ne peut pas... on ne
demande pas l'impossible, on demande ce qui est disponible, mais de rajouter
«s'ils sont portés à leur connaissance», c'est comme si ça dispensait les
établissements de faire l'effort de les trouver, puis ça, je pense que c'est...
ce n'est pas raisonnable, là. On... Ce serait... Ça va juste faire en sorte que
ça va arriver moins souvent que ça devrait et que ça pourrait. Alors, voilà le
sens de l'amendement.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
ministre.
M. Carmant : Merci,
M. le Président. Juste pour mentionner au député de Jean-Lesage qu'on en a
discuté à la table d'experts, et, vraiment, c'est le... bien, que les centres
d'amitié autochtones aient porté ça à notre attention, c'est... Les autres
groupes préféraient le statu quo et trouvaient que le terme utilisé dans
notre... dans l'article était le plus approprié. Puis ils avaient un enjeu
également avec le... le «s'ils sont», d'éliminer le «s'ils sont portés à leur
connaissance», parce que ça oblige la personne à avoir... à connaître toutes
les approches coutumières qui existent, tandis que, là, on donne quand même une
certaine latitude dans l'implantation de ces approches coutumières là.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
député.
M. Zanetti : Bien,
je ne sais pas, on dirait que c'est peut-être parce que je ne vois pas
d'exemple où ça... ça doit être complexe... ou c'est peut-être mon ignorance,
là, mais, en même temps, je me dis : Ça ne doit pas être si difficile de
faire le tour des approches coutumières de guérison traditionnelle disponibles
dans une région donnée d'un établissement, là. Tu sais, à un moment donné,
mettons qu'on fait le tour, puis on demande à plusieurs personnes dans la
communauté, puis qu'ils nous dirigent, puis là, à un moment donné, on les... on
finit par les trouver... Puis, si, à chacun, on demande : En connais-tu
d'autres... Et puis, tu sais, je veux dire, admettons, ce n'est pas non plus
comme 10 millions de personnes, là. Je veux dire, en tout cas, moi, je...
Je ne vois pas la difficulté de faire cette recherche-là. Je ne sais pas si
vous pourriez me l'expliquer davantage.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
ministre.
M. Carmant : Bien,
moi, je reviens toujours à l'exemple de... d'un jeune qui se trouve dans la
région de Montréal, par exemple. Il y a 55 communautés, des approches
différentes d'une communauté à l'autre. Tu sais, c'est connaître la bonne
approche, là. Je comprends si c'est dans une région particulière associée à
une... où il y a un lien fort avec une
certaine communauté, mais nous, on est toujours un peu inquiets de
l'applicabilité sur tout le territoire, là.
M. Zanetti : ...je pense que le «qui sont disponibles» vient
répondre à votre préoccupation, parce qu'évidemment ça... Ça n'oblige
pas à faire le tour du Québec puis prendre un avion pour aller... avoir recours
à une approche de guérison coutumière
traditionnelle, là. C'est vraiment... «Qui sont disponibles», pour moi, ça...
ça limite ça à un périmètre dans lequel il y a... C'est quand même
assez, j'imagine, limité puis abordable, là, de faire le tour, là.
M. Carmant : Bien,
avec un téléphone, tout est disponible, là.
M. Zanetti : Bien,
ça dépend. Si c'est des choses qui doivent se... des approches qui doivent se
prodiguer en personne, bien, on va considérer que ce n'est pas disponible. Je
veux dire, dans une vie normale, on ne prend pas, admettons, l'avion le jeudi
pour aller...
M. Carmant : O.K.
Moi, je trouve que ce n'est pas... Ce n'est pas suffisamment clair pour moi, M.
le Président.
• (12 h 10) •
M. Zanetti : Parce
qu'en fait c'est que, si on laisse «s'ils sont portés à leur connaissance» puis
qu'on laisse le «qui sont disponibles»... Tout est dans la définition de «qui
sont disponibles», là. Si vous avez une définition large de «qui sont
disponibles», bien, moi, tout peut être porté à ma connaissance, là, tu sais.
Ça veut dire que la personne peut être obligée, si c'est porté à sa
connaissance, là, de faire de l'avion pour s'assurer que l'enfant va avoir
accès à l'approche traditionnelle qui est à l'autre bout du Québec. Donc, ce
n'est pas tant le «s'il est porté à leur connaissance» qui fait problème ou qui
doit être balisé pour être applicable, c'est vraiment le «qui sont
disponibles», puis le «qui sont disponibles» reste là.
Donc, en tout cas,
moi, je demeure convaincu qu'on peut enlever le «s'ils sont portés à leur
connaissance» et que c'est vraiment le «qui sont disponibles» qui assure que ça
va demeurer pragmatique et applicable, mais que «s'ils sont portés à leur
connaissance», c'est comme si ça dispensait de faire un peu ses recherches puis
de trouver, là. C'est ce qui me dérange un peu là-dedans.
M. Carmant : M.
le Président, peut-être juste passer la parole, si vous... avec votre
permission, à la juriste, là, pour clarification des termes juridiques, là.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Oui.
Juridiquement, c'est sûr que «qui sont disponibles» et «s'ils sont portés à
leur connaissance», ce n'est pas équivalent. C'est vraiment différent.
«Disponibles», ça fait vraiment référence, comme vous l'avez dit, à la
disponibilité. «S'ils sont portés à sa connaissance», c'est que, là, on...
comme vous dites, ça n'implique pas une recherche proactive du DPJ. Donc, il
faut que l'information lui soit portée que ces services-là existent. Donc,
c'est vraiment deux choses qui sont distinctes, là. On... Ce n'est pas
équivalent, les... C'est pour ça qu'on l'a mis, parce que, sinon, ça aurait été
redondant.
Pour le «s'ils sont portés à sa connaissance»,
il faut savoir que le conseil de famille a pour rôle de proposer des soins
coutumiers. Ça fait partie de son rôle, donc, de les proposer au DPJ. Et on a
aussi l'obligation de collaboration du DPJ.
Le DPJ doit collaborer avec les services qui existent. Entre autres, ça va lui
permettre de savoir aussi, justement, s'il y a des services qui
existent, là. Donc, c'est de cette façon-là que le DPJ peut en être informé,
soit lorsqu'il va collaborer avec les prestataires ou soit par le conseil de
famille, là, parce que ça fait partie de son rôle de lui en proposer.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti : Bien, je trouve qu'au
fond on... Si on enlève le «s'ils sont portés à la connaissance», ce que ça
change, c'est... La DPJ, c'est ça, comme vous l'avez dit, si on enlève ça, elle
doit faire un effort proactif pour trouver les approches. Si on laisse ça, bien,
elle fait : Bien, si on ne me tient pas au courant, moi, je ne ferai pas
de démarche proactive. J'ai l'impression que ce n'est pas une contrainte très
grande, parce que ça ne touche pas, là, la question de l'applicabilité ou du pratique. C'est vraiment la différence
entre : Je vais faire l'effort de trouver ou ah! bien, dites-moi-le,
sinon, je ne le fais pas. Et je pense que ce serait important, comme... comme
signe, là, qu'on veut qu'il y ait vraiment un changement de culture dans les
rapports entre la DPJ puis les peuples autochtones. Il me semble que ce n'est
pas grand-chose. Alors, je réitère ma demande.
Le Président (M. Provençal)
: Pas de commentaires? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'amendement du député de Jean-Lesage? S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
M. Zanetti : Appel nominal.
Le Président (M. Provençal)
: ...par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Zanetti (Jean-Lesage)?
M. Zanetti : Pour.
Le Secrétaire : M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant : Contre.
Le Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Contre.
Le Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
Le Secrétaire : M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M.
Martel : Contre.
Le Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire : Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil :
Abstention.
Le Secrétaire : Et M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. Alors, l'amendement
déposé par M. le député de Jean-Lesage est rejeté. Maintenant, il y a un nouvel
amendement qui est déposé par le... l'opposition officielle. Alors, Mme la
députée de... on va le projeter à l'écran, puis vous allez pouvoir...
Mme Weil : ...l'amendement, en
effet.
Le Président (M. Provençal)
: C'est un amendement qui est déposé à 131.3.
Mme Weil : Oui. Il est déjà déposé.
On peut déjà commencer la discussion, non?
Le
Président (M. Provençal)
: Je préférerais qu'on le projette, madame, la...
pour éviter toute confusion possible.
Mme Weil : Ça touche un peu aux mêmes
enjeux.
Le Président (M. Provençal)
: Parce qu'il y a quand même une
certaine similitude avec ce qui a été discuté il
y a quelques minutes, puis c'est pour ça que je préfère qu'il soit à l'écran,
pour éviter de la confusion, si vous me permettez.
Mme Weil : Oui. Oui, je suis avec
vous.
Le
Président (M. Provençal)
: Alors, vous pouvez y aller, Mme la députée, pour
votre amendement, s'il vous plaît.
Mme Weil : Oui. Alors :
L'article 131.3 de cette loi, proposé par l'article 54 du projet de
loi, est modifié par le retrait, à la fin du deuxième alinéa, des mots «qui
sont disponibles, s'ils sont portés à leur connaissance».
L'article se lirait :
«131.3. Toute décision prise en vertu de la
présente loi au sujet d'un enfant autochtone de même que toute autre
intervention le concernant faite en vertu de celle-ci doit favoriser la
continuité culturelle de cet enfant.
«Les établissements, les organismes et les
personnes à qui la présente loi confie des responsabilités envers l'enfant ainsi
que celles appelées à prendre une telle décision doivent considérer, parmi les
interventions possibles auprès de l'enfant et de ses parents, le recours aux
soins coutumiers et traditionnels.»
Alors, ici, on vient porter la voix du Barreau,
et de Christiane Guay, et deux autres travailleuses sociales, donc, Christiane
Guay, avec un doctorat émérite, travailleuse sociale, professeure titulaire à
l'Université du Québec en Outaouais, et d'autres, qui sont des professeures,
donc, des académiques dans le domaine, avec une spécialité.
Et
l'explication... Donc, le Barreau, dans un premier temps, ils disent que «la
disposition limite — actuelle — cette
possibilité lorsque de tels soins sont
portés à la connaissance des organismes ou des personnes. Nous préconisons de
prévoir une obligation proactive des
organismes et des personnes visées à proposer de tels soins dès lors qu'ils
sont disponibles.»
Et donc, pour Christiane Guay et les
travailleuses sociales... Je vous lis leurs commentaires, donc c'est la recommandation
d'enlever, donc, c'est ça, mais l'explication : «L'article 131.3 du
projet de loi n° 15 prévoit que les établissements et
les personnes à qui la loi confie des responsabilités doivent — entre
guillemets — "considérer,
parmi les interventions possibles auprès de l'enfant et de ses parents, le
recours aux soins coutumiers et traditionnels qui sont disponibles, s'ils sont
portés à leur connaissance" — donc, nous soulignons. La prise...»
Puis là c'est
leur texte : «La prise en considération de tels soins est sans doute
souhaitable. Cependant, le libellé de cet article impose aux parents, à la famille et à la communauté de l'enfant
le fardeau de porter ces informations à la connaissance des intervenants, sans que ces derniers n'aient la
responsabilité de faire des efforts pour s'enquérir de ces soins coutumiers.»
Et ça, c'est intéressant : «La disposition
équivalente de la loi C-92 — la loi fédérale — qui
mentionne que les soins conformes aux coutumes et aux traditions doivent faire
partie de l'évaluation de l'intérêt de l'enfant, n'impose aucun fardeau de
cette nature aux parents, à la famille ou à la communauté.» Et, selon eux, «il
serait préférable que la Loi sur la protection de la jeunesse impose au
directeur et aux personnes qui agissent en son nom une obligation de faire des
démarches proactives à ce sujet».
Alors, moi, j'étais pas mal convaincue, sachant
qu'il y a une disposition semblable au fédéral, que c'est des gens qui sont
très spécialisés, ce problème de... à qui on impose le fardeau... puis que ce
serait plus la DPJ à être proactive, qu'il y a trop d'aléas. Donc, voilà.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, M. le Président,
ça ressemble beaucoup à la discussion qu'on vient d'avoir. Pour la comparaison avec C-92, je pense que C-92
s'applique à la communauté elle-même, là. Donc, je comprends qu'il n'y
ait pas de fardeau dans C-92. Puis, encore une fois, je ne peux pas aller à
obliger... Je trouve que... Les mêmes explications que j'ai données tout à
l'heure au député de Jean-Lesage.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Y a-t-il d'autres...
Mme Weil :
...parce que c'est quand même... C'était un autre... un autre amendement sur
l'aspect... et surtout sur cet aspect proactif. On... Je ne vous ai pas entendu
sur cet aspect-là. Je l'ai peut-être manqué, possiblement.
M.
Carmant : Bien, ce qu'on a
dit tout à l'heure, c'est que le rôle du... c'est un des rôles du conseil de
famille d'avoir... de proposer ces approches-là, que je n'étais pas prêt
à aller jusqu'à obliger les intervenants à utiliser ces approches-là.
Mme Weil : ...l'amendement ne
mentionne pas d'obligation. Ils ont enlevé...
M. Carmant : Bien oui, s'ils
enlèvent «s'ils sont portés à leur connaissance»...
Mme Weil : ...de la manière qu'ils
le... C'est-à-dire, il n'y a pas d'imposition. C'est... Eux, c'est ce qui...
c'est leur explication, mais ils ne l'ont pas mis dans l'amendement.
M. Carmant : ...la même.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. J'aimerais savoir
ce que le ministre pense qu'il va arriver lorsqu'il n'y aura pas de conseil de
famille. Parce que, si je comprends bien, les conseils de famille, c'est des
bénévoles, puis ça se peut que, des fois, il n'y en ait pas.
Alors, dans le fond, on va créer une inégalité
importante entre les enfants qui ont la chance d'avoir un conseil de famille et
ceux qui n'en ont pas, ce qui serait complètement à éviter. Si on mettait le
fardeau sur la DPJ, de faire les démarches proactives dont on parlait, pour,
justement, s'assurer qu'on trouve ces ressources-là...
M. Carmant : Bien, c'est sûr que
moi, j'encourage, là, le concept de conseil de famille. Puis, même dans les DPJ
non autochtones, on a mis sur pied le programme Ma famille, ma communauté, qui
est un copier-coller, quasiment, du conseil de famille. Parce que moi, je pense
que tout le monde devrait bénéficier de l'aide des personnes qui sont aux
alentours, mais, encore une fois, de là à obliger le DPJ d'aller faire ces
approches-là, je demeure hésitant. Bien, je vous entends, là, mais ce n'est pas
dans mon intention.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : ...de la législation, là.
Le législateur n'écrit pas pour ne rien dire. Il n'y a pas d'obligation. C'est
tout simplement une affirmation sans toutes sortes d'échappatoires. C'est un
peu ça qu'il dit. C'est clair. Mais, si on ne peut pas, on ne peut pas. Nul
n'est tenu à l'impossible. Et toutes les lois sont écrites comme ça. Mais là,
avec, «[s'ils] sont disponibles, s'ils sont portés à leur connaissance»...
Je comprends leur point de vue ici,
c'est-à-dire, pourquoi mettre tous ces «si, si»? Normalement, on ne fait pas ça,
là. Je veux dire, s'ils ne peuvent pas le trouver, bon, ils ne l'auront pas
trouvé. Mais je ne comprends pas la menace qu'il y a, là-dedans, de tout
simplement dire clairement qu'on veut, «parmi les interventions possibles — on
dit même "possibles", on le garde — auprès de l'enfant et de ses
parents, le recours aux soins coutumiers».
Donc, il y a déjà le «possibles». Ensuite, il y
a le... si c'est disponible, si c'est porté à leur connaissance. Pourquoi pas
plus affirmatif? Je pense qu'on peut revenir au modèle fédéral. Bien,
peut-être, c'est dans un contexte différent, mais on voit que c'est clair et
net, puis il n'y a pas de... il n'y a pas de parenthèse ici. C'est juste très
clair. Et c'est sûr... Bien là, vous dites «parmi les interventions possibles».
De toute façon, c'est là.
M. Carmant : Bien, encore une fois,
dans le modèle fédéral, c'est le... c'est la communauté, là, qui donne les
soins. Donc, c'est sûr que c'est différent. Bien, M. le Président, je pense que
je suis mieux de laisser passer... parler la juriste, là. Ça fait trois fois
que je me répète.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Sur votre
question, à savoir si c'est une obligation, c'est une obligation. Ici, on a le
verbe «devoir», là, comme on a discuté hier, là, entre «devoir» et «peut», là.
Ici, on doit considérer. Donc, si l'intervenant ne considère pas le recours aux
soins coutumiers parmi les interventions possibles, il ne respecterait pas la
disposition, là, tel que l'amendement le propose. Donc, «doit considérer», ça
l'oblige à les considérer.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le député de Jean-Lesage.
Mme Weil : Excusez-moi, je n'ai pas
fini sur ça. Bien, ils disent «parmi les interventions», doit considérer «parmi
les interventions»...
Mme Mathieu (Jessica) : Oui, mais...
Mme Weil : ...ça nuance.
Mme Mathieu
(Jessica) : Donc, un intervenant a toujours une gamme d'interventions
possibles, mais l'article l'oblige à considérer, parmi toutes ces
interventions-là, le recours aux soins coutumiers. Donc, si, lorsqu'il regarde
la gamme d'interventions possibles, il n'évalue pas la possibilité de recourir
à des soins coutumiers, il ne respecterait pas la disposition, telle
qu'amendée, parce qu'il doit les considérer. Donc, lorsqu'il va faire sa
réflexion, son évaluation, l'intervenant doit considérer ces éléments-là.
Mme Weil : ...M. le Président, mais
il y a obligation de considérer, en effet. C'est justement ça. C'est ça qu'ils veulent. Mais il n'y a pas d'obligation de
résultat. Je vais parler au ministre. Parce que, dans l'interprétation de... il
y a «peut» et... C'est sûr qu'il doit considérer, mais, si on recule sur
ça... Je ne comprends pas, je ne comprends pas pourquoi on reculerait sur «doit
considérer». Parce qu'on parle de moderniser la loi, d'être plus ouverts,
plus... Et le ministre a fait des consultations. Je ne vois pas l'effet néfaste
de ça, parce que, de toute façon, «possibles», «parmi les interventions
possibles», donc, il n'y a pas d'obligation, en bout de ligne, sur... Il doit
considérer. C'est tout.
Alors, honnêtement, honnêtement, là, c'est rare
que j'insiste, mais j'aimerais peut-être... suspension, qu'on puisse consulter
les... vos partenaires, consulter sur cet enjeu-là, parce que je pense qu'ils
seront... Écoutez, c'est quand même deux intervenants importants ici. Bien, ils
sont tous importants, mais pourquoi... Est-ce qu'on pourrait au moins faire
cette réflexion et que ce serait dans le processus d'évaluation, etc., parmi
des... des solutions? Je ne vois pas la menace à enlever «qui sont disponibles,
s'ils sont portés à leur connaissance», bien, d'où... d'où le Barreau, qui dit :
Il faut être proactifs. Si on est dans ce dossier avec des autochtones, on a
des liens avec les autochtones, on connaît... puis on connaît les ressources,
etc.
Alors, moi, je... soit qu'on met... on suspend,
parce que... et que le ministre puisse peut-être consulter les gens qu'il a
consultés auparavant... ou peut-être que ça n'a pas été vu, là, nécessairement,
dans la première mouture du projet de loi n° 15 et puis que vous le
gardez, là, mais je...
En tout cas, moi, j'ai de la misère à voir
l'enjeu pour le gouvernement. Bien, nous, on aimerait quand même... parce que,
les consulter, si ça... J'aimerais mieux que le ministre consulte vos... les
gens avec qui vous avez... pour préparer ce projet de loi, suite à une
réflexion que vous allez faire, là. Mais moi, je ne vois pas comment le
ministre peut voir une obligation de résultat ici, là.
M. Carmant : ...M. le Président, ce
n'est pas moi qui le dis, c'est la juriste à ma droite, là. Et je tiens à
répéter à la députée de Notre-Dame-de-Grâce que le... notre processus est
proactif, là. On... Moi, j'ai le tableau de toutes les corrections. On est tous
retournés avec la table d'experts, on est tous retournés avec la table des
Premières Nations, puis c'est... Comme j'ai dit tout à l'heure, c'est juste une
limite qu'on ne veut pas passer.
Puis je pense que c'est déjà un grand pas en
avant. Les soins coutumiers n'étaient pas reconnus auparavant. C'est ça qu'ils
nous ont dit, les Premières Nations : Reconnaissez notre soin... les soins
coutumiers comme une intervention de première ligne. C'était ça, la seule...
C'était ça, la demande.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jean-Lesage.
M. Carmant : Moi, je n'ai plus rien
à ajouter, là.
Mme Weil : ...on fait, justement,
des consultations pour bonifier un projet de loi. Il y a des bonnes idées qui
nous viennent. Moi, ça, c'est une bonne idée, et, des fois... Je comprends tout
à fait l'explication, et même, évidemment, des juristes, mais là je ne le
comprends pas.
Et donc, bien, quand le ministre... quand
vous... Quand le ministre répond : On a fait des avancées... Oui, mais vous n'allez pas vous arrêter là, sinon, on
n'aurait pas fait... hein, vous comprenez. On comprend qu'il y a des avancées,
mais là on veut que la loi soit bonifiée. Et
on a eu... On a fait des consultations, on a eu des opinions. Ils sont venus,
et, justement, on est en processus de bonification. C'est juste... Donc,
il n'y a rien qui enlève au travail qui a été fait en amont, mais là il y a d'autres voix qui se rajoutent. Alors,
c'est important de tenir compte de leurs voix. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. J'aimerais
savoir : Les conseils de famille, disons, là, dans quel pourcentage
approximatif du temps il y a un conseil de famille entourant l'enfant dans les
cas autochtones?
M. Carmant : Alors, je pense, ça
dépend des communautés, de ce qu'on a entendu dans les consultations, mais
c'est... On n'a pas de chiffre là-dessus.
M. Zanetti : Est-ce
qu'approximativement vous diriez la majorité du temps ou une minorité du temps?
M. Carmant : Je passerais la parole
à la directrice nationale. Je n'ai pas ces données-là.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay, s'il vous plaît.
Mme Lemay (Catherine) : C'est des
pratiques propres à certaines communautés. Ce n'est pas répandu dans toutes les
communautés. Mais, dans l'esprit de ce qu'on présente, on parle de conseils de
famille ou de dispositifs qui s'apparentent, là, à un
conseil de famille. Mais l'idée derrière, c'est d'avoir un regroupement, autour
des enfants, de personnes significatives qui voient à son bien-être, avec toute
bienveillance, puis qui le protègent.
M. Zanetti : Ce que je comprends,
moi, du... en fait, du projet de loi, là, de l'article du projet de loi, c'est
qu'il vient faire reposer, sur une structure qui n'est pas tout le temps là,
peut-être le plus souvent pas là, on ne sait pas vraiment, quelque chose
d'essentiel. C'est-à-dire que, si, mettons... Postulons, parce que vous pouvez
difficilement affirmer le contraire, alors, postulons que, la majorité du
temps, il n'y a pas de conseil de famille ou de dispositif similaire. Bien, ça
veut dire que, la majorité du temps, l'enfant... la DPJ ne sera pas mise au
courant par personne, parce que personne ne va avoir la responsabilité de le
faire, des soins coutumiers disponibles, puis il ne les aura pas.
