(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Tremblay) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission de la santé et
des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans notre
salle de bien vouloir éteindre les sonneries des appareils électroniques, s'il
vous plaît.
La commission est réunie afin de procéder à
l'interpellation du député D'Arcy-McGee au ministre délégué de la Santé et des
Services sociaux sur le sujet suivant : L'augmentation des besoins en
santé mentale, notamment en raison de la détresse causée par la pandémie, et
les actions à prendre pour remédier aux délais d'attente.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Blais
(Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boutin (Jean-Talon);
Mme Lavallée (Repentigny), par M. Lévesque (Chauveau);
Mme Picard (Soulanges), par M. Asselin (Vanier-Les Rivières); Mme Montpetit (Maurice-Richard),
par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); et M. Nadeau-Dubois (Gouin),
par M. Zanetti (Jean-Lesage).
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
Je comprends qu'il y a eu une entente à l'effet que le deuxième groupe
d'opposition interviendra lors de la troisième série d'interventions, alors que
le troisième groupe d'opposition interviendra lors de la cinquième série
d'interventions.
Étant donné que nous avons débuté les travaux
avec quelques minutes de retard, j'aurais besoin du consentement des collègues
pour pouvoir poursuivre.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Tremblay) : Merci.
Alors, pour les déclarations d'ouverture, la parole est au député de D'Arcy-McGee
pour un premier bloc pour 10 minutes. M. le député.
Exposé du sujet
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci beaucoup, M. le Président. Mes remerciements au ministre
délégué, à son cabinet, aux gens du ministère et aux collègues députés côté
ministériel ainsi que de l'opposition, pour votre présence et votre travail.
Là où on va s'entendre, c'est que nous sommes
ici au nom, dans un premier temps, des gens qui sont en détresse, actuellement,
les gens qui ont et qui vivent des difficultés accrues suite à la période, jamais
vue dans notre histoire, qu'on vit, et que nous partageons l'intérêt ainsi que
l'obligation collective de répondre en leur nom de façon rigoureuse et réelle à
la crise en tout ce qui a trait à la santé mentale. Donc, j'apprécie cette opportunité.
Vous le savez, M. le Président, qu'on a eu plein
d'occasions, je crois que c'est plus qu'une douzaine de questions que je me
suis permises et ma formation m'a laissé poser au ministre délégué ainsi qu'au ministre
de la Santé sur les questions
qui s'attachent à la crise en santé
mentale. Ce n'est pas la première
fois qu'on emploie le mot, ça donne
écho chez les experts, chez les familles qui vivent les difficultés,
la recherche, les indicateurs, sur chaque plan, nous démontrent que nous
sommes devant une crise. Si je me permets d'insister sur le mot, c'est parce
que, et on le sait bien, au Québec peut-être
plus qu'ailleurs, les symboles, les mots en disent long, parce qu'ils sont
lourds de conséquences.
Le ministre et, surtout, son premier ministre,
avec brio, insistent, comme ils insistent en tout ce qui a trait au logement, à
tout ce qui a trait à la pénurie de main-d'oeuvre, tout ce qui a trait au
manque de places dans les services de garde, que nous ne sommes pas devant une
crise. Et j'insiste que, comme dans ses autres exemples, il y a des réponses et des réponses, de notre lecture,
insatisfaisantes qui en découlent. De dire qu'il n'y a pas de crise permet,
en quelque part, avec tout respect, au
ministre délégué de continuer de parler de l'importance d'un changement de
culture.
Le ministre est beaucoup plus expert que moi, et
de parler de l'importance d'une continuité de services, d'une réponse taillée
aux vrais besoins de la personne, j'en conviens, j'en conviens. Mais, par
contre, de se permettre, en bonne foi, je n'ai aucun doute, de répliquer aux
20 000 personnes sur les listes d'attente actuelles pour des services
d'urgence, en quelque part, pour les problèmes de santé mentale, M. le
Président, de suivre et de comprendre un changement de culture nécessaire, peut-être,
au sein du cabinet du ministre, au sein des CIUSSS, je ne sais pas si ce
changement de culture est vu comme aussi nécessaire auprès des regroupements
communautaires, qui font un travail héroïque. C'est une réponse, en quelque
part, qui nous laisse sur notre appétit.
Et, comme je dis, une autre fois je reviens au
mot «crise», quand on prononce ce mot que le ministre, le premier ministre
prononce souvent, «crise sanitaire», bon, j'imagine que la culture a dû changer
assez vite merci pour... et ça a pris du temps, hein,
pour ce gouvernement, j'en conviens, mais pour que les masques et l'équipement
de protection soient disponibles partout, que les élèves à l'école soient
protégés et que leur environnement soit sain. Les gestes n'étaient pas toujours
au rendez-vous, mais, par contre, le mot «crise» signifie, à M. le premier
ministre, son Conseil des ministres, à la fonction publique, qu'il fallait
agir, qu'il faut agir maintenant.
Bon, maintenant,
le ministre délégué lui-même indique que les dépenses sur la
santé mentale ne sont peut-être
pas suffisantes. Il admet aussi que la
réponse, en tout ce qui a trait au traitement, au triage, au diagnostic des
gens sur les listes d'attente... que
l'état de ces listes est décevant aussi, décevant pas mal. Les propres objectifs
ciblés par le gouvernement de la CAQ prévoyaient aujourd'hui peut-être
4 000 personnes en attente. Nous sommes, M. le Président, ce matin, à
20 000. Donc, j'admets, je m'assume, j'ai une certaine impatience. La
pandémie perdure. Maintenant, quoi, ça devrait être 15 mois, si je calcule
bien, même plus, 16 ou 17 mois. Les problèmes en santé mentale ont été
présents bien avant et vont être très présents après. C'est un des sujets que
je veux discuter avec le ministre : ces problèmes exigent des réponses
structurantes, réelles, mesurables et connues. Et, sur chacun de ces critères,
j'ai des questions.
• (10 h 10) •
On sait une chose, que les listes pour les
services, ça traîne et trop. On n'a même pas de chiffres de disponibles qui
nous aident à comprendre c'est quoi, la qualité des délais, c'est quoi, le
nombre dans chaque région. Est-ce que les
standards, proprement, du ministère même sont respectés, en termes de délais?
C'est quoi, la provenance de ces noms
sur les listes d'attente? Est-ce que c'est des gens en grande crise, référés
peut-être par les services policiers? D'où viennent ces noms-là? De
plus, comment est-ce que notre nom est inséré sur la liste, comment c'est
enlevé?
Ce n'est pas des petites questions et ce n'est
pas de l'ordre grande planification, plan de cinq ans qu'on va régler ces problèmes-là. C'est en sachant...
comme, avec la pandémie, on a des chiffres chaque jour à vérifier. Comme
il y a des réponses en termes de mesures
nécessaires, des équipes de déployées pour accentuer la campagne de
vaccination, toute une série d'actions qui découlent, et je reviens, découlent
du constat d'une crise. Et, une autre fois, ce n'est pas moi qui le dis, c'est
les experts sur le terrain, c'est sûrement les gens qui souffrent, c'est les études
des indicateurs qui démontrent que nous sommes devant une crise. Alors, c'est
où, la réaction complémentaire?
J'insiste sur un dernier point, et on va en
discuter, la crise, à quelque part, nous dévoile, nous démontre une piste pour
vraiment répondre à ces problèmes, parce que cette crise n'est pas ponctuelle.
Il y a des problèmes, en termes de services en santé mentale, qui vont
perdurer, qui ont été présents avant. Nous sommes devant une pénurie de
psychologues dans le secteur public. On a le luxe, en quelque part, d'avoir un
complément de psychologues, au Québec, en termes per capita, qui est mieux que
n'importe où au Québec. Alors, il y a du monde, ils ne sont pas au secteur
public, où actuellement il y a des délais de six à 24 mois pour les gens
qui ont besoin d'une telle intervention, dont une intervention plus légère ne
serait pas à la taille.
Nous avons mis devant le premier ministre et le ministre,
et j'attends une réponse claire, et nette, et défensible, une proposition pour
l'accès universel et gratuit à la psychothérapie, pour faire en sorte qu'il n'y
a pas deux vitesses, les gens avec l'argent et les gens sans argent, pour être
traité quand nous sommes en crise. Actuellement, c'est la situation. Donc,
j'aurai des questions sur tous ces piliers qui découlent de la réalité. Nous
sommes devant une crise, alors j'attends avec impatience les réponses du ministre
délégué à ces questions que nous allons poser, moi et mes collègues. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. M. le ministre, pour la déclaration d'ouverture, vous avez
10 minutes.
Réponse du ministre
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui. Bien, bon matin,
M. le Président, bonjour à tout le monde. Je remercie le député de D'Arcy-McGee
de me donner la chance encore une fois, ce matin, de parler de santé mentale,
un sujet qui me tient à coeur. Je remercie le député des Îles-de-la-Madeleine
d'être avec nous ce matin, ainsi que le député de Jean-Lesage, et bien sûr mes
collègues de Chauveau, Vanier-Les Rivières et de Jean-Talon, ainsi que mon chef
de cabinet qui nous accompagne ce matin.
Alors, ça va me faire plaisir de répondre aux
questions du député de D'Arcy-McGee, qu'il a mentionnées dans son introduction.
Puis la première question, c'est au sujet du terme «crise». Maintenant, il faut
définir le mot, qu'est-ce que c'est que le mot «crise», et le définir clairement.
Si on se base sur les délais d'attente ou sur les listes d'attente, j'aimerais
rappeler au député qu'en mai l'an dernier, la liste d'attente... en août, en
août 2019, la liste d'attente était à 28 000 patients, alors
qu'aujourd'hui elle est à 20 000. Donc, si on est en crise, cette année,
dans quelle situation étions-nous à notre arrivée au pouvoir, M. le Président?
Évidemment, c'était facile, avant 2019, parce
que l'ancien gouvernement n'avait pas mis de liste d'attente en santé mentale,
tout allait au guichet d'accès en santé mentale, dans chaque région, rien
n'était compilé, rien n'était suivi. Donc, si quelqu'un s'intéressait à la
santé mentale, à l'époque, ils auraient peut-être dû faire le travail à ce
moment-là. Et ils veulent nous faire mettre le mot «crise» dans notre bouche,
ils veulent nous inciter à dire le mot «crise», mais nous, quand on parle
d'urgence sanitaire, ils nous demandent de retirer l'état d'urgence sanitaire.
Donc, M. le Président, il faut vraiment être consistant dans ses demandes.
Maintenant, parlons de notre gestion des listes
d'attente. Je pense que je vais répondre à toutes les questions que le député a
à nous poser, mais ce qu'il est important de savoir, c'est que nous, on a
insisté pour consolider nos listes d'attente pour pouvoir
les gérer de façon adéquate. Je lui ai expliqué également comment on travaille
pour s'assurer que... Un, auparavant, on recevait ces données-là trois fois par
année. Ensuite, on l'a mis de façon bimensuelle. Là, on le veut de façon
hebdomadaire et on veut que ce soit fait de façon électronique.
Maintenant, également, la situation des
psychologues, ça va nous faire un plaisir d'en discuter avec eux. Ils nous
proposent une solution qui, selon moi, n'est pas viable et qui n'améliorerait
pas l'accès aux services. Nous, on pense que notre solution, beaucoup plus
globale, le Programme québécois pour les troubles mentaux, est la bonne
solution à court, moyen et long terme. Il s'agit de l'implanter de façon
adéquate avec un soutien adéquat pour le faire. Puis, quand on parle du soutien
à la santé mentale, je pense que les investissements que notre gouvernement a faits depuis notre arrivée, dès les premières
années, ont été considérables. Dès notre arrivée, on a voulu aider de
façon significative en santé mentale jeunesse, en santé mentale pour les
adultes, développer de nouveaux programmes, dont on va pouvoir parler ce matin,
pour mieux prendre soin des gens dans les plus brefs délais.
Puis c'est ça, le mot qui est important, c'est
«les plus brefs délais». Les gens, actuellement, attendent, comme l'a mentionné le député, de six à 24 mois,
alors qu'il ne se passe rien dans leur ville. Nous, on est en train de
modifier ça, on veut s'assurer que, quelle que soit la porte à laquelle un
individu frappe pour un problème de santé mentale, car, vous le savez, il n'y a que 50 % des gens qui osent lever la main,
il faut qu'ils reçoivent les services le plus rapidement possible et il
faut que ce soit le meilleur service possible. Donc, ça prend effectivement un
changement de culture pour permettre que ces services soient donnés et que, non
pas comme avant, quand on est arrivés, que quelqu'un t'envoie toujours cogner à
la porte d'à côté sans jamais t'offrir de services. Donc, ça va me faire
plaisir d'expliquer comment on va mettre ça sur pied, M. le Président.
Maintenant, aussi, ce qu'il est important de
savoir, c'est qu'on est capables de faire des changements à long terme et
s'occuper des besoins actuels. Et on travaille très fort à s'assurer que tous
les services soient fournis sur une base quotidienne à tous nos citoyens, M. le
Président. Donc, on est vraiment sur un changement important et qui va
continuer à se traduire au cours des prochains mois et au cours de la prochaine
année.
Maintenant, aussi, on a mentionné les organismes
communautaires, et ça aussi, c'est très important de s'assurer qu'on est en
face de vrais partenaires. Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment établir un
partenariat solide avec les organismes communautaires et travailler avec eux
dans la prise en charge et dans le suivi de nos patients. Chacun doit avoir un rôle bien défini, on est en train de
définir ce rôle-là et on va s'assurer qu'il soit supporté en conséquence
pour faire le travail de façon conjointe, M. le Président.
Donc, effectivement, on vient de vivre une année
des plus difficiles. Je pense que les 14 mois ont été assez... ont impacté
sur la santé mentale de toute la population, incluant nos plus jeunes. Ce qu'on
est en train de mettre sur pied et ce qu'on a commencé à mettre sur pied, c'est
un programme qui va être solide et qui va venir en renfort à tout le monde,
quand les besoins vont augmenter, parce que nous, on prévoit que les besoins
vont s'accentuer avec la fin de la pandémie.
Puis ce qu'il est important de mentionner, M. le
Président, c'est que jusqu'à présent, tout ce qu'on a fait, c'est en amont de
la problématique. Je mentionnais tantôt les investissements récurrents qu'on a
faits à notre arrivée et ce qu'on a fait, également, c'est qu'au début de la
pandémie on a instauré des services pour les conséquences en lien avec la
pandémie. Les 300 intervenants en santé mentale et en services sociaux
généraux que l'on a recrutés en mai l'an dernier, c'était justement pour
prévoir qu'avec la pandémie il y allait avoir des besoins accrus.
