(Onze heures vingt-deux minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
bon mercredi, tout le monde. Ayant donc constaté le quorum, je déclare la... je
déclare, pardon, la séance de la commission spéciale sur les impacts des écrans
et des réseaux sociaux chez les jeunes ouverte. Je vous souhaite la bienvenue à
tous.
La commission spéciale se réunit afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur les
impacts des écrans et des réseaux sociaux au niveau du développement et de la
santé de nos jeunes.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente.
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
aujourd'hui, nous entendrons la Commission d'accès à l'information et Alloprof
jusqu'à la suspension des travaux.
Donc, je souhaite la bienvenue à nos premiers
invités, donc Mme Girard, Mme Ayotte... Me Girard, pardon,
Me Ayotte et M. Passalacqua, c'est bien ça? Alors, merci de vous
joindre à cette commission. Donc, je vous rappelle que vous avez
10 minutes pour nous faire part de votre exposé, et ensuite nous allons
procéder à la période d'échange avec les membres de la commission. Donc, la
parole est à vous.
Commission d'accès à
l'information du Québec (CAI)
Mme Girard
(Lise) : Merci, Mme la Présidente. Merci à vous, les...
Mmes et MM. les députés. Je me présente, Lise Girard. Je suis la
présidente à la Commission d'accès à l'information. Je suis accompagnée
aujourd'hui de Me Naomi Ayotte,
vice-présidente par intérim et membre de la Section de surveillance, ainsi que
M. Jorge Passalacqua, directeur des affaires institutionnelles et
des communications.
D'abord, je tiens à vous remercier d'avoir
invité la Commission d'accès à l'information à intervenir devant vous
aujourd'hui. C'est donc avec grand intérêt que la commission s'est penchée, au
cours des dernières années, sur la protection des renseignements personnels
concernant spécifiquement les jeunes. D'emblée, la Commission d'accès à
l'information tient à affirmer que l'encadrement législatif doit aller plus loin
pour protéger les jeunes de l'exploitation commerciale, tout en préservant leur
capacité à profiter des avantages du numérique.
Soulignons que, dans la récente réforme en
matière de protection des renseignements personnels, le législateur a inclus une
nouvelle mesure de consentement à la collecte, à l'utilisation ou à la
communication des renseignements pour
les jeunes de moins de 14 ans. Ce sont maintenant les parents ou les
tuteurs qui peuvent y consentir, et, pour les 14-17 ans, l'adolescent peut
lui-même y consentir, tout comme son parent ou son tuteur.
Dans le cadre de cette réforme, le ministre
responsable s'est engagé à recourir à l'expertise de la Commission d'accès à
l'information pour qu'elle analyse la suffisance des mesures de protection des
renseignements personnels pour les moins de
14 ans. En décembre 2022, la commission a produit un rapport qui a été
déposé à l'Assemblée nationale concernant... contenant plusieurs
recommandations pour renforcer la protection des jeunes en ligne. La Commission d'accès à l'information estime que le
Québec doit prendre des mesures avec une portée plus globale et aller
au-delà du consentement parental pour protéger adéquatement les mineurs dans
l'environnement numérique actuel.
Aujourd'hui, nous souhaitons vous transmettre
quatre messages essentiels sous l'angle de la protection des renseignements
personnels des jeunes. Premièrement, la commission souhaite souligner
l'importance d'examiner la protection numérique des jeunes sous l'angle de la
gestion des renseignements personnels. L'économie fondée sur la donnée suscite
l'attrait, chez plusieurs entreprises, de développer un modèle d'affaires qui
vise à recueillir toujours plus de données.
Il existe trois types de renseignements
personnels : ceux qui sont fournis, ceux qui sont observés et ceux qui sont inférés. Les informations que les jeunes
fournissent en ligne ne sont que la pointe de l'iceberg. L'ampleur de
leur empreinte numérique est exponentiellement supérieure. Des entreprises
peuvent donc utiliser ces renseignements fournis en plus de générer différentes
données observées telles que la géolocalisation ou les habitudes de navigation.
En plus, elles peuvent inférer, notamment avec des algorithmes, une multitude
de renseignements additionnels que la personne concernée n'est pas consciente
de partager.
Avec l'avènement de l'intelligence artificielle,
ces inférences sont plus simples et faciles à effectuer que jamais. Les
plateformes numériques cherchent à collecter et à valoriser à grande échelle
les renseignements des utilisateurs. Cela
leur permet d'élaborer des profils publicitaires extrêmement précis qu'ils
vendent ensuite aux annonceurs. C'est
ce qu'on appelle l'économie de l'attention. Elles mettent donc toutes sortes de
stratagèmes de l'avant pour analyser et influencer
les utilisateurs afin de les encourager à passer plus de temps sur leurs
plateformes et ainsi augmenter les interactions. Non seulement les
renseignements personnels raffinent-ils le ciblage publicitaire, mais ils
permettent aussi aux entreprises d'évaluer l'efficacité de leurs mécanismes de
captation de l'attention et de les renforcer. Ces pratiques, malheureusement répandues, démontrent que les entreprises
numériques misent fondamentalement sur la collecte et l'analyse de renseignements personnels pour
influencer, pour persuader ainsi que pour créer des habitudes et des
besoins.
Les mineurs ont une vision essentiellement
interpersonnelle de la vie privée. De leur perspective, leur principale
préoccupation consiste à ce que les renseignements personnels qu'ils ont
fournis ne soient pas transmis à d'autres
personnes. En conséquence, ils ont une vision limitée des risques et des enjeux
liés à l'utilisation commerciale de leurs données. La place centrale
qu'occupent les renseignements personnels dans les modèles d'affaires de
plusieurs entreprises implique que l'encadrement de leur gestion soit renforcé
afin de protéger les jeunes.
Deuxièmement, la Commission d'accès à
l'information est d'avis que les efforts de protection des jeunes doivent
incomber principalement aux entreprises qui conçoivent les produits et services
financiers... numériques. C'est les services numériques. Actuellement, nous
nous en remettons beaucoup aux parents pour identifier et gérer les risques
numériques concernant leurs enfants mais, pour l'instantanéité avec laquelle
ils doivent réagir, la complexité et l'évolution rapide des technologies et le
manque d'informations claires pour effectuer un choix avisé rendent leur tâche
vraiment difficile. Bien que les parents soient les mieux placés pour connaître
leurs enfants, leur littératie numérique peut varier. Ainsi, plusieurs études
démontrent que la plupart des adultes ont également une vision interpersonnelle
de la vie privée. Le consentement parental prévu par la loi apparaît donc comme
une mesure de protection limitée. Une perspective plus globale et collective
permettrait de mieux cerner les nombreux enjeux.
La responsabilisation est au coeur des lois qui
encadrent actuellement la protection des renseignements personnels. La
commission préconise d'intervenir directement auprès des acteurs responsables
de l'émergence de ces risques afin d'offrir un environnement numérique
sécuritaire aux jeunes. Bien que des entreprises soient déjà au fait des
problèmes rencontrés par les mineurs dans l'environnement numérique et que
certains tentent de mieux les protéger, ces
efforts d'autoréglementation ne vont pas assez loin. Concrètement, dans son
rapport de 2022, la commission formulait
12 recommandations. Dans le cadre des présents travaux, le mémoire déposé
met de l'avant six recommandations visant à mieux encadrer les
entreprises, ce qui nous amène au troisième message.
• (11 h 30) •
Afin de privilégier l'intérêt supérieur des
enfants et de les protéger contre l'exploitation commerciale, nous devons, comme société, encadrer davantage la
publicité ciblée à leur égard. En matière de publicité commerciale, le
Québec a, depuis les années 70, mis des mesures en place, excusez-moi,
pour protéger les mineurs contre l'exploitation économique. Cet enjeu, toujours
d'actualité, devrait inciter le Québec à renforcer l'encadrement des pratiques
commerciales impliquant les renseignements personnels des mineurs dans le
contexte d'une économie numérique où les données servent, notamment, à profiler
les individus pour leur proposer des messages publicitaires ciblés.
Nous pouvons rééquilibrer la situation en
atténuant l'asymétrie de pouvoir entre les publicitaires et les jeunes pour les
protéger contre des messages personnalisés particulièrement attrayants et
persuasifs. À titre de comparable, l'Union européenne, dans son récent
règlement sur les services numériques, interdit la publicité ciblée à partir
des renseignements personnels des mineurs. Le Québec pourrait s'en inspirer.
Ainsi, en considérant l'interdiction préexistante au Québec concernant la
publicité aux enfants, nous pourrions prévoir qu'aucune publicité ne puisse être faite aux moins de 13 ans, ciblée ou
pas, et préserver la possibilité de faire de la publicité commerciale non
ciblée aux 13-17 ans.
Quatrième et dernier message. La Commission
d'accès à l'information souhaite faire une mise en garde concernant la vérification de l'âge. Cette
vérification implique le traitement de renseignements personnels
supplémentaires, parfois sensibles. Étant donné l'importance de minimiser la
collecte de renseignements personnels auprès des jeunes, la commission
recommande d'user de prudence afin d'imposer une obligation de vérification
d'âge aux entreprises. Privilégions une approche fondée sur la proportionnalité
selon la gravité et la probabilité des risques encourus par les mineurs lors de
l'utilisation d'un produit ou d'un service numérique.
Dans les cas où la vérification d'âge s'impose,
un mécanisme tel que l'identité numérique est une solution prometteuse. En effet, ceci permettrait de
confirmer l'âge d'une personne sans fournir une multitude de
renseignements personnels. La Commission
d'accès à l'information a d'ailleurs déposé, la semaine dernière, auprès de la
Commission des finances publiques, un mémoire faisant notamment état des
nombreux avantages qu'offre une identité numérique en matière de protection des
renseignements personnels.
En conclusion, soyons clairs, les pratiques qui
permettent une exploitation délibérée de la vulnérabilité de nos jeunes doivent
cesser. Je vous offre notre pleine collaboration pour y arriver. Je vous
remercie de votre écoute, et c'est avec plaisir que nous échangerons avec vous
dans les prochaines minutes.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci infiniment pour cette présentation. Nous allons passer tout de suite à la
période d'échange avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour à vous trois. Merci d'être là. Sauf erreur de ma part, je pense que les
membres de la commission sont nommés aux deux tiers de la Chambre, hein, de
l'Assemblée nationale, donc font consensus parmi l'ensemble de la classe
politique.
Deux questions pour vous. La première :
Quand vous êtes critique, vous venez de conclure là-dessus, sur les mécanismes
de vérification d'âge pour les réseaux sociaux, est-ce que ça veut dire qu'on
aurait tort de se diriger vers cette idée-là
que la majorité numérique représenterait une forme de panacée, comme mesure
publique, dans le dossier actuel? Peu importe l'âge, là, 14, 15 ou 16, là, mais le concept de
majorité numérique, est-ce que c'est une fausse bonne idée, finalement?
Mme Girard (Lise) : Dans
l'évaluation que vous avez dû faire ou que vous faites actuellement, en
entendant plusieurs intervenants, la majorité numérique, de mon point de vue,
du moins ce que j'en comprends, c'est que... peut servir à différentes fins.
Donc, je pense que ça peut être un peu une évaluation, une fin en soi. Mais
est-ce que, nécessairement, de fixer un âge et de déterminer qu'à partir de cet
âge-là on protège la population ou on protège ce secteur de... ce groupe d'âge
là, je me permets de dire que je me questionne à cet effet-là. Je pense que ça
ne peut pas être une seule mesure qui peut répondre... (Interruption)
Excusez-moi. Je ne pense pas que c'est une seule mesure qui peut répondre à
tous les enjeux actuels. Donc, ça demeure qu'il y a énormément de collecte
d'informations, de renseignements personnels.
Puis, vous
savez, c'est... malgré que c'est l'ensemble du cycle qui est à risque,
présentement, donc autant la collecte, l'utilisation,
la communication, la conservation et même la destruction des renseignements
personnels, la collecte, c'est la première...
c'est le risque premier, c'est la source. Donc, s'il y a moins de collecte, il
y a moins de danger. Donc, pour répondre à votre question, je suis
d'avis que cette mesure-là peut être une mesure, mais je pense qu'il y en a
d'autres qui devraient être réfléchies, un
peu comme les recommandations que la Commission
d'accès à l'information vous a
faites.
M. Leduc : Bien, je pense qu'il n'y
a personne ici qui dit que c'est juste la majorité numérique qu'il va falloir
faire, de toute façon, on s'entend là-dessus. Cela dit, tu sais, on a des discussions
puis on est tous conscients, par exemple, que, sur la limite de vitesse, on met
100 kilomètres-heure sur l'autoroute, on est bien conscients que beaucoup
de gens dépassent, mais le fait de mettre 100 kilomètres-heure donne une
espèce de norme sociale qui fait que, grosso modo, d'un point de vue, comme,
presque de santé publique, finalement, ça fonctionne relativement bien. Même
chose pour l'âge limite à 18 ans. On sait qu'il y a beaucoup de jeunes de
15, 16 qui vont réussir à rentrer avec des fausses cartes ou qui vont se faire
acheter de l'alcool par un grand frère, un cousin, etc.
Mais est-ce que c'est quand même pertinent
d'aller de l'avant avec une majorité numérique, sachant qu'elle sera contournée de manière assez impressionnante,
probablement, peut-être parfois, même, par les parents eux-mêmes qui
vont ouvrir des comptes pour leurs enfants? Mais, si on va vers la majorité
numérique, ça envoie quand même le signal aux différentes plateformes de
procéder à une vérification plus systématique. Mais est-ce que, dans ce cas-là,
même si on sait que l'application va être un défi puis ne sera pas parfaite, le
fait d'envoyer le signal, ça va encore plus mettre en place des mécanismes de
vérification d'âge qui vous inquiètent? Dans le fond, ma question, c'est :
Est-ce qu'on devrait se restreindre, pour cette raison-là de ramassage
d'informations là lié aux mécanismes de vérification d'âge, de faire la
promotion de l'âge numérique... de la majorité numérique?
Mme Girard
(Lise) : C'est un peu pour ça que, dans l'allocution, je
vous mentionne de faire une proportionnalité. Parce qu'il y a des cas où
la vérification d'âge sera nécessaire et que c'est même bénéfique, pour le
jeune, qu'on fasse une vérification en fonction de certaines activités ou de
certains points bien précis, qui sera nécessaire pour faire cette
vérification-là. Mais par ailleurs, c'est là qu'on vous fait une mise en garde,
c'est qu'à rechercher à trop faire cette vérification d'âge à une étendue plus
large, à ce moment-là, à chaque fois, on collecte des renseignements
personnels, souvent, comme je l'ai mentionné, sensibles, et là on fait perdurer
la problématique au lieu de la régler.
M. Leduc : Je comprends. Dernier
sujet, la question des microtransactions et des jeux de lots aléatoires qu'on
appelle les «loot boxes», en anglais, dans les jeux vidéo. Toujours sur les
jeux vidéo, vous mentionnez que le fait
qu'il y ait plusieurs transactions en ligne fait en sorte que se dessine un
profil du jeune consommateur qui... on peut le cibler pour la publicité. Vous êtes plus axés sur la publicité, puis
c'est très intéressant, ce que vous posez, mais j'aimerais ça vous
entendre davantage sur, par exemple, ce concept des jeux aléatoires, qu'on paie
un certain montant, puis ça nous donne, de manière aléatoire... Donc, c'est
un... c'est supposément illégal, les jeux, là, de hasard pour les enfants.
Est-ce qu'on devrait interdire ça? Est-ce qu'on devrait élargir le mandat de la
loi pour interdire ça aussi?
Mme Girard (Lise) : Bien, vous savez,
on a ciblé plus spécifiquement... Je dis «ciblé», puis c'est la... c'est la
publicité ciblée qu'on vous a parlé plus spécifiquement. Mais effectivement,
comme je vous le disais, dans le cycle de vie des renseignements personnels,
chaque étape est importante, donc, que ce soit la collecte, que ce soit
l'utilisation, la communication, la conservation, la destruction.
Dans le cas des jeux que vous parlez, c'est un
des éléments qui prouvent très bien la chaîne de valeur que souhaitent des
pratiques commerciales, soit essayer d'attirer le plus de gens possible, les
faire... faire en sorte qu'ils restent le plus longtemps possible sur la
plateforme, donc sur le jeu. Et donc, là, vous voyez, il y a plein
d'incitations, de sollicitations pour rester plus longtemps. On donne des
points, si on reste plus longtemps ou... donc, etc. Et par la suite,
nécessairement, ça fait en sorte qu'il y ait plus d'interactions; plus
d'interactions, plus de renseignements, ce qui fait en sorte qu'à ce moment-là,
avec les algorithmes, les profilages se font.
Donc, vous nommez les jeux. C'est un parmi tant
d'autres. Est-ce qu'on devrait, purement et simplement, les bannir? Est-ce que c'est l'angle qu'on devrait
prendre ou plutôt, pour les mineurs, définir clairement des interdictions
qu'on ne peut pas utiliser ces renseignements-là à l'encontre de nos jeunes? Je
pense que c'est là qu'on doit, à la collecte, principalement, viser une
restriction.
M. Leduc : En fait, on ne peut
pas l'utiliser à l'encontre de nos jeunes, c'est-à-dire? Parce qu'une fois
que...
Mme Girard
(Lise) : Que les entreprises ne puissent pas utiliser ces
renseignements-là qui sont collectés, notamment, dans les jeux que vous parlez,
pour faire en sorte de faire un profilage les concernant, par la suite, ici,
les cibler par des publicités ou autres, là, par...
• (11 h 40) •
M. Leduc : O.K. Donc, ils
pourraient faire des microtransactions et des jeux de hasard, à la limite,
mais, c'est peut-être le bout, là, qui m'échappe, qu'on ne pourra pas s'en servir.
C'est vraiment sur l'aspect de la publicité que vous mettez l'accent, sur le
«s'en servir»?
Mme Girard (Lise) : ...il y a
plusieurs fins, là, parce qu'une entreprise, c'en est une, la publicité,
mais... peuvent utiliser, recueillir des informations et les vendre, peut-être,
à d'autres fins que des publicités. Donc, c'est pour ça que, de façon générale, ce qu'on recommande, c'est qu'il y ait
une restriction sur l'utilisation de ces renseignements personnels là
chez les mineurs de façon globale.
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour à vous trois. Merci pour votre présentation. Je vais
rebondir sur la première question de mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
parce que c'était la mienne également. Si vous avez suivi nos travaux, vous
aurez compris que c'est une question qu'on pose assez régulièrement à nos
intervenants, parce que, justement, donc, le concept de la majorité numérique
nous amène à nous poser directement des questions de protection des
renseignements personnels.
Vous avez... Donc, je ne poserai pas exactement
les mêmes questions, mais vous nous aviez amenés, vers la fin de votre allocution, sur le principe
d'identité numérique. Donc, je ne sais pas si vous pourriez, d'emblée, le
préciser aux parlementaires, ce que ça
signifie en tant que tel. Je comprends que c'est lié, donc, au principe de
proportionnalité que vous avez nommé. Comment, donc, cette solution-ci, si
d'aventure nous en venions à mettre sur pied la majorité numérique... comment celle-ci pourrait être
adaptée pour, en fait, atteindre, donc, le moins possible, donc, à la
protection des renseignements personnels des mineurs?
Mme Girard (Lise) : Merci. Mme
la Présidente, si vous me permettez, je céderais la question à ma collègue
Me Ayotte.
La Présidente (Mme Dionne) : Avec
plaisir.
Mme Ayotte (Naomi) : Bonjour.
Donc, Naomi Ayotte, je suis membre de la commission, à la section de surveillance,
et vice-présidente.
Donc, pour répondre à votre question, Mme la
députée, l'identité numérique, telle qu'elle a été présentée à ce jour par le
projet de loi, en fait, qui a été déposé, nous permet de croire qu'il y aura,
dans cette identité numérique là, la possibilité d'utiliser des attestations.
Ces attestations numériques là permettront de donner des informations, entre
autres, sur l'âge d'une personne, mais sans avoir à fournir un document complet
d'identité, ou une carte complète, ou un acte de naissance, ce genre de choses
là.
Donc, évidemment, si c'était possible d'avoir
une telle identité numérique, la question à se poser sur la possibilité de
faire une vérification d'identité, ça changerait un peu la réponse. Parce que
la mise en garde qu'on fait, c'est de dire : vérification d'identité va
régler un de nos problèmes, mais peut contribuer à un autre problème en mettant
en circulation des informations. Parce que, là, on pense majorité numérique, on
va aussi penser vérifier l'âge mais, probablement, avoir des informations sur
les parents, dans certains cas, là, pour prouver qu'il peut prendre une
décision, ou autres. Donc, on parle de renseignements de plusieurs individus.
Donc, c'est pour ça qu'on revient à la proportionnalité, de se dire...
Puis sur l'identité numérique, excusez-moi, pour
terminer, donc, si on a cette possibilité-là, au lieu de fournir une date de
naissance complète, de juste avoir une confirmation : cette personne a
14 ans, ou 16 ans, ou 18 ans, si c'est ça, le choix, on pense
que ça va pouvoir aider sur ce point-là.
Mme Cadet : Qui nous amènerait,
donc, à la fois, donc, à faire une certaine vérification de l'âge, tout en
ayant une atteinte moindre aux renseignements personnels, à la vie privée des
mineurs. Vous avez parlé, en début d'intervention, des renseignements fournis,
observés ou inférés. Certains intervenants, donc, sont, bon, parfois, donc, venus nous dire, donc, en posant cette
question-là, que, bon, au niveau de la collecte, bon, d'une part, parfois,
qu'il y avait tellement de renseignements fournis que pour eux, donc,
les renseignements supplémentaires, donc, par exemple, fournis, donc, à travers
une carte d'identité, seraient une goutte d'eau, là, par rapport à qu'est-ce
qui est déjà collecté de la part des
entreprises. Mais également, donc, certains aussi nous ont dirigés vers des
mécanismes qui utiliseraient, donc... le fait, en fait, donc,
d'identifier, donc, des renseignements qui sont inférés. Je ne sais pas si vous
vous êtes aussi questionnés sur cet aspect-là.
Je comprends que, là, vous nous avez amenés sur
le terrain de l'identité numérique, dans le fond, telle que formulée dans le
projet de loi, donc j'avais... donc, je comprends bien votre propos ici. Mais
est-ce que vous voyez, donc, d'autres mécanismes? Donc, par exemple, en
utilisant les renseignements inférés par les jeunes, est-ce que ça nous permettrait, peut-être pas d'avoir une information très
précise, mais, du moins, de déjà... Parce que semble-t-il que les entreprises,
donc, déjà, avec les renseignements inférés, elles sont capables d'identifier
l'âge d'une personne, son genre, le lieu où la personne habite, etc.
Mme Ayotte (Naomi) : En fait, sur ce
point-là, toute transparence supplémentaire... Puis, ça aussi, ça fait partie
des recommandations qu'on a dans notre rapport. Mais ce dont vous parlez là,
pour nous, c'est de la transparence de l'entreprise à l'égard des informations
qu'ils collectent et, voire même, juste le respect des droits, hein, parce que c'est déjà dans nos droits ici, là, de savoir
quels renseignements personnels sont recueillis par une entreprise et d'y
avoir accès, aussi, si on le désire.
Donc, évidemment, c'est très important, ce n'est
pas... On ne trouve pas nécessairement, même, normal, actuellement, là, que...
Si une entreprise n'est pas en mesure de dire ce qu'elle récolte sur quelqu'un,
ce serait problématique. Mais en fait, donc, l'identité numérique, si elle
était utilisée, pour refaire un lien avec ça, permettrait qu'on ait des
registres de consommation, qui est un des risques aussi qu'on a soulevés, mais
permet aussi un contrôle par les gens, en
sachant exactement ce qui est recueilli puis ce qui a été utilisé de leur côté.
Donc, c'est des fonctionnalités qui pourraient exister et c'est des
protections supplémentaires qui pourraient être données.
Il faut voir le niveau de détail, là, je ne
prétends pas que ça réglerait tout, mais, oui, c'est d'outiller les gens pour
être plus en contrôle de leurs renseignements personnels.
Mme Cadet : Dernière question, ici,
puis je pourrais refaire un tour, si le temps nous le permet par la suite. En
fait, plutôt, donc, je pense qu'en répondant, donc, à une des questions, donc,
vous nous... encore une fois, vous nous parlez, donc, du principe de
proportionnalité, en disant : Bien, dans certains cas, ça pourrait être
utile d'avoir cette collecte directe d'informations, donc, avec une carte
d'identité. Là, je comprends que c'est dans l'intervalle ou dans la mesure où
il n'y a pas d'identité numérique, donc, qui existe, donc, dans notre
environnement. Dans quels cas, par exemple... Ce que vous disiez : Bon,
bien, dans certains cas, donc, ça, ça pourrait être à propos. Donc, est-ce que
vous aviez des exemples en tête quand vous mentionniez ça?
Mme Ayotte
(Naomi) : Oui, bien, en fait, c'est que... Les exemples en
tête, c'est... tout va dépendre, évidemment, du risque, hein, puis du
dommage, en fait, là, qui peut découler sur nos jeunes. Donc, un exemple, déjà,
à ce jour... Puis notre compréhension, c'est que c'est à ça que va servir les
travaux, aussi, là, les importants travaux que vous faites actuellement, c'est
d'aller chercher tous les éléments qui peuvent nuire aux jeunes. Donc, oui,
évidemment, utiliser les renseignements personnels, mais il y aura d'autres et il
y a d'autres éléments.
Mais, à ce jour, un exemple concret pourrait
être pour accéder à un site de pornographie. Je pense qu'on a déjà des éléments
qui nous montrent, comme société, qu'il peut y avoir des problématiques en lien
avec le fait de laisser des très jeunes accéder. Donc, possiblement que, même
avec un test de proportionnalité puis même si des renseignements personnels
supplémentaires devaient être recueillis, peut-être qu'on en viendrait à la
conclusion que c'est une atteinte qui est tout à fait justifiable, étant donné
le risque et le dommage. Ce n'est pas vrai pour tout, et c'est ça, le message qu'on envoie actuellement. Si
on dit : une majorité numérique, en se disant, donc,
systématiquement, pour l'accès à Internet à tout service, on vérifierait l'âge
avec ce que ça implique comme communications de renseignements, comme utilisation, c'est là qu'on met un frein. Mais il
y a, possiblement, déjà des cas où il faudrait le faire.
Mme Cadet : Merci beaucoup. Je
reviendrai, si on a le temps. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui. Je reviens aussi
sur l'identité numérique. Donc, j'imagine que vous avez... parce que vous avez
déposé, là, un rapport, puis est-ce que... Les personnes qui sont responsables
d'autoriser cette identité numérique là, est-ce que vous savez comment ça
fonctionne en amont? Parce que ça reste qu'il y a quand même une compagnie qui
doit faire une vérification à quelque part. Ça appartient à qui, ce type de
compagnies là, à partir des recherches que vous avez faites? Puis comment ça
fonctionne? Parce qu'il reste qu'ils doivent faire une certaine vérification
de... s'ils veulent donner une identité numérique à un jeune. Ça fait que c'est
ça qui me questionne.
Mme Ayotte
(Naomi) : En fait, on peut tenter de répondre à la question.
La compréhension qu'on a actuellement,
c'est que ce grand chef d'orchestre là, ce serait le ministère de la Cybersécurité et du Numérique, c'est ce qu'on comprend du projet de loi,
qui gérerait un système dans lequel des attestations seraient émises.
Évidemment, il faut absolument, dans une identité numérique, qu'il y ait une
confiance entre tous les acteurs de cette identité. Donc, toute personne qui
pourrait produire une attestation et toute personne qui se trouverait à en
consommer une doit faire partie d'un écosystème dans lequel il existe des
règles. Donc, évidemment, il y aura des règles applicables, et on ne pourra pas
faire ce qu'on veut là-dedans. Notre compréhension, c'est qu'en ce moment c'est
le ministère de la Cybersécurité et du Numérique qui serait le grand manitou de
tout ça pour veiller à ce que ces règles...
Mme Tremblay : ...des données, là,
finalement?
Mme Ayotte (Naomi) :
Des données, à la validité des attestations, à s'assurer que c'est consommé
par des joueurs qui les traitent de la bonne façon, qui protègent les
renseignements. Donc, c'est tout un écosystème, l'identité numérique,
dans lequel des règles s'appliquent, et on peut faire confiance à ces
joueurs-là qui sont dans cet écosystème-là. Donc, à partir de là, lui, il
consommerait une attestation, pourrait faire confiance à l'émetteur, donc dire,
par exemple : C'est le gouvernement du
Québec qui a émis une attestation, donc je lui fais confiance. Et cette
attestation-là pourrait juste révéler : Oui, cette personne est
majeure ou cette personne a plus de 14 ans. Mais c'est vraiment un système
comme ça qui doit être protégé. Vous avez tout à fait raison, c'est extrêmement
important que ce soit protégé.
Mme
Tremblay : Oui, parce qu'à quelque part c'est ça, ça prend quelqu'un
puis ça ne peut pas être... on ne peut pas confier ça à n'importe quelle entité
de faire ce travail-là. Est-ce que vous avez regardé, est-ce que ça se fait
déjà ailleurs? Est-ce que vous avez regardé, là, qu'est-ce qui se fait dans
d'autres législations?
• (11 h 50) •
Mme Ayotte
(Naomi) : Absolument. Au niveau de l'identité numérique, si vous me le
permettez, je vous réfère vraiment au mémoire qu'on a déposé la semaine
dernière, on a des comparatifs, on a vraiment regardé ce qui se fait ailleurs.
L'identité numérique, plusieurs juridictions le regardent, le travaille, voire
même en ont une. Donc, oui, il y a moyen d'aller s'inspirer de ce qui se fait
là, puis les éléments dont on a discuté là font partie des projets qui sont
dans les autres juridictions.
Mme Tremblay : Est-ce que votre mémoire a été déposé à la
commission, celui que vous avez déposé aux Finances?
Mme Ayotte (Naomi) :
Nous ne l'avons pas redéposé ici. Il a été... Il est disponible, là, via...
mais on peut vous le déposer sans problème, si vous le souhaitez.
La Présidente (Mme
Dionne) : C'est correct, il a été déposé à la CFP, puis on va faire
cheminer le mémoire à l'ensemble des membres.
Mme Tremblay :
Merci. Ça fait que, là, vous avez
constaté que, dans... ailleurs, ils sont un petit peu... certains endroits sont un petit peu plus avancés, donc
c'est dans ce sens-là que vont vos réflexions pour protéger les
identités?
Mme Ayotte
(Naomi) : Oui, exact.
Mme
Tremblay : Dans les
recherches que vous avez faites, est-ce qu'à partir de là... Tu sais, il y a
tout le temps des... bien, des moyens de contourner. Est-ce que ça
pourrait amener, tu sais, une façon... Tu sais, c'est ça, il y aura toujours
des façons de contourner les sites qui ne voudront pas adhérer à ça, donc, à
partir de ce moment-là, j'imagine que, dans vos réflexions, il faut peut-être
avoir... se donner d'autres outils pour agir vers les compagnies, finalement, qui refuseront, justement, de mettre
en place des identités numériques. Je parle aux... tu sais,
particulièrement aux sites pornographiques, là.
Mme Girard
(Lise) : Oui, assurément, et d'ailleurs c'est pour ça que les six
recommandations qu'on a mises de l'avant, là, dans notre mémoire visent
spécifiquement d'autres mesures pour permettre d'encadrer mieux les entreprises
à ce niveau-là.
Mme
Tremblay : Oui. Vous parlez, justement, là, quand ils vont concevoir
de nouveaux logiciels... je pense que ça fait partie de la cinq ou sixième
recommandation. Mais c'est plus facile de gérer celles... les compagnies qui
sont ici que celles qui sont... qui malheureusement sont à l'extérieur du
Québec. Mais je comprends, là...
Mme Girard
(Lise) : Oui, mais on a quand même... on considère quand même qu'on a
un droit d'action pour les informations et nos jeunes ici, au Québec. Donc,
oui, on pense que...
Mme
Tremblay : Tout à fait, il faut prendre action pour pousser, justement...
être des précurseurs.
Mme Girard (Lise) : Assurément. Bien, tout à
fait, et j'aime ça vous entendre dire ça, parce qu'effectivement je
crois qu'il faut innover, il faut penser en dehors de la boîte, là, puis il
faut aussi, je pense... C'est la force du nombre. Parce que, vous le savez, les
renseignements personnels de nos jeunes ou nos renseignements personnels ne sont
pas régis par nos frontières, hein, ils sont... ils peuvent circuler. Et donc
je pense qu'on doit s'unir avec nos partenaires mondiaux pour s'assurer qu'on
ait une force. Et donc l'harmonisation de nos lois favoriserait cette
complicité-là ou ce travail-là d'équipe qu'on pourrait faire pour contrer les
grandes entreprises de ce monde, là, qui utilisent nos renseignements.
Mme Tremblay : Bien, on voit qu'il y a une
belle... tu sais, on se questionne partout dans le monde, à l'heure actuelle. Ici, en tout cas, ils sont venus nous
dire qu'au niveau de la publicité, par exemple, on était encore... avec
notre 13 ans, là, ils sont venus cette
semaine nous dire que... l'Office de protection des consommateurs, qu'on était
encore des précurseurs, dans la protection
des jeunes au niveau... mais qu'il y a du travail à faire, mais qu'on était
encore, quand même, là, précurseurs
dans ça. Donc, c'est sûr qu'on a des décisions à prendre au niveau mondial
aussi. Continuez le travail. Merci.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je pense que vous
aviez une autre question?
Mme
Cadet : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. En fait,
deux questions, ici. Parce que, justement, là, on vient de parler, donc, de la publicité faite aux
enfants, et donc, essentiellement, donc, ce que vous nous dites, c'est
que le cadre de ce que nous avons déjà,
donc, devrait être revu, selon vous, parce qu'essentiellement, donc,
l'environnement technologique a tellement changé, avec le microciblage, ce
n'est pas adapté. Donc, comme législateurs, vous nous dites, donc, il faudrait
qu'on rouvre la loi qu'on a pour être en mesure, donc, de mieux cibler les...
bien, en fait, souvent, des publicités ciblées?
Mme Girard (Lise) : Exactement. Tout
à fait, parce que, vous le savez, ça a évolué énormément. Donc, la technologie
a apporté plein de bénéfices et d'avantages, mais, malheureusement, fait en
sorte... Puis on parlait des jeux, tout à l'heure, là, mais, vous le voyez, il
y a plein de publicités qui vont viser une catégorie de jeunes ou elle va
cibler un secteur en particulier, puis c'est ce qu'on veut... ce qu'on
souhaiterait éviter pour les jeunes.
