(Neuf
heures vingt minutes)
Le Président
(M. Lafrenière) : Alors, bon matin à tous et à toutes. Merci
d'être présents avec nous. Journée importante pour nous ici, à Val-d'Or. Alors, très heureux
de saluer toutes les personnes qui sont dans la salle aujourd'hui. Merci aux représentants des médias qui sont avec nous. Merci à M. le
maire de nous accueillir ici, à Val‑d'Or. Adrienne, merci beaucoup de nous
accueillir. Et on a plusieurs personnes qui sont présentes. J'ai, entre autres,
M. Guy Bourgeois, ex-collègue,
qui est avec nous. Merci d'être là. On a plusieurs chefs, Mme Kistabish
qui est là, et plus tard se joindront à nous MM. Konrad Sioui et
Paul McDougall.
Auditions
(suite)
Alors, sans plus tarder, je laisserais la déclaration d'ouverture à M. le maire, M. Pierre Corbeil, maire de la ville de
Val-d'Or, qui nous accueille ici. M. le maire, je vais vous
laisser faire la déclaration d'ouverture de cette consultation ici, à Val-d'Or, dans le contexte de la Commission spéciale de
l'exploitation sexuelle des mineurs. M. le maire.
Conseil de la nation
anishnabe de Lac-Simon et ville de Val-d'Or
M. Corbeil (Pierre) : Merci. «Meegwetch.» M. Lafrenière, président
de la commission spéciale, Mme Adrienne Jérôme, cheffe de la nation
anishnabe du Lac-Simon. Mme Kistabish, cheffe des Abitibiwinnis à Pikogan,
membres de la commission, membres des médias, mesdames et messieurs, «kwe»,
bonjour.
Tout d'abord,
permettez-moi de vous souhaiter, au nom des citoyens, et citoyennes, et des
élus de notre ville, la bienvenue en territoire anishnabe, en Abitibi-Témiscamingue,
dans la MRC de La Vallée-de-l'Or et à Val-d'Or, secteur du Dubuisson. Voilà
pour la géographie.
Le
choix de notre ville comme lieu de rencontre de la commission
spéciale m'apparaît singulier, mais judicieux. D'abord, précisons que Val-d'Or
n'a pas le monopole ni l'exclusivité de ce phénomène. Vous êtes ici à la
jonction du Nord-Ouest québécois et du Nord-du-Québec, une jonction où se
côtoient des cultures et des modes de vie singuliers, soit les premières
nations anishnabe et crie, québécoises de souche, et nouveaux arrivants. Vous
aurez par contre l'opportunité d'entendre comment le phénomène peut se
manifester de façon différente à distance des grands centres.
Aujourd'hui, à
Val-d'Or et au Québec, grâce à vos travaux, c'est collectivement que nous
faisons face à cette perversion qu'est
l'exploitation sexuelle chez les mineurs. Cette réalité destructrice nous
interpelle. Bien sûr, à titre d'élus et de citoyens, mais également
comme parents et, pour ma part, comme grands-parents.
Comme
si la situation n'était pas déjà complexe, l'avènement des nouvelles
technologies et des réseaux sociaux, combinés à la vulnérabilité, voire
aux faux espoirs de libération et d'accomplissement des victimes, viennent
ajouter à l'attirail des abuseurs.
D'ailleurs, M. le Président, j'ose à peine
imaginer ce que vous avez pu voir et entendre au cours de votre carrière de
policier. Cependant, je demeure convaincu que votre expérience bénéficiera
grandement à la commission spéciale. C'est un défi de taille que de protéger les plus faibles et les plus
vulnérables de notre société, et ce, peu importe le milieu, l'origine et la
classe sociale.
En terminant, je
remercie les citoyens et organismes qui prennent part aux discussions et qui
déposeront des mémoires. Vous êtes la voix
de ces affligés. Aux membres de la commission de même que tous ses acteurs, je
souhaite qu'au terme de vos consultations vos réflexions engageront notre
société vers un avenir plus égalitaire et protecteur envers nos jeunes
citoyens parfois plus vulnérables. Merci. «Meegwetch.»
Le Président (M. Lafrenière) : Merci beaucoup, M. le maire. Encore une fois,
merci de nous accueillir ici. Je dois dire
que, dès les premiers instants où la commission a décidé de se déplacer à
Val-d'Or, on a toujours eu un partenariat très facile avec vous et les
gens de la ville. Un grand merci.
Maintenant,
du conseil des nations anishnabes du Lac-Simon, la cheffe, Mme Adrienne
Jérôme. Mais avant tout, cheffe,
«kwe», merci beaucoup de nous avoir accueillis hier soir. Les gens de la
commission ont eu la chance d'aller vous rencontrer à Lac-Simon, ça a
été un grand, grand plaisir. «Meegwetch.» Merci beaucoup.
Et je vais vous
laisser aussi nous présenter les gens qui sont avec vous... là, je ne veux pas
me tromper dans le terme, mais comme Kukuné qui va être avec nous aujourd'hui
pour nous faire...
Une voix :
Kukum.
Le Président (M. Lafrenière) : 17903 Le
Président (M. Lafrenière) : Kukum. Je le savais, que je me
tromperais. Lui, tantôt, il m'a bien expliqué que, quand vous lui dites
de s'asseoir, il s'assoit. Ça, il me l'a bien dit. Il a dit : On me dit de
m'asseoir, je le fais. Alors, de présenter les gens qui sont avec vous. Et merci
beaucoup d'être ici ce matin. Merci infiniment.
Mme Jérôme (Adrienne) : Bien.
Bon, bonjour, tout le monde. Je suis bien contente, je suis heureuse aussi d'être ici aujourd'hui avec les aînés de
ma communauté, ceux qui participent souvent dans les sessions
où est-ce qu'on fait des rassemblements, des sessions de guérison aussi pour nos gens de
la communauté. Il y a la «kukum» Jeannette Brazeau — nous autres, on l'appelle toujours «kukum» — puis aussi le «mushum» Pierre Papatie. C'est grand-maman Jeanette puis grand-papa Pierre. C'est comme ça qu'on les
appelle, tous nos aînés, c'est «kukum» et puis «mushum». Puis on a de la
misère à les... Les appeler comme par leur prénom, c'est juste quand c'est nécessaire.
Je suis bien contente
d'être ici. J'aimerais vous dire qu'on est honorés, hein, la communauté de
Lac-Simon, puis j'aimerais remercier M. Lafrenière, dire la bienvenue à toute votre équipe. Merci à M. Corbeil, à cheffe Monik Kistabish. Je ne veux pas trop nommer tout le monde parce que je vais en oublier certains. Mais je suis vraiment
comme honorée à chaque fois que nos
aînés se déplacent pour venir à... tu sais, purifier, tu sais, pour purifier et
aussi pour prier pour notre communauté, parce que c'est nos
représentants d'aînés de la communauté.
Puis,
tu sais, on s'est rencontrés, hier soir, on a partagé beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. C'est avec les intervenants, avec nous aussi, en tant que leaders, puis nos aidants naturels, nos
aînés, qu'on a partagé hier plusieurs de nos modes de vie, surtout, puis comment que la communauté
marche aussi, comment que la communauté peut se mobiliser. Tu sais, ça ne paraît pas, mais, tu sais, de ma communauté,
là, il y a plusieurs gens qui ne sont plus dans le trafic,
qui ne font plus... C'est comme toujours, beaucoup se mobilisent pour se
guérir.
Tu
sais, l'exploitation sexuelle chez les mineurs, nous autres, ça ne date pas
d'hier. Ça date de plusieurs générations. Tu sais, hier, on parlait, on a quatre générations à guérir, peut-être
la cinquième qui s'en vient. Tu sais, l'exploitation
sexuelle, ça a débuté même avant le
pensionnat, parce que beaucoup de nos enfants, beaucoup des enfants qui
viennent du pensionnat, tu sais, ils ont été exploités sexuellement, tu
sais, à chaque jour, même.
• (9 h 30) •
Tu
sais, c'est une grande étape pour la communauté. Tu sais, nous autres, on a toujours
comme dénoncé, dénoncé des choses,
pour que ça fasse partie de notre guérison. Puis on va toujours
le faire encore, de dénoncer. Nous avons déjà un programme, qui a été
mis en place avant les fêtes, qui s'appelle Wigobisan. C'est un programme
de sensibilisation des mauvais touchers puis des bons
touchers. On a beaucoup de travail, on a beaucoup de travail. Parce que moi,
j'ai mentionné hier à M. Lafrenière et à son équipe qu'on n'ouvre pas des plaies pour ouvrir des plaies. Ça
nous prend, nous autres, un filet de
sécurité. Puis, quand on ouvre des plaies comme l'exploitation sexuelle chez les mineurs, parce que c'est arrivé, ce n'est pas juste arrivé aujourd'hui, mais c'est arrivé avant, c'est comme une autre ouverture de plaie.
Puis on va s'attendre, nous autres, à
avoir un... Tu sais, on a vécu plusieurs drames, puis je ne veux pas que ça
arrive à ma communauté. C'est pour
ça, moi, que j'ai dépêché juste mes intervenants. C'est juste mes intervenants
qui vont participer à cette commission.
J'ai le devoir, moi, en tant que cheffe, de protéger mon monde. Si vous n'êtes
pas capables de nous offrir un filet de sécurité,
mais c'est avec les intervenants que vous allez avoir affaire. Ma communauté a beaucoup,
beaucoup, beaucoup
de blessures. Comme je vous dis, là, ce
n'est pas encore guéri. On a quatre générations à guérir. Peut-être
la cinquième s'en vient aussi.
Puis on va toujours
être de l'avant dans les commissions, moi, en tant que cheffe, puis Jeannette
aussi, en tant qu'aînée, puis Pierre. Puis aussi il y a les aidants naturels
qui existent dans ma communauté, qui sont là, à chaque soir, à chaque jour, pour nos jeunes. On a mis un système
sur l'exploitation sexuelle sur les mineurs. On a mis un système en
place de la communauté. Oui, il y a nos enfants qui ont été victimes dans le...
Il y a du monde qui vient au Lac-Simon, qui
essaie d'enlever nos enfants parce que c'est des enfants vulnérables. Mais nous
autres, on a mis un système d'alerte dans la communauté à chaque fois. C'est ce qu'il y a de plus beau dans la
communauté, parce que ça prend toute une communauté pour élever un
enfant. Ça, on le dit souvent, souvent, souvent, même dans nos réunions, dans
les réseaux sociaux.
Puis
je ne veux pas que, tu sais, dans tout ça, l'exploitation sexuelle, dans toutes les plaintes... Parce qu'il va y
avoir quand même... Même si on ne
veut pas, même si on met juste nos intervenants de l'avant, il va y en avoir,
ça, des victimes qui vont dénoncer, qu'on
va devoir les ramasser. Parce que souvent, tu sais, quand une commission du
gouvernement du Québec vient chez
nous, on n'est jamais éligibles au financement. On n'a jamais, nous autres, des
personnes qui vont intervenir parce
que c'est un long processus quand on veut guérir quelqu'un, parce qu'il n'y a
pas juste l'exploitation sexuelle, parce qu'il y a d'autre chose qui est arrivé dans sa vie. Puis on peut toucher
les personnes qui ont vécu le pensionnat. Puis c'est souvent ça, le... Nous autres, on dit
souvent : C'est comme des mauvaises intentions, la communauté. C'est
toujours ça parce qu'on est toujours
en train de vouloir se relever, mais il y a toujours quelque chose qui vient
nous piquer dans le coeur. Puis ce serait bon qu'on fasse partie... Tu
sais, la commission, je ne sais pas...
En
tout cas, on est quand même contents parce qu'on va avoir un défi à relever non
pas juste pour les communautés, mais
pour les gens de l'Abitibi ou Québec. Il va y en avoir plein dans les
communautés. Je remercie, moi, tout le monde de nous avoir invités. Mais il faut se rappeler que, tu sais, on est sur
le territoire des Algonquins, puis c'est très vaste. On a partagé
beaucoup ce qu'on vivait dans le territoire, ce qu'on vit encore à chaque jour
avec notre communauté.
Je
vais céder la parole à «kukum» Jeannette puis «mushum» Pierre pour faire la
cérémonie d'ouverture, la prière d'ouverture de cette commission.
Le Président
(M. Lafrenière) : Merci beaucoup.
Mme Brazeau (Jeannette) : Moi, je
vais juste... Bonjour. J'espère que vous avez bien dormi hier soir. En tout cas,
moi, j'ai bien dormi. Puis moi, je vais faire juste
l'introduction de notre spiritualité, le rituel, puis mon «mushum», lui — mon «mushum», je l'appelle tout le
temps mon «mushum» — il
va faire la prière d'ouverture.
Au début, je vais
commencer avec... Au début, moi, quand j'ai commencé la spiritualité... Avant
de retracer ce chemin-là qui a été mis de côté, il faut que je dise aussi... Je
suis une ex-pensionnaire. J'ai passé huit ans dans un pensionnat, puis la honte... Aujourd'hui, je ne veux plus porter de la honte. Au début,
même dans ma communauté, j'avais honte
de tenir une plume. J'avais honte d'avoir du tabac dans mes mains. J'avais
honte de mon tambour, tout le rituel, les danses puis les chants.
Je vais juste faire une introduction,
moi, pour la signification de la plume d'aigle. C'est très rare qu'un Anishnabe,
il porte des plumes parce que plus souvent ça a été donné par un aîné pour la
connaissance. Aussi, aujourd'hui, je vois beaucoup de jeunes qui retournent beaucoup
dans le bois, mais ils trouvent des plumes d'aigle. La plume d'aigle, lui, il
représente... c'est l'oiseau qui vole le
plus haut, jusque... Comme on dit, c'est lui qui amène nos prières vers le
Créateur, vers l'infini.
Nous
honorons aussi la mère Terre, la mère Terre qui a toutes les nations, va
marcher avec nous autres. «S» représente le lever du soleil, la naissance puis la race jaune aussi. Puis le Sud,
il représente la nation anishnabe. Il représente aussi les «kukums», les «mushums». Puis l'Ouest, c'est la
tombée du soleil. Il représente tout ce qu'on a porté dans notre journée.
C'est de le laisser vers l'Ouest. Tous les
fardeaux, ce que nous avons porté aujourd'hui, ils retournent vers l'Ouest pour pouvoir
mieux se... pour alléger cette douleur-là. Puis l'Ouest, aussi, représente la
race noire, mais représente aussi quand il y
a un deuil dans notre communauté, où c'est là qu'ils retournent vers... C'est
la vie du repos pour les personnes qui sont
décédées. J'ai connu beaucoup de personnes qui sont décédées, qui sont parties
vers le monde des esprits, ceux qui ont vécu des souffrances. Puis, au Nord, ça représente la médecine, une
médecine blanche. Pour les «kukums», les «mushums», ça représente la
sagesse.
Chaque
animal aussi représente les quatre directions. Au Nord, c'est l'ours blanc,
c'est vous tous aussi, les nations, la
nation allochtone. J'aime mieux dire (s'exprime dans une langue autochtone). Mais je suis sûre qu'il y en a qui comprennent quand je dis le mot (s'exprime dans une langue
autochtone). (S'exprime dans une langue autochtone), c'est vous autres, puis la
sagesse aussi de nos ancêtres, les grands-parents de nos parents, qui nous ont
laissé tout cet héritage de sagesse.
Les
quatre... Nous avons tous un chiffre quatre qui représente aussi les émotions,
le mental, le physique puis le spirituel. Alors, ça fait comme une roue,
une roue à chaque jour.
La plume d'aigle, aujourd'hui,
que je porte dans mes mains, ça, c'est l'équilibre. Il y a un chemin au milieu,
l'équilibre, l'homme et la femme. Ce qui
suit ici, c'est nos enfants, nos petits-enfants, nos arrière-petits-enfants.
C'est ça que ça représente, la plume d'aigle. Alors, si je lève ma plume
vers le Créateur, il va tout entendre notre prière.
• (9 h 40) •
Nous
avons aussi quatre médecines. Le tabac, qui représente tous les
remerciements... Quand je prends la médecine dans le bois, je vais mettre du tabac pour le remercier. Si un homme
coupe un arbre, il va mettre du tabac au pied de l'arbre pour
dire : Pardonne-moi parce que j'ai besoin... parce que je sers à quelque
chose, mais je ne le coupe pas pour rien. Il
y a le «sweet grass» aussi, l'herbe,
le foin d'odeur, qui représente... ça, c'est les cheveux des grands-mères. On
fait comme des tresses puis on allume ça. Puis c'est ça qui représente
aussi notre médecine. Puis le «sweet grass»... C'est ça, le «sweet grass». Mais la sauge, elle représente
comme la purification. Avec toute la honte, moi, que j'ai vécue, avec la sauge,
aujourd'hui, je me dis : Pourquoi que Jésus, il prenait de l'encens dans les
temples dans la Terre sainte, à Jérusalem? Bien, pourquoi un Anishnabe
aussi, il ne le fait pas? Puis c'est ça, moi, ma compréhension, aujourd'hui,
que j'ai retrouvée dans mes racines. Puis
l'autre, c'est le cèdre, le cèdre qui représente beaucoup la médecine pour les
femmes. On porte beaucoup de cèdre, nous autres. On utilise beaucoup
de cèdre quand on fait des cercles de guérison, soit dans le rite à sudation ou
quand on a besoin de médecine pour les bébés. En tout cas, c'est long à
expliquer, mais le cèdre aussi, c'est une médecine.
Alors,
je vous ai fait l'introduction un peu de comment est-ce que nous autres...
partager, moi, notre spiritualité. Puis je vais laisser mon «mushum» ouvrir la prière d'ouverture, mais ça va
être fait seulement qu'en algonquin. Mais je suis sûre que vous allez
être inspirés, hein, Mushum? «Meegwetch.»
M. Papatie (Pierre) : Bonjour, content d'être ici à matin, content de
faire l'ouverture de votre rencontre. La prière est très importante chaque matin. C'est une nouvelle journée,
nouvelle expérience qu'on va apprendre aujourd'hui encore. Chaque
jour, on prend de l'expérience. Chaque jour. Hier, c'était l'expérience d'hier.
Aujourd'hui, on va... de l'expérience encore. J'espère que ça va être enrichissant. Moi,
je le souhaite, parce que la prière, c'est très important.
Chaque matin, quand tu te lèves le
matin, tu te tournes vers l'Est, où est-ce qu'il y a le lever du soleil. Nos
ancêtres faisaient ça quand ils se levaient. Ils faisaient face au soleil, dire merci, demandaient au Créateur qu'on
puisse marcher sur la mère Terre comme on devrait marcher. C'est très
important. Moi, je porte... parce que le ruban représente nos ancêtres. Il ne faut pas
qu'on oublie d'où on vient. Nos ancêtres nous ont laissé les héritages, les
enseignements, tout ce qu'on utilise aujourd'hui. C'est pour ça qu'on met toujours des rubans. Peu importe la couleur, ça représente
nos grands-pères, notre mère, qui sont partis dans le monde des esprits. Aujourd'hui, quand je
communique avec le Créateur, quand je demande au Créateur de nous donner, puisqu'on va marcher sur la mère Terre
encore aujourd'hui, la force, j'utilise souvent ma langue pour demander au
Créateur de nous aider. Même si vous ne comprenez pas, il n'y a rien là,
utilisez votre manière de prier. Que tu sois catholique, utilise-le, c'est le
même Créateur qu'on parle. On demande au même Créateur de nous donner la force aujourd'hui.
(S'exprime dans une langue autochtone).
Mme Brazeau (Jeannette) : Je vais juste finir avec de l'eau. J'ai demandé à
Adrienne, notre cheffe, pour faire la bénédiction
de l'eau parce que les femmes sont importantes. Les femmes sont
toutes porteuses de... Nous sommes toutes porteuses de l'eau. Nous avons porté
notre bébé pendant neuf mois, puis c'est important d'avoir cet honneur-là. Nous
autres, on le fait souvent à chaque cérémonie. «Meegwetch.» Bonne journée.
Le Président (M. Lafrenière) :
Merci. On va suspendre deux petits instants pour laisser prendre place à nos premiers invités. Mais je demanderais, Kukum,
Mushum, est-ce que vous voulez venir avec nous ici, en avant? Je
pense que... Depuis tout à l'heure, on a dit qu'il fallait travailler ensemble. Ce
serait intéressant de prendre une bonne photo ensemble aujourd'hui.
Alors, venez avec nous. Le chef Gerry
Mapachee, joins-toi avec nous. La cheffe de Kitigan Zibi, Monik, venez
avec nous. On va prendre une photo de famille ici ensemble. Viens, Monik.
(Suspension de la séance à 9 h 49)
(Reprise à 9 h 55)
Le
Président (M. Lafrenière) : Alors, à l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la commission
spéciale à la Maison du citoyen de Val-d'Or ouverte. Je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions
publiques de la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des
mineurs.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le
Président, il n'y a aucun remplacement.
Le
Président (M. Lafrenière) : Merci. Alors, encore une fois, merci au maire de Val-d'Or, à la cheffe
du Conseil de la nation anishnabe. Kukum,
Mushum, merci beaucoup pour l'ouverture que vous nous avez faite. Vous nous
avez bien inspirés.
Nous allons
commencer avec le premier groupe aujourd'hui. Alors, nous recevons le Service
d'aide et de traitement en
apprentissage social en Abitibi-Témiscamingue, SATAS. Alors, je vous rappelle
que vous disposez d'une période de 20 minutes
pour nous faire votre présentation. Commencez par vous présenter. Vous avez
20 minutes pour l'exposé. Et par
la suite il y aura une période de 25 minutes d'échange avec les membres.
Je vais commencer par vous dire merci beaucoup d'être avec nous
aujourd'hui.
Service d'aide et de traitement en
apprentissage social (SATAS)
Mme Lessard (Chantal) : Merci
beaucoup. M. le Président, les membres de la commission, mon nom est Chantal
Lessard. Je suis directrice générale du Service d'aide et de traitement en
apprentissage social, le SATAS. Mais le
SATAS, ça va aussi. Pour le bénéfice des membres et du président, je suis
également directrice d'une maison de transition, en fait d'un organisme qui s'appelle le centre résidentiel communautaire
de l'Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec. On appelle ça un CRC. C'est la seule maison de transition qui existe
ici, en région. Celle qui est la plus proche après, c'est celle en Outaouais, ou à Saint-Jérôme, ou à
Kangirsuk, au Nunavik. Donc, on accueille une population d'hommes judiciarisés
pour des périodes de remise en liberté sous condition.
Le SATAS, en
fait, on a été invités à la commission parce qu'on offre des services... Notre
mission première, c'est d'offrir des
services à des personnes qui ont des comportements violents en contexte
conjugal, mais dans d'autres contextes aussi.
Et, bien, qui dit violence dit violence sexuelle aussi. Donc, on traite... En
fait, on ne traite pas, pour l'instant, la violence sexuelle, mais on fait de la prévention. Puis je
vais vous expliquer pourquoi on ne fait pas de traitement actuellement au
niveau de la délinquance sexuelle.
Je vais dire
d'emblée que je suis intimidée par les membres de la commission, qui sont si
nombreux. Je ne m'attendais pas à... Je ne sais pas, je n'avais pas
figuré dans quoi je m'embarquais quand j'ai répondu oui au courriel. J'espère
que vous avez reçu mon mémoire parce que je
n'en ferai pas la lecture. En fait, j'ai plus le goût de le faire dans un
exposé puis peut-être dans un échange
par la suite. Je me suis pris des notes au fur et à mesure que je relisais mon
mémoire, et donc vous n'avez pas tous les moments croustillants qu'on va
aborder aujourd'hui par rapport à ça.
Juste pour conclure avec qui est le SATAS, on
fait de la prévention, de la sensibilisation et du traitement au niveau des violences, l'utilisation de la violence
sous toutes ses formes. Mais on fait aussi de la formation, des conférences.
Et on est également instigateurs et
coordonnateurs avec d'autres membres, dont la Sûreté du Québec, le CAVAC et une
maison d'hébergement de la région...
on est coordonnateurs régionaux pour le projet Rabaska, qui est un projet pour
la prévention des homicides
conjugaux. Donc, on est très impliqués dans notre milieu. On a développé un
partenariat et une concertation très intéressante dans les dernières
années.
Et, moi, ça
fait huit ans que je suis directrice du SATAS et du CRC puis j'ai vu la
concertation sur le territoire se développer
et s'améliorer grandement. Puis pourquoi je dis ça? Parce que je vais faire des
recommandations par la suite, au niveau des instances provinciales, par rapport
à la concertation. Ce n'est souvent pas au niveau des régions, au niveau
du plancher des vaches, que les problèmes de concertation se passent, mais plus
au niveau des instances provinciales.
On existe
depuis 1996, le SATAS, et on a éventuellement grandi à travers le territoire.
On offre maintenant des services dans trois MRC, Val-d'Or, Rouyn et
Amos. Faute de ressources financières supplémentaires, je ne suis pas capable d'offrir des services à La Sarre à
temps plein. Donc, on y va de façon très... On y va aux deux semaines. Et je ne
suis pas capable d'offrir des services au
Témiscamingue à temps plein ou à temps partiel. Donc, clairement, le territoire
n'est pas desservi actuellement en matière de traitement en prévention
et sensibilisation à la violence sous toutes ses formes.
J'aurais
trois caractéristiques majeures à vous faire part par rapport à l'offre de
service que nous, on est capables d'offrir en matière de traitement de
la violence. On est évidemment un très grand territoire. Vous en avez constaté l'étendue, ne serait-ce que juste pour y venir.
Mais aussi on est un territoire qui est isolé des grands centres. Le Saguenay—Lac-Saint-Jean est à deux heures de Québec ou à
peu près, je ne sais plus. L'Outaouais, bon, ce n'est pas une région,
ils ont quand même des services, ils sont aussi près d'Ottawa.
Donc, on est une des seules régions, peut-être avec la
Côte-Nord, qui est aussi isolée des grands centres, avec la
Gaspésie. Qu'est-ce que... Ah! O.K. Oui, là, on... Oui, c'est ça, hein, on se parle, on se comprend.
