(Dix
heures quatre minutes)
Le Président (M.
Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît!
Des voix :
...
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
Le
mandat de la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi
concernant les soins de fin de vie.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Goyer (Deux-Montagnes) remplace M. Villeneuve (Berthier);
M. Reid (d'Orford) remplace Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne).
Mémoires déposés
Le
Président (M. Bergman) : Bienvenu. Avant de commencer nos travaux, je dépose les documents
suivants : le mémoire du Forum Naud et le mémoire de Guy Durand.
Alors, c'est déposé.
Étude détaillée (suite)
Lors
de l'ajournement de nos travaux, hier, nous avions commencé l'étude de l'amendement de l'article 8.1. Je vous rappelle
que l'étude de l'article 3 et de son amendement et l'étude de
l'article 8 et de son amendement ont été suspendues.
Alors, Mme la
ministre, la parole est à vous sur l'article 8.1
Mme
Hivon : Oui.
Alors, nous nous sommes quittés hier avec une discussion qui visait à clarifier
le libellé de l'article 8.1 pour s'assurer qu'on parlait bien du médecin
qui était rattaché à l'établissement et qui pratiquait dans une maison de soins
palliatifs, en lien avec le fait qu'il était rattaché à l'établissement et non pas celui qui y travaillerait parce qu'il est dans... j'essaie
d'être claire… et non pas celui qui
travaille dans la maison de soins palliatifs, même s'il a des privilèges
dans l'établissement, mais qui le ferait de par son travail en cabinet privé.
Donc,
nous avons une nouvelle formulation. Nous retirerions donc l'amendement à 8.1,
qui avait été déposé hier, en fait
qui créait le nouvel article, pour déposer un nouveau libellé à l'article 8.1 qui
va avoir deux objectifs. Donc, on va déposer...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre, on doit avoir consentement que la
ministre peut retirer son amendement. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix :
Consentement.
Le
Président (M. Bergman) : Consentement. Alors, comme je
comprends, vous déposez un nouvel amendement 8.1, n'est-ce pas?
Mme
Hivon : Oui, c'est ça, et je pourrais faire la lecture
peut-être uniquement des deux alinéas qui sont modifiés, qui sont les deuxième et troisième alinéas. Est-ce
que ça vous irait, M. le Président? Je ferais la lecture du deuxième et du
troisième alinéa qui sont modifiés.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce que je peux suggérer que vous lisiez tout...
Mme
Hivon :
Au complet? Parfait.
Le
Président (M. Bergman) : ...pour éviter des confusions, car
vous avez retiré et vous redéposez? Alors, je préfère que vous lisiez le
tout.
Mme
Hivon :
D'accord. Alors, le nouvel article 8.1 se lirait ainsi :
«8.1.
Tout établissement doit adopter une politique portant sur les soins de fin de
vie. Cette politique doit tenir compte des orientations ministérielles et être
diffusée auprès du personnel de l'établissement, des professionnels de la
santé ou des services sociaux qui y exercent leur profession, des personnes en
fin de vie et de leurs proches.
«Le
directeur général de l'établissement doit, chaque année, faire rapport au conseil d'administration sur l'application de cette politique. Le rapport doit notamment indiquer le nombre
de personnes en fin de vie ayant reçu des soins palliatifs, le nombre de sédations palliatives continues
administrées, le nombre de demandes d'aide médicale à mourir formulées, le nombre d'aides médicales à mourir
administrées, de même que le nombre d'aides médicales à mourir qui
n'ont pas été administrées et les motifs pour lesquels elles ne l'ont pas été.
«Le rapport doit également indiquer, le cas
échéant, le nombre de sédations palliatives continues et d'aides médicales à mourir administrées à domicile ou dans
les locaux d'une maison de soins palliatifs par un médecin alors qu'il
exerce sa profession dans un centre exploité par l'établissement.
«Le rapport
est publié sur le site Internet de l'établissement et transmis à la Commission sur les soins de fin
de vie instituée en vertu du chapitre V du titre II au plus tard le 30
juin de chaque année. L'établissement doit inclure un résumé de ce rapport dans
une section particulière de son rapport annuel de gestion.»
Donc, je vais
faire ressortir les trois changements. À la fin du deuxième alinéa, on parle
maintenant… «le nombre d'aides
médicales à mourir administrées, de même que le nombre d'aides médicales à
mourir qui n'ont pas été administrées et
les motifs», ce qui inclut autant les aides médicales à mourir refusées, parce
qu'elles n'ont pas été administrées, parce qu'elles ont été refusées, que celles qui n'ont pas été administrées
pour les autres motifs qui avaient été invoqués hier, soit parce que la personne a changé d'idée ou parce
qu'elle est décédée. Donc, avec cette formulation-là, on pourrait inclure
l'ensemble des situations.
Par ailleurs, dans le troisième alinéa, on met
bien «à domicile ou dans les locaux d'une maison de soins palliatifs» et là on précise que c'est «un médecin alors qu'il exerce sa profession
dans un centre exploité par l'établissement», donc
que son rattachement à l'établissement est clair. Et finalement on a ajouté la
notion de la date, donc «au plus tard le 30 juin», dans le troisième
alinéa.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a des questions ou commentaires?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
• (10 h 10) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je lis le troisième paragraphe. C'est beaucoup mieux que ce que c'était, ça, je
le reconnais, sauf que je pense qu'il manque une nuance, là.
Il faut juste
refaire le tour de la question comme il faut. Un médecin qui est en cabinet,
qui va dans une maison de soins
palliatifs et qui a des privilèges dans l'établissement, comment est-ce qu'on
peut dire que lui, il n'aura pas besoin de… ses cas ne seront pas dans
le rapport?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je ne sais
pas si le député peut reformuler.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Vous avez…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Vous avez deux types, deux catégories pour la pratique.
La personne qui est dans l'établissement,
mettons, avec les activités du CLSC, va dans la maison de soins palliatifs ou va à domicile et fait une sédation
ou une aide médicale à mourir. L'autre est en cabinet, mais il pratique à
l'urgence, on va prendre un exemple facile,
il pratique à l'urgence de l'établissement, et, lorsqu'il va à domicile, c'est
à titre de médecin de famille en cabinet,
O.K.? Ça fait que c'est cette nuance-là, je pense, qu'on n'a pas, parce
qu'encore là les gens vont
dire : J'exerce ma profession dans le centre exploité et je le fais. Donc,
c'est cette petite nuance là que, je pense,
on aurait besoin de rajouter. C'est soit que ça pourrait être en relation avec
les privilèges accordés, ça, ça serait plus difficile, parce que tu peux
avoir des privilèges, mais le faire via le cabinet… Mais c'est… juste pour
dire, M. le Président, c'est juste parce
que, si on le rédige comme ça devrait être, ça va être beaucoup plus facile à
interprétation par la suite, puis je pense que tout le monde recherche
cette intention-là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
O.K. Deux éléments. Éventuellement, on va vous déposer un amendement à 34, qui
va créer un nouvel article où on va
venir parler, donc, des médecins qui exercent en cabinet privé de professionnel
et qui donnent des soins à domicile
ou dans les locaux d'une maison de soins palliatifs. Donc, ça, il va y avoir
quelque chose qui va venir le prévoir.
Ça va être le rapport du Collège des médecins qui va donc être l'entité
responsable de ces médecins-là. Donc, ça, juste pour clarifier ça.
À l'article
8.1 — là, je
réfléchis tout haut, je n'ai pas… — si, au lieu de dire, à la fin du troisième
alinéa… Plutôt que de dire «par
un médecin alors qu'il exerce», est-ce que ça remplirait votre préoccupation de
dire «par un médecin à titre de
médecin exerçant sa profession dans un centre exploité par l'établissement»?
Parce que c'est vraiment à ce titre-là qu'il se déplace et qu'il va
travailler dans la maison de soins palliatifs.
Le
Président (M. Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, c'étaient nos… Du
côté de nos légistes, est-ce que ça pourrait répondre à cette notion?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, ce que je vais
proposer à la ministre… Compte tenu qu'on n'a pas vu l'article 34, moi, je propose qu'on fasse le
tour complet de la question de l'article 8.1 mais qu'on le suspende pour
certains… quand on va arriver à 34, qu'on
soit capables de revenir dessus. Moi, c'est vraiment… j'insiste là-dessus, pour
vraiment que ce soit cohérent, parce qu'une
fois que ça va être mis dans la loi les gens vont devoir vivre avec. Puis je
veux que ce soit très compréhensible, là, pour le commun des docteurs,
là, parce que…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, pour fins de… moi, je suggérerais plutôt qu'on
dépose… On peut déposer 34.1, 34.2 pour que vous voyiez… pour que ça
puisse vous rassurer d'entrée de jeu que ces articles-là sont bel et bien prévus,
là.
Le Président (M.
Bergman) : …c'est faisable. Alors, est-ce qu'on finit la
discussion sur l'article 8.1?
Mme
Hivon :
Oui.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
J'ai
une question, Mme la ministre. Dans le deuxième alinéa, vous parlez de la
sédation palliative continue et vous employez le mot «administrées»,
mais, quand vous parlez de demandes d'aide médicale à mourir, vous avez les
mots «formulées», «administrées», «n'ont pas
été administrées et les motifs». Alors, pourquoi est-ce qu'il y a une
distinction dans les deux? Je pense,
les mêmes questions de «formulées», «administrées», «n'ont pas été administrées
et les motifs» s'appliqueraient aussi pour la sédation palliative
continue. C'est ma question.
Mme
Hivon :
La raison pour laquelle on met le détail pour l'aide médicale à mourir, c'est
qu'en fait on sait qu'il y a tout un
encadrement qui est prévu à l'article 26 en ce qui concerne, donc, la demande
en elle-même, qui n'est pas le même
encadrement du tout pour la sédation palliative continue qui est déjà une
pratique qui existe. Donc, c'est pour suivre
l'encadrement qui est prévu à 26. On est capables, donc, de dire, parce que
quelqu'un va devoir signer une demande formelle
d'aide médicale à mourir… Donc, on va pouvoir être capable de recenser le
nombre d'aides médicales à mourir qui
sont formulées. Ensuite, il faut parler d'aides médicales à mourir qui sont
administrées, donc qui vont se rendre au bout du processus, qu'il va y avoir un médecin qui va l'administrer, et
celles qui ne l'auront pas été pour l'ensemble des motifs que j'ai
exposés, ce qui n'est pas la même chose que pour les sédations palliatives.
Le
Président (M. Bergman) : Je penserais que c'est aussi important pour avoir les données, les statistiques pour les soins palliatifs continus.
Mme
Hivon : Écoutez,
ce n'est pas… Dans la loi — j'essaie
de réfléchir, là — ça
serait... C'est quelque chose qui est quand
même assez fréquent, les sédations
palliatives continues, et ce n'est pas une demande nécessairement,
dans le sens que ce n'est pas la même logique, là.
J'essaie juste de m'exprimer clairement. Une demande d'aide médicale à mourir,
en tout temps, ça va provenir de la
personne. Ce n'est jamais quelqu'un qui va venir suggérer l'aide médicale à
mourir, c'est la personne qui doit
faire la démarche. Une sédation palliative continue, le médecin peut en
discuter avec la personne, dire :
Compte tenu de votre situation, on pourrait procéder à une sédation palliative
continue. La personne peut être inapte, c'est une situation qui peut se produire, et il va y avoir une sédation
palliative continue qui va être décidée par l'entourage. Donc, on n'est
pas dans la même réalité.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Merci.
Moi, je pense que, comme de fait, c'est peut-être un peu différent parce qu'il va y en avoir beaucoup. Puis
est-ce qu'il y a un formulaire à remplir lorsqu'on demande la sédation palliative
continue ou ça prend juste un consentement?
Mme
Hivon :
...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça fait que, déjà, d'avoir le
nom… Puis on sait qu'en cours de route il y en a qui vont réussir à l'avoir. Moi, M. le Président, je serais
plus favorable à ce libellé-là, ne pas rajouter... parce que ça va être plus
difficile à gérer. Par contre, l'autre, ce
qui vient après, ça répond à la demande d'hier. Hier, notre demande, c'était
vraiment de pouvoir inclure tous les
cas et qu'on ait les motifs, entre autres la personne qui pourrait décéder
avant de recevoir l'aide médicale à mourir. Puis, je pense, avec la
formulation actuelle, là, c'est bien.
Puis un commentaire également, M. le
Président, sur le quatrième paragraphe : ça répond très bien à la demande
d'hier de notre collègue de la coalition,
parce qu'on voulait avoir une date un peu plus précise. Ça fait qu'il
resterait, pour moi en tout cas, le troisième juste à clarifier pour
avoir le portrait global.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 8.1?
Mme
Hivon : Là, je ne
sais pas, M. le Président, comment vous voulez qu'on procède avec le
nouveau libellé. On pourrait retirer
et déposer ou faire un sous-amendement. Est-ce
que ça pourrait être... En fait, on a
modifié, là, dans une nouvelle... sur
une nouvelle version. On remplacerait donc «alors qu'il exerce» par «à titre de
médecin exerçant», ce qui fait qu'on
lirait maintenant : «…par un médecin à titre de médecin exerçant sa
profession dans un centre exploité par l'établissement.»
Le
Président (M. Bergman) : Sur consentement. Et je préfère qu'on retire celui... et on redépose
une nouvelle. Pour les membres de la commission,
ça serait plus clair. Alors, est-ce
que je peux vous demander, avec le consentement, pour retirer celui qu'on a devant nous et pour déposer une
nouvelle? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Tantôt, on disait qu'on
étudierait peut-être les nouveaux articles 34
et 35. On en fait une discussion comme ça. Moi, je trouve que, parce qu'il
y a une logique dans un projet de
loi, là, on va sauter du coq à
l'âne.
Une voix :
…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Juste le montrer. Mais juste le montrer… Moi, je pense
qu'on va devoir l'adopter quand on va
avoir fait le tour complet. Et puis, compte
tenu que le reste de l'article semble
adéquat, moi, j'aurais plutôt proposé de
le suspendre, de continuer notre projet
de loi, puis, lorsqu'on
va arriver à 34, on reviendra sur 8.1 pour le compléter comme il faut.
Ça va être plus facile, je pense, quand on aura le portrait global puis qu'on
va avoir tout adopté.
Le
Président (M. Bergman) : Je suis prêt pour le suspendre. Mais, je pense, pour efficacité, on
doit redéposer un nouveau 8.1 pour le moment, pour l'ordre dans nos
discussions. Alors, est-ce qu'on
permet à la ministre pour retirer celui qu'on a devant nous et pour
déposer un nouvel article 8.1? Est-ce que j'ai le consentement?
Des voix :
…
Le Président (M. Bergman) : Consentement? Consentement. Mme la ministre,
est-ce que vous pouvez retirer l'article 8.1 devant nous et redéposer le
nouvel...
Mme
Hivon : Oui. Je retire l'article 8.1 et je vais déposer
sous peu une nouvelle version, qui est en train d'être écrite, de la
nouvelle version de 8.1.
Le
Président (M. Bergman) : Je suspends pour quelques instants
pour permettre à la ministre pour redéposer l'article 8.1. On
suspend pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 20)
(Reprise à 10 h 27)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme
la ministre, voulez-vous déposer l'article
8.1?
Mme
Hivon : Oui.
Alors, je dépose une nouvelle version du nouvel article 8.1, avec comme seul
changement… Cette fois-ci, au
troisième alinéa, le dernier libellé se lirait : «…par un médecin à titre
de médecin exerçant sa profession dans
un centre exploité par l'établissement.» Donc, je
crois que nous avons maintenant
la ceinture, les bretelles. Nous avons
tout ce qu'il nous faut pour être sûrs que nous parlons bien du médecin alors
qu'il exerce en établissement et qu'à ce titre il se déplace à domicile
ou dans une maison de soins palliatifs.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Je suis tout
à fait d'accord que c'est beaucoup
mieux, mais il nous manque encore un
petit élément, c'est d'avoir le portrait global par la suite. Puis vous allez peut-être
voir que, je ne sais pas… peut-être
qu'on va réussir même à l'améliorer encore un petit peu. Donc, on va rechercher la perfection. Moi, je proposerais de suspendre l'article puis, quand
on va arriver à 34, de le ramener. Puis je pense qu'on est capables de
l'arranger assez rapidement.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a consentement
pour suspendre l'article 8.1 pour l'étudier quand on arrive à l'article
34? Consentement?
Mme
Hivon : Oui.
Le Président (M.
Bergman) : Consentement. Alors, Mme la ministre. Article 9.
Mme
Hivon : Je suggérerais qu'on revienne à l'article 8, où on
nous avait fait une demande d'amendement pour aller plus loin pour ce qui concerne l'interdisciplinarité. Donc, nous
pourrions déposer un amendement. Je vais le lire en attendant qu'on vous
le transmette.
Donc,
l'amendement à l'article 8 se lirait comme suit : Modifier l'article 8 du
projet de loi par le remplacement, dans le deuxième alinéa, de «qui y
exercent leur profession» par «qui offrent des services à ses usagers et
favoriser la collaboration des différents
intervenants concernés», l'idée étant de pouvoir inclure, outre les
professionnels de la santé, les
autres intervenants qui ne seraient pas régis par des ordres professionnels
mais qui pourraient être appelés à travailler en collaboration.
Une voix :
…
Mme
Hivon :
Oui…
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des…
Mme
Hivon :
…et on doit retirer — excusez-moi — on
doit retirer l'amendement qui avait été déposé hier à l'article 8. Donc, il
faudrait…
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a consentement
pour retirer l'amendement qui a été déposé hier sur l'article 8?
Consentement?
Une voix :
…
Le Président (M. Bergman) : Consentement. Alors, Mme la ministre vient de
déposer un nouvel amendement à l'article 8. Est-ce qu'il y a des
commentaires? Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement à l'article 8?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …est-ce que vous avez la rédaction de
l'article au complet?
Mme
Hivon :
Oui.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Avec la modification?
• (10 h 30) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre, est-ce que vous avez une rédaction
complète de l'article 8?
Des
voix : …
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce que je peux vous demander de
déposer un article 8 avec l'amendement, s'il vous plaît, Mme la
ministre? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je ne sais pas si ce n'est que moi, là, mais il me semble qu'on utilise deux
fois «favoriser» à l'intérieur d'une même
phrase. Je ne sais pas... Parce que, si on reprend, et peut-être que je me
trompe, là, si on reprend le deuxième paragraphe, tel que modifié, le
paragraphe se lirait :
«À
cette fin, il doit notamment mettre en place des mesures pour favoriser
l'interdisciplinarité entre les différents professionnels de la santé [...] qui offrent des services à ses usagers
et favoriser la collaboration des différents intervenants concernés.» Je
ne sais pas, mais il me semble que c'est un petit peu lourd.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Si la députée le souhaite, on peut enlever le deuxième «favoriser» et dire
simplement «et la collaboration des différents intervenants concernés», le
premier «favoriser» pouvant...
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce que vous avez déposé un nouvel
amendement, retiré...
Mme
Hivon :
Bien là, avant qu'on y aille trop formellement, je pense qu'on va discuter,
pour ne pas déposer huit versions.
Le Président (M.
Bergman) : Parfait. M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
On a encore beaucoup de temps à passer ensemble. Je trouve que ça serait
important qu'on ait l'article au
complet, parce que moi, j'ai de la difficulté quand on prend une bribe puis
j'essaie de la réinsérer, là. C'est mon côté... ce que j'appellerais tiroir,
il faut vraiment que j'aie tout le portrait.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, j'accepte votre demande. Mme la
ministre, est-ce que... Je vais suspendre quelques instants pour vous
permettre de déposer un nouvel article complètement...
Mme
Hivon :
Bien, je peux le lire, peut-être?
Le Président (M.
Bergman) : ...pour avoir un texte plus facile.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …juste pour clarifier. C'est
parce que, quand on lit... Moi, je suis un visuel. Il faut s'accepter
dans la vie. En étant un visuel, moi, ça me permet de le voir plus facilement,
puis, s'il y a une petite chose à corriger, on va la corriger à ce moment-là.
Le Président (M.
Bergman) : J'accepte votre demande. Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 32)
(Reprise à 10 h 42)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, collègues, on reprend nos travaux. Avant
qu'on commence, Mme la ministre, est-ce qu'on peut retirer le dernier
amendement qu'on a fait?
Mme
Hivon : Oui. Alors, nous retirerions le dernier amendement à
l'article 8 pour déposer un nouvel amendement ainsi que la version de comment il se lirait, pour remplir toutes les
exigences de tiroir demandées par le député de Jean-Talon.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre, pour fins...
Mme
Hivon :
Mais, malheureusement...
Le Président (M.
Bergman) : ...pour fins de clarté, est-ce que vous pouvez nous
lire l'amendement...
Mme
Hivon :
Je vais lire le nouvel amendement.
Le Président (M.
Bergman) : ...et l'article tel qu'amendé, pour être certains
qu'on n'a pas des erreurs?
Mme
Hivon :
Oui, je vais tout faire ça, M. le Président.
Des voix :
…
Le Président (M. Bergman) :
S'il vous plaît! Collègues, à l'ordre, s'il vous plaît!
Mme
Hivon :
Alors...
Le Président (M.
Bergman) : L'amendement.
Mme
Hivon : ...l'amendement à l'article 8 serait désormais : Modifier l'article
8 du projet de loi par le remplacement,
dans le deuxième alinéa, de «qui y exercent leur profession» par «et la collaboration des différents intervenants concernés qui offrent des services à
ses usagers».
Et donc le nouvel
alinéa se lirait ainsi — dans
le deuxième alinéa, donc :
«À
cette fin, il doit notamment mettre en place des mesures pour favoriser
l'interdisciplinarité entre les différents professionnels de la santé ou des services sociaux et la collaboration des différents intervenants concernés qui offrent des services à
ses usagers.»
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme la ministre. Alors, est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'amendement? Est-ce qu'il y a des commentaires? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Il faut se féliciter parce
que c'est une belle formulation,
puis, je pense, ça dit beaucoup plus ce
qu'on veut avec tous les intervenants. Je pense que tout le monde peut être appelé à collaborer. Non, c'est très bien, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Est-ce que
l'amendement à l'article 8 est adopté?
Des
voix : Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Alors, l'article 8 tel qu'amendé, est-ce
qu'il y a des commentaires? Est-ce qu'il y a des commentaires à l'article 8 tel
qu'amendé?
Mme Vallée :
…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
En fait, je pense que l'article 8, tel qu'amendé, correspond aux préoccupations
qui ont été soulevées lors de nos échanges d'hier.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce que l'article 8, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté.
Mme
Hivon :
…passer à l'article 9.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, l'article 9. Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, à l'article 9, pour le plaisir de tous, nous avons un amendement.
Le Président (M.
Bergman) : Pouvez-vous nous distribuer l'amendement, Mme la
ministre?
Mme
Hivon :
Oui. Je crois que l'opposition a copie de l'amendement. Donc, je vais vous
faire lecture de l'amendement à l'article 9. Et on distribue à l'instant
comment se lirait aussi le texte avec l'amendement intégré.
Donc, article
9 : Modifier l'article 9 du projet de loi :
1° par le
remplacement de la deuxième phrase par la suivante :
«Dans
le cas d'un établissement exploitant un centre local de services communautaires, ce plan doit également
prévoir l'offre de services en soins de fin de vie à domicile.»;
2° par l'ajout, à la
fin, de l'alinéa suivant :
«Le plan d'organisation
doit tenir compte des orientations ministérielles.»
Alors,
je vais vous expliquer le sens de l'amendement. Donc, l'amendement proposé change la formulation de la deuxième phrase pour couvrir les établissements situés dans le Nord québécois qui offrent la mission d'un centre local de services communautaires
sans être désignés comme instances locales. Donc, dans la formulation que nous
avions, c'est comme s'ils étaient
exclus parce qu'on ne parlait que d'instances locales, ce qui veut
dire le CSSS. Mais, dans le Nord, nous
avons une réalité différente qui fait que nous avons des CLSC sans CSSS qui
devraient être touchés, donc, d'où la reformulation.
L'amendement reformule également l'obligation de l'établissement de prévoir dans son plan d'organisation
non pas les soins à domicile offerts aux
personnes en fin de vie, mais plutôt l'offre de services en soins de fin de vie à domicile. C'est une nuance, mais c'est une nuance importante parce
que l'obligation n'est pas de prévoir les soins eux-mêmes mais bien l'offre de
services de soins de fin de vie à domicile.
Et
finalement l'amendement propose aussi d'établir clairement que le plan d'organisation doit tenir compte des orientations
ministérielles relatives aux soins de
fin de vie. C'est une concordance
avec ce qui est prévu à l'article 20 du projet de loi, simplement pour que
ce soit clair. C'est aussi ceinture et bretelles parce que ça va de soi. On va
le voir à l'article 20, d'ailleurs, mais il a été jugé plus important,
pédagogique de le mettre à l'article 9.
Alors, tel que
modifié, l'article se lirait ainsi :
«Tout
établissement doit prévoir, dans son plan d'organisation, un programme clinique de soins
de fin de vie. Dans le cas d'un établissement exploitant un centre local de services communautaires, ce plan doit également prévoir l'offre de services en soins de fin de vie
à domicile.
«Le plan
d'organisation doit tenir compte des orientations ministérielles.»
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme la ministre. Alors, est-ce
qu'il y a des commentaires à l'amendement à l'article 9? Mme la députée
de Gatineau.
Mme Vallée :
Pour les gens qui, comme moi, ne sont pas des gens familiers du système de
santé — alors,
je comprends que, lorsqu'on parle, dans le
jargon, de l'organisation des soins de santé, mon collègue de Jean-Talon est
très familier — qu'est-ce que l'on entend par «programme
clinique de soins de fin de vie»? Donc, qu'est-ce qui est compris dans
le programme clinique de soins de fin de vie, qu'un établissement devra
prévoir?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, normalement, évidemment, ils ont déjà leur programme clinique. Donc,
c'est de dire quels sont les soins
palliatifs qui, donc, sont offerts à une personne qui requiert les soins
palliatifs. Donc, par exemple, là, quand on parle spécifiquement de la question de la
sédation palliative, ça va devoir être inclus, de dire : Voici, dans le
programme clinique, dans des circonstances x, y, z telles que prévues,
donc selon les standards cliniques approuvés et selon les protocoles, la sédation palliative doit faire
partie du programme clinique de soins palliatifs, par exemple, le type de soins
que l'on peut offrir, le type de soins de
confort, les meilleures choses, les meilleures pratiques qui doivent être
faites selon les circonstances. Donc, c'est ça, un programme clinique.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (10 h 50) •
Mme
Vallée : Est-ce que je comprends, donc, de cet article-là que
les soins offerts d'un établissement à l'autre pourraient varier sur le territoire québécois, les soins de fin de vie
où le programme clinique pourraient être différents dans certaines régions
du Québec?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, en
fait, ça devrait se ressembler, évidemment, mais chaque établissement, que ce soit pour les soins de fin de vie
ou les soins en général qu'ils offrent, est responsable de son propre programme
clinique. C'est donc une responsabilité qui revient à l'établissement, d'établir ses programmes cliniques, donc, de
soins, qu'importe le domaine, donc, y
compris les soins palliatifs. Donc, on peut, par exemple… Par exemple, il y a des standards cliniques qui vont venir vous dire : Tel soin doit être offert
de telle manière ou telle manière parce
que, par exemple, il y a
deux manières d'offrir un soin donné.
Bien, le programme clinique pourrait prévoir le choix de la manière
dont l'établissement, pour toutes
sortes de raisons… de conformité ou parce que
pour eux c'est plus simple d'agir de la sorte, pourrait venir le préciser
dans son programme clinique.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Est-ce qu'en fonction de cet article ça voudrait
dire que, par exemple, la sédation palliative continue pourrait être administrée sous des conditions différentes d'un
établissement à l'autre? Est-ce qu'il pourrait y avoir un établissement
qui l'offre à certains moments, alors que ce sera interprété ou administré
différemment ailleurs?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Normalement, non. Ça devrait être uniforme. On va le
voir plus loin, qu'il va y avoir des protocoles qui vont devoir être établis selon, donc, les standards cliniques. La
seule chose qu'on m'expliquait, c'est l'article 32. Par exemple, il pourrait y avoir deux, par exemple,
deux médicaments ou substances différents qui pourraient être utilisés, par exemple. Et les standards cliniques qui vont
être élaborés, donc, par le Collège des médecins vont venir indiquer :
Voici ce qu'est une bonne pratique, voici
comment on doit faire une sédation palliative continue. Et, dans son programme,
l'établissement va devoir faire état de
cette bonne pratique, de l'encadrement des standards cliniques, mais... Parce
que j'ai demandé pourquoi on ne pouvait pas avoir… par exemple, pourquoi
on ne libellait pas «les protocoles cliniques uniformes».
Et ce qu'on m'a dit, c'est que le rôle du Collège des médecins, c'est vraiment
d'établir, donc, les standards cliniques. Et les établissements, eux,
établissent les protocoles à partir des standards cliniques.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Est-ce que ce plan d'organisation là doit être soumis
à l'intérieur d'un délai? Est-ce qu'il y a un encadrement à savoir à quel moment le plan d'organisation est déposé?
Est-ce que le plan d'organisation doit être soumis? Dans un contexte où
on parle de soins de fin de vie, est-ce qu'il devrait être soumis à la
commission ou est-ce qu'il devrait… Bon, j'imagine qu'il est soumis au
ministre. Est-ce qu'il y a un… Est-ce qu'on fait reddition de ce plan d'organisation ou bien est-ce que ça reste au sein
de l'établissement et ça ne va pas ni à l'agence, ni au ministère, ni à la
commission?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre
Mme
Hivon : En fait, c'est le complément ici, pour les soins de
fin de vie, de ce qui est prévu dans la loi, dans la LSSSS. Donc, l'obligation pour un établissement
de préparer un plan d'organisation se retrouve à l'article 183 de la LSSSS. Et donc ça prévoit que le CMDP, le conseil
des médecins, dentistes, pharmaciens, participe à la préparation du plan d'organisation. Donc, maintenant, il va y
avoir une obligation pour tout établissement, donc, de s'assurer… On vient
prévoir nommément qu'il doit y avoir un plan
d'organisation des soins de fin de vie. Je vous dirais qu'encore une fois,
comme le député de Jean-Talon disait hier,
en ce moment, on pense bien que tous les établissements offrent des soins de
fin de vie. Normalement, un tel programme
devrait être intégré à leurs programmes, mais on veut en être certains. On veut
que ce soit très clair. Donc, ils vont
devoir le faire avant l'entrée en vigueur de la loi. Et, dans la loi sur la
santé et les services sociaux, ça dit
que le plan d'organisation doit être transmis à l'agence ou au ministre, donc,
sur demande. Donc, ce n'est pas systématique,
mais, dès qu'il y a une volonté en ce sens, c'est transmis. C'est la même règle
que pour l'ensemble des plans d'organisation.
