Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
vendredi 28 mai 2021
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Vol. 45 N° 79
Interpellation du député de D’Arcy-McGee au ministre délégué de la Santé et des Services sociaux sur le sujet suivant : L’augmentation des besoins en santé mentale, notamment en raison de la détresse causée par la pandémie, et les actions à prendre pour remédier aux délais d’attente
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Intervenants par tranches d'heure
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Tremblay, François
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Birnbaum, David
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Carmant, Lionel
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Carmant, Lionel
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Tremblay, François
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Lévesque, Sylvain
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Zanetti, Sol
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Boutin, Joëlle
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Birnbaum, David
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Carmant, Lionel
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Tremblay, François
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Asselin, Mario
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Birnbaum, David
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Boutin, Joëlle
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Arseneau, Joël
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Tremblay, François
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Carmant, Lionel
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Lévesque, Sylvain
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Birnbaum, David
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10 h (version révisée)
(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Tremblay) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de la santé et
des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans notre
salle de bien vouloir éteindre les sonneries des appareils électroniques, s'il
vous plaît.
La commission est réunie afin de procéder
à l'interpellation du député D'Arcy-McGee au ministre délégué de la Santé et
des Services sociaux sur le sujet suivant : L'augmentation des besoins en
santé mentale, notamment en raison de la détresse causée par la pandémie, et
les actions à prendre pour remédier aux délais d'attente.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boutin
(Jean-Talon); Mme Lavallée (Repentigny), par M. Lévesque (Chauveau);
Mme Picard (Soulanges), par M. Asselin (Vanier-Les Rivières);
Mme Montpetit (Maurice-Richard), par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); et
M. Nadeau-Dubois (Gouin), par M. Zanetti (Jean-Lesage).
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. Je comprends qu'il y a eu une entente à l'effet que le deuxième groupe
d'opposition interviendra lors de la troisième série d'interventions, alors que
le troisième groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième série
d'interventions.
Étant donné que nous avons débuté les
travaux avec quelques minutes de retard, j'aurais besoin du consentement des
collègues pour <pouvoir poursuivre...
Le Président (M. Tremblay) :
...il
y a eu une entente à l'effet que le deuxième groupe d'opposition
interviendra lors de la troisième série d'interventions, alors que le troisième
groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième série d'interventions.
Étant donné que nous avons débuté les
travaux avec quelques minutes de retard, j'aurais besoin du consentement des
collègues pour >pouvoir poursuivre.
Des voix
:
Consentement.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci. Alors, pour les déclarations d'ouverture, la parole est au député de D'Arcy-McGee
pour un premier bloc pour 10 minutes. M. le député.
Exposé du sujet
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : Merci beaucoup,
M. le Président. Mes remerciements au ministre délégué, à son cabinet, aux gens
du ministère et aux collègues députés côté ministériel ainsi que de l'opposition,
pour votre présence et votre travail.
Là où on va s'entendre, c'est que nous
sommes ici au nom, dans un premier temps, des gens qui sont en détresse, actuellement,
les gens qui ont et qui vivent des difficultés accrues suite à la période, jamais
vue dans notre histoire, qu'on vit, et que nous partageons l'intérêt ainsi que
l'obligation collective de répondre en leur nom de façon rigoureuse et réelle à
la crise en tout ce qui a trait à la santé mentale. Donc, j'apprécie cette opportunité.
Vous le savez, M. le Président, qu'on a eu
plein d'occasions, je crois que c'est plus qu'une douzaine de questions que je
me suis permises et ma formation m'a laissé poser au ministre délégué ainsi
qu'au ministre de la Santé sur les questions qui s'attachent à la crise en santé
mentale. Ce n'est pas la première fois qu'on emploie le mot, ça donne écho chez
les experts, chez les familles qui vivent les difficultés, la recherche, les
indicateurs, sur chaque plan, nous démontrent que nous sommes devant une crise.
Si je me permets d'insister sur le mot, c'est parce que, et on le sait bien, au
Québec peut-être plus qu'ailleurs, les symboles, les mots en disent long, parce
qu'ils sont lourds de conséquences.
Le ministre et, surtout, son premier
ministre, avec brio, insistent, comme ils insistent en tout ce qui a trait au
logement, à tout ce qui a trait à la pénurie de main-d'oeuvre, tout ce qui a
trait au manque de places dans les services de garde, que nous ne sommes pas
devant une crise. Et j'insiste que, comme dans ses autres exemples, il y a des
réponses et des réponses, de notre lecture, insatisfaisantes qui en <découlent.
De dire qu'il n'y a pas...
M. Birnbaum : ...manque de
places dans les
services de garde, que nous ne sommes pas devant une
crise. Et j'insiste que, comme dans ses autres
exemples,
il y a
des réponses et des réponses, de notre lecture, insatisfaisantes qui en >découlent.
De dire qu'il n'y a pas de crise permet, en quelque part, avec tout respect, au
ministre délégué de continuer de parler de l'importance d'un changement de
culture.
Le ministre est beaucoup plus expert que
moi, et de parler de l'importance d'une continuité de services, d'une réponse
taillée aux vrais besoins de la personne, j'en conviens, j'en conviens. Mais,
par contre, de se permettre, en bonne foi, je n'ai aucun doute, de répliquer
aux 20 000 personnes sur les listes d'attente actuelles pour des
services d'urgence, en quelque part, pour les problèmes de santé mentale, M. le
Président, de suivre et de comprendre un changement de culture nécessaire, peut-être,
au sein du cabinet du ministre, au sein des CIUSSS, je ne sais pas si ce
changement de culture est vu comme aussi nécessaire auprès des regroupements
communautaires, qui font un travail héroïque. C'est une réponse, en quelque
part, qui nous laisse sur notre appétit.
Et, comme je dis, une autre fois je
reviens au mot «crise», quand on prononce ce mot que le ministre, le premier
ministre prononce souvent, «crise sanitaire», bon, j'imagine que la culture a
dû changer assez vite merci pour... et ça a pris du temps, hein, pour ce gouvernement,
j'en conviens, mais pour que les masques et l'équipement de protection soient
disponibles partout, que les élèves à l'école soient protégés et que leur environnement
soit sain. Les gestes n'étaient pas toujours au rendez-vous, mais, par contre,
le mot «crise» signifie, à M. le premier ministre, son Conseil des ministres, à
la fonction publique, qu'il fallait agir, qu'il faut agir maintenant.
Bon, maintenant, le ministre délégué
lui-même indique que les dépenses sur la santé mentale ne sont peut-être pas
suffisantes. Il admet aussi que la réponse, en tout ce qui a trait au
traitement, au triage, au diagnostic des gens sur les listes d'attente... que
l'état de ces listes est décevant aussi, décevant pas mal. Les propres objectifs
ciblés par le gouvernement de la CAQ prévoyaient aujourd'hui peut-être
4 000 personnes en attente. Nous sommes, M. le Président, ce <matin,
à 20 000. Donc, j'admets, je m'assume...
M. Birnbaum : ...prévoyaient
aujourd'hui peut-être 4 000 personnes en attente. Nous sommes,
M. le Président, ce >matin, à 20 000. Donc, j'admets, je m'assume,
j'ai une certaine impatience. La pandémie perdure. Maintenant, quoi, ça devrait
être 15 mois, si je calcule bien, même plus, 16 ou 17 mois. Les
problèmes en santé mentale ont été présents bien avant et vont être très
présents après. C'est un des sujets que je veux discuter avec le ministre :
ces problèmes exigent des réponses structurantes, réelles, mesurables et
connues. Et, sur chacun de ces critères, j'ai des questions.
• (10 h 10) •
On sait une chose, que les listes pour les
services, ça traîne et trop. On n'a même pas de chiffres de disponibles qui
nous aident à comprendre c'est quoi, la qualité des délais, c'est quoi, le
nombre dans chaque région. Est-ce que les standards, proprement, du ministère
même sont respectés, en termes de délais? C'est quoi, la provenance de ces noms
sur les listes d'attente? Est-ce que c'est des gens en grande crise, référés
peut-être par les services policiers? D'où viennent ces noms-là? De plus,
comment est-ce que notre nom est inséré sur la liste, comment c'est enlevé?
Ce n'est pas des petites questions et ce
n'est pas de l'ordre grande planification, plan de cinq ans qu'on va régler ces
problèmes-là. C'est en sachant... comme, avec la pandémie, on a des chiffres
chaque jour à vérifier. Comme il y a des réponses en termes de mesures
nécessaires, des équipes de déployées pour accentuer la campagne de vaccination,
toute une série d'actions qui découlent, et je reviens, découlent du constat
d'une crise. Et, une autre fois, ce n'est pas moi qui le dis, c'est les experts
sur le terrain, c'est sûrement les gens qui souffrent, c'est les études des
indicateurs qui démontrent que nous sommes devant une crise. Alors, c'est où,
la réaction complémentaire?
J'insiste sur un dernier point, et on va
en discuter, la crise, à quelque part, nous dévoile, nous démontre une piste
pour vraiment répondre à ces problèmes, parce que cette crise n'est pas
ponctuelle. Il y a des problèmes, en termes de services en santé mentale, qui
vont perdurer, qui ont été présents avant. Nous sommes devant une <pénurie
de...
M. Birnbaum : …dévoile,
nous
démontre une piste pour vraiment répondre à ces problèmes, parce que cette
crise n'est pas ponctuelle. Il y a des problèmes, en termes de services en
santé mentale, qui vont perdurer, qui ont été présents avant. Nous sommes
devant une >pénurie de psychologues dans le secteur public. On a le luxe,
en quelque part, d'avoir un complément de psychologues, au Québec, en termes
per capita, qui est mieux que n'importe où au Québec. Alors, il y a du monde,
ils ne sont pas au secteur public, où actuellement il y a des délais de six à
24 mois pour les gens qui ont besoin d'une telle intervention, dont une
intervention plus légère ne serait pas à la taille.
Nous avons mis devant le premier ministre
et le ministre, et j'attends une réponse claire, et nette, et défensible, une proposition
pour l'accès universel et gratuit à la psychothérapie, pour faire en sorte qu'il
n'y a pas deux vitesses, les gens avec l'argent et les gens sans argent, pour
être traité quand nous sommes en crise. Actuellement, c'est la situation. Donc,
j'aurai des questions sur tous ces piliers qui découlent de la réalité. Nous
sommes devant une crise, alors j'attends avec impatience les réponses du ministre
délégué à ces questions que nous allons poser, moi et mes collègues. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. M. le ministre, pour la déclaration d'ouverture, vous avez 10 minutes.
Réponse du ministre
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Bien, bon
matin, M. le Président, bonjour à tout le monde. Je remercie le député de D'Arcy-McGee
de me donner la chance encore une fois, ce matin, de parler de santé mentale,
un sujet qui me tient à coeur. Je remercie le député des Îles-de-la-Madeleine
d'être avec nous ce matin, ainsi que le député de Jean-Lesage, et bien sûr mes
collègues de Chauveau, Vanier-Les Rivières et de Jean-Talon, ainsi que mon chef
de cabinet qui nous accompagne ce matin.
Alors, ça va me faire plaisir de répondre
aux questions du député de D'Arcy-McGee, qu'il a mentionnées dans son introduction.
Puis la première question, c'est au sujet du terme «crise». Maintenant, il faut
définir le mot, qu'est-ce que c'est que le mot «crise», et le définir clairement.
Si on se base sur les délais d'attente ou sur les listes d'attente, j'aimerais
rappeler au député qu'en mai l'an dernier, la liste d'attente… en août, en août 2019,
la liste d'attente était à 28 000 patients, alors qu'aujourd'hui elle
est à 20 000. Donc, si on est en crise, cette année, dans quelle situation
étions-nous à notre arrivée au pouvoir, M. le Président?
Évidemment, c'était facile, avant 2019,
parce que l'ancien gouvernement n'avait pas mis de liste d'attente en santé
mentale, tout allait au guichet d'accès en santé mentale, dans chaque région,
rien n'était compilé, rien n'était suivi. Donc, si quelqu'un s'intéressait à la
santé mentale, à l'époque, ils auraient peut-être dû faire le travail à ce
moment-là. Et ils veulent nous faire mettre le mot «crise» dans notre bouche,
ils veulent nous <inciter à dire…
M. Carmant : …d'accès
en
santé mentale, dans chaque région, rien n'était compilé, rien n'était suivi.
Donc, si quelqu'un s'intéressait à la santé mentale, à l'époque, ils auraient
peut-être dû faire le travail à ce moment-là. Et ils veulent nous faire mettre
le mot «crise» dans notre bouche, ils veulent nous >inciter à dire le
mot «crise», mais nous, quand on parle d'urgence sanitaire, ils nous demandent
de retirer l'état d'urgence sanitaire. Donc, M. le Président, il faut vraiment
être consistant dans ses demandes.
Maintenant, parlons de notre gestion des
listes d'attente. Je pense que je vais répondre à toutes les questions que le
député a à nous poser, mais ce qu'il est important de savoir, c'est que nous,
on a insisté pour consolider nos listes d'attente pour pouvoir les gérer de
façon adéquate. Je lui ai expliqué également comment on travaille pour s'assurer
que... Un, auparavant, on recevait ces données-là trois fois par année. Ensuite,
on l'a mis de façon bimensuelle. Là, on le veut de façon hebdomadaire et on veut
que ce soit fait de façon électronique.
Maintenant, également, la situation des
psychologues, ça va nous faire un plaisir d'en discuter avec eux. Ils nous
proposent une solution qui, selon moi, n'est pas viable et qui n'améliorerait
pas l'accès aux services. Nous, on pense que notre solution, beaucoup plus
globale, le Programme québécois pour les troubles mentaux, est la bonne
solution à court, moyen et long terme. Il s'agit de l'implanter de façon
adéquate avec un soutien adéquat pour le faire. Puis, quand on parle du soutien
à la santé mentale, je pense que les investissements que notre gouvernement a
faits depuis notre arrivée, dès les premières années, ont été considérables.
Dès notre arrivée, on a voulu aider de façon significative en santé mentale
jeunesse, en santé mentale pour les adultes, développer de nouveaux programmes,
dont on va pouvoir parler ce matin, pour mieux prendre soin des gens dans les
plus brefs délais.
Puis c'est ça, le mot qui est important, c'est
«les plus brefs délais». Les gens, actuellement, attendent, comme l'a mentionné
le député, de six à 24 mois, alors qu'il ne se passe rien dans leur ville.
Nous, on est en train de modifier ça, on veut s'assurer que, quelle que soit la
porte à laquelle un individu frappe pour un problème de santé mentale, car,
vous le savez, il n'y a que 50 % des gens qui osent lever la main, il faut
qu'ils reçoivent les services le plus rapidement possible et il faut que ce
soit le meilleur service possible. Donc, ça prend effectivement un changement de
culture pour permettre que ces services soient donnés et que, non pas comme
avant, quand on est arrivés, que quelqu'un t'envoie toujours cogner à la porte
d'à côté sans jamais t'offrir de services. Donc, ça va me faire plaisir d'expliquer
comment on va mettre ça sur pied, M. le Président.
Maintenant, aussi, ce qu'il est important
de savoir, c'est qu'on est capables de faire des changements à long terme et s'occuper
des besoins actuels. Et on travaille très fort à s'assurer que tous les
services soient fournis sur une base quotidienne à tous nos citoyens, M. le
Président. Donc, on est vraiment sur un changement important et qui va
continuer à se <traduire…
M. Carmant : …et s'occuper
des besoins actuels. Et on travaille très fort à s'assurer que tous les
services soient fournis sur une base quotidienne à tous nos citoyens, M. le
Président. Donc, on est vraiment sur un changement important et qui va
continuer à se >traduire au cours des prochains mois et au cours de la
prochaine année.
Maintenant, aussi, on a mentionné les organismes
communautaires, et ça aussi, c'est très important de s'assurer qu'on est en
face de vrais partenaires. Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment établir un
partenariat solide avec les organismes communautaires et travailler avec eux
dans la prise en charge et dans le suivi de nos patients. Chacun doit avoir un
rôle bien défini, on est en train de définir ce rôle-là et on va s'assurer
qu'il soit supporté en conséquence pour faire le travail de façon conjointe, M.
le Président.
Donc, effectivement, on vient de vivre une
année des plus difficiles. Je pense que les 14 mois ont été assez… ont
impacté sur la santé mentale de toute la population, incluant nos plus jeunes.
Ce qu'on est en train de mettre sur pied et ce qu'on a commencé à mettre sur
pied, c'est un programme qui va être solide et qui va venir en renfort à tout
le monde, quand les besoins vont augmenter, parce que nous, on prévoit que les
besoins vont s'accentuer avec la fin de la pandémie.
