(Quinze
heures trente et une minutes)
La
Présidente (Mme Proulx) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je demande à
toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Le
mandat de la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi concernant les soins
de fin de vie.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Reid (Orford) remplace Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Étude détaillée (suite)
La
Présidente (Mme Proulx) : Merci. Lors de l'ajournement de nos travaux, hier, nous discutions de l'amendement
à l'article 26. Je vous rappelle que nous avons suspendu l'étude des articles 3
et 8.1. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Oui. Bien,
ça va, Mme la Présidente. Je suis prête à poursuivre la discussion sur l'article
26, s'il reste des questions du côté de l'opposition.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Alors, merci, Mme la ministre… Mme la
Présidente. Je ne me souviens pas… je
sais que nous avions soulevé la question
du professionnel de la santé et services sociaux, à savoir si
c'était le professionnel qui était reconnu en vertu du Code des professions, parce que
c'était un interrogatoire de l'ordre des travailleurs sociaux, donc il n'y
avait pas… on avait maintenu, je
crois, la désignation professionnelle de la santé ou des services sociaux, là,
il n'y avait pas lieu de faire de précisions, je crois, hein? Je veux
juste m'assurer parce que j'avais une petite note, là.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. C'est
ce dont on avait discuté. Donc, c'est un membre d'un ordre professionnel, et on avait convenu que c'était bien ça qui était souhaité dans
le cadre du projet de loi.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et à la
question : Est-ce que ce document-là, le formulaire n'a pas besoin d'être
contresigné par un témoin outre le professionnel de la santé? Donc,
c'est vraiment… c'est la personne qui formule la demande d'aide médicale à mourir qui… et le formulaire est signé par le médecin ou le professionnel
qui reçoit cette demande-là. Il n'y a
pas à avoir de témoin, comme un acte sous seing privé.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Non. Non, Mme la Présidente, parce qu'en fait c'est en
présence de la personne, la personne est apte, elle est capable de
s'exprimer, de montrer évidemment qu'elle demande… et c'est d'ailleurs un geste
actif, donc elle demande l'aide médicale à
mourir. Mais on s'assure quand même de la présence d'un professionnel de la
santé qui va contresigner pour s'assurer que la personne a bel et bien
fait la demande elle-même. C'est vraiment de la prudence, Mme la Présidente, parce qu'évidemment on
comprend que tout le processus qui s'ensuit va faire en sorte qu'il va y avoir
des entretiens avec la personne et tout ça.
Donc, on se rendrait facilement compte que la personne n'a pas fait la demande
elle-même, mais disons que c'est une mesure de plus pour montrer tout
l'encadrement qui est prévu.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Là, je ne sais pas si on doit… je ne sais pas si c'est
le moment de l'aborder ou si ce sera davantage à 28, le délai formulé entre la demande et le processus, la mise en
place du processus, l'administration de la médication ou de la substance. Je sais que, dans certaines
législations, on a cette notion-là, donc peut-être que ce sera davantage un
élément à considérer quand nous
allons regarder l'article 28, parce que je ne pense pas qu'on souhaite… comme
une condition comme
telle. Les conditions de 26, c'est vraiment les conditions qui sont
intrinsèques à la personne, et, dans 28, on ira vraiment voir le
processus rattaché à la demande d'aide médicale à mourir et puis le processus
médical. O.K.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est bien
ça, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Proulx) :
Donc, Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Moi, Mme la Présidente, ça fait le tour pas mal de la question du projet
d'amendement. Je sais qu'il était
question de faire une petite modification, de changer le «aux» pour le «à
toutes». Je ne sais pas si ça a été… Parce qu'on avait fait la discussion
en se disant : On ne dépose pas l'amendement,
on ne fait pas de correction pour,
après ça, redéposer, puis recorriger,
puis redéposer, puis corriger, là. On avait fait la discussion sur le projet d'amendement. Je ne sais pas comment on souhaite procéder.
Mme
Hivon : ...on peut suspendre, puis on va retirer l'amendement, puis déposer la version de l'amendement
avec «à toutes les conditions» plutôt que «aux conditions suivantes».
La Présidente (Mme Proulx) :
Alors, la commission suspend ses travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
(Reprise à 15 h 42)
La Présidente (Mme Proulx) :
Alors, la commission va reprendre ses travaux. Mme la ministre, vous avez
proposé de retirer l'amendement à l'article 26. Y a-t-il consentement pour le
retrait de l'amendement?
Mme
Hivon : Oui.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre, allez-y avec le nouvel amendement.
Mme
Hivon : En fait,
c'est vraiment le même amendement, simplement que «aux conditions suivantes»
est remplacé par «toutes les conditions suivantes». Donc, c'est l'objectif du
dépôt du nouvel amendement.
La Présidente (Mme Proulx) : Y
a-t-il des interventions sur l'amendement? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui, Mme la Présidente. C'est parce
qu'hier on avait, à l'avant-dernière
ligne, «s'il n'est pas le médecin traitant»…
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Ce n'est
pas le bon amendement que vous avez.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
On va resuspendre quelques minutes.
Mme
Hivon : Mais ce n'est pas… Non, mais on peut faire la
discussion sur «médecin traitant», là, c'est juste la question
de «toutes les conditions suivantes». Donc, c'est juste ça qui est modifié.
Vous allez avoir une nouvelle version de l'amendement, mais on peut la
faire la discussion sur «médecin traitant» pendant ce temps-là. Alors…
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. La question d'hier, c'était : S'il n'est pas le médecin
traitant de la personne… Donc, que signifie «médecin traitant»? C'est bel et bien le bon terme qui se retrouve dans l'article.
Le médecin traitant, c'est vraiment autant dans
le sens commun que dans le sens qu'on souhaite lui donner, le médecin qui,
donc, s'occupe de la personne au
moment où la demande est faite. Donc, c'est la personne…
c'est le médecin qui est en relation, compte
tenu de la situation
de la personne, à ce moment-là. Ce n'est pas son médecin de famille. Par exemple, si elle est dans
une unité de soins palliatifs, si
elle est dans… par exemple, avec son oncologue et que c'est son oncologue
qui est son médecin traitant, mais le médecin de famille peut aussi… dans certains cas, il peut cumuler les deux
titres et être aussi son médecin
traitant. Mais c'est vraiment… et on
a vérifié avec plusieurs médecins, et c'est autant l'expression consacrée que
ce qui confirme la réalité, parce que c'est
la personne… donc, c'est le médecin qui a pris en charge la personne, le
patient pour la situation dans laquelle la personne est.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Seulement une question par
curiosité. Est-ce que la notion de «médecin traitant» est définie à
quelque part dans une loi, un règlement ou je ne sais trop quoi?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, ce n'est pas une réalité définie, mais c'est une réalité présente
dans plusieurs lois dans notre corpus
législatif, là, notamment, je pense, dans les lois relatives à la CSST, donc le
médecin traitant étant la personne qui
va fournir les renseignements, ou tout ça. Donc, c'est une réalité qui est déjà
présente, et on me dit que c'est le terme consacré aussi dans la
pratique. Donc, les médecins devraient bien comprendre ce dont il s'agit.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Puis est-ce que c'est possible qu'il y ait plusieurs
médecins traitants, compte tenu
que, dans un dossier, il peut y avoir plusieurs médecins qui interviennent?
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Ce n'est pas impossible d'avoir deux médecins
cotraitants, mais c'est vraiment l'exception, parce que la réalité, généralement… Par exemple, si on prend le cas d'une personne qui serait en soins palliatifs, le
médecin qui s'occupait de la personne
avant, exemple l'oncologue, lorsqu'il fait le transfert, par exemple, pour déplacer la
personne dans une unité de soins palliatifs, va céder en quelque sorte
la prise en charge, et c'est le médecin de l'unité de soins palliatifs qui va
assumer la prise en charge.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est correct, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement déposé à l'article
26? S'il n'y a pas… Mme la
députée de Gatineau?
Mme Vallée : En fait, non, il n'y a pas d'amendement, mais je comprends qu'il y
aura un petit changement parce qu'il y a…
Mme
Hivon :
Nos légistes travaillent tellement vite que, dès que je soulève une question ou
une idée, ils préparent un amendement
potentiel. Alors, on va juste revenir, parce qu'effectivement ils avaient
préparé un amendement potentiel avec un autre mot.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, Mme la Présidente. On va les...
Mme
Hivon : On peut le
modifier à la main, effectivement.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, mais on va les aider à relaxer plus, là.
Mais moi, j'aimerais avoir quand même le texte final pour pouvoir l'adopter. C'est parce que c'est quand même un
article important puis… O.K. Puis on n'est pas à quelques minutes près.
Mme
Hivon :
Bien, on pourrait faire le texte final juste en modifiant le mot. Mais il sort
à l'instant, donc nous allons l'avoir.
La Présidente (Mme Proulx) :
Donc, c'est un nouvel amendement?
Mme
Hivon : Oui. Bien,
c'est ce que le député de Jean-Talon semble souhaiter, donc on va…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Mme la Présidente…
La Présidente (Mme Proulx) :
Oui, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. C'est mon côté sérieux et
perfectionniste qui demande à ce que j'aie toujours le texte devant moi,
puis, je pense, les gens se sont rendu compte, c'est qu'il faut que ce soit
très ordonné.
La Présidente (Mme Proulx) :
On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise
à 15 h 48)
La
Présidente (Mme Proulx) : Nous allons reprendre nos travaux.
Alors, Mme la ministre, si vous voulez faire la lecture du texte final
de l'amendement proposé à l'article 26.
Mme
Hivon :
D'accord. Alors, je lis, pour une dernière fois, le dernier amendement qui est
déposé. Donc, l'amendement vise à remplacer l'article 26 du projet de loi par
le suivant :
«26. Seule une
personne qui satisfait à toutes les conditions suivantes peut obtenir l'aide
médicale à mourir :
«1° elle est une
personne assurée au sens de la Loi sur l'assurance maladie (chapitre A-29);
«2° elle est majeure
et apte à consentir aux soins;
«3° elle est en fin
de vie;
«4° elle est atteinte
d'une maladie grave et incurable;
«5° sa situation
médicale se caractérise par un déclin avancé et irréversible de ses capacités;
«6°
elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables
et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu'elle juge
tolérables.
«La
personne doit, de manière libre et éclairée, formuler pour elle-même la demande
d'aide médicale à mourir au moyen du formulaire prescrit par le
ministre. Ce formulaire doit être daté et signé par cette personne.
«Le
formulaire est signé en présence d'un professionnel de la santé ou des services
sociaux qui le contresigne et qui, s'il n'est pas le médecin traitant de
la personne, le remet à celui-ci.»
La
Présidente (Mme Proulx) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il
d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous pouvons procéder à la mise aux voix de l'amendement
proposé à l'article 26. L'amendement est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
• (15 h 50) •
La
Présidente (Mme Proulx) : L'amendement proposé est adopté. Nous
allons maintenant reprendre l'étude de l'article 26. L'article 26, s'il
n'y a pas d'autre intervention… Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je veux simplement, sur l'article 26… Et là j'explique. Compte tenu de la multiplicité de points
de vue exprimés par les membres de notre équipe, je vais tout simplement enregistrer une voix sur
division du projet de loi. Mais ça, c'est pour
respecter l'ensemble un petit peu du vote qui a été exprimé sur le principe. Alors,
c'est tout simplement ça, et
ça ne change rien au travail et au sérieux qui est fait sur l'article.
La Présidente (Mme
Proulx) : Alors, l'article 26 est adopté à la majorité. D'accord?
Une voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Proulx) : Merci. Nous allons poursuivre maintenant avec l'étude de l'article 27. Mme la ministre. Oui, Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Nous
avons un amendement qui introduit un nouvel article,
donc un 26.1, qui est en photocopie en
ce moment et qui doit être remplacé… Il
y avait eu une coquille dans la
version qui avait été remise à l'opposition et donc petite différence. Et donc la
nouvelle version, qui est en train d'être imprimée, va être remise à nos collègues.
La Présidente (Mme
Proulx) : Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
15 h 51)
(Reprise à 15 h 53)
La
Présidente (Mme Proulx) : Nous allons reprendre nos travaux. Alors, Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Oui. Alors, l'amendement qui est présenté vise à insérer, après l'article 26 du projet de loi, l'article
suivant :
«26.1. Lorsque la
personne qui demande l'aide médicale à mourir ne peut dater et signer le
formulaire visé à l'article 26 en raison d'une incapacité physique, un tiers
peut le faire en présence de cette personne. Le tiers ne peut faire
partie de l'équipe de soins responsable de la personne et ne peut être un
mineur ou un majeur inapte.»
Alors,
Mme la Présidente, c'est un article nouveau, qui vise, en
fait, à reprendre une idée qui était, dans l'ancienne version, intégrée à l'article 26 du projet de loi. Mais on a jugé, avec le recul puis à la lumière de certains commentaires, qu'il serait plus clair
d'avoir à 26 l'ensemble des conditions de base et de venir prévoir, dans un article
subséquent qui vise spécifiquement les personnes qui auraient une
incapacité physique, donc pour signer le formulaire, que c'est un tiers qui
peut le faire à leur place. Donc, voilà le sens de l'amendement.
Je tiens à
dire d'entrée de jeu que cet article ne serait pas essentiel. Parce qu'il
n'est pas obligatoire. On le dépose. On
le propose parce qu'on pense que la question peut se poser,
évidemment, en fin de vie, parce
qu'une personne peut avoir une incapacité
physique, mais aussi parce qu'une personne peut avoir une très grande faiblesse et
que ça puisse être difficile pour
elle de signer le formulaire. Mais on pense davantage à une personne qui a
une incapacité physique évidemment.
Dans la vie de tous
les jours, dans le milieu hospitalier, évidemment, on est face à des personnes
qui ont des incapacités, et la pratique qui
est tout à fait reconnue comme, je dirais, pour les actes qui se
posent au quotidien pour les personnes qui n'ont pas la capacité
physique de signer, c'est que ça peut être un tiers qui le fasse à leur place.
On a la personne en face de nous, donc on
peut voir, donc, que c'est elle et c'est l'expression de sa volonté. Donc, on
vient prévoir simplement, encore une fois, pour avoir la ceinture et les
bretelles. Donc, c'est le sens de l'amendement qui vise à introduire ce nouvel article.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Alors, une question : Est-ce que ce tiers-là devrait avoir été préalablement
désigné par la personne? Qui est ce
tiers qui peut signer pour la personne? Est-ce que c'est son
mandataire? Est-ce que c'est quelqu'un qui pourrait être désigné dans le cadre des directives en fin
de vie? Est-ce que c'est quelqu'un qui pourrait être désigné dans le
cadre de mandat pour inaptitude? Je comprends aussi qu'il y a certaines personnes qui, toute leur vie, vivent
avec une incapacité les empêchant de
signer un formulaire. Donc, ces personnes-là, parfois, doivent, j'imagine,
avoir désigné des gens pour signer en leur place des documents
officiels, des chèques, des trucs comme ça. Donc, je me demandais comment on
encadrait la désignation du tiers.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, c'est la personne qui est désignée, à ce
moment-là, pour cet acte-là, par la personne qui a une incapacité physique. Ce n'est pas quelque
chose qu'on prévoirait dans les directives médicales anticipées, parce que la
personne, elle est apte, donc elle n'est pas
dans une situation d'inaptitude. Donc, elle est tout à fait apte, c'est
simplement qu'elle a une incapacité
physique de faire ce petit geste très technique, parce qu'évidemment elle
formule sa demande… Dans le prochain
article, on va voir qu'on va évaluer si elle remplit à toutes les conditions,
donc c'est vraiment pour le geste, je
dirais, de nature très technique qu'on vient le prévoir, et c'est la personne
qui est désignée à ce moment-là pour ce geste-là, donc, par la personne
qui est en fin de vie.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mais ce tiers-là pourrait être n'importe qui, finalement.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Le tiers pourrait être toute personne qui est
désignée par la personne qui est en fin de vie et qui fait la demande, sauf qu'on a prévu expressément que ça
ne peut pas être une personne qui est membre de l'équipe de soins
responsable et que ça ne peut pas être un mineur, bien sûr, ou un majeur
inapte. On peut imaginer très bien que, si on commence
à faire une énumération… En fin de vie, vous pouvez être avec une personne qui
vous est proche et qui est la personne,
donc, qui vous accompagne dans ces moments où vous avez de très grandes
décisions à prendre et que vous faites
cette demande, et c'est cette personne-là que vous pouvez vouloir désigner.
Donc, on laisse la latitude à la personne d'avoir recours à la personne
qui lui est proche.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Est-ce qu'il y a un formalisme particulier pour
encadrer cet acte-là? Est-ce qu'il y aurait la signature d'un témoin qui
serait requise dans le cas où ce n'est pas la personne elle-même qui signe son
formulaire?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
La règle de base demeure. Donc, dans tous les cas, il va y avoir une autre personne,
donc un professionnel de la santé qui va
être présent. Ça n'enlève pas du tout cette exigence-là, qui est formelle, à 26
et qui est là pour tous les cas. Et
donc on a une autre personne qui va venir, mais qui est là, en fait, pour être
le prolongement de la personne qui, compte tenu d'une incapacité, ne
peut pas signer.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je cherche mon article amendé. À ce moment-là, est-ce
qu'il ne serait pas opportun de le prévoir? Quand même, je… à moins… je sais que ça serait redondant, là, mais quand
même prévoir que le formulaire est aussi contresigné… ce formulaire-là
est signé par un tiers et est aussi contresigné.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
• (16 heures) •
Mme
Hivon :
On l'a justement mis dans un autre article pour que ce soit bien clair que 26,
c'est vraiment le cadre et que toutes les conditions qui sont à 26,
qu'importe la situation, doivent être remplies. Mais il y a une seule petite spécificité lorsqu'une
personne est dans un état d'incapacité physique simplement pour signer, et,
dans ce cas-là, on vient prévoir
26.1. Mais effectivement ce serait redondant parce qu'on prévoit tout le reste
du mécanisme. Donc, est-ce qu'on va
répéter que ça doit être libre et éclairé et tout ça? Non. Donc, c'est la même
chose pour ce qui est de l'exigence d'avoir un professionnel de la santé
présent lors de la signature du formulaire.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, moi, je ne vais seulement que faire une remarque pour dire que, même si
la ministre dit que ce n'est pas nécessaire,
j'apprécie énormément qu'on apporte cette clarification parce que, comme je
l'ai dit à plusieurs reprises, souvent, les juristes savent que ce n'est
pas nécessaire, mais, pour la personne qui n'est pas habituée de travailler avec les lois, ou de lire les lois, ou de les
interpréter, le fait d'avoir des clarifications comme ça, même si parfois ce ne serait pas nécessaire, je pense
que ça permet à tous de mieux comprendre la loi. Donc, moi, j'apprécie
qu'on fasse cette clarification.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement introduisant un nouvel article? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Là où je suis un petit peu embêtée, comme à chaque fois où il est question de
demander à un tiers de signer, c'est comment s'assurer de prévenir les
cas de pression indue de la part, peu importe, là, que ce soient des membres de la famille, que ce soit d'amis ou de
gens qui accompagnent, c'est toujours là qu'il est difficile... Puis en même
temps je comprends très bien la difficulté que pourraient rencontrer un certain
nombre de personnes en fin de vie qui, justement,
comme le disait la ministre, n'ont pas la force de signer le document ou n'ont
pas la capacité de le signer, on a... mais, quand même, la signature
atteste aussi, d'une certaine façon, de la compréhension du document.
Est-ce qu'il y aurait la possibilité peut-être
de faire la lecture à voix haute du document? Parce que, si la personne n'est pas habilitée à le signer, est-ce
qu'elle est habilitée à le lire pour vraiment comprendre : Voici la
demande que je formule? Donc, est-ce
qu'on pourrait, au même titre qu'on le fait parfois dans les actes notariés… On
s'entend, le notaire doit lire l'acte notarié aux personnes qui
contractent cet acte. Est-ce qu'il y aurait lieu, dans le cas de 26.1, de simplement s'assurer qu'après avoir fait lecture
du formulaire, bon, le formulaire est signé par un tiers, mais à tout le moins
s'assurer de la compréhension de la personne?
S'il s'agit d'une personne qui est aveugle, bien, assurément, cette personne-là — puis je comprends que ça peut être lourd
d'avoir des formulaires en braille — donc, s'assurer que la lecture du
formulaire soit faite, et le tiers appose sa signature après avoir lu le
formulaire?
Même chose
pour une personne en fin de vie qui aurait probablement des problèmes de
vision, des difficultés. Bien, on en
fait la lecture et on s'assure : Bon, c'est toujours ça, M. Untel,
c'est ce que vous souhaitez? Alors, je vais apposer ma signature en votre nom. Juste l'accompagner
d'un petit formalisme qui n'a pas besoin d'être lourd, mais pour s'assurer
que la personne qui formule la demande
comprend bien de quoi il s'agit parce que, bon, il ne s'agit pas de
l'administration d'un médicament puis
qui est sans conséquence, c'est quand même... L'aide médicale à mourir, comme
je le disais, a une finalité qui est propre,
qui est spécifique, et je sais... On me dira : Bien, quand il s'agit d'un
arrêt de traitement, la finalité peut
aussi être spécifique. J'en suis consciente. J'aurais comme réflexe de vous
dire que, même pour les cas d'arrêt de traitement ou les cas de
sédation, il serait, à mon avis, opportun de prendre les deux,
trois minutes nécessaires pour faire la
lecture du document et s'assurer que la personne a bel et bien compris. Puis,
dans 98 % des cas, ce sera le cas, là, les gens auront bel et bien compris, mais tout simplement pour assurer
une véritable compréhension, parce qu'ici il n'est pas question de signer en notre qualité de
mandataire, je comprends, puisque la personne est apte, alors c'est vraiment
parce que la personne a une incapacité
physique. Donc, peut-être que c'est tout simple de faire la lecture du
document. Puis je ne pense pas que le
formulaire... De ce que j'ai compris, de ce que j'ai pu comprendre de nos
échanges, c'est un formulaire qui
sera quand même relativement simple, là, il n'y aura pas des tonnes et des
tonnes de paragraphes. Donc, je soulève la question, je ne sais pas ce
qu'en pensent la ministre et son équipe.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je
comprends ce qui anime la députée,
mais ce n'est pas parce que quelqu'un a une incapacité physique — par exemple un handicap physique qui fait qu'il ne peut pas se servir de ses mains
pour signer — qu'il
a un problème de compréhension de ce qui est dans le
formulaire. Donc, moi, je trouve qu'il
y aurait un risque de stigmatiser
les personnes qui ont une incapacité
physique en disant : Pour vous, parce
que vous avez une incapacité physique
puis que c'est un tiers, en fait, qui
va être votre prolongement, là soudainement, on va s'assurer que vous comprenez
vraiment bien. Dans le fond,
ce n'est pas… je comprends la préoccupation, mais ce n'est pas lié à
l'incapacité physique de la personne. Donc,
de ce point de vue là, je ne
pense pas que soit requis, puis je ne pense pas non plus que ça serait opportun de venir prévoir ça.
Je veux juste
rassurer la députée qu'évidemment à 28 nous allons voir que le médecin doit
s'assurer de toutes les conditions et
il doit s'assurer du consentement libre et éclairé, de l'absence de pression. Il
doit s'assurer que la personne, évidemment, a bien compris, qu'elle
comprend les alternatives, donc que ce consentement est à la fois libre, parce qu'il n'y a pas de pression, et à la fois éclairé,
parce qu'elle a bien compris le sens, donc, du soin qui était là et les
alternatives qui auraient pu être présentes.
Parce que
l'autre élément, c'est que ce n'est pas parce que c'est une personne qui fait
le geste technique pour vous qu'il y
a plus de risques de pressions. Les pressions, ça peut être vous qui signez,
là, si on veut analyser ça, mais que ça fait une semaine
qu'on vous parle, qu'on vous parle, qu'on vous parle, qu'on vous dit :
Signe, signe, signe — là, si
on veut pousser ce cas-là imaginaire
au bout de l'exercice — alors qu'une personne pourrait décider qu'aujourd'hui c'est
le jour, après en avoir discuté, où elle
veut signer sa demande, mais elle n'a pas la capacité physique. Donc, il n'y a
pas plus de risques de pressions parce que ce n'est pas elle qui le
signe.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres commentaires ou interventions sur l'amendement introduisant le nouvel article?
S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à
la mise aux voix. L'amendement introduisant un nouvel article 26.1 est-il
adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Proulx) : Adopté. Merci. Nous allons poursuivre avec l'étude de l'article 27.
Mme la ministre, l'article 27.
Mme
Hivon : Oui, Mme la Présidente. On va commencer l'article 27. Je veux juste
porter à l'attention de l'opposition
que, compte tenu que nous avons acquiescé à la demande de l'opposition
d'introduire la référence à un formulaire à l'article 25,
nous allons avoir un article miroir,
un 25.1, pour prévoir qu'en cas d'incapacité physique pour la sédation palliative continue… Donc, on va
finaliser l'amendement puis on pourra vous le soumettre. Puis, pendant ce
temps-là, on va pouvoir traiter de 27, si ça
vous va, parce que c'est vraiment miroir, là, donc il n'y aurait pas de grand
débat.
Donc,
l'article 27, je crois que nous avons un amendement. Nous avons tellement
été à l'écoute, Mme la Présidente, pendant
ces auditions et à l'égard de ce que l'opposition nous a dit. Donc, je dépose
un amendement. Je crois que les
copies sont prêtes. Donc, ça avait déjà été distribué à l'opposition, alors je
vais faire la lecture de l'amendement à
l'article 27. Donc, l'amendement se lit comme suit : Modifier
l'article 27 du projet de loi par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Elle
peut également, en tout temps et par tout moyen, demander à reporter
l'administration de l'aide médicale à mourir.»
Le
sens de l'amendement, Mme la Présidente, c'est que certaines personnes sont
venues nous dire que c'était très bien
parce que, dans l'article du projet de loi, on prévoyait, évidemment, qu'en
tout temps et par tout moyen la personne pouvait retirer sa demande, mais ils nous ont dit : Qu'en serait-il
si la personne ne veut pas la retirer, comme tel, mais veut la reporter? Donc, de dire : On avait
prévu, par exemple, que de l'administration de l'aide médicale à mourir se
fasse aujourd'hui, je souhaiterais attendre demain, exemple, parce que
ma fille va venir ou… Bon, on peut imaginer, là, les raisons qui sont propres à la personne. Donc, on a trouvé que c'était un
commentaire qui était très pertinent, qui, dans le fond, allait un peu de soi avec le fait,
peut-être, de retirer, mais on ne voulait pas, évidemment, faire en sorte que
la personne doive refaire le processus de redéposer une nouvelle
demande, d'où le sens de l'amendement qui est proposé.