Donc, voilà. Et il doit être révisé à tous les trois ans.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mais, dans le contexte particulier de la mise en
place d'une commission sur les soins de fin de vie qui aura à avoir, entre autres, une vue d'ensemble
sur la question, est-ce qu'il ne serait pas opportun de prévoir que ces plans d'organisation, ces programmes cliniques soient transmis à la
commission afin que la commission puisse également voir les distinctions ou les différences qui pourraient
exister sur le territoire québécois? Parce que j'imagine que la commission va se pencher aussi là-dessus,
sur l'accessibilité des soins, la façon dont les soins sont
administrés et offerts sur le territoire. Puis, si je me fie aux
explications que la ministre vient de nous donner, chaque établissement a cette
responsabilité-là d'administrer les soins, de choisir peut-être la méthode, choisir
le médicament ou la substance qui sera administrée.
Et
donc est-ce qu'il ne serait pas opportun pour la Commission des
soins de fin de vie d'avoir accès à ces informations-là afin de vraiment
pouvoir avoir cette vue d'ensemble?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
le rôle de la commission, là… Je pense que c'est important, puis on va y revenir
tantôt, là, mais,
le rôle de la commission, c'est sûr que c'est un rôle global, de veille
globale, de voir comment l'évolution des soins
palliatifs se fait sur l'ensemble du territoire dans un temps donné, à chaque
cinq ans, de venir prendre une photo, en quelque sorte, puis venir faire
des recommandations : Est-ce que les choses vont bien? Comment ça
fonctionne?
Moi,
je vous dirais que je pense qu'on est dans un niveau de détail dans un plan d'organisation d'un établissement, qui est très,
très, très précis et pointu, là. J'ai
un exemple — si
jamais ça peut intéresser la députée, je pourrai lui montrer, je ne sais pas... — donc, d'un établissement, d'un plan, là.
Donc, ça fait, avec beaucoup d'annexes et beaucoup de pages,
donc, ça fait probablement une centaine de pages. Donc, moi, je vois mal que la
commission reçoive tous les plans d'organisation de tous les établissements au Québec.
Ceci ne l'empêcherait pas, au besoin, elle, de demander d'obtenir certains plans pour pouvoir comparer, par exemple, un grand établissement avec un plus petit en région versus centre
urbain. Mais, systématiquement,
qu'elle doive regarder l'ensemble des plans d'organisation, ça m'apparaît quelque chose qui dépasse le mandat de la commission.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, je comprends la
ministre, excepté... moi, j'aurais une suggestion à vous faire. La commission, elle va avoir une vision globale.
Et, lorsque vous décidez de faire une étude pour savoir c'est quoi, le plan d'organisation, il faut que vous envoyiez une
demande. Eux autres, ils prennent du temps à vous répondre. Souvent, il y en a qui ne répondent pas. Moi, je me
disais : Si on mettait dans la loi que, de façon statutaire, on demande à
chacun des établissements, lorsque le
plan d'organisation clinique est fait et lorsqu'il y a des modifications… pas
transférer des papiers, mais
transférer le fichier électronique,
un peu comme on avait... Je pense que c'est notre commission qui avait innové lorsqu'on avait décidé de mettre sur Internet certains
rapports, puis c'était marqué dans la loi. Et je trouve que, même si
c'était épais, ça va permettre à la commission facilement de voir qu'est-ce qui
se fait au Québec.
Mais je le verrais
surtout pour la question du partage des meilleures pratiques. Lorsque quelqu'un
va faire quelque chose d'innovant et qui, on pense, pourrait être une amélioration, à ce moment-là on peut le partager avec tous les autres établissements.
En tout cas, moi, je trouvais que ça pouvait être un élément intéressant
d'amélioration des services au Québec,
le fait de partager l'information, pour connaître le réseau. Souvent, chacun garde
ses affaires, puis les bonnes
pratiques ne sont pas diffusées. Et puis c'est juste un transfert électronique
d'un petit fichier qui ne prend pas de place, et puis ça permettrait d'avoir le
portrait global, très rapidement, du Québec. Puis moi, j'irais jusqu'à dire «le plan d'organisation
et toute modification par la suite», de façon à ce que vous seriez capable
d'avoir rapidement toute l'information facilement. Puis, la commission, ça va
être son travail de faire ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
• (11 heures) •
Mme
Hivon : Bien, en
fait, il ne faut pas mélanger les rôles, là. La commission, son travail, ça va
être de voir l'évolution. Elle n'est pas là pour suivre chaque détail de
chaque plan d'organisation de chaque établissement, là.
Donc, il faut juste
s'assurer qu'on est au bon niveau et qu'on a tous la même compréhension du rôle
de la Commission des soins de fin de vie.
Elle ne se substitue pas aux CMDP, elle ne se substitue pas à une agence, elle
ne se substitue pas au ministre. Elle est là, donc, pour regarder l'évolution
des choses. En soi, de le transférer, ça n'enlève rien, là, de... Que les établissements
transfèrent à la commission leur plan d'organisation, ça n'enlève rien en soi.
Est-ce que c'est nécessaire?
Je dois vous dire que je n'en suis pas convaincue. Mais je ne pense pas que ça
enlève quelque chose. Donc, on peut...
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Est-ce que la ministre est d'accord? Est-ce
qu'on pourrait marquer spécifiquement
«par fichier électronique» pour sauver des arbres?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Il faudrait juste regarder quelque chose, parce qu'il faut s'assurer
que... On a l'article 183 de la loi sur la santé et les services sociaux, donc, qui parle du plan
d'organisation général de l'établissement. Donc, évidemment, le plan d'organisation
des soins de fin de vie va faire partie d'un plan global d'organisation d'un
établissement. Donc, c'est cette partie-là
que l'on souhaite qui puisse, de ce que je comprends de l'opposition, qui
puisse être accessible à la Commission
des soins de fin de vie. Donc, il faudrait juste s'assurer que tout ça peut
fonctionner avec l'article 183 tel qu'il existe en ce moment.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Parce que l'objectif derrière tout ça, là, simplement,
c'est que, si on choisit de ne pas standardiser le plan d'organisation parce qu'on veut s'assurer de bien respecter les
particularités de chaque établissement, bien, à ce moment-là, il sera opportun, à partir du moment où
on donne un droit et un accès aux soins de fin de vie à tout patient dont l'état le requiert… bien, ça permettrait de
faire un monitoring de tout ça. Ça permettrait aussi peut-être de répondre,
d'une certaine façon, à la question de
l'encadrement de la sédation palliative continue : Ça se fait dans quel
contexte et puis de quelle façon? Je pense que ça permet... Ce n'est pas
très complexe et puis ça permettra ultérieurement à la commission, si elle est appelée à se pencher sur la question, d'avoir
rapidement accès à l'information, puis d'autant plus que ça ne sera pas très lourd vu que la ministre
nous indique que c'est quelque chose qui est renouvelé aux trois ans. Donc,
ce n'est pas quelque chose qui sera acheminé
à chaque année, seulement que lorsqu'il y aura des modifications, parce que je pense que ça permet d'avoir une
meilleure... ça permet à la commission d'avoir accès à plus de documents et d'être
mieux outillée pour faire son travail.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Juste pour comprendre l'intention de l'opposition… Est-ce que le souhait serait
donc que le programme de soins de fin de vie soit disponible, par exemple, sur
Internet ou carrément qu'il soit transmis?
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, moi, je pense que l'un n'exclut pas
l'autre et puis... mais c'est vraiment une transmission.
Parce que, sur Internet, l'expérience démontre que les gens ne vont pas le voir
beaucoup, et la commission devra faire un travail, à ce moment-là,
d'aller les chercher un par un, tandis que, là, il s'agit qu'ils envoient le
fichier PDF à la commission, puis la
commission va serrer ça dans un petit fichier, puis, lorsqu'ils vont faire des
révisions... Et puis moi, M. le
Président... M. le Président, juste une notion intéressante. Tantôt, on parlait
de standardisation. En soins de
santé, la standardisation a des avantages, mais elle a des inconvénients
également. Lorsqu'on standardise, c'est très difficile après ça de modifier, puis ça prend des comités spéciaux. Je
pense que l'idéal, c'est d'avoir un cadre, comme c'est prévu, répondre à des exigences ministérielles ou de la politique
ministérielle. Mais par la suite chacun des établissements va probablement faire des petites innovations qui,
lorsque c'est repris par d'autres, vont faire que ça va être un meilleur
produit que de faire de la standardisation aux deux à trois ans.
Moi
personnellement, je suis plus du type de l'innovation, qu'il faut qu'on mette
des nouvelles choses sur la table. Et
souvent il y en a qui vont faire des plans que les autres vont trouver
intéressants, puis ils vont remodifier leurs propres plans pour répondre à cette nouvelle façon de
faire. Donc, je trouve que c'est mieux d'être assez standardisé mais pas trop, mais
laisser beaucoup de place à l'innovation. Mais le plus important, c'est de
partager les meilleurs coups puis les bonnes pratiques, puis ça, on est
capables de le faire via le fichier central que la commission va avoir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Moi, je vous soumettrais que je pense que le rôle de
partager les meilleures pratiques, c'est le rôle aussi des associations d'établissements de ces... comme de l'AQESSS, via
toutes sortes de mécanismes, de forums, de colloques, d'échanges, comme on le voit là pour l'ensemble des
regroupements d'établissements. Donc, je pense qu'il faut garder ça à l'esprit, là, c'est quelque chose
qui existe. Ce n'est pas parce que, là, on fait une loi sur les soins de fin
de vie qu'on vient révolutionner et changer l'ensemble des pratiques d'échange
de bonnes pratiques au Québec.
Donc, je n'ai pas de difficulté à ce qu'on essaie
de voir si on est capables de faire suite à la demande de l'opposition, mais je pense qu'il faut quand même rester
réalistes. La commission sur les soins de fin de vie, elle a un mandat qui est
clair, qui n'est pas non plus de changer
toutes les pratiques de tous les établissements et de voir à l'uniformisation.
Ce n'est pas ça, son rôle. Et, si on
veut mettre des choses en ce sens-là, je pense qu'il faut viser d'autres
organisations et d'autres manières de faire.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je suis d'accord avec la ministre,
sauf que les partages des bonnes pratiques, ça se fait à tous les niveaux. Ça fait qu'il s'agit juste de
réussir à mettre en place la bonne méthode pour le faire. Puis je pense que ce
qu'on propose, c'est une bonne méthode puis
c'est assez innovateur. Entre autres, moi, j'insiste, là, c'est le transfert
par fichier électronique. Je suis un grand sauveur d'arbres.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Oui, M. le Président. Merci. Moi, je trouve que la
suggestion est intéressante. Au-delà du fait des bonnes pratiques, et tout ça, c'est que, Mme la ministre, la commission
était aussi une réponse à des préoccupations du public, des préoccupations qui ont été manifestées plusieurs fois. On
parlait de dérives, etc. Il y a eu des vérifications qui ont été faites en Europe, et tout. Mais en même
temps, si on veut donner encore plus confiance en quelque sorte au public
que cette commission-là puisse voir arriver
des potentielles dérives ou des potentiels changements qui ne sont peut-être
pas ceux qu'on souhaite dans la loi, bien,
en lui donnant, par un moyen qui soit très économique, là, soit par un
transfert, en lui donnant l'accès à ce qui se passe et la possibilité
d'examiner ce qui se passe un peu partout, bien on n'attend pas que ça devienne
quelque chose d'avancé. On le sait plus rapidement s'il y a quelque chose qui
ne semble pas aller dans le sens de la loi.
Et je pense que, dans ce sens-là, c'est quelque
chose qui est simplement un élément qui renforcit le rôle de cette commission, qui… enfin, sa capacité en tout cas
d'exercer son rôle, qui correspond bien à ce qu'on cherche effectivement,
d'avoir un changement, un changement social important dans le monde de la santé
et qui est sous contrôle.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Simplement dire par ailleurs que le plan…
évidemment, le programme de soins palliatifs, c'est vraiment un programme dans le détail de tout ce
qu'on fait en termes de soins palliatifs, d'approche, d'organisation, et
tout ça. Donc, c'est beaucoup plus loin que
ce qu'on a déjà vu déjà, où on va faire état de toutes les sédations, de toutes
les aides médicales à mourir, de tout le suivi de ça. Donc, on va préparer un
amendement.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
Mme
Hivon : Par ailleurs, je dois dire qu'on ne peut pas
spécifier dans la loi que c'est par un envoi électronique, mais on pourra le faire par orientation, de dire
que c'est comme ça va se faire, parce que le mode de transmission, me dit-on,
n'est pas… on va dire qu'il doit être transmis, mais on me dit qu'on ne prévoit
pas ce degré de détail dans la loi.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Quand on était au pouvoir,
l'opposition nous avait travaillés là-dessus pour Internet, puis on nous avait dit la même réponse à l'époque,
là. Puis, en fin de compte, actuellement, la majorité des lois, c'est ce
qu'ils font. Et même le leader du Parlement
veut qu'on devienne électroniques puis qu'on remette nos rapports électroniques
en Chambre. Moi, je proposerais de le
valider comme il faut parce que ce serait une belle innovation, puis je serais
fier de dire qu'on a été les premiers à le mettre dans une loi. On peut
vérifier ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
On va suspendre l'article.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, collègues, on suspend
l'amendement à l'article 9 et l'article 9. L'article 10. Mme la
ministre.
Mme
Hivon : Oui. Alors, l'article 10, il y a un amendement, et
c'est assez simple. L'amendement vise à supprimer l'article 10 du projet
de loi.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme
Hivon : En fait, l'amendement propose la suppression de
l'article 10 parce que son contenu est maintenant repris dans le nouvel
article 8.1 dont nous avons discuté précédemment.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires à l'amendement à
l'article 10? Est-ce que l'amendement à l'article 10 est adopté?
Des voix :
Adopté.
• (11 h 10) •
Le Président (M.
Bergman) : Alors, l'article 10 est maintenant supprimé.
L'article 11. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, l'article 11 :«Tout
établissement doit prévoir, dans le code d'éthique adopté en vertu de l'article 233 de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux, une section portant spécifiquement sur les droits
des personnes en fin de vie.»
Donc, en fait, le code d'éthique qui est déjà prévu indique les droits des usagers et les
pratiques, les conduites qui sont
attendues des employés et des professionnels qui exercent leur profession
au sein d'un établissement. Et le présent article consacre l'obligation, donc, désormais de l'établissement de prévoir, dans ce code d'éthique, une section particulière sur les droits des personnes en fin de
vie.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a des commentaires sur l'article 11 tel que mentionné par Mme la ministre? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui, M. le
Président. Pourquoi est-ce qu'on sent le besoin de devoir prévoir un code d'éthique
spécifique sur la question
des soins de fin de vie? Est-ce
qu'on ne fait pas… Et là je reviens
encore avec la même question :
Est-ce qu'on n'accorde pas un statut particulier aux patients et aux soins de fin de vie? Est-ce qu'on n'est pas en train de créer une forme de
hiérarchie des soins de santé au Québec en disant : Le code d'éthique d'un
établissement va être différent pour le
patient en pédiatrie que pour le patient qui est en soins de fin de vie, le code d'éthique sera différent pour les soins de fin de
vie et ne sera pas le même pour… Je reprends l'exemple des CHSLD.
Donc, est-ce qu'on ne devrait pas simplement
traiter… Je comprends qu'il y a une question
de dignité, de respect de la
personne, de respect des droits de la personne, de respect de la volonté, de la
liberté de choix, et tout ça, et du traitement évidemment dans un haut standard de professionnalisme, mais est-ce que
ce n'est pas des standards auxquels on est en droit de s'attendre face à
l'ensemble des soins qui sont offerts en établissement au Québec?
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, c'était une manière supplémentaire de venir consacrer l'importance des
soins de fin de vie et des règles
éthiques en fin de vie. Ça découle d'une recommandation du rapport des juristes
experts, donc, de dire que ce serait
bien qu'il y ait un rappel, dans le code d'éthique, des droits des personnes en
fin de vie et, compte tenu qu'on veut
leur donner une reconnaissance et une importance, qu'il y ait une section… Là,
ce n'est pas un code d'éthique séparé, mais
c'est une section dans le code d'éthique. Mais, s'il y a des objections de
l'autre côté et qu'on préférait qu'il n'y ait pas de section spécifique,
je peux tout à fait le considérer, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui.
Bien, en fait, c'est parce que je me disais : Qu'est-ce qui peut être
différent dans le cadre des soins de fin de vie? J'essayais de voir… Je
comprends qu'il s'agit d'une recommandation du groupe d'experts, mais, au-delà de ça, pratico-pratique, une fois que le
projet de loi va atterrir, est-ce qu'il y aura une distinction? Puis j'ai peur,
d'une certaine… Bien, j'ai peur… je ne veux
pas utiliser le mot «peur», là, mais je crains que l'on place les
établissements peut-être devant
certaines situations où ils se diront : Bien, il y a une attention
particulière qui est accordée aux soins de fin de vie, on va prioriser toute cette question-là au détriment peut-être
d'autres soins lorsqu'on sera confrontés à certains enjeux, par exemple, budgétaires. Puis c'est ça
qu'il faut éviter. Je comprends l'importance de… puis je comprends la volonté de vouloir encadrer la question des soins
de fin de vie, ça va, mais en même temps, ce faisant, il ne faudrait pas que d'encadrer les soins de fin de vie vienne porter
ombrage à la qualité puis à l'éthique qui doit entourer la prestation de tous
les autres soins.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je ne pense pas qu'il y ait de risque à cet égard-là. C'est sûr qu'en termes,
je dirais, d'éthique, de code
d'éthique, de rappeler les obligations en fin de vie… quelqu'un se dirige vers
une étape qui est assez importante dans sa vie, qui est donc son décès, sa fin de vie… donc, s'assurer que tout
est mis en place, que ses droits sont bien reconnus, qu'il y a donc un accompagnement, une
communication constante, qu'on est au fait de ses besoins, de sa réalité, tout
ça, donc, ça apparaissait une recommandation
intéressante dans le rapport du Comité des juristes experts pour qu'il y ait
plus de clarté autour de ce qui est
attendu, je dirais, en termes d'obligations de la part du personnel. Mais, s'il
y a une inquiétude de l'autre côté, à savoir si ça pourrait mettre des
établissements mal à l'aise ou créer quelque chose qui ne serait pas souhaitable… Moi, je pense qu'il n'y a pas de
risque. Je ne vois pas le risque qu'il puisse y avoir une hiérarchisation.
C'est juste de venir spécifier
quelque chose en lien avec une étape, je dirais, qui est particulièrement
sensible, je pense, en termes de communication,
en termes de respect des droits de la personne, en termes, donc, de dignité de
la personne, parce que le décès, ce n'est pas banal. Et on est dans une situation
où on sait que le décès s'en vient.
Donc,
ça apparaissait une recommandation opportune, mais, si l'opposition pense qu'il
y a un risque, je suis tout à fait ouverte à le considérer, si c'est la
volonté de l'opposition.
Le
Président (M. Bergman) : Collègues, compte tenu de l'heure, la
commission suspend ses travaux jusqu'après les affaires courantes. À la
salle La Fontaine, je répète, à la salle La Fontaine.
Une voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : On suspend nos travaux jusqu'après les affaires courantes.
(Suspension de la séance à 11
h 17)
(Reprise à 15 h 47)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux.
Je vous rappelle que
le mandat de la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 52, Loi concernant les soins de fin de vie.
À
la suspension de nos travaux, ce matin, nous avions débuté l'étude de l'article 11.
Je vous rappelle que l'étude des articles 3
et 9 ainsi que de leurs amendements a été suspendue, ainsi que l'amendement proposant l'introduction de l'article 8.1. Mme la ministre,
c'est à vous, la parole, pour l'article 11.
Mme
Hivon : Oui. Alors, bien, en fait, à l'article 11,
on était à des questions de ma collègue de Gatineau. Donc, peut-être
que je peux lui préciser en fait que les vertus, comme je l'ai dit ce matin, de
vraiment tenir compte des droits des personnes
en fin de vie, c'est de s'assurer, donc, du respect des droits qui sont prévus
spécifiquement dans la loi : le refus de traitement, comme on l'a prévu dans la loi, aussi les dispositions
relatives aux directives médicales anticipées, qui vont quand même
présenter une forme de nouveauté, donc, le respect de la volonté de la personne
en fin de vie, qui est très important.
Donc, c'est ça, l'idée qui est derrière cet article-là.
Et on l'a mis. Comme je l'ai dit ce matin, c'était une recommandation du Comité
des juristes experts.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Bien, en fait, c'est : quand je l'ai
soulignée cet avant-midi, c'était plutôt une préoccupation, à savoir est-ce que…
D'inscrire à l'intérieur d'un texte de loi qu'on doit nécessairement avoir
un code d'éthique pour un soin, pour
une catégorie de soins et non pour d'autres catégories
de soins me préoccupait parce que le respect de la volonté, le respect de la liberté de choix, le respect du
refus qui serait exprimé par un patient, que ce soit dans le cadre des soins de
fin de vie ou dans toute autre forme de
cadre médical… pour moi, il n'y a pas moins de valeur à la liberté du patient de
choisir et de déterminer le soin opportun à
sa condition. Et c'est pour ça que je ne voudrais pas qu'on ouvre une porte à
une distinction, c'est-à-dire dire : Dans un contexte de soins de fin de
vie, on va davantage être à l'écoute de la volonté d'un patient qu'on le
sera dans tout autre contexte médical, là, qui pourrait être en place à l'établissement.
Alors,
c'était ma préoccupation, au même titre que je disais hier, lorsqu'on
était à l'étude de l'article 5 : Est-ce qu'on n'est pas en train de prioriser, de créer une catégorisation de soins? Et je pense que ça pourrait
être… Je sais que ce n'est pas
l'intention de la ministre, mais je ne voudrais pas que, dans un avenir à moyen
ou long terme, ça devienne… de par l'interprétation de la loi,
dire : Bien, lorsqu'il est question des soins de fin de vie, il y a une importance
qui est accordée, qu'on n'a pas besoin
d'accorder dans un autre contexte, alors qu'un consentement libre et éclairé
doit être respecté, peu importe le type de soin qui sera administré.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, nous, on était ouverts à la recommandation qui nous avait été faite
par le comité des experts juristes
parce qu'on trouvait que c'est vrai qu'en termes d'éthique la fin de vie est
certainement porteuse de questionnements et de respect, je dirais, des droits ou de considérations qui peuvent
être peut-être plus aiguës. Je pourrais faire une proposition à la députée : Si elle préfère que ce ne soit
pas une section particulière, est-ce qu'elle serait plus à l'aise qu'on dise
que le code d'éthique doit tenir
compte des droits des personnes en fin de vie, tout simplement, parce qu'on
veut marquer le coup que le code
d'éthique doit tenir compte de ces droits que l'on vient maintenant prévoir
dans une loi spécifique? Donc, il nous
semblait opportun de faire référence au code d'éthique. Donc, on pourrait aussi
aller comme ça. Puis, si l'opposition, elle
estime que c'est une disposition qui n'a pas sa place, je pourrai être à
l'écoute de ses amendements si elle veut me convaincre qu'on ne devrait pas faire référence du tout au code
d'éthique, là. Pour ma part, je trouvais que c'était quand même une avancée pour les personnes en fin de vie,
de s'assurer qu'il va y avoir quelque chose sur cette réalité-là dans le
code d'éthique.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Est-ce qu'on devrait référer au droit des personnes en fin de vie? C'est
toujours la même… C'est le même
questionnement. Parce que je comprends qu'il y a également des obligations de
l'équipe médicale, de l'équipe qui…
en fait, des intervenants de l'établissement à l'égard des gens qui sont en fin
de vie, une obligation, entre autres, on le verra plus tard, de donner toute l'information requise puis de
transmettre l'information, de sorte que la personne comprendra clairement de quoi il est question
lorsqu'elle est appelée à faire un choix, et je comprends que la finalité de
certains soins de fin de vie est telle qu'on
doit s'assurer que chaque intervenant sera appelé à traiter de ces dossiers-là
avec un doigté particulier.
Moi aussi,
là, je suis prête à faire un bout de chemin. Donc, je vous dirais que je
préfère la formulation que vous venez
de nous apporter plutôt que d'avoir «un code d'éthique qui porte sur les soins
de fin de vie», plutôt que «le code d'éthique s'inspire» ou — bon,
comment on pourrait le formuler, là? — «se réfère»…
Une voix : …
Mme Vallée :
…qu'il tienne compte, oui, des dispositions prévues à la présente loi ou des
dispositions concernant l'ensemble des soins de fin de vie.
Et donc ça
ouvrirait la porte, également, advenant le cas d'une autre loi portant sur
d'autres soins spécifiques… mais il faudra s'assurer à ce moment-là que
les codes d'éthique… lorsque le législateur prendra cette avenue-là, que la
philosophie derrière la mise en place de ces lois-là soit prise en
considération.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Peut-être juste une précision : ce qui était proposé dans la version
initiale, ce n'était pas «un nouveau code d'éthique», hein? C'est dans le même
code d'éthique, mais c'est une section.
Mme Vallée : Une section du
code.
Mme
Hivon :
C'est ça. Donc, ce n'était pas un nouveau code. En fait, si on regarde
l'article 233 de la LSSSS, ça
parle vraiment… code d'éthique qui indique les droits des usagers et les
pratiques. Donc, ça parle vraiment de droits. Donc, c'est pour ça que, si vous voulez un changement, ça pourrait être,
donc : «Le code d'éthique adopté par un établissement en vertu de l'article 233 doit tenir compte
des droits des personnes en fin de vie — pour que ce soit clair.» Et donc voilà
ce qui pourrait être proposé si...
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Ben, merci, M. le Président. Moi, en tout cas, je serais plus à l'aise
avec la nouvelle formulation. Parce que,
comme dit ma collègue de Gatineau, un
des problèmes, à toutes les fois qu'on fait un sujet particulier… tu sais, on avait fait la
procréation assistée, on fait des sujets qui concernent certaines maladies, on
peut faire un… sur le cancer, chacun veut un traitement spécial. Le problème,
c'est que, lorsque tu donnes un traitement spécial
à un groupe, ça minimise un petit peu l'importance des autres. Et puis moi, je pense
qu'en éthique un des premiers principes,
c'est que tout le monde est important. C'est sûr que les maladies peuvent être
différentes, les conditions peuvent être
différentes, mais il faut accorder une importance, selon la condition,
similaire à chacun des groupes. Et puis le fait de les incorporer à l'intérieur du code d'éthique et
non pas avoir une section particulière,
ça nous dit qu'indépendamment de l'importance
de ce qu'on fait aujourd'hui au moins ça permet à tout le monde de dire :
Bon, on est égaux devant la loi. Ça fait que moi, je remercie la
ministre d'avoir cette ouverture, là, de pouvoir évoluer.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon :
J'évolue. Il y a une phrase célèbre d'un chef parlementaire de l'opposition
comme quoi l'évolution évolue. Alors,
il faut toujours garder ça en tête : nous évoluons. Donc, je pourrais lire
peut-être ce que nous pourrions déposer comme amendement...
Le Président (M. Bergman) :
Certainement.
Mme
Hivon : …avant de
le déposer…
Le Président (M. Bergman) :
Certainement.
Mme
Hivon : …pour ne
pas déposer, retirer.
Le
Président (M. Bergman) : …Mme la ministre, sur le… même veine que mes collègues sur le côté de l'opposition officielle.
Est-ce que ce
serait possible pour un établissement, dans le code d'éthique qu'il va adopter, dans les
sections en question, pour déroger, de quelque manière que ce soit, de
quelques… de ces «provisions» dans ce projet
de loi? Car, quand je lis l'article 11,
je vois qu'il y a une obligation. Vous dites : «…doit prévoir,
dans le code d'éthique[...], une section portant spécifiquement sur les
droits des personnes en fin de vie.» Alors, je vois que ce serait vraiment, à
mon avis, peut-être possible pour un établissement d'établir… de déroger de quelques… des «provisions» qui sont dans ce projet de loi. Je me
demande de quelle manière on peut prévenir… Car on prend le temps pour établir
un projet de loi avec des «provisions» spécifiques, mais je ne vois pas en quoi l'établissement est de prévenir pour établir une nouvelle prévision en dérogation
des «provisions» du projet devant nous, et je pense spécifiquement aux droits pour les médecins pour retirer de
l'obligation la question
d'aider médicalement un patient de mourir.
Mme
Hivon : Alors, évidemment, tous les établissements vont être tenus
de respecter la loi, comme ils doivent respecter
toute loi. Donc, par le code d'éthique, ce n'est pas possible de se soustraire
à l'application de la loi. Donc, le code d'éthique est quelque chose qui vient plus
guider la pratique, la conduite des intervenants. Donc, c'est le sens du code
d'éthique. Et, pour ce qui est de l'objection de conscience du
médecin, c'est prévu noir sur blanc, c'est dans la loi, c'est une
disposition de la loi, comme quoi cette objection de conscience va devoir être
respectée.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
que vous pouvez lire l'amendement que vous avez?
Mme
Hivon : Oui, je vais lire ce que je pourrais déposer comme
amendement. Donc, ce serait : Remplacer l'article 11
du projet de loi par le suivant :
«11. Le code
d'éthique adopté par un établissement en
vertu de l'article 233
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux doit tenir
compte des droits des personnes en fin de vie.»
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires?
Est-ce que l'opposition officielle aimerait avoir une copie de cet amendement
qui est proposé pour être plus clair pour le débat?