Puis ce qu'il est important de mentionner,
M. le Président, c'est que jusqu'à présent, tout ce qu'on a fait, c'est en
amont de la problématique. Je mentionnais tantôt les investissements récurrents
qu'on a faits à notre arrivée et ce qu'on a fait, également, c'est qu'au début
de la pandémie on a instauré des services pour les conséquences en lien avec la
pandémie. Les 300 intervenants en santé mentale et en services sociaux
généraux que l'on a recrutés en mai l'an dernier, c'était justement pour
prévoir qu'avec la pandémie il y allait avoir des besoins accrus.
• (10 h 20) •
On a rehaussé le 8-1-1 Info-Social. Ça,
c'est un service qui est fantastique. 24 heures par jour, sept jours
par semaine, les Québécois peuvent appeler au 8-1-1 Info-Social pour avoir de
l'aide. C'est un service qui est régionalisé et non pas un service central,
donc dans chaque région les professionnels du 8-1-1 Info-Social sont au courant
des ressources dans chacune des régions, des besoins dans chacune des régions.
On y retrouve tous les types de professionnels, que ce soient infirmier,
psychologue, psychoéducateur, ergothérapeute, travailleur social, qui est là pour
répondre à nos besoins. Le délai d'attente y est minime. Avant la pandémie,
c'était à peu près 7 000 appels par semaine, que recevait le 8-1-1
Info-Social. On est montés jusqu'à 14 000, au début de la pandémie, M. le
Président, et, depuis le début de la pandémie, ça se maintient en haut de
10 000 appels par semaine, sauf peut-être dans le dernier mois, on
est finalement un peu descendus.
Donc, c'est un service qu'on a rehaussé et
qui est très efficace, qui accompagne tout le monde, qui oriente les gens vers
la bonne ressource et qui ont des services de crise, qui peuvent avoir jusqu'à <cinq
séances…
M. Carmant : ...et depuis le
début de la pandémie, ça se maintient en haut de 10 000 appels par
semaine, sauf peut-être dans le dernier mois, on est finalement un peu
descendus.
Donc, c'est un service qu'on a rehaussé
et qui est très efficace, qui accompagne tout le monde, qui oriente les gens
vers la bonne ressource et qui ont des services de crise, qui peuvent avoir
jusqu'à >cinq séances d'accompagnement, pour ceux qui en ont besoin, et,
si, après ces cinq séances-là, il y a des besoins additionnels, on vous oriente
vers le guichet d'accès en santé mentale. Puis ça, j'en parlerai plus loin,
comment on est en train de rehausser ce guichet-là.
Donc, au 8-1-1, Info-Social, qui est la
porte d'entrée que l'on veut donner à tous les individus en santé mentale, ceux
qui ont de la détresse, ceux qui ont des besoins, que vous soyez non connu du
réseau, que vous soyez déjà connu du réseau, en attente d'un rendez-vous, vous
pouvez toujours appeler au 8-1-1 Info-Social, option 2. Je l'ai moi-même
essayé, M. le Président, à plusieurs reprises, et ça fonctionne, il y a quelqu'un
qui vous répond, tout le temps.
Et, soyez rassuré, ce n'est pas une
technique pour vous retirer des listes d'attente, c'est une technique pour vous
offrir des services, un soutien essentiel à la population québécoise. Tout le
monde doit savoir que, si j'ai besoin d'aide ou si je connais quelqu'un qui a
besoin d'aide, je peux lui dire d'appeler au 8-1-1 Info-Social, il va avoir les
services qui sont requis, M. le Président. Déjà, ça, c'est une grande avancée,
et on va continuer à investir dans le 8-1-1 Info-Social. On travaille sur
toutes sortes d'options pour venir s'assurer que ceux qui en ont besoin peuvent
l'utiliser et encore plus rapidement, M. le Président. Donc, ça, c'est la
première étape, la porte d'entrée. Et je vais vous expliquer aujourd'hui, au
cours des différents échanges, tous les changements qu'on est en train de faire
pour s'assurer que tous les Québécois reçoivent des services appropriés dans un
temps opportun.
Ensuite, ce qui est important aussi, c'est
de les diriger vers le bon service. Et pour ce faire il faut parler à un professionnel.
Ça suffit, il faut arrêter la culture que, quand j'ai besoin d'un service, on
me dit : Trouve-toi un rendez-vous chez le psychologue ou arrange-toi pour
que ton médecin te réfère au psychiatre. C'est cette culture-là, M. le
Président, qu'il faut changer. Ce n'est pas compliqué, là, ce n'est pas des
changements de structure qu'on demande, c'est un changement de culture pour
s'assurer que tous les professionnels, au Québec, qui ont la compétence
d'offrir des services en santé mentale puissent le faire. Et c'est ça qu'on est
en train de faire, M. le Président, à tous les niveaux, que ce soit en première
ligne, en deuxième ligne, dans les organismes communautaires, tout le monde
doit savoir par où on rentre, dans la porte d'entrée, et qu'on va être dirigé
au bon endroit pour avoir les services dont on a besoin, M. le Président. Merci.
Argumentation
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Nous débutons les périodes d'échange. Nous allons
débuter avec le député de D'Arcy-McGee pour une séquence de cinq minutes.
M. Birnbaum : Merci beaucoup, M.
le Président. Écoutez, un petit rappel que c'est le ministre, et le gouvernement
de la CAQ, qui est convoqué en interpellation. «News flash, you guys won three
years ago.» Alors, le ministre délégué ne se... pas trop souvent à cette option
que son premier ministre privilégie presque chaque période de questions, c'est
de questionner la performance de l'ancien gouvernement, dont j'étais fier
d'être membre. Ce n'est pas le but de notre échange ce <matin...
M. Birnbaum :
...three years ago. Alors, le ministre délégué ne se... pas
trop souvent à cette option, que son premier ministre privilégie, presque
chaque période de questions, c'est de questionner la performance de l'ancien
gouvernement, dont j'étais fier d'être membre. Ce n'est pas le but de notre
échange ce >matin.
Deuxièmement, parce que je veux passer
très vite à l'action, de dire qu'il y a une incohérence, quand on parle de
crise, et là on a nos problèmes sur l'imposition continuelle d'un état
d'urgence, je m'excuse, nos questions là-dessus, tout à fait légitimes, sont
sur le plan démocratie, transparence. Il y a des questions légitimes qui se
posent, dans la situation actuelle, améliorantes : Y a-t-il lieu pour une
continuation de l'état d'urgence validée une fois par 30 jours? Bon, on
ferme cette parenthèse.
J'aimerais parler, avec le peu de temps
que j'ai dans ce bloc-là, justement, de 100 millions de dollars annoncés
en novembre et les suites. Dans un premier temps, je nous rappelle des commentaires
du ministre lui-même, qui est autour de la table du Conseil des ministres. Moi,
je n'ai pas ce privilège-là pour influencer mon premier ministre, mon ministre
de Finances, d'assurer que les dépenses sont au rendez-vous. Alors, dans un
premier temps, et plusieurs regroupements communautaires l'ont dit, le
100 millions, déjà, n'est pas tout à fait à la taille des difficultés. Il
faut dire que, de ce 100 millions de dollars, de toute apparence, rendus
au 31 mars, il n'y avait que 15,8 millions de dépensés. Alors, nous
avons des questions là-dessus.
Qu'on se rappelle que ces montants dans le
100 millions sont presque tous non récurrents. Alors, est-ce que, dans la
planification du ministre délégué, les problèmes vont disparaître le
31 mars 2022? Oui, j'imagine qu'il aurait des approches pour
continuer à adresser ces problèmes. Là, il va comprendre comme moi que, pour
que les dépenses soient réelles et utiles, souvent, il y a des gestes en
pérennité que doivent poser nos partenaires dans le réseau. Sinon, on ne trouve
pas d'expert à embaucher pour neuf mois et pour dire : Oups! Bye-bye,
notre budget est parti. Donc, il y a plusieurs questions sur chacun des volets.
Sur le 35 millions, dont 25 confiés à
ce problème reconnu par le ministre lui-même, pas à l'ampleur qui est notre
lecture de l'affaire, mais pour ce qui a trait à l'accès à la psychothérapie, à
un psychologue qualifié pour les gens en crise majeure, il y avait
25 millions de dollars pour faciliter le transfert temporaire des
psychologues du privé pour qu'ils puissent être au poste pour aider ces gens
sur les listes d'attente. Bon, on était à 542 personnes d'aidées. Ce
matin, je lis que c'est rendu à 600 personnes aidées par une <telle
mesure...
M. Birnbaum : ...temporaire
des
psychologues du privé pour qu'ils puissent être au poste pour aider ces gens
sur les listes d'attente. Bon, on était à 542 personnes d'aidées. Ce
matin, je lis que c'est rendu à 600 personnes aidées par une >telle
mesure. Dans un premier temps, j'aimerais comprendre pourquoi, actuellement, il
reste de ce budget de 25 millions de dollars, suite aux dernières
nouvelles, presque 19 millions sur la table, pas encore dépensés. Et est-ce
que, comme je dis, le ministre est satisfait du fait qu'il y a quelque 600 personnes
d'aidées? Il va convenir avec moi, même si ce n'est pas la seule solution, qu'il
y a plus que quelque 600 personnes sur cette liste d'attente de 20 000
qui ont besoin d'aide. Le 100 millions, comme je dis, quand je suis en
réunion avec des regroupements communautaires, ils me disent que ce n'est pas à
la taille.
Pour ces mesures, il y en a d'autres :
les éclaireurs, les sentinelles, dont on va parler davantage, j'espère, le
10 millions pour les jeunes. Y a-t-il le moindrement de mesures qui nous
indiquent, dans un premier temps... Et les questions sont posées par Le Devoir,
ce matin : Est-ce que l'argent est rendu? Dans un deuxième temps, combien
de gens, quels programmes ont été ciblés? Dans un troisième temps, est-ce que
les regroupements communautaires sont en mesure de prendre le ballon au vol
pour agir de façon constructive? Quatrièmement, y a-t-il un suivi? Cinquièmement,
est-ce qu'on a quelques données que ce soient sur la portée de ces programmes
qui, je répète, sont non récurrents?
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : Merci, M. le
Président. Le député de D'Arcy-McGee me pose beaucoup de questions pour cinq
minutes. Je vais essayer de les prendre une à une.
Je pense que le 100 millions
d'investissement qu'on a fait au mois de novembre était quand même historique,
là, dans un contexte de pandémie, à la mise à jour économique. Je pense qu'une
bonne partie de cet argent-là est entamée. Je pense qu'il faut rappeler qu'il y
avait 31 millions qui permettaient de suivre l'investissement dont je vous
ai parlé tout à l'heure, là, donc, en services sociaux généraux, santé mentale,
les 300 intervenants qu'on a recrutés et qui nous permettent de poursuivre
les diminutions des listes d'attente qui ont été entamées. Donc, ça, c'est sûr
que c'est dépensé. Il ne faut pas oublier qu'il y avait également là-dedans
5 millions pour la prévention du suicide, hein? On en parle très peu, mais
nous, on a prévu ça, on a fait attention à ça. On a développé une stratégie
numérique, qui est maintenant disponible. Tout le monde peut rejoindre la
prévention du suicide au Québec. Ça aussi, il faut l'inclure dans les choses
qu'on a réussi à faire. Et ensuite, on avait le 25 millions pour la
psychothérapie.
• (10 h 30) •
Est-ce que je suis déçu? C'est sûr que
j'aurais aimé que ça aille plus vite. Ce qui est <décevant...
>
10 h 30 (version révisée)
<17893
M.
Carmant : …les préventions du suicide au
Québec. Ça aussi, il
faut l'inclure dans les choses qu'on a réussi à faire. Et ensuite on avait le
25
millions pour la psychothérapie.
Est-ce que je suis déçu? C'est
sûr que j'aurais aimé que ça aille plus vite. Ce qui est >décevant, M.
le Président, c'est que, un, ça a pris du temps à mettre sur pied, le temps de
s'entendre avec les ordres professionnels, le temps de s'entendre avec les établissements.
C'est sûr qu'on aurait pu faire mieux, mais, cependant, ce qu'il faut se rendre
compte également, c'est que les premiers patients qui ont été référés, c'est
ceux qui étaient sur les listes d'attente avant le mois de novembre, avant le 2 novembre
2020, et plusieurs de ces patients, malheureusement, avaient des problèmes extrêmement
complexes, qui nécessitaient une approche plutôt interdisciplinaire qu'une
approche uniquement de psychothérapie. Ça, on va en reparler quand on va parler
du fameux Programme québécois pour les troubles mentaux.
Maintenant, ce qu'il faut savoir, c'est
que le programme semble s'accélérer. Effectivement, chaque semaine, on en a de
plus en plus. Eh oui, il faut voir qu'il y a sept mois qui sont passés, mais il
en reste encore 10 mois, avant le mois de mars 2022, M. le Président.
Et, je l'avais dit dès le départ, le but de cet argent-là, c'est de nous
permettre de faire ce changement fondamental qu'est l'établissement du plan québécois
pour les troubles mentaux. Donc, ça, c'est important de nous permettre de faire
ça, parce qu'à ce moment-là on aura beaucoup moins de difficulté avec nos
listes d'attente pour la psychothérapie.
D'ailleurs, ce qui nous permet de voir
l'accélération qu'on voit présentement, c'est que de plus en plus
d'établissements se servent de cette méthode de triage où ceux qui ont vraiment
besoin de psychothérapie sont mis en attente pour les psychologues et ceux qui
n'ont pas besoin sont orientés vers d'autres services disponibles dans le
réseau. Et là c'est pour ça qu'on peut voir qu'on a continué à en référer et
qu'on va continuer à en référer plusieurs dans le service.
Là, je vais prendre le deux minutes qu'il
me reste pour vous parler des éclaireurs. Donc, une chose qu'on ne peut pas
dire… qu'on doit dire, c'est qu'on innove en santé mentale au Québec. Et je
pense que ça, c'est un programme dont je suis très fier, qu'on parle à
l'international, qu'on est en train d'établir chez nous, programme qui nous
vient de Mélissa… la Dre Mélissa Généreux, qui avait établi ça après la
tragédie du lac Mégantic, où les gens ont dit que ce qui les a le plus aidés,
c'est la présence d'éclaireurs, dans leur communauté, qui leur permet de faire
un lien entre le réseau communautaire… entre le réseau de la santé, qui vont
les chercher dans leur milieu de vie, ceux qui souffrent en silence, M. le
Président. Je vous l'ai mentionné tantôt, c'est 50 % qui ne lèvent pas la
main, et plusieurs de ces gens-là souffrent en silence.
D'ailleurs, on a également fait un
investissement particulier pour les agriculteurs. Ma prédécesseure, ministre de
l'Éducation supérieure, elle avait investi 400 000 $ pour exactement
le même travail au niveau des agriculteurs, parce qu'on a des travailleurs de
rang qui vont chercher les gens qui ont des besoins, qui vont les aider, qui
les mettent en lien avec les ressources, qui leur… qui les mettent en lien avec
les ressources de leur communauté, parce que le plus important qu'il faut faire,
après ce confinement qu'on vient de vivre, M. le Président, c'est que tout le
monde puisse retrouver son sens, hein? Ça fait 14 mois, là, qu'on n'a pas
de <contact avec…
M. Carmant : ...des gens qui
ont des besoins, qui vont les aider, qui les mettent en lien avec les
ressources, qui les mettent en lien avec les ressources de leur communauté.
Parce que le plus important qu'il faut faire après ce confinement qu'on vient
de vivre,
M. le Président, c'est que tout le monde puisse retrouver son
sens, hein? Ça fait 14 mois, là, qu'on n'a pas de >contact avec nos
familles, qu'on n'a pas de contact avec nos amis. Il va falloir que les gens
qui étaient confinés puissent retrouver un sens dans la vie. Oui, on va sortir
du télétravail, c'est déjà bien, mais ce ne sera pas si facile que ça.
Donc, les éclaireurs, dans chacune de leurs
régions, puis on a insisté pour le donner pas par population, mais, dans
chacune des régions, il va y en avoir autant, parce que, dans les régions
éloignées, il faut couvrir le terrain. Ces gens-là vont permettre à la
population québécoise de retrouver un sens alors qu'on revient à la vie
normale, M. le Président. C'est essentiel. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. La parole est au député de Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Vraiment, je suis très heureux d'être avec vous
aujourd'hui pour discuter de ce sujet-là. Je vous salue personnellement, M. le
Président. Je me permets de saluer mes collègues également, bien sûr, M. le
ministre délégué, Santé et Services sociaux, mes collègues de Jean-Talon,
également de Vanier-Les Rivières, saluer les membres de l'opposition.