• (10 h 20) •
On a rehaussé le 8-1-1 Info-Social. Ça, c'est un
service qui est fantastique. 24 heures par jour, sept jours par
semaine, les Québécois peuvent appeler au 8-1-1 Info-Social pour avoir de
l'aide. C'est un service qui est régionalisé et non pas un service central,
donc dans chaque région les professionnels du 8-1-1 Info-Social sont au courant
des ressources dans chacune des régions, des
besoins dans chacune des régions. On y retrouve tous les types de
professionnels, que ce soient infirmier, psychologue, psychoéducateur,
ergothérapeute, travailleur social, qui est là pour répondre à nos besoins. Le
délai d'attente y est minime. Avant la pandémie, c'était à peu près
7 000 appels par semaine, que recevait le 8-1-1 Info-Social. On est
montés jusqu'à 14 000, au début de la pandémie, M. le Président, et,
depuis le début de la pandémie, ça se maintient en haut de
10 000 appels par semaine, sauf peut-être dans le dernier mois, on
est finalement un peu descendus.
Donc, c'est un service qu'on a rehaussé et qui
est très efficace, qui accompagne tout le monde, qui oriente les gens vers la bonne ressource et qui ont des
services de crise, qui peuvent avoir jusqu'à cinq séances d'accompagnement,
pour ceux qui en ont besoin, et, si, après ces cinq séances-là, il y a des
besoins additionnels, on vous oriente vers le guichet d'accès en santé mentale.
Puis ça, j'en parlerai plus loin, comment on est en train de rehausser ce
guichet-là.
Donc, au 8-1-1, Info-Social, qui est la porte
d'entrée que l'on veut donner à tous les individus en santé mentale, ceux qui
ont de la détresse, ceux qui ont des besoins, que vous soyez non connu du
réseau, que vous soyez déjà connu du réseau, en attente d'un rendez-vous, vous pouvez toujours appeler au 8-1-1 Info-Social, option 2. Je
l'ai moi-même essayé, M. le Président, à plusieurs reprises, et ça fonctionne, il y a quelqu'un
qui vous répond, tout le temps.
Et, soyez rassuré, ce n'est pas une technique
pour vous retirer des listes d'attente, c'est une technique pour vous offrir
des services, un soutien essentiel à la population québécoise. Tout le monde
doit savoir que, si j'ai besoin d'aide ou si je connais quelqu'un qui a besoin
d'aide, je peux lui dire d'appeler au 8-1-1 Info-Social, il va avoir les services qui sont requis, M. le Président. Déjà, ça, c'est une grande avancée, et on va continuer
à investir dans le 8-1-1 Info-Social. On travaille sur toutes sortes
d'options pour venir s'assurer que ceux qui en ont besoin peuvent l'utiliser et
encore plus rapidement, M. le Président. Donc, ça, c'est la première étape, la
porte d'entrée. Et je vais vous expliquer aujourd'hui, au cours des différents
échanges, tous les changements qu'on est en train de faire pour s'assurer que
tous les Québécois reçoivent des services appropriés dans un temps opportun.
Ensuite, ce qui est important
aussi, c'est de les diriger vers le bon service. Et pour ce faire il faut
parler à un professionnel. Ça suffit, il faut arrêter la culture que, quand
j'ai besoin d'un service, on me dit : Trouve-toi un rendez-vous chez le
psychologue ou arrange-toi pour que ton médecin te réfère au psychiatre. C'est
cette culture-là, M. le Président, qu'il faut changer. Ce n'est pas compliqué, là,
ce n'est pas des changements de structure qu'on demande, c'est un
changement de culture pour s'assurer que tous les professionnels, au Québec,
qui ont la compétence d'offrir des services en santé mentale puissent le faire.
Et c'est ça qu'on est en train de faire, M. le Président, à tous les niveaux,
que ce soit en première ligne, en deuxième ligne, dans les organismes
communautaires, tout le monde doit savoir par où on rentre, dans la porte
d'entrée, et qu'on va être dirigé au bon endroit pour avoir les services dont
on a besoin, M. le Président. Merci.
Argumentation
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le ministre. Nous débutons les périodes d'échange. Nous allons débuter avec le
député de D'Arcy-McGee pour une séquence de cinq minutes.
M. Birnbaum : Merci beaucoup, M. le
Président. Écoutez, un petit rappel que c'est le ministre, et le gouvernement
de la CAQ, qui est convoqué en interpellation. «News flash, you guys won three
years ago.» Alors, le ministre délégué ne se... pas trop souvent à cette option
que son premier ministre privilégie presque chaque période de questions, c'est
de questionner la performance de l'ancien gouvernement, dont j'étais fier
d'être membre. Ce n'est pas le but de notre échange ce matin.
Deuxièmement, parce que je veux passer très vite
à l'action, de dire qu'il y a une incohérence, quand on parle de crise, et là
on a nos problèmes sur l'imposition continuelle d'un état d'urgence, je
m'excuse, nos questions là-dessus, tout à fait légitimes, sont sur le plan
démocratie, transparence. Il y a des questions légitimes qui se posent, dans la
situation actuelle, améliorantes : Y a-t-il lieu pour une continuation de
l'état d'urgence validée une fois par 30 jours? Bon, on ferme cette
parenthèse.
J'aimerais
parler, avec le peu de temps que j'ai dans ce bloc-là, justement, de 100 millions
de dollars annoncés en novembre et les suites. Dans un premier temps, je
nous rappelle des commentaires du ministre lui-même, qui est autour de la table
du Conseil des ministres. Moi, je n'ai pas ce privilège-là pour influencer mon
premier ministre, mon ministre de Finances, d'assurer que les dépenses sont au
rendez-vous. Alors, dans un premier temps, et plusieurs regroupements
communautaires l'ont dit, le 100 millions, déjà, n'est pas tout à fait à
la taille des difficultés. Il faut dire que, de ce 100 millions de
dollars, de toute apparence, rendus au 31 mars, il n'y avait que
15,8 millions de dépensés. Alors, nous avons des questions là-dessus.
Qu'on se rappelle que ces montants dans le
100 millions sont presque tous non récurrents. Alors, est-ce que, dans la
planification du ministre délégué, les problèmes vont disparaître le
31 mars 2022? Oui, j'imagine qu'il aurait des approches pour
continuer à adresser ces problèmes. Là, il va comprendre comme moi que, pour
que les dépenses soient réelles et utiles, souvent, il y a des gestes en
pérennité que doivent poser nos partenaires dans le réseau. Sinon, on ne trouve pas d'expert à embaucher pour neuf
mois et pour dire : Oups! Bye-bye, notre budget est parti. Donc, il y
a plusieurs questions sur chacun des volets.
Sur le 35 millions, dont 25 confiés à ce
problème reconnu par le ministre lui-même, pas à l'ampleur qui est notre
lecture de l'affaire, mais pour ce qui a trait à l'accès à la psychothérapie, à
un psychologue qualifié pour les gens en crise majeure, il y avait
25 millions de dollars pour faciliter le transfert temporaire des
psychologues du privé pour qu'ils puissent être au poste pour aider ces gens
sur les listes d'attente. Bon, on était à 542 personnes d'aidées. Ce
matin, je lis que c'est rendu à 600 personnes aidées par une telle mesure.
Dans un premier temps, j'aimerais comprendre pourquoi, actuellement, il reste
de ce budget de 25 millions de dollars, suite aux dernières nouvelles,
presque 19 millions sur la table, pas encore dépensés. Et est-ce que,
comme je dis, le ministre est satisfait du fait qu'il y a quelque
600 personnes d'aidées? Il va convenir avec moi, même si ce n'est pas la
seule solution, qu'il y a plus que quelque 600 personnes sur cette liste d'attente de 20 000 qui ont besoin
d'aide. Le 100 millions, comme je dis, quand je suis en réunion
avec des regroupements communautaires, ils me disent que ce n'est pas à la
taille.
Pour ces mesures, il y en a d'autres : les
éclaireurs, les sentinelles, dont on va parler davantage, j'espère, le
10 millions pour les jeunes. Y a-t-il le moindrement de mesures qui nous
indiquent, dans un premier temps... Et les questions sont posées par Le Devoir,
ce matin : Est-ce que l'argent est rendu? Dans un deuxième temps, combien
de gens, quels programmes ont été ciblés? Dans un troisième temps, est-ce que
les regroupements communautaires sont en mesure de prendre le ballon au vol
pour agir de façon constructive? Quatrièmement, y a-t-il un suivi?
Cinquièmement, est-ce qu'on a quelques données que ce soient sur la portée de
ces programmes qui, je répète, sont non récurrents?
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. M. le ministre.
• (10 h 30) •
M. Carmant : Merci, M. le Président.
Le député de D'Arcy-McGee me pose beaucoup de questions pour cinq minutes. Je
vais essayer de les prendre une à une.
Je pense que le 100 millions
d'investissement qu'on a fait au mois de novembre était quand même historique,
là, dans un contexte de pandémie, à la mise à jour économique. Je pense qu'une
bonne partie de cet argent-là est entamée. Je pense qu'il faut rappeler qu'il y
avait 31 millions qui permettaient de suivre l'investissement dont je vous
ai parlé tout à l'heure, là, donc, en services sociaux généraux, santé mentale,
les 300 intervenants qu'on a recrutés et qui nous
permettent de poursuivre les diminutions des listes d'attente qui ont été
entamées. Donc, ça, c'est sûr que c'est
dépensé. Il ne faut pas oublier qu'il y avait également là-dedans
5 millions pour la prévention du suicide, hein? On en parle très peu, mais nous, on a prévu ça, on a fait
attention à ça. On a développé une stratégie numérique, qui est
maintenant disponible. Tout le monde peut rejoindre la prévention du suicide au
Québec. Ça aussi, il faut l'inclure dans les choses qu'on a réussi à faire. Et
ensuite, on avait le 25 millions pour la psychothérapie.
Est-ce que je suis déçu? C'est sûr que j'aurais
aimé que ça aille plus vite. Ce qui est décevant, M. le Président, c'est que,
un, ça a pris du temps à mettre sur pied, le temps de s'entendre avec les ordres
professionnels, le temps de s'entendre avec les établissements. C'est sûr qu'on
aurait pu faire mieux, mais, cependant, ce qu'il faut se rendre compte également,
c'est que les premiers patients qui ont été référés, c'est ceux qui étaient sur
les listes d'attente avant le mois de novembre, avant le 2 novembre 2020,
et plusieurs de ces patients, malheureusement, avaient des problèmes extrêmement
complexes, qui nécessitaient une approche plutôt interdisciplinaire qu'une approche
uniquement de psychothérapie. Ça, on va en reparler quand on va parler du
fameux Programme québécois pour les troubles mentaux.
Maintenant, ce qu'il faut savoir, c'est que le
programme semble s'accélérer. Effectivement, chaque semaine, on en a de plus en
plus. Eh oui, il faut voir qu'il y a sept mois qui sont passés, mais il en
reste encore 10 mois, avant le mois de mars 2022, M. le Président.
Et, je l'avais dit dès le départ, le but de cet argent-là, c'est de nous
permettre de faire ce changement fondamental qu'est l'établissement du plan québécois
pour les troubles mentaux. Donc, ça, c'est important de nous permettre de faire
ça, parce qu'à ce moment-là on aura beaucoup moins de difficulté avec nos
listes d'attente pour la psychothérapie.
D'ailleurs, ce qui nous permet de voir
l'accélération qu'on voit présentement, c'est que de plus en plus
d'établissements se servent de cette méthode de triage où ceux qui ont vraiment
besoin de psychothérapie sont mis en attente pour les psychologues et ceux qui
n'ont pas besoin sont orientés vers d'autres services disponibles dans le
réseau. Et là c'est pour ça qu'on peut voir qu'on a continué à en référer et
qu'on va continuer à en référer plusieurs dans le service.
Là, je vais prendre le deux minutes qu'il me
reste pour vous parler des éclaireurs. Donc, une chose qu'on ne peut pas dire...
qu'on doit dire, c'est qu'on innove en santé mentale au Québec. Et je pense que
ça, c'est un programme dont je suis très fier, qu'on parle à l'international,
qu'on est en train d'établir chez nous, programme qui nous vient de Mélissa...
la Dre Mélissa Généreux, qui avait établi ça après la tragédie du lac Mégantic,
où les gens ont dit que ce qui les a le plus aidés, c'est la présence
d'éclaireurs, dans leur communauté, qui leur permet de faire un lien entre le
réseau communautaire... entre le réseau de la santé, qui vont les chercher dans
leur milieu de vie, ceux qui souffrent en silence, M. le Président. Je vous
l'ai mentionné tantôt, c'est 50 % qui ne lèvent pas la main, et plusieurs
de ces gens-là souffrent en silence.
D'ailleurs, on a également fait un
investissement particulier pour les agriculteurs. Ma prédécesseure, ministre de
l'Éducation supérieure, elle avait investi 400 000 $ pour exactement
le même travail au niveau des agriculteurs, parce qu'on a des travailleurs de
rang qui vont chercher les gens qui ont des besoins, qui vont les aider, qui
les mettent en lien avec les ressources, qui leur... qui les mettent en lien
avec les ressources de leur communauté, parce que le plus important qu'il faut
faire, après ce confinement qu'on vient de vivre, M. le Président, c'est que
tout le monde puisse retrouver son sens, hein? Ça fait 14 mois, là, qu'on
n'a pas de contact avec nos familles, qu'on n'a pas de contact avec nos amis.
Il va falloir que les gens qui étaient confinés puissent retrouver un sens dans
la vie. Oui, on va sortir du télétravail, c'est déjà bien, mais ce ne sera pas
si facile que ça.
Donc, les éclaireurs, dans chacune de leurs
régions, puis on a insisté pour le donner pas par population, mais, dans
chacune des régions, il va y en avoir autant, parce que, dans les régions
éloignées, il faut couvrir le terrain. Ces gens-là vont permettre à la
population québécoise de retrouver un sens alors qu'on revient à la vie
normale, M. le Président. C'est essentiel. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. La parole est au député de Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Vraiment, je suis très heureux d'être avec vous
aujourd'hui pour discuter de ce sujet-là. Je vous salue personnellement, M. le
Président. Je me permets de saluer mes
collègues également, bien sûr, M. le ministre délégué, Santé et Services
sociaux, mes collègues de Jean-Talon, également de Vanier-Les Rivières,
saluer les membres de l'opposition.
C'est un sujet tellement important qu'on discute
aujourd'hui. La santé mentale, ça nous préoccupe tous. Puis moi en particulier,
M. le Président, j'ai oeuvré une bonne partie de ma carrière dans le milieu
communautaire, hein? Donc, quand on parle de santé mentale, quand on parle des
difficultés qui sont vécues, j'ai été témoin. Et c'est un sujet qui,
malheureusement, a toujours été un peu présent, est présent aujourd'hui. Il
s'est probablement accru en lien avec la pandémie, c'est certain, hein? Tout
événement stresseur, tout événement difficile provoque ça, plus de détresse,
plus de besoins, et c'est normal. Il faut être capable d'y répondre.