Mme Vallée :
On va laisser les légistes rédiger l'amendement pour…
Mme
Hivon :
…
Mme Vallée :
Ah! vous l'avez? Bon, alors…
Mme
Hivon :
…déposer officiellement l'amendement.
Le
Président (M. Bergman) : On dépose l'amendement et on donne une copie aux collègues autour de la
table.
Je suspends pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 16
heures)
(Reprise à 16 h 1)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la ministre
vient de déposer un amendement à l'article 11. Mme la ministre,
pour l'amendement.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, je vais relire l'amendement. Donc, il s'agirait de remplacer l'article 11
actuel par l'article
suivant :
«11.
Le code d'éthique adopté par un établissement en
vertu de l'article 233
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux doit tenir
compte des droits des personnes en fin de vie.»
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je ne fais que hocher de la tête, M. le
Président, pour donner ma satisfaction.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement à l'article 11? Alors, est-ce que l'amendement à l'article 11
est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, l'article 11 est adopté? Adopté? Adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : L'article 12. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Alors, l'article 12 : «Lorsqu'une
personne en fin de vie requiert d'un établissement des soins palliatifs
à domicile, mais que sa condition ou son environnement ne permet pas de les lui
fournir adéquatement, l'établissement doit
lui offrir de l'accueillir dans ses installations ou de la diriger vers un
autre établissement ou vers une maison de soins palliatifs qui est en
mesure de répondre à ses besoins.»
Donc, bien sûr, bien
que le ministère souhaite que, dans la très grande majorité des cas, on puisse
respecter la volonté d'une personne de
recevoir des soins à domicile, c'est certain qu'il va exister des situations où
ça serait impossible, voire
dangereux, là, pour la sécurité de la personne de lui fournir ces soins. Donc,
c'est pour ça qu'on vient prévoir cette disposition à l'article 12.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires? Mme la députée de
Gatineau.
Mme
Vallée : Je comprends le sens de l'article. Est-ce qu'on a les
critères? Ou qu'est-ce qui pourrait être considéré comme étant «adéquatement»? Parce qu'on mentionne
que, lorsque l'environnement ne permet pas de fournir les soins adéquatement… Qu'est-ce qu'on entend par
«adéquatement»? Est-ce que c'est une question d'impossibilité physique? Est-ce que c'est une question de manque de
ressources financières, de manque de ressources humaines? Est-ce que c'est
une question… Est-ce que la situation relève
de l'environnement du patient ou est-ce que ça pourrait relever aussi des
ressources mises à la disposition par
l'établissement ou par la région administrative? Donc, qu'est-ce qui sera le
facteur considéré?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ce qui est visé, ce n'est pas le dernier point que soulevait ma collègue, c'est
vraiment, je dirais, les conditions physiques, ou d'environnement, ou
sociales qui font en sorte que ça pourrait être dangereux pour la personne; exemples :
des conditions, je ne sais pas, d'insalubrité, le fait qu'une personne vivrait
avec une autre personne qui pourrait
peut-être nuire aux bons soins qui pourraient être donnés en fin de vie, donc
être un élément peut-être qui fait en
sorte que la personne ne suivrait pas les consignes, les ordonnances, je vous
donne des exemples comme ça, une condition physique qui pourrait devenir
vraiment très, très difficile. On le voit, en fin de vie, il arrive qu'avec les
meilleurs soins à domicile ça devient juste
impossible pour quelqu'un de rester à domicile parce que l'intensité des soins
qui doit être donnée pour soulager la
personne est telle que ce n'est pas physiquement possible pour l'équipe, à
moins d'avoir une équipe dédiée sur
place 24 heures, ce qui n'est pas possible pour toutes les personnes. S'il
n'y a pas de réseau… Et même souvent
avec un réseau il va arriver des circonstances où la situation est telle,
demande une telle intensité de soins…
Même si on est en soins palliatifs, il peut y avoir plusieurs symptômes à
gérer. Donc, c'est des cas comme ceux-là,
où on ne peut pas mettre en danger, je
dirais, la sécurité de la personne ou son bien-être en fin de vie. Donc,
c'est pour ça qu'on prévoit l'article 12.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : À ce
moment-là, est-ce qu'il ne serait pas pertinent de le prévoir spécifiquement, que le
critère, c'est un critère de sécurité
ou d'encadrement, là, propre aux soins requis par la personne,
afin qu'on ne puisse pas interpréter, qu'un
établissement ne pourrait pas dire : Ah oui! Je me suis
conformé, on a transféré dans l'établissement monsieur ou madame Y non pas parce
que sa situation était à risque, mais
parce que c'était moins compliqué, par exemple, pour notre équipe, c'était
plus facile d'avoir quelqu'un à
l'intérieur des murs de l'établissement, mais ce n'était pas en lien avec la sécurité ou l'état
de santé de la personne, tout
simplement pour éviter la
distinction, qu'on ne puisse pas utiliser cette… qu'on ne puisse pas l'interpréter sur la base de la question
des ressources financières, des ressources humaines, ou autres.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En fait, juste spécifier que déjà l'article
quand même est précis parce qu'il dit que c'est pour
des raisons de sa condition ou son environnement qui ne permettrait pas de les lui offrir adéquatement. Donc, ce n'est
pas une manière de se sortir de la
volonté, qui est présente, de pouvoir accompagner la personne chez elle, là,
c'est vraiment pour deux raisons qui sont clairement
énumérées : la condition de la personne ou son environnement. Puis en fait de ne pas les lui offrir adéquatement, ça évidemment
sous-entend la notion de sécurité.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Et son environnement ne pourrait pas être considéré, par exemple, comme le fait que sa résidence puisse être éloignée. Est-ce
que ça, ça pourrait être un élément,
un citoyen ou une citoyenne qui réside dans un secteur plus retiré d'une région administrative, qui souhaite rester à domicile, un
secteur peut-être moins accessible? Est-ce que ça pourrait être considéré comme un environnement qui
ne permet pas d'offrir les soins, de lui offrir les soins adéquatement?
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, c'est important, je pense, de faire ressortir que souvent,
paradoxalement, dans les régions éloignées,
la desserte en soins à domicile, elle est meilleure parce que justement il n'y
a pas de maison de soins palliatifs, il
n'y a pas d'établissement. Donc, de l'expérience que j'ai, c'est plutôt
l'inverse, le défi. Et «environnement» ne veut pas dire ça, là. «Environnement», ce n'est pas sa situation
géographique, là, c'est vraiment l'environnement de la personne. Donc,
je pense que le terme est bien choisi.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je pose la question, parce que ce n'est pas un enjeu de fin de vie, mais c'est
une situation de comté que j'ai
vécue, donc quelqu'un qui était plus éloigné et pour qui les services c'était
peut-être un petit peu plus difficiles de lui offrir. Et donc il ne
faudrait pas qu'on puisse utiliser ce… Je comprends que souvent…
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Ce n'est
pas une porte de sortie.
Mme Vallée : Parfait.
Mme
Hivon :
Je veux juste le dire. Ce n'est pas une porte de sortie pour ne pas tenir
l'engagement pour les soins à
domicile, c'est vraiment de dire : Si on n'est pas capable pour des
raisons de conditions de la personne ou d'un environnement, comme les
exemples que j'ai donnés. Au même titre que quelqu'un ne peut pas exiger :
Docteur, donnez-moi telle chirurgie, je la veux absolument, on ne peut pas non
plus contraindre un établissement, sans aucun jugement, je dirais, quant à
l'opportunité de maintenir les soins à domicile. Donc, c'est ça, l'objectif de
l'article 12.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
Mme
Vallée : Mais en fait, tout simplement pour compléter, c'est
vraiment, cette décision-là… L'article 12 doit vraiment être
interprété dans le contexte de l'intérêt, le meilleur intérêt de la personne en
fin de vie.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
• (16 h 10) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Je regarde l'article. Si je comprends bien, «doit lui
offrir», il n'y a pas d'obligation de la personne de l'accepter.
Mme
Hivon : Non.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Au départ, ce n'est pas contraignant. Deuxièmement, qu'est-ce que ça ajoute, actuellement?
Qu'est-ce
que ça ajoute, cet article-là,
sur le fonctionnement actuel, avant même que la loi soit passée? Parce qu'à ma connaissance c'est comme ça que ça fonctionne sans que ce soit une loi.
Puis ma question, indirectement, c'est : Quels problèmes qu'on veut régler avec ça? Parce qu'il
n'y a pas de contrainte, puis on sait qu'advenant le cas qu'il y a un cas de
dangerosité, à la limite, tu pourrais avoir accès à un juge. Parce que je ne
vois pas tellement qu'est-ce que ça ajoute.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, ça doit être lu notamment en lien avec l'article 5, où vous nous
avez proposé un amendement :
plutôt que «peuvent», ils «sont» désormais offerts, et on est venus
prévoir qu'ils sont offerts soit en établissement, en maison de soins palliatifs ou à domicile. Donc, c'est
pour s'assurer que quelqu'un ne viendrait pas dire : Compte tenu de 5, j'ai donc ce droit-là immuable
en toutes circonstances, qu'importent la condition, l'environnement, et
tout ça. Donc, il y a cette réalité-là, je pense, qui est teintée de prudence,
de venir le prévoir. Et en même temps je vous
dirais que ça oblige aussi l'établissement à s'assurer d'un suivi et que c'est
toujours adéquat et correct que les soins soient donnés à domicile dans
le meilleur intérêt de la personne.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ce que je comprends : c'est une
protection au cas où la personne dirait : Vous avez l'obligation de
venir à domicile parce que l'article 5 le dit.
Mme
Hivon :
Ce n'est pas ce que dit l'article 5. D'ailleurs, on l'a bien étudié. Ce
n'est pas ce que dit l'article 5. Mais je pense que c'est important
de mettre l'article 12 pour s'en assurer.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Non, c'est correct, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
sur l'article 12? Est-ce que l'article 12 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté. L'article 13. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je suggère
que nous revenions à 9, qui était suspendu.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, l'article 9. Alors, Mme la ministre.
Mme
Hivon :
La question à l'article 9 était celle du député de Jean-Talon, concernant
la transmission. Donc, je dois vous dire, est-ce qu'on pouvait prévoir
noir sur blanc que la transmission devait être électronique?
Je dois vous dire que nous sommes suivis avec beaucoup
d'intérêt par notamment les gens du Comité de législation
et qui s'intéressent à nos travaux, et nous n'avons pas d'avis favorable pour
prévoir une telle disposition. Et je sais
tout le respect que le député de Jean-Talon voue aux légistes, dont les
brillants légistes du ministère de la Santé. Mais en fait on me dit que
c'est déjà, évidemment, possible. Ce qui encadre tout ça, c'est la loi sur le
cadre juridique des technologies de
l'information. Donc, dans cette loi-là, on prévoit qu'une transmission peut
tout à fait se faire par tout mode de
transmission qui s'appuie sur des supports technologiques. Donc, c'est
possible, mais ce n'est pas recommandé, voire fortement déconseillé de le mettre dans une loi, je vous explique, parce
que «transmis», là, la transmission de documents, c'est prévu dans une foule d'articles d'une foule
de lois. Et, comme vous savez, on veut toujours être cohérents. Et là, si
on se met, spécifiquement, à certains
endroits, à le mettre, certains pourraient se demander si ça veut dire
qu'ailleurs on ne pourrait le faire
ou est-ce qu'on doit interpréter différemment. Donc, nous avons un avis
défavorable pour venir le prévoir spécifiquement.
Puis je dois
vous dire d'ailleurs qu'on a déjà adopté des articles où on parlait d'une obligation
de transmission, puis on ne l'a pas
mise dans le projet de loi. Ceci ne veut pas dire qu'il ne pourrait pas y avoir une directive disant que la transmission
électronique serait la meilleure manière de le transmettre, comme pour les
agences on le fait. Les agences envoient leurs rapports sur support
électronique. Donc, voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mais, ceci étant dit, la transmission d'information à la commission, ça, c'est une
autre chose.
Je
comprends que votre intervention vise le moyen de transmission, mais
l'intervention que nous avions faite à l'article 9, c'était de s'assurer que le programme
clinique de soins de fin de vie des établissements puisse également être transmis à la commission
afin que la commission ait en main les différents plans d'intervention, les
différents plans cliniques, de sorte qu'elle
puisse aussi voir la distinction un peu partout sur la province… premièrement,
être en mesure de voir la façon dont
l'ensemble des soins de fin de vie sera déployé mais aussi être capable de
faire un certain monitoring de la façon dont certains soins de fin de
vie sont offerts.
Et
puis je m'inspirais beaucoup des commentaires du rapport de la commission,
entre autres, je pense que c'est à la page 36, sur l'encadrement de la sédation palliative. Je sais
que ça, c'était une préoccupation de l'équipe, et c'était une
préoccupation qui semble avoir été partagée par de nombreux intervenants. Et
donc, pour être en mesure de mieux l'encadrer
et mieux faire le suivi approprié de la sédation palliative mais aussi
l'encadrement de l'aide médicale à mourir puis de voir un peu de quelle façon ça se déploie sur le territoire,
c'est une information qui serait, à mon avis, très utile pour la commission, surtout en début de mandat. Peut-être
que, je ne sais pas, moi, dans 10 ans, dans 15 ans, on trouvera
que c'est trop lourd puis que ce n'est plus
nécessaire, mais je pense qu'au début, là, vu qu'on est vraiment, là, dans
les premiers pas, les pas de bébé de
cette offre de soins là il pourrait être opportun de rendre accès à ces
documents-là aux membres de la commission
sans que la commission soit tenue systématiquement de faire la demande à
l'établissement x, y. Les membres auront accès à tout ça, et puis ça pourra aussi permettre de
dresser un portrait plus clair qui, à mon avis, est exigé, là.
Mais en fait je pense
qu'il y a un rapport qui devra être fait, là, si on va un peu plus loin, par la
commission, mais ça pourrait être une information intéressante pour la commission de savoir : bien, la pratique de la sédation
palliative, elle est homogène ou elle
n'est pas homogène sur le territoire; l'aide médicale à mourir, on procède
d'une façon distincte dans une
région x ou y. Je crois que c'est non négligeable, là, surtout après les
explications que la ministre nous a fournies sur le programme clinique des soins de fin de vie, ce qu'on entendait,
ce qu'on cherchait à obtenir comme information.
Lorsqu'on met ça en lien avec les préoccupations
exprimées dans le rapport, je pense que ça pourrait être fort utile. C'était
au début de notre…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, juste redire qu'évidemment la Commission des soins de fin de vie,
elle est là pour regarder, entre autres
choses, dans son vaste mandat… mais elle est là pour regarder l'évolution des soins de fin de vie sur
une période donnée, donc c'est vraiment le coeur de son mandat, et non
pas de se substituer et de venir regarder le programme clinique de
chaque établissement, quelles seraient les meilleures pratiques médicales,
parce que ça, c'est vraiment quelque chose qui relève des CMDP. Je pense que
c'est très important de le dire, elle ne sera pas là pour se substituer. Comme on l'a vu, elle va avoir un
conseil avec des représentants santé, usagers, services sociaux. On va y
revenir quand on va parler de la
composition de la commission. Donc, elle n'est pas là pour être une experte de
quel est le meilleur programme,
quelles sont les meilleures pratiques et, donc, de diffuser cette
information-là et de, je dirais, se substituer aux CMDP ou aux établissements. Elle est là pour faire le suivi, dans le temps,
du développement des soins de fin de vie.
Ceci
dit, en soi, ce n'est rien de mauvais qu'elle puisse avoir accès si elle pense
que ce pourrait être utile, dans le
cadre de son mandat, d'y avoir accès. Donc, oui, pour cette suggestion-là, on
est tout à fait ouverts, ce qui est le coeur de la suggestion
évidemment qui nous avait été faite par l'opposition. Donc, on pourrait prévoir un amendement pour dire que ces programmes seront
transmis à la commission.
• (16 h 20) •
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Bien, c'est sûr que j'ai une grande tristesse,
là, de voir que ma proposition n'est pas recevable, mais je
comprends que la ministre
a probablement autant que moi l'amour
des arbres, ça fait qu'elle va s'organiser pour encourager à ce que ce
soit transmis électroniquement. Ça fait que je vais céder, M. le Président, je
vais accepter son commentaire.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
en ce qui concerne l'amendement à l'article 9 et l'article 9?
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Mme la ministre.
Mme
Hivon : Moi, je veux juste dire, puis je veux le dire
publiquement, là, que cela ne crée pas une obligation ou des attentes, à l'égard de la commission, sur
le traitement de chacun de ces programmes de chacun des établissements, parce que vous vous imaginez la somme
d'informations qui va être transmise à la commission. Ce n'est qu'une
suggestion, de ce que je comprends,
qui est faite pour lui faciliter la vie dans le cas où elle souhaiterait avoir
accès à ça sans qu'elle ait à le
demander ou à chercher. Donc, on veut simplifier la vie de la commission, du
côté de l'opposition. Et donc je veux simplement
rappeler ça, que cela n'amène pas d'obligation et d'attente spécifiques quant
au traitement de ces rapports.
Donc, je
pourrais retirer l'amendement qui avait été déposé à l'article 9 pour
soumettre un nouvel amendement parce qu'il y avait un autre élément
d'amendement qu'on ne peut pas mettre de côté.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre, il y a un
commentaire. Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Bien, je vais laisser la ministre poursuivre avec
l'autre côté de l'amendement. C'est parce que j'avais une petite question, puis je voulais juste
m'assurer de pouvoir la poser avant qu'on passe… Bien, en fait, je me demandais
si c'était à l'intérieur de ce plan d'organisation là qu'est prévu le plan de
déploiement des soins de fin de vie de l'établissement sur son territoire.
Est-ce que c'est à l'intérieur de ce document-là?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui, c'est dans son plan d'organisation, mais ce
n'est pas… puis là je veux juste… ce n'est pas dans le programme clinique des soins de fin de vie. Mais c'est dans son
programme, dans son plan d'organisation. Le clinique, ça le dit, c'est le clinique. Le plan d'organisation, c'est
comment on organise, comment on déploie, et tout ça.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : D'accord. Donc, la question, à savoir : Est-ce
que c'est le plan d'organisation qu'on devrait soumettre à la commission
ou bien le programme clinique de soins de fin de vie, pour la question
d'accessibilité…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Là, évidemment, le plan d'organisation, de ce que je
comprends, le plan d'organisation, c'est le plan d'organisation de l'ensemble des soins, qui, lui, doit prévoir un
programme clinique de soins de fin de vie. Donc là, je ne pense pas que ce serait d'intérêt pour la
commission d'avoir, je dirais, l'ensemble de… Donc, voilà, ça serait ça,
ma réponse : Ce ne serait pas d'intérêt d'avoir l'ensemble du plan pour
l'ensemble des soins.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Non, je suis d'accord.
D'ailleurs, s'ils avaient mis ça, on leur aurait demandé de l'enlever.
Ça fait que je pense qu'on est au même endroit.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, Mme la ministre, vous voulez
retirer l'amendement et déposer un nouvel amendement?
Mme
Hivon :
Oui, c'est ça, je retirerais le précédent amendement.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a consentement
pour retirer l'amendement? Consentement. L'amendement est retiré.
Mme
Hivon :
Donc, je dépose un nouvel amendement à l'article 9.
Le Président (M.
Bergman) : …Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Donc, nous modifions l'article 9 du projet de loi, premièrement, par le…
Le
Président (M. Bergman) : Je m'excuse, Mme la ministre. Est-ce
qu'on peut avoir une copie de cet amendement?
Mme
Hivon :
Oui.
Le
Président (M. Bergman) : Je suspends pour quelques instants
pour donner copie de l'amendement à tous les membres de la commission.
Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 25)
(Reprise à 16 h 27)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! Alors, Mme la ministre, vous voulez déposer
l'amendement et nous lire l'amendement, s'il vous plaît?
Mme
Hivon :
Oui. Alors, amendement à l'article 9 : Modifier l'article 9 du
projet de loi :
1° par le
remplacement de la deuxième phrase par la suivante :
«Dans
le cas d'un établissement exploitant un centre local de services
communautaires, ce plan doit également prévoir l'offre de services en
soins de fin de vie à domicile.»;
2° par l'ajout, à la fin,
des alinéas suivants :
«Le plan d'organisation doit tenir compte des
orientations ministérielles.
«Le programme clinique de soins de fin de vie
est transmis à la Commission sur les soins de fin de vie.»
Et donc, si vous voulez que je lise le nouvel
article tel qu'il se lit…
Le
Président (M. Bergman) : …encore une fois, je ne veux pas être pointu, mais, je pense, c'est
meilleur qu'on ait un nouvel article. Ce serait plus facile pour les
membres de la commission.
Mme
Hivon : M. le
Président, je pense que ça va être
très lourd, si on exige ça à chaque fois qu'on fait un papillon séance
tenante, d'exiger qu'on rédige à l'ordinateur le nouveau texte. En tout cas, il
me semble qu'on est capables de fonctionner de manière un petit peu plus
souple.
Le
Président (M. Bergman) : Je présume que je vais avoir cette demande des
membres de l'opposition officielle. Alors, je…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je
pense qu'on va essayer de garder ça quand
même léger, mais c'est sûr que, quand
on l'a devant nous autres, on est
sûrs de qu'est-ce qu'on adopte, sauf que, si c'est juste une ou deux phrases,
bien, parfois, on peut passer outre,
là. Mais moi, j'aime quand même essayer le plus possible qu'on ait les textes
écrits, là. Comme je vous dis, je ne
suis pas un auditif, je suis un visuel. Donc, ça me permet de mieux le lire.
Mais, je suis d'accord avec la ministre, on va essayer de garder ça quand
même léger.
L'autre
chose, c'est qu'on pas obligés de toujours l'avoir à l'ordinateur. À la main, bien écrit, donc
pas écrit par un médecin, ça pourrait convenir. J'ai dit ça, M. le
Président, parce que je ne voudrais pas avoir à écrire mes propres
propositions, ça ne sera pas lisible.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, on vient de recevoir l'article 9 avec les changements.
Mme
Hivon : …avec
notre souci pour les arbres, hein? Mais je dis ça comme ça.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …toujours
demander à ce que ce soit affiché à l'ordinateur, pour qu'on ait les écrans,
là, mais je pense que ça retardait le projet de loi puis je suis certain qu'on
a un ordre de priorité à faire.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, on a l'amendement, on a le nouvel article. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En fait, moi, je ne l'ai pas, mais je vais…
Je ne l'ai pas, moi, le texte, mais je l'ai fait ici : «Tout établissement doit prévoir, dans son plan d'organisation, un programme clinique de soins de fin de vie.
Dans le cas d'un établissement exploitant un centre local de services
communautaire, ce plan doit également prévoir l'offre de services en soins de
fin de vie à domicile.
«Le plan d'organisation doit tenir compte des
orientations ministérielles.
«Le programme clinique de soins de fin de vie
est transmis à la Commission sur les soins de fin de vie.»
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Bergman) : Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a des commentaires sur l'amendement et sur le nouvel article 9? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je hoche la tête pour dire que je suis d'accord avec l'article, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
D'autres commentaires?
Des voix : ...
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce que l'amendement à l'article 9 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
que l'article 9, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, l'amendement est adopté, et l'article, tel qu'amendé, est adopté.
Mme
Hivon : Je
suggérerais, M. le Président, que nous retournions à l'article 3 qui avait
été suspendu.
Le Président (M. Bergman) :
Article 3. Mme la ministre. Vous avez... Article 3. Mme la ministre.
(Consultation)
Le Président (M.
Bergman) : Alors, article 3. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, M.
le Président, je vous demanderais de
retirer l'amendement à l'article 3, que nous avions déposé, pour déposer un nouvel amendement
qui viendrait modifier la définition de «soins palliatifs» pour faire
suite à la demande qui nous a été faite par l'opposition.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, est-ce qu'il y a consentement pour retirer l'amendement à
l'article 3? Alors, consentement. Retiré. Alors, est-ce que vous avez un
nouvel article 3 pour déposer, Mme la ministre?
Mme
Hivon : Oui. Je ne
sais pas si on peut le...
Des voix :
…
Mme
Hivon : ...pas
long, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Je fais remarquer à la ministre : ce n'est pas l'opposition qui retarde,
là.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 16 h 33)
(Reprise à 16 h 34)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme
la ministre, vous avez remplacé l'article 3 par l'amendement.
Mme
Hivon :
Alors, je ne relirai pas l'ensemble des alinéas, je vais relire l'alinéa qui a
été modifié par l'amendement. Donc, c'est l'alinéa 4° qui parle des
soins palliatifs, donc, qui se lirait ainsi :
«4° [...]les soins actifs et globaux dispensés
par une équipe interdisciplinaire aux personnes atteintes d'une maladie avec
pronostic réservé, dans le but de soulager leurs souffrances, sans hâter ni
retarder la mort, de les aider à conserver la meilleure qualité de vie possible
et d'offrir à ces personnes et à leurs proches le soutien nécessaire.»
Donc, c'était
une demande qui nous avait été faite par l'opposition, à laquelle nous, après
un petit travail, pour être sûrs que
cela était conforme puis qu'il y avait un consensus… qui serait, donc,
acceptée. Donc, on peut peut-être faire la discussion. Pour les alinéas 5° et 6°, mes collègues auront constaté
que nous ne proposons pas d'amendement, donc, on pourra y revenir et
expliquer pourquoi. Mais peut-être que, dans un premier temps, on peut discuter
de l'alinéa 4°.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, pour l'alinéa 4°, est-ce qu'il
y a des commentaires? Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Mais je comprends. En fait, on a inséré le concept, qui est, à mon avis, très
important, de préciser que, comme le faisait la définition de l'Organisation
mondiale de la santé, les soins palliatifs ont comme objectif de ne pas
hâter ni retarder la mort, là. Puis il y avait une petite phrase, mais là je
comprends qu'à un moment donné il y a une question
d'assurer une certaine fluidité puis de ne pas alourdir le texte. Dans une
proposition qu'on avait, on avait tout simplement
ajouté : «Les soins palliatifs soutiennent la vie et considèrent la mort
comme un processus normal. Ils ne hâtent ni ne retardent la mort.» Mais je comprends que ça peut être un petit
peu lourd. L'objectif en fait derrière tout ça, c'est que le soin
palliatif n'a pas comme objectif de hâter ni de retarder la mort.
Ce n'est pas
de l'acharnement thérapeutique et ce n'est pas parce qu'il y avait une volonté
très claire, manifestée, entre
autres, par les différents professionnels qui oeuvrent en maisons de soins
palliatifs, de distinguer les soins palliatifs de l'aide médicale à
mourir, vraiment établir une distinction à l'effet que ce n'est pas la même
chose. Et je crois que l'amendement qui est
suggéré le précise. Donc, pour moi, ça va, là, même si… Dans le fond, c'est une
question de sémantique, puis l'intention est la même.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
…le coeur de l'intention est vraiment là, et effectivement on a voulu être le
plus fluide et que tout ça s'intègre comme une définition. Donc, voilà.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à l'alinéa 4°? Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires à l'article 3 tel qu'amendé?
Mme Vallée :
…sur l'article 3, M. le Président. Je ne sais pas si… Bon, la ministre nous
indiquait qu'il n'y avait pas d'amendement à la définition d'«aide
médicale à mourir». À cette étape-ci, je déposerais l'amendement, de sorte qu'à tout le moins la proposition d'amendement sera
consignée. Et je vais lire l'amendement qu'on a rédigé. Donc, à l'article 3,
c'était…
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau, est-ce que
vous pouvez faire la même chose et déposer l'amendement pour copie pour
tous les membres de la commission?
Mme Vallée : Oh! Oui.
Désolée.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
En toute équité, les mêmes règles des deux bords.
Mme Vallée : Oui, oui, oui.
Je suis désolée.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants seulement.
(Suspension de la séance à 16 h 38)
(Reprise à 16 h 42)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, la députée de Gatineau
a déposé un sous-amendement à l'amendement
à l'article 3. Mme la députée, pouvez-vous nous lire votre sous-amendement?
Mme
Vallée : Oui. Alors, M. le Président, suite à nos échanges de vendredi dernier, on souhaitait proposer la
définition suivante pour l'aide
médicale à mourir. Alors, «aide médicale à mourir… Pardon. Alors, on remplace
le sixième paragraphe par le
suivant, donc :
«6° "aide médicale à mourir" intervention
pratiquée par un médecin qui vise à provoquer le décès d'un patient en
fin de vie, à la demande de celui-ci et afin de mettre fin à ses souffrances.»
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée, commentaires sur votre sous-amendement.
Mme Vallée : Oui. En fait,
bien, ça fait suite aux différents échanges que nous avons eus et aux
différentes définitions également qui ont été lues.
Donc, selon
ce que nous comprenons de l'aide médicale à mourir, ça s'apparente davantage à
une intervention qui est pratiquée, parce que l'objectif n'étant pas de
soigner. Et il y a aussi le concept de mettre fin aux souffrances, c'est-à-dire qu'on ne soulage pas les souffrances.
Comme l'acte médical à mourir entraînera le décès d'un patient, c'est un
petit peu utopique de dire qu'on soulage les souffrances. En fait, on les
soulage de façon éternelle. Donc, dans ce contexte-là,
je pense que c'est tout à fait à propos d'indiquer que l'aide médicale à mourir
a comme objectif de mettre fin aux
souffrances du patient. Ça n'enlève absolument rien à tout le formalisme et à
l'importance de cet acte-là, de cette intervention-là.
Et donc, compte tenu également de la finalité, c'est le soin ultime, bien, à ce
moment-là, on trouvait qu'il était
plus à propos, compte tenu des différentes définitions dont nous avions fait la
lecture vendredi… Puis je ne referai pas
toute la lecture des définitions, je vais plutôt référer les gens qui nous
écoutent à nos travaux de vendredi. On trouvait que le terme «intervention» était plus à propos que le terme «soin»,
donc. Puis après ça, bien, c'est pas mal les mêmes termes que la définition que nous retrouvons à
l'amendement déposé par la ministre, tout simplement des mots placés différemment
à l'intérieur de la phrase.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre, commentaires?