Alors, si on trouve que les soins coutumiers,
c'est important, bien, il faut... il faut que... enlever minimalement «s'ils
sont portés à leur connaissance» pour que la DPJ ait le devoir, quand il n'y a
pas de conseil de famille ou de dispositif similaire, comme c'est probablement
le cas la majorité du temps... pour qu'elle ait le devoir d'être proactive pour
trouver la disponibilité de ces soins coutumiers là, pour que l'enfant y ait
accès, parce que, sinon, on fait reposer quelque chose qu'on trouve essentiel
sur quelque chose qui n'existe pas la majorité du temps et puis on va créer une
iniquité puis voir peut-être une discrimination en plus, là.
M. Carmant : O.K. Nous, ce qu'on
vient dire, c'est que le DPJ doit collaborer, là, avec le conseil de famille. Mais, tu sais, la demande, c'était :
Reconnaissez les soins coutumiers. C'est ça qu'ils nous... C'est ça, la demande
qu'ils nous ont posée, tu sais, comme... tu
sais, comme nous, on reconnaît la physiothérapie, par exemple, tu sais, là.
Reconnaissez les soins de... coutumiers comme une intervention proactive chez
l'enfant. Donc, nous, c'est ce qu'on vient... c'est ce qu'on vient établir.
Mais, encore une fois, je ne veux pas mettre
l'obligation sur les DPJ de... tu sais, de s'assurer de toutes les
possibilités. Je pense que ça risque de mener à des lésions de droit puis
toutes sortes de problématiques du genre. Puis je me... Je me répète, là, mais,
vraiment, c'est ça, l'intention, de ne pas aller plus loin.
• (12 h 30) •
M. Zanetti : Est-ce qu'il pourrait y
avoir... Parce que, dans le fond, c'est sûr que la DPJ ne peut pas proposer une
approche dont elle ignore l'existence, tu sais. Ça, ce n'est pas... Je ne pense
pas que...
Par contre, on pourrait faire quelque chose, une
formulation, peut-être qu'elle pourrait venir de vous, qui fait en sorte que la
DPJ a un... une obligation d'efforts à fournir pour être au courant. Puis après
ça, bien là, si ces efforts minimaux n'ont pas... ont fait qu'il y a une
affaire, une approche, qu'il y a une personne, quelque part, qui ne s'affiche
pas nulle part, qui ne l'a dit à personne... peut offrir, bien là... puis que
la DPJ est au courant, évidemment, qu'elle n'est pas en illégalité, là, bien,
on ne pourrait pas avoir une obligation minimale de proactivité pour faire une
recherche par rapport à ça, dans le cas, qu'on présume étant le plus fréquent...
dans le cas où il n'y a pas de conseil de famille autour de l'enfant ou de
dispositif similaire? Parce que moi, je serais ouvert à appuyer... bien, ce ne
serait pas ça, la... Ce ne serait pas ça exactement, votre amendement... bien,
l'amendement de la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Par contre, si vous vouliez
proposer quelque chose qui ferait comme un peu un pont, là, il y aurait
peut-être une voie là.
M. Carmant : Bien, à 131.7, on dit
que «le directeur doit s'enquérir auprès des prestataires de services de santé
et de services sociaux offerts à la communauté de l'enfant des sujets
suivants : [...] les services que ces prestataires peuvent leur fournir».
M. Zanetti : Ça ne reste pas
spécifiquement orienté vers les soins coutumiers et traditionnels, à moins
qu'on le rajoute là. On pourrait dire «notamment les soins coutumiers et
traditionnels», à 131.7b.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Je n'ai rien à ajouter,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Rien à ajouter. Mme la députée.
Mme Weil : Ici, on parle d'une
intervention, alors c'est différent de référer à des organismes qui sont dans
la communauté pour toutes sortes de choses. Ici, on parle d'une intervention.
Donc, c'est la différence avec la discussion qu'on a eue auparavant. Ici, le ministre
dit qu'il a une crainte de lésion de droit, mais il n'y a rien de... Il n'y a
pas... Il n'y a rien de contraignant dans cet article. Je pense que... Peut-être
que le ministre pense à un autre article, mais, ici, c'est «favoriser la
continuité culturelle». Mais, lésion de droit, je ne pense pas qu'on... ici, je
ne vois pas l'inquiétude, parce qu'ils doivent juste considérer. Donc, si la
DPJ, la direction de la protection de la jeunesse, a une crainte, ils ne vont
pas le recommander. Alors, je pense que lésion de droit, c'est d'aller loin de
ce que le Barreau... que le Barreau et ses spécialistes, Christiane Guay et les
autres... C'était ça qu'ils avaient en tête, que ça pourrait être aussi
contraignant. Donc, au contraire.
Et ce qu'ils
disent, c'est qu'il faut être proactifs, bien connaître la communauté,
savoir... C'était vraiment de façon très
positive que ça... et que, de là, l'expérience, la DPJ va être : Ah oui!
dans cette région, on a justement... on a eu recours aux soins
coutumiers, puis ça a vraiment bien fonctionné. Puis, de leur expérience, ils
vont être capables de comparer.
Je sais que... Je ne pense pas qu'on va
convaincre le ministre, mais je veux juste corriger ce que j'ai entendu de la
bouche du ministre. Il n'y a rien de contraignant. Puis, avec l'expérience, ils
vont dire : Bien oui, des fois, vraiment, ça donne, dans cette situation, dans ce
contexte, des bons résultats. Tout ce que l'article dit, c'est de
considérer. Alors, je voulais spécifier, parce que, lésion de droit, on n'est
pas là-dedans avec ça. L'expertise est avec la DPJ.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Bien,
juste réitérer que c'est une obligation parce qu'on dit «doit considérer».
Donc, l'intervenant qui ne considère pas, parmi les interventions possibles, le
recours aux soins coutumiers, dans le cas d'un enfant, pourrait être en...
bien, pas pourrait, serait en contravention avec la loi, parce que la loi lui
dit : Tu dois considérer ça — si on prend l'amendement comme tel — tu
dois considérer les soins coutumiers comme une intervention possible. Donc, si
l'intervenant, dans sa réflexion, ne considère pas ça comme une option, il est
en contravention de la loi.
Mme Weil : Je pense que j'ai
fait mes arguments, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Pour revenir sur
les propos de la juriste, au fond, c'est vrai, mais... les soins coutumiers
dont il a été mis au courant, mais dont il n'a pas l'obligation de... sur
lesquels il n'a pas l'obligation de s'informer. Et c'est là, le problème, en
fait. Puis je pense qu'on pourrait trouver une façon, une formulation pour
dire : La DPJ doit faire un pas en avant. Après, si elle ne trouve rien,
elle ne trouve rien. Ce n'est pas... C'est ça. Mais juste... Elle est obligée
de faire le pas, parce que, sinon, en ce moment, tu sais, ça n'arrivera pas
souvent, là. Ça n'arrivera pas souvent qu'un enfant va bénéficier de soins
coutumiers et traditionnels, parce que ça va dépendre, il va falloir qu'il y
ait un conseil de famille, il va falloir que le conseil de famille en informe
la DPJ, il va falloir que la DPJ, après ça, le considère dans les possibles
interventions. Puis là, bien, tu sais, le nombre de fois où ça va arriver, tu
sais, ça va devenir une possibilité très théorique, à mon avis.
M. Carmant : Non, non. Parce
que vous voyez le problème à l'envers. Les soins coutumiers ont lieu
actuellement mais ne sont pas reconnus. C'est ça, le problème qu'on veut régler
d'abord et avant tout, c'est cette reconnaissance-là. C'est vraiment ça,
l'enjeu.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix.
Mme Weil : Par appel nominal.
Le Président (M. Provençal)
: Par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Pour.
Le Secrétaire : M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant : Contre.
Le Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
Le Secrétaire : Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac)?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Contre.
Le Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
Le Secrétaire : M. Martel
(Nicolet-Bécancour)?
M. Martel :
Contre.
Le Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
Le Secrétaire :
M. Zanetti (Jean-Lesage)?
M. Zanetti : Pour.
Le Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le
Président (M. Provençal)
:
Abstention. Alors, l'amendement
déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce
à l'article 131.3 est rejeté. Article 131.4. M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. L'article se lit comme suit : «Dans la détermination de
l'intérêt de l'enfant autochtone, outre les facteurs énumérés au deuxième
alinéa de l'article 3, les suivants doivent notamment être pris en
considération :
«a) la culture
de la communauté autochtone de l'enfant, y compris la langue, la coutume, les
traditions et la spiritualité;
«b) les liens de l'enfant avec sa famille
élargie et les personnes de cette communauté;
«c) l'accès
de l'enfant au territoire environnant cette communauté et aux autres lieux que
fréquentent ses membres;
«d) les traumatismes sociohistoriques des
autochtones et leurs conditions socioéconomiques.»
Ce nouvel article ajoute des facteurs à
considérer à ceux déjà prévus à l'article 3 actuel de la Loi sur la
protection de la jeunesse dans la détermination de l'intérêt de l'enfant
autochtone. Merci, M. le Président.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Y a-t-il des interventions sur
l'article 131.4? Au départ, je vais céder la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
parce qu'elle a un amendement au volet a, et, par la suite, je sais que le
député de Jean-Lesage a un amendement à déposer aux volets b et c.
Mme Weil : On a besoin d'une
suspension parce qu'il manque un bout à l'amendement. Une suspension, s'il vous
plaît, mais on a un amendement à a, en effet.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, mais on l'a reçu.
Mme Weil : Oui, mais il manque
un bout. Il faut le corriger, essentiellement.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Suspension.
(Suspension de la séance à 12 h 41)
(Reprise à 12 h 47)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
est-ce que vous avez toujours un amendement à déposer?
Mme Weil : Non, M. le
Président. On a eu des échanges, mais, je pense, c'est important d'amener,
donc, le sujet, puis le gouvernement pourra nous dire comment... en tout cas,
donner leurs explications. J'aimerais quand même vous expliquer de quoi il
s'agit.
Donc, le Barreau du Québec, pour cet article-là,
voici leurs commentaires. Bon, cependant, je vais couper ça court :
«L'alinéa a de l'article 131.4 prévoit la prise en considération de
la culture de la communauté autochtone de l'enfant, y compris la langue, la
coutume, les traditions, la spiritualité, alors que la loi fédérale réfère
plutôt au patrimoine de l'enfant. La notion de patrimoine d'un enfant est plus
englobante puisqu'elle exige non seulement de comprendre et de considérer les
éléments mentionnés à l'alinéa 131.4a, mais aussi de considérer le point
de vue de l'enfant. Nous suggérons ainsi d'ajouter cet aspect à la définition
proposée.»
Et moi, je vous dirais aussi... Parce qu'il
donne le contexte d'enfants traumatisés, etc., des raisons... traumatismes
qu'ils appellent sociohistoriques, des conditions socioéconomiques des peuples
autochtones. C'est des facteurs qui rendent ça, évidemment, très complexe. Et
ils font une comparaison entre la loi fédérale, la loi provinciale. Alors,
c'est ça, M. le Président, je voulais juste avoir la réponse du gouvernement
sur cette question.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Je passerais la
parole à la juriste, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Me Mathieu, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Jessica) : Oui.
Peut-être juste rappeler un peu aussi l'historique de la disposition, là. Je
pense que ça peut être pertinent, là. C'est une disposition qui a été
travaillée en étroite collaboration avec des représentants des Premières
Nations et Inuits lors du comité, là, que le ministre a déjà parlé, là,
d'application, là, le comité permanent d'application
de la Loi sur la protection de la jeunesse. C'est un texte qu'eux nous avaient
soumis, là, avec ces mots-là de culture, de
langue, de traditions, spiritualité. Pour ce qui est de «patrimoine», bien,
si... Ces éléments-là sont comme plus concrets, là, tu sais, parce qu'on nomme
vraiment des éléments plus précis, entre autres, avec la langue, la coutume,
tout ça.
Puis, par rapport au point de vue de l'enfant,
que vous avez nommé, bien, il ne faut pas oublier que, le point de vue de
l'enfant, on l'a réitéré dans les principes généraux de la loi, et ces
principes-là continuent de s'appliquer, là. Ici, on est dans une section
particulière, mais les autres principes demeurent. Donc, le point de vue de
l'enfant sera toujours considéré aussi, là, même en ces matières. Donc, c'est
peut-être les éléments de contexte, là, qui sont intéressants à vous
transmettre, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Mme Weil : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, maintenant, je vais inviter le
député de Jean-Lesage, qui a signifié qu'il voulait déposer un amendement, à
131.4, touchant particulièrement... Je pense, c'est le point b. On va donner...
On va le projeter à l'écran.
M. Zanetti : Oui. Parfait.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, vous pouvez y aller, M.
le député.
• (12 h 50) •
M. Zanetti : Alors :
L'article 131.4 introduit à l'article 54 du projet de loi est modifié
par le remplacement du paragraphe b par le suivant :
«b) l'importance pour l'enfant d'avoir des
rapports continus avec sa famille élargie et les membres de la communauté ou de
la nation dont il fait partie;»; et par le remplacement du paragraphe c par le
suivant :
«c) l'importance pour l'enfant d'avoir un accès
continu au territoire environnant sa communauté et aux autres lieux que
fréquentent ses membres, incluant les espaces significatifs pour les
autochtones en milieu urbain;».
Alors, sur le c d'abord, on amène la question
des espaces significatifs pour les autochtones en milieu urbain. On sait que la
moitié des autochtones vivent en milieu urbain au Québec, et c'est un ajout, je
pense, donc, important pour être sûrs de tenir compte de la réalité de tout le
monde.
Et, à b, on parle de rapports continus avec la
famille élargie, les membres de la communauté et la nation dont il fait partie.
Donc, c'est quelque chose qui vient, disons, élargir un peu, là, la proposition
initiale du ministre, et ça va dans le même
sens, je dirais, mais un peu plus loin. Mais j'espère que c'est un plus loin
qui... Ce n'est pas un plus loin, je
pense, qui... Je pense que c'est un plus loin dans l'intention du ministre et
non pas un plus loin qui va contre l'intention du ministre. Alors, j'ai bon espoir que, cette
fois-ci, ce soit adopté. Voilà. Je pourrais répondre à vos questions, si vous
en avez.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Moi, c'est
«l'importance pour l'enfant d'avoir». Pourquoi introduire dans ces termes-là à
chacun des alinéas, là, versus juste...
M. Zanetti : Bien, parce que... ce
soit pris en considération. Bon, si on lit l'article 131.4 : «Dans la
détermination de l'intérêt de l'enfant autochtone, outre les facteurs énumérés
au deuxième alinéa de l'article 3, les suivants doivent notamment être
pris en considération...»
Donc, dans les déterminations de son intérêt, on
doit tenir compte de l'importance d'avoir des rapports continus avec sa famille
élargie, les membres de la communauté puis de l'importance d'avoir un accès
continu au territoire.
M. Carmant : Mais, le fait que ce
soit nommé, je crois que ça confirme que c'est important. Je ne sais pas
qu'est-ce que...
M. Zanetti : À la rigueur, on
pourrait... Je pense que ce mot-là, «important», pourrait être enlevé si vous
le jugez implicite, mais les éléments qui suivent, au fond, amènent quelque
chose à ce qui doit être considéré pour déterminer l'intérêt de l'enfant.
M. Carmant : O.K. L'autre endroit où
on avait un enjeu, c'est le terme «continu», qui, lui aussi, tu sais, peut ne
pas être toujours réalisable, donc, encore une fois, qui pourrait mener à des
lésions de droit, là, versus des liens de l'enfant avec sa famille élargie ou
des rapports avec sa famille élargie, là. Qu'est-ce qu'on peut définir par
continu? Tu sais, moi, je ne suis pas en rapports continus avec ma famille
élargie.
M. Zanetti : Je comprends. Bien là,
famille élargie, c'est parce que ça peut être des membres de la famille
élargie, là, j'imagine. Ici, il ne s'agit pas de dire : Il faut appeler
tout le monde une fois par semaine puis qu'il y ait... Tu sais, ça, ce n'est pas contact élargi à l'italienne nécessairement,
là. Mais, contact élargi et continu, je pense qu'il y a une
interprétation, là-dedans, qui... Effectivement, il y a de la souplesse dans
l'interprétation, mais ça veut dire que le contact, ça ne peut pas être,
mettons... Il ne peut pas y avoir quatre ans d'espace puis...
C'est pour éviter la
question de la rupture, en fait. «Continu» se définit par opposition à la
rupture dans les liens puis... Voilà. Donc,
il y a rupture ou il n'y a pas rupture, puis, s'il n'y a pas rupture, il y a
continuité. Alors, il n'y a pas rupture dans les liens quand on se parle
une fois par mois, là, mais, quand la personne sort de la vie complètement de
sa famille élargie, ne sait pas comment les rejoindre et vice versa, là, il y a
une rupture, finalement, là.
M. Carmant : O.K. Mais ça, ça
ressemble aux liens. Puis, moi, le dernier... Bien, en fait, ce que je pourrais
peut-être en discuter avec l'équipe, là, c'est pourquoi ajouter «les espaces
significatifs pour les autochtones en milieu urbain». Ça, c'était une demande,
encore une fois, des centres d'amitié autochtones?
M. Zanetti : Bien, c'est parce
que...
M. Carmant : ...on est un peu
inquiets de l'aspect restrictif, là, de ce commentaire-là, là, mais peut-être
juste éclaircir quel sera le gain.
M. Zanetti : Bien, en fait, il
vient ajouter... Parce que, dans la détermination de l'intérêt de l'enfant, on
vient dire : Bon, il faut qu'il ait un accès au territoire environnant de
cette communauté parce que c'est significatif, parce que c'est chargé de sens,
parce que ça constitue son identité, ça en fait partie, mais il peut y avoir
des lieux significatifs aussi en milieu
urbain pour ces personnes-là. Donc, il n'y a pas juste, mettons, la forêt, là,
qui est comme potentiellement significative.
M. Carmant : O.K. Notamment.
M. Zanetti : Oui. Ça fait que
c'est comme un ajout.
M. Carmant : O.K. Bien,
peut-être qu'on peut suspendre pour que je discute.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre, je vous
dirais, il nous reste trois minutes.
Alors, compte tenu de l'heure, je vais suspendre
les travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi, et ça va vous permettre
de... Ça va vous donner du temps pour consulter votre équipe. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Provençal)
: Bonjour à tous. La Commission de la
santé et des services sociaux reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de
loi n° 15, Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et
d'autres dispositions législatives.
Lors de
l'ajournement de nos travaux cet avant-midi, nous étions rendus à l'étude de
l'article 131 et nous avions M. le ministre qui était en réflexion
par rapport à l'amendement qui avait été déposé par le député de Jean-Lesage.
Alors, M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Carmant : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, comme j'ai discuté tout à l'heure avec le député de
Jean-Lesage, j'aurais une ouverture pour ne pas inclure les soins coutumiers
ici mais plutôt à 131.7, où ce serait plus facile, au niveau juridique, de
faire cette spécificité-là de l'importance des services coutumiers. Si vous acceptez,
là, ce serait vraiment l'endroit où on pourrait l'introduire.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Bien, je vais
répondre positivement à l'invitation du ministre et déposer un amendement pour
131.7 quand on sera rendus là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Ce qui veut dire
qu'on va retirer cet amendement-là, avec votre consentement.
M. Zanetti : Bien, en fait, celui-là
n'est pas lié à la même chose. Celui-là, le 131.4, là, ce n'est pas sur la
question des soins coutumiers. Attendez un peu.
(Consultation)
M. Zanetti : C'est ça, c'est la
question du rapport continu de la famille élargie... avec la famille élargie,
les membres de la communauté et la nation dont il fait partie. Puis l'autre,
c'est sur la question d'avoir un accès continu au territoire environnant de sa
communauté, puis ça inclut la question des milieux urbains à ce qui était déjà
là, donc.
M. Carmant : Alors,
là-dessus, on a également discuté, puis je vais laisser la juriste répondre
pour l'aspect des espaces significatifs, qui, comme je disais, avaient un
aspect un peu contraignant, là.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Maître.
Mme Mathieu (Jessica) : Merci.
Effectivement, «espaces significatifs» apparaît avec un fardeau plus lourd.
Parce qu'initialement, dans le texte, on parle des lieux qui sont fréquentés.
Donc, on n'a pas besoin de démontrer ce caractère significatif là. Le simple
fait qu'ils sont fréquentés, là, fait en sorte qu'on les considère, alors
qu'ici on doit démontrer le critère du significatif. Donc, ça apparaît plus
lourd, comme proposition.
M. Zanetti : Dans le fond, est-ce
qu'il y aurait une reformulation possible qui viendrait, finalement, juste
tenir compte de la réalité des autochtones en milieu urbain? Parce que, tu
sais, au fond, le c originel, ce qu'il vient faire, c'est dire : L'accès
de l'enfant... donc, pour déterminer l'intérêt de l'enfant, on doit tenir
compte de «l'accès de l'enfant au territoire environnant cette communauté et
aux autres lieux que fréquentent ses membres». On pourrait peut-être dire
quelque chose comme, je ne sais pas, notamment, que ce soit en milieu...
«notamment en milieu urbain» ou...
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Jessica) : En fait, la
deuxième partie, les autres lieux que fréquentent ses membres, ça vise, entre
autres, ça. La première partie, on parle plus, vraiment, de la communauté, là,
alors que la deuxième partie, c'est justement ça qu'on cherche à couvrir en
disant, tu sais : Tout autre lieu que fréquentent ses membres, que ce soit
loin de la communauté ou plus près, là. Donc, c'est ça, l'objectif qui est
recherché par le texte actuel, là.
M. Zanetti : O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Autres questionnements, M. le député?
M. Zanetti : Bien, moi, je pense que
ça aurait été préférable de mettre «notamment en milieu urbain», comme pour
qu'on le spécifie, là, parce que, sinon, c'est très, très, très général. Ça
aurait été ma préférence. Maintenant, je vais laisser le ministre décider,
évidemment, là.
Le Président (M. Provençal)
: Bien, l'explication de Mme la légiste
signifie que ça inclut aussi vos milieux urbains, là. Il est inclusif. Il y a
des choses, des fois, qu'on n'a pas besoin de mentionner, mais qu'au niveau de
la loi c'est clair pour les gens qui ont à traiter ces articles-là, selon moi.
M. Zanetti : Puis, oui,
effectivement, est-ce que, le ministre, vous pourriez nous confirmer que c'est
bien votre interprétation aussi, là, que ça inclut la question des milieux
urbains dans la loi?
M. Carmant : Oui, tout à fait. Moi,
j'ai l'avis du législateur puis ceux qui écrivent les lois. Donc, moi, je suis
prêt à voter, M. le Président.