Ceci étant dit, pourquoi que je parle de
l'étendue puis du caractère isolé... Oui, l'Ungava aussi.
• (10 heures) •
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Lessard
(Chantal) : Ça me fait
penser à un film où est-ce qu'elle dit que c'est comme... Puis là il faut
qu'elle dise bonjour à tout le monde, parce que finalement... Je ne prétends pas être la seule à être
isolée. Par contre, et là vous allez être d'accord avec moi, le fait d'être isolés nous oblige à
avoir des services de généralistes mais nous oblige aussi à avoir des
services spécialisés.
Donc, on est dans une dualité toujours et on
essaie de répondre à l'ensemble des besoins tout en essayant de développer une
expertise. Traiter la délinquance sexuelle, c'est une expertise. Traiter la
violence conjugale, c'est une expertise. De mon point de vue et du point de vue
de SATAS, ce n'est pas quelque chose qu'un généraliste qui fait de l'accompagnement
psychosocial peut faire de façon pointue. Je ne dis pas qu'un intervenant
psychosocial ne peut pas aider, soutenir quelqu'un
qui présente une problématique de délinquance sexuelle ou de violence, mais ne
peut pas traiter cette problématique-là.
On l'a vu
avec la cérémonie d'ouverture, on en entend parler abondamment, on est un territoire
où est-ce qu'il y a beaucoup de communautés distinctes au niveau
autochtone. Le Témiscamingue a été majoritairement des communautés anglophones, donc on a le défi supplémentaire en
Abitibi-Témiscamingue, et là je ne sais pas pour la Gaspésie puis l'Ungava,
mais pour l'Abitibi-Témiscamingue, d'offrir
des services bilingues. Ça, c'est une autre chose à tenir compte lorsqu'on
parle de services ici, en région.
Et on a
également des allochtones bilingues parce qu'on est très près des frontières...
Des frontières! Mon Dieu, c'est intense,
mon affaire! Bon, on connaît mes allégeances, maintenant. Mais je... On est
près des lignes de l'Ontario, c'est ça que je voulais dire. C'est une
frontière. C'est pour me détendre, là, que je fais ça, là, ce n'est pas pour...
Bon.
On est
principalement financés par le ministère de la Santé et Services sociaux à
partir du Programme de soutien des organismes communautaires. Ça, c'est
juste pour la petite histoire, mais on a aussi des ententes spécifiques avec le
ministère de la Sécurité publique pour le volet prévention qu'on fait dans le
milieu carcéral.
On a une entente spécifique aussi, depuis les
cinq dernières années, de 23 000 $ en délinquance sexuelle avec le ministère de la Santé et Services sociaux.
Pourquoi j'insiste sur le 23 000 $? C'est pour vous dire à quel point
je n'ai pas beaucoup de sous pour mettre de l'avant un service de
traitement en délinquance sexuelle.
Sans enlever absolument rien aux ressources et
au vécu des victimes féminines, une partie de mon témoignage aujourd'hui va porter aussi sur l'absence, la
quasi-absence de services pour les hommes qui ont été victimes d'agressions
sexuelles, d'abus sexuels dans l'enfance. Et
on le sait très bien puis les recherches le démontrent abondamment que, autant
pour une victime féminine que pour une
victime masculine, les conséquences à l'âge adulte sont très importantes et une
grande partie des agresseurs sexuels à l'âge adulte ont été abusés dans
l'enfance. Donc, si on ne donne pas de services à des jeunes hommes, des jeunes
garçons qui sont victimes d'agressions sexuelles dans l'enfance, on porte flanc
à une augmentation ou, en tout cas, à un passage à l'acte à l'âge adulte.
Actuellement, en Abitibi-Témiscamingue, à moins
que je ne suis pas au courant des dernières nouvelles, mais en Abitibi-Témiscamingue, il n'y a que le CAPACS,
en Abitibi-Ouest, qui est un CALACS, un centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, qui
offre des services pour les hommes victimes. C'est des choix d'organisation,
c'est des organisations d'action autonomes.
Ils ont le choix, mais je voulais saluer devant la commission le choix que le
CAPACS a fait en Abitibi-Ouest puisqu'ils vivent aussi quelques conséquences
d'avoir fait ce choix-là, tout comme à Gaspé...
que le CALACS ont fait. Et donc nous, on veut commencer à collaborer aussi
beaucoup avec le CAPACS pour pouvoir offrir des services de traitement,
des services de prévention, des services d'intervention auprès des hommes et
des jeunes garçons qui sont victimes d'agression sexuelle.
Un autre des points importants de ma
contribution à la commission aujourd'hui, c'est de mettre de l'avant la concertation et le partage d'expertise, qui
n'existent pas assez, en fait, entre les organismes qui viennent en
aide aux hommes... principalement aux hommes. SATAS et CRC, j'offre des services
aux deux sexes, mais j'offre des services principalement à des hommes.
Donc, on a développé une expertise par
rapport à l'aide aux hommes, et le
CAPACS a clairement développé des services spécialisés auprès des victimes d'agression sexuelle féminines. Et nous, ce qu'on veut éventuellement, c'est de pouvoir partager cette expertise-là pour, d'une
part, les outiller pour intervenir auprès des hommes, puis nous, pouvoir
avoir l'expertise aussi au niveau des délits à caractère sexuel, des
conséquences, et de partager nos expertises.
En Abitibi-Témiscamingue, actuellement, il n'y a
pas de traitement pour les agresseurs sexuels, à part un psychothérapeute, à Senneterre, qui accepte de
prendre des clients qui sont clairement délinquants sexuels. Je vous parlais d'expertise tantôt, c'est important,
et on commence... le SATAS commence à offrir des services en prévention.
Pourquoi on ne fait pas de
traitement? Parce qu'on n'a pas, actuellement, les moyens financiers d'obtenir des
psychothérapeutes. Le projet de loi n° 21, qui
a été déposé il y a plusieurs années, a mis un cadre à la psychothérapie beaucoup
plus restreint, et, en même temps, les sommes d'argent qui auraient permis aux organismes
qui faisaient du traitement en délinquance sexuelle... n'ont pas suivi. Il y a beaucoup
d'organismes qui n'ont pas été en mesure de s'ajuster.
Parce qu'embaucher un psychothérapeute, actuellement,
je ne sais pas si vous consultez dans la vie, mais c'est entre 80 $, 90 $ à 150 $ de
l'heure, et on ne parle même pas d'embaucher un psychothérapeute pour faire du
groupe. Là, on tombe à 300 $ de l'heure. Donc, SATAS met de l'avant
des stratégies, à partir de son 23 000 $, pour éventuellement développer des psychothérapeutes à l'intérieur de notre organisation,
mais c'est un processus qui est très long parce qu'il n'y a pas de cours disponible à distance, on n'est pas en mesure
de former et de... on n'a pas de psychothérapeute non plus qui accepte de venir superviser les personnes
qui sont dans nos organisations pour pouvoir en faire des psychothérapeutes,
éventuellement. Donc, c'est un travail de très longue haleine pour pouvoir en arriver
là. Pour obtenir des services pour la délinquance
sexuelle en Abitibi-Témiscamingue, il faut, à
peu près, avoir été judiciarisé,
puisqu'il y a les services correctionnels du Québec et les services correctionnels du Canada
qui offrent des services de traitement à
l'intérieur des murs, mais il
n'y a rien au niveau du suivi en communauté par la suite.
Je suis généralement perçue, sur les tables de concertation, comme quelqu'un
qui a une opinion et quelqu'un qui n'a
pas beaucoup peur de la partager. C'est pour ça que je vous
disais que j'ai été intimidée. Donc, peut-être qu'aujourd'hui
je vais me garder une petite gêne, mais peut-être pas. L'exploitation sexuelle,
à mon sens, l'exploitation sexuelle des mineurs, ou
l'exploitation sexuelle point, mais là on est dans une commission spéciale pour les mineurs, ça fait
partie d'un continuum de la violence.
Je ne sais pas, l'objectif... c'est sûr que je ne connais pas à fond tous les objectifs
puis les résultats que la commission a en tête, mais si ça découle sur
un plan d'action ou si ça découle sur une politique ou... Ça serait intéressant
de le voir comme dans un continuum. L'exploitation sexuelle des mineurs, ce
n'est pas juste une question d'exploitation des mineurs, c'est une question de
délinquance, de violence, c'est une question de crime organisé, de socialisation des garçons et des filles, c'est une
question d'égalité, c'est une question de prévention des agressions sexuelles,
d'éducation sexuelle, de famille, d'école.
C'est une question de pauvreté, quand on sait qu'un des facteurs importants qui
mène les femmes à la prostitution, c'est la pauvreté. Donc, ça fait partie d'un
tout.
Dans une époque pas si lointaine — je
pense que cette instance-là existe, mais que, dans les faits, elle ne se réunit
plus — il
y avait, jadis, un comité interministériel en matière de violence conjugale. Ça
fait des années que ce comité-là ne s'est
pas assis ensemble. Il n'y a pas d'instance provinciale, au niveau de la
concertation entre les ministères, ne
serait-ce qu'en violence conjugale. Donc, quand on parle d'exploitation
sexuelle des mineurs, ce serait tout à fait pertinent d'avoir une instance comme non partisane
aujourd'hui. Je vous félicite, d'ailleurs, les élus, d'être autour d'une même
table pour un problème commun. Parce qu'en fait ce que je propose aussi
dans mes recommandations, c'est qu'on...
• (10 h 10) •
Et là c'est
utopique, là, mais moi, je suis une fille qui rêve dans la vie, là, et j'espère
que ce n'est pas une utopie... mais
moi, j'entends beaucoup, beaucoup de guerres entre les regroupements, que ce
soit À coeur d'homme, la FEDE, le regroupement
des maisons d'hébergement, alors que moi, sur mon territoire, je suis capable
de m'entendre, de travailler. Ne
serait-ce que dans le Rabaska, lorsqu'on a créé le projet Rabaska pour la
prévention des homicides conjugaux, on n'a pas décidé de travailler en
fonction d'une définition de la violence conjugale. On a décidé de travailler
dans un objectif commun qui est sauver des vies.
Donc, si on se
donnait un objectif commun, au niveau provincial, de faire cesser
l'exploitation sexuelle, ou d'augmenter le sentiment d'égalité, ou, en
tout cas, de... puis pas juste le sentiment, mais que le phénomène d'égalité entre les hommes et les femmes devienne une
réalité, je pense que travailler dans un objectif commun, plutôt que dans une
définition, ça pourrait être utile.
Pour répondre
aux questions de la commission, parce que, là, il doit commencer à me manquer
un petit peu de temps, j'ai... En
matière de prévention, de sensibilisation et d'éducation, quelles mesures
pourraient être employées auprès des jeunes
et de leurs proches, des potentiels clients abuseurs et des acteurs indirects
de l'exploitation sexuelle pour diminuer les risques d'exploitation? Je vais me permettre de juste énumérer mes
recommandations parce qu'il me reste cinq minutes. Favoriser le changement social vers une plus
grande égalité entre les sexes. Que dans les mesures gouvernementales de
chaque loi, chaque politique tende le plus
possible vers l'égalité. Dans nos organisations, nous, on a des valeurs, on a
une mission, puis dans chacune de nos
politiques, on essaie de faire transparaître nos valeurs et notre mission et on
s'assure que tout ça est cohérent.
Donc, je pense que, pour tendre vers l'égalité dans notre société, il va
falloir que nos politiques le soient aussi.
Éducation sexuelle dès le primaire puis dans un
programme-cadre qui est offert par des personnes qui sont compétentes et qui veulent le faire, pas par le
prof de maths. Ce n'est pas par le prof de français, pas par le prof
d'éducation physique. Sensibilisation des parents, dans les milieux de la
petite enfance, milieux scolaires, sur les conséquences d'une socialisation conservatrice. Notre façon de
socialiser les garçons et les filles est encore très conservatrice, et ça a des conséquences dévastatrices en matière
de violence conjugale, de violence sexuelle, à plusieurs niveaux. Être en mesure de mieux dépister les violences
sexuelles, donc de la formation. Développer des mécanismes de concertation
entre les organismes. Développer des activités de prévention et de
sensibilisation adaptées qui s'adressent plus spécifiquement aux hommes
et aux jeunes garçons. Et voilà.
En matière de dépistage et de signalement,
quelles mesures pourraient contribuer à une meilleure détection des victimes
d'exploitation sexuelle? Les recommandations que le SATAS fait, c'est soutenir
la formation des intervenants autant pour
les victimes que les auteurs, soutenir financièrement les organismes dans le
rôle qu'ils sont amenés à jouer dans la trajectoire des services en
matière d'agression sexuelle et d'exploitation sexuelle; favoriser le transfert
d'expertise dans les organismes; documenter
et inclure le point de vue des hommes dans les modalités de sensibilisation,
tant comme agresseurs que comme
victimes de violence sexuelle; s'assurer que l'accessibilité des services pour
les hommes ayant été abusés dans l'enfance soit présente.
En matière d'intervention, quelles mesures
pourraient faciliter les démarches de suivi auprès des victimes? Commencez par utiliser ce qui existe déjà. Je
pense qu'on n'a pas à réinventer la roue. Actuellement, dans les tribunaux,
il y a des mesures qui existent, de façons de témoigner, par des paravents, par
des vidéos, par l'accompagnement d'un... Ça
va jusqu'à l'accompagnement d'un chien dans les salles de cour. Je pense que ce
n'est pas partout qu'on l'utilise. Pour avoir discuté avec certains
partenaires qui oeuvrent auprès des victimes, c'est quelque chose qui n'est pas
utilisé dans tous les
palais de justice ou qui n'est pas disponible. Moi, je pense qu'on ne devrait
pas toujours réinventer la roue puis on devrait utiliser qu'est-ce qui
est possible, qu'est-ce qui est disponible.
Contraindre
ou inciter les proxénètes, les trafiquants, je ne pense pas que... bien, en
fait, je ne le sais pas. Est-ce qu'augmenter
les sentences... Est-ce que contraindre une personne à recevoir de l'aide...
Bien, ça n'a pas fait ses preuves, à plusieurs égards. Moi, ce que je
dis, c'est, comme directrice d'une maison de transition, injecter davantage
d'argent en matière de surveillance, en
matière d'accompagnement dans la communauté. On incarcère les gens, ça coûte
des millions d'incarcérer des gens, alors que lorsqu'on les suit en
communauté puis qu'on les suit de façon adéquate, ça a été démontré qu'un risque de récidive diminue. Mais
les ressources en communauté sont clairement insuffisantes pour faire le
travail.
Conduire les acteurs
indirects à cesser d'alimenter la dynamique d'exploitation sexuelle. Je lisais
un article justement, hier, de La Presse, au niveau d'une
campagne qui avait été faite en Suède. Ça a pris 20 ans. Ils ont interdit l'exploitation sexuelle en Suède, ça a pris
20 ans pour faire ce changement-là, mais aujourd'hui les jeunes hommes qui
ont été interrogés disent : C'est loser d'avoir recours à des services
sexuels. Donc, il y a un travail de fond à faire au niveau de la sensibilisation, au niveau du changement
social d'égalité et de perception de c'est normal d'utiliser des services
sexuels. Il faut que ça change.
Mon Dieu! J'ai trop
d'affaires à dire. Vous avez eu mon mémoire. Sérieusement, je terminerais, en
fait, sur... Les façons de fonctionner actuelles, des fois, c'est comme on
fait des plans d'action puis, à un moment donné, on se rend compte qu'il y a une mesure qui n'a pas été... Ah mon Dieu!
on l'a oubliée, cette mesure-là puis là, tout d'un coup, on reçoit de l'argent ponctuel. En région,
ça n'aide pas, les mesures ponctuelles. Il faut se casser la tête dans notre
quotidien pour pouvoir avoir
5 000 $ pour pouvoir faire une action qui va durer l'année financière
dans laquelle on nous demande de le faire.
D'essayer...
en tout cas, d'essayer de penser les plans d'action en fonction des réalités de
l'ensemble du Québec. Montréal a sa
réalité, Gaspé a sa réalité, l'Abitibi a sa réalité. Pourquoi qu'on a toujours
besoin d'avoir des trucs mur à mur? Je n'en ai pas autant d'immigrants
en Abitibi-Témiscamingue qu'à Montréal. J'en ai, mais je n'en ai pas autant.
Moi, en Abitibi-Témiscamingue, ce que j'ai
besoin, c'est plus d'argent pour toucher plus de monde, pour toucher plus de
territoire. Donc, c'est ça. Aïe! C'est trop... c'est bien trop vite,
20 minutes. Moi, je pensais que... C'est ça.
Le Président (M. Lafrenière) : Bien, merci, Mme Lessard. Mais il y a pire
que ça, il va y avoir à répondre à des questions pendant 25 minutes
alors que...
Mme Lessard
(Chantal) : Mais ça, j'adore ça.
Le Président
(M. Lafrenière) : ...j'ai déjà neuf questions d'enregistrées.
Mme Lessard
(Chantal) : Est-ce que là je vais pouvoir dire des affaires que je
n'ai pas dites?
Le Président (M. Lafrenière) : Oui. Le défi va être pour les députés. Je vous demande d'avoir des questions
très courtes. On a déjà neuf questions d'enregistrées. On va débuter
avec le député d'Ungava, s'il vous plaît.
M.
Lamothe : ...je tiens à m'excuser. Quand vous avez parlé tantôt que
l'Abitibi, c'était la région la plus éloignée... la pancarte, puis ça vient me chercher, ces choses-là, parce que...
Juste une parenthèse, c'est que l'Abitibi-Témiscamingue a tendance à
oublier l'Ungava beaucoup.
Mme Lessard
(Chantal) : Je ne l'oublie pas.
M.
Lamothe : Non. Bien, ce n'est pas... Ce n'est rien de personnel. Mais,
par contre, c'est que l'Abitibi-Témiscamingue, c'est plus de 1 000 emplois, des gens qui viennent travailler
chez nous, à Hydro-Québec ou dans les mines. C'est plus de 125 millions de retombées économiques,
l'Abitibi-Témiscamingue. Puis ce n'est rien de personnel. Je tiens à m'excuser,
tantôt, ça vient me chercher, ces choses-là, quand on oublie l'Ungava. Merci.
Mme Lessard
(Chantal) : Bien, je vous partage tellement... Je sympathise parce
que, quand Montréal oublie l'Abitibi-Témiscamingue,
je suis dans la même situation. Mais on est sollicités beaucoup par... Là,
l'Ungava, là, je ne sais plus
qu'est-ce que ça comprend, là, mais, tu sais, moi, la Jamésie, on a beaucoup de
demandes, et le Nunavik aussi pour des échanges de services.
M. Lamothe :
C'est ça. L'Ungava, c'est le Nunavik, territoire cri, la Jamésie. Merci.
Mme Lessard
(Chantal) : ...je sympathise, je... C'est bon. Ça me touche aussi, je
suis une fille de région.
Le Président
(M. Lafrenière) : Députée de l'Acadie.
Mme St-Pierre :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci pour ce témoignage passionné et
passionnant. J'ai deux ou trois questions. Je vais essayer de faire vraiment
rapidement parce que je sais que mes collègues aussi ont des questions
importantes, et on veut vous entendre.
Vous ne faites pas de distinction, dans votre
témoignage, entre les Premières Nations et la population, l'autre...
Mme Lessard
(Chantal) : Les allochtones.
Mme St-Pierre :
Les allochtones. Ça me frappe un peu, et hier soir, on a entendu des
témoignages où on nous disait : Les solutions ne sont pas nécessairement
vos solutions. Les solutions, les modes, la façon de travailler devraient être différentes. Pourquoi vous n'avez pas fait de
différence entre le travail que vous faites auprès des Premières Nations
et le travail auprès des allochtones?
• (10 h 20) •
Mme Lessard (Chantal) : Parce que j'avais juste 20 minutes, mais
c'est inclus dans le mémoire que j'ai déposé. Quand vous demandez si on devait
tenir compte des particularités, moi, je suis de l'école qu'il faut toujours
tenir compte des particularités de toutes les clientèles.
Quand je disais qu'on
ne peut pas être des généralistes et des spécialistes à la fois, c'est... en
fait, on l'est, mais c'est ça qui est
difficile. Moi, à Val-d'Or, j'ai une clientèle beaucoup plus importante au
niveau autochtone qu'à Amos ou à
Rouyn et je dois adapter... et je dois transformer, en fait... parce qu'on a
tendance à vouloir toujours adapter nos services, mais, à travers la maison de transition, j'ai très
bien appris qu'il ne faut pas adapter nos services, il faut transformer, il
faut aller vers un traitement qui
correspond vraiment à leur culture puis à leurs valeurs. D'ailleurs, on le
fait, à la maison de transition, par le biais d'un projet qui s'appelle
Horizon.
Mais, au SATAS, oui,
j'en fais une, distinction entre les deux peuples, mais, comme je vous dis,
c'est difficile, des fois, d'avoir à être
spécialisé en violence puis, après ça, être spécialisé en violence en milieu
autochtone. Donc, oui, il y en a une,
différence entre les deux, oui, il y a une différence entre la victimisation du
peuple autochtone et les victimes du
peuple allochtone. Mais aujourd'hui j'avais envie de parler d'égalité, j'avais
envie de parler de socialisation, j'avais envie de parler de quelque chose qui est beaucoup plus profond, en matière de
changement social, pour en arriver à éradiquer la violence sexuelle.
Mme St-Pierre : Je voudrais savoir si vous avez eu, dans votre
pratique — vous
êtes criminologue — vous
avez eu, dans votre pratique, des
expériences qui pourraient être éclairantes et qui pourraient peut-être
être transmises ailleurs au Québec, des exemples de types de thérapies ou de types d'interventions qui sont uniques ou que vous avez développés ici, sur le territoire,
et qu'on ne connaît pas ailleurs?
Je
vous demande ça parce que... Je vais faire ça très rapidement. J'étais journaliste, dans mon ancienne vie, et j'étais venue ici, il y a plusieurs années, faire
un reportage sur la communauté qui avait décidé de se prendre en main par rapport à la violence et par rapport aux agressions
sexuelles, et ils avaient développé
un programme avec Portage. C'est un programme
qui mettait en face à face la personne qui avait agressé et la personne qui
avait été agressée. J'avais eu l'occasion
de tourner ça et j'avais trouvé ça... d'abord,
ça m'avait frappée énormément, et il semblait que, pour la communauté,
c'était une façon vraiment
d'avoir une véritable thérapie plutôt que d'avoir une peine d'emprisonnement, et ça a
avait été, à l'époque, enfin, semble-t-il, entre guillemets, un succès.
Je
me dis : Est-ce que vous avez des exemples à nous donner de types d'interventions qui sont uniques à la région et qui ont porté leurs fruits? Je
comprends qu'il y ait des enjeux budgétaires, là, mais quand même.
Mme Lessard
(Chantal) : J'en ai parlé, hein?
Mme St-Pierre :
Oui, vous en avez parlé, alors on a bien compris.
Mme Lessard (Chantal) : Bon, uniques en région, présentement, je pense
que qu'est-ce qui est unique en région, c'est d'avoir développé le programme PIVOT pour nous autres. Le
programme PIVOT, c'est un programme de prévention de la délinquance sexuelle et ça permet à des
hommes qui n'ont pas encore commis ou qui ont commis... puis on fait de la
prévention de la récidive, à ce moment-là, de venir faire un programme avec
nous. Encore là, c'est un programme de prévention,
donc je ne peux pas aller très loin, je ne peux pas faire de l'intervention
parce que je n'ai pas de psychothérapeute.
La maison de
transition, nous, on veut aller vers un programme de justice alternative. C'est
dans mes cartes pour les cinq prochaines
années, et, clairement, on veut s'inspirer des cercles de guérison. On est dans
la justice alternative, on est dans
la justice réparatrice et c'est ce vers quoi on veut tendre. SATAS est en
discussion aussi avec une étudiante à la maîtrise qui travaille au CAVAC. Donc, c'est pour vous montrer aussi
que, sur le territoire, il y a beaucoup de collaboration qui se fait
entre une ressource pour hommes puis une ressource pour les victimes. Donc, je
suis en discussion avec une étudiante à la
maîtrise pour développer peut-être un programme de justice réparatrice à partir
du Programme PIVOT, à partir des
délinquants sexuels auxquels nous, on a accès puis par rapport aux victimes
d'agressions sexuelles, que la CAVAC a accès aussi.
Les traitements en
délinquance sexuelle... puis, comme criminologue, moi, je l'ai inscrit dans mon
mémoire, mais traiter un proxénète puis traiter un délinquant sexuel, c'est
deux choses complètement différentes, je suis désolée. Pour moi, un proxénète, ça n'a pas un profil de délinquant sexuel. Ça a
un profil de valeur criminelle, d'appât du gain, de personnalité
antisociale. Quand on parle d'un homme qui consomme de la pornographie
juvénile, qui fait des leurres informatiques...
parce que je me référais à la définition que la commission donne de
l'exploitation sexuelle, les deux délits qui se retrouvaient en exploitation sexuelle. Vous parliez de leurre
informatique puis de, voyons... leurre informatique et de consommation
de pornographie juvénile. C'est des gens qui se retrouvent actuellement dans
notre Programme PIVOT, parce que,
généralement, la première offense, ils n'obtiendront pas une sentence
suffisante, hein? C'est épouvantable, ce que je dis, mais ils n'obtiendront pas une sentence suffisante pour pouvoir
avoir un traitement soit à Percé, parce que, pour aller à Percé pour aller faire le PETRAAS, il faut avoir
au moins 12 mois de sentence, puis là, si on a une sentence de plus de deux
ans, là, on va obtenir un traitement par les services correctionnels du Canada.
Encore une fois, je le
répète, mais il n'y a pas de maintien des acquis lorsqu'ils reviennent en
région parce qu'il n'y a pas personne qui
fait ce genre de travail là. Et on le sait que l'autosurveillance puis le
maintien des acquis est un facteur très important, déterminant, voire
essentiel pour la prévention de la récidive.
Le Président (M. Lafrenière) :
Merci beaucoup. Députée de Gaspé.
