(Onze heures quarante-six minutes)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
Le mandat de
la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi concernant
les soins de fin de vie.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Étude détaillée (suite)
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Goyer (Deux-Montagnes) remplace M. Villeneuve (Berthier);
M. Reid (Orford) remplace Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Le
Président (M. Bergman) : Merci. Alors, collègues, lors de l'ajournement de nos travaux,
hier, nous avions débuté la discussion sur l'article 15.
Je vous
rappelle que l'étude de l'article 3 et de son amendement, et de l'amendement proposant l'introduction de l'article 8.1 a été suspendue.
Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Oui. Alors, effectivement, nous étions à l'article
15. Je ne sais pas s'il y a d'autres questions après les explications qu'on avait
fournies.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires, interventions? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. La première question, c'était qu'on établit dans cet article
qu'à l'avenir il allait y avoir une obligation d'une entente entre la
maison de soins palliatifs et un établissement.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est ça, ma question, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. En fait, on vient prévoir ce qu'il doit y avoir dans l'entente. Donc, on
vient, oui, consacrer l'entente. Mais
on le consacrait déjà dans les définitions à l'article 3 en disant ce qu'est
une maison de soins palliatifs et ce qui est conforme à ce qu'on retrouve dans
l'article 108.3. Mais disons que c'est une manière de plus de venir établir,
donc, la nécessité de l'entente mais ici, je dirais, son contenu.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, merci, M. le Président. C'est parce qu'hier la ministre avait demandé une
suspension pour regarder l'article, puis elle était revenue par la suite puis
elle avait dit qu'il fallait qu'on revoie cet article-là puis qu'il devait y
avoir une autre rédaction, à ma connaissance. Non?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, j'ai dit qu'on se posait la question à savoir si, compte tenu du
changement qui avait été apporté pour
ce qui est de qui allaient relever les médecins qui pratiquaient seuls, ça
allait avoir une incidence, mais on est d'avis que non, en fait que le libellé, tel qu'il est là, est un bon
libellé qui vient prévoir les principaux éléments qui devront faire
partie des ententes.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (11 h 50) •
Mme Vallée :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, je comprends que ça vient… bon, l'article
vient encadrer de façon très spécifique un mécanisme qui actuellement est
encadré plus par l'objet de directives, là. Hier, on a expliqué la situation.
Maintenant, au niveau du détail des informations
que devra contenir l'entente, on parle des mécanismes de surveillance, donc, prévoir la nature des
mécanismes de surveillance qui permettent «à l'établissement, ou à l'un de ses
conseils ou comités
déterminé dans l'entente, de s'assurer de la qualité des soins fournis dans
[les] locaux». Est-ce qu'on a actuellement des paramètres? Est-ce qu'on
a des exemples de ce à quoi on s'attend lorsqu'on parle de mécanismes
d'encadrement?
Est-ce
que c'est, par exemple, la mise en place d'un comité de plainte ou d'un comité
qui ressemble un peu à ce qu'on
retrouvera à l'intérieur d'un établissement? Est-ce que c'est… Il va y avoir
des balises de base? On s'attend à quoi? Actuellement, je ne sais pas, peut-être que les ententes actuelles
prévoient… ou peut-être que la directive actuelle prévoit… Mais est-ce
qu'on a une idée du type de mécanisme de surveillance qu'on souhaite voir mis
en place à l'intérieur des maisons de soins palliatifs?
Et
également de quelle façon on va également… La qualité des soins sera évaluée en
vertu de quels barèmes, quels paramètres?
Est-ce qu'on a, actuellement, que ce soit pour les établissements de santé ou
même dans l'évaluation du respect des
ententes qui sont signées entre le ministère et les maisons de soins
palliatifs, au moment où on se parle, est-ce qu'on a des paramètres pour évaluer la qualité des
services qui sont dispensés aux bénéficiaires qui vont… et qui sont hébergés
dans les maisons de soins palliatifs?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Alors, M. le Président, ce n'est pas
systématique à l'heure actuelle, mais il y a certaines maisons avec les… je veux dire, certaines ententes avec
les maisons, qui prévoient, par exemple, des mécanismes de traitement des plaintes — j'ai un exemple ici, là — donc, qui prévoient un mécanisme de
traitement des plaintes, d'évaluation de la satisfaction de la clientèle, d'activités d'amélioration continue de la
qualité, qui fait rapport au conseil d'administration.
Je
vous dirais que ce qu'on a en tête, mais évidemment c'est quelque chose qui va
être mis en place de concert avec les
maisons de soins palliatifs, ce pourrait être un comité établissement-maison de
soins palliatifs, donc, interdisciplinaire, pas juste avec des professionnels nécessairement, mais qui verrait à
s'assurer, un peu comme je disais hier, qu'au-delà de, je dirais, la qualité des actes professionnels
posés il y ait, de manière générale, un mécanisme qui nous permet de s'assurer
que les services, de manière générale, sont
bien donnés, que les lieux sont correctement, je dirais, aménagés, entretenus.
Par exemple, toute la question de la
pharmacie, ça, c'est quelque chose qui est… Il n'y a pas un pharmacien sur
place en tout temps dans les maisons
de soins palliatifs. Donc, la gestion de la pharmacie. Oui, il y a l'acte
professionnel du pharmacien, mais comment on gère toute cette
réalité-là, qui est une réalité complexe?
Donc,
ça serait de s'assurer qu'on a ce mécanisme-là qui est convenu entre la maison
et l'établissement. Et je dois vous dire que, si on se fie aux grands
éléments qui ont été intégrés dans les ententes via les modalités d'encadrement
administratif qui ont été déterminées en
janvier 2012 de concert avec les maisons, on est très confiants qu'il va y
avoir un modèle, qui pourrait être,
je dirais, plutôt généralisé, de ce type de mécanisme là, qui pourrait convenir
aux deux parties.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, écoutez, c'est parce que
la façon dont l'article est fait… Hier, je me souviens de la discussion qu'on a eue avec la ministre, on
avait posé la question : Une maison de soins palliatifs et un
établissement doivent-ils nécessairement avoir une entente? La réponse,
ça a été oui. Par la suite, moi, j'avais apporté l'élément : Est-ce que c'est avec des hôpitaux ou avec des
CSSS? Parce qu'habituellement une maison de soins palliatifs devrait être
plus reliée avec le CSSS. Est-ce qu'on veut exclure la possibilité qu'elle soit
avec un hôpital au Québec? Ce serait peut-être une question qu'on devrait se
poser.
Et
je trouve que l'article au départ ne campe pas clairement qu'il doit y avoir
une entente. Si ce n'est pas à nulle part
ailleurs, moi, je pense, ça aurait été intéressant, dans un premier élément,
peut-être d'avoir un amendement puis dire : Une maison de soins
palliatifs doit avoir une entente avec un établissement en vertu de l'article
108.3 de la loi sur la santé et services
sociaux. Ça, ça aurait dû être, quant à moi, un article tout seul parce que
c'est important, là, cet élément-là. Là, on sous-entend qu'il y a une
entente, donc on n'est pas trop sûrs.
Et,
deuxièmement, là, j'aurais fait un autre article pour dire en quoi consistent
cette entente-là puis le mécanisme de…
je vous dirais, de qu'est-ce que ça doit contenir. Mais je trouve qu'au départ
on se pose la question. S'il n'y a pas… Ce n'est pas une obligation d'avoir une entente, parce qu'ils doivent avoir
quelque chose s'il existe une entente. Moi, c'est comme ça que je
l'interprète.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je veux juste porter à l'attention que, dans la
définition même, à l'article 3, on le dit, donc, ce qu'est une maison de soins palliatifs. Pour être une maison de soins
palliatifs, il faut que vous ayez conclu une entente en vertu de
l'article 108.3 de la LSSSS. Donc, c'est mis là.
Là,
quand on arrive à 15, on vient effectivement dire que l'entente va devoir contenir tac, tac,
tac. Donc, ça va de soi que cette
entente-là doit… Ça va de soi parce
que c'est au coeur de la définition
même de «maison de soins palliatifs».
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Puis la question de l'établissement : Est-ce
que vous avez vérifié si les ententes
sont seulement qu'avec des CSSS ou il y en a avec des hôpitaux ou autres
types d'établissement?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Nous avons
vérifié aux petites heures, et elles sont effectivement toutes avec des
CSSS parce que c'est ce qui apparaît plus logique. Moi, je dois
vous dire que, ceci dit, j'aime mieux le libellé avec «un établissement». Ce n'est pas tant parce qu'on pense que ce serait un modèle de le faire avec «un hôpital», mais je
pense qu'on ne se ferme pas la porte,
parce qu'une loi est faite pour longtemps. Si jamais, éventuellement, il y avait des cas d'espèce… mais, à ce jour, la pratique, c'est avec les CSSS et c'est ce
qu'on prévoit aussi, mais je me garderais quand même cette prudence-là.
Je trouve que
ce serait plus souhaitable de garder le terme «établissement». Mais, pour ce
qui est de la question, c'est
oui, elles sont toutes avec... on avait la confirmation de 27 sur 29 et nous
avons la confirmation de 29 sur 29 avec des CSSS.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, on en a fait la discussion hier. Moi, je pense que ce n'est peut-être
pas mauvais d'avoir cette ouverture
au cas où est-ce qu'il pourrait arriver, à un moment donné, un établissement qui déciderait... un établissement autre qu'un CSSS qui pourrait s'associer avec une maison de soins
palliatifs, mais la majorité devrait être avec des CSSS, là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Je peux confirmer que c'est la manière de faire,
et c'est l'intention, mais on veut juste ne pas être trop fermés.
Le Président (M. Bergman) :
Ça va? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je reviens un peu avec la question
de la mise en place de mécanismes de surveillance, de standardisation un petit peu dans l'encadrement
des maisons de soins palliatifs puis je me posais la question : Est-ce qu'on ne vient pas, d'une certaine façon, dénaturer la
question de l'indépendance des maisons de soins palliatifs? Parce que les
maisons de soins palliatifs sont des
organismes à but non lucratif. Ils ont, en cette qualité, une certaine
indépendance quant à la façon d'administrer, de gérer leur
établissement. Et tout à l'heure, lorsque la ministre nous disait : Bien,
les mécanismes de surveillance pourraient
s'inspirer de ce que nous avons déjà, mais il pourrait aussi y s'agir d'un
comité conjoint avec l'établissement
qui veillerait à l'encadrement des soins, à l'encadrement de la qualité des
soins, je me suis questionnée, à
savoir : Est-ce que, là, on ne vient pas dénaturer ou est-ce qu'on ne
vient pas porter atteinte à l'indépendance?
En même
temps, je comprends très bien le besoin d'encadrer l'ensemble de la pratique.
Je comprends que l'objectif du projet
de loi, c'est vraiment d'encadrer l'ensemble des soins de fin de vie, y
incluant les soins qui sont offerts dans les maisons de soins palliatifs et y incluant… donc, de façon à ce qu'il
y ait vraiment une vue d'ensemble, sur le territoire, de ce qui se fait et de
quelle façon on le fait. Je pense, entre autres, à la sédation palliative
continue et aux commentaires qui
étaient formulés dans le rapport de la commission, l'importance de bien
l'encadrer et de bien monitorer. Mais est-ce que, dans cette volonté de bien encadrer et de bien monitorer, on ne va
pas un petit peu loin en mettant en place ou en demandant qu'il y ait des ententes conjointes de surveillance avec les
établissements? Parce que, là, on entre vraiment, on entre vraiment dans la philosophie. On entre
vraiment dans l'encadrement des actes et des soins qui sont administrés
à l'intérieur des murs.
Et est-ce
qu'on ne pourrait pas, parce que je le vois aussi plus tard, est-ce qu'on ne
pourrait pas en arriver, à un certain
moment donné, à dire : L'évaluation du comité considère que la maison de
soins palliatifs devrait offrir l'ensemble de la gamme des soins de fin de vie, et puis là... je vois que la
ministre hoche de la tête, mais là on viendrait, d'une façon détournée, en arriver à une conclusion qui
viendrait un peu brouiller les cartes, là, dans le sens que ce n'est pas du tout… L'objectif du
projet de loi, puis je l'ai senti d'ailleurs par les amendements qui ont été
déposés, c'est de maintenir cette indépendance,
cette autonomie, je dirais, cette autonomie des maisons de palliatifs quant au
choix des activités qui sont pratiquées entre leurs murs.
Mais est-ce
qu'en mettant en place un mécanisme de surveillance et un comité de
surveillance de qualité des soins on ne vient pas porter atteinte à
cette autonomie?
• (12 heures) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, pour ce qui est de la question : Est-ce que ce comité-là pourrait
en venir à imposer que l'on donne
l'ensemble des soins palliatifs?, la réponse est non, parce qu'évidemment un
comité ne pourrait pas aller à l'encontre de ce qui est prévu dans la loi. Et donc c'est très, très clairement
prévu, et on l'a répété à plusieurs reprises. Donc, je pense que c'est tout à fait légitime que la députée de
Gatineau s'en enquière et qu'elle veuille un peu se faire la porte-parole
de cette préoccupation-là. Mais, je le
redis, il n'y a aucun moyen d'échapper à ça, puisque c'est prévu dans la loi.
Donc, ça, c'est clair.
Je dirais deux choses. C'est sûr que ce n'était
pas quelque chose qui était systématique, bien que certaines maisons, comme La Maison Victor-Gadbois, comme,
bon… Michel Sarrazin, qui a un statut à part, là, mais avaient leur mécanisme, donc, qui était convenu, qui était mis
en place. Ça nous apparaît important, dans la mesure où on vient vraiment
formaliser la reconnaissance, les entités
que sont les maisons de soins palliatifs, de s'assurer de cette espèce… d'avoir
un moyen de surveillance parce qu'il y a une
entente qui est convenue. Il y a des services, donc, qui sont le propre de ce
qui normalement est donné dans un
établissement, ce n'est pas rien, qui sont donnés dans ces organismes
communautaires là. Donc, je pense qu'il faut le voir comme un équilibre entre l'autonomie,
et la qualité des soins, et l'assurance aussi puis la protection des personnes, pas parce qu'on
pense… Puis je le redis parce que j'ai une très grande estime pour le travail
et la qualité de ce qui se fait dans les maisons de soins palliatifs. C'est
généralement, comme je le dis souvent, la Cadillac des soins palliatifs.
Mais je pense que c'est important d'envoyer ce message-là qu'il va y avoir,
oui, un maintien de l'autonomie mais aussi la qualité des soins qui va être
assurée, une forme de surveillance qui est assurée.
L'autre
chose, je pense, qu'il est important de dire, c'est que ça va être convenu par
entente. Donc, comme on l'a fait pour l'ensemble des mécanismes, des modalités
d'encadrement qui déterminent les ententes maintenant, la base des ententes maintenant, il y a des discussions
qui se sont faites avec les maisons, ça va être la même chose. Et moi, je
m'attends quand même à une bonne ouverture, un bon dialogue sur cette
question-là, et on pourra établir quel est le meilleur mécanisme. Mais je vous
dis un peu ce qui peut être envisagé : un comité, qui n'est pas
l'établissement, qui débarque, mais plus une instance mixte, je pense que ça
pourrait être tout à fait opportun. Je veux aussi dire qu'il faut prendre l'exemple d'autres organismes
communautaires comme… on était à souligner la Semaine de la prévention de la
toxicomanie… comme les organismes
communautaires en toxicomanie, qui offrent des services très importants aussi
de réadaptation auprès des personnes
toxicomanes et pour qui on exige beaucoup plus que ce qu'on va exiger, là, des
maisons de soins palliatifs, donc qui
doivent être certifiés, avec toute une foule de critères où… Donc, le cadre est
très, très important parce que ce
n'est pas banal, ce qu'ils font au quotidien. Donc, c'est l'équilibre de
dire : On a des organismes communautaires qui donnent des services aux citoyens… de santé ou des services sociaux,
mais par ailleurs il faut s'assurer qu'il y a un minimum de surveillance
qui puisse être fait.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mme la ministre soulevait la question de la certification. Est-ce qu'il fait
partie des intentions ou de la réflexion sur l'encadrement des maisons
de soins palliatifs peut-être d'exiger une forme de certification pour les maisons de soins palliatifs ou est-ce que le
processus actuel de reconnaissance d'une maison de soins palliatifs équivaut
ou équivaudrait à l'équivalence de la certification pour les centres de
traitement des dépendances?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Ce n'est pas la même chose. Mais on estime
qu'on a les bases solides avec l'entente. Donc, quand même, l'établissement convient de l'entente. Il y a un
agrément qui doit être donné aussi en
vertu de la loi, la LSSSS, et il
y a ces mécanismes-là qui vont entrer en jeu. Donc, nous, on pense qu'on a le
cadre, qui va être quand même plus important que ce qui était le cas jusqu'à maintenant,
le cadre requis.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et une des questions que j'ai posées
précédemment, c'est à savoir : Est-ce
qu'il existe actuellement des paramètres pour l'évaluation de la qualité des soins palliatifs qui sont
offerts ou est-ce que le ministère est en
train d'élaborer une série de
paramètres? Parce que, pour évaluer la qualité des soins, j'imagine
qu'on va se fier ou on va se baser
sur des critères objectifs, et on ne laissera pas le tout à la subjectivité
des différents comités qui pourront être mis en place.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Pour ce
qui est des soins professionnels,
ce n'est pas la même chose. Là, c'est vraiment la reddition de comptes professionnelle via
les ordres professionnels. Donc, comme c'est le cas dans les établissements, je
dirais, publics, hospitaliers, c'est généralement le CMDP, là on comprend que pour les médecins qui relèveraient du CMDP
ça serait encore le CMDP, sinon ça va
être le Collège des médecins directement, comme c'est le cas pour tout médecin qui pratique en cabinet privé; infirmière, ça va être
son ordre, sauf si évidemment c'est une infirmière du CLSC qui aurait une entente, mais ça, c'est quelque chose d'assez rare, là. Puis, pour les travailleurs sociaux, comme
c'est le cas dans un établissement, déjà, ils relèvent uniquement de
leur ordre, ça va être la même chose. Donc, ça, la qualité des services professionnels,
c'est vraiment les ordres qui sont d'abord concernés.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc...
Mme
Hivon : …on me
donne à l'instant une information supplémentaire...
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : ...que, dans les modalités, dont je parle
constamment, d'encadrement administratif,
il y a quand même quelques éléments
pour s'assurer, je dirais, de la qualité des soins, dans l'ensemble, qui sont
mis de l'avant, donc de prévoir, par
exemple, évidemment que pour chaque personne la maison doit tenir un dossier
clinique sur son état, avec un plan
thérapeutique. Donc, des choses générales, qui ne sont pas l'acte comme tel,
mais plus de s'assurer qu'il y a le suivi, dans l'ensemble, qui est requis, que les
soins palliatifs répondent évidemment aux normes, aux protocoles, aux guides
de pratique qui sont reconnus. Donc, des choses comme ça. Puis l'acte professionnel
comme tel relève des ordres.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Est-ce qu'on a cru bon d'exiger des maisons de soins
palliatifs la même exigence que les établissements,
là, donc, et ça, c'est peut-être en lien avec la qualité des soins,
c'est-à-dire d'assurer que les personnes puissent avoir accès à une chambre seule? Est-ce que ça, c'est le type
d'éléments qui seraient considérés dans l'évaluation de la qualité des
soins à l'article 15?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ce n'est pas prévu dans l'article dont on a discuté
hier. Donc, c'est un article vraiment pour les établissements. Pour ce qui est des maisons de soins palliatifs, en ce
qui me concerne, mais je ne mettrais pas ma main au feu, mais toutes celles que j'ai visitées n'avaient que des chambres
seules. Mais il y en a sûrement qui ont des chambres doubles, mais la
majorité ont des chambres seules.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (12 h 10) •
Mme Vallée :
Donc, la qualité des soins, services professionnels va relever des ordres, va
relever du CMDP.
Il y a quand même des
standards administratifs quant à la façon dont les soins sont déjà offerts.
Donc, ça, je comprends que ça fait partie...
D'une certaine façon, ce qu'on est en train de faire, c'est qu'on codifie, on
met, à l'intérieur d'une loi, des
pratiques qui sont déjà en cours avec les maisons de soins palliatifs. Elles ne
sont pas actuellement encadrées et elles
ne font pas l'objet d'une loi actuellement, mais ce qui se fait, là, en
ce moment, c'est vraiment de reprendre la pratique générale, donc les processus autant de reddition
de comptes sur la qualité des soins… On remet, à l'intérieur du premier paragraphe, là… du premier alinéa de
l'article 15, ce qui se fait de façon
officieuse par les différentes ententes et on le standardise pour l'ensemble des maisons de soins palliatifs au Québec
afin d'éviter qu'il y ait des différences trop marquées d'une région à
l'autre ou entre les ententes signées par un établissement et une maison de soins
palliatifs.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est exactement
ça. En fait, ça s'est développé beaucoup. Vu qu'il y avait cette absence de reconnaissance législative formelle, ça s'est développé beaucoup, beaucoup, je dirais,
de manière graduelle, via les ententes. Les ententes sont rendues de très,
très bonne qualité, avec un encadrement très important. Mais on vient reconnaître que ce n'est pas juste quelque chose qui est dans l'ordre des choses et dans la réalité, mais
c'est quelque chose qui doit être présent avec les éléments
essentiellement qu'on retrouve déjà mais qu'on formalise.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et, dans ce formalisme, il demeure qu'il y aura
toujours une place pour reconnaître la spécificité d'une maison de soins palliatifs ou d'une autre
maison, parce que, j'imagine, entre elles, elles ont chacune leur couleur,
elles ont chacune leurs spécificités. Et
puis cet article-là ne viendra pas d'aucune façon porter atteinte à cette
autonomie-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. En fait, elles gardent l'autonomie qu'elles ont en ce moment. D'ailleurs,
je dois dire que, quand on les a entendues,
il n'y a personne qui a remis en cause la nécessité d'avoir une entente puis le
bien-fondé. Puis, depuis que je suis
là, je les ai rencontrées. Depuis que je suis en poste, je les ai rencontrées
quand même, les associations, à quelques reprises. On n'a jamais remis
en cause le bien-fondé d'avoir des ententes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Bien, en fait, je pense, ce n'était pas tant le
bien-fondé, c'est parce que je voyais certaines recommandations qui avaient été faites, entre autres de retirer
l'article. Puis je fais le parallèle avec nos regroupements, les tables d'organismes communautaires, qui
parlent de l'importance de maintenir aussi l'indépendance, l'autonomie des
organismes communautaires. Donc, on veut
juste s'assurer... Dans le fond, le but de mon questionnement, c'est de
s'assurer qu'on puisse maintenir
l'autonomie puis la spécificité de ces maisons-là, parce que je crois que c'est
ce qui fait une grosse différence. Et
c'est ce qui va bien souvent être à la base du choix d'un individu de se
retrouver dans une maison de soins palliatifs,
parfois, plutôt qu'à domicile : c'est en raison de la spécificité des
soins, de l'encadrement et des services qui sont offerts. Donc, les
questions visaient à me rassurer sur cet aspect-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, j'ai envie de dire à la députée : Soyez
rassurée, parce que l'autonomie des maisons de soins palliatifs, c'est
autant un objectif que je partage, qui est consacré. Je pense qu'on maintient
l'autonomie des maisons de
soins palliatifs. Et puis, si je peux faire le parallèle avec les organismes
communautaires, je dirais, réguliers en santé et services sociaux, c'est, oui, fondamental que leur autonomie soit
préservée, ce sont des émanations de la communauté, comme les maisons de soins palliatifs, là. Donc,
c'est souvent une volonté d'une communauté de se doter d'une maison de soins palliatifs, puis après la démarche
s'enclenche. Mais les organismes communautaires en santé et services sociaux
sont assujettis à un cadre de référence,
doivent tous signer des conventions. Donc, il y a quand même tout un
encadrement qui est là et une
reddition de comptes qui est requise aussi parce que ce sont des organismes qui
sont liés au réseau de la santé et
des services sociaux. Donc, oui, mais c'est tout le temps une question
d'équilibre, puis je pense qu'on est dans l'atteinte de cet équilibre.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre, si je peux vous demander une
question.
