(Quatorze heures douze minutes)
Le Président (M. Provençal)
: Bonjour. Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi n° 15, Loi modifiant la
Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions législatives.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boutin
(Jean-Talon); Mme Guillemette (Roberval), par M. Caron (Portneuf); M. Derraji
(Nelligan), par Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce); M. Marissal (Rosemont),
par M. Zanetti (Jean-Lesage); et M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), par M. Ouellet (René-Lévesque).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Lors de l'ajournement de nos
travaux, hier, nous venions d'adopter l'article 47. Nous en serions
donc à l'étude de l'article... de l'amendement que Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce avait annoncé. Alors, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, je vous cède la parole.
Mme Weil : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, juste pour dire, je vais le lire, mais ça va prendre une
discussion avec le ministre et peut-être un travail avec les légistes pour voir
comment gérer tout ça. Donc, le contexte, c'est la Fédération des familles d'accueil
qui avait trois observations, juste pour vous dire, là, dans leur mémoire.
Article 47.1. L'article 43 de cette loi est
modifié par l'ajout, après le deuxième alinéa, de l'alinéa suivant :
«Dans le cas d'une famille d'accueil, elle
présente ses observations après avoir entendu toute la preuve.»
Article tel que proposé : «83. Une personne
ou une famille d'accueil est admise à l'audience de toute demande relative à
l'enfant qui lui est confié.
«Elle peut témoigner et présenter ses
observations au tribunal lors de l'audience et, à ces fins, être assistée d'un
avocat.
«Dans le cas d'une famille d'accueil, elle
présente ses observations après avoir entendu toute la preuve.
«À moins d'avoir obtenu l'autorisation du
tribunal, elle ne peut participer autrement à cette audience.
«Sauf dans le cas d'une demande visée à
l'article 47, le directeur doit, dans les meilleurs délais, informer la
personne ou la famille d'accueil de la date, de l'heure et du lieu de
l'audience de toute demande relative à l'enfant qui lui est confié, de l'objet
de cette demande ainsi que de son droit d'être admise à l'audience et d'y
participer dans la mesure prévue au présent article.»
Avec votre permission, M. le Président...
d'expliquer un peu le contexte. Donc, ils ont trois observations. Le premier,
c'est que... et c'est là où on aurait besoin de peut-être parler avec le
ministre et son équipe pour voir comment on
gère ça. Mais nous, on n'avait pas le choix de faire un 47.1, parce qu'on est
rendus là puis... Bon, il y a deux choses... bien, trois observations.
Le troisième aussi, on pourrait en discuter.
Dans un premier temps... et c'est la
jurisprudence qui vient de confirmer une modification à la loi, en 2007, que les familles d'accueil arrivent et restent.
Donc, souvent, la DPJ leur demande de quitter, et ça a finalement été
tranché par un juge, qui a dit... une juge... Et je vais vous lire le
paragraphe, donc : «L'introduction du nouvel article 83 de la LPJ, en 2016 — mais, en fait, ça a été 2017 — a
permis de bonifier la preuve présentée devant la chambre de la jeunesse afin
que le tribunal puisse prendre une décision...» Mais je vous lis le tout, là,
pour comprendre le contexte, écoutez... Oui, parce que... J'hésite, là. Bon, on va commencer avec,
vraiment, la deuxième amélioration, mais les deux vont un peu ensemble.
Donc,
deuxième amélioration, si vous avez leur mémoire devant vous, de la
fédération : «Deuxième amélioration proposée est de clarifier que
les observations possibles en vertu de l'article 83 de la LPJ le soient au
moment des plaidoiries. Souvent, il est demandé à la famille d'accueil qui
témoigne en vertu de 83 de la LPJ de faire immédiatement ses représentations au
tribunal, bien qu'elle n'ait pas pu entendre toute la preuve. Il est recommandé
que la famille d'accueil entende toute la preuve avant de pouvoir donner au
tribunal ses recommandations.»
Je vais ensuite, peut-être, pour que le ministre
puisse comprendre le package, si on veut, des trois, parce qu'ils sont un peu
liés... Leur première observation... Puis on n'a pas fait... Là, on a donc,
comme vous voyez, un amendement qui dirait qu'ils doivent entendre la preuve.
On pourrait en discuter tout de suite. Moi, ce que je vois là, c'est que leurs
observations, il faut qu'ils entendent un peu qu'est-ce qui est dit et pourquoi
est-ce que le ministère leur demande de quitter, alors que... ou, c'est-à-dire,
de le faire avant ou... c'est-à-dire, eux, ils sentent le besoin de comprendre.
Parce que là, leur analyse, c'est un peu ce qu'ils nous ont expliqué : O.K.,
là, on comprend ce qui se passe, etc. Je ne sais pas si, pour le ministre,
c'est mieux qu'on fait un par un, mais ils sont un peu liés. On est dans, un
peu, la même situation de la présence, la
présence et l'ordonnance, si on veut, des témoins, où, eux, c'est des
observations qu'ils font. Et il y a une exception, quand même, dans la loi, lorsqu'ils ne restent pas, là, ou
qu'ils ne sont pas là. Donc, ça, c'est l'article... 47, oui.
Donc, je vais vous
expliquer l'autre enjeu, et c'est de voir dans quelle séquence on pourrait les
traiter. Donc, leur première observation, c'est que... bon, ils disent :
«L'introduction du nouvel article 83 de la LPJ, en 2016, a permis de bonifier
la preuve présentée devant la chambre de la jeunesse afin que le tribunal
puisse prendre une décision dans le meilleur
intérêt de l'enfant. Tel que relaté au paragraphe 3.3.3 du présent
mémoire, la preuve présentée était trop souvent dirigée par le DPJ et
souffrait trop souvent de lacunes et de la vision personnalisée du quotidien de
chaque enfant.
«Les années passées ont créé de la jurisprudence
importante et déterminante pour les enfants. La FFARIQ souligne le travail
important de la magistrature dans l'intérêt des enfants.
«Certains
flous demeurent toutefois et ils font régulièrement l'objet d'objections lors
des audiences, principalement par les DPJ. Il est évident que de
prolonger des débats ne sert pas l'intérêt des enfants, et, dans cette optique,
la FFARIQ invoque trois principaux points à améliorer.
«Premièrement, il est régulièrement invoqué
devant le tribunal que la famille d'accueil ne peut pas demeurer en salle
d'audition après son témoignage. À cet effet, nous sommes d'avis que, tel que
Mme la juge Annick Bergeron l'exprime dans un jugement de 2018, que c'est
plutôt la nuance entre d'autres statuts que permettent la LPJ et celui de
l'article 83 de la LPJ :
«"En comparant les libellés des
articles 81 et 83 de la loi, le tribunal se range à l'interprétation selon
laquelle 83 de la LPJ crée un statut particulier de personnes intervenant à
l'instruction pour les milieux d'accueil. Le libellé du législateur prévoyant
l'assistance d'un avocat pour les personnes intervenant à l'instruction et les
milieux d'accueil par rapport au droit de la représentation pour une partie est
clair. La participation à une personne intervenante à l'instruction, qu'elle
soit milieu d'accueil ou non, est donc limitée à son témoignage et la
présentation de ses observations avec l'assistance [et] non d'un avocat. Le
gain obtenu par les milieux d'accueil est de pouvoir être admis à l'audience,
contrairement aux autres personnes intervenant à l'instruction qui doivent
quitter après la présentation de leur témoignage et leurs observations.
Conclure autrement équivaut à leur accorder le statut de partie, ce qui a été
écarté par le législateur."»
Donc, ça, c'est la juge qui tranche, là, elle
dit : Bon, on va arrêter ça, là. Et ça, il n'y a pas eu de modification à
la loi depuis ce jugement, et donc les gens se rangent derrière ça. Donc, ça,
c'est un enjeu où ils demandent une amélioration en essayant d'amener... C'est
là où on avait besoin d'une discussion avec les experts, le ministre aussi.
Qu'est-ce qui fait... Donc là, ma question, c'est : Qu'est-ce qui fait
qu'on ne respecte pas toujours cette modification à la loi? Parce qu'il y a
eu... on avait parlé de victoire importante pour... C'était la ministre
Charlebois, à l'époque, qui avait amené cette modification. Donc, ils considéraient
que c'était une grande victoire, que c'était utile, finalement, pour les
enfants et pour la famille d'accueil. Donc, je voulais poser cette question.
Et est-ce que ça prend plus de clarté dans la
loi actuelle pour s'assurer que ce droit-là est bien respecté? Il semble que c'est peut-être là le problème, que
tout le monde ne comprend pas nécessairement cette modification à la
loi.
• (14 h 20) •
M. Carmant : ...de plus
d'information, M. le Président. En 2017, qu'est-ce qui a été ajouté à la loi?
Mme Weil : C'est rendu clair
que la famille d'accueil fait ses observations et reste jusqu'à la... et reste.
Donc, on va le lire, là, donc, c'est l'article 83. Bon : «Une personne ou
une famille d'accueil est admise à l'audience de toute demande relative à
l'enfant qui lui est confié.
«Elle peut
témoigner et présenter ses observations au tribunal lors de l'audience et, à
ces fins, être assistée d'un avocat.
«À moins d'avoir obtenu l'autorisation du
tribunal, elle ne peut participer autrement à cette audience.
«Sauf dans le cas d'une demande visée à
l'article 47, le directeur doit, dans les meilleurs délais, informer la
personne ou la famille d'accueil de la date, de l'heure et du lieu de
l'audience de toute demande relative à l'enfant qui lui est confié, de l'objet
de cette demande ainsi que de son droit d'être admise à l'audience et d'y
participer dans la mesure prévue au présent article.»
Donc, souvent, on leur demandait de quitter, et
la juge, elle dit, c'est ça, le vice, là, c'est que son droit de rester jusqu'à
la fin a été confirmé par la jurisprudence.
M. Carmant : Mme la Présidente,
je pense que je vais devoir passer la parole, parce que moi, ce que j'entends,
c'est que ça leur permet de venir témoigner.
Mme Weil : Et rester.
M. Carmant : Ce n'est pas clair que
«rester» fait partie... Je pensais que le...
Mme Weil : Bien, la
jurisprudence l'interprète de cette façon. C'est pour ça que je voulais avoir
cette discussion. Là, une fois que la jurisprudence l'interprète, il faut
respecter la jurisprudence, hein? Donc, c'est...
M. Carmant : Mais moi, je suis
quand même surpris, parce que, oui, j'avais... j'ai discuté de cette demande au
niveau des fédérations de familles d'accueil, mais, de l'autre côté, on avait la
demande, au contraire, des experts qui nous disaient que d'exposer les familles
d'accueil à des conflits ou des sujets qui ne sont pas nécessairement dans
l'intérêt de l'enfant était plutôt négatif. Et même, ils nous demandaient
d'aller en sens inverse et de ne jamais laisser les familles d'accueil
présentes hors de leur témoignage. Donc, nous, notre... ma position était
vraiment de laisser les choses telles quelles
au jugement du juge. Alors, je suis un peu surpris qu'on me parle de
jurisprudence. Peut-être que madame...
Mme Weil :
Attendez. Excusez-moi, M. le Président...
Le Président (M. Provençal)
: ...est-ce que vous auriez...
Mme Weil : ...il y a
peut-être juste un détail...
Le Président (M. Provençal)
: Parce qu'on a quand même deux personnes qui sont au niveau
légal, ici.
M. Carmant : Ça, je vais les laisser
parler de ça.
Le
Président (M. Provençal)
: Voulez-vous intervenir,
maître, hein? Me Plamondon, s'il vous plaît, complémentaire à M. le
ministre.
Mme Plamondon (Louise) : Est-ce qu'il faut que je me renomme?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, vous allez vous renommer, s'il vous plaît.
Mme Plamondon (Louise) :
Louise Plamondon, je suis avocate au ministère de la Justice et je suis en prêt
de service de la Commission des services
juridiques. Je suis avocate au Bureau d'aide juridique, section jeunesse, à
Québec.
Alors, il y a des jugements de la Cour du Québec
qui ont établi certaines règles, mais je vous dirais que ce n'est pas... c'est
à géométrie variable, parce que chaque juge évalue, dans son district, un peu
c'est quoi, la norme. Et la problématique qui est souvent soulevée, c'est que
les familles d'accueil ont accès à de l'information confidentielle, et c'est de
l'information qui n'est pas toujours retenue par le juge. Parce que, la preuve,
c'est le juge qui détermine ce qui doit être admis en preuve ou rejeté.
Alors, les familles d'accueil, parfois,
entendent des choses qui ne seront pas de la preuve qui s'est avérée être
probante, et ils ont trop d'information, souvent, pour ce qui est nécessaire
à... le soin apporté à l'enfant. Et surtout que maintenant, là, il y a un amendement à 72.6, là, on en a parlé, où les
familles d'accueil pourraient avoir toute l'information nécessaire par
l'intervenant social pour prendre en charge l'enfant qui leur est confié.
Mme Weil : ...quand vous avez une
contradiction entre les décisions des tribunaux... Qu'est-ce qui s'est passé,
suite à cette décision du tribunal? Est-ce que, parfois, la famille reste?
Parce que, là, dans ce cas-ci, le juge dit que son interprétation de
l'amendement, c'est que la famille reste jusqu'à la fin, là, «fait ses
observations».
Donc, je cite la juge : En comparant les
libellés des articles 81 et 83, LPJ, le tribunal se range à
l'interprétation selon laquelle l'article 83 de la loi... la LPJ, crée un
statut particulier de personnes intervenant à l'instruction pour les milieux d'accueil. Le libellé du législateur
prévoyant l'assistance d'un avocat pour les personnes intervenant à
l'instruction et les milieux d'accueil par rapport au droit de représentation
pour une partie est clair. La participation à une personne intervenante à
l'instruction, qu'elle soit milieu d'accueil ou non, est donc limitée à son
témoignage et la présentation de ses observations avec de l'assistance ou
non... Mais «qui reste jusqu'à la fin», c'est où, ça?