Mme
Hivon :
Alors, ça va ressembler à notre discussion de jeudi dernier. Mais, écoutez, on
y a réfléchi, et je dois dire que je
suis… autant moi que l'équipe, on est restés avec la définition qui est là. Et
ce n'est pas par manque d'ouverture, ou tout ça, c'est vraiment parce
qu'on pense que c'est la meilleure définition.
D'abord,
j'estime que la définition qu'on propose se place vraiment de la perspective du
patient, de la personne, et, pour
moi, ça, c'est très important. C'est une loi pour les soins de fin de vie, pour
les personnes en fin de vie, et je pense que c'est important que ça se reflète dans ce qui est prévu dans la loi.
Donc, quand on parle de la perspective du patient, évidemment, quand on parle du soin, c'est plus la
perspective du patient, alors que, quand on parle d'une intervention,
c'est plus la perspective de celui qui la pratique, qui est le médecin.
L'autre
élément, je vais me répéter, mais je vais faire une petite synthèse, à
l'alinéa 3°, on parle bien que les soins de fin de vie, ce sont les soins palliatifs et l'aide médicale à mourir,
donc. Parce que certains disaient : Les mots ont un sens. Effectivement, les mots ont un sens. Ce sont
des soins de fin de vie, donc c'est important de rester, par cohérence, avec cette notion de soins et de ne pas en déroger
pour arriver avec quelque chose qui serait plus spécifique ou sujet à interprétation divergente. L'alinéa 3° est clair,
donc les alinéas 4°, 5° et 6°, parce qu'on le répète à chaque fois, doivent
l'être aussi. Le but d'avoir des
définitions, c'est un grand pas que nous faisons. On a entendu ce que
l'opposition nous a demandé, ce que
d'autres groupes, évidemment plusieurs, ont demandé, et je pense que, oui,
c'est une bonne chose, on a évolué là-dessus. Et je pense aussi que la
cohérence dans le propos est importante à l'intérieur de nos définitions, ce
qui est le cas avec ce qu'on propose et avec le parallèle avec le Code civil,
qui apparaît aussi très important.
Je
pense que l'idée de bienveillance ressort de la définition actuelle parce que
cette idée-là, elle est au coeur aussi de
notre loi. Et, pour ce qui est de la question du soulagement des souffrances,
là, j'y tiens, ça aussi. En fait, notre définition, elle est très, très, très largement inspirée de Me
Chalifoux, de l'Institut de planification des soins, qui avait présenté une
définition, et on l'a… On a regardé tout ce
qui nous a été présenté, attentivement. Et on trouvait que c'était une très
bonne définition. Pourquoi cette
idée-là, elle est importante? Je reviens à la philosophie du projet de loi.
C'est vraiment l'idée d'un continuum.
Donc, on est sur un continuum de soins. Évidemment, on est dans une logique de
soins et on arrive dans une situation
exceptionnelle de souffrances exceptionnelles, avec des circonstances
excessives claires, balisées, encadrées, où on n'est pas capable de soulager la
personne autrement. Et notre perspective, elle est un but de soulager la
personne. La conséquence, c'est le décès
de la personne, mais le but n'est pas le décès de la personne. Puis là on
pourrait s'obstiner pendant des
heures. Mais moi, je trouve ça fondamental parce que c'est ce qui fait que
toute cette loi-là tient ensemble et
c'est ce qui fait que toute cette idée de continuum là est là. C'est ce qui
fait que le Collège des médecins nous a demandé d'intervenir, dans un premier temps, à l'automne 2009, c'est de
dire : Il y a des circonstances où on n'est pas capable de soulager la
personne, et la seule manière d'y arriver, c'est d'avoir ce soin exceptionnel
qui est l'aide médicale à mourir.
Donc, pour toutes ces raisons, je plaide pour
que nous conservions la définition initiale.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
• (16 h 50) •
Mme Vallée :
Je comprends ce que la ministre explique. Pour moi, il est difficile d'y
souscrire, parce qu'on ne soulage pas
les souffrances, c'est vraiment… Je comprends, là, qu'on peut en faire… c'est
certain qu'on peut en faire un débat
philosophique, mais, pour moi, soulager les souffrances, c'est qu'après il n'y
aura… c'est que la personne… on
soulage les souffrances de quelqu'un qui est toujours en vie. Lorsque l'on
administre la mort, lorsqu'on administre une substance qui aura comme effet de provoquer la mort ou le décès du patient, on y met fin, à ces
souffrances-là, et ce n'est pas moins… Et le patient, à mon avis,
demande qu'on mette fin à ses souffrances, veut en finir, de ses souffrances.
Donc, qu'est-ce qui est si terrible que de
dire : On met fin aux souffrances, ce n'est pas moins humain, ce n'est pas
moins… On n'a pas moins de compassion parce qu'on utilise «mettre fin
aux souffrances» que de «soulager les souffrances». Il y a tout autant de compassion, il y a tout autant d'humanisme dans
l'acte que dans le geste qui est posé. Évidemment, c'est à la demande de la personne, ça se fait dans
un contexte encadré, dans un contexte extrêmement respectueux. Mais ce n'est pas moins respectueux de mettre fin aux
souffrances d'un individu qui est dans un état tel que toute autre avenue
est complètement repoussée du revers de la main.
Donc, à cet
égard-là, pour moi, mettre fin aux souffrances à travers les soins et dans le
continuum des soins… Parce que la
sédation palliative, si on le prend dans le continuum de soins, la sédation
palliative va soulager la souffrance. La
personne va être mise sous sédation et ne sentira plus cette souffrance-là.
Donc, à cet égard, si on utilise encore les termes «soulager la souffrance», je me dirais : Bien, à ce
moment-là, qu'est-ce qui fait qu'un individu ferait le choix d'opter
pour l'aide médicale à mourir plutôt que la sédation continue? La sédation
continue a vraiment comme objectif de soulager
la souffrance du patient. L'aide médicale à mourir, c'est l'autre étape, c'est :
Je n'en peux tellement plus que je
veux mettre fin à ma souffrance, je ne peux même pas concevoir la sédation
continue, la sédation palliative continue parce que ma souffrance est telle que je ne veux même pas prendre le
risque d'être mis sous sédation. Moi, c'est comme ça que je le vois, là, bien honnêtement. Et, comme
on est justement dans ce continuum de soins là, on a les soins palliatifs
ou on a cet accompagnement-là, on a la sédation continue.
Et là on a
l'alternative qui est ce nouveau soin, cette nouvelle intervention qu'on va
introduire par l'article 26, qui est de poser un geste qui va provoquer
le décès. Pourquoi on provoque le décès? Pas parce qu'on veut soulager la
souffrance, parce qu'on veut y mettre fin, à la souffrance. La personne qui
demande d'avoir recours à l'aide médicale à
mourir ne voudra pas souffrir, ne voudra pas soulager, ne voudra pas prendre un
risque. C'est irréversible. Et donc je pense
que, dans un contexte où on veut s'assurer du consentement libre et éclairé,
bien, de prévoir à la définition que ce soin-là… Disons qu'on prend le terme «soin», là. Ce soin-là, c'est un
soin qui met fin à la souffrance. Et, pour moi, ça détermine clairement. Je pense que ça précise
davantage, parce que, si on maintient les termes «soulager la souffrance», je
crains qu'il puisse y avoir confusion et
qu'on ne reconnaisse pas l'impact de l'aide médicale à mourir. Puis, comme je
l'ai si souvent dit, c'est
hyperimportant que la personne qui va faire cette demande-là, qui va la
répéter, qui va avoir des échanges avec
son médecin comprenne la finalité entraînée par l'intervention, par le soin
dont elle aura fait la demande. En fait, c'est l'objectif. Et puis après, bien, on revoit… C'est sûr que le
comité d'experts aussi nous avait formulé une suggestion.
Et je reviens
aussi aux définitions, ce que signifient les mots, les pages 17 et 18 du rapport de la commission. Alors, pour notre définition, notre suggestion s'est
inspirée des termes utilisés aux pages 17 et 18 du rapport de la commission. On s'est inspirés aussi de différentes suggestions qui ont été faites,
tout en maintenant cet objectif de bien définir ce dont il sera question lorsqu'on
parlera d'aide médicale à mourir.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Écoutez,
je respecte le point de vue de la collègue qui fait un plaidoyer éloquent. Mais
moi, je pense que ce n'est pas désincarné d'une philosophie, d'une réalité, d'une…
Pourquoi on est en train de faire cette loi-là, là? C'est au coeur de ce
qu'on est en train de mettre dans cet article-là, dans l'article 3.
Et
pourquoi on fait cette loi-là? C'est parce
qu'on veut être capables
d'accompagner jusqu'au bout. Qu'importent la complexité des besoins, la réalité de la personne, ses souffrances,
ses souffrances réfractaires, on veut être capables d'avoir une réponse. Ce n'est pas une rupture,
c'est une réponse dans un continuum. Et, si on prend, vous savez, cette logique-là, la sédation, qui est le fait de… Je
relisais, là. Parce qu'on a un plaidoyer de Georges C., qui avait été fait
dans Le Soleil. Deux fois, il a interpellé via les médias. Il
était en fin de vie puis il demandait que le projet de loi n° 52 soit adopté, puis, la sédation, on lui présentait ça comme : On va t'endormir,
comme on le dit ici, là, jusqu'à ce que tu décèdes. Ce n'est pas ça que lui, il souhaitait. Il faut aussi
savoir qu'il y a des situations où la sédation n'est pas opportune, comme
dans des maladies neurodégénératives où ce
n'est pas une question de jours, où ce n'est pas la bonne pratique, on n'est
pas dans les circonstances. La sédation est
plus là pour des cancers vraiment très, très avancés. Et donc c'est vraiment
une option supplémentaire, l'aide médicale à
mourir, pour pouvoir venir soulager les souffrances d'une personne en fin
de vie. Parce que la personne, je le redis…
Puis il y a des gens qui nous l'ont dit éloquemment, dont les infirmières, qui
sont venues, d'Entraide Ville-Marie.
Ils nous ont dit : Les gens, ils ne nous disent pas : Vous savez, je
veux mourir, ils disent : Je
veux que vous me soulagiez, je n'en peux plus, je n'en peux plus. Donc, c'est
de soulager en entraînant le décès, là.
Moi,
je pense qu'il n'y a pas d'ambiguïté. En tout cas, il n'y a pas d'ambiguïté
dans la définition qu'on propose. À mon
avis, c'est très clair. Mais il y a cette idée de continuité, il y a cette idée
que la volonté, c'est de pouvoir soulager la personne. Donc, voilà ce que je voulais ajouter. Et je pense aussi qu'à
l'article 26 c'est très clair, les souffrances sont au coeur des critères, c'est au coeur de toute la
logique. En Oregon, dans des États américains, ce n'est pas la souffrance, là,
je le dis souvent, c'est d'être en fin de
vie. Nous, c'est important d'avoir les deux. La souffrance, c'est fondamental,
donc on le retrouve là aussi, le soulagement de la souffrance.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Groulx.
• (17 heures) •
Mme
Daneault :
Merci, M. le Président. Mais je voudrais un peu rajouter ce que… ce à quoi j'ai
mentionné vendredi dernier.
Effectivement,
l'esprit de la loi est vraiment dans le sens de répondre à des demandes de
patients qui ne sont pas soulagés en
fin de vie. Et je pense que les demandes ont été très claires de la part des
différents groupes qui sont venus en
commission, que ça ne soit pas une intervention de la part d'un médecin mais
bel et bien à la demande d'un patient. Et,
quand on parle d'intervention, les synonymes sont clairs, c'est «une
intrusion», c'est «interposer son autorité». Alors, moi, le terme «intervention», pour moi, j'ai un
malaise avec ça, parce que, dans le fond, on veut rassurer… Je me souviens
des groupes de handicapés qui avaient peur que subitement les médecins puissent
intervenir, justement, et en leur prodiguant l'aide médicale à mourir sans
demander leur consentement.
Alors,
je pense que la notion de soins, elle est beaucoup plus rassurante et beaucoup
plus claire, quant au soulagement des
souffrances, qu'une intervention. Dans le monde médical, l«'intervention»,
quand on l'utilise, puis le député de
Jean-Talon va sûrement être d'accord, on parle souvent d'«intervention
chirurgicale». Alors, on parle d'«intervenir»,
on parle d'«interposer», on parle vraiment... c'est un terme qui est très intrusif. Alors, je pense
qu'on doit éviter d'utiliser ce terme-là
et qu'on est beaucoup plus rassurants et on respecte beaucoup
plus l'esprit de la loi en utilisant le
terme de «soin». C'est un soin de fin
de vie. On garde en tête que ça
demeure une exception pour des gens qu'on n'arrive pas à soulager avec tout l'arsenal de médicaments
qu'on a actuellement. Et ça, je
pense que, depuis le début, c'était
clair, cette demande-là. Et cette commission
et ce projet de loi là, entre
autres, quand on vient parler de l'aide médicale à mourir, c'était pour
répondre à ces demandes-là qui actuellement ne sont pas répondues aujourd'hui.
Alors, sincèrement,
«intervention», pour moi, c'est un terme qui est beaucoup trop fort et qui peut
amener certaines personnes à craindre l'aide médicale à mourir et à craindre les dérapages. Alors, sincèrement, je pense que, pour moi, «intervention», c'est non négociable, comme on dit, et on devrait
demeurer avec «soins», les «soins de fin
de vie».
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement?
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, M. le Président. Je reçois
très bien tous les commentaires, mais, dans ce cas-là, il se passe vraiment une intervention, c'est-à-dire
qu'à un moment donné on décide de procéder et de provoquer le décès de la personne. D'ailleurs, c'est ça qui est dit par
la suite : On va provoquer le décès, dès qu'il y a un moment très court où
ça va se passer, tandis que, quand on
parle de «soins», habituellement on ne sait pas trop, dans le temps, combien ça
peut prendre de temps. Entre autres, la sédation palliative continue,
c'est quelque chose qui va se prolonger, puis, à un moment donné, la nature va faire que la personne va décéder. Mais, dans
ce cas-là, vraiment il y a une intervention, et puis, moi, je vais vous avouer, ce n'est pas philosophique… comme pour
bien décrire pour les gens en quoi ça va consister. D'ailleurs, beaucoup de gens nous en parlent,
mais, à un moment donné, je le dis, là, on va en voir à la télévision, parce
qu'il y a des gens… certainement, ils vont
faire des reportages, et les gens vont comprendre que c'est plus intense, là,
que juste la sédation palliative continue.
Moi, je suis d'accord qu'on pourrait le considérer comme un soin, là. Il faut
juste savoir comment on va le rédiger. Mais, je pense, ça serait
intéressant d'avoir dans la définition... de dire que ça, c'est vraiment une intervention qui va être pratiquée
par un médecin. Quand on parle de sédation, quand on parle des autres éléments, souvent c'est l'équipe
interdisciplinaire qui va procéder. Mais là c'est un geste, ça... puis je dois
dire que c'est chirurgical, mais c'est un geste très, très médical que
l'on fait, je vais vous donner un exemple, c'est comme une intervention : tu poses un pacemaker. Ça, ça
sauve des vies, mais c'est un geste qui est posé à un moment donné et non
pas quelque chose qu'on laisse aller dans le temps.
Moi,
je pense que, si on était capables, un, d'avoir une définition, dans laquelle
on se rallierait tous, unanime, ça serait
l'idéal. Moi, je pense qu'on devrait chercher quelque chose dans lequel on
pourrait retrouver «soins» et «intervention» dans la même phrase, là. Puis peut-être que la ministre peut... ou son
équipe pourrait nous faire une suggestion par rapport à ça, et on va
collaborer.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon : Bien, en fait, il y a deux éléments. On le dit,
c'est quoi, le soin. On le dit, en quoi il consiste, c'est l'administration par un médecin. Donc, la réalité
à laquelle... la différence avec la sédation palliative, je pense qu'elle est
assez claire. Dans l'autre, on ne parle pas
que c'est par un médecin. Évidemment, on ne parle pas que ça entraîne le décès.
Moi, je veux juste comprendre c'est quoi, le
problème de parler de soins. Je veux dire, c'est ça, le coeur du projet de loi.
C'est un continuum de soins. C'est ça, le
principe. C'est à l'article 3, on le dit. Pourquoi il y aurait un
problème, rendus à l'article 6?
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est réciproque. Nous autres aussi, on
aimerait comprendre pourquoi on ne peut pas mettre un mot comme «intervention», qui est vraiment, je pense...
«Administrer», on sait que c'est administrer quelque chose, mais il y a une intervention qui se produit
au sens plus général que juste administrer un médicament. Donc, on a un problème de non-compréhension, mais je pense que,
comme tout bon groupe, on va devoir s'apprivoiser et voir comment on peut faire pour en arriver à une définition
commune qui satisfait tout le monde. Mais je pense qu'on peut retrouver dans la même phrase «un soin» qui est une
intervention, qui consiste à administrer… Il y a peut-être quelque chose là,
là, qu'on pourrait explorer. Puis une décision qui est unanime est
toujours plus agréable, surtout pour ce sujet-là, qu'une décision partagée.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Je suis tout à fait d'accord avec le député, mais je pense que parfois... Ce
n'est pas parce qu'on n'a pas réfléchi, là, mais on dit «consistant
en l'administration». Donc, c'est ça, on administre. Et puis, moi, je suis sensible
à ce qui est dit par la collègue de Groulx, là, «une intervention»… Puis, je le
répète, là, ce n'est pas la même perspective,
on est… C'est le geste médical. C'est ça. C'est le geste du médecin qui fait
son intervention. Ce n'est pas ça. Ça vient de la demande de la personne. Donc, c'est
un soin. On dit c'est quoi, le soin, on dit la conséquence du soin. Donc,
moi, je pense qu'on doit rester avec cette définition-là.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, en éthique, lorsqu'on arrive sur un sujet aussi délicat et complexe…
Je pense, ça demanderait que, si on n'est pas capables de trancher ce soir, on
pourrait suspendre l'article puis revenir là-dessus à un
moment donné. Mais je pense
que nous autres mêmes, on doit… c'est nous qui devons refaire une réflexion.
Puis, j'insiste, j'aimerais autant qu'on ait
une définition unanime. Parce que, juste pour vous dire, dans tout le projet, même
si on trouvait que les soins
palliatifs, c'est très important, on reconnaît ça, il reste que le grand changement
pour la société, ça va être l'aide
médicale à mourir, et ça, je pense qu'il
faut… Moi, j'aurais proposé qu'on ne
prenne pas de décision ce soir, là, puis je pense que ça va nous aider à
réfléchir.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre, est-ce qu'il y a… Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault :
Je voudrais juste intervenir dans le
sens où, quand on parle de «soins», on réfère à la médecine, à un geste
médical, alors que, quand on parle d'«une intervention», ce n'est pas
nécessairement médical.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Bien, «intervention» n'exclut pas que c'est médical. De toute façon, dans le libellé, c'est nécessairement «fait par un médecin». Ça
fait que je pense que ça clarifie que c'est une intervention qui va être faite
par un médecin. Mais moi, je proposerais… parce que c'est vraiment important,
là, puis entre nous on va devoir peut-être en discuter, puis il faut se laisser
un peu de temps pour y penser.
Le
Président (M. Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour suspendre l'étude de l'amendement à l'article 3 et de suspendre l'article 3?
Mme
Hivon : Bien, en fait, M. le Président, je pense
qu'on y a réfléchi. Donc, c'est sûr que, là, tout le monde est mal à
l'aise. On veut la plus belle unanimité, la plus belle collaboration. Moi, je ne suis pas certaine qu'on va avoir tout le temps la
totale unanimité pour les 70 articles. On y travaille très fort. Il n'y a pas
une grosse différence, on se comprend, entre votre position, notre position
puis la position de la deuxième opposition. Mais je pense aussi qu'à un moment donné il faut trancher. Puis ce n'est pas la fin du monde non
plus, là. J'ai été dans l'opposition, on en gagne… Puis moi, je veux dire, on fait plein de modifications, je pense
qu'il y a un bon climat d'ouverture, mais, à un moment donné, c'est une question…
«soins», ça m'apparaît opportun que ça soit «soins», et c'est cohérent avec l'ensemble
du projet de loi.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford…
M.
Reid : Bien, M. le
Président, moi, je…
Le Président (M.
Bergman) : …suspendre.
M.
Reid :
Oui. Je préférerais effectivement qu'on se donne du temps parce qu'il me semble
qu'on arriverait à trancher sur des choses où il n'y a pas beaucoup de
distance. Puis je vous avoue que, moi, il y a des choses que je ne comprends
pas non plus dans votre position, Mme la ministre. Alors, je préférerais qu'on
ait toute la chance de se comprendre un peu mieux. Peut-être qu'on pourra
réussir à trouver un terrain d'entente. Sinon, bien, il sera toujours temps de trancher. Je pense que le temps à ce
moment-là est quelque chose qui est important. Il y en a eu beaucoup. On
compte en années le temps, je pense, qui
s'est écoulé depuis le début de toute cette opération. Je pense que ce n'est
pas quelques secondes de plus qui vont nuire, bien au contraire.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Puis ce n'est vraiment pas une question de faire un gagnant ou un perdant, c'est :
nous autres, on aimerait avoir le
temps de bien réfléchir. Puis peut-être que la ministre va être étonnée, là, qu'on va finir par se
trouver un beau terrain d'entente, que même
elle va dire : Ah! il me semble que c'est la bonne voie qu'on a prise. Mais je
penserais juste, dans un souci de collaboration, là, qu'on… un moment de
réflexion. Ce n'est pas un projet de loi technique,
c'est un projet de loi, je
pense, qui va changer la société. Et
le coeur de ce projet de loi là, c'est l'aide médicale à mourir. Ça fait que je demanderais un peu de compassion de
la part de la ministre, plus que de la compréhension. On est
rendus au moment de la compassion, là. Ça fait que je pense qu'elle va
acquiescer.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre, sur la suspension.
• (17 h 10) •
Mme
Hivon :
Écoutez, sur la foi de notre bonne entente, je vais acquiescer. Je comprends
que peut-être que vous voulez faire des discussions plus approfondies,
mais je vous encourage fortement à considérer cette définition qui, je pense, autant pour moi… Puis je comprends que la
deuxième opposition… Puis je veux aussi dire qu'on a réfléchi à ça, là.
Ce n'est pas quelque chose qui arrive, qui s'est fait sur le coin d'une table.
Il y a eu tout un travail qui a été fait par la commission, il y a eu tout un travail d'auditions, il y a tout un travail. Donc, il y en a, des points de vue nouveaux qui sont arrivés
avec l'équipe des légistes, avec l'équipe du ministère. Et cette
définition-là, ce n'est pas moi qui l'ai élaborée, là, c'est les légistes à partir de ce qui leur apparaissait
le mieux. Donc, je pense que c'est une excellente définition. Mais je
vais nous donner du temps pour qu'on puisse le considérer jusqu'à la prochaine
séance, M. le Président.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Juste pour le plaisir de dialoguer, M.
le Président. Je suis d'accord qu'il y a
beaucoup de travail qui s'est fait avant, mais la dernière
étape, c'est celle-là, ici. Et moi, j'assume toujours qu'il faut passer
cette étape-ci et qu'on doit en faire
la discussion malgré tout le travail qui a été fait avant. C'est vraiment
comme ça qu'on fait des meilleurs projets de loi. Donc, je comprends l'argument de la ministre. Mais, malheureusement, je ne suis pas très compréhensif par rapport à ça. Mais elle va
voir qu'on va réussir à se trouver un petit terrain d'entente.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député d'Orford, sur la suspension.
M.
Reid : Un tout
petit commentaire aussi. J'ai une admiration presque sans borne pour
les légistes du gouvernement du Québec,
mais je pense que, s'il suffisait d'avoir le meilleur projet de loi avec nos légistes, bien on n'aurait peut-être pas besoin de faire
ce travail de député. Or, à mon avis,
le travail de député, c'est une des tâches que nous avons les plus
nobles de travailler en fonction de ce que nous avons, de ce que nous
représentons. Et, dans ce sens-là, je pense que, même si on a certainement
quelque chose qui est excellent et très, très bon, puisque nos légistes au
gouvernement du Québec... Et j'ai eu,
moi aussi, à d'autres occasions, l'occasion de le voir depuis 10 ans. Je pense
que, sur certains cas, ça vaut la
peine de se donner un petit peu de temps et qu'entre députés on regarde un
petit peu plus les choses telles que... enfin, qu'on essaie de concilier
les visions que chacun a autour de la table.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, je suspends le sous-amendement et l'amendement à l'article 3.
Mme
Hivon :
J'espère que tout le monde a compris, qui nous écoute, que nous prenons le
temps qui est requis pour le faire,
et c'est correct de le faire, mais on se comprend qu'on n'est pas dans une
opération non plus, depuis le début, de passer les choses très rapidement.
Donc, je pense que c'est clair, ça doit être clair pour tout le monde, que nous
prenons le temps, et nous le prenons encore. Mais, ceci dit, il faut
aussi, à un moment donné, aboutir, et poser les gestes, et convenir de
certaines choses et convenir, peut-être parfois, qu'on ne s'entendra pas sur
certains éléments. Si on peut s'entendre, tant mieux. Mais aussi il faut
convenir de ça, je crois.
Le Président (M. Bergman) :
Merci. Alors, collègues, on procède à l'article 13. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, on
va s'amuser, M. le Président, à l'article 13.
Une voix : …
Mme
Hivon :
Non, mais on va avoir un vrai dialogue ouvert comme le député de Jean-Talon
aime.
Donc, article 13 : «Tout établissement doit
offrir à une personne qui reçoit des soins de fin de vie dans ses
installations, et dont la mort est imminente, une chambre qu'elle est seule à
occuper.»
Alors…
Le Président (M. Bergman) : Mme la
ministre.
Mme
Hivon :
…je vous explique. On comprend qu'il y a le mot «imminent», qui était dans la
version originale du projet de loi.
Donc, c'est pour ça que je pense qu'on va avoir une bonne discussion. La
volonté, avec l'article 13, c'est de
venir prévoir. C'est des demandes qui nous avaient été faites, dont quelqu'un
qui avait même déposé une pétition à l'Assemblée nationale, qui est venu lors
des auditions de la commission spéciale pour nous dire à quel point cela avait
été très difficile, dans les tout derniers
moments de vie de sa conjointe, de devoir partager une chambre, donc, en soins
palliatifs. C'est M. Ferenczi, c'est ça…
Une voix : …
Mme
Hivon :
…de l'Estrie et... ou du Centre-du-Québec, enfin. Et donc il a fait toute une
démarche. Puis évidemment d'autres personnes sont venues nous parler de
cette situation-là.
Donc, le but du projet de loi, c'est vraiment…
de l'article 13, c'est vraiment de venir dire, quand la mort est imminente, dans le sens où on pensait... que je
pensais, que les légistes... que nous pensions qu'«imminent» devait être
entendu, c'est-à-dire qui est très proche de
survenir… C'est pour ça que je regardais tantôt mon dictionnaire. Je ne sais
pas si vous pouvez me le... je le fais
tomber. Donc, c'était l'objectif, de dire que, donc, quand cette mort-là est
vraiment sur le point d'arriver, pour
des raisons de dignité et d'intimité, on puisse s'assurer que la personne
puisse être dans une chambre qu'elle est seule à occuper. J'ai déjà
expliqué la nuance : «chambre qu'elle est seule à occuper» n'est pas nécessairement une chambre privée parce que ça pourrait
être une chambre double où, par exemple, on déplace quelqu'un, ce qui donne plus de flexibilité. Pour ce qui est
de l'organisation des choses, l'AQESSS est favorable. Ils nous ont dit que,
pour eux, ce n'était pas quelque chose qui
était difficile dans l'application. D'ailleurs, on sait que plus ça va, et plus il ne va y avoir que des chambres
seules, là. C'est une volonté qui était là du temps de l'ancien ministre, qui
est encore là.
Donc, je
dirais que l'embûche, l'élément, là, au-delà
du fond, on peut en discuter évidemment, mais c'est de savoir si nous
pouvons conserver l'expression «dont la mort est imminente» après qu'on nous
ait fait des représentations comme quoi une
certaine jurisprudence dans les cas de santé mentale était venue dire qu'«imminent»,
ce n'était pas si imminent. Et donc
nous réfléchissons à d'autres formulations que je pourrai vous soumettre si
vous le souhaitez. Mais on peut peut-être faire cette discussion-là. Et,
si, du côté de l'opposition, on pense qu'«imminent» demeure la bonne expression, on pourrait aussi, évidemment, vivre
avec ça, en expliquant ce qu'on entend. Mais je pense qu'il faut… En tout
cas, je suis intéressée à vous entendre sur la question.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Chose certaine, je pense que le terme «imminent»… je comprends la problématique
devant laquelle on est placés, mais
en même temps je ne sais pas si on trouvera meilleure expression, d'autant plus
qu'on sait maintenant que «phase
terminale» n'est pas nécessairement «terminale». Et donc est-ce qu'on avait une
idée de ce qu'on entendait? C'est-à-dire,
est-ce qu'il y avait une durée, est-ce qu'on parlait de jours, d'heures? À ce
moment-là, on pourra le prévoir. C'est
encore difficile de l'inclure. Mais, quelqu'un pour qui le pronostic de vie est
de moins de cinq jours, de moins de trois
jours, est-ce qu'on pourrait le prévoir ainsi, et dans la mesure où tout ça est
possible, évidemment? Parce qu'il y a toujours des distinctions. Parce
que l'imminence peut effectivement être définie de façon élastique.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Peut-être juste dire que moi, là, je trouvais qu'«imminent», ça tranchait, là,
ça voulait vraiment dire : Vous
pouvez être aux soins palliatifs pendant quatre, six semaines, hein? Donc,
l'idée, ce n'est pas de créer cette obligation-là
de dire : La personne, finalement, elle va être dans une chambre qu'elle
est seule à occuper pendant toute sa
durée aux soins palliatifs, qui peut se prolonger pendant plusieurs semaines.
C'était vraiment de dire : Quand la mort est imminente, dans notre
esprit, c'était effectivement une question de jours; d'heures, c'est court,
dans le sens où les dernières… vous ne vous
mettrez pas à transférer quelqu'un ou à organiser en termes d'heures. L'idée,
c'est que les derniers moments où
vraiment on est, je dirais, dans une situation plus difficile, agonie, derniers
moments, famille, les proches avec la personne… qu'on puisse, donc,
bénéficier d'une chambre qu'on est seul à occuper.