• (16 h 10) •
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il des commentaires à l'amendement déposé? Mme
la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Oui, Mme la Présidente. Alors, l'AQESSS avait recommandé de bonifier l'article,
et je vais lire… Ce que l'AQESSS nous avait proposé était à l'effet qu'une
personne pouvait, par tout moyen, révoquer sa demande d'aide médicale à mourir, et que cette révocation devait
être consignée au moyen du formulaire prescrit par le ministre, et qu'il devait
être aussi daté et signé par la personne.
Donc,
dans le fond, on souhaitait le consigner à l'intérieur d'un formulaire qui, par
la suite, serait conservé dans le dossier de l'usager pour usage
ultérieur, là. Donc, ils voulaient qu'il puisse y avoir une trace d'une
demande. Et puis d'ailleurs je crois que nous
avons également inclus certains amendements dans lesquels on demande à ce que
les établissements puissent faire état des demandes d'aide médicale à
mourir administrées et celles qui n'ont pas été administrées et les raisons
pour lesquelles elles n'ont pas été administrées.
Donc, j'imagine que
cette recommandation de l'AQESSS pourrait également permettre aux
établissements de donner suite à cet
amendement. Je ne sais pas ce qu'en pensait la ministre ou si... J'imagine...
La ministre hoche la tête, là, j'imagine qu'on y a déjà songé.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je suis tout à fait d'accord avec cette remarque de
l'AQESSS. On va voir, à l'article 31, qu'on va apporter un amendement. 31, c'est l'article qui
porte sur ce qui doit être consigné dans le dossier. Donc, on va prévoir
que, si une demande est révoquée, est
retirée, on va devoir le consigner dans le dossier pour qu'il y ait une très
grande sécurité puis une très grande transparence à cet égard-là.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, c'est correct, madame.
La Présidente (Mme
Proulx) : Non?
Mme
Hivon : Est-ce que vous
préféreriez que je lise l'article? Ah! bien non! Il faut disposer de
l'amendement, hein? Je déborde d'enthousiasme, Mme la Présidente.
J'étais prête à lire l'article tel qu'amendé.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Peut-être que la ministre pense qu'on va trop
vite. Puis on va prendre... On peut la rassurer.
Mme
Hivon :
J'ai beaucoup d'inquiétudes, mais pas celle-là, Mme la Présidente. Je ne m'inquiète pas d'un rythme trop
rapide.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Simplement, pour le report de l'administration de l'aide médicale à mourir,
est-ce que la date, c'est laissé à la
discrétion du patient ou c'est laissé... Ça peut être laissé à la discrétion de
l'équipe médicale? Je comprends qu'on
puisse demander de le reporter pour permettre que tous les proches puissent
être rassemblés, aussi pour se donner un
petit... un temps supplémentaire de réflexion, parce que, parfois, ça peut
être... Ouf! C'est gros! Mais est-ce qu'il y a une suite à donner à ce
report-là? C'est reporté quand, qui détermine, puis...
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est
vraiment la personne, donc, qui détermine. Ce qu'on peut imaginer très bien,
c'est que la personne va peut-être
dire : Je veux qu'on reporte à demain, compte tenu de circonstances
personnelles, d'un proche qui doit
venir me voir, qui n'a pas pu venir me voir pour x raisons. Et on pense
aussi qu'une personne pourrait dire : Je souhaite la reporter de
quelques jours aussi. Donc, c'est vraiment le libre choix de la personne.
Et bien sûr
on peut s'imaginer que, si elle a répondu à l'ensemble des critères, sa
situation ne fera pas en sorte qu'elle
pourrait soudainement, parce qu'elle la reporte de quelques jours, ne plus
répondre aux critères, là, s'il y a une préoccupation à cet égard-là. Parce que la personne, évidemment, compte
tenu de tout ce qu'on a vu à 26, elle est dans un état tel qu'il n'y a aucune perspective d'amélioration, ce qui fait en
sorte que c'est certain que, même si c'est reporté dans le temps de
quelques jours, elle va toujours répondre aux critères.
La Présidente (Mme Proulx) :
C'est bon? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention sur l'amendement de
l'article 27, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement proposé est adopté?
Des voix : Adopté.
La
Présidente (Mme Proulx) : Adopté. Mme la ministre, voulez-vous faire la lecture de l'article 27
tel qu'amendé?
Mme
Hivon : Oui, Mme
la Présidente. Donc, 27 se lit comme
suit : «Une personne peut, en tout temps et par tout moyen, retirer
sa demande d'aide médicale à mourir.
«Elle peut également, en tout temps et par tout moyen, demander à reporter l'administration de l'aide médicale à
mourir.»
La
Présidente (Mme Proulx) : S'il n'y a pas d'autre intervention, nous pouvons procéder à la mise
aux voix. L'article 27, tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci.
Mme
Hivon : Donc, nous
pourrions aller, Mme la Présidente, à l'amendement à l'article 25… 25.1
visant… l'amendement visant à introduire un nouvel article après 25, donc, qui
est numéroté 25.1.
La
Présidente (Mme Proulx) : Oui. Est-ce que les copies ont été distribuées? Alors, Mme la ministre, vous pouvez en faire la lecture.
Mme
Hivon : Oui. Alors, l'article 25.1, l'amendement se lit comme suit : Insérer, après l'article 25 du projet de loi, l'article suivant :
«25.1.
Lorsque la personne qui consent à la sédation palliative continue ne peut dater
et signer le formulaire visé à l'article 25 en raison d'une incapacité physique, un
tiers peut le faire en présence de cette personne. Le tiers ne peut faire
partie de l'équipe de soins responsable de la personne et ne peut être un
mineur ou un majeur inapte.»
Donc, le sens
de l'article 25.1 est tout simplement la disposition miroir à
l'article 26.1 que nous venons d'adopter et qui est rendue
nécessaire compte tenu de la demande de l'opposition, à laquelle nous avons
acquiescé, de prévoir dorénavant que la demande va se faire par le biais d'un
formulaire.
La Présidente (Mme Proulx) :
Y a-t-il des interventions sur l'amendement introduisant l'article 25.1?
Nous pouvons procéder à la mise aux voix. L'amendement introduisant
l'article 25.1 est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. Nous pouvons poursuivre l'étude du projet de loi avec l'article 28.
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, je vais faire la lecture de l'article 28 :
«28. Avant d'administrer l'aide médicale à
mourir, le médecin doit :
«1° être d'avis que la personne satisfait aux
conditions prévues à l'article 26, notamment :
«a) en
s'assurant auprès d'elle du caractère libre de sa demande, en vérifiant entre
autres qu'elle ne résulte pas de pressions extérieures;
«b) en
s'assurant auprès d'elle du caractère éclairé de sa demande, notamment en
l'informant du pronostic, des possibilités thérapeutiques envisageables
et de leurs conséquences;
«c) en s'assurant
de la persistance de ses souffrances et de sa volonté réitérée d'obtenir l'aide
médicale à mourir, en menant avec
elle des entretiens à des moments différents, espacés par un délai raisonnable
compte tenu de l'évolution de son état;
«d) en
s'entretenant de sa demande avec des membres de l'équipe de soins en contact
régulier avec elle, le cas échéant;
«e) en s'entretenant de sa demande avec ses
proches, si elle le souhaite;
«2° s'assurer
que la personne a eu l'occasion de s'entretenir de sa demande avec les
personnes qu'elle souhaite contacter;
«3° obtenir l'avis d'un second médecin
confirmant le respect des conditions prévues à l'article 26.
«Le médecin
consulté doit être indépendant, tant à l'égard de la personne qui demande
l'aide médicale à mourir qu'à l'égard
du médecin qui demande l'avis. Il prend connaissance du dossier de la personne
et examine celle-ci. Il rend son avis par écrit.»
• (16 h 20) •
Alors, Mme la
présidente, c'est un autre article important, bien sûr, du projet de loi. Donc,
cet article-là prévoit l'ensemble des
obligations du médecin lorsqu'il apprécie si une demande… si une personne qui
fait une demande d'aide médicale à mourir remplit l'ensemble des
conditions prévues à l'article 26 et peut donc l'obtenir. Donc, dans son évaluation, évidemment, il va devoir porter une
attention particulière au caractère libre et éclairé de la demande — on en a parlé souvent — libre
voulant dire «exempt de toute pression extérieure» — on le prévoit
nommément, noir sur blanc — et éclairé prévoit bien sûr que la personne
comprend le sens du soin qu'elle demande. Il va aussi devoir s'assurer que la demande est répétée, donc, qu'elle est
réitérée, en menant des entretiens avec la personne à des moments différents.
Ce que ça veut dire, c'est qu'il va devoir s'entretenir plus d'une fois avec la personne de
cette demande-là pour s'assurer de la persistance de la volonté de la
personne d'obtenir une aide médicale à mourir.
Je pourrai
expliquer davantage la mécanique et le délai raisonnable compte tenu de l'état, mais je peux, d'entrée de jeu, dire qu'évidemment un délai raisonnable pour une personne pour qui
il reste quelques jours à vivre, qui est en phase très, très, très avancée, par exemple, d'un cancer et pour qui le pronostic peut être
d'une semaine, on pourra s'assurer de la persistance de sa demande par des entretiens qui peuvent être espacés de
24 heures ou de 48 heures, ce qui n'est pas la même réalité d'une personne pour qui il y aurait encore
des semaines ou des mois devant elle parce qu'elle est victime d'une maladie dégénérative qui la plonge dans un
état excessivement difficile. Mais, compte tenu de l'évolution de sa maladie, peut-être que la persistance va être
évaluée sur une période un peu plus longue. Donc, c'est pour ça que le choix
a été fait, comme c'est le cas dans les pays
européens, qu'il n'y ait pas de délai précis parce qu'on estimait que ça
pouvait nuire, dans un sens ou dans
l'autre, à la personne qui est en fin de vie et qui se qualifie, qui répond,
donc, à l'ensemble des critères de 26. Mais on pourra y revenir.
On prévoit
aussi, bien sûr, que le médecin va s'entretenir, donc, pour satisfaire aux
conditions de 26, donc, pour s'assurer
que toutes les conditions sont remplies, comme on en a discuté lors de l'étude
de l'article 26. S'il le juge opportun, il va pouvoir, donc,
s'enquérir de certains éléments auprès de l'équipe soignante, de l'équipe de la
personne.
Et voilà, donc, pour l'essentiel. Le médecin va
aussi s'assurer que la personne qui en manifeste le désir et qui a voulu s'entretenir avec des proches a pu le
faire. Donc, c'est aussi quelque chose qui va être vérifié. Et bien sûr il y a
toute la question de l'obtention d'un
deuxième avis, ce qui est une autre balise très importante dans le projet de
loi, donc, de s'assurer qu'il y a un
deuxième médecin qui en vient aux mêmes conclusions que la personne… que le
premier médecin, donc, qui est le médecin de la personne. Alors, voilà
pour l'essentiel de l'article 28, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mme la Présidente, je pense qu'on va prendre chaque paragraphe, un peu comme
nous l'avions fait pour
l'article 26. Donc, je suggère qu'on puisse y aller paragraphe par paragraphe
afin d'éviter de jouer au ping-pong, là, dans les différents sujets qui
sont abordés par l'article 28.
La Présidente (Mme Proulx) :
Est-ce que j'ai le consentement?
Mme
Hivon : Oui.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, pour débuter, bien, évidemment… Je ne sais pas
s'il y a lieu… et là j'essaie de voir où on pourrait l'inclure… C'est que la Fédération des médecins spécialistes
nous avait recommandé qu'il pouvait être opportun, dans certains cas, de faire appel à un psychiatre.
Et là c'est pour ça que je l'aborde au début, au niveau du caractère libre et
éclairé, de l'analyse du caractère libre et
éclairé. Je ne sais pas si c'est à cette étape-ci qu'on devrait l'inclure. Et
ça rejoint aussi cette préoccupation-là… certaines préoccupations qui
ont été soulevées lors de l'étude de l'article 26. Est-ce qu'il devrait y avoir quelqu'un dans
l'évaluation, un spécialiste chargé de s'assurer du bon état de santé mentale
de la personne qui exprime cette volonté de
recourir à l'aide médicale à mourir pour être vraiment en mesure de s'assurer
qu'il ne s'agit pas d'une période creuse du processus de la maladie?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Mme la Présidente, nous pensons que ce ne serait pas une avenue à inclure dans
le projet de loi. Le député de
Jean-Talon a indiqué hier, évidemment, que, quand le médecin qui doit faire
l'évaluation a un doute important quant
à l'état psychiatrique, mental de la personne pour évaluer le consentement, il
peut requérir à un psychiatre, bien sûr, comme il peut s'enquérir de différents éléments auprès des infirmières,
par exemple, sur la question des souffrances, de la persistance des
souffrances, bon, tout ça.
On s'est posé la question, mais on n'est pas
favorables à cette avenue-là parce qu'à chaque jour il y a des décisions excessivement importantes. Je le dis
souvent, mais c'est parce que c'est vrai : L'aide médicale à mourir, c'est
très, très important, là… personne ne remet
ça en cause ici, ce n'est pas pour rien que c'est encadré comme c'est encadré
aux articles 26 et 28, notamment… mais,
à chaque jour, il y a des décisions d'arrêt de traitement, il y a des décisions
de chirurgies qui comportent des
risques très, très importants sur des personnes qui, ne serait-ce que de ça,
pourraient être en parfaite santé,
ont 12 ans, 20 ans, 25 ans. Donc, il y a des décisions très
importantes qui se prennent, et on n'exige pas ce formalisme-là
systématiquement d'aller vers le psychiatre.
C'est aussi
une manière de confirmer que c'est vraiment le médecin qui est la personne qui
évalue le consentement libre et
éclairé parce que ça serait une brèche importante dans ce principe-là si, dans
une situation donnée, on venait dire que,
systématiquement, il doit y avoir l'intervention du psychiatre. D'ailleurs, les
psychiatres eux-mêmes — dont deux qu'on a
entendus — n'étaient
pas favorables à cette inclusion systématique. Et il faut aussi être conscients
que les psychiatres ont énormément de
travail aussi, et de systématiser ça pourrait être contre-productif, je dirais,
soit banaliser les choses ou, au
contraire, les rendre d'une beaucoup plus grande complexité pour des cas qui ne
requièrent pas cet éclairage-là. Et
un médecin, un médecin qui fait son travail avec toute sa conscience, qui est
très consciencieux, s'il a un doute quant à l'état mental de la
personne, bien sûr, va avoir recours à un psychiatre.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Par contre, ce qui est prévu, là, je ne sais
pas, dans les orientations de la ministre… qu'à un moment donné ce soit facile d'avoir une disponibilité pour avoir
une consultation en psychiatrie parce qu'il reste que… pas seulement que pour l'aptitude, mais il
faut également juger, voir les réelles intentions de la personne. Les cas
faciles, je suis d'accord avec elle que ce
n'est pas nécessaire, mais il y a quand même des cas plus complexes. Est-ce que
ces personnes-là peuvent avoir une priorité
pour être évaluées? Est-ce qu'on va faire appel également à des possibilités…
Quand on est en région, il n'y a pas
toujours des psychiatres de disponibles, donc est-ce qu'on peut penser qu'on
pourrait avoir accès d'une autre façon?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
De ce que je comprends, c'est que, dans la réalité, donc, des soins de fin de
vie, c'est quand même une référence
qui se fait assez souvent, donc, parce qu'il peut y avoir des gens qui vivent
des situations excessivement difficiles
sur le plan psychique. Déjà, c'est le cas à l'heure actuelle. Et donc, en
général, il y a ces références qui se font, bien, parce qu'évidemment on comprend que, quand une personne est en fin
de vie et qu'il y a des décisions qui doivent se prendre rapidement, le psychiatre doit pouvoir être disponible
rapidement. Et, pour les échanges que j'ai eus à ce sujet-là, ça ne fait pas foi de tout à l'ensemble du Québec
et de tout ce qui se fait partout, mais c'est assez fluide comme processus
et comme accès.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Tout à l'heure, on parlait que l'article était vraiment pour encadrer la
question des pressions indues qui
auraient pu être portées. Le médecin a cette obligation de vérification, donc
j'imagine que, dans le contexte du
caractère libre de la demande, il y aura certaines démarches qui seront
effectuées. Est-ce qu'il y a quelque chose de particulier ou un processus particulier qui est suivi, qui est déjà mis
en place, par exemple, pour l'arrêt de traitement ou d'autres
interventions médicales, qui sera mis en place dans le cadre de l'aide médicale
à mourir?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
• (16 h 30) •
Mme
Hivon :
Il n'y a rien de formel, à ce que je sache, qui est prévu expressément, donc,
dans le cas d'un arrêt de traitement.
Donc, c'est l'obligation générale de toujours s'en assurer, c'est la même
chose. Mais, à la lumière de la littérature, ce qui est compris généralement,
quand on fait un examen pour s'assurer qu'il n'y a pas de pression extérieure,
c'est donc de vraiment s'assurer de
comprendre les motifs de la demande de la personne. Donc, évidemment, en ayant un échange avec elle sur les motifs de sa demande, on est capables de
voir si elle dit, par exemple : Je suis un fardeau pour mes proches, je ne veux plus être un fardeau pour
mes proches, et donc le médecin est à même d'aller fouiller ça, bien évidemment,
poser directement la question à la personne, donc : Avez-vous été l'objet
de pressions? Donc, la personne risque
quand même d'y répondre, et, bien sûr, on peut évaluer,
voir, au besoin, s'il y a eu une évaluation, là, de l'équipe qui voit un peu la dynamique aussi de la personne. Donc, ce sont des
éléments qui sont reconnus comme des éléments qui permettent d'évaluer s'il
y a présence ou non de pressions extérieures.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Dans ce contexte-là, j'imagine que le médecin… Dans tout ça, là, tout se fait
quand même un petit peu en même
temps. Le médecin qui prend ça, bon, regarde, va s'entretenir aussi avec
l'équipe. Donc, j'imagine que, dans les
échanges avec l'équipe de soins, c'est aussi une possibilité pour le médecin de
voir si, dans l'équipe de soins, il y a des gens qui ont constaté,
effectivement…
Mme
Hivon : …par
exemple, Mme la Présidente…
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est très pertinent. Oui, moi, je pense qu'à cet égard-là l'équipe est très
importante, parce qu'on pourrait voir que c'est quelqu'un qui nous dit,
depuis qu'elle est arrivée, par exemple, qu'elle va se battre jusqu'au bout,
jusqu'à son dernier souffle, malgré ses souffrances, malgré ses difficultés, et
soudainement il y a une nouvelle personne — cas très hypothétique, mais on les analyse
tous — qui
arrive dans le décor, un fils revenu de loin, et puis la personne changerait d'avis soudainement. Bien, évidemment,
l'équipe qui est plus en lien, les infirmières, pourrait dire :
Bien, on a vu quand même un changement important, il faudrait fouiller ça
davantage, là.
Je dois vous dire, Mme la Présidente, que je ne
crois pas beaucoup à la théorie du complot pour ce type de demande là, parce que je pense que, pour qu'une
personne aille jusqu'à demander, avec tout ce que ça requiert de force, quand même, et de volonté — il faut le souligner — en fin de vie, alors que la personne souffre
de manière constante… je pense que
c'est évidemment le fond de sa volonté, le fond de sa pensée vraiment qui va
transpirer. Mais c'est important de
ne pas faire comme si c'est impossible et impensable qu'il puisse y avoir des
cas où la personne, par exemple, à la suite de remarques ou de discussions qui deviendraient très intenses, puisse
évoluer et ne le demande pas nécessairement de manière tout à fait
libre. Donc, c'est pour ça qu'on le prévoit.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : L'inquiétude que les gens ont laissé savoir,
surtout les gens qui s'opposaient à l'aide médicale à mourir, c'étaient des pressions extérieures, c'est-à-dire des
enfants qui vont dire à leurs parents : Bien, je pense qu'on a assez souffert, ce serait-u… on peut-u y
penser? Sans dire que c'est des cas qui seraient très fréquents, ça peut
arriver, dans certaines familles, qu'il peut
y avoir des pressions. Et c'est : Comment on fait pour se protéger de ça?
Et c'est pour ça que, si la personne
peut décider rapidement, puis on sent qu'il y a un changement dans ses idées ou
encore on sent que la famille met des
pressions qui sont indues, il faut trouver un mécanisme pour aller chercher la
réelle intention de la personne.
Et c'est pour
ça qu'il faut avoir cet article-là, puis non seulement il faut l'avoir écrit,
il faut avoir également des intervenants
qui sont à l'affût d'anomalies qui pourraient laisser suggérer qu'il y a des
pressions qui sont inadéquates, et à
ce moment-là il y a une évaluation à faire au niveau de la patiente. Et c'est
là qu'arrive le processus d'évaluation, peut-être par un autre professionnel, ça peut être une psychologue, un
travailleur social ou encore un psychiatre, pour aller chercher l'intention réelle et également faire des
interventions au niveau de la famille. Ça, c'est le genre de dérive, puis, si…
les gens qui sont des opposés à l'aide médicale à mourir, ils nous ramènent
toujours cet argument-là. À la fin, là, nos personnes
aînées, là, on va arriver à un moment donné que, peut-être, les gens vont
pousser à ce qu'ils décèdent. Puis moi aussi,
je ne suis pas en accord avec la théorie du complot, mais il reste que,
parfois, on parle même de questions d'héritage. Il faut le dire ici, en commission parlementaire.
C'est toujours des risques, sur le nombre de personnes qu'il y a au Québec
puis le nombre de personnes qui peuvent en
faire la demande, qu'il faut être à l'affût, et nos intervenants, nos
professionnels doivent surveiller cela. Cela étant dit, ça serait de
l'exception exceptionnelle.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis bien d'accord sur ça avec le député de Jean-Talon. On l'a écrit
spécifiquement pour ça. Donc, encore
une fois, je dirais qu'il y a
certains pléonasmes dans notre projet
de loi parce qu'un consentement libre et éclairé... «libre», en soi, ça veut dire exempt de toute
pression. Si vous allez regarder toute la jurisprudence sur ces notions-là,
c'est ça.
Mais
on le met noir sur blanc justement pour rassurer les personnes qui auraient pu
avoir des craintes par rapport à ça.
Donc, je pense que c'était important de l'écrire. Puis, en même temps, je
trouve que c'est toujours important aussi de venir recadrer ce projet de loi là dans l'ensemble des choses qui se
font déjà au quotidien dans nos hôpitaux, notamment. Et je n'ai pas
entendu de gens venir nous dire qu'il y avait des abus de sédation palliative
continue, ou d'arrêt de traitement,
ou de pressions hallucinantes et indues pour que des gens en fin de vie ou que
des aînés cessent leurs traitements parce que, bon, les proches trouvent
que ça devrait arrêter. Je dois vous dire, là, on n'a pas entendu ça ni pendant
la commission spéciale ni pendant nos auditions.
Parce que moi, j'ai très, très confiance et, je l'ai déjà dit, je suis toujours
étonnée de voir certaines personnes issues
du corps médical venir nous soulever, agiter des épouvantails. Il faut entendre
tous les points de vue, bien entendu, mais ce sont des personnes qui, au
quotidien, travaillent avec des personnes vulnérables,
sont dans des situations où il y a des arrêts de traitement, où il y a des
demandes de cessation de soins, et je pense que, outre l'exception
exceptionnelle, là, qui pourrait arriver, parce qu'on ne peut pas dire que la
perfection est toujours là, ça va très bien, et les décisions se prennent bien,
puis il y a l'équipe qui peut être consultée au besoin.
Donc, moi, je veux
juste rassurer les gens aussi qui nous écoutent. Ici, on va beaucoup plus loin,
on vient tout encadrer ça d'une manière très serrée, et c'est normal, et il
faut le faire, aux articles 26 et 28, mais il faut aussi avoir confiance dans le médecin, il faut avoir confiance
dans l'équipe soignante de la personne. Parce que c'est les mêmes équipes
puis qui, au quotidien, prennent déjà…
entendent des demandes des patients, d'arrêt de traitement, vivent avec des
personnes qui sont inaptes et pour
lesquelles ces décisions-là doivent être prises, alors qu'ici on parle de
personnes aptes, donc qui vont l'exprimer elles-mêmes. Donc, je pense
qu'il faut aussi rassurer beaucoup les gens qu'on peut avoir confiance, évidemment, dans les médecins qui sont des
professionnels. Et je peux vous dire que les familles, et les proches, et les
pairs rappliqueraient assez vite s'il y avait cet effritement-là de la
confiance à l'égard du corps médical.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Sur la question du caractère éclairé de la demande,
hier, je pense que c'est hier, on avait abordé la question des personnes qui vivaient avec un handicap qui… les
personnes qui souffraient de handicap intellectuel, on en a parlé lors des consultations. Est-ce que c'est à cette étape-là
que le médecin a peut-être la responsabilité d'expliquer, en termes clairs et adaptés, à la personne à qui
il s'adresse, là, en lui expliquant clairement : Voici, est-ce bien ça que
vous souhaitez avoir comme soins,
voici ce que c'est, voici la finalité, et pour s'assurer de la compréhension de
la personne, compte tenu de son état, de l'état de la personne, de
l'état de son niveau de compréhension?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Effectivement, Mme la Présidente, c'est à ce
stade-ci, donc en s'assurant que la personne comprend bien le sens de la demande, les conséquences, sa
réalité aussi. Donc, c'est à ce stade-là que ça doit être fait par le médecin.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
• (16 h 40) •
Mme
Vallée : Les deux éléments, le caractère libre et éclairé de la
demande, est-ce que le formulaire fera état de remarques? Est-ce que le médecin aura, dans le formulaire, prescrit
des endroits pour être en mesure, par exemple, de noter certains éléments, qu'il s'agisse d'éléments
de réponse ou d'observations spécifiques au patient? Est-ce que le médecin
pourra, dans le formulaire, préciser ou
noter les petits trucs particuliers? Parce qu'on pourrait… je ne sais pas, dans
un contexte où on contestait, où une
famille devait contester, avant l'administration de l'aide médicale à mourir,
une telle… ou la validité d'une telle
demande, par exemple, sur la foi que la personne n'a pas exprimé un consentement libre et éclairé, est-ce qu'on peut… Ça, c'est le genre de truc qui pourrait survenir. Il
pourrait y avoir, à l'intérieur d'une famille, des enfants qui ne sont pas en accord avec la demande formulée
par leur mère ou par leur père, et là ils se disaient : Bien, il n'est pas
apte, ou elle a fait l'objet de pressions, ou blablabla.