Le Président (M. Provençal)
: Mme Plamondon... Me Plamondon venait de mentionner que,
d'une juridiction à l'autre, c'est variable. Donc, vous, vous amenez un cas
type. Ça ne veut pas dire que le cas type est représentatif de tout ce qui se passe présentement, là. Moi, ça,
c'est l'interprétation que j'ai comprise de l'explication de Me
Plamondon. Est-ce que je me trompe en disant ça, maître?
Mme Plamondon (Louise) :
...tout à fait.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Carmant : ...que, dans le mémoire
du Conseil de la nation atikamekw, eux aussi nous suggéraient de ne pas donner
accès aux audiences, là. Donc, il y avait deux groupes qui ont suggéré ça
versus les familles d'accueil. Je pense qu'il faut prendre ça aussi, là, en
considération dans notre décision finale. Puis je pense que laisser le... pas
le choix, là, mais la décision au juge m'apparaît la plus sage.
Mme Weil : Donc, c'est inégal sur le
territoire du Québec, la pratique? Ça, je trouve ça particulier, quand même,
là, vraiment, là.
Mme
Plamondon (Louise) : Oui.
Oui, c'est le juge qui détermine comment ça va se passer dans sa salle. Il y
a vraiment une discrétion judiciaire à ce niveau-là. C'est sûr que la famille
d'accueil a le droit de venir témoigner dans tous les dossiers, d'être avisée.
Ça, c'est respecté à la lettre, mais il y a certaines juridictions où... bien,
dans la Cour du Québec, dans certaines régions, où on... les familles d'accueil
sont autorisées à demeurer toute... la séance complète, l'audience, du début à
la fin, alors que, dans d'autres districts, c'est plus restreint.
Mme Weil : Je vais juste regarder...
Donc, c'est ce qui peut mener des fois... bien, ça se fait de toute façon dans toutes les matières ou parfois... sauf qu'eux
ne contrôlent pas l'affaire. Mais, souvent, les gens vont chercher
différentes juridictions. Mais, dans ce cas-là, l'avocat
de la famille d'accueil n'aurait pas le premier mot sur ces questions-là, ce
serait vraiment la DPJ, mais on me dit ça souvent, ou lorsqu'il y a trop de
délais dans une région, ils vont aller dans une autre région parce que c'est
urgent, etc. Mais si vous me donnez encore une seconde...
Le
Président (M. Provençal)
: ...dans le domaine, mais
moi, j'ai toujours pensé que le juge était maître de sa cause.
Mme
Weil : Tout à fait, tout à
fait. Et c'était... moi, ce que je voulais comprendre, et c'est la réponse,
quel est... comment dire, une fois que... à ce niveau-là, les juges
prennent des décisions fondamentales quand même, c'est une grande différence,
de certains, dire : Moi, dans ma cour, j'aurai toujours des familles
d'accueil qui seraient là, donc... et, en
vertu de ce que le ministre dit, c'est important, etc., mais, ah, ce serait
moins... C'est important, mais dans d'autres cas, on serait inquiet
puis... et que ce serait appliqué à la lettre qu'il puisse rester jusqu'à la
fin. Ça crée une inégalité dans les régions par rapport au traitement des
familles d'accueil et, en bout de ligne, l'intérêt de l'enfant à quelque part,
parce qu'on peut comprendre que la famille d'accueil... Je comprends les deux
arguments, hein? On peut les voir dans les
deux sens. La famille d'accueil qui a besoin de vraiment comprendre, ils sont
là pour répondre aussi s'il y a des questions, des éclairages, etc. Et
quand... Donc, l'amendement traite... ils sont liés. C'est pour ça que je
voulais vraiment qu'on en discute ensemble. L'autre...
Le Président (M. Provençal)
: Mais je pense que maître pourrait vous apporter peut-être
un éclairage supplémentaire. Je vous demanderais de vous nommer, s'il vous
plaît.
• (14 h 30) •
Mme
Dumas-Legendre (Hélène) :
Oui, Hélène Dumas-Legendre, je suis avocate légiste au ministère de la
Justice.
Ce qu'on pourrait ajouter, c'est que l'article
83, qui permet la présence des familles d'accueil, est une brèche à la règle
par rapport aux huis clos des audiences en matière de jeunesse. Le huis clos
est décrété par la loi pour protéger la confidentialité des dossiers. Donc, on
peut comprendre que le tribunal soit hésitant à accorder cette brèche au huis clos,
étant donné que c'est une exception, quand même, qui n'est pas sans
conséquence.
Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que, lors de
l'audience, l'ensemble de la preuve qui est exposée est évaluée par le juge et
le juge évalue la crédibilité, notamment des témoins, et la retient ou ne la
retient pas. Les familles d'accueil qui sont présentes, évidemment, reçoivent
l'information sans avoir l'exercice d'évaluer si la preuve doit être retenue ou
pas. Et quand on pense, par exemple, à une preuve qui serait faite par rapport
aux parents, strictement aux parents, bien, on peut effectivement se demander
s'il est dans l'intérêt de l'enfant que la famille d'accueil soit renseignée
sur des circonstances qui concernent particulièrement les parents, mais qui ne
changent pas nécessairement leur intervention auprès de l'enfant.
Mme Weil : Est-ce que ce jugement
est porté par le juge?
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Oui, tout à fait.
Mme Weil : Donc, qui, dans un
premier temps, sans que la famille d'accueil soit là... voie un peu. Mais la
famille d'accueil est là au début, c'est-à-dire... mais ensuite, doit quitter,
une fois qu'il fait ses observations. Donc, la famille d'accueil n'entend pas
nécessairement quelle est la situation. Donc, le juge... On pose des questions,
donc, à la famille d'accueil, ou comment est-ce qu'on... Oui, ils sont là pour
répondre, hein? Ils sont là pour répondre... donner leurs observations. C'est
bien ça? Et c'est suite à des demandes qui... Comment ça se passe, là, pour
essayer de bien comprendre le processus?
Le Président (M. Provençal)
: Là, c'est sûrement Me Plamondon.
Mme Plamondon (Louise) :
Mais, par exemple, Mme la députée, il pourrait y avoir un enfant qui vient
témoigner et qui est en conflit de loyauté entre sa famille biologique et la
famille d'accueil. Alors, il pourrait être soumis par le procureur de l'enfant,
justement, au juge, le fait que l'enfant est en conflit de loyauté. Il aimerait
mieux ne pas témoigner en présence de la famille d'accueil parce qu'après ça il
y retourne. Et là, bien, le juge va peut-être permettre, là, à la famille
d'accueil de faire des observations, oui, mais lui demander de se retirer
lorsqu'il sera question, justement, du témoignage de l'enfant.
Mme Weil : Et est-ce qu'il y a des
instances où la famille d'accueil peut rester ou...
Mme Plamondon (Louise) : Il y a des instances et il y a des juges qui décident
parfois que la famille d'accueil va demeurer jusqu'à la fin. Si on pense, entre
autres, à des enfants qui vivent plus de l'abandon, où il n'y a pas de parents,
bien, il y a moins, je vous dirais, d'implications, moins d'informations
confidentielles qui vont être données à la cour. Alors, les juges vont souvent
permettre aux familles d'accueil d'y demeurer, parce qu'elles sont les seules
personnes significatives dans la vie de cet enfant-là.
Mme Weil : Et
dans la séquence... parce qu'eux... Donc, dans l'amendement, ils demandent de
pouvoir entendre la preuve avant de faire leurs observations.
Actuellement, dans la séquence, c'est eux en premier ou est-ce qu'il y a une
séquence, normalement?
Mme Plamondon
(Louise) : ...
M. Carmant : C'est beau, allez-y...
Mme Plamondon (Louise) : Bien, normalement, c'est sûr qu'ils vont témoigner en
premier, parce que c'est la règle de
l'exclusion des témoins. Alors, si les gens demeurent dans la salle, on va
faire témoigner les familles d'accueil en premier, pour ne pas que leur
témoignage soit teinté des autres témoignages des autres parties, qui ont déjà,
eux, donné une version à l'intervenante sociale.
Mme Weil : Oui, je comprends. Alors,
c'était le but, de pouvoir avoir cette brèche pour en discuter, parce
qu'honnêtement je n'avais pas saisi ça tout de suite que, oups, si on ne
soulève pas ça maintenant, on ne comprendra pas
c'est quoi l'enjeu. Et je pense que c'est important, pour l'organisme, de comprendre.
Sûrement qu'ils le comprennent, mais ils ont fait la demande, et le
ministre semble dire que... le ministre a reçu aussi cette demande, j'ai
compris. Mais là on rend clairs, je pense, les risques. Pour vous, c'est
évident, on peut l'imaginer, mais c'est vraiment pour protéger l'enfant, en
bout de ligne, les parents, un peu, aussi, en tout cas, la complexité, la
sensibilité des enjeux, et que l'autre chose qui est intéressante, c'est que
les juges ont cette discrétion, et qu'il n'y a pas une règle qui s'applique. Ce
n'est pas comme lorsque la Cour suprême se prononce sur une décision qui est...
Bon, c'est très bien, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de...
Mme Weil : Je veux dire que... Je
veux dire, il y a deux enjeux, là. C'est le deuxième enjeu, où ils disent
qu'ils voudraient être en dernier. Ça, c'est l'amendement. L'autre, la
discussion, je l'ai entamée parce que je ne savais pas comment modifier la loi
s'il y avait un enjeu de respect de la jurisprudence. Donc là, je me dis...
j'ai eu... c'était vraiment pour avoir la discussion. Je pense qu'on peut
retirer l'amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Bien, si vous décidez de retirer
votre amendement, c'est vous qui...
Mme Weil : Oui, parce que...
Le Président (M. Provençal)
: Vous êtes maître de votre
amendement...
Mme Weil : Oui, mais surtout parce
que...
Le Président (M. Provençal)
: ...comme le juge est maître de son
tribunal.
Mme Weil : Oui, mais... C'est ça, et
surtout, étant donné l'explication, là, je le comprends, alors ce serait drôle
de le maintenir.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement pour retirer?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
M. Ouellet : M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Je veux quand même
remercier la députée d'avoir déposé cet amendement, parce que cette discussion
a éclairé une situation d'ombre pour moi, parce qu'on a été, effectivement,
sensibilisés par les demandes des différentes familles d'accueil. Et je
comprends mieux, avec les explications de la juriste, l'impact de donner un
accès «all-in» aux familles sans avoir un jugement ou un discrédit sur la
présence ou la pertinence à tous les moments des étapes. Je ne comprenais pas,
je me disais : Ils ne vont pas nuire, ils vont être là pour l'enfant. Mais
je comprends qu'il peut y avoir une incidence d'avoir la présence, et c'est au
juge de décider, dans chacune de ces causes, si, oui ou non, elle est
nécessaire, cette présence-là, ou si elle doit être limitée.
Donc, ça m'éclaire beaucoup, parce que, tu sais,
je ne suis pas un spécialiste des tribunaux, je ne suis pas spécialiste de la
protection de la jeunesse, mais j'ai à coeur le bien-être des enfants et
j'étais resté sur l'impression que d'avoir les familles tout le temps, dans
tout le processus, ça aurait été la chose, je pense, à faire. Mais je comprends
mieux aujourd'hui que, dans certains cas... je ne dis pas que ça va nuire, la
présence des familles d'accueil, mais ça pourrait avoir un impact sur le
processus final, et ça, il faut le préserver. Donc, je tiens à remercier la
collègue de l'avoir déposé et d'avoir initié cette discussion. Moi, ça
m'éclaire beaucoup pour la suite, pour mieux comprendre le rôle des familles
d'accueil et en quoi on peut bonifier leur présence lorsqu'ils permettent aux
enfants de passer à travers des situations qui sont difficiles. Merci.
Le
Président (M. Provençal)
: Et
je pense que ça a bien clarifié aussi le pouvoir d'un juge... de chacune des
causes. M. le ministre, je vais vous inviter à lire l'article 48.
M. Carmant : Oui.
M. le Président, puis je vais déposer un amendement tout de suite après, je
crois.
L'article 48 se
lit comme suit : L'article 84.2 de cette loi est modifié :
1° par le
remplacement, dans le premier alinéa, de «trois jours ouvrables» par «cinq jours»;
2° par l'insertion,
après le premier alinéa, du suivant :
«Le premier alinéa
s'applique à la production d'un rapport psychosocial visé à l'article 86
sauf quant au délai qui est alors de 10 jours.»
Le texte proposé se
lit comme suit :
«Toute partie qui
désire produire une analyse, un rapport, une étude ou une expertise qu'elle
veut invoquer devant le tribunal doit produire ce document au dossier au moins
cinq jours avant l'audience et en remettre, dans le même délai, une copie à
l'avocat de chacune des parties ou à la partie elle-même si elle n'est pas
représentée, sauf dispense de cette obligation par le tribunal.»
«Le premier alinéa
s'applique à la production d'un rapport psychosocial visé à l'article 86
sauf quant au délai qui est alors de 10 jours.»
La production au
dossier de l'ensemble ou d'extraits seulement du témoignage hors cour d'un
témoin expert peut tenir lieu de son rapport écrit.
En commentaire :
Le présent article vise à modifier le délai à l'intérieur duquel une
partie doit produire un document qu'elle invoquera devant le tribunal. Ce délai
est actuellement de trois jours ouvrables, la modification propose qu'il soit
de cinq jours sans distinction qui s'agisse ou non de jours ouvrables.
La disposition crée
cependant une exception afin que le délai de production d'un rapport
psychosocial soit plutôt de 10 jours.
Donc, je dépose
l'amendement?
• (14 h 40) •
Le Président (M.
Provençal)
: Oui, allez-y.
M. Carmant :
Remplacer le paragraphe 2° de l'article 48 du projet de loi par le
suivant :
2° par l'insertion,
après le premier alinéa, des suivants :
«Le premier alinéa
s'applique à la production d'un rapport psychosocial visé à l'article 86
sauf quant au délai qui est alors de 10 jours.
