(Onze heures trente-trois minutes)
Le
Président (M. Bergman) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Des voix : …
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Collègues,
alors, on est en ondes. S'il vous plaît!
Des voix : …
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux
ouverte.
Le mandat de
la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi
concernant les soins de fin de vie. Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Reid (Orford) remplace Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Étude détaillée (suite)
Le
Président (M. Bergman) : Collègues, lors de l'ajournement de
nos travaux, hier, nous discutions de l'amendement à l'article 26. Je vous rappelle que nous avons
suspendu l'étude des articles 3, 8.1, 23 et 25. Mme la ministre, la parole
est à vous sur l'article 26.
Mme
Hivon : Oui. Je
suggérerais, M. le Président, que nous revenions d'abord à l'article 23 que
nous avions suspendu. Et nous avons...
Le Président (M. Bergman) :
Alors, on va suspendre l'article 26 avec votre consentement.
Mme
Hivon : Ça va, M.
le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, l'article 26 est suspendu, et on retourne à l'article 23.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, à l'article
23, on avait eu une question, à
savoir qui informait le ministre, c'est-à-dire que… Comment se faisait l'information entre
l'agence et le ministre quant à l'inspection? Et c'est quelque chose qui se
fait, qui doit se faire, mais qui
n'est pas prévu nommément. Alors, nous proposons, à la suite de la demande de
l'opposition, de déposer un amendement, que je pourrais lire, M. le
Président.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, on a reçu l'amendement.
Voulez-vous lire l'amendement, s'il vous plaît, Mme la ministre?
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'amendement se lit comme suit :
Modifier l'article 23 du projet de loi par
l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«L'agence informe le ministre de la désignation
d'un inspecteur et du résultat de son inspection.»
Le Président (M. Bergman) :
Voulez-vous nous donner une explication?
Mme
Hivon :
Je l'ai expliqué d'entrée de jeu, c'est à la suite d'une question de la députée
de Gatineau, qui se demandait si l'agence
était tenue d'informer le ministre. La réponse est oui, dans les faits, mais on
vient le clarifier en le mettant noir sur blanc dans le projet de loi.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Alors, merci, M. le Président. Donc, je remercie la ministre d'avoir
effectué les vérifications puis
d'apporter cet amendement-là. C'était, oui, la question d'informer le ministre,
mais aussi la forme de reddition de comptes, là, c'est-à-dire le
résultat de l'inspection, qui nous apparaissait comme allant de soi, mais ça
allait toujours mieux en l'indiquant. Donc,
moi, ça répond à la préoccupation que nous avions exprimée par notre
questionnement. Donc, j'imagine que la reddition se fait sous forme d'un
état de situation ou d'un rapport.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, selon les formes habituelles, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, moi, ça me
va. Je ne sais pas si mes collègues ont des questions pour…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, c'est correct, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'amendement? Est-ce que l'amendement à l'article 23 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté? Adopté. Est-ce qu'il y a des
commentaires à l'article 23 tel qu'amendé? Alors, est-ce que l'article
23, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté? Adopté.
Mme
Hivon : Nous pourrions
maintenant, M. le Président, retourner à l'article 25, que nous avions
également suspendu.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, collègues, l'article 25. Mme la ministre, l'article 25.
Mme
Hivon : Puis il y
a notre collègue…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Merci, M. le Président. Alors, je voudrais déposer l'amendement suivant à
l'article 25, un amendement qui
dit : Modifier l'article 25 du projet de loi par l'insertion, dans le
premier alinéa et après «pronostic», de «relatif à la maladie».
Alors le premier paragraphe se lirait
ainsi :
«Avant d'exprimer son consentement à la sédation
palliative continue, la personne en fin de vie ou, le cas échéant, la personne
qui peut consentir aux soins pour elle doit entre autres être informée du
pronostic relatif à la maladie — c'est ce qui est nouveau, "du
pronostic relatif à la maladie" — du caractère irréversible de ce soin et de
la durée prévisible de la sédation.»
Le
Président (M. Bergman) : M. le député d'Orford, juste pour
donner un sommaire, il y avait un amendement à l'article 25, qui était
proposé par Mme la ministre, qui n'était pas adopté encore.
Des voix :
…
Le
Président (M. Bergman) : Alors, on a besoin… Voulez-vous ouvrir
l'amendement qui a été adopté sur l'article 25?
Des voix :
…
Le Président (M. Bergman) :
Je vais suspendre pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprise à 11 h 41)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, l'amendement à l'article 25 a été adopté, mais l'article 25, tel
qu'amendé, n'était pas adopté. Maintenant, vous faites un amendement à
l'article 25 tel qu'amendé. Pouvez-vous déposer votre amendement, s'il vous
plaît?
M.
Reid : Oui. Il a
été circulé, je pense, là. Oui. Et, M. le Président, en fait, ça… l'amendement
résulte d'une discussion qu'on a eue hier,
où, finalement, il semble qu'on ait trouvé la bonne formulation pour qualifier
le pronostic, et ce serait «relatif à la maladie». Essentiellement,
c'est ça.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, M. le député d'Orford, voulez-vous encore lire votre amendement et nous
donner l'explication, s'il vous plaît, sur l'amendement?
M.
Reid : O.K. Ça n'a pas été enregistré? Alors, merci, M. le
Président. Alors, je lis l'amendement sur l'article 25 tel qu'amendé : Modifier l'article 25 du
projet de loi par l'insertion, dans le premier alinéa et après le mot
«pronostic», des mots suivants : «relatif à la maladie».
Le projet de loi…
c'est-à-dire, l'article 25 amendé se lirait maintenant, pour son premier
paragraphe :
«Avant
d'exprimer son consentement à la sédation palliative continue, la personne en
fin de vie ou, le cas échéant, la
personne qui peut consentir aux soins pour elle doit entre autres être informée
du pronostic relatif à la maladie — c'est ce qui est nouveau — du
caractère terminal et irréversible de ce soin et de la durée prévisible de la
sédation.»
Les deux autres
paragraphes ne sont pas modifiés.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement? Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, M. le Président, moi, je demeurerais favorable à «pronostic» tout court
parce qu'après vérification ça semble être
l'expression consacrée. Mais je suis ouverte, s'il y a unanimité à l'égard de
l'amendement, du côté de
l'opposition, à le considérer, si les gens estiment que ça peut être plus
clair. Mais je voulais simplement dire qu'après
vérification le terme «pronostic» semble être un terme consacré, qui dit ce
qu'il a à dire, c'est-à-dire que c'est le jugement qui est porté, donc, par le médecin sur l'état d'évolution de
la maladie et tout ce qu'on a vu hier. Et donc c'est pour ça que je pense qu'on aurait pu vivre avec le
terme «pronostic» en lui-même, mais j'ai entendu hier les commentaires
des membres de l'opposition, et je suis tout à fait ouverte à considérer
l'amendement qui nous est déposé.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres… M. le député de
Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, je remercie la ministre
de collaborer. Parce que souvent les lois sont interprétées, sont même fabriquées par des légistes qui, pour
eux autres, ont leur propre vocabulaire. Mais moi, j'ai constaté souvent
que, dans les lois de la santé, lorsqu'on
arrive pour l'expliquer soit aux médecins, ou aux usagers, ou tout simplement
au personnel du réseau, n'ayant pas de
formation de juriste, eux ont de la
misère à comprendre le pourquoi. C'est pour ça que je trouve intéressant que nous sommes des médecins, nous sommes quand même
deux médecins autour de la table, et
puis on représente notre peuple médical, et je pense que, quand nous, on ne
comprend pas, c'est difficile pour les autres de comprendre.
Ça fait que c'est pour ça que j'apprécie que la ministre
veuille bien apporter cette clarification, mais c'est pour ça également que, lorsqu'on discute entre nous, que, des fois,
on voudrait avoir un peu plus de précisions, parce qu'on veut que le simple
mortel, le simple docteur comme nous, soyons capables de comprendre les termes
qui sont la loi, parce qu'à la fin
ceux qui ont à vivre avec la loi, c'est souvent le personnel du réseau, les
gestionnaires et beaucoup les usagers également. Ça fait que c'est juste
pour clarifier pourquoi on aime beaucoup cette modification et on apprécie que
la ministre ait apporté une aussi bonne collaboration.
Le Président (M.
Bergman) : Merci. Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M. le Président. Bien, j'abonde dans le
même sens. Je pense que ça n'enlève rien à l'article, mais ça donne plus de
précisions, puis probablement, effectivement, que, bon, à d'autres endroits, on
peut le retrouver, pronostic tout seul, mais
je pense qu'en plus de ne rien enlever, ça… (panne de son) …clarifie davantage.
Donc, moi, je serais favorable à la modification, bien évidemment.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'amendement? Est-ce que l'amendement à l'article 25 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Adopté. Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'article 25 tel qu'amendé? Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 25 tel qu'adopté? Est-ce que l'article 25, tel
qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Alors, l'article 26. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ça va, M. le Président. Je pense qu'on en était à
des questions de l'opposition. Donc, je suis prête à entendre les
commentaires ou les questions de l'opposition.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires…
Mme
Hivon :
On était sur l'amendement, hein? Oui.
Le Président (M. Bergman) : À
l'amendement à l'article 26.
Une
voix : …
Le Président (M.
Bergman) : À l'amendement à l'article 26. M. le député de
Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est parce que je veux
juste savoir où on va le positionner, M. le Président. Pour moi, c'est très important que, dans l'article 26…
il y a six éléments pour avoir accès à l'aide à mourir, et on le retrouve
dans quatre paragraphes. Mais il n'y a pas
de relation, pour moi, entre être majeur, être apte à consentir aux soins et
être une personne assurée au sens de
la Loi sur l'assurance maladie, et je ne sais pas quand on peut le faire, mais
il faudrait le faire au début, parce qu'après ça on peut étudier la loi
comme il faut.
