Journal des débats de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 5 février 2025
-
Vol. 47 N° 12
Consultations particulières et auditions publiques sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-deux minutes)
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
bon mercredi, tout le monde. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux chez
les jeunes ouvertes. Je vous souhaite la bienvenue à tous.
La commission spéciale se réunit afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur les
impacts des écrans et des réseaux sociaux au niveau du développement et de la
santé de nos jeunes.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Non, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Donc,
aujourd'hui, nous entendrons la Commission d'accès à l'information et Alloprof
jusqu'à la suspension des travaux. Donc, je souhaite la bienvenue à nos
premiers invités, donc Mme Girard, Mme Ayotte... Me Girard, pardon, Me Ayotte
et M. Passalacqua, c'est bien ça? Alors, merci de vous joindre à cette
commission. Donc, je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour nous faire
part de votre exposé, et, ensuite, nous allons procéder à la période d'échange
avec les membres de la commission. Donc, la parole est à vous.
Mme Girard (Lise) : Merci, Mme
la Présidente...
Mme Girard (Lise) : ...Merci à
vous, les... Mesdames et Messieurs les députés. Je me présente. Lise Girard. Je
suis la présidente à la Commission d'accès à l'information. Je suis accompagnée
aujourd'hui de Maître Naomi Ayotte, vice-présidente par intérim et membre de la
Section de surveillance, ainsi que M. Jorge Passalacqua, directeur des affaires
institutionnelles et des communications.
D'abord, je tiens à vous remercier d'avoir
invité la Commission d'accès à l'information à intervenir devant vous
aujourd'hui. C'est donc avec grand intérêt que la commission s'est penchée au
cours des dernières années sur la protection des renseignements personnels
concernant spécifiquement les jeunes.
D'emblée, la Commission d'accès à
l'information tient à affirmer que l'encadrement législatif doit aller plus
loin pour protéger les jeunes de l'exploitation commerciale, tout en préservant
leur capacité à profiter des avantages numériques.
Soulignons que, dans la récente réforme en
matière de protection des renseignements personnels, le législateur a inclus
une nouvelle mesure de consentement à la collecte, à l'utilisation ou à la communication
des renseignements pour les jeunes de moins de 14 ans. Ce sont maintenant
les parents ou les tuteurs qui peuvent y consentir. Et, pour les
14-17 ans, l'adolescent peut lui-même y consentir, tout comme son parent
ou son tuteur.
Dans le cadre de cette réforme, le
ministre responsable s'est engagé à recourir à l'expertise de la Commission
d'accès à l'information pour qu'elle analyse la suffisance des mesures de
protection des renseignements personnels pour les moins de 14 ans. En
décembre 2022, la commission a produit un rapport qui a été déposé à
l'Assemblée nationale concernant... contenant plusieurs recommandations pour
renforcer la protection des jeunes en ligne.
La Commission d'accès à l'information
estime que le Québec doit prendre des mesures avec une portée plus globale et
aller au-delà du consentement parental pour protéger adéquatement les mineurs
dans l'environnement numérique actuel.
Aujourd'hui, nous souhaitons vous
transmettre quatre messages essentiels sous l'angle de la protection des
renseignements personnels des jeunes.
Premièrement, la commission souhaite
souligner l'importance d'examiner la protection numérique des jeunes sous
l'angle de la gestion des renseignements personnels. L'économie fondée sur la
donnée suscite l'attrait chez plusieurs entreprises de développer un modèle
d'affaires qui vise à recueillir toujours plus de données.
Il existe trois types de renseignements
personnels : ceux qui sont fournis, ceux qui sont observés et ceux qui
sont inférés. Les informations que les jeunes fournissent en ligne ne sont que
la pointe de l'iceberg. L'ampleur de leur empreinte numérique est
exponentiellement supérieure. Des entreprises peuvent donc utiliser ces
renseignements fournis en plus de générer différentes données observées telles
que la géolocalisation ou les habitudes de navigation. En plus, elles peuvent
inférer, notamment avec des algorithmes, une multitude de renseignements
additionnels que la personne concernée n'est pas consciente de partager.
Avec l'avènement de l'intelligence
artificielle, ces inférences sont plus simples et faciles à effectuer que
jamais. Les plateformes numériques cherchent à collecter et à valoriser à
grande échelle les renseignements des utilisateurs. Cela leur permet d'élaborer
des profils publicitaires extrêmement précis qu'ils vendent ensuite aux
annonceurs. C'est ce qu'on appelle l'économie de l'attention. Elles mettent
donc toutes sortes de stratagèmes de l'avant pour analyser et influencer les
utilisateurs afin de les encourager à passer plus de temps sur leurs
plateformes et ainsi augmenter les interactions. Non seulement les
renseignements personnels raffinent-ils le ciblage publicitaire, mais ils
permettent aussi aux entreprises d'évaluer l'efficacité de leurs mécanismes de
captation de l'attention et de les renforcer.
Ces pratiques malheureusement répandues
démontrent que les entreprises numériques misent fondamentalement sur la
collecte et l'analyse de renseignements personnels pour influencer, pour
persuader ainsi que pour créer des habitudes et des besoins.
Les mineurs ont une vision essentiellement
interpersonnelle de la vie privée. De leur perspective, leur principale
préoccupation consiste à ce que les renseignements personnels qu'ils ont
fournis ne soient pas transmis à d'autres personnes. En conséquence, ils ont
une vision limitée des risques et des enjeux liés à l'utilisation commerciale
de leurs données.
La place centrale qu'occupent les
renseignements personnels dans les modèles d'affaires de plusieurs...
Mme Girard (Lise) : ...implique
que l'encadrement de leur gestion soit renforcé afin de protéger les jeunes.
Deuxièmement, la Commission d'accès à l'information est d'avis que les efforts
de protection des jeunes doivent incomber principalement aux entreprises qui conçoivent
les produits et services financiers numériques... des services numériques.
Actuellement, nous nous en remettons beaucoup aux parents pour identifier et
gérer les risques numériques concernant leurs enfants, pour l'instantanéité
avec laquelle ils doivent réagir, la complexité et l'évolution rapide des
technologies et le manque d'informations claires pour effectuer un choix avisé
rendent leur tâche vraiment difficile. Bien que les parents soient les mieux
placés pour connaître leurs enfants, leur littératie numérique peut varier.
Ainsi, plusieurs études démontrent que la plupart des adultes ont également une
vision interpersonnelle de la vie privée. Le consentement parental prévu par la
loi apparaît donc comme une mesure de protection limitée. Une perspective plus
globale et collective permettrait de mieux cerner les nombreux enjeux.
La responsabilisation est au cœur des lois
qui encadrent actuellement la protection des renseignements personnels. La
commission préconise d'intervenir directement auprès des acteurs responsables
de l'émergence de ces risques afin d'offrir un environnement numérique
sécuritaire aux jeunes. Bien que des entreprises soient déjà au fait des
problèmes rencontrés par les mineurs dans l'environnement numérique et que
certains tentent de mieux les protéger, ces efforts d'autoréglementation ne
vont pas assez loin. Concrètement, dans son rapport de 2022, la commission
formulait 12 recommandations dans le cadre des présents travaux. Le mémoire
déposé met de l'avant six recommandations visant à mieux encadrer les
entreprises.
• (11 h 30) •
Ce qui nous amène au troisième message.
Afin de privilégier l'intérêt supérieur des enfants et de les protéger contre
l'exploitation commerciale, nous devons, comme société, encadrer davantage la
publicité ciblée à leur égard. En matière de publicité commerciale, le Québec
a, depuis les années 70, mis... des mesures en place - excusez-moi - pour
protéger les mineurs contre l'exploitation économique. Cet enjeu, toujours
d'actualité, devrait inciter le Québec à renforcer l'encadrement des pratiques
commerciales impliquant les renseignements personnels des mineurs dans le
contexte d'une économie numérique où les données servent, notamment, à profiler
les individus pour leur proposer des messages publicitaires ciblés.
