(Onze heures quarante et une
minutes)
Le
Président (M. Turcotte) :
Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de la santé et des services
sociaux ouverte. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi n° 66, Loi
sur les activités funéraires.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Lisée (Rosemont) est remplacé par M. Turcotte (Saint-Jean);
M. Paradis (Lévis) est remplacé par Mme Lavallée (Repentigny);
et M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière) est remplacé par M. Laframboise (Blainville).
Le Président (M. Turcotte) : Ce
matin, nous entendrons la Corporation des thanatologues du Québec.
Remarques
préliminaires
Sans plus
tarder, je vais inviter M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux à faire vos remarques préliminaires.
Vous disposez d'un temps de six minutes.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Vous me permettrez, M. le
Président, d'abord de vous saluer, évidemment, de saluer mes collègues
des oppositions pour l'étude... les consultations sur ce projet de loi et
évidemment saluer les représentants de la Corporation des thanatologues.
Bienvenue à cette consultation.
Alors, M. le
Président, évidemment, vous ne serez sans doute pas surpris, peut-être que les
gens qui nous écoutent le seront,
mais les gens qui nous accompagnent ne le seront pas, la question des services
funéraires est une question qui a été souvent
débattue, et souvent débattue parce qu'on attendait qu'il y ait une certaine
mise à jour de nos lois et règlements, et c'est ce à quoi on va
s'attarder dans cette commission-ci.
Simplement
pour mettre les choses en perspective, pour ceux qui suivent nos débats,
moi-même, j'ai été très surpris de constater,
à l'analyse de la loi, que nous avions des lois qui remontaient à 1888. Et,
quand on regarde la documentation qui
a été fournie et développée pour ce projet de loi là, on constate que c'est
tellement vaste, ce sujet-là, qu'il y a plus de sept pages, même plus, une dizaine de pages de lois
modifiées, ce qui signifie que... Je pense que, dans un monde moderne, il y a lieu de faire qu'il y ait une mise à jour
de notre... peut-être pas de notre loi, parce qu'il n'y en a pas juste une,
mais de ce sujet-là qui couvre une multitude de lois. Alors,
essentiellement, M. le Président, il s'agit ici de moderniser, de rationaliser, de simplifier, de ramener dans un
endroit, législativement parlant, qui soit plus cohérent la multitude de
lois et règles qui touchent et traitent des services funéraires de façon à ce
qu'il y ait moins d'ambiguïté et que la chose... tant pour les intervenants du
milieu que le gouvernement et d'autres autorités les choses soient plus
claires.
Alors, M. le Président, on comprendra que, dans
le monde des services funéraires, il y a un certain nombre d'éléments que je
qualifierais de cardinaux. Il y a évidemment la question de la personne
défunte, et là il y a donc des éléments de la loi qui visent à clarifier cette
situation-là, certainement, à la lumière de nouvelles technologies qui existent
aujourd'hui — et
je suis convaincu que nos invités s'y adresseront dans quelques instants — tout
comme il y a lieu, évidemment, de s'adresser
à la question de la protection du public, tant sur le plan de ces opérations-là
que du côté financier, mais
également, évidemment, aussi sur la question de la protection du personnel qui
travaille dans ce milieu-là, compte
tenu, évidemment, des nouvelles technologies mais aussi de l'évolution de la
situation populationnelle, notamment sur
la question de la santé publique. Et, sans entrer dans le détail, on aura à
s'adresser à la question de la gestion à la fois des cadavres et des
cendres.
Alors, en rafale, M. le Président, je résume,
là, les principaux objectifs qui sont visés par notre révision et je les énumère. Alors, ça vise à mettre en place un
nouveau permis d'entreprise de services funéraires et de mettre fin à la
délivrance de permis de directeur de
funérailles, de prévoir des règles et
des conditions liées à l'obtention des permis du secteur funéraire, de prévoir les cas et les situations
où le permis peut être modifié, suspendu, révoqué ou non renouvelé, de traiter... pardon, d'habiliter le gouvernement à prendre des règlements en ce
qui a trait aux normes d'hygiène, de
protection, d'aménagement et d'équipement applicables à certaines activités
funéraires, d'encadrer davantage les cimetières, columbariums et mausolées, de prévoir les règles applicables à l'inhumation et l'exhumation des cadavres, de confier aux entreprises
de services funéraires la responsabilité du transport des cadavres, de prévoir des règles
variables en fonction des
maladies pouvant présenter des risques pour la santé de la population lorsqu'un
cadavre en est porteur, de prévoir un encadrement souple relativement à la
conservation et à la disposition des cendres humaines, de prévoir une gestion des cadavres en attente d'un statut de réclamé ou
de non-réclamé dont le décès est constaté en dehors des établissements et dont la cause de décès ne relève pas du Bureau du
coroner, de mieux outiller le ministre lors de l'inspection pour permettre l'application de la loi et des règlements, de retirer toute
référence aux pratiques religieuses, de tenir compte de la réalité vécue
dans certaines parties du territoire québécois.
Alors, M. le Président, évidemment, on aura
compris que l'étendue des sujets qui peuvent être attachés à la pratique ou à
la délivrance des services funéraires est vaste, d'où l'importance de mettre un
peu plus de cohérence peut-être dans nos lois et règlements et particulièrement de les adapter à l'évolution de notre société et certainement à l'évolution de la culture de
tout un chacun dans une société comme la nôtre qui est en pleine évolution.
Alors, voilà, M. le Président, je termine ici.
Je vais donc vous redonner la parole pour que vous la donniez à quelqu'un
d'autre.
Le Président (M. Turcotte) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Donc, j'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle en
matière de santé et accessibilité aux soins et députée de Taillon à faire ses remarques préliminaires pour une durée
maximale de 3 min 30 s.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Je vous salue. Je salue également
le ministre et les députés de la partie gouvernementale, mon collègue de l'opposition
officielle le député de
Richelieu, la députée de Repentigny
et son équipe.
Bienvenue,
messieurs et madame de la Corporation des thanatologues du Québec. J'ai eu
l'occasion de rencontrer certains
d'entre vous et je pense que vous nous avez démontré qu'il y avait
effectivement pertinence à passer en revue cette législation qui affecte les activités funéraires. Parmi les enjeux que
vous avez soulevés, notons que... Oui, notons que, dans les enjeux qui justifient ce processus, cette
commission parlementaire, je pense que le fait qu'il y ait eu, depuis trois
ans, les corps de près de
1 000 personnes qui n'aient pas été réclamés, en soi, ça suscite une
réflexion, ça suscite le besoin de se
pencher pour trouver des solutions à cette situation qui ne sont pas prévues
actuellement, dans la législation actuelle.
Alors, dans
l'ensemble du dossier que vous nous avez présenté, il y a également plusieurs
autres éléments qui sont tout à fait pertinents et qui vont actualiser,
je pense, les besoins. On voit de plus en plus de situations nouvelles au niveau des rites religieux ou laïques qui sont
demandés aux organismes funéraires. Alors, tout ça, je pense, va faire
l'objet de nos échanges tout au long de
cette commission parlementaire, et je pense que ce sera intéressant, avec
l'ensemble de tous les groupes qui viendront participer et qui sont avec
nous dans la salle... Il y a déjà d'autres groupes qui sont présents et qu'on
aura plaisir à entendre durant les prochaines journées et les prochaines
semaines.
Alors, je vais également souligner la présence
de la députée indépendante d'Arthabaska. Je vous salue et je m'excuse de ne pas
avoir souligné votre présence au tout début.
Donc, je
pense qu'on va entamer ces travaux avec beaucoup de collaboration, une grande
ouverture et le souci d'actualiser la législation, de la rendre adéquate
pour aujourd'hui et également d'essayer d'anticiper un peu l'avenir, puisque, on le voit, les projets de loi, ça prend
parfois plusieurs années avant qu'on ne les revoie, alors ce n'est pas
mauvais d'avoir un peu de vision pour être capable d'anticiper des problèmes
qui sont déjà perçus ou qu'on constate ailleurs dans le monde.
Alors, merci. Très contente de pouvoir
participer à ce processus législatif.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Turcotte) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Taillon. J'invite maintenant la députée de
Repentigny à faire ses remarques préliminaires pour une durée maximale de
2 min 30 s.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : Merci beaucoup, M. le Président. Merci. Je suis très contente d'être ici, dans le cadre de ce projet de loi là, parce que ce n'était pas prévu, mais ça me
touche, puisque je suis notaire depuis 35 ans. Je suis avec mon collègue
de Blainville qui est aussi notaire.
Donc, dans
notre pratique quotidienne, on a souvent été appelés à travailler dans le
domaine de la mort, donc les règlements de succession ou les rédactions
de testament. On a constaté, lorsque nous procédions à la rédaction de testaments, que de plus en plus de gens nous demandaient
des dispositions pour la disposition des cendres. Ça devenait
problématique, on se demandait si on pouvait le faire ou ne pas le faire, et
chacun y allait de sa volonté.
On a constaté
aussi dans la pratique la problématique des contrats de préarrangements qui
souvent étaient perdus, donc des gens
qui nous disaient : De quelle façon on peut retrouver le contrat, notre
parente nous a mentionné qu'elle avait pris
des préarrangements?, mais, le contrat, on ne le trouvait pas, on n'avait
aucune idée où, avec qui ça avait été signé, et les gens repayaient pour
des services funéraires. Donc, dans le projet de loi, j'ai constaté qu'il n'y
en avait pas, mais j'ai l'intention d'en discuter. Et je suis contente de voir
que, dans les mémoires que j'ai lus, il en était question.
Donc,
j'espère que l'expérience que j'ai acquise au fil des années va permettre de
faire avancer les travaux. Et je vais terminer... j'aurais dû commencer
par ça, mais terminer en saluant mes collègues de l'opposition officielle, mes
collègues de... et tous les gens qui sont ici présents. Merci.
Auditions
Le Président (M. Turcotte) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Repentigny. Donc, nous souhaitons la bienvenue à la
Corporation des thanatologues du Québec. Pour les fins de l'enregistrement, je
vais vous demander de bien
vouloir vous présenter. Je vous rappelle que vous disposez d'un temps de
10 minutes pour votre exposé, et par la suite nous allons procéder à une période d'échange entre les
parlementaires avec la commission. Donc, la parole est à vous.
Corporation des
thanatologues du Québec (CTQ)
M. Desrochers (Denis) : Merci, M. le
Président. Mmes et MM. les parlementaires, M. le ministre de la Santé. Mon nom est Denis Desrochers, et je suis
président de la Corporation des thanatologues du Québec. À mes côtés se trouvent M. Marc
Poirier, président du comité des affaires professionnelles de la corporation
ainsi que le président de la Fédération internationale des associations
de thanatologues, ainsi que Mme Annie Saint-Pierre, directrice générale de
notre corporation.
La
Corporation des thanatologues du Québec représente près de
500 professionnels et 179 entreprises et succursales du domaine funéraire au Québec. Nous représentons
plus de la moitié de l'industrie au Québec. Nous sommes donc le
principal interlocuteur du domaine.
Nous nous présentons devant vous aujourd'hui
parce que nous avons besoin d'un nouveau cadre légal. Nous sommes heureux de
voir apparaître ce projet de loi.
L'une des problématiques majeures avec laquelle
nous composons est l'absence totale de reconnaissance légale des cendres humaines. Pourtant, sept Québécois sur 10 choisissent
la crémation comme mode de disposition. C'est pourquoi, M. le ministre, nous tenons d'abord à vous remercier d'avoir
eu le courage de rédiger cette loi. Il était grand temps, à notre avis.
Cependant,
bien que nous appuyions le projet de loi n° 66 dans son ensemble, notre
appui n'est pas sans réserve. Bon nombre de règlements qui suivront
cette loi sont absents. Nous réclamons de connaître les règlements dans les
meilleurs délais.
Sur les
éléments bénéfiques, l'un des éléments les plus importants du projet de loi se
trouve dans l'article 4, où l'on indique que les cendres humaines
et les dépouilles doivent être traitées en toutes circonstances avec respect de
la dignité du défunt. C'est là, pour nous, un énorme pas dans la bonne
direction.
Ceci étant
dit, nous craignons toutefois que la compréhension de la dignité humaine
diffère d'une personne à l'autre, ce qui est digne pour l'un n'est pas
nécessairement digne pour l'autre. Nous craignons que ces interprétations
minent l'application de la loi et ramènent les thanatologues dans un flou où
certaines dérives sont permises. En ce sens, nous invitons le gouvernement à
solliciter des autorités externes pour définir la dignité humaine en matière
funéraire. Nous croyons que le Comité national d'éthique sur le vieillissement
ou autre pourrait statuer.
Un grand pas est aussi fait dans le dossier des
cendres abandonnées. Nous apprécions particulièrement
l'article 52 et 53 du projet de loi. Ces articles nous donnent l'option
de disposer légalement et dignement, après un an, des cendres.
Permettez-moi maintenant de vous soumettre
certains points à modifier. D'abord, pour nous, le recours au terme de «cadavre», dans le projet de loi, est
inacceptable. Dans le domaine funéraire, nous travaillons auprès des
défunts, des personnes décédées, des corps ou des dépouilles mais jamais avec
un cadavre. Le terme «cadavre», pour nous, ne reflète pas cette notion de
dignité à laquelle nous tenons tellement.
Il y a aussi
d'autres points que nous souhaitons voir clarifiés ou modifiés. C'est le cas de
la définition de «parent». Au
XXIe siècle, les liens personnels sont souvent plus complexes que ne
peuvent être simplement expliqués par un lien de sang ou un lien de mariage. C'est pourquoi nous proposons une définition
plus large et plus hiérarchisée afin de déterminer clairement qui devient le responsable dans le
domaine funéraire. Au moment d'un décès, certaines personnes
s'improvisent comme le responsable.
Nous
demandons aussi de revoir l'obligation de détenir un lot dans un cimetière pour
l'exploitant d'un columbarium. L'article 45 nous étonne. Selon
nous, cette proposition n'est pas applicable, c'est un dédoublement inutile.
L'abandon,
maintenant, de la division et de la dispersion des cendres. À l'article 70
et 72, on propose comme... une entreprise
funéraire doit remettre les cendres aux familles. Ici aussi, nous avons des
suggestions. Il arrive fréquemment que plusieurs
membres d'une même famille demandent d'obtenir chacun une partie des cendres
afin de conserver un souvenir du
défunt. Selon nous, les endeuillés n'ont pas à faire cette division des cendres
eux-mêmes, par leurs propres moyens. Nous proposons que les cendres d'un
défunt soient remises à un membre de la famille dans l'un ou dans certains
contenants rigides et fermés.
L'article 72 sur la tenue d'un registre
portant sur la dispersion des cendres par les familles. Selon nous, ce registre est irréaliste, nous n'avons aucun moyen
de vérifier ce que font les familles avec les cendres. D'ailleurs, nous
réclamons aussi que l'article 34 sur la présentation des dépouilles
s'applique aussi aux cendres humaines. Pour nous, les cendres sont aussi des
restes humains.
En plus des
éléments bénéfiques, nous pensons que ce projet de loi est l'occasion de
bonifier l'encadrement des thanatologues.
C'est le cas dans le cas de la création d'un registre confidentiel des contrats
d'arrangements préalables. Nous ajoutons
qu'en matière de professionnalisme nous croyons que la création d'un mécanisme
d'autorégulation du domaine funéraire dont l'adhésion serait obligatoire
est une meilleure façon de défendre les intérêts des Québécois.
Je termine en
abordant la question de la prestation de décès, dont vous avez entendu sûrement
parler récemment. Il arrive malheureusement trop souvent que la
prestation de décès serve à d'autres fins que de payer les frais funéraires.
En conclusion, nous appuyons le principe du
projet de loi n° 66. Nous demandons par contre plusieurs amendements. Nous
souhaitons voir les règlements le plus tôt possible.
Avant de
répondre à vos questions, je vous invite à consulter notre mémoire, très
étoffé, dans lequel vous trouvez toutes nos recommandations en annexe.
Merci de votre attention. Et nous sommes prêts
maintenant à répondre à vos questions.
Le Président (M.
Turcotte) : Merci, M. Desrochers. Nous allons maintenant passer
au bloc ministériel. Juste un instant.
(Consultation)
Le Président (M. Turcotte) : Donc,
on va passer au bloc ministériel. Donc, M. le ministre.
• (12 heures) •
M. Barrette : Alors, merci, M. le
Président. Alors, M. Desrochers, M. Poirier, Mme Saint-Pierre,
bienvenue à cette commission. Et merci
d'avoir pris le temps de nous proposer et déposer un mémoire, qui expose
effectivement pas mal clairement quelle est votre position, et manifestement ça
nous éclaire.
Évidemment,
la commission, ici, elle est là pour que vous puissiez nous instruire de votre
vision des choses, c'est vous, les
experts dans ce domaine-là. Et je reçois quand même assez... je reçois bien,
sans que je vous donne nécessairement une annonce de quoi que ce soit,
là, vos commentaires. Je les comprends bien, c'est comme ça qu'il faut recevoir
mon commentaire.
Il y a
une chose qui me surprend, par
exemple, là-dedans,
je dois vous avouer, là. Vous nous demandez de définir la dignité dans une loi, et ça, je suis un peu
étonné, parce que de définir la dignité dans une loi, ça m'apparaît
quelque chose de très difficile. J'aimerais vous entendre là-dessus,
parce que vous ne serez pas surpris si je vous dis que ce
que l'on considère digne aujourd'hui n'était pas la même chose il
y a 20 ans, 50 ans,
70 ans, là, et, comme nos lois se mettent à jour comme aux 50 ans, là, ou presque, ça m'apparaît
hasardeux de faire ça. Même, honnêtement, je
pense que ce n'est pas possible,
là, la dignité étant une chose que l'on
comprend aujourd'hui mais qui est certainement une résultante
plutôt qu'une définition, une
résultante étant... Ce que je veux dire par là, c'est que ce qui, comme vous
l'avez dit vous-mêmes, peut être digne pour un ne l'est pas nécessairement
pour l'autre. Alors, ça m'apparaît, même pour aujourd'hui, difficile à faire.
M. Desrochers (Denis) : Si vous me
permettez, M. le ministre, ce qu'on suggère, en fait, c'est que cette interprétation-là de la dignité soit faite par des
comités qui existent déjà au sein du gouvernement dans d'autres
orientations. On parle du Comité national
d'éthique sur le vieillissement ou, enfin, du comité sur la dignité pour la fin
de la vie, là. C'est des comités qui existent, qui peuvent apporter un
éclairage réfléchi sur l'interprétation de la dignité.
Donc, pour nous, dans ce sens-là, effectivement,
on sait que le terme de «dignité» est évolutif, on le voit probablement beaucoup plus, cette définition-là, dans un règlement que
dans la loi, mais il n'en demeure pas moins qu'il est important
d'encadrer ce qu'on appelle la dignité humaine parce que, pour nous, ce qui en
découle, les actions qui en découlent vont
être interprétées en fonction de la définition qu'on va lui donner. Donc, pour
nous, il y a un exercice qui se doit d'être fait. On le définit dans
d'autres organismes qui sont parallèles au gouvernement, qui sont des
interprètes, en fait, des gens qui nous aident à réfléchir là-dessus.
Le Président (M. Turcotte) : M. le
ministre.
M.
Barrette : Si vous me le
permettez, peut-être pour compléter cet échange-là, vous n'avez pas
abordé... Parce que, la question de la dignité, je me serais attendu à
ce que vous alliez... ça vous permette d'aller du côté des rites en fonction
des différentes cultures, et vous n'avez pas abordé ça. Avez-vous quelque chose
à nous transmettre comme vision de ça? Parce qu'aujourd'hui la société québécoise n'est
plus ce qu'elle a déjà été, là, on ne peut plus diviser le Québec entre
catholiques et protestants, par exemple, là. En tout cas, disons que la
composition change, et l'actualité nous montre
qu'elle changera. Alors, vous n'avez pas abordé ça. Et là, quand on arrive à la
question de définir la dignité, il me semble qu'on rentre dans un
terrain plus difficile.
Le Président (M. Turcotte) :
M. Desrochers.
M. Desrochers (Denis) : Écoutez,
simplement vous dire, ce qu'on voit dans notre pratique de tous les jours, c'est qu'effectivement les rituels évoluent à
vitesse grand V. Le domaine funéraire a été pendant 200 ans à peu
près une constante dans les
traditions. Tout le monde avait des visites au salon funéraire pendant deux
jours, tout le monde allait à l'église et tout le monde se faisait enterrer dans
le cimetière paroissial, on convient de ça. Depuis les 15 à 20 dernières
années, les rituels funéraires, vous l'avez
bien mentionné, vous l'avez souligné, ont changé à vitesse grand V.
Maintenant, la résultante de ça, c'est qu'on
est dans des épisodes ou dans des demandes de rituel funéraire... Exemple, on
voit aux États-Unis une dame qui
s'est fait embaumer, s'est fait installer à sa table avec un jeu de cartes puis
un verre de vin, puis qui reçoit les gens au salon funéraire. C'est assez
étonnant comme rituel. Est-ce que c'est digne? Est-ce que c'est respectueux? À
notre sens à nous, pas nécessairement. Il y a quand même un niveau de dignité...
Et aussi, en
même temps, le prolongement de la dignité va avec qu'est-ce qu'on fait avec les
cendres humaines. Bien souvent...
Pour nous, les cendres sont des restes humains, et aux yeux de la loi elles
n'existent pas, les cendres. Les rituels,
maintenant, à partir du moment où est-ce qu'un corps n'existe plus et ce sont
des cendres, on peut faire n'importe quoi, et c'est le n'importe quoi
qui est difficile à baliser. On a besoin de support pour baliser. On est des
experts en rituels funéraires, on peut
aider, sauf qu'à un moment donné, si moi, j'accepte de faire certains types de
rituel funéraire, peut-être, pour
d'autres, ils ne l'accepteront pas. On
a besoin de guides, justement, pour nous aider à bien faire ce type de
rituel funéraire là.
Encore pas loin de chez nous... Je parlais d'un
cas américain, mais pas loin de chez nous, à Valleyfield, il y a quelque
temps, une dame est allée porter les cendres dans un supermarché, dans les
mains d'un commis, parce
qu'elle voulait s'en débarrasser. Donc, à un moment donné,
là, le n'importe quoi... Est-ce que c'est digne? À mon sens, je ne crois pas.
Ce qu'on
demande, tout simplement, c'est d'avoir une réflexion avec des gens qui
méritent et qui sont capables de faire
cette réflexion-là. On ne s'en remet pas strictement à notre simple bon
vouloir. On pense qu'il y a des gens qui sont capables d'en arriver à
une définition à laquelle on pourrait facilement adhérer.
Le Président (M. Turcotte) : M. le
ministre.
M.
Barrette : Juste pour
partager avec vous un état de fait, le mot «dignité» apparaît dans
45 lois et à 197 reprises dans les règlements. Vous
comprendrez que faire une définition de la dignité, ça peut poser problème.
Vous avez dit tantôt... vous avez commencé vos commentaires
ou vos remarques introductives en référant à l'industrie dans laquelle vous
participiez. Et, dans votre mémoire, vous critiquez — puis
c'est correct, là, ce n'est pas négatif, ce
que je dis là, là — vous
qualifiez d'inapplicable la question de réserver un lot au cimetière pour inhumer,
si vous me permettez, ou enterrer des
cendres. Et ça, vous trouvez ça inapplicable, et ça, ça m'étonne beaucoup, je ne vois pas en quoi c'est inapplicable.
Puis là je
vais préciser ma question. Vous êtes une industrie. Vous le présentez
comme ça, puis je pense que vous avez
raison, vous êtes une industrie. Donc, vous êtes en affaires. Et, à partir du
moment où vous êtes en affaires, il me semble
qu'il y a une responsabilité qui vient avec, là. Puis, dans la même approche,
là, ou sur la base du même argumentaire qui... ne serait-ce que celui de
la dignité, là, mais mettons-le plus affaires, j'ai de la misère à vous suivre
dans votre vision ou conclusion
d'inapplicabilité de la disposition des cendres d'un columbarium qui fermerait, par exemple, et à qui, dans la loi, on donnerait l'obligation d'avoir un
terrain pour les enterrer. Je ne comprends pas cette position-là.
Le Président (M. Turcotte) :
M. Desrochers.
M.
Desrochers (Denis) : Écoutez,
ce qu'on dit, essentiellement, c'est qu'il
y a une duplication de lois, en
fait. Ce qu'on dit, c'est que, si on
considère les cendres humaines comme des restes humains, un columbarium, à
notre conception à nous, est l'équivalent d'un cimetière.
Donc,
pourquoi, si on a un columbarium, il faudrait en plus avoir des lots au
cimetière, pour être capable de maintenir et opérer un columbarium?
C'est là que ça devient difficilement applicable, parce que, là, à ce moment-là,
on exige quasiment, jusqu'à un certain
point, à ce que certaines maisons funéraires qui ont... — vous
l'avez mentionné, on est en affaires — de
devenir propriétaires de terrains, devenir opérateurs de cimetière. Ça
devient... La quantité de cendres dans
un columbarium... la quantité, pardon, d'urnes que nous avons dans un
columbarium versus l'emplacement que ça prend dans un cimetière, on ne parle pas de la même chose, là, parce qu'il y a des règles, dans les cimetières, qui empêchent, par exemple,
un propriétaire d'un lot au cimetière d'avoir, par exemple, autant d'urnes
que je peux avoir sur un terrain. C'est des règles de cimetière, puis on
est à la merci de ça, là.
Le Président (M. Turcotte) : M. le
ministre.
M.
Barrette : Oui, M. le Président, merci. Mais, malgré tout, ça m'apparaît difficile de dire que c'est
inapplicable.
M.
Desrochers (Denis) : Bien,
en fait, ce qu'on vient dire, c'est que, si... À partir du moment où est-ce
qu'on statue qu'un columbarium est un lieu de disposition final, pourquoi avoir
un cimetière, avoir un lot au cimetière? C'est l'équivalent, là.
M.
Barrette : Je comprends,
mais, à ce moment-là, ce n'est pas une question d'inapplicabilité,
c'est une question de prise de position d'affaires.
M. Poirier (Marc) : Si vous
permettez, monsieur...
• (12 h 10) •
M. Barrette : Parce que, si vous me
le permettez, peut-être pour clarifier ma position, là, et vous permettre de clarifier la vôtre aussi, un columbarium, là,
en mètres carrés, ce n'est pas comme un cimetière, comparativement au nombre d'individus, en relation au nombre
d'individus dont les cendres sont hébergées dans le columbarium, alors
c'est la même chose pour le terrain
éventuel. Je vois mal l'inapplicabilité. Je comprends votre argument
sur le plan affaires, si c'est ça qui est la raison, mais j'ai de la
misère à vous suivre sur l'inapplicabilité de la chose.
Le Président (M. Turcotte) : Je
crois que, M. Poirier, vous vouliez intervenir.
M. Poirier
(Marc) : Il faut considérer
que ça s'appliquerait... si j'ai bien compris le sens, ça s'appliquerait
dans le cas où une entreprise
devait fermer, cesser ses opérations, et qu'au niveau de cette entreprise
il y ait un columbarium. C'est sûr que celui qui a accepté de mettre au
monde un columbarium, dans l'entreprise privée, déjà il prenait la responsabilité
un jour de voir à la disposition. D'ordre général, les gens qui demandent à
déposer les cendres dans un columbarium,
c'est parce qu'ils ne veulent pas
qu'elles soient enterrées, alors il ne faudrait pas que par la loi ces
cendres se retrouvent obligatoirement enterrées. Il y a un processus qui doit
être établi pour retourner les cendres aux familles, si cette entreprise doit fermer ses opérations, dans un premier temps,
et leur laisser faire le choix. Et, dans le cas de difficulté de rejoindre les gens
pour pouvoir en disposer ou quoi que ce soit, là il y aurait lieu de voir
qu'est-ce qui peut être fait pour continuer à respecter la première idée
de l'usage d'un columbarium.
Le Président (M. Turcotte) : M. le
ministre.
M. Barrette : Donc, dans ce cas-là,
vous accepteriez qu'elles soient inhumées.
M. Poirier
(Marc) : On n'a pas à l'accepter, que ce soit inhumé, en tant que
responsables d'une entreprise, mais à tout le moins il doit y avoir un
effort de fait pour que les familles puissent se prononcer avant qu'on en ait
disposé. C'est là qu'à un moment donné il y a comme une difficulté.
