(Neuf
heures trente-cinq minutes)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
Collègues,
la commission est réunie afin de procéder à des consultations particulières et auditions publiques sur les conditions
de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement et de soins de longue
durée.
Collègues,
je vous félicite… vous rappeler qu'en séance de travail, le 14 mai 2013, on a
adopté une motion pour avoir cette
étude. Alors, après beaucoup de travail par tous les collègues
de la commission dans les séances de travail, nous sommes
ici aujourd'hui pour le commencement de nos études. Alors, je vous félicite, collègues.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Non, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, ce matin, nous allons commencer avec les remarques préliminaires puis nous
recevrons les agences de la santé et
des services sociaux de Montréal,
puis Saguenay—Lac-Saint-Jean, ainsi que l'Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec.
Nous allons ajourner nos travaux aujourd'hui à 17 heures.
Remarques préliminaires
Alors,
on commence maintenant avec les remarques préliminaires. Alors, j'invite
maintenant Mme la députée de
Sainte-Rose à faire ses remarques préliminaires pour une période maximale de
six minutes. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Suzanne Proulx
Mme
Proulx : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour à
tous. Ça me fait plaisir de saluer les membres de la commission, collègues membres de l'opposition, mes collègues du
gouvernement. Je tiens également à saluer tout le personnel politique ainsi que le personnel de
l'Assemblée nationale, qui vont nous accompagner tout au long des travaux
de cette commission.
Nous
sommes donc aujourd'hui réunis afin d'étudier la question des conditions de vie
des adultes en CHSLD. Nous le savons,
le Québec, après le Japon, est l'endroit où l'on vieillit le plus rapidement.
D'ici 2031, on estime que plus de
25 % de notre population aura 65 ans ou plus. Cette réalité nous
oblige à revoir nos façons de faire dans le réseau de la santé afin de répondre aux besoins spécifiques
d'une population vieillissante. Il nous faut offrir des réponses novatrices
et efficaces à une des plus grandes prépondérances de maladies chroniques et de
pertes d'autonomie.
En ce sens, mon
collègue député de Saint-François, ministre de la Santé et des Services sociaux
et ministre responsable des Aînés, a
récemment déposé le projet de loi n° 67 sur la création d'une assurance
autonomie afin de favoriser le maintien à domicile des personnes en
perte d'autonomie. Ce projet est une avancée majeure afin de redonner aux personnes âgées le choix du milieu de vie où elles
veulent vivre. C'est là un souhait que les aînés ont largement exprimé
lors des consultations publiques qui se sont tenues en 2007.
Dans
cette optique, les CHSLD ont leur place et constituent des partenaires
incontournables de notre réseau et ils continueront
de l'être dans le futur. En effet, en accueillant des personnes présentant des
pertes d'autonomie sévères et requérant
une intensité élevée de services, les CHSLD jouent un rôle essentiel, et ce, en
complémentarité avec les autres ressources disponibles sur le terrain,
comme par exemple les ressources intermédiaires.
Toutefois,
le CHSLD se situe à la fin du continuum de services pour une personne en perte
d'autonomie, parce que, bien sûr, certaines personnes continueront de
présenter des pertes d'autonomie ne permettant pas leur maintien à domicile et pour lesquelles les CHSLD s'imposeront
comme la meilleure option. Il faut savoir que 3 % de la population âgée de 65 ans et plus réside en centre
d'hébergement au Québec et que, pour ces personnes, le CHSLD représente un
chez-soi, un véritable milieu de vie.
La
qualité de vie des personnes vivant en CHSLD, leur bien-être et leur sécurité
doivent constituer pour nous et pour les professionnels du réseau une
priorité. L'image des CHSLD a été ternie par des histoires malheureuses et inacceptables au cours des dernières années. De
plus, le Vérificateur général a fait un rapport accablant au sujet de certains
CHSLD. Il m'apparaît toutefois important,
alors que débutent les consultations, de rappeler que cela ne représente pas la
réalité de la grande majorité des CHSLD. Il
importe aussi de souligner le travail
exemplaire effectué au quotidien par les professionnels oeuvrant en
CHSLD, dont on oublie trop souvent le professionnalisme et le dévouement dont ils font preuve
à l'endroit des personnes les plus vulnérables de notre société.
J'espère que cette commission parlementaire pourra être le témoin de belles réalisations qui se font au quotidien dans
nos établissements québécois. Les pratiques évoluent, la clientèle des CHSLD
aussi, et, devant le changement, nous nous
devons d'être proactifs. Cela, nous le faisons en écoutant nos partenaires, en
répertoriant les meilleures pratiques, en analysant nos pratiques
actuelles afin de voir si elles correspondent aux besoins exprimés sur le
terrain. Je pense notamment à la formation des professionnels qui oeuvrent en
CHSLD.
• (9 h 40) •
Être
proactif, c'est aussi réfléchir à des solutions innovantes, novatrices,
créatives pour améliorer ce milieu de vie tout particulier. Notre
gouvernement a déjà posé plusieurs gestes et adopté plusieurs mesures afin
d'améliorer le bien-être et la sécurité des
aînés en établissement de soins de longue durée. Il a, entre autres, consenti
plusieurs efforts afin de réaménager
des installations d'hébergement et afin d'implanter des milieux de vie.
D'importants investissements ont
aussi été faits aux quatre coins du Québec afin de rénover, revitaliser et
moderniser des CHSLD devenus vétustes, et ce, afin d'améliorer la sécurité des
lieux et afin d'offrir un milieu de vie plus agréable aux résidents. Le
processus des visites ministérielles
d'évaluation en CHSLD a été revu. En effet, ces visites se sont nettement
intensifiées, en plus d'être menées
désormais avec la participation d'organismes travaillant à la défense des
droits des aînés et des résidents en CHSLD.
La
maltraitance constitue un phénomène complexe qui peut se produire dans
différents milieux, y compris le milieu institutionnel. Toutefois, la maltraitance en milieu institutionnel est
peu documentée pour l'instant. Afin de mieux cerner l'ampleur du phénomène, le ministre Hébert a
annoncé, en novembre dernier, que la Chaire de recherche sur la maltraitance
envers les personnes aînées se voyait
confier un mandat qui permettra de réfléchir aux meilleurs moyens pour assurer
la santé et le bien-être de nos
aînés. Ce mandat permettra de mettre en lumière les diverses mesures en place
ainsi que les mécanismes existant au Québec et ailleurs dans le monde.
L'amélioration
de nos pratiques est un souci continu. Nous sommes heureux de pouvoir nous
mettre à l'écoute de nos partenaires
afin d'éclairer notre réflexion sur les conditions de vie des aînés en CHSLD.
J'espère que ces consultations nous
permettront de mettre en lumière les améliorations que nous devrions apporter
au système actuel afin d'assurer le bien-être des résidents de ces
établissements. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme la députée. Alors,
maintenant, j'invite la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne
à faire ses remarques préliminaires pour une période maximale de six minutes.
Mme la députée.
Mme Marguerite Blais
Mme
Blais :
Merci, M. le Président. C'est un privilège pour notre formation politique de
débuter cette commission parlementaire
importante. Je tiens à saluer les députés de ma formation politique, les
parlementaires des autres formations qui vont participer pleinement à
cette commission, le personnel politique et celui de l'Assemblée nationale.
C'est
le 14 mai 2013, par le biais de la députée de Gatineau, que le mandat
d'initiative que j'avais déposé, soit celui
d'examiner les conditions de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement
et de soins de longue durée, a été saisi
par les membres de la commission. Le 17 septembre 2013, je suis devenue membre
de la Commission de la santé et des
services sociaux. Il nous apparaissait essentiel d'éclairer et d'examiner les
conditions de vie de 37 424 personnes en perte d'autonomie de façon modérée ou sévère — données au 31 mars 2012 — qui vivent dans un CHSLD public et privé
conventionné, surtout pour faire écho au
projet de loi n° 67 sur l'assurance autonomie que nous allons
prochainement étudier.
Il va sans dire que
nous souhaitons tous demeurer à domicile le plus longtemps possible. C'était
d'ailleurs l'une des conclusions de la
consultation publique sur les conditions de vie des aînés qui s'est tenue en
2007. Mais il arrive que cela ne soit
plus possible. C'est pourquoi les CHSLD demeurent indispensables. On ne peut
pas faire de compromis quant à la sécurité et à la santé des adultes
hébergés.
La
grande majorité des personnes en CHSLD sont âgées de 75 ans et plus. Ce sont
des résidents qui présentent de
multiples conditions de santé. Il n'en demeure pas moins que 11 % des
résidents, en 2012, étaient âgés de moins de 65 ans. Cette clientèle est hétérogène et mal connue. Certains parmi ces
résidents sont jeunes et partagent leur quotidien avec des personnes très âgées. Les besoins au niveau de
leur stimulation intellectuelle sont
fort différents de ceux d'une personne âgée.
Cet aspect doit être abordé, examiné afin de trouver des pistes de solutions à
une question complexe. Le milieu de vie en CHSLD
peut-il être amélioré et comment? C'est la question centrale de cette commission
parlementaire.
Les
médias brossent parfois un portrait sombre de situations vécues dans certains établissements, ce qui crée une perception négative dans la population pour
l'ensemble des 202 établissements ayant une mission de CHSLD au Québec.
Les médias ont raison de rapporter les faits
lorsqu'il y a des abus, des cas de maltraitance, qui sont inadmissibles, une
mauvaise gestion, une alimentation
déficiente, un manque et des coupures de personnel, et le reste. Nous ne le
dirons jamais assez, un cas
malheureux est un cas de trop, mais il y a aussi de belles histoires à
raconter, qui peuvent servir de modèles, d'exemples à développer, à
appliquer, et du personnel compétent dans beaucoup de CHSLD.
Le
but de cette commission parlementaire n'est pas de faire une enquête sur les
CHSLD. Nous trouverons forcément des
éléments négatifs, mais nous souhaitons surtout éclairer des réalités actuelles
afin de cheminer et de dénicher des idées innovantes pour améliorer les conditions de vie des adultes qui y sont
hébergés. Tout n'a pas été dit sur les CHSLD, loin de là. Nous avons donc le devoir de rassurer la
population sur ces établissements, et le rôle du gouvernement sera de corriger
le tir, s'il y a lieu, lorsque le rapport final sera déposé.
Le
gouvernement précédent a mis en place des mesures pour améliorer certaines
situations. Entre autres, nous avons resserré et amélioré le processus
d'inspection des visites en CHSLD, ajouté des inspecteurs, aboli le préavis de 24 heures donné aux établissements avant les
visites, l'obligation de prendre un repas avec les résidents. Le gouvernement
actuel poursuit ces changements qui étaient nécessaires.
J'ai
également déposé en octobre dernier le projet de loi n° 399, Loi visant à
enrayer la maltraitance des personnes vulnérables
hébergées dans le réseau de la santé et des services sociaux. De nombreux pas
dans la bonne direction ont été faits,
mais nous devons aller plus loin, et c'est ce que nous souhaitons faire en
apportant un éclairage supplémentaire afin de mieux comprendre la
réalité de tous les adultes hébergés en CHSLD.
Je terminerai en souhaitant que cette commission
parlementaire poursuive ses travaux avec une approche non partisane. Nous sommes toutes et tous réunis dans
le but de mieux servir les adultes hébergés en CHSLD. Je remercie tous celles et ceux qui ont préparé un mémoire. Je
nous souhaite une excellente commission parlementaire particulière, des visites en CHSLD qui sauront nous mettre un
peu plus au parfum de cette réalité et je vous invite tous à répondre au
questionnaire sur le site de l'Assemblée
nationale. Vos réponses sont importantes pour nous. Mmes et MM. les députés,
M. le Président, merci.
Auditions
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme la députée. Alors,
maintenant, je souhaite la bienvenue à nos invités. Nous recevons
l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.
Pour les fins d'enregistrement, je vous demande
de bien vouloir vous présenter. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
mais par la suite nous allons procéder à la période d'échange avec les membres
de la commission. Alors, la parole est à vous. Mme McCann, bienvenue.
Agence de la santé et
des services
sociaux de Montréal (ASSS-Montréal)
Mme McCann
(Danielle) : Merci, M.
le Président. Alors, M. le Président, membres de la commission, mesdames
et messieurs, bonjour. Alors, tout d'abord, permettez-moi de vous présenter les
personnes de l'agence qui m'accompagnent
aujourd'hui. Alors, il s'agit, à ma gauche, de M. Patrick Murphy-Lavallée,
directeur des programmes-services; Mme Lydia
Ingenito, à ma droite, qui est directrice adjointe du programme Soutien à
l'autonomie des personnes âgées; et, derrière nous, Mme Maryse
Beaumier-Robert, conseillère en communications.
• (9 h 50) •
Alors, avant
de débuter, j'aimerais remercier la commission de nous permettre de présenter
aujourd'hui les grandes lignes de
notre mémoire et notre vision de l'hébergement de longue durée à Montréal.
D'entrée de jeu, j'aimerais faire un
portrait, un bref portrait de notre région. Montréal dispose d'un peu plus de
12 000 places d'hébergement permanent en centre de soins de longue durée, réparties dans 80 installations
publiques et privées, privées financées, que je nommerai dorénavant CHSLD. Parmi ces places d'hébergement,
environ 1 200 places proposent une offre de services adaptée aux
différentes communautés culturelles. Et un peu plus de 500 places
permanentes sont dédiées aux clientèles ayant des besoins spécifiques d'encadrement
en raison d'une déficience intellectuelle ou de troubles graves de
comportement. Notre offre comporte aussi des
places d'hébergement temporaires. 86 places sont prévues pour
donner du répit aux proches aidants
et 25 sont dédiées aux urgences sociales lorsqu'un hébergement immédiat est nécessaire en
raison d'une situation inattendue.
Les personnes de 65 ans et plus
représentent 86 % de la clientèle hébergée en CHSLD. Plusieurs présentent d'importants déficits cognitifs associés à des
troubles de comportement. Chaque année, à Montréal, environ
4 500 personnes sont
accueillies en hébergement permanent. Le visage de la clientèle en centre
d'hébergement a d'ailleurs grandement évolué
au cours des dernières années. Comme l'organisation de notre service est axée
sur la prestation des soins à domicile le
plus longtemps possible, lorsque les personnes sont admises en CHSLD, elles ont
déjà perdu beaucoup de leur autonomie.
L'alourdissement
de la clientèle représente donc pour nous un défi important et nous oblige à
adapter notre offre de services en
CHSLD afin de répondre à des besoins de plus en plus complexes et diversifiés.
Pour mieux répondre aux besoins de la
clientèle, l'agence procède depuis quelques années à une importante
transformation de son parc de ressources d'hébergement pour la longue durée. Cette transformation prévoit des
sommes additionnelles pour adapter 1 500 places existantes en CHSLD aux besoins de personnes en
lourde perte d'autonomie et la réduction du nombre de chambres à plusieurs lits au profit de chambres privées ou
semi-privées. Cette transformation se fait dans la continuité de la mise en
place de l'approche milieu de vie, déjà entamée depuis plusieurs années dans le
réseau, notamment en ce qui a trait à l'organisation physique des lieux.
Au cours des
trois dernières années, 123 projets visant spécifiquement l'amélioration
de la qualité de vie ont été réalisés
dans les CHSLD montréalais. Ces projets touchaient notamment la rénovation des
salons communs, des salles polyvalentes,
de la salle à manger, des locaux de services et de réadaptation. Ils pouvaient
également toucher directement le milieu de vie intime du résident, comme
sa chambre.
La transformation de notre parc de ressources
d'hébergement nous donne également l'occasion de maximiser le potentiel
d'accueil d'installations existantes qui, en raison de contraintes architecturales,
ne peuvent accueillir une clientèle en
lourde perte d'autonomie. Cette démarche permet d'ajuster l'offre de services
d'hébergement pour accueillir des
clientèles spécifiques, comme des personnes marginalisées aux prises avec des
problèmes de toxicomanie, de santé mentale, atteintes de maladie
d'Alzheimer ou encore des personnes présentant des déficits cognitifs avec
troubles de comportement. À Montréal, sept CHSLD ont été invités à
présenter un projet clinique en ce sens.
J'aimerais
maintenant aborder la question des services et des soins. Plusieurs de nos
CHSLD ajustent leur offre de services
afin qu'elle soit adaptée aux besoins et aux attentes des résidents. Comme la
clientèle hébergée arrive désormais plus
tard en CHSLD et qu'elle y séjourne moins longtemps, l'équilibre entre milieu
de vie et milieu de soins prend tout son sens. L'approche préventive appliquée
autrefois n'a plus la même pertinence. Il faut donc concilier l'approche milieu
de vie et milieu de soins et de fin de vie
tout en s'adaptant aux multiples problématiques, parfois graves, des nouvelles
clientèles hébergées en CHSLD. On peut penser à des personnes souffrant des
troubles de santé mentale comme la schizophrénie
ou la bipolarité. Ces clientèles posent, d'ailleurs, de nombreux défis
supplémentaires, notamment au plan clinique.
Dans
ce contexte, l'accès à des ressources spécialisées est essentiel. Les CHSLD doivent développer des liens avec d'autres partenaires afin d'accroître le
développement de corridors de soutien entre la deuxième, la troisième ligne
et la première ligne. Le CSSS de Bordeaux—Cartierville—Saint-Laurent en est un bel exemple. Les employés
des CHSLD de ce CSSS peuvent compter
sur des gérontopsychiatres de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal pour les
soutenir et les conseiller lorsque les résidents présentent des
problématiques de santé mentale.
Toujours
en lien avec l'offre de soins et de services, nous ne pouvons passer sous
silence la présence de nombreuses personnes
issues des communautés culturelles dans nos CHSLD. Au-delà des résidents issus
de l'immigration qui sont présents dans nos centres d'hébergement en
général, sept CHSLD ont une offre de services spécialement adaptée aux différentes communautés culturelles, soit juives,
chinoises, polonaises, italiennes, arabes. Il arrive souvent que ces personnes
ne parlent pas la même langue que le
personnel, qu'elles aient diverses croyances religieuses ou encore certaines
habitudes alimentaires. Cette situation requiert des ajustements
constants mais nécessaires de la part des intervenants dans les pratiques cliniques, mais également dans leur
approche auprès des résidents et des familles. La formation et la
sensibilisation du personnel sont
alors essentielles pour répondre aux attentes de cette clientèle. Rappelons que
le tiers de la population
montréalaise provient d'une communauté culturelle.
Comme
nous venons de le voir, la variété des besoins de la clientèle, en CHSLD, pose
des défis énormes. Pour y faire face,
les établissements sont également soucieux de développer les compétences de leurs
employés. Le personnel en place a
besoin de formation en continu. Il doit notamment acquérir des
habiletés complexes afin de composer avec des résidents atteints sur le
plan physique et psychique, parfois agressifs et aux réactions imprévisibles.
Parmi
les initiatives porteuses en matière de formation, l'agence est fière de
souligner la publication récente par le CSSS du Sud-Ouest—Verdun, du
cahier Milieu de vie. Celui-ci propose plusieurs points de repère pour
les employés des centres
d'hébergement travaillant de près ou de loin avec les résidents. En plus de la
formation, l'organisation du travail doit être revue pour faire face
à certains enjeux cliniques. Ces changements peuvent se traduire par la mise en
place d'équipes interdisciplinaires alors en mesure de répondre aux besoins
particuliers des clientèles.
La
présence des proches aidants en CHSLD a également une influence directe dans l'organisation du travail. Ces personnes ont
souvent pris soin de leurs proches pendant de longues années, ils souhaitent
demeurer impliqués, ce qui est une
excellente nouvelle. Nous fondons d'ailleurs beaucoup d'espoir sur un projet pilote impliquant trois établissements d'hébergement où les résidents et les proches sont considérés
comme des partenaires de soins. Ce projet vise notamment à développer et améliorer les pratiques
organisationnelles en multipliant les possibilités d'expression des résidents
et à favoriser une meilleure communication entre les professionnels et les
proches aidants.
J'aborderai, maintenant,
la question du suivi de la qualité des services et des soins dans nos
ressources d'hébergement. Sachez que la qualité est, pour nous, une priorité.
L'agence prend part aux visites ministérielles et assure le suivi des plans d'action qui en découlent. Elle
assure également le suivi des recommandations du rapport du
coroner et du Protecteur du citoyen. Depuis le 1er avril 2013,
25 CHSLD montréalais ont été visités, et, d'ici 2015, nous allons compléter la tournée de l'ensemble des
installations de la région de Montréal. Évidemment, nous sommes soucieux que
nos établissements partagent leurs bons
coups. Sous peu, l'agence mettra donc en place un outil de compilation de
données qui permettra de faire
connaître les initiatives gagnantes afin d'instaurer des milieux de vie de
qualité pour les résidents en CHSLD.
Avant de conclure,
j'aimerais glisser quelques mots sur le soutien offert par nos CHSLD dans le
maintien des personnes à domicile. Nous
croyons que les CHSLD sont des partenaires incontournables pour concrétiser
cette orientation. Plus précisément,
selon nous, les services de répit et les centres de jour des CHSLD sont
essentiels dans l'offre de services de nos CSSS pour permettre de
prolonger la vie chez soi.
En
conclusion, j'aimerais saluer l'ensemble du personnel du réseau montréalais. Il
s'agit, entre autres, de milliers de personnes qui font un travail
remarquable pour offrir à tous les résidents des CHSLD des soins et des
services de qualité adaptés à leurs besoins
spécifiques. Bien sûr, le réseau fait face à de grandes transformations, mais
soyez assurés que nous sommes déjà à
pied d'oeuvre pour relever le défi, adapter les mieux de vie que sont nos CHSLD
à la hauteur des besoins actuels et à venir de chacun de nos usagers. Et
je vous remercie pour votre attention.
Le
Président (M. Bergman) : Mme McCann, merci pour votre
présentation. Maintenant, l'échange avec le groupe ministériel, Mme la
députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : M. le Président, avant de débuter l'échange, est-ce
que je pourrais proposer que le temps soit scindé en deux périodes de 10
minutes, si nos collègues sont d'accord?
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a consentement?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je vais répondre à ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On l'a déjà essayé, puis on
trouve qu'il n'y a pas de continuité, puis ce n'est pas assez long. On est mieux de faire nos 20 minutes
chacun, et puis c'est beaucoup plus facile en termes de continuité que de faire
deux fois 10 minutes. On l'a déjà essayé dans une autre commission
parlementaire, puis ça n'avait pas donné vraiment des bons résultats.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, on va laisser le temps dans un
bloc. Alors, Mme la députée de Sainte-Rose.
• (10 heures) •
Mme Proulx :
Merci, M. le Président. Alors, Mme McCann, ça me fait plaisir de vous saluer,
et vos collègues aussi. Je vous
souhaite la bienvenue dans cette commission. Et je pense que vous avez soulevé
une foule de thèmes qu'il nous fera plaisir, là, de discuter et d'aborder
avec vous pendant nos échanges.
Mais,
d'entrée de jeu, j'aimerais saluer cette initiative que je vous ai entendu mentionner, de compiler les initiatives gagnantes dans les différents CHSLD. Je pense que c'est exactement comme ça qu'on aborde
les travaux de cette commission aussi.
Comme le
mentionnait ma collègue, ce n'est pas une commission d'évaluation,
d'inspection, c'est une commission pour
comprendre comment ça fonctionne, mais aussi pour voir comment on peut
améliorer les soins et la qualité de vie dans les CHSLD. Et c'est vraiment intéressant de voir qu'on peut
apprendre des autres et qu'on peut… Ça sera une belle opportunité de faire rayonner les initiatives
porteuses et les bons coups qui sont faits dans les différents établissements.
Vous avez
mentionné dans votre présentation cette particularité que vous avez, à
l'agence, d'être en transformation. J'aimerais
ça que vous nous parliez un peu plus de cette transformation, si j'ai bien compris,
de diminuer certaines ressources d'hébergement
pour en augmenter d'autres en fonction du profil. Pouvez-vous nous expliquer un
peu plus de quoi il s'agit?
Le Président (M. Bergman) :
Mme McCann.
Mme McCann
(Danielle) :
Certainement. Merci. Alors, à Montréal, nous avons un grand parc d'hébergement
historique. Plusieurs de nos CHSLD ont été
bâtis dans les années 30, 40, 50. Alors, contrairement à d'autres régions, nous
avons, nous, un grand parc et nous devons le
transformer. Donc, actuellement, nous avons l'équivalent de 13 000…
environ 13 000 places…
14 000 places, pardon, en centre d'hébergement qui sont des centres
d'hébergement publics ou des centres d'hébergement
privés conventionnés ou privés financés. Et, dans ce parc-là, nous avons 9 000
places où est-ce que nous pouvons accueillir des personnes en très
lourde perte d'autonomie. Il y a 3 000 places où est-ce que nous devons vraiment faire une transformation. Dans ces
3 000 places, nous avons à peu près 1 500 places où nous devrons rehausser,
donc ajouter du personnel. Et c'est ce que
nous allons faire dans les années à venir, le plus rapidement possible, pour
qu'elles puissent accueillir des personnes en lourde perte d'autonomie.
Nous avons
également quelques CHSLD, sept au total, où, à cause de barrières
architecturales, il n'est pas possible pour ces CHSLD d'avoir des
clientèles en plus lourde perte d'autonomie. Alors, nous allons en faire des
ressources spécifiques pour des clientèles
qui ont des problèmes de toxicomanie, santé mentale, troubles de comportement
plus sévères. Alors, nous allons
utiliser ces places-là pour les clientèles qui en ont beaucoup besoin. Nous
allons également développer davantage
nos ressources intermédiaires. Nous en avons 2 000 actuellement et nous
allons en ajouter pour l'équivalent de 350.
Alors, cette
transformation est très importante. J'ajoute à cela : probablement
diminuer les chambres multiples. Nous
avons encore l'équivalent de 400 à 500 places où on a des chambres multiples,
des chambres à cinq, des chambres à quatre, des chambres à trois, et nous voulons
éliminer, dans les deux à trois prochaines années, ces chambres multiples pour
en faire des chambres, à tout le moins, semi-privées.
Alors, c'est une grande transformation que nous
avons entamée. Mais un point ici très important dans cette transformation, c'est que nous intensifions le
maintien à domicile. Et nous avons fait des démarches. Actuellement, par
exemple, il y a des personnes qui arrivent à
l'hôpital pour recevoir des soins, des personnes âgées, et nous avons donné des
directives, nous avons travaillé beaucoup avec nos établissements. Et
actuellement les personnes qui ont terminé leurs soins actifs à l'hôpital vont retourner à domicile davantage avec
les services requis au lieu d'attendre à l'hôpital pour une période beaucoup plus longue ou d'aller dans
une ressource d'évaluation. Nous allons ramener davantage les personnes
à domicile parce que nous avons intensifié le maintien à domicile, nous avons
ajouté des ressources.
Nous avons eu
des développements évidemment qui nous ont été transmis par le gouvernement,
par le ministère. Mais nous avons
même, au niveau de la région de Montréal, ajouter des développements en
maintien à domicile parce que nous
pensons que vraiment c'est essentiel, comme on le disait tout à l'heure, que
les personnes demeurent à domicile le
plus longtemps possible. Et donc, dans ce sens-là, notre parc d'hébergement va
servir davantage, comme il devrait le faire, à des clientèles en lourde
perte d'autonomie.
Alors, c'est
une grande transformation. J'ajouterais que notre offre de services en maintien
à domicile va aussi s'intensifier
pour les personnes qui sont en résidence pour personnes âgées. Nous avons
24 000 unités, à Montréal, de résidences
pour personnes âgées et nous devons intensifier notre maintien à domicile dans
ces résidences pour que les personnes
restent chez elles. Et donc le parc d'hébergement que nous avons va servir
davantage pour la lourde perte d'autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Avec ce que vous venez de souligner, est-ce que vous diriez qu'en 2014 l'offre d'hébergement de lits en CHSLD sera suffisante, compte tenu que, si j'ai bien entendu, vous prévoyez ouvrir plus de places en
ressources intermédiaires et
intensifier le maintien à domicile? Compte
tenu de ça, de ce plan d'action que vous avez, est-ce que vous pensez
que le nombre de places pour les personnes en lourde perte d'autonomie sera
suffisant à l'agence de Montréal?
Le
Président (M. Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Oui, M. le Président. Oui, nous pensons que le nombre de places est suffisant. Évidemment,
avec l'intensification du maintien à domicile, dans les ressources privées
aussi, à domicile, certainement, nous pensons que le nombre de places
présentes actuellement à Montréal est suffisant.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Merci. Je vais laisser ma collègue de Masson…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Bonjour. Bonjour, Mme McCann,
monsieur… madame, monsieur. Alors, écoutez, avec ce que je viens d'entendre, je pourrais vous poser la
question : Est-ce que vous présumez, donc, que la mise en place de l'assurance autonomie, qui va favoriser le
maintien à domicile, va vous aider à aller également dans ce sens-là? Donc,
si je comprends bien, c'est des choses qui
devraient vous aider dans les prochaines années aussi. Est-ce que c'est le cas?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann
(Danielle) : Oui, M. le Président. Tout à fait, parce
qu'évidemment les orientations que nous prenons
à Montréal sont vraiment dans le sens... dans les orientations de l'assurance
autonomie, du projet de loi, là, du gouvernement,
du ministre Hébert. Alors, certainement, ce projet va nous aider à aller
beaucoup plus loin au niveau, là, de
garder les personnes chez elles avec les services requis, évidemment autour,
là, de toutes les activités de vie quotidienne, les activités de vie domestique. Évidemment, l'organisation de services
qui va se faire avec les entreprises d'économie sociale, avec les centres de santé et de services sociaux, ça va être
extrêmement aidant, ce projet de loi, là, d'assurance autonomie, pour la
transformation que nous voulons faire à Montréal, bien entendu.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci. Alors, vous nous avez parlé du plan
de transformation, de ce que vous avez entrepris
et où vous vous en allez. Mais, si on parlait, aujourd'hui, des services
d'accessibilité de la clientèle, est-ce que la population actuellement attend longtemps avant d'avoir une place qui lui
est nécessaire soit en CHSLD aujourd'hui ou au moment où on se parle, ou est-ce que c'est quand même dans des eaux
quand même relativement acceptables, compte tenu de ce que vous avez entamé mais qui n'est pas encore complètement
terminé? Est-ce que vous pouvez nous parler de ça?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Oui, M. le Président. Effectivement, actuellement, nous
avons une attente moyenne de sept
mois pour entrer dans une ressource d'hébergement. Il faut dire d'entrée de jeu
que toute situation d'urgence, par exemple,
où une personne ne peut plus demeurer à domicile, nous y répondons très, très
rapidement. Alors, là-dessus, il n'y
a aucun problème de sécurité de la clientèle. Nous sommes en mesure de répondre
immédiatement à toute situation d'urgence.
Donc,
les personnes qui attendent actuellement sont en majeure partie à domicile, à
cause effectivement qu'on a intensifié nos services à domicile, et elles
ont les services requis. Donc, l'attente moyenne est de sept mois, mais, encore une fois, ces personnes ont tous
les services dont elles ont besoin, que nous sommes en mesure de donner, là, avec l'offre de services que nous avons à
Montréal, à domicile. Et les services sont sécuritaires, les personnes sont en
sécurité à domicile.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Si je comprends bien, les gens sont quand
même pris en charge, ils ne sont pas
en... ils sont supportés durant cette période de temps là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Oui, M. le Président. Oui, tout à fait. Et j'ajouterais à ça que — ce
que je vous disais tout à
l'heure — il y
avait quand même un nombre quand même
important de personnes qui étaient à l'hôpital aussi, qui
attendaient, et, avec les démarches que nous
faisons à Montréal, nous sommes en mesure de vous dire aujourd'hui que ce nombre a diminué de façon importante.
Nous
étions, pour vous donner un exemple, à 200 personnes qui attendaient, par exemple, pour des soins postaigus dans
les hôpitaux de Montréal, maintenant
qui retournent à domicile avec des
services. On est à peut-être 40 personnes actuellement, là, qui sont en évaluation
à l'hôpital, ce qui est vraiment quelque
chose de fort intéressant, parce qu'on sait que les personnes préfèrent... Nous
préférons tous être à domicile avec les services nécessaires.
Et l'attente
pour l'hébergement a beaucoup diminué
également. Nous avons une déclaration d'hébergement… un pourcentage de
déclaration d'hébergement qui a baissé, à Montréal, de façon importante. On
était à 7 % auparavant, on est à 5 % maintenant. Donc, c'est vraiment
fort intéressant, ce qui se passe à Montréal dans ce sens-là. Et on est à même
d'améliorer l'offre de services. Nos demandes
d'hébergement ont diminué de façon importante, et les personnes se retrouvent
davantage à domicile maintenant, avec des services qui offrent une sécurité à
ces personnes-là.
• (10 h 10) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Si je comprends bien aussi, de ce que j'ai
compris, il y avait aussi des listes d'attente qui étaient importantes et qu'on a fait aussi un travail de
clarification au niveau de ces listes d'attente là justement pour
regarder si les services étaient encore requis, tout ça. Je pense qu'il y a eu
un travail de fait dans ce sens-là, hein?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Oui, et c'est un travail qui se poursuit, qui n'est pas
terminé. À ce moment-ci, je vous dirais
qu'il y a à peu près 1 500 personnes qui attendent à domicile, la moitié
pour des ressources d'hébergement, de centre d'hébergement, puis la moitié pour des ressources intermédiaires. Mais
nous continuons de faire une évaluation de cette liste d'attente, là, de gens à domicile toujours en sécurité. Et c'est
un travail énorme qui a été fait à Montréal, vous avez absolument
raison, dans ce sens-là et qui se poursuit également actuellement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée…
Mme McCann (Danielle) : Alors, nous pensons que, dans le futur, nous allons
diminuer le temps d'attente pour aller
en centre d'hébergement, qui ne sera plus de sept mois en moyenne, il va
diminuer certainement avec les travaux que nous faisons.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Je suis curieuse de savoir. Est-ce que
vous avez aussi pris des moyens pour que les gens qui sont en attente à l'hôpital ou qui attendent pour aller en
centre d'hébergement, est-ce qu'il y a des moyens qui sont pris concrètement pour les stimuler, pour
éviter qu'ils accentuent leur perte d'autonomie? Est-ce que vous avez mis
des moyens en place aussi pour contrer ça?
Parce qu'on sait que les gens qui sont hospitalisés, les aînés qui sont
hospitalisés accentuent leur perte d'autonomie quand ces événements-là
perdurent trop longtemps dans leur vie.
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Nous avons, oui, travaillé avec les établissements à
Montréal, notamment les centres hospitaliers.
Tous les centres hospitaliers doivent instaurer ce qu'on appelle l'approche
adaptée à la personne âgée. Vous avez absolument raison de dire qu'aux
premières 24, 48 heures, même à l'urgence, les personnes peuvent perdre une autonomie, là, lors d'une hospitalisation. Alors,
il y a des actions qui se font dans ce sens-là, dans les centres hospitaliers,
dans le cadre d'une approche adaptée pour stimuler, hein, avec l'aide, par
exemple, de préposés aux bénéficiaires, que
les personnes se mobilisent, effectivement, dès le début de leur séjour en
hospitalisation lorsque c'est possible aussi. Alors, l'approche adaptée va évidemment jusque sur les unités de soins.
Donc, en plus, on veut raccourcir ce séjour. Quand l'épisode de soins aigu est terminé, on veut que
les personnes soient accompagnées à leur domicile le plus possible avec
les services ou bien, évidemment, dans un autre type de ressource.
Quand
les personnes sont à domicile, il y a également — j'en parlais dans mon allocution — l'importance des centres d'hébergement là-dessus. Il y a des
centres de jour. Dans chacun des territoires des CLSC à Montréal, il y a des
centres de jour qui sont là pour vraiment
recevoir les personnes qui sont capables de s'y rendre — on a des moyens de transport aussi pour les personnes en perte
d'autonomie — et
recevoir évidemment le bénéfice d'activités de stimulation, d'activités de loisir, de contact social pour ces
personnes. Et aussi de la réadaptation peut être faite pour ces personnes
qui sont à domicile. Il y a des
ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des professionnels qui se rendent à
domicile pour avoir des activités de
réadaptation pour ces personnes. On a vraiment un ensemble important, une offre
de services très importante à domicile pour vraiment faire une
réadaptation et stimuler les personnes âgées à domicile.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : En terminant, j'ai une préoccupation par
rapport à… Vous avez parlé, tout à l'heure, de différents centres qui vont se spécialiser pour différents types de
clientèles en raison de l'organisation des lieux avec lesquels… vous avez des bâtiments avec lesquels
vous devez composer. Ça nous amène à la problématique des adultes qui sont hébergés en centre de longue durée, qui
sont plus jeunes et qui vivent des problématiques dues à un état de santé, mais
qui ne sont pas nécessairement des aînés. Alors, est-ce que
vous envisagez, dans le cadre de cette réorganisation-là, peut-être
centraliser une offre de services justement pour cette clientèle-là adulte qui
vit son quotidien de façon très différente? Est-ce que c'est une opportunité
que vous envisagez? J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Oui, M. le Président. Nous devons porter une attention particulière à
cette clientèle qui n'a vraiment
pas les mêmes besoins que les personnes
âgées en très lourde perte
d'autonomie. Et déjà, à ce moment-ci,
je peux vous dire qu'il y a une forme de
concentration, pas totale, là, mais il y a deux centres... deux ou trois
centres d'hébergement, à Montréal, qui ont une plus grande concentration
au niveau, là, de jeunes populations de moins de 65 ans.
Je
parle, entre autres, du CSSS Jeanne-Mance, CHSLD Centre-Ville, qui va être
entendu à la commission, également le
Centre d'hébergement Notre-Dame-de-la-Merci, au CSSS Bordeaux-Cartierville. Et,
au CSSS Sud-Ouest—Verdun,
il y a le Centre d'hébergement des
Seigneurs. Et ces centres d'hébergement... Mais il y a quand même des jeunes
personnes de moins de 65 ans qui
sont dans d'autres centres d'hébergement aussi, mais, si on parle de ces trois
centres d'hébergement, pour vous donner une idée, il y a vraiment une
offre de services particulière qui a été développée dans ces centres-là.
À
titre d'exemple, il faut... Ces personnes sont beaucoup plus impliquées au
niveau, là, des activités, des décisions qui sont prises. On leur donne accès à l'Internet; ça, c'est quand même
assez fondamental de nos jours. Il y a la présence de personnels plus spécialisés, comme sexologues,
psychologues, éducateurs spécialisés, qui sont formés vraiment pour répondre aux besoins particuliers de cette
clientèle, mais qui doit avoir vraiment des opportunités davantage de
s'exprimer et de participer vraiment au milieu de vie pour une clientèle
qui a quand même des besoins particuliers.
On doit vous dire
quand même qu'à Montréal on va aussi travailler dans le sens de créer des
îlots, des petites unités pour des personnes, justement, qui ont des
déficiences physiques. Et nous avons un projet, entre autres, avec le centre Lucie-Bruneau, et c'est une orientation
qu'on va tenter, là, de développer davantage à Montréal pour une jeune
clientèle qui a des besoins particuliers.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Je vous remercie. Je laisserais la parole à...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Merci,
M. le Président. Bonjour à vous. Ce
que je ne rencontre pas dans mon
comté des Îles-de-la-Madeleine, c'est des communautés culturelles, on
n'en a pas beaucoup. Mais vous avez un défi à Montréal, évidemment, avec les communautés
culturelles. Comme vous disiez, il y a un tiers de la population que vous
desservez qui sont de communautés
culturelles. J'aimerais savoir un peu le défi que ça représente et quelles
solutions que vous avez apportées pour offrir les soins, les services
adaptés à cette clientèle.
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Oui, bien, écoutez, je pense qu'on a, à Montréal, une
longue expertise là-dessus, là. On a
sept centres d'hébergement qui sont dévolus davantage, là, à des communautés
culturelles. Et on parlait de communautés de pratique, hein? Alors, on a à mettre en commun des initiatives, des
expertises qui existent dans ces centres d'hébergement et on a à développer davantage à travers tout
notre parc de centres d'hébergement. Et, dans ce sens-là, je pense qu'on a des
pratiques qui évoluent et on doit adapter nos façons de faire.
Je
vais vous donner un exemple. Quand une personne arrive en centre d'hébergement,
il est important, au niveau de
l'accueil, de prendre vraiment les informations sur son histoire de vie. Et ça
se pose aussi pour des personnes, de toute évidence, qui viennent des communautés culturelles. Donc, à ce
moment-là, il faut vraiment porter attention aux pratiques, que ce soient des pratiques religieuses, au niveau
de l'alimentation ou autres, aux besoins de ces personnes. Et c'est au moment de l'accueil, avec l'histoire de vie
souvent qu'on peut vraiment mieux comprendre les besoins de ces personnes.
Donc, c'est toute une approche, là,
interculturelle qu'on développe dans ces centres dont je vous ai parlé, mais à
travers tout le parc à Montréal.
Donc, ça, c'est appelé à évoluer dans les années à venir, mais par communauté de pratiques, bien entendu.
• (10 h 20) •
Le
Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Merci beaucoup, M. le Président. Mme Beaumier-Robert, M. Murphy, Mme McCann, merci
beaucoup d'être là. L'Agence de santé et de services sociaux de Montréal
est l'agence la plus importante. Vous desservez, finalement, 2 millions
de personnes à travers le Grand Montréal, c'est quelque chose de fondamental.
On
a beaucoup parlé des installations avec la partie
ministérielle. J'aimerais ça, avec vous, si on était capables, de traverser l'opacité que représentent les CHSLD
et la perception qu'on en a un peu dans les médias. Et dans les médias, mais, quand je parle des médias, je ne fais pas de
blâme sur les médias, là, je fais… J'aimerais qu'on puisse comprendre c'est quoi, la stimulation qu'il y a
à l'intérieur de ces établissements, à la fois pour les personnes plus âgées, et
aussi vous desservez 14 % de la
clientèle de 65 ans et moins, alors que, dans l'ensemble
du Québec, c'est 11 %, c'est un peu plus, un peu plus élevé. Alors, tout cet aspect de
stimulation intellectuelle et comment vous réussissez à créer de véritables
milieux de vie. Parce qu'il
faut que ce soient des milieux de vie, où l'alimentation est agréable, où la
vie dans un CHSLD n'est pas qu'un
unique corridor avec des chambres de chaque côté, mais finalement
là où on peut faire aussi des activités de loisir, des activités
culturelles, des sorties. Pouvez-vous nous faire visiter ça un peu?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann
(Danielle) : Oui, bien, écoutez, je vous remercie de
la question parce
que ça nous permet de vous parler de notre vision. Et je dois vous dire que
nous pensons que les centres d'hébergement, ça fait partie d'un quartier, d'un quartier à Montréal.
Et il y a de la vie dans un centre d'hébergement, et il y a
de la vie de quartier. Et il y a déjà, dans beaucoup de centres d'hébergement, des activités, des gens
qui viennent de l'extérieur, que ce soit du quartier ou plus large, qui
viennent faire des activités.
Je vais vous
donner un exemple. On a, depuis 2009, avec la Société des arts en milieux de
santé, des concerts qui se donnent
dans plusieurs CHSLD à Montréal. D'ailleurs, c'est aussi dans la région de la Capitale-Nationale. Il y a 99 centres qui ont été touchés, qui ont des
concerts de la Société des arts dans le milieu de santé. C'est donc
2 200 concerts qui ont été
donnés avec la participation de l'orchestre
symphonique métropolitain. Et ça, c'est une initiative très importante. Moi, j'ai été
témoin, d'ailleurs, personnellement de l'impact que ça peut avoir,
comment ça a été apprécié, c'est apprécié par les résidents, non
seulement par les résidents, par les
familles, par les employés, par les proches, par les comités des
usagers. Il faut en parler, des comités des usagers, comment c'est important
dans un centre d'hébergement.
Alors, il faut, à notre avis, ouvrir davantage
les centres d'hébergement. Moi, j'ai été témoin parce que j'ai travaillé dans un centre de santé et de services sociaux où il y avait des centres
d'hébergement, et, à plusieurs endroits, quand le quartier, par ses
bénévoles qui viennent au centre d'hébergement, par des activités organisées
par le centre d'hébergement où les personnes peuvent venir, par exemple, à la
salle à manger, participer à des activités, par des formations qui se donnent
aux familles sur l'approche aux personnes qui ont des troubles cognitifs,
ouvrir les centres d'hébergement sur la
communauté davantage et que la communauté vienne participer à des activités,
c'est une des clés que nous trouvons
importante pour la suite des choses dans les centres d'hébergement. Nos
résidents, ce sont des citoyens à
part entière, et c'est dans ce sens-là, je pense, qu'il faut aller davantage
dans le futur, faire la participation des résidents puis aussi de la
population du quartier, plus large, dans les centres d'hébergement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Quels sont les plus
grands défis que vous avez à relever avec les familles, les proches aidants?