Et, pour avoir oeuvré dans deux réseaux communautaires
très distincts, mais qui, quand même, avaient son lot de problèmes... Je parle
du volet dans le domaine de l'employabilité, à l'époque, 1995, 1997, 1998, ces
époques-là où est-ce que c'était difficile pour les jeunes de se trouver un
emploi. Ça pouvait faire vivre beaucoup de détresse. Puis évidemment j'étais à
la tête d'un réseau communautaire, qui s'appelle À coeur d'homme, en violence
conjugale, puis il y avait énormément de détresse, alors, de séparations
amoureuses.
Donc, l'important de connaître le terrain,
connaître ce qui se passe pour intervenir en santé mentale de façon précoce, c'est là, et il faut connaître son
terrain pour être capable de bien référer, bien reconnaître... et moi, je
reconnais, là, qu'il n'y a pas seulement une solution
unique pour être capable de prévenir et d'intervenir auprès des personnes qui
ont des difficultés.
D'ailleurs, le ministre vient d'en parler, là,
le fameux programme d'éclaireurs, moi aussi, ça m'a touché beaucoup, M. le
ministre, ce volet-là, parce que ce qui s'est passé en Estrie, avec la
Dre Généreux, de prendre une catastrophe incroyable, la tragédie de
Lac-Mégantic, puis d'amener des solutions puis d'impliquer l'ensemble de la
collectivité, bien, c'est un peu ça, une piste de sortie, une piste pour
améliorer la question, pour améliorer la situation, parce que ça ne concerne
pas juste les experts. Il faut être capable, tout le monde ensemble, de
travailler à identifier les gens, les référer, de les amener aux bons endroits.
Vous savez, il y a un 19 millions, là, qui
a été investi pour les éclaireurs. C'est en train de s'implanter un peu partout
au Québec. Je pense qu'en juin on devrait être pas mal avancés, puis c'est déjà
très avancé, mais ça se poursuit. Mais c'est une approche importante, qui tient
compte du milieu communautaire, mais qui tient compte de la société civile,
utiliser des acteurs, des gens significatifs pour d'autres, tu sais, ça peut
être notre coach de hockey, ça peut être un élu municipal, ça peut être une
personne qui est importante pour nous, mais d'outiller ces gens-là à référer...
Vous savez, moi, de la manière que je le vois, c'est une approche un peu
holistique, un lien entre le volet social et le volet médical, d'être capable
d'utiliser ces deux axes-là, si importants, et d'outiller notre monde.
Puis là, quand je dis d'outiller, c'est bien
évident, on ne veut pas transformer les gens en experts en santé mentale. Il y
a des gens spécialistes partout au Québec qui sont capables de faire ça, mais
c'est un peu comme donner des cours de premiers soins, M. le Président. Je sais
que l'approche va peut-être vous sembler un peu comique, là, mais on donne des
cours de premiers soins. Mais les gens qui ont le cours de premiers soins
peuvent sauver des vies, puis ce n'est pas des ambulanciers. C'est un peu la
même chose, outiller les gens.
Ça fait que moi, j'apprécie énormément ce que le
ministre a mis en place. Puis il faut être capable de continuer à utiliser les
spécialistes sur le terrain, vous savez, développer des réflexes, d'être
capable d'amener le monde à demander de l'aide hâtivement, parce que la santé
mentale, M. le Président, c'est un... Ce que j'ai vécu, là, c'est qu'il n'y a
pas rien... Ça amène d'autres problèmes. Souvent, là, quand tu vis des
problèmes de santé mentale, bien, ça peut t'amener parfois à des comportements
violents.
Tu sais, moi, pour avoir travaillé en violence
conjugale, je l'ai vue souvent, la détresse des hommes, bien, qui ne savent pas
comment bien gérer cette crise-là, mais ça amène des gens à poser des gestes de
violence, même voire l'irréparable, là. Les féminicides qu'on a connus au
Québec, présentement, je pense, ça peut être une conséquence. Le suicide, le
ministre l'a abordée, la question, bien, c'est sûr qu'un homme ou une femme en
détresse peut en arriver à se dire : Est-ce que c'est l'option que j'ai,
d'en finir? Bien, on ne veut pas ça. La toxicomanie, il y a des gens qui
consomment davantage quand ça ne va pas bien.
Alors, moi, M. le Président, je vous ai parlé
d'un seul volet, le volet éclaireur, mais, en parlant un peu de mon expérience,
j'ai la prétention, dans ma lecture, là, que ce programme-là, des éclaireurs,
bien, ça va avoir un impact de diminuer à terme la détresse psychologique,
parce que plus rapidement une personne demande de l'aide, eh bien, plus
rapidement cette personne-là va pouvoir se sortir de cette détresse-là. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député de Chauveau. La parole est au député de Jean-Lesage.
• (10 h 40) •
M. Zanetti : Merci, M. le Président.
Bonjour, M. le ministre, les autres députés présents aussi, je vous salue.
Je trouve ça intéressant, le discours que vient
de faire le député de Chauveau au sujet des organismes communautaires en santé
mentale, puis je partage son analyse, c'est clair. La question qu'on peut se
poser, par contre, c'est : Pourquoi, si on reconnaît l'importance
des organismes communautaires, est-ce
qu'on ne les subventionne pas
comme il faut? Cet été, un 70 millions de dollars a été proposé, promis,
annoncé, puis, finalement, bien, c'est 10 %, peut-être que, là, les
chiffres ont changé un peu, qui ont été vraiment donnés. Pourquoi? Parce que
les critères étaient limitants. Les critères faisaient en sorte que, pour avoir
accès, il fallait faire des déficits, mais la plupart des organismes n'étaient
pas en mesure, de toute façon, de faire ces déficits-là. Donc, ils étaient
disqualifiés de l'offre qui était annoncée, de financement supplémentaire, en
pleine crise sanitaire.
Et puis, pour les organismes en santé mentale,
on apprenait, ce matin, dans les journaux, justement, que, finalement, d'un
17 millions qui a été proposé, il y en a le tiers, pour des organismes de
santé mentale, qui ne s'est pas encore rendu sur le terrain, malgré que ça a été
annoncé au mois d'août dernier. Alors... Et puis, même si ces sommes-là avaient
été envoyées, là, ce que les organismes communautaires évaluent comme étant le
déficit, le manque à gagner pour être capables de vraiment mener à bien leur
mission, c'est de l'ordre de plusieurs centaines de millions. La dernière fois
que j'ai vérifié, il me semble que c'était 450 millions de
sous-financement des organismes communautaires en général, pas seulement en
santé mentale, au Québec, mais ça inclut la question de tous les organismes
communautaires qui s'occupent de la matière de... en matière de violence
conjugale puis en santé mentale, en toutes sortes de choses.
Alors, je me dis, il y a un sous-financement
chronique dans quelque chose d'extrêmement important, et ces coûts-là, cet
argent-là qu'on ne met pas là-dedans, bien, il nous fait perdre beaucoup
d'argent. Évidemment, le pire, c'est les coûts humains, mais souvent on est
dans une logique comptable, là, pour justifier de ne pas mettre l'argent qui
est demandé, puis on dit : On n'a pas cet argent-là, on n'a pas cette
capacité de payer là. Mais, en même temps, quand on voit qu'investir en santé
mentale ça fait sauver des coûts dans le reste du système de santé, bien, la
question qu'on peut se poser, c'est : A-t-on vraiment les moyens de ne pas
mettre cet argent-là à cet endroit-là? Et moi, je pense que nous n'avons pas
les moyens de ne pas investir à la hauteur des besoins, à la fois dans les
ressources communautaires puis dans le reste du réseau de la santé, particulièrement
en santé mentale.
Récemment, je constatais
que le tiers, par exemple, des interventions faites dans le système ou des
demandes de rencontre dans le réseau de la
santé concernaient la santé mentale, alors qu'on voit qu'il y a 6 % du
budget environ de la santé qui
concerne la santé mentale. Ça fait qu'on se dit : Il y a comme une
disproportion et c'est une disproportion historique. Bien sûr, ça fait
longtemps, là, je comprends qu'on n'est pas partis... Le gouvernement actuel
n'est pas arrivé avec une table rase en 2018, puis tout ça, mais il y a un
rattrapage historique à faire qui n'est pas entamé.
Puis, même s'il y a eu des réinvestissements,
qu'on parle du 100 millions annoncé en décembre ou d'autres sommes, c'est
quelque chose qui... dont on n'a aucune idée si c'est suffisant. On n'a pas
fait une espèce de calcul, qu'est-ce qu'il
manque vraiment, selon les gens du terrain, puis qu'est-ce qu'on est prêts à
mettre? Alors, le 100 millions qui est rajouté, est-ce que c'est
10 % des besoins du sous-financement? Est-ce que c'est 90 %? Ça
m'étonnerait énormément, là. Moi, je pense que c'est davantage dans l'ordre du
10 %, 20 %, mais il faudrait le calculer.
Alors, quand on dit : Oui, mais on en met
plus que les libéraux, par exemple, là, parce que, souvent, c'est la réponse
qu'on entend, je comprends, mais c'est comme dire, je ne sais pas... c'est
comme dire, je ne sais pas : On pollue moins qu'un pays qui pollue
énormément, tu sais, c'est comme si on émet moins de gaz à effet de serre que
la Chine. Je veux dire, bien là, je comprends, là, mais ce n'est pas... Ça ne
veut rien dire, tu sais, même... Alors, quand on dit : On en met plus que
les libéraux, alors qu'ils ont fait subir au Québec une cure d'austérité puis
une cure... en fait, ce n'est pas une cure, c'est un poison d'austérité, là,
qui a affaibli tellement le réseau public, ce n'est pas une mesure de la
réussite. On n'est pas en train de faire l'espèce de retour du balancier
nécessaire, et je pense que...
Tu sais, on veut engager du monde dans le
système public puis on veut qu'il y ait du monde pour fournir à la demande,
mais il faut qu'on soit attractifs, qu'on ait de la rétention, qu'on soit
capables de les retenir. Il faut qu'on soit capables d'attirer les internes en
psychologie, qu'on soit capables de leur donner des bonnes conditions, puis des
conditions qui sont, oui, meilleures d'un point de vue salarial, mais aussi à
plein d'autres niveaux, au niveau de l'autonomie professionnelle, de
l'organisation des soins, pour faire en sorte qu'on ait du monde, là.
Et moi, quand je regarde comment vont les
négociations au secteur public à l'heure actuelle, là, cette volonté de faire
une espèce de retour du balancier de réinvestissement nécessaire, je ne la vois
pas, et c'est principalement peut-être à cause du Trésor, du Conseil du trésor
et du ministère des Finances, mais, comme tout le monde est responsable
collectivement, bien, c'est ce que je voulais vous dire aujourd'hui.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le député. Nous sommes sur le deuxième bloc d'intervention. La parole est au
ministre.
M. Carmant : D'accord. Bien, merci
beaucoup au député de Jean-Lesage d'amener le sujet. Je pense que je vais
prendre mon temps pour parler du partenariat qu'on veut développer avec nos organismes
communautaires. Je pense que, le 70 millions, ça, on n'en parlera pas, parce
que c'était vraiment pour les organismes en général, mais je pense que le 17,6,
c'était justement une mesure qu'on avait mise dès le mois de mai, l'an dernier,
en sachant que les besoins allaient être rehaussés pour les organismes
communautaires dans le contexte de pandémie.
Et je vais en profiter tout de suite pour mettre
à jour ce qui a été dit aujourd'hui, là, dans le journal. Je pense qu'effectivement
la partie qui reste dépend vraiment de la reddition de comptes, là. Je pense
qu'il y avait une partie qui était liée à la reddition de comptes, et, dès que
celle-ci va rentrer, on va verser le reste des sommes, il n'y a aucun doute,
ça, je tiens à rassurer tout le monde.
Maintenant, ce qui est important aussi de
savoir, c'est que certains des organismes communautaires... Je pense qu'à leur
demande même, même que le leader de la deuxième opposition m'avait même
contacté pour me demander d'agir dans ce sens, on a allégé la reddition de
comptes pour les organismes communautaires, et, dans les trois mois qu'ils vont
faire cette reddition de comptes, que ce soit en mars ou jusqu'en décembre,
dépendamment des organismes communautaires, l'argent va leur être versé. Ça,
j'en ai discuté ce matin avec nos fonctionnaires. Donc, ça, il n'y a aucune,
aucune inquiétude là-dessus.
Maintenant, ce qu'on veut développer, c'est
vraiment un partenariat qui va faire qu'on va travailler ensemble, et je les ai rencontrés à plusieurs
reprises. On les a rencontrés dans le contexte, ensemble, de façon
transpartisane, dans l'impact de la pandémie sur la santé mentale, mais je les
ai rencontrés également dans l'élaboration du Plan d'action interministériel en
santé mentale. Il faut que ce partenariat se développe de façon interactive.
Donc, il faut qu'on travaille. Il faut que le
réseau de la santé travaille avec les organismes communautaires et qu'on arrête
ce sentiment qu'ils ont de se faire envoyer des patients sans pouvoir en
profiter des ressources dans le réseau.
Donc, on veut voir... s'assurer vraiment qu'il y a un partenariat qui va être
dans ce réseau-là, entre les deux réseaux, et, ça, vous allez le voir
dans le plan d'action interministériel qu'on va déposer cette année. On va
faire des actions clairement en ce sens.
Aussi, dans le 100 millions qui a été versé
pour les organismes au mois de novembre, là, dans le contexte d'urgence,
j'ai... dans la discussion que j'ai eue ce matin avec nos fonctionnaires, je me
suis assuré que le 10 millions... qu'il soit inscrit... qui était inscrit
pour les organismes communautaires, justement, pour poursuivre leurs actions
jusqu'en mars 2022, que le 10 millions soit versé d'ici au
24 juin. Donc, l'argent va être versé dans les établissements. Les
regroupements d'organismes communautaires vont pouvoir s'organiser avec les
regroupements... avec les établissements, et l'argent sera versé aux organismes
d'ici le 24 juin. Donc, ça, on s'est assurés de ça, M. le Président, ce
matin, et je suis sûr que ça va être à leur grande satisfaction.