M. Barrette : Très bien. J'ai
terminé mon intervention, M. le Président.
Le Président (M. Turcotte) : C'est
terminé? Nous allons passer maintenant à la députée de Taillon pour
l'opposition officielle. Vous disposez d'un temps de 8 min 15 s.
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, bienvenue, M. Desrochers, Mme St-Pierre et
M. Poirier.
On va aller
rapidement parce qu'on n'a pas beaucoup de minutes. Je regarde, en complément
aussi, là, de ce qui a été échangé,
mais vous avez tout de suite au début de votre mémoire une demande que vous
formulez par rapport à la définition
du parent, pas parent dans le sens père et mère, là, mais de la personne la
plus proche ou la personne responsable, et à la page 24 de votre mémoire vous avez déterminé un certain
ordre de priorité, ce que je trouve qui est déjà un travail qui est louable, mais pouvez-vous nous parler un peu
des difficultés que vous avez actuellement et de ce qui vous a amenés à faire cet ordre de priorité, là, qui me semble
logique, mais, sur certains éléments, on pourrait aussi placer d'autres
personnes à d'autres niveaux. Donc, peut-être nous défendre votre point de vue.
M. Desrochers (Denis) : Il faut
comprendre que...
Le Président (M. Turcotte) :
M. Desrochers.
M.
Desrochers (Denis) : Merci. Quand on est dans une situation où est-ce
qu'une personne décède, il arrive... je ne vous dirais pas régulièrement, mais qu'il arrive parfois que des gens
s'improvisent parent : un voisin, une connaissance. On découvre le décès d'un ami, et, bon, le premier
réflexe, c'est de dire : Bon, bien, regardez... Une fois que le
décès est constaté, il faut le prendre en charge, il faut s'en occuper. Et
donc, à ce moment-là, on aide à définir la notion d'avec qui on peut avoir une relation pour décider des
dernières volontés de la famille. Et on ne veut pas se rendre après coup...
Je vais vous
donner un exemple très pertinent, le cas où est-ce qu'une dame décède et sa
voisine, voulant bien faire, appelle
une maison funéraire pour en prendre charge. On s'en occupe parce que la madame
nous donne la permission de le faire, selon nos protocoles de travail.
Et, ceci étant dit, c'est qu'une fois que la personne est rendue sous notre protection, bien tout d'un coup elle se rend
compte que, tu sais, la madame n'a pas de sous puis, à part qu'être sa
voisine, elle n'a pas vraiment une relation...
elle n'est pas liquidatrice dans le testament ou quoi que ce soit. Donc, on se
ramasse avec cette personne-là dans nos installations, et il n'y a pas personne
qui veut en prendre la charge, parce que cette dame-là... Et donc c'est pour ça qu'on veut qu'on spécifie, justement,
une hiérarchie de gens qu'on peut définir comme étant des personnes
apparentées ou une relation... La voisine n'est peut-être pas la meilleure des
relations pour ce cas pertinent.
Le Président (M. Turcotte) : Mme la
députée.
Mme
Lamarre : Bien, si je prends
juste... je poursuis votre exemple, de quelle façon... Il faudrait que ce soit vous qui, à ce moment-là, vérifiiez qui est la
bonne personne, qui est la personne responsable. Donc, la notion de
registre vous aiderait peut-être, à ce moment-là.
Le Président (M. Turcotte) :
M. Desrochers.
M. Desrochers (Denis) : Vous parlez
de registre pour les préarrangements funéraires, c'est dans ce sens-là que vous
parlez?
Mme Lamarre : Oui.
M.
Desrochers (Denis) : Naturellement, c'est sûr qu'une personne qui a des préarrangements funéraires, en
partant, je vous dirais qu'on vient de solutionner une grande partie de
l'équation.
Ceci étant
dit, le registre de préarrangements funéraires, on veut que ce soit quelque chose qui soit confidentiel quand même, ce n'est pas tout le monde qui
peut aller solliciter le registre, comme tel, mais ça aiderait effectivement les familles à définir, bien souvent, les souhaits
et les volontés de la personne décédée, si dans un tel cas il y a un
préarrangement funéraire. Ça peut être une
aide, mais ce n'est pas une fin en soi. C'est certains cas, ce n'est pas tout le monde qui a des préarrangements
funéraires.
Le
Président (M. Turcotte) : Mme la députée.
Mme
Lamarre : Donc, vous avez
cette liste et vous considérez que ce serait plus pertinent d'avoir ce niveau
de priorité là, ça correspond plus à votre
réalité, là. Si on regarde, au tout début, bien sûr, là, ce serait d'abord le
représentant personnel nommé par la personne décédée, le conjoint, l'enfant
d'âge adulte, le petit-enfant d'âge adulte. Donc, vous gardez quand même beaucoup de liens familiaux, alors que dans la vraie
vie, actuellement, il y a peut-être plus de liens civils que de liens
parentaux. Est-ce que...
M.
Desrochers (Denis) : C'est
sûr que la déclinaison dans laquelle on a donné la hiérarchie, c'est à titre
suggestif, on s'entend, là, ce n'est pas
défini. C'est qu'on aide, en fait, le législateur à réfléchir, justement, à une hiérarchie à tout le moins
plus claire pour nous aider...
En
fait, bien souvent, quand survient un décès, on a une fenêtre où est-ce qu'on
peut agir... ou en fait bien souvent c'est en urgence, hein? Même si la
personne est décédée, il n'en demeure pas moins qu'on ne peut pas attendre des semaines, donc, c'est bien souvent le fait de
quelques heures. Et donc trouver la personne, la bonne personne qui peut
nous aider à organiser et à planifier un
rituel funéraire approprié pour la personne décédée, c'est une question de
délai assez rapide, donc on a besoin,
justement, peut-être d'outils pour ça, pour nous outiller à définir avec qui on
peut parler et qui est responsable vraiment dans le domaine.
Le Président (M.
Turcotte) : Mme la députée.
Mme
Lamarre : Merci. Un des éléments aussi que vous évoquez dans vos
recommandations, c'est d'augmenter la prestation de décès de la Régie
des rentes du Québec qui est à 2 500 $. Donc, pouvez-vous nous
expliquer un peu? Parce que je vous dirais
que, pour le public, il reste que, quand il y a un montant qui est donné, on a
l'impression parfois que tout tend à
s'ajuster au montant éligible, alors il y a ce risque-là. En même temps, c'est
vrai qu'il est possible qu'il y ait des
coûts qui changent avec le temps. Mais comment nous aider à nous assurer qu'on
va prendre vraiment la meilleure décision par rapport à ces coûts, à
cette prestation de décès?
Le Président (M.
Turcotte) : M. Desrochers.
M.
Desrochers (Denis) : Il faut bien comprendre que, la prestation de
décès, je comprends bien que ce n'est pas l'affaire du ministère de la
Santé, on en est très conscients. Par contre, l'opportunité, la tribune qu'on
nous offrait aujourd'hui est tout à fait
appropriée à sensibiliser, en fait, le gouvernement et les législateurs, en
fait, que la Régie des rentes du
Québec est un organisme... c'est des gens qui cotisent à la Régie des rentes du
Québec, donc c'est le travailleur qui se paie ce programme-là, la
situation étant que depuis 1998 la règle de prestation de décès de
2 500 $ existe, 1998. M. le
ministre a mentionné tout à l'heure qu'effectivement ça prend des lunes avant
de changer les règles dans le domaine funéraire, c'en est un autre bel
exemple. Le programme n'a pas changé.
Donc,
il faut être conscient, forcé d'admettre que, depuis 1998, les prix ont changé.
Et on tend toujours à travailler dans
un rituel digne et respectueux envers la personne décédée, il n'en demeure pas
moins qu'il devient de plus en plus difficile de fournir une offre de services
digne et respectueuse à un montant si minime, donc...
Le Président (M.
Turcotte) : Mme la députée, il vous reste 30 secondes.
• (12 h 20) •
Mme
Lamarre : Oui. En fait, je
voulais vous donner peut-être l'opportunité de parler des articles 52 et
53 que vous avez dit appuyer et que
vous considériez un élément positif dans le projet de loi, qui concernent
la disposition des cendres. Vous en
avez parlé un peu tantôt avec le ministre, mais peut-être nous apporter votre point de vue sur qu'est-ce que vous
souhaitez de façon plus spécifique. Est-ce que ce qui est marqué dans
l'article 52, 53 vous convient parfaitement? Est-ce que vous avez des
ajouts ou des modifications?
M.
Desrochers (Denis) : En
fait, l'article 52, 53 vont dans
le sens dans lequel nous voulons... nous travaillons, et nous croyons
que le législateur est dans la bonne voie, dans ce sens-là, au sein de
l'article 52 et 53...
Le
Président (M. Turcotte) : M. Desrochers, je vais devoir malheureusement
vous couper, le temps est épuisé pour le bloc de l'opposition
officielle. Nous allons maintenant passer à la deuxième opposition. Mme la
députée de Repentigny, pour un temps de 5 min 30 s.
Mme
Lavallée : Merci beaucoup. Bienvenue.
Tout
à l'heure, dans mon introduction, j'ai parlé des fameux contrats de
préarrangements. Dans la pratique, on s'est rendu compte que des gens
prévoyaient avant le décès de quelle façon ça se passerait, signaient des
contrats avec des entreprises, et par mégarde
les contrats étaient perdus. Arrive le décès, et on ne trouve pas. La famille
sait très bien que la personne a pris un... a signé un contrat mais ne
le trouve pas. Et on réalise qu'il n'y a pas de registre.
Donc,
vous en parlez dans votre document. J'aimerais ça que vous nous parliez de
l'expérience que vous avez, qui vous a amenés à faire cette
proposition-là.
Et
mon autre questionnement, c'était : Qu'est-ce qui arrive avec l'argent qui
a été placé en fiducie et pour lequel une personne a acquitté ses frais funéraires, et la personne est décédée, on
a repayé? Qu'est-ce qui arrive avec cet argent-là? Donc, ce seraient les
deux questions.
M. Desrochers
(Denis) : En deux temps, votre question...
Le Président (M. Turcotte) :
M. Desrochers.
M. Desrochers (Denis) : La première,
c'est qu'effectivement trop souvent aujourd'hui les gens réalisent...
contractent des préarrangements funéraires avec des maisons funéraires, mais
malheureusement ils ne le disent pas à leurs
membres de la famille. Donc, le résultat, c'est que, malheureusement, quand
cette personne-là décède... Et on a plein de cas patents de gens qui vont décéder qui ont des préarrangements
funéraires, et les proches contractent un rituel funéraire auprès d'une autre maison funéraire ou... pas la
même maison funéraire, parce qu'il y a des lumières qui s'allumeraient, mais avec une autre maison funéraire. Donc, il y a
un double paiement pour une même personne d'un rituel funéraire.
Et, à savoir
maintenant qu'est-ce qui arrive avec ces sommes d'argent là, il faut bien
comprendre qu'elles sont déposées
dans des institutions financières, et c'est les institutions financières qui en
bénéficient. Et théoriquement... bien, en fait, théoriquement... pratiquement parlant, les gens qui ont payé ces
sommes d'argent là destinées aux préarrangements funéraires, ça doit revenir à la famille. Donc, il y a des formulaires
de résolution qui existent. Si on le sait, en fait, on annule le contrat et on doit rembourser la famille. Parce
qu'il faut bien comprendre : dans le cas qu'on parle, la personne, le
rituel funéraire a déjà été fait ailleurs.
En ayant le registre, on vient à tout le moins
préserver, au moins avertir les gens qu'il y a deux... il y a un préarrangement funéraire. S'ils ont conclu avec
une autre maison funéraire, à tout le moins ils pourront résilier le
contrat et récupérer les sommes d'argent,
qui appartient à la famille. Donc, encore une fois, c'est par souci... Le
consommateur ne doit pas payer deux fois pour un seul service qu'il va obtenir.
Le Président (M. Turcotte) : Mme la
députée.
Mme Lavallée : Mon autre question,
c'est : Qui pourrait gérer ce registre-là? Parce que c'est sûr qu'on parle
de peut-être créer une autre structure, il y
a des coûts toujours rattachés à ça. Qui, selon vous, seraient les mieux
placés pour gérer ce groupe-là?
Et comment
avoir accès? Parce que tout à l'heure vous avez parlé de confidentialité. Qui
pourrait avoir accès à cette
information-là, de quelle façon? Parce que, bon, quand on veut accéder au
registre des testaments, lors d'un décès, il faut avoir le certificat de
décès, mais dans ce cas-là c'est confidentiel, il faut créer le mécanisme
d'accès, là.
M. Desrochers (Denis) : À notre sens
à nous, le Directeur de l'état civil est probablement l'autorité la mieux
placée pour le faire, parce qu'à partir du moment où est-ce qu'on déclare un
décès, forcément, il y a... Tous les renseignements
contenus, déclarés au Directeur de l'état civil, il est probablement
l'organisme le mieux placé pour être capable de répondre à cette
question.
Il doit y
avoir un drapeau rouge qui à peu de frais, informatiquement parlant, autorise
tout simplement... qui dit qu'une personne a un préarrangement
funéraire. Donc, la maison funéraire, au moment où est-ce qu'on contracte un préarrangement funéraire, enregistre tout
simplement le préarrangement funéraire comme la Chambre des notaires le
font avec les testaments mais auprès du
Directeur de l'état civil, et, si la personne décède, il y a un drapeau rouge
qui se lève en disant : Oups!
cette personne-là a un préarrangement funéraire. Et, à partir de là, à partir
de l'information, elle peut être traitée, la famille peut bénéficier de
cette information-là. Je pense que c'est probablement... En tout cas, à notre
sens à nous, c'est la façon la plus simple et la plus économique de le faire,
là.
Le Président (M. Turcotte) : Mme la
députée, il vous reste 40 secondes.
Mme Lavallée : Donc, ça pourrait se
faire assez facilement, selon ce que vous nous dites.
M. Desrochers
(Denis) : À mon humble avis, oui. D'après moi, technologiquement
parlant, ça ne demande pas une grande
complexité ni énormément de frais à investir par l'État, dans un système comme
celui-là, quand le Directeur de l'état
civil reçoit déjà tous les décès ici, en province. Donc, forcément, toute
personne est déclarée décédée au Directeur de l'état civil. C'est la
façon la plus facile de trouver une solution au problème.
Le
Président (M. Turcotte) : Merci beaucoup. Je vais céder maintenant la
parole à la députée d'Arthabaska pour un temps de
2 min 30 s.
Mme Roy (Arthabaska) : Oui,
bien, pour une autre expérience, comme avocate j'ai souvent demandé des certificats de naissance, des certificats de
mariage mais jamais des certificats de décès. En moyenne, c'est quel délai
pour obtenir un certificat de décès?
M. Desrochers (Denis) : Au Directeur
de l'état civil?
Mme Roy (Arthabaska) : Oui.
M.
Desrochers (Denis) : Dans le moment, je vous dirais, dépendamment si
on demande de la façon accélérée, si ma mémoire est bonne, là, on parle
d'un délai de quelques jours, là, d'une semaine, à peu près.
Mme
Roy (Arthabaska) : Mais une semaine est-ce que c'est trop, pour
vous, pour savoir s'il y a un arrangement préalable?
M.
Desrochers (Denis) : C'est sûr qu'après sept jours il est clair que
probablement qu'il est déjà trop tard, parce que le rituel funéraire,
bien souvent, il est déjà réalisé.
Par contre, dans notre conception à nous, c'est
que de recevoir un certificat de décès, c'est une chose, mais l'information est
déjà au Directeur de l'état civil parce que nous, on les enregistre
électroniquement, les décès. Donc, il y a une lumière qui peut s'allumer
facilement, là.
Mme Roy
(Arthabaska) : Parce que je me demandais si on pouvait annexer
la déclaration qu'il y avait déjà eu des arrangements préalables à l'émission du certificat de décès, mais ce ne
serait pas possible parce que ce serait trop tard.
M. Desrochers (Denis) : D'après moi,
oui.
Mme Roy
(Arthabaska) : Mais, quant au fait que ce registre-là demeure
confidentiel, je pense que c'est assez facile,
parce que le directeur du registre de l'état civil a déjà des registres
confidentiels comme pour les enfants adoptés ou dans d'autres domaines,
là. Donc, ça, ça peut fonctionner.
Maintenant,
au niveau de la dignité, si on revient — moi, j'ai 2 min 30 s, c'est
pour ça que je parle vite — je pense que le ministre
a raison, on ne peut pas la définir de façon statutaire dans la loi. Mais par
contre est-ce qu'on ne pourrait pas déléguer
un organisme, un des deux que vous avez nommés, qui devrait faire une
définition et la réviser à tous, admettons, les deux ans, les trois ans, les cinq ans, là, comme on le jugera bon
lors de la discussion, pour éviter que cette définition de «dignité»
soit statique?
M. Desrochers (Denis) : Bien,
écoutez, c'est sûr qu'on est ouverts à différentes suggestions puis... mais, dans la pratique de tous les jours, la commission
de soins en fin de vie, il n'y a pas plus tard qu'il y a quelques
semaines, a déjà défini ce qu'était le
respect de la dignité en fin de vie. Donc, il y a déjà une base de réflexion
qui est déjà là. À notre sens à nous,
vu que les organismes qui étaient alentour du gouvernement font déjà cet
exercice-là, pour nous autres, il tombait sous le sens de profiter de
cette commission-là ou des commissions apparentées qui pourraient...
Le Président (M. Turcotte) :
M. Desrochers, je vais devoir vous interrompre.
M. Desrochers (Denis) : Je suis trop
long, hein, je le sais.
Le
Président (M. Turcotte) : Bien, le temps est terminé. Nous allons vous
remercier pour votre présence, de vous être déplacés ici, à la
commission, aujourd'hui.
Donc, étant donné l'heure, je suspends les travaux
jusqu'à 16 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 16 h 5)
La
Présidente (Mme Hivon) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la commission reprend ses
travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires ou autres appareils
électroniques.
Nous allons
poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 66, Loi
sur les activités funéraires. Et cet après-midi nous allons entendre d'abord
la Fédération des coopératives funéraires du Québec, ensuite l'Assemblée des évêques catholiques du Québec,
suivie de L'Association des cimetières chrétiens du Québec.
Alors, je
souhaite la bienvenue à la Fédération des coopératives funéraires du Québec. Je vais vous demander, dans un
premier temps, de bien vous identifier chacun à votre tour. Et je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour faire votre présentation, qui va être
suivie d'une période d'échange avec les membres de la commission. Alors,
bienvenue. Et la parole est à vous.
Fédération des
coopératives funéraires du Québec (FCFQ)
M. Leclerc
(Alain) : Bien, merci. Je me présente : Je suis Alain Leclerc,
directeur général de la Fédération des coopératives funéraires du Québec.
M. Tardif
(Pierre) : Et Pierre Tardif, secrétaire du conseil d'administration de
la fédération et aussi
président de la Coopérative funéraire du Grand Montréal.
M. Leclerc
(Alain) : Ça fait
que, si vous voulez, je vais vous faire une présentation rapide de notre
mémoire, de notre intervention là-dessus. Rapidement, pour vous présenter un peu
ce qu'est la fédération et ce que sont les coopératives funéraires du
Québec, donc, on vous précise que la fédération existe depuis une trentaine
d'années, et on regroupe les coopératives funéraires du
Québec, on a des membres dans six autres provinces canadiennes, et le
membership de la fédération comprend aussi des coopératives funéraires au
Pérou, au Costa Rica, aux États-Unis et en France. Les 20 coopératives funéraires du Québec qui sont membres de la
fédération rassemblent plus de 200 000 personnes, donc il y a
200 000 membres dans ces 20 différentes coopératives là. Et
l'objectif des coopératives, c'est d'offrir des funérailles, évidemment, de
qualité à moindre coût au plus grand nombre de familles québécoises possible.
Au fil des
années, les coopératives funéraires se sont implantées dans pratiquement toutes
les régions du Québec, on est
aujourd'hui présents dans une soixantaine de municipalités à travers
100 points de service. Les coopératives desservent annuellement
11 000 des quelque 63 000 familles qui nécessitent des services
funéraires chaque année au Québec. Donc,
ainsi rassemblé, le réseau des coopératives funéraires constitue le principal
réseau d'entreprises funéraires au Québec, avec 17 % du marché. Je dois vous préciser
que, dans certaines régions, comme au Lac-Saint-Jean, en Abitibi,
en Estrie, les coopératives ont des
parts de marché de 60 %, 70 %, mais on est moins présents dans les
grands centres comme Montréal, par exemple.
Donc, il faut
rappeler tout de même, parce que c'est pertinent dans le cadre du projet de
loi, que les coopératives se sont difficilement créées au début des
années 70. Leur arrivée a évidemment bousculé l'industrie funéraire. Avec
des prix réduits, une pratique qui s'appuyait à l'époque sur le bénévolat des
membres puis l'utilisation importante des sous-sols d'église, les coopératives
ont su répondre à un besoin qui était latent de la population.
Soulignons
simplement qu'une étude du gouvernement du Québec, le ministère de l'Industrie
et Commerce de l'époque, en 1998,
avait fait une analyse du secteur et avait déterminé que le prix des
funérailles dépassait de 19 % le prix moyen canadien, en 1972, donc à l'arrivée des coopératives, et on disait
que les Québécois étaient parmi les Canadiens payant le plus cher pour leurs frais funéraires à cette époque-là. En
1987, le rôle régulateur des coopératives avait fait son oeuvre, et les Québécois payaient, à ce moment-là,
en moyenne 9 % de moins que les Canadiens. L'écart favorable aux Québécois s'est creusé en fonction du
développement des coopératives pour atteindre 13 % en 1993 et 16 % en
2007. Selon l'étude du gouvernement du Québec, il était dit que, depuis
l'arrivée des coopératives funéraires sur le marché québécois, au début des années 70, le prix moyen par service n'a
cessé de décroître par rapport à la moyenne nationale. Ces données nous permettent d'apprécier le rôle de
régulateur du marché que jouent les coopératives funéraires au Québec.
Aujourd'hui, nous estimons que les familles québécoises qui utilisent nos
services réalisent des économies de l'ordre de 22 millions de dollars par
année.
Heureusement, la loi qui encadrait les activités
funéraires au Québec, au milieu des années 70, avait la souplesse nécessaire pour accueillir ces nouvelles
pratiques commerciales. Cette loi se limitait à protéger adéquatement la
santé publique dans le transport, le traitement et l'exposition des cadavres.
Cette souplesse réglementaire a été un facteur
qui a favorisé la naissance et le développement d'un réseau d'entreprises
funéraires qui a aujourd'hui un impact déterminant sur la qualité et le
prix des funérailles au Québec.
• (16 h 10) •
Donc, on a
assis notre mémoire sur quelques principes directeurs qu'on tient à vous
présenter. Le premier, c'est évidemment d'avoir une loi qui est souple
et qui est ouverte à de nouvelles pratiques.
On précise
que les rites funéraires changent rapidement. Au début des années 80, par
exemple, la crémation était presque inexistante au Québec. 30 ans
plus tard, plus de la moitié des Québécois choisissent ce mode de disposition. Aujourd'hui, la plupart des cérémonies religieuses
liées à un décès se font ailleurs que dans une église. Les funérailles
ont lieu souvent une semaine, 10 jours
ou deux semaines après le décès. Toutes ces pratiques étaient inexistantes il y
a à peine une génération.
Que nous réserve l'avenir? Nous ne le savons pas
encore, mais nous savons toutefois que l'arrivée massive des baby-boomers à l'âge de la retraite modifiera
grandement les rites funéraires. Ce groupe de consommateurs a modifié toutes les pratiques commerciales tout au long de
son vieillissement; il devrait en être de même des services funéraires.
La loi qui a
encadré l'industrie funéraire jusqu'à maintenant a permis l'éclosion de
plusieurs pratiques différentes sur une période de plus de 30 ans.
Les familles endeuillées ont pu avoir accès à de nouveaux produits, de nouveaux
procédés, de nouvelles façons de faire, de
nouveaux rites. La nouvelle loi devrait avoir toute la souplesse nécessaire
pour accueillir les nouvelles pratiques à venir dans le respect de la santé
publique.
Notre deuxième guide, c'est effectivement une loi qui
respecte et qui est garante de la santé publique. Et, pour nous, c'est
le coeur de la présente loi, et on tient à ce que ça demeure l'essentiel de la
prérogative du gouvernement.
Donc, la
protection de la santé du public doit être au coeur de l'approche
gouvernementale. Selon nous, l'essentiel de la loi et de ses règlements
doit porter sur la protection de la santé publique. La manipulation des
cadavres, leur conservation, le travail des thanatopracteurs et tous les
aspects liés à l'exposition des corps sont les éléments les plus importants à
encadrer. Sur ces aspects, le gouvernement a un rôle incontournable à jouer et
doit le jouer pleinement.
On souhaite aussi une loi qui est juste et
équitable. La nouvelle loi devra être juste et équitable et ne devra pas
favoriser un groupe d'entreprises funéraires au détriment des autres.
Il existe
présentement au Québec trois grands groupes d'entreprises funéraires : les
entreprises privées familiales, les
entreprises publiques cotées en bourse et dirigées par des intérêts américains,
pour celles qui sont au Québec, et enfin des coopératives, sans négliger
le marché des cimetières, où les enjeux économiques et les champs
d'intervention sont de plus en plus les
mêmes que ceux des entreprises funéraires. Comme dans tous les secteurs
économiques, ces entreprises rivalisent pour s'accaparer le plus grand
marché des 350 millions dépensés annuellement par les Québécois pour les funérailles d'un proche. À ces entreprises de
première ligne s'ajoutent les cimetières, qu'ils soient privés ou publics,
qui recherchent évidemment une part du
gâteau, les paroisses, qui voient leurs fidèles délaisser les funérailles
traditionnelles, les fabricants de
cercueils, qui voient leur marché grugé par la montée de la crémation, les
quotidiens, qui voient les avis de décès migrer vers le Web, et enfin
les thanatopracteurs, qui voient de plus en plus de dépouilles prendre le
chemin de la crémation
sans subir d'embaumement. Le gouvernement devra se montrer vigilant afin
qu'aucun intervenant ne soutire d'avantage indu de la future
législation.
On souhaite
aussi une loi qui respecte la liberté du consommateur. Le temps nous a démontré
que les entreprises funéraires qui
n'ont pas su offrir des biens et services adaptés aux besoins de la population
sont disparues. Par exemple, des entreprises
ont déjà tenté de vendre des cercueils directement à la population via des
locaux loués sur des grandes avenues, des
projets de construction de columbariums contenant des centaines de milliers de
niches ont déjà été conçus par des entreprises,
et il y a des entreprises comme Costco et Wal-Mart, par exemple, qui tentent de
vendre des cercueils dans les grandes
surfaces. Nous, on croit à l'intelligence du consommateur, et l'expérience nous
a démontré que le consommateur sait se débarrasser des entreprises qui
ne savent pas répondre adéquatement à leurs besoins. Donc, plusieurs de ces entreprises ont fermé leurs portes... ou ces
projets n'ont pas vu le jour, faute d'intérêt de la part des consommateurs.
Et évidemment qui aurait cru, il y a
25 ans, qu'un projet marginal comme celui des coopératives funéraires se
développerait aussi rapidement et deviendrait, en 2016, le principal joueur de
l'industrie?
À notre avis,
le législateur devra maintenir cette possibilité de laisser aux consommateurs
la liberté de faire leurs propres
choix entre différentes propositions qui pourront leur être faites. Ce n'est
pas le rôle du législateur, selon nous, d'imposer ces choix, ces valeurs ou de déterminer ce qui est de bon goût
ou non dans la façon dont les familles québécoises désirent rendre
hommage aux proches disparus. Il ne faut pas fixer dans le temps, pour les
prochaines années, le modèle d'affaires de 2015.
Et notre
dernier grand principe : Évidemment, on souhaite une loi qui est facile
d'application. On vise à ce que la loi et
les règlements afférents devront être simples d'application et de contrôle.
Cela implique que la charge administrative et les rapports doivent être ramenés au minimum pour les entreprises et que
les règles à suivre doivent être faciles à comprendre pour le
consommateur et pour les entreprises qui auront à administrer cette loi.
