(Onze heures cinquante minutes)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et
des services sociaux ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Le mandat de
la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52,
Loi concernant les soins de fin de vie.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Reid (Orford) remplace Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Bergman) : Merci. Collègues, lors de
l'ajournement de nos travaux hier, nous discutions de l'article 36
et du document de travail de la ministre. Je vous rappelle que nous avons
suspendu l'étude des articles 3, 8.1, 30, 34.1, 34.2 et 35. Mme la
ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Merci, M. le Président...
Le
Président (M. Bergman) : Juste voir, on est... C'était pour la
réponse à une question de la députée de Gatineau, mais on peut procéder sur un autre article, je
pense, n'est-ce pas? C'était basé sur votre document de travail, mais on
va retourner à votre document de travail plus tard.
Mme
Hivon : Oui. Bien,
je suggérerais qu'on revienne à des articles que nous avions suspendus. Donc,
on pourrait aborder les articles 30
puis 34 et l'amendement à 34.1. Donc, je pense que les articles ont... les
amendements ont été distribués, donc on pourrait débuter avec le nouvel
amendement à l'article 30.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, collègues, on étudie maintenant l'amendement à l'article 30, qui a
été déposé. Alors, on doit retirer le
premier amendement, Mme la ministre, et déposer un amendement ce matin.
Alors, est-ce que l'amendement qui a été déposé antérieurement est
retiré?
Mme
Hivon : Oui, il
est retiré.
Le Président (M. Bergman) :
Merci.
Mme
Hivon :
D'ailleurs, je dois souligner que j'aime cette manière de procéder, plutôt que
de sous-amender et de sous-sous-amender. C'est nettement plus productif,
donc...
Le Président (M. Bergman) :
Alors, on a devant nous... M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Juste pour renforcer, c'est vraiment une
bonne façon de procéder, ce qui fait que c'est plus facile pour tout le
monde puis... D'ailleurs, on a une bonne méthode de travail, M. le Président,
actuellement, je trouve. Il faut se féliciter.
Le
Président (M. Bergman) : On travaille très bien, cette
commission. Alors, Mme la ministre, pour l'amendement à
l'article 30.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement à l'article 30 vise à modifier l'article 30 du
projet de loi :
1° par le remplacement, dans le premier alinéa,
de «le directeur des services professionnels ou toute autre personne désignée
par le directeur général de l'établissement» par «le directeur général de
l'établissement ou toute autre personne qu'il désigne»;
2° par le
remplacement, dans le premier alinéa, de «Le directeur des services
professionnels ou la personne ainsi désignée» par «Le directeur général
de l'établissement, ou la personne qu'il a désignée,»;
3° par l'insertion, dans le premier alinéa et
après «trouver», de «, le plus tôt possible,»;
4° par le remplacement du deuxième alinéa par
les suivants :
«Si
le médecin à qui la demande est formulée exerce sa profession dans un cabinet
privé de professionnel et qu'il ne fournit pas l'aide médicale à mourir,
il doit, le plus tôt possible, en aviser le directeur général de l'instance
locale visée à l'article 99.4 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux qui dessert le territoire où est
située la résidence de la personne qui a
formulé la demande, ou en aviser la personne qu'il a désignée. Le médecin lui
transmet, le cas échéant, le formulaire qui lui a été remis et les démarches
visées au premier alinéa sont alors entreprises.
«Dans le cas où
aucune instance locale ne dessert le territoire où est située la résidence de
la personne, l'avis mentionné au deuxième
alinéa est transmis au directeur général de l'établissement exploitant un
centre local de services communautaires sur ce territoire ou à la
personne qu'il a désignée.»
Alors,
M. le Président, l'article fait suite à des commentaires qui nous avaient été
faits par l'opposition, à savoir que d'évaluer la possibilité de faire
en sorte que la responsabilité incombe au directeur de l'établissement, que ce
soit la règle générale, et que le directeur
général de l'établissement puisse désigner une autre personne plutôt que de
fonctionner de l'autre manière. Donc, nous
acceptons cette demande, et c'est le sens de l'amendement, avec les correctifs
de concordance qui sont requis.
Le Président (M.
Bergman) : Commentaires? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Personnellement, je pense, nous sommes
totalement satisfaits, parce que c'était la volonté
que nous voulions. De plus, ça respecte, pour moi, deux principes. Le premier principe,
c'est l'autorité la plus haute de
l'établissement, en termes d'opérationnalisation, qui est le directeur général,
qui a la responsabilité ultime. Ça fait que, même s'il délègue
quelqu'un, ça ne lui enlève pas sa responsabilité.
Deuxièmement,
au niveau fonctionnel, ça va permettre d'avoir la meilleure personne pour
atteindre l'objectif, c'est de rendre
disponible l'aide médicale à mourir. Et puis, M. le Président, moi, je suis
très satisfait de l'amendement, puis c'est très bien rédigé. Je tiens à féliciter
les légistes de la ministre et la ministre, je suis certain, qui a vérifié le
texte à la virgule près.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'amendement déposé par la ministre? Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je veux juste dire qu'on a vérifié avec l'AQESSS, et ça leur convient.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Est-ce que l'amendement à l'article 30 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté. Est-ce qu'il y a des
commentaires à l'article 30 tel qu'amendé? Est-ce que l'article 30, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Mme
Hivon : M. le Président, je vous suggérerais maintenant de passer à l'article 34, qui était également suspendu.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, collègues, on procède pour étudier l'article
34. Alors, Mme la ministre, est-ce que vous avez des commentaires en ce qui
concerne l'article 34?
Mme
Hivon :
Oui. Alors, je vais vous lire l'amendement à l'article 34, qui...
Le
Président (M. Bergman) : Je suspends pour quelques instants pour permettre les collègues d'avoir
une copie de l'amendement à l'article 34.
(Suspension de la séance à
11 h 57)
(Reprise à 11 h 58)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la
ministre, vous déposez un amendement
à l'article 34. Voulez-vous le lire? Et l'explication, s'il vous plaît.
Mme
Hivon :
Oui. L'amendement à l'article 34 se lit comme suit :
Modifier
l'article 34 par le remplacement de «l'avis prévu au
premier alinéa de l'article 33 lui est transmis» par «le médecin
l'informe conformément au premier alinéa de l'article 33».
Donc,
c'est vraiment simplement une modification de concordance, parce que,
comme on l'a vu à l'article
33, on ne parle pas d'avis dans ce contexte-là, parce que ce n'est pas un avis
formel, c'est une information qui est transmise. Donc, c'est le sens de l'amendement.
Par ailleurs, on avait eu la question du député
de Jean-Talon, à savoir, dans le
cas où il n'y a pas de CMDP, si le rôle pourrait être assumé par le Collège des médecins plutôt que le chef
du service médical ou le médecin responsable des soins médicaux de l'établissement.
Donc, on s'est penchés sur la question. À la lumière de notre réflexion issue
de la consultation auprès du Collège des médecins, nous souhaitons
maintenir le libellé de l'article tel quel. C'est la manière générale de fonctionner pour l'ensemble de ces situations-là,
qui sont quand même rares, et le Collège des médecins nous a
dit formellement qu'il ne serait pas à l'aise à venir se substituer à cette
règle générale qui fonctionne.
Ceci
dit, lorsqu'il y a des cas précis où le code de déontologie…
pour des raisons, par exemple, de conflits
d'intérêts pourraient survenir, ce qui à leurs yeux n'est pas quelque chose qui
devrait survenir fréquemment, là, donc c'est quelque
chose qui leur apparaissait plutôt
inusité, mais, dans ces cas-là, le Collège des médecins peut, de toute façon, venir en soutien. Donc,
nous recommandons, à la lumière de ces échanges avec le collège et de leur
volonté aussi que l'article reste tel qu'il est rédigé, de maintenir l'article
34 tel qu'il est pour le reste, outre l'amendement de concordance.
Le Président (M.
Bergman) : Nous étudions maintenant l'amendement à l'article 34
et l'article 34. M. le député de Jean-Talon.
• (12 heures) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Bien, moi, ce qui est important
pour moi, c'était d'abord
prendre l'information au niveau
du collège. Et je pense que la ministre le dit publiquement — puis nous sommes chanceux parce que c'est enregistré — qu'advenant le cas qu'il y aura un problème
pour traiter la demande au niveau de l'établissement, parce qu'il n'y a pas de CMDP, parce qu'il
pourrait y avoir conflit d'intérêts compte tenu que ce sont des très, très
petites équipes, si je comprends bien, le collège va accepter de recevoir la
demande et devrait la traiter. Et je suis d'accord avec la ministre, c'est fort possiblement des situations très
exceptionnelles, quoique les grands problèmes de notre réseau de la
santé sont souvent des situations exceptionnelles, qu'on n'avait pas prévues,
mais là il y a une solution qui est offerte par le Collège des médecins. Ça
fait que, moi, ça me satisfera.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'amendement à l'article 34? Est-ce que l'amendement à l'article 34
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté. Collègues, l'article 34, tel
qu'amendé, est-ce qu'il y a des commentaires? Est-ce que l'article 34,
tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, je nous inviterais maintenant à considérer l'amendement qui visait
à introduire une nouvelle section avec un article 34.1 et 34.2.
Le Président (M. Bergman) : Alors, collègues, on étudie
maintenant la nouvelle section IV, les articles 34.1 et 34.2.
Une voix :
…
Le Président (M. Bergman) : Alors, on me dit qu'il y a un amendement. Pour
déposer…
Alors,
je suspends pour quelques instants pour donner la chance pour les députés
d'avoir le nouvel amendement.
(Suspension de la séance à 12
h 2)
(Reprise à 12 h 3)
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la
ministre, je comprends que vous avez retiré l'amendement que vous avez déposé
pour l'article 34.1 et déposé un nouvel amendement pour l'article… étant
l'article 34.1 et 34.2.
Mme
Hivon :
Exactement, M. le Président. Donc, je ne sais pas si je dois refaire la…
Le Président (M.
Bergman) : Vous retirez…
Mme
Hivon : Je retire. Je vous demande de retirer l'amendement
qui avait été déposé hier pour le remplacer par le nouveau que je vous
soumets.
Le Président (M.
Bergman) : Voulez-vous expliquer le nouvel…
Mme
Hivon :
Oui. La différence, elle est très simple. C'est qu'on prévoit maintenant, donc,
dans un délai de 10 jours de son administration, donc c'est la seule
différence.
Par
ailleurs, on nous avait demandé si le collège pourrait préciser les lieux,
donc, de rattachement, et le collège n'est pas favorable à ce qu'on inscrive l'obligation dans la loi. Et je
partage leur souci de ne pas en créer une obligation dans la loi, parce qu'à l'heure actuelle ils estiment que cela
pourrait quand même représenter un défi, dans certains cas, de savoir… Le lieu d'exercice du médecin n'est pas
nécessairement concordant avec l'endroit où… c'est-à-dire son domicile médical, qui semble être, puis là on me
corrigera... La base de référence pour le Collège des médecins quand il fait
un suivi n'est pas nécessairement concordant avec le lieu de la personne, donc,
qui recevrait l'aide médicale à mourir.
Donc,
dans ce contexte-là, ils ne sont pas fermés à regarder la possibilité de le
faire éventuellement. Ça pourrait aller
dans les conditions et modalités qu'ils pourraient prescrire dans les
renseignements qu'ils déterminent. Mais, pour eux, il y a une réflexion
à faire. Donc, ils ne souhaitent pas que ce soit inscrit dans la loi, je pense
que c'est tout à fait légitime, mais ils vont réfléchir à voir s'ils pourraient
donner une information un petit peu plus ciblée.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : J'ai beaucoup de difficultés
avec ça, M. le Président, puis je vais m'expliquer. Là, ce qu'on vient nous dire, c'est que l'endroit du
décès va être non pas en fonction d'où le décès a lieu, mais où est la
résidence où le droit… la pratique du
professionnel. Puis moi, je me dis : Au Québec, il faudrait au moins
savoir, par territoire de CSSS, combien il y a eu d'aides médicales à
mourir.
Puis je m'explique.
Vous avez un docteur qui, à un moment donné, se spécialise là-dedans puis qui
reste à Trois-Pistoles. Lui, s'il va faire,
mettons, 20 aides médicales à mourir au Québec, parce que lui, il y croit
puis il pense que c'est une bonne
chose, ça voudrait dire que, à cause de l'adresse, tu aurais 20 patients
de Trois-Pistoles qui théoriquement auraient eu l'aide médicale à
mourir. Mais, pour moi, là, c'est extrêmement important d'avoir l'adresse,
l'endroit que ça s'est produit, au moins le
CSSS dans lequel ça s'est produit. C'est très simple d'ailleurs, quand ils vont
faire la formule, c'est tout
simplement cocher ou… à côté, territoire du CSSS où s'est produit l'aide
médicale à mourir, puis ça va nous permettre d'avoir les données du
Québec.
Mais le fait que ce
qu'on vient de me dire là, moi, ça me dit encore plus : ça devrait être
dans la loi. Parce que, là, le collège, il
dit : On va le regarder puis on va mettre les modalités. Moi, je suis un
législateur, puis j'aime beaucoup le
collège, je le respecte beaucoup, puis il travaille très bien. On ne sait
jamais qui va être au collège dans quatre, cinq puis six ans. Moi, je me dis, comme législateurs,
faisons-le comme il faut. Et, pour moi, je ne vois pas pourquoi on
n'aurait pas les données par CSSS. Honnêtement, là, ça serait, pour moi,
incohérent, là. Je vous le dis comme je le pense, là, ce serait incohérent. Et
de le mettre n'enlève rien. Et, s'ils me disent que c'est parce qu'ils ne sont
pas capables d'avoir l'information… En
passant, ce n'est pas plus difficile à faire dans le logiciel, je peux vous le
dire, là. Il faut juste marquer : CSSS
où a eu lieu l'aide médicale à mourir. Puis c'est certain que, si ce n'est pas
marqué sur la feuille, le collège a de la difficulté à le trouver. Mais, si c'est marqué sur la feuille, ils font
juste cocher une petite case en haut, dans le logiciel du collège, puis
quand on va avoir les données, on va toutes les avoir en même temps. Mais si,
nous autres, on n'y pense pas, quand ils
vont faire leur logiciel, en passant, ils n'y penseront pas plus. Mon
expérience de ça, ça arrive assez souvent.
Moi,
comme vous avez vu probablement tantôt, on a bien collaboré pour l'autre, on
était très d'accord, là. Moi, je pense
qu'on devrait le mettre puis, à ce moment-là, quitte à ce que le collège
m'appelle, puis je leur expliquerai pourquoi.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Écoutez, je ne pense pas qu'on est obligés d'aller
mettre ça dans la loi, sincèrement. Je pense qu'il faut être ouvert aux commentaires qui nous sont
faits par le collège. Ils ne sont pas fermés du tout. Pour eux, ça
représentait un défi, des échanges préliminaires qu'on a eus. Si le député
souhaite que nous suspendions pour que le collège entre en contact avec lui, mais je veux lui expliquer que, pour le collège, ce
n'était pas quelque chose qui allait de soi, selon ce qui avait été
demandé.
Par
ailleurs, il ne faut pas oublier qu'il y a une commission aussi, de laquelle
nous allons reparler, qui se penche, et qui reçoit aussi toute cette
information-là, et qui va faire le suivi de chacune, donc, des aides médicales
à mourir qui va avoir été administrée, là. Donc, on n'est pas nécessairement
dans le même niveau.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Si l'argument du collège, c'est
que ça va être difficile à faire parce qu'ils pensent ne pas avoir l'information, moi, je vais… on va les
contacter, puis on va leur parler, puis on va savoir… En passant, moi,
je pense, à ce moment-là, il va falloir s'engager à dire que, sur le
formulaire, il y a une petite case dans laquelle c'est marqué dans quel CSSS
que c'est arrivé. Et juste, à l'évidence même, on ne peut pas avoir des données
en fonction d'où est la résidence ou le lieu
de pratique du médecin, il faut avoir l'endroit où a eu lieu… je vous dirais
même, ça prend même l'adresse où ça a eu lieu, ça prend le territoire de
CSSS où ça a eu lieu et la région où ça a eu lieu.
Moi,
je me l'imagine très bien, surtout qu'on a vu qu'il y a des régions
possiblement que ça va être difficile d'avoir des médecins qui vont le faire. Il y a peut-être des médecins qui vont
être appelés à aller le faire dans d'autres régions. Bien, je ne vois pas comment est-ce que le collège
pourrait nous sortir des données en fonction d'où était le lieu de
résidence du médecin, alors que l'aide médicale à mourir va avoir eu lieu à
peut-être 800 ou 900 kilomètres de l'endroit. En tout cas, il me semble que c'est évident, là. Mais, des
fois, les évidences, il faut les prouver. Ça, je suis d'accord avec
vous. Mais ça, il me semble que c'est évident, évident.
L'autre
affaire, l'argument que ça va être difficile à avoir, si c'est difficile à
avoir, c'est parce qu'il y a quelqu'un qui a mal conçu la feuille. Puis
je le dis tout de suite, si je ne vois pas dans quel CSSS que ça a eu lieu,
puis ça devrait être noté, après ça, c'est juste prendre la donnée
puis la mettre dans le logiciel, et tout va se calculer tout seul. En passant,
M. le Président, je tiens à le dire pour la députée de Groulx, là, ça se
fait à coût zéro. Ça coûte zéro, zéro sou faire ça.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
• (12 h 10) •
Mme
Hivon :
Écoutez, moi, ça peut être quelque chose qui a l'air simple, effectivement, et
c'est ce dont on a discuté hier, et c'est
pour ça qu'on a suspendu l'article pour faire la vérification, ça apparaissait quelque chose de simple, mais je pense
qu'on a une excellente collaboration du Collège des médecins. Ils sont en train
d'accepter des nouvelles responsabilités en lien avec l'aide médicale à mourir, parce qu'à la lumière de certains commentaires et
demandes que les médecins pratiquant seuls ne relèvent pas… ne soient pas
rattachés, donc, à CMDP d'établissement, on a considéré cette demande-là. On les fait relever du collège.
Le collège va donc devoir faire maintenant un rapport en lien avec cette
nouvelle réalité là, et je pense
qu'on doit être ouverts à leurs commentaires, pas quand ils ne veulent pas
faire quelque chose, mais quand ils estiment que ça peut très bien être
inscrit dans les conditions et modalités qu'ils vont prescrire plutôt que dans
la loi formellement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Merci, M. le Président. Moi, je suis un peu
ambivalent quant à la méthode, la façon de faire, etc. Mais j'essaie juste de relire encore une fois le
paragraphe : «Le rapport doit indiquer le nombre de sédations palliatives
continues et d'aides médicales à mourir administrées par ces médecins — on
parle des médecins en clinique… médecins qui exercent leur profession dans un
cabinet privé professionnel, et donc d'aide médicale à mourir administrées par
ces médecins — à domicile ou dans les locaux de maisons de
soins palliatifs», et que, si le Collège des médecins décide qu'ils vont
donner uniquement un total, un chiffre total, et c'est tout, il respecterait la
loi telle qu'elle est écrite.
Moi,
ça m'embête un peu, honnêtement, parce qu'il me semble qu'on va peut-être avoir
un minimum de détails sur la
répartition géographique, quelque chose comme ça. La modalité, je ne le sais
pas, mais je suis un peu embêté de ne pas mettre plus que ça dans la
loi, parce qu'effectivement ça veut dire qu'à un moment donné on peut arriver
avec un chiffre, puis c'est tout, un chiffre
qui ne veut pas dire grand-chose, sauf le nombre d'actes ou de soins qui ont
été posés dans un contexte plutôt que
dans un autre, là, autrement dit, mais ça ne nous donne pas beaucoup
d'information. Et, je ne sais pas,
moi, il me semble que la vigile, là, par rapport à tout ça, demanderait
peut-être un minimum d'information supplémentaire
que ça, qu'on puisse s'assurer, en tout cas, qu'il y ait un minimum
d'information. À la limite, mettons quelque chose qui ne dit pas comment
le faire et quel… à la limite, mais trouvons quelque chose qui ne se limite pas
à… enfin, qui ne donne pas la permission
légale de ne donner qu'un seul chiffre. C'est ça qui me fatigue un petit
peu.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va, M. le Président. Moi, je veux juste qu'on se remette dans le contexte,
là. On est dans le contexte de médecins. Ça va être des cas très exceptionnels,
là, qui le font à titre de médecins de cabinet privé, sans rattachement à un
établissement, qui vont faire une aide médicale à mourir à domicile ou dans une
maison de soins palliatifs. En partant, on
sait que, dans les maisons de soins palliatifs, a priori, il n'y a pas
d'ouverture tellement pour l'aide médicale
à mourir. Fin de la parenthèse. Il pourra y en avoir éventuellement. Il va y en
avoir, il y en a quelques-unes qui ont montré
de l'ouverture, mais… et à domicile et par, en plus, des médecins qui ne sont
pas rattachés. Donc, c'est quand même
quelque chose d'exceptionnel. Donc, je pense aussi qu'il faut être conscient de
demander quelque chose de normal au
Collège des médecins, et moi, de savoir combien il y en a eu à domicile,
combien il y en a eu dans des maisons de soins palliatifs, je trouve que
c'est déjà quelque chose d'intéressant.
J'entends
le commentaire de l'opposition, et nous allons voir, mais le premier écho qu'on
a eu, et je le répète, du Collège
des médecins, je pense qu'il démontre une collaboration exceptionnelle dans
toute l'étude du projet de loi, dans tout le travail qui a été fait, et ce,
depuis plusieurs années, et ils ont une grande réticence à ce que ça soit dans
la loi. C'est une section qui porte
spécifiquement sur leurs fonctions particulières, donc je suis quand même
portée à vouloir respecter ce qu'ils nous
disent. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas échanger, mais c'est le son de
cloche qu'on a eu hier, cette demande qui nous a été faite de dire : On a une ouverture à pouvoir aller plus
loin, mais on ne souhaite pas que ce soit une obligation dans la loi.
Voilà.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Le problème est… La question que je vais poser,
elle est d'autant plus, me semble-t-il, intéressante que, si le nombre
d'actes posés est relativement limité, ça veut dire qu'il n'y a certainement
pas de réticence d'aucune façon à trouver
l'information et la constituer. Ça veut dire qu'une personne prend les 50
dossiers ou les 40 dossiers, en dedans d'une heure, elle peut faire le
total de combien viennent de telle région ou telle autre. Donc, ça veut dire
qu'il y a un obstacle qui n'est pas de cette nature-là, qui n'est pas de
nature, disons, administrative.
Et
est-ce que l'obstacle, c'est uniquement que, quand on est une corporation, un
collège, on préfère ne pas avoir trop d'obligations telles qu'écrites
dans la loi, auquel cas, nous, on a à faire le choix si on veut ou non le
mettre? Je ne pense pas que ce serait un manque de collaboration de la
commission et des députés de l'Assemblée nationale envers le collège parce que
ce n'est pas quelque chose qui demande…
Alors,
s'il y a une question de fond, bien là, peut-être qu'on ne veut pas… parce
qu'il y a trop… je ne sais pas quelles sont les raisons possibles, mais
qu'on les dise, on est capable de les comprendre aussi. Mais, pour l'instant,
je ne vois pas ça, là… J'ai de la misère à
comprendre pourquoi on n'irait pas faire un pas de plus dans l'information
qu'on a.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va. J'entends le point de vue de l'opposition, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Juste que ce soit bien clair au
niveau de notre pensée. Un, le fait
que le collège est un grand
collaborateur… puis je dois vous le dire, on est très satisfaits du travail du
collège puis on apprécie énormément tout ce qu'ils sont prêts à faire de plus pour ce projet de loi. Mais, comme législateurs, ce n'est pas parce qu'un groupe, quel que soit le groupe, en fasse beaucoup
que nous, on ne peut pas surveiller. Ce n'est pas un bon argument de
dire : Parce qu'ils en ont déjà fait
beaucoup, ils ne peuvent pas en faire plus. Nous autres, ce qui est important,
c'est qu'on ait le meilleur projet de loi. Ça, c'est le premier élément,
puis c'est vrai pour le collège, c'est vrai pour tous les groupes.
La deuxième
chose, moi, je vois très mal qu'on n'ait pas les données par territoire des
CSSS et où la personne décède. Et ce
serait peut-être intéressant aussi de savoir il y a combien de personnes qui
viennent de l'extérieur de la région, mettons,
qui ont leur lieu de pratique dans une autre région, qui viennent de faire
l'aide médicale à mourir. À ce moment-là, ça va nous permettre d'avoir
une donnée également pour dire c'est quoi, l'accessibilité.
Troisièmement,
si on nous dit qu'on va le mettre, bien là, à ce moment-là, ça ne rajoute pas
de travail que de le rajouter dans la loi et, pour le collège, ce n'est
pas plus compliqué. Mais, si on me dit que le fait que ce soit dans la loi... que ça va aller dans les modalités, bien
là, je m'inquiète. Peut-être que, si jamais ce n'est pas dans les modalités
pour… quelle que soit la raison, nous
autres, on n'y aura pas pensé, puis moi, je pense qu'on va avoir failli à notre
devoir, parce que, pour moi, c'est
extrêmement important d'avoir les données par territoire de CSSS pour être
capable d'avoir une bonne évaluation de l'accessibilité de l'aide
médicale à mourir par territoire.
Ça fait
qu'une fois qu'on a ça, M. le Président, moi, je serais d'accord pour qu'on
suspende. On va parler avec le Collège
des médecins et puis on va voir en quoi c'est leur argument, mais l'argument
qu'on nous a donné aujourd'hui, pour moi,
n'est pas suffisant. Puis, si le collège a d'autres arguments, bien, je pense
qu'on va les écouter puis on veut prendre une décision responsable et de
collaboration. Et, comme je rappelle, on l'a dit au début, ce n'est pas parce
qu'on le demande qu'on… on n'aurait pas l'impression de reculer. Tout
simplement que, suite à avoir discuté avec le collège, on pourrait se rallier à
la décision. Mais on va parler au collège, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a consentement? Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Je voudrais peut-être ajouter aussi que, dans le fond, ça bonifie en tant que… au
niveau de la transparence, parce qu'on sait, entre
autres, dans certaines régions, il y a des accès, entre autres aux soins
palliatifs, et, bon, peut-être qu'on
aura le même scénario pour l'aide médicale à mourir. Donc, ça nous permettra,
s'il y a lieu, d'intervenir plus rapidement puis de voir vraiment s'il y
a une problématique à un endroit plus qu'à un autre. Alors, je pense
qu'effectivement avec l'informatique aujourd'hui, ce n'est pas très compliqué
de l'insérer dans le programme puis juste
que ce soit plus clair aux lecteurs aussi, tant aux membres du gouvernement,
mais aussi à tous les lecteurs, de voir si, effectivement, dans
certaines régions, ils ont moins accès ou pas accès du tout. Alors, c'est plus
une question de transparence, je pense, qu'on n'a pas… Je ne pense pas que le
collège soit non plus en désaccord.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre cet article 34.1 et 34.2? Est-ce
qu'il y a consentement? Consentement. Alors, on suspend la section IV qui était
déposée comme amendement. Les articles 34.1 et 34.2 sont suspendus. Alors, Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'article 35 avait été suspendu, mais, après avoir eu une discussion
générale, je comprenais que tous étaient d'accord avec le principe de la
Commission sur les soins de fin de vie, mais qu'après il va y avoir un examen plus détaillé. Donc, je ne
sais pas si on peut procéder à l'adoption de l'article 35, qui vise à
instituer la Commission sur les soins de fin de vie.
Le Président (M. Bergman) :
L'article 35, est-ce qu'il y a des commentaires? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
On aimerait se parler une minute ensemble. Est-ce qu'on peut suspendre, M. le
Président?
Le Président (M. Bergman) :
Alors, je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 12 h 23)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, on commence nos travaux. M. le député de Jean-Talon,
sur l'article 35... Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Alors, Merci, M. le Président. Donc, sur l'article
35, on avait demandé à le suspendre hier, puisqu'on souhaitait étudier
la constitution, les fonctions, et tout ça. Dans le souci aussi d'avancer, on
est bien prêts à aller de l'avant et à adopter 35, et puis, le cas échéant, si
jamais il devait y avoir des modifications, de toute façon, je pense que la façon dont... notre méthode de travail fait en
sorte qu'il y a quand même des ouvertures, et on n'est pas très procéduriers.
Alors, dans ce contexte-là et compte tenu de l'état d'esprit de la commission,
je pense qu'on peut aller de l'avant au niveau de la mise en vie ou la
naissance, la création de la commission.
Peut-être juste une petite parenthèse. Hier,
bon, on avait regardé la distinction entre comité et commission, mais, après réflexion, il appert que la commission
soit le modèle approprié pour... compte tenu des discussions générales
que nous avons eues hier et des objectifs visés par le mandat de la commission.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 35? Est-ce que l'article
35 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté? Adopté? Adopté. Alors, l'article 35 est adopté. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Alors, lorsque nous nous sommes
quittés, nous étions à l'article 36. En fait, on considérait un document
de travail pour discuter de la composition, donc des personnes qui devraient
composer la commission. Donc, on
a un modèle initial à sept membres, qui nous apparaissait intéressant, qui était moins détaillé, mais, à la lumière de certains commentaires des groupes et de l'opposition, on soumet un document
de travail qui propose une autre configuration
de la commission, qui passerait de sept à 11 membres et qui, donc,
aurait une liste beaucoup plus détaillée des membres de la commission.
Donc, c'était pour fins de discussion.
En y allant
avec un modèle plus détaillé, c'est certain que ça donne moins de flexibilité,
au fil du temps, de dire : Bon,
dans le milieu de la santé, est-ce qu'il
y a des besoins particuliers? Est-ce
qu'on souhaite avoir une latitude ou si on souhaite que chaque personne
soit désignée? Mais la composition qui est soumise dans le document nous
apparaît quand même respecter un équilibre.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford.
M.
Reid : Oui. M. le
Président, j'aimerais intervenir sur le point d, 1°d : un membre est nommé
auprès de la consultation de l'Ordre professionnel des travailleurs sociaux et
des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, pour la raison suivante : pour l'appuyer, en fait. Parce que la
question se pose des fois… Je sais, ça a été demandé… Je n'étais pas là, mais ça a été demandé
par l'ordre, je pense, les représentants, en tout cas, de ces gens-là.
Mais moi,
c'est par un autre angle, pas pour satisfaire... C'est parce que
mon expérience, et une expérience très récente,
entre la semaine passée et cette semaine, lundi soir... Parce que,
dans ma famille, il y a une personne qui s'en va tranquillement et
il y a un problème, et j'ai reçu l'appel qui était adressé à ma femme, à mon
épouse — parce
que c'est sa mère — d'un travailleur social, de quelqu'un qui
appartient à cet ordre-là. Et j'ai été encore une fois, puis ce n'est
pas la première fois, très, très, très impressionné par le type de langage, par
la qualité, parce qu'on parle de choses très,
très délicates, là. Parce qu'en fait ce que ces gens-là veulent savoir quand
ils t'appellent comme ça, c'est : la personne, elle est atteinte d'une maladie, c'est quelqu'un
qui est en fin de vie peut-être longue, là, si on veut, mais c'est
quelqu'un qui a une dégradation graduelle.
Et là il y a une maladie, là, et là on va la traiter, mais est-ce qu'on va
faire des traitements... Ce que les
gens veulent savoir, c'est jusqu'où on va, etc., parce qu'il y a une personne, qui
est mon épouse en conséquence, dans
ce cas-là, qui est consultée. Et, pour moi, la façon dont ça a été fait, la
façon dont ça a été expliqué, on m'a expliqué qu'il y avait deux
médecins en cause.
Alors, on m'a
tout expliqué, et moi qui n'étais pas dans le dossier, là, j'ai compris de quoi
il s'agissait puis j'ai pu l'expliquer
à mon épouse, qui a rappelé plus tard, quand elle arrivée à la maison. Et j'ai
été vraiment impressionné de la qualité,
de la qualité, puis ces gens-là, je sais qu'ils en ont beaucoup, ils en ont
beaucoup à faire, mais j'étais très impressionné. Donc, je voulais
témoigner de ça, M. le Président, et dire que moi, je trouve que c'est une très
bonne idée d'ajouter ce point-là, d, et
d'avoir… Peut-être que ce n'était pas l'avis de tout le monde ou c'est le
contraire. C'était une très bonne idée, et je pense qu'il faut absolument
garder ça.
Le Président (M. Bergman) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Gatineau.
• (12 h 30) •
Mme Vallée :
Oui, merci, M. le Président. Parmi les observations et recommandations que nous
avions eues lors des consultations de
septembre et octobre dernier, on nous a sensibilisés au fait qu'il n'y avait
pas, dans la composition de la commission, d'obligation à ce qu'à tout
le moins un des membres nommés ait une expérience, une expertise dans les soins
palliatifs. Et je sais que ça peut paraître un petit peu… Ça pourrait paraître
lourd d'ajouter un membre issu du domaine
des soins palliatifs, mais je ne sais pas si on ne pourrait pas prévoir qu'à tout
le moins, dans la composition de la commission, un des membres, et peu
importe la formation, parce qu'on a des travailleurs sociaux, on a des
médecins, on a… On a vraiment… On a des
professionnels pas mal de chaque ordre professionnel qui oeuvrent dans les
maisons de soins palliatifs. Mais, compte
tenu que la commission va se pencher... aura un mandat probablement
relativement large, cette connaissance-là du milieu des soins palliatifs
pourrait être certainement un plus pour aider la commission dans son mandat.
Parce que je voyais, c'était, je crois, le… En
fait, c'est le réseau pour les soins palliatifs qui avait abordé cette recommandation-là, mais on avait également Dre
Annie Tremblay qui souhaitait la présence permanente d'un médecin en soins palliatifs. Donc, ça pourrait peut-être
venir combler des recommandations de certains groupes. Mais d'avoir
cette sensibilité-là... Et je ne sais pas ce qu'en pense la ministre, parce
qu'on n'a pas besoin d'ajouter à la composition, qui serait maintenant rendue à 11 membres, là, je
ne pense pas que l'objectif soit d'ajouter, mais tout simplement
d'assurer d'avoir une certaine expertise dans le domaine des soins palliatifs,
au même titre, par exemple, qu'un membre, par exemple, du milieu de l'éthique
pourrait également être juriste, là. Mais l'objectif est vraiment d'aller
chercher cette sensibilité, je le dis avec un sourire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, oui, on a eu cette réflexion. En fait, le choix qui a été fait,
c'est de ne pas commencer à sous-catégoriser.
On trouvait que, déjà, on venait, dans le document de travail, ce qui peut être
la nouvelle proposition, vraiment définir, chaque ordre, un
représentant, plutôt que d'y aller, comme ce qui était dans la mouture
initiale, de quatre membres issus du milieu de la santé ou des services sociaux.
On se
questionnait aussi à savoir : Si on demandait ça, est-ce qu'on le
demandait pour que, nécessairement, ça soit un médecin de soins palliatifs? Parce que ça pourrait être une
infirmière de soins palliatifs, ça pourrait être un travailleur social
de soins palliatifs. Et ça nous est apparu un peu comme une évidence que, parmi
les noms qui vont nous être suggérés par les
ordres, il va évidemment y avoir des gens qui ont cette expertise et cet
intérêt pour la fin de vie. Et donc c'est
dans cette optique-là qu'on ne l'a pas mis de manière spécifique parce que, là,
en venant préciser deux médecins, tout ça,
là on trouvait qu'on devenait peut-être un peu trop précis, trop segmentés.
Est-ce que ce serait le médecin, un autre professionnel? Comment on…
Donc, on a fait ce choix-là de ne pas mettre cette spécificité-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid : Je trouve…
Je suis d'accord avec la ministre. Le premier réflexe, c'est de dire,
peut-être, donc : Deux médecins, dont
un… etc., là, et que ça, c'est assez peu opérationnel, opérationnalisable. Par
contre, je me souviens très bien que…
et on a été très surpris, dans la commission spéciale, d'apprendre qu'une
grande majorité des médecins — ça ne doit pas changer à toute vitesse, quand même, ça, là — la très grande majorité des médecins et des
infirmières n'étaient pas nécessairement conscients, ou au courant, ou
formés pour les soins palliatifs. Et, même si ça se répand, là, il y a une grande majorité de ces professionnels-là qui ne
sont pas sensibles — bon,
enfin, sensibles, ils le sont comme tout le monde, mais sensibles dans leur profession — parce qu'ils n'ont pas l'expérience de ça.
Et donc il n'est pas… Évidemment, si on tire ça d'un chapeau, là, il n'est pas impensable qu'on n'aurait
personne là-dedans qui aurait fait partie d'une équipe de soins
palliatifs. Évidemment, on ne tire pas ça d'un chapeau. Normalement, comme on
dit, ça devrait se faire.
Par contre,
je ne sais pas s'il y a moyen de faire quelque chose… parce que c'est un peu le
sens de la proposition de ma
collègue, faire quelque chose qui dise que, dans la sélection, il devrait y
avoir quelque chose là-dessus. Parce que, pour l'instant, il n'y a pas de… Parce que tout le monde peut penser, en
lisant le projet de loi, que les soins palliatifs, bien, tous les médecins connaissent ça et toutes les
infirmières connaissent ça. Or, et ça a été une surprise pour les membres de
la commission il y a deux ans, deux, trois
ans, c'est qu'on a appris qu'il y a beaucoup, beaucoup de médecins et
d'infirmières qui ne sont pas conscients de
ça, qui ne sont pas formés à ça. Et donc peut-être faut-il prendre une petite
précaution, sans rentrer… Et là je
suis tout à fait d'accord avec la ministre, on ne commencera pas à dire :
On veut un des deux médecins qui vienne des soins palliatifs, et tout
ça. Ça, ce n'est pas bon, mais est-ce qu'on ne pourrait pas mettre quelque
chose qui souligne quand même cette problématique-là?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis très ouverte, comme toujours, aux propos de mes collègues. Mais, en
fait, quand on fait la consultation qui nous amène ces noms, évidemment,
c'est balisé. Donc, on va, par exemple, écrire une lettre — c'est
balisé et formalisé — dans laquelle le ministre ou la ministre
pourrait très bien dire : Avec des gens qui, bien sûr, ont… connaissent cette réalité, bon, tout ça, et c'est
que ça nous permet, en ne le mettant pas dans la loi, d'avoir la
flexibilité que ça puisse être parfois un médecin. Ça va changer, ça, dans le
temps, là. Donc, peut-être qu'au début ça serait un médecin, mais, dans 10 ans, ça serait peut-être notre travailleur
social, notre extraordinaire travailleur social qui viendrait du milieu des soins palliatifs. Donc, c'était ça,
l'idée. Donc, c'est pour ça qu'on vous soumet de le garder comme ça.
Mais est-ce que... Puis est-ce
que, pour nous, ça veut dire qu'il n'y aura pas quelqu'un des soins
palliatifs? Non. Il va y avoir
assurément une personne, si ce n'est pas plus, des soins palliatifs. Donc, je
pense que ça nous permet de le faire sans l'inscrire.
C'est sûr qu'on veut quand même garder une flexibilité dans le temps, déjà
que, là, on est très spécialisés. Puis je ne voudrais pas qu'on se fasse dire, par exemple, là : Vous le
prévoyez pour le médecin, mais là ça serait peut-être bien...
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford.
M.
Reid : Ce que j'avais en tête, moi, c'est quelque chose plus comme une remarque dans ça, là… je ne sais pas comment les légistes font ça, là, mais
une remarque dans ça qui dise qu'effectivement on... Il faut mettre quelque chose qui dit qu'on s'attend à ce qu'il
y ait du monde là-dedans qui soit compétent en soins... expérimenté en soins
palliatifs. Il n'y a pas besoin de dire autre chose que ça, et on n'a pas à
préciser qui ou quelle catégorie, là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui, on
peut... on est tout à fait ouverts à considérer une formulation, là.
M.
Reid :
...formule que si on fait un amendement, nous.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Bien, en fait, le commentaire était similaire à
celui de mon collègue. Ma préoccupation était de nature générale, ne visait pas spécifiquement les
médecins, ou spécifiquement l'infirmière, ou spécifiquement quelqu'un du
groupe de l'ordre des travailleurs sociaux,
mais je me disais qu'à travers ces professionnels-là on était capables, à
tout le moins, d'avoir de façon continu...
et puis là il pourrait y avoir toujours une rotation selon le professionnel
choisi, mais s'assurer que la
commission ait, de façon permanente, au sein de la composition de son conseil,
quelqu'un ou, à tout le moins, minimalement une personne avec une
sensibilité ou une expérience, une expertise en soins palliatifs. S'il y en a deux, s'il y en a trois, tant mieux, mais, à
tout le moins, qu'on ait quelqu'un qui ait cette expertise-là qui, à mon
avis, ne pourrait qu'être bénéfique.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui, oui,
je suis très ouverte. En fait, je comprends que... Dans notre esprit, ça allait
de soi parce que je pense que les
recommandations vont être très teintées par ça. Mais qu'on le prévoit, qu'il
faut qu'il y ait au moins une personne… parce qu'on parlerait,
évidemment, parmi nos cinq professionnels de la santé et des services sociaux, qu'il y en ait au moins une qui ait une
expertise ou issue du milieu, je suis bien ouverte à considérer ça.
Donc, on va voir la meilleure manière de l'intégrer.
Le Président (M. Bergman) :
Étant donné que c'est un document de travail...
Mme
Hivon : C'est un
document de travail.
Le
Président (M. Bergman) : ... est-ce qu'il y a d'autres éléments
que les collègues veulent soulever en ce qui concerne ce document de
travail? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : En fait, je
révise les notes des consultations, et il y a quand même beaucoup de commentaires
qui ont été pris en considération, là, dans
le document de travail qu'on nous a présenté, alors, ce qui est un grand
plus.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Peut-être
que, pendant que ma collègue révise, puisque nous sommes dans un échange et un
dialogue en continu, ce pourrait peut-être être introduit, cette idée d'une
personne, donc, après le 5°, en faisant un paragraphe
et en disant : Lorsqu'il procède aux nominations visées au
paragraphe 1°, le gouvernement doit s'assurer qu'au moins un
membre soit issu du milieu des soins
palliatifs. Donc, on va vous arriver
avec quelque chose, mais ça pourrait ressembler à ça.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford, commentaires sur cet...
M.