«Une analyse, un
rapport, une étude ou une expertise produit en vertu du présent
article doit exposer les éléments nécessaires ou pertinents pour aider le
tribunal à apprécier la situation d'un enfant, à évaluer si sa sécurité ou son
développement est compromis ou demeure compromis ou à prendre toute décision en
vertu de la présente loi.»
Donc, l'article se
lit comme je viens de le mentionner. Cet amendement vise à assurer que les
éléments déposés en preuve seraient pertinents et nécessaires. Voir l'article 84.2
tel que modifié.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va,
M. le ministre?
M. Carmant : Oui,
je pense que j'ai...
Le Président (M.
Provençal)
: Alors,
dans un premier temps, est-ce qu'il y a des interventions concernant l'amendement
déposé par M. le ministre? Mme la députée.
Mme Weil : Merci,
M. le Président. Est-ce que ça, c'était une recommandation de la commission
Laurent? Est-ce que c'était une recommandation?
M. Carmant : Non,
non, c'était le... je pense, le comité d'experts qui nous a mentionné ça.
Mme Weil : Le
comité d'experts, parce que je l'ai vu quelque part, mais, dans toute la
documentation, il y a beaucoup de matériel. Et donc s'applique à un rapport
parce que... pour aider le tribunal, parce qu'il y a un autre où on demande...
Ah non! ça viendra, et c'est un dépôt de documents. Mais est-ce que vous
pourriez juste l'expliquer, là, essentiellement, par rapport à ce qu'on
avait... parce que c'est difficile, parce que ce n'est pas souligné exactement,
les changements, dans un premier temps, et ensuite le pourquoi. Puis... Ah!
voilà.
M. Carmant : Alors,
ce qu'on m'a expliqué, c'est que le rapport a été déposé jusqu'à trois jours
avant la cause, et ça, ça a entraîné souvent que l'information ne pouvait pas
être analysée avant que ça passe au tribunal. Donc, la législature nous demande
un délai plus grand pour pouvoir prendre le temps d'analyser et de porter
jugement quand ils sont appelés à la cour. Et ce que je comprends ici qu'on
vient rajouter dans un deuxième temps, c'est qu'on veut que l'information
contenue dans ces rapports soit pertinente, là, mais ce qui m'aurait été plutôt
d'emblée évident, là. Mais, bon, je pense que, des fois, il faut l'écrire
clairement pour que la loi soit bien comprise. Mais c'est vraiment ça, hein,
c'est le délai d'analyse qui était souvent... qui entraînait des remises, qu'on
m'avait expliqué, là.
Mme Weil : Donc, ça me mène à poser
la question, d'avoir des commentaires de l'Ordre des travailleurs sociaux qui
souligne le problème de pénurie. Alors : «Concernant l'article 48,
modifiant l'article 84.2, bien que l'ordre juge
important que soit accordé aux parties le temps nécessaire pour prendre
connaissance des éléments de preuve, il y voit un fardeau supplémentaire pour
les professionnels, qui leur exigera de produire des rapports dans des délais
plus courts. Dans un contexte de pénurie de professionnels et devant la
complexité des situations, l'ordre s'inquiète des conséquences en matière de
qualité des rapports et d'accès aux documents dans les délais impartis.» Avec
votre amendement, ça ne touche pas vraiment à cette préoccupation.
M. Carmant : Oui, effectivement, ça
donne un peu un stress de plus pour la production du rapport.
Mme Weil : Un peu plus de...
oui.
M. Carmant : Mais la conséquence,
c'est que, quand la cause est remise, bien là, on prolonge les choses. Ça fait
que moi, j'aime mieux... Tu sais, moi, mon rôle, c'est d'ajouter des services.
Comme je le mentionne souvent, on va travailler là-dessus puis on va s'assurer
que les reports en cours surviennent de moins en moins, parce que ça, c'est
vraiment triste de reporter des causes de mois en plusieurs mois, là.
Mme Weil : Ça, si on pouvait vous
entendre sur cette problématique...
M. Carmant : De?
Mme Weil : De, justement, bien, des
délais puis la lourdeur. Ça a été un grand sujet ces dernières années. Ça
affecte les tribunaux, ça affecte les familles, les enfants, et là on touche à
ça ici dans un domaine névralgique quand on parle de justice. Les avocats, là,
qui sont avec la DPJ ou non, m'en parlent. Quand ils m'en parlent, ils
disent : C'est vraiment rendu très grave puis ça va prendre des solutions.
Et donc, ça, c'est un aperçu. Là, on le voit dans cet article-là. Est-ce que ce
serait possible, dans le contexte... parce que vous l'amenez, il y a
l'objectif... bien, on leur donne un peu plus de temps quand même, mais on...
bien, c'est que vous allez plus...
M. Carmant : Au législatif.
Mme Weil : Au législatif, c'est ça,
mais vous allez... L'importance de ce rapport, une analyse... c'est ça, c'est
vraiment ça, là, une analyse, un rapport, une étude, une expertise produits.
Dans la loi actuelle, est-ce qu'on a...
Non? Il n'y a pas de mention de tout ça dans la loi
actuelle.
M. Carmant : Le délai de... c'est le
délai de trois jours. C'est ça.
Mme Weil : Non, mais le délai, oui.
M. Carmant : C'est ça.
Mme Weil : Mais d'un rapport
qui doit être produit.
M.
Carmant : Maisc'est ce qu'on attend dans les délais
de trois jours. Ce qu'on vient d'ajouter, c'est l'aspect pertinence.
Mme Weil : De trois à cinq jours.
M. Carmant : Ce qu'on vient
d'ajouter, c'est l'aspect pertinence, mais...
Mme Weil : Il ne faut pas...la
production d'un rapport. Mais pourquoi donc l'amendement qui, juste pour bien comprendre, qui vient dire le premier alinéa
s'applique... donc, c'est comme... on met l'accent là-dessus, sur la
production d'un rapport psychosocial, et c'est votre amendement, là, ici. Donc,
il y a le changement que vous aviez dans le projet de loi n° 15, mais là
vous amenez un amendement qui met l'accent sur le rapport psychosocial. C'est
même libellé. Mais est-ce qu'il y a un changement ici?
M. Carmant : Non, c'était déjà là.
Mme Weil : Une analyse, un rapport.
Donc...
M. Carmant : Dans l'article 48,
c'était déjà là.
Mme Weil : C'est ça.
M. Carmant : Ce qu'on vient ajouter,
c'est le deuxième paragraphe.
Le Président (M. Provençal)
: Pourriez-vous clarifier l'intention
du...
Mme
Dumas-Legendre (Hélène) : En fait, ce
qu'on vient faire par la modification, c'est qu'on vient changer le délai pour
la production du rapport psychosocial. Il faut savoir que le rapport
psychosocial, qui ne s'appelle pas actuellement «rapport psychosocial», c'est
l'article suivant qui va vous clarifier la désignation de ce rapport-là. On
change son nom, mais essentiellement, c'est la même chose. C'est une pièce
maîtresse dans la preuve, oui, voilà. Donc, laisser seulement aux parties trois
jours pour prendre connaissance, pour en discuter avec le client, pour voir
s'il y a une contre-expertise à faire, c'était trop court et ça occasionnait
des demandes de remise.
Donc, dans ce contexte-là, on vient s'assurer
que le rapport psychosocial est remis 10 jours avant, justement pour que
les parties puissent en prendre connaissance et être prêtes au moment de
procéder pour éviter la remise. Donc, dans les faits, on a l'air de donner...
d'étirer les délais, mais en bout de piste, la conséquence, c'est de raccourcir
les délais, parce que, moins il y aura de remises, bien, plus les dossiers vont
procéder promptement devant le tribunal.
Mme Weil : Et sur quoi vous vous
êtes basés pour essayer de trouver un délai raisonnable? Parce que, là, le problème, c'est qu'il y a une urgence, j'imagine,
souvent dans... Mais la réalité, c'est que ça prend une analyse
profonde. Donc, comment vous avez jugé le délai? Qu'est-ce qui est possible
dans les circonstances?
M. Carmant : Bien, je pense, c'est
une analyse entre les capacités cliniques et les demandes de la législature.
Mme Weil : Oui, mais on a deux
enjeux, hein?
M.
Carmant : Oui, mais nous, on a trouvé une solution qu'on
croyait qui était raisonnable pour tous les intervenants.
Mme Weil : Oui, d'accord.
Le Président (M. Provençal)
: Maître.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Est-ce que...
M. Carmant : O.K. Allez-y.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Ici, on n'est pas dans les mesures d'urgence, on est
vraiment dans le dossier. Au fond, le rapport psychosocial, c'est pour... bon,
voilà, la cause au fond. Donc, c'est la raison pour laquelle on laisse un peu
plus de temps, et on a arrimé le délai de 10 jours au délai de l'avis pour
la demande introductive d'instance. Donc, quand on saisit le tribunal, c'est un
délai de 10 jours d'avis, et on s'est dit que la pièce maîtresse devait
avoir le même délai. Là, c'était cohérent puisque c'est la... comme je le disais,
là, la pièce maîtresse de la preuve d'une des parties.
Mme Weil : Avec votre permission, il
y avait un cas qui a été rapporté dans les journaux, je pense que, maintenant,
c'était il y a deux ans, un cas grave, grave, grave d'une petite fille qui
avait de sévères problèmes. Ce n'était pas ses parents, c'était vraiment
physique, etc., et elle a été placée parce que, les parents, c'était très
difficile pour eux de gérer. C'étaient des bons parents, mais ils ne pouvaient
pas... Mais elle a attendu deux ans. Vous vous rappelez de ce cas-là? Une fille
qui a attendu deux ans, et c'est quelqu'un qui faisait de l'automutilation très
jeune, sept ans. Alors, de cinq ans à sept ans, elle a attendu, donc, parce que
le système, le système public, il y a des délais, il y a manque de... manque de
main-d'oeuvre, manque d'expertise et tout ça. Parce qu'on est sur la question
parce que l'évaluation psychosociale, donc là, c'était vraiment un spécialiste,
un psychiatre je pense, même, qui devait évaluer la petite fille, mais ça a
pris deux ans, et deux ans de perdus pour cette petite fille, deux ans
d'anxiété puis deux ans où ils ont dû la contrôler de façon désagréable si on
veut.
Est-ce que vous pouvez... et M. le ministre a
une expertise dans ce domaine, c'est-à-dire les capacités, hein, du système et
les expertises qui existent. Est-ce que, dans ce domaine, vous avez une
inquiétude ou est-ce qu'il y a actuellement une inquiétude par rapport aux
ressources humaines qui peuvent causer d'autres délais?
M. Carmant : Ici, on parle d'un
rapport d'un spécialiste ou d'un surspécialiste. Là, je pense qu'ici on parle
du rapport de l'intervenant de la DPJ quand on parle de rapport psychosocial.
Donc, ça, je n'ai pas d'inquiétude.
• (14 h 50) •
Mme Weil : Mais c'est-à-dire, pour
trouver quelqu'un pour faire ce rapport?
M. Carmant : Non, en fait...
Mme Weil : Il n'y a pas de problème
de main-d'oeuvre dans ce sens-là?
M.
Carmant : Quoi qu'on dise, c'est important de savoir que,
depuis le début de la pandémie, il y a 1 000 personnes de plus
qui se sont jointes à la DPJ, là. La crise qu'on a... pas la crise, mais
l'enjeu qu'on a actuellement, c'est qu'on a eu, pendant plusieurs années, une
perte d'expertise. Mais le nombre d'intervenants à la DPJ, là, ça a augmenté de
1 004 personnes. Ça, c'est significatif comme gain. Puis là, avec les
améliorations qu'on a eues aux dernières négociations grâce à la présidente du
Conseil du trésor, on espère qu'on va garder ces gens-là en place cette année, donc on va garder cette expertise en place et les choses
vont continuer à s'améliorer. Donc, moi, je ne suis pas très inquiet du
10 jours.
Mme Weil : Non,
moi, je n'étais pas sur pénurie à la DPJ, j'étais plus pénurie des experts
psycho. C'est là qu'il y avait des articles sur ce problème-là, plus ces
ressources extérieures spécialisées.
M. Carmant : O.K.
Mais pour les ressources extérieures spécialisées, c'est pour ça que j'ai fait
la demande qu'ils soient priorisés dans les 30 jours, comme je l'ai déjà
mentionné et... mais ce n'est pas ceux qui...
Mme Weil :
Mais c'est les...
M. Carmant :
Mais ce n'est pas eux qui vont écrire le rapport psychosocial. C'est vraiment
les intervenants de la DPJ qui vont écrire
le rapport psychosocial. Ça, peut-être que Me Plamondon peut confirmer, là, mais
ça, il n'y a pas de doute.
Mme Weil : Ah!
je comprends. Ah! O.K.
Mme Plamondon (Louise) : ...c'est la différence, parce qu'à la Cour
supérieure, c'est l'expertise psychosociale qui est faite par un expert,
alors qu'un rapport psychosocial en protection de la jeunesse, c'est
l'intervenant social, soit à l'évaluation, soit à l'application des mesures qui
prépare le rapport.
Mme Weil : Ah!
je n'avais pas compris ça. Donc, ça, c'est produit à l'interne.
Mme
Plamondon (Louise) : Oui.
Mme Weil : O.K.,
c'est ça que... je pensais qu'il fallait chercher quelqu'un à l'extérieur qui
produisait ce rapport. Est-ce qu'il y a des instances où c'est exigé d'avoir un
rapport externe dans la loi ou si... quand on parle d'évaluation de l'état d'un
enfant?
Mme
Plamondon (Louise) : Il peut y avoir des
expertises, là. C'est d'ailleurs ce qu'on a prévu dans les autres
significations, là. On a prévu qu'il pouvait y avoir des expertises de d'autres
experts, mais c'est... c'est dans des cas particuliers, là.