Et, comme on l'a mentionné, le Royaume-Uni a
fait en sorte qu'aucun renseignement ne peut servir au ciblage. Nous, vu qu'on
a déjà des mesures qui existent, au Québec, on se dit : On devrait s'y
fier et on devrait empêcher, pour les moins de 13 ans, autant les
publicités ciblées que non ciblées, et pour les plus de... 14 ans et plus,
bien là, ça pourrait être de la publicité, mais non ciblée.
Mme Cadet : ...donc, aucun
renseignement recueilli ne puisse servir au ciblage. En fait, ce serait le
mécanisme. C'est sûr que c'est ça, la question, là...
Mme Girard (Lise) : Exactement.
Mme Cadet : Parce que les
renseignements seront tout de même recueillis, inférés et, à ce moment-là,
donc, ne pourraient pas, donc, se retrouver sur la plateforme d'utilisation du
jeune, lorsqu'on a identifié qu'un mineur est sur une plateforme de réseaux
sociaux, par exemple. C'est comme ça que vous le voyez?
Mme Girard (Lise) : Oui, s'en servir
pour faire un profilage et cibler des publicités à ce jeune-là, oui.
Mme Cadet : L'autre question que
j'avais... Parce que je lisais aussi les éléments, donc, dont vous parliez, sur
les mécanismes qui sont utilisés par les plateformes, comme les algorithmes de
recommandation, les méthodes de quantification de la popularité ou les
notifications poussées, puis ça, ce sont, donc, des mécanismes qu'on a explorés
avec d'autres intervenants sous l'angle, donc, de la psychologie du
consommateur, ce qui retient, en fait, tous les individus, pas seulement les
jeunes, mais tous les individus sur les plateformes. Et, lorsqu'on pense aux
moyens qui sont à notre disposition pour pouvoir mieux encadrer ces
plateformes-là et les mécanismes qu'ils ont envers les jeunes, est-ce que vous diriez qu'au-delà de l'aspect addictif de la
chose, que ce seraient, donc, des mécanismes, donc, qu'il faudrait
encadrer lorsqu'un jeune est en utilisation d'une plateforme, parce que ça
infère plus d'informations de la part de ce
jeune-là? Donc, plus ce jeune-là, donc, utilise ce type de fonctionnalités,
donc, plus elles sont... elles lui sont accessibles sur leurs
plateformes d'utilisation, sur leurs réseaux sociaux ou leurs jeux vidéo, bien,
à ce moment-là, la collecte devient plus importante?
Mme Girard (Lise) : Assurément,et
c'est un peu pour ça aussi qu'on vous parle d'aller à la source et d'aller...
d'avoir des mesures de restriction, d'empêcher la collecte à la source. Et
donc, par la suite, on ne peut pas l'utiliser, on ne peut pas le communiquer
puis on ne peut pas... on n'a pas à le conserver, on ne devrait pas l'avoir dès
le départ.
Mme Cadet : O.K. Donc, pour mieux...
en fait, pour diminuer le plus possible, donc, la collecte à la source, donc,
ça, ce serait, donc, un des mécanismes. Est-ce que vous auriez, donc, un autre
type de mécanisme qui nous permettrait de moins collecter de données possible
pour les jeunes, à la source?
Mme Girard (Lise) : Si vous me
permettez, Mme la Présidente, je passerais la parole à Me Ayotte.
Mme Ayotte (Naomi) : Oui, bien, en
fait, je pense que ce qui a été abordé là, la publicité ciblée, c'est très,
très bon aussi. On peut aussi élargir les interdictions, puis c'est ça qui est
bien. Nous, on veut se situer, puis vous comprenez qu'on vient parler de
protection des renseignements personnels avec vous parce que c'est ça... c'est
ça, notre carré de sable, mais c'est sûr que c'est une façon d'atteindre
plusieurs domaines en même temps, que de venir toucher à la Loi sur la
protection des renseignements personnels, puisqu'on est en mesure, ensemble,
d'établir que c'est à partir des renseignements personnels que se passent
certaines choses qu'on juge, bon, pas nécessairement dans l'intérêt de nos
enfants.
Donc, on
peut, oui, aller vers interdire certaines choses spécifiquement, comme la
publicité ciblée, continuer dans la même veine qu'on a prise, en
l'ajustant. Mais on pourrait aussi affirmer haut et fort, dans une loi, qu'on
ne peut pas utiliser des renseignements personnels de mineur pour influencer
son comportement ou ses décisions. Il y a aller
aussi large que ça ou même utiliser des renseignements personnels à une fin...
l'interdire de l'utiliser à une fin qui est susceptible de causer un
préjudice important au jeune, voire même qui n'est pas dans l'intérêt supérieur
des enfants.
Donc, il y a des concepts
plus généraux qu'on peut aller mettre dans des lois-cadres, comme celles dont
on a la responsabilité de surveiller
l'application, qui permettraient d'atteindre les objectifs dont on parle là,
mais sans avoir besoin, aujourd'hui, de tout connaître en détail ce qui
ne fonctionne pas. Puis vous savez comme nous aussi qu'on ne le sait même...
Même si on faisait l'effort considérable de faire ça aujourd'hui, demain, il y
aura autre chose aussi. Donc, essayer de penser à des moyens, même si on
connaît des problématiques spécifiques, en ce moment, d'essayer d'atteindre le
plus large possible pour se donner la souplesse nécessaire pour agir dans
l'intérêt des enfants.
Mme Cadet : C'est pour ça que
vous disiez...
La Présidente (Mme Dionne) : ...
Mme Cadet : Ah! d'accord. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Oui.
Je vais passer la parole à Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Parfait. Pour
moi, c'était une question plutôt courte, c'était sur l'identité numérique. Vous
avez répondu que vous pensiez que le cybernumérique serait intéressant. Mais
est-ce que vous trouvez que l'état civil pourrait être complémentaire
là-dedans?
Mme Ayotte (Naomi) : En fait,
ma compréhension de l'identité numérique, là, au-delà du fait que ça prend un
chef d'orchestre pour orchestrer, gérer, la compréhension actuelle, c'est
qu'effectivement que chaque ministère et organisme qui a actuellement des
responsabilités et une mission va traduire sa mission, qui actuellement se
traduit dans des documents papier ou via des attestations numériques. Donc,
pour répondre à votre question, je ne vois pas pourquoi l'état civil ne
pourrait pas nous émettre, à moyen terme, une attestation d'acte de naissance
ou, bon, des documents officiels, là, dont ils ont la mission. Je ne vois pas
pourquoi ça ne serait pas possible.
Mme Bogemans : Est-ce que ça
serait possible de faire affaire avec un partenaire privé comme Equifax, par
exemple, qui gère déjà nos historiques de crédits ou ces choses-là, selon vous?
Mme Ayotte (Naomi) : Je
comprends que c'est possible, dans l'univers de l'identité numérique, de faire
appel à certains services qui seraient offerts par le privé. Ça dépend d'où on
se situe, là. C'est difficile pour moi de répondre. On a déjà mis ça pas mal au
clair, dans nos analyses, que la production de certaines attestations relève
vraiment de l'État de par la mission, mais pour le reste, je pense que les...
Ce qui est sûr, c'est que c'est possible. Le projet de loi, tel qu'il a été
déposé, permet au privé d'avoir un rôle à jouer.
• (12 heures) •
Mme Bogemans : Puis je me
demandais, dans les recommandations pour les jeunes, est-ce que vous voyez
quelque chose de différent dans le contexte scolaire ou c'est général, puis ça
le couvrirait d'office?
Mme Girard (Lise) : Je crois
que ça couvrirait d'office. Effectivement, il y a des... puis on sait qu'au
niveau scolaire ils vont souvent faire
affaire avec des entreprises privées. Donc, effectivement, je pense que ça
pourrait couvrir.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. M. le député de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui.
J'aime beaucoup, quand on réfléchit à des possibilités d'appliquer des
nouvelles choses, essayer de me
référer un peu à l'histoire. Puis je sais, j'étais certainement beaucoup trop
jeune, mais que, quand l'interdiction de la publicité dirigée envers les jeunes était un débat, au Québec,
c'était... certains percevaient ça comme une impossibilité technique,
là. Comment allons-nous faire pour appliquer ça? Pouvez-vous nous... Est-ce que
vous avez connaissance un peu du contexte, quand ça a été adopté puis les
débats qui entouraient ça?
Mme Girard (Lise) : J'étais
très, très jeune également. Non, pas particulièrement, je...
M. Leduc : On parle de quelle
année exactement?
Mme Girard (Lise) : C'est dans
les années 70. Donc, je n'ai pas l'année exacte, là, mais si on...
Une voix : ...
Mme Girard (Lise) : 1978.
J'avais huit ans. Donc, j'étais très jeune à ce moment.
M. Leduc : O.K. Parce que, dans
l'application de, tu sais, l'histoire des droits aléatoires, des
fonctionnalités de réseaux sociaux et compagnie, on se pose toujours la
question : Est-ce qu'on va être capables, nous, comme législation
québécoise, d'imposer quelque chose sur un géant du Web? Il y a quelques années
à peine, les géants du Web ne percevaient pas de taxe, hein, de TVQ et autres.
Finalement, ils le font aujourd'hui, parce qu'on a décidé de le faire. Mais
comment on jongle avec cette applicabilité-là, ce défi de l'applicabilité là,
comme législature, là?
Mme Girard
(Lise) : Bien, c'est certain qu'avec l'évolution des technologies on
peut souvent dire ça que... Est-ce que c'est possible ou ce n'est pas possible?
Est-ce qu'on peut contenir l'hémorragie, hein? C'est un peu ça qu'on est en train de se dire puis le
questionnement qu'on a ensemble aujourd'hui. Par ailleurs, si on ne le fait
pas, est-ce que c'est tout aussi justifiable et adéquat pour nos jeunes?
Donc, moi, je pense que tout est possible, là.
Il
y a sûrement des moyens... puis d'application. Dans la faisabilité, il aurait
été intéressant d'avoir un échange, une discussion ouverte avec ces géants-là pour pouvoir, justement, voir les
possibilités. Mais, si je me rabats sur les meilleures pratiques dans le
monde, puis il y a certains pays qui le font, qui ont osé, on a parlé de loi du
Royaume-Uni, d'interdire purement et
simplement, donc, à ce moment-là, moi, je considère que le Québec pourrait
innover, et continuer d'être un précurseur, et aller dans ce sens-là, et
interdire les publicités ciblées, si on parle de ce cas-là plus spécifique, là,
aux moins de 13 ans.
M. Leduc :
L'interdiction des publicités vers les enfants, aujourd'hui, est-ce que
c'est répandu, au Canada, en Amérique du Nord, dans les autres législatures? On
a encore... On est encore seuls à avoir ça?
Mme Girard
(Lise) : On est encore un précurseur.
M. Leduc :
Même aujourd'hui?
Mme Girard
(Lise) : Oui.
M. Leduc :
Plus de 40 ans plus tard, 50 ans plus tard?
Mme Girard (Lise) :
Là, vous voulez vraiment mettre le point sur mon âge, aujourd'hui...
M. Leduc :
Ah! bien, le mien aussi, hein, le mien aussi.
Mme Girard
(Lise) : Oui, effectivement, ça fait près de 50 ans.
M. Leduc : Est-ce
qu'il y a une raison pourquoi ça n'a pas été imité par d'autres législatures
voisines?
Mme Girard
(Lise) : C'est une excellente question. Je ne pourrais pas vous dire
pourquoi ça n'a pas été imité. On sait qu'il y en a d'autres, là, on n'est pas les
seuls, mais ce n'est pas partout, non.
M. Leduc : ...seule
province au Canada, oui, puis en Europe, on est où, là-dessus, à votre
connaissance?
Mme Ayotte (Naomi) : En
Europe, on l'a à certains endroits, comme vous avez nommé, le Royaume-Uni,
c'est certain.
Mme Girard
(Lise) : En Suède aussi, je crois. Effectivement, mon collègue me
souffle la Suède. Mais, si vous le souhaitez, on peut vous revenir, là, et vous
donner les informations par rapport à ça.
M. Leduc : C'est
un peu comme la couleur de la margarine, on était vraiment uniques au Québec,
mais là, même ça, c'est fini, malheureusement.
Mme Girard
(Lise) : Mais c'est pour ça qu'il faut continuer à être précurseurs,
parce que, même en matière de protection des renseignements personnels, avec la
loi n° 25, là, si on peut encore la nommer ainsi, on
fait des jaloux dans le reste du Canada, là.
Donc, je pense qu'on doit poursuivre dans cette voie-là et on doit encore aller
plus loin.
M. Leduc : Puis quel est votre pouvoir d'application, quand
vous... si jamais il y a quelqu'un qui est récalcitrant, là, dans la loi
actuelle, comment ça fonctionne pour le réprimander?
Mme Girard
(Lise) : Dans quelle situation?
M. Leduc : Si
quelqu'un faisait une publicité ciblée pour les enfants, actuellement, au
moment où on se parle, au Québec, qu'est-ce qui se passerait?
Mme Girard
(Lise) : Bien, sur la publicité ciblée, c'est la Loi sur la protection
du consommateur qui a juridiction. C'est l'Office de la protection du
consommateur qui a juridiction, ce n'est pas nous particulièrement, là.
M. Leduc : Parfait.
Merci.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Il reste moins d'une minute. D'autres interventions?
Ça fait le tour? Alors, merci infiniment pour votre contribution à ces travaux.
Donc, pour ma part, je vais suspendre quelques
instants pour accueillir nos prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 05)
(Reprise à 12 h 08)
La
Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, juste avant de
poursuivre, est-ce qu'il y a consentement pour dépasser quelques minutes
au-delà de l'heure prévue?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Bon. Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants d'Alloprof.
Donc, merci d'être là avec nous ce midi.
Donc, je vous rappelle, vous avez
10 minutes pour nous faire part de votre exposé, et, par la suite, on va
procéder à une période d'échange. Donc, la parole est à vous.
Alloprof
Mme Faust
(Sandrine) : C'est parfait. 10 minutes, c'est la durée que
dure un appel téléphonique, en moyenne, chez Alloprof, donc on devrait
avoir un bon repère.
Bonjour à tous, membres de la commission. Merci
de votre accueil. Je me présente, Sandrine Faust, directrice générale chez
Alloprof et cofondatrice. Je vous remercie d'avance pour votre écoute et vos
questions, car vous le savez peut-être,
sûrement, mais, chez Alloprof, on apprécie particulièrement les questions.
Donc, n'hésitez pas.
Je suis accompagnée de Marc-Antoine Tanguay,
directeur, Stratégie, recherche et données, avec qui j'ai le plaisir de
travailler depuis 25 ans. Donc, sa solide expertise en recherche et
données en fait la personne idéale pour répondre à vos interrogations après
notre période de 10 minutes.
Le mémoire déposé à la commission spéciale se
base sur l'expérience et l'expertise d'Alloprof en matière d'apprentissage
numérique ainsi que sur les différentes enquêtes réalisées auprès des jeunes,
des parents et des enseignants. Un petit
secret, vous allez voir, chez Alloprof, on aime beaucoup mesurer et questionner
nos utilisateurs. Ainsi, notre mémoire présente des recommandations
concrètes pour une utilisation saine et optimale des écrans dans le cadre
scolaire.
• (12 h 10) •
Mais permettez-moi de commencer par quelques
mots sur Alloprof. Alloprof est une organisation québécoise qui oeuvre depuis près de 30 ans, ce qui
trahit un peu mon âge — moi
aussi, j'ai entendu les commentaires précédents — donc,
pour soutenir la réussite scolaire des jeunes en offrant des services et
ressources gratuites d'aide à l'apprentissage. À nos débuts, nous étions
accessibles uniquement par téléphone, mais c'était innovant, à l'époque, hein,
le téléphone, répondre aux élèves par téléphone. Rappelons que, dans les
années 90, Internet n'était pas encore disponible au grand public.
Nous avons su évoluer et augmenter notre impact
grâce aux avancées technologiques. Aujourd'hui, bien, c'est 99 % de l'aide
qu'offre Alloprof qui est réalisée sur le Web et donc grâce à l'intermédiaire
des écrans, mais nos plateformes numériques
ont toujours évolué en respectant toujours le même souci, celui de l'efficacité
et de la qualité pédagogique.
Avec, aujourd'hui, nos dizaines de milliers de
vidéos, de fiches notionnelles, d'exercices et de jeux vidéo éducatifs,
Alloprof est utilisé annuellement par plus de 550 000 élèves,
100 000 enseignants, 420 000 parents, générant plus de
60 millions d'accompagnements scolaires par année. Ce sont donc plus de
1 million de Québécois qui trouvent
dans nos outils numériques les ressources et le soutien nécessaires pour
apprendre, pour mieux accompagner leur enfant ou leurs élèves.
Chez Alloprof, nous proposons une approche
gratuite et sans publicité. On a eu beaucoup d'annonceurs, hein, qui voulaient
venir sur la plateforme. On a toujours résisté car cela s'inscrit dans la
logique que l'éducation de qualité doit être accessible à tous et que
l'apprentissage est plus efficace dans un environnement sans distraction et
sans influence commerciale.
Notre mémoire met en lumière des usages des
écrans qui servent la réussite scolaire. Vous comprendrez que c'est le prisme
que nous avons, chez Alloprof, et que nous ne cherchons pas à minimiser les
problèmes que certains autres usages peuvent
causer aux jeunes. Il est donc essentiel de présenter à la commission une
distinction fondamentale entre l'usage des écrans à des fins éducatives
et leur usage purement récréatif.
Il est
nécessaire et important aussi de comprendre le contexte d'utilisation et
d'éviter une approche binaire. Alors que
l'omniprésence des écrans soulève des préoccupations légitimes quant à la
gestion du temps que les jeunes y consacrent, Alloprof souhaite insister
sur les avantages substantiels des outils numériques bien utilisés pour
l'apprentissage.
Une donnée nous semble bien résumer ces
avantages : sans l'intermédiaire des écrans, Alloprof soutiendrait
aujourd'hui tout au plus 10 000 élèves avec son service téléphonique.
Or, maintenant, nous en aidons plus de 550 000. D'après nos enquêtes,
Alloprof est la ressource éducative numérique privilégiée par 60 % des
élèves au Québec, et ce, très loin devant les géants américains Google,
YouTube, Wikipédia. D'après nos données d'enquête, les jeunes utilisent nos
plateformes pour bien faire leurs devoirs, pour mieux se préparer à leurs
examens, pour se donner des trucs d'étude et pour consolider leurs
apprentissages. Bref, ils viennent sur Alloprof depuis des années par choix,
sans y être obligés, dans le but de réussir à l'école. Et, s'il y a bien une
chose dont on est certain, chez Alloprof, c'est que tous les jeunes veulent
réussir à l'école. Ils sont d'ailleurs 66 % à affirmer qu'Alloprof joue un
rôle significatif dans leur réussite. La grande accessibilité de notre
plateforme... de nos plateformes numériques joue pour beaucoup dans le
développement de ce réflexe vertueux.
Les parents trouvent
également Alloprof très utile, hein? Si vous avez des enfants, vous savez à
quel point ça peut être utile, Alloprof, en obtenant des ressources pour
expliquer les matières à leurs enfants ou en leur proposant des jeux éducatifs
qui vont les faire aimer les leçons. Quel jeune n'aime pas apprendre ses tables
de multiplication avec Fin Lapin? Du côté des enseignants, près de
80 % des enseignants du Québec utilisent Alloprof pour enrichir leur
enseignement, et ce taux grimpe à 91 % parmi ceux qui ont moins de cinq
ans d'expérience. Alloprof complète l'enseignement traditionnel avec des
ressources fiables.
Maintenant, je céderais la parole à mon collègue
Marc-Antoine afin qu'il vous présente les recommandations émises. Alors, à toi,
Marc-Antoine.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Merci,
Sandrine. Merci aux membres de la commission. Le mémoire qu'on a présenté
formule cinq recommandations clés. La première, on le reprend, c'est de faire
la distinction entre l'usage éducatif et
récréatif des écrans, mettre l'accent sur l'importance de différencier les
objectifs et les contextes d'utilisation des écrans. Il faut tenir compte du fait que les téléphones,
ordinateurs, tablettes et autres appareils connectés démocratisent
l'accès à des ressources d'apprentissage de qualité comme Alloprof.
Deuxième recommandation : favoriser la
recherche, investir dans la recherche pour mieux comprendre l'impact des écrans
sur la réussite scolaire et la persévérance. Il y a des choses qui s'apprennent
mieux avec un support numérique et d'autres non. Mieux comprendre les
meilleures pratiques est une des clés d'un usage plus sain et efficace des
écrans.
Troisième recommandation : appuyer le
développement de la compétence numérique. Les jeunes ont besoin d'être outillés
pour mieux maîtriser les technologies et en faire un usage de manière
responsable et efficace. Ce sont des acteurs à ne pas négliger dans les
considérations qu'on a au niveau de l'utilisation saine des écrans.
Épauler les enseignants, appuyer les enseignants
en diffusant l'information sur les meilleures pratiques pour l'intégration des
outils technologiques en classe.
Et enfin, cinquième recommandation, accompagner
les parents, fournir des ressources et des conseils pour guider les parents
dans un usage plus sain des écrans. L'éducation publique est un levier puissant
et essentiel pour arriver à un meilleur équilibre dans l'utilisation des
écrans. On sait qu'il y a des limites à ce que le... le législateur, pardon,
peut faire. L'éducation peut compenser une partie de ces limites-là.
Et à noter que pour tous ces publics, Alloprof
souhaite contribuer en diffusant, auprès de ses centaines de milliers
d'utilisateurs, l'information sur les bonnes pratiques d'utilisation des
écrans.
En conclusion, Alloprof est un allié pour un
avenir numérique responsable au Québec. Le mémoire d'Alloprof souligne le rôle qu'on peut jouer et qui ne se limite pas à
fournir des ressources numériques. Notre organisation s'engage dans une
démarche proactive de recherche pour mieux comprendre l'impact des technologies
sur les apprentissages et contribuer à une utilisation responsable et optimale
des écrans dans le parcours scolaire des jeunes. Bref, Alloprof s'engage à rester à l'avant-garde du développement
technologique responsable et efficace en éducation.
Nous vous remercions de votre attention et
sommes, comme on l'a dit tout à l'heure, à votre disposition pour répondre à
vos questions.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment pour cette présentation. Donc, nous allons débuter cette période
d'échange avec M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci,
Mme la Présidente. Mme Faust, M. Tanguay, merci de nous accompagner
ce matin. Très agréable d'avoir votre... vos commentaires. En cette
Semaine des enseignantes et des enseignants aussi, bien, je tiens à vous féliciter, hein? Je pense que vous avez
fait la preuve, dans votre courte allocution, que vous êtes un acteur
désormais incontournable de l'éducation de nos enfants. À titre de parent, moi,
je vous en remercie. J'ai élevé des enfants, et, dans un premier temps, je me souviens de la ligne téléphonique, et j'ai
vu l'évolution vers aussi la question du numérique.
Ce qui m'amène à vous poser la question... Vous
avez eu le privilège quand même, là, de voir, tu sais, à partir d'un moyen
privilégié qui était l'appel téléphonique... vous avez migré vers le numérique,
donc vous avez vu l'évolution de nos jeunes en fonction de leurs questions, de
leurs enjeux. Qu'est-ce qui a significativement évolué depuis l'avènement du
numérique dans l'éducation puis les problématiques que rencontrent nos jeunes?
En quelques mots, là, comment vous avez vu cette évolution-là? Et je comprends
que vous vous êtes adaptés à ça, donc vous avez dû, vous aussi, quelque part,
cheminer dans cette évolution-là. Parlez-nous de ça un petit peu.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Effectivement,
c'est un excellent point. Pour commencer, je pense que ce qu'on peut constater,
c'est une plus grande autonomie des élèves à aller chercher l'information qui
leur manque, à surmonter les difficultés grâce à la facilité que le numérique
leur propose. C'est ce qu'on constate chez Alloprof. C'est beaucoup moins
engageant d'aller sur une plateforme numérique pour aller chercher
l'information que de communiquer par téléphone avec un enseignant étranger qu'on
ne connaît pas. Donc, il y a une espèce de barrière de gêne qui tombe, quand on
rentre dans les espaces numériques, et ça participe aussi au succès des
initiatives qu'on a dans des plateformes accessibles sur le Web.
Sinon, bien, en termes de difficultés, en fait,
ce que je vous dirais, c'est que les jeunes, grosso modo, ont sensiblement le
même genre de difficultés qu'à l'époque, et c'est ce qui nous avait fait
développer des choses sur le Web. C'est qu'on s'était rendu compte que
c'étaient souvent les mêmes questions qui étaient posées par les élèves et donc
les mêmes réponses, grosso modo, qu'on pouvait leur donner pour les aider.
Alors, on formulait les réponses les plus efficaces et on a mis ça en ligne
pour que les jeunes puissent eux-mêmes aller chercher cette information-là.
Maintenant, le rapport à
l'humain demeure essentiel dans ça, parce qu'il y a des jeunes pour qui ce
n'est pas suffisant. Un élève qui est en difficulté importante ne sait pas ce
qu'il ne sait pas, et ça, c'est quelque chose de très important à considérer.
Même si l'information qui répondrait à son besoin se trouve en ligne, il ne
sera pas en mesure d'aller la chercher et, s'il la trouve, il ne sera pas en
mesure de savoir si ça répond vraiment bien à son besoin. Et là la communication
avec nos enseignants demeure cruciale. Donc, notre service est toujours actuel,
est toujours très utilisé. En fait, on est en croissance du côté des demandes
envers nos enseignants, parce que les élèves en ont besoin. Surtout au
lendemain de la pandémie, on ne se le cachera pas, il y a des défis scolaires
plus importants qu'évidemment avant que la COVID nous tombe dessus.
• (12 h 20) •
M. Sainte-Croix : Je ne peux pas
m'empêcher de vous poser la question sur la question pédagogique au niveau de
l'utilisation du numérique. Vous êtes un outil important dans l'évolution de
nos jeunes. Est-ce... Quelle est votre opinion, là? Parce qu'il y a un débat,
tu sais, ce n'est pas noir et ce n'est pas blanc, hein, sur la plus-value, au
niveau académique, pour nos jeunes, de l'utilisation du numérique. Quelle est
votre opinion là-dessus? Toujours dans... au regard de votre expérience, de
votre mission, comment voyez-vous l'évolution, au niveau pédagogique, de la
venue du numérique?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : C'est
une question extrêmement vaste, à laquelle il peut y avoir plusieurs réponses,
mais je pense qu'on peut déjà signifier la richesse de l'information qu'on est
capable de transmettre à travers des avenues numériques. Et on peut prendre,
par exemple, la vidéo. La vidéo permet d'avoir de l'écrit, permet d'avoir des
soutiens visuels à l'intérieur de la vidéo, permet d'avoir la parole. On est
capable d'enchaîner les explications. Donc, un support comme la vidéo, par
exemple, permet d'aller beaucoup plus loin que ne le ferait un livre
traditionnel, ce qui n'enlève pas la pertinence du livre. Mais, par contre,
c'est un complément extrêmement intéressant, notamment pour des notions plus
complexes.
D'ailleurs, chez Alloprof, ce qu'on constate,
c'est que les élèves se tournent beaucoup vers nos vidéos pour des questions de
science et de mathématiques, qui sont, on le sait, des matières qu'on va dire
un peu plus abstraites, peut-être, et pour lesquelles ils ont besoin d'un
environnement plus riche pour comprendre. Donc, je pense que c'est ce qu'il
faut voir, il y a des avantages.
Après, il faut mieux documenter les choses.
C'est important de faire de la recherche parce que le numérique doit venir
compléter quand c'est plus pertinent de passer par le numérique. Surtout chez
les plus jeunes enfants, l'expérience physique, sensorielle est essentielle
pour le développement. On le sait. Le numérique a un rôle à jouer quand même,
mais il doit jouer le rôle qu'il a à jouer et ne pas prendre la place que l'environnement
physique devrait jouer en priorité parce que c'est plus efficace pour certains
apprentissages.
M. Sainte-Croix : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Bonjour. Alors, très
heureuse de vous avoir avec nous aujourd'hui. J'ai été une très grande
utilisatrice de vos services. J'étais enseignante pendant un bon moment dans ma
carrière, donc, et j'ai vu votre évolution au fil des années. Puis je suis très
contente de vous entendre dire ce matin, tu sais, que, oui, la publicité, ça
pourrait être possible, mais je pense que nos jeunes en ont déjà assez sans
qu'on en mette sur le site d'Alloprof. Donc, ça, pour moi, là, de vous entendre
dire cela, je pense que vous êtes dans la bonne direction, parce que, quand on va sur votre site, ce qu'on veut, c'est trouver
la bonne information, puis, à l'heure actuelle, il est facile
d'utilisation, il est extrêmement pertinent pour... puis là je dis les jeunes,
mais pour les parents aussi. Donc, je tenais à vous féliciter pour votre
excellent travail.
Là, je regarde vos... j'ai regardé... j'ai lu
votre rapport, votre mémoire, puis il y a une place où vous dites qu'il y a un jeune sur cinq qui utilise maintenant
l'intelligence artificielle. Donc, c'est quand même, tu sais... Puis
l'intelligence artificielle, ils y ont accès depuis peu, quand même, hein, dans
le temps. Alors, comment vous l'avez évalué? Est-ce que vous, vous leur conseillez de l'utiliser, l'intelligence artificielle?
Quel est votre... J'aimerais ça voir où est-ce que vous vous situez, à
l'heure actuelle, parce que sûrement vous vous faites questionner sur ça quand
les jeunes vous appellent.
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Oui, c'est un excellent point. C'est le type de
technologie qu'on peut appeler disruptive, c'est-à-dire que ça amène un
changement dans les comportements très rapidement et qui peut avoir un très,
très gros impact. La réponse très rapide à votre question : On n'est pas
en mesure, en ce moment, de leur recommander l'utilisation parce qu'on ne sait
pas comment ils vont l'utiliser, l'IA générative. Et un des enjeux principaux
avec la technologie de l'intelligence
artificielle générative surtout, c'est ce qu'on appelle l'agentivité,
c'est-à-dire l'engagement de l'utilisateur à travers cette
utilisation-là. En apprentissage, c'est crucial d'être engagé, il ne faut pas
juste copier-coller une réponse, évidemment. Mais le problème avec l'IA
générative, c'est qu'elle est capable de
simuler un raisonnement de type humain, et ça peut être tentant de faire du
copier-coller. Donc, de ce côté-là, on
prend des mesures, on voit que les jeunes l'utilisent, puis c'est une donnée
dont il faut prendre considération, ils l'utilisent.
Maintenant,
qu'est-ce qu'on fait, du côté d'Alloprof? On ne reste pas les bras croisés, on
est en développement pour faire une intelligence artificielle qui soit
agentive, justement, qui engage l'utilisateur, qui amène une forme de friction,
en fait, pour que ça ne soit pas trop facile non plus, qu'il y ait un
engagement dans l'apprentissage. Donc, c'est comme ça qu'on le voit. Si ce
n'est pas possible de le faire, on ne le lancerait pas, parce que l'objectif
ultime, c'est de soutenir l'apprentissage des élèves. Par
contre, il y a une opportunité, on parlait de démocratisation, il y a une
opportunité de faire beaucoup plus que ce qu'on fait en ce moment avec une
technologie comme celle-là, mais il faut la travailler de la bonne manière, et
ce n'est certainement pas un outil accessible, il n'est pas réfléchi d'une
manière pédagogique qui peut le faire. Donc, c'est là-dessus qu'on travaille
beaucoup en ce moment.
Mme Tremblay :
Ça fait que vous n'êtes pas à
l'implantation, mais à la réflexion de voir comment l'intelligence artificielle pourrait encore mieux vous aider dans
l'apprentissage des élèves que vous soutenez. C'est ce que je comprends.
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : C'est exactement ça et c'est un peu la même nature de
réflexion qu'on a eue à l'époque quand on a commencé à diffuser des contenus
sur le Web, quand on a commencé à diffuser des vidéos sur les plateformes
numériques de visionnement. On a toujours cette réflexion-là : Est-ce que
ça amène quelque chose de plus pour l'élève? Est-ce qu'il apprend mieux avec
ça? Et c'est la question fondamentale, parce que l'objectif, ce n'est pas
d'avoir... ce n'est pas du clientélisme. On ne veut pas avoir plus d'élèves qui
viennent vers nous parce que c'est plus facile d'avoir des réponses. Ce n'est
pas l'idée. Évidemment, nous, à la fin, on le sait qu'ils vont être tout seuls
devant leur examen. Il faut qu'ils aient compris parce que, sinon, ça ne
donnera rien.
Mme
Tremblay : Oui, effectivement, ce que vous dites est important, mais
vous l'avez... Est-ce que sur votre site, à l'heure actuelle, vous avez des
avertissements qui disent... parce que, là, vous me dites, quand même, c'est
important, vous évaluez, là, à un jeune sur cinq. Est-ce que vous avez une
section qui prévient les élèves, là, de l'utilisation
de cela, d'être prudent, de ce que vous venez de me dire, finalement, on ne
fait pas de copier-coller? Est-ce que vous les informez sur l'IA dans
votre site?
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Oui, on a une section qui est dédiée à l'intelligence
artificielle qu'on qualifie de responsable, comment faire un usage approprié de
l'intelligence artificielle, notamment pour les élèves. C'est quelque chose
qu'on souhaite amplifier, évidemment, si on est amené à déployer davantage
d'outils surtout d'IA générative. Il faut savoir qu'il y a déjà de
l'intelligence artificielle sur le site d'Alloprof. Il y a un système de
recommandation, il y a un système de synthèse vocale, il y a une recherche
intelligente très avancée qu'on développe avec
des partenaires du Québec. Ça existe déjà depuis des années sur le site
Alloprof. Il y a certainement un changement d'échelle, par contre, avec
l'intelligence artificielle générative. C'est quelque chose qui est beaucoup plus
puissant que ce qu'on n'a jamais eu, là, sous la main.
Mme
Tremblay : ...aller, s'il me reste du temps, sur les recommandations.
Il me reste-tu du temps?
La Présidente (Mme
Dionne) : On peut peut-être... Peut-être que j'y reviendrai, Mme la
députée, puis on... J'ai quelques intervenants qui souhaitaient prendre la
parole. Donc, Mme la députée d'Iberville.
Mme
Bogemans : Merci. Je voulais savoir... parce que vous aviez un
superbeau cumul des Québécois qui passaient par la plateforme. Est-ce que vous
avez des chiffres pour les communautés autochtones?
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Oui, on a des données pour les communautés
autochtones également. Je ne les ai pas sous la main, par contre. C'est quelque
chose qu'on pourrait vous faire suivre avec grand plaisir.
On a plusieurs
initiatives dans les communautés autochtones, principalement auprès des
Attikameks, des Innus, pour favoriser l'utilisation d'Alloprof dans des milieux
qui sont plus reculés, où il y a des défis autrement plus importants, mais où
il y a une forme de continuité qu'on est capable de trouver à travers Alloprof
dans des contextes où, parfois, bien, la continuité scolaire est un peu plus
compliquée.