M. Zanetti : Parfait.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement du député
de Jean-Lesage. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Rejeté. Mais on sait très bien qu'il
y aura des points qui seront repris, tel que convenu, à 131.7. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le 131.4?
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Est-ce qu'on... Alors, vous nous
aviez fait parvenir cet amendement-là, qui était sur Greffier. Est-ce que c'est
le premier amendement qui modifie le c? Non? Le e? Ça va. Merci.
M. Zanetti : ...amendement qui
modifie le d.
Le Président (M. Provençal)
: On pourra revenir.
M. Zanetti : Parfait.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je vous
invite à nous lire votre amendement qui est en lien avec le e, qui est un
nouveau point.
Mme Weil : Oui,
c'est ça. L'article 131.4 de cette loi, proposé par l'article 54 du
projet de loi, est modifié par l'ajout, à la fin, du paragraphe suivant :
«e) la présence de violence familiale et
ses effets sur l'enfant, notamment le fait que l'enfant y soit ou non
directement ou indirectement exposé, ainsi que le tort physique, affectif ou
psychologique causé à l'enfant ou le risque qu'un tel tort lui soit causé.»
Donc, ça, c'est la recommandation du Barreau,
quand on parlait, tantôt, des autres recommandations du Barreau, y rajouter cet
élément-là. Donc, c'était après, bon : «Nous suggérons également de
remplacer l'alinéa 134...» C'était sur le territoire. «Enfin, la présence
de violence familiale prévue à l'alinéa — puis, bon, ils font la
comparaison, encore une fois, avec la loi fédérale, qui touche à peu près les
mêmes enjeux — est
un facteur que l'on ne retrouve pas au projet de loi. Nous estimons qu'il
devrait y être ajouté.»
Oui, bien, en fait, ça me semblait d'évidence,
quand on a lu pour la première fois leur mémoire, étant donné le sujet de
violence conjugale, violence familiale. C'est un enjeu sur lequel on échange
beaucoup ces temps-ci, mais ce n'est pas nécessairement dans le même contexte
de violence conjugale. Alors, c'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la légiste... maître, excusez.
Mme Mathieu (Jessica) : Il n'y a pas
de problème. La problématique ici, c'est qu'on est dans l'intérêt de l'enfant.
La violence familiale, c'est un motif de compromission, en vertu de la Loi sur
la protection de la jeunesse, qui se retrouve à l'article 38. Ce n'est pas
approprié de mettre la violence familiale dans l'intérêt de l'enfant, parce
qu'on le prend en compte, en termes de motifs de compromission. Donc, ça n'a
pas sa place à cet article-là.
Mme Weil : Donc, c'est... Les
structures sont différentes, hein, les deux lois, c'est un peu ça?
Mme Mathieu (Jessica) : Exactement,
exactement. La violence familiale, tout comme la négligence, les abus
physiques, les abus sexuels, c'est considéré à titre de motif de compromission,
ce qui permet l'intervention du directeur de la protection de la jeunesse.
Donc, ce n'est pas quelque chose qu'on précise dans l'intérêt de l'enfant parce
que c'est vraiment des motifs de compromission qui se retrouvent à
l'article 38.
Mme Weil : C'est intéressant, la
comparaison. Donc, au fédéral, ils le mettent dans le chapitre de l'intérêt de
l'enfant autochtone, alors que, nous, c'est dans la section sur la
compromission, donc c'est dans la structure. Est-ce que ça se retrouve dans
notre loi, la violence familiale, dans le cas des autochtones? On le retrouve,
donc, dans le projet de loi ou dans la loi actuelle?
Mme Mathieu (Jessica) : La violence
familiale, c'est pour tous les enfants. Ça se retrouve à l'article 38, au
paragraphe c, dans les mauvais traitements psychologiques.
Mme Weil : O.K. Donc, on n'a pas...
Et, M. le Président, aussi, donc, il y aurait d'autres enjeux aussi, qui se
retrouveraient dans cet article, qui affectent tous les enfants, notamment les
enfants autochtones, mais on ne vient pas spécifier ici, dans cette section,
parce que tout ce que... C'est une question. Donc, tous les éléments ou les
causes de compromission sont dans un article pour tous les enfants. C'est bien
ça? Bien, M. le ministre, est-ce que tous les motifs de compromission sont dans un article pour tous les enfants, et c'est la
structure que nous, on a? O.K. C'est bien. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement déposé par Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de
l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Rejeté. Merci. Maintenant, j'ai un nouvel amendement qui
est déposé par le député de Jean-Lesage. Cet amendement-là est déposé, mais en
lien avec le paragraphe d. Alors, on va vous le projeter.
M. Zanetti : Merci, M. le Président.
Alors : L'article 131.4 introduit à l'article 54 du projet de
loi est modifié, au paragraphe d, par l'insertion, après «traumatismes», de
«intergénérationnels et».
Le paragraphe d se lirait ainsi :
«d) les
traumatismes intergénérationnels et sociohistoriques des autochtones et leurs conditions
socioéconomiques.»
Alors, le fait d'ajouter le terme
«intergénérationnels» à «sociohistoriques» est fait pour qu'on puisse tenir
compte, dans la détermination de l'intérêt de l'enfant, de... en fait, de
l'impact de ses... des conséquences, pardon, de ses traumatismes sur plusieurs générations. Quand on parle des
pensionnats autochtones, par exemple, on voit que ça a eu... ça a été traumatisant, évidemment, pour les gens
qui sont passés au travers mais aussi pour leurs enfants, leur
descendance. Il y a quelque chose, là, d'un traumatisme qui traverse les
générations et qui... bon, évidemment, il y a une guérison qui se fait à un
moment donné, mais qui est marquant pour longtemps, et ce serait une façon d'en
tenir compte.
Puis par ailleurs j'ai lu, dans le temps des
fêtes, un roman de Natasha Kanapé Fontaine, qui vient de sortir, qui s'appelle Nauetakwan,
un silence pour un bruit, et elle, justement, met en scène, dans son récit,
cette transmission de traumatismes intergénérationnels puis elle montre comment
les conséquences des pensionnats autochtones, finalement, ont
des répercussions sur plusieurs générations de façon très marquante. Alors,
bien, ce n'est pas juste à cause de ça, mais c'est... et ce n'est pas
uniquement dans ce roman-là qu'on en fait état, mais je pense que ce serait un
ajout qui irait tout à fait dans le sens de la loi et de la proposition du
ministre, là. Donc, c'est pour ça que je l'ajoute ici.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Bien, nous, je
pense que c'est quand même un peu le même terme, là. Mais je comprends l'aspect
que le député de Jean-Lesage veut donner. Mais on utilise le terme de Viens.
C'est pour ça qu'on a mis «sociohistoriques».
Un ou l'autre, là, les deux... Je ne sais pas pourquoi on mettrait les deux,
puis on a choisi celui de Viens.
M. Zanetti : Mais j'imagine que
«sociohistoriques» fait plus référence à des traumatismes qui ont eu lieu à un
moment de l'histoire précis, dans un contexte social précis, puis
«intergénérationnels» fait référence au caractère... en fait, à la durée dans
le temps puis au fait que ces traumatismes-là transmettent des conséquences
d'une génération à l'autre. Donc, c'est deux réalités différentes et
complémentaires.
M. Carmant : Je peux demander à la
juriste si elle est d'accord avec ce point-là, là, je ne sais pas.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Pour nous,
lorsqu'on a utilisé «sociohistoriques», c'était de couvrir cet aspect-là
générationnel qui est nommé, justement, là, de traumatismes qui, de génération
en génération, là, peuvent se répercuter. Donc, c'était vraiment inclus, là,
dans le vocable «sociohistoriques» à la base, là.
M. Zanetti : Bien, je n'ai pas d'argument
supplémentaire à ajouter. Je continue, je maintiens que je pense que c'est une
bonne idée. Alors, le ministre fera son choix.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Est-ce qu'il y a... Oui, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : M. le ministre... ou une
question pour la juriste aussi : Alors, vraiment, dans la définition
légale de «sociohistoriques», on parle des traumatismes intergénérationnels?
Parce que je suis d'accord avec mon collègue qu'il y a une distinction, je crois,
entre les deux termes, puis qu'est-ce qui est vécu de... Un traumatisme qui est
vécu par une personne va avoir des impacts sur leurs enfants et leur famille
élargie. Alors, je comprends où... Je trouve, l'argument de mon collègue et
l'amendement est très raisonnable, puis je pense qu'ici d'ajouter ce mot-là va
donner... va étoffer le projet de loi puis va clarifier les choses pour les
peuples autochtones du Québec. Alors, c'est une question, peut-être, qui n'a
pas une réponse.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jacques-Cartier,
petit commentaire.
M. Kelley : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Quand on fait référence à
l'historique d'une famille, est-ce qu'on fait référence aux générations de la
famille?
M. Kelley : C'est une bonne
question, mais je trouve ici qu'au minimum il y a une précision qui est faite,
une distinction qui est importante.
Le Président (M. Provençal)
: Pas de problème. Ça va. M. le ministre, avez-vous des
points? Non? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Bien, d'ailleurs,
pour aller dans le sens de mes deux collègues, lorsqu'on a fait la commission
spéciale sur l'exploitation des mineurs, d'ailleurs, ils ont fait ce point-là.
C'est multigénérationnel, ce n'est pas juste ses parents, ça passe de... Et ils
l'ont... Hein, c'est bien. Ils l'ont décrit. Et c'est unique, parce que ce
n'est pas ce qu'on entend dans toute autre consultation, c'est vraiment un
phénomène. Ils le savent, aussi. Et c'est pour ça que, d'ailleurs, les discussions
que j'ai pu avoir, quand on est allés avec l'actuel ministre des Affaires
autochtones, il y avait des travailleuses sociales qui étaient là... et sociaux
qui parlaient de comment eux gèrent ces enjeux, et, souvent, ce concept
d'intergénérationnel revenait.
M. Carmant : Moi, je ne l'avais
pas dans aucune des recommandations. Est-ce que le député de Jean-Lesage peut
nous dire quel groupe qui a recommandé ça? Parce que, tu sais, moi, d'un côté,
j'ai le député qui me demande ça puis, à côté de moi, j'ai une juriste qui me
dit que c'est redondant. Donc, c'est pour ça que... Bien que je comprends le
sens de l'intervention, je ne suis pas tellement poussé à changer le texte
actuel.
M. Zanetti : De mon côté, ça ne
vient pas d'un groupe en particulier qu'on aurait entendu aux audiences, là, ni
en dehors.
M. Carmant :
O.K. Bien, je pense qu'on va rester avec la commission Viens, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement déposé par le député de Jean-Lesage? S'il n'y a pas d'autre intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président
(M. Provençal)
: Rejeté.
Toujours sur l'article 131.4, est-ce qu'il y a d'autres interventions? Pas
d'autres interventions sur 131.4? Alors, 131.5. M. le ministre.
M. Carmant :
Oui. Merci, M. le Président. Donc, 131.5 se lit comme suit :
«131.5. Lorsqu'en
vertu de la présente loi un enfant autochtone doit être confié à un milieu de
vie substitut, le milieu choisi doit être
celui qui, considérant l'intérêt de cet enfant, lui convient, en respectant
l'ordre de priorité suivant :
«a) la
famille élargie de l'enfant;
«b) des
membres de sa communauté;
«c) des
membres d'une autre communauté de la même nation que la sienne;
«d) des
membres d'une autre nation que la sienne; et
«e) tout
autre milieu.
«Les motifs
justifiant la décision prise en vertu du premier alinéa doivent être consignés
par le directeur au dossier de l'enfant.»
Ce nouvel article
reprend l'esprit du dernier alinéa de l'article 4 actuel de la Loi sur la
protection de la jeunesse tout en allant plus loin, puisqu'il établit un ordre
de priorité lorsqu'un enfant autochtone doit être confié à un milieu de vie
substitut, l'objectif étant d'assurer la continuité culturelle de cet enfant,
une telle décision devant toujours être guidée par l'intérêt de l'enfant.
De plus, les motifs
justifiant la décision prise doivent être consignés au dossier de l'enfant. Et
c'est une des priorités de la... une des recommandations de la commission
Viens.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Y a-t-il des interventions concernant le 131.5? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
Oui, M. le Président. Parce que le Barreau, par rapport à cet article, là,
c'est un sujet qu'on a déjà discuté, par ailleurs, je voulais juste avoir
l'opinion du ministre... donc, le Barreau, qui dit : «Toutefois, le projet
de loi ne fait pas mention de l'importance de considérer la possibilité de
placer des jeunes d'une même fratrie ensemble au sein du même milieu d'accueil.
Encore une fois, la loi fédérale prévoit, quant à elle, l'obligation de tenir
compte de cette possibilité afin de prendre une décision de placement dans le
meilleur intérêt de l'enfant. Nous estimons qu'une mention à cet effet devrait
être ajoutée.
«Par ailleurs,
l'article 131.5 du projet de loi n'oblige pas l'intervenant au dossier à
démontrer qu'il a fourni des efforts raisonnables pour faire respecter...» Bon,
ça, c'est autre chose.
Donc, sur cette
question de fratrie, moi, je ne vois pas d'empêchement, du tout, juridique, là.
C'est juste la vision du ministre sur ça. Je pense qu'il y a même une loi, en
Europe — puis
on avait déjà parlé de ça, qu'il ne faudrait pas le rendre obligatoire — mais
qui, comme, oblige, pour tout le monde, de considérer fortement de garder la
fratrie ensemble, pour tout le monde. Je
pense que c'est la Belgique qui a introduit une loi de ce genre. Alors, d'avoir
l'opinion : Est-ce que ce serait
possible de le rajouter? Est-ce que c'est une pratique? Est-ce qu'on devrait
aller plus loin? Tout ça.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant :
Bien, M. le Président, effectivement, on en avait déjà parlé, puis je pense que
c'est un bon endroit pour l'insérer. Mais moi, je pense qu'on pourrait même
l'élargir à tous les enfants, en fait, comme on avait discuté la première fois.
Mme Weil :
Bon, donc, est-ce qu'on pourrait faire un amendement?
M. Carmant :
Donc, je ne sais pas si nos équipes... On pourrait suspendre, M. le Président?
Le Président (M.
Provençal)
: Oui.
(Suspension de la séance à
15 h 30)
(Reprise à 15 h 35)
Le Président (M.
Provençal)
: Nous
reprenons nos travaux. Alors, M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Comme j'ai expliqué aux collègues pendant la pause, on veut vraiment
l'introduire pour tous les jeunes, cette notion importante là de tenter de
garder la fratrie ensemble. Donc, on ne va l'introduire
pas à ce niveau-ci mais dans un article antérieur. Puis, M. le Président, je
passerais peut-être la parole à la juriste pour expliquer les aspects
techniques.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Donc, oui,
l'article, pour qu'il s'applique à tous les enfants, il va falloir le mettre
dans le chapitre II, qui est les principes généraux, là. On l'a déjà
abordé au début de parcours. Ce serait un nouvel article qui serait l'article,
là, 4.0.1, qui serait juste après l'article 4, où, justement, c'est là
qu'on vient nommer, là, un peu la marche à suivre lorsqu'un enfant est confié à
un milieu de vie substitut. Donc, ça pourrait s'appliquer, à ce moment-là, à
tous les enfants, là, au Québec.
Le Président (M. Provençal)
: Et cet amendement-là sera déposé dans
le Greffier pour que vous puissiez le consulter éventuellement et en discuter.
Mme Weil : Puis-je simplement
exprimer mon bonheur, un bonheur de voir cette disposition? C'est moi qui
avais, je pense bien, dans un premier temps, soulevé la question. J'avais vu
qu'il y a une loi ou un projet de loi actuellement en Europe, dans un des pays,
et... Je suis tellement contente. Merci, M. le ministre. Moi, je pense, c'est
un gain important, là, pour les familles et les enfants. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci de votre commentaire. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article 131.5? Alors, 131.6...
M. Zanetti : Attendez, attendez.
Le Président (M. Provençal)
: Oh! excusez.
M. Zanetti : Est-ce qu'on a terminé
de l'écrire?
Une voix : ...
M. Zanetti : O.K. On est en train
d'envoyer un amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Un amendement à 131.5?
M. Zanetti : Exact. Je l'ai échappé
belle... ou c'est le contraire, vous l'avez échappé belle, je ne sais pas. On
l'a échappé belle.
Le Président (M. Provençal)
: On va suspendre momentanément pour
recevoir l'amendement.
(Suspension de la séance à 15 h 38)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, le
député de Jean-Lesage a déposé un amendement à l'article 54,
article 131.5. Alors, M. le député.
M. Zanetti : Merci, M. le Président.
L'article 131.5 introduit à l'article 54 du projet de loi est modifié
par l'ajout, après «l'enfant», au deuxième alinéa suivant le paragraphe e... le
texte suivant : «Le directeur est tenu de démontrer que tous les efforts
raisonnables ont été faits pour placer l'enfant auprès des membres de sa
famille élargie, des membres de sa communauté ou auprès d'une autre communauté
ou nation de l'enfant. Le justificatif des efforts raisonnables doit figurer
dans le rapport psychosocial déposé au tribunal.»
L'alinéa se lirait ainsi : «Les motifs
justifiant la décision prise en vertu du premier alinéa doivent être consignés par le directeur au dossier de l'enfant. Le
directeur est tenu de démontrer que tous les efforts raisonnables ont été faits
pour placer l'enfant auprès des membres de
sa famille élargie, des membres de sa communauté ou auprès d'une autre
communauté ou nation de l'enfant. Le
justificatif des efforts raisonnables doit figurer dans le rapport psychosocial
déposé au tribunal.»
Alors, c'est un amendement qui est demandé par
la Commission de santé et de services sociaux des premières nations du Québec
et du Labrador, CSSSPNQL, et le but est de répondre à une problématique où,
justement, il y avait, des fois, des membres de la famille élargie qui
disaient : Bon, l'enfant a été placé ailleurs, on n'était même pas au courant
qu'on aurait pu peut-être être une solution, on aurait voulu, mais là c'est
trop tard. Alors, c'est le sens de cet ajout-là. Je pense que ça va dans le
sens du projet de loi aussi, là. Quand on parlait, tout à l'heure, de la
continuité culturelle, et tout ça, ça m'apparaît aller vraiment dans le bon
sens.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M.
Carmant : Bien, je passerais la parole à la juriste pour ce
qui est de la redondance, peut-être, là. Je ne sais pas, là.
Le Président (M. Provençal)
: Maître.
Mme Mathieu (Jessica) : En fait,
c'est déjà couvert, là, avec le deuxième alinéa. On a, là : Les motifs qui
justifient la décision, là, «doivent être consignés par le directeur au dossier
de l'enfant». Donc, il doit déjà consigner pourquoi il a choisi ce milieu
substitut là par rapport à un autre.
Ensuite, bien, le DPJ, il a quand même une
obligation, là, de suivre cet ordre de priorité là. Donc, c'est implicite, il
faut qu'il fournisse les efforts pour remplir son obligation, c'est certain. Il
a l'obligation, là, de suivre cet ordre de priorité là, à la condition que ce
soit dans l'intérêt de l'enfant. Et les motifs doivent être consignés, là, dans
le dossier de l'enfant. Donc, ça apparaît déjà couvert, là, au deuxième alinéa.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti : Bien, je ne sais pas.
Moi, je pense que, si c'est proposé comme amendement par la Commission de la
santé et de services sociaux des premières nations du Québec et du Labrador,
c'est probablement parce qu'elle le juge pertinent et nécessaire, pour mettre
de l'emphase dessus aussi, là, pour que ce soit vraiment très, très clair,
surtout que, plus haut dans le texte, quand on parle de la question de la
continuité culturelle, si je me souviens bien de nos échanges, nos amendements visant à faire en sorte que ce soit
vraiment une obligation, il me semble qu'ils n'ont pas nécessairement
passé puis qu'il y a comme un peu... on va viser à, ou tendre à, ou quelque
chose d'un peu plus évasif.
Alors, si, au moins, ici, on avait vraiment la
preuve qu'on est obligé de démontrer que les efforts raisonnables ont été
faits, ce serait comme une sécurité supplémentaire qui viendrait raffermir cet
engagement-là pris aujourd'hui par le...Puis ça fait partie des recommandations
de Rebâtir la confiance...
Une voix : ...
M. Zanetti : ...non, pour rebâtir la
confiance. Oui, c'est ça, ce n'est pas le rapport. Excusez, je me mélange dans
mes termes.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des interventions?
M. le ministre? Mme la légiste? Donc, il n'y a pas d'autre commentaire.
M. Carmant : Non, je n'ai pas de
commentaire.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va.
M. Zanetti : On ne peut passer au
vote.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Rejeté. Maintenant, est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le 131.5? Alors, M. le ministre, 131.6. Et j'annonce
déjà que M. le ministre va déposer un amendement au 131.6.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, la section II, Intervention sociale et judiciaire,
Sécurité et développement d'un enfant, 131.6 se lit comme suit : «Pour
l'application de l'article 38.2, toute décision visant un signalement pour
une situation de négligence ou de risque sérieux de négligence concernant un
enfant autochtone doit notamment prendre en considération les facteurs suivants :
«a) les actions posées par les parents afin de
répondre aux besoins fondamentaux de l'enfant ainsi que la collaboration
offerte aux prestataires de services de santé et de services sociaux offerts à
leur communauté;
«b) la capacité de ces prestataires de soutenir
les parents dans l'exercice de leurs responsabilités et d'aider à répondre à
ces besoins.»
On va juste
lire le commentaire. Ce nouvel article ajoute aux critères prévus à
l'article 38.2 des facteurs à prendre en considération pour toute
décision visant un signalement en matière de négligence ou de risque sérieux de
négligence.
L'amendement, M. le Président, se lirait comme
suit : Remplacer le paragraphe b de l'article 131.6 sur la protection
de la jeunesse, proposé par l'article 54 du projet de loi, par le
paragraphe suivant :
«b) les services offerts par ces prestataires
afin de soutenir les parents dans l'exercice de leurs responsabilités et de les
aider à répondre à ces besoins.»
Cet amendement vise à répondre à des
préoccupations soulevées lors des consultations particulières sur le présent
projet de loi par certains représentants des communautés autochtones.
Donc, ça se lirait comme suit :
«a) les actions posées par les parents afin de
répondre aux besoins fondamentaux de l'enfant ainsi que la collaboration
offerte aux prestataires de services de santé et de services sociaux offerts à
leur communauté; et
«b) les services offerts
par ces prestataires afin de soutenir les parents dans l'exercice de leurs
responsabilités et de les aider à répondre à ces besoins.»
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'amendement déposé par M. le ministre? Oui, M. le député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Bien,
j'aurais des questions par rapport à pourquoi, finalement, vous avez remplacé
le b. Je sais qu'il y avait une recommandation, je pense, c'est la commission
des services sociaux de l'APNQL, de biffer b. Alors là, vous le remplacez.
Qu'est-ce qui a motivé ce geste?
M. Carmant : Alors, moi, ce que
j'avais, c'est, comme recommandation, de le modifier. Vous dites que la
recommandation, c'était de l'éliminer complètement?