Mme Perry
Mélançon : Merci, M. le Président. Vraiment heureuse de vous entendre
ce matin. Merci d'être là. C'est
important de parler des réalités des régions qui sont plus loin puis qui
doivent composer avec la distance aussi de l'offre de services. On
pourrait en parler encore longtemps, juste du budget qui devrait être alloué à
ça, là, d'être capable d'offrir le service sur tout le territoire quand on est
situé à un endroit spécifique, donc...
Puis je
tenais aussi à vous remercier d'avoir souligné le fait que certains CALACS ont
perdu du financement parce qu'ils ont décidé d'élargir leur service, de
l'offrir aussi aux jeunes garçons, parce que, pour moi, c'est une aberration. Je n'ai pas passé de message au gouvernement
encore dans cette commission, mais je pense que celui-là, je vais le passer,
parce que La Bôme-Gaspésie CALACS, ils sont dans cette situation-là. J'ai
déjà sensibilisé la ministre de la Condition féminine là-dessus et je pense que
ça, effectivement, il faut continuer à dénoncer ce manque de financement là.
Alors, vous avez parlé d'une maison
d'hébergement, qui est un de vos partenaires, au SATAS, et j'aimerais savoir un peu votre vision là-dessus. Comment
est-ce qu'on peut... tu sais, au niveau de la sortie des jeunes, que ça soit
des garçons ou des filles, dans quel
environnement on devrait les faire grandir ou les faire développer, là, pour
finalement se sortir du trauma et d'avoir les soins nécessaires, là,
pour vraiment ne pas retomber, là, dans cette situation...
Mme Lessard (Chantal) : La
maison d'hébergement avec laquelle je travaille, c'est Alternative pour elles. C'est une maison d'hébergement pour les femmes qui
ont été victimes de violence conjugale. Donc, c'est dans le cadre de mon
mandat en violence conjugale que je collabore grandement avec Alternative pour
elles. Mais, pour ce qui est des victimes d'exploitation sexuelle, puis là on
va parler comme si on était une... bien, en fait, ça serait difficile, pour
nous, d'avoir une masse critique pour avoir
une ressource d'hébergement pour les femmes ou les hommes qui ont été victimes
d'exploitation sexuelle.
Par contre, quand je parlais de pauvreté,
tantôt, aider ces gens-là à sortir de la pauvreté, si c'est le cas, favoriser le retour à l'école, favoriser le retour sur le
marché de l'emploi, l'accès à un logement... je fais du coq-à-l'âne, mais je
parlais au maire Corbeil tantôt et je lui proposais un projet que la maison de
transition veut mettre de l'avant à Val-d'Or, qui est un... tu sais, ça va être de l'hébergement pour
notre clientèle qui est vulnérable. Je pense que des ressources comme la maison
de transition, des ressources comme la maison d'hébergement Alternative pour
elles pourraient avoir un volet violence sexuelle puis avoir, peut-être, un ou
deux lits, trois lits de disponibles, spécifiques, pour ça, pour s'assurer
qu'on... ces femmes-là, ces hommes-là sont...
Mme Perry Mélançon : Encadrés.
Mme Lessard
(Chantal) : Je n'ose pas
dire le mot «encadrés», mais entourés, dans un environnement sécuritaire,
qu'ils ne soient pas toujours confrontés à leur milieu criminogène ou le milieu
dans lequel ils seraient susceptibles de retomber;
d'avoir la possibilité de consolider des décisions avant d'être reconfronté à
son proxénète ou reconfronté à un risque
de rechute, parce que la toxicomanie fait partie aussi des enjeux... mon Dieu,
c'est concomitant, là, la prostitution... Là, on parle de prostitution,
on parle d'exploitation sexuelle, on parle de plein de choses, mais moi, je
pense que l'environnement sécuritaire, le
fait d'avoir la possibilité de se concentrer sur cette guérison-là, c'est la
clé. C'est ça, les maisons d'hébergement pour les victimes de violence
conjugale, une des grosses... une des choses qui, en tout cas, qui m'apparaît la plus importante, c'est de ne plus
avoir à se soucier d'autre chose que ma guérison. Je suis logé, je suis nourri,
je suis dans un milieu sécuritaire, si j'ai
perdu mon emploi ou je ne suis pas capable de travailler, je... tu sais,
financièrement, on le sait, là, le
stress financier d'avoir à s'occuper de tout ça. Donc, la maison d'hébergement
vient combler les besoins de base, ce
qui nous permet, par la suite, de se reconstruire. Mais ça prend des gens
compétents dans l'expertise aussi pour que ces personnes-là, ces
victimes-là, puissent se reconstruire.
Mme Perry
Mélançon : Merci beaucoup. J'aurais eu une autre question, mais je
sais qu'on est plusieurs, hein, en lice? Probablement, ça va être
répondu avec les autres collègues.
Le
Président (M. Lafrenière) : On a un beau défi. Je m'excuse. Merci beaucoup. Député
d'Hochelaga-Maisonneuve. On va tenter de garder nos réponses les plus
courtes possible, il nous en reste encore cinq en quelques minutes. Député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (10 h 30) •
M. Leduc :
Merci. Bien, merci de vous être présentée aujourd'hui. Étant député d'Hochelaga-Maisonneuve, une circonscription particulièrement
petite, là, qui se fait en 15 minutes est-ouest en auto, 20 minutes
si on pogne quelques lumières sur la rue Ontario...
Mme Lessard (Chantal) : Elle
est bien habitée, votre circonscription.
M. Leduc : Oui, bien habitée.
Cependant, on fait face, nous aussi, parfois à des dossiers de pauvreté. Et
vous l'avez évoqué. Là-dedans, il y a des
groupes qui ont commencé à en parler, en particulier cette semaine. Est-ce que
vous avez des pistes de solution? Parce que
certains groupes faisaient référence au fait qu'on pourrait réfléchir à hausser
les prestations d'aide sociale, par exemple, ou on a fait référence aussi à un parcours de sortie de la
prostitution en France, qui offre des
prestations spéciales aux femmes qui s'engagent dans ce parcours-là. Est-ce que
c'est quelque chose sur lequel vous avez réfléchi?
Puis je pose une dernière, deuxième petite
question en même temps, par rapport au financement. Vous avez évoqué... Donc, des fois, des projets
particuliers, c'est difficile. D'autres groupes ont proposé de faire des
projets sur au moins cinq ans. Est-ce que c'est quelque chose qui
pourrait vous aider, ça aussi?
Mme Lessard
(Chantal) : Oui. Bien, à la
première question, je ne suis pas une experte de la pauvreté. Je ne suis pas
une experte non plus du processus de sortie de la prostitution. Moi,
j'interviens principalement auprès des auteurs de violence. Ça
fait que c'est sûr que je vais
laisser le CALACS répondre à votre question. Puis je n'ai pas assez d'expertise
non plus au niveau du revenu minimum
garanti. Tu sais, en tout cas, bref, j'en ai plein dans ma cour avant ça. Mais
je vais laisser les autres experts dans la matière répondre.
Pour ce qui est des projets sur des plus longues
périodes, moi, dans mes demandes de financement, dans mes négociations de contrats que je fais avec les ministères, c'est toujours ça que je mets de l'avant. J'essaie de signer
des contrats de minimum trois ans pour être capable, bien, d'assurer mes
ressources humaines, d'assurer une continuité de service, d'assurer surtout la continuité de service pour la
clientèle. Moi, offrir un service que je ne suis pas capable... que je vais
avoir deux, trois personnes qui vont venir puis qu'après ça je vais leur
dire : Bien, je ne peux plus t'aider... parce que le temps d'implanter le service, le temps d'avoir des gens puis de leur
donner un service, puis là les gens ont commencé à en entendre parler, puis là ils veulent le service,
puis là je leur dis : Bien, je n'ai plus d'argent... Ça fait que, oui, je
veux des contrats de cinq ans.
M. Leduc : C'est dit.
Le Président (M. Lafrenière) :
Merci beaucoup. Député de Chomedey.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. Merci d'être là. C'est rafraîchissant en ce début de journée.
Vous avez
mentionné du crime organisé tantôt. Est-ce qu'on a une présence marquée du
crime organisé, pas juste en
Abitibi-Témiscamingue... Deuxième question, je vais vous amener au
Témiscamingue parce que vous m'avez dit que vous étiez là de façon sporadique, probablement une question de
ressources, là. Mais, en crime organisé, est-ce que c'est quelque chose
qui est visible dans vos interventions?
Mme Lessard (Chantal) : Bien,
dans une autre vie, j'étais agente de libération conditionnelle pour les
services correctionnels du Canada, puis ça fait 16 ans de ça. Ça fait
qu'on a vécu des périodes beaucoup plus intenses au niveau du crime organisé à Val-d'Or et au Témiscamingue.
J'ai côtoyé, on s'entend, là, tu sais, des têtes dirigeantes, là... Mon Dieu!
Mon char est dans le parking, mais...
M. Ouellette : Oui, mais vous
êtes à Val-d'Or.
Mme Lessard
(Chantal) : Tu sais, on
s'entend, là, que ce n'est pas le même niveau de crime organisé à Val-d'Or qu'à
Montréal, bon, mais ça reste du crime organisé, ça reste qu'il y a des têtes
dirigeantes, ça reste... bon, et qui dit crime organisé dit bars de
danseuses, dit escortes, dit plein... bon, dit exploitation sexuelle et
éventuellement, probablement, d'implication de mineurs par rapport... danse ou
autres, traite humaine.
Par le biais du fait que je suis directrice
d'une ressource en réinsertion sociale, je sais que, dans mon service, SATAS, il y a des gens qui font partie du crime
organisé ou, en tout cas, d'une organisation criminelle de trafic de
stupéfiants. Bon, par contre, ils sont dans le service SATAS parce
qu'ils ont des comportements violents, et violents en contexte conjugal la plupart du temps. Mais on sait aussi
que, dans le crime organisé, la violence, c'est quelque chose qui est valorisé
puis qui est mis de l'avant. En milieu carcéral, le SATAS offre des services de
prévention de la violence, prévention de
l'utilisation de la violence sous toutes ses formes. Et on avait inclus de
façon systématique les gens qui avaient été arrêtés pour des délits qui faisaient référence à une
certaine forme de crime organisé parce que, justement, au niveau des valeurs,
ça faisait partie de ça.
M. Ouellette : On va parler de tourisme sexuel maintenant parce
qu'on est à proximité de l'Ontario. Pour avoir oeuvré plusieurs années au
Témiscamingue, dans la région de Ville-Marie, Notre-Dame-du-Nord avait beaucoup
de tourisme sexuel par rapport à
l'Ontario. Puis vous m'avez mentionné tantôt que vous devez dispenser, dans
plusieurs communautés, des services
bilingues, et vous avez certaines communautés, particulièrement au Témiscamingue,
que c'est unilingue anglophone. Donc,
ça me fatiguait un peu que vous me
disiez que vous n'aviez pas des services à temps plein au Témiscamingue. C'est parce que le besoin
n'est pas là?
Mme Lessard (Chantal) : Ah non!
Le besoin est là. Le besoin est là. C'est juste que le SATAS a une vocation
régionale. Par contre, moi, je reçois du
PSOC, le Programme de soutien aux organismes communautaires,
258 000 $ par année. J'ai
une coordination. J'ai un intervenant à Val-d'Or. J'ai un intervenant et demi à
Rouyn. J'ai un intervenant à temps plein à Amos qui fait La Sarre et qui
donne des services en détention. Je ne vois pas... Je n'ai pas les moyens
financiers de louer un local, d'assurer un temps plein au Témiscamingue, puis,
même encore, au Témiscamingue, je l'installe à Ville-Marie. Il y a une heure de route pour faire
Témiscaming. Puis là il faut qu'il soit bilingue, puis il faut qu'il ait un bac,
tu sais? Ça fait que c'est ça.
M. Ouellette :
Et donc ils sont défavorisés.
Mme Lessard
(Chantal) : Clairement, puis ils sont défavorisés... Non, je...
M. Ouellette :
Non, vous pouvez le dire.
Mme Lessard (Chantal) : Bien, d'après moi, il y a des secteurs, il y a
des MRC, dans notre région, qui sont plus défavorisées que d'autres,
dont le Témiscamingue et La Sarre. Puis actuellement c'est des MRC que je ne
suis pas capable d'offrir un service à temps
plein. Mais je ne voulais pas parler de financement abondamment. Je voulais
juste... Mais c'est ça.
M. Ouellette :
Non, mais c'est la réalité puis, je pense, c'est important qu'on la connaisse
aussi.
Mme Lessard
(Chantal) : Et c'est pour ça que je fais des demandes de financement
ponctuelles et c'est pour ça que je demande
des financements qui sont sur plusieurs années, pour pouvoir consolider un
financement au niveau du Programme de soutien aux organismes
communautaires.
Le Président
(M. Lafrenière) : Merci. Députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil :
Merci beaucoup de votre présentation. Moi, ma question... On a eu le privilège
hier de passer, donc, la soirée avec
la nation anishnabe et on les a beaucoup écoutés. Puis je veux aller vraiment
là-dessus pour voir ce que vous voyez comme solution. Moi, je résumerais ça
comme... Ils voudraient qu'on inverse la pyramide, au lieu que ça soit nous, collectivement, les gouvernements, les deux
paliers de gouvernement, les différents ministères, qui déterminent les besoins et amènent les solutions, que ça émane de
la communauté et que nous, on puisse traduire tout ça en financement. Bon, alors donc, on va toucher le financement.
Vous, dans le travail que vous faites, est-ce que... Et on a une approche,
l'autre chose, par silo. Eux, c'est
l'approche holistique. Donc, on voit tous les problèmes et toujours des disputes
entre, bon, les deux paliers de
gouvernement, et donc chacun qui tire la couverture vers son autonomie, son
indépendance, sa juridiction, etc.
Est-ce que vous, vous
avez l'occasion, donc, de travailler de près, quand vous touchez aux enjeux qui
touchent particulièrement les autochtones, de cocréer, disons, les solutions
qui sont adaptées à leurs besoins? Puis avec le financement... Vous avez très peu de financement. Puis on va regarder
toutes ces questions-là. Mais, au-delà de financement, montants, je parle plus de vision et de politique
publique, est-ce que vous avez l'occasion de travailler avec eux? Parce qu'eux,
quand on parle d'expertise, ils nous ont dit
et répété... et j'ai eu l'occasion de parler une heure avec une intervenante
qui m'a expliqué cette expertise et
les résultats qu'ils ont avec leur approche. Avez-vous l'occasion de
travailler, comme ça, de près, avec
eux pour amener des solutions qui ne sont pas nécessairement dans les critères
de ces programmes? Et je comprends que vous avez des barrières. Et
qu'est-ce que vous en dites?
Mme Lessard (Chantal) : J'en dis que je suis tout à fait d'accord avec
eux, que la pyramide devrait être inversée pour les autochtones et pour les allochtones. Je trouve que notre
participation ici aujourd'hui est formidable parce qu'on a l'occasion de vous parler de nos besoins. Puis
j'ai l'occasion de vous dire comment le SATAS voit le financement ou voit
une problématique en particulier. Je pense
qu'on devrait partir des besoins. Puis on a un petit peu plus ces instances-là,
au niveau allochtone, par la CROC-AT,
là, le regroupement des organismes communautaires de l'Abitibi-Témiscamingue.
Ils ont développé des mécanismes pour dire : O.K., là, il y a tant
d'argent qui arrive par le Programme de soutien aux organismes communautaires, voici comment on va faire la distribution en
fonction des besoins régionaux. Ça fait que cette instance-là existe un petit
peu plus au niveau allochtone. Mais je suis tout à fait d'accord avec eux qu'on
devrait identifier les besoins des
communautés puis financer en fonction des besoins de communautés que... Mais
moi, je suis de l'école des communautés autochtones ou allochtones, des
communautés en général.
• (10 h 40) •
Mme Weil :
Avez-vous eu l'expérience... Comme, traitement des abuseurs, on a même parlé de
ça, puis ils ont... parce qu'ils travaillent avec les enfants très, très
jeunes, et tout le long de leur parcours. Ils sont capables d'opérer un
changement, éventuellement, beaucoup de patience, mais beaucoup de... Ils sont
très assidus. Est-ce que vous avez eu l'occasion,
dans vos mêmes programmes et vos approches, d'intégrer leurs approches et faire
quelque chose ensemble ou est-ce que vous êtes contraints par les
critères des programmes gouvernementaux?
Mme Lessard (Chantal) : Non, on n'a pas tant d'échanges. J'en voudrais
plus. On n'a pas tant d'échanges sur l'expertise qu'ils ont dans leur
communauté par rapport au traitement de leur communauté, par rapport, exemple,
à la prévention ou au traitement de la
délinquance sexuelle au Lac-Simon, ou à Pikogan, ou autre. Par contre, ça
devient de plus en plus présent dans nos ressources. Nous, on a beaucoup
plus d'échanges avec Pikogan parce qu'on est à Amos. Mes sièges sociaux sont à Amos, donc j'ai plus
d'échanges. Tristement, on n'a pas tant d'échanges entre les communautés et mes
ressources. Par contre, on fait partie des
tables de concertation. Ça commence. C'est une relation de confiance qui doit
se créer. On n'est pas encore là présentement, mais j'y crois.
Puis
en même temps je trouve que l'approche des Premières Nations, des autochtones,
l'approche holistique, l'approche globale est beaucoup... Moi, j'adhère
beaucoup plus à ça que dans des créneaux très, très spécifiques. Une problématique de toxicomanie, une problématique de
délinquance sexuelle, une problématique de valeurs criminelles, ce n'est pas juste une affaire, c'est un traitement
de la personne au complet. Donc, l'approche holistique me parle beaucoup.
À la maison de transition, on est rendus là. On a embauché une ressource qui
est vraiment dédiée à la communauté autochtone dans le projet Horizon . Puis
c'est en collaboration avec les services correctionnels du Canada que j'ai pu développer ce projet-là. Et ça donne des résultats
vraiment formidables. Puis je me suis rendu compte que le fondement de ce
projet-là, moi, je pensais que c'était la sécurisation culturelle, c'était
d'offrir un milieu sécuritaire pour la clientèle qui venait chez nous, puis finalement je me suis rendu compte que le fond de
ce projet-là, c'est la réconciliation. Puis, à tous les jours, je me rends
compte à quel point on a à aller vers eux puis qu'on s'attend à ce que ce soit
eux qui viennent vers nous. Je vis des affaires vraiment, vraiment
extraordinaires à travers ce projet-là.
Mme Weil :
Excellent. Merci.
Le Président (M. Lafrenière) :
Merci beaucoup. Députée de Les Plaines.
Mme Lecours
(Les Plaines) : Merci beaucoup, M. le Président. Vous avez parlé de
coordination, en fait de manque de coordination. Ce n'est pas la
première...
Mme Lessard
(Chantal) : Concertation.
Mme Lecours
(Les Plaines) : De concertation. Ce n'est pas la première fois qu'on
en entend parler. Vous, vous dîtes que ce devrait être les instances
provinciales qui organisent... Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Lessard (Chantal) : Non. Moi, ce que je dis, c'est que je pense... Ma
perception, c'est qu'au niveau provincial il y a un manque de communication puis il y a un manque de... Les gens
se battent sur une définition plutôt que se mettre ensemble dans un
objectif commun. C'est ça que je dis.
Mme Lecours
(Les Plaines) : Entre les différents ministères, là où il y a des
programmes...
Mme Lessard (Chantal) : Entre les différents ministères. Mais en fait je
parlais de regroupements parce que, pour ce qui est des ministères, c'est un petit peu lointain pour moi,
qu'est-ce que chaque ministère pense, là. Moi, je vous parle de la table
de concertation de Montréal. Je vous parle des regroupements pour les maisons
d'hébergement, la FEDE, À coeur d'homme. Je
vous parle de... Moi, ce que je dis, c'est qu'au niveau... Moi, dans ma région,
ce que je vis n'a rien à voir avec ce
que j'entends au niveau provincial, puis, pour moi, ça ne fait pas de sens que
ça... En fait, j'ai l'impression que le
changement au niveau de la concertation puis du partenariat va se faire par la
base, alors que j'aimerais ça, être inspirée par les instances
gouvernementales puis par les instances provinciales qui regroupent les
organisations comme moi.
Mme Lecours
(Les Plaines) : Et, quand vous parlez du partage d'expertise qui est
absent, ce n'est pas dans la région, c'est entre régions? C'est ce que
je comprends?
Mme Lessard (Chantal) : C'est dans la région. C'est au niveau provincial
aussi. Je pense qu'on aurait avantage à
se trouver un objectif commun, à se trouver un langage commun pour pouvoir
partager nos expertises. Puis moi, je parle à travers le projet Rabaska,
où est-ce que... Il y a cinq ans, là, le SATAS, s'asseoir avec les maisons
d'hébergement, ça n'existait pas, et maintenant ça existe, puis on se parle
presque à tous les jours. On collabore dans un objectif de protéger des gens, sauver des vies puis aider les gens qui sont des auteurs de violence. Puis
c'est ce changement-là que je pense
qui... Moi, je trouve que c'était assez révolutionnaire dans les cinq dernières
années. Moi, je n'avais pas vu ça avant, en concertation puis en
partenariat, sur mon territoire, avant ce projet-là.
Mme Lecours
(Les Plaines) : O.K. Je trouve
ça intéressant parce
qu'effectivement on a entendu plusieurs belles initiatives. Et est-ce
qu'on doit dédoubler tout ça? Ça, c'est l'autre question, là. Mais je vous
remercie beaucoup.
Le Président
(M. Lafrenière) : Merci beaucoup. Deux dernières questions,
rapidement, députée de Roberval.
Mme Guillemette :
Merci, M. le Président. Je trouve ça très intéressant, le côté que vous
apportez, des hommes. Il y a des
services pour les hommes judiciarisés. Pour un homme qui n'est pas judiciarisé
et qui voudrait recevoir des services, est-ce qu'il y a quelque chose de
formel?
Mme Lessard (Chantal) : Bien, actuellement, je suis capable d'offrir à
Amos seulement le programme PIVOT, qui
est offert gratuitement puis qui est offert à une clientèle volontaire. Mais,
pour le reste, l'homme doit se présenter en CLSC ou dans un cabinet privé. Et on n'est pas à la même place, exemple,
que d'autres pays en Europe où est-ce qu'ils ont mis... Actuellement, ici, si un homme va dans des services puis il dit
qu'il a des fantasmes au niveau du passage à l'acte sur un enfant, le psychothérapeute est obligé de
le dénoncer. Donc, cette protection-là, c'est correct dans le sens que je
pense qu'il y a une discussion à y avoir par
rapport à ça. Mais le fait d'avoir cette épée de Damoclès sur la tête, l'homme
n'ira jamais dire ça.
Puis en même temps les services
publics, ils sont capables de faire jusqu'à un certain point... Il y a des
listes d'attente pour voir un
psychothérapeute ou pour voir un travailleur social dans nos réseaux publics.
Et on le sait, que, bien, dans les 10 dernières
années, il y a eu beaucoup de travaux, il y a eu beaucoup de discussions autour
de l'aide aux hommes. Je pense que
c'est moins lointain. Maintenant, si je vous dis que la demande d'aide chez les
hommes est très difficile... Donc, avant qu'un homme se rende au CLSC pour dire à la madame à l'accueil ou au
monsieur à l'accueil... de dire : Moi, j'ai besoin d'aide parce que
j'ai des pensées qui me font peur par rapport à un passage à l'acte... On n'est
pas rendus là, là.
Puis nous, SATAS, on
a élargi, sur le territoire, entre autres, de La Sarre ou ailleurs, des
fois, notre service en violence conjugale à
de la relation d'aide pour des clients qui avaient des pensées puis qui avaient
un risque de passage à l'acte, puis on
a essayé de les diriger le mieux possible vers des ressources spécialisées,
mais ces ressources-là n'existent pas.
Le Président
(M. Lafrenière) : Merci beaucoup. Dernière question, député de
Viau.
M. Benjamin :
Merci, M. le Président. Merci pour votre présentation. Donc, ce matin encore,
la cheffe du Conseil de la nation
anishnabe nous a rappelé qu'elle a quatre générations à guérir. Et merci, dans
votre présentation, de nous avoir rappelé que les particularités
régionales sont nécessaires. Et, moi, quand je suis arrivé ici, depuis hier,
une des choses que j'ai observées, c'est...
Une des grandes particularités de cette région, je crois, c'est les enjeux,
dans le continuum dont vous avez
parlé tout à l'heure, auxquels font face les Premières Nations. Et une de vos recommandations, et j'aime toutes vos recommandations, mais il y en a une en
particulier : s'assurer de l'accessibilité des services pour les hommes ayant été abusés dans l'enfance. Lorsqu'on connaît la réalité des Premières Nations, lorsqu'on connaît aussi les obstacles que, par exemple,
la communauté, par exemple, de Lac-Simon... est-ce qu'il y a une possibilité, toujours dans cette perspective de particularité
régionale, d'amorcer... je veux bien que l'enjeu des ressources
soit un enjeu gouvernemental, la disponibilité
des ressources, mais une réflexion afin que
cet enjeu de particularité régionale puisse prendre en compte aussi que le...
qu'il puisse... non seulement un dialogue,
mais des besoins aussi de ces communautés-là? Donc, où est-ce que vous en êtes
dans cette réflexion-là?
Mme Lessard
(Chantal) : Dans la réflexion de l'accès aux ressources pour les
hommes?
M. Benjamin :
De l'accès aux ressources pour les hommes, et notamment pour des communautés.
Donc, je fais référence au Conseil de la nation anishnabe, donc, qu'on a
rencontré hier, donc, et ça peut être aussi d'autres communautés qui, aujourd'hui, ne se retrouvent pas, n'ont pas
accès à ces ressources-là. Je sais que la difficulté des ressources, elle est
globale pour l'ensemble du milieu communautaire. Mais qu'est-ce que vous pensez
par rapport à cet enjeu?
• (10 h 50) •
Mme Lessard (Chantal) : De ma perception, j'ai l'impression... Puis je ne
suis pas en train de dire qu'ils ont full ressources, là, mais j'ai
l'impression que les hommes anishnabe, les hommes au Lac-Simon, ou à Pikogan,
ou à Kitcisakik... j'ai l'impression
qu'ils ont accès davantage à des
services d'aide, en tout cas, à une écoute, à une reconnaissance des impacts
de leur victimisation par le passé, que dans le milieu allochtone, et de là l'importance,
pour SATAS, éventuellement, comme Mme Will...