Donc,
est-ce que le formulaire va permettre de consigner certains
éléments qui permettront, qu'il s'agisse de la commission ou du
tribunal, d'avoir un élément plus personnalisé, qu'il s'agisse d'un commentaire
qui est formulé ou d'autres éléments, là?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, à l'article 31, on va le voir tout à l'heure : Doivent
être inscrits et versés au dossier de la personne tous les renseignements
et les documents en lien avec la demande d'aide médicale à mourir, qu'elle soit
administrée ou non. Donc, la demande, les
motifs de la décision du médecin, donc étape par étape, et les motifs de son
refus ou de son acceptation. Donc, c'est à 31 qu'on vient le prévoir et… Voilà.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, je présume, compte tenu de 31, que le formulaire permettra, pour chaque
étape, de faire référence à des éléments particuliers.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, il y a le formulaire de demande de la personne. Évidemment, ce n'est
pas elle qui peut juger elle-même.
Donc, c'est plus ce qu'on va voir à 41, qui est-ce que le médecin va envoyer à
la Commission sur les soins de fin de vie, qui est donc
son rapport, en quelque sorte, et on va venir prévoir ce qui doit y être
inscrit.
Donc, il va avoir en
fait deux garde-fous, si vous voulez : il va consigner les principaux
éléments, bien sûr, dans le dossier du patient et il va également devoir
remplir une déclaration qu'il va envoyer à la Commission sur les soins de fin de vie, qui
va comprendre, donc, l'ensemble des éléments qui doivent être évalués. Et puis,
de l'expérience dont j'ai entendu
parler, dans les cas de doute, les médecins sont beaucoup plus prudents que
l'inverse. Donc, en général, on n'est
pas encore comme aux États-Unis, là, mais les médecins qui auraient un doute sur
l'aptitude de la personne vont être beaucoup
plus prudents. D'ailleurs, les représentants
du mouvement des personnes d'abord nous disaient que, des fois, c'était d'une grande complexité. Donc, il faut
aussi être conscient de ça, qu'il faut respecter la personne dans toute son
autonomie, même si elle peut avoir une
déficience, mais qui ne l'empêche pas, donc, de demander des soins. Donc, c'est
le jugement médical qui va être là, et ça va être consigné dans les deux
mécanismes dont je vous faisais part.
Mme
Vallée : Je ne sais
pas si mes collègues ont des commentaires sur le caractère libre et éclairé, parce que,
pour ma part, j'irais à l'autre…
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre ou Mme la députée.
Mme
Vallée : …donc, sur
la question… j'en suis maintenant au paragraphe c, on
s'assure de… le médecin doit s'assurer
de la persistance des souffrances, de la volonté réitérée d'obtenir l'aide médicale à mourir. Je comprends qu'on n'a pas inclus de délai, mais il arrive, dans… il y a,
dans certaines législatures… certaines législations, pardon, où on va prévoir qu'il doit y avoir des délais particuliers entre, bon,
l'expression de cette volonté-là et l'administration de l'aide médicale
à mourir et… ou d'espacer deux demandes, c'est-à-dire qu'il y a des entretiens,
le patient manifeste son intérêt à se voir
administrer l'aide médicale à mourir, mais il doit y avoir… il s'agit
de délais de 48 heures, de jour ou pas.
Alors,
ici, on a choisi plutôt de parler de volonté réitérée. On a choisi aussi
d'utiliser le terme «des entretiens à des
moments différents, espacés par un délai raisonnable». Donc, qu'est-ce qui
serait un délai raisonnable au terme de 28c, compte tenu qu'on n'a pas
de délai spécifique de prévu?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, excellente question que je me suis posée. Donc, le délai raisonnable, ce
n'est pas défini. Bien que ce soit une
notion qui existe déjà, ce n'est pas défini dans le Code civil du Québec. C'est un délai, donc, qui
doit être entendu dans le sens commun
du terme et selon la situation, les circonstances propres à chaque cas. Donc,
dans la jurisprudence, c'est vraiment évalué à la lumière de chaque
circonstance, ce qu'est un délai raisonnable.
Je
l'ai dit rapidement tout à l'heure, la raison pour laquelle on met ça, c'est
qu'on pense que c'est difficile, dans des
situations de fin de vie, d'arriver avec une norme complètement uniforme,
objective pour tout le monde. Et, compte tenu, je dirais, de la maladie, compte tenu de l'état de la personne, la
réalité de la répétition de la demande... elle va toujours devoir être répétée, mais, comme je le disais tout
à l'heure, si, par exemple, on mettait un délai de 15 jours, mais qu'on a
une personne qui est à l'agonie, pour qui
chaque heure de ses dernières journées est comme une semaine, ça n'aurait aucun
sens, parce que la demande en elle-même, d'aide médicale à mourir pour répondre
à des souffrances constantes et inapaisables,
deviendrait caduque en elle-même, parce qu'on pourrait dire : Le pronostic
de la personne, il est d'environ ça,
une semaine ou deux. Donc, c'est pour ça qu'on a fait le choix de ne pas mettre
de délai, comme c'est ce qui avait été établi, déterminé aussi après un
examen minutieux, là, par la commission spéciale.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Parce qu'on pourrait se poser la question à ce
que des entretiens qui ont lieu à l'intérieur d'une même journée seraient considérés comme étant des
entretiens qui ont été tenus à des moments différents. Et est-ce que, donc,
suivant ce que la ministre vient de nous
expliquer, est-ce que ça pourrait être considéré comme étant un délai
raisonnable?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Évidemment, tout ça est évalué dans les
circonstances qui sont propres à la situation. Mais, dans la réalité, je dirais, quotidienne de la pratique
en fin de vie, en général, le médecin va venir vous voir une fois par jour.
Donc, on peut penser que son entretien avec
son médecin, évidemment, serait une journée, potentiellement l'autre journée.
Je vous dirais que le médecin serait celui
qui jugerait, donc, évidemment, de la persistance des souffrances et de la
volonté réitérée en s'assurant qu'effectivement la personne l'a réitéré.
Moi,
je pense qu'il faut juste être conscient dans quelle situation on est. Donc, on
est dans une situation où, pour en venir à ça, il va falloir que la personne
réponde à l'ensemble des conditions de 26. Donc, on ne dira pas : Bien, on
va se mettre à réfléchir à ça dans
tant de jours si... Donc, on va être dans un processus d'évaluation de tout ça.
Évidemment, ça veut dire que la
situation de la personne, elle est excessivement sérieuse. Et donc c'est ce
qui, j'estime, justifie bien qu'on ne vienne pas mettre un délai formel,
qui pourrait, dans certains cas, être trop long ou peut-être trop court. Par exemple, si on mettait le 24 heures, il y a
peut-être des médecins qui diraient : Oui, mais là c'est quelqu'un pour
qui... il a une maladie qui peut
encore, je dirais, être là pendant des mois, donc le médecin pourrait
dire : Moi, je veux m'assurer de
cette persistance-là sur une période un peu plus longue, compte tenu — il y a un médecin qui l'avait déjà bien exprimé — je dirais, de l'expectative qui fait en
sorte qu'on est face à une situation où la décision est encore plus, je dirais,
importante. Mais, en même temps, si vous mettez un délai trop long puis vous
avez une personne qui est en toute fin de
vie, qu'il n'en reste que quelques jours, bien, évidemment, vous brimez cette
personne-là. Donc, c'est le choix qui a été fait. Et c'est un choix, en fait, je dois dire, qu'on a entendu à peu
près pas de commentaires sur cette question-là parce que je pense que les médecins et les juristes sont
à même d'apprécier comment cette évaluation-là va pouvoir se faire.
La
Présidente (Mme Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
• (16 h 50) •
Mme Vallée :
J'imagine qu'au même titre qu'on nous en a fait la remarque tout à l'heure, ces
entretiens-là devront être consignés au dossier...
Mme
Hivon :
Tout à fait.
Mme Vallée :
...donc pour permettre une bonne suite des choses. Puis au niveau des
entretiens...
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Pardon, Mme la Présidente. Au niveau des entretiens, est-ce qu'on a un nombre
d'entretiens? Est-ce que c'est deux, trois, cinq, 10? Je sais qu'on est
encore dans le cas d'espèce, que c'est délicat, mais est-ce qu'on pourrait, après, je ne sais pas, trois entretiens, se faire dire que ce
n'est pas suffisant? Est-ce que trois entretiens, on nous dit : Bon,
bien, ça va, c'est suffisant?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ici, là,
c'est vraiment pour évaluer la persistance des souffrances et la
volonté réitérée. C'est vraiment
dans ce cadre-là.
Des
entretiens, ça veut dire au moins deux entretiens. Donc, je pense qu'il va y
avoir des situations où la demande d'aide médicale à mourir va tellement
arriver tardivement que toute l'équipe… le médecin va avoir vu comment cette
personne-là… ça fait des jours et des semaines qu'ils sont en train d'essayer
de trouver une manière de soulager cette personne-là,
et qu'ils n'y arrivent pas, et que c'est donc excessivement difficile, et donc
je vous dirais que l'évaluation
de la persistance des souffrances ne prendra
pas de multiples entretiens avec la personne pour dire : Vous êtes sûre,
vous souffrez toujours? Parce que c'est la situation de la personne déjà
depuis des jours. On a tout essayé, il n'y a rien qui fonctionne. Donc, on peut
s'imaginer que, dans un cas comme celui-là, on n'aurait pas besoin de huit
entretiens pour s'assurer que la personne a des souffrances persistantes et
constantes versus une personne qui pourrait être dans une situation
où elle a des souffrances excessivement difficiles, mais depuis un laps de
temps plus court, et on veut s'assurer, effectivement, que cette
personne-là souffre d'une manière constante.
Je
trouve toujours ça très difficile quand on parle de cette
condition-là, je dois dire, là, d'être obligé d'évaluer la constance de la souffrance, mais ça va de soi.
Mais c'est juste qu'il y a une notion aussi, je pense, de bienveillance, de
bienfaisance qui fait en sorte qu'on ne
regardera pas la personne comme un cobaye pour s'assurer que, là, ça fait assez
longtemps qu'elle souffre de manière absolument intolérable pour qu'on puisse accéder à sa
demande, mais je pense que ça peut être un élément qui permet de voir un
peu la mesure du nombre d'entretiens, compte tenu de la situation de la personne, peut-être de la complexité de l'évaluation de ses souffrances, et est-ce
qu'elle est, donc, dans cet état-là
depuis longtemps ou moins longtemps. Donc, je pense que ça, ça va jouer pour le
nombre d'entretiens, mais évidemment c'est toujours la conscience du médecin.
Je veux dire, quand je dis la conscience, je veux dire qu'il agisse de manière
consciencieuse pour s'assurer que tout est bien respecté, notamment la question,
bien sûr, des souffrances.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je comprends
que tout est tellement... c'est tellement délicat, et on y va tellement
à du cas par cas que c'est difficile
de circonscrire et… et qu'on est également en fin de
vie, donc, ça aussi, ça va apporter
aussi des adaptations qui seront différentes d'une personne à l'autre, compte
tenu de l'état de santé de la personne. Donc, trop restreindre ne permettrait
pas nécessairement de répondre à toutes les préoccupations.
Maintenant,
sur la question de l'équipe de soins, donc le médecin doit
s'entretenir avec les membres de l'équipe de soins qui sont en contact régulier avec la personne. On nous avait
suggéré le terme «équipe interdisciplinaire». Je pense que c'était
l'Ordre des pharmaciens qui nous avait...
Mme
Hivon : Ce n'est
pas le député de Jean-Talon qui nous l'avait suggéré, celle-là, en tout cas, Mme la députée.
Mme Vallée :
Non, pas cette fois-là, pas cette fois-là, mais...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On va y penser, Mme la Présidente, on va y
penser.
Mme
Vallée : Alors, évidemment,
les membres de l'équipe de soins, on parle de qui? Parce qu'on a quand même les médecins, les infirmières, les psychologues,
on a le pharmacien, on a les travailleurs sociaux, on a... dans certains cas,
j'imagine qu'on aura également
le… pas le pasteur, mais l'animateur pastoral ou les… l'animateur spirituel,
pardon, qui sera peut-être
également d'un conseil judicieux, ne serait-ce que de la question
de la capacité du consentement libre et éclairé. Parce que, parfois, il y a ces échanges aussi avec
l'équipe qui s'occupe davantage de la spiritualité, des échanges peut-être
un petit peu plus personnels. Est-ce qu'il y a une raison
pour laquelle on y va avec les membres de l'équipe de soins et qu'on ne
parle pas nécessairement de l'équipe interdisciplinaire tel qu'il a été
suggéré?
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Il n'y a
pas de grande question de principe sur cet élément-là. C'est simplement
que ça va de soi. À
partir du moment où vous avez une
équipe de soins, hein, puis à partir
du moment où vous avez une équipe, ça
veut dire qu'il y a
plus qu'un professionnel. Donc, il y
a plus qu'une discipline. Peut-être
que la seule réserve, c'est que, selon certains — puis
on a eu ce débat-là au début de nos échanges — pour être vraiment dans une équipe interdisciplinaire au sens
strict, il faudrait y avoir quelqu'un de chacune des professions qui peut être
dans cette équipe-là. Donc, avoir l'ensemble
des… Donc, le médecin, l'infirmière, le travailleur social,
l'animateur spirituel, le pharmacien, bon, tout ça. Et il y
a peut-être des contextes, évidemment,
où la personne va être en fin de vie, mais elle n'aura pas l'ensemble de cette équipe-là. Donc, je me dis que : Est-ce que
certains interpréteraient ça comme ça? Ce n'est pas le sens que nous, nous
lui avons donné quand on en a discuté plus tôt. Mais, vraiment, on consacrait
l'idée plus générale d'équipe de soins, d'équipe
donc qui soigne la personne, qui est aux côtés de la personne. Donc, c'est
comme ça, nous, qu'on l'a prévu. Puis c'est pour ça qu'on ne le
qualifiait pas davantage.
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Puis je pense que c'est important de faire des nuances. Si on marquait
«une équipe interdisciplinaire», ça impliquerait probablement qu'il
devra y avoir une discussion puis peut-être un consensus à l'intérieur de
l'équipe, tandis que de la façon dont je le vois, c'est le médecin qui a l'air
d'être le coordonnateur. Il va chercher
l'opinion de chacun des membres de l'équipe. Ça fait que ça serait plus
sous forme, peut-être, de ce qu'on appelle des équipes multidisciplinaires, où il va chercher
l'opinion de chacun. Mais la façon dont c'est libellé, ça ne veut pas dire
qu'ils vont faire la discussion entre eux
autres. Puis je ne sais pas si c'était ça, l'intention de la ministre,
à ce qu'il y ait un
consensus de l'équipe ou encore c'est vraiment
le médecin qui est le coordonnateur des soins qui va chercher l'opinion
de chacun pour s'assurer que c'est bien libre et éclairé.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Le
sens de l'article, c'est vraiment au coeur du projet de loi et, bien sûr, la
demande de la personne. Donc, c'est évidemment
la personne qui le demande du haut de sa volonté. Et c'est le médecin qui, on
le voit, est responsable d'évaluer
l'ensemble des conditions. Donc, il peut, évidemment, et on prévoit
qu'il doit s'entretenir avec les
membres de l'équipe de soins si une telle équipe est présente, évidemment.
Donc, il devra le faire, mais il demeure le seul, je dirais, juge ultime, final, de savoir si les conditions sont
remplies. Pour moi, c'est essentiel, parce
que c'est le jugement du
médecin qui est au coeur de la réflexion. Mais, de plus en plus, puis on le
voit, les médecins, et on le souhaite aussi,
se réfèrent à l'ensemble de l'équipe quand il y a des décisions
importantes, comme on le voit déjà pour les
cas d'arrêt de traitement, pour les cas difficiles. Donc, c'est la même logique
qui va prévaloir. Mais il y a une personne qui est ultimement responsable de déterminer si la personne remplit les
conditions, et c'est le médecin. Donc, c'est le sens de l'alinéa d.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Ce principe-là, est-ce qu'il est facilement
applicable dans le cadre de soins à domicile? Est-ce qu'on a une équipe qui
peut facilement interagir entre elle? Je ne sais pas comment on procède dans un
contexte à domicile, parce
qu'on peut comprendre également que le médecin ne va pas nécessairement être au
chevet du patient sur une base régulière.
Comment on va appliquer ça dans le contexte des soins à domicile, les
entretiens réguliers, la consultation avec l'équipe multidisciplinaire?
• (17 heures) •
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : On va l'appliquer de la même manière : donc,
les mêmes exigences sont là, évidemment, qu'on soit dans un contexte ou dans un autre. Parce qu'il y a différents cas
de figure, mais il y a vraiment des médecins qui font un suivi très, très important et régulier de leurs
patients en fin de vie à domicile, là, donc ça dépend de la pratique.
Mais les quelques médecins qui font des suivis à domicile de patients en
fin de vie, pour en avoir rencontrés, là, c'est des médecins qui sont quand même disponibles, qui se rendent à domicile pour
faire leurs visites comme ils devraient les faire. Surtout en fin de vie, souvent les
visites quand même sont assez importantes, assez rapprochées, là, donc au même
titre qu'ils les feraient s'il était
dans un établissement. Puis, comme je viens de le dire, précisément,
c'est le médecin qui garde, donc, l'évaluation, mais il va s'entretenir
au besoin. Donc, à domicile, on peut s'imaginer que, oui, il va y avoir une infirmière qui va être dans le décor. Ce n'est pas
plus compliqué qu'il s'entretienne avec l'infirmière qui va à domicile. Parfois, ils vont faire partie de la même équipe.
Parfois, ça peut être des équipes qui ne sont pas en lien, mais, je veux
dire, la consultation auprès de l'infirmière peut se faire de la même manière que
s'il était dans un établissement, ou auprès d'un travailleur social, s'il y en a un dans le dossier. Donc, je pense
que c'est exactement la même réalité, puis ça va être le même niveau
d'obligation, bien entendu.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : À des fins de discussion, il n'en demeure pas
moins qu'il va probablement avoir des cas
où quelqu'un va demander à avoir l'aide médicale à mourir. Son médecin traitant
ne voudra pas la pratiquer parce qu'il ne veut pas… soit qu'il ne veut pas faire la
technique, soit qu'il n'est pas à l'aise avec ça ou par objection de conscience. Ça fait qu'il pourrait arriver qu'au
moment de poser l'acte de l'aide médicale à mourir ce soit un médecin qui connaît très peu le patient — puis ça, c'est possible — et à ce moment-là cette personne-là devra
être vigilante et devra faire le tour de la question avec les différents
intervenants.
Moi,
je le vois, cet article-là, beaucoup plus dans le cadre : un, je pense que
tout médecin devrait le faire, mais un
médecin traitant qui va voir son patient régulièrement et a l'occasion de jaser
avec la famille, a l'occasion de jaser avec les différents intervenants,
je pense qu'il est probablement la personne la plus au coeur du dossier, mais
il va avoir certainement des cas, à cause de
ce phénomène où est-ce que ça va être un médecin extérieur qui va venir
pratiquer l'aide médicale à mourir,
qui, lui, va faire le tour des différents intervenants qui ont suivi le patient
pendant longtemps. Donc, je pense que cet article-là devrait et doit
répondre à cet… pas problème, à ce phénomène.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, tout à fait. Le médecin qui, par exemple,
arriverait, donc serait tenu aux mêmes exigences bien sûr. Et on peut s'imaginer qu'il aurait des entretiens assez
importants avec le médecin, le médecin traitant aussi, qui était traitant jusqu'à ce jour où il devient le
médecin traitant, là, donc avec le précédent médecin aussi. Et, avec l'équipe,
c'est la même chose, donc il va vouloir se
tourner vers l'équipe, les infirmières qui sont au quotidien avec la personne,
le travailleur social qui a pu avoir des
échanges avec la personne, donc c'est les mêmes exigences auxquelles il va être
tenu, ça va de soi.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. En discutant, là, moi,
maintenant, je le lis vraiment d'une autre façon. Comme de fait, le médecin qui pourrait pratiquer de
l'aide médicale à mourir devra s'entretenir avec le médecin qui a suivi le
patient pendant une longue période.
Et, si on y va avec la notion qu'on a dit tantôt, celui qui fait l'aide
médicale à mourir, si je comprends bien, devient le médecin traitant
lorsqu'arrive le moment de poser l'acte…
Mme
Hivon :
C'est ça.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …là, si on est conséquents avec notre
décision d'il y a quelques minutes. O.K.
(Consultation)
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Juste me… Pourquoi est-ce qu'on a mis
«le cas échéant»?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
On a mis «le cas échéant» s'il n'y a pas d'équipe de soins, ce qui pourrait
arriver.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K.
Mme
Hivon : Donc, j'imagine, là, un cas assez rare, mais un cas
dans une région éloignée, en campagne, c'est vraiment le médecin qui se
rend à domicile, il y a possiblement une équipe au CLSC, ou tout ça, là, mais
que c'est le médecin qui est le lien avec la
personne, qui a fait toute l'évaluation, qui se rend voir la personne à chaque
jour, et tout ça. D'où «le cas
échéant», pour pas qu'on vienne se faire dire : Tout d'un coup qu'il…
Parce que, si on ne l'avait pas mis, peut-être que vous nous auriez posé
la question : Mais qu'arrive-t-il s'il n'y a pas d'équipe de soins?
Une voix :
…
Mme
Hivon :
Je dis ça comme ça. Donc, on s'était…
M.
Reid :
Ça aurait été une bonne question, par exemple.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mme la Présidente…
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Nous connaissant, c'est sûr qu'on aurait posé
la question.
Mme
Hivon :
C'est ce que je me disais.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est sûr. C'est sûr, sûr, certain. La question du… Parce que,
si je comprends bien, là, il y a comme une obligation, avec le «doit» en
haut, de s'entretenir avec…
Mme
Hivon :
L'équipe. S'il y a une équipe.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
S'il y a une équipe.
Mme
Hivon : Oui.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
O.K.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je ne sais pas si… On ne l'a pas précisé, on ne
l'a pas… mais est-ce qu'il ne serait pas opportun pour le médecin de consulter le registre des
directives médicales anticipées lorsque quelqu'un formule une demande d'aide
médicale à mourir? Je comprends que les
directives médicales anticipées ne visent pas nécessairement l'aide médicale
à mourir, mais pour permettre peut-être de mieux cerner… ou comprendre
l'état d'esprit ou s'assurer du caractère libre et éclairé, de s'assurer aussi peut-être,
si on regarde tous les éléments que le médecin doit constater, est-ce que cette
consultation du registre des directives médicales anticipées ne permettrait pas
également au médecin de comprendre peut-être l'état d'esprit?
Par
exemple, un patient qui aurait formulé un désir clair qu'il n'y ait pas
d'acharnement thérapeutique ou de permettre
de cesser un traitement x ou y pourrait comprendre un peu l'état d'esprit. Ça,
le registre des directives médicales
anticipées permettrait peut-être de voir que l'état d'esprit général de ce
patient-là, c'est quelqu'un qui ne souhaite
pas, par exemple, qu'on procède à des traitements expérimentaux, quelqu'un qui
ne souhaite pas… qui a clairement formulé
qu'il ne souhaitait pas de réanimation. Est-ce que ce registre-là ne
permettrait pas ou n'outillerait pas davantage le médecin pour comprendre ou mieux connaître son
patient? On ne l'a pas mentionné, on n'en a pas encore parlé, du registre des directives médicales
anticipées, mais, comme il est prévu dans le projet de loi que ce sera un
outil qui sera mis en place, est-ce que c'est quelque chose qui pourrait
être utile dans le cadre de l'évaluation globale de l'admissibilité ou de la
non-admissibilité du patient à l'aide médicale à mourir?
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je comprends le sens de l'intervention de ma collègue,
mais… Juste pour recadrer évidemment,
là : je sais qu'elle le sait, mais le
registre, c'est vraiment, donc, pour inscrire les directives médicales anticipées
en prévision, donc, d'une inaptitude. Donc, c'est là pour aller regarder
ce que la personne veut, ne veut pas si elle devient inapte.
Là, notre
personne, elle est apte. C'est la base, donc la personne a tout le loisir de
s'exprimer, de dire les choses de
manière contemporaine. Souvent, on a entendu dire : Oui, mais là les
directives médicales anticipées, ce serait complexe, parce que est-ce
que la personne, elle pense toujours la même chose? Puis il faut se permettre,
donc, cette latitude-là. Donc, je me dis : Là, on n'est justement pas dans
un cas comme ça. Notre personne, elle est là, elle est là de manière contemporaine, elle est capable de
s'exprimer. Ses proches peuvent être là, les entretiens peuvent être conduits
aussi, la personne peut discuter avec ses
proches. Donc, tout ça est dans le décor. Donc, je ne pense pas que, dans une
situation comme ça, un recours au registre aurait une plus value.
Je comprends ce que la députée veut dire. Si,
par exemple… S'il y a une personne qui, dans ses directives médicales anticipées, n'a absolument rien inscrit
de vouloir cesser l'acharnement thérapeutique, n'a jamais dit qu'elle voudrait refuser un traitement, puis tout ça, elle
va dire… Peut-être que ce serait surprenant, donc ça pourrait être une indication, mais, en même temps, est-ce que ça ne
pourrait pas justement venir brimer… ou mettre le médecin sur des pistes qui ne sont peut-être pas adéquates dans la
mesure où la personne a le droit, évidemment, de s'exprimer? Moi, je
pense qu'on a tout ce qu'il faut ici en écrivant très clairement que la
personne… Donc, le médecin doit s'assurer du caractère
libre et éclairé, bon, tout ça. De le faire avec la personne, on a la chance
que la personne soit là, apte, de manière contemporaine, à discuter de tout ça. Donc, je pense que c'est beaucoup
plus fort que les directives médicales anticipées.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
• (17 h 10) •
Mme Vallée :
En fait, c'était une suggestion, ce n'était pas pour donner aux directives
médicales anticipées une portée
qu'elles n'ont pas, c'était peut-être pour permettre tout simplement, parfois,
au médecin de se faire une tête, parce qu'on peut facilement penser que
le médecin ne sera pas nécessairement quelqu'un qui connaîtra personnellement
le patient. Dans les petits centres, ça sera
peut-être différent. Ce sera peut-être plus facile pour un
médecin qui pratique en milieu rural,
qui connaît son monde, qui travaille au quotidien depuis des années, bon, ça,
ça sera peut-être plus facile de bien cerner qui est la personne qui est devant lui. Mais je peux penser
que, parfois, dans les grands centres, nos grands centres urbains, nos grands centres hospitaliers, où on n'a peut-être pas cette proximité-là avec le patient, bien,
parfois, si on se questionne, c'est peut-être...
peut-être pas en faire une obligation, mais, à tout le moins, permettre au médecin... une possibilité pour le médecin de consulter, puis ça pourrait permettre à certains de
se faire une meilleure tête sur le type de personne.