Reid : C'est
excellent. Ça correspond tout à fait à la préoccupation que nous avions.
Le Président (M. Bergman) :
Parfait. Mme la députée de Gatineau, un autre commentaire sur le document de
travail?
• (12 h 40) •
Mme Vallée : Mais il y avait,
hier, la préoccupation — puis
là, encore là, comment on le formule, c'était, d'ailleurs, je pense, une de nos dernières questions — régionale, c'est-à-dire s'assurer qu'à
l'intérieur de la composition de la
commission on ait cette représentativité du territoire québécois, puis je
pensais peut-être regarder au niveau des membres, des usagers
d'établissements, est-ce qu'on pourrait s'assurer d'avoir un membre provenant
du milieu urbain et un membre provenant du
milieu rural ou des régions? Quoique les régions, parfois on va chercher des
représentants des milieux urbains et des régions, mais ça, c'est un
autre débat. En fait, c'était pour avoir cette sensibilité-là, puis d'autant
plus que l'accessibilité et les services des
soins de fin de vie risquent de se déployer différemment au Québec, donc en
ayant cette sensibilité autour de la table, ça pourrait peut-être être
intéressant. Mais j'avais… on avait soulevé la question lors de nos échanges,
hier, en fin de journée.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre, est-ce que vous avez un commentaire avec cette suggestion?
Mme
Hivon : Oui. J'ai repensé à cette question, puis, quand on
procède, quand on compose une commission puis on fait les nominations, il faut toujours avoir cet équilibre-là, donc,
l'équilibre hommes-femmes, évidemment, l'équilibre urbain-rural, un
équilibre régional, donc je ne le mettrais pas formellement puis pas
spécifiquement pour les usagers parce que,
dans le fond, en y réfléchissant, là… sur le coup, hier, je considérais ça,
c'est toujours très pertinent, mais je pense que, un, ça va de soi d'avoir cette recherche-là d'équilibre, je dirais,
entre types de pratiques, aussi entre types de réalités. Puis là je me
dis : Pourquoi, en fait, ça serait lié uniquement à l'usager et non pas,
par exemple, aux professionnels de la santé, qui, eux aussi vont être confrontés à des réalités
différentes? Donc, comme on le fait généralement à chaque fois que ce type de nominations là doit se faire, il
faut garder cet équilibre-là à différents égards, donc je pense que ça va
de soi puis, pour cette raison-là, je ne le mettrais pas dans la loi
spécifiquement en lien avec les usagers ou spécifiquement tout court.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Hum! Ah! Peut-être qu'il y aura lieu, dans le mandat, de revoir… Pour moi,
c'est un élément important, on en a parlé
abondamment, là, de l'accessibilité aux soins de fin de vie sur le territoire.
Peut-être qu'il y aura une autre façon, à l'intérieur du mandat, de
souligner cette préoccupation-là que nous avons autour de la table. Mais je comprends aussi qu'ajouter à la composition ou
ajouter cet élément de considération à l'article 36 pourrait alourdir
le tout et je comprends également qu'au même titre on ne précise pas qu'on
recherche un équilibre hommes-femmes et de représentativité. Donc, je vais me
rallier aux commentaires de la ministre sur cette question.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va. J'apprécie le ralliement.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires au
document de travail?
Mme
Vallée : Oui. On a ajouté, au paragraphe 5°, «un membre
[...] nommé après consultation des organismes représentant les établissements». Donc, j'aimerais simplement avoir une
petite précision quant à qui sont ces organismes-là que nous
consulterons. Est-ce qu'on en a une liste ou est-ce qu'on a en tête des
organismes bien précis?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Dans ma compréhension, M. le Président, c'est
vraiment l'AQESSS, donc l'Association québécoise des établissements de santé et services sociaux. Mais, si c'est au
pluriel, il doit y avoir une raison, et donc nous allons m'instruire
quant à cette savante… C'est parce que c'est sûr qu'on fait… Il pourrait… C'est
ça, on fait toujours… Règle générale, on
fait toujours une loi sur le long terme, c'est pour ça qu'on la veut la
meilleure possible. Ah oui! Vous savez,
comme par exemple, vous avez l'Association des établissements privés
conventionnés, par exemple, on ne veut pas les exclure d'emblée. Mais
c'est aussi qu'on la fait sur le long terme, donc il pourrait arriver, dans le
futur, qu'il y ait deux associations, que les agences ne soient pas
représentées par la même association. Donc, c'est un peu ça, je pense, l'objectif, c'est de ne pas se restreindre
pour ne pas être trop ciblés sur l'association qui est l'AQESSS, là,
mais ce qu'on a en tête, c'est évidemment l'AQESSS.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires au document
de travail?
Mme
Vallée : Est-ce que, par exemple, les associations des maisons
de soins palliatifs pourraient être considérées également? Parce que,
bon, on parle de l'AQESSS, mais on a aussi notre association des maisons...
pardon, des maisons de soins palliatifs. Je comprends qu'on n'a qu'une
maison de soins palliatifs qui est un établissement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ce qui est visé, là, l'idée, c'est plus un représentant d'établissement comme
tel. Dans notre équilibre, évidemment,
on va rechercher à avoir, dans nos professionnels, quelqu'un, dans l'équilibre qu'on recherche, qui peut être issu... ou travailler, ou exercer dans
une maison de soins palliatifs. Là, bien sincèrement, moi, ce que j'ai
en tête, c'est d'être capable d'avoir cet équilibre-là dans nos
professionnels.
Mais,
pour ce qui est des établissements, ça nous apparaissait important,
compte tenu qu'ils sont quand même vraiment sur la première ligne de tout ça, là, le
facteur de rattachement, la responsabilité du directeur général de l'établissement, tout ça... Ça nous apparaissait opportun que ce soit quelqu'un
qui représente les établissements parce
que, sinon, un directeur général de maison de soins palliatifs, il est moins,
je dirais... il serait moins là pour la réalité de la gestion puis de ce que ça
peut impliquer, toute la question de l'accès aux soins de manière générale sur
le territoire, toute cette... Ça fait que ça nous… Nous, on est vraiment dans
une optique d'établissement public.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Ça me va. Je comprends l'intention derrière ce commentaire.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, s'il n'y a pas d'autre
commentaire sur le document de travail, je présume qu'on va suspendre les provisions de
l'article 36 pour laisser Mme la ministre déposer un amendement après
avoir eu la chance pour faire une réflexion sur les commentaires sur le
document de travail.
Mme
Hivon :
Effectivement, M. le Président, donc, on pourrait suspendre puis revenir avec
notre amendement, sans doute — je ne prends pas de... — cet
après-midi.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, le prochain article pour étudier, Mme la
ministre.
Mme
Hivon : Juste un
petit instant, M. le Président. Oui, l'article 37?
Le Président (M. Bergman) :
L'article 37, Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors,
l'article 37 : «La commission peut prendre tout règlement concernant
sa régie interne.»
J'ai un beau
document qui m'explique ce qui est généralement contenu dans un document de
régie interne, mais je ne l'ai malheureusement pas, là, sous les yeux.
Je manque de documents, c'est pour ça.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
(Reprise à 12 h 51)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la commission reprend ses travaux. Mme la
ministre, article 37.
Mme
Hivon : Oui. Bien, en fait, simplement pour dire que tout
organisme de… entité doit prendre un règlement de régie interne pour toutes sortes de questions
plutôt techniques et procédurales, là. Donc, par exemple, son exercice
est-il sur l'année financière ou l'année
normale — comment
on dit ça, donc? — en tout cas, l'année civile, oui, voilà, le
respect de, donc, la constitution, le mandat
de sa commission, sa composition, s'il y a une vacance, comment on agit dans
l'intervalle, donc ce type de modalités là,
qui fait… comment on fait l'avis de convocation pour la tenue des rencontres,
le quorum, les modalités s'il doit y
avoir un vote, donc ce type d'éléments là, si on devait créer un sous-comité.
Donc, c'est, en gros, le propre d'un règlement de régie interne.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mais j'imagine que tout ça se fait aussi de concert… Parce que, si la
commission relève du ministre, ces décisions-là se prennent après
consultation, j'imagine, auprès du ministre ou est-ce que la commission a
pleine autonomie?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Dans un souci d'indépendance, c'est la même chose. Mais même pour quelque
chose qui a moins d'indépendance, une
agence, un établissement, tu prends ton propre règlement de régie interne, donc
c'est très, je dirais, de l'ordre de
l'organisation, du bon fonctionnement de ton entité, ou de ton C.A., ou… bon,
tout ça. Donc, ce n'est pas plus… Le
ministère ne s'ingère pas dans l'élaboration du règlement de régie interne
parce qu'il n'y a rien là-dedans qui
peut aller contre le mandat qui est donné, les obligations de la loi, le
budget, tout ça, là. C'est très limité au fonctionnement.
Le Président (M. Bergman) :
J'ai une… Mme la ministre, quel contrôle est-ce que le gouvernement aurait sur la commission? Est-ce qu'il n'y a aucun
contrôle? Car, s'il peut adopter tout règlement concernant sa régie
interne sans le consentement du gouvernement, quel contrôle est-ce que le
gouvernement aurait sur la commission?
Mme
Hivon :
C'est le même contrôle qui s'exerce pour tout type d'organisme de ce genre. Parce
qu'évidemment il y a une reddition de
comptes autant de ses activités que budgétaire, donc on voit par le rapport
annuel, par la reddition de comptes
qui est prévue. Donc, ce n'est pas moins de contrôle ou il n'y a pas un
problème parce qu'il y a un règlement de régie interne qui est utilisé.
Le règlement de régie interne, c'est vraiment pour être capable de fonctionner
au même titre ou, ici, à une plus petite échelle. Mais, au début de la
formation d'une commission, on se donne nos modes de fonctionnement : si
on fait une séance de travail, comment on fait ça, la convocation, tout ça.
C'est de ce type de réalité là dont on parle, là.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 37? Est-ce que
l'article 37 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté? Adopté. Mme la ministre, article 38.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, je vais lire l'article 38, donc : «Le quorum aux réunions de
la commission…» Oh! Il y avait un
amendement. En fait, on va avoir un amendement à l'article 38 si jamais on
adopte notre document de travail, parce que ça va modifier notre quorum.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, Mme la ministre, est-ce qu'on suspend
l'article 38?
Mme
Hivon : On serait
prêts à revenir à 36, déjà. Alors, on pourrait le faire, ce qui nous
permettrait de...
Le Président (M. Bergman) :
Alors, Mme la ministre, article 36.
Une voix : ...
Mme
Hivon : Hein?
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a un amendement à l'article 36?
Mme
Hivon : Oui. L'amendement
va être...
Le Président (M. Bergman) :
Alors, je suspends pour quelques instants pour donner la chance, pour les
membres de la commission, d'avoir une copie de cet amendement.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
(Reprise à 12 h 58)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la
ministre, il reste deux minutes
avant...
Mme
Hivon : J'ai le
temps de le lire.
Le Président (M. Bergman) : Certainement.
Mme
Hivon : Il faut
maximiser chaque minute. Bon. Alors, je vais déposer formellement un amendement
à l'article 36. Donc, l'amendement se lit comme suit :
Modifier l'article 36 du projet de loi par
le remplacement du premier alinéa par les suivants :
«36. La Commission est composée de 11 membres
nommés par le gouvernement, lesquels se répartissent comme suit :
«1° cinq membres sont des professionnels de la
santé ou des services sociaux, dont :
«a) deux membres sont nommés après consultation
du Collège des médecins du Québec;
«b) un membre est nommé après consultation de
l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec;
«c) un membre est nommé après consultation de
l'Ordre des pharmaciens du Québec;
«d) un membre est nommé après consultation de
l'Ordre professionnel des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et
familiaux du Québec;
«2° deux membres sont des juristes, nommés après
consultation du Barreau du Québec et de la Chambre des notaires du Québec;
«3° deux
membres sont des usagers d'un établissement, nommés après consultation des
organismes représentant les comités des usagers des établissements;
«4° un membre est issu du milieu de l'éthique,
nommé après consultation des établissements d'enseignement universitaire;
«5° un membre est nommé après consultation des
organismes représentant les établissements.
«Lorsqu'il
procède aux nominations visées au paragraphe 1°
du premier alinéa, le gouvernement doit s'assurer qu'au moins un membre
est issu du milieu des soins palliatifs.»
Alors, M. le Président, cet amendement vise à modifier la composition, donc, de la commission, qui, maintenant, serait
formée de 11 membres, afin qu'elle soit encore plus représentative des gens qui
ont une expertise particulière en matière de soins de fin de vie.
Et le deuxième alinéa vise à donner suite à la
demande de la collègue de Gatineau.
Le Président (M. Bergman) : Malheureusement,
collègues, le temps s'est écoulé
Alors, la commission suspend ses travaux
quelques instants afin de se réunir en séance de travail.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 12)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. Je vous rappelle que le mandat de la commission est de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi concernant les
soins de fin de vie.
Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
Collègues,
avant la suspension de nos travaux, ce matin, nous étions revenus à l'étude de l'article
36, et Mme la ministre
y avait présenté un amendement. Alors, Mme
la ministre, la parole est à vous
pour expliquer votre amendement.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, juste avant la pause, j'avais terminé la lecture et l'explication de l'amendement. Donc, je suis prête à en disposer, M. le Président. Ça va pour
moi. S'il y a des questions... Mais je pense que ça allait...
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de... Est-ce
que je peux demander une question?
Est-ce qu'on va étudier cet article...
l'amendement à l'article 36 alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe? Mme
la députée de...
Mme Vallée :
Honnêtement, M. le Président, je pense qu'avec l'ensemble des échanges qu'on a
eus sur le document de travail qui reprend
l'amendement qui a été déposé je pense qu'il n'y a pas lieu de le faire alinéa
par alinéa, pas dans ce contexte-là, puisqu'on a abondamment parlé et
discuté des propositions qui y étaient contenues. Alors...
Le Président (M.
Bergman) : Alors, vos commentaires sur l'amendement à l'article
36.
Mme
Vallée : Bien, en fait, M. le Président, je pense qu'avec
l'ajout de la référence à s'assurer qu'on ait au moins un membre parmi les cinq membres des
professionnels de la santé ou des services sociaux qui soit issus du milieu
des soins palliatifs je trouve ça... je suis bien heureuse qu'on puisse
retrouver ce petit ajout. Je pense que ça correspond, d'une part, à des préoccupations qui nous avaient été
formulées lors des auditions, mais ça va aussi permettre d'assurer qu'en
tout temps il y aura, au sein de la commission,
quelqu'un qui a cette sensibilité-là, qui a cette expertise-là, qui est
hyper importante, parce que la commission va
avoir à se pencher sur la question des soins de vie en général. Et donc cet
aspect-là sera hyper important. Alors, pour moi... ça satisfait. Moi, je suis
satisfaite de cet ajout-là.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires en ce qui
concerne l'amendement à l'article 36? Alors, est-ce que l'amendement à
l'article 36 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article 36 tel
qu'amendé?
Mme Vallée :
Ça va
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce que l'article 36, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Alors, l'amendement est adopté, l'article
est adopté.
Mme
Hivon : On serait à l'article 38, M. le Président, parce
qu'on a adopté 37, puis on va avoir un amendement à l'article.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, l'article 38, il y a un
amendement. Alors, je suspends pour quelques instants pour permettre les
collègues d'avoir une copie de l'amendement.
Je suspends pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise à 15 h 17)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme
la ministre, vous avez déposé un amendement à l'article 38. Voulez-vous
lire votre amendement, s'il vous plaît?
Mme
Hivon : Oui. Alors, ça vise à modifier l'article 38 du
projet de loi par le remplacement de «cinq membres» par «sept membres».
Donc, l'amendement est assez simple, M. le Président. C'est que, compte tenu
que nous avons augmenté le nombre de membres de la commission, nous devons
augmenter le nombre de membres pour atteindre le quorum, ce qui est l'objet de
l'article 38.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Sur l'amendement en tant que tel, non; sur l'article une fois amendé, oui. Je
comprends que, compte tenu de l'augmentation
du nombre de personnes siégeant sur la commission, il allait de soi de modifier
le quorum.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce que l'amendement à l'article 38 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. L'article 38 tel qu'amendé, Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'article, tel qu'amendé, se lit comme suit :
«Le quorum aux réunions de la commission est de
sept membres, dont le président ou le vice-président.
«Sous réserve
du deuxième alinéa de l'article 42, les décisions de la commission sont prises
à la majorité des voix exprimées par les membres présents. En cas de partage
des voix, la personne qui assure la présidence dispose d'une voix
prépondérante.»
Alors, il
s'agit simplement, comme c'est d'usage dans plusieurs lois de ce genre, de
venir prévoir, donc, le quorum spécifiquement pour s'assurer d'une bonne
représentativité lors des réunions de la commission.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires à
l'article 38 tel qu'amendé? Mme la députée de Gatineau.
• (15 h 20) •
Mme Vallée :
Oui, en fait, M. le Président, sur le quorum, est-ce que… Il n'y a pas de… on
ne précise pas que certains membres doivent absolument faire partie des
délibérations et on a deux trucs qui nous avaient été soulevés, que, lors des réunions, il devait absolument y
avoir en tout temps un juriste autour de la table de la commission.
J'essaie de retrouver parce que c'était… Si
je… Oui, bien… Alors, voilà. La Chambre des notaires puis l'Institut de
planification des soins nous recommandaient
qu'il y ait toujours un juriste présent aux séances de la commission. Donc, ça
vient un petit peu donner une
spécificité au quorum. Et on nous a également recommandé que la présidence, la
vice-présidence relèvent également — et ça, c'était le Regroupement provincial
des comités d'usagers — devaient revenir à un juriste, un usager ou un membre du
comité d'éthique. Je ne sais pas si la ministre a des commentaires sur ces
suggestions-là qui nous avaient été faites lors des auditions.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, la formule qui est là, qui est usuelle, là, c'est que, minimalement,
la seule contrainte qu'on met, c'est
que le président ou le vice-président qui peut le remplacer soit présent. Si on
se met à qualifier, en fait, qu'il doit y avoir un membre plutôt qu'un
autre, on commence à faire, donc, de la discrimination entre les catégories de membres, comme s'il y avait des membres plus
importants que d'autres. Un usager pourrait dire : une décision sans
usager, ce ne serait pas conforme; un
médecin pourrait dire : une décision sans médecin; un juriste... bon. Mais
on peut s'imaginer que, compte tenu de la représentation qui est
présente dans la commission et qu'on exige quand même la présence de sept personnes sur 11, on peut s'attendre à une
bonne représentativité. Donc, on a jugé, comme c'est fait généralement, de ne pas venir spécifier ça parce que je pense
que ça risquerait de créer des problèmes supplémentaires. Puis l'autre
point, c'était pour ce qui est de... Ah oui! La nomination.
Mme Vallée : C'était la
nomination à la présidence et vice-présidence.
Mme
Hivon :
En fait, ça, c'est le... quand les membres sont nommés, le gouvernement, donc,
choisit le président ou le vice-président. Encore une fois, je vois mal
qu'on... Je comprends que les juristes puissent estimer que ça doive être un juriste, mais je pense que les médecins
pourraient juger que ça doit être un médecin, puis les usagers, que ça
devrait être un usager. Donc, je pense que
ça va de soi qu'il faut se garder la marge de manoeuvre à cet égard-là pour ne
pas créer, d'entrée de jeu, des supercatégories ou supracatégories de
membres, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci. Alors, je
comprends les commentaires et le fait de ne pas dresser des catégories plus
importantes que d'autres à l'intérieur de la composition de la commission. Et
je comprends que la présidence aura un vote, pourra exprimer un vote en cas de
dissidence, qui viendrait trancher.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : En cas
d'égalité.
Mme Vallée : En cas
d'égalité.
Mme
Hivon : Si jamais
il y avait égalité des voix, le vote de la présidence a prépondérance, donc qui
donne la décision.
Le
Président (M. Bergman) : Nous étudions l'article 38 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Mme la députée de
Gatineau.
Mme
Vallée : Je ne sais pas si c'est prévu, mais est-ce qu'il y
aura la possibilité, pour la commission, de délibérer par voie de
vidéoconférence ou par voie de conférence téléphonique, Skype, et autres
processus, afin d'assurer une meilleure participation des membres?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est quelque chose qui est évidemment possible et qu'ils vont prévoir dans
leurs règles internes. Et, de plus en
plus, c'est prévu dans les règles internes, parce qu'on peut s'imaginer qu'il
va y avoir une diversité de personnes de régions pour avoir une bonne
représentativité. Donc, il faut laisser ce loisir aux membres.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, tout ça
sera considéré à l'intérieur du quorum, et ça permettra, on l'espère, d'assurer
la meilleure participation de l'ensemble des
membres de la commission. Ça va pour moi. Je ne sais pas si mes
collègues ont des questions.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'article 38 tel qu'amendé? Est-ce que l'article 38, tel qu'amendé,
est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. Alors, l'article 39.
Mme
Hivon : «Mandat de
la commission». Donc : «La commission…» Je vais lire l'article, M. le
Président :
«La commission a pour mandat d'examiner toute
question relative aux soins de fin de vie. À cette fin, elle doit
notamment :
«1° donner des avis au ministre sur toute
question qu'il lui soumet;
«2° évaluer l'application de la loi à l'égard
des soins de fin de vie;
«3° saisir le
ministre de toute question relative à ces soins qui mérite l'attention ou une
action du gouvernement et lui soumettre ses recommandations.
«4° soumettre au ministre, tous les cinq ans, un
rapport sur la situation des soins de fin de vie — il y avait un amendement,
mais je vais finir de lire l'article, là, puis… c'est une petite chose;
«5° effectuer tout autre mandat que le ministre
lui confie.
«La commission
a également pour mandat de surveiller, conformément à la présente section,
l'application des exigences particulières relatives à l'aide médicale à
mourir.
«La commission transmet au ministre un rapport
annuel de ses activités.»
M. le Président, il y aurait un amendement
qui est assez simple, mais que... dont je pourrais peut-être faire la
lecture.
Le
Président (M. Bergman) : S'il vous plaît, pour l'amendement…
L'amendement est déposé, Mme la ministre? Alors, vous pouvez le lire à
nous, s'il vous plaît.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement vise à modifier l'article 39 du projet de loi par l'ajout,
à la fin, de l'alinéa suivant :
«Le ministre
dépose les rapports produits par la commission devant l'Assemblée nationale
dans les 30 jours suivant leur réception ou, si elle ne siège pas, dans
les 30 jours de la reprise de ses travaux. La commission compétente de
l'Assemblée nationale étudie ces rapports.»
Le Président (M. Bergman) :
Commentaires sur l'amendement, Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, c'est le... l'article fait bien ressortir la double mission de la
commission dont nous avons discuté
hier, une mission de conseil, donc, sur toute la question des soins de fin de
vie à la propre initiative de la commission ou à la demande du ministre,
de la ministre, et aussi, évidemment, une fonction d'évaluation, donc de
surveillance, de contrôle de l'application
des exigences relatives aux soins spécifiques de l'aide médicale à mourir. Déjà
était prévu un rapport annuel, donc,
des activités. Mais là le rapport va devoir être déposé à l'Assemblée nationale
pour examen, donc à chaque année.
Et puis le
rapport dont on parle aussi au 4°, qui est en rapport sur l'évolution de la
situation des soins de fin de vie, qui est une mission qui va être
importante, qui est faite aux cinq ans, lui aussi va devoir être soumis à
l'Assemblée nationale. Donc, il y a deux
types de rapports, là, c'est assez simple. Il y a le rapport annuel des
activités, comme toute entité qui
existe, qui est soumise à l'exigence de faire un rapport annuel, mais on
prévoit que le rapport annuel va être déposé à l'Assemblée nationale.
Puis, par ailleurs, il y a un mandat propre qui est de faire, à tous les cinq
ans, une évaluation, donc, de la situation
des soins de fin de vie au Québec. Et ce rapport-là également va être déposé à
l'Assemblée nationale pour étude.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Oui. Premier commentaire, c'est qu'on avait comme
suggestion de la Protectrice du citoyen de séparer l'aspect administratif de la commission, donc ce qui est sous
l'autorité du ministre, et l'aspect qui relève de la reddition de
comptes, qui est sous l'autorité de l'Assemblée nationale. Donc, est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de peut-être le diviser,
de sorte qu'on a le mandat qui est confié à la... le mandat de la commission,
donc la relation de la commission avec
le ministre, et, par la suite, l'élément de reddition de comptes à l'Assemblée
nationale, donc le ministre qui, lui, dépose le rapport de la commission auprès de l'Assemblée nationale qui, par la
suite, va en référer à la commission compétente? Ça permettrait tout
simplement de scinder les idées. Et ça, c'est à la page 15 du mémoire de
la Protectrice du citoyen. Donc, ça, c'est un élément qui serait peut-être plus
de forme que de fond, mais qui permettrait aussi, là, de faire une distinction
entre les deux facettes.
Le Président (M. Bergman) :
Juste une question avant la réponse. Est-ce qu'on étudie l'article 39
alinéa par alinéa, paragraphe par
paragraphe? Je sais qu'on est encore sur l'amendement déposé par la ministre,
mais est-ce qu'on va étudier l'article paragraphe par paragraphe et alinéa
par alinéa?
• (15 h 30) •
Mme Vallée : Ça pourrait être
opportun afin de vraiment y aller d'une façon ordonnée.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'on peut examiner,
premièrement, l'amendement à l'article 39 et, après ça, aller à l'article
tel qu'amendé? Ce serait plus logique de le faire.
Mme Vallée : Oui, M. le
Président.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'on peut rester, s'il
vous plaît, sur l'amendement pour le moment? Alors, Mme la députée de
Gatineau.
Mme Vallée :
Alors, sur l'amendement, je reviens avec le même commentaire puisque
l'amendement vise le dépôt du rapport
à l'Assemblée nationale. Donc, je ne sais pas, est-ce qu'il pourrait être
opportun, peut-être, que l'amendement soit peut-être plutôt un 39.1? Je
ne sais pas, une idée comme ça de l'avoir dans un article distinct.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
On a la plus grande ouverture. Je dois dire qu'à première vue je ne vois pas
la... Ce n'est pas d'être dans un article distinct qui va faire que la
fonction va être différente, puis je pense qu'il y a un...
Une voix : ...
Mme
Hivon : Oui, mais
ce n'est pas la personne attitrée aux tiroirs qui fait la demande. Donc, me
voilà légèrement déconcertée, M. le Président.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme
Hivon : Bonne
manière de ramener l'attention de certains collègues.
Donc, en
fait, l'ajout, il vise autant le rapport qui fait partie, donc, de la mission
conseil, qui est celui qui fait qu'à chaque cinq ans il y a un rapport
qui doit être fait, que de la mission plus administrative qu'à chaque année,
donc, un rapport doit être fait, là,
simplement auprès du ministre. Donc, dans cette optique-là, je pense que ça ne
change rien en ce qui concerne le message qui est envoyé que ça soit un
alinéa à la fin de l'article 39 versus un autre article. C'est ce qu'on me dit aussi, mais ça ne changerait absolument
rien non plus d'en faire un autre article si c'est un élément important
pour l'opposition. Mais souvent ça va ensemble, de ce que je comprends, parce
que ça découle de la même logique. Mais, bien sincèrement, ici, j'ai une
complète ouverture.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
En fait, c'était la recommandation de la Protectrice du citoyen puis c'était
vraiment... L'objectif de tout ça, c'était de faire une distinction
entre ce qui était sous l'autorité du ministre et ce qui relevait davantage des
travaux de l'Assemblée nationale puis de la
commission. Mais je pense que ça pourrait être plus clair, tout
simplement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien sincèrement, là, si l'opposition trouve que... Nous, on n'a pas... on
pense que généralement c'est dans le
même article, mais ce n'est pas quelque chose qu'on me dit qui est un crime de
législation, là. Donc, si, pour un...
Une voix : …
Mme
Hivon :
Oui, de lèse-législation, c'est ça. Donc, si la députée de Gatineau préfère que
ça soit fait de cette manière-là, on va simplement le... Mais il
faudrait bien que ça soit clair que ce sont les... En tout cas, pour nous, ça apparaissait important
que ce soient tous les rapports, donc autant le rapport annuel que le rapport
sur l'état de l'évolution des soins
de fin de vie au Québec. Donc, c'est simplement ça. Donc, on pourra dire que
les rapports produits... Dans le fond, c'est la même chose. On n'est pas
obligé de référer, juste qu'on s'entende sur l'objet, là.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, c'est correct, monsieur, je suis en réflexion.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, Mme la députée de Gatineau. Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Sur la
question de... Juste une question, là. Le rapport va être déposé à la
commission compétente de l'Assemblée nationale, et je comprends que la commission compétente de l'Assemblée nationale n'est pas tenue de se pencher sur la question. Bon, ça fait partie des mandats
statutaires, mais il n'y a pas de priorité nécessairement d'accordée. Je sais que tout ça relève de la Loi
sur l'Assemblée nationale, mais est-ce
qu'il y aurait lieu...Comment
on peut s'assurer, surtout, là, dans les
premières années... Je pense qu'il serait important... Et je sais à quel point
cette commission ici est débordée, on
a de nombreux mandats. Afin de s'assurer de ne pas... Est-ce qu'il y a une façon de prioriser, dans les premières années, l'étude
des rapports qui seront soumis pour éviter que la surcharge de travail… parce
que le travail législatif prend le dessus, les consultations dans le cadre des
projets de loi, et, après ça, les mandats de surveillance se font, mais ne se font
pas toujours au moment où le dépôt des rapports se font. Ce n'est pas toujours
contemporain.
Et je crois
que, pour les premières années de vie, pour la jeunesse ou l'enfance de cette
loi, il serait opportun que la commission puisse rapidement être saisie,
ce qui va m'amener... J'ai d'autres questions aussi concernant les rapports,
là, mais, comme on y va paragraphe par paragraphe, je les garde pour le moment
opportun.
Le Président (M. Bergman) :
On est dans l'amendement maintenant. Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ce serait… Je ne sais pas si on peut… Bien sincèrement, là, je comprends le
sens de l'intervention, en même temps, il y a deux types de rapport.
Donc, il y a le rapport annuel qui va dire : Voici ce qu'on a fait, voici
le nombre, par exemple, de cas étudiés, puis il va y avoir le rapport aux cinq
ans, qui, selon moi, est certainement celui qui
va absolument mériter un examen plus approfondi pour voir c'est quoi,
l'évolution, comment va l'application de la loi, et tout ça, alors que
le rapport annuel, il peut y avoir un intérêt, c'est certain, surtout au début,
mais ça va être plus des données sur les activités, bon, à quoi ça ressemble,
évidemment.
Donc, c'est
au loisir de la commission, c'est certain, comme c'est le cas pour l'ensemble
de ce qu'on confie comme étude à une commission. Et mon premier réflexe
serait d'être un peu embêtée de venir statuer de l'extérieur sur les prérogatives d'une commission de l'Assemblée
nationale. Je pense que nous n'avons aucun précédent. C'est ce que nous vérifions, mais c'est le son de cloche qu'on a,
là. Et donc je ne sais pas comment on pourrait venir dire à la
commission que ça doit être son mandat prioritaire. On aimerait qu'elle le
détermine par elle-même, je le dis et je pense qu'il y a de fortes chances que
ce soit le cas.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je sais que les commissions sont quand même souveraines. Les membres de la
commission ont ce droit-là de déterminer un peu l'ordre de leur mandat.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : On peut faire la
vérification pendant qu'on continue l'étude des alinéas. Les premiers avis, y
compris avis externes, c'est que ce n'est pas possible.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford, sur l'amendement.
M.
Reid : Oui. Moi, je pense que, quand on est retourné à
une commission, on est retourné aux parlementaires. Et, à
ce moment-là, c'est nous, comme parlementaires de maintenant, les parlementaires
du futur, qui vont avoir à déterminer, effectivement, les priorités qu'ils ont. Et je me verrais mal imposer à d'autres parlementaires, dont nous serons peut-être d'ailleurs dans quelques années...
mais d'imposer à d'autres parlementaires la façon dont… l'importance qu'on va
accorder, l'ordre dans lequel on va travailler. Moi, je suis un petit peu mal à
l'aise d'aller aussi loin que ça.
Par contre,
je veux être sûr qu'on se rende là. Puis j'aime bien la partie de l'amendement qui dit : Tous les rapports se rendent à la commission. Et il me semble qu'on a terminé la boucle quand
on est parti d'ici, parlementaires, puis qu'on s'assure qu'on retombe chez
les parlementaires qui vont pouvoir réagir, si quelque chose ne va pas, dans le
sens de ce que nos élus… de ce que nos commettants veulent.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, je suspends l'étude de l'amendement, et on va étudier l'article 39
alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe et retourner à l'amendement
avant d'adopter, si c'est fait, l'article 39.
Alors, l'article
39, le premier alinéa, qui commence avec le mot «la commission»,
est-ce que, Mme la
ministre, vous voulez présenter le premier paragraphe de deux lignes, «la commission
a pour mandat»?
Mme
Hivon : Oui. Alors, la structure, donc, c'est d'avoir
deux principaux éléments au mandat, qui sont subdivisés. Donc, premier
élément : «La commission a pour mandat d'examiner toute question relative
aux soins de fin de vie. À cette fin, elle doit notamment...»
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a des commentaires sur ce
premier alinéa?
• (15 h 40) •
Mme
Hivon :
…le premièrement. C'est vraiment la phrase introductive, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, je propose qu'on va au premier paragraphe,
«donner des avis». Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. «1° donner des avis au ministre sur toute question qu'il lui soumet.»
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
le premier paragraphe, qui commence avec les mots «donner des avis»?
Madame, ça va. Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, le ministre pourrait… Dans le cadre des avis, le
ministre pourrait demander à la commission si, par exemple, les critères
mis en place sont suffisamment encadrants ou s'ils sont trop stricts, par
exemple.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Par exemple, M. le Président.
Mme Vallée :
Les avis…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Pardon. Les avis pourraient également être… Il pourrait être question de voir
s'il ne serait pas opportun d'ouvrir la
porte ou d'ouvrir l'admissibilité à l'aide médicale à mourir à une clientèle
qui, actuellement, est exclue.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Par exemple, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau. Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est exactement ça. En fait, c'est, s'il y a un
élément particulier… la Protectrice du citoyen disait, par exemple, les personnes vulnérables. Donc, on
pourrait dire… admettons qu'on veut avoir un avis, à savoir si l'aide
médicale à mourir est administrée davantage chez les personnes âgées, très
âgées, demander un regard plus pointu sur
cette question-là ou sur des personnes qui auraient des caractéristiques
propres. Donc, ça peut être un exemple comme les exemples que la députée
a donnés.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et, bon, on parle d'aide médicale à mourir, mais ça
peut également… Les avis peuvent également être en lien avec l'accessibilité aux soins palliatifs et également
l'encadrement de la sédation palliative terminale… continue, pardon, à savoir est-ce que l'encadrement mis en
place est suffisant, est-ce qu'il existe encore des zones grises. Donc,
c'est sur l'ensemble des soins de fin de vie, finalement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Par exemple, sédation, si quelqu'un nous
disait, je ne sais pas, le formulaire nous pose des problèmes, par exemple, donc on pourrait demander
un avis pour qu'on regarde cette question-là ou, enfin, le formalisme ou toute question qui semblerait peut-être, dans
les pratiques, soulever des inquiétudes, le ministre pourrait donc
saisir la commission pour avoir un avis sur
ça. Tout comme, au troisième alinéa, on va le voir, si, de par son travail, la
commission, elle, se rend compte, ce qui risque d'arriver aussi beaucoup... Si
elle se rend compte d'un problème particulier, d'une situation particulière,
elle peut faire des recommandations pour éventuellement faire une modification,
par exemple, pour avoir une pratique pour laquelle le ministère pourrait agir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce qu'il serait opportun de déterminer le délai dans lequel la commission
donne des avis au ministre ou…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Normalement, quand le ministre va demander son avis, il va fixer le délai, donc
pour ne pas indûment être rigide... Des
fois, il peut y avoir une nécessité d'avoir un avis rapidement, des fois, c'est
quelque chose qui peut prendre plus
de temps parce qu'il y a moins une situation pressante. Donc, c'est pour ça
qu'on laisse la latitude, mais normalement, dans l'avis, il va le
spécifier.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Ça va sur la
question des avis. Je ne sais pas si mes collègues ont des commentaires ou des
questions.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, paragraphe 2°, «évaluer l'application». Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Qu'est-ce qu'on entend par
«l'évaluation de l'application de la loi à l'égard des soins de fin de vie»? C'est très large.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : C'est, par
exemple, à travers son mandat, de
s'assurer que les droits des usagers sont respectés. Exemple, la question de la chambre qu'il
est seul à occuper, l'accessibilité... Il
y a un recoupement, mais c'était
important pour nous de le mettre
spécifiquement parce que c'est sûr qu'il y a 2° et
ensuite 4° dans la situation des soins de fin de vie au Québec. On
inclut la question de l'application de la loi, on inclut la question de la
présence des soins, de l'accessibilité, toutes ces questions-là. Mais
l'application de la loi, c'est de regarder ce qui est contenu, donc, dans cette
loi-là, si, à la lumière de l'examen que fait la commission, c'est bien
appliqué, c'est bien respecté sur le terrain, donc qu'il n'y a pas d'écueils
qui sont portés à l'attention de la commission de par son travail.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
C'est une petite question, qui est peut-être du français plus que d'autre
chose, mais je me demande si on veut
dire ici, la Loi concernant les soins de fin de vie, qui est le titre qu'on a
donné à la loi, ou si on parle de la Loi concernant les soins de fin de
vie à l'égard des soins de fin de vie. Autrement dit, à l'égard de quoi d'autre
qu'on peut parler ici, là?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est parce qu'il y a un autre volet, qui est les directives médicales
anticipées, alors que le mandat, il est vraiment sur les soins de fin de
vie.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
C'est parce que le titre de la loi, c'est concernant les soins de fin de vie.
On a une partie de la loi qui est des
directives médicales anticipées. C'est juste parce que ça fait un petit peu
curieux, je ne sais pas. Peut-être, on pourrait y penser un peu, là,
parce qu'on peut se demander, de la façon que c'est rédigé, si c'est juste
parce qu'on a remplacé «concernant la fin de
vie» par «à l'égard de». Si c'est quelque chose de plus, ça serait peut-être
bon de s'assurer qu'on...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, en
fait...
M.
Reid : Est-ce que
ça veut dire qu'on...
Le Président (M. Bergman) :
M. le député.
M.
Reid : Jusqu'à un
certain point, là, est-ce que c'est vraiment ça que ça veut dire, que la partie
«directives anticipées», ils ne toucheront pas à ça?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Exactement, M. le Président. Ce n'est pas le... Ils ne sont pas là pour... Ça,
c'est vraiment quelque chose de très, très juridique, là. La question
des directives médicales anticipées, c'est un peu le prolongement de ce qui se fait, mais, on va le voir plus tard, avec
des modalités, je vous dirais, plus strictes puis qui facilitent la vie aussi
aux gens qui les font. Mais le mandat et la
commission, c'est vraiment formé pour regarder la question des soins de fin
de vie, là. Les directives médicales anticipées...
M.
Reid : …c'est
peut-être plus...
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
C'est peut-être plus du français qu'autre chose, mais ça vaudrait peut-être la
peine d'y penser un petit peu, parce
qu'effectivement, quand on dit, en haut : «La commission a pour mandat
d'examiner [toutes les questions] relatives aux soins de fin de vie», le
titre du projet de loi étant concernant les soins de fin de vie, dans le projet
de loi, il y a quelque chose de non
négligeable, même si c'est, a priori, plus juridique. Juste de réfléchir un
petit peu peut-être à la formulation, parce qu'on comprend qu'ici
l'intention actuelle du projet de loi, c'est de ne pas couvrir dans la commission... la commission n'aurait pas pour
mandat de couvrir les aspects liés aux directives de fin de vie, parce qu'il y
a des éléments, là-dedans aussi, qui sont
peut-être un peu compliqués : les formulaires, les consentements, enfin,
tout ça. Il y a peut-être des choses qui nécessiteraient peut-être
d'être revues un peu.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Pour
ce qui est de la formulation, en fait, c'est formulé comme c'est formulé pour
lui donner le sens qu'on veut lui donner, là. C'est vraiment une commission sur
les soins de fin de vie, ce n'est pas une commission
sur les directives médicales anticipées. Et c'est formulé comme ça parce qu'on
n'a pas répété... Ça va de soi que la loi dont il est question... il me
semblait, mais je comprends que le député a une autre lecture, mais quand on
dit «l'application de la loi», donc c'est de notre loi à l'égard des soins de
fin de vie. Mais on pourrait dire, si on voulait... Au lieu de dire «de la loi», on pourrait dire «évaluer l'application du
présent titre de la loi». Donc, ça va de soi, le titre, il est sur les
soins de fin de vie. Ça serait clair que c'est d'évaluer, donc, l'application
du présent titre de la loi, si c'est ça qu'on souhaitait, mais...
Le Président (M. Bergman) : M. le
député d'Orford.
• (15 h 50) •
M.
Reid : Au moins, ça rend les
choses claires, mais, en même temps, ça pose la question : Est-ce
qu'effectivement, en adoptant ça, on
est d'accord pour dire que la partie des directives anticipées... peut-être
qu'on ne comprend pas tout, là, mais que ça ne fait pas partie des
éléments qui vont intéresser la commission, parce qu'il y a quand même des
choses nouvelles aussi là-dedans, même si ça correspond à des choses qui
existent. Il y a des éléments là-dedans qui...