Dans
l'article 15, vous faites référence à l'entente conclue en vertu de
l'article 108.3 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. Et, si je lis l'article 108.3, on lit qu'«un établissement peut
conclure avec un organisme communautaire
[...] une entente». Alors, si vous employez le mot «peut», ça veut dire que
c'est possible que cette entente n'est
pas signée entre l'établissement et un organisme communautaire. Alors, si vous avez le mot «peut» ici,
ça veut dire que c'est possible qu'il n'y ait pas une entente entre une
maison de soins palliatifs et un établissement.
Mme
Hivon : Oui. Alors, merci pour la question. On l'avait
abordé hier. En fait, l'article 108.3 parle en termes de «peut conclure». On est dans un article qui est
global, sur l'ensemble des organismes communautaires. Donc, on n'est pas uniquement ici, évidemment à 108.3, sur les
maisons de soins palliatifs, mais, pour pouvoir opérer, pour pouvoir avoir
son agrément, et maintenant on le consacre aussi dans la définition même de
«maison de soins palliatifs», cette entente devra être présente.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, Mme la ministre, est-ce que ce ne serait pas nécessaire
de faire un amendement à
l'article 108.3 pour changer le mot «peut» à «doit»?
Mme
Hivon : Non. En
fait, il ne faudrait pas changer parce
que ce qu'on consacre à 108.3, c'est
le pouvoir de l'établissement de conclure une entente, et là nous, on vient
plus loin. Puis c'est l'ensemble des organismes communautaires. Donc, je le redis, ce n'est pas un article qui
porte sur les maisons de soins palliatifs. Nous, on vient préciser dans notre
loi ce qui est plus spécifique aux maisons
de soins palliatifs. Mais, partout dans la LSSSS, l'établissement a toujours un pouvoir.
Donc, c'est comme ça que les choses sont mises de l'avant et libellées. Je ne
sais pas si vous voulez qu'on…
Le Président (M.
Bergman) : Mais, Mme la ministre, si je comprends bien le mot
«peut», c'est possible que l'entente n'est pas signée. Alors, si l'entente
n'est pas signée, les «provisions» de l'article 15 n'auraient pas d'effet.
Mme
Hivon :
Je vous renvoie à notre définition, à l'article 3, qui vient définir «maison de
soins palliatifs» comme étant «un organisme
communautaire titulaire d'un agrément délivré par le ministre […] et ayant
conclu une entente en vertu de
l'article 108.3». Donc, on vient ici clairement le préciser : pour que
vous soyez une maison de soins palliatifs au sens de la loi, vous allez devoir avoir conclu l'entente. Ça fait
même partie de votre définition pour être reconnu comme une maison.
Le
Président (M. Bergman) : Ma deuxième question. Vous dites : Dans l'entente, dans l'article
108.3, c'est une entente pour
«assurer la prestation de tout ou partie des services de santé ou des services
sociaux requis par la clientèle de [l'organisation]». Mais, dans l'article 15, vous ajoutez d'autres questions, par exemple la nature des services fournis par l'établissement, les mécanismes de surveillance et d'assurer la
qualité des soins fournis dans ces locaux. Ces trois demandes, est-ce
que ça ne serait pas plus approprié pour les avoir dans l'article 108.3 et pas
dans l'article 15?
Et,
deuxièmement, pourquoi est-ce que vous avez choisi de légiférer l'article 15 seulement
pour les maisons de soins palliatifs
en ce qui concerne le projet de loi
n° 52? Est-ce que ces questions
ne s'appliquent pas aux autres tâches des maisons de soins palliatifs?
Pourquoi seulement en ce qui concerne le projet de loi n° 52?
Mme
Hivon : O.K.
J'espère que j'ai bien compris. La première question : Pourquoi on ne
viendrait pas faire le changement à
108.3? C'est que 108.3, c'est un article général pour tous les organismes
communautaires. Donc, on a toute une
variété d'organismes communautaires qui ne donnent pas tous le même type de
services, évidemment. Donc, ce qu'on vient prévoir à 15 serait trop spécifique pour qu'on vienne l'introduire
à 108.3. On ne parle pas, à 108.3, là, de maisons de soins palliatifs.
La deuxième question,
c'était…
Le
Président (M. Bergman) : Vous avez choisi de demander ces questions en ce qui concerne le projet de loi n° 52…
Mme
Hivon :
Bien, en fait, c'est parce que c'est…
Le
Président (M. Bergman) : …mais, si ces questions sont valides, elles doivent être répondues pour
tous les services rendus par les maisons de soins palliatifs et pas seulement
en ce qui concerne le projet de loi n° 52.
• (12 h 20) •
Mme
Hivon : En fait, je vous dirais que, les maisons de soins
palliatifs, leur vocation, leur mission, c'est d'offrir des soins
palliatifs, donc des soins de fin de vie. Elles ne pourraient pas avoir une
autre vocation, elles n'auraient pas d'agrément, et il n'y aurait pas d'entente si
soudainement elles décidaient de faire de la pédiatrie ou de la chirurgie.
Elles ne seraient plus des maisons de
soins palliatifs. Donc, c'est au bon endroit. Je pense que tout ça est au bon
endroit, puisqu'on est dans la loi sur les soins de fin de vie. Ce sont des
maisons qui n'offrent que des soins de fin de vie. Donc, c'est logique
que ce soit dans cette loi-là où on vient reconnaître formellement les maisons
de soins palliatifs.
Le Président (M. Bergman) :
Merci. Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Alors, au deuxième alinéa, on indique :
«Sur demande de l'établissement, la maison de soins palliatifs lui
communique tout renseignement nécessaire à l'application de l'entente.»
Donc, quels
sont les renseignements qui pourraient être requis? Je pose la question tout
simplement pour éviter qu'on ait, encore une fois, de l'arbitraire,
parce que je comprends qu'en légiférant sur la question un manque de communication ou de diffusion de l'information
pourrait être considéré comme une non-collaboration et peut-être
venir porter atteinte au reste des
ententes, et il ne faudrait pas que ça puisse survenir. Donc, «tout
renseignement nécessaire à l'application de l'entente», ça peut
comprendre quoi?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Bien, je vous dirais, juste l'exemple de la
sécurité, ça a l'air très de base, là, mais c'est dans les modalités, donc, il faut avoir un schéma de
couverture de risques, des sorties, bon, tout ça. Si, à un moment donné, je ne
sais pas, il y avait une plainte qui
était faite ou il y avait quelque
chose qui venait aux oreilles de
l'établissement, qu'il n'y a
pas de suivi qui est fait correctement, qu'il y a eu un incident, je
ne sais pas, puis qu'on s'est rendu compte d'une lacune, la famille se serait rendu compte d'une lacune dans la sécurité,
bien, évidemment, l'établissement pourrait dire : Est-ce que vous pouvez me fournir votre plan, je
ne sais pas, de couverture de risques ou votre… donc, pour m'assurer que
ça, tel qu'on l'a convenu à l'entente, c'est bien appliqué? Je vous donne cet
exemple-là.
Je vous
dirais que c'est à la base de ce qui est prévu dans l'entente. Donc, quand il y a
une entente qui est signée, l'idée,
ce n'est pas de devenir Big Brother, intrusif et d'aller fouiller sur chaque
élément. On va voir plus tard qu'il y
a la question de l'inspection, là, qui est une nouveauté. Mais
l'établissement, ce serait juste dans une situation, je vous dirais, exceptionnelle où on devrait s'assurer de vérifier
quelque chose et qu'on souhaiterait obtenir un élément, un renseignement
par rapport à ça, un document. Donc, c'est
ce qui prévoit qu'on peut le faire. Je vous dirais qu'encore une fois c'est
déjà possible parce qu'évidemment
c'est dans l'entente. Pour s'assurer d'une bonne entente, il faut s'assurer
qu'on est capable de l'appliquer aussi puis d'en faire le suivi, mais on
vient le formaliser.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Si c'est déjà dans l'entente que chacune des
maisons signera ou signe avec l'établissement, est-ce qu'il y avait vraiment une nécessité? Je comprends que la mise en place
d'un mécanisme de surveillance, la mise en place de conseils ou de comités, ça, c'est un élément différent, mais est-ce
que c'est vraiment nécessaire de l'inclure à l'intérieur de
la loi? Parce que j'imagine que les ententes sont quand même volumineuses, puis
on ne veut pas nécessairement retranscrire chacune des obligations des ententes
à l'intérieur de la loi.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En fait, un autre exemple, que je viens
d'échapper… ça pourrait être aussi sur toute l'utilisation sécuritaire, on en parlait tantôt, là,
mais des narcotiques, donc, de cette réalité-là. Et, si on ne le prévoyait pas…
En fait, dans l'entente, on va venir
prévoir comment, encore une fois, ça va être discuté entre l'établissement et
la maison, comment on va procéder s'il y a
un besoin d'échange. Mais ce qu'on m'a dit, c'est que, si on ne le prévoyait
pas comme modalité formelle, on
pourrait peut-être avoir une embûche quant à des renseignements qui
normalement ne seraient pas accessibles. Mais là évidemment il ne faut
pas que ça, ce soit une embûche. Donc, c'est ça, l'idée derrière la
disposition.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : On revient justement… ça fait au moins
deux fois que la ministre revient avec la question de la mise en place d'encadrement de la pharmacie, puis
je sais que c'est une… Est-ce que c'est ce qu'on retrouve? Est-ce qu'on va le voir spécifiquement un peu plus loin ou
est-ce que ce serait à cet article-là
qu'on devrait prévoir une référence à cet aspect-là? Parce que je sais que c'était une préoccupation qui est quand même assez importante.
Je sais que les maisons… en tout cas, les maisons de soins palliatifs
que j'ai visitées ont leurs mécanismes de contrôle.
Mais est-ce
qu'on devrait prévoir à l'intérieur du projet de loi à ce moment-là que le
mécanisme de contrôle de l'accès au…
que ce soit à la pharmacie, là… soit prévu à l'intérieur de la reddition de
comptes qui est faite à l'établissement?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, dans les ententes, c'est prévu. Ici, j'ai un exemple, là, où c'est
prévu. On parle du programme de
gestion des risques, incluant notamment la gestion des narcotiques, le suivi
des incidents, accidents. Bon. Donc, ça donne des exemples. Justement, pour ne pas, je dirais, à l'article 15
énumérer tout ce qui doit se trouver à l'entente, on n'est pas allés dans ce degré de détail là,
puisqu'on a déjà les modalités d'encadrement qui sont la base des ententes,
aussi parce que les maisons… c'est
ça, on comprend que, pour eux, il y a une nouvelle réalité en le consacrant
dans un article de loi. Donc, on restait dans les termes généraux, je
dirais, de ce qui doit être prévu à l'entente.
Pour
la question de la modalité de communication, on nous a dit… les légistes m'ont
dit qu'il fallait que ça soit noir
sur blanc dans la loi pour s'assurer que ça puisse être réalisé, en plus du
fait que ça va être convenu dans l'entente. Mais on ne s'engage pas à
énumérer tout ce qui doit être dans l'entente.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Et j'imagine, bon, que les modalités de communication des renseignements, bon,
c'est prévu à l'entente, donc on n'a pas à spécifier si c'est par voie
électronique ou par version papier.
Mme Hivon :
On n'a pas à le spécifier.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Non, effectivement, on n'a pas à le spécifier. C'est
la même logique qui s'applique, que ce dont on a discuté hier.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Ça va pour moi, ça fait le tour des questions relatives à l'article 15. Je ne
sais pas pour mes collègues… Ça va?
Une voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres questions, interventions
sur l'article 15? Est-ce que l'article 15 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. L'article 16. Mme la ministre.
Mme
Hivon : L'article 16. Alors : «Toute maison de soins
palliatifs doit se doter d'un code d'éthique portant sur les droits des
personnes en fin de vie et adopter une politique portant sur les soins de fin
de vie.
«Ces documents
doivent être diffusés auprès du personnel de la maison, des professionnels de
la santé ou des services sociaux qui y exercent leur profession, des personnes
en fin de vie et de leurs proches.»
Alors,
bien, je pense que ça dit… Je n'élaborerai pas énormément, là, je pense que ça
dit ce que ça a à dire. Pour peut-être répondre d'entrée de jeu, la
majorité, encore une fois… Quand j'ai posé la question aux maisons de soins palliatifs si elles avaient des codes d'éthique,
elles m'ont dit : Bien sûr, nous avons des codes d'éthique, nous avons des
politiques. Mais c'est de venir l'encadrer
et le prévoir. C'est désormais une nécessité et une obligation, ce n'est pas
juste une bonne pratique.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (12 h 30) •
Mme
Vallée : Bien, évidemment, c'est certain que les commentaires
que j'ai faits concernant les établissements sont un petit peu différents parce qu'on s'imagine… Bon, c'est certain
que, les maisons de soins palliatifs, leur principale raison d'être, c'est d'accompagner les gens en fin
de vie. Donc, les commentaires faits pour les établissements retrouvent une résonance différente ici, dans le contexte des
soins palliatifs. Mais je comprends aussi que les maisons de soins palliatifs
n'offrent pas que l'accompagnement aux
personnes en soins de fin de vie, elles offrent également un accompagnement,
pour certaines, à la famille et aux proches.
Donc,
ce que l'on retrouve ici vise spécifiquement le client ou le patient qui est
reçu entre les murs de la maison de
soins palliatifs. Et là la question se pose : Est-ce que cette
politique-là va également toucher les
résidents qui participent? Parce que certaines maisons de soins palliatifs offrent des activités
de jour, reçoivent des gens qui, sans résider en permanence dans la maison de soins palliatifs, sont atteints d'une
maladie et vont recevoir un soutien, un support, font des activités qui leur permettent de sortir un petit peu de leur isolement. Donc, ces gens-là, à moins qu'ils ne correspondent à
quelqu'un qui est en fin de vie, ne seraient pas nécessairement touchés. Ou est-ce
que l'objectif de l'article 16, c'est également d'inclure une politique visant l'ensemble
des activités offertes aux patients, donc, à l'intérieur des murs, activités de jour ou pas?
Est-ce qu'on inclut également
les personnes qui dans certains cas ont accès à ces centres de jour?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, ce serait libre aux maisons qui auraient
ce type d'activités, qui est en émergence, de dire : Nous, notre politique, elle va plus loin
puis elle concerne, donc, l'ensemble des personnes qu'on peut recevoir, même
si, par exemple, la personne n'est pas en fin de vie. Je vous dirais quand même
qu'à l'heure actuelle, les centres de
jour, il y en a encore peu, et c'est quand même beaucoup pour les
personnes et les proches qui sont en fin de vie. Mais admettons le cas d'espèce; je vous dirais qu'évidemment libre à la
maison d'adapter sa politique. Mais là nous, on est sur vraiment un projet de loi sur les soins de fin
de vie, donc les obligations qu'on prévoit, les modalités qu'on prévoit
sont en lien avec l'étape de la fin de vie.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et le code
d'éthique, c'est pour évidemment l'ensemble du personnel qui oeuvre et de l'administration ou est-ce que c'est... est-ce
que le code... Parce que
je comprends que la maison se dote d'un code d'éthique, mais ce code d'éthique là devra être respecté par
l'ensemble : bénévoles, salariés, professionnels qui oeuvrent à l'intérieur des murs de la maison.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : La
réponse, c'est oui. Et évidemment toutes les personnes qui sont des professionnels
doivent en outre se conformer à leur
code de déontologie professionnel. Mais c'est un code d'éthique de la maison,
donc de la maison, de comment on se comporte dans la maison, pour
l'ensemble des personnes.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : L'Ordre des
pharmaciens nous avait fait la recommandation d'inclure spécifiquement à l'article
16 que la politique
devrait prévoir l'obligation de mettre en place des mécanismes de gestion des
médicaments afin d'atteindre un
équilibre entre l'accès raisonnable et la prévention des détournements. Je
comprends des commentaires formulés par la ministre à l'article 15 qu'il
n'y avait pas lieu nécessairement
d'amender ni l'article 15 ni l'article 16 à cette fin, puisque les ententes prévoient
actuellement un encadrement et une obligation pour les maisons de soins palliatifs d'encadrer
la gestion des médicaments.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, la maison doit déjà avoir son mécanisme d'encadrement. Et, si on
voulait aller plus loin, ça pourrait être un
élément qui serait traité par le mécanisme de surveillance qui va être mis en
place. Mais on s'y est penchés, là, parce qu'on sait que c'est une préoccupation de l'Ordre des pharmaciens. Mais là on trouvait
que de le spécifier noir sur blanc
dans la loi, ça créait un déséquilibre avec d'autres types d'obligation et ça pouvait laisser, je dirais, planer une suspicion, d'entrée
de jeu, très grande par rapport à ça, alors que les maisons ont voulu beaucoup, beaucoup nous rassurer là-dessus.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Lorsque...
Bon, le texte prévoit spécifiquement qu'il
s'agit d'une obligation
de se doter d'un code d'éthique, d'une obligation
de se doter d'une politique. Qui détermine la qualité ou la... oui, la qualité
du code d'éthique et de la politique
qui est adoptée? Est-ce que, parce que… Vu que c'est une obligation, est-ce
que le ministre ou l'établissement avec qui l'entente est signée pourrait ou aurait un droit de regard sur
le contenu de la politique, le contenu du code d'éthique?
Tout à l'heure, j'ai utilisé «qualité», là. Ce n'est pas le qualificatif que j'aurais
dû utiliser, c'est plutôt : Est-ce
que quelqu'un d'autre que la maison de soins palliatifs a un droit de regard sur le contenu de ces politiques-là?
C'est parce qu'on crée une obligation, mais en même temps on
n'a pas d'indicateur, dire : Oui, certains éléments doivent spécifiquement
y être inclus, vous devez vous doter d'un
code d'éthique, vous devez vous doter d'une politique, mais libre à vous de
mettre ce que vous voulez à l'intérieur de tout ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Donc, on est toujours dans l'équilibre de
l'autonomie. En fait, le code d'éthique puis la politique, ils vont être
vus par le C.A. de la maison. Donc, je pense que, comme en général c'est le
premier gage, je dirais, pour s'assurer de
la qualité de ce qui est fait, donc, non, ce n'est pas un droit de regard
automatique de l'établissement de dire : Nous allons juger si votre convenu… votre convenu; votre contenu
est convenable ou est le bon. Mais, si — encore une fois, je redonne mon
exemple de tantôt — on
se rendait compte qu'il y a des problèmes très, très importants dans une maison donnée, évidemment il y a des questions qui
pourraient se poser, il pourrait y avoir des… c'est ça, des questions qui soient posées. L'établissement pourrait
toujours demander de voir le code d'éthique ou la politique pour dire :
Bien, est-ce qu'ils se sont dotés vraiment de règles d'orientation pour,
donc, évaluer ça? Mais, d'entrée de jeu, ce n'est pas quelque chose qui revient
à l'établissement, je dirais, de regarder par-dessus l'épaule de la maison à
cet égard-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je comprends donc que le conseil d'administration a
une autonomie de déterminer ce qui devra être contenu à l'intérieur de
la politique et du code d'éthique.
Maintenant,
est-ce que ces documents-là, que ce soit en vertu d'une entente, doivent être
transmis à l'établissement préalablement
à la signature d'une entente? Donc, est-ce qu'il s'agit de documents que
l'établissement va évaluer avant de
conclure une entente avec une maison de soins palliatifs ou est-ce que ce sont
des documents qui n'ont pas d'obligation de suivre l'entente? Je pose la question, parce qu'on crée une
obligation et, bon… et on dit déjà : Dans les faits, là, ça existe déjà, mais on le fait pourquoi si ça… Pourquoi on
a l'obligation de codifier s'il n'y a pas de… si ces documents-là ne sont
pas transmis aux instances qui interagissent?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Bien,
en fait c'est qu'on a le pouvoir de vérifier si on souhaite vérifier, mais il
n'y a pas l'obligation systématique de tout
vérifier. Comme pour un établissement… en fait, l'établissement doit élaborer
tout ce qui est prévu dans la loi.
Systématiquement, on n'ira pas, comme ministère, vérifier. Mais, s'il y avait
une situation qui faisait qu'on devait venir vérifier, on pourrait le
faire et on le ferait.
Donc, c'est
la même logique qui est là. On ne peut pas en exiger plus non plus des maisons
de soins palliatifs, je dirais, en
termes de systématisation de tout ce qui doit être fait et de ce droit de
regard, mais c'est important d'avoir le droit de regard si on veut venir
vérifier certaines choses. Donc, on est dans une logique comme ça.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, parce que, bon, dans
la pratique quotidienne ce n'est pas
peut-être pas simple pour les maisons de soins palliatifs, d'avoir, à tout le
moins, un exemple de code d'éthique
qui pourrait être disponible pour ces gens-là? Parce que ce n'est pas toujours
simple pour eux, là, d'en élaborer un.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (12 h 40) •
Mme
Hivon :
Certainement. En fait, il y a une association des maisons de soins palliatifs
qui s'échangent des bonnes pratiques. Donc, elles sont déjà très, très en
réseau. Et la majorité, là… je ne dirai pas «toutes»… Mais, dans les ententes en ce moment qu'on signe, l'idée d'avoir
un code d'éthique est là, généralement. En fait, ça fait partie des modalités. Donc, généralement, dans les ententes, déjà c'est présent, l'idée
d'avoir un code d'éthique. Donc, la très grande majorité, si ce n'est pas la totalité, a déjà des
codes d'éthique. Mais certainement que, via l'Alliance des maisons de soins palliatifs, de ces exemples-là de codes d'éthique seraient disponibles.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Mais est-ce
que le ministère ne devrait pas en
avoir un disponible d'emblée… un exemple, là?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Bien, on pourrait. On pourrait regarder ce qui
est fait puis se dire : Ça, ça a l'air d'un code d'éthique particulièrement
intéressant. Et donc, si on était sollicités, oui, on pourrait tout à fait le
faire. Mais je vous dirais que, dans la
pratique actuelle, les maisons sont beaucoup dans un processus, je dirais, d'émulation et regardent les
meilleures pratiques entre les maisons. Michel Sarrazin a été longtemps
un phare dans le domaine, donc ils se réfèrent beaucoup aussi à Michel Sarrazin. Et donc je ne sais pas si elles se tourneraient
plus vers le ministère que vers l'Alliance des maisons, mais certainement que ça ne serait pas une perte pour nous d'avoir
un exemple d'un code d'éthique, je dirais, particulièrement bien fait, là.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Ça va.
Merci.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Quand on parle de code d'éthique… Habituellement, il ne faut pas qu'un code d'éthique soit imposé à l'organisation, mais c'est
plutôt l'organisation qui doit développer son code d'éthique à partir
de leurs propres valeurs.
Par contre, à la fin, on retrouve souvent les mêmes
éléments, entre autres le respect de la personne, toute la question
de la qualité. Mais en tout cas, moi, pour avoir travaillé à plusieurs
codes d'éthique, on insiste toujours,
c'est l'établissement qui doit se
doter, puis il y a une consultation également au
niveau des employés, au niveau des différents intervenants, au niveau du conseil d'administration puis au
niveau des usagers. Et je pense ça irait un petit peu à l'encontre de l'esprit du code d'éthique que de dire :
On en a un qui est modèle, vous devriez tous le prendre. Par contre, les gens,
comme disait la ministre, ils partagent les
codes d'éthique, et généralement les bonnes idées finissent par émerger. Et,
encore là, un peu comme on a parlé dans
d'autres dossiers auparavant, lorsqu'on impose le mur-à-mur, selon moi, on
brise souvent l'innovation, parce que
c'est tellement compliqué à changer puis à faire évoluer que souvent on reste
stagnants pendant
des années, tandis que, quand on accepte le principe que chacun peut développer
des meilleures pratiques, on se les
emprunte au fur des années puis souvent, à la fin, après plusieurs années, on
se rend compte que le résultat est meilleur que lorsque c'est une
décision centralisée.