Maintenant on a quelques commentaires sur
quelques articles du projet de loi. Le premier touche la notion du respect de
la dignité de la personne. On a vu qu'à deux endroits, soit l'article 4 et
l'article 71, on dit qu'«en toutes circonstances,
la manipulation et la disposition [des cadavres] ou [des] cendres humaines
doivent être faites de manière à assurer le respect de la dignité de la
personne décédée». On retrouve le même concept de respect de la dignité de la personne décédée à l'article 71, où on
dit : «Nul ne peut disperser des cendres humaines à un endroit où elles
pourraient constituer une nuisance ou d'une manière qui ne respecte pas la
dignité de la personne décédée.» On aimerait à ce qu'il y ait une précision sur la notion de respect de la dignité de la
personne décédée. On ne voudrait pas que les directeurs de funérailles ou les gestionnaires de cimetière
aient la liberté ou que ce soient eux-mêmes qui déterminent qu'est-ce qui est digne ou qu'est-ce qui n'est pas digne; qu'est-ce qui respecte la
dignité de la personne décédée, qu'est-ce qui ne la respecte pas. Il
faudrait s'assurer, donc... à tout le moins que vous légifériez pour donner des
guides là-dessus.
Deux exemples
qu'on donne. On parle de la famille de Jack Layton, pour ceux qui s'en
rappellent, qui ont choisi de disperser quelques particules de leurs
cendres à Montréal, dans la paroisse où il est né, une autre partie sur les
îles de Toronto où il s'est marié, puis
enfin une dernière partie dans un cimetière de la Ville Reine. Est-ce que c'est
irrespectueux de la personne décédée?
La Présidente (Mme Hivon) :
Je vous inviterais à conclure.
M. Leclerc (Alain) : À conclure,
hein?
La
Présidente (Mme Hivon) : Votre temps est déjà terminé. Mais je
suis sûre qu'on va revenir par les échanges à vos questions, à vos
préoccupations.
M. Leclerc
(Alain) : Oui. Je vais attirer votre attention juste sur un autre
élément qu'on considère important, c'est au niveau de la gestion des cendres dans les columbariums. Rapidement,
il y a un article qu'on trouve difficile d'application, c'est lorsque
vous demandez à tous les exploitants de columbariums de posséder des lots dans
un cimetière pour un nombre de places
suffisantes au nombre de niches vendues. C'est-à-dire, si une entreprise
funéraire a vendu 5 000 niches de columbarium, vous lui demandez, dans le projet de loi, que cette
entreprise-là possède 5 000 espaces dans un cimetière pour pouvoir couvrir ces niches-là. On trouve que
ça va être difficile d'application et on ne comprend pas la logique de
cet élément-là.
La
Présidente (Mme Hivon) : Je vous remercie beaucoup. Et puis,
sur ce, je cède la parole au groupe ministériel pour une période
d'environ 15 minutes.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente. J'ai envie, à cette étape-ci... Bien, d'abord, bonjour,
M. Tardif et M. Leclerc. Je
sentais que vous étiez dans une envolée. Et je dois vous avouer que la lecture
de votre mémoire semblait m'indiquer
l'inverse de ce que vous étiez en train de développer, alors je vais vous
laisser développer. Vous êtes contre l'obligation d'avoir des lots?
M. Leclerc
(Alain) : On ne comprend pas pourquoi ça prend le nombre de lots
équivalent au nombre de niches vendues. Dans
le mémoire, ce qu'on dit, c'est que les entreprises funéraires vendent des
niches de columbarium pour des durées
déterminées de 25 ans, de 50 ans. Ce qu'on vous dit, c'est qu'à la
fin de la durée du bail, il va se produire trois choses : soit que les descendants vont renouveler un nouveau
bail pour une nouvelle période de 25 ans ou de 50 ans, soit que la famille va venir récupérer les cendres
puis elle va en disposer elle-même, probablement dans un cimetière, ou les cendres vont devenir
des cendres non réclamées. C'est seulement dans le dernier cas où les
entreprises funéraires devront disposer
de ces cendres-là dans un cimetière. Le projet de loi nous demande d'acheter
des niches pour l'ensemble de ces trois catégories-là immédiatement,
puis ça, on trouve que ce n'est pas nécessaire.
M.
Barrette : Je vous remercie d'avoir précisé ça. Je ne l'avais pas
comprise comme ça, votre position. Donc, il y a un cas où vous êtes en
faveur, mais pas dans tous les cas de figure.
M.
Leclerc (Alain) : Effectivement, oui. On pense que les entreprises
funéraires devraient acheter des lots au cimetière pour disposer des
cendres non réclamées, point à la ligne.
M. Barrette :
Alors, qu'est-ce que vous faites de la situation de la faillite d'une entreprise?
M.
Leclerc (Alain) : Dans les cas de faillite, même si l'entreprise
funéraire avait des lots dans un cimetière, ça ne réglerait pas le problème. Le syndic va prendre
possession des lots, puis ce n'est pas vrai qu'on va pouvoir enterrer
ces cendres-là dans le lot de l'entreprise, dans un cas de faillite. Tout va
être géré par le syndic, là, le syndic ne laissera pas faire ça.
Puis
dans les cas de faillite, au Québec, il n'y a pas eu de problématique encore de
cet ordre-là. Il y a eu quelques cas plus problématiques, mais je ne
peux pas dire qu'au Québec on a eu des cendres dont on n'a pas pu disposer, au Québec, à l'heure actuelle. Là, vous imposez ça à
toutes les entreprises. Les 325 entreprises funéraires au Québec
devront avoir ce nombre de lots là juste pour couvrir peut-être un cas de
faillite, là, qu'on n'a pas connu encore.
M.
Barrette : Question... Peut-être que, là, il y a une divergence dans
la compréhension, et peut-être que moi, j'aimerais savoir de vous si on comprend la même chose. Vous, est-ce que
vous pensez que l'on voudrait qu'il y ait un lot au cimetière par
citoyen?
M. Leclerc
(Alain) : C'est ce que vous dites dans le projet de loi.
• (16 h 20) •
M. Tardif (Pierre) : Si je peux ajouter, M. le ministre, c'est que, selon l'article... Je
n'ai pas l'article précisément. Merci. C'est parce que je veux préciser
une chose, si vous permettez. On dit dans l'article que l'exploitant d'un columbarium doit avoir un lot d'une superficie
suffisante pour lui permettre d'inhumer l'ensemble des cendres qu'il
détient. Je vais vous donner un exemple. La Coopérative funéraire du Grand
Montréal, dans le moment...
Une voix :
...
M. Tardif
(Pierre) : Pardon?
M. Barrette :
Ce n'est pas un lot par urne, ça.
M. Tardif (Pierre) :
Pardon?
M. Barrette :
Ce n'est pas nécessairement un lot par urne.
M. Tardif
(Pierre) : Non, non, mais on parle de lot d'une superficie suffisante.
Ça, ce n'est pas défini.
Chez nous, le
cimetière avec qui nous faisons affaire pour disposer des cendres non réclamées
ou... et le reste, ce cimetière-là a un
règlement qui dit qu'il ne peut pas y avoir plus que 12 urnes dans son
lot, c'est le règlement de ce cimetière-là. Chez nous, on a — j'ai
fait faire le relevé, là — 2 354 habitacles.
Multiplié par 1,5, parce qu'il y a des habitacles
pour une urne puis d'autres pour deux, une moyenne de 1,5, ça fait 3 500.
Divisé par 12, il faudrait qu'on achète 294 lots demain matin.
On va en acheter au
printemps, deux lots, pour disposer des cendres, des quelques cendres qui ne
sont pas réclamées, qu'on a encore mais qui ne seront pas réclamées au cours de
l'hiver, puis au printemps prochain on va en disposer
dans ces lots-là, mais le fait de nous obliger d'acheter autant de lots que
pour toutes les urnes qu'on a actuellement, là, dont le contrat de location va se terminer dans 20 ans,
25 ans, 45 ans, les locations sont pour 25 ou 50 ans, ce
serait nous obliger, nous, si la proportion demeure 12 urnes par lot, d'acheter
quelque 300 lots là, là. C'est ça, l'interprétation qu'on en fait, de la
loi.
M. Barrette :
Je comprends votre interprétation sur la base de ce que vous venez de dire,
mais il n'en reste pas moins — puis là je vous demande votre opinion,
évidemment, vous êtes ici pour nous informer, là, puis je vous remercie beaucoup d'être ici — il n'en reste pas moins que... Et je
comprends que c'est rare, mais en même temps ça arrive. Dans le cas
d'une faillite, qui se retrouve avec la responsabilité?
Une voix :
...
M. Barrette :
Oui, mais le syndic, il fait quoi avec?
M. Tardif (Pierre) : Il va acheter
des lots.
M. Barrette :
Bon. Bien, ça fait qu'on déplace le problème.
M. Leclerc
(Alain) : Jusqu'à date, au Québec, il y a toujours eu une entreprise
funéraire capable d'en racheter une
autre. On l'a fait, nous, dans plusieurs cas, on l'a fait dans cinq ou six cas
facilement, où des entreprises funéraires en faillite ont été récupérées
soit par des coopératives ou soit par d'autres types d'entreprise.
M. Barrette : Vous avez dit... Si
vous me permettez d'aborder un autre aspect, là, vous avez fait référence abondamment au fait que vous représentiez... vous
étiez dans une industrie, vous faites référence abondamment à votre modèle d'affaires et à la liberté du consommateur.
Et vous avez fait référence beaucoup à l'équité qu'il devait y avoir
entre les différentes entreprises, on va dire ça comme ça, parce que c'est les
mots que vous employez.
Pouvez-vous
être plus... nous donner plus d'exemples de problématiques qui mèneraient à un
manque d'équité dans la pratique des services funéraires? Vous devez
avoir des exemples puis des choses plus précises à nous dire, là.
M. Leclerc
(Alain) : Juste pour vous donner un exemple, là, très factuel, que
vous réglez avec ce projet de loi ci, mais,
jusqu'à maintenant, un permis de directeur de funérailles ne pouvait pas être
émis à une organisation, c'était émis seulement à des individus.
Généralement, c'était donné à des thanatologues. Nous, dans le réseau des
coopératives funéraires... Un thanatologue
qui sort, par exemple, du collège puis qui travaille dans une entreprise
familiale va aller chercher son permis de directeur de funérailles puis
il l'aura pendant toute sa carrière, donc pendant une trentaine, quarantaine d'années. Dans les coopératives
funéraires, les permis sont détenus souvent par le directeur général qui
est embauché par l'organisation. Évidemment,
le directeur général reste pour l'organisation le temps qu'un D.G. reste,
là, à tous les cinq, sept ans, 10 ans
on change de directeur général, et ça nous pose des problèmes à chaque fois,
parce qu'un directeur général, souvent, ne partira pas dans des
conditions optimales, là, on s'entend, là. Donc, à chaque fois, on a toujours eu beaucoup de difficultés puis on a eu le
concours du ministère pour être capables d'aller chercher un nouveau
détenteur de permis puis d'avoir la
souplesse nécessaire pour être capables de remplir le trou qu'on a. Ça, c'était
au désavantage des coopératives, ça,
puis on a vécu avec ce désavantage-là pendant plusieurs années. Et, avec le
nouveau... avec le projet de loi que vous avez sur la table, vous réglez
ce problème-là.
M. Barrette : ...des choses, à votre
avis, qu'on ne règle pas sur ce plan-là de l'équité?
M. Leclerc
(Alain) : Par rapport aux thanatologues, nous, on souhaite, par
exemple, que les permis de directeur de funérailles ne soient pas émis aux thanatologues. Je sais que vous allez
avoir des demandes probablement dans ce sens-là, où est-ce que les thanatologues souhaiteraient que la profession tourne
autour des détenteurs de permis d'embaumeur. Nous, on pense que, les embaumeurs, de plus en plus ça va
devenir des techniciens de laboratoire qui vont se charger de faire les
embaumements, mais les directeurs de funérailles... Nous, on engage des M.B.A. beaucoup,
de ce temps-ci, là, c'est des gens qui ont
des formations en administration, et on souhaite que le métier de directeur de
funérailles soit de plus en
plus orienté vers des gestionnaires professionnels plutôt que vers des
embaumeurs.
M.
Barrette : Ce qui m'amène à
vous poser une question en lien avec votre mémoire. Vous mentionnez là,
et je le note avec un grand intérêt, que vous séparez la pratique du
thanatologue du côté affaires. Honnêtement, là, je n'ai pas vraiment d'opposition
ou de commentaire à faire, là, négatif sur votre position.
Maintenant,
dans votre mémoire, vous n'êtes pas vraiment,
vraiment en faveur que l'on édicte ou qu'on mette en place des règles ou
des paramètres clairs de formation des administrateurs. Ça m'étonne, ça.
M. Leclerc
(Alain) : On est dans un secteur très concurrentiel où chaque
entreprise, pour être capable de rester en vie, doit améliorer sa
prestation de services. Et je dois vous dire qu'au Québec, à mon avis, les
services funéraires s'améliorent d'année en
année depuis une trentaine d'années. Des cas de mauvais services ou des
entreprises qui n'offriraient pas un service de qualité sont de moins en
moins nombreux.
Et une façon
d'améliorer sa prestation de services, c'est d'être capable de développer des
programmes de formation à l'interne, et pratiquement tout le monde le
fait, ça. Nous, on a des programmes de formation à l'interne pour tout
l'ensemble de nos employés, et tous les grands groupes au Québec le font. Nous,
on pense qu'on devrait rester à ce niveau-là et laisser le soin aux grandes organisations
de former eux-mêmes leurs employés.
M.
Barrette : Je comprends que
c'est ce que vous souhaitez, mais en quoi, à ce moment-là, le fait
d'édicter des règles de formation continue, de maintien de compétences
serait négatif?
M. Leclerc (Alain) : À l'heure actuelle,
c'est fait dans l'industrie sans intervention de l'État. Il y a des cours qui sont donnés, il y a des programmes qui sont
donnés, il y a de la formation qui est donnée. Chaque nouveau
directeur général, nous, dans le réseau, a une formation qui lui
est donnée par notre réseau, c'est des choses qui se font sans que le gouvernement
ait eu à intervenir là-dessus.
M.
Barrette : Ne trouvez-vous
pas qu'en cas de faiblesse de votre réseau... Parce qu'actuellement, si on mettait des règles qui seraient concordantes, par exemple... ou plutôt
l'inverse, si vos règles se retrouvaient à être concordantes avec ce que
l'on mettait en place, il n'y aurait pas de problème, mais ne trouvez-vous pas
que, si votre organisation faiblissait... Parce
que ça n'arrivera pas, là, on s'entend. N'y aurait-il pas l'utilité d'avoir
quand même ces règles-là?
M.
Leclerc (Alain) : C'est un peu l'oeuf ou la poule, hein? À l'heure
actuelle, il y en a, des...
M. Barrette :
Comme toujours.
M.
Leclerc (Alain) : À l'heure actuelle, on offre ces programmes-là.
C'est sûr que, là, vous me demandez... Si le législateur mettait des
règles qui correspondent à ce qu'on offre déjà, est-ce qu'on serait contre?
Bien, moi, je vous pose la question : Pourquoi légiférer pour nous obliger
à faire ce qu'on fait déjà? Ce serait superflu, à mon avis.
M.
Barrette : ...répondre, par exemple, à ça. C'est parce que c'est le
principe du contrat; dans le cas présent, social. Un contrat, ça ne sert
à rien quand ça va bien, c'est quand ça va mal qu'on sort le contrat. C'est
dans cet esprit-là.
M.
Leclerc (Alain) : En tout cas, les faits nous prouvent que, depuis une
trentaine d'années, les gens ont réussi à se discipliner, là, sans que
vous nous aidiez.
M. Barrette :
Critique que je ne n'émettais d'aucune manière, M. Leclerc. C'est juste le
principe du contrat.
Il y a un élément,
là, un autre élément de votre mémoire qui m'étonne beaucoup, compte tenu de vos
commentaires introductifs. Vous avez dit que le coeur de la loi, dans votre esprit — puis ça l'est, vous avez tout à
fait raison — c'était la santé du public. Or, dans votre
mémoire, vous n'êtes pas en faveur qu'on détermine par règlement les normes d'équipement, d'hygiène, et ainsi de suite, vous nous demandez de
retirer le quatrième paragraphe de l'article 89.
M. Leclerc
(Alain) : Où vous voyez ça, excusez-moi?
M. Barrette :
L'article 89. Là, je n'ai pas la page avec moi, là, je suis désolé, là.
M. Leclerc
(Alain) : Non, excusez, c'est une erreur. C'est l'article 89.4°.
M. Barrette :
...c'est effectivement ça, là. Le 4°, c'est... En tout cas, peu importe, mais
c'est bien ça, là.
M. Leclerc
(Alain) : Oui, c'est par rapport aux rites funéraires. Non, c'est
quand on dit : «4° déterminer des normes
d'équipement, d'hygiène et de protection applicables dans le cadre de rituels
ou de pratiques funéraires, notamment en ce qui a trait [au toilettage
du défunt].»
M.
Barrette : L'esprit... Vous
nous dites que le coeur, c'est la protection de la santé du public, en tout cas la santé du public est le coeur.
M. Leclerc
(Alain) : Oui.
M. Barrette :
Pourquoi vous voulez qu'on retire cet article-là? Je ne comprends pas votre
position, là.
• (16 h 30) •
M.
Leclerc (Alain) : À
plusieurs endroits dans le projet de
loi vous faites référence à la
protection de la santé publique,
l'hygiène au niveau des équipements. Cet article-là traite particulièrement des rites funéraires puis du toilettage des défunts, c'est une reprise que vous faites de cet argument-là pour
encadrer les rites funéraires et les pratiques funéraires.
Donc,
initialement, ce qu'on vous disait, c'est qu'il fallait que le législateur soit souple au niveau des pratiques funéraires et des rituels. Donc, on se demandait pourquoi
il faudrait rajouter des... donner le pouvoir au gouvernement d'ajouter
des normes au niveau de l'équipement puis de l'hygiène dans ce cas-là
précisément.
M. Barrette :
Parce que c'est la question de la toilette du cadavre et non de la thanatopraxie
elle-même.
M.
Leclerc (Alain) : Si ça reste dans le cadre du toilettage puis qu'on
n'embarque pas au niveau des rites, nous autres, ça nous va.
M. Barrette :
Répétez-moi ça, là, parce que je ne vous ai vraiment pas suivi.
M.
Leclerc (Alain) : L'article dit : «4° déterminer des normes
d'équipement, d'hygiène [...] dans le cadre de rituels ou de pratiques funéraires, notamment en ce qui a
trait [au toilettage du défunt].» Ce que vous nous dites, c'est que, si
ça concerne le toilettage du défunt, il n'y a pas de problème. Pour nous aussi
ça irait, dans ce sens-là.
M. Barrette :
Ah! O.K., pardon, je n'avais pas compris ce bout-là. Très bien.
Je
pense que ça fait pas mal le tour. Attendez juste un petit instant, là,
monsieur, je veux juste ne pas avoir oublié quelque chose. Ah oui! évidemment, parce que c'était mon commentaire
initial. Il me reste une minute, puis je vais vous demander d'élaborer
là-dessus.
Vous nous avez
demandé, comme d'autres, au pluriel, de statuer sur la dignité. Et là vous avez
pris l'exemple de M. Layton, et là j'ai envie de vous renvoyer la
question : En quoi ce qu'il a fait n'était pas digne? Parce que...
M. Leclerc (Alain) : Pour nous,
c'était très digne, ça, il n'y a aucun problème là-dedans.
M. Barrette : Alors, voilà
mon point : En quoi l'État peut-il déterminer ce qui est digne comme... La
beauté, n'est-ce pas dans les yeux, dans le regard de celui qui observe?
M. Leclerc
(Alain) : Oui, je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Barrette :
Alors donc, ce n'est pas...
M. Leclerc
(Alain) : C'est que, dans le projet de loi, nous, ce qu'on vous
suggère...
M.
Barrette : Non, mais c'est parce que vous avez demandé en introduction
de... pas en introduction mais au début de votre présentation qu'on
légifère — c'est
le mot que vous avez utilisé — sur ce qu'est la dignité, là.
M.
Leclerc (Alain) : Nous, notre souhait, c'est que vous enleviez cette
référence-là, la dignité, dans le projet de loi, à défaut de pouvoir le
préciser.
M. Barrette :
Parce que tantôt vous avez dit que vous aimeriez qu'on légifère sur la notion
de dignité.
M. Leclerc
(Alain) : Oui. À défaut de pouvoir le préciser, on aimerait mieux
qu'il n'y ait pas référence à la dignité,
parce que, si vous en faites référence dans le projet de loi sans le préciser,
ça va laisser libre arbitre à tous ceux qui lisent la loi, les directeurs de funérailles comme les directeurs de
cimetière, de s'en faire une interprétation auprès du public dans le
sens des intérêts commerciaux.
M. Barrette :
Très bien, merci. J'ai terminé.
La Présidente (Mme
Hivon) : Donc, juste pour ma compréhension, votre premier
choix, c'est de l'éliminer; deuxième choix, si ça reste, c'est de le définir.
M. Leclerc
(Alain) : Absolument.
La
Présidente (Mme Hivon) : O.K. Alors, sur ce, je cède la parole à la partie de l'opposition officielle pour une période de neuf minutes.
Mme Lamarre :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. Leclerc, M. Tardif, bienvenue.
Je
suis aussi intéressée par la priorité que vous donnez à la santé publique, on
est une commission sur la santé et les services sociaux, mais je la voyais peut-être sous d'autres
angles. On sait que récemment on a été exposés à un risque potentiel d'Ebola. Est-ce que vous considérez
qu'au niveau de la santé publique vous aviez ce qu'il fallait pour
préparer, pour protéger la population, autant dans l'élimination des liquides
biologiques que dans la préparation des corps ou l'incinération?
M. Leclerc
(Alain) : Dans l'industrie funéraire, juste pour donner un exemple, on
a à gérer les cas de sida depuis
25 ans, là. Tout thanatopracteur qui suit des normes d'hygiène minimales
puis qui suit les protocoles qui sont en place protège sa santé et celle du public, là. Donc, peu importe la
maladie qui est traitée ou de laquelle le défunt décède, je pense que,
si les normes d'hygiène normales sont respectées, il n'y a pas de problème.
Mme Lamarre :
Alors donc, vous me dites, vous étiez prêts pour l'Ebola. Je veux juste voir, parce
que...
M. Leclerc
(Alain) : L'Ebola comme n'importe quelle autre maladie contagieuse.
Mme
Lamarre : Oui. Parce qu'il y a une différence importante, là, dans
les risques de contamination entre un patient qui est porteur du sida
puis un patient qui était porteur de l'Ebola.
Mais ce qui
m'inquiète ou, en tout cas, me questionne, c'est qu'à la page 10 de votre
mémoire vous dites : «Le législateur ne
devrait pas s'immiscer dans les formations qu'un titulaire devrait suivre...»
Je comprends la distinction que vous avez faite tantôt puis je suis
assez d'accord avec le directeur... mais, la formation, quand vous dites qu'un thanatologue est formé pour 30 ans, est-ce
qu'il y a des formations continues obligatoires? Et pourquoi le législateur
ne pourrait pas préciser un peu certaines obligations par rapport à la mise à
jour de la formation des thanatologues?
M. Leclerc (Alain) : Parce qu'à l'heure actuelle l'industrie s'en
occupe, il ne faut pas penser que les thanatopracteurs, par exemple, sont laissés à eux-mêmes, là,
aussitôt sortis du cégep. Puis il y a des nouvelles technologies qui
apparaissent sur le marché, y compris dans les laboratoires de thanatopraxie,
et il y a des formations qui sont données de façon continuelle à ces gens-là.
Donc, c'est fait par l'industrie,
c'est fait par les différentes organisations qui existent. Autant la
Corporation des thanatologues que nous, on
offre des formations pour les thanatopracteurs de nos réseaux et on
s'organise pour que la formation continue soit faite.
Mme
Lamarre : Est-ce qu'il y a un mécanisme, par exemple, de certification annuel? Parce qu'il peut y avoir une résidence
funéraire qui ne se soumette pas à ça. Est-ce
qu'il y a des obligations qui
garantissent que tous les salons, tous les thanatologues de tous les
salons funéraires du Québec vont avoir fait ces mises à jour?
M. Leclerc
(Alain) : Dans notre cas, et
je peux parler pour les gens de la corpo, c'est des choses qui sont
faites sur une base volontaire.
Mme Lamarre : Vous dites oui, mais
là on pense... Nous, on a la responsabilité du Québec, là.
M. Leclerc (Alain) : C'est
volontaire, c'est volontaire.
Mme
Lamarre : Est-ce qu'il y a
des mécanismes de certification, par exemple, pour l'ensemble des thanatologues?
Est-ce qu'on peut retirer un permis
d'exercice à un thanatologue s'il n'a pas réalisé une formation continue qu'on
dirait, par exemple, sur l'Ebola, là,
nouvelle maladie qui n'était pas envisagée au Québec? Est-ce qu'on peut retirer
son permis ou est-ce qu'on peut s'assurer, être certain qu'il aura fait
une formation? Non?
M. Leclerc
(Alain) : À l'heure actuelle, la délivrance des permis, ça vous
revient, là, c'est vous qui délivrez les permis, et à l'heure actuelle
vous ne pouvez pas enlever le permis de quelqu'un s'il n'a pas suivi de
formation.
La Présidente (Mme Hivon) :
M. le député de Richelieu.
M.
Rochon : Oui. Sur l'aspect
formation, il y a bien un passage de votre mémoire qui pourrait nous
inquiéter, et je cite ce passage :
«Encore une fois, nos formations constituent un élément de notre stratégie
commerciale visant à nous démarquer
de nos concurrents.» Alors là, vous faites l'aveu que c'est à géométrie
variable, la formation, non? L'aveu est là.
M. Leclerc (Alain) : Il y a
plusieurs types d'employés dans une organisation. C'est sûr que, par exemple,
les thanatopracteurs qui ont à traiter des... qui ont à embaumer des cas
d'Ebola ou des cas de sida, ça ne fait pas partie de la stratégie commerciale d'une organisation, ce n'est pas quelque
chose qui est apparent pour le public, mais, si on se réfère aux conseillers aux familles, par exemple,
ou aux directeurs de funérailles, chaque organisation a des stratégies.
Si vous avez déjà utilisé les services d'une
entreprise funéraire, vous pouvez voir qu'une par rapport à l'autre les
approches sont différentes. Comme par
exemple, dans notre cas, nous sommes des organisations à but non lucratif, donc
l'approche qu'on a par rapport aux familles peut être différente d'un autre
type d'organisation.
Alors, ce qui est dit dans le mémoire, c'est
que, nous, l'approche qu'on a développée à l'intérieur de nos organisations
fait en sorte que la formation qu'on va donner, principalement aux conseillers
aux familles, peut être différente de celle de d'autres types d'organisation.
La Présidente (Mme Hivon) :
Mme la députée de Taillon.
Mme
Lamarre : Oui, merci. Alors, à la page 6 de votre mémoire, vous
faites référence à la dignité et vous donnez quelques exemples qui sont
intéressants, par exemple : «Qui portera le jugement de valeur sur ce qui
est respectable ou non? Le directeur de funérailles
qui préférera vendre un espace dans son columbarium plutôt que de voir les
cendres remises à la famille? Le
gestionnaire du cimetière qui jugera qu'un columbarium dans un salon funéraire
privé qui peut être vendu, déplacé ou incendié n'est pas assez
respectueux de la dignité "éternelle" du défunt?»
Est-ce que
vous avez réfléchi à certains guides qui pourraient nous aider, à certains
paramètres sur lesquels on pourrait
se pencher pour évaluer qu'est-ce qui est respectable et qui respecte la dignité?
Parce que vous avez au quotidien des exemples qui vous apparaissent être
plus ou moins conformes au respect de la dignité. Est-ce que vous avez la
possibilité de nous aider dans cette démarche-là?
• (16 h 40) •
M. Leclerc
(Alain) : À mon avis, si vous ouvrez cette porte, vous en avez pour
des semaines à discuter de ce qui est digne et ce qui ne l'est pas.