Mme
Bogemans : Oui, absolument, parce qu'ils sont venus nous dire, en
fait, l'utilité du numérique, justement,
dans le support, un petit peu comme ce que vous venez de nommer, puis ils
disaient qu'ils avaient développé des outils culturels ou plus complexes
qui répondaient à leurs besoins, mais Alloprof pourrait être complémentaire,
par exemple, à une initiative comme Les Voix du Territoire, là. Je ne sais pas
si vous êtes familier avec...
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Exactement.
Et, en fait, ces initiatives-là, on les travaille de concert,
évidemment, avec les gens des communautés. Il ne s'agit pas d'imprimer une
façon de faire qui est différente, qui leur est extérieure, donc, c'est de voir
comment est-ce que ce qui est développé sur Alloprof peut leur être utile.
Il faut savoir aussi
qu'on en profite pour ajouter du contenu culturel, typiquement, de ces...
excusez-moi, de ces communautés-là. Donc, par exemple, on a un jeu sur
l'apprentissage de la lecture qui comporte des histoires écrites en innu, par
exemple. Donc, c'est un moyen aussi de valoriser la culture des communautés à
travers une plateforme qui se veut la plus universelle possible, là, au Québec.
Mme
Bogemans : Superintéressant. Je me demandais, parce que vous parliez
quand même de bien outiller le personnel enseignant, bien outiller les parents,
vous le faites déjà en partie, mais je voulais savoir ce que vous pensez des
bons outils ou du bon matériel approprié à l'école. Parce qu'on est quand même
dans la discussion : est-ce qu'on amène son propre cellulaire ou sa propre
tablette à l'école ou est-ce que... une tablette fournie par l'école, avec des
paramètres bien bloqués, puis, après ça, sur cette tablette-là, quel serait le
matériel approprié pour s'y retrouver, quels seraient les bons paramètres? Ça
fait que j'aimerais vous entendre sur cette large question.
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Oui, c'est une superbelle question qu'on se pose
intensément aussi. Et d'ailleurs on a un projet de recherche, là, avec une
chercheuse de l'Université Laval, sur ce sujet-là, justement. Je n'ai pas la
réponse de la recette. C'est ce qu'on veut aller chercher un peu plus, quels
sont les usages actuels, chez les enseignants du primaire, dans un premier
temps, du secondaire, dans un second temps, et quels seraient les meilleurs
usages possibles du numérique en classe.
Ce qu'on pourrait peut-être vous dire, c'est que
l'utilisation d'Alloprof, elle est bien répartie entre la classe et l'extérieur
de la classe, c'est-à-dire que 40 % de l'utilisation d'Alloprof se fait
pendant les heures de cours. Donc, c'est un outil qui est très utilisé par les
élèves, par les enseignants à l'intérieur même de l'enseignement. Et
évidemment, bien, l'autre 60 % est à l'extérieur, là, des heures de
classe, donc surtout à l'heure des devoirs, évidemment, la semaine et le
dimanche après-midi.
• (12 h 30) •
Mme
Bogemans : Parfait. Parce que c'est ça, tu sais, dans l'usage
récréatif, finalement, puis l'usage éducatif, là, comment être capable
de gérer ça, là, on a eu plusieurs personnes qui ont levé le drapeau à ce
sujet-là. Est-ce que l'étude dont vous parlez va sortir prochainement? Est-ce
qu'on pourrait être mis au courant, à la commission?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Ce
serait avec plaisir. Par contre, elle est à ses débuts. On parle d'encore huit,
neuf mois avant d'être capable de
communiquer quelque chose de ce côté-là. Mais on va la publiciser, soyez sans
crainte.
Mme Bogemans : Parfait. Puis ma
dernière question, c'était : Qu'est-ce que vous pensez de l'intelligence
artificielle dans le support aux profs, donc l'allègement de la tâche, par
exemple, aider à évaluer des questions larges ou des choses comme ça, là?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Ici,
dans un contexte de classe, tu sais, déjà, on veut préciser qu'évidemment
l'enseignant est le mieux placé, là, pour savoir qu'est-ce qui peut lui être le
plus utile ou pas. Il y a quand même des démonstrations qu'on voit, là, d'une
utilisation où ça peut donner des indications facilitantes pour l'enseignant.
Donc là, on parle de tout l'aspect de personnalisation de l'enseignement
apprentissage, qui, évidemment, se fait bien à travers les plateformes
numériques. Donc, on parlait d'intelligence artificielle générative, on n'est
pas encore sûr de ce que ça va amener. Par contre, de ce côté-là, on voit qu'il
y a des gains potentiels, là, qu'on peut aller chercher.
La Présidente (Mme Dionne) : M. le
député de Joliette.
M. St-Louis : Merci d'être ici avec
nous ce matin. Moi, ma question sera fort simple. En fait, je pense que tout le monde est unanime sur les vertus de votre
plateforme, l'accompagnement que vous faites déjà depuis longtemps.
Donc, je vous dirai que vous êtes du bon côté de la force. On a rencontré des
gens qui... En fait, vous savez que, sur les plateformes numériques, il n'y a
pas... il y a autre chose qu'Alloprof, il y a les TikTok de ce monde. Quelle
est votre position ou votre opinion sur une possibilité de majorité numérique,
en dehors, naturellement, là, de qui vous êtes et de ce que vous faites.
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Bien, évidemment, c'est une question qui relève
beaucoup, là, des compétences du législateur. Nous, de notre côté, chez
Alloprof, on se fie énormément aux règles déjà en place. Donc, c'est d'usage
très courant. On parlait, tu sais, du 14 ans pour donner un consentement
éclairé pour plusieurs situations. Donc, nous, c'est ce qu'on requiert.
Par exemple, un utilisateur veut se créer un
compte sur Alloprof, va avoir déjà de la personnalisation, bien, on demande
qu'il ait 14 ans ou, sinon, c'est le parent qui doit autoriser la création
de ce compte-là. Évidemment, si l'âge d'une majorité numérique fixait ça à 15,
16, 13, nous, on s'adapterait à cet élément-là. C'est ce que je pourrais vous dire, mais on n'a pas nécessairement
d'opinion sur quel devrait être l'âge de la majorité numérique, sauf que,
comme citoyen, évidemment, c'est
préoccupant. Il faut protéger les jeunes, c'est sûr, de ce qui pourrait
peut-être être malsain.
Par rapport à TikTok,
on va être très transparents. Vous avez une offre exceptionnelle de ressources
Alloprof sur TikTok, et l'idée, c'est qu'on va là où les jeunes se trouvent, et
c'est de leur offrir un pendant de qualité et éducatif dans un environnement
qui ne compte peut-être pas suffisamment. Donc, c'est la stratégie qu'on
emploie. On l'a employée sur YouTube. On l'emploie aujourd'hui sur TikTok. Que
ça soit sur une autre plateforme dans quelques
années... parce que ça bouge très, très vite, mais c'est la posture qu'on
prend, là, par rapport à des plateformes qui sont autrement critiquées.
Au-delà de la législation, si on se met à interdire, ça a déjà été discuté, une
plateforme comme TikTok, évidemment qu'on retirerait tous nos produits, là. Le
but n'est pas d'inciter non plus à une utilisation illégale...
M. St-Louis :
Je n'aurai pas d'autres questions, mais permettez-moi de vous remercier puis
de vous féliciter pour tout ce que vous faites pour nos jeunes.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le député. Mme la députée de Châteauguay.
Mme Gendron :
Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je vais être brève parce que je le sais que j'ai des
collègues... Votre présence suscite beaucoup de questions chez nous. Donc, je
le sais que d'autres collègues également en ont.
Moi, j'avais une question que vous avez
rapidement abordée avec la députée d'Iberville, c'est l'utilisation de votre
plateforme. Tous les utilisateurs, que ce soit le corps professoral, que ce
soient les élèves, sûrement moins les parents, est-ce
qu'il y a de l'utilisation d'Alloprof qui se fait dans le jour, pendant que,
bon, les profs sont à l'école, pendant que les élèves sont à l'école? Je
voudrais savoir si vous avez des informations là-dessus, si c'est utilisé
pendant les heures scolaires.
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Oui, exactement, on a tout à fait l'information.
40 % de l'utilisation d'Alloprof se fait pendant les heures
d'école.
Mme Gendron : O.K., merci. C'est une
donnée que j'étais très curieuse d'avoir. Et puis je me réfère à votre
point 4.3 que vous avez mis à votre mémoire. Vous avez souligné
l'importance d'appuyer le développement de la compétence numérique chez les
jeunes. Certains groupes nous ont suggéré d'évaluer une certaine compétence
numérique chez nos jeunes. Est-ce que vous sentez chez vos utilisateurs,
justement, un manque de connaissances qui fait
en sorte qu'ils ont de la difficulté à aller chercher vos services ou, au
contraire, vous trouvez que les connaissances générales des jeunes
parents et professeurs sont suffisantes à cette étape-là?
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Je pense qu'on peut pratiquement calquer, là, les
données sur la littératie. Il y a vraiment une variabilité importante et
il y a, pour beaucoup d'utilisateurs, un manque de compétences pour une pleine
utilisation. En fait, c'est qu'ils vont faire une utilisation moins optimale
des ressources numériques et ils ont souvent aussi une plus grande
vulnérabilité envers des mauvais usages des plateformes numériques. Donc, c'est
ce qu'on constate, et, oui, pour nous,
l'éducation, bien, évidemment, là, on y croit, mais c'est sûr que c'est par
l'éducation qu'on peut peut-être changer le plus en profondeur ces lacunes-là
qu'on constate aujourd'hui dans un monde où, quoiqu'on
fasse, le numérique va probablement jouer un rôle encore plus grand dans
10 ans qu'il ne le joue aujourd'hui.
Mme Gendron : Merci beaucoup. Je
laisse...
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : ...pour votre
présentation et pour vos explications. Je fais, à mon tour, partie des
94 % de Québécois qui ne considèrent pas le temps passé sur Alloprof au
même titre que le temps d'écran consacré au divertissement,
et, manifestement, je pense que c'est un constat qui fait consensus auprès des
collègues autour de la table. Je me
demandais... Donc, vous êtes établis depuis 1996. Vous avez fait la migration,
donc, du téléphone vers le Web et donc, essentiellement, vous avez vu, donc, la génération pré-Internet, la
génération Internet par la suite. Par curiosité, est-ce que vous avez
noté des difficultés différentes, de génération en génération, parmi les
utilisateurs de la plateforme?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : On ne
constate pas comme de nouvelles difficultés qui sont très différentes de ce qui existait autrefois. Puis, bon, je ne
veux pas... Le participe passé demeure très difficile à accorder
aujourd'hui comme il l'était il y a 25 ans. Les apprentissages de base en
algèbre demeurent quand même assez complexes. Globalement, et ça va peut-être
surprendre certaines personnes qui nous écoutent, mais globalement, les
programmes scolaires sont beaucoup plus exigeants aujourd'hui qu'ils ne
l'étaient il y a 25 ans. Donc, on peut penser que les jeunes apprennent plus et
mieux qu'autrefois globalement. Ça peut ouvrir le... des critiques, mais c'est
quand même une réalité qu'on constate, mais, ceci dit, les éléments qui sont
plus complexes demeurent assez complexes, et c'est peut-être là où, comme on en
parlait, des technologies comme l'IA générative peuvent peut-être nous amener
enfin à surmonter d'une manière beaucoup plus large les difficultés récurrentes
de cet ordre-là.
Mme Cadet : C'est vraiment
intéressant, parce que je pense que vous nous avez suivis, puis, bon, certains
intervenants, donc, nous ont parlé de l'influence des écrans, d'une
surexposition aux écrans en petite enfance et ce que ça pouvait amener en
termes de difficultés, bon, oui, sur le plan comportemental, mais aussi
scolaire par la suite. Mais ce que vous, vous constatez, donc, des jeunes qui
viennent chercher... puis il y a peut-être aussi un biais de confirmation avec
les jeunes qui décident par eux-mêmes, donc, de venir chercher de l'aide ou qui
sont outillés pour le faire... que les difficultés ne sont pas plus marquées
qu'elles ne l'étaient, ne serait-ce que sur le plan anecdotique, de votre part.
Je comprends que vous ne faites pas de recherche là-dessus, là. C'est ce que
vous nous dites.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Exact,
on n'a pas d'étude longitudinale dans les comportements des jeunes globalement.
Ce qu'il faut savoir aussi, c'est qu'Alloprof s'inscrit dans la logique de
comportement qu'ils ont en général. On n'est
pas dans une situation de classe, et c'est sûr qu'on a beaucoup de collègues
enseignants qui enseignent aussi dans les classes, en plus de travailler
chez Alloprof. Oui, il y a des défis supplémentaires en termes de gestion des
élèves, en termes de capacité de concentration. C'est des choses qui existent,
là. Ça, on en entend beaucoup parler. Par contre, c'est sûr que, sur nos
plateformes, nous, comme on le disait tout à l'heure, on est comme du bon côté
de la force, c'est-à-dire que, bien, c'est facile pour les élèves... Ils se
retrouvent dans un environnement qu'ils connaissent,
qu'ils maîtrisent, et qui leur apporte, d'une manière, je dirais, efficace, là,
des réponses à leurs questions.
• (12 h 40) •
Mme Cadet : Intéressant. Votre
troisième recommandation dit... Donc, en fait, vous nous demandez... Donc,
depuis le développement de la compétence numérique des jeunes... parce qu'il y
a des intervenants, notamment ceux du comté
de notre collègue de Jonquière, là, qui sont venus, vendredi passé, nous
émettre des recommandations similaires.
Vous dites : «Les
gouvernements et décideurs politiques doivent soutenir et favoriser ces
initiatives, moins de politiques publiques, de financement dédié et la mise en place d'une
norme nationale en matière d'éducation numérique.» Est-ce que vous pouvez... vous souhaitez
développer sur cette recommandation-ci? Vous nous interpelez
directement.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui.
Bien, en fait, ce qu'on pourrait dire, c'est qu'Alloprof est une
excellente démonstration que les jeunes veulent apprendre. Ils veulent réussir,
ils veulent s'améliorer. Ils ne sont pas obligés de venir sur Alloprof. Donc,
ils sont volontaires. Après, ils ont besoin d'être outillés. C'est des
technologies qui arrivent dans leur vie, puis ça n'avait pas existé avant, là.
Donc, il y a un défi d'adoption de qualité de ces technologies-là, et la
société doit se souder pour les aider. La réponse ultime, c'est que les jeunes
prennent eux-mêmes les bonnes décisions. On peut imposer toutes sortes de
choses, mais, si on les éduque correctement...
Et ils sont ouverts à
être éduqués dans ces environnements-là. Vous savez, presque les trois quarts
des jeunes qui utilisent Alloprof nous disent : J'ai, par moments, des
défis à gérer mon temps écran. Ils sont capables d'autoréflexion. Ils le disent
que c'est compliqué, pour eux, de le faire, mais il faut les outils, il faut
les accompagner là-dedans. Puis c'est peut-être la meilleure réponse qu'on peut
offrir aux défis qu'on rencontre en ce moment, c'est d'aller vers
l'utilisateur. Évidemment, c'est plus simple chez les jeunes du secondaire que
chez ceux du primaire, mais, quand même, l'éducation doit commencer très, très
tôt, aux meilleures habitudes possibles, puis les résultats, on peut être
surpris à quel point ils vont être intéressants.
Mme Cadet : Est-ce
que j'ai...
La Présidente (Mme
Dionne) : ...
Mme Cadet : Merci beaucoup. Bien, comme mes collègues, donc,
moi aussi, donc, j'ai positivement accroché sur le fait que vous nous
dites que, bon, les publicités, les stratégies numériques menant à la
dépendance et le partage des données personnelles sont strictement interdits
chez Alloprof, ce qui signifie, donc, d'une part, que vous connaissez, donc,
ces mécanismes-là, mais aussi que c'est possible. Puis évidemment on se pose
toujours la question sur, donc, comment encadrer d'autres plateformes qui sont
dédiées aux mineurs par ce fait-là. Je ne sais pas si vous pouvez nous parler
de votre expérience... que vous disiez, je pense, Mme Faust, au départ, qu'il y
a peut-être des gens qui, déjà, vous
sollicitaient à cet égard, mais vous avez toujours été strictement... vous avez
toujours été très stricts là-dessus.
Mme Faust
(Sandrine) : On a même une métrique qui calcule le temps passé sur la
plateforme, et notre objectif n'est pas d'allonger et d'étirer la présence du
jeune sur Alloprof, et, au contraire, on vise l'efficacité pour la raccourcir,
pour lui laisser le temps de faire autre chose. Puis ce que je compléterais
aussi, c'est... Ce qui est important, c'est d'offrir une alternative aux
consommations des jeunes en ce moment, donc, une alternative pédagogique. Quand
Marc-Antoine, tantôt, le disait, on est sur YouTube, sur TikTok aussi. Ça offre
une alternative. Puis le jeune, veux veux pas, quand il a fini une vidéo
TikTok, là, il se sent pas mal mieux que quand il a écouté une autre vidéo... qu'il n'a rien appris, qu'il
n'était pas en action, qu'il n'a pas pris de décision, qu'il ne s'était pas
concentré.
Donc, il faut faire
l'éducation, leur montrer les bienfaits d'une bonne utilisation, d'une bonne...
tu sais, de mettre certains efforts, de faire aller un petit peu, là, son
cerveau à travers les écrans, tout ça, donc. Puis effectivement l'objectif est
de faire... chez Alloprof, ça n'a jamais été d'allonger le temps, même, c'est
une mesure de... Ça montre qu'on est encore plus efficaces quand on raccourcit
le temps présent sur la plateforme.
Mme Cadet : Bien,
en tout cas, vous êtes des modèles. Merci beaucoup pour votre présence
aujourd'hui.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée. Mme la députée de Hull, aviez-vous
des questions supplémentaires?
Mme
Bogemans : Il me resterait une question s'il me reste du temps. Donc,
à la recommandation 4, «épauler les enseignants en leur offrant de la
formation, en diffusant des pratiques souhaitables», qu'est-ce qui vous a amené
à faire cette recommandation-là? Parce que vous avez parlé à des enseignants,
vous avez fait une recherche? Qu'est-ce qui vous amène à poser cette
recommandation-là?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Et
effectivement, dans le cadre de recherches et aussi de relations,
évidemment, très étroites avec beaucoup, beaucoup d'enseignants, ce qu'on souhaite,
à travers cette recommandation-là, c'est d'éviter qu'on dise tout simplement
aux enseignants : Bien, gérez le problème. Il faut les épauler
adéquatement. Je pense qu'on a un enjeu de
société puis on parle... On parle beaucoup des jeunes, c'est superimportant,
c'est primordial, mais ça, c'est un enjeu aussi chez les adultes, là. Il
y a des défis d'addiction aussi, là, de cyberdépendance aussi, chez les
adultes. On a un enjeu de société.
Au niveau des
enseignants, bien, effectivement, on n'a pas encore tant de données sur c'est
quoi, les meilleurs usages pédagogiques des écrans. Il y en a, mais ce n'est
pas encore si déterminé que ça. Donc, il y a de la recherche qui se fait. C'est
de partager, évidemment, les informations et de les diffuser auprès des enseignants
pour les aider à prendre les meilleures décisions de ce côté-là et c'est aussi
de leur donner le cadre pour qu'ils puissent gérer la classe de la manière la
plus appropriée en fonction de leur réalité, qui est variable, là. Ça peut
dépendre de l'âge, évidemment, de leurs élèves, ça peut dépendre des défis
qu'ils rencontrent, de la dynamique du groupe. Donc, ce n'est pas
nécessairement de leur dire : Il faut faire absolument ça, mais c'est de
leur donner tous les outils qu'il faut pour s'adapter adéquatement selon la
situation qu'eux, ils vivent dans leurs classes.
Mme
Tremblay : O.K. Donc, ça se fait déjà, mais il faut poursuivre puis
s'assurer que tout le monde est bien conscient, là... puis, vous l'avez dit, je
pense, aussi, c'est tout le monde ensemble, c'est les enseignants, oui, mais
c'est l'ensemble de l'école, les parents, la société, donc, parce que ça évolue
rapidement. Donc, ça répond à ma question. Quand vous êtes allés... Tantôt, ma
collègue a posé une question sur la recommandation 3, tu sais, la fameuse
compétence numérique. Est-ce que vous avez regardé le programme de CCQ, qui est
assez récent puis qui aborde quand même ce volet-là, à l'heure actuelle, dès le
primaire?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui,
absolument, on a... En fait, on est en train de créer du contenu.
D'ailleurs, évidemment, sur Alloprof, on retrouve des ressources sur tout ce
qu'on peut apprendre à l'école idéalement. Si on ne le trouve pas, on peut
appeler les enseignants, nos profs, pour ce qu'il manquerait. Et on est en
train de créer du contenu par rapport à cet élément-là qui est quand même
vraiment crucial.
Donc, on en a pris
conscience. C'est quelque chose qu'on veut émuler à travers notre plateforme et
c'est ce qu'on dit aussi à travers nos recommandations. C'est : Alloprof
peut servir les intérêts... bien, les intérêts... Les conclusions et la
réflexion de la commission vont... un vecteur d'information très, très
important auprès des élèves, auprès des parents, des enseignants. Et donc, par
rapport au programme de CCQ, c'est aussi le rôle qu'on veut jouer. Il est très
nouveau, mais on se l'approprie évidemment dans le monde de l'éducation, puis
Alloprof veut jouer un rôle facilitateur dans cette appropriation-là du
programme et du développement de la compétence en général.
Une petite donnée que
je mentionnerais comme ça... On parlait de 20 % des jeunes qui adoptent
l'IA générative au moins une fois par semaine pour faire leurs travaux
scolaires. Quand on demande aux parents ou aux enseignants, on est à moins de
10 % d'utilisation de l'IA générative, puis c'est ce décalage-là qui est
parfois dangereux dans l'école, c'est-à-dire une espèce de déphasage entre le
monde adulte et le monde des jeunes, et ça ne facilite
pas la crédibilité de l'école et de l'enseignement auprès des élèves,
évidemment. C'est important que les enseignants, comme les parents,
soient conscients que leurs jeunes, ils sont déjà rendus dans un certain
environnement avec certains outils et qu'ils s'adaptent, qu'ils s'adaptent en
fonction de ça, et qu'on les outille pour qu'ils soient en mesure, bien, de
continuer à être crédibles et qu'ils comprennent bien qu'est-ce que leurs
jeunes, qu'est-ce que leurs élèves font avec ces outils-là.
Mme Tremblay :
Effectivement, ça va vite, puis
les jeunes s'approprient très vite les outils mis à leur disposition. Alors, je vous remercie grandement de votre
présence aujourd'hui. C'était vraiment un beau moment passé avec vous
puis merci pour l'excellent travail que vous faites auprès des jeunes, des
enseignants. Je pense que c'est important que vous soyez... Alloprof, c'est
très québécois, mais c'est très important dans l'apprentissage des jeunes.
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Il
nous reste un petit peu moins de deux minutes. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente, une petite dernière puisqu'on a un peu de temps.
Dans votre mémoire, vous nous dites : «Dans l'environnement technologique,
la rigueur et l'agilité sont de mise pour éviter de tomber dans les extrêmes
d'une surexposition malsaine ou d'une rigidité qui risquerait de nuire au
potentiel d'apprentissage des jeunes et à la perception qu'ils ont de l'école.»
Bon, surexposition malsaine, on comprend très bien. J'aimerais vous entendre,
donc, sur l'aspect rigidité ici, là, de bien saisir qu'est-ce que vous voulez
dire par là et comment ça risquerait de nuire au potentiel d'apprentissage des
jeunes.
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : En fait, on parle ici de l'autre extrême, d'une
interdiction totale, par exemple, d'utilisation de tout écran pour faciliter
l'apprentissage, par exemple, à l'école. Le danger qu'on voit là-dedans, c'est
qu'on perd les bénéfices, et on est capables d'en démontrer, de l'utilisation
des outils numériques pour certains apprentissages. On perd ces bénéfices-là.
L'autre chose, c'est
ce que je mentionnais tout à l'heure, c'est que, bien, si l'école est
complètement déphasée par rapport à ce qui existe dans la réalité extérieure
chez les jeunes, ils risquent de la trouver, on va dire, ringarde, et ça, c'est
un risque qu'on peut courir et qui serait dommage, en fait, parce que l'école
doit apparaître comme un chef de file là-dedans. Si elle veut être crédible
pour éduquer les jeunes dans l'utilisation des appareils, elle ne peut pas se
permettre de les interdire complètement. Donc, on est dans un régime
d'exclusion.
Mme Cadet :
C'est l'adhésion, en fait, des jeunes, c'est l'objectif, O.K.
M. Tanguay
(Marc-Antoine) : Exactement, on veut les inspirer. Nous, c'est l'angle
qu'on prend. On souhaite que nous soyons, comme adultes, des inspirations pour
les jeunes. Ça se traduit dans nos comportements, mais ça se traduit aussi dans
le fait qu'on les soutient adéquatement pour leur proposer des outils et des
façons de faire pour que l'utilisation des écrans soit plus saine.
Mme Cadet :
Merci beaucoup. Merci pour votre travail. Merci pour votre présence
aujourd'hui.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, Mme la députée. Alors, on retient que, oui,
c'est un enjeu de société. Vous l'avez bien dit, plusieurs personnes nous l'ont
également mentionné. Merci pour votre contribution à ces travaux et également
pour tout ce que vous faites pour la réussite scolaire.
Alors, en terminant,
j'aimerais souligner la présence des membres de ma famille dans la salle, mes
parents, ma soeur et ma nièce.
Alors, sur ces belles paroles, je vous souhaite
un bon dîner et je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 15 heures)
La Présidente
(Mme Dionne) : Alors, bonjour, tout le monde. Donc, ayant
constaté le quorum, la commission va reprendre ses travaux.
Donc, on poursuit, cet après-midi, les
consultations particulières et les auditions publiques sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux chez les jeunes.
Donc, cet après-midi, nous entendrons le Dr Antoine Lemay, psychologue,
Mme Patricia Conrod et Aylo. Alors, on va accueillir notre premier invité, le
Dr Lemay. Merci d'être avec nous cet après-midi. Donc, je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour nous faire part de votre exposé, et
ensuite nous procéderons à une période d'échange avec les membres de la
commission. Donc, la parole est à vous.
M. Antoine Lemay
M. Lemay (Antoine) : Mme la
Présidente, distingués membres de la commission, c'est un réel plaisir d'être
avec vous aujourd'hui, et je tiens à vous remercier pour votre invitation, mais
aussi prendre le sujet de l'impact des écrans avec le sérieux qu'il mérite.
Je me présente, Antoine Lemay, docteur en
psychologie et psychologue. J'ai commencé à m'intéresser à la transformation
des jeux vidéo et leurs impacts environ dans les années 2000. À ce
moment-là, on voyait des nouveaux jeux,
comme World of Warcraft, qui faisaient leur émergence et qui faisaient couler
énormément d'encre, principalement pour leur potentiel addictif. En
2018, je commençais mon parcours doctoral sous la supervision de Dre Dufour et
de Dr Goyette. Mon projet de recherche, en fait, a été possible puisque...
bien, c'est une école qui avait approché un centre de traitement en dépendances
pour obtenir du soutien puis qui, ensemble, nous ont contactés pour documenter
la situation puis s'assurer que... bien, en fait, offrir du support
électronique à leurs élèves, ça ne favorisait pas l'émergence de méfaits.
Donc, le but de ma recherche, que je viens vous
parler aujourd'hui, ne vise absolument pas à diaboliser les jeux vidéo, qui
peuvent avoir plusieurs bienfaits, d'ailleurs, mais s'éloigner des opinions
puis venir vous partager des premières
données objectives, dans le but de contextualiser les inquiétudes qui entourent
le sport électronique en milieu scolaire.
Donc, en 2020, juste avant le premier
confinement pour la pandémie du COVID-19, on a fait une collecte de données
dans cette école-là pour documenter, justement, les caractéristiques des
sportifs. Donc, le programme qui leur était offert était destiné aux élèves de
quatrième puis de cinquième secondaire, de façon parascolaire. Pour que les
jeunes soient admissibles, ils devaient obtenir le consentement de leurs
parents, maintenir leur moyenne académique, faire de l'activité physique à
chaque semaine puis participer à des activités préventives. En raison du trop
petit nombre de filles qu'on avait dans notre échantillon, on a malheureusement
dû les exclure pour faire des analyses statistiques. Donc, en tout, on a
comparé 67 garçons qui étaient inscrits dans le programme à 109 de leurs collègues de classe, qui, eux, jouaient aux jeux
vidéo, mais sans faire de sports électroniques. Donc, très humblement,
gardons en tête qu'on a un petit échantillon
puis que d'avoir davantage de ressources et de participants, comme, par
exemple, l'étude que Dre Dufour réalise en ce moment, sur les sportifs,
permettrait d'avoir des données plus précises, mais, quand même, ce premier
portrait là a permis de faire des constats intéressants.
Donc, au
niveau de leur portrait général, on observait que les e-sportifs, bien, outre
le fait qu'ils étaient davantage
célibataires, de façon pas très surprenante, avaient un portrait vraiment
semblable à celui de leurs collègues.
Donc, c'est des jeunes de quatrième et cinquième secondaire, donc qui ont 16
ans, qui habitent majoritairement avec leurs parents puis ils avaient
des résultats académiques qui étaient très semblables à leurs collègues.
Au niveau de leurs loisirs, on voyait que les
e-sportifs consacraient environ 10 heures par semaine à des loisirs sans écran,
ce qui, encore une fois, ressemble à leurs collègues qui, eux, rapportaient
environ 13 heures de temps de loisirs sans
écran. Une différence importante, par exemple, qu'on a observée, c'est que les
e-sportifs consacraient beaucoup plus de temps à des loisirs devant les
écrans. Donc, on voyait qu'ils consacraient plus de temps à jouer aux jeux
vidéo, environ le même nombre d'heures sur d'autres loisirs sur Internet, donc
on peut penser aux réseaux sociaux, à faire du visionnement, et à ça on
ajoutait le temps à faire du sport électronique d'environ 14 heures par
semaine, ce qui donnait un total de 50 heures de temps d'écran par semaine
versus 32 pour leurs collègues.
Donc, ce que ça semble suggérer, c'est que
plutôt que le sport électronique vienne remplacer des activités qui étaient déjà présentes, ça semble plutôt indiquer
que ça s'ajoute par-dessus puis que ça fait ce cumul-là, très important,
qu'on observe.
Une deuxième différence très importante qu'on a
observée, c'est... bien, les e-sportifs... le tiers des e-sportifs pourraient
être considérés comme ayant une utilisation des jeux vidéo à risque de
développer des méfaits versus 13 % pour leurs collègues. C'est donc une
proportion qui est deux fois et demie plus élevée. Puis c'est des proportions
qui sont aussi beaucoup plus élevées que celles qu'on a observées dans l'étude de
Dr Dufour, qui utilisait un outil qui était plus récent, qui avait un seuil de
détection plus sévère aussi que ce qu'on avait à l'époque. On a aussi observé
que 60 % des e-sportifs avaient une faible ou une
très faible estime de soi, que 40 % rapportaient des diagnostics de santé
psychologique, et la moitié étaient documentés. Ça peut paraître surprenant,
mais ce n'était pas non plus différent de leurs collègues, ce qui souligne que
les e-sportifs, comme les autres jeunes joueurs de jeux vidéo, semblent présenter
des difficultés personnelles.
Lorsqu'on regarde les bienfaits puis les méfaits
qu'ils rapportaient de leurs pratiques de jeux vidéo, encore une fois, il n'y a
pas des différences énormes qu'on voyait, peut-être encore parce qu'on a un
petit échantillon puis on n'était pas capables de les voir, mais, quand même,
ce qu'on voyait, c'est que les bienfaits les plus importants pour les
e-sportifs ou leurs collègues de classe, c'était au niveau de leurs relations
sociales, au niveau de leur motivation, sur leur santé psychologique. Par
contre, une différence... intéressante qu'on voyait, pardon, c'est que
12 % des e-sportifs rapportaient des bienfaits sur leur santé physique.
Peut-être que c'est quelque chose qu'on pourrait aborder, si vous le souhaitez,
dans la période des questions.
Au niveau des méfaits, une différence marquée
qui soulève l'importance, justement, d'encadrer le sport électronique, c'est que 55 % des jeunes
sportifs rapportaient des méfaits sur leurs études ou leur travail versus
32 % pour leurs collègues. Donc,
c'est un peu paradoxal d'offrir une activité qui, selon la perception des
jeunes, vient, d'une certaine façon,
interférer avec leur sphère académique. Autrement, les méfaits les plus
importants pour les e-sportifs ou pour leurs collègues, c'était sur leur sommeil, comme si ça interférait aussi avec
leurs autres loisirs puis sur leurs relations familiales.
Je souligne
aussi un autre paradoxe, ici, sur les relations familiales, puisqu'on voit que
les e-sportifs rapportaient, d'un côté, des bienfaits puis, de l'autre
côté, des méfaits sur leurs relations familiales. Peut-être aussi, si vous
souhaitez, qu'on pourrait aborder plus en profondeur dans la période de
questions.
En termes de dépense d'argent associée à leur
pratique de jeux vidéo, ici, ça demeure quand même difficile à interpréter,
puisque nos données, particulièrement ici, avaient des écarts types vraiment
énormes, ce qui veut dire, en fait, qu'il y avait une grande variabilité dans
nos données. Donc, on peut voir des jeunes qui dépensaient beaucoup d'argent,
d'autres qui ne dépensaient vraiment pas beaucoup d'argent, mais, en moyenne,
ce qu'on voit, c'est que les e-sportifs... les e-sportifs, pardon, dépensaient
1 400 $ par année pour des dépenses associées aux jeux vidéo. Donc,
on peut penser à du matériel informatique, des abonnements, et, là-dedans, on
incluait aussi 30 $ pour des «loot boxes», ce qui est semblable à leurs
collègues qui, eux, dépensaient 1 000 $ par année pour les jeux...
pour leur ensemble de dépenses en lien avec les jeux vidéo, dont 25 $ pour
les «loot boxes».
Une différence, par contre, qu'on voyait ici
dans leurs dépenses, c'est que les e-sportifs dépensent plus d'argent pour des
«skins» dans les jeux vidéo, donc les cosmétiques pour modifier leurs
personnages. Ils dépensent environ
100 $ par année versus 35 $ pour leurs collègues. Donc, tout ça
ensemble, ça finit par faire quand même un montant substantiel, surtout
lorsqu'on considère qu'il y a les deux tiers des jeunes... bien, pas juste des
jeunes e-sportifs, en fait, de tous les jeunes qui rapportaient ne pas avoir
d'emploi pendant la période scolaire.