Vous avez mentionné, pendant votre
présentation, que les proches aidants étaient essentiels pour le maintien de la
qualité de vie des personnes qui sont en centre d'hébergement et de
soins de longue durée.
Le Président (M. Bergman) :
Mme McCann.
Mme McCann
(Danielle) : Les
proches aidants sont des partenaires absolument essentiels. Quand on dit qu'il
y a 80 % des personnes âgées en lourde perte d'autonomie qui ont des
problèmes cognitifs, on voit l'importance, à ce titre-là — mais à
bien d'autres titres — de la participation des proches aidants. Simplement à l'accueil,
on a besoin des proches aidants pour
comprendre, avec le résident, bien entendu, l'histoire de vie de la personne
pour bien adapter notre approche
selon les besoins de cette personne-là. On souhaite évidemment que les proches
aidants participent même à des formations. Je pense qu'il faut les
inclure dans les formations qu'on donne dans les centres d'hébergement.
On a trois
projets extrêmement importants pour la région de Montréal qui se sont en mis en
branle récemment avec l'équipe de Dre
Paule Lebel et Vincent Dumez, partenaires de soins, et qui… On mise beaucoup
sur ces projets, qui sont dans trois centres d'hébergement actuellement, où les
proches aidants, les résidents vont pouvoir prendre davantage de place, s'exprimer davantage et on veut que ça
s'étende à l'ensemble des centres d'hébergement. Comme vous voyez, c'est
dans la même foulée que l'approche milieu de vie.
Alors, nos
proches aidants sont essentiels vraiment. Pour qu'on donne les meilleurs soins,
ils doivent faire partie complètement
de l'équipe des centres d'hébergement, ils doivent être supportés par l'équipe
des centres d'hébergement, par le
comité des usagers, par les bénévoles également. C'est une équipe qui s'élargit
autour du résident en centre d'hébergement.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bienvenue à notre
commission. Si on comprend bien votre message,
la perception que nous avons de Montréal, c'est une perception qui date de
plusieurs années. Entre autres, on disait
qu'il y avait 40 % des gens qui étaient dans des CHSLD, mais qui
n'auraient pas dû être dans des CHSLD et qu'il n'y avait pas de soins à
domicile. Ce que vous nous faites comme message aujourd'hui, c'est qu'il y a
une grande transformation en cours à
Montréal qui devrait donner des bons résultats et avoir le patient au bon
endroit avec la bonne ressource.
Le Président (M. Bergman) :
Mme McCann.
Mme McCann
(Danielle) : Oui. Et
c'est majeur pour Montréal, majeur. Et toute l'équipe de l'agence y travaille
vraiment de pied ferme avec les établissements.
Mais on a vraiment des résultats actuellement. Si on voit juste la démarche
qu'on a faite au niveau de ce qu'on appelle
les personnes en fin de soins actifs, là, les personnes âgées, on a diminué de
façon majeure le séjour à l'hôpital. Les
personnes sont maintenant à domicile davantage. On a fermé, dans le passé,
aussi près de 600 places
d'hébergement en milieu hospitalier. L'hôpital, là, ce n'est pas un milieu de
vie, c'est un milieu de soins
essentiellement. Et on comprend que tout le monde est d'accord que c'est mieux
pour la personne âgée, entre autres, là,
quand elle a terminé ses soins actifs, d'aller à domicile ou dans d'autres
ressources qui sont mieux adaptées à ses besoins.
Alors,
l'intensification du maintien à domicile qu'on fait actuellement, on injecte
des ressources même additionnelles,
c'est par là qu'il faut passer pour vraiment transformer. Et on utilise notre
parc d'hébergement. Vraiment, comme je vous le disais, il y a des
installations qu'on va vraiment utiliser, même s'ils ne peuvent pas accueillir
des personnes en
chaise roulante parce qu'ils n'ont pas, là, l'espace architectural, là, on va
accueillir d'autres personnes qui ont
des besoins à Montréal. Et donc, dans ce sens-là, c'est une énorme
transformation qui va s'étaler encore sur, je vous dirais, deux à trois
ans.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. J'ai lu quelques
mémoires, et puis il y en a, entre autres, qui
remettent en question la création des CSSS. Mais quelle est votre perception de
l'arrivée des CSSS, c'est-à-dire le regroupement à Montréal CHSLD, CLSC et parfois
certains hôpitaux, sur l'amélioration des soins puis pour la continuité
des soins? Et puis est-ce qu'on aurait pu continuer à faire la même chose si on
avait gardé ça en entités séparées?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
• (10 h 30) •
Mme McCann (Danielle) : Moi, je pense que les CSSS sont un atout majeur, là, dans
la transformation qu'on fait, mais en
général, de toute façon, pour la continuité des services et des soins aux
personnes, mais aussi à cause de leurs responsabilités locales. Et,
quand je parlais de vie de quartier, je pense, les CSSS sont vraiment en mesure
de créer davantage cette vie de quartier
avec nos centres d'hébergement. Mais aussi, quand on parle de transfert de
connaissance, d'expertise, il y a un
transfert d'expertise qui peut se faire entre les CLSC, les hôpitaux qui sont
intégrés et les centres d'hébergement,
à l'intérieur d'un CSSS. Alors, c'est une force, un centre de santé et de
services sociaux, dans le contexte du réseau montréalais.
Et
je parlais également, dans mon allocution — j'étends ça un petit peu plus large — comment c'est important d'avoir des gens, des établissements, des
organisations qui travaillent au niveau de la deuxième, troisième ligne aussi
pour supporter les centres d'hébergement. Et j'ai nommé l'Hôpital Sacré-Coeur,
avec Bordeaux-Cartierville. Mais on ne peut pas passer sous silence le
rôle important que joue l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, qui
a une offre de services absolument extraordinaire, de formation, dont les
établissements de Montréal profitent de plus en plus.
Si on pense à la
téléconsultation que fait l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal,
ça, ça va supporter beaucoup nos centres
d'hébergement. Il y a également un guide de pratique médicale, là, qu'ils
viennent d'élaborer. C'est extrêmement
aidant pour nos centres d'hébergement. Alors, c'est vraiment de mettre à profit
toutes ces ressources... toute cette
expertise, là, et qu'on travaille ensemble évidemment pour améliorer les
services. Mais je vous dirais que les
CSSS, c'est la base vraiment de ce travail.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. La transformation qui
se fait à Montréal actuellement... Il y
avait quand même un fait, c'est-à-dire qu'il y avait plus de lits de CHSLD dans
le secteur de Verdun qu'il y en avait dans
l'est de Montréal. Et, à un moment donné, il y a des clientèles qui ne
pouvaient pas demeurer près de chez elles, mais elles devaient déménager ailleurs. Est-ce que c'est une transformation
qui est en train de se faire, c'est-à-dire de ramener les clientèles le plus près possible d'où elles
demeurent? Et est-ce qu'il y a un plan de création aussi de nouvelles places à
Montréal pour répondre à ce besoin-là, plutôt que de transférer des clientèles,
on va essayer plutôt de développer des ressources à proximité de leur vie de
quartier?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Là-dessus, on a fait des travaux
dans la dernière année parce qu'on voulait mieux comprendre justement la
trajectoire des personnes, et ce qu'on a vu finalement, c'est que 70 % des
personnes, là, qui demandent de
l'hébergement se retrouvent à l'intérieur de leur pôle. On a divisé Montréal en
six pôles. Montréal est très grand.
Alors, à titre d'exemple, quelqu'un qui demande un hébergement dans le pôle est
de Montréal, 70 % du temps, il va
se retrouver dans le même pôle, le même secteur, si on divise géographiquement
Montréal en six pôles. Donc, c'est quand
même assez à proximité, là, de son lieu de résidence. Puis il y a probablement,
à des moments donnés, aussi des personnes
âgées qui préfèrent être plus près des enfants, alors vont se retrouver dans un
autre secteur de Montréal pour être plus près de leurs enfants. Alors,
c'est quand même une situation raisonnable, je vous dirais.
Mais
c'est sûr que ce n'est pas étanche, hein? Par exemple, un CSSS comme Sud-Ouest—Verdun, qui avait un nombre quand même important, là, de places en
hébergement, beaucoup de gens viennent des CSSS d'autour dans ces centres d'hébergement, là. Ce n'est pas simplement
pour la population qui est desservie par le CSSS, donc ça peut s'élargir
un peu plus vers le pôle voisin, par exemple.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui…
Le
Président (M. Bergman) : Mme McCann, je vais profiter pour vous
demander une question. Sur la question d'accès
à un CHSLD et la question d'évaluation, j'ai lu avec intérêt le système de
mesure d'autonomie fonctionnelle et j'ai lu aussi que, de l'hôpital au lieu d'hébergement, le patient passe à un
lit d'évaluation pendant quelques semaines, et dans un lit de transition, et finalement dans un lit
permanent. Et on a eu beaucoup de commentaires sur ce système, des familles
et des appels aux bureaux de comté, et je me demande si c'est possible d'avoir
un autre système.
Je reconnais
l'importance de l'évaluation, mais je me demande : Est-ce que l'évaluation
peut être faite pendant que le
patient est dans l'hôpital? Car on peut prévenir que le patient va aller à un
CHSLD avec consultation avec la famille, les proches aidants, alors on sait des semaines en
avance où le patient va aller. Est-ce que ce sera possible pour réduire ces changements, car, certainement pour les
familles, mais je pense que la personne âgée même a de la difficulté pour
vraiment quitter sa résidence, aller dans un
hôpital, c'est traumatique, et après ça pour aller dans un lit d'évaluation, un
lit de transition et place permanente. Et je me mets à la place d'une
personne âgée, ça doit être extrêmement difficile.
On parle de
l'importance d'une vie pour les patients, le milieu de vie. Alors, je me
demande : Est-ce qu'on peut trouver
une autre solution à ce problème? Et je reconnais l'importance de l'évaluation,
je reconnais l'importance d'avoir quelque
chose qui est efficace, mais il semble qu'il y ait quelque chose qui ne marche
pas avec ce système pour les patients, pour les personnes les plus
importantes, nos aînées. Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Oui.
M. le Président, merci. C'est un objectif majeur pour nous de diminuer le phénomène dont vous parlez. Et, pour ce faire, là,
on a vraiment, encore une fois, intensifié nos services de maintien à
domicile. Donc, à ce moment-ci, là, il y a de moins en moins... il y a de plus
en plus de personnes qu'on va vraiment acheminer, accompagner à domicile. Et
c'est à domicile que l'évaluation va être faite. Si elle n'a pas été terminée à
l'hôpital, elle va être terminée à domicile.
Et les lits qu'on utilisait pour de l'évaluation vont être transformés davantage
pour une offre de services posthospitaliers
pour reconditionner la personne. Parce qu'il y a des personnes âgées qui ne
peuvent pas retourner, même avec les services de maintien à domicile, à
domicile, elles vont avoir besoin d'un séjour ailleurs
qu'à l'hôpital pour avoir une forme de reconditionnement, de réadaptation. Et
ça, c'est tout à fait dans notre offre de services futurs, et même qu'on
fait évoluer actuellement, là, dans ce sens-là.
Donc, ce que
je dis aujourd'hui, là, c'est que, de moins en moins, les personnes vont avoir
ce déplacement vers un autre endroit
pour être évaluées. On ramène maintenant les personnes à domicile, et c'est là
qu'on complète l'évaluation. Et c'est
beaucoup mieux parce que c'est dans leur milieu de vie naturel. Et, avec les
services qu'on offre de maintien à domicile,
elles pourraient même être plus aptes à rester à domicile plus longtemps. Donc,
c'est le mouvement qu'on fait. Et j'insiste sur le fait que c'est un
objectif majeur pour la région de Montréal actuellement.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Merci, M. le Président. On sait que,
dans la province, lorsqu'on a discuté lors des auditions de l'assurance autonomie, c'est qu'on vise environ
2,5 lits de CHSLD par 100 personnes de 65 ans et plus, on vise environ entre 0,6 et 0,8 place de
ressources intermédiaires. Montréal avait une difficulté dans ses CHSLD parce
qu'une clientèle trop légère était dans les
CHSLD parce qu'il manquait de ressources intermédiaires. Oui on non, vous
êtes d'accord avec ce constat qu'il manquait des ressources intermédiaires?
Mme McCann (Danielle) : ...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Actuellement, quel est votre ratio par
rapport aux lits de CHSLD? Et quel est le ratio que Montréal devrait avoir en tenant compte que peut-être Montréal a des
particularités qui devraient être un peu en haut de 2,5? Pourquoi je
pose la question? Parce que, si on n'a pas les ressources adéquates, un manque
de ressources intermédiaires, ça veut dire
qu'on va prendre des lits de CHSLD pour des clientèles qui ne devraient pas
être là. Et également, si on fait de
l'intensification des lits de soins à domicile pour les services à domicile, ça
va maintenir des patients plus
longtemps, on estime quand même qu'il va y avoir un grand besoin de lits de
CHSLD en fonction du ratio que vous allez nous parler.
Le Président (M. Bergman) :
Mme McCann.
Mme McCann
(Danielle) : On a
fait vraiment une évaluation, là, de la situation à Montréal là-dessus. C'est
sûr qu'on a 2 000 places en ressources intermédiaires actuellement,
il nous en maque à peu près 350. C'est ces ressources-là qu'il faut développer, là, le plus tôt possible.
Et, avec le plan de transformation dont je vous ai parlé, on se retrouverait,
jusqu'en 2018, avec un nombre suffisant de
places en hébergement pour notre population. Alors, jusqu'en 2018, on a un
nombre suffisant en autant qu'on fasse toute la transformation dont on se parle
aujourd'hui.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Bienvenue, merci d'être ici avec nous. Bien, je vais
continuer sur votre transformation. Parce que vous n'êtes pas sans
savoir qu'il y a une clientèle qui était inquiète de l'annonce faite de la fermeture de 500 lits dans la région de
Montréal, dans les deux prochaines années. Et on sait qu'actuellement... je ne
sais pas, peut-être que vous avez
précisé le nombre de patients qui sont dans les soins aigus actuellement dans
les hôpitaux de Montréal, qui
attendent une place en hébergement aussi. Alors, on ajoute à ça ces
personnes-là. Moi, je suis tout à fait d'accord
avec la vision de prolonger les gens à domicile, mais il reste qu'on a besoin
de ressources, aussi. Alors, comment vous
entendez faire cette réorganisation-là? Est-ce qu'avec la fermeture des
500 lits on récupère le personnel pour donner les soins, prodiguer
les soins à domicile? Est-ce que ce nombre de personnels là va être suffisant?
Puis est-ce que l'échéancier de deux ans est réaliste?
• (10 h 40) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Sur l'échéancier, je pense qu'on
peut parler de deux à trois ans, peut-être même un petit peu plus. Je pense qu'il y a vraiment des
travaux à faire importants. Mais
notre volonté est très grande qu'on arrive à avoir des chambres
semi-privées dans ces milieux-là.
Le
personnel, on a besoin de tout le
monde. Alors, ce personnel, on va en
avoir besoin ou au soutien à domicile ou
dans d'autres centres. Il est clair qu'on doit contrer toujours
un potentiel de pénurie. Il faut absolument qu'on ait la contribution de tout le
personnel. Donc, là-dessus, c'est le message qu'on donne : On a besoin de tout
le monde.
Il
faut penser qu'on a ajouté 2 000
places en ressources intermédiaires, hein, aussi, puis on va en ajouter 350
autres. Alors, ça, c'est vraiment un
ajout franc à notre hébergement à Montréal, là, c'est quand même important. Et
en plus l'ajout qu'on fait en
maintien à domicile, c'est aussi très important, les gens qui ne se retrouvent
pas en hébergement; et l'offre de services particulièrement aussi en résidence
privée pour les personnes âgées, 24 000 unités, là, où on va ajouter
du maintien à domicile, où on a à ajouter du maintien à domicile dans ces
résidences. Donc, oui, je pense qu'on va être capables
d'offrir ce dont les personnes ont besoin en hébergement dans les prochaines
années, certainement jusqu'en 2018.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci. Vous n'êtes pas sans savoir qu'on annonce…
Mais c'est connu, avec le vieillissement de la population, on risque d'ajouter à la demande. Alors, ma question,
elle est claire : Est-ce que le personnel qu'on a actuellement est suffisant? Et, quand on parle de
multiplier les soins à domicile, vous savez comme moi qu'on a besoin de plus de personnel que sur un étage où on a huit
patients hospitalisés et un personnel pour ces huit patients-là. Si elles
sont à domicile les huit mêmes personnes,
les ressources vont être plus exigeantes, on va devoir avoir plus de
ressources. Est-ce que vous avez figuré combien de ressources
supplémentaires en termes de personnel vous aurez besoin?
Le Président (M.
Bergman) : Mme McCann.
Mme McCann (Danielle) : Je vais vous répondre par peut-être un angle un petit peu
différent. D'abord, on pense qu'on
doit diversifier le personnel, là, qui intervient auprès des personnes. Par
exemple, on a des infirmières, bien entendu, mais il faut davantage
d'éducateurs spécialisés, de psychoéducateurs, de psychologues. Évidemment, on
a aussi des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, puis il est vrai qu'on en a
besoin davantage.
Une des composantes,
là, très importantes, c'est nos préposés aux bénéficiaires et nos auxiliaires
familiales et sociales, et c'est là que
notre réseau doit avoir une force d'attraction importante. Et on a mis sur pied
des projets, entre autres, qui vont
aider, je pense, dans ce sens-là. Par exemple, il y a des ententes actuellement
avec certains CSSS à Montréal et des
commissions scolaires pour former ensemble des préposés aux bénéficiaires et
des auxiliaires familiales et sociales. Et ces projets-là sont très
porteurs. Et c'est vraiment ces initiatives qu'il faut prendre parce qu'on va
avoir besoin de beaucoup de préposés aux
bénéficiaires et d'auxiliaires familiales et sociales dans le futur, et bien
sûr ces initiatives vont devoir se multiplier.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Mme McCann et M. Murphy-Lavallée, Mme Ingenito, Mme
Beaumier-Robert, merci pour votre présence, merci pour partager votre expertise
avec nous.
Et
on demande maintenant l'Agence de la santé et des services sociaux du Saguenay—Lac-Saint-Jean pour prendre leur place à la
table.
Et je suspends pour
quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 10 h 44)
(Reprise à 10
h 47)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je souhaite la bienvenue à l'Agence de la santé et des services sociaux du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Bienvenue.
Pour les fins d'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter.
Je vous répète, vous disposez de 10
minutes pour faire votre présentation. Par la suite, il va y avoir une période
d'échange avec les membres de la commission. Alors, Mme Couture, le
micro, c'est à vous.
Agence de la santé et des services sociaux
du Saguenay—Lac-Saint-Jean
(ASSS—Saguenay—Lac-Saint-Jean)
Mme Couture (Martine) : Merci, M.
le Président. Alors, Mmes et MM. les
députés membres de la commission,
il nous fait vraiment plaisir d'être ici
pour discuter du mémoire que nous avons élaboré dans le cadre de la
réflexion sur les conditions de vie des adultes hébergés en CHSLD.
Permettez-moi
de vous présenter les personnes qui m'accompagnent : Mme Julie Labbé,
directrice des ressources humaines et des services administratifs; Mme
Johanne Bilodeau, ici, coordonnatrice des affaires corporatives et juridiques;
M. Yvan Roy, directeur de la qualité et des
services sociaux; M. Michel Martel, directeur des ressources réseau; M. Michel
Côté, responsable des suivis des
visites d'évaluation de la qualité dans les milieux de vie en centres
d'hébergement et soins de longue durée; et M. Jean-François
Saint-Gelais, coordonnateur des communications pour l'agence.
De façon à respecter le temps qui nous
est imparti, nous exposerons les éléments essentiels de notre mémoire. Notre exposé se déroulera en trois temps. Nous
présenterons d'abord les valeurs qui guident notre travail et dresserons
le portrait général des aînés au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Dans un deuxième temps, nous
expliquerons comment nous implantons
l'approche milieu de vie dans nos centres d'hébergement et soins de longue
durée. Enfin, nous vous présenterons quelques recommandations.
Pour
accomplir sa mission, notre agence s'appuie sur des valeurs organisationnelles
qui conditionnent ses actions et ses
pratiques de gestion avec son personnel, les établissements de la santé et des
services sociaux et avec nos partenaires intersectoriels. L'importance du travail d'équipe et du partenariat est
au coeur de nos valeurs. Ceci guide nos actions de l'ensemble du personnel
de l'agence et du réseau de la santé et des services sociaux.
Avec
ses 130 employés, notre agence chapeaute les activités d'un réseau
d'établissements regroupant quelque 10 000
employés et doté d'un budget de plus de 750 millions de dollars. En 2012-2013,
100 millions de dollars ont été investis
dans le soutien à l'autonomie des personnes âgées, dont les deux tiers destinés
aux centres d'hébergement et de soins
de longue durée. Plus d'un millier de personnes travaillent en centre
d'hébergement et de soins de longue durée comme infirmières, infirmières
auxiliaires et préposés aux bénéficiaires.
• (10 h 50) •
Le
Saguenay—Lac-Saint-Jean
compte près de 270 000 habitants, dont 18 % sont âgés de 65 ans et
plus. Six aînés sur 10 ont entre 65
et 74 ans; trois sur 10, entre 75 et 84 ans; un sur 10 est âgé de 85 ans et
plus. Dans notre région, le nombre de
personnes âgées de 65 ans et plus augmentera de 39 % d'ici 10 ans. Nous
compterons alors 19 000 aînés de plus. Le quart des habitants de notre région sera alors âgé de 65 ans et plus.
Dans un horizon de 20 ans, le rythme du vieillissement de la population s'accélérera rapidement au
Saguenay—Lac-Saint-Jean
plus qu'au Québec. En 2031, le tiers de la population de notre région
sera âgé de 65 ans et plus contre le quart pour le Québec.
Notre
agence a mené, en 2007 et en 2012, des vastes enquêtes de santé auprès de plus
de 4 000 répondants de la région. Notre objectif est de documenter
l'état de santé et de bien-être, ainsi que ses déterminants dans la population adulte au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Ces enquêtes contiennent des
informations spécifiques sur les aînés qui contribuent à une connaissance plus fine de leur réalité. On
sait ainsi que les aînés de notre région vivent de plus en plus longtemps
et qu'ils sont en bonne santé plus
longtemps, que la proportion des aînés qui cumulent deux maladies chroniques ou
plus est de 16 % chez les 65-74 ans et de 19 % chez les 75 ans
et plus.
Notre
agence a présenté à de nombreux partenaires les différentes informations tirées
de ces enquêtes qui concernent spécifiquement
les aînés. C'est dans ce contexte démographique et sociosanitaire que
l'organisation des services et du milieu
de vie des aînés en CHSLD doit être pensée. Notre région compte 18
installations de centres d'hébergement et soins de longue durée
totalisant 1 286 places; au 31 mars 2013, 1 150 aînés y vivaient.
Nous mettons en
oeuvre depuis 2005 un vaste plan d'action sur les services aux aînés en perte
d'autonomie vivant en CHSLD, grâce à un
investissement de quelque 43 millions de dollars. Notre action a comme
objectif d'implanter l'approche
milieu de vie. Cette approche a été implantée à travers la formation du
personnel et la transformation d'espaces résidentiels dans plusieurs installations de CHSLD. De plus en plus,
l'accent est mis, dès l'accueil d'un résident, sur le développement
d'une relation de confiance entre le personnel, le résident et ses proches.
Notre
réseau régional s'acquitte de son rôle dans l'instauration du concept milieu de
vie de trois façons : par une vision
d'ensemble des besoins des installations —pour ce faire, les échanges avec les
établissements et des visites sur les lieux sont essentiels; par une
planification quinquennale d'investissements immobiliers offrant les moyens
financiers nécessaires pour faire la
différence entre une mise à niveau des lieux physiques et l'introduction
immobilière du concept milieu de vie;
et par une démarche régionale axée sur le partage des expertises et une écoute
respectueuse chez les intervenants.
Depuis
l'instauration du plan d'action régional 2005‑2010 sur les services aux aînés
en perte d'autonomie, notre agence et
les établissements se sont approprié, donc, l'approche milieu de vie :
d'abord, en répondant aux priorités d'interventions
immobilières du ministère, c'est-à-dire l'élimination des lits de longue durée
dans les centres hospitaliers, l'élimination
des chambres multiples, c'est-à-dire les chambres à trois et quatre lits, les
situations de contraintes d'accès liées aux caractéristiques architecturales
et les projets soutenant l'implantation du concept milieu de vie; ensuite, en procédant à des interventions architecturales et
des transformations d'espaces résidentiels originales qui répondent aux besoins des personnes hébergées et en les publicisant
auprès des autres établissements de la région. Construits et pensés à l'origine comme des centres de soins, les centres
d'hébergement deviennent des milieux de vie pour assurer aux aînés un quotidien encore mieux adapté à leurs besoins, à
leurs goûts et à leurs valeurs. Ce nouveau cadre de vie respecte encore
plus leur dignité et leur intimité, tout en leur assurant sécurité et confort.
À
ce jour, huit centres d'hébergement de notre région ont bénéficié de
transformations physiques pour améliorer le domicile des aînés qui y
vivent, et le processus se poursuit. C'est ce genre de métamorphoses qui
favorise une vie communautaire plus active.
Ces actions concrètes contribuent au maintien et au renforcement des capacités
individuelles de même qu'au développement personnel des aînés en perte
d'autonomie. Nous devons poursuivre l'implantation de l'approche milieu de vie
dans toutes les installations, compléter le travail, corriger les lacunes.
Nous croyons aussi
que d'autres moyens existent pour améliorer la qualité des services et des
soins dans les CHSLD. Nous vous en proposons trois : d'abord, valoriser le
travail des employés des CHSLD dans le cadre d'une campagne sociétale nationale qui mettra en lumière le défi du
vieillissement de la population, la qualité des milieux de vie, les
réalisations émérites, et autres; ensuite, favoriser la concertation des
gestionnaires de CHSLD pour implanter des pratiques gagnantes, développer des
outils de travail plus performants et intégrés au système d'information; enfin,
promouvoir et initier des activités
régionales de formation et d'échange pour les volets médicaux, de loisirs
notamment, et en organisant des ateliers, des colloques ou des forums.
Aborder la
question de l'amélioration de la qualité de vie, des services et des soins dans
les CHSLD commande de s'interroger
sur l'organisation du travail. Nous sommes d'avis que la prestation des soins
et services doit être axée d'abord sur les besoins
des personnes et non sur les tâches à accomplir. Nos établissements ont à
réviser continuellement leur organisation du travail pour implanter un
véritable milieu de vie en CHSLD. Afin de s'assurer que le personnel a les compétences et les aptitudes requises en lien avec
le profil des résidents, les établissements doivent s'assurer de la réalisation
d'un plan d'intervention individuel dans les
six semaines suivant la prise en charge de chaque résident. Les CHSLD de la
région visent cette cible.
Au 31 mars
2013, nous constatons une répartition de 57 % d'heures travaillées préposés aux
bénéficiaires, pour 43 % d'heures
travaillées infirmières auxiliaires et infirmières. Nous n'avons pas recours à
de la main-d'oeuvre indépendante en
soins infirmiers dans notre région. Tous les CHSLD de la région assurent une
présence infirmière sur tous les quarts de travail, jour, soir, nuit et
fin de semaine. Toutefois, les taux d'absentéisme global en CHSLD pour les
titres d'emploi infirmière, infirmière
auxiliaire et préposé aux bénéficiaires sont élevés, variant de 14 % à 16 %.
Notre région s'est dotée d'un plan
d'action en santé et sécurité au travail pour atténuer, voire renverser la
tendance lourde de l'augmentation des taux d'assurance salaire, et ce,
en mettant l'accent sur des activités de prévention.
Nous développons et nous transformons les
centres d'hébergement, mais nous évaluons aussi la qualité des services qui sont donnés aux aînés. Notre agence
participe aux visites ministérielles d'évaluation de la qualité du milieu
de vie. Les centres d'hébergement de la
région ont tous été visités au moins une fois depuis 2005. Les directions ont
dû élaborer et mettre en oeuvre un plan d'amélioration qui respectait
les recommandations d'amélioration des services identifiées par les évaluateurs. Un professionnel de notre agence est
spécifiquement dédié aux centres d'hébergement. Depuis 2012, il a
réalisé des visites dans neuf installations de la région et assure le suivi des
plans d'amélioration. Il complète parallèlement une tournée de rencontres avec
les comités de résidents de tous les centres d'hébergement.
À la lumière
de notre expérience et de nos réflexions, nous formulons six recommandations aux membres de la commission : premièrement, améliorer la
circulation de l'information aux résidents et leurs proches; deuxièmement, mettre à niveau les différents systèmes
d'information relatifs à la clientèle hébergée en CHSLD pour permettre un suivi
clinique, organisationnel et de la qualité des services plus adéquat et basé
sur des données probantes et validées.
Recommandation n° 3 : intégrer davantage
des professionnels et les rattacher aux équipes de travail actuelles dans
les CHSLD, les rendre accessibles aux
résidents des CHSLD et à leurs proches; quatrième, s'assurer que l'ensemble des
employés des CHSLD reçoivent les formations requises en lien avec les
meilleures pratiques.
Recommandation
n° 5 : prévoir et planifier une période de transition suffisante pour
l'implantation de l'allocation de
soutien à l'autonomie annoncée dans la Loi sur l'assurance autonomie; et
enfin poursuivre la mobilisation des établissements à organiser les unités de vie dans les CHSLD selon les
profils spécifiques, avec les effectifs appropriés et les équipements
adaptés.
Les services
d'hébergement en CHSLD se doivent
d'être continuellement améliorés, évalués, appréciés, optimisés. Les personnes qui les donnent de même que
l'environnement humain et physique de la prestation des services doivent
aussi faire l'objet de constantes
préoccupations. Ils constituent les principaux leviers qui permettront au
réseau de la santé et des services sociaux du Saguenay—Lac-Saint-Jean de relever des défis de taille. Je
vous remercie beaucoup de votre attention.
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation, Mme Couture. Maintenant,
pour le groupe ministériel, Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Bonjour à vous tous, Mme Couture et tous les collègues
qui vous accompagnent, merci beaucoup de votre présentation. À vous
entendre, écoutez, je trouve que vous avez des initiatives extrêmement
intéressantes et sur lesquelles j'ai quelques questions.
Vous avez mentionné, là, que vous avez vraiment
centré votre organisation autour de milieu de vie, tout le concept de milieu de vie. Et moi, j'aimerais ça
que vous nous parliez un peu plus de, concrètement, comment vous avez pu faire en sorte que ce qui est tout de même un milieu de soins, puisqu'il
y a des critères pour l'hébergement en CHSLD, donc de nécessiter trois heures de soins par jour… alors, comment vous
avez réussi cette transformation de faire en sorte que le milieu de
soins se transforme en milieu de vie, tout en continuant à offrir les soins
requis.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui, merci.
Alors, pour aller rapidement au coeur, le choix a vraiment été fait de s'orienter sur l'approche milieu de vie, qui
contient des critères très spécifiques. Entre autres critères, l'adaptation, en
fait, de l'environnement est un des
éléments importants. Dans notre mémoire, on axe beaucoup sur la transformation
physique des lieux. On a axé beaucoup
aussi sur la transformation des pratiques en lien avec les orientations du
concept milieu de vie, donc la
formation du personnel et aussi le changement des ratios en termes
d'organisation des services entre préposé aux bénéficiaires, infirmière, infirmière auxiliaire. Alors, c'est vraiment
les éléments sur lesquels on s'est basés pour travailler. Puis c'est une approche... c'est un exercice qui
est à long terme, aussi, hein? Donc, on est dans l'approche milieu de vie
depuis déjà pas loin d'une dizaine d'années,
finalement. Alors, c'est constant. Comme on dit aussi, on est en amélioration
constante à cet effet-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
• (11 heures) •
Mme Proulx :
Merci. Et vous avez mentionné, toujours dans cet échange, là, sur l'approche
milieu de vie… vous mentionnez l'importance des équipes, et tout ça, et
vous nous avez dit tantôt… une de vos recommandations était la valorisation du travail des employés. Et vous avez
parlé aussi de l'importance de la formation. Et moi, je suis convaincue que c'est un élément
important de valoriser le travail des personnes, et habituellement on réussit
ça quand on intègre dans les tâches à
effectuer toute une notion d'éthique, c'est-à-dire de l'importance du travail
effectué par les personnes et de l'impact
que ce travail-là et la façon de faire le travail peut avoir sur une autre
personne, notamment une personne vulnérable.
J'aimerais ça
savoir, encore là, concrètement, comment vous en êtes arrivés à faire en sorte
que votre organisation du travail mobilise suffisamment les personnes,
votre personnel, pour faire en sorte que leur façon de travailler soit orientée vers la réponse aux besoins des personnes
et non pas orientée vers les tâches à accomplir? Et c'est bien la différence
que j'ai cru comprendre. Et comment, concrètement, on fait ça?
Mme
Couture (Martine) : Si vous
me permettez, en fait… Excusez-moi, je n'étais pas au bon endroit. Je vais
permettre aux gens de mon équipe de répondre
à cette question-là. Globalement, c'est un choix et c'est une orientation
nationale et régionale qu'est l'approche
milieu de vie. La formation est importante, la formation des préposés aux bénéficiaires est requise pour l'entrée en
fonction, et l'adaptation du personnel en cours d'emploi, par des formations
qui sont des formations continues. Alors, ça, c'est vraiment le volet de
base pour le travail en CHSLD.
Et, bon, j'ai
parlé aussi du volet immobilier, peut-être que, plus tard, vous aurez des
questions à cet effet-là. Et je vais
peut-être demander à M. Yvan Roy, qui est notre directeur de la qualité et des
services sociaux, qui est responsable de
ce secteur-là, d'aller de façon plus pointue sur les formations qui ont pu être
offertes à l'intérieur de notre région à cet effet-là. M. Roy.
Le Président (M. Bergman) :
M. Roy.
M. Roy (Yvan) : En fait, au niveau
des formations, il y a eu la formation AGIR qui a été donnée de façon systématique à tous les préposés aux bénéficiaires
dans nos CHSLD. Il y a aussi… lorsqu'on a parlé de l'approche milieu de vie, on parlait des personnes, on parlait des
résidents, on parlait du personnel, mais on parlait aussi des proches, des
proches des personnes, des résidents qui
sont là. Et, à l'intérieur de ça, cette dynamique-là fait en sorte que
l'ensemble des gens sont concertés.
Et la
sélection du personnel a été aussi très, très importante. On aura peut-être
l'occasion de vous le dire, mais on a
fait une sélection très importante du personnel, particulièrement du personnel
préposé aux bénéficiaires, de telle sorte que finalement, après une
sélection où il y avait 10 personnes qui se présentaient en sélection, on en
sélectionnait, grosso modo, trois, et, après
la période de probation, compte tenu des exigences qu'on avait, il y avait une
seule personne qui réussissait à
aller jusqu'au bout. Donc, la personne qui était allée jusqu'au bout était
vraiment très qualifiée par rapport à
ça. Et on tient compte de la qualification des personnes qui rentrent, mais
aussi des personnes qui sont à l'emploi. Donc, il y a une formation
continue qui se donne.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
C'est extrêmement intéressant, ce que vous mentionnez, et on aura probablement
l'occasion d'en reparler aussi. Et
vous avez mentionné, en terminant sur cette question-là, la question du ratio
entre personnel infirmier, préposés
aux bénéficiaires, et comment on peut modifier ce ratio. Et ça a été quoi,
votre expérience concrète de ce côté-là?
Mme Couture (Martine) : …
Le Président (M. Bergman) :
Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui. O.K. À
ce moment-ci, c'est vraiment dans tout le secteur des volets de la réorganisation du travail. Dans notre région, dans
tous les établissements, il y a des projets de réorganisation du travail
qui sont en cours, basés sur les meilleures
pratiques, basés sur les données probantes, ce qui fait justement faire la
variation de ce ratio entre préposés
aux bénéficiaires, infirmières, infirmières auxiliaires. C'est un mouvement qui
doit se faire en continuité.
Cependant, dans chacun de nos milieux, une infirmière est toujours présente sur
chacun des quarts de travail, comme
je le disais tout à l'heure. Puis, pour aller plus précisément sur le volet
très spécifique des projets d'organisation du travail, à ce moment-ci,
je demanderais à Mme Julie Labbé de compléter la réponse pour l'ensemble de la
région.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Labbé.
Mme Labbé
(Julie) : Oui. Alors, effectivement, il y a eu un arrimage, là, avec
les soins infirmiers et les ressources humaines,
là, pour faire sûr qu'il y ait un suivi important de fait auprès de nos
ressources pour qu'on glisse… de préposés aux bénéficiaires, on tend à aller vers le 60 %, on est quand même
à 57 %. Donc, c'est un défi quand même important de recrutement, de dotation, d'ajuster aussi nos
méthodes de dotation au niveau des ressources humaines. Et on a créé,
d'ailleurs, un comité régional pour les stages en soins infirmiers, où on
optimise nos places de stage en CHSLD pour permettre
à l'étudiant de pouvoir varier sa pratique, autant en CH, mais aussi de
connaître rapidement les réalités du CHSLD et les défis qui s'imposent.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci, M. le
Président. Je vais laisser la parole à la députée de Masson.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci. Alors, merci d'être là. Je trouve
ça très intéressant de vous entendre. Vous avez de l'air des gens très dynamiques
et vous avez aussi, de ce qu'on constate, entrepris ce virage-là, de milieu de
vie, déjà presque depuis 10 ans. Et on est en mesure... en tout cas, ce que je pense, c'est qu'on est en mesure d'identifier les résultats
que vous avez acquis avec cette transformation-là qui est amorcée depuis un
bout de temps.
Ma
question est de savoir… Vous avez, comme milieu, décidé
que c'était un enjeu que vous mettiez vos priorités dessus, j'imagine, autour des années 2005, quand
vous avez décidé, là, de prendre ce virage-là. Est-ce que je me trompe?
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui. Donc, oui, c'est le choix qui a été fait — c'était
l'orientation ministérielle — d'aller
vers l'introduction de l'approche milieu de
vie. Alors, le choix et la décision allaient de soi. Ce qui est important,
c'est la démarche. On ne peut pas
faire des transformations comme celle-là, transformer un milieu de soins en
milieu de vie, en claquant des
doigts. Donc, c'est vraiment l'approche des petits pas qu'on a choisie,
l'approche de la régularité, l'approche aussi de l'adaptation en fonction des conditions dans lesquelles on
était. On a 18 installations présentement, il y en avait un peu plus antérieurement. C'étaient des installations, pour plusieurs
d'entre elles, qui étaient milieux de soins. Alors, l'environnement physique favorisait également le milieu de soins, ce qui fait que la culture de
soins était aussi en milieu de soins. Alors, ce virage-là a dû se faire
sur les deux volets.
Donc,
ce qui est important, je pense, c'est de voir le volet… une vision et
des actions en lien avec cette vision-là au fil des années. Puis c'est vrai que, quand on regarde par en arrière,
dans le fond, on peut voir les résultats, autant sur le plan clinique que vis-à-vis
les évaluations qu'on reçoit au
niveau des visites ministérielles
qu'au niveau des milieux comme tels,
architecturaux. Vous, vous n'avez pas eu la chance de les voir, mais on peut
voir, pour nous, vraiment des transformations, c'est phénoménal,
entre le milieu de soins puis le milieu de vie.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Oui. Tout à l'heure, vous avez abordé la
question du volet immobilier. J'aimerais vous entendre sur ce sujet-là.
Mme Couture
(Martine) : Bien, c'est ça. Donc...
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Excusez. Je réponds trop vite. Donc, dans le plan
d'action aux personnes âgées, sur le volet immobilier, on a investi pas
loin de 45 millions de dollars entre 2005 et 2012 environ, pour
l'amélioration des milieux. Donc, on n'a pas
fait de constructions neuves avec... C'est une belle somme d'argent, mais on ne
peut pas faire beaucoup de
constructions neuves avec 43 millions de dollars. Alors, on a choisi des
approches ciblées pour chacun de nos milieux, lesquels milieux étaient
prioritaires. Et puis on y allait, donc, sur chacun des milieux en profitant de
l'environnement dans lequel ce milieu-là
était placé, les possibilités de restauration, de rénovation, d'amélioration,
en faisant aussi participer le personnel sur place.
Donc, en général, les
chargés de projets, pour chacun de ces projets-là, étaient des gens du milieu
comme tel, souvent des gens qui étaient très
proches des soins et qui travaillaient avec leur équipe de travail qui
impliquait les résidents et surtout les comités de résidents pour
arriver à des résultats. Donc, chacun des milieux qui ont été rénovés de cette façon-là — on a maintenant huit installations pour
lesquelles il y a eu des interventions — on peut voir le résultat vraiment avant, après, là. Donc, on y est allés :
cibler participation du milieu en fonction de l'environnement dans lequel ce
milieu-là était placé, en utilisant au maximum les sommes qui nous
étaient imparties.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : En faisant participer vos équipes
énormément dessus ces propositions-là aussi. Alors, je voyais aussi, dans votre mémoire, vous avez une
évaluation, là — je vais
la retrouver — des
coûts de places en CHSLD. Je pense
que c'est autour de 57 000 quelques dollars, quand la moyenne
québécoise est de 71, ou quelque chose comme ça, là. Je ne me souviens pas du chiffre exact. Mais ça m'a interpellé
quand j'ai vu ce montant-là. Vous y arrivez comment?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture.
Mme Couture (Martine) :
Oui. Alors, cette différence-là, on a de la difficulté aujourd'hui, là, ce
jour-ci, le 21 janvier, à décortiquer la
différence entre les deux, on ne serait pas en mesure de fournir une réponse
sur pourquoi c'est comme ça. Donc, la
méthode de calcul entre ce qui a servi à composer le montant de
70 000 $ au niveau québécois, il faudrait aller la décortiquer pour la comparer avec la nôtre. Alors, on
n'est pas en mesure aujourd'hui de vous dire quelle est l'explication d'une différence aussi grande. On
y est allés, nous, sur une méthode d'attribution en fonction des budgets qu'on a, mais on n'est pas allés sur la
connaissance de la méthode de calcul national. Alors, on n'est pas en mesure de
vous répondre à ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
• (11 h 10) •
Mme
Gadoury-Hamelin :
Mais vous, vos places, c'est autour
du montant que vous avez évalué, ça, vos places à vous, là.
Mme Couture (Martine) : Oui, en
fonction des budgets qu'on a entre les mains.
Mme
Gadoury-Hamelin :
O.K.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci. Il
y a des défis. Je pense qu'il y a
des défis au niveau de la clientèle en CHSLD, l'alourdissement des problématiques des clientèles
qui se retrouvent en CHSLD. Au
niveau, je pense, cognitif, en tout cas,
ce qu'on observe, les gens vivent plus vieux mais ont des problèmes cognitifs
dans leur situation. Alors, comment arrivez-vous
à composer avec cette problématique-là? Quelles sont les particularités que
vous mettez en place pour faire face à ce défi-là?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Couture.
Mme
Couture (Martine) : Oui.
Alors, la modification de la clientèle, c'est un phénomène qui est en constante
évolution. L'adaptation des milieux,
justement, chacun des milieux doit avoir une conception en lien avec les
personnes qui ont des troubles
cognitifs. Au niveau des exemples, j'irais peut-être demander aussi à M. Roy,
d'aller sur des exemples plus
pointus, plus précis parce que je pense que ça nous permettrait d'apporter un
éclairage plus spécifique sur ce qui se passe dans notre région.
Le Président (M. Bergman) :
M. Roy.
M. Roy
(Yvan) : Comme vous l'avez
bien souligné, madame, il y a effectivement une modification de la clientèle
des personnes âgées. Les personnes âgées
arrivent… sont d'abord… «Âgé» ne veut pas nécessairement dire «malade». Lorsqu'ils arrivent en CHSLD, ils sont
probablement plus hypothéqués qu'il y a quelques années. Il y a des clientèles
nouvelles qui arrivent en CHSLD,
particulièrement les clientèles qui souffrent d'Alzheimer, de problèmes
d'errance, de troubles cognitifs, et des clientèles qui ont des
problématiques multiples, tu sais?