Je ne sais pas si la
ministre est d'accord avec ce principe d'appropriation des valeurs et du code
d'éthique par l'établissement et également par le personnel et des usagers.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis d'accord, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est…
Une voix :
…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, peut-être que je pourrais passer
la parole à mon collègue.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Bien, je veux juste taper un petit peu sur le même
clou, là. C'est-à-dire qu'il y a généralement deux grands avantages, et il ne faut pas passer à côté, à l'adoption
d'un code d'éthique quand il passe effectivement par les employés et qu'il y a… Il y a l'appropriation.
Je pense que le député vient d'insister. Il y a aussi… enfin, l'appropriation,
ça veut dire une internalisation de ce qu'il
y a dans le code d'éthique, ça veut dire qu'on en fait soi-même sa propre ligne
de conduite. Et il y a aussi un effet… Quand
on la fait, l'appropriation, par des consultations mais aussi des discussions,
quand les gens prennent le temps de le faire
ensemble, il se crée aussi une certaine, entre guillemets, pression sociale
pour que le code d'éthique soit
appliqué. Parce que, si quelqu'un passe à côté, bien il sent bien qu'il y a
peut-être un désaveu de la part de
ses collègues de travail ou de la part d'autres usagers. Et donc il y a deux
impacts extraordinairement positifs de
développer un code d'éthique par consultation et par un travail et de la
formation qu'il y a là-dedans aussi, et je pense qu'il ne faut pas passer à côté, ce qui ne veut pas dire effectivement
que... Il y en a qui sont déjà développés, qu'il y a des bonnes idées, mais l'adoption des idées, à mon
avis, c'est aussi quelque chose qu'il est extrêmement important que ça
passe par ce processus d'appropriation. Et ça a les deux conséquences
bénéfiques dont je viens de parler.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis d'accord aussi avec le député d'Orford, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, j'aimerais ça peut-être
qu'on prenne un moment pour justement en parler, du code d'éthique, parce que ça représente quand même
les valeurs, et, comme je vous disais, les gens, quand ils se l'approprient,
ils sont beaucoup plus enclins à le respecter lors de l'adoption.
La
question, c'est : Si quelqu'un ne respecte pas le code d'éthique, est-ce
qu'il y a des mécanismes qui sont prévus pour intervenir, sans nécessairement qu'il y ait une sanction? Est-ce
que ça peut aller jusqu'à une plainte ou… Lorsqu'il y a un bris du code
d'éthique, est-ce qu'il y a des mécanismes qui sont prévus?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est la maison. En fait, évidemment, c'est la
maison qui est responsable de l'application de son code d'éthique et, dans la foulée de tout ce qu'on
vient d'entendre, de très bien fonder comme quoi le code d'éthique est une émanation de l'instance elle-même et que...
pour qu'elle soit suivie. C'est la même chose quand il y a un non-respect
du code d'éthique, c'est d'abord l'instance
concernée, donc les gens de la maison qui sont responsables de s'assurer que
les manquements au code ne se reproduisent
pas. Et, s'il y a besoin d'avoir des sanctions, c'est la maison qui est
autonome dans ça, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Une autre question — on en a déjà parlé, puis je n'insisterai pas
là-dessus : Est-ce que ça pourrait
être intéressant que les codes d'éthique puissent être transférés soit au
ministère ou encore à la commission ou on les laisse libres?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Moi, j'estime qu'on les laisse libres, vraiment, parce que c'est un peu dans
cette recherche d'équilibre aussi,
là. On est avec les maisons de soins palliatifs, on vient formaliser plusieurs
choses, je pense que c'est important, mais en même temps, du jour au lendemain, comme je disais tout à l'heure, ce n'est pas Big
Brother qui débarque et qui dit :
On va regarder à la loupe tout ce que vous faites, toutes vos politiques, tous
vos codes d'éthique qui, pour la très, très grande majorité, sont déjà
en place, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Il y a
un élément qui pourrait être ajouté à l'article : la question de la révision. Souvent, on oublie ça. Mais, quand
on visite des établissements, on se rend compte que, lorsqu'il n'a pas été fixé d'avoir une révision, il se passe cinq,
10, 15 ans sans qu'il y ait de réflexions qui ont été vues. Tant par la
politique portant sur la fin de vie… ou,
sur le code d'éthique, je ne sais pas s'il y aurait eu moyen d'ajouter qu'il y
ait une révision aux quatre ans,
parce qu'habituellement c'est le délai qu'on accorde pour les agréments. Puis,
à ce moment-là, ça veut dire qu'à un
moment donné c'est sûr qu'il va y avoir une révision. Ça oblige l'établissement
à refaire une réflexion, puis on ne
se retrouve pas avec des politiques qui, 10 ans après, n'ont jamais été
revues. Je ne sais pas si la ministre pense que ça pourrait être une
bonne idée, une valeur ajoutée à cet article.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, je ne rendrais pas ça systématique, au même
titre où pour les établissements il n'y a pas une révision systématique de leur code d'éthique qui est imposée par la
loi. Mais pour les maisons de soins palliatifs, par exemple, les ententes sont renouvelables,
généralement c'est prévu dans l'entente, mais aux trois ans. Et donc ça
pourrait tout à fait être une
occasion de dire : Bon, qu'en est-il de votre code d'éthique? Est-ce qu'il
y a eu des changements, bon, tout ça?
Donc, c'est un élément qui pourrait faire l'objet de discussions. Mais
personnellement, encore au nom de l'autonomie des maisons qu'on essaie
aussi de préserver, je me verrais mal imposer davantage d'obligations à cet
égard-là qu'aux établissements du réseau de la santé et des services sociaux.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, je trouve que trois ans,
ça peut être un délai également raisonnable, là. Mais je trouve quand
même que, quand on fait la loi, il y a des choses qu'on dit : Il faudrait
que ce soit fait, tandis que, quand c'est juste des ententes administratives,
nous autres, on finit par passer, puis, s'il y a d'autres personnes qui
rentrent, il y en a qui finissent par
l'oublier. Tandis que, quand c'est statutaire dans la loi, les gens savent
qu'avant, justement, le renouvellement
de leur entente ils vont refaire une évaluation au niveau de la politique et
également au niveau de leur code d'éthique. Mais un code d'éthique,
contrairement à ce qu'on pense, ce n'est pas fixe, dans le temps, pour la vie,
là, il faut que ce soit renouvelé sur une
base régulière, quitte à ce que les gens réadoptent le même code d'éthique.
Mais, au moins, ils ont fait une
réflexion par rapport à leurs valeurs. Et ça, ça répond au principe aussi que
les gens changent dans nos organisations, et c'est important de se le réapproprier.
Ce
n'est quand même pas plusieurs mots à mettre pour s'assurer que le code
d'éthique va être… et également la politique sur la fin de vie… pour
être respecté. Moi, je pense que ça serait un bon ajout.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, M. le Président. Ce n'est pas le nombre de mots, qui est en jeu, c'est la
réalité.
Donc,
il y a deux raisons pour lesquelles je ne souscrirais pas à cet amendement. La
première raison, c'est que j'estime que c'est une marque de respect de
l'autonomie. On est dans cette recherche d'équilibre là, on en discutait tout à l'heure, à l'égard des maisons de soins
palliatifs, de se fier quand même à leur jugement, au jugement de leur C.A. et de tout leur personnel, et usagers, et fondations,
et tout ce que vous voulez, pour travailler, donc, ce qui leur apparaît le plus opportun. Et le deuxième élément, c'est
qu'on serait plus exigeant envers elles qu'on est envers les établissements
de la santé et des services sociaux. Donc, je trouve que ce serait un drôle de
message à envoyer.
• (12 h 50) •
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, il faut en faire la réflexion,
M. le Président, là. Moi, j'ai été visiteur pour Agrément Canada pendant plusieurs années, puis ce que j'ai constaté, c'est que, lorsqu'on
ne mettait pas de façon claire les
renouvellements, on visite, cinq, 10 ans, 15 ans après, puis les gens
ont comme oublié qu'il fallait qu'on refasse une réflexion par rapport à
ça. Et puis moi, je me dis que déjà, de toute façon, on les oblige à signer une
entente avec un établissement. Puis l'autre chose, c'est qu'on lance un message
peut-être clair aux établissements. Puis, je vous
dirais même, ce serait intéressant de
poser dans la loi : Si les établissements de santé n'ont pas de révision de leur code
d'éthique sur une base régulière… Ça pourrait même être un bon ajout
pour la LSSSS, là. On pourrait y penser en même temps.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Moi en ce moment je me concentre, déjà que c'est quand même un exercice qui
prend un certain temps, au projet de loi qui nous occupe. Et mon objectif n'est pas de réviser l'ensemble de la
LSSSS à ce stade-ci. Donc, ça pourrait être une prochaine étape, un
autre mandat qui pourrait m'occuper pendant quatre ans. Mais, pour l'instant,
je me fie à la tâche qui est devant nous et je pense que c'est le focus que
l'on doit conserver.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mais, pour faire un petit bout de chemin sur les éléments que mon collègue de Jean-Talon
apportait, hier on a fait le tour de la question
du code d'éthique que les établissements adoptaient et qu'il devait y avoir une
considération particulière pour les soins de fin de vie.
Dans ce contexte-là,
puis suite à la réflexion faite par mon collègue, est-ce qu'il est si complexe
peut-être d'apporter, dans le contexte bien
précis du projet de loi qui nous occupe... Ça pourrait être peut-être
ultérieurement parce qu'on n'est pas
rendus aux modifications des autres lois, on est vraiment dans le cadre de la
loi sur les soins de fin de vie, mais... puis peut-être qu'on peut y
penser et l'aborder lorsqu'on abordera les modifications à apporter à la Loi
sur les services de santé et services
sociaux, mais est-ce qu'on ne pourrait pas prévoir que l'article 233... le code
d'éthique que l'établissement doit
adopter en vertu de 233 puisse être révisé, je ne sais pas, sur une base de
trois ans, ou quinquennale, ou peu
importe, là, mais en même temps dans le contexte bien particulier des soins de
fin de vie et avec l'évolution? C'est parce
que je me dis : On va mettre en place la commission sur les soins de fin
de vie, qui va aussi apporter une certaine... Je pense que la réflexion
et les rapports de la commission sur les soins de fin de vie vont certainement
apporter des éléments nouveaux et peut-être aussi des éléments... Bon,
peut-être que la commission se penchera sur certaines problématiques, peut-être
qu'elle soulèvera des façons de faire différentes. Et donc, à la lumière des
rapports de la commission, il pourrait y avoir lieu peut-être de revoir les
codes d'éthique des établissements puis, par ricochet, des maisons de soins
palliatifs.
Donc,
moi, je ne vois pas... puis je ne pense pas que ça demande une réétude complète
de la Loi sur les services de santé
et services sociaux, mais c'est quand même important. Parce qu'honnêtement, la
question du renouvellement des codes
d'éthique, moi, je ne l'avais pas vue. Je n'ai pas l'expertise de mon collègue
non plus dans le domaine, mais ça
pourrait s'avérer pertinent de prévoir éventuellement, lorsqu'on sera arrivés
un petit peu plus loin, cette modification-là. En tout cas, je soulève
la question. Nous aussi, je pense qu'on pourra y songer puis...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, je suis dans le même
sens que ma collègue. Puis, juste pour rajouter au niveau du
raisonnement, parce que c'est sûr qu'on a apporté l'idée, mais on n'a pas fait
tout le raisonnement qui va avec, premier
élément : Est-ce qu'on croit, oui ou non, qu'un code d'éthique et une
politique sur les soins de fin de vie devraient être réévalués sur une base régulière? Ça, c'est la première question
qu'on doit se poser. Puis, moi, ma réponse, c'est oui. Je ne sais pas si
la ministre pense à la même réponse que moi.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Sur le code d'éthique, je serais moins formelle que mon collègue parce que je
pense qu'une réévaluation est le propre de
l'instance qui porte le code d'éthique. Et donc c'est l'instance qui va
dire : Oui, on doit le réévaluer.
Mais ça se peut qu'on réévalue et qu'on pense qu'il ne faut rien changer. Donc,
de venir exiger formellement d'en haut, moi, je trouve ça... avec tout
le discours qu'on a tenu sur les codes d'éthique, j'estime que c'est un peu antinomique avec ce qu'on est en train de dire, que ça doit venir de l'instance d'elle-même
de venir dire : Hé! regardez, là,
à chaque trois ans, venez faire ça puis révisez votre code d'éthique. Moi, je
trouverais ça particulier qu'on vienne imposer ça d'en haut.
Est-ce qu'en tout lieu... Évidemment, une
organisation doit se questionner sur ses règles d'éthique. Je vous dirais
même qu'elle doit le faire en continu, selon
moi, lorsqu'il se passe des incidents, des événements, mais je ne pense pas que
c'est quelque chose qui doit être imposé d'en haut, la révision, le moment, le
comment, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, est-ce qu'on est d'accord
qu'au moins il devrait y avoir une réflexion sur le code d'éthique?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je pense que ça va de soi, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On évolue, M. le Président,
c'est bon. Si on a besoin d'une réflexion... On sait qu'il va y avoir plusieurs maisons de soins palliatifs
au Québec. Moi, mon expérience de visiteur du Conseil canadien, à l'époque,
puis d'Agrément Canada, le nouveau nom
actuel, c'est qu'on se rend compte que, dans les organisations, les gens
souvent ne voient pas l'importance ou ne le font pas. Et c'est quand on visite
qu'on se rend compte que… on se pose la question : Comment ça se fait qu'il n'y a pas eu, à un moment
donné, une consigne d'une autorité pour leur dire : Au moins, faites
la réflexion, faites l'évaluation? Et je suis d'accord avec la ministre que la
réflexion peut conduire et dire que le code d'éthique répond parfaitement aux
besoins du moment. À ce moment-là, bien ils referont la réflexion sur quatre
ans.
Et
ce qu'on fait avec la loi, c'est qu'on consigne du nouveau droit pour les 15,
20, 30, 40 prochaines années, d'où, moi... En tout cas, mon
expérience de visiteur du conseil canadien me dit que ce qu'on ne met pas, ça
ne se fait pas, souvent.
Et, par la suite, on se pose la question : Pourquoi ça n'a pas été mis par
les législateurs? Ça, juste pour vous dire, ce n'est pas un ordre qu'on
donne aux établissements sous le principe que c'est un ordre de centralisation,
c'est tout simplement un élément de bonne
gestion. Et, à ce moment-là, l'établissement le sait d'avance, que, tous les
quatre ans... On peut dire «à tous les trois ans» parce que c'est ça,
l'entente des contrats, mais on peut le mettre aux quatre ans également parce que c'est la norme qu'on a
acceptée pour les agréments des établissements de santé. Puis je trouve que
ce serait un bel exemple également pour que,
quand on va revoir la LSSSS, à ce moment-là on devrait peut-être le mettre
également, que ça devrait être réévalué aux
quatre ans pour les codes d'éthique des établissements. Parce que, si vous
validez, faites votre recherche, vous allez
vous rendre compte qu'il y a probablement des codes d'éthique qui existent
depuis 20 ans. Puis je ne suis même pas
sûr que les directeurs généraux actuels savent comment a été fait le code
d'éthique à l'époque, ce qui n'est pas normal.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je dirais que, s'ils ont des comités d'éthique, normalement, les comités
d'éthique devraient… s'ils travaillent
comme ils doivent travailler, ils devraient savoir qu'il y a un code d'éthique.
Et donc j'imagine que, les comités d'éthique
étant des instances de plus en plus importantes au sein des établissements, ça
doit être connu des principales personnes dans un établissement.
Moi,
je dois vous dire, M. le Président, je suis ici sur un projet de loi sur les
soins de fin de vie, donc je ne suis pas
là pour revoir toute la question de la gestion des codes d'éthique dans les
établissements, qui porte sur l'ensemble des questions. Et ce n'est pas
l'envergure que je veux donner à mon rôle aujourd'hui, de venir modifier la
LSSSS sur d'autres sujets qui soulèvent de l'intérêt, parce qu'on est en train
d'étudier le projet de loi sur les soins de fin de vie.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon, il vous reste deux
minutes.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Ce n'est pas ce que j'ai dit, je tiens à le
clarifier. J'ai dit qu'on doit le
faire pour le projet de loi actuel, et ça, ça pourrait servir d'exemple pour
une révision ultérieure de la LSSSS. Donc, pour moi, je suis d'accord avec la ministre, on ne touchera pas à la LSSSS, je pense
que ce n'est pas notre objet, mais c'est
un bel exemple d'une innovation qui vient dans un plus petit projet, qui va
servir après ça à un plus grand projet.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Personnellement, M. le Président, je ne suis pas à l'aise avec une telle modification. Puis je veux juste dire que,
même notre code d'éthique des membres de l'Assemblée nationale, on n'a
pas prévu une révision. Je pense
que ça
va de soi que c'est un processus
continu et je ne viendrai pas prévoir une telle chose et, je dirais, un tel
formalisme dans notre projet de loi à l'heure actuelle.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Bien, juste pour dire que, si on prend l'exemple de l'Assemblée nationale, il
n'y a jamais eu, à la connaissance de tous ceux à qui j'en ai parlé, puis il y en a
qui sont ici depuis longtemps, il n'y
a jamais eu cette opération de travail ensemble pour internaliser ces
valeurs. On a un code. C'est comme si on nous imposait un code. Et ce n'est
pas de ça dont on parle. On parle d'un code
qui est effectivement l'émanation de tous les utilisateurs impliqués dans le… C'est
quelque chose de très humain, là, dont on parle, là.
Le
Président (M. Bergman) : Collègues, compte tenu de l'heure, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30 ce soir.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 19 h 39)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! Alors, collègues, la
commission reprend ses travaux. Je rappelle que le mandat de
la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi concernant les soins de fin de vie.
Avant
la suspension de nos travaux ce matin, nous avons débuté l'étude de l'article
16. Mme la ministre, à vous la parole.
Mme
Hivon : Moi, ça va
pour ce qui est de l'article 16, je le trouve très clair, M. le Président. Donc, s'il y a des interventions de l'autre côté…
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article
16? M. le député de Jean-Talon.
• (19 h 40) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, on a eu quand même un peu de temps cet après-midi
pour y penser, puis l'heure du souper.
Puis
je vous dirais que j'ai pensé beaucoup à notre article 16 et je me demande si ce n'est pas… vraiment d'y repenser… mais que ce ne serait pas une bonne
idée… Puis moi, je pense qu'il faudrait faire ça aux quatre ans, tout simplement parce
que les agréments, habituellement
c'est aux quatre ans lorsqu'il s'agit du… Là, les discussions avec le ministère
puis les ententes de gestion, c'est aux trois ans. Ça devrait d'ailleurs être
aux quatre ans parce qu'aux trois ans c'est relativement court. Et ce serait intéressant qu'on puisse dire aux gens : Vous devez
revoir la position aux quatre ans. Et
puis à ce moment-là, même si c'est le même code d'éthique, la même politique,
la réflexion va être faite, et ça
nous oblige, dans notre réseau de la santé et également des organismes communautaires, d'avoir cette rigueur de revoir un document aussi important sur une base
régulière. Et, moi, ce que j'aurais tendance à dire, c'est : Au plus aux
quatre ans, parce qu'il y a des gens qui pourraient peut-être le revoir avec
moins de temps entre le... comme période.
Ça fait que
je ne sais pas, Mme la ministre, si c'est une réflexion que vous pourriez faire.
Et je sais que vous aviez l'air de
dire qu'à cause que c'est un organisme
communautaire on devrait leur laisser
le loisir ou l'autonomie de le faire, mais
je pense qu'on a un moment opportun dans une loi de faire des bonnes recommandations et surtout de statuer sur qu'est-ce qui devrait être fait dans
nos réseaux autant au niveau communautaire qu'au niveau de la santé.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, pour les deux raisons que j'ai exposées ce matin, j'estime que ce n'est
pas souhaitable de venir introduire, à ce moment-ci, un tel amendement,
d'une part, parce qu'on veut, oui, reconnaître l'autonomie des maisons de soins palliatifs et leur faculté de
revoir leur code d'éthique, parce qu'on a bien souligné que le code d'éthique
était une démarche qui émanait d'une
organisation elle-même, mais je dirais surtout que je serais mal à l'aise de
venir créer une obligation pour les maisons de soins palliatifs qui
n'existe pas, donc, pour les établissements ou pour toute autre organisation où on prévoit, dans la loi, un
code d'éthique, donc de venir formellement dire dans la loi qu'il doit être
revu à telle fréquence, alors qu'on ne le fait pour aucun de nos établissements
publics.
Et finalement
je pense qu'au moment du renouvellement des ententes, qui se fait généralement
aux trois ans, c'est une opportunité
de pouvoir rappeler l'importance de la révision du code d'éthique. Mais je ne
pense pas que c'est opportun de le mettre dans la loi.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, même si on pense que ce ne
sera peut-être pas accepté lors du vote, je vais proposer un amendement parce que moi, j'y crois vraiment, que ça
devrait être une révision aux quatre ans. Ça fait qu'on va proposer un amendement
là-dessus, M. le Président, puis on va avoir l'occasion d'en discuter
Le Président (M. Bergman) :
...votre amendement, s'il vous plaît.
Une voix : Je demanderais...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
On va suspendre juste quelques instants.
Une voix : ...rédiger.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 43)
(Reprise à 19 h 53)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M.
le député de Jean-Talon,
pouvez-vous présenter votre amendement, s'il vous plaît, en le lisant et
en expliquant l'amendement?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Article 16 : Remplacer l'article 16 par le
suivant :
«Toute maison
de soins palliatifs doit se doter d'un code d'éthique portant sur les droits
des personnes en fin de vie et adopter une politique portant sur les
soins de fin de vie — la
partie qui est modifiée, c'est la prochaine.
«Le code d'éthique et la politique doivent être
révisés aux trois ans.
«Ces documents doivent être diffusés auprès du
personnel de la maison, des professionnels de la santé ou des services sociaux
qui exercent leur profession, des personnes en fin de vie et de leurs proches.»
La raison
pour laquelle on demande cet amendement, M. le
Président… Dans un premier temps, on
a juste une bonne chance de faire une
bonne loi, et c'est présentement. Et, une fois que la loi va être écrite,
qu'elle va être diffusée, ça va être
difficile à modifier. De toute façon, souvent, les gens, ils ne pensent pas à
revenir. Et, avec cet élément-là, on rajoute
un élément de rigueur. Souvent, quand vous allez dans les établissements, s'il n'y avait pas cette clause-là... les gens, les directeurs généraux passent, les
directions passent, et il n'y a pas de révision au niveau des documents
extrêmement importants. Si on accorde
une importance au code d'éthique et à la politique de soins de fin de vie,
bien je pense qu'on doit
accorder une importance également à comment elle va être gérée à l'intérieur de
l'organisation. L'autre élément qui est important, c'est que ça oblige l'établissement, le personnel et tous les gens concernés à refaire une réflexion. Et,
pour moi, l'éthique, les politiques,
ça doit être revu sur une base régulière. Le scénario qui est possible, c'est
qu'à la fin ils disent que leur code
d'éthique et leur politique leur conviennent encore parfaitement. Mais ça les a
obligés à faire cette réflexion-là. Donc,
ça rajoute, je pense, au
niveau de l'établissement, un niveau d'engagement et ça oblige aussi les gens à se l'approprier
encore plus. Et, les nouveaux, entre autres les nouveaux membres qui n'avaient pas participé auparavant — il y a toujours des nouveaux
médecins, du nouveau personnel — bien ça les oblige à refaire cette
réflexion.
Pourquoi on
l'a mis aux trois ans? Bien, je pense qu'habituellement, les agréments, je les préfère
aux quatre ans parce que trois ans, ça revient relativement vite. Et, compte tenu que les ententes entre les maisons des soins
palliatifs et l'établissement… l'entente est aux trois ans, bien je pense
qu'à ce moment-là ça devient important d'être cohérents. Et,
lorsque quelqu'un vient faire une réévaluation de l'entente, à ce moment-là ils
peuvent vérifier si, oui ou non, le code d'éthique,
et la politique de soins de fin de vie, a été revu. M. le Président, si on le présente comme amendement,
puis c'est pour ça que je demande à la ministre
peut-être de refaire une réflexion, c'est
vraiment… en éthique, il faut avoir une ouverture. Et, quant à moi, ça
n'enlève rien, ça ne fait que rajouter et également ça donne une norme pour
tout l'ensemble du réseau des maisons de soins palliatifs.