Avant de conclure, c'est important aussi qu'on
rappelle qu'il y a toujours des limites lorsqu'on fait une thèse. Donc, on peut
penser au fait que nos données viennent d'un seul milieu ou encore, comme je
l'ai mentionné, la taille de notre échantillon, qui fait qu'on n'est peut-être
pas toujours capables de voir des différences lorsqu'il y en a entre les deux.
Aussi, cette étude-là ne permet pas de faire des liens de causalité. Donc, on
ne peut pas savoir si c'est des jeunes qui présentaient des vulnérabilités ou
des problèmes avant de faire du sport électronique ou ça s'est développé
puisqu'ils faisaient du sport électronique. Donc, on fait ces observations-là
puis on est un petit peu dans une situation de la poule ou l'oeuf, ici, en ce
moment.
Malgré tout, on observe que... on observe des
jeunes qui présentent des difficultés, soit e-sportifs ou des joueurs de jeux vidéo plus réguliers. Le tiers des
e-sportifs sont à risque de développer des méfaits versus 13 % pour leurs
collègues. 13 %, ce n'est pas non plus négligeable. Donc, les joueurs
e-sportifs ou les joueurs de jeux... plus traditionnels, pardon, présentent une
faible estime de soi, dépensent quand même des montants substantiels dans les
jeux, ce qui souligne l'importance de ne pas seulement s'attarder aux
e-sportifs, mais aussi à l'ensemble des joueurs de jeux vidéo pour favoriser
leur bien-être puis favoriser, en fait, que les jeux vidéo ne deviennent pas un
refuge pour des difficultés qu'ils vivent, des difficultés personnelles qu'ils
vivent.
Nos résultats suggèrent que, si une école
souhaite proposer du sport électronique, c'est essentiel d'offrir un
encadrement aux jeunes, aux parents aussi, sans les culpabiliser. On voit que
les e-sportifs consacrent beaucoup plus de
temps écran que leurs collègues puis que ce transfert-là, qu'on aurait
peut-être souhaité, des activités en ligne vers le sport électronique, ça ne se fait automatiquement. Donc,
il faudrait plus d'efforts puis de sensibilisation pour réduire
certaines activités puis, en quelque sorte,
faire de la place pour du sport électronique puis éviter ce cumul-là très
important qu'on a constaté.
Ce serait aussi important pour les écoles
d'avoir des bons outils de détection pour pouvoir détecter des jeunes, par
exemple, des e-sportifs qui pourraient... tu sais, en amont, avant qu'ils
fassent du sport électronique, mais tout au
long de leur engagement aussi. Puis ces outils-là pourraient servir aussi pour
détecter des jeunes, pas e-sportifs, mais des jeunes joueurs de jeux
vidéo qui pourraient être à risque de développer des problèmes. Ce serait
important aussi d'offrir des formations aux écoles pour que les équipes-écoles
soient à l'aise d'ouvrir des discussions en ligne avec des jeux vidéo pour
potentiellement aussi, bien, détecter les jeunes qui pourraient être à risque.
Puis finalement, au-delà de la responsabilité
individuelle, qu'on parle des responsabilités des parents puis des
responsabilités des écoles, on peut juste terminer en se posant des questions
sur le rôle de l'industrie pour minimiser les risques associés aux jeux vidéo.
Je vous remercie pour votre temps.
• (15 h 10) •
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup, Dr Lemay. Si jamais vous avez un
résumé de votre intervention qu'on pourrait partager à tous les membres,
ce serait vraiment apprécié. Belle présentation. Merci.
Nous allons passer à la période d'échange. Donc,
on va débuter avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Cadet : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Lemay. Merci
beaucoup pour votre présence aujourd'hui. Je dis «monsieur», mais là je
dirais «docteur» Lemay, j'imagine? C'est bien ça. Alors, bonjour,
Dr Lemay. Merci. Je pense que mon collègue de Marquette se désole de ne
pas être avec nous aujourd'hui parce que la question des sports électroniques l'interpelle particulièrement. Donc,
je vais essayer de lui faire honneur aujourd'hui avec quelques
questions.
Si je saisis bien, donc, votre étude, donc, vous
dites, donc, vous... qui a été réalisée, donc, sur 67 garçons, je comprends que vous avez enlevé les filles de
l'échantillon, de quatrième et cinquième secondaire, et là, donc, vous
compariez, donc, un échantillon de garçons qui pratiquaient le sport
électronique à d'autres garçons qui, eux, ne... en fait, étaient aussi des
amateurs de jeux vidéo, si je comprends bien. Donc, ils étaient... ils avaient
aussi une pratique, là, de jeux vidéo à l'extérieur de l'école. C'est bien ça?
M. Lemay
(Antoine) : Exactement. Donc, c'est des jeunes qu'on avait...
des jeunes qui jouaient aux jeux vidéo étaient inscrits dans le
programme, qu'on a comparés à des jeunes qui, eux, ne faisaient pas de sports
électroniques, n'étaient pas dans le programme, mais que c'étaient des jeunes
qui jouaient aux jeux vidéo.
Mme
Cadet : Voilà. Donc là, donc, votre groupe de référence,
donc, ne... levait la main et disait : Nous... Moi aussi, je joue
aux jeux vidéo de façon générale.
Et là, donc, avec tout ce que vous nous avez
nommé... En fait, là, ce que vous nous dites, c'est qu'il n'y a pas
nécessairement de différence statistiquement significative entre ces deux
groupes-là. Mais est-ce qu'il y a eu une comparaison, puis c'était dans une
autre étude, avec les jeunes, donc, qui sont exposés aux jeux vidéo, que ce
soit dans le cadre scolaire ou à l'extérieur du cadre scolaire, et ceux qui,
bon, je dirais, du même âge, là, levant la main, disant : Moi, c'est... ça ne fait pas nécessairement partie,
là, de ma pratique de jouer aux jeux vidéo? Donc, est-ce que ces mesures-là...
est-ce que, ces données-là, vous les avez, notamment, donc, sur l'estime de
soi, la santé physique, les éléments que vous avez énumérés dans les résultats
de votre étude?
M. Lemay (Antoine) : Bien, en fait,
pour les études sur les e-sportifs, particulièrement, il y a très peu d'études
dans le monde qui considèrent toutes les caractéristiques qu'on avait, ces
caractéristiques psychologiques là. Les autres études vont beaucoup plus faire
référence, par exemple, au développement de compétences, à l'esprit d'équipe,
à... Des fois, c'est plus des études en... en neuro, justement, qui vont
regarder le nombre de mouvements. Mais il y a très peu d'études...
Il y a quelques études qui vont comparer, par
exemple, le taux de... d'utilisation à risque des jeux vidéo, mais pas d'étude
aussi détaillée qu'on a... Même si c'est, très humblement, un petit
échantillon, comme je le mentionne, très peu d'études vont parler d'estime de
soi, s'ils ont des diagnostics, qui vont s'intéresser plus à leur bien-être
puis aux caractéristiques psychologiques.
Mme
Cadet : D'accord. Puis justement, bien là, vous nous
invitez à... vous nous aviez... vous nous avez invités à vous poser des questions sur le 12 % qui y
voyaient un impact positif sur la santé physique. Donc, je suis curieuse.
Allez-y.
M. Lemay (Antoine) : Oui. Bien,
en fait, c'est un constat qui est intéressant, puisqu'on voit, il n'y a pas une
différence statistiquement significative ici. Donc, il y en a un, groupe, qui
va... les e-sportifs font 12... 10 heures par semaine versus
13 heures par semaine. Puis, lorsqu'on a approfondi les données, on voit
que, même si les e-sportifs n'ont pas, exemple, des loisirs hors ligne extrêmement
variés, bien, on voit qu'ils faisaient davantage... ce n'était pas une
différence encore significative, mais il y avait comme une proportion
intéressante qui respectait davantage les normes de santé physique qui étaient
recommandées. Donc, on pouvait lire, en espèce de sous-texte, que, bien, c'est
des jeunes qui ont été sensibilisés, au travers des activités de prévention, à
l'importance de respecter les normes puis qu'ils devaient également faire de
l'activité physique à chaque semaine pour être dans le programme.
Donc, en bout
de ligne, là, ce qu'on regardait, ils ne font pas plus d'activités physiques,
ils n'ont pas de... ils n'ont pas plus d'activités hors ligne, pardon,
ils n'ont pas des loisirs hors ligne très diversifiés, mais 25 % respectaient les normes de recommandation
d'activités physiques versus 16 % pour les joueurs de jeux vidéo non e-sportifs.
Ça fait qu'on trouvait qu'il y avait quelque
chose d'intéressant que, par les jeux vidéo, ils ont l'impression que ça
améliore leur santé physique, puis qu'on voit, peut-être, c'est par la
sensibilisation puis le fait qu'ils doivent faire du sport à travers le
programme.
Mme Cadet : O.K. Puis c'est sûr
que c'est difficile pour vous, donc, d'établir, donc, des liens de cause à
effet dans ce type d'études là. Mais est-ce que c'est un peu, tu sais,
qu'est-ce qui vous mène à dire : Bien, il faudrait que... si les écoles en
viennent à offrir ce type de programme là, qu'il faudrait qu'il soit très
encadré pour justement avoir ce type de prérequis là pour que les élèves
puissent y participer?
M. Lemay (Antoine) : Exactement.
Puis c'est important, quand on parle de l'encadrement que vous parlez ou que je
référais, d'avoir un encadrement qui était solide, puisque, bien, on pourrait
dire que l'effet protecteur du programme, on l'a capté quand même sans que ce
soit... ça ait été mesuré comme une intervention précise. Ça fait qu'on a vu
des différences entre un écran, toutes les différences qu'on a parlé, et ça,
c'était malgré le fait qu'il y avait de la prévention puis malgré le fait que
l'école a déployé plein de choses.
Donc, ce que ça nous dit, c'est que, si une
école veut déployer du sport électronique, bien, c'est vraiment nécessaire
qu'il y ait un encadrement, parce que ce qu'on observe déjà, c'est lorsqu'il y
en avait un... donc, quitte à bonifier l'encadrement ou la structure pour
soutenir les jeunes, justement.
Mme Cadet :
Est-ce que je peux poser deux questions, Mme la Présidente?
La Présidente
(Mme Dionne) : Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme Cadet :
Merci beaucoup. Vous avez dit... Là, vous avez terminé... Vous avez conclu
votre intervention en parlant du rôle de l'industrie pour minimiser les
risques. Donc, selon vous, quel devrait être ce rôle?
M. Lemay
(Antoine) : Bien, on peut penser le rôle de facilitateur ou
d'autogestion, par exemple, d'avoir des rappels qui sont faciles, de soutenir,
ou, sinon, ça pourrait être, comme d'autres acteurs ont dit avant, de soutenir pour que les parents puissent, eux aussi, encadrer
leurs jeunes. On peut penser aussi, peut-être, toujours aux mécaniques
un peu plus, on va dire, engageantes, ou parfois qu'on peut dire des mécaniques
prédatrices, qu'on peut penser aux «loot boxes»,
aux microtransactions, donc une forme d'encadrement que... enfin, que ça ne
repose pas juste... que le bien-être des jeunes ne repose pas juste sur
leur autogestion, les jeunes, les parents, mais qu'il y ait quand même une
industrie, qui vaut des millions de dollars, qui pousse pour que les jeux
soient engageants aussi.
Mme Cadet :
Puis là-dessus, finalement, moi, je ne m'y connais pas tant, mais en fait,
donc, les... Bon, vous avez parlé, donc, des montants qui sont investis par
année par les jeunes dans les «loot boxes», les «skins», puis vous avez donc
nommé, donc, les différences en montant entre ceux qui font le sport
électronique à l'école et les autres jeunes.
Mais, en fait, est-ce que ces sommes-là... Ces sommes-là ne sont pas investies
pendant la période d'encadrement à l'école, là. C'est vraiment dans leur
pratique de jeux vidéo, de façon générale, que les jeunes qui font du e-sport
vont les... vont faire ces dépenses-là, là. Ça, ça ne se fait pas à l'école.
M. Lemay (Antoine) : Non, c'est ça, c'est vraiment
de façon générale. Puis on rappelle qu'il y a un grand... bien, qu'il y a une grande variabilité dans les données.
Puis on peut penser, bien, si un jeune s'achetait un ordinateur à
2 000 $, probablement que l'année
d'après il va dépenser moins dans les jeux, mais ça fait des grandes
variabilités. Puis un jeune peut avoir dépensé 100 $ dans une
année, un jeune, 2 000 $. Ça fait que c'est pour ça qu'on a une
moyenne, mais qui est très... qui a un grand écart type, comme je disais, mais,
tout de même, la moyenne, c'est celle qu'on a rapportée.
Mme Cadet :
En conclusion, de mon côté... puis je sais que c'est une question difficile
pour un chercheur, puis avec ce que vous nous avez exposé, mais est-ce que, si
vous aviez à nous faire une recommandation à nous, là, comme législateurs,
est-ce que vous iriez empêcher les e-sports à l'école ou vous pouvez permettre
les e-sports dans les écoles, là, comme directive du ministère de l'Éducation?
M. Lemay
(Antoine) : Les données qu'on a nous engagent... nous encouragent à
être prudents. Le sport électronique est déjà présent à l'école. Puis, un peu
comme l'Association québécoise des neuropsychologues, qui passait hier, un peu
comme ils le suggéraient, bien, le fait de proposer, justement, un encadrement
à l'école, ça peut permettre un apprentissage puis peut-être une meilleure
autorégulation que si on laissait, justement, un peu plus ça aller dans le far
west, que les jeunes s'organisent par eux-mêmes. On peut penser que le
programme qu'on avait était parascolaire, qu'il y a plein d'initiatives
parascolaires puis que ça pourrait être une première étape pour regarder
comment les choses se passent avec un encadrement.
Il y a d'autres
modalités, comme, par exemple, des concentrations qui sont davantage, bien,
imbriquées dans le cursus scolaire, comme les concentrations sport-études, par
exemple, puis qu'il y a peut-être plus une vocation de développer des
cyberathlètes ou qui se... comme un engagement un peu plus intense qui semble
être demandé versus quelque chose de parascolaire.
Donc, plutôt que de proscrire ou de bannir, on
aurait tendance à garder ce qui est déjà là, de l'encadrer, d'être prudents puis de regarder ce qui se passe pour voir si...
justement, c'est quoi l'effet puis comment ça se développe chez les jeunes.
Mme Cadet : ...facteur de protection possible, là, si je vous
entends bien, aussi dans les programmes qui existent?
M. Lemay
(Antoine) : Potentiellement, oui.
Mme Cadet : Merci
beaucoup. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Dionne) : Moi, j'ai une drôle de question. C'est peut-être le terme
«sport électronique», il y a un gros débat là-dessus, ça ne peut pas être
encadré, légiféré comme du sport physique. Donc, je vous lance l'idée comme
ça : Est-ce qu'il y aurait peut-être moyen de changer d'appellation ou...
Tu sais, je pense que c'est ça aussi, à un moment donné, qui fait qu'on se
questionne, là, sur pourquoi on appelle ça du sport électronique.
M. Lemay
(Antoine) : Je vous dirais que c'est effectivement un grand débat puis
ça fait beaucoup de controverse. Puis on
peut même penser parfois que, bien, certains e-sports pouvaient être inclus
dans les Olympiques, qui faisait aussi couler beaucoup d'encre. Puis, je
vous dirais, le terme précis ou l'appellation dépasse quand même largement le but de notre étude aussi. Puis ce
n'est pas nécessairement la position personnelle de jouer sur la
sémantique, mais on a pris le terme qui existe, «e-sport», le «sport
électronique». Puis on peut voir aussi que, d'un autre côté, même sur les jeux
vidéo, c'est une discipline qui demande de l'entraînement puis qui demande une
rigueur, comme plein d'autres disciplines aussi. Donc, sans me positionner
trop, je n'ai pas une réponse précise pour ça.
La
Présidente (Mme Dionne) : Vous parliez de relation familiale,
dynamique familiale, tout à l'heure, les résultats de vos études. Est-ce que
vous pourriez nous en parler un petit peu plus, sur l'effet, justement, de la
dynamique familiale?
• (15 h 20) •
M. Lemay
(Antoine) : Oui. C'est intéressant parce qu'on n'a pas... c'est une
étude quantitative. Donc, on a demandé aux jeunes, puis ils nous ont donné sur
une échelle de 0 à 10, puis là on a fait nos analyses, donc. Mais ce qu'on
voit, c'est qu'il y avait 20 % des jeunes qui rapportaient des bienfaits
familiaux puis qu'il y a 25 % des jeunes qui rapportaient des méfaits
familiaux. Puis, lorsqu'on compare avec les autres jeunes, qui ne font pas de
sport électronique, il n'y a pas une différence significative, mais eux, c'est
35 % des jeunes qui rapportaient des méfaits. Donc, il n'y a pas une
différence entre les groupes, mais c'est intéressant quand même.
Puis on peut se poser
la question : Mais comment qu'on peut avoir ce double effet là? Puis
potentiellement, ce qu'on pourrait se dire... c'est une hypothèse, parce qu'on
n'a pas de lien de causalité, mais que peut-être, pour certains jeunes, le
programme, justement, vient faire un encadrement, peut-être que ça sécurise les
parents, ça permet d'ouvrir des discussions puis, pour certains jeunes,
peut-être que ça a réduit leur temps ou ça a vraiment encadré leur pratique,
puis ça a peut-être fait les bienfaits familiaux qu'on voit.
Puis, d'un autre
côté, bien, on peut penser que des jeunes qui sont investis encore plus, qui
ont dépensé plus, que ça n'a pas eu l'effet rassurant ou encadrant qu'on avait
escompté, puis ça augmente des tensions familiales qui pourraient peut-être
expliquer qu'on voit que, bien, il y a le quart qui a quand même des... qui
rapportent des méfaits. Mais ça demeure intéressant de voir que, pour les
joueurs de jeux vidéo qui ne font pas de sport électronique, 35 %
rapportent des méfaits familiaux quand même.
La Présidente (Mme
Dionne) : Intéressant comme statistiques, effectivement. Est-ce qu'il
y a d'autres intervenants? Oui, M. le député de Gaspé.
M.
Sainte-Croix : Merci, Mme la Présidente. Dr Lemay, c'est bien ça,
hein?
M. Lemay
(Antoine) : Oui.
M.
Sainte-Croix : Dr Lemay, vous dire, d'entrée de jeu que je partage
votre goût pour l'oeuvre picturale sur votre mur. C'est un paysage que je
connais bien. C'est chez nous.
Des voix : Ha,
ha, ha!
M.
Sainte-Croix : Blague à part, moi, j'aimerais qu'on revienne sur
l'idée du... comparer les joueurs de loisir, disons ça comme ça, à ceux qui
sont dans un programme. Tu sais, est-ce qu'on doit comprendre qu'il n'y a pas
tant de comportements qui diffèrent, il n'y a pas tant d'enjeux autour de ces
jeunes-là qui diffèrent, autant familiaux qu'intersocial aussi? Mais il n'en
demeure pas moins que la motivation derrière la chose, là, est-ce qu'on est
dans les mêmes paramètres ou... Tu sais, comment les jeunes abordent l'idée que
ça, ça devienne une préoccupation, je le dis comme ça pour les fins de la
discussion, là, tu sais, scolaire versus ceux qui arrivent chez eux, qui
s'installent devant leur truc puis qui s'amusent? Voyez-vous une différence au
regard de la posture des jeunes?
M. Lemay
(Antoine) : Bien, dans notre étude, on a utilisé une échelle de motivation
puis on n'a pas vraiment détecté de différence de motivation. Mais, lorsqu'on
va dans d'autres études, on voit qu'il y a davantage de motivation de
compétition, de développer des... leur talent de joueur, par exemple. Puis on
pourrait penser que, bien, pour certains jeunes, bien, peut-être que les jeux
vidéo, ça constitue une passion aussi. Puis c'est intéressant que... bien, on
peut penser que la dépendance, c'est un continuum. Donc, on a les feux verts,
que c'est une utilisation qui s'inscrit dans leur vie, qu'ils n'ont pas
vraiment de conséquence; les feux jaunes, qui commencent à développer des
méfaits; les oranges, que ça commence, la soupe devient chaude; puis on a les
feux rouges, que, là, c'est vraiment l'expression la plus sévère, ça va être des
jeunes qui sont dépendants.
Puis on pourrait
imaginer, en dessous, qu'il y a un autre continuum, ça pourrait être un
continuum de la passion, un concept développé par Dr Vallerand, à l'UQAM,
justement, qu'on salue, le concept de passion, où est-ce que, d'un côté, on a
une passion qui serait harmonieuse puis, de l'autre côté, on a une passion qui
pourrait être obsessive aussi. Puis on voit que la passion harmonieuse, ça
s'inscrit positivement dans notre vie, c'est en lien avec notre développement,
puis on a comme une relation flexible avec l'activité. Puis, de l'autre côté,
on a la passion obsessive, qui est davantage associée, par exemple, à la
dépendance, des symptômes dépressifs, puis on a comme un engagement plus rigide
puis de la difficulté à se dégager de l'activité.
Donc,
sans dire que c'est un continuum ou l'autre, c'est quand même intéressant de
voir que... penser qu'il y a un continuum de méfaits. Puis peut-être que
si c'est une passion chez les jeunes, qu'ils ont toujours aimé les jeux vidéo,
ils ont joué aux jeux vidéo, qu'ils ne trouvent peut-être pas leur compte dans
des activités plus traditionnelles puis qu'ils ont peut-être plus une facilité
avec les écrans, d'utiliser cette passion-là pour la protéger puis justement,
bien, peut-être l'encadrer puis amener peut-être un certain développement
personnel, comme le développement, on pourrait dire, des compétences... les
«soft skills», comme le leadership, la communication ou d'autres choses.
Donc, un peu comme on
disait, proscrire ou pas, ce serait plutôt... plutôt que de jeter avec... le
bain avec... le bébé dans l'eau du bain, bien, plutôt regarder qu'est-ce qu'on
a, comment qu'on peut l'encadrer puis comment est-ce qu'on peut réduire les
méfaits, protéger les jeunes puis essayer de favoriser leur développement.
La
Présidente (Mme Dionne) : Mme la députée de Châteauguay.
Mme Gendron :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bonjour, Dr Lemay. Merci de nous
envoyer sur cette piste-là. Vous avez aussi... Vous venez tout juste d'aborder
l'encadrement. Moi, je voudrais savoir, j'ai quelques questions en lien avec
ça, là, l'étude que vous avez faite, les plus jeunes joueurs avaient quel âge
environ?
M. Lemay (Antoine) : La moyenne d'âge était
très, très proche de 16 ans. Donc, on peut penser que c'était comme du un peu avant 16 ans à à peine 17 ans, à peu
près. C'est vraiment l'âge des jeunes de quatrième, cinquième
secondaire.
Mme Gendron :
O.K. Donc, on sait quand même que, le e-sport, certains plus jeunes le
débutent vraiment, là, même au primaire. On sait qu'il y a des... il y a des
plateformes, il y a des simulateurs de moto de course ou même de F1. Ma
question est qu'ils acquièrent des habiletés, ces jeunes-là, rapidité,
dextérité... bon, ils acquièrent certaines habiletés. Est-ce que vous
recommanderiez, cependant, d'avoir un âge minimum pour commencer à faire ce
type de sport, bien, ce n'est pas un... en tout cas, ce type d'activité là?
M. Lemay
(Antoine) : Bien, l'idée d'avoir un âge minimum pourrait être
intéressante. Puis je me base aussi un peu sur la présentation des...
l'association des neuropsychologues, d'ailleurs. Donc, on sait, plus qu'on est
jeune, ça semble affecter la plasticité du cerveau, mais qu'à partir d'un
certain âge — on
pourrait penser au secondaire, par exemple — que ça semble plus approprié
puis avoir moins de méfaits importants, le fait de proposer des jeux vidéo.
Mme Gendron :
Est-ce que... On le sait, on l'entend, bien avant 16 ans, justement,
certains jeunes font des simulateurs, puis je le sais que certains qui coursent
font des simulateurs, encore une fois, de F1 puis de moto. Eux, ils acquièrent,
justement, ces habiletés-là étant jeunes. Est-ce que le fait d'être dans un
monde virtuel versus un monde réel fait une différence sur ces habiletés-là,
d'après vous?
M. Lemay
(Antoine) : Ça dépasse... C'est une excellente question, mais qui dépasse
largement les données de notre étude, par
exemple. Ce serait davantage peut-être des études en neurologie, justement, qui
pourraient nous aider.
Mais, si on pense à
l'âge minimal, tu sais, je faisais référence plus tôt au secondaire, qui semble
faire plus de sens pour encadrer, où est-ce qu'il y a davantage de
parascolaires, puis... que ça existe, ça semble faire plus de sens, puis on
peut penser... c'est aussi, là, que ça n'existe puis que c'est déjà présent.
Donc, le prendre où est-ce que ça l'est, ça pourrait faire du sens de le
prendre au secondaire, par exemple, pour proposer un encadrement parascolaire
qui n'interfère pas trop avec la sphère académique, mais qui serait plus en
background, que le but, ce ne soit pas non plus... en ayant le parascolaire en
tête, on pourrait dire que le but, ce n'est pas non plus de développer le
prochain champion canadien d'e-sportif qui va devenir millionnaire à
l'international, mais que c'est comme une activité en background dans le
parcours des jeunes parce qu'ils trouvent ça agréable.
Puis d'ailleurs,
dans... Je n'ai pas présenté ces données-là, mais lorsqu'on a demandé aux
jeunes : Est-ce que vous voulez continuer à faire du sport électronique de
façon professionnelle ou semi-professionnelle, il y a à peu près une douzaine,
une quinzaine de pourcent des jeunes qui disaient oui, puis il y avait un
pourcentage des jeunes qui n'allait pas nécessairement continuer, puis la
majorité disait : Je vais continuer de façon amateur. Donc, on sent que
c'est... ce n'est pas nécessairement un désir de : Je veux devenir le
prochain champion, mais c'est une activité que j'aime, qui s'inscrit dans mon
parcours scolaire.
Mme Gendron :
Merci, Dr Lemay, pour votre contribution à cette commission.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Je passe maintenant la parole à M. le député de
Jonquière.
M. Gagnon : Bonjour,
docteur. Je vais vers une question, puis sentez-vous très à l'aise, là,
peut-être que ça dépasse, là, ce en quoi, là, vous avez mis vos efforts pour
les études. Et je m'adresse peut-être plus au docteur sur le terrain, là, la
belle expertise que vous avez eue de côtoyer, de rassembler toutes ces
données-là. C'est intéressant, aujourd'hui, parce que vous venez faire la
démonstration que le sport électronique encadré vient un peu défaire ce qu'on a
entendu, c'est-à-dire le sport électronique encadré est assurément peut-être
plus que cinq heures par jour d'électronique, ce qu'on a entendu.
Est-ce que le docteur
sur le terrain serait en mesure de dire que ces joueurs-là font plus
d'embonpoint, portent plus de lunettes? Est-ce que vous avez vu une
augmentation de la médication? Est-ce que vous avez vu des jeunes qui regardent
moins dans les yeux? Est-ce que vous avez vu des jeunes qui sont plus sur les
antidépresseurs? Bref, le docteur sur le terrain est-tu capable de dire... de
nous documenter là-dessus? Parce que les dernières heures nous ont sensibilisés
à... aux méfaits que je viens de dire, comme l'embonpoint ou le port de
lunettes, mais vous, vous semblez dire : Bien, écoutez, quand on encadre,
on voit des choses qui peut-être ne sont pas vraiment toujours ce qu'on entend.
Ça fait que je voulais un peu vous entendre là-dessus, docteur.
• (15 h 30) •
M. Lemay
(Antoine) : Ces observations, je ne l'ai pas fait... je ne les ai pas
faites en clinique, si on parle d'embonpoint. Les observations cliniques que je
pourrais partager, en toute confidentialité, évidemment, ce serait davantage
peut-être des difficultés familiales, donc des jeunes qui viennent chercher de
l'aide parce qu'il y a soit une pression des parents, ou
parce qu'eux-mêmes réalisent qu'ils ne sont pas vraiment satisfaits de
l'ambiance, ou que c'est comme... ça prend
trop de place. C'est à ce moment-là que l'encadrement peut devenir intéressant
puis ça pourrait devenir, justement, une belle porte pour, bien,
potentialiser des bienfaits familiaux qu'on a peut-être détectés, qu'on n'a pas
de lien de causalité, évidemment. Puis on pourrait penser, justement, à
développer des stratégies pour, on va dire, favoriser la fluidité dans les
relations familiales.
Tu sais, un exemple
qu'on pourrait... que j'ai utilisé, c'est, par exemple, de... en comprenant
bien les jeux. Si le parent comprend bien les jeux puis que le jeune, bien...
On peut penser, là, à
la notion de point d'arrêt. Un point de conflit que j'entendais dans les
familles, c'était, par exemple, l'heure du souper. On va appeler un jeune une
fois, deux fois, trois fois, quatre fois, il ne descend pas de sa chambre, il
joue à l'ordi, puis là, quand il descend, bien, il y a comme une tension,
personne n'est content puis... Mais, en fait, le jeune n'est pas plus satisfait
de cette situation-là, là. Le parent n'est pas plus satisfait. Il n'y a
personne qui gagne dans une situation comme ça.
L'exemple de point
d'arrêt, quand on peut autonomiser un peu le jeune, c'est de se dire :
Bien, on sait que les parties durent un certain moment de temps. Si je le sais
que c'est à quelle heure qu'on mange, puis il y a comme un genre de collaboration,
que le parent peut avertir que c'est à peu près à telle heure, bien, on peut
plus facilement éviter que... tu sais, de commencer une partie 10 minutes
avant de manger, puis de se faire appeler pour manger, où est-ce que, là, c'est difficile, arrêter, parce je
suis avec huit amis puis que, si je débarque, ça gâche la partie, par
exemple.
Ou, en considérant
les points d'arrêt, ça pourrait être de... bien, si, moi, ça fait deux semaines
que j'ai prévu, exemple, le dimanche, une après-midi de gaming avec des amis,
bien, si moi, je suis à la maison, je peux avoir l'air disponible parce que je
suis là puis je suis en train de jouer à des jeux vidéo. Ça fait que, si mon
parent arrive puis il me dit : J'ai besoin de toi, on s'en va repeinturer
le garage, bien, évidemment, je ne peux pas arrêter là, c'est comme si j'étais
parti au parc avec des amis.
Donc,
il y a comme une communication familiale qu'on peut augmenter. Puis ça semble
très simple dit comme ça, mais, une fois qu'on commence à l'intégrer
puis à l'adhérer, ce qu'on voit, c'est qu'il y a comme un soulagement familial
qu'un peu automatiquement il y a juste moins de tension puis les gens semblent
plus satisfaits, par exemple.
M. Gagnon : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Très
intéressant. Merci, M. le député. Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Oui.
Merci de nouveau. Puisque nous avons un peu de temps, Dr Lemay, je veux revenir
sur les données sur la faible estime de soi, parce que, tantôt, comme on
disait, tu sais, au niveau de votre, donc, groupe d'études, votre groupe de
référence, donc, on avait quand même que des jeunes qui... qui avaient quand
même une forte présence de temps d'écran. On parlait de 50 heures de temps
d'écran par semaine pour ceux pratiquant le e-sport et 32 heures, de
mémoire, bien, en fait de ce que j'avais noté, là, pour les autres ici, puis ce
qui est quand même énorme. Et là je me demandais, tu sais, au niveau...
Évidemment, c'est sûr que, là, vous l'avez dit, là, c'est difficile de savoir... vous n'êtes pas en mesure, nécessairement, de faire des liens de cause à effet parce que ça se peut qu'il y
ait une présélection aussi des jeunes sur la
donnée de la faible estime de soi, mais des autres études que vous
connaissez... parce que je pense que c'est des éléments qu'on a entendus, hein,
ici, et même, donc, dans différents mémoires, qu'il y avait un lien à faire, donc, entre la surexposition aux écrans,
notamment par le biais des jeux vidéo, et que notamment... donc, les
jeunes qui en consommaient beaucoup, là, mais qui pratiquaient beaucoup les
jeux vidéo, qu'il y avait un certain lien de corrélation à faire avec la faible
estime de soi. Donc, je veux juste savoir comment est-ce que vous avez traité
cette donnée-là, comment vous l'interprétez, considérant l'échantillon que vous
aviez, et quelles sont les autres études aussi dans... sur le milieu, là, sur
le sujet.
M. Lemay (Antoine) : Premièrement,
comment on interprétait ça, initialement, on était un petit peu surpris de
60 % d'une faible ou très faible... On trouvait que c'était beaucoup, un
peu la même chose pour la proportion de gens qui avaient un diagnostic. Au
départ, on était un petit peu surpris. Mais en voyant que ce n'était pas
différent, c'est là que ça nous a amenés à se dire : Bien, on se concentre
beaucoup sur les e-sportifs, mais il ne faudrait pas oublier les joueurs de
jeux vidéo. Donc, c'est un profil de jeunes qui aiment passer du temps devant
les écrans, c'est une activité devant les écrans. Puis il ne faudrait pas
oublier que, bien, oui, on parle beaucoup d'e-sportifs, mais que les autres
jeunes aussi, c'est comme un ensemble de groupes... un ensemble, pardon, de
jeunes qui semblent avoir certaines difficultés, des problèmes d'estime.
Il y a d'autres études qui parlent davantage
que... bien, les jeunes joueurs de jeux vidéo ont davantage, par exemple, d'anxiété
sociale. Ça fait qu'on voit... il se passe quelque chose et que ce n'est pas
seulement juste chez les e-sportifs. Donc, ça amène l'importance de dire :
Bien, n'oublions pas les autres joueurs de jeux vidéo aussi, qui sont dans
l'école aussi, qui pourraient être accessibles, pour qu'on puisse... bien,
peut-être pas encadrer avec une structure aussi encadrante qu'un programme de
sports électroniques, mais qu'on pourrait potentiellement offrir du soutien
quand même à ces jeunes-là.
Mme Cadet : Bien,
ça m'amène à jouer à l'avocat du diable ici, là, c'est-à-dire, bien, justement,
puisqu'il n'y a pas de différence statistiquement significative entre
ceux qui jouent à l'école de façon encadrée et ceux qui jouent à l'extérieur, est-ce qu'il y a vraiment une plus-value à avoir
le programme, malgré les différents encadrements, donc, qui existent sur, par exemple, le fait qu'ils soient beaucoup
plus sensibilisés aux méfaits? On voit la différence au niveau du pourcentage
de jeunes qui comprennent que ça a un impact sur, bon, les relations
familiales, le sommeil, et, bon, les autres aspects de leur vie, et peut-être
même les interactions avec leurs résultats scolaires. Tu sais, c'est quoi, la
plus-value, en fait, d'avoir le programme dans ce cadre-là, si ça n'a pas
vraiment tant de différence que ça sur, par exemple, l'estime de soi?