Bien, je vais
poser la question autrement, M. le Président. Il y a des éléments nouveaux dans
la partie des directives anticipées, plusieurs éléments nouveaux :
la façon de le faire, la façon dont on va s'assurer que ça va être utilisé lorsque
ce sera le moment. Qui va faire la surveillance ou qui va s'assurer de
l'implantation de ça correctement et va surveiller
ça à moyen terme? Parce que,
là, ça veut dire que… Moi, je pensais
que c'était là-dedans, là, qu'on faisait ça, là. Ça veut dire que ça n'est pas le cas, c'est le ministère de la Santé,
point, qui va s'occuper de ça dans ses… C'est comme…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est l'optique, oui. C'était vraiment
ça, le sens de la commission. C'était vraiment sur les soins de fin de vie, sur l'aide médicale à mourir, toute la question de la surveillance,
bon, du contrôle de l'aide médicale à
mourir, mais aussi de la mission, vraiment : les soins de fin de vie, le droit aux soins de fin de vie, l'accessibilité, tout ça, alors que les directives médicales anticipées, c'est quelque
chose, je vous dirais, qui est plus quantitatif et plus… C'est très important,
mais ça serait plus…
J'essaie
juste de réfléchir rapidement, là. On avait déjà fait la réflexion, puis,
pour nous, ça allait de soi que c'étaient les soins de fin de vie parce
que c'est combien de personnes, par exemple, vont avoir fait des directives. C'est sûr qu'on pourrait
élargir en se disant : On va questionner, mais la formation de la commission
puis tout ça, là, ma collègue de Gatineau, je pense
qu'elle serait heureuse, parce que je
pense que ça serait beaucoup
plus juridique. On n'est pas dans la même… Ce n'est pas le même centre
d'intérêt et ce n'était pas ça qui était notre centre d'intérêt avec la
commission sur les soins de fin de vie.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Bien, moi, je vous dirai que la question des directives anticipées, on n'en a
pas beaucoup parlé, mais, dans toute cette question-là, si je me
rappelle un peu la commission, des discussions qu'on a eues, l'élément qui est nouveau, très important, c'est le respect de la
volonté de l'individu au moment où arrive le besoin de prendre une
décision. Et là on est à la fin de la vie, là, quand on arrive… on prend cette
décision-là. C'est le débranchement, c'est la non-intervention, non-acharnement
médical, etc. Et, en fait, ce qu'on fait, c'est… On peut s'assurer que ceci est
décidé à l'avance, mais je comprends,
là-dessus, il y a effectivement des besoins de vérifier peut-être des questions
plus juridiques, mécaniques, etc.
Moi, ce qui m'inquiète plus, c'est : Est-ce
que ça va vraiment être appliqué dans les hôpitaux au moment où ça doit être appliqué? Est-ce qu'il y a quelqu'un
qui va regarder ça? Et, si ce n'est pas ici, à la commission, peut-être,
quand on arrivera là, on devrait penser à une façon de s'assurer qu'il y a un
monitoring de ça — excusez-moi
l'expression anglaise — parce
que, là, on parle de vrais individus qui vont se retrouver, à un moment donné,
dans une situation de vraie famille et de vrai médecin, ils vont se retrouver
devant une situation où…
Puis
on avait dit… Par exemple, j'ai vu… Le projet de loi parle de l'inscription
dans un registre et une obligation de regarder le registre quand on a un
dossier. Donc, ça, c'est des éléments qui font plutôt partie… une fois que tout
est fait, tout est
écrit, ça fait partie du processus qui est la fin de la vie, là, pour la
personne qui est au coeur de ça. Et moi, je pense que cet élément-là, en
tout cas, si ce n'est pas l'élément juridique, là, plus juridique, de la façon
de l'écrire, de s'assurer qu'on a les bonnes
formules, que c'est fait au bon moment, etc., c'est que cette façon-là de
s'assurer que le corps médical, que
le groupe, l'équipe, que… s'assurer que l'équipe respecte ce qu'on va avoir mis
dans la loi, notamment le fait que,
malgré qu'il pourrait y avoir des… J'anticipe un peu, là, ce n'est pas un jeu
de mots, là, mais on veut s'assurer que la volonté de la personne qui
aurait exprimé sa volonté selon les règles de la loi, que cette volonté-là soit
respectée. C'est un des éléments, a priori, très importants.
Donc,
moi, je ne sais pas. S'il n'y a aucune surveillance de ça, il faudrait peut-être
qu'on la mette rendus là si on ne veut pas la mettre ici. Ça m'importe
peu, là, qu'on la mette ici ou ailleurs, mais je voudrais juste souligner… puis
peut-être qu'il faudrait revenir à ça quand
on arrivera aux directives anticipées, que là-dessus il faudrait au moins
s'assurer qu'il y ait un peu de surveillance.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je veux juste porter à l'attention que, dans notre conception des choses,
c'était plus une responsabilité
ministérielle, effectivement, que de la commission. Le ministre va aussi faire
un rapport. On va vraiment faire une reddition de comptes importante, va
faire un rapport sur l'application de la loi aussi, d'abord aux trois ans,
après les premiers trois ans de l'application
de la loi, puis aux cinq ans. Donc, ça aussi, on va le voir, c'est prévu dans
la loi. Donc, c'était notre vision des choses pour ce qui est de cette
question-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Peut-être que je n'ai pas lu attentivement, mais je n'ai pas vu, dans la partie
des directives anticipées, quelque chose qui
demande au ministre de faire quelque chose de spécial là-dessus. Moi, je pense
qu'on devrait s'y pencher. Peut-être que les gens qui savent écrire les
projets de loi pourront peut-être regarder si on ne peut pas ajouter, à un moment ou à un autre, dans un des
articles sur les directives anticipées, quelque chose qui demande au
ministre de faire quelque chose de particulier et de donner une certaine directive
là-dessus si on ne veut pas le faire faire par la commission. Je comprends que ce n'est peut-être pas nécessaire, mais,
enfin, il me semble que, moi, il y a besoin d'une surveillance
particulière. On parle de quelque chose de nouveau, on parle de quelque chose
qui, dans certains cas, ne sera pas évident
à faire de la part des équipes, et il me semble que... En tout cas, on n'est
pas rendus là, mais, si on ne le fait pas ici, gardons à l'esprit que je
vais certainement revenir dans la partie des directives anticipées.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est vrai qu'il y a un aspect nouveauté, je dirais,
qui est le formalisme, qui est, en fait, exigé pour que les directives aient un caractère liant, mais
c'est certain que des directives — je fais la discussion, là — existent, des testaments de fin de
vie, les...
M.
Reid :
...
Mme
Hivon : Oui, mais je veux juste le dire parce que je ne veux
pas non plus créer d'espoir ou élever les attentes. On pourra le travailler
quand on va arriver dans les directives médicales anticipées.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est ça, c'est une discussion qui va être
assez importante, parce que Me Ménard, lorsqu'il
est arrivé avant, avait soulevé un point par rapport aux directives médicales
anticipées, que parfois il pourrait y avoir des demandes que, si c'est
obligatoire de répondre à ces demandes-là du patient, ça deviendrait difficile
pour le professionnel. Mais je suis certain que la ministre a fait une
réflexion là-dessus, là. Puis, rendus là, on va être capables de le régler,
parce qu'on ne veut pas avoir plus de problèmes, on ne veut surtout pas essayer
de causer des problèmes qui n'existent pas actuellement, mais la ministre a dû
faire une réflexion là-dessus. On peut se permettre d'attendre, peut-être,
quand on sera rendus à cette partie de la loi.
M.
Reid : Mais ce qui est important aujourd'hui, c'est qu'on
décide tout le monde ensemble que ce n'est pas ici que ça va.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est ça.
M.
Reid :
O.K. Donc, on peut continuer l'article sans tenir compte de ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est le sens de ce qui est prévu, effectivement.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur le
paragraphe 2°? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
C'est peut-être plus une question de formulation, mais on choisit le terme
«application de la loi». Est-ce que la
«mise en oeuvre de la loi», «l'évaluation de la mise en oeuvre de la loi» ne
serait pas plus opportune ou, à tout le moins...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre
Mme
Hivon :
On porte à mon attention que le terme «mise en oeuvre» référerait à quelque
chose qui est plus court dans le
temps, qui serait comme la mise en oeuvre... l'introduction de la loi, alors
que l'application aurait une portée plus étendue dans le temps.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Dans le contexte
où c'est une loi qui introduit du droit nouveau, est-ce qu'il ne serait pas
opportun que la commission puisse évaluer la mise en oeuvre et l'application de
la loi? Parce qu'au début, dans les premières
années, on peut penser, puis je pense qu'il est tout à fait correct de penser
que la loi ne va pas atterrir parfaitement partout sur le territoire dès son entrée en vigueur. Il y aura
probablement des défis, que ce soit au niveau de l'accessibilité dans certaines régions, que ce soit au niveau même
de recruter, ou de trouver, ou de faire le recensement des médecins qui
seront disposés à administrer l'aide médicale à mourir.
Donc, je
pense que de se pencher sur la mise en oeuvre ou d'évaluer la mise en oeuvre devrait,
dans la loi, être considéré. Et, qui sait, peut-être que, d'ici quelques
années, lors d'une révision de la loi, on pourra, à ce moment-là, le biffer, puisque ce ne sera plus opportun. Mais,
compte tenu qu'on introduit quand même des notions nouvelles puis une
dynamique nouvelle, je pense qu'il serait important de pouvoir évaluer la mise
en oeuvre. Je ne sais pas ce que mes collègues en pensent.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (16 heures) •
Mme
Hivon : J'ai une
proposition pour la députée. Nous allons introduire, à la fin, dans les
dispositions transitoires, un amendement
pour que le premier rapport de la commission soit fait pas après cinq ans, mais
après trois ans. Donc, nous pourrions,
pour ce premier rapport là, parler de mise en oeuvre également, plutôt que de
le mettre comme tel dans l'article
qui va, en fait, être là pour toujours. Parce que le travail de la commission,
sur le long terme, va être l'application de la loi. Si on veut donner un
sens à «mise en oeuvre», on pourrait en parler à cet éventuel article en
disant, donc, qu'elle va se pencher sur la mise en oeuvre de la loi. Mais ça
serait plus pour son premier rapport.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et ça, ça serait
clairement un mandat confié à la commission dans le cadre des dispositions
transitoires?
Mme
Hivon :
Dans la disposition transitoire, en fait, c'est qu'on va venir dire que son
premier rapport, donc, sur les soins de fin de vie, au lieu d'être dans
cinq ans… Il y a son rapport annuel, mais ça, c'est autre chose, là. Mais son premier rapport sur l'état des soins de fin de
vie, on n'attendra pas cinq ans, on va en demander un après trois ans
pour voir tout de suite, plus rapidement. Et là on pourrait venir spécifier, on
pourrait venir mettre quelque chose pour dire la mise en oeuvre de la loi et l'état des soins de fin de vie, donc pour le
trois ans, plutôt que d'aller le mettre… Parce que, si on le met carrément à 39, c'est comme si le mandat de
la commission, de manière générale, serait toujours la mise en oeuvre et
l'application de la loi. Or, dans 20 ans, la mise en oeuvre de la loi va
être derrière nous depuis un bon moment. Ça fait
qu'on pourrait le mettre… Ça va être un article qui va être dans la loi pour
toujours, mais c'est un article qui vient prévoir que le premier rapport
se fait après trois ans. Donc, on pourrait mettre quelque chose en lien avec
ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je ne suis pas contre. En fait, l'important pour moi, c'est que la commission
puisse se pencher sur cette question-là dès l'entrée en vigueur,
finalement, des différentes dispositions. Donc, si le mandat est clairement
identifié à un autre article dans le projet de loi, ça ne lui enlève aucune
valeur, et donc je pense que ça peut être opportun, et puis ça évitera de
devoir amender la loi dans le futur. Moi, ça me va, oui.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur le paragraphe 2°, commentaires ou
questions? Est-ce qu'il y a d'autres commentaires, questions sur le paragraphe
2°?
Alors, collègues, paragraphe 3°, qui commence
avec les mots «saisir le ministre»?
Mme
Hivon :
«3° Saisir le ministre de toute question relative à ces soins — donc, les soins de fin de vie — qui
mérite l'attention ou une action du gouvernement et lui soumettre ses
recommandations.»
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Dans le temps, ils pourraient
faire ces recommandations-là ou… «Saisir le ministre de toute question
relative…» S'il n'y a pas d'espace-temps, ça peut se faire n'importe quand.
Est-ce que vous avez pensé à faire ce type
de recommandation d'une façon statutaire ou par… Parce que le rapport annuel va
faire… C'est un rapport des activités
annuelles, mais il n'y aura pas de rapport avec des questions ou des
recommandations qui pourraient être faites.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Non, effectivement, on ne l'a pas… on ne le voyait pas comme ça. Son rapport
annuel, c'est vraiment ses activités,
combien d'aides médicales à mourir ont été évaluées, ce qu'il a fait, bon, tout
ça, les avis qu'il a pu rendre,
exemple. Puis, aux cinq ans, il va rendre son avis, donc, sur la situation. Et
nous, on s'attend qu'à ce moment-là il y ait des recommandations. Mais
on ne le mettait pas parce qu'on ne veut pas non plus le limiter à ce que… Dans
la mise en oeuvre, exemple, rapidement, on
se rend compte d'un écueil, on fait des recommandations. Donc, il n'est
pas limité dans le temps, il peut le faire quand il le veut. Il peut saisir le
ministre de toute question puis lui soumettre des recommandations.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est écrit : «…qui mérite
l'attention ou une action du gouvernement et lui soumettre [des]
recommandations.» Ça implique que le gouvernement serait appelé à poser un
geste.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Exemple, une modification à la loi parce qu'il y
aurait quelque chose qu'il jugerait qui n'est pas conforme à ce qu'était
l'intention ou qui est mal compris.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Pour moi, c'est beau, M. le Président. Je ne
sais pas si mes collègues…
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires pour le
paragraphe 3°? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je pense que ça recoupe peut-être un peu la question de mon collègue, là.
Chaque fois que la commission va saisir le ministre, est-ce qu'il en sera état
dans les rapports, dans l'un des trois rapports? Parce que je comprends… Il y a le rapport annuel, il y a le
rapport sur la situation des soins de fin de vie, il y aura le rapport de
mise en oeuvre, là. L'application de la loi…
En fait, tous ces éléments-là, tous les mandats, les différents mandats, à
chaque fois qu'un des mandats sera réalisé, est-ce que ça devra faire
l'objet d'un rapport ou est-ce que ça devra nécessairement être inclus dans les
rapports remis au ministre?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, ça va être tout ce que… ça va être dans le
rapport d'activité annuel, donc, qui va faire état de ce que la commission a fait. Donc, si des avis lui
ont été demandés, on va nommer, bien sûr, les mandats sur lesquels elle
a pu travailler. Même chose s'il y a des questions dont elle s'est saisie. Puis
par ailleurs est-ce que la commission va parler
uniquement par rapport? Non. Si la commission juge qu'elle doit soumettre une
question au ministre, elle va lui soumettre
une question, par exemple, en lui en envoyant une missive, en lui faisant part,
donc, de ses constats. Ça pourrait être un rapport comme ça pourrait
être quelque chose de moins formel, là. Donc, elle ne parle pas que par
rapports. Je ne sais pas si c'était ça, le sens de la question, mais, dans son
rapport annuel, on va voir ce qu'elle fait, là, pour les deux volets de son
rôle, son rôle conseil puis son rôle de surveillance.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
En fait, ce qui m'intéressait de savoir, c'était si, à chaque fois que le
ministre est saisi d'une question particulière par la commission, une question
d'intérêt, la commission devra en faire rapport dans l'un ou l'autre de ses documents ou si elle peut choisir
de ne pas transmettre certaines informations dans ses rapports. C'est
plus une question de transparence.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, généralement, de ma compréhension du rapport
des activités, on doit vraiment faire part de nos activités. Ça, c'est au coeur de son mandat. Donc, la commission va
devoir, pour que son rapport soit effectivement fait correctement, faire
état de quelles ont été ses activités. Donc, pour moi, c'est inclus, M. le
Président.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau, sur le
paragraphe 3°.
Mme
Vallée : Par exemple, lorsqu'on dit qu'on peut «saisir le
ministre sur une question relative à ces soins qui mérite [...] une action du gouvernement», si la
commission en venait à la conclusion qu'il y avait un besoin criant de
places additionnelles en soins palliatifs dans une région donnée, est-ce que ce
serait le genre d'élément que la commission pourrait…
Parce que, je ne sais pas, la commission pourrait avoir reçu de l'information
provenant… et donc pourrait être appelée à se pencher sur une question
donnée et pourrait, j'imagine, basée sur le paragraphe 3°, dire : Voici,
nous, on a porté à notre attention la
situation, par exemple, de la région des Îles-de-la-Madeleine, et on
considère — juste un
petit test, c'était comme les tiroirs — qu'il y a un besoin criant de places en
soins palliatifs ou on aurait un besoin criant… on a besoin de
sensibiliser les équipes médicales de l'importance de recruter, peut-être, ou
de faire des efforts pour recruter des spécialistes ou des médecins qui
seraient disposés à administrer l'aide médicale à mourir. Puis là j'y vais
comme ça parce que, j'imagine, on n'a pas
encore touché… Mais j'imagine que la commission ne sera pas fermée du monde
extérieur, et donc qu'en étant créée il pourra... il y a possiblement des demandes qui seront formulées à
la commission par les citoyens ou par peut-être même des établissements.
À moins que ça ne soit pas du tout le mandat de la commission, là. Est-ce que
la commission...
• (16 h 10) •
Mme
Hivon :
Elle n'est pas fermée.
Mme Vallée :
Elle n'est pas fermée. Donc, en n'étant pas fermée, on peut penser qu'elle sera
sensibilisée à certaines questions
particulières, parce qu'elle est un petit peu l'organisme indépendant qui... en
fait, elle n'est pas «un petit peu», elle est l'organisme indépendant
chargé de s'assurer que tout tombe bien puis que tout est mis en oeuvre correctement. Donc, le réflexe... Je ne sais pas,
peut-être même que, dans certains cas, les commissaires aux plaintes... Est-ce que les commissaires aux plaintes — là, c'est vrai — pourraient diriger à la commission des
enjeux au même titre qu'ils le font,
par exemple, avec le Protecteur du citoyen? Quand un citoyen se bute, par
exemple, à une réponse qui ne lui convient pas auprès du commissaire aux
plaintes d'un établissement, on a souvent… on a toujours une référence au Protecteur du citoyen. Est-ce que, dans un cas
touchant les soins de fin de vie, le commissaire aux plaintes va faire
cette référence-là à la Commission sur les soins de fin de vie et donc
alimenter la commission d'un travail additionnel?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Il pourrait le faire. Il n'y a rien qui l'empêche,
il peut le faire, il peut faire ses recommandations à qui il veut. Puis, pour répondre à la députée, c'est
exactement le sens de «saisir le ministre». Si la commission se rend
compte d'une situation difficile, on espère qu'elle va le faire. Et, justement,
son indépendance va faire en sorte qu'elle va le faire. Puis je pense que sa composition est justement là pour s'assurer
qu'il va y avoir ces regards-là de différents milieux, de différents domaines, pour voir un peu comment
tous les éléments s'imbriquent correctement. Donc, c'est exactement le
sens du troisième alinéa.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau, avec le paragraphe 3° de
l'article 39.
Mme
Vallée : Mais elle a
comme mandat de saisir le ministre de toute question, mais elle n'a pas nécessairement le mandat de procéder à une enquête ou procéder à
une évaluation comme le fait le Protecteur du citoyen,
le Protecteur du citoyen saisi d'un dossier d'insatisfaction ou relativement à un manque de ressources. La commission n'a pas ce pouvoir-là, là, de dire :
Bien, je me saisis de la situation, je la regarde. La commission aurait le
pouvoir, simplement, de dire au ministre : Voici, on vient de porter à
notre attention la situation x, et occupez-vous-en.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Mais les mécanismes actuels, évidemment, sont là,
là : commissaire aux plaintes, Protecteur du citoyen. Donc, les
gens vont continuer à pouvoir s'adresser aux instances qui sont là. Mais, oui,
si, dans le cours de son travail, comme
c'est le cours des mandats qui sont les siens, elle se rend compte d'une
situation, elle va la porter à l'attention du ministre. Elle n'a pas de
pouvoir d'enquête, là, non.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Mais il n'y a rien qui empêcherait la commission, dans
les recommandations, de demander d'aller plus loin, et d'étudier un
enjeu de façon plus spécifique, et demander au ministre l'autorisation de se
voir confier ce mandat-là. Parce qu'il n'y a rien qui empêche le ministre de
confier des mandats spécifiques à la commission.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée...
Mme
Hivon : C'est le sens du 5°, qui
est «effectuer tout autre mandat» auquel on n'aurait pas pensé dans 1°, 2°, 3°,
4°.
Mme Vallée :
Ou toute autre tâche connexe.
Mme
Hivon : Ou toute
autre tâche connexe.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau, sur le paragraphe 3°.
Mme Vallée : Sur 3°, moi, ça
me va. Pour 3°, je ne le sais pas si mes collègues ont des commentaires.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur le paragraphe 3° de l'article…
premier alinéa de l'article 39? Alors, le quatrième alinéa... le quatrième paragraphe
du premier alinéa de l'article 39.
Mme Vallée : En fait, juste
une dernière petite question. Le ministre a toujours la discrétion de se saisir
de la question, parce qu'ultimement la
décision revient au ministre. Donc, la commission saisit le ministre d'un enjeu
ou d'une situation, mais, ultimement, c'est le ministre qui a la
discrétion de déterminer : Bien, j'y donne suite ou je n'y donne pas suite
pour question de contraintes budgétaires, par exemple.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, effectivement, la commission ne se substitue pas au ministre et au
gouvernement. Elle le conseille et répond à ses demandes.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Ça va. Je m'excuse, j'avais dit que je n'avais plus de question, puis c'était
vraiment ma dernière question sur 3°.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur le paragraphe 4°, le premier alinéa de l'article 39? Sinon, le
paragraphe 5°.
Mme Vallée : 4°, j'ai des
questions, oui, M. le Président. C'était 3°. C'est parce que j'étais revenue
sur 3°, M. le Président. Désolée.
Le Président (M. Bergman) :
Ah! O.K., O.K. Le paragraphe 4°.
Mme Vallée :
Oui. Sur 4°, je voulais savoir pourquoi le rapport sur la situation n'était
soumis au ministre qu'à tous les cinq ans.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Parce que c'est... Pour se donner une perspective, c'est important que ça
puisse, je pense, se faire quand même
sur une période qui est relativement longue, pas trop courte, pour être capable
d'évaluer comment les choses évoluent.
Donc, par exemple, on va voir plus tard que le premier, on le demande après
trois ans pour voir l'impact de la loi, de la mise en oeuvre de comment les choses vont s'être déployées. Un,
c'est quand même tout un boulot, là, donc, pour que ça ait un sens puis que, vraiment, ça nous permette d'évaluer
correctement et puis d'avoir des données significatives si on le fait à chaque année. Puis c'est quand même
tout un travail si on veut le faire correctement. On ne pense pas que ce
soit requis, on pense même que ça ne nous
donnera pas la perspective, mais, en le faisant sur des périodes, donc, fixes,
c'est ce qui nous est apparu comme la bonne période,
mais, en le regardant, j'étais d'avis que, pour le premier rapport, ça
serait bien de diminuer le délai à trois ans.
Je pense, par
exemple... Il y a beaucoup de lois où on fonctionne comme ça, pas via une
commission, mais via, par exemple, le ministre qui doit faire rapport.
Généralement, on se donne un délai, trois ans ou cinq ans, pour justement avoir le temps, là, d'évaluer les choses pour
avoir un petit peu de perspective. Je pense à la loi sur les poursuites-bâillons,
notamment, que j'avais travaillée dans une
autre vie. Et donc il y avait un... Puis là, on a vu, on vient d'avoir le
rapport cinq ans plus tard. Donc, c'est ce type… c'est ce qui nous a amenés à
mettre ça comme délai.
C'est aussi
parce que... C'est ça. Il faut donner, je pense, l'espace puis il faut aussi
permettre à la commission de faire
son travail correctement, là. S'il fallait qu'elle fasse ça à chaque année, je
ne pense pas que l'investissement de temps par rapport au bénéfice qu'on
en retirerait, d'avoir ce regard année après année, vaudrait le coût, là. Parce
que c'est quand même une commission modeste.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau, sur le paragraphe 4°.
Mme Vallée : Et, le rapport
sur la situation des soins de fin de vie au Québec, on s'attend à ce que ce
rapport contienne quoi, au juste?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : On s'attend, par exemple, à voir le déploiement de
maisons, d'unités, de regarder aussi, parce qu'eux, ils vont avoir cette perspective-là de personnes,
donc, qui ont eu accès aux soins palliatifs, de personnes qui vont avoir
eu la sédation palliative, de voir l'évolution des choses, évidemment, pour
l'aide médicale à mourir, de voir comment ça, un peu, s'imbrique, de voir, par
exemple, sur une période de cinq ans, est-ce qu'il va y avoir une évolution
dans, par exemple, la disponibilité par les médecins de l'aide médicale à
mourir, exemple, dans les maisons de soins palliatifs. Donc, tout ce type de renseignement là aussi. Je dirais aussi le
développement des soins palliatifs à domicile, de voir est-ce qu'il y a
plus d'équipes, est-ce qu'il y a plus de médecins qui vont à domicile, ce type
d'information là qui va nous permettre d'avoir un regard, donc, objectif,
indépendant puis fouillé sur la question.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Moi, ça va.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres questions ou
commentaires sur le paragraphe 4° du premier alinéa de l'article 39?
Alors, le paragraphe 5° du premier alinéa de
l'article 39. Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : «5° effectuer
tout autre mandat que le ministre lui confie.» Je pense qu'on l'a un peu défini
la semaine dernière... pas la semaine dernière, mais il y a quelques minutes.
Une voix : ...
Mme Vallée :
Non, non, non, voyons donc! Voyons donc! Au contraire. Donc, «tout autre mandat
que le ministre lui confie», donc,
c'est très large. Ça permet d'englober à peu près tout. C'est le «toute autre
tâche connexe» des commissions. Alors, pour moi, ça va.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur le paragraphe 5°? M. le député de
Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Pour faire une petite farce, ça veut-u dire
que ça devient pratiquement l'esclave du ministre ou de la ministre?
Non. Ça devient quasiment l'esclave du ministre, il peut faire n'importe quoi.
«Tout autre mandat», ça veut dire qu'on peut lui faire faire...
Mme
Hivon : En termes
de soins de fin de vie.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui, ils sont tout à fait d'accord. Oui, oui, d'accord avec ça, oui.
Mme
Hivon :
Effectivement. Quand même, ne nous emballons pas.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, non, non. Mais, M. le... c'est important
de prévoir un article comme celui-là, parce que, comme de fait, on ne
peut pas prévoir les différents mandats, et cette commission-là va quand même
avoir des objectifs qui sont assez uniques à
remplir, et je pense que c'est une clause qu'on doit toujours garder en tête,
que c'est utile de l'avoir pour être
capable de faire du travail utile. Ça fait qu'on est d'accord avec cette
clause-là, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, collègues, le deuxième alinéa de l'article 39.
Mme
Hivon :
Oui. «La commission a également pour mandat de surveiller, conformément à la
présente section, l'application des exigences particulières relatives à
l'aide médicale à mourir.»
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre, des commentaires sur le deuxième alinéa. Vous avez des
commentaires?
Mme
Hivon :
Ah! Excusez-moi. J'avais pensé que c'était adressé à l'opposition. Est-ce que
j'ai des commentaires? Bien, ça,
c'est évidemment... c'est tout le rôle de la commission. On va voir un petit
peu comment il se décline, là, mais c'est tout le rôle de la commission,
qui est son rôle de surveillance et qui est donc de voir... On va voir qu'un
avis, systématiquement, va être envoyé à la
commission lorsqu'un médecin administre une aide médicale à mourir. Donc,
c'est le rôle de la commission de
surveillance spécifiquement reliée à la question de l'aide médicale à mourir
pour s'assurer qu'à la lumière de la
déclaration et des informations qui sont transmises les conditions et exigences
de la loi ont été respectées.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a des questions, commentaires sur le deuxième alinéa? Mme la
députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce que la commission aura des pouvoirs de contraindre, par exemple, un
établissement de lui fournir de l'information?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
41, en fait, ça, c'est le médecin qui administre, va devoir aviser en donnant
les renseignements qui vont être
prévus par règlement. Donc, on va prévoir les renseignements qui vont devoir
être transmis pour qu'évidemment la commission puisse faire son travail
correctement. Donc, les éléments du dossier… Bon. Donc, à 41, on voit qu'on dit que les «renseignements sont confidentiels et
ne peuvent être communiqués à quiconque, sauf dans la mesure où ils sont
nécessaires pour l'application» de 41 ou de
42 s'il se passe quelque chose au terme de la vérification puis qu'on doit
s'en remettre à des autorités autres que la commission. Donc, ça, ça va être
prévu spécifiquement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : C'est quand même
un mandat… C'est un mandat de surveillance, mais c'est un mandat de surveillance qui est relativement général puisqu'elle ne se
penche pas… la commission ne se penche pas sur chaque cas ou… Elle va se pencher sur chaque cas ? D'accord. O.K.
Est-ce qu'il ne serait pas opportun
de le préciser à ce moment-là?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
on le dit…
Une voix : …
Mme
Hivon : Pardon? En fait, quand on lit 41 et 42, là, c'est
vraiment le spécifique,
c'est le détail de ce… Donc, 42, on va dire : «Sur réception de
l'avis du médecin, la commission vérifie le respect de l'article 28…» Donc,
c'est clair que c'est à chaque fois qu'elle
reçoit l'avis. Et on prévoit que le médecin doit envoyer son avis, donc, à 41.
Donc, ça va de soi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme
Hivon :
39, en fait c'est l'énoncé général de ce mandat, de ce volet de son mandat,
puis, après, on le décline plus spécifiquement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur…
Mme Vallée :
Quant à cet élément bien spécifique du mandat, le rapport de la commission sur
cette question-là se retrouve dans lequel des rapports?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Son
rapport annuel d'activité.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et, lorsqu'il
est question des exigences particulières relatives à l'aide médicale à mourir, l'application des exigences particulières, est-ce
que, dans le fond, on reprend… on va reprendre l'évaluation de
l'article 26 ou des critères de 26 et
des critères… et de l'article 28? Dans le fond, la commission va prendre le
dossier, va vérifier si les critères de 26 étaient présents, toutes les
conditions de 26 étaient présentes au moment de l'administration de l'aide médicale à mourir, et va vérifier que le processus
prévu à l'article 28 aura été suivi de façon rigoureuse par le médecin
qui a administré l'aide médicale à mourir.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Exactement. À l'article 42, on dit vraiment qu'elle vérifie le respect de
l'article 28 conformément à la
procédure qui va être prévue par règlement. L'article 28, comme on le sait,
c'est tout le processus, et ça inclut le respect des conditions de 26.
Donc, c'est exactement ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Ça me convient.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'alinéa deux de l'article 39? Alors,
l'alinéa trois de l'article 39.Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Donc, on en a déjà parlé, c'est : «La commission transmet au ministre
un rapport annuel de ses activités.» Dans l'amendement, on va voir qu'il
va être déposé à l'Assemblée nationale.
Mme Vallée :
Peut-être qu'avant d'aller sur l'amendement, sur le texte tel que rédigé…
Le Président (M. Bergman) :
On peut aller à l'amendement.
Mme Vallée :
Bien, c'est parce que, sur le texte tel que rédigé, j'avais un petit
commentaire. Si on peut le faire puis, comme ça, on n'aura pas besoin de
revenir, M. le Président, avec votre permission.
Le Président (M. Bergman) :
Parfait.
• (16 h 30) •
Mme Vallée :
Donc, j'ai : «La commission transmet au ministre un rapport annuel de ses
activités» au plus tard le... Non, il n'y a pas le «au plus tard le»,
mais ça… Je me demandais : Est-ce qu'il ne serait pas opportun de prévoir
une date au même titre qu'on a prévu pour
les établissements de déposer... de faire état de certains rapports pour le
30 juin? Est-ce qu'il serait opportun
pour la commission de transmettre son rapport annuel au plus tard… je ne sais
pas si c'est le 30 juin, ou au plus
le 30 septembre, ou… Je ne sais pas ce qui… Parce que la commission va
devoir attendre après les rapports, évidemment, provenant de différents intervenants,
mais je pense qu'il serait important de fixer peut-être dans le calendrier le moment où le rapport sera déposé au ministre
et, par la suite, le moment où il sera déposé à l'Assemblée nationale.
Donc, si on prévoit dans les amendements qui
vont venir que le ministre prévoit le dépôt à l'Assemblée dans les 30 jours de leur réception, bien, on pourrait
prévoir une date qui n'est pas tout à
fait étrangère avec les… et qui
permet le dépôt pendant la session. Il y a peut-être
moyen de le faire sans créer un gros chambardement puis, en même temps, mettre cette obligation-là de déposer à temps les rapports. Puis les
membres de la commission ont également ce point de repère là qu'il n'est pas tout
à fait… pas mauvais d'avoir.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : L'élément
que je veux porter à votre attention, c'est qu'en fait elle va déterminer, dans
son règlement interne, son fonctionnement, donc si elle fonctionne sur une année civile ou
sur l'année financière, là, donc c'est pour
ça… Je suis juste en train de réfléchir à cet élément-là, et puis elle devrait normalement marcher jusqu'à 31 mars.
Puis là j'étais en train juste de me dire si ce…
En tout cas, on réfléchit. Sur l'idée en elle-même, ce n'est pas prévu statutairement, le moment, mais ça, on
pourrait le prévoir. On est juste en train de débattre du meilleur
moment, parce que je ne suis pas certaine
que de lui donner… En fait, c'est parce que, c'est ça, trois mois… Si son année
finit le 31 mars, je doute que ce soit le 30 juin. Donc, on pourrait
mettre une période ou mettre six mois après la fin de son année, là. C'est ça
qu'on évalue un peu.
Mme Vallée :
Parce que, dans le fond, même si, bon, pratico-pratique, la commission dépose
son rapport le 30 juin, bien,
l'Assemblée nationale ne siège pas. Donc, on n'a pas à la presser parce qu'il y
a l'obligation après ça pour le
ministre de déposer dans les 30 jours. Mais, si on met 30 juin, le
ministre dépose, il ne déposera pas avant la reprise des travaux, donc on aura pressé la commission,
alors qu'il n'y a pas vraiment d'activités parlementaires. Donc, je ne
sais pas, est-ce que début septembre pourrait être quelque chose d'opportun qui
permettrait de déposer après ça pendant le calendrier parlementaire?
Le
Président (M. Bergman) : Je me demande, Mme la députée, si on
peut dire le 31 mars, première année dans laquelle le projet de loi est adopté, si le projet de loi est adopté. Si
vous avez le 31 mars comme la date de délai pour déposer ce rapport
annuel au ministre, alors le ministre a 30 jours après le 31 mars, alors, pendant
la session, le rapport serait déposé. Car,
comme le troisième alinéa est écrit, il n'y aura pas un délai pour la
commission pour transmettre au ministre le rapport annuel.
Alors, si la
commission doit déposer le rapport annuel au 31 mars de l'année quand le projet
de loi est adopté, alors vous avez
une date butoir pour la commission, et, après, le ministre a 30 jours après le
31 mars. Car, comme ce troisième alinéa, comme je le vois, est rédigé,
il n'y a pas une date pour la commission pour transmettre le rapport annuel de ses activités à la ministre. Alors, vous devez
commencer avec une date et après vous avez un autre 30 jours pour
déposer à l'Assemblée nationale. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Habituellement, dans le réseau, la date de
l'année financière, c'est 31 mars, et puis les rapports annuels sont au
30 septembre tout simplement parce qu'ils vont les préparer pendant la
période de l'été, et, pour faire le rapport
annuel, ça prend le rapport financier. Et moi, je pense, si on veut mettre des
dates pour que… c'est possible, là,
je pense qu'on peut en discuter, mais ce n'est pas une obligation. Mais, si on
mettait comme 31 mars, ça veut dire
rapport annuel, 30 septembre, déposé après ça pour être étudié ici, en Chambre.
Et, compte tenu qu'on commence à siéger
dans cette période-là, bien, on va l'étudier dans les 30 jours qui suivent,
c'est-à-dire ça irait avant le 31 octobre.
Le Président (M. Bergman) :
On peut le déposer dans les 30 jours après…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
30 jours puis…
Le Président (M. Bergman) :
Il y a le temps pour étudier ça à la session de l'automne.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est ça. Je ne sais pas si la ministre veut aller au niveau de noter des dates
ou elle préfère le laisser comme ça.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Bien, je dois vous dire que je ne pense pas que
c'est essentiel de mettre une date parce
qu'il faut… il est tenu par la loi de
faire son rapport annuel au ministre. Donc là, on se comprend qu'on n'est pas
avec une agence ou un établissement,
on est avec une commission qui est quand même… qui a des moyens limités, on en
a parlé abondamment hier. Donc, c'est
sûr qu'avec quatre ou cinq personnes ça se peut que la première année, le
rapport, ça soit un petit peu plus long de le faire. Donc, il y a une
obligation, on sait qu'on va l'avoir.
Moi, j'aurais
laissé la marge de manoeuvre à la commission, là. On sait que normalement ça va
être dans les mois qui vont suivre la fin de l'année, mais je serais
plutôt ouverte à donner la latitude dans l'article 39.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais, si on fait une réflexion, c'est parce que, quand on donne la latitude, même
pour eux autres, ça devient tannant parce qu'ils viennent qu'ils ne savent pas
trop, puis c'est flou, tandis que, comme législateurs, compte tenu qu'on va en
étudier le rapport, moi, je me disais…
Mme
Hivon : Si on
mettait une date…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Si on
mettait une date, je mettrais 30 septembre, là, pour…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, puis je serais tout à fait d'accord.
C'est seulement… on ne veut pas les contraindre, mais, quand on n'a pas
cette définition-là, même les gestionnaires, ils vont dire : Bien,
écoutez, il n'y a pas de date précise, il
faut qu'il le remette un jour. Et on peut se rendre compte, à un moment donné,
que ça peut dépasser ça. En tout cas, quand c'est des dates statutaires,
c'est plus facile à gérer pour tout le monde.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. 30 septembre, ça me va. 30 juin, je trouve que ça aurait été serré un peu,
là, surtout au début, pour qu'il se mette en fonction, mais…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Si elle avait proposé 30 juin, j'aurais forcé
pour la convaincre, pour dire que 30 septembre, ça avait plus de bon
sens. Ça fait que je me rallie à son idée.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'il y aurait un amendement pour déposer…
Mme
Hivon :
On va l'intégrer… Non, on ne va pas l'intégrer parce que c'est autre chose. On
va… Oui, oui, on va faire… On pourrait peut-être revenir à notre autre
amendement pendant qu'on prépare celui-là, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, on retourne à l'amendement
déposé par Mme la ministre à l'article 39 et après retourner à l'alinéa 3°, l'article 39, avec un amendement qui
serait déposé par Mme la ministre. Alors, on retourne à l'amendement,
Mme la ministre.
Des voix :
…
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants.
Mme
Hivon : Non, non, non. J'ai une question
pour l'opposition parce
qu'on fait un amendement à la demande de l'opposition. Donc, je veux
juste comprendre si l'opposition…
Le Président (M. Bergman) :
Alors, la commission reprend ses travaux. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je veux juste… On est en train de travailler l'amendement parce qu'on nous avait
demandé — je veux juste être certaine que c'est
toujours l'état de la demande de l'opposition — de faire un article différent
pour la question du dépôt des rapports.
Donc, c'est la députée de Gatineau qui nous avait demandé ça, et donc je veux savoir s'il y a une
volonté ferme de l'opposition que l'amendement prévoie que ce soit vraiment
dans un article distinct.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Bien, moi, je trouve que ça permettait d'établir deux éléments, c'est-à-dire
les liens entre la commission et le ministre, donc le rapport entre la commission
et le ministre, et, après, le lien entre la commission et l'Assemblée nationale.
C'était plus dans une optique tiroir.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : J'ai une petite crainte, M. le Président. Cette optique tiroir semble faire des petits, et je ne sais pas
jusqu'où elle va nous mener, mais espérons que…
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Seulement
pour dire, avant même qu'elle le dise, j'écrivais : Pensée en
tiroir, ce qui fait que je pense qu'on est en communion de pensée, c'est
excellent, ça, puis la ministre partage ça avec nous.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. On va
suspendre pour déposer l'amendement…
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour…
Mme
Hivon : Nous
allons retirer l'amendement qui avait été déposé à l'article 39.
Le Président (M. Bergman) :
Et je suspends pour quelques instants pour donner la chance pour le déposer.
Mme
Hivon : Oui.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 40)
(Reprise à 16 h 44)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, la ministre
a déposé un amendement. Mme la
ministre, votre amendement.
Mme
Hivon : Oui. D'abord, M. le
Président, on pourrait traiter de l'amendement à l'article 39 comme tel, donc qui serait de modifier l'article
39 du projet de loi par le remplacement du dernier alinéa par le suivant :
«La commission transmet au ministre, au plus
tard le 30 septembre de chaque année, un rapport annuel de ses activités.»
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre, voulez-vous faire des commentaires sur l'amendement?
Mme
Hivon : Ce sera des commentaires limités pour dire
que le 30 septembre m'apparaît une bonne date, puisque le rapport
devrait être fait pour le 31 mars de l'année précédente... de l'année en cours.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Nous sommes encore très heureux, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Si je peux demander une question, la
date du 31 mars, est-ce que ceci est une date fixe, car vous n'avez pas
de mention ici? Est-ce que c'est une obligation? Ce n'est pas une présomption.
Mme
Hivon :
On présume. Il y a de fortes présomptions que, dans ses règles, la commission
va se donner comme fonctionnement de fonctionner sur l'année financière
jusqu'au 31 mars.
Le Président (M. Bergman) :
Mais est-ce qu'on peut faire cette présomption?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, mais, M. le Président…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Tout ce qui est gouvernemental, là,
sinon ça briserait tous les états financiers du gouvernement, c'est
nécessairement au 31 mars. Puis nécessairement tout est au 31 mars au niveau
gouvernemental.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre, sur le même sujet.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Si j'ai tort, il faudrait qu'on me le dise.
Mme
Hivon :
Non, je n'ai pas d'autre commentaire.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'amendement au troisième alinéa de l'article 39?
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Est-ce que l'amendement à l'article 39
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Mme
Hivon :
Il faudrait adopter l'article 39 parce que notre amendement va amener un…
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires à l'article 39 tel qu'amendé? Alors, est-ce que l'article
39, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté. Alors, l'amendement est adopté
à l'article 39, et article 39, tel qu'amendé, est adopté.