M. Zanetti : Ce que j'ai
retenu... Je peux vérifier, là, mais, dans tous les cas, la question demeure,
au fond : Qu'est-ce qui... Pourquoi
vous l'avez modifié? Quel... Qu'est-ce que vous voulez y enlever puis y laisser
en même temps?
M. Carmant : Je peux passer la
parole à la juriste, parce que je ne me souviens plus des détails.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu, s'il vous plaît.
• (15 h 50) •
Mme Mathieu (Jessica) : Oui. En
fait, c'est que, lors de certaines consultations, là, il a été nommé, là, que
le terme «capacité», ça pouvait entraîner une certaine, là, sensibilité, comme
s'il y avait un jugement de valeur, là, qui était fait sur la capacité, alors
que ce n'était pas ça, l'objectif, là.
L'idée de la capacité, derrière, c'est de
dire : Bien oui, ils offrent des services, mais est-ce que... on le sait,
là, il y a des pénuries de personnel partout, est-ce qu'ils sont capables aussi
de donner les services? Parce que la disposition,
là, 131.6, ça peut faire en sorte que le DPJ va dire : Bien, je ne
retiendrai pas le signalement parce qu'il y a déjà un organisme qui est
là, qui aide la famille puis qui s'en... Donc, la sécurité de l'enfant n'est
pas compromise parce que, justement, les parents, ils ont un accompagnement de
cet organisme-là.
Donc, ici, «capacité», c'était dans cette
optique-là de dire : O.K., ils offrent les services, les parents les
reçoivent, effectivement, parce qu'il y a du personnel, tout ça, mais
«capacité» pouvait être interprété peut-être d'une manière différente. Donc, on n'a pas eu le choix de retravailler la
phrase, là. C'est pour ça qu'on le remplace au complet.
Mais l'idée,
c'était de retirer ce terme «capacité» là. Et l'idée derrière ça, c'est
vraiment de voir, c'est ça, est-ce qu'il y a... est-ce que les parents
ont des services qui font en sorte que, bien, comme ces services sont là, sont
rendus, on n'a pas besoin d'intervenir, le DPJ? Parce que c'est quand même une
intervention d'autorité de l'État, là, et on a déjà des... On favorise, dans le
fond, les prestataires de première ligne. C'est un peu ça, l'idée, derrière.
Donc, c'est pour ça qu'on a retravaillé la phrase. Mais l'objectif, c'était
vraiment de retirer ce terme «capacité» là.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, M. le député?
M. Zanetti : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
je pense que vous m'aviez demandé la parole.
Mme Weil : Ah! essentiellement,
c'était de bien comprendre plus la structure et le groupe, peut-être, qui
aurait fait cette intervention. Est-ce que c'était lors des consultations?
M. Carmant : Oui. C'était le
CSSSPNQL, puis effectivement ils avaient originalement demandé de l'éliminer.
Là, je ne veux pas... Vous avez raison là-dessus. Je pense que l'adaptation
qu'on a faite est adéquate.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des interventions
sur la...
Mme Weil : Je veux bien
comprendre. Donc, la loi actuelle, on enlèverait le b, qui est... Écoutez, dans
la loi actuelle, 38.2, il vient remplacer le b, non? Dans la structure de
l'article de la loi, dans la LPJ, c'est dans... ce serait dans 38.2?
Mme Mathieu (Jessica) : Non. Ici, on
est vraiment dans un nouvel article qui est dans le chapitre, là, pour les
autochtones. Ici, on est à 131.6. C'est une nouvelle disposition. Et,
initialement, dans le projet de loi, lorsqu'on avait mis cette disposition-là,
il y avait le b, là, comme vous le voyez, de rayé, là, avec la capacité, mais,
suivant les consultations qu'il y a eu lors du... suite au dépôt du projet de
loi, on a retravaillé l'article puis on présente l'amendement, là, que vous
avez sous les yeux. On n'est pas à 38.2 ici. On est vraiment à 131.6.
Mme Weil : Et c'était quel
organisme qui l'avait proposé? Je les ai tous devant moi. C'était...
M. Carmant : Le
CSSSPNQL.
Mme Weil : Ah! O.K.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, Mme la députée?
Mme Weil : Oui. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Provençal)
:
Y a-t-il d'autres interventions
sur l'amendement? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci. Alors, nous revenons à
l'article 136 qui a été...
M. Carmant : Est-ce qu'on
pourrait suspendre, s'il vous plaît?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le ministre.
(Suspension de la séance à 15 h 54)
(Reprise à 16 h 12)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Je vais
immédiatement céder la parole à M. le ministre pour son plan de match.
M. Carmant : Oui. Bien, M. le
Président, on peut continuer avec 131.6 s'il n'y a... ou continuer à 131.7 s'il
n'y a pas d'autre intervention.
Le Président (M. Provençal)
: ...autres interventions sur le 131.6?
Ça va? 131.7. M. le ministre.
M. Carmant : D'accord. Merci
beaucoup, M. le Président. 131.7 se lit comme suit : «Dès qu'un enfant
autochtone fait l'objet d'un signalement et à chacune des étapes de
l'intervention du directeur le concernant, le directeur doit s'enquérir auprès
des prestataires de services de santé et de services sociaux offerts à la
communauté de l'enfant des sujets suivants :
«a) la situation de l'enfant, de ses parents et
des autres membres de sa famille;
«b) les services que ces prestataires peuvent
leur fournir.
«Le directeur doit voir à obtenir la
collaboration de ces prestataires; il se concerte avec ceux de ces prestataires
qui lui offrent leur collaboration, afin que leurs services s'accordent.»
Commentaire. Ce nouvel article a pour objectif
de valoriser la collaboration entre les directeurs de la protection de la
jeunesse et les différents intervenants. Le directeur doit donc communiquer
avec les prestataires de services de santé et de services sociaux offerts à la
communauté pour connaître la situation de l'enfant et de ses parents et pour
identifier les services que ces prestataires peuvent leur fournir.
Le directeur
doit rechercher la collaboration des prestataires. Lorsqu'il y a collaboration,
le directeur et les prestataires doivent s'assurer d'intervenir de manière
concertée afin que les... leurs services s'accordent. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Il y a eu un engagement, M. le
ministre, envers le député de Jean-Lesage pour un amendement à 131.7. Alors, je
demanderais au député de Jean-Lesage...
M. Zanetti : ...je l'ai envoyé
sur... bien, en fait, au secrétariat.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. On va le projeter à...
M. Zanetti : Ah! parfait. Déjà, vous
l'avez.
Le Président (M. Provençal)
: ...pour que vous puissiez en faire la lecture, M. le
député.
M. Zanetti : Formidable. Ce n'est
pas celui-là, hein?
Une voix : ...ce n'est pas le bon.
M.
Zanetti : Merci. Article... bon : Ajouter, à la fin du
paragraphe b du premier alinéa de l'article 131.7 de la Loi
sur la protection de la jeunesse, proposé
par l'article 54 du projet de loi, «, notamment les soins coutumiers et
traditionnels».
«131.7.
Dès qu'un enfant autochtone fait l'objet d'un signalement et à chacune [de ces]
étapes de l'intervention du directeur le concernant, le directeur doit
s'enquérir auprès des prestataires de services de santé et de services sociaux
offerts à la communauté de l'enfant des sujets suivants :
«a) la situation de
l'enfant, de ses parents et des autres membres de [la] famille;
«b) les services que
ces prestataires peuvent leur fournir, notamment les soins coutumiers et
traditionnels.
«Le directeur [voit]
à obtenir la collaboration de ces prestataires; il se concerte avec ceux de ces
prestataires qui lui offrent leur collaboration, afin que leurs services — et là
il faudrait dérouler un peu — ...
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
ministre.
M. Zanetti : ...s'accordent.»
Suspense.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
ministre.
M. Carmant : Bien,
moi, je suis tout à fait en accord avec ce libellé.
Le Président (M.
Provençal)
: Cet amendement.
M. Carmant :
Et moi, j'appuie cet amendement.
Le Président (M.
Provençal)
: Est-ce...
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement proposé par le
député Jean-Lesage est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Provençal)
: Adopté.
Merci. Maintenant, sur l'article 137 amendé, est-ce qu'il y a des interventions?
Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui.
M. le ministre, c'est dans le même sens de l'amendement que mon collègue vient
de déposer, qu'on a tous accepté. C'est quoi, la capacité de vos services
d'utiliser des langues autochtones et d'embaucher des intervenants qui peuvent
parler une langue autochtone?
M. Carmant : Évidemment,
ça varie d'une région à l'autre. Nous, on veut que ces soins soient donnés de
façon culturellement sécuritaire, donc dans la langue de l'enfant et de la
famille. Des fois, on peut aller avec des interprètes, à l'occasion, également,
quand ce n'est pas disponible. Et évidemment je peux... je ne peux nier qu'il y
a des situations où il y a... où ça se fait en anglais, mais tous les efforts
sont faits, dans toutes les régions, pour, un, que ce soient des intervenants
qui parlent la langue ou sinon des interprètes.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça
répond à votre question?
M. Kelley : Merci.
Oui.
Le Président (M.
Provençal)
: O.K.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention,
M. le ministre, 131.8. Et j'annonce qu'à 131.8 vous aurez aussi un amendement.
M. Carmant : Merci.
Merci, M. le ministre. Donc, 131.8 se lit comme suit : «Malgré les
dispositions de l'article 72.5, dès qu'un enfant autochtone doit être
retiré de son milieu familial pour être confié à un milieu de vie substitut, le directeur doit informer la personne
responsable des services de protection de la jeunesse de la communauté
de l'enfant de la situation de celui-ci. En
l'absence d'une telle personne, il en informe celle qui assume un rôle en
matière de services à l'enfance et à
la famille dans cette communauté. Le directeur sollicite alors la collaboration
de la personne informée de la
situation de l'enfant afin de favoriser la continuité culturelle de l'enfant
et, dans la mesure du possible, de faire en sorte que celui-ci soit
confié à un membre de sa famille élargie ou à une personne de sa communauté ou
de sa nation.»
Il y a aussi un
commentaire, M. le Président, qui venait avec cet article. Cet article reprend
l'article 72.6.0.1 actuel de la Loi sur
la protection de la jeunesse, qui a été abrogé à l'article 39 du projet de
loi. Néanmoins, pour des fins de concordance, l'expression «préservation
de l'identité culturelle» a été remplacée par celui de la continuité
culturelle.
Et l'amendement se
lit comme suit, M. le Président : Remplacer, dans l'article 131.8 de
la Loi sur la protection de la jeunesse, proposé par l'article 54 du
projet de loi, «un membre de sa famille élargie ou à une personne de sa
communauté ou de sa nation» par «un milieu de vie substitut conformément à
l'article 131.5».
Cet amendement est
une modification de concordance, en considérant l'ordre de priorité établi par
les dispositions du nouvel article 131.5 de la Loi sur la protection de la
jeunesse lorsqu'un enfant autochtone doit être confié à un milieu de vie
substitut.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre.
Est-ce que, dans un premier temps, il y a des interventions concernant
l'amendement? S'il n'y a pas d'intervention sur l'amendement, est-ce que...
nous allons passer à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci. Maintenant, concernant
l'article 131.8 amendé, est-ce que... est-ce qu'il y a des interventions?
S'il n'y a pas d'intervention, je... nous allons aller à 131.9. M. le ministre.
M. Carmant : Est-ce qu'on peut
suspendre une minute, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le ministre.
(Suspension de la séance à 16 h 20)
(Reprise à 16 h 21)
Le Président (M. Provençal)
: 131.9.Merci. Alors, nous
reprenons nos travaux. Alors, M. le ministre, je vous invite à nous faire
lecture du 131.9, s'il vous plaît.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. L'article 131.9 se lit comme suit : «Le directeur doit,
dans les cas suivants, informer les parents d'un enfant autochtone et celui-ci,
lorsqu'il est âgé de 14 ans et plus, de la possibilité de former un
conseil de famille :
«a) lorsqu'ils conviennent d'une entente
provisoire prévue à la section II.1 du chapitre IV;
«b) lorsque le directeur statue, conformément à
l'article 51, que la sécurité ou le développement de l'enfant est
compromis;
«c) préalablement à la révision, conformément à
l'article 57 ou 57.1, de la situation de cet enfant.
«Le conseil est formé conformément à la coutume
ou à la pratique autochtone. Lorsqu'un tel conseil n'est pas formé, le
directeur y procède, si les parents et, le cas échéant, l'enfant lui en font la
demande; il sollicite alors la collaboration de la communauté ou d'un organisme
autochtone en milieu urbain.
«Le directeur n'est pas tenu aux obligations
prévues aux premier et deuxième alinéas dans les cas où un conseil de famille a
déjà été formé.
«Pour
l'application du présent chapitre, un conseil de famille s'entend également
d'une autre instance similaire.»
Ce nouvel article prévoit l'obligation du
directeur de la protection de la jeunesse de proposer aux parents et à l'enfant
de 14 ans et plus, le cas échéant, la tenue d'un conseil de famille dans
les circonstances énumérées, soit lors de la conclusion d'une entente
provisoire, lors de la décision sur la compromission et préalablement à la
révision.
Le conseil de famille est formé selon la coutume
ou la pratique de la communauté concernée. Si le conseil n'est pas formé et que
les parents et, le cas échéant, l'enfant en font la demande, alors, le
directeur de la protection de la jeunesse va solliciter la collaboration de la
communauté ou d'un organisme autochtone en milieu urbain afin de pouvoir
procéder à la formation du conseil de famille.
L'introduction
du concept de famille dans la LPJ est une recommandation de la commission
Viens, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Oui, Mme la
députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui. Alors, sur cet
enjeu, le Barreau se prononce, puis j'aimerais avoir une discussion avant de
voir s'il y a lieu de déposer un amendement. Donc, je lis, donc, le Barreau
dit : «Nous croyons que la formation d'un conseil de famille serait
également pertinente à d'autres étapes du processus en protection de la
jeunesse, notamment afin de prévenir une déclaration de compromission dès le
signalement d'une situation au DPJ.
«Cette suggestion est également conforme aux
constats du rapport de la commission Laurent, qui insiste sur le virage
nécessaire vers la prévention. Un conseil de famille constitué dès le
signalement d'un enfant peut suffire, dans certaines situations, à mobiliser le
filet de sécurité de l'enfant, cibler des moyens concrets pour mettre fin au
danger et ainsi éviter une déclaration de compromission.
«En cas d'absence d'un conseil de famille,
l'article 131.9 du projet de loi exige du DPJ qu'il y procède, et ce,
uniquement sur demande des parents ou de l'enfant, le cas échéant. Afin de
favoriser la proactivité du DPJ dans la formation de tels conseils, nous
suggérons la modification suivante, qui aura pour effet d'exiger du DPJ de
vérifier activement auprès de la famille son consentement...»
Donc, est-ce qu'on a l'amendement, là, qui est
proposé?
Une voix : ...
Mme Weil : On cherche notre
mémoire. Est-ce que vous, vous êtes...
M. Carmant : ...là, une suggestion
d'amendement du Barreau.
Mme Weil : Bien, pour faciliter,
oui, le travail, donc, est-ce que vous avez pris en compte leur point de vue?
M. Carmant : Oui. Puis l'enjeu...
Mme
Weil : Puis l'avez inséré ailleurs, c'est ça?
M. Carmant :
Non. L'enjeu qu'on avait, c'était sur la capacité clinique de le faire. Par
exemple, je vous parlais tout à l'heure de ma famille, ma communauté.
Initialement, on l'a fait vraiment plus tard dans le processus, comme on fait
avec le conseil de famille, puis, avec l'expérience, bien, on arrive à
s'impliquer de plus en plus tôt. Mais, pour des questions de capacité, on avait
une hésitation. Puis j'ai posé la même question à la directrice nationale, là,
qui pourra vous expliquer la...
Mme Weil :
Mais, juste avant d'aller sur la capacité... Parce que je vous crois, là, mais est-ce
qu'il y a une formulation qui pourrait dire quelque chose comme «dès qu'on
peut», là, qui ne serait pas «doit», là, mais...
M. Carmant :
Dès que possible.
Mme Weil :
...«dès que possible», oui, pour encourager cette pratique? On va essayer de
trouver l'amendement, si vous l'avez,
du Barreau. Est-ce que c'était dans... Si vous vous rappelez, dans la
recommandation du Barreau, est-ce que c'était «doit»? Est-ce que c'était
obligatoire ou est-ce qu'il laissait ça un peu plus...
M. Carmant :
On n'avait pas de texte spécifique. C'était juste une demande d'élargir le
champ d'action, que j'ai, selon mes notes.
Le Président (M.
Provençal)
: Et le droit est quand même
très exigeant, si je peux me permettre. C'est une obligation, là, légale.
Mme Weil :
Oui, c'est ça. Donc, c'est de voir s'il
y a lieu... ou possible de... Des
fois, il y a des façons de dire : Si c'est propice, puis on a
toutes les conditions gagnantes pour le faire parce qu'il y a des ressources là
où est l'enfant... Ce serait de voir est-ce qu'il y a moyen... «lorsqu'il est
possible» ou quelque chose du genre.
Le Président (M.
Provençal)
: Parce
c'est... qu'il y a vraiment une obligation ici, hein, au niveau légal.
Mme Weil :
Donc, cette section, c'est toujours l'obligation. C'est ça?
M. Carmant :
C'est ça. Ce serait peut-être 131.10. Mais peut-être juste laisser la parole, s'il
vous plaît.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme Lemay, s'il vous plaît.
Mme Lemay
(Catherine) : En fait, les conseils de famille, ça a été amené par le
Conseil de la nation atikamekw, notamment. C'est une nouvelle pratique, et, le
ministre en a largement parlé, là, à plusieurs reprises, les communautés autochtones pensent que c'est une
bonne pratique, effectivement, même celles qui ne l'ont pas intégrée
encore.
Donc, il n'y a pas
nécessairement éventuellement de contre-indication à le faire plus tôt dans le
processus, mais les indications qu'on a, pour l'instant, de ceux qui
l'appliquent, c'est que c'est quand même un processus qui est rigoureux, qui
est plus long à mettre en place. Donc, il faut se donner le temps de se donner
les bonnes conditions pour que ça donne les résultats souhaités. Ça fait que,
dans le fond, l'idée, c'est de se dire : Commençons avec la situation
actuelle, et, avec l'usage, on pourra voir à le mettre plus précocement dans le
processus.
Mme Weil :
Donc... Parce qu'eux, ils font écho à la commission Laurent. Donc, la
commission Laurent, c'était la même recommandation, c'est d'entamer cette étape
plus précocement. Mais vous ne pouvez pas nécessairement parce que ce n'est pas
toujours possible. On ne peut pas rendre ça obligatoire.
Mme Lemay
(Catherine) : Bien, en fait, c'est les nations, les communautés
autochtones qui vont les mettre en place, les conseils de famille.
Mme Weil :
Oui, eux-mêmes, c'est ça.
Mme Lemay
(Catherine) : Et la juriste pourra me le préciser, là, mais il n'y a
pas nécessairement de contre-indication à le faire plus tôt dans le processus,
tel que libellé, mais il faut se partir à quelque part, là. Donc, commençons
avec qu'est-ce qui est là présentement, puis on pourra, à l'usage, s'améliorer.
Mme Weil :
D'entrée de jeu... Excusez-moi. D'entrée de jeu, vous aviez mentionné que
tout... le ministre a mentionné que, lorsque vous avez créé ce nouveau
chapitre, si on veut, cette section, il y a eu beaucoup d'échanges. Est-ce que
vous avez eu l'occasion de parler de cet élément-là ou pas? Oui? Et, les
groupes autochtones, c'était quoi, leurs réactions? Est-ce que c'est quelque
chose qu'ils verraient éventuellement?
Le Président (M.
Provençal)
: Mme Lemay,
s'il vous plaît.
Mme Lemay
(Catherine) : Les groupes qui n'ont pas actuellement de conseil de
famille voient cette pratique comme une bonne pratique, et pas juste les
autochtones, d'ailleurs, là, même les allochtones. De mettre à profit les
personnes significatives autour des enfants, c'est quand même une bonne
pratique.
Mme Weil : Mais, qu'on ne pourrait
pas avoir l'obligation, ils comprennent ça tout de suite... c'est-à-dire, que
la loi ne pourrait pas refléter à ce moment-ci.
Mme Lemay
(Catherine) : Ils auront
l'opportunité de mettre leurs conseils de famille ou un dispositif qui s'y
apparente, là, parce que, dans la loi, on introduit pour être suffisamment
souples, pour reconnaître qu'il y a d'autres modèles que celui du Conseil de la
nation atikamekw.
Mme Weil : O.K. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Ça répond à vos questions, Mme la députée? Merci. Oui, M.
le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. C'est sur
l'entente provisoire prévue dans la section II.1 du chapitre VI... excusez-moi,
IV. Excusez-moi. C'est rare que je dois lire. Mais je veux juste bien
comprendre c'est quoi, exactement, cette entente-là. Désolé si j'ai manqué ce
bout-là, mais, je pense, c'est pertinent, parce que le conseil attikamek a des
propositions sur cette partie de 131.9.
Mme Lemay (Catherine) : Bien,
en fait, c'est justement ce qu'ils disent, c'est que, même à l'étape des
mesures provisoires, ils disent que ce n'est pas réaliste pour eux, là, déjà,
de le mettre en place, à cause de ce que ça demande
comme... comme structure puis comme temps, selon leur expérience. Donc, encore,
l'entente provisoire, c'est après l'étape du signalement. Donc, on est
encore plus tard dans le processus.
M. Kelley : Oui. Bien, merci.
C'est juste parce que j'essaie de prendre qu'est-ce qu'eux autres ont dit dans
leur mémoire. Parce qu'il y a une suggestion pour... Ce n'est pas
nécessairement qu'ils sont contre l'idée d'une entente provisoire, mais, eux
autres, faire une suggestion d'enlever la section... Parce qu'ils trouvent que
le délai de 60 jours, c'est problématique. Qu'est-ce que vous pensez de
ça? C'est juste... Je veux rassurer le conseil que c'est faisable. Mais, de mettre
ça, leur proposition qui est dans un mémoire, avec qu'est-ce qui est proposé
dans la loi... Je veux juste, bien, que ça marche bien. Parce que c'est une
bonne chose, cet élément d'un conseil de famille, mais, si eux autres
disent : Il faut faire attention avec le délai qui est mis en place, je
veux juste s'assurer qu'on ne mette pas nécessairement des restrictions sur une
bonne chose dans un projet de loi.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay.
Mme Lemay (Catherine) : C'est
ça, là, c'est l'esprit du commentaire, de laisser ça après l'étape des mesures
provisoires, donc quand on a une ordonnance. C'est ce qu'ils présentent, là.
Le Président (M. Provençal)
: En fait, c'est la séquence que...
Mme Lemay (Catherine) : Oui.
Ils disent : Attention de le mettre trop tôt dans le processus, parce que
même 60 jours, ce n'est pas beaucoup, là. C'est un peu ça qu'ils disent
dans leur... Je n'ai pas le libellé exact, là, mais, quand j'ai lu leur
proposition... Donc, encore plus si... De le mettre encore plus tôt dans le
processus, c'est encore plus... c'est encore plus hasardeux, là, de donner
suite à ça, là.
