(Quatorze heures dix-huit minutes)
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, bienvenue à tous. À l'ordre, s'il
vous plaît! Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission de la
santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes
présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
Le mandat de la commission est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et
modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation
assistée.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Iracà (Papineau) est
remplacé par Mme Boulet (Laviolette); M. Habel (Sainte-Rose), remplacé par M. Bourgeois (Abitibi-Est); Mme
Montpetit (Crémazie), remplacée par M. Drolet (Jean-Lesage); et Mme
Hivon (Joliette), remplacée par M. Rochon (Richelieu).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Alors, lors de la suspension de nos travaux... et les travaux qui
avaient précédé à ceux de vendredi nous indiquent ce matin, en ce début
d'après-midi, que l'objet du débat est le sous-amendement
de la collègue de Taillon à l'amendement du ministre à l'article 3 intégré de
l'article 1. Alors, c'est l'objet de notre débat.
Nous sommes à
organiser, donc, nos travaux, nous avons corrigé le tir quant à l'objet qui
était, la dernière fois que nous nous
étions laissés, à l'article 7. Alors, très candidement, je demande à la
collègue de Taillon : Est-ce que nous sommes prêts à poursuivre?
Sinon, je peux très facilement suspendre. Mais vous êtes prête à poursuivre le
débat?
Mme Lamarre : Oui, je suis prête à
poursuivre, M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) : La
parole est à vous, chère collègue.
• (14 h 20) •
Mme
Lamarre : D'abord, je veux remercier le ministre et son équipe
ministérielle pour la session d'une heure et demie que nous avons eue, d'information sur le cadre de gestion qui est
prévu et qui nous a apporté un éclairage concret sur les choix qui
avaient été faits pour l'organisation des soins. Et donc je pense qu'à la
lumière de ça, ça va nous permettre d'avoir effectivement une capacité de mieux
travailler l'article 3 du projet de loi n° 20.
Nous en
sommes, là, à un amendement où il me reste très peu de temps, une minute
d'intervention. Il prévoyait... Donc, l'amendement, le sous-amendement
que j'avais proposé, c'était d'assurer avec d'autres médecins des heures d'activités
médicales cinq soirs par semaine et les fins de semaine. Alors, je
crois qu'on a appris qu'il y avait
énormément de choses positives dans cette
entente. Malheureusement, cet objectif de garantir un accès vraiment...
Vraiment, le mot «garantir»
un accès le samedi après-midi, le samedi soir, le dimanche après-midi,
le dimanche soir, moi, je ne l'ai pas vu, là. Il y a des mesures pour
améliorer et suivre davantage l'occupation et les heures de disponibilité des
médecins, mais rien qui garantit que, dans les GMF, on va avoir des
médecins le samedi après-midi et le dimanche après-midi. Alors, je maintiens
mon sous-amendement qu'on mettra aux voix.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M. Barrette : Bon, bien, je remercie
la députée de Taillon de ses commentaires. Maintenant, moi, je fais évidemment
une interprétation différente de ce qui a été présenté pendant la dernière
heure et demie quant au cadre de gestion des
groupes de médecine de famille, qui,
dans mon interprétation, contient tout ce qu'il faut pour garantir
l'accès que recherche plus formellement la députée.
Le
Président (M. Tanguay) : Merci. Y a-t-il d'autres interventions?
Collègue de Rosemont, la parole est à vous.
M. Lisée : Bien, brièvement,
puisque je pense que ça dispose du débat, mais, compte tenu de la présentation qu'on nous a faite et le degré de certitude assez
grand du ministre et de son équipe qu'on va atteindre cet objectif-là,
il me semblerait normal de renforcer... de
juste... de préciser, et d'affirmer, et d'enchâsser cet objectif-là dans la loi
puisque c'est la finalité qui est visée, et
le ministre a un bon niveau de certitude de l'atteindre. Donc, je fais un
dernier appel à la cohérence entre la loi et l'application du cadre de
gestion GMF. Puisqu'on va y arriver, alors, où est le risque?
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Barrette :
M. le Président, là, ici, évidemment, c'est une question d'interprétation
encore une fois. Moi, je considère que les
éléments qui sont dans le projet de loi actuellement atteignent l'objectif qui
est visé par tout le monde et je ne vois pas la pertinence de rajouter
ce sous-amendement.
Le Président (M. Tanguay) : 30 secondes, collègue de Rosemont. Non? Ça complète? Collègue de Saint-Hyacinthe, la parole est à vous.
Mme Soucy :
On aimerait déposer un amendement pour l'article 3.1, alors, qui se lirait
comme suit...
Le
Président (M. Tanguay) : Je
vous demande, s'il vous plaît, peut-être d'attendre un peu plus tard. Nous ne pouvons pas aller au-delà d'un sous-amendement. Alors, un article, un amendement, un sous-amendement. Nous sommes...
Mme Soucy :
O.K. On avait...
Le Président (M.
Tanguay) : On ne peut pas sous-amender un sous-amendement.
Mme Soucy :
O.K. Excusez-moi, je pensais que... Dans ma tête, on avait déjà...
Le Président (M.
Tanguay) : On n'a pas encore disposé...
Mme Soucy :
...on avait voté à la...
Le Président (M.
Tanguay) : Non.
Mme Soucy :
O.K. C'est beau.
Le Président (M. Tanguay) :
Pas de problème. On va y aller tranquillement.
Mme Soucy :
Vendredi, je pensais qu'on avait voté ça.
Le
Président (M. Tanguay) : Alors, je suis réellement prêt à recevoir des
interventions sur le sous-amendement de la collègue de Taillon. Y a-t-il d'autres interventions? Sinon,
effectivement, vous avez raison, j'appellerai le vote. Alors, je constate qu'il n'y a pas d'autre
intervention. Alors, je mets aux voix le sous-amendement de la collègue de
Taillon à...
Mme Lamarre :
...M. le Président, un vote par appel nominal.
Le
Président (M. Tanguay) : Oui, un vote par appel nominal. Alors,
M. le secrétaire, nous allons maintenant voter sur le
sous-amendement de la collègue de Taillon à l'amendement du ministre à l'article
3 intégré de l'article 1. Le sous-amendement est-il adopté? Appel nominal.
Le Secrétaire :
Donc, Mme Lamarre (Taillon)?
Mme Lamarre :
Adopté.
Le Secrétaire :
Pour, contre ou abstention?
Mme Lamarre :
Pour.
Le Secrétaire :
Pour. M. Lisée (Rosemont)?
M. Lisée :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Rochon (Richelieu)?
M. Rochon :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette : Contre.
Le Secrétaire :
M. Plante (Maskinongé)?
M. Plante : Contre.
Le Secrétaire : M. Bourgeois
(Abitibi-Est)?
M. Bourgeois : Contre.
Le Secrétaire : M. Giguère
(Saint-Maurice)?
M. Giguère : Contre.
Le Secrétaire : Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard : Contre.
Le Secrétaire : M. Drolet
(Jean-Lesage)?
M. Drolet : Contre.
Le Secrétaire : Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe)?
Mme Soucy : Contre.
Le Secrétaire : M. Tanguay
(LaFontaine)?
Le Président (M. Tanguay) :
Abstention.
Le Secrétaire : Rejeté.
Le
Président (M. Tanguay) : Alors, le sous-amendement est rejeté. Nous
revenons donc à l'objet du débat, qui est l'amendement du ministre à
l'article 3 intégré au 1. Y a-t-il des interventions? Oui, collègue de
Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Alors, on aimerait déposer un amendement à l'article 3.1.
Alors : Insérer, après l'article 3 proposé à l'article 1 du projet
de loi... Donc, il se lirait comme suit : «Pour que les Québécois puissent...»
Le
Président (M. Tanguay) : Il faut qu'on fasse les choses dans l'ordre.
Nous sommes... L'objet du débat est l'amendement du ministre à l'article
3.
Mme Soucy : Exactement.
Le Président (M. Tanguay) : On me
confirme que ce n'est pas 3.1 qui est l'objet du débat. Alors, on devrait
attendre que ça devienne... Après 3. On doit d'abord disposer de l'article 3.
Mme Soucy : ...nouvel article.
Le Président (M. Tanguay) : Pardon?
Vous voulez introduire un nouvel article, le nouveau 3.1, alors nous devons disposer... À moins qu'il y ait
consentement, mais l'objet du débat est l'amendement du ministre à l'article 3.
On va en disposer, et la collègue... Alors,
je vous demande : Y a-t-il consentement pour suspendre le 3 et aller à un
3.1 ou nous continuons sur le 3?
M. Barrette : Pas de consentement.
Le Président (M. Tanguay) : Alors,
il n'y a pas de consentement. Donc, on y arrivera...
Mme Soucy : ...le déposer au 3.
Le Président (M. Tanguay) : Pardon?
Mme Soucy : Pourquoi qu'il n'y a pas
de consentement? Parce qu'on va...
Le Président (M. Tanguay) : Ah! bien
on ne pourra pas... On ne commencera pas à...
M. Barrette : ...déposer une
proposition de 3.1...
Le Président (M.
Tanguay) : Aussitôt qu'on a fini 3, ce sera recevable.
Mme Soucy : O.K.
Le Président (M. Tanguay) : Alors,
hâtons-nous lentement. Chers collègues, y a-t-il des interventions sur
l'amendement du ministre à l'article 3? Je suis prêt à recevoir des
interventions. Collègue de Taillon.
Mme Lamarre : ...déposer un
sous-amendement qui se lirait comme suit : Article 1,
article 3 : Modifier l'amendement
à l'article 3, introduit par l'article 1 du projet de loi, par l'ajout des mots
suivants après les mots «groupe de médecine de famille,»... Donc, pour
le positionner, dans l'article 3, le deuxième paragraphe, celui qui commence
par «1° assurer, individuellement ou avec d'autres médecins au sein d'un groupe
de médecine de famille...» Et l'ajout du sous-amendement se lit ainsi :
«...la prise en charge de l'ensemble de la population sur un territoire
géographique donné et le suivi médical d'une clientèle constituée d'un nombre
minimal de patients...»
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Alors, un choix, deux
options. On peut suspendre le temps que des photocopies soient
distribuées ou, M. le ministre, êtes-vous prêt à débuter le débat?
M. Barrette : Moi, je peux
évidemment commenter immédiatement, là. Alors, c'est un paragraphe, hein?
Une voix : Oui.
M. Barrette : Alors, le premier
paragraphe, M. le Président, fait référence aux groupes de médecine de famille. Or, sur un territoire, il peut y avoir
des médecins qui ne sont pas dans un groupe de médecine de famille.
Alors, on ne peut pas assigner ou demander d'une façon légale à seulement les
groupes de médecine de famille de prendre en charge toute la population sur un
territoire donné. Parce que le paragraphe en question fait référence aux groupes
de médecine de famille.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
• (14 h 30) •
Mme
Lamarre : Oui. On se rappelle, dans le fond, que, lorsqu'on a parlé du
taux d'inscription à un groupe de médecins
de famille, et le ministre et la FMOQ ont dit cibler un taux de 85 % en
disant que le 15 % restant n'avait pas nécessairement besoin naturellement, spontanément d'aller chercher un
médecin de famille. Mais personne n'a jamais nié le fait que 100 %
de la population devait avoir une prise en charge au moment où elle en aurait
besoin et que, comme on est à planifier
l'organisation — donc,
c'est l'anticipation des besoins de la population — le fait de dire : Il faut qu'on
soit capable de répondre à une prise en charge éventuelle de l'ensemble des
citoyens d'un territoire donné, je pense que ça
va très bien dans l'esprit de ce qui nous a été présenté ce matin au niveau des
GMF, donc pas seulement assurer le suivi médical d'une clientèle
constituée d'un nombre minimal de patients. Alors, on est vraiment dans une
question, là, de compréhension de la responsabilité d'un GMF. Et ces modèles de
groupe de médecine de famille sont souvent, dans d'autres pays, dans d'autres provinces, orientés vers une responsabilité
d'une population sur un territoire donné, alors qu'ici on met l'exigence
seulement sur le suivi médical d'une clientèle constituée d'un nombre minimal
de patients.
Alors, moi,
je trouve que cette proposition-là vient assurer que les groupes de médecine de
famille... puis on dit «assurer, individuellement
ou avec d'autres médecins au sein d'un groupe de médecine de famille», donc ça
implique que les médecins qui continuent à travailler en solitaire, là, qui
sont encore tout seuls dans leur bureau, les médecins qui travaillent dans d'autres contextes et les
médecins au sein d'un groupe de médecine de famille sont tous
potentiellement inclus. Mais ils devraient, à l'intérieur, par exemple, du DRMG, à
l'intérieur de d'autres instances,
prendre la responsabilité d'offrir
des soins à l'ensemble des habitants d'un territoire donné. C'est ça
que la population veut, et ces soins-là, bien, ils seront variables. Si on a un jeune de 30 ans en
santé, ça sera sûrement moins. Ça sera probablement quelque chose qui sera plus circonstanciel, mais ce sera une porte
d'entrée. Ce jeune de 30 ans là, le jour où il aura un symptôme important,
où il y aura une protubérance qui lui poussera sur le bras, il saura qu'il peut
entrer quelque part dans le système et où il doit entrer.
Alors, c'est cette dimension-là de responsabilisation
sociétale, donc non pas juste d'un nombre... On n'est pas dans le calcul de 500 patients, ou 242 patients, ou 5 000
patients, on est dans une prise en charge de l'ensemble d'une population selon un territoire donné. On vient de
changer, avec la loi n° 10, toute la répartition de nos
établissements, qui sont devenus de grands
établissements sur une base territoriale. Donc, les responsabilités des
médecins par rapport à la prise en
charge nous apparaissent être tout à fait cohérentes de la mettre... Il nous apparaît cohérent, là, de mettre ça en
lien avec cette obligation-là pour éviter justement qu'on ait ce qu'on a malheureusement
trop souvent actuellement, un service à la
pièce, c'est-à-dire qu'un médecin choisit un petit peu de ces patients-là, un petit
peu de ceux-là, mais, quelque part, personne ne se sent imputable
d'assurer la prise en charge de l'ensemble des habitants d'un territoire donné.
Donc, je crois que c'est une... Ça m'apparaît quelque chose de très positif.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M. Barrette : M. le Président, là,
je vais réitérer simplement que la demande qui est faite par la députée de Taillon, bien
que je comprenne, évidemment, qu'elle nous propose une vertu... Mais la vertu,
ici, serait absolue. Je ne peux pas mettre dans un texte de loi... qui viendrait introduire une
contradiction à ce qui est écrit là. La prise en charge de l'ensemble de la population, c'est 100 % du monde, et moi-même, dans le projet de
loi, on parle de 85 %, là, et la prise en charge, là, ça signifie un certain nombre de choses. Ça signifie
l'inscription, et ainsi de suite, là. Alors, ici, le texte initial a été
écrit en fonction de certains paramètres, le 85 %, 80 %
d'assiduité, et ainsi de suite, et là on vient pousser cette intention-là
à l'extrême.
Alors là, ici, ça m'apparaît être quelque chose
qui est d'abord antinomique par rapport à ce que l'on veut faire. Donc, ça introduit une contradiction dans la
loi qui n'est pas, à mon avis, de bon aloi, d'une part, et d'autre part,
lorsque la députée de Taillon nous explique
sa position, on parle d'une offre de service. Bon, une offre de service,
par définition, c'est sûr que c'est une
offre. C'est une offre, mais ce n'est pas la même chose une offre qu'une prise
en charge. Alors, ce texte-là, pour moi, n'est pas recevable.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Rosemont.
M. Lisée :
Alors, ici, la volonté, c'est de bien marquer que le groupe de médecine
familiale est responsable pour une
population qu'il dessert et la population qui souhaite avoir des soins. Alors
donc, il n'y a pas de possibilité de refus de pratique, il n'y a pas de possibilité de vouloir faire des niches à
l'intérieur de la population, d'exclure tel ou tel autre groupe. Ça,
c'est le but de l'amendement, du sous-amendement.
On est bien
prêts à discuter des termes pour arriver là, mais on a déjà entendu le ministre
dire : Oui, effectivement, c'est
une responsabilité populationnelle à laquelle on veut adhérer. Nous constatons
qu'elle n'est pas exprimée dans le projet
de loi, donc nous voudrions l'insérer. Est-ce qu'on peut l'insérer autrement?
Est-ce qu'on peut... Si le ministre a des suggestions à nous faire, on peut suspendre puis discuter du libellé,
mais l'idée que, écoutez, à partir du moment où le GMF a son code de gestion, il y a une population à
servir, il ne peut pas refuser de servir les membres de cette population
qui demandent à être servis et il est responsable de cette population-là, on
aimerait la voir inscrite dans la loi. On pense que c'est là; ça peut être
écrit autrement. Est-ce que le ministre est ouvert à cette discussion?
M.
Barrette : M. le Président, ce n'est pas que je ne suis pas ouvert à
la discussion, c'est que le projet de loi est construit d'une telle
manière qu'on arrive à ça, selon des paramètres X qui reviennent, parce qu'ils
sont multiples, les paramètres, et ils sont
traités à divers endroits dans le projet
de loi. Mais là on me demande de
rajouter une phrase qui dit une
contradiction par rapport à l'esprit du projet de loi et qui est en
soi aussi une quasi-impossibilité, là. Il faut choisir les mots. Les
mots ont un sens dans le projet de loi là.
«...la prise en charge de l'ensemble de la population...»
«L'ensemble», là, c'est la totalité. Ce n'est pas une partie de la population, c'est l'ensemble. C'est un synonyme de totalité.
Une prise en charge, c'est le suivi médical, là. C'est ça que c'est, là,
c'est un synonyme, ça aussi. Alors, on vient introduire dans la loi une obligation
absolutiste en termes de ce que l'on
recherche. Et on l'a dit et on a passé récemment, dans les dernières deux
heures, beaucoup de temps à expliquer, puis on l'a fait avant, qu'il y a des gens qui ne veulent pas
être pris en charge au sens de la terminologie de la chose, au sens sémantique de prise en charge. Ils
veulent être là — ça,
c'est une offre de service — ponctuellement
avoir un service, et ça, c'est ce que le projet de loi fait.
La prise en charge de l'ensemble, ce n'est pas
ce que vise le projet de loi parce que la population ne veut pas totalement
être prise en charge au sens de ce que signifie «prise en charge». Alors là, il y a
un problème, là. On comprend le côté tout à fait louable de l'intention de l'amendement, mais ça devient, un, une
contradiction et ça devient absolument contraire
à l'essence du projet de loi. Alors là, l'essence du projet de loi est de faire en sorte que ceux qui veulent avoir un médecin soient pris en charge, et c'est ce que le projet de loi fait. Et c'est dit clairement à plusieurs endroits, mais là on vient introduire une phrase qui dit : Bien là, ce
n'est pas juste ceux qui veulent, mais c'est aussi ceux qui ne veulent pas,
puis on sait que ça, c'est impossible.
Alors, je ne
dis pas non puis je ne dis pas que je ne veux pas en débattre. Je dis simplement
que cette manoeuvre-là vient faire en
sorte que la loi se contredit, s'autocontredit, si on l'adoptait... viendrait
s'autocondredire si on l'adoptait. Conséquemment, ce n'est pas contre la
finalité que j'en ai, mais contre le fait que ce qu'on me propose, c'est quelque
chose d'impossible.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Richelieu.