Nous pouvons rééquilibrer la situation en
atténuant l'asymétrie de pouvoir entre les publicitaires et les jeunes pour les
protéger contre des messages personnalisés particulièrement attrayants et
persuasifs. À titre de comparable, l'Union européenne, dans son récent
règlement sur les services numériques, interdit la publicité ciblée à partir
des renseignements personnels des mineurs. Le Québec pourrait s'en inspirer.
Ainsi, en considérant l'interdiction préexistante au Québec concernant la
publicité aux enfants, nous pourrions prévoir qu'aucune publicité ne puisse
être faite aux moins de 13 ans, ciblée ou pas, et préserver la possibilité de
faire de la publicité commerciale non ciblée aux t13-17 ans.
Quatrième et dernier message. La Commission
d'accès à l'information souhaite faire une mise en garde concernant la
vérification de l'âge. Cette vérification implique le traitement de
renseignements personnels supplémentaires, parfois sensibles. Étant donné
l'importance de minimiser la collecte de renseignements personnels auprès des
jeunes, la commission recommande d'user de prudence afin d'imposer une
obligation de vérification d'âge aux entreprises. Privilégions une approche
fondée sur la proportionnalité selon la gravité et la probabilité des risques
encourus par les mineurs lors de l'utilisation d'un produit ou d'un service
numérique.
Dans les cas où la vérification d'âge
s'impose, un mécanisme tel que l'identité numérique est une solution
prometteuse. En effet, ceci permettrait de confirmer l'âge d'une personne sans
fournir une multitude de renseignements personnels. La Commission d'accès à
l'information a d'ailleurs déposé, la semaine dernière, auprès de la Commission
des finances publiques, un mémoire faisant notamment état des nombreux
avantages qu'offre une identité numérique en matière de protection des
renseignements personnels.
En conclusion, soyons clairs, les
pratiques qui permettent une exploitation délibérée de la vulnérabilité de nos
jeunes doivent cesser. Je vous offre notre pleine collaboration pour y arriver.
Je vous remercie de votre écoute, et c'est avec plaisir que nous échangerons
avec vous...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Girard (Lise) : ...dans
les prochaines minutes.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment pour cette présentation. Nous allons passer tout de suite à la
période d'échange avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Merci d'être là. Sauf erreur de ma part, je
pense que les membres de la commission sont nommés aux deux tiers de la
Chambre, hein, de l'Assemblée nationale, donc font consensus... de la classe
politique.
Deux questions pour vous. La première,
quand vous êtes critique, vous venez de conclure là-dessus, sur les mécanismes
de vérification d'âge pour les réseaux sociaux, est-ce que ça veut dire qu'on
aurait tort de se diriger vers cette idée-là que la majorité numérique
représenterait une forme de panacée comme mesure publique dans le dossier
actuel? Peu importe l'âge, là, 14, 15 ou 16, là, mais le concept de majorité
numérique, est-ce que c'est une fausse bonne idée, finalement?
Mme Girard (Lise) : Dans l'évaluation
que vous avez dû faire ou que vous faites actuellement en entendant plusieurs
intervenants, la majorité numérique, de mon point de vue, du moins ce que j'en
comprends, c'est que... peut servir à différentes fins. Donc, je pense que ça
peut être un peu une évaluation, une fin en soi, mais est-ce que nécessairement
de fixer un âge et de déterminer qu'à partir de cet âge-là on protège la
population ou on protège ce secteur de... ce groupe d'âge là, je me permets de
dire que je me questionne à cet effet-là. Je pense que ça ne peut pas être une
seule mesure qui peut répondre.
(Interruption) Excusez-moi. Je ne pense
pas que c'est une seule mesure qui peut répondre à tous les enjeux actuels.
Donc, ça demeure qu'il y a énormément de collecte d'informations, de
renseignements personnels. Puis, vous savez, c'est... malgré que c'est l'ensemble
du cycle qui est à risque présentement, donc autant la collecte, l'utilisation,
la communication, la conservation et même la destruction des renseignements
personnels, la collecte, c'est la première... c'est le risque premier, c'est la
source. Donc, s'il y a moins de collecte, il y a moins de danger. Donc, pour
répondre à votre question, je suis d'avis que cette mesure-là peut être une
mesure, mais je pense qu'il y en a d'autres qui devraient être réfléchies, un
peu comme les recommandations que la Commission d'accès à l'information vous a
faites.
M. Leduc : Bien, je pense qu'il
n'y a personne ici qui dit que c'est juste la majorité numérique qu'il va
falloir faire, de toute façon. On s'entend là-dessus. Cela dit, tu sais, on a
des discussions. Puis on est tous conscients, par exemple, que, sur la limite
de vitesse, on met 100, 100 kilomètres à l'heure sur l'autoroute, on est
bien conscients que beaucoup de gens dépassent. Mais le fait de mettre 100 kilomètres
à l'heure donne une espèce de norme sociale qui fait que, grosso modo, d'un
point de vue comme presque de santé publique, finalement, ça fonctionne
relativement bien. Même chose pour l'âge limite à 18 ans, on sait qu'il y
a beaucoup de jeunes de 15, 16 qui vont réussir à rentrer avec des fausses
cartes ou qui vont se faire acheter de l'alcool par un grand frère, un cousin,
etc. Mais est-ce que c'est quand même pertinent d'aller de l'avant avec une
majorité numérique, sachant qu'elle sera contournée de manière assez
impressionnante, probablement, peut-être parfois même par les parents
eux-mêmes, qui vont ouvrir des comptes pour leurs enfants? Mais, si on va vers
la majorité numérique, ça envoie quand même le signal aux différentes
plateformes de procéder à une vérification plus systématique. Mais est-ce que,
dans ce cas-là, même si on sait que l'application va être un défi puis ne sera
pas parfaite, le fait d'envoyer le signal, ça va encore plus mettre en place des
mécanismes de vérification d'âge, qui vous inquiètent? Dans le fond, ma
question, c'est : Est-ce qu'on devrait se restreindre, pour cette
raison-là, de ramassage d'informations là lié aux mécanismes de vérification d'âge,
de faire la promotion de l'âge numérique... de la majorité numérique?
Mme Girard (Lise) : C'est un
peu pour ça que, dans l'allocution, je vous mentionne de faire une
proportionnalité. Parce qu'il y a des cas où la vérification d'âge sera
nécessaire et que c'est même bénéfique pour le jeune, qu'on fasse une
vérification en fonction de certaines activités ou de certains points bien
précis, qui sera nécessaire pour faire cette vérification-là. Mais, par
ailleurs, c'est là qu'on vous fait une mise en garde. C'est qu'à rechercher à
trop faire cette vérification d'âge à une étendue plus large, à ce moment-là, à
chaque fois, on collecte des renseignements personnels souvent, comme je l'ai
mentionné, sensibles. Et là on fait perdurer la problématique au lieu de la
régler.
M. Leduc : Je comprends.
Dernier sujet, la question des microtransactions et des jeux de lots
aléatoires, on appelle les «loot boxes» en anglais, dans les... dans les jeux
vidéo, toujours sur les jeux vidéo. Vous mentionnez que le fait qu'il y ait
plusieurs transactions en ligne fait en sorte que se dessine un profil du jeune
consommateur qui... on peut le cibler pour la publicité. Vous êtes plus axés
sur la publicité, puis c'est très intéressant, ce que vous posez. Mais j'aimerais
ça vous entendre davantage sur, par exemple, ce concept des jeux aléatoires, qu'on
paie un certain montant, puis ça nous donne, de manière aléatoire, donc c'est
un... c'est un... c'est supposément illégal et...
M. Leduc : ...les jeux,
là, de hasard pour... pour les enfants, est-ce qu'on devrait interdire ça?
Est-ce qu'on devrait élargir le mandat de la loi pour interdire ça aussi?