Le Président (M. Provençal)
: Ça répond à votre interrogation, M.
le député?
M. Kelley : Oui.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui, on l'avait
manqué. C'est juste de comprendre, dans la première phrase de l'article :
«Le directeur doit, dans les cas suivants, informer les parents d'un enfant autochtone
et celui-ci, lorsqu'il est âgé de 14 ans et plus», le pourquoi du
14 ans, pour bien comprendre, là, l'âge.
M. Carmant : Bien, c'est pour
l'autonomie de 14 ans et plus, pour l'accès à leurs soins. Donc, il peut
le...
Mme Weil : L'autonomie.
M. Carmant : Il peut le
demander spontanément, là.
Mme Weil : À 14 ans.
M. Carmant : Oui.
Mme Weil : Ça, c'est... Ça,
c'est pour tout le monde, c'est ça?
M. Carmant : Pour tout le
monde.
Mme Weil : Pour tout le monde.
Et, dans le cas d'un enfant qui aurait moins de 14 ans, pour le conseil de
famille, c'est fait, donc, en son nom, si on veut.
M. Carmant : Avec les parents. C'est
avec les parents.
Mme Weil : ...automatiquement
par les parents. C'est ça, la différence.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va, Mme la députée?
Une voix : ...
Mme Weil : ...d'un enfant
autochtone lorsqu'il a...
Des voix : ...
Mme Weil : ...bien, donc,
c'est ça, on informe les parents.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, c'est ça.
Mme Weil : C'est ça, la
question, hein? On informe les parents parce que... «Autochtone et celui-ci,
lorsqu'il est âgé de 14 ans».
M.
Carmant : «Et celui-ci, lorsqu'il est âgé de 14 ans et
plus». Parce c'est l'âge... C'est l'âge du consentement, 14 ans.
Mme Weil : «Et celui-ci, lorsqu'il
est âgé». Oui, c'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le 131.9? Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Je veux juste
revenir encore sur l'entente mais aussi cette première rencontre entre tout le
monde, parce qu'on... Encore, dans le mémoire, les Attikameks, ils parlent un
petit peu que ça peut prendre beaucoup de temps d'avoir une rencontre comme ça
et, quand même, d'avoir toutes les personnes nécessaires autour de la table.
Alors, ça, c'est... Je sais, c'est plus une politique, ce n'est pas
nécessairement dans la loi, mais c'est juste de... Je veux juste être rassuré
que, quand même, dans vos démarches, dans la sécurisation culturelle, et tout
ça... que le ministère va avoir des pratiques en place pour s'assurer que
toutes les rencontres qui prennent place sont... on prend le temps nécessaire
pour laisser tout le monde exprimer et bien comprendre la situation, parce que,
je pense, ça, c'est une chose qui est soulevée par les Attikameks. C'est juste
que tout le monde, autour la table, comprend qu'est-ce qui passe et pourquoi un
enfant, peut-être, doit être enlevé d'une famille pour un temps temporaire. C'est
juste... Je veux juste être rassuré par ça.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay, s'il vous plaît.
Mme Lemay (Catherine) : Bien,
absolument, ce que vous décrivez là est essentiel, puis c'est vrai pour les
enfants autochtones et les parents, mais c'est aussi vrai pour tous les enfants
du Québec, là, de prendre le temps de s'assurer que, quand on met plusieurs
personnes à contribution... que les principaux concernés sont très au clair sur
qu'est-ce qui se passe, qu'ils sont volontaires et qu'ils comprennent bien
toutes les étapes puis toutes les décisions qui sont en train de se prendre à
leur sujet, là, l'enfant, d'abord, mais les parents aussi, là. Ça, c'est
essentiel. Et c'est d'ailleurs pour ça que les Attikameks nous disent : Bien,
ne mettez pas ça... mettez-nous pas de pression pour que ça se fasse avant.
Parce que même 60 jours pour tout mettre en place et tout prendre le temps
que tout le monde comprenne, ce n'est pas beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça répond à votre
interrogation?
M. Kelley : Oui. Parfait. Parce que,
pour la communauté, on sait que, quand un enfant... Si jamais ça arrive,
l'enfant enlevé d'une communauté, si c'est nécessaire, tout le monde dans la
communauté va parler de ça. Puis on sait que c'est un enjeu très délicat.
Alors, c'est juste de mieux comprendre ça. Alors, merci beaucoup pour la
réponse.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Oui.
Parce que c'est quand même tout un chapitre. Normalement, on fait ces articles
alinéa par alinéa, mais on ne l'a pas fait comme ça. Toute la question de
confidentialité d'un dossier d'un enfant dans le contexte, justement, de
conseils de famille, comment ça s'applique, ces règles-là?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : La confidentialité par
rapport à...
Mme Weil : Ses informations,
l'enfant à l'âge... donc, quand... le partage d'information lorsqu'il y a un
conseil de famille. Est-ce que le conseil de famille aurait accès à toute
l'information confidentielle?
M. Carmant : Je passerais la parole.
Je n'ai pas la réponse.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay ou maître...
M. Carmant : Mme Lemay.
Le Président (M. Provençal)
: Mme Lemay.
Mme Lemay (Catherine) : Bien, les
conseils de famille, c'est une approche collaborative volontaire. Donc, on
recherche d'abord le consentement du principal concerné, donc de l'enfant, s'il
a 14 ans et plus. 14 ans et moins, les
parents consentent pour l'enfant. Mais les parents consentent. À partir du
moment où tu consens, bien, tu es volontaire pour recevoir l'aide des
parties prenantes qui sont autour de toi, donc de partager une partie
d'information sur ta vie, qui va venir aider à changer les choses.
Mme
Weil : Est-ce que c'est par la pratique que c'est
développé, par la logique? Est-ce qu'ils ont de l'information sur ces
questions de confidentialité, l'enfant, notamment? C'est très structuré dans
l'autre section du projet de loi, mais là on ne sait pas trop comment ça
s'applique.
Mme Lemay (Catherine) : Bien, je ne
veux pas parler à la place des communautés autochtones, là. Ce n'est pas notre
processus. C'est vraiment eux qui nous ont présenté ça, donc ils seraient mieux
que moi pour l'expliquer. Mais je pense que c'est vraiment issu de leur
patrimoine culturel, leurs façons de faire, prendre le temps d'expliquer, de
mettre les gens à contribution. C'est vraiment dans cette approche-là, là,
de...
Mme Weil : Donc, toute la section
sur la confidentialité ne s'appliquerait pas à cette section. Est-ce qu'on le
dit quelque part? Mais je comprends ce que vous dites, tout à fait, je
comprends. C'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu, s'il vous plaît.
Mme Mathieu (Jessica) : Les autres
dispositions continuent de s'appliquer. Ce qu'il faut savoir, c'est que, comme
l'a expliqué Mme Lemay, on est dans une approche où on a le consentement
des parents. Le conseil de famille ne se
mettra pas en place si les parents n'en veulent pas, de ce conseil de famille,
et ça, c'est important. Il pourrait y avoir des parents qui n'en veulent
pas ou des enfants de 14 ans et plus qui n'en veulent pas non plus. Donc,
à ce moment-là, l'échange d'information, ça fonctionne sur la base du
consentement, et ça, c'est déjà prévu dans la LPJ, là. Les dispositions qu'on a
déjà vues auparavant continuent de s'appliquer, là.
Mme
Weil : Et donc, lorsqu'ils consentent, ça veut dire
consentir à partager l'information qui concerne l'enfant. C'est ça que ça veut dire, essentiellement. Ce
consentement mène, justement, au partage de l'information,
nécessairement.
Mme Mathieu (Jessica) : Bien, c'est
un processus. Ce n'est pas un chèque en blanc parce qu'on consent à un conseil
de famille, mais c'est dans le processus. Bien, ça va s'installer avec les
parents, et là on va voir quelles informations on partage, jusqu'où on va dans
ce partage-là. Ce n'est pas... Ce n'est vraiment pas un chèque en blanc qui est
donné parce qu'on consent à un conseil de famille, à ce que toute notre vie
soit étalée devant ces gens-là, là. Donc, c'est vraiment un processus de
collaboration. On va travailler avec les parents pour venir... Les autres
dispositions de la loi s'appliquent.
Mme Weil : Et tout ça est géré par
le conseil de... par les autochtones de la communauté, par le conseil de
famille. On n'est pas dans les situations qu'on a décrites dans la première
partie, où on a des ordres professionnels qui partagent
l'information avec le prof, etc. On n'est pas dans ces situations-là. C'est
vraiment dans un contexte... Qu'est-ce qui... Pour ce qui est de...
Lorsque l'enfant se retrouve dans un autre milieu, c'est d'autres règles, c'est
un peu ça, comme on a discuté. C'est deux milieux complètement différents, là,
dans le sens qu'il y a des ordres professionnels aussi qui pourraient se
retrouver, ici, à donner des conseils. Donc, eux, ils sont quand même soumis à
cette règle de confidentialité. Donc, à quelque part, les règles, sûrement,
vont... J'essaie de comprendre à qui ça s'applique, mais pas le conseil de
famille en soi. Est-ce que c'est bien ça?
Mme Mathieu
(Jessica) : Les autres dispositions s'appliquent, mais on a le
consentement des parents. À partir du moment où on a le consentement des
parents... On peut sortir, même, là, de l'autochtone, là, du chapitre
autochtone du conseil de famille. En tout temps, dans la loi, quand on a le
consentement, on peut partager de l'information, là. Ça, ça fonctionne avec les
parents, là.
Dans le
conseil de famille plus précisément, quand on est vraiment dans le coeur de ça,
c'est la même dynamique. On a le consentement des parents, on peut
échanger de l'information. Par ailleurs, il y a les autres dispositions de la
loi qui continuent de s'appliquer, là.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
Mme Weil : Oui. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Une autre question
juste sur les précisions sur le processus. J'imagine que le fait qu'on laisse
le directeur... la capacité de faire une collaboration avec la communauté ou un
organisme autochtone de milieu urbain ça répond un petit peu à les
inquiétudes... le conseil de la nation des Innus de Nutashkuan, dans le sens
qu'eux autres c'était une suggestion qu'il y a une obligation d'aller vers eux
autres pour approcher la famille, pour faire un conseil ensemble. Alors, c'est
un petit peu, là encore, dans le processus de comment l'État va approcher la
communauté et de s'assurer qu'on utilise des bons moyens si c'est, comme on a
discuté, un centre d'amitié autochtone ou, quand même, un service qui existe
dans une communauté.
Alors, c'est juste... Selon vous, M. le
ministre, ou votre équipe, est-ce que vous pensez que qu'est-ce qui est écrit
ici... Selon moi, c'est flexible, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise
chose, mais est-ce que ça va répondre à
leurs inquiétudes sur, encore, le processus, de faire des démarches en tout
respectant les familles puis les communautés qui sont interpelées par un
cas d'un enfant en... C'est ça.
• (16 h 40) •
M. Carmant : Mais, pour moi... Puis
l'intention, c'est vraiment de permettre à la communauté de mettre sur pied le
conseil de famille. C'est vraiment le... Tu sais, c'est d'eux qu'on a pris le
concept puis c'est... On veut même l'étendre à l'extérieur des communautés,
tellement je trouve que c'est un bon concept. Donc, c'est sûr que c'est... Ça
vient de la communauté.
(Interruption)
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée, s'il vous plaît! Vous
nous avez fait perdre le fil.
M. le député de Jacques-Cartier, est-ce que le
ministre a répondu à votre interrogation?
M. Kelley : Je ne sais pas si le
ministre a des choses à ajouter, mais, non, il a pas mal répondu à la question
encore. Je pose des questions qui viennent des mémoires des différents groupes.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui. Il n'y a pas de problème.
Ça va? S'il n'y a pas d'autre interrogation sur le 131.9, M. le ministre,
131.10.
M. Carmant : Merci, M. le Président.
131.10 se lit comme suit : «Le conseil de famille a notamment pour rôle de
présenter ses observations au directeur quant à la modification ou à la
prolongation au-delà de 30 jours d'une entente provisoire ainsi que de lui
faire des propositions concernant les sujets suivants :
«a) les mesures visant à mettre fin à la
situation de compromission;
«b) les
mesures tendant à assurer la continuité des soins et la stabilité des liens et
des conditions de vie de l'enfant;
«c) les soins coutumiers ou traditionnels
appropriés à la situation de l'enfant.»
Ce nouvel article vient décrire le rôle du
conseil de famille. Par exemple, il peut proposer le milieu de vie substitut
qui serait approprié pour l'enfant, les services d'assistance qui seraient
requis pour la situation des parents. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions sur le
131.10? Ça va? 131.11. M. le ministre.
M. Carmant : Merci, M. le Président.
131.11 se lit : «Avant la modification ou la prolongation au-delà de
30 jours d'une entente provisoire et avant de décider de l'orientation de
l'enfant autochtone ou de la révision de sa situation, le directeur doit
solliciter les observations du conseil de famille ou, selon le cas, ses
propositions, à moins qu'il ne les ait déjà reçues.
«Le directeur n'y est pas tenu lorsqu'il estime
que le délai nécessaire pour obtenir les
observations ou les propositions risque de compromettre la sécurité ou le
développement de l'enfant.»
Ce nouvel article vise à obliger le directeur à
solliciter le conseil de famille à des moments clés du processus d'intervention
pour obtenir ses observations ou ses propositions.
Le deuxième alinéa de ce nouvel article prévoit
que le directeur n'est pas tenu de consulter le conseil de famille si le délai
pour ce faire risque de compromettre la sécurité ou le développement de
l'enfant.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? Oui, Mme la députée.
Mme Weil :
Juste pour comprendre, peut-être mieux comprendre cette situation du...
l'explication... Le deuxième alinéa de
ce nouvel article prévoit que le directeur n'est pas tenu de consulter le
conseil de famille si le délai pour ce
faire risque de compromettre... Est-ce que vous pourriez donner le genre de
situation... C'est le délai, essentiellement. Il y a un problème de
délai. Qu'est-ce qui causerait le délai? Dans la vraie vie, c'est quel type de
situation qu'on décrit ici? Je regarde...
Le Président
(M. Provençal)
: Mme Lemay?
Mme Lemay.
Mme Lemay (Catherine) : Bien, par exemple, une situation où un enfant
devrait être retiré de façon immédiate. Il y a eu un abus sexuel, puis on ne peut pas attendre que le conseil de
famille se positionne pour intervenir, par exemple.
Mme Weil :
C'est... Situation d'urgence.
Mme Lemay
(Catherine) : Oui, une situation d'urgence, exact.
Mme Weil :
Moi, ça va.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va? Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors, 131.12. M. le ministre.
M. Carmant :
Merci, M. le Président. 131.12 se lit comme suit : «La durée totale de
la période durant laquelle un enfant autochtone peut être confié à un milieu de
vie substitut n'est pas limitée par les articles 53.0.1 et 91.1 lorsqu'un
conseil de famille a été formé.»
Ce nouvel article
vise à exempter de l'application des durées maximales d'hébergement la
situation d'un enfant confié à un milieu de vie substitut lorsqu'un conseil de
famille est présent.
L'exemption des
durées maximales d'hébergement est une recommandation de la commission Viens.
Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Le
député de Jean-Lesage m'a informé qu'il aurait un amendement à déposer à
131.12. Est-ce que c'est le cas, M. le député?
M. Zanetti :
Vos informations sont tout à fait justes.
Le Président
(M. Provençal)
: Alors,
M. le secrétaire, est-ce que vous avez reçu... Oui? Vous allez l'imprimer puis
vous allez le projeter? Merci. On va pouvoir le... immédiatement. Alors, M. le
député Jean-Lesage, je vous invite à nous en faire la lecture et à le
commenter.
M. Zanetti :
L'article 131.12 introduit à l'article 54 du projet de loi est
modifié par la suppression, après «91.1», de «lorsqu'un conseil de famille a
été formé».
L'article modifié se
lit comme suit : «La durée totale de la période durant laquelle un enfant
autochtone peut être confié à un milieu de vie substitut n'est pas limitée par
les articles 53.0.1 et 91.1.»
L'objectif de ça,
c'est que... Comme on a pu, en fait, le mettre en lumière dans une discussion
préalable qu'on a eue, souvent, il n'y aura pas de conseil de famille. Puis on
ne sait même pas exactement quand est-ce qu'il y en a à l'heure actuelle, où
c'est possible, on ne sait pas comment il va y en avoir. Ça fait qu'on ne peut
pas faire... tu sais, introduire, là, avec la conditionnalité de la présence
d'un... avec la condition de la présence d'un conseil de famille, une espèce
d'inéquité entre les enfants ou une inégalité, voir une situation où il y en a
un qui n'a pas la même chance qu'un autre. Alors, c'est pour ça que je propose
qu'on enlève cette portion de l'article 131.12.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant :
Oui. M. le Président, l'enjeu, c'est que les durées maximales de placement
sont là pour s'assurer qu'il y ait une certaine stabilité, et, justement, le
comité permanent nous disait qu'en l'absence du conseil de famille ils ont
quand même une inquiétude que cette stabilité-là ne soit pas présente autour de
l'enfant. Donc, on avait entendu la demande de M. Gray, mais on a décidé
quand même de maintenir le libellé tel quel.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le député.
M. Zanetti :
J'aurais une question, alors, sur le... sur votre... sur le 131.12, là.
Donc, «la durée totale de la période durant laquelle un enfant autochtone peut
être confié à un milieu de vie substitut n'est pas limitée par les
articles [53] et [91]», qu'est-ce que ça signifie? C'est-à-dire que, si la
durée totale de placement dans un milieu substitut n'est pas limitée, ça veut
dire qu'elle est longue, elle peut être longue, ça veut dire qu'elle peut
être... Donc, si elle est longue, il y a de la stabilité.
M. Carmant : C'est
ça, elle n'est pas... Tu sais, il n'y a pas... Les limites de temps dont on a
discuté tout à l'heure, plus tôt aujourd'hui, ne s'appliqueraient pas dans le
contexte d'un conseil de famille mais devraient s'appliquer s'il n'y a pas ce
filet de sécurité autour de l'enfant.
M. Zanetti : Puis en quoi mettre des
limites de temps amène plus de stabilité?
M. Carmant : C'est pour ne pas
repousser la situation jusqu'à ce qu'elle perdure de façon éternelle, là, parce
qu'on ne veut pas... L'idée, c'est de ne pas déraciner l'enfant. Ça, je suis
tout à fait d'accord. Mais le comité permanent a dit qu'ils avaient une
inquiétude que la situation à risque perdure de façon prolongée s'il n'y a pas
ce conseil de famille pour s'assurer de la stabilité de l'enfant.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti : J'aurais besoin d'y
réfléchir un petit peu, mais je ne sais pas si les collègues de l'opposition officielle ont des commentaires à faire là-dessus.
Moi, ça me donnerait le temps de réfléchir. Sinon, il faudrait que j'y
pense un peu, là. Est-ce qu'on pourrait suspendre quelques minutes?
M. Carmant : ...peut-être que la
juriste pourrait clarifier un peu aussi, là. Ça peut vous aider à...
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Me Mathieu, s'il vous plaît.
• (16 h 50) •
Mme Mathieu (Jessica) : Oui.
Peut-être, là, sur les délais maximaux d'hébergement, comment ça fonctionne,
là, peut-être que ça pourrait vous éclairer, là, c'est qu'actuellement les
délais, ils ont été mis pour faire en sorte que, lorsqu'un certain temps
s'écoule, il y ait un projet de vie plus permanent, là, qui soit fait pour cet
enfant-là, pour éviter... C'est pour la stabilité, comme M. le ministre a dit,
pour éviter qu'un enfant change de milieu de vie trop souvent. Donc, on veut
lui assurer une stabilité.
C'est dans cet esprit-là que 131.12 a été
rédigé, de dire que, bien, lorsqu'on a un conseil de famille... Puis c'est
d'ailleurs dans son rôle, là, qu'on a passé tout à l'heure, là, à 131.10, où on
a, là, des mesures tendant à assurer la continuité des soins et la stabilité.
Ça fait partie du rôle d'un conseil de famille de s'assurer de cette
stabilité-là.
Donc, lorsque le conseil de famille est présent,
les durées ne s'appliquent pas. Donc, on peut dépasser, là, les durées, là, qui
sont dans la loi. On peut, donc, confier un enfant plus longtemps à un milieu
de vie substitut. Et la soupape de sécurité, là, c'est le conseil de famille.
On est rassurés. Considérant que le conseil de famille est là, bien, il
s'assure que cet enfant-là est bien et est stable dans son milieu. Donc, c'est
comme si on change... Au lieu que le moyen, ce soient les durées, le moyen pour
assurer la stabilité, c'est le conseil de famille. C'est cette logique-là, là,
qui sous-tend l'article.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, M. le député?
M. Zanetti : Je demanderais juste
une suspension de trois minutes, à peu près, pour réfléchir.
Le Président (M. Provençal)
: Trois minutes? Oui, M. le député.
M. Zanetti : Ça peut être quatre,
là. J'essaie de...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le député.
Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 53)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Provençal)
: Alors, nous reprenons nos travaux. Le
député de Jean-Lesage avait besoin de quelques minutes pour faire des
validations et des vérifications. Alors, je vous cède la parole, M. le député.
M. Zanetti : Merci, M. le Président.
Donc, cet amendement-là que je propose est une recommandation de la Commission
de la santé et des services sociaux des premières nations du Québec et du
Labrador.
Puis je vais vous lire un extrait qui motive
l'idée d'abolir les durées maximales d'hébergement en milieu substitut pour
tous les enfants autochtones, pas seulement ceux qui ont un conseil de famille,
puis je veux voir qu'est-ce que le ministre répond à ça, donc : «En 2006,
une modification de la LPJ a instauré, entre autres, la durée maximale
d'hébergement en milieu substitut. Une limite de temps est prescrite, à
l'intérieur de laquelle la décision de retourner ou non l'enfant dans son
milieu familial doit être prise. Après ce délai, si la sécurité et le
développement de l'enfant sont toujours compromis et que son retour dans le
milieu familial n'est pas possible, le tribunal rend une décision visant à lui
imposer un milieu de vie stable et permanent.
«Depuis 2007, l'APNQL et la
CSSSPNQL ont soulevé les conséquences possibles de l'instauration des durées
maximales d'hébergement en milieu substitut et ont fortement dénoncé cette
disposition, dans la mesure où ces délais étaient susceptibles d'entraîner le
placement d'enfants des Premières Nations à l'extérieur de leur communauté et
une rupture des liens entre l'enfant et sa famille, ce qui peut représenter une
rupture sociale, culturelle et linguistique désastreuse. En 2007, ce risque
était jugé d'autant plus important, car les Premières Nations ne disposaient
pas des ressources financières et humaines suffisantes pour, d'une part, mettre
en place des services préventifs de première ligne adéquats afin de soutenir
les familles en difficulté dans leur réponse aux besoins des enfants dans les
délais prescrits et, d'autre part, disposer de suffisamment de familles
d'accueil dans les communautés pour éviter le placement des enfants dans des
familles allochtones lorsque ce projet de vie alternatif est nécessaire. Ainsi,
le système de protection de la jeunesse faisait office de porte d'entrée
principale des services sociaux pour les enfants et les familles vivant dans
les communautés, les services préventifs n'ayant fait leur apparition que
depuis 2009.