Nous, je vous
parlais tantôt, on donne de la formation à l'intérieur de nos réseaux pour les
conseillers aux familles, pour qu'ils soient en mesure de répondre aux
demandes des consommateurs dans le respect de la dignité puis dans le respect des valeurs qui sont défendues par la
personne décédée. Aussitôt que vous ouvrez la porte à vouloir
interpréter vous-même ce qui est la dignité
de la personne humaine, c'est là où vous allez devoir porter des jugements de
valeur sur ce que vous considérez digne ou non par rapport à des cendres
humaines puis par rapport à l'exposition d'un corps. Et c'est là que vous allez
rentrer dans les pratiques commerciales, puis c'est là que vous allez être
obligés de dire à l'industrie qu'est-ce que
vous considérez comme bon et qu'est-ce que vous considérez comme néfaste pour
l'industrie, et c'est là le danger que vous ouvriez cette porte-là. Si
vous ouvrez cette porte-là trop grande, vous allez devenir des gestionnaires de
salon funéraire.
Donc,
nous, on souhaite ne pas en parler du tout parce que, si vous faites seulement
en parler au niveau du projet de loi...
Vous savez, une personne qui perd un proche, là, elle est vulnérable au
maximum, là. En l'espace de 24 heures, vous êtes assis devant un directeur de funérailles, vous avez perdu votre
conjoint, votre conjointe, puis le directeur de funérailles, c'est un
vendeur professionnel que vous avez devant vous, et vous êtes démuni, là, vous
ne savez pas quoi faire. Si la personne...
Si vous avez un bon vendeur devant vous, puis qu'il commence à dire que le législateur veut... vous savez, la dignité humaine,
c'est important, le gouvernement du Québec a légiféré là-dessus, la loi
n° 66 m'oblige à traiter la personne défunte dans la dignité puis dans le
respect de la personne, puis je vous conseille de faire le plan b plutôt que le plan a... Les gens vont utiliser le fait
que vous fassiez référence à la dignité pour pouvoir se donner des
avantages.
Mme Lamarre :
Ce qui avait été évoqué par d'autres groupes, et c'était une raison pour
laquelle on nous demandait aussi de nous
pencher sur ce projet de loi, c'est qu'il
y avait de plus en plus de demandes
considérées comme farfelues. Alors,
comment on peut trouver un équilibre pour vous aider peut-être à éviter d'être
obligés de répondre à des demandes un peu farfelues et en même temps
s'assurer de la dignité?
M.
Leclerc (Alain) : ...il
décède 63 000 personnes au
Québec par année, c'est quelques centaines par jour, et effectivement,
des cas farfelus, on en voit passer, là, dans les médias peut-être une fois à
tous les trois, quatre ans, là. Les familles, en général, sont respectueuses de
leurs défunts, et les gens qui travaillent dans l'industrie sont aussi respectueux des pratiques. Et effectivement des cas farfelus, à mon avis, ne sont pas suffisants pour forcer une
législation.
Sortons
des funérailles puis faisons le parallèle avec les mariages, par exemple. On a toutes sortes de mariages, les gens peuvent se marier de
différentes façons. Et les gens qui jugent du bon goût d'un mariage, c'est
souvent les deux personnes qui sont
principalement concernées, là, puis on peut imaginer tous les cas de figure,
là. Mais, si les gens ont décidé de
le faire de cette façon-là, puis de se marier de cette façon-là, et que la
communauté qui les entoure est d'accord avec ces pratiques-là, à mon
avis, on n'a pas à s'en mêler.
Même
chose pour les funérailles. Si un proche décide d'enterrer un membre de sa
famille de la façon x, y, z, si ça respecte la santé publique, puis
la famille est d'accord de procéder de telle façon, et la communauté qui
l'entoure est d'accord pour suivre ça, nous, on pense qu'il faut juste les
accompagner là-dedans, sans porter de jugement sur ce qu'ils décident.
La Présidente (Mme
Hivon) : Merci beaucoup. Alors, on va maintenant passer aux
échanges avec le groupe formant la deuxième opposition, avec Mme la députée de
Repentigny, pour une période de neuf minutes.
Mme
Lavallée : Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Hivon) : De 6 min 30 s, excusez-moi.
Mme
Lavallée : 6 min 30 s. Bonsoir. La Corporation des
thanatologues, cet avant-midi, a présenté une proposition concernant la création d'un registre confidentiel
de préarrangements funéraires. Dans votre mémoire, vous n'en parlez pas,
de ça. J'imagine que vous vendez des
préarrangements. Et, étant notaire, j'ai constaté dans ma pratique que parfois
il y a des familles qui ne trouvaient pas les contrats, n'avaient aucune
idée mais avaient toujours entendu parler de la part de la personne qui est décédée qu'elle avait pris un
contrat, puis, rendu au décès, bien, comme on ne trouve pas le contrat,
bien on repaie pour des services qui avaient déjà été payés. Qu'est-ce que vous
pensez de cette proposition-là?
M. Leclerc
(Alain) : Je vais laisser parler Me Tardif.
M. Tardif
(Pierre) : Je suis notaire aussi mais honoraire. C'est fini, je ne
pratique plus.
À
prime abord, pas d'objection. Il faudrait s'assurer de l'identification des
personnes, ce n'est pas souvent que la famille
a déjà le... a, exemple, le numéro d'assurance social de la personne décédée.
Et il faudrait s'assurer surtout de la rapidité d'accessibilité au
registre, parce que ça doit être quasi instantané. Vous le savez comme moi,
c'est dans les 24 heures qu'il faut savoir ça, hein, s'il y a un contrat
ou pas.
Alors, s'il y avait
un registre auquel on pourrait avoir accès à certaines conditions mais
immédiatement, étant assurés qu'on a la
bonne personne, qu'on fait référence à la bonne personne, personnellement, je
n'ai pas d'objection, mais il y a des conditions, parce que, si ça prend
quelques jours avant d'avoir accès, ça retarde, ça complique la situation. Je
ne sais pas si je réponds bien...
Mme
Lavallée : Oui, mais ce matin... Parce qu'on essaie de trouver une
solution à ça, parce que sinon il y a de l'argent qui reste puis qui...
M. Tardif
(Pierre) : Oui, absolument.
Mme
Lavallée : Puis, ce matin, la proposition qu'on nous a faite, c'est de
se servir du registre de l'état civil, que ce soit l'État civil qui gère
ça, ces inscriptions de contrat là. Est-ce que, pour vous, ça peut être...
M.
Tardif (Pierre) : Aucune objection à ce que ce soit le directeur de
l'état civil, à la condition, je répète, que ce soit quasi instantané,
que ça ne prenne pas deux semaines avant d'avoir le résultat. Parce que,
obtenir un certificat de décès de l'État
civil, on ne l'a pas en quelques minutes, là, il y a un certain délai
là-dedans. Il y a une certaine lourdeur administrative qu'il faudrait absolument éviter au cas de mise en place
d'un registre, d'un tel registre, eu égard à l'urgence que la famille
vit, c'est ça.
Mme
Lavallée : Oui. Puis, selon vous, dans votre réalité, est-ce que ça
arrive souvent qu'effectivement les familles ne trouvent pas ces
contrats-là puis qu'on se ramasse à être...
M. Tardif (Pierre) : Ça, je ne peux pas répondre, je ne suis pas en... je
ne sais pas, dans les salons, si... Je ne suis pas capable de vous répondre à ça. Puis vous savez comme moi que le
fait de référer au testament, c'est plus ou moins utile, parce que souvent le testament est lu après
l'inhumation, puis il n'y aura pas d'exhumation, on s'entend là-dessus.
La Présidente (Mme
Hivon) : M. le député de Blainville.
M. Laframboise : Oui. Moi, je vais revenir sur la première intervention du ministre
par rapport à la faillite, là, pour les cendres non réclamées, et tout ça, parce que, bon, vous l'avez dit, il y a trois
grands groupes, là, d'entreprises dans votre domaine, il y a vous puis il y a aussi les entreprises publiques cotées
en bourse puis propriété américaine, donc ce n'est pas impossible qu'un jour ils ferment une filiale
canadienne, là, donc ça pourrait arriver. Donc, pour nous... Je
comprends ce que vous voulez dire, là, vous
nous dites : Il ne faudrait pas qu'il y ait... vous nous demandiez d'avoir
des lots pour toutes les urnes qu'on
a dans notre columbarium, mais par contre il faudrait qu'il y ait une
procédure. Donc, si... Parce que je vois que, bon, si jamais vous décidez de fermer ou faire quoi que ce soit,
vous appelez la famille, puis ils peuvent venir chercher les urnes, il n'y a pas... Comment il en resterait
si, admettons, demain matin vous... Parce que vous le savez, là, des
fois il y a des cendres qui ne sont pas réclamées, et tout ça. Si on décidait
de rappeler, pour une raison de fermeture d'un columbarium ou quoi que ce soit,
est-ce qu'on peut quantifier le pourcentage que... puis une procédure, parce
qu'il faudrait rappeler toutes les familles, et tout ça? C'est le syndic qui le
ferait, ça, je suis conscient de ça. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir un compte... en tout cas une certaine
formule en fidéicommis pour permettre ça, si jamais ça arrivait? Parce
que, nous, il faut protéger le public, là, il faut que vous soyez conscients,
là, que... Tantôt, vous avez dit qu'il y en
a qui sont des vendeurs professionnels. Ça me fait peur, ça. Ce n'est
probablement pas vous autres, là, mais c'est
peut-être dans ceux qui sont des entreprises cotées en bourse, là. Donc, y a-tu
moyen qu'on s'assoie pour voir, là, si c'est possible à quelque part,
là?
M.
Leclerc (Alain) : Je pense que la... en tout cas la meilleure
solution, puis les gens de cimetière peut-être vous le diront mieux que moi tout à l'heure, là, mais, si
les cimetières étaient obligés d'accueillir les cendres non réclamées
dans un cas de faillite, par exemple, si
jamais ça arrivait... Parce qu'à l'heure actuelle, dans le fond, la difficulté
qu'on a, c'est que, si jamais ça
arrive dans une entreprise, dans une municipalité donnée, puis que le ministère
est pris avec ces cendres-là, vous ne
savez pas quoi faire avec. Si les cimetières étaient obligés d'accueillir ces
50, ces 100, ces 200 cendres là qui seraient laissées pour compte,
bien là le problème serait réglé. Mais là vous forcez toutes les entreprises
funéraires du Québec à acheter des lots dans tous les cimetières du Québec au
cas où qu'on arrive éventuellement dans un cas où il y aurait des cendres à
inhumer.
M. Laframboise : Sauf que, là, les cimetières, eux, vont probablement nous dire :
Qui est-ce qui va payer pour ça, là? Vous, vous nous dites : On ne
veut pas payer pour ça, c'est toujours le même problème.
Mon problème à
moi : si le columbarium ferme, ce n'est pas de la faute du cimetière,
c'est de la faute de l'entreprise qui a bâti
le columbarium, là. Donc, c'est un peu ça, là. Il va falloir essayer de s'asseoir
à quelque part pour trouver une façon que ce ne soit pas... Tu sais,
moi, je veux bien qu'il y ait un fonds pour dire aux cimetières : Bon, bien, O.K., on va vous payer pour ça, mais il
faudrait qu'à quelque part on prévoie quelque chose, sinon... Nous,
comme je vous dis, on veut protéger le
public. Puis il y aura probablement de plus grandes bâtisses qui vont se
construire, puis ce n'est pas impossible qu'un jour il y en ait qui
ferment puis que... à quelque part, là. Oui?
La Présidente (Mme
Hivon) : Merci beaucoup... Je vous laisse terminer très, très
rapidement.
M.
Tardif (Pierre) : Je comprends très bien votre préoccupation, mais la
solution proposée dans le projet de loi est exagérée, avec tout le respect qu'on a à votre égard, est exagérée par
rapport au but visé, est exagérée pour une organisation comme la nôtre. Ça voudrait dire, je le répète,
que demain matin, si la loi est en vigueur, il faut qu'on achète
300 lots, ça n'a pas de bon sens.
Alors, vous comprenez ce que je veux dire, vous comprenez mon point de vue.
Mais je comprends très bien votre point de vue, puis il y aurait lieu,
je pense, de s'y pencher, là-dessus, de trouver une solution.
La
Présidente (Mme Hivon) : Je vous remercie. Je vous remercie
beaucoup d'être venus éclairer les membres de la commission.
Alors, sur ce, je
vais suspendre les travaux le temps que notre prochain groupe, soit l'Assemblée
des évêques catholiques du Québec, prenne place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
16 h 49)
(Reprise à 16 h 52)
La Présidente (Mme
Hivon) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, nous avons
maintenant le plaisir d'accueillir l'Assemblée des évêques catholiques du
Québec. Donc, vous connaissez les règles. Je vous laisse donc 10 minutes
pour faire votre présentation, après vous être identifiés, et ensuite nous
passerons à la période des échanges. Alors, la parole est à vous.
Assemblée
des évêques catholiques du Québec (AECQ)
M. Dicaire (Louis) : C'est ouvert?
La Présidente (Mme Hivon) :
C'est ouvert. Vous pouvez commencer, la parole est à vous.
M. Dicaire
(Louis) : Merci. Bonsoir à vous. Je suis Mgr Louis Dicaire,
évêque auxiliaire à Saint-Jean-Longueuil et sur le comité de l'AECQ, de l'assemblée des évêques du Québec, depuis
bien avant 2010, où on a travaillé cette question et on a déposé un premier rapport, un premier... un
mémoire en 2010. Et c'est heureux que vous nous ayez invités à relancer la question, parce qu'il y a des choses qui ne se
sont pas vraiment tassées, là, dans le... qui sont restées un peu des
champs en friche, et c'est heureux qu'on puisse venir facilement vous
entretenir là-dessus.
Je vous présente M. Germain Tremblay, qui
est le principal ouvrier qui a travaillé sur le mémoire et celui d'aujourd'hui
aussi que vous avez reçu.
M.
Tremblay (Germain) : Alors, bonsoir, tout le monde. Je suis très
heureux d'être ici, très heureux de vous rencontrer et de vous voir en
mode travail, pas juste En mode Salvail. J'aimerais saluer également ma
députée, je suis de Repentigny. Mme Lavallée, bonjour.
En 2010, on avait forcé un peu la porte. On
avait entendu parler qu'un projet de loi se préparait concernant l'entreprise funéraire, la disposition des
cendres. On n'avait pas été invités à présenter un mémoire, mais, ayant su
que quelque chose se préparait, on s'était imposés, je dirais, et on avait fait
parvenir au ministre Bolduc, à l'époque, notre mémoire, que vous retrouvez également en annexe, là, du mémoire actuel.
Et, lorsque le projet de loi a été rendu à notre connaissance, il y a quelques semaines, le projet de loi n° 66, on
a été très heureux de voir que, certains propos ou certaines demandes que nous avions en 2010, bien, on en
retrouvait des traces dans le projet de loi actuel. Essentiellement, le
court document qu'on vous présente aujourd'hui reprend les principaux sujets
que nous abordions en 2010.
D'abord, on
se désolait de l'absence de toute réglementation en ce qui concerne la
disposition des cendres et on avançait à l'époque, là, que ce vide
juridique ne favorisait pas des conditions favorables pour bien vivre le deuil.
On proposait alors que les cendres soient
traitées de la même façon que les cadavres et que tout reste humain, de façon
digne et respectueuse. Là, on pourrait avoir tout un débat sur la notion de
dignité, là, le même mot et le même événement peut
paraître digne pour une personne et ne pas l'être pour d'autres. On l'utilise
de temps en temps dans le mémoire actuel, on essaiera de l'expliciter du mieux possible. Et alors on demandait, en 2010, que la loi oblige
à disposer les cendres de la même
façon qu'on fait pour les corps et en
obligeant notamment les entreprises funéraires à en préserver l'intégrité, ce
que l'on retrouve dans le projet de loi actuel. On proposait à l'époque, plutôt que de remettre les
cendres aux familles, qu'on les
présente... qu'on les confie, c'est-à-dire, aux responsables
de cimetières ou de columbariums, qui veilleraient à les disposer dans
un lieu aménagé à cet effet.
Donc, vous
avez probablement perçu dans le mémoire actuel que nos idées n'ont pas changé.
Essentiellement, ce qu'on a voulu faire, d'abord, c'est commenter les trois
articles du chapitre IV du projet de loi actuel.
Le premier
article obligerait les entreprises funéraires à remettre donc les cendres à une
seule personne dans un contenant
rigide qui les contient en totalité. On retrouve là une trace de ce qu'on avait
demandé en 2010 et nous en sommes heureux.
Cependant, bien entendu, la personne, la famille qui récupère les cendres d'un
proche aura toujours la possibilité de
les diviser ou d'en disposer à sa guise. Bien évidemment, puisqu'on n'est pas
reconnus pour changer d'idée fréquemment, on aurait préféré que la reconnaissance juridique des cendres humaines
soit davantage précisée ou définie afin de s'assurer que les restes
humains puissent être manipulés et disposés avec toute la dignité et le respect
qui s'imposent.
Et ce n'est
pas un sujet banal ou innocent, et je vous raconte une anecdote. En 2010,
lorsqu'on a présenté notre mémoire,
on l'avait rendu public, bien entendu, sur notre site Internet et on l'avait
fait connaître un peu partout, et ça a déclenché...
Ça fait 24 ans que je travaille au secrétariat de l'assemblée des évêques
du Québec, c'est la première fois que j'avais
des discussions aussi enflammées avec des personnes qui m'appelaient. Il y a
même un homme qui m'a téléphoné et qui
en fin de discussion a dit qu'il aimerait pouvoir me brûler et verser mes
cendres dans la toilette. À la grosseur que j'ai là, ça n'aurait pas fait un déversement d'eaux usées
très important, mais pour vous dire que c'est un sujet qui suscite
beaucoup d'émotions, beaucoup de
discussions. Et on nous a accusés, on nous accuse encore de vouloir gérer la
vie des gens jusque dans la mort,
jusqu'après la mort. L'intention n'est pas là. L'intention du mémoire, c'est de
redire, dans le fond, notre vision et notre perception de ce que nous
considérons respectueux et digne de restes humains lorsque vient le temps d'en
disposer, que ce soit un cadavre ou que ce soient des cendres.
Ensuite, dans
le deuxième article, le projet de loi interdirait de disperser les cendres
humaines à un endroit qui pourrait constituer une nuisance ou d'une
manière qui ne respecte pas la dignité de la personne décédée. L'intention est excellente. Ceux qui nous ont précédés avaient
la même question, la même interrogation; je crois qu'il faudrait un
cadre réglementaire qui définisse de façon plus précise ce que sont ces
endroits nuisibles et quelles pratiques ne respectent pas la dignité de la
personne. J'ai entendu vos réponses, tout à l'heure, et la discussion que vous
avez eue, on pourra y revenir, si vous le désirez, mais cet article-là me
semble un peu flou ou laisser la porte ouverte à une multitude
d'interprétations, qui peut-être ne nous aiderait pas ou nous nuirait davantage
qu'il ne veut nous aider.
Bien entendu,
nous, on continue à croire que les cimetières, les columbariums, là, demeurent
les endroits les plus appropriés où
déposer les restes humains. Dans notre pratique, on a été suffisamment témoins,
là, d'histoires malheureuses concernant
la garde et la disposition inappropriée de cendres humaines pour ne pas penser
que, malgré la bonne volonté de ceux qui reçoivent, là, ces cendres-là,
il ne pourrait pas y avoir, là, des pratiques qui soient encore désolantes. Et
les cimetières, les columbariums, donc, sont
les lieux permanents où la communauté tout entière, pas seulement les
familles endeuillées,
peuvent faire mémoire des défunts, et en ces lieux le défunt n'est plus la
seule propriété des proches mais continue
d'occuper une place dans la société, dans la mémoire collective. Et ce sont
également des lieux d'apprivoisement de la réalité de la mort, qui est
beaucoup occultée de nos jours. Donc, on continue à croire que les cimetières
et les columbariums sont des lieux qui créent une distance psychologique
nécessaire pour bien vivre le deuil et même pour envisager notre propre mort.
• (17 heures) •
Enfin, le troisième article du chapitre IV,
là, propose que l'inhumation et la dispersion des cendres soient
déclarées à l'entreprise qui a pris charge du cadavre et que l'acte soit inscrit au
registre. Il n'y aurait donc plus de disposition non enregistrée ou anonyme des cendres humaines. C'est
une avancée importante, mais, encore là, ça n'assure pas la présence
d'un lieu de commémoration identifiable ou permanent.
Donc, compte
tenu de cela et des commentaires que nous venons de faire sur les trois
articles, si nous pouvions... ou si
nous avions une recommandation ou des recommandations à faire ou des idées à
vous donner, dans un premier temps, ce
serait de continuer — c'est
commencé, c'est déjà un bon pas — de continuer à vouloir traiter tous les
restes humains de la même façon, peu
importe leur état. Les cendres, tout comme les cadavres, exigent le même
respect et ont la même dignité. Cette
vision dépasse la simple considération de l'aspect physique ou la condition
biologique. On sait bien qu'on ne peut pas
faire ce qu'on veut d'un cadavre, ne serait-ce que pour la santé publique, on
le reconnaît bien, mais ce n'est pas parce que c'est des cendres ou ce n'est pas parce que ce sont des os qu'on
retrouve plusieurs années après l'écrasement d'un avion, par exemple,
qu'on peut en disposer n'importe comment. Et il suffit, et on le dit dans notre
mémoire, là... il suffit de rencontrer, de
voir des familles dont une personne est disparue dans un écrasement, une noyade
ou quoi que ce soit, et une des
premières choses qui est demandée, c'est de retrouver le corps pour qu'ils
puissent avoir une sépulture respectable et digne. Donc, si c'est bon
pour un, ça doit être bon l'autre également.
Et on réclame également... S'il y a une autre
demande qu'on peut faire, c'est la revalorisation des lieux de sépulture. Pendant un certain temps, on pouvait
être portés à croire qu'on voyait le thanatologue, l'entreprise
funéraire, le propriétaire de cimetière comme étant un ennemi, comme étant
celui qui veut d'abord ramasser notre argent sous des allures, là, de bienfaiteur, de vouloir prendre soin de nous mais, dans
le fond, ce qu'ils voulaient, c'était faire de la business, mais, au-delà de ça, les lieux de commémoration,
les lieux de mémoire que sont les cimetières et les sépultures demandent
ou exigent, exigeraient d'être davantage revalorisés par nos concitoyens. Et
vous voyez que...
La Présidente (Mme Hivon) : ...invite
à conclure.
M. Tremblay (Germain) : Oui?
La Présidente (Mme Hivon) :
Je vous invite à conclure.
M. Tremblay (Germain) : Je conclus...
La Présidente (Mme Hivon) :
D'accord.
M.
Tremblay (Germain) : ...pour vous dire que, vous voyez, je n'ai pas
parlé de religion, dans mon mémoire, ça va au-delà de ça. Ce n'est pas une approche religieuse, d'abord, qu'on
apporte. Cette vision-là, on la partage, je veux dire, dans notre vision religieuse, mais c'est d'abord
une vision anthropologique, psychologique où le respect, la dignité, la commémoration, la mémoire des personnes défuntes,
peu importe l'état dans lequel elles se retrouvent après leur mort,
méritent le même respect et un traitement qui appelle au respect et à la
dignité, voilà, tout simplement.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup de votre présentation.
Alors, sur ce, je vais céder la parole à la partie ministérielle pour
une période d'environ 14 minutes. M. le ministre.
M.
Barrette : Merci, Mme la Présidente. Alors, Mgr Dicaire,
M. Tremblay, bienvenue. Je pense qu'il est tout à fait intéressant,
approprié et pertinent que vous vous présentiez aujourd'hui pour nous faire
part de vos commentaires pour un sujet qui est certainement d'une grande
délicatesse, compte tenu, dans nos cultures, de l'impact que ça a.
Vous l'avez
dit vous-mêmes, là, puis vous allez voir un peu où je vous emmène... — puis en fait je ne veux vous amener nulle part mais juste avoir un échange,
là — vous
l'avez dit vous-mêmes, votre mémoire traite fondamentalement du traitement ou de l'attitude que l'on doit avoir
à propos des cendres. Le reste du projet de loi, je comprends que vous
êtes probablement confortable avec?
M. Tremblay (Germain) : J'ai lu
l'ensemble du projet de loi, il y a beaucoup de choses qui nous touchent peut-être de façon plus éloignée. Beaucoup de
choses sont très intéressantes, par exemple, sur les cendres ou les
corps non réclamés, la façon de traiter ces
restes humains là après quelque temps, la recherche que l'on fait pour savoir
comment est-ce qu'on va traiter ces restes humains là une fois qu'ils ne sont
pas réclamés après un certain temps, tout ce qui concerne la gestion,
l'administration des entreprises funéraires, l'approche qu'on doit avoir avec
les familles endeuillées.
L'ensemble du projet de loi, je pense, d'abord
est une mise à jour qui... c'était le temps que ce soit fait, là, parce que,
l'ensemble des lois, là, que l'on mentionne et qui sont
mises à jour par ce nouveau projet de
loi là, c'était le temps que
ce soit fait. Nous, on ne travaille
pas beaucoup en entreprise funéraire. On a des liens avec les entreprises,
on a des liens avec les cimetières, bien sûr,
plusieurs de nos paroisses ont des cimetières, mais nous,
là, comme Assemblée des évêques, puisque c'est un mémoire de l'Assemblée des évêques, on a peu à
voir avec l'entreprise ou le commerce funéraire. Mais, dans l'ensemble du projet de loi, il y aurait peut-être un point ou l'autre que j'aurais pu pointer, là, il faudrait que je relise puis que je revoie mes notes, mais on a voulu se concentrer sur
d'abord la disposition des cendres parce que d'abord c'est déjà un sujet qu'on avait traité dans notre
mémoire de 2010 et aussi parce que dans notre pratique, et, je dirais,
depuis les 25 ou 30 dernières années, c'est un sujet récurrent dans les
discussions par rapport aux rituels funéraires, que ce soient des gens
d'Église, que ce soient des familles endeuillées, que ce soient des gens que
l'on rencontre ici et là, toutes sortes de pratiques qui ont vu le jour et qui
posent et qui continuent de poser question. Voilà pourquoi on s'est concentrés là-dessus.
M. Barrette : Merci de votre commentaire,
là, c'est à peu près ce que j'avais saisi de votre approche. Et donc ça nous
ramène... ça nous éloigne notre échange du côté technique ou administratif de
ce qui traite des services funéraires.
Alors, allons-y dans le coeur de votre intervention, à savoir la disposition
des cendres, et plus particulièrement la dignité qui doit l'entourer,
compte tenu des commentaires que vous avez faits.
Moi, compte
tenu de mon âge vénérable... Ça, c'est de l'humour, mais il n'en reste pas
moins que je suis d'un âge qui fait
en sorte que je proviens de la culture religieuse, sans que j'en sois encore
partie nécessairement, mais je me rappelle bien du précepte qui veut que nous naissions poussière et nous
redevenions poussière. Et la poussière a la caractéristique de voler au
vent.
Et ça m'amène
à entretenir cet échange-là avec vous sur la question de la dignité. La
poussière étant ce qu'elle est, la
dignité n'est-elle pas un exercice, un état d'âme ou de pensée qui se situe et
qui réside fondamentalement chez les vivants, et que donc cette dignité-là soit un concept, un principe, une valeur,
une expérience — vous
pourrez choisir le mot que vous
voudrez, il n'y en a pas de meilleur que d'autre — qui appartient aux vivants qui sont autour
du défunt, donc des cendres, et que
le côté de la dignité, l'aspect de la dignité soit un élément qui appartient
fondamentalement aux vivants, au pluriel évidemment, qui entourent les
cendres?
Alors, je
vous dis ça simplement parce que j'aimerais avoir votre opinion sur le fait
que, nous, dans la loi, c'est ouvert. Et, les gens qui viennent
aujourd'hui et qui probablement vont venir dans les prochains jours,
manifestement il y a un fil conducteur,
puis, je vous le dis, je ne m'attendais pas à ce que le fil conducteur des
interventions soit celui de la dignité. Je suis surpris, mais je le
comprends. Je suis surpris, mais je le comprends très bien, puis c'est tout à
fait raisonnable. Je suis juste étonné du poids de ça dans les interventions,
mais je le comprends très bien. Donc, il y a lieu d'en débattre.