Mme Girard (Lise) : Bien,
vous savez, on a ciblé plus spécifiquement, je dis ciblé, c'est la... c'est la
publicité ciblée qu'on vous a parlé plus spécifiquement. Mais, effectivement,
comme je vous le disais, dans le cycle de vie des renseignements personnels,
chaque étape est importante, donc, que ce soit la collecte, que ce soit
l'utilisation, la communication, la conservation, la destruction. Dans le cas des
jeux que vous parlez, c'est un des éléments qui prouve très bien la chaîne de
valeur que souhaitent des pratiques commerciales, soit essayer d'attirer le
plus de gens possible, les faire... faire en sorte qu'ils restent le plus
longtemps possible sur la plateforme, donc sur le jeu. Et donc, là, vous voyez,
il y a plein d'incitations, de sollicitations pour rester plus longtemps. On
donne des points si on reste plus longtemps ou... Donc, etc. Et par la suite,
nécessairement, ça fait en sorte qu'il y ait plus d'interactions. Plus
d'interactions, plus de renseignements, ce qui... ce qui fait en sorte qu'à ce
moment-là, avec les algorithmes, les profilages se font.
Donc, vous nommez les jeux. C'est un parmi
tant d'autres. Est-ce qu'on devrait purement et simplement les bannir? Est-ce
que c'est... Est-ce que c'est l'angle qu'on devrait prendre ou plutôt, pour les
mineurs, définir clairement des interdictions qu'on ne peut pas utiliser ces
renseignements-là à l'encontre de nos jeunes? Je pense que c'est là qu'on doit,
à la collecte principalement, viser une restriction.
M. Leduc : En fait, on
ne peut pas l'utiliser à l'encontre de nos jeunes, c'est-à-dire? Parce qu'une
fois que...
Mme Girard (Lise) : Que
les entreprises ne puissent pas utiliser ces renseignements-là qui sont
collectés, notamment dans les jeux que vous parlez, pour faire en sorte de
faire un profilage les concernant par la suite, ici, les cibler par des
publicités ou autres, là, par...
• (11 h 40) •
M. Leduc : O.K. Donc,
ils pourraient faire des microtransactions et des jeux de hasard à la limite,
mais c'est peut-être le bout, là, qui m'échappe, comme quoi on ne pourra pas
s'en servir. C'est vraiment sur l'aspect de la publicité que vous mettez
l'accent, sur le «s'en servir»?
Mme Girard (Lise) : Non,
mais il y a plusieurs fins, là, parce que... Puis, pour une entreprise, c'en
est une, la publicité. Mais peuvent utiliser, recueillir des informations et
les vendre, peut-être à d'autres fins que des publicités. Donc, c'est pour ça
que de façon générale, ce qu'on recommande, c'est qu'une restriction sur
l'utilisation de ces renseignements personnels là chez les mineurs...
M. Leduc : Merci
beaucoup.
Mme Girard (Lise) : ...de
façon globale.
M. Leduc : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour à vous trois. Merci pour votre présentation. Je vais
rebondir sur la première question de mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve parce
que c'était la mienne également. Si vous avez suivi nos travaux, vous aurez
compris que c'est une question qu'on pose assez régulièrement à nos
intervenants parce que, justement, donc, le concept de la majorité numérique
nous amène à nous poser directement des questions de protection des
renseignements personnels. Vous avez... Donc, je ne poserai pas exactement les
mêmes questions, mais vous nous aviez amenés, vers la fin de votre allocution,
sur le principe d'identité numérique. Donc, je ne sais pas si vous pourriez
d'emblée le préciser aux parlementaires ce que ça signifie en tant que tel. Je
comprends que c'est lié, donc, au principe de personnalité... de... au principe
de proportionnalité que vous avez nommé, mais comment, donc, cette solution-ci,
si d'aventure nous en venions à mettre sur pied la majorité numérique, comment
celle-ci pourrait être adaptée et pour, en fait, atteindre donc le moins
possible à la protection des renseignements personnels des mineurs?
Mme Girard (Lise) : Merci.
Mme la Présidente, si vous me permettez, je céderais la question à ma collègue
Me Ayotte.
La Présidente (Mme Dionne) :
Avec plaisir.
Mme Ayotte (Naomi) : Bonjour.
Donc, Naomi Ayotte. Je suis membre de la commission à la Section de surveillance,
et vice-présidente. Donc, pour répondre à votre question, Mme la députée,
l'identité numérique, telle qu'elle a été présentée à ce jour par le projet de
loi, en fait, qui a été déposé, nous permet de croire qu'il y aura, dans cette
identité numérique là, la possibilité d'utiliser des attestations. Ces
attestations numériques là permettront de donner des informations... pardon,
entre autres, sur l'âge d'une personne, mais sans avoir à fournir un document
complet d'identité, ou une carte complète, ou un acte de naissance, ce genre de
choses là.
Donc, évidemment, si c'était possible
d'avoir une telle identité numérique, la question à se poser sur la possibilité
de faire une vérification d'identité, ça changerait un peu la réponse. Parce
que la mise en garde qu'on fait, c'est de dire : Vérification d'identité
va régler un de nos problèmes, mais peut contribuer à un autre problème en
mettant en circulation des informations. Parce que là on pense majorité
numérique, on va aussi penser, vérifier l'âge, mais probablement avoir des
informations sur les parents dans certains cas, là, pour prouver qu'il peut
prendre une décision ou autre. Donc, on parle de renseignements de plusieurs
individus. Donc, c'est pour ça qu'on revient à la proportionnalité, de se dire,
tu sais, sur l'identité numérique, excusez-moi, pour terminer, donc, si on a
cette possibilité-là, au lieu de fournir une date de naissance complète...
Mme Ayotte (Naomi) : ...de
juste avoir une confirmation, cette personne a 14 ans, ou 16 ans, ou 18 ans. Si
c'est ça, le choix, on pense que ça va pouvoir aider sur ce point-là.
Mme Cadet : Qui nous
amènerait, donc, à la fois, donc, à faire une certaine vérification de l'âge,
tout en ayant une atteinte moindre aux renseignements personnels, à la vie
privée des mineurs.
Vous avez parlé, en début d'intervention,
des renseignements fournis, observés ou inférés. Certains intervenants, donc,
sont, bon, parfois, donc, venus nous dire, donc, en posant cette question-là,
que, bon, au niveau de la collecte, bon, d'une part, parfois, qu'il y avait
tellement de renseignements fournis que pour eux, donc, les renseignements
supplémentaires, donc, par exemple, fournis, donc, à travers une carte
d'identité seraient une goutte d'eau, là, par rapport à qu'est-ce qui est déjà
collecté de la part des entreprises. Mais également, donc, certains aussi nous
ont dirigés vers des mécanismes qui utiliseraient, donc... le fait, en fait,
donc, d'identifier, donc, des renseignements qui sont inférés. Je ne sais pas
si vous vous êtes aussi questionnés sur cet aspect-là.
Je comprends que là, vous nous avez amenés
sur le terrain de l'identité numérique, dans le fond, telle que formulée dans
le projet de loi, donc j'avais... donc, je comprends bien votre propos ici.
Mais est-ce que vous voyez, donc, d'autres mécanismes? Donc, par exemple, en
utilisant les renseignements inférés par les jeunes, est-ce que ça nous
permettrait, peut-être pas d'avoir une information très précise, mais, du
moins, de déjà... Parce que semble-t-il que les entreprises, donc, déjà, avec
les renseignements inférés, elles sont capables d'identifier l'âge d'une
personne, son... son genre, le... le lieu où la personne habite, etc.
Mme Ayotte (Naomi) : ...en
fait, je... sur ce point-là, toute... toute transparence supplémentaire...
Puis, ça aussi, ça fait partie des recommandations qu'on a dans notre rapport.
Mais ce dont vous parlez là, pour nous, c'est de la transparence de
l'entreprise à l'égard des informations qu'ils collectent et voire même, juste
le respect des droits, hein, parce qu'on... c'est déjà dans nos droits, ici,
là, de savoir quels renseignements personnels sont recueillis par une
entreprise, et d'y avoir accès, aussi, si on le désire. Donc, évidemment, c'est
très important, ce n'est pas...
On ne trouve pas nécessairement, même,
normal, actuellement, là, que... Si une entreprise n'est pas en mesure de dire
ce qu'elle récolte sur quelqu'un ce serait problématique. Mais, en fait, donc,
l'identité numérique, si elle était utilisée, pour refaire un lien avec ça,
permettrait qu'on ait des registres de consommation, qui est un des risques
aussi, qu'on a... qu'on a soulevé, mais permet aussi un contrôle par les gens,
en sachant exactement ce qui est recueilli puis ce qui a été utilisé de leur
côté. Donc, c'est des fonctionnalités qui pourraient exister, et c'est des
protections supplémentaires qui pourraient être données. Il faut voir le niveau
de détail, là. Je ne prétends pas que ça réglerait tout, mais, oui, c'est
d'outiller les gens pour être plus en contrôle de leurs renseignements
personnels.