Effectivement, ce n'est pas de l'argent
récurrent, mais, dans le Plan d'action interministériel en santé mentale, on va s'assurer que... d'avoir des sommes
récurrentes pour consolider ce partenariat, parce que c'est important
qu'on puisse travailler ensemble dans le fameux Programme québécois pour les
troubles mentaux, que je vais finir par expliquer, M. le
Président, qui va permettre justement de s'assurer que ceux qui peuvent avoir
des ressources avec les organismes
communautaires puissent avoir les ressources dont ils ont besoin, puissent
profiter de leur expertise, et que, quand quelqu'un va cogner à la porte
d'un organisme communautaire et qu'il a besoin de plus d'aide, d'aide du réseau
de la santé, il puisse avoir une référence vers le réseau de la santé, vers la
bonne source, sans avoir à passer par la référence du médecin de famille ou de
l'urgence. C'est ça qu'on est en train de changer, M. le Président, de
fondamental, c'est que cette ressource médicale qui était clé à tout, là, il
faut l'enlever de l'échiquier parce que c'est un... ça rend l'accès aux
services plus difficile que c'est nécessaire. Donc, on est en train de rebâtir
tout ça.
Donc, oui, on s'occupe de nos organismes
communautaires, oui, il y a de la reddition de comptes qui doit être faite, M.
le Président. Il faut qu'on s'occupe des deniers publics. C'est des sommes qui
sont importantes. D'ailleurs, pour le rattrapage, depuis qu'on est au
gouvernement, on a donné 35 millions, 40 millions, 15 millions
récurrents en mission globale aux organismes communautaires. Si on inclut les
sommes pour violence conjugale, c'est un 26... et une somme de 25 millions
également qu'on a donnée cette année à la mission globale, de façon récurrente.
Donc, on rattrape. Ça prend du temps, mais on va réussir, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de Jean-Talon.
• (10 h 50) •
Mme Boutin : Merci, M. le Président.
Je vous salue, d'ailleurs. Pour débuter, je salue mes collègues de la partie
gouvernementale, mes collègues de l'opposition. Je salue également ma fille qui
est dans mon bureau en train de nous regarder.
J'aimerais... Pour moi, c'est un sujet aussi
important. Je pense que mon collègue de Chauveau l'a très bien dépeint, c'est
important. J'aimerais souligner quelque chose d'assez majeur. C'est la première
fois dans toute l'histoire du Québec que nous avons un ministre en charge du
dossier de la santé mentale, mais un ministre qui est plus outillé que
n'importe quel ministre en matière de santé mentale, qui possède une expertise
vraiment pointue en matière de cerveau. Je pense que tout le monde ici peut le
reconnaître, mais ça démontre que, pour nous, pour notre gouvernement, c'est un
enjeu important, parce que notre premier ministre n'aurait jamais mis une
sommité mondiale en matière de santé mentale aux rênes, justement, de... comme
ministre délégué à la Santé, pour s'attaquer à cet enjeu qui est majeur là.
Puis je trouve que c'est vraiment primordial. Ce n'est pas seulement un
ministre qui possède une expertise. C'est un ministre qui est en mode
proaction, innovation depuis le début, mais, encore plus depuis le début de la
pandémie, il est... Il ne se cache pas la tête dans le sable. Il est en mode
action.
Puis j'ai même, moi-même, pu assister à une
conférence qu'il a donnée auprès de jeunes à l'Université Laval, où il a pu
justement nous faire part de tout son plan d'action, la manière dont il voyait
la santé mentale. J'ai rarement appris autant en matière de santé mentale. Puis
ça m'amène au sujet que je veux aborder, les jeunes, les étudiants. Je vous avoue que ça fait longtemps
qu'on en parle. Plusieurs associations étudiantes ont publié des
rapports, des sondages bien avant notre élection. Moi, j'ai même participé à
des débats à l'Université Laval. On en parlait. 65 % des jeunes ont vécu ou vivent des enjeux de santé mentale lorsqu'ils étudient puis aussi dans
leur vie en général.
Donc, ce n'est pas un enjeu qui est nouveau.
Pendant la crise, j'ai moi-même rencontré plusieurs associations étudiantes,
notamment à l'Université Laval, juste pour voir comment les jeunes allaient,
comment ça se passait, leur pandémie à eux, et puis j'ai réalisé, puis on en
est tous très conscients, que la plupart vivaient un isolement, une détresse
psychologique même. Ils étaient pas mal toute la journée devant leur
ordinateur, dans leur chambre, ce qui n'est pas tout à fait naturel pour des
jeunes.
Donc, c'est quelque chose dont notre
gouvernement était conscient, puis c'est pour ça que le ministre, mon collègue,
a investi des sommes quand même considérables, là, justement pour venir en aide
à cette population-là, les jeunes, les étudiants notamment, pour leur offrir
plus de services. On a injecté, il n'y a pas si longtemps, 14 millions de
dollars au printemps 2020, plus 10 millions de dollars à la mise à
jour économique en novembre, pour la santé mentale étudiante, en réponse
justement à l'urgence de la COVID, et ça, ça s'ajoute au montant, dans le
dernier budget, de 288 millions de dollars en santé mentale.
Puis là, bien, moi, j'aime les chiffres, ça fait
que je vais les sortir un petit peu. En santé mentale, ces montants-là, depuis
mars 2019, c'est des sommes de 361 millions de dollars qui ont été
allouées pour offrir des services en santé
mentale, dont 261,4 millions de dollars pour accroître les services de
proximité adaptés aux multiples clientèles, notamment pour les jeunes,
100 millions de dollars pour aider les jeunes qui éprouvent des troubles
de santé mentale, puis, comme le ministre l'a mentionné ici, des sommes
importantes, justement, pour... à la prévention du suicide.
Je sais que, bon, les collègues du Parti libéral
n'aiment pas vraiment qu'on parle du passé, mais je trouve que c'est quand
même... On ne peut même pas se comparer... Là, le collègue de Jean-Lesage
parlait justement qu'on se compare au pire,
mais moi, je pense, ce n'est pas une comparaison, investissement majeur, plus
de 300 millions, versus des coupures de 242 millions, en
2016-2017, dans le système de santé. Ces coupures-là ont fait mal. Ces
coupures-là ont réduit les services à la population.
Donc, pour revenir au sujet, nous on ne s'est
pas caché la tête dans le sable. On a embauché les gens, avec ces montants-là,
des ressources en psychothérapie, qui ont permis justement à
15 000 étudiants de recevoir des services dans la dernière année,
6 000 qui ont été évalués pour avoir accès à des accommodements, notamment,
à leurs études, parce que, des fois, on vit de grands stress. Les jeunes, en ce
moment, vivent de l'anxiété de performance pour leurs études, mais même de
l'anxiété de performance par rapport au confinement. C'est quelque chose, là,
les jeunes se demandent s'ils réussissent leur confinement puis leur pandémie.
Donc, ils vivent beaucoup, beaucoup de détresse, de stress, puis on ne s'est
pas gênés pour investir.
Puis
là le temps file, là. Je pourrais en parler longtemps, mais je veux quand même
dire que le ministre ne travaille pas en vase clos. Il collabore avec ses
collègues, notamment la collègue ministre de l'Éducation supérieure, qui
travaille sur un plan costaud, majeur, qui sera déposé très prochainement, un
plan d'environ 60 millions de dollars, spécifiquement pour les jeunes,
pour les aider en santé mentale. Ça, M. le Président, c'est du jamais-vu dans
l'histoire du Québec, moi, je tiens à le préciser, parce que les jeunes nous
l'ont demandé et les jeunes sont notre avenir. Et je pense que le ministre, mon
collègue de Taillon, est très conscient de ça. Il veut investir dans l'avenir
du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Tremblay) : Merci, Mme la députée. Pour le troisième bloc
d'interventions, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. J'entends... J'écoutais avec intérêt l'intervention de
la députée de Jean-Talon. Quand, lors de l'exercice de l'étude des crédits,
nous avons décortiqué les investissements, dans le budget, dont la députée
parle, de quelque 261 millions, plus, nous avons établi qu'il y avait
peut-être à peine 70 millions qui n'étaient pas attachés aux frais du
système, disons. J'ai déjà travaillé en éducation, et la première chose qu'on
regardait dans le budget, dans notre huis clos, chaque année, c'était
l'augmentation sur les coûts de système, qui... c'est des choses fixes. Alors,
de se vanter des dépenses, du jamais-vu, pas certain.
J'aimerais revenir et
continuer notre discussion sur les regroupements communautaires.
Dans un premier
temps, le ministre, sûrement, se joint à moi à reconnaître leur travail
colossal durant ces derniers mois. Et, comme toujours, devant des pressions
énormes, pour avoir travaillé au sein de la communauté... Et, comme mon
collègue a dit lui aussi, c'est toujours difficile, parce qu'en quelque part on
est souvent les victimes de notre propre réussite, de notre propre dévouement,
parce qu'on commence à collaborer de près avec les CIUSSS, dans cet exemple-ci,
avec les instances des forces de l'ordre, avec les gouvernements municipaux, et
à faire notre travail formidable, et ça devient que ça fait partie, comme il
faut, de la roue qui tourne.
Par contre, c'est
ironique et difficile, parce que, souvent, on n'est pas reconnus de façon
systémique comme membres de l'équipe, et, assez souvent on n'est pas
accompagnés, ni consultés, ni financés à la taille de nos responsabilités. Et
là on parle des groupes d'action contre le suicide, contre la toxicomanie, les
gens qui sont le dernier recours, souvent, pour les gens avec des problèmes
multiples. Assez souvent, la crise du logement touche aux gens touchés par la crise en santé mentale, des
gens avec des problèmes de comportement, pour qui le dernier recours,
c'est souvent ces regroupements sur le terrain, et, dans le contexte actuel,
ces regroupements essaient, devant de grands défis, à confronter les besoins
croissants.
Et j'ai plusieurs
témoignages qui parlent du fait que l'argent n'est pas au rendez-vous. Comme je
dis, la consultation... au rendez-vous. L'accompagnement n'est pas au rendez-vous. L'Avenue libre du
bassin de Maskinongé parle de la pénurie de main-d'oeuvre. Ils ne
peuvent pas garder du monde. Ce n'est pas concurrentiel avec le secteur privé.
Comment est-ce qu'ils vont être appuyés là-dessus?
La table ronde avec
les organismes en santé mentale de Chaudière-Appalaches, il n'y a qu'un
psychologue qui reste dans le coin. Chez
eux, ils ne peuvent pas remplacer les employés qu'ils ont besoin, de première
ligne, parce que les salaires ne sont pas concurrentiels. Et une autre
crise, la crise de pénurie de main-d'oeuvre, n'est pas reconnue par le gouvernement
non plus.
Je veux poursuivre
aussi la discussion, justement, sur les éclaireurs, sur les sentinelles, un programme
formidable, mais est-ce qu'on a toutes les assurances, premièrement, que ça
s'arrime avec ce qui se passe sur le terrain? La Table régionale des élu-es
municipaux du Bas-Saint-Laurent, sur ce sujet, m'a dit que le réseau des travailleurs
et travailleuses de rue du Bas-Saint-Laurent... le réseau est préoccupé par le
risque de dédoublement. Ils ont un programme qui était comparable, et ils se
demandent si ça fonctionne, et où est leur financement pour ça.
De plus, et on en a
parlé un petit peu, mais plusieurs regroupements me disent que le
10 millions n'est pas à la taille... Deuxièmement, le fait que c'est
étalé, le ministre vient de nous rassurer un petit peu... mais les empêche de
faire des choses structurantes et récurrentes.
Alors, une autre
fois, est-ce que le ministre peut nous parler, de façon systématique... et
surtout de revenir aux éclaireurs? C'est quoi, les cibles? Est-ce que c'est
présent dans toutes les régions? Est-ce que les réseaux pour l'implanter sont
au rendez-vous et déjà livrés? Y a-t-il une évaluation de ce programme-là?
Est-ce que les outils sont en place? Est-ce qu'on va le suivre? Est-ce qu'on va
le renouveler pour que ce soit pérennisé comme il faut?
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le député. M. le ministre.
• (11 heures) •
M.
Carmant : Merci beaucoup, M. le Président. Encore une fois, plusieurs
questions. Je vais répondre rapidement à
certaines d'entre elles puis, ensuite, je vais prendre un moment pour expliquer
à tout le monde le Programme québécois pour les troubles mentaux et
venir insérer le rôle des organismes communautaires.
Effectivement, le
programme des éclaireurs a engendré certaines inquiétudes, particulièrement
dans le Bas-Saint-Laurent, mais j'ai pris la peine d'appeler la P.D.G. et avoir
une discussion avec elle, et, finalement, tout le monde est content de ce
programme-là, maintenant qu'ils comprennent la base du programme et comment ça permet
de relier ce qui est déjà en place avec le réseau de la santé et avec la
population. Donc ça je n'ai pas d'inquiétude. Et d'ailleurs Dre Généreux,
elle-même a été engagée pour faire le suivi du programme à travers le Québec.
Donc, on est vraiment entre bonnes mains à ce niveau-là.
Programme québécois pour les troubles mentaux.
Quand on est arrivés, le programme s'appelait Programme québécois pour la
psychothérapie, parce que le but, c'était que, si vous avez un problème, bien,
votre médecin de famille pouvait vous référer vers un
psychothérapeute, en général, un psychologue, plutôt que vous envoyer vers le
psychiatre. Parce qu'avant ce n'était pas pris en charge par le réseau public.
Donc ça, c'était le début, là, en 2018, quand ça a commencé. Nous, quand on est
arrivés, on s'est inspirés de... bien, ça s'inspirait déjà de ce qui se faisait
en Australie et en Angleterre, mais, comme
je vous dis... Puis, moi, dans tous les programmes que j'amène,
l'important, c'est la disponibilité, et ce qu'on voulait, c'est retirer cette
obligation de passer par le médecin. Donc là, c'est là que le rôle et le
partenariat avec les organismes communautaires et avec tous les gens qui
s'occupent de la santé mentale deviennent importants.
Donc, maintenant, quand un Québécois a besoin
d'aide en santé mentale, la porte d'entrée qu'on veut qu'il utilise, c'est les
services sociaux généraux. Et de là, on s'est assurés que les services sociaux
généraux, dans chaque région, aient un répertoire de tous les organismes, dans
leur région, qui peuvent venir en aide. Et ils sont meilleurs que le réseau de
la santé pour beaucoup de choses : thérapies de groupe, les autosoins, les
thérapies alternatives. Donc, ça, on ne veut pas dédoubler ces choses-là, et on
veut référer les gens qui viennent... qui cognent à notre porte, aux services
sociaux généraux, vers les organismes communautaires, et on veut les financer.
Et, oui, on a décidé de ce qu'on allait jusqu'à mars 2022 et on va
s'assurer que ce financement-là devienne récurrent pour qu'il n'y ait pas de
souci à ce niveau-là.