Mme
Hivon : Et là nous reviendrons, monsieur… Nous reviendrions
à l'amendement que nous avions d'abord déposé,
mais que nous avons retiré et qui est maintenant un amendement qui vise à
introduire un nouvel article, donc 39.1. Donc, je pourrais en faire la
lecture parce que les…
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre, est-ce qu'on peut
attendre pour un moment, pour donner la chance aux députés pour avoir
une copie de l'article 39.1, le nouvel article 39.1?
Mme
Hivon :
En fait, M. le Président, c'est le même article. C'est seulement qu'au lieu
d'être...
Le Président (M.
Bergman) : …les députés ont copie de cet article-là. Mme la
ministre.
Mme
Hivon :
Alors, l'article 39.1, donc ça vise à insérer, après l'article 39 du
projet de loi, l'article suivant :
«Le ministre dépose
les rapports produits par la commission devant l'Assemblée nationale dans les
30 jours suivants leur réception, ou, si
elle ne siège pas, dans les 30 jours de la reprise de ses travaux. La
commission compétente de l'Assemblée nationale étudie ces rapports.»
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 39.1? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Juste une question de français. «30 jours
suivants», y a-tu un «s»? C'est «30 jours suivant leur réception».
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
J'ai eu la même…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, je tiens à
dire, j'ai été le premier à le voir et à le dire. Ceux qui l'ont vu
avant puis ne l'ont pas dit, c'est moins bon.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va, on pourrait…
M.
Reid :
…un sous-amendement, on enlève le «s».
Mme
Hivon :
Je suggère que nous rayions le «s» et je pense que la secrétaire de la
commission pourrait s'accommoder…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, c'est contre mes principes,
mais ça m'arrive d'aller contre mes principes. On peut barrer le «s».
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'article 39.1? Est-ce que l'article 39.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre, l'article 40.
Mme
Hivon : Oui,
alors, l'article 40 : «Dans l'exercice des fonctions qui lui sont…»
Il n'y a pas d'amendement à l'article 40?
«Dans l'exercice des fonctions qui lui sont
dévolues par le premier alinéa de l'article 39, la commission peut
notamment :
«1° solliciter l'opinion de personnes et de
groupes sur toute question relative aux soins de fin de vie;
«2° effectuer ou faire effectuer les études et
les recherches qu'elle juge nécessaires;» et
«3° avoir recours à des experts externes afin de
lui faire rapport sur un ou plusieurs points précis qu'elle détermine.»
Donc, c'est vraiment
de prévoir que la commission a le pouvoir... On voulait être très transparents,
là, parce que ça va un
peu de soi, mais que la commission peut se tourner vers l'extérieur pour
pouvoir accomplir son mandat. Ce devrait être plutôt exceptionnel, mais je vous donne un exemple. Par exemple, solliciter l'opinion de personnes ou de groupes, si on se rendait compte qu'il y a peut-être
une difficulté particulière avec les personnes qui ont un
problème de santé mentale, par exemple, on pourrait penser que la commission
souhaiterait se tourner vers les groupes, les associations qui les
représentent, par exemple, pour les entendre, peut-être
consulter un expert qui est spécifiquement formé sur la question du
traitement des personnes qui ont un problème de santé mentale, donc dans le système
médical, pour voir les ajustements, dans le réseau, qui pourraient être
apportés. Donc, c'est ce type d'éléments là qui sont prévus à l'article 40.
• (16 h 50) •
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce que c'est la demande des collègues pour examiner cet article...
alinéa... oui, il y a un alinéa, mais paragraphe par paragraphe?
Mme Vallée : Plus organisé.
Le
Président (M. Bergman) : Oui. Alors, on peut commencer avec l'introduction. Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. En fait...
Ah! Je cherchais...
Le Président (M. Bergman) :
Nous sommes à l'article 40.
Mme Vallée : Oui, effectivement. Je cherchais... C'est un premier commentaire.
Nous avions eu une recommandation du Comité de juristes experts, que
l'on retrouve à la page 35 de leur mémoire, et, en fait, ce que les juristes experts soulevaient, c'était la possibilité
pour la commission de recevoir de l'information qui provenait de différentes sources. On en
a discuté un petit peu tout à l'heure. Et nos juristes experts
recommandaient... bien, en fait, étaient
d'avis qu'il n'y avait pas de difficulté à modifier le projet de loi à l'article 40 en ajoutant des paragraphes qui spécifiaient la possibilité de recevoir ces informations-là. Parce que tout à
l'heure on a abordé la question dans
le cadre des avis ou des éléments qui étaient soulevés et qui étaient
portés à l'attention du ministre.
Et donc, à la
page 35 du mémoire, on prévoit : «Recevoir les rapports annuels des établissements sur l'application de la politique de
soins de fin de vie…» Alors, ça, on en a déjà fait état.
«Recevoir
toute recommandation découlant du traitement d'une plainte déposée auprès d'un
établissement, que pourrait lui
acheminer un commissaire local aux plaintes et à la qualité des soins, un
commissaire régional aux plaintes et à
la qualité des soins, un médecin examinateur ou le Protecteur du citoyen dans
l'exercice de leurs fonctions relativement au traitement des plaintes et
au respect des droits des usagers; et
«Recevoir
toute recommandation d'un coroner ou de tout organisme intéressé par la
question des soins de fin de vie et qui concerne le mandat de la
commission.»
Donc, selon
le Comité de juristes experts, ces ajouts à l'article 40 permettraient un
meilleur exercice des fonctions de surveillance des soins de fin de vie
par la commission.
Alors, je me demandais ce que la ministre
pensait de cette recommandation des juristes experts. Et est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de le prévoir dans l'article 40?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : À l'article 40, on est dans les pouvoirs de la commission,
alors que ces recommandations-là, elles sont plus de la nature de ce qu'elle recevrait. En fait, on a fait la
discussion quand on a parlé de 39, là, à savoir, donc, ce qui pourrait l'amener à apporter son jugement,
puis on a déjà disposé, on l'a examinée, et ça va de soi. Donc, ce n'est
pas quelque chose qui a besoin d'être prévu nommément dans la loi.
Donc, il n'y a pas d'empêchement à ça à l'heure actuelle.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mais, sur la question du lien... parce que
ce n'est pas si clair que ça, le lien entre les commissaires aux
plaintes, le Protecteur du citoyen et la commission. Si, effectivement, ça va
de soi que la commission puisse être saisie
d'un dossier porté à l'attention d'un des commissaires aux plaintes, un commissaire régional aux plaintes, ou d'un médecin examinateur, ou du Protecteur du citoyen,
je pense que... Et là, s'il faut revenir sur 39 et l'inclure à 39, là,
moi, je pense qu'on a quand même assez de
souplesse, à date... C'est parce que je l'ai abordé à 40 puisque le Comité de
juristes experts le voyait comme étant un élément devant
être inclus à l'article 40. Maintenant, est-ce que ça doit être dans l'article
39? Est-ce que ça doit être dans un autre article? Ça, là-dessus, je n'ai pas
de problème.
Mais je
comprends qu'il y a un certain nombre de rapports, ça va de soi, puis ça ne
posera probablement pas de problème. Mais, vraiment, la question du lien
entre la commission, le Protecteur du citoyen et les commissaires aux plaintes, c'est là qu'il n'est pas évident qu'il y
ait un lien et que ces organismes-là pourront transmettre ces
informations à la commission. Donc, ça va sans dire, mais ça va mieux en le
disant.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En
fait, c'est que c'est l'inverse. C'est-à-dire que, là, c'est comme de
dire : On prévoit un pouvoir pour la
commission de recevoir ça, mais ce n'est pas la commission qui décide ce
qu'elle peut recevoir, c'est les autres
qui décident ce qu'ils veulent lui envoyer comme recommandation, si vous me
suivez. Le commissaire aux plaintes va
dire : Ça serait pertinent de faire une recommandation auprès de la
commission des soins de fin de vie en plus de la faire à d'autres instances; Protecteur du citoyen :
Ce serait une bonne idée de le faire. Et ça, ça va de soi que ces
organisations-là peuvent faire leurs
recommandations, si elles le souhaitent, à cette commission-là. Mais la
commission ne peut pas venir dire :
Moi, je me donne le mandat que les autres m'envoient leurs recommandations. Je
ne sais pas si vous me suivez, là.
Donc, c'est pour ça que ce n'est pas quelque
chose qu'on vient prévoir dans le mandat ou dans les pouvoirs de la commission. Mais là tout le monde me
confirme, parce que ça fait deux fois que je le demande... Tantôt, j'ai
donné la réponse, puis là M. le
sous-ministre me reconfirme qu'il n'y a absolument aucun frein, si une autre
entité veut faire une recommandation
à notre commission, de la faire, là. Mais ça, c'est leur pouvoir à eux, leur
volonté. C'est leur initiative, exactement, aux autres entités.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, si on prend l'article 40 et on regarde, bon, «solliciter l'opinion de
personnes et de groupes sur toute question», on peut aussi penser que la
commission peut se tourner vers le Protecteur du citoyen et demander, de sa propre initiative... Sans nécessairement avoir
préalablement avoir été saisie, la commission pourrait obtenir du
Protecteur du citoyen, dire : Bien, écoutez, nous sollicitons votre
collaboration pour nous transmettre toute question portée à votre attention en
cours d'année et portant sur les soins de fin de vie.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Une voix : ...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
La raison pour laquelle je suis peut-être un petit peu insistante, c'est que,
si on ne dit pas qui peut transmettre l'info à qui, bien, peut-être
qu'il n'y a pas d'info qui va se transmettre. C'est là ma crainte. Alors que,
si le couloir ou le corridor entre les
organismes est prévu, bien, à ce moment-là, il va probablement se développer
des réflexes de transmission de
l'information. Mais, à la base de nos échanges, je comprends que ça va de soi.
Mais, à la lecture même du texte, ce n'est pas si évident que ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (17 heures) •
Mme
Hivon :
Il va y avoir un amendement pour ce qui est de prévoir, là, noir sur blanc, que
la commission peut exiger des
informations, mais pas des types d'instances dont on parle, mais, par exemple,
des établissements, des maisons de soins palliatifs, des médecins. Ça,
on va venir le prévoir à 40.1. Donc, gardez votre enthousiasme, ça s'en vient.
Mais, pour ce
qui est de… il faut juste garder en tête c'est quoi, le mandat. Le mandat, ce
n'est pas de dédoubler les commissaires
aux plaintes ou la Protectrice du citoyen, qui fait son travail
individuellement quand quelqu'un la saisit. Mais, si ces instances-là
voyaient un problème systémique, qui est récurrent dans une région, avec une
catégorie de personnes, comme elle le fait aussi quand elle fait des rapports
au gouvernement... Ce qu'elle va faire ressortir, c'est où on traite énormément
de… où il y a un problème qui visiblement fait surface, mais elle s'occupe
aussi de traiter des plaintes individuelles.
Donc, le rôle
de notre commission de soins de fin de vie, ce n'est pas de traiter des
plaintes individuelles, mais elle a la capacité de se pencher... Si
d'autres entités estimaient qu'il y a un problème et qu'on doit informer la
commission de ça parce que ça pourrait
alimenter sa réflexion, elles pourront le faire. Mais que la commission parte à
la pêche pour dire, exemple : Envoyez-moi tous vos problèmes ou
tous les cas, bien là, je pense qu'on serait en dehors du mandat de la
commission.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Le but n'est pas
de doubler.
Mme
Hivon : La députée
de Groulx va être contente.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : En fait, c'est
tout simplement de pouvoir porter justement à l'attention de la commission les situations qui permettent à la commission de
saisir le ministre. Parce que, je comprends, le Protecteur du citoyen va
faire ses recommandations, mais, s'il y a
des situations plus urgentes ou plus… en saisissant la commission, la
commission peut rapidement se pencher sur la question et faire des
recommandations au ministre, au gouvernement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, en fait… C'est ça, je vais redire ce que j'ai dit, là. Pour moi, je
comprends que les autres entités ont
le pouvoir de se retourner vers la commission, et la commission, elle prend
acte de ça. Mais, de manière générale, la commission, elle va travailler
à partir, donc, des mandats qui lui sont confiés, qui ne sont pas spécifiques
mais plus généraux, puis elle va aller
chercher l'information en fonction de ça avec les instances qui sont plus
directement liées, je dirais, à la
question des soins de fin de vie, là, donc les médecins, les établissements,
les maisons de soins palliatifs, plutôt que vers les organismes de
traitement de plaintes. Mais je ne sais pas si je réponds... ou peut-être que
je saisis mal…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mais, si on ne
le prévoit pas spécifiquement, il n'y a aucune obligation pour personne de se transmettre l'information. Donc, il n'y a pas
d'obligation pour le Protecteur du citoyen de faire état d'une situation
donnée à la commission, il n'y a pas plus
d'obligation pour les commissaires aux plaintes ou le commissaire régional aux
plaintes de faire état d'une situation portant sur la question des soins de fin
de vie à la commission, alors que ça pourrait être important. Et l'objectif
évidemment n'est pas de dédoubler, n'est pas de faire l'analyse, mais d'être
informée et peut-être éventuellement… Parce
que, bon, il peut y avoir une situation donnée qui ne soit pas de nature à
demander qu'on porte une attention
particulière, mais une répétition de situations données pourrait susciter
l'attention de la commission qui, elle, pourrait par la suite se saisir de la question et la fouiller davantage.
Mais, si on se dit : Bien, il n'y a pas d'empêchement, donc
l'information pourrait être transmise, mais il n'y a pas d'obligation non plus.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je pense qu'il
ne faut pas qu'il y ait d'obligation parce que, s'il y avait une obligation,
c'est là, je trouve, qu'il y aurait un
risque de dédoublement dans le sens qu'on viendrait mettre une obligation — là, j'essaie juste de réfléchir — dans ces lois-là sectorielles, pas dans
notre loi, parce que ce n'est pas une obligation à l'égard de notre
commission, ça serait une l'obligation à l'égard du protecteur ou des
commissaires. Donc, on viendrait mettre une obligation
que, dans les cas où ils le jugent opportun, parce que ça ne pourrait pas être
systématique qu'on transmet les plaintes
ou toute plainte individuelle, parce que là on va dédoubler... Je fais le
raisonnement tout haut. Et, par ailleurs, ces instances-là font des
recommandations au ministre et, si le ministre estime qu'on est face à quelque
chose qui devrait être examiné par la
commission parce que c'est quelque chose qui est dans son mandat, son degré
d'expertise, bien, il va se tourner vers la commission pour lui demander
si, par exemple, le protecteur n'avait pas eu l'idée de l'envoyer à… d'envoyer des recommandations à la commission ou
de soumettre ça à la commission. Puis l'autre chose qu'il ne faut pas
oublier, c'est que c'est des rapports aussi publics, pas pour chaque plainte,
mais, de toute façon, ce n'est pas ça qu'on voudrait. Donc, c'est quand même
des rapports publics dont la commission est libre aussi de se saisir. Donc, je
pense qu'on a quand même une bonne chance
que tout ça circule correctement puis que l'information soit là au besoin,
sans avoir les risques de dédoubler le travail.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je réfléchis, mais tout bas. À ce moment-là, est-ce que, dans les informations que... On a un petit peu plus tôt prévu
que les établissements devront transmettre des informations à la commission. Est-ce
que la question des plaintes concernant l'accessibilité ou l'accès aux
soins de fin de vie pourrait faire l'objet… pourrait être prévue dans les
rapports que les établissements transmettront à la commission sans
nécessairement que ce soit le commissaire aux plaintes, ou est-ce qui…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme Vallée : C'est parce
que… L'objectif, là, ce n'est pas que
la commission refasse le travail qui a été déjà fait, mais c'est qu'elle soit saisie des situations
et, après ça, elle pourra juger… Suivant évidemment la réponse du
Commissaire aux plaintes, elle pourra juger s'il y a lieu de se pencher sur une
situation donnée.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : J'ai le
sentiment que j'ai fait un peu le tour de la question, mais je n'ai pas convaincu ma collègue. Donc, moi, je pense qu'à un moment donné on ne
peut pas dire : Tout ce qui est Commissaire aux plaintes,
protecteur, tout établissement qui a une plainte relative aux soins de fin de
vie va devoir systématiquement transmettre ça. Je veux juste qu'on reste quand même… Puis je l'avais dit
aussi, au début, quand on avait des grandes ambitions pour la commission, qu'on reste quand même conscients que
c'est une toute petite entité avec une réalité qu'on… On veut lui faire
jouer un rôle qui, je pense, est significatif. Mais, aussi, il faut garder le
focus que c'est plus macro comme rôle que
micro, et moi, je suis tout à fait confiante que les réalités qui existent
déjà, qui sont celles des protecteurs puis des commissaires aux plaintes, vont continuer à s'exercer puis que, s'il y a
un problème systémique, bien, oui, on va aviser la commission des soins
de fin de vie, elle est là pour ça; puis, si on n'y pensait pas, bien, le
ministre y penserait. Donc, c'est ça, ma crainte, un peu, là : qu'on
inonde puis qu'on crée énormément aussi d'attentes par rapport à ce que la
commission va faire au-delà de son mandat.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (17 h 10) •
Mme
Vallée : Bon. Alors, compte tenu... Je pourrais me rallier à la ministre parce
que, comme le Protecteur du citoyen fait rapport au ministre,
comme les commissaires aux plaintes font rapport au ministre
et, comme la commission relève du ministre,
j'imagine et j'ose espérer que l'information va se rendre à la commission. Et on le verra
aussi dans les rapports de mise en
oeuvre; peut-être que, dans trois ans, dans cinq ans, on
dira : Youpelaïe! Il y a lieu de préciser des choses. Je vais... Je ne veux pas en faire un
poids. Je ne veux pas passer la soirée jusqu'à 10 h 30
sur cette question-là, là; ce n'est pas l'objectif de l'intervention.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Puis, si
je peux rassurer... Parce qu'on va
avoir un autre amendement, à 42.1, qui va venir dire que toute plainte qu'une personne formule à l'égard
des soins de fin de vie auprès du commissaire local ou du commissaire
aux plaintes doit être traitée en priorité, ça fait que c'est d'autre chose,
là, mais il va y avoir une attention particulière de donnée à ces plaintes-là pour les raisons qu'on connaît. Donc, voilà ce
qui pourrait conclure la boucle sur cette question-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. J'ai un petit peu de
difficultés avec le fait qu'on dit que c'est une petite commission,
qu'il n'y a pas beaucoup de... qui n'aura pas beaucoup de moyens puis qui va
être formée d'experts. Mais, quand on
regarde l'article 40, dans le fond, on lui demande… En tout cas, on lui donne
la capacité de faire beaucoup, là. Quand on parle d'effectuer des
études, des recherches, d'avoir recours à des experts externes, dans le fond,
on lui donne, à cet article-là, la possibilité de dépenser mais sans cadre,
alors qu'on dit qu'on ne veut... Elle est déjà formée d'experts puis on veut limiter,
dans le fond, ses interventions à ce qui se passe actuellement. Alors, quand on
regarde l'article 40, le mandat est beaucoup
plus large, là; là, on parle d'avoir des rapports d'experts, on parle
d'effectuer des études. Alors là, j'ai de la difficulté à saisir le
message qu'on envoie, là, à la lecture de cet article-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je comprends la députée. J'ai posé la même question,
donc, quand on m'a dit qu'il faudrait avoir cet article-là. En fait,
c'est un article qui vient prévoir l'exceptionnel. Puis, pour rassurer la
députée, il n'y a pas de fonds supplémentaires,
comme on l'a dit hier. On est dans un contexte où il va y avoir une enveloppe
dédiée à cette entité-là; donc, c'est
à l'intérieur de son enveloppe. Donc, ça ne sera pas un bar ouvert, de
dire : Tiens, cette année, nous faisons 18 recherches sur... Bon.
Mais,
par exemple, il y aurait une problématique — c'est l'exemple que je donnais un petit peu
plus tôt, là — qui
surviendrait pour les personnes atteintes de maladies mentales qui estimeraient
que systématiquement elles ne sont... Admettons
que, dans le cours de ces travaux, on verrait que les personnes atteintes de
maladies mentales se plaindraient que systématiquement
elles ne sont pas capables d'avoir accès à l'aide médicale à mourir ou très,
très généralement, parce qu'on estimerait que, soudainement, quand elles
font une telle demande, il y a un problème, donc, de consentement libre et éclairé puis que c'est nécessairement lié, par
exemple, à leur état de maladie mentale, et la commission dirait : Bien,
on aimerait ça avoir l'éclairage d'un expert
psychiatre, par exemple, sur un aspect très pointu, qui pourrait venir nous
rencontrer et pouvoir venir échanger avec
nous. Donc, c'est le type d'exemple que je peux vous donner sur un élément qui
serait très, très précis, surprécis par
rapport à notre groupe qui effectivement est déjà composé de gens qui
représentent les secteurs que l'on veut... qui est à même de faire le
travail.
Donc,
je vous dirais que c'est quelque chose qui est généralement présent, donc c'est
pour ça qu'on le met, pour que ça
aille de soi qu'ils ne soient pas contraints de ne pouvoir, en aucun temps,
sortir, je dirais, des murs de la commission puis qu'ils aient ce pouvoir-là. Mais, dans les faits, compte tenu de
leur réalité, ce n'est pas quelque chose qui va pouvoir se faire très
fréquemment.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je reviens un petit peu encore sur le caractère exceptionnel. Alors, est-ce
qu'on a, à ce moment-là, à l'introduire dans le texte du projet de loi? Parce que, quand on lit le texte, on ne parle pas de se
limiter de façon exceptionnelle à faire effectuer des études ou encore
avoir recours à des experts. Et quels sont les moyens de contrôle qu'on aura
pour décider si, oui ou non, est-ce qu'on veut aller vers ce genre d'étude
d'experts là? Et est-ce qu'on ne devrait pas avoir un minimum de contrôle sur
les études qu'on voudrait voir poindre de la commission?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Moi, je dois vous dire que je suis très ouverte à
mettre le caractère exceptionnel. Je ne sais pas où il faut le mettre,
mais je suis très ouverte, parce que, pour moi, ça va de soi. Et on a mis cet article-là
parce que c'est un article, me dit-on, qui est standard et que, si on ne
mettait pas ça, ça pourrait faire en sorte qu'en aucun cas… et là ça viendrait complexifier, dans toute la notion
d'indépendance de... Il faudrait venir cogner puis dire : Voici, je veux
aller vers un expert, de manière
exceptionnelle, pour telle raison. Mais le plus grand frein, c'est qu'il n'y aura pas de budget de… Ce n'est pas un bar ouvert, là,
comme je dis, il n'y a pas de budget d'associé à ça, que, soudainement… Donc,
c'est à l'intérieur de l'enveloppe qui va avec cette entité-là, cette coquille
qui est créée, là.
Mais, moi, le
caractère exceptionnel, ça me convient tout à fait parce que ça va de soi.
Donc, qu'on le mette, je n'ai pas de
problème avec ça du tout. Mais c'est plus de la nature… C'est vraiment plus
comment on le voit, de la nature d'entente
des gens, de, par exemple, faire venir un groupe, groupe qui représente telle
personne, avec peut-être un expert. Je vous
donne l'exemple, ce n'est jamais un exemple parfait, mais, quand on a fait tout
le travail de la commission spéciale, à un moment donné, on était vraiment bloqués sur la question de la
sédation palliative continue, qui est quelque chose de très pointu. On a
décidé : on se fait une séance de travail. On a fait venir trois experts
en soins palliatifs qui faisaient de la
sédation, on a été capables de creuser, en un après-midi, cette question-là.
Moi, je le vois beaucoup comme ça. Donc, quand on m'a présenté ça, c'est comme ça que je le voyais. Puis on me
dit qu'il faut prévoir ça, qu'il faut prévoir qu'elle puisse le faire, parce que, pour… On pourrait
vouloir donner une rémunération qui pourrait être plus symbolique que
d'autre chose, mais… pour dire à ces
gens-là : Vous vous déplacez, vous venez nous rencontrer par un
après-midi, bon, tout ça. Donc, ça,
ça serait à la liberté de la commission de le déterminer, là. Moi, c'est ce
genre d'idées là, ce n'est pas de
dire : On va faire une recherche… on va se substituer, exemple, au monde
universitaire ou on va se substituer aux experts universitaires, c'est
plus ce type de réalité là que je vois.
Mais il
pourrait y avoir des partenariats aussi. On peut imaginer qu'il pourrait y
avoir un partenariat, exemple, entre
la commission puis la faculté de l'éthique de l'Université Laval, pour
dire : Ça, on pense que c'est un sujet important; on se tourne vers un expert, on serait prêts à
collaborer avec vous pour ce type de recherche là, là. Ce n'est pas
nécessairement quelque chose de fréquent, mais, exceptionnellement, ça
pourrait être une idée, et c'est important, m'a-t-on dit, de pouvoir l'inscrire
dans la loi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Je
reviens un petit peu… hier, à la discussion dont on avait… On a pris
connaissance du 500 000 $, où la
ventilation n'était pas claire, je comprends qu'on travaille à l'intérieur du
500 000 $, mais, si on n'a pas besoin du 500 000 $ puis qu'on pourrait peut-être espérer que
ça en coûte 50 000 $, est-ce qu'on est obligés de se rendre au
500 000 $ puis est-ce qu'on ne va pas se trouver toutes sortes de
façons de faire des études de… Bon. Et, quand on lit actuellement le texte de
loi, il n'y a pas de contrôle, là, c'est vraiment «qu'elle juge nécessaires» ou
«qu'elle détermine», alors c'est la
commission qui décide. Alors, encore une fois, de voguer à l'intérieur d'un
500 000 $ qui n'est pas ventilé actuellement — en
tout cas, à mon avis, il n'est pas ventilé — c'est comme… il n'y a pas de
précision, là, c'est difficile de…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (17 h 20) •
Mme
Hivon :
Bien, je pense que j'ai été… j'ai expliqué abondamment hier, donc c'est
l'horizon dans lequel on est. Moi, je pense sincèrement que cette
commission-là, elle est bien fondée, que son mandat est bien fondé, que c'est
un montant qui est modeste, pour quelque chose qui apparaît important et sur lequel on met une priorité. On en a fait
une priorité de l'ensemble des parlementaires quand on a décidé de faire le
mandat de la commission. On en a fait une priorité comme gouvernement. Il y a
un grand consensus autour de cette question-là. Pour toutes les raisons que
j'ai exposées hier, je pense que c'est bien
fondé. Et il n'y a pas de risque de dérapage, là, on n'est pas face à une
entité qui peut partir dépenser comme elle l'entend, sans limites, là.
On est dans une coquille qui a un budget très limité. Puis essentiellement c'est les personnes qui vont être
en soutien à l'organisation, là; c'est essentiellement ça. Donc, ce
n'est pas une question de 12 000 $ versus 1 million, là. Ce à
quoi on fait face, c'est quelque chose de très limité. Donc, moi, je ne vois
pas le souci.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Alors, est-ce
qu'on pourrait penser retrouver, dans l'article, que ça doit se faire à
l'intérieur du budget accordé annuellement et de façon exceptionnelle?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça va de
soi, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Non,
mais on peut…
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, non, M. le Président, parce que, si on est en
train d'inscrire ça dans une loi, ça voudrait dire que, quand on ne le
met pas, quelqu'un pourrait dépenser en dehors de son budget, là. On ne peut
pas prévoir ça; ça va de soi, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Oui. Je pense qu'hier on a eu des représentations intéressantes là-dessus, il y
a deux députés, notre collègue et nos deux
collègues. Et moi, je pense qu'après qu'on ait averti… dans les avertissements,
sensibilisé la ministre là-dessus, puis on l'a fait «on record», comme
disent les anglophones, c'est-à-dire c'est enregistré, et tout, je pense qu'après ça moi, je suis un petit peu mal à l'aise
de commencer à jouer un petit peu comme quand on fait une loi sur la
gestion budgétaire, parce que ça, c'est le rôle de la ministre dans son… ou du
ministre dans son ministère, et je pense qu'on
peut effectivement faire ce qu'on a fait, là, qui est de dire : Faisons
attention à ça, etc. Mais de faire, dans le texte de loi, quelque chose qui s'apparente à la gestion
budgétaire, moi, honnêtement, je suis embêté de… ça ne me met pas à l'aise, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je n'ai pas de commentaire, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Alors, je reviens sur le caractère exceptionnel, je pense que vous-même avez
avoué tout à l'heure que ça devrait se
retrouver parce que c'est au-delà de la gestion. Quand on regarde le texte
comme il est écrit, il n'y a pas de limite, et, quand on dit qu'on ne
veut pas que ce comité-là se mette à… on veut vraiment qu'il ait un mandat
restreint, quand on lit l'article tel qu'il est écrit — excusez,
le député d'Orford, là, là-dessus, on n'est pas d'accord du tout — ... Quand on le regarde tel qu'il est écrit, le mandat pourrait
s'élargir à la bonne volonté de la commission.
Parce que, lisez-le, là, «qu'elle juge nécessaires» ou encore qu'elle-même
«détermine», alors c'est elle-même qui détermine, et là on ne définit
pas un caractère exceptionnel, on n'a aucune balise, aucune limite.
Et
je pense qu'on l'a vu à plusieurs reprises, quand on ne met pas de limite ni de
balise… Puis on ne parle pas de gestion,
là, on parle de délimiter un mandat et d'exprimer ce qu'on veut demander à
cette commission-là. Quand on regarde l'article comme il est fait, ce
n'est pas clair qu'il y a un mandat bien défini.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Moi, je suis disposée… Parce que ça va de soi que
c'est de manière exceptionnelle. Pour moi, ça va de soi même dans les faits, dans la réalité que va vivre cette
entité-là. Je ne pense pas qu'elle va avoir les moyens de toutes les ambitions qu'elle pourrait avoir; ça, c'est
assez clair, merci. Alors, moi, je n'ai aucun problème, on pourrait
mettre «peut notamment, de manière exceptionnelle,» tac, tac, tac.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je préférerais voir le caractère exceptionnel inscrit à l'article ici.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à ce sujet?
Alors, est-ce qu'on peut…
Mme
Hivon :
Je veux juste soumettre… Des fois, on…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Le premier, là, «1° solliciter l'opinion de personnes et de groupes sur toute
question relative aux soins de fin de vie», c'est peut-être quelque chose qui
est plus usuel, franchement, dans le sens que, là, c'est de rencontrer des
groupes de citoyens, ou tout ça, pour pouvoir le... Je ne sais pas si ça ne
donne pas un drôle de signal, de dire «de manière exceptionnelle», là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je pense qu'on a la formation d'une commission qui est faite d'experts. Alors,
sincèrement, je n'ai pas l'impression qu'ils
vont, à chaque rencontre, devoir faire des consultations auprès de groupes, là.
Ça demeure dans le caractère exceptionnel.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En tout
cas, tout est dans le... Si on veut vraiment que ça soit exceptionnel,
exceptionnel : s'ils font ça, je ne
sais pas, trois fois par année, c'est-u exceptionnel? Je ne suis pas sûre que
c'est aussi exceptionnel que ce qu'on a en tête, là, dans le sens que ça, ce n'est
pas quelque chose qui... Parce que, si je comprends la préoccupation de
la députée, c'est que ça puisse engendrer
des frais. Alors, ça, c'est moins... Ce n'est pas de voir un groupe comme... Je
donnais l'exemple d'un groupe de défense des
personnes en santé mentale, là. Ce n'est pas quelque chose qui suscite
beaucoup de risques de frais. Alors, je vois
moins bien, là. Mais, bien sincèrement, je ne ferais pas une grosse bataille là-dessus,
là; pour moi, ça va de soi, c'est
clair que... Donc, je peux le mettre. Je peux le mettre «de manière générale»,
«de manière exceptionnelle».
Donc, on
pourrait faire un amendement qui dirait : «La commission peut notamment,
de manière exceptionnelle», et puis là on aurait nos trois alinéas.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, on peut continuer pour étudier l'article en attendant l'amendement.
Mme
Hivon : Ah! Oui!
Le Président (M. Bergman) : Alors,
est-ce qu'on peut étudier maintenant le paragraphe 2° de l'article 40? Mme la
députée de Gatineau.
Mme Vallée :
«2° effectuer ou faire effectuer [des] études et les recherches qu'elle juge
nécessaires.» Parce que j'ai l'impression
qu'on a abondamment parlé de l'article, et là je viens de… Je lis ça et je
pense aux commentaires de notre collègue
de Groulx. Alors, dans le contexte de ce qui vient de se dire, des échanges
qu'on vient d'avoir, on pensait à quoi, particulièrement, «études» et
«recherches»?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, ce qu'on peut penser par exemple, c'est une étude sur le fait qu'on
verrait… qu'on voudrait se pencher…
Parce qu'on nous dit, par exemple, que des personnes de milieu défavorisé ont
visiblement moins accès aux soins palliatifs. Donc, par exemple, ce
serait une idée qui pourrait faire l'objet d'un examen.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce qu'il ne serait pas possible... Je ne sais pas, et peut-être que ça
pourrait rejoindre la préoccupation de notre collègue, je comprends que,
dans certains cas, on puisse avoir besoin d'études pour creuser ou étudier
davantage un aspect d'une problématique qui peut survenir en cours de route.
Mais est-ce qu'on pourrait soumettre le tout
à… soit à l'autorisation du ministre? Parce que, bon, des études peuvent
parfois être coûteuses, que ça soit
soumis au ministre, donc sur approbation ou sur... Puis là je comprends, parce
que, d'un certain côté, on est tiraillés entre la question de l'encadrement puis de ne pas donner un chèque en
blanc à une entité, puis, d'un autre côté, on veut sauvegarder
l'indépendance aussi de la commission, qui ne doit pas être un bras politique
non plus, là. Alors, je ne sais pas comment
nos légistes pourraient nous encadrer ça sans qu'on ait le chèque en blanc,
mais en même temps en maintenant l'indépendance, évidemment, de la
commission, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (17 h 30) •
Mme
Hivon : C'est tout
ça, M. le Président. C'est qu'hier on était dans la top, top, top indépendance
de l'Assemblée nationale, puis là, à la lumière de d'autres préoccupations, là,
on voudrait qu'on puisse demander des autorisations
pour faire des choses quand même relativement simples et liées au mandat. Donc,
moi, je pense qu'on a la bonne
formule avec celle qu'on a là, parce qu'il faut quand même garder une relative
indépendance, là, parce que, si c'est ça,
le ministre, pourrait dire : Ah! je veux dire, dans un cas qu'on pourrait
imaginer. Mais ça ne donnera pas l'apparence d'indépendance qu'on
souhaite s'il dit : Bien non, vous ne vous pencherez pas là-dessus, là,
parce que, là, je sais ce qui va arriver puis je sais ce que ça va me coûter ou
je sais ça va être quoi… C'est juste que je ne pense pas que ça garantirait l'apparence d'indépendance et
d'impartialité qu'on veut. Je pense qu'on a la bonne formule, M. le
Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Peut-être juste… Oui, là, on veut parler d'indépendance puis on parle beaucoup
d'indépendance par rapport aux politiciens, mais, en même temps, nous sommes
les représentants de la population. Et, à un certain moment donné, qu'est-ce qui empêcherait la commission de décider de
faire une étude sur l'euthanasie chez les enfants, alors que la population ne veut pas aller vers
cette option-là? Quand on regarde l'article de loi, pourquoi pas?
Pourquoi ne pas faire une étude sur le
suicide assisté? Quand on regarde l'article, elle a l'indépendance pour le
faire. Mais, si des gens… Je veux
juste terminer là-dessus. Si des gens vont solliciter la commission et
dire : Moi, je voudrais aller plus loin, alors qu'est-ce qui
empêcherait la commission… Et, en même temps, nous, comme représentants de la
population, si on sent que la population n'est pas prête à aborder ce type de
débat là, il reste que ça…
Il faut quand
même avoir un certain contrôle sur jusqu'où on permet d'aller dans ces
études-là. Et on comprend qu'il y a des gens qui sont déjà rendus plus
loin que ce qu'on permet avec l'aide médicale à mourir, et il n'y a rien qui empêche que ces gens-là se retrouvent sur
cette commission-là et il n'y a rien qui les empêche non plus de pousser
le débat avec de nouvelles études qui nous confronteraient à une nouvelle
réalité et à mettre ce débat-là vis-à-vis de la population, alors que nous
sommes les représentants de la population. Et là tu demeures confronté avec
cette réalité.
Alors, oui, l'indépendance… Je suis
pour l'indépendance, mais, en même temps, il ne faut pas oublier que les
élus demeurent les représentants de la
population et sont en mesure… devraient être en mesure de savoir où en est
rendu le débat et jusqu'où on veut porter le débat en ce qui a trait à
l'aide médicale à mourir et, bon, ce que ça ouvre comme portes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Si on va lire le mandat à l'article 39, on va voir
que ça va essentiellement dans le sens d'un ministre qui demande un
avis, qui confie un mandat. Outre son rapport et le fait qu'elle peut saisir
si, dans le cadre de son travail de veille,
de vigie, elle voit un problème, elle peut saisir le ministre de ces questions
relatives. Les autres, tous les autres rôles qui lui sont confiés
viennent donner des avis au ministre sur toute question qu'il lui soumet,
effectuer le mandat que le ministre lui confie. Donc, c'est vraiment… Le rôle
du ministre pour aller solliciter, il est très présent. L'orientation, je
dirais, est très présente du politique dans ce qui est énuméré à l'article 39.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Oui. Je voudrais peut-être juste souligner et vous rappeler que le périmètre,
si on veut, de la décentralisation et donc
de l'autonomie d'une organisation, ça joue beaucoup sur la capacité d'attirer
des gens intéressants dans cette
organisation-là. Parce qu'ici on n'attirera pas du monde par les salaires, là;
il n'y a pas de salaire. On n'attirera pas
du monde par les raisons monétaires; il n'y a rien de monétaire. Et, si on veut
avoir des gens intéressants, il faut aussi leur donner une marge de
manoeuvre. C'est vrai dans tous nos hôpitaux.
Il y a un hôpital à
Magog et, il y a quelques années, il y avait une décision qui n'était pas
populaire dans la population, dans une
partie de la population. J'ai eu une vingtaine de personnes dans mon bureau,
une toute petite salle, et on a eu une
discussion importante. Et la discussion, elle était liée à la chose
suivante : si tu veux des membres du conseil d'administration qui
prennent des décisions, le député ne peut pas aller dire, ou le ministère ne
peut pas aller dire : Non, on renverse votre décision de conseil
d'administration.
Donc,
si on veut avoir des gens intéressants, il faut avoir des gens à qui on donne
effectivement une autonomie, on donne une capacité, on délègue des
choses. Et déléguer, ça veut dire qu'on prend toutes nos responsabilités,
évidemment. On s'assure qu'il y a un choix, etc., qu'il y a un mandat. Mais,
une fois qu'on a fait ça, il faut faire confiance
aux personnes qui sont là. Et, si on ne crée pas un périmètre intéressant sur
le plan de la décentralisation, on va avoir du mal à attirer des gens
intéressants ou à garder des gens intéressants là, alors qu'au contraire, si on
donne une marge de manoeuvre, bien, les gens qui viennent pour l'avenir du
Québec et pour le soin des patients, bien, c'est ceux-là qu'on va avoir, et on
va attirer des gens intéressants. Donc, il
y a toujours un équilibre à garder
entre les deux.
Moi,
je pense, pour ma part, que
l'article, tel qu'il est écrit, sauf peut-être à l'exception de mettre des
éléments sur le fait que certains aspects
sont exceptionnels... mais autrement je pense qu'il ne faut pas aller trop
loin, sinon on risque de faire en sorte qu'il y a des personnes qui vont
dire : Bien, je passe mon tour pour aller là.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je voudrais juste revenir sur le caractère indépendant de la commission, parce
que là on a invoqué l'article 39, qui dit que c'est à la demande du ministre.
Mme
Hivon : …de manière indépendante, là. Si elle, là, dans le
cadre d'un mandat qui lui est confié, elle juge qu'exceptionnellement il faut une surexpertise pour les personnes qui
ont un problème de santé mentale, dans le cadre de son mandat, je pense
qu'il faut qu'elle soit capable de se tourner puis de dire : On va aller
consulter quelqu'un qui a cette expertise-là. Il me semble que ça va de soi.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Mais, quand on lit «effectuer ou faire
effectuer les études et les recherches qu'elle juge nécessaires», est-ce
qu'on réfère à la demande du ministre?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : On réfère, dans l'introduction de l'article
40 : «Dans l'exercice des fonctions qui lui sont dévolues par le premier alinéa de l'article 39»... Donc, on
va au premier alinéa de l'article 39, et ça, c'est 1°, 2°, 3°, 4°, 5°,
donc effectivement c'est dans le cadre de
ça, là. Elle est toujours dans le cadre de son mandat, elle ne peut pas sortir
de ça. Donc, on ne répète pas à chaque fois tout ce qui est son mandat,
là, mais ça va de soi.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Donc, le scénario qu'on a évoqué plus tôt ne
serait pas possible, d'aller, entre autres, vers le suicide assisté, d'avoir
une étude à cet égard-là, si le ministre ne l'a pas demandé, on s'entend.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Si le ministre ne l'a pas demandé, effectivement, ce n'est pas dans son mandat
de faire ça.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : D'accord. Alors, j'opte pour le caractère
exceptionnel et je pense qu'on va rallier tout le monde.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Donc, on va déposer un amendement. Je ne sais pas si l'amendement est
prêt. Il est prêt, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Proulx) : La commission va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 38)
(Reprise à
17 h 43
)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la commission reprend ses travaux. Mme la ministre, voulez-vous présenter et
déposer votre amendement?
Mme
Hivon :
En fait, M. le Président, peut-être que la députée de Groulx voudrait le
présenter.
Mme
Daneault :
Non, c'est correct.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
MmeHivon : Je suis
très généreuse. Je ne me sens pas un
droit de propriété sur nos amendements.
Donc : Modifier l'article 40 du projet de loi par l'insertion,
après «la commission peut notamment», de «, de
façon exceptionnelle».
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce que vous avez des commentaires sur
l'amendement, Mme la ministre?
Mme
Hivon :
Non, je pense qu'on les a déjà faits, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement? Est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté. Alors, on était sur le
paragraphe 2° de l'article 40. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur le paragraphe 2°?
Mme
Hivon :
Je pensais qu'on avait terminé, M. le Président. C'est pour ça que j'ai soumis
notre amendement.
Le Président (M.