Mme Cadet : Dernière question
ici, puis on... je pourrais refaire un tour, si le temps nous le permet par la
suite. En fait, plutôt, donc, je pense qu'en répondant donc, à une des
questions, donc, vous nous... encore une fois, vous nous parlez, donc, du
principe de proportionnalité, en disant : Bien, dans certains cas, ça
pourrait être utile d'avoir cette collecte directe d'informations, donc, avec
une carte d'identité. Là, je comprends que c'est dans le... dans l'intervalle
ou dans... dans la mesure où il n'y a pas d'identité numérique, donc, qui...
qui existe, donc, dans notre environnement. Dans quels cas, par exemple... ce
que vous disiez, bon, bien, dans certains cas, donc, ça, ça pourrait être à
propos... donc, est-ce que vous aviez des exemples en tête quand vous
mentionniez ça?
Mme Ayotte (Naomi) : Oui,
bien, en fait, c'est... c'est que... Les exemples en tête, c'est... tout va
dépendre, évidemment, du... du risque, hein, puis de... du dommage, en fait,
là, des... qui peut découler sur nos jeunes. Donc, un exemple, déjà, à ce
jour... Puis notre compréhension, c'est que c'est à ça que va servir les
travaux, aussi, là, les importants travaux que vous faites actuellement, c'est
d'aller chercher tous les éléments qui peuvent nuire aux jeunes. Donc, oui,
évidemment, utiliser les renseignements personnels, mais il y aura d'autres...
et il y a d'autres éléments.
Mais, à ce jour, un exemple concret
pourrait être pour accéder à un site de pornographie. Je pense qu'on a déjà des
éléments qui nous montrent, comme société, qu'il peut y avoir des
problématiques en lien avec le fait de laisser des... des très jeunes, des...
accéder. Donc, possiblement que, même avec un test de proportionnalité, puis même
si des renseignements personnels supplémentaires devaient être recueillis,
peut-être qu'on en viendrait à la conclusion que c'est une atteinte qui est
tout à fait justifiable, étant donné le risque et le dommage. Ce n'est pas vrai
pour tout, et c'est ça le message qu'on envoie actuellement. Si on dit :
une majorité numérique, en se disant, donc, systématiquement, pour l'accès à
Internet à tout service, on vérifierait l'âge, avec ce que ça implique comme
communications de renseignements, comme utilisation, c'est là qu'on met un
frein. Mais il y a, possiblement, déjà des cas où il faudrait le faire.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Je reviendrai, si on a le temps. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui. Je
reviens aussi sur l'identité numérique. Donc, j'imagine que vous avez... parce
que vous avez déposé, là, un rapport, puis est-ce que... les personnes qui sont
responsables d'autoriser cette identité numérique là, est-ce que vous savez
comment ça fonctionne en amont? Parce que ça risque... Il y a quand même une
compagnie qui doit faire une vérification à quelque part, ça...
Mme Tremblay : ...à qui, ce
type de compagnies là, à partir des recherches que vous avez faites, puis
comment ça fonctionne? Parce qu'ils restent qu'à ma... Ils doivent faire une
certaine vérification de... s'ils veulent donner une identité numérique à un
jeune. Ça fait que c'est ça que... qui me questionne.
Mme Ayotte (Naomi) : En fait,
je... on peut tenter de répondre à la question. La compréhension qu'on a
actuellement, c'est que ce grand chef d'orchestre là, ce serait le ministère de
la Cybersécurité et du numérique, c'est ce qu'on comprend du projet de loi, qui
gérerait un système dans lequel des attestations seraient émises. Évidemment,
il faut absolument dans une identité numérique qu'on... qu'il y ait une
confiance entre tous les acteurs de cette identité. Donc, toute personne qui
pourrait produire une attestation et toute personne qui se trouverait à en
consommer une doit faire partie d'un écosystème dans lequel il existe des
règles. Donc, évidemment, il y aura... il y aura des règles applicables et on
ne pourra pas faire ce qu'on veut là-dedans. Notre compréhension, c'est qu'en
ce moment c'est le ministère de la Cybersécurité et du Numérique qui serait le
grand manitou de tout ça pour veiller à ce que ces règles...
Mme Tremblay : ...des
données, là, finalement.
Mme Ayotte (Naomi) : Des
données, à la validité des attestations, à s'assurer que c'est consommé par des
joueurs qui les traitent de la bonne façon, qui protègent les renseignements.
Donc, c'est tout un écosystème, l'identité numérique, dans lequel des règles
s'appliquent. Et on peut faire confiance à ces joueurs-là qui sont dans cet
écosystème-là. Donc, à partir de là, lui, il consommerait une attestation,
pourrait faire confiance à l'émetteur, donc dire, par exemple : C'est le
gouvernement du Québec qui a émis une attestation, donc je lui fais confiance.
Et cette attestation-là pourrait juste révéler : Oui, cette personne est
majeure, ou cette personne a plus de 14 ans, ou... Mais c'est vraiment un
système comme ça qui doit être protégé, vous avez tout à fait raison, c'est
extrêmement important, que ce soit protégé.
Mme Tremblay : Oui, parce
qu'à quelque part c'est ça, ça prend quelqu'un. Puis ça ne peut pas être... on
ne peut pas confier ça à n'importe quelle entité, de faire ce travail-là.
Est-ce que vous avez regardé? Est-ce que ça se fait déjà ailleurs? Est-ce que
vous avez regardé, là, qu'est-ce qui se fait dans d'autres législations?
• (11 h 50) •
Mme Ayotte (Naomi) : Absolument.
Au niveau de l'identité numérique, si vous me le permettez, je vous réfère
vraiment au mémoire qu'on a déposé la semaine dernière, on a des comparatifs,
on a vraiment regardé ce qui se fait ailleurs. L'identité numérique, plusieurs
juridictions la regardent, la travaille, voir même en ont une. Donc, oui, il y
a moyen d'aller s'inspirer de ce qui se fait là. Puis les éléments dont on a
discuté là font partie des projets qui sont dans les autres juridictions.
Mme Tremblay : Est-ce que
votre mémoire a été déposé à la commission, celui que vous avez déposé aux
Finances?
Mme Ayotte (Naomi) : Nous ne
l'avons pas redéposé ici. Il a été... il est disponible, là, via... mais on
peut vous le déposer sans problème si vous le souhaitez.
La Présidente (Mme Dionne) : C'est
correct, il a été déposé à la CFP. Puis on va faire cheminer le mémoire à l'ensemble
des membres.
Mme Tremblay : Merci. Ça fait
que, là, vous avez constaté que dans... ailleurs, ils sont un petit peu...
certains endroits sont un petit peu plus avancés. Donc, c'est dans ce sens là
que vont vos réflexions pour protéger les identités.
Dans les recherches que vous avez faites,
est-ce qu'à partir de là, tu sais, il y a tout le temps des... bien, des moyens
de contourner, est ce que ça pourrait amener, tu sais, une façon... tu sais,
c'est ça, il y a toujours des façons de contourner les sites qui ne voudront
pas adhérer à ça. Donc, à partir de ce moment-là, j'imagine que dans vos
réflexions, il faut peut-être avoir... se donner d'autres outils pour agir vers
les compagnies, finalement, qui refuseront, justement, de mettre en place des
identités numériques, je parle aux... tu sais, particulièrement aux sites
pornographiques, là.
Mme Girard (Lise) : Oui,
assurément, et d'ailleurs, c'est pour ça que les six recommandations qu'on a
mises de l'avant, là, dans notre mémoire visent spécifiquement d'autres mesures
pour permettre d'encadrer mieux les entreprises, à ce niveau-là.