Deuxièmement, la deuxième chose qu'on veut
faire, ceux qui ont besoin de services plus spécialisés et qui ne sont pas pris
en charge et résolus par les services sociaux généraux, on les envoie au
guichet d'accès en santé mentale. Quand on est arrivés, le guichet d'accès en
santé mentale, là, c'était une boîte postale où les consultations s'empilaient,
et on venait compter les nombres de consultations une fois par semaine, une
fois par mois. Nous, ce qu'on est en train de transformer, c'est ce guichet
d'accès santé mentale là en service d'accès en santé. Donc, on demande que des
professionnels de la santé, jusqu'à 20 % des ressources de première ligne,
soient assignés au guichet d'accès en santé
mentale. Donc, comme on a une équipe aux services sociaux
généraux, au 8-1-1 Info-Social, on a une deuxième équipe au guichet
d'accès santé mentale qui peut également nous aider et résoudre le problème.
Donc, ça, c'est un deuxième point de service.
Et là ce que ça nous permet de faire, c'est que ceux
qui ont vraiment des problématiques plus chroniques, plus sévères, plus
importantes vont être référés vers le psychologue, la psychothérapie ou vers le
psychiatre. D'ailleurs, les psychiatres nous ont demandé de transférer le CRDS,
là, les références que les médecins de famille envoient au psychiatre, vers le guichet d'accès en santé mentale, parce
qu'eux-mêmes ils voient une grande plus-value, M. le Président. Les
psychiatres voyaient un nombre significatif, et notre directeur national nous
dit : jusqu'à 80 % de patients qu'ils voyaient ne nécessitaient pas
des services en psychiatrie. Donc, ça, on leur permet de mieux voir les
patients qu'ils ont besoin de voir et de les voir beaucoup plus rapidement.
Et ce qu'on essaie de faire avec les
psychologues, c'est leur convaincre qu'on va faire le même travail. C'est sûr
qu'un psychologue est utile à tous les points de service, on l'entend, mais là
on a un besoin criant et on veut s'assurer que leur utilisation soit optimale.
Puis d'ailleurs j'ai des discussions avec l'Ordre des psychologues et les
étudiants parce que, oui, on veut les attirer dans le réseau public, oui,
l'autonomie, c'est superimportant, et, oui, moi, je suis prêt à faire une
sortie avec eux, déclarant qu'ils sont capables de gérer les patients sous leur
charge. Dans le programme québécois — la rumeur qui dit qu'il y
avait juste cinq séances de psychothérapie est fausse, là — on
parle d'une vingtaine de séances qu'on peut prolonger sur demande. Et on est
bien conscients que ce sont eux, les connaissants du type de thérapie qu'on
doit donner aux patients.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le ministre. La parole est au député de Vanier-Les Rivières.
M. Asselin : Merci beaucoup, M. le
Président. Et salutations aux collègues du côté ministériel et du côté des
oppositions.
Alors, je voudrais vous parler un petit peu du
projet de promotion de la santé mentale en milieu scolaire, un milieu que je
connais bien à titre d'ex-directeur d'école. On a initié ce programme parce
qu'on voulait, de manière précoce, dès le primaire, directement auprès des
jeunes, de leur famille et de l'environnement scolaire ainsi que communautaire,
s'assurer du développement sain et global de tout le monde. On a investi un
total de 15 millions qui servira à la
formation du personnel dans les écoles primaires et secondaires et des
ressources professionnelles nouvellement embauchées par les directions
de santé publique. On parle de 48 professionnels dans les DS publiques des
CISSS et des CIUSSS dédiés à l'accompagnement de milieux primaires et
secondaires, 85 intervenants dans les DS publiques des CISSS et des CIUSSS
offrant un accompagnement et un soutien de proximité.
Donc, on voulait que s'articule, au niveau de
l'approche École en santé, qui est sous la responsabilité conjointe du
ministère de la Santé et des Services sociaux, et du ministère de l'Éducation,
ainsi que des référents EKIP... Ça, c'est important de le mentionner, le
référent EKIP. L'approche École en santé est une démarche qui vise à réunir,
dans le projet éducatif et le plan de réussite de l'école, dans les plans
d'action des partenaires, une offre concertée d'interventions intégrées de
promotion de la santé et de prévention, lesquelles sont destinées aux jeunes
qui fréquentent des écoles de l'éducation scolaire et de l'enseignement
primaire et secondaire.
On propose d'agir globalement sur les facteurs
clés du développement des jeunes, qui ont un impact sur leur santé. On parle
d'estime de soi, des compétences sociales, des saines habitudes de vie, des
comportements sains et sécuritaires, des environnements favorables et des
services préventifs. On vise à prévenir des problèmes qui, en s'accumulant, peuvent
compromettre le développement des jeunes et les mener à des détresses
psychologiques additionnées à ces situations et qui mènent souvent au
décrochage scolaire, des problèmes de dépendance et de la violence, etc.
Le
référent EKIP est, quant à lui, un concept exhaustif élaboré par le ministère
de l'Éducation, qui cible les compétences qui sont nécessaires au développement
des jeunes, à chaque année scolaire, par le biais d'apprentissages de thématiques spécifiques. Par exemple, en lien avec
les échanges que nous avons aujourd'hui, il y a un moment privilégié, en
premier secondaire et en deuxième secondaire, au niveau de la santé mentale, on
discute beaucoup de ces sujets-là. En secondaire III, c'est là que les
éducateurs vont mettre en place des interventions plus structurées, qui sont normales.
En secondaire IV et V, ces savoirs, qui forment une partie seulement de la
grille thématique du référent EKIP, seront réinvestis pour amener le jeune à
réfléchir au maintien de sa santé mentale et à la demande d'aide pour soi ou
pour les autres.
Donc,
on veut revenir au projet de promotion de santé mentale en milieu scolaire. On
s'inscrit en complémentarité avec des activités qui sont prévues au
Fonds de prévention et de recherche en matière de cannabis, qui est enchâssé
dans la Loi encadrant le cannabis. On veut aussi qu'il y ait des projets de
prévention de dépendance chez les jeunes du secondaire, puisqu'ils visent
essentiellement le déploiement de mesures préventives au niveau,
essentiellement, de ce qui se passe au niveau psychosocial auprès des jeunes
qui fréquentent des écoles primaires et secondaires publiques et privées. Donc,
le projet s'inscrit en amont des services offerts en matière de santé mentale
par les CISSS, et les CIUSSS, et les organismes communautaires régionaux.
Il y a des interventions
aussi qui vont être réalisées auprès des jeunes âgés de 12 à 25 ans dans
les sites Aire ouverte, que ma collègue de Jean-Talon a abordés. J'ai eu
l'occasion aussi, sur les médias sociaux, de populariser un peu les
intervenants-équipes, deux vidéos qui sont abondantes, qui expliquent les
projets puis qui permettent de bien situer le projet comme tel.
Alors,
M. le Président, je vous remercie de votre attention et je suis très content
d'avoir participé à ce débat-là.
• (11 h 10) •
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le député. Pour une quatrième série
d'interventions, M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le
Président. On va continuer de parler du volet des psychologues et de la
psychothérapie. De toute évidence, le ministre continue d'écarter notre
solution structurante, mais évidemment il n'est pas en train de dire qu'il n'y
a pas des gens, des personnes en grande souffrance avec de grandes difficultés,
pour qui la seule intervention appropriée, c'est la psychothérapie. L'Ordre des
psychologues nous rappelle, et je les cite : «Le traitement premier le
plus souvent indiqué pour une personne souffrant [d'un problème], d'un trouble
mental avéré est la psychothérapie.»
Je nous rappelle que,
ce matin, on apprend que peut-être 600, je répète, 600 personnes, des
20 000 personnes sur la liste d'attente en santé mentale, ont eu une
consultation appropriée pour leurs difficultés. On ignore combien de ces 600 se
sont fait référer à un psychologue. Le ministre délégué, avec moi, va convenir
qu'il y a des milliers, parmi ces 20 000 personnes, qui ont des
difficultés qui exigent l'intervention, justement, d'un psychothérapeute.
Le ministre continue
à parler, à juste titre, en quelque part, de l'importance de diversifier et de faire
fonctionner tout le réseau pour assurer une réponse vite et appropriée aux
difficultés. Et je comprends, il faut en travailler
aussi. J'ai peur... et je ne suggère pas pour une seconde que c'est le souhait
du ministre, mais, avec ce message, j'ai
peur, et il y a des intervenants qui l'ont dit, qu'on se sent interpelé,
sur le terrain, à éviter une référence aux services d'un psychologue, si
possible, pour que les listes ne montent pas. Est-ce que ça risque d'être un
effet non voulu?
Mais il faut être prudents,
je trouve, avec ces constats continuels. Karine Gauthier, justement, de la
Coalition des psychologues du réseau, parle d'une réalité, il y a une pénurie
de psychologues, au secteur public, dont... C'est évalué par plusieurs aux
alentours de 450, en même temps que dans le secteur privé, où les salaires et
les conditions de travail sont beaucoup plus propices. Per capita, on risque
d'avoir assez de monde, au Québec, en mesure de dépanner le monde en
souffrance.
Ça a ses impacts, ce
phénomène-là, et je reste sur mon appétit sur les mesures que ce gouvernement
prend et va prendre pour pallier à la situation. Le sondage de la coalition a
démontré que 84 % des psychologues considèrent que le salaire, incluant
les primes, est peu compétitif au public. 80,9 % des doctorants en
psychologie — c'est
les gens que nous avons besoin — n'envisagent pas de travailler dans le
secteur du réseau public afin que le monde qui souffre soit en mesure d'être
aidé.
Le Forum de la relève
étudiante pour la santé au Québec, lors de ma rencontre avec eux, m'ont
constaté que l'offre de psychothérapie actuelle dans le réseau public est quasi
inexistante, ce qui creuse des écarts importants entre les citoyens qui peuvent
se permettre des services au privé et ceux qui doivent patienter pendant de
nombreux mois sur les listes d'attente. On a besoin de réponses pour ces
personnes-là.
Ariane Hébert, avec
qui j'ai parlé, c'est une psychologue clinique très spécialisée, spécialisée
dans le diagnostic, évaluation des programmes graves, ses clients sont en crise
aujourd'hui et ils n'ont rendez-vous avec elle, maintenant, qu'au mois de
septembre. Elle a déjà fermé sa liste d'attente et elle fait le diagnostic, pas
le traitement.
Bon, je reviens à la
question qui tue. Il y a 20 000 personnes sur les listes d'attente,
600 qui sont traitées, actuellement, par une première étape, 6,24 millions
de dollars de dépensés, sur 25 millions, pour pallier à cette situation.
Est-ce que le ministre délégué peut nous donner avec clarté sa compréhension du
nombre de gens qui sont sur les listes
d'attente, dans les 20 000 qui risquent d'avoir besoin d'avoir recours à
un psychothérapeute? Et qu'est-ce qu'il va faire de concret pour que les
délais au public de six, 12 et 24 mois soient réduits de façon dramatique?
Le Président (M.
Tremblay) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Carmant : ...donc, je vais
partager avec le député, avec tout le
monde ici, en fait, les résultats
du Programme québécois pour les troubles mentaux, qui, dans cinq régions
du Québec, ont débuté en mai 2019.
Donc, si on prend la Mauricie—Centre-du-Québec,
qui est une région où le programme a été établi seulement de façon partielle,
on a vu, entre mai 2019 et mai 2021, une diminution de 17 % de
la liste d'attente; si on va au CIUSSS de
l'est de Montréal, une diminution de 37 % de la liste d'attente; si on va
en Capitale-Nationale, M. le Président,
une diminution de 54 % de la liste d'attente; Chaudière-Appalaches,
58 %, M. le Président; et, en Outaouais, 76 % de la liste d'attente. Donc, on y croit, au programme, et le
programme, jusqu'à présent, montre qu'il est capable d'améliorer les
choses.
Mais je suis toujours soucieux du rôle de la
psychothérapie et des psychologues, et j'ai bien entendu ce que le député a
dit. Ce qu'il faut faire attention... puis je ne sais pas si c'est clair, mais
il faut faire une différence entre le trouble mental et les problèmes de santé
mentale. C'est justement ce que je disais, dans les références qui sont faites
au psychiatre et au psychologue, ce n'est pas que des troubles mentaux ou de la
maladie mentale. La détresse psychologique n'entraîne pas la maladie mentale,
on ne va pas avoir un boom de schizophrénie, de personnalités limites ou d'autre chose suite à la pandémie. On a
un boom de détresse psychologique. Ça, c'est important de comprendre ça,
M. le Président. Parce que, là, on n'a peut-être pas besoin d'un psychiatre, on
n'a peut-être pas besoin d'un psychologue, mais c'est sûr que, si la situation
se chronicise, bien là, on peut avoir... entrer en dépression, en dépression
chronique, en dépression sévère. Donc, c'est là qu'il faut faire attention et
c'est là que c'est important de faire la nuance. Donc, c'est pour ça qu'on veut
vraiment utiliser toutes les ressources possibles et s'assurer que les services
soient fournis le plus rapidement possible, M. le Président.
Maintenant, je pense que ce qui est important de
revenir aussi dans notre programme, c'est de s'assurer également que le suivi
soit fait. Je pense qu'une des choses que l'on regrette beaucoup, c'est le
syndrome des portes tournantes, là, où quelqu'un est vu et est tout aussi vite
retourné dans son milieu. Et il faut s'assurer que le suivi soit fait dans le
milieu. Donc, nous, on a des programmes intéressants qu'on est en train
d'étudier, avec des projets de démonstration, où les intervenants du réseau de
la santé vont directement dans les milieux, que ce soit dans les milieux les
plus vulnérables ou dans les refuges, un programme style PRIISME, par exemple,
où les intervenants... le réseau de la santé va fournir des services dans le
réseau communautaire, un autre bel exemple de partenariat. On veut que les gens
qui travaillent dans les organismes communautaires puissent avoir un accès
privilégié pour aider les usagers pour qui les besoins sont présents. On veut
aller les aider dans leur milieu.
On sait que les délais, les durées
d'hospitalisation en santé mentale et les durées moyennes de séjour, c'est
extrêmement prolongé, M. le Président, donc on veut aller offrir les services.
On a des modèles, qu'on est en train d'étudier,
d'hospitalisation à domicile, ça, c'est de l'innovation qui est intéressante.
On va donner les services dans le milieu
de la personne, avec un suivi quotidien dans son milieu pour s'assurer que la
personne n'est pas extraite de son milieu
et pour s'assurer qu'elle puisse retourner et que l'environnement... mon
collègue, tout à l'heure, parlait de l'impact sur la famille, bien, que la famille soit également impliquée dans les
soins et soit également partenaire à part entière des soins.
Donc, pour
nous, cette collaboration de tous les intervenants en santé mentale est
primordiale. Et pour le réussir, il
faut vraiment implanter ce programme québécois, il faut vraiment s'assurer que
le financement soit au rendez-vous. Et jusqu'à présent, même si on a des
retards importants à rattraper, on s'assure que les besoins soient rencontrés.