À cause de
cet argument, moi, je pense que la modification devrait être adoptée. C'est une question
de rigueur, et je pense
que, tant qu'à faire la loi, on devrait la faire comme il faut
la première fois. C'est sûr qu'il peut y avoir des modifications par la suite. Là-dessus, M. le
Président, je rappellerais, là, le
principe qu'on s'était donné au début, c'est qu'il faut prendre le temps de
bien la faire. Je pense que c'est une loi qui est une bonne loi, en tout cas, dans ma perspective à moi.
Mais, en plus des grands principes, il
faut que la loi soit bien rédigée et il faut
qu'on pense aux détails. Parce que
souvent on a tendance, comme législateurs, à
dire : Bien, il y a quelqu'un qui réglera ça. Mais, lorsque la loi n'est pas
bien écrite ou lorsqu'on
n'a pas fait nos indications de façon claire, par la suite les gens, ils disent :
Bien, il me semble qu'ils auraient dû y penser. Donc, je voudrais
éliminer cet élément-là. Et je sais que la ministre va peut-être
me le répéter, mais je lui
demanderais, voir, de faire cette réflexion-là, compte tenu que ça n'enlève
rien. Et, juste pour vous dire, dans la
majorité des cas, au niveau de la LSSSS, lorsqu'on arrive dans le temps
des agréments, il y a des délais de révision.
Donc, je pense
que c'est intéressant que pour une loi aussi importante
que celle-là, qui amène quand même une rupture
avec le passé, hein… Quand on parle de l'aide médicale à mourir, c'est quelque chose qui n'existait pas avant.
Cette
rupture avec le passé, je pense qu'il
faut qu'elle se fasse dans une
transition qui est acceptable. Et, tant qu'à y être, pourquoi ne pas appliquer les bons principes de
gestion? Ça n'enlève rien, ça ne fait qu'améliorer la qualité
puis améliorer également la gestion au niveau des établissements. Merci,
M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des questions ou commentaires? J'aurais deux questions,
mais… Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je vais redire mes mêmes arguments, M. le Président. Donc, je pense que, par souci de cohérence, un tel changement devrait concerner l'ensemble
des références au code d'éthique. Donc, je vois mal comment on pourrait le
faire pour un organisme communautaire, en
l'occurrence une maison de soins palliatifs, sans le faire pour les établissements.
Si éventuellement, après réflexion, le
législateur jugeait que c'est quelque chose d'important, éventuellement il pourrait changer donc l'ensemble
des lois par une modification qui viendrait changer toutes les lois où on
retrouve des références au code
d'éthique, ce qui serait beaucoup plus cohérent, et on partirait d'un principe
général, parce qu'évidemment ici on est dans une loi beaucoup
plus précise et pointue. Il y a des références au code d'éthique dans une foule
de lois. On n'a jamais
une référence à une réévaluation, donc, du code à une période donnée. Et je
dirais aussi que, sur le fond, bien sincèrement,
je pense qu'un code d'éthique, c'est une réalité qui est quand même
très profonde, qui est ancrée dans les valeurs
d'un établissement, d'une organisation. Ce n'est pas quelque chose normalement, nos
valeurs, nos manières de réfléchir,
l'éthique, qui est en changement perpétuel. Donc, je pense
aussi qu'un code d'éthique, systématiquement, ce n'est pas quelque chose qui va changer aux trois ou quatre ans. On y
réfléchit, comme je le disais ce matin, de manière constante, à
l'éthique.
Et, au
besoin, on peut le changer. Je ne pense pas que c'est en venant prévoir ça
statutairement qu'on va renforcer l'éthique d'une organisation. Donc, pour
toutes ces raisons, je ne suis pas en faveur de l'amendement.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
• (20 heures) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, on est dans la partie la plus intéressante du projet
de loi, là, l'occasion de
partager ensemble nos valeurs par rapport à l'éthique et à la gestion.
Première chose. La ministre, elle nous
dit : Vous savez, ça n'existe pas ailleurs. Bien, ça, c'est un principe de
l'innovation, c'est d'être capables de voir que ça n'existe pas ailleurs,
mais ça en prend un premier qui le fasse. Et moi, je pense que, si on
était les premiers à mettre cet élément-là, il y a quelqu'un d'autre, dans un
autre projet de loi, qui dirait : Vous
savez, dans tel projet de loi, avec tel ministre qui avait eu une bonne compréhension avec l'opposition, ils avaient accepté de mettre
cette révision-là aux trois ans. Et par la suite on est capables de faire boule
de neige, et c'est une innovation qui
pourrait être généralisée. Je pense que juste cet argument-là, M. le Président, ça devrait être quelque
chose d'intéressant.
Puis je vais raconter une expérience. Lorsqu'on
a fait un certain projet de loi, que je ne me souviens pas le numéro, les gens sont arrivés : Ça serait
intéressant qu'on puisse rendre disponibles les rapports par Internet. À ce
moment-là, les gens autour de la
table nous disaient, entre autres nos légistes nous disaient : Bien, ça ne
s'est jamais fait, ça n'a jamais été
marqué dans une loi, mais c'est la première fois qu'on entend parler de ça.
Bien, M. le Président, nous l'avons fait. Alors, nous avons, je pense, été les premiers à le
mettre dans un projet de loi, que les dossiers doivent être accessibles
par les sites Web. Et, par la suite, c'est
étrange, tous les autres projets de loi, quand arrive le temps de rendre
disponibles les documents, mettent la
même clause. Donc, je trouve ça intéressant qu'on avait été innovateurs. Moi,
je pense que tout document important doit demander une réflexion. Ça,
c'était le premier argument de la ministre.
Le
deuxième argument, lorsqu'elle dit que l'éthique, c'est une pensée qui est
constante, malheureusement, puis c'est
ce que je déplore, ce n'est pas parce que les gens pensent que le code
d'éthique devrait être changé qu'ils vont le changer. Mais on ne veut pas non plus un code d'éthique qui est un peu
girouette, qui, à toutes les fois que quelqu'un a une idée… qu'on doit le changer. Ce qui est le mieux à
ce moment-là, c'est de fixer, sur une base régulière, dans ce cas-ci aux
trois ans, la possibilité de réviser le code d'éthique. Donc, ce n'est pas
quelque chose qu'on veut changer à tous les six mois, 12 mois, parce qu'un code
d'éthique, ça représente les valeurs profondes d'une organisation et des gens
qui y oeuvrent. Moi, j'utilise le mot
«oeuvrent», M. le Président, tout simplement par ma déformation
professionnelle. On parle beaucoup
des gens qui travaillent. Mais il y a également les bénévoles qui ne sont pas
des employés de l'établissement mais
qui oeuvrent dans l'établissement. Donc, tous les gens qui oeuvrent dans
l'établissement sont en support au code d'éthique, et ça représente leurs valeurs. Donc, moi, c'est le
contraire, c'est un argument qui me fait dire : Vous savez, on dit toujours que, le code d'éthique, il faut qu'il
évolue, il faut qu'il évolue, il faut qu'il évolue, mais jamais personne ne
prend le temps de dire : On doit le
réviser. Et je pense que c'est le rôle du législateur de favoriser les bonnes
pratiques de gestion, les bonnes
pratiques éthiques et les bonnes pratiques, en général, de fonctionnement d'un
établissement. Donc, pour répondre à
l'argument de la ministre, moi, au contraire, je trouve que ça nous permet
justement de dire aux gens : Vous savez, à un moment donné, sur une
courte période, trois ans, on va avoir l'occasion de le réviser.
Par
rapport à la cohérence, bien je trouve ça plus cohérent. Parce qu'il manque un
élément. Une fois qu'on a fait une
politique, une fois qu'on a fait un code d'éthique, généralement tout document
important devrait avoir, à la fin du document, un mot en disant :
Ce document devrait être révisé ou va être révisé aux trois ans ou aux quatre
ans. Et la difficulté que nous avons, c'est que la plupart des gens n'y pensent
pas. Et le rôle du législateur, c'est de prendre les bonnes pratiques. Et, lorsqu'on est capables de le codifier dans la loi,
à ce moment-là ça donne la même norme à tout le monde. Donc, il ne faut pas l'oublier, le droit, c'est une forme de
normalisation de la société. Quand je parle comme ça, M. le Président, j'ai l'impression d'être un
avocat. Mais je suis médecin, je tiens à vous le rappeler. Mais j'ai tellement
fréquenté d'avocats autour de nous que c'est normal.
Ça fait que moi, je
pense que, les trois arguments que la ministre nous a amenés, moi, je suis prêt
à en faire la discussion, mais j'aimerais ça au moins qu'elle dise qu'elle va
avoir une ouverture à y penser.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Non, je n'ai rien à ajouter, M. le Président, si ce n'est que je trouve ça
surprenant que tous ces arguments n'aient
pas été sortis lorsque nous avons parlé du code d'éthique, quelques articles
plus tôt, des établissements. Donc,
soudainement, il y a eu un intérêt pour les codes d'éthique des maisons de
soins palliatifs. Donc, moi, je n'ai rien à ajouter, en ce qui me
concerne.
Le
Président (M. Bergman) : Avec votre consentement, j'aimerais
vous demander une question, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …répondre à ça. C'est que, le
code d'éthique des établissements, moi, je pense également que ça devrait être normé aux trois ans. Mais c'est la
ministre, elle, qui nous a dit qu'elle ne voulait pas le mettre dans la LSSSS parce qu'elle ne voulait pas rouvrir
complètement la LSSSS. Et, à ce moment-là, moi, j'étais d'accord avec
elle, c'est quelque chose qui devrait être fait par un ministre qui va
s'intéresser à cet élément.
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon, vous avez
choisi trois ans. Pourquoi pas quatre ans, pourquoi pas cinq ans, pourquoi pas six ans? Pourquoi vous avez choisi
trois ans? Et deuxième question : C'est quoi, le taux de roulement du personnel, en moyenne, dans
un établissement de… une maison de soins palliatifs? C'est quoi, le taux
de roulement? Et j'ai une troisième question.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, à la première question, ma réflexion à
moi, c'est que, si l'agrément… Les agréments
qui sont aux quatre ans, on devrait réviser les documents aux quatre ans. Mais,
compte tenu que l'entente avec l'établissement,
comme c'est mentionné dans l'article de la loi, est aux trois ans, je pense
qu'il faut être ensuite conformes et
cohérents. Donc, je pense qu'à ce moment-là on devrait mettre la norme de trois
ans. Si, un jour, les ententes venaient à être augmentées à quatre ans, bien, je pense, il faudrait réviser la loi
pour la mettre aux quatre ans. C'est juste une question de cohérence en
termes d'entente, agrément et la durée de la révision des documents.
Pour ce qu'il s'agit du taux de roulement, M. le Président, je dois vous
avouer, je ne le sais pas. Généralement, les maisons de soins palliatifs, ce sont
des organisations relativement jeunes, donc il y a probablement peu de
retraites. Mais le taux de roulement au niveau
des bénévoles est certainement relativement important parce que les gens y viennent,
mais il s'en rajoute beaucoup. Ce n'est peut-être pas le taux de roulement comme l'ajout de
nouveaux bénévoles qui se fait au niveau
de la maison de soins palliatifs. Et, comme je le disais, le fait de revoir le
code d'éthique et la politique pour l'établissement permet à tous de refaire une réflexion, même si
elle est pour être courte. Parce que, si les gens trouvent qu'ils sont bien, au
moins ça amène la possibilité de faire la réflexion.
Le
Président (M. Bergman) : Et ma troisième question, mais c'est à
Mme la ministre. Vous dites dans l'article
16 : «Toute maison de soins palliatifs doit se doter d'un code d'éthique…»
Mais ça veut dire que chaque maison de
soins palliatifs va avoir son propre code d'éthique qui peut être différent
l'une à l'autre. Est-ce que c'est possible d'avoir un préjudice pour les
personnes en fin de vie si le code d'éthique n'est pas correct dans une maison…
d'une autre? Pourquoi est-ce que le code
d'éthique n'est pas statué par le gouvernement pour être uniforme à toutes les maisons de
soins palliatifs? Pourquoi est-ce que vous
laissez… Vous avez parlé d'autonomie des maisons de soins palliatifs. Mais,
avec cette autonomie, chaque maison va
rédiger son propre code d'éthique, avec les conséquences qu'il y a possibilité que quelques-unes ne seront pas
à la hauteur.
Mme
Hivon : Je vous
dirais que le député d'Orford, ce matin, a fait un plaidoyer éloquent sur
pourquoi, quand on ne peut pas y
aller avec une approche uniforme en matière de code d'éthique… qu'il pouvait y
avoir des documents indicatifs, comme le soulevait la députée de Groulx,
mais que la démarche éthique doit provenir d'une organisation elle-même pour qu'elle soit collée aux valeurs et
à la réalité, donc, de cette organisation. Et c'est pourquoi ce serait, je pense, très mal reçu qu'une démarche éthique doive
suivre un modèle unique, qui serait imposé d'en haut par le gouvernement, pour les maisons de soins palliatifs parce qu'en fait ça ne respecterait pas les principes mêmes de l'éthique
qui disent que ça doit provenir de l'organisation.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres… M. le député d'Orford.
M.
Reid : Oui, merci. Je vais revenir un peu là-dessus,
justement. Mais avant je voudrais juste souligner… Parce qu'on parle
d'imposer à un système, à un environnement très décentralisés des choses.
Si
on regarde l'environnement le plus décentralisé qui nous concerne comme élus,
c'est l'éducation. Et, si on regarde deux
cas, si on regarde les universités, bien, justement, au moment où on se parle,
il y a, dans une autre commission, les recteurs
d'université — je l'ai
déjà fait — qui sont
obligés de venir parader à tous les deux, trois ans pour dire comment ça fonctionne, qu'est-ce qu'ils font. C'est une
restriction extrêmement forte sur l'autonomie des universités et de leurs
conseils d'administration. Si on regarde les commissions scolaires en général,
il n'y a pas ce type d'élément là, c'est plutôt
des choses qu'on leur demande de faire et pour lesquelles on ne leur demande
souvent même pas d'avoir un rapport. Je
pense, par exemple, à des éléments sur certains types de dépenses. Ils ne sont
pas soumis de remettre… ils ne sont pas obligés de remettre au gouvernement même l'état… de quelle façon ils ont
dépensé les sommes qui étaient prévues pour tel ou tel sujet. Et là-dessus, pour moi, je ne vois pas que ce qui est
proposé dans l'amendement ne dénature en quoi que ce soit le projet de loi et ne dénature non plus
en quoi que ce soit la mission et l'autonomie des maisons de soins palliatifs
dans tout ce qui les concerne, puisqu'on
leur demande à eux-mêmes de décider effectivement quel est leur code d'éthique.
On leur demande tout simplement de le réviser.
Et
en quoi est-ce que ça, c'est intéressant? Bien, pour la même raison que j'ai
dite ce matin. C'est qu'en fait, dans l'élaboration
ou la révision d'un code d'éthique, il y a un élément — je vais prendre un mot d'administration,
là — qui
s'appelle le développement organisationnel. C'est-à-dire qu'il y a un élément
là-dedans dans lequel les employés, les relations
avec les employés, les relations des employés, ce qu'ils ont à faire, les
relations des employés et les usagers, parce qu'ici on parle aussi d'usagers et de bénévoles, se redéfinissent. On
repense à ça. On prend un temps d'arrêt et on pense à ces choses-là. Et c'est possible qu'à la fin on
dise : Les valeurs qu'on a écrites la dernière fois sur un document, c'est
encore les mêmes. Mais il faut faire
attention. Et là je voudrais juste, en écoutant la ministre, dire : Il
faut faire attention, le code d'éthique, l'approche de l'éthique, mon
expérience dans le monde universitaire, disons, des experts, c'est qu'il y a
deux positions assez différentes : il y a celle de la position de la
Faculté de droit, quand j'étais recteur, et celle de la position de la Faculté éthique, philosophie, sciences humaines et
administration, gestion. Et il y en a une évidemment, et on peut s'attendre à ça, du côté droit, qui est
beaucoup liée à un document. On écrit un document, et ça devient comme
une loi et l'éthique.
Mais
l'éthique, c'est plus que ça, c'est aussi du développement organisationnel. Ça veut dire que c'est aussi une
occasion pour que les employés, les
différents intervenants, les différentes personnes qui prennent part à ce qui
se passe, par exemple, dans ce cas-ci, dans une maison de soins palliatifs aient l'occasion de se repencher et de dire : Les valeurs qu'on avait dites, est-ce que c'est encore les
bonnes, est-ce que c'est des valeurs que nous avons? Après avoir
vécu un certain temps avec ça, on
peut remettre en question, on peut changer les choses, on peut améliorer.
Mais ce qui est certain, c'est qu'on
se rappelle… après avoir fait l'exercice de révision, on se rappelle beaucoup
mieux et on a beaucoup mieux en
mémoire quelles sont ces valeurs qui sont les nôtres et pour lesquelles il y a
aussi un élément d'organisation sociale, dans
ce sens d'influence des uns sur les autres, entre les employés, les usagers,
etc. Et donc moi, je pense que c'est une très bonne idée d'en
arriver… Et il y a un élément d'innovation. On peut accepter ou non
l'innovation. Ça, je peux comprendre ça aussi. Mais il y a un élément
d'innovation qui apporte peut-être certaines difficultés pour un certain nombre
de personnes.
Mais par contre le
fait de penser à un code d'éthique et de le trouver tellement important pour
son application dans une organisation, comme par exemple une maison de soins palliatifs… Moi, je pense
que c'est un plus de s'assurer qu'il
y a… enfin, de créer l'occasion.
C'est ça que ça veut dire, c'est de créer l'occasion pour que la réflexion se
refasse, par exemple, ici à tous les trois ans. Et je pense
que c'est un plus. Et, dans ce
sens-là, je souhaiterais que ça fasse
partie de la loi.
• (20 h 10) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Simplement, M. le
Président. On l'avait effleuré cet
avant-midi, mais la ministre faisait référence à la question des établissements
et du code d'éthique et la révision des codes d'éthique des établissements.
Je
vous soumets bien respectueusement qu'advenant l'ouverture de la ministre
de pouvoir donner suite au projet d'amendement de notre collègue de Jean-Talon
je pense qu'il serait... on pourrait simplement faire une modification à l'article 233 de la LSSSS, au même titre qu'on prévoit, un petit peu plus
loin dans le projet de loi, des modifications de concordance, là, pour
d'autres éléments de la LSSSS. Je ne crois pas que ça serait une modification
qui viendrait bouleverser l'état des choses, l'état du droit. Et, comme le
disait si bien notre collègue, à un certain moment donné, il doit y avoir un début à certaines modifications
dans notre façon de faire les choses. Et ce projet de loi là, compte tenu de l'importance
des enjeux qui découlent des soins de fin de vie, compte tenu, comme je le
disais ce matin, des rapports qui seront annuellement déposés par la commission
sur les soins de fin de vie, qui peut-être amènera tant les maisons de soins palliatifs que les établissements à revoir leurs
codes d'éthique, à revoir leurs politiques… et je pense qu'il faut voir ça, il
faut voir l'ensemble de ça dans son ensemble.
Puis
c'est certain qu'en cours de route, lors des questions, lors des réponses qui
nous sont apportées, il y a une… c'est
certain qu'il y a une réflexion sur l'ensemble du projet de loi qu'on fait tous
ensemble, et tout ça dans un intérêt... justement, dans le meilleur intérêt de la société puis avec cette
volonté d'avoir le meilleur projet de loi possible. Parce que les
travaux de la commission sur les soins de fin de vie, les rapports annuels qui
seront déposés au ministre ou à l'Assemblée
nationale, peu importe — on n'a pas encore abordé la question — mais ce sera, surtout dans les premières
années, ce sera des éléments tellement
importants, parce qu'on est vraiment dans l'introduction d'un droit nouveau, de
nouvelles pratiques, d'un nouvel
encadrement, et je crois que tout ça s'insère très bien tant dans l'esprit du
rapport de la commission spéciale que du projet de loi.
Et,
dans ce sens-là, dans cette optique-là, je pense que l'amendement devrait être
bien reçu, et on pourrait rapidement et
facilement, là, au cours de nos travaux, au cours de nos prochaines séances,
voir à modifier l'article 233 auquel on fait référence dans l'article 13, je crois.
C'était l'article 13 ou… Non, pardon. À l'article 11, nous avons
prévu que le code d'éthique prenne en
considération les besoins et les droits spécifiques des personnes en fin de
vie, et cet article 11 fait référence
à l'article 233. Donc, on pourrait facilement, afin d'harmoniser avec
l'amendement déposé par notre collègue, modifier l'article 233 et
apporter une cohérence à tout ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je n'ai rien à ajouter, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement déposé par le député
de Jean-Talon? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, je vais peut-être conclure, M. le Président, parce que,
je pense, on va pouvoir voter. Mais
je suis un peu déçu parce que… En tout
cas, moi, comme ancien visiteur d'Agrément Canada, on était habitué d'avoir une bonne rigueur des politiques de
l'établissement. Et puis, généralement, une gestion qui est rigoureuse tout en
étant flexible demande à ce qu'on revoie des
documents importants sur une base régulière. Ce qui va arriver puis ce qui
peut arriver, c'est que les gens vivent avec
des codes d'éthique qui ne sont pas revus, qui ne leur appartiennent
pratiquement pas parce que ce n'est
pas eux autres qui en ont fait la discussion. Et, comme je l'ai dit souvent, en
éthique, c'est un élément important
que de refaire une réflexion sur un sujet. Et, ne serait-ce que l'appropriation
des valeurs et du code d'éthique par
les employés aux trois ans, par les bénévoles aux trois ans, par la
direction aux trois ans, je pense… démontrerait un signe de
maturité au niveau de nos organisations.
Mais
je comprends que la ministre, elle préfère garder son élément. C'est dommage
qu'elle n'y ait pas pensé… eux autres
mêmes… que les gens du ministère n'aient pas pensé à mettre cet élément de
révision sur une base régulière, mais que voulez… Un jour, ça devrait
être corrigé.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En fait,
je veux juste souligner au député de Jean-Talon qu'il a eu cinq ans, comme ministre de
la Santé, s'il trouvait que c'était quelque chose de primordial, pour venir changer l'article 233 de la loi. Donc, évidemment,
il avait tout le loisir de le faire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
…intervenir sur ce sujet-là parce que je trouve qu'on confond un peu code d'éthique, et
politique organisationnelle,
et mode de fonctionnement.
Il
ne faut pas banaliser un code d'éthique. Un code d'éthique, c'est vraiment
relié à un comportement, à des valeurs morales
et non pas à des politiques de gestion, et je pense que la distinction
est importante. Quand on parle de maisons de soins
palliatifs, le code d'éthique, les valeurs morales ne changeront pas aux trois
ans… c'est-à-dire, de garder la confidentialité, de traiter les gens adéquatement.
Je pense que, l'importance du code d'éthique, tout le monde est d'accord
avec ça. Mais je pense que l'importance, quand il
y a un nouvel employé… Et là on ne
peut pas définir un temps. Moi, j'ai
de la misère à dire qu'on doit le réviser aux trois ans. J'aurais plutôt
tendance à dire : À chaque fois qu'il
y a un nouvel employé qui se joint à une maison de soins palliatifs, on doit
lui faire part du code d'éthique dès le jour un. Et on s'éloigne d'une politique
de fonctionnement.
Alors, de réviser un code d'éthique
aux trois ans s'il n'y a pas eu de nouvel employé, je pense
que c'est de minimiser l'impact du code d'éthique, qui est, à mon avis,
un code de valeurs mais qui doit, à chaque fois qu'il y a un nouvel employé, doit être revu et doit être démontré par
le personnel en place. Mais de refaire un exercice aux trois ans, si on a
gardé les mêmes employés ou s'il n'y a pas
eu de… ça devient fastidieux. On oublie des fois que sur le terrain ces gens-là
sont, au quotidien, à donner des soins, et ça devrait être la priorité. Et je
pense que, quand ils ont déjà adopté un code d'éthique
au départ, ça reste des soins de fin de vie, ça reste des patients, les valeurs
restent les mêmes et ne changeront pas aux trois ans. Alors, moi, je
pense qu'il y a une distinction qui est importante. Par contre, si on veut
vraiment s'assurer… il faut s'assurer que
tout nouvel employé dans une organisation comme une maison de soins palliatifs
soit vraiment mis au courant du code
d'éthique de l'établissement. Mais, de dire qu'on a besoin de le refaire aux
trois ans, je ne suis pas certaine
qu'on va bonifier le projet de loi à cet égard-là et non plus… Est-ce qu'on…
Qui va s'assurer que c'est vraiment
fait aux trois ans? Encore là, on rajoute de l'administration, alors que, ces
gens-là, le but premier de leurs fonctions à chaque jour, c'est de
prodiguer des soins.