«Malheureusement, les données confirment ces
préoccupations soulevées : de plus en plus d'enfants des Premières Nations
sont placés à l'extérieur de leur milieu familial, les ressources financières,
matérielles et humaines continuent d'être insuffisantes, et les familles des
Premières Nations ne reçoivent pas nécessairement l'ensemble des services dont
elles auraient besoin.»
Donc, l'idée, c'est que, si on abolit les délais
maximaux, c'est une bonne chose. Si on l'abolit seulement pour une minorité
d'enfants, bien, on ne répond pas à la demande puis on va causer des situations
plus fréquentes où, justement, l'enfant va être déraciné de son milieu.
• (17 heures) •
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, c'est
intéressant, l'extrait que le député vient de lire, parce qu'il y a plusieurs
choses aussi qu'on vient modifier.
Premièrement, on parlait de la capacité d'avoir des soins de première ligne,
des soins préventifs, dans ce que
vous avez lu. Ce qu'on est venus faire, on est venus reconnaître les soins
familiaux... familiers comme étant des soins de première ligne. Ça, c'était une demande qu'ils nous ont dite. Donc,
ça, ça vient d'éliminer cette première barrière là.
Ensuite, on vient de prioriser, dans un des
chapitres précédents, la famille, la famille élargie, une famille de la même
nation, une nation autre, etc., donc, pour s'assurer que toutes les étapes
soient faites avant de déraciner l'enfant. Puis ça, tu sais, je suis tout à
fait avec vous là-dessus, là, il faut essayer de l'éviter.
Puis le dernier pas qu'il reste, là, c'est,
justement, d'enlever ces délais maximaux de placement, mais nous, on décide de
garder quand même un petit filet, qui est la formation du conseil de famille,
pour s'assurer que, si l'enfant est dans une
situation défavorable... bien, tu sais, qu'on ait quand même encore un filet de
sécurité, là. Tu sais, on en a fait... Je
pense qu'on a fait un grand pas en avant, pas complètement comme ils demandent,
ça, je suis d'accord avec vous, mais je pense que la position qu'on tient se défend très bien. Et ça, c'est...
Tu sais, on en a parlé à nos partenaires, là. Ce n'est pas...
M. Zanetti : À quels
partenaires, par exemple?
M. Carmant : Le fameux comité
permanent, qu'on cite de façon répétée. Bon, bien...
M. Zanetti : Oui, c'est ça.
Puis qui est sur le fameux comité permanent? On dirait que je me suis posé la
question puis j'ai dit : Si je la pose, là, je vais avoir l'air de ne pas
savoir.
M. Carmant : Ah! non, non, non.
M. Zanetti : Mais je ferais un
quiz puis je ne suis pas sûr qu'on pourrait tous dire...
M. Carmant : Bon, bien, on va
le partager avec vous.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, M. le député?
M. Zanetti : Oui, mais je
serais intéressé de savoir qui est sur le comité permanent.
M. Carmant : Bien, en tout cas,
je sais qu'il y a des représentants des Attikameks. Je ne me souviens pas par
coeur non plus. Quelqu'un va vous trouver l'information.
Le Président (M. Provençal)
: Je pense que Me Lemay avait la
réponse.
Mme Lemay (Catherine) : Me
Lemay, c'est mon frère.
Le Président (M. Provençal)
: Mais Me Mathieu aussi.
Mme Mathieu (Jessica) : Je n'ai
pas tous... l'identité de tous les membres, là, mais je peux vous en donner
certains, là. Il y a des... Vous les avez?
Mme Lemay (Catherine) : Oui.
Mme Mathieu
(Jessica) : Donc, je vous laisse aller.
Mme Lemay
(Catherine) : Alors, il s'agit... Vous voulez les noms ou les nations?
Les nations?
M. Zanetti :
L'ensemble. Tout.
Une voix : ...
M. Zanetti :
Bien là, les noms... Non, les représentants des organisations.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
les nations.
Mme Lemay
(Catherine) : Alors, la nation... le comité de santé et des services
sociaux de Premières Nations Québec-Labrador, le Conseil de la nation
atikamekw, la régie régionale des services sociaux du Nunavik, on avait deux
DPJ qui étaient sur le comité permanent, donc DPJ de Côte-Nord, le Conseil de
la nation atikamekw — je
l'ai nommé tantôt — la
directrice de protection sociale du Conseil de la nation atikamekw, la DPJ de
la Gaspésie—Les Îles,
gestionnaire des services de santé et de services sociaux des Premières Nations
du Québec-Labrador, le DPJ du Conseil cri de la santé et des services sociaux
de Baie-James, Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec, un
représentant de la magistrature, un expert de la Commission des services
juridiques, et une directrice des services sociaux Uashat mak Mani-Utenam, et
la directrice associée de... je m'excuse si je ne le dis pas...
Une voix : ...
Mme Lemay
(Catherine) : ...Listuguj, oui, merci beaucoup. Alors, voilà.
M. Zanetti :
Est-ce que, M. le Président, ce document-là pourrait être déposé pour
que... référence future?
M. Carmant :
Consentement.
Le Président
(M. Provençal)
: Consentement.
M. Zanetti :
Merci, c'est gentil.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, il sera... Vous le
ferez parvenir au Greffier pour qu'on puisse le transmettre aux membres
de la commission. Ça va? Est-ce que ça répond à votre question?
M. Zanetti : Oui,
ça répond à ma question. Puis, bon, j'ai exprimé mes préoccupations par rapport
à l'amendement, là.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
M. Zanetti :
À moins que mes collègues aient d'autres choses à ajouter, on peut bien le
soumettre au vote.
Mme Weil :
...clarification. Donc, si je
comprends bien, il y a le rapport Viens qui faisait la première recommandation, qui allait plus loin, c'est un peu
ça, et il y a ce groupe qui nuance, et c'est la différence entre les
deux.
M. Zanetti :
Oui. Bien là, c'était la Commission de la santé et des services sociaux des
premières nations du Québec et du Labrador, qui est d'accord avec les
recommandations du...
Mme Weil :
C'est ça.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va, Mme la députée?
Mme Weil : Oui.
Merci.
Le Président (M.
Provençal)
: Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Sinon, nous allons procéder à la mise aux
voix de l'amendement du député de Jean-Lesage. Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix : ...
Le Président (M.
Provençal)
: Rejeté.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le 131.12? M. le ministre,
131.13.
M. Carmant : Merci,
M. le Président. 131.13 se lit comme suit : «Lorsqu'un conseil de famille
a été formé, le directeur peut réviser le cas de l'enfant à tout autre moment
que celui auquel il est tenu de procéder à une telle révision en vertu de
l'article 57, lorsqu'il l'estime à propos ou lorsque le conseil lui en
fait la demande.»
Ce nouvel article vise à
élargir la possibilité pour le directeur de la protection de la jeunesse de
réviser la situation d'un enfant dans le cas où un conseil de famille est
formé, lorsqu'il le juge approprié ou sur demande du conseil de famille. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Oui, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. C'est juste parce
qu'après ça on va sortir de la section sur le conseil de la famille. C'est une
question pour le ministre. Est-ce qu'un tel type de processus peut, un jour...
mis en place pour tous les enfants au Québec
et pour toutes les familles? Pas nécessairement pareil, mais je trouve que
c'est quelque chose qui peut peut-être un jour être mis en place pour le
bien-être de tous les enfants du Québec.
Le Président (M. Provençal)
: Excellente question. M. le ministre.
M. Carmant : Je partage
l'enthousiasme du député de Jacques-Cartier. Et on a lancé un programme, Ma
famille, ma communauté, dans tous les établissements du Québec. Certains
l'avaient déjà, dont ceux... dont ceux dont on mentionnait tout à l'heure, qui
vont même jusqu'à l'étape du signalement. Et on veut continuer à l'élargir à
toutes les communautés du Québec et, évidemment, ceux qui veulent participer,
des communautés autochtones. Le but, c'est de garder l'enfant dans un
environnement qui lui est familier, là, et sécuritaire.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça répond à votre question?
M. Kelley : Ça répond à la question.
Et peut-être... L'équipe du ministre peut peut-être réfléchir d'ajouter quelque
chose plus tard dans le projet de loi pour encadrer ça. Juste une suggestion.
Mais, sinon, dans l'avenir, commencer avec
plusieurs projets pilotes, ça va peut-être être intéressant, mais on peut quand
même... On sait, pour les familles... pour les autochtones, la famille est
importante, et, quand même, leur définition, que nous avons changée avec le
projet de loi sur les enfants disparus, de la famille élargie, c'est une définition
différente pour les autochtones que pour le reste du Québec, mais c'est quand
même ce concept-là que l'enfant, oui, a des parents, il a des cousins, ils ont
tout ça, qu'ils sont importants pour le bien-être d'un enfant. Alors, c'est
juste un commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Vous avez tout à fait raison de faire
ce commentaire-là, M. le député. M. le ministre, est-ce qu'il y a quelque chose
à ajouter? Ça va?
M. Carmant : Non. Je suis en accord.
Le Président (M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre intervention,
j'irais à l'article 131.14. M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Dans la section Ententes consécutives sur les mesures
volontaires : «Sous réserve des dispositions de l'article 131.12, des
ententes consécutives sur les mesures volontaires visées à la
sous-section 3 de la section III du chapitre IV peuvent excéder
la durée de trois ans prévue à l'article 53 lorsqu'elles concernent un
enfant autochtone.»
Donc, ce nouvel article vise à permettre
d'excéder la durée de trois ans pour les ententes sur les mesures volontaires.
Ainsi, cela permet de donner plus de souplesse au processus volontaire et
éviter une judiciarisation de la situation de l'enfant. Et ça va dans... un peu
dans le même sens de tout ce qu'on vient de débattre.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Y a-t-il des
interventions sur le 131.14?
Des voix : ...
Mme Weil : Non. On va de 13 à
15. C'est ça.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va, Mme la députée?
Mme Weil : Oui, oui, ça va. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: 131.15.
M. Carmant : Intervention
judiciaire, 131.15 se lit comme suit : «Une personne responsable des
services de protection de la jeunesse d'une communauté autochtone ou, en
l'absence d'une telle personne, celle qui assume un rôle en matière de services
à l'enfance et à la famille dans une communauté autochtone ou le représentant
désigné par une telle communauté peut, au cours d'une
instance concernant un enfant autochtone de cette communauté, témoigner ou
présenter, notamment par écrit, ses observations au tribunal et, à ces fins,
être assisté d'un avocat.
«Les observations mentionnées au premier alinéa
peuvent notamment porter sur la culture, l'histoire et les traditions de la
communauté, les caractéristiques du milieu de vie de l'enfant autochtone et les
divers services dont peuvent bénéficier l'enfant et sa famille.
«Sauf dans le cas d'une demande visée à
l'article 47, le directeur doit, dans les plus brefs délais, informer la
personne responsable des services de protection de la jeunesse d'une communauté
autochtone ou, en l'absence d'une telle personne, celle qui assume un rôle en
matière de services à l'enfance et à la famille dans une communauté autochtone
ou le représentant désigné de la communauté autochtone de la date, de l'heure
et du lieu de l'audience de toute demande concernant un enfant autochtone de
cette communauté, de l'objet de cette demande ainsi que de son droit d'y
participer dans la mesure prévue au présent article.»
Donc, ce nouvel article reprend le contenu de
l'actuel article 81.1, qui prévoit le témoignage d'une personne
responsable des services de protection de la jeunesse d'une communauté
autochtone lors de l'audience concernant un enfant autochtone. Outre le
témoignage, il est possible à cette personne de présenter des observations à la
cour.
La modification ajoute à l'article la
possibilité pour une communauté autochtone de désigner un représentant qui serait autorisé à témoigner ou à présenter des
observations sur la culture, l'histoire et les traditions de la
communauté de même que sur les caractéristiques du milieu de vie de l'enfant
autochtone et sur les services dont peut bénéficier cet enfant et la famille de
celui-ci. En outre, il est précisé que le témoignage ou la présentation
d'observations peut notamment se faire par écrit.
O.K. Je ne sais pas si vous voulez que je lise
le... Non, c'est vraiment tel quel, là.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Oui, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
et, après ça, M. le député de Jean-Lesage. Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Weil : Oui. Alors donc, on a
deux interventions, deux commentaires, peut-être les lire. C'est l'APNQL, d'une
part, et ensuite, de l'autre, c'est les directeurs de la protection de la
jeunesse. Et c'est de voir si ces considérations ont été prises en compte dans
l'article, là.
Donc, pour l'APNQL : «On ne retrouve pas, à
l'article 131.15, des modifications substantielles à l'article actuel de
la loi, soit l'article 81.1. Cet article prévoit, à son premier alinéa,
qu'une...» (panne de son) «...jeunesse d'une communauté autochtone ou, en
l'absence d'une telle personne, celle qui assume un rôle en matière de services
à l'enfance et à la famille peut venir
témoigner et présenter ses observations lors de l'audience d'un enfant
provenant de leur communauté. Le
directeur doit, en vertu de l'alinéa trois de l'article 131.15, dans les
plus brefs délais, informer la personne responsable des services de
protection de la jeunesse d'une communauté autochtone ou, en l'absence d'une
telle personne, celle qui assume un rôle en
matière de services à l'enfance et à la famille dans une communauté autochtone
ou le représentant désigné de la communauté autochtone de la date, de l'heure
et du lieu de l'audience, de toute demande concernant un enfant autochtone de
cette communauté, de l'objet de cette demande ainsi que de son droit d'y
participer.
«Pourtant, depuis l'entrée en vigueur de
l'article 81.1, l'application de cette obligation a toujours été difficile — donc,
c'est leur commentaire, hein? — la
DPJ n'informe pas toujours les communautés de l'audience d'un enfant, et quelques communautés ont reçu des informations
provenant d'un enfant d'une autre communauté. Nous recommandons d'insérer à l'article 131.15 que le
tribunal s'assure que le directeur a répondu à son obligation d'informer un
représentant de la communauté de l'enfant de son audience.» Donc, ça, c'est une
recommandation.
Aussi : «L'article 131.15 ne doit pas
s'appliquer aux communautés, comme celle d'Opitciwan, qui exercent leurs droits
inhérents en matière de services à l'enfance et à la famille, comme il est
affirmé dans la loi fédérale. Comme il a été mentionné, la loi de la communauté
Opitciwan prévoit la prise en charge de l'ensemble des enfants, peu importe
leur lieu de résidence. Ainsi, c'est donc la loi de la communauté qui
s'applique pour les enfants vivant dans la communauté ou à l'extérieur de
celle-ci. Pour assurer une meilleure transition de la LPJ à la loi de la
communauté, ce genre d'enjeu peut être abordé dans le cadre des accords de
coordination.»
Donc,
peut-être, le premier, de spécifier... de voir : Est-ce qu'ils ont répondu
à l'obligation d'informer? Ça, c'est quelque chose qui revient assez
souvent, hein, des problèmes de communication ou d'information, pour différentes raisons, j'imagine. Est-ce que le
ministre serait favorable à... donc, de cette vérification : «Nous
recommandons d'insérer que le tribunal
s'assure que le directeur a répondu à son obligation d'informer»? Moi, je pense
qu'on pourrait le rajouter.
M. Carmant : On avait des enjeux
légaux à ce niveau-là. D'ailleurs, Me Legendre, du ministère de la
Justice, a... est réapparue pour venir nous expliquer.
Le Président (M. Provençal)
: S'il vous plaît... vous renommer,
s'il vous plaît, parce que vous arrivez dans notre rencontre, avec votre titre,
et répondre à la question qui est formulée par la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Oui, tout à fait. Hélène Dumas-Legendre, je suis
avocate légiste au ministère de la Justice.
Alors, oui, je suis réapparue seule, mais j'ai
posé cette même question à ma collègue Me Plamondon, qui était ici avec nous
lors d'une séance passée et qui est praticienne, qui a été procureure de
l'enfant longtemps dans sa carrière.
Ce qu'on constate, en
pratique, c'est qu'effectivement le tribunal vérifie cet aspect, vérifie que le
DPJ a informé la personne responsable. Et, lorsque ça n'a pas été fait, le
tribunal s'assure, et même l'ordonne, que ce soit fait, et il... il remet la cause, là, pour être sûr que les familles soient
effectivement informées et qu'elles puissent se présenter. On constate aussi
que, si... Les familles ont quand même un recours aussi en lésion de droit si,
vraiment, elles ont souffert un préjudice de cette situation-là, mais les
tribunaux sont très sensibles à cette obligation-là.
Mme Weil :
Alors, ils constatent que l'application de cette obligation a toujours été
difficile. Donc, il y a un problème, quand même, ils le constatent, ils le
vivent. Est-ce que vous pensez qu'il y a lieu d'inscrire dans la loi que cette
obligation que le tribunal... le tribunal est sensible à la question, mais que
ce soit systématique qu'ils font... qu'ils s'assurent de cet élément-là
vis-à-vis les directeurs ou est-ce que l'application, c'est dû à autre chose?
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Je pense qu'à partir du moment
où l'obligation est très claire dans la loi... Je pense qu'il faut laisser aux
tribunaux appliquer la disposition et évidemment, selon l'intérêt de l'enfant,
moduler son application. Si on se retrouve dans une situation de mesures
provisoires où il faut agir rapidement, le tribunal doit avoir la possibilité,
là, de prendre la décision qui est la meilleure dans l'intérêt de l'enfant.
Donc, à partir du moment où la disposition est claire quant à l'obligation,
quant à l'obligation de tous les intervenants, bien, je pense qu'on... il est
judicieux de laisser au tribunal...
Mme Weil :
C'est dans quel article exactement, où on dit que le tribunal doit vérifier
ou... Cette obligation, c'est du côté du directeur?
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : À partir du moment où le
directeur a l'obligation, le tribunal s'assure de l'application de la loi.
Donc, il va faire respecter cette obligation-là.
Mme Weil :
Le directeur respecte son mandat.
Mme
Dumas-Legendre (Hélène) : Oui.
Mme Weil :
O.K.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le député de Jean-Lesage, vous m'aviez demandé la parole.
M. Zanetti :
Oui. Bien, c'est caduc parce qu'au fond je voulais déposer pas mal le même
amendement.
Le Président
(M. Provençal)
: Pardon?
M. Zanetti :
C'est caduc, donc.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va?
Mme Weil :
...
Le Président
(M. Provençal)
: Pardon?
Mme Weil :
...dans cette section-là et une autre.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
vous aviez mentionné d'emblée que vous vouliez nous informer de deux éléments.
Mme Weil :
Oui. C'est les directeurs de la protection de la jeunesse, encore sur cet
article, bon : «Nous recommandons de baliser davantage
l'article 131.15 du projet de loi afin que l'on puisse tenir compte du
point de vue des personnes autochtones et inuites avant la transmission
d'information à sa communauté.»
Explications :
«Nous pensons aussi que l'article 131.15 du projet de loi soulève un enjeu
de confidentialité. Cet article fait
référence à l'obligation du directeur d'informer dans les plus brefs délais le
représentant de la communauté autochtone et inuite. Les informations
concernant la date, l'heure et le lieu de l'audience doivent lui être
transmises.
«Qu'en est-il
lorsqu'un enfant de plus de 14 ans ou des parents s'y opposent? La
formulation ne permet pas d'appliquer l'article avec souplesse et de tenir
compte du point de vue de l'usager. Il n'y a pas d'indication lorsque les parents ne veulent pas que les informations soient
transmises à leur communauté. Pour les autochtones et Inuits, les gens d'une communauté sont tous significatifs pour
l'enfant. Les informations à transmettre seront-elles les mêmes, peu
importent les situations? Ne devraient-elles pas être différentes ou nuancées
lorsque le jeune ou les parents ne sont pas en accord?
«Le même
questionnement se pose concernant la présence d'un représentant de la
communauté à l'audience du tribunal. Que fait-on lorsqu'un parent refuse sa
présence? Est-ce que procéder sans son accord irait à l'encontre de ses désirs? Même s'il s'agit de respecter la loi,
on note ici une dualité entre le respect du libre choix et le respect de la
loi.»
Ça, c'est de bien
comprendre l'enjeu qui est soulevé ici par les directeurs. Il y a un enjeu de
confidentialité aussi ou d'information à transmettre ou ne pas transmettre, et
la deuxième partie aussi.
M. Carmant : Nous,
on vient de dire qu'on était en faveur que cette information soit transmise au
tribunal. On n'est pas d'accord avec les DPJ qui disent qu'il faudrait, tu
sais, jauger de quand est-ce qu'ils doivent... Nous, on pense que l'information
doit être transmise au tribunal, puis, si le DPJ a erré, bien, que le tribunal
prenne acte.
Mme Weil : ...qu'elle soit transmise
à leur communauté, mais donc vous, vous dites de transmettre au tribunal. C'est
la même chose...
M. Carmant : Bien, à la communauté.
Mme Weil : À la communauté.
M. Carmant : Oui.
Mme Weil : Oui. On en a parlé, suite
à ma question, de cette question, mais ça dépend qui dans la communauté, en
tout cas, j'imagine.
Le Président (M. Provençal)
: Mais c'est déjà balisé, ça, par la
loi. Me Dumas-Legendre, je pense que vous pourriez nous éclairer.
• (17 h 20) •
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Bien, en fait, c'est transmis
aux personnes mentionnées dans la loi, donc à
la personne responsable des services de protection de la jeunesse de la
communauté, donc c'est la personne qui est, en quelque sorte, désignée ou choisie par la communauté, ou l'autre, c'est
celle qui assume un rôle en matière de services à l'enfance et à la famille. Donc, c'est transmis
uniquement à ces deux personnes-là, justement, par souci de respect de
la confidentialité. Ce n'est pas transmis à
personne d'autre de la communauté. Et ça, c'était déjà dans la loi
actuellement, là.
Mme Weil : ...la discussion qu'on a
eue plus tôt, quand on a parlé, justement, de protection, la loi s'applique
dans ce cas-là, mais conseil de famille, c'était une situation différente.
Donc, il y avait le consentement des parents de partager l'information. Et
c'est pour ça que le conseil de famille existe, en fait, pour que tout le monde
soit au courant des problématiques.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce que ça va?
Mme Weil : Il y a une deuxième
question, oui. Le même questionnement se pose concernant la présence d'un
représentant de la communauté à l'audience du tribunal, le fait d'être présent.
Il y a permission d'être présent, mais, dans ce sens-là, la personne membre de
la communauté aura... donc, aura l'information de la situation.
Le Président (M. Provençal)
: On avait déjà répondu à cette
question-là, mais, Me Legendre, j'aimerais ça... Me Dumas-Legendre,
excusez-moi, que vous nous informiez, s'il vous plaît.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : En fait, le représentant de la
communauté assistera, ou témoignera, ou présentera ses observations à une
certaine partie de l'audience, parce qu'il n'est pas partie à l'audience comme
les parents le sont, comme l'enfant l'est. Donc, le tribunal lui permettra de
présenter ses observations, et, après, il quittera la salle d'audience.