M. Lemay (Antoine) : C'est
intéressant comme question, puis je reviendrais sur le fait que cette première
étude là, c'est des premiers constats, mais aussi qu'il y a des limites
importantes, comme, par exemple, le fait d'avoir un petit échantillon, ça amène
une faible puissance statistique. Donc, c'est une difficulté de voir,
peut-être, des différences quand il y en a. Donc, si on revient avec l'étude du
Dre Dufour, qu'elle réalise en ce moment, peut-être qu'on serait à même de
voir qu'il y a plus de changements ou s'il y a des différences, s'il y en a.
Donc, c'est là que ça peut être intéressant de continuer, avec une certaine
prudence, parce que, de façon logique, ça plaît quand même à l'esprit de se dire... puis on sait qu'il y a des
bénéfices aux jeux vidéo puis ça peut, d'une certaine façon, aider l'estime
que... des jeunes qui n'ont pas vraiment
d'accomplissement ailleurs, que, bien, ils développent des relations au travers
les jeux.
Puis, lorsqu'on parle de sports électroniques,
c'est davantage... c'est moins virtuel et en personne, puisqu'on est en équipe,
on fait des pratiques, donc il y a quelque chose qui se passe. Donc, si on ne
l'a pas capté, peut-être qu'on se dit que
c'est une limite de l'étude, mais on pourrait réfléchir comment on peut
potentialiser ça pour justement, peut-être, favoriser le fait que...
bien, que ça aide leur estime de soi, justement, en accomplissant des choses.
Puis plutôt que de passer du temps à jouer à la maison, on pourrait passer...
Si moi, je suis un fan de hockey puis, pour m'améliorer, je tire sur ma porte
de garage, là, 40 heures par semaine, bien, ce ne sera pas le même effet
que si je suis dans un programme, par exemple, à l'école, avec d'autres jeunes
qui font la même activité.
Donc, on pourrait... Ce n'est pas extrêmement
basé sur les données, ce que je dis en ce moment, mais ça plaît à l'esprit de
se dire que ça pourrait avoir le potentiel d'avoir des bénéfices aussi, si
c'est bien encadré, puis qu'on essaie de potentialiser ça, même si on n'a pas
encore vu de différence.
Mme Cadet : Est-ce
que... parce que vous avez parlé de passions, puis là vous donnez, donc, ces
exemples-là, donc, des potentiels bienfaits. Est-ce qu'il y a des études
sur les... la corrélation entre la pratique du e-sport puis la persévérance
scolaire?
M. Lemay (Antoine) : Pas à ma
connaissance, pas à ma connaissance. Ça a été... Initialement, les premiers programmes de sports électroniques ont été
développés avec cette optique-là, de raccrocher des jeunes qui,
justement, soit trouvaient moins leur compte à l'école, décrochaient ou, même,
pour certains jeunes qui avaient décroché, qui souhaitaient revenir à l'école
parce qu'il y avait un programme. Donc, c'est un peu ça, mais on n'a pas
d'étude qui nous montre directement ces chiffres-là. C'est un peu... peut-être
un peu plus anecdotique, ce qu'on a, quelque chose qui plaît à l'esprit, mais
on n'a pas de données ou d'études à cet effet-là.
Mme Cadet : Puis
je reviens au postulat de départ, parce que vous dites, donc, que vous avez
enlevé les filles de l'échantillon
pour s'assurer, donc, de ne pas biaiser les résultats. Donc, quelles auraient
été, donc, les... ces différences-là, en fait, là, au niveau du genre, là, que vous dites : Ah! bien, nous,
on ne veut pas que ça fausse les résultats qu'on va avoir, si on a,
donc, des filles de 16 ans dans notre échantillon?
M. Lemay
(Antoine) : En fait, on avait si peu de filles qu'on n'a pas pu former
un groupe. En fait, on ne pouvait pas réaliser d'analyse puisqu'il n'y en avait
pas assez. Donc, par exemple, dans... Je reviens avec l'étude du Dre Dufour,
que j'ai coordonnée pendant un moment. On avait, justement, ce souci-là,
vraiment important, d'inclure, bien, le plus possible de filles puis de pouvoir
les rencontrer, pas juste... comme, notre étude, c'est quantitatif, donc c'est
des questionnaires... mais de pouvoir faire des rencontres, des entretiens avec
les jeunes puis de parler qu'est-ce que ça apporte dans leur vie. Puis en ayant
davantage de filles, bien là, on pourrait peut-être être en mesure de mieux
comprendre s'il y a des différences de genre, mais, dans notre étude, on avait
si peu de filles qu'on n'a pas pu faire d'analyse du tout.
Mme Cadet : Donc, si je comprends bien, donc, il y a tellement
peu de filles qu'en fait, là, vous ignorez s'il y a des... s'il y a même des différences de genre qui existent, là. Là,
vous ne l'avez juste pas... Là, ici, vous les avez enlevées des
échantillons, mais, de façon générale, dans les études que vous faites, dont
celle avec Dre Dufour, que vous mentionnez... c'est tellement une difficulté,
donc, de trouver des filles pour remplir l'échantillon qu'on n'a toujours pas de données sur les différences statistiques qui
pourraient exister entre garçons et filles, au niveau des programmes de
sports électroniques.
M. Lemay
(Antoine) : Exactement, encore plus que notre étude... mon étude à moi
était dans un seul milieu. Donc, on sait qu'il n'y a pas beaucoup de filles qui
font... beaucoup moins de filles qui font du sport électronique. En étant dans
seulement un milieu, on n'avait pas accès à l'ensemble des filles, au Québec,
qui pourraient faire du sport électronique, qui pourrait permettre de former un
groupe. Donc, c'est une limite qu'on a eue, malheureusement.
• (15 h 40) •
Mme Cadet : D'accord.
Puis est-ce que vous avez une idée de... des potentielles différences? Est-ce
que vous avez émis des hypothèses sur les potentielles différences
garçons-filles qui pourraient exister?
M.
Lemay (Antoine) : Ça dépasse les données, malheureusement.
Mme Cadet : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme
Dionne) : Je ne sais pas aussi si on a des données, mais au niveau des
jeunes qui ont plus de misère à socialiser, est-ce qu'il y a eu des impacts
aussi sur le sport électronique? Est-ce qu'on a... est-ce qu'il y a des études
qui se sont penchées sur la question pour les jeunes qui ont plus de difficulté
à socialiser puis que justement, par le sport électronique, vont, justement,
pouvoir se faire des amis virtuels, comme on dit? Mais est-ce que ça a un
impact sur ce phénomène-là?
M. Lemay
(Antoine) : Puis on voit que... Mais certaines études sur les
motivations avaient, justement, dans la littérature, la compétition, puis il y
avait un aspect de socialisation aussi. Dans nos résultats, on voit... je n'ai
pas donné la statistique tout à l'heure, mais c'est quand même 75 % des
jeunes sportifs qui rapportaient des bienfaits au niveau social. Donc, ce n'était
pas une différence significative, c'était environ 65 % pour leurs
collègues, donc 10 % plus, ce n'était pas significatif. Mais quand on voit
que 75 % ou 65 % des jeunes voient des bénéfices sociaux, ça peut...
ça devient quand même intéressant.
Puis particulièrement...
Je reviens avec le sport électronique. Plutôt que de jouer à la maison, bien,
on peut se poser la question si... À la maison, c'est peut-être plus des
relations qu'on pourrait avoir, justement, virtuelles ou qu'on poursuit des relations de la vraie vie
virtuellement, mais lorsqu'on parle de sports électroniques, oui, il peut y
avoir des pratiques en ligne, mais on se regroupe en tant qu'équipe puis on
peut penser qu'il y a peut-être plus des bienfaits sociaux qui peuvent se
passer, oui.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Il reste un petit peu moins de deux minutes. Est-ce
que j'ai des collègues qui ont des questions supplémentaires à poser? Alors,
merci beaucoup, Dr Lemay. Ça a été très intéressant. Merci pour votre
contribution à ces travaux.
Alors,
pour ma part, je vais suspendre quelques instants pour accueillir nos prochains
témoins. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
15 h 42)
(Reprise à 15 h 50)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, je souhaite maintenant
la bienvenue aux Dres Conrod et Ouellet-Morin. Donc, merci beaucoup d'être avec
nous. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour nous faire part de
votre exposé, et, par la suite, on va procéder à la période de questions avec
l'ensemble des membres de la commission. Donc, la parole est à vous.
Mmes Patricia Conrod et Isabelle Ouellet-Morin
Mme Conrod
(Patricia) : Merci beaucoup. Alors, je suis Patricia Conrod,
professeure au Département de psychiatrie et addictologie à l'Université de
Montréal. Je suis psychologue clinicienne et chercheuse sur les facteurs de
risque des problèmes de santé mentale et de toxicomanie à l'adolescence. Je
résumerais brièvement les résultats de six
études menées entre 2012 et 2024 qui ont tenté de comprendre l'impact des
nouvelles technologies numériques sur la santé mentale des adolescents.
Je vais essayer de vous présenter cela dans cinq minutes pour pouvoir ensuite
partager mes 10 minutes avec mon collègue, Dre Ouellet-Morin, qui va ensuite
présenter une très... une importante étude qu'elle a menée récemment aussi.
Alors, selon les...
J'avance avec les diapositives. Est-ce que ça fonctionne? Voilà. Selon six
études publiées par mon équipe de recherche,
l'utilisation accrue des médias numériques par les adolescents est associée à
des changements dans leurs comportements et symptômes de santé mentale.
Les études ont utilisé les données d'une grande cohorte de
3 800 adolescents, provenant de 31 écoles secondaires de la
grande région de Montréal, suivies annuellement, sur une période de cinq ans,
de la première année à la cinquième année secondaire, entre les
années 2012 et 2018.
Grâce à une
modélisation... pardon, statistique longitudinale, cette recherche montre
que... Alors, c'est une modélisation un peu
compliquée, mais l'idée ici, c'est de non seulement comparer les jeunes qui
utilisent les écrans plus fréquemment
comparés à d'autres, mais d'analyser les trajectoires à l'intérieur d'un
individu pour comprendre, si le jeune augmente
leur utilisation, est-ce que nous voyons un impact sur leur santé mentale à
l'intérieur de leur propre trajectoire. Et grâce à ce type de
modélisation, cette recherche démontre qu'une plus grande utilisation des
médias sociaux, des jeux vidéo et des
activités informatiques est associée à une augmentation, à court terme, des
comportements agressifs.
L'utilisation des
médias sociaux montre, en outre, une association durable avec les comportements
antisociaux, tels que les problèmes de conduite, tandis que le temps passé
devant la télévision était associé à la promotion des comportements prosociaux
et avec une diminution des pensées hostiles au fil du temps. Sur la base de ces
résultats, nous avons proposé que le contenu numérique révisé par les
éditoriaux, comme le contenu télévisuel, peut avoir un effet protecteur sur les
comportements agressifs des jeunes, comparé à des médias créés par des pairs,
comme ce que les jeunes voient sur les médias sociaux.
Une deuxième étude,
publiée dans la revue Scientific Reports, montre comment le temps passé
devant un écran est lié aux symptômes de TDAH ou des troubles d'inattention
chez les jeunes tout au long de l'adolescence. Mon équipe
a découvert une relation importante entre l'utilisation des médias sociaux, la
télévision et les jeux vidéo et les symptômes de TDAH, expliquée, en outre, par
une augmentation de comportements impulsifs et une réduction des fonctions
cognitives. Cela signifie que ces types de temps passés devant un écran rendent
les adolescents plus impulsifs et augmentent, par conséquent, les symptômes de
TDAH. Il est intéressant de noter que cette relation ne perdure dans le temps
que dans le cas de l'utilisation des médias sociaux, ce qui met en évidence une
influence durable sur le comportement et les
attitudes des adolescents. Cette relation entre l'utilisation des médias
sociaux et les symptômes de TDAH a
été expliquée par un impact des médias sociaux sur certains processus
cognitifs, particulièrement la désinhibition cognitive. Par contre, les
actes agressifs étaient médiés par le développement des pensées hostiles.
Une troisième étude,
axée sur la dépression, a également révélé des liens étroits entre le temps
passé devant les écrans et les symptômes
dépressifs chez les adolescents. Cependant, cette étude a également démontré
que l'utilisation des médias sociaux était plus étroitement liée à
l'augmentation des symptômes dépressifs et qu'une telle relation ne pouvait pas
être expliquée par le temps passé par un jeune à s'engager dans les activités
parascolaires ou une activité physique. Ça veut dire que cette étude a révélé
que les effets des médias sociaux sur les symptômes dépressifs s'expliquaient
par l'impact des médias sociaux sur l'image de soi et l'estime de soi déjà, et
aussi par des spirales de renforcement que nous voyons dans certaines
plateformes de médias sociaux.
J'avance
rapidement. Une quatrième étude, axée sur l'augmentation des symptômes de
troubles d'alimentation, a aussi démontré une relation similaire entre
l'utilisation des médias sociaux et ce type de symptômes, qui s'expliquait
également par l'impact des médias sociaux sur l'estime de soi des adolescents.
Et finalement, deux
études supplémentaires ont examiné les relations entre le temps passé devant un
écran et la consommation des substances chez
les jeunes. La consommation d'alcool par les mineurs et la fréquence de
consommation d'alcool étaient prédites par le temps passé à regarder la
télévision et sur les plateformes de médias sociaux,
mais pas par le temps passé à jouer des jeux vidéo. Ces résultats similaires
ont... pardon, des résultats similaires ont été démontrés pour la consommation de cannabis. Ces relations
significatives ont été expliquées par la façon dont ces types de médias
ont augmenté les normes sociales pour la consommation d'alcool et de drogues
chez les adolescents.
En
somme, ces résultats... pardon, voilà... en somme, ces résultats suggèrent que
différentes formes de temps passé devant
un écran ont un impact sur la santé mentale des jeunes, par le biais de
processus cognitifs uniques. L'utilisation des médias sociaux semble
être systématiquement liée à une mauvaise santé mentale chez les adolescents,
tandis que d'autres formes de médias numériques n'ont aucun effet, ont des
effets moindres ou bien des effets bénéfiques sur la santé mentale des
adolescents.
Nos
recherches suggèrent que les médias sociaux ont un impact sur la santé mentale
des jeunes en promouvant des normes sociales irréalistes et néfastes et
en interférant potentiellement avec le développement de quelques processus
neuropsychologiques clés, impliquant particulièrement le contrôle cognitif.
Bien que nos recherches n'étaient pas... pardon,
bien que nos recherches n'aient pas pu relier directement ces effets à des
caractéristiques spécifiques des médias sociaux, nous... soupçonne que
le fait que ces médias sociaux favorisent le contenu généré par les pairs, qui
ne sont... qui ne disposent pas d'une limite d'âge appropriée et d'un contrôle
éditorial connexe, et qui soient... bref, et générés de manière algorithmique,
pourrait expliquer pourquoi les médias sociaux ont un impact plus néfaste sur
la santé mentale des adolescents que d'autres formes de médias numériques.
Je vais rapidement
avancer à quelques recommandations, mais je veux absolument souligner
l'importance de mettre davantage l'accent
sur les droits des enfants dans l'environnement numérique. Il est essentiel que
le gouvernement impose à l'industrie des normes plus élevées en matière
de conception de ces plateformes, de paramètres par défaut, de protection de
données, de transparence en ce qui concerne spécifiquement les enfants. Le
gouvernement doit également évaluer et atténuer, de manière proactive, des
risques pour les enfants si la plateforme est susceptible d'être utilisée par
les enfants. Je renvoie le comité à l'étude de l'organisation Children and
Screens, qui décrit bon nombre de
changements mis en oeuvre au Royaume-Uni, en Europe et en Australie, qui ont
conduit ces environnements numériques plus sûrs pour les enfants dans
ces juridictions.
Et je veux aussi
souligner que, de plus en plus, les jeunes sont initiés aux plateformes de
médias sociaux en lien avec leurs activités dans différentes activités
scolaires ou bien parascolaires, et il faut absolument donner des directives à
des différentes associations et organisations pour ne pas promouvoir ce type
d'engagement avec les médias sociaux, en ce moment, avant qu'ils sont rendus
plus sûrs pour les jeunes.
Je vais arrêter.
J'ai... je vous ai partagé plusieurs autres recommandations. J'ajoute une
sixième : finalement, compte tenu de l'impact démontré des nouvelles
plateformes de médias numériques sur la santé mentale des jeunes, des
programmes de prévention et d'intervention précoce en santé mentale, fondés sur
les données probantes, devraient être davantage accessibles aux enfants et aux
adolescents au Québec.
Maintenant, je
partage le micro avec ma collègue la Dre Ouellet-Morin, qui va ensuite
élaborer sur ce sujet. Merci beaucoup.
• (16 heures) •
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Merci, Dre Conrod. Bonjour à tous et à toutes. Je
n'ai pas... je ne présente pas avec des diapositives, bien qu'elles soient
déposées dans les documents que vous avez reçus. Alors, vous pourriez suivre en
parallèle ces diapositives et ses appuis visuels, si vous le souhaitez.
La Présidente
(Mme Dionne) : Dre Ouellet-Morin, je vais juste consulter
les membres, parce que, dans le fond, le
10 minutes est complété. Alors, si les membres... Est-ce que vous
souhaitez poursuivre avec Dre Ouellet-Morin puis on pose les
questions par la suite? Ou...
Des
voix : ...
La Présidente
(Mme Dionne) : Rapidement? O.K. Donc, rapidement, peut-être, puis
on va passer à la période de questions, parce que je pense qu'il y a beaucoup
de questions que les membres souhaitent vous adresser.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Oui. Bien, j'avais préparé cinq minutes. Alors, je vais
essayer d'y aller, somme toute, rapidement pour pouvoir échanger par la suite.
Alors, je suis professeure à l'Université de Montréal et j'aimerais vous
présenter les résultats préliminaires de la consultation provinciale Unis pour
l'école : Ma voix, Notre impact, que
nous avons menée, au printemps 2024, en collaboration avec
22 organismes et regroupements provinciaux en éducation. Plusieurs personnes et organismes sont
venus témoigner à la commission pour décrire les impacts potentiellement
négatifs que pouvait avoir l'exposition aux écrans et aux médias sociaux, et
c'est une démarche indispensable pour prendre des décisions éclairées. Dans
notre consultation, nous avons voulu initier une démarche collaborative sur les
solutions concrètes pour répondre aux enjeux prioritaires en éducation. Dans
cette consultation, près de 5 000 participants, parents et
intervenants scolaires de toutes les régions du Québec ont, chacun, consacré
environ 30 minutes à faire cette participation. En seulement deux semaines,
22 546 stratégies ont été soumises.
Parmi une liste de 56
enjeux en éducation, l'impact négatif des écrans s'est imposé comme la priorité
numéro un. En effet, près d'un participant sur cinq a sélectionné cet enjeu
comme étant... nécessitant une action immédiate. Les participants ont proposé 991 stratégies en regard de l'impact
négatif des écrans. Aidée de l'intelligence artificielle, notre équipe a
sélectionné 45 stratégies les plus représentatives. Ensuite,
195 autres participants ont regroupé ces 45 stratégies selon leur
similarité. Ce travail a mené à la création de quatre groupes de stratégies,
soit les règles, la gestion et la légifération des écrans, l'hygiène
numérique et les loisirs, la sensibilisation des parents et des élèves et
l'équilibre dans l'intégration des écrans à l'école et la formation.
Les participants ont
aussi évalué chacune de ces 45 stratégies selon leur potentiel d'impact et
de faisabilité. Voici quelques constats qui sont ressortis suite à l'analyse
préliminaire de ces données.
Premièrement, les
stratégies visant à interdire l'usage de l'écran en centres de garde, au
préscolaire, à l'usage du téléphone au primaire, des téléphones en classe, au
primaire et secondaire, sont perçues comme ayant le plus fort potentiel
d'impact et de faisabilité. Ce sont donc des stratégies qui, selon les
participants, devraient être mises en oeuvre en premier. D'autres ...
(Panne de son)
La Présidente (Mme
Dionne) : Dre Ouellet-Morin, on vous a perdue.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Est-ce que vous m'entendez? Parce que ça a coupé.
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui. On vous perd.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Bon, j'imagine que oui. D'autres initiatives...
(Panne de son)
La Présidente (Mme
Dionne) : Oui, ça coupe, madame... docteure.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : M'entendez-vous?
La Présidente (Mme
Dionne) : On vous perd. On vous perd. Votre écran est gelé. Ah! O.K.
Vous venez de revenir. O.K. Là, on vous... Oui? Ah! vous êtes revenue.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Parfait. Alors je continue.
La Présidente (Mme
Dionne) : Rapidement, en 30 secondes, peut-être. Après, on va
passer à la période de questions parce que le temps file.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Parfait.
Plusieurs autres analyses ont été... Oui, je comprends. Plusieurs
autres...
Peut-être plus
parler... aux recommandations. D'abord, une grande consistance, un grand
consensus existe en regard des intervenants scolaires et des parents quant aux
stratégies qui sont perçues comme les plus efficaces et faisables, de même qu'à
travers toutes les régions du Québec.
Quelques actions à
prioriser : d'abord, mieux encadrer, voire proscrire l'usage des écrans au
préscolaire et limiter leur utilisation au primaire et secondaire; promouvoir
de bonnes habitudes de vie, toujours selon les participants, et ce, dès la petite enfance, en encourageant notamment la
pratique régulière d'activité physique, et puis, finalement,
sensibiliser les parents et les jeunes sur les effets potentiellement négatifs
des écrans; promouvoir, mais surtout modéliser les comportements sains et
sécuritaires attendus de leur part. Je vous remercie pour votre attention.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment. On aura l'occasion d'approfondir un peu plus avec la période
d'échange avec nos membres. Donc, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole
est à vous.
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, mesdames. Merci beaucoup de votre présence
aujourd'hui. Plusieurs questions, donc on va essayer de garder ça le plus
succinct possible, parce que je pense que plusieurs collègues ont aussi des
questions.
Je ne sais pas si
vous avez entendu la présentation précédente, parce que moi, j'ai accroché sur,
Mme Conrod... Pre Conrod, donc, quand vous disiez, donc, que les organisations
scolaires ne devraient pas initier les enfants aux réseaux sociaux. Je me
demandais si ça incluait les jeux vidéo et évidemment, par extension, les
programmes de sport électronique qu'on peut retrouver dans les écoles.
Mme Conrod (Patricia) : Si je comprends votre
question, c'est... il faut absolument penser à des effets néfastes ou
bien la conséquence d'initier un jeune, de l'introduire à un nouveau type de
média numérique ou une nouvelle plateforme de médias sociaux. Alors, s'il y a
une intention d'organiser les jeunes, de mieux communiquer avec une équipe de
sport, par exemple, utilisant Snapchat ou utilisant Facebook, il y a des... il
y a un risque d'initier le jeune à ce type
de médias sociaux... de média social, qui va ensuite amener des conséquences
négatives. Et on voit ça de plus en plus, que les équipes de sport, les
activités parascolaires, par exemple, utilisent les médias sociaux pour
s'organiser.
Mme Cadet : Je
veux juste... En fait, la présentation précédente portait sur e-sport, donc,
les programmes de jeux vidéo organisés à l'école. Donc, je me demandais si
votre recommandation, ici, s'étendait aussi au concept de ne pas initier les
jeunes.
Mme Conrod
(Patricia) : «Well», c'est... Moi, je dirais, je crois que le message
peut-être le plus important, c'est qu'il faut que vous regardez les différentes
plateformes et leurs caractéristiques, et la façon dont ils respectent le fait que c'est une... la façon dont c'était
conçu pour les jeunes. «And», de plus en plus, on voit que les jeunes
utilisent les plateformes et les produits qui n'ont pas été conçus pour les
jeunes et ils ont toutes sortes de caractéristiques qui ne sont pas appropriées
pour les jeunes.
Alors, si vous
acceptez d'utiliser ces types de produits dans les écoles ou bien pour les
jeunes, ils doivent absolument être révisés par un comité qui connaît qu'est-ce
qu'ils font et qui vont assurer que c'est une plateforme qui est appropriée
pour les jeunes.
Mme Cadet : D'accord. J'ai aussi... et vous venez d'en parler,
mais c'est ce que j'avais saisi de votre présentation... donc, vous avez parlé, donc, un peu, donc, des mécanismes
qu'on retrouve sur les réseaux sociaux, donc, qui ont un impact très
clair sur la santé... négatif, là, sur la santé mentale des jeunes. Mais, à
l'inverse, vous avez donné l'exemple de la télévision qui pouvait, dans
certains cas, encourager des comportements prosociaux. Donc, je veux peut-être
vous entendre plus profondément sur le fait qu'au-delà qu'il y ait des
mécanismes addictifs sur les plateformes de réseaux sociaux, qu'est-ce qui peut
être un facteur de protection avec le média numérique que peut être la
télévision.
• (16 h 10) •
Mme Conrod
(Patricia) : Oui. Et je ne suis vraiment pas un expert sur toutes les
différentes caractéristiques et pratiques dans les médias qui vont promouvoir
les différents comportements chez les jeunes. Il y a une très grande
littérature sur ce sujet, mais, dans notre étude, nous avons identifié une
relation qui était potentiellement positive. Et c'est que le temps passé devant
la télévision était associé avec les comportements agressifs, à court terme,
mais à long terme, les jeunes étaient plus socialisés, alors ils étaient moins
à risque pour des troubles de conduite. Par contre, les médias sociaux étaient
associés avec un plus grand risque pour les troubles de conduite.
Alors, la façon dont
je comprends ces relations-là, c'est que, les médias sociaux, ils... «they
promote»... ils promuent... ils vont promouvoir les pensées, les attitudes
antisociales, alors les jeunes apprennent les normes sociales qui sont vraiment
antisociales. Par contre, le contenu sur la télévision est souvent
«age-appropriate», il y a des processus de «sensorship», d'«editorial» pour le
contenu qui est visé ou ciblé pour les jeunes. Et il y a des messages qui ne peut pas être présentés à des jeunes mais
les médias sociaux ne sont pas gardés à ces mêmes standards à ce moment.
Mme Cadet : Merci. Peut-être une dernière pour
Dre Ouellet-Morin. Donc, dans vos diapositives, je comprends qu'il
y a un fort consensus de la part, donc, de l'étude que vous avez menée au
niveau de l'interdiction des médias sociaux pour les moins de 16 ans.
Donc, encore une fois, à savoir : Est-ce que c'est juste les médias
sociaux ou si ça concerne aussi les jeux vidéo?
Et aussi, donc, il y
a une mesure sur couper l'accès Internet à l'école. Je veux peut-être vous
entendre là-dessus, parce que c'est la première fois qu'on l'entend, celle-là.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Bien, d'abord, ce sont des stratégies qui ont été émises
par les intervenants scolaires et les
parents. Ce ne sont pas des stratégies qui sont émises de la part des experts.
Alors, on travaille vraiment avec les perceptions des gens du terrain, à
ce qu'ils perçoivent comme étant les plus... ayant le meilleur potentiel
d'impact et faisable.
Donc, en premier
lieu, en ce qui a trait aux médias sociaux — et ce n'était pas précisé,
les jeux en ligne qui impliquent une dimension sociale, mais on peut penser que
c'est similaire — c'est
qu'en fait c'est vu comme étant un potentiel d'impact quand même important,
mais plus difficilement faisable fort probablement dans le... dans un très
court terme. Ceci étant, ça ne veut pas dire que ce n'est pas jugé comme une
piste intéressante qui pourrait être développée
et mise en application à plus long terme. Or, il y a d'autres stratégies qui
semblent très, très, très... perçues d'une
façon... avec un... ayant un grand potentiel d'impact et dont la faisabilité
est aussi perçue comme étant très forte. Alors, ce sont peut-être des cibles intéressantes à déployer dans un
premier temps et d'une façon beaucoup plus rapide.
Pour ce qui est d'interrompre
l'Internet pendant les heures du dîner, pendant les pauses, l'avant-midi,
l'après-midi, c'est une stratégie qui a été émise par les participants.
Ceci étant, ceux-ci, lorsqu'on leur a demandé d'évaluer leur faisabilité puis
le potentiel d'impact, c'était plutôt négatif. Alors, ce n'est pas quelque
chose qui pourrait être, on pourrait dire... On pourrait l'éviter pour
l'instant. Ça ne semble pas une priorité très, très bonne, initialement.
Mme Cadet : Merci
beaucoup. Merci, Mme la Présidente, je reviendrai si on a du temps.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. D'autres interventions? On va revenir à vous. Mme la
députée.
Mme Cadet : J'allais
vite parce que j'avais l'impression qu'on était plusieurs.
La Présidente (Mme
Dionne) : Allez-y. Allez-y.
Mme Cadet : Alors
donc, dans les questions que j'avais prises en note pour la première partie, en
fait, je me demandais si vous aviez observé
des différences garçons-filles au niveau de l'impact sur la santé mentale dans
l'utilisation des médias sociaux.
Mme Conrod
(Patricia) : Je vais dire que les études ont... n'ont pas
nécessairement été... les analyses n'étaient pas divisées par sexe ou par genre
comme priorité. Nous avons regardé ces données après qu'il y avait quelques
études qui démontrent que les filles sont plus affectées mais nous n'avons pas
vraiment vu des différences importantes. Ça veut dire que nos données et
l'impact que nous avons observés existent pour les filles et les garçons.
Mme Cadet : Ah!
O.K., d'accord. Donc, de façon... il n'y a pas de différence statistiquement
significative de ce côté-là.
Ensuite, donc,
l'étude que vous nous avez montrée à l'écran, donc, elle était longitudinale,
donc c'était, donc... il s'agissait, donc,
des mêmes élèves qu'on analysait dans leur parcours scolaire de
secondaire I à secondaire V. Et là, donc, vous voyez, donc,
l'effet s'empirer, là, si j'ai bien compris, avec une utilisation accrue, au
fil des ans, par ces élèves, des différentes plateformes, médias sociaux, jeux
vidéo, télévision et l'impact sur soit santé mentale, l'estime de soi, dépression, donc ces différents éléments là. On sait
que, les âges que vous avez analysés, à ces âges-là, bien, il y a une grande plasticité du cerveau. Est-ce que... Bien,
en fait, bien, d'une part, est-ce que vous pensez que c'est réversible,
donc, ces effets-là sur la santé mentale? Et, d'autre part, est-ce que c'est
des éléments que, vous, vous avez été en mesure d'observer de manière
statistique aussi?
Mme Conrod
(Patricia) : Oui. Alors, pour la plupart, les relations, les effets
que nous avons observés sont réversibles.
Alors, si un jeune réduit sa consommation, vous allez voir une réduction des
symptômes. Par contre, il y avait aussi une évidence des effets à long
terme sur certaines problématiques, par exemple, les troubles de conduite et
les troubles de TDAH. Et l'autre chose, c'est qu'il y avait aussi une relation
très, très significative entre le taux d'utilisation des médias sociaux en une
année et l'utilisation, la prochaine année. Ça veut dire que c'est très
difficile pour les jeunes de désister ce comportement.
Mme
Cadet : Et, en ce sens, donc, évidemment, vous faites,
donc, des... oui, c'est... je sais que, bon, vous nous arrivez avec vos
observations, vos recommandations sur les effets sur les comportements et la
santé mentale, mais, si on revient, donc,
aux différentes plateformes, donc, vous faites une corrélation directe... en
fait, même plus que ça, un lien de cause à effet direct entre les
mécanismes qui cherchent à conserver des jeunes sur les différentes
plateformes. Donc, on a parlé, donc, du défilage infini, «doomscrolling», les
utilisations des algorithmes, tous les mécanismes qui sont utilisés pour les
garder sur les plateformes. C'est le lien direct que vous faites sur l'impact
accru qu'on voit des réseaux sociaux sur ces... sur la santé mentale. Et, par
exemple, donc, la télévision, vous avez dit que... vous m'avez expliqué qu'il
pouvait y avoir, donc, d'autres types de facteurs de protection, là. Puis vous
dites : Le législateur, c'est là-dessus qu'on devrait... sur les différents
points, c'est là-dessus qu'on devrait agir.
Mme Conrod (Patricia) : Absolument.
C'est à ce moment... et la difficulté, pour les chercheurs comme nous autres,
c'est que nous n'avons pas accès à toute cette information. Il n'y a pas une
transparence des différentes caractéristiques de ces plateformes, alors on ne
sait pas exactement qu'est-ce qu'ils font, quels types d'algorithmes ils utilisent pour engager un jeune, pour... «you
know», pour cibler du contenu, comment est-ce que leur comportement va
influencer ensuite quels types de contenus ils seront... «you know», ils vont
voir.
Mme Cadet : Auxquels ils vont être
exposés.
Mme Conrod (Patricia) : Oui, et
comment est-ce que leur comportement est influencé par des différentes... les
différentes «features», les différents, «you know», outils et défauts sur ces
différentes plateformes. «So», il y a beaucoup
de recherche à faire, mais c'est très difficile pour les chercheurs, à ce
moment, de faire ce type de recherche sans un participant... une
participation de l'industrie. Alors, on n'est vraiment pas capables de faire la
recherche qu'on veut faire, à ce moment, sans une...
Je
crois, il faut vraiment forcer l'industrie de collaborer avec la recherche, de
soumettre leurs algorithmes et leurs outils
à des commissions de... ou bien des comités de chercheurs pour mieux comprendre
qu'est-ce qui se passe et comment ces
produits influencent... non seulement influencent les comportements mais
influencent les pensées de nos jeunes.
Et ça, c'est le plus gros enjeu pour moi. C'est que notre recherche démontre
qu'il y a une influence sur le développement
de leur estime de soi et les pensées qu'ils ont en relation des autres pairs et
la société, les normes sociétales.
• (16 h 20) •
Mme Cadet : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci. Je vais passer la parole, maintenant, à la députée de
Châteauguay.
Mme Gendron :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, docteures, merci d'être avec nous cet
après-midi.
J'avais une petite
question d'entrée de jeu. Vous avez dit qu'ils n'ont pas de limite d'âge
appropriée. Donc, je voudrais juste valider avec vous, là, l'âge approprié,
selon vos études et vos observations.
Mais également, je
vais en profiter, vu que vous êtes docteures et spécialisées en addictologie.
Est-ce qu'on peut dire que les parents sont
moins addictifs, justement, aux écrans, et tout ça, que les adolescents et les
enfants? Est-ce que vous avez
observé, justement, dans vos analyses, que les parents sont moins addictifs ou
tout autant que les adolescents ou encore les enfants? Et est-ce que...
Deuxième sous-question : Est-ce que les adolescents sont moins addictifs
que les plus petits enfants? Donc, c'est une question que j'avais pour vous,
aujourd'hui.
Mme Conrod
(Patricia) : Je vais répondre rapidement pour que ma collègue peut
aussi répondre. Mais les jeunes sont plus vulnérables, «you know», au processus
d'addiction. Ils sont plus vulnérables aux conséquences d'une addiction.