C'est un sujet tellement important qu'on
discute aujourd'hui. La santé mentale, ça nous préoccupe tous. Puis moi en
particulier, M. le Président, j'ai oeuvré une bonne partie de ma carrière dans
le milieu communautaire, hein? Donc, quand on parle de santé mentale, quand on
parle des difficultés qui sont vécues, j'ai été témoin. Et c'est un sujet qui,
malheureusement, a toujours été un peu présent, est présent aujourd'hui. Il s'est
probablement accru en lien avec la pandémie, c'est certain, hein? Tout
événement stresseur, tout événement difficile provoque ça, plus de détresse,
plus de besoins, et c'est normal. Il faut être capable d'y répondre.
Et, pour avoir oeuvré dans deux réseaux
communautaires très distincts, mais qui, quand même, avaient son lot de
problèmes… Je parle du volet dans le domaine de l'employabilité, à l'époque,
1995, 1997, 1998, ces époques-là où est-ce que c'était difficile pour les
jeunes de se trouver un emploi. Ça pouvait faire vivre beaucoup de détresse.
Puis évidemment j'étais à la tête d'un réseau communautaire, qui s'appelle À
coeur d'homme, en violence conjugale, puis il y avait énormément de détresse,
alors, de séparations amoureuses.
Donc, l'important de connaître le terrain,
connaître ce qui se passe pour intervenir en santé mentale de façon précoce, c'est
là, et il faut connaître son terrain pour être capable de bien référer, bien
reconnaître... et moi, je reconnais, là, qu'il n'y a pas seulement une solution
unique pour être capable de prévenir et d'intervenir auprès des personnes qui
ont des difficultés.
D'ailleurs, le ministre vient d'en parler,
là, le fameux programme d'éclaireurs, moi aussi, ça m'a touché beaucoup, M. le
ministre, ce volet-là, parce que ce qui s'est passé en Estrie, avec la Dre Généreux,
de prendre une catastrophe incroyable, la tragédie de Lac-Mégantic, puis d'amener
des solutions puis d'impliquer l'ensemble de la collectivité, bien, c'est un
peu ça, une piste de sortie, une piste pour améliorer la question, pour
améliorer la situation, parce que ça ne concerne pas juste les experts. Il faut
être capable, tout le monde ensemble, de travailler à identifier les gens, les
référer, de les amener aux bons endroits.
Vous savez, il y a un 19 millions,
là, qui a été investi <pour les...
M. Lévesque (Chauveau) :
...collectivité, bien,
c'est
un peu ça, une piste de sortie, une
piste pour améliorer la
question, pour améliorer la
situation.
Parce
que ça ne concerne pas juste les experts. Il faut être capable
tout le
monde ensemble de travailler à identifier les gens, les référer, de les amener
aux bons endroits.
Vous savez,
il y a un
19 millions, là, qui a été investi >pour les éclaireurs. C'est en
train de s'implanter un peu partout au Québec. Je pense qu'en juin on devrait
être pas mal avancés, puis c'est déjà très avancé, mais ça se poursuit. Mais c'est
une approche importante, qui tient compte du milieu communautaire, mais qui
tient compte de la société civile, utiliser des acteurs, des gens significatifs
pour d'autres, tu sais, ça peut être notre coach de hockey, ça peut être un élu
municipal, ça peut être une personne qui est importante pour nous, mais
d'outiller ces gens-là à référer… Vous savez, moi, de la manière que je le
vois, c'est une approche un peu holistique, un lien entre le volet social et le
volet médical, d'être capable d'utiliser ces deux axes-là, si importants, et
d'outiller notre monde.
Puis là, quand je dis d'outiller, c'est
bien évident, on ne veut pas transformer les gens en experts en santé mentale.
Il y a des gens spécialistes partout au Québec qui sont capables de faire ça, mais
c'est un peu comme donner des cours de premiers soins, M. le Président. Je sais
que l'approche va peut-être vous sembler un peu comique, là, mais on donne des
cours de premiers soins. Mais les gens qui ont le cours de premiers soins
peuvent sauver des vies, puis ce n'est pas des ambulanciers. C'est un peu la
même chose, outiller les gens.
Ça fait que moi, j'apprécie énormément ce
que le ministre a mis en place. Puis il faut être capable de continuer à
utiliser les spécialistes sur le terrain, vous savez, développer des réflexes,
d'être capable d'amener le monde à demander de l'aide hâtivement, parce que la
santé mentale, M. le Président, c'est un... Ce que j'ai vécu, là, c'est qu'il
n'y a pas rien... Ça amène d'autres problèmes. Souvent, là, quand tu vis des
problèmes de santé mentale, bien, ça peut t'amener parfois à des comportements
violents.
Tu sais, moi, pour avoir travaillé en
violence conjugale, je l'ai vue souvent, la détresse des hommes, bien, qui ne
savent pas comment bien gérer cette crise-là, mais ça amène des gens à poser
des gestes de violence, même voire l'irréparable, là. Les féminicides qu'on a
connus au Québec, présentement, je pense, ça peut être une conséquence. Le
suicide, le ministre l'a abordée, la question, bien, c'est sûr qu'un homme ou
une femme en détresse peut en arriver à se dire : Est-ce que c'est
l'option que j'ai, d'en finir? Bien, on ne veut pas ça. La toxicomanie, il y a
des gens qui consomment davantage quand ça ne va pas bien.
Alors, moi, M. le Président, je vous ai parlé
d'un seul volet, le volet éclaireur, mais, en parlant un peu de mon expérience,
j'ai la prétention, dans ma lecture, là, que ce programme-là, des éclaireurs,
bien, ça va avoir un impact de diminuer à terme la détresse psychologique, parce
que plus rapidement une personne demande de l'aide, eh bien, plus rapidement
cette personne-là va pouvoir se sortir de cette détresse-là. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député de Chauveau. La parole est au député de Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. le ministre, les autres députés présents aussi, je vous
salue.
Je trouve ça intéressant, le discours que
vient de faire le député de Chauveau au sujet des organismes <communautaires...
M. Lévesque (Chauveau) :
...merci,
M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci,
M. le député de Chauveau. La parole est au député de
Jean-Lesage.
M. Zanetti : Merci,
M.
le Président. Bonjour,
M. le ministre, les autres députés présents
aussi, je vous salue.
Je trouve ça
intéressant, le
discours que vient de faire
le député de
Chauveau au sujet des
organismes
>communautaires en santé mentale, puis je partage son analyse, c'est
clair. La question qu'on peut se poser, par contre, c'est : Pourquoi, si
on reconnaît l'importance des organismes communautaires, est-ce qu'on ne les subventionne
pas comme il faut? Cet été, un 70 millions de dollars a été proposé,
promis, annoncé, puis, finalement, bien, c'est 10 %, peut-être que, là,
les chiffres ont changé un peu, qui ont été vraiment donnés. Pourquoi? Parce
que les critères étaient limitants. Les critères faisaient en sorte que, pour avoir
accès, il fallait faire des déficits, mais la plupart des organismes n'étaient
pas en mesure, de toute façon, de faire ces déficits-là. Donc, ils étaient
disqualifiés de l'offre qui était annoncée, de financement supplémentaire, en
pleine crise sanitaire.
• (10 h 40) •
Et puis, pour les organismes en santé
mentale, on apprenait, ce matin, dans les journaux, justement, que, finalement,
d'un 17 millions qui a été proposé, il y en a le tiers, pour des
organismes de santé mentale, qui ne s'est pas encore rendu sur le terrain,
malgré que ça a été annoncé au mois d'août dernier. Alors... Et puis, même si
ces sommes-là avaient été envoyées, là, ce que les organismes communautaires
évaluent comme étant le déficit, le manque à gagner pour être capables de
vraiment mener à bien leur mission, c'est de l'ordre de plusieurs centaines de
millions. La dernière fois que j'ai vérifié, il me semble que c'était 450 millions
de sous-financement des organismes communautaires en général, pas seulement en
santé mentale, au Québec, mais ça inclut la question de tous les organismes
communautaires qui s'occupent de la matière de... en matière de violence
conjugale puis en santé mentale, en toutes sortes de choses.
Alors, je me dis, il y a un
sous-financement chronique dans quelque chose d'extrêmement important, et ces
coûts-là, cet argent-là qu'on ne met pas là-dedans, bien, il nous fait perdre
beaucoup d'argent. Évidemment, le pire, c'est les coûts humains, mais souvent
on est dans une logique comptable, là, pour justifier de ne pas mettre l'argent
qui est demandé, puis on dit : On n'a pas cet argent-là, on n'a pas cette
capacité de payer là. Mais, en même temps, quand on voit qu'investir en santé
mentale ça fait sauver des coûts dans le reste du système de santé, bien, la
question qu'on peut se poser, c'est : A-t-on vraiment les moyens de ne pas
mettre cet argent-là à cet endroit-là? Et moi, je pense que nous n'avons pas
les moyens de ne pas investir à la hauteur des besoins, à la fois dans les
ressources communautaires puis dans le reste du réseau de la santé,
particulièrement en santé mentale.
Récemment, je constatais que le tiers, par
exemple, des interventions faites dans le système ou des demandes de rencontre
dans le réseau de la santé concernaient la santé mentale, alors qu'on voit
qu'il y a 6 % du budget environ de la santé qui concerne la santé mentale.
Ça fait qu'on se dit : Il y a comme une disproportion et c'est une
disproportion historique. Bien sûr, ça fait longtemps, là, je comprends qu'on
n'est pas partis... Le gouvernement actuel n'est pas arrivé avec une table rase
en 2018, puis tout ça, mais il y a un rattrapage historique à faire qui n'est
pas entamé.
Puis, même s'il y a eu des
réinvestissements, qu'on parle du 100 millions annoncé en décembre ou
d'autres sommes, c'est quelque chose qui… dont on n'a aucune idée si c'est
suffisant. On n'a pas fait une <espèce de calcul...
M. Zanetti : …mais il y a un
rattrapage historique à faire qui n'est pas entamé. Puis même s'il y a eu des
réinvestissements, qu'on parle du 100 millions annoncé en décembre ou
d'autres sommes, c'est
quelque chose qui… dont on n'a aucune idée si
c'est suffisant. On n'a pas fait une >espèce de calcul, qu'est-ce qu'il
manque vraiment, selon les gens du terrain, puis qu'est-ce qu'on est prêts à
mettre? Alors, le 100 millions qui est rajouté, est-ce que c'est 10 %
des besoins du sous-financement? Est-ce que c'est 90 %? Ça m'étonnerait
énormément, là. Moi, je pense que c'est davantage dans l'ordre du 10 %,
20 %, mais il faudrait le calculer.
Alors, quand on dit : Oui, mais on en
met plus que les libéraux, par exemple, là, parce que, souvent, c'est la
réponse qu'on entend, je comprends, mais c'est comme dire, je ne sais pas…
c'est comme dire, je ne sais pas : On pollue moins qu'un pays qui pollue
énormément, tu sais, c'est comme si on émet moins de gaz à effet de serre que
la Chine. Je veux dire, bien là, je comprends, là, mais ce n'est pas… Ça ne
veut rien dire, tu sais, même… Alors, quand on dit : On en met plus que
les libéraux, alors qu'ils ont fait subir au Québec une cure d'austérité puis une
cure… en fait, ce n'est pas une cure, c'est un poison d'austérité, là, qui a
affaibli tellement le réseau public, ce n'est pas une mesure de la réussite. On
n'est pas en train de faire l'espèce de retour du balancier nécessaire, et je
pense que…
Tu sais, on veut engager du monde dans le
système public puis on veut qu'il y ait du monde pour fournir à la demande,
mais il faut qu'on soit attractifs, qu'on ait de la rétention, qu'on soit
capables de les retenir. Il faut qu'on soit capables d'attirer les internes en
psychologie, qu'on soit capables de leur donner des bonnes conditions, puis des
conditions qui sont, oui, meilleures d'un point de vue salarial, mais aussi à
plein d'autres niveaux, au niveau de l'autonomie professionnelle, de l'organisation
des soins, pour faire en sorte qu'on ait du monde, là.
Et moi, quand je regarde comment vont les
négociations au secteur public à l'heure actuelle, là, cette volonté de faire
une espèce de retour du balancier de réinvestissement nécessaire, je ne la vois
pas, et c'est principalement peut-être à cause du Trésor, du Conseil du trésor
et du ministère des Finances, mais, comme tout le monde est responsable
collectivement, bien, c'est ce que je voulais vous dire aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. Nous sommes sur le deuxième bloc d'intervention. La parole
est au ministre.
M. Carmant : D'accord. Bien,
merci beaucoup au député de Jean-Lesage d'amener le sujet. Je pense que je vais
prendre mon temps pour parler du partenariat qu'on veut développer avec nos organismes
communautaires. Je pense que, le 70 millions, ça, on n'en parlera pas, parce
que c'était vraiment pour les organismes en général, mais je pense que le 17,6,
c'était justement une mesure qu'on avait mise dès le mois de mai, l'an dernier,
en sachant que les besoins allaient être rehaussés pour les organismes
communautaires dans le contexte de pandémie.
Et je vais en profiter tout de suite pour
mettre à jour ce qui a été dit aujourd'hui, là, dans le journal. Je pense
qu'effectivement la partie qui reste dépend vraiment de la reddition de
comptes, là. Je pense qu'il y avait une partie qui était liée à la reddition de
comptes, et, dès que celle-ci va rentrer, on va verser le reste des sommes, il
n'y a aucun doute, ça, je tiens à rassurer tout le monde.
Maintenant, ce qui est important aussi de <savoir,
c'est que…
M. Carmant : ...je
pense
qu'effectivement la partie qui reste dépend
vraiment de la
reddition
de comptes, là. Je pense
qu'il y avait une partie qui était liée à la
reddition
de comptes. Et dès que celle-ci va rentrer, on va verser le reste des sommes,
il
n'y a aucun doute. Ça, je tiens à rassurer
tout le monde.
Maintenant, ce qui est important
aussi de >savoir, c'est que certains des organismes communautaires… Je
pense qu'à leur demande même, même que le leader de la deuxième opposition
m'avait même contacté pour me demander d'agir dans ce sens, on a allégé la
reddition de comptes pour les organismes communautaires, et, dans les trois
mois qu'ils vont faire cette reddition de comptes, que ce soit en mars ou
jusqu'en décembre, dépendamment des organismes communautaires, l'argent va leur
être versé. Ça, j'en ai discuté ce matin avec nos fonctionnaires. Donc, ça, il
n'y a aucune, aucune inquiétude là-dessus.
Maintenant, ce qu'on veut développer, c'est
vraiment un partenariat qui va faire qu'on va travailler ensemble, et je les ai
rencontrés à plusieurs reprises. On les a rencontrés dans le contexte, ensemble,
de façon transpartisane, dans l'impact de la pandémie sur la santé mentale,
mais je les ai rencontrés également dans l'élaboration du Plan d'action
interministériel en santé mentale. Il faut que ce partenariat se développe de
façon interactive.
Donc, il faut qu'on travaille. Il faut que
le réseau de la santé travaille avec les organismes communautaires et qu'on
arrête ce sentiment qu'ils ont de se faire envoyer des patients sans pouvoir en
profiter des ressources dans le réseau. Donc, on veut voir… s'assurer vraiment
qu'il y a un partenariat qui va être dans ce réseau-là, entre les deux réseaux,
et, ça, vous allez le voir dans le plan d'action interministériel qu'on va
déposer cette année. On va faire des actions clairement en ce sens.
Aussi, dans le 100 millions qui a été
versé pour les organismes au mois de novembre, là, dans le contexte d'urgence,
j'ai... dans la discussion que j'ai eue ce matin avec nos fonctionnaires, je me
suis assuré que le 10 millions… qu'il soit inscrit… qui était inscrit pour
les organismes communautaires, justement, pour poursuivre leurs actions
jusqu'en mars 2022, que le 10 millions soit versé d'ici au
24 juin. Donc, l'argent va être versé dans les établissements. Les
regroupements d'organismes communautaires vont pouvoir s'organiser avec les
regroupements... avec les établissements, et l'argent sera versé aux organismes
d'ici le 24 juin. Donc, ça, on s'est assurés de ça, M. le Président, ce
matin, et je suis sûr que ça va être à leur grande satisfaction.