Alors,
refaire des papiers pour refaire des papiers, je ne pense pas qu'on devient
efficace. Je pense que l'important, c'est
vraiment que les nouveaux employés puissent visualiser et prendre connaissance
du code d'éthique. Mais, de dire qu'il
faut le refaire aux trois ans, je ne pense pas que ça doit faire partie d'une
loi. Je pense que les gens qui sont en place ont suffisamment de
jugement pour savoir à quel moment ils doivent le revoir.
S'il
y a un roulement de personnel important, je pense que, là, ils vont être en
mesure, eux-mêmes, de juger de la pertinence de le refaire. Et d'établir
un moment, un trois ans… moi, j'ai de la difficulté à établir que ça doit être trois ans, quatre ans, cinq ans. Qu'est-ce qui est mieux? Dans le fond, je pense
que le mieux, c'est que chaque nouvel employé prenne connaissance du code d'éthique et y adhère. Mais par la suite les
gens qui sont en place ont suffisamment… je pense qu'il faut leur faire
confiance, ont suffisamment de jugement pour savoir à quel moment ils devraient
le revoir.
• (20 h 20) •
Le
Président (M. Bergman) : Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires à l'amendement à l'article 16 déposé par le député de
Jean-Talon? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Nous sommes prêts à voter.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce que l'amendement à l'article 16 est
adopté?
Des voix :
Adopté.
Mme
Hivon :
Rejeté.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Le vote nominal.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, l'amendement est rejeté. Alors, l'article 16…
Une voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : Oui, on peut faire un vote. Oui, certainement.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Parce que c'est la procédure. M. le
Président, c'est parce que c'est la procédure habituelle. On est mieux de la
suivre. C'est plus rapide que toujours refaire la discussion.
Le Président (M.
Bergman) : J'accepte. Mme la secrétaire, un vote par appel
nominal.
La Secrétaire :
M. Bolduc (Jean-Talon)?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Pour.
La Secrétaire :
Mme Vallée (Gatineau)?
Mme Vallée :
Pour.
La Secrétaire :
M. Reid (Orford)?
M.
Reid :
Pour.
La Secrétaire :
Mme Daneault (Groulx)?
Mme
Daneault :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Hivon (Joliette)?
Mme
Hivon : Contre.
La Secrétaire :
M. Goyer (Deux-Montagnes)?
M.
Goyer : Contre.
La Secrétaire : M. Richer
(Argenteuil)?
M. Richer : Contre.
La Secrétaire : Mme Richard
(Îles-de-la-Madeleine)?
Mme
Richard (Îles-de-la-Madeleine) :
Contre.
La Secrétaire : Mme
Gadoury-Hamelin (Masson)?
Mme
Gadoury-Hamelin :
Contre.
La Secrétaire : Mme Proulx
(Sainte-Rose)?
Mme Proulx : Contre.
La Secrétaire : M. Bergman
(D'Arcy-McGee)?
Le Président (M. Bergman) :
Pour.
La Secrétaire : Rejeté.
Le
Président (M. Bergman) :
Alors, l'amendement est rejeté. Maintenant, pour l'article 16, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur l'article 16 proposé par Mme la ministre? M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, je pense qu'on a pas mal
discuté de tout le sujet. On serait prêts à voter.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, l'article 16 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. L'article 17. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, il
y a un amendement à l'article 17. Je crois que l'amendement a été distribué.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce que vous pouvez déposer l'amendement, s'il vous plaît?
Mme
Hivon : Nous
allons déposer l'amendement.
(Consultation)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Mme la ministre, vous avez déposé l'amendement à
l'article 17. Pouvez-vous lire l'amendement, s'il vous plaît?
Mme
Hivon : Alors,
l'amendement se lit comme suit : Remplacer l'article 17 du projet de loi
par le suivant :
«17. Les
soins de fin de vie peuvent être dispensés à domicile par un médecin et, dans
les limites de sa compétence, par une
infirmière qui exercent leur profession dans un cabinet privé de professionnels
au sens de l'article 95 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux.»
Donc, la
modification proposée vise à retirer les trois derniers alinéas qui ne sont
plus requis, dans la mesure où la responsabilité de la surveillance des
médecins qui exercent leur profession dans un cabinet privé de professionnel
est confiée au Collège des médecins. Un
amendement va être proposé ultérieurement pour prévoir une nouvelle section où les responsabilités du Collège
des médecins à cet égard vont être énoncées.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Premier réflexe, lorsqu'on
parle des soins de fin de vie : on comprend que ça comporte l'ensemble des soins de fin de vie, donc la gamme
complète des soins de fin de vie. Et j'étais sous l'impression que l'aide médicale à mourir était un acte qui était réservé
au médecin. Et là je constate que l'infirmière pourrait, selon l'interprétation
donnée à cet article-là, dispenser des soins de fin de vie à domicile. Donc, je
sais que nous avons suspendu l'étude de l'article 3 qui traite de la définition d'«aide médicale à
mourir», mais, de tous les échanges qu'on a eus, j'étais vraiment
sous
l'impression que c'était un… que ce soit un soin, une intervention, un acte
médical ou peu importe… que cet acte-là était de juridiction exclusive
d'un médecin.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est bel
et bien le cas, M. le Président. C'est prévu à l'article 63 qui vient
modifier la Loi médicale pour, donc,
le réserver aux médecins. Et c'est pourquoi on lit, à l'article 17, «dans les
limites de sa compétence», parce
qu'une infirmière serait limitée à son champ de compétence. Et son champ de
compétence ne contiendrait pas l'aide médicale à mourir parce qu'on vient
proposer le changement à l'article 63.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : À ce moment-là, est-ce qu'il ne serait pas plus opportun, plutôt que
d'utiliser «dans les limites de sa compétence»,
de faire justement référence… «sous réserve de l'article
63 de la Loi médicale»? Ce serait plus clair. En tout cas, moi, je le vois comme ça, là. Parce que
la première note que j'avais dans mon cahier,
c'était : «Infirmières?»
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
il faudrait voir notre article 63 du projet
de loi qui vient modifier… Mon
premier réflexe, ça serait de vous
dire que c'est une règle générale de venir dire que ça va
être… parce qu'il y a l'aide médicale
à mourir. Mais là je ne sais pas s'il
pourrait y avoir d'autres soins, dans toute la gamme de soins qui existent en
soins palliatifs, qui déjà, dans
l'état actuel des choses, pourraient être des actes réservés aux médecins.
Donc, c'est pour ça qu'à première vue
on ne l'aurait pas limité, comme tel. On aurait plutôt mis «dans les limites de
sa compétence» parce que, ça va de soi, il y a ce qui prévoit les actes réservés aux infirmières et ceux aux
médecins. Parce que sinon, en fait, c'est comme une référence qui serait
un peu à l'envers. Si on référait à l'article 63 qui réfère à
l'article 31 de la Loi médicale, ça serait comme de dire «à l'exclusion de ce que le médecin fait», donc, plutôt
que de définir ce que l'infirmière peut faire. Moi, je pense que la formulation
plus générale, «dans les limites de sa compétence», ça vient dire d'entrée de
jeu, parce qu'on le met, qu'elle ne peut pas tout faire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je comprends et je reconnais que l'objectif n'est pas
non plus d'être limitatif, là. Je comprends qu'il puisse y avoir effectivement d'autres actes
administrés ou posés dans le cadre des soins de fin de vie, qui pourraient être
de nature exclusive. Donc, ça va. Sur cette
question-là, là, je me rends aux arguments de la ministre quant à l'utilisation
des termes «dans les limites de sa compétence».
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ça va pour moi. Ça va pour moi, il n'y avait pas de question, je pense, dans…
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Une question de clarification : Pourquoi on ne fait référence seulement
qu'au cabinet privé de professionnel? Pourquoi on doit mettre cet article-là?
• (20 h 30) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Parce que l'infirmière du
cabinet privé de professionnel ne va pas nécessairement à domicile.
C'est parce qu'elle va pratiquer ça à l'intérieur de la clinique?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, en
fait, c'est parce qu'ici on est
vraiment en train de créer la catégorie, si vous voulez, de ceux qui dispensent les soins. Donc, on vient prévoir
que, pour les médecins qui pratiquent, donc, en cabinet privé de professionnel,
en lien avec ce qu'on va voir plus tard, ils
vont relever du Collège des médecins, alors qu'on a déjà prévu à l'article 5 où
ça pouvait être dispensé, donc, dans
les établissements, dans les locaux d'une maison de soins palliatifs ou à
domicile. On est venu établir le
principe. Donc là, on vient juste parler plus précisément de ceux qui oeuvrent
en cabinet privé de professionnel.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, seulement qu'une clarification. Mais
actuellement, les infirmières qui sont en cabinet privé, la majorité,
c'est des… dans les groupes de médecine de famille, les cliniques-réseaux,
c'est déjà des infirmières qui relèvent du
CSSS. Et généralement c'est leur lien d'emploi avec le CSSS si jamais elles
vont à domicile. Mais, encore là,
s'il y a des équipes de soins palliatifs pour chacun des CSSS, et c'est eux
autres qui travaillent avec les médecins
à domicile… Puis je m'imagine mal une infirmière qui travaille en cabinet
privé, qui décide d'aller faire des soins palliatifs à domicile. Puis même je vous
dirais que j'aurais plus tendance à bloquer ça parce que ça voudrait dire
qu'ils feraient le travail de
l'infirmière des soins palliatifs du CSSS. En passant, je veux juste
comprendre, là, dans la mécanique, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : …vous donner l'exemple. On les a entendues, les
infirmières qui travaillent pour la société des soins palliatifs du
Grand Montréal. C'est ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Ce serait pratiquement
l'exception à ce moment-là, donc. Pour eux autres, par contre je trouve
que ça vaut la peine que l'article soit bien fait. O.K.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et donc c'est dans ce contexte-là, c'est dans le cadre
de l'article 17 que le suivi se fait auprès de l'ordre professionnel.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : On a déposé, à titre indicatif, un petit peu avant,
les articles 34.1 et 34.2. C'est là qu'on va le voir, avec ces amendements-là qui vont venir préciser
les responsabilités des ordres professionnels à l'égard des médecins qui
pratiquent ces soins à domicile.
(Consultation)
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres questions ou commentaires?
J'ai
une question, Mme la ministre. Dans l'article 17 que vous avez déposé, vous
avez, dans la deuxième ligne, «dans
les limites de sa compétence». Comment est-ce que vous attribuez… Dans quel
sens est-ce que vous attribuez ces mots : «dans les limites de sa
compétence»?
Mme
Hivon : Ça veut dire : dans les limites de ce qui est
prévu comme compétences professionnelles dévolues à l'infirmière via les lois professionnelles qui
existent et qui régissent l'Ordre des infirmières. Donc, on sait que chaque
ordre professionnel a son champ de
compétence, les gestes qui peuvent être posés par ces professionnels-là. Donc,
c'est ce qu'on vient dire. Parce que,
comme je l'indiquais, l'aide médicale à mourir, par exemple, est un soin qui va
être réservé aux médecins. Donc, par
exemple, ici on vient préciser qu'une infirmière va pouvoir agir à domicile
pour offrir les soins de fin de vie mais dans les limites de sa
compétence.
Le
Président (M. Bergman) : Mais, le fait que le projet de loi
n° 52 n'est pas encore adopté, est-ce qu'il y a, dans les
règlements du Collège des médecins ou dans les règlements de l'Ordre des
infirmières, une compétence pour l'infirmière pour donner les soins de fin de
vie?
Mme
Hivon : Oui, dans l'état actuel des choses, il y a
énormément de soins qui sont donnés par les infirmières, je vous dirais, en soins palliatifs. Donc, quand on
donne une injection, quand on apporte des soins de confort, évidemment le médecin va prescrire, mais c'est l'infirmière
qui donne, dans beaucoup, beaucoup, beaucoup de circonstances, ces soins.
Le
Président (M. Bergman) : La question que j'ai…
C'est que c'est un nouvel acte, le
soin de fin de vie. Alors, est-ce
que la Loi sur les infirmières doit
être amendée pour inclure ces compétences? Car sinon ça n'existe pas à ce
moment. En droit, le soin de fin de vie n'existe pas, alors comment est-ce
que la compétence peut exister pour une infirmière?
Mme
Hivon : Le seul
nouveau soin qu'on vient prévoir dans la loi, c'est l'aide médicale à mourir et
ce n'est pas un soin qui va pouvoir
être dispensé par les infirmières. Donc, en ce qui concerne les
infirmières, c'est le statu quo. Donc, les
soins palliatifs, c'est déjà prévu du fait de l'ordre qui existe déjà,
des champs de compétence qui existent déjà, parce
que
les soins palliatifs se donnent déjà; la sédation palliative,
la même chose. Donc, il n'y a pas de changement de ce côté-là en termes de
compétence.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : En fait, ça
amène la question… Donc, si
je comprends bien, la sédation
palliative continue n'est pas un soin
ou un acte qui est réservé au médecin, la sédation palliative continue peut
être administrée par une infirmière.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
La réponse, c'est oui, mais évidemment sous ordonnance du médecin et sous
surveillance du médecin. Mais effectivement il y a des sédations palliatives
continues qui sont administrées par les infirmières.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et, dans un
contexte de soins à domicile, comment cet encadrement-là, ce suivi-là se fait…
de la sédation palliative continue? Puisque, j'imagine,
il y a actuellement des soins
palliatifs à domicile qui s'offrent
au Québec, est-ce qu'il y a un
processus particulier ou un protocole particulier à suivre? Parce que je
présume que le médecin n'accompagne pas toujours l'infirmière, n'est pas toujours présent. Et donc de quelle façon ça s'encadre,
cette surveillance, lorsqu'on parle d'un soin qui est offert à domicile? Je
comprends qu'en établissement c'est peut-être un
petit peu plus
pratico-pratique, plus simple, mais ça se fait de quelle façon?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
c'est vraiment une question clinique. Donc, c'est fait selon les standards
qui sont adoptés, et il
va y avoir une amélioration avec la loi, d'ailleurs, à cet égard-là, puisque,
justement, on nous disait que ce n'étaient pas les mêmes standards qui étaient nécessairement suivis partout. Et donc est-ce
que, dans tous les cas, c'était
avisé, par exemple,
d'administrer une sédation palliative continue à domicile? Et donc, avec les
standards cliniques qui vont maintenant devoir être suivis et les protocoles qui vont
devoir être adoptés dans chaque établissement et au Collège des médecins pour ceux qui relèveraient du Collège directement, ça va
permettre, donc, cet encadrement plus normé, plus solide. Et on pourrait s'imaginer qu'il y aurait
des standards qui viendraient dire les circonstances aussi dans lesquelles
ça peut être administré à domicile, donc,
s'il y a des enjeux particuliers. Mais, pour avoir échangé avec des
infirmières, on sait que c'est quelque chose qui se peut à domicile,
dans l'état actuel des choses.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, d'où l'importance de tous les protocoles et de
tout ce que les établissements auront à faire dans le cadre des soins de fin de vie. J'imagine qu'il y aura lieu aussi
peut-être de se pencher sur cette question de la sédation administrée à domicile et de l'ensemble de
l'encadrement des soins à domicile qui seront offerts en vertu de l'article 17.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Comme on a parlé précédemment du programme clinique
de soins, donc, effectivement, ça pourrait être prévu.
Et puis moi, je pense
que c'est très important qu'on ait un protocole sur la sédation palliative
continue. Cet après-midi, j'étais justement
à une… je faisais une allocution dans un forum de soins palliatifs. C'est pour
ça que… ce n'était pas pour me
changer les idées avec un autre sujet, M. le Président… qu'on n'a pas pu
siéger. Et c'est certain que je dois
vous dire qu'il y a des médecins qui sentent un peu qu'on vient les encadrer
davantage en venant prévoir quelque chose de plus systématique en termes
de standards cliniques pour la sédation palliative continue.
Mais,
à la lumière de tout ce qu'on avait eu comme commentaires et de ce type de
questionnements là, moi, je suis très convaincue qu'il va falloir
encadrer correctement, avec des standards cliniques uniformes.
• (20 h 40) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Ça va.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres questions ou commentaires sur l'amendement à l'article 17? Est-ce que l'amendement à l'article 17
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : L'article 17 est adopté tel qu'amendé? Adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Article 18. Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, l'article 18 a un amendement.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce que vous pouvez déposer l'amendement, Mme la
ministre?
Mme
Hivon :
…M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
20 h 41)
(Reprise
à 20 h 43)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme
la ministre, vous avez déposé l'amendement à l'article 18. Pouvez-vous
nous lire l'amendement, s'il vous plaît?
Mme
Hivon :
Alors, l'amendement consiste à remplacer l'article 18 du projet de loi par le
suivant :
«18.
Toute agence de la santé et des services sociaux doit, après consultation des établissements
et des maisons de soins palliatifs de
son territoire, déterminer les modalités générales d'accès aux différents soins
de fin de vie qu'ils dispensent.»
L'amendement fait
suite à une demande en bonne et due forme des maisons de soins palliatifs qui
nous ont demandé qu'on vienne préciser qu'il
y aurait consultation, donc, des maisons pour déterminer les modalités
générales. Donc, c'est le sens de l'amendement.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires à
l'amendement à l'article 18? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, j'aimerais ça que la
ministre nous explique, là, qu'est-ce qu'elle entend par «les modalités
générales d'accès»?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, les modalités, par exemple, c'est de savoir
qui fait la référence pour savoir qu'une personne va être admise à l'unité de soins palliatifs ou
qu'elle est rendue dans une situation où elle a besoin de soins palliatifs. La
maison de soins palliatifs va pouvoir
exposer dans quelles circonstances aussi elle admet une personne en soins
palliatifs; le profil de l'usager qui pourrait faire en sorte qu'il va
être admis aux soins palliatifs; comment on va procéder pour l'accueil de l'usager; la gestion, par exemple,
d'une liste d'attente; comment on va déterminer les personnes, par exemple,
qui vont avoir accès à un lit dédié; est-ce
qu'on va y aller… Ensuite, par exemple, les pathologies, donc, s'assurer, par
exemple, que l'accès n'est pas réservé aux gens qui souffrent d'un cancer.
Donc, c'est ce type de modalités.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : La ministre, elle l'a modifié,
parce que je vois qu'elle a rajouté «après consultation
des établissements et des maisons de soins palliatifs». C'est suite
aux consultations que nous avons eues. Et je tiens à dire que c'est une très, très bonne idée. Puis le
fait de faire une consultation ne veut pas dire que nous sommes obligés
d'écouter les recommandations des établissements et des soins palliatifs.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Excusez-moi, M. le Président, je ne comprends pas le sens. Moi aussi, je pense
que c'est une très bonne idée. Je pense qu'une consultation, ça nous
permet aussi d'entendre les bonnes idées et d'améliorer les choses.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est juste pour notre auditoire, là. Il faut voir que, quand on fait
une consultation, ça ne veut
pas dire que ce que les gens vont nous demander ou nous recommander… On n'a pas
une obligation de répondre à ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je peux
préciser, pour fins pédagogiques, qu'évidemment ce n'est pas tous les commentaires qui nous sont formulés qui se trouvent un chemin jusqu'à la
version finale d'un projet de loi. Mais ça nous permet d'être éclairés par des gens, des groupes qui sont directement concernés, qui peuvent avoir des commentaires à nous formuler
qui, des fois, sont reçus positivement, des
fois moins positivement soit parce
qu'il peut y avoir eu une
compréhension pas optimale du projet de loi ou soit parce que ce n'est pas de nature à être incorporé à un projet de loi. Mais évidemment on écoute ce que les gens ont à nous dire pour
voir s'il y a matière à bonifier, comme on écoute ce que l'opposition a à nous dire, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. M. le Président, juste un commentaire là-dessus : Il faut écouter l'opposition puis il faut parfois essayer de satisfaire
l'opposition.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Je
comprends, quant à l'amendement, la réécriture de l'article afin de tenir
compte des représentations qui ont été
faites lors des consultations. Ça va. Mais, au-delà de ça, je comprends donc
qu'il incombe — je veux juste m'assurer… — à l'agence de santé d'établir des modalités
d'accès standardisées, finalement, sur son territoire. Ou est-ce que l'agence de santé, en établissant
les modalités générales d'accès, peut déterminer que des modalités différentes
pourraient s'appliquer, par exemple, à l'intérieur d'une maison de soins
palliatifs, à l'intérieur d'un établissement? Et il y a une distinction. Donc, je veux juste m'assurer : Est-ce que
c'est des modalités d'accès standardisées ou est-ce que ces modalités d'accès là pourront être faites sur
mesure en fonction des différentes offres de soins d'établissements sur
son territoire?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, effectivement, on ne parle pas nécessairement de modalités
standardisées. C'est justement pour ça qu'il y a une réflexion globale qui doit
se faire avec les établissements du territoire qui offrent des soins palliatifs, avec les maisons de soins
palliatifs, parce qu'il peut y avoir une cohérence dans le fait, justement, de
ne pas avoir de modalités
standardisées pour être capables de répondre aux différents besoins.
Évidemment, si vous êtes dans un
centre hospitalier, vous allez pouvoir avoir toutes sortes de personnes qui,
par exemple, sont aux soins intensifs mais peuvent avoir besoin de soins palliatifs, ce que vous n'aurez pas dans
une maison de soins palliatifs. Vous n'aurez pas cette même réalité-là que quand vous êtes dans un centre hospitalier.
Donc, ça ne veut pas dire standardiser partout, mais ça veut dire de
prévoir l'ensemble des mécanismes d'accès.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Comment allons-nous arrimer les politiques des différentes maisons, par exemple
les politiques des maisons de soins
palliatifs, les politiques des établissements relatives aux soins de fin de vie
et les démarches entreprises par
l'agence de santé? Alors, la question, c'est un petit peu : Qu'est-ce qui
va venir avant? C'est un peu l'oeuf ou la poule. Est-ce que c'est
l'encadrement mis de l'avant par l'agence, qui guidera les établissements et
les maisons de soins palliatifs, ou est-ce
que ce sera les politiques des établissements et des maisons de soins palliatifs
qui viendront guider l'agence dans ses démarches?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
• (20 h 50) •
Mme
Hivon : Ma
compréhension, M. le Président, c'est que les politiques sont déterminées, et
les modalités d'accès, c'est vraiment un
élément, je dirais, assez, quand même, pointu de l'ensemble de la réalité, donc, des soins palliatifs.