Moi, je verrais
beaucoup mieux, puis je dois vous avouer, M. le Président, depuis hier… On
s'est quittés hier à 22 h 30, j'ai
dû passer 70 % du temps depuis hier à penser à ça. Quand je me suis
réveillé ce matin, je me suis dis : C'est quoi, la solution pour qu'on puisse tous s'entendre ensemble? Et j'irais
dans l'ordre suivant. C'est, d'abord, premièrement, est-ce qu'une personne est assurée ou pas au sens
de la Loi sur l'assurance maladie? Deuxièmement, est-ce qu'elle est majeure? Troisièmement, est-ce qu'elle est apte à
consentir? Et, après ça, je décalerais atteint d'une maladie grave, situation
médicale qui se caractérise par un déclin
avancé et irréversible de ses capacités, pour finir par la souffrance physique.
Pour
moi, il y a une logique en mettant ça dans cet ordre-là. Un, c'est… je me suis
même trouvé… j'ai dit : On a quatre
paragraphes, on a six critères, ça fait que je me vois mal expliquer aux
gens : Vous savez, quand vous allez allez voir dans la loi, là, c'est quatre paragraphes, six critères, alors que
la vraie vie, c'est que c'est six critères complètement indépendants les uns des autres. Pourquoi je mets
«personne assurée» en premier? Pourquoi je mets «personne assurée» en premier, M. le Président, pour amener à la
réflexion du groupe? C'est qu'on a eu ça, cette représentation-là de plusieurs
groupes, qui disaient : Vous savez, il
faut être citoyen du Québec. Qui nous dit qu'il n'y a pas des gens de la
Suisse, de l'Ontario, des États-Unis
qui vont venir ici pour chercher de l'aide médicale à mourir, compte tenu que
c'est légal, et tous, nous nous sommes entendus que le premier critère,
il fallait d'abord avoir un numéro d'assurance maladie et être enregistré à la
Régie de l'assurance maladie du Québec.
La
deuxième chose, moi, je pense, les autres sont des découlants, c'est-à-dire on
est capables de dire est-ce que tu es majeur ou pas parce que tu as
18 ans ou pas. Et la troisième, on commence dans l'évaluation.
En
tout cas, je voulais juste dire, M. le Président : On peut discuter de
l'amendement un peu plus directement, mais
je pense que le premier élément, c'est d'abord de remettre de l'ordre pour que,
quand on va faire l'étude, qu'on puisse les étudier un en arrière de l'autre de façon séquentielle. Et moi, j'insiste,
là, pour vraiment qu'on soit de 1° à 6°. Et, comme je disais à la ministre hier également, c'est que,
quand vous allez avoir votre formulaire à signer, probablement que les critères vont être sur le formulaire et c'est
beaucoup plus facile d'expliquer ou de rechercher chacun des critères un en
arrière de l'autre.
• (11 h 50) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. M. le Président, je pense que ces commentaires-là sont une bonne occasion d'expliquer un
certain nombre de choses dans l'élaboration de la loi et dans notre manière de fonctionner, qui, je pense,
est très conviviale, et c'est très bien que ce soit ainsi. Et puis je
suis vraiment habitée d'une volonté de bien collaborer.
Je
comprends qu'il y a des collègues qui se sont joints à différentes étapes dans
toute cette réflexion quant aux soins
de fin de vie, mais ça m'apparaît quand
même important de dire que cette
loi-là, elle est à 1 000 lieues
d'avoir été improvisée, autant la loi
en elle-même que le processus qui a précédé. Donc, autant dans son esprit, dans
ses principes que dans sa rédaction
comme telle, il y a eu un travail très, très poussé qui a été fait. Évidemment,
de manière générale, il y a un
travail très poussé qui se fait avant qu'une loi soit déposée, ça va de soi.
Les légistes travaillent très fort avec le ministre, son équipe, tout ça. Dans ce cas-ci, je peux vous garantir que
ça a été un travail excessivement sérieux. Puis je pense que ce qui lui
donne beaucoup de force, autant dans ses principes que dans son contenu plus
précis, c'est tout l'exercice qui l'a
précédé. Et ce qui est prévu, donc, à 26, en termes de conditions, c'est
vraiment un... ça découle parfaitement
des recommandations du rapport, qui avait beaucoup de légitimité, compte tenu
du sérieux du processus.
Si
je veux dire ça, c'est que, si on a mis les éléments ensemble dans le premier
alinéa, il y a une raison à ça, puis je
l'ai expliquée. Je veux juste le réexpliquer. C'est que, quand on regarde le
Code civil... Je dirais que la raison générale, c'est que c'est vraiment des éléments plus objectifs, reliés à la
personne en elle-même plutôt qu'une évaluation spécifiquement médicale, qui vont être, là, les 2°, 3°, et 4°. Donc,
c'était ça, vraiment, la logique. C'est ça, la logique du libellé.
L'autre
élément, c'est que «majeure», «apte à consentir», dans le Code civil, c'est
toujours ensemble. C'est-à-dire que
tout le chapitre sur les soins est bâti d'une manière à dire : La personne
mineure, la personne mineure de 14 ans et plus. Puis là, quand on tombe dans les majeurs, c'est la
majeure apte à consentir, le majeur inapte à consentir. Donc, c'est toujours
cette distinction-là, cette division-là.
Donc, c'est pour ça que c'est présenté ensemble. Puis la question de la
personne assurée, évidemment, ça,
c'est quelque chose de relativement technique, relié au fait que la personne,
donc, est assurée au sens de l'assurance maladie, donc qu'elle vit au
Québec, qu'elle se qualifie. Donc, c'est vraiment ça, la logique.
Je
le dis parce que moi, je l'aime beaucoup comme il est rédigé en ce moment. Et
c'est sûr qu'on peut, de part et d'autre,
se dire qui doit faire les concessions, qui doit être ouvert à l'autre et puis,
en général, quand on arrive dans l'exercice, bien, on considère ce que les autres nous demandent. Quand on est au
gouvernement, on regarde ce que l'opposition nous demande, on essaie de
regarder tout ça avec la plus grande ouverture quand il y a un bon
climat, et je pense qu'on a démontré
cette ouverture-là. Moi, je veux simplement dire que je ne suis pas ici pour
faire des batailles, mais je pense que ça doit aussi être l'attitude de
tout le monde. Et moi, je pense qu'ici on n'est pas face à quelque chose qui
mérite qu'on doive nécessairement mettre un alinéa pour chaque élément, pour la
raison que j'ai exposée.
Il y a aussi une
différence, puis je veux y revenir, entre une loi, ensuite des instruments qui
peuvent découler de la loi, les
communications relatives à une loi, parce que... Moi, je suis tenante des
meilleures lois possible, les lois les plus
claires possible, les lois les plus pédagogiques possible, mais, ceci dit, on
comprend que les citoyens au quotidien, les médecins au quotidien, à travers tout le travail qu'ils ont à faire,
ne se promènent pas à chaque jour avec le Code civil sous le bras, avec la LSSSS sous le bras et avec
cette loi-là sous le bras, même si j'aimerais ça beaucoup. Je pense qu'ils
ont d'autres chats à fouetter. Et, comme
hier on parlait des formulaires puis on disait : Ils ne sont pas là pour
chercher tout ça, bien, ils ne sont
pas là non plus pour être tout le temps en train de fouiller dans la loi. Il y
a des gens qui sont là, qui expliquent les choses, qui vulgarisent, comme on l'a
expliqué souvent, qu'il va y avoir toute une campagne aussi relative à
cette loi-là.
Donc, si je
dis ça, c'est pour dire que je pense qu'il ne faudrait pas être tout le temps
en train de dire : Il faut que la loi soit le reflet dans les moindres
détails, comme, des fois, certains sont venus nous demander à mettre des choses
dans la loi, mais qui ne vont pas dans une loi. Il faut être conscient
qu'une loi, ça a quand même un cadre, ça a quand même un formalisme. Il y a des
principes de rédaction, et il faut les suivre. Donc, on est quand même dans ce
contexte-là, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : …si je peux m'exprimer comme président de la commission,
avec tout le respect que j'ai pour
tout l'ouvrage qui a été fait avant ce jour par la commission,
par l'Assemblée nationale, l'Assemblée
nationale nous a demandé pour étudier
ce projet de loi article
par article. Et, avec tout le respect
que j'ai pour tous les côtés de la Chambre,
c'est notre devoir pour le faire, certainement avec le respect pour le grand
travail qui a été fait avant ce jour par la commission, par votre ministère, par le gouvernement, par l'opposition officielle, par le deuxième
groupe d'opposition, mais nous avons une obligation de faire une étude
pointue de ce projet de loi, comme on fait de tout autre projet de loi qui vient devant la commission
parlementaire. C'est notre devoir de le faire et pas de le faire «rubber
stamping». Et certainement je respecte tous
les parlementaires, de tous les côtés de la Chambre, qui passent
des heures et des heures pour étudier un projet de loi article par
article.
Mme
Hivon : M. le
Président, si je peux ajouter, je
suis tout à fait d'accord avec vous. J'ai été dans l'opposition aussi. C'est un travail qui est excessivement important,
et je pense qu'on le fait très bien, avec toute l'importance qui est requise. Je pense qu'on est très, très, très
loin d'une opération de «rubber stamp» en ce moment.
Et la seule raison pourquoi je dis ça, c'est
qu'aussi... je ne sais pas, je considère, à chaque fois qu'on fait des
commentaires, avec toute l'ouverture… puis je pense que c'est assez apparent
parce qu'on a apporté un bon nombre d'amendements
à la demande expresse de l'opposition. Mais je veux aussi qu'on soit conscients
que ce n'est pas un jeu non plus.
Puis ce n'est pas ça que je pense de l'opposition, mais on n'est pas ici non
plus pour se dire : Bien, on va changer pour changer. Puis il y a
eu quand même toute une réflexion qui a été faite quand on a amené ça, et on
s'est posé des centaines et des centaines de questions.
Donc, moi, je
veux juste... il y a des gens qui nous écoutent, il y a des gens qui suivent
nos débats. Je pense que c'est
important aussi de recadrer ça correctement pour qu'à un moment donné aussi il
y ait un équilibre dans nos discussions puis dans les demandes
d'amendement qui sont faites.