Donc,
«imminent» je peux vous dire… Mais, en même temps, c'est tout le temps notre
même problème. On a la définition du
dictionnaire, qui est : «Qui va se produire dans très peu de temps.» Moi,
je trouve ça très bon parce que je pense
que ça dit ce que ça veut dire. Mais ce qu'on a réalisé, c'est qu'effectivement
il y a des définitions plus juridiques de
jurisprudence. C'est sûr que c'est dans un cadre donné, là, c'est dans le cadre
d'une réalité de danger imminent, immédiat de personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Mais je vous le
soumets, là, par souci de transparence, là. Je veux qu'on fasse la
discussion. Si on en vient à l'idée qu'«imminent» reste une bonne définition,
reste un bon terme, moi, évidemment, je suis
à l'aise avec ça, mais je veux que ça soit clairement dit ici, ce qu'on entend
par la notion d'«imminent».
• (17 h 20) •
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Ça dépend de ce qu'on
recherche. Mais autant la définition légale
consacrée par les soins en santé mentale, pour moi, ne veut pas dire
«imminent», mais là ils ont été obligés de l'élargir parce qu'il y a une question de risque. Moi, je me
souviens, un risque imminent, là, il fallait que tu veuilles te suicider
maintenant, là. Si c'était hier, ce n'était
pas bon. Ça fait que, ça, je pense que ça a été élargi. Par contre, pour la
population, «imminent», c'est vraiment «sur le point de se faire».
Je ne suis
pas certain que c'est ça qu'on veut pour nos gens qui vont avoir des soins
palliatifs. Moi, de ce que je vois, là,
puis je vais vous avouer que c'est à l'oeil comme ça, il faut qu'on parle en
termes de… pas de semaines, mais en termes de quelques jours. Puis je pense que, la marge, là, les dernières 48 ou
72 heures, la personne devrait être en mesure d'être seule dans sa chambre, parce que ce n'est pas
juste les trois, quatre dernières heures ou au moment qu'elle va mourir qu'il
faut qu'elle soit toute seule. Moi, je pense
qu'il y a une notion de 48 à 72 heures. Puis on comprend que, si la personne
devient avec un semi-coma, bien elle devrait
être transférée plus tôt. Il y a une question de jugement de l'établissement.
Comme dit la ministre, comme des fois au
Québec on a de plus en plus de chambres privées… ou ça n'a pas besoin d'être
une chambre privée, ça peut être une chambre double dans laquelle la
famille peut aller... moi, je vous dirais, la notion d'«imminent», là, je ramènerais ça plus à une
notion : dans les dernières 48, 72 heures, la famille devrait être capable
de vivre les derniers moments avec quelqu'un.
Là, les gens
vont vous dire : On n'est pas capables de prévoir les 48, 72 heures.
Mais moi, j'irais avec un terme, style
«dont la mort est prévisible dans les 48 ou 72 heures qui suivent». Je vois
que, la ministre, apparemment que c'est les mots qu'elle voulait, mais
elle voulait que ce soit nous autres qui les disent, puis c'est correct.
M.
Reid : C'est une
des définitions.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est correct, là. Là, vous savez, il faut faire attention, ça commence à
rentrer dans notre tête, on va avoir
des problèmes. Mais elle sait mon objectif maintenant. On ne l'aura pas ce soir, mais on va l'avoir...
Mme
Hivon : ...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Mais moi, je pense qu'il faut se trouver un terme, là, pour «dans les 48, 72
heures». Ça
pourrait être «prévisible dans les quelques jours». Mais, je vous le dis tout de suite, les établissements, quand on va leur dire ça, il y en a qui vont interpréter ça comme étant «dans la
semaine», ce qui est, pour un établissement, avoir un lit qui pourrait être pris par une famille. Parce qu'il faut comprendre que
ça peut se faire au détriment d'autres personnes, entre autres des cas urgents, des gens qui sortent
des soins intensifs, des cas d'infection. Et, juste pour vous dire, juste
les isolements dus à des cas d'infection... Il y avait,
aujourd'hui, un article sur le Clostridium difficile, là. Bien, quand
quelqu'un a le Clostridium difficile, il va être isolé. Ça prend beaucoup
de chambres privées, ça aussi, là, ou des chambres... Ça fait
qu'il faudrait juste... Moi, j'aurais cherché quelque chose pour
accompagner, style «dont la mort est prévisible», puis il faudrait
trouver quelque chose comme «quelques jours», là, puis ça pourrait être assez
large, quant à moi.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Alors, nous avions réfléchi. On utilise «décès»,
là. C'est juste pour être cohérents. Dans le projet de loi, on utilise «décès». On pourrait dire «et dont le décès est prévisible
dans les prochains jours». «Prochains», ça limite à «quelques», donc. Mais je vois la députée de
Groulx, là. Donc, elle va avoir des commentaires à faire.
C'est sûr que je pense qu'il y a une
complexité. On sait tous notre objectif, on sait tous ce qu'on veut, c'est de
l'écrire correctement. Je dois vous dire que toute l'équipe s'est cassé
la tête beaucoup avec celle-là. De mettre, par exemple, «72 heures», ça fait très
mécanique. Donc, on ne pense pas que c'est
la solution la plus souhaitable. Donc, «quelques jours», «dans les prochains
jours», ça nous apparaissait... Je peux vous
soumettre tout ce à quoi on a réfléchi, là. Mais ça peut être «pour la période
qui précède de peu son décès». Mais, tu
sais, tu es tout le temps avec un flou. «Qui précède immédiatement son décès»,
on trouvait que c'était trop court. Ça fait
que moi aussi, je trouvais que «dans
les prochains jours», ça pouvait dire ce que ça a à dire. Mais, bon, il y a toujours un élément de... Puis moi, je pense qu'on n'a pas
le choix. Ici comme à l'article 26,
mais on va y revenir, c'est sûr qu'on est dans un horizon, et on ne peut pas
être dans le détail, détail, là.
Le
Président (M. Bergman) : J'ai Mme la députée de Groulx, la
députée de Gatineau,
M. le député d'Orford. Alors, Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci, M.
le Président. Merci. Ma crainte,
quand on parle de temps ou qu'on veut évaluer un... Bon. Si on veut nommer un 48, 72 heures, ma
crainte, c'est qu'on n'est pas capables de… bon, de dire en combien de temps un patient peut décéder, et là il faut
penser à tous ceux qui vont décéder avant ce qu'on avait prévu et qu'eux vont
lire le texte de loi, vont dire : Bien,
j'avais le droit... elle avait le droit d'être dans un lit privé pendant ses
dernières heures, ses dernières 72 heures, puis on n'a pas eu droit à
ça, alors que c'est dans le projet de loi. Il faut le voir dans cette situation-là,
qui peut amener finalement des gens parce que... pas parce qu'on n'a pas... C'est parce qu'on n'a pas prévu que la mort allait arriver dans les 72 prochaines heures, là, ça peut
arriver plus tôt que prévu. Ça peut arriver plus tard, mais ça peut arriver aussi plus tôt. Alors, si on
a créé une attente auprès de la population, auprès des gens, de ces patients-là qui sont décédés avant ce qu'on avait prévu, mais
eux peuvent revenir puis dire : Mais c'est écrit dans la loi, elle aurait
dû être seule dans sa
chambre. Alors, imaginez tout ce que ça implique au niveau de la gestion des hôpitaux. Il faut penser à ça aussi, là, à
ce niveau-là.
Alors,
moi, je pense que de donner, de définir des heures, des journées, bien, pour ce
qui a trait à un décès qui arriverait
précipitamment, à qui on n'aurait pas pu donner… pas parce qu'on n'a pas voulu,
mais parce qu'on n'a pas prévu au bon
moment le décès, et Dieu sait que ça arrive de façon régulière… Alors, je
pense que ça serait d'aller dans un terrain assez glissant que de nommer
ou de donner des heures, des jours.
Moi,
je dirais, dans le monde médical, ce qu'on utilise tout le temps… Puis je sais
que tout le monde n'est pas d'accord,
mais, quand on parle de mort imminente, ce n'est pas plus clair non plus. Mais,
dans le monde médical, on parle de «phase terminale». Mais, si on ajoute
«phase terminale de sa maladie»… parce que la phase terminale souvent est associée au cancer, mais elle est aussi dans les
cas d'insuffisance cardiaque, d'insuffisance pulmonaire, on arrive à une
phase terminale. Or, si on disait «phase
terminale de sa maladie», peut-être que, là, on est plus large. Sincèrement,
moi, je pense qu'une chose que je
n'ai pas la définition exacte, là… je suis vraiment en réflexion, tout comme
vous, mais, s'il y a une chose, je
pense, qu'on doit éviter, c'est de donner soit un temps, des jours ou des
heures, parce que, malheureusement, souvent ça arrive que le décès
survienne plus tôt qu'on avait pu prévoir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je pensais : Est-ce qu'il ne serait pas, à ce
moment-là, une bonne idée de prévoir que cette chambre-là sera offerte systématiquement à quelqu'un qui a
présenté une demande d'aide médicale à mourir, à quelqu'un qui sera placé sous sédation palliative continue? Dans le
contexte, à tout le moins, s'assurer… Parce que, là, ça peut être difficile.
Je comprends que parfois, là, identifier le
moment du décès, ce n'est pas toujours évident, mais, à tout le moins, on
devrait peut-être préciser dans
l'article qu'une personne qui a formulé une demande d'aide médicale à mourir
aura accès à cette chambre privée là,
le prévoir spécifiquement… bien, pas chambre privée, mais chambre qu'il sera
seul ou qu'elle sera seule à occuper.
Même chose pour quelqu'un qui sera placé sous sédation palliative continue,
parce qu'on comprend que la sédation palliative continue n'est pas
nécessairement un état qui sera maintenu pendant six mois.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Oui. M. le Président, cet article-là porte presque un nom, le nom de M.
Ferenczi, et ça vaudrait peut-être la peine en quelques instants de
rappeler un petit peu qu'est-ce que c'était, le témoignage extrêmement émouvant
de M. Ferenczi et qui soulignait, parce que
c'était son épouse qu'il avait accompagnée, et qui soulignait que le fait de
devoir cohabiter avec une autre personne qui est dans un état semblable
cause deux problèmes. Le premier problème, c'est celui de devoir vivre, avec l'autre personne qui est dans la même chambre,
la fin de sa vie, avec toutes les émotions, les confidences de la famille, etc., alors, sachant que ton tour s'en vient
dans quelques jours, quelques semaines. Et donc, là, ça, c'est un
élément, disons, qui a été retenu d'ailleurs dans le rapport.
L'autre
élément, c'est que, si tu sais que tu n'es pas seul, à deux dans un couple, là,
comment veux-tu te sentir à l'aise
pour rappeler des détails, parfois des détails très privés de ta vie, des
expériences? Et tu es à quelques heures de la mort, et donc il y a une impossibilité de quelque chose qui pourtant est
tellement naturel et qui est tellement un besoin. Et, vous avez vu, j'en suis encore ému. Et il me
semble que, quand on parle de quelques jours, on répond à cette question-là
des deux côtés, autrement dit, quelques
jours de possibilité de pouvoir avoir cette confidentialité, cette… Et, d'autre
part, il me semble qu'effectivement
l'intervention de… la dernière intervention qui a été faite, l'aide médicale à
mourir, ça serait effectivement un
cas intéressant parce que ça veut dire que… est-ce que tu peux, avant d'en
arriver là, avoir aussi quelques
heures? Donc, préciser peut-être un peu plus. Parce que, là, on sait qu'est-ce
qui va arriver et probablement à quel
moment. Mais, au niveau de la sédation palliative continue, bien c'est quelque
chose qui est totalement différent de la demande de M. Ferenczi parce que, là, tu n'es pas conscient en fait de
ce qui se passe. Donc, c'est peut-être une… ça se pose moins comme
question à ce moment-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (17 h 30) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bon, un, c'est un sujet qui est
très humain, très important, puis, même si on veut… Ça, là, sur le principe que tout le monde devrait
avoir les soins équivalents, là, indépendamment de leur maladie, la fin de
vie, là, c'est une situation particulière au
même titre qu'un accouchement est une situation particulière. Donc, il faut
déjà dire qu'il faut traiter ça comme une exception par rapport au
principe de hiérarchisation.
Deuxièmement,
on ne pourra pas tout prévoir les cas de figure, puis je vais vous donner un
exemple. Quelqu'un qui arrive en
ambulance à l'urgence puis qui décède trois heures après, tu sais, c'est
irréaliste de penser qu'on va lui trouver une chambre en haut. Puis donc ça, je vous dirais que l'exception… Si la
personne n'était pas satisfaite, il peut y avoir des explications qui vont être données. Ce qui est
inacceptable, c'est quand quelqu'un arrive à l'urgence et est gardé 72 heures
en sachant qu'elle va décéder, la
personne, dans les 72 heures et que tout le monde dit : Il n'y a pas de
lit dans l'hôpital, puis on ne peut pas rien faire. C'est ça, les cas
qui ne sont pas acceptables.
L'autre
élément, moi, je pense qu'il y a trois choses. La première chose, c'est
certain, puis je pense qu'il faudrait le mettre dans la loi, même si ça
a l'air évident, là, l'aide médicale à mourir, là, ça se fait dans une chambre
dans laquelle la personne est seule. Il n'y
a pas de famille autour, là, pas d'autre famille que la sienne. Deuxièmement,
moi, j'irais jusqu'à dire : La
sédation palliative continue, pour le temps que ça dure, je ne pense pas qu'on
puisse avoir une sédation palliative
continue avec d'autres personnes, parce que les gens savent qu'en pratique
c'est une personne qui est inconsciente, qui va décéder, et la famille
vit des moments extrêmement émouvants.
La troisième chose, puis je comprends
l'argument de ma collègue de Groulx, là, on ne pourra pas tout prévoir, mais je pense que, si on est capable d'offrir
quelques jours aux gens pour vivre ce moment très intime qu'est la fin de vie, on devrait le prévoir dans la loi. Je vais vous
donner une théorie, là : si on ne le met pas, les gens vont trouver, des
fois, des façons de passer à côté
parce qu'il y a toujours d'autres urgences dans un établissement. Mais, dans un
autre côté, comme législateurs, si on
pense que c'est si important, qu'on le mette, puis qu'ils s'organisent. Moi, je
vais vous le dire, l'AQESSS, ils
étaient d'accord avec ça. Et puis moi, je pense que c'est un moment tellement
important. Puis on défend le patient,
là, on défend les gens, et tous, dans nos familles, on va être appelés à vivre
ça un jour ou l'autre. Bien, c'est certain que, dans un hôpital, vous savez, tel cas… l'urgence, tu vas avoir le
cas également de l'infection et tu vas avoir également le cas des gens qui sont en fin de vie. Mais moi,
je le mettrais comme contrainte. Et, si on ne le met pas… en le mettant comme contrainte, ils vont être obligés de trouver
des solutions. C'est un peu radical, mais je pense que pour le bien des
gens on doit faire ça.
Plus
j'y pense, là, je pense que je me rallierais, là, à l'idée, là, «prévisible
dans les prochains jours». Puis ça, à ce moment-là, ça nous donne une marge de manoeuvre puis, au niveau de
l'établissement également, ça donne une marge de manoeuvre. Et on sait qu'il y a des gens qui ne sont pas prévus de
décéder, qui vont décéder rapidement, mais il y en a d'autres parfois que ça va durer un peu plus
longtemps. Mais le gros bon sens nous demanderait peut-être d'aller vers
la notion de «prochains jours», parce
qu'«imminent», «dans les quelques heures qui suivent», là, ça ne fait pas des
belles morts.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Première des choses, pour répondre à la députée
de Groulx, évidemment «phase terminale», compte tenu des définitions qui existent, qui peut aller jusqu'à deux
ans, je pense qu'on serait un peu… on serait dans le trouble. Donc, il y aurait des gens très heureux,
mais je pense qu'il y aurait des administrateurs d'hôpitaux un peu moins
heureux.
Pour
ce qui est de la question des poursuites, ce que je me dis, c'est qu'en fait,
évidemment, plutôt que ça soit «tout établissement doit offrir à une
personne», ça pourrait être «doit offrir à une personne qui le demande». Donc,
je fais juste la nuance, là, dans le sens
que ce n'est pas une obligation. Il faut que vous le demandiez à partir du
moment où vous savez votre… je lance
ça, là, vous savez ou votre proche sait que votre mort est imminente, dans le
sens où on le comprend, donc qu'elle
devrait survenir dans les prochains jours. On doit donc vous offrir cette
chambre. Donc, peut-être que c'est
une manière de répondre à cette préoccupation-là. Évidemment, c'est basé sur
un... Je me demande, là... ça, il faudrait
le regarder, mais je me demande vraiment si a posteriori quelqu'un aurait une…
je dirais, une base de contestation pour
dire : Mon épouse est morte dans les 24 heures, mais on pensait qu'elle en
avait pour deux semaines. Il y a eu une erreur, elle aurait dû... Donc, je comprends, mais je me demande, dans
le réalisme des choses, si c'est quelque chose qui est possible. Mais on va y réfléchir. Mais ce que je
dis, c'est qu'en tout cas il pourrait y avoir cette balise-là que la personne
le demande si... on se comprend, là, si c'est une... Il faut que vous le
demandiez. Donc, ça vient mettre une balise.
Pour
ce qui est de la question de l'aide médicale à mourir puis la sédation
palliative, je veux juste vous soumettre quelque chose, là, pour moi, ils sont dans la même catégorie,
c'est-à-dire qu'ils reçoivent des soins de fin de vie, ce sont des soins de fin de vie, et on aurait le même
critère. C'est-à-dire que, si, votre demande de l'aide médicale à mourir, vous
la faites, je ne sais pas... c'est
deux semaines avant que ça se produise, ça serait... en tout cas, vous entamez
le processus ou je ne sais trop, là,
puis vous la répétez, tout ça… En fait, il faudrait juste s'assurer en toute
équité encore une fois que quelqu'un
n'amorcerait pas un processus, vous me suivez, de demande d'aide médicale à
mourir en se disant : Bien là, je vais avoir ma chambre. C'est surréaliste
un peu, là, mais il faut juste être conscient… on ne veut surtout pas être
dans des effets pervers, là, de : Ah!
je vais commencer le processus, je ne suis pas obligé de toute façon d'aller
jusqu'au bout, puis ils vont me
donner ma chambre que je vais être seul à occuper. Moi, en
tout cas, par prudence, je resterais
pour cet aspect-là… je pense
que «soins de fin de vie», ça les comprend. On aurait notre critère de temps
qui fait en sorte qu'importe c'est
quoi, des soins palliatifs réguliers, une sédation, l'aide médicale à mourir,
tu aurais droit à ta chambre que tu es seul à occuper quand le critère temporel auquel on va venir serait rempli.
Donc, pour ça, je n'irais pas trop dans le détail, je resterais avec la
notion de soins de fin de vie.
Puis
moi, je suis d'accord avec la
députée de Groulx,
dans le sens que je pense que l'idéal, c'est toujours d'avoir un terme. Si on le trouvait, le mot parfait, je pense
que ce serait ça. Et on pensait qu'on l'avait avec «imminent», mais est-ce que
c'est vu comme trop court ou trop long? Je ne le sais pas, là. Je sens qu'il y a
peut-être des réserves du côté du député de Jean-Talon. Mais c'est sûr qu'à partir du moment où tu es
dans la prévisibilité ça rend les choses plus complexes. C'est pour ça qu'une autre possibilité, c'était aussi «pour la période précédant de peu son décès», là. Donc,
c'est une autre possibilité.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …«imminent» en médecine, là, la personne,
elle va faire son arrêt dans quelques minutes,
là, il y a vraiment cette notion d'imminence. À part d'«immédiat»,
l'étape avant, c'est «imminent», ça fait que ce ne sera pas un terme… ce n'est pas un terme même sur
plusieurs heures. Ça fait que moi, je suis un petit peu
réticent. Je suis hésitant également
à ce que les gens le demandent parce
que vous allez avoir deux phénomènes
pervers. Le premier, c'est que, dès
qu'ils vont entrer… hein, les gens se parlent entre aux autres, là, dès
qu'ils vont rentrer, ils vont le demander, et là ça va mettre une pression sur l'établissement, dire : Bien, ça veut dire quoi, en termes de… Puis «une semaine»,
ça va être trop long pour ces
gens-là.
Le deuxième phénomène
pervers, c'est que, si les gens ne connaissent pas le système, il y a des établissements qui…
puis c'est fait comme ça, il y a des
établissements qui, pour eux autres, s'ils ne l'ont pas demandé… il serait
justifié de ne
pas le donner. Ça fait que moi, j'aime mieux la formulation comme elle est là,
vivre avec. Et moi, je pense, c'est juste la question du temps. Je
dirais plus «dont le décès est prévisible dans les prochains jours», prochains
jours étant deux jours, trois jours, quatre
jours, mais plus que 24 heures. Je comprends la restriction, mais là on va
être obligés de vivre avec un compromis, là.
Mme
Hivon : …
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Pas entre nous; avec le temps. Avec le temps.
Je tiens à le dire, c'est avec le temps.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, écoutez, je ne sais pas si, la proposition, on pourrait y revenir en tout
début. Moi, je voudrais juste qu'on
vérifie la question du risque que ça peut créer. Je pense que c'est quand même
une préoccupation importante, du risque que ça peut créer. Donc, on peut
y revenir en tout début de séance ce soir, puisqu'on se revoit à
19 h 30, et poursuivre avec un prochain article.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau, suivie du député de Jean-Talon.
Mme Vallée : Avant de
poursuivre avec un prochain article, simplement pour pouvoir faire l'ensemble
de la discussion, on a parlé beaucoup du
critère temporel, mais il y a un aspect qui avait été soulevé par la
Protectrice du citoyen, c'est-à-dire
de s'assurer que cette chambre-là soit mise à la disposition du patient sans
frais. Et donc Mme Saint-Germain nous avait recommandé d'ajouter dans le
texte les mots «sans frais» entre «tout établissement doit offrir» et «à une personne», c'est-à-dire «tout établissement doit offrir
sans frais à une personne qui reçoit [les] soins de fin de vie dans ses installations», donc que ce critère-là… que
cette offre-là ne soit pas assujettie à des frais additionnels. Je pense que
ce serait surtout dans une situation où peut-être les seuls emplacements
disponibles, les seules chambres disponibles seraient des chambres privées qui
habituellement font l'objet d'une facturation supplémentaire.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Seulement qu'un commentaire : Je suis
content que la ministre a la même stratégie que nous, c'est-à-dire
d'épouser le temps pour prendre des meilleures décisions.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre…
Mme
Hivon : …
Le
Président (M. Bergman) : Il
y a une expression en anglais : «What's good for the goose is good for the
gander.» Mme la ministre.
• (17 h 40) •
Mme
Hivon :
Mais on l'a fait plusieurs fois pour d'autres articles et, pour l'article 3, on
l'a fait pour plusieurs jours. Donc,
on s'est quand même donné déjà beaucoup de temps. L'article, écoutez, oui, la
difficulté… O.K. Tel que l'article
est écrit en ce moment, vous n'auriez pas de frais à payer parce que c'est une
obligation d'établissement de vous offrir la chambre. Donc, vous
n'auriez pas de frais supplémentaires à payer.
C'est une
nuance importante parce que, si vous, en entrant aux soins palliatifs ou en
entrant à l'hôpital, comme c'est le
cas actuellement, vous avez fait une demande expresse d'être dans une chambre privée
parce que vous avez des assurances,
parce que vous voulez payer, bien là, évidemment, vous payez. Vous l'avez
demandé en sachant très bien qu'il y
aurait des frais, donc ça va aller jusqu'au bout du processus. Donc,
évidemment, c'est le cas à l'heure actuelle, ça serait le cas. Ce qui est souhaitable, et c'est ce qui va de soi avec
ce qui est écrit là, c'est qu'évidemment, si vous étiez dans une chambre
double, une chambre quadruple et qu'on vous transfère, tel que c'est maintenant
prévu, on ne vous chargera pas parce qu'on ne facturera pas le fait que vous
êtes maintenant soit dans une chambre privée ou dans une chambre que vous êtes seul à occuper. Donc, c'est
pour ça que, la notion de «sans frais» comme telle, de l'écrire, ça causerait
tout un casse-tête aux administrateurs
d'établissement parce qu'il faudrait qu'ils viennent changer tout ce qui est…
En tout cas, il y aurait une rupture dans le fait que la personne a
demandé, en toute connaissance de cause, une chambre privée en la payant, et tout ça, et donc c'est pour ça qu'on a fait les
vérifications, au ministère. Et on nous dit que, comme c'est libellé, là, il n'y aurait pas de frais,
donc, pour la personne, c'est un droit, si elle était une personne qui était
dans une chambre double, elle n'avait pas fait cette demande-là d'être
dans une chambre privée. Et donc ça serait sans frais.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, on va en profiter, on va
essayer de corriger une grande injustice du système de santé.
Une des
premières causes de plainte dans les établissements de santé, vous pouvez le
vérifier, c'est la tarification des
chambres simples. Et il y a beaucoup d'injustice par rapport à ça. Moi, je
considère que, si quelqu'un rentre à l'hôpital, veut avoir une chambre privée, il y a deux façons : soit qu'il a
des assurances ou il la paie lui-même, la personne va la payer elle-même. Quand on
arrive en fin de vie, pour moi, c'est comme si, dans ce cas-ci, il rentrerait
aux soins intensifs. Aux soins
intensifs, ce sont toutes des chambres privées, ce qui ne veut pas dire qu'on
devrait charger une chambre privée à
quelqu'un qui est aux soins intensifs. En tout cas, à ma connaissance, c'est
ça, on ne paie pas une chambre aux soins intensifs. Moi, je trouve qu'il
y a une iniquité parce que la personne rentre à l'hôpital, décide de payer de
sa poche ou il y a une assurance — moi, je ne ferais pas de différence — et cette personne-là, parce qu'elle, elle a
pris la décision d'être seule dans une chambre, aurait à payer en fin de
vie, alors que tous les autres ne paient pas en fin de vie.
Et, la question que c'est compliqué au niveau
administratif, ça se fait déjà comme ça dans les établissements actuellement, c'est-à-dire que les gens
contestent, puis ils arrivent à la fin, puis souvent ils ont gain de cause en
disant : Regardez, le médecin a
prescrit la chambre médicale parce qu'on n'avait pas le choix, c'était une phase
terminale, et il y a des mécanismes
de contestation qui se font. C'est surtout pour les gens qui paient de leur
propre poche, là, parce que c'est quand
même des montants d'une centaine de dollars par jour. Moi personnellement, dans
un souci d'équité, on est dans une
situation où on devrait faire comme règle, tout simplement… c'est qu'à partir
du moment que la mort est prévisible dans
quelques jours, transférer dans une chambre qu'elle est seule, il n'y a pas de
frais qui s'assument. Puis il y a assez de gens dans les hôpitaux qui font la comptabilité que, pour moi, ça ne
sera pas un problème. Moi, en tout cas, j'aurais tendance à défendre le
droit du patient à la gratuité dans ce cas-là, comme ça a été recommandé.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, je veux juste soulever : C'est très complexe. Vous avez les
personnes qui sont en CHSLD. Les
personnes en CHSLD, c'est leur chez-soi. Ils paient. Ils ont une contribution.
Donc, évidemment, en ce moment, ils paient
jusqu'à la fin de leur vie, là. On ne vient pas dire : Dans les derniers
jours, vous ne payez plus. Ils paient ce qu'ils ont à payer. On me dit qu'aux soins intensifs c'est la
même réalité à partir du jour un où vous entrez, si vous faites la demande.
Je comprends
le point du collègue, mais je pense aussi qu'il y a une question de cohérence
aussi. Donc, vous ne mourez pas en
recevant des soins de fin de vie, et donc vous payez jusqu'au bout votre
chambre. Vous mourez aux soins intensifs,
vous payez jusqu'au bout votre chambre. Donc, c'est sûr qu'il y a quelque chose de difficile. Ce qu'on pourrait... On pourrait mettre «sans frais»… Dans la politique
sur les soins palliatifs, ça dit «sans frais additionnels». Donc, il n'y a pas
de... Donc, ça dit ce que ça a à dire. On ne viendra pas facturer quelqu'un
parce qu'on lui offre une chambre en
fin de vie. Mais il ne faut pas
venir, je dirais, tout désorganiser les CHSLD. Il y a cette réalité-là aussi,
là. Je vous la soumets parce que chez nous on a eu une bonne discussion
par rapport à ça, là.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mais, c'est ça,
en fait mon intervention… je vous avais fait part de mon intervention avant l'intervention de mon collègue, mais c'était ça, c'était :
À partir du moment où on transfère sans frais quelqu'un, en chambre, seul, comment on peut demander à quelqu'un qui a
fait le choix d'être en chambre de payer… bien, comment on peut lui demander de payer pour cette dernière portion là,
alors que quelqu'un d'autre ne paierait pas pour avoir cette même
intimité là? Et ça revient à toute la question de la hiérarchisation des soins.
Donc, certains auront accès... Parce qu'ils sont
entrés par une porte, ils ont accès à une chambre qu'ils sont seuls à occuper,
pas une chambre privée, là, on s'entend de la distinction, donc, chambre qu'ils sont seuls à occuper, et ça, ça
serait sans frais, alors que quelqu'un de mieux nanti devrait payer sa chambre jusqu'au bout. En tout
cas, là, ça crée une certaine inéquité. Je sais que ce n'est pas l'intention
de créer une iniquité, au contraire, mais force est de constater qu'elle est
là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Peut-être que les légistes vont pouvoir
répondre à ma question… ou la ministre. En CHSLD, à ma connaissance, la personne, lorsqu'elle rentre, ce n'est pas
en fonction que c'est en chambre privée ou en chambre double, c'est en fonction de ses revenus, O.K., et c'est
indépendamment de savoir si c'est une chambre privée ou une chambre
double.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est les deux éléments qui sont tenus en compte pour la facturation : sa
capacité de payer et le type de chambre qu'elle occupe.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, moi, je vais vous avouer, c'est
fondamental, là, je trouve que, quand quelqu'un rentre et puis que la loi dit que cette personne-là peut avoir une
chambre, à partir du moment que la loi le dit, c'est comme un... je veux dire,
une prescription médicale, là, quant à moi, la personne devrait l'avoir
gratuitement. Puis surtout qu'on sait que ça va être seulement quelques
jours.