Maintenant, combien du 20 000 ont besoin de
psychothérapie, M. le Président, pour moi, c'est impossible d'analyser ça. Mais
je me fie à la bonne foi des établissements, des CISSS et des CIUSSS, des
intervenants en santé mentale qui révisent ces listes-là, pour m'assurer que
ceux qui en ont besoin soient desservis. Ce qu'on m'a dit, c'est que plusieurs
avaient besoin de l'intervention d'une équipe interdisciplinaire et que la
référence simple vers la psychothérapie n'était pas la solution privilégiée.
Donc, moi, j'ai pleinement confiance aux intervenants du réseau et je sais
qu'ils veulent aider les patients qui ont besoin de leurs services, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Jean-Talon.
• (11 h 20) •
Mme Boutin : Merci, M. le
Président. Avant de parler d'un sujet particulier, je voulais ajouter une
petite donnée qu'on m'a donnée, moi, hier justement, sur les listes d'attente.
Il paraît que, depuis 2020, les listes d'attente dans les cégeps pour avoir
accès à, justement, un service en santé mentale, ont diminué de 27 %
depuis 2020. Donc, c'est quand même... je trouve ça exceptionnel, compte tenu
du contexte actuel.
J'aimerais
mentionner, M. le Président, qu'outre les investissements historiques qui ont
été faits en 2019-2020 dans le
dernier budget, je pense que le ministre est en train de littéralement
révolutionner toute notre approche qu'on a au Québec en matière de santé
mentale. Puis je trouve ça dommage, là, qu'il ait juste des petits blocs de
cinq minutes, parce que, je vous le dis, une conférence d'une heure, là, pour,
justement, exposer tout son plan, là, je pense, est de mise, là, parce que
c'est complètement une approche différente.
Il m'a
souvent parlé de l'importance de prévenir en amont mais également l'importance
de détecter rapidement les enjeux de santé mentale pour éviter,
justement, qu'il y ait une amplification de ces enjeux-là, notamment auprès des
jeunes. Parce que mon collègue de Taillon, bien avant la politique, parlait de l'importance
de détecter les enjeux chez les jeunes. On pense au programme Agir tôt... mais
ce n'est pas de ça que je vais parler, là, mais chez les jeunes, notamment, de
12 à 25 ans, où est-ce qu'il y a une petite lacune.
On le sait, il y a encore beaucoup de tabous
autour des enjeux de santé mentale. Les adolescents vivent certaines
souffrances, certaines détresses psychologiques. Mais surtout, quand on a 12,
13, 14 ans, on ne sait pas trop où se tourner, on ne veut pas nécessairement
en parler à nos parents, on ne sait pas trop par où passer, on est gêné d'en
parler à notre professeur. Et puis il y a une initiative, qui a été mise en
place en 2019, qui est un petit peu inspirée de
l'initiative, justement, des éclaireurs, là, que le ministre a également mise
en place, c'est une initiative pour améliorer l'accessibilité mais également la
flexibilité des services en santé mentale auprès des jeunes et c'est
l'initiative des Aires ouvertes.
Je vais être très honnête avec vous, M. le
Président, moi, je n'en avais aucune idée, là, je n'ai pas suivi ça de près.
Puis j'ai été très emballée de lire ça, là, dans les derniers jours, cette
initiative-là pour les Aires ouvertes, qui est carrément de créer des lieux où
est-ce que les... des lieux où est-ce qu'on peut offrir des services en...
bien, on dit «santé mentale», là, mais il y a une équipe psychosociale, des
travailleurs sociaux, des techniciens en éducation spécialisée, des psychologues, des sexologues. C'est un lieu qui est
ouvert, accessible pour les jeunes de 12 à 25 ans, puis le but, c'est vraiment d'aller rejoindre une petite
tranche de 12 à 17 ans qui est un petit peu... qui tombe un petit peu
dans un vide puis qui n'est souvent pas bien
accompagnée. Puis ça démontre aussi l'importance d'être capable de détecter
certains enjeux, d'intervenir plus
rapidement pour accompagner ces jeunes-là. On se rappelle, les jeunes, c'est
notre avenir, là.
Donc, les Aires ouvertes ont été mises en place
par mon collègue ministre en 2019-2020, grâce à des investissements de
20 millions de dollars. Jusqu'à ce jour, en ce moment, il y a trois sites
qui sont ouverts entièrement, soit à Laval, nord de l'Île-de-Montréal et
Sept-Îles. Il y a d'autres sites qui sont à venir, donc
Saint-Jean-sur-Richelieu, Grande-Rivière, mais il y a 18 établissements qui
sont en démarrage de projet, actuellement. Donc,
ça se fait rapidement, là. C'est vraiment une idée qui est venue qui est mise
en place, là, très, très, très rapidement, là, ce n'est pas sur
10 ans, c'est maintenant que ça se passe.
Et puis il y a quand même eu des beaux succès.
Puis j'ai cherché un petit peu dans la revue de presse pour voir un petit peu
s'il n'y avait pas des témoignages puis je suis tombée, justement, sur un
article fort intéressant qui expliquait, justement, toute l'importance de la
mise en place des Aires ouvertes pour les jeunes. Par exemple, on parle... un
intervenant qui «cite l'exemple d'une jeune femme de 24 ans qui poursuit
des études doctorales, une ancienne
toxicomane qui s'est tournée vers Aire ouverte après avoir avoir rechuté». Il
dit : «Je parle d'elle parce que sa situation m'a marqué. Elle va mieux, mais c'est assez fidèle à ce qu'on
voit, des jeunes qui sont hantés par des problèmes qu'ils avaient
réglés» et des jeunes qui ne savent plus trop où se tourner mais qui ont accès
aux Aires ouvertes.
Puis ce qu'il est important de mentionner, parce
qu'on parle de liste d'attente beaucoup, c'est que, même s'ils sont sur une
liste d'attente, ils peuvent aller à une Aire ouverte et ils vont être pris en charge
rapidement, là. C'est comme s'ils contournaient la liste d'attente puis ils
avaient accès à des services.
Un autre témoignage d'une jeune qui dit :
«"J'en avais vraiment besoin. J'avais besoin de parler. Des fois, les
amis, ça ne t'aide pas vraiment", dit la jeune de 23 ans, elle vit de
l'anxiété depuis plusieurs années, veut "gérer les problèmes à la maison
et avoir une vie sociale, éventuellement."» Elle dit : «"Tu ne
sais pas si tes problèmes sont causés par la
COVID ou s'ils étaient là avant", dit Yasmine qui parle elle aussi de la
pression de "réussir son confinement."» J'en parlais tout à
l'heure.
Donc, moi, je suis très fière de cette initiative-là
qui va bon train, là. Je ne veux pas vous énoncer, là, toutes les prochaines
étapes, là, mais tout l'hiver 2021, le printemps 2021,
l'automne 2021, il va y avoir un grand déploiement, un accompagnement,
justement, pour que tous les établissements du Québec puissent avoir des sites d'Aire ouverte au Québec et pouvoir desservir les
jeunes. Donc, je suis très, très fière de cette initiative-là. Merci, M.
le ministre. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Tremblay) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, pour le cinquième segment
d'intervention, la parole est au député des Îles-de-la-Madeleine pour le
troisième groupe d'opposition.
M. Arseneau :
Merci beaucoup, M. le Président. J'ai cinq petites minutes et j'aimerais
saluer, là, mes collègues du parti au pouvoir et des oppositions de nous
donner l'opportunité de discuter de cet enjeu-là. Mais je vais vous dire, là,
puis je vais parler à coeur ouvert, là, je suis extrêmement déçu, je suis un
peu frustré, je suis indigné, je suis en colère de voir qu'on est, encore
aujourd'hui, rassemblés pour discuter de la santé mentale, sans avoir
l'impression qu'on a beaucoup évolué depuis octobre dernier, depuis la dernière
interpellation. J'ai l'impression d'être un petit peu dans le jour de la
marmotte. Je vous confie, là, mon sentiment.
Et j'ai l'impression, lorsqu'on nous parle, par
exemple, de la ligne 8-1-1, là, qu'on nous fait poireauter un peu en
disant : Votre appel est important pour nous, mais qu'on n'en finit plus
d'attendre les résultats sur le terrain. On a parlé tout à l'heure de jouer sur
les mots : Est-ce que c'est une crise ou ce n'est pas une crise? Moi, je
voudrais qu'on dépasse ça, qu'on agisse puis que les actions sur le terrain
soient perceptibles, pas seulement, là, quand on fait des démonstrations en
évoquant des commentaires, là, anecdotiques, mais qu'on puisse montrer des
résultats. Puis malheureusement, les résultats, on ne les voit pas.
Tout à l'heure, le ministre a parlé,
probablement, d'un boom, là, de détresse psychologique. On peut, on peut
utiliser le terme qu'on veut, mais moi, j'ai l'impression, là, puis le ministre
n'a pas réussi à me convaincre du contraire, qu'on ne voit pas l'iceberg
arriver, là, puis qu'on se dit : Rendus, là, à destination, ça va être
tellement beau, là, ça va tellement bien fonctionner, là, parce que,
finalement, on va avoir le PQPTM, puis on va pouvoir détourner les gens qui
pensent avoir besoin d'un psychologue vers d'autres services, puis qu'au fond,
là, tout ce temps-là qu'on passe à prévoir l'avenir, bien, on ne gère pas
l'urgence, l'urgence des besoins sur le terrain.
On a évoqué tout à l'heure le fait que, oui, on
a débattu cette semaine de l'urgence sanitaire, comme quoi on pourrait la
retirer lorsque les conditions le permettent, puis je pense qu'on avait raison
de faire ce débat-là. Moi, la question que je pose, c'est : Pendant
l'urgence sanitaire, quelles sont les actions urgentes qu'on a posées, au
gouvernement, au ministère, dans ce grand paquebot de la santé et des services
sociaux, pour pouvoir gérer l'angle mort de la crise pandémique?
La pandémie a sévi de
façon importante pendant les derniers mois, en matière de santé publique, et
c'est comme si on avait ignoré que les mesures sanitaires auront même accentué
les effets, évidemment, de la pandémie sur les personnes les plus vulnérables.
Et, quand j'entends qu'on dit : Certains programmes, les éclaireurs,
certaines interventions dans les écoles, certaines mesures qu'on a annoncées ne
sont toujours pas mises en place, et qu'elles avaient été annoncées en octobre
dernier comme des mesures d'urgence, elle s'en vient, elle s'en vient, elle
s'en vient, bien, on n'en peut plus d'attendre.
C'est le cri du coeur que je voulais vous
lancer, M. le ministre, aujourd'hui, en tout respect. Je ne cherche pas ici,
là, à identifier des coupables, mais j'ai l'impression que le navire de la
santé et des services sociaux n'a pas entendu le message du capitaine et n'a
pas, justement, là, mis les commandes à bâbord toute pour pouvoir enfin, là,
éviter l'iceberg, et pouvoir faire prendre la nouvelle direction au ministère
que le ministre voudrait bien lui faire prendre, et le faire rapidement. La
grande réforme qui est entreprise, on peut y croire, mais elle ne suffit pas,
dans les besoins actuels et urgents, immédiats du terrain.
Et moi, c'est ce qui me désespère aujourd'hui
dans la discussion, c'est que j'ai véritablement l'impression qu'on y va trop
lentement. Que des groupes communautaires se soient fait dire, en août dernier,
qu'ils auraient des sommes supplémentaires, qu'ils pouvaient recruter — c'est
difficile de recruter de la main-d'oeuvre dans le milieu communautaire — ils
l'ont fait, ils ont finalement embauché les ressources avec des moyens qu'ils
n'avaient pas, et d'aujourd'hui de lire dans les journaux qu'ils n'ont toujours
pas eu les sommes qui leur étaient promises, bien, je me dis, ce sont des
partenaires qu'on a, en quelque sorte, abandonnés à leur sort, à leur travail,
et qui étaient dévoués.
Et ça me fait beaucoup penser à ce qui s'est
passé, malgré la bonne foi et les bonnes intentions du gouvernement, pour aider, par exemple, les femmes victimes de violence, lorsqu'on parlait de ressources
en hébergement, puis qu'on
avait annoncé 120 millions de dollars, et puis que, des mois plus tard, il n'y avait pas un sou qui avait percolé jusque sur le terrain. Il a fallu une vague de
féminicides sans précédent pour que finalement on ait un électrochoc
puis qu'on puisse demander à la machine d'agir et d'agir prestement pour que
des résultats soient tangibles sur le terrain.
Et je pense qu'on a besoin de ça en santé
mentale. Les gens des groupes communautaires, les familles, les personnes
vulnérables, les jeunes, les moins jeunes sont tous en attente d'une action
résolue sur le terrain et de résultats tangibles. M. le Président, c'est ce que
j'avais à dire aujourd'hui.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. La parole est au ministre.
M.
Carmant : Oui. Merci, M. le Président. Je suis, moi aussi, un peu déçu
d'entendre le député des Îles-de-la-Madeleine parler comme ça, parce que
je pense qu'il faut qu'il se rende compte qu'en temps de pandémie, alors que
beaucoup de choses ont été délestées dans le réseau de la santé, nous, on est
en train de développer en santé mentale. On ajoute des ressources en santé
mentale, alors qu'ailleurs, incluant en chirurgie, ils ont été obligés de délester.
C'est quand même assez exceptionnel, ce qu'on a fait. Et en plus, on se prépare
à la suite des choses, M. le Président. On est en train de bâtir un réseau, en
santé mentale, qui va être prêt à gérer la suite des choses.
Par exemple, juste les interventions en milieu
scolaire, on a été capables de mettre sur pied le programme HORS-PISTE, où on va dépister les jeunes, dans les
écoles, qui souffrent d'anxiété, les secondaires I, II, III, parce
qu'on a vu que l'anxiété est un problème
majeur qui est en train d'augmenter. Donc, on est allés dans les écoles pour
dépister ceux qui ont besoin d'aide. Et non seulement ça, on a installé,
justement, des traitements alternatifs qui nous évitent de les envoyer vers le psychologue et le pédopsychiatre,
pour s'assurer qu'ils puissent retourner normalement en classe,
retrouver une santé mentale normale. Et ça a été accueilli avec grand succès,
dans les écoles qui se sont jointes au programme, et on invite plus d'écoles à
se joindre à ce programme-là qui est piloté par le CISSS de la
Montégérie-Centre.
M. le Président, aussi, il ne faut pas mélanger
ce qui s'est passé dans le cas des organismes communautaires, pour les
ressources d'hébergement des femmes, avec ce qui se passe ici. Je l'ai
expliqué, tout à l'heure, les premiers versements
ont été faits, il y a une reddition de comptes qui doit être faite, et le reste
de l'argent sera versé promptement, M. le Président. C'est certains
organismes qui nous ont demandé de simplifier leur reddition de comptes, qui
vont la faire en mars, à décembre 2021, et, dans les trois mois de la
reddition de comptes, l'argent va être versé. On parle ici de deniers publics,
on doit faire quand même de la bonne gestion de ces sous-là, et l'argent sera
versé tel que promis, M. le Président.