Mme Weil : D'accord.
Donc, par...
Mme
Plamondon (Louise) : Quand on parle
d'analyses, rapports, études ou expertises qui pourraient être produites, là, doit exposer les éléments
nécessaires ou pertinents également. Dans l'amendement, on prévoit qu'il
pourrait y avoir des expertises de pédopsychiatres, ou de psychologues, ou
d'autres experts, là. Ça pourrait être également un médecin, un pédiatre ou
autre.
Mme Weil : Alors,
qu'est-ce qui explique l'inquiétude ici, juste pour comprendre, de l'ordre des
travailleurs sociaux, qui disent : «Dans un contexte de pénurie de
professionnels et devant la complexité des situations, l'ordre s'inquiète des
conséquences en matière de qualité des rapports et d'accès aux documents dans
les délais impartis.» C'est quoi, cette inquiétude?
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
ministre.
M. Carmant : On
leur demande quand même de produire le rapport plus tôt qu'avant. Ça, c'est
certain. Donc, moi aussi, si j'étais l'ordre, je dirais : Bien, écoutez,
vous nous en demandez plus. Mais moi, mon travail, c'est de leur donner plus
d'outils pour réussir puis c'est ce qu'on va faire.
Mme Weil : D'accord.
Merci, M. le ministre.
Le Président (M.
Provençal)
: Est-ce
qu'il y a des interventions sur cet amendement? S'il n'y a pas d'intervention,
nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement de monsieur...
déposé par M. le ministre est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci. Maintenant, nous revenons à l'article 48 tel
qu'amendé. Est-ce que l'article 48, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Provençal)
: Adopté. Merci. Maintenant,
j'ai le député de Jean-Lesage qui a signifié qu'il voulait déposer un
amendement qui introduit le 48.1.
M. Zanetti : C'est exact.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je vais... on va le projeter, puis, après ça, je
vais vous inviter à nous le lire et à le commenter. M. le député.
M.
Zanetti : Oui. L'article 85.1 de la Loi sur la
protection de la jeunesse, proposé à l'article 48.1, est modifié
par :
1° la
suppression de «elle doit convaincre le tribunal que l'enfant n'est pas en
mesure de comprendre les questions et
d'y répondre. Le tribunal procède lui-même à l'interrogatoire de l'enfant pour
déterminer son aptitude à témoigner»; et
2° l'insertion, après «témoigner», du texte
suivant : «les parties peuvent consentir à ce qu'un enfant soit déclaré
inapte à témoigner».
L'article se
lirait donc ainsi : «Si une partie soulève un doute quant à l'aptitude de
l'enfant à témoigner, les parties peuvent consentir à ce qu'un enfant
soit déclaré inapte à témoigner.»
Donc, l'objectif de cet amendement-là, en fait,
c'est pour éviter à des enfants inaptes à témoigner de devoir témoigner qu'ils
sont inaptes à témoigner. Donc, c'est paradoxal, mais c'est vrai. Puis on a eu
des témoignages terrain, un peu de choses qui, des fois, comme un peu un test
pour vérifier l'aptitude à l'enfant à témoigner qui était un peu bidon, c'est-à-dire, on lui pose des questions,
puis s'il est capable d'y répondre... des questions archisimples, puis s'il
est capable d'y répondre, on dit : Ah!
bien, il a réussi à me dire... Je ne veux pas caricaturer en donnant des
exemples qui ne sont pas exacts, là, mais des questions extrêmement
simples, et on dit : Ah! bien là, il est apte à témoigner, alors que
peut-être qu'il n'est pas apte à témoigner parce que... mais que son aptitude
ne se vérifie pas à simplement répondre à des questions simples.
Et donc, dans le but de protéger l'enfant ici,
il pourrait être décidé sans que lui ait à venir, justement, à être interrogé,
qu'il est déclaré inapte à témoigner par une des parties, là, quelle qu'elle
soit. C'est une façon de mettre l'enfant à l'abri finalement, là, puis de lui
épargner une procédure qui n'est peut-être pas adaptée à la situation.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Bien, j'apprécie beaucoup la sensibilité du député de Jean-Lesage,
mais il y avait quand même des enjeux juridiques. Peut-être, je passerais la
parole à Me Plamondon pour lui expliquer.
Le Président (M. Provençal)
: Me Plamondon, s'il vous plaît.
Mme Plamondon (Louise) : Merci. Alors, il ne faut pas non plus se méprendre entre
l'inaptitude à témoigner et la dispense de témoigner. En général, en matière de
protection de la jeunesse, on dispense les enfants de témoigner, mais on les
garde aptes, parce que, souvent, ce qui va se faire comme témoignage, ça va
être via une déclaration qu'ils ont faite antérieurement sur vidéo, soit dans
le cadre d'une entente multisectorielle ou autre, en présence d'un policier.
Et, si jamais il était inapte, il était inapte également pour la déclaration
antérieure, et l'enfant a besoin... On a entendu beaucoup, à la commission
Laurent, l'enfant a besoin de faire entendre sa voix et si on prend pour acquis
que tous les enfants... ou on veut les préserver et on les rend inaptes à
témoigner, bien, on écarte toute la voix de ces enfants-là.
Alors, ce qu'on veut plus qui soit mis de
l'avant, c'est de permettre aux enfants de bien s'exprimer, soit via un
représentant légal, un avocat. C'est pour ça qu'on a prévu d'avoir... qu'ils
soient tous représentés par un avocat qui va faire entendre leurs voix. Et
également il y a une mesure qu'on a mise en place également qui ne permettra
pas à une personne non représentée de contre-interroger lui-même l'enfant.
Alors, ce qui
est important, c'est vraiment de préserver l'intérêt de l'enfant, mais de
pouvoir toujours entendre... de faire
entendre sa voix. Alors, c'est vraiment au niveau de... L'inaptitude
démontrerait que l'enfant n'est pas en mesure de faire entendre ce qu'il
a à dire. Quant à l'inaptitude qui est démontrée devant la cour,
habituellement, ça se fait par un expert, soit un psychologue, soit un
pédopsychiatre.
M. Zanetti : Est-ce que les enfants
peuvent être obligés de témoigner même s'ils ne préféraient pas? C'est une
question, oui, plus légale.
Mme Plamondon (Louise) : Ça pourrait arriver, mais je vous dirais qu'en général le
juge est vraiment, là, le gardien de la protection de l'enfant et les avocats
sur place habituellement vont s'assurer que l'enfant est protégé, s'il ne veut
pas témoigner.
C'est sûr que ça dépend toujours de l'âge. Vous
comprendrez, là, un enfant de 17 ans, on ne le considère pas toujours
comme l'enfant de cinq ans, là.
M. Zanetti :
Et par rapport au témoignage,
comme enregistré, là, est-ce que c'est quelque chose qui peut toujours être utilisé ou des fois l'enfant... Est-ce que
l'enfant, par exemple, même s'il a 17 ans, là, est-ce qu'il a toujours le
choix de plutôt témoigner par le biais d'une
vidéo préenregistrée ou est-ce qu'il peut toujours être obligé de venir
témoigner en personne?
Mme Plamondon (Louise) :
Vous me permettez, oui?
Une
voix : Allez-y.
Mme Plamondon
(Louise) : Alors, ce qu'il faut savoir, c'est qu'en protection
de la jeunesse, les enfants ne sont jamais obligés d'être présents,
premièrement. Et même si on a 17 ans, on n'est pas obligé d'être présent à
la cour. Comme un adulte, le parent n'est pas obligé d'être présent dans son
dossier. Le juge en tire les conclusions qu'il veut. Et habituellement, on y va
par admission, donc l'avocat qui représente l'enfant, peu importe l'âge de
l'enfant, va faire des admissions au nom de son client. Ça fait que, s'il ne
veut absolument pas venir à la cour, il ne veut pas être entendu, il ne se
présente pas.
• (15 heures) •
M. Zanetti :
Et qu'est-ce que... Comment on mesure l'inaptitude à témoigner, de façon
générale? Est-ce que c'est toujours de la même façon, ou ça dépend du juge,
ou...
Mme Plamondon
(Louise) : Pour savoir si un enfant est apte à témoigner,
habituellemen, mle juge va vérifier la différence... entre est-ce qu'il sait la
différence entre dire la vérité ou mentir. Ça, c'est la base. Mais vraiment
l'inaptitude qui pourrait faire que l'enfant est mal à l'aise de venir
témoigner ou pourrait être en danger pour sa vie, son intégrité,
habituellement, ça se fait, comme je vous disais tout à l'heure, par une preuve
d'expert. Ça va être un psychologue qui va évaluer ce qui serait l'impact si
l'enfant venait témoigner, ou encore un pédopsychiatre, là, qui pourrait dire
que ça a des conséquences, là, sur son intégrité, il pourrait y avoir vraiment
soit des idées noires par la suite, ou de l'automutilation, ou autres.
M. Zanetti :
Et ça, cette preuve-là, l'inaptitude à témoigner faite par un expert, par
exemple, un psychologue, peut être faite sans que l'enfant vienne témoigner de
son inaptitude. Ça peut être fait en dehors de, je ne sais pas, la séance de cour,
là.
Mme Plamondon (Louise) : L'évaluation, habituellement, se fait d'ailleurs
dans le bureau du professionnel qui produit
un rapport à la cour, et c'est assez rare que c'est contesté, là, par les
parties, et ça peut se faire par dépôt de rapports.
M. Zanetti :
Puis c'est quoi, la motivation, par exemple, de déclarer un enfant inapte à
témoigner? Qu'est-ce que... Qui habituellement le demande? Comment ça
fonctionne concrètement?
Le Président
(M. Provençal) : M. le ministre
M. Carmant :
M. le Président, je pense qu'on a assez d'informations pour décider s'il
veut maintenir ou retirer son amendement. Je pense que j'ai laissé... plusieurs
réponses à maître... Je pense qu'on peut prendre une décision. Tu sais, moi,
j'ai la même information puis je pense que c'est pour ça qu'on n'a pas voulu
soutenir, là, cet amendement. Mais j'aimerais que vous preniez une décision.
M. Zanetti :
Je vais vous demander une suspension brève juste pour réfléchir, discuter
un peu puis je vais prendre une décision rapidement.
Le Président
(M. Provençal) : Suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à
15 h 02)
(Reprise à 15 h 07)
Le Président (M.
Provençal)
: Alors, nous reprenons nos
travaux. M. le député de Jean-Lesage avait demandé une pause pour réfléchir
s'il maintenait, retirait ou bonifiait. Alors, M. le député.
M. Zanetti :
Oui, merci, M. le Président. Alors, je vais retirer mon amendement.
Le Président (M.
Provençal)
: Vous retirez. Alors,
consentement?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Provençal)
: Merci. M. le ministre, 49.
M. Carmant :
Merci, M. le Président. L'article 49 se lit comme suit :
L'article 86 de
cette loi est modifié :
1° par le
remplacement, dans le premier alinéa, de «de l'étude du directeur sur la
situation sociale» par «du rapport psychosocial du directeur relatif à la
situation»;
2° par le
remplacement des deuxième et troisième alinéas par le suivant :
«Ce rapport expose les éléments nécessaires ou
pertinents pour aider le tribunal à apprécier la situation de l'enfant et à
évaluer si sa sécurité ou son développement est compromis ou demeure
compromis.»
Le texte proposé se lit
donc ainsi :
«Avant de rendre une décision sur les mesures
applicables, le tribunal doit prendre connaissance du rapport psychosocial du
directeur relatif à la situation de l'enfant et des recommandations qu'il a
formulées.
«Ce rapport expose les éléments nécessaires ou
pertinents pour aider le tribunal à apprécier la situation de l'enfant et à
évaluer si sa sécurité ou son développement est compromis ou demeure
compromis.»
Cette modification vise à remplacer l'actuelle
étude du directeur sur la situation sociale de l'enfant par un rapport
psychosocial qui exposerait les éléments nécessaires ou pertinents à
l'évaluation de la situation de l'enfant. La modification permet de mieux
refléter la réelle appellation du document déposé au tribunal.
Puis j'aimerais déposer un amendement, M. le
Président. Alors : Remplacer le deuxième paragraphe de l'article 49
du projet de loi par le suivant :
2° par la suppression des deuxièmes et
troisièmes alinéas.
Puisqu'il a précédemment été proposé un
amendement visant à exiger que tout élément de preuve soit pertinent et
nécessaire et que le rapport psychosocial est un élément de preuve, il y a lieu
de retirer cette même obligation à l'article 86 de la loi. Donc, ça se
lirait comme suit : «Avant de rendre une décision sur les mesures
applicables, le tribunal doit prendre connaissance du rapport psychosocial du
directeur relatif à la situation de l'enfant et des recommandations qu'il a
formulées.» Donc, les modifications en cohérence.
Le Président (M. Provençal)
: C'est ça, c'est une cohérence et une
concordance avec ce que vous avez mentionné tout à l'heure et avec les
explications qui nous avaient été fournies par Me Plamondon, qui avait
même annoncé cet élément-là.
M. Carmant : Ses couleurs.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée.
Mme Weil : Oui, la question
évidente, «social» et «psychosocial». Donc, est-ce que le mot «social» est là
depuis le début de la loi et c'est une évolution dans la prise de conscience,
que ça prend quelque chose de plus que social? Ça, c'est... Bon, et qu'est-ce
que ça voulait dire, «social», à l'époque ou ça veut dire... Puis comment ça a
muté vers «psychosocial»?
M. Carmant : On vient de voter pour
une réponse par Me Plamondon.
• (15 h 10) •
Mme Plamondon (Louise) : Merci, c'est gentil. Et je vous dirais que c'est vraiment
de mettre dans la loi comment on appelle le rapport sur le terrain. Alors, tout
le monde appelle ça un rapport psychosocial parce qu'il y a une partie
psychologique, une partie sociale. Ça fait que c'est l'intervention. Ça s'est
déjà appelé l'étude du directeur et, c'est ça, ça a évolué avec le temps.