Et
ça n'enlève rien, évidemment, à toute la question soulevée par la ministre
à l'effet que la personne, elle est apte, et donc qu'il peut y avoir les échanges, là, sur le
vif, très clairement. Mais, en
même temps, c'est parce qu'il y a cette... Parfois, on
revient à cette période grise, cette petite période noire, et quelqu'un
qui est dans cette période-là... bien, pour s'assurer que, bon, un, elle est apte, peut-être
que les directives médicales anticipées que la personne aura formulées dans le
passé seront harmonisées avec la demande, possiblement,
et là, à ce moment-là, le médecin pourra dire : Oui, bien, finalement,
c'est dans l'esprit… la personne devant moi,
là, ça correspond à sa philosophie de vie, à sa façon de faire les choses. Ou
le cas contraire, bien là, le médecin
pourra dire : Oups! Il y a quelque
chose qui ne tourne pas rond, et donc
je vais creuser davantage un aspect
de la question. On sait, tout ça se fait quand même assez rapidement,
là, je suis consciente, mais tout
simplement pour permettre... au même titre que le médecin va pouvoir
s'entretenir avec les membres de l'équipe de soins justement pour s'assurer de
bien connaître ou de bien comprendre la nature de la demande. Et donc moi, je
le voyais... Parce qu'il y aura un
registre. Et là on n'entre pas non plus... il n'est pas question d'aller
fouiller dans les documents formulés personnellement par une personne, là, on est vraiment dans un cas… ce n'est pas généraliste, ce n'est
pas quelque chose
qu'on fait au quotidien, on est vraiment dans un cas très particulier où la personne
formule une demande d'aide médicale à
mourir. Donc, ce n'est pas dans un autre contexte, et on va voir si... En tout cas, je soulève l'idée, comme ça.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Moi, je
pense que, dans un cas, là, vraiment extrême où, par exemple, la personne
serait seule ou aurait un proche et
puis en fait aurait voulu... Je ne
sais pas, là. Une situation, elle était vraiment enlignée d'une certaine
manière, puis là, soudainement, elle vire
complètement de demande, de réalité, elle change complètement, puis là on a
vraiment de la difficulté à
regarder est-ce qu'il y a des pressions extérieures, puis tout ça. Je
comprends ce que la députée veut
dire, ça pourrait rassurer le médecin de dire : O.K., c'est vraiment ça,
là? Je vais voir. Mais elle semblait déjà être dans cette optique, dans
cette vision des choses là quand on regarde ses directives.
Mais,
en même temps, que ça soit une possibilité, je n'ai aucun problème, si ça peut
venir aider le médecin. Mais de le
prévoir dans la loi, moi, j'aurais vraiment une crainte que ça puisse venir
brouiller un peu les cartes puis jouer un rôle qui pourrait venir
influencer un médecin, plutôt que de faire l'exercice, comme on lui demande de
le faire, avec l'équipe, avec la personne, avec des entretiens fouillés, et
tout ça, de faire son travail. Je pense que — sans présumer, là — ça
pourrait être un peu une voie de facilité ou qui aurait une influence indue sur
le médecin.
Mais
je peux comprendre que, par ailleurs, dans des situations très, très
difficiles, où le médecin a de la… c'est plus difficile pour lui d'en
arriver à statuer clairement, ça pourrait être un élément parmi d'autres, mais vraiment
un élément parmi d'autres. Puis le loisir
est là, bien sûr, si la personne en a fait, de pouvoir les
consulter. Mais de le prévoir dans la
loi, je serais réfractaire à ça, parce
qu'aussi il pourrait y avoir une réalité qui fait que ce n'est pas en
adéquation non plus avec ce que la
personne veut en lien avec l'aide médicale à mourir, là, parce qu'on est
vraiment dans ce soin spécifique de
l'aide médicale à mourir aussi, là. J'aurais peur que ça exerce… que ça soit un
élément qui aurait une trop grande influence, alors qu'on a la personne
qui est là, avec qui on peut parler, s'entretenir, l'équipe.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Mais il n'y a pas… Est-ce que le registre des
directives médicales anticipées sera… la consultation de ce registre-là sera limitée à des cas
particuliers? Je ne me souviens plus. Parce que, dans le fond, si le registre
est là et s'il peut toujours être mis à la disposition d'un médecin qui
se questionne…
Mme
Hivon :
Le…
Mme Vallée :
Tu sais, je ne sais pas, est-ce qu'on pourrait, à d, dire : «en
s'entretenant [à] sa demande avec des membres
de l'équipe de soins en contact régulier avec elle, le cas échéant», et, en
consultant, je ne sais pas, le dossier médical — bien,
j'imagine que le dossier médical sera consulté — tout document utile
aux fins de l'évaluation de la personne ou…
Et donc ça, ça pourrait comporter... il n'y aurait pas nécessairement
d'obligation de consulter le registre des
directives médicales anticipées, mais, en même temps, ça permettrait au médecin
d'avoir accès à de la documentation, à un dossier qui pourrait
l'éclairer en cas de doute.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Mme la Présidente, tout va être au dossier de la
personne, c'est-à-dire qu'à partir du moment où on a connaissance de l'existence des directives
médicales anticipées il me semble bien qu'on prévoit, dans le chapitre,
qu'elles vont être versées au dossier
médical de la personne. Donc, si le médecin connaît leur existence, pour
faciliter les choses, il va de toute
façon les verser au dossier. Donc, je ne vois pas à ce qu'ils ne seraient pas
au dossier de la personne, là. Je comprends
le sens de la question, mais, dans la pratique, dans la réalité, tous les
éléments vont être au dossier, le médecin va pouvoir consulter ça au
besoin.
Puis
j'aurais aussi une… En tout cas, oui, si on mettait le registre, j'aurais une
crainte que ça induise une confusion aussi chez les gens quant au sens
du registre…
Mme Vallée :
Du registre.
Mme
Hivon : …sur la question de l'aptitude aussi. Donc, c'est
pour les personnes inaptes, comment ça se fait qu'on le voit apparaître là, puis tout ça, là. Donc, compte tenu de
beaucoup de commentaires, je serais prudente. Mais le médecin aurait le
loisir...
Mme Vallée : Je comprends.
Mme
Hivon :
Oui. Donc, le médecin aurait le loisir de consulter tout ce qui est dans le
dossier de la personne, évidemment.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, en ayant le loisir de consulter l'ensemble du
dossier puis ayant cette référence-là, il n'est pas opportun de le préciser à 28. Et je comprends très bien la
préoccupation que la ministre vient de soulever quant au questionnement quant à l'inaptitude, l'aptitude et
la place du registre et son lien avec les directives… avec l'aide médicale
à mourir. Je comprends.
Mme
Hivon :
C'est ça.
Mme
Vallée : Oui. Ça va. Pour ce qui est de l'équipe, l'équipe de
soins, pour moi, ça va. Je ne sais pas si mes collègues avaient des
questionnements ou…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça va, c'est beau.
• (17 h 20) •
Mme
Vallée : Pour la question de s'entretenir avec les proches, il
y avait une demande formulée par… je pense, c'est le Conseil de protection des malades, qui nous disait qu'il y
avait… on utilisait, à l'intérieur du projet de loi, différentes expressions dont «proches», «personnes de
confiance» et «personne qui démontre un intérêt». Je comprends qu'il s'agit
là de termes qu'on retrouve à la LSSSS. Et ça, c'est une chose.
Et
l'autre commentaire qui a été formulé — et ça, je comprends, là, que c'est toujours
très délicat parce que ça dépend
toujours des situations propres à chacun — certaines personnes disent : Une
personne qui a formulé une demande d'aide
médicale à mourir ou les proches, la famille devrait en être informée. Et là on
comprend que «en s'entretenant de sa demande
avec ses proches, si elle le souhaite», donc, vraiment, c'est la personne qui
choisit elle-même : J'en parle à ma famille ou je n'en parle pas.
Pour toutes sortes de raisons, je garde ça pour moi. Mais je tenais…
Parce que,
bon, je comprends le sens qui est donné, mais, en même temps, il y a
des gens qui nous ont formulé des commentaires. Entre autres, il y a monsieur Arcand qui nous avait écrit, aux membres
de la commission, en septembre dernier, disant : Bien, il serait peut-être important
que les familles puissent être informées, tant… et, lui, c'était tant la
demande de sédation palliative, mais également
de la demande d'aide médicale à
mourir, et ce, même si
la personne… même s'ils ne sont pas d'accord.
Bon, je comprends
qu'une personne… Et là on est tiraillés, hein, entre le droit pour un patient
de prendre les décisions sans pression indue
justement, et de façon libre et éclairée. Une personne qui
est apte, qui a toutes ses capacités, peut,
pour toutes sortes de raisons qui lui sont propres, ne pas souhaiter
s'entretenir avec des membres de sa famille. Mais je comprends aussi qu'il y a certaines personnes
qui disent : Non, c'est important pour les familles, c'est important
pour éviter, par exemple… Je pense qu'on a tous vu… c'était lors des consultations,
on nous avait diffusé un vidéo où des membres
d'une famille — je pense, c'était aux Pays-Bas — avaient été informés, une fois le décès de
leur mère survenu, que leur mère
avait fait cette demande… avait formulé une demande, et les gens
disaient : Bien, ça n'a pas de bon sens! On n'était pas à l'aise
avec ça, nous, ça allait contre nos valeurs.
Donc,
pourquoi on n'a pas cette… pourquoi on a fait le choix de ne pas informer la
famille de la demande qui est
formulée et pourquoi laisse-t-on simplement au patient le soin de s'entretenir
avec ses proches? On comprend «famille», mais «proches», ça peut être
aussi d'autres personnes que la famille immédiate.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Pour ce qui est de la première question, «proches» versus «personne démontrant
un intérêt», «proches», c'est vraiment
utilisé, là, dans le sens commun parce qu'on est vraiment dans la question de
l'aide médicale à mourir. On veut que ce soit clair que ce sont les
personnes, donc, qui accompagnent la personne, qui sont des gens importants pour elle, là, dans le sens… si, «en
s'entretenant de sa demande avec ses proches, si elle le souhaite»... Alors
que «personne qui démontre un intérêt», on
va le retrouver dans la section sur les directives médicales anticipées, et
c'est parce que c'est une expression
qu'on retrouve déjà au Code civil. Donc, la «personne qui démontre un intérêt»…
donc, on vient comme reprendre cette
expression-là, qui est plus formelle ou moins, je dirais, usuelle, et c'est
dans un contexte plus précis.
Pour
ce qui est de la question d'aviser les proches, ce n'est pas quelque chose qui
a été retenu, qui est prévu, pour la
simple et bonne raison qu'on en viendrait, parce qu'une personne fait une
demande d'aide médicale à mourir, à informer des proches qui seraient ses proches, qui seraient ces personnes, les
membres de sa famille, alors qu'il y a des gens qui décèdent à tous les jours et, pour toutes sortes
de raisons qu'on peut trouver très tristes et très difficiles, n'ont pas appelé
leurs proches ou des gens avec qui ils n'étaient pas en contact, que ce soient
leurs enfants, leurs parents, parce qu'ils vivent leur mort, ils vivent leur
fin de vie comme ils le souhaitent, et c'est le cas dans bon nombre de morts naturelles aussi. Donc, il y a des cas
extraordinaires — et c'est
la majorité, heureusement, là — de gens qui sont entourés de leur famille et leurs proches et il y a des cas
extraordinaires de réconciliation aussi en fin de vie. Mais il y a des cas,
dans un processus normal de fin de
vie, de mort naturelle ou… de gens qui n'ont pas souhaité avoir leurs proches
ou leur famille près d'eux pour
toutes sortes de raisons qui leur appartiennent, bien évidemment. Alors, je
dirais que c'est la même réalité quand
on est dans une décision d'une demande d'aide médicale à mourir. Au nom de quel
principe, soudainement, on viendrait imposer ça à une personne du fait
qu'elle demande l'aide médicale à mourir?
La
Présidente (Mme Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Une des notions, c'est : «En
s'entretenant de [cette] demande avec ses proches, si elle le souhaite». Moi,
je le vois plus dans le sens : si elle le permet. Mais je ne veux pas
changer le mot, mais je veux qu'on en
fasse la discussion, là. Il y a une nuance, c'est : la personne peut
souhaiter. Mais moi, je me dis : Si la personne est apte à
consentir, le médecin devrait demander l'autorisation pour pouvoir en jaser
avec les proches, habituellement.
Mme
Hivon :
Exactement.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Parce qu'il y a des familles,
il faut se le dire, hein, puis moi, j'ai vécu ça sur une base assez régulière… entre autres, juste pour vous
donner la bonne pratique en soins palliatifs, c'est l'utilisation de
narcotiques, soit de la morphine, ou
encore l'hydromorphone, ou Dilaudid… Et moi, j'ai connu des enfants qui ne
voulaient pas qu'on le donne à la mère
ou au père tout simplement parce qu'ils avaient peur que ça allait les faire
plus mourir, malgré le fait que
c'était le médicament qui était requis pour soulager. Ça fait que, si on
discute avec ces gens-là puis c'est eux autres qui donnent des autorisations, ils n'auront pas de soulagement. C'est
toujours la personne qui doit décider, puis également les contacts
doivent être faits, doivent être faits avec l'autorisation de la personne.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est vraiment la personne qui est au coeur de tout
le processus, c'est la personne qui est au coeur de tout le projet de loi et, quand on parle d'aide médicale à mourir, je
pense que c'est encore plus important. La personne, elle est apte, elle est là, elle peut formuler sa
demande et elle peut dire parce qu'elle peut penser : Regardez, ça va vous
éviter, vous, médecins qui allez vous
questionner à savoir si mon consentement est vraiment libre et éclairé, je vous
le dis, parlez à ma famille, parlez à
mes proches, c'est ce que je souhaite; parce que vous allez voir, moi, depuis
le début de ma maladie, j'ai toujours
dit que c'est comme ça que je voyais ma fin de vie, c'est très clair, j'ai
toujours… Donc, il n'y aura pas de doute, tout le monde est en accord,
et tout ça.
Mais évidemment la
personne peut ne pas le souhaiter, parce que sa famille a des opinions
diamétralement opposées à elle; ou il y a
une chicane dans la famille, il y a des gens qui acceptent sa démarche, il y en
a qui ne l'acceptent pas. Évidemment,
il ne faut pas contourner tout le respect de l'autonomie de la personne qui est
au coeur de notre projet de loi, là,
en venant faire une obligation formelle puis qui pourrait amener le médecin à
dire : Oui, bien là la famille, tout ça. Ce n'est pas la famille qui prône dans ça, on peut avoir le plus
grand respect pour la famille, vouloir l'inclure, si la personne le
souhaite, discuter avec elle, mais c'est la personne, comme c'est le cas déjà
dans ces décisions-là.
Et je pense aussi
qu'on a une occasion, avec le projet de loi, de remettre ça au centre, de
vraiment remettre la personne au centre des
décisions qui la concernent, parce que je pense qu'on voit encore trop souvent
des personnes qui sont encore aptes
mais affaiblies, qui sont en fin de vie, et on voit quand même que, des fois,
c'est la famille qui prend toute la
place, c'est même la famille qui prend les décisions ou qui essaie de prendre
les décisions à la place de la personne, alors que c'est la personne qui
doit toujours prendre ses décisions. Donc, ce n'est pas le coeur de ce qui nous
occupe aujourd'hui, là, mais je pense que c'est très important de se rappeler
ça. Donc, c'est pour ça que c'est vraiment si la personne le souhaite. Là, je comprends que c'est dans le sens : le
permet, mais c'est si la personne le souhaite. On trouvait que c'était un mot plus porteur parce que c'est si
elle dit au médecin, dans le fond : Oui, je le souhaite, ça me va que vous
en discutiez avec mes proches.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, je pense à voix haute, c'est sûr que peut-être
que ça paraît mieux, mais la véritable
intention, puis ce qui est important, ce n'est pas vraiment si elle le souhaite,
mais si elle le permet. Puis je ne veux
pas faire… On ne fera pas une guerre de mots, là, mais il y a
cette intention-là de permettre, là. Puis, moi, ça rajoute à l'autonomie de la personne : ce n'est pas
juste un souhait, là, c'est vraiment de permettre au médecin de… Ça fait que, si
elle, elle ne donne pas la permission, ça lui appartient.
Moi,
à la fin, dans ce projet de loi, il y
a un élément qui était extrêmement important, c'est le respect de l'autonomie de la personne. D'ailleurs, les deux grandes
conceptions qu'on a dans ce projet de
loi, là, c'est : il y a
des gens qui viennent puis ils disent : Bien, l'autonomie est
limitée par… la vie, c'est sacré, je le vois comme ça, grosso modo; l'autre qui
disent : Écoutez, la vie, ça m'appartient
et, dans des conditions particulières comme celles-là, c'est moi qui devrais
décider, c'est moi qui dois faire les choix.
Ça fait que, pour
moi, là —
là, j'utilise un mot, «philosophique», là — au niveau
philosophique, quant à moi, l'intention, c'est de permettre au médecin de
discuter avec la famille puis pas juste un souhait. Je ne sais pas si la ministre,
elle voit. C'est sûr que c'est peut-être ma pensée à moi, là, qui est
tortueuse, là?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je vois la
nuance du député, mais justement, en l'entendant, je pense que j'aime encore
mieux le mot «souhaite», parce que
je trouve qu'on se place plus de la perspective de la personne qui dit… En
fait, on n'est pas dans l'obligation à e. C'est : si moi, je
souhaite que mon médecin s'entretienne avec mes proches, je vais lui
dire : Entretenez-vous avec mes proches, ça va faire en sorte que vous
allez être capable d'évaluer tout ça probablement encore mieux puis plus
facilement.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Exact.
Mme
Hivon : Si c'est
«si elle le permet», c'est comme si, d'autorité, le médecin doit consulter les
proches si la personne dit oui à ça. Donc, je ferais cette nuance-là, je
resterais avec le «souhaite».
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Oui, puis un des éléments, puis je fais… encore là, on pense à
voix haute. Un des éléments, par contre, qui milite en faveur
de souhaiter versus permet, c'est que parfois on veut que le médecin
s'entretienne avec les proches pour faire cheminer les proches, parce qu'on
aime nos proches puis on veut qu'ils comprennent
aussi qu'est-ce qui va se passer. Et
moi, j'ai toujours dit, dans ces cas-là, la plus grande importance, c'est
la personne qui va décéder, mais il faut
s'occuper des proches autour, puis ça, c'est apprécié par tout le monde, parce
que ce n'est pas juste une personne, là, c'est un contexte familial. Et,
pour avoir travaillé en maison de soins palliatifs, les gens, les familles qui ont accompagné leurs proches jusqu'au décès,
quand vous les revoyez deux, trois, quatre ans après, là, ils trouvent que ça a été des moments
extrêmement importants dans leur vie. Et je tiens à le dire encore : Moi, comme
médecin, c'est une pratique qui est très,
très valorisante et gratifiante parce que les gens reconnaissent que c'est un
moment extrêmement humain.
Et
perdre un être cher, là, c'est un moment qui est très particulier, puis il y en
a qui vont vous dire, même : C'est mieux, ça. Puis là je sais qu'il y a des gens qui nous écoutent là,
c'est plus une réflexion personnelle. Moi, les gens ont toujours
l'impression que c'est mieux de mourir subitement, dans un accident, mais, pour
avoir vécu les pratiques en soins
palliatifs, les moments vécus à la fin d'une vie avec nos proches que souvent
on n'a pas eu l'occasion de beaucoup partager,
là, ou on a partagé beaucoup, mais on n'a pas vécu de façon… nécessairement des
moments comme ceux-là, très intenses,
les gens vont vous dire : C'est peut-être une plus belle mort que de
mourir subitement, puis tout d'un coup tu…
En
tout cas, ça a été l'expérience que moi, j'ai partagée avec plusieurs
personnes. Puis je crois également que c'est vrai, c'est-à-dire qu'on peut vivre notre mort, et, quand elle est bien
vécue puis sans souffrance, je pense, ça nous permet de profiter des derniers moments avec notre
famille. C'est des moments extrêmement privilégiés. Puis c'est ce qui fait
d'ailleurs que, dans les maisons de soins palliatifs, vous allez voir, il y a
beaucoup de familles qui accompagnent les personnes
qu'ils aiment jusqu'à la mort et qui reviennent faire du bénévolat par la
suite. Ils viennent aider les gens, parce que, pour eux autres, ça a été des moments extrêmement particuliers.
Comme les gens qui ont participé à la commission, je pense, ont vécu une expérience commune, là. On
voit ça, là, ça transcendait les partis, là, ce que j'ai compris, là. Mais,
comme opposition, on va continuer à faire notre travail, on va poser des
questions.
Bon.
Je voyais que la ministre avait peut-être l'impression, là… mais elle peut être
certaine qu'on ne baissera pas la garde
parce qu'on veut le meilleur projet de loi possible. Alors, ça nous fait du
bien de s'exprimer, Mme la Présidente, là.
La Présidente (Mme
Proulx) : Allez-y, M. le député.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça fait que je vais acquiescer au mot
«souhaite».
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Bien, je…
Mme
Hivon : …astucieux, Mme la Présidente. Pendant que le
député de Jean-Talon parle, la députée de Gatineau s'est trouvé d'autres
questions.
Mme Vallée :
Non. C'est parce que…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mme la Présidente, nous ne faisons qu'un de
ce côté-ci.
Mme Vallée :
Ouf! J'émets une petite réserve ici.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Alors, non, c'est simplement parce que, dans la loi
belge puis… en tout cas, en fait, si telle est la volonté du patient de
s'entretenir de sa demande avec les proches, que celui-ci… Donc, si… ou plutôt
de «si elle le souhaite», c'est si telle est
la volonté, et «s'assurer que [le patient] a eu l'occasion de s'entretenir de
sa demande avec les personnes qu'elle souhaitait [rencontrer]»… Ça,
c'est le deuxième point, si telle est la volonté du patient.
Mme
Hivon : Pendant que nous discutions avec le député de
Jean-Talon, je veux simplement le dire, quelqu'un d'une très grande
intelligence, qui fait partie de l'équipe, m'a dit : «souhait» fait
référence à la volonté, alors que «permission» fait référence au consentement.
Et je pense que c'est ça, la nuance. Quand on discutait, si tu permets, c'est comme tu consens, mais ça ne vient pas de
toi, de l'expression de ta volonté. Donc, on est cohérents, je pense, avec
l'idée de l'expression de la volonté en gardant et en mettant le mot «souhait»
dans le projet de loi.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mme la Présidente, compte tenu
qu'il y a une grande intelligence d'une personne de l'autre côté,
probablement que, chacun des mots, on va se reposer des questions.
La Présidente (Mme Proulx) :
D'autres interventions?
Mme
Hivon : Je pense
qu'il n'y a pas d'autre intervention sur cet alinéa, Mme la Présidente.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mme la Présidente, il faut savoir vivre des
silences parce que c'est des moments de réflexion profonds. Là-dessus,
as-tu autre chose?
Mme Vallée : Non, on va aller à l'alinéa 2°, à moins que vous
ayez des commentaires sur... d'autres commentaires.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau, deuxième paragraphe.
Mme Vallée : Oui. Alors, au deuxième paragraphe,
on prévoit que le médecin doit «s'assurer que la personne a eu l'occasion de s'entretenir de sa demande avec les personnes
qu'elle souhaitait contacter». Et là j'aimerais comprendre la distinction. Il doit s'assurer que la personne
s'est entretenue de sa demande avec les proches, si elle le souhaitait, si
telle était sa volonté. Et est-ce que
ça peut être différent… Est-ce que les personnes qu'elle souhaitait contacter
pourraient être d'autres personnes? Est-ce que c'est plus dans ce sens-là, d'un
membre... d'un autre spécialiste, d'un... on a parlé de l'équipe qui
veillait à la vie spirituelle, j'imagine que ça peut faire partie des personnes
qu'une personne... un patient pourrait vouloir contacter.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Je comprends que ça peut avoir l'air très proche. Donc, la différence
entre l'alinéa e du 1° et le 2°,
c'est que e, en fait, c'est le médecin, si la personne le souhaite, qui va
s'entretenir, donc, avec les proches pour s'assurer du respect des
conditions.
Le 2°, c'est
que la personne, par exemple, pourrait dire : Bien, moi, en fait, avant de
finaliser le tout, j'exprime le
souhait de parler avec ma mère, mon fils ou tout ça, et, en fait, c'est juste pour
s'assurer qu'encore une fois la démarche n'est pas précipitée. Donc, c'est de demander à la personne :
Est-ce qu'il y a des gens avec qui vous souhaiteriez parler, donc, avant de finaliser la démarche? Donc, c'est
une sécurité encore de plus, c'est comme... On n'est pas du même point de vue. Il y en a un que c'est pour évaluer les
conditions. On va, au besoin, si la personne le souhaite, s'entretenir avec
les proches. Et l'autre — je comprends qu'on est dans la nuance,
là — c'est
qu'on va dire à la personne : Bon, vous êtes certaine? Est-ce qu'il
y a d'autres gens, il y a-tu des personnes avec qui vous voulez vous
entretenir? C'est ça en fait.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, Mme la Présidente, j'apprécie cette
phrase, parce que c'est un moment qui est irréversible, et on oublie ça,
de ces petites attentions, puis souvent les gens ne pensent pas comme ça
nécessairement. Mais ce n'est pas juste un geste technique, c'est un geste
humain, puis, comme de fait, à la dernière minute, ils vont peut-être avoir
quelqu'un, un ami ou un... quelqu'un qu'ils n'ont pas vu depuis longtemps avec
lequel ils aimeraient s'entretenir. Et le
fait de ne pas précipiter, parce que c'est... puis vous comprenez que, tout le
long du projet de loi, on insiste
beaucoup de prendre le temps de prendre la bonne décision, avoir le temps, la
possibilité également de revoir notre décision
et de laisser la personne qui est libre de consentir, de choisir également.
Moi, je pense que c'est intéressant, parce que ça démontre qu'on va avoir une grande attention à respecter les
volontés de la personne jusqu'à la fin, ce qui ne veut pas dire qu'on ne
peut pas améliorer ce petit bout là, mais on va... au moins, l'intention est bonne.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est vraiment quelque chose de nouveau, qui n'a aucun précédent, là, mais
c'est dans le sens de... Donc, je
sais qu'il y a des députés qui aiment les précédents et l'innovation. Voici une
grande innovation dans l'innovation, donc
d'avoir cette particularité-là, parce qu'on peut s'imaginer qu'il y a d'autres
contextes où ce serait bienvenu aussi. Mais ici, en fait, c'est de poser
la question, donc de s'assurer auprès de la personne qu'elle a eu cette
opportunité-là. C'est vraiment le sens de l'alinéa.