L'argument
que c'est compliqué, là, laissez-moi vous dire, il y a des choses bien plus
compliquées que ça dans un hôpital,
surtout que, quand ils vont avoir à gérer les plaintes, parce qu'il y en a
beaucoup, de plaintes, par rapport à ça… puis, à la fin, l'hôpital souvent renonce à ses frais parce qu'ils
voient que ça n'a pas de bon sens. Moi, j'aimerais mieux donner le droit
aux gens d'avoir une chambre gratuite les quelques jours qu'il leur reste à
vivre. Et puis, pour ce qu'il s'agit de l'hôpital, ils s'organiseront pour le faire, le calcul. En passant,
c'est très facile dans un hôpital, ils ont tous les systèmes comptables pour le faire. Mme chose pour
le CHSLD. Souvent, hein, les gens ne feront pas vraiment la différence, mais deux, trois derniers jours… ils feront un
petit calcul. Je pense, c'est un principe de : on veut respecter la fin de
vie, il y a un montant qui y est associé. Moi, c'est surtout la personne
qui paie de sa poche 100 $ par jour. Ça va coûter 400 $, 500 $
pour quelque chose que tout le monde a, en pratique, gratuitement.
Le
Président (M. Bergman) : Une question que j'ai : Pourquoi
pas au même taux que vous occupez juste avant le commencement de ces dernières trois, quatre journées? Pourquoi pas au
même taux que vous avez payé dans les jours avant le commencement de ces
dernières trois, quatre journées?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Parce que, théoriquement, les
gens, ils n'ont pas à assumer leurs frais de chambre, sauf s'ils font la
demande d'avoir une chambre privée ou semi-privée.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
• (17 h 50) •
Mme
Hivon : Il faut qu'on y réfléchisse, M. le Président, parce
qu'il y a une sous-question d'équité. Je comprends ce que le député nous dit, là, mais il y a une
sous-question aussi. Si vous êtes aux soins intensifs, vous continuez à payer.
En tout cas, on va revenir après le souper, là. Mais je pense aussi qu'il faut
voir ça comme une évolution importante.
La
demande qui nous a été faite… la protectrice, là, ça fait des années
effectivement qu'elle parle, et ce n'est pas tant sur ce fait-là, c'est sur le fait de la confusion et du fait que
les gens... on n'explique pas toujours c'est quoi, la réalité, quand on dit aux gens : O.K., vous voulez une chambre privée, voici ce que ça va
impliquer, vous allez payer, et tout ça, là. Donc, il y a des gens qui
ont des mauvaises surprises.
Ce
qui nous a été demandé, nous, c'est vraiment que cette possibilité-là matérielle,
organisationnelle existe, et c'est ça
qu'on vient consacrer, c'est ça qui est le plus important. Je comprends votre
argument d'équité, là, je l'ai, moi aussi,
mais, en même temps, je ne veux pas qu'on passe… Des fois, c'est ça,
le mieux est l'ennemi du bien, là. Donc, je veux juste voir la faisabilité. Parce
qu'on a d'autres circonstances où,
là, ça serait la même… les soins intensifs, des gens qui meurent, qui ne sont pas en train officiellement, selon l'établissement, de recevoir des soins de fin de vie. Donc, il ne faut pas qu'il y ait… il faut évaluer les effets pervers de tout ça.
Moi, je pense qu'on avait quelque chose qui est quand même très solide, du fait… Créer cette
obligation-là, c'est quand même quelque chose, là, c'est un pas énorme. Donc,
ça ne s'est pas fait à ce jour. Là, on
parle des soins de fin de vie, on le fait. Et, dans la majorité des cas, c'est
ce qu'on me dit, le médecin va
prescrire une chambre privée pour les gens qui sont en fin de vie, là. Donc, à
partir de ce moment-là, la personne effectivement ne paie pas.
Une voix :
…
Mme
Hivon :
Hein?
Une voix :
…
Mme
Hivon : En fait, si c'est sous ordonnance du médecin, on l'a
vérifié, nous, on nous a dit que non. Donc, on peut retourner voir ça,
là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, la notion que j'ai,
là — c'est
pour ça que je vous dis : Les règles ne sont peut-être pas appliquées de la même façon — généralement, si tu as demandé une
assurance… tu as une assurance puis tu as demandé une chambre simple, même quand tu fais la
prescription médicale, ça n'annule pas le paiement, à ma connaissance. Si
c'est ça, ça doit être vrai. Si votre règle
est «pour les soins intensifs, il continue à payer», sous prescription médicale
il va continuer à payer.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Si tu as fait la demande.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est ça.
Mme
Hivon :
Oui, oui.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est ça.
Mme
Hivon :
Oui.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce qu'on suspend cet article pour le
moment?
Mme
Hivon :
On peut le suspendre, mais on a l'autre défi du temporel, là. Donc, on va
évaluer les deux puis on va rediscuter de ça tout à l'heure.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, collègues, on suspend l'article 13.
Mme
Hivon : Je fais juste vous dire qu'on le… pardon, ça, on ne
peut pas, là. Donc, si jamais… En tout cas, on va le regarder, là, mais
moi, je pense que la base était bonne.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, Mme la ministre, l'article 14.
Mme
Hivon :
14. Nous avons un amendement, je crois.
Le Président (M.
Bergman) : …l'amendement pour l'article 14. Je suspends pour
quelques instants.
Mme
Hivon :
L'amendement avait été soumis aux oppositions, à mon souvenir. Oui?
Le Président (M.
Bergman) : Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17
h 53)
(Reprise à 17 h 54)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme
la ministre, l'amendement à l'article 14, s'il vous plaît.
Mme
Hivon : Oui.
Alors : Modifier l'article 14 du projet
de loi par le remplacement du premier alinéa par le suivant :
«Les maisons de soins
palliatifs déterminent les soins de fin de vie qu'elles offrent dans leurs
locaux.»
Donc,
le but de l'article 14 est simplement de clarifier par rapport au libellé actuel qui n'était pas optimal, là, qui disait : «Les soins de fin de vie peuvent
être offerts dans les locaux des maisons de soins palliatifs.» Donc, il n'y avait pas d'obligation de tous les offrir, mais là on vient l'établir
plus clairement en disant que «les maisons de soins palliatifs déterminent les soins de
fin de vie qu'elles offrent dans leurs locaux».
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a des
commentaires sur l'amendement? Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je pense que ça correspond aux préoccupations qui nous
ont été faites dans le cadre des consultations, et ça vient aussi répondre à certaines interrogations, là, qui avaient
été soulevées lors de l'étude de différents articles. Donc,
l'amendement, tel que proposé, me convient.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur l'amendement? Est-ce que
l'amendement est adopté?
Une voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté.
Mme Vallée :
Excusez-moi. Excusez.
Le Président (M.
Bergman) : On est maintenant sur l'article, alors…
Mme
Vallée : Tout simplement pour confirmer. Je comprends que les
maisons de soins palliatifs déterminent les soins de fin de vie. Donc, de sorte que ce soit clair, il n'y a pas
d'obligation qui sera imposée aux maisons de soins palliatifs d'offrir
un soin de fin de vie particulier où on ne pourrait pas… Cet article-là vise
vraiment à consacrer le droit, pour les maisons
de soins palliatifs et pour leurs conseils d'administration finalement, de
déterminer les soins sans pression
aucune provenant de l'extérieur et s'assurer aussi qu'il n'y aura pas de
discrimination au niveau du financement des maisons de soins palliatifs face… Par exemple, si une maison de soins
palliatifs devait avoir une ouverture ultérieurement
sur, par exemple, l'administration de l'aide médicale à mourir, on va
simplement s'assurer qu'il n'y aura pas
de discrimination, que les maisons de soins palliatifs auront toujours cette
décision-là, seront toujours maîtres des soins qu'elles offriront à
l'intérieur des murs de leurs établissements.
Le Président (M.
Bergman) : Madame…
Mme Vallée :
De leurs maisons, plutôt.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, M. le Président, elles ont le loisir de déterminer les soins
qu'elles offrent ou qu'elles n'offrent pas, et le financement n'a rien à
voir avec ça. Nous venons de rehausser le financement par lit. Et, bien que certains s'inquiétaient, c'est tout le contraire,
on croit dans les maisons de soins palliatifs, je le réitère, et, donc, elles
ont toute leur latitude pour
déterminer les soins qu'elles vont offrir. Mais, comme on va le voir quand on
va lire l'article au complet, elles vont devoir renseigner les gens par
ailleurs sur les soins qu'elles offrent ou non dans leurs maisons.
Le Président (M.
Bergman) : Alors, est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur
l'article 14 tel qu'amendé?
Mme
Hivon : Là,
on était sur l'amendement. Donc, l'amendement est-il…
Le Président (M.
Bergman) : L'amendement a été adopté.
Mme
Hivon :
…
Le Président (M.
Bergman) : Alors, on est sur l'article 14 tel qu'amendé, car
l'amendement a été adopté.
Mme
Hivon :
Alors, l'article 14 maintenant se lira, au premier alinéa :
«Les maisons de soins
palliatifs déterminent les soins de fin de vie qu'elles offrent dans leurs
locaux.
«Toute
maison de soins palliatifs doit, avant de recevoir une personne, lui indiquer
les soins de fin de vie qu'elle offre.»
Évidemment, cette
précision-là est pour que les gens qui décident, donc, d'aller, en fin de vie,
dans une maison de soins palliatifs sachent
s'ils pourront recevoir éventuellement l'aide médicale à mourir dans
l'établissement, et donc il n'y aura pas de surprise à cet égard-là.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a des commentaires?
Mme Vallée :
…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
En fait, je ne sais pas si c'est à cet article-là ou on pourra le traiter dans
un autre article, mais j'imagine qu'il y
aura lieu de prévoir aussi des ententes ou un processus dans l'éventualité où
un patient qui choisit d'être hébergé
dans une maison de soins palliatifs en vienne, à un certain moment donné, à
faire une demande d'aide médicale à mourir. Donc, j'imagine qu'il pourra
y avoir, dans le respect… tout en respectant les soins offerts dans la maison,
il pourra y avoir une entente prise avec
l'établissement afin de permettre à cette personne-là, même si elle est dans
une maison de soins palliatifs, de
pouvoir avoir accès à ces soins-là, parce que, bien, l'évolution de la maladie
peut faire en sorte qu'à un certain moment donné il y ait cette demande-là qui
soit formulée. Alors, on respecte l'autonomie des maisons de soins
palliatifs, et j'imagine qu'on pourra prévoir une espèce de canal de passage si
une personne devait formuler cette demande-là. Probablement qu'elles seront,
compte tenu de l'esprit…
Le
Président (M. Bergman) : Je m'excuse. Compte tenu de l'heure,
la commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30 ce soir.
(Suspension de la séance à
18 heures)
(Reprise à 19 h 33)
Le
Président (M. Bergman) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. Je rappelle que le mandat de la commission est de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 52, Loi
concernant les soins de fin de vie.
Avant
la suspension de nos travaux, cet après-midi, nous avons adopté
un amendement à l'article 14 et nous avions commencé la discussion
sur l'article 14 tel qu'amendé. Mme la députée de Gatineau, la parole, c'est à
vous.
Mme
Vallée : Oui. Alors,
sur l'article 14, donc, une question m'est venue à l'esprit
pendant la pause, suite aux échanges que nous avons eus.
Nous
avons, au deuxième alinéa, l'obligation pour les maisons de soins palliatifs d'indiquer
les soins de fin de vie qu'elles offrent. Alors, est-ce qu'il y a une
façon dont cette information doit être donnée? Est-ce qu'on doit donner l'information? Est-ce que la maison de soins palliatifs est tenue d'avoir une
présentation? Est-ce que ça se fait, bon, de vive voix? Est-ce que ça se
fait par, par exemple… Je ne sais pas si les gens, les patients qui reçoivent
ces soins-là contractent… s'il y a un
contrat qui intervient, auquel cas le contrat devra faire état des différents
soins qui sont offerts par la maison de soins palliatifs. Est-ce que
c'est par le biais d'un document d'information qui doit être à la vue?
De
quelle façon les maisons de soins palliatifs doivent-elles répondre à cette
obligation statutaire qui est d'indiquer la gamme des soins de fin de
vie offerte à l'intérieur de leurs murs?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Il n'y a pas de manière qui est prévue, donc,
dans la loi. Ça relève de l'autonomie, donc, des maisons de soins palliatifs comme pour plusieurs éléments.
Donc, c'est les maisons qui vont le faire de la manière qui leur apparaît
appropriée.
Mais,
ceci dit, en général, le fonctionnement d'une maison de soins palliatifs, avant qu'une personne soit admise, elle rencontre généralement une infirmière qui va faire l'évaluation, en quelque sorte, voir si elle est en fin de vie,
quel est le pronostic, si elle sait,
bon, la raison d'être de la maison de soins
palliatifs, faire un peu l'exercice
avec elle. Donc, on peut s'imaginer
que c'est à ce moment-là, lors de cette discussion-là, que l'information pourrait être donnée à la personne.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Je me posais
la question parce
que, puisqu'il s'agit d'une disposition statutaire et, en cas de, je ne sais pas… S'il devait y avoir
soit un conflit ou un enjeu… je dirais, plutôt, un enjeu qui soit soulevé en
lien avec cet article-là, de quelle façon on peut s'assurer de ne pas
être devant une situation de : Bien oui, on vous a indiqué que, par exemple, à la famille? Je prends, par exemple, une maison de soins
palliatifs qui, de façon
très claire, dit : Nous, pour le moment,
n'offrons pas l'aspect aide médicale à mourir. La famille est présente. Et,
dans là suite des choses, le patient dit…
bien, exprime l'intention ou manifeste le désir de pouvoir se prévaloir de
l'aide médicale à mourir, ce qui entraînera peut-être, je ne sais pas, là,
on le verra un peu plus tard, mais peut-être un déplacement du patient ou qui entraînera peut-être des échanges avec un établissement.
Et là la famille dit : Oui, mais on ne le savait pas.
Alors,
comment est-ce qu'on peut s'assurer que cette obligation-là… Bon, l'obligation, elle est là, je comprends, mais en même temps… C'est parce
qu'il faut toujours prévoir l'exception qui risque de survenir et tout
simplement s'assurer que cette
obligation-là… Est-ce que la maison de soins palliatifs le fait, peut le faire
verbalement? Auquel cas, bon,
parfait. Si on accepte que ça se fasse lors de l'évaluation qui est faite par
l'infirmière, parfait. Est-ce qu'on devrait le préciser, et là, à ce moment-là, ça ne posera pas de problématique,
ou est-ce qu'on doit le faire par une entente signée avec le patient
et/ou la famille — je
ne sais pas, peut-être que c'est un formalisme qui est trop lourd compte tenu
du contexte — mais tout simplement afin de permettre à
tout le monde de savoir de quoi il est question, et puis qu'on l'encadre
correctement, et de prévenir les difficultés d'interprétation?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Alors, je référerais ma collègue à l'article
16. L'article 16 vient dire qu'une maison de soins palliatifs doit se doter d'un code d'éthique et
adopter une politique portant sur les soins de fin de vie, et ces documents
doivent être diffusés auprès du personnel, des professionnels, des personnes en
fin de vie et de leurs proches. Donc, normalement,
dans la politique, on retrouverait les soins qui vont être offerts par la
maison. Donc, on peut s'imaginer que, lors
de cette discussion-là, on remettrait la documentation ou on la rendrait
disponible et donc que ça serait aussi présent via cet élément-là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Donc, je comprends qu'à l'intérieur évidemment de la
politique on établirait ce qui est offert, ce qui n'est pas offert, et peut-être que cette politique-là peut être
facilement diffusée dans un petit feuillet d'information qui est remis
avec les autres informations concernant la maison.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est ce qu'on prévoit, M. le Président, à l'article
16, «doivent être diffusés». Donc, on laisse la maison choisir le moyen, le moment. Mais, compte tenu de l'obligation de
l'article 14 d'indiquer à la personne avant, donc, de la recevoir quels soins de fin de vie elle offre, on peut
s'imaginer que ce serait le moment tout désigné aussi pour faire part de la politique de la maison, les
règles. J'imagine de toute façon que ça se passe comme ça en général quand
on admet une personne puis qu'on fait la première discussion.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (19 h 40) •
Mme Vallée :
Et j'imagine également que… je ne sais pas, j'imagine que certaines maisons
disposent de sites Web et que les politiques
et la philosophie de la maison sont également disponibles en ligne. Donc, ça pourrait être
une façon également de publier les soins offerts.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Évidemment, ce serait libre à eux de le faire ou non. Ils n'ont pas en général
des sites Internet aussi sophistiqués que
les établissements publics, mais ils ont des sites Internet. Ce
sont des organismes communautaires. Donc,
compte tenu de leur autonomie, ils fonctionnent comme ils le
souhaitent. Mais, pour en avoir parcouru plusieurs, il y a quand même
beaucoup d'informations sur la plupart de ces sites-là, et les maisons
pourraient décider de les mettre, là, de les rendre disponibles en
totalité ou dans leurs grandes lignes, effectivement.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Dans le
fond, l'information, on n'a pas
besoin de... Le détail de l'information, ce n'est pas le détail qu'on retrouverait
dans le protocole clinique d'un établissement, là, c'est vraiment...
Une voix :
...
Mme
Vallée : Je retiens. Et
donc ce serait vraiment de
façon plus générale, c'est-à-dire : la maison offre les soins
palliatifs traditionnels, la maison offre la sédation palliative continue, la
maison offre ou n'offre pas l'aide médicale à mourir. C'est ce qui est visé par
cet article-là. Ce n'est pas le détail de l'administration des différents
soins.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Effectivement, M. le Président, c'est la politique globale et non pas
le programme clinique de soins.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Justement, si quelqu'un entre dans la maison de soins palliatifs, il est entendu au départ qu'il
n'y avait pas l'aide médicale à
mourir, parce que ça va être ça, l'enjeu, en cours de route, la famille, à un
moment donné, aimerait... la famille
ou le patient aimerait avoir accès à l'aide médicale à mourir, il n'y a pas
d'obligation pour la maison de
trouver quelqu'un, à ce moment-là, ils vont pouvoir référer au… on
déterminera en temps et lieu le responsable du CSSS chargé de
trouver la place où il pourrait avoir l'aide médicale à mourir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, l'établissement comme tel n'aurait pas
d'obligation… l'établissement... La maison. La maison l'a bien indiqué, puis ça a été clair. La personne qui serait
là pourrait effectivement changer d'idée, penser que jamais elle ne l'aurait demandé... souhaite le demander. Donc là, on
serait devant une situation où on offrirait à la personne de sortir de
la maison de soins palliatifs évidemment si elle a encore la force et les
capacités de le faire. Et donc la maison de
soins palliatifs a une entente, hein, avec l'établissement. Donc, dans
l'entente, on pourrait prévoir que, dans
ces cas-là, évidemment on va référer à l'établissement qui, lui, de toute façon,
doit avoir prévu cela dans son offre de soins. Donc, la personne, même dans ces situations-là, ne devrait pas
tomber entre deux chaises, sauf qu'il va de soi que pour elle c'est plus
complexe. Elle peut être dans un état de plus grande difficulté pour être
déplacée, et tout ça.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, juste pour aller jusqu'au bout du
raisonnement. Si quelqu'un, par contre, l'exigeait... Je vais attendre un peu,
M. le Président.
Une voix :
...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Si quelqu'un l'exigeait,
nous sommes d'accord que, compte tenu que l'entente au départ était que
ce n'était pas disponible, il n'y a aucune obligation de l'établissement de
l'offrir.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, il n'y aurait pas d'obligation de la maison
de l'offrir dans ses murs parce qu'elle a la liberté, en fonction de la
loi, donc, de l'offrir ou non.
Ceci
dit, la personne, elle, compte tenu de l'article 26, a son droit. Ce n'est
pas parce qu'elle se retrouve dans un endroit
qu'elle abdique son droit, mais évidemment il est plus difficile à appliquer
parce qu'elle a fait le choix d'aller, en
fin de vie, dans une maison de soins palliatifs en toute connaissance de cause,
en sachant que ce soin-là n'était pas offert dans les murs de la maison de soins palliatifs. Donc, je dirais que, là,
il y a une responsabilité aussi, qui revient à la personne, de dire : J'ai fait ce choix-là, je change
d'idée, je maintiens mon droit, mais je ne pourrai pas le voir s'exercer ici.
Donc, elle va devoir faire une démarche, mais la maison de soins palliatifs, j'imagine, pourra aussi l'aider. Et le médecin, de manière
générale, garde son obligation générale de bien accompagner le patient, et tout
ça, et de référer au besoin, donc son obligation déontologique, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Parce
que de toute façon, si le médecin, lui, a fait par choix, mettons, une objection de conscience, qu'il ne
pratiquait pas l'aide médicale à mourir, lui, à ce moment-là, il a comme
une protection en disant, bien, que ça ne
faisait pas partie de l'entente qu'il avait avec son patient. C'est votre
interprétation également.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Il va
avoir une entente avec son patient?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Lorsque le patient est rentré à la maison de soins palliatifs, le médecin qui
pratique à la maison de soins
palliatifs, lui, par choix, décide de ne pas faire l'aide médicale à mourir, on
sait que ça ne peut pas s'appliquer à
l'intérieur des locaux, mais il n'a pas d'obligation parce que, dans la loi, ça
crée quand même un droit pour le
patient. Mais, à ce moment-là, le médecin n'aura pas besoin de faire l'acte,
Mais, en plus de ça, si je comprends bien le mécanisme, ce n'est pas lui qui est responsable de trouver quelqu'un
ou un endroit pour avoir l'aide médicale à mourir, mais il va pouvoir
référer à la personne responsable du CSSS.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, on revient au cas de figure de notre chemin que vous aimez beaucoup. Si
on est avec un médecin qui, par exemple,
exerce à l'établissement et que c'est à ce titre-là qu'il est dans la maison de
soins palliatifs, évidemment, lui, il
va pouvoir soumettre… si lui a une objection de conscience et il ne fait pas
l'aide médicale à mourir, il va
pouvoir soumettre via le mécanisme de l'établissement… ce qui serait la
logique, sinon il va s'en référer au Collège des médecins pour dire que… parce qu'il serait un médecin en cabinet
privé de professionnel… Pas au collège. Il ne se référera pas au
collège, excusez-moi, non.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …je ne suivais plus. Selon moi, quel que
soit…
1419
27 MmeHivon : Il va se référer,
pas pour son objection de conscience, vous avez raison, pour son…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Mais, quel que soit le lien avec
l'établissement, il devra référer au même endroit, à l'établissement.
Mme
Hivon :
Effectivement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Un peu dans le même ordre d'idées mais avec une
situation différente : le médecin rattaché à un établissement, qui se rend dans une maison de
soins palliatifs qui n'offre pas l'aide médicale à mourir et qui est placé
devant un patient qui lui manifeste
son désir de recevoir l'aide médicale à mourir. Est-ce que le médecin pourrait
lui administrer à l'intérieur des
murs de la maison… ou est-ce qu'il devrait nécessairement prendre les
arrangements afin de permettre au patient
de recevoir l'aide médicale à mourir mais à l'extérieur de la maison afin de
respecter les politiques de la maison?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : La seconde réponse est la bonne, parce qu'en fait ça
deviendrait caduc. Je veux dire, le droit de la maison de soins palliatifs de choisir ce qu'elle offre ou non
deviendrait caduc si, parce que vous avez un professionnel qui est prêt à l'offrir, vous devriez céder le pas
à cette réalité-là. Donc, bel et bien, c'est un droit que la maison de soins
palliatifs a. Donc, son droit c'est de dire
que, dans les murs de la maison, on ne pratique pas, par exemple, tel soin.
Donc, c'est clair que, dans les murs
de la maison, il n'y en aurait pas, et donc la personne pourrait se retourner
vers un médecin qui peut-être, lui,
le ferait ailleurs, mais surtout il y aurait un corridor qui l'amènerait, si
son état évidemment le permet, dans un établissement.
Le
Président (M. Bergman) : Si je peux demander une
question : Pourquoi est-ce que vous faites, Mme la ministre, une distinction entre un hôpital et une maison de
soins palliatifs? Vous dites qu'une maison de soins palliatifs n'est pas
sous l'obligation d'offrir les soins de fin
de vie, mais tout hôpital public au Québec doit l'offrir. Vous faites une
distinction entre un type d'établissement et un autre établissement.
Pourquoi?
• (19 h 50) •
Mme
Hivon :
Parce que les établissements publics évidemment sont financés par les fonds
publics, sont tous assujettis à énormément
d'obligations, de lois, un cadre très clair. Et donc c'est un service public
qu'ils doivent offrir aux citoyens,
alors que les maisons de soins palliatifs ne sont pas des établissements au
sens de la loi, ce sont des organismes communautaires
qui ont une autonomie, que nous souhaitons préserver, qui se dotent de leurs
règles et de leur approche et, donc,
qui fonctionnent par entente mais qui
conservent, comme un organisme
communautaire en santé et services
sociaux, qui conservent leur autonomie.
Donc,
c'est pour ça qu'on a fait le choix. On sait qu'il y en a qui auraient aimé
que les maisons de soins palliatifs
soient assujetties à l'ensemble… je dirais, aux mêmes obligations que les établissements et donc qu'elles doivent offrir l'ensemble
des soins de fin de vie, mais c'est un choix qu'on a fait pour respecter
l'autonomie et parce qu'on sait que ce n'est pas toutes les maisons
de soins palliatifs qui souhaitent offrir l'ensemble des soins de fin de vie.
Le
Président (M. Bergman) : Les droits de qui priment? Les maisons de soins palliatifs ou le patient? Disons, dans
une maison de soins palliatifs où il
n'y a pas les soins de fin de vie, mais où le patient désire demander à son médecin, qui n'est pas attaché à cette maison, pour venir à
la maison de soins palliatifs pour lui rendre l'aide médicale à mourir; vous dites que ça ne serait pas
possible?
Mme
Hivon : En fait, ce serait… Dans un cas comme celui-là,
effectivement, la loi prévoit que la maison a le droit d'offrir ou de ne
pas offrir. Donc, elle a tout à fait le droit de refuser que ce soit offert
dans ses murs, mais la personne garde son
droit. Je répète, elle garde son droit. Elle garde son droit. Elle pourrait
peut-être dire : Je vais retourner à la maison, et il va y avoir un médecin qui pratique en cabinet privé
de professionnel qui va pouvoir venir à la maison, ou dire : Je
vais aller dans l'établissement pour recevoir ce soin parce qu'ici ce n'est pas
possible.
Dans le très
pratico-pratique, on peut imaginer que, si une situation comme ça se produit…
ça risque d'arriver, ça peut aussi
faire en sorte que la maison de soins palliatifs se questionne sur ce cas-là
précis. Mais ça, c'est la liberté de la maison de soins palliatifs de décider si, oui ou non, elle fait une
exception, si elle garde sa politique intacte. Et, si c'est le cas et qu'elle choisit que, non, il n'y a pas
d'exception, la politique est telle que nous ne ferons pas ce soin ici, bien ce
sera à la personne de voir à ce que son
droit puisse s'exercer autrement. Quand on parle d'équilibre dans le projet de
loi, je pense que c'est un exemple d'équilibre.
Le Président (M. Bergman) : Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires sur l'article 14 tel qu'amendé?
Mme Vallée : Je pense que ça
correspond aux commentaires.
Le Président (M. Bergman) :
Est-ce que l'article 14, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Bergman) :
Adopté.
Mme
Hivon : ...revenir
à l'article 13?
Le Président (M. Bergman) :
L'article 13.
Mme
Hivon : Oui, M. le
Président. Alors, pour ce qui est de l'élément temporel, nous aurions peut-être
une formulation qui rejoint ce qui a été
avancé mais qui ne fait pas intervenir la question de… je dirais, de la même
manière, du pronostic. En tout cas,
c'est formulé différemment. Donc, bref, je dois déposer l'amendement, je crois,
à l'article 13. Je dois déposer l'amendement?
Le Président (M. Bergman) :
Oui, s'il vous plaît.
Mme
Hivon : Ça ne sera
pas long.
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 54)
(Reprise à 20
h
8)
Le
Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, j'ai
reçu un amendement pour l'article 13 du projet
de loi, qui est remplacé par le suivant. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors, il serait remplacé par le suivant :
«13. Pour la
période précédant de quelques jours le décès d'une personne qui reçoit des
soins de fin de vie, tout établissement doit lui offrir une chambre
qu'elle est seule à occuper.»
Le Président (M. Bergman) : M. le
député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, je pense que c'est important. Vu
qu'on va être enregistrés puis que les gens pourraient nous réécouter
dans le futur, il faudrait qu'on définisse... Sans définir, il faudrait dire
peut-être l'ordre de grandeur de que veut dire «quelques jours».
Le Président (M. Bergman) : Mme la
ministre.
Mme
Hivon :
Alors, «quelques jours» veut dire, selon notre compréhension ici… Parce qu'on
se rappelle que nous faisons un
changement parce qu'on prévoyait à l'origine «imminent». Donc, il fallait que
le décès soit «imminent», mais ça
semblait être une notion qui pourrait être difficile à interpréter soit parce
que... On nous dit que, dans le milieu médical,
«imminent», c'est vraiment à très, très, très brève échéance. Donc, ça pourrait
avoir été interprété comme quelques heures
uniquement, et ce n'est pas ce qui est visé. Par ailleurs, pour d'autres
interprétations, «imminent», c'est une période qui peut être plus longue. Donc, on a décidé de modifier pour parler
plus précisément de «quelques jours». Évidemment, c'est laissé à l'appréciation du médecin, mais
«quelques jours», ce qu'on entend ici, c'est de l'ordre de trois, quatre jours
pour permettre à la
personne en toute, toute fin de vie, pas pour toute la période évidemment où
elle reçoit des soins de fin de vie
mais quand elle est rendue aux derniers jours de sa vie, qu'elle puisse
bénéficier d'une chambre qu'elle est seule à occuper.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
• (20 h 10) •
Mme
Vallée : Simplement, encore une fois, puisque nous sommes sous
enregistrement, et dans une option ou une
volonté de bien clarifier les choses, évidemment cette particularité de la loi,
ce droit qui est accordé aux personnes qui
reçoivent des soins de fin de vie, il est destiné aux personnes, bon, je comprends, qui reçoivent des soins de fin de vie.