Il n'est pas rare de voir des personnes âgées,
comme dans la population en général, des personnes âgées qui souffrent de
problèmes de santé mentale. Alors, ce genre de clientèle là pose un défi très
important au personnel et à l'ensemble du
milieu. Et c'est par rapport à cette clientèle-là que les milieux s'interrogent
et mettent en place des nouvelles approches. Mais on n'est pas les seuls
là-dedans. On fait des réflexions, on s'alimente de réflexions. On a parlé,
tout à l'heure, de pratiques, vraiment de
pratiques gagnantes par rapport à ça. Et on est un milieu en évolution par
rapport à ces clientèles-là qui sont aussi un reflet de l'évolution de
la société québécoise.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Il y a un autre enjeu important aussi, les clientèles adultes qui se retrouvent
en CHSLD, parce que c'est des gens
qui ont des problématiques physiques ou de santé qui font qu'ils doivent vivre
en CHSLD en raison de leur état de
santé. Puis ils se retrouvent souvent avec des personnes aînées. Donc, ils ont
deux réalités différentes. Comment arrivez-vous à composer avec ce
défi-là?
Le Président (M. Bergman) :
M. Roy. Mme Couture.
Mme
Couture (Martine) : On est
venus en équipe, hein? Donc, au niveau des clientèles âgées de moins de 65 ans,
c'est un défi. Dans notre région, c'est un
défi depuis longtemps. Souvent, le seul endroit possible pour une clientèle
âgée de 65 ans ou moins avec une
problématique physique ou autre était le CHSLD. Alors, on a des travaux qui ont
été faits par rapport à cette clientèle-là pour arriver à soit faire des
ailes particulières dans certains CHSLD pour les gens de moins de 65 ans, de faire une transition parfois
aussi vers d'autres types de ressources, donc, pour s'assurer, en fait, que
les gens qui ont moins de 65 ans puissent avoir
soit un horaire adapté à leur condition, un environnement, quand on est en
mesure…
À certains
endroits justement, comme je vous dis, soit c'est le rez-de-chaussée soit c'est
une aile particulière pour cette
clientèle-là, pour au moins faire un milieu de vie qui correspond plus à leurs
besoins, à leurs valeurs. Et c'est souvent des gens qui sont plus impliqués encore dans le comité des résidents, par
exemple, qui apportent une contribution particulière. Alors, c'est ou
bien dans l'environnement physique ou bien dans l'organisation même, à
l'intérieur de l'établissement, qu'on peut
trouver des moyens pour faire en sorte que ces gens-là puissent se sentir chez
eux aussi. Voilà.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson, il vous reste quatre minutes.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Merci. Je vais laisser la parole à mes collègues.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée…
Mme
Gadoury-Hamelin : Et je vous remercie, je vous remercie
beaucoup. C'était très intéressant de vous entendre.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Bonjour. Bonjour, tout le
monde. Comme vous le disiez d'entrée de jeu, vous avez un défi démographique assez important. La population va
vieillir plus vite chez vous qu'ailleurs au Québec. Je pense que, comme
chez nous, les gens veulent rester à domicile. J'aimerais voir, au niveau de
l'organisation du maintien à domicile, les
soins et tous les différents milieux de vie qu'on peut offrir aux personnes
aînées, le travail qui est fait. Il
nous reste peut-être trois minutes, ça fait que je vais vous écouter, ne pas
faire ma question trop longue, mais essayer de voir comment
l'organisation des soins à domicile s'organise.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui. Alors, cet aspect-là est important pour les années à venir, c'est vrai. Le choix qui a
été fait chez nous, comme peut-être un peu partout, mais, disons, chez nous, le
défi était d'avoir des ressources alternatives entre le domicile et le CHSLD.
On a misé beaucoup, dans les dernières années, sur le développement des ressources
intermédiaires. Alors, ça, c'est un des aspects.
L'autre
aspect, c'est justement le service à domicile comme tel. On est en augmentation de services également dans le cadre du service à domicile aussi, là, le
soutien à domicile à partir des CSSS. Donc, on est aussi en évolution pour
faire la bascule, pour aller plus près, là,
justement de notre pourcentage de services en soutien à domicile versus le
volet hébergement. Notre défi était sur la ressource alternative ou
intermédiaire entre le domicile et le CHSLD.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Merci. Pensez-vous,
justement, qu'avec la vision du ministre de la Santé d'avoir l'assurance autonomie et de trouver de
nouveaux moyens pour donner l'allocation aux patients et aux personnes
en perte d'autonomie… va aider, justement, l'organisation des soins de maintien
à domicile?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui. Le défi est grand. La certitude, c'est que
le vieillissement de la population est présent.
Le vieillissement de la population ne doit jamais être vu comme étant un
problème, mais un défi. Comme on le disait,
les gens arrivent à 65 ans et plus, dans nos cohortes, de plus en plus en
santé, donc l'espérance de vie est augmentée également. Le défi est grand, on est prêts à le relever. Le choix du
domicile, c'est le premier choix. Et on a fait aussi déjà, dans les dernières années, l'effort d'aller plus
vers le domicile. Donc, on est prêts, on est prêts à relever le défi. On est
prêts à relever le défi.
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Merci beaucoup. …s'il nous reste du
temps.
Le Président (M.
Bergman) : Une minute.
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : Oh! Bien, il y aurait peut-être une
petite question. Vous avez parlé d'absentéisme
au travail et d'activités de prévention. Peut-être nous résumer un peu les
activités qui sont mises de l'avant, là, pour essayer de régler le
problème de l'absentéisme au travail?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture, dans une minute.
Mme Couture (Martine) : Une minute. Je vais diviser 30 secondes, 30
secondes. Premièrement, l'absentéisme est
un absentéisme global. Il n'est pas dû uniquement à l'absentéisme pour maladie.
Et effectivement, pour l'absentéisme en
maladie, il y a des activités qui sont prévues. Et là je vais laisser Mme
Labbé, en 30 secondes, vous dire quels types d'activités sont prévues
pour aller contrer l'absentéisme.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Labbé.
Mme
Labbé (Julie) : Merci. Depuis deux ans, nous supportons les
établissements de la région à être dans une démarche d'amélioration au niveau de l'absentéisme au travail, mais plus
axée sur une culture de prévention, donc regarder où sont blessés nos gens. Entre autres, pour les
CHSLD spécifiquement, nous avons une formation régionale qui se donne pour les troubles musculosquelettiques. Et on a
décidé de ne pas axer seulement sur la diminution de l'assurance salaire,
mais d'y aller dans une perspective où toute
la notion de prévention et cette culture-là soient dans un objectif de
pérennité pour les années à venir.
Le Président (M.
Bergman) : Merci. Maintenant, pour le bloc de l'opposition
officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M. le Président. Tout à fait d'accord
avec l'équipe ministérielle, vous êtes tout à fait dynamiques. On est très, très contents de vous
avoir, Mme Couture, votre équipe. Je sais que mon collègue médecin qui
vient de votre région brûle de vous poser des questions, mais je ne vais pas me
priver, quand même, de vous en poser quelques-unes. Deux.
Je veux vous entendre
sur votre cure de rajeunissement que vous avez amorcée il y a trois ans au
Centre d'hébergement des Chênes, qui fait en
sorte que vous avez huit maisons, une ambiance colorée où les gens prennent
moins de médicaments, et ça, je pense que c'est très, très important. Et
je veux vous entendre aussi sur le milieu de vie. On parle de milieu de vie, là,
d'un point de vue de bâtiment, mais moi, je veux savoir qu'est-ce qui se passe
dans le milieu de vie, qu'est-ce que vous faites dans le milieu de vie. Et,
entre autres, dans votre mémoire, à la page 28, vous parlez de
l'approche alternative optimale relationnelle.
Et
surtout je veux vous entendre parler de la distribution alimentaire en vrac et
de la réorganisation de l'activité repas.
On mange trois fois par jour. Je crois que, dans un milieu de vie,
l'alimentation est quelque chose de fondamental. Ça fait plaisir. Il faut que ce soit bon, il faut que ce soit agréable,
les odeurs. Je veux vous entendre là-dessus. La parole est à vous.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture.
• (11 h 20) •
Mme Couture (Martine) : Merci. Merci. J'espère que je vais retenir vos
trois questions, mais je vais aussi passer la parole aux gens de mon équipe
également. Premièrement, sur le centre Des Chênes, le CHSLD Des Chênes, oui,
c'est un changement majeur qui a été fait, dans lequel on a respecté le lieu
lui-même. On n'a pas changé de place, on a agrandi, mais on a agrandi en
se basant sur l'approche milieu de vie, en se basant aussi sur le dynamisme
local. La chargée de projet est une personne
de l'intérieur du pavillon Des Chênes qui a conçu ces maisons, donc, avec un
volet relationnel, mais aussi un
volet physique. Donc, il y a quatre maisons différentes à l'intérieur de ce
grand établissement là, où l'ensemble
de la vie se fait à l'intérieur de la maison comme telle. C'est très intéressant. Et, ce qui est intéressant dans ça,
c'est l'implication du personnel, l'implication aussi des résidents, comité de
résidents, et le choix de l'environnement
comme tel qui a été choisi. Puis on a accompagné, en fait, le milieu dans cette
rénovation-là.
Pour
le questionnement que vous avez sur l'approche optimale
relationnelle et puis la distribution alimentaire en vrac, je vais demander à mes collègues
de la Direction des services sociaux, M. Roy et probablement M. Côté aussi, qui pourra ajouter à vos questions...
J'espère que j'ai retenu vos trois questions. Voilà.
Le Président (M.
Bergman) : Merci. M. Roy.
M. Roy (Yvan) : Alors, merci, Mme Blais, de votre question. Vous avez souligné
le dynamisme des personnes que vous
voyez devant vous. Je peux vous assurer que les personnes qui sont dans les
CHSLD, chez nous, reflètent tout
à fait ce dynamisme-là. Et vous parlez du centre Des Chênes. Effectivement, lorsqu'on parle de l'approche relationnelle, évidemment
c'est le terme «relation», donc l'important, c'est la relation entre le personnel et les
bénéficiaires, les usagers qui sont
là, les résidents qui sont là, et surtout de travailler cette approche-là de façon
fort importante. Et ça, ça repose essentiellement sur les personnes qui sont là. Le milieu de vie
aide, l'architecture aide, l'organisation aide,
et aide des fois grandement, mais il
faut avoir des personnes, il faut qu'il y ait des personnes de qualité, des
personnes de coeur, des personnes
tout à fait convaincues de ce qu'elles font. Et, dans les CHSLD, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, je dirais que, ça, on retrouve ça à très forte dose, ce genre de
personnes là très convaincues. Peut-être qu'en ce qui concerne l'approche
optimale, je laisserais la parole à mon collègue M. Côté.
Le Président (M.
Bergman) : M. Côté.
M. Côté
(Michel) : Bonjour tout le monde. L'approche optimale, bien, vous avez
tous peut-être déjà entendu parler de
Gineste, Yves Gineste, Marescotti, O.K., un couple français, là, qui est venu
parler, au Québec, à un moment donné — je pense que c'est au début
des années 2000 — de
l'humanitude. Et l'approche optimale relationnelle est le pendant québécois, O.K., de l'humanitude qui a été
développée et, je dirais, là, déployée, là, dans l'ensemble de notre réseau. Ça a été l'objet, là, de la première
grande formation, là, pour tout le personnel des CHSLD. Et a suivi ensuite le
programme AGIR. Mais je rentrerais peut-être
un peu dans le... Et puis cette approche-là, c'est plus axé justement sur
comment travailler avec les personnes qui ont des problèmes cognitifs, O.K.,
pour comment interagir, le regard, comment le contact est important avec cette
personne-là quand on veut faire une intervention correcte, O.K., avec eux.
Le
milieu de vie, comme Mme Blais nous le demandait, le milieu de vie, c'est
axé sur les besoins du résident. O.K.?
Ce qu'on regarde, ce qu'on observe, là, dans le cadre de nos visites et de nos
échanges avec les gestionnaires puis l'ensemble
du personnel, c'est qu'il faut répondre d'abord aux besoins du résident. Et un
exemple, c'est, par exemple, d'avoir
un horaire adapté de repas, O.K., en fonction de leurs besoins. O.K.? Le
déjeuner, par exemple, devrait s'étaler de 7 h 30 à 9 h 30. Tu sais, chacun se lève à son
rythme, et est amené à la salle à manger pour le déjeuner, et retourne...
Même s'il est en pyjama ou en robe de
chambre, ce n'est pas grave, on vient déjeuner et on... Il y a de l'ambiance,
O.K., au niveau du repas.
Maintenant,
la plupart de nos CHSLD offrent… la plupart, mais il y en a encore qui sont en
processus, là, qui s'en viennent vers
ça, d'avoir la salle à manger pour l'ensemble des résidents et d'offrir un
repas servi plat par plat, avec un choix.
Et l'activité repas est l'activité souvent la plus importante de la journée,
hein, à partir du déjeuner, la collation, le dîner, le souper, la collation. Donc, tout ça, on
voit que les préposés, l'ensemble du personnel mettent beaucoup l'accent
sur l'activité repas. Et c'est une façon, hein, d'interagir et de se sentir
impliqué et partie prenante à leur milieu de vie.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bonjour. C'est un plaisir de vous recevoir.
Puis, suite à votre témoignage, je suis
très fier de notre région. Parce que, lorsque nous avons fait les consultations sur
l'assurance autonomie, trois régions
étaient souvent citées, celles du Saguenay—Lac-Saint-Jean, Sherbrooke et également Arthabaska-les Érables. Et une des caractéristiques de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est un très grand territoire avec une assez grande population, mais on
retrouve également différents milieux, dont des plus grands milieux, Chicoutimi,
Jonquière; des milieux moyens, on parle de
Roberval, Dolbeau, Alma; et des plus petits milieux comme La Baie. Et on a su
adapter chacun des modèles des milieux pour donner les meilleurs
services aux patients.
Et j'aimerais vous entendre pour... C'est une
transformation qui s'est faite sur 20 ans. On s'en souvient qu'en 1996 les patients de La Baie étaient à
Métabetchouan et qu'on a fait toute une transformation — je
vois Mme Couture, là, qui se souvient
de cette époque — on a fait toute une transformation, dont,
entre autres, de rapprocher les services et les installations près des usagers. Deuxièmement, on a sorti tous les
patients de longue durée des hôpitaux pour les ramener dans des milieux de vie. Et après ça on a éliminé
les chambres triples, quadruples, peut-être quelques chambres doubles qui restent, mais la majorité, c'est des chambres
simples. C'est une transformation qui s'est faite avec une vision sur 20 ans.
Êtes-vous d'accord?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Couture.
Mme
Couture (Martine) : Alors,
bonjour. Vous me demandez si je suis d'accord. Oui, c'est une transformation
qui s'est faite sur un grand nombre
d'années. Vous m'avez même fait souvenir encore plus loin que depuis 10 ans.
C'est un fait que, dans la région, je
vous le disais tout à l'heure, on y est allé progressivement, à partir d'une
vision et étape par étape, patience
et longueur de temps, hein? Alors, c'est vraiment ce qu'on a choisi, en se
disant qu'il valait mieux intervenir sur
des plus petits environnements, à partir des ressources dont on disposait, mais
en ayant une vision globale. Alors, c'est un peu pour ça que je dis : On doit continuer à évaluer, modifier,
améliorer, optimiser. On est vraiment dans cette optique-là. Et effectivement, les transformations, on a
vraiment rapproché les gens de leur milieu, c'est un fait, quand on retourne
il y a 20 ans. C'est une progression sur une vingtaine d'années, effectivement.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Le point que je veux
faire… Moi, j'ai vécu, en 1996, le déménagement
des gens de Métabetchouan vers La Baie pour les rapprocher de leur milieu. Ce
que je veux faire comme point, c'est
qu'aujourd'hui vous vous consacrez vraiment directement aux soins aux usagers,
mais avant il a fallu prendre beaucoup
de temps pour régler tout ce que j'appelle l'infrastructure, l'organisation des
soins, avec les grands principes que vous avez donnés.
Mais je veux vous faire un point, parce que, de
l'autre bord, ils ont voulu faire un petit peu de politique, ils n'arrêtent… ils nous parlent de l'assurance
autonomie. Le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
il a tout fait ce que l'assurance autonomie
veut, mais voilà 20 ans. Et, en 20 ans, on a rendu aujourd'hui la
transformation comme on veut dans l'assurance autonomie, comme, d'ailleurs, Montréal est venu nous expliquer tantôt
qu'ils sont rendus probablement à l'étape qu'on était voilà 10 ans, où ils sont en train de réorganiser
les services, fermer leurs chambres de quatre et ramener des soins dans la communauté. Mais il faut être conscient que
c'est une belle trajectoire, et ça va prendre cinq à 10 ans, à Montréal, à se
réaliser. Et c'est sûr que des milieux comme
le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
étant des milieux plus petits, peut-être que ça a été plus facile à
faire. Puis il a fallu avoir quand même la vision il y a 20 ans.
Le message
que je veux faire, on veut utiliser cette commission pour améliorer les soins
des CHSLD, mais de faire la promotion
d'un projet d'assurance autonomie alors qu'il y a plusieurs régions qui ont
déjà fait cette transformation-là et que ce qu'on veut maintenant, c'est
centraliser au lieu de décentraliser… Parce qu'un des succès de notre région a certainement été la décentralisation, c'est-à-dire
l'approche par CSSS. Est-ce que vous pouvez nous expliquer qu'est-ce qui
s'est passé avec l'approche CSSS plutôt que tout soit centralisé à l'agence ou
à Québec?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Couture.
• (11 h 30) •
Mme
Couture (Martine) : O.K.
Alors, votre question suppose de remonter dans le temps, en fait, ce qui s'est
passé à partir du milieu des années 90. Dans
le mémoire, cependant, vous avez, à la page 6, le découpage ou l'organisation
de notre réseau au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc, pour répondre à votre question sur
qu'est-ce qui s'est passé pour arriver aux CSSS à l'époque où on démarre le «il était une fois», donc : il
était une fois 44 établissements différents dans une région à peine plus
populeuse que maintenant, au fond, à
peut-être 280 000 personnes à cette époque-là. Et il y a eu une décision
qui a été prise, il y a une vingtaine
d'années, de faire des regroupements plus par territoire. Alors, on a fait le
découpage que vous avez à la page 6 en fonction soit des territoires de
MRC ou en fonction, à l'époque, des territoires de CLSC, ce qui a donné six
grands territoires qui, avec les changements
de 2003‑2004, sont devenus les CSSS dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Alors, le Saguenay—Lac-Saint-Jean
compte maintenant huit établissements publics, six CSSS, deux établissements régionaux — Centre jeunesse du Saguenay—Lac-Saint-Jean, CRDI, centre de réadaptation en
déficience intellectuelle, trouble
envahissant du développement — et un établissement privé conventionné
CHSLD, ce qui nous fait un total de huit établissements privés, un
établissement privé... un public et un établissement privé conventionné.
L'approche par CSSS a
permis d'avoir sous une seule entité CH, CHSLD et CLSC. Donc, ces travaux-là
sont débutés depuis... c'est une réalité maintenant, ce n'est même pas des
travaux. Au fond, l'organisation de type CSSS ou centre de santé a débuté avant
la fin des années 90 au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
et c'est ce qu'on a continué à faire au
tournant des années 2000 jusqu'à maintenant. Alors, je ne sais pas si ça répond
à votre question, si ça éclaire les membres
de la commission sur le cheminement, sur l'historique régional. Donc, on est
passé de 44 établissements à huit, plus un
établissement privé conventionné, puis vous avez aussi, sur la réserve de
Mashteuiatsh, un établissement privé CHSLD.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Et puis l'autre élément qui est
important dans la transformation, c'est l'importance qu'on a accordée au développement des ressources
intermédiaires. Vous en avez glissé un mot dans votre mémoire. Et un des constats qu'on a faits au Québec, c'est que
les endroits où est-ce qu'il n'y avait pas de ressources intermédiaires, les
patients se retrouvaient en CHSLD. Mais
c'est une clientèle qui était plus légère, donc occupait des places de CHSLD,
ce qui faisait que les patients attendaient dans les hôpitaux en attente
d'avoir une place en CHSLD.
J'aimerais
ça que vous nous expliquiez cette transformation-là également qui a été faite,
et vous avez certainement les
chiffres, le nombre de places en CHSLD par 100 personnes de 65 ans et plus, le
nombre de ressources intermédiaires par
100 personnes de 65 ans et plus et également, depuis plusieurs années, beaucoup
avant même qu'on parle d'assurance autonomie,
toute l'intensité qui avait été mise au niveau des soins à domicile, ce qui
fait qu'aujourd'hui on a des ratios très
bas. Et, pour vous montrer, on a probablement la meilleure qualité des soins,
avec des patients au bon endroit, sans attente,
puis, en plus de ça, on coûte le moins cher. C'est quand même un beau succès
pour une petite région comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui. Alors, je vais débuter la réponse, si vous
le permettez, puis peut-être, en cours de
route, je pourrai, sur les volets très spécifiques des chiffres, céder la
parole, si besoin. Alors, oui, la transformation, ce dont on s'est rendu
compte, c'est que, dans le volet personnes âgées, soutien à l'autonomie, on
avait un besoin, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, d'une ressource ou de différentes
ressources entre le milieu de vie naturel et l'hébergement en CHSLD.
C'est sûr, les
ressources privées pour aînés se sont développées également dans notre région
comme partout ailleurs, mais, sur le plan de
notre secteur public, il fallait qu'on arrive à développer un peu plus de
places en ressources intermédiaires.
Alors, dans l'espace de deux ans, on a augmenté de pratiquement 50 % de
plus le nombre de places en ressources intermédiaires, un.
Deux,
on y est allés, encore là, par territoire, donc, par chacun des territoires de
CSSS, on a effectivement les ratios en
termes de nombre de places ciblées et le nombre de places actuelles. On y est
allés aussi sur l'augmentation des services en soutien à domicile à partir, bon, bien, des budgets qui sont
consentis à la région. Donc, ce développement-là ou ces changements-là se sont faits sur une base
graduelle, mais disons qu'on a beaucoup intensifié, dans les trois dernières
années, le développement des
ressources intermédiaires pour se consacrer à l'accueil en CHSLD pour les
profils qui sont prévus, les profils
de neuf et plus — vous
connaissez ce langage-là certainement. Donc, c'est ce qu'on a fait, là, dans la
région. Est-ce que ça répond à votre question?
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Mais j'aimerais ça que
vous disiez c'est quoi, les ratios de 100 personnes de 65 ans et plus. Parce
que je dois vous avouer que, quand j'étais ministre, nos travaux sur les ratios
recommandés étaient basés sur ceux du
Saguenay—Lac-Saint-Jean
tout simplement parce que c'était un laboratoire où est-ce que c'est une population fermée, très peu
de mobilité et qu'on est capables de voir évoluer dans le temps. Donc, pour 50 000 de population, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on était capables de déterminer
les ressources nécessaires pour chacun des types de ressources pour les
personnes âgées.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Je vais permettre à M. Roy de donner la réponse à
partir des tableaux qu'on a entre les mains.
Le Président (M.
Bergman) : Deux minutes.
M. Roy (Yvan) : Alors, au niveau des
ratios, en ce qui concerne les ressources intermédiaires dédiées aux personnes âgées, le ratio, c'est 0,8 place par 100
personnes, c'est-à-dire huit places par 1 000 personnes. Pour les unités
transitoires de
récupération fonctionnelle, c'est-à-dire ce qu'on appelait auparavant les soins
posthospitaliers, c'est une place par
1 000 personnes et, pour les CHSLD, c'est 2,8 places par 100 personnes.
Alors, actuellement, c'est les cibles qu'on
a. Et le développement se fait essentiellement au niveau des ressources
intermédiaires parce que c'est là qu'on doit combler le plus. Et, comme Mme Couture vous l'a dit, on est en
développement intensif par rapport à ça, on a augmenté de plus de
50 % et on a encore des places à développer par rapport ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, il vous reste
1 min 30 s.
Mme
Blais :
Alors, j'aimerais rapidement vous entendre parler d'une population, les
Premières Nations, parce qu'à Mashteuiatsh je pense que vous touchez les Premières Nations, là, en tout cas, une
des Premières Nations. Alors, parlez-nous de cette population
différente, peut-être des besoins différents.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui. Alors, sur notre territoire, on compte, sur
le territoire du CSSS Domaine-du-Roy… Pour
les gens qui sont familiers avec la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est le secteur Roberval—St-Félicien, là, le CSSS Domaine-du-Roy. Une réserve autochtone, Mashteuiatsh, y est
située, et, dans le mémoire, vous voyez aussi… pour laquelle il y a un
CHSLD, une ressource privée sur place.
Ce
dont on parle dans le secteur public, à l'intérieur des différents CSSS ou les
CHSLD de CSSS, il peut arriver d'y avoir de la clientèle autochtone qui
se situe hors réserve. À ce moment-là, l'adaptation se fait en fonction des
personnes qui sont sur place, dans le sens où le nombre, en comparaison avec le
pourcentage, en fait, de personnes autochtones
à l'intérieur de nos CHSLD, est quand même assez minime. Alors, on y va, à ce
moment-là, avec une approche personnalisée
en fonction… Alors, ça peut être une question de langue parfois ou en termes
d'habitudes de vie. Donc, le personnel,
tout comme pour tout le monde, en fait, on est en approche milieu de vie où le
personnel s'adapte le plus possible
au résident qui est sur place, c'est son domicile. On fait la même chose aussi
pour les gens qui sont autochtones.
Le
Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le bloc du deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée de Groulx.
12201 MmeDaneault :
12201 MmeDaneault : Merci, M. le Président. Merci de votre présence.
Et j'abonde dans le même sens, votre dynamisme est contagieux, et l'exemple de votre région en est un à suivre. Je vais
pousser un petit peu plus votre réflexion. Parce que, bon, je suis tout à fait d'accord avec l'humanitude, entre autres.
Et je pense que, de plus en plus, il y a des expériences à l'étranger
qui ont été faites, qui démontrent que nos personnes aînées, âgées qui ont des
déficits cognitifs, ne sont pas classées
dans les personnes malades. Alors, ce qu'elles ont besoin, c'est d'être aimées,
d'être supportées, d'être soulagées de
leurs souffrances et de pouvoir vivre librement, comme elles le faisaient
avant. Alors, de leur créer des milieux de vie, finalement les études ont démontré que non seulement ça aidait, mais ça
diminuait l'anxiété, ça diminuait aussi la prise de médication et ça
améliorait aussi la qualité de vie de l'ensemble du personnel et des patients
qui sont présents.
Je
pense qu'on a… il y a des unités prothétiques actuellement au Québec, mais
peut-être pas suffisamment. Je ne sais
pas si vous êtes au courant. Et moi, j'ai oeuvré en CHSLD et je vous dis… ça
fait quelques années que je disais qu'on médicalisait trop nos patients qui ont des déficits cognitifs. On a
démontré que ces gens-là, plus on les motive, plus on les laisse vivre librement, moins on utilise de
médication. Alors, moi, j'ai oeuvré dans le temps où tout le monde se couchait
à 10 heures, puis, si tu n'étais pas couché, on te donnait une petite
injection pour que tu ne déranges pas personne. Puis l'errance, ce n'était pas
toléré. Si quelqu'un se levait dans la nuit pour errer, bien il fallait le
recoucher puis avec une médication. Il y
avait même souvent des contentions. Le matin, tout le monde se levait à la même
heure, on déjeunait tous en même
temps. Alors, de vous entendre dire que, bon, on laisse librement les gens
déjeuner en pyjama, et, de créer un milieu de vie, je pense que c'est la
solution, et ça devrait être contagieux, surtout avec le vieillissement actuel
de la population.
Il
y a une expérience actuellement en Ontario — je ne sais pas si vous en avez entendu
parler et j'abonde dans ce sens-là — où on a utilisé des infirmières praticiennes
plutôt que des visites médicales répétitives. On sait actuellement la situation au Québec, où on a un manque
d'effectif médical. Les infirmières praticiennes… Et c'est une expérience qui
a été faite en Ontario et qui a des
résultats probants, où on a des infirmières praticiennes qui oeuvrent dans les
CHSLD, donc qui, elles-mêmes, peuvent
prescrire au besoin, mais très peu, la médication, parce qu'on va plus, les
gens qui sont anxieux, vers des
méthodes… de les ramener dans le passé, de leur parler de leur passé, et
l'anxiété s'en va sans qu'on ait besoin de médication. Alors, ces
méthodes-là ont été utilisées beaucoup en Scandinavie. Dans le nord de l'Ontario,
maintenant, ça se pratique. Alors, est-ce que le Lac-Saint-Jean est rendu à
cette étape-là? Et je pense qu'il pourrait être un modèle pour
l'ensemble du Québec.
• (11 h 40) •
Le
Président
(M. Bergman) : Mme Couture.
Mme Couture (Martine) : Oui. Alors, si je comprends bien votre question…
Bonjour, madame. Si je comprends
bien votre question, elle est autour de
l'introduction des infirmières praticiennes spécialisées dans le volet
gériatrique ou longue durée. C'est ça votre question, hein?
Mme
Daneault :
Oui.
Mme
Couture (Martine) : O.K.
Alors, pour ce qui est des infirmières praticiennes spécialisées, présentement
elles se situent particulièrement en milieu
hospitalier ou encore infirmières praticiennes spécialisées première ligne. Alors,
l'expérience en CHSLD, qui peut convenir à ce que vous décrivez, se situerait
beaucoup plus dans l'utilisation des approches,
entre autres l'approche milieu de vie, pour l'adaptation des interventions
auprès des résidents et le travail qui se
fait aussi avec les équipes ambulatoires de psychogériatrie, par exemple, pour
assister le personnel qui est soignant actuellement,
tout simplement parce qu'actuellement l'infirmière praticienne spécialisée, ce
type d'emploi là n'existe pas du côté des CHSLD présentement au Québec
même. Alors...
Le
Président (M. Bergman): 1419 Le Président (M. Bergman): Malheureusement,
le temps s'est écoulé. Alors, Mme Couture, M. Martel, Mme Labbé, M. Roy,
M. Côté, merci pour votre présentation, merci d'être ici avec nous aujourd'hui.
Et je demande
à l'Association des établissements de réadaptation en déficience physique du
Québec de prendre place à la table.
Je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 11 h 42)
(Reprise à 11 h 44)
Le
Président (M. Bergman): À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je souhaite la bienvenue à l'Association des établissements de
réadaptation en déficience physique du Québec.
Bienvenue.
Pour fins d'enregistrement, on vous demande de bien vouloir vous présenter. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour faire votre exposé.
Par la suite, il y aura une discussion avec les membres de la commission.
Alors, bienvenue, le micro, c'est à vous.
Association des
établissements de réadaptation
en déficience physique du Québec (AERDPQ)
M. Malo (Luc M.) : Merci, M. le
Président. Alors, M. le Président, distingués membres de la commission, mesdames et messieurs, l'Association des établissements
de réadaptation en déficience physique du Québec vous remercie de l'invitation que vous lui avez faite de
présenter son mémoire en lien avec le mandat d'initiative sur les conditions de
vie des adultes hébergés en CHSLD. Mon nom est Luc Malo, je
préside le conseil d'administration de l'Institut Raymond-Dewar, c'est un centre de réadaptation pour personnes
sourdes, malentendantes, avec des problèmes de langage et de communication, ainsi que celui de l'Association des
établissements de réadaptation en déficience physique du Québec.
Permettez-moi
de vous présenter les personnes qui m'accompagnent, qui siègent également au
conseil d'administration de
l'association : Mme Anne Lauzon, directrice générale de l'association; M.
Pierre-Paul Milette, directeur général du Centre de réadaptation
Lucie-Bruneau, c'est un centre de réadaptation en déficience motrice à
Montréal.
L'association
regroupe 21 établissements du réseau de la santé et des services sociaux
répartis en 105 points de service sur
l'ensemble du territoire québécois. Les centres de réadaptation en déficience
physique, communément appelés CRDP,
offrent des services spécialisés et surspécialisés d'adaptation, de
réadaptation et d'intégration sociale aux personnes ayant une déficience physique. Quelque 6 800
professionnels y travaillent en équipes multidisciplinaires afin d'aider les
personnes handicapées à retrouver une
autonomie et une qualité de vie optimales. Quelque 77 000 personnes de
tout âge ayant une incapacité significative et persistante attribuable à
une déficience auditive, du langage, motrice ou visuelle y reçoivent des
services annuellement.
D'entrée de
jeu, l'association accueille avec beaucoup d'intérêt les auditions publiques
liées au mandat d'initiative de la commission concernant les conditions
de vie des adultes hébergés en CHSLD. Le présent mémoire expose les préoccupations et les recommandations de
l'association afin de contribuer à la réflexion à laquelle nous sommes conviés
aujourd'hui
Vous n'êtes
pas sans savoir que les centres d'hébergements et de soins de longue durée
accueillaient, en 2011‑2012, un peu
plus de 3 600 adultes de moins de 65 ans. Nous savons que, sans en
connaître le chiffre exact, une bonne proportion de ces adultes présente des incapacités sévères reliées à une déficience
physique. L'association veut donc s'assurer que la réalité propre aux
personnes présentant une déficience physique soit prise en compte.
Conséquemment,
l'association fait huit recommandations concernant les adultes ayant une
déficience physique et vivant en
CHSLD. Ces recommandations sont en lien avec plusieurs enjeux identifiés dans
le document de consultation de la
commission, tels l'accessibilité, les soins et services, l'organisation du
travail et la formation. Aux fins de la présente allocution, seulement quelques recommandations seront reprises. Le
mémoire est cependant disponible dans son entièreté sur le site Web de
l'association.
Pour mieux
comprendre nos recommandations concernant les conditions de vie des adultes en
CHSLD il importe toutefois d'aborder
très brièvement les enjeux plus globaux associés au logement et aux services
requis par les personnes ayant une déficience physique. En effet, malgré
la politique de soutien à domicile, les personnes ayant une déficience physique ne reçoivent pas toujours à leur domicile
une intensité de services répondant à leurs besoins. Cet écart entre les
besoins et les services reçus amène
notamment celles-ci à devoir opter pour un autre type d'habitation qui offre
minimalement des services de soutien
et d'assistance. On parle alors de ressources résidentielles non
institutionnelles ou alternatives, qu'elles soient développées par le
réseau, le milieu communautaire ou par le privé.
Malheureusement,
l'accès à une ressource résidentielle alternative peut être très long pour de
multiples raisons. Premièrement, le
profil des incapacités est très varié en déficience physique. Le nombre de
personnes ayant des profils similaires sur un territoire donné peut être
petit et être insuffisant pour envisager le développement d'une ressource spécialisée répondant à leurs besoins. De plus,
les démarches à entreprendre pour développer ce type de ressources sont
longues et complexes. Il y a énormément de contraintes sur le plan financier,
architectural, réglementaire ou autre.
Alors,
lorsque ces ressources existent, il y a un faible taux de roulement puisque les
personnes qui y habitent sont souvent
jeunes et occupent leur logement ou leur chambre pendant de nombreuses années.
Ainsi, les CHSLD sont parfois les
seuls milieux résidentiels pouvant recevoir des adultes ayant une déficience
physique lorsque la personne est lourdement handicapée, qu'elle nécessite des soins médicaux ou qu'aucune autre
ressource alternative n'est disponible sur un territoire donné.
Cependant,
l'association considère que, même pour ces clientèles, le CHSLD n'est pas
nécessairement le choix optimal. En
effet, les personnes ayant une déficience physique sont souvent aptes et ont un
projet de vie. Cette clientèle est en
quête d'autonomie et non en fin de vie. Lorsque l'offre de services des CHSLD
n'est pas définie dans cette optique et
le personnel n'a pas toujours toutes les connaissances requises pour offrir
correctement des services à cette clientèle particulière — par
exemple, les personnes ayant un trouble grave de comportement ont besoin d'un
milieu ayant peu de stimuli — le ratio du personnel se doit d'être plus
élevé, et le type de personnes devrait être différent de celui qu'on retrouve
habituellement en CHSLD, comme des éducateurs
spécialisés, par exemple. Quant au jeune adulte présentant des incapacités
physiques motrices sévères, il peut avoir
une vie sociale active, aller au camp
de vacances ou à l'école, et le personnel devrait être en mesure de le
soutenir dans ses activités.
• (11 h 50) •
Un des grands
défis pour la personne et le réseau quand vient le temps d'orienter une
personne vers une ressource résidentielle autre que le domicile est d'obtenir
un portrait complet de ces ressources. De plus, l'accessibilité à une ressource peut
dépendre du type de déficience, de l'âge, du modèle de ressource
ou du secteur d'activité, privé ou public. Par exemple, la personne ayant
une déficience physique ou l'intervenant qui l'accompagne devra faire des
demandes à l'établissement gestionnaire — qui peut être un CSSS ou un CRDP, une ressource
de type familial, une ressource intermédiaire — à un autre
CSSS ou CRDP pour une ressource alternative administrée par un établissement particulier, à l'agence pour un CHSLD ou directement à une ressource
communautaire ou privée.
Le
cloisonnement de l'information entre les différents acteurs du milieu en lien
avec les ressources disponibles diminue l'efficacité d'identifier la meilleure option résidentielle pour
une personne. C'est pourquoi l'association recommande que chaque agence rende disponible une banque
centralisée de données pour l'ensemble des ressources, tant du réseau que du milieu communautaire ou privé. Pour les personnes ayant une
déficience physique, l'organisation physique du milieu et l'accès à l'ensemble des aides techniques qui lui sont nécessaires
pour maintenir son autonomie sont des enjeux particuliers lorsqu'ils
vivent en CHSLD.
L'aménagement… physique devrait être repensé afin que la personne puisse reconnaître
son milieu de vie, que ce soit par
des plus petites unités, la personnalisation de sa chambre ou l'accès à un lieu
distinct pour manger et dormir. Comme
il s'agit de son milieu de vie, la personne devrait avoir
un certain contrôle sur son environnement et devrait, par exemple, pouvoir barrer sa porte, avoir accès à une salle
de bains privée pour aider son intimité si elle le désire. Pour ce qui est des aides techniques
requises pour compenser des incapacités motrices ou sensorielles, les personnes
qui quittent leur domicile pour aller
en CHSLD peuvent être pénalisées, car les règles d'admissibilité des programmes
gouvernementaux varient selon le lieu de résidence et
selon le type d'aide technique.
Par exemple, la personne qui présente une
déficience visuelle continuera à avoir accès à des aides visuelles assurées par le programme administré par la Régie de l'assurance maladie du Québec même si elle déménage en CHSLD. Cependant,
la personne qui présente une… auditive ou du langage n'est plus admissible aux programmes
gouvernementaux pour les aides à la suppléance à
l'audition ou à la communication. Lorsque la personne n'est plus admissible à
un programme gouvernemental, le coût de l'aide technique doit être assumé par
le CHSLD et l'usager. Toutefois, il est convenu que les personnes ayant une
déficience physique présentent très souvent une situation financière précaire.
Dans ce contexte et afin de favoriser la plus grande
autonomie possible des personnes ayant une déficience physique, l'association recommande que les aides techniques nécessaires au maintien de l'autonomie de la
personne soient assurées par les
programmes gouvernementaux, quel que soit le milieu de vie de la personne. Le coût de développement d'une ressource
spécialisée et des services requis pour un adulte ayant une déficience physique
est souvent plus élevé que pour
d'autres clientèles, quel que soit le milieu résidentiel. En effet, l'infrastructure se doit d'être adaptée. On pense aux rampes d'accès, la douche accessible en fauteuil, aux équipements requis
pour les transferts, etc. De plus, les services à lui rendre peuvent être plus variés et nombreux en
plus de l'être pour l'ensemble de ses activités de la vie quotidienne et domestique. Elle peut aussi avoir besoin
d'accompagnement pour accomplir sa vie sociale, personnelle et intime, même en
CHSLD.
Il arrive néanmoins qu'une personne lourdement
handicapée soit référée en CHSLD parce que ce milieu a été identifié comme étant la solution la moins
coûteuse. Cependant, tous les services requis par la personne n'ont pas nécessairement été pris en compte, entre autres,
ceux en lien avec ses besoins de participation sociale. Pour l'association,
l'orientation résidentielle doit tenir
compte de l'ensemble des besoins de la personne et de la meilleure façon d'y
répondre. Le critère financier ne devrait jamais être la première raison
pour définir la solution résidentielle pour ces personnes.
Selon
l'association, l'organisation du travail pour rendre les services et les soins
requis par les personnes ayant une déficience physique est un des plus
grands enjeux auxquels font face les CHSLD. En effet, même lourdement handicapées, les personnes ayant une déficience
physique veulent participer à la société dans laquelle elles vivent. Elles
peuvent vouloir aller à l'école, sortir,
recevoir en toute intimité leurs proches ou leur conjoint. Ces personnes sont
en quête d'autonomie,
et le CHSLD doit la favoriser. Cela peut impliquer d'accepter que le service à
rendre prenne plus de temps ou que le
service ne soit pas donné à la même heure tous les jours. Cela peut aussi
vouloir dire de revoir les horaires de travail…
Le Président (M. Bergman) :
Conclusion, s'il vous plaît.
M. Malo
(Luc M.) : …du personnel
pour permettre à la personne de sortir le soir et de ne faire son transfert au
lit qu'à 1 heure du matin. Cela peut aussi
impliquer que le personnel fasse certaines
démarches afin que la personne puisse aller au camp de vacances ou avoir
des activités de loisirs en dehors du CHSLD.
L'association est consciente des nombreux défis
qu'un ajustement dans l'organisation du travail doit poser. Cependant, il importe que les CHSLD ajustent leur offre de
services pour répondre aux besoins particuliers d'autonomie,
d'intégration et de participation sociale des personnes ayant une déficience
physique.
Enfin, la grande variabilité des déficiences
physiques et des incapacités qui en découlent augmente de façon importante la
quantité de connaissances requises par le personnel. De plus, les connaissances...
Le Président (M. Bergman) :
...s'il vous plaît.
M. Malo
(Luc M.) : En conclusion,
même si les personnes présentant une déficience physique sont somme toute
peu nombreuses, les efforts doivent se
poursuivre tant pour développer un réseau résidentiel alternatif partout au Québec qui
répondra mieux à leurs besoins et pour améliorer la façon dont les services
sont rendus lorsqu'elles vivent en CHSLD.
Les recommandations qui vous ont été présentées mettent en lumière les particularités de
ces personnes autant par rapport à leurs besoins et leurs aspirations qu'en lien
avec l'intensité et la qualité des services requis pour leur permettre
de développer ou conserver leur autonomie et accomplir des rôles sociaux. On
vous remercie de votre attention.
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation. Maintenant, pour le groupe ministériel, Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Malo, bonjour madame, bonjour monsieur. Ça me fait
plaisir de vous accueillir et d'échanger avec vous.
Écoutez,
je vous entends, je vous écoute et je vous dirais que, fondamentalement, moi, il y a une question que je
me pose : Est-ce que c'est normal, en 2014, de voir encore de jeunes
adultes avec un handicap physique mais possédant toutes leurs facultés intellectuelles devoir partager leurs espaces de
vie avec une majorité de personnes
âgées qui bien souvent ont des pertes cognitives importantes et
même peuvent avoir parfois des comportements perturbateurs? Je pense qu'on a à se poser cette question-là.
Est-ce que c'est normal? Est-ce qu'on ne peut pas faire autrement?
On vient de
tenir une commission, ici, sur l'assurance autonomie, où on parlait beaucoup
de maintien à domicile. Avec la
clientèle que vous connaissez, est-ce
que le maintien à domicile serait la
meilleure solution? Ou, si ça serait trop compliqué, à ce moment-là,
quel serait le type d'hébergement alternatif? En fait, ma question :
Qu'est-ce qui serait le mieux, de façon optimale, là, pour répondre aux besoins
des personnes avec une déficience physique?
Le Président (M. Bergman) :
M. Malo.
M. Malo
(Luc M.) : À votre première
question, est-ce que c'est normal, non. C'est aussi clair que ça. Je pense
qu'on y travaille depuis longtemps à essayer
d'améliorer la condition de vie des personnes handicapées physiques, mais
on n'y arrive pas toujours, et il y a
beaucoup de barrières qui nous en empêchent, que ce soit la question de
l'habitation, que ce soient les soins
requis au lever, au coucher, par exemple, qui demandent un investissement
majeur. Il faut que nos politiques
deviennent beaucoup plus personnalisées, je dirais, par rapport à chaque
personne et il faut trouver des formules.