Le Président (M. Bergman) :
Merci. Alors, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, premièrement, je suis un citoyen du
Québec, puis les lois sont d'abord faites pour les citoyens avant d'être
faites pour les juristes. Quant à moi, là, je pense que c'est nous autres qui
devons vivre avec ces lois-là.
Deuxièmement,
je suis médecin, puis je vais avoir l'occasion pas mal plus souvent que la
ministre de relire ça, puis d'en parler, et d'en jaser, et de vivre avec
également.
Troisième
élément, jusqu'à date on a démontré de façon, je pense, correcte qu'on ne joue
pas avec ça. Quand on a apporté des modifications, c'est parce qu'il y
avait des choses à clarifier.
Et,
quatrièmement, j'ai été de l'autre côté pendant quatre ans et je peux vous dire
que, quand l'opposition... ils me l'ont dit souvent : On est là pour
bonifier le projet. Je pense que c'est un rôle important. Et, si ça avait
été si bien fait que ça, il n'y
aurait jamais une virgule ou une ligne qui serait changée dans un projet de
loi, alors que c'est faux. Tous les projets de loi demandent des améliorations et des bonifications. Et le test
final, il est ici, parce qu'après nous il n'y en aurait plus d'autres,
il va être voté à l'Assemblée. Mais le test final de l'article par article, il
va se faire ici.
Moi, je le
dis, là, je suis complètement en désaccord de la façon dont cet article-là est
rédigé. Et, je tiens à vous le dire,
il n'y a aucune logique. Il y a une façon de faire les choses pour que ce soit
plus facilement compréhensible. Peut-être que la ministre est juriste, mais moi, je suis docteur puis je suis
citoyen. Et puis, je peux vous le dire, je ne laisserai pas trois critères dans le même alinéa. Et, si, pour
la ministre… trouve que ça ne fait pas tant de différence que ça, bien, qu'on
le mette 1°, 2°, 3°, 4°, 5° et 6°.
Et j'en ai fait, des lois, j'ai travaillé avec les
gens du ministère, je les rencontrais pour les projets de loi. Il y a une façon de penser qui est logique, mais je ne
vois pas du tout ce que le numéro de l'assurance maladie vient faire avec
la question du majeur. Et, quand les gens
vont regarder, il y a une façon très, très logique… la personne est en fin de
vie, elle veut avoir l'aide médicale à mourir, la première chose à se
poser, comme question : Est-ce qu'elle a un numéro d'assurance maladie? Parce que, si elle n'a pas de numéro d'assurance
maladie, ça la disqualifie. Deuxième étape : Est-ce qu'elle est majeure? Est-ce qu'elle est 18 ans et
plus? Troisième étape : Est-ce qu'elle est apte à consentir? Et 4°, 5° et
6°.
Moi, jusqu'à
date, je pense que vous avez tous compris dans mon propos que je veux des
bonnes lois, mais, je peux vous le dire, moi, pour moi, ça, ce n'est pas
acceptable. Je le dis honnêtement. Puis ce n'est pas une question de compromis puis ce n'est
pas une question de jeu, c'est mes convictions. Puis, je vous l'ai dit, c'est
vrai, j'y ai pensé depuis hier, puis
je pense que, pour moi, là, il faut vraiment qu'on y aille dans cet ordre-là, 1°, 2°, 3°, 4°, 5°, 6°. Il y a
plein de fois qui sont faites… puis,
en passant, la Loi de l'assurance
maladie est bâtie comme ça, et même,
des fois, on va jusqu'à 10 puis 15
critères. Ça fait que je ne vois pas pourquoi on ne serait pas capables de
mettre six critères dans quelque
chose d'aussi important.
Là-dessus, M. le
Président, moi, je parle en mon nom
personnel, là, moi, je peux vous dire, il
n'y a pas de logique à tout
mettre les trois mêmes éléments, les trois mêmes critères dans le premier
alinéa.
Puis, en passant,
puis je le répète encore, il n'y a rien à voir avec l'assurance maladie puis la
question du majeur, et c'est si facile de dire :
1°, 2°, 3°, 4°, 5°, 6°, puis après ça on va pouvoir passer au contenu de la
loi. Mais, pour moi, la forme est très importante.
• (12 heures) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : J'ai bien
compris le point du député de Jean-Talon. Je
pense, par ailleurs, que c'est important
de ne pas passer des jugements sur le
travail qui a été fait. Tout le monde travaille de bonne foi dans ça, donc de dire que
c'est illogique, ou logique, ou pas bon, je pense
qu'il faut quand
même faire attention, parce que
tout le monde travaille… Moi, j'estime que la logique actuelle est la meilleure logique, et, par ailleurs, ce n'est pas moi qui vais m'entêter ici. Je trouve que ce projet de loi là est beaucoup
trop important, et donc je suis ouverte, malgré que je tenais à la manière dont
il était rédigé, parce que
c'est cohérent avec le Code civil, parce
que c'est cohérent avec les recommandations du rapport. On aurait pu, peut-être,
penser à deux catégories, mais, dans le rapport, on mettait «majeure» et
«apte», donc, ensemble, comme
dans le Code civil, ce qui, je pense, moi, selon moi, va ensemble.
Donc, on peut peut-être
faire la discussion par rapport à ça aussi, mais je suis ouverte à le modifier
si, pour le député de Jean-Talon, c'est quelque
chose qui est incontournable, mais je
veux quand même que ce soit dit que, pour moi, je trouvais qu'il était plus logique, dans mon
appréciation des choses, que ça soit inscrit de cette manière-là. Et je dois
dire qu'il n'y a absolument
personne qui a soulevé ça dans l'ensemble des consultations qu'on a eues, donc autant médecins, groupes qu'avocats. Ça ne veut pas dire que ce
n'est pas un bon point. Je ne porte pas de jugement, bien que j'aie une
préférence pour le libellé actuel. Mais je veux dire que ça ne doit pas être quelque
chose de si dramatique, de si problématique si personne ne l'a soulevé, y
compris les gens qui ont scruté ça à la loupe.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Oui, M. le Président, je suis content de ce que la ministre vient de dire en termes d'ouverture parce que, quand on parle de logique et d'illogisme, ce n'est pas un jugement qu'on
porte sur les gens, c'est une question de point de vue, et il faut accepter les points de vue de tout le monde. Et ce
n'est pas parce que quelqu'un n'a pas vu un élément qu'un jour, quand on le voit… D'ailleurs, ce n'est
pas arrivé juste une fois, hein? Depuis qu'on a commencé, on a vu des choses que personne n'avait vues. Puis, quand je
dis «on», c'est tout le monde ici, ce n'est pas uniquement nous, de notre
côté, parce que cent fois sur le métier remettons notre ouvrage, bon, bien,
c'est un petit peu…
Et,
dans ce sens-là, je pense qu'il est important de peut-être passer le moins de
temps possible sur des éléments qui
sont acceptables, même si ce n'est pas le premier choix, pour passer du temps
sur ce qui est vraiment le noeud du projet de loi, et on est dedans, là. Mais la question de l'ordre… la séquence
des éléments, ce n'est certainement pas là où est le noeud s'il y a des discussions à avoir. Puis je
pense que l'adoption de cet article 26 est un élément crucial, est une étape
très importante de notre étude. Et je pense
qu'il vaut mieux rapidement passer sur des éléments — et j'arrête là — d'ordre… ou des choses qui sont importantes pour ne serait-ce qu'un membre
crédible autour de la table — je pense qu'on est tous des
députés — et
d'y aller le plus rapidement possible sur le contenu.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis tout à fait d'accord avec le député d'Orford qu'il faut miser sur ce
qui est vraiment essentiel, mais je veux
juste dire que, si quelque chose est très important pour un député, ça peut être
très important aussi pour un autre
député ou pour une ministre. Donc, il y a aussi, là-dedans, une logique
d'écoute mutuelle et de compromis, d'ouverture mutuelle, je pense que
c'est très important aussi, mais je suis prête à faire preuve de cette ouverture
pour satisfaire le député de Jean-Talon.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Merci, M. le Président. Ça
me fait plaisir d'entendre la ministre dire ça, puis je vais proposer
peut-être qu'on… Moi, je trouve qu'on devrait commencer par mettre dans
l'ordre, après ça on va faire les amendements. Ça va nous permettre de partir
sur, quant à moi, une meilleure base, mais ça dépend du point de vue.
Ça
fait que moi, je proposerais qu'on rédige notre amendement assez rapidement
pour pouvoir le déposer. Et moi, je
proposerais, là… je sais que, la ministre, c'est plus au niveau légal, mais
moi, j'aime beaucoup le principe qu'il y a six éléments, qu'on mette les six
éléments un en arrière de l'autre et puis qu'on passe à autre chose, au vrai
contenu de l'article 26. On pourrait suspendre peut-être le temps de
rédiger ça, l'adopter puis ensuite…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je veux
juste poser une question au député. Quand il dit qu'il y en a six, c'est parce qu'en fait…
est-ce que c'est parce qu'il est prêt à
garder «majeure» et «apte à consentir» ensemble, ce qui… Donc, on pourrait
avoir une personne assurée, elle est
majeure et apte à consentir, puis ensuite nos… En fait, vous avez raison qu'il
y en a six.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mais en fait je
souhaitais intervenir parce qu'il y a une autre condition, à mon avis, qui est essentielle dans l'article 26, c'est la question
de la fin de vie. Parce qu'on l'a mis, et ça, c'est l'amendement, là, qui est
devant nous actuellement. Donc, ce que nous
disons, c'est que seule une personne en fin de vie… puis on a eu des échanges
là-dessus hier, il n'était pas question d'ouvrir l'aide médicale à mourir à
quelqu'un qui n'est pas en fin de vie.