La Présidente (Mme Proulx) :
Y a-t-il d'autres interventions sur le 2°? Mme la députée de Gatineau?
Mme Vallée :
Bien, en fait, simplement que j'imagine qu'il n'y a pas de limite, c'est-à-dire
que, si une personne dit, bon :
J'aimerais parler à telle ou telle personne, il n'y a pas de limite comme
telle. Dès que la personne manifeste le désir de s'entretenir, de jaser de tout ça, de se questionner sur
certains aspects, à ce moment-là, tout ça est grandement accepté et bien
reçu.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député d'Orford.
• (17 h 40) •
M.
Reid : Ma compréhension, c'est aussi que le médecin doit
s'assurer qu'on n'a pas traité la personne, justement, en disant : On n'a pas le temps, ou on ne
réussit pas à rejoindre la personne, ou... Tu sais, autrement... Ça se peut qu'on ne rejoigne pas les personnes, mais le
médecin doit s'assurer que ça a été fait ou qu'on a essayé de le faire.
C'est un peu le sens, je pense, de cet article-là.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre, commentaires?
Mme
Hivon :
C'est ça, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : J'allais dire une évidence, là, c'est juste... seulement
pour dire qu'on y a pensé. Il n'y a
pas un effet de réciprocité, dans le sens que la personne peut vouloir parler à
quelqu'un même en fin de vie, mais ça ne veut pas dire que l'autre
personne va vouloir lui parler. Puis le cas très précis, c'est dans les
querelles de famille, où peut-être que la personne n'a pas parlé avec...
Puis ça, juste pour
vous dire, Mme la Présidente, je suis en bureau, puis souvent on... pas
souvent, assez régulièrement, les gens me
disent qu'ils n'ont pas eu de contact avec leur père, leur mère depuis
10 ans, n'ont pas eu de contact
avec leur enfant depuis 15 ans ou 20 ans. Et, dans ces moments-là,
souvent, il y a un moment de réconciliation. Ils pourraient demander à contacter la personne, peut-être, pour faire
un dernier adieu, mais ça ne veut pas dire que l'autre va vouloir se réconcilier. Donc, cet effet de
réciprocité n'est pas nécessaire, malgré la situation. Puis là il y a des gens
qui vont nous dire : Il me semble que
ce n'est pas humain, mais, dans les relations familiales, des fois, c'est
difficile. Et ça, il faut respecter ça également.
La Présidente (Mme
Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions, Mme la ministre?
Mme
Hivon : Bien, dans le même sens, de bien clarifier
l'intention, c'est certain qu'il n'y a pas d'obligation de résultat, là. Donc, c'est de s'assurer qu'elle a
pu le faire, dans la mesure où c'est possible de le faire. Donc, le médecin
n'est pas obligé de s'assurer que la
personne à l'autre bout a décroché, a dit oui, qu'il y a eu l'entretien et tout
ça. Donc, ça, je pense que c'est
très, très important que ça soit clair, parce que les médecins n'aimeront pas
jouer ce rôle-là, si c'est ça, là.
Donc, c'est juste de s'assurer que la personne a eu l'opportunité, donc que la
démarche soit faite pour qu'elle entre en contact avec les gens qu'elle
souhaitait contacter.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Je réinsiste encore, mais, en fait, ce que ça veut
dire, cet élément-là, ça veut dire que le médecin doit s'assurer qu'il
n'y a pas eu un abus de ce côté-là. C'est ça que ça veut dire. Autrement dit,
que la personne a eu... ses demandes ont été
prises au sérieux. C'est ça qu'on demande au médecin dans cet article-là. On ne
demande pas aux gens d'arriver à un résultat.
Effectivement,
c'est... Je pense qu'on dit tous la même chose, mais on ajoute des détails qui
vont être utiles si jamais il y a quelque chose qui se passe.
La Présidente (Mme
Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur le deuxième
paragraphe? C'est bon? Nous poursuivons, s'il n'y a pas d'autre intervention,
avec l'étude du troisième paragraphe. Y a-t-il des interventions sur le troisième
paragraphe?
Mme
Vallée : Oui. Sur le troisième paragraphe, Mme la Présidente,
on nous avait recommandé qu'il y ait un délai entre le moment où la... un délai. Je pense que c'est L'Association des
groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec qui souhaitait que... obtenir, dans un délai de
48 heures... souhaitait que le délai soit quand même relativement
court entre les deux avis.
Puis je peux
comprendre également qu'avoir un délai... Parce que, dans certaines situations,
l'état de santé pourrait être tel qu'on ait
besoin d'avoir un délai quand même relativement rapide. Et là qu'est-ce qu'on
fait, par exemple, dans une région où
on n'a pas ce deuxième médecin qui est disponible ou qui est en mesure, qui a
l'expérience ou l'expertise pour
donner cet avis-là? Donc, bon, on exige l'avis d'un second médecin, mais, si le
second médecin, il n'y en a pas ou ce n'est pas disponible, qu'est-ce
qu'on fait? Et comment on le voit?
Je
sais qu'on a souvent en tête les mégacentres hospitaliers ou les centres
urbains dans les grandes villes, mais il
y a certains endroits où peut-être que ce sera peut-être un petit peu plus
difficile de trouver ce deuxième médecin là. Donc, est-ce qu'on doit
avoir un délai de rigueur pour ne pas non plus que la demande soit
traitée : bien oui, mais on cherche un
deuxième médecin, on ne trouve pas un deuxième médecin? Comment on peut concilier ce besoin de le traiter d'une façon à l'intérieur d'un délai
diligent et raisonnable et également les contraintes qu'on peut parfois retrouver ou
auxquelles on sera peut-être confrontés dans certains cas de régions plus
isolées?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Mme la
Présidente, je soumettrais que
l'obtention du deuxième avis, d'après
moi… je n'exclus pas, là, les cas plus... vraiment, vraiment
difficiles, là, mais ça ne sera pas si difficile, parce que, pour avoir eu
des échanges avec des
médecins de soins palliatifs, plusieurs vont dire : Moi, je ne serais pas
à l'aise, par exemple, d'administrer l'aide
médicale à mourir, mais je pourrais être ce second médecin qui donne un avis
pour venir évaluer la personne, mais je
ne serais pas la personne qui administrerait, par exemple. Donc, je pense qu'il
faut garder ça à l'esprit, là, c'est-à-dire qu'en termes d'objection de conscience ou de réalité je pense que
l'intensité de ce qui est demandé au second médecin n'est pas la même que ce qui est demandé au
premier médecin. Donc, dans cette optique-là, je pense qu'il va être plus
facile d'avoir accès, donc, à des avis de
seconds médecins, qui, dans le fond, viennent confirmer ce qu'un autre médecin
a déjà dit ou infirmé.
Et je pense qu'il est difficilement... ce n'est
pas impossible, là, mais c'est difficile d'envisager, je dirais, des situations qui, uniquement de par leur situation
géographique, feraient en sorte qu'il y aurait une impossibilité de voir
un deuxième médecin. Je pense que la
possibilité, elle est toujours là, et là, bien, il y a la question que le
premier médecin doit agir de manière,
évidemment, professionnelle et diligente dans tous les cas. Donc, dès lors
qu'il estime que la personne remplit
toutes les conditions, il va devoir obtenir ce second avis, donc s'assurer,
donc, d'obtenir ce second avis, et il va le faire avec, je dirais, tout
le professionnalisme qui doit caractériser l'ensemble des gestes qu'il pose.
La Présidente (Mme Proulx) :
Y a-t-il des commentaires? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : L'avis d'un deuxième médecin, est-ce que ça
doit nécessairement se faire en personne ou c'est un avis qui pourrait
être fait par visioconférence?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est prévu dans la loi qu'il doit examiner le patient, il doit examiner la
personne, parce qu'on veut éviter...
C'est sûr que ça peut complexifier les choses, mais on veut surtout éviter que
des gens nous disent que c'est un deuxième
avis de complaisance ou... qu'on va avoir. Évidemment, on comprend qu'à chaque
fois le médecin engage sa responsabilité professionnelle, mais on a
prévu qu'il devait examiner la personne.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Quand on va être dans des endroits où,
justement, il n'y a pas beaucoup de médecins, ça va devenir une contrainte. Et, à ce moment-là, est-ce que ça pourrait
faire qu'une personne qui aurait le droit à l'aide médicale à mourir ne
pourrait pas avoir accès au service?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
• (17 h 50) •
Mme
Hivon :
Bien, on a eu ce débat-là, c'est-à-dire qu'on a eu des discussions pendant les
auditions, là, parce que le député de
Jean-Talon était préoccupé notamment pour le premier médecin, dans certains cas
aussi, là. Mais, en fait, moi, je
redis, là, je redis que je pense que ça va être moins difficile d'avoir le
deuxième que le premier. Je pense que ça va être moins difficile d'avoir le deuxième. Je comprends que ça veut dire
qu'il faut qu'il y ait deux médecins, là. Donc, oui, il faut en avoir un et un autre et il y a peut-être
des endroits très éloignés où c'est plus difficile. Mais, quand même, dans la
réalité des endroits plus éloignés, c'est
sûr qu'il y a un médecin qui, de toute façon, doit déjà, dans sa pratique,
avoir eu besoin d'avoir recours à un
autre médecin, là, ne serait-ce que parce qu'éthiquement il y a certaines
consultations de proches ou tout ça
qu'il ne peut pas faire. Donc, j'ai du mal à m'imaginer qu'il y a un médecin
qui pratique complètement, je dirais, de manière isolée. Donc, c'est sûr
qu'en général il va y avoir de ce type d'échange là.
C'est
certain, Mme la Présidente, que… Est-ce qu'on peut tout faire pour que la
personne ait accès? Oui, c'est certain.
Mais est-ce qu'on peut, dans tous les cas, le garantir à 150 %? Bien,
écoutez, c'est évident que, si la personne, par exemple… Je veux dire, la personne pourrait décéder avant qu'on ait
le deuxième avis, je veux dire, il y a des circonstances qui peuvent survenir, là. Donc, ça, c'est certain. Mais je
pense que le sens de tout ça, c'est de s'assurer que tout va être fait,
et je pense qu'on a l'équilibre entre les balises, les conditions,
l'encadrement et la responsabilité professionnelle
du médecin, et il sait qu'il doit aller chercher un second médecin. Dans son code
de déontologie, il doit s'assurer
aussi de toute une série d'obligations, puis ça va de soi que, si la demande de
la personne est là, que, s'il y a cette obligation-là, il va tout faire.
Est-ce qu'il
y a des circonstances où ça va être plus difficile? Bien, je pense que oui. Il
faut se dire : On n'est pas tout le temps dans les mêmes
circonstances si on est à Montréal, dans des unités ultraspécialisées, versus
en région archiéloignée. Il y a des réalités
qui sont différentes, qui sont déjà le fait aujourd'hui dans la médecine de
tous les jours. Mais est-ce que tout
va être fait et est-ce que l'obligation du médecin est là? Oui. L'obligation du
médecin est là, d'agir avec toute sa conscience et son professionnalisme
aussi.
Et juste dire
qu'à l'article 8 de notre projet de loi l'établissement, donc, est responsable
d'établir des corridors de services. Donc, on peut penser aussi qu'il va
y avoir un mécanisme dans des régions où ça peut se poser avec plus d'acuité de venir prévoir cette réalité-là. Et on
peut aussi s'imaginer qu'assez rapidement les choses vont se mettre en place, et il y a des personnes, des médecins qui
vont être plus à l'aise d'être des médecins qui donnent des seconds avis et
qui, possiblement, vont être présents pour pouvoir prêter main-forte à leurs
collègues, là, qui pourraient avoir plus de difficultés à trouver le second
médecin.
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon. Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Bien, en fait, là, on vient de me pointer une question
de concordance, je crois, et puis on fait encore référence, dans
l'article 28, aux conditions, alors qu'on les a modifiées à l'article 26.
Mme
Hivon :
Nous avions prévu un amendement, mais nous attendions de voir si d'autres
ajustements seraient demandés pour ne pas retirer, déposer.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mme la Présidente…
La Présidente (Mme Proulx) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Ils ne pourront pas nous en passer une.
Mme
Hivon : On
n'essaie même pas, Mme la Présidente.
Mme Vallée : Non, c'est ça.
Alors, il y avait…
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme
Hivon : On va le
prévoir.
Mme Vallée :
C'est ça. Alors, Mme la Présidente, c'était ça, et je me demandais s'il y avait
lieu, au paragraphe 3°, de prévoir,
là, le respect de toutes les conditions prévues à l'article 26. Alors, c'est
simplement pour être cohérents avec ce que nous avions adopté.
Mme
Hivon : …juste
dire, Mme la Présidente…
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : …qu'il y a
un autre élément. C'est le pronostic, parce que le pronostic n'est pas qualifié
dans l'article 28.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je l'avais vu, Mme la Présidente, mais je l'ai laissée travailler. Mais je
l'avais vu.
Mme
Hivon : Donc, il
va être prévu dans l'amendement.
Mme Vallée : Il y avait…
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Je m'excuse, Mme la Présidente. Je comprends qu'on parle d'un second
médecin. Certains groupes nous
avaient suggéré qu'il puisse… le second avis puisse être, peut-être, donné par
une équipe interdisciplinaire, donc
de l'avis de l'équipe interdisciplinaire. Donc, simplement pour les fins de nos
échanges, je souhaitais savoir pourquoi on n'avait pas retenu cette
recommandation.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Tel qu'on l'a vu précédemment, l'équipe de soins, elle est impliquée via
l'alinéa 1°d. Donc, c'est la
responsabilité du médecin de s'entretenir avec les membres de l'équipe de soins
pour faire l'évaluation du respect de
l'ensemble des conditions. Donc, ça, c'est déjà prévu.
Le rôle du
second médecin, ce n'est pas… Il pourrait le faire, mais on ne le prévoit pas spécifiquement. Le rôle du second médecin, c'est vraiment à nouveau de
faire une évaluation médicale de l'ensemble du respect des conditions. Donc, c'est la même… c'est ce qui est au coeur de
l'idée, c'est toujours d'avoir le jugement médical, donc, du médecin. Donc, c'est pour ça que c'est un second médecin
qui est prévu et non pas l'équipe. L'équipe, elle est déjà impliquée auprès
du premier médecin.
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Moi, je pense comme la ministre, c'est-à-dire
qu'il y a probablement des médecins qui
vont être prêts à poser l'acte de l'aide médicale à mourir, et il y a des
médecins qui ne voudront pas poser l'acte, mais ils vont accepter de donner un deuxième avis. Donc, ça va probablement
être plus facile de trouver des médecins qui vont donner un deuxième
avis.
Par contre,
j'en... Puis on en a parlé beaucoup durant l'audition des mémoires, lorsqu'on
faisait la hiérarchisation, c'est-à-dire que, dans la loi, ça devient un
droit que d'avoir l'aide médicale à mourir, mais il y avait une question également de disponibilité de ressources, entre
autres si on avait des médecins qui, par objection de conscience, ne pouvaient
pas poser l'acte dans
des milieux. Je voudrais juste que la ministre me reconfirme que c'est possible
qu'il peut y avoir des circonstances, qu'on espère exceptionnelles, où
quelqu'un pourrait avoir le droit et vouloir avoir l'aide médicale à mourir, mais la
disponibilité des ressources, pour toutes sortes de raisons, pourrait faire
qu'on ne pourrait pas accéder à sa demande.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Tout va être mis en place. Donc, évidemment, on veut
rassurer les gens, là, ce n'est pas un droit virtuel qui est créé, là. Donc, tout va être mis en place pour que ce
droit-là soit évidemment accessible, qu'il puisse donc être vraiment réalisé et qu'on puisse y donner
cours. Et, bien sûr, avec tout ce qu'on a prévu dans le projet de loi, on vient
maximiser, je vous dirais, toutes les chances que ce droit-là puisse s'exercer
correctement, justement, comme je le mentionnais,
en prévoyant, donc, que les établissements doivent établir des corridors de
services, ils doivent se doter de leur politique, les agences doivent
établir les mécanismes d'accès. Donc, tout est mis en place pour que toute
cette réflexion-là sur les difficultés qui pourraient survenir soit prévue le
mieux possible.
Évidemment,
il peut toujours arriver des circonstances très difficiles, des circonstances
où ça va être, malgré tout ce qui va
avoir été prévu, difficile dans certains cas, dans certaines régions. Mais tout
va être mis en place pour que tout ça soit exercé le mieux possible, de
la manière la plus fluide possible. Donc, c'est ce que je peux dire au député.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Moi, je proposerais qu'on traite en même temps l'autre paragraphe, juste
pour… parce que ça va ensemble. Le
troisième et le dernier paragraphe, là, je pense qu'il faudrait les traiter
ensemble puis de façon à ce qu'on puisse revenir au troisième alinéa.
La
Présidente (Mme Proulx) : Il y a consentement pour traiter les
deux paragraphes?
Mme
Hivon : Oui.
La
Présidente (Mme Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Justement, dans ce paragraphe-là, on se demandait… Évidemment, on nous dit que
le médecin, le second médecin, c'est
quelqu'un qui doit être indépendant à l'égard de la personne qui demande l'aide
médicale à mourir ainsi qu'à l'égard du médecin qui demande l'avis. On
l'établit comment, cette indépendance-là? Parce que je reviens encore avec mes cas de pratique en région. Bien souvent…
Bon, il arrive parfois qu'on connaît bien les médecins. Parfois, on les
connaît moins, mais généralement, les gens sont impliqués dans leur communauté.
Et donc est-ce que… la notion d'indépendance,
elle va jusqu'où, dans un contexte de la sorte? Est-ce que c'est quelqu'un qui
n'a jamais vu le patient de sa vie et
qui ne sait pas qui elle est, qui ne connaît pas sa famille, qui ne connaît pas
d'où elle vient? Donc, ça peut être important de le préciser.
La
Présidente (Mme Proulx) : Mme la ministre.
• (18
heures) •
Mme
Hivon :
Donc, je référerais la députée à, en fait, l'article 63 du Code de déontologie
des médecins. C'est la section qui s'appelle «Indépendance et
désintéressement». Donc, la notion d'indépendance, ce n'est pas de n'avoir jamais vu la personne, c'est vraiment : «Le
médecin — je lis
l'article 63 — doit sauvegarder en tout temps son
indépendance professionnelle et
éviter toute situation où il serait en conflit d'intérêts...» Donc, c'est
vraiment relié à une question de conflit
d'intérêts soit à l'égard du premier médecin ou soit à l'égard de la personne,
donc, qui est en fin de vie. C'est vraiment ça, la notion qui est au
coeur de l'idée de l'indépendance telle que vue dans le contexte médical.
La
Présidente (Mme Proulx) : Merci beaucoup. Alors, chers
collègues, compte tenu de l'heure, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 19 h 30 à la salle de l'Assemblée nationale, salon bleu.
(Suspension de la séance à
18 h 1)
(Reprise à 19 h 37)
La Présidente (Mme
Proulx) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses
travaux.
Je
vous rappelle que le mandat de la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi
concernant les soins de fin de vie. Je demande à toutes les personnes présentes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones cellulaires.
Avant
la suspension de nos travaux cet après-midi, nous avions débuté l'étude de l'article
28. Nous étions rendus à l'étude du troisième paragraphe et du dernier
alinéa. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Oui, merci,
Mme la Présidente. Alors, on était effectivement rendus à étudier le troisième alinéa, qui a été bien étudié. Je dirais qu'on est rendus au
dernier alinéa de tout. Donc, je suis ouverte pour entendre les questions
de l'opposition.
Quand on s'est quittés, en
fait, j'expliquais la notion d'indépendance en référant au Code de déontologie
des médecins, plus précisément à l'article
63, qui parle de l'indépendance professionnelle et l'évitement de toute situation de conflit d'intérêts.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci,
Mme la Présidente. Alors, on
mentionne, au dernier paragraphe, que le médecin doit rendre son avis par écrit, l'avis sur l'état
de la personne, mais on ne prévoit pas s'il y a, pour ce deuxième médecin, un
formulaire tel que celui que doit
remplir ou compléter le médecin à qui la demande est formulée, d'un. Et l'autre
élément, l'autre point
d'interrogation, c'est que l'avis du deuxième médecin est transmis à qui, est
transmis où? Est-ce qu'il est consigné au dossier du patient ou est-ce
qu'il est transmis au médecin directement? C'était le suivi à donner au deuxième avis, qui semble être un
petit peu flou.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
• (19 h 40) •
Mme
Hivon : Oui. Pour ce qui est de l'endroit où l'avis va
être consigné, c'est prévu à l'article 31, donc que «doit être inscrit ou versé dans le dossier», et, à la fin, on a «l'avis du
médecin consulté». Donc, ça, ça va être versé au dossier. Comme tel, il n'y a pas de formulaire. En
fait, l'avis du médecin doit être rempli en suivant les mêmes
conditions, donc s'assurer que toutes
les conditions prévues à l'article 26 sont bien remplies. Et c'est l'article
41 qui va venir prévoir… Et tout ça,
donc, est rendu par écrit et consigné au dossier, donc, avec, je dirais,
l'habilité professionnelle du médecin, puis, à l'article 41, on va le voir, qu'on vient prévoir, donc, les
renseignements qui vont, par la suite, être transmis à
la commission. Donc, il va y avoir tout un encadrement, à savoir ce qui doit être transmis à la commission pour s'assurer
que tout est rempli, toutes les conditions
sont remplies. Donc, on va le prévoir à cette rubrique-là, à l'article
41, par voie réglementaire.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : L'avis du second
médecin, là, c'est quelque chose qui est péremptoire.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est
quelque chose qui est effectivement obligatoire, donc il ne peut y avoir aide
médicale à mourir s'il n'y a un avis du
second médecin parce que c'est vraiment libellé en 3° comme :
«Avant — si on
lit le début de l'article 28 — d'administrer l'aide médicale à mourir, le
médecin doit...» C'est une obligation du médecin de consulter un second
médecin.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
En fait, le dossier dont le deuxième médecin prend connaissance, c'est
exactement… il a accès aux mêmes
documents que le premier médecin parce qu'on parlait un peu plus tôt, cet
après-midi, que le premier médecin, pourrait, en cas… pourrait consulter
le dossier et qu'à l'intérieur du dossier du patient se retrouvaient des directives
médicales anticipées qui permettaient peut-être de guider dans un cas un peu
plus flou. Et j'imagine que ces mêmes documents
seront mis à la disposition… l'ensemble du dossier médical du patient sera mis
à la disposition du deuxième médecin. Parce qu'on parle de dossier de la
personne, mais je comprends que c'est la totalité du dossier du patient.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, Mme la Présidente, et ça irait de soi. Mais, encore une fois, on
l'a prévu. Donc, on le prévoit au dernier alinéa de l'article 28 : «Il
prend connaissance du dossier...» Donc, non seulement il peut, mais il doit
prendre connaissance du dossier et examiner la personne. Donc, ce n'est pas
facultatif, ça va de soi, il doit prendre connaissance du dossier de la
personne.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce que le deuxième médecin a la possibilité, s'il survient des
questionnements, de s'entretenir également
avec les membres de l'équipe de soins qui sont en contact régulier? Dans le
fond, dans le fond, ma question, c'est :
Est-ce que le deuxième médecin a à procéder à la même analyse qu'a faite le
premier médecin, et donc doit-il se pencher sur chacun des éléments de l'article
26 au même titre que son collègue l'a fait précédemment?
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Il a
toutes les mêmes possibilités que le premier médecin. En fait, c'est comme si
on lui demande une consultation, un avis. Il
doit s'assurer du respect des conditions. Il a toutes les mêmes possibilités
que le premier médecin.
La
Présidente (Mme Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : S'agit-il d'une possibilité ou d'une obligation de sa
part, de procéder à cette analyse, à la même analyse?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je dirais que c'est… Si je me fie à l'article 28, en
fait, lui, son obligation, évidemment, c'est de s'assurer que toutes les conditions de l'article 26 sont respectées,
donc il va le faire en s'assurant des mêmes modalités. Pour ce qui est de s'entretenir de la demande avec
des membres de l'équipe de soins, le cas échéant, s'il y a de ces membres-là,
ma lecture serait que, oui, Mme la Présidente, il va s'entretenir avec ces
personnes-là.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Une voix :
…
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : J'ajouterais simplement que ces entretiens… Non, je
n'ai rien à ajouter. Effectivement, je maintiens ma réponse, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Est-ce qu'il a accès à l'avis qui a été rédigé par… aux notes, et à l'avis, et au
formulaire qu'a rédigé le premier médecin?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Oui, Mme la Présidente, parce que ça va être dans le dossier, et il a accès à l'ensemble
du dossier.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, je me
demande s'il ne serait pas opportun de prévoir… «Il prend connaissance…» «Il doit prendre connaissance du dossier de la personne et examiner celle-ci» pour ne pas laisser… Je
vous explique, là, la nature de cette petite distinction qui peut
paraître, à première vue, banale. Mais, comme la ministre nous indique, il
s'agit d'obligations de sa part de
procéder à tout ça, peut-être qu'il serait plus clair de le prévoir, c'est-à-dire qu'il doit prendre connaissance, ce n'est pas laissé à sa discrétion. Je
comprends que les médecins sont tenus, de par leur code de déontologie, à un certain nombre de… de procéder à l'évaluation selon des standards, là, je comprends tout ça, je comprends que leur
éthique professionnelle commande en effet de prendre connaissance du dossier,
mais j'aurais tendance à le prévoir spécifiquement. Puis ça permettra aussi de
guider la commission, dans le cadre de son évaluation ultérieure en cas de contestation, je dirais, est-ce que toutes les
étapes ont été suivies. Donc, est-ce
que le médecin prend connaissance? Est-ce que
c'est laissé à sa discrétion? Est-ce
qu'il est tenu de le faire? Bien, si le texte est clair, bien, à ce moment-là,
la question ne se posera pas.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Quand, en législation, on utilise l'indicatif
présent, dans le fond, ça veut dire que c'est une obligation parce qu'on
ne met pas «il peut». Donc, «il prend», ça veut dire qu'il doit prendre. Donc,
pourquoi, par exemple, dans la phrase
précédente, le médecin consulté doit être indépendant? C'est comme si on dit…
Là, on met le «doit» parce que, si on disait «le médecin est
indépendant», là, on dirait : Qui, qui juge de ça, là, que le médecin est indépendant? Donc, le «doit», il allait de soi, il
fallait l'inscrire. Mais ensuite, quand il dit : «Il prend connaissance du
dossier[...]. Il rend son avis par écrit»,
c'est une manière d'écrire. En législation, vous allez retrouver des tonnes de
lois où c'est écrit comme ça, à
l'indicatif du présent. Ça veut dire qu'il n'a pas le choix. Donc, «il prend»
et «il rend son avis par écrit», ça veut dire qu'il doit le faire. Donc, c'est
sous-entendu que c'est le cas. Il n'y a pas de «peut», ce n'est pas une
possibilité, c'est une obligation, de la manière que c'est rédigé.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Très rapidement. J'entends la ministre et je suis sûr
que, sur le plan légal, ça ne pose pas de problème. Mais, comme on dit «doit» partout, dans l'article,
excepté là, je ne vois pas pourquoi on ne le mettrait pas. Si ça ne change
rien, pourquoi pas?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Si ça fait le bonheur de l'opposition, je vais inscrire le «doit», mais c'est
certain que ce n'est pas requis.