Maintenant, c'est le rapport psychosocial.
Alors, on a eu des demandes des groupes
d'experts et des DPJ, des contentieux DPJ pour dire : Bien, on l'appelle
comme ça, pourquoi ne pas le nommer de cette façon dans la loi? Et ça va être
plus facile, le retrouver, là.
Mme
Weil : Mais c'est quand même intéressant, parce que
«social», tout de suite, on pense sur l'environnement, la pauvreté
peut-être, des conditions sociales, mais là le «psycho», c'est... Sûrement,
dans l'évolution de la pratique, on s'est rendu compte : Ouf! il y a
d'autres types de problèmes, bien... puis ça prend le psychosocial, donc
qu'est-ce qui cause cette perturbation chez l'enfant, est-ce que c'est bien ça,
quelles sont les causes profondes, là, dans la famille autre que peut-être la
pauvreté ou des choses comme ça. C'est un peu l'évolution, mais j'imagine que
«social» doit être là depuis très longtemps, ce mot-là, depuis toujours
peut-être même. Et...
Mme Plamondon (Louise) : Je ne peux pas répondre, mais je pense...
Mme Weil : Non, mais je trouve ça
intéressant, dans l'histoire de l'évolution de la protection de la jeunesse,
comment on aurait pu voir ces choses-là à une époque. Et là ça devient de plus
en plus spécialisé, avec des outils spécialisés aussi pour évaluer, et on revient
toujours à ça, l'intérêt de l'enfant. Juste le fait de la discussion qu'on aura
sur la violence conjugale, quand je regarde, des fois, les amendements qui sont
proposés, c'est éclairant. C'est éclairant, c'est d'une complexité... Puis on
ne le percevait pas vraiment il y a 10 ans, il y a cinq ans, mais là les
experts rentrent. Alors, je trouve ça intéressant dans l'histoire de la
protection de la jeunesse.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a des
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement
déposé par M. le ministre est adopté.
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Merci. Nous revenons à
l'article 49 tel qu'amendé. Est-ce que l'article 49, tel qu'amendé,
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Provençal)
: Adopté.
Merci. Article suivant... Oui.
Mme Weil : M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Oui?
Mme Weil : J'aimerais
demander une suspension pour déposer un amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Déposer un amendement qui introduit
probablement un nouvel article? Oui. Alors, suspension, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 15 h 13)
(Reprise à 15 h 19)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. La députée de
Notre-Dame-de-Grâce avait demandé une pause pour pouvoir discuter avec le
ministre et les juristes. Alors, Mme la députée, c'est vous qui aviez la
parole, je vous la redonne.
• (15 h 20) •
Mme Weil : Oui. Alors, je réfléchissais,
est-ce que je dépose un amendement ou non, et j'en viens à la conclusion que
non, mais je pense, c'est important de bien comprendre.
Donc, ça concerne le mémoire des directeurs de
la protection de la jeunesse et directeurs provinciaux, donc, qui, dans leur mémoire, ils recommandent, à
l'article 86.1... et ça semblait toucher l'article qu'on a déjà adopté
concernant les rapports et les délais de transmettre les rapports. Alors, je
cite : «Le rapport psychosocial est transmis aux parties et à leur avocat
au moins 10 jours avant la date prévue de l'audience. Le rapport doit
aussi être déposé au greffe et transmis au juge dans ce même délai. Sauf si des
circonstances exceptionnelles le justifient, ce rapport est recevable pour
faire la preuve de l'existence des faits qui sont allégués, à moins qu'au moins
cinq jours avant la date prévue de l'audience, l'une des parties demande au
directeur que le tiers, dont les propos sont rapportés, témoigne à l'audience
ou que sa déclaration écrite soit produite. Selon le cas, le directeur cite ce
tiers à comparaître dans les plus brefs délais ou dépose la déclaration au greffe
et la transmet au juge au moins trois jours avant la date de l'audience.»
Leur explication, c'est le suivant :
«Comment passer sous silence l'impact immense, en termes de stress sur l'enfant
et sa famille, que génèrent les délais importants imposés par le fonctionnement
de la chambre de la jeunesse, délais dans la fixation des dates d'audience,
délais de traitement des dossiers judiciarisés, délais entre les ordonnances
rendues et la rédaction des jugements. Nous avons vu, plus avant dans ce
mémoire, comment les dépassements des durées maximales d'hébergement pouvaient
être contraires à l'intérêt de l'enfant si l'on tient compte, entre autres, de
la notion de temps pour ce dernier. Nous considérons essentiel que l'intérêt de
l'enfant guide l'application du processus judiciaire et la culture de la
chambre de la jeunesse au même titre que ce critère doit guider toute décision
prise à l'égard d'un enfant. Le processus judiciaire doit être quelque chose de
facilitant, de fluide et de rapide pour l'enfant et sa famille. Nous saluons la
proposition du p.l. n° 15 de modifier
l'article 53 de la LPJ...» Ça, c'est autre chose, là. Oui. Non, ça va
avec.
Donc, «modifier l'article 53 de la LPJ afin
de permettre que la durée de toutes les ententes sur mesures volontaires ne
dépasse pas trois ans, plutôt que deux, ce qui contribue à éviter à moyen et
long terme l'alourdissement du volet judiciaire. Par ailleurs, il nous paraît
pertinent de réitérer une proposition du comité sur la pratique judiciaire en
matière de protection de la jeunesse à propos du rapport psychosocial relatif à
la situation de l'enfant en tenant compte, cette fois, d'un délai de
10 jours plutôt que du délai initial de 12 jours.»
Alors, on a eu des échanges, et, je pense, c'est
important qu'on puisse entendre l'opinion des juristes, du ministre, etc.,
évidemment.
Le Président (M. Provençal)
: ...la parole.
M. Carmant : Oui. Bien, merci
beaucoup. Effectivement, donc, on en a parlé, puis comme les différents
articles qu'on vient d'adopter, c'est très important pour nous de diminuer
cette lourdeur judiciaire puis accélérer le processus, parce qu'on sait que,
pour les enfants, le temps compte. Mais cependant, avec la proposition des DPJ,
on avait certains enjeux au niveau juridique. Alors, M. le Président, si vous
accepteriez, je passerais la parole à...
Le Président (M. Provençal)
: À Me Plamondon?
M. Carmant : ...Me Plamondon,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, avec plaisir.
Mme Plamondon (Louise) : Merci. Alors, les enjeux que nous avions étaient surtout de
permettre à une partie de pouvoir bénéficier du ouï-dire, donc d'un
déséquilibre, ce qui aurait pu insérer, à l'intérieur de leurs preuves, une preuve qu'ils n'avaient pas eux-mêmes constatée et qu'ils
n'étaient pas en mesure de témoigner sur cette preuve-là. Et si nous pensions
ouvrir le ouï-dire pour une des parties, il fallait l'ouvrir pour tout le
monde. Alors, il aurait fallu également permettre aux parents de pouvoir mettre
du ouï-dire de leurs voisins, d'un ami ou autres dans des éléments de preuve et
pouvoir les déposer à la cour. Et là ça faisait quand même toute une question
de précédents parce que, le ouï-dire, c'est vraiment une exception, là, en
matière juridique, et ce n'était pas une bonne chose, là, d'ouvrir à tout le
monde pour... l'important, vous le savez, c'est que les droits de toutes les
personnes à la Cour du Québec, chambre de la jeunesse, soient respectés. C'est
vraiment une cour où on prend des décisions importantes pour des familles,
alors il faut que les éléments fondamentaux de règles procédurales soient
respectés.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Ça va?
Mme Weil : Oui. Donc, merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, à ce moment-là, j'invite le
ministre à lire l'article 50.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Donc, l'article 50 se lit comme suit : L'article 87
de cette loi est remplacé par le suivant :
«87. Le directeur peut, à sa discrétion, ou doit,
si le tribunal le requiert, joindre au rapport psychosocial prévu à
l'article 86 une évaluation psychologique ou médicale de l'enfant ou d'un
membre de sa famille ou toute autre expertise pertinente.
«Les parents
de l'enfant ou celui-ci, s'il est âgé de 14 ans ou plus, peuvent refuser
de se soumettre à toute évaluation ou à toute expertise. Les parents
d'un enfant âgé de moins de 14 ans peuvent refuser pour celui-ci. Tout
refus est constaté dans un avis transmis au tribunal.
«Toutefois, ni les parents ni l'enfant ne
peuvent refuser de se soumettre à une évaluation ou à une expertise ordonnée
par le tribunal et en lien avec une situation de mauvais traitements
psychologiques, d'abus sexuels, d'abus physiques
ou de risques de tels mauvais traitements ou de tels abus au sens des
paragraphes c, d ou e du deuxième alinéa de l'article 38.
«L'enfant âgé de 14 ans et plus consent
seul à se soumettre à l'évaluation ou à l'expertise.
«Le coût de l'évaluation de l'expertise est à la
charge de l'établissement qui exploite le centre de protection de l'enfance et
de la jeunesse.
«Lorsqu'il y a contestation de l'évaluation de
l'expertise, le tribunal peut exiger que le directeur en produise une nouvelle
et déterminer qui en paie les frais.».
Le Président (M. Provençal)
: Votre commentaire.
M. Carmant : Oui, j'arrive, je
vérifie juste, mais c'est vraiment tel quel, M. le Président, le texte proposé.
Donc, la présente modification vise à
regrouper en une même disposition tout ce qui concerne l'évaluation
psychologique ou médicale ou toute autre expertise pertinente pouvant ou devant
accompagner un rapport psychosocial. Ainsi, la disposition reprend l'obligation
de fournir l'un ou l'autre de ces documents si le tribunal le requiert. Elle
module l'obligation des parents et des enfants de collaborer à l'élaboration
d'un de ces documents et elle prescrit les modalités de contestation de ce
document.
Finalement, l'obligation de se soumettre à une
telle évaluation ou expertise s'appliquerait également dans le contexte de
mauvais traitements psychologiques ou de risques de tels mauvais traitements.
Constituent notamment des mauvais
traitements psychologiques l'indifférence, le dénigrement, le rejet affectif,
l'exposition de la violence conjugale ou familiale, le contrôle excessif
d'un parent sur un enfant, les impacts de conflits sévères des parents dans le
cadre de leur séparation.
Le Président (M. Provençal)
: Vous avez un amendement?
M. Carmant : À déposer, oui, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je vous invite à nous faire
part de votre amendement, M. le ministre.
M. Carmant : Merci. Donc, dans le
sous-amendement... dans l'amendement, on disait : Supprimer, dans le
troisième alinéa de l'article 87 de la Loi sur la protection de la
jeunesse, proposé par l'article 30 du projet de loi, de «tels mauvais
traitements ou».
Donc, ça se
lirait comme suit, cet alinéa : «Toutefois, ni les parents ni l'enfant ne
peuvent refuser de se soumettre à une évaluation ou une expertise
ordonnée par le tribunal...» Peut-être, descendre l'écran, s'il vous plaît.
Encore un peu. Merci. «Toutefois, ni les parents ni l'enfant ne peuvent refuser
de se soumettre à une évaluation ou à une expertise ordonnée par le tribunal et
en lien avec une situation de mauvais traitements psychologiques, d'abus
sexuels, d'abus physiques ou de risques de tels abus au sens des paragraphes c,
d ou e du deuxième alinéa de l'article 38.»
Donc,
l'article 38 de la loi prescrit quels sont les motifs qui compromettent la
sécurité ou le développement d'un enfant. Parmi ces motifs, il y a les mauvais
traitements psychologiques, les abus sexuels, les abus physiques de même que
les risques d'abus sexuels ou d'abus physiques. Comme l'article 87 de la loi
oblige les parents et l'enfant à se soumettre à une
évaluation psychologique ou médicale ou à toute autre expertise pertinente
lorsque la sécurité ou le développement de l'enfant est compromis, il y a lieu
de référer uniquement aux motifs de compromission tels que définis à
l'article 38. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Provençal)
: C'est ce
qui amène la rature de ce point. Merci. Alors, est-ce qu'il y a des
interventions par rapport à...
Mme Weil : Peut-être,
reprendre très simplement le besoin de cet amendement, oui.
M. Carmant : ...passer
la parole à Me Legendre.
Mme
Dumas-Legendre (Hélène) : Donc,
essentiellement, ici, ce sont des expertises qui s'ajoutent au rapport
psychosocial, et on a voulu ajouter les mauvais traitements psychologiques,
parce que c'est une problématique complexe,
donc on a voulu ajouter l'obligation, donc, de se soumettre à cette
évaluation-là. Et on a malencontreusement ajouté aussi les risques de
mauvais traitements qui ne constituent pas un motif de compromission à
l'article 38. Les risques d'abus sexuels et d'abus physiques constituent
un motif de compromission à l'article 38, mais pas les risques. Il n'y a
pas comme motif de compromission le risque de mauvais traitements. Donc, dans
ce contexte-là, il fallait être cohérent avec l'article 38, tout
simplement.
Mme Weil : Pour
bien comprendre, donc, c'est un risque d'abus sexuel, mais c'est un risque. Ça,
c'est compris.
Mme
Dumas-Legendre (Hélène) : Oui, ça, les
parents devront se soumettre à l'expertise à ce moment-là.
Mme Weil : Est-ce que... C'est intéressant quand même, il
faudrait l'expliquer pour ceux qui nous écoutent et pour moi-même. Est-ce que... parce que risque d'abus
sexuel, c'est quand même... c'est quand même particulier, c'est-à-dire,
il doit y avoir une certaine preuve que l'enfant l'a vécu ou a déjà été
victime, et c'est pour ça qu'on regarde. Dans l'autre cas, mauvais traitements,
bon, bien, c'est plus général, c'est moins pointu. C'est comme... on dirait qu'il
y en a un qui est plus imminent puis plus présent déjà. Je ne sais pas, en tout
cas.