Bergman) : À mon avis, on était là, mais je demande la
question. Est-ce qu'il y d'autres commentaires, alors, sur le paragraphe 3° ou sur
l'article 40 tel qu'amendé? Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Est-ce que
l'article 40, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Mme
Hivon :
Nous avons — on
l'a-tu? — nous
avons maintenant un amendement qui vise à introduire un nouvel article, 40.1.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, je suspends pour quelques instants pour
permettre aux députés d'avoir une copie de cet amendement. Je ne suspends que
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 45)
(Reprise à 17 h 46)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la ministre, vous avez un amendement
à déposer.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement vise à insérer, après l'article 40 du projet de loi, l'article
suivant :
«40.1. La commission
peut exiger des établissements, des maisons de soins palliatifs, des médecins
exerçant leur profession dans un cabinet de professionnel ou des agences
qu'ils lui transmettent, de la manière et dans les délais qu'elle indique, les états, données statistiques,
rapports et autres renseignements nécessaires afin de lui permettre
d'exercer les fonctions prévues au premier
alinéa de l'article 39, pourvu qu'il ne soit pas possible de relier ces
renseignements à une personne ayant
reçu des soins de fin de vie ou aux professionnels de la santé ou des services
sociaux les ayant fournis.»
Donc, l'objectif, M. le Président, comme on y a
fait référence un peu plus tôt, c'est que la commission puisse avoir les
données dont elle a besoin pour pouvoir s'acquitter, donc, de son mandat, je
dirais, surtout de la question de l'évaluation
de l'application de la loi puis de son rapport à tous les cinq ans sur l'état
des lieux en matière de soins de fin de vie. Donc, c'est ce qui est
voulu par l'introduction de cet amendement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre, une question. La dernière phrase, pouvez-vous
l'expliquer : «...pourvu qu'il ne soit
pas possible de relier ces renseignements à une personne ayant reçu des soins
de fin de vie ou aux professionnels de la santé ou des services sociaux
les ayant fournis»? Pouvez-vous expliquer cette phrase? Je sais qu'on a adopté un article avec la même phrase,
mais il me semble que, si cette phrase était limitative, qu'on ne peut
pas donner l'information à quelqu'un, à une personne ayant reçu des soins de
fin de vie… Pouvez-vous l'expliquer?
Mme
Hivon :
En fait, c'est pour garder le caractère confidentiel, donc c'est pour ne pas
savoir que c'est la personne x qui a reçu tel soin à tel moment, de tel
professionnel, pour conserver, bien sûr, le caractère confidentiel.
Le
Président (M. Bergman) : Mais est-ce que ça veut dire que
l'information peut être donnée à n'importe quelle autre personne? Moi,
je pense que, pour la phrase, pour être vraiment correcte, à mon avis, ça doit
être indiqué que l'information ne peut pas
être donnée à aucune personne, car certainement l'information est
confidentielle, alors, pour la donner à une tierce personne, c'est comme
le faire... c'est quasi public.
Alors,
pourquoi est-ce que l'information ne peut être donnée à aucune personne, sauf
les personnes mentionnées ici, dans cette phrase?
• (17 h 50) •
Mme
Hivon :
Je ne suis pas certaine de vous suivre, M. le Président. En fait, là, c'est
vraiment l'article qui vient prévoir que
la commission peut demander des renseignements, mais ces renseignements-là,
quand on les lui transmet, par exemple un établissement lui transmet des
renseignements qui ont été donnés, exemple, il y a déjà...
Je dois vous dire qu'on a déjà prévu que tous
les rapports sur toutes les questions de soins de fin de vie dont on a déjà
discuté étaient transmis à la commission. Exemple, admettons qu'elle voudrait
demander, dans une maison de soins
palliatifs dans une région x, l'âge des personnes qui ont reçu des soins ou la
maladie, par exemple, des personnes qui
ont reçu des soins, parce qu'elle se dirait : On est en train de constater
que les gens qui ont des maladies dégénératives — je vous
donne un exemple — n'ont
pas accès correctement aux lieux de dispensation des soins palliatifs ou, par
exemple, aux maisons de soins palliatifs, sont vraiment sous-représentés,
exemple, bien, il ne faudrait pas qu'elle soit capable, en demandant des
renseignements, de dire : O.K., c'est telle personne qui était là à tel moment,
donc d'avoir une information nominative. Donc, c'est vraiment le sens pour
venir bien, bien expliquer qu'il ne pourrait pas y avoir d'information qui
permette à la commission de relier l'information à une personne précise.
Le
Président (M. Bergman) : Je vous comprends maintenant, mais est-ce
que cette phrase est assez claire
pour avoir le sens que vous voulez donner à cette phrase? Je me demande la question.
Mme
Hivon : Je vous
dirais que oui, et ma collègue Me Lavoie peut vous expliquer peut-être
pourquoi, là. Pour moi… Moi, je la lis, puis
il me semble que c'est clair. Donc, on peut demander des renseignements, mais il y a une
condition à ça, c'est qu'on ne puisse pas lier les renseignements à une
personne donnée.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, en effet, vous dites que le renseignement qui est donné
par une maison de soins palliatifs à la commission ne peut pas être nominatif. En fait, vous dites
que l'information ne peut pas être nominative.
Mme
Hivon : Je vais
laisser ma collègue légiste qui va pouvoir vous expliquer pourquoi on le rédige
comme ça maintenant.
Le Président (M. Bergman) :
Me Lavoie, votre nom, votre titre, s'il vous plaît.
Mme Lavoie
(Patricia) : Oui. Alors,
Patricia Lavoie, avocate au ministère
de la Santé et des Services sociaux.
Alors, la raison pour
laquelle maintenant on l'inscrit comme ça et… C'est la nouvelle façon, je vous
dirais. Avant, on écrivait «de façon non
nominative ou sans renseignement personnel». Quand on a travaillé le projet de loi sur… la Loi
concernant le partage de certains renseignements de santé, ce qu'on appelle
plus particulièrement le DSQ, on a consulté nos collègues
sur la meilleure façon de l'écrire, et c'est cette rédaction-là qui a été
retenue dans cette loi-là également.
En
disant, bien, «de façon non nominative, sans renseignement personnel», il y
avait toujours quelque chose qui accrochait
quand on venait pour l'appliquer, alors, en l'inscrivant comme il est là, en
disant qu'on ne peut pas les relier à une
personne particulière… parce qu'à la limite est-ce que… il y a toujours un cas
particulier, exceptionnel, qui fait en sorte que, bon, on se pose la question : Est-ce
qu'effectivement, ça, c'est une façon non nominative, sans renseignement
personnel? L'âge d'une personne, c'est un renseignement personnel, mais ce qui
est important, c'est de ne pas être capable de le relier à une personne
particulière.
Alors, dans ce
cas-ci, comme la commission va poser des questions, va aller chercher des
renseignements concernant les personnes qui
ont reçu des soins de fin de vie ou des professionnels qui les ont dispensés,
c'est important de venir préciser que
ces renseignements-là ne doivent pas pouvoir les relier à ces personnes-là.
Alors, c'est la nouvelle façon de le rédiger, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Je vais accepter votre… Je ne suis pas
d'accord, mais je vais l'accepter. Mais ma question que je demandais
aussi à une autre séance : Est-ce que vous devez avoir le consentement de
la Commission d'accès à l'information, la
CAI, pour que la commission demande cette information des maisons de soins
palliatifs? Est-ce que la Commission
d'accès à l'information, elle doit donner le consentement à cette transmission
d'information, nonobstant que vous avez dit que ce n'est pas nominatif?
Mais il semble qu'il y ait des possibilités de divulguer à une personne. Est-ce que la commission doit donner son avis? Et
vous avez mentionné que vous avez un avis de la commission. Est-ce qu'on
peut avoir une copie de cet avis?
Mme
Hivon :
Je vais laisser ma collègue Me Lavoie répondre.
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme Lavoie
(Patricia) : Oui. En fait, comme vous l'avez dit, c'est des
renseignements qui ne sont pas des renseignements
personnels. Alors, on n'aura pas besoin de… Généralement, quand on va chercher
l'avis de la Commission d'accès à
l'information, c'est lorsqu'on transmet des renseignements avec des données
nominatives. Alors, dans ce cas-ci, ce
n'est pas le cas. Et, comme je vous ai dit, on a déjà vérifié cette façon-là de
rédiger dans le cas de la Loi concernant le partage de certains
renseignements de santé. Et, je vous rassure, la Commission d'accès à
l'information était présente lors des travaux de ce projet de loi là et avait
donné son aval, là, pour cette rédaction-là.
Le Président (M.
Bergman) : Dernier commentaire. Si une maison de soins
palliatifs, pendant une année, a eu un cas
de soins de fin de vie, nonobstant que c'est non nominatif, ce serait vraiment
facile pour le lier à une personne en question,
car il y avait un cas seulement, pendant une année, à une maison de soins
palliatifs. Alors, ce serait vraiment
facile pour savoir la personne en question qui a reçu les soins de fin de vie.
Mme
Lavoie (Patricia) : Juste
pour compléter là-dessus, au niveau de l'aide médicale à mourir, effectivement,
l'information, là, va parvenir à la commission par le médecin qui va avoir fourni le
soin, parce que — on va le voir un peu plus loin — le
médecin transmet, et là ça ne sera pas... Toutes les données seront transmises
à la commission pour lui permettre de faire son travail.
Maintenant,
pour les soins palliatifs, on se doute qu'une maison de soins palliatifs va
donner des soins palliatifs à plus d'une personne. Alors, le risque, en
tout cas, n'est pas vraiment présent, là, à ce moment-là.
Le Président (M.
Bergman) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres commentaires,
interventions? Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : J'essaie de voir... Bon, établissements, maisons de
soins palliatifs, médecins, agences… Est-ce que ce n'est pas là qu'on
devrait peut-être prévoir les... Ah! Bien non, excusez-moi. C'est parce que je
reviens avec mes commissaires aux plaintes
et mes commissaires régionaux et… En précisant que les établissements doivent
transmettre l'information, les données
statistiques, donc j'imagine qu'on pourra utiliser cet article-là pour obtenir
des commissaires aux plaintes ou du commissaire régional aux plaintes l'information
concernant... Peut-être qu'il pourrait être prévu de... Peut-être qu'on devrait prévoir, je ne sais pas, que ce soient
les plaintes concernant les soins de fin de vie, sans inclure, justement, les informations nominatives. Mais,
dans le fond, ce qui est important pour la commission, c'est de pouvoir
obtenir les motifs, c'est-à-dire les motifs d'insatisfaction, pas tant
l'information nominative, parce que la commission n'a pas à faire ce travail de recherche et non plus de lien, de dialogue
avec le plaignant ou la plaignante. Mais il est important de trouver une façon que la commission puisse être
informée de certaines insatisfactions ou de certains cas particuliers
qui se rattachent très spécifiquement aux
soins de fin de vie, et probablement que 40.1 sera vraiment la façon de le
prévoir, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Le commissaire aux plaintes relève de l'établissement. Donc, en passant par
l'établissement, il n'y a pas de...
Mme Vallée : En
parlant, si on mentionne le document particulier où... parce que, là, on parle
d'états, de données statistiques, de rapports, autres renseignements
nécessaires.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Donc, il pourrait y avoir les rapports, donc, qui décrivent les motifs de
plainte, tel que prévu à l'article 76.11 de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre... Mme la députée de...
Mme
Hivon :
Demandez, M. le Président, et vous recevrez.
Mme Vallée :
Merci, c'est très clair.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Moi, ça me
convient. Est-ce qu'il y a lieu de prévoir un délai pour la transmission
des informations qui pourraient être requises? Ou est-ce que j'ai manqué
quelque chose, moi, là?
Mme
Hivon :
Non.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : On sait
que la collègue de Gatineau aime les délais, mais ici on a prévu «et dans les
délais qu'elle indique». Donc, c'est un peu la même chose que quand le ministre
demande un avis, il va indiquer le délai. Ici, la commission va l'indiquer.
Parce que, si on mettait un délai, c'est la même chose, ça enlèverait la flexibilité
que, des fois, c'est quelque chose dont on a besoin très, très rapidement, alors que, des fois, c'est plus une donnée qu'on
veut avoir à plus long terme.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : J'apprécie
la diplomatie de la collègue qui me souligne un petit point qui s'était glissé
sous le radar.
Le Président (M.
Bergman) : Malheureusement, Mme la députée de Gatineau, le
temps s'est écoulé.
Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 19 h 30 ce soir.
(Suspension de la séance à 18
heures)
(Reprise à 19 h 36)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Collègues, la commission reprend ses
travaux. Je vous rappelle que le mandat de la commission est de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi concernant les
soins de fin de vie.
Avant
la suspension de nos travaux cet après-midi, nous discutions de
l'amendement proposant l'introduction de l'article 40.1.
Mme la députée de Gatineau, l'article 40.1, que nous discutions cet après-midi.
Mme Vallée :
Oui. Alors, juste un instant, je reviens à 40.1. Je pense qu'on avait pas mal
fait le tour, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça va, M. le Président. Effectivement, je
pense qu'on avait pas mal fini la
discussion autour de 40.1.
Mme Vallée :
…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Effectivement, oui, «les délais qu'elle indique» avaient été indiqués.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des
questions ou commentaires en ce qui concerne l'article 40.1? 40.1
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté? Adopté. Mme la ministre,
l'article 41.
Mme
Hivon : Oui. Avant d'aller à l'article 41, M. le
Président, je vous suggérerais qu'on revienne à l'article 34.1,
34.2, donc l'amendement que nous souhaitions insérer. À la suite des échanges
qu'on a eu plus tôt aujourd'hui, je comprends que l'opposition aurait un
amendement à déposer.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, on retourne à l'article 34.1 et 34.2.
Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Alors, je ne prendrai pas la
maternité de cet amendement, alors on l'appellera l'amendement de
Jean-Talon. Et voilà. Donc, nous allons déposer l'amendement suivant… et je
tiens à remercier la ministre et son équipe
pour leur très grande collaboration dans la préparation de cet amendement.
Donc, l'amendement se lit comme suit…
Le Président (M.
Bergman) : …s'il vous plaît, Mme la députée.
Mme Vallée :
Oui, ça va. Ça va.
Le Président (M.
Bergman) : Vous retirez la section IV de
l'article 34.1 et 34.2, car on amène un nouvel amendement qui est déposé
par Mme la députée de Gatineau.
223 27
MmeHivon : Donc, je comprends que
l'amendement n'avait pas été retiré, donc vous…
Mme Vallée :
On avait retiré le premier, déposé le second, suspendu le second, et là ce
serait le troisième.
Mme
Hivon : Donc, nous pourrions retirer l'amendement qui avait
été déposé, portant sur la section IV, après l'article 34.
Oui, d'accord.
Le
Président (M. Bergman) : Exactement. Alors, Mme la députée de
Gatineau, vous avez déposé un amendement.
Vous avez déposé la nouvelle section IV du chapitre IV du
titre II. Pouvez-vous nous lire sur la section IV, s'il vous
plaît?
• (19 h 40) •
Mme Vallée :
Alors, l'amendement se lirait comme suit, donc : Insérer, après
l'article 34 du projet de loi, ce qui suit :
«Section IV.
Fonctions particulières du Collège des médecins du Québec.
«34.1.
Un médecin exerçant sa profession dans un cabinet privé de professionnel qui
fournit la sédation palliative continue ou l'aide médicale à mourir à
domicile ou dans les locaux d'une maison de soins palliatifs doit, dans les 10 jours de son administration, informer le
Collège des médecins du Québec et lui transmettre, selon les conditions
et modalités prescrites par le collège, les renseignements qu'il détermine.
«Le
collège ou son comité compétent évalue la qualité des soins ainsi fournis,
notamment au regard des normes cliniques applicables.
«34.2.
Le Collège des médecins du Québec doit, chaque année, préparer un rapport
concernant les soins de fin de vie dispensés par des médecins qui exercent
leur profession dans un cabinet privé de professionnel.
«Le
rapport doit indiquer le nombre de sédations palliatives continues et d'aides médicales à mourir administrées par ces médecins à domicile ou dans les locaux d'une maison de soins
palliatifs. Les renseignements doivent être présentés par territoire de réseau local de santé et de
services sociaux et par territoire d'agence de la santé et des services
sociaux.
«Le rapport est
publié sur le site Internet du collège et transmis à la Commission sur les
soins de fin de vie au plus tard le 30 juin de chaque année.»
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée, pouvez-vous nous
expliquer l'amendement que vous proposez?
Mme
Vallée : Oui. Alors, M. le ministre… M. le Président, pardon.
Désolée. Bien, en fait, je pense que nous avons fait plusieurs discussions sur la question. Le 4 décembre dernier,
la ministre avait déposé un amendement introduisant les
articles 34.1, 34.2, et il y a, dans cet amendement-là, la question du
rapport qui est fait ou l'information transmise au Collège des médecins par le
médecin qui exerce en cabinet privé dans les 10 jours de son
administration. Je crois qu'on avait eu abondamment de discussions sur la
question.
Et l'autre élément, à
34.2, était la transmission de renseignements que le Collège des médecins
devait transmettre à l'intérieur de leur rapport, c'est-à-dire des
renseignements qui sont présentés par territoire de réseau local de santé et par territoire d'agence. Donc,
on a eu des discussions encore ce matin sur cette question-là. Il a été
question de vérifier avec le Collège des
médecins, mais je comprends que le Collège des médecins a accepté de
transmettre les résultats… les
renseignements de cette façon. Donc, je tiens à souligner leur collaboration et
à les remercier, et également à souligner la collaboration de l'équipe
de la ministre et des légistes. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va, M. le Président. On a eu confirmation de la part du Collège des
médecins, donc, qu'ils acceptaient. Alors, je suis prête à voter sur
l'amendement.
Le
Président (M. Bergman) : Une petite question, Mme la députée de
Gatineau : Pourquoi est-ce que vous avez choisi la date du
30 juin de chaque année?
Mme Vallée : Cette date a été
discutée lors de nos échanges, M. le Président. L'année du rapport, l'année se
termine le 31 mars, il s'agit de l'année financière. Et donc il a été
question que nous donnions quelques mois pour permettre
de colliger les informations, d'où le 30 juin. Bien, c'est ça, je pense
que, le 4 décembre, on avait eu pas mal de discussions sur cet
enjeu. Merci.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce que les
articles 34.1 et 34.2 sont adoptés? Est-ce que la section IV
du chapitre IV du titre II est adoptée?
Des voix : Adopté.
Mme
Hivon : Alors, M.
le Président, maintenant que nous avons adopté cette section, nous pourrions
revenir à 8.1, que nous avons laissé en
suspens parce que nous voulions l'analyser au regard de 34.1 et 34.2. C'était
une demande de l'opposition
d'attendre l'adoption de 34.1 et 34.2 avant d'adopter 8.1, mais nous avions
fait une longue discussion à 8.1. Donc,
je pourrais… L'amendement avait été déposé et largement discuté, donc nous
pourrions reprendre pour pouvoir en disposer, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, l'article 8.1.
Mme
Hivon : C'est que
l'article 8.1, c'est en quelque sorte le pendant de ce qu'on vient de voir
à 34, mais pour le médecin qui exerce à titre de médecin de l'établissement.
Donc, c'est une disposition similaire, mais pour le médecin, donc, qui exerce à
titre de médecin lié à l'établissement, alors qu'on vient de voir le pendant
pour celui qui pratique seul et qui, donc, va relever du Collège des médecins,
ce qui n'est pas le cas à 8.1 pour celui qui relève de l'établissement et dont
le rapport va devoir être fait, donc, par le directeur général de
l'établissement, si on se remet dans le bain de 8.1, mais c'est la même volonté
de reddition de comptes.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y des commentaires sur
l'article 8.1? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Ça va. Je
voulais juste m'assurer de la concordance des informations de chaque article.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 46)
(Reprise à 19 h 48)
Le
Président (M. Bergman) : La commission reprend ses travaux. Mme la députée de Gatineau, l'article 8.1.
Mme Vallée : Oui, merci, M. le Président. Alors donc, je pense
qu'on avait fait la lecture de 8.1. Je crois qu'on avait fait la
lecture, donc, moi, ça me va.
Je comprends que la distinction entre 8.1 et nos
articles 34.1, 34.2, c'est que le Collège des médecins va faire rapport une
fois qu'un médecin aura administré l'aide médicale à mourir, et donc le Collège
des médecins n'a pas nécessairement le suivi des aides médicales à mourir qui
n'auront pas été administrées parce qu'elles vont avoir pris un autre chemin.
Donc, c'était la question que j'ai posée à la ministre lors de la suspension.
Donc,
l'article 8.1 fait... l'amendement, en fait, la deuxième mouture de l'amendement
qui a été déposé correspond aux
échanges que nous avions eus sur la question et, dans le contexte de 34.1 et
34.2, m'apparaît tout à fait conforme, là, exception faite de certaines
particularités, mais tout ça est bien clair. Donc, ça va pour nous.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 8.1? Est-ce
que l'article 8.1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté.
Mme
Hivon : ...c'est
un amendement qui introduit 8.1, en fait.
Le Président (M. Bergman) :
C'est un amendement, mais c'était...
Mme
Hivon : Ça va? Parfait.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, Mme la ministre.
• (19 h 50) •
Mme
Hivon : Oui. Nous
sommes donc rendus à l'article 41, M.
le Président : «Le médecin qui
administre l'aide médicale à mourir à
une personne doit, dans les 10 jours qui suivent, en aviser la commission
et lui transmettre, selon les modalités
déterminées par règlement du gouvernement, les renseignements prévus par ce
règlement. Ces renseignements sont
confidentiels et ne peuvent être communiqués à quiconque, sauf dans la mesure
où ils sont nécessaires pour l'application du présent article et de
l'article 42.
«Le
médecin qui contrevient au présent article commet une infraction et est
passible d'une amende de 1 000 $ à 10 000 $.»
Donc,
cet article, c'est l'article qui crée l'obligation pour le médecin, donc, de transmettre des renseignements
à la commission dans les 10 jours après avoir administré l'aide médicale à mourir. C'est vraiment, donc, la clé pour la surveillance, le contrôle de l'administration de l'aide
médicale à mourir. Et on vient encadrer par règlement les
modalités, donc, de ce qui sera transmis à
la commission. Et, à 42, on va voir que la commission
doit vérifier chacune des
déclarations qu'elle reçoit.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 41?
Mme
Vallée : Alors, certaines associations, dont l'Association
médicale et l'association… l'AQESSS, ont fait des commentaires sur…
Compte tenu que l'article 33 prévoit que le CMDP possède les
renseignements cliniques, est-ce que ce ne
serait pas le CMDP qui devrait aviser la commission de renseignements? Alors,
ça, c'était le commentaire de l'Association médicale du Québec, à la
page 19 de leur mémoire, qui considérait que, parce que le CMDP avait en
sa possession les renseignements cliniques, le médecin n'était pas tenu de
transmettre l'information.
Alors,
je me demandais pourquoi... tout simplement de répondre à cette préoccupation
de l'Association médicale. Et
évidemment l'association, l'AQESSS, avait un commentaire similaire, donc, et
considérait que le dernier alinéa devait être remplacé par l'obligation pour le CMDP de transmettre l'information
ou d'aviser la commission de cette information.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui, c'est une question qu'on a examinée. On me
remémorait tout le processus qu'on a fait, parce que j'avais été très,
très sensible à ce qui nous avait été dit. Il y a quelques raisons qui font en
sorte qu'on a vraiment maintenu l'obligation
du médecin de le faire. D'abord, c'est vraiment une relation, je vous dirais,
entre le médecin et la commission. On
trouve ça important que le médecin doive lui-même se rapporter pour
l'administration de l'aide médicale à mourir,
qu'on vient très formellement encadrer directement à la commission pour qu'il
prenne conscience aussi que la commission est vraiment une instance qui
va venir faire la surveillance du geste, donc, de l'administration de l'aide
médicale à mourir, au-delà de ce qui se fait généralement par le CMDP.
Deuxièmement,
il y a un formalisme plus grand. Là, on parle de, vraiment, un rapport — bien, pas un... oui, en fait, un
rapport, on va prévoir les modalités par règlement — plus formel qui va
devoir être fait.
Troisièmement, ça
encourait des délais plus importants parce qu'il fallait prévoir un temps de
délai pour transmettre au CMPD, suivi d'un
temps de délai pour que le CMDP transmette à la commission. Donc, on trouvait
que c'était plus opportun, plus indiqué de
l'envoyer directement, je vous dirais, pour toutes ces raisons et à la lumière
de ce que nos deux collègues médecins
nous ont dit, dans le cadre de d'autres échanges, comme quoi ce n'était pas… l'information qui était
envoyée au CMDP lorsqu'il y avait un décès n'était souvent pas le fait du
médecin lui-même, mais plutôt de l'organisation autour de lui, de soutien ou... Je pense que c'est d'autant plus important
de garder ce lien-là, direct, entre le médecin et la commission.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, je comprends que c'est une question aussi, bon, de responsabiliser chaque
professionnel quant à l'importance de l'acte
qui est posé, d'une part. D'autre part, pourquoi on a prévu ou on a associé
cette obligation à une infraction de nature pénale et allant même
jusqu'à l'imposition d'amende?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Parce que c'est vraiment la modalité de surveillance. Et on a comparé avec des
lois similaires, et c'est une infraction à
une loi, et il semblait important, compte
tenu de tout l'encadrement qu'on
donne et du rôle de surveillance que
l'on donne à la commission, que ce soit très clair que cette obligation-là
est, oui, prévue dans la loi, mais qu'elle est loin d'être banale. C'est
aussi une mesure pour rassurer la population, qui souhaite qu'il y ait ce
contrôle a posteriori, donc, qu'il puisse y avoir cette évaluation a posteriori
de l'administration de l'aide médicale à mourir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je pose la question parce que je sais que ça avait
fait l'objet de commentaires, tant de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec et de l'association du conseil des médecins, dentistes
et pharmaciens. Est-ce qu'on a des comparables au niveau de l'ordre des
grandeurs des amendes?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, nous avons des comparables. En fait, comme je l'ai expliqué, ce n'est pas
le ministère de la Santé qui vient
établir les balises, donc, c'est vraiment la direction du droit pénal au
ministère de la Justice. Et, eux, à la lumière,
donc, de comparables, nous ont fait cette recommandation parce qu'il s'agit, en
fait, de mettre une amende, de pénaliser
le fait de ne pas respecter une obligation dans une loi. Et donc, en faisant
les comparaisons, on nous a donné la fourchette de 1 000 $ à
10 000 $.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Quelles seront les conséquences, outre l'imposition d'une amende, dans le
dossier professionnel d'un médecin? Le médecin qui omettrait de
transmettre l'information, est-ce qu'il aurait des conséquences autres que l'imposition
d'une amende? Et est-ce que l'imposition d'une amende aurait un impact sur le
dossier professionnel du médecin, par exemple, vis-à-vis son ordre
professionnel?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien,
c'est aussi une faute professionnelle à partir du moment où vous ne respectez
pas une obligation qui est liée à votre
travail professionnel. Donc, le Collège des médecins agirait dans les
circonstances... pourrait agir, dans les circonstances, normalement, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
• (20 heures) •
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Évidemment, moi, je suis en total désaccord avec
l'article, entre autres parce que,
bon, premièrement, l'acte est contrôlé et surveillé dans les établissements par
le CMDP, et on le sait, et, bon, quand on contrevient, qu'on ne remet
des rapports en temps opportun, on reçoit des lettres rapidement avec menaces de retirer les privilèges. Je peux vous dire que
c'est drôlement plus efficace de menacer de retirer les privilèges que
d'une amende de 1 000 $.
Deuxièmement, quand on parle de… Je ne sais pas
comment on peut entrevoir cette gestion-là, mais qui va sonner l'alarme : Ça fait
combien de temps que le rapport a été donné versus quand est-ce que l'aide
médicale à mourir est survenue? Je ne
sais pas de quelle façon on va procéder. Qui va aller vérifier à chaque fois
qu'on a bel et bien reçu le rapport en
temps opportun? Sincèrement, je pense qu'on va… on risque d'alourdir un
processus qui n'existe pas actuellement. De toute façon, on crée une nouvelle façon de gérer avec des nouveaux
canaux qui n'existent pas, alors qu'il y a actuellement… chaque médecin
est redevable au CMDP, ces canaux-là sont déjà en place. Il y a déjà une façon
de procéder. Puis je peux vous dire que de
se faire retirer tes privilèges de pratique, ça a beaucoup plus d'impact
qu'une facture ou de 1 000 $ ou 2 000 $, sincèrement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je
comprends tout à fait, mais je veux juste dire qu'il y a des amendes pour des
gestes autrement plus banals qui font déjà
l'objet d'amendes. Quand on met une amende, c'est parce qu'il y a quelque
chose, un signal fort, un élément qui
apparaît très fort, notamment en lien avec la protection du public, le fait de
vouloir rassurer le public. Je vous donne juste un exemple : le
fait de ne pas afficher le tarif pour des frais accessoires dans une clinique
médicale est passible d'une amende de 1 000 $ à 2 000 $.
Le Président (M. Bergman) : Mme la
députée de Groulx.
Mme
Hivon : Et là on ferait… on met sur pied une commission
à qui on donne un rôle de surveillance de l'aide médicale à mourir, on
peut… on estime que c'est important d'avoir cette entité, et je pense qu'il n'y
a personne… je suis même convaincue qu'il n'y a personne qui est venu, qui a
remis en cause le bien-fondé d'avoir cette commission et la surveillance, donc, pour justement rassurer le public puis qu'il y a
un contrôle plus formel a posteriori. Alors, à partir de ce moment-là, je pense que de formaliser le tout avec
une infraction, comme on l'a pour beaucoup d'autres choses qui peuvent être
vues comme beaucoup plus banales, je pense que c'est tout à fait approprié.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Est-ce
que vous avez les chiffres de combien
il y a eu d'amendes de données aux cliniques qui n'affichent pas leurs tarifs?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Non, M. le
Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Ça serait intéressant de le savoir, parce que je peux vous dire, ça fait 28 ans
que je pratique, je n'ai jamais vu d'inspecteur venir voir si on
affichait, oui ou non, nos tarifs.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est sûr
que ça fonctionne toujours par le
biais d'une plainte. Mais je veux juste dire à la députée que, dans ce cas-ci, si on reçoit… Ce n'est pas
tant… Vous savez que la personne qui ne transmet pas, il y a la question
du délai, mais il y a la question de ne pas
transmettre conformément à ce qui est prévu, donc, dans l'article. Il y a des
choses qui vont être facilement mesurables à travers ça, là. Je dis : Si
vous avez administré l'aide médicale à mourir à telle date et que vous le
transmettez trois mois plus tard, la commission va le voir facilement aussi.
Moi,
je pense qu'on est dans une recherche d'équilibre, toujours, hein, et il y a
une volonté de pouvoir s'assurer de la surveillance par une entité
indépendante. Il y avait beaucoup cette volonté-là. On a vu les modèles
européens, et donc beaucoup sont venus nous
parler pendant les consultations, pendant la commission, de cette réalité-là,
et je vous dirais que de s'en éloigner trop, ça pourrait donner un drôle
de message à la population en termes de volonté de s'assurer vraiment aussi de
la surveillance a posteriori.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Sincèrement, théoriquement, j'ai l'impression que ça a l'air simple, là,
mais pensez à qui… La commission, là, qui se réunit aux deux mois, qui
va avoir la charge de vérifier si les rapports ont été faits en temps opportun?
Et, de ce personnel-là, qui va, après avoir la charge de facturer, d'envoyer
une amende, qui va s'assurer du suivi de
l'amende? Est-ce que ça a bel et bien été payé ou non? Alors qu'il y a
déjà, dans le réseau actuel... Et, je vous le redis, il n'y a rien de
plus angoissant pour un médecin que
d'avoir une menace de faire retirer ses privilèges, que ça soit de l'établissement
ou... alors, l'impact est beaucoup plus grand qu'une amende de 1 000 $.
Et, encore là, on s'apprête à instaurer des nouveaux canaux, donner des
responsabilités à qui, on ne le sait pas, ce n'est pas instauré.
Alors,
on se complique la vie, là, pour pas grand-chose, à mon avis, alors que je pense que chacun des
médecins qui va pratiquer l'aide médicale à mourir est suffisamment
responsable, comme on fait quand on a des constats de décès, pour remettre les formulaires en temps opportun.
Et là on parle de se faire confiance : je pense que c'est un bel
exemple, là, de faire confiance aux gens qui vont administrer l'aide médicale à
mourir et possiblement que, peut-être avec les années, si jamais on réalise que c'est vraiment
une problématique, on puisse envisager d'avoir un autre canal de
sanction que le CMDP. Mais, sincèrement, je pense qu'au tout début on n'a pas à imposer ce genre de nouvelle
sanction, alors que ça n'existe pas actuellement dans le réseau ou à peu
près pas et que le meilleur des modèles, je pense que le CMDP l'a depuis des
années, c'est-à-dire de restreindre les privilèges.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
J'entends très bien le discours de ma collègue. Je pense qu'on est sur deux
registres. Donc, je comprends que, pour les
collègues médecins, c'est quelque
chose qui semble difficilement, je
dirais... que ce n'est pas normal pour eux. Mais la question d'une
infraction —
je veux juste dire ça, là — c'est
la même chose que pour tous les domaines,
là. Il y a des tonnes de domaines où vous allez avoir des...
Et j'en ai plein, d'exemples, là. Vous ne fournissez pas une facture détaillée à une personne pour des
frais facturés : infraction. Il
y a une infraction de prévue dans la
loi pour ça.
Une voix :
...
• (20 h 10) •
Mme
Hivon : Oui, mais
je pense qu'il y a deux choses. Je n'en suis pas sur tous les
moyens. Il y a deux débats, là : il y a le fond de
l'idée, puis après on peut parler de l'application aussi. Moi, je vous dirais
que ça va être plus facile à appliquer dans ce contexte-ci parce que, justement,
la commission va être là pour regarder chaque dossier qu'elle va recevoir, alors que, là, qui le ferait? Ça
serait un citoyen qui, s'il sait que ça existe, pourrait porter plainte, alors
que, là, il y a une commission qui connaît très bien
ce que le médecin est supposé faire, dans quel délai, les formalités, puis
tout ça. Mais ça, c'est une autre question.
Sur
le fond des choses, une infraction, c'est quoi, son rôle? C'est un aspect
dissuasif et un aspect aussi de montrer au public que c'est quelque
chose d'assez important pour qu'il y ait une réalité pénale d'associée à un
geste. Donc, le CMDP, c'est une réalité, puis, quand on parle des privilèges,
je comprends tout ça, là. Je comprends que, pour un professionnel, ça a un impact beaucoup plus important, dans le concret puis au
quotidien, de se dire : Je vais me faire retirer mes privilèges, ou : Je vais avoir un dossier
en déontologie. Mais, aux yeux du public, l'aspect pénal, pour une
question d'intérêt public dans une société,
c'est aussi quelque chose qui est un message très fort. L'autre, c'est le
professionnel dans sa pratique
professionnelle. Là, le message qu'on envoie, c'est, aux yeux du public, que
c'est un geste qui est important et assez important pour qu'on vienne y
mettre une sanction pénale. Puis, des sanctions pénales, il y en a vraiment à beaucoup
d'endroits. On l'a mis pour la question de l'inspection, un peu plus tôt dans
le projet de loi, puis je n'ai pas entendu
de commentaire à cet égard-là. Donc là, c'est en lien avec le travail qui va
être fait par la commission pour s'assurer d'envoyer un message clair
de protection pour les gens qui ont des inquiétudes, notamment.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Est-ce
qu'on va appliquer des sanctions à
chacun des certificats de décès? Parce
que 99 % des décès, il y a des
formulaires à remplir, ça ne sera pas l'aide médicale à mourir. Est-ce qu'il y
a des sanctions si tu ne remplis pas ton formulaire de… ton certificat
de décès? Est-ce qu'il y a une problématique à cet égard-là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je veux juste dire, M. le Président, que ce n'est
pas la même chose. Pourquoi la question de l'aide médicale à mourir fait
le débat que l'on fait? C'est parce que c'est un soin nouveau, une réalité
nouvelle. Pourquoi on encadre ça de la
manière dont on le fait? Pourquoi on a passé des heures à travailler sur ça en
commission? C'est parce que c'est
quelque chose qui n'est pas banal. Donc, ce n'est pas la même chose que
l'ensemble des décès qui se passent à chaque jour. Et il y a tout cet
équilibre-là, cette recherche d'équilibre là dans le projet de loi, de
dire : Oui, on est dans une réalité
d'un continuum de soins, on vient introduire ce soin-là, exceptionnel; on vient
le baliser. Puis on en a discuté quand on a parlé de la sédation
palliative continue, ce n'est pas la même chose. Donc, on vient mettre cet
encadrement, on vient mettre ces balises et on vient mettre la…
Je
ne sais pas si la députée de Groulx remet en cause l'idée même que la
commission reçoive, donc, le dossier après l'administration de l'aide
médicale à mourir, là; ça, c'est autre chose. Mais moi, j'avais compris… Parce
qu'il n'y a personne qui a remis ça en cause que ça, c'était un principe
acquis. Pourquoi? Parce que le contrôle a posteriori est quelque chose de salué comme bénéfique. Oui, il y
a le CMDP, mais je dois vous dire que, par les échanges qu'on a eus, dans les derniers jours, sur le CMDP, puis le fait
que la transmission se faisait, puis tout ça, j'ai entendu des
commentaires comme quoi ce n'était pas tant
le médecin puis un geste si formel après qu'il y ait un décès, puis tout ça.
Donc, on est venus essayer de le
formaliser, puis c'est ça qu'on essaie de faire aussi, pour rassurer, pour
protéger puis pour montrer qu'aux yeux de la société c'est quelque chose
qui n'est pas banal.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je ne voudrais certainement pas que la commission ait un rôle de tribunal
administratif, je ne voudrais certainement
pas que la commission passe une portion de son temps à surveiller si, bel et
bien, les rapports sont rentrés en temps opportun, je ne voudrais
certainement pas que la commission soit là pour émettre des amendes. Je pense que le rôle de la commission, il est
beaucoup plus de protection du public, de s'assurer que l'aide médicale à
mourir se soit passée selon les règles de l'art. Et je ne voudrais surtout pas
que la commission en soit réduite à aller vérifier si on a reçu les rapports à la bonne date, au bon moment, si on a bel et
bien reçu les amendes qu'on devait percevoir. Ce n'est surtout pas ça, pour moi, le rôle de la commission. Et je pense
qu'on n'a pas… on s'inquiète pour rien, là. Quand on veut s'en créer, des problèmes, on réussit, au
Québec, là. Si on avait une problématique au niveau des formulaires de
constat de décès, si c'était quelque chose qui était criant, alors que ce n'est
pas le cas dans tous les hôpitaux du Québec, et les formulaires, le certificat de décès, ça n'a jamais été un problème,
alors je vois mal, aujourd'hui, qu'on pense que 1 % des décès attribuables à l'aide médicale à mourir, on
va se retrouver dans un écart de conduite de ces médecins-là, tellement qu'on soit obligés d'imposer des amendes jour un.
Alors, je pense qu'on se crée des problèmes, mais je pense surtout qu'on
dirige la commission dans une mauvaise direction. Je ne voudrais surtout pas
voir la commission en train de vérifier si
on a bien respecté les délais de transmission des rapports; je voudrais les
voir beaucoup plus en train de s'assurer de la qualité de l'acte et que
ça soit fait selon les règles de l'art. C'est ce que je m'attends d'une
commission et pas d'un tribunal administratif.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ce n'est pas un tribunal administratif, mais… Ce
n'est pas un tribunal administratif. La question, c'est que, là, il n'y aurait aucune sanction pour
un médecin qui n'envoie pas l'information. Ce n'est pas juste de ne pas l'envoyer dans le 10 jours, là. Là, on veut
envoyer le signal que ce n'est pas banal, que c'est important, qu'il faut
qu'il y ait une reddition de comptes.
On
met sur pied une commission qui a le rôle d'évaluer, de surveiller, et puis
là il n'y aurait absolument
aucun mécanisme, dans la…
Une voix :
…
Mme
Hivon : …non, pour
l'envoyer à la commission. Pour l'envoyer à la commission. On se dit que
c'est le rôle de la commission d'évaluer le geste, de s'assurer que les
aides médicales à mourir lui sont déclarées formellement, puis il n'y aurait absolument
aucune sanction, aucune contrainte, rien qui viendrait encadrer le fait de
dire : C'est tellement important qu'il y
ait ce contrôle a posteriori qu'on
vient le prévoir dans la loi. On met sur pied ce rôle-là dans le mandat de la commission puis il n'y aurait
absolument rien? On se ferait dire par les gens : Mais
c'est complètement… Ça tient sur quoi, cette obligation-là? Si vous donnez
une obligation à la commission de vérifier, il faut que vous vous assuriez que
les médecins vont transmettre l'information à la commission, ça va de soi.
Donc, c'est ça, le sens de 41, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je pense qu'on pourrait tout simplement passer par le CMDP, comme l'ensemble
des actes médicaux. Et pourquoi créer, encore une fois, une nouvelle structure,
une nouvelle façon de faire les choses, alors qu'on n'a pas de problème à ce
niveau-là au Québec? Alors, on va arriver avec une nouvelle façon de faire qui
risque souvent, comme c'est tellement
exceptionnel, que ce caractère-là est tellement exceptionnel, que même la procédure va
être à l'encontre du fonctionnement habituel.
Alors, je ne
comprends pas pourquoi on ne passe pas tout
simplement par les mêmes canaux qui
ont démontré dans le passé, et qui
continuent de le démontrer, qu'ils ont des résultats exceptionnels. Alors, on
n'a pas à recréer des nouveaux canaux pour des situations
exceptionnelles. Je pense que le risque… ce qui risque d'arriver tout
simplement, c'est qu'on s'y perde et tout le monde s'y perde et que personne ne
soit gagnant de cette formule-là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Bien, ça
va, j'ai compris le point, mais je…
Les médecins qui ont invoqué la question, ils étaient vraiment sur l'amende, il n'y a
personne qui a remis en cause le principe de la surveillance a posteriori qui
soit exercée par la commission.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Moi, ça
va. Moi, pour moi, je suis en désaccord. Alors, je le reste, peu importe…
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions pour l'article 41? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, M. le Président, je faisais seulement qu'écouter.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions pour l'article 41?