Je pose la question parce que
notre collègue, tout à
l'heure, a soulevé un élément qui est
quand même important. Quelqu'un arrive à l'urgence, un patient arrive à
l'urgence, un patient qui n'a pas eu de diagnostic d'un état de
santé x ou y et qui arrive, est dans
un état tel que ses jours sont comptés. Est-ce que cette personne-là,
bien qu'elle ne reçoive pas de soins
palliatifs, bien qu'elle n'ait pas eu de diagnostic de maladie qui sera avec un
pronostic «réservé» — je pense, qui est le terme, j'apprends — est-ce que cette personne-là pourrait
néanmoins bénéficier de ce droit qui est accordé par l'article 13? Je pose la question justement parce qu'il faut
clarifier les choses pour ne pas que les familles apprennent… s'il devait
survenir un décès, une famille prend
connaissance de ce droit-là qui est consacré par l'article 13… puisqu'une
famille pourrait dire : Bien, on
n'a pas eu droit à ça, notre frère, notre père, notre soeur était à l'urgence
ou était dans une chambre en
compagnie d'autres personnes. Parce qu'il risque de survenir des décès dans
d'autres contextes que le contexte des soins
palliatifs. Et là je comprends que l'objectif, ce n'est pas nécessairement de
donner une chambre à toute personne qui est en fin de vie. Est-ce que
c'est seulement les personnes qui reçoivent des soins?
On
la trace où, la ligne? Parce que sinon toute personne dont la mort est
appréhendée dans un avenir très rapproché pourrait peut-être dire :
Je m'accroche à ça, et on demande une chambre que je serai seule… sans être
privée, une chambre que je serai seule à occuper.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, à partir du moment où la… Le critère, c'est
que la personne, oui, reçoit des soins de fin de vie. Le cas qu'on voit le
plus, c'est la personne qui soit est dans une unité de soins palliatifs ou est
ailleurs dans un établissement parce
que ce n'est pas l'apanage des unités de soins palliatifs que de donner des
soins palliatifs. Donc, elle reçoit
des soins palliatifs, des soins de fin de vie et elle est dans une chambre
double, elle est dans une chambre quadruple, et on se dit : Ce n'est pas,
je dirais, dans le respect de sa dignité de faire en sorte que, jusqu'à la
toute fin de sa vie, elle doive
partager son intimité. Donc, cette personne-là, on s'assure qu'elle puisse,
dans la période de quelques jours précédant son décès, occuper une chambre seule. Si une personne est n'importe où
dans un établissement puis reçoit des soins de fin de vie, c'est la même
règle. Ce n'est pas déterminé par le fait que vous soyez à tel étage, dans
telle section.
Donc,
vous allez pouvoir avoir ce droit-là, qu'importe. Ce n'est pas le fait d'être
dans l'unité de soins palliatifs, c'est le fait de recevoir des soins de
fin de vie parce que vous êtes en fin de vie.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Je pense que ce serait
intéressant pour les gens qui nous écoutent peut-être d'y aller avec
quelques exemples pratiques en passant de ce qu'il y a de plus aigu à ce qu'il
y a de plus chronique.
Si
on a quelqu'un qui arrive à l'urgence, un cas de mort cérébrale, et la personne
est en fin de vie, malgré le fait que
ce ne soit pas quelque chose de chronique sur le long terme, la personne est en
fin de vie, est admise à l'hôpital, et puis
on s'attend que le décès va avoir lieu peut-être dans les prochaines heures ou
parfois les deux, trois prochains jours, puis on assume, là, que ce n'est pas un cas pour transplantation
d'organe et puis que toutes les démarches ont été faites, cette personne-là, malgré le fait que ce soit un
accident qui est arrivé très récemment, pourrait également avoir le droit
aux soins de fin de vie sous le principe que
nous avons émis tantôt. Et, à ce moment-là, cette personne-là, selon la règle
que nous nous donnons, elle aurait le droit à une chambre pour être seule.
Est-ce que c'est correct, ce que j'ai dit, Mme la ministre?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Si elle reçoit des soins de fin de vie. C'est ça,
l'élément. Parce qu'il y a des cas où il n'y aura pas de soins de fin de vie. On se comprend que la
personne va arriver, va être dans le coma. Donc, elle n'aura pas de soins de
fin de vie, là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
Mme
Hivon :
Elle ne sera pas en état de parler ou d'échanger.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …qu'on voit, c'est la personne qui arrive un AVC massif, avec une perte
de conscience complète, puis,
lorsqu'on fait la TACO ou le «CT scan» — selon
l'endroit où vous demeurez au Québec, là, c'est le même appareil, mais ils ne
l'appellent de la même façon — à ce moment-là, on voit qu'il y a une évidence que cette personne va probablement
décéder dans les prochains jours. Elle également, elle aurait droit aux soins
de fin de vie avec sa chambre seule?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait, on s'imagine que ça devrait déjà
être pas mal le cas, donc, que ces personnes-là sont dans des chambres qu'elles sont seules à occuper. Mais,
à partir du moment où on est dans une situation de quelques jours du décès de la personne et qu'elle reçoit des soins de fin de vie, la
personne, tout à fait, a le droit d'avoir une chambre qu'elle est
seule à occuper.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je reviens encore avec ma question
de hiérarchisation des droits parce
que, suite à la réponse de la ministre,
je me demande si on n'est pas encore en train de donner une priorité à des gens
qui sont dans un processus de soins
de fin de vie versus quelqu'un qui, en raison d'un accident x ou y, va également
mourir. Et je ne crois pas que ça soit
l'intention, parce que le processus ou la mort n'est pas moins importante
pour la famille, et il n'y a pas moins d'échanges. Même si la personne
n'est peut-être pas consciente, il y a quand même un processus. Ça fait
qu'alors ma préoccupation… Je comprends très bien le pourquoi on a
voulu introduire l'article 13, mais par
contre il faut penser à ce que l'article 13 pourra éventuellement vouloir dire en fait de demandes et d'exigences de la part
des familles, de la part de certains
patients, et comment on va baliser tout ça, d'une part. Et, de deux, est-ce
qu'on est… pratico-pratique, est-ce qu'on
est capable, dans la réalité de nos établissements, d'offrir cette
possibilité-là? Puis je reviens. Il y a un commentaire qui nous avait été fait, entre autres, par… je
crois que c'était l'Association médicale du Québec qui disait : Bien, la
finalité est louable, mais est-ce
qu'on n'aura pas certaines difficultés d'application de cet article-là? Est-ce
qu'on n'aura pas, que ce soit une
question de ressources… Est-ce que nous avons, dans nos établissements, les
ressources afin d'être en mesure d'offrir?
Parce qu'à partir du moment où on a ce droit-là, qui est consacré à l'intérieur
de la loi, on doit s'assurer que nous serons en mesure d'y donner suite.
Je comprends
pour les gens qui sont en fin de vie, qui sont à l'intérieur d'un processus
déjà amorcé, mais on a des gens aussi
qui feront face à la mort dans un processus peut-être qui arrive de façon imprévue,
de façon accidentelle, et leur mort
n'est pas moins importante que la mort de quelqu'un qui est dans un processus
depuis un certain nombre d'années. Donc, il faut voir comment on va être
en mesure de dire : Oui, vous y avez droit, non, vous n'y avez pas droit.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Alors, en fait, moi, je pense, c'est une très grande avancée, et on l'a
travaillé. Avant de le mettre dans le projet de loi, on l'avait
travaillé avec l'AQESSS, là, parce qu'on ne voulait pas venir créer quelque
chose…
Une voix : …
Mme
Hivon :
… — l'Association
québécoise des établissements de santé et services sociaux — qui ne serait pas applicable, et on nous a donné toutes les
garanties que les établissements étaient capables de le faire. Est-ce que ça va
demander de la souplesse, de revoir certaines manières de faire? Certainement,
mais je pense qu'on est rendus là, je pense
que c'est important. Je pense qu'il y a des situations en ce moment qui se
vivent, qui sont inacceptables d'un point de vue de respect de la
personne et de sa dignité. Je pense que les établissements sont les premiers à
le reconnaître.
Donc, est-ce
que ça va commander des nouvelles manières de faire, plus de souplesse?
Assurément. Mais moi, je suis très
confiante parce qu'on a l'accord de l'Association québécoise des
établissements, qui est la première
concernée, qui a évalué ça, qui nous
l'a écrit, qui nous l'a dit. Et j'ai posé spécifiquement la question.
Et donc moi, je pense que c'est une bonne avancée… très bonne
avancée.
• (20 h 20) •
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Je comprends que vous avez fait le travail en
concertation avec l'AQESSS. Est-ce
qu'il y a eu des demandes? Est-ce
qu'on vous a manifesté des demandes financières additionnelles?
C'est-à-dire, est-ce qu'en incluant ce droit-là,
en consacrant ce droit-là, on aura des demandes provenant d'établissements en disant : Bien, oui, on
souhaite, on veut l'offrir, c'est important, mais il nous manque de lits, il
nous manque d'espace? C'est parce que j'essaie de voir, parce que, bien
souvent, il arrive parfois qu'on a des demandes comme ça qui sont manifestées, puis on ne pense pas toujours à l'impact
financier de ces engagements-là. Et donc, si le nombre de lits que nous disposons et le nombre de chambres, parce que ce
n'est pas tant le nombre de lits que le nombre de chambres… Parce que, physiquement, l'objectif, ce n'est pas une
chambre privée, mais c'est d'avoir un endroit, une chambre, donc pas un
garde-robe ou pas un coin fermé par des paravents, là. On comprend que c'est
vraiment une chambre. Donc, il faut s'assurer
qu'il y a suffisamment d'espace. Je comprends qu'il n'y aura pas un boom, là,
tout à coup, mais je pense qu'on est
quand même capables de mesurer un petit peu ce que ça peut représenter. Et je
comprends très bien que de terminer ses jours, que ce soit sur une
civière ou que ce soit dans une chambre à deux ou quatre, ce n'est vraiment pas l'idéal, là. Ça, là-dessus, ce n'est
pas ce qui me préoccupe, mais c'est de m'assurer qu'on a correctement évalué ce que ça va représenter le jour où la loi
sera en vigueur. Une fois qu'on va la redescendre sur le terrain, sur les
étages, est-ce qu'on a ce qu'il faut
pour être capable de répondre aux demandes qui sont formulées, aux obligations
qui sont formulées?
Et quelle
réponse aura-t-on pour ceux et celles qui ne sont pas nécessairement visés par
l'article 13, ceux et celles dont la vie sera sur le point de se
terminer mais qui ne seront pas dans un processus de soins de fin de vie?
Comment peut-on
refuser à une famille, à ce moment-là, de pouvoir passer la dernière journée,
le dernier jour et demi avec un de leurs
membres qui est sur le point de s'éteindre mais qui n'était pas dans un
processus de soins de fin de vie? Je pense, il faut savoir répondre à
ces questions.
Mme
Hivon :
Oui. Premièrement, est-ce qu'on nous a fait des demandes d'ajout financier?
Non. Et je veux redire que c'est
vraiment la tendance, d'aller… Évidemment, ce n'est pas du jour au lendemain,
là, mais, dans les rénovations, les
agrandissements, les nouvelles installations, on s'en va vers des chambres
simples parce que c'est beaucoup plus efficace pour toutes les infections, et tout ça, là, donc… entre autres, en plus
du bien de la personne. Donc, on s'en va vers ça. Donc, plus ça va aller, je pense, moins le défi va être
grand. On a quelqu'un qui travaille avec nous, qui travaille dans une unité
de soins palliatifs où il y a quatre
chambres simples, quatre chambres doubles, et ils le font déjà quand la
personne… Ils le font par leur
gestion de lits. Évidemment, ça demande un effort, là, ça demande un effort
supplémentaire, mais, en général, moi,
je pense que… nous pensons que les médecins vont être très heureux parce qu'ils
vont moins se battre avec l'administration
pour être capables de permettre aux gens qui sont en toute fin de vie, dans
leurs derniers jours, de pouvoir être dans une chambre qu'ils sont seuls
à occuper.
Pour ce qui
est de l'ampleur des gens que ça va toucher, en fait, ça va toucher toute
personne qui a des soins de fin de
vie. Et on me dit, là — on vient de vérifier — que, par exemple, une personne qui a fait un
AVC massif, puis elle va être touchée
par ça… Donc, en gros, les gens vont être touchés. Évidemment, si vous arrivez
à l'urgence, vous venez de faire un
accident d'auto puis vous décédez dans les heures, là vous n'êtes pas dans un
processus de soins de fin de vie. On n'est pas dans la même réalité. Il y a des gens qui, oui, vont continuer à
mourir à l'urgence, là, ça, c'est sûr, mais… ou aux soins intensifs, évidemment, mais, aux soins intensifs,
vous allez être dans une chambre seule. Donc, on ne vient pas éliminer la réalité de l'urgence, mais, pour les gens qui sont dans un processus,
même s'il est court, oui, ça va être un droit qui va exister pour eux.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Vous allez trouver ça étrange, probablement que l'endroit que ça va être le plus difficile
à appliquer, ça va être dans les CHSLD, parce qu'habituellement toutes les chambres sont prises, et, s'il y a
des gens qui sont deux dans leur
chambre et puis que soudainement ils deviennent en fin de vie, parce que ça peut arriver comme ça à un certain
âge, et les deux, trois derniers jours, là, ils sont vraiment
dans la phase où est-ce qu'ils vont
mourir, les rechanger d'endroit,
parce qu'il n'y a pas d'endroit de disponible, à moins qu'il y ait une chambre
pour les gens qui sont mourants, ça va peut-être être là le plus
difficile à gérer parce que ça va être difficile de déplacer quelqu'un qui est
déjà dans sa chambre. Mais, rendus là, je pense qu'ils vont trouver la
mécanique pour le faire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Puis effectivement… mais on a discuté aussi de cette réalité-là, puis il y
a quand même une différence, dans le sens
qu'il y a beaucoup de gens qui sont dans des chambres doubles en CHSLD, mais
c'est leur milieu de vie. Ce n'est
pas la même... Ils ne le demanderont pas tous systématiquement. On voit que
beaucoup de gens souhaitent rester dans leur univers. Ils ont comme leur
coloc, en quelque sorte. Ce n'est pas la même réalité que quand vous arrivez
dans un milieu hospitalier qui vous est étranger. Je ne dis pas que tout est
rose et parfait en CHSLD, mais ça devient
votre milieu de vie. Donc, ce n'est pas la même réalité, le même inconfort de
partager avec un étranger, parce que
la personne dans un CHSLD avec qui vous partagez devient de moins en moins un
étranger. Vous êtes habitué de côtoyer
la famille, puis tout ça. Ça ne veut pas dire que ce droit-là n'existe pas. Il
va exister, mais il risque d'être exercé moins systématiquement.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Bien, d'ailleurs, quand la ministre
parlait, je l'ai relu pour... parce que ça ne devient pas une obligation
si on offre à la personne...
Une voix : ...
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : C'est ça. Puis, comme de fait, dans les
CHSLD, parfois les gens acceptent plus, quoique, pour l'autre personne qui est dans la même chambre, de voir son ou sa
colocataire décéder, ce n'est pas non plus un moment joyeux. Mais ça
peut... si les gens l'acceptent.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'article 13 tel qu'amendé? Mme la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Non. Je
n'ai pas de commentaire.
Le Président (M. Bergman) :
J'ai pensé… Vous avez fait comme ça.
Mme
Daneault : Ah,
j'avais... Non, non. Merci.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Oui. Tout à l'heure, hors micro, on nous a dit que le sans frais, la question
du sans frais méritait certaines explications, puisqu'il s'agissait
quand même d'une recommandation de la Protectrice du citoyen.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Alors, M. le Président, la recommandation de la Protectrice du citoyen, je
pense qu'elle était double. Je pense
d'ailleurs qu'elle a traité du cas de M. Ferenczi, qui a frappé à plusieurs
portes et, donc, qui est sans doute très heureux — j'espère
qu'il nous écoute — de
voir qu'on donne suite à sa pétition et à ce qu'il nous a fait comme
représentation. La Protectrice du citoyen nous signalait l'importance qu'une
personne en toute fin de vie puisse être seule
dans une chambre. Et par ailleurs elle soulevait de nouveau — elle l'a soulevée plusieurs fois — la question générale des frais associés, donc, aux chambres dans les
établissements. Donc, on règle une partie de ce qu'elle nous demande.
Pour la
question du sans frais, je reviens. En fait, on estime qu'autant ce serait
formidable de tout régler ça, autant on estime que ce n'est pas ici le
bon forum, avec ce projet de loi spécifique sur les soins de fin de vie, de
venir régler l'entièreté de cette
question-là qui est très complexe. Parce que, là, on a fait toutes nos
vérifications, mais vous êtes aux soins
intensifs, vous devez être envoyé en isolement une fois, deux fois pendant
votre séjour. La règle actuelle, comment c'est appliqué : si, au jour un de votre admission, vous avez dit
que vous vouliez une chambre privée, dans la majorité des cas, parce que vous avez une assurance, vous
allez toujours payer votre chambre privée. Qu'importent les parties de séjour que vous allez faire, où vous devez être
seul, il n'y a pas de modifications qui se font en cours de route. Donc, si on
venait le faire pour les soins de fin de vie, bien, en fait, le problème
resterait entier, et on créerait une sous-catégorie d'iniquités pour les personnes qui vont en isolement, pour les personnes
qui sont aux soins intensifs ou pour toute autre raison, je vous dirais,
où c'est prescrit médicalement, mais où on y va avec la trajectoire du début.
Donc, c'est
pour cette raison-là qu'on ne vient pas mettre «sans frais». Mais, si par
ailleurs l'opposition souhaitait qu'on soit très
clairs… ça va de soi comment c'est écrit là, mais qu'on soit très, très
clairs pour ce qui est de dire que ce que ça veut dire, ce droit-là, c'est que vous n'aurez jamais de frais
supplémentaires, parce que, si vous êtes dans une chambre double et qu'en toute fin de vie on vous envoie
dans une chambre simple vous ne paierez pas les frais de la chambre simple,
ça, on pourrait l'inscrire. On ne pense pas
que c'est nécessaire de l'inscrire. Mais, si, pour l'opposition, c'était quelque chose
qu'elle souhaiterait, on pourrait l'inscrire.
• (20 h 30) •
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. En sachant qu'on sait qu'il n'y aura pas de frais supplémentaires, de le
mettre dans la loi, les gens
pourraient se poser des questions. Je ne sais pas, je trouve que ça alourdirait
plus que ça aiderait, là.
Mme
Hivon : Quand on
le sait…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : …on peut
le dire : Il n'y aura pas de frais supplémentaires à partir du moment où
c'est créé évidemment comme droit, obligation de l'établissement, droit de la
personne. Il n'y a pas de frais supplémentaires.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. D'ailleurs, de le rajouter, ce serait plus difficile à expliquer que de ne
pas le mettre.
Mme
Hivon : Et c'est
pour ça qu'on ne l'a pas mis.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Parfait.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce qu'il a d'autres commentaires à l'article 13 tel qu'amendé? Mme la députée de…
Mme Vallée : La personne qui a fait le choix d'être en chambre
privée, elle va quand même continuer de payer malgré ce droit-là. Donc, il n'y aura pas, pour ce moment des quelques
jours de sa fin de vie, un arrêt de facturation fait.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre
Mme
Hivon : J'ai fait
tout un cheminement personnellement par rapport à ça, je dois vous dire. Et ça
peut paraître dur, ce n'est pas le monde
idéal. Il y a un comité qui travaille… on a beaucoup de comités, hein, donc, il y a un
comité qui travaille sur toute cette
question-là aussi parce que ce que soulève la Protectrice du citoyen de manière
générale pour la facturation, c'est
très pertinent. Il y a toutes sortes de complexités, de trajectoires qui font
que ce n'est pas simple. Mais en
fait, si on venait le prévoir là, quelqu'un qui finirait sa vie… en tout cas,
tout autre contexte où, comme je vous l'ai
expliqué, là… soins intensifs, chambre d'isolement, on créerait une nouvelle
forme d'iniquité. Donc, comme j'ai dit tout à l'heure, je pense qu'on
fait un grand pas. Je pense que c'est un pas très, très significatif pour le
respect de la personne
et de sa dignité. Et parfois, malheureusement, le mieux est l'ennemi du bien,
puis je pense qu'on est dans une situation comme celle-là.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. Merci, M. le Président.
Surtout qu'il y a une iniquité, tout dépendant de l'endroit où est-ce
que vous êtes admis. Un exemple : le CHUM, quand il va être fini de
construire, ça va être seulement des chambres
simples. Maintenant, on va avoir également… au niveau du CUSM, à Montréal, ça
va être la même chose. Ça fait que,
théoriquement, ces gens-là, en entrant, n'ont pas besoin de dire… ils ne
paieront jamais, tandis que, si vous allez au Maisonneuve-Rosemont ou si vous allez à Sacré-Coeur ou au St. Mary's,
à ce moment-là, ces gens-là vont devoir payer. Ça fait qu'en termes d'équité c'est… En plus de ça, il va y avoir des
belles chambres neuves, luxueuses, grandes, et l'autre va être en chambre semi-privée puis il va devoir
payer. Il va falloir faire une sérieuse réflexion : Qu'est-ce que ça veut
dire en termes d'équité?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est pour ça qu'il faut réfléchir globalement à
cette question-là qui est très complexe, mais je veux dire que c'est une avancée, hein? Pour les
personnes démunies, c'est une avancée, parce que, là, dans l'état actuel des
choses, quelqu'un pouvait dire : Je
lève la main en toute fin de vie. Je ne l'ai pas demandé pour mes six semaines,
mais, en toute fin de vie, je lève la
main pour avoir une chambre privée parce que je peux me le payer. Mais la
personne démunie, elle, elle ne
levait pas main, elle ne pouvait pas se payer quatre ou cinq… ou une semaine.
Là, maintenant, elle a un droit. Donc,
qu'importe qu'elle était dans une salle, dans une chambre à deux, elle va avoir
ce droit-là. Donc, il y a une avancée aussi pour les personnes démunies.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Ce qu'il ne faudrait pas négliger non plus, c'est
que, même quand tu as moyen de payer, là, jusqu'à maintenant, ils
peuvent te dire : Je n'en ai pas. Là, ils ne pourront plus.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Tout à fait.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …l'avancée, pas seulement que
dans le droit, mais dans l'obligation de l'établissement qui va devoir s'arranger. Puis, comme dit mon
collègue, c'est qu'il y a des endroits, tout simplement, ils disaient : On
n'a pas de possibilité puis on ne peut pas
rien faire, tandis que, là, ils vont être obligés de trouver une façon d'offrir
cette chambre à la personne qui va décéder.
Donc, moi, je pense
aussi que c'est une belle avancée, M. le Président.
Le
Président (M. Bergman) : D'autres commentaires à l'amendement à l'article 13? Est-ce que l'amendement à l'article 13 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Alors, l'article 13 est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Bergman) : Adopté. Alors, l'article 15. Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui.
Alors… Là, un instant, j'ai quelque
chose à mon amendement, qui me parle d'une sous-section.
Une voix :
…
Mme
Hivon :
Oui, oui, O.K. Il n'y a pas d'amendement à l'article 15. O.K.
Le Président (M. Bergman) :
Alors, Mme la ministre. L'article 15.
Mme
Hivon :
C'est bon. Parfait. Donc, l'article 15 :
«Une maison
de soins palliatifs et un établissement doivent notamment prévoir dans
l'entente conclue en vertu de
l'article 108.3 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux la
nature des services fournis par l'établissement dans les locaux de la
maison de même que les mécanismes de surveillance permettant à l'établissement,
ou à l'un de ses conseils ou comités déterminé dans l'entente, de s'assurer de
la qualité des soins fournis dans ces locaux.
«Sur demande de l'établissement, la
maison de soins palliatifs lui communique tout renseignement nécessaire
à l'application de l'entente. Les modalités de communication de ces
renseignements sont prévues à l'entente.»
Donc,
cet article prévoit que l'entente qui est conclue entre un
établissement et une maison de soins palliatifs doit inclure certains éléments obligatoires, comme la
nature des services fournis par l'établissement et les mécanismes… en fait, la nature des services fournis par la
maison, pas l'établissement, et les mécanismes de surveillance de la qualité
des soins fournis dans les locaux de
cette maison de soins palliatifs. Et aussi on prévoit, là, bien sûr
les modalités de communication des renseignements.
Le
Président (M. Bergman) : Est-ce que vous avez des commentaires à l'article 15? M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Seulement qu'une clarification. Ça, ça
n'existe pas actuellement dans la loi. C'est vraiment quelque
chose de complètement nouveau. L'article
108.3 existe, mais toutes les… Parce que, là, ça devient que la pratique médicale également dans la maison de
soins palliatifs va être un peu sous la dépendance des comités, CMDP,
CI. Est-ce que c'est ça que ça veut dire?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
ce n'est pas un changement énorme parce que toute maison de soins palliatifs
est déjà régie par une entente avec
l'établissement, et on a des modalités d'encadrement. Donc, c'est des modalités
d'encadrement qui s'appliquent pour
guider, donc, les ententes qui sont… Il
y a eu une entente entre l'ensemble
des maisons de soins palliatifs et
les établissements pour dire : Voici le canevas, les modalités
d'encadrement administratif des maisons de soins palliatifs.
Donc,
c'est sur cette base-là que les ententes sont faites. C'est en vertu de l'article
108.3 de la LSSSS et c'est en vertu des modalités d'encadrement qui ont été
élaborées. Je pourrai y revenir si vous souhaitez plus de détails. Donc, ça,
déjà ça prévoit toute cette relation-là entre l'établissement et la maison de
soins palliatifs. Mais ce qu'on fait… C'est qu'il
n'y a rien qui, un, prévoyait les
termes «maison de soins palliatifs». C'était comme, du fait que, dans la LSSSS,
on prévoit qu'un organisme peut être
en entente… un organisme communautaire peut être en entente avec un
établissement, que ça s'est développé
sans jamais être davantage formalisé. Donc là, on vient le
reconnaître formellement dans la loi. Je pense que ça aussi, c'est une avancée. On vient reconnaître la réalité
des maisons de soins palliatifs pas comme simple organisme communautaire, comme n'importe quel organisme communautaire,
mais comme vraiment une réalité propre.
Donc,
essentiellement, on vient consacrer ça et on va plus loin, je dirais, en disant
qu'on doit s'assurer de la qualité des soins fournis.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
• (20 h 40) •
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K. Je vais juste poser quelques questions
pointues à la ministre, là, pour bien comprendre
ses… Un, est-ce que c'est seulement les services fournis par l'établissement
dans les maisons de soins palliatifs qui
sont assujettis aux comités? Puis je vais donner deux exemples… bien, je vais
donner un exemple : l'infirmière, si elle est fournie par le CLSC
pour aller à la maison des soins palliatifs, ça, ça ferait partie de l'entente.
Je comprends que, l'infirmière qui est payée
par l'établissement, malgré le fait qu'elle donne des services dans la maison
de soins palliatifs, ça serait sa
surveillance. Dans la même maison des soins palliatifs, si on avait
des préposés, qui sont payés par la maison de soins palliatifs, sans
lien d'emploi avec l'établissement, à ce moment-là est-ce qu'ils sont soumis
aux mécanismes d'évaluation de la qualité de la part de l'établissement de
santé?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Des
voix : …
Le
Président (M. Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Alors, on
me dit que ça serait visé parce qu'on est vraiment dans le cadre de l'ensemble des soins et
services qui sont fournis dans la maison.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Question pointue, complémentaire : Un médecin qui
pratique dans la maison de soins
palliatifs, qui n'a pas de lien avec l'hôpital — on va commencer par une facile, là — qui n'a pas de lien avec l'hôpital, il y a une entente entre l'établissement et la
maison de soins palliatifs… est-ce que le médecin serait soumis à l'évaluation
par un comité de l'acte du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de
l'établissement, soit de l'hôpital?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Règle générale, ce serait, dans ce cas-là, le
Collège des médecins, l'ordre professionnel qui s'occuperait de
s'assurer de la qualité de l'acte.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K.
Mme
Hivon :
Je dis «règle générale», parce qu'on me dit que, par entente… pourrait aller
plus loin, mais on l'imagine mal.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça impliquerait que…
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Ça impliquerait que le médecin…
Mme
Hivon :
Soit partie à l'entente.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : …ait un statut et des
privilèges avec l'établissement de santé. C'est parce que je ne vois pas comment le CMDP pourrait avoir un lien
d'autorité si le médecin n'a même pas de privilège ou de statut avec le
conseil des médecins, dentistes et pharmaciens.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
C'est une lecture adéquate.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : O.K.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Et, par rapport à «infirmière»,
on comprend que, si c'est payé par l'établissement avec une fourniture de services dans la maison de soins
palliatifs, ils sont responsables de la qualité de l'acte de cette personne,
mais je comprends difficilement qu'un préposé
pourrait être soumis à l'évaluation de son travail par l'établissement de
santé.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Donc, ce qu'on me dit, c'est… Là, j'ai un exemple
d'entente sous les yeux. Donc, par exemple, les responsabilités de l'établissement : s'assurer de la qualité
des soins et services offerts par le personnel qui est sous sa
responsabilité, de l'établissement.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, c'est ce que je voulais
entendre. Ça, ça voudrait dire que la préposée qui est payée par la
maison de soins palliatifs, elle ne serait pas soumise à l'évaluation de la
qualité par l'établissement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Elle peut y penser, là.
Mme
Hivon :
En fait, c'est l'entente. Oui. Mais c'est l'entente qui va venir le prévoir.
Le Président (M.
Bergman) : M. le député de Jean-Talon.