Mme
Dumas-Legendre (Hélène) : Par rapport aux
risques d'abus sexuels, ça demeure...
• (15 h 30) •
Mme Weil : C'est
ça. C'est pour ça qu'on le garde, parce que la nature humaine...
Mme
Dumas-Legendre (Hélène) : Oui, ça demeure
dans l'obligation, oui, tout à fait.
Mme Weil : C'est
bien ça, la nature humaine. O.K., je comprends.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça va?
S'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement, alors est-ce que
l'amendement déposé par M. le ministre est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Provençal)
: Adopté. Maintenant, la
députée de Notre-Dame-de-Grâce a signifié qu'elle a des amendements, elle aussi,
à l'article 50. Alors, je vous demande...
Mme Weil :
...
Le Président (M.
Provençal)
: Un des deux?
Mme Weil : Juste
un amendement.
Le Président (M.
Provençal)
: Vous
avez un...
Une voix :
...
Le Président (M. Provençal)
: Ah! O.K. Excusez-moi. J'ai mal lu. Alors, je vous demande
de déposer votre amendement, s'il vous plaît.
Des voix :
...
Le Président (M.
Provençal)
: Il n'est pas encore sur
Greffier?
Mme Weil : Mais
je vais peut-être, si vous permettez, expliquer au ministre...
Le Président (M. Provençal)
: Expliquez, oui.
Mme Weil : ...parce
qu'il va le voir tout de suite. Alors, on s'est entendu, hein, pour chaque fois,
et j'apprécie beaucoup l'ouverture du ministre sur cette question, chaque fois
qu'on a une recommandation, une modification concernant la violence conjugale,
on peut déposer tout de suite pour qu'on puisse en débattre un peu, mais pas...
non, le débat, il va se faire plus tard, et on a tous compris ça. Mais il y a
un exercice un peu de pédagogie là-dedans, dans le sens qu'on est en train de
le voir un peu partout dans la loi. Et donc le ministre était d'accord avec
cette approche, sans qu'on passe du temps
là-dessus, on marque à chaque moment... la question est importante dans les
évaluations, etc. Est-ce que c'est là?
Le Président (M. Provençal)
: Ce que je comprends, puis c'est
l'entente que nous avons depuis le début, c'est que la députée de
Notre-Dame-de-Grâce dépose un amendement. Considérant que cet amendement-là est
en lien avec une notion de violence conjugale, il sera traité lorsque nous
allons reprendre l'article 38 de la loi existante, et c'est ce qu'on a
fait. Puis effectivement, on va avoir plusieurs rappels et retours en lien avec
ce point-là.
Alors, ce que je comprends, c'est que,
présentement, on dépose l'amendement, mais, en même temps, on demande la suspension de cet amendement-là, ce qui
va nous... par le fait même, faire en sorte que nous allons suspendre
aussi l'article 50. Mais je vais vous demander simplement d'en faire la
lecture, s'il vous plaît.
Mme Weil : Vous êtes prêts? Vous
l'avez? Donc : L'article 87 de cette loi, proposé par
l'article 50 du projet de loi, est modifié par l'ajout, après le deuxième
alinéa, du suivant :
«Lorsque le
motif de compromission est l'exposition à la violence conjugale, toute
évaluation ou expertise concernant l'enfant ou les parents doit être
réalisée par une personne détenant une expertise en matière de violence
conjugale.»
Donc, article tel que proposé : «Le
directeur peut, à sa discrétion, ou doit, si le tribunal le requiert, joindre
un rapport psychosocial prévu à l'article 86 une évaluation psychologique
ou médicale de l'enfant ou d'un membre de sa famille ou toute autre expertise
pertinente. Les parents de l'enfant ou celui-ci, s'il est âgé de 14 ans ou
plus, peuvent refuser de se soumettre à toute évaluation ou à toute expertise.
«Lorsque le
motif de compromission est l'exposition à la violence conjugale, toute
évaluation et expertise concernant l'enfant ou les parents doit être
réalisée par une personne détenant une expertise en matière de violence
conjugale.
«Les parents d'un enfant âgé de moins de 14 ans
peuvent refuser pour celui-ci. Tout refus est constaté dans un avis transmis au
tribunal.
«Toutefois, ni les parents ni l'enfant ne
peuvent refuser de se soumettre à une évaluation ou à une expertise ordonnée
par le tribunal et en lien avec les situations de mauvais traitements
psychologiques, d'abus sexuels, d'abus physiques ou de risque de tels mauvais
traitements ou de tels abus au sens des paragraphes c, d ou e du deuxième
alinéa de l'article 38.
«L'enfant âgé
de 14 ans ou plus consent seul à se soumettre à l'évaluation ou à l'expertise.
Le coût de l'évaluation ou de l'expertise est à la charge de
l'établissement qui exploite le centre de protection de l'enfance et de la
jeunesse.
«Lorsqu'il y a contestation de l'évaluation ou
de l'expertise, le tribunal peut exiger que le directeur en produise une
nouvelle et déterminer qui en paie les frais.»
Le Président (M. Provençal)
: Alors, est-ce qu'on suspend
l'article? Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article...
l'amendement, excusez-moi? Consentement. Maintenant, je vais inviter le député
de Jean-Lesage à nous faire part de l'amendement qu'il dépose lui aussi à
l'article 50.
M. Zanetti : Je pense que c'est le
même amendement pas mal.
Le Président (M. Provençal)
: Effectivement, il y a des
similitudes, mais je ne voulais pas brimer...
M. Zanetti : Bien, vous faites bien,
mais je pense que je vais le retirer puis je vais me contenter qu'on fasse le
débat sur celui de la députée de Westmount... non, de Notre-Dame-de-Grâce,
pardon.
Mme Weil : C'est juste à côté.
M. Zanetti : Oui, c'est ça.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a consentement maintenant
pour qu'on suspende l'article 50? Consentement. Merci. Article 51, M. le
ministre.
M. Carmant : Oui, M. le Président. L'article
51 se lit comme suit :
L'article 88 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «d'une étude, d'une évaluation ou d'une expertise visée à l'article 86» par «du rapport psychosocial visé à
l'article 86 ou de l'évaluation psychologique ou médicale visée à l'article
87»;
2° par le remplacement des deuxième et
troisième alinéas par les suivants :
«Toutefois, lorsque le directeur est d'avis que
son contenu ne devrait pas être communiqué à l'enfant, le tribunal peut,
exceptionnellement, en interdire la transmission.
«Le tribunal s'assure que l'avocat qui
représente cet enfant puisse prendre connaissance du rapport ou de l'évaluation
et éventuellement le contester.»
Donc, le nouveau texte se
lit comme suit, M. le Président :
«Le contenu du rapport psychosocial visé à
l'article 86 ou de l'évaluation psychologique ou médicale visée à l'article 87
doit être transmis aux parties, qui peuvent en contester les données ou les
conclusions.
«Toutefois, lorsque le directeur est d'avis que
son contenu ne devrait pas être communiqué à l'enfant, le tribunal peut,
exceptionnellement, en interdire la transmission.
«Le tribunal s'assure que l'avocat qui
représente cet enfant puisse prendre connaissance du rapport ou de l'évaluation
et éventuellement le contester.»
Donc, par concordance avec la modification
proposée à l'article 86, qui vise à remplacer l'étude du directeur sur la
situation sociale de l'enfant par un rapport psychosocial, la présente
modification ajuste l'article 88 afin de référer désormais au nouveau rapport
psychosocial. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Vous avez un amendement à déposer, M.
le ministre.
M. Carmant : L'amendement se lit
comme suit : À l'article 51 du projet de loi, remplacer :
1° dans
le paragraphe 1°, «ou de l'évaluation psychologique ou médicale visée à
l'article 87» par «et, le cas échéant, de toute évaluation ou de toute
expertise visée à l'article 87 qui y est jointe»;
2° dans le troisième alinéa de l'article 88
de la loi, proposé par le paragraphe 2°, «ou de l'évaluation et éventuellement le» par «psychosocial et, le cas
échéant, de toute évaluation ou expertise qui y est jointe et
éventuellement les».
Donc, ça se lirait comme suit, M. le
Président :
«Le contenu du rapport psychosocial visé à
l'article 86 et, le cas échéant, de toute évaluation ou expertise visée à
l'article 87 qui y est jointe doit être transmis aux parties, qui peuvent en
contester les données ou les conclusions.
«Toutefois, lorsque le directeur est d'avis que
son contenu ne devrait pas être communiqué à l'enfant, le tribunal peut,
exceptionnellement, en interdire la transmission.
«Le tribunal
s'assure que l'avocat qui représente cet enfant puisse prendre connaissance du
rapport psychosocial et, le cas échéant, de toute évaluation ou
expertise qui y est jointe et éventuellement les contester.»
En concordance, M. le Président, je pense que
c'est... Bon, merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a des commentaires
ou des interventions concernant l'amendement de M. le ministre, qui est un
élément de concordance?
Mme Weil : ...hein, c'est bien ça?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Mme Weil : Donc, non, pas de
question.
Le Président (M. Provençal)
: Non? Est-ce que l'amendement... S'il n'y a pas
d'intervention, est-ce que l'amendement de M. le ministre est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Maintenant, on revient à l'article 51. Est-ce
que l'article... Il y a des interventions sur l'article 51 tel qu'amendé?
S'il n'y a pas d'intervention...
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: On est à 51.
M. Zanetti : On est à 51? O.K.,
parfait.
Le Président (M. Provençal)
: Oui. Là, on vient d'adopter un
amendement à l'article 51, et je demandais : Est-ce qu'il y a des
interventions concernant l'article 51 tel qu'il vient d'être amendé? Ça
va? Non? Alors, je vais procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'article 51
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Provençal)
: Adopté. Article...
• (15 h 40) •
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Il y a des amendements? O.K.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, mais c'est ça... Donc, vous allez introduire un nouvel... Mais,
juste pour clarifier les choses, M. le député de Jean-Lesage, vous avez
un amendement. Est-ce que c'est un amendement à l'article 51?
M. Zanetti : Non,
c'est un amendement qui créerait 51.1.
Le Président (M.
Provençal)
: O.K.
Alors, je vais... Et le député de René-Lévesque?
M. Ouellet : ...juste
suspendre 30 secondes, s'il vous plaît?
Le Président (M.
Provençal)
: Oui, on
va suspendre, mais avant...
M. Ouellet :
Je dois avoir le même.
Le Président (M.
Provençal)
: S'il vous plaît, avant de
suspendre, est-ce que l'article 51, tel qu'amendé, est adopté? Je présume
que oui. Oui? Non, il n'était pas... Alors, adopté.
Maintenant, on va
suspendre pour qu'il puisse y avoir une discussion entre les oppositions.
(Suspension de la séance à
15 h 41)
(Reprise à 16 heures)
Le Président (M.
Provençal)
: Nous reprenons nos travaux.
Nous avons une demande de la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour un amendement
qui introduirait l'article 51.1.
Mme
Weil : C'est ça.
Alors, toute décision ou ordonnance du tribunal doit être... Bon, excusez-moi,
l'article 90 de la Loi sur la protection de la jeunesse est modifié par
l'ajout, à la fin du premier alinéa, de la phrase suivante :
«Elle doit être basée
sur une analyse rigoureuse de l'intérêt de l'enfant.»
L'article tel que
proposé : «Toute décision ou ordonnance du tribunal doit être motivée.
Elle doit être basée sur une analyse rigoureuse de l'intérêt de l'enfant.
«La décision ou
ordonnance doit, dans les 60 jours de la date où elle est rendue à l'audience
ou de la date de la prise en délibéré, être consignée par écrit. Si ce délai
n'est pas respecté, le juge en chef peut, d'office ou sur demande d'une partie,
prolonger le délai ou dessaisir le juge de l'affaire.
«Toutefois, dans le
cas d'une décision ou d'une ordonnance portant sur la prolongation des mesures
de protection immédiate ou sur des mesures provisoires, l'inscription de cette
décision ou de cette ordonnance et de ses principaux considérants au
procès-verbal de l'audience attesté par celui qui l'a rendue est suffisante».
Alors, cet amendement
découle d'une lettre qu'on a reçue des ex-commissaires spéciaux sur les droits
des enfants, M. Gilles Fortin, Lesley Hill, André Lebon, Jean-Marc Potvin,
Danielle Tremblay, où, comme vous allez voir, ça va... comme on le voit, que
les opinions par rapport à l'intérêt de l'enfant, c'est très variable et ce
sera encore variable. Ils ont beaucoup plaidé, dans leurs recommandations,
qu'on puisse bien comprendre c'est quoi, vraiment, l'intérêt de l'enfant. Et
donc ils ont déposé ce document avec l'explication, et, alors donc, on porte
leur voix, et je pense que les discussions seront éclairantes d'une manière ou
d'une autre.
Alors, je sauterais...
Donc, ils avaient essayé de l'introduire dans un autre article. Ça a été rejeté
peut-être pour les mêmes raisons. Alors :
«L'analyse de l'intérêt de l'enfant. L'intérêt de l'enfant est un concept qui
peut varier grandement selon les valeurs et les convictions des parties
prenantes. Ces valeurs et convictions peuvent teinter des décisions sociales et
judiciaires et refléter davantage les croyances des acteurs qui les prennent
plutôt que de s'appuyer sur une analyse sérieuse des véritables enjeux pour
l'enfant.
«Or, les
connaissances scientifiques sur les considérations essentielles pour assurer le
bon développement de l'enfant sont établies : son attachement, son
développement global, son bien-être physique et psychoaffectif. Il est aussi
nécessaire de tenir compte de ce que l'enfant exprime tant verbalement que dans
ses réactions et comportements.
«Ces éléments sont déterminants
dans l'appréciation de l'intérêt de l'enfant, et ce, au-delà des valeurs de
chacun. Souvent, ils ne sont pas pris en compte à leur juste mesure, selon
nombre de témoignages reçus devant la CSDEPJ. Trop souvent, l'intérêt de
l'enfant est invoqué dans une décision sans qu'il soit possible de comprendre
en quoi celle-ci reflète son véritable intérêt.