Mme Tremblay : Oui, vous
parlez, justement, là, quand ils vont concevoir de nouveaux logiciels. Je pense
que ça fait partie de la cinq ou sixième recommandation. Mais c'est plus facile
de gérer celles... les compagnies qui sont ici que celles qui sont... qui
ont... malheureusement sont à l'extérieur du Québec. Mais je comprends, là.
Mme Girard (Lise) : Oui, mais
on a quand même... on considère quand même qu'on a un droit d'action pour les
informations et nos jeunes ici au Québec. Donc, oui, on pense que...
Mme Tremblay : Il faut
prendre action pour pousser, justement... être des précurseurs.
Mme Girard (Lise) : Tout à
fait, et j'aime ça vous entendre dire ça, parce qu'effectivement je crois qu'il
faut innover, il faut penser en dehors de la boîte, là, puis il faut aussi, je
pense... c'est la force du nombre. Parce que, vous le savez, les renseignements
personnels de nos jeunes ou nos renseignements personnels ne sont pas régis par
nos frontières, hein, ils sont... ils peuvent circuler. Et donc je pense qu'on
doit s'unir avec nos partenaires mondiaux pour s'assurer qu'on ait une force.
Et donc l'harmonisation de nos... de nos lois favoriserait cette complicité-là
ou ce travail-là d'équipe qu'on pourrait faire pour contrer les grandes
entreprises de ce monde, là, qui utilisent nos renseignements.
Mme Tremblay : Mais on voit qu'il
y a une belle... tu sais, on se questionne partout dans le monde à l'heure
actuelle. Ici, en tout cas, ils sont venus nous dire qu'au niveau de la
publicité, par exemple, on était encore avec notre 13 ans, là. Ils sont
venus cette semaine nous dire que... l'office de protection des consommateurs,
qu'on était...
Mme Tremblay : ...encore des
précurseurs dans la protection des jeunes au niveau... mais qu'il y a du
travail à faire, mais qu'on est encore, quand même, là, précurseurs dans ça.
Donc, c'est sûr qu'on a des décisions à prendre au niveau mondial aussi.
Continuez le travail. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je pense que vous aviez une autre question.
Mme Cadet : Oui. Merci beaucoup,
Mme la Présidente. En fait, deux questions, ici, parce que, justement, là, on
vient de parler, donc, de la publicité faite aux enfants, et donc,
essentiellement donc, ce que vous nous dites, c'est que le cadre de ce que nous
avons déjà, donc, devrait être revu, selon vous, parce qu'essentiellement,
donc, l'environnement technologique a tellement changé, avec le microciblage,
ce n'est pas adapté. Donc, comme législateurs, vous nous dites, donc : Il
faudrait qu'on rouvre la loi qu'on a pour être en mesure, donc, de mieux cibler
les... bien, en fait, souvent, des publicités ciblées.
Mme Girard (Lise) : Exactement.
Tout à fait, parce que, vous le savez, ça a évolué énormément. Donc, la
technologie a apporté plein de bénéfices et d'avantages, mais malheureusement
fait en sorte... puis on parlait des jeux, tout à l'heure, là, mais, vous le
voyez, il y a plein de publicités qui vont viser une catégorie de jeunes, ou
elle va cibler un secteur en particulier, puis c'est ce qu'on veut... ce qu'on
souhaiterait éviter pour les jeunes.
Et, comme on l'a mentionné, le Royaume-Uni
a fait en sorte qu'aucun renseignement ne peut servir au ciblage. Nous, vu
qu'on a déjà des mesures qui existent au Québec, on se dit : On devrait
s'y fier et on devrait empêcher, pour les moins de 13 ans, autant les
publicités ciblées que non ciblées et, pour les plus de... 14 ans et plus, bien
là, ça pourrait être de la publicité, mais non ciblée.
Mme Cadet : ...donc aucun
renseignement recueilli ne puisse servir au ciblage. En fait, ce serait le
mécanisme... c'est sûr que c'est ça, la question, là...
Mme Girard (Lise) : Exactement.
Exactement.
Mme Cadet : Parce que les
renseignements seront tout de même recueillis, inférés, et, à ce moment-là,
donc, ne pourraient pas, donc, se retrouver sur la plateforme d'utilisation du
jeune lorsqu'on identifie qu'un mineur est sur une plateforme de réseaux
sociaux, par exemple. C'est comme ça que vous le voyez?
Mme Girard (Lise) : Oui. S'en
servir pour faire un profilage et cibler des publicités à ce jeune-là, oui.
Mme Cadet : L'autre question
que j'avais, parce que je lisais aussi les éléments, donc, dont vous parliez
sur les mécanismes qui sont utilisés par les plateformes, comme les algorithmes
de recommandation, les méthodes de quantification de la popularité ou les
notifications poussées... Puis ça, ce sont, donc, des mécanismes qu'on
explorait avec d'autres intervenants sous l'angle, donc, de la psychologie du
consommateur... ce qui retient, en fait, tous les individus, pas seulement les
jeunes, mais tous les individus, sur les plateformes.
Et, lorsqu'on pense aux moyens qui sont à
notre disposition pour pouvoir mieux encadrer ces plateformes-là et les
mécanismes qu'ils ont envers les jeunes, est-ce que vous diriez qu'au-delà de
l'aspect addictif de la chose, que ce seraient, donc, des mécanismes, donc,
qu'il faudrait encadrer lorsqu'un jeune est en utilisation d'une plateforme
parce que ça infère plus d'informations de la part de ce jeune-là? Donc, plus
ce jeune-là, donc, utilise ce type de fonctionnalités, donc, plus elles sont...
elles lui sont accessibles sur le... utilisation sur leurs réseaux sociaux ou
leurs jeux vidéo, bien... à ce moment-là, la collecte devient plus importante.
Mme Girard (Lise) : ...et
c'est un peu pour ça aussi qu'on vous parle d'aller à la source et d'aller...
d'avoir des mesures de restriction, d'empêcher la collecte à la source, et
donc, par la suite, on ne peut pas l'utiliser, on ne peut pas le communiquer
puis on ne peut pas... on n'a pas à le conserver, on ne devrait pas l'avoir dès
le départ.
Mme Cadet : Donc, pour
mieux... en fait, pour diminuer le plus possible, donc, la collecte à la
source, donc, ça, ce serait, donc, un des mécanismes. Est-ce que vous auriez,
donc, un autre type de mécanisme qui nous permettrait de moins collecter de
données possible pour les jeunes à la source?
Mme Girard (Lise) : Si vous
me permettez, Mme la Présidente, je passerais la parole.
Mme Ayotte (Naomi) : Oui,
bien, en fait, je pense que ce qui a été abordé là, la publicité ciblée, c'est
très, très bon aussi. On peut aussi élargir les interdictions, puis c'est ça
qui est bien. Nous, on veut se situer, puis vous comprenez qu'on vient parler
de protection des renseignements personnels avec vous, parce que c'est ça...
c'est ça, notre carré de sable, mais c'est sûr que c'est une façon d'atteindre
plusieurs domaines en même temps, que de venir toucher à la Loi sur la
protection des renseignements personnels, puisqu'on est en mesure, ensemble,
d'établir que c'est à partir des renseignements personnels que se passent
certaines choses qu'on juge, bon, pas nécessairement dans l'intérêt de nos
enfants.
Donc, on peut, oui, aller vers interdire
certaines choses, spécifiquement, comme la publicité ciblée, continuer dans la
même veine qu'on a prise en l'ajustant, mais on pourrait aussi affirmer haut et
fort dans une loi qu'on ne peut pas utiliser des renseignements personnels de
mineur pour influencer son comportement ou ses décisions. Il y a aller aussi
large que ça ou même utiliser des renseignements personnels à une fin...
l'interdire, de l'utiliser à une fin qui est susceptible de causer un préjudice
important au jeune, voire même qui n'est pas dans l'intérêt supérieur des
enfants. Donc.
Mme Ayotte (Naomi) : ...qu'il
y a des concepts plus généraux qu'on peut aller mettre dans des lois-cadres,
comme celle dont on a la responsabilité de surveiller l'application, qui
permettraient d'atteindre les objectifs dont on parle là, mais sans avoir
besoin, aujourd'hui, de tout connaître en détail les... ce qui ne fonctionne
pas. Puis vous savez comme nous aussi, qu'on... On ne le sait même... Même si
on faisait l'effort considérable de faire ça aujourd'hui, demain il y aura autre
chose aussi. Donc, essayer de penser à des moyens, même si on connaît des
problématiques spécifiques en ce moment, d'essayer d'atteindre le plus large
possible pour se donner la souplesse nécessaire pour agir dans l'intérêt des
enfants.