M.
Rochon : Je n'arrive pas à
très bien suivre le ministre, M. le
Président, parce que là je l'ai
d'abord entendu dire que la proposition de la députée de Taillon allait dans le sens du projet de loi. Je l'ai ensuite entendu dire qu'elle entrait en contradiction avec le projet de loi. Je l'ai enfin entendu dire qu'il ne disait pas non. Je ne suis plus,
là, je ne vous suis plus.
M. Barrette : Je vais recommencer, M.
le Président. Je vais le faire rapidement.
M. Rochon : Oui, recommencez donc.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Alors, j'ai dit que je
n'étais pas contre la vertu absolue qui est proposée par l'amendement. J'ai dit par la suite que cette vertu était, comme
souvent sont les vertus, inatteignable et j'ai dit que le projet de loi prenait compte de
l'impossibilité d'atteindre ce niveau de vertu parce que rien, même dans la
littérature mondiale, ne montre que 100 % de la population veut être prise en charge et qu'ici l'amendement
proposé exigerait dans la loi que 100 %, la totalité, de la population soit prise en charge, ce qui est une vertu, alors
que ce n'est pas ce que 100 % de la population demande nulle part
sur la planète.
Or, si on
n'atteint pas 100 % par la volonté de la population, on est en bas de
100 % et, si on est en bas de 100 %, on est dans le projet de
loi qui ne demande pas 100 %. Il n'est donc pas nécessaire de mettre ça.
Et non seulement ce ne serait pas
nécessaire, mais ça serait en contradiction avec tout le projet de loi qui, lui, ne vise pas 100 %. Alors, c'est un amendement qui viendrait en quelque
sorte invalider le reste du projet de
loi. Bien que je sois d'accord avec
la perfection visée par l'amendement, je choisis de rester dans la
réalité qui est celle de l'imperfection.
Le Président (M. Tanguay) : Mme la
députée de Taillon.
• (14 h 40) •
Mme Lamarre : Oui. Alors, M. le
Président, ce qu'on a compris avec l'entente : on comprend qu'il y a une pondération, qu'il y a un taux d'assiduité,
qu'il y a une répartition de responsabilités d'un certain
nombre de patients par GMF. Ça fait beaucoup de chiffres, ça fait effectivement
des cibles concrètes à atteindre mais ça fait des chiffres.
Moi, dans ma
pratique, j'ai entendu souvent... et ma grande crainte par rapport aux orientations réglementaires qui ont été déposées, c'était d'entendre des médecins de bonne volonté
qui disaient : Moi, je vois mes 1 200 patients qui sont
prévus en respect avec les besoins du GMF, la pondération, le taux d'assiduité.
Moi, je vois mes 1 200 patients puis je m'en occupe bien, et les autres, malheureusement, qui ne sont
pas récupérés, je ne suis pas responsable de ces autres-là. C'est l'organisation des soins qui en est responsable, de faire en sorte que ces gens-là aient accès au système
de santé, et cette organisation des soins là, bien, on est en train de
la définir actuellement.
Alors, je pense qu'on se rejoint, que peut-être
quelque part... Et j'entends le ministre, sur le fond, qui semble relativement d'accord. C'est peut-être le mot «prise en charge» qui mériterait d'être
nuancé, et là on est dans «assurer, individuellement ou avec d'autres
médecins, au sein d'un groupe de médecine familiale». Actuellement, on a seulement
le suivi médical d'une clientèle constituée d'un nombre minimal de patients.
Alors, si on laisse ça comme l'a là, on
peut retomber dans le même piège que celui où on est actuellement. Et je suis prête à assouplir mon sous-amendement et à
dire : «...assurer, individuellement ou avec d'autres médecins au sein
d'un groupe de médecine familiale, une offre de service...». «Une offre de service», M. le Président. Donc, je
redis, parce que je veux être sûre de capter l'attention, donc :
Assurer une offre de service à l'ensemble de
la population d'un territoire géographique donné et le suivi médical
d'une clientèle constituée d'un nombre minimal de patients.
Là, je pense
qu'on est exactement dans l'esprit de ce que le ministre
souhaite et de ce que la... qui donne des bonnes garanties à la population qu'on n'aura pas cette réponse-là, là, de
dire : On est un groupe de médecins, de 10 médecins, on a chacun nos 1 200 patients, puis les
2 000 qui attendent à la
porte, on n'a pas de responsabilité par rapport à ces gens-là. C'est ça qu'il faut éviter dans le projet de loi
n° 20 si on veut en faire une valeur ajoutée par rapport à toute la
constitution mathématique qu'on
essaie d'en faire pour essayer de trouver des ratios, et des pondérations, et
des taux d'assiduité. Tout ça, ça
vise ultimement à ce que tous ceux qui sont dans la population sentent qu'ils
ont une offre de service raisonnable.
Alors, je
propose donc que, si le ministre, en échange, est d'accord, je serais prête à
retirer mon sous-amendement et à
remplacer «prise en charge» par «offre de service à l'ensemble de la population
d'un territoire géographique donné».
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : Bien là, compte tenu de l'évolution de la chose, est-ce que
je comprends qu'on retire le sous-amendement à la faveur d'un autre
sous-amendement?
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme Lamarre : Si vous avez une
certaine réceptivité, on pourrait suspendre et le rédiger.
M. Barrette : Bien là, on peut
suspendre un instant, là. Ce n'est pas... Suspendons donc.
Le Président (M. Tanguay) : Alors,
voilà. Nous suspendons.
(Suspension de la séance à 14 h 44)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (M. Tanguay) : Alors,
nous sommes de retour, et je cède la parole à la collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, nous avons eu des échanges avec le ministre
et nous souhaitons à ce moment-ci... Pour essayer de bien répondre à sa préoccupation
des obligations légales qui pourraient découler
du choix du mot «prise en charge», on est d'accord pour retirer le sous-amendement et de déposer un autre sous-amendement qui dira cette
fois-ci : Assurer «une offre de
service à l'ensemble de la population d'un territoire
géographique donné et», et donc, à ce moment-là, on réinsère cette phrase à
l'intérieur de la grande phrase.
Donc, ça se lirait : Assurer... Alors, je dépose le sous-amendement.
Je retire mon premier sous-amendement.
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, pour y aller dans l'ordre, oui, alors, deux choses. La première,
considérant que vous avez un nouveau sous-amendement, vous demandez le consentement
pour retirer l'actuel sous-amendement pour pouvoir en déposer un
autre...
M. Barrette : Consentement.
Le
Président (M. Tanguay) : ... — alors,
il y a consentement — et
retirer votre précédent sous-amendement.
Vous avez donc le texte, que l'on pourrait
faire photocopier, d'un nouveau sous-amendement qui s'inscrit dans le débat que nous avions. Voulez-vous en faire la lecture
officielle, chère collègue, et l'expliquer? Et, dès que la lecture en sera
terminée, peut-être, s'il vous plaît, donner à notre page une copie, nous la ferons
circuler.
Mme Lamarre : D'accord. Alors, le sous-amendement
se lit ainsi, M. le Président :
Article 1
(article 3) : Modifier l'amendement à l'article 3, introduit par
l'article 1 du projet de loi, en ajoutant les mots suivants après les mots «groupe de médecine de famille,» au premier
paragraphe. Et les mots ajoutés : «une offre de
service à l'ensemble de la population d'un territoire géographique donné et».
Le Président (M. Tanguay) : Merci.
Alors, nous allons faire des photocopies. Aviez-vous des commentaires sur votre
sous-amendement?
Mme
Lamarre : Bien, comme la population
n'a pas pu profiter, dans le fond, des différents échanges qu'on a eus pendant la période où on était hors d'ondes, tout simplement dire que ce qu'on a vécu, ce que la population a vécu comme
situation réelle, c'est des médecins qui disaient : Bien, moi, j'ai
atteint mes cibles d'inscription, j'ai un bon taux d'assiduité — même
si les médecins n'en étaient pas tout
à fait conscients, déjà ils
pouvaient voir qu'ils remplissaient, dans le fond, toutes les conditions — et
beaucoup, beaucoup de familles nous ont dit, et m'ont dit à moi,
que, dans le fond, leur
troisième enfant, là, bien, il se faisait dire par le médecin : Non, moi,
j'ai atteint mes cibles, j'ai atteint mon nombre de patients inscrits donc, malheureusement, je ne prends pas votre troisième enfant. Alors,
si on est dans l'esprit d'un groupe de
médecine de famille, il y a définitivement un avantage d'avoir toute la famille
qui est prise en charge par le médecin ou, en tout cas, par son équipe de médecins et ne serait-ce que pour
identifier des maladies qui ont des origines semblables. Un enfant dont les parents sont asthmatiques, on sait
qu'il a plus de risques d'être asthmatique, il y a différents paramètres
qui peuvent être prédits.
Et donc ce qu'on veut éviter, c'est cette
situation où, à la suite de la conformité où un médecin dirait : Bien, moi, je regarde mes statistiques, là, puis je suis
conforme dans mon taux d'inscription, je suis conforme dans mon taux d'assiduité, je suis conforme dans la pondération
donc, à ce moment-ci, je considère que j'ai rempli tous mes devoirs
envers l'État, et, malheureusement, les
patients qui viendraient s'ajouter, ce n'est pas de ma responsabilité, c'est la
responsabilité de l'organisation des
soins... Et, comme on est à réfléchir sur cette organisation des soins à la
lumière de ce que les gens ont vécu
comme situation difficile... Et des parents qui se sont fait dire ça, là, il y
en a beaucoup, alors il faut essayer de trouver une solution. C'est la même chose quand on disait : Les heures
d'ouverture, ce que les gens ont déploré, c'est que le samedi
après-midi, le dimanche après-midi, le samedi soir, on ne peut pas trouver un
médecin de famille ailleurs... trouver un médecin ailleurs qu'à l'urgence.
On essaie,
par ce projet de loi n° 20 là, de faire mieux que ce qu'on a. Le
médecin... le ministre a apporté de bonnes suggestions, je pense qu'il y
en a un certain nombre qui vont avoir un impact, mais ces deux enjeux-là, qui
sont des enjeux cruciaux, qui sont vraiment
des irritants importants et aussi qui ont un impact sur l'accessibilité réelle
des patients et des familles à un médecin de famille, bien, ça, on n'y
répond pas.
Alors, on
cherche une solution, et je pense que la proposition de parler d'offre de
service, ça amène une responsabilité.
Beaucoup des pénalités qui sont prévues dans le projet de loi n° 20 ou
dans l'entente sont des pénalités de nature
économique. Alors, on va baisser la rémunération du médecin de 10 %,
20 %, 30 %, mais il y a des gens qui ne sont pas si sensibles
que ça à la baisse de leur rémunération, qui disent : Moi, bien, au lieu
de faire 150 000 $, si je fais 100 000 $
puis que je fais un peu plus les choses que je veux, ça va être correct. Alors
là, ce qu'on veut s'assurer, c'est que c'est
l'ensemble d'un groupe de médecins... on ne parle pas individuellement, chaque
médecin être responsable, mais que l'ensemble d'un groupe de médecins,
sur un territoire donné, se donne la responsabilité, donc pas juste une
pénalité économique, mais une responsabilité
populationnelle, donc, d'assurer une offre de service à l'ensemble de la
population d'un territoire géographique donné.
Je pense que,
plus on pense à favoriser... On donne de beaux incitatifs pour du travail
d'équipe, mais, à travers cette équipe-là, il faut qu'il y ait de la
place pas seulement pour remplir un bon de commande avec le nombre d'actes qu'on doit faire et le nombre de patients à qui on
doit les faire, mais d'avoir une offre de service pour l'ensemble des
gens sur un territoire donné au fil des besoins de ce territoire-là. C'est
l'esprit de mon sous-amendement, M. le Président.
• (15 h 20) •
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M.
Barrette : M. le Président, effectivement, en dehors des ondes, on a
eu une excellente discussion de part et d'autre de notre table, et, bon, j'ai quand même pu faire valoir un
certain point. On comprend très bien l'idéal qui est visé par la députée de Taillon. Maintenant, je
soumettrais à la députée, là, et à tous les membres de l'opposition qu'on ne
peut pas prendre des cas de figure
d'aujourd'hui pour justifier la mise en place d'un texte qui est un idéal.
L'idéal, dans un texte de loi, en
général, on ne le met pas parce que ce n'est pas atteignable. Et, d'autre part,
le projet de loi comme tel vient corriger, là... C'est fait pour corriger les cas de figure
qui sont présentés comme arguments, utilisés comme arguments pour
justifier l'amendement. Alors, moi, je peux
assurer la population que ce texte de loi là, s'il est mis en application, va
régler des problèmes, c'est pour ça
qu'on le fait et c'est pour ça que tout le monde y travaille ici autour de
cette table, mais il ne faut surtout
pas penser que la présence ou non de ces amendements-là va changer quoi que ce
soit à la finalité, à l'impact de la loi.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Collègue de Taillon.
Mme Lamarre : ...que la loi, le fait
de travailler sur un projet législatif comme celui qu'on fait avec le projet de loi n° 20, ça vise à éviter que se
répètent les écueils qu'on a rencontrés, qui sont des écueils très concrets, et
je crois qu'on a intérêt à les
préciser, et à vraiment les confronter, puis vraiment se mettre en situation...
confronter ces écueils-là et se dire :
Comment on peut se donner des garanties un peu meilleures? Alors, on a un
processus qui resserre des règles, mais, à travers ces règles-là, le resserrement des règles ne nous garantit pas
qu'on va demander une responsabilité populationnelle au niveau des médecins. Moi, ce que je me dis à ce
moment-là, c'est qu'il faudra, à ce moment-là, prévoir que d'autres
professionnels pourront combler cette offre de service là si on ne peut pas la
demander à des médecins.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : D'ailleurs, dans la
dernière heure et... pas dans la dernière heure et demie, parce que le temps passe, là, mais, avant notre séance d'aujourd'hui,
il y a eu une longue démonstration qui montrait à quel point le cadre
que nous mettons en place favorisait le travail interdisciplinaire. Et,
peut-être, M. le Président, vous me permettrez de réitérer — et
peut-être aussi pour la population qui nous écoute — le côté particulier de la situation
actuelle, puisque, dans les derniers mois, j'ai été très fortement et
vertement critiqué de vouloir augmenter la charge de travail des médecins, notamment en faisant passer la moyenne de patients
pris en charge de 700, 750 à 1 500 pour un médecin qui ne fait pas d'hôpital, et là, aujourd'hui, essentiellement, on
propose des amendements qui ont une finalité d'aller plus loin encore.
Alors, dans le débat auquel la population du
Québec assiste actuellement, on est passés d'un mauvais projet de loi, parce qu'il était jugé excessif, à une
prise de position, en commission parlementaire, qui veut aller plus loin
que ce qui avait été jugé comme étant excessif. J'en suis très heureux parce
que ça vient valider la position que j'ai mise sur la table depuis le mois de novembre 2014 et j'ose espérer que, dans
cette session-ci, nous aurons la chance d'adopter le projet de loi, puisque, manifestement, il va au
moins suffisamment loin, puisqu'on voudrait qu'il aille encore plus
loin.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon... Collègue de Rosemont.
M. Lisée : Taillon d'abord.
Le Président (M. Tanguay) : Taillon.
Mme Lamarre : En fait, il y a
quelque chose qui reste identique par rapport à la situation actuelle, c'est
que la clé pour entrer dans le système de santé demeure l'inscription auprès
d'un médecin. Ça, ça n'a pas été changé, M. le
Président, c'est la clé. Et, si on
n'a pas cette clé-là, si on n'est pas inscrit auprès d'un médecin et si le
médecin a comblé son taux d'inscription attendu, bien, il n'y a pas de
clé, actuellement, pour les patients pour rentrer dans ce système-là, et donc on va se retrouver avec la
même situation qu'actuellement, c'est-à-dire que ces gens-là vont n'avoir
que l'urgence pour entrer. Alors, l'inscription est la clé.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : ...ce n'est pas
ça du tout, puisque — et
ça, ça a été dit à moult reprises — ce
que nous mettons en place, c'est une
loi qui vise à encadrer le travail du médecin en équipes interdisciplinaires,
mais dans un cadre qui est soit de groupes de médecins de famille, qui
sont à proximité des citoyens et des citoyennes, soit dans un intermédiaire
entre l'urgence et le groupe de médecine de famille, qui est la superclinique.
Alors, je
l'ai dit à plusieurs reprises, les gens vont s'en rappeler, la
superclinique étant un intermédiaire, un miroir de l'urgence, il a été dit clairement et à plusieurs
reprises que ce sont les endroits où on ira potentiellement
préférentiellement, là. Potentiellement, on peut aller sans rendez-vous dans
notre groupe de médecine de famille, mais, si l'accès n'est pas là, contrairement à ce que vient de dire la
députée de Taillon, l'idée ici de cette réforme n'est pas de faire en
sorte que le patient s'en aille à l'urgence, mais bien dans la superclinique,
qui aura, pour les cas mineurs, toutes les ressources nécessaires pour être
investigués et être traités sans aller à l'urgence.
Alors, c'est faux de dire qu'après le groupe de
médecine de famille le seul accès possible est l'urgence, c'est exactement le
contraire, et ça — je
pense que la députée de Taillon me le rendra — ça a été dit à plusieurs
reprises.
Le Président (M. Tanguay) : Merci.
Collègue de Rosemont.
M.
Lisée : Bien, juste sur la remarque précédente du ministre,
j'ai remarqué qu'il avait parfois une écoute sélective sur notre position sur le projet de loi. Nous
avons décrié pas la finalité du projet, c'est-à-dire d'avoir l'accès, mais
nous mettions en doute, avec énormément des intervenants qui sont venus ici,
sinon la quasi-totalité, que les moyens qu'il utilisait,
qu'il proposait allaient conduire là. Et j'ai remarqué que ma collègue de
Taillon, depuis le début, favorise une autre approche
pour arriver à la même fin, qui est l'approche populationnelle, sur laquelle
repose les amendements qu'elle dépose maintenant, c'est-à-dire qu'on devrait
plutôt partir des 8 millions de Québécois, et de voir, bien, qui va leur permettre
de voir un médecin, un groupe de médecine familiale ou une superclinique, et de
donner une responsabilité collective aux médecins et à leurs groupes de
médecins de rendre des services à cette population-là. Alors, c'est une approche
qui a été avancée par plusieurs des personnes qui sont venues nous voir en
commission parlementaire. Elle n'apparaît
pas dans la philosophie du ministre. Il veut atteindre les mêmes objectifs
autrement, et c'est ce qu'il dit, mais je vais simplement signaler qu'il y a une cohérence dans les critiques et
les propositions de l'opposition officielle depuis le début de ce
processus.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M.