Et la politique est là et pourra venir
influencer, via les consultations, comment on détermine ces modalités d'accès sur un territoire donné, dans le but toujours
de respecter l'autonomie, jusqu'à un certain point, des maisons de soins palliatifs. Donc, si, par exemple, une maison de soins palliatifs a comme politique
d'accepter les gens qui, bien qu'on tend,
dans la politique sur les soins de fin de vie, à ne pas favoriser
qu'on ait une… je dirais, un pronostic x, y, z... Mais une maison qui fonctionnerait d'une certaine
manière, avec, par exemple, je ne
sais pas, moins de six semaines
d'expectative de vie… c'est quelque chose qui pourrait être tenu en compte dans les modalités d'accès, alors que,
dans un hôpital, ça pourrait être différent. Donc, ça, c'est un exemple.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Qu'est-ce qui
milite en faveur de l'ajout de cette obligation-là, par l'agence, de déterminer
ces modalités d'accès plutôt que de
permettre à chaque établissement de les déterminer en fonction de leurs propres
caractéristiques? Quelle est la plus-value de cet exercice qui est fait
par l'agence?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je dirais : Coordination. Je dirais aussi : Transparence,
prévisibilité. À l'article 19, on va voir aussi qu'on rend publiques,
donc, ces modalités, Et je pense que c'est une question de cohérence, de
coordination, de transparence d'un exercice
aussi qui doit se faire pour ne pas qu'à la pièce, constamment, on soit en
train de remettre en doute ou en
cause comment on fonctionne. Est-ce qu'on privilégie une personne pour qui on
estime qu'il reste quelques jours à
vivre versus quelqu'un qui sort des soins intensifs? Là, je vous demande
quelque chose… Comment on organise ça? Est-ce
qu'on réinvente la roue à chaque fois? Est-ce qu'on se donne des modalités
d'accès? Qui fait, qui prend ces décisions? Est-ce que c'est l'infirmière qui est coordonnatrice à l'accès? Donc, ce
type de mécanique qui doit être mis de l'avant pour faciliter les
choses. Une maison de soins palliatifs… Qui va accueillir la personne? Qui va
déterminer si elle est favorisée pour entrer
dans la maison de soins palliatifs? Si, par exemple, il y a plusieurs personnes
qui souhaitent entrer, comment on va déterminer ça? Donc, c'est un
souci, je dirais, de transparence, de cohérence, de prévisibilité.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Et, en cas de désaccord, par exemple, entre des modalités d'accès prévues à
l'intérieur d'une politique d'une maison de soins palliatifs, par
exemple, et de… Bon, la maison de soins palliatifs a sa politique sur l'accès,
l'établissement a… ou les établissements ont des politiques également. L'agence
fait son travail, consulte, obtient l'information
et en vient à la conclusion, pour des raisons, par exemple, de besoins
croissants ou en raison d'une situation propre à la région, que les modalités d'accès
devraient être différentes de celles qui sont actuellement en place à un ou
l'autre des endroits, que ce soit à
l'établissement ou que ce soit à la maison de soins palliatifs.
L'établissement, c'est une chose,
c'est public, ce n'est plus dans le système. Mais, compte tenu de l'autonomie,
dont on a parlé, des maisons de soins palliatifs,
s'il devait y avoir un désaccord, est-ce que l'agence, en raison de son rôle,
justement, de cohésion sur le territoire, aura préséance ou est-ce qu'à ce moment-là… Qu'est-ce qu'on fait dans
une situation comme ça? Je ne le sais pas. Parce qu'il pourrait y avoir…
Actuellement,
des maisons de soins palliatifs peuvent avoir des politiques d'accès
déterminées, et là, avec ces nouvelles
démarches là, peut-être qu'il y aura aussi une demande croissante, de la part
des patients, de pouvoir avoir accès à
des maisons de soins palliatifs. Et donc peut-être que cette demande croissante
là fera en sorte qu'on devra réajuster les modalités générales d'accès.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, la manière dont je vois les choses puis, je pense, qu'on doit voir les
choses, c'est dans un dialogue. Donc,
l'agence n'est pas là pour établir, du haut de son autorité : Voici, nous
allons transformer votre manière. Si
vous procédiez d'une certaine façon jusqu'à ce jour, nous allons désormais la
transformer parce que nous estimons, du
haut de notre expertise d'agence, que vous devriez revoir cette manière de
faire là. Donc, je ne sais pas, là, peut-être que… Je donne un exemple. Si, par exemple, c'est une coordonnatrice,
mais qui n'est pas infirmière, qui fait l'admission, je ne sais pas, une infirmière auxiliaire, un
coordonnateur dans une maison de soins, mais que dans les établissements
ce sont des infirmières et qu'on se
dit : Bien, ça serait peut-être bon que ça soit aussi une infirmière pour
telle, telle, telle raison, j'imagine
que tout ça se ferait sur la base d'un dialogue, mais la maison de soins
palliatifs aurait le loisir bien sûr de dire : Bien, nous, pour
telle raison, on pense que c'est mieux de poursuivre, comme on fait déjà
l'accès.
Donc, l'idée,
ce n'est pas ça, ce n'est pas que l'agence vienne déterminer comment les choses
doivent se faire. En fait, c'est de le faire ensemble un peu, je vous
dirais… Dans les faits, là, ça va très bien, dans le sens qu'il y a une entente entre l'établissement puis, je dirais…
générale entre l'établissement puis la maison de soins. La volonté d'y aller
avec une disposition comme ça, c'est un peu de s'assurer que tout ce monde-là,
dans le fond, travaille ensemble puis qu'il
y a une synergie. Il y a une volonté aussi derrière tout ça, dans tout le
chantier des soins palliatifs, de créer, sur un territoire donné, dans une région donnée aussi, une synergie, une
coordination, un travail d'équipe, chacun dans ses champs, et aussi d'être capable de voir comment les choses
peuvent se faire d'une manière optimale en sachant, par exemple, que, pour une maison de soins palliatifs — je donne un exemple — c'est plus difficile de recevoir peut-être
des gens qui ont une SLA, qui ont une
maladie de Lou Gehrig parce que, exemple, les médecins qui sont en relation
avec cette maison, qui travaillent
dans cette maison-là ont moins cette expertise-là et que… là, je suis hors de
mon champ de compétence clinique, là… mais qui diraient : Nos
médecins ont moins cette expertise-là. Donc, on n'est pas fermés, on en accepte
à l'occasion, mais on est plus à l'aise
quand les personnes, par exemple, qui ont une maladie dégénérative de ce
type-là sont prises en charge par l'unité de soins palliatifs de
l'établissement, exemple, parce que vous avez l'expertise, la neurologie. Il y
a une concertation qui s'est établie.
Donc, c'est
ce type de synergie là qu'on recherche un peu, de voir quelles sont un peu les
pratiques de chacun, comment on peut
être le plus complémentaire possible, le mieux coordonné possible pour aussi
que le plus de gens aient accès,
aient accès correctement, en sachant ce à quoi ils peuvent s'attendre puis en
ayant les meilleurs soins, qu'ils soient au meilleur endroit aussi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
(Consultation)
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement à l'article 18? Est-ce que l'amendement à
l'article 18 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. Est-ce que l'article 18, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. L'article 19. Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je pense que le député de Jean-Talon va être heureux ici, M. le Président. À
l'article 19, nous voyons le mot «Internet».
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
…maintenant que la ministre va s'occuper de mon bonheur.
Mme
Hivon : Toujours.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Ça fait que je vois qu'elle va tout faire pour que je sois heureux. Merci, M.
le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Mais vous savez, M. le Président, que le bonheur, ce
n'est pas de tout avoir, hein, dans la vie. C'est bien important de se
rappeler ça. Alors, sur ce, je vais…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …répondre. Moi, je suis plutôt du style
stoïcien.
Le Président (M.
Bergman) : Article 19.
• (21 heures) •
Mme
Hivon : O.K. Oui, l'article 19. Je crois que nous n'avons
pas d'amendement à l'article 19. Donc, l'article 19 se lit comme
suit :
«L'agence
doit informer la population de son territoire des soins de fin de vie qui y
sont offerts, des modalités d'accès à ces soins, de même que des droits
des personnes en fin de vie et de leurs recours.
«Ces renseignements
doivent notamment être accessibles sur le site Internet de l'agence.»
Alors,
écoutez, cet article s'inspire des articles 343.0.1 et 344 de la
Loi sur les services de santé et les services
sociaux en les adaptant aux soins de fin de vie. Donc, c'est important,
encore une fois, là, comme je le disais à l'article précédent, par souci de transparence, de pouvoir
informer la population du territoire, notamment, des mécanismes d'accès, à qui elle doit s'adresser, des éléments
comme ça. On pourrait retrouver évidemment dans cette information-là les soins qu'une maison de soins palliatifs accepte ou
non d'offrir. Donc, c'est ce type de renseignements qui sont prévus.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
J'imagine que, pour ce qui est des droits des personnes en fin de vie et leurs
recours, ce sera le même processus que le
processus de commissaire aux plaintes qui existe actuellement dans les établissements. Donc, si une personne en
fin de vie ou un membre de la famille est préoccupé par une situation x ou y
qui est vécue, il n'y a pas un processus distinct, c'est le même
processus qui existe actuellement dans l'établissement puis à l'agence.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement. Donc, «recours», ce que ça veut dire, c'est «plainte», en fait; essentiellement :
commissaire aux plaintes, Protectrice du citoyen, plaintes aux ordres professionnels. Donc, c'est la même chose. On sait qu'on a eu plusieurs
commentaires. Plusieurs personnes ont soulevé : Est-ce qu'on ne devrait pas prévoir quelque
chose qui vient le dire clairement? C'est ici. Puis plus tard, vous allez voir, on va même être encore plus
précis, on va avoir un amendement pour venir dire que quelqu'un peut
formuler toute plainte selon le régime des plaintes que l'on connaît. Donc, on va venir le spécifier, là, pour être sûr,
parce que c'est un commentaire qui est revenu à quelques reprises, donc, pour être le plus clair possible. Mais, dans les faits, oui,
c'est les mêmes recours.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Et ces
recours-là… Il n'y a pas de recours spécifique, hein, pour les
usagers? Puis je sais qu'on n'est pas
encore rendus dans la commission de
fin de vie, là, on n'est pas encore rendus dans le mandat de la commission,
mais il n'y a pas de recours spécifique pour
les usagers ou de lien spécifique entre les usagers et la commission de prévu.
Donc, c'est vraiment notre processus
standard : Commissaire aux plaintes, Protectrice du citoyen. On n'a pas
modifié quoi que ce soit. D'accord.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
…ceux qui ont déjà l'expertise, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, si on allait justement…
Parce que ça va certainement arriver. Vous avez quelqu'un qui est dans
un établissement, il y a eu une plainte soit envers le personnel… À ce
moment-là, ça va être traité via le mécanisme du commissaire aux plaintes de
l'établissement?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui, M. le Président, c'est ma compréhension.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …s'il pratique en
établissement, à ce moment-là, ça va suivre le médecin examinateur, avec
possibilité de recours au conseil des médecins.
À domicile.
Vous avez une personne qui est à domicile, avec une infirmière du CSSS, avec un
médecin qui pratique en cabinet…
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Donc là, nous revenons à l'importance de : À
quel titre le médecin pratique dans la maison ou à domicile? Donc, s'il a son chapeau de médecin
relié à l'établissement, ce sera bien sûr le mécanisme de l'établissement,
mais, s'il exerce avec son titre de médecin de cabinet privé, ce sera le
Collège.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. La
ministre, elle commence à comprendre mon raisonnement parce qu'elle poursuit mes phrases. J'étais rendu
au milieu de la phrase, puis elle a poursuivi, donc ça veut dire qu'elle
sait où ce que je m'en vais. Donc, il y a
une logique là-dedans. Advenant le cas que c'est du personnel qui n'est pas en
relation avec l'établissement, un
organisme communautaire, à ce moment-là, qu'est-ce qui va arriver pour ce
personnel-là? Qui va recevoir la plainte?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : M. le Président, il y a une grande synergie dans
l'équipe du ministère, j'ai eu la réponse par trois personnes en même
temps : Ce serait le commissaire régional aux plaintes.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Sans prétention, c'est
peut-être parce qu'ils ont été bien formés dans un gouvernement
antérieur.
C'est important, M.
le Président, parce qu'auparavant nous avions discuté la question du
rattachement au niveau du médecin. Puis au
début le médecin devait être rattaché à l'établissement, même s'il n'avait pas
de privilège à l'établissement. Puis
je vois que la ministre suit la logique de la loi par rapport au cheminement
d'une plainte, qui, d'après moi, est
la bonne logique du réseau parce que ça amène de la cohérence au niveau du
réseau. Puis c'est une loi qui a été revue
puis qui... en tout cas, à ma connaissance, parce que ça fait plusieurs années
qu'elle a été revue, et je pense que les gens en sont relativement satisfaits. Je ne sais pas si quelqu'un du...
soit la ministre ou quelqu'un de son équipe pourrait nous dire le taux
de satisfaction par rapport à la mise en place de cette belle procédure de
plainte.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : J'ai une petite idée de qui pourrait avoir mis ça en
place, mais je n'ai pas fait de sondage récemment sur le taux de
satisfaction.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, madame. C'est parce
que — juste pour rappeler l'histoire du traitement des
plaintes — c'est surtout Jean-Bernard Trudeau et moi qui
avons travaillé sur ce dossier-là. Et auparavant les traitements des plaintes étaient très,
très difficiles. Même la façon dont
c'était fait, ça ne donnait pas satisfaction aux usagers. Mais je pense que c'était quelque chose qui a été bien mis en place. En
tout cas, on est très fiers de ce
dossier. Le recours au Protecteur du citoyen va arriver dans quelle
occasion?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est les
mêmes cas qu'à l'heure actuelle. Donc, c'est le choix évidemment
de la personne qui peut décider de saisir le Protecteur du citoyen.
Donc, ce n'est pas différent de la situation actuelle.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je vais passer la parole à ma collègue de Gatineau.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : L'agence
informe la population des soins offerts. Comment est-ce que
l'agence fera pour s'assurer que
l'ensemble des soins de fin de vie prévus à la loi seront offerts sur son territoire?
Je ne sais pas est-ce que c'est au
niveau de l'article 19 qu'on doit se poser la question,
là. Mais, à partir du moment où on a introduit le droit aux soins de
fin de vie qui sont prévus à l'article 5, est-ce
que l'agence a une certaine responsabilité? Est-ce que c'est à l'agence qu'il incombe de s'assurer que tous les soins de fin de vie prévus à la loi seront
disponibles sur son territoire afin d'assurer à la population de son territoire la meilleure
couverture possible en fonction de l'article 5? Parce qu'on prévoit qu'elle
doit aviser, communiquer l'ensemble…
de l'ensemble des soins qui existent, mais on n'a nulle part son obligation de
s'assurer qu'il y a effectivement l'ensemble des soins. Je ne sais pas à
qui incombe cette responsabilité-là par territoire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, chaque établissement est responsable d'offrir l'ensemble des soins de
fin de vie. Donc, c'est une
obligation qui revient aux établissements. Donc, dans les faits, ce que cet
article-là vient spécifier, c'est, par exemple, de dire ce qu'il en est pour les établissements, voici, et voici ce
qu'il en est pour les maisons de soins palliatifs. Mais les
établissements ont une obligation. Donc, c'est les établissements qui sont
responsables de le faire. Puis je veux… Par exemple, un…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je veux juste donner un exemple. Un CLSC… Non,
ce n'est pas un bon… Ça n'apportera pas de clarification.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (21 h 10) •
Mme
Vallée : …le rôle de l'agence, c'est vraiment un rôle de
coordination des soins de fin de vie, de communication d'information, et l'obligation d'offrir le service
revient aux établissements. L'agence, elle est un peu le parapluie de tous
ces organismes-là, s'assure de faire le tour
et de compiler ce qui est offert, de le faire connaître à la population, au
besoin, de venir revoir les modalités d'accès afin d'assurer la
meilleure accessibilité possible à sa population mais n'a pas d'obligation
quant à la couverture, quant au déploiement des services, puis elle n'a pas
d'obligation au-delà de cette coordination-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est
vraiment ça. En fait, l'agence est là pour coordonner, est là pour soutenir
aussi les établissements dans, je dirais, l'organisation. S'il y a
des enjeux particuliers, évidemment l'agence va s'assurer que les établissements se conforment. C'est son rôle aussi de supervision, de s'assurer que
les établissements se conforment à ce à quoi ils doivent se conformer, donc qu'ils
répondent bien aux obligations de la loi. Mais ce n'est pas l'agence elle-même qui
organise les services dans les établissements, c'est la responsabilité des établissements. Et donc, dans la loi, c'est prévu clairement. Mais, l'agence
étant l'entité régionale, c'est sûr que c'est elle qui a ce rôle, je dirais, de
centraliser l'information. On va sur le site de l'agence comme quand on veut
aller voir les durées d'attente, différentes informations. C'est le portail,
un peu, régional en santé et services sociaux. Donc, c'est cette idée-là que ce soit centralisé
et présent sur le site Internet, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mais par contre c'est à l'agence que seront transmis les… Tout ce qui est fonds
en lien avec le financement des soins palliatifs va d'abord
arriver à l'agence, donc, va descendre du ministère vers l'agence, et
l'agence va faire cette
répartition-là. Est-ce que c'est comme ça que ça fonctionne ou les
directives vont venir du ministère, qui indiquera :
Voici là où les fonds doivent aller? C'est parce que j'essaie de voir.
Elle n'a pas d'obligation, mais en
même temps elle aurait la responsabilité de répartir les budgets
relatifs aux soins de fin de vie sur son territoire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je vous
dirais, par exemple, en ce moment on travaille la desserte des soins
palliatifs. Puis, pour avoir un
portrait régional, c'est avec l'agence qu'on va le travailler, qui, elle, va
collecter l'information, colliger l'information
auprès des établissements, des maisons de soins palliatifs. Donc, elle va être
en mesure de venir dire, exemple : Dans Lanaudière, il y a un boom
démographique très important, notre population est en croissance, on se
projette dans les cinq prochaines années,
donc voici ce qu'on pense qu'on aura comme besoins en soins palliatifs. Donc,
ça, c'est un type de rôle de l'agence, je dirais, global.
Pour ce qui est du financement,
le financement, oui, c'est la mission de l'agence, donc c'est elle qui reçoit
les enveloppes selon les programmes et c'est
aussi elle qui donne les subventions, bien qu'elles soient établies. C'est elle
qui donne les subventions aux maisons de soins palliatifs.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …satisfaction pour l'utilisation de l'Internet, parce que ça a quelques
avantages, entre autres
la transparence. Donc, les gens ont tous la même information. Inutile de vous
dire que, lorsqu'un site est public, ça oblige également l'établissement à mettre la bonne information, à le garder à
jour et à avoir une qualité au niveau
de l'information. Et moi, je
pense que c'est vraiment les
nouvelles façons de faire, là, qu'il
faut qu'on propage dans notre société. Également, ça permet aux gens d'avoir l'accès
de façon très facile quand ils ont besoin du service. Et
une des difficultés qu'on a, c'est de
se retrouver dans le réseau de la santé. Et, au niveau des soins de fin de
vie, le fait que ce soit une organisation d'abord territoriale, avec une coordination régionale, ça
va permettre à tous d'avoir la même information
au même moment et ça va permettre aussi aux
patients, plutôt que de… ou à la famille… plutôt
que de chercher où aller pour pouvoir avoir son service, bien ça va lui
permettre de l'avoir très rapidement.
Je tiens à le dire à la ministre, c'est un grand
bonheur pour moi de voir cette phrase. Dommage, on aurait pu peut-être
l'appliquer avant, mais ça sera pour une autre fois.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de…
Mme Vallée : Ça va pour moi.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'article
19? Est-ce que l'article 19 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) : Adopté.
L'article 20. Mme la ministre.
Mme
Hivon : 20. Oui.
Alors, l'article 20 — c'est
les fonctions et pouvoirs particuliers du ministre :
«Le ministre
détermine les orientations dont doivent tenir compte un établissement et une
agence dans l'organisation des soins
de fin de vie, y compris celles dont l'établissement doit tenir compte dans
l'élaboration de la politique portant sur les soins de fin de vie.»
Donc,
simplement dire qu'évidemment c'est pour venir baliser le rôle du ministre
en termes d'orientations. Déjà,
il existe de telles orientations en ce qui a
trait aux soins palliatifs. Donc, ça existe déjà, mais on vient le mettre
formellement, puisque nous avons une
loi sur les soins de fin de vie, et bien sûr ces orientations pourront être
bonifiées à la lumière, donc, du nouveau soin, de l'aide médicale à
mourir.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Est-ce
qu'en fonction ou en vertu de cet article-là le ministre pourrait imposer une
pratique ou, par exemple, pourrait
utiliser cet article-là pour imposer, par exemple, la pratique de l'aide
médicale à mourir à l'intérieur d'une
maison de soins palliatifs? Est-ce que cet article-là pourrait permettre au
ministre d'aller au-delà de ce qui est prévu actuellement par la présente loi et d'imposer sa philosophie, par
exemple, au niveau des modalités d'accès aux soins de fin de vie, aux soins palliatifs? Est-ce que cet
article-là donne un droit de regard ou une discrétion ministérielle qui
pourrait aller plus loin que la
volonté des établissements, ou des conseils des établissements, ou même des
conseils d'administration des soins palliatifs?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En fait, c'est très similaire à la discussion
qu'on a eue à l'article 8.1 parce
que, dans le fond, c'est un
peu… On l'a mis à deux endroits, là. 8.1, si vous vous rappelez, on disait que
tout établissement doit adopter une politique portant sur les soins de fin de
vie. On a fait toute la discussion. Puis cette politique-là doit tenir compte
des orientations ministérielles.
Donc là, à 20, c'est comme en quelque sorte ce
qui habilite le ministre, donc, à déterminer ces orientations. C'est comme si, 8 venant avant, on faisait état du
fait que la politique doit tenir compte des orientations, et, à 20, on vient
dire quelles sont ces orientations. Donc, en
fait, c'est un peu la même discussion qu'on avait eue. C'est essentiellement,
d'abord et avant tout, la Politique en soins
palliatifs de fin de vie qui vient guider, je dirais, la base de ces orientations-là
qui vont être données, les orientations
prioritaires du Programme québécois de lutte contre le cancer, où, par exemple,
il y a huit mesures qui touchent les soins
palliatifs. Donc, c'est ce type d'orientations là. Puis, pour préciser les
choses, c'est vraiment, là, les
orientations pour un établissement, donc ça ne concerne pas les maisons de
soins palliatifs. On ne peut pas
venir faire ici indirectement quelque chose pour venir contrer ce qui serait
prévu dans la loi. On ne peut pas aller plus loin que ce qu'on a vu pour les maisons de soins palliatifs. Vous avez
sans doute noté que, quand on a parlé de la politique des maisons de
soins palliatifs… Je ne me souviens pas si on m'avait posé la question. Mais ça
ne découle pas, la politique pour les maisons de soins palliatifs, des
orientations du ministre.
Donc, il y a une différence à cet égard-là. Ils
ont une plus grande latitude. Évidemment, en général, elles s'inspirent aussi de la politique québécoise en
soins palliatifs de fin de vie parce qu'elles y adhèrent. Mais c'est vraiment
à 20 que le ministre détermine ses orientations pour ces établissements.
• (21 h 20) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : On avait une recommandation qui était quand même
relativement substantielle, qui avait été formulée par L'Association des groupes d'intervention en défense des droits
en santé mentale qui s'était prononcée sur l'article 20. Ils souhaitaient une reformulation de l'article
20, entre autres, en y ajoutant «après les orientations qui doivent être appliquées par
un établissement» et ils avaient vraiment élargi à une maison
de soins palliatifs, à un cabinet de professionnels. Alors, la recommandation était très vaste. Je comprends qu'elle n'a pas
été retenue. Simplement, peut-être expliquer pourquoi on a choisi de ne pas étendre aussi largement ces orientations. Je présume, bon, ça relève un
petit peu de cette autonomie-là,
je sais, que la ministre souhaite conserver.
Mais je
voulais tout simplement permettre à la ministre d'expliquer pourquoi
on n'avait pas reformulé, tel que recommandé, l'article 20.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, M. le Président, je pense, c'est une très bonne question.