Il y en a qui
existent, il y a beaucoup d'initiatives qui se prennent, actuellement dans le
réseau par rapport à ça. On a des
exemples qu'on pourrait citer en Abitibi, à Amqui, où on a développé des
ressources intermédiaires pour personnes jeunes, personnes handicapées, donc de moins de 65 ans, mais même,
je dirais, en bas de 40 ans, et qui permettent aux gens de vivre en communauté et de recevoir des
soins et services par le CSSS de leur territoire adaptés à leurs besoins
et aux heures qu'ils requièrent. Puis c'est
fait conjointement avec les offices municipaux d'habitation, etc. Malheureusement,
ce n'est pas répandu. Et malheureusement il
y a encore des CSSS qui refusent de donner des services de cette nature. Il y a
des coûts associés à ça. Bon. Et on a
beaucoup, beaucoup de travail à faire. Mais je pense que M. Milette
pourrait vous donner de nombreux
exemples que Montréal a développés pour assurer une meilleure intégration
sociale des personnes handicapées physiques. Pierre-Paul?
Le Président (M. Bergman) :
M. Milette.
• (12 heures) •
M. Milette
(Pierre Paul) : Merci.
Alors, oui, à Montréal, entre autres au Centre de réadaptation Lucie-Bruneau,
on a différents types de ressources pour les
personnes avec déficience physique qui sont à domicile, dont, entre autres,
des ressources intermédiaires, ressources de
type familial, mais aussi des ressources assistance continue, selon le besoin
de la personne. On a des personnes qui ont
besoin de services 24 heures sur 24, sept jours-semaine, mais qui font
aussi des activités à l'intérieur de la société.
Donc,
exemple, on a des ressources où on a des personnes ventiloassistées qui sont
impliquées dans des associations, qui
ont une vie sociale, qui peuvent aller au cinéma, qui peuvent participer à des
activités. On a des gens qui sont aussi avec des troubles graves du comportement, qui ne sont pas dans une
institution, qui sont dans des logements avec une supervision constante,
et ils participent aux activités de vie quotidienne, ils ont un projet de vie.
Donc, c'est vraiment l'optique que l'on a.
Et, comme le
disait M. Malo, il y a des types de ressources comme ça aussi qui ont
été développées dans d'autres régions
au Québec. À Montréal, actuellement, on a, donc, sept ressources assistance continue.
On a actuellement 62 personnes qui sont dans des logements
avec une supervision 24 heures sur 24, sept jours-semaine, et qui font des activités, et qui participent socialement. Entre autres, dans notre établissement, on a un messager qui est atteint de paralysie
cérébrale, qui ne peut pas s'exprimer, mais
qui travaille cinq jours-semaine et qui vit dans une de nos ressources sociorésidentielles avec assistance continue. Parce que
ces personnes-là n'ont pas besoin juste de se lever, de se coucher, ils
ont besoin d'assistance dans toutes leurs activités de la vie quotidienne.
Entre autres, au niveau des troubles graves du comportement, ces
personnes-là, entre autres, dans certains cas, qui attendaient, à l'hôpital, d'avoir une ressource qui était adaptée
depuis deux ou trois ans, des gens qui étaient en CHSLD avec troubles graves de comportement, pour
lesquels on n'avait pas nécessairement les ressources autour pour pouvoir les supporter et
pouvoir s'assurer, là, qu'ils puissent s'intégrer, depuis qu'ils sont rendus
dans nos ressources, ils sont beaucoup plus calmes, ils participent aux activités de vie
quotidienne à l'intérieur des logements, entre autres, ils participent
à la préparation des repas, ils font des
activités de vie quotidienne à l'intérieur et ont des activités sociales à
l'extérieur.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui. Merci
beaucoup. Mais, en attendant de
pouvoir multiplier les initiatives intéressantes que vous venez de nous citer, dans les milieux des
CHSLD on avait avant vous une agence qui est venue témoigner du concept de milieu de vie. Est-ce que vous pensez que ce
concept-là de regrouper en petits îlots de 10 ou 12 patients et qui éviterait
peut-être une trop grande proximité, là, dans la mixité des clientèles,
permettant de regrouper peut-être des
gens plus jeunes et avec le même profil, disons, un peu plus similaire, est-ce que vous pensez que ça peut être une solution pour la
clientèle des personnes avec une déficience physique?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lauzon.
Mme Lauzon
(Anne) : Oui, bonjour. Bien,
écoutez, je pense que, quand on est contraint de le faire, c'est une bonne idée, plutôt qu'on laisse une personne sur
chaque unité qui est vraiment isolée. Mais, le problème, c'est un défi que les CSSS et les CHSLD ont à cause des masses
critiques qui ne sont pas très grandes. Alors, si on les regroupe dans une unité ou dans un endroit, ça peut favoriser
une programmation adaptée et des services adaptés, c'est une bonne chose.
Toutefois, des fois, ça éloigne les gens de
leur famille parce que, dans
le fond, les distances, des fois,
géographiques font en sorte que c'est plus compliqué.
Mais, si on a
agi plus à la source, dans le
fond — pour peut-être poursuivre sur votre première question — il
devrait y avoir très peu de personnes qui ont une déficience physique
qui se retrouvent en CHSLD. Et celles qui devraient s'y retrouver, c'est seulement celles qui ont des problèmes médicaux plus
complexes, vraiment, où, là, il n'y a pas d'autre solution. Et, à ce moment-là, l'environnement des CHSLD devrait être adapté, mais le profil des
besoins se rapprocherait des personnes qui sont aînées et qui sont
hébergées.
Nous, ce qu'on
pense, c'est plus qu'il faut qu'il y ait une diversité d'options résidentielles
du domicile à l'hébergement, mais
qu'entre les deux il y ait toutes sortes de façons d'assurer un milieu de
vie aux personnes, mais le moins
possible en institution et, là, dans des îlots ou dans des ressources…
sans créer des ghettos, non plus. Mais, si on regroupe certaines
personnes, il peut y avoir un partage de services, c'est plus facile pour le
CSSS d'être performant, il y a moins de distance à parcourir.
Donc, c'est des solutions plus de ce type-là
qu'on pense, où, là, la programmation, les services peuvent être adaptés aux besoins des personnes. Et, en ce
sens-là, les CRDP se positionnent comme étant des partenaires, où l'expertise
que les établissements ont, expertise, donc, spécialisée par rapport aux
besoins spécifiques des personnes qui ont une déficience
physique, bien on souhaite la mettre davantage au service des CHSLD bien sûr,
mais aussi des réseaux communautaires et privés, qui peuvent aussi
développer des ressources adaptées aux besoins.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui. Et finalement est-ce qu'actuellement ce partenariat existe?
Est-ce que vous êtes interpellés? Est-ce que vous participez avec les
CHSLD à l'organisation du travail ou à l'organisation des milieux de vie?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lauzon.
Mme Lauzon
(Anne) : Oui. Présentement, écoutez, c'est variable, je dirais, d'une région à
l'autre. Mme Couture, tantôt, parlait
d'un travail sur 10 ans. Bien, écoutez, je pense que tout le monde avance dans la
bonne voie. C'est pour ça qu'une de
nos recommandations est à l'effet que, dès qu'une personne qui a moins de 65
ans serait admise en CHSLD, le CRDP
devrait être interpellé pour contribuer à l'évaluation des besoins au
jour 1… bien, au jour 1, on s'entend, là, je veux dire, au départ et non deux ans plus tard ou trois ans plus tard,
où il y a toutes sortes de capacités même qui
sont perdues en
raison des pratiques. Alors donc, on a une recommandation à cet effet-là.
Nous autres, on souhaiterait être davantage impliqués. Ça dépend, comme je vous dis, de plusieurs
facteurs, mais les CRDP sont prêts à mettre l'épaule à la roue à cet
égard-là.
Je
vais vous donner un exemple concret de différence que ça peut faire. Dans les
CHSLD, souvent les pratiques font en
sorte que, pour se lever, on prend le «lift». Ça fait que, comme ça, on
diminue les accidents de travail, et tout, c'est plus facile. Par contre, une personne qui a une déficience physique, qui
est capable de faire un transfert avec un préposé en faisant un pivot, bien, si on ne lui fait pas
faire pendant six mois, bien, dans six mois, elle ne sera plus capable de le
faire. Alors là, peut-être que ça va faire en sorte qu'elle ne pourra plus
sortir de chez elle, prendre l'automobile avec quelqu'un puis... Ça fait que,
là, on pénalise la personne. Donc, c'est pour ça que, dès l'entrée au CHSLD, si
c'est la seule voie possible, bien il faudrait que déjà on puisse participer à
l'évaluation des besoins et du plan d'intervention avec nos collègues
des CHSLD.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose… Mme la députée de
Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Je n'ai pas de question pour le moment. Je ne sais pas si ma collègue…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Merci beaucoup. Oui,
j'aimerais continuer dans cette voie-là. Et justement il y a des cas où
on n'a pas le choix, il faut aller au CHSLD, puis il y aura quelques personnes
ou une seule personne hébergée parce qu'on a
des régions où ça ne se prête pas à avoir une ressource alternative. Puis on
comprend que c'est vraiment la
meilleure façon de faire. Et vous avez parlé justement de… il faut faire partie
du plan d'intervention dès le début.
Peut-être qu'on pourrait parler formation du personnel en conséquence.
Peut-être que vous pouvez nous en parler un petit peu. Et aussi la
première recommandation que vous nous apportez, c'est l'information pour les
personnes qui vivent avec une incapacité ou
une déficience physique. Il manque d'information, je pense. Peut-être ces
deux points-là pourraient nous éclairer.
Le Président (M.
Bergman) : M. Malo… Mme Lauzon.
Mme Lauzon (Anne) : Oui. Je vais débuter puis, ensuite, je vais laisser M. Milette poursuivre
avec des exemples concrets. En fait,
par rapport à l'information disponible, effectivement c'est une problématique
actuellement parce qu'une personne
qui, par exemple, a une déficience physique, qui doit choisir un endroit adapté
à ses besoins, bien elle peut être obligée
de se mettre sur cinq, six listes d'attente parce qu'il n'y a pas un endroit
centralisé où on peut voir, par exemple, tous les endroits qui sont accessibles au plan architectural ou au plan
des communications. Ensuite, quelle sorte de services est-il disponible? Est-ce qu'il y a quelqu'un 24-7
ou pas? Est-ce qu'il y a des préposés ou pas? Est-ce qu'il y a des infirmières
ou pas? Est-ce qu'il y a un service médical
ou pas? Alors donc, c'est un dédale un peu obscur, pour les gens, pour se
retrouver pour dire, dans le fond, ça serait quoi, la meilleure
ressource, est-ce qu'elle existe.
L'autre élément qui
milite en faveur d'avoir une information plus centralisée, c'est qu'on comprend
que, si la personne a 25 ans — pour dire quelque chose — et qu'elle se trouve un endroit approprié
qui n'est pas dans un CHSLD, bien
peut-être qu'elle va vivre 50 ans dans la ressource, là, parce que ce n'est pas
parce qu'on a une déficience physique qu'on
a une moins grande espérance de vie nécessairement, ce qui fait que le taux de
roulement n'est pas du tout le même que
dans les CHSLD, d'où l'importance d'avoir un portrait clair de ce qui existe et
des potentiels de places et, sinon, en développer d'autres parce que,
sinon, les gens n'ont pas le choix, ils se retrouvent effectivement en CHSLD.
Au
plan de la formation, effectivement, c'est une des expertises que les CRDP
peuvent mettre au bénéfice d'une région
ou de partenaires. Et peut-être que, là-dessus, Pierre-Paul… M. Milette, tu
pourrais compléter, là, sur comment ça peut se passer dans les faits,
là.
Le Président (M.
Bergman) : M. Milette.
M.
Milette (Pierre-Paul) : Alors, comment ça peut se passer dans les
faits? On a, entre autres, des ententes avec des organismes communautaires qui ont des ressources résidentielles pour
lesquelles on offre des services spécialisés aux niveaux orthophonistes, ergothérapeutes, physiothérapeutes qui vont
intervenir au besoin dans le cadre du plan d'intervention auprès du client. On va aussi avoir des ententes avec
les CSSS pour qu'eux qui supportent déjà, des fois, au niveau de la
première ligne, auprès de ressources alternatives soutenues par des organismes
communautaires... On a des ententes tripartites
qui existent aussi pour offrir des services spécialisés auprès de ces
clientèles-là pour les maintenir à domicile, dans des logements qui sont
de type familial ou des logements qui appartiennent à des organismes
communautaires.
• (12 h 10) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Oui. Et vous avez une autre
recommandation, la recommandation 7, où on dit justement : Il faut ajuster l'offre de services et
l'organisation du travail, pour les clientèles adultes, en lien avec leurs
besoins spécifiques. Peut-être qu'on
pourrait élaborer davantage justement sur comment organiser les services en
CHSLD pour répondre à leurs besoins.
Le Président (M. Bergman) :
M. Malo.
M. Malo (Luc M.) : Pour bien répondre aux besoins des personnes, il
faut d'abord qu'il y ait un plan de… plan de services, je dirais, personnalisé à partir des acquis et des acquis
potentiels. C'est pour ça qu'il faut que, dès le point de départ, il y ait quelqu'un qui est spécialiste en
réadaptation auquel on réfère le client, la personne qui rentre en CHSLD,
si c'est la seule option qu'il reste… Parce
qu'idéalement c'est d'avoir des ressources adaptées. Mais, si c'est la seule
option qu'il reste, qu'il puisse y avoir référence tout de suite pour
faire un plan de services adéquat à la personne.
Il
faut également… puis là je vais être plus général, mais je reprends une
expression qui a été prise tantôt, il faut démédicaliser aussi. Vous savez, quand on est une personne handicapée
puis on a des douleurs constantes, la solution facile, c'est de prendre
une pilule. La solution difficile, c'est de faire de la réadaptation, des
exercices adaptés, de la physiothérapie, de l'ergothérapie, de façon à
peut-être pas enlever totalement le mal, mais le diminuer d'une façon
suffisante pour éviter la médicalisation. J'en sais quelque chose. O.K.? Et ça,
ça m'apparaît fondamental.
Et,
si on place la personne dans une place en CHSLD puis on n'offre pas des
services de réadaptation, on risque que
la personne se détériore beaucoup plus rapidement, physiquement d'abord,
psychologiquement ensuite, et surtout au niveau de la participation sociale. Il faut toujours avoir l'optique que
toute personne veut une vie sociale la plus adaptée possible, la plus adéquate possible, la plus
valorisante possible. Et ça, il faut lui permettre de le faire. Il faut
faciliter, même, l'accès à ces activités, je dirais, valorisantes qui
existent. Ça, c'est fondamental. Veux-tu ajouter?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Lauzon.
Mme Lauzon (Anne) : Oui. Bien, en fait, en complément. Quand on parle de l'organisation du
travail et de changer les façons de
faire, on peut penser au fait que, pour que les personnes soient plus actives,
il y a peut-être une question de profil d'équipe. Donc, on a parlé
tantôt de l'ajout peut-être d'éducateurs spécialisés qui font un travail
différent et complémentaire aux infirmières et aux préposés, qui peuvent
s'occuper davantage des volets activités et intégration sociale plutôt que juste rester dans le CHSLD. On parle peut-être, des
fois, des horaires de travail, hein? On se disait, si la personne, elle a des amis, elle va au cinéma,
mais elle revient à 11 h 30 le soir, mais là ce n'est pas prévu qu'il
y ait le personnel sur place pour
assurer l'accompagnement de la personne dans son coucher le soir, bien ça prend
une souplesse. Et cette souplesse-là, elle n'est pas toujours possible.
Il faut la prévoir, en fait.
Je
vous dirais, un autre exemple peut être que certaines personnes ont beaucoup de
spasticité, et une des façons d'aider
la spasticité, c'est, par exemple, d'avoir des bains chauds trois fois par
semaine, une demi-heure, pour dire quelque chose. Bien, ça, des fois, ce n'est pas prévu dans l'horaire parce que
ce n'est pas un bain pour se laver, là, puis que tout le monde a la même chose, c'est plutôt un bain chaud
thérapeutique. Alors là, ça, encore là, il faut le prévoir dans l'horaire
parce que, dans l'horaire standard, ça ne rentre pas nécessairement.
Donc,
c'est pour ça qu'il faut une approche personnalisée, comme M. Malo le disait,
puis il faut une ouverture à de la
souplesse aussi. Des fois, sur les horaires, si tu reviens de travailler plus
tard que 4 h 30, où c'est l'heure de manger, bien là est-ce
que tu passes en dessous de la table ou bien, plutôt, tu peux manger à une
autre heure? Donc, il y a des initiatives,
là. Et puis je pense que ce n'est pas du tout de la mauvaise volonté de
personne. Je pense qu'il y a des très bons services dans les CHSLD. Mais les personnes qui ont une déficience
physique représentent à peu près 10 % des personnes hébergées présentement. C'est sûr qu'on souhaite
qu'il y en ait moins, là, mais il en restera toujours un peu. Alors, c'est
un petit nombre qui nécessite une attention particulière parce qu'ils ont des
besoins particuliers.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine, il vous
reste 1 min 30 s.
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) : Oui. Merci beaucoup. Si je
comprends bien, il y a place à amélioration. Il y a des choses qui se font déjà, je pense. Est-ce que vous avez des
exemples de CHSLD ou des modèles, comme on a vu tantôt avec l'agence de Saguenay—Lac-Saint-Jean? Est-ce qu'il y a des modèles? Mais
on sent qu'il y a évidemment place à amélioration, j'en suis consciente.
Est-ce qu'il y a des endroits où vous pourriez dire, là : Ça, il faudrait
prendre ça comme modèle?
Le Président (M.
Bergman) : M. Malo.
M. Malo (Luc
M.) : On n'a pas fait l'inventaire des CHSLD au Québec pour savoir…
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Malo (Luc M.) : …mais, si on nous donnait le mandat, on pourrait
contribuer certainement à faire le tour puis faire des adaptations. À ce titre-là, je vais vous
donner un petit exemple qui m'est arrivé la semaine passée. J'étais dans
un centre hospitalier, je suis entré dans
une toilette, je n'étais plus capable de sortir parce que je n'étais pas
capable de me tourner de bord avec
mon fauteuil puis ça ne sortait pas. Alors là, tu es pogné pour essayer de
pogner la porte puis de la tasser par
en arrière, comme ça. Bien là, bien, à
un moment donné, on cogne dans la
porte jusqu'à temps que quelqu'un
passe puis nous ouvre la porte, tu sais. Ça m'est arrivé.
Je
ne veux pas le prendre en exemple, mais ça démontre qu'il y a
des adaptations encore requises. Et pourtant c'est un centre hospitalier de haut calibre, mais pas adapté à une
réalité comme celle d'une personne en fauteuil roulant qui n'est pas capable trop, trop de se lever
debout, même si je peux un petit peu, là, mais… Et ça,
c'est clair qu'il faudrait… C'est peut-être
une des choses qu'il faudrait que les agences fassent : que tous les CRSSS
passent avec des spécialistes de la
réadaptation — je
suis sûr que M. Milette collaborerait, à Montréal, à ça — pour
dire : Qu'est-ce qu'il faudrait
faire, là, minimalement, dans tel centre? Puis, après ça, qu'est-ce
qu'on peut faire pour… le mieux?
Le Président (M. Bergman) :
Alors, malheureusement, le temps s'est écoulé pour ce bloc du côté ministériel.
Pour l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M. le
Président. M. Milette, Mme Lauzon, M. Malo, vous le savez combien… Mme Lauzon
sait que j'aime l'Institut Raymond-Dewar. Je
vais avoir, tout à l'heure, beaucoup de questions à vous poser sur la surdité
puis la surdicécité, c'est une grande
préoccupation pour moi. Mais, étant
donné que, dans cette magnifique commission
parlementaire — je
trouve que ça se déroule très
bien — toute la question des personnes de 65 ans et moins a été amenée — moi,
j'avais beaucoup la préoccupation aînés-CHSLD — par ma collègue la députée
de Gatineau, et elle n'a pas
pris la parole encore, puis vous parlez, depuis tout à l'heure, de la question
des personnes qui vivent en CHSLD, ce n'est pas leur réalité, alors je voudrais
qu'elle prenne vraiment le leadership avec vous.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci,
M. le Président. Alors, bonjour.
Merci beaucoup de votre présentation. Je dois vous dire
que tant votre mémoire que votre présentation sont hyperimportantes pour la
suite de nos travaux.
Effectivement, j'ai cette sensibilité-là, d'une part, bon, comme porte-parole au niveau des services sociaux, mais aussi parce que,
dans ma circonscription, j'ai été sensibilisée au cas d'une citoyenne qui est
âgée de 35 ans, qui à le syndrome du
scaphandre et qui vit au CHSLD Vallée-de-la-Gatineau, à Maniwaki, et que j'ai
visitée à quelques reprises, qui a une pitchounette de quatre ans hyperactive puis supergéniale… cinq
ans, pardon, maintenant. Et j'ai été touchée, malgré toute la
bonne volonté de l'équipe, par les difficultés qu'elle vivait en CHSLD, que sa
famille pouvait vivre, qu'elle pouvait vivre
aussi lorsque Maïta lui rendait visite puis venait visiter
maman. Vous soulevez ces difficultés-là d'une
façon très claire dans votre mémoire, et je trouve ça intéressant parce qu'un des enjeux pour cette jeune femme et pour plein d'autres jeunes hébergés en CHSLD,
c'est exactement ce que vous identifiez, c'est-à-dire : on va diriger ces
gens-là en CHSLD en raison de leur handicap, alors que bien souvent ils
voudraient rester à la maison, ils voudraient pouvoir
avoir une vie de famille normale. Mais il y a des coûts associés à ça, et, vous
l'avez mentionné, il y a certains services
qui ne sont pas dispensés, en raison des coûts. J'aimerais vous entendre
davantage. Parce que ce ne semble pas uniforme sur le territoire.
Qu'est-ce qui serait la meilleure… Comment on pourrait prendre ça, comment on
pourrait aborder cette question-là pour tenter d'améliorer la qualité de vie de
ces gens-là?
Je comprends,
bon, que le CHSLD peut s'avérer un milieu transitoire, vous le mentionnez dans
votre mémoire. Et, dans ce cas bien
particulier, c'était nécessaire parce qu'au début, lorsque parfois un handicap
va survenir subitement, il faut aussi
permettre à la famille et à la personne d'accepter et de se familiariser avec
ses propres limitations. Mais, une fois
cette période transitoire là qui peut s'échelonner sur un certain nombre
d'années, on ne peut pas en vouloir à la personne de vouloir retourner
chez elle. Alors, j'aimerais vous entendre sur les recommandations qui sont à
votre mémoire, particulièrement la question,
bon, du financement et du rôle que
vous pourriez ou que vous pouvez jouer dans toute cette démarche.
• (12 h 20) •
Le Président (M. Bergman) :
M. Malo.
M. Malo
(Luc M.) : …commentaires. Je
vous remercie de vos commentaires. Je vais demander à Mme Lauzon de
répondre.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lauzon.
Mme Lauzon
(Anne) : Oui. C'est une très
bonne question. En fait, souvent, ça peut coûter la même chose d'adapter un logement ou de
trouver une ressource alternative pour une personne qui a des besoins
complexes qu'un hébergement en CHSLD. Par
contre, ça fait toute la différence
du monde sur la qualité de vie, sur la capacité de rester une mère, sur la
capacité de vivre une vie de famille et, au
fil du temps, justement, se réapproprier plusieurs activités de la vie
courante puis être actif dans une société ou dans une communauté.
Ça fait
que, nous, ce qu'on préconise, c'est que le facteur des sous, le facteur de ce
que ça coûte ne devrait pas être le
critère numéro un pour dire : Voici, vous allez être en CHSLD, mais plutôt : C'est quoi, la nature des besoins et quel type de ressources résidentielles, ou de maison, de milieu de vie
qui serait le plus adapté aux besoins, qui permettrait à la personne
de rester un citoyen
à part entière? D'où l'importance de développer une variété de ressources
résidentielles, ou de logements, ou
de milieux de vie pour que, peu importent les caractéristiques ou les
besoins d'une personne, bien on puisse
trouver quelque chose qui soit adapté aux besoins en dehors de l'institutionnalisation, qui a des limites, veux veux pas, là. Alors donc, moi, je
pense que ce que ça prend, c'est une
analyse des besoins des personnes puis une concertation de plusieurs partenaires pour justement trouver ou développer
la ressource appropriée, et après ça, comme je vous dis, ça peut être à budget égal, mais par contre
ça fait toute la différence sur la vie de cette personne-là. Je ne sais pas si,
Pierre-Paul, tu…
M. Milette
(Pierre-Paul) : Oui. En
fait, vous parlez de coûts. Effectivement, comme disait Mme Lauzon, les coûts peuvent être similaires à ce qu'on retrouve comme
coûts en CHSLD, par ailleurs dans un environnement qui est beaucoup
plus stimulant. Pour l'exemple concret que
vous apportez, il y a, je
pense, au Québec,
des expériences intéressantes, entre
autres en Abitibi, qui, sur le terrain du CRDP, ont bâti des logements. Et les
gens, donc, demeurent dans ces logements-là, certains même avec leur famille. Et il y a les services du CSSS
qui viennent supporter cette ressource-là puis il y a des services de
base qui sont donnés par le CRDP. Alors, ça, c'est des exemples intéressants.
Je vous dirais que, pour prendre les
exemples que je connais le mieux, à Montréal,
auxquels on a différents types
de ressources avec différents types de
lourdeur de clientèle aussi… Quand je dis «lourdeur», là, ce n'est pas…
Prenons, par exemple, une ressource sociorésidentielle dans laquelle on
a des clients ventilo-assistés qui sont impliqués au niveau de
la société, qui vont au cinéma, qui font des activités avec des amis à l'extérieur, qui peuvent arriver des fois le soir à 11 heures, à minuit, mais on est là pour les accueillir puis pour
pouvoir les supporter, bien, une ressource comme ça peut coûter à
peu près 282 $ par jour contrairement à 231 $ en
CHSLD. Par ailleurs, c'est que vous comprenez tout ce que ça peut apporter de plus à la personne qui est
impliquée au niveau de la société, qui apporte un plus à la société et qui
contribue d'elle-même aussi à la société selon son implication.
On a d'autres
ressources, c'est sûr, qui sont moins dispendieuses. On en a qui sont à
122 $ par jour. C'est des clients qui,
même, dans certains cas, pour eux, vont aller travailler, mais ils ont besoin
de support au lever, au coucher, pour
sortir les fins de semaine, etc. Donc, c'est plus que ce que peut-être le CSSS
pourrait leur donner. Mais il y a des possibilités d'organiser des
services en partenariat avec l'ensemble des ressources qui sont sur le milieu.
Et je pense qu'au niveau des CRDP il y a des expertises qui ont été développées
avec le temps, surtout en réadaptation axée sur l'intégration sociale, et qui peuvent supporter, dans le cadre d'un plan
d'intervention ou plan de services individualisés, les personnes pour
faire en sorte qu'elles sont intégrées dans la société.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Vous avez soulevé également, dans votre mémoire, un
autre aspect qui est important, c'est toute la question de l'aide technique et de l'aide technique qui est assumée
ou non par un programme gouvernemental. Et ça aussi, ça peut faire toute la différence. Parce que, là, je comprends,
lorsqu'elle demeure en CHSLD, parfois elle va devoir assumer de sa poche
des coûts supplémentaires si l'aide technique n'est pas offerte. Est-ce que
vous avez répertorié l'aide technique là où on aurait besoin d'apporter des
bonifications dans le soutien gouvernemental?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Lauzon.
Mme Lauzon (Anne) : Oui. Effectivement, on l'a fait, puis je vous dirais qu'on n'a pas
attendu cette commission-ci pour le
faire valoir au ministère de la Santé, autant à la RAMQ qu'au ministère. C'est
des discussions qu'on a présentement pour
essayer de voir comment on pourrait, dans le fond, améliorer la couverture des
aides techniques parce que ça crée une
certaine inéquité et puis on sait que, grâce aux aides techniques, les
personnes sont plus autonomes et donc demandent moins de services. Donc,
on s'aiderait, tout le monde, là, si c'était couvert de la même façon.
Puis, étant donné
qu'on a une orientation de favoriser le milieu de vie et le domicile le plus
possible ou les différentes options résidentielles dont je vous parlais tantôt,
bien, effectivement, je pense qu'il ne faudrait pas que la personne soit pénalisée, comme c'est le cas
présentement. Puis c'est historique en fait, hein, parce que le profil des
personnes qui sont en CHSLD a beaucoup évolué aussi au cours des années,
alors donc je pense que c'est un peu dû à ça.
Et
il ne faut pas oublier non plus qu'avec le vieillissement de la population… on
sait qu'avec le vieillissement on a
de plus en plus de déficits, là, auditifs ou visuels, ça vient malheureusement
avec l'âge, ce qui fait qu'on a 30 %, nous autres, des personnes qu'on dessert qui sont des personnes âgées parce
qu'effectivement les incapacités souvent viennent avec le vieillissement. À partir du moment où ces
personnes-là sont en CHSLD, il y aura de plus en plus de personnes qui vont avoir une déficience auditive ou
visuelle, par exemple, qui auraient besoin des aides à la communication ou de
suppléance à l'audition qui ne sont pas
couvertes présentement. Alors, ce n'est pas juste pour les personnes qui ont
une déficience physique quand ils
sont jeunes et qu'ils vieillissent, mais toutes les personnes âgées qui ont
aussi des déficits auditifs et visuels. Bien, il faudra améliorer cette
offre de services là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Une dernière question avant de céder la parole à ma
collègue. J'aimerais vous entendre. Vous avez mentionné que les soins palliatifs… Parce qu'on vient de terminer
l'étude du projet de loi n° 52 la semaine dernière. Vous soulevez,
dans votre mémoire, un élément extrêmement important : les personnes qui
ont une déficience physique devraient avoir accès aux mêmes ressources de soins
palliatifs que la population en général. Si je comprends de votre intervention,
actuellement ce n'est pas le cas?
Le Président (M.
Bergman) : M. Malo? Mme Lauzon.
Mme Lauzon (Anne) : Oui. En fait, ça aussi, c'est une situation qui est un petit peu
inégale d'une région à l'autre. Bien,
il arrive souvent que les personnes handicapées qui sont… elles peuvent avoir
un cancer, elles aussi, elles peuvent avoir
toutes sortes d'autres maladies et ce qui fait qu'elles sont en fin de vie. Ils
sont à domicile, et tout. Puis, plutôt que de les référer dans une unité de soins palliatifs, bien on les envoie au
CHSLD parce que, dans le fond, là, on se dit : Ils vont avoir l'ensemble des soins. On dirait que,
des fois, la méconnaissance des besoins particuliers fait en sorte qu'on
se dit : Bon, bien, dans le CHSLD, il y
a tout, là, ça va être sécuritaire. Mais, en fait, c'est une approche de fin de
vie, de soins palliatifs qui est
nécessaire, comme tout le monde, là. Parce qu'une personne, par exemple, en
fauteuil roulant peut se casser un
bras puis a besoin de soins de santé physiques, là, comme tout le monde. Ça ne
devrait pas être catalogué : Parce que tu es une personne
handicapée, woups! tu t'en vas là. Ça, c'est quelque chose à améliorer.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne,
il vous reste sept minutes.
Mme
Blais : Oui. Merci beaucoup. Je veux vous entendre parler de
surdité et surdicécité, surtout que le prédécesseur
de M. Malo, M. Talbot, était atteint du syndrome de Norrie, donc il était
sourd, aveugle. Et on le sait que ça prend des aides techniques quand on
devient sourd en vieillissant, mais il y a des personnes qui sont sourdes et
qui vieillissent aussi, qui se retrouvent
dans des milieux où la communication devient un enjeu extrêmement difficile. Il
y a des sourds gestuels aussi qui se
retrouvent… — à un
moment donné, ils ne peuvent pas tous se retrouver à Bordeaux-Cartierville — qui se retrouvent ailleurs en région, dans
des CHSLD, et qui ne sont pas capables de communiquer. Ça fait que je veux vous entendre parler sur cette
réalité-là qui est un défi pour notre société. Et je dirais que la surdité,
c'est un handicap invisible, c'est comme si on ne voulait pas voir ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. Malo.
• (12 h 30) •
M. Malo (Luc
M.) : D'abord, je vais vous parler de M. Talbot, parce que M. Talbot est
vice-président de l'Institut Raymond-Dewar.
C'est une personne qui est née aveugle, qui est devenu sourd. Il a été
implanté. Aujourd'hui, c'est le
vice-président de l'IRD, c'est la personne qui arrive aux réunions du conseil
d'administration le mieux préparé de
tous. Comment on fait ça? On fait ça parce que, maintenant, on peut lui envoyer
un document par ordinateur. Il est capable
de le lire par le braille parce qu'il a un écran braille… c'est-à-dire un clavier braille au bas de son ordinateur et il
est capable de l'entendre, donc une synthèse
vocale qui lui permet d'entendre les documents, et donc il arrive très préparé.
Comme quoi, avec les services techniques maintenant,
on est capable de... La science a permis d'avancer au niveau des services.
Aujourd'hui, la majorité, très grande
majorité des enfants qui naissent sourds sont implantés. Mais il reste que
leurs parents ne le sont pas nécessairement, et là il y a tout le problème de
communication.
Si
des personnes qui souffrent… bien, qui souffrent… non, qui ont une surdité
doivent aller en centre d'hébergement et de soins prolongés, le minimum,
minimum qu'il faut s'assurer dans chaque région du Québec, c'est qu'il y ait du
personnel qui communique, qui sache
communiquer avec la langue des signes, c'est le minimum, je ne dis pas dans
tous les centres, mais au moins, au
moins, dans chaque région pour éviter ce qu'on faisait autrefois, d'envoyer les
personnes sourdes, les personnes
aveugles à Montréal puis à Québec seulement. Ça, c'est le minimum, c'est que,
dans chaque région du Québec, on ait
des services. Je dirais, idéalement dans chaque centre, mais il ne faut pas non
plus penser qu'on a des ressources
requises pour aller dans chaque centre d'hébergement de chaque village du
Québec, là où il y en a. Mais ça, c'est le minimum.
Je
pense qu'il y a une sensibilité de nos centres de réadaptation à développer les
services le plus possible, à utiliser les
technologies le mieux possible, mais on
a les barrières. Puis, comme je l'ai dit dans mon petit laïus introductif, les
personnes aveugles peuvent continuer à
recevoir des prothèses quand elles sont en centre d'accueil, mais les personnes
sourdes ne peuvent pas recevoir gratuitement
les mêmes services quand elles déménagent dans un centre de soins prolongés.
Ça, je pense que c'est une anomalie grave qu'il faut corriger dès maintenant.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Je suis tout
à fait d'accord avec vous, hein, pour
les prothèses auditives, là. Alors, c'est une de mes préoccupations
depuis longtemps.
M.
Malo, on parlait de M. Talbot. M. Talbot est une personne instruite, est une
personne qui a fait une maîtrise, c'est une personne qui sait lire, qui
sait écrire. J'ai communiqué avec M. Talbot à maintes reprises par courriel,
c'est fantastique. Mais ce ne sont pas
toutes les personnes qui ont des capacités intellectuelles comme M. Talbot, et
ces gens-là peuvent devenir extrêmement dépourvus. M. Talbot, il a le syndrome de Norrie, mais il a le syndrome
d'Usher aussi. Et, au bout de la
ligne, c'est des personnes qui sont sourdes qui deviennent aveugles ou aveugles
qui deviennent sourdes, et leur vie est complexe, et leur vie est
compliquée. Peut-être que ces gens-là aussi voudraient demeurer à la maison le
plus longtemps possible, et pas nécessairement dans un établissement de soins de longue durée, si ces personnes n'ont pas d'autre
maladie qui s'ajoute à... Donc, ça demande aussi un environnement.
Et
vous avez dit quelque chose de fondamental — et je le sais qu'on va étudier prochainement le projet de loi sur l'assurance autonomie — tout le monde veut vivre à la maison le plus
longtemps possible. Mais encore faut-il que les maisons soient adaptées parce que, s'il n'y a pas d'adaptation... Vous,
vous parlez, entre autres, de l'adaptation pour des déficiences, mais,
si les adaptations ne sont pas faites pour le vieillissement, je pense que
c'est là où ça peut devenir extrêmement compliqué.
Le Président (M.
Bergman) : M. Malo.
M. Malo (Luc
M.) : C'est exact. Puis c'est des adaptations qui sont variées selon
le type de handicap. Une adaptation pour les personnes handicapées motrices,
comme mon collègue s'occupe, puis une adaptation pour les personnes sourdes, ce n'est pas la même chose du
tout. Les personnes sourdes, il faut penser sécurité. Ça veut dire que les gens, si ça sonne à la porte, il faut qu'ils
l'entendent. Comme ils ne peuvent pas l'entendre, il faut avoir des systèmes
de lumières stroboscopiques, etc. À
l'inverse, pour les personnes aveugles, elles ne peuvent pas voir, alors donc
il faut avoir d'autres moyens de communication avec elles. C'est clair
que ça demande une adaptation.
Puis
chaque type... chaque aide technique est requise en fonction de la personne et non pas en fonction de l'institution. C'est pour ça qu'il faut aller, personne par
personne, qu'est-ce qu'elle a besoin. Ça, nous, c'est fondamental, et c'est
pour ça que, dans notre mémoire, on
dit : Dès que la personne entre, si elle a un handicap moteur, sensoriel,
il faut tout de suite qu'on soit
avisés pour qu'on puisse conseiller l'établissement, qui n'a pas cette
expertise-là, dans qu'est-ce qu'il faudrait faire pour que la personne
ait tous les soins, services et sécurité requise.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps de
l'opposition officielle s'est écoulé.
Pour le deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci,
M. le Président. Merci de votre présence très intéressante. Et, bon, j'abonde
dans le même sens, c'est-à-dire que, de procurer des milieux de vie aux gens qui ont des handicaps mais
qui ont le droit de vivre et
d'avoir... La notion de plaisir aussi. Souvent, on oublie que ces gens-là ont
droit à la vie, mais ont droit aux plaisirs de la vie. Et on les considère souvent comme des gens malades, alors
que, oui, ils ont un handicap, mais, oui, ils ont la possibilité… Et la
notion de plaisir est aussi importante chez ces personnes-là que dans la
société au grand complet.
Alors, dans
votre liste de recommandations, j'aimerais reprendre la deuxième recommandation, où vous voudriez être impliqués, finalement, davantage lorsque quelqu'un
de 65 ans et moins est admis dans un CHSLD. Moi, j'irais peut-être
un petit peu plus loin. Est-ce qu'on ne devrait pas
vous impliquer avant même l'admission en CHSLD? Est-ce qu'on ne devrait pas vous consulter avant pour vraiment
valider : Est-ce que le CHSLD est l'endroit idéal pour cette personne-là? ou on ne devrait pas vous consulter
avant puis vérifier s'il n'y a pas de disponible... Et là je rejoins aussi votre
recommandation 1, d'être capable de travailler avec les CSSS, les agences,
pour savoir les ressources qui sont disponibles dans le milieu. Alors, est-ce
que c'est vraiment le CHSLD qui est la solution ou on ne devrait pas plutôt
envisager d'autres établissements qui ont d'autres formes de services et qui
pourraient être amplement suffisants, peut-être avec une certaine adaptation,
mais à tout le moins pour le meilleur bénéfice de la personne en question?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lauzon.
Mme Lauzon (Anne) : Oui. Bien, vous
avez tout à fait raison. Notre recommandation, elle s'inscrit dans la perspective où la personne est admise en CHSLD,
donc, qu'on soit interpellés a priori. Maintenant, si on va en amont,
dans les faits, il y a deux situations... bien, au moins deux situations
possibles.
Soit que la
personne termine un épisode de réadaptation suite, par exemple, à un
traumatisme ou je ne sais trop et que,
là, il faut choisir une orientation pour le milieu de vie. À ce moment-là, on
est mis à contribution d'emblée parce que la personne, elle est desservie par un CRDP. Alors là, on peut justement,
avec nos partenaires, regarder les options résidentielles puis dire : Bon, voici, celle-ci serait la
meilleure; ou bien : Malheureusement, ce sera le CHSLD. Dans ce cas-là,
on est d'emblée impliqués.
Toutefois, les personnes qui sont desservies en
CRDP, la durée moyenne d'intervention, chez nous, est de neuf à 12 mois. Alors,
la personne peut avoir de la réadaptation pendant neuf à 12 mois, retourner
chez elle, et puis, quelques années plus
tard, la condition se détériore. Là, nous, on ne le sait pas nécessairement,
c'est le CSSS qui accompagne la personne
et qui offre les services, par exemple, dont elle a besoin en termes de soutien
à domicile ou d'accompagnement, et
tout. Alors là, à ce moment-là, on n'est pas d'emblée mis à contribution
présentement. Ça dépend de beaucoup de facteurs.
Alors, vous
avez raison qu'il faudrait qu'on soit mis dans le coup dans tous les cas de
figure, là, quand on arrive avec une
personne qui a des besoins vraiment plus complexes et particuliers. Et, si on
avait un mécanisme de repérage, d'identification
de différentes options résidentielles, comme on le préconise dans la
recommandation 1, bien, à tout le moins,
peu importe si c'est le CSSS, ou nous, ou le communautaire, ou la personne
elle-même, elle aurait déjà un portrait plus clair des différentes options. Et là il faut quand même quelqu'un
du réseau pour accompagner, pour voir la personne, pour faire le bon choix, pour s'assurer que les
services dont elle a besoin sont présents dans les différentes ressources.
Alors, vous avez raison, la recommandation, elle est avant et une fois qu'on
est rendu au CHSLD.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. M. Malo, Mme Lauzon, M. Millette, merci pour votre présentation.
Merci d'être ici, avec nous, aujourd'hui.
Collègues,
compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de la commission jusqu'à 14
heures aujourd'hui. Vous pouvez laisser vos documents ici pendant
l'heure du lunch.
(Suspension de la séance à 12 h 40)
(Reprise à 14 h 1)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je souhaite la bienvenue à l'Association des établissements
privés conventionnés.
Bienvenue.
Pour les fins d'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter.
Et je répète que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé. Par la suite, il y aura un échange avec les membres de la commission. Alors, le micro, c'est à vous.
Association des
établissements privés
conventionnés—santé
services sociaux (AEPC)
Mme
Castonguay (Martine) :
Bonjour à tous. Je suis Martine Castonguay, directrice générale de
l'Association des établissements privés conventionnés. Au nom des membres de l'Association des établissements privés conventionnés, j'aimerais remercier la Commission de la
santé et des services sociaux de nous recevoir aujourd'hui pour parler des
conditions de vie des adultes hébergés en CHSLD.
L'AEPC a créé un mémoire
collectif regroupant 19 recommandations, et, pour vous en parler, je serai accompagnée de M. Guy Joly, président de l'AEPC,
M. Joly est vice-président pour le Groupe Poids-Santé qui regroupe deux établissements situés dans la région montréalaise; et M. Danny
Macdonald, qui est trésorier de l'AEPC. M. Macdonald est directeur
général de la résidence Saint-Vincent-Marie, à ville Saint-Laurent, qui fait
partie du Groupe Âge3.
Le mémoire dont nous vous parlerons aujourd'hui
est le fruit de notre travail collectif des membres de notre association. Vous aurez également
l'occasion d'entendre la présentation d'un établissement privé conventionné, le 11 février prochain, par Mme Clémence
Boucher du CHSLD Saint-Jean-Eudes, de Québec. Elle vous présentera un mémoire d'établissement.
Nous saluons ces deux occasions d'intervenir dans la réflexion de la commission.
L'Association
des établissements privés conventionnés en quelques mots. L'AEPC
représente, quant à nous, du moins,
la crème des établissements d'hébergement avec services. Elle est l'interlocutrice de choix
pour toute question reliée à l'hébergement de la population en sévère perte d'autonomie puisque ses membres
hébergent plus de 7 000
résidents de tout âge, soit environ
20 % de la clientèle hébergée dans l'ensemble du réseau de santé
québécois. L'association regroupe 62 établissements, 58 CHSLD et quatre
centres de réadaptation.