Barrette : Alors, évidemment que je ne suis pas d'accord, puisque ce
n'est pas une approche que la députée de Taillon me propose, ce n'est
pas une contre-approche, au contraire, c'est d'aller dans l'approche qui est
proposée par le projet de loi n° 20,
mais d'en augmenter la sévérité de certains paramètres. C'est ça qui est en jeu
ici, pas la finalité. Ce n'est pas
une approche qui dit : On va partir des 8 millions. Les
8 millions sont la finalité, les 8 millions de citoyens qu'on
doit desservir correctement... servir correctement.
Alors,
on a la même approche actuellement. Je n'ai pas entendu ni le député ni la
députée de Taillon proposer une approche nouvelle. Ce qu'on débat, c'est
le niveau de sévérité des paramètres qui sont dans la construction du projet de loi n° 20. Et, contrairement, encore une
fois, à ce que le député de Rosemont vient de dire, ce à quoi on assiste,
c'est à une évolution de la pensée, du côté de l'opposition officielle, qui va,
dans les derniers mois, qui va aujourd'hui d'un passage des derniers mois, qui était «mauvais projet de loi» à «un
projet de loi qui semble manifestement aller dans la bonne direction», puisqu'on veut en accroître la
sévérité de certains paramètres. Et c'est très bien, moi, j'en suis très, très,
très fort aise, mais ce n'est certainement pas une nouvelle approche.
Le Président (M. Tanguay) :
Collègue de Rosemont.
• (15 h 30) •
M.
Lisée : ...a parfaitement illustré ce que je voulais dire par «écoute sélective». Évidemment,
de son point de vue, toute modification qu'on fait à son projet de loi
apporte de la sévérité à ce qu'il avait déjà. De notre point de vue, on essaie d'introduire une autre approche dans son
projet de loi. Évidemment, si on l'avait écrit, on l'aurait écrit
autrement. Et je comprends pourquoi il
trouve que c'est un peu bancal : on essaie d'introduire une partie de
notre approche dans une autre approche.
Il ne le voit pas, je ne le lui reproche pas. Je comprends qu'il est dans sa
logique et qu'il voit mal comment notre logique est une logique différente. Il voit seulement l'impact de notre
tentative d'introduire un peu de responsabilité et d'imputabilité
populationnelle à l'intérieur d'un projet de loi qui, lui, approche la question
par des mécanismes de contrôle du travail des médecins.
C'est
une approche qui est différente. S'il ne la voit pas, ce n'est pas plus grave
que ça, mais reste que, dans le travail que nous faisons de tenter de
corriger le projet de loi qu'il nous apporte — et c'est bien parce qu'on le
trouve imparfait qu'on essaie de le corriger — il
nous semble que de dire à la population : a, que le projet de loi vise à
garantir une amélioration, ça nous semblait normal; deux, qu'il assure des
services de soir et de fin de semaine, ça nous apparaît normal; et de faire en sorte qu'aucun citoyen d'un territoire donné ne
peut se voir refuser des services par les médecins du territoire, qu'ils
soient en GMF, en cabinet ou en superclinique, d'ailleurs, hein... une approche
populationnelle, qu'il ne puisse y avoir
aucun cas de figure où, sur les 68 heures prévues, un patient ne puisse
pas être inscrit, ne puisse pas être vu
parce qu'il n'y a pas un médecin qui décide de le prendre parce qu'il a fini...
Et même en particulier le cas de fratrie que la députée de Duplessis et la députée
de Taillon amènent nous conduit à
penser qu'on devrait spécifiquement interdire à un médecin de faire un
refus de voir la fratrie. On parle du point de vue populationnel. Le ministre
dit : On va tout faire ça autrement,
faites-nous confiance. Mais lui-même nous dit souvent que, comme il n'a pas confiance
en la nature humaine, il prévoit des sanctions importantes, alors, là-dedans,
nous sommes en convergence. Et voilà. Mais, bon, je comprends qu'il n'est pas ouvert à ce qu'on mette ces évidences-là dans
les objectifs de ce qu'est un projet important pour réformer la santé de
façon explicite, je le constate, alors on peut simplement procéder.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. M. le ministre.
M.
Barrette : M. le Président, je n'ai pas le choix de faire quelques commentaires additionnels parce
qu'un des grands talents qu'a le député de Rosemont est de construire un
argumentaire sur ses propres interprétations et d'en faire des axiomes. Alors, le projet
de loi va faire ce que le député de
Rosemont veut faire, mais le député de Rosemont, lui, voudrait introduire des textes extrêmement rigides, et je vous dirais qu'il peut le faire parce que le député de Rosemont, lui, jouit d'un luxe
que nous n'avons pas de ce côté-ci de la Chambre, c'est-à-dire le luxe d'aller
plus loin que ce qui est raisonnable légalement... devrait permettre à un législateur,
ce qui fait en sorte que nous, on se retrouve dans une position de prévention face aux exagérations que pourrait
mettre de l'avant... pour un discours à portée populaire que
l'opposition pourrait avoir. On n'a pas le choix, nous, de faire ça, d'être
prudents sur le plan législatif.
D'ailleurs, du côté
de l'opposition, on est habitués à avoir des approches qui, parfois, sont d'un
autre ordre. Ce à quoi le député de Rosemont
nous invite, évidemment, c'est à une société beaucoup plus directive. Alors, il
y a des gens qui disent qu'une
dictature, c'est très bien lorsque le dictateur est éclairé. On a vu cette
pensée-là bien développée par le
député de Marie-Victorin à l'automne 2013 dans des réglementations ou les
lois qu'il a pensé mettre en place. Et je maintiens qu'il faut quand
même être prudents lorsqu'on légifère et faire en sorte que les textes de loi
que l'on écrit soient mesurés et soient cohérents avec le corpus législatif du
Québec, la Charte des droits, et ainsi de suite.
Alors,
je comprends ce que dit... et l'absolu que visent le député de Rosemont, la
députée de Taillon, le député de Duplessis,
le député de Richelieu, mais cet absolu-là, là, parfois... Et, on le sait tous, hein, les absolus, dans les sociétés
ont — et
l'histoire l'a compris — amené
à des dérapages et à des situations qui étaient très discutables, et parfois
très dommageables, et parfois très
négatives. Alors, nous avons le devoir d'être prudents et c'est essentiellement les raisons pour lesquelles
nous choisissons aujourd'hui de ne pas aller de l'avant avec ces sous-amendements-là.
Non pas parce qu'on est contre
l'absolu, on est tous pour l'idéal, on a tous des idéaux, mais on sait tous que
les idéaux ne sont pas atteignables, d'une
part, et ceux qui empruntent le chemin de l'idéal parfois tombent en quelque
part et se blessent, et c'est ce qu'on ne veut pas pour la population au
Québec.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Rosemont, toujours, amicalement, en vous mentionnant que, si d'aventure vous
aviez des commentaires additionnels sur les dérives autoritaires en Occident au
XIXe siècle, peut-être de limiter ça à quelques secondes, je vous prie.
Mais vous m'auriez dit à ce moment-là que c'était en réplique à ce
qu'avait dit le ministre, alors... Mais je vous demanderais, parce que peut-être
que je présume trop, de peut-être se limiter au strict minimum, si possible.
M. Lisée : Oui, O.K.
M. Barrette : M. le Président,
j'avais promis que, dans la séance aujourd'hui, je laisserais le dernier mot à
l'opposition, alors je le leur laisse maintenant et je leur laisse même
l'exprimer.
Le Président (M. Tanguay) : Il sera
à vous.
M. Lisée : Très
bien. Je n'aurai pas besoin, M. le Président, de me rendre au XIXe siècle, on a plein d'exemples de
dictateurs non éclairés au XXe siècle. Mais, non, simplement pour noter
que... Je pense que le genre d'absolu que l'opposition officielle essaie
d'atteindre me semble absolument réfractaire à toute dérive. D'obliger un GMF à
ne pas fractionner une fratrie, par exemple, il me semble que c'est un idéal atteignable dans le monde imparfait
dans lequel nous sommes. Faire en
sorte que, sur un territoire donné, les GMF et la superclinique offrent de
façon ordonnée par la loi un service
cinq soirs par semaine et deux demi-journées en fin de semaine, c'est un genre
d'idéal qui me semble atteignable dans la société imparfaite que nous
connaissons, de la même façon que de dire que l'ensemble de cette opération doit
garantir une amélioration des services, ça
me semble un idéal atteignable. On aurait pu en fixer de bien plus vastes si
on avait voulu être déraisonnables.
Je suis finalement
content que le ministre soit intéressé par l'idée du dictateur éclairé parce qu'une des choses qu'on a beaucoup
reprochées au projet de loi précédent, qui a été adopté sous bâillon, comme
vous le savez, c'est le cumul inégalé,
inédit de pouvoirs entre les mains du ministre actuel de la Santé. Alors, notre
seul espoir maintenant, c'est que cette personne soit éclairée. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre, je comprends que je cède maintenant la parole au collègue de
Richelieu?
Une voix : ...
Le Président (M. Tanguay) : Oui.
Oui, oui, merci. Collègue de Richelieu.
M.
Rochon : L'objectif du
sous-amendement, M. le Président, c'est qu'il n'y ait pas d'exclus, une fois
atteints les objectifs du ministre, une fois le 85 % atteint, qu'il n'y
ait pas de porte qui se ferme, qu'il n'y ait pas de fin de non-recevoir. Et j'observe que c'est à cet objectif
que le ministre refuse d'adhérer, en tout cas sur papier parce que,
verbalement, il adhère à ça. Je l'ai entendu dire que toute l'opération visait
à servir correctement les 8 millions de Québécois.
Alors, le sous-amendement, qu'est-ce qu'il
propose? C'est une offre de service à l'ensemble de la population d'un territoire géographique donné. Je ne
comprends pas la résistance du ministre. Il ne devrait pas résister, il devrait
aller dans ce sens-là, il devrait même applaudir, il devrait dire : On se
comprend.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : Non, non, je n'ai rien
à rajouter, M. le Président, j'ai vraiment dit ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Tanguay) : Ah!
merci beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions? Collègue de Taillon.
• (15 h 40) •
Mme
Lamarre : Oui, peut-être pour clore, dans le fond, cette
intervention-là, simplement rappeler que l'approche de pratique avec les groupes de médecine
familiale, c'est une approche qu'on a choisie, au Québec, qui a tout le
potentiel pour donner de bons résultats, et c'est une approche que nous
cautionnons également.
Maintenant,
on doit lucidement regarder qu'est-ce qui s'est passé dans les 13 dernières
années avec ce modèle-là, et on est à
un moment assez exceptionnel, où, la semaine dernière, la Vérificatrice
générale nous a déposé un rapport qui fait état de ce bilan. Et, quand on instaure quelque chose de nouveau sur
13 ans, on peut se dire : On prend un cinq, six ans pour créer
le modèle, le rendre attrayant, le rendre intéressant pour les médecins, c'est
une transition, on prend quelques années pour que la population comprenne bien l'enjeu puis comment on va
se servir, tout ça. Mais là on est à l'an 13, on s'en va vers l'an 14 de ce modèle-là et on a
un rapport qui est... qui nous pointe certains écarts de ce modèle-là, et ce
rapport-là, il nous dit clairement qu'il y a
des choses qui doivent être corrigées, et une des recommandations de la
Vérificatrice générale, c'est : le
ministère ne précise pas le volume de service à offrir par plage horaire, par
jour, par semaine, par année, le
nombre de visites. On nous dit qu'on a plusieurs éléments où on n'a pas été
capables de démontrer que les ententes qui avaient été prises ont été
respectées : «Les ententes avec les GMF ne prévoient pas d'obligation pour
les médecins de prendre en charge les
personnes inscrites au guichet.» Donc, même les inscrites, on n'a pas eu... on
n'a pas été capables de trouver les leviers pour que les médecins les
prennent en charge.
On comprend, dans ce
que le ministre a déposé, qu'il y a des leviers supplémentaires pour la prise
en charge de personnes inscrites au guichet,
mais on n'est pas sûrs du tout... parce que, quand on l'a créé, ce modèle-là,
on a créé un modèle où il y avait
68 heures d'assurées et où il y avait un nombre très précis de patients à
inscrire. C'était clair, là, c'était deux conditions. Ces conditions-là,
elles devaient être faciles à vérifier, et on se rend compte, au bout de
13 ans, qu'il y a eu beaucoup, beaucoup
de dérives. Et, un peu comme avec la fécondation in vitro, je pense que ce
que ça nous indique, c'est qu'il faut
surveiller régulièrement nos mécanismes de contrôle qu'on prévoit parce que, quand
on attend au bout de cinq ans ou 10 ans pour les mesurer, on se
retrouve dans des situations difficiles.
Mais
juste dire tout ce qu'on a fourni — et je le dis de façon positive — aux GMF, au modèle GMF pour que ça fonctionne : on a donné 85 millions de
dollars, on a donné... à chaque année, on donne... 85 millions par année,
130 000 $ de récurrent par année en
professionnels, donc deux infirmières cliniciennes. On a informatisé ces... On
a payé l'informatisation — moi, je le sais, là, en pharmacie, il
faut que je la paie, mon informatisation, alors il y a des frais importants là-dessus — donc, informatisation, lien avec le DSQ et
le lien avec le dossier médical électronique. On s'apprête à ajouter d'autres professionnels, on se réjouit
de ça, mais il y a des coûts aussi qui sont associés à ça. On a donné
une rémunération de 60 000 $ pour
la supervision d'une infirmière praticienne spécialisée, 30 000 $
pour le local, 30 000 $ pour la supervision.
Là, on s'apprête à
dire : On va aussi développer un autre modèle de superclinique, et on a vu
que le ministre s'apprête à donner
16 millions de dollars pour une première superclinique. Il en a promis 50.
50, c'est à la fois beaucoup et peu
parce que 50, ça veut dire qu'il y a beaucoup de territoires qui n'en auront
pas parce qu'une des conditions, c'est que ça prend au moins 50 000 habitants pour qu'on ait une superclinique.
Donc, il y a beaucoup de gens qui n'en auront pas, et ceux qui vont en
avoir, bien, il y a des coûts.
Donc,
on investit dans un modèle GMF, GFM réseau, on y met beaucoup d'argent et
d'énergie et on constate, après 13 ans,
qu'on n'a pas les résultats attendus. Le ministre nous dit qu'il a une formule
améliorée, puis on est portés à penser qu'il
y a des améliorations, effectivement, dans la formule qu'il propose, mais il y
a toujours cette non-assurance que la vision...
On est dans une perspective populationnelle. Qui va se sentir responsable de
prendre en charge tous les patients d'un
territoire si le modèle dans lequel on a travaillé avec les GMF et les
cliniques-réseaux, on ne leur demande pas ça? Qui va le faire? Qui va témoigner au nom des patients qui vont se
retrouver encore sans médecin de famille? C'est ça qu'on est en train
d'essayer de trouver. Et par le sous-amendement où on fait tout simplement dire
qu'on demanderait qu'il y ait une offre de
service qui garantisse à l'ensemble d'un groupe de patients, de citoyens d'un
territoire d'être couverts moi, je
pense que ça va tout à fait dans l'esprit de dire : On prend acte de tout
ce qu'on a donné, de ce qu'on a reçu, mais de l'écart entre les deux, et
on s'assure qu'on ne fera pas les mêmes erreurs.
Et, quand le ministre
parle d'absolu, moi, je vous dirais que pour les gens ça s'apparente
probablement au gros bon sens. Le gros bon
sens, c'est de dire : La population d'un territoire, elle devrait être
assurée de pouvoir trouver des services;
dans une même famille, on ne devrait plus jamais avoir à se faire dire qu'un troisième enfant ne peut pas
être pris en charge par un médecin parce qu'il a atteint son nombre d'inscriptions.
Et les soirs, les fins de semaine, est-ce qu'on peut être sûrs d'avoir des médecins, avoir accès à des
médecins de famille pour éviter le recours à l'urgence, qui nous coûte
très cher. Ce sont des solutions simples,
des solutions de gros bon sens qui m'apparaissent être vraiment quelque chose
que la population reconnaît comme quelque chose qui lui manque actuellement et
à laquelle elle pense qu'elle a, je pense, avec raison, droit.
Alors, ça termine mon intervention sur le
sous-amendement, puis je pense qu'on peut passer au vote, M. le Président.
M.
Barrette : ...M. le Président, évidemment, je voulais laisser le
dernier mot au député de Rosemont... global...
Une voix :
...
M. Barrette :
Non, mais c'est parce que je n'aurais pas commenté s'il n'y avait pas eu... si
la façon de conclure avait été un petit peu
différente, M. le Président. Alors, je le répète, là, je vais le répéter parce que
je pense que c'est important pour la population qui nous écoute : Ce projet de loi là, là, il a été décrié par l'opposition, et là aujourd'hui
on veut aller plus loin que le projet de loi. Alors là, c'est quand même quelque
chose d'extraordinaire, là. Et, à ma
grande surprise... Et j'invite, là,
les gens qui nous écoutent à envoyer des courriels, tweeter, aller sur Facebook,
là. Quelle était la proposition du
Parti québécois, pendant les 18 mois qu'ils ont été au
pouvoir, pour régler les problèmes en première ligne? On n'a, personne, rien entendu. Nous sommes — je
suis — les
premiers à avoir proposé quelque
chose qui a été décrié comme
étant trop agressif, et là aujourd'hui, là, on le critique comme ne l'étant pas
assez. C'est quand même quelque chose d'extraordinaire.
Je laisse ça à la réflexion des gens, là. Et, s'il y a un autre chemin — parce qu'on me dit qu'on propose des choses puis on ne les accepte pas — s'il y a autre chose que le projet de loi
n° 20 que l'opposition voudrait proposer, bien c'est peut-être le temps, là. Il n'y a rien eu
pendant 18 mois, puis là on est là, on fait quelque chose, c'était
épouvantable; là c'est correct, puis il faudrait faire plus. En tout cas, moi,
je suis content quand même qu'on aille dans notre sens, j'en suis très heureux,
mais je tiens à rassurer la population, là, ce que l'on fait va résoudre les
problèmes.
Et je vais prendre le dernier cas de
figure. Dans les paramètres que l'on met, M. le Président, là, prendre le
frère ou la soeur, c'est une bénédiction du
ciel, et c'est sûr que les médecins vont le faire parce que ce sont des
patients qui, par définition, n'ont
pas à voir le médecin souvent. Ce n'est pas une charge vraiment supplémentaire,
alors c'est un bénéfice pour les
médecins d'inscrire ce genre de patient là. Alors, vous voyez, M. le Président,
même l'exemple qui est pris, il est politiquement spectaculaire dans les
relations publiques, et c'est sans réaliser que, pour le médecin, c'est
alléluia, là. Si un médecin, là, a des
patients à inscrire, je peux vous garantir qu'il va inscrire les frères et les
soeurs parce que, quand on a huit
ans, sept ans, trois ans, deux ans, là, ce n'est pas des patients qui sont très
lourds à suivre, vous comprenez? Je suis sûr que la population qui nous
écoute comprend.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci beaucoup. Collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Bien, écoutez, moi, dans mon quotidien, on les a accueillis,
ces patients-là. Peut-être que ça n'a pas
été tout à fait le quotidien du ministre, mais le quotidien des gens qui
travaillent auprès de la population, même ceux dans nos conversations de fin de semaine, là, quand on n'est pas dans un
circuit où on peut facilement avoir un médecin qu'on connaît, bien, ce sont des situations que tout le monde a
entendues. Tout le monde connaît quelqu'un à qui ça s'est produit. Quand on est un citoyen ordinaire, on a
tous des gens qui se sont fait répondre ça. Et on est ici non pas pour
rendre le projet de loi n° 20 plus dur ou plus sévère, on est ici pour
l'améliorer, pour le rendre meilleur, pour le rendre plus à l'écoute de ce que la population demande. Et
évidemment le ministre nous dit que ce que vous, vous auriez fait...