«Comme
la loi, par les modifications introduites dans le projet de loi n° 15,
établit que l'intérêt de l'enfant — ils disent — est
une considération primordiale — mais la considération primordiale, il me
semble qu'on a fait cette modification,
hein? — devant
guider toute décision, nous recommandons que soit ajouté, à l'article 3,
que chaque décision, tant sociale que
judiciaire, soit obligatoirement accompagnée d'une analyse rigoureuse de
l'intérêt supérieur de l'enfant.»
Donc, ils ont évoqué,
dans ce document, vous l'avez tous vu, qu'il y avait eu des échanges le
23 février. Alors, ils reviennent à la charge, parce qu'à l'époque ça a
été rejeté. Et donc, en fait, ils trouvent que, 90, c'est très bien aussi de le
mettre là. Donc, ils voulaient vraiment qu'on essaie d'approfondir nos débats
ici pour bien comprendre en quoi ça pourrait être néfaste de commencer à
approfondir cette notion d'intérêt de l'enfant, qui pourrait servir,
évidemment, bien, de jurisprudence, pour qu'il y ait une évaluation et une
appréciation commune de l'intérêt de l'enfant. Ce n'est pas n'importe quoi, là,
c'est vraiment quelque chose, et il faut... c'est un exercice profond.
Donc, je finis de voir si... Vous l'avez tous
reçu, là, mais...
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
ministre.
Mme Weil : Juste pour finir.
Donc, cette recommandation visait essentiellement à ce que les décisions
rendues sur le fond par les tribunaux s'accompagnent obligatoirement de cette
analyse. Vous comprenez, donc, l'objectif. J'ai eu l'occasion... Bien, je veux
entendre la réponse du ministre, mais on a quand même eu une discussion...
Bon, il y a un autre paragraphe, tout est
intéressant : «Par ailleurs, il est tout à fait raisonnable de penser
qu'un encadrement étroit de la pratique sociale ainsi que des normes de pratiques
claires peuvent répondre à ces exigences pour les DPJ, les nombreux
commentaires reçus devant viser — bon, c'est ça — essentiellement,
la disparité — donc,
c'est ce qu'ils ont entendu — une grande disparité de l'interprétation
de l'intérêt de l'enfant à travers les différents jugements rendus au Québec,
et le fait que, souvent, aucune analyse n'en fait mention dans les jugements.
Quoique nous avons également proposé une modification à l'article 91.1
visant à ce que le dépassement des durées maximales d'hébergement ne puisse
être justifié que par l'intérêt de l'enfant, basé sur une analyse rigoureuse de
celui-ci, nous croyons a fortiori que tous les jugements doivent se baser sur
une telle analyse.»
Donc, c'est ça. C'est sûr qu'on a eu l'occasion
de parler aussi de discussions qu'ils ont eues avec la magistrature, et
notamment, la juge en chef, très ouverte, en fait. Et c'est sûr qu'il y a, en
droit, un principe que, quand on a un concept, si on commence à faire des... je
vous laisse répondre cette... mais ce principe qu'on connaît bien, le
législateur ne parle pas pour ne rien dire, et, si on commence à nuancer
l'intérêt de l'enfant dans certains articles puis qu'on ne l'inclut pas dans
d'autres... Mais ça, ce serait à discuter avec les juristes. Alors, voici,
donc...
Le Président (M. Provençal)
: ...effectivement qu'il peut y avoir
un mouvement cascade, là, qui se produise, ou domino.
Mme Weil : Mais
je veux vraiment souligner, comment dire, ce que je vous ai dit. Donc, on parle
d'ex-commissaires, avec beaucoup d'expérience, Gilles Fortin, Lesley
Hill, André Lebon, Jean-Marc Potvin, Danielle Tremblay, et ils répondent à ce
qu'ils ont entendu constamment, qu'il n'y a pas vraiment de compréhension de
l'intérêt de l'enfant et qu'il y a une évolution à faire, une évolution dans la
compréhension, et que, si c'est fait par la jurisprudence et par les juges, qui
ont une analyse, ce ne sera pas tout et n'importe quoi, l'intérêt de l'enfant.
Moi, j'ai été vraiment persuadée par leurs arguments, parce que c'est vrai,
si... surtout qu'on a mis tellement d'accent là-dessus. Moi, je vous fais mon
plaidoyer. Si on ne commence pas, d'une manière ou d'une autre, commencer à
expliquer qu'est-ce que ça veut dire, l'intérêt
de l'enfant... Ça ne devient pas un fourre-tout, un peu, qu'on utilise à
gauche, à droite, sans le rendre plus profond, et qu'il y ait une
éducation et sensibilisation un peu.
Je pense
beaucoup à la violence conjugale. Des fois, on le disait, et moi, je me
rappelle, au début, quand il y avait ces discussions, quand on parlait
avec la DPJ... bien, on en parle déjà dans la loi, mais ce n'était vraiment pas
développé du tout. Ça, c'est dans la loi actuelle. Et là on apprend, comme
députés, que, ah, c'est vrai que les choses évoluent. Puis c'est toujours les
parlementaires, par le travail qui est fait, la législation, etc., les
jugements... toutes ces institutions font en sorte que le droit évolue. Le
droit évolue, et, puisque c'est devenu le critère, autant pour le ministre que,
je pense, les parlementaires, pour la
société québécoise, que les commissaires... que, là, quand on va utiliser cette
expression, on va se comprendre. On va se comprendre et on va être capables d'agir à la lumière de ces expertises
qui vont être développées. Et là, une des meilleures façons, c'est vraiment ce
que ces commissaires proposent.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui, merci, M. le
Président. Écoutez, moi, je pense que l'intérêt de l'enfant, c'est pour ça,
pour moi, que le p.l. n° 15 était si urgent, et c'est pour ça qu'il
fallait le mettre de l'avant, et là on vient clairement le dire dans la loi.
Comme on a eu la discussion la première fois, je pense que ma compréhension
puis... que j'avais, c'est que c'était vraiment le besoin d'assigner au dossier
ou de confirmer que ce travail a été fait, là, d'évaluation rigoureuse, comme
c'est écrit ici, de l'intérêt de l'enfant. Cependant, on en avait discuté déjà,
mais, comme j'ai reçu la même lettre que vous, j'ai quand même pris la peine
d'en discuter avec les juristes et je pense que venir l'insérer ici n'a pas
de... ne fait pas nécessairement de sens. Peut-être que je pourrais passer la
parole à Me Legendre.
• (16 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Oui, maître.
Mme Dumas-Legendre
(Hélène) : Alors, d'entrée de jeu, il faut
se rappeler que l'article 90, c'est un article qui impose certaines
obligations au tribunal, mais, comme on le constate, ce sont des obligations
accessoires à sa décision. Donc, on lui demande de motiver sa décision, on lui
demande de respecter certains délais, de mettre par écrit. Donc, c'est
accessoire. Jamais le législateur ne s'immisce dans la substance de sa
décision, parce que le tribunal, c'est le forum ultime d'application de la loi,
cette loi qui, à l'article 3, dirige déjà, quant à son application, le
tribunal, tout comme les autres décideurs qui vont appliquer la loi, et demande
que toutes les décisions prises en vertu de la loi le soient dans l'intérêt de
l'enfant, et on ajoute même, aussi, dans le respect de ses droits, et on ajoute
certaines considérations encore plus précises.
Donc, à partir du moment où on a un article de
début de loi qui donne le ton à l'interprétation de cette loi-là, bien, venir
l'ajouter à nouveau, le répéter dans une disposition qui s'adresse au tribunal,
ça équivaut, en quelque sorte, à présumer que le tribunal ne tiendra pas compte
de cet arrêt... pas de cet arrêt, mais de cet article primordial, très
important, puisqu'en début de la loi. Donc, ce n'est pas une façon de faire qui
se justifie, disons.
Mme Weil : Bien,
justement... Alors, ils étaient extrêmement déçus que leur recommandation n'ait
pas été retenue quand on était sur l'article 3 et ils disent : Il
faut le retrouver. Idéalement, ils aimeraient qu'on ouvre l'article 3 pour le mettre, parce que ça donne le ton pour
tout le reste, donc que l'intérêt de l'enfant... C'était vraiment leur espoir
au début. Alors là, ils ont dit... Ils ont
été très respectueux, vous l'avez bien vu dans leur lettre, hein, envers les
parlementaires, et ils disent : Bien, il y a une autre occasion de
souligner... Donc, juste vous dire à quel point ils y tiennent.
Et donc c'est de voir, est-ce qu'il y a une
solution, parce que... une solution, au lieu de juste rejeter encore, sans
qu'on parle plus profondément... Comment fait-on, justement, pour qu'il y ait
une compréhension commune de ce qui est... tous ceux qui devront, et notamment
les tribunaux, bien comprendre de quoi on parle, l'intérêt de l'enfant, au-delà
de la jurisprudence, là? Parce que la notion a évolué, et ils le répètent
souvent, c'est... ça veut dire une chose pour une personne, autre chose pour
une autre. Et parce qu'on veut mettre l'intérêt de l'enfant au coeur des
décisions... Et ce n'est pas toujours compris, surtout par les parents, hein,
et d'autres. On l'a vu tout récemment, avec les réactions au projet de loi,
l'inquiétude que ça suscite.
Et donc est-ce qu'il y a une façon? Est-ce qu'il
y a une façon? Il y a la... C'est d'en parler avec le tribunal, mais...
c'est-à-dire que le tribunal l'évoque et qu'il fasse une analyse. Mais est-ce
qu'il y a, dans des directives, dans des meilleures pratiques, est-ce qu'il y
a, quelque part... Parce que l'inquiétude du ministre, c'est que, si on
commence à le définir... Bien, premièrement, l'explication, c'est plus que ce
n'est pas au bon endroit. Disons qu'on l'avait... parce que je pense qu'il faut
qu'on réponde à leurs préoccupations... on l'avait...
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
Mme Weil : Non, mais, si on
l'avait mis là, est-ce que ça aurait été admissible? Parce que l'explication,
c'est plus qu'il n'est pas au bon endroit.
Le Président (M. Provençal)
: Mais, par contre, M. le ministre a
essayé de, quand même, vous donner son explication. Il a essayé quelques fois
puis... M. le ministre.
M. Carmant : ...moi, je pense que
notre stratégie, puis on l'a mentionné plusieurs fois, c'est qu'une fois que le
projet de loi sera adopté il va y avoir de la formation. Comme vous savez, on
vient de mettre l'enfant au centre... l'intérêt de l'enfant au centre de la
loi, donc il va falloir former tout le monde à ces changements législatifs là.
Mais on a eu le débat à l'article 3. Je pense qu'on n'a pas besoin de
répéter le débat à ce moment-ci.
Mme Weil : M.
le Président, c'était que l'explication était sur l'emplacement. Moi, je
cherchais plus l'explication technique, donc...
Le Président (M. Provençal)
: Je pense que les gens ont compris que
vous vouliez avoir une voie de passage.
Mme Weil : Mais ce que je veux
dire, ce n'est pas le bon endroit, on le comprend.
Le Président (M. Provençal)
: Mais ce que je comprends aussi, c'est
que M. le ministre vous a mentionné qu'il y avait eu une discussion à
l'article 3 et que, pour ce que vous demandez, il n'y a pas d'ouverture.
Moi, c'est ce que je saisis.
Mme Weil : Oui, mais...
M. Carmant : C'est bien ce que
j'ai dit.
Mme Weil : ...je pense que
c'est important, parce qu'ils sont revenus à la charge, qu'ils comprennent,
parce qu'ils ont... ils n'étaient pas... pas vraiment saisi pourquoi ça a été
rejeté et que l'explication... le principe de droit que vous avez évoqué, quand
on se parlait, était un autre principe, celui que, si on commence à définir
dans un endroit, ça... est-ce que ça veut dire que c'est variable? Il y avait
une inquiétude que vous avez exprimée par rapport à ça. On n'avait pas parlé de
l'emplacement. Mais ça, c'est ce que j'ai... le principe que, quand, le
ministre... vous l'avez dit aussi, l'intérêt de l'enfant, on ne peut pas
changer le sens de ça. Il y aura de la formation qui va le dire.
Donc, la préoccupation, c'est que, si on
commence, d'après ce que j'ai compris... parce qu'il faudra l'expliquer, il
faudra l'expliquer aux... à ceux qui, peut-être, ne le voient pas. Il faut
qu'ils comprennent. Alors, votre explication, si je comprends bien, c'est que
vous allez quand même faire de la formation sur l'intérêt de l'enfant?
M. Carmant : Absolument. Ça,
c'est sur tous les changements à la loi qu'on vient d'instaurer, en particulier
sur l'intérêt de l'enfant.
Mme Weil : Et pour les juges?
M. Carmant : Pour tous ceux qui
sont...
Mme Weil : Ces arguments
seraient apportés devant le tribunal, c'est ça?
M. Carmant : Tous
ceux qui sont impliqués dans la protection de la jeunesse.
Mme Weil : Parce qu'ils sont...
La question, c'est les juges. Donc, une fois, comment dire... lorsque la DPJ
viendra devant le juge, va transmettre les éléments de l'intérêt de l'enfant.
M. Carmant : Absolument.
Mme Weil : Donc, c'est ça qui
fera évoluer... j'essaie d'expliquer à ceux qui, peut-être, ne comprennent pas
ce dont on parle... va faire évoluer la jurisprudence, parce que vous allez
donner des éléments de preuve que l'intérêt de l'enfant est compromis. C'est
comme ça que je dois comprendre... parce qu'on est dans le monde de la DPJ, et
de la justice, et tous ceux qui jouent
là-dedans. C'est comme ça que vous voyez l'évolution, donc une bonne
compréhension de l'intérêt de l'enfant, et c'est que... comment ça... c'est
comme ça que ça va être compris?