Là-dessus,
j'avais aussi une série de questions parce que je me dis : On n'a pas
défini la fin de vie, est-ce que la fin
de vie doit être… puis je pense que ça devrait l'être, là… mais devra être
attestée? Est-ce qu'il devra y avoir, au dossier médical, une évaluation au même titre qu'on retrouve… Parce qu'à 28 on a
le médecin qui doit faire constat, qui doit dresser le constat des conditions, de l'existence de
chacune des conditions de l'article 26, mais, dans l'article 28, on ne retrouve
pas cette référence à l'état de la personne
qui est en fin de vie ou au pronostic de son état de santé, ou de la maladie,
ou je ne sais pas comment on pourrait
l'exprimer. Mais la fin de vie, ce n'est pas subjectif à un point tel… Un
médecin, je crois… et peut-être que
les collègues médecins autour de la table pourront nous éclairer davantage,
mais j'imagine que l'état de la personne
en fin de vie peut être attesté dans le dossier médical, dans tout ce qui va
suivre, tout le dossier écrit de… relatif à la demande d'aide médicale à mourir. Pour moi, c'est important. Je
sais que ça va de soi, dans l'esprit de la ministre et de son équipe, que seule une personne en fin de
vie a accès à… peut faire une demande d'aide médicale à mourir, mais je crois que, pour les soucis de bien encadrer la
tout, cette condition d'être en fin de vie doit faire l'objet d'une
reconnaissance officielle, une reconnaissance médicale. Là, maintenant…
Et donc on a
les critères, mais le fait d'être en fin de vie n'est pas moins un critère,
d'où… Hier, je disais : Bien, pourquoi on l'a mis, pourquoi on a
décidé de l'inclure avant les conditions? C'est : «Seule une personne en
fin de vie [peut]…» Bon, puis là on a nos
conditions. Mais il ne faut pas oublier que le critère essentiel, c'est celui
que la personne soit en fin de vie.
On ne pourra pas faire une demande d'aide médicale à mourir si on n'en est pas
rendus là. Donc, c'est un critère… c'est vraiment la base, puis c'est ce
que je comprends de l'amendement qui a été présenté hier soir.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid : En fait, quitte à répéter un petit peu, mais, en faisant l'amendement qui a été adopté hier, on a ajouté,
dans la première phrase, une condition, puis
c'est vraiment ça que ça veut dire. Parce qu'en
disant «seule une personne en fin de
vie», ça fait qu'on a ajouté une condition dans l'introduction, dans la phrase
de l'introduction. Et donc, si on
parle de conditions, il faut qu'on la traite. Si on la garde, cette
phrase-là, il faut qu'on traite comme une condition. Est-ce qu'on la garde dans l'introduction, puis c'est quand même une condition?
Mais, si c'est une condition, bien, qui décide? Parce qu'il me semble que c'est… on ne peut pas, disons,
interpréter ça autrement qu'une condition, l'ajout qui a été fait. Je ne sais pas si on se rendait compte,
en faisant l'ajout, qu'on mettait une condition, mais, au total, c'est vraiment ce que ça donne.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
• (12 h 10) •
Mme
Hivon : Je veux juste dire quelques… C'est parce que
notre projet de loi, il est sur les personnes en fin de vie, ce n'est pas une condition spécifique qui arrive à
26. Notre projet de loi… Donc, on… moi, j'ai l'ouverture… j'ai toute
l'ouverture, je vous le dis, là, mais j'ai
l'ouverture de l'écrire noir sur blanc à 26, comme certains nous l'ont dit. Le
premier article, il dit que l'objet de la loi, c'est de s'occuper
des personnes en fin de vie. Donc, ce n'est pas plus une condition à 26 que partout ailleurs, dans le projet de loi, c'est comme un état de fait. C'est vrai qu'hier c'était un bon commentaire, c'est comme une barrière à
l'entrée. Bien, c'est une barrière à l'entrée pour l'ensemble
du projet de loi, O.K.? Donc, c'est pour ça que ça a été mis comme ça. Ça a été mis comme ça parce qu'il y a quelques endroits, dans le projet
de loi, dont l'article 1, où on parle
de personnes en fin de vie. Donc, à 26, on ne l'avait pas répété, les gens nous
ont dit : Répétez-le. C'est pour ça
que ça a été amené comme ça. Ce n'est pas une condition de 26. C'est, je
dirais, là, sans jouer sur les mots, une condition totale. C'est une
réalité de 26. C'est une réalité du projet de loi qu'on réitère à 26.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Je suis parfaitement d'accord avec vous. Et, tant qu'on n'a pas regardé, soit
en faire une définition ou… en faire
quelque part, on ne peut pas savoir qu'est-ce que ça veut dire, disons, en
termes de barrière à l'entrée ou non. Et c'est là-dessus que, si... Ici, c'est plus risqué, même, qu'ailleurs,
parce que quelqu'un peut dire : On me refuse l'aide à mourir parce qu'on me dit que je ne suis pas en
fin de vie. Et moi, je pense que je suis en fin de vie, mon avocat aussi
pense que je suis en fin de vie.
Comprenez-vous ce que je veux dire? Autrement dit, est-ce que la loi va être
assez précise pour être capable de
dire : Tout ce qui a été fait était fait correctement? On a demandé à un
médecin qui, en bonne et due forme, avait le droit de dire que vous
étiez en fin... pas ou non en fin de vie, et c'est le jugement. Légalement
parlant, il n'y a aucune prise.
Mais, pour
l'instant, tel que c'est écrit, surtout qu'on n'a pas défini, là, qu'est-ce que
ça voulait dire, «fin de vie», en tout cas, on n'a pas mis de balise,
là, il y a comme une obligation de faire quelque chose.
Alors, on revient
peut-être à ce dont on parlait, de mise en ordre. Si on considère qu'«en fin de
vie», dans la première ligne, est quelque
chose qui correspond à une définition qui touche à l'ensemble de la loi, je
suis d'accord qu'on ne l'ait pas
comme une condition dans le 26. Mais il ne faudra pas oublier de préciser ce
que ça veut dire, par ailleurs, parce
que, sinon, on laisse comme un vide. C'est dans ce sens-là que j'interviens.
Sinon, à ce moment-là, prenons les critères puis classons-les dans un ordre donné. La question qui se posait, c'est :
Est-ce qu'on ajoute «fin de vie» comme critère? Mais ce que je comprends
de l'interprétation de la ministre, c'est que «fin de vie» est un critère de
l'ensemble de l'application de la loi. Donc,
on n'a pas besoin de le mettre dans le 26, à condition qu'on s'en occupe puis
que ça soit bien une barrière à l'entrée qui soit définie légalement à
quelque part.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, il y a... On revient toujours à «fin de vie», puis il y a différents
choix qui s'offrent, là. Il y a le choix
d'essayer de le définir au début, dans les définitions, puis je pense que c'est
excessivement difficile, mais on peut toujours
continuer d'essayer. Il y a le choix de dire : On ne le définit pas, ce
qui, moi, est mon option de base parce que je pense que «fin de vie», selon les différents contextes, comme je l'ai
dit à plusieurs reprises, ça s'interprète, ce n'est pas une notion
parfaitement précise et pointue comme plusieurs notions dans notre droit. Il y
a ça ou il y a de dire : On ne le définit
pas, mais, à 26, on vient préciser d'une autre manière ce qu'on veut dire
spécifiquement en lien avec aide médicale à mourir, ce qu'est la fin de vie. Ça serait un autre choix, je vous
dirais, sans le définir pour l'ensemble de la loi parce que ça n'a jamais été soulevé... C'est-à-dire que,
quand ça a été soulevé, c'était tout le temps en lien avec l'aide médicale
à mourir. Parce que les gens disaient :
Bien, vous ne le mettez même pas, que c'est une personne qui est en fin de vie.
Là, je disais toujours : Ça va de soi,
c'est l'ensemble du projet de loi qui concerne les personnes en fin de vie.
Donc, je pense que ça, c'est un petit peu le cadre des options qu'on a.
Et je ne sais pas où vous vous situez. Moi, j'ai
ma position de base, là, qui, après avoir beaucoup, beaucoup, beaucoup réfléchi, est celle que je pense que «fin
de vie» dit ce qu'elle a à dire et donne la flexibilité tout en refermant
la porte aux cas de personnes qui sont
handicapées, aux cas de personnes qui ne sont pas en fin de vie. Mais je vous
dirais que j'ai quand même analysé
les choix possibles et je pense que les choix possibles, c'est ça, c'est soit
de dire : On se donne une
définition de fin de vie, si on est capables, qui peut être excessivement
large, mais qui va faire en sorte qu'on a quelque chose d'un petit peu plus précis que «fin de vie», si on le
souhaite, sans tomber dans le phénomène des poupées russes qui, selon moi, nous guette beaucoup,
beaucoup, genre : un proche avenir, qu'est-ce qu'un proche avenir? À plus
ou moins long terme, qu'est-ce que
«plus ou moins long terme»? Terminal, qu'est-ce que «terminal»? Inéluctable...
Bon. Alors, pas besoin de
recommencer. Donc, ça, c'est un gros défi. Sinon, on se dit : On ne le
définit pas puis, à 26, on voit si on est capables de le préciser dans
le cadre de 26.
Mais c'est
sûr que, moi, d'entrée de jeu... On pourrait imaginer qu'on le met comme une
condition, elle est en fin de vie. Le
problème que je vois avec ça, c'est que c'est là pour tous les articles. C'est
pour ça que j'aime mieux, moi, la
formulation «seule une personne» en ajoutant
«en fin de vie»; on campe notre affaire, après, on met nos
conditions, et quitte à se
demander : Est-ce qu'on essaie de mettre une définition au début ou est-ce qu'on essaie de mettre une précision ailleurs, à 26?
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford.
M.
Reid : Oui. Bien, j'aime bien l'analyse de la ministre,
qui montre les choix possibles, et tout ça. Moi, je vais juste reculer pour prendre ça par l'autre bout de
la lunette, le plus loin possible, là. Comme citoyen, je voudrais juste, là,
peut-être que je ne comprends pas tout, mais la préoccupation que j'aurais, je
voudrais juste que ce soit plutôt un médecin qui décide si je suis en fin
de vie ou pas qu'un juge, hein? Non, mais, entre nous, là, je pense que c'est
ça, la vraie préoccupation. Alors, est-ce
qu'on peut augmenter les chances que
ça soit un médecin qui décide et pas un juge? On ne pourra pas le faire
de façon parfaite, là, c'est clair, parce que juste l'explication de la ministre...
mais, à quelques reprises, on en a parlé, ça
montre... mais je le sais parce que, dans la commission spéciale, on avait beaucoup cherché et on ne trouve pas facilement, mais les juristes
sont peut-être mieux qualifiés que nous, finalement,
même jusqu'à un certain point, pour
essayer de trouver une façon de faire en sorte qu'on ait plus de chances que ça
soit un médecin qui décide si je suis
en fin de vie ou pas, comme citoyen, plutôt qu'un juge. Si je
ne suis pas content, je prends un avocat d'un bord comme de l'autre, là,
tu sais?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Oui, j'entends bien le... Moi, je pense que ça va
de soi, parce que j'y pensais, moi aussi, hier soir. Ça nous
habite.