Alors, moi, je n'y étais pas, mais je peux
vous dire qu'aujourd'hui on est obligés de travailler avec le modèle que le
ministre nous propose, qui est un modèle qui
peut avoir des qualités, mais qui avait certainement, au niveau des quotas,
parce qu'il a été décrié par énormément de personnes, énormément de
défauts. Le ministre d'ailleurs, il a répondu assez... a entendu ce qu'on
demandait puis a concédé que...
M. Lisée :
Parfois, parfois.
• (15 h 50) •
Mme Lamarre :
Oui, parfois, parfois, mais il a fait quand même des concessions et il a répété
souvent que tous les travaux en commission parlementaire, c'était justement pour bonifier son projet de loi, qui était presque parfait, mais pour lequel il avait peut-être...
M. Lisée :
Disait-il, disait-il.
Mme
Lamarre : ... — disait-il — quelques
éléments perfectibles, et on en a évoqué plusieurs. Et le ministre a reconnu qu'au niveau des soins palliatifs le premier modèle n'était pas
adéquat, qu'au niveau des interruptions volontaires de grossesse il y avait des risques de dérive, au
niveau de la toxicomanie, au niveau des patients VIH-sida, au niveau des
soins à domicile... Mais, tant mieux, on est là pour le bonifier. Mais, à ce
moment-ci, il ne peut pas nous reprocher de témoigner
de ce que les gens trouvent anormal dans le système et de ce qui pourrait
encore faire en sorte qu'on le bonifie. Ce n'est pas parce qu'on veut être plus sévères, on veut juste trouver les
meilleurs moyens pour donner les garanties à la population que ce qu'elle a eu
comme mauvaises expériences dans le système
de santé depuis les 10 dernières
années, ça ne se reproduise plus. Parce qu'on se rend compte que toute réforme
est coûteuse, coûteuse au niveau économique, au niveau énergie professionnelle,
au niveau réorganisation des soins, et tout ça, on espère qu'ultimement ce qui
est le gros bon sens — c'est-à-dire qu'on ne devrait pas avoir à se battre autant que ça juste pour avoir
accès à un médecin de famille, ça
devrait être quelque chose de normal — bien,
qu'on y arrive avec le plus d'assurance, de certitude possible. C'est ce à quoi nous travaillons, c'est ce à quoi
mes collègues et moi, on travaille, et je pense que nos demandes sont
légitimes et qu'elles vont dans ce sens-là.
Et
je comprends bien que le ministre a une vision, qu'il a travaillé, et on doit
reconnaître qu'il y a eu du travail dans
ce qu'il a présenté, mais que les garanties, les deux garanties qu'on a
évoquées jusqu'à maintenant, celle d'avoir de la disponibilité soirs
et fins de semaine et celle d'avoir également une responsabilité
populationnelle sur un territoire donné, on
n'aura pas les garanties pour la population que ça, ce sera meilleur. On jugera dans deux ans
et demi. Mais ce qui est anormal, c'est que, même dans deux ans et demi,
c'est ce projet de loi là qui va s'appliquer, alors on aurait voulu lui donner un petit peu plus de rigidité,
un petit peu plus de garanties qu'il va répondre aux constats
que la population fait. Le ministre
nous propose un chemin différent dans son entente avec la FMOQ, et ça, on n'a
pas de contrôle dessus, alors c'est
sûr qu'on laisse aller, mais, sur le projet
de loi n° 20, on se dit : Bien là, si, après deux ans et demi
supplémentaires, on n'a toujours pas eu ce qu'on voulait, il nous semble
raisonnable de prévoir déjà que ces aspects-là qui ne sont pas précisés dans
l'entente vont au moins être là dans le projet de loi n° 20 si le ministre
doit l'appliquer en janvier 2018.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M. Barrette :
M. le Président, moi, je vais terminer là-dessus, là. C'est un projet de loi
qui est ce qu'il est, là. Ce n'est pas un
projet de loi qui vise à mettre les médecins à la retraite non plus, là. Là, on
est là. Je pense qu'on a fait le tour du sujet, en tout cas certainement
de l'amendement. Alors, je suis prêt, moi, personnellement, à aller au vote.
Le
Président (M. Tanguay) : Y a-t-il d'autres interventions sur le
sous-amendement déposé par la collègue de Taillon sur l'amendement à
l'article 4? Non, je n'en vois pas. Alors, nous allons maintenant le
mettre aux voix.
Le Secrétaire : ...
Le Président (M. Tanguay) :
L'article 3, oui. Merci, M. le secrétaire, vous avez raison. Alors, le
sous-amendement est-il adopté?
Mme Lamarre :
Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Un appel par vote nominal. M. le secrétaire.
Le Secrétaire :
Oui. Donc, pour, contre, abstention. Mme Lamarre (Taillon)?
Mme Lamarre :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Lisée (Rosemont)?
M. Lisée :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Richard (Duplessis)?
Mme Richard :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Rochon (Richelieu)?
M. Rochon :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Barrette (La Pinière)?
M. Barrette :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Plante (Maskinongé)?
M. Plante :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Bourgeois (Abitibi-Est)?
M.
Bourgeois : Contre.
Le Secrétaire :
M. Giguère (Saint-Maurice)?
M. Giguère :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Simard :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Boulet (Laviolette)?
Mme Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Soucy (Saint-Hyacinthe)?
Mme Soucy :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Tanguay (LaFontaine)?
Le Président (M.
Tanguay) : Abstention.
Le Secrétaire :
Rejeté.
Le Président (M.
Tanguay) : Alors, le sous-amendement est rejeté.
Nous
revenons donc à l'objet du débat, à l'amendement à l'article 3 intégré
dans l'article 1 par le ministre. Y a-t-il des interventions?
Collègue de Rosemont.
M.
Lisée : M. le Président, simplement vous signaler que je devrai
vous quitter parce qu'on a une soirée hommage à M. Parizeau ce soir
à Montréal, et donc je m'arrache à vous avec tristesse, mais c'est pour la
bonne cause.
Le
Président (M. Tanguay) : Oui, merci beaucoup.
Y a-t-il, donc, des
interventions sur l'amendement du ministre avant... Si je n'en ai pas,
évidemment je le mettrai aux voix. Alors, y a-t-il... Oui, collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Un sous-amendement, M. le Président, et, cette fois-ci,
c'est un peu plus global, peut-être que le ministre va tendre l'oreille. Nous avons eu, à l'occasion de ces
démarches au niveau du projet de loi n° 20, le privilège, là, d'avoir les orientations réglementaires du
ministre. Et il nous a déposé la semaine dernière une version modifiée
des orientations réglementaires, et on se rend compte que, dans le projet de
loi n° 20, les orientations réglementaires sont importantes pour bien
saisir la portée du projet de loi n° 20, qui est plutôt générale, mais,
quand on le lit à la lumière des orientations réglementaires, on comprend bien.
Alors,
mon sous-amendement... Et tantôt je l'ai vérifié avec le ministre par rapport
au... En tout cas, il semble avoir une ouverture à partager les
orientations réglementaires. Est-ce qu'on peut avoir un sous-amendement? Et je
le lis comme suit : Article 1
(article 3) : Modifier l'amendement à l'article 3, introduit par
l'article 1 du projet de loi, en ajoutant, à la fin de l'article,
l'alinéa suivant :
«Tout règlement
découlant du présent article sera soumis pour étude et approbation aux membres
de la commission parlementaire de la santé et des services sociaux.»
Puisque, dans le
cadre... Alors, je peux déposer.
Le
Président (M. Tanguay) : Merci. Oui, alors, nous allons en faire des
photocopies. M. le ministre, est-ce que vous préférez que l'on attende
le texte? Sinon, on peut commencer le débat.
M.
Barrette : Bien, je peux commencer le débat, là. C'est parce qu'on
parle ici d'un précédent. Là, c'est quelque chose qui, dans mon
expérience, ne semble pas se faire, et on me confirme que ce n'est pas le genre
de chose qui se fait. Du moins, vous
êtes mieux placé que moi, M. le
Président, là, pour faire...
commenter, mais je ne vous demanderai pas de commenter, là. D'abord, ce
n'est pas un amendement, là, ça, là.
Le Président (M.
Tanguay) : Alors, je vais suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 57)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M.
Tanguay) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Collègues, nous allons
reprendre nos travaux.
Décision de la présidence sur la recevabilité d'un
sous-amendement
Alors, on nous
indique, au secrétariat, après vérification donc, que je me dois de déclarer
irrecevable le sous-amendement sur la base qu'il élargit trop et introduit un
nouveau débat ou une nouvelle nature de débat dans le contexte de l'amendement du ministre. Alors, le sous-amendement de la collègue
de Taillon est irrecevable parce
qu'il élargit trop la portée. Là, on sait qu'un amendement
doit se rapporter à l'article, et, de façon plus pointue, un sous-amendement doit se rapporter à
l'amendement auquel il est rattaché.
Alors,
ceci dit, mettons de côté, chers collègues, ce sous-amendement. Et je crois
que, collègue de Taillon, vous avez également une autre intervention sur...
Nous revenons donc à l'objet du débat qui est l'amendement du ministre à
l'article 3. Avez-vous des commentaires à cet effet-là ou d'autres éléments à
nous proposer?
Mme
Lamarre : Oui, M. le Président. Je vous remercie et je remercie l'équipe de recherche d'avoir
réussi à trouver cette information, et je pense que vous avez eu un
grand impact aussi dans, donc, cet avis rapide.
Simplement
sur le fond, par contre, je veux rappeler que le principe, qui avait été
un peu contesté, du fait d'avoir accès à des règlements à l'intérieur
d'une loi, il y a des précédents. Rapidement, là, nous aussi, notre équipe
s'est affairée, et on a découvert... On a tout de suite trouvé, en tout cas, au moins deux exemples où... par exemple, le Règlement sur le Service de référence de main-d'oeuvre de l'industrie
de la construction et la lettre de la Commission de la construction demandant un délai d'application de ce règlement. Le
15 novembre 2012, Mme Maltais déposait le règlement, donc
c'est quelque chose qui est possible, de déposer un règlement dans un processus
d'étude d'une loi et, lorsque le règlement a une grande portée, de pouvoir y
avoir accès. Et beaucoup plus récemment encore, le 5 mai 2015, on a également... Alors, M. Bédard a fait un
commentaire : «Alors, conformément à l'article 76 de la Loi éliminant le
placement syndical et visant l'amélioration
du fonctionnement de l'industrie de la construction — donc, cette fois-ci, on est dans la
loi n° 43 — je
fais motion pour que le Règlement sur le Service de référence de main-d'oeuvre
de l'industrie de la construction soit déféré pour étude à la Commission de
l'économie et du travail.»
Donc, il est
possible, dans le cadre de l'adoption d'un projet de loi, d'inclure l'étude
d'un règlement. Comme on avait enlevé le mot
«approbation», le mot «étude» étant le seul qui était là, donc c'est la preuve
qu'on peut le faire si on le veut. Et
donc je m'excuse, j'ai dit Mme Maltais, mais elle était ministre
à ce moment-là, donc je n'aurais pas dû utiliser ce terme-là. Mais j'entends que, sous la forme
d'un sous-amendement, c'est irrecevable, et je pourrais le représenter
sous forme d'article. Alors, je me
réserve la possibilité de le faire un peu plus tard, lors de l'étude article par article de ce projet de loi là. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci beaucoup. Alors, l'objet du débat est, chers collègues,
l'amendement à l'article 3 intégré à l'article 1, l'amendement du ministre. Y a-t-il des interventions sur cet amendement?
Oui, collègue de Taillon?
Mme Lamarre : J'aurais un amendement.
En fait, là encore, je vais faire appel à votre expertise. J'ai un sous-amendement à présenter par rapport aux cibles. Est-ce que je peux avoir... On
peut suspendre pour deux minutes ou juste...
Le Président (M. Tanguay) : Oui.
Nous suspendons pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 30)
(Reprise à 16 h 42)
Le
Président (M. Tanguay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Chers collègues, je vais maintenant
céder la parole à notre collègue de Taillon qui nous présente un sous-amendement.
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'aimerais présenter un sous-amendement à l'article 1 (article 3) :
Modifier l'amendement à l'article 3, introduit
par l'article 1 du projet de loi, par l'ajout, à la fin du premier paragraphe,
des mots suivants — donc, premier paragraphe étant le paragraphe
qui a le 1° devant et non pas le premier alinéa, premier paragraphe : «, sans obligation d'en suivre un
nombre maximal ou de respecter un plafond en fonction d'activités
cliniques».
Le Président (M. Tanguay) :
Voulez-vous... Merci.
Mme Lamarre : Il y avait une virgule
avant «sans obligation».
Le Président (M. Tanguay) :
Avez-vous des commentaires additionnels pour nous le présenter?
Mme Lamarre : Oui. En fait, il
faudrait le remettre dans le contexte du paragraphe au complet. Si vous me permettez, je vais le lire. Alors, ce que ça nous
dit, ça dit : «1° Assurer, individuellement ou avec d'autres médecins
au sein d'un groupe de médecine de famille,
le suivi médical d'une clientèle constituée d'un nombre minimal de
patients, sans obligation d'en suivre un nombre maximal ou de respecter un
plafond en fonction d'activités cliniques.»
Alors, tout
au long de l'étude du projet de loi n° 20, on a accueilli plusieurs
dizaines de groupes et, lorsqu'on a essayé
de cibler des activités cliniques particulières ou ce qui était également ciblé
comme des types de clientèle, on se rendait
compte que, quand on essayait de faire un maximum de patients, on modifiait
beaucoup la capacité de certains médecins avec des expertises de
s'investir complètement dans le service de ces patients-là. Et on se rend
compte qu'il y a certaines activités qui ont
été déplacées par le ministre de types de clientèle. Types de clientèle, je
vous donne un exemple : une
personne non vulnérable, toute personne qui n'est pas visée, alors, on se
souvient, ça valait 0,8 au lieu d'un; une personne vulnérable, tout
patient reconnu vulnérable, ça valait un; une personne particulièrement
défavorisée socialement, deux pour un; des
problèmes de toxicomanie, VIH-sida, troubles dépressifs majeurs, douleurs
chroniques, ça vaut deux patients pour un; une femme enceinte, ça en vaut
trois. Donc, ça, c'était la section Type de clientèle.
Et il y a une autre section qui, elle, concerne
des activités cliniques particulières. Alors, dans certains cas, on a retiré des groupes de clientèle, si on peut
dire, pour les mettre dans la section Activités cliniques. C'est comme ça
qu'on a déplacé les soins palliatifs à
domicile, par exemple, et les interruptions volontaires de grossesse, parce
qu'on se souvient que ça faisait quand même problème dans la mesure où
le fait d'imposer un maximum, par exemple, d'avortements à un médecin ou un maximum de patients en soins
palliatifs, ça venait vraiment changer la perspective de pratique pour
des pratiques qui, dans certains cas,
nécessitent une forme d'expertise ou tout simplement un choix de médecin. Ce ne sont pas tous les médecins qui
veulent faire des avortements, ce ne sont pas tous les médecins qui veulent
faire des soins palliatifs. Alors, quand on en a qui choisissent cette façon
de faire là, eh bien, de leur mettre un maximum, ça faisait en sorte que ce médecin, qui était dédié aux
soins palliatifs, devait... par exemple, sur son 1 500 patients,
était autorisé à en prendre 1 008 en soins palliatifs, mais il devait en
trouver 492 qui n'étaient pas en soins palliatifs. Et, clairement, les médecins
qui étaient ici sont venus nous dire : Écoutez, ça ne fonctionne pas. Moi,
j'ai développé une expertise à la demande
d'une équipe de soins palliatifs. Je fais des consultations, j'offre différents
types de services, je prends en charge un
nombre de patients, mais, quand vous me mettez un maximum de patients, ça fait
en sorte que je vais devoir retourner me former pour exercer une formation générale pour être capable de prendre
des patients qui ont du diabète, ou de l'hypertension,
ou des maladies chroniques que je n'ai pas eu à traiter dans la perspective
d'un patient avec une maladie chronique, mais que, si je les ai vus avec
ces maladies-là, c'était dans une perspective de soins palliatifs.
Donc, le fait
d'ajouter le sous-amendement, donc de ne pas inclure... on inclut un nombre
minimal de patients, ça, on conçoit
que ce soit dans l'esprit du projet de loi n° 20 tel que le ministre l'a
planifié, l'a réfléchi, mais l'obligation d'en suivre un nombre maximal ou de respecter un plafond en fonction
d'activités cliniques, ça nous apparaît vraiment, dans certains cas,
même diminuer l'accès puisqu'on a des médecins qui ont des expertises plus
rares, plus exceptionnelles. Et le fait de leur imposer un nombre maximal qui ne correspond pas, dans
le fond, à l'ensemble du nombre de patients qu'ils vont devoir prendre
ferait en sorte que ces médecins-là auraient moins de disponibilité encore pour
des besoins auxquels ils sont peut-être les
seuls à pouvoir répondre. En soins palliatifs, on ne peut pas s'improviser un
médecin en soins palliatifs si on n'en a jamais fait ou, si on faisait
de l'obstétrique, on... Ce sont rarement les deux choix que les médecins
choisissent, de faire l'obstétrique et des soins palliatifs, par exemple.
Alors, dans
ce contexte-là, il nous semble que d'abolir le nombre maximal en fonction
d'activités cliniques serait dans le
respect des commentaires qui ont été émis, des questions qu'on a posées au
salon bleu et des réactions qui ont été engendrées à la suite de ces
démarches-là.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. M. le ministre.
M. Barrette : M. le Président, juste
pour informer la députée de Taillon, là, il ne faut pas confondre certaines limitations dans la comptabilité de certains
patients pour une atteinte, les pondérations, et un nombre maximal de
patients, là. Il n'y a pas ce type de plafond là, d'une part
D'autre part,
il y a, dans certaines activités, potentiellement des plafonds, et là, à ce
moment-là, on ne pourrait pas mettre
ça, là. On sait que l'on veut que les gens aillent moins à l'hôpital. Alors, on
pourrait dire à une certaine catégorie de médecins de faire un maximum
d'heures à l'hôpital — ça
serait un plafond — pour
que ça soit en cabinet. Alors, je comprends
que la députée veuille faire en sorte qu'il n'y ait pas de contrainte ou
d'empêchement à un médecin, dans les règles
et dans la loi, pour voir un certain nombre de patients, mais actuellement on
parle d'un nombre minimal. Alors, par définition,
implicitement, «nombre minimal», ça n'a pas de plafond. Et il n'y a pas de
plafond dans le nombre de patients dans
le projet de loi, d'une part. Et même que, dans la nouvelle version, là, dont
je pense que l'opposition n'a pas eu copie, on prévoit même que le DRMG
pourra de manière exceptionnelle permettre une reconnaissance de patients
inscrits au-delà d'un maximum autorisé dans le cas où il y a une comptabilité
particulière. Mais actuellement c'est une reconnaissance, ça, ce n'est pas une
question de frein à l'accès aux patients.