Qu'est-ce qu'on peut dire des établissements
privés conventionnés? C'est plus de 50 ans d'expertise et d'excellence en
matière d'hébergement avec services pour les personnes en sévère perte
d'autonomie. Nous pouvons aussi noter — et je vous ai distribué des
résultats dans ce sens — l'excellence
des évaluations, autant au niveau des agréments
que des visites ministérielles et des ordres professionnels. Ce qui distingue les établissements, c'est la culture familiale. Nos établissements sont majoritairement
la propriété d'entreprises familiales, dans certains cas depuis trois
générations, ainsi que de communautés religieuses. Certains des propriétaires
et gestionnaires, dont M. Macdonald, participent au développement du milieu de
vie depuis leur adolescence.
La culture
familiale des établissements privés conventionnés, des EPC, permet réellement
d'assurer une stabilité de l'éthique
de gestion et de direction et de créer un milieu de vie chaleureux et
fonctionnel pour les résidents, leurs proches, les employés, les bénévoles, une famille élargie, donc, qui soutient le
résident et sa famille tout au long de l'hébergement. Les propriétaires gestionnaires comprennent les
défis de l'hébergement avec services et les défis humains auxquels
doivent faire face les résidents et
leurs familles. Ils sont engagés à créer et à maintenir un milieu de vie
stimulant, positif et agréable, nonobstant les défis budgétaires et les
décisions difficiles. Ce sont aussi des employeurs expérimentés, ils emploient
12 721 salariés, dont 439 cadres.
Vous
comprendrez qu'avec une telle feuille de route les EPC soient inquiets de
certaines orientations avancées par
le ministère. Oui, il y a un besoin de standardiser certaines procédures pour
l'ensemble du réseau des CHSLD, mais il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit d'un milieu de vie et que
l'approche milieu de vie demande une certaine souplesse. Les normes doivent servir à nous assurer un
service de qualité tout en conservant la souplesse propre à un milieu de vie.
Le mémoire
que nous vous présentons reflète nos inquiétudes, car nos membres refusent
d'être perçus comme des mouroirs. Nos
recommandations visent à susciter la réflexion pour que les
changements à venir soient viables à court, moyen et long terme. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, parmi nos recommandations, nous souhaitons faire partie des comités de travail. Je vais maintenant
laisser la parole à M. Macdonald.
M.
Macdonald (Danny) : M. le Président, bonjour. Mon aventure dans le réseau de la santé a commencé il y a deux
générations, alors que ma grand-mère a commencé avec quatre patients dans sa
maison. Alors, tout au long de ma vie,
à date, j'ai évolué et je connais très
bien le réseau de la santé, et c'est
un beau réseau. Alors, je vous fais part de quelques soucis qu'on a
identifiés dans le mémoire. Rapidement, je vais vous donner des mots clés,
alors, en deux points.
Le premier point, c'est tout ce qui a trait à l'évaluation,
si on peut dire, et les profils des résidents, donc une bonne évaluation pour une bonne orientation vers un bon établissement. Alors, dans cette notion, si on parle de l'évaluation des profils et éventuellement des unités d'évaluation, ce qu'on essaie d'expliquer, c'est que trop
souvent, actuellement, dans le réseau, il y a des processus qui sont,
si on peut dire, accélérés pour l'évaluation d'une personne qui est en perte d'autonomie. Alors, plus on accélère le processus d'évaluation, plus on stresse le processus et plus, en bout de ligne, on peut
recevoir des résidents qui sont mal orientés. Il ne faut pas oublier que, pour
ces résidents-là, souvent ils sont en détresse
parce qu'ils viennent de casser maison, doivent faire face à
toutes sortes d'émotions en plus de la famille. Alors, ce qu'on a indiqué dans le mémoire, un de nos
soucis, c'est de trouver une façon de faire de meilleures orientations, prendre plus de temps pour le faire.
Je vous donne
juste un petit exemple. Si on oriente une personne âgée de 75 ans qui est
rentrée dans une urgence et qu'on
fait son évaluation, si on peut dire, en quelques heures, ce n'est pas comme ça qu'on va déterminer le meilleur profil pour le meilleur établissement. Alors, ce qu'il faut faire, c'est prendre plus de temps, sur une plage
de quelques jours et peut-être
une semaine dans une unité, si on peut dire, d'évaluation — qui serait une de nos propositions — pour
faire une meilleure orientation
et puis ultimement que la personne ne vive pas trois ou quatre transits dans
son année parce qu'encore là
c'est des éléments de détresse pour une personne âgée.
Deuxième
point, si on peut dire, l'arbitrage. À travers ce processus-là, ce qu'on veut
évaluer… ce qu'on veut éviter surtout,
c'est que, s'il n'y a pas de processus d'arbitrage pour, en quelque part, bien diriger des clientèles de
façon, si on peut dire, égale pour tout le réseau, de façon
équitable, bien on pourrait se retrouver avec certaines clientèles nécessitant
des pathologies plus complexes, des soins plus compliqués, qui vont arriver
dans des établissements qui ne sont pas nécessairement
capables, qui n'ont pas les habiletés au
niveau de leur personnel pour faire
face à ça. Et, dans une optique où est-ce qu'on fait du milieu de vie, c'est toujours plus difficile quand ça fait des années que tu
t'inscris dans la démarche de milieu
de vie alors que tes résidents sont, si on peut dire… les pathologies sont relativement homogènes dans une unité. Si on fait juste rentrer un cas de
comportement perturbateur, si on peut dire, sur une unité, ça prend juste ça,
des fois, pour déranger tout le reste de l'environnement et créer des
stress. Et, encore là, c'est le personnel qui doit les subir.
À travers ça, je vous identifie
également l'intervenant pivot, ce qu'on n'a pas actuellement dans le réseau,
qui serait une bonne idée, c'est-à-dire de prendre un intervenant qui va
suivre toute l'évolution du dossier pendant tout le continuum à partir du
moment que le résident doit quitter la maison et faire son évaluation,
éventuellement peut-être arriver en transit,
jusqu'à temps qu'il soit admis dans sa dernière résidence, donc dans le CHSLD,
si, ultimement, c'est la bonne place,
et jusqu'à temps qu'on ait fait son plan d'intervention, donc environ 25 à 30
jours après. L'intervenant pivot est
là pour supporter la famille, pour informer la famille de ce qu'est le réseau.
Trop souvent, dans le réseau de la santé, on a des familles qui font
face à des frustrations parce que, le panier de services, les informations ont
mal été données. Alors là, les familles sont
en détresse également. On doit également s'occuper beaucoup des familles. Alors,
un intervenant pivot, ce serait là pour, en
quelque part, donner toute l'information nécessaire pendant tout le processus
d'évaluation jusqu'à la finalité, au moment de l'hébergement, après que le plan
d'intervention soit complété.
Alors, c'est des
choses que je vous donne dans notre premier souci, qu'on a évaluées. En
deuxième lieu, je parlerai strictement de
l'hébergement comme spécialité. Alors, dans le réseau, actuellement, la notion
de longue durée n'a pas nécessairement
la meilleure cote de popularité. Et je pense que, sans qu'on puisse établir une
corrélation entre le manque de personnel et la popularité et la capacité
d'attraction, en quelque part, il va falloir, si on peut dire, redéfinir l'image
de soins de longue durée, au Québec, pour faciliter l'attraction, éviter la
main-d'oeuvre indépendante et des problèmes
de rupture de services à cause d'une main-d'oeuvre qui est absente ou, du
moins, à certains endroits où c'est
plus difficile. Alors, je passe la parole à M. Joly, qui va vous parler de
deux ou trois autres commentaires.
• (14 h 10) •
M. Joly
(Guy) : Avec le temps qu'il reste, je vais essayer d'être très bref.
Une voix :
...
M. Joly (Guy) : Oui, il reste une minute? Oui, merci. Peut-être un seul message, à ce moment-là. Depuis 15 ans, on
travaille à développer un milieu de vie au niveau de nos établissements, on essaie de développer de la qualité, puis je pense qu'on a réussi, jusqu'à un certain point. Par contre, l'investissement qu'on fait depuis les dernières années et les
investissements qu'on va faire dans le futur au niveau du maintien à domicile,
ce à quoi on est d'accord, pour que la personne
reste le plus longtemps dans son milieu… et même aussi l'utilisation de ressources intermédiaires, on est d'accord avec ce principe-là, sans aucune
difficulté.
Le
problème, c'est que plus on va retarder l'hébergement en
centre d'hébergement de longue durée, plus on va alourdir la clientèle parce
que, quand ils vont arriver, ils vont être, effectivement, très lourds, ils
vont exiger une intensité de soins très
élevée. Et c'est notre inquiétude qui est là. Est-ce que tout ce qu'on fait actuellement pour soutenir le maintien à
domicile... Est-ce que notre milieu de vie, qui va exiger une intensité
de soins très élevée et de soins et de services même de fin de vie parce
que la clientèle va être de plus en plus lourde... comment on va faire pour
adapter, effectivement, nos ressources en
termes de développement de compétences pour s'ajuster en fonction de cette nouvelle réalité-là et de ces réalités-là et aussi de
s'adapter à ce niveau de soins là? Parce
qu'effectivement ça va se modifier dans le temps. Il va falloir développer les compétences pour qu'on puisse
effectivement s'adapter à cette nouvelle réalité-là. Mais ce n'est pas juste non plus en fonction
des... Ça prend des ressources additionnelles pour, justement, investir dans ce
développement des compétences là. Sans ça,
on n'y arrivera pas et on risque, effectivement, que notre milieu de vie va se
fragiliser de plus en plus.
Donc,
comment on fait? Le défi qu'on a, c'est de maintenir ce milieu de vie là comme
le plus proche possible de ce qui
répond aux besoins de la clientèle, mais tout en étant conscients qu'il y a une
intensité de soins qui va être requise et,
donc, adapter nos ressources en fonction de vivre ça le mieux possible pour
notre clientèle. C'est le seul message que je vais passer. Mais il y a d'autres choses donc qu'on aurait pu élaborer,
mais on ira peut-être avec les questions, à ce moment-là. Merci.
Le Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation.
Alors, maintenant, pour le bloc du côté ministériel, Mme la députée de
Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Castonguay,
M. Joly, M. Macdonald, il me fait plaisir de vous accueillir et de pouvoir échanger avec vous.
M. Joly, ce que vous venez de dire m'interpelle beaucoup, et je pense
que vous m'ouvrez la porte, là, pour vous
parler directement de quelque chose en lien avec ce que vous venez de dire, je
pense. J'aimerais vous parler du financement
des CHSLD. Parce qu'en fait ce que vous venez de dire, c'est que, compte
tenu qu'il y a une évolution du profil de
notre clientèle, on va devoir avoir les ressources et on va devoir avoir les
moyens de maintenir la qualité des soins offerts à cette clientèle-là,
avec son profil, là, avec les besoins qu'elle a.
Vous
savez, le Vérificateur général, dans son rapport de 2012, a justement souligné
des disparités importantes dans le financement des CHSLD, peu importe la
lourdeur des clientèles accueillies. Et, en fait, ce que le vérificateur
soulignait, c'est que le financement actuel ne semble pas tenir compte
suffisamment des besoins de la clientèle et des services requis. Alors, qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce que vous
pensez qu'on devrait aussi revoir le financement, la façon de financer
les CHSLD?
M. Joly (Guy) : Je vous dirais que je pense que les budgets des établissements, c'est
des budgets historiques, donc, qui
correspondaient à une certaine réalité à un certain moment donné dans le temps.
Il y a eu quelques alourdissements qui
se sont faits dans le temps, mais, encore là, pas de façon significative. Mais
effectivement je pense qu'on avait un outil, avant, qui évaluait les
besoins de façon un peu plus précise. Encore là, ce n'était pas toujours
uniforme, mais il reste qu'il y avait une certaine équité.
Là, on a un excellent outil
d'orientation de la clientèle, qui s'appelle ISO-SMAF, là, qui est un outil qui
est utilisé pour orienter, mais ce n'est pas un outil d'allocation
budgétaire, dans le sens que, quand on veut quantifier en termes d'heures-soins
requises, je pense qu'il faut revoir ce... trouver le moyen, avec le processus
d'orientation ou l'outil d'orientation, trouver une façon ou un outil qui nous
permettrait de s'assurer que l'intensité des soins requis devrait effectivement
être en jonction avec l'orientation préalable.
Je
vous donne un exemple très simple. L'orientation dit : La personne a
besoin d'accompagnement pour se lever, ses
levers, bon, mobiliser... Mais ça prend-tu une personne, ça prend-tu deux
personnes, ça te prend-tu le lève-personne? Le nombre de ressources... À l'orientation, on dit que ça prend quelqu'un
pour l'accompagner, mais, quand tu arrives dans l'établissement puis on fait l'évaluation, c'est là que la lourdeur ou
la difficulté fait en sorte que l'intensité des soins est requise de façon plus importante. On ne tient pas
toujours compte de ça dans l'orientation. Donc, il faut revoir... pas revoir
l'outil, l'orientation, mais comment on peut
jumeler avec l'outil d'orientation une juste allocation des ressources qui
traduit bien l'intensité des soins et des services qui sont requis.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Oui. Merci. Et est-ce que vous pensez que c'est pertinent de revoir le… de
réévaluer de façon périodique, soit annuellement, là, le profil des personnes?
Le Président (M. Bergman) :
M. Joly.
M. Joly (Guy) : Je pense que… Dans d'autres provinces, je sais que c'est une pratique
qui se fait à chaque année, on
réévalue l'ensemble puis on ajuste même les budgets de cliniques, les budgets
de soins infirmiers, l'intensité de soins en fonction de la lourdeur. Ça pourrait se faire, mais c'est… Bon,
est-ce qu'il y a une grosse variation d'une année à l'autre? Est-ce que
c'est une séquence de deux ans, de trois ans, de quatre ans ou de cinq ans qui
pourrait être envisagée pour s'assurer qu'on
maintient quand même un niveau de soins d'intensité globale qui est équivalent,
qui nous permet… qu'on a les
ressources, suffisamment de ressources pour pouvoir y répondre? Il s'agira de
voir. Est-ce que c'est annuellement? Ça
m'apparaît… Il n'y a peut-être pas une grande variation de l'intensité de soins
d'une année à l'autre, mais, sur une période de trois ans, ou de quatre
ans, ou de cinq ans, on pourrait effectivement repenser à ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Oui. Bien, peut-être en lien avec le financement et
les ressources dont on dispose, j'aimerais avoir votre point de vue sur les chambres doubles, les chambres… les salles,
mêmes, de quatre ou six résidents. Parce qu'on parle depuis ce matin que les CHSLD ne sont pas uniquement un lieu de
soins, un milieu de soins, mais qu'on veut en faire un milieu de vie. Mais là moi, je vais vous dire, un milieu de vie
à six dans une salle, je ne suis pas certaine que ça répond, à tout le moins, à ma définition d'un
milieu de vie. Quel est votre point de vue? Est-ce qu'il y a des efforts qui
sont mis? Et est-ce que, dans vos établissements, on retrouve beaucoup
encore de chambres communes?
Le Président (M.
Bergman) : M. Joly.
M. Joly (Guy) :
Il y a un certain nombre d'établissements qui sont effectivement moins
fonctionnels et plus vétustes dans ce
sens-là. Par contre, quand on veut les rénover de façon majeure ou les
relocaliser, c'est, encore là, une question
de ressources, et on doit être recommandés par l'agence régionale pour avoir un
projet qui soit accepté, et on doit être autorisés par le ministère à
faire ces transformations-là.
C'est sûr et certain
que, dans le dernier 15 ans, depuis les orientations au niveau du milieu de
vie, on a fait beaucoup de choses à
l'interne, sur une base individuelle, et au niveau du propriétaire qui a assumé
lui-même… La seule chose, c'est qu'au niveau des chambres nous,
effectivement, vous avez raison de dire que, bon, des salles à trois, à quatre
et à cinq, si on pouvait éliminer ça, on pourrait, mais il y a plusieurs
établissements… Ceux qui sont les moins fonctionnels
et les plus vétustes ont déjà… puis ce n'est pas la majorité, il y en a un
certain nombre, ils ont déjà déposé des projets individuellement dans
toutes les agences pour essayer d'avoir des projets de rénovations majeures ou
de relocalisation. La seule chose, c'est que la contrainte budgétaire a fait en
sorte que ces projets-là n'ont jamais été priorisés.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Oui. Et il y a un autre thème que je voulais soulever
avec vous, c'est au niveau de la maltraitance des aînés en institution.
J'aimerais savoir, dans vos organisations… Bon, on sait qu'il existe des mécanismes,
des mécanismes de plainte, et tout ça. Et
j'aimerais avoir votre point de vue. Est-ce que, selon vous, les mécanismes
existants répondent aux besoins et font bien ce qu'ils sont supposés
faire, c'est-à-dire accompagner… éviter et faire de la prévention, mais
accompagner aussi les personnes aux prises avec de la maltraitance? Est-ce que
vos façons de faire actuelles vous permettent de dire que cette
problématique-là, elle est bien encadrée, bien contrôlée?
Le Président (M.
Bergman) : M. Macdonald.
M.
Macdonald (Danny) : En ce
qui a trait à la maltraitance dans les établissements, je dirais que pour, du
moins, nos membres, ceux qui font
partie de l'AEPC, toutes les directions sont extrêmement proches du terrain,
donc il y a une proximité entre le propriétaire dirigeant,
l'équipe de soins, les résidents et les familles. Donc, s'il y a des
informations, ou des doutes, ou des
choses comme ça, ça remonte normalement très vite. Et, pour être membre de
l'association depuis plusieurs
années, avoir travaillé dans certains dossiers, je vous dirais qu'il y a
absolument zéro tolérance au niveau de la maltraitance et que, plus souvent qu'autrement, ça atterrit à des
mesures disciplinaires très sévères, voire des congédiements, dès
l'apparition ou dès qu'il y a une déclaration.
Naturellement, pour inciter la déclaration,
parce que plusieurs personnes âgées ont peur de déclarer, je pense, encore
aujourd'hui, ce qu'on appelle la crainte de subir des représailles par une
équipe de soins, bien, la présence du commissaire
local aux plaintes et à la qualité, et surtout sa promotion des droits des
résidents devient fondamentale. Alors, c'est
pour ça que je vous disais tout à l'heure, dans le processus d'accueil et
d'intégration du résident, tout au long de son intégration, c'est très important de définir, en quelque part,
justement, les droits fondamentaux des résidents en CHSLD, supportés par la présence du commissaire
aux plaintes, avec la direction, qui travaillent ensemble, et avec même
les syndicats qui peuvent atterrir à ces tables-là. Alors, un coup que c'est
bien diffusé et qu'on explique aux familles qu'elles
ont des droits et qu'on ne tolère aucune forme de violence dans
l'établissement, bien ça devient plus facile pour faire des
déclarations, du moins divulguer des situations, et après ça les directions les
prennent en charge.
• (14 h 20) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Est-ce
que vous tenez une espèce de registre
des plaintes? Est-ce que vous évaluez si les plaintes stagnent, si ça
va en diminuant ou en augmentant? Quelle est votre façon de contrôler ça?
M. Joly (Guy) : On doit rendre
compte à chaque…
Le Président (M. Bergman) :
M. Joly.
M. Joly
(Guy) : On doit rendre
compte à chaque année, à chaque rapport annuel, de notre processus de plaintes,
le nombre de plaintes qu'il y a eu, la
nature des plaintes, le niveau de satisfaction, est-ce que ça a été résolu à
100 % ou partiellement, ou c'est
en cours parce que la fin de l'année est arrivée. On doit effectivement faire…
On fait ce rapport-là. La plupart des
établissements font ce rapport-là. De toute façon, tous ceux qui ont un
commissaire aux plaintes sont tenus de
faire ce genre de rapport là. Donc, effectivement, on tient un registre assez
étroit, là, sur l'ensemble des éléments qui sont là.
C'est sûr et
certain que… est-ce que toutes les plaintes… C'est parce que souvent on a de la
difficulté à définir ce qu'est une
plainte, mais souvent c'est des insatisfactions. Mais toutes les plaintes, de
toute façon, qui sont vraiment écrites,
et verbales, et enregistrées — enregistrées, dans le sens que bien
notées — elles
vont faire l'objet d'une réponse et
vont aller au commissaire aux plaintes, et on devra y répondre de façon
satisfaisante pour la direction. On a un comité de vigilance qui revoit, dans chacun des établissements privés
conventionnés, qui revoit ce processus-là, s'assurer que tous les niveaux de satisfaction ont été atteints
pour les plaintes qui ont été déposées dans l'année et que les plaintes sont
vraiment fermées. Puis c'est le commissaire
aux plaintes qui s'assure, lui, que la satisfaction de la famille ou du
résident est satisfaisante en ce qui le concerne.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Merci, M. le Président. Bonjour, madame, messieurs. Alors, contente de vous
avoir ici pour pouvoir échanger avec
vous. Alors, j'avais une question par rapport au défi de la clientèle des
adultes qui sont hébergés en CHSLD,
mais qui sont des gens plus jeunes et qui sont en situation d'hébergement, mais
c'est principalement dû à leur état,
mais pas à leur âge. Alors, ce sont des gens qui ont des difficultés.
J'aimerais savoir comment vous répondez à ce défi-là du jumelage avec
des gens plus âgés.
Le Président (M. Bergman) :
M. Macdonald.
M.
Macdonald (Danny) : Oui, je
peux répondre à ça. C'est que, dans notre mémoire, on fait quelques
recommandations, justement, de créer des formes d'îlots en regroupant certains
types de pathologies. Il faut quand même s'assurer, là, que ça soit homogène, fonctionnel,
parce que certaines autres… Si on prend des cas de sclérose
en plaques, ce n'est pas nécessairement la meilleure chose de tous les
mettre ensemble parce que ça exerce une pression incroyable sur le personnel.
Alors, ce sont des cas relativement lourds, alors je ne pense pas que c'est une
bonne idée nécessairement de les mettre ensemble. Mais, pour d'autres
types de pathologies, des cas d'errance ou des plus jeunes, si on peut
dire, là, atteints, peut-être… des comportements perturbateurs, oui, ça vaut la
peine de le voir, peut-être de l'essayer en
sites pilotes. Mais, oui, il faut ajouter des ressources parce que,
quand on parle d'îlots fermés avec des clientèles spécifiques comme ça, on n'est plus sur les mêmes
ratios de personnel soignant qu'avec des résidents de longue durée, là,
comme on les connaît.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Merci. Est-ce que vous avez fait des tentatives, des expériences à ce niveau-là?
M. Joly
(Guy) : On en a fait, oui. On
appelle ça des unités adaptées. Nous, tous les gens qui faisaient de l'errance invasive, on a effectivement fait des regroupements semblables, dans la mesure où c'est un plus,
parce qu'on peut avoir tenté aussi de regrouper… On avait une
demande, à un moment donné, qu'il y
avait tellement peu de gens qui étaient lucides, et en disant : On
peut-u se mettre sur une même unité, tous les lucides ensemble? Bien, on a
dit : Bien, ce n'est pas tout à fait comme ça que ça se passe. Parce
qu'ils voulaient partager des activités
ensemble puis, bon, essayer de socialiser de façon…
Parce que,
quand ils sont répartis en établissement, c'est plus compliqué. Mais, quand il y a
un plus à donner au niveau de
la clientèle, que ça soient des problèmes de santé mentale, que ça soient des
problèmes de déficit cognitif sévère ou
autres, on est prêts à regarder ça. Il
y en a qui se sont développés, mais
on est prêts à en développer davantage. Ça, on
est très ouverts à ça, sauf qu'encore là il y a des aménagements
physiques qu'on est obligés de faire, puis, comme disait Danny Macdonald
tantôt, c'est un encadrement de ressources qui est plus intense, qui est plus important
encore.
Parce que,
si, effectivement, je prends une unité adaptée au niveau de l'errance, ceux qui font de l'errance, bien, de les asseoir à
une table, de les stimuler à manger, bien il faut que quelqu'un s'assoie avec
eux autres puis qu'ils apprennent à faire de la vaisselle, des choses… il
faut les stimuler dans ce sens-là. Donc, il faut avoir un encadrement de personnel qui fait en sorte qu'il va donner le plus à la
clientèle et qui va effectivement profiter à l'ensemble de ces quelques résidents. C'est souvent des unités de 12
ou de 14 qu'on peut créer à l'intérieur d'un petit îlot, mais c'est souvent…
En tout cas, c'est enrichissant de voir
quand il y a une progression qui se fait puis qu'il y a un intérêt, même des
familles qui voient ça de façon très positive.
Par contre, il y a des clientèles, comme disait
Danny, là, il n'y a pas toujours de plus. Puis il y en a qui ne veulent pas
nécessairement se regrouper, ils aiment autant être un petit peu comme ils sont
dans la société, un peu répartis à droite et
à gauche. Mais ça, ça dépend aussi de la taille de l'établissement. Si vous
avez un 200 lits par rapport à un 96 lits, bien ça peut aussi exiger des… C'est peut-être
plus facile, dans un 200 lits, de regrouper une partie de la clientèle en îlots, alors que, dans un 96
lits, il n'y a peut-être pas suffisamment le nombre. Donc, il y a peut-être
des difficultés, là, qu'on peut avoir.
Mais, quand
on n'a pas des îlots, ce qu'il faut faire, c'est de créer des corridors avec
des partenaires au niveau des centres de réadaptation, soit en santé
physique ou en santé mentale, pour pouvoir effectivement développer des activités,
développer nos compétences, participer aux activités,
nous donner des choses qui nous permettraient effectivement d'en
donner plus à cette clientèle-là, mais de façon encadrée, dans un corridor de
services bien établi avec les centres de réadaptation, quand on ne peut pas
faire des îlots.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci. On a parlé tantôt des proches aidants, des
gens qui sont autour des gens qui sont
hébergés. Est-ce que vous avez des moyens particuliers de les
impliquer puis de les mettre à contribution auprès des personnes, les
stimuler, les informer. Y a-tu des méthodes que vous utilisez?
M. Joly (Guy) : Souvent, ils sont…
Le Président (M. Bergman) :
M. Joly.
M. Joly
(Guy) : Souvent, ils sont un
peu… Quand ils arrivent, ils sont en état de choc parce
que la famille — autant
le proche aidant — a
de la misère. Par contre, je vous dirais que c'est de moins en… Bien, en tout cas, de plus en plus, les gens,
s'ils ont participé et ont été proches aidants au maintien à domicile ou qu'ils
ont participé dans les ressources intermédiaires, quand ils arrivent chez
nous, c'est peut-être plus de séparer les responsabilités. On veut les
impliquer, mais c'est peut-être séparer certaines responsabilités.
Mais effectivement, souvent, il y en a qui arrivent de la maison directement. Quand le résident arrive directement
de la maison, de son milieu de vie naturel directement, là, les familles, effectivement, on peut supporter… Le travailleur social va aider à intégrer, le
conseiller en milieu de vie va aider, faire comprendre. On peut faire de la
formation sur certaines pathologies, en
expliquer un petit peu. Bon, mais il ne comprend pas. Quand je viens, il
ne me parle pas, il ne me voit pas, il ne me répond pas.
Bon, qu'est-ce qu'on peut faire pour essayer de rentrer en communication? On va faire de
la formation. Dans les établissements, on fait ça assez régulièrement. Sauf qu'à chaque
fois qu'on fait de la formation de cette nature-là par notre personnel, il reste que, nous autres, en fonction de la budgétisation, on a une budgétisation au niveau des heures
cliniques, donc tout ce qu'on donne aux services directs… ou en formation,
c'est au détriment des services directs. Donc,
encore là, quand je dis… Tantôt je mentionnais qu'on a besoin de ressources
si on veut développer ce genre de chose
là. Développer nos compétences, ce n'est pas juste avec les heures qu'on a, il
faut aussi investir dans ce développement-là, donc au
niveau des compétences, pour pouvoir
avoir des gens qui nous permettent effectivement de rendre le service
auquel…
Mais, bon an mal an, quand on voit qu'il y a une
problématique, effectivement on peut faire de la formation à l'interne. Mais on le fait avec même souvent le
comité des résidents qui va… On va parler d'expériences, on va essayer de mettre en relation les
bénévoles qui ont vécu des expériences aussi, mais encadrés au niveau
de quelqu'un qui a une certaine compétence, au niveau
d'un travailleur social qui va
encadrer cette démarche-là. Mais souvent on peut faire venir aussi des gens de
l'extérieur qui viennent donner une formation sur le type de pathologie,
l'incidence que ça peut avoir,
comment on peut communiquer avec eux autres. Ça, effectivement, on est proches
de ce genre de choses là.
Est-ce que
tous les établissements le font? Je pense que ça dépend de ce qui
ressort comme besoins à un certain moment
donné. Des fois, l'intensité fait en sorte qu'on est obligés de faire des choix
semblables par la force des choses. Mais,
encore là, la formation, ce n'est pas juste… On en donne. On a une portion de
nos budgets, des heures qui sont prévues pour la formation, mais on ne peut pas tout donner
comme ça à même les heures parce qu'à
un moment donné c'est au niveau des services directs qu'on peut en
souffrir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson, il vous reste 3 min 30 s.
Mme
Gadoury-Hamelin : O.K. Alors, vous avez utilisé un mot qui
m'intéresse, un mot clé : la formation. On a parlé, bon, de la formation envers les familles,
les proches aidants, mais il y a aussi le personnel dans vos organisations.
Compte tenu de l'évolution aussi et de
certains cas de personnes aînées qui se détériorent ou qui évoluent, que leur
état de santé évolue, on n'a plus les mêmes problèmes aujourd'hui qu'on avait
il y a une dizaine d'années, j'imagine. C'est quand même en évolution. Alors, quel est le niveau de
formation? Est-ce que votre personnel, dans vos centres, sont appelés à
avoir des mises à jour sur ces nouvelles réalités là? Est-ce que vous consacrez
du temps à ce niveau-là?
Le Président (M.
Bergman) : M. Joly.
• (14 h 30) •
M. Joly (Guy) : …qu'en principe on le fait à l'intérieur des heures qu'on nous a
attribuées. Mais on a aussi des programmes,
qui sont de nature régionale ou même nationale, qui effectivement nous
permettent de mieux répondre à ça et de s'adapter en fonction de ces
réalités-là. Je pense que, dans le passé, on avait le programme Agir, il y
avait le programme de mentorat au niveau des
préposés aux bénéficiaires, et tout ça. C'est gens-là ont tous une formation de
base. La seule chose, comme on dit
souvent, c'est que peut-être la clientèle évolue tellement rapidement qu'il
faut les adapter plus rapidement.
Donc,
est-ce qu'on en a suffisamment? Je pense que… Quand je disais tantôt… Toute
l'intensité qui va arriver avec les
investissements qu'on fait dans le maintien à domicile et les ressources
intermédiaires va faire en sorte que ça va s'intensifier davantage. Et je pense que, ce qu'on a actuellement comme
formation ou disponibilité de ressources pour de la formation et le développement des compétences, il en manque et il va
en manquer encore davantage. Puis ça, justement, s'il en manque, bien ça va être au détriment de la clientèle et de la
qualité qu'on pourra offrir. Puis, si on dit : Bien, on va prendre à l'intérieur de nos soins puis...
Bien, on se disait, à un moment donné : Bon, on va faire des petites
cellules de formation sur les unités. Mais, quand on fait ça, on coupe
au niveau des services directs. Donc, il y a une limite à faire ça. Et on est
rendus au point qu'étant donné l'évolution de la clientèle et l'intensité requise
ça va faire en sorte qu'on va avoir besoin de budgets additionnels pour pouvoir
assumer ces réalités-là au niveau de la formation.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson, il vous reste une minute.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Moi, ça va. Je pourrais passer la parole…
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Argenteuil…
M. Richer :
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : …il vous reste une minute.
M.
Richer : Bon, une minute, je vais poser une petite question.
Est-ce qu'il existe des comités de résidents dans vos établissements? Et
leur rôle, c'est quoi, exactement?
Le Président (M.
Bergman) : M. Joly.
M. Joly (Guy) : Ah! Bien, ça, ils accompagnent largement l'administration, et je pense
qu'ils sont revendicateurs. Ils
regardent un petit peu… Ils défendent les intérêts, la qualité des services,
ils questionnent la qualité des services, eux autres aussi, là. Ils sont effectivement très présents dans nos
organisations. Ils font des représentations auprès de l'administration
si effectivement il y a des activités qui ne sont pas tout à fait appropriées
ou non appropriées ou ils voudraient que des
activités se développent. Ils sont la plupart assez significatifs au niveau de
la direction des établissements, de ce côté-là. Danny, je ne sais pas si
tu veux ajouter?
M. Macdonald
(Danny) : Je peux ajouter quelque chose...
Le Président (M.
Bergman) : M. Macdonald, pour une courte intervention.
M.
Macdonald (Danny) : Une
courte réponse. Les comités de résidents, comme je disais tout à l'heure, il y
a une proximité avec la direction. Et
la direction, du moins pour nos membres, a une grande transparence. Donc, le
partage des résultats… Je vous donne
un exemple. Les sondages de satisfaction de la clientèle normalement sont
partagés avec les comités des
résidents pour que les résidents puissent voir ça, partager l'information puis
déterminer des pistes de solution, tout en partenariat avec la
direction. Alors, oui, ils sont présents, les comités de résidents.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Et, pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M. le Président.
Mme Castonguay, M. Joly, M. Macdonald, merci d'être ici aujourd'hui. Vous
êtes une association, vous regroupez 30
propriétaires de 62 établissements, vous l'avez mentionné. Vous offrez
sensiblement les mêmes services que dans un CHSLD, en tout cas, public,
hein, pour la personne, pour le résident.
Je constate, à la page 24, que vous demandez une
reconnaissance : «Reconnaître l'hébergement comme une spécialité où l'on retrouve des situations
complexes [qui permettent] un apprentissage approprié afin de rendre la
pratique dans ces milieux plus
attractive.» Et vous demandez aussi la «possibilité d'embaucher des candidats à
l'exercice de la profession d'infirmière», ce que vous n'avez pas. Puis
moi, j'aimerais bien que vous puissiez nous parler de ça.
Le Président (M. Bergman) :
M. Joly.
M. Joly
(Guy) : Oui. On a déjà eu des
CEPI, là, des gens qui sont à la pratique, là, qui sont effectivement à
l'exercice de la profession. Jusqu'en 2010, je pense, ou 2009, on recevait des
CEPI, là, les gens au niveau de la profession
d'infirmière. Et il y a eu une loi... un article de loi qui a changé, à un
moment donné, en disant qu'il fallait qu'il y
ait une structure de soins infirmiers. Puis ça visait également tout ce qui
concerne l'Ordre des infirmières. C'est-à-dire
que les lois qui influencent la pratique, c'est l'Ordre des infirmières. Et
l'Ordre des infirmières a fait en sorte qu'ils ont interprété ça que les établissements privés conventionnés
n'étaient pas des établissements publics. Ils ne savaient pas s'il y
avait des directions de soins ou pas. Mais chacun des nos établissements a des
directions de soins et des responsables de
soins. Et on a essayé, on est intervenu rapidement auprès de l'Ordre des
infirmières pour faire corriger ça,
mais ils ont dit : Bien, ça prend un changement de règlement pour pouvoir
effectivement renverser cette situation-là.
Bon, la
présidence de l'Ordre des infirmières a changé, on a refait des démarches
encore pour essayer de se qualifier. Et
on veut proposer un projet pilote pour s'assurer que la structure en place
permet de faire les justes évaluations. Et, bon, il y avait ici, à Québec, Saint-Jean-Eudes, justement, qui avait des
candidates à la profession, puis tout le monde passait, il y avait Vigie Santé à Montréal, la même chose, il
y avait une excellente relation avec ces candidates-là, et ça a été coupé
tout simplement parce que ça ne visait que
les établissements publics. Effectivement, vous avez raison, publics et privés
conventionnés, en termes de services, c'est du
copier-coller, c'est juste les modalités de financement qui sont différentes.
Mais on fait des démarches pour revenir à la charge.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Je vois, à
la page 5, que vous avez beaucoup d'inquiétudes, vous soulevez des inquiétudes
de financement, mais vous soulevez aussi des inquiétudes au niveau de
la détresse émotionnelle, et je pense que cette détresse émotionnelle là — vous me corrigerez — c'est surtout sur le parcours de la personne qui
est transférée d'un établissement
à un autre. Quand, M. Macdonald, par exemple, il parlait de l'évaluation, prendre un peu plus de temps pour évaluer la
personne, et peut-être d'avoir une unité d'évaluation pour lorsqu'on héberge la personne, qu'on l'héberge une fois et qu'on
ne la déménage pas à multiples reprises, ça fait partie de cette détresse
émotionnelle?
M. Joly (Guy) : Oui, exact.
Le Président (M. Bergman) : M.
Macdonald.
M.
Macdonald (Danny) : Oui.
Alors, je peux répondre, oui. Bien, comme je disais, tu sais, c'est tout le
processus d'évaluation d'un résident dans un cadre où est-ce que
c'est urgent. Parce que souvent, dans le réseau actuellement, un résident… une personne âgée autonome est à la maison, chute,
fracture de la hanche et puis là il faut faire une évaluation ultrarapide dans une situation d'urgence. On n'a
pas le temps de couvrir tous les angles et puis là, bien, cette personne-là,
plus souvent qu'autrement va se ramasser en
CHSLD, alors qu'elle aurait peut-être pu aller ailleurs. Alors, des fois, c'est
pour ça que je dis que c'est des cas qui sont mal orientés.
Puis une
personne avec une fracture de la hanche, si c'est une personne âgée, c'est sûr
que ça peut décompenser vite, mais
des fois ça peut quand même fonctionner. Et puis là, bien, une personne qui
subit un épisode de soins aigus comme
ça, en ayant interprété qu'on l'envoie tout de suite en soins de longue durée,
bien, quand elle revient tranquillement, puis que là on enlève les médicaments, puis que cette personne-là
redevient, si on peut dire, semi-autonome, elle n'est plus dans le bon milieu, là, mais elle est partie
de la maison, puis il n'y a plus de façon de reculer ça. Alors, ça, c'est des
deuils qui se vivent dans des familles
actuellement, dans le réseau, justement parce qu'on a escamoté certaines étapes
dans l'évaluation d'une personne en perte d'autonomie.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : J'ai beaucoup de collègues qui veulent poser
des questions, mais je vais en poser une dernière. Vous savez, ce n'est
pas, ici, une commission pour faire une enquête sur les CHSLD privés
conventionnés ou publics pour trouver
nécessairement tout ce qui fonctionne mal, on veut aussi avoir des idées
novatrices. Vous avez mentionné Saint-Jean-Eudes,
où c'est vraiment un milieu de vie que je considère exceptionnel, que j'aime
beaucoup. J'aimerais que vous me parliez de ces milieux de vie.
Vous
avez parlé que les CHSLD, ce n'était pas populaire, dans le sens au niveau
médiatique, la popularité. Souvent, on
raconte les histoires sombres, le côté sombre, mais il y a de belles histoires
à raconter. Et comment vous faites, dans vos établissements, pour véritablement créer des milieux de vie où
l'alimentation est agréable, où les gens ont des loisirs, ont de la culture, où il y a peut-être de la
zoothérapie, où les familles se retrouvent, se sentent à l'aise, ont envie de
rester, de partager un repas? Parlez-nous de ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. Joly.
M. Joly
(Guy) : Bien, je laisserais M. Macdonald, mais...
Mme
Blais :
Les trois veulent parler.
M. Joly (Guy) : Non, mais, c'est ça, en principe, je pense que le fait que le
propriétaire s'investit dedans fait en sorte
qu'il y a une proximité avec son personnel, il y a un engagement du personnel
face à la clientèle. Il y a une vocation que ce personnel-là a et n'aurait pas autrement. Et je pense que ces
engagements-là font en sorte que, si, à partir du moment où on subit les changements, où on passe à des
changements comme l'orientation milieu de vie quand ça s'est passé… il s'agit de bien le vendre aux salariés, puis les
salariés, ils vont suivre, ils vont se donner corps et âme pour y arriver puis
ils vont s'ingénier. Et ça, c'est la proximité.
En institution, c'est
peut-être différent. En tout cas, dans le public, je ne sais pas comment ça se
passe, mais il reste que cette forme
d'engagement là, la proximité du propriétaire… il n'est pas là. Donc, on
arrive, je pense, à... Puis c'est
deuxième génération, troisième génération. Et je pense qu'effectivement c'est
tout à fait... c'est la conséquence de tout
ça, l'engagement du personnel. On a du personnel qui est là, qui ont des 25 ans
puis des 30 ans de service, là. C'est sûr qu'ils ont vu évoluer tout ça
et sauf que... Puis ils sont inquiets, eux autres aussi, du futur, parce qu'ils
disent : Je vas-tu être capable de
donner le même service que je donnais puis la proximité que j'avais avec le
résident? De moins en moins ils ont
de l'espace pour parler, pour socialiser parce que, bon, l'intensité fait en
sorte que. Donc, on est inquiets par rapport à ça, mais, bon, on les
encourage, on essaie de voir qu'est-ce qu'on peut faire.
Mais
ces milieux-là sont créés par les propriétaires et par la proximité et
l'engagement de nos ressources, ce n'est pas... Je pense que c'est tout ça relié ensemble qui fait en sorte qu'on
peut arriver à ça. Il y a une volonté de la direction et du propriétaire
qui fait en sorte qu'elle se transmet à travers l'organisation, et je pense que
tout le monde se met ensemble pour le faire. On travaille...
Bon.
Puis des Saint-Jean-Eudes, on en a aussi un peu partout, là, mais il reste
qu'effectivement on est fiers puis, bon,
les visites ministérielles ou les… Le conseil d'agrément, il fait en sorte
qu'on nous reconnaît. Bon, c'est correct, mais je pense qu'il faut aller au-delà de ça. Puis, quand on manifestait nos
inquiétudes en disant : Comment on va préserver ce milieu-là et comment on va pouvoir continuer à
donner ce qu'on essaie de donner et de toujours avoir en tête que le bien-être du résident et sa sécurité sont
prédominants dans tout ce qu'on fait…
Donc, je pense que c'est… Oui, je ne
sais pas si la réponse est satisfaisante, mais elle est partielle…
• (14 h 40) •
Mme Castonguay
(Martine) : Je voudrais peut-être…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Castonguay.
Mme Castonguay (Martine) : Merci. Je voudrais ajouter… Bon, vous remarquez
que je ne parle pas trop, je ne donne
pas trop mon opinion. C'est parce que ça fait seulement que trois mois que je suis en poste. Mais je
voudrais vous dire que j'ai commencé à faire des visites au niveau des
EPC, et franchement ça a été une découverte. J'étais dans le milieu de l'hébergement, mais je n'ai jamais trop
entendu parler des établissements privés conventionnés, et là j'ai vraiment
découvert un monde extraordinaire. Vraiment, je suis tombée en amour parce que,
justement, ce sont des histoires de famille,
hein, il y a une proximité, et tout ça. Tout ce qu'on a dit tout à l'heure, je
l'ai vraiment vu. Et moi, en tant que directrice,
ce que je veux, c'est mettre de l'avant ces histoires-là, ces belles
réalisations parce que ça mérite d'être connu, même au niveau du Québec,
au niveau de la population québécoise. Alors, c'est juste ce que je voulais
ajouter.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Vous
avez fait mention tantôt que vous êtes des CHSLD, sauf pour le
financement. J'aimerais que vous expliquiez à nos auditeurs c'est quoi, la
différence entre un CHSLD privé conventionné et un CHSLD public.
Le Président (M.
Bergman) : M. Joly.
M. Joly
(Guy) : O.K. D'abord, c'est
identique sur le plan de son fonctionnement, sur le plan des admissions, sur
le plan des conventions collectives. On est
tous dans le réseau. Le financement comme tel, dans le réseau public ils ont
un financement global.
Un budget, à titre d'exemple, de 10 millions, ils ont 10 millions de
budget puis ils peuvent faire, à l'intérieur
de ça, ce qu'ils veulent, dans le sens en donner plus aux soins, d'en donner
plus à l'alimentation, d'en donner plus à l'entretien ménager, d'en
donner plus en réadaptation, peu importe.