Une voix : ...
Mme
Hivon : On ne pensait pas à la même chose. Moi, ce
n'était pas dans la liste sur... mais j'y pensais aussi puis je me disais : Mais qui d'autre? Je
pensais à la députée du... à la députée, à la question du député d'Orford
puis je me disais : C'est sûr
que l'évaluation, c'est l'évaluation du médecin, ça va de soi. Donc, c'est toujours
aussi le... si on vient le préciser à
certains endroits, l'ensemble de ça, c'est l'évaluation du médecin. Puis,
ensuite, on le voit quand on voit, ensuite,
le processus qui en découle. Donc, vous n'allez pas décréter un jour :
Voici, je suis en fin de vie, là. Ce n'est pas comme ça
que ça fonctionne. Donc, c'est compte
tenu de votre état, de votre
évolution, et tout ça. Alors, pour moi, je suis tout à fait d'accord
avec le député d'Orford, c'est le jugement du médecin.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Mais on est
d'accord là-dessus. La question, c'est que... Moi, je suis d'accord aussi, là. La
question, c'est : Qu'est-ce qu'on ferait pour être sûrs? Parce
que, même si le médecin me dit que je
ne suis pas en fin de vie, peut-être
que moi, je peux penser que je le suis et peut-être
que je peux convaincre un avocat que je le suis; puis l'avocat, en regardant
la loi, il peut dire : Écoute, regarde,
on va laisser un juge décider, parce
que je pense qu'on a une cause. Moi,
je voudrais que cette cause-là, ce
soit le moins... il y ait le moins de chances possible, et il me semble
que, là, on ne met rien pour empêcher ça d'arriver.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, oui, j'entends, j'entends. Je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Ça ne veut
pas dire qu'on trouve la solution tout
de suite, M. le...
Ça ne veut pas dire qu'on
trouve la solution tout de suite, mais ça veut dire qu'au départ il y a
des éléments intéressants. La ministre a mentionné deux, trois endroits où on
pourrait peut-être essayer de faire quelque chose, soit dans le 26 soit
ailleurs, et je ne suis pas en mesure de
répondre à ça. Mais, si on était capables de trouver, à un endroit ou à un
autre, quelque chose qui augmente le...
et aussi pour le médecin de ne pas prendre le risque de se faire poursuivre,
là, O.K.? Donc, on protège le médecin aussi
en même temps si on augmente... ou si on indique en quelque part que c'est le
jugement du médecin qui fait foi, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : J'aurais
une question pour le député d'Orford. Est-ce que
lui, il estime que, si, par exemple, on l'énumérait comme une condition…
Admettons qu'on faisait un genre de pléonasme législatif dans le sens qu'on a «personne en fin de vie», ça va de soi,
c'est partout dans le projet de loi,
on vient mettre la ceinture, les bretelles en le mettant à 26 encore parce qu'on nous a dit : Il n'est pas là, puis
on veut rassurer tout le monde que c'est sûr que la personne va être en fin de vie, est-ce que le député, lui,
il souhaiterait qu'on le mette vraiment dans l'énumération des conditions, ce
qui ferait en sorte que ça irait de soi
parce qu'on a par ailleurs, à 28, le processus auquel doit s'astreindre le
médecin de vérifier formellement l'atteinte de chacune des conditions,
et donc il nous dit : Comme ça, on s'assurerait que le médecin vient porter un jugement sur la condition
aussi de la fin de vie, malgré le fait… Là, il faudrait que je discute avec
les légistes, à savoir si...
M.
Reid :
Ça pourrait peut-être...
• (12 h 20) •
Mme
Hivon : ...on commet un crime de lèse-majesté législatif en
faisait ce pléonasme-là, là, mais ça rassurerait, quant à cet élément-là, de savoir : Il va y
avoir un jugement médical sur la question de la fin de vie. Mais là la question
qui vient, c'est : Est-ce qu'on écrit
«elle est en fin de vie», et donc le médecin vient évaluer ça comme moi, je le plaide, ou est-ce que
c'est autre chose que vous voulez comme élément?
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Écoutez,
moi, en ce qui me concerne, là, le but expliqué par la ministre,
je ne suis pas en mesure de voir les
moyens, puis peut-être, aussi, il
y a des gens qui pourraient se
prononcer, mais le but exprimé par la ministre,
là, à savoir qu'on rend clair, dans la loi, que le médecin, c'est celui qui
passe l'évaluation, et, si quelqu'un n'est pas d'accord qu'il est en fin de
vie, soit il se trouve un autre médecin ou il fait une poursuite, ça, moi,
je pense que ça, ça clarifie les choses.
Alors, qu'on s'en serve dans une liste comme ça, ça, je suis moins en mesure de
vous dire si c'est la bonne solution. Mais
l'idée de faire en sorte qu'on donne au médecin, dans la loi, au moins quelque chose qui dit que c'est lui qui a le droit
de porter ce jugement… et ce jugement-là, la loi l'appuie là-dedans,
autrement dit, pour ne pas que quelqu'un dise : Écoute, moi, je pense que je suis en fin de
vie, puis, le médecin, ce n'est pas de ses affaires, puis mon avocat est d'accord avec moi, ça fait qu'on va
poursuivre, c'est un juge qui va décider, tu sais?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Bien, en fait, là, je vous écoute puis, hier, j'ai déposé le sous-amendement à l'article
3 pour la définition de «fin de vie», mais peut-être
qu'effectivement il serait mieux que la fin de vie soit, pour 26,
mise comme une condition, je ne sais
pas, tel que… Puis ça pourrait être une personne en fin de vie tel que consigné
à son dossier médical, ou tel
qu'attesté par son médecin traitant, ou peu importe, là, il y a sûrement
une formulation qu'on pourrait utiliser. Et donc ça évite justement l'espèce de flou que nous… et le phénomène poupées
russes qu'entraînerait une définition de «fin de vie». Puis je comprends la ministre
puis je comprends à quel point ça peut être délicat, mais, en même temps, ce faisant, parce que la
fin de vie sera différente selon la situation de chaque individu, mais on a un
professionnel de la santé qui a toute la formation requise pour dire : Mon patient
est en fin de vie. Compte tenu de tout ça, moi, je considère que le patient est
en fin de vie. Donc, il y a
cet élément-là qui est présent, et, après ça, le patient non seulement est-il en fin de vie, mais il doit
respecter les conditions, les autres conditions de l'article
26. Et ça éviterait peut-être des interprétations aléatoires. Et puis là je reconnais que nos travaux nous
amènent toujours un
petit peu plus loin. Puis je pense
que ce serait beaucoup plus précis, et surtout, médicalement, on aurait
un avis objectif qui ne serait pas laissé à l'interprétation de qui que ce
soit. Je pense, ça correspondrait davantage à la philosophie, en tout
cas… Et à ce moment-là on pourrait faire peut-être… ajouter une condition à la suggestion
de mon collègue, là, à l'amendement de mon collègue.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je trouve qu'on fait une belle réflexion collective, là,
sans compter que peut-être qu'on ne
sera pas précis au début, mais il va y avoir la commission aussi qui, à un moment donné, peut amener des éléments de
jurisprudence. Puis il y a des choses que… quand les gens sont venus
témoigner, il y en a qui nous disaient : Vous savez, un handicapé quadriplégique pourrait demander ça parce qu'il répondrait aux critères. On lui a tous dit non, là. On est tous d'accord avec ça. Mais ça, au moins, ça permettrait aussi
de dire : On s'est entendus ici, ce ne sera pas ça. Le cas de santé mentale, la personne qui a une grande,
grande souffrance psychologique, elle ne répond pas à ça non plus. Ça, on
l'a dit également. Mais ça nous permettrait, au fil des années puis au fil de
l'expérience également… parce qu'il va peut-être arriver des cas d'exception que la commission
va le regarder puis elle va dire : Bien, ce cas-là, à l'avenir, devrait
être traité comme ça, puis on se crée une
jurisprudence qui, au lieu d'être via des juges, va se faire plus via la commission. Puis, à un moment donné, peut-être que le législateur va revenir pour préciser des
choses, mais je pense qu'on s'approcherait plus du but recherché
que de ne rien faire.
Puis
je pense… En tout
cas, c'est une réflexion qu'on fait
entre nous, là. Puis là on est vraiment dans le côté éthique de notre
discussion, là, qu'il faut… On partage, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Là, M. le Président, on est vraiment dans le coeur, dans le coeur de notre… Et là ça vaut
la peine de prendre… pas que ça ne
vaut pas la peine toujours, mais on est dans le coeur, puis c'est… On veut
tous la même chose. On veut tous la même chose. On veut que ça
soit clair qu'il faut que la personne
soit en fin de vie. On peut estimer
de différentes manières que c'était clair,
que c'est plus clair, que ça peut être encore plus, plus clair. Donc, pour moi,
ça allait de soi. Oui, la personne est en fin de vie, et, oui, c'est le
jugement médical qui détermine tout ça, là.