Donc, je ne veux pas que, parce qu'on le change, certains pourraient
interpréter le fait que, si on n'a pas «doit», ça veut dire qu'on ne doit pas. Mais, si la volonté,
c'est que ce soit encore plus clair, compte tenu du sujet, je suis bien
ouverte. Donc, j'imagine que les collègues voudraient aussi : «Il
doit rendre son avis par écrit.»
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Oui, ça m'apparaît un point de cohérence, essentiellement.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça va. On va ajouter cet amendement aux deux autres
amendements qu'on avait soumis au test de
la vigilance de l'opposition, soit toutes les conditions et le pronostic
relatifs à la maladie. Donc, on va avoir les trois éléments dans
l'amendement qu'on pourra déposer.
La Présidente (Mme
Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 28? M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, Mme la Présidente. Mais,
quand on parle de l'indépendance du médecin, vous avez fait référence au code de déontologie du
Collège des médecins. O.K. Ça va être une question de pratique. Surtout quand on se retrouve en région, ça peut arriver
qu'il y ait des couples médecins. Un couple médecin, est-ce que… Exemple,
un des deux membres du couple donnera un avis, est-ce que l'autre pourrait
donner le deuxième avis?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça ne répondrait pas aux critères d'indépendance.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
• (19 h 50) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, Mme la Présidente.
L'autre question : Si deux
médecins pratiquent dans la même clinique, est-ce que ça répond aux
critères d'indépendance?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça
pourrait répondre aux critères d'indépendance. L'important, c'est qu'il n'y ait pas de lien de subordination,
par exemple, ou de lien familial, là, donc dans le précédent
exemple. Mais ici je dois vous dire que... C'est parce qu'on a cherché beaucoup
sur cette notion-là, et c'est vraiment la notion, telle qu'on la retrouve au code de
déontologie, qui doit être vue d'abord
comme la bonne. Mais il faut quand
même dire que, s'il y avait un lien de subordination clair...
mais ce qui est ici très rare, parce que les
médecins pratiquent de manière indépendante, là. Donc, on ne le voit pas
vraiment, mais je le dis parce que,
s'il y avait une situation où la question se posait, on pourrait estimer que le
médecin n'a pas toute l'indépendance.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, Mme la Présidente. Donc,
un genre de lien d'autorité qui ferait que la personne pourrait être
appelée à prendre une décision ou supporter une décision qui, si elle ne le
faisait pas, pourrait avoir des conséquences. Merci, Mme la Présidente. Je suis
très satisfait des réponses.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'article
28? Mme la ministre, souhaitez-vous suspendre quelques
instants pour déposer l'amendement?
Mme
Hivon :
On me dit que l'amendement est rédigé et acheminé. Mais, pour faire les copies,
il va falloir suspendre, effectivement, je crains bien, madame...
La Présidente (Mme
Proulx) : La commission suspend ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
19 h 52)
(Reprise à 19 h 56)
La
Présidente (Mme Proulx) : La commission reprend ses travaux. Alors, Mme la ministre, pouvez-vous nous faire la lecture de l'amendement déposé?
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement vise à modifier l'article 28 du projet de loi :
1° par le
remplacement, dans le paragraphe 1° du premier alinéa, de «aux conditions» par «à
toutes les conditions»;
2° par l'insertion, dans le sous-paragraphe b du paragraphe 1° du premier
alinéa et après «pronostic», de «relatif à la maladie»;
3°
par le remplacement des deux dernières phrases du deuxième alinéa par les
suivantes : «Il doit prendre connaissance du dossier de la personne
et examiner celle-ci. Il doit rendre son avis par écrit.»
Voilà, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Proulx) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des
interventions sur l'amendement déposé? S'il
n'y a pas d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'amendement proposé à l'article 28 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
Proulx) : Nous allons maintenant procéder à l'adoption de
l'article 28 tel qu'amendé. Y a-t-il des interventions sur l'article 28 tel
qu'amendé? L'article 28 est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Présidente (Mme
Proulx) : Poursuivons l'étude du projet de loi avec l'article
n° 29.
Mme
Hivon : Alors, il y a un amendement à l'article 29, qui a
déjà été soumis à l'opposition. Donc, je pourrais faire la lecture de
l'amendement à l'article 29. Donc l'amendement se lit comme suit :
Modifier
l'article 29 du projet de loi par le remplacement, dans le premier alinéa, de
«l'accompagner jusqu'à son décès» par «l'accompagner et demeurer auprès
d'elle jusqu'à son décès».
Alors, Mme la
Présidente, cette demande d'amendement nous a été faite lors des auditions de
la commission parlementaire que nous avons
tenue pendant le mois d'octobre. Et nous trouvons que c'est une excellente
suggestion. Ça allait de soi dans
notre compréhension. Mais évidemment ça aurait pu être lu différemment. Donc,
on vient clarifier que le médecin doit demeurer auprès de la personne
jusqu'à son décès. C'était une demande de l'ordre des infirmières.
La
Présidente (Mme Proulx) : Merci, Mme la ministre. Y a-t-il des
interventions? Mme la députée de Gatineau.
• (20 heures) •
Mme
Vallée : Bien, simplement, Mme la Présidente, pour remercier la
ministre d'avoir procédé à cet amendement, parce qu'effectivement le
libellé de l'article 29 pouvait laisser sous-entendre que l'aide médicale à
mourir sous la forme, peut-être, d'une forme de suicide assisté
aurait pu être acceptable et acceptée. Et le principe qui est actuellement… L'amendement vient un peu
clarifier ça, c'est-à-dire qu'on ne laisse pas la personne seule une fois la
médication ou la substance, parce que c'est les termes utilisés, administrée,
mais le médecin doit accompagner cette personne-là
tout au long, jusqu'à son dernier souffle. Et donc je pense que c'est tout à
fait à propos. Et il y a une question aussi
d'encadrement professionnel. Donc, advenant une complication, le médecin sera
au chevet de la personne. Et je crois que
c'est tout à fait à propos. Donc, pour ma part, ça me va, et c'est
conforme aux représentations qui nous ont été faites.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Un petit instant, je veux vérifier quelque chose.
Des
voix : …
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je crois,
Mme la Présidente, qu'il y
a une petite coquille. Je vais juste…
Je vais le dire tout haut. Il
faudrait remplacer, en fait, pas simplement «l'accompagner jusqu'à
son décès», mais «et l'accompagner jusqu'à
son décès» parce que maintenant
on va avoir une énumération. Et donc, si on garde le… si on n'enlève pas le
«et», il va y avoir deux «et». Ça se
lirait : «…et accompagner jusqu'à son décès et demeurer auprès d'elle jusqu'à
son décès», donc on va vous déposer… on va juste… oui, on va vous
déposer le nouvel amendement.
La Présidente (Mme
Proulx) : On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
20 h 1)
(Reprise à 20 h 4)
La
Présidente (Mme Proulx) : La commission reprend ses travaux. Y a-t-il consentement pour
retirer l'amendement précédent et le remplacer par le nouveau? Consentement? Alors, Mme la ministre, pouvez-vous
faire lecture du nouvel amendement?
Mme
Hivon : Le nouvel amendement se lit comme suit :
Modifier l'article 29 du projet de loi par le remplacement, dans le premier alinéa, de «et l'accompagner
jusqu'à son décès» par «, l'accompagner et demeurer auprès d'elle jusqu'à
son décès».
Alors, je
pourrais peut-être vous faire la lecture de l'article tel qu'amendé. Donc, ça
se lirait ainsi : «Si le médecin conclut, à la suite de
l'application de l'article 28, qu'il peut administrer l'aide médicale à
mourir à la personne qui la demande, il doit la lui administrer lui-même,
l'accompagner et demeurer auprès d'elle jusqu'à son décès.»
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. Y a-t-il des interventions sur l'amendement proposé à l'article 29?
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, ça démontre vraiment la façon dont ça va procéder. Et je ne sais pas
si la ministre, lors de ses consultations… Ça peut durer combien
de temps, la période, à partir du moment qu'on commence à administrer et
la survenue du décès? Est-ce que ça a été évalué?
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En fait, c'est vraiment en fonction des
standards cliniques et des protocoles qu'on va être plus à même d'évaluer, donc, la durée, mais on peut
s'imaginer que c'est… Le décès peut survenir dans les 20 à 30 minutes qui
vont suivre. Mais je ne veux pas m'avancer
trop loin. C'est évidemment les protocoles qui vont être déterminés, qui vont
pouvoir être plus précis, c'est-à-dire dans leur application, mais c'est un
ordre de grandeur.
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, Mme la Présidente. Et puis c'est un acte qui ne peut pas être délégué à
une infirmière, c'est-à-dire que l'injection doit nécessairement être faite par
le médecin.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je m'excuse, Mme la Présidente, je validais
une information. Donc, je veux juste entendre la fin de…
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Ça me fait plaisir de répéter. C'est un acte qui ne peut pas être délégué
à une infirmière et puis c'est nécessairement le médecin qui doit faire l'administration
de l'injection.
La Présidente (Mme Proulx) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Effectivement, c'est un acte réservé au médecin — on
va le voir plus loin — avec
un amendement à la Loi
médicale. Donc, ça ne peut pas être délégué à une infirmière.
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, j'aimerais peut-être juste poser une question à la ministre,
parce que je
pense qu'il faut en jaser à un moment donné. Lorsqu'on regarde le projet
de loi, il y a eu des interventions en disant… pour certaines personnes, c'était comme criminel parce qu'au niveau du… le fait qu'on injectait et
que la personne décédait qu'il pourrait y avoir un jour une poursuite
contre un médecin. Je pense qu'on a fait le projet de loi, il est construit en fonction
que ce soit plus un élément de soins et de santé, ce qui fait que ce qui est
prévu, c'est qu'il n'y aurait pas de poursuite
contre les médecins au niveau criminel. Mais c'était quand même un des éléments
qui revenaient assez régulièrement
dans l'argumentation, que les gens disaient qu'on ne devait pas faire… de
mettre… d'avoir une loi sur l'aide médicale à mourir.
La Présidente (Mme Proulx) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, Mme la Présidente, il ne pourrait pas y avoir de poursuite, et
je vais expliquer bien en détail la réalité.
Premièrement, c'est une loi que nous adoptons en fonction de notre compétence
en matière de santé, et c'est très
important de souligner toute l'approche que j'ai répétée, mais évidemment on
est dans une loi qui vise à assurer
un continuum de soins à une personne en fin de vie. Donc, on est dans un
contexte très particulier de fin de vie.
Dans le Code
criminel, on n'est pas du tout dans la même réalité. Il n'y a rien qui prévoit
le contexte médical, donc ce n'est
pas du tout la même chose. Et par ailleurs je tiens à dire que le ministre de
la Justice et Procureur général songe
et travaille, en fait, sur une orientation qui pourra être donnée pour
s'assurer, si la question devait venir à se poser, dans une optique de mettre la ceinture et les
bretelles, et surtout pour rassurer les médecins, qu'il ne pourrait pas y avoir
de poursuite dès lors que la loi québécoise
est suivie et les conditions prévues à la loi québécoise sont suivies. Parce
que l'administration de la justice et
la capacité aussi d'intenter des poursuites au nom du Procureur général, c'est
une capacité qui est exercée par le Québec, donc par le Procureur
général du Québec, via le Directeur des poursuites criminelles et pénales, donc il n'y aura
effectivement pas de risque, aucun risque. Et c'est important de rassurer tous
les médecins à cet égard-là, pour les médecins qui vont suivre la loi
sur les soins de fin de vie.
La Présidente (Mme
Proulx) : Merci. M. le député de Jean-Talon?
• (20 h 10) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : J'essaie d'imaginer, parce
qu'il y a des groupes qui ont clairement dit qu'ils contesteraient la loi que nous sommes en train de faire... Est-ce
qu'il pourrait y avoir un mécanisme pour lequel il devrait... avec lequel
il pourrait y avoir des poursuites contre un
médecin sans passer par le Procureur général du Québec? Moi, je ne suis pas
légiste, là, ni avocat.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Mme la Présidente, je réitère, dans toute l'évaluation qu'on a faite… Non, parce que,
d'une part, je dois vous le dire, là,
on est très confiants, juste sur la question de la loi. C'est-à-dire qu'à partir du
moment où vous avez une loi adoptée,
donc, par l'Assemblée nationale, qui est en
vigueur, qui devient, donc,
sanctionnée, et en vigueur, éventuellement, donc, cette loi-là s'applique parce
qu'elle est présumée, évidemment, légale, valide constitutionnellement. Donc, déjà, quelqu'un qui
se conformerait à la loi ne pourrait pas faire l'objet de poursuite.
Mais, puisqu'il y a
cette espèce de contexte dans lequel certains pourraient remettre en cause ou
soulever des doutes, il y a
cette volonté, donc, d'être excessivement clair en donnant en plus une
orientation au Directeur des
poursuites criminelles et pénales, de dire que, dès lors que la loi est suivie, il n'y a pas de poursuite possible. Donc, je peux
difficilement être plus claire que ça.
Et
l'objectif, c'est vraiment de rassurer. Bien que, selon notre point de vue, ça
ne soit pas nécessaire, c'est, je pense, une option intéressante dans le but de rassurer et de savoir que les
médecins ne pourront pas être poursuivis, qu'importe, donc, la situation... évidemment, dans la mesure
où ils agissent conformément à la loi, donc, sur les soins de fin de vie
adoptée en vertu de notre compétence québécoise en matière de santé.
La Présidente (Mme
Proulx) : Merci. M. le député de Jean-Talon?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Puis je ne suis pas
légiste, mais je pense qu'il faut se poser des questions. Advenant le cas que notre loi soit contestée au niveau de
la Cour suprême et qu'on perde en Cour suprême — une hypothèse, une hypothèse parce qu'il y en a qui croient qu'on
pourrait gagner — est-ce
que le scénario que la ministre vient de nous dire garderait quand même une immunité contre les
médecins qui ont fait l'acte, ou il pourrait y avoir un risque, à ce moment-là,
qui... il pourrait y avoir des mesures de prises contre les médecins?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Il ne pourrait pas y avoir de mesures de prises
rétroactivement, évidemment, contre les médecins qui auraient travaillé conformément à la loi québécoise en vigueur.
Donc, ça, ça ne serait pas une possibilité. D'habitude, on ne répond pas
aux questions hypothétiques, mais je veux être bien claire là-dessus, il n'y a
pas ce risque-là.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : J'imagine que, même s'il n'y a
aucun risque, advenant qu'il y aurait une poursuite, est-ce que le
gouvernement du Québec s'engagerait à défendre les médecins dans une cause
comme celle-là?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : On est beaucoup, beaucoup dans l'hypothétique, mais
une poursuite contre un médecin devrait être une poursuite au criminel, si je suis le raisonnement. Le Procureur
général n'autoriserait pas une telle poursuite, si vous suivez le
raisonnement, qui aurait une orientation à cet effet-là précisément. Donc,
c'est un cas qui ne pourrait pas se concrétiser.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, Mme la Présidente.
Pourquoi je pose la question? Parce qu'on a eu quand même des interventions de certains groupes qui, pour
eux autres, c'était encore... même, je pense qu'il y a une députée qui a voté
sur ce principe-là, que ça pouvait être un
risque au niveau criminel. Ça fait que j'imagine que, s'il y a des avocats ou
des légistes qui se posent des
questions, nous, pauvres médecins qui n'avons aucune formation en droit, on
pourrait avoir des inquiétudes. Puis
je veux juste qu'on rassure les professionnels qu'il n'y a vraiment aucun
risque, parce qu'il y a quand même
des gens qui vont... ils vont laisser entendre que, oui, c'est possible qu'il
puisse y avoir un risque quand on ne connaît pas le droit.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est très important, effectivement, de rassurer les
médecins, mais, je dois vous dire, Mme la Présidente,
que ça ne ferait pas quatre ans qu'on travaillerait sur ce dossier-là si
on pensait qu'on fait tout ça puis qu'on n'a pas les assises pour la faire. Donc, on est très confiants quant à
nos assises juridiques pour notre loi. Évidemment, l'application du Code criminel... l'administration
de la justice relevant aussi du Québec... On a toutes les assises aussi
pour adopter une orientation, pour que le Procureur général et ministre de la
Justice adopte une orientation.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, Mme la Présidente. Il y
a peut-être une question qui aurait pu être posée plus tard, mais
j'aimerais avoir l'opinion de la ministre. À partir du moment que la loi serait
adoptée — je
le mets au conditionnel, parce que, tant
qu'une loi n'est pas adoptée, il faut penser qu'elle pourrait ne pas l'être — il se passerait quoi, comme délai? Ça serait quoi, le délai entre
le moment de passer la loi et que ça puisse se pratiquer dans notre société?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : On va en discuter lors de l'étude des articles
d'entrée en vigueur, mais le délai qui est prévu, c'est 12 mois.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ce qui veut dire qu'advenant une adoption
entre vendredi — on
peut aller jusqu'à vendredi, Mme la
ministre, j'ai vu ça, moi, un vendredi — on pourrait adopter… ou encore juin l'année
prochaine, parce qu'il faut penser à
l'autre session aussi, là, c'est-à-dire, après ça, ça serait un délai de
12 mois avant qu'une personne puisse recevoir l'aide médicale à
mourir.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est ce qui est prévu. On va en discuter, comme je
vous dis. Ce qui est prévu, c'est 12 mois pour... à partir de la
date... au plus tard 12 mois à partir de la date de la sanction.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci pour les indications.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur
l'amendement à l'article 29? Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : En fait, sur l'amendement comme tel, non. Par contre,
sur l'article 29 tel qu'amendé, oui. Donc, je ne sais pas…
La
Présidente (Mme Proulx) : Il faudrait disposer de l'amendement.
Y a-t-il d'autres interventions sur l'amendement de l'article 29?
Sinon, on va procéder à la mise aux voix. Est-ce que l'amendement proposé à
l'article 29 est adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Présidente (Mme Proulx) : Adopté. Nous pouvons maintenant
procéder aux interventions sur l'article 29 tel qu'amendé.
Mme Vallée :
Merci, Mme la Présidente. Bon, une fois que le médecin a conclu qu'il peut
administrer l'aide médicale à mourir, est-ce
qu'il y a une raison pour laquelle on n'a pas prévu de délai ou est-ce qu'il y
a un délai à l'intérieur duquel le
médecin doit administrer ou doit procéder à l'administration de l'aide médicale
à mourir? Parce que j'imagine, là,
qu'il pourra y avoir quand même, peut-être, quelques heures, peut-être... voire
même une ou deux journées entre le moment où on a fait la demande, où le
patient aura formulé la demande et où les étapes auront été franchies. Donc,
est-ce qu'il y a un délai maximal, est-ce qu'il y a un délai minimal?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Non, Mme la Présidente. On n'a pas voulu prévoir de délai parce que tout ça,
évidemment, est tributaire de la volonté de
la personne qui est en fin de vie. Donc, dans l'échange avec son médecin... et
l'article 29, en fait, il vient
vraiment prévoir, donc, que, dès lors qu'il conclut, c'est, je dirais, les
conditions pour que lui l'administre. Donc,
c'est lui-même qui doit l'administrer, il doit rester auprès de la personne
jusqu'à son décès. Donc, c'est ce qu'on vient prévoir.
Pour
ce qui est du moment, c'est le moment, évidemment, qui va avoir été convenu par
la personne elle-même. Donc, ce n'est
pas un automatisme de dire : Ça doit se faire, voici, maintenant, puisque
c'est un soin qui est administré à la demande de la personne. Donc, ça
doit respecter la demande de la personne, la volonté de la personne.
La
Présidente (Mme Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
• (20 h 20) •
Mme
Vallée : Et, si le médecin conclut qu'il ne peut lui
administrer l'aide à mourir, il doit informer la personne qui la demande des motifs de sa décision. Là, je
veux juste m'assurer de faire une distinction : ici, on n'est pas du tout
dans le cas de l'objection de conscience,
là, ça, c'est vraiment... c'est les motifs objectifs fondés sur l'évaluation à
laquelle le médecin a procédé en vertu
de 26 et 28, là. Donc, ce n'est pas une question de dire : Vous êtes
admissible, mais, moi, personnellement,
je ne suis pas à l'aise d'administrer l'aide médicale à mourir, donc je ne vous
l'administre pas. C'est vraiment :
Vous avez formulé une demande d'aide médicale à mourir; à la suite de
l'évaluation que j'ai faite de votre dossier, je ne peux malheureusement consentir à vous administrer l'aide médicale
à mourir, puisque, selon mes... par exemple, je ne vous considère pas apte à prendre une telle décision, je ne
considère pas que votre consentement est libre et éclairé, je ne
considère pas que vos souffrances sont telles qu'il n'y a pas d'autre moyen.
Donc, c'est vraiment fondé sur le caractère
propre à la demande d'aide médicale à mourir, et à la condition du patient, et
pas du tout — parce
qu'on le verra plus tard — à
l'objection de conscience.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Exactement, Mme la Présidente, c'est vraiment fondé sur les conditions, donc, remplies
ou non, de l'article 26, telles qu'évaluées selon le processus de l'article 28.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et est-ce que
le médecin qui conclut qu'il ne peut administrer l'aide médicale à mourir doit
informer la personne par écrit? Est-ce que le refus doit être consigné à
l'intérieur d'un écrit? Puisqu'on a des écrits pour tout le processus d'évaluation,
je présume que ce refus doit être également consigné par écrit?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : À l'article 31, Mme la Présidente, les motifs
de la décision du médecin doivent être versés… inscrits et versés dans le dossier. Donc, les motifs
peuvent être pour dire que la personne remplit les conditions ou qu'elle ne les
remplit pas.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et la communication à la personne qui en fait la
demande, est-ce qu'elle doit se faire seule ou est-ce qu'elle doit se faire en présence d'un membre de
l'équipe médicale? Est-ce que cet échange-là devrait se faire simplement
entre le patient et le médecin ou est-ce
qu'il ne devrait pas y avoir quelqu'un de témoin ou quelqu'un présent au chevet
du patient ou qui accompagne le médecin?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est comme dans toute relation médecin-patient,
donc, il n'y a pas d'obligation qu'il y ait une autre personne, au même titre… ou quand vous recevez un diagnostic ou
que vous prenez une décision importante, il n'y a pas d'obligation à cet égard-là. Donc, c'est le
médecin qui informe la personne des raisons pour lesquelles, donc, il
refuserait, par exemple, l'aide médicale à mourir.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
On le verra plus tard, mais j'imagine que le patient qui voudra contester cette
décision-là… Je comprends que l'état de
santé ne le permettra pas toujours, mais un patient qui ne sera pas en accord
avec la décision du médecin et à qui
on aura refusé une demande d'aide médicale à mourir pourra s'adresser à la
commission. Donc, est-ce qu'il ne
serait pas opportun que la demande soit consignée par écrit plutôt qu'elle
demeure verbalement, qu'elle soit remise directement au patient? Parce
que je comprends que le patient aura toujours accès à son dossier, mais on
s'entend que, pour obtenir une copie de
dossier, pour obtenir une copie des différents formulaires, il peut s'écouler
du temps, des délais, puis il
y a aussi bien souvent des frais rattachés à ça pour les patients. Est-ce que
le médecin ne devrait pas informer la personne en lui remettant une copie de sa
décision ou une copie de l'évaluation?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, ça serait le mécanisme traditionnel, usuel
de plainte, sauf qu'on va avoir des articles où on vient prévoir qu'une plainte relative à une fin de vie doit être
traitée en priorité. Vous allez voir, on va amener ça. Certains avaient soulevé la question des plaintes. Donc,
c'est les mécanismes traditionnels qui sont prévus à la LSSSS, mais on va
venir prévoir que ces plaintes-là doivent
être traitées en priorité, bien évidemment, pour les raisons qu'on peut
s'imaginer facilement.
Pour ce qui est de la question du formalisme,
que ça soit remis par écrit, ce n'est pas requis parce que ça va être consigné au dossier. Et, comme pour toute
plainte qu'un patient, une personne veut formuler à l'égard d'un médecin,
l'analyse va toujours reposer sur le dossier, donc, du
patient puis le témoignage, et tout ça. Donc, il n'y a pas cette nécessité-là
d'un formalisme accru.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : J'avais cru comprendre que la Commission sur les soins
de fin de vie pouvait se pencher sur un litige survenant dans l'évaluation,
donc... O.K., la Commission sur les soins de fin de vie ne pourra se pencher.
Ce sera la Cour supérieure, le cas échéant, qui aura à se pencher dans
le contexte d'une requête qui sera présentée.
Et
donc est-ce qu'il ne serait pas opportun... Parce que, si le médecin voulait
contester le dossier, il n'aura pas,
comme dans le cadre d'un commissaire aux plaintes, accès automatiquement, par
le tribunal, par la cour, au dossier médical.
Pour pouvoir verser le dossier médical à l'intérieur du dossier judiciaire, il
y aura des frais, et bien souvent ce sera
le patient qui devra les assumer. Parce qu'on comprend, là, ce n'est pas tout à
fait le même processus qu'un processus de
plainte via le Commissaire aux plaintes, c'est vraiment une demande qui serait
formulée pour forcer la main ou forcer la... oui, forcer la main du
médecin à administrer l'aide médicale à mourir. Et donc c'est pour ça que je me
disais : Est-ce que ce ne serait pas
une bonne chose que le refus… je comprends, là, qu'il n'y aura probablement pas
des tonnes de demandes d'aide
médicale à mourir, donc on ne parle pas d'une lourdeur à n'en plus finir, mais…
le refus qui est fondé sur
l'évaluation objective de l'état de la personne puisse être remis par écrit?