Des
voix : …
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Oui. C'est parce que c'est un
article très important, parce que ça va jouer au niveau de l'autonomie des maisons de soins palliatifs. La
maison de soins palliatifs est un organisme communautaire. Ces gens-là ont été créés justement pour être autonomes. Puis
je comprends qu'il peut y avoir une entente de services, mais c'est un
peu… ce n'est pas tellement précis.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
On va suspendre, M. le Président.
Le Président (M.
Bergman) : Est-ce qu'il y a consentement?
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, on a fait une
communication de pensées : je pensais que c'est ça qu'on devait
faire aussi à ce moment-ci.
Le Président (M.
Bergman) : On suspend l'article?
Mme
Hivon : Pardon?
Le Président (M. Bergman) :
On suspend l'article ou voulez-vous suspendre pour quelques instants?
Mme
Hivon : Oh!
j'aurais suspendu pour quelques instants, mais on peut, puisque…
Le Président (M. Bergman) :
Je suspends les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 44)
(Reprise à 20 h 57)
Le Président (M. Bergman) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, Mme la ministre. Article 15.
Mme
Hivon : Oui. Alors, le but de cet article-là, comme je le
disais, c'est, dans un premier temps, de consacrer cette réalité-là de l'entente, et en fait ça vient
dire ce que l'entente va pouvoir prévoir et donc donner une indication quant
à ce que l'entente devrait comprendre. Et,
lorsqu'on parle, donc, de l'encadrement, de s'assurer de la qualité des soins
qui sont fournis, c'est certain que, pour ce
qui est des professionnels, les professionnels continuent, s'ils ne relèvent
pas de l'établissement, à relever de leurs ordres professionnels, comme
c'est le cas pour... Même un travailleur social qui travaille en établissement, il continue à relever de son ordre
professionnel, il ne relève pas du CMDP. Bon. Donc, on est dans cette
réalité-là.
Ce qu'on
vient ajouter, et Me Lavoie va parfaire ce que je dis, là, mais ce qu'on vient
ajouter... Un des buts de l'article
15, c'est que, dans l'entente, on prévoit qu'il y ait une responsabilité pour
la qualité générale des services. Exemple, on a prévu a, b, c dans l'entente; il faut s'assurer qu'on a des moyens
de voir à ce qu'effectivement a, b, c se réalisent. Le traitement des plaintes, par exemple; comment
on gère les plaintes dans la maison de soins palliatifs. Donc, ce qui a été prévu, est-ce que c'est vraiment ce qui est
mis en place? Le ratio, par exemple, infirmières-patients, est-ce que c'est
conforme à ce qui a été prévu? Donc, c'est
ce qui manque à l'heure actuelle, cette espèce d'assurance qu'on est capable
de faire un suivi, et c'est ça qui n'était
pas présent dans la réalité mais aussi dans les ententes, et c'est un élément
de plus qui va devoir être présent.
Pour ce qui
est peut-être de la réalité des «mécanismes de surveillance permettant à
l'établissement, ou à l'un de ses conseils», là, ça, en fait ça date... C'est
là... et probablement que, là, il va falloir le revoir, c'est ce qui fait qu'on
a mis le doigt sur quelque chose,
parce que c'était lorsque les médecins devaient être rattachés au CMDP. Et là,
vu qu'on amène le changement où les
médecins qui pratiquent en cabinet privé vont relever du Collège des médecins,
on ne sera pas dans la même réalité
des mécanismes de surveillance et des comités pour ce qui est de cet aspect-là.
Donc, ça, on pourra vous arriver,
là... au besoin, on va le regarder, à tête plus reposée… très reposée, à
9 h 30, donc, de ce que ça pourrait vouloir dire, s'il faut
apporter un amendement.
Mais, en gros, c'est le sens de l'article. Donc,
je ne sais pas si vous avez des questions plus particulières. Sûrement. Auquel
cas, Me Lavoie va m'assister aussi, là.
• (21 heures) •
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
...ma collègue.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Oui. Mais en
fait je me questionnais. Peut-être qu'on revient un peu à la même chose.
C'est que l'article 108.3 fait référence à l'article
454. L'article 108.3 mentionne qu'«un établissement peut conclure avec un organisme communautaire qui a
reçu une allocation financière en application du deuxième alinéa de [...] 454 une entente en vue d'assurer la prestation de
toute ou partie des services de santé ou [...] services
sociaux requis par la clientèle de l'organisme». Donc, 108.3 ne crée pas
une obligation. 454 ne crée pas non plus d'obligation en ce sens que l'agence «peut» accorder une allocation financière
à un organisme communautaire. Alors, dans ces deux articles-là
de la loi, on est avec une alternative,
un choix, alors que l'article 15 concrétise l'obligation de prévoir, à l'intérieur d'une entente, un certain nombre d'informations.
Mme
Hivon : …
Mme Vallée : Donc, c'est la
même… D'accord.
Mme
Hivon : Ce que je
veux dire, c'est que c'est la bonne…
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : …la députée fait la bonne lecture. L'article
15, il vient consacrer, il vient dire qu'il doit y avoir une entente et il vient dire ce qu'on doit
retrouver dans l'entente. Mais moi, je dis que ça vient consacrer parce que,
dans les faits, c'est ce qui est déjà le cas. Donc, chaque maison a une
entente.
Le
ministère s'est doté, en janvier 2012, de modalités d'encadrement administratif des maisons de soins palliatifs qui sont la base de toutes les ententes qui sont
conclues. Donc, dans les faits, on est allés plus loin que ce qui était prévu
obligatoirement dans la loi, parce que ça s'est développé, et beaucoup, là. En
une dizaine d'années, ça a doublé, le nombre
de maisons de soins palliatifs. Donc, ça s'est fait, je vous dirais,
informellement jusqu'à un certain point, mais formellement avec
les mécanismes qui ont été mis en place au fur et à mesure. Là, avec l'article
15, et je pense que c'est une avancée importante,
on vient consacrer ça, formaliser la nécessité de l'entente avec les grands
éléments de l'entente.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : L'Alliance
des maisons de soins palliatifs, bon, évidemment militait pour le retrait de l'article
en mentionnant — c'est
à la page 9 de leur mémoire — en
mentionnant qu'il y a déjà des critères d'accréditation des maisons,
il y a déjà des ententes, il y a déjà des encadrements. Et probablement qu'ils
faisaient référence, sans la nommer, à la directive, à laquelle vous faites état,
du début 2012.
Puisqu'il y a déjà
cet encadrement-là, est-ce nécessaire de le consacrer à l'intérieur de la loi?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je pense que
c'est nécessaire et je pense que c'est d'abord très souhaitable. Et
moi, je vous dirais que c'est nécessaire.
C'est
nécessaire parce qu'avec la loi on
vient vraiment reconnaître les maisons de soins palliatifs. Donc, on vient
les reconnaître formellement. À ce jour, il
n'y avait aucun instrument législatif qui venait les reconnaître. En venant
faire une loi sur les soins de fin de
vie, ils sont au coeur quand même de cette réalité-là, ils sont des piliers de
l'offre en soins de fin de vie, il
faut qu'on les reconnaisse formellement et il faut donc reconnaître comment ils
fonctionnent, comment ces maisons-là
agissent. Elles agissent par le biais d'ententes, il faut reconnaître ça, c'est
la réalité, mais il faut le prévoir expressément.
Et en fait ce qu'on vient faire essentiellement, c'est, oui, reprendre ce qui
existe et le formaliser. Et moi, je pense
que ça donne une sécurité, ça donne une sécurité aux usagers, aux personnes qui
vont dans les maisons de soins palliatifs,
mais aussi ça consacre les maisons de soins palliatifs. Je sais qu'ils peuvent
le voir d'un bout de la lorgnette, mais
ça ne sera pas vraiment plus contraignant. On va venir un peu plus loin avec la
question de l'inspection… on pourra en
discuter, là, mais ça vient consacrer la nécessité d'avoir une entente, ce qui
doit être dans l'entente. Ça va un peu plus loin, mais ça dépend de
quelles ententes. Il y a des ententes qui allaient déjà très loin.
Donc,
oui, on prend en quelque sorte les meilleures pratiques, les meilleurs modèles
puis on vient dire : C'est ça qui va devoir être suivi. Donc, je pense
que c'est une sécurité. Ces maisons-là de soins palliatifs veulent être
reconnues pleinement, veulent être reconnues comme des lieux qui
dispensent des soins de grande qualité et qui travaillent très bien. Donc, nous, on en est convaincus. Mais on
vient le reconnaître. Ça donne une sécurité puis ça donne aussi, je dirais,
leurs lettres de noblesse aux maisons de soins palliatifs en faisant leur
entrée dans la loi formellement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : Comme on a cette obligation de prévoir une entente,
est-ce que ça vient également concrétiser ou consacrer le financement? Parce que, là, le financement rattaché à une
entente qui provient d'une agence, en vertu de 454, il n'est pas... il est discrétionnaire. 454
prévoit que «l'agence peut [...] accorder une allocation financière à un
organisme communautaire afin de lui
permettre d'obtenir auprès d'un établissement, par entente
conclue [...] — blablabla — tout ou partie des services de santé ou des services sociaux requis par la
clientèle de l'organisme ou d'offrir certains de ces services».
Donc,
est-ce qu'en obligeant la signature d'une entente, on consacre le financement
qui sera accordé à la maison de soins palliatifs? Donc, pas d'entente,
pas de financement; pas d'entente, pas d'obligation.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. Je trouve que c'est une très bonne question.
Donc, dans les faits, il y a la norme, là. Donc, on vient de rehausser la norme du montant, par exemple, là,
68 000 $ par lit. Donc, c'est ce qui est octroyé, donc, par entente
avec chaque établissement, à la maison.
C'est l'article 454 qui est l'assise pour l'allocation financière qui est
donnée. Je comprends de la question de la députée… c'est qu'elle
dit : C'est écrit «l'agence peut» et non pas «l'agence doit» à
l'article 454. Donc, comment consacrer cet élément-là dans la réalité
actuelle? Je vais laisser la parole à Me Lavoie.
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme Lavoie (Patricia) :
Oui. Bien, dans…
Le Président (M.
Bergman) : Pour fins d'enregistrement, on a besoin de votre nom, votre
titre.
Mme
Lavoie (Patricia) : Bien. Alors, Patricia Lavoie, avocate au ministère
de la Santé et Services sociaux.
Alors, dans tous les
cas où on… dans la Loi sur les services de santé et services sociaux, où on
prévoit une possibilité... en fait, on vient
accorder le pouvoir de l'agence ou du ministre d'accorder des subventions ou
des allocations financières. Nulle part on ne dit : Il doit le faire. On
vient prévoir la possibilité de le faire. Alors, le reste, c'est basé
sur les différents crédits qui sont alloués
au ministère et aux agences par la suite, l'autre… ça descend jusqu'aux maisons
de soins palliatifs. Alors, on ne dit
pas... on n'est pas obligés de les financer, mais on le fait sur une base qui
est décidée, là, par les orientations ministérielles.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Vallée : C'est parce que je comprends… Actuellement, en vertu
de la loi, lorsqu'on dit, à 108.3, qu'il peut y avoir... un
établissement peut avoir une entente avec l'organisme, on comprend que ça se
fait bien souvent suite à l'application de
454, c'est-à-dire que l'agence accorde un financement à un organisme
communautaire qui, en l'occurrence, est
une maison de soins palliatifs. Suite à ce financement-là, une entente
intervient avec l'établissement, avec l'agence sur la prestation des services qui sont offerts par la maison de soins
palliatifs. Actuellement, ça se fait, on... bon, le «peut» est utilisé.
Là, on introduit par l'article 15 une obligation d'avoir cette entente-là,
mais cette obligation-là n'est pas nécessairement assujettie quant à l'autre
partie de l'obligation, de financer, l'obligation de financement.
Je
comprends la question de la disponibilité des crédits, et tout ça, mais est-ce
que, théoriquement, on pourrait dire :
Bien, vous avez une obligation de dispenser des soins conformément à la
politique, conformément aux orientations, mais ça se fera sans budget parce que, bon, on n'a pas d'obligation de
le faire? Vous avez l'obligation de vous conformer à certaines normes, mais il n'y a pas
nécessairement de financement qui suivra. Donc, je pense que c'est ce qu'on
souhaite éviter, là.
• (21 h 10) •
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Oui. En fait, il y a deux éléments, dans le sens où
il y a des critères qui doivent être… puis pas juste pour les maisons de soins palliatifs, mais pour
d'autres ressources communautaires. On donne l'exemple d'une ressource en toxicomanie, par exemple. Indépendamment qu'il
y ait financement ou non, il y a des critères de certification, il y a des critères qui viennent encadrer la prestation
de soins et de services dans ces organismes-là, qui sont des organismes communautaires, parce que c'est la bonne marche,
puis il faut s'assurer de ça correctement, en lien avec les organismes
communautaires qui donnent des services. Par ailleurs, il y a du financement
puis là il y a différents modèles. Si on regarde,
par exemple, des organismes communautaires en toxicomanie, ça peut être le PSOC
qui les finance en grande partie. Ça
peut ne même pas être de l'argent qui vient du ministère. Donc, il y a
différents modèles. C'est le propre des organismes communautaires. Il y a une partie qui vient de la communauté,
évidemment. Donc, c'est deux choses qui sont séparées.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Je comprends que les sommes peuvent venir de différents budgets, mais il y a
une distinction.
C'est
que la loi actuelle, là, est en train de créer… crée un droit pour les gens
d'avoir accès aux soins palliatifs, d'avoir
la possibilité aussi d'avoir accès à ces soins-là en maison de soins
palliatifs. On n'est pas dans un… Il commence à y avoir une certaine distinction avec l'organisme communautaire qui
sera financé par le PSOC, qui sera financé selon certaines missions,
suivant certains programmes, à travers les budgets de l'agence. Là, on est
vraiment en train de consacrer le droit aux
soins palliatifs et donc, à partir de ce moment-là, on doit s'assurer que les
organismes communautaires qui offrent
ces soins palliatifs vont pouvoir recevoir le financement adéquat afin de
répondre positivement à l'obligation que nous avons créée à l'intérieur
de la loi. Et là la Loi sur les services de santé et services sociaux maintient
que le tout est discrétionnaire. Et puis l'autre élément, c'est que le PSOC
actuellement, d'une région à une autre, n'est pas nécessairement réparti de la
même façon, selon les mêmes critères. Si on se dit : Bon, certaines
maisons de soins palliatifs reçoivent du
PSOC, ça va. Mais, d'une région à l'autre, comme on peut voir aussi au niveau
des banques alimentaires puis au
niveau d'autres organismes, chaque région, chaque agence a déterminé un petit
peu la façon dont le PSOC serait distribué sur son territoire, a un
certain nombre de critères.
Mais
là on ne peut pas se permettre, compte tenu des obligations qu'on a créées à
l'intérieur… et notamment à l'article 5, on ne peut pas se permettre d'avoir
ces différences-là de soutien d'une région à l'autre, ces différences-là de
financement d'une région à l'autre. Si on
consacre le droit aux soins palliatifs, on doit assurer que les organismes qui
offrent ces services-là vont pouvoir
compter sur un financement et qu'ils ne seront pas laissés à la discrétion de
l'application de mesures.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Oui. Je comprends. Je vais laisser Me Lavoie vous apporter certains
éclaircissements, puis on reviendra, au besoin.
Le Président (M.
Bergman) : Me Lavoie.
Mme Lavoie (Patricia) : Alors,
si on revient à notre définition de maison de soins palliatifs dans notre loi,
c'est un organisme communautaire qui est
titulaire d'un agrément et qui a conclu une entente, en vertu de l'article
108.3, pour offrir tout ou partie des soins requis aux personnes en fin
de vie.
Alors, l'article
108.3, qu'est-ce qu'il permet? Il permet à un organisme communautaire d'aller
chercher des services… tout ou partie des
services offerts à sa clientèle de l'établissement. Parce que, pour offrir des
services… Un organisme communautaire
ne pourrait pas de lui-même offrir l'ensemble des services de santé et services
sociaux, parce que la loi dit que, pour offrir des services de santé et
services sociaux, tu dois détenir un permis. Alors, un organisme communautaire ne peut pas le faire, une maison de
soins palliatifs ne peut pas le faire. L'entente est donc nécessaire pour
recevoir… parce que, par définition, les
maisons qui… les personnes qui reçoivent des soins palliatifs ont besoin de
soins de santé. Donc, c'est absolument
nécessaire d'avoir l'article... de conclure une entente avec un établissement
pour pouvoir offrir ces soins-là à la clientèle de la maison de soins
palliatifs. Alors, la nécessité de l'entente est plus à ce niveau-là, comme Michel Sarrazin qui, lui, est un
établissement, a un permis, peut fonctionner de lui-même sans avoir recours à
aucun autre établissement, il a un permis délivré par le ministre.
Toutes les autres maisons de soins palliatifs doivent aller chercher tout ou
partie des services auprès d'un établissement.
Alors,
la base de l'entente, la nécessité de l'entente est là. Par après, on a
l'allocation financière, qu'on dit : Une agence... C'est un peu quand ils ont... L'article 454 et suivants ont
permis de mettre les bases de à qui on peut donner des allocations financières. On ne peut pas les donner
à n'importe quel organisme communautaire, on doit les donner à ceux qui ont conclu une entente en vertu de 108.3.
Alors, c'est le pouvoir de financer. Une agence qui financerait un organisme
communautaire, une maison de soins palliatifs, par exemple, pour dire quelque
chose, mais là elle ne serait pas une maison
de soins palliatifs au sens de notre loi… Mais, un organisme communautaire qui
donnerait des soins palliatifs sans avoir
d'entente avec un établissement, l'agence ne pourrait pas le financer, alors,
parce que les critères disent que tu dois avoir conclu une entente en vertu de l'article 108.3. Et pour ça, bien,
tu dois avoir aussi l'agrément, là, qui… Alors, ce n'est pas un automatisme. Mais, à partir du moment
où l'ensemble des maisons de soins palliatifs qui ont conclu une entente
reçoivent ce financement-là, c'est... Même
si on ne dit pas «doivent le recevoir», je vous dirais qu'il y a quand
même une attente raisonnable des
maisons de soins palliatifs qui rencontreraient l'ensemble des modalités
d'agrément, qui auraient conclu une entente pour recevoir ce financement-là.
Mais c'est quand même l'agence qui déciderait si elle accorde ou non
l'allocation financière, en bout de piste, là.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Une voix :
…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : Je veux amener un élément à la réflexion, parce que
moi non plus, je ne suis pas une experte légiste de toutes les lois et mécaniques en matière de santé et services sociaux
et d'entente. Ça fait que je comprends la question de la députée qui se dit : Oui, mais comment
on va le prévoir expressément? Pourquoi on ne crée pas une obligation de
donner les fonds? Donc, il faudrait voir si,
en le créant là, il y a un problème. Parce qu'ailleurs ça marche toujours par
allocation de l'agence, là. Il y a ça. Ça...
entre l'agence… Ce n'est pas l'établissement, c'est entre l'agence et la
maison. Et c'est donc par allocation, comme c'est le cas pour d'autres
situations.
Donc,
je ne suis pas certaine qu'on pourrait venir déroger en mettant un «doivent»
par rapport à l'article qui est là, mais,
je pense, c'est ça, le sens de la question de la députée. Donc, je le comprends
bien, mais je réfléchis tout haut : une maison de soins palliatifs qui se créerait sans être en entente avec
un... qui dirait : Bon, ils m'ont dit non, l'agence a dit : On n'a pas besoin, mais nous, on estime, dans la
communauté, qu'on a besoin d'une maison, on le fait quand même, on a des gens qui sont prêts à venir offrir les
services, et tout ça… bien, évidemment, il ne faudrait pas venir prévoir
quelque chose qui fait en sorte qu'on
serait obligé de venir financer une maison qui s'est développée en marge, je
vous dirais, de la nécessité des
besoins, en marge d'une entente. Donc, il ne faudrait pas venir faire en sorte
qu'il y a cet automatisme-là. Donc, je réfléchis juste à cette
réalité-là. Évidemment, il faut une entente, mais...
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Hivon :
Ils ne pourraient pas…
• (21 h 20) •
Mme
Vallée : Dans le contexte que vous décrivez… ou que la ministre
décrit, je m'excuse, M. le Président, une maison de soins palliatifs qui ouvre ses portes et qui serait soutenue
par les mécènes de la communauté, qui recevrait des services de professionnels de différentes équipes
serait-elle tenue de se conformer à l'article 15? Une maison qui serait
vraiment indépendante, financée par la communauté et qui offrirait des services
de soins palliatifs…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : En fait,
c'est ça, c'est une question théorique parce que dans les faits elle
ne pourrait pas offrir… elle n'aurait
pas de permis. Donc, elle ne pourrait pas offrir de soins et de services. Donc,
ma question à moi aussi est théorique.
Mme Vallée : O.K.
Le
Président (M. Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme
Hivon :
Non, mais…
Le Président (M.
Bergman) : M. le député…
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : On est là pour émettre des idées.
Mme
Hivon :
Oui, oui, pour avancer.
Mme
Vallée : Puis le
permis de maison… Pouvez-vous me rappeler en vertu de quel article
de la loi le permis est émis? Parce que
je vois que 457… On me réfère à 457. On parle d'agrément, mais on ne mentionne
pas qu'il s'agisse nécessairement de…
Mme
Hivon :
Elle n'a pas de permis.
Mme
Vallée : …de maison
de soins palliatifs. C'est : «La personne qui sollicite un
agrément doit transmettre…» Donc, en vertu de quel article les maisons
de soins palliatifs sont-elles tenues d'avoir cette autorisation de…
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Ils n'ont pas de permis, ils ont une entente. S'ils n'avaient pas d'entente,
ils devraient avoir un permis, comme Michel
Sarrazin. Michel Sarrazin a un permis d'exploiter un établissement — vous
me suivez? — ce
qui fait en sorte qu'ils ont un
statut différent de toutes les autres maisons de soins palliatifs qui, elles,
fonctionnent sur la base d'une
entente, donc n'ont pas de permis. Mais, dans notre cas hypothétique, une
maison qui se créerait devrait obtenir un
permis pour pouvoir évoluer. Vous me suivez? Et évidemment, dans les faits, si
ce n'était pas une action concertée, le
ministère ne délivrerait pas de permis. Donc, elle n'aurait
pas d'existence, cette maison-là. Il lui faut une entente pour vivre,
selon le mode actuel, ou un permis d'établissement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
Donc, un permis d'établissement, en vertu de l'article…
Mme
Hivon :
En vertu de l'article 437.
Mme Vallée :
D'accord.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée :
437. Donc, la maison de soins palliatifs serait assimilée à…
Mme
Hivon :
Un centre hospitalier.
Mme Vallée :
…un centre hospitalier? Ah oui?
Mme
Hivon :
…
Mme
Vallée : Ou centre
médical spécialisé? Parce que 437 dit : «Nul ne peut exercer des activités
propres à la mission d'un centre local de services communautaires, d'un centre hospitalier, d'un centre de
protection de l'enfance et de la
jeunesse, d'un centre d'hébergement
et de soins de longue durée ou d'un
centre de réadaptation, ni exploiter un centre médical spécialisé s'il n'est titulaire d'un permis délivré par le ministre.»
Donc, les soins palliatifs seraient des activités propres aux activités
d'un centre hospitalier.
Mme
Hivon :
M. le Président?
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
Mme
Hivon : C'est ça.
Le seul cas qui existe, c'est le cas de Michel Sarrazin, qui a été la première.
On n'était pas dans le même modèle qu'actuellement. Et il s'est vu délivrer un permis de centre hospitalier, et il a son
propre CMDP, et il a son propre fonctionnement.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Mais il
n'y a rien qui empêcherait par contre
un organisme communautaire de faire cette demande-là. Là, actuellement, je comprends qu'au Québec
tout ce que nous avons, c'est La Maison Michel Sarrazin. Les autres sont
des organismes communautaires qui ont des ententes en vertu de 108.3 puis de 454. Mais, une maison financée, comme on le disait
tout à l'heure, par des mécènes, il n'y aurait pas d'empêchement de faire une
demande de permis.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Bien, c'est le ministre qui… le ou la ministre
qui délivre. Dans les faits, je dois vous dire que ça serait très,
très surprenant qu'on crée un autre
modèle comme ça parce qu'il y a un choix qui a été fait pour différentes
raisons et qui fait le bonheur de tous, y
compris des maisons qui gardent leur autonomie, qui gardent leurs liens avec la
communauté en étant organismes
communautaires, et qui donne une flexibilité, donc, de ne pas avoir un permis
x, y, z de centre hospitalier. Donc, ça serait très hypothétique.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la députée de Gatineau.
Mme Vallée : Donc, dans les
faits, il serait très, très hypothétique de pouvoir se soustraire à l'article
15.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Effectivement, M. le Président. Une belle conclusion.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme
Hivon : C'est
impossible, à l'heure actuelle, c'est impossible. Et — nous
étions dans des questions théoriques — pour s'en soustraire, il faudrait que
quelqu'un soit… c'est ça, soit en marge de la loi, n'aurait ni permis ni
entente. Donc…
Mme Vallée : Est-ce que l'article
15 va s'appliquer à La Maison Michel Sarrazin?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : Non, car
Michel-Sarrazin ne fonctionne pas par entente.
Le Président (M. Bergman) : Mme
la députée de Gatineau.
Mme Vallée : D'accord.
Mme
Hivon : Ils ont tous leurs mécanismes de surveillance,
ils ont leur CMDP… de contrôle, c'est vraiment un miniétablissement, là.
Mme Vallée : …pour venir
pallier au…
Mme
Hivon : Oui.
Mme Vallée : Parfait.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Merci, M. le Président. Première question : Une maison de soins palliatifs
et un établissement doivent notamment prévoir, à Montréal, une maison de soins
palliatifs; avec quel établissement qu'ils vont s'entendre?
Le Président (M. Bergman) : Mme
la ministre.
Mme
Hivon : En gros, celui qu'ils veulent… mais le CSSS, on
peut s'imaginer, qui est le plus près de leur territoire.
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Oui. Je pose la question parce
que, quand vous êtes dans des régions
où il y a des CSSS, avec un hôpital, un CLSC, des CHSLD, à ce moment-là… ou des hôpitaux comme dans
le secteur de Gatineau, ça devient facile,
on fait l'entente avec le CSSS. Mais, si vous êtes à Montréal, si vous avez une
maison de soins palliatifs, est-ce que vous faites votre entente avec le
CSSS Lucille-Teasdale ou avec l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont? Là, je pense qu'il y aurait une vérification à faire, mais, à
ma connaissance, ça devrait toujours être avec le CSSS et pratiquement jamais
avec l'hôpital. C'est parce qu'à ce
moment-là pourquoi je dis ça? C'est quand on dit «et un établissement»… je
ne sais pas si la ministre serait prête à aller jusqu'à dire : Avec
le CSSS du territoire où est la maison de soins palliatifs, parce que,
théoriquement, c'est avec eux autres qu'ils devraient faire affaire.
Le Président (M.
Bergman) : Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Parce qu'«un établissement», c'est trop vague.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
En fait, 108.3 de la LSSSS… On est toujours aussi dans ces eaux-là, hein, donc
de ne pas venir briser l'équilibre de
la LSSSS, là. 108.3 parle vraiment d'«un établissement peut conclure avec un
organisme communautaire». Donc,
est-ce que nous, on pourrait venir à être plus précis? Mais, dans les faits,
c'est sûr que c'est avec un CSSS, là. Je ne vois pas…
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon.
Mme
Hivon : Dans les
modalités d'encadrement, c'est prévu que c'est avec le CSSS.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est parce que moi, je pense…
Le Président (M. Bergman) : M.
le député de Jean-Talon.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
C'est parce que, quand on le lit, ça devient vague. Mais moi, je me dis, un
CSSS, c'est un établissement, donc de marquer «le CSSS» dans la présente loi va répondre à l'exigence
de 108.3, sauf qu'on est plus spécifiques. Et l'organisation des services, généralement, au Québec, c'est beaucoup dans la région de Montréal que c'est un peu différent, et la région de Québec, parce que
c'est là qu'on a des hôpitaux
universitaires, entre autres. C'est vrai aussi avec la région universitaire de
l'Estrie. Ce serait plus intéressant de dire immédiatement que c'est avec le
CSSS du territoire, puis je ne verrais
pas tellement une maison de soins palliatifs faire affaire avec un CSSS à
l'extérieur de son territoire.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
Ce serait une réflexion à faire.
Mme
Hivon :
C'est la logique, effectivement, mais je veux juste qu'on soit prudents parce
que nous avons déjà 29 maisons de
soins palliatifs qui ont déjà des ententes. Et donc il ne faudrait pas venir
modifier l'ordre qui existe déjà. C'est-à-dire
qu'il faudrait s'assurer que c'est déjà conforme à la réalité, déjà que nos
maisons de soins palliatifs nous ont dit
d'être bien conscientes de leur réalité de comment elles ont développé leur
fonctionnement, et tout. Donc, il faudrait voir si, dans tous les cas,
c'est bien la situation à l'heure actuelle, là.
Le Président (M. Bergman) :
M. le député de Jean-Talon, il vous reste une minute.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, M. le Président, je pense que ça
vaudrait la peine de vérifier parce que, si on était capables d'avoir cette entente-là plus spécifique… le CSSS, ça
établirait aussi des règles pour les autres nouvelles maisons de soins
palliatifs. Et je ne vois pas… Et la logique, ce serait vraiment qu'elle fasse
affaire avec le CSSS.
Le Président (M. Bergman) :
Mme la ministre.
Mme
Hivon :
Bien, il y a la logique, mais je ne veux pas… D'entrée de jeu, on va y
réfléchir, là, mais il faut quand même
garder une flexibilité parce que ça pourrait arriver que… En tout cas, ils vont
chercher l'entente avec, je dirais, le lieu
où ils ont besoin d'être en relation pour leurs soins et leurs services. Donc,
est-ce qu'il faut absolument empêcher que ça puisse être avec un hôpital
x? Je ne suis pas certaine, là.
Le
Président (M. Bergman) : Malheureusement, le temps s'est écoulé.
Collègues, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 30)