Mme Weil :
Weil.
Mme Lessard
(Chantal) : ...Weil, excusez-moi, le disait, l'importance du partage
d'expertise parce qu'ils ont développé des
choses au niveau du traitement pour les hommes qui ont été
victimes, de là l'importance du partage entre les ressources allochtones et autochtones. Mais la prise en
charge, la reconnaissance, l'empathie que ces hommes-là ont été victimes
et que ces hommes-là ont besoin d'aide, ma perception, c'est que, dans les communautés,
cette empathie-là, cette reconnaissance-là est beaucoup plus importante et que
ces hommes-là sont pris en charge lorsqu'ils le souhaitent. Peut-être que je me
trompe.
Le Président
(M. Lafrenière) : Je vous remercie pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Je
vais suspendre quelques instants, le temps de laisser le prochain groupe
prendre place. Merci infiniment. Merci.
(Suspension de la séance à
10 h 51)
(Reprise à 11 h 2)
Le Président (M. Lafrenière) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite
maintenant la bienvenue aux représentants du
CALACS-Abitibi.
Mais,
avant de vous laisser faire votre présentation, tout à l'heure, j'ai souligné
la présence de plusieurs personnes qui
étaient dans la salle et j'ai fait un impair incroyable, j'ai oublié de saluer
M. Jacques Harnois, M. Harnois qui est du bureau du ministre
Pierre Dufour. Alors, merci beaucoup d'être avec nous pendant nos travaux.
Une voix :
...
Le
Président (M. Lafrenière) : J'ai corrigé tout ça. Merci. Merci
d'être avec nous aujourd'hui.
Alors,
pour les représentants du CALACS-Abitibi, je vous rappelle que vous
disposez d'une période de 20 minutes pour faire votre présentation. Vous allez commencer en vous présentant
vous-mêmes, nous faire votre exposé. Et par la suite, avec les membres de la
commission, il y aura
une période d'échange pendant 25 minutes. Encore une fois, merci d'être avec nous aujourd'hui.
Centre d'aide et de lutte contre
les agressions à caractère
sexuel Abitibi (CALACS-Abitibi)
Mme Bélisle
(Josée) : C'est moi qui vous
remercie. Je vous remercie réellement de vous être déplacés en région.
C'est vraiment rare qu'on a la chance d'exprimer notre vécu, nos besoins, ce
qui se passe chez nous.
Moi,
je m'appelle Josée Bélisle, je suis intervenante communautaire
depuis 30 ans. Je suis coordonnatrice administrative au CALACS-Abitibi.
Et là je vais commencer en vous disant que, si ma collègue Chantal Lessard
était intimidée, tantôt, c'est incroyable ce
que je le suis, parce qu'effectivement elle est reconnue pour avoir le parler
assez facile. Un peu moins, moi. Par
contre, l'avantage que j'ai de passer derrière Mme Lessard, c'est que je
vais essayer de ne pas être redondante.
J'ai écouté les recommandations de Mme Lessard, et sincèrement nous
aurions pu les cosigner tellement elles sont cohérentes avec ce que
nous, on voudrait recommander.
Alors,
vous avez aussi entendu mes partenaires du regroupement québécois des CALACS,
les centres d'aide pour les victimes
d'agression sexuelle. Là aussi, je vais faire attention pour ne pas répéter
nécessairement ce que vous avez déjà entendu. Donc, ça ne sera pas une
présentation aussi exhaustive que vous venez de recevoir. Je vais quand même
m'attarder plus particulièrement à ce qui se passe en région.
Donc,
je disais que ça fait 20 ans que je suis dans les CALACS. Je travaille
avec une clientèle principalement de femmes, malgré qu'on reçoit chaque
année deux à trois demandes d'aide de la part des hommes. Évidemment, moi, je suis mère de quatre garçons, alors on ne ferme pas
la porte aux hommes. Par contre, étant donné qu'on a été créés par et pour des
femmes, on n'est pas la ressource principale pour leur venir en aide. Alors, ce
qu'on va faire, c'est qu'on va les recevoir,
quand vous cognez dans un CALACS, vous cognez toujours à la bonne porte, on les
reçoit et on va travailler avec nos partenaires pour leur offrir
vraiment des services qui soient plus adaptés à leurs besoins.
Alors,
l'Abitibi, c'est une région gâtée en frais de CALACS. On est très chanceux, on
a cinq CALACS, dont un en émergence au Témiscamingue. Ce n'est pas cinq CALACS
qui sont financés de façon équitable, là, et de façon... pour être
fonctionnels. Entre autres, La Sarre et Amos ont encore la moitié du
financement des CALACS de Rouyn et Val-d'Or.
J'ai
travaillé à Val-d'Or pendant plusieurs années. Ça a été une belle période, mais aussi
une période beaucoup plus rock-and-roll
en termes de travail auprès des victimes. Val-d'Or,
ça bouge. D'ailleurs, il y a une particularité,
à Val-d'Or, qui est intéressante,
c'est qu'elles ont un projet, qui va se terminer dans... je ne pourrais pas
vous dire combien de temps, mais pour
travailler spécifiquement auprès des femmes en prostitution, en fait, pour les
aider dans la sortie de prostitution. Alors,
ça, c'est rare qu'il y ait des projets comme ça en région. Et ces femmes-là ont
aussi des projets de travail en collaboration avec les premiers peuples. Alors, c'est quand même un CALACS qui est
très proactif et collaborateur, tu sais, auprès de cette population-là.
Je
vais boire de l'eau, je vais essayer de me calmer. Ça se peut que je regarde un
peu mes feuilles au début. Ça va m'aider.
Le Président
(M. Lafrenière) : Tout se passe très bien.
Mme Bélisle
(Josée) : Oui. Alors, il y a quelques années, j'ai suivi une formation
sur l'accompagnement des victimes
d'exploitation sexuelle et l'accompagnement des intervenants aussi. C'était une
formation qui était offerte par l'UQAM grâce à un fonds du ministère de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. J'ai toujours été très préoccupée par cette problématique-là. Je vais parler sans
choix, quelquefois, de prostitution, d'autres fois d'exploitation sexuelle,
puis, pour moi, c'est important
d'utiliser les bons termes parce que je travaille beaucoup avec des... pas
nécessairement les bons termes, mais
les deux termes, parce que je travaille avec des jeunes adolescents et qu'ils
ont besoin d'entendre les mots, ils ont besoin que ça fasse une image
pour eux.
Donc,
j'ai aussi fait partie du comité provincial qui a élaboré le modèle de services
intégrés pour intervenir auprès des
femmes en sortie de prostitution. Évidemment, ma participation visait à mettre
en lumière les préoccupations spécifiques à notre région. En 2015, j'ai participé à la recherche sur le portrait
de la prostitution en Abitibi-Témiscamingue, qui a été menée en collaboration avec l'UQAT et un organisme,
qui s'appelait le Gîte L'Autre Porte, qui a été mis sur pied spécifiquement pour soutenir les femmes en sortie
de prostitution. Malheureusement, faute de financement récurrent et
faute de financement tout cours et d'épuisement
des bénévoles et militantes qui souhaitaient mettre sur pied cet organisme-là,
il a dû fermer. Mais le portrait existe
encore, et d'ailleurs vous pouvez le retrouver sur Internet si vous écrivez
«portrait de la prostitution en
Abitibi-Témiscamingue, des services existants et les besoins des femmes et des
filles au moment de la sortie».
Alors, évidemment, je
suis aussi membre de la table régionale de concertation en agression sexuelle
et violence conjugale. Il y a six ans, j'ai
fait une tentative, on a demandé un fonds à Condition féminine Canada pour
mettre sur pied un projet qui visait le... il y a six ans, pour mettre
sur pied un projet qui visait à réseauter les intervenants du réseau du
communautaire, de la justice, et l'objectif de ce projet-là était de se faire
une analyse et de développer une expertise concertée en matière d'exploitation
sexuelle des jeunes. On ne parlait même pas, à ce moment-là, de prostitution
adulte. Malheureusement, ce projet-là devait
durer trois ans, puis on a dû y mettre fin. On a dû y mettre fin, je pense,
parce qu'on était trop avant-gardistes. Nos
partenaires ne voyaient pas du tout, à leurs yeux, de situation de prostitution
en Abitibi-Témiscamingue, alors on avait beaucoup de difficulté à aller
chercher les partenaires et à bâtir cette concertation. On a décidé d'y mettre
fin parce que c'était trop compliqué.
• (11 h 10) •
J'ai aussi eu
un projet, cette fois-là, qui venait du ministère de la Sécurité publique, qui
était pour travailler auprès des
jeunes filles qui ont subi de la violence sexuelle dans l'enfance et qui visait
à contrer la délinquance et, vraiment, la délinquance subséquente à la
violence sexuelle qu'elles ont subie. Ça a été un projet qui a été très intéressant, qui a
duré trois ans, qui m'a permis d'avoir
des groupes de soutien auprès de ces jeunes filles-là. À ce moment-là, on parlait vraiment
de jeunes filles qui étaient victimes d'agression sexuelle dans l'enfance. Ça a
été toute une surprise pour moi, sur les deux
groupes que j'ai pu monter, de constater qu'il y avait à peu près
la moitié de celles-ci qui avaient déjà été mises en situation
d'exploitation sexuelle. Alors, c'était nouveau pour nous. On a dû vraiment
essayer de comprendre davantage cette problématique-là, d'en parler avec les
jeunes, et ça a été super intéressant.
Lié à ce
projet-là, il y avait tout un volet de prévention scolaire qu'on
faisait à Lac-Simon, qui est une communauté autochtone, vous en avez entendu parler. Je vais prendre une
gorgée d'eau. Donc, pendant trois ans, on a fait la prévention des
agressions à caractère sexuel à Lac-Simon. La première année, on s'est rapidement
rendu compte que nos façons de faire, nos
outils, les solutions qu'on leur proposait n'étaient pas du tout adaptés. Il faut comprendre qu'on a des petites communautés. Là, je vous parle de communautés
autochtones, mais la même chose se passerait probablement si on avait
une école secondaire dans un petit village.
Tout le monde se connaît, les jeunes qui sont dans les groupes,
les classes, ont grandi ensemble.
Alors, dans une classe, je peux retrouver une victime, je peux retrouver un
adolescent qui a commis des actes à
caractère sexuel, je peux retrouver la blonde de cet agresseur-là. Alors, quand
on arrivait, il y avait comme un silence complet qui s'installait, des capuches qui se
levaient sur les têtes. Et puis on a dit : Écoute, on ne peut pas
continuer comme ça, on leur fait
vivre une revictimisation, on les indispose. C'est très intrusif, parler de
violence sexuelle, alors c'est encore plus intrusif pour ces jeunes-là.
Tu sais, on
est des étrangers, on est allochtones. Souvent, le contact qu'ils ont eu avec
nos populations blanches a été des
contacts d'enseignants, de policiers, de travailleuses sociales, qui étaient toujours
en lien d'autorité. Donc, on a réalisé que ça ne marchait pas bien.
On a
rencontré, par un heureux hasard, un monsieur, je ne nommerai pas son nom parce que
je ne sais pas où est-ce qu'il est
rendu maintenant dans la vie, qui était intervenant à l'école
Amik-Wiche, à ce moment-là, qui nous a proposé de faire les choses différemment. Il nous a dit... il
m'a dit, parce qu'en fait c'était
moi : Ces enfants-là ne savent pas ce que leurs parents ont vécu.
Ils savent que... tu sais, ils ont vaguement connaissance que leurs parents ont
vécu des choses difficiles, mais ils n'en
parlent pas, ils n'en entendent pas parler. Alors, si on essayait de passer par
ce chemin-là pour les toucher? On a changé la configuration de la
classe, on a assis les jeunes en cercle, puis ce monsieur-là a parlé de son expérience personnelle à lui, à travers les
pensionnats, les conséquences que ça a eues sur sa propre vie, et tout d'un
coup on a vu des grands yeux
s'ouvrir. On a senti un intérêt de la part de ces jeunes-là et on a pu combiner
nos façons de... notre approche, nos
savoirs, tiens, je dirais. On a pu combiner nos savoirs de façon à offrir à ces
jeunes-là une prévention, mais qui
soit sécuritaire au niveau affectif, qui soit sécuritaire... Donc pour moi, la
collaboration entre le peuple autochtone et le peuple allochtone, elle
est essentielle si on veut toucher ces jeunes-là.
Autre
particularité que je remarque en prévention... parce que ça fait des années,
là, j'ai fait de la prévention en violence
conjugale, je la fais maintenant en violence sexuelle, mais autre constat qui
est assez significatif chez nous, c'est... on a un programme de
prévention provincial qui inclut un atelier spécifique sur l'exploitation
sexuelle. Et, si nos jeunes commencent à reconnaître plus aisément, plus
facilement la violence sexuelle, quand on aborde le terme d'exploitation sexuelle,
on les perd totalement. On les perd dans le sens où ils ne voient pas la
prostitution, l'exploitation sexuelle comme étant une forme de violence que les
jeunes subissent, peu importe... On a fait des tentatives de mettre la victime
très jeune, là : À 12 ans, elle a
reçu de l'argent pour des photos nues, est-ce que vous croyez que
c'est de l'exploitation? Et
pour eux autres, dès lors où il y a
l'échange de biens, d'argent, il y a comme une notion de consentement, et c'est
très difficile de les amener à voir la violence qu'il y a derrière ce
phénomène-là.
Donc, c'est
d'une importance, moi, je pense, capitale que notre message social soit le
même, qu'on parle de prostitution adulte
ou prostitution chez les jeunes. Parce que le message qu'ils reçoivent, ces
jeunes-là, c'est qu'il peut être légitime de se prostituer, que ça peut être un travail que d'avoir accès à du sexe
tarifé pour les hommes. C'est correct tant qu'on a plus de 18 ans puis, quand on a moins de
18 ans, ça devient de l'exploitation sexuelle. C'est très difficile comme
concept pour ces jeunes-là. Alors, je
pense que c'est important que notre message, il soit clair, qu'il soit le même.
Et d'ailleurs la réalité, moi, je le
constate, je travaille avec des femmes qui ont un vécu en lien avec la
prostitution et avec des jeunes filles aussi, qu'est-ce qui les amène à
la prostitution, c'est souvent les mêmes choses, et les facteurs de maintien
sont souvent les mêmes aussi.
Je ne sais pas combien il me reste de temps.
Le Président (M. Lafrenière) :
Il vous reste cinq minutes.
Mme Bélisle
(Josée) : Il y a des choses que je tenais à vous dire sur l'Abitibi.
Je vous ai dit tantôt : On a la chance d'avoir cinq CALACS, des intervenantes qui sont formées spécifiquement
pour travailler auprès des jeunes. Moi, chez moi, j'ai une coordonnatrice des services à la
jeunesse. Elle est dans la vie de ces jeunes-là en milieu scolaire, elle est
dans les activités, les sorties, les
événements. Donc, les jeunes la voient, la côtoient pour différentes raisons.
Ça devient une personne qui est
significative pour eux et à qui ils peuvent se référer, et ils se sentent en
sécurité de se référer à elle. Malheureusement, comme mes collègues
d'avant, ce sont des projets. Je l'ai encore pour un an, puis après ça tous les
efforts qu'on aura faits seront à recommencer. Le projet de
prévention en milieu autochtone, on commençait à le développer, on avait un bon travail de collaboration, c'était un projet de
trois ans. Je ne sais plus ce qu'il en est aujourd'hui. Je ne sais même pas...
peut-être que les personnes du Lac-Simon
pourront vous le dire, je ne sais pas s'il y a encore de la prévention scolaire
en agressions sexuelles qui est faite à l'école secondaire et primaire.
Donc, il y a une réalité aussi. Ce que ça prend,
en fait, pour qu'il y ait de la prostitution, pour qu'il y ait de la prostitution qui s'organise, c'est un groupe de
personnes qui a de l'argent pour payer. On a ça en Abitibi : chez nous,
les hommes gagnent des bons salaires.
Ils partent sur des runs, ils reviennent, ils ont de l'argent. Ça prend aussi
une population qui subit davantage de
facteurs de vulnérabilité. On a ça aussi en Abitibi : les communautés
autochtones, mais aussi plein d'autres
facteurs de vulnérabilité. Et ça prend une pauvreté financière... ça prend des
gens qui ont besoin d'argent, tu sais? En Abitibi, on a le taux le plus
élevé de différence de revenu salarial chez les hommes et chez les femmes. Je
pense qu'au niveau provincial les femmes ont
à peu près 74 % du revenu des hommes; chez nous, en Abitibi, c'est
59,9 % du revenu des hommes.
Donc, nos femmes en Abitibi gagnent moins, sont plus dépendantes financièrement
de leurs conjoints.
Ça a des
conséquences à plusieurs niveaux. Vous allez remarquer que le taux de violence
conjugale en Abitibi est beaucoup
plus élevé qu'ailleurs aussi. Si je vous parle de violence sexuelle,
l'Abitibi-Témiscamingue a le taux le plus élevé d'agressions à caractère
sexuel chez les moins de 18 ans, et ce taux est plus du double du taux
provincial. Puis là je vous parle des
jeunes. Si je vous parle des adultes, on est la deuxième région qui a le taux
le plus élevé de dénonciations, on s'entend,
l'autre région étant la Côte-Nord. Donc, c'est sûr qu'en termes de personnes il
y a moins de personnes, mais en termes de taux, c'est des problématiques
qui sont très présentes.
• (11 h 20) •
Alors, ce
qu'on remarque, c'est que, dans le continuum de violence qui va être subie plus
spécifiquement par les femmes, même
si, évidemment, il y a des hommes qui la subissent... Et ce phénomène-là a
encore plus d'ampleur au niveau de la
population autochtone. C'est une problématique qui fait partie d'un continuum
de violence des femmes. Alors, ma collègue
en a parlé, et ça va être important que les mesures ne soient pas seulement
liées à la victimisation, mais qu'elles touchent les rapports entre les sexes, la pauvreté chez les femmes et le
soutien qu'on peut leur apporter à différents niveaux.
Je tourne
vite. Un point qu'on oublie souvent et auquel nous, on est confrontés, c'est
que, bien, ici, la prostitution, elle
est rarement organisée. Il n'y a pas de groupes, il n'y a pas de gangs de rue.
Il y a des groupes criminalisés, mais il n'y a pas de gangs de rue comme on peut le voir dans les grands centres, alors
c'est une prostitution qui va être moins... chez les jeunes et chez les femmes, moins structurée, moins
contrôlée, qui va être beaucoup plus mue par les besoins, besoin d'un toit, besoin de nourriture, besoin d'objets de
qualité. J'ai des jeunes filles qui ont des besoins très grands et pour qui ça
peut être une solution d'offrir du sexe
tarifié. Et ça va se passer des fois, aussi, à la fin des partys, à la fin des
bars, pour continuer le party. Tu
sais, les gars sont très jeunes, gagnent des 100 000 $ par année,
alors, souvent, c'est circonstanciel, je
dirais, plus. Alors, c'est important que les solutions qui vont être proposées
à nos communautés, bien, reflètent la réalité qu'on vit.
Ce qu'on voit
aussi, c'est des femmes qui reviennent, qui reviennent des grands centres,
Gatineau, Montréal, en gros, et qui
ont été victimes d'exploitation sexuelle sur une certaine période, puis, quand
ça va vraiment mal, elles reviennent en région. Il n'y a pas de
dépistage qui est fait auprès de ces personnes-là. On n'est pas formés,
nécessairement, pour le faire, et ce n'est
pas d'emblée qu'elles vont nous dire qu'elles sont en processus de sortie de
prostitution. Chez nous, les victimes
ne se présentent jamais spécifiquement parce qu'elles ont vécu l'exploitation.
C'est souvent en cours de parcours qu'on
va découvrir leur vécu et qu'on va pouvoir leur proposer un soutien qui est à
la hauteur de leurs besoins, même si on n'est pas capables,
fondamentalement, mais... Alors, il n'y a pas beaucoup de dépistage qui se
fait. Quand les jeunes se retrouvent en
centre jeunesse, c'est souvent pour d'autres raisons qu'elles vont avoir été
accueillies. Donc, c'est très rare qu'on va creuser assez loin pour
découvrir qu'elles ont subi de l'exploitation sexuelle. Ça va être important de
penser à nos jeunes adultes qui reviennent
en région et qu'il y a des services qui soient adaptés à la réalité de ce
qu'elles ont vécu ici, chez nous.
J'essaie de
passer toutes les recommandations parce qu'en fait on recommande de la
formation en dépistage, de la formation
des intervenants, on recommande de nous donner les moyens d'agir, de nous
donner... On a le vouloir, on a la structure. Cinq CALACS dans une région, là,
vous ne verrez pas ça ailleurs, là. On a la structure pour le faire; on n'a
pas le moyen financier de développer autant
qu'on voudrait. On essaie de faire avec ce qu'on a, par contre, puis on
travaille très fort.
Je vais donc
m'arrêter ici et vous donner la parole parce que je pense que j'ai pris
amplement le temps qui m'était alloué.
Le
Président (M. Lafrenière) : C'était parfait. Merci beaucoup, Mme Bélisle. Et on va passer
maintenant à la période d'échange avec les députés.
Première
chose, avant de laisser la question au député de Chomedey, juste vous dire que
vous avez touché quelque chose
d'important tantôt. Vous avez parlé du fait que, lorsqu'il y a un échange
d'argent pour les services sexuels, pour plusieurs personnes, ça
sous-entend une notion d'acceptation, et on l'a entendu beaucoup, nous aussi,
dans la commission aussi, comme mécanisme de défense pour des abuseurs — que
je n'appellerai pas clients aujourd'hui, puis vous comprenez pourquoi — où on
se dit : Écoutez, à partir du moment où j'ai échangé de l'argent contre un
service, je deviens client, et il y avait un
consentement, puis, en plus de ça, j'ai payé. Alors, c'était une notion qui
était très intéressante et avec les notions de vulnérabilité que vous
amenez aussi, avec l'écart de richesse, de salaires et tout. Alors, merci beaucoup.
Merci de votre présentation. Et il y a le député de Chomedey qui avait une
question pour vous.
M. Ouellette : Merci, M. le
Président. Merci, Mme Bélisle, de votre témoignage en commission aujourd'hui.
L'étude que... la recherche que vous avez
faite, ça date quand même de cinq ans. Est-ce que vous diriez que c'est
encore d'actualité
aujourd'hui, que vous avez encore un très bon portrait de la situation
en Abitibi-Témiscamingue — je
vais rajouter le Témiscamingue, là?
Est-ce que c'est encore les mêmes paramètres où ça pourrait être encore les
mêmes conclusions que vous aviez il y a cinq ans?
Mme Bélisle (Josée) : En fait,
elle date effectivement de cinq ans, elle touchait particulièrement la
prostitution adulte, et la recherche était
faite dans un but de connaître qu'est-ce qui apporte ces femmes-là dans la
prostitution, qu'est-ce qu'elles ont besoin
pour en sortir. Alors, à ce niveau-là, je dirais que oui, les conclusions sont les
mêmes. Par contre, je crois qu'il y a
une augmentation du phénomène, particulièrement... qui
déboule, là, particulièrement chez les jeunes femmes adultes, chez les jeunes mineures. Je pense que...
Tu sais, on a accès aux réseaux sociaux, nous autres aussi, ici, là, ça fait que je pense que c'est un facteur de vulnérabilité qui est de plus en plus présent et qui va faire en sorte que... qui va
changer un peu le portrait.
Il y avait aussi une surreprésentation des
femmes autochtones, là, au moment de la recherche. Je crois que cette surreprésentation-là, elle est encore là parce
qu'on ne fait pas grand-chose pour changer les choses. Ça prend une volonté
politique forte. C'est dur changer des mentalités, c'est sur du long terme.
M. Ouellette : Vous nous avez mentionné... M. le Président, vous avez mentionné que vous aviez cinq CALACS en Abitibi.
On a beaucoup stigmatisé la région de Val-d'Or. Depuis des années, là, on
dirait qu'il y a juste à Val-d'Or que ça se passe et qu'ailleurs en
région... Et Mme la cheffe, hier, nous en parlait par rapport au Lac-Simon, il
y a beaucoup d'événements qui se sont passés
au Lac-Simon, mais on a tout focussé sur Val-d'Or. La recherche d'il y a cinq
ans arrivait avec des conclusions
encore pour Val-d'Or. Diriez-vous que... bon, c'est peut-être surévalué que
tout se passe à Val-d'Or, je
comprends que c'est le plus grand centre, mais que la problématique peut être
aussi présente partout en Abitibi-Témiscamingue?
Mme Bélisle (Josée) : La
problématique est présente partout mais sous différentes formes. Il faut
comprendre que Val-d'Or, c'est la porte d'entrée de l'Abitibi-Témiscamingue,
donc le milieu criminalisé est plus présent. Il faut comprendre aussi que les
autres... dans les autres villes, vous ne verrez pas de prostitution de rue,
alors qu'à Val-d'Or elle est présente et
elle est visible. Donc, ça a un impact sur notre perception. Alors, je pense
que, oui, effectivement, Val-d'Or est particulièrement touchée par les
problèmes de prostitution, mais non exclusivement. Je pense que, comme je vous
parlais tantôt, souvent, chez nous, on va parler de prostitution de survie, de
fin de mois, on va parler de prostitution circonstancielle.
Elles ne vont pas nécessairement être dans un parcours prostitutionnel de
l'enfance à l'âge adulte, ça va être par moments dans leur vie. Alors, il y a
des différences, mais il y a effectivement une distinction, moi, je pense,
entre Val-d'Or et les autres villes.
M. Ouellette : En terminant, je
me permettrais un commentaire. Pour avoir regardé... Merci de nous avoir donné l'information pour le lien. Et il y a une
statistique, dans la recherche, qui est venue me chercher un peu, qu'on disait
que 100 % des femmes qui sont en
situation de prostitution, un, il y a un indice de pauvreté au niveau du
revenu, et il y a aussi... 100 %
des femmes, il y a un indice de consommation ou de dépendance à la
consommation. Et je pense que ça parle, ça aussi. Mon collègue...