Nous, notre
financement, il est basé… il est séparé en deux. Il y a 55 % à
60 % du budget qui est consacré aux soins et aux services cliniques, donc qui est à but non lucratif. On ne
peut pas faire une piastre avec la composante clinique, qu'on appelle, qui sont les heures consacrées aux
services directs à la clientèle. Puis ce n'est pas de l'argent qu'on a, on
nous attribue un budget d'heures, donc, qui
se convertissent en argent, de toute façon, mais, si on dépasse le budget
d'heures, ça fait en sorte que c'est
nous autres qui va assumer le dépassement. Si on ne dépense pas toutes les
heures, on décide de réduire les
services à l'intérieur puis on fait moins d'heures, on le retourne au
ministère. Donc, sur ce bout-là, quand, des fois, les journaux
disent : Ils font du profit sur le dos des bénéficiaires; au niveau des
soins, non.
La partie
fonctionnement, ce qui est l'administration, ce qui est l'alimentation,
l'entretien ménager, les installations matérielles,
le loyer, l'immobilier, et tout ça, ça, il y a un per diem qui est attribué
pour ça, donc ça fait en sorte… Puis c'est
un per diem… Quand on refait le total du per diem entre les publics et les
privés conventionnés, ça se ressemble, dans le sens que… On a la
prétention d'être un peu moins chers, mais il reste que… disons que, même à
coût égal, on a effectivement une assiette
budgétaire sur laquelle on ne peut pas faire de profit. On ne peut pas
dire : Ça va sauver deux
préposés aux bénéficiaires, puis je vais faire de l'entretien ménager avec. Je
ne peux pas faire ça. Si je sauve mes deux…
On a fait de
la réorganisation clinique. Depuis cinq ans, là, on fait de la réorganisation
clinique parce qu'il y a pénurie
d'infirmières, pénurie d'infirmières auxiliaires. Donc, ce qu'on a fait, c'est
qu'on a essayé de changer les ratios au
niveau de l'encadrement au niveau des infirmières. On a délégué tout ce qu'on
pouvait déléguer au niveau de l'infirmière auxiliaire. Puis, quand on a économisé en termes d'argent, des sous, on
a pu le traduire en heures puis on a dit : Est-ce qu'on peut… on a demandé aux agences si on pouvait
convertir ces heures-là en ressources additionnelles au niveau PAB parce qu'on avait besoin de PAB compte tenu de la
lourdeur. Donc, si l'agence avait dit : Non, vous sauvez l'argent,
vous sauvez les heures, ça nous
revient… Bon, dans certains cas, ils ont dit : Ça nous revient. Dans
d'autres cas, ils ont accepté la conversion parce qu'il y avait un
besoin imminent au niveau de l'alourdissement de clientèle, donc on a répondu à
l'intensité. Donc, sur le volet soins
infirmiers, là, ou soins et services cliniques, tous les services directs, là,
c'est 55 % à 60 % du
budget, dépendamment des établissements, sur lesquels c'est à but non lucratif.
Est-ce que c'est… Je ne sais pas si monsieur va dire que c'est…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est ce que je voulais entendre.
Le
Président (M. Bergman) : Je vais prendre avantage pour demander
une question moi-même. Vous soulevez, sur la page 9, une question que
j'ai soulevée ce matin, le dernier paragraphe sur la page 9 de votre
mémoire : «Les déménagements sont
traumatisants pour des personnes déjà en deuil de leur milieu de vie et d'une
plus grande autonomie. Un hébergement
transitoire aux fins d'évaluation par exemple devrait être exceptionnel et non
faire partie de la routine d'admission. Deux transitions à l'intérieur
d'une même année devrait être totalement exclues.»
Vous avez
quelles suggestions pour éviter ces déménagements? On a vu qu'il y a un déménagement pour évaluation, un déménagement
transitoire, finalement un déménagement au lit qui a était déterminé, le
lit final, disons. Et je sais que,
pour l'évaluation, il y a le système de mesure de l'autonomie fonctionnelle. Comment
est-ce qu'on peut éviter ces
déménagements qui sont vraiment préoccupants pour nos aînés et pour leurs
familles, pour les proches aidants? Comme
j'ai dit ce matin, on a reçu tant d'appels aux bureaux de comté sur cette
question, et il semble qu'il y ait une manière pour trouver une
solution, une réponse à cette question. M. Joly.
M. Joly
(Guy) : Bon, il y a
des solutions qui existent. Si on prend — pour
le nommer encore — Saint-Jean-Eudes,
à Saint-Jean-Eudes, il y a
des lits d'évaluation au niveau de la clientèle avant d'acheminer et
d'aiguillonner le résident vers une
ressource proprement dite. Ces lits d'évaluation là, je ne me souviens pas, en nombre, combien ils
en ont, ils en ont un certain nombre.
Mais effectivement, si, dans chacune des régions, on pouvait avoir
un processus… Sauf que, dans la région de Montréal, bien ça en prendrait quelques-uns parce que
ça peut venir de toutes parts et le volume, en importance, est assez volumineux. Donc, il faut juste se
distinguer. Mais je pense que des unités d'évaluation de ce type-là,
qui pourraient se faire à l'intérieur
d'un établissement de longue durée… bon, c'est au détriment de… Bon,
puis, encore là, ces unités d'évaluation là permettraient d'évaluer, au niveau
de la réadaptation, au niveau ergo, physio, même activités de loisir, et tout ça, quelle est la capacité puis le niveau
d'intensité de soins requis. Et ça, ça éviterait effectivement, si l'évaluation…
Puis, normalement, l'évaluation, ça peut aller
jusqu'à 90 jours. Donc, on est en mesure de faire une juste évaluation des
choses. Sauf que ça fait une rotation très importante au niveau de… Mais c'est
une unité de 10, de 12, de 20, de 30,
dépendamment du besoin de la région, où, dans une région, il devrait y avoir ce
genre de tampon là pour éviter effectivement que la personne se promène en disant : Je n'ai pas de place en
hébergement, il s'en va en transit. Là, j'ai une place en ressources intermédiaires, je l'envoie en ressources
intermédiaires. Après ça, il y a sa place définitive en longue durée qui s'en vient après coup. Si on
était capables, au point de départ, d'identifier la ressource
qui est capable de répondre
adéquatement et à très court terme… Bon, est-ce que la place sera toujours
là? Mais ça donne 90 jours pour essayer
de trouver une place au niveau de l'hébergement, si c'est de l'hébergement. Puis
est-ce que c'est de l'hébergement de
longue durée? C'est-u un hébergement en ressources intermédiaires un peu plus lourd? Il s'agira de voir. Mais c'est peut-être la façon qu'on
pourrait utiliser pour éviter que la personne s'en aille en transit, puis, des
fois, ils font un transit puis deux transits avant d'arriver à la
destination finale.
Le Président (M. Bergman) :
Merci. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Vous avez fait mention, il y a
quelques minutes, pour dire que la
clientèle s'alourdissait et, pour vous, vous aviez l'air de dire que c'était un
inconvénient, alors que ce qu'on vise, c'est justement de pouvoir garder
les gens le plus longtemps à domicile. Ça a comme conséquence que votre
clientèle va être plus lourde, mais théoriquement on devrait ajuster les
ressources pour répondre aux besoins de ces clientèles.
Le Président (M. Bergman) :
M. Joly.
M. Joly
(Guy) : C'est-à-dire dire que ce qu'on dit, c'est qu'on est d'accord avec le principe de
maintien à domicile, on est d'accord
avec le principe de l'utilisation de ressources intermédiaires, parce que,
plus longtemps il est dans son milieu…
la seule chose, c'est qu'à partir du moment où, cette clientèle-là, ça va
prendre de l'hébergement longue durée, il demeure que l'intensité requise au
niveau des soins infirmiers devrait
être plus lourde. Donc, c'est là qu'on dit : Est-ce que le cadre financier va permettre de répondre à
moyen et à long terme? Plus on va investir dans le maintien à domicile, est-ce qu'on aura les ressources? Et le cadre
financier va permettre de venir donner… ou alourdir les établissements qui
subiront cet inconvénient-là en termes de
ressources nécessaires pour pouvoir répondre aux besoins de la clientèle, là.
Je ne sais pas si ça répond, là.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui…
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon, il vous reste 2 min 30 s.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Je comprends votre dilemme, mais je pense que tout financement qui doit être revu doit tenir compte de ça. Le problème, c'est
que, si on arrive puis on met juste un pourcentage du financement, là ça
peut être difficile parce que vous ne pourrez pas passer à travers.
M. Joly (Guy) : Non, d'accord. Il
faut revoir dans son ensemble, ce n'est pas juste…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Il faut revoir dans son ensemble. Mais ça, ça
présuppose… Puis je vous amène sur ce
point-là. Tu sais, on part avec le principe que les haussements vont déterminer
la catégorie de clientèle, un profil 9, un profil 10. Et ce que vous avez dit clairement, c'est que le fait
d'avoir un profil 10 n'établit pas nécessairement l'intensité de soins
parce que, dans le profil 10, il peut y avoir une grande variété de clientèles
qui peuvent nécessiter des soins différents qui pourraient être plus ou moins
chers. C'est comme ça que vous l'avez mentionné.
M. Joly
(Guy) : C'est exact. C'est
exact. Bon, il y a deux façons : soit qu'on développe un autre outil ou
soit qu'on prend les haussements puis
on fait comme dans certaines provinces, il y a 44 profils, là. Donc, on
pourrait mesurer, éclater tous les…
de 10 à 14, puis de dire : Bien là, on va en faire un certain nombre, pour
être sûrs que le niveau d'intensité va refléter
à chaque niveau. Dans certaines provinces, ça fonctionne comme ça. Ici, bon, ça
pourrait être quelque chose qui pourrait être développé aussi.
• (14 h 50) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau, il vous reste une minute.
Mme Vallée :
Bonjour! Ce matin, l'association des centres de réadaptation est venue plaider
pour une meilleure participation à l'évaluation des clientèles en CHSLD
et puis un travail un petit peu moins cloisonné de chacun. Qu'est-ce que vous
pensez de cette idée?
Le Président (M. Bergman) :
M. Macdonald.
M.
Macdonald (Danny) : Bien,
d'abord, le partage de l'information, dans un premier temps, c'est de définir,
s'il y a lieu, l'équipe d'évaluation. Parce
que, là, actuellement, l'évaluation se fait par la travailleuse sociale qui
prend un dossier, il y a une équipe
multidisciplinaire qui travaille alentour de ça et puis on détermine en quelque
part c'est quoi, le profil, puis où
est-ce qu'on va aiguiller le résident. Des fois, ça se fait rapidement, comme
je disais tout à l'heure, mais, des fois, ça se fait de façon plus
concertée. Alors, je pense que c'est à l'intérieur des équipes
multidisciplinaires, là, pendant le processus d'évaluation, qu'il devrait
peut-être y avoir un meilleur partage.
Parce qu'une
équipe multi, ce n'est pas juste des infirmières, c'est des PAB, c'est la
réadapte aussi qui est dans ça. Nous, dans nos milieux, quand on parle
d'une équipe multi qui fait le PI, ce qu'on appelle le plan d'intervention, et puis qui analyse tout ça, bien, ils se rencontrent
puis, selon leur axe, selon leur angle, soit de réadaptation, physio, ergo,
nutrition clinique, travailleur social, bien
ils vont regarder qu'est-ce qu'ils peuvent apporter pour répondre aux besoins du résident. Donc, c'est sûr que ça prend
une meilleure concertation pour qu'en bout de ligne on n'ait qu'une seule
fois à déterminer le bon profil du résident.
Donc, je suis tout à fait d'accord, une meilleure collaboration peut-être à
travers l'équipe et un partage de l'information. Sur le partage de
l'information...
Le Président (M. Bergman) :
En conclusion, s'il vous plaît.
M. Macdonald
(Danny) : En conclusion, sur
le partage de l'information, peut-être que le support technologie de l'information éventuellement il va falloir que ça rentre dans le réseau. On
parle du RSIPA, là, qui, en quelque
part, devrait aider. Parce que, là, actuellement, on n'a pas tous une solution intégrée pour le partage de l'information, où est-ce qu'à
distance certains intervenants pourraient voir le dossier, se concerter pour
avoir un meilleur résultat.
Le
Président (M. Bergman) : Maintenant, pour le deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Merci de votre présence. D'abord, je voudrais vous
féliciter. Je pense qu'on a des beaux
exemples de CHSLD dynamiques au Québec. Je voulais peut-être vous ramener à des
expériences, entre autres en
Scandinavie, où on a démédicalisé, finalement, les CHSLD, où on a transformé
plutôt des CHSLD en milieu de vie
parce qu'évidemment il y a de plus en plus de troubles cognitifs, il y a de
plus en plus de gens qui ont des troubles cognitifs, mais qui ne sont pas malades outre mesure. Dans le fond, ce
qu'ils ont besoin, c'est plus d'un milieu qui est sécuritaire. Et l'expérience, en Scandinavie,
entre autres, a démontré que moins on médicalisait, plus on donnait un milieu
qui était paisible, plus on aidait les gens
au moment de crise d'anxiété, plutôt que de leur donner une médication, de les
amener dans une pièce à part, de les ramener
dans leur enfance, et là, subitement, on réglait la crise. Et, bon, il y a des
expériences, il y en a de plus en plus et...
Bon, on peut appeler ça des unités prothétiques, ça existe au Québec, il y en a
un peu, mais peut-être pas suffisamment.
Et moi, je
reviens à la déclaration du ministre de la Santé, qui nous avait dit qu'un
CHSLD ça reste un couloir avec des
chambres de chaque côté, ce n'est pas un milieu de vie. Sincèrement, moi, je
pense qu'on peut améliorer nos CHSLD
pour en faire effectivement des milieux de vie, pas nécessairement... les
chambres, ça reste des chambres, mais je pense que de créer à l'intérieur un réseau où on intervient moins au
niveau médication, mais beaucoup plus au niveau... Il y a des types de
musique qui calment les patients. Il y a des méthodes qu'on utilise de plus en
plus entre autres en Scandinavie. J'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce
que c'est une pratique que vous avez... ou vous avez noté, effectivement, depuis les dernières années, si ça
se pratique chez vous? Et est-ce qu'on s'en va vers ça de plus en plus?
Le Président (M. Bergman) :
M. Macdonald.
M.
Macdonald (Danny) :
Là-dessus, je vous donne un exemple d'une… un exemple, une expérience qu'on a
faite dans un de nos établissements,
ce qu'on appelle la salle Snoezelen. C'est un concept, je pense, européen. Le
Dr Bolduc est au courant. C'est que
des résidents qui sont très agités, des fois ils sont en état de crise, il y a
une surstimulation dans l'environnement,
ils sont très agités, puis il y a un effet de contamination, si on peut dire,
les autres résidents deviennent agités.
Dans le
contexte où est-ce qu'on a de plus en plus de résidents avec des troubles
cognitifs, on ne peut plus parler de
faire des activités loisir de groupe parce qu'en quelque part ce n'est pas
fonctionnel. Alors, de plus en plus, on va aller vers des activités
individuelles où est-ce qu'un résident en crise, si on peut dire, ou en état de
suragitation, on peut le prendre puis
l'amener dans cette salle Snoezelen, qui est une salle qui va, en quelque part,
stimuler tous les états sensoriels du résident, donc le toucher, le
regard, des lumières tamisées.
Et puis j'ai
vu moi-même ce que ça fait comme expérience en prenant un résident qui était
agité puis, après qu'on a passé deux
ou trois stations avec le résident, ne serait-ce que le toucher, le regard...
Et puis, mettons, on avait une télévision avec l'aquarium, là, tu sais, le poisson qui se promène, et puis là,
tout d'un coup, le résident, qu'on n'entend pas parler de la journée, dit : Regarde donc le beau
poisson! Ça, ça fait ma journée, moi, parce
qu'on vient de le ramener dans un
état d'esprit où est-ce qu'il vient de se
sortir de sa crise. Au bout de 15 à 20 minutes, dans cette salle Snoezelen là — et
ça peut être d'autres expériences,
aussi, sensorielles — bien,
le résident, on le remonte sur l'étage et puis, tout d'un coup, là, il est zen et puis il est calme, sorti de sa
crise. C'est des expériences qu'on peut faire, qui ne coûtent pas cher.
Ce qui coûte
plus cher, par contre, c'est que, si on veut sortir de l'approche de loisirs de
groupe pour commencer à faire de
l'individuel, bien ça va prendre les ressources en quelque part. On a des
bénévoles qui se présentent pour faire des
choses comme ça, qui font de l'accompagnement. Parce qu'un milieu de vie, c'est
impossible de le réaliser si on n'a pas
une équipe de bénévoles. Bien, des bénévoles, ce n'est pas des employés, à un
moment donné tu en manques peut-être. Alors,
c'est ça, c'est... On peut aller très loin dans le réseau de la santé, mais ça
va dépendre de nos limites, si on peut dire, au niveau des ressources.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. M. Joly, Mme Castonguay, M. Macdonald, merci pour votre
présentation, merci d'être ici avec nous aujourd'hui.
Et je demande
aux gens de la Fédération professionnelle des préposé-e-s aux bénéficiaires du
Québec pour prendre place à la table.
Et je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 57)
(Reprise à 14 h 59)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, je
souhaite la bienvenue à nos invités, la Fédération professionnelle des
préposé-e-s aux bénéficiaires du Québec.
Pour les fins
d'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter. Je rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour
faire votre exposé et par la suite des questions avec les membres de la
commission. Alors, on souhaite la bienvenue à la Fédération
professionnelle des préposé-e-s aux bénéficiaires du Québec. Bienvenue.
Fédération professionnelle des
préposé-e-s
aux bénéficiaires du Québec (FPBQ)
M. Lemelin
(Michel) : Merci, M. le Président. Michel Lemelin, président-directeur
général de la Fédération professionnelle des préposé-e-s aux bénéficiaires du
Québec.
M. Gagnon
(Daniel) : Daniel Gagnon, conseiller gérontologie.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, si vous avez une présentation?
• (15 heures) •
M. Lemelin (Michel) : Merci. M. le Président, M. le ministre de la Santé, Mmes et MM. les
députés, merci de nous recevoir
aujourd'hui. C'est avec plaisir que la Fédération professionnelle des
préposé-e-s aux bénéficiaires du Québec participe
à la consultation sur le document Les conditions de vie des adultes hébergés
en centre d'hébergement et de soins de longue durée, mandat
d'initiative de la Commission de la santé et des services sociaux, en vous
transmettant ses analyses, commentaires, réflexions et propositions.
Tel
que mentionné dans les commentaires généraux de notre mémoire, le document de
consultation présenté dresse un portrait qui nous semble tout à fait
réaliste de la situation actuelle vécue dans une grande proportion des centres d'hébergement et de soins de longue durée, tant
par les résidents, les intervenants que les proches. Il pose une série de
questions pertinentes qui, selon ce que nous
en avons compris, souhaitent dégager des pistes d'orientation et d'action en
vue d'améliorer la qualité de vie et des services des résidents, tout en
favorisant l'épanouissement du personnel.
Tout d'abord, il nous
apparaît que les questions reflètent plusieurs préoccupations que toutes les
personnes impliquées dans ce secteur de
services se sont posées à un moment ou à un autre au fil des ans. On peut donc
considérer ce portrait comme un cumul
évolutif du vécu des CHSLD et représente, en quelque sorte, le cheminement qui
les a amenés à la réalité actuelle,
qui semble démontrer un réel niveau d'insatisfaction tant de la part des
clientèles, de leurs proches, des intervenants et de la population en
général.
Nous
devons cependant être conscients que plusieurs organismes, chercheurs et
personnes préoccupés par le secteur d'hébergement
ont, au fil du temps, proposé diverses solutions afin d'éviter la situation
vécue actuellement. Depuis plus de 20
ans, nous avons été à même de constater et même de prévoir la situation
actuelle, et plusieurs en ont fait part aux divers gouvernements qui se
sont succédé durant cette période.
Plusieurs
ont également été à même de réaliser que tous ces gouvernements ont démontré
peu de préoccupations et n'ont apporté que des solutions cosmétiques qui
non seulement n'ont pas amélioré la situation, mais en ont même activé la
détérioration. On n'a qu'à penser à l'alourdissement des clientèles dû en
grande partie à l'augmentation des exigences
d'admission des CHSLD, au glissement des mandats des CHSLD vers le secteur
privé avec très peu de contrôle, la
création des CSSS qui a détruit l'existence même de l'identité des CHSLD en en
faisant une quantité négligeable dans le réseau de la santé et des
services sociaux, pour ne nommer que ceux-là.
Notre
analyse s'est donc faite à partir des questions exprimées. Notre vision et
notre vécu ont guidé nos réflexions et
les quelques suggestions qui en sont ressorties. Conséquemment, comme le
document pose un grand nombre de questions et comme vous avez fort probablement pris connaissance de notre mémoire,
notre présentation s'arrête ici afin de répondre au maximum de questions et de commentaires que celui-ci a pu provoquer
chez certains d'entre vous. Merci de votre attention.
Le Président (M.
Bergman) : Merci pour votre présentation. Maintenant, pour le
bloc du côté ministériel, Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs, ça me fait
plaisir de vous accueillir ici. Écoutez, moi, j'ai beaucoup de questions à vous poser par rapport aux préposés aux
bénéficiaires. D'entrée de jeu, je vous dirais que, dans ma perception, là, les préposés aux
bénéficiaires sont des piliers dans le travail effectué auprès des patients.
Ils sont sur la première ligne, ce
sont eux qui prennent soin concrètement, au quotidien, des patients dans les
CHSLD. Bien sûr, là, je n'oublie pas
le travail des infirmières et des médecins, mais on sait que les préposés sont
les premiers appelés, là, auprès des
patients. J'aimerais ça que… J'ai quelques questions en rafale, plutôt
statistiques, là. Il y a combien de préposés aux bénéficiaires qui
travaillent en CHSLD? Avez-vous une idée, un ordre de grandeur en termes de…
Le Président (M.
Bergman) : M. Lemelin.
M. Lemelin (Michel) : On sait que, du côté public, si on parle du réseau en entier, c'est
38 600. Du côté soins de longue durée, je ne pourrais pas vous le
chiffrer exactement.
Mme Proulx :
Mais vous, les gens que vous représentez ici aujourd'hui c'est combien à peu
près?
M. Lemelin
(Michel) : Excusez-moi?
Mme Proulx :
Les préposés aux bénéficiaires...
M. Lemelin
(Michel) : En soins de longue durée?
Mme Proulx : Oui, en soins de
longue durée, en CHSLD, c'est 38 000? C'est ce que vous me dites?
M. Lemelin
(Michel) : 38 600, ça, c'est tout le réseau…
Mme Proulx : O.K. Tout le
réseau au complet.
M. Lemelin (Michel) : …qu'on parle
des hôpitaux, qu'on parle des CHSLD publics.
Mme Proulx : O.K. O.K. Mais
vous n'avez pas le chiffre, là, spécifiquement pour les CHSLD.
M. Lemelin (Michel) : Non.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : O.K. Parfait.
J'aimerais ça qu'on parle de formation et de compétences requises et de
critères d'embauche pour… et là
spécifiquement pour les CHSLD, parce
que c'est ce qui nous préoccupe, là,
ici. Habituellement, un préposé aux bénéficiaires qui est embauché dans
un CHSLD, et là je vais y aller plus soit public ou privé conventionné, c'est quoi, la formation? Est-ce qu'il y a un critère de base? Est-ce qu'il
y a un D.E.P. qui est requis? Est-ce qu'il y a une formation de base
requise ou… c'est quoi?
Le Président (M. Bergman) : M.
Lemelin.
M. Lemelin
(Michel) : Actuellement, dans le réseau, il n'y a aucune norme qui est du côté des
CHSLD. On peut avoir des préposés aux
bénéficiaires qui sont engagés, on appelle ça «sur le tas», ce qui veut dire
l'apprentissage vraiment à l'interne. On a des préposés aux bénéficiaires
qui sont engagés à 400 heures de formation, et certaines catégories avec le
diplôme d'études professionnelles, 750 heures.
Mme Proulx : Et quelqu'un…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Oui, pardon. Et quelqu'un qui serait embauché
avec un diplôme d'études professionnelles dans le réseau serait embauché aux mêmes conditions que quelqu'un qui n'a pas du tout
ce profil-là, et qui n'a même aucune heure de formation, et qui serait
entraîné sur le tas à la tâche.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lemelin.
M. Lemelin (Michel) : Effectivement.
Effectivement.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : O.K. Donc, il n'y a aucune norme. À
partir du moment où quelqu'un est embauché, est-ce que vous savez s'il existe nécessairement
une formule où, pendant quelques semaines ou quelques mois, la personne est
en apprentissage ou en formation à l'interne, là?
Le Président (M. Bergman) :
M. Lemelin.
M. Lemelin
(Michel) : Écoutez,
la formation initiale, dès le début de l'embauche, il y a
une disparité dans plusieurs établissements actuellement. J'ai des établissements qu'il n'y a aucune formation; la journée même ils sont engagés, la
journée même, ils sont sur le terrain.
Il y a d'autres établissements que c'est trois jours de formation
en ligne, donc, à ce moment-là,
il y a un suivi vigoureux, la connaissance des étages et etc. Mais, la plupart du temps, les
gens sont embauchés en semaine et ils
travaillent la fin de semaine, et il
n'y a pas, en tant que tel, de
personne qui prend en charge ces gens-là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Et, si je vous demandais votre vision, votre
perception de cette situation-là, vous, est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir une meilleure formation?
Qu'est-ce que vous pensez de ça, les compétences des préposés aux
bénéficiaires actuellement en CHSLD?
Le Président (M. Bergman) :
M. Lemelin.
M. Lemelin (Michel) : Actuellement,
ce que j'en pense, c'est assez simple, ça prend une formation pointue, reconnue par le ministère de l'Éducation,
c'est assuré. Vous savez, moi, j'ai connu les années 1990 à 2000, en soins de
longue durée, on n'avait pas des patients, à ce moment-là, qui étaient avec des problèmes cognitifs, qui avaient des problèmes
psychiatriques. Bien souvent, les soins de longue durée accueillaient des gens
en légère perte d'autonomie. À partir
de 2000 jusqu'à maintenant, bien, le tout a changé complètement; à cette heure, on a des psychiatrisés. Vous savez qu'un psychiatrisé qui
arrive en soins de longue durée, on le considère comme un aîné dès qu'il
atteint l'âge de 65 ans et on
le transfère en soins de longue durée. Donc, à ce moment-là, les gens, bien
souvent, quand ils ont une mauvaise formation, une mauvaise connaissance, quand cette
clientèle-là arrive en établissement, malheureusement ils n'ont pas tous les outils pour être
capables d'aller de l'avant.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Et qu'en est-il
avec la situation que vous nous décrivez, de la mobilisation du personnel dans l'évolution, par exemple, vers des milieux de vie, à partir de milieux de
soins vers des milieux de vie? Parce
que les gens qui ont témoigné
juste avant vous nous parlaient que c'est important, l'engagement du personnel
dans ces nouvelles orientations. Est-ce que vous pensez que ce manque de formation
a un impact sur la mobilisation et l'engagement du personnel actuellement des
préposés, là, dans les CHSLD?
Le Président (M. Bergman) :
M. Lemelin.
• (15 h 10) •
M. Lemelin
(Michel) : Oui, effectivement. Vous savez, quand on a une clientèle très, très alourdie, les gens,
à ce moment-là, ne veulent pas
rester en soins de longue durée, ils veulent s'en aller en ressources
intermédiaires parce que c'est moins lourd. On est en train de se rendre
compte tranquillement pas vite que les gens commencent à faire des choix, des
choix qu'on croirait payants parce
qu'aller en soins de longue durée du côté public est beaucoup plus payant
qu'aller en ressources intermédiaires
comme travailleur, et les gens aiment mieux se faire sous-payer, à ce moment-là,
pour avoir la chance de pouvoir travailler allégés, à ce moment-là.
Parce que les soins de longue durée, on peut le
dire, c'est très, très, très lourd. Et, en ayant un manque de formation, je vous dirais qu'il y a beaucoup
d'incidents et d'accidents qui se passent en soins de longue durée parce que
les gens, bien souvent… J'entendais le
monsieur tantôt qui parlait de gens qui font des crises. À ce moment-là, les
gens, ayant une méconnaissance de la
maladie, bien, se ramassent à avoir un problème de santé, à ce moment-là, soit
physique ou psychologique, etc.
Le Président (M. Bergman) :
M. Gagnon.
M. Gagnon
(Daniel) : J'aimerais ça
faire un petit peu un retour sur l'ensemble, jusqu'à date, de vos questions.
Il y a quand même eu une augmentation des exigences par les établissements, par
les installations, on va parler, pour l'embauche
des préposés aux bénéficiaires. Ce n'est pas une obligation, le D.E.P., mais il
y a quand même un pas qui est commencé et puis il faudrait juste
maintenant l'officialiser, c'est-à-dire le rendre obligatoire.
L'autre
élément, c'est qu'il n'y a pas seulement que la formation qui peut faire en
sorte que les gens se désengagent, mais
il y a le manque de reconnaissance. Vous savez, quand on travaille dans une installation
avec ou sans formation puis que tout
le monde est sur le même pied, il y a des gens qui se posent la question :
Bien, pourquoi, moi, je me suis tapé 750
heures de formation puis l'autre, à côté de moi, il n'en a pas? Il a le même
salaire, les mêmes conditions. Même, au niveau syndical, quand il y a un syndicat, il y en a un qui est plus
haut que l'autre parce qu'il a plus de temps de fait. Donc, il n'y a pas
seulement que la formation qui fait…
Puis ce n'est
pas écrit dans leur front qu'ils ont fait le D.E.P. Donc, il n'y a pas
seulement que la formation, mais il y
a la reconnaissance. Et, de façon générale, dans un établissement, dans un
CHSLD, la reconnaissance des préposés, qu'ils soient avec ou sans
D.E.P., est très faible. Donc, quand les gens ne se sentent pas reconnus,
estimés, bien ils essaient d'aller ailleurs
où ils vont trouver cette reconnaissance-là. Puis souvent ça peut être vers les
hôpitaux, ça peut être vers les ressources intermédiaires, comme on a
dit, ou autres.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Et j'aimerais ça entendre des propositions. Qu'est-ce que vous pensez qui
pourrait être fait pour valoriser le travail des préposés aux
bénéficiaires? Est-ce que vous avez pensé à des idées, des recommandations qui
pourraient aller dans ce sens-là et qui certainement pourraient aider la
situation?
Le Président (M. Bergman) :
M. Lemelin.
Mme Proulx :
Comment on valorise le travail des préposés aux bénéficiaires, comment on
valorise le métier?
Le Président (M. Bergman) :
M. Gagnon.
M. Gagnon
(Daniel) : Bien,
premièrement, en ayant des obligations d'embauche, c'est un premier point.
Ensuite de ça, dans notre document,
dans notre mémoire, vous allez trouver une multitude de propositions qui
feraient en sorte que la profession
serait reconnue : entre autres, la création d'une corporation
professionnelle des préposés — ou peu importe le nom qu'on y donnera, là, parce qu'il y a
plusieurs avenues possibles — et avec ça la formation continue,
l'évaluation des compétences.
Parce
qu'actuellement il n'y a pas d'évaluation de compétences chez les préposés aux
bénéficiaires comme on en retrouve chez les infirmières, ou les
infirmières auxiliaires, ou les physiothérapeutes, ergothérapeutes. Leur ordre professionnel fait des évaluations des compétences et ils
doivent répondre à certains critères pour avoir le droit de pratique. Actuellement, ce n'est pas le cas chez
les préposés aux bénéficiaires. Quand les préposés vont avoir ce début de reconnaissance là par les autres membres du
personnel et par les employeurs et les gestionnaires, ça va être un pas, je
pense, qui va être assez important parce que
ce ne sera plus n'importe qui qui va pouvoir pratiquer, mais ça va être des
gens qui vont avoir eu une formation de
base, une formation continue, une évaluation continue. Donc, c'est des gens à
qui on va reconnaître la compétence, et ça, c'est bien important.
À l'heure
actuelle, les gens ne sont pas réellement des intervenants, ils sont plutôt des
exécutants. Il y a une grosse différence
entre l'exécutant puis l'intervenant. L'exécutant, il fait ce qu'on lui
demande, sans avoir, bien souvent, droit de regard puis droit de parole. Mais l'intervenant, selon la pratique,
lui, il a le droit de réagir, il a le droit de proposer, il a le droit de
s'impliquer, il a le droit de… il a des droits comme les autres, finalement. Mais là, actuellement, il n'a pas des droits comme les autres. Dans plusieurs installations, il n'a même pas
le droit de participer aux équipes multi. Ça fait que c'est un exécutant qui est reconnu comme tel et,
vu qu'il n'a pas besoin d'avoir une formation de base pour travailler là,
c'est n'importe qui. Et pourtant, on le dit
depuis des années, ils ont à intervenir auprès de la clientèle la plus
fragilisée du réseau de la santé et
des services sociaux. C'est drôle qu'on prenne des gens qui ont le moins de
qualifications pour faire, comme vous
l'avez dit tantôt, la majorité du travail auprès d'elles par des personnes qui
ont le moins de formation dans l'ensemble du réseau de la santé et
services sociaux. C'est un petit peu paradoxal.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Je vous avoue que je suis assez surprise d'entendre tout ça et surtout, je
dirais même, estomaquée. Et je veux
vous remercier, je trouve que votre témoignage est très éclairant, très, très
éclairant. Et je ne peux pas m'empêcher de faire un parallèle avec… quand on a fait les auditions sur
l'assurance autonomie, où il était question, là, des entreprises d'économie sociale pour le maintien à domicile et
qu'on dénonçait vraiment à quel point ça prenait une formation et à quel
point il fallait être spécifiquement
exigeant. Et, dans le réseau, j'entends ça, là, et je vous avoue que je suis
assez… Oui?
M. Gagnon (Daniel) : M. le
Président…
Le Président (M. Bergman) :
M. Gagnon.
M. Gagnon
(Daniel) : …est-ce que je
pourrais me permettre de dire que ce que je vous dis là, comme on l'a dit tout
à l'heure, ça fait 20 ans qu'on le dit? Ça
fait 20 ans qu'on répète exactement les mêmes choses. Mais là la pression est
beaucoup plus grande parce qu'il y a 20 ans
les clientèles qui se retrouvaient en CHSLD étaient un peu moins lourdes,
un peu moins… elles représentaient un peu
moins d'incapacités très sévères, mais maintenant, avec la clientèle qu'on y
héberge, c'est d'autant plus
nécessaire que ce qu'on vous dit soit réellement entendu et qu'il y ait des
mesures qui soient prises pour les corriger. Parce qu'après 20 ans, vous
savez, on devient un petit peu fatigués de répéter la même chose.
Mme Proulx : Merci.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Oui. Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs, merci d'être là, de nous
apporter un autre type d'éclairage.
Ça m'amène, par contre, à penser que, ce matin, on entendait une agence du
Lac-Saint-Jean, entre autres, qui avait réussi... — en
tout cas, de ce qu'ils ont réussi à nous témoigner, hein, je pense — c'est
d'avoir mis l'ensemble de leur personnel à
contribution. En tout cas, je pense que c'est ça qui semblait faire la
différence, en tout cas, dans ce
territoire-là, où est-ce que les gens avaient réussi à mettre l'ensemble des
partenaires et des intervenants. Puis je pense qu'ils considéraient les préposés aux bénéficiaires autant que
d'autres personnes, aussi importantes… qu'ils avaient réussi, en tout cas, à aller chercher l'engagement
et puis peut-être de briser un peu, là, ce que vous venez de nous témoigner,
là, de mettre ces gens-là à contribution et
d'en faire des partenaires. En tout cas, c'est ce qui nous apparaissait très
positif.
Parce qu'en lisant votre mémoire, quand vous
nous parlez des services et des soins, ce qu'on remarque, c'est qu'il y a, des fois, des installations qui, selon
vous, n'ont pas de plan de travail, puis très peu de suivi, de soutien, que le
personnel est plus ou moins impliqué et devient des partenaires. En tout cas,
moi, ce que j'ai semblé comprendre ce matin,
c'est que c'est ça qui pouvait faire, dans certains cas, une grande différence.
Et vous nous dites que vous, de votre côté,
ce sont des choses qui sont plus ou moins présentes, l'implication du
personnel, la contribution. Puis on sait que les préposés aux
bénéficiaires sont des gens, là, qui travaillent au quotidien avec les gens,
là, qui sont en grande perte d'autonomie et qu'il y a un alourdissement. Alors,
pensez-vous que c'est possible? On a entendu des belles choses, ce matin,
de ce côté-là. Vous, vous semblez nous dresser un portrait plus… plus négatif…
Une voix : Sombre.
Mme
Gadoury-Hamelin :
…plus sombre, oui, c'est ça. Alors, j'aimerais ça savoir si vous pensez qu'il y
a des choses qui peuvent être faites. Y a-t-il de l'espoir?
Le Président (M. Bergman) :
M. Gagnon.
• (15 h 20) •
M. Gagnon (Daniel) : Oui, M. le Président. Il ne faut pas penser, là,
que les préposés ne donnent pas des bons services, malgré tout, là. O.K.?
La plupart des préposés donnent le meilleur service qu'ils peuvent offrir selon
leurs compétences et leurs connaissances. Je
ne dis pas qu'elles ne pourraient pas être améliorées, par exemple, mais on pense qu'ils font de leur mieux. O.K.?
Cependant, j'ai
remarqué, au fil des ans — puis
les recherches sont… entre autres les recherches de Daphne Nahmiash — auprès
de la perception qu'ont les gens, les gestionnaires : plus qu'ils sont
loin du milieu, plus qu'ils ont une
perception quasi idyllique de la réalité au quotidien. Donc, vous me dites… je
ne mets pas en doute, là, l'agence du Saguenay—Lac-Saint-Jean, mais, généralement, quand les gestionnaires vont vous répondre sur des
questions, que les infirmières vont vous répondre sur des questions,
que les préposés vont vous répondre sur les mêmes questions,
que les résidents qui sont en mesure
de répondre vont le faire et que les familles vont le faire, vous allez avoir
cinq niveaux de réponses fort
différents, un qui va peut-être être un
petit peu plus idyllique que l'autre.
Et je ne mets pas en doute leur volonté
d'impliquer les joueurs, mais est-ce
que ça rapporte, est-ce que
l'implication est réellement bien pénétrée partout, est-ce
que tout le monde participe, met
l'épaule à la roue au même niveau et est-ce
que c'est la réalité vécue au
quotidien dans chacune des installations, dans chacune des unités, dans
chacun des îlots? Peut-être. Peut-être pas.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson, il vous reste
4 min 30 s.
Mme
Gadoury-Hamelin : Tantôt, vous nous avez parlé que ça
pouvait passer par une meilleure formation, un meilleur… auprès des préposés. Est-ce qu'il y a autre chose qui pourrait
être fait qui pourrait aussi solutionner ce que vous nous présentez
comme portrait?
Le Président (M.
Bergman) : M. Lemelin.
M. Lemelin (Michel) : Effectivement, la formation, c'est un facteur, mais aussi les ressources
terrain devraient être améliorées. Tantôt, je vous donnais l'exemple,
entre 1990 et 2000, j'ai été préposé aux bénéficiaires en soins de longue durée, justement. Et, là-dessus, à l'époque, on avait cinq patients pour
un préposé, ce qui veut dire trois cas lourds, deux cas légers qui étaient à notre charge à ce moment-là. Depuis 2000
jusqu'à maintenant, il y a eu une détérioration graduelle dans le réseau
et on est en train de voir des sept, huit, 10 et 12 patients pour un seul
préposé.
Ce
qui est pathétique là-dedans, c'est qu'on diminue les soins et services à la
base aux patients, mais, du côté de la direction
générale, on augmente les effectifs. Et ça, c'est rapporté dans plusieurs
CHSLD, qui nous disent : Écoutez, on se fait couper du personnel à la base, on attaque les préposés… Vous savez,
les directions générales coupent un peu partout, que ça soit en buanderie,
que ça soit au niveau du ménage, etc., et là ils sont rendus au niveau des
préposés, et là on commence à parler des
infirmières auxiliaires, là, et les infirmières, là, ça s'en vient. Donc, à ce
moment-là, si des effectifs seraient
ajoutés et il y aurait, comme on pourrait dire, un barème patients et préposé,
je pense que ça améliorerait le contexte.
Moi, je me souviens,
des collègues, quand ils terminaient leur journée de travail, ils avaient
encore beaucoup d'énergie à offrir à leur
famille, se couchaient à 9 heures le soir et se levaient, le lendemain matin,
avec la hâte de rentrer travailler.
Aujourd'hui, avec l'alourdissement, la quantité de clients qui sont à leur
charge, bien souvent ils arrivent pour faire
le souper le soir et, à 7 heures, sont déjà au lit parce qu'ils savent que
la journée va être pénible le lendemain matin. Donc, c'est pour ça que je vous dis qu'au point de vue des effectifs il
faudrait que la pyramide se renverserait, que la base soit consolidée.
Ça serait très, très, très important.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson, il vous reste
une minute.
Des voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée des Îles-de-la-Madeleine,
une minute.
Mme
Richard
(Îles-de-la-Madeleine) : On va laisser monsieur… Monsieur
voulait…
Le Président (M.
Bergman) : Dr Gagnon.
M. Gagnon (Daniel) : M. le Président, merci. Il faut dire qu'il y a quelqu'un qui a
mentionné tantôt qu'il y avait très
peu de planification à l'intérieur des installations d'hébergement, et c'est un
fait. C'est ce qu'on nous dit. C'est qu'on marche selon un rythme qui est… Ça va tellement vite, il y a tellement
de choses à faire qu'il n'y a à peu près pas de temps de planification, il n'y a à peu
près pas de temps de réflexion. Les
gestionnaires poussent, les préposés tirent. Il n'y a pas réellement une planification structurée, on ne
sait pas où le bateau s'en va. Puis là on parle d'une façon générale. Il ne
faut pas dire que, là... Parce que, là, s'il
y avait des gens des CHSLD ici, il y en a qui diraient : Aïe! bien, chez
nous, c'est comme ça, puis chez
nous... Non, non. Il y en a que c'est mieux, mais il y en a beaucoup, beaucoup,
pour ne pas dire une forte majorité, que c'est la situation. C'est ce
qu'on nous rapporte. Il y a très peu de planification du travail dans les
CHSLD, puis ça, ça amène des problèmes.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. Pour le bloc de l'opposition officielle, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M. le
Président. M. Gagnon, M. Lemelin, je dois vous dire que mes questions
se bousculent à la lumière de ce que
vous venez de dire à la partie ministérielle. C'est assez bouleversant
d'apprendre ça, même si on sait des
choses. Mais, vous savez, quand j'ai demandé qu'on ait une commission pour
examiner les conditions de vie des adultes hébergés en CHSLD — les adultes, parce qu'il y en a jusqu'à 11 % de 65 ans
et moins — c'était
pour traverser un peu l'opacité et la
perception qu'on a aussi des établissements et comment on peut, dans le futur,
améliorer les conditions. M. Gagnon
sait pertinemment que tout le monde veut vivre à la maison, mais que les CHSLD
sont indispensables et vient un moment donné où on est obligés d'aller
vivre dans les CHSLD.
On parle de conditions de vie des résidents dans
les CHSLD, mais les conditions de vie de ces personnes sont intimement liées aux conditions de vie des gens
qui y travaillent. On veut que la culture organisationnelle tourne autour
des besoins des personnes qui vivent, parce
qu'on veut créer des milieux de vie, et que les employés s'adaptent au rythme
de vie des gens qui vivent là-bas, mais il
faut que les gens soient heureux. Et là vous êtes en train de dire... et
M. Gagnon a dit : Oui, il y
en a un peu, de formation, mais il faudrait que la formation soit égale pour
tous, il faudrait qu'il y ait une valorisation. Comment le personnel
peut être heureux s'il n'est pas valorisé?
Et, ce matin, on parlait aussi de maltraitance,
entre guillemets. On ne dit pas que le personnel maltraite, mais il se peut
qu'il y ait de la négligence à l'occasion parce qu'il y a une méconnaissance.
Et moi, je veux vous entendre là-dessus
parce que vous jetez aujourd'hui un regard... Puis M. Gagnon, il
disait : C'est sûr, quand on vient, on porte un chapeau puis, des fois, on a une vision idyllique,
tu sais, on exprime ce qu'on ressent. Mais vous, vous représentez des préposés aux bénéficiaires, est-ce qu'ils sont...