Mme
Hivon : Je
pourrais peut-être dire un autre élément que j'ai…
Le Président (M. Bergman) : Mme la
ministre.
Mme
Hivon : …que, de
par nos échanges, j'ai bien compris. C'est qu'avant que ce soit traité par le
CMDP le député de Jean-Talon nous expliquait
comment c'était long, comment, donc, ça pouvait prendre des mois et des
mois. Je ne pense pas que de dire : On va aller par le canal traditionnel
et qu'il n'y a pas cette commission-là, qui a un rôle double, mais ce rôle-là…
Je dois vous
dire, je suis surprise, M. le Président, parce que je n'avais jamais compris,
dans les échanges qu'on a eus, que la
députée remettait en cause le rôle d'évaluation du geste de… donc, de
l'administration de l'aide médicale à mourir
par la commission, comme il n'y a pas personne qui est revenu mettre ça en
cause pendant toutes les auditions qu'on a eues. Au contraire, c'était un geste qui était salué : il y a
toute la protection, il y a tout l'encadrement, il y a la commission qui va être là pour venir réviser l'administration
de l'aide médicale à mourir. Donc, tout le monde a salué ça, et je pense
que c'est vraiment de nature à rassurer la population, et donc je marque quand
même mon étonnement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Une question plus procédurale : L'amende, elle est imposée par qui et quel
est le processus en raison de défaut de paiement au niveau de la
perception? Et cette amende-là est transmise dans quel fonds?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je vais laisser Me Lavoie en parler, mais c'est le Directeur des poursuites
criminelles et pénales qui est
responsable, comme pour l'ensemble des infractions pénales de l'ensemble des
lois au Québec. Mais vous pouvez peut-être expliquer, là…
Le Président (M. Bergman) :
Me Lavoie.
Mme Lavoie (Patricia) : En fait,
quand on constate une infraction à la… Un médecin qui n'a pas transmis l'avis, par exemple, le ministre transmet le
dossier. Soit qu'on s'en est rendu compte lors d'une inspection ou
autrement sur une plainte. Alors, on
transmet le dossier au Directeur des poursuites criminelles et pénales qui va
évaluer l'amende à imposer à la personne.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
• (20 h 20) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, merci, M. le Président. Bien, j'ai
écouté les conversations, j'ai trouvé ça très intéressant, mais je ne sais pas si on pourrait essayer de trouver
peut-être une meilleure solution. La problématique de l'amende de
1 000 $ à 10 000 $, je pense que, oui, ça peut avoir un
effet, mais un des problèmes que ça peut amener, connaissant
les médecins — puis
ma collègue les connaît aussi assez bien — ça peut faire en sorte que,
compte tenu qu'il y a une possibilité de
pénalité, c'est qu'ils se refusent tout simplement à faire l'aide médicale à
mourir. C'est très, très humain. Ça, c'est mon inquiétude que je peux
avoir.
Par contre, je donne raison aussi à la ministre,
en disant : Si on y va par le processus du CMDP, les médecins ne répondent pas tellement à ça très, très bien. À
quoi ils répondent très bien par contre — puis, encore là, ça pourrait amener un effet qu'ils pourraient dire que je
n'aurais pas tendance à pratiquer l'aide médicale à mourir — c'est si c'est suivi par le Collège des médecins. Lorsqu'il y a un
rapport ou un avis envoyé au Collège des médecins, les professionnels,
ils sont très, très attentifs à ça parce que c'est leur ordre professionnel. Ça
fait que…
Puis l'autre élément que je rajouterais, suite à
avoir entendu vos conversations… C'est sûr qu'on met le principe d'une amende parce qu'on veut vraiment que ce soit fait dans
les 10 jours, sauf qu'au niveau professionnel il y a beaucoup de gens
qui vont être frustrés de ça, et ça va certainement être publicisé dans la
profession. Et je ne sais pas si ça ne
pourrait pas amener l'effet contraire, comme je disais il y a quelques minutes,
où les médecins vont peut-être dire : Regardez, j'ai une possibilité d'amende, 1 000 $ ou
10 000 $, ou… Imaginez le cas, la journée que ça va être versé.
À ce moment-là, vous allez probablement
avoir… Connaissant la solidarité de la profession, c'est qu'il y en a plusieurs
qui vont se refuser à le faire.
Moi, je vous
proposerais peut-être qu'on essaie de trouver un terrain d'entente pour être
capables d'atteindre l'effet que la ministre, elle veut, c'est-à-dire,
qu'ils aillent à l'intérieur de 10 jours. Je pense, autour de la table, avoir
laissé savoir assez longtemps que c'est
important qu'il y ait des délais qui soient respectés. Moi, j'y tiens, mais je
ne suis pas certain que l'amende est la bonne façon. Surtout que, là,
vous m'avez dit qu'il y avait une… c'était le Directeur des poursuites criminelles qui allait devoir faire ça.
Je dois vous avouer que, quand on arrive puis on commence à mélanger des
poursuites comme ça avec des amendes dans un contexte humain d'aide médicale à
mourir… Moi, je pense qu'on devrait… pas prendre la décision ce soir parce
qu'il ne faut pas trancher à chaud. Parce qu'il y a eu quand même une discussion extrêmement… je dirais, bien, sérieuse
entre les deux, là. Vous vous êtes parlé quand même assez longtemps.
Moi, je vous proposerais peut-être qu'on suspende…
Mme
Hivon : On s'est
déjà parlé depuis longtemps.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui, je suis d'accord.
Des voix : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je suis d'accord, puis, à la fin, ça donne
toujours des bons résultats, Mme la ministre. Et moi, je vous
proposerais, là, de ne pas prendre une décision ce soir, puis, demain, revenir,
puis je pense qu'on va être capables de trouver un meilleur terrain d'entente.
Puis peut-être qu'on pourrait aller voir peut-être plus le principe qu'advenant que le délai dépasse 10 jours, moi,
j'aurais une recommandation : «fait un avis au Collège des
médecins». Et je peux vous assurer que, s'il
y a un avis qui est fait au Collège des médecins, les gens ne prendront pas
deux mois à l'envoyer. Puis le
collège… Mais je vois la ministre qui me regarde en disant : Déjà, le
collège, on leur en a demandé beaucoup, là…
Mme
Hivon : Non, non.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mais je pense que le collège, on peut… Mais,
juste pour vous dire, j'ai appris quelque chose. Lorsqu'il y a cette
possibilité-là, on n'a jamais besoin de l'utiliser, mais, s'il n'y a pas cette
possibilité-là, probablement qu'il y a des médecins qui ne répondront pas à ça.
Puis à ce moment-là on pourrait, dans l'harmonie, avoir une position commune.
Qu'est-ce que vous en pensez?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Moi, je veux juste qu'on soit conscients, ici, d'une chose qui est très
importante. Puis, je dois vous dire, je suis un peu surprise, mais je
suis, comme toujours, très ouverte. Je veux juste qu'on soit conscients d'une chose : c'est qu'il y a des gens qui sont
très sensibles par rapport à l'administration de l'aide médicale à mourir et
qui veulent s'assurer que les
obligations qu'on met vont être respectées. Et, pour les gens… Là, je comprends
qu'on a deux médecins qui nous
parlent, qui nous expliquent, de leur perspective de médecins, comment le
Collège des médecins, c'est ce qui leur fait le plus peur dans la vie,
mais, pour les gens, ce n'est pas ça. Alors, je veux juste qu'on se mette dans
la perspective du public puis de la
population, là, un… On entend la perspective des médecins, mais il faut aussi
entendre quel signal on envoie aussi avec ça.
Et on entend
des gens qui nous ont dit : Ah! Vous savez, des fois, en Belgique, on se
demande… ils remplissent, mais est-ce
que vraiment il y a un suivi correct qui est fait? C'est bien beau de dire que
vous devez faire une déclaration formelle puis qu'il y a un formalisme
autour de ça puis qu'on s'assure que toutes les conditions sont remplies, mais comment on s'en assure? Donc, aux yeux du public,
je pense que c'est très important, cette idée-là. Je le dis, là :
Pour avoir entendu beaucoup de gens, des gens
pour, des gens contre, il y a une grande sensibilité, de dire : Bien,
c'est bien beau, là… C'est beau, vous
dites : Il va falloir s'assurer que toutes les conditions sont remplies,
il va falloir s'assurer qu'il y a une surveillance qui est faite, mais comment
on va s'en assurer? Bien là, on a un mécanisme, on prévoit la commission avec,
bon, son rôle, et tout ça. Et moi, je dois vous dire que, s'il y a des… Je veux
juste... pour que tout le monde réfléchisse correctement. Si, comme société, on
a adopté des lois où on est venu mettre des infractions... Il y a des infractions dans la loi sur la procréation assistée, il y a
des infractions pour une question de ne pas fournir une facture détaillée à une personne, il y a des infractions
dans nos lois pour des gestes comme ça, je veux juste qu'on réfléchisse ensemble, bien comme il faut, pourquoi il n'y
aurait pas d'infraction pour un geste comme celui d'assurer la
surveillance… en s'assurant… Le hic, la clé,
c'est de se dire : Les médecins, ils vont la donner, l'information, puis
on va s'assurer que la surveillance est faite. Donc, moi, je veux juste
que tout le monde regarde le signal que ça envoie aussi aux yeux du public, qui, lui, ne fonctionne pas comme un
médecin qui a peur de son ordre… qui fonctionne par un message de
sécurité et de protection qu'on envoie à son égard.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford.
M.
Reid : Bien, juste là-dessus,
il faut faire attention avec le message peut-être pour une partie du public. 1 000 $,
c'est un gros message d'obligation. Mais pensez juste à ce que c'étaient
autrefois, les amendes pour excès de vitesse,
il y a des gens qui s'en fichaient, d'en payer une fois par semaine parce
qu'ils avaient de l'argent en masse. Ce qui a changé beaucoup de choses, c'est le jour où on a dit : Après un
certain nombre d'excès de vitesse, tu perds ton permis. Ah! Là, ça a changé quelque chose. Donc, autrement
dit, c'est ce genre de raisonnement là, je pense, qu'il faut réfléchir.
Et puis peut-être pour le grand public, il y
a des analogies qu'ils peuvent comprendre, comme celle-là, que peut-être,
comme on disait tantôt, 1 000 $,
dans le fond, ce n'est peut-être pas, tu sais… le problème de ça est beaucoup
plus psychologique puis qui pourrait avoir un effet pervers, disons,
mais le message pour le grand public, il faut en avoir un, mais peut-être qu'il faut avoir le bon. Et, même si a priori un
montant d'argent de 1 000 $ ou de 10 000 $, pour beaucoup
de monde, c'est beaucoup d'argent, peut-être que ce n'est pas nécessairement
la bonne solution dans ce cas-ci.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça va.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je reviens aussi dans le sens où on a fait de ce projet de loi là un… C'est
quand même un projet de société, on
est assez innovateurs au Québec, et on s'est fait tous confiance, autant les
politiciens que le corps médical, que les
intervenants en santé, que nos propres citoyens, nos malades. Et on dirait que,
quand on arrive à cet article-là, il y a comme un lien de confiance qui n'existe pas envers la profession
médicale de transmettre ce rapport-là, comme si le corps médical
n'allait pas remplir cette fonction-là qu'il fait très bien depuis de
nombreuses années. Dans les constats de décès,
chacun des médecins — puis on
en a tous constaté plusieurs — on a à remplir un formulaire au décès d'un
patient, et il n'y a pas personne, à mon avis, qui enfreint cette règle-là.
Alors, je ne
comprends pas qu'aujourd'hui on ne fasse pas confiance au corps médical pour ce
rapport-là qui ... Effectivement,
c'est dans un contexte d'aide médicale à mourir, alors qu'il y a encore déjà...
Au-delà d'un décès naturel, qui est un décès provoqué à la demande du
patient, on est d'accord, mais... Alors, comment on pourrait ne pas faire confiance au médecin, alors qu'on lui fait
confiance pour administrer cette aide médicale à mourir là, et que, là,
viendrait le temps de remplir son rapport, on ne lui fait plus confiance? Et,
sincèrement, c'est un mauvais message qu'on envoie au corps médical, outre toute la paperasse… Et je continue de vous dire
que je pense que, même de gérer ce 1 000 $ là, ce 10 000 $ là va être plus de trouble que
d'autre chose. Au-delà de ça, le message qu'on envoie, c'est qu'on a tous
travaillé ensemble, on vous demande… tout le
monde ensemble, on veut se faire confiance, et on arrive au rapport, à la
transmission du rapport, et là il y aurait un bris de confiance envers le corps
médical pour ce geste-là.
Et ça,
sincèrement, ça n'envoie pas le bon message, à mon avis, pas du tout. Si
jamais, après l'application de la loi, on
réalise que c'est vraiment une problématique, et, à mon avis, ce n'en sera jamais une... Parce que
je voudrais qu'on me démontre
qu'actuellement il y a une problématique dans la transmission des rapports des constats de
décès; il n'y en a pas.
Alors, pourquoi on figurerait que, ce rapport-là
en particulier, on n'aurait plus confiance au médecin pour... on va lui faire confiance pour aller jusqu'à
donner l'aide médicale à mourir, mais après ça il va se délester de sa
tâche puis il ne fera pas le rapport. Sincèrement, je trouve que ce n'est pas
le bon message qu'on envoie. On est à se permettre d'aller au-delà, dans un geste qui, je pense, pour le bénéfice de tous, nécessite la confiance de tous, tous les
individus, de tous ceux qui sont autour de la table, et il y a une rupture, à
cet article-là, de ce lien de confiance là. Et, sincèrement, je ne peux pas
être en accord avec cet article-là.
• (20 h 30) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre, est-ce que vous avez un commentaire?
Mme
Hivon : Je veux
simplement dire que la loi sur la procréation assistée, je veux juste donner ça
comme exemple...
Une voix : …
Mme
Hivon :
Non, mais je veux juste dire ça, c'est… Il y a une infraction, si on ne
transmet pas les documents, prévue
dans la loi, entre 1 000 $ et 10 000 $... qui omet ou
refuse de fournir les renseignements. Donc, je veux juste...
Une voix : …
Mme
Hivon :
Oui. Je veux juste expliquer qu'on prévoit ce type... Quand on fait une loi, il
faut aussi voir les comparables qui se
ressemblent. Procréation assistée, il y a un encadrement, tout ça, il y a une
infraction, il y a plus qu'une... Là,
il y a plusieurs infractions pénales dans la loi. Moi, est-ce que je trouve ça
agréable? Je trouve ça... Non, ce n'est pas ça, l'objectif, là. L'objectif, c'est juste d'envoyer un message, d'une
part, et, d'autre part, de dire qu'il y a une conformité aussi avec
notre corpus législatif où, dans le domaine médical, ça arrive souvent qu'il y
a des infractions pénales.
Puis j'ai
expliqué toute la question de la sensibilité, puis les gens qui veulent
entendre, qu'on leur dise... Ce n'est pas bidon, là. La surveillance, elle va se faire pour vrai, de chaque
administration d'aide médicale à mourir. Pourquoi? Ce n'est pas la même chose que quand il y a un décès qui se
produit. Parce que, là, il y a des conditions, il y a tout un
encadrement, puis il faut s'assurer que cet encadrement-là est bien respecté,
c'est un des rôles de la commission. Donc, c'est ça, l'idée qui est présente.
Est-ce qu'il
y a quelqu'un ici qui a confiance dans les médecins, qui a confiance dans le
processus, qui a confiance dans tout le bien-fondé du projet? Bien oui,
moi, j'ai tout à fait confiance.
Mais, ceci dit, je pense que, quand on fait une
loi, il faut être cohérent avec les messages qui sont envoyés de d'autres
manières, dans nos autres lois, pour d'autres choses qui n'ont rien à voir, qui
ne soulèvent pas les mêmes sensibilités. Et puis il faut aussi être cohérent
dans les messages qu'on envoie. Donc, c'est...
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Premièrement, M. le Président, je veux
déclarer mon intention. Moi, je veux, comme la ministre, que ça
fonctionne bien. Donc, on cherche... on a le même, même objectif.
Deuxièmement, la loi sur la procréation
assistée, qui a été une excellente loi, qui a été bien conçue et puis qui permet à… également, il faut le rappeler, là, à
des couples d'avoir des enfants, alors qu'ils ne pouvaient pas, donc,
c'est une loi de laquelle on doit être
extrêmement fiers, dans un premier temps. Par contre, la loi sur la procréation,
quand elle a été conçue, il y a
plusieurs, plusieurs médecins qui voulaient pratiquer la procréation assistée,
c'était très populaire. Donc, on n'était
pas dans le même contexte où, là, on va avoir de la difficulté, selon moi, à
trouver des médecins qui vont la faire. Puis, en plus de ça, ce ne sera pas une médecine payante, là, l'aide
médicale à mourir, hein? Selon moi, là, ça va être nos gens les plus nobles qui vont accepter de soulager
les autres. Et, quand ils vont le faire, ils vont le faire parce qu'ils y
croient. Procréation assistée, c'est un
autre contexte complètement différent. Puis, dans ce contexte-là, il fallait
vraiment faire des bons règlements puis s'assurer que toute
l'information soit bien transférée. Et c'est pour ça qu'on a mis des amendes.
Là, on est
dans un contexte... Puis je veux juste partager, parce que je ne veux pas qu'on
parte avec le principe que ça prend
un gagnant, ça prend un perdant. C'est quoi, la meilleure solution? Bien,
premièrement, c'est quoi, l'objectif? L'objectif,
dans ce cas-ci, pour moi, là, ce n'est même pas la question du 10 jours, c'est
d'abord qu'on ait des médecins qui pratiquent
l'aide médicale à mourir. Ça, c'est le premier élément. Le deuxième élément, le
10 jours, on veut que les gens ne prennent pas trop de temps puis nous
l'envoie rapidement. Si on y va avec une amende, puis c'est une opinion très personnelle, mais, connaissant bien les médecins,
si on y va par une amende s'ils ne remplissent pas dans les 10 jours, au
niveau de la profession médicale, ça va être
un effet négatif. Par contre, si on l'envoie au CMDP, je suis d'accord
avec la ministre, ça n'aura pas beaucoup d'impact. Donc, je vous donne à toutes
les deux raisons.
La troisième
solution, je le répète, l'avis au Collège des médecins qui, lui, va intervenir,
et, à la limite, si le Collège des
médecins intervient, ils téléphonent au médecin comme ils font d'habitude, ils
disent : Ça serait peut-être important que tu l'envoies avant que le syndic rentre dans le dossier dans 10
jours, le délai de 10 jours va être soit respecté dans la majorité des
cas ou ça va rentrer à l'intérieur de 20 jours. Puis on va-tu s'entendre qu'on
ne se chicanera pas pour cinq à 10 jours de
plus dans ce dossier-là? Ça fait que… Puis moi, mon inquiétude, je tiens à vous
le dire, là, ce n'est pas que les
médecins ne paient pas l'amende, là, c'est qu'on n'aura peut-être même pas des
médecins auxquels on va pouvoir charger
cette amende-là. Et c'est un dossier tellement important, si on passe la loi,
qu'il faut se donner tous les leviers pour être capables de le réussir
comme il faut.
Une fois qu'on a dit ça, moi, personnellement,
M. le Président, à partir de ce moment-ci, je vais endosser la décision de la ministre, et je lui laisse à elle
le choix de faire le choix, et je n'ai pas l'intention d'intervenir plus dans
ce dossier-là. Ça fait que je la laisse avec sa conscience, mais je proposerais
qu'on suspende l'article puis qu'on y pense jusqu'à demain. Je suis certain que
son équipe va y penser cette nuit.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Un dernier commentaire. On parle beaucoup du
10 jours, mais, si on se souvient de la fréquence potentielle des
rencontres de la commission, on les a mis une rencontre aux deux mois. Alors,
encore là, il n'y aura pas d'urgence, dans
les 10 jours, à étudier le dossier alors que la commission ne va pas se réunir
à tous les 10 jours pour s'assurer
que l'acte a bel et bien été fait dans les… selon les règles de l'art. Ça
aussi, il faut être conscient, là. On demande de produire un rapport en
dedans de 10 jours à une commission qui va se rencontrer potentiellement aux
deux mois. C'est quoi, l'urgence d'avoir le
rapport dans les 10 jours, alors qu'on va l'étudier aux deux mois? Ça aussi, il
faudrait peser ça. Et, sincèrement, l'important, c'est que l'acte a été bel et
bien fait selon les règles de l'art plutôt qu'un rapport envoyé en dedans de 10
jours, qui va être étudié aux deux mois potentiellement. Puis, je voudrais
voir, est-ce qu'on va donner une pénalité
aux commissions qui n'auront pas fait l'étude de tous les dossiers dans les
deux mois? Est-ce qu'on va demander à
la commission de rendre des comptes puis de s'assurer d'avoir étudié tous les
cas qui ont été faits dans les deux
derniers mois sous peine d'amende? Parce que moi, si on fait ça, je voudrais
voir la commission aussi être aussi imputable
que le médecin. Parce qu'actuellement, là, il y a bien des commissions, puis il
y a bien des conseils qui ne sont pas imputables, puis ils n'en rendent pas, de
comptes. Alors, on va demander aux médecins de rendre des comptes, mais
la commission, elle, qui, moi, aujourd'hui,
va assurer la population qu'elle va avoir le temps d'étudier tous les cas qui
auront été faits dans les deux derniers mois, je voudrais, aujourd'hui, moi,
qu'on m'assure… Puis, la même chose : qu'on pénalise la commission si elle ne le fait pas. J'ai quoi comme garantie,
moi? Moi, je vais te fournir le rapport, mais toi, tu peux me l'étudier
dans deux ans. C'est-u ça qu'on veut?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bon.
Alors, c'est bien parce qu'on voit la conviction des médecins qui défendent
bien leur réalité aussi. Je veux
juste souligner que, quand — c'est
drôle — on a adopté, un peu plus tôt dans le projet
de loi, le 10 jours pour le CMDP, il
n'y a personne qui a soulevé le problème. On a expliqué qu'on allait mettre 10
jours pour être concordants avec l'article 41. Il n'y a absolument personne
qui a soulevé le problème à ce moment-là. Tout le monde était content pour le 10 jours. Et puis
là, soudainement…
Je comprends qu'il y a un formalisme
là-dedans. Je comprends tout à fait ça, mais, à un moment donné, il y a
un encadrement ou il n'y en a pas. Puis,
moi, ce n'est pas le 10 jours qui me fait faire de l'urticaire, là. Moi, le 41,
ce n'est pas pour le 10 jours que je
le trouve important, c'est pour être sûr qu'il va y avoir une déclaration,
après le fait, que l'aide médicale à mourir a été administrée. Alors,
sur ce, je suis prête à suspendre, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Avant de suspendre, M. le député de Jean-Talon.
Des voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît!
• (20 h 40) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, j'ai dit que
je ne parlerais plus de l'amende. Mais le 10 jours, pour moi, le 10
jours, il est très important, et, s'il n'avait pas été dans la loi, j'aurais demandé
à ce qu'on le mette. Donc, là-dessus, on a
100 % raison. Et plus ça va être long, plus ça va être difficile à mettre.
On n'est pas obligés d'être d'accord dans
ces quelques lignes là, je pense que c'est partagé, mais, pour moi, le 10 jours
est important parce que c'est important que les documents soient
transférés. C'est dans la manière de le faire respecter. Puis, je tiens à le
dire, ce n'est pas le principe de l'amende.
Si je pensais que de faire payer, ça permettrait d'avoir le 10 jours et qu'il n'y
aurait pas de pénalité au niveau du
projet, aucun problème. Moi, ce que j'ai peur, c'est un peu le principe que tu
donnes un médicament puis tu rends ton
patient plus malade. Et, dans ce cas-là, puis je vais vous donner un exemple,
un médecin qui va avoir une amende une fois ne fera plus d'aide médicale
à mourir pour le reste de sa pratique. On connaît les médecins, ça va être
comme ça. Ce n'est pas quelque chose d'obligatoire, ce n'est pas un acte qu'ils
sont obligés de faire, et les gens vont avoir une frustration et puis, après ça, vont en parler avec leurs collègues, et
ça va être plus difficile. Moi, c'est vraiment pour être sûr que le projet puisse se mettre en place avec
les conditions gagnantes. Puis, si le projet est pour passer, il faut
qu'on soit capables de l'appliquer de façon
adéquate. Mais je continue… et, je répète, c'est la ministre qui va prendre la
décision.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Une dernière intervention, parce qu'effectivement,
si on part du principe qu'on veut s'assurer que le rapport soit rentré dans les 10 jours, bien il faut aller plus
loin... pour rassurer la population, bien on a quel mécanisme de
contrôle au niveau de la commission? On a quoi comme garantie que la commission
va l'étudier?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : On a la date. Quand il va envoyer les
renseignements, il va dire la date où l'aide médicale à mourir a été
administrée. Vous l'avez administrée le 2 juillet puis vous envoyez votre
rapport le 27 octobre, donc…
Une voix :
...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx…
Mme
Hivon :
Je veux dire que c'est…
Le Président (M.
Bergman) : Excusez-moi, M. le député d'Orford.
Mme
Daneault :
…
M.
Reid :
Oui, allez-y, allez-y, allez-y.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Oui,
mais on a quelle garantie que le rapport qui rentre à la commission le 27
octobre va être étudié dans les jours, dans les mois qui suivent?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Dans le
rapport annuel, M. le Président, ils vont rendre des comptes. Mais moi, je suis
prête à entendre tout ce que la députée de Groulx veut me dire, mais je suis
prête à suspendre aussi.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford.
M.
Reid : Oui. Je voulais simplement dire, M. le Président, que… On dit tantôt : C'est les médecins qui ont une
culture comme ça. Ce n'est pas que les médecins, c'est tous les agents libres,
autonomes, professeurs d'université, professeurs
de cégep, consultants de toute nature. Autrement dit, c'est parce qu'ils ont le
choix de faire leur pratique comme ils
le veulent. Et donc il faut respecter un petit peu cette dimension-là des
professions où il y a beaucoup d'autonomie dans l'organisation de leur pratique. Et moi, je l'ai vécu à l'université,
parce que 800 professeurs, c'est 800 entrepreneurs. Et donc il faut trouver des façons de faire pour réussir à
s'arranger pour qu'on aille tous dans la même direction, mais ce n'est
pas avec un fouet qu'on fait ça.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'article? Consentement?
Consentement. Alors, l'article 41, on le suspend. Alors, l'article 42.
Mme
Hivon : Oui,
l'article 42 :
«Sur
réception de l'avis du médecin, la commission vérifie le respect de l'article
28 conformément à la procédure prévue par règlement du gouvernement.
«Au terme de cette vérification, lorsqu'au moins
les deux tiers des membres présents de la commission estiment que l'article 28
n'a pas été respecté, la commission transmet un résumé de ses conclusions au
médecin, à l'établissement concerné, au Collège des médecins [...] et, le cas
échéant, aux autres autorités concernées.»
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a une… sur l'article 42? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : En fait, là — je ne sais pas si je vais recevoir des tomates de
mes collègues médecins, là — je me pose la question : Advenant que
la commission en arrive à la conclusion que l'article 28 n'a pas été respecté,
quelles sont les conséquences? Parce que,
si l'aide médicale à mourir a été administrée et que les conditions de 28
n'ont pas été respectées, c'est là
qu'on a un problème. C'est justement… C'est exactement la situation… Finalement, c'est une situation qui fait partie des éléments qui font craindre, peut-être,
à ceux qui ne sont pas à l'aise avec la mise en vigueur ou l'entrée en vigueur de l'aide médicale à mourir…
c'est que, pour toutes sortes de raisons, l'évaluation ne soit pas faite
correctement. Et là on fait quoi? À partir du moment où la commission a devant
elle une situation, et on a… ce n'est pas un membre, c'est le deux tiers des
membres qui disent : Il y a quelque chose qui ne va pas, qu'est-ce qu'on
fait?
Et je comprends que le Collège des médecins
reçoit l'avis, est informé de tout ça. Je comprends qu'il y aura vraisemblablement des mesures disciplinaires, mais
je pense qu'on ne peut pas permettre que les mesures disciplinaires
soient laissées exclusivement à la discrétion du Collège des médecins. Je pense
qu'il en va de notre responsabilité de parlementaires
de prévoir le processus ou de prévoir les conséquences d'une situation comme
ça. C'est un commentaire à froid, là, premier commentaire, mais, lorsque
j'ai lu le texte, le commentaire que j'ai décrit, c'est les conséquences, avec
plusieurs points d'interrogation, si ce n'est pas respecté.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : La
commission, elle n'est pas là pour faire une enquête, elle est là pour
dire : Il nous semble qu'il y a un
problème. Donc, elle transmet ses conclusions aux autorités, et donc le Collège
des médecins va regarder, aller au
fond des choses, et, s'il estime qu'il y a un problème très sérieux... Il peut
avoir d'autres formes de plaintes qui sont faites. La commission, elle, elle ne fait pas enquête, elle transmet son
résumé de ses conclusions aux autorités concernées.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je comprends,
mais on vient de suspendre un article, là, où on prévoyait des amendes entre 1 000 $ et
10 000 $ pour un défaut de transmettre une information. Et là on a
une aide médicale à mourir qui est
administrée, donc il y a quelqu'un qui est décédé, et on n'a rien prévu en
contrepartie, et on le laisse à la discrétion des organismes
disciplinaires, je trouve ça un petit peu surprenant. Je ne dis pas que ça doit
relever de la commission, mais il me semble qu'il y a un petit bout de
casse-tête qui nous manque ici, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est parce qu'il y a une différence, là. 41, c'était une question pénale très
facilement détectable. 42, ça requiert une enquête, là. Si on veut
embarquer dans ça, l'enquête disciplinaire, ce n'est pas la commission qui peut
faire ça, c'est donc de référer au Collège
des médecins qui, lui, évidemment, va agir en conséquence, avec tout le
barème de sanctions qu'il peut avoir et qu'il va même pouvoir référer à
d'autres autorités, là, aux autorités policières, s'il découvre quelque chose.
Une
voix :...
Mme
Hivon : Oui. Le coroner ou… Mais la commission ici, à sa
face même, ce qu'elle va voir, c'est qu'il y a un problème, de l'avis de la majorité de la
commission, il semble y avoir un problème avec le respect des conditions.
Elle, elle ne peut pas faire l'enquête comme telle, là, que ça soit
disciplinaire, policier, ce n'est pas elle. Donc, je comprends le… C'est parce que, là, on décortique tout ça, là.
Mais ce n'est pas la même réalité que l'article précédent ou c'est
quelque chose… c'est une obligation statutaire : Il faut que vous
m'informiez, là. Là, c'est que c'est plus sérieux et c'est les autorités
compétentes qui vont regarder la situation, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, un, c'est définitivement... Si vous
regardez, pour un délai, il y a une amende importante,
puis, quand on arrive… une condition qui est non respectée puis que la personne
décède, c'est le processus disciplinaire,
mais je demeure… je pense encore, peut-être, qu'il faut rester plus dans ce
domaine-là. Où j'ai un petit peu de difficulté,
c'est, quand on transfère à l'établissement, si la condition est non respectée,
théoriquement, l'établissement devrait
transférer au Commissaire aux plaintes qui devrait transférer au médecin
examinateur parce que ça concernerait une plainte par rapport à un
médecin, et ce serait le processus disciplinaire. S'il transfère au Collège des
médecins, c'est directement le Collège des
médecins qui devrait s'en occuper. Mais, habituellement, le Collège des
médecins — c'est ça qui n'est pas clair dans l'article — bien, habituellement le Collège des médecins
va peut-être dire : Il faudrait que la plainte soit d'abord étudiée
au niveau de l'établissement, qu'il fasse un rapport au Collège des médecins,
et on verra, par la suite, si on doit agir. C'est comme ça que le Collège des
médecins pense habituellement. Et, si je me fie à cet article-là, il n'y a pas…
Puis,
l'autre élément, est-ce que c'est les deux instances qui vont devoir étudier... Parce que ce serait un
processus de plainte, à ce moment-là.
• (20 h 50) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je veux
juste... Je réfléchis tout haut, mais ça, ça concerne l'ensemble
des médecins aussi, là. Donc, il y a un médecin qui relève... il peut y
avoir le médecin qui relève directement du Collège des médecins, là. Donc, lui,
il n'aura pas d'établissement dans le décor, là.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : ...
Mme
Hivon : Oui. C'est ça. C'est pour ça qu'on fait
l'énumération, là, donc au médecin, à l'établissement, au Collège des
médecins.
Une voix :
...
Mme
Hivon : Mais peut-être, effectivement, c'est «et», là. En
tout cas, il y a peut-être une réflexion sur ça, mais ils n'ont pas tous
un lien avec l'établissement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est parce qu'avant d'écrire
le texte il faut qu'on fasse les trajectoires. Parce qu'après ça on va écrire le texte. Puis je vais vous donner
un exemple. Si on dit que le médecin relève de l'établissement,
théoriquement, la plainte pourrait être envoyée au Collège des médecins, mais
les deux ne devraient pas étudier la plainte
en même temps. Ils peuvent le faire, mais, vous imaginez, s'ils arrivent à des
conclusions différentes, c'est un petit peu incohérent. Il faudrait juste savoir... Ou encore on dit que toutes
ces plaintes-là, parce qu'il n'y en aura pas beaucoup, soient traitées
directement par le collège... Moi, personnellement, ce que j'aurais tendance à
dire, c'est assez... comme disait ma collègue, c'est tellement majeur, le fait
de ne pas avoir respecté une condition...
Une voix :
...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est tellement majeur, le fait
ne pas avoir respecté une condition, moi, j'avertirais l'établissement,
mais je demanderais… Un, si la condition n'est pas respectée, théoriquement, la
commission, c'est qu'elle devrait faire une
plainte au Collège. O.K.? Ça fait que ça, ça devrait être ça qui devrait être
dans le texte, parce que... Bien,
c'est parce que, là, on dit : On transmet, mais le Collège va décider. Il
devrait y avoir... en tout cas. Puis là il faudrait peut-être parler
avec le Collège, parce qu'ils ont des spécialistes pour le traitement des
plaintes, là, puis, également, on pourrait
parler avec l'Association des CMDP, parce qu'eux autres, ils font
l'enseignement du traitement des plaintes des établissements. Mais ce que je vois, c'est que, d'abord, il faut que
nous décidions ensemble c'est quoi, la trajectoire, puis que l'ordre professionnel, et l'Association
des CMDP, et l'AQESSS disent que ça a du bon sens, la façon d'être
traité, et, après ça, on va écrire le texte.
Moi, la proposition
que je vois actuellement... Écoutez, c'est... Toute la loi, là, si quelqu'un ne
respecte pas une condition, peut-être
qu'on va être capables de justifier, je ne sais pas, peut-être que ça peut être
quelque chose de mineur, mais ça, ça mérite certainement une évaluation
par un groupe indépendant qui va donner une opinion.
La personne est décédée.
Puis je vais vous donner l'exemple. Si un médecin décide de pratiquer… Et puis
on prenait l'exemple du paraplégique,
espérance de vie de trois ans. Pour lui, il dit : Moi, je vais la
pratiquer quand même, il n'a pas
respecté une des conditions, il y a quand même quelqu'un qui est décédé
possiblement deux ans et demi, trois ans avant son moment prévu. Puis, à
la limite, on pourrait quasiment dire que ça pourrait être appelé un homicide
dans certains endroits.
Une voix : Un suicide
assisté.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Hein, ou un suicide... Bien, peut-être un
homicide, parce que le suicide assisté, ce n'est pas la personne qui le
fait, mais le médecin qui l'injecte.
Ça fait que
moi, je me dis : Ça serait important qu'on fasse la trajectoire. Puis ce
que je vois, c'est que, certainement,
l'établissement devrait être informé ou averti, mais un cas comme celui-là, qui
est un cas majeur, devrait être traité
d'emblée par le Collège des médecins, ne serait-ce que ça nous prendrait une
façon uniforme de le traiter. Le Collège
des médecins, par la suite, décidera s'il doit porter plainte au niveau du
syndic et s'il doit y avoir des mesures disciplinaires. Et probablement
que les mesures disciplinaires seraient en fonction de la gravité. Puis je vais
vous donner un exemple. Quelqu'un qui n'a
pas son numéro d'assurance maladie mais qui répondrait à toutes les
conditions, on s'entend que c'est moins pire
que la personne qu'il resterait encore cinq ans à vivre puis on lui a appliqué
l'aide médicale à mourir.
Ça fait que, moi, ce que je proposerais,
c'est... il y a un petit travail à faire ici. Peut-être plus connaître nos
trajectoires, puis, après ça, on fera le texte.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, moi, je veux... si c'est ça, la position de l'opposition, je la reçois.
Moi, je dois vous dire que ma compréhension, c'était vraiment ça, moi,
qui ne suis pas une experte du milieu de la santé, moi, c'était vraiment :
On avise l'établissement, mais le Collège
des médecins... À partir du moment où le Collège des médecins est saisi, pour
moi, c'était évident. Ce n'était pas
facultatif, là. C'est le Collège qui s'occupe du travail parce que ce n'était
pas facultatif, là, ici. Il est saisi systématiquement, le Collège, dès
lors qu'il y a un problème, donc il fait le travail.
Donc, est-ce
que, là... Là, ce que le député de Jean-Talon soulève, c'est : Est-ce
qu'il pourrait y avoir deux mécanismes de traitement de l'information en
même temps au sein de l'établissement puis au sein du Collège des médecins? Là, je comprends que ça pourrait
poser problème. Pour moi, c'était le Collège qui faisait le travail,
mais l'établissement était avisé.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
...
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est parce que, le libellé, là, je vais le lire, là : «[Quand] l'article
[...] n'a pas été respecté, la commission transmet un résumé de ses conclusions
au médecin, à l'établissement concerné, au Collège des médecins du Québec et, le cas échéant, aux autres autorités concernées.»
Bien, si le collège nous dit qu'eux
autres, ils ont compris que c'était eux
autres qui le traitaient, je pense qu'on serait peut-être mieux de le marquer,
parce que moi, je suis dans le
domaine, ma collègue aussi est dans le domaine, et puis, quand on fait juste
transmettre, on ne sait pas qui va traiter.
Ça fait que je pense
qu'il faudrait juste que… Puis je
comprends que, la ministre, qu'est-ce qu'elle veut, c'est que ce soit clair également. Ça fait que moi, je pense
que, si on savait c'était quoi vraiment qui se passait avec la trajectoire,
on l'écrira selon la trajectoire qui est
prévue avec le Collège des médecins, avec l'établissement, puis on serait bien
heureux de ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Non, ça
va. Je pense que ma collègue de Gatineau voulait intervenir.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée.
Mme Vallée :
Oui, bien, en fait, c'était sur la question… Bon, on parle beaucoup du collège,
là, mais, advenant que le collège se
rende compte qu'il y a vraiment eu un manquement majeur, c'est pratiquement de
nature à être soumis à la Sûreté du Québec pour enquête, et donc je
pense qu'il devrait… la commission devrait… ça devrait être clair dans le texte qu'il y a une transmission à la Sûreté du
Québec, au corps policier compétent, là, parce que, dans certains
secteurs, il y aura… ou directement au
coroner, je ne sais pas, mais, à tout le moins, il devrait y avoir cette
enquête-là. S'il n'y pas lieu, bien, il n'y a pas lieu, mais que ce soit
clairement spécifié, parce que c'est vraiment… ce n'est pas banal, pour
reprendre l'expression de notre collègue.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Je veux juste dire que, si on se rend au bout de l'article, ça dit :
«…et, le cas échéant, aux autres autorités
concernées.» Donc, ça peut dépendre de la situation, mais, effectivement, ça
n'exclut pas le corps policier ou le coroner et aussi, donc, c'est
inscrit de cette manière-là pour ne pas l'exclure, parce que ça va dépendre de
l'intensité, évidemment, du manquement, là.
Puis, on se comprend bien, toutes les conditions n'ont pas la même importance.
Mais, effectivement, c'est ce qui est prévu à l'article 42, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. J'aurais tendance à
écrire… au lieu de mettre «transmet un résumé de ses conclusions», c'est plus «transmet une plainte au
Collège des médecins». Je pense que c'est… Dans tous les cas, c'est le collège qui a la responsabilité de faire enquête
et, par la suite, qui va… connaît les canaux dirigés… et qui va diriger
les actions dépendamment du résultat de son enquête.
Alors,
je pense que, dans tous les cas, on devrait plutôt retrouver «transmet la
plainte au Collège des médecins». Tu sais, c'est une plainte que tu
fais, là, quand tu te rends compte qu'il y a une contravention à l'article 28,
là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, suite à notre discussion
de ce soir, là, moi, je pense qu'il faudrait qu'il y ait eu un contact avec le Collège des médecins, qu'ils
soient…Eux autres pourraient peut-être nous dire qu'est-ce qu'ils
préfèrent, avoir une plainte ou transmission
qu'ils… par la suite, transformeront en plainte. Ça fait que le syndic
pourrait… Parce que ça va être une
plainte qui va être transférée au syndic. Puis ils sont habitués à connaître
leur procédure, mais je pense qu'il faudrait
que ce soit clair que, si c'est traité par le Collège des médecins… Et, à ce
moment-là, si je comprends très bien, c'est
que l'établissement serait avisé et ne traiterait pas nécessairement une
plainte au niveau du Conseil des médecins, dentistes, parce que ce
serait traité par le collège. C'est tellement majeur, je ramènerais ça au
collège.
Moi,
j'aime beaucoup l'idée de ma collègue, là… Juste en passant, pour les
auditeurs, c'est vraiment un travail non pas de gouvernement versus opposition, mais, là, c'est un travail de
collaboration, là, c'est une oeuvre collective qu'on est en train de créer avec cet article, là. Le coroner
devrait être informé, M. le Président, parce qu'on tombe dans un domaine
où le coroner, pour commencer, ne porte pas
de plainte au niveau du criminel, ça ne le concerne pas du tout. Mais, à
toutes les fois qu'il y a un décès avec soit des circonstances obscures, ou
qu'on ne peut pas expliquer, ou peut-être, dans ces conditions-là, que ce n'est pas… une des conditions n'a pas été
remplie... On sait que le coroner a une très grande crédibilité puis il est impartial et complètement indépendant.
Ça fait que, moi, au moins le coroner devrait être informé pour que
lui-même puisse faire son enquête.