Effectivement, ce n'est pas de l'argent
récurrent, mais, dans le Plan d'action interministériel en santé mentale, on va
s'assurer que… d'avoir des sommes récurrentes pour consolider ce partenariat,
parce que c'est important qu'on puisse travailler ensemble dans le fameux
Programme québécois pour les troubles mentaux, que je vais finir par expliquer,
M. le Président, qui va permettre justement de s'assurer que ceux qui peuvent
avoir des ressources avec les organismes communautaires puissent avoir les
ressources dont ils ont besoin, puissent profiter de leur expertise, et que,
quand quelqu'un va cogner à la porte d'un organisme communautaire et qu'il a <besoin
de...
M. Carmant : …qui va
permettre justement de s'assurer que ceux qui peuvent avoir des ressources
dans… avec les organismes communautaires puissent avoir les ressources dont ils
ont besoin, puissent profiter de leur expertise et que, quand quelqu'un va
cogner à la porte d'un organisme communautaire et qu'il a >besoin de
plus d'aide, d'aide du réseau de la santé, il puisse avoir une référence vers
le réseau de la santé, vers la bonne source, sans avoir à passer par la
référence du médecin de famille ou de l'urgence. C'est ça qu'on est en train de
changer, M. le Président, de fondamental, c'est que cette ressource médicale
qui était clé à tout, là, il faut l'enlever de l'échiquier parce que c'est un…
ça rend l'accès aux services plus difficile que c'est nécessaire. Donc, on est
en train de rebâtir tout ça.
Donc, oui, on s'occupe de nos organismes
communautaires, oui, il y a de la reddition de comptes qui doit être faite, M.
le Président. Il faut qu'on s'occupe des deniers publics. C'est des sommes qui
sont importantes. D'ailleurs, pour le rattrapage, depuis qu'on est au
gouvernement, on a donné 35 millions, 40 millions, 15 millions
récurrents en mission globale aux organismes communautaires. Si on inclut les
sommes pour violence conjugale, c'est un 26… et une somme de 25 millions
également qu'on a donnée cette année à la mission globale, de façon récurrente.
Donc, on rattrape. Ça prend du temps, mais on va réussir, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Jean-Talon.
Mme Boutin : Merci, M. le
Président. Je vous salue, d'ailleurs. Pour débuter, je salue mes collègues de
la partie gouvernementale, mes collègues de l'opposition. Je salue également ma
fille qui est dans mon bureau en train de nous regarder.
• (10 h 50) •
J'aimerais… Pour moi, c'est un sujet aussi
important. Je pense que mon collègue de Chauveau l'a très bien dépeint, c'est
important. J'aimerais souligner quelque chose d'assez majeur. C'est la première
fois dans toute l'histoire du Québec que nous avons un ministre en charge du
dossier de la santé mentale, mais un ministre qui est plus outillé que n'importe
quel ministre en matière de santé mentale, qui possède une expertise vraiment
pointue en matière de cerveau. Je pense que tout le monde ici peut le
reconnaître, mais ça démontre que, pour nous, pour notre gouvernement, c'est un
enjeu important, parce que notre premier ministre n'aurait jamais mis une
sommité mondiale en matière de santé mentale aux rênes, justement, de… comme
ministre délégué à la Santé, pour s'attaquer à cet enjeu qui est majeur là. Puis
je trouve que c'est vraiment primordial. Ce n'est pas seulement un ministre qui
possède une expertise. C'est un ministre qui est en mode proaction, innovation
depuis le début, mais, encore plus depuis le début de la pandémie, il est… Il
ne se cache pas la tête dans le sable. Il est en mode action.
Puis j'ai même, moi-même, pu assister à
une conférence qu'il a donnée auprès de jeunes à l'Université Laval, où il a pu
justement nous faire part de tout son plan d'action, la manière dont il voyait
la santé mentale. J'ai rarement appris autant en matière de santé mentale. Puis
ça m'amène au sujet que je veux aborder, les jeunes, les étudiants. Je vous
avoue que ça fait longtemps qu'on en parle. Plusieurs associations étudiantes
ont publié des rapports, des sondages bien avant notre élection. Moi, j'ai même
participé à des débats à l'Université Laval. On en parlait. 65 % des
jeunes ont vécu ou <vivent des enjeux de…
Mme Boutin :
...de
santé
mentale.
Puis ça m'amène au sujet que je veux
aborder, les jeunes, les étudiants. Je vous avoue que ça fait
longtemps
qu'on
en parle, plusieurs
associations étudiantes ont publié des rapports, des
sondages bien avant notre élection. Moi, j'ai même participé à des débats à
l'Université
Laval, on en parlait. 65
% des jeunes ont vécu ou >vivent
des enjeux de santé mentale lorsqu'ils étudient puis aussi dans leur vie en
général.
Donc, ce n'est pas un enjeu qui est
nouveau. Pendant la crise, j'ai moi-même rencontré plusieurs associations
étudiantes, notamment à l'Université Laval, juste pour voir comment les jeunes
allaient, comment ça se passait, leur pandémie à eux, et puis j'ai réalisé,
puis on en est tous très conscients, que la plupart vivaient un isolement, une
détresse psychologique même. Ils étaient pas mal toute la journée devant leur
ordinateur, dans leur chambre, ce qui n'est pas tout à fait naturel pour des
jeunes.
Donc, c'est quelque chose dont notre
gouvernement était conscient, puis c'est pour ça que le ministre, mon collègue,
a investi des sommes quand même considérables, là, justement pour venir en aide
à cette population-là, les jeunes, les étudiants notamment, pour leur offrir
plus de services. On a injecté, il n'y a pas si longtemps, 14 millions de
dollars au printemps 2020, plus 10 millions de dollars à la mise à
jour économique en novembre, pour la santé mentale étudiante, en réponse
justement à l'urgence de la COVID, et ça, ça s'ajoute au montant, dans le
dernier budget, de 288 millions de dollars en santé mentale.
Puis là, bien, moi, j'aime les chiffres,
ça fait que je vais les sortir un petit peu. En santé mentale, ces montants-là,
depuis mars 2019, c'est des sommes de 361 millions de dollars qui ont
été allouées pour offrir des services en santé mentale, dont 261,4 millions
de dollars pour accroître les services de proximité adaptés aux multiples
clientèles, notamment pour les jeunes, 100 millions de dollars pour aider
les jeunes qui éprouvent des troubles de santé mentale, puis, comme le ministre
l'a mentionné ici, des sommes importantes, justement, pour… à la prévention du
suicide.
Je sais que, bon, les collègues du Parti
libéral n'aiment pas vraiment qu'on parle du passé, mais je trouve que c'est
quand même... On ne peut même pas se comparer... Là, le collègue de Jean-Lesage
parlait justement qu'on se compare au pire, mais moi, je pense, ce n'est pas
une comparaison, investissement majeur, plus de 300 millions, versus des
coupures de 242 millions, en 2016-2017, dans le système de santé. Ces
coupures-là ont fait mal. Ces coupures-là ont réduit les services à la
population.
Donc, pour revenir au sujet, nous on ne
s'est pas caché la tête dans le sable. On a embauché les gens, avec ces
montants-là, des ressources en psychothérapie, qui ont permis justement à 15 000 étudiants
de recevoir des services dans la dernière année, 6 000 qui ont été évalués
pour avoir accès à des accommodements, notamment, à leurs études, parce que,
des fois, on vit de grands stress. Les jeunes, en ce moment, vivent de l'anxiété
de performance pour leurs études, mais même de l'anxiété de performance par
rapport au confinement. C'est quelque chose, là, les jeunes se demandent s'ils
réussissent leur confinement puis leur pandémie. Donc, ils vivent beaucoup,
beaucoup de détresse, de stress, puis on ne s'est pas gênés pour investir.
Puis là le temps file, là. Je pourrais en
parler longtemps, mais je veux quand même dire que le ministre ne travaille pas
en vase clos. Il collabore avec ses collègues, notamment la collègue ministre de
l'Éducation supérieure, qui travaille sur un plan costaud, majeur, qui sera
déposé très prochainement, un plan d'environ 60 millions de dollars,
spécifiquement pour les jeunes, pour les aider en <santé...
Mme Boutin :
...investir.
Puis là le temps file, là. Je pourrais
en parler
longtemps, mais je
quand même dire que le
ministre
ne travaille pas en vase clos, il collabore avec ses
collègues,
notamment
la
collègue
ministre à
l'éducation supérieure qui
travaille sur un plan, un plan costaud, majeur, qui sera déposé très
prochainement, un plan d'environ 60
millions de dollars
spécifiquement
pour les jeunes, pour les aider en >santé mentale. Ça, M. le Président,
c'est du jamais-vu dans l'histoire du Québec, moi, je tiens à le préciser, parce
que les jeunes nous l'ont demandé et les jeunes sont notre avenir. Et je pense
que le ministre, mon collègue de Taillon, est très conscient de ça. Il veut
investir dans l'avenir du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, Mme la députée. Pour le troisième bloc d'interventions, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. J'entends… J'écoutais avec intérêt l'intervention de la députée
de Jean-Talon. Quand, lors de l'exercice de l'étude des crédits, nous avons
décortiqué les investissements, dans le budget, dont la députée parle, de
quelque 261 millions, plus, nous avons établi qu'il y avait peut-être à
peine 70 millions qui n'étaient pas attachés aux frais du système, disons.
J'ai déjà travaillé en éducation, et la première chose qu'on regardait dans le
budget, dans notre huis clos, chaque année, c'était l'augmentation sur les
coûts de système, qui... c'est des choses fixes. Alors, de se vanter des
dépenses, du jamais-vu, pas certain.
J'aimerais revenir et continuer notre
discussion sur les regroupements communautaires.
Dans un premier temps, le ministre,
sûrement, se joint à moi à reconnaître leur travail colossal durant ces
derniers mois. Et, comme toujours, devant des pressions énormes, pour avoir
travaillé au sein de la communauté… Et, comme mon collègue a dit lui aussi, c'est
toujours difficile, parce qu'en quelque part on est souvent les victimes de
notre propre réussite, de notre propre dévouement, parce qu'on commence à
collaborer de près avec les CIUSSS, dans cet exemple-ci, avec les instances des
forces de l'ordre, avec les gouvernements municipaux, et à faire notre travail
formidable, et ça devient que ça fait partie, comme il faut, de la roue qui
tourne.
Par contre, c'est ironique et difficile,
parce que, souvent, on n'est pas reconnus de façon systémique comme membres de
l'équipe, et, assez souvent on n'est pas accompagnés, ni consultés, ni financés
à la taille de nos responsabilités. Et là on parle des groupes d'action contre
le suicide, contre la toxicomanie, les gens qui sont le dernier recours,
souvent, pour les gens avec des problèmes multiples. Assez souvent, la crise du
logement touche aux gens touchés par la crise en santé mentale, des gens avec
des problèmes de comportement, pour qui le dernier recours, c'est souvent ces
regroupements sur le <terrain...
M. Birnbaum : ...souvent
pour les gens avec des problèmes multiples, assez souvent, la crise du logement
touche aux gens touchés par la crise en
santé mentale. Des gens avec des
problèmes de comportement, pour qui le dernier recours, c'est souvent ces
regroupements
sur le >terrain, et, dans le contexte actuel, ces regroupements
essaient, devant de grands défis, à confronter les besoins croissants.
Et j'ai plusieurs témoignages qui parlent
du fait que l'argent n'est pas au rendez-vous. Comme je dis, la consultation…
au rendez-vous. L'accompagnement n'est pas au rendez-vous. L'Avenue libre du
bassin de Maskinongé parle de la pénurie de main-d'œuvre. Ils ne peuvent pas
garder du monde. Ce n'est pas concurrentiel avec le secteur privé. Comment est-ce
qu'ils vont être appuyés là-dessus?
La table ronde avec les organismes en santé
mentale de Chaudière-Appalaches, il n'y a qu'un psychologue qui reste dans le
coin. Chez eux, ils ne peuvent pas remplacer les employés qu'ils ont besoin, de
première ligne, parce que les salaires ne sont pas concurrentiels. Et une autre
crise, la crise de pénurie de main-d'oeuvre, n'est pas reconnue par le gouvernement
non plus.
Je veux poursuivre aussi la discussion, justement,
sur les éclaireurs, sur les sentinelles, un programme formidable, mais est-ce
qu'on a toutes les assurances, premièrement, que ça s'arrime avec ce qui se
passe sur le terrain? La Table régionale des élu-es municipaux du Bas-Saint-Laurent,
sur ce sujet, m'a dit que le réseau des travailleurs et travailleuses de rue du
Bas-Saint-Laurent... le réseau est préoccupé par le risque de dédoublement. Ils
ont un programme qui était comparable, et ils se demandent si ça fonctionne, et
où est leur financement pour ça.
De plus, et on en a parlé un petit peu,
mais plusieurs regroupements me disent que le 10 millions n'est pas à la
taille... Deuxièmement, le fait que c'est étalé, le ministre vient de nous rassurer
un petit peu... mais les empêche de faire des choses structurantes et
récurrentes.
Alors, une autre fois, est-ce que le ministre
peut nous parler, de façon systématique… et surtout de revenir aux éclaireurs?
C'est quoi, les cibles? Est-ce que c'est présent dans toutes les régions?
Est-ce que les réseaux pour l'implanter sont au rendez-vous et déjà livrés? Y
a-t-il une évaluation de ce programme-là? Est-ce que les outils sont en place?
Est-ce qu'on va le suivre? Est-ce qu'on va le renouveler pour que ce soit
pérennisé comme il faut?
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
• (11 heures) •
M. Carmant : Merci beaucoup,
M. le Président. Encore une fois, plusieurs questions. Je vais répondre
rapidement à certaines d'entre elles puis, ensuite, je vais prendre un moment
pour expliquer à tout le monde le Programme québécois pour les troubles mentaux
et venir insérer le rôle des organismes communautaires.
Effectivement, le programme des éclaireurs
a engendré certaines inquiétudes, particulièrement dans le Bas-Saint-Laurent,
mais j'ai pris la peine d'appeler la P.D.G. et avoir une discussion avec elle,
et, finalement, tout le monde est content de ce programme-là, maintenant qu'ils
comprennent la base du programme et comment ça <permet...
>
11 h (version révisée)
<17893
M.
Carmant : …le rôle des
organismes communautaires.
Effectivement,
le programme des éclaireurs a engendré certaines inquiétudes, particulièrement
dans le
Bas-Saint-Laurent, mais j'ai pris la peine d'appeler la
P.D.G.
et avoir une discussion avec elle, et finalement
tout le monde est
content de ce programme-là,
maintenant qu'ils comprennent la base du
programme et comment ça >permet de relier ce qui est déjà en place avec
le réseau de la santé et avec la population. Donc ça je n'ai pas d'inquiétude. Et
d'ailleurs Dre Généreux, elle-même a été engagée pour faire le suivi du
programme à travers le Québec. Donc, on est vraiment entre bonnes mains à ce
niveau-là.
Programme québécois pour les troubles
mentaux. Quand on est arrivés, le programme s'appelait Programme québécois pour
la psychothérapie, parce que le but, c'était que, si vous avez un problème,
bien, votre médecin de famille pouvait vous référer vers un psychothérapeute, en
général, un psychologue, plutôt que vous envoyer vers le psychiatre. Parce
qu'avant ce n'était pas pris en charge par le réseau public. Donc ça, c'était
le début, là, en 2018, quand ça a commencé. Nous, quand on est arrivés, on
s'est inspirés de… bien, ça s'inspirait déjà de ce qui se faisait en Australie
et en Angleterre, mais, comme je vous dis... Puis, moi, dans tous les
programmes que j'amène, l'important, c'est la disponibilité, et ce qu'on
voulait, c'est retirer cette obligation de passer par le médecin. Donc là,
c'est là que le rôle et le partenariat avec les organismes communautaires et
avec tous les gens qui s'occupent de la santé mentale deviennent importants.
Donc, maintenant, quand un Québécois a
besoin d'aide en santé mentale, la porte d'entrée qu'on veut qu'il utilise, c'est
les services sociaux généraux. Et de là, on s'est assurés que les services
sociaux généraux, dans chaque région, aient un répertoire de tous les
organismes, dans leur région, qui peuvent venir en aide. Et ils sont meilleurs
que le réseau de la santé pour beaucoup de choses : thérapies de groupe,
les autosoins, les thérapies alternatives. Donc, ça, on ne veut pas dédoubler
ces choses-là, et on veut référer les gens qui viennent… qui cognent à notre
porte, aux services sociaux généraux, vers les organismes communautaires, et on
veut les financer. Et, oui, on a décidé de ce qu'on allait jusqu'à mars 2022
et on va s'assurer que ce financement-là devienne récurrent pour qu'il n'y ait
pas de souci à ce niveau-là.