En fait, on
avait une certaine, je dirais, tension,
qui était tout à fait correcte et gérable, mais dans les auditions, entre certains qui voudraient que les maisons de soins palliatifs soient en fait des établissements… des miniétablissements soumis aux mêmes règles, aux mêmes orientations, un peu du mur-à-mur, qui doivent dispenser tous les soins de fin de vie. Donc, on avait cette
approche-là qui était présente chez certains groupes. Puis, à l'opposé, on
avait les tenants, je dirais, de l'autonomie totale sans aucune, je
dirais, orientation ou collaboration, inscrite nommément dans la loi, entre les
établissements et les maisons de soins
palliatifs. Et la volonté, c'est vraiment
une recherche d'équilibre, donc, et c'est dans cette optique-là qu'ici la recherche d'équilibre, la recherche du
maintien de l'autonomie, avec, oui, un certain cadre pour les maisons de soins palliatifs, qui est un objectif
que l'on poursuit, se reflète dans le fait qu'on a fait le choix de ne
pas assujettir les maisons de soins palliatifs aux mêmes modalités en ce qui concerne les orientations que le ministre peut donner aux établissements.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Merci pour ces éclaircissements. Puis là on va
revenir parce qu'il y a une série
d'articles, là, qui ont trait aux
pouvoirs du ministre et aux fonctions du ministre. Certains considéraient que
c'était un peu lourd, que ce type de
pouvoir devait relever… ou devrait relever, plutôt, de la commission sur les
soins de fin de vie. Là, on est encore à l'article 20. Mais est-ce qu'il y a… Comment on va gérer, justement, la
distinction entre les pouvoirs du ministre et les pouvoirs de la commission? Et pourquoi a-t-on
choisi de ne pas faire relever l'ensemble de ces pouvoirs et fonctions là…
de ne pas les assujettir aux pouvoirs de la
commission? Est-ce que c'était… Je pense, c'est notamment le réseau FADOQ
qui nous avait dit : Bien, on trouve
qu'il y a beaucoup de prérogatives qui sont accordées au ministre en fonction
de la loi, on pense que ça devrait
relever davantage d'un organisme qui a une certaine neutralité ou une certaine
distance face aux politiques.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. En effet, ça, on va le voir plus en détail quand on va arriver aux
discussions sur la commission qui vont être très intéressantes, là. On a
réfléchi beaucoup à toutes ces questions, là, donc on va y revenir.
La
commission, elle a un rôle très important, mais elle a un rôle d'avis. Donc, la ministre, le ministre
ne peut pas abdiquer ses responsabilités. Justement, si, par exemple, la
commission voyait que, sur une période x, les choses ne semblent pas bien se dérouler, les soins palliatifs subissent des
écueils, ce n'est pas la commission qui ensuite applique toutes ses recommandations. Elle est là
pour justement donner des avis et faire en sorte que les
personnes en autorité, en l'occurrence
le ministre, le gouvernement,
puissent agir. Donc, c'est pour ça
qu'on ne peut pas abdiquer… faire abdiquer tout ce que le ministre a le pouvoir de faire et dire : Bien, maintenant,
on cède tout ça, parce qu'on est dans le domaine des soins de fin de
vie, à la commission. La commission va avoir un mandat quand même très important,
mais c'est important aussi que le ou la ministre conserve son autorité et sa
capacité d'agir et de réagir à la lumière de ce que la commission pourrait
aussi trouver comme éléments pertinents.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Moi, ça va. Pour l'article 20, ça me va, parce que,
je sais, bon, on aura d'autres échanges sur la commission, là. Mais je
comprends qu'au niveau des orientations il soit important, là, en fait de cohérence
en matière de soins de santé, que le ministre puisse avoir une certaine
marge de manoeuvre à l'égard de tout ça.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, c'est beau, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'article 20? Est-ce que l'article 20 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. L'article 20 est adopté. Article 21. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. M. le
Président, nous avons un amendement.
Le Président (M. Bergman) :
...que l'amendement soit distribué aux membres de la commission.
Mme
Hivon : Nous avons
l'amendement, M. le Président, et nous avons...
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants pour permettre l'amendement… pour être
distribué aux membres de la commission. Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 28)
(Reprise
à 21 h 29)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme
la ministre, vous avez déposé un amendement pour l'article 21.
Pouvez-vous lire l'amendement?
Mme
Hivon :
Oui. Alors, l'article 21. L'amendement vise à modifier, donc, l'article 21 du
projet de loi :
1°
par le remplacement de «d'exercer ses fonctions» par «d'exercer les fonctions
qui lui sont dévolues en vertu de la présente loi»; et
2°
par l'ajout, à la fin et après «soins de fin de vie», de «ou à un professionnel
de la santé ou des services sociaux ayant dispensé ces soins».
Donc,
vraiment, ça, ce sont des modifications d'ordre plutôt technique. La première
modification, c'est vraiment pour
établir que le pouvoir du ministre d'exiger que les établissements et les
agences lui fournissent des renseignements est là pour lui permettre d'exercer
les fonctions qui lui sont données par la loi, qu'on étudie présentement, sur les soins de fin de vie,
et non pas n'importe laquelle de ses fonctions générales de ministre.
Donc, c'est un pouvoir exceptionnel. C'est
un pouvoir exceptionnel parce que le dossier médical est confidentiel dans son ensemble.
Donc, c'est vraiment pour s'assurer que c'est le pouvoir le
plus restreint possible parce que c'est un pouvoir exceptionnel.
Et la deuxième modification,
elle est là pour préciser que les renseignements qui sont ainsi transmis et qui
ne doivent jamais pouvoir être reliés à une
personne spécifique ayant reçu des soins de fin de vie ne doivent pas non plus
pouvoir être reliés à un professionnel qui a
dispensé ces soins. Donc, tel que c'était rédigé, c'était uniquement en lien
avec la personne, mais là on ajoute
aussi… pour s'assurer de ne pas pouvoir relier l'information au professionnel
qui aurait dispensé les soins.
Si
jamais il y a une volonté, je peux lire aussi l'article tel que modifié, mais
on peut disposer de l'amendement avant, si on le souhaite.
• (21 h 30) •
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement à l'article 21? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. D'abord, j'aime beaucoup
qu'on discute technique, là, ça me... Je pense que c'est important dans
un projet de loi que tous les côtés techniques soient bien évalués, parce
qu'après il faut vivre avec la disposition.
J'aimerais
que la ministre commence par nous expliquer qu'est-ce qu'elle entend par
«exercer les fonctions qui lui sont
dévolues en vertu de la présente loi» et j'aimerais ça savoir les fonctions en
tant que telles. Parce que, si je comprends
bien, il y a une grande clause de confidentialité que, je pense… est
probablement importante, puis je voudrais savoir dans quel contexte que
ça s'applique.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Avec votre permission, M. le Président, je vais
laisser cette explication de nature plutôt technique à Me Lavoie.
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie, pour fins d'enregistrement, votre
nom, votre titre, s'il vous plaît.
Mme
Lavoie (Patricia) : Oui. Alors, Patricia Lavoie, avocate au ministère
de la Santé et des Services sociaux. Simplement,
les fonctions qui lui sont dévolues par la loi, entre autres l'élaboration des
orientations ministérielles, et puis, on
va le voir un peu plus loin, le ministre est responsable de l'évaluation de la
loi, de faire un rapport quinquennal sur l'application de la loi. Alors,
ce sont des renseignements qui seront requis pour exercer ces fonctions-là,
entre autres.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Là, on marque «dans les délais
qu'il indique». Autrement dit, ça revient au ministre de décider dans quels délais qu'il les veut.
Est-ce que ça n'aurait pas été mieux de le mettre de façon statutaire pour que
tout le monde ait les mêmes délais ou on laisse ça libre à la volonté du
ministre?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je pense que c'est préférable de laisser ça libre pour ne pas, je dirais...
parce que toutes les demandes peuvent ne pas
avoir la même intensité et devoir avoir une réponse dans les mêmes délais. Et
donc, si on mettait peut-être un standard fixe, ça pourrait faire en
sorte que les délais seraient plus courts que ce qu'ils ont à être en tout temps, selon l'information qui doit être requise
par le ministre. Et donc je pense que ce n'est pas nécessaire de surcharger
de demandes et d'urgences, nécessairement,
le réseau. Donc, pour cette raison-là, je pense que ce serait préférable de
laisser une latitude.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je vais laisser la parole à ma collègue.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : J'essayais de suivre. Justement, on ne veut pas
surcharger le réseau inutilement de rapports et de transmissions
d'information.
Alors, on a prévu un
peu plus tôt dans la loi qu'un rapport devait être fait au plus tard le
30 juin par les établissements. Donc,
c'est un rapport qui comprenait un certain nombre d'informations, qui était
transmis aux établissements, au
ministre. On a déjà des rapports annuels de gestion des agences qui sont
transmis au ministre. Je me demandais
si on trouvait ce type de prérogative là dans d'autres lois où le ministre est
tenu de faire un rapport quinquennal. Je
pense, en l'occurrence, à la Loi sur le tabac. Est-ce que, dans le contexte de
la Loi sur le tabac… et là je ne l'ai pas devant moi, mais est-ce qu'on demande… est-ce que le ministre a une prérogative
équivalente à celle de l'article 21, c'est-à-dire de demander aux agences de demander aux
établissements rapidement, comme ça, des informations dans
le cadre… ou pour l'aider à assumer
ses responsabilités ou bien est-ce que, dans ces lois-là, on considère les
rapports annuels, fournis par les
agences, les rapports annuels des établissements comme étant des informations
déjà transmises au ministre et sur lesquelles le ministre pouvait se
baser pour déposer son rapport quinquennal?
Je me demande si on
n'en met pas trop, puisqu'on a déjà des obligations de rapports que les
établissements devront faire. J'imagine que les maisons de soins palliatifs
aussi auront des rapports à soumettre, donc.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, je comprends la préoccupation, mais c'est
là aussi pour faire en sorte que le rapport qui est demandé aux établissements, qu'on a vu plus tôt, là, avec le nombre
d'aides médicales à mourir, de sédations, tout ça… qu'on ne demande pas non plus un niveau trop élevé de détails par
rapport à ce qu'on pourrait avoir besoin, je dirais, de manière
générale.
Mais,
par exemple, si on estimait qu'il y a peut-être un problème dans une région
donnée sur le fait qu'on… je dis ça,
là, qu'on a un doute à savoir si toutes les pathologies sont considérées pour
avoir accès aux soins, parce qu'on se ferait
dire que c'est essentiellement et uniquement des gens qui ont le cancer,
exemple, et que c'est excessivement difficile de trouver une place dans un lit dédié si vous avez une autre
pathologie, bien ça pourrait permettre, par exemple, que le ministre, parce qu'il y a des systèmes
d'information dans le réseau qui sont beaucoup plus sophistiqués, où on
pourrait retrouver la pathologie, par exemple, le ministre pourrait
demander cette information-là mais, par exemple, dans une région donnée, à des établissements ciblés plutôt
que de dire : On va forcer tout le monde, dans leur rapport, à tout mettre.
Par exemple, l'âge; il pourrait se dire :
On ne l'a pas demandé systématiquement, mais, dans les discussions, on se
disait : Peut-être que ce serait
intéressant de voir aussi, au fil du temps, est-ce que, les gens en soins
palliatifs, il y a une grande variation
dans l'âge, est-ce que c'est, 90 %, des gens âgés, bon, exemple. Mais de
le mettre systématiquement, ça alourdit systématiquement ce que les
établissements ont à mettre dans leur rapport.
Donc,
c'est dans ce sens-là que cette idée-là est prévue, soit s'il y a un besoin
particulier, temporel, quelque chose que
le ministre, la ministre voudrait vérifier, intégrer à son rapport, parce que,
oui, on va le voir, il y a une exigence de faire un rapport périodique
aux cinq ans aussi qui est prévue de la part du ministre. Donc, c'est un peu ce
besoin-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Mais c'est lourd. À court terme, lorsqu'on n'en a pas
besoin, ça va, mais, le jour où on en a besoin, on a quand même une discrétion qui est quand même assez importante et où
le ministre peut demander un tas de documents. Donc, je ne sais pas, est-ce qu'on ne pourrait pas… Est-ce qu'il n'y a
pas de… Est-ce qu'on ne pourrait pas, à tout le moins, prévoir un délai pour permettre, de part et
d'autre… tant au ministre de pouvoir s'attendre à recevoir les documents requis
à l'intérieur d'un délai raisonnable… mais
aussi pour permettre la transmission de ces documents-là à l'intérieur d'un
délai raisonnable? Est-ce qu'il pourrait y
avoir… Bon, on vous demande de nous pondre un rapport à l'intérieur de 24 heures. Il est possible que
l'établissement ne soit pas en mesure de le faire. Je sais que chaque cas est
un cas d'espèce, mais il faudrait
prévoir, à tout le moins, un… Parce que, on s'entend, là, ces informations-là vont
être en sus des autres rapports qui devront être fournis. Donc, on sait
qu'annuellement il y a quand même pas mal de rapports qui, dans
l'administration du cours normal d'un établissement, doivent être soumis au
ministère.
Je
ne pense pas que l'objectif soit d'alourdir les choses pour les établissements.
Je comprends qu'il peut y arriver des
circonstances, des situations où des documents
devront être demandés rapidement. Mais, je ne sais pas, je trouve ça très
lourd. Peut-être que…
• (21 h 40) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
moi, ma crainte, c'est celle que j'exprimais tout à l'heure. Un, il y a,
de manière périodique… Mettons, de
manière inhabituelle, on pourrait vouloir suivre, exemple, dans une région, un
indicateur mois après mois, pendant six mois, parce qu'il y a une situation
qui nous semble problématique, exemple. Mais là évidemment on ne peut pas mettre ça parce que ça serait plus
inhabituel puis on ne voudrait pas venir mettre que ça va
être ça, la règle. Moi, ma crainte,
c'est que, si, par exemple, on dit «dans un délai de 30 jours», bien 30
jours, ça peut être court dans une circonstance puis ça peut être long si on a un vrai gros problème
sur les bras, là. Pour vivre depuis un an dans cet univers fascinant, je dirais qu'on ne cherche pas à embourber, au
contraire. Parce qu'il y a énormément de demandes de reddition de comptes, et tout
ça. Donc, je pense que les demandes qui sont faites sont faites avec
parcimonie. Mais, quand une telle demande doit être réalisée dans un
délai x, ça serait bien que ça puisse se faire.
Moi, en fait, j'ai plutôt
la crainte que, si on devait mettre un délai standard, ça forcerait des cas où
on pourrait possiblement aller demander
annuellement ou dans un délai plus long… mais là, vu qu'on ne voudrait pas
échapper la possibilité de l'obtenir
rapidement, au besoin, qu'en fait on vienne forcer l'univers à se déployer
peut-être plus rapidement. Donc,
c'est un peu ça, le défi, là. Bien sincèrement, je ne pense pas qu'on va
inonder de demandes le réseau. L'idée, c'est que cette possibilité-là
soit là. On vient prévoir, hein? On veut faire une bonne loi qui vient prévoir
toutes sortes de situations, donc on le met.
Donc, c'est ça. C'est ça un petit peu, l'idée, là. Puis l'autre... le rapport
annuel, évidemment, lui, il fait le recensement, mais il ne donne pas
les données. Vous n'avez pas les données brutes dans le rapport. Non seulement on dit quelques éléments sur lesquels ça
nous apparaissait particulièrement important d'avoir une section dans le rapport, mais ça n'aidera pas le ministère à
pouvoir analyser une situation spécifique. On n'aura pas les données brutes,
là. On a le résultat de l'analyse, dans le fond, des données.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Si je comprends bien, c'était également
un élément préventif, donc, pour nous permettre
d'évaluer une situation. Si je comprends bien également, ça ne comprend pas les
maisons de soins palliatifs. Est-ce qu'il y a un article de prévu pour
que les maisons de soins palliatifs soient obligées également de donner des
informations?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, les maisons, ça ne… Effectivement, ça ne comprend pas les maisons de
soins palliatifs. On va avoir
l'information sur les maisons de soins palliatifs… là, on me corrigera si
j'erre, on va avoir l'information sur les
maisons de soins palliatifs, sur les renseignements, comme le nombre d'aides
médicales à mourir, de sédations, par le truchement de ce qu'on a déjà prévu. Mais, pour ce qui est de ce type de
données là, on n'a pas le… le ministre n'aurait pas le pouvoir de les
requérir auprès des maisons de soins palliatifs.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Est-ce que ça ne fait pas deux régimes :
un dans lequel il y a une reddition de comptes, puis, dans l'autre, on
respecte l'autonomie, mais il n'y a pas de reddition de comptes en cas de
situation difficile?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, les maisons, quand elles sont venues, là… Je ne suis pas fermée, mais
je fais la réflexion à haute voix.
Quand les maisons sont venues, elles nous ont dit : S'il vous plaît, ne
nous inondez pas, on doit déjà à chaque mois… Elles nous disaient bien…
elles nous disaient ça, mais dans les faits…
Une voix : ...
Mme
Hivon :
O.K. Oui, c'est ça, on l'avait vérifié après. En fait, elles doivent déjà faire
une reddition de comptes, par
exemple, auprès des… Je regarde notre experte. Elles doivent faire une
reddition de comptes sur un certain nombre d'éléments auprès des agences. Je me souviens très bien qu'elles nous
ont dit qu'elles transmettaient, à chaque mois, des données. Mais, après vérification, il ne semble
pas que ce soit le cas pour l'ensemble des maisons de soins palliatifs. Donc,
certaines ont probablement des ententes ou des manières de faire plus
contraignantes. Donc, voilà. On ne l'a pas prévu parce qu'on a réfléchi
et on s'est dit qu'on pourrait le prévoir dans les ententes pour répondre peut-être
davantage au souhait, qui nous avait été
exprimé, là, par les maisons de soins palliatifs, de ne pas leur demander trop
de choses, alors qu'elles estiment qu'elles ont déjà quand même une
bonne reddition de comptes à faire. Donc, c'est une question d'équilibre, là.
On pourrait faire la discussion.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre… vous demander une question?
Mme
Hivon : Une question?
Le
Président (M. Bergman) : Vous avez une exception dans l'article 21 : «Pourvu qu'il ne soit pas possible de
relier ces renseignements à une personne
ayant reçu des soins — etc.»
Pourquoi est-ce que vous avez fait cette exception?
Mme
Hivon : En fait, c'est pour préserver le caractère
confidentiel des données de soins, des données médicales d'une personne. Donc, évidemment, quand on requiert ce type d'information là, ce n'est pas pour pouvoir dire :
Madame X ou monsieur Z
avait tel problème, et il a reçu tel soin, c'est vraiment de manière beaucoup
plus statistique et globale que l'on
souhaite obtenir les données. Donc, c'est la même formulation, qui est celle de
la loi sur le DSQ. Donc, c'est pour s'assurer de la confidentialité des
données, du droit à la confidentialité du dossier de l'usager.
Le
Président (M. Bergman) : Je comprends. Mais vous avez limité l'exception «à une personne
ayant reçu [les] soins», alors est-ce que l'information peut être
envoyée à toute autre personne?
Mme
Hivon :
Non, M. le Président. C'est parce qu'on est dans une loi sur les soins de fin
de vie. Donc, on outrepasserait notre mandat si on était en train de parler de
«tout type de soin» parce qu'il y a déjà… c'est déjà prévu pour, donc, tout type de soin qu'on ne pourrait
pas obtenir des renseignements qui permettraient d'identifier une personne.
Et on veut, ici, vu que ce pouvoir-là est
dans le cadre de cette loi-là, qu'il vise des fins, dans ce cadre-ci, reliées
aux données sur les soins de fin de vie, on veut simplement être le plus
précis possible dans l'article.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, pourquoi est-ce qu'on ne peut pas indiquer qu'il ne soit pas possible
de relier ces renseignements à aucune autre personne, que l'information
reste confidentielle pour le ministre?
Mme
Hivon : En fait, l'information ne peut jamais être nominative, qu'importe que ce soit le ministre
qui… Je veux dire, dans le cadre…
dans ce type de pouvoir là, le type de fonction que l'on voudrait faire jouer à
ces informations-là, c'est
vraiment une fonction de nature statistique, de nature, je vous dirais, de
données qui ne sont pas reliées à une personne en particulier. Donc, ça va de soi qu'on ne peut pas le faire. Puis,
dans la loi sur la santé et les services
sociaux, nous avons une
disposition similaire pour tout type de soin, donc pas pour les personnes qui
sont en fin de vie, spécifiquement.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Quels vont être les moyens qui vont être pris
pour assurer la confidentialité des données transmises? Parce que
c'est assez important, je
crois, tant pour les patients… Je comprends qu'on veut enlever de tout ça les informations nominatives qui permettraient d'identifier le
patient ou d'identifier le professionnel, mais il y a quand même
un questionnement qui est soulevé
quant à la façon dont on va s'assurer de cette confidentialité-là, là. À partir du moment où on transmet au ministre l'information, on sait
bien que ça passe entre les mains d'une série de personnes, des intervenants.
Et donc ce n'est pas directement de l'établissement au ministre en main propre,
là, il y a quand même pas mal de monde dans la machine qui vont avoir accès à
l'information. Et donc quels sont les dispositions ou les dispositifs qui
seront mis en place pour assurer cette confidentialité-là?
• (21 h 50) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
le gros de l'obligation, c'est vraiment l'établissement qui va l'assumer. Donc,
c'est l'établissement qui… parce
que c'est... quand ça va
arriver à l'autre bout, au ministère, ça ne sera pas nominatif, parce que ça ne peut pas. Donc, c'est vraiment
l'établissement qui doit s'assurer, donc, de répondre à cette
exigence-là. Et je vous dirais que
les établissements sont habitués à ça, parce que
ça va de soi, compte tenu de toutes les règles de confidentialité.
Donc, ils ont toute leur procédure pour la gestion, donc, de ces données-là, de
ces obligations de confidentialité.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, il n'y a pas de processus
particulier mis en place pour cet article spécifique là, ce sera laissé, j'imagine,
à l'application, là, des lois qui encadrent la transmission des informations de
nature confidentielle, donc, j'imagine, la loi d'accès à l'information puis la loi… et les
autres pièces législatives qui empêchent la diffusion de tout ce qui est nominatif. Donc, il y aura, soit par le
biais de… Il est tard. Donc, il y aura des processus mis en place pour biffer
toute forme d'identification, que ce soient
les noms, les dates de naissance, les numéros d'assurance maladie, les numéros
d'assurance sociale, et tout ça. Et je comprends que c'est vraiment laissé à la
discrétion des établissements. Donc, ultimement,
si une erreur devait survenir dans la transmission de l'information, c'est
l'établissement qui en porterait la responsabilité.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Peut-être juste pour, par exemple, donner un exemple. Nous avons un
formidable système qui s'appelle
GESTRED. Et, par exemple, c'est ce système-là qui nous a permis de colliger
combien de personnes avaient reçu des
soins palliatifs à domicile, parce que toutes les interventions faites par les
CLSC sont colligées à des fins statistiques dans ce système-là. Déjà, tout ça se fait de manière totalement
dénominalisée, donc c'est vraiment un répertoire, si vous voulez, statistique. Donc, il y a certaines
personnes qui manipulent ces données-là et qui sont, donc, habituées à toutes
les exigences de confidentialité et
de traitement de l'information. Donc, c'est dans la même foulée, c'est la même
chose pour un établissement.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Moi, je reviendrais sur un élément qui est fondamental puis je ferais peut-être
une ouverture à la ministre. Je sais que les
maisons de soins palliatifs ne voulaient pas nécessairement avoir à fournir des
données ou fournir ça au ministre. Mais, dans une cohérence de système,
on va se retrouver avec deux possibilités : il y a les établissements et les agences qui vont avoir
l'obligation; et les maisons de soins palliatifs, elles, le ministre n'aura pas
recours à leurs données.
Et j'aimerais juste poser la question à la
ministre : Ces demandes de données là devraient être, à toutes fins,
exceptionnelles ou ça va être des demandes sur une base régulière? O.K., bon,
si c'est des demandes…
Mme
Hivon : …j'ai dit : Non, ça devrait être exceptionnel.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Merci. Si c'est une base exceptionnelle,
c'est probablement en vertu que, s'il y avait un problème, on voudrait avoir
des faits pour pouvoir intervenir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En fait, on aurait deux choix. En ce moment,
l'information des maisons de soins palliatifs est acheminée, je dirais,
pour leurs données, là, pour celles qui ont un suivi, aux agences.
Donc,
les agences ont un certain nombre de données qui proviennent des maisons de
soins palliatifs. Elles n'ont pas
toutes les données. Donc, le ministre pourrait soit dire : Je travaille à
partir des données que les agences ont. Et un choix pourrait être de dire, par exemple — je réfléchis, là : Dans les ententes,
on va aller plus loin dans le type de données qu'on souhaite qui soient transmises par les maisons de soins
palliatifs, ce qui fait en sorte qu'on ne serait pas obligé de venir
créer le pouvoir, sauf qu'évidemment on en demanderait moins parce que ce
seraient des informations, qu'on demanderait,
de nature un peu statutaire. Donc, on en demanderait moins que ce que le
ministre pourrait être appelé à vouloir.