Maintenant, je pense que ce qu'on vise, là, et
ce qu'on est en train de mettre sur pied, on ne peut pas le faire en un clin
d'oeil. Je pense que c'est un changement important et je pense que ce serait
irréaliste de le faire en un clin d'oeil. Ce qui est important, c'est de bien faire
les choses, de faire les choses dans l'ordre. On a vu que le premier besoin qu'il était requis de combler, c'était au
niveau de la santé mentale des jeunes, où les listes d'attente ne
faisaient que s'allonger. Donc, c'est... le
premier investissement récurrent qu'on a fait a été au niveau de la santé mentale des jeunes. On a rehaussé les équipes santé mentale jeunesse, on
a rehaussé les programmes de dépistage dans les écoles, on a rehaussé l'École en santé, parce que
c'était la première chose à faire pour s'occuper de la santé mentale de nos jeunes.
On se rappelle que la majorité des problèmes de santé
mentale apparaissent avant l'âge de 18 ans, et c'est à ce moment-là qu'il
faut en prendre soin. Donc, c'est pour ça qu'on a fait le premier
investissement à ce niveau-là et c'est pour ça que ça a été la première chose
qui a été visée. Oui, il nous en reste beaucoup à faire, mais ça va être fait,
mais ça va être fait dans l'ordre et ça va être fait comme il faut. On veut
s'assurer que les changements qu'on est en train de faire soient durables,
soient bien appuyés par les investissements requis, soient bien appuyés par les
ressources humaines requises, pour s'assurer que ce soit un succès.
On a vu plein de choses qui ont été... des
bonnes idées qui ont été faites : la désinstitutionnalisation, le virage
ambulatoire, des bonnes idées, des bonnes idées, mais qui n'ont pas été
implantées de façon adéquate, qui n'ont pas été appuyées
d'investissements adéquats et qui nous ont mis dans le trouble beaucoup plus
qu'autre chose, M. le Président. Ce n'est pas vrai que je vais faire quelque
chose qui va, dans deux ans, mettre le réseau de la santé à l'envers. Nous, on
va faire les choses progressivement, on va faire les choses comme il faut et on
va s'assurer que tout le monde reçoive les soins au bon moment par le bon
professionnel. Ça, c'est quelque chose qui est important pour moi, qui est
important pour notre premier ministre et qui est important pour tous les Québécois,
M. le Président.
Donc, on travaille progressivement, je tiens à
rassurer le collègue des Îles-de-la-Madeleine. Moi, je me souviens que je suis
allé visiter sa région pour voir ce qui se faisait au niveau de la jeunesse, il
n'y avait aucun intervenant 0-5 ans dans sa région, M. le Président. C'est
nous qui avons implanté ça. J'ai dit personnellement à la P.D.G. de la région,
j'ai dit : Moi, je veux qu'il y ait des intervenants qui fassent du
0-5 ans dans cette région, c'est important. Tout le monde doit être
desservi de façon équitable au Québec, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le ministre. La parole est au député de Chauveau.
M. Lévesque (Chauveau) : Merci
beaucoup, M. le Président. C'est très intéressant de participer au débat parce
que tu peux écouter aussi ce que les collègues nous parlent. Et j'ai entendu
quelques commentaires qui m'ont interpellé.
Tout d'abord, tout à l'heure, le collègue de Jean-Lesage qui nous parlait
qu'on ne finançait pas suffisamment les organismes communautaires, le
collègue des Îles-de-la-Madeleine, pour qui j'ai le plus grand respect, et idem
pour le collègue de Jean-Lesage, qui nous parlait qu'on ne gère pas l'urgence.
C'est sûr que la politique, c'est ça, de
dénoncer, de critiquer, c'est tout à fait normal et c'est de bonne guerre.
Honnêtement, je serais de l'autre côté, je ferais probablement la même chose,
M. le Président. Mais il faut quand même
rectifier quelques faits importants sur le volet communautaire, un volet que
j'ai travaillé pendant une quinzaine d'années, M. le Président. Et,
quand le ministre parle de faire les choses dans l'ordre, c'est exactement ça,
il faut regarder d'où on part, comment ça avance, comment ça progresse.
Et, moi, ce que je regarde depuis le début du
mandat actuellement, là, notamment pour répondre au collègue de Jean-Lesage, il y a eu une augmentation de 90 millions de
dollars du programme PSOC, ce qui n'est pas rien. Juste
en comparaison, pour les trois années libérales qui nous ont précédés, c'était
27 millions. Là, on parle du triple, ce n'est pas rien. Mais je le sais,
pour avoir été vice-président de l'association de la Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires, les revendications sont énormes, elles
vont toujours être énormes, ils vont continuer à lutter pour améliorer le
communautaire, mais il y a eu un pas important de fait.
Violence conjugale, 223 millions de plus
qui viennent d'être annoncés sur cinq ans, dont 92 millions de dollars
pour les maisons d'hébergement, 20 millions de dollars pour les hommes
ayant des comportements violents — le sujet que moi, je travaille, présentement,
sur le comité — les
organismes familles, 85 millions de plus.
Et tout le support qui a été fait, là, parce
qu'on parle de ne pas gérer l'urgence, c'est important de le dire, le ministre
délégué a réussi à aller chercher 117 millions de plus en support, pendant
la pandémie, 117 millions. Ça fait que les banques alimentaires, les
groupes en santé mentale qui ont été supportés, bien, moi, je pense qu'au
contraire on peut dire que le gouvernement en a fait beaucoup.
Je tiens à
rappeler quand même que le gouvernement du Québec... puis ça, ce n'est pas rien
que le gouvernement actuel, mais, au fil des années, il y a
1,3 milliard par année qui est consacré aux organismes communautaires via
le Secrétariat à l'action communautaire autonome. C'est beaucoup de sous.
Et je tiens aussi à rappeler que le gouvernement
est en action, en train de préparer le premier plan d'action gouvernemental en
matière d'action communautaire, ce qui n'a pas été fait depuis 2004. M. le
Président, la politique a été mise en 2001, le premier plan d'action en 2004,
jamais plus après on n'a revu un plan d'action gouvernemental en matière
d'action communautaire.
Je voulais quand même faire cette
spécification-là ce matin pour répondre aux deux attaques qui ont été faites,
qui ne me semblent pas justifiées. Je comprends, là, on voudrait toujours plus.
Mais je vous le dis, même si on mettrait tous les dollars du Québec, là, il y
aura toujours des gens qui auront besoin d'aide en santé mentale, il faut avoir
la capacité de les accueillir, de les recevoir. Et les groupes communautaires
ainsi que les professionnels du... spécialistes au niveau du privé, au niveau
du public, du parapublic, tout le monde se donne la main pour travailler en
prévention, et ça se fait.
D'ailleurs, si vous me permettez, il me reste un
petit deux minutes, M. le Président, je voudrais souligner une action très
intéressante que le ministre a mise en place, c'est-à-dire le soutien aux
employés de l'État, les gens qui travaillent au ministère de la Santé et des
Services sociaux. On parle de santé mentale dans la grande population, mais il
faut être capable également de prendre soin de nos travailleurs, ceux et celles
qui ont été au front pour aider les personnes pendant la pandémie. Ce n'est pas
fini, mais ils ont eu besoin aussi d'un coup de pouce. Il y a un
14 millions de dollars qui a été investi pour aider les employés et
gestionnaires du MSSS, très important. Il y a une stratégie... je veux le citer
comme il faut, là, la stratégie de soutien psychosocial pour les employés et
gestionnaires du réseau de la santé et services sociaux. Il faut être
proactifs, hein, il y a 8 000 personnes qui vont jouer le rôle de
veilleurs, il va y avoir 600 pairs aidants. Pourquoi on fait ça? Bien,
c'est pour accompagner ces personnes-là. Tu sais, ils ont vécu, eux autres
aussi, une détresse, avoir un surplus de travail et être capable d'accompagner
avec plein de gens qui, eux-mêmes, vivaient des difficultés. Il fallait prendre
soin de ce monde-là.
Puis moi, là, ce que ça me fait voir, quand on
arrive avec cette stratégie-là, bien, c'est d'avoir du monde qui est capable
d'être à l'écoute, de regarder, de référer au besoin. Puis tout à l'heure je
vous ai parlé du projet des éclaireurs que le ministre a mis en place. Je
vois... je commence à percevoir sa logique, là, sa vision des choses, d'être
capable de prendre en amont le problème, de régler les problèmes rapidement, de
travailler en prévention, de prévenir. Une expression, je
pense, qu'on a déjà utilisée, à l'époque, là : prévenir, c'est guérir,
bien, c'est exactement ce que le ministre
est en train de faire, d'être à l'écoute, de détecter, de dépister, de référer,
au besoin, d'agir rapidement.
En tout cas, moi, M. le Président, les secondes
filent, je voudrais remercier le ministre, et son cabinet, ainsi que tous les
travailleurs de santé et services sociaux pour le leadership qu'il fait preuve
en matière de santé mentale. Bravo, M. le ministre!
• (11 h 40) •
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député. Pour une sixième série d'interventions, M. le député de
D'Arcy-McGee dispose de 1 min 30 s.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. Bon, malheureusement, je n'ai pas beaucoup de temps, mais je vais me permettre juste quelques secondes pour le
député de Chauveau. L'opposition n'est pas ici pour opposer pour
s'opposer, la bonne guerre. On parle au nom
des 20 000 personnes sur les listes d'attente, avec des questions
assez responsables et sérieuses, alors merci de nous accorder le respect
de comprendre que nos questions ne sont pas de l'ordre politique.
Écoutez, je n'ai pas grand temps et j'aurais
aimé parler en détail avec le ministre. J'espère qu'il peut faire référence,
lors de ses remarques, en conclusion, de son plan d'action interministériel en
santé mentale pour 2021 à 2026. Est-ce que ça va être le fruit des
consultations postpandémie aussi? Est-ce que ça risque de nous assurer une
continuité sur les quatre mailles de la chaîne, c'est-à-dire pas juste le diagnostic,
le triage, où peut-être on fait bien, mais, comme moi, il se préoccupe, je
l'espère et je crois, sur le suivi concret, le traitement, ainsi que
l'évaluation, et aussi, un mot qu'on ne prononce pas assez souvent, la
prévention? Alors, moi, j'ai de grandes attentes dans ce plan et j'espère que
je ne serai pas déçu. On a attendu longtemps, pandémie et tout, mais à
l'automne on a de grandes attentes, tout le monde.
Je me
permets, parce que j'espère... Ah mon Dieu! Il me reste 10 secondes. Écoutez, j'ai toujours des questions,
tout ce qui a trait à l'accès, à la psychothérapie. Bon, deux minutes passent
très vite. Merci.
Conclusions
Le Président (M. Tremblay) : Merci, M.
le député. Nous arrivons aux conclusions. M. le ministre, la parole est à vous
pour 10 minutes.
M. Lionel Carmant
M.
Carmant : D'accord. Merci
beaucoup, M. le Président. Et je vais faire plaisir au député de D'Arcy-McGee. Mais avant je veux remercier
tous les députés qui ont participé, là, j'ai été très, très heureux, là, de
toutes vos interventions et très à l'écoute. Ça, je veux que tout le monde soit
bien au courant, là, je suis très à l'écoute de tout ce qui se dit et je sais
que c'est dit du fond du coeur.
Mais moi, je pense, ce qu'il faut se rendre
compte, aussi, c'est qu'on amène une approche très différente. Je pense que le
député de Chauveau l'a bien dit, puis je suis peut-être une exception, mais
moi, de ce qu'on a vu auparavant, moi, la prévention, là, c'est tellement
important pour tous les problèmes de santé, M. le Président. Pendant
24 ans, là, j'ai été neurologue au CHU Sainte-Justine, je me suis occupé
d'enfants atteints d'épilepsie et je me suis rendu compte que, pour devenir un
bon épileptologue, oui, il faut donner des médicaments, oui, des fois, il faut
faire des chirurgies, mais le meilleur traitement, c'est la prévention. Et
certain jeune, avec le même traitement, en faisant de la prévention au niveau de
ses habitudes de vie, en faisant des préventions au niveau de la qualité de sa
vie, en travaillant sur les quatre piliers de la santé, pouvait améliorer sa
condition médicale de façon exceptionnelle, M. le Président. Puis je dois dire
que ce sont ces petits détails là qui ont fait de moi, peut-être, un très bon
médecin, M. le Président.
Donc, depuis que je suis arrivé ici... puis mon
but en arrivant en politique, c'était de faire la promotion de cette
prévention, M. le Président. On est dans un système où tout, tout, tout ou
presque toutes les ressources vont au curatif. Il faut changer ça, il faut
changer cette approche. Et la preuve, c'est que moi, je suis venu faire Agir
tôt. On en a parlé tout à l'heure, la députée de Jean-Talon en a parlé tout à
l'heure. Puis la beauté d'Agir tôt, c'est qu'on va vraiment dépister les jeunes avec leurs problèmes de neurodéveloppement.
Et ces problèmes de neurodéveloppement, tout le monde le sait, ça finit
en problèmes de santé mentale plus tard, hein? Donc, juste prévenir ces
problèmes de neurodéveloppement, ça va aider l'évolution vers les problèmes de santé
mentale, soit les troubles de TDAH, les troubles
de dépression ou autres problèmes de santé
mentale que l'on voit associés aux
problèmes de neurodéveloppement.
Puis non seulement on veut faire de
l'intervention précoce, mais on veut faire du dépistage. C'est pour ça qu'on
veut tester tous les enfants quand ils vont être à l'âge de la vaccination.
Juste ça, encore une fois, c'est l'importance d'aller chercher nos plus
vulnérables dans leur milieu de vie, là où ils sont, là où ils ont besoin
d'aide, M. le Président. On a parlé tout à l'heure du programme dans les
écoles. Ça aussi, je suis très fier de ça. Vous savez ça a commencé avec quoi?
Ça avait commencé avec le p.l. n° 2, M. le
Président, le projet de loi sur le cannabis. La chose la plus importante pour
moi, dans le projet de loi pour le cannabis, c'est l'intervention en
dépendance, qu'on a mise sur pied avec ce projet de loi là, M. le Président. Dans toutes les écoles du Québec,
privées et publiques, il va y avoir un intervenant en dépendance qui va
faire du repérage, du dépistage, de l'intervention précoce pour s'assurer que
nos jeunes ne deviennent pas dépendants au cannabis ou aux autres drogues, M.
le Président.