Mme Cadet : C'est pour
ça que vous disiez... Ah! D'accord. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Oui. Je vais passer la parole à Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Parfait.
Pour moi, c'était une question plutôt courte. C'était sur l'identité numérique.
Vous avez répondu que vous pensiez que le cybernumérique serait intéressant.
Mais est-ce que vous trouvez que l'état civil pourrait être complémentaire
là-dedans?
Mme Ayotte (Naomi) : En
fait, ma compréhension de l'identité numérique, là, au-delà du fait que ça
prend un chef d'orchestre pour orchestrer, gérer, la compréhension actuelle,
c'est qu'effectivement que chaque ministère et organisme qui a actuellement des
responsabilités et une mission va traduire sa mission qui actuellement se traduit
dans des documents papier ou via des attestations numériques. Donc, pour
répondre à votre question, je ne vois pas pourquoi l'état civil ne pourrait pas
nous émettre à moyen terme une attestation d'acte de naissance ou, bon, des
documents officiels, là, dont ils ont la mission. Je ne vois pas pourquoi ça ne
serait pas possible.
Mme Bogemans : Est-ce
que ça serait possible de faire affaire avec un partenaire privé comme Equifax,
par exemple, qui gère déjà nos historiques de crédits ou ces choses-là selon
vous?
Mme Ayotte (Naomi) : Je
comprends que c'est possible dans l'univers de l'identité numérique de faire
appel à certains services qui seraient offerts par le privé. Ça dépend d'où on
se situe, là. C'est difficile pour moi de répondre. On a déjà mis ça pas mal au
clair dans nos analyses, que la production de certaines attestations relève
vraiment de l'État de par la mission. Mais pour le reste, je pense que les...
Ce qui est sûr, c'est que c'est possible. Le projet de loi tel qu'il a été déposé
permet au privé d'avoir un rôle à jouer.
• (12 heures) •
Mme Bogemans : Puis je
me demandais, dans les recommandations pour les jeunes, est-ce que vous voyez
quelque chose de différent dans le contexte scolaire ou c'est général, ça le
couvrirait d'office?
Mme Girard (Lise) : Je
crois que ça couvrirait d'office. Effectivement, il y a des... On sait qu'au
niveau scolaire ils vont souvent faire affaire avec des entreprises privées.
Donc, effectivement, je pense que ça pourrait couvrir.
Mme Bogemans : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. M. le député de Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Oui. J'aime
beaucoup, quand on réfléchir à des possibilités d'appliquer des nouvelles
choses, essayer de me référer un peu à l'histoire. Mais je sais, j'étais
certainement beaucoup trop jeune, mais que quand l'interdiction de la publicité
dirigée envers les jeunes était un débat au Québec, c'était... Certains
percevaient ça comme une impossibilité technique, là. Comment allons-nous faire
pour appliquer ça? Pouvez-vous nous... Est-ce que vous avez connaissance un peu
du contexte quand ça a été adopté puis les débats qui entouraient ça?
Mme Girard (Lise) : J'étais
très, très jeune également. Non, pas particulièrement. Je...
M. Leduc : On parle de
quelle année exactement?
Mme Girard (Lise) : C'est
dans les années 70. Donc, je n'ai pas l'année exacte, là, mais si on...
Une voix : ...
Mme Girard (Lise) : 1978.
J'avais huit ans. Donc, j'étais très jeune à ce moment.
M. Leduc : O.K. Parce
que dans l'application de, tu sais, les histoires des droits aléatoires, des
fonctionnalités de réseaux sociaux et compagnie, on se pose toujours la
question, est-ce qu'on va être capables, nous, comme législation québécoise,
d'imposer quelque chose sur un géant du Web? Il y a quelques années à peine,
les géants du Web ne percevaient pas de taxe, hein, de TVQ et autre. Et
finalement, ils le font aujourd'hui parce qu'on a décidé de le faire. Mais
comment on jongle avec cette applicabilité-là, ce défi de l'applicabilité là
comme législature, là?
Mme Girard (Lise) : Bien,
c'est certain qu'avec l'évolution des technologies, on peut souvent dire ça
que... Est-ce que c'est possible ou ce n'est pas possible? Est-ce qu'on peut
contenir l'hémorragie? Je pense que c'est un peu ça qu'on est en train de se
dire, puis le questionnement qu'on a ensemble aujourd'hui. Par ailleurs, si on
ne le fait pas, est-ce que c'est tout aussi justifiable et adéquat pour nos
jeunes? Donc, moi, je pense que tout est possible, là. On a... Il y a sûrement
des moyens, puis d'application. Dans la faisabilité, il aurait été intéressant
d'avoir un échange, une discussion ouverte avec ces géants-là pour pouvoir
justement voir les possibilités. Mais si je me rabats sur les meilleures
pratiques dans le monde, puis il y a certains pays qui le font, qui ont osé, on
a parlé de loi du Royaume-Uni, d'interdire purement et simplement. Donc, à ce
moment-là, moi, je considère que le Québec pourrait innover, et continuer
d'être un précurseur, et aller dans ce sens-là, puis interdire les publicités
ciblées, si on parle de ce cas-là, plus spécifique, là, aux moins de
13 ans.
M. Leduc : L'interdiction
des publicités vers les enfants, aujourd'hui, est-ce que c'est répandu au
Canada, en Amérique du Nord, dans les autres législatures? On a encore... On
est encore seuls à avoir ça?
Mme Girard (Lise) : On
est encore...
12 h (version non révisée)
Mme Girard (Lise) : ...un
précurseur.
M. Leduc : Même aujourd'hui?
Mme Girard (Lise) : Oui.
M. Leduc : Plus de 40 ans
plus tard, 40 ans plus tard?
Mme Girard (Lise) : Là, vous
voulez vraiment que je mette le point sur mon âge aujourd'hui.
M. Leduc : Ah! bien, le mien
aussi, hein, le mien aussi.
Mme Girard (Lise) : Oui,
effectivement, ça fait près de 50 ans.
M. Leduc : Est-ce qu'il y a
une raison pour quoi ça n'a pas été limité par d'autres législatures voisines?
Mme Girard (Lise) : C'est une
excellente question, je ne pourrais pas vous dire pourquoi ça n'a pas été
limité. On sait qu'il y en a d'autres, là, on n'est pas les seuls, mais ce n'est
pas partout, non.
La Présidente (Mme Dionne) : ...
M. Leduc : ...seule province
au Canada, oui. Puis en Europe, on est où, là-dessus, à votre connaissance?
Mme Ayotte (Naomi) : En
Europe, on l'a à certains endroits, comme vous avez nommé, le Royaume-Uni, c'est
certain.
Mme Girard (Lise) : En Suède
aussi, je crois. Effectivement, mon collègue me souffle la Suède. Mais si vous
le souhaitez, on peut vous revenir et vous donner les informations par rapport
à ça.
M. Leduc : C'est un peu comme
la couleur de la margarine, on était vraiment uniques au Québec, mais là, même
ça, c'est fini, malheureusement.
Mme Girard (Lise) : Bien, c'est
pour ça qu'il faut continuer à être précurseurs, parce que, même en matière de
protection des renseignements personnels, avec la loi n° 25,
là, si on peut encore la nommer ainsi, on fait des jaloux dans le reste du
Canada, là. Donc, je pense qu'on doit poursuivre dans cette voie-là et on doit
encore aller plus loin.
M. Leduc : Puis, quel est
votre pouvoir d'application quand vous... Si jamais il y a quelqu'un qui est
récalcitrant dans la loi actuelle, comment ça fonctionne pour le réprimander?
Mme Girard (Lise) : Dans
quelle situation?
M. Leduc : Si quelqu'un
faisait une publicité ciblée pour les enfants, actuellement, au moment où on se
parle, au Québec, qu'est-ce qui se passerait?