Mme Weil : Alors, les directeurs
demandent : Que fait-on lorsqu'un parent refuse sa présence? Il ne
pourrait pas refuser sa présence, c'est bien ça?
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Bien, en principe, le
représentant de la communauté est là pour renseigner le tribunal. Donc,
effectivement, c'est un outil de plus, qui répond, d'ailleurs, à la
recommandation de la Commission d'enquête sur les relations entre les
Autochtones et certains services publics : écoute, réconciliation et
progrès — c'est
la Commission Viens. Donc, c'était une recommandation de mieux éclairer le
tribunal sur l'ensemble de la culture de la communauté. Donc, en principe,
c'est favorable à l'enfant autochtone, à la recherche de son intérêt, puisque
ça éclaire le tribunal sur sa communauté, sur sa culture, sur son histoire.
Mme
Weil : Bien, c'est important, l'échange qu'on a. Alors,
dans... Ils concluent que... «Est-ce que procéder sans son accord irait à l'encontre de ses désirs, même
s'il s'agit de respecter la loi?» C'est la question que les directeurs
posent. «On note ici une dualité entre le
respect du libre choix et le respect de la loi.» J'imagine que, dans la
pratique, ils l'ont vu, ils ont vécu
ça, et c'est des enjeux que tous, le tribunal, et les familles, et tout le
monde vit dans la vraie vie, hein, cette...
Le Président (M. Provençal)
: Me Dumas-Legendre, s'il vous plaît.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Oui. Et il n'en demeure pas
moins que le tribunal... C'est le tribunal qui est maître de son enquête, donc
de l'audition. Et c'est à lui aussi de s'assurer de bien comprendre le problème
qui lui est posé et toutes les circonstances de ce problème-là.
Mme
Weil : Merci.
Le Président (M.
Provençal)
: S'il n'y
a pas d'autre intervention, nous allons aller à 131.16. M. le ministre.
M. Carmant : Oui.
Merci, M. le Président. La section III, Adoption et tutelle coutumières
autochtones : «Le directeur doit considérer la tutelle ou l'adoption
coutumière autochtone envisagée, selon le cas, à l'article 199.10 ou 543.1
du Code civil, s'il estime que l'une ou l'autre de ces mesures est susceptible
d'assurer l'intérêt de l'enfant et le respect de ses droits.»
Cet article reprend
l'article 71.3.1 actuel de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui a
été abrogé par l'article 37 du projet de loi et qui n'a pas été modifié,
M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Donc,
c'est un article qui existait déjà.
M. Carmant :
Oui, et qui a été déplacé, tout simplement, dans le chapitre autochtone.
Le Président
(M. Provençal)
: O.K.
Excellent. Est-ce qu'il y a des interventions? S'il n'y a pas d'intervention,
131.17. M. le ministre.
M. Carmant :
Merci, M. le Président. Celui-ci se lit : «Dans le cas d'une adoption
coutumière autochtone pour laquelle un nouvel acte de naissance a été dressé
par le Directeur de l'état civil en application de l'article 132 du Code
civil, les conclusions incompatibles de l'ordonnance visant à protéger l'enfant
deviennent inopérantes sur décision du tribunal à la demande du directeur, qui
agit en application de l'article 95 dès qu'il reçoit du Directeur de
l'état civil une copie du nouvel acte de naissance.»
Cet article reprend
le contenu du troisième alinéa de l'article 95.0.1 actuel de la Loi sur la
protection de la jeunesse, qui a été supprimé par l'article 53 du projet
de loi.
Le Président
(M. Provençal)
: Donc,
on peut mentionner que c'est un article qui existait déjà et qu'il convient de
replacer à l'intérieur de votre projet de loi. C'est ça?
M. Carmant :
Exact.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
qu'il y a des interventions? Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley :
Si jamais, un jour, l'enfant veut savoir... Parce qu'on change leur
certificat, l'acte de naissance. Si jamais ils veulent savoir qui leurs parents
étaient, j'imagine, ils suivent des lois qui sont déjà en place. Je veux juste
poser la question.
Le Président
(M. Provençal)
: Me
Lemay.
Mme Lemay
(Catherine) : C'est une question très pointue. Je sais que, dans le
cas de l'adoption coutumière, il y a certaines dispositions, dépendant des
communautés, qu'ils peuvent conserver des liens avec les parents d'origine, mais
ce n'est pas le cas dans toutes les communautés. Mais, pour la conservation...
Si votre question, c'est la conservation spécifique du premier acte de
naissance, ça, vraiment, c'est une question pointue pour laquelle je n'ai pas
la réponse. Alors, peut-être que mon équipe qui écoute a la réponse. Je vais
regarder et je vous reviens.
M. Kelley :
Bien sûr. Et, encore, ça, ça vient un petit peu... Je sais, ce n'est pas
pareil, mais, avec... Quand on a étudié le projet de loi sur les enfants
autochtones disparus et, quand même, tout ce processus qui est maintenant
déclenché, de faire une recherche d'un enfant, on a discuté ça. Je sais qu'on
parle maintenant de présent et aujourd'hui, mais
ça, c'était dans le passé... gardent dans leurs archives ces documents-là.
Parce que c'était toujours possible que l'enfant était enlevé d'une
communauté puis mis dans une autre, puis, maintenant, il n'y a plus de
documentation qui existe. On n'est pas dans ça, mais c'est juste... Je suis
juste curieux. C'est quoi, le processus si jamais un enfant veut savoir?
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
que vous permettez qu'on aille chercher la réponse? Est-ce que vous l'avez, la
réponse? Oui? Alors, Me Mathieu.
Mme Mathieu
(Jessica) : Oui. Ce que vous parlez, c'est beaucoup les retrouvailles,
là, et ça a été balisé, là, dans les dernières années, là, dans le Code civil,
là. Que ce soit une adoption coutumière ou une adoption régulière,
l'information n'est pas complètement effacée, là. Au niveau des centres de
protection de l'enfance et de la jeunesse, c'est possible de faire une demande
pour retracer son histoire, retrouver ses origines et avoir l'information, là.
Je n'ai pas le fin
détail, comme disait Mme Lemay, par rapport à l'adoption coutumière. Il y
a peut-être des choses, au niveau de l'acte, là, civil, qui sont différentes.
Mais, en termes de droit de connaître ses origines, il n'y a pas de
distinction, là. L'enfant, qu'il soit autochtone, que ce soit une adoption
coutumière ou régulière, va avoir le droit de connaître ses origines, là. Donc,
ça, je peux vous répondre là-dessus.
M. Kelley : Parfait.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
répond à votre questionnement, M. le député?
M. Kelley : Oui,
sauf s'il y a les autres précisions à l'instant. Sinon, on peut revenir quand
même parler hors micro.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Je pense qu'on
devait suspendre pour le député de Jean-Lesage.
Le Président (M. Provençal)
: Il est parti avec son téléphone,
téléphoner, alors je ne suis pas sûr.
Des voix : ...
M. Carmant : Donc, on pourrait
faire les vérifications pendant ce temps-là.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, on va suspendre, s'il vous
plaît, parce que, normalement, il était supposé de me signaler qu'il devait
quitter, mais il ne l'a pas fait.
(Suspension de la séance à 17 h 29)
(Reprise à 17 h 54)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Moi, je suggère
que, le questionnement qui avait été soulevé par le député de Jacques-Cartier,
on lui fournisse la réponse lorsqu'il sera présent, et ça nous permettrait de
cheminer pour les autres articles. Ça vous va? Merci. Alors, 131.18, s'il vous
plaît.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président.
«131.18. Dès lors que l'enfant fait l'objet d'un
signalement et jusqu'à la fin de l'intervention du directeur, aucun certificat
de tutelle ou d'adoption coutumière autochtone ne peut être délivré, selon le
cas, conformément à l'article 199.10 ou
543.1 du Code civil sans l'avis du directeur eu égard à l'intérêt de l'enfant
et au respect de ses droits.
«À cette fin, le directeur et l'autorité
compétente échangent les renseignements nécessaires pour permettre au directeur de rendre son avis. La divulgation des
renseignements par le directeur s'effectue conformément à
l'article 72.6.1.
«L'avis du directeur doit être donné par écrit
et être motivé.»
Cet article reprend l'article 71.3.3 actuel
de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui a été abrogé par
l'article 37 du projet de loi, donc une modification... un déplacement
sans modification, M. le Président.
Le
Président (M. Provençal)
: ...sans modification dans l'article qui existait
déjà. Est-ce qu'il y a des interventions? Pas d'intervention. M. le
ministre, 131.19.
M. Carmant : Donc, à 131.19, on
vient dire : «Une aide financière peut, dans [le] cas et selon les
conditions et modalités prévues par règlement, être accordée par un
établissement qui exploite un centre de protection de l'enfance et de la
jeunesse pour favoriser la tutelle ou l'adoption coutumière autochtone d'un
enfant dont la situation est prise en charge par un directeur.»
Cet article reprend l'article actuel de la Loi
sur la protection de la jeunesse, 71.3.3, qui a été abrogé par
l'article 37 du projet de loi, donc un autre déplacement sans
modification, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Interventions? Alors, M. le ministre,
je vais vous inviter au 131.20. Et j'annonce que vous avez déjà un amendement
que vous déposerez aussi au 131.20. C'est ça?
M.
Carmant : Oui, M. le Président. Et juste voir... Oui, c'est
ça. Donc, celui-là est un peu plus long. Voulez-vous qu'on y aille
alinéa par alinéa ou le lire au complet?
Le Président (M. Provençal)
: On peut peut-être...Moi, je
vous invite à le lire au complet, puis vous pourrez attirer notre attention sur
des particularités, s'il vous plaît. Ça vous va?
M.
Carmant : Parfait. On l'étudiera...Parfait. Merci.
Donc, on passe à la section IV, Ententes en matières autochtones.
131.20 se lit
comme suit : «Afin de mieux adapter les modalités d'application de la
présente loi aux réalités autochtones, le gouvernement est autorisé à
conclure, conformément à la loi, avec une nation autochtone représentée par l'ensemble des conseils de bande ou des
conseils des villages nordiques des communautés qui la constituent, avec
la Société Makivik, avec le Gouvernement de la nation crie, avec une communauté
autochtone représentée par son conseil de
bande ou par le conseil du village nordique, avec un regroupement de
communautés ainsi représentées ou, en l'absence de tels conseils, avec tout autre regroupement
autochtone, une entente établissant un régime particulier de protection de
la jeunesse applicable à un enfant dont la
sécurité ou le développement est ou peut être considéré comme compromis au
sens de la présente loi.
«Le régime établi par une
telle entente doit être conforme aux dispositions du chapitre II et de la
section I du chapitre V.1 de la présente loi et est soumis aux
dispositions de la section I du chapitre III de celle-ci. Notamment,
les pouvoirs prévus à l'article 26 peuvent être exercés à l'égard du
dossier pertinent au cas d'un enfant visé dans le cadre de l'application d'une
telle entente.
«L'entente prévoit les personnes à qui elle
s'applique et définit le territoire sur lequel seront organisés et dispensés
les services. Elle indique les personnes ou les instances à qui seront confiées
l'exercice, en pleine autorité et en toute indépendance, de tout ou partie des
responsabilités dévolues au directeur et peut prévoir des modalités d'exercice
des responsabilités ainsi confiées différentes de celles prévues par la
présente loi. Elle contient des dispositions régissant la reprise en charge
d'une situation en vertu du système de protection de la jeunesse prévu par la
présente loi.
«L'entente prévoit également des mesures visant
à en évaluer l'application ainsi que les cas, conditions et circonstances dans
lesquels ses dispositions cessent d'avoir effet.
«Dans la mesure où elles sont conformes aux
dispositions du présent article, les dispositions d'une entente prévalent sur
toute disposition inconciliable de la présente loi et, en matière d'organisation
[...] de prestation de services, de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux (chapitre S-4.2) ou de la Loi sur les services de [la] santé
et les services sociaux pour les autochtones cris (chapitre S-5).»
Le Président (M. Provençal)
: Juste une petite intervention de ma
part. Simplement, je vais attirer tout de suite l'attention des collègues pour
leur mentionner que, lorsque vous ferez votre amendement, ce qui est en
caractères gras à l'écran va être l'amendement qui va être proposé pour
introduire quelque chose. Ça peut peut-être vous aider dans votre réflexion si
vous aviez des amendements à proposer.
• (18 heures) •
M. Carmant : Parfait. Merci, M. le
Président. «Toute entente conclue en vertu du présent article...» Non,
attendez, excusez-moi.
«Le Conseil cri de la santé et des services
sociaux de la Baie James visé par la Loi sur les services de santé et les services sociaux pour les autochtones cris
doit être partie à l'entente conclue avec le Gouvernement de la nation
crie.
«Toute entente conclue en vertu du présent
article est déposée à l'Assemblée nationale dans les 15 jours de sa
signature ou, si elle ne siège pas, dans les 15 jours de la reprise de ses
travaux. Elle est en outre publiée [dans] la Gazette officielle du Québec.»
Alors, cet article reprend le fameux
article 37.5 actuel de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui a été
abrogé par l'article 27 du projet de loi. Néanmoins, deux modifications
ont été apportées à cet article.
Le premier alinéa est modifié afin de préciser
que le gouvernement peut conclure l'entente avec la Société Makivik ou le
Gouvernement de la nation crie. L'objectif de l'ajout de la Société Makivik est
de clarifier qu'il est possible de conclure une entente avec les Inuits à
l'échelle nationale plutôt que locale.
La seconde modification est l'ajout d'un alinéa
pour préciser que, lorsqu'une entente est conclue avec le Gouvernement de la
nation crie, le Conseil cri de la santé et des services sociaux de la
Baie-James doit également être partie à l'entente.
Alors, M. le Président, l'amendement qu'on
propose...
Le Président (M. Provençal)
: L'amendement, s'il vous plaît.
M. Carmant : Insérer, après le
cinquième alinéa de l'article 131.20 de la Loi sur la protection de la
jeunesse, proposé par l'article 54 du projet de loi, l'alinéa
suivant :
«La Régie régionale de la santé et des services
sociaux du Nunavik visée par la Loi sur les services de santé et les services
sociaux doit être partie à l'entente conclue avec la Société Makivik.»
Cet amendement vise à préciser que la Régie
régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik doit être partie à
l'entente conclue avec la Société Makivik. Il s'agit d'une demande de
modification de la Société Makivik.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, dans un premier temps, est-ce qu'il y a des
interventions concernant l'amendement, qui inclut la partie qui est en
caractères gras?
Mme Weil : Bien, M. le Président...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
Mme Weil : Moi, je vous dirais,
c'est peut-être plus... c'est technique, hein, comme article, d'expliquer un
peu le contexte, et tout ça, et pourquoi, donc... cet amendement, ça vient
répondre à quel besoin. C'est juste de... C'est compliqué, hein, alors c'est de
mieux comprendre.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui. C'est vraiment eux
qui nous ont fait cette demande, pour être en concordance avec d'autres nations
qui étaient nommées. Ils voulaient que la régie régionale et la société soient
partie prenante des ententes. Maintenant, pour l'ensemble de la globalité,
peut-être que je pourrais passer la parole à la juriste.
Le
Président (M. Provençal)
: Me Mathieu,
s'il vous plaît.
Mme Mathieu
(Jessica) : Donc, cet article-là, qui était l'article 37.5, là,
c'est l'assise qui permettait de conclure des ententes, là. Entre autres, là,
l'exemple, c'est avec les Attikameks qu'il y a eu une entente, 37.5, pour,
justement, leur confier les responsabilités de directeur puis qu'ils puissent
bâtir un peu leur propre système, là, si je peux dire. Donc, c'est ce qu'il y a
eu avec les Attikameks, avec la directrice de la protection sociale là-bas.
Donc, cet article est la base de ces
ententes-là. C'est ce qu'il vient prévoir, là, qu'on peut conclure des
ententes. Et là on nomme vraiment différentes... bien, c'est là que
c'est très technique, là, et qu'on vient ajouter ici la Société Makivik, le
Gouvernement de la nation crie, à leur demande, là, dans les personnes avec qui
on peut conclure l'entente. Donc, c'est vraiment l'objectif de la disposition.
C'est ça, là.
Le Président (M.
Provençal)
: Oui, allez-y, madame...
Mme Weil :
Et peut-être pour bien comprendre, donc, ce... On dirait que c'est mûr pour une
entente, c'est pour ça qu'ils ont été identifiés dans les négociations, et donc
on peut déjà le mettre dans la loi. C'est pour ça, parce qu'il y a eu des
discussions puis... J'essaie de comprendre l'entente...
M. Carmant : Oui,
l'intérêt de Makivik...
Mme Weil :
D'avancer.
M. Carmant :
C'est ça, d'avancer avec une entente nation à nation.
Mme Weil :
Et la question de la régie régionale, donc, qui couvre un certain territoire ou
plusieurs communautés, hein, la régie régionale...
M. Carmant :
Oui, toute la région du Nunavik, évidemment, les deux...
Mme Weil :
Ils ont gardé ce modèle.
M. Carmant :
Les deux côtés.
Mme Weil :
Quand même intéressant, hein? Et est-ce que c'est exactement le modèle qu'on
avait, nous, quand on avait des régies régionales?
M. Carmant : Le
nom n'a pas changé, alors je pense que oui.
Mme Weil :
C'est le même. Donc, il y avait quelque chose, dans ce système, qui convenait
dans sa forme. Donc, c'est vraiment le concept, là. J'étais présidente de la
régie régionale de Montréal, mais ça a été défait, essentiellement, mais je
comprends pourquoi le modèle pourrait fonctionner, parce que c'est plus de
prise en charge par la communauté. Donc, à Montréal, même avec la Santé
publique, etc., toutes les actions, c'était vraiment le conseil d'administration de la régie puis les gens de
Montréal. Donc, j'imagine que c'est pour ça que ce modèle fonctionne
bien.
Pour
l'instant, je pense que c'est tellement technique que je n'ai pas vraiment de
question sur le fonctionnement. Mais je pense que l'essentiel de ce que
le ministre dit, c'est que ces régions-là sont prêtes, ces communautés-là sont
prêtes pour ces ententes qui vont leur permettre, peut-être... Est-ce que c'est
ici que c'est approprié de parler de — ou est-ce que ça revient plus
tard? — comment,
avec ces ententes, vous prévoyez qu'ils vont se dérouler, puis les étapes de
ces ententes, quand est-ce que ces ententes seraient mises en place, et les
bienfaits, finalement, qui vont venir? On l'a entendu en commission
parlementaire et... Parce qu'on est vraiment là-dessus, à moins de revenir
là-dessus après... ou c'est vraiment ici qu'on est, là?
M. Carmant :
Je crois que c'est ici qu'on va en parler. Mais je pense que, nous, c'est le
modèle qu'on veut privilégier, évidemment. Et je pense que c'est un modèle qui
fonctionne très bien. Et nous, on est... Mais on veut laisser les communautés
aller à leur rythme, ça, c'est clair.
Mme Weil :
Ils sont accompagnés dans ce processus du... Et le signalement, l'élément
important, le signalement, ce serait dans la communauté, le signalement
viendrait dans ces ententes. Comment cet aspect-là de compromission, signalement...
J'imagine, la DPJ va vraiment accompagner dans cet aspect-là.
M. Carmant :
Bien, une fois qu'ils sont autonomes, ils sont autonomes. Par exemple, les
Attikameks, il y a... c'est complètement... la directrice de la protection
sociale a toute son équipe.
Mme Weil :
Est-ce qu'ils ont une autre vision par rapport à notre système? Est-ce
qu'ils ont trouvé une formule qui fonctionne mieux pour eux, qui ne ressemble
peut-être pas à notre système, à partir du signalement?
M. Carmant :
Bien, moi... On l'a dit d'entrée de jeu, nous, on pense sincèrement que les
Premières Nations sont les mieux placées
pour prendre soin de leurs enfants. Je pense que la CDPDJ dit la même chose.
Donc, ça, on est...
Mme Weil :
Je suis curieuse, parce que, déjà, vous l'avez. Il y a des ententes déjà
actuellement, hein?
M. Carmant :
Oui.
Mme Weil :
Donc, c'est un système unique qui ne ressemble pas nécessairement... Quand
un enfant est pris en charge, ça doit être plus communautaire, j'imagine. C'est
moins institutionnel, c'est... Donc, on voit que l'enfant est dans le trouble,
mais est-ce qu'il y a des...
M. Carmant :
Oui, oui, il y a des signalements.
Mme Weil :
Ça fonctionne comme ça, là?
M. Carmant :
Oui, oui.
Mme Weil :
Donc, à la base, il y a les mêmes éléments?
M. Carmant :
Oui.
Mme Weil :
Pour l'instant, je pense que ça va.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement? On va revenir sur l'article. Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'amendement? S'il n'y a pas d'intervention sur
l'amendement, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Provençal)
: Adopté.
Merci. Et là on revient à 131.20. Est-ce que, Mme la députée, vous avez besoin
de précisions additionnelles?
Mme Weil :
Non. Je pense que je comprends
l'idée générale. C'est assez technique. C'est une... vers l'autonomie, essentiellement, mais avec des
ententes. Et on a bien entendu que, oui, idéalement, ils voudraient
rapidement... Mais, quand même, il y a... Ça a été dit en commission
parlementaire, il y a une volonté d'avancer dans la signature de ces ententes.
C'est ce que j'ai bien compris, je pense, en commission parlementaire.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
131.21. M. le ministre.
M. Carmant :
Oui. Merci, M. le Président. «Pour l'application de la présente loi, la
personne ou l'instance visée au troisième alinéa de l'article 131.20 à
laquelle est confiée tout ou partie des responsabilités dévolues au directeur
est, dans l'exercice de ces responsabilités, assimilée à ce directeur à moins
que l'entente conclue en vertu de cet article ne prévoie le contraire.»
Ce nouvel article
vise à clarifier que la personne qui assume des responsabilités du directeur de
la protection de la jeunesse conformément à une entente conclue en vertu de
l'article 131.20 est assimilée à un directeur de la protection de la
jeunesse.
Donc, c'était pour,
comme on disait, s'assurer que tout le monde comprenne bien que, par exemple,
chez les Attikameks, une directrice de la protection sociale a tous les
mêmes... est équivalente, là, d'une directrice de la protection de la jeunesse.
Le Président
(M. Provençal)
: Merci.
Est-ce qu'il y a des interventions concernant le 131.21?
Mme Weil :
...directeur national... excusez-moi, directeur de la protection de la
jeunesse est nommé en vertu de ces ententes?
M. Carmant :
Dans la population... Là, je vais passer la parole à la directrice
nationale.
Mme Lemay (Catherine) :
Bien, ils peuvent mettre en place leur processus de sélection, mais ils
doivent suivre les règles édictées par la Loi de la protection de la jeunesse,
puisqu'ils sont à l'intérieur. Ils appliquent la Loi de la protection de la
jeunesse mais à la communauté. Mais ils sont en charge, là, de leur propre
sélection.