Et avec ça, on associe un programme de dépistage
pour la santé mentale, des intervenantes en santé publique, M. le Président, qui vont être au secondaire, au
primaire. Le déploiement additionnel de l'École en santé, que le député
de Vanier-Les Rivières a mentionné, c'est déjà en cours
avec HORS-PISTE, on va continuer à augmenter ça. On va aider les professeurs à venir reconnaître, à venir aider les jeunes avec
des problèmes de santé mentale, on va intervenir de façon précoce, on va
prévenir les références vers le réseau de la santé, on va prévenir la
chronicité des problèmes. Parce que, dans la
situation qu'on vit actuellement, c'est très difficile pour les parents, quand
les deux parents travaillent, de reconnaître ces problèmes-là, c'est
très, très difficile. Et, encore une fois, quand on les diagnostique trop tard,
bien là, il faut les médicamenter. Tandis que, là, si on dit que, là, on les
prend tôt dans leur milieu de vie, on peut éviter des traitements médicaux. Puis on voit déjà l'impact, avec le programme
HORS-PISTE, où des jeunes, avec de la méditation pleine conscience, avec des activités en nature, avec de la
musicothérapie, peuvent résoudre leurs problèmes, peuvent résoudre leurs
problèmes. On n'a pas tous besoin de l'aide d'un psychologue ou d'un
psychiatre, M. le Président. C'est fondamental, il faut que les Québécois
comprennent ça, M. le Président. Il faut qu'on soit aidé rapidement, dès que le
problème se présente, et on peut se sauver bien du trouble, M. le Président.
• (11 h 50) •
Un autre exemple de prévention qui est
important, pour moi, et qu'on est en train de mettre pour la suite au rapport
de Mme Laurent, c'est l'avis de grossesse. On veut aller intervenir pour
nos plus vulnérables, en amont, alors que le bébé est encore dans le ventre de
sa mère. Et ça, c'est important, parce qu'une grande partie des gens que l'on
évalue en protection de la jeunesse ont souvent des problèmes de santé mentale
chez leurs parents. C'est important, ça. La société a changé, M. le Président,
il faut s'occuper de ces parents-là, il faut aider ces parents-là, il faut les
aider tout de suite, pas juste quand ils en arrivent aux actes. Il faut les
aider, il faut les accompagner, il faut améliorer les habitudes parentales. Il
faut faire tout ça en amont pour venir aider les gens.
D'ailleurs, même en attendant le déploiement de
ce programme-là, j'avais tout de suite demandé que ceux qui ont... les enfants
qui sont en attente en protection de la jeunesse et dont les parents ont un
problème de santé mentale ou de dépendance, l'intervention auprès des parents
soit faite dans les 30 jours. Encore une fois, c'est une grande demande
pour notre réseau de la santé, actuellement, mais c'est en train d'être mis en
place. Pas partout, ils sont capables d'avoir... dans les délais optimaux, mais
ça va se faire, M. le Président.
Et finalement, en santé mentale, bien, je pense
que c'est ça qu'il faut faire. Je pense que la bonne chose de la pandémie,
c'est que la pandémie a permis aux gens de se rendre compte qu'on peut tous en
avoir, des problèmes de santé mentale. Ça suffit, le tabou à propos de la santé
mentale, ça suffit, de ne pas en parler. Moi, quand je ne vois pas mes amis et
puis ma famille pendant... depuis le mois d'octobre, l'an dernier, là, parce
qu'on est en bulle familiale, ce n'est pas
facile, M. le Président. Mais je suis chanceux, je suis un privilégié de
cette société, j'ai la chance d'avoir des collègues en or, j'ai la chance d'avoir un réseau, quand même, de support assez important, mon épouse à la maison, donc, tu sais... mes enfants sont plus vieux. C'est plus facile
pour certaines personnes, mais, pour d'autres personnes qui sont seules,
pour d'autres personnes qui sont le... qui doivent avoir à leur charge des
enfants ou des situations plus difficiles, c'est très lourd. Donc, maintenant, tout
le monde peut se rendre compte que la santé mentale, ça nous regarde tous, au Québec.
Puis ça aussi, c'est un message important. Et tout le monde peut aller chercher
de l'aide.
Je reviens encore avec mon 8-1-1 Info-Social. Si
vous avez besoin d'aide, si quelqu'un autour de vous a besoin d'aide,
l'option 2, on va vous répondre, on va vous répondre tout de suite. Et
c'est bien d'en parler tout de suite. Ce n'est pas facile d'en parler, toujours,
aux amis, ce n'est facile d'en parler, toujours, à sa famille, mais il y a toujours
quelqu'un pour vous aider, au Québec, quand vous en avez besoin, puis ça, c'est
important, pour moi, M. le Président, puis on va continuer d'améliorer ce
service-là.
Maintenant, l'autre chose qui est importante :
le bon soin au bon moment par le bon professionnel. C'est un peu cliché, comme
phrase, mais je pense que c'est en santé mentale que c'est le plus important.
Il faut vraiment qu'on puisse donner accès à la bonne personne au bon moment,
et ça, c'est fondamental. On doit changer le fait qu'au Québec il n'y a que
deux listes d'attente : à la porte du psychologue et à la porte du
psychiatre. Si on continue comme ça, on ne changera rien. D'ailleurs, la
preuve, c'est que le 25 millions qu'on a donné, il n'y a pas tant de
psychologues au privé qui ont levé la main, M. le Président. Ils sont occupés,
eux aussi. Eux aussi, ils nous disent qu'ils ont six mois d'attente. Eux aussi,
ils nous disent qu'ils ne peuvent pas se libérer pour voir les patients du
public. Ce n'est pas si simple que ça. On a la carte d'assurance maladie; est-ce
qu'il y a des listes d'attente? Bien oui. Ce n'est pas si simple que ça. La
gratuité n'égale pas fin des listes d'attente. Ce qui égale fin des listes d'attente,
c'est de définir des trajectoires de soins qui sont efficaces, M. le Président,
d'envoyer le bon patient au bon droit au bon moment, de s'assurer qu'il y ait
un flux, dans les services de santé, qui n'empêche pas... où il n'y a pas de
goulot d'étranglement. Puis c'est ça que notre gouvernement est en train de
bâtir puis c'est ça qu'il faut bâtir en partenariat avec le réseau de la santé,
avec les organismes communautaires puis avec les parties prenantes, incluant
les patients.
Dernièrement j'ai rencontré les regroupements
d'usagers en santé mentale, puis ils m'ont demandé, et je leur ai assuré qu'ils
allaient être parties prenantes de toutes nos interventions, parce que, moi,
j'y crois profondément. Il faut qu'on sache et qu'ils nous disent que les
interventions qu'on veut faire vont venir les aider. Parce que, comme je vous
l'ai dit déjà, plusieurs bonnes idées ont fini en queue de poisson parce qu'on
n'a pas réussi à les appuyer et on n'a pas réussi à communiquer l'intention du
législateur à nos patients et nos usagers, M. le Président.
Donc, on prend notre temps. Parfois on trouve ça
un peu long, je l'avoue, mais on fait les choses comme il faut, un pied... un
geste à la fois. Puis on va changer les choses de façon durable, M. le
Président. Merci.
M. David Birnbaum
Le Président (M. Tremblay) :
Merci, M. le ministre. En conclusion, M. le député de D'Arcy-McGee, vous
disposez de 10 minutes également.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Et merci pour les échanges francs et importants. Ils
vont sûrement continuer. Nous sommes devant deux constats du ministre délégué
lui-même, ce matin, assez surprenants, constats faits devant les journalistes, même, et il y a de quoi réfléchir :
un constat que les dépenses de son gouvernement, en ce qui a trait à la
santé mentale, ne sont pas, peut-être, à la taille des besoins et,
deuxièmement, que oui, l'état des listes d'attente pour des services... sont
dans un état décevant. C'est le ministre délégué qui en constate, pas juste
moi.
Nos questions, ce
matin, ont toutes comme fondement une attente que le ministre délégué va
utiliser toute son expertise et tout son poids, dans son siège privilégié
autour de la table du Conseil des ministres, pour convaincre son premier
ministre, et, de toute évidence, ce n'est pas chose faite, que les dépenses
actuelles sont décevantes, que l'état des
listes d'attente ne rejoint pas les objectifs exprimés par ce propre
gouvernement. Donc, M. le premier ministre, votre ministre délégué de la Santé et des Services sociaux vous invite à vous joindre à moi pour faire
mieux. Alors, voilà, en quelque part, la réponse que nous cherchons et
que nous allons continuer à chercher dans les mois qui viennent.
Sur une chose où j'ai
très peur qu'on est devant un dialogue des sourds, notre formation prend au
sérieux son rôle de l'opposition officielle, et c'est-à-dire d'inciter à la
transparence, l'imputabilité, de poser les questions que les citoyens et
citoyennes du Québec, s'ils étaient à notre place, poseraient au gouvernement,
mais aussi d'aller plus loin, de faire comprendre ce que nous ferions comme
gouvernement et, beaucoup plus important que ça, d'inviter le gouvernement
actuel à considérer des propositions structurantes. Et, là où j'ai peur d'avoir
un dialogue des sourds, nous... J'espère, je n'ai pas l'expertise du ministre,
mais j'espère que c'est compris que nous avons compris que ce n'est pas la
panacée, que ce n'est pas simple et que ça ne peut pas se faire aux dépens de
toute une autre continuité de services qui sont peut-être, oui, sous-utilisés,
sous-développés, sous-évalués et sous-accompagnés, actuellement, toute une
panoplie de services.
Et il est de mise, je
conviens avec le ministre, que les gens sur cette liste d'attente de
20 000, qui ont des symptômes pas non sérieux, si on est en crise de
panique mais qu'on n'a jamais démontré de tels symptômes aux causes
particulières de la situation actuelle de pandémie, c'est réel, et on a besoin de
l'aide. Est-ce qu'on a besoin d'un psychologue, qui, de toute évidence, n'est
toujours pas disponible, au public, avant six mois, 12 mois ou
24 mois ou même, au privé, avant six mois? Non, peut-être la personne que
je décris n'a pas besoin d'un tel service. Mais le ministre délégué va
comprendre avec moi, et c'est là où j'ai peur d'un petit dialogue des
sourds : Y a-t-il du monde très à risque qui n'est pas... qui ne démontre
pas des symptômes de schizophrénie et n'aurait pas été sur la liste des
troubles mentaux, avant, mais qui avait de grandes vulnérabilités, qui est à
grand risque de se pérenniser à cause de la crise devant nous, donc en besoin
de l'aide psychologique? Y en a-t-il, de tels individus? Je suis sûr que le ministre
délégué, avec moi, va dire oui.
À ma question d'est-ce
qu'on peut commencer à qualifier, à quantifier le nombre de ces 20 000 personnes
qui ont besoin de cette intervention sérieuse et structurée qui n'est pas
disponible sans de grands, grands délais, le ministre, le ministre délégué me
dit que c'est impossible de faire une telle évaluation. Je ne veux pas, de
façon irresponsable, prétendre simplifier l'affaire, ni de dire que notre
proposition est une panacée, ni que c'est sans difficulté, entre autres, de
réussir à faire transférer les psychologues du privé au public. J'en conviens.
En même temps, en même temps, on ne peut pas dire que cet état de réalité est
acceptable. Il faut qu'on identifie les besoins. Comment on va, de façon
responsable, réduire les listes d'attente de façon que le ministre lui-même a
exigé, en novembre, quand il parlait d'un plan, un objectif de 4 000 sur
les listes d'attente, qui sont à cinq fois plus élevées actuellement? ll faut
avoir des solutions structurantes à tout ça.
• (12 heures) •
Et je reviens à la
responsabilité lourde, devant le ministre, de porter ce dossier, ce dossier qui
gère, j'insiste, une crise, avec tout son poids, devant le Conseil des
ministres, où il est privilégié d'être membre. Nous ne sommes pas devant la
liberté, le luxe, même, et je le dis de façon responsable, même, toujours, et
de citer le ministre, de prendre notre temps de faire les choses comme il faut.
Je le dis avec la compréhension qu'il faut être responsable, mais, quand nous
sommes devant une crise, des fois, les mesures d'exiger les échéanciers,
l'arrimage interministériel qui s'impose s'accélèrent, s'accélèrent. Le plan
des prochains cinq ans, oui, il y avait une pandémie, ça a été reporté à
plusieurs reprises, ça va être aux mois d'automne. Nous ne sommes pas devant les
circonstances typiques. Alors, si je me permets, au nom de ces
20 000 personnes, au nom des Québécois et Québécoises qui ont cette
préoccupation, de demander plus, de demander plus...
Maintenant, sur les
questions qu'on a posées, on a eu des réponses qu'on va prendre en ligne de
compte, mais des questions qui perdurent, qui perdurent. Bon, notre
proposition, et j'insiste, et j'ai la fierté d'identifier que ça coûterait, de
nos calculs, 300 millions de dollars, en récurrence, d'offrir aux
Québécois et Québécoises l'accès universel et gratuit à la psychothérapie pour
les gens qui en ont besoin. Oui, c'est une solution ambitieuse et sérieuse,
lourde de conséquences. Je crois que les gens qui nous écoutent demandent un
tel genre de réponse... si c'est une alternative, on va l'évaluer comme il
faut, mais un tel genre de réponse, une telle qualité de réponse à la taille
des problèmes devant nous. Et nous ne pouvons que compter sur le ministre
délégué de porter ces messages, avec sa grande expertise, à ses collègues, à
ses collègues ministres, le ministre de la Santé, le ministre des Finances, le premier
ministre du Québec, le premier ministre du Québec, qui a à répondre à ces
20 000 personnes qui attendent.
Dernière chose, si on
peut se rappeler, quand on cite des chiffres, des dépenses, et tout ça, le
ministre est allé beaucoup plus loin que ça, ses collègues, pas beaucoup plus
loin, avec respect, que de citer les dépenses ici et là. Chaque personne sur
cette liste, c'est un jeune en détresse, c'est un aîné en grande chute
d'autonomie dans la situation actuelle, et, oui, peut-être qu'il démontre
maintenant des troubles mentaux. Les jeunes qui étaient privés de socialiser
comme il faut à un âge fébrile et important... Il y a une vie derrière chacune
de ces personnes qui sont sur une liste d'attente de
20 000 personnes. De parler de six mois, de 12 mois, de
20 mois, de 24 mois, ce n'est pas assez. On a besoin de réponses, et
maintenant. Merci.
Le Président (M. Tremblay) : Merci,
M. le député de D'Arcy-McGee. Merci au ministre. Merci à tous les collègues.
Merci à la technique. Mme la secrétaire, merci.
Alors, compte tenu de l'heure, je lève la
séance, et la commission ayant accompli son mandat, elle ajourne ses travaux
sine die. Excellent week-end à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 12 h 03)