• (11 h 30) •
Mme Bélisle
(Josée) : C'est spécifique. C'est spécifique à cette recherche-là qui
était : femmes adultes particulièrement
victimes de prostitution de rue. L'indice de pauvreté, effectivement, il se
situe partout. Au niveau de la consommation, ce n'est pas un rapport de
100 % qu'on devrait faire, je crois. Si on évalue partout en région et si
on tient compte de la prostitution juvénile
autant que prostitution adulte, je crois que cette statistique-là pourrait être
nuancée.
Le Président (M. Lafrenière) :
Merci beaucoup. Députée de l'Acadie.
Mme St-Pierre :
Merci. Merci beaucoup, c'est vraiment très éclairant, ce que vous nous dites.
Et vous nous invitez aussi à prendre conscience du poids des mots. Parce que le
mot «prostitution», on l'avait un peu banni de notre vocabulaire, et
peut-être que parfois il faut l'utiliser pour vraiment que ça rentre dans le
cerveau bien comme il faut. Alors, moi, je note,
là, qu'il y a quelque chose là sur lequel vous nous avez un petit peu... vous
avez montré qu'il y a vraiment un vocabulaire qui doit, à certains
moments, être vraiment précis et bien utilisé.
Mme Bélisle (Josée) : C'est ça.
Mme
St-Pierre :
Je vais faire... je veux parler de récurrence des budgets, les projets de trois
ans, de cinq ans. Plusieurs sont
venus nous dire : On a vu des projets trois ans, cinq ans, puis, à un
moment donné, boum! c'est fini. Et je pense que c'est un défaut des... puis je me mets dans le lot, là, comme ancienne
ministre, c'est un défaut des gouvernements. C'est-à-dire, tu es toute fière d'aller annoncer devant des
caméras : Ah! j'annonce 50 millions sur cinq ans puis j'ai une
belle photo dans le journal puis un beau
topo à la TV. Je pense qu'il faut que nous parlions de récurrence de budgets.
Je pense qu'il faut que... Bien sûr, l'argent, c'est le nerf de la
guerre, et surtout lorsqu'on parle d'êtres humains, là.
Vous avez parlé d'un projet, tout à l'heure, de
trois ans qui vous a... sur des jeunes victimes d'agression sexuelle et vous
notez dans vos groupes que la moitié de ces jeunes, de ces victimes-là vont
possiblement... bien, c'est-à-dire, ont été victimes d'exploitation sexuelle,
ont fait de la prostitution. C'est dommage que ce soit trois ans. Alors, je
pense qu'il y a une réflexion, et je le dis
à mes amis ici, autour, il y a une réflexion à faire, très profonde, et
d'inviter peut-être... C'est sûr que c'est difficile, quand le ministre
fait son budget, là, on le comprend, il y a toutes sortes d'enjeux, toutes sortes de demandes
partout, puis ça vient de partout. Mais il reste qu'il y a une question qu'il
faut se poser quand on parle, enfin dans notre dossier à nous,
d'exploitation sexuelle des mineurs.
Je voudrais vous
poser une question — peut-être
que vous n'êtes pas la personne pour nous répondre, mais enfin — ...le phénomène de «fly-in/fly-out». Ça, là,
on sait qu'il y a des gens qui viennent du Sud, qui partent du Sud, viennent
travailler deux, trois semaines ici ou plus au nord encore, et après ça ils
retournent. Mais, pendant qu'ils sont en haut, l'épouse n'est pas là, puis ils sont libres comme l'air, et des
fois on peut voir des... bien, pas des fois, on voit des comportements. Est-ce que vous notez vraiment...
Est-ce que vous êtes capable de nous faire un profil du client ou des clients?
Ou comment on peut essayer de le montrer,
lui aussi, du doigt puis de lui faire prendre conscience que l'exploitation
sexuelle d'une mineure, bien, c'est déviant, et c'est de la pédophilie?
Mme Bélisle
(Josée) : En fait, nous, on aurait aimé... On avait déjà présenté un
projet qui allait dans ce sens-là, qui
visait à sensibiliser plus particulièrement les hommes qui vont travailler au
Nord-du-Québec. On aurait aimé ça monter ce projet-là en collaboration
avec les communautés autochtones pour leur faire prendre conscience de la
réalité de ces personnes-là et pour prévenir
l'exploitation sexuelle. On a présenté un projet dans ce sens-là, qui n'a pas
été accepté. Votre question, en fait, c'est : Quel est le profil
des abuseurs sexuels que nous...
Mme St-Pierre :
Est-ce que vous avez des gens qui viennent majoritairement de l'extérieur ou si
la clientèle, elle est ici, là?
Mme Bélisle
(Josée) : Mais, chez nous, la clientèle fait du «fly-in/fly-out», vont
travailler dans le Nord-du-Québec et
reviennent. Ça fait que, souvent, ils vont avoir été partis 15 jours sans
sorties, sans avoir... Et c'est des jeunes hommes, là, ils gagnent des
gros salaires. Ils reviennent en région, il n'y a pas de fin de semaine pour
eux parce qu'ils partent du 14-14. Donc là,
l'argent coule à flots, c'est le plaisir, ce qui est tout à fait normal, là, la
vie d'un jeune homme qui a beaucoup d'argent. Mais ça amène un profil de... pas
de clients, d'abuseurs qui des fois n'ont même pas conscience des abus qu'ils posent. On a des jeunes garçons,
autant chez les mineurs, qui ne sont pas conscients qu'ils sont en train de commettre de l'exploitation sexuelle. Monsieur le disait
tantôt, à partir du moment où ils
paient, cette nuance-là ne se fait plus dans leurs têtes.
Le Président
(M. Lafrenière) : Merci beaucoup. Député d'Ungava.
M.
Lamothe : Bonjour. Juste vous ramener tantôt, quand vous avez
mentionné qu'à un moment donné vous avez été impliquée au Lac-Simon dans une école parce que les jeunes ne
savaient pas ce qui est arrivé aux parents. C'était en quelle année, ça?
Mme Bélisle
(Josée) : Ça doit faire sept ans à peu près.
M. Lamothe :
O.K. Puis ça, c'était votre initiative à vous?
Mme Bélisle
(Josée) : C'était l'initiative du CALACS Assaut sexuel secours, dans
le cadre du projet qui visait à travailler
auprès des jeunes qui avaient eu une agression sexuelle, dans le but de
prévenir la criminalité et la délinquance subséquente. Alors, avec ces sous-là, on a discuté avec les écoles, on a
voulu faire de la prévention et on a inclus l'école de Lac-Simon dans notre projet de prévention. C'est
donc dans ce cadre-là où j'ai été amenée à travailler auprès de ces jeunes-là.
M.
Lamothe : Félicitations, madame! Je vais vous dire pourquoi je vous
félicite. Moi, j'ai travaillé huit ans en milieu isolé avec les Inuits puis les Cris. Quand j'ai travaillé avec
les Cris, la seule communauté qui était reliée par réseau routier était Chisasibi. Quand on est isolé, les
services gouvernementaux sont plus loin, sont moins... peut-être pas efficaces,
ils sont moins efficaces. Tu es isolé, ça fait que tu vis l'isolement.
J'ai
pris ma retraite en 2008 à Kuujjuaq, puis le chef de police de Lac-Simon, Jean
Vicaire, aujourd'hui, était chef de
police en 2011, il m'a sorti de la retraite pour venir le remplacer parce qu'il
voulait prendre des vacances. Je l'ai fait pour lui. Quand je suis arrivé au Lac-Simon, en 2011, j'ai constaté ce
qu'était la communauté. Je n'avais jamais vu une communauté si frappée, dans le sens socialement marquée. Puis j'ai fait
de l'isolement pendant huit ans. Puis la première réflexion, je me suis dit : Comment qu'une
communauté comme ça peut être si en «bad shape» quand tu es à
40 kilomètres de Val-d'Or?
Ce
que je veux dire dans ma réflexion, quand je vous félicite : Si les
services gouvernementaux, les gens qui étaient impliqués depuis tant
d'années, qui le sont encore aujourd'hui, avaient eu l'initiative de votre
organisme et de vous... Sécurité publique,
je l'ai vu, je l'ai constaté; la Justice, je l'ai vu, je l'ai constaté; la
Santé, Services sociaux, je l'ai vu et constaté. On s'est fermé les yeux
pendant les dernières années, on avait... ils n'ont pas joué leur rôle social,
que vous avez joué.
Puis, si le Lac-Simon
est encore dans une condition quand même sérieusement précaire, c'est dû
justement à l'aveuglement volontaire qui s'est fait pendant toutes ces
années-là. 40 kilomètres de Val-d'Or, tout le monde sait la misère, les difficultés qu'ils vivaient, puis il
n'y a pas personne qui n'a rien fait. Puis, quand je vous entends, suite à ce
que vous avez fait, bien, je tiens à vous féliciter.
Mme Bélisle
(Josée) : Merci. D'ailleurs, j'aimerais souligner qu'on a beaucoup
d'ambition, nous autres, dans la vie, là,
puis on ambitionne un jour étendre nos services dans le Nord-du-Québec, tout le
secteur de la Jamésie, mais aussi la route de la
Baie-James et éventuellement, ça ne sera pas moi parce que j'ai peur des
avions, mais on aimerait tellement déployer
nos services au Nunavik parce que les besoins sont grands, parce que là aussi
il y a des spécificités dont il faut tenir compte puis qu'on pense qu'on
pourrait collaborer avec ces gens-là.
M. Lamothe :
Bien, c'est gentil de penser à nous, mais pensez aussi à la communauté qui est
à 40 kilomètres de chez vous.
Mme Bélisle
(Josée) : Oui. Ah oui! Ah oui! On y pense continuellement. D'ailleurs,
la collaboration se fait.
Le Président
(M. Lafrenière) : Merci beaucoup.
Mme Bélisle
(Josée) : Merci.
Le Président
(M. Lafrenière) : Dernière question, députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
• (11 h 40) •
Mme Weil :
Oui. Merci beaucoup pour ce que vous faites. Vous avez une connaissance fine.
Et, comme vous dites, cinq CALACS, c'est quand même extraordinaire, mais
le financement, c'est là, le nerf de la guerre, hein?
Je
reviens sur la question de ma collègue, les «fly-in/fly-out». Parce qu'on a
appris des choses, nous, très loin d'ici... bien, assez loin d'ici, pas
si, si loin que ça, mais... dans les journaux, dans le contexte de la crise qui
s'est passée ici, à Val-d'Or, et l'enquête.
Et des fois c'était assez brutal, dans le sens que la fille était surtout
autochtone, laissée dans le froid, dans
la neige, puis... Bon. Et vous, dans votre mandat, je regardais votre mission
et vous parlez de... vous avez aussi une mission d'éducation et de
sensibilisation de la population.
Je
voulais voir : Est-ce que vous avez déjà essayé... Ce n'est peut-être pas
des gens d'ici, mais ils sont ici, sur le territoire, donc ils ont une
responsabilité, les employeurs ont une responsabilité. Puis personne ne peut
fermer ses yeux après tout ce qu'on a
appris, hein, globalement, comme société. Est-ce que vous avez peut-être des campagnes dédiées à ça... évidemment,
tout le reste est important aussi, mais des employeurs et de ces travailleurs? Parce que, comme vous dites, eux, ils pensent que : J'ai donné de l'argent... Et ça, c'est vrai
partout. Beaucoup d'organismes nous disent la même chose. Est-ce que vous avez pensé à ça? Pensez-vous pouvoir avoir une
campagne qui rejoint ces employeurs?
Parce qu'il
faut changer l'homme et la mentalité. On a tous dit ça. On a même évoqué
l'importance d'avoir des porte-parole masculins qui pourraient jouer un
rôle. Puis je voulais juste voir vos idées, votre réaction à tout ça. Puis...
Mme Bélisle
(Josée) : Oui. Comme je vous
disais tantôt, on y a sérieusement pensé. On a élaboré, dans le cadre de l'appel de concept de Condition féminine Canada,
que vous avez peut-être entendu parler... on avait mis sur pied un
concept qui visait précisément à rejoindre
les employeurs et les personnes concernées. Malheureusement, le projet n'a
pas été retenu. Là, écoute, j'imagine qu'ils reçoivent des dizaines de
projets et des centaines.
Et
je voulais dire autre chose. Vous parliez de la crise autochtone et tout ça.
Moi, avant-hier, j'ai pris l'autobus en direction de Montréal pour aller à une réunion. Il y avait
un passager... deux passagers autochtones qui demandaient à ce qu'on les débarque à l'embouchure de la fourche
pour aller à Lac-Simon. Alors, c'est gentil, je pense que le conducteur accepte
de les débarquer, mais de la façon dont il
leur a adressé la parole, c'était inadmissible. J'aurais voulu me lever pour
lui dire : Changez de ton. Mais
je n'étais pas capable. Donc, il y a encore cette... Ils subissent encore cette
oppression-là, encore ce racisme-là :
On est arrivé, là, réveille-toi, là, envoie! débarque! on est arrivés. C'était tellement
heurtant que je me dis...
Il y a
une volonté, il y a une volonté de changer, il y a...
Vous avez parlé de réconciliation. Il
y a une volonté, mais,
tabarnouche! ça ne rejoint pas tout le monde, là, tu sais?
Mme Weil : Est-ce
que vous pourriez partager votre
projet pour qu'on puisse comprendre ce que vous aviez en tête, surtout pour
rejoindre, bon, notamment, j'imagine, ces employeurs, pour qu'on puisse peut-être
s'en inspirer puis voir... Parce que, je pense, c'est une excellente idée, excellent
projet, puis ça rentre dans le cadre de ce qu'on entend et de notre
mission.
Mme Bélisle
(Josée) : Bien, oui. Effectivement, là, c'est sûr que, pour
nous, on est en fin d'année. On fait la demande de PSOC qu'on a... On est deux employés à temps plein, ça fait que c'est
sûr que ça ne sera pas demain, là, mais éventuellement...
Mme Weil :
Qui pourrait nous inspirer pour une mesure, là.
Mme Bélisle
(Josée) : Oui.
Mme Weil :
Merci.
Mme Bélisle
(Josée) : Oui, ça me fera plaisir.
Le Président
(M. Lafrenière) : Merci beaucoup pour votre contribution à nos
travaux.
La commission suspend
ses travaux jusqu'à 13 heures. Merci infiniment.
(Suspension de la séance à
11 h 43)
(Reprise
à 13 heures)
Le Président (M. Lafrenière) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission spéciale sur
l'exploitation sexuelle des mineurs
reprend ses travaux à la Maison du citoyen de Val-d'Or. Je fais un rappel aux
gens qui sont présents dans la salle de bien vouloir fermer les
sonneries de leurs appareils électroniques, s'il vous plaît.
Cet après-midi, nous
entendrons Mme Virginia Wabano, de même que Mme Mary Ortepi
qui nous vient de North Bay. J'aimerais
souligner de même la présence de plusieurs personnes qui se sont déplacées cet
après-midi, dont une collègue
policière d'Ottawa qui est avec nous aujourd'hui, Mme Patricia Guerin. Merci d'être venues nous voir aujourd'hui.
Merci beaucoup.
Alors,
pour les gens du Conseil cri de la santé et des services sociaux de la
Baie-James, je voudrais vous remercier d'être
avec nous. Vous avez 20 minutes pour faire votre présentation... de vous
présenter toutes les deux. Et, par la suite, il y aura une séance d'échange avec les membres de la commission. Je
vois que vous avez déjà le casque d'écoute, alors vous avez compris qu'il y a
une traduction simultanée. Alors, ça va faciliter le tout. Pour les membres de
la commission, il y a un casque d'écoute qui est devant vous aussi.
Merci beaucoup. Bonne présentation. Merci d'être là.
Mmes Virginia Wabano et
Mary Ortepi
Mme Wabano
(Virginia) : (S'exprime dans une langue autochtone).
First, before I begin, I would like to
take this time to honor my presence before the Creator of all things, Gzheminido, as I stand here in the traditional lands of the Algonquin Nation.
«Meegwetch» for giving life through all the elements, the air we breathe, the
water for nourishment, warmth from the sun and the land to provide and sustain
all.
«Wachiya», everyone. I am a Cree
woman, a great-grandmother, a grandmother, a mother, a sister, an auntie. I am a beneficiary under the James Bay and Northern Québec Agreement,
affiliated with the Cree of the Waskaganish First Nation and a member to the Moose Cree First Nation. My name is
Emma Virginia Wabano. I am the local director of the Community Miyupimaatisiiun Center for the Cree nation
of Waswanipi. I have my colleague here with me Mary Ortepi, for
support.
On behalf of the Cree Board of Health
and Social Services of James Bay, I would like to extend our gratitude for the opportunity to present to
the Commission regarding sexual exploitation of minors. As I sit before you, I
come with diverse feelings of sadness
and hope as we share with you the realities of sexual exploitation of minors. I
am honored that we have this
opportunity to share ways in which to address sexual exploitation of minors.
However, at the same time, there is this overwhelming degree of sadness
knowing that children are subjects to dangerous and unsafe environments that
threaten their well-being and health. Yet, I
remain hopeful that our presentation will help make a real impact in helping
children escape from a life of sexual exploitation.
Our presentation today will cover the
Cree Board of Health and
Social Services of James Bay official statement, the history and context, the portrait of the situation in Eeyou Istchee, sharing of a story from a
survivor of sexual exploitation,
needs of sexual exploitation victims, the resources and strategies for
improvement. You have a copy of the presentation with you.
The vision statement of the Cree Board
of Health and Social Services of James Bay is individuals, families and
communities strive to achieve
«miyupimaatisiiun», reflective of «nishiiyuu». The term
«miyupimaatisiiun» refers to a holistic state of well-being that not only
encompasses the physical, emotional mental and spiritual aspects of one's life,
but also includes the family, community and
environment. «Miyupimaatisiiun» is achieved by embodying traditional
Cree values and knowledge, «nishiiyuu», when delivering programs and services.
As
you see on the map, Cree Board of Health is responsible for delivering health
and social services in Eeyou Istchee within
region 18 of the Québec
health network. As you can see on the map displayed, Eeyou Istchee encompasses nine Cree communities. And, when
you add 5% of non beneficiary residents to our population, we are servicing
approximately 20,000 people.
It is also important to highlight some
of the aspects of Canadian history that has ongoing effects on the indigenous
population. The context in which we provide programs and services is necessary
to understand. In the 1800s, policies were established
that allowed the federal government to create Indian residential schools.
Unfortunately, many indigenous children were
removed and separated from their families and communities to attend these
schools. We are talking about over
130 schools located in every province and territory. While most indigenous
residential schools ceased to operate by the mid-1970s, the last
federally ran school closed in the late 1990s.
Ten decades or so later, in 1998, the
Royal Commission on Aboriginal Peoples recommended a public investigation into
the various forms of abuse and violence experienced at residential schools. As
a result, compensation was provided to indigenous resident school students, and the
federal government called for implementation of 94 calls to action from the
Truth and Reconciliation Commission. The implementation of these calls to
action continues today.
In addition, between 1995 and 1999,
indigenous and Inuit children were taken into care and placed with non-indigenous parents, where they were
not raised in accordance with their cultural traditions, nor taught their
traditional languages. This practice is referred to as
the Sixties Scoop.
As emphasized by the Native Women
Association of Canada, the colonial legacy has forced indigenous women and girls into dangerous and precarious social and economic conditions
which in turn have made them more vulnerable to different kinds of violence. This includes of exploitation and human
trafficking, a prevailing concern that has yet to be properly addressed
and recognized.
Although
the indigenous and the western views of health differ in many ways, they both
agree that health results from a combination of many factors under the social
determinants of health. It has been recognized how strongly the social environment affects a population's health.
These social determinants of health include factors such as housing, income and education. More recently, we have learned that
social justice issues such as racism, discrimination and inequalities in
people's power and resources affect health.
In other words, a social determinant lense shows us just how deeply past and
present colonial policies have affected
communities' ability to afford the social, economic and political conditions
conducive to a healthy lifestyle.
Our
persistent failure to grasp the true impacts of colonization may explain why
existent health and social programs have done so little to narrow the health gap.
These conditions have made many indigenous children vulnerable to being
exploited.
There's a definition under the
Criminal Code of Canada that is... reads... Sorry. Where is it? OK. So, there
is a definition — it's not on
this page — that is recognized under
the Criminal Code of Canada.
The
portrait of the situation in the territory of Eeyou Istchee. Despite the James
Bay and Northern Québec Agreement in 1975 and the creation of the Cree Board of
Health in 1978, many inequalities remain, such as intergenerational trauma
from residential schools, difficult access to housing and poor housing
conditions, low income and food insecurity.
• (13 h 10) •
Our community members are
concerned about human trafficking, and certain groups are particularly more vulnerable. Some examples of the concerns brought
to the forefront include girls potentially recruited when traveling to urban centers. Also, two-spirit people can face
rejection in both indigenous communities as well as the mainstream LGBTQA
communities. The rejection experience can
place the individual at a higher risk for homelessness, food security and
substance abuse, thus creating a
greater vulnerability and can lead to a higher risk of sexual exploitation.
However, it is becoming evident that
organizations work more and more closely with the LGBTQ community, as we need
to reduce the stigmatization that they live with every day and need to
prevent and reduce acts of violence towards them.
Also,
often, the notion of consent is misunderstood. A lot of cases go unreported. In
spite of the lack of specific data on sexual
exploitation of minors in the region, experts tend to agree that indigenous
youth are more vulnerable to these occurrences.
Some of the reasons include : youth who have experienced adverse childhood
events are known to be at higher risk,
and we know indigenous children are currently overrepresented in the department
of the youth protection system, both in Québec and Canada. Also, as a result of multiple Canadian colonial policies, they also
have a higher prevalence of all forms of collective and
interpersonal violence in communities.
Other
risks I previously stated are under the social determinants of health and, we
know, are highly relevant in the context of indigenous communities. In addition,
women and youth represent 4% of the Canadian population, and 50% of woman and youth trafficked are indigenous. When
looking at our population in Eeyou Istchee concerning these occurrences,
our data indicates that our population is young, with nearly four out of ten
below 20 years old. An estimate of 80 to 100
sexual abuse medical kits, known as rape kits, were used in the territory in
2018, and seven sexual abuse cases under the age of 18 were also
reported in the same year.
Foster
home placements. In the years 2002 and 2003, there was 2,768 placements;
in the years 2010 to 2011, 4,569; in the year 2018 to
2019, 3,779. Given that as many as 20% of homes in Eeyou Istchee are considered
overcrowded versus 1% in Québec, the impact of housing overcrowding cannot
be overstated. Indeed, overcrowding has long been recognized as an important contributing factor for family violence and
child sexual abuse, both in indigenous and non-indigenous contexts. Yet, when the lack of alternative
housing is combined with the lack of services and the lack of trust in the
child protection and criminal system,
it can easily be understood now how some youth may have no other choice than to
leave the community. Unfortunately,
it is not uncommon that, once in urban centers, they find themselves only more
isolated and hence extremely vulnerable to being recruited by criminal
organizations to exploit them through prostitution.
On the slide of statistics, you
will see our statistics on the rates of hospitalization for suicide attempts
and hospitalization following an assault within a two-year period. Data
obtained clearly displays the highest prevalence is among youth ages 18 to 24. I have brought with me a short video by Mrs.
Saganash, who, unfortunately, cannot be here with me today. She is a
survivor of sexual exploitation. So, we will play that video now.
(Présentation audiovisuelle)
• (13 h 15
—
13 h 20) •
Mme
Wabano (Virginia) :
«Meegwetch.» That is Mrs. Saganash. She has experienced this situation for over a period of
seven years and she was young at the time.
Speaking
of the resources that she refers to, our organization, Cree Board of Health, has developed
a sexual assault response
protocol to guide local front line workers in assisting adult victims of sexual
assaults, victimizers and their families at the time of disclosure. We also have at our disposal culturally
relevant tools from the Foundation of the sexual assaults protocol. This tool provides the seven sacred
teachings: courage, honesty, humility, compassion, respect, sharing, and wisdom.
Also, we have... the sexual medical kits are
accessible in our community Miyupimaatisiiun Center which refers to a CMC's
and is administered from trained clinicians,
both on the use of the kits and cultural safety. However, even if a rape kit is
completed, many choose not to file a
complaint. This is also relevant in other regions, where, in 2019, only six
cases reported by aboriginal victims
in Montréal... due to feat of retribution, threats of legal implications
related to drugs, sex work and social family and peer pressure.
We
also have a program called AMA, Â Mâshkûpimâtsît Awash, means «strong and
healthy children», and it's a program adapted from SIP, which, I believe, you are all familiar with.
The aim of this program is to give Eeyou families the accompaniment and support they need to raise happy,
strong and healthy children. The AMA program seeks to reinforce parents existing strength and skills and
to assist communities in their efforts to improve families living conditions.
Chii kayeh is another program, it's a school prevention
and sexual health program offered to secondary school students. The program currently has seven components that focuses on
healthy relationships from consent to self-esteem. The Cree Board of Health is actively working on
the expansion of services. One example is our 24 hours psychosocial on-call
service, currently a pilot project in one of the larger communities.
Community collective knowledge is a
priority for us. We know we can do further if we seek out collaboration from our partners. We have created
mechanisms to ensure that we establish and sustain local, provincial and
federal partnerships as solutions proposed can't be efficient on the
long term with all actors involved.
Under
the Cree Board of Health regional strategic plan, priorities are two objectives
specific to developing any efficient mental health network and facility, as
well as increased access to sexual abuse awareness and prevention with community-based initiatives. With our recent
signed five-year health agreement with the province, we will be building our
first regional healing centre for addictions
in territory while enhancing our capacity in offering prevention, outreach and
harm reduction initiatives.
We are
seeking an opportunity to modernize the S-5 Act to incorporate traditional help
and methods. Example : recognition to offer traditional food at our
establishments.