Comme ça, la personne, si elle considère que le refus n'est pas fondé, bien, elle pourra s'adresser aux
tribunaux, mais elle aura à tout le moins cet élément-là, qui est le début, la base de sa demande, qui serait le refus
du médecin, alors que, si on n'a rien par écrit, c'est au patient en fin de vie à qui reviendra le soin d'obtenir copie de son
dossier, obtenir copie de tout ça, et c'est peut-être un peu lourd, et, dans
un contexte de fin de vie, ça peut être un
petit peu utopique, là. On risque de se retrouver avec des délais et des frais
qui ne sont pas nécessaires.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : O.K. Alors, ce n'est pas quelque chose qui se
retrouverait devant le tribunal, ça serait le mécanisme de plainte qui est prévu à, donc, la loi sur la
santé et les services sociaux. Ce n'est pas impossible parce que quelqu'un
peut toujours prendre un recours devant le
tribunal, mais il y aurait une mécanique plus simple, qui est celle... Parce
que c'est un acte professionnel posé
par le médecin, et là on remettrait en cause le jugement exercé par le médecin,
donc ça serait le mécanisme, donc, du médecin examinateur, à la suite
d'une plainte qui serait logée, qui serait donc aussi potentiellement référée, pour le médecin qui pratique en cabinet privé,
au Collège des médecins directement. Donc, c'est ce cheminement-là que
suivrait la plainte.
Je
comprends la préoccupation de ma collègue, mais c'est la même chose,
c'est-à-dire que ça ne sera pas plus lourd pour la personne de soumettre, par exemple, le dossier, ce qui est
consigné au dossier versus un autre formulaire qui lui aurait été remis. C'est la même chose, les motifs
vont devoir être consignés, donc le médecin va devoir consigner ça dans le dossier du patient. Et puis je ne serais pas
confortable à ce qu'on prévoie un mécanisme totalement étranger à notre
manière de fonctionner, là. À chaque... Je
dis souvent ça, mais il y a des décisions difficiles aussi qui sont… ou, je
veux dire, des jugements
professionnels qui sont posés au quotidien qui peuvent faire l'objet de
plaintes. Et ce n'est pas… on n'est
pas dans une réalité où on remet systématiquement à quelqu'un quelque
chose qui est différent de son
dossier. Le dossier, il est là, il
existe pour ça, il consigne, donc, les faits relatifs à l'état d'une personne,
et, dans ce cas-ci, c'est prévu noir sur blanc qu'on doit consigner, donc, les motifs,
tout ce qui est relatif à la demande d'aide médicale à mourir dans le dossier.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
J'aimerais juste revenir au processus prévu à la LSSSS, au processus de plainte
auquel on fait référence, là. C'est peut-être
mon manque de connaissance du milieu hospitalier, j'étais sous l'impression
qu'on parlait du Commissaire aux plaintes, mais on parle maintenant du
médecin... médecin...
• (20 h 30) •
Mme
Hivon : Tout ça
est lié, c'est-à-dire que, si vous faites une plainte au Commissaire
aux plaintes, mais que c'est
concernant un préposé ou quelque
chose qui n'est... l'entretien des
lieux, l'établissement, la gestion de l'établissement, ça va
prendre un chemin. Mais, si vous faites une plainte, mais qui concerne un acte
professionnel, ça va être référé au comité examinateur… — au comité! — au médecin examinateur,
donc responsable d'évaluer la qualité de l'acte professionnel en vertu de
l'article 45 de la LSSSS. «Lorsque la plainte de l'usager concerne un médecin,
un dentiste ou un pharmacien […] le
commissaire local aux plaintes […] la transfère sans délai pour examen au
médecin examinateur désigné conformément à l'article 42…» Donc, ça va suivre ce cheminement-là, et on va le voir,
via les amendements, que ça va être traité en priorité.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Parfait. Mais, en fait, les explications de la
ministre me conviennent. Je ne sais pas si mes collègues...
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Seulement pour continuer le
processus, le médecin pourrait être… Elle va être envoyée au médecin
examinateur, qui, lui, pourrait décider de l'envoyer au conseil des médecins,
dentistes et pharmaciens, à l'exécutif, pour traiter la plainte s'il le juge à
propos. Juste pour compléter le raisonnement jusqu'au bout.
Puis,
à la fin également, même si c'est traité par le CMDP, il pourrait y avoir une
plainte concomitante au Collège des
médecins, mais le Collège des médecins attendrait le traitement de la plainte
au niveau de l'établissement avant de
la regarder. Mais c'est le processus qui pourrait aller jusqu'au bout, mais ça,
ça serait très long et ardu, ça fait qu'on
espère que ça va se régler avant, au niveau du médecin examinateur, surtout que
je comprends que, s'il y a eu une plainte
contre le médecin et qu'on voudrait procéder, possiblement que ce serait mieux
que le médecin se retire et qu'on fasse affaire avec un autre
professionnel.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, en fait, c'est ça, là, ça serait vraiment du
cas par cas. On peut comprendre qu'une personne voudrait faire une plainte parce qu'elle estime qu'on n'a pas répondu
adéquatement, qu'on n'a pas analysé adéquatement sa demande, qu'il y a
eu un jugement professionnel exercé qui était erroné.
Par
ailleurs, est-ce que la personne pourrait dire : Ce médecin-là a erré, et
donc je me cherche un autre médecin traitant,
là? Disons que je pense que ça serait quand même d'une certaine complexité dans
les circonstances. Donc, moi, je pense
plutôt que, ce qui va arriver, c'est qu'il y aurait une plainte… et on est
vraiment dans l'hypothétique, là, parce qu'on comprend que c'est quelque chose qui ne risque pas d'arriver très
souvent, mais il y aurait une plainte, on disposerait de la plainte en priorité. Et, si on estimait qu'elle
est bien fondée, bien, évidemment, on ferait en sorte que la personne puisse
avoir accès aux soins demandés.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, quand on arrive dans ces
processus, c'est sûr qu'on pourrait suivre le processus des plaintes, puis c'est un droit du patient de
faire une plainte. Mais, si on voulait agir, dans ce cas-là, pour juste donner
accès à l'aide médicale à mourir,
théoriquement, ça va être un autre professionnel qui va devoir procéder parce
que c'est… Je ne vois pas tellement,
quand on a fait une plainte contre un médecin, que lui puisse continuer à
traiter le dossier, mais ça, ce
serait des cas très, très, très exceptionnels. Puis il ne faut pas oublier également qu'il peut y avoir une insatisfaction, mais ça ne veut pas dire qu'on va faire l'aide médicale
à mourir demain. Ça peut être quelque chose qui est prévu plus dans
quelques semaines, quelques mois.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, évidemment, Mme la Présidente, la situation de
la personne, l'évolution de son état de santé peut évoluer. L'évolution peut évoluer, c'est formidable, cette
formule-là. Donc, il peut y avoir une évolution dans l'état de santé, dans la situation médicale de la
personne, qui fait en sorte que, si elle recommençait le processus, une
nouvelle demande quelques semaines plus tard, effectivement, peut-être
que la réalité pourrait être différente. Donc, ça, c'est certain, ce n'est pas quelque chose qui est figé
dans le temps. Mais, au moment de la demande, le médecin pourrait avoir
jugé que la personne ne répond pas aux conditions.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est beau, Mme la Présidente, pour cette
partie-là.
La Présidente (Mme
Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'article 29 tel
qu'amendé? Nous allons procéder à la mise aux voix. L'article 29, tel
qu'amendé, est-il… M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …les plaintes, j'avais terminé,
mais je voulais revenir à la question de la demande des motifs de sa décision. Est-ce que la ministre
peut nous redonner des exemples — je sais qu'elle l'a déjà fait — sur des motifs de la décision?
Qu'est-ce qui pourrait faire que le médecin décide de ne pas procéder?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Tout jugement qui serait posé par le médecin qui conclurait que la personne ne
répond pas aux conditions de l'article 26,
donc que ce soit en termes de la qualité de la demande qui avait été formulée,
que ce soit par le fait qu'elle
estime qu'on n'est pas face à un déclin avancé et irréversible de sa capacité,
si, par exemple, le médecin en venait
à la conclusion que la personne pourrait retrouver un état beaucoup meilleur que celui dans lequel elle est, que
donc les souffrances pourraient être
apaisées, qu'on n'est pas dans une situation irréversible sans perspective d'amélioration. Donc, ça, c'est un exemple.
La Présidente (Mme
Proulx) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Le cas qui a été amené parce
que… qu'on a entendu parler, il y a
des gens qui nous faisaient mention qu'ils devraient avoir le droit de
décider, quel que soit l'état de leur maladie, mais en autant qu'on sache que c'est une maladie qui est irréversible,
et incurable, et grave. Ça voudrait dire que, si quelqu'un avait un pronostic
de durée de vie de deux ans, ça pourrait être suffisant pour pouvoir refuser compte
tenu qu'il ne serait pas considéré en fin de vie.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Effectivement, Mme la
Présidente, si le médecin jugeait que
la personne n'est pas en fin de vie, ce
serait un motif, comme on l'a vu lors de l'étude de l'article
26, pour décliner la demande d'aide médicale à mourir. Mais, bien concrètement, on peut s'imaginer que,
dans la relation avec le médecin traitant, dans le concret des choses, quand la personne va amorcer le processus de faire
une demande d'aide médicale à mourir, il va quand même y avoir eu un dialogue avec son médecin. Et, si, d'entrée de jeu, le médecin estime qu'il y a une des conditions qui, à la face même, n'est
pas remplie, j'imagine que, dans une bonne pratique médicale, il va en informer
son patient aussi pour ne pas susciter de faux espoirs ou de l'aligner
sur quelque chose qui se solderait, de toute façon, par un refus.
Donc, on est évidemment,
à partir du moment où, je dirais, que la demande est formulée… on peut
s'imaginer que, dans la majorité des
cas, il va y avoir une évaluation a priori du médecin qu'il y a
un potentiel que cette personne-là réponde aux conditions de l'article
26.
La Présidente (Mme Proulx) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est beau, Mme la Présidente. Je suis très satisfait des explications.
La
Présidente (Mme Proulx) : Y a-t-il d'autres interventions sur l'article
29 tel qu'amendé? L'article 29 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. Nous allons poursuivre l'étude du projet de loi avec l'article 30.
Mme
Hivon : Nous avons
un amendement, Mme la Présidente, à l'article 30.
La
Présidente (Mme Proulx) : Mme la ministre, pouvez-vous procéder à la lecture de l'amendement, s'il vous plaît?
Mme
Hivon : Oui. Alors, l'amendement de l'article
30 vise à modifier l'article 30 du projet
de loi par le remplacement du
deuxième alinéa par les suivants :
«Si le
médecin à qui la demande est formulée exerce sa profession dans un cabinet
privé de professionnel et qu'il ne
fournit pas l'aide médicale à mourir, il doit, le plus tôt possible, en aviser
le directeur des services professionnels ou toute autre personne désignée par le directeur général de l'instance
locale visée à l'article 99.4 de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux qui dessert le territoire où est située la résidence de
la personne et, le cas échéant, lui transmettre le formulaire qui lui a été
remis. Les démarches visées au premier alinéa sont alors entreprises.
«Dans le cas où aucune instance locale ne
dessert le territoire où est située la résidence de la personne, l'avis mentionné au deuxième alinéa est transmis à l'établissement exploitant un centre local de services communautaires sur ce territoire.»
Peut-être
pour qu'on analyse le tout de manière plus cohérente, je pourrais lire le
premier alinéa de l'article 30, parce
que là, en fait, l'amendement vise à venir modifier la fin de l'article, mais ce serait bien
de lire le début de l'article.
Donc, le début de l'article se lit ainsi :
«Tout médecin qui exerce sa profession dans un centre exploité par un établissement et qui refuse une demande d'aide
médicale à mourir pour un motif non fondé sur l'article 28 doit, le plus
tôt possible, en aviser le directeur des services
professionnels ou toute autre personne désignée par le directeur général
de l'établissement et, le cas échéant, lui
transmettre le formulaire de demande d'aide médicale à mourir qui lui a été
remis. Le directeur des services professionnels ou la personne ainsi
désignée doit alors faire les démarches nécessaires pour trouver un médecin qui
accepte de traiter la demande conformément à l'article 28.»
Donc, cet
article-là, c'est vraiment pour donc le médecin qui refuse, donc, d'administrer une aide
médicale à mourir pour un motif d'objection de conscience et qui doit alors
référer la demande, donc, au directeur des services professionnels ou toute autre personne qui est désignée par le
directeur général de l'établissement, parce que c'est possible, évidemment — on en a discuté amplement lors,
notamment, des consultations — qu'un médecin refuse. Et, pour s'assurer,
donc, que la personne puisse être accompagnée dans sa demande, il est important
de s'assurer que l'on puisse trouver un autre médecin. Mais, pour respecter
l'inconfort qui nous a été manifesté par certains médecins qui disaient qu'ils
seraient inconfortables à trouver eux-mêmes un autre médecin, que ça pouvait
être un fardeau indu, on vient prévoir un mécanisme,
on vient suggérer en quelque sorte, en l'écrivant dans l'article, le recours au
directeur des services professionnels, mais
on vient prévoir que c'est le directeur général qui va désigner la personne.
Donc, ça pourrait aussi être une autre entité, une autre personne au
sein, donc, de l'établissement. Donc, voilà.
Et on est
venus... Avec l'amendement, on vient préciser, donc, la mécanique, à la suite
des commentaires qui nous avaient été
faits, notamment pas les collègues de l'opposition, pour s'assurer de la
fluidité de la démarche si on est face à un médecin, donc, qui exerce sa
profession dans un cabinet privé de professionnel.
• (20 h 40) •
La Présidente (Mme Proulx) :
Merci. Y a-t-il des commentaires? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Alors, comme je viens de mentionner à mon collègue, là, ce sera un
commentaire plus d'entrée en matière que technique sur la façon de
faire.
Je comprends que l'article 30 vient
reconnaître le principe de l'objection de conscience pour le médecin et vient
reconnaître qu'un médecin n'est pas tenu personnellement d'administrer l'aide
médicale à mourir. Et là je trouve que ce n'est pas si clair que ça. Lorsqu'on lit 29 et lorsqu'on lit 30…
L'article 29, tel qu'on l'a adopté nous dit, bon : Si le médecin conclut, à la suite de l'application de 8, qu'il
peut administrer l'aide médicale à mourir, il doit l'administrer lui-même,
puis l'accompagner jusqu'à son décès, puis être avec la personne.
Mais un médecin peut
dire : Vous êtes admissible à l'aide médicale, vous remplissez les
critères de l'aide médicale à mourir, mais moi, pour des raisons que je n'ai
pas à vous divulguer... Parce que je ne vois pas en quoi le médecin aurait à divulguer ma foi religieuse, ou
mon éthique, ou mon inconfort avec l'aide médicale à mourir. Alors, un médecin pourrait dire : Vous êtes admissible,
mais moi, personnellement, je ne suis pas rendu là et je n'administrerai pas
l'aide médicale à mourir. Et, cet élément-là, on ne l'a pas clairement
mentionné.
C'est qu'on
dit : Bon, si un médecin a des raisons autres que des raisons fondées sur
28 pour refuser l'aide médicale à mourir,
bon, voici le processus qu'il devra entreprendre afin de trouver un médecin qui
va pouvoir administrer la demande
d'aide médicale à mourir. Mais on ne prévoit pas de façon claire qu'un médecin
peut en tout temps, pour des motifs
qui lui sont propres, refuser d'administrer l'aide médicale à mourir à un
patient. Et, si on veut consigner, à l'intérieur du projet de loi, un réel respect vis-à-vis l'objection de conscience,
je crois qu'on devrait spécifiquement le prévoir et, après, prévoir de quelle
façon on va le traiter afin d'éviter que le droit d'un médecin puisse faire
ombrage au droit d'un individu qui
est prévu par une loi. Mais il faudrait que ça soit clair, parce que ce n'est
pas si clair que ça lorsqu'on lit l'article.
Et même, tout à
l'heure, je questionnais la ministre à savoir, sur 29, si le médecin conclut
qu'il ne peut pas administrer l'aide
médicale à mourir. Et ça, c'était : ne peut pas l'administrer en
fonction des critères objectifs, parce que la personne ne se conforme pas aux exigences de la loi... Bon, ça, c'est
une chose. C'est beau, on avise la personne par écrit... on avise la personne qu'en raison de tel ou tel critère elle ne se conforme pas, elle ne répond
pas aux critères et donc elle ne peut pas faire cette demande-là.
Par contre,
il faudrait pouvoir prévoir clairement qu'un médecin a la possibilité de choisir de ne
pas administrer l'aide médicale à
mourir pour les motifs qui lui sont
propres, parce que je ne vois pas en quoi le médecin devrait
divulguer au patient ses motifs
personnels, mais il a cette obligation de référer. Il a cette obligation
rapidement de référer et de trouver quelqu'un
et là d'entrer dans la procédure, là, qui est introduite, entre autres, par l'amendement que la ministre dépose. Mais
je ne crois… Quand je lis tout ça ensemble, oui, c'est l'objection de conscience qu'on
prévoit, mais elle n'est pas, à mes yeux, suffisamment claire.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je
comprends le commentaire de la collègue. En fait, c'est qu'il y aurait
deux cas. Il y a l'objection de conscience, qui est celui qu'on voit le plus, mais il pourrait y
avoir un médecin qui refuse parce qu'il estime qu'il n'a pas les compétences professionnelles pour le
faire. Donc, c'est pour ça qu'on précise que ce n'est pas pour des motifs
fondés sur 28, ce qui veut dire que
ce n'est pas parce que la personne ne répond pas aux conditions, c'est
pour d'autres motifs.
Quels peuvent être
ces autres motifs? Objection de conscience, qui serait le motif le plus important,
ou une personne… un médecin qui estime qu'il
n'a pas la compétence professionnelle pour le faire, ce qui donc serait peut-être plus
rare, parce que, si… c'est le médecin qui est en contact, mais ça
pourrait arriver, donc on ne voulait pas exclure cette possibilité-là. Juste pour rassurer la députée
de Gatineau, là, il ne doit pas
divulguer les motifs à la personne, il ne peut simplement que lui dire : Moi, je ne pratique pas l'aide médicale à mourir, ce n'est pas un soin que j'administre, que je
souhaite administrer et, voici, je vais demander qu'on transfère le dossier.
Mais
il ne ferait pas l'évaluation parce
qu'à 28 c'est la personne qui administre l'aide médicale à mourir qui doit
faire l'évaluation. «Avant d'administrer
l'aide médicale à mourir, le médecin doit…» Donc, un médecin qui ne serait pas,
donc, un médecin qui pourrait administrer
l'aide médicale à mourir ne ferait pas l'évaluation, parce que, de toute façon,
le nouveau médecin va devoir faire toute l'évaluation.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Mais prenons, par exemple, le cas d'un établissement
où un médecin pourrait objectivement être en mesure de faire l'évaluation de la personne, sans l'administrer. Donc,
le médecin peut avoir les compétences professionnelles. C'est parce que je pense à certains établissements
où on n'a peut-être pas beaucoup de professionnels de disponibles — on a souvent parlé des cas en région — donc on pourrait avoir, dans un
établissement, des médecins qui ne sont pas à l'aise de performer, soit parce
qu'ils n'ont pas l'expertise, l'expérience, parce que ce seraient des cas rares
qui ne se présentent pas… ça ne se
présente pas à tous les jours, et il pourrait y avoir également, dans les
médecins, des médecins qui ne sont pas à l'aise, mais qui ont quand même
la compétence pour évaluer et donc qui pourraient…
Plutôt
que d'attendre qu'un médecin, par exemple, d'une autre région ou d'un autre
établissement se rende sur les lieux,
compte tenu qu'on est en fin de vie puis on disait, tu sais, il ne faut pas
étirer pour étirer inutilement, je croyais qu'un médecin aurait pu procéder à l'évaluation et dire : Vous êtes
admissible médicalement. Au sens médical du terme, tout est beau, j'ai procédé. Parce qu'un médecin
peut ne pas vouloir l'administrer, mais avoir toutes les compétences puis
toutes les qualités requises pour procéder à
l'évaluation du patient, parce que… il pourrait être capable de faire la part
des choses et de dire : Oui, apte et
vous correspondez à tous les critères, mais... Alors, j'ai procédé à
l'évaluation, je ne pratique pas
l'aide médicale à mourir, je préfère… Ou : En attente de l'arrivée d'un
collègue d'une autre région, d'un autre établissement, voici…
Alors, en pratique… pardon. En théorie, je
comprends que l'objectif, c'était… bon, c'est le médecin qui va administrer l'aide médicale à mourir qui va faire
l'évaluation, peut-être que, dans la pratique, ce sera un petit peu plus
compliqué, dans le sens que, si on n'a pas de médecin à
proximité, on va peut-être vouloir quand même procéder à l'évaluation.
• (20 h 50) •
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je comprends ce qui anime la députée, mais, dans le
concret, ça ne donnerait rien qu'un premier médecin qui ne fera pas
l'administration évalue. En fait, au contraire, ça ajouterait une étape, parce
que celui qui va administrer, il est
assujetti à l'obligation d'évaluer et de s'assurer que la personne répond à
l'ensemble des conditions. Donc, dans
les faits, il devrait rapidement, dès lors qu'il sait qu'il n'est pas à l'aise
à administrer l'aide médicale à mourir, se tourner, donc, vers le DSP, vers l'entité qui est prévue pour
dire : On doit trouver un médecin. Évidemment, s'il en trouve un de
lui-même, là, il n'est pas obligé… si le médecin en connaît un autre qui est à
l'aise, il peut tout de suite suggérer puis
mettre en contact le patient avec le médecin. Mais, dans les cas où il ne l'est
pas, il peut référer au mécanisme qui
est prévu à 30. Mais, dans les faits, ça n'apporterait rien parce que ça
n'enlèverait pas l'obligation qu'aurait le nouveau médecin de faire
toute l'évaluation.
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : D'accord. Je comprends. Maintenant, est-ce qu'il ne
serait pas opportun de prévoir à la loi qu'un médecin n'est pas tenu d'administrer l'aide médicale à mourir ou n'est
pas… de le prévoir clairement, la possibilité pour un médecin de ne pas
procéder à… tant pour l'objection de conscience que pour la question de
l'assurance ou de la compétence… bien,
j'hésite à utiliser le terme «compétence», là, mais peut-être du malaise vu le
manque d'expérience ou d'expertise?
La Présidente (Mme
Proulx) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est prévu, Mme la Présidente, à l'article 44, en
disant que la loi n'a pas pour effet de limiter le droit pour un professionnel de la santé de
refuser, conformément à son code de déontologie, de fournir des soins de fin de
vie pour des… ou de collaborer à leur
fourniture en raison de ses convictions personnelles. Donc, on l'a. Et, pour ce
qui est de la question de la
compétence, ça va de soi, parce que c'est aussi à son code de déontologie, puis
ça va de soi à la base.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, 44… mais 44 est un peu loin. Est-ce qu'il y a
une raison pour laquelle on l'a mis aussi loin dans le projet de loi? Je comprends que c'est «Dispositions diverses».
Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle on n'a pas prévu le mettre un
petit peu plus près ou soit entre 26 et 28?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
M. le Président, c'est parce que c'est une question d'élaboration de la
loi : il est là parce qu'il s'applique à
l'ensemble du titre II, donc sur les soins. Par exemple, ça s'applique aussi à
la sédation, l'objection de conscience,
un médecin pourrait ne pas être à l'aise. On en a entendu certains qui
n'étaient pas à l'aise non plus avec la sédation palliative, ça pourrait s'appliquer à ça aussi. Donc, on ne
voulait pas limiter l'exercice, évidemment, d'un droit qui est prévu au
code de déontologie, qui est l'objection de conscience.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Ça va.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, bien, merci, M. le
Président. La question, c'est… Si je comprends bien, on veut référer
directement au directeur des services professionnels ou encore à un autre
directeur qui serait nommé par le directeur général.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, M. le Président, notre idée, c'est que le directeur des services
professionnels pourrait être l'entité toute
désignée pour recevoir ces demandes-là. Ceci dit, on peut comprendre qu'il peut
y avoir une diversité de réalités, qu'il y a
des établissements dans lesquels on ne trouverait pas souhaitable
que ce soit une responsabilité
assumée par le directeur des services
professionnels. Donc, on prévoit la possibilité que ça puisse être une autre personne désignée par le directeur général de
l'établissement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Une proposition que… Je ne veux pas en faire un
amendement immédiatement, mais
j'aimerais ça qu'on puisse en discuter. Moi, je crois que c'est un dossier
tellement important que c'est le
directeur général qui devrait être responsable, et lui pourrait désigner un des
directeurs responsables du dossier. Pourquoi
je dis ça? C'est que, un, recruter le directeur professionnel, actuellement,
c'est très difficile. Deuxièmement, souvent,
c'est des postes qui sont occupés par des gens qui font des intérims pendant de
longues périodes. Souvent, ça change
de personne sur une base très régulière, et souvent, au niveau du directeur
professionnel, c'est souvent les équipes autour qui vont supporter le
directeur des services professionnels. Et je vous dirais même que la directrice
des soins infirmiers pourrait être aussi la personne qui pourra en être
responsable.
Et
moi, je trouve qu'on met une grande responsabilité sur le directeur des
services professionnels. Étant un dossier aussi important, la question que moi, je me posais… Ça ne devrait
certainement pas relever du conseil d'administration, mais c'est le directeur général qui doit avoir la
responsabilité de désigner quelqu'un, sans nécessairement que ce soit le
directeur des services professionnels. Puis,
dans nos établissements, en plus de ça, souvent, les directeurs des services
professionnels, ce sont des gens à temps
partiel, donc plus difficiles à rejoindre, moins disponibles, en tout cas,
qu'un autre directeur des… exemple, la directrice des soins infirmiers,
qui, elle, est en permanence.
Moi,
je regarde surtout au niveau de la fonctionnalité. Puis c'est certain que le
directeur des services professionnels, c'est
un médecin, mais je ne suis pas certain que, dans ce cas-là… un médecin rajoute,
si on part avec le principe qu'ils vont
devoir trouver un autre médecin pour faire le travail… Mais ça, ça va être à
l'établissement de s'organiser pour avoir une banque de médecins qui
pourraient pratiquer l'aide médicale à mourir.
Et là je tiens à rappeler,
M. le Président, lors du projet de loi, j'ai toujours dit que les principes
sont là, nous sommes d'accord. Moi,
personnellement, je suis d'accord. Je pense que l'intention est bonne. C'est
l'application qui est difficile et
c'est pour ça que j'aimerais ça qu'on ait une situation un peu plus facile à
gérer à l'intérieur de l'établissement. Et sans compter que l'AQESSS était d'accord avec le projet, ça fait que
j'imagine que… L'AQESSS est composée des directeurs généraux; bien, je
pense qu'ils devraient assumer leurs responsabilités.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, dans la rédaction actuelle, ça peut être le
directeur général de l'établissement, hein? Il n'y a rien qui l'empêche, parce que c'est le DSP ou
toute autre personne désignée par le directeur général, donc le directeur
général, il peut décider que c'est lui-même.