Mme Girard (Lise) : Bien, sur
la publicité ciblée, c'est la Loi sur la protection du consommateur qui a
juridiction, c'est l'Office de protection du consommateur qui a juridiction, ce
n'est pas nous particulièrement, là.
M. Leduc : Parfait. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Il reste moins d'une minute. D'autres interventions? Ça fait le tour. Alors,
merci infiniment pour votre contribution à ces travaux. Donc, pour ma part, je
vais suspendre quelques instants pour accueillir nos prochains témoins. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 05)
(Reprise à 12 h 08)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, juste avant de poursuivre,
est-ce qu'il y a consentement pour dépasser quelques minutes au-delà de l'heure
prévue?
Des voix : Consentement.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Bon. Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants d'Alloprof.
Donc, merci d'être là avec nous ce midi. Donc, je vous rappelle, vous avez 10
minutes pour nous faire part de votre exposé et, par la suite, on va procéder à
une période d'échange. Donc, la parole est à vous.
Mme Faust (Sandrine) : C'est
parfait. Dix minutes, c'est la durée que dure un appel téléphonique, en
moyenne, chez Alloprof, donc on devrait avoir un bon repère.
Bonjour à tous, membres de la commission.
Merci de votre accueil. Je me présente Sandrine Faust, directrice générale chez
Alloprof et cofondatrice. Je vous remercie d'avance pour votre écoute et vos
questions, car, vous le savez peut-être, sûrement, mais, chez Alloprof, on
apprécie particulièrement les questions, donc n'hésitez pas.
Je suis accompagnée de Marc-Antoine
Tanguay, directeur stratégie, recherche et données, avec qui j'ai le plaisir de
travailler depuis 25 ans. Donc, sa solide expertise en recherche et données en
fait la personne idéale pour répondre à vos interrogations après notre période
de 10 minutes.
Le mémoire déposé à la commission spéciale
se base sur l'expérience et l'expertise d'Alloprof en matière d'apprentissage
numérique ainsi que sur les différentes enquêtes réalisées auprès des jeunes,
des parents et des enseignants. Un petit secret, vous allez voir, chez
Alloprof, on aime beaucoup mesurer et questionner nos utilisateurs. Ainsi,
notre mémoire présente des recommandations concrètes pour une utilisation saine
et optimale des écrans dans le cadre scolaire.
• (12 h 10) •
Mais permettez-moi de commencer par
quelques mots sur Alloprof. Alloprof est une organisation québécoise qui œuvre
depuis près de 30 ans, ce qui trahit un peu mon âge, moi aussi, j'ai entendu
les commentaires précédents, donc, pour soutenir la réussite scolaire des
jeunes en offrant des services et ressources gratuites d'aide à
l'apprentissage. À nos débuts, nous étions accessibles uniquement par
téléphone. C'était innovant, à l'époque, hein, le téléphone répondre aux élèves
par téléphone. Rappelons que, dans les années 90, Internet n'était pas encore
disponible au grand public. Nous avons su évoluer et augmenter notre impact
grâce aux avancées technologiques. Aujourd'hui, bien, c'est 99 % de l'aide
qu'offre Alloprof qui est réalisée sur le Web, et donc grâce à l'intermédiaire
des écrans, mais nos plateformes numériques ont toujours évolué en respectant
toujours le même souci, celui de l'efficacité et de la qualité pédagogique.
Avec, aujourd'hui, nos dizaines de
milliers de vidéos, de fiches notionnelles, d'exercices et de jeux vidéo
éducatifs, Alloprof est utilisé annuellement par plus de 550 000 élèves,
100 000 enseignants, 420 000 parents, générant plus de 60 millions
d'accompagnements scolaires par année. Ce sont donc plus de 1 million de
Québécois qui trouvent dans nos outils numériques les ressources et le soutien nécessaires
pour apprendre, pour mieux accompagner leurs enfants ou leurs élèves.
Chez Alloprof, nous proposons une approche
gratuite et sans publicité. On a eu beaucoup d'annonceurs, hein, qui voulaient
venir sur la plateforme. On a toujours résisté, car cela s'inscrit dans la
logique que l'éducation de qualité doit être accessible à tous et que
l'apprentissage est plus efficace dans un environnement sans distraction et
sans influence commerciale.
Notre mémoire met en lumière des usages
des écrans qui servent la réussite scolaire. Vous comprendrez que c'est le
prisme que nous avons, chez Alloprof, et que nous ne cherchons pas à minimiser
des problèmes que certains autres usages peuvent causer aux jeunes. Il est donc
essentiel de présenter à la commission une distinction fondamentale entre
l'usage des écrans à des fins éducatives et leurs usages purement récréatifs.
Il est nécessaire et important aussi de comprendre le contexte d'utilisation et
d'éviter une approche binaire. Alors que l'omniprésence des écrans soulève des
préoccupations légitimes quant à la gestion du temps que les jeunes y
consacrent, Alloprof souhaite insister sur les avantages substantiels des
outils numériques bien utilisés pour l'apprentissage.
Une donnée nous semble bien résumer ces
avantages : sans l'intermédiaire des écrans, Alloprof soutiendrait
aujourd'hui tout au plus 10 000 élèves avec son service téléphonique. Or,
maintenant, nous...
Mme Faust (Sandrine) : ...nous
en aidons plus de 550 000. D'après nos enquêtes, Alloprof est la ressource
éducative numérique privilégiée par 60 % des élèves au Québec, et ce, très
loin devant les géants américains Google, YouTube, Wikipédia. D'après nos
données d'enquête, les jeunes utilisent notre plateforme pour bien faire leurs
devoirs, pour mieux se préparer à leurs examens, pour se donner des trucs
d'étude et pour consolider leurs apprentissages. Bref, ils viennent, sur
Alloprof depuis des années par choix, sans y être obligés, dans le but de
réussir à l'école. Et s'il y a bien une chose dont on est certain chez
Alloprof, c'est que tous les jeunes veulent réussir à l'école. Ils sont
d'ailleurs 66 % à affirmer qu'Alloprof joue un rôle significatif dans leur
réussite. La grande accessibilité de notre plateforme, de nos plateformes numériques,
joue pour beaucoup dans le développement, dans le développement de ce réflexe
vertueux.
Les parents trouvent également Alloprof
très utile. Hein, si vous avez des enfants, vous savez à quel point ça peut
être utile Alloprof en obtenant des ressources pour expliquer les matières à
leurs enfants ou en leur proposant des jeux éducatifs qui vont les faire aimer
les leçons. Quel jeune n'aime pas apprendre ses tables de multiplications avec
Fin lapin? Du côté des enseignants, près de 80 % des enseignants du Québec
utilisent Alloprof pour enrichir leur enseignement. Et ce taux grimpe à
91 % parmi ceux qui ont moins de cinq ans d'expérience. Alloprof complète
l'enseignement traditionnel avec des ressources fiables. Maintenant, je céderai
la parole à mon collègue Marc-Antoine afin qu'il vous présente les
recommandations émises. Alors, à toi, Marc-Antoine.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Merci,
Sandrine. Merci aux membres de la commission. Le mémoire qu'on a présenté
formule cinq recommandations clés. La première, on le reprend, c'est de faire
la distinction entre l'usage éducatif et récréatif des écrans. Mettre l'accent
sur l'importance de différencier les objectifs et les contextes d'utilisation
des écrans. Il faut tenir compte du fait que les téléphones, ordinateurs,
tablettes et autres appareils connectés démocratisent l'accès à des ressources
d'apprentissage de qualité, comme Alloprof.
Deuxième recommandation, favoriser la
recherche. Investir dans la recherche pour mieux comprendre l'impact des écrans
sur la réussite scolaire et la persévérance. Il y a des choses qui s'apprennent
mieux avec un support numérique et d'autres non. Mieux comprendre les
meilleures pratiques est une des clés d'un usage plus sain et efficace des
écrans.
Troisième recommandation, appuyer le
développement de la compétence numérique. Les jeunes ont besoin d'être outillés
pour mieux maîtriser les technologies et en faire un usage de manière
responsable et efficace. Ce sont des acteurs à ne pas négliger dans les
considérations qu'on a au niveau de l'utilisation saine des écrans.