Maintenant,
là, on retombe dans la problématique ou la dynamique des quotas qui visent à
faire en sorte qu'on enlève... on
empêche les niches, sauf sur autorisation. Alors, tant du côté du nombre, où,
implicitement, il n'y a pas de nombre
maximal, ça n'existe pas dans le projet de loi, tant que, dans la catégorie les
heures à l'hôpital — ça, ça
pourrait arriver, mais c'est ce qu'on veut — on ne peut pas mettre ça,
parce que, là, ça vient dénaturer le projet de loi.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
• (16 h 50) •
Mme
Lamarre : Bien, le ministre a raison de dire qu'il n'y a pas de
maximum prévu dans la loi, mais, dans les orientations réglementaires,
il y en a plusieurs, maximums qui sont prévus.
M. Barrette : Par exemple?
Mme Lamarre : Pardon?
M. Barrette : Par exemple?
Mme Lamarre : Par exemple, personne
particulièrement défavorisée socialement et sur un plan matériel, deux pour un,
maximum 252 patients par médecin de famille.
M.
Barrette : C'est une
reconnaissance. Ça n'empêche pas le médecin d'en faire plus. C'est juste qu'on
ne les compte plus rendu au-dessus d'un certain chiffre pour arriver à
son 1 000.
Mme Lamarre : O.K. Mais vous
comprenez qu'on crée un désincitatif pour un médecin de famille à 30...
M. Barrette : Bien là, on retombe...
Mme Lamarre : Je vous donne un
exemple, là...
M. Barrette : Bien, je comprends,
là.
Le Président (M. Tanguay) :
...compléter, s'il vous plaît.
Mme
Lamarre : Un médecin de famille travaillant dans un secteur défavorisé
où le besoin serait qu'il prenne en charge 500 personnes
défavorisées, il y a un maximum de 252 patients par médecin de famille qui
serait autorisé à ce médecin-là. Après ça, les autres vont compter juste pour
un.
M.
Barrette : À ce moment-là, le DRMG pourrait, s'il constate que le
besoin est présent, l'autoriser à dépasser ce maximum-là, comptabiliser... Rien n'empêche le médecin d'en faire plus.
C'est une comptabilisation, mais rien n'empêche le médecin d'en faire plus. Et l'essence des pondérations est basée sur
deux éléments : un, éviter les niches et, conséquemment, assurer
une pratique polyvalente; et, deux, faire en sorte qu'il soit possible de
moduler en fonction des besoins.
Alors
là, à un moment donné, il faut faire confiance et aux régions, et aux gens qui
sont là, et au DRMG, là, sinon le projet
de loi perd tout son sens. En termes de comptabilisation de reconnaissance,
s'il n'y a plus ça, bien, il n'y a plus de projet de loi n° 20. À ce moment-là, demandez que, sur le
territoire du Québec, les médecins donnent 4 000 visites par personne par année, il n'y en aura pas, de
problème. Il va peut-être y avoir des niches, il va peut-être y avoir des
patients laissés de côté, par exemple, parce qu'il n'y a pas le quota.
Mme
Lamarre : En fait, ce qu'on demande, c'est qu'ils aient une offre de
service à l'ensemble de la population d'un territoire, ce qui nous apparaissait
tout à fait conforme à l'esprit qu'on recherche tous, là.
M. Barrette : Bien, c'est parce que
vous...
Mme
Lamarre : Mais c'est sûr que de déterminer des maximums, ça amène
automatiquement ce qu'on voulait éviter,
qu'il y ait vraiment l'effet... Même si vous dites que vous ne pensez pas que
ça va arriver, ça arrive comme ça. Si on est dans un secteur très défavorisé, où presque l'ensemble de la
population correspond à une personne particulièrement défavorisée
socialement et sur le plan matériel, bien, on va avoir des médecins qui vont
dire : Bien, moi, je n'ai pas intérêt à
prendre plus que 252 patients comme ça, parce que, plus que ça, quelque
part, je suis pénalisé. Donc, on va dire aux 10 médecins : Prenez chacun 252 patients, puis, s'il
y en a plus que 2 520 sur le territoire, bien là on va avoir des
gens qui vont dire : On n'a pas autant
d'intérêt à prendre ces patients-là. C'est tout l'effet négatif de ces
maximums-là qu'on relève. Et là je pourrais vous donner les exemples, la
même chose en soins palliatifs. Vous dites...
M.
Barrette : ...vous donner 1 million d'exemples contraires. La
seule et unique raison pour laquelle il y a cette mécanique-là, c'est
parce qu'il y a des niches, et les niches font en sorte qu'il y a plein, plein,
plein de clientèles laissées sur les listes d'attente parce que les médecins
pratiquent en niche. Je vais le répéter : Les systèmes de quota dans le projet de loi n° 20 sont faits pour
favoriser une pratique polyvalente générale de médecine de famille en
atteignant... Parce qu'encore une fois la
députée de Taillon, M. le Président, fait fi de l'autre élément, en prend juste
un côté tout le temps, tout le temps,
tout le temps, qu'il y a un volume de patients à atteindre. Les quotas
permettent de construire une clientèle
qui amène au volume, et c'est la combinaison des deux qui fait que les patients
vont être pris en charge correctement.
Sinon, si on ne fait pas ça et qu'on va de l'avant avec la proposition de la
députée de Taillon, M. le Président, on revient aux niches.
Et, tant qu'à
faire, enlevons le nombre requis, le 1 500,
le 1 000 ou les autres
combinaisons, comme ça on aura encore des plus grosses niches. C'est
encore plus spécifique, mais sans volume. Et on reviendra à aujourd'hui, parce
que, M. le Président, ce que la députée de Taillon décrit, c'est aujourd'hui.
Et la mesure qu'elle propose pour éviter aujourd'hui nous ramène à aujourd'hui
par définition. Et ça, ça montre que, là, là, il y a vraiment un problème de
compréhension du projet de loi.
Pourtant, ce
que je dis là, je l'ai dit, dit, dit et redit, puis je le redis aujourd'hui. On
ne peut pas prendre un élément sans
l'autre, et c'est ce qu'elle fait. La députée de Taillon parle des maxima qui
n'en sont pas en faisant abstraction du total que l'on doit construire
par les quotas.
Là, M. le Président, c'est sûr que, là, si on recommence, si on revient, là, au
28 novembre 2014 pour expliquer le projet de loi, c'est sûr
qu'on va être là au 28 novembre 2015.
Le Président (M. Tanguay) : D'autres
interventions? Collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Oui, M. le Président. Alors, je regarde, là, le 1 512 patients, par exemple, qu'un médecin devrait prendre.
S'il a eu son diplôme... Entre 25 et 34 ans, là, on verra qu'il y a peut-être d'autres
modifications, mais, mettons, un médecin
dans la cinquantaine, il doit avoir 1 512 patients. Ça veut dire que,
si ce médecin dans la cinquantaine travaille dans un quartier
défavorisé, sur le 1 512, il va pouvoir prendre seulement 252 patients
qui vont valoir deux patients, ça veut dire
qu'il va avoir 504 sur ses 1 512 patients qui vont lui être
crédités, si on peut parler ainsi — et je n'aime pas du tout ça, mais
c'est comme ça qu'il faut le présenter. Donc, il aura l'équivalent de
504 patients et il lui en restera encore 1 000.
De ces 1 000 là, il peut en avoir encore 300 qui seront des
personnes particulièrement défavorisées socialement et sur le plan... Et ces personnes-là, eh bien, elles
seront beaucoup moins attrayantes, si on peut parler comme ça, parce
qu'elles ne vaudront qu'un, elles ne vaudront qu'un patient ordinaire. Et c'est
tout l'effet qu'on a... On a essayé de sensibiliser le ministre à cette dimension qu'il est... C'est pour ça qu'il faut passer
par la responsabilité populationnelle plutôt que par des sous-groupes,
parce que, d'une façon ou d'une autre, on impose des choses et on dirige.
Je pense que le ministre, avec son parcours
quand même de grand négociateur, il sait très bien que les modes de rémunération et les équivalences de patients
rentrent quelque part dans un mécanisme de rémunération, parce qu'on dit
que ça en vaut deux, puis que l'inscription
vaut quelque chose, puis qu'il y a des pénalités si on n'atteint pas le
nombre d'inscriptions. Bien, tout ça fait en sorte que... ce genre de
spécifications là fait en sorte que certains patients vont devenir
automatiquement moins intéressants pour un médecin alors qu'il peut être dans
un contexte où 80 % de la clientèle est
une clientèle qui est défavorisée socialement. Et ça va souvent comme ça, c'est
souvent comme ça que ça se présente.
Si on est dans un secteur très pauvre, très démuni, bien, on a beaucoup de
patients qui sont comme ça. C'est très rare qu'on a des maisons de
2 millions de dollars qui côtoient des secteurs très, très pauvres.
Alors,
ce genre d'élément là, ça nous semble être... En fait, le mécanisme de contrôle
que le ministre veut, c'est le nombre minimal de patients, ça, je pense
qu'on peut vivre avec ça, mais le nombre maximal en fonction d'activités cliniques, c'est problématique. C'est aussi
problématique, par exemple, pour les avortements où on sait très bien
qu'il y a simplement quelques médecins qui veulent faire
des avortements et qu'en particulier sur l'île de Montréal, bien, ces
médecins-là, s'ils sont plafonnés en termes de nombre d'activités, ça va être
plus difficile.
Je note, le ministre,
tantôt, a dit : Selon les besoins populationnels, un chef de DRMG pourra,
de manière exceptionnelle, permettre une
reconnaissance. C'est vrai pour la section des activités cliniques. Je ne le
vois pas dans la section des types de
clientèles. Est-ce que c'est volontaire? Est-ce que ça s'explique d'une
certaine façon pour les types de clientèles qu'on ne l'ait pas prévue,
cette phrase-là?
M. Barrette :
Le DRMG peut adapter ses décisions à toutes les situations.
Mme
Lamarre : Alors, ça veut dire qu'il faudrait aussi... Puisqu'on a jugé
pertinent de l'inscrire dans la section Activités cliniques, il faudrait au moins aussi l'ajouter dans les types
de clientèle, après le tableau des types de clientèle.
M. Barrette :
C'est le DRMG qui a le loisir d'ajuster ses décisions à toutes les situations.
Mme
Lamarre : Mais vous avez quand même dit, tantôt, que vous l'aviez
inscrit spécifiquement pour les activités cliniques, mais pas pour les
types de clientèle.
M. Barrette :
Le DRMG peut adapter sa décision, à la demande d'un médecin, à toutes les
situations.
• (17 heures) •
Mme
Lamarre : Alors, je pense que, par prudence, ça explique la pertinence
de l'ajouter au niveau de la loi. On comprend
que le ministre n'a pas l'intention de l'ajouter pour les types de clientèle,
qu'il le considère par contre nécessaire et pertinent pour les activités
cliniques. Donc, dans ce contexte-là, moi, je pense qu'il est tout à fait
raisonnable, parce qu'il y a d'autres
critères... Donc, les critères que le ministre a retenus pour baliser la
pratique, ça va être l'âge du médecin, les modalités de suivi de la
clientèle, le nombre minimal de patients devant être suivis. Puis il y a déjà
les activités médicales pouvant faire l'objet d'une autorisation conformément à l'article 6, mais, encore
une fois, dans les orientations
réglementaires...
Et là il faut bien
être clair, les orientations réglementaires, c'est ce qu'on prévoit clairement
mettre dans les règlements. Et, dans les règlements, pour les sous-groupes de
patients, par exemple, les patientes qui ont besoin d'un avortement, les personnes en soins palliatifs, on
a dit que ce modèle de maximum était négatif, et le ministre
nous dit : Bien, ce n'est pas un vrai maximum parce qu'ils peuvent quand
même en prendre plus, mais ils ne vaudront pas le deux ou le trois patients équivalence qu'on a donné. Mais il reste
que, dans une semaine de travail, le médecin qui va suivre ses patients
en soins palliatifs, il va avoir à rencontrer les mêmes obligations que les
autres et il va peut-être suivre 40 patients
qui... en termes de charge de travail, on a jugé qu'ils valaient
l'équivalent de deux ou de trois patients par rapport à un patient, et, pour ces autres-là, ça ne comptera
pas. Alors, il y a un effet dissuasif clair pour les médecins à prendre en
charge ces populations-là.
M.
Barrette : M. le Président, la députée de Taillon ne comprend pas la mécanique ou elle la comprend
puis elle essaie de construire des cas de figure qui, même quand je
l'écoute, ne donneraient pas le résultat qu'elle dit. Je n'ai rien de plus à ajouter.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme Lamarre :
M. le Président, quand le ministre dit que je ne comprends pas, je préférerais
qu'il explique comme il faut qu'est-ce qui va arriver avec un médecin qui
travaille dans une région défavorisée socialement sur le plan matériel quand il va avoir pris ses 252 patients
par médecin de famille, là. Moi, je suis un médecin et je lis ça, 252
patients, ça vaut 504 patients de mon nombre de patients que je dois
prendre, et j'en ai 1 512 à prendre. Alors, le ministre dit : Il n'y a
pas de problème, il pourra en prendre 1 008 autres, il les prendra dans la
clientèle défavorisée ou ordinaire et il aura le droit de les prendre. Est-ce
que ma lecture est correcte?
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M. Barrette :
Évidemment, pour résoudre la problématique que la députée de Taillon essaie de
construire pour tenter de montrer que le modèle ne fonctionne pas... Et évidemment,
encore une fois, la députée de Taillon fait fi
de l'ensemble de la chose et fait fi du fait qu'il est évident que, dans ce
modèle-là, pour éviter les niches et pour assurer la population
d'un service, c'est par les effectifs qu'on règle le problème. Et, par
définition, dans un quartier défavorisé, il doit y avoir plus de médecins qu'ailleurs. Et ça tombe sous le sens puisque,
dans un quartier où la clientèle est plus lourde, à nombre égal, il faut
plus de médecins pour s'en occuper que dans un quartier où la clientèle est
moins lourde. C'est simple comme concept,
c'est simple de l'appliquer au cas de figure qu'elle prend. J'aimerais que la députée de Taillon applique le concept au
complet, hein? 1 000 personnes défavorisées très malades vont demander
plus de médecins que 1 000 adolescents. C'est simple de même et c'est ce
que les quotas prévoient.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme Lamarre : Bien, si je suis
l'argument du ministre, 1 000 patients défavorisés vont nécessiter plus de
médecins. Ces médecins-là vont avoir moins d'incitatifs à y aller parce qu'ils vont avoir un maximum, après 504 patients, qui va faire en sorte... après 252 patients, que
les autres, il sait qu'ils vont lui demander plus de temps, plus de
travail, plus d'accompagnement, plus de suivi, et ils ne vaudront pas le
même... le coefficient supplémentaire prévu. Alors, il y a un désincitatif.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : Bien, ce n'est
pas ça, M. le Président. La députée
de Taillon n'arrête pas de parler
d'incitatifs puis de désincitatifs.
Les quotas servent à construire une pratique... qui ont des lourdeurs
équivalentes. Faire beaucoup de choses légères a le même poids que de faire peu de choses lourdes. C'est simple
de même, là. Ce n'est pas une question d'incitatifs et de désincitatifs, c'est une question d'obligation de se rendre à un volume d'activités données par la pondération. Et là, là, M.
le Président, là, c'est le genre de choses qu'on discute depuis novembre 2014.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : Je trouve qu'à
travers ces situations on a mis des pondérations, il y a
des choix qui sont un peu arbitraires, et je voudrais savoir sur la base
de quoi on s'est basé. Peut-être qu'il y a une analyse, une justification au niveau des gens du ministère pour comment on a pu
dire qu'une personne particulièrement défavorisée socialement et sur le plan matériel valait deux personnes plutôt que
trois ou que quatre. Sur la base de quoi on s'est basés? Est-ce qu'on s'est basés sur le taux de rendez-vous?
Sur la longueur des rendez-vous? Sur les risques? Sur les mécanismes de suivi
qui étaient nécessaires?
Je constate, là, que les femmes enceintes, dans
la première version, on avait un ratio de deux pour un; dans la version qui vient de nous être déposée, on est
passés à trois pour un. Moi, je vous dirais que, une femme enceinte, on
peut considérer que le choix de passer de deux pour un à trois pour un est
raisonnable, mais sur la base de quoi on s'est fondés? Et pourquoi un patient
socialement défavorisé ne vaudrait que deux pour un?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M.
Barrette : Est-ce que
la députée de Taillon me propose de les compter trois pour un? Elle est
pharmacienne, M. le Président, de formation. Je suis sûr que, dans sa pratique, elle a vu que
la clientèle dans les quartiers défavorisés, même en pharmacie, avait certainement un poids... pas démographique, mais clinique,
différent de celui d'une banlieue plus cossue.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : M. le Président, je dirais que ce ne sont pas les seuls paramètres sur lesquels je me
fierais, mais effectivement, pour avoir travaillé dans des quartiers
très défavorisés, ma question est sur... pas sur le deux pour un, mais c'est pourquoi deux plutôt
que trois ou quatre. Sur la base de quoi on s'est basés? Parce qu'on va faire en sorte que, si notre
ratio n'est pas adéquat, on va créer vraiment chez les médecins une diminution
de la motivation à aller vers ce genre de clientèle là. Donc, sur la base de
quoi on s'est basés pour dire qu'un patient socialement défavorisé valait deux
pour un?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : M. le Président, ce
sont des pondérations qui ont même été acceptées par la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, après consultation.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme
Lamarre : M. le Président, j'aimerais avoir... au moins pour un des
sous-groupes, là, qu'on me décrive la méthode
qui a été utilisée pour arriver à trouver ce chiffre-là. C'est trois pour un
pour la femme enceinte, deux pour un pour la partie étudiants résidents, supervision d'un étudiant, 10 pour un
pour personnes avec des besoins complexes et en perte d'autonomie sévère suivies à domicile. Donc, il
doit y avoir des paramètres : le temps de déplacement, le coût, la
durée de la consultation. Comment on arrive à 10 pour un pour une personne en
perte d'autonomie à domicile et à deux pour un pour une personne défavorisée
socialement?
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre.
M. Barrette : M. le Président, c'est
un mélange de consultations, de littérature et de constats sur nos bases de statistiques qui montrent le niveau, par
exemple, de visites et de consultations demandées par la population. Ce
n'est pas, évidemment, une analyse
biologique de la chose, là, mais c'est un ensemble de choses, et la députée de
Taillon sait très bien tout ça, là.
Ce sont des données, M. le Président, qui sont très, très, très bien connues,
et sues, et comprises pour quiconque a oeuvré le moindrement dans le
réseau de la santé.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Taillon.
Mme Lamarre : Bien, je
constate, M. le Président, que, pour des choses qui ont l'air très, très
évidentes, il y a eu de grandes différences entre les premières
orientations réglementaires qui nous avaient été transmises en termes
d'évaluation de ces ratios-là et les évaluations qu'on a obtenues dans la
deuxième version.