Deuxièmement, la deuxième chose qu'on veut
faire, ceux qui ont besoin de services plus spécialisés et qui ne sont pas pris
en charge et résolus par les services sociaux généraux, on les envoie au guichet
d'accès en santé mentale. Quand on est arrivés, le guichet d'accès en santé
mentale, là, c'était une boîte postale où les consultations s'empilaient, et on
venait compter les nombres de consultations une fois par semaine, une fois par
mois. Nous, ce qu'on est en train de transformer, c'est ce guichet d'accès
santé mentale là en service d'accès en santé. Donc, on demande que des
professionnels de la santé, jusqu'à 20 % des ressources de première ligne,
soient assignés au guichet d'accès en santé mentale. Donc, comme on a une
équipe aux services sociaux généraux, au 8-1-1 Info-Social, on a une deuxième
équipe au guichet d'accès santé mentale qui peut également nous aider et
résoudre le problème. Donc, ça, c'est un deuxième point de service.
Et là ce que ça nous permet de faire, c'est
que <ceux qui ont…
M. Carmant : ...assigné
au
guichet d'accès en santé mentale.
Donc, comme on a une équipe aux
services sociaux généraux, au 8-1-1 Info-Social, on a une deuxième équipe au
guichet d'accès santé mentale qui peut également nous aider et résoudre le
problème. Donc, ça, c'est un deuxième point de service.
Et là ce que ça nous permet de faire,
c'est que >ceux qui ont vraiment des problématiques plus chroniques,
plus sévères, plus importantes vont être référés vers le psychologue, la
psychothérapie ou vers le psychiatre. D'ailleurs, les psychiatres nous ont
demandé de transférer le CRDS, là, les références que les médecins de famille
envoient au psychiatre, vers le guichet d'accès en santé mentale, parce
qu'eux-mêmes ils voient une grande plus-value, M. le Président. Les psychiatres
voyaient un nombre significatif, et notre directeur national nous dit :
jusqu'à 80 % de patients qu'ils voyaient ne nécessitaient pas des services
en psychiatrie. Donc, ça, on leur permet de mieux voir les patients qu'ils ont
besoin de voir et de les voir beaucoup plus rapidement.
Et ce qu'on essaie de faire avec les
psychologues, c'est leur convaincre qu'on va faire le même travail. C'est sûr
qu'un psychologue est utile à tous les points de service, on l'entend, mais là
on a un besoin criant et on veut s'assurer que leur utilisation soit optimale.
Puis d'ailleurs j'ai des discussions avec l'Ordre des psychologues et les
étudiants parce que, oui, on veut les attirer dans le réseau public, oui,
l'autonomie, c'est superimportant, et, oui, moi, je suis prêt à faire une
sortie avec eux, déclarant qu'ils sont capables de gérer les patients sous leur
charge. Dans le programme québécois — la rumeur qui dit qu'il y avait
juste cinq séances de psychothérapie est fausse, là — on parle d'une
vingtaine de séances qu'on peut prolonger sur demande. Et on est bien
conscients que ce sont eux, les connaissants du type de thérapie qu'on doit
donner aux patients.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. La parole est au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Merci beaucoup,
M. le Président. Et salutations aux collègues du côté ministériel et du côté
des oppositions.
Alors, je voudrais vous parler un petit
peu du projet de promotion de la santé mentale en milieu scolaire, un milieu
que je connais bien à titre d'ex-directeur d'école. On a initié ce programme
parce qu'on voulait, de manière précoce, dès le primaire, directement auprès
des jeunes, de leur famille et de l'environnement scolaire ainsi que
communautaire, s'assurer du développement sain et global de tout le monde. On a
investi un total de 15 millions qui servira à la formation du personnel
dans les écoles primaires et secondaires et des ressources professionnelles
nouvellement embauchées par les directions de santé publique. On parle de
48 professionnels dans les DS publiques des CISSS et des CIUSSS dédiés à
l'accompagnement de milieux primaires et secondaires, 85 intervenants dans
les DS publiques des CISSS et des CIUSSS offrant un accompagnement et un
soutien de proximité.
Donc, on voulait que s'articule, au niveau
de l'approche École en santé, qui est sous la responsabilité conjointe du
ministère de la Santé et des Services sociaux, et du ministère de l'Éducation,
ainsi que des référents EKIP... Ça, c'est important de le <mentionner...
M. Asselin : ...soutien
de
proximité.
Donc, on voulait que s'articule, au
niveau de l'approche École en santé, qui est sous la responsabilité conjointe
du ministère de la Santé et des Services sociaux et du ministère de
l'Éducation, ainsi que des référents ÉKIP... Ça, c'est important de le >mentionner,
le référent EKIP. L'approche École en santé est une démarche qui vise à réunir,
dans le projet éducatif et le plan de réussite de l'école, dans les plans
d'action des partenaires, une offre concertée d'interventions intégrées de
promotion de la santé et de prévention, lesquelles sont destinées aux jeunes
qui fréquentent des écoles de l'éducation scolaire et de l'enseignement
primaire et secondaire.
On propose d'agir globalement sur les
facteurs clés du développement des jeunes, qui ont un impact sur leur santé. On
parle d'estime de soi, des compétences sociales, des saines habitudes de vie, des
comportements sains et sécuritaires, des environnements favorables et des
services préventifs. On vise à prévenir des problèmes qui, en s'accumulant,
peuvent compromettre le développement des jeunes et les mener à des détresses
psychologiques additionnées à ces situations et qui mènent souvent au
décrochage scolaire, des problèmes de dépendance et de la violence, etc.
Le référent EKIP est, quant à lui, un concept
exhaustif élaboré par le ministère de l'Éducation, qui cible les compétences
qui sont nécessaires au développement des jeunes, à chaque année scolaire, par
le biais d'apprentissages de thématiques spécifiques. Par exemple, en lien avec
les échanges que nous avons aujourd'hui, il y a un moment privilégié, en
premier secondaire et en deuxième secondaire, au niveau de la santé mentale, on
discute beaucoup de ces sujets-là. En secondaire III, c'est là que les
éducateurs vont mettre en place des interventions plus structurées, qui sont
normales. En secondaire IV et V, ces savoirs, qui forment une partie seulement
de la grille thématique du référent EKIP, seront réinvestis pour amener le
jeune à réfléchir au maintien de sa santé mentale et à la demande d'aide pour
soi ou pour les autres.
Donc, on veut revenir au projet de
promotion de santé mentale en milieu scolaire. On s'inscrit en complémentarité
avec des activités qui sont prévues au Fonds de prévention et de recherche en
matière de cannabis, qui est enchâssé dans la Loi encadrant le cannabis. On
veut aussi qu'il y ait des projets de prévention de dépendance chez les jeunes
du secondaire, puisqu'ils visent essentiellement le déploiement de mesures
préventives au niveau, essentiellement, de ce qui se passe au niveau
psychosocial auprès des jeunes qui fréquentent des écoles primaires et
secondaires publiques et privées. Donc, le projet s'inscrit en amont des
services offerts en matière de santé mentale par les CISSS, et les CIUSSS, et
les organismes communautaires régionaux.
Il y a des interventions aussi qui vont
être réalisées auprès des jeunes âgés de 12 à 25 ans dans les sites Aire
ouverte, que ma collègue de <Jean-Talon a...
M. Asselin : …s'inscrit
en
amont des services offerts en matière de santé mentale par les CISSS, et les
CIUSSS, et les organismes communautaires régionaux.
Il y a des interventions aussi qui vont
être réalisées auprès des jeunes âgés de 12 à 25 ans dans les sites Aire
ouverte, que ma collègue de >Jean-Talon a abordés. J'ai eu l'occasion
aussi, sur les médias sociaux, de populariser un peu les intervenants-équipes,
deux vidéos qui sont abondantes, qui expliquent les projets puis qui permettent
de bien situer le projet comme tel.
Alors, M. le Président, je vous remercie
de votre attention et je suis très content d'avoir participé à ce débat-là.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. Pour une quatrième série d'interventions, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. On va continuer de parler du volet des psychologues et de la
psychothérapie. De toute évidence, le ministre continue d'écarter notre
solution structurante, mais évidemment il n'est pas en train de dire qu'il n'y
a pas des gens, des personnes en grande souffrance avec de grandes difficultés,
pour qui la seule intervention appropriée, c'est la psychothérapie. L'Ordre des
psychologues nous rappelle, et je les cite : «Le traitement premier le
plus souvent indiqué pour une personne souffrant [d'un problème], d'un trouble
mental avéré est la psychothérapie.»
Je nous rappelle que, ce matin, on apprend
que peut-être 600, je répète, 600 personnes, des
20 000 personnes sur la liste d'attente en santé mentale, ont eu une
consultation appropriée pour leurs difficultés. On ignore combien de ces 600 se
sont fait référer à un psychologue. Le ministre délégué, avec moi, va convenir
qu'il y a des milliers, parmi ces 20 000 personnes, qui ont des
difficultés qui exigent l'intervention, justement, d'un psychothérapeute.
Le ministre continue à parler, à juste
titre, en quelque part, de l'importance de diversifier et de faire fonctionner
tout le réseau pour assurer une réponse vite et appropriée aux difficultés. Et
je comprends, il faut en travailler aussi. J'ai peur... et je ne suggère pas
pour une seconde que c'est le souhait du ministre, mais, avec ce message, j'ai
peur, et il y a des intervenants qui l'ont dit, qu'on se sent interpelé,
sur le terrain, à éviter une référence aux services d'un psychologue, si
possible, pour que les listes ne montent pas. Est-ce que ça risque d'être un
effet non voulu?
Mais il faut être prudents, je trouve,
avec ces <constats continuels…
M. Birnbaum : …qu'on se sent
interpellé, sur le terrain, à éviter une référence aux services d'un
psychologue, si possible, pour que les listes ne montent pas. Est-ce que ça
risque d'être un effet non voulu?
Mais il faut être prudents, je trouve,
avec ces >constats continuels. Karine Gauthier, justement, de la Coalition
des psychologues du réseau, parle d'une réalité, il y a une pénurie de
psychologues, au secteur public, dont… C'est évalué par plusieurs aux alentours
de 450, en même temps que dans le secteur privé, où les salaires et les conditions
de travail sont beaucoup plus propices. Per capita, on risque d'avoir assez de
monde, au Québec, en mesure de dépanner le monde en souffrance.
Ça a ses impacts, ce phénomène-là, et je
reste sur mon appétit sur les mesures que ce gouvernement prend et va prendre
pour pallier à la situation. Le sondage de la coalition a démontré que 84 %
des psychologues considèrent que le salaire, incluant les primes, est peu
compétitif au public. 80,9 % des doctorants en
psychologie — c'est les gens que nous avons
besoin — n'envisagent pas de travailler dans le secteur du réseau
public afin que le monde qui souffre soit en mesure d'être aidé.
Le Forum de la relève étudiante pour la
santé au Québec, lors de ma rencontre avec eux, m'ont constaté que l'offre de
psychothérapie actuelle dans le réseau public est quasi inexistante, ce qui
creuse des écarts importants entre les citoyens qui peuvent se permettre des
services au privé et ceux qui doivent patienter pendant de nombreux mois sur
les listes d'attente. On a besoin de réponses pour ces personnes-là.
Ariane Hébert, avec qui j'ai parlé, c'est
une psychologue clinique très spécialisée, spécialisée dans le diagnostic,
évaluation des programmes graves, ses clients sont en crise aujourd'hui et ils
n'ont rendez-vous avec elle, maintenant, qu'au mois de septembre. Elle a déjà
fermé sa liste d'attente et elle fait le diagnostic, pas le traitement.
Bon, je reviens à la question qui tue. Il
y a 20 000 personnes sur les listes d'attente, 600 qui sont traitées,
actuellement, par une première étape, 6,24 millions de dollars de dépensés,
sur 25 millions, pour pallier à cette situation. Est-ce que le ministre
délégué peut nous donner avec clarté sa compréhension du nombre de gens qui
sont sur les listes d'attente, dans les 20 000 qui risquent d'avoir besoin
d'avoir recours à un psychothérapeute? Et qu'est-ce qu'il va faire de concret
pour que les délais au public de six, 12 et 24 mois soient réduits de
façon dramatique?
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : ...donc, je vais
partager avec le député, avec tout le monde ici, en fait, les résultats du
Programme québécois pour les troubles mentaux, qui, dans cinq régions du <Québec,
ont débuté…
Le Président (M. Tremblay) :
...Merci,
M. le député. M. le ministre.
M. Carmant : ...donc, je
vais partager avec le député, avec
tout le monde ici, en fait, les
résultats
du Programme
québécois pour les troubles mentaux, qui, dans cinq régions
du >Québec, ont débuté en mai 2019.
Donc, si on prend la
Mauricie—Centre-du-Québec, qui est une région où le programme a été établi
seulement de façon partielle, on a vu, entre mai 2019 et mai 2021,
une diminution de 17 % de la liste d'attente; si on va au CIUSSS de l'est de
Montréal, une diminution de 37 % de la liste d'attente; si on va en
Capitale-Nationale, M. le Président, une diminution de 54 % de la liste
d'attente; Chaudière-Appalaches, 58 %, M. le Président; et, en Outaouais,
76 % de la liste d'attente. Donc, on y croit, au programme, et le
programme, jusqu'à présent, montre qu'il est capable d'améliorer les choses.
Mais je suis toujours soucieux du rôle de
la psychothérapie et des psychologues, et j'ai bien entendu ce que le député a
dit. Ce qu'il faut faire attention... puis je ne sais pas si c'est clair, mais
il faut faire une différence entre le trouble mental et les problèmes de santé
mentale. C'est justement ce que je disais, dans les références qui sont faites
au psychiatre et au psychologue, ce n'est pas que des troubles mentaux ou de la
maladie mentale. La détresse psychologique n'entraîne pas la maladie mentale, on
ne va pas avoir un boom de schizophrénie, de personnalités limites ou d'autre
chose suite à la pandémie. On a un boom de détresse psychologique. Ça, c'est important
de comprendre ça, M. le Président. Parce que, là, on n'a peut-être pas besoin
d'un psychiatre, on n'a peut-être pas besoin d'un psychologue, mais c'est sûr
que, si la situation se chronicise, bien là, on peut avoir... entrer en
dépression, en dépression chronique, en dépression sévère. Donc, c'est là qu'il
faut faire attention et c'est là que c'est important de faire la nuance. Donc,
c'est pour ça qu'on veut vraiment utiliser toutes les ressources possibles et
s'assurer que les services soient fournis le plus rapidement possible, M. le
Président.
Maintenant, je pense que ce qui est
important de revenir aussi dans notre programme, c'est de s'assurer également
que le suivi soit fait. Je pense qu'une des choses que l'on regrette beaucoup,
c'est le syndrome des portes tournantes, là, où quelqu'un est vu et est tout
aussi vite retourné dans son milieu. Et il faut s'assurer que le suivi soit
fait dans le milieu. Donc, nous, on a des programmes intéressants qu'on est en
train d'étudier, avec des projets de démonstration, où les intervenants du
réseau de la santé vont directement dans les milieux, que ce soit dans les
milieux les plus vulnérables ou dans les refuges, un programme style PRIISME,
par exemple, où les intervenants... le réseau de la santé va fournir des
services dans le réseau communautaire, un autre bel exemple de partenariat. On
veut que les gens qui travaillent dans les organismes communautaires puissent
avoir un <accès privilégié...
M. Carmant : ...dans
les
milieux, que ce soit dans les milieux les plus vulnérables ou dans les refuges,
un programme style PRIISME, par exemple, où les intervenants... le réseau de la
santé va fournir des services dans le réseau communautaire, un autre bel
exemple de partenariat. On veut que les gens qui travaillent dans les
organismes communautaires puissent avoir un >accès privilégié pour aider
les usagers pour qui les besoins sont présents. On veut aller les aider dans
leur milieu.
On sait que les délais, les durées
d'hospitalisation en santé mentale et les durées moyennes de séjour, c'est
extrêmement prolongé, M. le Président, donc on veut aller offrir les services.
On a des modèles, qu'on est en train d'étudier, d'hospitalisation à domicile, ça,
c'est de l'innovation qui est intéressante. On va donner les services dans le
milieu de la personne, avec un suivi quotidien dans son milieu pour s'assurer
que la personne n'est pas extraite de son milieu et pour s'assurer qu'elle
puisse retourner et que l'environnement... mon collègue, tout à l'heure,
parlait de l'impact sur la famille, bien, que la famille soit également
impliquée dans les soins et soit également partenaire à part entière des soins.
Donc, pour nous, cette collaboration de
tous les intervenants en santé mentale est primordiale. Et pour le réussir, il
faut vraiment implanter ce programme québécois, il faut vraiment s'assurer que
le financement soit au rendez-vous. Et jusqu'à présent, même si on a des
retards importants à rattraper, on s'assure que les besoins soient rencontrés.