M. Carmant : Tout à fait.
Mme Weil : D'accord. Mais je
pense que c'est une réponse, je pense, complète, pour les... ceux qui ont...
Le Président (M. Provençal)
: Est ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'amendement déposé par la députée de Notre-Dame-de-Grâce? S'il n'y a pas
d'autre intervention...
Mme Weil : ...
Le Président (M. Provençal)
: Par appel nominal? Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme Weil : Pour.
La Secrétaire : M. Carmant
(Taillon)?
M. Carmant : Contre.
La Secrétaire : Mme Boutin
(Jean-Talon)?
Mme Boutin : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : M. Girard
(Lac-Saint-Jean)?
M. Girard (Lac-Saint-Jean) :
Contre.
La Secrétaire : M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire : M. Zanetti
(Jean-Lesage)?
M. Zanetti : Pour.
La Secrétaire : M. Ouellet
(René-Lévesque)?
M. Ouellet : Pour.
La Secrétaire : M. Provençal
(Beauce-Nord)?
Le Président (M. Provençal)
: Abstention. L'amendement déposé par la députée de
Notre-Dame-de-Grâce est rejeté. Maintenant, on a un nouvel amendement par M. le
député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Oui. Alors, je
dépose l'amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Et qu'on est... nous sommes toujours à
l'article 51.1, c'est ça?
M. Zanetti :
Exactement.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, on va le projeter à l'écran.
M. Zanetti : Je vais éclaircir
ma voix un peu : L'article 91 de la Loi sur la protection de la
jeunesse proposé à l'article 51.1 est modifié par l'insertion, dans le
paragraphe o, après «qu'il estime dans l'intérêt de l'enfant», le
suivant :
«Lorsque le motif de compromission est
l'exposition à la violence conjugale, le tribunal doit, pour la période qu'il
détermine, ordonner que l'exercice des attributs de l'autorité parentale soit
retiré au parent qui a commis la violence conjugale, à moins qu'il soit
démontré que cela va à l'encontre des intérêts de l'enfant.»
Le Président (M. Provençal)
: À ce moment-là, si vous me permettez,
M. le député, compte tenu qu'on est en lien avec la notion de violence
conjugale, je vais vous suggérer que l'on suspende votre amendement, compte
tenu que tous les éléments qui sont liés à la violence conjugale vont être
traités avec l'article 38.
M. Zanetti : Oui. Je
proposerais quand même de plaider tout de suite les arguments, pour que ça
macère dans nos esprits, et nos âmes, et nos êtres, et les murs de cette
institution.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: C'est votre droit de le faire, M. le
député. Alors, allez-y.
M. Zanetti : Alors, bon...
«Lorsque le motif de compromission est l'exposition à la violence conjugale, le
tribunal doit, pour la période qu'il détermine, ordonner que l'exerce des
attributs de l'autorité parentale soit retiré au parent qui a commis la
violence conjugale», à moins qu'il démontre que cela soit fait à l'intérêt de
l'enfant. Alors, ce qu'évidemment on place ici, c'est que, peu importe la
décision qui est prise, on respecte le concept de primauté de l'enfant, mais il
faut qu'il y ait ici une espèce de protection supplémentaire dans les cas où il
y a de la violence conjugale puis que, bon, elle est exercée par un parent,
habituellement, et pour faire en sorte qu'il n'y ait pas, disons, de lutte
inégale qui se crée puis de dynamique, je dirais, de domination qui se perpétue
dans toutes les négociations ou les pourparlers qui vont avoir lieu, menant à
l'amélioration de la condition de l'enfant.
Bon, je suis conscient que la dernière phrase
que je viens de dire n'était pas superclaire, alors je vais m'exprimer
davantage, là. C'est qu'il s'agit de faire en sorte que... d'éviter des
situations dans lesquelles, finalement, trop souvent, là... c'est le cas
classique, peut-être pas le seul, mais c'est un cas d'espèce qui nous a été...
bien, dont on nous a témoigné, là, plein de fois, qui a été... Aïe! excusez,
fin de journée, là. Les journées commencent tôt, j'ai de la misère à finir mes
phrases. Mais, bref, on nous en a parlé pas mal, et c'est le cas où, par
exemple, il y a une... il y a de la violence conjugale dans le couple, et,
finalement, on retire la garde à la mère, qui n'est pas celle qui fait la
violence conjugale, et on l'envoie, finalement, au père, qui est celui qui fait
la violence conjugale, et que tout ça est pris, comme décision, de manière
absurde, peut-être, des fois, en utilisant l'argument de l'aliénation parentale,
du genre : Ah! la mère a accusé l'autre de faire de la violence conjugale,
donc elle essaie de l'aliéner à son père, puis là on l'envoie là.
Mais l'idée serait de dire vraiment, là, que ce
ne soit pas possible, tu sais, qu'on ne puisse pas... qu'il n'y ait pas un
mécanisme, là, qui permette à un enfant d'être placé auprès d'un parent qui
commet de la violence conjugale. Alors, c'était ça, mon point. C'était plus
simple, finalement, qu'il n'y paraissait au début.
Le Président (M. Provençal)
: À ce moment-là, est-ce que ça veut
dire que je n'aurai plus à vous recéder la parole lorsqu'on... Non, non, je
vous taquine.
M. Zanetti : Bien, vu que ça va
faire longtemps, peut-être que je vais trouver les meilleurs mots aussi, tu
sais, avec le temps.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous taquine, M. le député.
M. Zanetti : Oui, je sais bien.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, est-ce que vous acceptez de
suspendre votre amendement, compte tenu que c'est en lien avec la violence
conjugale?
M. Zanetti : Bien, à moins
qu'il y ait des collègues qui veuillent commenter aussi pour ajouter, mettre de
l'eau au moulin par rapport à cet argument-là, parce que je pense que je
n'étais pas le seul à vouloir le déposer... Mais ça peut être fait maintenant
ou plus tard, mais...
Le
Président (M. Provençal)
:
Bien, moi, je pense que, pour le
bon fonctionnement de notre commission, pour être des gens qui ne veulent pas faire du temps pour du
temps... je pense qu'on avait convenu que tout ce qui était en lien avec
la violence conjugale était reporté
directement lorsqu'on va traiter l'article 38 de la présente loi. Alors, moi,
je considère que vous êtes des gens
qui voulez avancer, alors je vous fais cette suggestion, en tout respect de
votre droit de parole. Mme la députée.
Mme Weil : ...pour
respecter et répondre à mon collègue, je veux juste lui dire qu'on avait le même
amendement. C'est très pertinent, très pertinent...
Le Président
(M. Provençal)
: Donc, vous allez...
vous ne le déposerez pas?
Mme Weil : ...et qu'on avait
décidé d'en parler ultérieurement.
Le
Président (M. Provençal)
:
Alors, ce que je comprends, c'est
que vous ne déposerez pas votre amendement.
Mme Weil : Non.
Le Président (M. Provençal)
: O.K. Alors, je reviens... Oui, M. le
député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Oui, merci, M. le
Président. Et de rappeler que cette suspension de l'article 38, lors de
son retour, on va souhaiter que la présence de tous les collègues puisse être
soulignée, justement, pour qu'on puisse en traiter. Donc, merci, en début de
semaine, d'avoir permis à... Je le dis, j'ai été absent à cause de budget, mais
évidemment, cet article-là et ces discussions-là sont importants pour toutes
les formations politiques. Donc, dans cette suspension et lors du retour, évidemment,
on va compter sur la présence de tous pour pouvoir avoir les débats. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Mais je jugeais très important que
l'ensemble des députés qui siègent à la commission
puissent intervenir lorsqu'on va traiter l'article 38. C'est pour cette
raison qu'on procède de cette façon-là, M. le député.
M. Ouellet : Je vous en
remercie.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, suspension?
M. Zanetti : Oui, je propose de
suspendre les discussions sur cet amendement.
Le Président (M. Provençal)
: Consentement?
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. Provençal)
:
Merci. Maintenant, je vais céder
la parole au député de René-Lévesque, qui veut déposer un article...
excusez, un amendement à 51.1, mais en lien avec l'article 91.1.
M. Ouellet : Oui, c'est en plein ça.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, on va le projeter à l'écran, puis, aussitôt qu'il
est projeté à l'écran, vous allez pouvoir vous exprimer, M. le député.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, l'amendement est assez bref, introduction de
l'article 51.1 : Modifier l'article 91.1 de la Loi sur la
protection de la jeunesse en remplaçant, aux alinéas 3° et 5°, les mots «qui
tend à assurer» par «qui assure».
Et je vais me référer au mémoire des
ex-commissaires de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la
protection de la jeunesse, parce qu'il explique bien, M. le Président :
«Lors des amendements apportés à la Loi sur la
protection de la jeunesse en 2016, l'article 91.1 a été ajouté. Il a pour
but d'actualiser un projet de vie visant la permanence et la stabilité des
liens pour les enfants dans un délai raisonnable lorsque le retour de l'enfant
dans la famille n'est pas possible ou n'est pas dans son intérêt. Dès lors, les
durées maximales d'hébergement sont introduites pour respecter le temps de
l'enfant et tenir compte des étapes de son développement psychoaffectif. Force
est de constater aujourd'hui que l'introduction de cet article n'a pas permis
d'atteindre l'objectif visé pour un grand nombre d'enfants. Le libellé de cet
article est déterminant pour assurer à tout enfant un projet de vie stable et
viable. Il constitue l'outil principal.
«L'article 91.1 doit impérativement être
complémentaire à l'article 4. Il doit comporter plusieurs des éléments du
coffre à outils que nous avons évoqué. Or, le projet de loi n'introduit aucune
modification à cet article. D'une part, alors que l'article 4 est modifié
pour affirmer que, lorsque le retour de l'enfant dans sa famille n'est pas
possible, la décision doit assurer, de façon permanente, la continuité des
soins et la stabilité des liens et des conditions de vie de l'enfant. L'article 91.1
est toujours libellé de façon telle que le tribunal doit rendre une ordonnance
qui tend à assurer cette continuité. Les constats que nous avons faits sont que
cela donne une ouverture à des interprétations qui ne garantissent pas
véritablement la permanence et la stabilité dans la vie de l'enfant. Par
exemple, dans les situations de jeunes enfants qui font l'objet d'une
ordonnance de placement d'une durée de cinq ans, cela les maintient dans
l'incertitude quant à leur avenir, notamment parce que leur projet de vie est
périodiquement requestionné. Ces enfants ne peuvent pas s'enraciner dans une
famille pour la vie.»
Donc, je pense que les commissaires sont très
clairs dans la volonté de garantir un projet de vie stable et sécuritaire aux
enfants. Il existe une énorme différence à «qui tend à assurer» par «qui
assure». C'est un objectif, et non pas un voeu, et je pense que les
commissaires pointent le doigt sur la nécessité de modifier la loi pour
qu'ensemble l'obligation de donner et de garantir un milieu de vie sécuritaire,
à long terme, dans un projet de vie, pour un enfant qui
passe à travers la DPJ, c'est l'objectif final. Si on a en tête l'importance du
bien-être de l'enfant, on doit se donner comme objectif de lui assurer,
assurément, un projet de vie qui sera stable et sécuritaire pour la suite de sa
vie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député de
René-Lévesque. Je pense que vous traduisez bien ce qui avait été mentionné lors
de la commission. Il y avait un des commissaires qui avait, un peu, la
paternité du 91.1 et qui mentionnait que ça avait été interprété de façon très
variable. Alors, maintenant, je vais céder la parole à M. le ministre.
M. Carmant : Bien, M. le
Président, j'aimerais entendre l'avis, peut-être, des autres députés sur la
situation, sur le changement proposé par le député de René-Lévesque. Moi, je
suis très sensible à ce qu'il vient de mentionner. Je ne sais pas comment les
autres voient ça.
Mme Weil : Tout à fait. Je
pense que «qui assure»... Et ça vient des commissaires, alors c'est sûr que je
privilégie beaucoup le travail qu'ils ont fait, la compréhension qu'ils
avaient. Et c'est sûr qu'on veut être très prudents dans la vie, surtout, les
gouvernements veulent être prudents. Il n'y a pas de garantie qui vient avec ça
qu'ils vont être capables de livrer la marchandise. Mais la compréhension...
Pour moi, «qui assure», ça montre une
détermination. C'est ça... C'est comme ça que je le vois, «qui assure». Mais il
n'y a personne qui va faire en sorte qu'on... quelqu'un sera redevable, s'ils
n'ont pas... que les résultats n'ont pas été au rendez-vous, si vous voulez.
Alors, moi, je suis d'accord avec mon collègue
et aussi avec les commissaires, d'avoir un langage fort qui engage tout le
monde sur la même voie. Le «tend à assurer», c'est comme, on dirait, toujours
cette prudence, qu'on peut trouver dans beaucoup de lois, cette prudence, et la
commission nous invite à dire les choses clairement.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Jean-Lesage, est-ce
que vous auriez un élément à rajouter?
• (16 h 30) •
M. Zanetti : Bien, oui, dans,
probablement, la dernière minute de notre séance. Moi, je vais appuyer cet
amendement-là aussi. Je pense qu'effectivement, là, étant donné que la
continuité des soins c'est quelque chose d'extrêmement important, on veut que
ça ne fasse pas juste tendre à assurer, mais que ça assure. Je pense que c'est
quelque chose qui vient renforcer la loi, dans le bon sens du terme. Alors,
évidemment, j'entendrai bien les arguments opposés, mais je pense que c'est
une... je pense que c'est vraiment une bonne idée.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Écoutez, je pense que
l'amendement qui vient de nous être déposé, c'est important que, M. le
ministre, vous preniez le temps de prendre en considération les commentaires
qui vous ont été formulés par l'ensemble des trois groupes de l'opposition.
Mais cependant, je suis obligé de vous dire que,
compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 31)