Et là j'écoute, et on
l'avait formulé comme on l'a fait pour éviter ce que je vous disais qui était
comme un pléonasme puisque la fin de vie est considérée dans l'ensemble du projet
de loi. Mais on pourra en discuter, puis probablement que ce n'est pas un... J'aime mieux ne pas
m'avancer, parce que des fois, après, je dois être obligée de me
dédire à la lumière des sages explications
des légistes. Mais, si on est capables de le mettre comme ça, il faut que ça
soit encore plus clair que c'est une
condition, donc que c'est soumis versus 28, parce qu'après le médecin, lui, il doit consigner dans le dossier que toutes les conditions sont
remplies, donc ça va de soi. Donc, il va devoir poser son jugement formellement sur le fait que la personne est en
fin de vie, ce qui, pour moi, allait de soi dans ma compréhension et est un
élément qui rassure grandement aussi. Mais
là on le formaliserait davantage. Donc, si, simplement en le faisant de cette
manière-là, on peut mieux y arriver, je suis tout à fait ouverte, on va le
considérer, c'est certain. Mais... C'est ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Des fois, ça en prend un qui dise quelque chose qui est évident,
là. On vient vraiment de faire une grande avancée à l'heure actuelle. La discussion qu'on vient de faire là, là, on est dans le coeur du projet de loi, dans l'élément, je pense... Tout est important,
mais ça, c'est l'élément central puis c'est beaucoup également
l'élément de nouveauté. Puis la
réflexion de tous ceux qui sont autour de la table, je pense, conduit à une
solution, parce qu'on avait dit qu'on ne serait pas capable de
définir «fin de vie», mais on est peut-être capables de se rapprocher d'un
concept intéressant. Je voulais juste dire,
là, que c'est une très, très belle avancée. M. le Président, c'est mon
petit côté, des fois, là, d'émerveillement, là, devant... quand on
trouve des nouvelles idées.
M.
Reid :
M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Quant à
être dans ce type de commentaires, je pourrais vous dire que je retrouve avec beaucoup
de plaisir le genre de discussions qu'on a eues pendant 54 réunions à la
commission spéciale.
Mme
Hivon :
Bon!
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Nous sommes la commission du bonheur, M. le Président. Et le but, c'est de
donner le plus de sérénité aux personnes en
fin de vie. Donc, je pense qu'il ne faut pas l'oublier, c'est pour ça qu'on
travaille très fort. Donc, on va l'analyser.
Il
y a des petites choses que je veux
juste porter à votre attention en
termes de pléonasmes, mais je pense qu'il n'y
a pas de problème. Mais, en tout cas, on va le regarder, là. De
toute façon, on ne réglera pas tout
ça aujourd'hui…
Une voix : …
Mme
Hivon : Oui? O.K. Parce
que, dans notre définition d'«aide
médicale à mourir», on dit «personne en fin de vie», mais ça va qu'on le
répète à...
Une voix : On met
«souffrances» aussi, ça fait que…
Mme
Hivon : C'est
beau. O.K.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'on suspend cet article?
Mme
Hivon : On va
continuer. J'imagine qu'il y a d'autres éléments à discuter.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
que vous voulez procéder... continuer avec l'article?
Mme
Hivon : On
pourrait suspendre l'amendement, peut-être.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Là, c'est juste... On va le clarifier, parce qu'on avait rédigé un amendement.
Si je comprends, la ministre
va nous revenir avec une proposition dans laquelle il va y avoir la notion de «soins
de fin de vie», puis après ça on va
avoir les six autres critères qui vont suivre. Moi, je séparerais «majeure» et
«apte», là, juste pour vous dire... Pour une fois qu'un docteur va
gagner sur un avocat. Hein, tu en penses...
Des voix : ...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, non, non!
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Bien, sincèrement,
moi, je mettrais «majeure» et «apte» dans la même ligne. Je suis un peu d'accord
avec la ministre là-dessus. Le reste, à 6°, c'est correct.
Une voix : O.K. Mais...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Faites... Est-ce qu'on peut...
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Est-ce qu'on peut me faire...
Mme
Daneault : Je suis
dans le milieu.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Est-ce qu'on peut me faire plaisir une fois, là,
une fois, là, me faire plaisir, là? Parce que ça va être... après ça, ça
va...
Des voix : ...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Après ça, on va pouvoir continuer. Mais regardez, regardez...
Mme
Hivon : Cette
commission est un outil pour faire plaisir au député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Regardez, moi, ce que je vais vous proposer, là... Regardez, je vais
faire un petit compromis, mais...
Mme
Daneault : Oui,
puis moi, je suis dans le compromis, là?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, mais... Oui. Non, mais... Non, mais, regardez, ce que je vais
faire comme ouverture, là, rédigez les deux, puis on en discutera la
semaine prochaine. Ça fait que...
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
...c'est une belle ouverture, là.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : M. le Président, on n'est pas ici dans un processus, là, de négociation, puis tout ça, là. Je pense que c'est important aussi de le dire,
dans le sens qu'on veut faire la meilleure loi, on le dit toujours, puis c'est
un sujet assez sérieux qu'on veut s'en
assurer. Mais moi, j'aimerais que... On va réfléchir de part et d'autre. Nous, de notre côté, on va
réfléchir à quelque chose qui est très important, déjà, de séparer l'alinéa
1°, auquel je tenais, je le dis, je
trouvais que c'étaient les conditions intrinsèques liées à la personne, là. Donc, on va
l'évaluer, mais j'aimerais que, de son côté, le député de Jean-Talon
évalue la possibilité, en toute cohérence avec le Code civil,
de mettre «majeure» et «apte». Je suis même
prête à considérer l'ordre qu'il nous suggère, de mettre «la personne assurée»
en premier, même si je trouve que ce n'est
pas la condition, entre vous et moi, la plus au coeur de notre définition et
exaltante, pour reprendre les termes. Je suis prête à considérer ça. J'aimerais par ailleurs qu'il considère, puisqu'aujourd'hui notre session n'est pas très
longue, le fait de mettre «majeure»
et «apte» ensemble, et on va considérer le reste des commentaires pour voir
comment on peut mieux introduire la question de la fin de vie dans
l'article 26.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
• (12 h 30) •
Mme
Daneault : Je suis un peu d'accord avec la ministre là-dessus. Il me semble que je mettrais «majeure et apte»
en premier, puis en deuxième, après,
«assurée». Mais il me semble que la logique veut… et c'est ce qu'on voit dans
la majorité des lois, non?
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Je vais faire la réflexion, puis je vais les
laisser patienter un peu, puis, la semaine prochaine, on s'en reparlera.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres éléments à l'article 26
pour discussion? Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 26? On peut suspendre l'amendement et entreprendre la discussion sur l'article 26. Mme
la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Bien, sur le
fond de l'article 26, là, si on met de côté l'aspect
procédural et l'amendement, c'est certain qu'il y a d'autres commentaires,
d'autres questionnements parce que cet article-là, comme le disait si bien la ministre,
c'est vraiment le coeur du projet de loi, c'est à partir
de cet article-là puis du respect des conditions qui y sont
énoncées que l'aide médicale à mourir sera
disponible. Bon, la question des conditions énumérées au premier alinéa, tel
que rédigé pour le moment, là, pour moi, ce
sont des conditions objectives, donc c'est assez facile de constater leur
existence, à savoir la majorité,
l'aptitude — bien,
l'aptitude, c'est peut-être un
petit peu plus… c'est plus subjectif,
ça demande une certaine évaluation — et le fait que la personne
soit assurée.
L'aptitude
à consentir aux soins, tout
simplement vérifier, lorsque, par exemple, on dresse, bon, un acte notarié, le notaire a comme mission… Et je
pense que c'était un élément dont il
a été question lors de nos consultations. Lorsqu'un
notaire dresse un acte notarié, le notaire a la mission d'attester de la
capacité de la personne qui signe l'acte notarié devant lui ou devant elle. Et M.
le Président saura sans doute nous
rappeler la formulation précise que nous retrouvons dans une série
d'actes notariés. Est-ce qu'il y a, au formulaire, une consécration, une
formulation ou une attestation particulière
qui sera énoncée quant au constat de l'aptitude de la personne? Je comprends
qu'il s'agit là d'une condition du Code civil, mais on dressera le constat
de quelle façon? Est-ce que c'est tout simplement : Nous constatons que
cette personne-là ne fait l'objet d'aucune
mesure de tutelle, aucune mesure de protection, et donc on prend pour acquis
qu'elle est apte à consentir, ou
est-ce que je considère que la personne, pour l'ensemble, elle est apte à
consentir, elle n'est pas affectée
d'aucune maladie et d'aucun effet qui pourrait nuire à l'expression de son
consentement? Est-ce qu'il y aura une consécration
particulière pour reconnaître l'aptitude à consentir de la personne qui formule
la demande d'aide médicale à mourir?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
L'aptitude à consentir aux soins… Donc, c'est important, là, notamment avec les
gens qui sont venus, les groupes de défense
des personnes, soit mouvement des Personnes d'abord ou… Par exemple, vous
pourriez avoir une tutelle aux biens,
mais elle est tout à fait apte à prendre vos décisions en ce qui a trait à vos
soins, là. Donc, c'est vraiment ça,
le critère, je pense, c'est important de le redire. C'est le médecin qui, dans
tous les cas, constate l'aptitude à consentir
aux soins de quelqu'un et c'est une évaluation qui doit être faite par rapport
à la nature de ce à quoi la personne consent.
Donc, au même titre où une personne pourrait dire : Je refuse un
traitement, ou aujourd'hui je veux arrêter ma dialyse — en
sachant les effets que ça va comprendre — ou je veux être débranchée du
respirateur, cette évaluation-là doit
se faire. Donc, c'est vraiment le médecin qui juge de cette aptitude à
consentir aux soins et il va le consigner spécifiquement ici, ce qui n'est pas… bien, je veux dire, ce qui n'est
pas le cas… Il n'est pas obligé
formellement, dans chaque acte
médical, de le consigner. Il doit le constater. En général, on présume de
l'aptitude à consentir aux soins de quelqu'un. Puis, quand il y a des cas, évidemment,
plus complexes ou des circonstances qui font qu'on met en doute cette aptitude-là, il y a une évaluation
beaucoup plus poussée qui se fait. Mais, dans ce cas-ci, évidemment,
on va plus loin dans le sens que tout ça va devoir être évalué et
consigné dans l'évaluation, là, formellement, qui est faite par le médecin.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Est-ce
que nous avons… Et là je vais un petit peu plus loin, là, dans le libellé de l'article, mais c'est parce que
le formulaire est une question aussi qui est importante. Est-ce que
le formulaire est déjà élaboré? Est-ce
qu'on a déjà
élaboré un modèle de formulaire qui pourrait peut-être être mis en annexe
au projet de loi, comme on voit dans d'autres projets de loi?