Est-ce que vous avez été heureux, vous, M. Lemelin, quand vous avez fait
pendant 10 ans ce travail-là? Est-ce
que c'est possible de rendre les préposés heureux, au-delà du salaire et de la
formation? Le futur? Et parlez-nous
un peu de cette négligence qui peut s'installer s'il y a un manque de
formation. Et vous avez parlé aussi d'un manque d'organisation du rythme
de travail à l'intérieur des établissements.
Le Président (M. Bergman) :
Dr Gagnon.
• (15 h 30) •
M. Gagnon
(Daniel) : Vous savez, quand
on a lu votre document puis quand on a commencé à travailler dessus, moi, ma première réaction a été : On a une
heure pour échanger sur un sujet aussi important. Moi, ça m'aurait pris au
moins quatre, cinq, six heures pour
vous faire comprendre un tout petit peu la réalité vécue en CHSLD actuellement,
avec le regard qui s'en vient, parce
qu'on n'a pas... Même s'il y a eu des détériorations de situations, il y a eu
aussi du travail qui a été fait pour
essayer de l'améliorer, des fois par essais-erreurs, mais quand même. Et là on
a une heure pour faire ça, puis on
fait juste... on va juste encore effleurer le sujet, malheureusement. Si jamais
vous voulez en discuter plus à fond, on est disponibles pour passer des
heures... Je peux passer des semaines à vous en parler.
Oui,
effectivement, on peut avoir une forme de négligence qui peut s'apparenter à de
la maltraitance. Mais, dans la
plupart des cas, j'appellerais ça une négligence par ignorance. C'est une
négligence... Quand on ne connaît pas c'est quoi, la maladie d'Alzheimer, par exemple, les stades de la maladie
d'Alzheimer, l'intervention auprès des personnes,
l'intervention en état de
crise, comment vous voulez… on ne comprend même pas. Tout ce qu'on fait, on va
au plus vite puis on va au plus
pressant. Puis, des fois, le plus pressant, bien, ça ressemble… ça ressemble, à
de la maltraitance, mais ce n'est pas… C'est de l'urgence d'agir. On ne
peut même pas…
Par contre,
il y a des fois qu'il y a des accidents. Puis c'est pour ça que la fédération
propose la corporation professionnelle,
pour, et de un, avoir une formation de base obligatoire, une formation continue
obligatoire. Cet aspect-là d'ignorance…
Ce qu'on appelle, nous autres, le savoir est absolument nécessaire
et est presque… En tout cas, chez ceux qui ont 750 heures, il y en a un peu. Mais, chez ceux qui n'ont pas de
formation, il n'y en a pas pantoute. Après ça, il y a le
savoir-faire. Le savoir-faire, lui, il est donné généralement un petit peu à l'école, mais beaucoup dans le milieu de travail. Et puis il
y a le savoir-être. Parce que
savoir se comporter avec une personne, par
exemple, qui a un AVC, puis une
personne qui a une maladie d'Alzheimer, puis une personne qui a de la sclérose en plaques, ce n'est pas tout à fait la même chose.
Puis là, bien, je ne parle même pas… parce qu'il
faudrait en parler pendant encore des heures, des personnes psychiatrisées admises actuellement dans les lits de CHSLD, qui causent des problèmes inimaginables. On
les oblige… on oblige les installations
à admettre des personnes qui ont un lourd passé psychiatrique en CHSLD pour
deux raisons : il n'y a
pas assez de lits de psychiatrie longue durée ou encore ils ont 65 ans maintenant,
c'est des personnes âgées en perte
d'autonomie. Ça fait que comment vous voulez que ces pauvres intervenants,
qu'ils soient préposés, infirmières, ou
infirmières auxiliaires, ou physio, ou ergo, ou peu importe, sachent comment
agir quand on est dans un feu roulant d'action, avec des tâches qui
augmentent continuellement, avec, des fois, peu de considération?
Parce qu'il n'y a pas juste au niveau des préposés
qu'il y a un manque de considération. Vous savez, les infirmières, là, par rapport aux infirmières des milieux
d'hébergement, là, les infirmières des hôpitaux, pour eux autres, c'est du
second ordre. O.K.? Quand tu es une
infirmière puis tu dis que tu travailles dans un CHSLD à une infirmière
d'hôpital, puis surtout si elle
travaille en salle d'opération ou aux urgences, c'est que tu es en fin de
carrière, c'est que tu as eu des problèmes, c'est que… Vous savez, cette vision du réseau de la santé et services
sociaux du milieu de l'hébergement est horrible. Ce qui est important aujourd'hui, c'est de sauver des vies, c'est de
faire naître des enfants, c'est de soigner des cancers, mais s'occuper
de personnes en fin de vie avec des problématiques incurables, ce n'est pas
tellement valorisé.
Le Président (M. Bergman) :
M. Lemelin.
M. Lemelin
(Michel) : Je voudrais
ajouter à ce que M. Gagnon parle. J'ai eu une chirurgie avant les fêtes. La
chambre à côté… l'hôpital que j'étais, il y
avait une personne aînée, là. De ce que j'ai constaté, le personnel
hospitalier ne savait pas quoi faire avec
cette personne-là. Même qu'il y a du personnel que j'ai entendu de nuit qui
disait à des gens : Le monsieur, là, il veut mourir; qu'il se branche, qu'il meure ou qu'il
vive. Quand on entend une affaire comme ça, c'est un manque total de
respect envers les aînés. Et le pire, quand j'ai entendu ça, j'ai intervenu et
j'ai dit aux personnes concernées :
Vous ne voyez pas que cet homme-là a besoin d'aide. Et les gens m'ont
répondu : Écoutez, on est en soins de courte durée, on ne sait pas
quoi faire avec cet individu-là.
Donc, quand on parle
de CHSLD, c'est bien, mais, les hôpitaux, les gens devraient avoir des
formations de gérontologie aussi afin d'être
capables d'intervenir. J'ai des CHSLD, des infirmières qui m'en racontent, des
choses, qui me disent : M.
Lemelin, quand on transfère des patients à l'hôpital, c'est parce qu'on n'a pas
les instruments, on n'a pas l'équipement
afin de donner certains soins, c'est l'hôpital direct qui donne le soin grâce
aux équipements. Et, bien souvent, quand
on transfère un patient là-bas, qu'est-ce qui arrive? Il y a tout de suite un
téléphone de l'hôpital puis qui dit : Mais qu'est-ce que vous faites avec ce cas-là? C'est épouvantable! Pourquoi
vous m'avez envoyé ça ici? Mais là ils ont dit : Il a des examens, c'est important, et tout ça. Ah
bien, là, on va vous le renvoyer au plus sacrant parce qu'on ne sait pas
quoi faire avec. Et là c'est une méconnaissance. Tantôt on disait «ignorance»?
Et méconnaissance.
Pour
en ajouter à ce que M. Gagnon disait,
effectivement, du côté des infirmières, on sent que c'est très
boudé de la part des jeunes de venir
travailler avec des vieux. C'est comme ça qu'on nous l'interprète, «des vieux»;
pas «des aînés», pas «des personnes malades», «des vieux». Beaucoup de CHSLD
ont des difficultés à recruter des infirmières. Et ça, ça arrive aussi du côté des préposés parce que, quand les
préposés rentrent en soins de longue durée, voyant la tâche gigantesque qui les attend, la première option,
c'est l'hôpital. Dès qu'il y a un poste d'ouvert, ils disent : Si je peux
sacrer mon camp, ça va faire mon bonheur.
Donc,
c'est pour ça que je vous le dis, il y a un très grand malaise, parce que
l'alourdissement des clientèles fait en
sorte que les gens veulent s'alléger. Et, comme je vous dis, on est en train
présentement de constater un revirement. Avant, le privé, les gens du privé quittaient le privé pour aller vers
les CHSLD publics parce qu'ils disaient qu'il y avait des
meilleures conditions. Et aujourd'hui, c'est le contraire, les gens disent : J'aime
mieux quitter le CHSLD pour m'en aller
en ressource intermédiaire ou résidence pour personnes âgées parce que
c'est moins alourdi et, en même temps, bien, on n'a pas de cas à problèmes, dans
le sens qu'on disait tantôt, des cas psychiatrisés. Parce que de plus en plus
de cas psychiatrisés se retrouvent en soins
de longue durée, et je peux vous dire que ça amène un alourdissement
considérable. Même les infirmières
nous le disent, il y a des cas qui ne devraient pas être là. Il devrait
y avoir un CHSLD spécialisé pour ces cas-là et du personnel formé en ce
sens-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais : Moi, je vous la pose, la question, parce que
vous représentez les préposés, et, vous le savez, ça revient tout le temps dans les médias puis ça revient dans les questions aussi des gens qui
ont des responsabilités ministérielles : Comment ça se fait que les gens, au niveau de l'hygiène, ils ont seulement
un bain par semaine? Et ça, ça revient souvent. Ça revient. C'est peut-être
dans l'imaginaire collectif, mais on parle ici de traverser une opacité, on
parle de parler de comment ça se passe à l'intérieur. J'aimerais qu'en tant que préposé vous me parliez de cette situation.
Et est-ce la réalité ou non? Et, si c'est la réalité, qu'est-ce qu'on
doit faire pour changer ça si ce n'est pas acceptable?
Le Président (M.
Bergman) : M. Lemelin.
M. Lemelin
(Michel) : Effectivement, dans le réseau de la santé, comme vous
parlez, bon, les médias nous rapportent bien
des choses et ils rapportent bien des vérités. Quand j'étais préposé aux
bénéficiaires, à l'époque, nous, on
était capables, avec une organisation de travail impeccable, de donner à des patients
trois bains par semaine. Vous savez, une
affaire que je me suis toujours questionné, on recevait souvent des personnes âgées des hôpitaux généraux qui
revenaient avec des plaies grosses
comme des pamplemousses, des plaies fessières, et etc., qu'on voyait les
articulations osseuses, ligaments, et
etc., et que nous, les CHSLD, on les reprenait en charge, on les soignait, on
leur donnait des bains — ça, c'est primordial,
les bains, c'est ce qui est thérapeutique et, en même temps, c'est ce qui
soigne — on les
tournait aux deux heures et on les
changeait très, très, très souvent. Dès que la culotte incontinente était
pleine, on les changeait, et même
beaucoup plus que ça. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Comme je le disais
tantôt, on est rendu avec 10 patients.
On fait les coins ronds, c'est sûr, on ne peut pas donner la même qualité.
Et même que, bien souvent, le lavage, c'est en forme de croix, là, hein :
visage, en dessous des bras et, go!, organes génitaux, point à la ligne. Les
gens ne sont pas tournés non plus.
Vous
savez, on a mis un milieu de vie. Bravo pour ce que le ministère
a fait. Mais le problème du milieu de vie, c'est qu'on n'a pas été capables de le placer complètement avec tout ce qui va avec. J'ai même des directions générales que je me questionnais, puis ils utilisaient le
milieu de vie pour couper du personnel, parce qu'ils disaient :
Il faut respecter le patient, son
rythme, et tout ça, et, au lieu d'arriver puis de donner des soins, bien, ils
disaient, si le patient ne veut pas se faire
changer, tu ne le changes pas; si le patient ne veut pas son bain, tu ne lui
donnes pas; si le patient ne veut pas se lever, tu ne le lèves pas.
De
nuit, là, on a coupé du personnel en prétextant tout simplement que le milieu
de vie l'exigeait parce qu'on disait : Les gens veulent dormir. Rien que passer dans les couloirs, regarder
avec votre flashlight puis regarder si tout va bien. Imaginez le
lendemain matin, quand ceux de jour qui rentraient puis qui voyaient dégouliner
les urines à terre, ça dégoulinait, et tout
ça, et qui disaient : Bien, comment ça que vous ne les avez pas changés?
Ah, le milieu de vie l'exige, parce
qu'il faut laisser dormir les gens. J'ai travaillé de nuit, on n'avait pas le
milieu de vie à l'époque, et les gens étaient changés. Et, bien souvent, je vous dirais qu'ils ne s'en apercevaient
même pas qu'ils étaient changés. Et ces gens-là passaient une très bonne nuit et avaient des très bons
soins. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas parce qu'on utilise le milieu de vie de
n'importe quelle façon.
• (15 h 40) •
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée…
M. Lemelin
(Michel) : Donc…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne… M. le député de
Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Je vous
écoute, là, puis ça a l'air déprimant, votre affaire, là. Je ne sais pas, mais moi, j'ai travaillé dans des
CHSLD pendant quelques années, puis je travaillais justement dans la région
que les gens parlaient ce matin, et puis
moi, j'ai vu des beaux endroits, puis que les gens étaient contents, puis ils
travaillaient bien, il y avait eu de
la réorganisation du travail. C'est sûr qu'il y avait eu des contestations,
mais ils travaillaient en équipe puis étaient contents d'aller soigner
les patients. Puis moi, j'avais l'impression que les patients étaient soignés.
Mais il y a 37 000 patients dans des
CHSLD, je ne pense pas que, les 37 000 patients dans les CHSLD, c'est
comme vous dites, là. Moi, en tout
cas, ce n'est pas ce que j'ai vu. Puis, en passant, j'en ai visité, des CHSLD
dans toutes les régions du Québec, j'en
ai fait. Et, c'est sûr, je ne dis pas que c'est toujours parfait, mais la
plupart des endroits, c'est quand même très satisfaisant.
On
en a tous des gens dans nos familles qui sont dans des CHSLD. C'est des
conditions difficiles, Puis c'est des gens
qui sont, comme de fait, avec une grande perte d'autonomie. Mais la plupart des
préposés, là, il me semble qu'ils sont assez
satisfaits du travail qu'ils font. C'est juste parce que je vous mets en
perspective, là. On peut-u… On est-u d'accord qu'à 37 000 patients, là, on lance le message aux Québécois,
là : Il n'y a rien de bon, là, ce n'est pas vrai, là? C'est-u vrai,
ce que je viens de dire là? À un moment donné.
Le Président (M.
Bergman) : Dr Gagnon.
M. Gagnon (Daniel) : Oui, vous avez absolument raison, ce n'est pas noir, là, mur à mur. Par
contre, ce qu'on peut constater, par contre, c'est qu'il y a une
diminution des services, ça, c'est clair, une diminution qui est continue, graduelle, des services. Mais, non, ce n'est pas
noir puis ce n'est pas tous les CHSLD. Puis, je l'ai dit tout à l'heure, il y a
des CHSLD que ça va relativement bien, il y
a des CHSLD qui ont plus de difficultés, puis il y en a d'autres qui ont pas
mal de difficultés. Mais ce qui est
sûr, c'est qu'il y a une intensification de la détérioration de la qualité de
vie dans les CHSLD.
Michel
parlait tantôt de l'approche milieu de vie, et effectivement l'approche milieu
de vie a été interprétée de mille et une façons. Pourquoi? Parce que,
quand on a élaboré l'approche milieu de vie, il devait y avoir un comment, une implantation de l'approche milieu de vie qui
n'a jamais eu lieu. C'est comme si on avait fabriqué une automobile avec une transmission automatique puis qu'on
n'avait jamais expliqué au mécanicien comment on réparait une transmission automatique. Bien, c'est ça
qui s'est passé un petit peu. Donc, tout le monde a dit à son… pour
régler : Ah bien, c'est l'approche milieu de vie, puis maintenant… Mais
ça, c'étaient des interprétations, parce que personne n'avait une idée réelle, sauf ce qui était écrit dans le papier. Puis
vous savez qu'un texte peut être interprété de mille et une façons.
C'est un petit peu ce qui s'est passé.
Et
avec les… je ne dirais pas les coupures, parce que ce n'est pas nécessairement
des coupures, parce que le budget des
CHSLD a augmenté un peu, mais l'alourdissement a tellement augmenté qu'à un
moment donné il y a eu des choix à faire, puis, dans ces choix-là, il y en a
des moins pertinents, il y en a des mois bons que d'autres. Mais, non, c'est
vrai qu'il ne faut pas mettre ça
noir, là, d'un bout à l'autre. Mais, par contre, par contre, ce qu'on nous
rapporte souvent, ce n'est pas non
plus de la fiction puis de l'invention, là, ce qui se passe. Puis nous autres,
on a ce que les gens aussi nous rapportent
en milieu de travail, là. Puis ce qu'ils nous rapportent, là, je peux vous le
dire, là, c'est une détérioration de la condition des services.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Moi, je ne dois pas être
déconnecté, j'ai fait 26 ans de réseau de la santé, là. J'en ai géré, des CHSLD, j'ai travaillé dans les urgences
puis j'ai fait des nuits puis des fins de semaine. Ça fait que, là, vous
parlez à quelqu'un, là, qui fréquentait ce
monde-là. Ce n'est pas vrai, ça, que c'est si pire que ça. Je pense qu'il y a
des améliorations à apporter, ça, je
suis… Puis je suis content que vous reconnaissiez qu'il y a quand même des
belles choses.
L'autre affaire,
c'est qu'on parle d'alourdissement des clientèles comme si c'était une
catastrophe. C'est une bonne nouvelle. On
avait des patients qui pouvaient demeurer à domicile, qu'on menait en CHSLD, puis ils vivaient là cinq
ans puis sept ans. Ce qu'on fait comme transformation de réseau, puis on a toujours
été d'accord, tant la partie gouvernementale que les oppositions, que ces gens-là,
quand on peut les garder à domicile, on les garde à domicile. Mais ce qu'on veut, c'est que les gens, à la fin de
leur vie, lorsqu'ils ne sont plus capables de demeurer à domicile,
avec tous les efforts qu'on met, bien, qu'on puisse les ramener dans un
milieu qui est un milieu sain, qui est un milieu de CHSLD.
L'alourdissement,
je suis d'accord, il va y en avoir, puis il va y en avoir encore
plus. Sauf qu'à un moment donné
il y a une limite. Une fois qu'on a fait des évaluations, ça va être des
patients très malades qui vont être remplacés par des patients très malades. Puis, quand vous
regardez, c'est triste, mais c'est à
peu près 35 % à 37 % des gens qui décèdent
dans nos CHSLD par année tout simplement parce qu'ils sont en fin de vie. Puis
on avait une donnée du Saguenay—Lac-Saint-Jean
ce matin, là, que la durée moyenne de séjour dans un CHSLD, c'est environ entre
2 et 2,5 années.
Ce
qu'on veut, puis je pense qu'on va se rejoindre sur ce point-là, c'est que,
s'il y a un alourdissement de la clientèle, il y ait également une
intensification des ressources pour s'occuper de ces gens-là. Mais il va
falloir en accepter... Un principe très sain
dans notre réseau de la santé, c'est que les gens qui arrivent en CHSLD, bien,
ils sont des gens qui sont très
malades et qui nécessitent beaucoup de soins. Et les CHSLD n'iront pas avec un
peu... avec de l'allègement, ils vont aller avec un niveau d'intensité
assez important.
Le
Président (M. Bergman) : En conclusion, s'il vous plaît...
Malheureusement, le temps s'est écoulé. Maintenant, pour le bloc du
deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci,
M. le Président. Merci de votre présence. Merci de votre franchise aussi. Je
pense qu'il y a des gens qui sont surpris de
vos propos aujourd'hui, puis j'aimerais les clarifier un peu davantage. Ce que
vous avez dit tout à l'heure, c'est que l'approche milieu de vie, dans
le fond, a été interprétée, dans différentes régions, de différentes façons. Il
n'y a pas eu une directive, il n'y a pas eu de clarification quant à la
définition, mais ce que ça allait... ce que
ça allait être, un milieu de vie. Et, entre autres, on s'entend que les gens
qui sont au quotidien avec nos aînés, dans
les CHSLD, auraient dû être au moins informés et formés sur ce que c'était, une
approche milieu de vie. Alors, ce que
je comprends, c'est qu'on vous a dit : Dorénavant, il y aura une pratique
qui va s'appeler milieu de vie, mais on ne vous a pas expliqué ce que ça impliquait puis on ne vous a pas... Du
jour au lendemain, vous, qu'est-ce que ça a changé dans votre quotidien?
J'espère que vous n'allez pas me dire que c'est juste des coupures parce que...
Le Président (M. Bergman) :
M. Lemelin.
M. Lemelin (Michel) : J'en suis un
cas typique. Au tout début de 2000, quand le milieu de vie, on nous l'a présenté, je vais vous dire, j'ai été le premier à
être enthousiaste, de dire : Enfin, on va avoir du temps avec les
patients, on va donner vraiment de la
qualité avec les patients. Puis j'ai été un des premiers qui s'est impliqué dans
le comité, avec les patrons et
d'autres intervenants de la santé. Malheureusement, ce qui a été écrit sur le
bout de papier et ce qu'après ça on
nous a dit... on nous a dit : O.K., il y a des beaux principes, mais
malheureusement on n'a pas les budgets pour faire suivre ça. Donc,
résultat, le milieu de vie, on va essayer d'amener ça d'une façon le plus
simple possible, donc le vouvoiement, certaines règles de comportement et
aussi, bon, l'approche au point de vue relationnel.
Donc, c'est
dommage parce que, quand on nous a amené le milieu de vie, normalement on
aurait été supposés de l'intégrer et
de pouvoir... d'aller de l'avant, et je vous dirais que ça a pris six ans avant
qu'on revienne là-dessus, dans notre
établissement. Parce qu'on posait la question : Bon, le milieu de vie
avance, la prochaine réunion va être quand? Ah, ça va être reporté, on attend, on attend, on attend. Donc, résultat,
on a eu un demi-milieu de vie, on peut le dire. Et je pense que le milieu de vie en tant que tel, c'est
nous, les préposés, qui l'avons établi nous-mêmes au fil du temps, par le
respect, par des soins de qualité, et etc.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
• (15 h 50) •
Mme
Daneault :
Vous n'avez pas eu de formation quant à des nouvelles approches, là, de type
prothétique, où un patient agité, on
le ramène, on l'isole un peu, on lui parle de son enfance, on calme l'anxiété?
On ne vous a jamais formés à ce que c'était, une approche milieu de vie?
M. Lemelin (Michel) : Non.
Mme
Daneault :
Pouvez-vous m'expliquer pourquoi? Puis, quand vous dites un demi-milieu de vie,
six ans plus tard, on a fait… Qu'est-ce qui s'est passé six ans plus
tard?
Le Président (M. Bergman) :
Dr Gagnon.
M. Gagnon
(Daniel) : Écoutez, c'est un
bel exemple de transmission de savoir. O.K.? Le document explique très bien c'est quoi, un milieu de vie, mais le
savoir-faire et le savoir-être qui devaient être transmis — parce que c'était prévu comme ça — ne
l'ont pas été. Et c'est pour ça qu'il
y en a qui ont investi pour amener quelqu'un
chez eux, pour leur montrer comment
appliquer l'approche milieu de vie. Puis ce n'est pas toutes les installations
qui ont pu se le payer, mais il y en
a qui l'on fait.
J'entendais,
tantôt, il y a des gens qui parlaient de Saint-Jean-Eudes. Moi,
je vais vous parler de Saint Brigid's Home. Il y a une unité prothétique
fermée. Allez faire un tour là puis vous allez voir c'est quoi, un milieu de
vie qui ressemble à une maison. C'est
aussi simple que ça puis ce n'est même pas plus compliqué que ça. Allez faire un tour,
vous allez voir c'est quoi, un milieu
de vie. C'est sûr que c'est une unité prothétique fermée, mais on l'a appliqué
à 100 % avec des clientèles qui
ont des déficits cognitifs sévères et puis qui avaient des problèmes de
comportement. C'étaient les critères, là, pour être… ce sont encore les critères pour être admis à l'unité prothétique
fermée. Mais, si on avait pu le faire à la grandeur du Québec, bien là
on ne serait pas dans cette situation-là. Il y aurait eu moins
d'interprétations.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx, il vous reste une minute.
Mme
Daneault : Merci. Donc, ce qu'on comprend, c'est que c'est
un beau principe, puis on est tous d'accord
avec ça, puis je pense que c'est appliqué
partout ailleurs, sauf qu'il
n'y a pas eu de suivi pour voir si
c'était appliqué dans les différents milieux. Chaque milieu faisait ce
qu'il faisait… il faisait ce qu'il voulait ou il y avait un suivi de…
M. Gagnon (Daniel) : Il faut dire
que…
Le Président (M. Bergman) : …
M.
Gagnon (Daniel) : Excusez, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Dr Gagnon.
M. Gagnon (Daniel) : Il faut dire… Bien, ça, c'est le temps qu'on n'a pas beaucoup,
hein? Il faut dire que les visites d'appréciation des visites en CHSLD… les visites d'appréciation
en CHSLD sont basées sur l'approche milieu de vie. Donc, oui, il y a eu un suivi, mais ça, c'est un suivi évaluatif. Vous répondez, ou vous ne répondez pas,
ou vous ne répondez pas assez, ou vous répondez moins. Il y a eu,
d'ailleurs, des gens qui ont sorti des scandales de ça. Mais il n'y a pas eu le fait de dire : O.K., vous
ne répondez pas tellement bien, et on va vous montrer comment bien répondre.
Ça, ce bout-là, il manque.
Et
puis ce n'est pas juste un principe, l'approche milieu de vie, par exemple,
c'est un... Puis on le dit dans notre document,
puis j'aimerais que vous lisiez le document de fond en comble plusieurs fois
pour comprendre exactement dans les détails. C'est une obligation,
l'approche milieu de vie. Puis ce n'est pas juste quelque chose d'architectural
puis d'organisationnel, c'est un savoir-faire et un savoir-être profond.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est
écoulé. M. Lemelin, Dr Gagnon, merci d'être ici, avec nous
aujourd'hui, de partager votre expertise avec nous.
Je
demande aux gens de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
pour prendre leur place à la table.
Et je suspends pour
quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à
15 h 53)
(Reprise à 15 h 56)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, on
reçoit la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.
Bienvenue.
Pour les fins d'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter.
Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Par la suite, il y aura un échange avec les
membres de la commission. Alors, Mme Laurent, bienvenue. C'est
toujours un plaisir. Le micro, c'est à vous.
Fédération interprofessionnelle
de la santé du Québec (FIQ)
Mme Laurent (Régine) : Merci. Merci, M. le Président. Bonjour.
Bonjour, Mmes, MM. les députés. On
est en début d'année, alors on peut se souhaiter encore une très bonne
année. Pour vous, ça a bien commencé.
Alors,
m'accompagnent Julie Martin, conseillère syndicale au secteur Tâches et
organisation du travail, Mme Michèle Boisclair, que vous connaissez, première
vice-présidente à la fédération; à la gauche de Michèle, Brigitte Doyon, qui est conseillère syndicale au
secteur sociopolitique. Alors, merci de nous entendre. Et, pour participer
à cette consultation, on a pris soin de
rencontrer… et c'est l'équipe de Mme Boisclair qui a fait cette consultation
auprès de plusieurs de nos militantes et membres qui travaillent dans
les CHSLD pour être vraiment d'actualité.
Alors,
je vais commencer par l'accessibilité. C'est un constat qui est incontournable.
L'offre actuelle de lits en CHSLD n'arrive pas à combler la demande. Les
chiffres parlent d'eux-mêmes. C'est une situation qui, pour nous, est
inacceptable parce que ça nie à des citoyennes et à des citoyens en situation
de vulnérabilité l'accès à des soins et des services
de qualité. On est d'avis, à la fédération, qu'un CHSLD est et doit demeurer un
milieu de soins mais un milieu de
soins humain. En ce sens, il est indéniable que le réseau actuel de CHSLD, que
ce soient les établissements publics, privés
conventionnés, doit être maintenu, et on demande à ce que les coupures de lits,
les fermetures de lits soient cessées immédiatement.
Il y a toujours de nos concitoyens et concitoyennes qui auront besoin de soins
aigus qui, dans certaines situations, ne peuvent être prodigués
efficacement qu'en milieu institutionnel.
Parallèlement,
la fédération estime que c'est dans la recherche de modèles audacieux et
novateurs d'hébergement que réside
une bonne partie de la solution. Notre organisation croit fermement en la nécessité
de développer un réseau de maisons
pour aînés dans le secteur privé à but non lucratif, par exemple, des maisons
et des milieux d'hébergement à l'échelle
humaine — on vous
en a déjà parlé — où les
personnes qui y demeurent pourront décider collectivement des services qu'elles veulent recevoir en fonction de
leur réalité propre ou de leur état de santé. C'est également un lieu dans
lequel les professionnels en soins pourront
être davantage impliqués et jouir d'une autonomie qui leur permettra d'utiliser
leurs capacités.
Quant au financement,
le coût d'une place d'hébergement varie substantiellement selon qu'il s'agisse
d'une place dans le secteur public, dans un
établissement privé conventionné ou encore, ce qui est à la mode, les achats de
places au secteur privé. Il a été
démontré que le choix de la formule PPP est loin d'être avantageuse pour les
contribuables et les finances publiques. D'ailleurs, une étude de la
firme indépendante MCE Conseils révélait, en 2011, que le CHSLD Saint-Lambert sur le golf, réalisé en mode PPP,
aurait coûté 60 millions au minimum de plus que s'il avait été réalisé
dans le mode traditionnel. Alors, pour nous, à la fédération, c'est
clair que le mode PPP, en aucun cas, ne peut encore être considéré comme une option, que ce soit dans les
services publics en général, dans le secteur de la santé et, dans ce cas-ci
en particulier, dans l'hébergement de nos personnes âgées.
• (16 heures) •
Selon nous, le mode de financement des
CHSLD doit être l'impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises,
modulé de manière progressive, parce que
c'est ça qui est garant des valeurs de justice sociale par sa fonction
redistributive. La FIQ a la ferme
conviction que les choix en matière de financement des services publics
dépendent d'abord et avant tout des valeurs prônées par le gouvernement
et de sa volonté politique à les mettre en oeuvre.
Quant à l'approche
milieu de vie, les militantes consultées par la fédération sont unanimes sur le
fait que les orientations ministérielles visant la mise en place d'une
approche milieu de vie ne sont pas réellement appliquées dans les CHSLD. Pour nous, c'est un leurre dans beaucoup
trop d'endroits. Pour elles, il est clair que les CHSLD constituent avant tout des milieux de soins qu'il importe
d'humaniser. La charge de travail des professionnelles en soins fait en sorte
qu'il est souvent irréaliste de jouer
pleinement le rôle qui est exigé d'elles. Ça fait en sorte que, à cause des
contraintes, elles sont concentrées davantage
sur les soins physiques et obligées de relayer au second plan l'aspect
psychologique de la relation thérapeutique ainsi que l'aspect social
visant l'implication des proches aidants ou des familles.
Pour
la fédération, il est nécessaire que les professionnelles en soins puissent
bénéficier d'une certaine latitude professionnelle
afin de leur permettre d'exercer les différentes facettes de leur pratique, ce
qui va d'ailleurs dans le sens des modalités d'application identifiées par le ministère.
Il est donc nécessaire pour nous d'adapter la charge de travail
en conséquence et de se doter de ratios professionnel-patients adéquats.
Dans les faits, la
mise en place de l'approche milieu de vie se limite principalement à la
personnalisation des chambres, mais bien
souvent leur vétusté ou leur caractère exigu limite considérablement les
aménagements possibles. Certains établissements ont instauré une flexibilité dans les heures de lever et de coucher
ainsi que l'heure ou le choix des repas.
Par contre, les membres nous ont dit que trop souvent
certaines personnes qui sont moins lucides ou qui n'ont pas de famille sont levées très tôt, couchées très
tôt, à partir de 17 heures, parce
qu'il y a un manque d'effectifs. Pour
nous, on est bien loin d'un milieu de vie.
Aussi,
la volonté du ministre exprimée à l'automne dernier à l'effet de
remplacer les infirmières par des préposées aux bénéficiaires est difficile à comprendre dans un contexte où un
nombre grandissant d'études viennent démontrer le lien direct entre la qualité des soins offerts et le
nombre d'infirmières présentes dans les milieux. De plus, un grand nombre
d'infirmières auxiliaires présentes pour
soutenir les infirmières a pour effet direct une diminution des erreurs graves
dans la prestation des soins. Ces
études démontrent également une diminution des hospitalisations chez les
personnes hébergées lorsqu'il y a un
nombre suffisant de professionnelles en soins en place. Malheureusement, la substitution du personnel infirmier
se met peu à peu en place dans les établissements. Il n'est maintenant plus rare de
constater l'absence d'infirmières les soirs, les fins de semaine, ainsi
que la présence grandissante de préposés aux bénéficiaires jouant un rôle dans
la dispensation de soins.
Pour
la fédération, la présence des professionnelles en soins en nombre
suffisant est un élément primordial.
De nombreux autres aspects de l'organisation du travail doivent
également être pris en considération afin d'assurer une dispensation de soins et de services de qualité. Les professionnelles en
soins doivent pouvoir exercer pleinement leur champ d'exercice professionnel et, en ce sens, il
demeure aberrant pour la fédération que, dans certains milieux, des infirmières
donnent encore des bains, que, dans certains
milieux, des infirmières auxiliaires comptent des couches ou préparent les
toasts. Ces professionnelles doivent être utilisées à leur plein potentiel.
La dispensation des
services et de soins de qualité implique également une stabilité des équipes de
soins ainsi qu'une planification adéquate de
la main-d'oeuvre. Il s'agit là d'un levier qui est important et qui
favoriserait l'attraction et la
rétention du personnel dans les CHSLD, ce qui constitue un défi constant pour
ces milieux. Malheureusement, on constate
encore que la main-d'oeuvre indépendante est trop présente dans les CHSLD,
situation qui a un effet direct sur la
qualité des services, sur la relation thérapeutique qui se développe avec le
patient ainsi que sur la charge de travail des professionnelles salariés de l'établissement. Pour nous, il est
essentiel de valoriser davantage le travail des professionnelles en
soins qui oeuvrent en CHSLD et ainsi de rendre ces milieux aussi plus
attractifs.
Quant
à la formation du personnel, la fédération considère que la principale
problématique se situe au niveau de la variabilité
de l'offre de formation en cours d'emploi présente dans les CHSLD du Québec.
C'est un élément qui nous a été souligné
à maintes reprises lors de la consultation avec nos membres. Certaines
professionnelles bénéficient d'une vaste offre de formation, alors que d'autres doivent se contenter d'une
formation minimale ou encore mal adaptée à leurs besoins.
Pour
nous, il est essentiel que l'ensemble des membres de l'équipe de soins puissent
avoir accès à une vaste offre de
formation qui tienne compte des besoins, de la diversité de la clientèle et de la nécessité d'humaniser davantage
les services en CHSLD.
En
terminant, nous souhaitons qu'enfin un gouvernement passe de la parole aux actes, c'est-à-dire humaniser les soins aux personnes âgées, c'est-à-dire prendre soin des soignantes. Et nous suggérons
bien humblement au ministère de la Santé et au gouvernement de sortir du catéchisme néolibéral au profit
d'une laïcité reconnaissant l'apport inestimable des personnes
âgées à la société québécoise. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Bergman) : Merci pour votre présentation. Et maintenant, pour le côté
ministériel, Mme la députée de
Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Laurent. Bonjour, mesdames qui
l'accompagnez. Écoutez, Mme Laurent, j'ai plein de questions
à vous poser, mais vous avez souligné quelque
chose qui me… et que je voudrais
clarifier avec vous en termes de… Vous avez mentionné, là, le nombre de lits insuffisant en CHSLD. Ce
matin, on a reçu l'agence de santé de Montréal, justement, avec qui on a
eu des échanges sur cet aspect-là et qui nous ont parlé de transformation, c'est-à-dire de moins de lits en CHSLD, plus de lits en ressources
intermédiaires. Et on a, juste avant vous, les préposés aux bénéficiaires qui nous ont justement
parlé de l'impact de ça, en fait, qui est l'alourdissement de la clientèle
maintenant dans les CHSLD.
Et moi, j'ai un tableau sous les yeux
qui démontre l'évolution du nombre de places en CHSLD et en ressources
intermédiaires, là — c'est
les deux données que j'ai — entre
2008 et 2013, et, en fait, on se retrouve au total avec moins de lits en CHSLD mais plus de lits en ressources
intermédiaires, pour un total… un montant additionnel de ressources d'hébergement
pour les personnes âgées. Alors, quand vous parlez du manque de lits, est-ce
que vous comptabilisez l'augmentation du nombre de places en ressources
intermédiaires dans votre calcul?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Merci. Effectivement, ce qu'il faut voir, c'est… Il manque, quant à
nous, des lits en CHSLD. Il y a toujours
une liste d'attente et il y aura
toujours des gens qui auront besoin, à cause de leur état de santé, de lits en CHSLD. Et on voit un glissement et un
alourdissement dans les ressources intermédiaires, ce qu'on ne souhaite
pas parce que ce n'est pas la structure qui est correcte pour les accueillir et
en prendre soin.
Il
faut regarder aussi… Parce qu'on peut faire dire aux chiffres beaucoup de
choses. Quand on a changé le nombre d'heures
pour être admissible en CHSLD, il y a toute une logique comptable qui a été
faite pour dire, par région, il manque tant
de lits là ou bien il y en a trop à tel endroit. Cependant, ce que nous, on
constate, et les chiffres le disent aussi, le nombre de personnes âgées en attente pour entrer dans un
CHSLD, même à Montréal, même ce que dit l'agence, il y a du monde sur la liste d'attente, et ces gens-là ne pourront
pas tous aller en ressources intermédiaires. La preuve, c'est qu'ils doivent,
pour aller en CHSLD, avoir le profil
ISO-SMAF en conséquence. Donc, pour nous, il manque toujours des lits, et ce
qu'on dit : La population va
continuer de vieillir, donc on ne peut pas continuer de fermer des lits en
CHSLD en pensant que, par magie, tout ce monde-là pourront aller en
ressources intermédiaires.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Oui. J'entends ce que vous dites, mais, en même temps,
on a le rapport du Vérificateur général qui nous dit qu'il y a un
certain pourcentage de gens en CHSLD qui n'avaient pas nécessairement le profil
pour se retrouver là et qui auraient pu se
retrouver dans un autre type d'hébergement ou même maintenus à domicile avec
les soins requis. Mais est-ce que
vous ne pensez pas que… Et, mon collègue le soulevait tantôt, je pense que ça
fait unanimité de dire qu'on doit
tendre à maintenir les gens le plus longtemps possible chez eux ou alors en
ressources intermédiaires et que
c'est vraiment à la fin du continuum de soins, lorsque vraiment leur état ne
peut pas être… on ne peut pas en prendre soin autrement qu'on arrive en CHSLD. Oui, ça peut vouloir… ça devra
nécessairement aller de pair avec le fait qu'on a un alourdissement de la clientèle, mais, en même temps, en termes de
nombre de lits, il me semble que, si on en garde plus et plus longtemps à la maison et s'ils se retrouvent moins
rapidement en CHSLD, il y aura une répartition autre qui fera en sorte
qu'on aura besoin de moins de lits ultimement en CHSLD.
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
• (16 h 10) •
Mme Laurent (Régine) : En partie, je suis d'accord avec vous. Et,
nous-mêmes, comme organisation syndicale, on a proposé à plusieurs reprises et on a dit que nous travaillons
effectivement sur un modèle de petites maisons pour les personnes âgées qui n'ont pas besoin d'aller en
CHSLD. Et, pour nous, on allait plus loin, on disait : Ce n'est pas en
termes d'heures-soins, on veut que
les gens qui vont dans ces maisons-là aient une autonomie, décident beaucoup
pour leur vie et que, s'ils veulent même aller jusqu'à mourir dans ces
petites maisons, il faut s'organiser pour ne pas déplacer les personnes âgées
deux puis trois fois. Donc, ça, je suis d'accord avec vous en partie.
C'est
vrai que, tout le monde, idéalement on voudrait au maximum qu'ils soient
à la maison, et ça, on a revendiqué à plusieurs reprises qu'il y ait beaucoup
plus en termes budgétaires pour
permettre de réels soins à domicile et de ne pas tout mettre sur le dos des aidantes naturelles. Ça, je suis d'accord
avec vous, on voudrait bien, tout le monde, rester à la maison.
Maintenant,
par rapport aux lits en CHSLD, il n'y en a pas de trop, quant à nous, parce que
les établissements achètent même des
lits de CHSLD privés. Alors, ce qu'on dit : D'accord, si on veut sortir
les gens qui n'ont pas d'affaire en
CHSLD et de les mettre dans une petite ressource où ils sont bien, ils sont
comme chez eux, on est d'accord avec ça, mais ne fermez pas puisque les
établissements achètent des lits beaucoup plus chers dans des endroits privés.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Oui. Ma compréhension, c'est que ce n'est pas
tellement une fermeture comme une transformation de ressources disponibles, des lits disponibles, en fonction des profils
peut-être, avec une évaluation un peu plus serrée ou une évaluation du
profil faite un peu plus souvent.
Juste
avant vous, là, on a entendu les représentants des préposés aux bénéficiaires.
Et là, moi, j'aimerais bien vous entendre
sur un petit peu votre vision et votre perception de l'organisation du travail
dans le milieu des CHSLD et de tout ce
concept dont on nous a beaucoup parlé aujourd'hui, de milieu de vie. Alors,
vous avez mentionné que les CHSLD sont, pour vous, un milieu de soins, mais qui doit être humain. Mais qu'est-ce
que vous pensez de ce concept de milieu de vie?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : Merci, M.
le Président. Au départ, on était d'accord, on trouvait que c'était merveilleux,
on trouvait que c'était plein de bon sens.
On s'est même dit : Bien, pourquoi faire tout ça? Normalement, ça devrait
être ça. Et on a
été d'accord, on a dit : Parfait. C'est ça, la nouvelle affaire? On marche
là-dedans. Parce qu'on se disait : Effectivement, c'est dans le respect des personnes âgées, dans le
respect de leurs besoins, de leurs habitudes de vie, etc. Sauf qu'aujourd'hui, avec le recul, on est obligés
de se dire que ça a été un leurre. Ça a été un leurre parce qu'il n'y a à peu
près pas d'endroit vraiment où on applique le milieu de vie réellement.
Il y a des
endroits où on nous dit «milieu de vie», mais c'est parce qu'il y a la
photo de madame au bout de la porte. Ce
n'est pas ça. On nous dit : C'est un milieu parce qu'elle peut amener, je
ne sais pas, moi, une petite bibliothèque qu'elle avait chez elle. Ce n'est pas ça, un milieu de
vie. Un milieu de vie, pour nous, ce n'est pas juste de dire : Elle a le
choix de son repas parmi trois menus. Ce n'est pas ça, pour nous, un
milieu de vie.
Et, en plus,
c'est que, sous le couvert du milieu de vie — et c'est ça que nos militants nous ont
réitéré encore — sous
le couvert de milieu de vie, on a fait des
coupures. Alors, ce n'est plus un milieu de soins, ce milieu de vie. Et là on
dit : C'est un non-sens parce
que, pour entrer dans ces milieux de CHSLD, ça prend au moins trois
heures-soins. Trois heures-soins, c'est
quelque chose. Et, une fois rentré, on nous dit : Non, non, non, c'est
terminé, vous n'êtes plus dans un milieu de soins, c'est un milieu de vie. Mais ce n'est pas vrai
parce qu'il y a de plus en plus de soins — et je parle de soins physiques — qui sont dispensés dans les CHSLD.
Donc, il faut qu'on arrête de dire ça.
Disons qu'on
va parler d'un milieu de vie quand on fera autre chose. Comme il y a des
petites maisons à Montmagny-l'Islet, c'est un milieu de vie. Mais ce
n'est pas le cas à la grandeur de la province, malheureusement. C'est un milieu de soins. Et moi, je vais plus
loin, je dis qu'en ce moment dans les CHSLD, je compare ça, je dis que ce
sont les soins critiques pour personnes âgées.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Boisclair.
Mme Boisclair (Michèle) : J'aimerais
rajouter… Pour prendre un exemple qui a été cité tout à l'heure, des patients qui ont des problèmes de psychiatrie, de
santé mentale sévères et qui sont en CHSLD, ces mêmes patients là seraient
aujourd'hui dans un hôpital psychiatrique,
il y aurait une infirmière pour cinq patients — vous parliez de l'organisation du travail — on les emmène en CHSLD, et, ce qu'on nous a
dit, il y a une infirmière pour 50 patients. Alors, comment voulez-vous
arriver à répondre à un besoin de milieu de
vie quand on est avec des patients qui ont des demandes énormes, qui ont
souvent des périodes d'agressivité et
qu'on n'a pas le nombre de ratio patients-professionnel ou préposé nécessaire
pour répondre à ces besoins-là?
On nous a dit
aussi — quand
Régine vous disait tout à l'heure : On couche des patients à 5 heures.