Maintenant, combien du 20 000 ont
besoin de psychothérapie, M. le Président, pour moi, c'est impossible
d'analyser ça. Mais je me fie à la bonne foi des établissements, des CISSS et
des CIUSSS, des intervenants en santé mentale qui révisent ces listes-là, pour
m'assurer que ceux qui en ont besoin soient desservis. Ce qu'on m'a dit, c'est
que plusieurs avaient besoin de l'intervention d'une équipe interdisciplinaire
et que la référence simple vers la psychothérapie n'était pas la solution
privilégiée. Donc, moi, j'ai pleinement confiance aux intervenants du réseau et
je sais qu'ils veulent aider les patients qui ont besoin de leurs services, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Jean-Talon.
• (11 h 20) •
Mme Boutin : Merci, M.
le Président. Avant de parler d'un sujet particulier, je voulais ajouter une
petite donnée qu'on m'a donnée, moi, hier justement, sur les listes d'attente.
Il paraît que, depuis 2020, les listes d'attente dans les cégeps pour avoir
accès à, justement, un service en santé mentale, ont diminué de 27 %
depuis 2020. Donc, c'est quand même... je trouve ça exceptionnel, compte tenu
du contexte actuel.
J'aimerais mentionner, M. le Président,
qu'outre les investissements historiques qui ont été faits en 2019-2020 dans le
dernier budget, je pense que le ministre est en train de littéralement
révolutionner toute notre approche qu'on a au Québec en matière de santé mentale.
Puis je trouve ça dommage, là, qu'il ait juste des petits blocs de cinq minutes,
parce que, je vous le dis, une conférence d'une heure, là, pour, justement,
exposer tout son plan, là, je pense, est de mise, là, parce que c'est
complètement une approche différente.
Il m'a souvent parlé de l'importance de
prévenir en amont mais également l'importance de détecter rapidement les enjeux
de santé mentale pour éviter, justement, qu'il y ait une amplification de ces
enjeux-là, notamment auprès des jeunes. Parce que mon <collègue de
Taillon...
Mme Boutin :
...mise,
là, parce que c'est complètement une approche différente.
Il m'a souvent parlé de l'importance de
prévenir en amont mais également l'importance de détecter rapidement les enjeux
de santé mentale pour éviter, justement, qu'il y ait une amplification de ces
enjeux-là, notamment auprès des jeunes. Parce que mon >collègue de
Taillon, bien avant la politique, parlait de l'importance de détecter les
enjeux chez les jeunes. On pense au programme Agir tôt... mais ce n'est pas de
ça que je vais parler, là, mais chez les jeunes, notamment, de 12 à 25 ans,
où est-ce qu'il y a une petite lacune.
On le sait, il y a encore beaucoup de
tabous autour des enjeux de santé mentale. Les adolescents vivent certaines
souffrances, certaines détresses psychologiques. Mais surtout, quand on a 12,
13, 14 ans, on ne sait pas trop où se tourner, on ne veut pas nécessairement
en parler à nos parents, on ne sait pas trop par où passer, on est gêné d'en
parler à notre professeur. Et puis il y a une initiative, qui a été mise en
place en 2019, qui est un petit peu inspirée de l'initiative, justement, des
éclaireurs, là, que le ministre a également mise en place, c'est une initiative
pour améliorer l'accessibilité mais également la flexibilité des services en
santé mentale auprès des jeunes et c'est l'initiative des Aires ouvertes.
Je vais être très honnête avec vous, M. le
Président, moi, je n'en avais aucune idée, là, je n'ai pas suivi ça de près.
Puis j'ai été très emballée de lire ça, là, dans les derniers jours, cette
initiative-là pour les Aires ouvertes, qui est carrément de créer des lieux où
est-ce que les... des lieux où est-ce qu'on peut offrir des services en...
bien, on dit «santé mentale», là, mais il y a une équipe psychosociale, des
travailleurs sociaux, des techniciens en éducation spécialisée, des
psychologues, des sexologues. C'est un lieu qui est ouvert, accessible pour les
jeunes de 12 à 25 ans, puis le but, c'est vraiment d'aller rejoindre une
petite tranche de 12 à 17 ans qui est un petit peu... qui tombe un petit
peu dans un vide puis qui n'est souvent pas bien accompagnée. Puis ça démontre
aussi l'importance d'être capable de détecter certains enjeux, d'intervenir
plus rapidement pour accompagner ces jeunes-là. On se rappelle, les jeunes,
c'est notre avenir, là.
Donc, les Aires ouvertes ont été mises en
place par mon collègue ministre en 2019-2020, grâce à des investissements de
20 millions de dollars. Jusqu'à ce jour, en ce moment, il y a trois sites
qui sont ouverts entièrement, soit à Laval, nord de l'Île-de-Montréal et
Sept-Îles. Il y a d'autres sites qui sont à venir, donc Saint-Jean-sur-Richelieu,
Grande-Rivière, mais il y a 18 établissements qui sont en démarrage de
projet, actuellement. Donc, ça se fait rapidement, là. C'est vraiment une idée
qui est venue qui est mise en place, là, très, très, très rapidement, là, ce
n'est pas sur 10 ans, c'est maintenant que ça se passe.
Et puis il y a quand même eu des beaux
succès. Puis j'ai cherché un petit peu dans la revue de presse pour voir un
petit peu s'il n'y avait pas des témoignages puis je suis tombée, justement,
sur un article fort intéressant qui expliquait, justement, toute l'importance
de la mise en place des Aires ouvertes pour les jeunes. Par exemple, on
parle... un intervenant qui «cite l'exemple d'une jeune femme de 24 ans
qui poursuit des études doctorales, une ancienne toxicomane qui s'est tournée
vers Aire ouverte après avoir avoir rechuté». Il dit : «Je parle d'elle
parce que sa situation m'a marqué. Elle va mieux, mais c'est assez fidèle à ce
qu'on voit, des jeunes qui sont hantés par des problèmes qu'ils avaient réglés»
et des jeunes qui ne savent plus trop où se tourner mais qui ont accès aux
Aires ouvertes.
Puis ce qu'il est important de mentionner,
parce qu'on parle de liste d'attente beaucoup, c'est que, même s'ils sont sur
une liste d'attente, ils peuvent aller à une Aire ouverte et ils vont être pris
en <charge rapidement...
Mme Boutin :
...je
parle d'elle parce que sa situation m'a marqué. Elle va mieux,
mais c'est assez fidèle à ce qu'on voit, des jeunes qui sont hantés par des
problèmes qu'ils avaient réglés» et des jeunes qui ne savent plus trop où se
tourner, mais qui ont accès aux Aires ouvertes.
Puis ce qu'il est important de
mentionner, parce qu'on parle de liste d'attente beaucoup, c'est que, même
s'ils sont sur une liste d'attente, ils peuvent aller à une Aire ouverte et ils
vont être pris en >charge rapidement, là. C'est comme s'ils
contournaient la liste d'attente puis ils avaient accès à des services.
Un autre témoignage d'une jeune qui dit :
«"J'en avais vraiment besoin. J'avais besoin de parler. Des fois, les
amis, ça ne t'aide pas vraiment", dit la jeune de 23 ans, elle vit de
l'anxiété depuis plusieurs années, veut "gérer les problèmes à la maison
et avoir une vie sociale, éventuellement."» Elle dit : «"Tu ne
sais pas si tes problèmes sont causés par la COVID ou s'ils étaient là avant",
dit Yasmine qui parle elle aussi de la pression de "réussir son
confinement."» J'en parlais tout à l'heure.
Donc, moi, je suis très fière de cette initiative-là
qui va bon train, là. Je ne veux pas vous énoncer, là, toutes les prochaines
étapes, là, mais tout l'hiver 2021, le printemps 2021,
l'automne 2021, il va y avoir un grand déploiement, un accompagnement,
justement, pour que tous les établissements du Québec puissent avoir des sites
d'Aire ouverte au Québec et pouvoir desservir les jeunes. Donc, je suis très,
très fière de cette initiative-là. Merci, M. le ministre. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, pour le cinquième segment d'intervention, la
parole est au député des Îles-de-la-Madeleine pour le troisième groupe
d'opposition.
M. Arseneau : Merci
beaucoup, M. le Président. J'ai cinq petites minutes et j'aimerais saluer, là,
mes collègues du parti au pouvoir et des oppositions de nous donner l'opportunité
de discuter de cet enjeu-là. Mais je vais vous dire, là, puis je vais parler à
coeur ouvert, là, je suis extrêmement déçu, je suis un peu frustré, je suis
indigné, je suis en colère de voir qu'on est, encore aujourd'hui, rassemblés
pour discuter de la santé mentale, sans avoir l'impression qu'on a beaucoup
évolué depuis octobre dernier, depuis la dernière interpellation. J'ai
l'impression d'être un petit peu dans le jour de la marmotte. Je vous confie,
là, mon sentiment.
Et j'ai l'impression, lorsqu'on nous
parle, par exemple, de la ligne 8-1-1, là, qu'on nous fait poireauter un
peu en disant : Votre appel est important pour nous, mais qu'on n'en finit
plus d'attendre les résultats sur le terrain. On a parlé tout à l'heure de
jouer sur les mots : Est-ce que c'est une crise ou ce n'est pas une crise?
Moi, je voudrais qu'on dépasse ça, qu'on agisse puis que les actions sur le
terrain soient perceptibles, pas seulement, là, quand on fait des
démonstrations en évoquant des commentaires, là, anecdotiques, mais qu'on
puisse montrer des résultats. Puis malheureusement, les résultats, on ne les
voit pas.
Tout à l'heure, le ministre a parlé,
probablement, d'un boom, là, de détresse psychologique. On peut, on peut
utiliser le terme qu'on veut, mais moi, j'ai l'impression, là, puis le ministre
n'a pas réussi à me convaincre du contraire, qu'on ne voit pas l'iceberg
arriver, là, puis qu'on se dit : Rendus, là, à destination, ça va être
tellement beau, là, ça va tellement bien fonctionner, là, parce que, finalement,
on va avoir le PQPTM, puis on va pouvoir détourner les gens qui pensent avoir
besoin d'un psychologue vers d'autres services, puis qu'au fond, là, tout ce
temps-là qu'on passe à prévoir l'avenir, bien, on ne gère pas l'urgence,
l'urgence des besoins sur le terrain.
On a évoqué tout à l'heure le fait que,
oui, on a débattu cette semaine de <l'urgence sanitaire...
M. Arseneau : …détourner
les
gens qui pensent avoir besoin d'un psychologue vers d'autres services, puis
qu'au fond, là, tout ce temps-là qu'on passe à prévoir l'avenir, bien, on ne
gère pas l'urgence, l'urgence des besoins sur le terrain.
On a évoqué tout à l'heure le fait que,
oui, on a débattu cette semaine de >l'urgence sanitaire, comme quoi on
pourrait la retirer lorsque les conditions le permettent, puis je pense qu'on
avait raison de faire ce débat-là. Moi, la question que je pose, c'est :
Pendant l'urgence sanitaire, quelles sont les actions urgentes qu'on a posées,
au gouvernement, au ministère, dans ce grand paquebot de la santé et des
services sociaux, pour pouvoir gérer l'angle mort de la crise pandémique?
La pandémie a sévi de façon importante
pendant les derniers mois, en matière de santé publique, et c'est comme si on
avait ignoré que les mesures sanitaires auront même accentué les effets,
évidemment, de la pandémie sur les personnes les plus vulnérables. Et, quand j'entends
qu'on dit : Certains programmes, les éclaireurs, certaines interventions
dans les écoles, certaines mesures qu'on a annoncées ne sont toujours pas mises
en place, et qu'elles avaient été annoncées en octobre dernier comme des
mesures d'urgence, elle s'en vient, elle s'en vient, elle s'en vient, bien, on
n'en peut plus d'attendre.
C'est le cri du coeur que je voulais vous
lancer, M. le ministre, aujourd'hui, en tout respect. Je ne cherche pas ici,
là, à identifier des coupables, mais j'ai l'impression que le navire de la
santé et des services sociaux n'a pas entendu le message du capitaine et n'a
pas, justement, là, mis les commandes à bâbord toute pour pouvoir enfin, là,
éviter l'iceberg, et pouvoir faire prendre la nouvelle direction au ministère
que le ministre voudrait bien lui faire prendre, et le faire rapidement. La
grande réforme qui est entreprise, on peut y croire, mais elle ne suffit pas,
dans les besoins actuels et urgents, immédiats du terrain.
Et moi, c'est ce qui me désespère aujourd'hui
dans la discussion, c'est que j'ai véritablement l'impression qu'on y va trop
lentement. Que des groupes communautaires se soient fait dire, en août dernier,
qu'ils auraient des sommes supplémentaires, qu'ils pouvaient recruter — c'est
difficile de recruter de la main-d'oeuvre dans le milieu communautaire — ils
l'ont fait, ils ont finalement embauché les ressources avec des moyens qu'ils
n'avaient pas, et d'aujourd'hui de lire dans les journaux qu'ils n'ont toujours
pas eu les sommes qui leur étaient promises, bien, je me dis, ce sont des
partenaires qu'on a, en quelque sorte, abandonnés à leur sort, à leur travail,
et qui étaient dévoués.
Et ça me fait beaucoup penser à ce qui
s'est passé, malgré la bonne foi et les bonnes intentions du gouvernement, pour
aider, par exemple, les femmes victimes de violence, lorsqu'on parlait de ressources
en hébergement, puis qu'on avait annoncé 120 millions de dollars, et puis
que, des mois plus tard, il n'y avait pas un sou qui avait percolé jusque sur
le terrain. Il a fallu une vague de féminicides sans précédent pour que
finalement on ait un électrochoc puis qu'on puisse demander à la machine d'agir
et d'agir prestement pour que des résultats soient tangibles sur le terrain.
• (11 h 30) •
Et je pense qu'on a besoin de ça en santé
mentale. Les gens des groupes communautaires, les familles, les personnes
vulnérables, les jeunes, les moins <jeunes sont tous en...
>
11 h 30 (version révisée)
<17947
M.
Arseneau : ...finalement on ait un électrochoc puis qu'on puisse
demander à la machine d'agir et d'agir prestement pour que des résultats soient
tangibles sur le terrain.
Et je pense qu'on a besoin de ça en
santé mentale. Les gens des groupes communautaires, les familles, les personnes
vulnérables, les jeunes, les moins >jeunes sont tous en attente d'une
action résolue sur le terrain et de résultats tangibles. M. le Président, c'est
ce que j'avais à dire aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. La parole est au ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Je suis, moi aussi, un peu déçu d'entendre le député des
Îles-de-la-Madeleine parler comme ça, parce que je pense qu'il faut qu'il se
rende compte qu'en temps de pandémie, alors que beaucoup de choses ont été
délestées dans le réseau de la santé, nous, on est en train de développer en
santé mentale. On ajoute des ressources en santé mentale, alors qu'ailleurs,
incluant en chirurgie, ils ont été obligés de délester. C'est quand même assez
exceptionnel, ce qu'on a fait. Et en plus, on se prépare à la suite des choses,
M. le Président. On est en train de bâtir un réseau, en santé mentale, qui va
être prêt à gérer la suite des choses.
Par exemple, juste les interventions en
milieu scolaire, on a été capables de mettre sur pied le programme HORS-PISTE,
où on va dépister les jeunes, dans les écoles, qui souffrent d'anxiété, les
secondaires I, II, III, parce qu'on a vu que l'anxiété est un problème
majeur qui est en train d'augmenter. Donc, on est allés dans les écoles pour
dépister ceux qui ont besoin d'aide. Et non seulement ça, on a installé,
justement, des traitements alternatifs qui nous évitent de les envoyer vers le
psychologue et le pédopsychiatre, pour s'assurer qu'ils puissent retourner
normalement en classe, retrouver une santé mentale normale. Et ça a été
accueilli avec grand succès, dans les écoles qui se sont jointes au programme,
et on invite plus d'écoles à se joindre à ce programme-là qui est piloté par le
CISSS de la Montégérie-Centre.
M. le Président, aussi, il ne faut pas
mélanger ce qui s'est passé dans le cas des organismes communautaires, pour les
ressources d'hébergement des femmes, avec ce qui se passe ici. Je l'ai
expliqué, tout à l'heure, les premiers versements ont été faits, il y a une
reddition de comptes qui doit être faite, et le reste de l'argent sera versé
promptement, M. le Président. C'est certains organismes qui nous ont demandé de
simplifier leur reddition de comptes, qui vont la faire en mars, à décembre 2021,
et, dans les trois mois de la reddition de comptes, l'argent va être versé. On
parle ici de deniers publics, on doit faire quand même de la bonne gestion de
ces sous-là, et l'argent sera versé tel que promis, M. le Président.