Mme Weil :
Dans cette période de transition, il y a de la formation, j'imagine, qui va
être offerte.
Mme Lemay (Catherine) : Bien,
pour l'instant, il y a officiellement une seule entente qui est conclue en
vertu de 37.5. Quand cette entente-là s'est conclue, il y a quelques années, il
y a eu une période de transition avec le DPJ qui était
là, en fonction, pour... à la demande de la communauté, pour accompagner, là,
la transition et, notamment, la formation du personnel sur la communauté, etc.,
là. Ça fait que c'est à la demande ou aux besoins de la communauté que tout ça
s'adapte.
• (18 h 10) •
Mme Weil : C'est un peu
dynamique, comme processus, puis éventuellement c'est à la communauté de voir
les outils dont ils auront besoin, s'ils doivent assurer qu'il y a de la
formation, une expertise. Tout ça, ça va se développer par la communauté, mais
la DPJ est là pour... L'accompagnement, est-ce que c'est prévu, la période
d'accompagnement, ou c'est ouvert?
Mme Lemay (Catherine) : Bien, en
fait, tel que je le disais, c'est selon les besoins de la communauté, là, puis
il y en a juste une, de conclue, pour l'instant. Mais l'idée, c'est de
s'adapter aux besoins de chacune des communautés pour accompagner le processus.
Mais la volonté, c'est que ça réussisse. Donc, s'ils émettent des besoins, par
exemple, d'être accompagnés pour la formation de leur personnel ou pour les
décisions à prendre par le nouveau directeur de protection sociale, ou le titre
qu'ils donneront, bien, on va s'adapter à ça.
Mme Weil : Est-ce qu'il y a une
durée de temps qui est prévue dans l'entente ou c'est ouvert? C'est ouvert?
Mme Lemay
(Catherine) : Ça peut être prévu dans l'entente, la durée de la
transition ou de l'accompagnement, selon le format...
Mme Weil : C'est flexible.
Mme Lemay (Catherine) : Oui.
Mme Weil : Très bien. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: D'autres interventions? Alors, M. le
ministre, 131.22.
M. Carmant : Oui, M. le Président.
Il se lit comme suit : «Lorsque le directeur intervient dans un milieu de
vie auquel est confié un enfant autochtone visé par une entente conclue en
vertu de l'article 131.20, il doit aviser de cette intervention les
personnes ou les instances de la communauté autochtone de cet enfant à qui sont
confiées, le cas échéant, tout ou partie des responsabilités dévolues au
directeur dans le cadre de cette entente.
«La personne ou l'instance ainsi avisée de
l'intervention du directeur peut requérir qu'il lui transmette les
renseignements qu'elle précise pourvu qu'ils soient nécessaires à l'exercice de
ses fonctions. Lorsqu'il détient de tels renseignements, le directeur les
transmet sans tarder, malgré l'article 72.5.»
Ce nouvel
article vise à assurer le partage de renseignements entre le directeur de la
protection de la jeunesse et la personne
ou l'instance de la communauté exerçant des responsabilités en vertu de
l'article 131.20 dans la situation où un enfant de la communauté est confié à un milieu de vie en
dehors de la communauté et que le directeur intervient dans ce milieu.
Le Président (M. Provençal)
: Y a-t-il des interventions sur le...
Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme Weil : Oui. Est-ce que c'est un
peu la conversation qu'on a eue, les échanges qu'on a déjà eus sur la question
d'information ou c'est autre chose?
M. Carmant : Et hors communauté,
oui.
Mme Weil : C'est un peu... Ça touche
à ça, concernant la personne ou l'instance de la... Ah non! C'est concernant la
responsabilité. Quel type de partage de renseignements, ici, qu'on prévoit? Pas
ceux qui sont protégés, mais c'est plus des renseignements... Bien, je ne sais
pas, quel type de renseignement ici?
Le Président (M. Provençal)
: Me Mathieu.
Mme Mathieu (Jessica) : Ici, on vise
vraiment à corriger une situation particulière, là, qui a été portée à la
connaissance du ministère, là, qui était problématique, avec la directrice de
la protection sociale, qui avait de la difficulté, parfois, à avoir de
l'information concernant des enfants.
Par exemple, ça peut arriver qu'un enfant soit
confié dans une famille, mais qui n'est pas nécessairement sur son territoire,
qui se retrouve à être sur le territoire d'un autre DPJ, une famille d'accueil
qui est même... pas accréditée, là, ce n'est pas le bon terme, là, mais qui est
sous cet autre DPJ là, cet autre établissement. Et là l'information était difficile à circuler entre les deux en raison de
cette disparité-là, de l'enfant qui appartient... qui est issu de la
communauté, avec la directrice de la protection sociale, versus le fait qu'il
soit sur un autre territoire. Et là on veut que l'information circule plus
librement. Donc, c'est vraiment cette situation particulière là qu'on vise à
corriger ici.
L'article précédent, lui, visait plutôt ce qu'on
avait déjà parlé auparavant, là, ce à quoi vous faites référence, du fait de la circulation d'information entre
directeurs de façon générale. Mais, ici, c'est vraiment une situation particulière
d'un enfant qui est confié à un milieu de vie, là, qui était une problématique
plus pointue, là.
Le
Président (M. Provençal)
: Est-ce
que ça va, Mme la députée?
Mme Weil : Oui,
ça va. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, M. le ministre,
131.23.
M. Carmant : Merci,
M. le Président. Donc, l'article se lit comme tel : «Aux fins de favoriser
la continuité culturelle des enfants autochtones et la participation des
communautés autochtones à la prise de décision et au choix des mesures
concernant ces enfants, un établissement qui exploite un centre de protection
de l'enfance et de la jeunesse peut conclure avec une communauté autochtone
représentée par son conseil de bande ou par le conseil du village nordique ou
avec un regroupement de communautés ainsi représentées une entente prévoyant
qu'une telle communauté ou un tel regroupement recrute et évalue, dans le
respect des critères généraux déterminés par le ministre, des personnes en
mesure d'accueillir un ou plusieurs enfants membres de la communauté qui leur
sont confiés en application d'une disposition de la présente loi.
«Une telle entente
peut également prévoir toute autre responsabilité de la communauté ou du
regroupement à l'égard des activités de ces personnes, conformément aux
orientations ministérielles.»
Cet article reprend
l'article 37.6 actuel de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui a
été abrogé par l'article 27 du projet de loi, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Donc,
c'est un déplacement d'article...
M. Carmant :
Sans modification.
Le Président
(M. Provençal)
: ...sans
modification, qui était existant.
M. Carmant :
Tout à fait.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
qu'il y a des interventions?
Mme Weil :
C'est ça, c'est un déplacement, puis on est vraiment dans une... Ici, quand
même, on a le langage de «favoriser la continuité culturelle», qui est là depuis
quelques années, cette disposition. C'est 1990? Bien, depuis longtemps, quand
même. Ce qu'on sait...
M. Carmant :
On vérifie.
Mme Weil :
Oui, juste parce qu'on était déjà... on était là, hein, à l'époque. C'est
un peu ça, la continuité.
M. Carmant :
2017.
Mme Weil :
Ah! 2017? Ah! c'est quand même récent. Donc, il y avait un pas, déjà, ici,
pour reconnaître et...
M. Carmant :
C'est la dernière ouverture du projet de loi. C'est ça.
Mme Weil :
...oui, oui, oui, et de s'ajuster à cette nouvelle réalité, nouvelle volonté.
Puis là on va beaucoup plus loin. Ça va, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va? M. le ministre, 131.24.
M. Carmant :
Oui, M. le Président. «Chaque fois que la présente loi prévoit qu'un enfant
peut être confié à une famille d'accueil, l'enfant autochtone peut également
être confié à une ou des personnes dont les activités sont sous la responsabilité de la communauté autochtone
ou d'un regroupement de communautés avec qui un établissement qui exploite un centre de protection de l'enfance et
de la jeunesse a conclu une entente en vertu de l'article 131.23 relative
à de telles activités ou avec qui le gouvernement a conclu une entente en vertu
de l'article 131.20 incluant de telles activités.
«Ces personnes sont
alors considérées comme une famille d'accueil pour l'application de la présente
loi.»
Cet article reprend
le dernier alinéa de l'article 1 actuel de la Loi sur la protection de la
jeunesse, qui a été supprimé par l'article 2 du projet de loi.
Le Président
(M. Provençal)
: Ça
va?
M. Carmant :
Oui.
Le Président
(M. Provençal)
: Est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Carmant : C'est un autre
déplacement, M. le Président.
Le Président
(M. Provençal)
: Oui,
c'est un déplacement d'un article qui était existant.
Mme Weil : ...j'essaie de le
trouver, M. le Président. Famille d'accueil... 24, on parle de famille
d'accueil.
Le Président (M. Provençal)
: Je veux simplement vous vous rappeler
que c'est un article existant, qui était dans la loi.
Mme Weil : Oui, mais on fait un
peu l'histoire de l'évolution de la loi, je pense, avec cette section. Est-ce
que le principe de famille d'accueil ressemble? Est-ce qu'il y a des règles
différentes? Est-ce que c'est une... Parce que c'est les familles d'accueil...
Est-ce que les mêmes règles s'appliquent, les mêmes critères, les mêmes
critères?
M. Carmant : M. le Président,
je passerais la parole à la directrice nationale.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Mme Lemay.
Mme Lemay
(Catherine) : Bien, en fait, on fait en sorte de... Tout ce qu'on a
parlé, là, des différentes dispositions par rapport aux autochtones,
depuis le début, là, on respecte... Et là on va respecter encore plus l'ordre
pour choisir les familles d'accueil, donc,
des familles d'accueil de proximité, d'abord, qu'on va... pour lequel le
processus d'accréditation doit se mettre en place, mais l'idée, c'est
d'avoir le plus possible des familles qui reçoivent les enfants, qui
ressemblent à l'identité culturelle d'où vient l'enfant, là, de là tout ce
qu'on a mis précédemment dans la loi pour se rapprocher du meilleur pairage
possible puis de la conservation de leur identité culturelle.
Mme Weil : C'est bien. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Alors, 131.25. M. le ministre.
M. Carmant : Oui, M. le
Président. «Un établissement qui exploite un centre de protection de l'enfance
et de la jeunesse peut, aux mêmes fins que celles mentionnées à
l'article 131.23, conclure avec une communauté autochtone représentée par
son conseil de bande ou par le conseil du village nordique ou avec un regroupement
de communautés ainsi représentées une entente ayant pour objet de préciser les
modalités relatives aux autorisations accordées par le directeur pour
l'exercice d'une ou de plusieurs de ses responsabilités exclusives prévues
ci-après.
«Dans le cadre d'une telle entente, le directeur
peut, par écrit et dans la mesure qu'il indique, autoriser une personne membre
du personnel de la communauté autochtone ou du regroupement de communautés :
«a) à procéder à l'évaluation de la situation et
des conditions de vie de l'enfant prévue au paragraphe bdu premier
alinéa de l'article 32, sans toutefois lui permettre de décider si la
sécurité ou le développement de l'enfant est compromis;
«b) à exercer, en relevant de lui sur le plan
clinique ou de la personne qu'il autorise par écrit, une ou plusieurs des
responsabilités prévues aux paragraphes bà eet h.1 du
premier alinéa de l'article 32.
«L'article 35 ainsi que tout autre article
applicable à la personne qui agit en vertu de l'article 32 s'appliquent à
la personne autorisée à exercer une responsabilité en vertu du présent article.
Le directeur peut mettre fin à son autorisation en tout temps.»
Donc, cet article reprend l'article 37.7
actuel de la Loi sur la protection de la jeunesse, qui a été abrogé par l'article 27
du projet de loi, donc, déplacé sans modification.
• (18 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui. Juste une question
pour le ministre. C'est peut-être de prendre qu'est-ce qui est écrit dans un
projet de loi et de mettre ça dans un contexte sur le terrain. Je sais que,
dans le comté de mon collègue de Nelligan, il y a des plans de prendre un
ancien CHSLD et de tourner ça dans un centre pour les enfants inuits. Si je
comprends bien, c'est en planification. Alors, quel type de, comme, entente est
nécessaire, si jamais cette institution-là veut signer une entente avec une
ville comme Kuujjuaq, par exemple, comme... Je veux juste comprendre : On
parle de quel type d'entente? Qu'est-ce qui est écrit dedans? C'est quoi, la
nécessité, des fois, d'avoir une entente entre une institution puis, peut-être,
une communauté autochtone?
M. Carmant : Bien, eux, ils n'ont
pas... Puis c'est vraiment une collaboration entre le Nunavik et Batshaw, le
CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île. Mais tous les types d'ententes sont... Donc, il
faut changer les numéros, là, mais 37.5, c'est
l'entente complète. 37.6 est plus partielle. Par exemple, avec les communautés
algonquines de l'Abitibi, on a signé, il
y a deux ans, des 37.6, qui permet... Oui, il y a la DPJ, mais tous les
intervenants sur le terrain sont d'origine algonquine. Puis le 37.7,
c'est la version encore plus légère, qui est plus limitée dans les intervenants
issus de la communauté.
Puis, quand la directrice nationale parlait
de... ça dépend du niveau de préparation de la communauté, c'est exactement ce qu'on veut faire. Donc, ceux qui
sont vraiment prêts à tout prendre en charge, on les envoie vers un
37.5. Ceux qui ont... Ceux qui veulent dépendre du DPJ mais avoir les
intervenants sur le terrain, étant de la communauté, c'est 37.6. Puis ceux qui
sont plus à leurs débuts, c'est un 37.7. Mais, dans ce cas-là, c'est vraiment
de l'hébergement, puis, encore une fois, tu sais, je pense que c'est dans les
cas exceptionnels où il faut qu'on arrive à ça.
M. Kelley :
O.K. Merci. C'était juste de bien visualiser tout ça puis
mieux comprendre. Merci.
M. Carmant : Oui.
Il va falloir qu'on s'habitue aux nouveaux chiffres, là, 131.23...
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va,
M. le député?
M. Kelley : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M.
Provençal)
: S'il n'y
a pas d'autre intervention, j'irais à 131.26.
M. Carmant : Oui,
M. le Président. Donc :
«131.26. Un
établissement peut conclure avec une communauté autochtone représentée par son
conseil de bande ou par le conseil du village nordique ou avec un regroupement
de communautés ainsi représentées une entente ayant pour objet de préciser les
responsabilités confiées à cette communauté ou à ce regroupement relativement à
l'octroi de l'aide financière prévue à l'un des articles 70.3, 71.3 et
131.19.»
Ce nouvel article
vise à permettre à une communauté autochtone, par la conclusion d'une entente
avec un établissement, d'administrer l'aide
financière pour favoriser la tutelle, l'adoption, la tutelle coutumière et l'adoption
coutumière.
Le Président (M.
Provençal)
: Questions?
Ça va?
Mme Weil :
...peut-être en dire un mot sur... Ça vient remplir une demande... Il y avait
un constat d'un besoin de prévoir,
c'est ça, les conditions, ici, d'une entente? Juste expliquer un peu le
contexte de cette... comment dire, cette nouveauté.
M. Carmant : Alors,
je ne sais pas si c'est dans le contexte de ce que la commission Laurent
voulait, une demande, là, de favoriser l'adoption, la tutelle, mais peut-être
que, pour s'assurer de cela, là, je passerais la parole à la directrice
nationale. Parce que je sais qu'on veut faire... pour favoriser, là, ces
ententes-là, mais...
Le Président (M.
Provençal)
: Mme
Lemay.
Mme Lemay
(Catherine) : Dans le fond, là, on vient leur permettre d'administrer
non seulement la façon de faire pour les différents types d'adoption ou de
tutelle, mais on vient leur assurer qu'ils ont le financement requis, et qu'ils
sont capables, et qu'ils sont en mesure, là, d'administrer leurs propres...
Mme Weil : Prendre
en charge.
Mme Lemay
(Catherine) : ...oui, prendre en charge, c'est le bon mot, merci,
prendre en charge leurs propres tutelles, et tutelles coutumières, et
adoptions, adoptions coutumières, etc., effectivement.
Mme Weil : Est-ce
que c'est dans le rapport de la commission Laurent?
M. Carmant : ...de
favoriser l'adoption et la tutelle, oui.
Mme Weil : Très
bien.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va?
Mme Weil : Oui.
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Provençal)
: Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur cet article? Alors, est-ce que
l'article 54, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Provençal)
: Adopté.
Merci beaucoup. Avant d'aller à l'autre article, je m'étais engagé à ce que le
député de Jacques-Cartier puisse avoir une réponse à son questionnement. Alors,
je vais inviter Mme Lemay à lui donner sa réponse.
Mme Lemay
(Catherine) : Alors, on a fait les recherches. De façon générale, ce
qu'il est important de retenir, c'est que
l'information originale est toujours disponible mais est gardée privée, pour
les personnes qui en feront la... les personnes concernées qui en feront
la demande au secteur recherche, antécédents, retrouvailles des CPEJ. Exemple, un enfant qui voudrait connaître ses origines fera
la demande, et cette information-là est gardée mais gardée de façon
privée.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va,
M. le député?
M. Kelley : Oui. Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Provençal)
: M.
le ministre, 55, s'il vous plaît.
M. Carmant : ...M. le Président.
L'article 55 se lit comme suit : L'article 134 de cette loi est
modifié, dans le premier alinéa :
1° par le
remplacement, dans le paragraphe b, de «37.5» par «131.20»;
2° par l'insertion,
après le paragraphe b, du suivant :
«b.1) refuser ou
négliger de communiquer un renseignement ou un dossier ou de donner les
explications exigées en vertu de l'article 35.4;»;
3° par le
remplacement, dans le paragraphe d, de «37.5» par «131.20».
Donc, voici un de ces
nouveaux articles. Donc, le texte proposé se lit comme suit : «Nul ne
peut :
«a) refuser de
se conformer à une décision ou à une ordonnance rendue en vertu de la présente
loi ou conseiller, encourager ou inciter une personne à ne pas s'y conformer;
«b) refuser de
répondre au directeur, à toute personne autorisée en vertu des articles 32
ou 33, à toute personne ou instance à qui sont confiées, en vertu de
l'article 131.20, des responsabilités dévolues au directeur ou à toute
personne à l'emploi de la commission agissant en vertu du paragraphe b de
l'article 23 ou de l'article 25, l'entraver ou tenter de l'entraver,
le tromper par réticence ou fausse déclaration ou tenter de le faire, lorsque
le directeur, cette instance ou cette personne agit dans l'exercice de ses
fonctions;
«b.1) refuser ou
négliger de communiquer un renseignement ou un dossier ou de donner les
explications exigées en vertu de l'article 35.4;
«c) entraver ou
tenter d'entraver un membre de la commission agissant dans l'exercice de ses
fonctions;
«d) étant tenu
de le faire, omettre de signaler au directeur ou à toute personne ou instance à
qui sont confiées, en vertu de l'article 131.20, des responsabilités
dévolues au directeur la situation d'un enfant dont il a un motif raisonnable de croire que la sécurité ou le
développement est ou peut être considéré compromis ou conseiller, encourager
ou inciter une personne qui est tenue de le
faire à ne pas faire de signalement au directeur ou à une telle personne ou
instance;
«e) conseiller,
encourager ou inciter un enfant à [...] un établissement qui l'héberge en vertu
de la présente loi;».
Et la suite est
inchangée, M. le Président.
L'article 55 du
projet de loi propose d'introduire une sanction pénale à quiconque refuse ou
néglige de communiquer un renseignement ou un dossier ou de donner les
explications exigées en vertu de l'article 35.4 de la Loi sur la
protection de la jeunesse.
Cet article propose
également des modifications de concordance à l'article 134 de la Loi sur
la protection de la jeunesse par le remplacement de l'article 37.5 par
l'article 131.20, vu que le contenu de l'article 37.5 a été repris à
l'article 131.20 dans le nouveau chapitre V.1 portant sur les
dispositions particulières aux autochtones.
Le Président (M.
Provençal)
: Assez
technique. Merci.
M. Carmant : Tout
à fait, M. le Président.
Mme Weil : La
grande question ou la seule question : Pourquoi est-ce qu'on a senti le
besoin d'introduire... C'est nouveau, les sanctions pénales, ça n'existait pas
avant, c'est ça? Donc, l'article 55 du projet propose d'introduire une
sanction pénale à ceux qui refusent. Donc, il n'y avait pas de sanction pénale
avant. C'est nouveau.
Le Président (M.
Provençal)
: Me
Mathieu.
M. Carmant : ...plus
éclairante que moi dans ses explications.
Mme Mathieu
(Jessica) : La sanction pénale existait déjà, mais pas pour ce
point-là en particulier que vous nommez, là. Donc, on vient le rajouter... Dans
la disposition qui prévoit une sanction pénale, on vient rajouter le cas
particulier, là, de quelqu'un qui refuse ou néglige de communiquer un renseignement
ou un dossier, là, en lien avec l'article 35.4. Effectivement, ce n'était
pas là avant. Ici, on l'ajoute. C'est pour... C'est un effet dissuasif.
C'est sûr qu'on vise
beaucoup de gens avec 35.4. Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais on a
élargi la portée de cet article-là qui est
un peu l'exercice de pouvoir d'enquête du DPJ, qui peut aller rechercher de
l'information, là, pour prendre une
bonne décision, là, par exemple, par rapport à un enfant. On élargit à plus de
possibilités. Avant, on visait les
établissements. Maintenant, on vise aussi des organismes privés, là. Donc, le
besoin se faisait sentir, à ce moment-là.
• (18 h 30) •
Mme Weil : Bien,
c'est ça, donc, ça répond à un besoin qu'on a observé, qu'il fallait durcir, si
on veut, parce qu'on n'avait pas nécessairement la collaboration à cet égard.
Mme Mathieu
(Jessica) : Je nuancerais, si vous me permettez, là. En fait, c'est
que, comme on élargit à de nouvelles personnes... Avant, on visait les
établissements. Avec les établissements, les DPJ avaient une bonne
collaboration, sauf que, là, on s'en va en dehors du réseau. On va chercher de
l'information auprès du privé aussi. On vise des organismes, on vise des
professionnels. Donc, à ce moment-là, c'était plus opportun de prévoir une
disposition pénale pour avoir un caractère dissuasif et s'assurer, là, de
l'effectivité, là, du pouvoir d'enquête.
Mme Weil : O.K.
Donc, ce n'est pas basé sur une expérience ou des problèmes, comment dire,
d'avoir cette information. C'est que vous prévoyez, parce que vous élargissez,
justement. Il va falloir que les gens sachent que c'est une obligation qui aura
des conséquences s'ils ne respectent pas... C'est un peu préventif dans ce
sens-là.
Mme Mathieu
(Jessica) : Exactement.
Mme Weil : D'accord.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
Mme Weil : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: S'il n'y a pas d'autre intervention
sur l'article 55, je procéderais à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 55 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Alors, merci beaucoup pour cette séance de
travail.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux au jeudi 31 mars, après les affaires courantes, où elle
entreprendra un autre mandat. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 31)