Est-ce qu'il est déjà élaboré?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Il est en
cours d'élaboration, M. le Président, et… voilà. Il va reprendre les éléments… Mais,
le formulaire, il y a
deux choses, hein? Là, vous me… Il y
a le formulaire de demande de la
personne, donc, je demande d'obtenir une aide médicale à mourir, mais il
y a aussi ce qui va être consigné par le médecin qui va avoir administré l'aide médicale à mourir. Donc, ça, c'est deux
choses différentes. Un s'adresse à la personne, l'autre s'adresse au médecin.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Est-ce qu'il n'y aurait pas… Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle on a choisi de ne
pas annexer les formulaires auxquels on fait référence au projet de loi?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, en
fait, c'est certain qu'on ne peut pas présumer, tant que la loi n'est pas adoptée,
de tout ce qui va être dans la loi. Donc, c'est un travail qui est en
cours. Je veux juste, là… Ce n'est pas usuel. Ce n'est pas impossible, mais ce n'est… en tout cas, ce qu'on m'a dit, là, dans nos lois, mais je suis prête à entendre
l'avis de la députée, que ce
n'était pas usuel. Et on pourrait, par ailleurs… En tout cas, il faudrait voir,
là.
Une voix :
…
Mme
Hivon : Oui, c'est
ça. C'est ça. C'est parce qu'évidemment
ces formulaires-là pourraient être… vont être amenés possiblement à
évoluer avec les commentaires de la commission, avec, bon, la pratique, ce qui
pourrait être simplifié, tout ça. Et aussi
on pourra les rendre… L'idée aussi, c'est de les rendre disponibles
publiquement, qu'ils soient très bien
connus, ce qui, en soi, malgré tout le bien qu'on pense de toutes nos lois et
de leur importance, peut être un gage de
plus grande, je dirais, pénétration pour les gens qui ont besoin de le
constater que de le mettre en annexe, là. Donc, voilà ce que j'aurais à
dire à ce stade-ci.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (12 h 40) •
Mme
Vallée : Mais en fait, pour la publication des formulaires,
moi, j'ai posé la question parce que je me souviens, lorsque nous avons travaillé, il y a quelques
années, sur la réforme de la Loi électorale, on a passé des heures et des
heures à scruter et à bien faire les
choses. Je sais que c'était le leader du gouvernement qui était, à l'époque,
porte-parole. Et la Loi électorale, bien, lorsqu'on faisait référence à
un formulaire, le formulaire était annexé au projet de loi. Et c'était justement… Puis je me souviens que ce qui souvent
était soulevé, c'était qu'en l'annexant au projet de loi on y donnait une
portée plus grande qui permettait une meilleure diffusion pour faire en sorte
que les gens soient sensibilisés aux différents formulaires.
Et
je sais aussi que, dans d'autres cas, puis je me demande si ce n'est pas sur
la… Est-ce qu'il s'agit, dans la fixation des pensions alimentaires pour enfants… Est-ce que c'est au Code de
procédure civile où on a en annexe le formulaire de fixation des pensions alimentaires qui est en annexe au Code de
procédure? Je ne me souviens plus, mais, à tout événement, ce type de formulaire important là, souvent on les retrouve…
Alors, c'est pour ça que je m'étais mis une petite note à savoir est-ce que le formulaire était en
préparation. Je comprenais qu'au 14 juin peut-être que ce n'était pas… ça
n'avait pas encore été tout préparé, mais
j'étais sous l'impression peut-être que nous en aurions un exemplaire pour fins
de discussion lors de l'étude article par article.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est ça. En Santé, il y a beaucoup de formulaires.
Il va y en avoir, d'ailleurs, un de plus que ce qu'on avait prévu à l'origine, pour la sédation. Donc, il y aurait
celui-là aussi. Ce n'est pas une pratique. Mais nous avons un comité des formulaires, si ça peut rassurer ou
décourager, c'est selon. Mais on a un comité des formulaires qui fait un
très bon travail, M. le Président, et bien sûr ce type de formulaire là va
faire l'objet d'une consultation auprès des établissements, du corps médical. Donc, ça va quand même
prendre un petit processus de
consultation. Donc, je ne pense pas que ce soit la manière de faire ni
usuelle ni souhaitable dans le cas qui est ici.
Puis je veux juste
dire : Des fois, le formulaire est tellement important. Comme la fixation
des pensions alimentaires, c'est ça qui fait
acte du montant que vous allez avoir comme pension alimentaire; c'est vraiment
au coeur du projet de loi. Là, ici,
je soumettrais qu'on n'est pas au coeur. L'aide médicale à mourir, c'est un
élément très important, mais on est
vraiment… il faut respecter toutes les conditions, ce n'est pas le formulaire
qui va faire en sorte qu'on respecte les
conditions. Le formulaire, il est là pour s'assurer d'une formalité qui est que
la personne l'a demandé par écrit, et par ailleurs ça va venir attester que toutes les conditions sont remplies,
mais ce n'est pas le formulaire qui fait foi du respect ou du processus
qui doit être suivi. Donc, je pense que ça, c'est une différence importante.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Bien, écoutez, je le soulève. C'est certain que, si on pouvait avoir ce
formulaire-là, ça serait intéressant, puis,
pour nous, là, pour voir un peu quel sera le document en question, est-ce que
le document correspond à ce que… à l'idée que nous nous en étions faite
lors de nos travaux et… Parce que, la question aussi de l'aptitude, je comprends qu'il y a également le document, là,
préparé par le médecin, mais ça aurait permis aussi de voir de quelle façon
on prévoyait la reconnaissance très claire de l'aptitude à consentir aux soins.
Pour
la question d'une personne assurée au sens de la Loi sur l'assurance maladie,
je comprends que la personne doit
être assurée, doit être en règle, c'est-à-dire que la carte ne doit pas être
échue. Je pose la question parce que, parfois, une personne en fin de vie n'a pas toujours… n'aura pas nécessairement
pris le temps de renouveler — et non pas par négligence, mais parce que c'est l'état de santé
qui a fait en sorte qu'elle n'a pas pu se rendre prendre la photo — non seulement
sa carte d'assurance maladie, mais le permis de conduire, et tout, et tout.
Est-ce qu'on a pensé à la façon dont on
était pour considérer cette situation-là qui peut se produire? Et, je le dis,
là, encore là, ce n'est pas un piège, c'est une question qui m'est venue à la lecture du projet de loi. Qu'en est-il de
la personne qui, dans les trois, quatre derniers mois, était dans un
état physique qui l'empêchait de procéder au renouvellement de ses cartes d'identité?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Pour rassurer la députée, M. le Président, il y a
tout un règlement qui découle de la Loi sur l'assurance maladie, sur l'admissibilité et l'inscription des
personnes auprès de la Régie de l'assurance maladie. Et, quand quelqu'un
serait dans la situation qu'elle décrit,
évidemment il n'y a pas, là, un couperet qui tombe et la personne n'a plus
accès. Comme c'est le cas en ce
moment, vous pouvez avoir une personne aînée très mal en point, qui n'a pas pu,
pour toutes sortes de raisons, faire
son renouvellement officiel, mais on va voir qu'elle est sur la liste des
personnes assurées mais en attente de
renouvellement, donc, généralement, ça, ça ne pose pas de problème. On s'assure
juste que la formalité se fait pour que la personne puisse être en
renouvellement.
L'idée
derrière ça, c'est vraiment, évidemment, les résidents… les gens qui ne sont
pas résidents du Québec, c'est vraiment
le souci, et, eux, c'est clair, parce que ce sont des gens qui n'ont jamais eu
de carte d'assurance maladie ou qui, par
exemple, auraient eu une carte d'assurance maladie il y a cinq ans sans jamais avoir eu le souci... et
où on voit que l'adresse n'est pas au
Québec... Donc, c'est quand même relativement simple — comme
ça se fait, je vous dirais, pour d'autres situations en ce moment, là — de
l'évaluer.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Je pense
que, de toute façon, dans une situation comme ça, la Régie de l'assurance maladie du Québec va
probablement prévoir une façon rapide de répondre à la demande, là, parce
que... Nous autres, on vit ça, ici, M. le
Président — juste
pour donner l'exemple : parfois, dans les cabinets de médecin, il y
a moyen de téléphoner à la régie, qui va donner temporairement un numéro. Et
seulement si... Le seul problème qu'il y
aurait, si c'était... Puis je vais donner l'hypothèse, ça serait un Québécois,
une Québécoise qui a vécu à l'extérieur du pays puis qu'elle est arrivée dans une situation comme ça, exemple,
elle était absente ou absent pendant 15 ans, décide de revenir, née
au Québec, bien, il y a un délai de trois mois avant de pouvoir avoir un numéro
d'assurance maladie.
Là, écoutez, là,
c'est de l'exception de l'exception, là. On peut peut-être le prévoir, mais je
dis : Si tu es né au Québec, tu es à
l'extérieur 15 ans, tu es Québécois, Québécoise d'origine, on pourrait-tu
faire une exception pour ces gens-là? Bien,
en tout cas, ça, la ministre, elle pourrait faire la réflexion, mais on ne peut
pas régler tous les cas d'exception, mais ça serait peut-être un cas que j'appellerais humanitaire. Humanitaire,
donc, ça pourrait être quelqu'un qui est né au Québec qu'on pourrait avoir une réponse rapide. Ça fait
que je voulais juste apporter cet élément à la réflexion, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, le député a raison pour la question des
attestations temporaires, on le voit, par exemple, pour des personnes en situation d'itinérance, donc des
personnes en situation d'itinérance qui n'ont plus leur carte d'assurance
maladie, qui sont en situation où elles
doivent avoir des services, puis on leur donne une attestation temporaire.