Ceci dit, y
a-t-il lieu, à partir du moment où... En ce qui nous concerne, aujourd'hui,
pour les fins de la discussion, la
dignité étant quelque chose qui réside dans l'esprit et le coeur des vivants
qui sont dans cette situation-là, y a-t-il vraiment lieu pour l'État de légiférer, de définir quelque
chose qui par définition est éminemment variable, particulièrement
compte tenu de la société qui change et de
sa composition, qui est maintenant tellement vaste et, conséquemment, tellement
variée quand vient le temps de faire face
aux rites funéraires? N'y a-t-il pas là plutôt un danger, de nous demander de
vouloir définir dans une législation des principes de dignité face aux cendres?
• (17 h 10) •
M.
Tremblay (Germain) : Il y a peut-être un danger, sauf qu'on retrouve
dans la loi, à l'article 71, et ça a été souligné, là, par les intervenants qui nous ont précédés, un
article — donc
c'est la loi — qui dit
qu'on ne peut pas disperser les
cendres humaines «à un endroit où elles pourraient constituer une nuisance ou
d'une manière qui ne respecte pas la dignité
de la personne». Donc, c'est le projet de loi qui apporte ce concept-là, on ne peut pas disperser les cendres
d'une manière qui ne respecte pas la dignité de la personne décédée. On ne
parle pas des personnes qui sont vivantes puis qui font des rituels ou quoi que
ce soit par rapport à ces cendres-là, on parle de la dignité de la personne
décédée.
Je n'ai pas...
Quand je lis ça, comme disait l'ancien politicien, je ne suis ni pour ni
contre, bien au contraire, mais je
suis d'accord avec ça en autant qu'on s'entend sur qu'est-ce que ça veut dire. Donc, c'est pour ça qu'un article comme celui-là
peut être utile, intéressant, mais est-ce qu'il ne peut pas être enfargeant également
si on ne sait pas trop ce que ça veut dire?
De la même manière, «à un endroit où elles pourraient constituer une nuisance»,
c'est quoi? C'est où, ça, ces
endroits-là? Comme vous dites, c'est de la poussière, ça vole au vent. Est-ce que
de la poussière, ça peut vraiment être disposé de façon telle à ce que
ça nuise à quelqu'un quelque part? Donc, c'est pour ça qu'on en parle, parce
que le projet de loi en parle.
M. Barrette : Vous avez terminé?
M. Tremblay (Germain) : Oui.
M. Barrette : Je ne voulais surtout
pas vous interrompre. Bien, je vais vous éclairer là-dessus. Pour être bien franc, là, parce qu'il faut être francs, là, nous,
comme parlementaires, là, il n'y a pas de cachette dans une loi, en tout
cas il ne doit pas y en avoir en ce qui me
concerne, c'est volontairement que c'est maintenu ouvert, là, parce que les
articles de loi, ils sont là parfois... une
loi est là parfois pour dicter un comportement, mais une loi est aussi là
parfois pour sanctionner, si nécessaire,
une action de quelqu'un dans un contexte donné. Alors, moi, je vous dirais que
ces articles-là de la loi sont plus dans une optique de jugement légal,
un juge qui aurait à faire face à une plainte, parce que...
Et là je vous
demande votre opinion, là. Ce que je dis, là, c'est une question que je vous
pose, c'est un commentaire mais qui
est en fait une question. À partir du moment... Et on l'a eu, l'exemple,
tantôt, je pense que vous étiez ici lorsque l'exemple a été donné, je vous voyais du regard. Lorsque vos
prédécesseurs ont fait leur présentation, on a fait référence aux cendres de M. Layton, on a fait référence à
la famille de M. Jack Layton qui avait demandé à ce que ses cendres
soient distribuées une
fraction ici, une fraction ailleurs, et ainsi de suite. Manifestement, pour la
famille, c'était digne. À tort ou à raison, j'ai perçu que ce n'était
peut-être pas quelque chose de digne pour d'autres personnes, à tort ou à
raison, mais certainement qu'on peut imaginer des gens qui diraient :
Bien, voici, ce n'est pas digne, ça. Alors, où est la dignité? Et moi, j'imagine bien cette loi-là être utilisée
face à quelqu'un qui ferait une plainte et j'imagine très bien un juge se
poser la question : Est-ce digne?, et continuer la phrase avec :
Est-ce digne pour la famille ou l'individu?
Moi, je peux
vous imaginer... vous ne serez pas surpris si je vous dis que moi, je pourrais
très bien imaginer une dispersion de
mes propres cendres d'une manière très exotique, on va dire, que d'autres ne
jugeraient vraiment pas digne. Alors,
moi, je dis simplement que ces articles-là sont ouverts par définition parce
qu'ils font référence intrinsèquement et implicitement à la perception des vivants, qui seront les seuls à
pouvoir juger de la dignité de la chose ou non, à moins que la personne,
évidemment, ait donné des directives préalables très strictes, auquel cas c'est
encore la même chose qui s'applique.
Vous me
posiez la question sur la question de la nuisance. La définition, là, je vous
la lis, là, c'est un «facteur qui constitue
un préjudice, une gêne pour la santé, le bien-être, l'environnement», c'est un
concept, là, qui est assez simple. Mais,
encore là, parce que vous posiez la question, tant de ce côté-là que de la
dignité il me semble qu'on doit avoir une règle qui nous prémunisse
contre des exagérations mais relatives à la perception des vivants, ne
croyez-vous pas? Alors, ce règlement-là, là...
Et je comprends votre point de vue et votre questionnement. Est-ce qu'on
devrait, nous, le légiférer? Moi, je vous renvoie volontairement la
balle : Ne devrions-nous pas au contraire avoir une loi qui peut être utilisée face à des situations qui sont de l'ordre
de la perception, la dignité étant un
facteur ou un concept qui a une variation, une variance culturelle,
populationnelle, et même dans la même culture?
M.
Tremblay (Germain) : Le problème,
ce n'est pas l'idée; moi, je suis d'accord avec votre idée, là. Le problème, c'est peut-être le mot «dignité» dans le cadre de cette loi-là.
La dignité, c'est une pratique, mais c'est aussi, en amont ou en même
temps, un concept, hein? Ce qui est digne pour un n'est pas digne pour l'autre nécessairement,
vous l'avez dit. Puis ce n'est pas la
première fois qu'on ne serait pas nécessairement d'accord sur la notion de dignité pour une pratique
quelconque, je ne dis pas que vous avez tort
puis qu'on a raison, et vice versa, mais, en étant de cette façon-là dans
cet article-là, dans ce projet de loi là, dans le fond, ma question,
c'est : Est-ce que c'est absolument nécessaire que dans cet article-là on
parle de dignité? C'est une question, là, je me pose la question en discutant
avec vous, là.
M. Barrette : Bien, c'est très intéressant,
je pense que c'est le plaisir de ces échanges-là. Alors, je sens, je conclus... Est-ce que je peux conclure que
ce que vous nous recommanderiez, c'est de ne pas faire référence à la
dignité?
M.
Tremblay (Germain) : Je
serais peut-être un peu trop osé de vous proposer ça
immédiatement, ça demanderait peut-être un peu plus de réflexion et peut-être
un peu plus de discussions. La seule chose que j'ose dire présentement,
c'est : Est-ce que, de la façon dont c'est formulé actuellement, ça aide davantage que ça nuit à l'objectif de cet article-là ou
de ce chapitre-là dans cette loi-là? Une fois ça dit, là, il faudrait que j'y
réfléchisse un peu plus puis que...
M. Barrette : Et je comprends, hein,
ce n'est pas... il n'y a personne qui a tord ou raison là-dedans, là. Oui?
M. Dicaire
(Louis) : Ce qui nous
étonne, actuellement, c'est le nombre de pratiques qui existent autour
des rituels de défunt. Et ça, ça finit par être comme une sorte de
piège, là, dans lequel on se fait entraîner.
Et puis est-ce qu'il faut approuver n'importe quoi? C'est là qu'on est, là, c'est là qu'on
bute sur une difficulté de se comprendre et de comprendre aussi les
familles qui veulent faire une chose ou l'autre, là.
La Présidente (Mme Hivon) : Merci
beaucoup. Alors...
M. Barrette : ...je vous remercie de
la qualité des échanges qu'on a eus, c'était très intéressant.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci. Donc, sur ce, on va passer la parole à l'opposition officielle avec Mme la députée de Taillon pour une
période d'environ 8 min 30 s.
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mgr Dicaire, M. Tremblay, bonsoir.
Alors, moi aussi, à la lecture de
votre mémoire, des deux mémoires, celui de 2010 et celui de 2015, il est
certain que la partie, la section... le chapitre IV, la disposition des cendres humaines, est vraiment
celui qui est le plus dominant dans vos interventions. Moi, je regarde l'article 70 et l'article 72.
Dans l'article 70, on dit : «Les cendres humaines ne peuvent être
remises par l'entremise de services funéraires qu'à une seule personne
et doivent l'être dans un contenant rigide qui les contient en totalité.» Et à 72 on fait référence à... la personne qui
inhume des cendres humaines ou qui les disperse doit déclarer à l'entreprise...
Est-ce que,
pour vous, le fait de maintenir les cendres... Parce que vous avez fait
référence un peu à la similitude entre
ce qu'on fait avec un cadavre et ce qu'on fait avec des cendres. Est-ce que
le fait de les disperser, ça vous apparaît quand même respecter l'esprit
de maintenir les cendres ensemble?
M. Tremblay (Germain) : Je peux...
Allez-y.
M. Dicaire
(Louis) : Pour nous, la
dispersion, ça reste une difficulté extrêmement importante parce que, de fait, on
perd de vue l'unicité de la personne, et ça, là, c'est un peu traître pour... à
notre point de vue.
M.
Tremblay (Germain) : Et,
pour répondre peut-être aussi à votre question, moi, là, j'ai été
heureux de voir cet article 70 là, c'est une des demandes qu'on
avait faites en 2010. Pour avoir parlé à quelques entrepreneurs funéraires il y a
quelques années, ce n'était pas, pour eux, toujours de gaieté de coeur
que de répondre à la demande des familles de diviser les cendres dans des bijoux, dans différents objets, de remettre
ça. Eux, en tout cas quelques-uns à qui j'ai parlé, trouvaient
cette responsabilité ou cette pratique-là un peu particulière, parfois un peu
lourde. Là, on vient de les décharger de cela.
Et moi, je crois
que c'est un pas intéressant. Et, s'il
y a un article qu'il faudrait garder,
c'est bien celui-là, en disant : L'entrepreneur funéraire, lui,
remet dans sa totalité, dans son entièreté, dans un contenant solide, les
cendres à la personne ou au cimetière, en tout cas, à la personne qui doit les
recueillir pour en disposer soit en les inhumant ou autrement. Donc, pour moi, cet article-là, en tout cas, tout au moins, là, en ce qui concerne l'unicité et de remettre ça
à une seule personne dans sa totalité, pour moi, c'est une avancée intéressante.
• (17 h 20) •
Mme Lamarre : Je comprends et je lis
très bien l'article 70 de la même façon que vous, mais plus je relis l'article 72, plus je me dis : On convient quand même, à 72, que «la
personne qui inhume des cendres humaines ou qui les disperse — et là on comprend que c'est a posteriori,
là — doit déclarer à l'entreprise de services
funéraires ayant pris en charge le
cadavre le lieu où ont été inhumées ou dispersées ces cendres, pour inscription
au registre des activités funéraires de cette entreprise».
Est-ce que vous comprenez que ça voudrait dire
que quelqu'un qui en aurait mis dans un bijou, qui en aurait mis dans trois ou quatre endroits, donc, une
famille devrait revenir et dire à l'entreprise des services funéraires où ont été
dispersées... dans combien d'objets ou dans combien de sites ont été dispersées...
M.
Tremblay (Germain) : Ça
pourrait être compris comme ça. Si on coupe les cheveux en quatre, on
pourrait dire : Non, c'est juste si on
les inhume ou si on les disperse. Si on les met dans un bijou, on ne les inhume
pas puis on ne les disperse pas.
Là, je ne
sais pas comment ça peut être vu ou interprété, là, mais ça aussi, cet
article 72 là, au moins il reste une trace, on ne peut plus, de
façon anonyme, en faire ce qu'on veut
et ne plus savoir où est-ce que c'était. Au moins on dit : Si on
les inhume personnellement... Parce que moi, je peux partir avec l'urne de mon
père puis aller l'enterrer dans la cour chez
nous, en arrière. Donc, ça, je comprends que, si je fais ça, je dois au moins
en avertir l'entreprise funéraire qui en a pris soin pour qu'elle puisse le mettre... qu'elle puisse inscrire ça
dans un registre. La même chose, si je les disperse dans ma piscine parce que c'est exotique, bien
je vais le dire aussi à l'entrepreneur funéraire. C'est comme ça que je le
comprends.
Mme Lamarre : On n'a peut-être pas beaucoup
de leviers, là, pour s'assurer que ça va être vraiment fait, là. Il y a une amende qui est prévue, une amende
individuelle puis une amende pour le titulaire d'un permis. Pour le
titulaire d'un permis, on s'entend que c'est
plus facilement retraçable, mais, pour une personne physique, ça peut porter à
confusion, donc, ou en tout cas ça peut... on n'est pas sûr, là, que ça
pourrait se surveiller correctement.
M. Tremblay (Germain) : Moi, au-delà
des mots, et malgré les imperfections qu'on y trouve encore, je dois quand même
avouer, là, qu'il y a une avancée intéressante. Je veux dire, avant ça, les cendres
humaines ne sont rien. Là, il y a
une certaine reconnaissance, juridique ou autre, qui dit : Bien, ce n'est
pas absolument n'importe quoi, il y a une certaine façon de
les traiter. Même si, pour nous... Si c'est moi qui avais fait la
loi, peut-être que je l'aurais... certains articles
seraient différents, où sur la dispersion on aurait peut-être discuté
différemment, mais en tout cas déjà ce qu'il y a là, c'est mieux que ce qu'il y
avait avant, parce qu'avant il n'y avait rien.
Mme
Lamarre : Bien, on est tout à fait d'accord pour dire que
l'article 70 correspond à quelque chose de plus précis, mais on travaille pour les
40 prochaines années, puisque cette loi date d'il y a 40 ans, alors
on essaie de faire pour le mieux, avec un peu de perspective d'avenir
aussi.
Il y a toute la notion d'être responsable de
définir le concept de dignité qui est évoqué aux articles 4 et 72. Qui devrait être responsable de définir ce concept
de dignité? Est-ce qu'il y aurait intérêt à avoir des groupes de travail?
Est-ce qu'on peut permettre une vision plus strictement législative? De quelle
façon vous le voyez?
M. Tremblay (Germain) : C'est à tout
le monde... Et, en faisant ce qu'on fait là, on s'aide à mieux définir. Je veux dire, on l'a vu, là, dans le projet de loi
sur mourir dans la dignité, on a discuté beaucoup de dignité, n'est-ce
pas, Mme Hivon, et on ne s'entendait
pas nécessairement sur tout, on s'entendait sur certaines choses. Puis là on
est tous des êtres raisonnables,
minimalement intelligents, avec une certaine culture, avec des études, avec des
lectures en banque, puis on n'est pas
capables nécessairement de s'entendre sur une définition unique correspondant à
ce que tout le monde pense de ce
qu'est la dignité. Donc, c'est acquis... Je veux dire, le gouvernement aura
beau faire une loi pour dire : La dignité,
c'est ça, je peux nommer autant de personnes qui ne seraient pas d'accord que
de personnes qui seraient d'accord. Donc, dans le fond, c'est en faisant
cet exercice-là qu'on réussit à avancer puis à mieux définir les choses.
Bien sûr,
nous, en Église, comme femmes et hommes de foi, on a une conception de la vie
dans son entièreté, une conception du corps, une conception de la mort,
une conception des rituels funéraires, mais on fait encore... Même si l'État
est laïque, et j'applaudis cela, la société demeure plurielle, puis je me
permets de dire qu'on a encore droit au chapitre,
de s'exprimer, de voter puis de donner notre opinion. C'est exactement
ce qu'on fait, sans imposer ce qu'on pense, malgré ce que certaines personnes peuvent en penser, malheureusement, mais, faire cet exercice-là avec vous, moi, j'en suis très
heureux.
Puis
je ne m'attends pas, en partant d'ici, puis lorsque la loi sera promulguée
et votée, qu'on va retrouver là tout ce qu'on a dit puis tout ce qu'on a
souhaité, absolument pas. On a aussi, nous, de notre côté, toute une éducation,
une catéchèse, des discussions à avoir avec
nos croyants, avec nos concitoyens, avec nos voisins. J'ai encore le droit de
dire que je crois, j'ai encore le droit de
dire que je crois à la résurrection puis j'ai encore le droit de dire que moi,
je préférerais être inhumé que dispersé. Cela étant dit, vous avez le
droit, comme parlementaires, comme politiciens, de faire un projet de loi, de
nous inviter pour en discuter puis de voter les lois que vous voulez bien
voter. Une démocratie, c'est ça.
La Présidente (Mme Hivon) : Merci
beaucoup. Alors, on va passer aux échanges avec le deuxième groupe d'opposition.
Mme la députée de Repentigny, la parole est à votre groupe pour
5 min 30 s.
Mme
Lavallée : Merci. Bonjour.
Vous parlez de l'aspect psychologique. Je me souviens, dans ma pratique
comme notaire, j'avais rencontré une psychologue qui m'avait fait une certaine
réflexion suite à toutes ces nouvelles modes, les
nouvelles façons de régler le décès de quelqu'un, l'incinération, la rapidité alors qu'avant les
rituels étaient beaucoup plus longs,
puis là, maintenant, c'est plus rapide, et les effets que ça pouvait
avoir sur le processus de deuil après le décès pour ceux qui survivent. Et, dans votre document, vous parlez de l'aspect psychologique.
Je ne sais pas si c'est de ça que vous voulez parler. Est-ce que vous
pouvez élaborer là-dessus?
M. Tremblay (Germain) : Oui, c'est
un tout, hein? Le processus du deuil, du mourir, là, avant, pendant et après la mort, c'est un processus qui est entier,
qui est complet puis qui est complexe également. Plusieurs psychologues vous diraient, par exemple, qu'une personne qui
décède, qui passe directement de son lit d'hôpital au four crématoire
sans que les proches aient pu même venir le
voir sur son lit de mort, qui ne le verront plus après sa mort et qui n'auront
même pas l'occasion, même, de voir l'urne ou
de voir les cendres, il y a peut-être des problèmes qui peuvent être vécus par
certaines personnes, hein? Pour certaines
personnes, le fait de ne pas voir un cadavre, ça peut être pire que le fait de
voir disperser des cendres, je veux dire, là, là, tout est possible, et
le spectre est large, dans le domaine psychologique.
Notre
conception, c'est de dire que tout ce processus-là a un sens, le fait
d'accompagner une personne mourante, le fait de l'accompagner jusqu'à la mort, le fait d'avoir des rituels suite
à cette mort-là, que ce soient des rituels religieux ou autres, là, ça, la question n'est pas là. Trop
souvent on a occulté ces rituels-là, et les psychologues actuellement
disent qu'il y a des personnes qui vivent des problèmes graves justement parce
que le deuil a été mal vécu, faute de rituel signifiant, intéressant ou même
faute de rituel tout court. Donc, bien sûr, je n'embarquerai pas... je n'irai
pas plus loin là-dedans, là, ce n'est pas ma
compétence, ce n'est pas mon domaine, sauf qu'on n'a pas besoin d'être
psychologue pour savoir qu'un deuil mal
vécu, ça peut être très nuisible et pour très longtemps. On a notre conception,
nous, bien sûr, de ces rituels-là, on
a nos propres rituels qui se vivent depuis des centaines et même des milliers
d'années, on a un très beau rituel
funéraire en Église, très, très beau, qui essaie de prendre en compte une
multitude de choses, mais justement le fait d'occulter ces
rituels-là — et
là on est au-delà, là, de la dispersion des cendres ou non — ça
peut être dommageable.
La Présidente (Mme Hivon) :
Oui, M. le député de Blainville.
• (17 h 30) •
M. Laframboise : Oui, merci. Moi, je veux revenir sur
l'article 71, parce que je le relis, là, puis avec ma formation légale, là : «Nul ne peut disperser des
cendres humaines à un endroit où elles pourraient constituer une nuisance ou
d'une manière qui ne respecte pas la dignité de la personne décédée.» Moi,
honnêtement, j'aurais souhaité «la volonté de la personne décédée», mais je comprends que, pour dire «la volonté», ça
veut dire qu'il y a toujours un document à quelque part qui dit ce que la personne veut. Donc, je
comprends le gouvernement, je comprends le légiste de dire : Bon, bien
là on ne peut pas dire «la volonté». Mais on
utilise le mot «dignité». Donc, à ce moment-là, la dignité, puis je suis
d'accord avec M. le ministre, c'est-à-dire
qu'elle va se référer à la personne décédée. Et évidemment la dignité, pour des catholiques, est
différente de celle d'autres religions, et tout ça, parce qu'ils ont leurs
habitudes puis ils ont...
Donc, vous
savez, c'est difficile, là, d'arriver à trouver le terme, mais je trouve que,
si on ne pouvait pas utiliser le mot «volonté», parce qu'à quelque part
on ne peut pas garantir que chaque personne qui décède va avoir écrit ses
volontés par rapport à la disposition de ses cendres ou de son corps, bien le
mot «dans le respect de la dignité de la personne», bien, ça garde l'individu.
Vous, vous semblez dire : Bien là, le mot «dignité»... Moi, là, le mot
«dignité», lorsqu'il réfère à la personne
décédée, moi, je n'ai pas de difficulté à aller en disant : Cette personne-là,
dans son milieu de vie, la façon dont
la famille veut disposer des cendres, je pense que ça respecte la dignité de la
personne. Puis là, bien, évidemment, s'il y a contestation, ce serait
juridique, puis c'est ce que le ministre dit, mais, en référant à la dignité, à
la personne décédée, moi, je pense qu'on
circoncit le problème, là. En tout cas, je voudrais vous entendre là-dessus,
là.
M.
Tremblay (Germain) : On pourrait continuer d'en discuter très
longtemps. J'aimerais juste d'abord parler de la volonté. Les rituels
funéraires sont pour les vivants, ce n'est pas pour les défunts. Vivre un
rituel, c'est permettre aux personnes qui
survivent à la personne décédée de pouvoir faire leur deuil, de pouvoir se
situer face à cette mort-là et de pouvoir passer à travers l'épreuve. Le
rituel accompagne la personne en deuil pour tenter de lui faire vivre cette situation traumatisante le mieux possible par
toutes sortes de façons, de rites, de symboles, de paroles, de chants,
d'odeurs, de musiques, etc. Donc, les rituels sont faits pour les vivants.
Une personne
qui décède et dont la volonté est de ne rien avoir, je respecte cela. Si
j'étais exécuteur testamentaire de quelqu'un qui me dit : Je ne
veux rien, je respecterais sa volonté. Mais là il y aurait tout un autre débat,
une autre discussion, à savoir : Mais,
pour les personnes qui restent puis qui n'ont pas pu faire de rituel pour
pouvoir vivre leur deuil, qu'est-ce que ça veut dire? On pourrait en
parler la prochaine demi-heure également encore.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup. Alors, sur ces
questions toutes simples, je vous remercie d'avoir pris le temps de
venir nous parler aujourd'hui.
Je suspends les travaux quelques instants, le
temps que notre prochain groupe, L'Association des cimetières chrétiens du
Québec, prenne place. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 33)
(Reprise à 17 h 35)
La Présidente (Mme Hivon) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors je souhaite la bienvenue à L'Association des
cimetières chrétiens du Québec. Comme je l'ai dit à vos prédécesseurs, vous
disposez d'une période d'une dizaine de minutes pour faire votre présentation,
et je vous invite d'entrée de jeu à présenter l'ensemble des personnes qui vous
accompagnent. Alors, la parole est à vous.
L'Association des
cimetières chrétiens du Québec
Mme Morin
(Monique) : Merci. Bonjour à
tous. Alors, je demanderais peut-être à mes membres de se présenter. Ce sont tous des membres de L'Association des cimetières chrétiens, on a
essayé d'avoir une diversité de Montréal aller à Rimouski. Alors...
Mme Briand (Élise) : Bonjour. Élise
Briand, Compagnie du Cimetière Mont-Royal à Montréal.
M.
Chapdelaine (François) :
Bonjour. François Chapdelaine, directeur
général de la Compagnie du
cimetière Saint-Charles à Québec.
M. Prenevost (Richard) : Richard
Prenevost, directeur général, Repos Saint-François d'Assise à Montréal.
M. Cloutier (Gino) : Bonjour. Gino
Cloutier, Jardins commémoratifs Saint-Germain à Rimouski.
M. Cyr (Daniel) : Bonjour. Daniel Cyr,
Cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal.
Mme Morin
(Monique) : Et moi-même,
Monique Morin, directrice de la Corporation du cimetière Mont-Marie
depuis 25 ans, sur la Rive-Sud de Québec, qui gère six cimetières.
La Présidente (Mme Hivon) :
Très bien. Vous pouvez débuter votre présentation. Merci.
• (17 h 40) •
Mme Morin
(Monique) : Nous sommes très heureux de pouvoir représenter, par
L'Association des cimetières chrétiens du Québec, l'ensemble des
cimetières à but non lucratif.
Dans le
milieu de la gestion des cimetières, ce projet de loi était attendu depuis fort
longtemps, car plusieurs articles de loi existants étaient désuets et ne
correspondaient plus du tout à la réalité des cimetières d'aujourd'hui, comme
l'a mentionné M. le ministre, on est tout à fait d'accord avec ce fait. À ce
titre, parlons que, depuis les années 80, un amendement de la loi avait
entraîné un vide juridique important quant aux cendres humaines. Ce dernier
point est très important, et une refonte des lois s'imposait afin d'y ajouter
des dispositions concernant les cendres humaines.
On nous
informe que l'actuelle Loi sur les inhumations et exhumations sera abrogée.
Nous constatons que, dans la
section V du projet de loi, le législateur entend mettre en place un
règlement qui fixera les normes, conditions d'inhumation et
d'exhumation. Les dispositions de la loi actuelle présentent de façon
relativement simple les règles applicables
aux inhumations et exhumations, il y aurait sans doute moyen de préserver une
partie de la loi et d'ajouter de la substance à l'article 56,
plutôt que d'attendre un règlement qui vienne se greffer à la loi pour bien
fonctionner. Notre association propose qu'une description plus étoffée soit
ajoutée au projet de loi, plutôt que de reporter ces règles au stade
réglementaire.
En abrogeant
la loi, plusieurs articles de loi qui assuraient la protection de la santé
publique disparaissent. Nous tenons à
nous assurer que les chapitres 6 à 12 de cette loi, à défaut d'être inclus
dans le projet de loi n° 66, soient clairement énoncés dans les règlements d'application de la
nouvelle loi, puisque l'article 40 sur les charniers n'en tient pas
compte présentement.
D'autre part, le projet de loi ne mentionne
aucunement les salles réfrigérées des grands cimetières, qui ont remplacé les charniers d'antan. Il faudra
s'assurer que la loi permette le dépôt des dépouilles dans les salles
réfrigérées destinées à cette fin.
Dans les dispositions générales, définitions, le
terme «exploitant de cimetière» n'y apparaît pas et, à notre avis, pourrait y être ajouté, on pourrait
lire : Toute entreprise, compagnie de cimetière, fabrique ou communauté
religieuse qui gère ou administre un
cimetière où sont pratiquées inhumation, exhumation des cendres humaines ainsi
que des crémations.
Concernant les
articles... 43 du projet de loi, changement de superficie d'un usage de
cimetière, cela impose un contrôle du
ministre de la Santé sur toute modification, même partielle, d'un cimetière
existant, incluant des cimetières de communautés religieuses. On
recommande que cet article limite le contrôle du ministre sur de telles
transactions aux
terrains où il y a effectivement présence de défunts. Il faut comprendre que
les terrains libres, inoccupés pourraient être exclus dans la mesure où
est-ce qu'il n'y a pas de sépulture, bien sûr.
L'article 58,
exploitants de crématoriums, il serait opportun, à notre avis, d'ajouter le
terme «exploitant de cimetière», puisque plusieurs
cimetières exploitent un four crématoire depuis les tout débuts de la crémation
au Québec, dont le premier en 1901 au Cimetière Mont-Royal.