Our Nishiiyuu
Department has continued to enhance its community and development efforts and
is developing culturally relevant
complementary services and programs, including the «miyupimaatisiiun»,
land-based healing and traditional medicine programs. As stated by the
chairperson of the Cree Board of Health and Social Services of James Bay, Mme Bella Moses Petawabano, our Cree culture
offers us the means to
being healthy in our lives. It is the path to «miyupimaatisiiun».
That is why our Cree health board is committed to bringing traditional Cree
values and knowledge into all our programs
and services. Our Council of Chishaayiyuu, our elders council, provides
guidance and advice as we establish programs through our Nishiiyuu Miyupimaatisiiun
Group. Through this group, the Cree health board is using traditional
land-based healing to help people in need. We are also developing a traditional
birth and knowledge program to ensure that
the world our children enter into is the Cree world. We are also exploring ways of bringing
traditional Cree medicine and healing into a
conversation with Western medical knowledge to provide care that is culturally
safe and competent, care that expresses our Cree history, culture and values.
We now have opened two women shelters
in our territory Piipiichaau Uchishtuun, Robin's Nest, which serves women and their children who are experiencing domestic violence.
The nine Cree communities. Our current
effort is creating programming that will offer options for reconciliation, rehabilitation and reintegration with the support, and knowledge,
and wisdom of our communities. We also work with the Cree Women of Eeyou Istchee Association, who has a multi-year action
plan on family and domestic violence to raise awareness among the
population of indigenous communities about the nature of sexual assault and
promoting healthy and respectful sexual education. This is under the Viens'
Commission call for action No. 87 for indigenous authorities.
We also have a program called ACCESS Open
Minds. It is a mental health program organized through the Cree nation of Mistissini that offers professional counselling at the
community's family resource center. From July 2018 to August 2019, the service provided
401 individual consults to youth, an indicator that preference for access
to services is needed in all Cree
communities. We also work closely with the Eeyou Eenou Police Force, the Crime Victims
Assistance Centre, the Sexual Assault
Centre in Montréal, the Montréal police and also work with... participate in
provincial questionnaires of sexual assault in Eeyou Istchee.
We come before you as well to make
some recommendations. One of the recommendations is to have a system to contact to act immediately. There were several cases within the
Cree nation where young girls went missing and were trafficked and exploited and had no means to contact. Also, the process
of the resource tools for sexual assault medical kits or even the Crime Victims
Assistance Centre processes... we need to simplify the resources. We also need
to be involved at the provincial
tables. Community initiatives must be supported by the Government with well
researched programs and policies that are culturally appropriate.
We also recommend... review and
incorporate the calls for action under the Truth and Reconciliation Commission, the national inquiry, the
Viens' Commission, under the Health and Social services calls for action
Nos. 74 to 107, specifically No. 86,
initiate, try negotiations with the federal government and indigenous
authorities to sustainably fund projects created by indigenous nations, communities and organizations that seek to
identify, reduce, prevent and eliminate sexual assault.
Another
call for action is No. 87, raise awareness among the populations of
indigenous communities about the nature of sexual assault and promote a healthy
and respectful sexuality education.
• (13 h 30) •
We agree with the commissions, the Viens' and the national inquiry, in regard
to the development of specialized
services at a regional level or in large communities. This is part of the
development plan of the Cree Board of Health and
Social Services of James Bay such as to give access in the region to
specialized mental health and readaptation services and a culturally
safe addiction, detoxification and treatment center.
Interventions to prevent social
exploitation of minors and its consequences in the indigenous youth need to go
far beyond the
implementation of specific programs. It requires an intersectorial approach at
several levels of governance as well as the provision of sustained
founding, so that actions of lasting scope can be undertaken.
To better guide policies and programs in place,
access to quality data is essential, including data on the overrepresentation of indigenous children in the
youth protection, as well as the fairness of resources invested in support of
services for families or sexual exploitation of minor victims. Evaluations
should also accompany the development of any new interventions to monitor their implementation and outcomes. We
have compiled documents to be tabled for the commission's further review and reference regarding sexual exploitation of
minors.
We wanted to take this time to
say «meegwetch» for your attention. (S'exprime dans une langue autochtone). Thank you all.
Le
Président (M. Lafrenière) : «Meegwetch.» Merci beaucoup de votre présentation, Mme Wabano. Maintenant,
on va commencer une période d'échange avec les membres de la commission.
Première question, député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci, M. le Président.
Thank you very much for being
here, and a particular thanks to the young lady telling us her story. I think
it's important when we hear first hand accounts
of exploitation and most notably the precariousness that lead to that
exploitation. I think it's very useful.
I
also enjoyed, in your presentation, the remarks on the social detriments...
determinants, rather, of health. I think it's important that we understand. And my
colleague from Hochelaga-Maisonneuve has been very astute in raising the
link between poverty and what we often see as the...
even, the choice of prostitution, if you can call it that, because these
determinants are critical in the decision, and the link that it has to sexual
exploitation with regards to early childhood experiences,
destitution at an early age. I think we see that in a lot of poor
circumstances. I want to thank you for
bringing that out. I think you're one of the first
groups to actually bring that out.
I especially enjoyed... and
this committee has also heard a lot of testimony about sexual education in
general, empowering young girls in terms of
education, yes, but I love that you highlight and even bold that the notion of
content... of, rather, consent is
misunderstood. I think, when we're elaborating our courses in terms of sexual
education, the notion of consent needs to be articulated more fairly. Thank you for bringing that to our
attention.
I
have a question because you're actually on of the only groups, if not the only group, that actually
measured the number of childhood sexual abuse for minors in your report, and
you put the number of seven on your territory. My first
question is : Seven abuse cases out of
a total of a 100 in 2019, is that correct? On page 9 of your presentation,
an estimate of 80 to 100 sexual assault med kits were used. So I'm assuming the
med kits are used in the cases where people are going to be pursuing their aggressors. Of those, there
are seven. Is it safe to say that there are between 7% and 9% on your territory
involve minors?
Mme Wabano (Virginia) : The seven sexual assault cases are under 18. The 80 to 100 rape
kits are in general.
M. Skeete : In
general.
Mme Wabano (Virginia) : Yes. In general, yes.
M.
Skeete : It's very important that I understand that number. Are you
saying that around... and can we take away that about
7% to 9% of sexual abuse on your territory is exploitation of minors?
Mme Wabano (Virginia) : Yes.
M.
Skeete : OK. That's interesting because we had a group tell us that it
was infinitely smaller. So, thank you for giving us
that number.
Can
I ask, out of the 100 sexual assault med kits that were used, what your total
population is? I don't know if you said it, but I
missed it. What is the total population of your territory?
Mme Wabano (Virginia) : In the Cree nation, it's 20,000.
M. Skeete : So, 20,000. I won't be too long, Mr. President. Just give me
another couple of minutes.
I have the responsibility of maintaining the relationship between the English
community of Québec and the Government of
Québec. And, in one of your recommendations, you mentioned the participation at
provincial tables. A lot of people in the English community in
particular have brought that to my attention.
Can
you tell me, when you say participation at the tables, is it a sense of
belonging? Is it because you feel that you are not
welcomed? Is it because you are not invited or is it because you don't
understand the mechanisms that lead to participating on those tables? Can you
give me sense of why you are not already there?
Mme Wabano (Virginia) : To better understand, to bring the understanding of developing
culturally safe programming, because many of
the programs that are brought, like... For example, we had the SIP. I think
most of you are aware of the SIP Program, how Cree health board adapted
that program to their needs, so it's culturally relevant.
However,
when a lot of programs are made, that's not taken into consideration from the
aboriginal perspective. So, being able to sit at these tables and share our knowledge, our
traditional knowledge in developing programs for aboriginal communities
is very important, and this is why we recommend that we sit at these provincial
tables as well.
M. Skeete : My
question was: Why aren't you there already? Is that because you're not invited?
Mme Wabano (Virginia) : Yes. We are not invited.
M. Skeete : OK.
Thank you.
Le Président (M. Lafrenière) : Thank
you. Prochaine question... Sure.
Mme Wabano (Virginia) : I just wanted to add a comment to your question
in regards to the 80 to 100 raped kids based on the 20,000 population. As I said in my
presentation, many fear to report, and this is why, you know, I... Even myself,
I think 80 to 100 is a lot, you know, considering...
M. Skeete : And
it's a low end, right? Because those are people who actually are coming
forward. Thank you.
Le Président (M.
Lafrenière) : And this is only the cases
reported, we got that right. Thank you.
Mme
Ortepi (Mary) :
And there's also the... you know, there are different communities in the
hospitals outside of our territory that victims will
access that we don't have the stats on. So that's a missing piece of the
information.
Le Président (M.
Lafrenière) : Great. Thank you both.
Question, députée de l'Acadie.
Mme St-Pierre : Merci
beaucoup, M. le Président.
Thank you, thank very much. On your
PowerPoint, you say that girls are potentially recruited when traveling to urban centers. My question is : Are they recruited by their own people
or by people from the South? Who is the person who is
recruiting girls from your community?
Mme
Wabano (Virginia) :
As you know, our territory, we... Some of our medical support comes from Montréal urban centers, so our community members travel
there and, at times, they do require escorts or they need to travel with
someone to their appointment, their
medical appointment. And there have been several cases where some of these
young girls have been recruited not
only by aboriginal people, but also non-aboriginals. And, you know, we had a
few cases of young girls that went
missing. I'm not sure if you've heard about it, but Lynn Iserhoff was also a young girl that
went missing in Montréal.
And now, you know, because of
the exploitation that is happening in these urban centers, it is now happening within our Cree communities. Not long ago, we had
training with the Montréal police on human trafficking. They came to the community, and, at that
presentation, a community
member came forth and said that, you know, there's a pimp in our community. So this is why,
you know, it's very important that we address these issues and be able to bring
out these stories, because it is happening right in our own communities
now, not only in urban centers.
• (13 h 40) •
Une
voix : The other place that it's happening also is that when we
have youth that are going
for a higher education. They're away from home, they're
going through culture shock and they're also targets at that time, and their
safety is at risk when they're trying to go
for a higher education. So, that's an area that still needs to be, you know,
looked at to provide some good support for them.
Mme St-Pierre : And about the LGBT communities, LGBT people, do they have to go
south or they... My comprehension of your
PowerPoint is the fact that they can't live in their own community up north.
They have to move south if they want to live their LGBT situation.
Mme Wabano (Virginia) : There's a lack of support for the population of LGBTQ within the
Cree territory. However, recently, I believe
this is going to be the second year now, they're going to have a conference for
that population. However, it's not within the Cree territory. They're having it in
an urban center for safety.
Mme St-Pierre :
Is there a link between LGBT and suicides?
Mme
Wabano (Virginia) :
Yes. Yes, there's a link in many forms, even addictions, sexual exploitation
and sexual assault. They are linked to suicides.
Mme St-Pierre :
OK. Thank you very much.
Le
Président (M. Lafrenière) :
Thank you. Our next
question will be from Notre-Dame-de-Grâce's colleague, please.
Mme Weil :
Thank you very much for your participation. Myself too, I mean, the statistics
that... the statistics where you say women, in youth, represent 4% of the Canadian population, 50% of
women in youth traffic are aboriginal. Those statistics, where are...
Where do you find those statistics? Where do they come from?
Mme Wabano (Virginia) : ...organization.
Mme Weil :
OK. That's shocking.
Mme Wabano (Virginia) : You'll find more in detail in the documents that we will provide
for you.
Mme Weil :
Now, we do see... You know, I live in Montréal and I live in an area where
we're always in... very frequently in contact... visually, we can see the desperation, what
they're living, a lot of women. And there's a lack of shelters for these women, so
they're... Just recently, an organization called Chez Doris was able to secure
funding from the provincial Government
and the municipal Government anyhow to open a home because they're extremely
vulnerable. They're targeted, they're
found and there's been several deaths, actually, an astounding number of deaths
just in the last year. So there's urgency to work there.
So,
the scenario that you described to us is... many leave then. They leave because
of an incident that happened, they can't stay there anymore, there's shame, all sorts
of reasons, and land up in Montréal very vulnerable. I mean... So, you make the link, which is kind of... for some, we've
had somebody... group obviously working in region telling us a little bit
about that «trajet» that they live. And for
some of us who live in these urban areas, we see it, but, other than that, do
we know the origins of it? Do we understand all the elements of it? Generally,
we do, but you've brought lots of clarity to it.
I'd
like to talk to you about the police because one of the groups in Montréal told
us and gave us an example of a woman, a mother waiting at the bus station frantically because her
daughter had to come to Montréal. I don't know if it was for a medical
examination of something. She never made it. She never made it, but she had an
impossible time getting a hearing from
anybody. They did not take it seriously, they waited a long time, kept...
brushing her off, saying: Just go home. She was waiting at the bus station. She
said, «No, I want to wait.» They gave her a ticket because she was being
like vagrant or whatever. They finally found
the girl, who had been in captivity and, of course, you know, experienced all
the violence that you can imagine.
Tell
me about your experience with that, because we don't often have an opportunity
to speak to people close up with that reality. And we have a lot of police forces
that we meet, and they are so dedicated to this, so dedicated to this cause,
and we meet with them there. They're champions to save these people. That's
what they want to do. But then you read a
story like that and, you know, you try to imagine the kind of education that
has to be made to alert and sensitize also a certain... And this was a
recent case that she was describing. Can you talk to us about that?
Mme
Wabano (Virginia) :
You know, I am very appreciative of the dedication of police officers. I work closely with the Montréal... And, not too long ago, a young lady from Val-d'Or or was residing in Val-d'Or went missing. And because of the connection that I have within my network, the family
reached out to me and they were getting threats from the traffickers. And they
started sending me messages through my cell phone, and immediately I sent it to
the Montréal police because they believed that's where she was being
transported.
Because
they work with the human traffickers, the police, they know the behaviors, the
attitudes, the common ways to lure girls and... their statements are... You
know, they had an idea who this person was and, luckily, you know, they did find that girl.
You
know, this is only one story of many. Like I said earlier, it's happening in
our community. I live in the community of Waswanipi, and, when the Montréal police came to do that training, like I said, a
community member came to see me, and said: I want to
speak to you, and told me about her daughter.
We have many of our people that
reside in a place called Espresso, in Montréal, when they go for medical appointments,
and, up the street, there is a bar named Andrew's Pub. Two girls went missing
from there while they were out there supporting their grandmother going for
medical. They went missing for five days. The young girl said: I woke up in this real nice home, they started buying us
things. And then her mom messaged her and said: If you don't respond back
to me, I'm going to call the police. And she
found out that, you know, they were in this human trafficking ring. And she
said: I fear for my daughter because I
believe money, clothing, the high lifestyle is overpowering her. And the mother
felt that that human trafficker or pimp is now common to the community
of Waswanipi.
Mme Weil : ...police because you have this link,
you worked with the SPVM then, directly, which
helps the police, obviously, in terms of... Your
competency, your experience, they know they can work with you.
In
that particular case, what did they... did the SPVM get involved? Were they
able to get involved and found the girls?
Mme Wabano (Virginia) : Yes.
Mme Weil : OK. That's good
news.
Mme
Wabano (Virginia) :
Yes. And this is where we know we need to have a system to act immediately. You know, under the police system, you have to wait, what,
48 hours before you report, and 48 hours, that may be too late.
Mme Weil : OK. Thank you.
Mme
Ortepi (Mary) : I
think also there is a very big difference when we, as Cree health board, link
up with different organizations, be it the police or
whoever we are working with, as opposed to an individual that is on the street,
that is looking for help and asking for
help, because that is when the stereotypical images that what our First Nations
person is comes into play. And that judgment is already made before...
they're brushed off or not taken seriously.
I
mean, there is a lot of, you know, racism within the police force and within a
lot of the helping organizations, and I think that's
where, when we talk about cultural safety, that's where cultural safety comes
into play to provide a safe way for people to access service.
And
also, when you think about a healing path, it has to be a culturally safe path
also. But, if you are a person that is on the street
and you are needing help, good luck, because there is a lot of work to be done.
• (13 h 50) •
Mme Weil : ...that's what it seemed to me.
Mme Ortepi (Mary) : Yes. When you were talking about these police officers that so want
to help, why would I like to meet them? It
would be a breath of fresh air, right? Because I think that the reality of
racism and being First Nations, being
a person of color, being from the North, being from another society and system, you know there's a lot of preconceived ideas of who we
are and judgment made.
Mme Weil : Would you say that, yes, the
specialized units would have the sensitivity, but then they're needs to sensitization of... in general of all police forces?
Mme Ortepi (Mary) : Absolutely. Yes, absolutely.
Mme Weil : Basically, that's the takeaway that I...
Mme
Ortepi (Mary) : I
think at all levels. You
know, when you look at the
systems that are in place, often times, you know, we have the good intentions of individuals to
come and provide support and help, but if you're not including the people that you are helping, if
you're not... if they don't, you know... You are
doing what has been done a thousand times over and only fails. You put on your cape, and
you're going to come and save us, and you have all the answers. And, to be
really frank, our contact with you has caused us all these problems that we're
trying to deal with.
And I'm saying that in a very
respectful way, because colonization, the impact of it, we're still, you know, trying
to recover from that and trying to find a sense of self of who we are. So, that
time when things are planned for us, without our consent, without our
involvement and without consideration of our culture, that time is coming to an
end because it's a waste of money, a waste of effort and it's not a recognition
of that paternalistic view, you know, that has always existed in Canada.
So,
this has to change. We all have to really work together and come to a place
where we respect each other, we respect each other's cultures, each other's ways. And we need to walk
that talk. I hear it a lot, but I don't see it in action. Thank you.
Mme Weil : Thank you for that, because it
resonates. We talked about that this morning. It's the clear message we got last night. When we met on
the reserve, they said : You know, we have
to be right there, on the front line, bringing the solutions. No more top down, it's just... and a
lot of frustration with this top down, very sort of pyramidal, you know, structure.
Mme
Ortepi (Mary) :
This is why I wanted a recommendation that says that we have participation at
these tables.
Mme Weil : Yes, the tables. Thank you.
Le Président (M.
Lafrenière) : Thank you so much. Next question from Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, M.
le Président. Merci pour votre présentation. Un des éléments que vous avez mentionnés, et je suis d'accord avec vous, c'est par rapport à l'expérience de l'enfance. Or, dans les statistiques que vous
nous avez présentées, donc on parle... Je veux parler des «foster parents»,
donc «foster home placements». Donc, on parle
de 3 777 «foster home», des
placements de l'enfant en 2018‑2019. Il me semble que, quand je regarde par
rapport à la population, donc moins de 20 000, ça m'apparaît comme
beaucoup.
Parlez-moi de
cette expérience. Est-ce qu'il y a un lien entre cette expérience et, par
exemple, les cas, par exemple, qu'il pourrait y avoir au niveau du
dossier que nous abordons aujourd'hui, l'exploitation sexuelle des mineurs?
Mme Wabano (Virginia) : With foster care, I'm going to give
you in a context. You know, we know how residential school was, and residential
school was an era, and then this concept, you know, is also still happening
today in terms of foster care.
In
our territory, we also have programs where young people need to be housed
because of education, because of sports, leaving the
community to go school down south. There's still in-homes, and with foster
care, you know, within the territory... and not only in our territory, but, you know, they're
outside of our territory too. And, you know, a lot of that is related
to, you know, again, residential school, lack of parenting skills and, you
know, that bound that never happened, you know, over... intergenerational impacts. And so, many children are
placed in foster care because of their safety.
And
however there are programs, and, you know, we have
social workers that are trying to build that, you know,
to close that gap and be able to support the
families. We have a program in the community of Mistissini, it's empowering
families, youth and families to be able to
reconnect. So, that is a project, a pilot project that is happening right now,
and it seems to be working very well.
And hopefully that, you
know, it will expand into
the other communities to deal with the no foster care
placements.
Mme
Ortepi (Mary) :
When we look historically, there were many policies that were put into place to
get rid of the Indian problem, and moving the children
was saving them from their culture. When we begin to look at things like the Sixties Scoop, 50,000 children were removed
across Canada. And, during that time, it was like a Sears catalog, but what
that catalog contained were pictures of
First Nations children that were for sale. You could buy a child, and this was
not open to
just Canada, but it was open around the world. So, when you opened this book,
you would have a picture of a child, five
years old, will grow up to be a good worker, has some issues with... behaviour
issues, you know, is having difficulty adjusting, but, you know, worth, you know,
$50, if you would like to buy this child.
So
there's a long history and legacy, within Canada, of all the different policies
that were put into place to promote assimilation and to promote the Indian... getting
rid of the Indian problem. And, when I look at the system that is in place
right now with the youth protection, it's a replacement
of that system: removing children from their homes, from their families, from
their communities without recognizing why is there no parenting skills.
I grew up, I'm one on the
people that survived being taken from my family at the age of five because I
turned six in April. I did not come home
until I was 13. And so, when I think about this, this time in my life and
trying to understand all the ways of thinking that made this happen, it
really is a black mark on Canada.
And
so, when I look at a system of... you know, of the amount of children that are
in foster care, the over-representation of First
Nations, 30% in all of Canada, that's an over-representation of the amount of
First Nations people in Canada. There's so
many things that continue, that don't stop because we don't have the
information and we don't study the history to make these changes. When I think of the amount of money that a person
gets when they are fostering a child, why not take that money and put it into supporting the families that need that
support? Teaching them about parenting, providing a support of services, so that First Nations kids
can stay in their communities, where they belong. Because I can tell you,
from my own experience, it's very hard to be
away from home. It's very hard to be punished for speaking your language.
It's very hard not to know if you're ever going to go back. This is what the
history is. And when you look at our First Nations
community, it's important to understand with those eyes. It's important to
understand what it is you're looking at. It's important to understand
why our people end up on the streets.
• (14 heures) •
It's
a long history and it is very recent. The last residential school that was
closed was in the province of Québec. It is our
generation. It's not three generations away.
So,
we are struggling. But the continued way in which different departments in
which people still believe that they have the right to make decisions for us, as First
Nations people, without our consent, without our involvement, continues to perpetuate that wheel of colonization. And I
think that is something that we all have a responsibility to change and to put an end to. And the only way
we can do that is to work together. The Cree health board has worked very hard,
we have worked very
hard, as an organization, to bring healing to our people and to go back to our
culture, to go back to our ways of welcoming a child.
Once,
there was a day, when I was young, when someone was with child, and we would
celebrate, and little hats would be made, and it was a wonderful time. And then came the time when
they took our children. And what did that teach you? My mother said it
taught her : Don't love your child, don't hug your child. When someone was
pregnant, it wasn't a time of celebration.
Rather, it was a time of pity, of remorse. No hats were made. No family
gathered in... because this child
would be taken and this child may never come home. And so, my mother said we
learned not to love our children, not to
hug our children and to know that, when they left, maybe they wouldn't come
back. So, the more you loved them, the more painful it would be.
And I left when I was five and
I came home when I was 13. I'm one of the ones that made it home. But we still
have the trauma of this legacy. We have the trauma because people are afraid to
love their children. We take it for granted.
You take it for granted to have a child, and you raise it, and you cuddle it,
and you hug it, and you love it because you know no one was ever going
to come and take it away from you. That is not our history, and it's a sad,
really sad history because we have elders
that, now, are still not able to hug their children and we have parents that
weren't hugged, and don't know how, and are afraid, and don't know why.
So,
this journey has been a very difficult journey. And it's only with
understanding, it's only with compassion, in our place,
forgiveness, so that we can still reach out and try to work with all of you
that we can build a new path and build a journey that we actually walk
together. And I hope to live long enough — and I have gray hair now — to
see that journey. I think that, when I heard
about the police officers that really, really cared and really want to work,
and from their hearts, it's like a bird singing on a beautiful morning.
I'm hoping to believe in that.
So,
as the Cree nation, as the Cree health board, those are all the things that we
carry. Those are all the things that we look at. And we're trying very hard to reach
out, and work on programs, and work on things that change how we see each
other, and how we view each other, and also to be aware of where we have
journeyed both of us, you and I... comes to our country, to our home. I hope that the journey forward will be one
of respect. I hope that the journey forward will be one where we are involved in things that pertain
to us. We are not your children. We are a people, the First Nations people
of this country. In our healing, you don't
have the answers, but we would very much appreciate it if you supported us in
our journey in finding our answers. «Meegwetch.»
Le Président (M. Lafrenière) :
«Meegwetch.» Thank you. Next question from Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Pas évident de
poursuivre après ça.
Le Président (M. Lafrenière) :
C'est dur, je sais.
M. Leduc : On savait qu'en venant ici on aurait des
témoignages poignants. Puis, étant père d'une petite fille de deux ans, j'ai de la misère à comprendre qu'on
puisse prendre des enfants à cinq ans puis ne plus les revoir jusqu'à...
En tout cas, ça me bouleverse.
Et ça me bouleverse aussi, ce qu'on a
entendu de Mme Saganash, que je connais un peu pour avoir été dans des
événements politiques avec elle dans les
dernières années. Je ne connaissais pas son histoire. Donc, je la découvre aujourd'hui. Puis je ne sais pas si elle nous écoute, mais, camarade, je te
trouve très courageuse, ne lâche pas.
Ma question concerne
l'enjeu du racisme. On a reçu avant-hier Femmes autochtones du Québec, qui ont
évoqué la question du racisme dans toute
cette thématique de l'exploitation sexuelle juvénile, des mineurs. Ils ont fait
référence au syndrome de Pocahontas. Je ne sais pas si, dans le contexte, de Val-d'Or,
dans le contexte de votre communauté, de vos communautés... Est-ce
que ça résonne, ça aussi? Dans le fond, finalement, ma question, si je peux la résumer ainsi, quelle est
la place du racisme à l'intérieur de cet enjeu-là? C'est une question assez
large, oui.
Mme Ortepi (Mary) : It is a fairly large question. And, you know, 500 years of history, it's very
difficult to have this
conversation and to be able to respond in a good way. Pocahontas, yes, the romanticized
version of abduction and dying far from home, away from your own people.