Et, deuxièmement, à
toutes les fois que le coroner est impliqué dans un cas comme ça, généralement,
le coroner va demander à la Sûreté du Québec de faire une enquête et, entre
autres, d'interviewer les gens. Ça fait que, M.
le Président, si… Je l'explique comme ça parce que j'ai été coroner 26 ans, ça
fait que je connais assez bien le travail. Ça fait que moi, je pense, ce
serait la façon de l'approcher. Et puis là je ne veux pas jouer aux avocats,
parce que je ne voudrais pas avoir une plainte au Barreau, là, mais je pense
que ce serait peut-être…
Une voix :
…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Pratique illégale du droit, là.
Ma collègue et moi, je pense que ce ne serait pas intéressant, on se
retrouverait avec un autre professionnel avec une plainte.
Une voix :
…
• (21 heures) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, puis surtout qu'eux autres
je pense qu'ils ont peut-être des amendes. Ça fait que moi, je pense qu'on aurait peut-être besoin
d'avoir une réflexion pour savoir la trajectoire. Mais, ce soir, chacun a
sorti des bonnes idées, ça fait que moi, je vais appeler ça une oeuvre
collective.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : La question du coroner... On a parlé à tout ce
monde-là, M. le Président. Le coroner, il ne fait pas d'enquête. Il
reçoit puis il part à partir de là. Bien, en fait... Là, je vais laisser ma
collègue...
Une voix :
…
Mme
Hivon :
Oui, mais je vais laisser ma collègue expliquer...
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme
Hivon :
...ou peut-être M. Castonguay...
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme
Hivon :
Non, ça va. Je vais demander à M. Castonguay, parce qu'on a eu des échanges
avec le coroner qui nous disait de ne pas inscrire à ce...
Le Président (M. Bergman) :
M. Castonguay, est-ce qu'on peut avoir votre nom, votre titre?
M. Castonguay (Luc) : Luc
Castonguay, sous-ministre adjoint au ministère de la Santé.
Effectivement,
on a rencontré le coroner pour vérifier avec lui la suite, là, qu'il pourrait
donner à un constat de la commission,
là, qui aurait une infraction, là, à l'article 28, et lui nous a clairement dit
qu'il avait besoin, pour agir, d'une enquête menée par le corps policier
au préalable. Alors, de lui envoyer directement, il nous a signifié qu'il n'y
avait pas d'intérêt pour lui, là, de le faire directement, que lui, il allait
le reréférer pour qu'il se produise quelque chose.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : ...on va clarifier ça comme il faut puis on
parlera avec la coroner en chef, là. Premièrement,
le coroner peut toujours recevoir un document, et ce n'est pas la Sûreté du
Québec qui demande au coroner de faire enquête. Allez voir dans la loi,
toute personne peut appeler le coroner, le coroner va d'abord prendre... il va prendre l'enquête. Après ça, il a le choix. Il
peut demander un rapport à la Sûreté du Québec. La Sûreté du Québec,
lorsqu'il y a un décès, va avertir le coroner d'un décès, et il va attendre le
rapport de la Sûreté du Québec pour pouvoir faire son rapport.
Dans un cas
d'homicide, c'est la même chose. Moi, j'ai investigué des homicides, ils vont
nous avertir. Là, c'est un travail de
collaboration. Il y a l'enquête et du coroner et de la Sûreté du Québec, et le
coroner va remplir son rapport quand il va avoir celui de la Sûreté du
Québec. Ça fait qu'il faudrait juste revérifier ces informations-là.
Dans le cas
qu'il y a ici, théoriquement, le coroner devrait recevoir l'avis et, à ce
moment-là, si lui fait son enquête, il peut demander à la Sûreté du
Québec d'aller faire un complément en information.
Le Président (M. Bergman) :
M. Castonguay.
M. Castonguay
(Luc) : Écoutez, oui,
effectivement, on peut le revérifier, là, mais le cas était assez clair
lorsqu'on le présentait. Puis c'est la coroner en chef, là, qu'on a rencontrée.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais peut-être...
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Puis je comprends que le coroner... En tout
cas, on ne veut certainement pas qu'il vienne jouer dans chacun des cas d'aide médicale à mourir. On veut
déjudiciariser ça. Mais, dans ce cas-là, si vous voulez avoir une
enquête indépendante, il y a le Collège des médecins qui peut le faire. Mais,
si vous voulez savoir la cause du décès puis tout ce qui va avec, bien,
théoriquement, c'est le coroner.
Juste pour
vous dire, advenant le cas qu'il y aurait une plainte puis que ça arrivait...
puis qu'on le savait à brève échéance, seulement le coroner peut avoir
l'autorité pour faire faire une autopsie. S'il arrivait un cas... Entre autres,
juste pour vous donner jusqu'où ça pourrait
aller, si le coroner voulait aller plus loin pour savoir qu'est-ce qui s'est
passé au niveau de la mort, il pourrait
faire une exhumation du corps, s'il n'est pas brûlé, s'il n'a pas été incinéré,
puis demander.
Mais je ne voudrais pas qu'on embarque dans
quelque chose de trop compliqué, mais il serait important que chacun vérifie l'information pour qu'on ait la
bonne information. Puis, après ça, ce qui est le plus important, c'est de
faire la trajectoire, et on écrira le texte après.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Simplement
dire qu'on est moins dans un cas, de nos échanges et des réflexions, de
coroner. Le coroner, il est là beaucoup pour les causes du décès. Donc, il
regarde... Là, on est vraiment dans une question de conformité avec la loi, O.K., de voir si les conditions, l'encadrement a
été bien respecté. Si on se rend compte que non, exemple, la personne
n'était pas en fin de vie, pas du tout, donc on est plus dans un cas, je pense,
d'enquête policière pour voir dans quel domaine on est.
Donc, est-ce
que, finalement, c'était quelque chose qui n'avait rien à voir avec l'aide
médicale à mourir, là, puis que ce
qui a été fait, dans le fond, c'est un geste criminel, puis ça n'a rien à voir,
les conditions n'étaient pas respectées du tout, il y a eu...
Donc, la raison pourquoi on parle des autres
autorités concernées, c'est de se dire : Si on est dans une matière où, à la face même, il y a vraiment quelque chose
qui n'apparaît même pas juste de l'ordre du Collège des médecins, la
commission aura le loisir de fournir, donc, ces éléments-là aux autres
autorités concernées.
Par ailleurs,
la trajectoire principale qui est vue pour la commission, c'est la trajectoire
Collège des médecins, donc fournir
l'information, la plainte au Collège des médecins, qui, lui, fait son travail
d'enquête avec le syndic, et tout ça, et, si lui se rend compte de
quelque chose, il réfère.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Si vous avertissez la Sûreté du Québec, c'est parce que c'est possible qu'il
puisse y avoir des poursuites.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien oui,
c'est...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
O.K. S'il y a des poursuites, à ce moment-là…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : S'il y a
des poursuites, à ce moment-là, vous allez avoir une poursuite,
possiblement, pour homicide au criminel.
Oui? La personne... Moi, ma conclusion, M. le Président : la
personne est morte, là, puis on pense
que les conditions n'ont pas été respectées. Si la Sûreté du Québec fait une enquête, ce ne sera pas pour vol, ce ne sera pas pour méfait, la personne est décédée. Ça fait
que, s'il y a une poursuite, à un moment donné, dans un cas
où est-ce qu'il y aurait vraiment
eu une mauvaise pratique, ça pourrait aller jusqu'à l'homicide. Oui?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je suis le
raisonnement du député.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K.
Bon. Quand ils vont arriver pour faire la poursuite, ça va
leur prendre un rapport médical pour mettre en preuve, mais, le rapport
médical, le Collège des médecins ne pourra pas le fournir. C'est le coroner qui fournit ce rapport médical là. Ça fait
que nos rapports médicaux de coroner...
Lorsqu'il y a un homicide, ils
vont déposer le rapport médical du coroner
avec les résultats de l'autopsie, parce que c'est un rapport qui
est public, tandis que le Collège des
médecins, lui, l'information médicale, elle va être considérée comme privée, puis il ne pourra pas
la rendre publique. Ça fait
que le coroner, la notion du coroner également, c'est que le rapport du coroner est public, et
n'importe qui peut sortir le rapport du
coroner, et le coroner a l'autorité de pouvoir transférer de l'information privée, confidentielle directement à la police, qui, elle, va la
transférer à la poursuite, qui, lorsqu'ils vont arriver en cour, vont le
déposer comme preuve. Mais le Collège des médecins qui va faire son enquête, il
ne pourra pas... ils n'auront pas accès à cette information-là.
Ça fait que c'est pour ça que je dis que,
nécessairement, dès qu'il y a un homicide — d'ailleurs, c'est dans la loi — dès
qu'il y a une possibilité d'homicide, suicide, les circonstances violentes puis
également des circonstances obscures, le coroner a l'obligation de rentrer dans
le dossier. Merci de me rappeler mes notions de coroner.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Mais c'est parce qu'on parle de
trajectoires. Donc, nous aussi, on essayait de voir les trajectoires, puis, avec nos échanges avec le coroner, coroner
en chef, en tout cas, les informations qu'on avait pour la rédaction de la loi, ce n'était pas : Allez marquer «le coroner».
Donc, c'est ce qui explique, du fait de cette trajectoire-là qu'on avait en
tête, le libellé qui est là.
L'autre
question, je pense, qu'il faut qu'on se pose — parce
que, si on suspend puis on va faire... on va peaufiner tout ça — c'est :
Est-ce qu'on souhaite, un peu comme la députée de Gatineau le disait, que ça va
systématiquement au Collège des médecins, et c'est le Collège des médecins qui,
lui, prend la décision de dire : Bien, il faut que ça aille plus loin que
moi, Collège des médecins, ou...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…
Mme
Hivon : Non. Bien, il peut. Tout le monde doit, quand il voit qu'il y a quelque
chose qui serait de nature problématique, porter une plainte, là. Je veux
juste dire... C'est parce que je veux juste qu'on fasse la discussion, là,
parce que ça pourrait tout à fait arriver que ça soit référé au Collège des médecins puis que le Collège des
médecins, en faisant l'enquête
du syndic puis tout ça, se rende compte qu'il y a un problème et donc réfère.
Donc, je veux
juste qu'on ait cette discussion-là, à savoir si, pour nous, le filtre, c'est
le Collège des médecins ou si c'est la commission — parce
que c'est des questions qu'on s'est posées, puis là on est là-dedans — qui, selon ce face à quoi elle est,
choisit, si vous voulez, la trajectoire. Moi, je pense que la trajectoire la
plus simple est potentiellement la
meilleure, parce que la commission, son rôle, ce n'est pas un rôle d'enquête,
c'est un rôle de constater. À la lumière de ce qu'elle va voir, oups!
Lumière jaune, problème, on lève la main, on réfère aux autorités concernées,
collège ou... qui vont faire le travail.
Donc, je veux
juste qu'on ait peut-être cet échange-là, parce que notre compréhension, nous,
c'est que la trajectoire la plus
simple... Et je pense aussi que, dans une perspective de... parce que je
comprends qu'il y a toute l'idée de rassurer les médecins aussi, de
dire : Là, écoutez, là, ce n'est pas une question que, du jour au
lendemain, vous allez avoir tout le monde à vos
trousses, parce que tout n'est pas de la même nature non plus en termes de
conditions. Donc, cette trajectoire, est-ce que c'est comme ça que vous
voyez les choses? Parce que nous, on était dans cette orientation-là.
• (21 h 10) •
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Écoutez, il faut faire une bonne réflexion, parce qu'à partir du moment qu'on
dit qu'il y a une possibilité que la Sûreté du Québec rentre dans le dossier ça
va en refroidir plusieurs, là, parce que les médecins, par nature, vont être
frileux de dire : Est-ce qu'il pourrait m'arriver quelque chose au cas où
est-ce que la condition ne serait pas
remplie? Nous autres, on pense possiblement que non, mais, à partir du moment
qu'on le mettrait dans le texte, ça
voudrait dire qu'il y aurait un risque. Je pense que ça prend une bonne
réflexion. La façon dont il faut le voir,
une chose qui est certaine, si la condition n'est pas remplie, selon moi, ce
n'est pas l'établissement qui doit traiter la plainte avec le CMDP qui
n'a pas les compétences, ça devrait être le collège.
L'autre
question qui vient après : Est-ce qu'à ce moment-là on demande une enquête
par la Sûreté du Québec et un rapport
du coroner concomitamment? Parce que, là, ça pourrait être autre chose. Si on
décide de ne pas faire ça, ça veut dire qu'on accepte le principe que, même un cas qui serait évident que
c'était quasiment un homicide, il n'y aura pas de recours, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, le député soulève exactement le genre de question qu'on s'est posé et
puis… C'est parce qu'à partir… Il
faut juste, exactement, définir ta trajectoire, puis là, à partir du moment où
tu dis : Est-ce que c'est la commission qui, elle, détermine qu'elle va envoyer ça à d'autres… On marquait
«autres autorités concernées» parce qu'on n'allait pas nommer dans la loi les autres autorités
concernées, mais la possibilité est là. Est-ce que c'est ça qu'on veut? Parce
que, là, tantôt, on a créé tout un émoi pour une question d'infraction et
d'amende…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
Mme
Hivon : Non, je
suis d'accord, puis là on se comprend. Puis je veux juste souligner quelque
chose, ça, peut-être de manière surprenante,
mais, le Collège des médecins, les fédérations, il n'y a absolument personne
qui est venu soulever quoi que ce soit en lien avec ça. Puis c'est
intéressant qu'on ait la discussion, parce que nous, on y a réfléchi longuement
puis on est venus à cette position-là.
Pour ce qui
est de la plainte, moi, je suis tout à fait d'accord. C'était ma compréhension.
L'établissement, lui, il ne s'occupe
pas de traiter la plainte, il est informé parce que c'est important peut-être
de savoir qu'il y a un médecin chez eux qui ne s'est pas conformé, mais c'est vraiment le Collège des médecins.
Ça, on s'entend parfaitement là-dessus. C'est l'autre bout qui a intéressé la collègue de Gatineau aussi. Donc, est-ce
que c'est la commission de son propre chef ou si c'est le Collège des
médecins?
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Alors, ça fait juste confirmer, pour qu'une
loi soit bien faite, il faut qu'elle passe le test ici, de l'opposition, parce que vous en discutez
beaucoup, beaucoup… Quand on est au courant, on en discute beaucoup,
beaucoup, beaucoup, mais il y a des choses qui… Ils n'ont pas le même oeil,
parce que, souvent, ils sont plus favorables
à passer la loi, tandis que le rôle de l'opposition n'est pas de bloquer la
loi, c'est de voir à ce que ça va être la meilleure loi qui va être
adoptée. Ça, c'était juste mon petit message pour dire que c'est important de
l'avoir ici, là, on le répète.
Il y a une
différence entre 10 000 $ d'amende puis 20 ans de prison, parce que,
si jamais on allait dans le processus de
l'homicide, là, ça veut dire que ce n'est pas une amende, mais c'est… Puis on
ne veut pas faire peur, sauf qu'il faut le valider. Et l'autre élément, juste
pour vous dire, quand on parle «le cas échéant, aux autres autorités
concernées», si ça, ça voulait dire le
coroner puis la Sûreté du Québec, bien, je pense que c'est important qu'on le
sache au départ. Si c'est ça, là, il
faut le marquer parce que, «les autorités concernées», peut-être que nous
autres, on fait la loi, mais, quand quelqu'un lit ça, là, il ne s'imagine pas que c'est la Sûreté du
Québec. La journée que la Sûreté du Québec débarque dans son bureau, là,
il fait un petit saut.
Moi, je pense
qu'on est mieux d'être transparents puis le noter si on pense que c'est ça. Si
on pense qu'il n'y a pas de Sûreté du Québec, ça, ça veut dire :
Est-ce qu'on accorde l'immunité à quelqu'un qui poserait un geste qui serait
inconcevable? Si c'est non, c'est quoi qui va être marqué dans la loi pour que
ce soit clair pour tout le monde? Moi, M. le
Président, j'insiste là-dessus, là, une loi, ça doit être clair et être capable
d'être lue de façon adéquate par les citoyens ordinaires, dont je suis.
Donc, pour moi, c'est important que la trajectoire et les éléments soient bien,
bien clairs.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Le député n'a pas répondu à ma question, et donc, puisqu'il parle de cette
grande collaboration là, moi aussi,
j'ai le droit de poser des questions et donc je veux comprendre. Le député,
lui, qu'estime-t-il? Que la trajectoire doit être via le Collège des médecins qui, lui, après son enquête, s'il
constate qu'il y a quelque chose de plus important, réfère au coroner,
exemple, ou si c'est à la commission? Donc, c'est ça, la question.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…donner la réponse.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je ne veux pas
présumer de la réponse de mon collègue, mais il y a une chose qui est
certaine : dans la question des
enquêtes policières, le temps est une question cruciale bien souvent, et donc,
si le… Il faut penser que l'évaluation
va déjà avoir passé à travers le processus de la commission, des délais vont
s'être écoulés. Bien, je comprends, là,
qu'il y aura probablement une préoccupation particulière du fait que c'est… il
s'agit d'un cas qui n'aurait pas, aux yeux de la commission, respecté les dispositions de 28. Mais, si, par la
suite, on demande que ça passe à travers le processus du Collège des
médecins, on vient de perdre combien de temps? Et donc, là, advenant… encore
là, il ne faut pas tomber dans le dramatique
et dans… mais advenant qu'il s'agisse d'un cas où, vraisemblablement, pour un
motif x ou y, on a fermé les yeux sur
une condition essentielle, on peut penser que, bon, il peut y avoir de la
destruction de preuve, il peut y
avoir plein de trucs. Parce qu'il faut penser qu'on va savoir que ça a passé à
travers la commission, on va savoir que ça a passé à travers le Collège des médecins. Et donc est-ce qu'on se place
dans une situation où, une fois rendu sur le bureau des autorités
policières ou des corps policiers compétents... Parce qu'on parle de la Sûreté,
mais ça peut aussi… on parlait d'un corps
d'une instance municipale. Est-ce qu'une fois rendu sur le bureau, bien là, il
va être un peu tard et on aura peut-être perdu des éléments de preuve
essentiels pour mener à bien une enquête?
Moi, c'est la
préoccupation que j'ai. Quand je regarde, bon, un réfère à l'autre, qui réfère
à l'autre, qui réfère à l'autre, on
est rendus loin. Donc, si on est vraiment dans un cas où la commission… Puis là
c'est quand même… c'est le deux tiers
des membres, là, on n'est pas… ce n'est pas qu'un membre ait un doute puis on
n'est pas… il y a le deux tiers des membres présents qui se
disent : Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce dossier-là.
Puis on s'entend, c'est des professionnels, c'est des experts aussi, là, ce
n'est pas… ce sont des gens qui auront cette expertise-là.
Mais moi, je
pense qu'ils devraient… en tout cas, je suis d'avis qu'on devrait… oui, on le
réfère au Collège des médecins, mais on devrait, de façon simultanée, le
référer aux autorités pour enquête, et peut-être qu'il y aura… les enquêteurs diront : Bien, il ne s'agit pas
d'une… il n'y a pas d'élément où il y a… On a fait l'enquête puis on ferme
les livres, tout est beau, puis c'est une
autre… il n'y a pas matière à pousser des choses plus loin, mais, à tout le
moins, la preuve ne sera pas à risque
d'être… qu'elle soit détruite, ou contaminée, ou peu importe, parce que, plus
il y aura d'intervenants, plus on met en péril la preuve dans un
contexte d'enquête policière.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. La ministre m'a posé une question. Je pense, c'est une bonne façon de
faire parce qu'on échange.
Moi, la
suggestion que je fais, écoutez, c'est quand même crucial parce que ça a
beaucoup d'impact. Je pense, ça prend
une réflexion, mais avec les gens qui connaissent ça encore plus que nous
autres, c'est-à-dire quelqu'un du Collège des médecins, quelqu'un de la Sûreté du Québec puis quelqu'un du Bureau
du coroner. Puis moi, je proposerais à la ministre qu'on fasse une
session de travail ensemble, peut-être de une heure, 1 h 30, pour que
chacun explique sa position. Parce que, là,
on peut prendre des décisions ici, là, mais à la fin… Moi, je peux prendre une
décision, puis, après ça, on peut me
dire que le Bureau du coroner, il dit que ça ne tient pas la route, ou vous
pouvez aller vérifier puis on peut se promener comme ça pendant… jusqu'au mois de juin. Mais, si vous voulez qu'on
règle ça, moi, j'aurais plus proposé, compte tenu que… Parce que ça a beaucoup d'impact, hein? Si on
décide d'aller… des poursuites du côté de la Sûreté du Québec, je peux vous dire, là, qu'il y en a qui avaient
peut-être de la misère à faire de l'aide médicale à mourir, mais il y en a
encore plus qui vont avoir de la misère, parce qu'ils vont savoir qu'il y a une
possibilité de poursuite au cas où, puis juste le fait d'avoir une possibilité, ça peut les refroidir. Moi, en tout cas…
Mais, à la limite, ce n'est pas… On n'est pas obligés de le faire, mais
c'est parce que, là, je pense qu'on a poigné comme un petit noeud qu'il faut
qu'on défasse.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (21 h 20) •
Mme
Hivon :
Bien, je veux juste souligner que, comme c'est rédigé maintenant, ça donnait
toutes les possibilités à la
commission, donc c'était ça, «et aux autres autorités concernées». Les autres
autorités concernées, moi, en tout cas, ça allait de soi que c'étaient d'autres autorités, en l'occurrence un
coroner ou le corps policier. C'était comme ça que c'était rédigé. Donc, c'était la commission qui avait la
possibilité de dire… Puis là c'est important de le souligner, là, tout
citoyen, toute personne peut référer un
dossier à un corps policier, puis le député disait au coroner s'il veut, même
si le coroner nous dit que, de toute
façon, ça ne serait pas logique, parce que lui, il dit : Dans un cas comme
celui-là, ça serait mieux de référer aux corps policiers, mais enfin…
Donc, il n'y
a rien, dans les faits, qui est différent de ce que tout citoyen peut trouver
si on parle, là, généralement, là, puis qu'on veut porter une plainte
criminelle ou… bon, tout ça. Donc, l'idée, c'est
qu'archiexceptionnellement ça pourrait arriver que la commission se rende
compte que c'est d'une telle nature, les manquements sont tellement graves,
bon, tout ça, qu'elle déciderait d'emblée d'en référer à d'autres autorités.
C'était comme ça que…
Là, tantôt, le député
nous dit : Oui, mais ayons une trajectoire, c'est le Collège des médecins.
Non, mais moi, je veux qu'on vide la
discussion aussi, là, parce que le député… Donc, oui, si c'est le Collège des
médecins, est-ce qu'on remet tout ça entre les mains du Collège des
médecins? Moi, je suis sensible à ce que la députée de Gatineau nous dit. On
réfléchit puis on se dit : Bien, ça peut être aussi aux autres autorités
concernées. Et c'est du cas par cas, parce qu'on se comprend qu'en général ça
va être au Collège des médecins, de ce que je crois… déjà que ça arrivera très rarement, ça va être
peut-être au Collège des médecins et, archiexceptionnellement, se dire :
Il pourrait y avoir d'autres autorités. Donc, c'est ça, la logique qui
habitait les choses à la lumière du travail qu'on a fait puis des rencontres
qu'on a faites là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Moi, je suis médecin puis je
veux pratiquer… je pratique l'aide médicale à mourir, j'aimerais ça savoir au départ que, s'il y a une
des conditions que je ne remplis pas, ça se peut que ça s'en aille à la
Sûreté du Québec. Bien, je dois vous avouer,
on en a parlé beaucoup, mais, jusqu'à date, ce qui était dans le projet de loi,
c'était : Quand vous allez le
pratiquer, ce ne sera pas criminel, ça fait partie du domaine de la santé. Mais
il faut peut-être dire aux gens :
Si vous ne remplissez pas les conditions comme il faut, c'est possible… Bien,
c'est un souci de transparence, là. Ça fait
que, quand… Puis juste pour vous dire, pour un médecin qui lit ça, là, «autres
autorités concernées», c'est-u l'Agence de la santé, c'est-u le ministère de la Santé? Puis je peux vous dire, il
ne pensait certainement pas que c'était la Sûreté du Québec. Je ne suis
pas sûr que le collège… Téléphonez au collège maintenant, là, ceux qui n'ont
pas écouté notre conversation, demandez-leur
si, dans ce dossier-là, c'est possible que ça aille à la Sûreté du Québec, ils
vont vous dire : Non, non, ça
n'a pas été prévu comme ça. Quand on a déposé notre mémoire, on l'a dit, qu'il
n'y aurait pas de poursuite.
Bien là, ce qu'on me
dit ce soir, c'est possible qu'il y en ait une si on ne répond pas à certaines
conditions. Bien, si vous me dites que ce
n'est pas possible, qu'on dise qu'«autres autorités concernées» ce n'est pas
ça. C'est juste qu'il faut que ce
soit clair. Je comprends, là, que c'est un petit peu flou, là, mais je pense
que ça va être important que ce soit très clair. C'est-u possible ou ce n'est pas possible, même si c'est une
chance sur 10 000? Si c'est possible, il faut au moins le dire, ça va renforcer encore pour dire aux
gens : Si vous ne remplissez pas les conditions comme il faut, il y a un
risque.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : M. le Président, c'est possible comme c'est
possible… Je veux juste que ça soit clair, là, on n'est pas dans du domaine criminel, au contraire. C'est ça
qu'on explique depuis le début, parce qu'on est dans une loi de santé,
parce qu'on va refaire ça, là, parce qu'on travaille en toute transparence pour
faire le meilleur échange possible.
Là,
il ne faut pas être… On est dans un domaine de santé, en train de faire une loi
qui prévoit la possibilité de faire une
aide médicale à mourir de manière encadrée. Voici les critères, les balises,
bon, au même titre où quelqu'un en ce moment,
dans sa pratique médicale, exemple, procéderait… aiderait quelqu'un à faire un
suicide assisté ou n'accompagnerait pas adéquatement un médecin qui
ferait un geste qui serait de nature criminelle, là. À tous les jours, là, ça
pourrait déjà exister. On l'a vu, que, des
plaintes de cette nature-là, il n'y en a pas, là, mais on… Ce n'est pas parce
qu'on est dans ce domaine-ci que là ça veut dire criminel ou pas
criminel. J'espère qu'on se suit, là. C'est la même chose pour tout médecin… Non, mais… Parce que l'idée, ce n'est pas
de faire peur à personne avec ça, c'est justement de juste… de se dire : Si, dans la nature du travail qui est
fait, on se rend compte d'un problème très sérieux, il faut que cette
possibilité-là, comme c'est le cas, je vous dirais, dans la pratique médicale
en général, là… J'imagine que, si un collègue voyait un autre collègue faire
quelque chose, débrancher contre son gré un enfant ou tout ça, il ferait une
plainte à la police.
Donc, ce que je veux
dire, c'est qu'on est dans le même type de situation. C'est juste que là on se
dit : La commission, si elle en
arrivait à voir quelque chose d'une telle gravité, bien, c'est évident.
L'écrire ou pas, c'est un petit peu la ceinture et les bretelles parce
que c'est l'obligation de tout le monde de faire une plainte de nature
criminelle. Je ne sais pas si on se suit, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je vais vous donner un exemple. Supposons
qu'un médecin opère, puis ça arrive, là, il
se trompe de genou, il n'y aura pas de poursuite au criminel, il va y avoir une
poursuite au civil puis il va y avoir compensation.
C'est comme ça que ça… Mais nous autres, les médecins, on travaille comme ça.
Puis on comprend qu'un médecin qui
ferait un abus sexuel, il peut être poursuivi au criminel. Ça, on comprend ça.
Mais là on est dans du nouveau droit,
où on dit aux médecins : Vous savez, quand vous allez pratiquer l'acte
médical à mourir, vous êtes à peu près immunisés, il n'y en aura pas, de poursuite criminelle. Mais il faut
leur dire : Par contre, si vous ne respectez pas une des conditions,
oui, c'est possible que vous alliez au criminel, tout dépendant de la
condition. Ça, c'est oui ou c'est non. Puis nous autres, on a des revues
médicales, là, les docteurs, ils posent des questions.
Ça fait que moi, je
poserais la question : Est-ce que, si je pratique l'aide médicale à mourir,
c'est sûr que je n'ai aucune chance d'avoir des poursuites criminelles? Si la
réponse est non, il faut que le docteur expert explique pourquoi, et : Dans cette
condition-là qu'on dit aujourd'hui, si vous la faites sur un cas dans telles
conditions, c'est possible que ça soit considéré comme un homicide parce
que le patient qui était quadriplégique, lui, il n'avait pas droit, puis vous lui avez fait son aide médicale à mourir trois ans avant. C'est ça, là, le cas, là, qu'on
parle, là. Bien, ça, est-ce
que c'est oui ou non, le médecin va être
poursuivi au criminel ou pas? Si on dit non, il n'y a pas de problème,
mais, si on dit oui, là, moi, tout ce que je veux, là, c'est qu'on le
dise, que c'est possible.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Je vais apporter un petit point, mais je pense que, si on dit qu'il y a des
poursuites possibles, il faudrait le mentionner en quelque part que, s'il y a
un acte qui est criminellement répréhensible, il peut y avoir une poursuite.
Mais ce n'est pas… si on fait l'acte de…
Une voix : …
M.
Reid : Pardon? Non, mais, si on fait l'acte selon les
règles, etc., ça n'arrivera pas. Mais, si, en faisant ça ou dans le processus, quelqu'un fait un acte dont il pourrait être
criminellement responsable, autrement
dit, si c'est un acte qui est criminel, alors il faudrait
expliquer que tu ne… Si tu fais l'acte médical d'aide médicale à mourir, tu
n'auras pas de poursuite, sauf que, si tu ne fais pas ça puis tu fais un crime
à la place, tu vas être poursuivi pour un crime. Tu sais, je veux dire, ce
n'est pas…
Autrement dit, si on fait ce que le député de Jean-Talon demande, je pense
qu'il ne faut pas le faire juste comme : c'est possible qu'on ait
ça. Il faut dire que, dans un cas où il y aurait un acte criminel qui est
commis, là, il y aurait une poursuite criminelle. Autrement dit, l'aide à
mourir ne protégera pas contre une poursuite quand tu fais un crime. C'est ça,
l'idée, là.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Exemple, le suicide assisté.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. M.
le Président, on ne peut pas… Ça va.
Je veux dire, si on allait écrire ça dans la loi, là, bien là, vous voulez être sûr qu'il n'y a aucun… Je veux
dire, je ne comprends pas comment on irait écrire ça dans la loi. Ça va
de soi, dans la vie de tous les jours, qu'importe la loi, qu'importe le geste,
si vous faites un geste criminel, vous allez pouvoir être poursuivi.
Là, on n'est
pas dans ce domaine-là. On est dans le domaine où vous suivez la loi. On est
dans une loi de santé. Vous faites ce que vous avez à faire, mais on
évalue après pour être certain que toutes les conditions sont respectées. On n'est pas dans le domaine criminel, on est dans
le domaine de la santé, mais il peut y avoir eu un manquement, tout ça. On se réfère au Collège des médecins, et lui,
le Collège des médecins, évalue la
qualité de l'acte, le respect, la conformité, tout ce que vous voulez. Et il faut juste être conscient que, dans un
contexte comme celui-là, comme dans n'importe quel contexte comme la
pratique médicale, comme de voir un collègue qui ferait une mauvaise pratique,
ça peut arriver qu'on constate ça. Donc, c'est simplement ça, le champ de
travail, là. Notre terrain de jeu, c'est ça.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Bien, simplement dire que, ou bien on ne parle pas d'acte criminel, de
poursuite criminelle, ou bien, si on en
parle, on ne fait pas juste dire qu'il peut y avoir des poursuites criminelles,
parce que, là, dans l'esprit de celui qui lit, ça peut vouloir
dire : Je fais tout correctement puis je pourrais avoir une poursuite
criminelle. Alors, ou bien on n'en parle pas
parce qu'on se dit : C'est évident que, si tu fais un crime, tu vas être
poursuivi, et c'est en dehors de notre domaine, ici, de législation, ou bien non, si on en parle effectivement, puis si
on dit que les autorités concernées, ça peut être… C'est ce que je veux dire, là, puis je ne prends pas
parti dans la discussion entre les deux députés, là, la ministre et le
député, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
• (21 h 30) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, écoutez, supposons qu'on arriverait…
Prenons le cas qu'une des six conditions n'est pas remplie. Prenons, je pense, la condition qui serait plus
importante : on ferait l'aide médicale à mourir sur quelqu'un qui
théoriquement n'aurait pas dû l'avoir parce que son espérance de vie est encore
de quatre, cinq ans, mais que le médecin a
décidé quand même de le faire pour d'autres raisons. Si c'est traité seulement
que par le Collège des médecins, étant
une faute qu'on pourrait considérer majeure, à la limite, il pourrait perdre
son droit de pratique. Tu sais, ça fait qu'à ce moment-là, s'il perd son
droit de pratique, c'est quand même une très grosse conséquence. Ça ne voudrait
pas dire qu'il irait du côté criminel. Parce que le problème qu'on a, aussitôt
qu'on va commencer à parler de la possibilité de criminel, c'est sûr que ça va en refroidir plusieurs, là. Puis il s'agit
qu'il y ait un cas, à un moment donné, qui arrive, puis que les gens
disent : Moi, je ne voudrais pas avoir les mêmes conséquences.
Ça fait que
moi, je me dis, si on fait seulement que traiter ça par le Collège des médecins
et qu'à ce moment-là la pénalité
pourrait aller jusqu'à… comme dans certaines erreurs médicales, la personne,
elle décède, puis il y a une poursuite qu'il
n'y a pas… Tu sais, s'il y a une erreur médicale, puis la personne décède,
bien, la personne peut perdre son permis, la personne peut être
poursuivie pour des… au civil, mais, à ma connaissance, elle n'est pas
poursuivie au criminel. Ça fait que moi, je
me dis : S'il y a eu une faute, est-ce qu'on décide de prendre ce
chemin-là? Si c'est ce chemin-là, on élimine les possibilités de
poursuites criminelles.
Sauf que je comprends que, si quelqu'un le
faisait, puis il n'était pas médecin, puis il se faisait passer pour un médecin,
il faisait ça, bien là le criminel, il rentrerait, là. Mais là on parle des
conditions où est-ce que le médecin, il a un
permis de pratique, et puis il y a une des six conditions qui n'est pas
remplie. Puis la pire condition que je vois, c'est la personne qui voudrait l'avoir, et que le médecin
s'entend pour lui donner, mais, quand on évalue, on trouve que ce
n'était pas approprié. Mais, à ce moment-là,
le Collège des médecins le traitera puis le Collège des médecins décidera de la
mesure disciplinaire à entreprendre. Moi, je
pense que ce serait le chemin le plus facile. Puis, s'il y a une grosse
évidence de quelque chose, là, quelqu'un qui… bien, il n'aurait pas dû
le faire du tout… Exemple, la personne n'est même pas malade, puis il décide de le faire, bien là on est
d'accord, ce sera un homicide. Mais on ne serait pas obligé d'en parler dans la
loi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre et M. le député d'Orford.
Mme
Hivon : Puis c'est la trajectoire unique et c'est donc le
Collège des médecins. Et, dans le cas exceptionnel de l'exception où, exemple, ce ne serait pas un
médecin, il y aurait usurpation, quelque chose de complètement fou,
c'est au collège que ça revient d'aller plus loin.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Oui, M. le Président. Il y a peut-être un élément qui milite en faveur de ce
que vous venez de décrire, de ce que
le député vient de décrire aussi, c'est le fait que nous avons laissé au
médecin le soin de déterminer si le patient est en fin de vie ou non. Donc, autrement dit, on demande
au médecin de porter un jugement. Et, si on réfère un cas problématique au Collège des médecins… c'est-à-dire que le
Collège des médecins peut juger de ce jugement-là, s'il a été bon ou pas
bon, etc., alors que, si, pour un élément comme celui-là où on lui demande de
faire un jugement, on annonce qu'il va y
avoir des poursuites au criminel possiblement parce qu'il aurait pris un
jugement qui serait… Là, on revient encore avec l'idée : Est-ce que c'est le juge qui décide ou est-ce que c'est le
médecin? Si on dit que le médecin va décider ça, je pense qu'il faut le
protéger.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Tout à
fait.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Mais je
vais… Mon commentaire va dans le même sens, là. Je suis tout à fait d'accord
avec cette façon-là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Sauf que la façon dont c'est écrit ici, là, «transmet», moi, je pense qu'il
faudrait plus que…
Mme
Hivon : Pour faire
la différence.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …faire la différence, pas juste transmettre.
Ça va être étudié au Collège des médecins. Puis moi, j'irais jusqu'à dire : Si le Collège des médecins
l'étudie, tu sais, il ne faudrait pas se retrouver avec un rapport qu'il
est non coupable dans l'établissement puis
il est coupable au Collège des médecins. Il y a juste un endroit que ça
peut être traité, ça devrait être au Collège des médecins. C'est tellement
exceptionnel, sans compter que ça prend… je pense que c'est vraiment une grande objectivité. Et, lorsque c'est traité par
des pairs dans un établissement, je ne suis pas sûr qu'on aurait
l'objectivité nécessaire dans ce cas-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis 100 % d'accord. Pour moi, ça allait de soi. Ça, je l'ai dit
tantôt. Pour moi, l'établissement, il est
informé parce que je pense que c'est important que l'établissement soit
informé. Parce qu'il faut savoir que peut-être qu'il y a une
surveillance qui doit être mieux exercée ou, enfin, une vigilance. Mais c'est
le Collège des médecins, tout à fait. Puis
il y a beaucoup moins de distance et d'indépendance. L'établissement pourrait
avoir une tendance à vouloir se protéger, puis tout ça, là, on s'entend.
Donc, on pourra l'arranger pour que… Dans la notion, il y avait… On va
l'arranger pour que ça soit plus explicite, là. Mais il pouvait y avoir
d'autres ordres professionnels. Exemple, si une infirmière… Je veux dire, c'est hypothétique, là, mais on s'imaginait
que, si une infirmière avait, par exemple, administré l'aide médicale à mourir, on réfléchissait,
là — peut-être
que, si on n'y avait pas réfléchi, le député de Jean-Talon nous aurait posé la question — ou que le médecin, dans son rapport, indique
que l'infirmière sous son ordre a… bon, donc, est-ce qu'il faudrait aviser, par exemple, l'ordre des infirmières?
Donc, il y avait ce type de réflexion là dans «autorités concernées»,
là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, moi, la… ce que je vois, si cette
condition-là n'était pas respectée, ça va d'abord contrairement contre
la loi. Je pense qu'on n'a même pas besoin de le mettre dans le projet de loi,
parce que ça va d'emblée qu'elle a posé un acte qu'elle n'avait pas le droit de
poser puis ça devrait s'en aller directement à l'ordre des infirmières.
Mme
Hivon : …
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'on suspend l'article 42?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Pour rédaction.
Mme
Hivon :
Oui, on va revenir avec une rédaction qui va clarifier notre intention.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon, avant qu'on...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je suis très, très content de la discussion qu'on a eue, parce que ça nous a
permis vraiment de cheminer. Puis je pense qu'ensemble on a trouvé une
solution.
Le Président (M. Bergman) :
On suspend l'article 42. Mme la ministre. L'article 43.
Mme
Hivon : Oui.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
...
Mme
Hivon : Bien,
c'est vrai.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
...passer par un avocat, mais nous autres on passe...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre. L'article 43.
Mme
Hivon : Oui.
L'article 43.
Une voix : 42.1 avant.
Mme
Hivon : Oh!
Désolée, nous avons 42.1 avant.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, je suspends pour quelques instants pour permettre les députés
d'avoir une copie de l'amendement 42.1.
(Suspension de la séance à 21 h 36)
(Reprise à 21 h 37)
Le Président
(M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, on reprend nos travaux. Mme la ministre, vous avez un amendement, un nouveau article 42.1.
Mme
Hivon : Alors, l'article 42.1, donc, ça vise à insérer, avant
l'article 43 du projet de loi, l'article suivant :
«42.1. La plainte que toute personne peut
formuler à l'égard des soins de fin de vie auprès du commissaire local ou du commissaire régional aux plaintes et à
la qualité des services, conformément aux règles prévues aux sections I
à III du chapitre III du titre II de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, doit être traitée en priorité. Il en est de même d'une
plainte formulée à l'égard des soins de fin de vie auprès du syndic du Collège
des médecins...»
Donc, le sens de cet ajout, M. le Président,
c'est qu'on a entendu quelques groupes qui nous ont dit qu'ils se questionnaient quant au mécanisme de plainte. Et,
bien sûr, le mécanisme de plainte est le même que pour n'importe quelle plainte dans le réseau, mais toute cette
réflexion-là nous a amenés à l'idée de dire que, quand on est en domaine de
soins de fin de vie, exemple, que vous
n'auriez pas accès à un soin auquel vous souhaitez avoir accès et que votre
expectative de vie est assez courte, c'est assez important de pouvoir
traiter la plainte rapidement, d'où cette mention d'un traitement en priorité.
Donc, voilà le sens de l'ajout.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'article 42.1? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Est-ce qu'il est
opportun de référer à la plainte qu'une personne pourrait formuler auprès de la
Protectrice du citoyen?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je ne
crois pas, M. le Président, parce que la Protectrice du citoyen, elle... c'est
ça, c'est une deuxième instance. Donc, la
rapidité ne serait pas assurée. Puis ce n'est pas le même type de gestion de
plainte non plus, directement dans… je dirais dans les moments qui
suivent, là, auprès de l'établissement.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
D'accord. Et, lorsqu'on parle d'une plainte qui est formulée à l'égard du
syndic du Collège des médecins, ce serait... on pourrait penser à quoi?
Un refus d'administrer l'aide médicale à mourir? Un...
• (21 h 40) •
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, ça peut être en général, hein, sur les soins
de fin de vie, là. Mais je ne sais pas, je n'ai pas pensé à un exemple, mais quelqu'un
qui, par exemple, ferait tout le traitement de l'aide médicale à mourir... Non, ce n'est pas un bon exemple. La qualité de... je ne sais pas, la qualité des
soins qui seraient donnés en fin de
vie, un manquement à ses obligations
déontologiques quant à la considération qu'il donnerait aux patients ou...