Dans
l'article 71, restrictions aux endroits publics et disposition de cendres
humaines, le terme «nuisance» est très important,
puisqu'il restreint sévèrement les endroits où peuvent être dispersées ou
déposées les cendres humaines. Il serait important que le législateur
définisse par règlement les endroits qui ne respectent pas la dignité de la
personne humaine. Par exemple, des terrains de golf, on s'est fait demander... Il y a
des gens qui déposent dans les bacs à ordures, des chemins publics. En fait, on pourrait en avoir même sur nos balcons.
Afin d'éviter les litiges devant les tribunaux, les détresses psychologiques, il est primordial que la
destination finale de cendres humaines soit un cimetière. Les cimetières
sont des endroits publics, toujours accessibles aux membres des familles
endeuillées.
Par contre,
cet article permettrait toujours à des personnes d'apporter les cendres humaines
et de les déposer à la maison. Dans
notre pratique de tous les jours, nous voyons souvent les résultats d'une telle
permission : la prolongation du
deuil, les détresses psychologiques, cendres humaines abandonnées, rapportées
au cimetière avec aucun lien avec la personne qui les rapporte, et
assurément ne veulent pas payer non plus pour en disposer. Nous recommandons
que la destination finale des cendres humaines soit un cimetière. Les
cimetières sont des endroits dont la mission est spécifiquement la
conservation, la commémoration des défunts, et les cimetières assurent depuis
des centaines d'années le respect des dépouilles des défunts ainsi que
des cendres humaines.
On a la solution pour
les cendres abandonnées chez des maisons funéraires, certains cimetières parmi
nous en ont des centaines. Il serait vraiment,
vraiment préférable qu'elles soient inhumées, selon notre
idée, dans un cimetière.
L'article 72
permettra toujours qu'une personne prenne possession pour elle-même des cendres
humaines. Considérant les nombreuses familles reconstituées, les relations
parfois très difficiles entre les membres d'une même famille, on déplore de plus en plus que la personne ayant signé le
contrat de crémation puisse s'approprier les cendres d'une personne et
ainsi empêcher d'autres membres de la famille de se recueillir auprès des
cendres du défunt. Les cendres humaines ne devraient jamais appartenir à quelqu'un
qui en a payé seulement la crémation.
En
conclusion, L'Association des cimetières chrétiens appuie ce projet de loi puisqu'il assurera le respect, la dignité des personnes
décédées, autant lors de l'inhumation du corps que lors de la dispersion des
cendres humaines. Merci de votre écoute.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup, merci de votre présentation. Alors, je vais maintenant
céder la parole, pour le début des
échanges, à la partie ministérielle pour une période d'environ 15 minutes.
Donc, M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Barrette :
Merci, Mme la Présidente. Alors, bien, bienvenue, alors, M. Cyr,
M. Cloutier, Mme Morin, M. Prenevost,
M. Chapdelaine et Mme Briand. Merci d'avoir pris ce temps pour venir
nous faire part de vos commentaires, qui sont on ne peut plus
pertinents, dans le dossier actuel, dans le sujet qui est en cours et que l'on
traite, en cours de traitement actuellement.
J'ai
bien pris note de tous les commentaires que vous nous avez faits, là, mais qui
reprennent, évidemment, ce qui
est contenu dans votre mémoire. Je peux tout de suite vous dire que, sur la plupart des éléments de questionnement que vous avez, il
y aura une réponse dans le règlement,
ça, c'est clair. Je peux comprendre par
contre la critique, ou le commentaire, ou les suggestions que vous
nous faites sur la base du fait que ce n'est plus dans la loi, et conséquemment
il faudrait que ça apparaisse en quelque part.
Est-ce
que je peux comprendre que ce qui sera dans le règlement, pour la plupart des
commentaires que vous avez faits, ça sera suffisant
pour vous?
Mme Morin (Monique) :
En fait, ce qu'on trouvait un peu drôle... je ne dirais pas «drôle» mais...
M. Barrette :
Je comprends.
Mme Morin
(Monique) : ...c'est que, sur l'inhumation, on ne retrouvait seulement
qu'un ou deux passages clairs, mais que sur
les exhumations on avait pratiquement une page de règlements.
Alors que les exhumations, on en fait une,
deux, c'est vraiment exceptionnel, les inhumations, on en fait, on en
fait des milliers. Donc, c'était un peu ça, que ce soit rapporté dans un
règlement.
Mais, si le règlement
assure une bonne profondeur comme il était mentionné dans l'ancienne loi, que
ceux qui n'ont seulement
que des charniers, ils puissent conserver les corps en charnier mais dans des
périodes très limitées... On ne
voudrait pas qu'au mois de juillet on retrouve des corps à la chaleur. Et c'est
tout ça qui nous, un peu, perturbait. On voulait être sûrs que ce soit reporté, ces items qui étaient très
primordiaux pour la santé publique et le bien-être des gens,
dans le règlement, puis on se demandait pourquoi il n'y en avait pas eu aucune
mention, alors, de la loi. C'est...
M.
Barrette : Essentiellement, pour vous rassurer, c'est parce
qu'on pensait mettre tout ça dans le
règlement. Mais vous avez tout à fait raison, un, de nous faire part de vos préoccupations, puis vos préoccupations sont, on va dire, fondées. Alors, ce sera traité dans le
règlement, je peux vous en assurer.
Maintenant, vous avez
vu... Je ne sais pas si vous avez été ici tout l'après-midi, mais vous avez
constaté qu'il y a eu beaucoup
d'échanges, puis il y en a eu aussi plus tôt cet après-midi,
sur la question de l'obligation
d'avoir un lot. Et là
je comprends de votre propos, puis j'aimerais que vous élaboriez peut-être
un peu plus là-dedans, là, y compris sur le côté financier... Dans votre perception, vous, vous considérez que ce
n'est pas un problème, alors que d'autres considèrent que c'est un
problème, d'avoir l'obligation d'avoir un lot pour disposer de cendres dans une
circonstance x. Vous comprenez que des gens
ont comme position de dire : Le syndic va s'en occuper, mais c'est comme
déplacer le problème au syndic. Mais il reste quand même la
problématique d'en disposer, puis moi, je comprends dans votre position que la
disposition finale doit se faire au cimetière, donc chez vous.
Mme Morin
(Monique) : Bien, en fait, l'association s'est déjà penchée à
plusieurs reprises sur les besoins d'avoir
des lots, appelons-les communautaires, pour les maisons funéraires qui
n'avaient pas ou ne disposaient pas de cimetières,
puisque les contrats de concession de niche souvent sont conclus pour
25 ans ou 50 ans. Après ce délai, que ce soient ces cendres-là ou que ce soient les cendres
qui sont abandonnées dans les maisons funéraires, plusieurs cimetières, d'autres de mes compagnons vont vous en parler,
sont obligés d'entreposer ces cendres-là ou sont obligés d'en disposer,
et souvent... Il ne faut pas se laver les
mains, il y a des frais à tout ce qu'on fait. Alors, si la
personne a des fins de concession, on pourrait avoir des lots
communautaires où est-ce qu'il pourrait y avoir 50, 100 cendres de
déposées dans ce lot communautaire, mais c'est sûr qu'on tient à ce que les
maisons funéraires paient une concession de lot.
Depuis
fort longtemps, les cimetières acceptent toujours
les cendres abandonnées des maisons funéraires ou des faillites, puis on
n'a jamais aucun déboursés qui nous sont donnés; parce qu'ils ont fait
faillite, ils n'ont pas à payer. Alors, on
voudrait une juste... Puis on trouve que, dans le projet de loi, c'est justifié de demander que les cendres soient respectées et soient déposées dans un lieu... et
les cimetières sont ouverts à ça fortement, à donner des endroits
appropriés à des montants très, très
justifiés et minimes, plutôt que de les voir traîner sur des tablettes des
entrepôts où est-ce qu'on met la canisse de gaz puis on a... Moi, j'ai vu
ça, des canisses de gaz, des cendres funéraires dans un... Quand mon
père est décédé, je suis allée dans une
maison funéraire. Dans un garage, il y avait des voitures, des cercueils, il y
avait de tout, des canisses de peinture, tout ce que vous voulez, puis
les cendres étaient à travers tout ça. Alors, pour moi, c'était d'un irrespect
total.
Quand
j'ai commencé à travailler, voilà 25 ans, dans les cimetières, je trouvais
qu'il y avait beaucoup de choses qui étaient
faites... irrespectueuses, autant que de prendre les cendres... On demandait
qu'est-ce qui n'est pas digne. Est-ce que mettre dans une benne à
ordures des cendres, c'est digne, pour la plupart des gens ici ce soir? À mon
humble avis à moi, non. Alors, si on me
demande : Est-ce que ça, c'est digne?, non. Est-ce que c'est digne, de
retrouver des cendres dans le fond d'un
garage ou dans le fond d'une cour où que personne ne sait où les cendres sont?
Il faut se poser la question.
Mais on est très
ouverts à avoir des lopins de terre pour les maisons funéraires. Je pense que
M. Chapdelaine pourrait vous dire qu'est-ce qui s'est passé dans le cas d'une
faillite dernièrement, là, l'année dernière, je crois.
• (17 h 50) •
M. Chapdelaine
(François) : Bon, ici, une compagnie funéraire, une entreprise
funéraire de la région, je ne nommerai pas
le nom, mais s'est retrouvée à faire faillite, donc il y a un créancier qui a
bouclé... qui a saisi la propriété, les locaux. Il y avait un columbarium, et il y avait là plusieurs urnes. Ce
n'est pas le syndic qui règle, c'est... Le ministère de la Santé est mis
à contribution, on recherche protection du consommateur.
Au
Cimetière Saint-Charles, on a accueilli plus de 100 urnes et on a dû gérer
la situation, recontacter des familles, essayer de retrouver alors que
sur des contrats c'était plutôt flou, là, qui était où. Donc, on a eu un effort
à déployer pour offrir aux familles ce
support-là, pour que celles qui voulaient récupérer les urnes ou leur offrir tout simplement un lieu digne de sépulture
puissent procéder.
Donc, on s'est
retrouvés au final avec... bon, c'est 53 urnes inhumées dans un lot
communautaire. Un lot communautaire, ce
n'est pas un champ de un kilomètre par un kilomètre, là, on parle de
6 pieds par 10 pieds, hein? Puis on a rentré les 53 urnes là, on sait... Elles sont étiquetées, elles
sont là. Si un membre d'une famille vient pour récupérer, elles sont accessibles, donc c'était dans une voûte
métallique. Il y a eu un rite, on a pris le temps de se recueillir. On a fait
ça dans la dignité mais avec les moyens du bord.
Donc, pas de revenus,
mais on a assumé, nous, l'odieux de la situation, on a géré ce que normalement
serait revenu à la responsabilité de l'entreprise funéraire. Il
aurait dû y avoir une espèce de
provision pour s'assurer le respect... les dernières volontés de la personne sont respectées, là. Donc, on va jusqu'au bout pour ne pas que ça se retrouve
simplement : Bon, les cimetières sont là pour ça, c'est le débarras de la
mort.
M.
Barrette : Bien, écoutez, j'apprécie beaucoup votre pragmatisme dans
les échanges parce que, bien, d'abord c'est
très bien, là, moi, j'aime bien ça comme ça, parce qu'ici, évidemment, on a
beaucoup de... s'opposent des concepts de dignité, là, mais en même temps il y a un côté pragmatique qui est celui
de la consommation, il y a un commerce là-dedans. Puis je ne dis pas ça négativement, là, c'est
juste... Comme vous le dites, Mme Morin, là, c'est la réalité, là, de la
chose, là, il y a un coût à la fin de ça puis, bon...
Alors,
ça m'amène à vous poser deux, trois questions, là. Donc, vous, là, vous n'en
avez pas, de problème à ce qu'il y ait cette obligation-là dans la loi.
Mme Morin
(Monique) : Absolument pas, tout au contraire.
M.
Barrette : En même... Je m'excuse de vous interrompre, c'est juste
pour arriver à... parce que j'avais compris que vous étiez d'accord avec ça. Mais en même temps, là, éclairez-nous,
là. Le coût de ça, là, c'est-u si compliqué que ça? C'est-u si
dispendieux que ça? Ça représente quoi, là? Un «ballpark», là.
Mme Morin (Monique) :
Écoutez, on en a parlé, à l'association, on a apporté le sujet qu'on
préconiserait, nos membres, d'avoir un montant minimaliste pour être
capable d'offrir ce service aux maisons funéraires. On n'a pas discuté de ça,
mais, dans notre esprit, c'était un montant minimaliste. Alors, c'est-à-dire
qu'il pourrait y avoir une disposition des
cendres. Les maisons funéraires pourraient avoir une concession de lot qui
pourrait être louée pour 50 ans ou 100 ans, et ils pourraient
y déposer — ça
pourrait être aux deux ans, aux trois ans — un contenant avec l'année du dépôt des cendres, avec lequel, les cendres, on
aurait toutes les cendres étiquetées avec le nom de la personne, etc.,
que, si un jour quelqu'un viendrait, il
voudrait absolument récupérer les cendres d'une famille, ce serait possible, à
des coûts quand même abordables.
Je
pense que, si vous avez un columbarium et que vous chargez... je dis ça comme
ça, je ne suis pas une maison funéraire, là, mais que la maison
funéraire charge, disons, 2 500 $ pour 25 ans d'un columbarium,
si vous avez un lopin de... lot communautaire qui vous a coûté, en bout de
ligne, peut-être 500 $ puis que vous pouvez y déposer l'ensemble des lots
qui ne seront pas reconcédés après 25 ans, si vous en avez 200, 300, bien
vous pourrez les mettre dans votre lopin de terre, puis votre lopin de terre
continuera à être là pour d'autres, d'autres et d'autres.
Alors,
je pense qu'on n'a jamais... M. Chapdelaine vous l'a mentionné, on n'a
jamais été gourmands, peut-être pas assez,
justement, parce que, quand il y a des dispositions comme... on l'assume, on
assume les frais, mais on se dit que ce n'est pas nécessairement aux
cimetières, encore une fois, d'assumer ces frais-là.
M. Barrette :
Est-ce que la pratique de ces lots communautaires là est uniforme dans votre
milieu? Je vais vous avouer que je ne savais
pas exactement comment vous le faisiez. Là, vous me dites qu'il y a un
récipient de métal dans lequel il y a des urnes identifiées, donc il y a
un récipient, là, qui résiste à la dégradation dans le sol. Est-ce que cette
pratique-là est uniforme?
M. Chapdelaine
(François) : Il y a plusieurs modèles qui existent. On est en train de
concevoir...
M. Barrette :
Non, mais le principe d'avoir une structure, là, qui est résistante à la
dégradation physique. La raison pour
laquelle je vous pose cette question-là, c'est parce que vous comprendrez que,
si c'est ça, l'exhumation est quelque chose de simple, là.
Mme Morin
(Monique) : En fait, aussi, tantôt, juste pour faire une parenthèse,
on a parlé tantôt de cendres, de poussière,
puis je voulais en parler, mais là... En fait, c'est des os broyés, hein? Si
vous prenez un... Ce qu'on voit dans les films, là, c'est foutaise, là,
il faut oublier ça, là, ce n'est pas vrai que ça s'en va dans... Hein?
M. Barrette :
Je le sais bien.
Mme
Morin (Monique) : Alors, c'est vraiment des os que vous avez. Alors,
si les personnes les déploient n'importe où, c'est des os que vous avez
à terre, là, ce n'est pas de la poussière, là. Je voulais juste mettre en...
M. Barrette :
On comprend l'image.
Mme
Morin (Monique) : En fait, c'est ça, mais le contenant pourrait être
en bois, le contenant pourrait être en métal.
Si la maison funéraire dit : Bien, écoute, moi, j'aimerais mieux un
contenant en bois, je vais mettre mes cendres à l'intérieur, on n'a pas d'objection à ça, parce que plusieurs des
cendres seront peut-être déposées dans des urnes de granit, de bois, ça
peut être de bronze et de tous les matériaux possibles.
M. Barrette :
Mais est-ce que la pratique est uniforme?
Mme Morin
(Monique) : Non, parce que chaque cimetière est indépendant et
autonome.
M. Barrette :
O.K. Donc, il y a des endroits où les urnes, dans un lot communautaire, sont
mises dans le lot communautaire mais individuellement sont enterrées.
Mme Morin
(Monique) : Oui, exact.
M.
Barrette : Bon, l'autre élément que je voulais vous... l'autre
question que je voulais vous poser en lien à votre mémoire, vous avez fait référence à la... vous avez
fait une demande sur des clarifications quant à la nature ou la description de ce qu'est un cercueil. Là,
éclairez-nous, là, parce que, si vous nous faites cette question-là, si vous
nous faites ce commentaire-là, c'est parce qu'il y a des bizarreries qui se
passent dans votre monde, là.
M. Prenevost
(Richard) : Tout à fait. Alors, on va vous faire ça simple.
Effectivement, c'est qu'on a reçu des requêtes, récemment, avec les rituels qui
changent, où, par exemple, on nous demandait d'inhumer un défunt dans un linceul. Sauf que les appareils
d'aujourd'hui, les descentes mécaniques, c'est à deux courroies avec un
système... et le défunt doit être sur
quelque chose de rigide, autrement, je veux dire, il glisse par les courroies,
il tombe dans le fond de la fosse, ce n'est pas respectueux.
M. Barrette : Donc, c'est une
question purement mécanique.
M.
Prenevost (Richard) : Simplement une question mécanique, pratique.
Alors, ça, c'est un premier aspect.
Le deuxième : on
nous demande maintenant d'accepter ou d'exposer dans des cercueils où on voit
le défunt à travers de l'osier ou quoi que
ce soit. Nous, on fait simplement souligner au législateur : Est-ce que ça
devrait être un peu plus fermé que de
laisser ça ajouré, pour la protection de la santé publique? C'était le point
qu'on soulevait de ce côté-là.
M.
Barrette : Il ne reste pas beaucoup de temps, j'espère que vous allez
pouvoir continuer la réponse, une question purement technique, là.
À
46, là, vous nous dites qu'un mausolée ne devrait pas être construit ailleurs
que dans un cimetière. Moi, je peux vous
dire qu'il y a des villes, des villages qui voudraient offrir ça à leur
population. C'est quoi, la logique qui vous amène à conclure qu'un
mausolée ne devrait pas être autrement que dans un cimetière?
Puis
je vais vous donner un exemple. J'en ai un, exemple, moi-même, je vais vous le
donner, là. Moi, je connais un endroit
où le village veut reprendre l'église, qui n'est plus fréquentée, pour en faire
un mausolée. Pourquoi ce ne serait pas correct, ça?
Mme
Morin (Monique) : Bien, en fait, parce que les cryptes, c'est
sensible. Il faut que ce soit fait de façon très professionnelle. Ça ne peut pas être disposé à peu près n'importe où, il
faut que ce soit fait de façon à protéger les gens de maladies de toutes
sortes, donc...
Deuxièmement,
c'est un cadavre, ce ne sont pas des cendres. Donc, le cadavre en
décomposition, ça peut avoir des bibittes,
ça peut avoir... Bon, je n'en ferai pas le dessin, là, mais ça demande beaucoup
de précision quant à la formulation d'une crypte et...
M. Barrette :
Donc, votre commentaire, il est strictement pour le mausolée, puis, si c'était
un columbarium, vous n'auriez pas de problème.
Mme Morin
(Monique) : Un columbarium, c'est autre chose. Des cendres, c'est
correct.
M. Barrette :
Non, je comprends, là. O.K. Mais, le mausolée, là, ce sont ça, les raisons?
Mme Morin
(Monique) : Oui.
M. Barrette :
Donc, si les règles étaient respectées, vous n'auriez pas de problème?
Mme
Morin (Monique) : J'aurais des problèmes parce que, pour moi, les
dépouilles sont dans des cimetières.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup. Alors, maintenant que
vous avez fait preuve de générosité, à l'opposition officielle, il vous
reste 8 min 8 s exactement. Donc, je cède la parole à Mme la
députée de Taillon.
• (18 heures) •
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ça me faisait plaisir,
d'abord, de vous accueillir puis de vous
permettre de répondre à la question du ministre. Alors, bienvenue,
Mme Morin, M. Cyr, M. Cloutier, M. Prenevost,
M. Chapdelaine, Mme Briand et M. O'Gallagher. Ça me fait
plaisir.
D'abord,
je veux vous féliciter pour la précision de votre mémoire, vraiment on sent que
vous connaissez bien ce dossier et que vous avez parcouru le projet de
loi avec énormément de rigueur et de détail. Et vous avez attiré notre attention, je pense, sur certains éléments
facilement perfectibles, là. Je pense à l'article 2, quand vous dites, à
l'alinéa 5°, qu'on a des salons
funéraires qui offrent l'exposition et la crémation. Donc, dans le projet de
loi, on a des petites modifications, je suis sûre qu'on va en tenir
compte. Mais je peux vous assurer qu'on va regarder rigoureusement chacune de
vos recommandations, parce qu'elles ont un caractère très précis qui bonifie la
clarté puis la pertinence du projet de loi. Donc, je vous remercie beaucoup.
Moi,
j'ai plusieurs questions puis je vais essayer d'aller dans
d'autres éléments. L'article 2, vous recommandez d'ajouter d'autres définitions que celles qui sont inscrites à l'article 2.
On a «cadavre», «établissement», «parent», «service de crémation»,
«service funéraire». Quelles sont les autres définitions que vous aimeriez voir
ajoutées?
Mme Morin
(Monique) : «Exploitant de cimetière»...
Mme Lamarre :
Seulement celle-là?
Mme
Morin (Monique) : ...alors
pour que la définition soit claire, puisqu'on en parle dans la loi, mais on ne dit pas
c'est quoi, un exploitant de cimetière. Pour nous, c'est simple, pour nous, on
le sait, mais beaucoup de personnes confondent les maisons funéraires et les
exploitants de cimetière. Moi, il n'y a pas une journée que je ne véhicule pas
ça au sein de ma pratique.
Mme Lamarre :
Mais il n'y en a pas d'autres? C'est vraiment celui qui vous préoccupait le
plus?
Mme Morin (Monique) :
Oui, c'est ça.
Mme
Lamarre : D'accord.
Maintenant, il y avait également, dans votre présentation, la notion de lieux un
peu particuliers, donc que le législateur définisse dans le futur règlement...
Donc, vous évoquiez le fait que vous auriez aimé avoir plus de règlements ou en tout cas plus de détails dans le projet
de loi. Pouvez-vous nous indiquer principalement les articles où vous
trouvez que vous auriez besoin d'avoir plus de détails?
Mme Morin
(Monique) : En fait, bien, le ministre a peut-être répondu un peu à
nos inquiétudes à savoir qu'ils seraient
inclus dans les règlements. Il est évident qu'on pensait qu'ils seraient à
l'intérieur directement de la loi, parce qu'il y a des choses qui sont
minimalistes, comme la profondeur des défunts. Alors, tu sais, on ne pourrait
pas avoir six pouces de terre par-dessus un
défunt. Quand vous vous promèneriez dans un cimetière, bien, ça défonce, vous
savez dans quoi vous allez tomber. Que ce soit aussi pour les charniers, j'en
ai parlé tout à l'heure.
Et ce sont
toutes des mesures très, très pointues, qui sont techniques et, à mon avis,
auraient dû se trouver peut-être dans la loi, mais, comme M. le ministre
l'a dit, il faut qu'on soit rassurés, ça va vraiment être dans le règlement.
Mais un n'empêche pas l'autre.
Mme
Lamarre : En fait, la distinction, c'est que, dans le règlement, c'est
plus facile de le changer ultérieurement, si jamais on avait des
modifications.
Mme Morin (Monique) : Oui, on avait
compris.
Mme
Lamarre : C'est pour ça que, si vous nous dites : Ça, on sent que
c'est vrai là, mais ça va être vrai aussi dans 10 ans, dans 20 ans, on est peut-être mieux de le mettre dans
la loi. Par contre, ce qui est plus susceptible de fluctuer avec le
temps ou les coutumes, bien là peut-être qu'on aurait intérêt à le mettre dans
des règlements.
Mme Morin
(Monique) : Oui, parce que c'est sûr et certain qu'un corps en terre
sera toujours un corps en terre, puis
je vois très mal n'avoir seulement qu'un mètre de terre dans 20 ans. Quand
vous allez mettre le pied dans... quand ça défoncera, que vous soyez
dans 20 ans ou maintenant, ce ne sera pas plus agréable, là. C'est des
choses assez...
Mme
Lamarre : J'ai une question qui va vous sembler un petit peu
étonnante, mais je veux vous la poser parce qu'il me semble que vous êtes des gens assez objectifs mais en même
temps assez près de ce monde, qui est aussi une entreprise, qu'est le
monde des services funéraires.
La provision
de 2 500 $ qui est accordée actuellement pour les frais funéraires, là, au niveau de la Régie des rentes, est-ce que vous considérez que
c'est raisonnable? Est-ce que vous considérez que ça devrait être augmenté, que
ça devrait être indexé à tous les
ans? Avez-vous... Parce que vous côtoyez quand même ce milieu-là, vous
côtoyez l'augmentation des coûts, mais en même temps on ne veut pas non
plus tomber dans un montant qui fait que, dès qu'on... Si on dit 5 000 $,
bien c'est sûr que tout va être toujours à partir de 5 000 $,
maintenant. Alors, j'aimerais vous entendre sur ce sujet-là.
Mme Morin
(Monique) : On avait saisi
un peu votre... On a été là toute la journée. Et c'est sûr et certain
que, pour ce fait, vous avez raison, c'est sûr et certain.
La chose,
nous, qu'on déplore souvent, c'est que, oui, le 2 500 $ va aller souvent, si c'est non, 99,9 %, aux
maisons funéraires. Les cimetières,
qu'est-ce qu'il va nous rester quand
la famille va arriver? Zéro. Alors, c'est souvent déplorable, c'est ce que nous, on va déplorer, c'est qu'encore
une fois on va nous apporter des cendres, parfois, de personnes démunies
et qui ont dépensé le 2 500 $ à la maison funéraire, et ils vont
arriver chez nous, ils vont dire : On n'a plus d'argent, on n'a plus de sous, on n'a plus rien. On n'a pas cette
possibilité-là d'avoir une partie pour les maisons funéraires puis une partie pour les cimetières, alors on est toujours
les grands oubliés, on est les derniers de la chaîne et les grands oubliés de
la chaîne.
Donc, c'est sûr et certain que la maison
funéraire qui va offrir un service va principalement payer ses frais d'abord. Et comme, les frais, il est vrai que les
frais ont augmenté depuis les années, ça, c'est très vrai, bien souvent
il n'en reste plus du tout pour nous.
Moi, je vous
dirais : Est-ce que ce serait possible que, quand on augmentera les frais,
un jour, il y ait une partie qui soit dévolue aux cimetières, tout au
moins, ou le dernier repos de la personne, que ce soit dans un cimetière ou un columbarium extérieur? Le columbarium, chez
nous — je fais
juste un aparté — sur nos
contrats de columbarium d'enfeu et de
niche, on inclut, nous, la dernière disposition, qu'après le 25 ans ou le
50 ans la disposition finale sera en terre dans le cimetière, et les gens signent le contrat à cet
effet. Alors, on n'a pas à se poser... Non. Les maisons funéraires
disaient ce matin : Bien, on ne fait pas
ce que les gens veulent. Ils l'ont signé, le contrat, c'est marqué dessus.
Donc, à leur dernière disposition, les cimetières, si c'est prévu dans
leur règlement, un peu comme les arrangements préalables que vous avez...
Mme Lamarre : ...ce qui va arriver
après 25 ou 50 ans, c'est dans le premier contrat.
Mme Morin
(Monique) : Voilà. Voilà, exactement, tout à fait. Un peu comme les
préarrangements funéraires qu'on a
parlé ce matin, c'est inclus dans les contrats d'arrangements préalables qu'une
copie doit aller... propose qu'une copie
aille au notaire ou à une autre personne de la famille. Si les gens prenaient
le temps de le faire, ça veut dire que, le notaire de la défunte ou du défunt, quand on va le chercher, même si
l'argent n'a pas été retiré lors de l'inhumation, une semaine avant ou après, il sera toujours dévolu à
la famille pareil; même si c'est après, au moins ils l'auront. Mais, si
on ne prend pas la
peine de remplir le document... C'est vrai que ça peut peut-être prendre cinq
minutes de plus, mais ce serait peut-être
idéal si ce serait rempli de la même façon que les contrats de columbarium ou
de mausolée, que ce soit mentionné qu'après ce soit déposé dans un lieu
communautaire, un ossuaire dans un cimetière, mais qu'il y ait une mention sur
leur contrat.