Ma recherche ne porte
pas sur la comparaison entre les adultes et les jeunes, mais l'autre chose,
c'est que les adultes, à ce moment, ont un avantage qu'ils ont vécu une
adolescence et une enfance sans l'impact de ces médias sociaux sur...
particulièrement sur le développement de leur conception du monde et, «you
know», sans l'impact de ces produits sur leur socialisation. Par contre, un
jeune de 12 ans en ce moment, leur vie et leur monde est maintenant
numérique. Et, la plupart du contenu qu'ils regardent et qu'ils voient, la
façon dont ils interagissent avec la société et leurs pairs, c'est via ces plateformes, «and» ces plateformes sont
conçues pour seulement exposer les jeunes à du contenu biaisé. C'est du
contenu qui va assurer qu'ils vont retourner à cette plateforme une minute
après une autre. Et ça... Et c'est pourquoi
que moi, je crois que les jeunes seront plus vulnérables à des effets néfastes
et négatifs de ces produits-là.
Isabelle?
Mme Gendron :
Merci. Peut-être, Dre Ouellet-Morin, dans vos recommandations, vous avez
parlé, là, dans la recommandation n° 1, «actions par étapes encadrant
d'abord l'usage des écrans au préscolaire» puis, par la suite, «limiter et encadrer leurs utilisations à
l'école», donc vous n'êtes pas dans empêcher l'utilisation à l'école. Vous y
alliez étape par étape. Pourquoi ça? Et, en
effet, là, donc pour vous, c'est au préscolaire. Mais, au secondaire, est-ce
que c'est également le cas, que vous
voudriez, dans un monde idéal... vous recommanderiez d'encadrer ou d'abolir
l'utilisation des écrans à l'école?
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Vous aviez soulevé la question relative à l'âge, hein,
puis on sait très bien, en neurosciences, que les... plus on est jeune, plus le
cerveau est sensible à des influences, positives comme négatives, hein, qui
viennent de l'environnement.
Pour ce qui est du
préscolaire, ça me semble assez clair que les écrans devraient être
généralement proscrits. Pour ce qui est du primaire, il y a des contextes dans
lesquels, au plan pédagogique, ça pourrait être favorable, d'apprendre et
d'utiliser certaines de ces plateformes-là. Mais, pour ce qui est du téléphone,
et donc de l'utilisation potentielle de médias sociaux, lors des pauses ou au
dîner, à l'école primaire, je l'interdirais.
Pour ce qui est du
secondaire, là, il y a beaucoup de différences individuelles qui existent et
pour lesquelles on devrait s'intéresser, tant au plan de la recherche qu'au
plan de l'application de certaines règles. Par exemple, qui sont ceux qui sont
les plus vulnérables en regard de leur... du temps passé dans les médias
sociaux, dans quel contexte, contexte individuel, familial, scolaire,
communautaire, ils sont plus vulnérables, qui sont ceux qui sont les plus
résilients à l'égard de cette influence-là. Si on obtient des questions... des
réponses relatives à ces questions, on va être plus en mesure, mieux
positionnés de venir encadrer, promouvoir une utilisation saine, équilibrée,
nuancée, critique des médias sociaux de même que d'autres plateformes
technologiques.
Donc, c'est un enjeu
complexe, mais pour lequel, fort probablement, les solutions, certainement à
l'adolescence, sont plus complexes que d'appliquer une même règle restrictive à
tous et toutes.
Mme Gendron :
Donc, si j'entends bien, vous proposeriez d'y aller établissement par
établissement, ou dépendant du cadre scolaire, ou...
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) :
Vous parlez au secondaire?
Mme Gendron :
Oui, oui.
Mme
Ouellet-Morin (Isabelle) : Au secondaire, je ferais des... je travaillerais
en coconstruction avec, justement, les
gens des écoles de même qu'avec les experts pour trouver les consensus, pour
connaître aussi les points de différences, quant à
l'application, et de construire des formations qui accompagnent l'acquisition
de compétence d'un jugement critique qui va leur permettre, éventuellement, de
toute façon, de les utiliser, ces outils-là, et de le faire tout en ayant une
compréhension des risques, mais aussi une vision qui est aussi positive de ces
outils-là. Donc, l'idée n'est pas de proscrire à l'adolescence tout le temps,
mais davantage les outiller et donner aux milieux toutes les ressources qu'ils
ont besoin pour faire cet accompagnement-là.
Mme Gendron : Merci beaucoup pour
votre contribution. Je vais laisser la parole à mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci. Moi, ma
question était pour la Dre Ouellet-Morin. J'ai trouvé ça vraiment
intéressant, les points que vous avez amenés, puis je voulais vous entendre sur
pourquoi le milieu scolaire a un fort consensus autour de l'idée d'y aller
étape par étape pour l'interdiction des cellulaires.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : En
fait, c'est les participants à notre consultation, qui, individuellement, ont fait... ont partagé leur perception d'impact
et de faisabilité en regard de ces 45 stratégies là. Ainsi, j'ai pu
extraire, dans une analyse préliminaire, les stratégies qui semblaient être les
mieux perçues, d'une façon plus positive, ou celles qui pensent qu'il y a des
impacts, mais dont l'applicabilité, elle est remise en doute. C'est de cette
façon-là qu'on s'y est pris pour voir qu'est-ce qui fait consensus et qu'est-ce
qui ne fait pas consensus. En fait, on était très intéressés à voir qu'est-ce
qui pourrait être vu d'une façon très différente, de la part des parents et des
intervenants scolaires, ou à travers même les régions du Québec. Mais, même
s'il y a des petites différences qui émergent, ce qui est en fait très notable,
c'est que ces stratégies-là sont généralement vues de la même façon.
Mme Bogemans : C'est intéressant, ce
que vous dites. Parce que, tu sais, il y a des gens qui ont différentes
opinions, entre autres, les comités de parents qui veulent choisir école par
école, des gens qui viennent nous voir, qui disent : C'est une politique
nationale, il y en a qui viennent même nous dire que ça devrait être plus grand
que le Québec. Donc, vous dites que, somme toute, ça pourrait se ressembler,
dans le fond? Si on donne un choix individuel, avec des grandes... la bonne
information puis des... j'ai juste le mot en anglais, là, «guidelines», des
directives qui sont très claires, ça pourrait donner un résultat, somme toute,
uniforme?
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : En
fait, c'est la perception d'impact et de faisabilité qui fait consensus, selon cette consultation. Maintenant, vient... Il
reste du travail à faire pour... Il reste du travail à faire pour voir s'il y
a aussi consensus en regard de
l'applicabilité, l'implémentation de la mise en oeuvre des différentes
stratégies. Je pense qu'il y a
beaucoup de travail pour entrevoir et anticiper les obstacles, que certaines
personnes anticipent, qui pourraient être différents en fonction des
parents, des intervenants scolaires, par exemple... mais aussi de voir quelles
sont les conditions qui devraient être mises en oeuvre pour pouvoir... pour que
ces stratégies-là aient l'impact escompté. Donc, il reste du travail à faire,
mais je pense, tu sais, qu'il est davantage dans l'application de ces
stratégies-là plus que dans la perception de faisabilité ou d'impact.
Mme Bogemans : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Merci infiniment pour votre contribution à ces travaux. C'est
malheureusement le tout... tout le temps qu'il nous reste.
Donc, pour ma part, je vais suspendre les
travaux quelques instants pour accueillir nos prochains témoins. Merci
infiniment.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
(Reprise à 16 h 35)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, je souhaite la bienvenue
maintenant aux représentants d'Aylo. Donc, merci d'être avec nous cet
après-midi.
Je vous rappelle que vous disposez d'une période
de 15 minutes pour nous faire part de votre exposé, et, par la suite, nous
procéderons à une période d'échange de 75 minutes avec l'ensemble des
membres de la commission. Donc, messieurs, la parole est à vous.
Aylo
M. Kilicci (Matt) : Merci, Mme la
Présidente et les membres de la commission. Merci de nous accueillir
aujourd'hui. Alors, je me présente, Matt Kilicci, je suis le vice-président
Confiance et sécurité, Risques et conformité chez Aylo, et je suis accompagné
ici d'Anthony Penhale, chef des affaires juridiques.
Alors, premièrement,
nous aimerions vous remercier de nous avoir offert l'opportunité de participer
à cette commission. L'accès des mineurs aux contenus destinés aux adultes est
un enjeu réel. En introduction, comme vous le
savez déjà peut-être, Aylo est une entreprise
internationale qui gère un écosystème varié de plateformes numériques,
incluant des sites de partage de vidéos, des services par abonnement, des
plateformes publicitaires et des jeux vidéo destinés aux adultes. Toutes les
plateformes, dans ce contexte, sont destinées aux adultes.
Aujourd'hui, nous
souhaitons partager avec vous un bref survol de nos pratiques de contrôle et de
modération en premier et ensuite nous allons suivre avec notre point de vue et
notre expérience sur le sujet de la protection des jeunes en ligne.
Notons aussi que nous
avons également eu l'opportunité de présenter nos processus ainsi que notre
point de vue sur la protection des jeunes à plusieurs autres régulateurs ou
gouvernements à travers le monde, suscitant un vif intérêt. Nous espérons aujourd'hui
que nos propositions pourront enrichir vos travaux et contribuer à la
protection des jeunes en ligne.
Nous partageons
probablement le constat que les solutions actuelles de vérification d'âge en
ligne sont souvent insuffisantes. C'est pourquoi nous proposons une approche
peut-être innovatrice, mais, en même temps, qui est plutôt simple. Cette
solution offrirait, en plus d'une protection efficace et potentiellement
globale aux enfants, d'autres bénéfices potentiels tels qu'entre autres le
contrôle de temps d'écran, la supervision de l'accès aux réseaux sociaux et la possibilité de contrôler les
publicités présentées aux enfants. Nous sommes convaincus que cette
solution pourrait faire du Québec un modèle en matière de protection des
mineurs dans le monde numérique.
Et merci encore de
nous donner cette occasion de contribuer à vos réflexions. Nous sommes à votre
disposition pour répondre à vos questions, bien entendu, à la fin de cette
présentation, mais aussi après, si jamais ce serait nécessaire. Alors, je vais
passer à la présentation tout de suite, que vous avez sur l'écran et que vous
avez reçue auparavant, plus tôt cette semaine.
Alors, pour ce qui
est de l'ordre de présentation, deux parties principales. Alors, premier, ça va
être un survol des plateformes et des normes de confiance et sécurité au sein
d'Aylo, et ensuite on va adresser le sujet de la protection des mineurs. À la
fin, on aura la période des questions.
Alors, comme je l'ai
précisé un peu plus tôt, Aylo opère plusieurs types de plateformes. Les
plateformes principales qui sont opérées par Aylo sont les plateformes de
partage de vidéos, où les utilisateurs... les utilisateurs peuvent télécharger
du contenu, les sites payants par abonnement, où Aylo met le contenu sur les
plateformes et que les utilisateurs peuvent accéder en payant un abonnement,
les jeux vidéo pour adultes et la plateforme publicitaire, qui gère les
publicités qui s'affichent sur les plateformes, principalement sur les
plateformes de partage de vidéos.
Pour ce qui est des
systèmes de contrôle, bien entendu, quand on parle de plateformes de partage de
vidéos, de notre côté, c'est un point très important, où les plateformes
devraient avoir en place un fort système de contrôle. Alors, de notre côté, il
y a plusieurs niveaux de contrôle que nous avons mis en place sur nos
plateformes. Le premier niveau, c'est la vérification d'identité de tous les
individus qui peuvent contribuer du contenu sur nos plateformes. La
vérification d'identité est faite avec une analyse de validation... et
validation de pièces d'identité lors de l'inscription des téléverseurs, et elle
est effectuée avec une vérification en direct avec la caméra pour être sûr que
la personne qui fournit la pièce d'identité est bel et bien la personne qui est
de l'autre côté de l'ordinateur ou de l'écran. Ceci est fait avec un balayage
facial et est vérifié par un tiers.
Ensuite, à part de
ça, on exige de tous nos téléverseurs d'avoir en place des documents d'identité
et des attestations de consentement pour tous ceux qui apparaissent dans leur
contenu. Et, plus récemment, nous avons commencé à exiger que tous ces
documents-là soient fournis à notre plateforme en avance et avant que le
contenu puisse être affiché.
• (16 h 40) •
Une
fois enregistré, le téléverseur peut ensuite télécharger du contenu. Tout
contenu qui est téléchargé sur nos plateformes
va passer à travers plusieurs niveaux de vérification, en premier lieu, un
système de vérification automatique qui
contient plusieurs étapes, presque 12 étapes différentes de vérification
automatique, dont une analyse par hachage et une analyse par
intelligence artificielle. J'ai laissé une liste des outils ici sur la
présentation. Je ne vais pas passer à travers tous les outils, mais, si jamais
vous avez des questions, je vous invite à les poser à la fin de la session.
Ensuite, après
l'analyse des contenus automatique, tous les contenus sont vérifiés par un
modérateur humain Aylo avant de pouvoir être affichés sur nos plateformes. Les
modérateurs vont vérifier le contenu ainsi que les métadonnées, telles que les
titres, afin de garantir la conformité.
Passons ensuite aux
empreintes numériques. Si jamais un contenu est retiré de notre plateforme,
soit durant la modération ou après qu'il ait été publié, nous appliquons une
empreinte digitale ou numérique sur le contenu pour être sûr qu'elle ne... elle
ne peut pas revenir sur notre plateforme. C'est-à-dire, on met une empreinte
digitale, et ensuite, si quelqu'un d'autre, dans le futur, essaie de
télécharger le même contenu ou quelque chose de similaire, notre système va
pouvoir le détecter et l'empêcher de télécharger sur nos plateformes.
Nous employons aussi
une vérification, un système de vérification de texte qui empêche les
utilisateurs de soumettre des mots ou des courtes phrases non conformes dans
les champs de saisie libre sur nos sites. Actuellement, elle couvre des
dizaines de milliers de termes dans plusieurs langues différentes à travers le
monde, dont le français, bien sûr. Nous avons aussi une analyse automatique
supplémentaire de commentaires qui peuvent être laissés sous les vidéos, selon
des catégories de risque spécifiques pour renforcer la sécurité et la
conformité.
Pour ce qui est des
contenus qui sont présentés sur nos plateformes, nous avons aussi une fonction
de retrait de contenu immédiat, une fonction
que... à ce que nous sachions, n'existe pas sur les autres plateformes et qui
permet à n'importe quel membre du
public à soumettre une requête pour supprimer un contenu de nos plateformes
automatiquement, avant même qu'un de nos modérateurs reçoive la demande.
Nous employons aussi
un programme de signaleurs de confiance, qui contient 65 membres
différents, de différents groupes ONG, dans
39 pays différents. Et dernièrement, pour ce qui est de la vérification de
texte, lorsqu'un utilisateur essaie de chercher ou
affiche... ou essaie de rechercher du contenu qui soit pourrait être du
matériel d'abus sexuel envers les enfants ou
du matériel non consensuel, non seulement nous informons l'utilisateur que ce
contenu n'existe pas sur nos
plateformes, mais nous présentons aussi un message de dissuasion. Je pourrais
facilement vous faire parvenir l'apparence de ces pages qui apparaissent
présentement sur nos sites Web. Ces messages aussi, dépendamment du pays,
contiennent des messages fournis par des ONG différents, dont un au Canada, qui
est l'ONG Parler pour changer, et qui incluent aussi un lien à leur site Web.
Nous publions aussi
des rapports de transparence tous les six mois présentement, sur la plateforme
Pornhub, par exemple, afin de fournir des informations plus régulières sur nos
activités de confiance et de sécurité.
Ceci représente un
très bref sommaire de nos contrôles. Mais, bien sûr, si jamais vous avez
d'autres questions au sujet de nos contrôles, nous serons heureux de vous les
faire... de les répondre.
Passons ensuite aux
partenariats. Alors, une partie importante de nos plateformes et pour
l'entreprise Aylo aussi, c'est d'avoir de
forts partenariats, surtout dans le domaine de la confiance et de la sécurité,
certaines d'entre elles qui ont eu des développements durant
l'année 2024, une avec le Internet Watch Foundation en Angleterre. C'est
une initiative qui a été débutée par le IWF pour mettre en place des standards
ou des protocoles de standards pour les plateformes adultes et qui offrent du
contenu pour adulte. Ils nous ont demandé de participer avec eux pour créer les
standards, et finalement, ces standards-là ont été publiés en mai 2024.
J'ai affiché un lien ici, je vous invite à aller le voir, si jamais vous avez
le temps et si vous êtes intéressés.
Nous avons aussi un
partenariat avec une entreprise qui s'appelle le Cupcake Girls, une entreprise
qui sont experts et chefs dans les efforts contre le trafic sexuel. Avec eux,
nous avons créé une banque de ressources pour aider à identifier et éviter les
risques liés au trafic sexuel.
Nous avons aussi,
plus tôt, en 2022, sur nos pages de dissuasion... donc là, vous voyez en bas, à
gauche, un exemple d'une page de dissuasion,
en Angleterre, lorsque quelqu'un cherche pour un contenu qui pourrait
représenter... ou cherche pour des contenus qui pourraient représenter des
matériaux d'abus sexuel envers les enfants, qui affiche en bas à droite, dans
l'image, un lien à un robot conversationnel qui va essayer d'engager la parole
avec l'utilisateur qui a fait la recherche. L'objectif, c'est d'essayer
d'engager l'utilisateur et d'entamer une conversation avec eux pour essayer
d'empêcher ce genre de comportement. Les résultats ont été évalués durant 2022
et 2023 et ont été affichés plus tôt, en 2024, par l'Université de Tasmanie en
Australie.
Nous avons aussi
participé à un partenariat avec Teleperformance, Thorn et le centre
international pour le Missing & Exploited Children, aux
États-Unis, pour leur... pour créer une documentation et leur aider à savoir
comment identifier ou comment évaluer l'âge des individus dans les contenus.
Alors, ce qu'on a fait ici, c'est qu'on a fait parvenir certains de nos guides
utilisés par nos modérateurs pour évaluer l'âge des individus dans le contenu,
et ceci a contribué à l'article et au document qui a été publié par le groupe.
Dernièrement et plus
récemment, en mai 2024, la Maison-Blanche aux États-Unis a lancé un appel
à l'action pour lutter contre les abus sexuels dans l'imagerie. Ils ont mis en
charge trois organismes ou ONG pour mener l'initiative. Ces ONG nous ont contactés
directement car ils nous avaient reconnus comme étant avancés dans nos mesures
de confiance et de sécurité. Ils nous ont invités à participer, à présenter au
groupe, et finalement nous avons contribué à l'élaboration des principes qui
ont été publiés en septembre 2024.
Alors, ceci met fin à
la section Contrôles et partenariats. Si jamais vous avez des questions, je
serais heureux d'y répondre à la fin de la présentation.
On va passer au sujet
de la protection des mineurs. Alors, un objectif commun ici, la protection des
mineurs en ligne, et, comme j'ai dit plus tôt, l'accès des mineurs aux contenus
destinés aux adultes est un enjeu réel. Dans les prochaines pages, on va parler
du survol de l'état actuel, de notre constat de l'inefficacité des lois existantes,
malgré les efforts qui ont été déployés, des solutions que nous proposons et
des discussions en cours, ainsi que ce que nous voyons comme étant une
opportunité pour la commission de proposer une solution efficace.
Alors, les
fonctionnalités courantes sur nos plateformes en général... Nous offrons un
avertissement à l'entrée à tout utilisateur qui arrive sur nos sites, leur
avisant que nos sites sont réservés exclusivement aux adultes. Nos sites sont
également marqués d'une empreinte «restreint aux adultes», qui permet au
blocage de nos sites par des systèmes de contrôle parental. Et nous fournissons
également aux parents des instructions, sur nos sites, qui sont claires et pour
faciliter le blocage des sites pour adultes, qui peut être fait avec quelques
clics.
Passons
maintenant aux efforts de vérification d'âge aux États-Unis et en France. Comme
vous le savez peut-être, aux États-Unis, il y a présentement des lois en
vigueur dans 19 États différents qui exigent la vérification de l'âge au
niveau des plateformes aux États-Unis. Donc, de notre côté, nous sommes... nous
nous sommes conformés avec ces lois dès qu'elles sont entrées en vigueur, soit
en vérifiant l'âge des visiteurs ou en bloquant complètement l'accès à nos sites dans ces États. Dans les cas où nous
avons décidé d'essayer de vérifier l'âge des utilisateurs, malgré
l'utilisation d'une identité numérique qui existait déjà dans l'État de
Louisiane depuis quelques années, comme méthode, 80 % des utilisateurs ont
migré vers des plateformes non conformes et sans contrôle. Pendant que nous
avons mis en place ces efforts pour nous...
pour devenir conformes avec les lois, presque la totalité des autres sites,
dont certains des sites les plus
fréquentés au monde, comme Xvideos et Xnxx, même à ce jour, en Louisiane,
depuis deux ans, ignorent complètement ces lois, démontrant
l'inefficacité des lois imposant le contrôle au niveau des sites.
En même temps, en
France, en 2022, nous avons commencé un test qui a duré à peu près un an. Nous
avons testé un système de vérification d'âge
obligatoire, avec quatre fournisseurs de mesures de vérification d'âge
différentes, qui ont été mises en place en même temps. Les mesures ont été
testées durant une période plus... plus spécifiquement de 13 mois, sur des
millions de sessions, et nous avons aperçu que moins de 1 % des
utilisateurs ont complété le processus de vérification. Nous avons conclu que
les lois ne sont pas efficaces, les lois qui essaient de mettre en place des
contrôles sur les sites ne sont pas efficaces, ne protègent pas les mineurs et
introduisent plus de risques.
Plus
spécifiquement, qu'est-ce qu'on a observé? Nous avons observé une migration des
utilisateurs vers des sites non conformes.
Ces sites peuvent ne pas avoir de contrôle du tout et peuvent héberger des
contrôles non modérés. Nous avons vu
très clairement les utilisateurs se mettre à chercher pour d'autres sites qui
ne sont pas conformes aux lois.
Nous avons aussi
observé une croissance énorme d'utilisation de VPN pour contourner les contrôles
au niveau des sites, plus spécifiquement des
augmentations de 5 000 % et plus, affichées par des statistiques
publiques de Google Trends, des
recherches liées aux services VPN dans les jours suivant la mise en place des
mesures de contrôle.
• (16 h 50) •
En plus de ça, nous
avons aussi identifié des risques pour la confidentialité et la sécurité des
données. En mettant en place ou en exigeant que les sites mettent en place des
systèmes pour vérifier l'âge des individus, les adultes ou les individus deviendront,
ou deviennent habitués, ou pourraient devenir habitués à partager leurs données
personnelles, leurs informations identifiables avec plusieurs sites et
plusieurs services différents. Les pièces d'identité, comme vous le savez
sûrement, sont précieuses, et ces lois encouragent les gens à partager leurs
pièces d'identité à travers l'Internet. Les données seront donc insuffisamment
protégées, il y aura une augmentation des risques de fuites de données
d'informations personnelles, ce qui s'est déjà produit dans certains cas,
d'hameçonnage et d'usurpation d'identité. Nous concluons alors : les lois
ne protègent personne et, en plus, introduisent de nouveaux risques dans
l'écosystème de l'Internet.
Mais on ne fait pas
juste identifier les risques, on ne fait pas juste identifier les problèmes,
nous avons aussi identifié une solution et nous aimerons aussi vous parler de
la solution. Nous parlions tout à l'heure des lois dans plusieurs États. Si on
met ça à l'échelle mondiale, ça peut être des lois dans 200,
300 différents pays ou États différents. Nous parlons de centaines de
milliers de sites Web à travers le monde qui devraient ou pourraient mettre en
place... ou pourraient être requis de mettre en place des systèmes de
vérification, ce qui pourrait... si on multiplie, ça entre dans les millions de
différentes combinaisons. Ce que nous proposons, c'est un système qui exige
vraiment que trois entreprises fassent un changement.
Alors,
ce que nous cherchons, c'est une solution efficace, qui est la vérification de
l'âge au niveau de l'appareil. La vérification de l'âge serait effectuée
au niveau de l'appareil et non sur chaque site individuel. Elle serait
effectuée par le système d'exploitation, dont Google, Microsoft et Apple, qui
contrôlent aujourd'hui la majorité des appareils qui se connectent à Internet,
au-delà de 97 %. Les informations personnelles des utilisateurs ne
seraient partagées qu'une seule fois avec leur appareil. Et seule l'information
relative à l'âge, et non à l'identité, est utilisée pour... par le système
d'exploitation pour le processus de vérification.
Nous savons déjà que,
par exemple, Google et Microsoft ont déjà ce service disponible, avec Google
Wallet et Apple Wallet, et disposent déjà de la technologie nécessaire pour
vérifier l'âge, pour potentiellement bloquer les sites et pour fournir un
signal de l'âge aux sites et aux applications.
Plus spécifiquement,
la majorité de ces appareils contiennent déjà un système de filtrage pour les
sites adultes. Il est généralement désactivé par défaut. Ce que nous proposons,
c'est d'activer le filtre par défaut, de demander au système d'exploitation de vérifier l'âge de l'individu. Si l'individu
est confirmé comme étant un adulte, à ce moment-là, le filtre pour les
sites pour adultes peut être désactivé.
La fonctionnalité
serait déployée sur tous les nouveaux appareils à partir d'une certaine date et
pourrait être mise en place par une mise à jour à cette même date, une mise à
jour logicielle sur l'ensemble des appareils qui sont déjà en circulation. De
plus, une fois l'âge vérifié par le système d'exploitation, la solution peut
même être adaptée pour les plateformes qui ne sont pas réservées exclusivement
au contenu pour adultes, mais, par exemple, les réseaux sociaux. Les réseaux
sociaux peuvent demander au système d'exploitation de confirmer juste l'âge de
l'individu ou même la bande d'âge de l'individu, si l'individu a entre 13 et
16 ans, par exemple, pour ensuite leur servir une expérience qui est
appropriée pour leur âge. Ceci pourrait contribuer à la gestion du temps
d'écran sur les réseaux sociaux, pourrait aussi contribuer au contrôle des
publicités sur les réseaux sociaux.
Maintenant, bien
entendu, comme je l'ai dit plus tôt, nous sommes actifs dans ce domaine. Ce
n'est pas la première fois qu'on présente cette solution. Nous l'avons fait
dans plusieurs autres parties du monde aussi, dont avec la Commission
européenne. Nous avons participé à des consultations aussi menées en Italie et
en Espagne. Nous avons eu des échanges avec les autorités de régulation ou
gouvernementales en Chypre, en Italie, en Islande et en France. Nous
participons activement aussi au Royaume-Uni et en Australie.
En Australie, nous
sommes activement impliqués en Australie pour l'élaboration des normes de
protection des mineurs en ligne dans le cadre du Online Safety Act en
Australie. Et nous avons aussi, depuis des années, je dirais, plusieurs
échanges en personne avec les autorités de régulation au Royaume-Uni. En même
temps, aux États-Unis et au Canada, nous participons activement, aux États-Unis
aussi, à essayer de trouver un système, dans le système américain, dans
certains États, même, qui pourrait mettre en place un système de vérification
sur l'appareil.
Et, en même temps,
nous nous défendons aussi. Nous avons présentement un cas qui a été porté
devant la Cour suprême au sujet d'une loi au Texas qui exige la vérification
d'âge au niveau du site. La décision de la Cour suprême devait être... devrait
être rendue d'ici cet été, peut-être au mois de juin ou juillet.
Au Canada, nous avons
collaboré aussi avec le Comité permanent de la sécurité publique et nationale
et nous collaborons aussi avec... à travers les consultations, avec le Conseil
de gouvernance numérique.
Maintenant, pour ce
qui est de l'appui public, je peux vous dire déjà que plusieurs ONG... comme je
vous ai dit, nous travaillons avec beaucoup d'ONG, surtout des ONG qui sont
spécialisées dans la protection des enfants ou des jeunes, je peux vous dire
qu'ils supportent tous cette solution, du point où le International Centre for
Missing & Exploited Children l'a même fait publiquement. J'ai
inclus un lien ici qui va vous porter à leur déclaration sur la vérification de
l'âge, qui explique que la vérification de l'âge sur les sites ne fonctionne pas
et que la vraie méthode efficace de vérifier l'âge et de protéger les jeunes en
ligne, c'est vraiment de le faire sur l'appareil.
L'industrie adulte aussi
est supportrice, ainsi que certains des réseaux sociaux, et aussi le grand
public. Et nous avons aussi, à travers certaines des consultations, du soutien
de législateurs et d'organismes de réglementation. Il y a présentement, depuis
déjà le début de cette année, trois législateurs aux États-Unis, notamment au
Dakota du Nord, en Caroline du Sud et au New Hampshire,
qui ont introduit des lois potentielles qui mettraient la responsabilité de
vérification au niveau de l'appareil. Et il y en aura, d'après nous, plusieurs
autres qui vont venir d'ici le mois de mars ou avril.
Alors, nous voyons vraiment que, grâce à la
vérification de l'âge au niveau de l'appareil, les mineurs seront enfin protégés contre l'exposition à des contenus
en ligne inappropriés pour leur âge. Nous croyons vraiment que chaque appareil qui est vérifié pourrait représenter un
enfant qui serait protégé en ligne. Nous implorons la commission de
faire du Québec un pionnier en matière de protection des mineurs en ligne. Je
vous remercie. Ceci met fin à la présentation.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci beaucoup pour la présentation. Nous allons
débuter cette période d'échange avec l'ensemble des membres de la
commission. Donc, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. Bonjour. Merci de
vous prêter à l'exercice. D'abord, je ne peux pas m'empêcher de réaliser que
vous, vous dites que ça passe par les appareils, et les manufactures, les
constructeurs d'appareils disent que ça passe
par les sites. Donc, tout le monde se lance la balle : Ce n'est pas ma
faute, c'est la faute de l'appareil. Les Google et compagnie nous
disent : Ce n'est pas notre faute, c'est les sites qui ne font pas leur
job. Il me semble qu'il y aurait un peu plus de responsabilité, là, qu'on
pourrait s'attendre d'immenses corporations comme la vôtre et comme celles des
GAFAM, qui nous ont soumis l'analyse inverse. J'ai l'impression que tout le
monde se lance la balle, personne ne veut assumer la responsabilité de ce qui
se passe.
Allons sur le
fond des choses. Il y a un gros bouquin qui est sorti, je pense, dans les
dernières années, là, de l'autrice Laila Mickelwait.
Et c'est elle qui avait révélé, entre autres, là, qu'il y avait un immense
problème de gestion de contenu pédopornographique, et elle faisait état,
dans son livre, de plusieurs victimes qui rapportaient avoir eu des délais importants entre le moment où elles avaient
demandé de retirer les vidéos et le moment où ça avait été retiré. C'est
quoi, le délai que vous avez, que vous pouvez garantir à quelqu'un qui écrit
pour dire : Il y a un vidéo de ma personne qui est là, et je n'ai pas
donné mon autorisation? C'est quoi, le délai que vous pouvez lui garantir pour
retirer son vidéo?
M. Kilicci (Matt) : Comme je
l'ai mentionné plus tôt durant la présentation, pour ce qui est... au niveau
des contrôles, nous avons un formulaire sur notre plateforme, un formulaire qui
est disponible à travers un lien sur toutes les pages de la plateforme,
Pornhub, par exemple, qui permet à un membre du public... entrer dans le
formulaire et les liens au vidéo en question, justement, préciser son nom, son
adresse courriel, appuyer sur le bouton pour soumettre le formulaire. À ce
moment-là, nous, on le reçoit. En même temps, l'individu va recevoir un
courriel pour confirmer la soumission. Le moment où ils appuient sur le bouton
pour confirmer la soumission, le contenu est désactivé. Alors, la réponse à
votre question, c'est : dès qu'ils appuient sur le bouton de confirmation
dans leur courriel, c'est immédiat.
M. Leduc : Cette mesure-là,
elle est en fonction depuis combien de temps?
M. Kilicci
(Matt) : Cette fonction-là est en fonction, je pense, la suspension
automatique, si je ne me trompe pas, est en
fonction depuis... je pense que c'est mi-2020, mais je vais devoir confirmer.
Je vais devoir confirmer la date.
• (17 heures) •
M. Leduc :
Parce que, comme je vous disais, l'autrice mentionnait quand même des
délais importants entre la demande de retrait et le retrait effectif. Et je
comprends qu'un de vos principaux problèmes, c'est la question du volume. Vous êtes une plateforme extrêmement
populaire. Beaucoup de gens la fréquentent. Beaucoup de gens téléversent
du contenu de manière légale ou pas. Alors, vous avez un défi de volume. Vous
pouvez avoir les meilleures intentions du monde, mais si le volume est
tellement lourd, ça devient difficile à gérer. Et d'ailleurs vous avez retiré,
il y a quelques années, 80 % de votre contenu suite à une enquête. C'était
quand même beaucoup de contenu retiré d'un coup. Certains diraient qu'il y
avait peut-être eu une forme de laxisme auparavant, mais, dans tous les cas,
là, on est ici pour parler du futur.
Qu'est-ce qui nous
garantit que la nouvelle formule que vous avez est efficace en matière de
volume? Est-ce que vous avez procédé à des embauches supplémentaires, par
exemple, pour couvrir ce volume-là?
M. Penhale
(Anthony) : Permettez-moi de juste revenir sur quelques points avant
de répondre à votre question. Lorsqu'on a enlevé... La référence que vous
faites au contenu que nous avons enlevé sur notre plateforme à la fin de
l'exercice 2020, début 2021, la seule conclusion que je pense que vous
pourriez tirer de cet exercice-là en était un qui est une... à ce moment-là, la
plateforme avait pris une décision de pouvoir tracer le contenu à l'identité de
chaque personne qui l'ont mis en ligne. Les morceaux de contenu auxquels vous
faites référence, les 8 millions ou quelques qui ont été enlevés à ce
moment-là étaient des contenus qui, au moment où ils ont été enlevés, on ne
savait pas tracer l'identité de la personne qui l'avait mis en ligne. Il n'y a
aucune, aucune... On ne peut pas tirer une conclusion sur la qualité, ou
l'absence de qualité, ou le caractère du contenu, strictement le fait qu'il ne
rencontrait pas une nouvelle condition imposée à nos téléverseurs, soit qu'on
sache qui a mis le contenu en ligne.
En ce qui... On
revient à la question de volume. Il ne faut pas... Le volume peut être une
question de perception, d'une part, peut
aussi être une question qui mélange deux états d'idées peut-être. Le premier
est le volume, la rapidité, si on veut, la quantité de contenu qui est
téléversé et le temps ou le besoin en temps que le système, soit les machines
ou les vérifications automatiques et les modérateurs doivent prendre pour
passer à travers le contenu à ce moment-là. Ça, c'est une
chose. Le second, c'est sur le formulaire que vous faites référence pour
enlever le contenu. S'il y a une adresse e-mail ou courriel confirmée, c'est
automatique, ça, c'est géré par des machines. En l'absence, puis je vais
demander à Matt, en l'absence d'une adresse courriel confirmée, on parle de
minutes avant que le contenu soit adressé par une... par un modérateur.