Bien, le choix est fait en fonction
de : Est-ce qu'ils sont capables d'avoir des gens de la famille présents,
ou, si ces gens-là n'ont presque pas
personne, donc je n'ai pas le choix, je vais commencer par ceux et celles qui
ont un petit peu moins connaissance de la journée, je les lève de bonne heure, je les mets de bonne heure… quand,
en réalité, un milieu de vie devrait répondre à leurs besoins. Et, un besoin, si elle était chez elle, peut-être qu'elle
se lèverait rien qu'à 9 heures puis peut-être qu'elle mangerait son petit déjeuner rien qu'à
9 h 45 et non pas tout le monde… Parce qu'on nous a dit : On
amène les chaudrons puis on leur
dit : Dites-nous combien vous en voulez. Je regrette, ce n'est pas ça, un
milieu de vie. C'est vraiment d'être en
mesure de répondre aux besoins, mais, pour répondre aux besoins, on nous a
dit : On n'est pas suffisamment, en nombre, de professionnels et de
non-professionnels pour le faire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Donc, si je comprends bien ce que vous dites, la problématique est liée en
termes de nombre de ressources plus qu'en termes d'organisation du
travail et d'organisation des ressources.
Mme Laurent (Régine) : Les deux.
Mme Proulx : Les deux?
Mme Boisclair (Michèle) : Les deux.
Mme Proulx : Et actuellement
est-ce que vous sentez que vous avez la flexibilité… Notamment, il y a des conventions collectives. Est-ce qu'il y a la
flexibilité qu'il faut pour aller vers cette orientation de milieu de vie mais
selon votre compréhension de ce que devrait être un milieu de vie?
Est-ce que c'est possible…
Le Président (M. Bergman) : Mme
Boisclair…
Mme Proulx : …ou ce n'est pas
possible, finalement?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : De notre
côté, nous avons tous les outils pour le faire. Ça fait des années qu'on essaie
de travailler… On a construit des outils.
Entre autres, il y a des outils qui sont pris à travers le Canada, faits par la
fédération, pour effectivement
travailler sur l'organisation du travail. Malheureusement, on n'a pas beaucoup
de vis-à-vis qui veulent travailler
sur l'organisation du travail sérieusement. La réponse qui nous est faite
souvent, c'est : On n'a pas de budget. Et ça, on l'avait un peu pressenti lors de la création des CSSS. La peur
qu'on avait, c'était que l'hôpital draine tout le budget. Et malheureusement on
constate… Puis là, aujourd'hui, on parle des CHSLD, mais on pourrait faire
certains constats qui concernent les CLSC en termes de budgets aussi.
Donc, on nous dit : Il n'y a pas de budget.
On
nous dit aussi : Vous avez raison… Parce que, parfois, on essaie quand
même de faire des suggestions aux chefs
d'unité. On leur dit : Ça ne se peut pas que vous laissiez une infirmière
pour faire trois étages, 132 patients. Ça ne tient pas debout. Et on
nous dit : Vous avez raison, mais je n'ai pas de budget. Et on nous
dit : Allez-y, au conseil d'administration,
faire des représentations; ce que parfois on fait, mais ça ne vient pas faire
en sorte qu'on a une table où les
parties sont là pour regarder comment est-ce qu'on peut faire par rapport à
l'organisation du travail. Ou on nous dit : On peut bien le
regarder, mais, on vous le dit, ne nous demandez pas un sou.
Parfois,
on a demandé… En bout de ligne, on a fait l'exercice quand même, de notre côté,
tous seuls, et on a dit : C'est
peut-être une réceptionniste qu'on aurait besoin à certains moments, c'est
peut-être un préposé de plus… Parce que, je vous le disais, ce n'est pas normal que des infirmières donnent des
bains. Je trouve que ce n'est pas utiliser vraiment leur plein potentiel. Donc, on a dit : Peut-être
que ça prendrait un préposé de plus. On a dit : On n'a pas d'argent.
Alors, ça, c'est un problème majeur.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme
Proulx : Et vous, qu'est-ce que vous préconisez? Comment vous
voyez la solution possible? Mais, compte tenu du fait qu'on doit considérer qu'il y a des ressources limitées
quand même, que l'argent est limité, ça serait quoi, l'avenue, là, qu'on
pourrait explorer? Qu'est-ce que vous préconisez?
Mme Laurent
(Régine) : Alors, vous avez raison…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
Mme Laurent
(Régine) : Merci. On vous a mis, à la dernière page, où on pourrait
aller chercher de l'argent.
Des voix :
…
Mme
Laurent (Régine) : Alors, ce n'est pas la première fois qu'on en
parle, mais, pour nous, c'est clair que c'est une solidarité sociale. Donc, il faut, par les impôts et par les impôts
des entreprises aussi, aller chercher de l'argent. Ça, c'est une
première chose. Et, quant à nous, on pourra bien tourner à l'intérieur du
système de santé, si on ne va pas chercher
de l'argent de plus, on ne pourra pas faire des miracles. Parce que ça fait des
années et des années qu'on fait des petits
miracles à tous les jours. À un moment donné, il n'y en a plus, de jus, là. On
a étiré l'élastique comme on pouvait. Je
veux bien en discuter encore et encore, mais, si je fais le constat qu'il me
manque une infirmière, il me manque une infirmière. S'il me manque une infirmière auxiliaire la nuit, il m'en
manque une. Je ne peux pas faire autrement. Donc, ça prend de l'argent à
l'intérieur du réseau.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx :
Merci. Je vais laisser mes collègues…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme Proulx :
…intervenir. Merci beaucoup, Mme Laurent.
Mme
Gadoury-Hamelin : Bon. Bonjour, mesdames. Pour aller un peu
plus loin dans le financement que vous dites
qu'il solutionnerait la chose, pouvez-vous nous en parler de façon plus
détaillée? Vous estimez que ce seraient des impôts qu'il faudrait imposer à des gens qui sont plus nantis de la
société pour donner à des gens qui ont plus de difficultés. C'est ça que
je comprends?
Mme Laurent
(Régine) : C'est un peu le principe...
Le Président (M.
Bergman) : Mme Laurent.
• (16 h 20) •
Mme Laurent
(Régine) : Merci. C'est un peu le principe. Je sais que probablement
la photocopie n'est pas géniale, mais ce
qu'on vous dit, c'est de «réinstaurer la progressivité de l'impôt des
particuliers», dans le premier carré. Et
vous avez, à la partie B, de
«rétablir un équilibre entre les impôts des particuliers et les impôts des entreprises».
Alors, la dernière colonne, ça vous
donne un peu ce que ça pourrait rapporter au gouvernement. Par exemple, «abolir le crédit
d'impôt sur les gains en capital», c'est 556 millions. Ça nous ferait quelque
chose dans le réseau de la santé. Si on va regarder
«réduire les subventions aux entreprises», c'est 500 millions. Alors, ce sont des suggestions.
C'est «lutter contre la fraude», on peut aller chercher de l'argent
aussi. Et on a d'autres solutions fiscales, mais, comme on dit, «cesser de recourir aux PPP» dans la construction, on n'est
pas capables de le chiffrer, mais on sait, et ça a été démontré, que Saint-Lambert sur le golf, ça nous coûte plus cher
comme citoyens et ça a un impact plus grand dans les finances publiques. Donc, je pense que, dans le réseau de la santé, il y aurait moyen de faire certains choix au niveau des
impôts pour être capables de dispenser des soins de qualité à nos aînés,
entre autres.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin : Merci. On a un défi aussi. On a parlé
préalablement des adultes qui sont hébergés en CHSLD, qui ne présentent pas les mêmes réalités, qui ont d'autres problématiques, d'autres réalités que les gens de 65 ans et plus ou les aînés. Et j'aimerais vous entendre
sur des solutions. Parce que vous avez des gens qui y travaillent, donc
ils ont sûrement envisagé des avenues ou des solutions pour aider ces gens-là à
vivre des vies plus stimulantes que qu'est-ce qu'on entend, là, récemment.
Alors, j'aimerais vous entendre sur cet aspect-là, aussi.
Mme Laurent (Régine) : Oui, vous
avez raison…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : …et Mme
Boisclair veut poursuivre. Ce que je vous dirais, c'est que ce que nos membres
nous disent, c'est qu'il y a moyen de
regrouper les clientèles. Les besoins d'une personne de 85 ans ne sont pas les
mêmes que quelqu'un qui est handicapé
et qui a 42 ans. Et les deux clientèles, il faut les respecter. Et, pour
respecter les besoins des deux
clientèles, elles ne peuvent pas être mélangées. Il y a des jeunes qui sont
atteints de sclérose en plaques, ils n'ont pas d'affaire dans un CHSLD comme on le connaît, là. Il pourrait y avoir
des milieux pour eux. Je vais laisser Michèle continuer.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Boisclair.
Mme
Boisclair (Michèle) : Nos
militantes ont été très, très, très claires là-dessus. Et d'ailleurs une
d'entre elles nous a dit clairement,
pour être allée assister à l'agence de Montréal en soirée, qu'une maman était
venue remercier d'avoir changé son
fils qui est devenu quadraplégique suite à un accident de voiture… d'être
changé de place parce qu'il pensait au suicide.
Et les exemples qui nous ont été mentionnés, c'est que, dans un établissement,
un CHSLD, on a établi un département
pour les gens atteints de maladie mentale sévère, O.K., et, à ce moment-là,
tous ceux qui étaient plus avec un
volet physique — ils ont
leur tête, mais ils ont des incapacités très grandes — se retrouver ensemble est beaucoup plus
facile. Et ils ont même regroupé au niveau
de l'intergénérationnel, mais tenté de mettre les gens qui avaient des
affinités dans les activités, et ça,
ça a été un exemple intéressant. Mais, pour la majorité des autres qui étaient
là avec nous pour la consultation,
ils ont dit : Nous autres, chez nous, on ne serait jamais capables de
faire ça, physiquement, nos lieux ne nous le permettraient pas. Mais
c'est vers ça qu'on devrait aller pour être…
Puis là ça
revient à la réponse aux besoins. Alors, vous comprenez que, quand on a le
personnel suffisant qui fait une
évaluation adéquate de cette clientèle-là, de ces patients-là, on est en mesure
de mieux répondre aux besoins. Et il faut aller au-delà d'un budget, il faut aller avec une certaine créativité.
Et les modèles que la FIQ met sur la table dans des organisations sans
but lucratif, qu'il faut absolument se détacher du privé à but lucratif, moi,
je pense que c'est une solution d'avenir qui va répondre aux gens qui n'ont pas
nécessairement les enfants pour s'occuper d'elles.
C'est bien beau, les proches aidantes, là, mais
on va être majoritairement des parents qui vont avoir besoin d'aide, avec un minimum d'enfants qui vont pouvoir
le faire. Tu sais, si on veut faire la démographie sur tous les plans, il faut la regarder au complet. Alors, si on veut
répondre à ça, moi, je pense que le gouvernement a tout intérêt à s'asseoir,
qu'on puisse présenter de façon intégrale les genres de modèles de soins qui
pourraient répondre dans le futur à la population du Québec.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Masson, il vous reste trois minutes.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Je trouve ça très intéressant. J'aimerais ça, d'ailleurs, que vous nous parliez
un peu plus, d'ailleurs, de ces
modèles-là que vous trouvez qu'ils pourraient être la solution. J'aimerais ça
que vous nous en parliez plus
concrètement. Vous avez parlé de petits
milieux, mais, au-delà de ça, est-ce
que vous avez des idées à nous faire
part?
Mme Laurent (Régine) : Ça nous fait
un grand plaisir…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : …madame, de
vous en parler parce qu'on y travaille, l'équipe de chercheurs, à la fédération, depuis quelques années, et là on a commencé à élargir avec d'autres
groupes. Pour nous, c'est que c'est de construire des petites maisons
implantées dans la communauté, que ça vienne de la communauté, un partenariat,
le financement pour ce qui est des soins publics. Mais, par exemple pour la bâtisse,
ça peut être de la communauté, de la municipalité, de Desjardins, de tout, ça, on s'entend, et que
les personnes qui sont là ont une autonomie sur les services qu'elles veulent avoir, ce qui fait que ça peut
différer d'un quartier à l'autre, ces petites maisons là, d'une communauté à
l'autre.
L'intérêt aussi, c'était que ça permettait
d'ouvrir la porte aux autres personnes âgées de la communauté ou du quartier qui pourraient venir, le jour, dans ces
petites maisons là, ce qui fait que les gens qui ont plus de problèmes à se
déplacer, à être là… Et on y associait ce
qu'on a appelé notre clinique nursing, ou notre dispensaire urbain, dans la
communauté aussi pour prendre en
charge les personnes âgées qui ont des multiples pathologies, qui sont à peu près
stables et qui ont besoin d'un suivi
mais pas forcément d'un suivi médical. Alors, c'est là-dessus
qu'on travaille. Et on est contents d'avoir l'écoute. Et ça va nous
faire plaisir de vous en parler plus longuement. Et on a ouvert vraiment parce
qu'on parle des infirmières
ou des professionnelles en soins en ce moment, mais on va ouvrir parce qu'on
aura besoin d'autres professionnelles
de la santé, physios, ergos, travailleuses
sociales, pour vraiment finir par mettre ce projet-là sur pied.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Masson.
Mme
Gadoury-Hamelin :
Si je comprends bien, pour vous, c'est ça, un vrai milieu de vie?
Mme Laurent (Régine) : Un vrai milieu de vie, c'est ça, dans la
communauté, avec l'autonomie des personnes qui vivent dans cette
maison-là.
Mme Boisclair
(Michèle) : Si vous me permettez?
Le Président (M.
Bergman) : Mme Boisclair.
Mme Boisclair (Michèle) : Si vous me permettez, ce n'est pas des ressources
intermédiaires à 200 qui sont un petit
milieu de vie. Et c'est ça aussi. Et j'espère que l'agence, ce matin, vous a
dit aussi qu'ils avaient passé 11 contrats de gré à gré pour des lits de soins de longue durée, et ça, c'est très
questionnable parce que c'est passé de gré à gré avec le privé et, pour nous, ça nous questionne énormément
sur la qualité qui va être donnée dans ces soins-là. Ça vient d'être fait, alors… Et c'est renouvelable. C'est pour un
an et renouvelable. Alors, c'est vraiment préoccupant, l'orientation qui
est prise pour être en mesure de sortir des
gens qui sont dans les centres hospitaliers, ne pas payer l'amende de
985 $ et acheter des lits pour transférer ces gens-là, plutôt que
de regarder à trouver une solution qui serait plus adéquate pour répondre aux
besoins.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé
pour le bloc ministériel. Pour le bloc de l'opposition officielle, Mme
la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Blais :
Merci beaucoup, M. le Président. Tous mes collègues veulent poser des
questions, alors je vais essayer d'être
brève. Mmes Laurent, Boisclair, Martin, Doyon, merci beaucoup. Ma mère a été
infirmière en pédiatrie, alors je vous
regarde et je pense beaucoup à elle. Et je crois qu'on ne peut pas se passer de
votre savoir, de vos connaissances. Et j'approuve
votre idée de petite maison. Je pense, entre autres, à un modèle, qui est Carpe
Diem, pour les personnes atteintes de
maladie d'Alzheimer, et comment cette maison-là… C'était un peu sorti du cadre,
tu sais? Ça ne faisait pas partie des normes,
alors on ne savait pas trop comment voir Carpe Diem, mais comment ces gens-là
sont heureux. Alors, je crois beaucoup à ce genre de projet et je vais
vous dire pourquoi.
Quand on a fait la
consultation publique, en 2007, sur les conditions de vie des aînés — et
j'ai fait avec le ministre Hébert — entre autres, il y a des gens qui avaient
beaucoup de peine parce que les couples étaient séparés quand un des deux entrait en CHSLD. Donc, ces petits
milieux, des projets plus novateurs, plus près de la communauté, permettent… — il y en a déjà, hein, ça existe, il y en
a — permettent
aux gens, aux couples de pouvoir continuer à vivre ensemble jusqu'à la fin. Et, quand ça fait 50 ans
que tu vis avec quelqu'un, là, il me semble que c'est très, très, très
difficile, ce genre de séparation.
Donc, tout ne peut
pas être noir. Et je suis certaine que vous jouez un rôle, aussi, indispensable
au niveau des CHSLD. Vous avez parlé — je veux revenir sur un terrain plus
délicat — du fait
qu'il y avait des coupures au niveau des infirmières. Mais est-ce que
vous trouvez qu'il y a suffisamment de médecins aussi qui visitent les CHSLD?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
• (16 h 30) •
Mme Laurent (Régine) : Merci. Sur les petites maisons, vous savez, on a
fait un grand débat, comme organisation syndicale — en 2011,
le congrès — pour
arriver à dire : Bien, voici l'état de la situation, et, si on attend, les
changements n'arriveront pas, donc prenons nous-mêmes
le risque de proposer des changements. Et on s'est attaqué aux personnes âgées pour des raisons
que je n'ai pas besoin de vous expliquer. Et on s'est dit : Il faut aussi
être capables de vivre avec un niveau de risque quand on n'est pas dans un
milieu institutionnel. Et nous, on fait le pari. Pour avoir parlé avec beaucoup
de familles, les familles sont prêtes
à vivre avec un certain niveau de risque en sachant que leurs parents sont
heureux. Alors, c'est tout ça, le débat qu'on a fait.
Et
on a fait aussi le débat en se disant : Comment est-ce qu'on peut mettre à
profit le privé à but non lucratif, les OSBL, etc., pour être capables de construire… Parce qu'on s'est
dit : Si on va demander quelques milliards pour faire quelque chose, au ministère de la Santé, on va
nous dire : Retournez vous faire soigner. Donc, on a dit : Il faut
être réaliste, et comment est-ce qu'on est capables de faire ça petit
dans différents milieux?
Plusieurs
nous ont dit effectivement qu'il y avait un manque de médecins dans certains
CHSLD, mais je vous dirais qu'il y a
des problèmes aussi de communication. En 2014, ce n'est pas normal que, dans un
CHSLD, des infirmières me disent :
Je pourrais, moi — parce
qu'on a certains protocoles —je pourrais lui faxer puis demander de renouveler
certaines choses, etc. — il y a quand même des choses qui sont
établies — mais,
elle me dit, je ne peux pas parce que, pour à peu près 200 personnes, il y a une ligne de téléphone.
Que le propriétaire de la résidence — et c'est un établissement privé conventionné — qui dit : Bien, une ligne pour 200
personnes, mais attendez, là, puis, de toute façon, les personnes âgées,
ça ne téléphone pas tant que ça. Alors là,
je ne veux pas plaider pour les médecins, mais ils se sont découragés. S'il
faut qu'ils attendent quatre heures pour le fameux renouvellement qui finisse
par être faxé, il ne va pas rester longtemps à desservir ce CHSLD là.
Donc, il y a quand même un minimum qu'il faut avoir.
Et
on a aussi un outil dont on ne se sert pas suffisamment, et dans les CHSLD ce
serait extraordinaire, il y a la loi n° 90, qui est là
depuis... — combien
d'années? 13 ans? — …
Une voix :
Ah oui…
Mme
Laurent (Régine) : …ça fait 13 ans que ça a été adopté, quand il y a
eu toute la grande réforme des professions, qui pourrait permettre aux
infirmières, par des ordonnances collectives, de faire le suivi en CHSLD, par exemple, de patients plus ou moins stables,
multiples pathologies, ajuster la tension artérielle, ajuster tout ce qu'il y
a… Donc, tout ça qui… moi, j'appelle
ça, dans mon jargon de vieille infirmière, toutes les maladies de base d'une
personne âgée, une infirmière
pourrait faire le suivi pendant longtemps, jusqu'à ce qu'on ait besoin d'un
médecin. Or, on ne peut pas le faire.
Alors, quand je vous réponds… je fais un grand détour pour dire : Oui, il
manque des médecins, mais, oui, on pourrait faire quelque chose, mais on
ne le fait pas, avec un outil qui existe déjà.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Merci, M. le Président. Vous nous avez
dit qu'il y avait eu des ententes de gré à gré à Montréal. Elles ont eu lieu
quand, ces ententes-là?
Mme Boisclair
(Michèle) : En janvier 2014, monsieur.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Donc, c'est sous le régime du Parti
québécois. En quoi ça consiste, ces
ententes-là?
Mme Boisclair
(Michèle) : Il y en a eu dans d'autres aussi, là.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je le sais…
Le Président (M.
Bergman) : Mme Boisclair.
Mme Boisclair
(Michèle) : Ils n'ont pas inventé la mode. C'est trop facile.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, non, ce n'était pas négatif, là…
Des voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît!
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ce n'est pas négatif. Allez-y, expliquez-nous
ça, voir, c'est quoi, ces ententes-là.
Mme Boisclair (Michèle) : C'est des ententes de gré à gré afin d'avoir des
lits pour, nous, on suppose… Je vais vous
dire ce qu'on… Parce que vous avez vu l'annonce, avant les fêtes, faite
par l'agence, à l'effet qu'il y aurait des amendes, des pénalités qui seraient imposées aux établissements qui ont encore
dans leurs lits des patients qui devraient être, entre guillemets, dans des lits de soins de longue durée ou en
ressources intermédiaires. Et l'amende est de 985 $, tout près de 1 000 $.
Et,
pour arriver… nous, on suppose que, pour arriver à atteindre leur
objectif, bien, en achetant des lits dans des résidences privées, bien, à ce moment-là, on va être en mesure d'offrir
ces lits-là, qui vont coûter 115 $ chacun, pour être en mesure de pouvoir aider les hôpitaux qui auraient ces
lits-là occupés par des gens qui ne devraient pas être là et ne pas payer l'amende. C'est vraiment… On ne peut pas
faire autrement, l'annonce de l'amende… l'amende, les 11 contrats de gré à gré qui ont été signés pour un an et
renouvelables, écoutez, il faudrait être aveugle pour ne pas voir le lien, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça coûte combien par jour, par patient, dans
des…
Mme Boisclair (Michèle) : 115 $ que l'agence va payer. Alors, on se
dit : Nous, normalement, un patient peut coûter jusqu'à 270 $
dans un CHSLD, et ils vont payer 115 $. La différence, qui va la payer?
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ce n'est pas moi qui vais répondre à cette question-là.
Par contre, c'est pour éviter une pénalité d'environ
900 $ par jour.
Mme Blais :
934 $.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
934 $. O.K.
Mme Boisclair
(Michèle) : Oui. Mais c'est une pénalité qui est beaucoup plus élevée
que…
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bon, on va laisser les gens tirer leurs propres conclusions. Juste pour…
j'aimerais revenir sur les milieux de vie. Je ne sais pas si vous connaissez l'histoire
des milieux de vie, mais, avant ça, nos CHSLD étaient pratiquement des
hôpitaux dans lesquels le médecin passait à chaque jour, faisait la tournée et
faisait des prescriptions. Et chaque patient était traité comme si c'était un
malade, là, 365 jours par année. Moi, j'ai connu ce modèle-là, ça fait assez longtemps que je pratique. Mais c'est seulement que pour dire, là, il y a une histoire en arrière de la question des milieux… Et tout le monde décriait ça, en disant :
Bien, pourquoi est-ce que le médecin fait sa tournée à chaque jour? Puis, je peux vous dire, un patient,
là, la tension artérielle était un peu basse, tu étais appelé. Il faisait un
petit peu de température, tu étais appelé. Tu toussais deux fois, là, puis
ça prenait un sirop.
C'est là
qu'est arrivé dans la société des gens qui ont dit : Écoutez, c'est-u
normal que des gens qui vont demeurer à
un endroit… s'ils étaient à la maison puis ils toussaient deux fois, est-ce que
le docteur passerait, l'après-midi, pour les voir, les ausculter puis leur passer des prises de sang?
Moi, j'ai même connu des CHSLD, entre autres ceux qui étaient dans les hôpitaux, ce n'est pas compliqué, 92 ans avec des troubles
cognitifs importants, tu toussais trois fois, tu avais ton rayon X,
parce que le docteur, il disait : Bien, s'il tousse, il passe un rayon X.
C'est pour ça
qu'à un moment donné on est partis avec la philosophie, en
disant : Bien, les gens, là, ce n'est pas des milieux d'hospitalisation qu'on veut, ce sont des milieux de vie. Et, à partir de là, on a commencé cette transformation-là, où
on a dit : Est-ce qu'on a besoin de prendre la tension artérielle trois
fois par jour à quelqu'un qui a 88 ans juste pour savoir qu'il a une
tension artérielle? La réponse, c'était non. Mais c'était ça dans nos établissements
de santé. Et là ça prenait beaucoup
d'infirmières, plusieurs infirmières pour faire ce travail-là. Et, vous
l'avez dit vous-même, même les toasts étaient faites par les
infirmières. Moi, j'ai connu ça dans mon établissement. Les toasts, le matin,
là…
Mme Laurent (Régine) : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je
sais. Bien, c'est pour ça aussi qu'ils ont fait la transformation du réseau de la santé. C'est
juste pour expliquer aux gens qui nous écoutent qu'il y a une raison pour
laquelle on a appelé ça «milieu de vie».
Je vous
rejoins : quand on est très âgé, avec une grande perte d'autonomie, avec des maladies particulières
qui arrivent en vieillissant,
bien c'est sûr que ça prend des milieux de vie avec un niveau de soins
probablement plus élevé. Et c'est la
transformation du réseau de la santé au Québec que nous sommes en train de
faire. Et ça, ça demande aussi de la
réorganisation du travail, où, oui, ça prend des infirmières avec un certain
ratio, mais ça prend surtout — c'est ce que les gens nous disent dans les établissements de santé —ça prend surtout des gens qui vont aider ces
personnes-là à se mobiliser, les
déplacer, leur faire faire des activités. Ce que je viens de vous expliquer
comme modèle, c'est-u un modèle que
vous adoptez? Et puis c'est quoi, la sauce de votre organisation pour dire que
ça fonctionne encore mieux que ça?
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
• (16 h 40) •
Mme
Laurent (Régine) : Merci. Je
suis d'accord avec vous sur l'historique, qu'il fallait effectivement changer, ça n'avait pas de
bon sens, là, puis les antibiotiques, et tout ça. Je vous disais à la
blague : Je n'ai pas connu ça. Mais j'ai connu ça, là. C'étaient des antibiotiques intraveineux à n'en plus finir
à la moindre affaire, on passait l'hiver là-dessus.
Entre ça et
humaniser les soins… on était d'accord avec cette humanisation-là. Et, quand je dis
«l'humanisation des soins»,
c'est : La personne est rendue là, de quoi elle a besoin, comment est-ce qu'on l'accompagne dans les jours ou les
années qu'il lui reste à vivre à ce stade-ci de sa vie? C'est pour ça qu'on a
été d'accord, au départ, avec le milieu de vie, le principe. Sauf que, sur le terrain, ça ne s'est
pas traduit comme ça; c'est ça, le problème.
Sur le terrain, ça s'est traduit
que le milieu de vie était le prétexte pour tout, et pour rien, et pour n'importe
quoi. C'est ça, le problème.
En ce moment, il y a un retour du balancier, dans les CHSLD. Alors, on
a effectivement des gens maintenant en CHSLD avec des trachéos, avec des
stomies, qu'il faut installer des solutés et des antibios, parce que c'est
comme ce retour-là. Et tantôt quelqu'un disait, juste avant nous, qu'on les
envoie automatiquement à l'hôpital dès qu'ils ont quelque chose. Mais il y a
des CHSLD qui les gardent. Alors, très
bien, ils les gardent, mais ils n'ont
pas augmenté le nombre de professionnelles en soins pour en
prendre soin. Et ce que disais, c'est que les professionnelles en soins, donc
infirmières, infirmières auxiliaires et les
inhalothérapeutes parce qu'il y a de plus en plus de maladies respiratoires,
bien elles sont centrées uniquement
sur les soins physiques. Et on ne veut pas... On ne peut pas me faire croire
que des personnes âgées, un groupe de
personnes âgées, c'est uniquement les soins physiques, ils ont besoin de
beaucoup plus que ça, les soins
psychologiques… Et les familles. Arriver en fin de vie, vous le savez comme
moi, M. Bolduc, qu'est-ce que ça veut dire
pour des familles : le niveau de stress, le niveau d'inquiétude. Et
souvent beaucoup de problématiques non réglées sortent au moment où la
personne rentre en CHSLD. Donc, on n'est pas capables de faire ce travail-là.
Je suis d'accord avec l'historique, mais il faut
comprendre qu'aujourd'hui, dans la réorganisation du réseau, on a de plus en
plus de personnes âgées qui ont besoin de soins physiques et qu'on dit que
c'est normal que, la fin de semaine
ou le soir... Parce que supposément les personnes âgées dorment le soir. S'il y
a du monde qui ne dorment pas le soir puis la nuit, c'est bien les personnes
âgées. Alors, ils dorment, ça fait qu'ils n'ont pas besoin de soins. Alors, les angoisses, je ne sais pas qui va les
régler, et qu'on est obligés de bloquer les téléphones pour ne pas qu'ils
appellent leur famille, puis qu'on dit à l'infirmière : C'est correct, tu
es à 30 minutes, on t'appellera s'il y a un problème.
Au pire, on dit : Bien, il y a une infirmière auxiliaire, elle va faire
l'évaluation du patient. Elle va évaluer puis, si elle évalue qu'il faut qu'elle t'appelle, elle
va t'appeler, mais c'est elle qui va faire la première évaluation. Je ne sais
pas, mais il y a quelque chose qui s'appelle
le code de déontologie des professions ou ça ne marche pas. Puis, quand on
dit aux gestionnaires : Ça ne se peut
pas, je ne peux pas prendre cette responsabilité-là, c'est contre mon code de
déontologie, ils nous disent : Je n'ai pas de budget, ça va être
ça.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Ce que vous dites là,
possiblement qu'il y en a dans le réseau de la santé, mais est-ce que vous me dites que c'est partout comme ça ou
c'est certains endroits que c'est comme ça? Puis là, comme j'ai fait la remarque tantôt, ça fait quand
même 37 000 lits dans le réseau de la santé. Moi, en tout cas, j'ai
travaillé dans un CHSLD, j'en ai géré
et puis j'en ai fait beaucoup. Ce que vous me décrivez là, je ne vous dis pas
que ça n'existe pas, mais je ne pense pas que c'est ça qui est dans la
majorité de nos CHSLD au Québec.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Nous, ce
qu'on a, le son de cloche de celles qui travaillent en CHSLD, c'est que majoritairement ça ressemble trop souvent à ça. Et
j'ajouterais qu'elles nous disent que, quand ça ne ressemble pas à ça, c'est au détriment d'elles-mêmes. Ce n'est pas
plus normal. C'est pour ça qu'on terminait en vous disant : Il faut aussi
prendre soin des soignantes. Alors, quand
des infirmières auxiliaires ou des inhalothérapeutes me disent : Écoute,
moi, je ne suis pas capable de sortir
parce que, si j'ai trois patients comme inhalo puis que ça me prend x nombre de
temps puis qu'après ça ils me disent :
Bien là, tu devrais être retournée à l'hôpital parce qu'on a besoin de toi,
puis lâche le CHSLD parce que c'est un problème CSSS, il y a quelque
chose qui ne marche pas.
Là où on
essaie de pallier… Mais ce que je vous dis comme message, c'est qu'il y a des
limites à nous demander de pallier. Il
y a des endroits, puis j'en ai cités, il y en a sur la Rive-Sud de Montréal
qu'on est allés visiter, il y a Montmagny-L'Islet,
il y a des petits milieux où effectivement c'est réellement des milieux de vie où
et les personnes âgées et les soignantes sont capables de dispenser des
soins corrects et sont valorisées là-dedans aussi.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon… Mme Boisclair.
Mme
Boisclair (Michèle) :
J'aimerais rajouter que, dans la consultation qu'on a faite avec les membres,
elles venaient de partout dans la
province. Ce qu'elles nous ont dit — parce qu'il y en avait qui étaient peut-être
plus de mon âge, si on veut, avec
près de 35, 40 ans d'expérience — c'est qu'au début, dans les CHSLD, les
patients, c'est vrai qu'ils n'étaient
pas du même niveau d'acuité qu'on a aujourd'hui, qu'elles étaient capables de
soigner. Puis là je ne remonte pas, là,
à quand le médecin passait à tous les jours, là. Cependant, depuis les 10 dernières
années, c'est une détérioration flagrante qu'elles nous ont mentionnée, que c'est incroyable par rapport non
seulement à la lourdeur des patients, mais aussi par rapport au fait
qu'il n'y a pas de valorisation qui leur a été faite.
Et les lieux.
Vous savez, on a eu, à un moment donné, des transformations d'écoles en CHSLD,
et les gens ont réussi à s'adapter à
ces lieux-là, qui ne répondaient pas aux besoins mais qui ont fait des choses
tout de même extraordinaires. Mais, avec le temps, ces lieux-là étaient
de plus en plus difficiles.
Et elles
voient les professionnelles être retirées de leur milieu pour être remplacées
par des non-professionnelles. Et Régine, tout à l'heure, faisait mention
des infirmières auxiliaires qui se voyaient dans l'obligation de faire une évaluation. Mais moi, on m'a mentionné par
téléphone qu'il y avait même des préposés aux bénéficiaires qui faisaient
l'évaluation et qui disaient : Là, il
faudrait faire ça. Et on parlait de soins, de médication. Alors, si c'est vers
ça qu'on doit aller, c'est
préoccupant. Et on est dans l'obligation de le mentionner ici parce que ce
n'est pas l'orientation qui devrait être
prise. Il y a des actes qui sont reliés aux professionnels et il y a des actes qui ne le sont pas. Alors, il faut
faire attention à ça. Et c'est malheureusement ce qu'on nous a
mentionné.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci. J'aimerais vous entendre un petit peu sur toute la question de la diversification de la clientèle que l'on retrouve, ce que ça a comme impact au
sein de vos membres. Parce qu'on a parlé beaucoup, cet avant-midi, des adultes
qui ont de gros handicaps parfois et qui sont hébergés dans des CHSLD, faute de
résidences ou de milieux adaptés à leurs besoins. Alors, j'imagine que
ça aussi, ça interpelle vos membres.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme
Laurent (Régine) : Merci. Effectivement, pour nous, on en a parlé rapidement
dans ce qu'on vous a déposé, c'est
important, ce regroupement de clientèles. Ça fait vraiment
mal au coeur d'arriver dans un CHSLD et que vous voyez quelqu'un qui est plus jeune que moi là-dedans
parce qu'elle est handicapée. Et, parce qu'il y a un manque de ressources,
il n'y a pas de… j'allais dire «exercice», mais il n'y a rien qui est fait pour
cette personne-là pour répondre à ses besoins. Est-ce
que, par exemple, on peut adapter quelque chose pour de la lecture? Est-ce
qu'on peut adapter pour certaines sorties? Mais ce n'est pas possible
de le faire. Or, si la clientèle était regroupée, bien on pourrait en prendre
deux, trois puis on s'organise pour les
sortir. Là, on ne peut pas parce que sortir avec un, ça vaut dire que j'abandonne
mon autre groupe de personnes âgées qui ont besoin de moi, qui ont besoin de surveillance ou qui ont besoin
de soins. Donc, c'est ça, le problème.
Et on se dit que ce serait beaucoup plus… ce n'est pas un mot que j'aime employer,
mais ce serait plus «performant» et répondrait plus aux besoins s'il y
avait ce regroupement de clientèles.
Et, dans l'organisation du travail, le stress que ça amène aux professionnelles en soins, c'est
quand les familles questionnent — et
les familles questionnent avec raison — puis
qu'elles nous disent : Ça n'a pas de bon sens, moi, j'ai mon enfant de 42 ans qui est là, handicapé, puis
vous ne faites rien avec, il passe la journée à regarder le plafond. Alors,
comment… Qu'est-ce qu'on répond? Et
c'est ça qui est dur. C'est pour ça qu'on parlait aussi de valorisation. Parce qu'à qui, à qui ils disent ça? C'est à nous
autres. Et c'est à nous autres de gérer ce stress-là des familles, de gérer
cette peine-là puis d'essayer de leur
dire : Bien là, on va regarder puis peut-être que, si on a cinq minutes,
on va faire ci… Mais ce n'est pas
normal. Alors, le regroupement de clientèle, pour nous, c'est majeur dans ça,
parce qu'on est convaincues qu'il y a des personnes, malheureusement,
qui doivent être dans un milieu institutionnel. Mais il y a moyen d'humaniser
ça, là. Mme Boisclair voulait ajouter quelque chose.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Boisclair.
Mme
Boisclair (Michèle) : On
nous a aussi mentionné l'abolition de plusieurs postes, dans plusieurs CHSLD,
pour les animateurs, justement pour des
activités. Et, pour nos membres, c'était vraiment, mais vraiment préoccupant
parce qu'elles disent : Ces
gens-là, justement, peuvent partir avec un… Je vais prendre, entre autres, les
gens qui ont une incapacité physique
très grande et qu'on peut faire faire… même s'ils sont en fauteuil roulant, les
amener visiter un musée ou quoi que
ce soit. C'étaient les animateurs sociaux qui faisaient ça. Et ils se voient
les postes coupés ou, quand ils s'en vont, s'ils prennent leur retraite, il n'est pas remplacé. On va mettre des
préposés aux bénéficiaires qui n'ont pas nécessairement… qui n'ont pas du tout cette formation-là et qui
réponderaient aux besoins. Ça, c'est une réalité. Et moi, je pense qu'on doit
vraiment reconsidérer les besoins des gens.
Vous avez entendu parler des parents d'enfants atteints de paralysie cérébrale
rendus à l'âge adulte où on leur coupe le nombre d'heures ou le nombre de
soins. C'est aussi très préoccupant.
Le Président
(M. Bergman) : Maintenant, pour le bloc du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Groulx.
• (16 h 50) •
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Merci de votre présence et de vos interventions qui
sont très pertinentes. Je suis tout à
fait d'accord avec vous quand vous nous décrivez un milieu de vie comme étant
un petit milieu où il y a une interaction
très grande entre les bénéficiaires et les gens qui travaillent auprès de ces
gens-là. Par contre, on l'a dit tout à l'heure,
on va toujours avoir besoin de nos CHSLD. Et il y aura toujours des niveaux
plus élevés où on va exiger plus de soins, plus de… et où on aura
besoin, où il y aura besoin de soins 24 heures sur 24.
Je suis un peu préoccupée par le fait,
effectivement, comme vous, des coupures de lits dans les CHSLD, alors qu'on sait que le vieillissement de la population
va se poursuivre et que, là, on transfère des patients, pour l'instant, qui
peut-être n'avaient pas besoin de lits de CHSLD, mais on sait qu'il y a
encore, entre autres à Montréal, au moins 125 patients qui sont dans les lits de soins aigus, qui ne sont
pas transférés dans les lits de CHSLD. Alors, déjà là, on fait certains
calculs et on s'approche du 500 qu'on s'apprête à couper. Alors, ça, là-dessus,
je suis tout à fait d'accord avec vous.
Mais
j'aimerais vous entendre sur l'expérience qui a été décrite — je
ne sais pas si vous l'avez lu — il y a quelques jours,
en Ontario, où on a... Et, tout à l'heure, ma collègue
parlait du nombre de médecins disponibles dans les CHSLD. Et moi, je vous dirais que j'ai été un peu... et très, très... j'ai apprécié l'expérience
ontarienne, où on a… On a eu un projet pilote, dans le Nord-Ouest de
l'Ontario, où on a utilisé des infirmières praticiennes. Alors, on a utilisé
une infirmière praticienne par 120 bénéficiaires, et les résultats sont très
probants, de limitations, de complications, de prévention et d'hospitalisations. On a amélioré de beaucoup
aussi la qualité de vie, la qualité des soins. Alors, je pense que c'est un
modèle — j'aimerais avoir votre opinion
là-dessus — qu'on
devrait importer au Québec. On a des infirmières praticiennes actuellement qui ont de la difficulté à se trouver
de l'emploi; c'est ce qu'on nous dit. Alors, pourquoi pas ne pas importer
ce modèle-là au Québec? Et ça, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : Merci, M. le
Président. Effectivement, nous aussi, on regarde beaucoup du côté de l'Ontario.
Et nos professionnelles en soins qui travaillent dans la région de l'Outaouais
nous parlent beaucoup des expériences qui se
font en Ontario, entre autres de celle-là. Nous, on dit effectivement que,
mieux utiliser les professionnelles en
soins, y compris les infirmières praticiennes et les praticiennes spécialisées,
la population, elle est gagnante sur tous les plans, sur le suivi, sur
l'enseignement, et ça coûte moins cher. Donc, c'est clair que...
Et on le
disait, en plus, c'est encore plus important, chez les personnes âgées,
qu'elles soient avec des professionnelles en soins. Et, écoutez une personne âgée, qu'est-ce qu'elle va vous dire?
«Mon infirmière». Alors, la personne âgée, quand elle arrive, elle a besoin de savoir que Mme Boisclair la connaît depuis
cinq ans, six ans, que Mme Boisclair connaît toute sa famille puis qu'elle a eu des petits-enfants,
et tout ça, et que Mme Boiclair connaît toutes ses maladies. Ça fait que, là,
elle arrive, elle dit : C'est mon
infirmière. Ça compte, chez les personnes âgées, pour les sécuriser. Et on sait
qu'il y a un problème avec les médicaments qui est désastreux chez les
personnes âgées.
Donc, on pourrait effectivement implanter un
modèle comme ça. On est d'accord avec
ça. On avait salué quand il y avait
eu les IPS. Ce qu'on dit : Ça en prend plus. Or, beaucoup d'établissements
nous disent : Bien, on n'a pas les budgets pour les payer. En plus, en CHSLD, moi, je pense que c'est un
milieu extrêmement intéressant. Mais, même si aujourd'hui on n'a pas suffisamment d'IPS encore, avec les outils dont
j'ai parlé tout à l'heure, on pourrait déjà utiliser les infirmières qui
sont là, qui travaillent dans les CHSLD, pour faire un certain nombre de
suivis, et mieux utiliser les infirmières auxiliaires aussi pour faire un
certain nombre de suivis. Donc, déjà, on a ces outils-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Merci. Mais pourquoi ça ne fonctionne pas, ce que vous disiez tout à l'heure,
que, bon, ceux qui sont déjà en place
ne sont pas en mesure de... alors que la loi est là? Pourquoi ça ne fonctionne
pas? J'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme Laurent.
Mme Laurent (Régine) : C'est une
question purement de volonté et de leadership, que je dis depuis des années et des années, du ministère de la Santé et
du gouvernement. Et le ministre Hébert, c'était le printemps dernier ou
il y a deux... Un an et demi?
Une voix : …
Mme Laurent (Régine) : Le printemps
dernier, le ministre Hébert a fait un pas de plus en disant : Nous, au ministère, on vous le dit, regardez la tension
artérielle, les problèmes de glycémie, ta, ta, ta, dans les
établissements — les
quatre grandes maladies chroniques — regardez ça dans les
établissements et vous pourriez émettre des ordonnances collectives.
Ce que ça
veut dire, c'est que chaque établissement de santé, chaque CSSS doit reprendre
ça à sa charge, et le Collège des
médecins, dentistes et pharmaciens doit décider, dans ce CSSS, quelles sont les
ordonnances collectives que nous
devons délivrer aux infirmières en tenant compte de la clientèle. C'est ça qui
n'est pas fait. Le petit bout qui manque, c'est que ce soit fait dans
les établissements de santé, que ce soit adopté, fait par les CMDP, en
collaboration.
Et, on l'a
toujours dit, il y a, dans les établissements, l'instance des infirmières,
l'instance infirmières auxiliaires qui pourrait travailler effectivement
avec cette instance-là pour dire : En fonction de notre clientèle, en
fonction de la main-d'oeuvre, voici les ordonnances collectives qu'on pourrait
émettre, qui pourraient aider. Et, en plus, ça viendrait aider dans la communauté parce que les infirmières
de CLSC seraient couvertes aussi par ça. Donc, je fais un grand détour pour vous dire que c'est une question
de volonté politique carrément d'imposer ça aux établissements, parce que,
quant à nous, ça fait 10 ans qu'on attend, si ce n'est pas imposé, ça ne
le sera jamais fait.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé. Mme Laurent, Mme
Boisclair, Mme Martin, Mme Doyon, merci pour votre présence ici et de
partager votre expertise avec nous.
Collègues, compte tenu de l'heure, je suspends
les travaux jusqu'à demain, à 9 h 30. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 16 h 56)