Alors, chez
nous, on s'est déjà fait offert par une maison funéraire : On est prêts à
vous donner toutes les cendres du columbarium, mais on ne vous donne
aucun sou avec ça. Mais, j'ai dit, quand vous avez passé des contrats, vous les
avez eus, les sous, il doit vous en rester.
Non, il n'en reste plus? Bien, pourquoi ce seraient encore les cimetières à
encore aller fournir pour... Puis on est des
organismes à but non lucratif, alors on ne fait pas d'argent au bout pour
donner à une personne, là, c'est toujours redonné à la communauté, s'il
en reste. Donc, c'est sûr que, si on fournit tout le temps, bien, à un moment
donné, c'est pour ça qu'il n'y en a plus, tu sais, le tableau est vide.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci. C'est parce que je sais que
j'ai le collègue de Richelieu qui veut absolument poser une petite question, donc je lui donne un
petit moment et une courte réponse avant d'aller à la deuxième
opposition.
M. Rochon : Oui. Bien, commentant
l'article 71, là, qui dit que «nul ne peut disperser des cendres humaines à un endroit où elles pourraient constituer une
nuisance ou d'une manière qui ne respecte pas la dignité de la personne décédée», vous estimez que le terme «nuisance»
vient restreindre sévèrement les endroits où peuvent être dispersées ou déposées des cendres humaines, alors que d'autres
ont estimé que ça venait restreindre peu précisément ces endroits-là. Vous n'avez pas d'inquiétude quant à la précision
des endroits où ne peuvent être dispersées ou déposées des cendres humaines?
La Présidente (Mme Hivon) :
Je vous invite à répondre rapidement.
M.
Prenevost (Richard) : Oui. Rapidement, oui. Alors, la notion de
nuisance à laquelle on pense, c'est que, si on dit : On déverse des cendres humaines dans le fleuve Saint-Laurent,
est-ce que ça contrevient à la Loi sur la qualité de l'environnement? Et d'indiquer : Ils devront
respecter la Loi sur la qualité de l'environnement, on vient d'éliminer le
fleuve Saint-Laurent, les cours d'eau,
peut-être nos parcs provinciaux, peut-être les municipalités avec les parcs
municipaux. C'était cette notion-là de nuisance auquel on faisait référence.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup. Alors, je cède la
parole à Mme la députée de Repentigny, au nom de la deuxième opposition,
pour une période d'environ six minutes.
• (18 h 10) •
Mme Lavallée : Merci beaucoup. Dans
votre document, vous parlez de l'article 12, vous dites : «On doit se
questionner à savoir si cet article
empêcherait les fabriques de paroisses d'accueillir à l'église des gens», et
effectivement de plus en plus moi, j'ai eu à...
Tout se fait à l'église, hein, on rencontre les familles, puis après il y a des
cérémonies, puis l'article ne le prévoit pas, l'article 12. Mais
vous vous questionnez à savoir s'il faudrait que la fabrique ait un permis ou pas ou... Donc, à ce moment-là, vous voudriez
quoi? Que l'article 12 dise que ça ne s'applique pas, cet article-là,
cette exigence-là, pour les fabriques?
Mme Morin (Monique) : Bien, en fait,
qu'il y ait un aparté en disant que de toute façon la dépouille se rend à l'église, de toute façon la maison funéraire
suit la dépouille. Et souvent les gens, pas qu'on est d'accord ou en
désaccord, mais ils exposent pour une courte durée, on remet les hommages, et
après ils font la célébration. Alors, dans la loi, on dit : Il faudrait qu'il y aurait un local permanent, etc., ce
que n'ont pas les églises, mais par contre les dépouilles sont déjà là.
Et les fabriques n'auront pas les sous pour aller chercher des permis à tous
les ans, et tout ça, pour avoir quelques dépouilles
dans l'année. On se disait : Bien, on pourrait essayer de protéger un peu
les fabriques, qui, en fait, acceptent de faire cette position-là pour
pallier aux...
On est
d'accord aussi à ce que... M. Germain disait que de ne pas faire son deuil
assez long, d'avoir les étapes... Dans
notre vie, on a des étapes, hein, on naît, on se marie — pour certains — on meurt, puis souvent les gens qui
nous aiment nous suivent, hein, ils font les étapes. Alors, cette étape-là est
souvent balayée du revers de la main, et ils en paient le prix.
Moi, j'ai
quelqu'un dans ma famille qui a perdu son fils, et le deuil a été excessivement
long. Il faut absolument que les
étapes soient faites, il faut absolument que les gens prennent le temps de
vivre leur deuil et d'accepter la mort d'un proche. Et, comme le disait
M. Germain, de ne pas voir la dépouille, de finir dans un cimetière, on
l'enterre, puis il ne s'est passé rien de plus, c'est désolant, parce que c'est
souvent chez nous après qu'ils reviennent.
Moi, j'ai vu des hommes pleurer dans mon bureau
parce que leur épouse avait demandé d'être dispersée sur les plaines d'Abraham. Le monsieur, il dit :
Quand je suis arrivé sur les plaines, il y avait un gros chien qui faisait ce
qu'il avait à faire à l'endroit même où est-ce que je m'apprêtais à mettre les
cendres de ma femme, il pleurait à chaudes larmes : Comment je peux régler
ce litige-là de ma conscience, de déposer les cendres de ma femme dans un parc
où est-ce que je sais que tous les animaux
vont, en tout cas, faire ce qu'ils ont à faire, et, d'autre part, que moi,
j'aie un lieu où j'ai besoin de crier ma peine, où j'ai besoin de
réconfort en sachant qu'elle est là et qu'elle est protégée, même si elle est... Il était conscient qu'elle était
morte, son épouse, mais, pour lui, elle était comme protégée en la mettant
dans un lieu comme chez nous.
Alors, c'était ça
quand on dit que le lieu est irrespectueux d'un humain, parce que les cendres
humaines, ce sont des cendres humaines,
alors que, d'avoir un lieu comme ça, est-ce qu'on peut dire que c'est
respectueux? Où est-ce que... Moi,
j'ai eu des cendres dans des choses de... dans des contenants de cigare de
Cuba, là. Le monsieur, il m'a rapporté trois cigares, il en manquait sept. Son fils avait
été séparé dans sa commune par sept cigares, puis il n'en avait rien que
trois, il en manquait encore. Puis il
dit : Là, je vous... Ça faisait trois fois qu'il m'apportait des parties
de monsieur. C'est-u ça qu'on veut
dans notre société, d'enterrer des parties de monsieur dans des cigares? Ou
dans des bouteilles de Coke, j'ai vu
des cendres dans des bouteilles de Coke. Est-ce que c'est ça qu'on veut? Est-ce
que c'est ça, la dignité humaine, des cendres
qui ont été transportées de Québec à Miami pendant des années dans un coffre de
voiture puis qu'on ne retrouvait pas parce que personne ne savait où
elles étaient?
Mme Lavallée :
...parce qu'il ne me reste pas grand temps. Ce matin, un représentant de la
Fédération des coopératives funéraires a dit
que, si la loi s'appliquait telle quelle, il devrait acheter, exemple,
300 lots. Tout à l'heure, on a eu
la question de prix, puis j'imagine que vous l'avez entendu, ça. Ça peut...
Parce que la loi semble dire, bien, qu'il faut qu'il prévoie l'achat
d'un lot pour toutes les urnes qu'il a dans son...
Mme Morin
(Monique) : D'abord, on n'achète pas un lot, on loue une concession de
lot, excusez de vous reprendre.
Mme
Lavallée : Excusez, excusez. Oui, oui, oui.
Mme
Morin (Monique) : Je sais que c'est dans notre mentalité. Ma mère
disait toujours : J'ai acheté mon banc d'église, mais je ne l'ai
jamais vue partir avec son banc.
Mais
M. Chapdelaine vous l'a expliqué, dans un terrain de 9 X 10 on
peut en mettre des centaines, de... Alors, il est faux de penser que ça
prend un lot par cendres, là. Absolument pas, là.
Mme
Lavallée : Qui a une centaine, on peut parler de quel prix, à peu
près?
M.
Chapdelaine (François) : Bien,
en fait, l'entreprise pourrait acheter le lot puis peut-être
un contenant qui soit digne qui
permettrait des inhumations de cet ordre-là, ça leur appartiendrait comme...
là, c'est une solution technique, là, à définir, mais après ils paient l'inhumation, ce n'est pas... Un lot de
6 X 10, ça dépend des endroits, Montréal est probablement
plus dispendieux comme...
Mme
Lavallée : ...parce que, dans le fond, ça semblait poser...
Une voix :
...
M.
Chapdelaine (François) :
3 000 $... Ce serait 10 000 $ pour 200 urnes, ce n'est
rien par rapport... C'est une fraction du contrat initial,
là, ce n'est pas un problème de coût. C'est peut-être un problème d'avoir le
sentiment de dépendre d'un cimetière alors qu'il y a une tension parfois entre
les acteurs, certains acteurs.
Mme
Lavallée : Oui, c'est juste que l'article 45, dans le fond,
exigeait un lot dans un cimetière d'une superficie suffisante pour
permettre d'y inhumer les cendres humaines que le columbarium détient, puis,
quand c'est...
M. Chapdelaine
(François) : 500 dans un 6 X 10.
Mme
Lavallée : Mais eux autres parlaient de milliers qu'ils pouvaient
avoir, donc...
M. Chapdelaine
(François) : ...une question peut-être, là...
M. Cloutier
(Gino) : Non, mais c'est parce que c'est ça, c'est simple. C'est que,
quand on concède...
La Présidente (Mme
Hivon) : Je vais vous inviter à conclure.
M.
Cloutier (Gino) : Oui, absolument. C'est simple. C'est que, quand on
concède à une famille particulière, donc, un terrain, un exemple, 3 X 9 qui va être 2 000 $,
on va autoriser un cercueil, un exemple, avec six urnes, alors que dans le cas qu'on parle, de columbarium qu'on va
disposer de 50 ou 100 urnes funéraires, on peut faire une
concession 3 X 9 au même prix, mais on va autoriser à inhumer plus
que six personnes, on va autoriser 50 ou 100.
Donc, on n'est pas
obligé d'acheter 300 lots, là, il y a des lots vraiment qu'on peut
multiplier le nombre d'inhumations permises,
parce qu'il y a des cas, effectivement... des cas problématiques, une faillite
ou peu importe, qu'il y a la terminaison de la concession à l'entreprise
privée.
La Présidente (Mme
Hivon) : Merci beaucoup. Alors, je vous remercie, tous et
toutes, de vous être déplacés pour nous faire part de vos commentaires.
Alors, compte tenu de
l'heure, je suspends les travaux de la commission jusqu'à 19 h 30.
Merci.
(Suspension de la séance à
18 h 17)
(Reprise à 19 h 35)
La
Présidente (Mme Hivon) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la commission reprend ses
travaux. Je demande encore une fois à toutes les personnes de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires et autres appareils
électroniques.
Nous allons
poursuivre les consultations particulières sur le projet de loi n° 66, Loi sur les
activités funéraires. Alors, ce soir, nous entendons le Regroupement
provincial des comités des usagers.
Avant de procéder, est-ce que j'ai le
consentement, puisqu'il est 19 h 35, que nous allions jusqu'à
20 h 21? Ça va? Consentement? Parfait.
Alors,
bienvenue parmi nous. Je vous invite donc à vous présenter avant d'entamer
votre présentation pour une durée maximale de 10 minutes.
Regroupement provincial
des comités des usagers (RPCU)
M. Blain (Pierre) : Merci, Mme la
Présidente. Merci, messieurs et mesdames de la commission.
On naît
usager et on meurt usager. Le réseau de la santé et des services sociaux nous
accompagne tout au long de notre vie, avant notre naissance et après
notre départ. Le Regroupement provincial des comités des usagers du réseau de la santé et des services sociaux le rappelle
d'ailleurs souvent. Il rappelle aussi que les comités des usagers sont
présents partout pour défendre les droits
des usagers, des tout-petits aux plus âgés. C'est pourquoi les usagers sont
interpellés par ce projet de loi qui survient à l'étape ultime de la
vie. La mort appelle des mesures particulières, la santé publique doit être
préservée.
En instituant
un nouveau régime juridique applicable aux activités funéraires, le ministre de
la Santé et des Services sociaux met
en place des mesures de protection pour ceux et celles qui restent après le
départ d'un être cher, partir mais tout en protégeant ceux qui restent. Les personnes en deuil seront ainsi
mieux protégées, puisque le projet de loi encadre les pratiques commerciales et les pratiques
professionnelles qui entourent les activités funéraires. Le RPCU croit donc
que ce projet de loi vise juste et actualise des pratiques qui auraient dû
l'être depuis longtemps.
Le projet de
loi, aux articles 6 et suivants, prévoit l'enregistrement de toute
entreprise qui souhaite offrir des services funéraires, l'obtention d'un permis est obligatoire. Le ministre se
donne le pouvoir, à l'article 23, de révoquer un permis ou de ne pas le renouveler selon certaines
conditions. De plus, des inspections sont prévues. Le RPCU ne peut
qu'être d'accord avec ces dispositions du
projet de loi, qui établit des règles pour la délivrance de permis d'entreprise
de services funéraires ou sa suspension. Donc, nous sommes satisfaits en
partie de ce projet de loi.
Même si ce n'est pas l'objet premier de ce
projet de loi, il faudrait peut-être amorcer une réflexion sur des méthodes
alternatives à l'embaumement. Des études récentes, d'ailleurs, ont révélé que
les méthodes utilisées pour l'embaumement
des corps sont très polluantes. Les solvants organiques volatils et les
biocides génèrent un déversement important de toxines, et surtout tous
les fluides sont rejetés à l'égout. Tout petit geste peut compter.
Les rituels du deuil changent, de nouvelles
façons de dire adieu aux êtres chers se développent. Chacun veut personnaliser son départ ou le départ d'un parent
ou d'un ami. Aucune entreprise de services funèbres ne devrait être dans
l'obligation de remplir certaines conditions
jugées socialement inacceptables. En clair, le RPCU est préoccupé par
certaines pratiques qui ont cours
actuellement chez nos voisins du Sud et qui remettent en question la dignité
humaine, même après la mort. Le RPCU
croit qu'il n'y a qu'une seule façon digne d'exposer un défunt, et c'est dans
un cercueil, dans une urne et dans un
lieu approprié. L'installer sur une chaise, à une table ou dans sa voiture ne
constitue pas, pour nous, une façon acceptable de respecter la dignité
du défunt.
Comme pour
l'État civil, qui peut refuser un nom offensant ou inacceptable, le projet de
loi n° 66 devrait prévoir une instance qui, en cas de litige,
pourrait trancher rapidement l'acceptabilité ou non de demandes d'exposition.
Le projet de loi pourrait justement prévoir
que ça peut être un officier de l'état civil, un greffier d'une cour qui
pourrait faire ce genre de chose.
• (19 h 40) •
De plus, le
projet de loi aborde également la question de la disposition des restes
humains. On peut avoir recours, bien
sûr, à l'inhumation ou à la crémation. Le projet de loi reste tout de même
assez vague sur l'inhumation et la façon dont ça doit se faire. Est-ce à dire que le cercueil ou son équivalent n'est
plus nécessaire? Est-ce à dire que l'on pourra maintenant inhumer des
corps sans cercueil? Quelles sont les pratiques acceptables?
L'usage, dans plusieurs pays du monde, est le
recours à un linceul. Cela nous semble tout à fait approprié si c'est la volonté de la personne en charge, je sais
que des arrangements existent d'ailleurs quand il
y a location de cercueil, mais
je pense qu'il serait bon de peut-être préciser, jusqu'à un certain point.
L'article 70 du projet de loi indique que
«les cendres humaines ne peuvent être remises qu'à une [...] personne et
doivent l'être dans un contenant rigide qui les contient en totalité». Je sais
que vous avez eu beaucoup de discussions à
ce sujet. Le RPCU est d'avis que plus d'un contenant rigide pourrait être
remis, les contenants devraient être
scellés. On répondrait ainsi à la volonté de plusieurs qui souhaitent être
inhumés à différents endroits. Ainsi, une personne veuve pourrait rejoindre les restes de ses
conjoints ou de ses conjointes. Il en serait de même pour les familles
reconstituées.
Il ne faut
pas faire fi, d'ailleurs, du symbolisme de l'enterrement et du réconfort
que peut permettre la réunion au-delà
de la mort. Le mythe de Roméo et Juliette a encore sa place dans notre société
post mortem... postmoderne, pardon. La force du symbolisme repose là, la
force du symbole aussi de la réunion.
Le projet de loi prévoit que les cendres peuvent
être mises en terre, mais qu'en est-il de la dispersion des cendres? Le RPCU ne croit pas que disperser des
cendres soit approprié sans un encadrement. En
effet, le respect de la dignité humaine demande
de la retenue à cet égard. Disperser des cendres humaines sur une autoroute
ne nous apparaît pas un signe de
respect. Disperser des cendres dans un cours d'eau ou dans une forêt peut
sembler acceptable aux yeux de plusieurs, et effectivement,
mais, quand des milliers de personnes
feront le même geste, cela pourrait devenir problématique. Donc, la plus
grande prudence et surtout le plus grand respect doivent donc nous guider à cet
effet.
En conclusion, le RPCU appuie, bien sûr, le projet
de loi n° 66 sur les activités
funéraires. Il croit cependant
que des mesures d'encadrement sont tout de même nécessaires. Nous suggérons également
que le projet de loi devrait mieux encadrer la mise en terre des restes
humains, tant pour l'utilisation d'un cercueil que pour la dispersion des
cendres. Merci de votre attention.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup de votre présentation. Alors, je cède la parole
pour un premier bloc d'échange avec la partie ministérielle, et, M. le
ministre, vous avez 17 minutes.
M.
Barrette : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Blain. C'est toujours
un plaisir de vous recevoir et c'est toujours agréable de constater que
vous avez des opinions que vous exprimez clairement en fonction des besoins des
usagers, même si ici, évidemment, on parle plutôt des familles que de l'usager
lui-même, hein?
J'ai pris connaissance de votre mémoire et j'ai constaté un certain nombre de choses. Je vais
reprendre l'ordre dans lequel vous les avez présentées, là. Au début,
vous nous dites que vous n'êtes pas satisfaits de certaines dispositions. Qu'est-ce
qui vous satisferait?
M. Blain (Pierre) : C'est qu'il y a peut-être eu une erreur de notre
part, effectivement, parce que je faisais référence principalement à la loi qui était en vigueur
antérieurement et qui est la Loi sur les laboratoires médicaux, la
conservation des organes et des tissus et la
disposition des cadavres. On a fait une mauvaise lecture peut-être de notre
façon, et c'est... Pour moi, je
pensais qu'il fallait que le projet de loi n° 66 modifie cette loi, et je
viens de constater, justement, en discutant avec certains de vos
personnels, qu'effectivement ces dispositions-là existaient. Par conséquent, je
pense qu'il y aura... les ajustements sont faits à ce niveau-là.
Cependant, pour moi, il y a des choses qui
devront continuer à être mieux validées, parce qu'effectivement on le sait maintenant, que les cercueils peuvent
être loués, effectivement, mais sauf qu'on me dit que parfois les
dispositions concernant les changements de garnitures ne sont peut-être pas
vraiment respectées, et ça peut devenir, à partir de ce moment-là, un problème
de santé publique.
M.
Barrette : Parfait. Merci. Au sujet... Encore une fois, je suis
l'ordre de votre mémoire, là. Sur la
question de la thanatopraxie, vous avez fait
un commentaire qui m'a surpris un peu, parce
que vous faites des commentaires à
propos du fait que le projet de loi, il n'indique pas les conditions qui justifient l'embaumement ou... peut-être
pas «justifier», ce n'est pas le bon mot, là, mais les conditions selon
lesquelles l'embaumement est obligatoire.
M. Blain (Pierre) : Effectivement,
ça fait toujours référence à l'autre projet de loi, qui était beaucoup plus
précis pour les moments de disposition du corps. Et d'ailleurs c'est un sujet
que je voudrais aborder immédiatement, parce
que... Et c'est là où les comités des
usagers, dans certains cas, nous ont informés de certaines pratiques.
Comme maintenant il y a de moins en moins de personnes qui sont exposées,
parfois la famille veut voir le corps avant. Et où est-ce que ça
se fait, à ce moment-là? À l'hôpital dans certains cas. Est-ce que les hôpitaux sont
équipés pour ce genre de chose là?
Et je peux vous donner un exemple personnel.
Quand ma mère est décédée, elle est décédée chez elle. Cependant, les ambulanciers l'ont amenée à l'hôpital,
parce que c'est là où on a constaté le décès. Et, quand on a voulu voir le corps, parce
que... quand elle est décédée, et
comme elle était pour être... une crémation le lendemain, bien c'est le
seul moment où j'ai pu la voir, mais l'hôpital
n'avait pas vraiment les façons
de le faire. Et on a vu d'ailleurs dans les journaux récemment, je pense que c'était ici, à Québec, où
on avait disposé un corps en bas, dans le sous-sol, et je pense que ce
n'était pas une façon digne de le faire.
Donc, je ne
pense pas que le projet de loi va nécessairement pallier ce genre de chose,
mais peut-être qu'il serait bon d'y songer, de voir quelles seraient les
dispositions qui pourraient être prises.
M.
Barrette : O.K. Donc, j'avais mal compris le commentaire. Dans le
mémoire, vous ne faites pas référence à des conditions qui justifieraient ou obligeraient l'embaumement comme tel,
mais bien l'obligation de la procédure menant à l'embaumement, donc
l'exposition obligatoire.
M. Blain
(Pierre) : Absolument, absolument. Ce que je dis cependant, et c'est
là où je parle un peu d'écologie, c'est le fait que tout est à l'égout
par la suite, et ça, c'est un peu troublant.
M. Barrette : Là, vous parlez de
l'aquamation.
M. Blain
(Pierre) : C'est ça, de ce qui passe, nécessairement, quand on nettoie
les salles. Il peut y avoir des résidus de sang et de fluides, et ça, ce
n'est pas traité.
M. Barrette :
O.K., très bien. Là, j'aimerais ça... Vous, vous êtes le RPCU, là. J'aimerais
aborder un autre élément, là, qui est vraiment,
là, je dirais, dans votre giron, là, et on ne parle pas du défunt, mais on
parle de l'entourage. Est-ce que vous avez des commentaires à nous
faire, des suggestions à nous faire, des histoires à nous raconter de problèmes qui existent
dans cette période-là de la vie, donc de la mort, particulièrement en ce qui a
à trait à de potentiels écueils, dérapages, accrochages dans le côté... — bêtement,
dans une certaine mesure, mais très désagréable quand ça arrive — du
côté administratif?
• (19 h 50) •
M.
Blain (Pierre) : Vous avez raison de le faire, et c'est pour ça que
j'en ai glissé un mot entre autres quand la mort survient dans un hôpital ou dans un CHSLD. C'est toujours des
moyens très difficiles, c'est des moments où les gens sont en état de
choc, et à ce moment-là il peut y avoir des façons de faire qui ne sont
peut-être pas appropriées.
Je
ne suis pas certain que ce soit nécessairement dans le projet de loi qu'on va
pouvoir le faire, mais je prends un autre
exemple aussi banal, si je peux dire, c'est le temps qu'on donne à des proches,
en CHSLD, de disposer des effets personnels
d'une personne, où elle a 24 heures pour libérer une chambre et quand elle
est déjà dans un autre état de choc. Donc, ce n'est pas nécessairement
des choses qui sont toujours appropriées.
L'autre
chose qui existe aussi, justement, c'est la dispersion des cendres. J'ai
consulté un peu, on a... Bon, je peux vous donner mon exemple personnel.
Moi, je ne veux pas être un SDF, je ne veux pas être un sans domicile fixe, par
conséquent, pour moi, c'est essentiel que
mes cendres soient dans un endroit précis, entourées des miens, et tout ça.
Pour d'autres personnes, ce n'est pas le
cas, mais cependant on m'a raconté des histoires qui peuvent sembler des blagues
mais qui n'en sont absolument pas. Justement
j'écoutais cet après-midi la conférence des évêques, qui parlaient, dans
certains cas, du vent. Effectivement, ça
peut être très traumatisant pour quelqu'un qui veut disperser des cendres, et
tout à coup il se retrouve avec son père dans la bouche. Alors,
malheureusement, c'est des choses qui existent.
Et
c'est pour ça que je pense que ça prend un minimum d'encadrement ou une façon
différente... Je pense qu'on vous a
donné des exemples aussi. Quand votre
projet de loi, dans l'article 71, je
pense, 72, parle qu'il y a
des endroits qui sont peut-être appropriés, effectivement, je pense qu'il
y a des... il faut qu'on puisse le faire. Ce que je ne... Dans le fond, il y a peut-être
quelque chose qui manque un peu. C'est-à-dire on parle de l'enregistrement,
bien sûr, d'où est la sépulture par la suite, et ça, c'est une chose qui est
peut-être plus liée au Code civil qu'aux procédures comme telles dans le projet
de loi, mais je pense qu'on pourrait préciser, justement, ce genre de chose.
Justement, encore une fois, si je me
rappelle bien, c'est les évêques qui parlaient de ça, pour eux, bien sûr, la
personne humaine est un tout, donc on
ne doit pas le séparer. Mais moi, je pense, au contraire, c'est très rassurant
de savoir... Et j'ai un exemple personnel, effectivement, d'une personne
veuve qui a été mariée deux fois et dont la moitié des cendres va être dans un
endroit et l'autre partie sera dans l'autre, parce que justement la symbolique
de... est extrêmement importante.
M. Barrette :
Au RPCU, vous êtes souvent le récipiendaire de toutes sortes de plaintes.
M. Blain
(Pierre) : C'est ça.
M.
Barrette : Alors, vous êtes un peu le paratonnerre des informations,
là, tout va chez vous... bien, peut-être pas tout, mais beaucoup de
choses vont chez vous.
Sur
le plan, encore une fois, administratif, avez-vous beaucoup, beaucoup de
plaintes ou de commentaires à nous relayer sur les problématiques de
contrat, de non-respect de contrat, de ceci et de cela, là, qu'on n'a pas
abordé, là, actuellement dans nos échanges?
Je vois que cet après-midi vous avez pas mal suivi les échanges qu'on a eus. Y
a-tu des choses, là, qu'on n'a pas
explorées? Parce que c'est peut-être vous, une des personnes les mieux placées,
parce que vous êtes neutre là-dedans, vous êtes du bord des familles,
là.
M. Blain (Pierre) : On m'a parlé d'une chose effectivement aussi, c'est être certain de la
reconnaissance du corps. Supposons
que le cercueil est fermé et que... Et on a vu d'ailleurs dans des journaux
récemment, mais on a eu d'ailleurs quelqu'un
qui s'était plaint un jour parce qu'il y avait eu une confusion de corps. Donc,
ça aussi, je pense que c'est une chose qui est importante et qu'on
devrait pouvoir couvrir. Il faut vraiment qu'il y ait une reconnaissance.
Pourtant,
la loi le prévoit, normalement, avant de faire... Je pense que même une
crémation... Je sais que, quand c'est
arrivé avec ma mère, c'est mon frère qui y est allé pour reconnaître que le
corps qui était pour être incinéré était bien celui de la personne, mais
la même chose devrait exister, je pense, aussi dans d'autres cas.
Alors,
oui, on a eu des problèmes; aussi des problèmes de contrat, des problèmes de
préarrangements funéraires. Comment
s'assurer du respect, aussi de ce qu'il peut y avoir dans un testament? Et ça,
c'est arrivé effectivement, on a eu connaissance
qu'on voulait que... Dans un cas de divorce très difficile, on a demandé que
toutes les photos des enfants soient
déchirées et mises dans le cercueil, pour être sûr qu'ils partent avec la
personne qui partait. Donc, oui, il y a des situations aussi difficiles
que celles-là, et ce sont des situations que nous avons, nous, au RPCU,
parfois.
M.