Alors, nous modulons
les effectifs nécessaires pour nous permettre de répondre à ces formulaires-là
en l'instance de... quoi, moins d'une heure, 30 minutes. Et, pour revenir
au point sur les téléversements, nous ne fixons pas de minimum à nos
modérateurs pour mettre du contenu en ligne par jour. En fait, nous soumettons
un cap, un sommet. Nous avons pris une décision économique de dire : On
n'a pas besoin de voir que le contenu... que l'utilisateur
qui met le contenu en ligne le voit immédiatement en ligne, il sera en ligne
lorsqu'il aura été modéré, lorsqu'il aura passé à travers notre
processus.
Alors, si jamais il y
avait un afflux... pointe de personnes qui se mettent à téléverser le double du
nombre de volume aujourd'hui, l'impact pour nous serait... ça prend plus de
temps pour que les contenus se rendent disponibles aux utilisateurs autres,
mais pas en termes de... on a un problème d'effectifs pour composer avec...
M. Kilicci
(Matt) : Pour compléter la réponse... Avant de repasser la parole,
pour compléter la réponse de mon collègue, les modérateurs, premièrement...
nous n'avons pas de problème, présentement, de modération en ce qui est du
nombre de ressources qui sont assignées à ce rôle-là à l'interne. En plus, les
modérateurs n'ont pas de quota. Ils ne sont
pas obligés de vérifier un certain nombre de contenus tous les jours. En fait,
ils sont informés et dirigés de seulement approuver le contenu s'ils
sont confiants qu'il n'est pas en... qu'il est conforme avec nos standards.
Alors, ça, c'est le
processus de vérification pour les contenus. Le modérateur, s'il n'est pas...
si il ou elle est sûr, peut approuver le contenu, si il ou elle n'est pas sûr,
peut le laisser désactivé, peut envoyer un modérateur plus sénior qui peut
ensuite faire la décision pour l'afficher ou pas. Mais présentement, pour
répondre à votre question, nous n'avons pas
un problème d'effectifs pour ce qui est du nombre de modérateurs à notre
compagnie. Il y a peut-être une perception publique qu'il y a des
centaines de milliers de contenus qui entrent dans notre plateforme tous les
jours. Ce n'est pas le cas.
M. Leduc : Si
on parle des chiffres — merci
pour l'explication — quel
est le nombre de personnels qui travaillent pour vous dans la fonction de
modération et quel est le nombre de vidéos qui sont téléversées par jour
environ sur votre plateforme?
M. Kilicci
(Matt) : Les chiffres, pour ce qui est du nombre de vidéos
téléversées, si je ne me trompe pas, ils sont inclus dans les rapports de
transparence qui sont disponibles dans notre centre de confiance et de
sécurité, que vous pouvez trouver en ligne publiquement. Et ma réponse au
niveau des modérateurs, si je répète la réponse que je vous ai donnée tout à
l'heure, nous n'avons pas de problème d'effectifs pour la modération. Tous les
contenus sont modérés avant d'être affichés en ligne, et les chiffres que vous
allez apercevoir vous donneront une idée du volume de contenus comparativement
à la taille de notre entreprise.
M. Leduc : Oui, je comprends que
vous, vous trouvez que vous avez assez de personnel, mais ma question, c'est
que si vous avez un chiffre... Est-ce vous êtes à l'aise de me donner le nombre
de personnes qui travaillent pour vous dans sa fonction de modérateur?
M. Kilicci (Matt) : Je vais devoir
le vérifier.
M. Leduc : Vous pourrez nous revenir
dans un deuxième temps, alors?
M. Kilicci (Matt) : C'est possible,
oui.
M. Leduc : Parfait. Merci. Prochaine
question, dans le... J'ai bien remarqué, là, et analysé votre façon de procéder
aux vérifications. Merci pour la présentation. Je comprends, dans le fond,
qu'il y a trois... Il y a trois rôles, dans le fond, dans... Il y a la personne
qui téléverse. On pourrait peut-être l'appeler le téléverseur. Il y a les
personnes qui sont dans le vidéo, que vous appelez des coperformeurs. Puis,
après ça, il y a la personne qui visionne, qu'on pourrait appeler le visionneur
ou la personne qui visionne.
Je comprends que vous avez vraiment serré la vis
sur la personne qui téléverse, mais est-ce que la vis est vraiment serrée pour
les personnes qui apparaissent dans le vidéo? Est-ce que c'est vraiment
exactement le même degré de vérification
pour la personne qui téléverse que pour les personnes qui apparaissent dans le
vidéo? Est-ce que vous contactez personnellement et vous vérifiez
l'identité et le consentement de toutes les personnes qui apparaissent dans vos
vidéos?
M. Kilicci (Matt) : Alors, si on se
réfère, je pense, à la deuxième ou à la troisième page de la présentation,
comme je l'ai dit, la personne qui télécharge le contenu est la personne qui
est responsable pour obtenir les documents relatifs aux autres qui apparaissent
dans leur contenu. Cette personne-là doit avoir le document en place, et ça, c'est quelque chose qu'ils doivent attester
à chaque fois quand ils s'enregistrent sur notre plateforme et à chaque
fois qu'ils ou elles téléchargent un contenu
sur nos plateformes. Ce que nous, on a fait, je pense, une des plateformes, ce
n'est peut-être même pas la seule plateforme à le
faire, c'est que nous avons commencé à exiger qu'ils nous donnent des preuves
de ces vérifications, c'est-à-dire qu'ils nous donnent des preuves de la
vérification d'identité et la preuve de la vérification du consentement pour
chaque personne qui apparaissent dans leur contenu.
M. Penhale (Anthony) : Je veux
peut-être rajouter. Ça a toujours été le cas qu'ils devaient nous les fournir si on le demandait. La différence, c'est que,
maintenant, on le demande avant que le contenu soit admissible à être
mis en ligne. Avant, on pouvait le faire sur
une base de vérification soit épisodique, ou périodique, ou ponctuelle,
dépendamment des circonstances, ce qui est toujours le cas aujourd'hui, mais
ils doivent nous verser les documents de vérification d'identité et de
consentement des personnes, des interprètes, les co-interprètes avant de mettre
du contenu en ligne.
M. Leduc : C'est très clair. Et,
pour la personne qui visionne, là, c'est là qu'on avait peut-être la divergence,
où là vous, vous dites : Ça, ça devrait un peu plus être de la
responsabilité des fournisseurs de services de téléphonie. Mais j'ai peut-être
mal saisi ce que vous, vous avez comme mécanisme de vérification pour la
personne qui visionne les vidéos. Il n'y a pas le... Il n'y a pas ce même
niveau là d'identification avec une preuve d'identité, etc., là?
M. Kilicci (Matt) : Effectivement,
ce que j'ai expliqué dans mes diapositives, oui, ce que... ça, c'est un
utilisateur sur le site. Alors, l'utilisateur qui vient sur le site, nous avons
un avertissement qui est présenté à cet utilisateur-là. Nous avons un système
de support de contrôle parental. J'ai expliqué les tests qu'on a faits pour ce
qui est des tentatives de vérification d'âge aux utilisateurs qui vont se
présenter sur le site et j'ai expliqué... J'ai essayé d'expliquer que nous
avons trouvé que ce n'est pas une fonction efficace. Ça n'achève pas le but de
protéger les jeunes, qu'on essaie de faire
en mettant en place ce système. Et nous proposons un système que, de notre vue,
pourrait effectivement protéger les jeunes sur... protéger les jeunes pour ce
qui est des contenus qui sont destinés aux adultes.
M.
Leduc : Quand vous dites que c'est beaucoup... davantage
la responsabilité des fournisseurs de téléphonie, ça me fait un peu
penser... On dirait que j'ai l'impression que c'est comme si la SAQ disait que
ce n'était pas à elle de vérifier l'âge
d'une personne à la caisse qui achète une bouteille de vin, mais plutôt du
propriétaire de la bâtisse où est-ce qu'elle se trouve, la SAQ, et qui
loue des locaux. Alors, je pense que c'est, bien sûr, la responsabilité de la
personne qui rend le service aussi de vérifier ce qui se passe là.
Peut-être que je terminerais... Avant de passer
la parole à d'autres personnes ici, une question peut-être plus philosophique,
c'est : Est-ce que vous... Quel est, selon vous, l'effet sur un jeune, sur
un jeune homme en particulier, que pourrait avoir le visionnement précaire, à
10, 11, 12 ans, de vidéos pornographiques, particulièrement des vidéos
pornographiques où il pourrait y avoir de la violence ou de la domination, en
fait, envers une femme? Quel peut être l'effet du visionnement de ces vidéos-là
sur un enfant, un homme, de 10, 11, 12 ans?
• (17 h 10) •
M. Kilicci (Matt) : Écoutez, je vous
dirais en premier que, dans ma position, je ne suis pas un expert qui peut
commenter sur l'effet individuel ou spécifique de ce contenu sur un individu.
Je peux juste vous dire que, comme j'ai dit tout à l'heure, la protection des
jeunes en ligne, c'est un enjeu réel. De notre côté, nous ne voulons pas que
les jeunes accèdent aux contenus qui sont dirigés vers les adultes et nous
essayons activement à trouver et à mettre en
place une solution qui va accomplir l'objectif de protéger le jeune en
protégeant les appareils, en protégeant l'accès à l'Internet au point d'accès. Le point d'accès, c'est
l'appareil, et, en mettant la protection au point d'accès, on peut empêcher aux
jeunes d'accéder à des contenus qui sont entendus pour adultes à travers tout
l'Internet et globalement. Ça, c'est l'objectif.
M.
Leduc : Peut-être une dernière rapide, Mme la Présidente.
Si jamais la commission fait une recommandation de serrer la vis un peu,
de dire que c'est à vous de vérifier l'âge de manière plus systématique, et
qu'on modifie la loi à cet égard-là, est-ce que vous allez respecter la loi?
M. Penhale (Anthony) : La question,
elle est intéressante en ce que la réponse va être oui. Vous nous
demandez : Pourquoi on ne le fait pas aujourd'hui, pourquoi on ne fait pas
volontairement l'obligation... on ne s'impose pas volontairement l'obligation
de vérifier l'âge des utilisateurs? Parce que ça ne fonctionne pas. C'est un
faux sens de sécurité qu'on donnerait au public. On l'a fait, on l'a testé, on
le voit, c'est trop aisément contourné soit par l'utilisation de réseaux privés
virtuels, des VPN, ou tout simplement par le... parce que ce n'est pas une solution
qui est universellement appliquée, et, tant qu'il y aura des alternatives qui
ne requièrent pas la vérification de l'âge, on peut présumer que les utilisateurs vont se tourner vers ces
alternatives-là, d'une part, et, d'autre part, ces alternatives-là sont
souvent non modérées et dangereuses en termes de contenu.
Pour votre commentaire plus tôt, si je reviens
en arrière, sur le fait que nous disons que c'est la responsabilité des... dans l'exemple des téléphonies ou des
fournisseurs de services, je ne pense pas qu'on formulerait en disant :
C'est la responsabilité. Je crois que c'est une responsabilité partagée. Nous,
comme plateforme, voulons avoir la... En fait, nous voulons recevoir un signal
qui nous dit : L'utilisateur a 18 ans et plus ou moins de 18 ans.
Nous ne sommes pas intéressés à faire la détermination de l'âge de 13 ans,
16 ans. Nous ne voulons surtout pas que cet utilisateur-là ait accès à nos
produits.
La façon de le faire, comme Matt le disait, si
vous prenez... On peut contrôler l'accès au départ de l'aventure de l'utilisateur, qui est plus simple, qui
requiert... plus simple dans le sens qu'il requiert moins de divulgations
d'identités multipliées à travers de multiples plateformes, alors, comme
exponentielles. Au lieu de le faire à chaque destination,
c'est plus facile à réglementer, c'est plus facile à contrôler, c'est plus
facile à s'assurer que ça fonctionne. À partir du moment où... Si un législateur
dit : Vous devez avoir un signal, une plateforme comme la vôtre doit
recevoir un signal qui indique la catégorie, soit 18 ans et plus ou moins
de 18 ans, d'un utilisateur et que vous devez agir en conséquence, là, il
en requiert... il n'en requiert pas, ça
devient la responsabilité de la plateforme de se conformer à obtenir le signal
et agir en conséquence face à son utilisateur, beaucoup plus facile,
encore une fois, à contrôler, c'est binomial, peu de variables.
Puis, pour revenir à votre question, si, au
Québec, on avait une recommandation ou une loi qui dit qu'on doit vérifier
l'âge d'un utilisateur, d'emblée, et nos contestations aux États-Unis ne...
d'une contestation des États-Unis comme une volonté de ne pas voir
l'application de la loi, nous ne nous objectons pas au concept de la
vérification de l'âge en soi, mais de la manière dont il est requis d'être
fait. Alors, la réponse ici sera conditionnée à la nature de la recommandation,
ses tenants et aboutissants, et pas l'objectif qu'elle recherche.
M. Kilicci (Matt) : Pour compléter
la réponse, il y a des lois actives présentement dans 19 États différents
aux États-Unis. Nous sommes conformes avec chacune de ces lois.
M. Leduc : Merci beaucoup. Merci.
La
Présidente (Mme Dionne) : Merci. Merci, M. le député. Nous allons... Je vais
maintenant passer la parole à M. le député de Joliette.
M. St-Louis : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Messieurs, merci de participer à notre commission, c'est grandement
apprécié. Durant votre présentation, vous n'avez pas abordé... En fait, on
comprend qu'il y a des mineurs qui réussissent à contourner, là, malgré le fait
que vous avez mis quatre niveaux, là, de confiance puis que vous parlez de
responsabilité partagée. Avez-vous une idée ou un aperçu du nombre de mineurs
qui utilisent vos plateformes pornographiques, incluant, naturellement, les
jeux pour adultes?
M. Kilicci (Matt) : Juste... Merci
pour la question. En premier lieu, juste, pour la première partie de votre
question, la première diapositive était reliée aux individus qui veulent
téléverser du contenu, qui sont vérifiés avec des pièces d'identité. Il n'y a
pas de mineur dans ce groupe-là. Juste pour être clair, il n'y a pas de mineur
qui rentre par là. Ça, c'est juste la première... parce qu'ils sont tous
vérifiés par pièce d'identité. Pour ce qui est de l'accès aux utilisateurs, nous, nous ne savons pas qui est
qui. Ça peut être un accès anonyme, en tant que tel, sur nos plateformes.
Alors, nous ne savons pas, à chaque point
d'accès, à chaque personne qui accède à nos sites, qui c'est qui accède à nos
sites.
M. St-Louis : Donc, vous n'avez ni
chiffre ni pourcentage approximatif, ne serait-ce que de savoir qui passe à
travers les mailles du filet?
M. Kilicci (Matt) : Nous ne savons
pas la nature des individus qui accèdent aux sites Web. Je pense que c'est
similaire avec la majorité des plateformes en ligne.
M. Penhale (Anthony) : Et je
crois... puis Matt pourra me corriger, mais je crois que, si vous... si on
demandait à Google Analytics, ou des services de ce genre, de nous dire c'est
quoi, la distribution d'âge dans... sur nos
plateformes, lorsqu'ils nous renvoient l'information, ils ne nous renvoient
personne en bas de 18 ans. C'est 18 ans et plus dans toute
l'information qui est colligée par d'autres fournisseurs de services pour ces
fins-là. Alors, nous ne serions que des spéculateurs à ce niveau-là pour vous
dire...
M. Kilicci (Matt) : C'est justement
la raison pour laquelle... Excuse-moi de t'interrompre. C'est justement la
raison pour laquelle nous essayons, avec ce qu'on explique, nous essayons de
proposer une solution qui va établir l'âge de l'individu sur l'appareil qui
ferait ensuite en sorte que chaque plateforme puisse identifier l'âge de leurs
utilisateurs en demandant à l'appareil : Est-ce que cette personne a en
dessous ou 18 ans, oui ou non? Si oui, je fais ça, sinon, je fais ça.
Donc, précisément pour adresser votre question, c'est pour ça qu'on essaie de
diriger l'industrie vers une solution qui va associer un âge à chaque appareil
sur l'Internet.
M. St-Louis : Je ne veux pas être
trop simpliste, là, mais vous ne pensez pas que ce serait mal connaître nos
enfants de penser qu'ils n'iraient pas prendre la tablette de papa ou de maman?
M. Kilicci (Matt) : Bien, écoutez,
bien sûr que ça, c'est un risque aujourd'hui. C'est un risque dans le futur.
C'est un risque indépendant. Tout le monde est responsable dans cet écosystème,
que ce soient les systèmes d'exploitation,
que ce soient les appareils, que ce soient les plateformes, mais aussi les
parents. Je pense que, dans mon opinion,
les parents sont aussi... ont aussi une responsabilité. Si, dans le... d'une
vérification à l'appareil, le parent a un appareil pour eux et un
appareil pour leur enfant, ils font la configuration sur leur appareil pour
être vérifiés comme adulte, ils laissent l'appareil pour enfant tel que
configuré pour enfant. Ils ont fait le choix de séparer les deux. Ils gardent leur appareil pour adulte. Ils donnent à
leur enfant l'appareil qui est désigné pour l'enfant. Si, à ce moment-là,
le parent décide de mettre dans les mains de
son enfant son appareil, à ce moment-là, l'adulte a pris la décision de
mettre dans les mains de son enfant un appareil qui a été associé à un adulte.
Ça, c'est une décision parentale. Le parent a le choix de le faire, mais je
pense que, d'un point ou d'un autre, il y a toujours un élément de
responsabilité avec tout le monde dans l'écosystème, et je pense que les
parents sont inclus dans cet exemple-là.
M. Penhale (Anthony) : Et
peut-être philosophiquement ou utopique de ma part... Aujourd'hui, il y a
beaucoup de contrôle parental qui existe, mais il y a plusieurs outils qu'on
peut utiliser pour accéder à l'Internet, que ce soit une console de jeu, un
ordinateur, un téléphone, une tablette. Une vérification à même l'appareil ou
un contrôle à même l'appareil ne rend pas tous ces filtres vétustes, mais
simplifie peut-être la vie d'un parent à n'avoir à configurer qu'un seul
appareil ou d'une seule façon tous les appareils pour s'assurer que son
utilisateur ne déborde pas le cadre de l'utilisation qui est prévue.
M. St-Louis :
Je me permettrai juste de vous dire que, dans un système d'entonnoir, vous
êtes dans le bas de l'entonnoir et puis que c'est vous qui avez probablement la
dernière clé pour empêcher ces enfants-là d'accéder à vos plateformes, mais,
sans quoi, je vous remercie encore une fois de votre participation. Merci,
messieurs.
La Présidente
(Mme Dionne) : Merci, M. le député. Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay :
...bien, je partage un peu l'opinion de mon collègue, donc, puis de mes
autres collègues aussi qui ont posé des questions, puis qui sont inquiets
aujourd'hui, puis les parents qui, peut-être, nous écoutent aussi, là, de...
Là, ce que je comprends, moi, à l'heure actuelle, c'est que quelqu'un qui est
un jeune utilisateur... Puis il y a plusieurs personnes qui sont venues nous
dire, au cours des dernières semaines, là, qu'il y avait beaucoup de jeunes qui
avaient accès à la pornographie, puis notamment chez vous. Ça fait que, si un
utilisateur de moins de 18 ans, présentement, ment sur son âge, il a accès
à votre contenu. Ça, c'est ce que je comprends, là. Puis là je ne parle pas à
ceux qui téléversent, là, mais je parle des gens qui veulent regarder du
contenu.
• (17 h 20) •
M. Kilicci (Matt) : Nous ne savons pas l'âge
des individus qui accèdent à nos sites. C'est la question que vous
posez?
Mme Tremblay :
Oui, là, ça répond à ma question. Ça fait que vous n'êtes pas... On ne le
sait pas, puis vous n'avez aucun moyen... Vous ne faites pas de vérification,
des fois, par certains types de recherches, vous dire : Moi j'aurais un
doute que cette personne-là a vraiment 18 ans.
M. Penhale
(Anthony) : Il ne faut pas confondre, peut-être, notre plateforme...
Je vais prendre Instagram comme exemple.
Instagram, comme plateforme, ont commencé à faire des vérifications sur l'âge
de leurs utilisateurs. Puis l'exemple que je vais vous donner, c'est...
Vous avez un enfant de 12 ans... 11 ans, 12 ans, qui déclare son
âge à 14 ans pour pouvoir accéder à
Instagram, bien, toutes les photos, tous les événements, toutes les histoires
qui sont mises en ligne traitent de
personnes qui ont, par leurs anniversaires de naissance, 11 ans. On va
détecter, là, un comportement qui ne correspond pas nécessairement à
l'âge déclaré de l'utilisateur.
Nos plateformes ne
sont pas des plateformes d'interaction de ce genre-là. Il y a... On n'a pas un
bassin, d'une part. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, nous
n'avons pas un bassin d'information qui nous permet de cibler et de reconnaître
toutes les activités de chacun de nos utilisateurs et d'en faire un profil qui
nous permettrait, à Instagram, dans
l'exemple donné, de déceler qu'il y a une divergence entre l'âge déclaré et
l'âge potentiellement réel de la personne
de par ses activités et de par ses intérêts, de par les interactions qu'elle a
avec la plateforme. Alors, nous n'avons pas ce bassin d'information pour
extrapoler puis faire une détermination ou un questionnement sur l'âge de la
personne.
Mme Tremblay : O.K., et, quand vous
dites : Bon, bien, les jeunes, là où on a mis du contrôle d'identité, ils
se sont tournés vers d'autres plateformes, d'autres milieux, ça, ces
données-là, vous les avez obtenues comment?
M. Kilicci (Matt) : Oui, alors, ces
données... Alors, dans le contexte des VPN, j'avais affiché
spécifiquement des données qui sont obtenues de Google Trends. C'est la même
chose pour le contournement de nos sites. On a aperçu que... Avant, on a
regardé les... Je m'excuse, je ne connais pas la traduction du mot «trends» en
français.
M. Penhale
(Anthony) : Tendances.
M. Kilicci
(Matt) : Tendances, merci. On a aperçu que les tendances des
utilisateurs qui recherchaient nos sites... avant et après la mise en place
d'un système de vérification, les tendances ont changé grandement, et on a vu
des tendances à commencer à chercher pour d'autres sites. Par exemple, ils
cherchent... Bien, par exemple, les gens recherchent d'autres sites qui ne sont
pas bloqués. Ils cherchent comment contourner les sites. Ils cherchent d'autres
marques. Ils cherchent d'autres moyens de
trouver des sites qui vont afficher des contenus sans avoir de contrôle en
place.
C'est pour ça que, je
vais un peu me répéter, il y a des centaines de milliers de sites qui affichent
des contenus pour adultes. Un filtre... Par exemple, sur Apple, il y a un
filtre pour limiter l'accès aux sites adultes, mettre en place ce filtre bloque
l'accès à tous ces sites-là. Il suffit de le mettre en place puis l'enfant ne
peut pas y accéder. Alors, ce qu'on propose, justement, c'est de mettre en
place le filtre par défaut, devoir se faire vérifier pour désactiver le filtre,
et ensuite, à partir de ce moment-là, l'adulte peut accéder au site.
Mais, pour répondre à
votre question, c'est Google Trends qui affiche ces tendances-là, que ce soit
pour les VPN, que ce soit pour les recherches reliées à nos termes. Quand on a
mis un bloc en place, c'est ce qu'on a aperçu quand on compare l'avant avec
l'après.
Mme
Tremblay : De notre côté, on a reçu l'accès à l'information ce matin,
puis eux nous disaient, là, que de faire confiance à des plateformes, comme
celles que vous dites, pour vérifier l'identité, ce n'est pas la solution,
parce qu'eux aussi ont des intérêts, évidemment, de recueillir, de conserver
des données, donc... puis ils ont parlé, là, des systèmes d'exploitation que
vous avez nommés. Pour eux, ça prend vraiment une entité qui le fait, qui
pourrait être gouvernementale, par exemple.
Alors,
vous répondez quoi à ça? Parce que... Puis ultimement, un jour, il faudra bien
que l'ensemble des... Il y aura tout le temps beaucoup de matériel, il y
aura toujours beaucoup de... différentes plateformes, mais il va falloir que
tout le monde se soumette à une certaine
réglementation, puis je pense qu'il y aura une responsabilité de ces
plateformes-là aussi. Mais qu'est-ce que vous en pensez? Qu'est-ce que
vous répondez? Puis il y a beaucoup de gens qui n'allaient pas dans votre
direction aussi, là, par rapport à ce que... les solutions que vous... puis
notamment parce que ces plateformes-là, Google, Microsoft, Apple, nommez-les,
elles ont des intérêts aussi à conserver l'information.
M. Kilicci
(Matt) : Oui, alors, premièrement, je veux commencer en disant que,
pour ce qui est d'un monde où les contrôles doivent être mis en place au niveau
des sites, si, dans le monde, où chaque site se mettait conforme à la
vérification d'âge... ce que ça veut dire, c'est que des centaines de millions
de sites mettent à leur point d'entrée un système de vérification avec un
produit qui va vérifier l'âge des individus, et ça va être des centaines, des
milliers, des dizaines de milliers d'applications qui prennent les informations
d'identité des utilisateurs et qui ont... qui vont ensuite faire la
vérification. Est-ce qu'ils vont tous être légitimes? Je ne le sais pas, mais
c'est quand même une énorme quantité non seulement du nombre de vérificateurs,
mais du nombre de fois où la vérification doit être faite, parce que ça doit
être fait à chaque site.
Maintenant, on
retourne à l'appareil, on retourne au système d'exploitation. On parle d'une
vérification par appareil seulement et on parle d'une vérification qui est
faite à travers le système d'exploitation, Apple, Google, Microsoft, qui...
peut-être, vous avez un téléphone Google, Apple, Microsoft. Ils ont déjà
beaucoup d'informations sur leurs utilisateurs. Moi, je le sais que mon
téléphone, il a déjà beaucoup d'informations sur moi. S'il y a une personne, ou
un appareil, ou une entité à qui je vais donner ou je suis prêt à donner un peu
plus d'informations, ça serait Apple parce que c'est déjà là que la majorité de
mes informations sont partagées. Je donnerais mes informations là, mais pas
nécessairement sur, potentiellement, des centaines de plateformes de vérification
d'âge qui sont affichées devant des sites juste pour y accéder.
Alors,
je ne sais pas si je réponds à votre question pour ce qui est des plateformes
de vérification d'âge, mais...
M. Penhale
(Anthony) : Si vous me permettez, je peux rajouter que la crainte,
elle est probablement fondée. Juste sur le plan philosophique, on le voit en
Europe, aux États-Unis, il y a une crainte des conglomérats, et de leur
puissance, et de l'information qu'ils gèrent ou à laquelle ils ont accès.
Alors, si on part de ce constat-là, il y a une crainte, et elle est justifiée,
justifiable.
De la même façon, quand on regarde la
législation qui impose aux plateformes de vérifier, on prend la peine, dans
l'illustration, de dire qu'on ne doit pas conserver cette information-là. On
doit... bon, il y a... mais comment on contrôle ça? Si on prend la même
problématique puis on dit : Ça va être fait au sein de l'appareil d'une
personne, la méthode xyz sera celle choisie par l'appareil et son système
d'opération, mais qu'on impose des contraintes de... l'information qui est
utilisée pour cette fin-là ne peut pas être utilisée à d'autres fins, c'est
beaucoup plus facile à contrôler, à mon
avis, peut-être... On parle de quelques manufacturiers, quelques systèmes, et
non pas des milliers et des milliers, voire des millions d'instances
individuelles différentes.
Alors,
peut-être que la crainte justifiée et justifiable peut être aussi... En
anglais, l'expression que j'utiliserais, c'est «picket fence». On peut
l'encadrer et la contrôler probablement... encore là, je dis «probablement», je
ne suis pas législateur, mais d'une façon plus facile, avec un degré de
confiance plus élevé, et une vérification aussi... On n'en parle pas nécessairement, mais une vérification à partir d'un
appareil rend le même concept législatif... Si on prend le Québec, ou l'Ontario, ou le Canada, puis les
États-Unis, l'Amérique du Nord, puis l'Europe, l'Asie, on n'a pas... on
ne créera pas un système fragmenté de mécanismes de vérification qui sont
dépendants d'une juridiction par rapport à l'autre, qui pourrait donner lieu à
de l'arbitrage, peut-être pas par un utilisateur en bas âge, mais par un
utilisateur qui n'est pas un adulte, mais qui est un mineur éduqué. On élimine
cette opportunité d'arbitrage là. Peut-être que cette élimination de
l'opportunité de l'arbitrage ne sera pas conçue ou perçue par les gens comme un
risque qui vaut la peine d'être pris, si on est en mesure de contrôler
l'utilisation que font les systèmes d'opération de ces informations.
Mme Tremblay : Je comprends que,
finalement, vous êtes en attente, finalement, que, bien, on légifère, que
l'ensemble des pays aillent plus loin, puis qu'en attendant, bien, on peut
facilement entrer sur votre site, puis que le contrôle de l'âge est presque
banalisé, parce qu'il n'y en a pratiquement pas, pour l'instant, sur vos sites,
puis que vous vous reposez sur... On attend qu'il y ait des solutions,
finalement, autres que vous... Au lieu...
Moi, je pense, comme mon collègue... Tu sais,
vous pourriez être exemplaires, vous, un jour, les autres pourraient être
exemplaires, puis c'est tout le monde ensemble qu'on pourrait empêcher nos
jeunes... parce que ça brise des vies, ces images-là, ça brise nos jeunes.
Alors, moi, je pense que vous pourriez en faire plus... qu'on soit en attente...
que ça soit un système d'exploitation, un téléphone... puis qu'on travaille
encore davantage à s'assurer que les jeunes n'aient pas accès à ces
plateformes-là. Merci.
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Je passe maintenant la parole à Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci,
Mme la Présidente. Bonsoir, messieurs. Les questions que j'avais sur la
prévention des contenus préjudiciables ont été répondues. Donc, je vais me
concentrer sur la portion de votre présentation sur la protection des mineurs.
Comme mes collègues, donc, j'avais quelques questions, d'abord et avant tout,
sur le nombre d'utilisateurs mineurs que
nous avons ici, au Québec. Je vous entends sur, bon, qu'évidemment ce ne sont
pas des données que vous avez de
façon explicite. Et maître... Votre collègue ici, donc, a répondu partiellement
à la question que j'avais ici, ce que des intervenants, plus tôt dans
nos consultations, sont venus nous parler, donc, des trois types de données.
Donc, on a les données qui sont fournies, donc,
par exemple, celles qui seraient à travers, donc, le système de vérification. Vous avez des gens qui donnent leur
carte d'identité, et les données qui sont obtenues, donc, à travers,
donc, les autres sites que l'utilisateur, donc, peut consulter... Donc, il
permet, donc, d'aller chercher de l'information soit de votre part ou soit de la part, donc, de vos partenaires
publicitaires, des données qui sont inférées. C'est ce à quoi vous
faisiez référence, maître, donc, de dire... nous dire, bien, par exemple, donc,
Instagram, donc, un jeune de 11 ans, on va être en mesure, donc,
d'inférer, donc, l'âge véritable de l'utilisateur parce que, bon, il y a du
contenu qui est généré, puis ça permet, donc, de pouvoir faire certains liens.
Je comprends que vous, ce que vous nous dites,
c'est que, bon, au niveau des données fournies, vous n'êtes pas en mesure de vérifier l'âge des mineurs parce
que, quand on vous fournit des données, bien, on vous dit : Bien,
nous avons 18 ans et plus. Au niveau des données inférées, il n'y a pas de
contenu qui est présenté par ceux qui souhaitent accéder, donc, à vos sites Web
pour consommer du contenu. Donc, vous n'êtes pas en mesure d'avoir ces données
inférées là, mais, au niveau des données obtenues, je pose la question ici
parce que, là, vous nous dites : On n'a pas accès à ça non plus. Mais vous
avez quand même des partenaires publicitaires. Donc, au final, vous avez...
Selon votre modèle d'affaires, là, si je l'ai bien compris, c'est... il y a du
contenu qui est gratuit, là. Ce n'est pas juste du contenu payant. Et,
habituellement, donc, s'il y a du contenu gratuit, c'est que ça veut dire qu'il
y a des données qui sont transmises à des partenaires publicitaires.
M. Kilicci (Matt) : Donc, je ne peux
pas commenter sur la transmission des données. Je peux juste vous dire que ceux
qui affichent les publicités sur nos sites peuvent sélectionner des critères
pour diriger où est-ce que leurs publicités vont être affichées. Par exemple,
ils peuvent sélectionner un pays pour afficher une publicité, le pays qui peut
être obtenu à travers l'adresse IP de l'individu, qui nous donne une
localisation de la visite, par exemple. Ça, c'est une information qu'on peut
utiliser pour afficher, par exemple, une expérience différente, une publicité,
bloquer le site dans les États où c'est... où il y a une loi qui est en
vigueur. Ça, c'est un genre d'information qu'on a, mais, à part ça, je ne suis
pas sûr à quel genre d'information sur les individus à laquelle vous pensez.
Mme Cadet : Je peux... Je ne sais
pas si votre collègue peut poursuivre. Sinon, je préciserai la question.
M. Penhale
(Anthony) : J'avais juste un morceau d'information à ajouter.
Vous ne serez pas surprise d'apprendre qu'une très, très forte
proportion de nos utilisateurs accède à nos sites en mode incognito.
Mme Cadet : ...permet pas de...
M. Penhale (Anthony) : Alors, d'une
part, ça limite la quantité d'informations qu'on obtient sur la session et la
séance Web de l'utilisateur de façon générale. Je rajouterais à ce que mon
collègue a dit, c'est... L'utilisation de l'information pour le placement ou la
détermination d'où une annonce pourrait être placée ou pas, il y a beaucoup
plus d'informations, qui se retrouvent à même la plateforme, qui est
contextuelle à sa visite sur la plateforme et non pas d'où l'utilisateur vient,
où il s'en va, parce qu'on n'a pas nécessairement cette information-là.
M. Kilicci (Matt) : Je voudrais
juste ajouter une chose, dans ce sujet, c'est que, si quelqu'un arrive sur un
autre site, il y a quelque chose dans leur information qui est, je ne sais pas,
dans le «browser»...
M. Penhale (Anthony) : ...
M. Kilicci (Matt) : ...dans le
«browser», qui nous dirait avec... certain que c'est un enfant, par exemple. Je
ne sais pas si ça, ça existait, j'aimerais avoir la conversation avec quelqu'un
qui pense que ça, ça existe. Si ça, ça existait, je pense que nous n'aurions
pas de problème à bloquer l'accès à cet individu. Ce qu'on essaie, justement,
de faire, c'est de mettre cette fonction avec l'appareil. Comme ça, on pourrait
le savoir. Donc, on parle de mettre en place un filtre par défaut.