Maintenant, je pense que ce qu'on vise,
là, et ce qu'on est en train de mettre sur pied, on ne peut pas le faire en un
clin d'oeil. Je pense que c'est un changement important et je pense que ce
serait irréaliste de le faire en un clin d'oeil. Ce qui est important, c'est de
bien <faire les choses...
M. Carmant : …je
pense
que ce qu'on vise, là, et ce qu'on est en train de mettre sur pied, on ne peut
pas le faire en un clin d'oeil. Je pense que c'est un changement important et
je pense que ce serait irréaliste de le faire en un clin d'oeil. Ce qui est
important, c'est de bien >faire les choses, de faire les choses dans
l'ordre. On a vu que le premier besoin qu'il était requis de combler, c'était
au niveau de la santé mentale des jeunes, où les listes d'attente ne faisaient
que s'allonger. Donc, c'est… le premier investissement récurrent qu'on a fait a
été au niveau de la santé mentale des jeunes. On a rehaussé les équipes santé
mentale jeunesse, on a rehaussé les programmes de dépistage dans les écoles, on
a rehaussé l'École en santé, parce que c'était la première chose à faire pour
s'occuper de la santé mentale de nos jeunes.
On se rappelle que la majorité des
problèmes de santé mentale apparaissent avant l'âge de 18 ans, et c'est à
ce moment-là qu'il faut en prendre soin. Donc, c'est pour ça qu'on a fait le
premier investissement à ce niveau-là et c'est pour ça que ça a été la première
chose qui a été visée. Oui, il nous en reste beaucoup à faire, mais ça va être
fait, mais ça va être fait dans l'ordre et ça va être fait comme il faut. On
veut s'assurer que les changements qu'on est en train de faire soient durables,
soient bien appuyés par les investissements requis, soient bien appuyés par les
ressources humaines requises, pour s'assurer que ce soit un succès.
On a vu plein de choses qui ont été… des
bonnes idées qui ont été faites : la désinstitutionnalisation, le virage
ambulatoire, des bonnes idées, des bonnes idées, mais qui n'ont pas été
implantées de façon adéquate, qui n'ont pas été appuyées d'investissements
adéquats et qui nous ont mis dans le trouble beaucoup plus qu'autre chose, M.
le Président. Ce n'est pas vrai que je vais faire quelque chose qui va, dans
deux ans, mettre le réseau de la santé à l'envers. Nous, on va faire les choses
progressivement, on va faire les choses comme il faut et on va s'assurer que tout
le monde reçoive les soins au bon moment par le bon professionnel. Ça, c'est quelque
chose qui est important pour moi, qui est important pour notre premier ministre
et qui est important pour tous les Québécois, M. le Président.
Donc, on travaille progressivement, je
tiens à rassurer le collègue des Îles-de-la-Madeleine. Moi, je me souviens que
je suis allé visiter sa région pour voir ce qui se faisait au niveau de la
jeunesse, il n'y avait aucun intervenant 0-5 ans dans sa région, M. le
Président. C'est nous qui avons implanté ça. J'ai dit personnellement à la P.D.G.
de la région, j'ai dit : Moi, je veux qu'il y ait des intervenants qui
fassent du 0-5 ans dans cette région, c'est important. Tout le monde doit
être desservi de façon équitable au Québec, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. La parole est au député de Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. C'est très intéressant de participer au débat parce
que tu peux écouter aussi ce que les collègues nous parlent. Et j'ai entendu
quelques commentaires qui m'ont interpellé. Tout d'abord, tout à l'heure, le
collègue de Jean-Lesage qui nous parlait qu'on ne finançait pas suffisamment
les organismes communautaires, le collègue des Îles-de-la-Madeleine, pour qui
j'ai le plus grand respect, et idem pour le collègue de Jean-Lesage, qui nous
parlait qu'on ne gère pas l'urgence.
C'est sûr que la politique, c'est ça, de
dénoncer, de critiquer, c'est tout à fait normal et c'est de bonne guerre.
Honnêtement, je serais de l'autre côté, je ferais probablement la même chose,
M. le Président. Mais il faut quand même rectifier quelques faits importants
sur le volet communautaire, un volet que j'ai <travaillé…
M. Lévesque (Chauveau) :
...j'ai le plus grand respect, et idem pour le collègue de Jean-Lesage, qui
nous parlait qu'on ne gère pas l'urgence.
C'est sûr que la politique, c'est ça,
de dénoncer, de critiquer, c'est tout à fait normal et c'est de bonne guerre.
Honnêtement, je serais de l'autre côté, je ferais probablement la même chose,
M. le Président. Mais il faut quand même rectifier quelques faits importants
sur le volet communautaire, un volet que j'ai >travaillé pendant une
quinzaine d'années, M. le Président. Et, quand le ministre parle de faire les
choses dans l'ordre, c'est exactement ça, il faut regarder d'où on part,
comment ça avance, comment ça progresse.
Et, moi, ce que je regarde depuis le début
du mandat actuellement, là, notamment pour répondre au collègue de Jean-Lesage,
il y a eu une augmentation de 90 millions de dollars du programme PSOC, ce
qui n'est pas rien. Juste en comparaison, pour les trois années libérales qui
nous ont précédés, c'était 27 millions. Là, on parle du triple, ce n'est
pas rien. Mais je le sais, pour avoir été vice-président de l'association de la
Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires, les
revendications sont énormes, elles vont toujours être énormes, ils vont
continuer à lutter pour améliorer le communautaire, mais il y a eu un pas important
de fait.
Violence conjugale, 223 millions de
plus qui viennent d'être annoncés sur cinq ans, dont 92 millions de
dollars pour les maisons d'hébergement, 20 millions de dollars pour les
hommes ayant des comportements violents — le sujet que moi, je
travaille, présentement, sur le comité — les organismes familles,
85 millions de plus.
Et tout le support qui a été fait, là,
parce qu'on parle de ne pas gérer l'urgence, c'est important de le dire, le
ministre délégué a réussi à aller chercher 117 millions de plus en support,
pendant la pandémie, 117 millions. Ça fait que les banques alimentaires,
les groupes en santé mentale qui ont été supportés, bien, moi, je pense qu'au
contraire on peut dire que le gouvernement en a fait beaucoup.
Je tiens à rappeler quand même que le
gouvernement du Québec... puis ça, ce n'est pas rien que le gouvernement
actuel, mais, au fil des années, il y a 1,3 milliard par année qui est
consacré aux organismes communautaires via le Secrétariat à l'action
communautaire autonome. C'est beaucoup de sous.
Et je tiens aussi à rappeler que le
gouvernement est en action, en train de préparer le premier plan d'action
gouvernemental en matière d'action communautaire, ce qui n'a pas été fait
depuis 2004. M. le Président, la politique a été mise en 2001, le premier plan
d'action en 2004, jamais plus après on n'a revu un plan d'action gouvernemental
en matière d'action communautaire.
Je voulais quand même faire cette
spécification-là ce matin pour répondre aux deux attaques qui ont été faites,
qui ne me semblent pas justifiées. Je comprends, là, on voudrait toujours plus.
Mais je vous le dis, même si on mettrait tous les dollars du Québec, là, il y
aura toujours des gens qui auront besoin d'aide en santé mentale, il faut avoir
la capacité de les accueillir, de les recevoir. Et les groupes communautaires
ainsi que les professionnels du... spécialistes au niveau du privé, au niveau
du public, du parapublic, tout le monde se donne la main pour travailler en
prévention, et ça se fait.
D'ailleurs, si vous me permettez, il me
reste un petit deux minutes, M. le Président, je voudrais souligner une action
très intéressante que le ministre a mise en place, c'est-à-dire le soutien aux
employés de l'État, les gens qui travaillent au ministère de la Santé et des Services
sociaux. On parle de santé mentale dans la grande population, mais il faut être
capable également de prendre soin de nos travailleurs, ceux et celles qui ont
été au front pour aider les personnes pendant la pandémie. Ce n'est pas fini,
mais ils ont eu besoin aussi d'un coup de pouce. Il y a un 14 millions de
dollars qui a été <investi...
M. Lévesque (Chauveau) :
...soutien
aux employés de l'État, les gens qui travaillent au ministère
de la Santé et des Services sociaux. On parle de santé mentale dans la grande
population, mais il faut être capable également de prendre soin de nos
travailleurs, ceux et celles qui ont été au front pour aider les personnes
pendant la pandémie. Ce n'est pas fini, mais ils ont eu besoin aussi d'un coup
de pouce. Il y a un 14 millions de dollars qui a été >investi pour
aider les employés et gestionnaires du MSSS, très important. Il y a une
stratégie... je veux le citer comme il faut, là, la stratégie de soutien
psychosocial pour les employés et gestionnaires du réseau de la santé et
services sociaux. Il faut être proactifs, hein, il y a 8 000 personnes
qui vont jouer le rôle de veilleurs, il va y avoir 600 pairs aidants.
Pourquoi on fait ça? Bien, c'est pour accompagner ces personnes-là. Tu sais,
ils ont vécu, eux autres aussi, une détresse, avoir un surplus de travail et
être capable d'accompagner avec plein de gens qui, eux-mêmes, vivaient des difficultés.
Il fallait prendre soin de ce monde-là.
• (11 h 40) •
Puis moi, là, ce que ça me fait voir,
quand on arrive avec cette stratégie-là, bien, c'est d'avoir du monde qui est
capable d'être à l'écoute, de regarder, de référer au besoin. Puis tout à l'heure
je vous ai parlé du projet des éclaireurs que le ministre a mis en place. Je
vois... je commence à percevoir sa logique, là, sa vision des choses, d'être
capable de prendre en amont le problème, de régler les problèmes rapidement, de
travailler en prévention, de prévenir. Une expression, je pense, qu'on a déjà
utilisée, à l'époque, là : prévenir, c'est guérir, bien, c'est exactement
ce que le ministre est en train de faire, d'être à l'écoute, de détecter, de
dépister, de référer, au besoin, d'agir rapidement.
En tout cas, moi, M. le Président, les
secondes filent, je voudrais remercier le ministre, et son cabinet, ainsi que
tous les travailleurs de santé et services sociaux pour le leadership qu'il
fait preuve en matière de santé mentale. Bravo, M. le ministre!
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. Pour une sixième série d'interventions, M. le député de
D'Arcy-McGee dispose de 1 min 30 s.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Bon, malheureusement, je n'ai pas beaucoup de temps, mais je vais me
permettre juste quelques secondes pour le député de Chauveau. L'opposition
n'est pas ici pour opposer pour s'opposer, la bonne guerre. On parle au nom des
20 000 personnes sur les listes d'attente, avec des questions assez
responsables et sérieuses, alors merci de nous accorder le respect de
comprendre que nos questions ne sont pas de l'ordre politique.
Écoutez, je n'ai pas grand temps et
j'aurais aimé parler en détail avec le ministre. J'espère qu'il peut faire
référence, lors de ses remarques, en conclusion, de son plan d'action
interministériel en santé mentale pour 2021 à 2026. Est-ce que ça va être le
fruit des consultations postpandémie aussi? Est-ce que ça risque de nous
assurer une continuité sur les quatre mailles de la chaîne, c'est-à-dire pas
juste le diagnostic, le triage, où peut-être on fait bien, mais, comme moi, il
se préoccupe, je l'espère et je crois, sur le suivi concret, le traitement,
ainsi que l'évaluation, et aussi, un mot qu'on ne prononce pas assez souvent,
la prévention? Alors, moi, j'ai de grandes attentes dans ce plan et j'espère
que je ne serai pas déçu. On a attendu longtemps, pandémie et tout, mais à
l'automne on a de grandes attentes, tout le monde.
Je me permets, parce que j'espère... Ah
mon Dieu! Il me reste 10 secondes. <Écoutez...
M. Birnbaum : …ainsi
que
l'évaluation, et aussi, un mot qu'on ne prononce pas assez souvent, la
prévention? Alors, moi, j'ai de grandes attentes dans ce plan et j'espère que
je ne serai pas déçu. On a attendu longtemps, pandémie et tout, mais à
l'automne on a de grandes attentes, tout le monde.
Je me permets, parce que j'espère... Ah
mon Dieu! Il me reste 10 secondes. >Écoutez, j'ai toujours des
questions, tout ce qui a trait à l'accès, à la psychothérapie. Bon, deux
minutes passent très vite. Merci.
Conclusions
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député. Nous arrivons aux conclusions. M. le ministre, la parole
est à vous pour 10 minutes.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : D'accord. Merci
beaucoup, M. le Président. Et je vais faire plaisir au député de D'Arcy-McGee. Mais
avant je veux remercier tous les députés qui ont participé, là, j'ai été très,
très heureux, là, de toutes vos interventions et très à l'écoute. Ça, je veux
que tout le monde soit bien au courant, là, je suis très à l'écoute de tout ce
qui se dit et je sais que c'est dit du fond du coeur.
Mais moi, je pense, ce qu'il faut se
rendre compte, aussi, c'est qu'on amène une approche très différente. Je pense
que le député de Chauveau l'a bien dit, puis je suis peut-être une exception,
mais moi, de ce qu'on a vu auparavant, moi, la prévention, là, c'est tellement
important pour tous les problèmes de santé, M. le Président. Pendant
24 ans, là, j'ai été neurologue au CHU Sainte-Justine, je me suis occupé
d'enfants atteints d'épilepsie et je me suis rendu compte que, pour devenir un
bon épileptologue, oui, il faut donner des médicaments, oui, des fois, il faut
faire des chirurgies, mais le meilleur traitement, c'est la prévention. Et
certain jeune, avec le même traitement, en faisant de la prévention au niveau
de ses habitudes de vie, en faisant des préventions au niveau de la qualité de
sa vie, en travaillant sur les quatre piliers de la santé, pouvait améliorer sa
condition médicale de façon exceptionnelle, M. le Président. Puis je dois dire
que ce sont ces petits détails là qui ont fait de moi, peut-être, un très bon
médecin, M. le Président.
Donc, depuis que je suis arrivé ici… puis
mon but en arrivant en politique, c'était de faire la promotion de cette
prévention, M. le Président. On est dans un système où tout, tout, tout ou
presque toutes les ressources vont au curatif. Il faut changer ça, il faut
changer cette approche. Et la preuve, c'est que moi, je suis venu faire Agir tôt.
On en a parlé tout à l'heure, la députée de Jean-Talon en a parlé tout à
l'heure. Puis la beauté d'Agir tôt, c'est qu'on va vraiment dépister les jeunes
avec leurs problèmes de neurodéveloppement. Et ces problèmes de
neurodéveloppement, tout le monde le sait, ça finit en problèmes de santé
mentale plus tard, hein? Donc, juste prévenir ces problèmes de
neurodéveloppement, ça va aider l'évolution vers les problèmes de santé mentale,
soit les troubles de TDAH, les troubles de dépression ou autres problèmes de santé
mentale que l'on voit associés aux problèmes de neurodéveloppement.
Puis non seulement on veut faire de
l'intervention précoce, mais on veut faire du dépistage. C'est pour ça qu'on
veut tester tous les enfants quand ils vont être à l'âge de la vaccination.
Juste ça, encore une fois, c'est l'importance d'aller chercher nos plus
vulnérables dans leur <milieu de vie, là où ils sont…
M. Carmant : ...problèmes de
neurodéveloppement.
Puis non seulement on veut faire de
l'intervention précoce, mais on veut faire du dépistage. C'est pour ça qu'on
veut tester tous les enfants quand ils vont être à l'âge de la vaccination.
Juste ça, encore une fois, c'est l'importance d'aller chercher nos plus
vulnérables dans leur >milieu de vie, là où ils sont, là où ils ont
besoin d'aide, M. le Président. On a parlé tout à l'heure du programme dans les
écoles. Ça aussi, je suis très fier de ça. Vous savez ça a commencé avec quoi?
Ça avait commencé avec le p.l. n° 2, M. le
Président, le projet de loi sur le cannabis. La chose la plus importante pour
moi, dans le projet de loi pour le cannabis, c'est l'intervention en dépendance,
qu'on a mise sur pied avec ce projet de loi là, M. le Président. Dans toutes
les écoles du Québec, privées et publiques, il va y avoir un intervenant en
dépendance qui va faire du repérage, du dépistage, de l'intervention précoce
pour s'assurer que nos jeunes ne deviennent pas dépendants au cannabis ou aux
autres drogues, M. le Président.