La raison pourquoi on a choisi le directeur des services professionnels, tout
en permettant que ça puisse être une autre
personne, c'est parce qu'il nous semblait plus logique, mais… Je suis ouverte
à la discussion, mais il nous semblait plus
logique que ce soit une personne, un directeur qui est en lien assez étroit
avec l'équipe de médecins, ce qui est
quand même le cas davantage du DSP que du directeur général de l'établissement,
là. Au quotidien, dans la pratique, il y a des médecins qui vont être
très, très peu en lien avec le directeur général de l'établissement.
Donc,
ça nous semblait plus, je dirais, naturel que ce soit cette personne-là, qui
connaît très bien le corps médical, qui
connaît autant les médecins qui se référeraient pour dire : Moi, je
n'accepte pas d'administrer l'aide médicale à mourir que ceux qui pourraient être disposés à le faire
et donc à prévoir la mécanique. Ça nous semblait plus, je dirais, logique
et naturel, tout en concevant que ça puisse
ne pas être le cas partout. Et donc de venir prévoir cette souplesse-là que ce
soit une autre personne qui puisse être désignée, c'était comme un indicateur,
sans être une obligation.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (21 heures) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Trois arguments. Premier
argument : moi, j'ai eu des représentations des directeurs des services professionnels et des représentants
qui ne sont pas d'accord du tout avec ça, parce que, pour eux autres, là,
ce n'est pas à eux autres que ça incombe, la tâche d'avoir à assumer une loi
qui s'adresse à toute la population.
Le
deuxième argument : c'est beaucoup plus difficile de recruter des
directeurs de services professionnels. Ce sont des endroits où ce que… Comme je le dis, au Québec, s'il y a de
l'instabilité… Je crois qu'à un moment donné il manquait jusqu'à 40 ou 50 directeurs des services professionnels pour
l'ensemble des établissements. Et, entre autres, lorsque c'est dans la fonction de CLSC, souvent, les directeurs de
services professionnels, ce ne sont même pas des médecins.
Et le troisième argument :
que moi, je verrais mieux comme libellé, j'aimerais mieux que ça soit le
directeur général qui soit responsable ou
avec la possibilité de désigner un directeur dans l'établissement. Ça neutralise la possibilité
que ce soit nécessairement le directeur
des services professionnels. Parce
que, de la façon dont c'est libellé,
le directeur général va sûrement
dire : Regardez, l'intention du législateur, c'est vraiment, d'abord, que ça soit le directeur des services professionnels. Ça fait que moi, je pense que,
pour bien faire maintenant, j'aimerais mieux que ça soit le directeur général
qui soit responsable. Et, lui, si son
directeur des services professionnels s'entend avec lui, ou, encore, il décide
de désigner son directeur des services professionnels, ça va être
beaucoup plus facile.
Et je rappellerai que
ça arrive assez régulièrement que les directeurs des services professionnels,
c'est des personnes qui sont dans
l'établissement, qui prennent la responsabilité... Parce qu'on a l'obligation
d'avoir un directeur des services
professionnels, il y a des endroits qu'ils sont là seulement qu'une journée par
semaine. Et moi, je pense que c'est
la responsabilité de l'ensemble de l'établissement d'avoir à assumer tout ce
qui concerne l'acte médical à mourir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je comprends. Je suis bien l'argumentation du député de Jean-Talon; peut-être
juste des éléments à mettre en perspective. En fait, c'est de
savoir, la règle de base va être plus : Quoi? Qu'est-ce qui va
ressortir de notre article 30,
dans le fond? Parce que la faculté que ça soit quelqu'un d'autre que le DSP,
elle est là, parce qu'on prévoit que ça peut être une autre personne qui
est désignée. Puis le député de Jean-Talon, en fait, ce qu'il nous dit,
c'est : On devrait y aller à l'inverse,
que ce soit le directeur général, en partant, qui soit celui qui a la
responsabilité de le faire ou de désigner une autre personne. Donc, en
fait, c'est une question de perspective comme l'accent où on veut le mettre.
J'entends bien ce que le député nous dit, je
sais que ce n'est pas facile de recruter nécessairement des DSP. Je dois dire
que je trouve ça regrettable. Parce qu'on les avait... Ils ne sont pas venus en
commission parlementaire, malheureusement;
on n'a pas reçu leurs commentaires, l'association des DSP, puis je pense que ça
aurait été un plus de pouvoir échanger sur cette question-là.
Mais c'est certain que, ceci dit, je comprends
que ce n'est pas facile d'être DSP, mais un directeur général d'établissement, on se comprend qu'il en a large
sur les épaules aussi. Et, au quotidien, est-ce que c'est cette personne-là
qui va être capable, rapidement, de trouver
le médecin qui va pouvoir administrer l'aide médicale à mourir, alors que c'est
beaucoup plus éloigné, je soumettrais, de
ses fonctions habituelles, au quotidien, que de celles du DSP, qui est en lien
avec tous les directeurs de... voyons… de...
j'ai «spécialité» dans la tête, de départements, puis tout ça, là. Donc, je
pense qu'il faut quand même tenir ça en compte, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, puis je pense qu'on a un bel échange
avec la ministre, parce qu'on cherche tous les deux une solution. Mais je peux vous dire, au niveau
organisationnel, la plus haute autorité au niveau de la gestion de
l'établissement, ça demeure le directeur général. Le conseil d'administration
est la plus haute autorité, mais vous comprenez
qu'il y a beaucoup de tâches qui sont déléguées au directeur général. Et, à la
fin, pour moi, justement, ce projet de loi est tellement important que
c'est la plus haute autorité qui devrait en avoir la responsabilité.
Et, dans le
libellé, moi, je pense qu'on doit dire que c'est le directeur général qui peut
désigner un directeur au niveau de
l'établissement. Autrement dit, il faut avoir un libellé pour dire que c'est
lui qui est premièrement responsable, mais il peut référer à un autre
directeur de l'établissement. Puis je pense que vous allez être surpris de voir
que ça va peut-être être une majorité
d'autres directeurs que de directeurs des services professionnels qui vont s'en
occuper, surtout dans ces cas-là.
Pour connaître les établissements, souvent le directeur des services
professionnels va faire référence avec quelqu'un
de sa direction ou encore avec un autre directeur pour pouvoir trouver
quelqu'un pour faire l'aide médicale à mourir.
Puis j'imagine que, dans l'établissement, les gens vont laisser savoir leurs
intentions, ceux qui veulent pratiquer l'aide médicale à mourir,
peut-être même qu'il va y avoir un système de garde à certains endroits pour
répondre à ce besoin. Moi, personnellement,
je pense qu'il faut tout de suite viser la bonne personne, qui est la plus
haute autorité de l'établissement, qui est le directeur général.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je vais prendre la question en délibéré. J'ai une certaine ouverture, mais je
veux l'analyser avec un petit peu
plus de profondeur. C'est des concepts avec lesquels on a jonglé. Donc, c'est
sûr qu'on peut le prendre d'un angle
ou d'un autre, et on y allait par le prisme... Je sais que mon collègue
d'Orford a très hâte de parler, je vais juste finir ma phrase... Donc, on peut le prendre par le
prisme de dire que la règle de base
devrait être x ou la règle de base devrait être y, tout en permettant la délégation ou en permettant qu'une autre
personne soit désignée. Donc, je ne suis pas fermée, M. le Président. On va l'évaluer correctement puis on pourra en rediscuter à la prochaine
séance. Et puis, s'il y a d'autres éléments dans l'article 30, je
vais être tout ouïe pour les entendre.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford.
M.
Reid : Merci, M. le
Président. Ce n'est pas que j'étais anxieux de parler, c'est qu'il y avait une
confusion entre une personne que j'appelais.
En fait, une question pour commencer,
c'est : Quand on dit, dans le texte, «en aviser le directeur des services professionnels
ou toute autre personne désignée par le directeur général de [l'instance]», est-ce
qu'on parle du même directeur général que le député de Jean-Talon?
Une voix : Oui.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : …
M.
Reid : Ceci étant
dit, effectivement, j'aime bien l'ouverture, là. Et il me semble que ça ne fait
pas une grosse différence, excepté que la suggestion du député de Jean-Talon
fait en sorte que peut-être la même personne, le directeur des services
professionnels, pourrait faire le travail. Mais, sachant que c'est comme étant
délégué par le directeur, ça crée quand même
une certaine pression, entre guillemets, là, qui est salutaire, qui est bonne,
pour s'assurer que ces cas-là qui ne seront par fréquents soient pris
très au sérieux.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Commentaire bien reçu, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Je suis
un petit peu dans le même sens. Je pense qu'il y a
moyen de trouver un libellé pour qu'un n'empêche
pas l'autre, mais que l'ultime responsabilité demeure à la direction générale et qu'il puisse
déléguer. Donc, les établissements où ça va bien, ils ont un DSP en
place. Ça va probablement être lui qui va prendre la… parce qu'effectivement c'est plus dans son champ de
compétence. Mais les endroits où il y a peut-être moins accès à des DSP,
bien, à ce moment-là, la direction générale pourra le faire autrement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je suis très ouverte à y réfléchir avec beaucoup
d'ouverture, M. le Président. Donc, je ne veux juste pas me lier ce
soir, parce que je veux qu'on…
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je suis d'accord avec la
ministre. C'est sage de faire une réflexion, parce que ce qu'on veut, ce n'est pas gagner notre point ou… c'est
vraiment savoir c'est quoi, la meilleure façon de procéder. Puis probablement
que vous pouvez également consulter
l'AQESSS, là, qui est venue en… Puis peut-être consulter aussi l'association
des DSP. Mais il ne faut jamais oublier non plus que le DSP, c'est un
employé de l'hôpital et non pas un médecin qui est autonome comme le reste des
autres professionnels.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, je suspends le débat sur
l'amendement à l'article 30 et je suspends l'article 30.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …qu'on regarde, on pourrait
peut-être discuter d'autres points pour être capables de résoudre
l'article.
Mme
Hivon : Moi, je serais d'accord pour qu'on discute quand
même de l'article 30. Puis on va cheminer sur l'article 30.
Le
Président (M. Bergman) : On suspend l'amendement à l'article 30
et on discute l'article 30 même. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bien,
moi, je discuterais l'amendement de l'article 30, là, qui va devenir le nouvel article 30 lorsqu'on va
l'adopter. Le dernier paragraphe, «dans le cas où aucune instance locale ne
dessert le territoire où est située la résidence de la personne», quand on
parle d'«instance locale», on parle de CSSS?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, M. le Président, nous avons cette belle appellation, dans notre
corpus législatif, d'«instance locale», mais qui veut dire un centre de santé
et de services sociaux.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Je
continue la phrase : «…l'avis mentionné au deuxième alinéa est transmis [à] l'établissement exploitant un
centre local de services communautaires sur ce territoire», c'est un CLSC.
Au Québec, il y a combien d'endroits qui sont dans ce cas-là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est les trois régions du Nord, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Donc, on parle de la région 10, la région 17
et la région 18.
Mme
Hivon :
Exactement.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Région 10 parce que c'est une régie qui est
l'établissement local.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est effectivement les régions 10, 17, 18, M. le
Président. Et, pour que les gens nous comprennent, parce que ce n'est pas tout le monde qui est dans
notre jargon de régions administratives, c'est la région du Nord-du-Québec
comme telle, la région des terres…
Une
voix : Nunavik.
Mme
Hivon :
…du Nunavik évidemment et la région des terres cries de la Baie-James.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (21 h 10) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : J'essaie d'imaginer, il y a-tu un autre endroit au Québec
où il y a seulement qu'un CLSC puis qu'il n'y a pas de CSSS?
Donc, c'est une configuration qui fonctionne bien.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : J'entends
les commentaires du député
de Jean-Talon. En santé, c'est
une réalité; en services sociaux, c'en est une autre. Mais c'est un tout
autre débat qu'on ne fera pas ici ce soir.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : La ministre avait juste à dire : Oui; c'était correct.
Ça aurait été une meilleure réponse, plus courte, en plus de ça. C'est
beau.
Pour la région 10, peut-être
qu'il y a quelqu'un du… la ministre ou quelqu'un d'autre pourrait peut-être
nous expliquer pourquoi… le fonctionnement de la région 10.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je vais laisser ma collègue la légiste au dossier, Me Lavoie, l'expliquer.
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie. Votre nom, votre titre, s'il vous plaît.
Mme
Lavoie (Patricia) : Oui. Alors, Patricia Lavoie, avocate au ministère
de la Santé et des Services sociaux. En
fait, la région 10, qui est la région où on retrouve le Centre régional de
santé et de services sociaux de la Baie-James, c'est une région qui est visée par la LSSSS, mais en fait où on retrouve
un seul établissement qui exerce… en fait, en vertu de la LSSSS, les fonctions d'instance locale, mais
qui n'est pas, comme telle, désignée comme instance locale. Alors, dans
la LSSSS, quand on parle des instances locales, cet établissement-là a
également les mêmes fonctions. Mais, comme on n'est pas dans la LSSSS, il faut
prévoir…ils sont visés par le troisième alinéa qu'on ajoute.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est parce qu'un centre
local de services communautaires, c'est le CLSC? Puis à ce moment-là
c'est à eux autres… Pourquoi vous référez au CLSC?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, c'est la mission, CLSC, et c'est la seule
mission, là, qui est présente sur le territoire, mais le CLSC joue le rôle d'instance locale. Il n'y a pas,
comme telle, d'instance locale. Mais ma collègue peut… Me Lavoie peut
poursuivre.
297
1419 Le Président (M. Bergman) : M. le
député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : ...là, mais est-ce que ça porte le nom de
centre local de services communautaires?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre… Mme Lavoie.
Mme Lavoie
(Patricia) : En fait, ce n'est pas dans le nom de l'établissement où
on retrouve centre local de services
communautaires, c'est l'établissement qui exploite un centre local de services
communautaires, qui est en fait une
mission de centre local de services communautaires. Donc, à son permis,
l'établissement a cette mission-là. Dans ces trois régions, on retrouve les… en fait, pour la région du
Nord-du-Québec, il y a un seul établissement, donc c'est le territoire au complet de la région. Pour la région
du Nunavik, on retrouve deux établissements, qui, chacun, exploitent la mission de centre local de services
communautaires. Alors, dépendamment de leur territoire de desserte, ce sera un
ou l'autre à qui on va référer, là… le médecin va pouvoir
référer la personne pour laquelle il n'offrira pas l'aide médicale à mourir.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Kuujjuaq va avoir sa
propre organisation, puis Povungnituk va également avoir sa propre
organisation si je comprends bien? C'est ça? O.K. Puis, du côté…
Le Président (M. Bergman) :
Mme Lavoie.
Mme
Hivon :
C'est ça, monsieur…
Le Président (M. Bergman) : Mme la
ministre.
Mme
Hivon :
C'est ça, M. le Président, parce que c'est divisé en deux territoires de CLSC,
et donc, dépendamment de la résidence d'où se trouve la personne qui
ferait la demande sur le territoire, bien, on se référerait à un ou l'autre.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Du côté des territoires cris, est-ce qu'il y a une seule instance à ce
moment-là, ou il va y avoir plusieurs instances?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Dans
le territoire cri, il y a une seule instance.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Puis, pour la région 10, c'est une régie régionale qui exploite le CLSC?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Aussi.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je n'ai pas compris la réponse, M. le Président.
Mme
Hivon :
Nord-du-Québec, un seul établissement aussi.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
O.K. O.K.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Parfait. C'est beau pour cette partie-là, M.
le Président, je suis très satisfait des réponses.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Avant de suspendre l'article 30, je voulais simplement savoir ce qu'on
entendait lorsqu'on mentionne que «le DSP ou la personne désignée doit
faire les démarches nécessaires pour trouver un médecin qui accepte de traiter la demande conformément à
l'article 28». Quelles seraient les démarches nécessaires dans le cas d'un
établissement dont les médecins, pour toutes sortes de raisons, décidaient de
ne pas administrer l'aide médicale à mourir?
Est-ce que l'obligation est de s'adresser à l'établissement le plus près?
Est-ce que l'obligation est de rapidement contacter la régie régionale afin de voir si l'existence… En fait, je ne
sais pas s'il y aura de mise en place une banque des médecins qui administreront l'aide médicale à
mourir à l'intérieur des régies régionales, et ce, conformément, là, au plan
qui devra être élaboré. De quelle façon on
va s'y prendre afin de permettre de trouver rapidement quelqu'un qui pourra procéder
à l'évaluation?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est évidemment la personne désignée, donc, ou l'établissement qui va prévoir
la mécanique qui devrait être prévue
dans la politique, donc, dont on a discuté plus tôt, et donc va avoir sa manière
de faire, à l'intérieur de
l'établissement, pour voir à ce que ça soit fluide comme manière de faire.
Donc, par exemple, en sachant à l'avance que certains médecins sont disposés à le faire dans telles circonstances
ou en lien avec telles, je dirais, pathologies, par exemple, on pourrait voir une réalité comme
celle-là. Il pourrait effectivement y avoir un registre qui… informel ou plus
formel, tenu par l'établissement. Comme on
l'a vu aussi, il pourrait y avoir… Parce qu'on doit prévoir les corridors de
services, c'est prévu à l'article 8. Donc,
si, dans l'établissement, on ne trouvait pas un médecin, donc, quel serait le
corridor de services pour s'assurer qu'il y aurait un tel médecin. Donc,
c'est l'établissement qui définirait sa manière de faire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, on laisse vraiment à chaque établissement le soin d'établir la façon de procéder. Est-ce que ça ne risque pas de
créer des situations un peu particulières? Est-ce qu'on ne devrait pas, par des orientations… Parce
que
je sais que chaque politique doit être élaborée en tenant compte des orientations ministérielles et des directives qui auront été données par le ministre.
Donc, est-ce qu'il ne serait pas opportun, dans les directives, de
prévoir que chaque établissement et chaque régie devra dresser la liste des professionnels
qui offrent cette alternative-là, de sorte qu'on puisse rapidement,
lorsqu'on a un médecin qui n'est pas à l'aise d'administrer
l'aide médicale à mourir, on pourra rapidement se tourner vers une
banque de médecins ou une banque de référence — je
préfère utiliser le terme «banque de référence» — de médecins
disposés à administrer l'aide médicale à mourir et également, dans certains cas
peut-être, disposés à se déplacer à l'intérieur d'un territoire, à
l'intérieur d'une région administrative, pour administrer l'aide médicale à
mourir?
Parce
qu'il est possible que, dans les établissements régionaux ou ruraux, on ait à
faire face à cette situation, ne serait-ce
que dans la deuxième évaluation. Parce que, dans le fond, on n'a pas besoin
d'un médecin, on en a besoin de deux :
un médecin qui va évaluer, administrer, mais aussi le deuxième médecin qui va
donner sa deuxième opinion, qui, je comprends, n'a pas nécessairement
besoin d'être un médecin qui administre l'aide médicale à mourir. Donc, à ce
moment-là, les médecins qui ont des réticences peuvent être quand même… on peut
quand même leur demander de contribuer à l'exercice.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
• (21 h 20) •
Mme
Hivon : Ça va de soi, M. le Président, qu'on peut, dans les
orientations pour l'élaboration de la politique, donner ce type d'orientation là. Mais, vraiment, je suis plutôt d'avis
qu'on peut donner une orientation quant à savoir quel est l'objectif, la finalité, donner des exemples
de fonctionnement. Mais d'obliger chaque établissement de fonctionner de la même manière, je pense, face à des réalités
différentes — très
gros établissement, tout petit établissement — ça pourrait être, je pense, difficile
d'obliger tout le monde à fonctionner de la même manière.
Et
je pense notamment qu'il y a des endroits ou peut-être des petits milieux où
des médecins pourraient ne pas être à
l'aise à être sur une liste et qu'en soi l'objectif d'aider à trouver pourrait
être contre-productif si, par exemple, on disait : On va fonctionner avec une liste, et tout ça. O.K., moi,
je suis sur la liste. Ah oui, chez nous, c'est Untel, Untel qui sont sur la liste puis c'est eux autres. Moi,
je pense que, justement pour que cette pratique-là soit, je dirais,
démystifiée, qu'elle soit vue comme
une pratique importante —exceptionnelle, mais importante — et qu'elle ne soit pas surstigmatisée,
j'aurais a priori un doute quant à l'efficacité de prévoir que ça doit
fonctionner, par exemple, par des listes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Bien, alors, une banque de référence.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est sûr que les orientations vont pouvoir venir
prévoir… C'est sûr que l'importance d'avoir bien prévu notre manière
d'appréhender et d'approcher toute cette question-là va être présente
évidemment. Mais je pense qu'il faut être
juste sensible, peut-être, aux spécificités de certains établissements, des
établissements qui ont des unités de
soins palliatifs versus des établissements qui n'en ont pas — dédiés, je veux dire — des établissements qui sont plus des centres universitaires versus des petits
établissements en région éloignée. Donc, a priori, je ne serais pas à l'aise
avec l'idée de formellement dire : Ça va marcher partout de la même
manière. Mais c'est certain… vous pouvez être assurée que c'est une
grande préoccupation et que ça va être traduit dans les orientations mais en
permettant une certaine souplesse.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce qu'il y a un délai qui sera imposé afin de trouver quelqu'un? Parce
qu'on doit faire les démarches pour trouver
un médecin qui accepte de traiter la demande conformément à l'article 28. On
n'a pas de notion de délai
raisonnable, comme on a pu retrouver à l'intérieur d'autres articles. Donc,
est-ce qu'il serait opportun de prévoir cette question de délai
raisonnable dans la recherche d'un autre médecin?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : L'expression qui est présente à l'article 30, c'est
«le plus tôt possible». Et moi, j'avais demandé «sans délai», et on m'a — ce qui est encore plus fort, là — dit qu'en fait, «sans délai», ce n'est plus
une expression utilisée, et que l'équivalent pour dire «le plus
vite possible», c'est «le plus tôt possible», et que, dans la jurisprudence, ça
veut vraiment dire qu'on doit s'activer pour
agir le plus promptement, avec le plus de diligence possible, le plus tôt
possible, et que ce serait la meilleure expression pour s'assurer que
tous les efforts vont être déployés très, très rapidement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : …la ministre parle de «plus tôt possible». Moi, je
l'avais lu comme étant… c'est le médecin qui… lui, le médecin qui
refuse, doit, le plus tôt possible, aviser son directeur, son DSP, ou la
personne désignée, là, de la question. Donc,
ça, c'est l'obligation qui incombe au médecin qui refuse. Mais par contre le
DSP, ou la personne désignée, elle,
n'a pas d'obligation de trouver un médecin le plus tôt possible. Parce que,
dans l'article, là, c'est vraiment… c'est le médecin… c'est : «Tout médecin qui exerce — blablabla — et qui refuse une demande d'aide médicale à
mourir pour un motif non fondé sur
l'article 28 doit, le plus tôt possible, en aviser…» Bon, ça va. Ça, pour ça,
c'est clair. Le médecin ne peut pas laisser traîner cette demande-là, ne peut
pas y songer, doit rapidement dire : O.K., je passe la demande à mon
supérieur, à celui qui
est responsable et qui verra rapidement à trouver quelqu'un. Par contre, on n'a
pas d'obligation de délai, il n'y a
pas d'obligation de réagir aussi promptement, d'indiquer clairement… On peut le
comprendre, là, mais ce n'est pas clairement indiqué.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'était ma
compréhension. Mais, oui, on pourrait être plus clairs. Puis je n'ai aucune
objection à ce qu'on l'indique, par exemple : «…pour trouver un médecin, le plus tôt possible, qui accepte de traiter
la demande...» Donc, il n'y aurait pas de problème à l'inscrire non plus. En fait, notre préoccupation était vraiment parce
qu'on est dans un cas où un médecin pourrait avoir une objection de
conscience. Donc, ayant une objection de conscience, il pourrait être très
peu favorable. Donc, on voulait vraiment marquer le coup qu'il doit vraiment
référer le plus tôt possible. Mais, pour nous,
ça allait de soi que, compte tenu de l'obligation qui est imposée, donc, au DSP ou éventuellement au directeur général de
trouver un autre médecin, c'est évident que lui, il ne pouvait pas tergiverser
et attendre, comme bon lui semble, le moment. Mais on peut… il n'y a rien qui
est une contre-indication pour le mettre également à cet égard-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
J'apprécie cette ouverture de la ministre. Pour moi, ça fait le tour des commentaires,
là, sur l'article 30. Je comprends qu'il y aura lieu de suspendre afin
d'effectuer les vérifications découlant des questions et commentaires de mon collègue.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je n'ai pas d'autre commentaire. J'ai pris note des commentaires. On va pouvoir
assurément introduire la notion «le plus tôt possible», puis je pourrai revenir
demain sur la question du directeur général.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Alors, on va
suspendre l'amendement à l'article 30 et l'article 30. Mme la ministre, l'article
31.
Mme
Hivon :
Oui. Nous avons un amendement à l'article 31, que nous allons déposer, M. le
Président.
Le
Président (M. Bergman) : On va suspendre quelques instants pour permettre de recevoir l'amendement pour chaque député.
(Suspension de la séance à
21 h 27)
(Reprise à 21 h 28)
Le
Président (M. Bergman) : On reprend nos travaux. Mme
la ministre, voulez-vous lire l'amendement, s'il vous plaît?
Mme
Hivon : Alors, l'amendement à l'article 31 se lit comme suit : Modifier l'article
31 par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Doit également être
inscrite au dossier de la personne sa décision de retirer sa demande d'aide
médicale à mourir ou de reporter son administration.»
Donc,
le but de l'amendement, c'est de prévoir ce qui n'était pas prévu dans
la version initiale du projet de loi, le
fait que, dans l'éventualité où une
personne décide de retirer sa demande, que ça soit consigné au dossier, comme
on nous l'a demandé, je crois, par l'AQESSS, donc que ce soit bien clair
et qu'il ne puisse pas y avoir d'ambiguïté à cet égard-là. Et, puisqu'on est venu prévoir, noir sur blanc, la possibilité
de reporter l'administration, c'est la même logique : que cela soit
également consigné au dossier de la personne.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, pas immédiatement, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Commentaires sur l'amendement à l'article 31. Mme la
députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Si le
patient manifeste son intention de reporter ou de retirer sa demande d'aide médicale à mourir par écrit parce qu'on avait prévu que
cette demande-là doit être formulée par tout moyen, est-ce que
le document écrit du patient devrait être versé au
dossier médical?
Le Président (M.
Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé.
Collègues, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à
21 h 30)