Barrette : O.K. Si je reviens... Donc, sur le côté administratif,
c'est essentiellement... c'est l'essentiel de vos commentaires et/ou
suggestions, là?
M. Blain
(Pierre) : Bien, au niveau administratif, effectivement, c'est le
délai parfois de constater le décès, parce
que ça aussi, c'est arrivé, et surtout si on est avec des groupes ethniques
qui, dans certains cas, doivent demander aussi une toilette funéraire, qui se fait normalement dans un certain
laps de temps. Et, j'ai vu, on nous a téléphoné pour nous parler justement d'un cas semblable où la personne
a dû rester à côté du corps de sa mère pendant 17 heures parce que
le délai de... le décès n'avait pas été
constaté. Mais je pense que maintenant les infirmières peuvent constater aussi
des décès, et, je pense, ça peut améliorer et accélérer, dans certains
cas, certaines procédures.
M. Barrette : O.K. Si je
reviens un peu en arrière, parce que, là, j'ai parlé de l'administratif, mais,
si on revient au corps de la loi,
comment verriez-vous... Parce que tout le monde nous parle de dignité, dans la
disposition des cendres spécifiquement, là. Comment verriez-vous les
balises de ça? Parce qu'on nous demande beaucoup ça.
M. Blain (Pierre) : Moi, déjà en partant, je pense que c'est important de ne pas laisser à
la personne qui reçoit les cendres
elle-même la séparation. Donc, si on veut prévoir effectivement une dispersion,
bien ça prendrait peut-être un contenant
spécifiquement pour ça, puis un contenant qui serait enterré ou qui serait...
autrement. Je pense qu'on devrait pouvoir
le savoir déjà, quand on parle de dispersion des cendres, parce que déjà c'est
des mesures qui seraient envisageables. Donc, moi, je vois mal, justement...
Parce qu'on en a tous entendu parler, des cas semblables. J'ai quelqu'un
récemment, là, qui est proche de nous, au RPCU, qui a voulu disperser les
cendres de sa mère... une partie, pardon,
une partie des cendres de sa mère à Saint-Jacques-de-Compostelle. Naturellement, elle n'a pas pu le faire, parce que les réglementations étaient différentes, mais sauf que c'est elle
qui a dû, justement, séparer les cendres. Donc, pour moi, je pense
que, s'il y a une amélioration, c'est peut-être là, en précisant justement qu'on peut avoir un,
ou deux, ou trois contenants, puis à ce moment-là on peut le faire.
L'autre
chose : on ne sait pas si on peut conserver les cendres à la maison. C'est
possible, je pense, dans certains cas, mais il ne faudrait pas non plus que ça devienne parfois des
vengeances qui peuvent s'établir, c'est-à-dire :
Je vais te mettre en arrière des barreaux dans une chambre à
la maison, puis tu ne sortiras pas. Je me souviens d'un film qui était
un peu semblable. Mais c'est pour ça, je pense, qu'il faut peut-être prévoir,
dans certains cas, certaines circonstances.
M.
Barrette : Au-delà du film,
êtes-vous en train de nous dire que
vous avez entendu des histoires comme ça, là?
M. Blain
(Pierre) : Oui, absolument, absolument.
M. Barrette :
Bon, O.K.
M. Blain (Pierre) : Quand je vous ai parlé des cendres dispersées
puis... c'était très traumatisant pour la personne.
M. Barrette :
O.K., c'est bon. Bien, je ne sais pas si c'est bon, là, mais...
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Blain (Pierre) : Je verrais mal, justement, qu'on dise : Bien, j'aimerais ça qu'on
boive ma personne et qu'on mette ça dans un bassin pour que les gens
puissent boire l'eau. Non, je ne pense pas.
M. Barrette :
Bon, O.K. Là, vous parlez plus peut-être de séparation des cendres, mais tantôt...
M. Blain
(Pierre) : Séparation... Parce que, le projet de loi, vous parlez d'un
contenant.
M. Barrette :
Oui. Non, ça, c'est pour la partie du contenant, là.
M. Blain
(Pierre) : C'est ça. Et, pour moi, je pense que ça peut être une
façon, c'est-à-dire que, les gens qui voudraient, déjà qui prévoiraient que ça
serait dispersé ou différentes façons, ça pourrait se faire comme ça.
M.
Barrette : Mais vous avez fait référence aussi à la dispersion des
cendres sur l'autoroute. Là, c'est par curiosité. Dans les gens que vous
côtoyez, là, ça s'arrête où? C'est quoi, la perception, là, actuellement?
M. Blain (Pierre) : Ça pourrait se faire, ça pourrait se faire parce que, pensant honorer
quelqu'un qui fait le trajet Québec-Montréal souvent...
M. Barrette :
...sur la 75, là.
M. Blain (Pierre) : Mais, pour moi, je ne pense pas que c'est une bonne façon. Je pense que
justement, dans un environnement qui
est approprié, une forêt, une rivière... je pense que c'est des balises qui
sont acceptables, mais, que ce soit à tout vent, semé à tout vent, je ne
pense pas que ce soit la bonne façon de faire les choses.
M.
Barrette : Donc, vous considérez que, si un député de Montréal voulait
être dispersé sur la 20, ce n'est pas une bonne idée.
M. Blain
(Pierre) : Je ne pense pas.
M. Barrette :
Bon, on retient la chose.
La
question du cercueil, pouvez-vous revenir là-dessus? Parce que ça, ça
m'intrigue. Ça aussi, je ne m'attendais pas à avoir beaucoup de commentaires sur le cercueil, mais vous êtes le
deuxième ou le troisième à nous parler de ça, là.
M.
Blain (Pierre) : Bien, la
première des choses, bon, louer un cercueil, ça se fait, bon, ça, je l'ai vu
aussi dans la famille. Mais ensuite
de ça il y a deux choses : ou bien on enterre ou bien, ensuite de ça, on
fait une crémation. Si on enterre, on
enterre comment? Est-ce que c'est avec l'autre petit cercueil, là, qui est le
contenant en bois, en carton? Donc, ça, ce n'est pas précisé, je pense
que ça pourrait le faire. Est-ce que, justement, on peut enterrer quelqu'un
juste dans un linceul? Est-ce que,
justement, il y a d'autres règles qui existent? Je ne le sais pas, c'est pour
ça que je pose la question. Moi, je pense que ça peut être acceptable,
justement, écologiquement parlant. J'ai vu plusieurs revues à ce niveau-là, où
on disait : Bien, ça polluerait moins, ça serait plus écologique, puis,
bon, alors...
• (20 heures) •
M. Barrette :
Là, le temps passe. Je vais vous poser une question très qualitative, pas
vraiment subjective mais qualitative
certainement, mais qui est directement en lien avec votre expérience de
représentant des comités d'usagers, évidemment les comités des usagers
sont peut-être une des organisations qui est plus exposée à faire face à ce
genre de situation là : Quelle est
votre perception, du milieu que vous représentez, de l'état de la législation
actuelle quant aux services
funéraires? Est-ce que les gens... Parce que, là, le projet de loi arrive, et
là on met sur la table des sujets qu'on est... entre guillemets, on force une discussion. Est-ce qu'elle se fait
spontanément? Parce que, pour nous, là, vous avez compris que c'était une loi qui avait une portée principalement
administrative et de protection du public et du citoyen, là, face à cet événement-là ou cette structure-là
d'affaires, mais quelle est la perception des usagers, vu de votre angle
actuellement? Est-ce qu'il y a un débat? Est-ce qu'il y a un débat? Est-ce que
votre perception est qu'on est dans le mille ou à côté de la track?
M. Blain
(Pierre) : Dans ce cas-ci,
comme le projet de loi a été déposé très rapidement et qu'on a eu une
semaine seulement pour vous présenter notre mémoire, j'ai fait une consultation
auprès de tous les membres de notre conseil d'administration,
qui tout de même représentent chacun leur région, leur demandant des
commentaires, et j'ai reçu quelques commentaires, justement, qui me
disaient que, pour eux, ça semblait acceptable, effectivement, que c'était une
façon d'encadrer ce qui se passe
actuellement. J'ai vu qu'à partir de ce moment-là c'était une façon de le
faire, et c'est pour ça qu'on a fait
notre mémoire, et je l'ai fait valider, bien sûr, par les membres de notre
conseil d'administration et de notre comité exécutif.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup. Merci, M. Blain.
Alors, on va maintenant passer la parole au groupe de l'opposition officielle pour une période de 10 minutes. Donc,
Mme la députée de Taillon, la parole est à vous.
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonsoir, M. Blain.
Très heureuse de vous accueillir aussi. Merci pour votre mémoire. Très
succinct, cinq grands enjeux.
Moi, j'irais
à votre point III de votre mémoire au sujet du personnel compétent. Vous
faites référence aux compétences, dans le fond, de ce personnel-là, on
l'a évoqué un peu avec d'autres. Est-ce que vous seriez d'accord pour qu'il y
ait certaines normes, qu'il y ait certains
paramètres ou certaines garanties de mise à jour, en particulier avec votre
préoccupation environnementale, et tout ça, au niveau des services des
thanatologues?
M. Blain
(Pierre) : Merci de la
question. Effectivement, c'est une bonne question, parce que dans ma
famille aussi on a pratiqué un peu ces
choses-là, donc on est un peu à jour. Le plus grand ami de mon père était
justement directeur de funérailles.
Donc, effectivement, vous en avez des bons puis vous en avez des moins bons,
et, pour moi, justement, les... Et
c'est pour ça que je suis content que le projet de loi précise au moins une
chose, qu'on nomme un directeur général compétent, mais qu'est-ce que ça veut dire effectivement? Est-ce que ça
demande plus d'explications? Je ne le sais pas, mais, pour moi, je pense que la première des choses qui est importante,
c'est le respect de la dignité, bien sûr, et surtout le respect aussi
des règles par la suite. La vente sous pression, je pense que ce n'est pas le
bon moment de la faire, à ce niveau-là, et
je ne pense pas qu'un projet de loi va pouvoir peut-être l'encadrer
correctement, mais c'est une industrie, c'est une industrie comme
n'importe quelle autre, et je pense tout de même qu'on devrait avoir un genre
de code d'éthique pour pouvoir mieux encadrer la profession.
Mme
Lamarre : Donc, code d'éthique, et je vous rejoins aussi là-dessus,
mais ma question portait peut-être plus sur des compétences comme
thanatologue, là. Alors, il y a cette dimension-là aussi.
M. Blain (Pierre) : Bien, pour moi,
les compétences, vous avez déjà... Parce qu'il faut faire une distinction, comme le projet de loi le fait, entre celui qui
est le propriétaire de l'entreprise et celui qui, ensuite de ça, pratique
certaines activités professionnelles. Je
pense que c'est à ce niveau-là que le projet de loi pourrait être peut-être un
peu plus précis, au niveau de ça. Je
sais qu'il existe effectivement des cours qui se donnent, je pense que le
certificat est important, et je sais que le ministre peut mettre des
balises. Est-ce que justement... De quelle façon? Je ne le sais pas, je ne peux
pas vous répondre plus sur ça, mais je pense
que c'est une chose, effectivement, extrêmement importante, parce que, dans
certains cas, il y a des problèmes de
salubrité publique. Puis, comme je vous dis, les exemples qu'on nous a donnés
concernent entre autres les cercueils qui ne sont pas toujours, par la suite,
changés, avec les garnitures.
Mme
Lamarre : C'est comme dans n'importe quoi. Il doit y avoir une grande
majorité des gens qui pratiquent de façon irréprochable, mais il y a
peut-être...
M. Blain (Pierre) : Oui, c'est ça,
c'est ça.
Mme Lamarre : ...compte
tenu du risque de contamination, du risque de...
M. Blain
(Pierre) : L'autre aspect
que j'ai abordé un tout petit peu, je sais que le projet de loi sur les... Dans
l'autre cas, on parlait qu'on ne peut pas
prendre une photographie d'un cadavre quand on est, justement, dans cette
fonction-là. À l'ère de l'Internet,
je pense que c'est d'autant plus important de le repréciser, parce que
justement l'Internet est international, et on peut passer n'importe où.
Donc, moi, je n'aimerais pas ça me retrouver comme... Aujourd'hui, j'ai visité
le Musée de la civilisation, et il y avait
une momie qui était exposée et dans toute sa nudité. Je n'aimerais pas ça, bien
que je vais être incinéré, là, mais...
Mme Lamarre : Vous êtes le président
du Regroupement provincial des comités des usagers, et, moi, ma préoccupation, c'est de me dire : Est-ce
qu'au niveau des services et de la sollicitation... Personnellement, là, dans un décès proche, il y a eu par la suite envoi d'une lettre pour une
consultation avec une psychologue sans qu'on ait fait de demande, sans que... Donc, c'était le salon funéraire qui
avait transmis les informations à cette personne, j'ai appris par la suite
qu'elle avait un lien avec le salon
funéraire. Donc, est-ce que ça, c'est quelque chose qui vous est
rapporté par vos membres?
Et puis
l'autre dimension, c'est aussi quand on arrive avec des préarrangements puis
que finalement ce n'est jamais le même montant, il faut toujours allonger un
peu plus d'argent
parce que ça, ce n'était pas couvert, l'urne qui a été
choisie il y a 10 ans n'est plus disponible, ça prend... il y a d'autres urnes,
puis elles sont 100 $,
150 $ de plus. Enfin, je pense qu'il y a plusieurs possibilités, là, pour les usagers, de se faire offrir
plus de services ou de se faire imposer, jusqu'à un certain point...
que, pour respecter les volontés du défunt, on soit obligé d'ajouter de
l'argent.
M. Blain
(Pierre) : Vous avez tout à
fait raison. Plus dans la deuxième partie de votre commentaire que dans
la première, effectivement c'est arrivé.
C'est arrivé entre autres aussi avec des personnes sur le bien-être social, qui
justement tout à coup devient quelque chose qui est perçu presque comme un
ajout au montant qu'ils ont, là. Quand vient le moment du décès, s'ils ont des préarrangements, on ne paie pas... Je
pense qu'il y a eu des choses qu'on a vues, là, on a été questionnés à
ce sujet-là déjà, je ne me souviens plus exactement, c'est un de mes adjoints
qui s'en est occupé, mais je pense qu'il y a des choses à voir à ce niveau-là,
effectivement.
Dans le cas,
justement... Et c'est là où, notre mémoire, on fait une distinction entre...
parce qu'il y a une partie professionnelle, mais il y a une partie
commerciale, et c'est dans la partie commerciale, justement, que ça nous prend des garanties. Et c'est pour ça que notre mémoire
est intitulé Partir tout en protégeant ceux qui restent, parce que
c'est ça, la partie la plus importante.
Parce que la personne, dans le fond, ça ne la dérangera pas, elle, mais ça va
déranger ceux qui sont là, la famille, les proches, et je pense que
c'est ça qui est important.
Le Curateur
public, d'ailleurs, était venu à notre congrès cette année et nous a parlé
beaucoup de certains aspects qu'eux-mêmes doivent gérer pour des
personnes qui n'ont pas de famille et de qui le Curateur public est le gardien,
et je pense que ça aussi, c'est des choses importantes qu'il s'agit de voir.
Mais l'autre
chose aussi, c'est les dispositions que certaines personnes peuvent prendre. Je
vous donnais l'exemple d'aux États-Unis où on veut être enterré dans sa
voiture. Bien, je ne sais pas, là, j'ai un petit... un peu de réticence.
Mme
Lamarre : Et, au niveau des coûts des services, vous n'avez pas eu
trop de commentaires par rapport à ça?
M. Blain (Pierre) : Oui, bien sûr.
Les coûts, c'est toujours... C'est ce que je disais : La vente sous
pression, ce n'est pas nécessairement le bon
moment, et c'est normal. Bien, prenez donc plutôt une voiture, deux voitures...
On sait bien que ce n'est plus tout à fait
d'usage d'avoir des landaus de fleurs, mais je me souviens d'une époque où ça
en prenait au moins cinq pour pouvoir partir correctement vers le ciel.
Mme Lamarre : Heureusement, je pense
que ça, ça s'est un peu... ça s'est simplifié.
M. Blain (Pierre) : Heureusement que
c'est disparu.
Mme Lamarre : Vous avez exprimé
verbalement tantôt puis dans votre mémoire l'ouverture au recours à un linceul ou à d'autres... Donc, ça, vraiment, vous
considérez que... C'est recommandé? Vous le recommandez, vous le
souhaitez?
M. Blain
(Pierre) : Oui, absolument.
Pour... Bon, justement, dans le cas où on a un cercueil loué, bon, moi,
je pense qu'actuellement, dans la
législation, ça prend tout de même un contenant, donc je pense qu'un contenant,
peu importe, en carton, en papier ou
en bois... Et pourquoi? Ça peut être, justement, juste un linceul. Et surtout
ça respecte la tradition de certaines cultures de plus en plus présentes
chez nous, et qui sont, justement, pour moi, des façons écologiques.
J'ai vu... Dans certaines recherches que nous
avons faites pour la préparation de ce mémoire, effectivement, on parle de plus en plus même de ne pas avoir de
vêtements. Mais justement, là, il s'agit de voir, c'est une question de décence publique, là, bien sûr, mais... Je ne
pense pas que ce soit la bonne façon pour une exposition nécessairement,
là, mais c'est plutôt au moment de l'enterrement.
Mme
Lamarre : D'accord. Vous faites référence à un officier de l'état
civil ou de justice qui, en cas de litige, pourrait trancher, là, dans le fond, dans un cas où, un peu... Vous
faites l'analogie avec un prénom d'enfant qui n'est pas approprié. Et
là, s'il y avait une situation ou une demande qui était un petit peu farfelue...
Et donc est-ce que... Mais ma
préoccupation, c'est : Qui ferait appel à cet officier? Est-ce que ce
serait, dans le fond, le responsable
des services funéraires ou un autre membre de la famille? Si c'est un autre
membre de la famille, ça va, là, quand, dans la famille, il y a un
désaccord, mais, autrement, qui ferait appel à cet officier?
• (20 h 10) •
M. Blain (Pierre) : Justement, ça, c'est une préoccupation que j'ai eue avec des directeurs
de funérailles, qui sont de plus en
plus préoccupés par certaines demandes qui leur arrivent effectivement, avoir
des bouteilles de vin à côté de l'urne
ou toutes sortes d'autres choses. Bon, ça, c'est anodin, si je puis dire, mais
plutôt, justement, supposons qu'il y avait une demande comme celle-là... J'ai déjà vu, moi, plus jeune, bien sûr,
mais c'était une Américaine qui avait voulu être enterrée au Canada mais qui voulait absolument l'être dans sa robe de
bal, avec ses lunettes d'opéra. Bon, tout ça respecte des normes, je
n'ai pas de problème avec ça, mais c'est plutôt quand il y a des demandes plus
spéciales.
Et il ne faut pas
laisser, justement, le fardeau, à ce moment-là, de refuser aux directeurs des
funérailles, qui justement pourraient en référer à un officier public qui, lui,
prendrait ses dispositions, de la même façon que dans le Code civil pour les prénoms, où on peut refuser,
dans certains cas, l'enregistrement de certains noms. Donc, pour moi, ça
serait une façon simple, qui n'aurait pas de
coût mais qui pourrait justement éviter des litiges inutiles. Je ne pense
pas que ça se soit produit vraiment encore beaucoup, mais vaut mieux prévenir
que guérir, dans ce cas-ci.
La Présidente (Mme
Hivon) : Très rapidement, s'il reste... Ça va?
Mme Lamarre :
Ça va, ça va. Je vous remercie, M. Blain. Merci.
La
Présidente (Mme Hivon) : Alors, merci beaucoup. On va passer au
groupe de la deuxième opposition pour une période de sept minutes. Mme
la députée de Repentigny.
Mme
Lavallée : Merci beaucoup. Bonsoir.
Vous
avez mentionné tout à l'heure l'existence de problèmes avec les préarrangements
funéraires. Est-ce que vous voulez en parler plus?
M. Blain
(Pierre) : Les préarrangements funéraires, ce n'est pas toujours le
problème, mais ça arrive parfois, effectivement,
qu'il y a des problématiques où le prix change tout à coup, où on ne retrouve
plus le contrat, ça, c'est des choses
qu'on nous a signalées, où on disait qu'on faisait des ajustements. C'est
arrivé justement, comme je vous ai dit aussi, dans certains cas, pour des personnes qui étaient sur la sécurité du
revenu, qui justement, dans certains cas, s'il y avait des préarrangements funéraires, par la suite je pense
qu'il n'y avait pas de somme qui était payable par la sécurité ou je ne
sais pas, là, il y a eu des choses semblables.
Donc,
oui, il faut faire attention avec les préarrangements. C'est un contrat comme
tous les contrats, mais c'est des
contrats, dans certains cas, qui sont sur une période de 20, 25 ans,
30 ans, 40 ans, même, dans certains cas, des parents qui prévoient longtemps à l'avance et des... Et,
comme on sait maintenant que la longévité de la vie est plus longue,
donc, à ce moment-là, il faut prévoir que
des contrats, peut-être, pourront s'étaler sur des plus longues périodes que
celles qu'on a connues dans le passé pour les préarrangements.
Mme
Lavallée : Est-ce que, selon vous, c'est fréquent que les contrats de
préarrangements soient perdus?
M. Blain
(Pierre) : Les contrats préarrangements, c'est valable parce que des
gens veulent prévoir déjà, dans certains
cas, leurs volontés. Il y a deux façons de l'aborder, effectivement :
empêcher que la famille... Parce que c'est toujours pénible quand arrivent des moments semblables. Un veut ci,
l'autre veut ça. J'aimerais mieux avoir telle tombe ou telle autre. Donc, pour moi, c'est plutôt... Si
c'est la volonté de la personne, ça va. Ce qu'il ne faut pas, justement,
c'est que ça devienne plutôt un problème pour ceux qui restent, parce que le
contrat ne sera pas respecté.
Donc,
c'est dans ce sens-là, je pense qu'il faut qu'il soit bien fait. Il faut qu'il
soit peut-être plus standardisé, si je puis dire, et à ce moment-là je
pense qu'on éviterait beaucoup de problèmes.
Mme
Lavallée : Oui. Dans le fond, ma question, c'est si vous aviez eu
connaissance que... on vous avait rapporté souvent que les contrats
pouvaient se perdre. Ce matin, avec les thanatologues, eux autres faisaient une
proposition qu'il y ait un registre des
contrats de préarrangements. Parce que moi, je l'avais vécu en pratique privée
où une fille, elle ne trouvait pas le
contrat de sa mère, sa mère lui avait toujours dit qu'elle en avait un, puis en
fin de compte elle a repayé une deuxième
fois. Donc, il y a de l'argent qui est resté à quelque part, puis elle a repayé
pour les services funéraires. Vous, comment vous voyez ça? Est-ce que
vous pensez qu'on devrait avoir un registre central où tous les contrats
seraient enregistrés pour que, lorsqu'arrive un décès, on sache?
M. Blain (Pierre) : Oui, je trouve que c'est une excellente idée, effectivement. Parce que
moi-même, j'ai bien de la difficulté parfois à trouver mes polices d'assurance.
Alors, c'est la même chose, c'est arrivé dans des décès. On le sait
tous : quand une personne meurt, on essaie de retrouver les papiers puis
on ne les retrouve pas parce que ça peut être
dispersé, surtout si une personne tout à coup entre en CHSLD. Par conséquent,
parfois, les choses sont déplacées.
Oui, effectivement,
je pense que ce serait une excellente idée d'avoir un registre semblable.
Mme
Lavallée : Puis ce matin, justement, avec les thanatologues, il a été
avancé comme solution... Parce que ce n'est
pas évident, on ne veut pas créer une autre structure pour gérer ça. Eux autres
avançaient l'idée que l'État civil pouvait être le service qui pouvait
gérer ça. Selon vous, est-ce que ça fait du sens ou...
M. Blain
(Pierre) : Oui, absolument. Le dossier du... Bien non. Non, le Dossier santé
Québec, non, parce que de toute façon il n'est pas là, alors... Mais, oui, il y aurait ce genre de chose là. Il y a
plusieurs façons de consigner. Il y aurait aussi le registre avec le notaire, on pourrait déjà l'enregistrer avec
son testament, si on a un testament, bien
sûr. Mais ça peut être des
façons de le faire mais sans créer de contrainte supplémentaire et de coût,
surtout, effectivement.
Mme
Lavallée : Parfait. Le ministre n'en
a pas parlé, mais aujourd'hui il
avait l'air à y avoir un peu de problèmes au niveau de la définition de la dignité, et on se demandait... les
groupes se demandaient qui pourrait définir ce que veut dire la dignité,
lorsqu'on parle de ça. Vous, votre définition?
M. Blain (Pierre) : Pour moi, c'est
la même réponse qui devrait être celle qu'on trouve normalement dans tout... dans le Code civil. C'est-à-dire, quand on
parle d'agir en bon père de famille, ce n'est pas défini, comme tel,
mais tout le monde sait qu'est-ce que ça
veut dire. Pour moi, la dignité, c'est ce qui est socialement acceptable aussi.
Donc, effectivement, pour certaines personnes, il y a des choses qui sont
acceptables et, pour d'autres, qui ne le sont pas, mais je pense qu'en général,
socialement, on sait qu'il y a des choses qui sont possibles et d'autres qui ne
le sont pas.
Donc, je ne
suis pas sûr qu'on peut aller tellement plus loin dans une définition de la dignité,
effectivement, mais, pour moi, c'est ce qu'une personne normale devrait
considérer.
Mme Lavallée : Ça peut être
différent pour chacun.
M. Blain (Pierre) : Bien, c'est
certain.
Mme Lavallée : On a le choix entre
le faire définir par la cour ou le baliser avant, pour éviter, justement, qu'on recoure à la cour. Est-ce que vous, vous
souhaiteriez qu'un organisme puisse nous définir... nous aider à
circonscrire la définition de «dignité» ou non?
M. Blain
(Pierre) : Pour laisser la
liberté, justement, autant au défunt, à la personne qui teste, dans certains
cas, parce qu'elle teste elle-même, elle met
certaines choses, et les personnes qui restent alentour, je pense qu'on devrait
avoir une... on devrait laisser ça le plus large possible.
Mme
Lavallée : O.K. L'autre chose, on a parlé souvent de la dispersion des
cendres. Vous en avez parlé aussi, puis moi aussi, je me questionne sur...
De quelle façon on pourrait définir ce qui est acceptable de ce qui ne l'est
pas? C'est sûr que, quand je recevais des
clients, je faisais des testaments, les gens me demandaient d'indiquer dans le
testament des choses que parfois je n'étais
pas certaine que c'était acceptable, mais c'était leurs volontés. Est-ce que,
selon vous, il faudrait vraiment avoir des restrictions indiquées dans
la loi ou...
M. Blain
(Pierre) : Déjà,
l'article 71, je pense, donne certaines balises, c'est-à-dire : «...ne
peut disperser des cendres humaines à un endroit où elles pourraient
constituer une nuisance ou d'une manière qui ne respecte pas la dignité de la personne décédée.» Je sais que le
ministre ne pense pas qu'une personne décédée a de la dignité, mais,
pour moi, je pense que la dignité existe.
Même la preuve, la preuve : même les cendres sont encensées et bénies par
l'Église. Donc, à partir de ce moment-là, il doit y avoir une dignité quelque
part.
Donc, à partir de ce moment-là, je pense qu'il y
a déjà certaines balises qui sont là. Donc, on peut trouver des exemples triviaux comme celui que je vous ai dit,
je ne pense pas qu'une autoroute, c'est la bonne façon, mais, pour moi,
un cours d'eau, une prairie, une forêt... en
autant que ça ne devienne pas un endroit où tout le monde va faire ça. Il ne
faut pas non plus que ça devienne un endroit
où on va disperser les cendres de tout le monde, il ne faut pas non plus
mêler tout. Mais, à ce moment-là, pour moi, en ayant, justement, quelque chose,
une définition assez large, je pense qu'à ce moment-là ça peut le faire. Et je pense
que... À mon point de vue, l'article est suffisant.
La
Présidente (Mme Hivon) : Merci beaucoup. Je dois interrompre,
c'était tout le temps que nous avions. Alors, merci beaucoup,
M. Blain, de vous être déplacé pour nous faire part de vos commentaires.
Alors, sur
ce, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux jusqu'à mardi 1er
décembre, à 9 h 45. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 20 h 20)