Une
voix : …
Mme
Hivon : Je ne sais pas, une mauvaise information. Le
député de Jean-Talon
a l'air d'avoir des exemples en tête, là. Pas des mauvaises pratiques.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, peut-être juste... Un, c'est : Qu'est-ce qui va au commissaire local ou
du... commissaire régional aux plaintes? Commissaire local, c'est lorsque la
plainte est faite en vertu d'un employé de l'hôpital
ou du médecin qui pratique avec un titre dans l'établissement. C'est ça? Je
vois des gens qui hochent de la tête. Quand
ça va au syndic du Collège des médecins, c'est... Quand ça va au syndic du
Collège des médecins, c'est le médecin qui pratique sans titre, mais qui
fait une aide médicale à mourir. C'est pour ça qu'il y a deux trajectoires de
possibles là-dedans. C'est ça, l'objectif de ça?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est d'avoir les deux types de médecins. C'est ça, la question du député? Oui,
on couvre les deux... On couvre les deux.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mais ça, ça ne couvre pas seulement...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Mais, en fait... Mais je vais laisser mon collègue
terminer sa question parce que j'ai l'impression de l'avoir coupé dans
son inspiration.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est juste parce que je veux savoir
qu'est-ce qu'on traite ici, là. Parce que c'est marqué : «…sections I à
III du chapitre III du titre II de la Loi sur les services de santé…» C'est des
plaintes qui concernent... une plainte faite
par un usager ou la famille qui concerne des employés ou un service qui est
reçu. Est-ce que ça concerne aussi une plainte en fonction d'un médecin
qui pratique, à titre de médecin, de l'aide médicale à mourir, mais à titre de
médecin appartenant à l'établissement, avec des privilèges?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre. Me Lavoie.
Mme
Lavoie (Patricia) : Oui. En fait, la plainte serait faite par l'usager
auprès du commissaire local aux plaintes qui, lui, dirigerait la plainte
qui concerne un médecin auprès du médecin examinateur.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Ça ne concernerait pas les employés de
l'établissement, ce chapitre-là?
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme Lavoie
(Patricia) : Bien, si jamais la plainte concernait effectivement des
employés, par exemple une infirmière, ce serait, à ce moment-là, au commissaire
local, toujours.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Puis ce qui va au syndic,
c'est… au commissaire régional, c'est si... Mettons que c'est une
personne qui est en relation avec... qui n'est pas en relation avec
l'établissement, mais qui est, je ne sais pas, embauchée pour aide médicale,
là, ça irait au commissaire régional. C'est ça?
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme
Lavoie (Patricia) : Ce qui était surtout visé, c'était une plainte par
rapport aux maisons de soins palliatifs, qui sont des organismes
communautaires. Et, pour eux, les plaintes sont faites au commissaire régional.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Excellent.
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bon. C'est juste parce qu'à
cause du titre, là, c'est que… Les plaintes, en général, soit que ça concerne le médecin ou ça ne concerne pas
un médecin. On va prendre ceux qui ne concernent pas un médecin. Si ça ne concerne pas un médecin, si c'est en lien avec l'établissement,
avec le commissaire local aux plaintes, c'est traité à ce niveau-là;
maison de soins palliatifs, c'est référé au régional. Si le médecin pratique
l'aide médicale à mourir à titre de médecin
de l'établissement, ça va au commissaire local, qui va transférer au médecin
examinateur, qui pourrait transférer à l'exécutif du CMDP. S'il ne
pratique pas à titre de médecin, ça va aller au Collège des médecins. C'est ça?
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme Lavoie
(Patricia) : En fait, ce n'est pas s'il ne pratique pas à titre de
médecin, mais médecin dans l'établissement.
Donc, s'il est en cabinet privé de professionnels, c'est, à ce moment-là, le
syndic du Collège des médecins.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est ça qu'il veut dire,
sections I à III du chapitre III du titre II de la Loi sur les services
de santé et services sociaux? Parfait. Au moins, on sait de quoi on parle.
Parfait.
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme Lavoie
(Patricia) : Oui, c'est ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Oui. Alors, 42.1, on donne une priorité à la plainte
qui est formulée par la personne qui est en fin de vie, donc on... Parce que j'ai compris de l'intervention de la
ministre que la raison pour laquelle on souhaite que ces plaintes-là
soient traitées en priorité, c'est compte tenu de l'expectative de vie qui est
relativement courte pour ces patients-là.
Qu'est-ce
qu'il en est d'une plainte qui est formulée par un membre de la famille soit
suite à l'administration d'une aide
médicale à mourir, à l'administration d'une sédation palliative continue ou
à... bon, l'accès aux soins palliatifs ou un élément, là, touchant les soins palliatifs? Mais qu'est-ce qu'on fait? Parce
qu'il pourrait y avoir… parce qu'on comprend qu'un patient qui
reçoit de la sédation palliative continue ne va pas nécessairement lui-même
porter plainte parce qu'il y a des chances qu'il ne soit pas dans l'état pour
le faire. Mais il y a peut-être quelque chose qui s'est produit au moment de l'administration, je ne sais pas, une
mauvaise communication avec la famille ou un encadrement… Je ne sais pas, il peut survenir plein de trucs, et à ce
moment-là ça pourrait être la personne désignée par le patient, ça peut être
un membre de la famille, les enfants, les
parents. Puis même chose pour l'administration de l'aide médicale à mourir, il
peut… Je ne sais pas, il peut y avoir eu une mauvaise interprétation, comme on
peut… Le premier élément qui me vient en tête,
c'est un patient qui reçoit… à qui on administre l'aide médicale à mourir, qui
décède, mais qui avait fait le choix de ne pas informer sa famille. Ça,
il risque… Puis on en a parlé, mais c'est possible que les membres de la
famille, par la suite, disent : Holà!
Et on va formuler une plainte. Alors donc, est-ce que ces plaintes-là sont
traitées en priorité au même titre que la plainte qui est formulée par
le patient?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
La réponse, c'est oui parce que c'est la plainte que toute personne peut
formuler. Donc, ça n'a pas besoin d'être le
patient directement, ça peut être un proche qui estime que son
conjoint, sa mère, qui n'est plus en mesure de s'exprimer, n'a pas droit aux soins de fin de vie auxquels elle
devrait avoir droit. Donc, l'aide médicale à mourir est un soin de fin
de vie, la sédation est un soin de fin de vie, donc ce domaine-là est couvert.
Puis c'est une demande, notamment, là, spécifiquement sur la question de la
priorité, c'est la Protectrice du citoyen qui l'avait soulevée.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Une plainte dans un établissement, le commissaire a combien de temps pour la traiter dans la
loi actuellement?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je ne sais pas si c'est une question piège, M. le Président, mais je vais
demander à Me Lavoie.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, pas du tout. Bien, je ne voulais pas
donner la réponse.
Le Président (M.
Bergman) : S'il vous plaît, un à la fois.
Mme Lavoie (Patricia) : Combien?
Mme
Hivon :
Le délai. Combien de temps on a pour traiter une plainte?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
90 jours?
Le Président (M. Bergman) :
Me Lavoie.
Mme Lavoie (Patricia) : Oui. Alors,
pour le commissaire régional — je vais partir avec celui-là — c'est
au plus tard 45 jours de la réception de la
plainte, et, de mémoire, c'est le même délai pour le commissaire local, je ne
l'ai juste pas devant les yeux, mais il me semble que c'est 45 jours.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Je vais rassurer la ministre,
je ne pose jamais des questions pièges, c'est seulement qu'avoir la bonne information. C'est juste que
je comprends qu'on est dans un projet de loi de soins palliatifs, soins de fin de vie, puis pourquoi — c'est juste une question de justice — eux autres auraient priorité sur les
enfants qui sont aux soins intensifs, puis pourquoi ils auraient priorité sur
les problèmes de santé mentale qui sont très importants, et pourquoi ils
auraient priorité sur d'autres cas où eux autres aussi sont importants?
Là, ce qu'on
fait, puis ma collègue l'utilise
souvent, là, on fait vraiment une hiérarchisation. Il y a des gens
malades qui sont plus importants que
d'autres gens malades parce qu'eux autres ont la chance d'avoir un projet
de loi qui est amené ici. Lorsqu'on va arriver sur la protection de la jeunesse, lorsqu'on
va arriver… Si on dépose un projet de
loi sur la santé mentale, tout
le monde va venir nous dire que c'est tellement important qu'on devrait également
leur accorder une priorité alors que le délai est de 45 jours. Et ce que je
comprends, c'est que, là, on dit au responsable des plaintes, au commissaire
aux plaintes : Tu vas tout laisser tomber. Maintenant, c'est rendu ta
priorité, alors que, dans la réalité, il y a peut-être d'autres cas qui
devraient être traités plus en urgent, qui vont peut-être aider plus.
C'est juste
une question de justice, puis, je comprends qu'aujourd'hui ça serait facile de
dire : Bien, écoutez, c'est des gens en fin de vie, c'est bien
important, c'est vraiment notre priorité. Mais je vais vous donner un exemple.
Pour le ministre de la Santé, bien, c'est
les personnes âgées. Quand on va arriver sur l'assurance autonomie, est-ce que
les plaintes pour l'assurance autonomie vont devoir être traitées en
priorité parce que c'est le projet
de loi de l'assurance
autonomie puis c'est des personnes âgées? Juste pour vous dire, quand on a des reportages avec Enfant Soleil, là,c'est rendu que c'est…
Tu sais, moi, je vais vous donner ma philosophie, là. C'est sûr qu'il y a des ordres de priorité
d'urgences parce qu'il y en a qu'il
faut s'en occuper plus vite que d'autres. Si tu fais un infarctus, bien, je
comprends qu'on s'en occupe plus vite qu'une grippe, mais je de la
difficulté à faire de la hiérarchisation. Moi, je suis plus du principe de
justice, à chacun son dû, et chacun devrait
recevoir tous les services nécessaires à l'intérieur du délai qui est considéré
comme acceptable, et là, je trouve,
c'est qu'on fait une priorité… Puis là, je vous le dis tout de suite, les gens
vont dire : Non, non, ça devrait être vraiment la priorité, les
gens, en fait… Juste pour vous dire, moi, je trouve que les gens avec le cancer
aussi, c'est une priorité.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est juste une réflexion philosophique.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
• (21 h 50) •
Mme
Hivon : J'entends tout à fait, mais là on est
dans le mécanisme de plainte, on est en mécanisme de plainte, et on est face à des gens qui sont peut-être
à quelques jours de mourir et qui n'ont pas de service.
Donc, je ne pense pas qu'on est exactement dans la même réalité que…
Mais je comprends la question philosophique. Je la comprends très bien. Je pense qu'il
faut soulever la question.
La Protectrice du citoyen nous a
apporté ça en disant : Si quelqu'un est en fin de vie puis n'est pas capable d'avoir, exemple, la
chambre qu'elle est seule à occuper, exemple, qu'il lui en reste… ses
derniers moments, c'est sa fin de vie, on
fait un projet de loi sur cette étape-là parce qu'on pense que c'est une étape
importante qui doit recevoir, bon, toute l'attention avec tout ce dont on a
discuté. Donc, ça semblait quelque chose qui pouvait être acceptable, voire
logique, de dire : Ce n'est pas comme si cette personne-là, elle pourrait
se plaindre puis attendre une réponse, là, pendant 45 jours, parce qu'il lui en
reste peut-être pour une semaine. Donc, c'était ça, la réalité, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça, ça pourrait être une question piège, mais
je vais donner la réponse, là : C'est quoi, les soins de fin de vie? C'est des soins palliatifs, de la sédation plus
l'aide médicale à mourir. Soins palliatifs, moi, dans ma tête, ça peut
durer deux ans. Bien oui, moi, j'ai… des gens en soins palliatifs, Maison
Michel Sarrazin, ils ont des gens qui vont
être là un an et demi, deux ans puis... Bien, je veux dire, ils vont être
suivis un grand bout de temps ou, à la fin, ils vont être les trois
derniers mois.
Moi,
je me dis : Si on y va vers les soins de fin de vie, fin de vie, là… Là,
ce qu'on dit, c'est le cas exceptionnel, mais moi je comprends que, s'il y a une plainte aux soins intensifs sur
quelqu'un qui est très malade, ça aussi, ça va être traité en priorité. En tout cas, c'est juste ça,
là. Puis je comprends que la protectrice a donné des exemples
particuliers. Puis est-ce qu'on généralise à
tous les gens, même ceux qui sont en fin de vie, à trois puis quatre mois,
puis, eux autres, ils ont la priorité par rapport
aux plaintes? Je ne suis pas nécessairement contre, M. le Président, je veux
juste qu'on en fasse la discussion.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Pour fins de discussion, ça n'empêche pas le
commissaire aux plaintes de traiter les autres plaintes qu'il reçoit, là, on se comprend qu'il continue à
faire son travail. Et j'imagine que, dans son travail, je ne
m'immiscerai pas et je ne prendrai pas… je ne
ferai pas comme si j'étais la commissaire aux plaintes, mais qu'il y a une
certaine hiérarchisation qui est faite déjà dans le travail d'un
commissaire aux plaintes, je présume. Là, ce qu'on vient dire, c'est qu'on estime que les plaintes qui concernent
les soins de fin de vie doivent être traitées en priorité, c'est vrai,
on vient l'inscrire. Ça nous semblait une
remarque importante. Ça ne veut pas dire qu'on ne s'occupera pas d'une
plainte urgente d'un enfant aux soins
intensifs, mais ça veut dire qu'ici on vient l'écrire, on vient en marquer une
priorité, parce que la personne, elle est en fin de vie, et on pense que
c'est important de le faire, parce que, sinon, est-ce que ça va être fait
systématiquement? Donc, c'est ça qui nous habitait comme intention, tout
simplement, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Mais je suis d'accord
avec mon collègue de Jean-Talon parce que je pense qu'encore une fois il y a des professionnels qui
sont en charge de ces plaintes-là depuis des années et auxquels on fait confiance, mais auxquels on fait confiance aussi
dans la priorisation du travail. De la même façon que nous, là, en
médecine, là, on apprend, là, quand on fait
de l'urgence, la lumière rouge, la lumière jaune, la lumière verte, il y a des
cas, on va traiter de façon prioritaire, après ça, on va au moins
prioritaire, puis… bon. Alors, on fait une sélection sur des critères qu'on considère importants. Encore une fois, on
est tous d'accord qu'il faut prioriser les soins de fin de vie, on est
tous d'accord avec ça, mais comment on peut
inscrire dans une loi quelles sont les priorités un, deux, trois? Je pense
qu'on n'a pas à le définir aussi
explicitement, parce que les gens… il faut continuer de se faire confiance, et
je pense que les gens qui sont en place ont démontré depuis toujours
qu'ils sont capables de gérer la priorité des dossiers, et ils le font très
bien. Puis est-ce qu'on est obligé d'inscrire dans un projet de loi d'aller
aussi loin? À mon avis, on n'a pas à le faire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je n'ai pas d'autre commentaire à faire. J'estimais…
On estime que la Protectrice du citoyen, si elle a fait ce commentaire-là,
elle qui est en relation quand même passablement avec les commissaires, c'est parce
qu'elle devait y voir un fondement. Et, comme je l'ai dit, ça apparaissait
logique. Si l'opposition veut faire un amendement, on va en discuter.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions pour l'article
42.1? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est parce que... En
tout cas, ça fait plusieurs
commissions parlementaires, quand les gens viennent, chaque fois, leur dossier, il devenait prioritaire, puis
nous autres, on est là pour voir une certaine... Moi, je pense qu'il
faudrait le rédiger au moins autrement, que, dans les cas dans lesquels le
délai joue un rôle important, ça devrait
être traité en haute priorité. Mais il
y a des cas qui n'ont pas besoin
d'être traités plus rapidement que d'autres. Je ne sais pas comment on
peut faire l'amendement, là. Il est rendu 9 h 55, là, on peut...
Mme
Hivon :
Bien, on peut suspendre jusqu'à demain, vous nous amènerez votre amendement
demain.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ou on va y penser, ou, tout simplement, on
supprime l'amendement, tu sais?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je veux juste dire que ce n'est pas parce qu'on
entend un commentaire qu'on l'intègre dans un projet de loi. Je pense qu'on s'entend tous là-dessus.
Mais la Protectrice du citoyen, ce n'est pas son seul dossier, les soins
de fin de vie. Je pense qu'on s'entend aussi là-dessus. Elle traite des
plaintes de tout domaine dans le milieu de la santé. Donc, je pense qu'elle a une certaine autorité, quand
elle vient nous faire un commentaire de cette nature-là, au même titre
où on a entendu ce qu'elle nous a dit à
d'autres égards. Donc, après analyse puis avoir regardé tout ça, on trouvait
que ça avait du sens. Mais moi, je
suis prête si, demain, les collègues veulent amener un amendement, parce que le
retirer purement et simplement voudrait dire que nous ne ferions plus
référence au mécanisme de plainte tout court dans notre loi. Et on vient le
prévoir noir sur blanc parce que plusieurs ont soulevé la question de
savoir : Est-ce que c'est le mécanisme général? Est-ce que ce ne serait
pas une bonne idée de l'inscrire dans la loi? Donc, il y avait ce double
objectif avec l'amendement qu'on proposait.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le Président, demain, on va faire encore une oeuvre collective, on va
trouver la bonne formulation pour l'intention que nous avons.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce que je comprends que
l'article 42.1 est suspendu? Mme la ministre? Mme la ministre, l'article
est suspendu?
Mme
Hivon : Oui,
suspendu.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, l'article 43. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
L'article 43 :
«La décision d'une personne de refuser de
recevoir un soin ou de retirer son consentement à un soin qui est nécessaire pour la maintenir en vie, de même que
celle de recourir à la sédation palliative terminale ou à l'aide
médicale à mourir — j'imagine
qu'on a un amendement à 43 — ne
peut être invoquée pour refuser de payer une prestation ou toute autre somme
due en matière contractuelle.»
Nous avons un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends quelques instants pour recevoir l'amendement.
(Suspension de la séance à 21 h 58)
(Reprise à 21 h 59)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, on reprend nos travaux. J'ai reçu
l'amendement à l'article 43. Mme la ministre, voulez-vous lire l'amendement?
Vous avez déposé l'amendement, pouvez-vous le lire, s'il vous plaît?
Mme
Hivon : Donc,
l'amendement vise à modifier...
Des voix : …
Le
Président (M. Bergman) : S'il vous plaît, un moment... À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la
ministre, voulez-vous nous lire l'amendement à l'article 43?
• (22 heures) •
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'article 43... Pardon, l'amendement vise à modifier l'article 43 du
projet de loi :
1° par le
remplacement de «La décision d'une personne de refuser de recevoir un soin ou
de retirer son consentement à un soin
qui est nécessaire pour la maintenir en vie» par «La décision prise par une
personne ou, le cas échéant, par la personne qui peut consentir aux
soins pour elle et qui consiste à refuser de recevoir un soin qui est nécessaire
pour la maintenir en vie ou à retirer son consentement à un tel soin»;
2° par le remplacement de «sédation palliative
terminale» par «sédation palliative continue».
Pour ce qui est du deuxième élément, M. le
Président, je pense que ça commence à être assez clair, c'est une modification de concordance. Pour le premier
élément, c'était simplement pour préciser, évidemment, que ça peut être
la décision d'un tiers, pour le cas d'une
personne qui serait mineure ou majeure inapte, et que c'est la même règle,
donc, qui doit être suivie. Le sens de cet
article-là, c'est de s'assurer que, parce qu'une personne refuse un soin ou
qu'elle demande, par exemple, une
sédation palliative continue ou l'aide médicale à mourir, ça ne pourrait pas
avoir d'influence, par exemple, comme
certains l'ont d'ailleurs soulevé, sur une réclamation d'assurance, donc, pour
s'assurer que la volonté de la personne est toujours respectée et
qu'importe la décision, que ce soit d'arrêter un traitement qui conduit au
décès, une sédation palliative continue ou une aide médicale à mourir. Donc,
voici le sens de l'article 43.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des interventions sur
l'amendement? Est-ce qu'il y a des discussions sur l'amendement,
interventions sur l'amendement pour qu'on puisse l'adopter pour discuter
l'article tel qu'amendé? Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'amendement présenté par Mme la ministre? Mme la
ministre, est-ce que vous avez une intervention sur l'amendement?
Mme
Hivon : Non, non,
ça va.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a intervention sur
l'amendement? Alors, est-ce que l'amendement à l'article 43 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté. Alors, maintenant,
l'article 43 tel qu'amendé, est-ce qu'il y a une intervention? Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Alors, merci, M. le Président. Donc, je veux bien saisir. C'est vraiment… C'est
l'autre partie, dans la relation contractuelle, qui ne peut invoquer la
décision de refuser un traitement, la décision d'avoir recours à l'aide médicale à mourir prise,
par exemple, par une personne assurée pour respecter les obligations
contractuelles qui régissent la relation
entre les deux personnes. Donc, c'est vraiment… Lorsqu'on a la personne qui… le
patient et, par exemple, une tierce personne qui sont dans un lien
contractuel, cette autre… cette tierce personne ne peut pas invoquer le choix
ou la décision, prise par le patient ou par son représentant, d'avoir recours à
un de ces soins de fin de vie là pour ne pas respecter son obligation. C'est
bien ça?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, c'est bien ça. C'est surtout pédagogique parce que ça va de soi, mais
plusieurs personnes ont soulevé ça, là, donc je pense qu'il faut qu'il
n'y ait aucune ambiguïté par rapport à ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, ça ne
pourrait pas être… Parce que je ne sais pas si, dans la jurisprudence, on a
déjà invoqué… parce que, dans certains
contrats d'assurance, si un suicide doit survenir à l'intérieur d'un délai, par
exemple, de deux ans, il n'est pas
assuré, donc, pour ne pas assimiler le refus de traitement ou le recours à un
des soins de fin de vie à cette situation-là, est-ce que c'est… pour ne
pas l'assimiler à un suicide ou pas à une…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Il y a eu un changement, là, pour la question du suicide. Il me semble que la
règle, c'est que vous avez le droit à
votre indemnité, sauf qu'avant il y avait un délai avant lequel vous ne pouviez
percevoir votre indemnité. Donc,
maintenant, c'est la… je pense que c'est juste la question qu'il peut… Il peut
encore y avoir un délai, mais ça a été réduit, je ne le sais pas si
c'est un an ou deux ans, mais on ne peut invoquer ça pour ne pas
avoir une indemnité. Oui, ça pourrait être
une préoccupation. Bien sincèrement, de tous les échanges qu'on a eus, le doute
n'était pas là dans l'esprit des assureurs, c'est vraiment juste parce
qu'il y avait une question qui était posée. Je pense que c'est bon, encore une fois, de
mettre la ceinture et les bretelles pour ne pas que ça puisse faire l'objet de
contestations devant les tribunaux, là. Donc, on voulait le clarifier
correctement.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Moi, ça me va,
c'est assez clair. Je ne sais pas si mes collègues ont des questions.
Le Président (M. Bergman) :
D'autres interventions? Est-ce que l'article 43, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) : Adopté.
Mme
Hivon : Article
44. Peut-être juste avant, on a trouvé, donc, c'est deux ans qui est prévu au Code
civil.
Nous avons un amendement à l'article 44.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants pour avoir la chance... les députés puissent
avoir l'amendement.
(Suspension de la séance à 22 h 6)
(Reprise à 22 h 7)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la commission reprend ses travaux. Mme la
ministre, vous avez déposé un amendement. Pouvez-vous le lire, s'il vous plaît?
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement vise à modifier l'article 44 du projet de loi par le
remplacement de «conformément à son code de déontologie» par «lorsque son code
de déontologie le prévoit».
Le sens de l'amendement, c'est vraiment une nuance. C'est parce que certains lisaient l'article
d'une manière où ils pensaient qu'on est en train de créer une obligation
dans un code de déontologie par inférence.
Alors, peut-être
que ce sera plus clair si je lis maintenant l'article tel
qu'amendé. Alors : «44. La présente loi n'a pas pour effet de limiter le droit pour un
professionnel de la santé de refuser, lorsque son code de déontologie le
prévoit, de fournir des soins de fin de vie ou de collaborer à leur
fourniture en raison de ses convictions personnelles.»
Donc, ça, on en a parlé abondamment, c'est la
clause de conscience, qui est reconnue, donc, noir sur blanc dans le projet de
loi. On voulait, encore une fois, même si c'est déjà prévu au code de
déontologie du médecin et du pharmacien,
venir le consacrer pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté. Donc, comme on en a
déjà discuté, on ne parle pas que du médecin, on parle du professionnel
de la santé, ce qui inclut le pharmacien.
Et les infirmières avaient
soulevé, je pense, la question de savoir si, puisque c'était écrit
«conformément à son code de déontologie», que… est-ce que ça voulait dire qu'on
était en train, nous, d'inférer que, dans le code de déontologie, cette possibilité-là était prévue, et donc de créer cette
possibilité dans le code de déontologie par inférence, là? Moi, je dois
dire que je trouvais que c'était clair, mais, puisqu'on nous a fait le
commentaire, on s'est dit qu'il y avait une
autre formule qui pouvait être encore plus claire. Donc, on dit «lorsque
son code de déontologie le prévoit», ce qui veut donc dire que c'est, bien sûr, uniquement dans les cas où le code de déontologie le prévoit
déjà. Le but de la loi, comme je l'ai
expliqué en lien avec les infirmières, qui n'ont pas cette objection de
conscience dans leur code de déontologie, ce n'est pas de venir créer et de remplacer la dynamique
d'un ordre professionnel et sa liberté de décider de ce qu'il met dans
son code de déontologie, c'est simplement de consacrer ce qui est déjà prévu dans
les codes de déontologie des ordres qui prévoient déjà l'objection de
conscience.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'il y a des interventions sur l'amendement? Mme la députée de
Gatineau.
• (22 h 10) •
Mme Vallée :
Oui. Ce n'est pas... Peut-être que c'est moi, là, mais, depuis le début, je
trouve que le texte de 44 n'est pas
si clair que ça. Je comprends... Je veux juste m'assurer de bien saisir le
sens. Ce que l'on veut reconnaître,
c'est le droit, pour un professionnel de la santé, de dire : Je ne peux
pas, par exemple… puis on parle de fournir les soins de fin de vie, là, mais je comprends… Et puis, pour la plupart des cas, ça
risque d'être la portion aide médicale à mourir qui va poser le plus de problèmes de convictions
personnelles et de liberté de conscience. Donc, le texte, c'est pour
reconnaître aux professionnels de la santé
le droit de ne pas participer, de près ou de loin, à l'administration de l'aide
médicale à mourir. Ma question, c'est : Pourquoi avons-nous fait
référence au code de déontologie? Pourquoi ne pas avoir simplement prévu que la
présente loi n'a pas pour effet de limiter le droit, pour un professionnel de
la santé, de refuser de fournir des soins de
fin de vie ou de collaborer à leur fourniture en raison de ses convictions
personnelles? Et là on l'a mis très large au niveau de fournir les soins
de fin de vie. Je doute que les soins offerts en maison de soins palliatifs
soient des soins qu'un professionnel de la
santé va refuser d'administrer. Il y a peut-être la sédation palliative
continue, dans certains cas, qui peut effectivement créer un malaise,
mais moi, j'ai surtout vu cet article-là comme étant introduit en raison de
l'aide médicale à mourir.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Le but de 44, ce n'est pas de créer un droit, c'est de reconnaître un
droit qui existe déjà et de le confirmer
dans notre contexte. Dans le code de déontologie des… Pourquoi ne pas dire
simplement «tout professionnel de la santé»? C'est parce que ce n'est
pas tout professionnel de la santé qui a, dans son code de déontologie là, ce
droit à l'objection de conscience. On a
parlé des infirmières, là. Nous, on a eu de longs échanges avec les infirmières
pour savoir, et, non, ce n'est pas prévu. C'est une réflexion qui est en
cours, mais, à ce jour, elles n'ont pas jugé qu'elles devaient l'inscrire dans leur code de déontologie. Donc,
nous, notre but, ce n'est pas de venir créer quelque chose au-delà de ce
que les ordres veulent eux-mêmes se donner comme règle. Donc, ça, c'est…
Première chose importante.
Deuxième
élément : si on prend la possibilité, par exemple, pour le médecin, de ne
pas donner un soin par raison de conviction personnelle, comme c'est
écrit dans son code de déontologie, ce n'est pas limité à certains gestes. On
ne vient pas dire pour tel ou tel soin, c'est vraiment général. Donc, il y a un
droit à l'objection de conscience en raison de
ses convictions personnelles de manière générale. Donc, nous, si on venait
dire : uniquement aide médicale à mourir, dans le fond, on serait en train de venir faire quelque chose de plus
précis que ce qui est dans son code de déontologie.
Il y a aussi
des médecins qui nous ont quand même dit qu'eux, ils n'étaient pas à l'aise
avec la sédation palliative continue, donc, dès lors, puis… Tout
soin — tout
soin — je
veux dire, c'est déjà l'état des lieux, là, tout soin qui pourrait causer un
inconfort pour raison de conviction personnelle à un médecin, il a le droit, en
vertu de son code de déontologie… Donc là, nous, on n'est pas là pour créer, on
n'est pas là pour limiter, modifier, on est juste là pour le consacrer puis l'écrire noir sur blanc dans notre
loi pour que tout ça soit très clair, très transparent. Donc, c'est ça, le
sens.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je comprends qu'on a… il y a des ordres professionnels qui n'ont pas prévu la
question de la liberté de conscience, mais est-ce possible que cette
liberté de conscience n'ait pas été prévue parce que, généralement, les professionnels qui oeuvrent au sein de ces
corporations-là n'étaient pas nécessairement perçus comme des
professionnels qui pouvaient éventuellement
se retrouver dans des situations plus sensibles, comme celles qu'on retrouve
actuellement dans le projet de loi? Je pense
aux travailleurs sociaux, je pense à ceux qui… à l'équipe de soins, finalement,
à l'ensemble des professionnels qui va faire partie d'une équipe de soins
dans une unité de soins palliatifs. Peut-être qu'il y a des professionnels
pour qui cette liberté de conscience là n'est pas prévue à l'intérieur du code de déontologie, mais
là la loi arrive, peut-être qu'elle
va mener la réflexion, mais il ne faudrait pas créer une situation où, entre le
moment où l'ordre professionnel est en réflexion et l'application de la
loi, on ne leur permette pas d'avoir cette liberté de conscience là.
Moi, je le
trouve… Je trouve ça extrêmement délicat, cet article-là. Je comprends que les
ordres professionnels… on ne veut pas se substituer aux ordres
professionnels, mais en même temps, là — puis il faut quand même être clairs — on risque d'avoir des professionnels qui
vont avoir de la difficulté avec cette question… avec certains éléments.
Puis, je comprends, on ne veut pas limiter à l'aide médicale à mourir, mais
c'est surtout cette étape-là qui peut créer des
malaises. Probablement qu'avec la pratique, avec le temps, avec la pédagogie
qui pourra être faite, les choses vont changer,
mais, au début, dans les premières années de la vie, moi, je crois qu'il risque
d'y avoir des professionnels de la santé qui
auront cette difficulté-là et… Je pense aux infirmières, ce n'est pas dans leur
code de déontologie, mais en même temps il y a probablement certains
membres qui se disent : Ça peut peser lourd de participer à
l'administration de l'aide médicale à mourir
si tu n'es pas préparé adéquatement, si tes croyances personnelles vont à
l'encontre de ça. Et, autant qu'il y a une volonté de respecter la
volonté, les dernières volontés des patients, je pense que ce respect des volontés… ce respect… je pense que cette loi-là,
s'il y a quelque chose qu'elle semble vouloir mettre en place, c'est un respect de la liberté individuelle, liberté de
choix, et cette liberté de choix, on doit la retrouver certainement pour les
patients, mais on doit également la retrouver chez le personnel qui encadre les
soins de fin de vie.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Je pense, essentiellement, qu'on pense aux infirmières. Les travailleurs
sociaux, je comprends, en théorie, mais ils vont être loin… si on parle
du cas, là, de l'aide médicale à mourir, ils sont quand même loin, je dirais,
de l'administration de l'aide médicale à mourir. Ils peuvent conseiller, aider…
bien, conseiller, en fait, on se comprend,
c'est vraiment la décision de la personne, ça fait que je pense que c'est assez
loin. Donc, c'est les infirmières. On
a eu des échanges avec les infirmières. Moi, je serais très mal à l'aise de
venir créer quelque chose, dans une loi, que les infirmières elles-mêmes
n'ont pas, à ce jour, voulu se donner dans leur code de déontologie.
L'autre
élément : l'aide médicale à mourir n'est pas administrée par les infirmières,
donc, je pense que ça, c'est important de le rappeler. C'est vraiment un
geste, donc, un soin qui est donné par les médecins. Et nous avons eu des échanges… vraiment, on a eu une séance de travail
avec les infirmières, on a échangé en profondeur avec ça, toute cette question-là, et… Parce qu'ils font… ils
administrent la sédation, par exemple, palliative continue dans certains cas.
À ce jour, elles n'en sont pas venues à
faire le choix d'avoir une objection de conscience. Au contraire, on dit, en ce
moment, dans le code : «…ne peut refuser de collaborer avec les
professionnels…» C'est même inscrit comme ça dans le code de déontologie. Bien sûr, dans la pratique
médicale, je pense qu'il y a des situations où on se respecte mutuellement,
mais c'est pour… Pour nous, on est très,
très, très à l'aise avec ce qui est prévu là parce qu'on a eu cet échange-là,
et je vois mal comment le législateur, avec tout le système d'ordres
professionnels qu'on a au Québec, viendrait prévoir quelque chose que l'ordre
professionnel ne souhaite pas avoir, ne souhaite pas modifier comme pratique,
puis, à partir du moment où c'était clair que c'était un soin réservé aux
médecins, pour les infirmières il n'y avait pas de question. D'ailleurs, quand ils sont venus, autant l'ordre
des infirmières, autant la FIIQ, il n'y a personne qui nous a demandé
ça, et moi, je serais très mal à l'aise, là, d'aller dans ce sens-là.
Le Président (M. Bergman) : Mme la
députée de Gatineau.
• (22 h 20) •
Mme Vallée :
En fait, il y avait l'Ordre des pharmaciens qui nous avait soulevé une
préoccupation. Puis, l'ordre des infirmières, ce qu'elles nous
suggéraient, en page 20 de leur mémoire, c'était de circonscrire davantage
l'étendue de l'objection de conscience et de
la limiter à la question de la sédation palliative continue et de l'aide
médicale à mourir.
Parce que je
comprends lorsqu'on dit : L'infirmière n'administre pas directement l'aide
médicale à mourir, mais il me semble — et puis là je n'ai pas de
notes — me
rappeler qu'on avait... il y a un groupe qui nous recommandait un accompagnement pour le personnel infirmier et les
gens, un accompagnement après l'administration de l'aide médicale à
mourir, justement, justement, dans un contexte où peut-être que le personnel,
l'équipe de soin n'administrait pas directement
le soin, mais était quand même présente, était quand même là. Alors, je... Ça
avait soulevé... Mais là — zut! — je
ne l'ai pas avec moi. Je n'ai pas le mémoire avec moi, alors… Je sais que
Mme Joncas Boudreau va vérifier, mais...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Les
infirmières... L'ordre a tout le loisir d'aménager l'exercice de sa pratique
dans son code de déontologie. Moi, je ne
pense pas que c'est nous qui avons cette expertise-là. Et, moi, il me semble
que c'est dans la nature des choses
que l'ordre puisse décider de ces choses-là. Avec l'évolution de la pratique,
peut-être qu'ils vont vouloir en arriver à ça, mais de, nous, le faire,
je ne suis pas confortable.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid : Oui. C'est
une question que je veux poser : Supposons qu'on laisse l'article tel quel
et que, par exemple, l'ordre des infirmières décide d'avoir... de se donner un
code de déontologie qui permet effectivement de dire non… enfin, de refuser, est-ce qu'on aurait besoin de changer la
loi? Mon impression, c'est que non parce que la loi... Ici, ce que l'article dit, c'est qu'on réaffirme
que ça n'empêche pas le code de déontologie. Mutatis mutandis, comme
disent les avocats, j'imagine que ça s'appliquerait aussi à... Ça donne une
indication claire que l'application du code de déontologie des infirmières
serait pareille. Et ici les médecins en ont un...
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est
exactement ça. En fait, on ne l'a pas limité, on a mis «pour un professionnel
de la santé», donc ça va de soi. Donc, c'est
vraiment : tout professionnel de la santé pour qui ce serait prévu dans le
code en bénéficierait automatiquement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : S'il y a un
changement de code? S'il y a un changement de code, il n'y a pas besoin de
changer la loi, c'est ça?
Mme
Hivon : Non.
M.
Reid : D'accord.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Puis c'est vraiment la ceinture et les bretelles, là, parce que le code de
déontologie du médecin, du pharmacien
et éventuellement de l'infirmière, il s'applique. Mais, vu que ça soulevait
beaucoup, beaucoup de questions et d'intérêt, on l'a mis nommément, là,
pour que tout ça soit très, très clair.
M.
Reid : 44 couvre
tout.
Mme
Hivon : Il couvre.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
L'article 44, donc, couvre tout, finalement, à condition que l'ordre
lui-même décide de le faire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Tout à fait. Alors, l'article 44 pourrait couvrir tout ordre, tout
professionnel de la santé. L'élément déclencheur, c'est le code de
déontologie.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'amendement à l'article 44? Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je sais, là, que la ministre est
mal à l'aise d'inclure une obligation — on parle des infirmières — mais, moi, c'est drôle, je le voyais plus comme une espèce de principe général
qui encadre la loi. Puis, oui, effectivement… puis ça n'a pas pour objet de porter atteinte aux codes de déontologie
des ordres… mis en place par les ordres professionnels, mais je voyais
l'objection de conscience, au départ, comme étant un principe, finalement, qui
était mis en place et où on respectait le choix, parce que c'est vraiment... on
change la pratique, là, puis... Alors, au même titre...
Parce que
j'ai les lois… Bon, j'ai la loi... La loi du Luxembourg, on dit... on précise
clairement, à l'article 15 : «Aucun
médecin n'est tenue de pratiquer — bon, là, c'est... — une euthanasie ou une assistance au suicide.
Aucune autre personne ne peut être
tenue de participer à une euthanasie ou à une assistance au suicide.» Donc, on
prévoit clairement, dans la loi du Luxembourg, à peu près le même
langage utilisé dans la loi belge. Donc, ce qu'on prévoit, c'est... On autorise
que certains actes soient posés. On autorise, dans des cas très particuliers,
une pratique médicale x, mais cette pratique médicale là, comme elle est
exceptionnelle, comme elle est vraiment spécifique et, compte tenu de sa finalité — je pense que c'est surtout ça, c'est compte
tenu de la finalité de l'acte — qui est la mort du patient, bien on
ne veut pas obliger personne de l'équipe de soins à participer ou à intervenir.
D'où, c'est sûr, le défi, dans certains cas, d'avoir
les gens qui se sentiront à l'aise, qui ont les compétences et qui sont prêts à
participer, qui sont prêts à administrer l'aide médicale à mourir... Et
puis peut-être qu'il n'y en aura pas tant que ça, des objections de conscience,
non plus. Peut-être que ce ne sera pas aussi important.
Mais cette
liberté de choix là, ce respect, autant du patient que du professionnel de la
santé, pour moi, il est très important.
Mais... Et là, là-dessus... Je pense que ça va au-delà de la question des codes
de déontologie parce que c'est vraiment...
c'est un élément très, très, très sensible. On ne peut pas forcer un
professionnel de la santé... Je pense que... 44, là, on le lisait, puis, pour moi, c'était ça, c'était : on respecte
la liberté individuelle du professionnel de la santé de dire :
J'administre ou non l'aide médicale à mourir, au même titre qu'on respecte et
qu'on l'a établi dans d'autres lois, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je n'ai
pas grand-chose à ajouter, si ce n'est qu'on serait en train de faire... en
fait, d'être un peu paternalistes — bien, je prends cette image-là, là — à l'égard des infirmières, de dire :
Nous allons, donc, décider, en ce qui concerne les infirmières, où doit
se situer leur confort ou leur inconfort, et donc on va leur dire un peu que
ça, ils devraient être… c'est plus
compliqué, sensible, et tout ça, donc, ça, il devrait y avoir un inconfort,
donc on devrait, nous, venir prévoir
une objection de conscience pour elles, alors qu'elles ne l'ont pas demandé
quand elles sont venues, alors que ça fait quand même plusieurs années
que le débat est en cours, qu'elles ont… qu'on a eu une séance de travail avec
elles. Elles ont toute la liberté de vouloir modifier leur code de déontologie.
Donc, oui, je serais mal à l'aise.
Puis aussi il
y a d'autres soins qui peuvent... il y a d'autres réalités qui peuvent
entraîner des questionnements pour certaines infirmières, on pense à
l'avortement, par exemple, et ça n'a pas fait en sorte qu'on a modifié le code
de déontologie. Donc, il y a peut-être une réflexion en
cours, puis les infirmières peuvent la faire, mais je ne trouve pas que c'est
de notre ressort.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (22 h 30) •
Mme Vallée :
Sur l'avortement... C'est parce que, là, ici, là, on introduit, dans le projet
de loi, une obligation pour l'ensemble
des établissements d'offrir les soins de fin de vie. Puis, on en a parlé un peu
plus tôt, on oblige les établissements,
dans le fond, on dit : Les soins de fin de vie doivent être disponibles
dans tous les établissements, sauf, clause grand-père, Maison Michel
Sarrazin
Donc, ça veut dire que, dans tous les établissements, un patient qui s'y retrouve a le droit d'exiger de recevoir l'aide médicale à mourir. Ce n'est pas vrai pour l'avortement, ce n'est pas
vrai, il n'y a pas un établissement au Québec qui est obligé d'offrir l'avortement. D'ailleurs, en Outaouais, il n'y
a qu'un OSBL qui offre les services d'IVG,
puis les petites filles, là, du haut…
du nord de l'Outaouais doivent descendre à Hull… à Gatineau pour
recevoir les services à la maison des femmes parce qu'il n'y a pas un
établissement, il n'y a pas un hôpital qui l'offre. Alors, ce n'est pas la même
chose.
Le Président (M. Bergman) : Malheureusement,
le temps s'est écoulé, collègues.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 31)