Alors, je regarde,
par exemple... j'en ai parlé tantôt, mais la femme enceinte, c'était deux pour
un au lieu de trois pour un, et, pour les
patients en... 12 pour un, dans la première, pour les personnes avec besoins
complexes, et là on vient de passer à
10 pour un. Alors, il a dû y avoir une raison pour laquelle on est passés de 12
pour un dans la première version que le ministre nous a déposée des
orientations réglementaires qui maintenant est devenu 10 pour un.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M.
Barrette : M. le Président, j'imagine que la députée de Taillon
apporte une valeur significative et pertinente aux consultations que l'on fait, dont les
consultations publiques qui sont faites ici, en Chambre. Alors, les changements
que l'on a faits, elle le sait très bien,
ont été faits à la suite de diverses consultations et commentaires qui ont été
émis soit ici, dans cette salle, soit par écrit ou dans les médias,
même, à la limite.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. Collègue de Taillon.
• (17 h 10) •
Mme
Lamarre : Bien, écoutez, là on parle de deux documents rédigés par le
ministre et par l'équipe du ministère et,
dans un premier, on a un ratio de 12 pour un puis, trois mois après, on a un
ratio de 10 pour un. Moi, j'entends bien que des gens pourraient
dire : Bien, c'est huit pour un ou c'est 15 pour un. Il doit y avoir une
formule mathématique approximative, là, mais
il doit y avoir certainement une méthode qui a été appliquée pour arriver à
changer ça parce que, pour un
médecin, ça fait une différence, là. Si on a un maximum de 100 patients avec un
ratio de 10 pour un, ça équivaut à 1 000. Si on a un maximum de 100
patients avec un ratio de 12 pour un, ça fait 1 200 patients.
Alors, ça change beaucoup,
et, pour les médecins... On a des médecins qui, dans cette catégorie-là...
Donc, dans la catégorie qu'on peut voir, il y a, par exemple, des médecins qui, à 1 008 patients, ont atteint leur maximum
de patients qu'ils ont besoin de prendre.
Dans d'autres catégories d'âge, ce sera 1 260; dans d'autres catégories,
1 512. Alors, le fait de passer
de 12 à un ou de 10 à un, là, bien, le 10 à un, les médecins qui ont fini entre
cinq et 14 ans, leur objectif, c'est
1 008. Alors, à 1 000, ils sont capables de le faire, tandis que,
quand on était à 12 pour un, ça fait 1 200. Là, on arrive avec la
catégorie de médecins qui ont obtenu leur diplôme entre 15 et 24 ans. Alors, ça
change vraiment... Pour les médecins, là, ça
change, ça dit : Est-ce que ça peut être l'entièreté de ma clientèle, ma
clientèle au complet ou seulement une partie
de ma clientèle? Et je vous le dis, ça va être contesté, et je me dis :
Est-ce qu'on a aussi tenu compte de la complexification des besoins, par
exemple, en soins palliatifs, où, de plus en plus, les soins sont complexes, où
on a plus de patients.
Mais
sincèrement je reviens sur le critère, là, le ratio. Comment
on a pu passer de 12 pour un, il y a trois mois, à 10 pour un aujourd'hui, pour le même sous-groupe de population,
là? On parle des personnes avec des besoins complexes et en perte
d'autonomie sévère, suivies à domicile.
M. Barrette :
M. le Président, j'ai déjà répondu à la question, mais je vais le faire encore
pour une dernière fois. Alors, ces ratios-là ont été établis sur la base, évidemment,
de concepts qui sont bien connus dans la littérature, d'analyse de nos bases de données qui montrent le poids relatif en
termes de consommation des soins, parce qu'on a ces bases-là, d'une catégorie de patients à l'autre et de
consultation auprès et des praticiens, de certains experts et du public.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Bien, il est
certain que les médecins se sont prononcés de façons diverses sur différentes
tribunes contre ce genre de ratio là. Si la
FMOQ avait été complètement d'accord avec eux, elle n'aurait pas préféré
passer par une entente plutôt que par un projet de loi.
Donc, j'entends que
ce n'est pas par consensus et je pense sincèrement que, dans un règlement d'une
telle portée, il va y avoir des impacts, là,
sur l'accessibilité parce qu'on va ou bien trop utiliser... Si on cautionne
trop de temps à des médecins pour des
activités et des sous-groupes de population, on va en manquer pour d'autres. Si on n'en donne
pas assez, on crée un effet pervers qui fait qu'on va rendre la prise en charge
de ces patients-là moins populaire.
Donc,
vraiment, je pense que la question est très, très pertinente et j'aimerais
avoir l'exercice au moins complet pour une catégorie, là. Prenons celle
où on avait 12 pour un et où on a 10 pour un, les personnes avec des besoins complexes et en perte d'autonomie sévère suivies à
domicile. Je pense que c'est raisonnable, dans l'étude d'un projet de
loi, avec des règlements qui vont être aussi précis, qu'on ait l'exercice qui a
été fait pour arriver à cette conclusion-là.
Le Président (M.
Tanguay) : Merci. M. le ministre.
M. Barrette :
M. le Président, je pense qu'on perd vraiment un peu notre temps puis je vais
vous expliquer pourquoi. Alors, je vais lire
ici un texte qui a été présenté pendant une heure et demie, presque deux
heures, à l'opposition officielle,
dont la députée de Taillon, O.K.? Et ça, ça a été accepté. Ça a été accepté
sans même, à toutes fins utiles... avec très peu de négociation, M. le
Président, par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
c'est-à-dire les médecins que la députée de Taillon vient de... auxquels elle a
fait référence en disant : Ils sont contre.
Bien, les médecins contre, selon la députée
de Taillon — et
on comprendra ce qui se passe ici, là, on fait du temps — bien,
ils ont dit ceci, M. le Président, et je cite : «Afin de reconnaître
le temps requis pour certaines pratiques ou les besoins particuliers de certaines clientèles,
des pondérations sont accordées pour — ce sont des pondérations auxquelles la députée de Taillon fait référence — accouchement, suivi de grossesse, suivi à
domicile de patients avec des besoins complexes
et en perte sévère d'autonomie, suivi de certains patients vulnérables — parenthèse : toxicomanie, VIH-sida,
troubles dépressifs majeurs, douleurs chroniques, parenthèse — vulnérabilité
en fonction de l'indice de défavorisation sociale et
matérielle.»
Alors, M. le Président, avant d'entrer en séance
aujourd'hui, nous avons présenté ça à la députée de Taillon en détail et
de façon exhaustive et nous l'avons informée à ce moment-là, comme je le refais
ici, que les médecins de famille eux-mêmes,
par la voix de leur fédération, vont de l'avant avec ça. Ce n'est pas imposé, là, ils acceptent ça. Ce n'est
même pas négocié, ils le veulent, et là on
s'interroge sur l'impact que ça aura sur les praticiens, les médecins qui eux-mêmes acceptent ça et ont signé une
entente qui comprenait ça.
M. le Président, là, je pourrais invoquer une série de règlements, dont un sur la
pertinence de la discussion actuelle. Je
ne le ferai pas, je vais laisser les gens qui nous écoutent juger et conclure
de la finalité de ce que l'on fait, là, des paroles qui sortent de nos
bouches respectives et où est-ce qu'elles vont, ces paroles-là. Moi, je peux
vous le dire, là, elles s'évaporent dans
l'atmosphère au moment où l'horloge fait des pirouettes sur elle-même.
Maintenant, j'ai dit ce que j'avais à dire sur ce sujet-là qui, clairement, a été traité, sur lequel il n'y a pas
de substance puisque les médecins auxquels on fait référence se disent
satisfaits de ça au moment où on se parle.
Le
Président (M. Tanguay) : Merci beaucoup. Y a-t-il d'autres
interventions concernant le sous-amendement de la collègue de Taillon?
S'il n'y a pas d'autres interventions, je vais mettre aux voix le
sous-amendement. Alors, le sous-amendement de la collègue de Taillon est-il
adopté?
Mme Lamarre : Monsieur...
Le Président (M. Tanguay) : Oui.
Mme Lamarre : M. le Président, bien,
je...
Le Président (M. Tanguay) : Vous
n'avez plus de temps. Vous n'avez plus de temps.
Mme Lamarre : Pardon? Je n'ai plus
de temps? Même plus une seconde?
Le Président (M. Tanguay) : Non.
Mme Lamarre : O.K. Alors, je suis
pour le sous-amendement. Vote nominal.
Le Président (M. Tanguay) : O.K. M.
le secrétaire, vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Donc, pour,
contre ou abstention. Mme Lamarre (Taillon)?
Mme Lamarre : Pour.
Le Secrétaire : Mme Richard
(Duplessis)?
Mme Richard : Pour.
Le Secrétaire : M. Rochon
(Richelieu)?
M. Rochon : Pour.
Le Secrétaire : M. Barrette
(La Pinière)?
M. Barrette : Contre.
Le Secrétaire : M. Plante
(Maskinongé)?
M. Plante : Contre.
Le Secrétaire : M. Bourgeois
(Abitibi-Est)?
M. Bourgeois : Contre.
Le Secrétaire : M. Giguère
(Saint-Maurice)?
M. Giguère : Contre.
Le
Secrétaire : Mme Boulet (Laviolette)?
Mme Boulet :
Contre.
Le Secrétaire :
Mme Soucy (Saint-Hyacinthe)?
Mme Soucy :
Pour.
Le Secrétaire :
M. Tanguay (LaFontaine)?
Le Président (M.
Tanguay) : Abstention.
Le Secrétaire :
Rejeté.
Le Président (M.
Tanguay) : Alors, le sous-amendement est rejeté. Nous revenons donc à
l'objet du débat, qui est maintenant
l'amendement du ministre à l'article 3 intégré à l'article 1. Y a-t-il des
interventions? Collègue de Taillon.
Mme
Lamarre : Alors, M. le Président, je veux simplement dire que, dans un
exercice qui va conditionner de façon
déterminante la disponibilité des médecins, leur intérêt à prendre certains
sous-groupes de patients par rapport à d'autres, la démonstration de la
façon dont on a déterminé ces ratios-là aurait été très certainement très
nécessaire, pertinente à l'étude de ce projet de loi et des règlements. Et,
dans le document qui nous a été présenté ce matin, on nous a dit qu'il y avait des pondérations qui sont accordées,
mais on n'a pas le ratio de ces pondérations-là. On l'a dans les
orientations réglementaires, mais ces
pondérations-là, dans le document, ce sont des pondérations et elles n'ont pas
été reproduites dans le document qui nous a été déposé ce matin.
Ceci
étant dit, on va revenir à l'amendement que le ministre nous a déposé. Il y a
quand même des changements par
rapport à l'article 3 original. Un en particulier, j'aimerais que le ministre
nous le décrive. Pour mes collègues, donc, dans le troisième alinéa... quatrième alinéa... en fait, après la phrase
qui commence par : «Le règlement du gouvernement peut notamment
prévoir :
«1° l'âge à compter
duquel un médecin est soustrait à ces obligations.»
Je
comprends que, dans la façon dont ça avait été rédigé au départ, dans les
premières orientations réglementaires, les
obligations étaient en fonction des années de pratique, et là il y a un
changement de fond, là, où on dit : Ça ne va plus en fonction des
années de pratique, ça va en fonction d'un certain âge à compter duquel un
médecin est soustrait à ces obligations.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M. Barrette :
Bien, c'est le même esprit, là, c'est une sémantique différente. Alors, l'âge
et les années de pratique, il y a un lien entre les deux, là.
• (17 h 20) •
Mme Lamarre :
Bien, il y a des médecins qui obtiennent leur permis d'exercer à 38 ans...
M. Barrette :
Bien, c'est ça.
Mme Lamarre :
Alors, quand on disait...
M. Barrette :
C'est pour ça, c'est exactement pour ça. C'est pour ça qu'on met l'âge plutôt
que les années de pratique parce qu'il y a
des médecins qui arrivent plus tard en médecine et que, si on met les années de
pratique, ils vont avoir accès aux mêmes, entre guillemets, bénéfices à
75 ans plutôt qu'à 65 ans à cause de ça.
Mme
Lamarre : C'est parce que là, moi, je ne le vois pas dans la
perspective du droit du médecin, je le vois dans la perspective de ce à
quoi la population, qui a investi dans la formation de ce médecin-là, a accès.
Et, si le médecin a obtenu son permis à 38 ans, qu'on puisse demander à ce
médecin-là de garantir, par exemple, 30 ans de services à la population,
ça ne m'apparaît pas déraisonnable dans la perspective où l'espérance de vie
augmente, là. Donc, moi, je pense que ce
n'est plus en fonction de l'âge qu'on devrait soustraire, mais il faut tenir
compte aussi de la période pendant laquelle
ce médecin-là a exercé. Il me semble que ça, c'est un... Donc, il y a quelque
chose qui doit être pris en compte aussi.
M.
Barrette : Bien là, M. le Président, je suis un peu étonné, là. Je
suis vraiment un peu étonné, là. Moi, je vais prendre le même exemple que la députée de Taillon, M. le Président, et
je vais faire une... C'est comme en musique. Je ne sais pas si la
députée de Taillon a déjà fait de la musique, là, mais c'est comme une
transposition. On va faire une transposition, on va changer de gamme.
Alors, un médecin qui
finit, là, un médecin de famille qui commence sa pratique, qui finit son cours
de médecine, là, il commence sa pratique à
28 ans, on peut raisonnablement penser qu'il va pratiquer 40 ans.
C'est raisonnable de penser ça. Celui
qui commence à 38 ans, est-ce qu'on va lui dire : Bien, l'autre, là,
il a eu 40 ans de pratique avant d'avoir accès à certaines mesures.
Toi, tu vas attendre 78 ans, là. Il me semble que le principe de l'âge,
là, versus les années de pratique, il a son sens là.
Le
Président (M. Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme Lamarre :
Là, on peut avoir l'inverse, et il y a un jeu. Moi, j'aimerais savoir qu'est-ce
que le ministre prévoit mettre, par exemple,
dans son règlement comme âge à compter duquel un médecin est soustrait à ses
obligations. Parce qu'on a aussi des médecins qui, à partir de 68 ans,
décident...
M. Barrette :
C'est dans le règlement. Vous l'avez, là, c'est 62 ans. Vous l'avez dans
vos documents.
Mme Lamarre :
C'est 62 ans dans l'orientation réglementaire?
M. Barrette :
Page 1.
Mme
Lamarre : Je ne crois pas que c'était là dans la première version, là.
Donc, 62 ans, et, avec ça, on a fait l'évaluation... parce qu'on a
beaucoup de médecins qui sont beaucoup plus âgés que ça qui continuent de
travailler.
M.
Barrette : Les médecins de 62 ans font plus... en moyenne, font
presque le double de ce qu'on leur demande.
Mme Lamarre :
On est d'accord. On est d'accord.
M. Barrette :
Ce n'est pas parce que... Les médecins, là, il ne faut pas penser que, pour
travailler, ils ont besoin d'obligations
tout le temps, là. Il y en a, là, qui travaillent, ils prennent un rythme puis
ils sont bien là-dedans, et ainsi de suite. C'est terriblement négatif
comme approche. Je n'en reviens pas.
Mme Lamarre :
Ce n'est pas négatif, on vise à protéger la population, à lui donner des
garanties.
M. Barrette :
Protéger la population?
Mme Lamarre :
Oui.
M. Barrette :
Contre quelles attaques?
Mme Lamarre : À lui donner des garanties d'accessibilité parce
qu'actuellement elle est en carence d'accessibilité.
M. Barrette :
Non, non, non, mais protéger... Mais quel langage! Protéger quelles attaques?
Mme Lamarre :
La protection du public, ça inclut l'accès aux soins. C'est un déterminant
fondamental, l'accessibilité aux soins, pour protéger une population.
M.
Barrette : En tout cas, moi, protéger, là, je n'ai pas la même
signification du mot, là. Pour moi, là, protéger, là... Là, vous êtes dans une logique... M. le
Président, la députée de Taillon est dans une logique d'attaque de la
population.
Mme Lamarre : M. le Président, c'est une... C'est vraiment
l'article 35 qui me permet... Il me prête des intentions.
M. Barrette :
Mais c'est des mots, là. Protéger...
Mme
Lamarre : Je n'ai jamais attaqué la population. Au contraire, je suis
une solide ambassadrice et défenderesse de l'intérêt de la population.
M. Barrette :
M. le Président, je ne dis pas que la députée de Taillon attaque la population,
je dis qu'elle fait référence à l'âge du
médecin comme étant... si son comportement change, à une attaque contre la
population. Il faut la protéger. Moi, je trouve ça...
Mme Lamarre :
Non, non. Protéger, ce n'est pas...
Le Président (M.
Tanguay) : Un à la fois. Je vais...
M. Barrette :
Moi, si j'étais médecin sur le terrain, là, je ne serais pas content d'entendre
ça, là.
Le Président (M.
Tanguay) : O.K. Je ne pense pas qu'il y avait des intentions
malveillantes du ministre dans le sens qu'il
a donné à «attaque». Ceci dit, de part et d'autre, ça va bien. Il reste un peu
plus d'une demi-heure à nos débats.
Je vous invite peut-être à... au fond des choses, qui est l'amendement du
ministre à l'article 3 intégré à l'article 1, pour qu'on puisse
poursuivre notre séance sans incident.
M. Barrette :
Je peux continuer, mais je vais donner un autre exemple. Un diplômé à
l'étranger qui arrive au Québec... On a une
entente de reconnaissance mutuelle avec la France. Un médecin français, là, qui
arrive ici aujourd'hui, là, à 45 ans, à 50 ans... Il y en a un, là, qui est dans mon
propre d'hôpital, il vient d'arriver, là, puis il a déménagé parce que les enfants ont immigré au Québec puis il voulait rester près de ses enfants. Il est ici.
Alors, il arrive, là, à peu
près, je dirais, là, 55 ans.
Là, on va lui dire
que c'est 40 ans de pratique. On va l'obliger à travailler, selon les normes
qu'on a mises en place en fonction de l'âge, jusqu'à 95 ans ou bien donc on va protéger la population
puis on va lui dire : Bien là, à 62 ans, tu dois travailler comme à 30 ans. C'est quoi, là? L'âge, là, ça tombe
sous le sens, c'est une évidence, à moins que là on soit dans un état
d'esprit tel que, là, il faut vraiment, vraiment, vraiment écrire des choses
dans la loi qui prévoient tous les cas de
figure. Vous arrivez au pays à tel âge, vous êtes entré en médecine à tel âge,
et là on exige de vous... Bien là, qu'on
le dise. Si la députée de Taillon veut qu'un médecin au Québec
donne toujours tant d'années de pratique, qu'elle le dise, puis avec un volume, puis avec un horaire.
Je l'ai dit dans la journée, M. le
Président, là, ça fait bientôt quatre
heures qu'on est ensemble,
on tombe... on se rapproche toujours du concept du salariat. C'est toujours
une relation employeur-employé que vise la députée de Taillon.
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Taillon.