C'est sûr que, si on le prévoit à 21, ça fait un pouvoir de plus qui peut être
exercé à l'endroit des maisons de soins palliatifs. C'est dans une optique plutôt exceptionnelle, en effet, où
on se dirait : On s'inquiète de la réalité d'une région.
La
seule chose dont je veux m'assurer, c'est que, si on prévoit ça dans l'article,
et on sait que c'est en quelque sorte
une atteinte supplémentaire, bien que potentiellement justifiée, à l'autonomie
des maisons de soins palliatifs… Je voudrais
juste m'assurer que ce n'est pas, pour l'essentiel, quelque chose qui pourrait
être transmis de manière plus usuelle à l'agence plutôt qu'être un pouvoir... En fait, c'est juste ça que je
voudrais vérifier avant, le type d'information qui transige par les agences déjà.
Le
Président
(M. Bergeron) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, je rappelle le principe qu'on applique, là, c'est qu'on veut
essayer de faire la meilleure loi.
Et, moi, ce que je vois, si on avait une maison de soins palliatifs dans
laquelle on découvrait des problèmes, actuellement,
est-ce qu'il y a des mécanismes qui me permettraient d'avoir l'information? Parce que, là, on parle souvent de données, mais moi, je
trouve, la partie la plus importante, ce n'est pas la question des données, qui
souvent vont apparaître... on va les faire venir via d'autres types de
rapport, c'est les rapports et autres renseignements nécessaires afin de
lui permettre d'exercer des fonctions.
Est-ce
qu'il y a des fonctions que le ministre pourrait exercer envers les maisons de
soins palliatifs? Exemple, un problème de qualité, un problème de
sécurité, un problème d'infection… Si une maison de soins palliatifs avait des infections à C. difficile à répétition ou encore
nous avions... mettons qu'on trouverait des maladies particulières puis que
le ministre voudrait avoir des rapports, est-ce que... ou encore, un exemple,
une maison de soins palliatifs où est-ce qu'il
y aurait un nombre élevé de chutes avec des fractures de la hanche, ce serait
une possibilité d'un problème de sécurité, là… Ce que je pense, c'est que… est-ce que le ministre aurait, s'il n'y
a pas cet article-là, la possibilité d'avoir des rapports, de l'exiger
ou encore ce ne serait seulement que sur une base volontaire?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
(Consultation)
Le Président (M.
Bergman) : Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
21 h 58)
(Reprise à 22
h 4
)
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la ministre,
la parole, c'est à vous.
Mme
Hivon : Oui, M. le Président. On va suspendre l'article pour
le regarder comme il faut, là, puis voir les cas de figure.
C'est certain que,
dans l'état des choses actuelles, s'il y avait quelque chose en lien avec la
santé publique, ça serait possible. Plus
loin, on vient prévoir les pouvoirs d'inspection. Donc, ce qui relève de
l'inspection va pouvoir se faire
aussi dans les maisons de soins palliatifs. Donc, ça serait de voir si, de
manière exceptionnelle, pour une situation x qui se produirait, exemple, je ne sais pas, plusieurs accidents ou quelque
chose comme ça, là… Mais est-ce que c'est de la nature de ce qui est prévu ici? C'est sûr que oui. Puis on veut
regarder, par exemple, ce qui est prévu pour les résidences de personnes âgées, par exemple, les résidences en
toxicomanie. Est-ce que le ministre a ce type de pouvoirs là dans ce type de cadre là? Donc, on va le regarder plus en
détail, on va revenir avec une réponse intelligente pour l'opposition.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, l'amendement à l'article 21 est suspendu. M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, juste pour ajouter à la réflexion de la ministre. Une de mes inquiétudes
que j'aimerais qu'elle fasse une réflexion,
c'est qu'on crée deux régimes : un régime pour les établissements et les agences et un régime, si elles ne sont pas incorporées,
pour les maisons de soins palliatifs. Et il faut être conscients qu'il y a beaucoup
de cas maintenant qui vont se faire dans les maisons de soins
palliatifs parce qu'on va en avoir de plus en plus et on favorise également cette organisation-là.
Donc, si on est pour avoir des régimes différents, il faudrait y penser.
Également, si
ça n'existe pas dans des maisons comme toxicomanie, je pense qu'il faut
maintenant penser sur le
principe : ce n'est pas parce que ça n'existe pas ailleurs que nous
autres, on ne pourrait pas être les premiers, les innovateurs, puis après ça eux autres les feront
dans leurs lois. Donc, je rajoute juste un élément à la réflexion puis je salue
l'idée de la ministre de suspendre puis de faire une réflexion au cours de la
prochaine nuit.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, l'amendement, Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Juste soumettre quelque chose à la réflexion de l'opposition aussi pour la prochaine
nuit. C'est que, si… Je suis sûre que
tout le monde rêve aux amendements à la loi sur les soins de fin de vie toute
la nuit, et en tout cas nous, on a
des légistes qui y rêvent, je vais vous le dire. Donc, on pourrait peut-être
imaginer que, si on allait dans ce sens-là, on inscrirait que c'est de
manière exceptionnelle, juste pour baliser les choses. Donc, en tout cas, on va
l'évaluer.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
La ministre est en train de faire notre travail, mais je vois que ça sera… je
suis d'accord avec elle, il faudrait peut-être le mettre de façon
exceptionnelle, parce que c'est comme ça que ça nous a été expliqué, pour éviter peut-être à un moment donné
qu'il pourrait y avoir un abus de pouvoir. Je ne penserais pas que ça
pourrait arriver, mais juste le prévoir, à ce moment-là.
Mme
Hivon : Nous…
Le
Président (M. Bergman) :
Alors, l'amendement à l'article 21 et l'article 21 sont suspendus. Mme la
ministre. Article 22.
Mme
Hivon : Article
22 — donc,
nous arrivons dans l'inspection :
«Une personne autorisée par écrit par le
ministre à faire une inspection peut, à tout moment raisonnable, pénétrer dans tout lieu exploité par un
établissement ou une maison de soins palliatifs afin de constater si le présent
titre est respecté.
«Cette personne peut, lors d'une
inspection :
«1° examiner et tirer copie de tout document relatif
aux soins de fin de vie offerts dans ce lieu;
«2° exiger tout renseignement relatif à
l'application du présent titre ainsi que la production de tout document s'y
rapportant.
«Toute personne qui a la garde, la possession ou
le contrôle de tels documents doit, sur demande, en donner communication à la
personne qui procède à l'inspection.
«Une personne
qui procède à une inspection doit, si elle en est requise, exhiber un
certificat attestant sa qualité.
«Quiconque
nuit à un inspecteur dans l'exercice de ses fonctions, refuse de lui fournir un
renseignement ou un document qu'il a
le droit d'exiger ou d'examiner, cache ou détruit un document ou un bien utile
à une inspection commet une
infraction et est passible d'une amende de 2 500 $ à
25 000 $ dans le cas d'une personne physique ou d'une amende
de 7 500 $ à 75 000 $ dans les autres cas.»
Donc,
simplement vous rassurer que cet article-là évidemment reprend… donc, s'inspire des pouvoirs
d'inspection du ministre
au sein d'un établissement, mais vraiment, cette fois, c'est pour vérifier si les obligations
liées aux soins de fin de vie sont respectées. Il vient aussi introduire la possibilité que les maisons de soins palliatifs soient inspectées, toujours dans
le but de vérifier l'application des
règles concernant les soins de fin de vie. Et puis les pouvoirs de l'inspecteur
sont identiques à ceux d'un inspecteur qui est nommé en vertu de
l'article 489, cette fois, de la LSSSS. Pour ce qui est du dernier alinéa sur les amendes, parce qu'on se
questionne toujours sur les amendes, les montants ont été fixés, donc, selon
le principe de la proportionnalité des
infractions et des amendes, ce qui… Ça se compare à ce qui est prévu, là, donc,
par d'autres lois récentes, par
exemple la loi sur le partage de certains renseignements de santé. Donc, il y a
tout un travail qui est fait. Et ce n'est pas chez nous que ça se fait, c'est
par les spécialistes des amendes au ministère de la Justice qui regardent
pour qu'il y ait une cohérence.
Donc, voilà les commentaires généraux, M. le
Président.
• (22 h 10) •
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a des questions, commentaires sur l'article 22? M. le député de
Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Seulement un commentaire. C'est intéressant parce
que 22, théoriquement, devrait être une étape qui vient après 21. C'est-à-dire
que, lorsque vous suspectez une problématique, vous devriez demander de l'information
et, advenant le cas que vous n'êtes pas satisfait, vous jugez devoir intervenir,
vous devriez y aller avec une inspection. Et, dans le 22, on prévoit la maison
de soins palliatifs au même niveau que l'établissement et, dans le 21, on ne
l'avait pas.
Donc,
c'est juste pour rajouter à la réflexion pour peut-être diminuer votre temps
de réflexion cette nuit. Ça fait que je pense
que ce serait un argument pour, dans 21, mettre «maisons de soins palliatifs».
Mais je vais vous laisser faire la réflexion. M. le Président, je vais
passer la parole à ma collègue.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je comprends qu'on reprend finalement,
pratiquement mot pour mot, l'article 489, mais… Bien, deux questions. Puisque
nous avons 489 à l'intérieur de la LSSSS qui demeure une loi d'application,
pourquoi avoir introduit cet article-là à l'intérieur du projet de loi?
Et, deuxièmement, on prévoit la possibilité des inspections à l'intérieur des maisons de
soins palliatifs, qui ont un statut
particulier, donc. Et je regarde 489 qui s'applique à un établissement, à un centre médical spécialisé et je ne vois pas d'organisme à but non lucratif, d'organisme communautaire, par
contre. Donc, si je comprends bien,
ces inspections-là peuvent se faire
sans mandat. Donc, c'est vraiment :
l'inspecteur reçoit… Le mandat est
émis. Le mandat d'inspection est émis
par le ministre qui a la prérogative de dire : M.
l'inspecteur, Mme l'inspectrice, je vous mandate afin de vous rendre à
tel endroit et de me revenir avec un certain nombre d'informations. Est-ce que
l'autorisation écrite prévoit exactement ce que l'on recherche, ce que l'on tente à
obtenir au moment de l'inspection ou est-ce qu'on a ouverture à une partie de pêche? C'est-à-dire que… Est-ce que l'inspecteur
peut unilatéralement déterminer ce qu'il demandera ou ce qu'il exigera
des gens et des dirigeants d'établissement ou des dirigeants des soins
palliatifs?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : O.K. Donc, je ne suis pas la spécialiste des
inspections, je vais donner des commentaires généraux, puis, si on doit aller plus dans le détail… Mais pourquoi il faut
avoir cet article-là qui est très similaire à celui de la LSSSS? C'est parce
que c'est écrit spécifiquement dans l'article
489 de la LSSSS que c'est vraiment aux fins de la présente loi et des règlements qui en découlent. Donc, l'article
489 est vraiment limité… C'est vraiment limité, l'article
489, à ce qui est prévu dans la LSSSS. Donc, nos dispositions ne sont
pas comprises. Donc, c'est pour ça qu'il faut venir prévoir une disposition similaire. Quand on dit : Le respect de la présente loi, c'est, par exemple, les droits des personnes, l'offre, par les établissements, des soins, le fait qu'il y
ait une politique,
les mécanismes de surveillance qui sont établis dans l'entente, donc
être capable d'aller s'assurer s'il y a un problème important. Donc, c'est ça,
le coeur de la démarche.
Et, pour ce
qui est de l'étendue, donc, de l'inspection, on n'est pas en enquête. Donc, une
enquête, ça, c'est quelque chose qui…
on vient délimiter très précisément. Là, c'est un pouvoir général d'inspection
comme il en existe pour les résidences
de personnes âgées, en
vertu de la Loi sur le tabac, pour
les ressources certifiées en toxicomanie. Donc, c'est ce
type de pouvoir d'inspection là qui est prévu ici, pas un pouvoir d'enquête.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, c'est
ça, c'était ma prochaine question, parce que,
dans d'autres lois, dont la Loi sur Héma-Québec, je pense qu'il est question
d'un pouvoir d'enquête, et on voulait voir la distinction, mais…
(Consultation)
Une voix : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. C'est juste une clarification. Puis «une personne qui procède à une
inspection doit, si elle [...] est
requise, exhiber un certificat attestant sa qualité»... C'est parce que…
probablement que je parle à la juriste, là. Parce que, comme je dis, je suis seulement médecin. Ça fait
que «qualité», pour nous autres, c'est plus la qualité de l'acte ou des choses comme ça, «sa qualité»,
c'est vraiment sa compétence. Puis il
n'y a pas un meilleur terme que ça?
Il me semble que…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Nous sommes toujours très ouverts à la
bonification et à l'innovation, mais c'est vraiment le terme consacré, c'est : en sa qualité, à titre
d'inspecteur, donc dans sa qualité d'inspecteur. Effectivement, je pense que c'est un terme plus juridique, mais c'est
le sens de l'expression.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je comprends que
c'est l'inspection qui est consacrée à 489. Par contre, j'aimerais peut-être comprendre la distinction. La rédaction est un tout
petit peu différente. À 489, on prévoit : «Une personne qui procède
à une inspection doit, si elle en est
requise, exhiber un certificat signé par le ministre attestant sa
qualité.» Et, à l'article 22 de
la loi, on prévoit : «Une personne qui procède à une inspection doit, si
elle en est requise, exhiber un certificat attestant sa qualité.»
Pourquoi le certificat d'inspection émis ou
exhibé en vertu de l'article 22 ne devrait pas avoir la signature du ministre,
alors qu'en vertu de 489 la signature du ministre est requise?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est une question qui démontre toute
l'étendue de la recherche faite par la députée de Gatineau. Donc,
il y a une raison. C'est parce que, dans un processus d'amélioration continue, ce
n'est plus une expression que nous retenons
parce qu'il y a souvent une
délégation pour ce type de signature du ministre au sous-ministre, et donc il a
été jugé préférable… Et, dans les
lois plus récentes, on ne parle plus, donc, de cette nécessité-là, que ce soit
signé par le ministre.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Étonnant, parce
que c'est un article qui quand même a été modifié il n'y a pas si longtemps.
Donc, ça va.
Mme
Hivon : …ça date
de 1992. Il a été modifié mais pour autre chose, et probablement…
Mme Vallée : Puis on n'a pas…
Mme
Hivon :
…qu'on n'a pas saisi l'occasion de l'améliorer à cet égard-là. Mais ce sera
corrigé dans cette loi formidable que nous sommes en train d'adopter, M.
le Président.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Merci, M. le Président. Ça va être
corrigé dans la loi. Est-ce qu'on ne pourrait pas penser à corriger l'autre loi? Parce que c'est mon souci
d'amélioration continue, là. Je trouve que c'est plaisant quand on peut avoir une concordance, là, et puis ça
permettrait juste de mettre un petit papillon, puis on serait même d'accord
si la ministre nous convainc que c'est la
bonne chose à faire. On offre ça à la ministre parce que, tant qu'à améliorer
des lois, on est disponibles, on a jusqu'à 10 h 30 ce soir.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Juste réexpliquer pourquoi je ne suis pas favorable à faire ça. Parce qu'en
fait, là, on est dans une loi
spécifique. On peut le faire. Quand on modifie une autre loi ou la LSSSS, les
seules raisons… on va le voir à la fin, ce sont de toutes petites
modifications qui sont directement reliées à ce qu'on est en train d'adopter,
et non pas des modifications globales de
cohérence. Lorsqu'il y aura une opportunité plus générale sur la LSSSS, je suis
certaine que nos légistes vont s'en rappeler, et ils vont le faire.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. La personne en moi
recherche toujours la perfection partout, mais je crois que, ce soir, on
ne l'aura pas dans les autres lois. Ça fait que j'accepte le commentaire de la
ministre.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (22 h 20) •
Mme Vallée :
Oui. La ministre nous indiquait tout à l'heure que les amendes prévues à la fin de l'article 22 étaient inspirées d'autres lois
récemment adoptées en matière de santé. J'aimerais peut-être qu'elle puisse
nous y référer, puisqu'il
s'agit quand même d'amendes substantielles. Est-ce qu'on a une gradation, dans les sanctions, qui est prévue? Parce que,
là, l'amende… «est passible», bon, suivant le fautif, à savoir est-ce que c'est
une personne physique, une personne morale.
Mais quand même on passe de 2 500 $ à 25 000 $. On ne prévoit pas
s'il s'agit d'une première infraction ou d'une deuxième infraction.
J'imagine que
l'esprit est d'y aller d'une certaine gradation dans les sanctions. Mais est-ce
qu'il y a une raison pour laquelle on
ne prévoit pas la question de la récidive, comme on peut le voir dans certaines
autres dispositions pénales? Et pourquoi on a établi, là, des montants
de cette nature-là?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, cette loi-ci n'est vraiment pas une loi qui a une multitude de
dispositions pénales, là. C'est vraiment
très, très accessoire. Donc, de manière générale, uniformément, pour ce qui est
des dispositions qui touchent vraiment
la question de l'inspection, parce qu'on comprend que c'est vraiment pour
l'entrave au travail de l'inspecteur… Donc, c'est quelque chose de très, très
limité, là, ce n'est pas tout de suite de dire… Ça ne serait pas, par exemple,
de dire que la personne, elle est fautive et donc elle a une amende.
C'est d'entraver le travail de l'inspecteur, c'est ce que je comprends. Et donc c'est assez standard, ce qu'on
retrouve, et il n'y a pas de gradation. C'est vraiment le Directeur des poursuites criminelles et pénales, quand il en
vient à, donc, appliquer la loi, chercher la sanction, qui, lui, à la lumière
des pratiques de la jurisprudence, vient établir, donc, l'amende.
Pour ce qui
est de la hauteur, ça, c'est toujours quelque chose, moi, que je trouve bien
mystérieux. Mais il y a une science
de l'amende et de l'établissement du bon montant de l'amende, dans les lois où
il doit y avoir de telles dispositions, par une équipe,
donc, du droit pénal au ministère de la Justice. Et ici, par exemple, des lois
qui pourraient être comparables… on a la Loi sur les activités cliniques
et de recherche en matière de procréation assistée, qu'un député présent en
cette Chambre connaît bien, qui date de
2009, qui prévoit des montants d'amendes, donc, dans une situation
similaire : entre 2 000 $
à 30 000 $ s'il s'agit d'une personne physique et entre
6 000 $ et 90 000 $ s'il s'agit d'une personne morale. Donc,
ça, c'est un exemple. Je ne sais pas s'il y a d'autres exemples.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …nous prend dans les sentiments lorsqu'elle
cite d'excellentes lois qui ont été faites dans le passé.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : …moi
aussi, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : D'accord. Donc,
les amendes sont vraiment établies en vertu d'une logique qui est propre…
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce que…
Une voix : Oui.
Mme Vallée : Ah oui! Allez-y.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre, si je peux vous demander une question?
Une voix : …
Le
Président (M. Bergman) : Dans l'article 22, vous dites :
«Une personne autorisée par écrit par le ministre…» Qui est cette personne? Est-ce que cette personne
est un employé du ministère ou une tierce personne? Votre préoccupation,
et avec raison, pour confidentialité… une
personne qui est un employé du ministère est soumise aux règles et codes de
déontologie du ministère, mais, si c'est une
tierce personne, qu'elle n'est pas soumise à des règles de confidentialité, ça
va contre votre préoccupation, avec justification, de confidentialité.
Et,
deuxièmement, dans le même article 22, au commencement, vous dites : «Une
personne autorisée par écrit…» Et, à
la fin de l'article, vous changez de terminologie et vous dites :
«Quiconque nuit à un inspecteur dans l'exercice de ses fonctions…» Est-ce que la personne que vous
avez mentionnée au commencement de l'article 22, la «personne autorisée par
écrit par le ministre», est l'inspecteur? Et est-ce que
le ministre peut désigner n'importe quelle personne, même une
personne qui n'est pas un fonctionnaire du ministère peut agir comme la personne autorisée
par le ministre? Et est-ce que cette personne devient un inspecteur?
Mme
Hivon :
O.K. Alors, en fait, la personne autorisée par écrit par le ministre, c'est
vraiment… C'est des gens à qui on
fait signer le même engagement de confidentialité qu'une personne qui y serait
tenue parce que c'est le coeur de ses fonctions.
Donc, en fait, on a des inspecteurs, par exemple, pour les résidences de
personnes âgées, pour des résidences de
personnes handicapées, par exemple. Donc, ces inspecteurs-là sont toujours
tenus à un engagement de confidentialité. Donc, ça, oui, ça va de soi.
Pour ce qui est de la question de comment on
appelle la personne, en fait c'est qu'en partant on veut établir le principe que cette personne-là doit être autorisée
par écrit par le ministre. Donc, en termes de libellé, si on avait dit :
«Un inspecteur autorisé par écrit par
le ministre à faire une inspection», évidemment, ça aurait été redondant. Donc,
c'est pour ça qu'en partant on part
du principe d'une personne qui est autorisée. Autorisée à faire quoi? À faire
une inspection. Et cette personne-là
donc est l'inspecteur. Donc, c'est pour ça qu'on n'a pas, d'entrée de jeu, le
terme «inspecteur» comme on le retrouve aussi à l'article 489 de la
LSSSS.
(Consultation)
Mme
Hivon : Mais
effectivement, par souci de cohérence, on pourrait remplacer, si vous le jugez
opportun, «inspecteur» à la toute fin par
«personne autorisée à faire l'inspection». Si on souhaite avoir la cohérence
dans le terme employé, là, il n'y aurait pas d'objection à amener
l'amendement, à apporter un amendement.
Le
Président (M. Bergman) : Une autre question, Mme la
ministre : Pour que le ministre délègue des pouvoirs à une tierce
personne qui va avoir accès à des informations confidentielles, est-ce qu'il
doit avoir le consentement de la Commission
d'accès à l'information? Chez Revenu Québec, si le ministre délègue à une
tierce personne le droit d'avoir accès
à l'information confidentielle, il doit avoir une autorisation. Il semble que
vous donnez au ministre le pouvoir de donner
le consentement, la permission à une tierce personne pour avoir accès à de
l'information confidentielle. Avec quelle autorité
est-ce que le ministre peut déléguer cette information sans avoir le
consentement de la Commission d'accès à l'information?
Mme
Hivon : Je vais
laisser Me Lavoie répondre.
Le Président (M. Bergman) :
Me Lavoie.
Mme Lavoie (Patricia) : Oui. En
fait, la personne qui va faire l'inspection ne devrait pas avoir accès à de l'information… du moins, si elle a accès à de
l'information que le ministre ne doit pas obtenir, ne devrait pas l'amener
au ministère. La personne qui fait
l'inspection vérifie si la loi est respectée, donc. Par exemple, la ministre
disait tout à l'heure : Est-ce
qu'il y a un code d'éthique? Est-ce qu'on offre à la personne en fin de vie une
chambre qu'elle est seule à occuper?
Des choses comme ça. Alors, oui, elle va avoir accès à des personnes qui
reçoivent actuellement des soins de fin de vie. Tout à l'heure, on a dit que le ministre pouvait requérir des
renseignements, mais pourvu que ça ne permette pas d'identifier une personne recevant des soins de
fin de vie. Mais, pour les fins de l'inspection, l'inspecteur ne devrait pas
remettre au ministre des informations qu'il n'a pas par ailleurs le droit
d'obtenir.
• (22 h 30) •
Le
Président (M. Bergman) : Mme Lavoie, le moment que
l'inspecteur, la personne, la tierce personne rentre dans la maison, il a l'accès à toute l'information,
car il y a des amendes qui sont
vraiment lourdes, et avec raison. Alors, il aura accès à toute l'information, incluant les noms, l'adresse des personnes qui sont dans la maison à
ce moment, et je pense qu'on ne rend pas service aux patients.
Mais, compte tenu de l'heure, je vois que je
dois faire une interruption de moi-même. Et, compte de l'heure, collègues, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 31)