On parle
aussi de la possibilité du système d'exploitation et de l'appareil de
communiquer avec les sites la bande d'âge
ou l'âge de l'individu pour que les sites, justement, puissent l'utiliser et
afficher une expérience appropriée pour l'âge de l'individu. Et, dans
notre cas, ce serait, si l'individu a moins de 18 ans, on n'affiche pas le
site... 18 ans et plus, on peut afficher le site. Alors, si ces
informations étaient disponibles dans la visite, on l'utiliserait, mais, à ce
que nous sachons, ce n'est pas que quelque chose qui est disponible dans la
session, on va dire, dans la session de l'utilisateur.
M. Penhale (Anthony) : De nos
utilisateurs, à tout le moins.
Mme Cadet : O.K. Donc, si je saisis
bien, donc, finalement, au niveau des données inférées, donc, la personne ne
distribue pas... ne télécharge pas de... ne téléverse pas de contenu en ce qui
a trait, donc, à celui qui souhaite accéder au site pour
le visionner. Donc, il n'y a pas de données inférées qui sont obtenues, c'est
clair. Les données fournies, ça, c'est établi, vous ne serez pas en mesure,
donc, d'identifier si la personne est mineure, mais ce que vous me dites, c'est
que vous n'êtes pas en mesure d'aller... d'obtenir des données, notamment parce
que les utilisateurs, donc, parviennent à vos sites en mode incognito, donc ce
qui limite l'accès à l'information, mais qu'autrement vous ne recueillez pas de
données sur les utilisateurs afin de les vendre à vos partenaires
publicitaires.
M. Penhale (Anthony) : ...pas de
données aux partenaires publicitaires. Nous permettons aux partenaires
publicitaires de cibler des campagnes de publicité sur la base d'inclusion de
termes. À titre d'exemple, on peut parler de catégories de contenus, de
régions, d'heures, mais pas sur les données des utilisateurs basées
individuellement.
Mme Cadet : O.K., donc pas sur les
données d'utilisateurs basées individuellement. Ensuite, le concept d'identité
numérique, ce que vous dites, qu'aux États-Unis, malgré l'utilisation d'une
identité numérique comme méthode, 80 % des utilisateurs ont migré vers des
plateformes non conformes et sans contrôle. Vous n'êtes pas sans savoir, donc,
qu'en ce moment, donc, au Québec, on est en train, donc, de débattre, dans un
projet de loi, sur le concept d'identité numérique. D'ailleurs, la Commission
d'accès à l'information, si vous écoutiez, ce matin, nous a émis quelques
recommandations en ce sens.
Je ne sais pas si vous pouvez faire certaines
distinctions entre le modèle qui est utilisé dans certains des États, je
comprends, donc, dans 19 états différents, là, qui auraient le modèle
d'identité numérique, et celui que nous souhaitons mettre en vigueur. Oui, Me
Penhale.
M. Penhale (Anthony) : ...je crois
que, dans les 19 États, sauf correction, qu'il y a une pièce d'identité
numérique qui pourrait être utilisée pour les vérifications, pour les fins de
la vérification.
M. Kilicci (Matt) : D'après ce que
je sache, c'est la seule. Je suis désolé, je ne suis pas familier avec le
modèle que vous cherchez à mettre en place au Québec. J'aimerais avoir plus
d'informations sur le modèle que vous cherchez à mettre en place au Québec, je
ne le connais pas, mais, dans le cas de la Louisiane, il y avait un système de
portefeuille numérique qui a été mis en place par l'État. Je pense qu'ils l'ont
mis en place deux ans avant l'entrée en vigueur de la loi. Quand la loi est
entrée en vigueur, si je me rappelle bien, il y avait déjà à peu près 30 %
ou plus des adultes qui avaient déjà créé leur compte et mis leur... soit leur
permis de conduire ou une autre pièce d'identité dans l'application, pour
vérifier leur âge sur une application sur leur téléphone, sur leur appareil...
ou sur leur appareil. Et la façon que le système fonctionne, c'est que
l'utilisateur arrive sur le site, on génère un code qu'ils vont ensuite
recevoir sur leur appareil. S'ils ont l'application, ils confirment le code et
ensuite ils peuvent entrer. Donc, c'est comme ça un peu que ça fonctionnait
avec le système numérique.
D'après moi, si je me rappelle bien, encore,
c'est le seul des 19 États qui a une loi en vigueur aujourd'hui, qui avait
une identité numérique, et surtout la seule qui en avait une depuis déjà
quelques années avant la mise en place de la loi. Ils ont même spécifiquement
reconnu ce système comme étant un système de vérification applicable pour
vérifier l'âge des individus. Alors, c'était un peu plus planifié du côté de la
Louisiane. Je ne peux pas dire la même chose pour les 18 autres États.
Alors... oui.
Mme Cadet : ...sur la Louisiane,
j'avais mal saisi votre introduction, là, mais, dans le fond, ma question ici,
sans entrer dans les détails du modèle québécois, parce qu'on... d'une part, on
n'aurait pas le temps, mais le... il n'est pas en vigueur. Mais je veux surtout
voir... Parce que ce que j'ai saisi de votre propos, c'est que vous trouviez...
Donc, ce système-là, vous trouviez qu'il y avait des failles qui ne vous... qui
ne permettaient pas de privilégier cette optique-là, là, plutôt que ce que vous
nous amenez, donc, le système de vérification par appareil. Donc, c'était quoi,
les failles que vous avez identifiées qui... Vous dites : Non, le
législateur québécois ne... vous pouvez aller vers là, là, mais ce ne sera pas
votre système de vérification d'âge le plus pertinent.
M. Penhale (Anthony) : Je ne pense
pas... puis Matt pourra compléter, je ne pense pas que c'est question
d'avoir identifié des failles relativement à l'identité numérique, mais un
constat que même une méthode qui n'implique pas le transfert d'identité...
d'informations personnelles ou biométriques, qui est assis sur un système qui
avait... Matt dit : près du tiers... je pense que c'est à peu près
50 % de la population, où ça incluait les gens de 16, 17 ans, les
gens, qui ont des... l'équivalent de permis de conduire d'apprenti, étaient
déjà dans le système. Donc, on pouvait déjà éliminer les gens qui n'avaient pas
18 ans, qui avaient une carte, qui essayaient de rentrer. Un système qui
était autrement fait pour d'autres raisons, avec une acceptabilité sociale
préexistante, 80 % des utilisateurs ont quand même... lorsqu'on leur
demande de vérifier leur âge, décident de passer à une autre étape, d'aller
ailleurs.
M. Kilicci
(Matt) : Donc, on ne dit pas que ça ne peut pas contribuer
à la solution. Par exemple, quand on parle de la vérification au niveau du système d'exploitation, pour les utilisateurs
au Québec, ça peut être un ou le moyen par lequel Apple, Google et
Microsoft ont effectué la vérification de l'utilisateur sur l'appareil de
quelqu'un qui est résident du Québec, par exemple. Je peux vous dire, en même
temps, aussi que, dans nos discussions avec la Commission européenne, eux aussi
pensent mettre en place une identité électronique, le eID. Et ils nous ont dit
la même chose, ils voient une solution possible où le eID est la méthode ou une
des méthodes par lesquelles la vérification peut être faite, mais ils sont
aussi, je pense, en discussion avec comment mettre en place un écosystème qui
va fonctionner. Mais, un peu comme vous, ils
ont aussi levé la proposition de l'identité numérique pour essayer de
contribuer à la solution.
Mme
Cadet : Puis justement, en fait, c'est un peu ma prochaine question,
parce que je me demandais c'était quoi, les enseignements que vous pourriez
donc nous fournir, aux législateurs québécois, sur les discussions que vous
avez eues, notamment avec l'Union européenne. Vous avez participé à des
discussions aux États-Unis, en Australie également.
Donc, je comprends qu'un des enseignements c'est l'identité numérique, vous
venez de le mentionner. Est-ce qu'il y en a d'autres que vous auriez
pour nous, comme législateurs?
• (17 h 40) •
M. Kilicci
(Matt) : Ce que je pourrais faire, ce que je pourrais offrir, c'est
vous faire parvenir toutes les consultations, là, qu'on a faites ou qu'on a
soumises. Je ne sais pas si ça vous aiderait ou pas, mais, tout ce qui est
public, on peut...
Mme Cadet : ...les
déposer à la commission.
M. Kilicci
(Matt) : Oui. Tout ce qui est public, on peut vous... soit vous
envoyer des copies ou les liens. Et, s'il y a d'autres choses qu'on peut
ajouter, je vais vérifier avec chaque groupe pour voir qu'est-ce qu'on peut...
de quoi on peut parler publiquement, de quoi ces... des discussions plus
confidentielles. Et puis on va essayer de vous offrir le plus qu'on peut... en Australie, au Royaume-Uni, l'Union européenne, l'Italie, l'Espagne, en fait, partout où on a participé.
M. Penhale
(Anthony) : Mais on peut tirer... et c'est ça, c'est mon expérience
personnelle, si, en tant... Si je me mettais à la place d'un législateur, et je
peux me concentrer... Bien, si je peux... si vous me permettez un exemple,
quoiqu'il puisse être boiteux, on ne peut pas transposer notre expérience dans
le monde physique linéairement au monde virtuel qu'est l'Internet, et notre
expérience au monde physique est souvent précurseur de comment on adresse la
problématique de la vérification de l'âge au niveau de l'Internet.
Pour prendre
l'exemple de la Société des alcools du Québec, bon, on pourrait demander à
chaque manufacturier d'alcool de vérifier l'âge du... pardon, du consommateur
au point de vente. Il est plus facile, dans ce cas-là, de demander de vérifier
l'âge du consommateur au point de vente. Il n'y a pas de trace permanente de
cette vérification de l'âge là. Si le
caissier, la caissière de... me demande à moi de montrer une pièce d'identité à
chaque fois, pour confirmer mon âge, il n'y a pas de trace de ça, puis
il n'y a pas une copie qui est faite, puis il n'y a pas d'usurpation possible.
Il y a un contrôle qui demeure complet sur ma pièce d'identité... par moi, elle
est vérifiée, elle ne va pas nulle part d'autre.
Lorsqu'on arrive dans
le monde numérique, tous ces exemples de fragmentations possibles... Je disais
tantôt : On peut essayer de le mesurer au point de départ ou à la
destination. Mon constat, c'est : si on peut arriver à regarder plus haut
dans la chaîne, à l'entrée de la journée, à travers le système Internet de
l'utilisateur, au lieu de sa destination, probablement, ça fonctionne mieux, à
mon avis. C'est aussi peut-être plus facile, l'interopérabilité entre les différentes
juridictions, si on s'entend sur une... parce que vous, au Québec ou en
Ontario, au Canada, au New Hampshire, au Vermont, pouvez avoir une perception
différente de comment on vérifie.
Puis je reviens ici à
l'exemple de la Louisiane. Il y a beaucoup d'étudiants qui sont... qui ne sont
pas résidents de la Louisiane, qui étudient à l'Université de la Louisiane. Ils
n'ont pas de permis de conduire de la Louisiane, ils ont un permis de conduire
de la Californie, Washington, de l'Oregon. Ils ne peuvent pas obtenir une pièce
d'identité numérique en Louisiane. Alors, eux sont des utilisateurs adultes
qui, pour des raisons... qu'ils ne peuvent pas obtenir une pièce d'identité
numérique louisianaise, acceptée dans le système louisianais, pour les fins de
la Louisiane, évidemment, puisque c'est la seule façon de se... vérifier l'âge
sur nos sites, doivent trouver d'autres moyens pour accéder à nos sites.
Alors, s'il n'y a pas
une uniformité, au niveau de la législation, de ces tenants et aboutissants à
travers la multitude de juridictions dans lesquelles ça peut s'appliquer, il y
aura toujours une façon de le contourner. Et c'est l'objectif... je sais que c'est un objectif presque impossible, pour un
législateur, mais d'avoir une application universelle et uniforme le
plus que possible. Quelques restrictions de ce genre en assurent... assurent
l'accomplissement de son objectif, qui est la protection des mineurs.
Mme Cadet : Une
autre... Merci. Une autre question ici, parce que, dans votre modèle, donc,
vous nous avez présenté un aspect sur les
jeux vidéo pour adultes. Et là, bon, évidemment, je comprends que vous n'avez
pas de données sur les utilisateurs
mineurs, mais vous avez quand même, donc, le... Bien, en fait, avec votre
système, donc, de vérification, pour les adultes qui atteignent... qui
accèdent à vos plateformes, donc, vous êtes en mesure, donc... déterminer un
peu l'âge moyen des utilisateurs pour chacun de vos produits, là.
Et je me demande si,
donc, l'offre de jeux vidéo... Bien, d'abord, qu'est-ce qui est différent dans
l'accès à ce service-là? Puis est-ce qu'il y a un potentiel d'attrait plus
grand pour les jeunes utilisateurs? Et donc on pourrait inférer que, s'il y a
des mineurs qui accèdent à vos plateformes... même si vous, vous ne le savez
pas, que ça... qu'il pourrait y avoir un potentiel d'attrait vers ce type de
service.
M. Kilicci
(Matt) : Alors, c'est une plateforme qui offre aux utilisateurs de
jouer à des jeux sur la plateforme. Les jeux sont créés par des tiers, ils sont
vérifiés par nos modérateurs puis affichés sur la plateforme pour que... pour
consommation. Les utilisateurs peuvent jouer gratuitement ou peuvent payer pour
jouer. Bien entendu, si quelqu'un paie pour acheter quelque chose, il y a
peut-être plus de confiance que c'est un adulte, si c'est quelqu'un qui paie
pour accéder à quelque chose, mais généralement, encore, nous ne savons pas.
Nous ne savons pas qui sont les jeunes, qui sont des adultes, c'est... on n'a
pas ces informations-là.
Mme
Cadet : Je comprends que vous n'avez pas d'information, à savoir si
une personne est mineure, parce qu'au niveau des données qui sont fournies par
les utilisateurs, donc, ça... vous n'avez... En fait, il n'y a pas de données,
donc, sur les personnes qui ont moins de 18 ans qui accèdent à vos
plateformes. Ça, j'ai saisi ça, mais vous, comme entreprise, j'imagine que vous
êtes en mesure, donc, d'aller chercher, donc, des... d'inférer certaines
données sur les utilisateurs qui, eux, parviennent aux plateformes légalement,
donc des utilisateurs de 18 ans et plus.
Donc, est-ce que
vous, comme n'importe quelle autre plateforme, vous dites : Bien là, il y
a du contenu pour du 18-24, 18-35, «name it», là? Est-ce que vous avez, donc,
ce type de données là sur vos utilisateurs... et donc en mesure de nous
dire : Bien, par exemple, même si tout ce qu'on a comme informations
concerne les utilisateurs qui sont majeurs, bien, les plateformes de jeux
vidéo, bien, ce qu'on est en... ce qu'on peut reconstater, c'est que ce sont
des utilisateurs, donc, dans une braquette d'âge, dans un intervalle d'âge
entre 18 et 30 ans qui accèdent, par exemple?
M. Kilicci
(Matt) : Pour répondre, malheureusement, je ne sais pas... je ne
saurais pas comment faire ce genre d'analyse, mais c'est sûr que, si quelqu'un
joue à un jeu ou accède à une pièce de contenu sur un de nos sites, il est
possible que cette personne-là va... ou accède à une catégorie sur un site, une
catégorie de jeux, va être présentée d'autres options, dans le futur, dans
cette catégorie de jeux aussi. Donc, ce genre de...
M. Penhale
(Anthony) : Profilage.
M. Kilicci
(Matt) : Ce genre de profilage est possible sur la plateforme, mais je
ne sais pas comment... Sur une plateforme qui est exclusivement pour les
adultes, est faite pour les adultes, je... nous ne saurons pas comment utiliser
les informations de l'utilisation pour essayer de voir quels utilisateurs sont
dans quel profil démographique.
M. Penhale
(Anthony) : Mais je peux... peut-être un complément de réponse à...
Pornhub publie ce qu'on... ce qui est communément référé comme les Pornhub
Insights, un genre de revue annuelle. Si les membres de la commission sont intéressés,
soyez rassurés, c'est un site «safe for work», il y a... à moins que vos
protecteurs d'Internet ne vous donnent pas accès. Il y a une ventilation
géographique, une ventilation par catégories d'âge qui est offerte dans cette
publication-là.
Je ne le connais pas
par coeur. Je pourrais aller le chercher puis vous faire parvenir la
ventilation pour la dernière année, mais cette information est obtenue de... je
pense, de Google Analytics. Le même exercice pourrait être fait,
vraisemblablement, pour nos plateformes de jeux et démontrerait, je suis à peu
près certain, une distribution, une ventilation, dans les différents groupes
d'âge, qui ressemblerait à ce qu'on peut voir sur Pornhub Insights.
Mme Cadet : Merci beaucoup. Je reviendrai, si j'ai un peu de
temps. Merci. Je vais laisser la place à un collègue.
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, Mme la députée. M. le député de Gaspé.
M.
Sainte-Croix : Merci, Mme la Présidente. Bonsoir, messieurs. Merci de
vous prêter à l'exercice. On apprécie particulièrement votre présence ici
aujourd'hui. Vous oeuvrez pour une... corporation, pardon, à but lucratif qui
oeuvre à l'échelle planétaire. Vous comprenez qu'on a plusieurs préoccupations,
comme législateurs, au niveau des produits que vous offrez. Je vais m'en tenir,
là, pour la législature... législation canadienne. Si on regarde, là,
concrètement, j'imagine que vous avez une idée de l'ouverture du nombre de sessions
annuel sur vos plateformes par les consommateurs canadiens.
M. Kilicci
(Matt) : On a sûrement le chiffre, mais honnêtement je ne connais pas
le chiffre. Je ne peux pas vous dire quel serait le chiffre ici.
M. Penhale
(Anthony) : Écoutez, j'y vais de mémoire, là, et je vous demanderais
de ne pas me citer à titre d'autorité là-dessus, je crois que le chiffre qui
avait été avancé à... devant le comité d'éthique du Parlement fédéral était
entre 4 % et 7 % d'utilisateurs canadiens, à l'époque.
M.
Sainte-Croix : Et 7 % d'un volume annuel mondial qui pourrait
ressembler à quoi, de sessions?
M. Penhale
(Anthony) : Ah! je ne connais pas le nombre... Je traduis ici le
chiffre qui avait été donné à la commission d'éthique et dans... entre 4 %
et 7 %. Je pourrai le vérifier puis donner le chiffre précis. En termes de
comment ça se traduit, ça, c'est un nombre distinct d'utilisateurs ou de
sessions... Ça, je ne pourrais pas vous le dire, si, de mémoire, je m'en
souviens.
M. Sainte-Croix :
Et je comprends qu'à travers l'ensemble des usagers, donc, de ceux et
celles qui visionnent vos contenus, vous n'êtes pas en mesure de savoir ou de
nous dire quel est le pourcentage d'utilisateurs légaux pour ce qui est du code
du...
M. Kilicci (Matt) :
...à part ceux qui ont été vérifiés avec une pièce d'identité, tels que les
téléverseurs, non.
• (17 h 50) •
M. Sainte-Croix : Vous dites aussi
qu'un des principal problèmes se trouve au niveau de nos lois, qui sont non
adaptées ou désuètes, en fonction de ce que vous qualifiez, là, de la réalité
ou du monde virtuel. Considérant le mandat de la
commission, quels seraient, selon vous, avec aussi votre expérience, où vous
offrez des produits sur l'ensemble de la planète... Où devrions-nous agir concrètement
pour faire en sorte que nos lois puissent faire en sorte de protéger nos
enfants de l'accès à vos produits?
M. Kilicci (Matt) : O.K. Alors, je
peux offrir faire quelques options. Premièrement, je pourrais même offrir
des... une construction d'une loi potentielle qui pourrait aider en termes de
guide, mais, en même temps, moi, je veux dire, ce serait une loi qui viserait à
requérir que le système d'exploitation, lorsqu'il est présent, par exemple, au
Québec, si on parle du Québec, pour les utilisateurs au Québec...
M. Penhale (Anthony) : Excuse-moi de
t'interrompre, au moment de la vente de l'appareil, à ce moment-là, l'appareil,
lorsqu'il sort de la boîte, devrait déjà avoir par défaut les filtres.
M. Kilicci (Matt) : Une
responsabilité qui demande au système d'exploitation de faire en sorte qu'au
Québec les appareils, qui sont vendus au Québec, viennent équipés d'un système
qui va vérifier... qui va essayer de tenter de vérifier l'âge de l'individu à
l'activation de l'appareil. Tant est... tant que l'âge n'est pas vérifié, je
vous parlais d'un filtre de contenu, il y a un filtre pour les contenus adultes
qui est activé. On ouvre la boîte, on sort l'appareil, le filtre est activé. Ça
prend une vérification d'âge, qui est faite par le système d'exploitation, pour
pouvoir ensuite désactiver le filtre, sans quoi le filtre ne veut pas être
désactivé.
Cette fonctionnalité va être déployée sur, par exemple,
tous les appareils vendus, par exemple, au Québec à partir du 1er janvier 2026.
Et, à partir de ce moment-là, avec la prochaine mise à jour fournie par le
système d'exploitation, pour les appareils qui sont déjà en circulation, la
même fonctionnalité va être poussée aux appareils pour mettre à jour les
appareils, pour qu'à partir de ce moment-là le filtre s'active et demande à
l'utilisateur pour désactiver le filtre de vérifier son âge. Donc, la façon la
plus courte de l'expliquer, ce serait de cette façon-là. Si ça... de créer
comme un «framework»...
M. Penhale (Anthony) : Un
environnement, un écosystème, un cadre...
M. Kilicci (Matt) : Un cadre, un
cadre de législation.
M. Sainte-Croix : Ça va, merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je pense, vous aviez une autre
question.
Mme Cadet : Oui, merci, Mme la
Présidente. On sait que, malheureusement, il se retrouve du matériel
sexuellement explicite aussi sur les plateformes de réseaux sociaux. Pour vous,
dans des termes, donc, strictement d'entreprise, c'est de la concurrence
déloyale, mais c'est surtout illégal. Donc, je me demandais si, donc, de votre
perspective, donc, vous aviez des mesures pour nous aider, en tant que
législateurs, à contrer ce fléau-là.
M. Kilicci (Matt) : Alors, oui,
je vais prendre la question. Alors, ce que nous, on proposerait, c'est deux
parties dans une loi. Premièrement, les sites pour adultes sont... vont être
adressés par... en primaire, par le filtre qui va être activé par défaut. À
part ça, une fois que le système d'exploitation a déterminé l'âge de
l'utilisateur, le système d'exploitation rend disponible un signal que
n'importe quelle application au site Web peut venir chercher pour savoir quel
est l'âge de l'utilisateur de cet appareil. La loi exigerait donc qu'un réseau
social ou un site qui n'est pas...
M. Penhale (Anthony) : Principalement.
M. Kilicci (Matt) : ...principalement
visé pour les adultes, et donc qui peut être bloqué par le filtre... par
exemple, X ne va pas être bloqué par un filtre pour les sites pour adultes. Ces
plateformes-là vont être exigées de vérifier avec l'appareil quand le... quand
l'utilisateur arrive sur leur site, vérifier avec l'appareil quelle est la
bande d'âge de cet utilisateur. Si l'appareil, le système d'exploitation répond
avec un signal qui dit que cet utilisateur a plus que 18 ans ou 18 ans ou plus, X, Twitter, Reddit peuvent
afficher tout ce qu'ils veulent, mais, si le système d'exploitation
revient et dit : Ici, vous avez un utilisateur qui a moins de 13 ans
ou, ici, vous avez un utilisateur qui a 16 ans...
M. Penhale (Anthony) : ...ou
moins de 18 ans.
M. Kilicci (Matt) : ...à ce
moment-là, la plateforme doit être exigée à afficher un contenu qui est
approprié... le réseau social, pardon, doit afficher un contenu qui est
approprié pour un utilisateur de cet âge. Donc, ça, c'est ce que la loi
exigerait des réseaux sociaux, par exemple, ou des plateformes qui ne sont pas
seulement pour les adultes.
Mme Cadet : O.K.
Me Penhouse... Penhale, pardon.
M. Penhale (Anthony) : Non,
c'est-à-dire que la seule précision que je voudrais apporter... ce n'était pas
tant de précision, c'est... on peut donc imaginer que les réseaux sociaux vont
peut-être dire : Non, non, non, parce que, si je
sais que l'utilisateur a 12 ans, 13 ans, 14 ans, 15 ans,
maintenant, je dois moduler mon contenu. Est-ce qu'il est conforme à mes termes
et services, que je dis : Il faut avoir 14 ans? Mais le fait est que,
simplement, si on se concentre sur le contenu adulte qui se trouve sur X, la
plateforme saurait que c'est un utilisateur qui a moins de 18 ans et, par
conséquent, ne devrait pas lui servir de contenu d'adulte, point.
M. Kilicci (Matt) : Oui, mais
je pense qu'en même temps, un de vos objectifs, ce n'est pas seulement les
adultes et les mineurs, c'est aussi le contrôle d'accès aux mineurs pour les
plateformes que les mineurs peuvent utiliser. Et, dans ce contexte-là, bien
entendu, les réseaux sociaux peuvent mettre plus de contrôle, parce qu'ils
peuvent, avec ce système-là, connaître...
M. Penhale (Anthony) : Connaître
la bande d'âge.
M. Kilicci (Matt) : ...connaître
la bande d'âge de tous les utilisateurs au Québec si tous les appareils sont...
si les appareils sont vérifiés.
Mme Cadet : O.K. Donc, vous y
allez avec votre système de vérification par appareil, ce que vous nous avez
transmis comme recommandation un peu plus tôt, mais ce que vous nous dites,
c'est qu'étant donné, donc, que ces plateformes-là, donc, ne sont pas
principalement... le contenu de ces plateformes-là ne sont pas, donc,
principalement du contenu pour adultes... Donc, la responsabilité de la
vérification d'âge reviendrait à qui, exactement, reviendrait à la plateforme
ou au tiers qui serait, bon, Google, Apple, etc.?
M. Kilicci (Matt) : La
responsabilité de la vérification d'âge, c'est la responsabilité de... du
système d'exploitation, et donc qui va mettre en fonction que chaque appareil
est associé à un individu qui a un certain âge. Ensuite, la validation de
l'utilisateur et le service du site, dépendamment de l'âge de l'utilisateur,
cette responsabilité, ça, c'est la responsabilité de l'application, que ce
soit... que ce soit X, ou Reddit, ou du site Web. Ça peut être le nôtre, ça peut être un autre site Web, mais les
applications, les services, les sites Web, eux, ils ont la responsabilité
d'aller demander à l'appareil quel
est l'âge de cet utilisateur. Et, dépendamment de cette réponse, ils servent
une expérience qui est appropriée, basée sur l'âge de cet utilisateur.
Alors, ils ne vérifient pas l'âge, mais ils valident l'âge de l'appareil de
l'utilisateur, sur l'appareil qui a déjà été vérifié, et ils utilisent l'âge
qui va leur être fourni pour servir l'expérience adéquate.
Mme Cadet : Est-ce qu'il reste
un peu de temps?
La Présidente (Mme Dionne) : Il
reste quelques minutes, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je reprends. Donc, dans ce cas-là, donc, on parlerait d'une
responsabilité partagée, dans le cas qui vous concerne, donc, avec la solution
que vous nous avez présentée. Puis je sais qu'on a parlé, en tout début
d'interaction avec les collègues, là, de la question de la responsabilité.
Donc, vous, quelle serait votre responsabilité à travers le mécanisme que vous
nous présentez aujourd'hui?
M. Kilicci (Matt) : Alors, ce
que nous, on ferait, c'est... dans un premier temps, nous, on accepte d'être
bloqué, s'il y a un... si le filtre est activé sur l'appareil.
M. Penhale (Anthony) : Par
défaut.
M. Kilicci (Matt) : Par défaut.
On n'a pas de problème avec cette initiative, que le filtre soit activé jusqu'à
ce que la personne soit vérifiée comme étant un adulte, premièrement.
Deuxièmement, on peut aussi vérifier pour le signal, juste pour être sûr. Par
exemple, si quelqu'un arrive sur nos sites, on peut quand même vérifier, même
chose que les réseaux sociaux, faire une requête à l'appareil, demander quel
est l'âge de cet utilisateur. Si l'âge revient comme étant l'âge d'un adulte,
on laisse entrer, sinon on ne donne pas accès. On ferait la même chose.
Mme Cadet : Puis peut-être une
dernière sur les contenus préjudiciables, puisqu'on... je n'en ai posé aucune
sous cet angle-là. Je pense, vous nous avez parlé d'initiatives qui sont faites
au Royaume-Uni, par exemple. Donc, qu'est-ce qui nous empêcherait, nous, les...
le législateur québécois, de... Bien, en fait, qu'est-ce qui vous empêcherait,
vous, de mettre une initiative similaire à qu'est-ce qui a été fait au
Royaume-Uni, ici, au Québec puis au Canada, au niveau des personnes qui
cherchent du matériel d'abus sexuel sur les enfants?
M. Penhale (Anthony) : Bien, c'est
déjà fait, dans le sens qu'au Royaume-Uni...
M. Kilicci
(Matt) : Là, je pense que vous parlez du Online Harms dans la loi
du... dans la Online safety Act du Royaume-Uni. Donc, si quelqu'un arrive sur
un de nos sites et essaie ou tente de rechercher, avec l'utilisation de la
fonction de rechercher du matériel qui peut... qui pourrait représenter du
matériel d'abus sexuel aux enfants, premièrement, ils ne verront pas de
résultat sur le site. Deuxièmement, ils seront présentés avec un message qui
leur dit que leur recherche n'est pas appropriée et qu'elle pourrait être pour
du matériel illégal. On dit «pourrait» parce qu'on ne peut pas toujours savoir
exactement ce qu'ils recherchent, parfois ça peut être un accident, mais on
leur dit : Votre recherche pourrait être pour du
matériel d'abus sexuel, non seulement vous ne trouverez pas ici, mais, en même
temps, si vous avez des... si vous avez besoin d'aide avec vos pensées, vous
pouvez communiquer avec cet organisme, Parler pour changer, dans le cas du
Canada. Si vous allez sur un de nos sites et vous faites une recherche qui
pourrait être pour du matériel d'abus, vous verrez dans le message... Sinon, je
peux vous envoyer une photo, c'est peut-être plus facile, mais je vous enverrai
une photo de l'image, c'est en anglais, en français, avec le lien Parler pour
changer, mais c'est comme ça qu'on adresse.
Mme Cadet : Bien,
ce que vous nous avez présenté... ce que vous avez présenté dans la
diapositive, en fait.
M. Kilicci
(Matt) : Oui, oui.
Mme Cadet : O.K.
Donc, ça, c'est ce qui est applicable ici, au Québec, en ce moment.
• (18 heures) •
M. Kilicci
(Matt) : Oui, ça, c'est... Le Parler pour changer, c'est le message
dans tout le Canada, on l'affiche en anglais et en français, parce qu'ils ont
aussi un nom anglais, Parler pour... Talking for Change. On affiche les deux
messages, en français, en anglais, à travers tout le Canada, et ça varie dans
chaque pays. C'est différent aux États-Unis, c'est différent au Royaume-Uni. Le
robot conversationnel que je vous ai expliqué, c'était seulement au
Royaume-Uni, parce que c'est une entreprise de services qui fournissait le
service seulement au Royaume-Uni, par exemple, mais, si quelqu'un veut faire ce
test au Québec, on serait ouverts à le faire aussi, un test de robot
conversationnel sur nos pages de dissuasion, par exemple, au Québec. Nous
inviterons l'opportunité de faire ça au Québec aussi, par exemple.
Mme Cadet : D'accord.
Merci beaucoup, messieurs.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Alors, merci...
Oui, vous vouliez rajouter quelque chose?
M. Penhale (Anthony) :
...
La Présidente (Mme
Dionne) : Le son.
M. Penhale
(Anthony) : ...il y a un lien à la déclaration d'ICMEC, sur la page
Web d'ICMEC. Pour les personnes qui seraient intéressées à voir une forme de
législation ou une suggestion d'utilisation, il y a un projet de loi aussi déjà
écrit. Il faudra l'adapter au droit civil, bien entendu, parce que ça a été
fait avec un concept américain en tête, je crois, mais, pour répondre aux
questions, plus tôt, de Mme la députée de Bourassa-Sauvé, il y a des... il y a
déjà une forme de projet de législation qui peut être consulté par les membres
de la commission.
La Présidente (Mme
Dionne) : Est-ce que c'est possible de nous le déposer à la commission
au bénéfice de tous les membres?
M. Penhale
(Anthony) : ...
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à nos échanges. Merci
pour votre contribution aux travaux de la commission. Alors, juste avant de
conclure les auditions, je souhaiterais céder la parole à M. le député de
Gaspé.
M.
Sainte-Croix : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais profiter de cette
fin de session de notre commission pour déposer officiellement un mémoire des
élèves de l'école de C.-E.-Pouliot de Gaspé, des élèves du quatrième
secondaire, et de l'école Esdras-Minville, de Grande-Vallée, qui ont profité de
cette commission-là pour, à l'école, réfléchir sur la question des écrans, sur
la question de l'usage, des impacts à travers la vie quotidienne à l'école,
mais aussi, bien évidemment aussi, dans un cadre plus familial.
J'ai eu la chance de
rencontrer, moi, ces jeunes-là. Lors de la fin de la session, donc au mois de
décembre, je suis allé, comme toutes et tous mes collègues, en comté, puis j'ai
eu une belle session de travail avec nos jeunes. On a parlé, bien évidemment,
de la commission, de son mandat, mais, plus largement aussi, de quel est notre
rôle comme députés, la vie démocratique au
Québec, dans les écoles aussi. Et puis j'ai eu le bonheur de recevoir un
mémoire signé par l'ensemble de nos jeunes, et puis on m'a demandé si je
pouvais procéder, en leur nom, à ce dépôt aujourd'hui, et puis... bien, je crois que c'est prévu, la procédure.
Donc, je suis très fier aujourd'hui, au nom de nos jeunes, de procéder à ce
dépôt.
Mémoires déposés
La Présidente (Mme
Dionne) : Merci, M. le député. Donc, je procède officiellement au
dépôt de ce mémoire, ainsi qu'à tous les mémoires des personnes et organismes
qui n'ont pas été entendus lors des auditions publiques.
Donc, ça met fin à cette
séance. J'ajourne les travaux jusqu'au mercredi 12 février,
7 h 30, où on se réunira en séance de travail. Merci à tous et bonne
soirée.
(Fin de la séance à 18 h 04)