I lived in Val-d'Or, I grew up
in Val-d'Or in my teens, and,
when I came here, and that was after getting
out of one prison and into another prison, when I came here, what the elders
and the women told me is :
Never, never be picked up by the police. And, many times, women would come to
my mother's house, having been victimized by the police who are supposed
to protect them. And, at one point, I remember there was a game. The game was if you could find a young Cree girl, and
get her really, really drunk, and you could get her drunk and give her a
drug so that she wasn't aware, and she could
be sexually abused and filmed being sexually abused. This was sold on the
street. This made money. This is during my time. So, walking on the street was
never safe. These games were not safe.
And
it's really a strange thing to have to say at this time that it was the
motorcycle gangs of Val-d'Or
that kept me safer than the police. Isn't that
a strange thing to say? Because we see them as being very... well, less than
law-abiding, shall I say, but, if I
found myself on the streets of Val-d'Or late at
night, they said to me I could go up to anyone of them, and they would give me a ride home so I would be safe from the police.
And that, really, is a very sad statement.
• (14 h 10) •
And the reason why we were targeted is
because we don't talk. Why don't we talk? Because there is no safe place to talk, there is no one to listen to. And so, the more that we
didn't talk, the more we became the targets. And, when they did talk, no one believed them years later. And so, you ask why
there's a lack of trust in the system. I wished for a day, when I was young, that maybe I wouldn't be Cree.
I'd be nice and white, and I could be safe, and I could go shopping, and
I could spend time with my friends downtown, and I could make it downtown
and home without living in constant fear, and looking over my shoulder, and knowing that,
when I needed help, I could go and get the help that was supposed to be
provided. And I was so grateful for the motorcycle gangs of Val-d'Or, and I still am, because they helped to keep me safe. When I needed help, they would put me on their motorcycles
and take me home.
And
so, Pocahontas, yes, she's the perfect victim, and she was a victim
historically, and she continues to be a victim
now. Sexual violence is not romantic. There's nothing romantic in that. It is aggression,
and it kills our spirits, and there
is no one to listen. The systems have to change. This has to change. And we're
working hard at it, and the Cree health board. And we're hoping to have more involvement in the things that
pertain to us and to have the courage to speak when you ask these questions.
I guess I've gotten my gray hair, and
so I speak the truth now when I am asked. I don't sugarcoat it because my life hasn't been sugarcoated either. So, when you ask this question, I will be honest. And I know that
sometimes I'm dealing with fragile egos.
However, this is a conversation that we have needed to have for a very long
time. And I'm really, really impressed and really happy that you have
come here to listen to us. «Meegwetch.» Thank you so
much for that respect. «Meegwetch.»
Mme Wabano (Virginia) : I want to add some comments. You know,
not long ago... You're all familiar with the situation that happened, with the Val-d'Or
situation, with the women that came forth, of the actions that were done by the
service of the police who were to protect them. And that weighs very heavy on
many, many aboriginal women and communities
because Mary talks about trust. The trust in the police service is very big
within Val-d'Or and it is a very big issue.
And, you know, not long ago, there was a report that there was no act of
violence there. And that really does kill our spirit, especially to
women who are givers of children. And to be able to believe in the system is
very difficult at times. But, like I said earlier, I am very grateful for those
that do support in finding young missing women.
I'm
not saying that the whole police force in this province or within Canada are
the same. I'm not saying that. There are
some good people out there and there are some that are not. And, with all the
oppression that has come to aboriginal people over the years... I,
myself, was a residential school survivor. I went when I was four years old. I
turned five and I stayed there until I was
14. I am 57 years old right now and I've only lived with my parents for seven
years of my entire life. Although I was one of the children
that was able to maintain my language, it was because, when we had our breaks
at Christmas, March,
in the summer, we didn't live in the community, we lived in the bush, and
that's where we maintained our bond with our family and our language.
And, with that, it has made me strong
to be able to advocate for aboriginal people of all ages, know of what they go through. Exploitation of minors is rising. You know, they can go
as far as $250,000 for a child to be exploited. Just recently, a young girl, she's Filipino, got out of the sex trade because
now she didn't satisfy her trafficker who finally said : No, you
can move along. There are a lot of systems, policies, protocols that don't help
the situation, unlike...
The
recommendation is we need to be involved. We need to be involved at these
tables. We need to tell you what's
happening. Our communities speak. Collective knowledge at the community level
is very important. They're the ones
that bring out all what we need to do for them. We're here to speak for them.
And that's why I'm here today. I am very glad that I was given this
opportunity and I want to thank the Cree Board of Health for allowing that
opportunity to come and sit with you today. But the hurt and the pain is still
ongoing today. It still is. «Meegwetch.»
Le Président (M. Lafrenière) : «Meegwetch.» Thank you so much for
sharing with us. I'm going to correct one thing. You said you need to be involved. You don't
need to be involved, you're part of it, and we'll be working together. This is not one meeting, one visit. We'll be
working together. This is a strong position that we're taking with you. And
thank you so much for being here today.
I'm going to suspend our work
for a few minutes.
Une voix :
...
Le Président (M. Lafrenière) : Very
quickly.
M. Lamothe : Guaranteed. Ms. Wabano, you mentioned
that police don't take your report before 48 hours, a person who disappears. Which police are we talking about?
Mme Wabano (Virginia) : ...the police forces. Every time, when you call and you report...
M. Lamothe : 48
hours.
Mme Wabano (Virginia) : 48 hours.
M. Lamothe : Just
don't make sense.
Mme Wabano
(Virginia) : That's why you need a system to
act immediately.
M. Lamothe : 48 heures, ça n'a pas
de bon sens, ça, là, là!
Le Président (M. Lafrenière) : ...to mention you personally this.
We're, at the very least, three ex-police officers, and
this is not the way it should be.
M. Lamothe : No,
not 48.
Le Président (M.
Lafrenière) : We'll talk about that.
Mme Ortepi (Mary) : If you're lucky, if someone's listening.
Une voix :
If?
Mme
Ortepi (Mary) :
If. Because, sometimes, what they're saying : Ah! they probably went out
drinking, so what are
you worried about? You're going to find them. It's all the stereotypical
responses of not recognizing their critical situation.
M. Lamothe : No,
not 48. At my time, it was 24. And, even at 24, it was long. But 48 just doesn't
make sense, not at all.
Mme Wabano (Virginia) : In the case of Lynn Iserhoff, 48 hours.
M. Ouellette : And there was no «if» at the time, too.
M. Lamothe : What?
M. Ouellette : There was no «if».
M. Lamothe : Yes,
yes. That's sad.
Mme
Wabano (Virginia) :
Many times, many times, that's what they tell you, 48 hours before someone is
considered.
M. Lamothe : Thank
you very much.
Mme Ortepi (Mary) : Or, the other one, not bothering to take anything at all and just
say : You know, they're probably all drunk. They're probably hanging out
with their friends.
Le Président (M.
Lafrenière) : Unfortunately.
• (14 h 20) •
Mme
Ortepi (Mary) :
It's all the... You know, they're druggies, so they're probably hanging out in
a back alley somewhere.
So, it's all those kinds of responses and not taking this seriously because,
even though our people are on the streets, we also have a network of... trying to keep them safe. And, when they fall
off our radar, then we know there's something wrong, but
that's not taken into consideration because what do we know and how important
is it to find this person? It just isn't.
Le
Président (M. Lafrenière) : You've been referring to Diane, Josée and Carlo from Montréal when you were talking about the survivors. We had the book My
friend, my abuser. It was an important part for us to get more knowledge of it.
And, again, thank you. «Meegwetch.»
Thank you.
(Suspension de la séance à 14 h 21)
(Reprise à 14 h 31)
Le
Président (M. Lafrenière) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je souhaite maintenant la bienvenue à M. Donald
Nicholls. Bien, premièrement, M.
Nicholls, merci d'être avec nous. Merci
beaucoup. C'est très apprécié. Je
vous rappelle que vous allez avoir le
temps de faire votre exposé. Et par la suite il y aura une période
d'échange avec les membres de la commission. Et, M.
Nicholls, excusez-moi, je suis encore éprouvé de ma dernière rencontre, c'est
une présentation combinée ou seule? Parce que je voyais 15-15. Donc,
c'est 20-25?
Une voix : ...
Le
Président (M. Lafrenière) :
You're going to have 20 minutes to do your presentation. And afterwards there will be 25 minutes of exchanges
with the members of the commission. I'm
sorry for that. I was still thinking of the last
presentation. Again, thank you
so much for being here. This is extremely important for us. So, you get 20 minutes, sir. Thank
you.
M. Donald
Nicholls
M.
Nicholls (Donald) :
It's a pleasure, Mr. Chairman. Thank you to the
select committee for having us here today. You have a
very important mandate on the
sexual exploitation of minors in Québec. And we're here to help you fulfill that mandate, provide some information and some answers.
You know, on the previous presentation, it's very hard not
to get involved with the discussion and everything that
was going on because it was so impactful,
the stories that were told, and we appreciate that. And we're probably going to
touch on a few of the things that they have
touched on and maybe expand on those. And so, it was very good. It was a good
start.
So,
I know that you have asked us to come and present. First of all, we're
representing the Cree Nation Government, the Department of Justice and Correctional
Services. We've been... and had a department since 2008, when we signed an
agreement with Québec, with the Québec Government, to create the Department of Justice and Correctional
Services. And now we
have over 60 some employees that are professionals, that work in corrections,
and work in courts, and work with police.
And we work in schools with interventions with children, and do cognitive
behavior therapy, and we do a lot of outreach in the area of justice and
corrections. So that's where we're coming from.
Before addressing the points, I
know you wanted us to look at how we can better promote the denunciation of
victim procurers and client abusers, and how we can better meet the needs of
victims of sexual exploitation in the Cree communities, and how we can better
promote repression of the client abusers. But, before we address these needs,
it's important for us to shed some light on
the context that enables sexual exploitation of indigenous youth in general and
Cree youth in particular in our case
and the measures to address the issues to be more effective if we understand
the context and the reasons why
indigenous people, especially indigenous women and children, are so vulnerable
to sexual exploitation.
As you say in your document in
the consultation paper that you sent us, the numbers are hard to come out with
because it's obviously an activity that's dealt with intimidation, and with
silence, and with a lot of measures that... the criminalization or the shaming aspect which prohibits people from coming
forward. But you mention that, of course, they're in the urban centers, in Gatineau, in Montréal, in Québec City, and,
we believe, of course, in the smaller urban centers like Val-d'Or and Chibougamau. This is also there
and also it permeates, as you heard in the last presentation, into the
communities itself.
Because
these activities take place out of the public view, the denunciation reporting
is depending on the victims, the families, the witnesses coming forward, and, consequently, you know, as you said, it's difficult to determine. And
even those numbers... were reported, we know that would
just be a small representation. We know that much of the activity that happens
that's of a criminal nature, by the time it comes to a reporting or to court,
only represents a small portion, especially
when it comes to things involving sexual violence or exploitation. And, further
complicating things, you
know, there is, as mentioned before, some intergenerational trauma, and the abusers
may be known to the people that are taken advantage of, the victims may
be known, and so there's some attachment bonds to overcome as well.
In
the final report of the National Inquiry into the Missing and Murdered
Indigenous Women and Girls, it devotes an entire section to the sex industry, and sexual
exploitation, and human trafficking. The national inquiry based its report
and findings on testimonies collected across the country. Many of these
testimonies paint a disturbing story that often reflects realities of the indigenous youth in Québec as well and some Cree youth in particular. So, we
find that the national inquiry report is highly
relevant to the work with this committee and speaking both of sexual exploitation and related human trafficking. And so, we've included a few
quotes in there for you to look at from the national inquiry to further support
the section
that they created specifically. We know that the report is very large, but they
devoted a specific section just on sexual
exploitation, and it carries a number of recommendations with it as well. So, we would invite the committee to look at that.
The
likelihood of indigenous people, particularly indigenous women, falling victim to violence, and sexual exploitation, and trafficking is fairly well documented. As Virginia had mentioned in her presentation
just earlier, according to the NATO Association, more than half of all women
trafficked in Canada are identified as aboriginal First
Nation, and the
correlation with this phenomenon is also hundreds of missing and murdered
indigenous women and girls across Canada... presents significant safety and security concerns
for all indigenous people. And so, you can see the statistics in the quote as
well, that 50 some per cent are indigenous, whereas indigenous people only
represent 4% of the
population. This is included in this reference that we
made from the NATO organization, but it's also included in the CNN report that
was done a couple of years ago, when they
looked at the Winnipeg situation of a young girl that was forced into human
trafficking at age 11 by being
invited by a friend to come to a party and then eventually forced to produce
$1,000 to $2,000 a day. And also, besides the CNN report, the joint
FBI-RCMP task force also refers to the statistic in some of their findings.
Indigenous women and girls have an
overall rate of violent victimization twice as high as for indigenous men and close to three times as high for
non-indigenous women. Between 1997 and 2014, there were 71 females sex worker
victims of homicides who were identified as indigenous, representing
one-third... one in three, sorry, 34%, of all female victims working in the sex
industry. Indigenous women and girls make up the majority of those being
subject to domestic violence... domestic sex
trafficking, sorry, and violence probably, in Canada, although indigenous
people only make up approximately 4%. And Virginia highlighted some of
the reasons that traffickers, and procurers, and client abusers exploit victims' vulnerabilities. Indigenous youth
and children fall victim to sexual exploitation and trafficking because they
often find themselves in extreme vulnerability.
The
national inquiry heard testimony that the factors that cause to become involved
in the sex industry... Many of the girls and women in the sex industry have
experience of child abuse, violence, trauma, and this may impact their
vulnerability to exploitation and trafficking. It also heard testimonies about
foster parents normalizing the exchange of
sex for money and safety by sexually abusing and threatening foster children.
The national inquiry reported stories, echoed by various witnesses, that
demonstrate a connection between young indigenous girls' involvement in the
child welfare system and sexual
exploitation, sexual trafficking and survival street level sex work, I think
what we had heard from the young lady
that testified in the video earlier. Indigenous women and youth who will leave
their communities for urban centers are particularly vulnerable.
Many historical and socioeconomic
factors have contributed and continue to contribute today to the
marginalization and
vulnerability of indigenous women and youth. According to the report on the
Truth and Reconciliation Commission of Canada,
the disproportionate victimization of indigenous people can be explained as
part as a result of indigenous children treatment in residential schools and that they were denied an
environment of positive parenting, worthy community leaders and a positive sense
of identity or self-worth. The legacy of residential schools, combined with
centuries of ill-conceived policies
and deeply held prejudices, have created an environment and certain realities
that leave indigenous women and children particularly vulnerable to
sexual exploitation.
• (14 h 40) •
In many residential schools, we know
that physical, emotional, and sexual, and psychological abuse was commonplace. And, by the time these
children returned home, they arrived having been victimized, with little connection
to their families,
language or culture and without the tools and support they needed to heal. In
many cases, the remoteness of their community made it financially
impossible to even return home and increased their susceptibility to
victimization. Without an ability to heal,
these harms were often passed to the next generation in a common reality called
intergenerational trauma or intergenerational impacts. The cycle
continues to be perpetuated without proper support and engagement.
Some of the socioeconomic conditions
and housing, I think that Virginia touched on this point and said that... and we touched on it, the Grand
Chief and others, when the Viens Commission went around... was that some of the
socioeconomic factors could be
poverty, overcrowded housing in the community, substance abuse, physical, and
sexual, and psychological abuse. And
you do not have adequate support for a healthy transition if you're going into
an urban environment and you don't
have the support to allow healing from harm or victimization or associated
addictions, either in the communities or when you're in the urban environment.
Some also may be attracted by the promise and enticements, including through
Internet and social media... or
that they were blackmailed into unhealthy situations, an environment leading to
sexual exploitation and trafficking.
I don't know if the committee is
aware, but the United Nations, this year, put out a special report on the
Convention on the Rights of the Child, with guidelines recommending to state governments that children... to reduce this impact because they said that, as
Virginia had mentioned, it's increasing
at an alarming rate, that the sexual exploitation by predators to children through the use of Internet and multimedia is on the increase in the world.
And so, they recommend a number of provisions to reduce
this.
One of them is to say that all Internet providers in the state should remove child
pornography, child images, child videos and should not
allow those to perpetuate or continue to be cycled within the Internet community.
And
also they recommend that we engage in something called economic empowerment,
where we do income substitution, where we
find that people that are in poverty conditions and that are turning to human
trafficking... that we find other ways of providing incomes for them, so that
we reduce the amount of people that are entering it because of sheer
poverty.
Also,
there is an interesting recommendation that they say that children should be
involved in the development of policies within the state to protect their own
welfare and that their shared ID should be done in an age-appropriate manner
so that we should reach out to the children
and solicit from them some ways of protecting them more in their environment.
And also
there were some issues to better police the Dark Net and that, right now, it's
being used to share a lot of information on children that are being trafficked.
So
how can we better promote the denunciation by victims of procurers and client
abusers? As mentioned earlier, traffickers, procurers
and client abusers exploit victims' vulnerabilities. For as long as the victims
remain in a state of vulnerability, it is more difficult for them to denounce
the procurers and their client abusers.
The
national inquiry noted that, due to the stigma
of trafficking, victims may not want to report for many different reasons, including being
physically, economically... or otherwise vulnerable position and being
threatened by traffickers who use
humiliation, or intimidation, or drugs, or anchors to prevent victims from
reporting. For the same reason, youth involved in sexual exploitation
may be reluctant to denounce the procurers or client abusers.
By the same token, reducing the
vulnerability of those involved or susceptible to become involved will promote denunciation of abusers and potential abusers. And
reducing vulnerability involves helping victims, potential victims and others, recognize and denounce an exploitative
relationship, providing a safe and supportive environment for victims to come
forward and reaching out to them and empowering young people so that they can
avoid falling victim or so that they can break away from exploitative
relationships.
Recognizing
an exploitative relationship. Victims of sexual exploitation may be trapped in
a legacy of intergenerational impacts of residential schools. They may need
help to recognize the exploitative nature of relationships. They may need help to break the
cycle of intergenerational trauma. The history of abuses related to residential
schools, systemic discrimination and past and present policies
and legislation may interfere with the connection
between the individuals and their community or their family support structures. Work must be
done in education and awareness with children and youth
from early on, and children need to learn and understand that it is not normal
to be sexually abused or touched in certain ways and
that they should not keep certain secrets.
Children must learn how to recognize an exploitative relationship and they must
be given the tools and a safe environment to talk about these matters and to report any abuse.
As
a part of our mandate, the Cree Department of Justice and Correctional
Services, we established a Cree SNAP program, which means Stop Now and Plan. In collaboration with the Child Development Institute and the Cree
School Board, our staff works with children ages six to
11 on essential life skills, on how to deal with conflict, anger, frustration
and anxiety. This year, with our partners,
we started to work with ages 12 to 17 as well. And the program gets children to
think about consequences, options and plan positive before acting
impulsively or making their problems bigger.
In 2016
and 2017, we worked with 2,301 Cree children in
138 classrooms. In 2017‑2018, we worked with 2,400 children
in 153 classrooms, and last year, in 2018‑2019, we worked with 1,512 children in 99 classrooms. Through our Cree SNAP program, we're
working to help children take control over and maintain respect for their
bodies and to become aware of
inappropriate requests from others. So, we created a special session,
session 14, which specifically speaks to guarding against people asking them to do inappropriate things or
touching them inappropriately. And then, also, when we work with this older kids, Grade 5, and 6, and
upwards, we teach them about the dangers of sexting and exchanging texts
and images of a sexual connotation through their emails, texts or social media.
The
national inquiry called for health service providers and education service providers to develop
and implement awareness
and education programs for indigenous children and youth in issues of grooming
for sexual exploitation. Personnel working in daycare and educational institutes... educational services,
sorry, should be aware of the importance and the means of detecting indigenous children exposed or
subject to sexual exploitation. Service providers working with indigenous
people must be sensitized to indigenous realities. In particular, frontline
interveners, medical doctors, social workers, welfare
workers, probation officers, teachers, lawyers and police officers must be able
to identify indigenous victims of sexual
exploitation and take necessary measures to ensure that these individuals are
protected and returned to a safe environment.
The Québec Government must
carry out a province-wide campaign to educate, sensitize the public and those involved in certain industries that may
unintentionally facilitate sexual exploitation of youth, including the hotel
industry. In this regard, Manitoba could provide inspiration. Since
2010, the Manitoba Government has partnered with the Manitoba Hotel Association to promote a campaign to help staff in detecting, reporting
and preventing child sexual exploitation. Recognizing that hotels are a place
often used in sexual exploitation, the MHA campaign is aimed at providing frontline workers with information they can use to spot unsafe situations and to respond
appropriately.
So,
in providing a safe and supportive environment, the
complaints filed by victims of sexual exploitation must be treated seriously and
thoroughly. Victims must be confident that they can file a complaint and they
must feel safe to come forward.
The
national inquiry noted that the perception of impunity on the part of abusers
at the idea that no one will come looking for them creates conditions for violence
and abuse. Some indigenous youth may fear repercussions of reporting an incident because of an abusive relationship to the
authority or frontline workers. They may be revictimized by the justice system, either because of little support that
they've been provided with, or the difficulties of testifying or the fear of
not being properly protected from violent exploiters. The national inquiry also
noted the systemic indifference of the police and the justice system
when it comes to indigenous women and girls involved in the sex industry.
• (14 h 50) •
At the end of the section of
its report related to the sex industry, sexual exploitation and human
trafficking, the national inquiry made some
important findings, that police services struggle to effectively respond to
cases of human trafficking, and
sexual exploitation, and violence against women and people in the sex industry.
And the detection of offenses such as human trafficking and sexual
exploitation is difficult, compounded by difficulties investigating and
prosecuting these crimes.
Current
laws, including those regarding sexual exploitation and human trafficking, are
not effective in increasing safety overall for indigenous women, girls and people in the 2SLGBTQQIA
community because of the laws... that they do not acknowledge proper imbalances and social
stigmas. Indigenous women, girls and people in the 2SLGBTQQIA people in the sex industry do not trust police services
to keep them safe due to criminalization of their work and the racial and
sexual discrimination they may encounter, as well as social stigmas
attached to the sex industry in general. The rights, and safety, and security of indigenous women and
people in the 2SLGBTQQIA people in the sex industry are not being recognized
and protected. Addressing the findings would
be a good start if we were to promote a denunciation by victims of procurers
or client abusers.
In
short, the Government must take appropriate measures to put
an end to the culture of impunity and indifference in
regard to indigenous women and girls involved in the sex industry. It must work
at all levels to eliminate the fear and
mistrust to stop indigenous women and girls who experience violence in the
context of the sex industry from talking to the police. In addition, there must be concerted efforts, including by
the Government entities and organizations involved in policing, justice, education,
health and social services and the media to address many of the concerns raised
above. For example, all frontline
workers must receive training in matters related to sexual exploitation of
indigenous youth and children, including
with respect to the necessity of taking all complaints seriously and not
ignoring any youth, especially those in vulnerable circumstances.
Special attention must be given
during events such as festivals — I know you heard testimonies for,
like, the Grand Prix — when a number of sexual abuses and demand for
sexual services increase. Outreach programs with effective communication strategies must be
developed and carried out to reach out to sexually exploited youth and children
who may not be in a position to come
forward on their own for various reasons. Shelters and transitional facilities
with protection and care are required
for a safe place for those who wish to come forward and break away from an
exploitative environment.
The
victims of the CAVAC or the crimes... sorry, of crime assistance centers, so
the CAVACs, provide confidential and free of charge frontline services, including
post-trauma, psychosocial interventions to victims of crime, their immediate
families and to witnesses of crime. In many
cases, CAVAC workers play a key role for victims by serving as their primary
point of contact. The importance of CAVAC service is even more significant
where the trust in authorities, including police, may be an issue. In Eeyou Istchee, the Justice
Department operates Cree CAVAC services to service primarily the Cree
individuals and the Cree communities.
All
CAVAC personnel in Québec, particularly in urban centers such as
Gatineau, Val-d'Or, Amos and Montréal, must be sensitized to the vulnerability of indigenous victims, particularly youth victims. They must
be trained to adopt special approaches when dealing with indigenous youth, and particularly those
involved with sexual exploitation. CAVACs, in certain urban centers, seem to have implemented special measures to
monitor and address sexual exploitation of youth. In particular, a pilot project for the creation of an
intersectorial team to deal specifically with sexual exploitation seems to
have recently been established in Montréal. Such measures must take into account the special needs and
circumstances of indigenous victims and
youth and they must be established in all urban centers, particularly where
indigenous youth and children are present.
Additionally, training must be
provided to CAVAC personnel throughout Québec to increase awareness and sensitivity to particular circumstances
of indigenous youth and vulnerabilities of sexual exploitation. The Montréal CAVAC
appears to have begun to establish contacts with indigenous resources in order
to better meet the needs of indigenous victims of sexual exploitation.
And each CAVAC must identify the resources within their region and provide
additional complimentary assistance to
indigenous youth, such as native friendship centers. Each CAVAC must establish
contacts and relationships with
organizations to be prepared when the need arises. The implementation of these
measures will require continued support, including technical and
financial support, from the Government of Québec.
Empowering
young people. Measures must be designed and implemented in collaboration with
all stakeholders to empower
young people to reduce their vulnerability and to help to avoid the traps or
break away from sexual exploitation, for
example basic skills. Some youth may have basic skills and they may not have
any other way to get money or support, hence
so may need to work with them to build their skill level to promote their
empowerment and self-esteem and to help find alternative sources of income to
reduce and eliminate their dependence on sex-related activities for money.
Safe
shelters. In some cases, they may need a safe shelter to allow them to transition
to a new living arrangement and to transform their
lifestyles and they may need help with finding housing and employment.
Addiction
behavior. Some may have developed an addiction to drugs supplied by their
exploiters, so we'll need to work with them to address addictions. They may need crisis intervention,
detoxification to address drug and alcohol abuse, and may be perpetuating or enabling their
exploitation. They may need peer support programs, especially during exiting
processes.
Counseling
and support. Some may feel stigmatized or shamed and they may need counseling
or support services to
have confidence to break the cycle of exploitation, and transform, and rebuild
their life. They may need counseling services to allow them to explore
healthy ways of coping with emotional and physical harm, trauma and abuse.
Protection.