Donc, ça, c'est quelque chose qui
peut arriver pour une personne qui, à la suite d'une incapacité physique ou
mentale, n'aurait pas renouvelé sa carte.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, évidemment, ça, ça ferme la porte à tout ce qui
peut se vivre ailleurs, notamment en Suisse ou ailleurs dans le monde. C'est vraiment la façon d'éviter que
quelqu'un décide de venir faire un tour au Québec pour un ultime voyage.
Ça, c'est vraiment, là... on ferme la porte de façon très claire et on évite
cette situation particulière.
Sur
le deuxième alinéa, maintenant, «elle est atteinte d'une maladie grave et
incurable». Alors, évidemment,
des questions sur ce que nous entendons, dans le projet de loi, par
«maladie grave et incurable».
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, il
s'agit d'une maladie qui est grave et
incurable, donc, je pense que ça dit tout, M. le Président. En fait, encore une fois, c'est vraiment...
Là, on rentre dans le domaine où nos amis médecins vont être heureux de dire
que ce n'est pas le jugement des avocats ou
des légistes qui prime, c'est vraiment le jugement médical qui va venir dire si effectivement c'est une maladie grave et incurable. C'est une expression qu'on
retrouve beaucoup, l'expression «maladie grave et incurable». Ça veut dire, vous savez,
vous pouvez avoir une maladie bénigne qui est incurable, là, mais qui n'est
pas quelque
chose qui fait en sorte que vous êtes
dans un état de maladie très important. Incurable, ça veut dire, évidemment, qu'il n'y a pas de chance que
vous guérissiez. Donc, il faut que les deux critères soient là, évidemment,
et ils sont reliés, là. Je ne
voudrais pas qu'on me dise : Elle est atteinte d'une maladie grave, elle
est atteinte d'une maladie incurable, ça va ensemble, donc je suis... on
va le mettre ensemble. Et puis c'est
le jugement du médecin qui va venir déterminer si c'est une maladie qui
a le caractère de grave et incurable.
C'est
parce que… là, je cherche un exemple d'une maladie bénigne avec laquelle vous
pouvez vivre toute votre vie. L'asthme, je ne le sais pas... Hein?
Une voix :
...
• (12 h 50) •
Mme
Hivon : Ça va dépendre de l'intensité. Mais, mettons,
l'asthme, ça dépend, il pourrait y avoir une forme sévère, mais je ne pense pas que c'est ce qu'on a
en tête ici, là, on se comprend. Donc, votre asthme peut être incurable,
mais est-ce que c'est une maladie grave et
incurable au sens de la loi? Non. Donc,
vous pourriez développer des conditions pulmonaires très, très difficiles liées à votre maladie grave et
incurable, là, ça, c'est quelque
chose, mais peut-être
que l'asthme aussi pourrait être jugé
grave, là, en tout cas. Mais je cherche un exemple de quelque chose qui est très… qui est plus bénin, mais qui va vous accompagner
toute votre vie, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, c'est juste pour rassurer la ministre. Si elle les avait
séparés, j'aurais demandé de les mettre ensemble. Ça fait que, c'est
certain qu'ensemble, ça va très, très bien.
M. le Président, il nous reste 10 minutes. On avait écrit quelque chose, je n'en aurais pas fait un amendement, mais juste pour… on aurait pu le partager
comme élément de réflexion pour la rédaction, en fin de semaine, là, d'une proposition. Parce que ça avait déjà été… on l'avait déjà fait, on l'a fait tantôt;
en discutant, peut-être qu'on pourrait la partager avec les différents membres. Mais, encore là, c'est comme je
vous dis, ce n'est pas un amendement qu'on dépose. C'est-u un amendement qu'on
déposait, non?
Des voix :
…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Hein? Mais, moi, c'était pour fins de discussion, pour qu'on puisse
avoir quelque chose, puis ça
va leur permettre peut-être
de voir où on s'en va. Puis je vais faire ma réflexion sur «majeure et apte à
consentir aux soins». Ma collègue
à ma droite, elle a l'air de se pencher vers les juristes puis ma collègue…
ça fait qu'on va… probablement que je vais être obligé d'accepter, là, mais on
verra ça la semaine prochaine, M. le Président. Est-ce qu'on peut partager?
Le Président (M.
Bergman) : Certainement.
Mme Vallée :
Tu ne veux pas le lire?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ah oui! Oui. Oui, je peux peut-être le lire
avant.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, ce n'est pas déposé comme
amendement, c'est juste pour partager parmi les membres de la
commission.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je vais le partager verbalement.
Mme
Hivon :
C'est un document que vous nous partagez?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Qu'on partage, c'est ça.
Le Président (M.
Bergman) : Certainement.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : À l'article 26…
Le Président (M.
Bergman) : …faire des copies, Mme la secrétaire?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On va faire des copies, puis ça va être plus
facile.
Le Président (M.
Bergman) : Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
(Reprise à 12 h 55)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M.
le député de Jean-Talon, il nous reste à peu près cinq minutes. Alors, si vous voulez expliquer le document que
vous avez fait distribuer pour réflexion pendant la fin de semaine, le
micro, c'est à vous, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Puis je tiens à
dire : C'est une réflexion collective de notre petit groupe, en collaboration, suite à des
échanges avec tous nos partenaires. Article 26… Là, ce n'est pas un
amendement, c'est juste pour réflexion, O.K.? Remplacer
l'article 26 par le suivant :
«26. Seule une personne qui satisfait aux
conditions suivantes peut obtenir l'aide médicale à mourir :
«1° elle est une personne en fin de vie, tel que
consigné à son dossier médical par son médecin traitant;
«2° elle est assurée au sens de la Loi sur
l'assurance maladie (chapitre A-29);
«3° elle est majeure;
«4° elle est apte à consentir aux soins;
«5° elle est atteinte d'une maladie grave et
incurable;
«6° sa situation médicale se caractérise par un
déclin avancé et irréversible de ses capacités;
«7° elle éprouve des souffrances physiques ou psychiques
constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions
qu'elle juge tolérables.»
Ce qui a déjà été accepté, je vais quand même le
lire :
«La personne
doit, de manière libre et éclairée, formuler pour elle-même la demande d'aide
médicale à mourir au moyen du formulaire prescrit par le ministre. Ce
formulaire doit être daté et signé par cette personne.
«Le
formulaire est signé en présence d'un professionnel de la santé ou des services
sociaux qui le contresigne et qui, s'il n'est pas le médecin traitant de
la personne, le remet à celui-ci.»
Donc, ça serait la réflexion de la fin de
semaine, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce que vous avez des commentaires
sur ce document de réflexion, M. le député? Il reste quelques minutes, et, peut-être, vos commentaires, ça va nous
aider pour notre réflexion pendant la fin de semaine.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Suite à la discussion avec ma collègue
de Gatineau, là, on va probablement… puis
les interventions que vous avez faites, on va probablement fusionner «majeure»
et «apte à consentir aux soins», c'est mon
compromis, M. le Président. Mon esprit très cartésien, algorithmique, utilisez
le mot que vous voulez, va devoir souffrir, mais je suis prêt à faire le
compromis.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce que vous avez d'autres
réflexions? Mme la ministre, est-ce que vous avez des commentaires sur
le document qui a été distribué?
Mme
Hivon :
Je voudrais juste… On va le regarder très sérieusement, on va analyser toute
cette question-là dans les prochains
jours. Simplement peut-être porter à la réflexion des collègues que nous
pourrions, dans l'ordre, commencer par
les conditions plus techniques et arriver — je vous soumets ça, là, c'est… réflexion
préliminaire — après
«majeure», «apte à consentir aux soins» avec «elle est en fin de vie»,
puis là… Ça serait comme notre liant entre ce qui est plus technique, objectif, si vous voulez, «est
majeure»… Puis là on rentre, après, dans ce qui est plus médical, donc ce qui
requiert un jugement. Je vous soumets ça pour réflexion.
Et l'autre élément, quant à ce qui concerne
l'évaluation de si la personne est en fin de vie, juste dire qu'il va falloir faire… Là, ça dit «tel que consigné à
son dossier». Je ne suis pas certaine que ce soit requis parce qu'on va voir
que, dans ce qui s'en vient, l'évaluation de
tous les éléments doit être faite et tout ça doit être consigné. Je pense que
c'est l'article 30 ou 31 dans le dossier. Mais, sinon, on va
regarder tout ça avec beaucoup d'intérêt en fin de semaine.
S'il y a
d'autres questions, d'ailleurs, qui apparaissent très, je dirais, importantes
pour l'opposition en lien avec cet
article-là, qui est très important, qu'ils veulent nous soumettre avant que
nous ajournions dans une minute, on pourrait aussi les évaluer, là, en
fin de semaine.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon, il reste deux minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, puis, pour moi, ce qui va être
important, c'est, une fois qu'on va s'être entendus sur la forme, on va probablement revenir sur le
contenu. Mais je vous dirais qu'on a déjà fait un bon bout de discussion.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Tout simplement, là, pour la réflexion du week-end, je me demandais… et je me
suis questionnée : Est-ce qu'en
indiquant que «la personne qui satisfait aux conditions suivantes», c'est
suffisamment clair, ou «à chacune des
conditions suivantes»? Parce que, dans le fond, ce n'est pas une ou l'autre,
c'est un ensemble de conditions auxquelles on doit satisfaire. Donc, c'est pour ça que je me demandais si le terme
«aux» était le terme approprié, ou si on ne devrait pas, peut-être,
utiliser «à chacune». Mais je vous laisse ça puis je sais que…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Juste dire que c'est un échange qu'on a déjà eu avec les légistes, parce que ça
va de soi. Donc, je le dis : Toutes les conditions doivent être remplies. Quand
on le rédige comme ça, ça va de soi. Mais on pourra en rediscuter pour savoir…
Le
Président (M. Bergman) : Alors, collègues, compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux au lundi le 2 décembre
2013, à 14 heures, afin de poursuivre l'étude du projet de loi n° 52.
Et je vous souhaite tous une bonne réflexion pendant la fin de semaine, et de
vous reposer un peu pendant la fin de semaine, et bon week-end.
(Fin de la séance à 13 heures)