Et avec ça, on associe un programme de
dépistage pour la santé mentale, des intervenantes en santé publique, M. le
Président, qui vont être au secondaire, au primaire. Le déploiement additionnel
de l'École en santé, que le député de Vanier-Les Rivières a mentionné, c'est
déjà en cours avec HORS-PISTE, on va continuer à augmenter ça. On va aider les
professeurs à venir reconnaître, à venir aider les jeunes avec des problèmes de
santé mentale, on va intervenir de façon précoce, on va prévenir les références
vers le réseau de la santé, on va prévenir la chronicité des problèmes. Parce
que, dans la situation qu'on vit actuellement, c'est très difficile pour les
parents, quand les deux parents travaillent, de reconnaître ces problèmes-là,
c'est très, très difficile. Et, encore une fois, quand on les diagnostique trop
tard, bien là, il faut les médicamenter. Tandis que, là, si on dit que, là, on
les prend tôt dans leur milieu de vie, on peut éviter des traitements médicaux.
Puis on voit déjà l'impact, avec le programme HORS-PISTE, où des jeunes, avec
de la méditation pleine conscience, avec des activités en nature, avec de la
musicothérapie, peuvent résoudre leurs problèmes, peuvent résoudre leurs
problèmes. On n'a pas tous besoin de l'aide d'un psychologue ou d'un
psychiatre, M. le Président. C'est fondamental, il faut que les Québécois
comprennent ça, M. le Président. Il faut qu'on soit aidé rapidement, dès que le
problème se présente, et on peut se sauver bien du trouble, M. le Président.
• (11 h 50) •
Un autre exemple de prévention qui est
important, pour moi, et qu'on est en train de mettre pour la suite au rapport
de Mme Laurent, c'est l'avis de grossesse. On veut aller intervenir pour
nos plus vulnérables, en amont, alors que le bébé est encore dans le ventre de
sa mère. Et ça, c'est important, parce qu'une grande partie des gens que l'on
évalue en protection de la jeunesse ont souvent des problèmes de santé mentale
chez leurs parents. C'est important, ça. La société a changé, M. le Président, il
faut s'occuper de ces parents-là, il faut aider ces parents-là, il faut les
aider tout de suite, pas juste quand ils en arrivent aux actes. Il faut les
aider, il faut les accompagner, il faut améliorer les habitudes parentales. Il
faut faire tout ça en amont pour venir aider les gens.
D'ailleurs, même en attendant le
déploiement de ce programme-là, j'avais tout de suite demandé que <ceux
qui ont...
M. Carmant : ...il
faut
aider ces parents-là, il faut les aider tout de suite, pas juste quand ils en
arrivent aux actes. Il faut les aider, il faut les accompagner, il faut
améliorer les habitudes parentales. Il faut faire tout ça en amont pour venir
aider les gens.
D'ailleurs, même en attendant le
déploiement de ce programme-là, j'avais tout de suite demandé que >ceux
qui ont... les enfants qui sont en attente en protection de la jeunesse et dont
les parents ont un problème de santé mentale ou de dépendance, l'intervention
auprès des parents soit faite dans les 30 jours. Encore une fois, c'est
une grande demande pour notre réseau de la santé, actuellement, mais c'est en
train d'être mis en place. Pas partout, ils sont capables d'avoir... dans les
délais optimaux, mais ça va se faire, M. le Président.
Et finalement, en santé mentale, bien, je
pense que c'est ça qu'il faut faire. Je pense que la bonne chose de la
pandémie, c'est que la pandémie a permis aux gens de se rendre compte qu'on
peut tous en avoir, des problèmes de santé mentale. Ça suffit, le tabou à
propos de la santé mentale, ça suffit, de ne pas en parler. Moi, quand je ne
vois pas mes amis et puis ma famille pendant... depuis le mois d'octobre, l'an
dernier, là, parce qu'on est en bulle familiale, ce n'est pas facile, M. le Président.
Mais je suis chanceux, je suis un privilégié de cette société, j'ai la chance
d'avoir des collègues en or, j'ai la chance d'avoir un réseau, quand même, de
support assez important, mon épouse à la maison, donc, tu sais... mes enfants
sont plus vieux. C'est plus facile pour certaines personnes, mais, pour
d'autres personnes qui sont seules, pour d'autres personnes qui sont le... qui
doivent avoir à leur charge des enfants ou des situations plus difficiles, c'est
très lourd. Donc, maintenant, tout le monde peut se rendre compte que la santé
mentale, ça nous regarde tous, au Québec. Puis ça aussi, c'est un message important.
Et tout le monde peut aller chercher de l'aide.
Je reviens encore avec mon 8-1-1
Info-Social. Si vous avez besoin d'aide, si quelqu'un autour de vous a besoin
d'aide, l'option 2, on va vous répondre, on va vous répondre tout de
suite. Et c'est bien d'en parler tout de suite. Ce n'est pas facile d'en
parler, toujours, aux amis, ce n'est facile d'en parler, toujours, à sa
famille, mais il y a toujours quelqu'un pour vous aider, au Québec, quand vous
en avez besoin, puis ça, c'est important, pour moi, M. le Président, puis on va
continuer d'améliorer ce service-là.
Maintenant, l'autre chose qui est importante :
le bon soin au bon moment par le bon professionnel. C'est un peu cliché, comme
phrase, mais je pense que c'est en santé mentale que c'est le plus important.
Il faut vraiment qu'on puisse donner accès à la bonne personne au bon moment, et
ça, c'est fondamental. On doit changer le fait qu'au Québec il n'y a que deux
listes d'attente : à la porte du psychologue et à la porte du psychiatre.
Si on continue comme ça, on ne changera rien. D'ailleurs, la preuve, c'est que
le 25 millions qu'on a donné, il n'y a pas tant de psychologues au privé
qui ont levé la main, M. le Président. Ils sont occupés, eux aussi. Eux aussi,
ils nous disent qu'ils ont six mois d'attente. Eux aussi, ils nous disent
qu'ils ne peuvent pas se libérer pour voir les patients du public. Ce n'est pas
si simple que ça. On a la carte d'assurance maladie; est-ce qu'il y a des
listes d'attente? Bien oui. Ce n'est pas si simple que ça. La gratuité n'égale
pas fin des listes d'attente. Ce qui égale fin des listes <d'attente, c'est
de...
M. Carmant : ...eux aussi,
ils nous disent qu'ils ont six mois d'attente. Eux aussi, ils nous disent
qu'ils ne peuvent pas se libérer pour voir les patients du public. Ce n'est pas
si simple que ça. On a la carte d'assurance maladie;
est-ce qu'il y a
des listes d'attente? Bien oui. Ce n'est pas si simple que ça. La gratuité
n'égale pas fin des listes d'attente. Ce qui égale fin des listes >d'attente,
c'est de définir des trajectoires de soins qui sont efficaces, M. le Président,
d'envoyer le bon patient au bon droit au bon moment, de s'assurer qu'il y ait
un flux, dans les services de santé, qui n'empêche pas... où il n'y a pas de
goulot d'étranglement. Puis c'est ça que notre gouvernement est en train de
bâtir puis c'est ça qu'il faut bâtir en partenariat avec le réseau de la santé,
avec les organismes communautaires puis avec les parties prenantes, incluant
les patients.
Dernièrement j'ai rencontré les
regroupements d'usagers en santé mentale, puis ils m'ont demandé, et je leur ai
assuré qu'ils allaient être parties prenantes de toutes nos interventions,
parce que, moi, j'y crois profondément. Il faut qu'on sache et qu'ils nous
disent que les interventions qu'on veut faire vont venir les aider. Parce que,
comme je vous l'ai dit déjà, plusieurs bonnes idées ont fini en queue de
poisson parce qu'on n'a pas réussi à les appuyer et on n'a pas réussi à
communiquer l'intention du législateur à nos patients et nos usagers, M. le
Président.
Donc, on prend notre temps. Parfois on
trouve ça un peu long, je l'avoue, mais on fait les choses comme il faut, un
pied... un geste à la fois. Puis on va changer les choses de façon durable, M.
le Président. Merci.
M. David Birnbaum
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. En conclusion, M. le député de D'Arcy-McGee, vous
disposez de 10 minutes également.
M. Birnbaum : Merci, M.
le Président. Et merci pour les échanges francs et importants. Ils vont
sûrement continuer. Nous sommes devant deux constats du ministre délégué
lui-même, ce matin, assez surprenants, constats faits devant les journalistes,
même, et il y a de quoi réfléchir : un constat que les dépenses de son
gouvernement, en ce qui a trait à la santé mentale, ne sont pas, peut-être, à
la taille des besoins et, deuxièmement, que oui, l'état des listes d'attente
pour des services... sont dans un état décevant. C'est le ministre délégué qui
en constate, pas juste moi.
Nos questions, ce matin, ont toutes comme
fondement une attente que le ministre délégué va utiliser toute son expertise
et tout son poids, dans son siège privilégié autour de la table du Conseil des
ministres, pour convaincre son premier ministre, et, de toute évidence, ce n'est
pas chose faite, que les dépenses actuelles sont décevantes, que l'état des
listes d'attente ne rejoint pas les objectifs exprimés par ce propre
gouvernement. Donc, M. le premier ministre, votre ministre <délégué de
la....
M. Birnbaum : …de
toute
évidence, ce n'est pas chose faite, que les dépenses actuelles sont décevantes,
que l'état des listes d'attente ne rejoint pas les objectifs exprimés par ce
propre gouvernement. Donc, M. le premier ministre, votre ministre >délégué
de la Santé et des Services sociaux vous invite à vous joindre à moi pour faire
mieux. Alors, voilà, en quelque part, la réponse que nous cherchons et que nous
allons continuer à chercher dans les mois qui viennent.
Sur une chose où j'ai très peur qu'on est
devant un dialogue des sourds, notre formation prend au sérieux son rôle de l'opposition
officielle, et c'est-à-dire d'inciter à la transparence, l'imputabilité, de
poser les questions que les citoyens et citoyennes du Québec, s'ils étaient à
notre place, poseraient au gouvernement, mais aussi d'aller plus loin, de faire
comprendre ce que nous ferions comme gouvernement et, beaucoup plus important
que ça, d'inviter le gouvernement actuel à considérer des propositions
structurantes. Et, là où j'ai peur d'avoir un dialogue des sourds, nous… J'espère,
je n'ai pas l'expertise du ministre, mais j'espère que c'est compris que nous
avons compris que ce n'est pas la panacée, que ce n'est pas simple et que ça ne
peut pas se faire aux dépens de toute une autre continuité de services qui sont
peut-être, oui, sous-utilisés, sous-développés, sous-évalués et
sous-accompagnés, actuellement, toute une panoplie de services.
Et il est de mise, je conviens avec le
ministre, que les gens sur cette liste d'attente de 20 000, qui ont des
symptômes pas non sérieux, si on est en crise de panique mais qu'on n'a jamais
démontré de tels symptômes aux causes particulières de la situation actuelle de
pandémie, c'est réel, et on a besoin de l'aide. Est-ce qu'on a besoin d'un
psychologue, qui, de toute évidence, n'est toujours pas disponible, au public,
avant six mois, 12 mois ou 24 mois ou même, au privé, avant six mois?
Non, peut-être la personne que je décris n'a pas besoin d'un tel service. Mais
le ministre délégué va comprendre avec moi, et c'est là où j'ai peur d'un petit
dialogue des sourds : Y a-t-il du monde très à risque qui n'est pas… qui
ne démontre pas des symptômes de schizophrénie et n'aurait pas été sur la liste
des troubles mentaux, avant, mais qui avait de grandes vulnérabilités, qui est
à grand risque de se pérenniser à cause de la crise devant <nous, donc
en…
M. Birnbaum : …qui n'est
pas… qui ne démontre pas des symptômes de schizophrénie et n'aurait pas été sur
la liste des troubles mentaux, avant, mais qui avait de grandes vulnérabilités,
qui est à grand risque de se pérenniser à cause de la crise devant >nous,
donc en besoin de l'aide psychologique? Y en a-t-il, de tels individus? Je suis
sûr que le ministre délégué, avec moi, va dire oui.
À ma question d'est-ce qu'on peut
commencer à qualifier, à quantifier le nombre de ces 20 000 personnes
qui ont besoin de cette intervention sérieuse et structurée qui n'est pas
disponible sans de grands, grands délais, le ministre, le ministre délégué me
dit que c'est impossible de faire une telle évaluation. Je ne veux pas, de façon
irresponsable, prétendre simplifier l'affaire, ni de dire que notre proposition
est une panacée, ni que c'est sans difficulté, entre autres, de réussir à faire
transférer les psychologues du privé au public. J'en conviens. En même temps,
en même temps, on ne peut pas dire que cet état de réalité est acceptable. Il
faut qu'on identifie les besoins. Comment on va, de façon responsable, réduire
les listes d'attente de façon que le ministre lui-même a exigé, en novembre,
quand il parlait d'un plan, un objectif de 4 000 sur les listes d'attente,
qui sont à cinq fois plus élevées actuellement? ll faut avoir des solutions
structurantes à tout ça.
• (12 heures) •
Et je reviens à la responsabilité lourde,
devant le ministre, de porter ce dossier, ce dossier qui gère, j'insiste, une
crise, avec tout son poids, devant le Conseil des ministres, où il est
privilégié d'être membre. Nous ne sommes pas devant la liberté, le luxe, même, et
je le dis de façon responsable, même, toujours, et de citer le ministre, de
prendre notre temps de faire les choses comme il faut. Je le dis avec la
compréhension qu'il faut être responsable, mais, quand nous sommes devant une
crise, des fois, les mesures d'exiger les échéanciers, l'arrimage interministériel
qui s'impose s'accélèrent, s'accélèrent. Le plan des prochains cinq ans, oui,
il y avait une pandémie, ça a été reporté à plusieurs reprises, ça va être aux
mois d'automne. Nous ne sommes pas devant les circonstances typiques. Alors, si
je me <permets, au nom de ces…
>
12 h (version révisée)
<15371
M.
Birnbaum : …le plan des prochains cinq ans, oui, il y avait une
pandémie, ça a été reporté à plusieurs reprises. Ça va être aux mois d'automne.
Nous ne sommes pas devant des circonstances typiques. Alors, si je me >permets,
au nom de ces 20 000 personnes, au nom des Québécois et Québécoises
qui ont cette préoccupation, de demander plus, de demander plus…
Maintenant, sur les questions qu'on a
posées, on a eu des réponses qu'on va prendre en ligne de compte, mais des
questions qui perdurent, qui perdurent. Bon, notre proposition, et j'insiste,
et j'ai la fierté d'identifier que ça coûterait, de nos calculs, 300 millions
de dollars, en récurrence, d'offrir aux Québécois et Québécoises l'accès
universel et gratuit à la psychothérapie pour les gens qui en ont besoin. Oui,
c'est une solution ambitieuse et sérieuse, lourde de conséquences. Je crois que
les gens qui nous écoutent demandent un tel genre de réponse… si c'est une
alternative, on va l'évaluer comme il faut, mais un tel genre de réponse, une
telle qualité de réponse à la taille des problèmes devant nous. Et nous ne
pouvons que compter sur le ministre délégué de porter ces messages, avec sa
grande expertise, à ses collègues, à ses collègues ministres, le ministre de la
Santé, le ministre des Finances, le premier ministre du Québec, le premier
ministre du Québec, qui a à répondre à ces 20 000 personnes qui
attendent.
Dernière chose, si on peut se rappeler, quand
on cite des chiffres, des dépenses, et tout ça, le ministre est allé beaucoup
plus loin que ça, ses collègues, pas beaucoup plus loin, avec respect, que de
citer les dépenses ici et là. Chaque personne sur cette liste, c'est un jeune
en détresse, c'est un aîné en grande chute d'autonomie dans la situation
actuelle, et, oui, peut-être qu'il démontre maintenant des troubles mentaux.
Les jeunes qui étaient privés de socialiser comme il faut à un âge fébrile et
important… Il y a une vie derrière chacune de ces personnes qui sont sur une
liste d'attente de 20 000 personnes. De parler de six mois, de
12 mois, de 20 mois, de 24 mois, ce n'est pas assez. On a besoin
de réponses, et maintenant. Merci.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. Merci au ministre. Merci à tous les
collègues. Merci à la technique. Mme la secrétaire, merci.
Alors, compte tenu de l'heure, je lève la
séance, et la commission ayant accompli son mandat, elle ajourne ses travaux
sine die. <Excellent week-end à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 12 h 03)
Le Président (M. Tremblay) :
...compte tenu de l'heure, je lève la séance. Et la commission, ayant accomplie
son mandat, elle ajourne ses travaux, sine die. >Excellent week-end à
tous et à toutes.
(Fin de la séance à 12 h 03)