Mme Lamarre :
Bien, M. le Président, je veux juste rappeler que c'est le ministre, le premier
qui a créé des classes et des sous-classes en fonction des années de pratique.
C'est lui qui, au tout début, a présenté ces orientations réglementaires, et, dans la dernière version des
orientations réglementaires, il y a encore ça pour les 5-14 ans, les 15-24
ans, les 25-34 ans de pratique, et on ne dépasse pas 34 ans. Après le 34 ans,
on laissait cette ouverture-là.
Pour
ce qui est des médecins, effectivement, qui sont des Québécois d'adoption — et on est très contents de les accueillir et on souhaite en avoir de plus en
plus — il est
tout à fait possible de déterminer, et d'en faire des exceptions, et de déterminer en fonction de leurs
caractéristiques, effectivement. Si un médecin arrive ici à 50 ans, il est
quand même possible qu'il veuille travailler davantage que 62 ans.
Mais
je voudrais juste, à ce moment-là, que le ministre, qui a changé... parce que
c'est lui qui a changé les choses, là.
Entre son projet de loi qu'il a déposé, le projet de loi n° 20 qu'il a
déposé à l'automne, et ici, son amendement, il a remplacé les groupes d'âge par un âge maximal et il nous dit que cet
âge-là est de 62 ans. Alors, comment a-t-il déterminé le 62 ans? Sur quel modèle? À quelle référence on
fait? Est-ce qu'on a fait des moyennes d'âge? Est-ce qu'on a évalué
que... Sur les 8 000 médecins, 62 ans,
ça correspondait à quoi? Est-ce que c'est une médiane? Est-ce qu'on a fait un
sondage auprès des médecins pour voir à quel âge ils prenaient leur retraite?
Est-ce qu'on a évalué combien de médecins seraient libérés de toute exigence en
prenant ce seuil de 62 ans? Parce qu'on se rend compte, là, qu'il semble y
avoir plusieurs éléments qui ne s'appuient
pas sur grand-chose, sauf sur les choix que le ministre a faits. Alors, si on a
déterminé que c'est 62 ans, on doit avoir des références là-dessus.
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M.
Barrette : M. le Président, je peux même vous dire que, dans le milieu
médical, on voulait avoir ça à 55 ans et on a jugé que c'était un peu
jeune. Et c'est une décision qui est empirique, qui est arbitraire, c'est vrai,
mais qui a été simulée dans nos modèles, et
62 ans, compte tenu des simulations que l'on a faites, n'entraînait pas
d'inconvénient sur le plan de l'offre des services, pour employer une
expression que la députée de Taillon aime aujourd'hui, ça n'avait pas d'impact. Alors, il fallait, à un moment donné,
déterminer un âge à partir duquel on permettait au médecin soit de
continuer selon son bon vouloir soit de continuer avec les contraintes. Alors,
les contraintes sont abolies à 62 ans.
Maintenant,
ce n'est pas un débat, puis je vois mal comment on peut faire ce débat-là, là.
D'aucuns nous taxeraient d'âgisme, là. Est-ce qu'on doit garder les
contraintes que l'on a jusqu'à 72 ans? Est-ce que c'est ça?
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Taillon.
• (17 h 30) •
Mme Lamarre :
Bien, je veux juste nous rappeler que notre objectif à tous, en étudiant le projet
de loi n° 20, c'est d'améliorer
l'accès, et cet accès-là, si on a 8 000
médecins qui... Une année de travail de plus ou de moins, dans des balises qui sont censées améliorer l'accès, bien,
ça peut être déterminant. Alors, c'est peut-être 61 ans, mais c'est peut-être
63 ou 64 ans.
Donc,
moi, je veux juste comprendre qu'est-ce
qui a été fait pour arriver à 62 ans et je ne porte pas de jugement sur
le 62, je veux juste qu'on puisse comprendre pourquoi c'est 62 et pas 61, 60 ou
65.
M. Barrette :
C'est arbitraire, M. le Président.
Mme Lamarre :
Alors, ça a un impact important, là, sur les...
M. Barrette :
Non, pas dans les simulations qu'on a faites.
Mme Lamarre :
D'accord. Si je regarde... Il y a le nombre minimal de patients, le nombre
minimal d'heures d'activités médicales
devant être exercées. Je voulais voir les modalités de suivi de la clientèle. À
quoi ça fait référence, là, le deuxième alinéa?
M.
Barrette : Juste un instant, parce que je... que je sois certain, là.
Là, on parle de... O.K., 2°, le deuxième alinéa, c'est le taux
d'assiduité.
Mme
Lamarre : Alors, pourquoi on n'a pas utilisé le taux d'assiduité comme...
M. Barrette :
C'est-à-dire que, principalement, cet article-là nous garde la porte ouverte à
certains éléments s'il advenait qu'il soit nécessaire d'en mettre.
Mme Lamarre :
J'apprécie beaucoup cette réponse-là; c'est tout à fait dans l'esprit dans ce
que j'espérais. Excellent. «...le nombre minimal de patients devant être
suivis; [...]le nombre minimal d'heures d'activités médicales devant être
[suivies]...» Moi, j'aurais terminé.
Le Président (M.
Tanguay) : Oui, on a la...
Mme Lamarre :
Est-ce que ma collègue...
Le Président (M.
Tanguay) : Collègue de Duplessis, la parole est à vous.
Mme Richard : Merci, M. le Président. J'aimerais savoir de M. le ministre, «les
règles particulières applicables lorsqu'un
médecin souhaite exercer des activités médicales dans plus d'une région»,
est-ce qu'au niveau du ministère ils ont une idée du nombre d'omnis qui
pratiquent dans plus d'une région?
M. Barrette :
Oui. Moi, je ne l'ai pas, moi, à l'esprit, là, mais on a cette donnée-là.
Mme Richard :
On pourrait-u l'avoir peut-être demain... bien, pas demain, mais mercredi?
M. Barrette :
Par coeur, on ne l'a pas, mais c'est sûr qu'on peut l'avoir, on l'a, là.
Mme Richard :
Parfait. Vous me la donnerez...
M. Barrette :
On a les proportions aussi, là.
Mme Richard :
Vous me la donnerez, j'apprécierais, quand vous aurez les données.
M. Barrette :
C'est quoi, la question plus précise, là?
Mme Richard :
J'y arrive.
M. Barrette :
Ah! non, O.K., c'est correct.
Mme Richard : J'y arrive. De un, je voulais savoir s'il y en avait beaucoup, parce
que, M. le Président, dans la région
d'où je proviens, on a beaucoup... on les appelle les médecins qui font de
l'itinérance. On a beaucoup d'omnis qui viennent, bon, pour couvrir soit des absences, ou maladies, ou vacances,
ou autres, et là c'est pour ma compréhension, M. le Président, et la compréhension des personnes qui
nous écoutent. Je vous donne un exemple. Moi, je connais un médecin, un
omni, qui vient sur une base régulière, que ce soit au... je vais dire
maintenant «point de service» en Minganie et à Port-Cartier. Celui-ci venait, mais il ne prenait pas de patient à
charge, il ne faisait que les urgences, quelques suivis des fois sur les
étages, là, mais il faisait la plupart du temps de l'urgence.
Si,
dans ma région, il vient puis qu'il ne fait que de l'urgence, comment on va
arriver au ministère pour avoir un suivi,
s'il respecte toutes les règles, si, dans une autre région, ce même médecin
décide... Bien, là-bas, il n'a pas le choix, il fait partie d'un GMF
puis... Mais disons que, dans ses semaines de vacances du GMF, il décide qu'il
vient faire du remplacement dans un point de
service où il va ne faire que de l'urgence, est-ce que c'est possible, de un?
Puis, si c'est possible, comment on va faire pour suivre ça?
Le Président (M.
Tanguay) : M. le ministre.
M. Barrette :
Est-ce que la question... Est-ce que je comprends que la question est de savoir
si, un, on...
Mme Richard :
Il a le droit.
M. Barrette :
...permet à un médecin d'être à temps plein, mettons, dans un GMF à Québec...
Mme Richard :
Ou à temps partiel.
M. Barrette :
...et est-ce qu'on comptabilise ses activités en dépannage?
Mme Richard :
Exactement.
M. Barrette : Si c'est ça, la
question, la réponse, c'est oui. D'ailleurs, c'est dans les pondérations.
Mme Richard :
O.K. Oui, la réponse, c'est oui, qu'il peut en faire. Ça veut...
M. Barrette : Non, non, mais c'est
compté aussi.
Mme Richard : C'est compté. Donc,
les heures qu'il va venir faire, exemple, des urgences dans un point de service vont être comptabilisées comme s'il avait
fait des urgences dans sa dite région. Donc, au quotidien, ça ne
changera rien par rapport à la desserte que nous avions en termes d'omnis
itinérants. C'est ce que je voulais savoir.
M. Barrette : C'est ça. Alors, le
médecin qui va faire ça ne va pas être ni avantagé ni pénalisé.
Mme Richard : Parfait.
M. Barrette : Autrement dit, son
activité va être comptée, et pondérée, et mesurée correctement pour lui.
Mme Richard : O.K. D'accord.
M. Barrette : Ou bien, donc, dit
différemment encore, là, si ce médecin-là était à temps plein à Québec puis
qu'il devait travailler 12 heures, 1 000 patients, bien, il va devoir
faire peut-être moins d'heures puis voir moins de patients parce que ses heures
et ses patients, même s'ils ne sont pas pris en charge, ce sont des activités
qui sont pondérées et comptées.
Mme Richard : Est-ce qu'à l'inverse
on pourrait avoir un omni qui déciderait que, lui, il fait juste... que du
dépannage seulement?
M. Barrette : La réponse, c'est oui,
il peut décider de faire ça, là, mais là il va frapper un mur, là, parce qu'il
ne rencontrera pas tous les paramètres, et là, s'il advenait qu'il fasse ça,
bien là il faudrait qu'il ait une autorisation quelconque, là, parce que, dans
les pondérations, là, il y a des maximums.
Mme
Richard : O.K. Disons qu'on
avait une région où on a besoin, pour x raison — parce que le recrutement est de plus en plus difficile dans certaines régions,
vous en êtes conscient — de faire affaire avec des médecins dépanneurs, on pourrait,
à ce moment-là...
M. Barrette : Aménager.
Mme Richard : C'est ça. Et le PDG,
exemple...
M. Barrette : La meilleure
démonstration de ça, c'est Baie-James. Baie James, on les aménage.
Mme Richard : J'y arrivais, j'y
arrivais. Parfait.
Autre
question : «...toute autre condition qu'un médecin doit respecter afin de
satisfaire à ces obligations.» Quand vous avez mentionné cette phrase,
qu'est-ce qui vous... M. le Président, je vais m'adresser à vous :
Qu'est-ce que le ministre, qu'est-ce que le législateur avait en tête? «Toute
autre condition», juste me donner un exemple.
M. Barrette : Rien. Alors, c'est une
provision qui est là pour l'imagination future.
Mme Richard : Au cas où.
M. Barrette : Oui.
Mme Richard : Mon Dieu! Mais c'est
bizarre pareil. «...toute autre condition qu'un médecin doit respecter afin de
satisfaire à ces obligations.» S'il arrivait, là... Parce que vous dites :
On n'avait pas prévu... En tout cas, vous n'y avez pas pensé, vous l'avez mis
là juste pour être sûr que vous étiez bien attaché, c'est ce que je comprends.
M. Barrette : Je m'excuse. J'ai
raté...
Mme
Richard : Vous l'avez placé
là pour être sûr que c'était très, très bien attaché. S'il arrivait quelque
chose que nous n'avons pas pensé, et le médecin, il respecte toutes ses
obligations, là, on ferait référence à cet article... ce paragraphe-là.
M. Barrette : Oui. Tout à fait.
Mme Richard : Et est-ce qu'on a
prévu... Parce que, là, je veux bien comprendre le... Le ministre, lui, il l'a tout en tête, son projet de loi. Nous, on le fait
article par article, on fait des recherches, voir si ça fonctionne. Lui, il a
sa vue d'ensemble puis il a dit : Moi, c'est le projet de loi n° 20,
voici comment je le passe.
Parce
que, là, je ne veux pas me faire accuser de prendre du temps, parce que je n'ai
pas encore pris la parole cet après-midi,
même s'il est assez tard. Est-ce qu'on aurait prévu des sanctions ou quelque
chose? Parce que, là, cet article-là, bien,
il dit : «...toute autre condition qu'un médecin doit respecter afin de
satisfaire à ces obligations.» Ça vient à dire que, s'il n'a pas respecté ces obligations puis qu'il y
aurait une autre condition à laquelle on n'avait pas pensé, est-ce que...
On l'a mis là, j'ai compris, là, pour plus se blinder, là, excusez-moi
l'expression, donner un peu plus de sécurité. Est-ce qu'à ce moment-là on est
allé jusqu'à dire : Il pourrait y avoir telle ou telle sanction ou on l'a
juste placé comme ça?
M. Barrette : Ça, c'est... C'est-à-dire
non. La réponse est non.
Mme Richard : Parfait.
M. Barrette : Mais, sur l'ensemble
de l'oeuvre, là, il y en a, des sanctions, mais dans un cadre plus général, pas
par élément.
Mme
Richard : O.K. Dernière
question. Vous m'excuserez, mais j'ai écouté avec mes deux oreilles les
échanges entre ma collègue de Taillon et le
ministre. Si je comprends bien, par rapport à l'âge, je comprends, là... En
tout cas, je comprends votre explication quand vous avez dit : Si
on met l'âge de la pratique, quelqu'un qui est... Parce qu'on peut décider de
faire médecine à 35 ans, hein?
M. Barrette : Ça arrive.
Mme Richard : Ça arrive, ça arrive.
M. Barrette : Ça n'arrive pas
souvent, mais ça arrive.
Mme Richard : Moi, j'appelle ça...
M. Barrette : Une vocation tardive.
Mme
Richard : Pardon? Une
vocation tardive, vous avez tout à fait raison. Un médecin qui, au-delà de 62
ans, veut continuer sa pratique peut le faire puis il va continuer avec les
mêmes obligations. Admettons qu'il avait 61 ans, 62 ans, il se retire, à
ce moment-là, il aura l'obligation de référer ses patients.
M. Barrette : Bien, s'il prend sa
retraite?
Mme Richard : Oui.
M. Barrette : Oui.
Mme Richard : Bien, admettons que,
je ne sais pas, moi, il a pratiqué puis, à 62 ans, bien là il dit : Moi,
je suis assez en forme, je vais faire un
bout. Puis il arrive que, je ne sais pas, moi, la conjointe ou le conjoint
décède, peu importe, il se retire à
64 ans, il avait quand même une bonne clientèle, c'est un médecin âgé, les gens
avaient confiance, la seule obligation qu'il y aura...
M.
Barrette : Bien, il y a des obligations, dans le code de déontologie,
qui viennent d'être changées, là. Il doit avertir à l'avance, il doit...
Mais ça, c'est dans le code de déontologie du Collège des médecins.
Mme Richard : Qu'est-ce qu'on fait
avec quelqu'un qui n'a pas pu, suite à un décès ou peu importe...
M. Barrette : Le médecin meurt
subitement.
Mme Richard : ...aviser à l'avance,
justement, puis on se retrouve avec une bonne clientèle parce qu'il était bon,
ce médecin-là?
M. Barrette : Le médecin tombe
malade, décède ou tombe malade puis il a un accident, là, il ne peut plus pratiquer. Alors là, la clientèle tombe sur le
guichet d'accès. Et là, dans le guichet d'accès, dans l'entente actuelle, il
ne peut pas rester là plus que 30 jours.
• (17 h 40) •
Mme
Richard : Ça veut dire, à ce
moment-là, qu'on serait peut-être obligés de recruter un médecin ailleurs,
parce que, je ne sais pas, moi, s'ils sont
six ou sept médecins, là, puis que lui, il avait le maximum de patients, ça ne veut pas dire qu'on va être
capable de tous les répartir entre les médecins, mettons, qui oeuvrent auprès
de ce GMF, là. On pourrait, à ce moment-là...
Ça va être ma dernière question. Est-ce que ça
arrive — là,
vous m'avez amenée un peu plus loin dans ma réflexion — qu'il tombe malade puis il ne reviendra plus
travailler? On le sait, il ne viendra plus travailler. Puis lui, là, il avait le maximum de
patients. Puis on n'est pas... Vous le dites, 30 jours, mais on s'aperçoit
qu'on est rendus à 25 jours, on n'est
pas capable de tout donner les patients aux médecins qui sont dans le GMF parce
qu'ils n'étaient pas nombreux puis... Ça peut arriver dans une région,
là. Qu'est-ce qu'on fait?
M. Barrette : Bien, encore une fois,
là, ça, ça dépend dans quel contexte vous vous mettez. Si on est dans le
contexte de la loi... de l'entente actuelle, c'est le GACO qui fait son oeuvre.
Mme Richard : Pardon, le?
M. Barrette : C'est le guichet
d'accès à la clientèle orpheline qui fait son oeuvre dans le cadre de l'entente
dans laquelle les gens, les médecins ont intérêt à prendre les patients, les
inscrire et les suivre. Ça ne disparaît pas, là, cet intérêt-là, là.
Mme Richard : Je n'ai pas dit ça,
là.
M. Barrette : Non, non, non, je veux
dire, ce n'est pas une critique, là, que je fais, là. Maintenant, rendu au 30e
jour, bien là il y a un médecin coordonnateur qui, lui, a la capacité — et
ça, ces modalités-là ne sont pas encore définies — de solliciter certains médecins, oui, et
d'attribuer un supplément pour ces patients-là. Maintenant, dans le
cadre de la loi n° 20 — si
c'est juste la loi n° 20 et non l'entente actuelle — bien
là, c'est la mécanique tout simplement actuelle de l'assiduité et du taux
d'inscription.
Mme
Richard : Parce que c'est
ça. Là, on parle, on parle, mais, si l'entente ne donne pas les résultats,
c'est la loi n° 20 qui va s'appliquer.
M. Barrette : Tout à fait.
Mme Richard : Ça fait que ce n'est
pas le même scénario du cas de figure qu'on a donné.
M. Barrette : Mais c'est le même
résultat.
Mme Richard : Bien, la finalité,
oui, mais, pour y arriver, ce ne serait pas pareil si on est, mettons, avec un médecin, là, qui, pour une raison ou une autre, il
a décidé qu'il quittait. On est dans l'entente que vous avez négociée,
là. Il doit quitter, on a quand même le 30
jours pour que les patients aient accès à un médecin de famille, mais on est
saturés, là. Les autres médecins, là, ils étaient pas mal au quota, là, ils l'avaient
pas mal atteint. Puis là lui qui a quitté, là, il en avait beaucoup, là, parce qu'il était un bon médecin. Ça fait qu'il faut
s'organiser pour les répartir, ces patients-là, là, si on n'a pas de
médecin en nombre suffisant pour la répartition qu'on doit faire.
M. Barrette : Et, M. le Président,
c'est parce que ça revient toujours à la même chose. Ce que l'on fait, là, on
doit le prendre dans son ensemble, là, et on doit aussi considérer que la
situation est évolutive en ce sens que les médecins vont augmenter leur nombre
de prises en charge pour les raisons qu'on comprend. Le nombre de médecins
augmente année sur année.