Some may be scared of the threats of violence by those exploiting them, so they
need protection and safety. We need to monitor abusers, recruiters,
including those gangs and criminal organizations, to prevent recruitment or
harassment.
And
community and family support. Some feel disconnected from their community or
family and may have no means of connection that would assist in changing their situation. Some may need to work to rebuild their
connections and
their sense of community. They may need programs to promote cultural renewal,
such as working with elders to pass on traditional teaching values and
roles.
How can we better meet the
needs of victims of sexual exploitation in the Cree communities? Victims have immediate needs of protection, care and service providers. The community and
competent authorities must address these needs. In longer term, we must address the
underlying factors : historical and systemic treatment, socioeconomic conditions, overcrowded and substandard housing. We must
address the history of abuses related to residential schools, systemic discrimination, past and present policies that
interfere with the connection between individuals and their community and
family support structures.
Resources
must be invested in victim services to support healing and change in hopes of
stopping the cycle of intergenerational trauma. Witnesses before the national
inquiry emphasized that any serious attempt to combat sexual exploitation or trafficking among indigenous girls
and youth must be met with equal serious commitment to ensure that the
adequate financial health and social support exist to make other options
viable.
We
must address socioeconomic conditions that indigenous women and youth do not have...
to leave their communities in the first
place. One of the most urgent needs, of course, with indigenous communities is
a critical shortage of social housing. Until this single issue is
resolved, the indigenous people will continue to be forced from their
communities into urban centers, where there are risks of homelessness, violence
or exploitation.
In
the final report, the Public Inquiry Commission on Relations Between Indigenous
Peoples and Certain Public Services in
Québec recognized the need to improve living conditions and to address housing
in indigenous communities. It called
upon the Government of Québec to conclude agreements with the federal government,
under which both levels of Government
financially support the development and improvement of housing in all
indigenous communities in Québec. It also called upon the Government to
contribute financially to social housing initiatives for indigenous peoples in
urban environments.
All
these measures will come to nothing if we're not able to effectively
communicate with current and potential victims.
We must find a medium and a means to communicate directly with them through
parents, guardians, families, friends, educators and frontline workers
so that they know that support is available.
• (15 heures)
•
Finally, how can we better promote the
repression of client abusers? Again, traffickers, procurers, client abusers exploit victims' vulnerabilities. We must work at empowering
victims and reducing their vulnerabilities so as to change the power dynamics, and to help them come forward,
and to denounce the procurers and client abusers. Changing the power
dynamics means empowering young people so that they have the means, and the
confidence, and the strength to brake away from an exploitative relationship
and environment or resist falling into one. We must do awareness campaigns. Province-wide and community awareness
campaigns must be developed and used to sensitize the public and those involved in certain industries that may
inadvertently facilitate the sexual exploitation of youth, including the hotel
industry — and, as we mentioned, the Manitoba example. This should be initiated by Government in collaboration with stakeholders, including indigenous Governments and organizations, the police, the CAVACs, the media and concerned
industries.
Institutions
and policies. The institutions and policies must be reviewed and reformed to
ensure protection and safety for all those
who denounce client-abusers. The Government must put an end to the culture of impunity and
indifference in regard to indigenous women and girls
involved in the sex industry. It must work at all levels to eliminate the fear and mistrust that stop indigenous women and girls
who experience violence in the context of the sex industry from talking to
police.
Interprovincial and international
collaborations. The Government must take part to ensure that police
forces in Québec, whether it's the SQ, SPVM, Eeyou police force and other
stakeholders, participate in interprovincial and international initiatives aimed at monitoring and repressing
criminal organizations involved in cross-border human trafficking and sexual
exploitation.
Also, Internet and social media. As we
mentioned, the province-wide and community awareness campaigns must be developed to sensitize parents, educators, youth to the risk of
the Internet and social media being used as a tool for recruitment. Policies and measures such as crime stoppers and
surveillance mechanisms must be developed and implemented to protect youth, including the indigenous youth,
from the danger of being recruited through the Internet and social media
and to promote the repression of client-abusers through Internet or social
media.
So, in conclusion, addressing sexual
exploitation of youth will require concerted effort from the Government and all stakeholders. For a start, the Government could implement the
United Nations Declaration on the Rights of Indigenous Peoples, article 7, that
provides: «Indigenous individuals have the rights to life, physical [...]
mental integrity, liberty [...] security of person. [...]and shall not be
subject to any act of violence...» The Government should also implement recommended call for actions in the Truth and
Reconciliation Commission, the National Inquiry on Missing and Murdered Indigenous Women and Girls and the Public Inquiry
Commission on the relations between Indigenous Peoples and certain
public services in Québec.
The implementation of the United
Nations declaration and these recommendations and calls for actions will set up a proper condition and
circumstances to better address and hopefully put an end to sexual exploitation
of indigenous youth. Thank you.
Le Président (M. Lafrenière) : Thank you so much for that very
complete presentation. We are now going to start with
the first question from Sainte-Rose.
M.
Skeete : Merci, M. le Président. Thank you for a rigorous and well-thought-out
report. I think it helps us in a lot of ways.
We recently heard the Québec
Association of Hotels... I don't know if that's a good translation, but,
anyways, Hotels, the
association that speaks on behalf of numerous hotels in Montreal area and
Québec, and, in a lot of ways, they didn't seem very empowered by the issue. I think they felt as though it was a
serious issue to them, but didn't really know how to tackle it. I was
wondering if you can give me more information on what Manitoba has been doing.
I'm very curious to see what specifically they have done and how they have
partnered with the province.
M. Nicholls (Donald) :
Oh! definitely. As we mentioned, in the National Inquiry's final report, which
is very voluminous, there is a section that
goes into much more detail on what they have done with the Manitoba experience,
and we can provide that to the select
committee, if you want. We can take that excerpt out, so that you don't have to
rifle through a 700 pages document, and we will provide that to you as
an example or as a model.
M.
Skeete : Yes. Thank you. I appreciate that. I am sure that will be
useful.
The
second thing that you brought up, and I think it's the first time we have heard
it, was regarding the potential partnership
with Internet service providers and Internet companies, as it relates to the
right to forget, or removing images, or things like that, that may
appear on the Web.
I know that, in Europe, there is this
concept about the right to forget. You know, I think if we all look back at our
pre-Internet youths, thank goodness there were not the amount of cameras that
there are today. And youth today doesn't have that
advantage of being forgotten.
Do you have any thoughts on that in
general? Do you have a little bit more that you can give us about what your vision would be in terms of that sort of partnership, what it would
look like? I'm very intrigued because I think, a lot of ways, when teenagers are growing up, are learning, they are doing
things that they may later forget, and then, of course, it's in the
Universe, and now they can't get it back. Do you have
any ideas about that at all?
M.
Nicholls (Donald) : That recommendation, I would like to say, came
from me, but it came out of the UN policies, right? And we can send you that
list of policies. But, when it comes to social media or when it comes to the
Internet providers, you know... You know, that recommendation is really to put upon them and saying that we will not tolerate this environment and that, if we are
going to change the environment, we have to set out a clear message and say
that this type of media should not be coming through your system.
But,
when we come down to the creation, I think what you're asking... a little bit
about the creation, you know, the right to
forget and: Oh! someone took a picture of me inappropriately, and it's all over
the place, I have been asked to talk to children and youth, especially
on sports teams, about taking videos of each other when they're in the shower, in the change room, and then posting them to
humiliate them or to whatever and explaining to them that this is illegal. It's
an illegal act and it's child pornography. And they may be a child, but, once
they start sending it around and it's an image that is sexually exploitive of an individual, whether they are doing it
to shame them, or humiliate them, or whatever, it still amounts to an
illegal act. And they have to be aware of that, right?
And so, I think that's a part of the
awareness campaign to say, OK... And every time I go into a Montréal hospital, there's always a big poster, and it says :
You have the right not to have your image taken, you can tell someone that has
a camera and says to you... you can say to them : No, you're not allowed
to take my picture and you're not allowed to keep it, you have to delete it. And they have that all
over the place. I think we have to create an environment where we say :
No, just because it's handy that you can have a very high quality phone
that's also a camera and a video recorder... that we have to educate people and say : No, it's not right for these
certain activities. And, if you do those activities, and you store those activities, and you start sending those
around, then you're going to start contravening laws that exist for the
protection of everyone, including yourself, right?
M. Skeete : So, to summarize, you see it as a
two-pronged approach. The first one is on the more technological side, having
that conversation with the tech industry, and, on the other side, you see it as
an education, that we need to educate our children
better as to what is appropriate, what isn't. And finally...
M. Nicholls (Donald) : ...third prong. I think you also have
to raise awareness that... And I know that we mentioned
a little bit, in some of the reports and
some of the information that's here... is when it comes to the
sex education. I think that we still have to have a way of educating children and youth in an
appropriate way, but educating them about what's good or what's normal in sex education, not allowing the Internet, which
has all of these other activities on it, and trying to think that that's
a normal part of a relationship, right? And so, I think there's a third prong
there too, it's that we have to educate
that, if they do get into pornographic sites or what have you, for whatever
reason, that that's not normal, that's not how a normal or a healthy
relationship is.
And
apart of that, we started this initiative about five years ago and we started teaching people what healthy or
normal relationships are. We do a 10 days certificate, we teach you how to
have a relationship with yourself, with your spouse, with your family and with
others and what does that amount to. And I think we have to get back to those fundamental values and teach people about healthy
relationships or partnerships as well and what that's a part of, not the
fantasy or the exploitive parts, right?
M. Skeete : Well, thank you for adding that third prong, because that means there seems to be a
consensus in terms of education and showing children
who unfortunately are currently learning about sexuality through pornography.
So, thank you for bringing that up. That's an important addition.
I
have a final question, and it's
a relatively short one, but can you give me a sense of what the attitudes are
in the indigenous community about LGBT...
and I always mix up the number of letters, but the LGBTQ community? What
are the attitudes in the indigenous
community? Because earlier it was said that there's a higher incidence of
suicide in the community amongst that population. So, can you just give me a picture of whether or not that's
something that should be on our radar, the
level of tolerance, how those people are seen as being different or not, or
just give me a sense from an outsider's point of view?
• (15 h 10) •
M.
Nicholls (Donald) : Sure. And you noticed, the
more that I talked about it, I get better at that acronym. It's a difficult one because, of course, it's us being
more understanding, us having a wider perspective on people's choices and
self-identifications.
You
know, they say that justice is blind. We don't see the discriminatory parts or
the differences in people, we try and treat people fairly. And Virginia
mentioned that these conferences that happen annually happen outside of the
territory, and every
year they've come to us, to the Cree nation Government, to help support it, and
we have supported the conferences for people to get together, and talk
about their differences, and support each other, and all that.
So,
I think that's growing. I think that there is a young man, also, that came up
with a nice book, in Québec, talking about
his experiences, and that got a lot of good traction too. He is a Cree, a Cree
youth, that came out, and that... So, I think that that traction is growing,
that sense that everyone has a right to choose, right?
M.
Skeete : She also
said that they couldn't do it in the community out of safety. So, I'm
wondering : Should we, as a group, look at that as a way to help you guys, maybe financially or
whatever, when we're doing our global education campaigns, to sort of help you guys out in terms of getting the word out
on that? Is that something that you think that would be helpful? Because she did make the notion that
it was... we're not doing it in the community because of concerns of safety.
M. Nicholls (Donald) : Yes. I haven't heard before about safety, but I think that anyone
that feels that they are not in a safe place, we have to find out why, right?
And some of the people coming forward with sexual exploitation, they need that
safe place too, equally, as much as whether it's gender related or
self-identification related.
And
I know that Virginia had mentioned... and she gave some incredible examples,
but I remember, one day, we were talking about sexual exploitation, and it was at a big
commissioner's meeting, and there was a lot of executives there, and the
SPVM, the special unit, was there, and they were talking a little bit of
stories, and then one of the executive members
stepped forward and she said : You know, 15, 20 years ago, I came to Montréal from my community to go to school, and then this person
befriended me, and I thought he was my boyfriend, and then he became very
abusive and told me I had to work on
the street and earn him money. And she said : My choice was : Do I
give up my education and go back to my small little community or do I
start human trafficking in Montreal? And that was like fifteen or so years ago.
And
so, she shared that story, and we are just like : Wow! That's... You know, like, she felt that that was a safe place. And then, right after that, one of the elders came forward and
said : 30 years ago, in Val-d'Or, the same thing happened to me,
you know, I was sexually exploited, and I was
given a choice, and... you
know, and then I did not
go back for a while, you know, I went back to my community and went away.
So, it's been existing there
for a while. It's not a new thing, the sexual exploitation. It's now that we,
as organizations, and as governments, and agencies, are saying : Let's do
something about it together because we find that
it's rising at alarming rates. We find that other people are... We can see the
harm that's happening. I think, maybe we are more aware because of social media and other things. So, it's there.
But, in creating a safe space, I think that's always good for people to be themselves, and to express
themselves, and what have you, and to feel safe to, obviously, get out of
very violent situations.
M. Skeete : That's it for me. Thank you very much.
Le Président (M.
Lafrenière) : Thank
you. Next question from l'Acadie.
Mme St-Pierre : Merci
beaucoup, M. le Président. Thank you very
much for your
presentation. Je vais poser ma
question en français parce qu'elle est très pointue. C'est concernant votre
conclusion.
Vous parlez, au paragraphe 65, de la
déclaration des Nations unies sur les droits des Premières Nations. Vous dites qu'il faut appliquer l'article 7. La
déclaration n'a pas été entérinée par le gouvernement du Québec. Le
gouvernement fédéral a signé la
déclaration. Au Québec, en vertu de la loi du ministère des Relations
internationales et de la Francophonie, le Québec doit se lier à des
conventions ou des ententes, des déclarations considérées comme importantes et
majeures. Le Québec ne l'a pas signée. Est-ce que vous considérez ou est-ce que
vous demandez à ce que le Québec entérine la déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples indigènes?
M. Nicholls (Donald) : That's a very big question. Because
I'm here representing the Department of Justice and I
don't represent... like, I'm not here representing the political unit. And they
would probably address that more specifically to you, but, in this case, I'm
saying that this provision, which is an international instrument that Canada is a
part of and that... can influence us and say : Is there anything in here
that we do not agree with? The individual's right to life, to physical
or mental integrity, to liberty, your security, your person or that they shall
not be subject to any act of violence, is
there any part in this one provision that we would not uphold together and
say : Yes, we believe that this... or that this announcement or this
pronouncement is correct for all of us, that we believe that everyone should
have these rights?
So,
that's why I didn't put the whole declaration in there, that's not... I know this is not what this
committee is about. So, it was just to highlight that
this particular one, I think, speaks to all of us.
Mme St-Pierre :
O.K. C'est parce que ça suggère qu'en n'ayant pas cette... en ne posant pas ce
geste, ça suggère qu'il y aurait
moins de protection ici, au Québec, alors que je crois que tous les citoyens du
Québec ont la protection de la loi et doivent avoir la protection de la
loi, mais que c'est une garantie dans notre système, ici, au Québec.
Je continuerais sur le numéro 66.
Vous dites que le gouvernement doit faire en sorte que les recommandations de
la commission sur la réconciliation... la vérité et réconciliation, les
recommandations soient appliquées. Il y a dans ce rapport-là un rapport qui concerne le Québec «spécificiquement»...
«spécificiquement», c'est ça — «spécificité». Est-ce que vous considérez que les recommandations qui
concernent le rapport au sujet du Québec doivent préalablement être
appliquées ou qu'on doive tout d'abord appliquer ces recommandations, faire en
sorte que ces recommandations soient...
Parce qu'on les a devant nous, il y a du concret, et on peut ensuite, dans
notre rapport, continuer et travailler sur le rapport que nous allons déposer en octobre. Considérez-vous qu'il est
urgent d'appliquer les recommandations du rapport vérité et
réconciliation qui touchent le Québec?
M. Nicholls (Donald) : Yes. You
know, the Truth and Reconciliation Commission came around to each of the provinces, and heard testimony of thousands,
thousands of individuals, and came up with these calls to action which they
thought that all States should do for indigenous people.
So, specifically, these are the items
that, after this commission has visited all provinces... to say : For
indigenous peoples, we believe that these are common and that they should be
implemented by all States for better protection or
better service to indigenous peoples. And
so, yes, in my Department, we definitely highlight Truth and Reconciliation
commissions when we're doing stuff and we say : Yes, we've checked
this one and we went through the... And we do the checklist with the Government too and we say : O.K.,
well, this is a measure that's been highlighted maybe, in one of the inquiries,
as being important, and we believe that it applies to us. And some of them we
have already satisfied, some of them, with our good relationship with Québec,
we have been able to achieve already.
And
so, yes, for us, we look at these in the same way with the way that the
declaration is meant for indigenous peoples, and it's to recognize that
collective nature of rights that does not exist because the human rights system
in the United Nations only recognized the individual rights since 1948, but it
wasn't until the declaration came forward, that it represented collective rights as a community, that we could enjoy
these rights together, right? And so, it recognizes that. So, that's why these provisions are brought
forward, it's because they relate to indigenous peoples, and, for us, we've
been an advocate of many of these for a while.
• (15 h 20) •
Mme St-Pierre :
Juste pour continuer un peu, c'est parce que je trouve votre conclusion très
large par rapport à notre sujet qui est
quand même très spécifique, c'est-à-dire l'exploitation sexuelle des mineurs.
Donc, je me demandais s'il y avait un message plus large, un message
plus politique dans vos conclusions. Et là-dessus, à savoir si... à la conclusion n° 65, si ce serait un message important
à envoyer de se lier à la déclaration des Nations
unies. Je ne veux pas faire de vous un politicien, mais quand même, je voulais quand même essayer de comprendre vos conclusions parce que
c'est très, très large par rapport au mandat que nous avons ici à la commission.
M. Nicholls (Donald) : You
know, for us, to write our presentation, we tucked a lot of paths forward, and those are our recommendations specifically on the issue that the select
committee is looking at. But, when we look at the broader table or the broader context... Because when you asked us some questions, and they were narrow questions at points, on what we could do... and we tried to show to you what we were
doing within our Cree nation and what we were trying to do to reduce
this.
But
there's a realization that, no matter how much effort we do within, that, if
the environment around us does not change
too, the exploitation will continue, right? Unless there's a greater
understanding and awareness, within Québec's side and
these urban centers, of these rights, and of the vulnerability, and the situation, and the realities of indigenous peoples, then we can do many things in our own place, but, as soon as they
leave and they come to other environments, then they're exploited. And, as Virginia pointed out, there are some people,
now, that are coming from those urban centers to recruit directly within the communities, right? So, what measures do we
have that would... It's you that have the measures to deal with the Québec communities or the Québec urban centers, and so that's the
broader recommendation.
Mme St-Pierre : Thank you.
Le
Président (M. Lafrenière) : Thank you so much. The last but not least. Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Thank you very much
for your presentation. I'm curious about the structure you have. And so, it's the Department of Justice within the Cree nation.
So, the agreement that you signed reminded me... I know it was for Government, but was it «piloté» by the Minister of Justice of Québec, this
agreement that... to create? Because it was signed, I
think you said in your introduction, fairly recently, right, the creation?
M. Nicholls (Donald) : Yes. In 1975, when we did the James
Bay and Northern Québec Agreement, in section 18, we talked about the administration of justice and
we laid out a blueprint of what that department and what that administration
would look like within Québec and in
collaboration with Québec. And then it remained largely unimplemented until
2007, when we signed a new agreement that would allow us to implement it
more.
And
we created a Cree Québec judicial advisory committee with members of various
ministries of the Québec Government and then
various political representatives of the Cree Nation Government to advise on
different developments within the
department. And so, really, it's an implementation and it draws its linkage
back to the 1975 James Bay and Northern Québec Agreement.
But, in 2007... well, a little bit earlier than that,
with the «Paix des Braves», we started a new relationship and then we worked on how we were going to implement
justice. So, in 2007, when we signed the agreement, we formed that
advisory committee, we formed the department in 2008 and now we're tackling
each area that we've agreed to.
Mme Weil :
OK. So, where it gets complex is... Because I was Minister of Justice and I
worked in, you know, more social areas, as
immigration, all that. When you get into issues like youth protection, for
instance, and what you do with the
child and... So, we're hearing a lot from the community, right now, that would
much prefer... well, much prefer, they'd recommend very strongly a bottom-up
kind of... or a ground-up approach, as opposed top-down. And it's clear,
you know, from the language you speak,
you're exactly in line with what all the community is asking in terms of ways
forward, as you put it, prevention, sensitization, education,
accompaniment, all those things.
But
I'd like to hear you on the structures we have and legal instruments that we
use as governments, the Québec society, Canadian society and the roadblocks that that creates
when a community is saying : We have the answers, you know, to our problems and we can deal
better with them than you can. You take our children out of the community, you
place them, they come back more damaged, they run away, they're victims
of exploitation, etc. And, at the end of the day, justice is always... by all these issues. I know it for
having been in Government for long... you know, for about eight
years of my 10 years.
And, for us, we're going to have to deal with these paradigms in terms of
recommendations. The example that my colleague
just gave is another one where it gets even more complicated, right, because
there are international conventions on...
But
I'd like to hear you on that and how you, the Cree nation, look at that issue,
we talked about it this morning or this
afternoon, this whole issue of placement of children and its reliving, that
terrible period where children where taken away during the... You know,
it's like colonization continuing. So, legally, how... and then conflicts
between Canadian legislation and provincial
legislation and disagreements, because we always get into the jurisdictional
issues. So, do you see roadblocks in terms of... if you really drew the
ideal map that you would draw to get where you want?
But
you've got an agreement that you've signed, and so, obviously, there is certain
basic rules of justice, as seen by... you
know, how should I say, the broader... majority of society, with all the
instruments that we have, charters of rights, you mentioned that, yet it
doesn't necessarily recognize collective rights. But your reality is different,
and your heritage is different in the way
you deal with problems. And that's everything that we've been hearing while
we've been here, and also Montréal, the same kinds of proposals.
You
may have the key, you may have the key, maybe not today, but you may have the
key for us to be able to see how we can get
further and get across those barriers while still remaining within the broader
rule of law, if you will, that's, you know... change the rule of law or
how we work it. And I'm just wondering whether you see it could be that it would come from the community itself that makes
the proposals that fits all of the requirements, and then we'll just try to... of course, the funding, but loosen some of
those requirements that we always impose, all the different Ministries, all the
departments. And it's understandable. It's
accountability, it's, you know, the studies that they have. And they can't just
change those rules. But how we can bring in
that flexibility in... So, I was just wondering if you had any thoughts on
that.
M. Nicholls (Donald) : Yes. Of course, another big question.
I think that, you know, Virginia had mentioned before about building the women shelters. It was a year
and a half roadblock by the Ministry because they would not recognize the
Cree nation Government, even
though it was recognized in an agreement and in legislation that had not
reached the Ministries that they would be recognized to be able to build our
own women shelter.
So, it took us a year and a half to
get through those regulations before we were able to build. Everyone said: The
women shelters are important, and we've proved the need for them. But, because
of a small piece of regulation, that's... it prevented anyone from moving forward for a while
until we met with the Deputy and Minister and were able to get... you know, to move pass that, to get an acknowledgment
that we had already been... that the Assembly had already made an agreement with us, recognizing us as a regional government, and thereby we could actually build women
shelters and we could build youth healing centers and
other building that would better serve our population.
• (15 h 30) •
I
think that some of those... I know that there's been sometimes, when I have
been invited to meetings where new
regulations and new laws have been put in place, in Québec, that drastically
changed the way that we deal with the child
welfare system. And people don't want to implement them because it means taking
the children away from families or from communities. And they're trying to
figure up ways not to break the law, but the ways to keep families together
or to keep communities together. And I think that that was missing when that
law was put together.
And
I know that there has been a lot of advocacy across Canada to give child
welfare to the indigenous nations so that
they can come up with solutions, and they are ready to come up with good
solutions to deal that way. I think that Mary Ellen Turpel, a former judge
and advocate that works for... child advocate that works out of B.C., she said
last year that, you know, the Cree nation,
when it comes to child welfare, they're probably in the best position right now
to create their own tribunal, you know, their own type of tribal court
system where they could deal with matters that were more related to their communities and to their nation, that were more
based on family principles and based to work in that area.
And, for sure, we continue to build
the infrastructure to support more institutions and agencies within our
Government that allows us to take better care and to do it in our way. When we
did the youth healing center, that's one of the
powers... and that's about to be opened in one of our communities, is that we
can provide our own programming week and have our
staff trained there. We can do it in our language, we can use the land as part
of the healers. Like, wilderness therapy works six times as well as
other types of therapy when dealing with addictions or other issues, mental
health issues. And so, we can employ the use
of our greatest resource, which is the land, and our culture, and our people to
try and heal our nation.
But, sometimes, there are those regulatory barriers or the
Government, you know, there are... (Interruption) Oups!
There are people that do not... that are
afraid of that change. And we're not. We're not afraid to go forward, and to
build those institutions, and to work to make better lives for our
people, and to move forward to provide better support and protections, and to give them values, and such,
and build upon, and sometimes reverse that systemic discrimination that
we talked about and that still exists out there. When they go, sometimes, to
institutions or agencies, they still face that systemic discrimination and the stereotypes. And so, if we provide a lot
of those within our nation, then it doesn't exist, right? Then, they
feel confident, they feel empowered.
So,
yes, I see that there are some barriers that we would like to work towards, you
know, removing, you know, or making better together.
Mme Weil : Thank you.
Le Président (M.
Lafrenière) : Well, first of all, thank you so
much for your contribution to our commission. We'll be waiting for those
documents that you said you would share with us. So, thank you so much.
C'est terminé
pour nous, pour la commission, ici, à Val-d'Or. Juste deux petites secondes
parce que ça va être un petit peu plus long. Donc, pour Val-d'Or, c'est
terminé. On a terminé nos consultations à Montréal et à Val-d'Or. Cette commission va se déplace en visite dans les
prochaines minutes. Et, pour les gens qui nous écoutent, bon, vous allez avoir
des nouvelles de nous plus tard, mais, pour les consultations, c'est terminé
pour le moment. Merci beaucoup.
On suspend les travaux.
(Fin de la séance à 15 h 33)