Mme
Richard : Même si le quota
est atteint... Je m'excuse, M. le Président. Même si le quota est atteint,
dans un cas semblable, on pourrait faire augmenter leur nombre?
M. Barrette : Bien, c'est-à-dire que
le quota, ce n'est pas une limitation. On oublie tout le temps que le quota, c'est un modèle, ce sont des blocs, comme
un jeu de blocs, pour se rendre à 1 500. N'oubliez pas
qu'actuellement la moyenne, c'est 700, hein?
Quand bien même on passe de 700 à 1 000 avec l'hôpital ou 700 à 1 500
sans hôpital, c'est là où ils vont aller.
Mme Richard : Parfait.
M.
Barrette : Et le nombre de médecins augmente, et ça, il ne faut pas
l'oublier, et, en plus, nous, on va distribuer plus populationnellement
les nouveaux arrivants. Alors, quand on met tout ça ensemble, c'est ça qui va
donner les résultats qu'on veut tous et toutes.
Mme
Richard : O.K. Quand vous
parliez du médecin coordonnateur, on parle-tu du DRMG, directeur
régional de médecine?
M. Barrette : Il est dans la
hiérarchie, là.
Mme Richard : Mais médecin
coordonnateur, ça, moi, en tout cas, c'est la première fois que...
M. Barrette : Il est en dessous du
DRMG ou le DRMG peut, lui, coordonner s'il veut, là.
Mme Richard :
O.K., parfait. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Collègue de Richelieu.
M.
Rochon : Merci, M. le
Président. Alors, le ministre n'est pas sans savoir que je suis porte-parole de
mon parti pour les aînés. Il le sait
parce que son bonheur est palpable quand je lui pose des questions en Chambre
sur la qualité de vie, les conditions de vie dans les CHSLD, hein, je ne
me trompe pas?
Mme Richard : Il adore ça.
M.
Rochon : D'accord. Je vous
entends parfois douter que beaucoup de gens suivent nos travaux. Bien, il y
a la fille d'une résidente d'un CHSLD qui
les suit à la loupe, puis elle a une question. Je vais vous la poser. Elle me
demande si la modification des activités
médicales particulières ne pourrait pas impliquer un jeu de vases communicants
dangereux en termes de couverture médicale dans les CHSLD.
M. Barrette : Bien, la réponse,
c'est non, mais je vois mal comment on peut imaginer que ça le ferait.
M. Rochon : En tout cas, elle, à la
lumière des discussions que nous avons ici, a pu l'imaginer. Alors, vous la
rassurez?
M.
Barrette : Oui, puis
j'espère qu'elle nous écoute assidûment, comme vous l'avez suggéré, parce que c'est... Encore une fois, la combinaison, la combinaison d'une... Dans le projet de loi n° 10, encore une fois, la combinaison d'un nombre beaucoup plus grand d'inscriptions par médecin requis,
avec l'assiduité, avec les activités médicales particulières et, en plus, avec le pouvoir du DRMG de diriger
les activités au travers des activités médicales particulières, s'il y avait un besoin ou plutôt un manque,
avec en plus ce pouvoir-là, bien là tout ça s'additionne, là.
D'un côté, on
demande aux médecins d'inscrire plus de patients, donc c'est plus de patients.
On demande de les voir plus parce que l'assiduité actuelle est
inférieure. On leur demande de passer de 68 %, 70 % à 80 %,
c'est une énorme marche. Donc, ça, ça fait
du temps-médecin supplémentaire à plus de monde parce qu'on demande d'inscrire
plus, et, en plus, il y a la gestion des
activités médicales particulières en fonction des besoins. Là, j'imagine mal,
par rapport à aujourd'hui, comment on peut avoir une situation où les
gens en CHSLD, par exemple, seraient délaissés puisque la capacité de service offerte à la population va
aller en augmentant, les services, en quantité, vont augmenter aussi, et
la capacité et les services. Alors là, s'il
y avait un déplacement, bien là le DRMG a le pouvoir de dire : Bien,
attention, là, il y a un déplacement, là.
M.
Rochon : L'inquiétude de la
dame en question, dont la mère réside en CHSLD, elle provient du
fait qu'elle nous entend beaucoup
parler de groupes de médecine familiale et pas beaucoup de couverture
médicale dans les CHSLD.
Alors, ce que
vous nous dites maintenant, c'est que l'entente entre la Fédération des
médecins omnipraticiens et le ministère, elle vient également soutenir
les services médicaux aux usagers hébergés dans des CHSLD.
M. Barrette : La réponse, c'est...
M. Rochon : C'est favorable.
M. Barrette : C'est oui. C'est absolument
oui.
M.
Rochon : Il y a
une autre personne qui nous regarde attentivement, et celle-là, elle est
travailleuse sociale. Et sa remarque à elle, c'est que vous paraissez
tourné beaucoup vers le traitement, beaucoup moins vers la prévention et la
promotion de la santé dans lesquelles, selon son analyse, on sabre allègrement.
Elle fait remarquer que les experts estiment que, pour avoir un impact réel, 5 %
du budget de la santé doit être investi en santé publique. «Avant les compressions — je la lis, là — le Québec y consacrait 2 %.» Est-ce qu'on
est en train de travailler sur les soins de santé primaires au détriment
de la santé globale?
M. Barrette : La réponse est non.
M. Rochon : Pouvez-vous être un peu
plus explicite que ce très bref non, là?
M.
Barrette : Bien, vous savez... Et les concepts qui sont véhiculés et
exprimés par les gens, comme la personne que vous connaissez, à ce
sujet-là sont des bons concepts. Ce sont des très bons concepts. Il n'y a
personne, même, je dirais, qui les conteste.
On pourrait débattre du 5 % versus 2 %. Ça, c'est débattable parce
qu'il n'y a pas de démonstration extrêmement fiable faite de ça, mais là
n'est pas l'intérêt, à mon avis.
Le concept de
prévention... On s'entend, on s'entend qu'un grand nombre de maladies sont
prévenables, tout à fait, on
s'entend, mais il y a aussi une problématique d'accès à des soins que vous avez
qualifiés de primaires correctement. Ces soins-là, là, les gens les
veulent aussi, là.
• (17 h 50) •
Alors, moi, si votre
connaissance, la personne que vous connaissez, considère que la population qui
nous écoute aujourd'hui, là, ou qui ne nous
écoute pas, mais qui est la majorité parfois silencieuse, parfois pas
silencieuse du tout... Si vous
considérez que ces gens-là réclament massivement
plus de prévention plutôt que plus d'accès aux soins primaires, bien,
c'est parfait, qu'on en fasse la démonstration et on coupera dans les soins
primaires.
M. Rochon : Sans doute les Québécois
et les Québécoises réclament-ils les deux...
M. Barrette : Mais oui, les...
M. Rochon : ...qu'on fasse à la fois
de la prévention et la promotion de la santé.
M. Barrette : Et c'est ce que l'on
fait, c'est exactement ce que l'on fait. C'est ce que l'on fait. Ma collègue à la Réadaptation et Santé publique, c'est exactement
ce qu'elle fait. Elle travaille sur un certain nombre de plans à cet
effet. Il y a des travaux très extensifs, que je ne peux pas révéler, qui seront
révélés en temps et lieu, qu'elle
dirige. Alors, nous abordons évidemment
la question de la santé sous tous ses angles, mais je vous
invite à faire attention dans... quand vous êtes... on vous engage dans
un débat qui oppose des choses qui ne s'opposent pas mais qui sont
complémentaires.
M.
Rochon : Je ne crois pas que
mon interlocutrice, là, qui me suggérait de vous amener sur ce terrain
opposait traitement de la maladie, et prévention de la santé, et promotion de
la santé.
M. Barrette : Mais de la manière que
vous l'avez présenté, c'était pas mal en opposition, là.
M. Rochon : Non, non. Elle faisait
remarquer qu'il y a eu compression dans les budgets de prévention et promotion
et le regrettait. Mais ça...
M. Barrette : Bien, c'est parce que
je ne suis pas d'accord avec ça.
M. Rochon : Ah bon!
M.
Barrette : .Et là, évidemment,
ce n'est pas l'objet du projet de
loi, là. Là, on est vraiment,
vraiment, vraiment loin de notre sujet, là.
Le Président (M. Tanguay) :
Collègue... J'aurais la collègue de Duplessis.
Mme Richard : Merci, M. le Président.
Dans les activités médicales que devaient faire les médecins, je me posais la question suivante... C'est sûr qu'on pense tout le temps, bon, région de Montréal ou les grands centres, mais il y a des régions, disons, qui ne sont pas aussi petites
que la mienne puis qui ne sont pas aussi grosses en termes de volume. Il
y a un milieu, il y a un milieu. Exemple... Parce que, là, ils vont devoir
faire de l'urgence, ils vont devoir faire des visites
en CHSLD puis les soins palliatifs. Donc, j'en nomme trois... Plus leurs heures
en GMF, en clinique, on s'entend? Bon.
Le DRMG va décider, puis vous nous l'avez... M. le Président, le ministre
nous l'avait expliqué la... je pense que c'est jeudi passé, parce que
jeudi soir, ça allait bien, ça fait que moi, j'en ai appris pas mal.
Une voix : ...
Mme
Richard : Oui, oui, j'en ai
appris pas mal jeudi soir. Il a dit : Bien là, exemple, il arrive un jeune
médecin, puis là la plage horaire, elle est remplie. S'il voulait juste faire
de l'urgence, bien, il ne pourra pas y aller. Puis là, à écouter les échanges, je me suis dit par la
suite : Oui, mais disons, dans une région, je ne sais pas, moi, on va
prendre, tiens, Sept-Îles,
entre 25 000, 30 000 de
population à desservir, et tout ça, il arrive qu'il y a des... disons, les
plus... moi, je pense que ça va aller
par ancienneté. Un médecin qui a plus d'ancienneté, plus d'expérience, quand il
va arriver à faire ses activités médicales, le DRMG va le considérer,
puis là il va remplir...
M. Barrette : Pas nécessairement.
Mme Richard : Ça va se faire
comment, comme ça, si ce n'est pas l'ancienneté qui prévaut?
M.
Barrette : Bien, le concept d'ancienneté dans la pratique médicale, ce
n'est pas un concept qui est appliqué souvent, on va dire.
Mme Richard : Qui va être l'heureux
ou le chanceux ou chanceuse de placer son nom en premier pour choisir ses
activités?
M.
Barrette : Disons qu'il y a quand même... Il y a quand même... Comment
je vais dire ça, là, pour être fin?
Mme Richard : Bien, vous n'avez pas
besoin d'être fin avec moi, mais pour au moins qu'on se comprenne.
M. Barrette :
Pas envers vous, là, ce n'est pas ça, là. C'est parce que je ne veux pas être
négatif envers la communauté médicale, là,
mais disons qu'à un moment donné ils doivent fonctionner avec un minimum de
collégialité.
Mme Richard : O.K. Bon, bien, ça
veut dire, comme ça, que ça pourrait arriver...
M. Barrette : Je vais vous donner un
exemple.
Mme Richard : Oui, allez-y.
M.
Barrette : Je vais vous donner un exemple, là, un exemple simple, pas
parce que je veux être simpliste, ce n'est
pas ça, là, c'est que... Je ne sais pas, ce n'est pas évident pour ceux qui ne
sont pas là-dedans, là. Travailler à l'urgence, c'est quelque chose qui
est recherché.
Mme Richard : Oui, on s'entend
là-dessus.
M.
Barrette : Bon, bien, travailler à l'urgence, là, mettons qu'il y a 12
médecins qui sont à l'urgence, eux... pas 12 qui sont, mais qui
veulent...
Mme Richard : Qui veulent y aller,
on n'a pas de la place pour eux.
M. Barrette : Bien, normalement, le
comportement normal d'une communauté médicale est de faire une rotation
proportionnelle, et là faire des échanges, donner le même nombre de quarts de
nuit à tout le monde, le même nombre de
quarts de jour à tout le monde, puis là échangez ce que vous voulez, là, mais
c'est plus égalitaire que ça en a l'air, et c'est rare que c'est par
ancienneté.
Mme Richard : O.K. Et là, bien,
c'est le fun quand on a des échanges comme ça, parce que, là, ce que je comprends, M. le ministre... ou M. le Président,
parce qu'il faut que je m'adresse à vous, il y a un DRMG, il décide avec
les omnis puis les activités médicales qui
doivent être couvertes. On s'entend? L'urgence... Puis le ministre l'a dit, ça
doit bien se faire, ça ne doit peut-être pas
nécessairement vraiment être égalitaire, mais, en tout cas, avoir une juste...
une bonne répartition, disons, des activités médicales. On s'entend?
M. Barrette : Absolument.
Mme Richard : Bon. Ça arrive très
souvent, puis surtout dans un milieu qui n'est pas très, très populeux, hein,
ça arrive, pour avoir des rendez-vous médicaux... Vous connaissez telle
personne : Connais-tu telle personne? Tu
peux-tu m'avoir un rendez-vous avec un spécialiste? Parce que moi, je ne le
connais pas; toi, tu le connais, tu es chum avec, tu peux-tu me déboguer ça assez rapidement? Même si on fait
semblant que ça n'existe pas, ça existe. Donc, je ne sais pas, moi, un omni, il est très ami, très ami avec
le DRMG, puis le DRMG, bien, il sait que, s'il ne donne pas ce qu'il
veut, il pourrait quitter, ça fait des
années qu'il dit qu'il va quitter, hein, ça fait qu'il lui en donne un petit
peu plus qu'il devrait lui en donner. Est-ce qu'on a mis ou est-ce qu'on
a réfléchi à mettre en place un processus? Parce qu'un autre médecin pourrait
dire : Écoutez, là, mon collègue, il fait trop d'urgence comparé à ce que
moi, je pourrais donner à l'urgence.
M. Barrette : Bon. Là, on entre dans
un autre territoire. La réponse, c'est oui et non.
Mme Richard : J'adore ça quand le
ministre me dit : C'est oui ou non.
M. Barrette : Non, c'est parce qu'il
y a un oui dans le sens ...
Mme Richard : O.K. On va commencer
avec le oui.
M.
Barrette : ...dans ce que vous recherchez puis un non dans ce vous
recherchez peut-être, mais les hypothèses.
Mme
Richard : Ce que je veux
juste préciser, M. le Président... Des fois, je le sais... je ne sais pas, je
soupçonne que le ministre n'aime pas mes questions de terrain.
M. Barrette : Bien non, au
contraire.
Mme
Richard : Bien, moi, j'ai
dit que j'étais une fille terre à terre. J'ai déjà dit ici qu'on passait des
lois, qu'on en a passé par le passé
puis qu'on les passait à juste écouter, des fois, des fonctionnaires qui
n'avaient jamais été sur le terrain, puis
je vais m'arrêter là parce que j'en dirais un petit peu plus. Puis, hein, quand
on les passe, là, bien, sur le terrain, on se dit : Comment ça se fait qu'ils n'ont pas pensé à tout ça à
Québec, là? Ça fait que, oui, je suis terrain parce que je veux le
comprendre, parce que je sais...
Moi, écoutez,
M. le Président, à un moment donné, j'ai parlé avec un médecin. J'ai parlé avec
un médecin. Je lui ai dit : Explique-moi donc comment se fait-il
qu'à Sept-Îles... Exemple, à l'urgence, nous, dans le temps, on appelait ça faire du déblayage. Il
y avait un omni, puis la file d'attente, là, elle était assez longue dans le
corridor. Le médecin, lui, il en avait, des urgences. La médecine a
peut-être évolué, il faut... hein? Les gens sont en forme, on vieillit très
bien, mais il y avait des urgences, là,
voilà 20, 25 ans, les salles d'attente ne débordaient pas comme elles
débordent aujourd'hui. Il m'a
dit : Vous savez, Mme Richard, ça, là, c'est comme une tarte. Oui, écoutez
bien la suite. Je ne vous nommerai pas le
médecin, parce qu'il est extrêmement connu ici, autour de la table. Il a
dit : Ça, c'est comme une tarte, Mme Richard. Plus la portion,
hein, de ma pointe de tarte est grosse, moins il en reste pour mes amis. Parce
que ça a l'air que... À l'urgence, là, moi,
je me disais des fois : Il ne pourrait pas demander à un autre médecin de
venir faire du déblayage un petit peu, là? C'est votre prescription, là,
puis un point, puis... hein? On m'a dit que ça ne se faisait pas.
Ça fait que
moi, je veux juste savoir aussi, s'il y a des médecins qui sont plus proches de
certaines personnes qui ont à prendre des décisions, si ça pourrait
arriver. C'est juste ça.
Le Président (M. Tanguay) : M. le
ministre. Pour encore 1 min 15 s à nos débats.
M.
Barrette : M. le Président, je vais dire à Mme la députée que je sais
très bien qu'elle sait très bien que, là où il y a de l'homme, il y a de
l'hommerie.
Mme Richard : Je n'osais pas le dire.
M. Barrette : Et il y en a chez les
médecins aussi, mais, pour peut-être répondre plus précisément, il n'y a pas rien dans la loi, formellement, qui prévoit de
régler cet élément-là, mais la réponse est oui quand même en ce sens qu'il y a des règlements de CMDP, il y a un CMDP
puis il y a de l'administration, là. La personne... Non, mais c'est
parce que je vois, je vois, je vois...
Mme Richard : Je veux juste vous
dire pourquoi je vous...
M.
Barrette : Non, non, mais je
comprends très bien la question puis je sais très bien à quoi vous faites
référence, c'est bien sûr, là. Mais là, à un moment donné, il faut que les gens qui sont en position d'autorité fassent leur job
aussi, là. Là, ce n'est pas au ministre
de la Santé, ni au premier ministre, ni au gouvernement d'aller gérer les chicanes de clocher sur
le terrain d'une région, là.
Le Président (M. Tanguay) : Collègue
de Duplessis.
Mme Richard : Ce n'est pas ça que
j'ai dit, M. le Président. Mais moi, je le sais pour l'avoir vu.
M. Barrette : Bien, moi aussi, je
l'ai vu. Je l'ai vu moi aussi.
Mme Richard : Un couple de médecins,
ton mari a un poste assez important, tu as décidé que toi, tu ne te faisais pas réveiller la nuit, là, pour aller à
l'urgence, parce qu'il y a des
régions, ce ne sont pas des vraies urgences, tu as décidé que tu n'en
faisais plus, de l'urgence. Et ça, ça existe.
Le Président (M. Tanguay) : Merci.
M. Barrette : Ça, ça veut dire aussi
que les gestionnaires ne font pas leur job.
Mme
Richard : Comme certains médecins ont décidé, à un moment donné, qu'ils ne faisaient plus d'accouchement à tel endroit parce que
ça ne les intéressait plus; ils ne se sentaient pas sécures ou ils étaient trop
pris. Pourtant, le ministère les payait pour faire leur quota en accouchement.
M. Barrette : Bien oui, puis vous
avez raison, ça, ce sont des gestionnaires, des décideurs qui n'ont pas fait
leur job.
Mme Richard : C'est ça.
Le Président (M. Tanguay) : D'accord.
Alors, merci beaucoup, chers collègues.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne
ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 heures)