Épauler les enseignants, appuyer les
enseignants en diffusant l'information sur les meilleures pratiques pour
l'intégration des outils technologiques en classe.
Et enfin, cinquième recommandation,
accompagner les parents, fournir des ressources et des conseils pour guider les
parents dans un usage plus sain des écrans. L'éducation publique est un levier
puissant et essentiel pour arriver à un meilleur équilibre dans l'utilisation
des écrans. On sait qu'il y a des limites à ce que le... le législateur,
pardon, peut faire. L'éducation peut compenser une partie de ces limites-là.
Et à noter que pour tous ces publics,
Alloprof souhaite contribuer en diffusant, auprès de ses centaines de milliers
d'utilisateurs, l'information sur les bonnes pratiques d'utilisation des
écrans.
En conclusion, Alloprof est un allié pour
un avenir numérique responsable au Québec. Le mémoire d'Alloprof souligne le
rôle qu'on peut jouer, et qui ne se limite pas à fournir des ressources
numériques. Notre organisation s'engage dans une démarche proactive de
recherche pour mieux comprendre l'impact des technologies sur les
apprentissages et contribuer à une utilisation responsable et optimale des
écrans dans le parcours scolaire des jeunes. En bref, Alloprof s'engage à
rester à l'avant-garde du développement technologique responsable et efficace
en éducation. Nous vous remercions de votre attention et sommes, comme on l'a
dit tout à l'heure, à votre disposition pour répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci infiniment pour cette présentation. Donc, nous allons débuter cette
période d'échange avec M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci,
Mme la Présidente. Mme Faust, M. Tanguay, merci de nous accompagner
ce matin. Très agréable d'avoir votre... vos commentaires. En cette Semaine des
enseignantes et des enseignantes aussi, bien, je tiens à vous féliciter, hein,
je pense que vous avez fait la preuve dans votre courte allocution que vous
êtes un acteur désormais incontournable de l'éducation de nos enfants. À titre
de parent, moi, je vous en remercie. J'ai élevé des enfants...
M. Sainte-Croix : ...et, dans
un premier temps, je me souviens de la ligne téléphonique et j'ai vu
l'évolution vers aussi la question du numérique. Ce qui m'amène à vous poser la
question... Vous avez eu le privilège quand même, là, de voir, tu sais, à
partir d'un moyen privilégié qui était l'appel téléphonique, vous avez migré
vers le numérique. Donc, vous avez vu l'évolution de nos jeunes en fonction de
leurs questions, de leurs enjeux. Qu'est-ce qui a significativement évolué
depuis l'avènement du numérique dans l'éducation puis les problématiques que
rencontrent nos jeunes? En quelques mots, là, comment vous avez vu cette
évolution-là? Et je comprends que vous vous êtes adaptés à ça. Donc, vous avez
dû, vous aussi, quelque part, cheminer dans cette évolution-là. Parlez-nous de
ça un petit peu.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Effectivement,
c'est un excellent point. Pour commencer, je pense que ce qu'on peut constater,
c'est une plus grande autonomie des élèves à aller chercher l'information qui
leur manque, à surmonter les difficultés grâce à la facilité que le numérique
leur propose. C'est ce qu'on constate chez Alloprof. C'est beaucoup moins
engageant d'aller sur une plateforme numérique pour aller chercher
l'information que de communiquer par téléphone avec un enseignant étranger
qu'on ne connaît pas. Donc, il y une espèce de barrière, de gêne qui tombe
quand on rentre dans les espaces numériques, et ça participe aussi au succès
des initiatives qu'on a dans des plateformes accessibles sur le Web.
Sinon, bien, en termes de difficultés, en
fait, ce que je vous dirais, c'est que les jeunes, grosso modo, ont
sensiblement le même genre de difficultés qu'à l'époque. Et c'est ce qui nous
avait fait développer des choses sur le Web. C'est qu'on s'était rendu compte
que c'étaient souvent les mêmes questions qui étaient posées par les élèves et
donc les mêmes réponses grosso modo qu'on pouvait leur donner pour les aider.
Alors, on formulait les réponses les plus efficaces et on a mis ça en ligne
pour que les jeunes puissent eux-mêmes aller chercher cette information-là.
• (12 h 20) •
Maintenant, le rapport à l'humain demeure
essentiel dans ça, parce qu'il y a des jeunes pour qui ce n'est pas suffisant.
Un élève qui est en difficulté importante ne sait pas ce qu'il ne sait pas. Et,
ça, c'est quelque chose de très important à considérer. Même si l'information
qui répondrait à son besoin se trouve en ligne, il ne sera pas en mesure
d'aller la chercher ou, s'il la trouve, il ne sera pas en mesure de savoir si
ça répond vraiment bien à son besoin. Et là, la communication avec nos
enseignants demeure cruciale. Donc, notre service est toujours actuel, est
toujours très utilisé. En fait, on est en croissance du côté des demandes
envers nos enseignants, parce que les élèves en ont besoin. Surtout au
lendemain de la pandémie, on ne se le cachera pas, il y a des défis scolaires
plus importants qu'évidemment avant que la COVID nous tombe dessus.
M. Sainte-Croix : Je ne peux
pas m'empêcher de vous poser la question sur la question pédagogique au niveau
de l'utilisation du numérique. Vous êtes un outil important dans l'évolution de
nos jeunes. Est-ce... Quelle est votre opinion là? Parce qu'il y a un débat, tu
sais, ce n'est pas noir et ce n'est pas blanc, hein, sur la plus-value, au
niveau académique pour nos jeunes, de l'utilisation du numérique. Quelle est
votre opinion là-dessus? Toujours dans... au regard de votre expérience, de
votre mission, comment voyez-vous l'évolution, au niveau pédagogique, de la
venue du numérique?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : C'est
une question extrêmement vaste, à laquelle il peut y avoir plusieurs réponses.
Mais je pense qu'on peut déjà signifier la richesse de l'information qu'on est
capables de transmettre à travers des avenues numériques. Et on peut prendre
par exemple la vidéo. La vidéo permet d'avoir de l'écrit, qui permet d'avoir
des soutiens visuels à l'intérieur de la vidéo, permet d'avoir la parole. On
est capables d'enchaîner les explications. Donc, un support comme la vidéo par
exemple permet d'aller beaucoup plus loin que ne le ferait un livre
traditionnel, ce qui n'enlève pas la pertinence du livre. Mais, par contre,
c'est un complément extrêmement intéressant, notamment pour des notions plus
complexes. D'ailleurs, chez Alloprof, ce qu'on constate, c'est que les élèves
se tournent beaucoup vers nos vidéos pour des questions de sciences et de
mathématiques, qui sont, on le sait, des matières qu'on va dire un peu plus
abstraites, peut-être, et pour lesquelles ils ont besoin d'un environnement
plus riche pour comprendre. Donc, je pense que c'est ce qu'il faut voir, il y a
des avantages. Après, il faut mieux documenter les choses. C'est important de
faire de la recherche parce que le numérique doit venir compléter quand c'est
plus pertinent de passer par le numérique. Surtout chez les plus jeunes
enfants, l'expérience physique, sensorielle est essentielle pour le développement.
On le sait. Le numérique a un rôle à jouer quand même, mais il doit jouer le
rôle qu'il a à jouer et ne pas prendre la place que l'environnement physique
devrait jouer en priorité parce que c'est plus efficace pour certains
apprentissages.
M. Sainte-Croix : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Bonjour.
Alors, très heureuse de vous avoir avec nous aujourd'hui. J'ai été une très
grande utilisatrice de vos services. J'étais enseignante pendant un bon moment
dans ma carrière, donc, et j'ai vu votre évolution au fil des années. Puis je
suis très contente...
Mme Tremblay : ...de vous
entendre dire ce matin, tu sais, que, oui, la publicité, ça pourrait être
possible, mais je pense que nos jeunes en ont déjà assez sans qu'on en mette
sur le site d'Alloprof. Donc, ça pour moi, là, de vous entendre dire cela, je
pense que vous êtes dans la bonne direction, parce que, quand on va sur votre
site, ce qu'on veut, c'est trouver la bonne information, puis, à l'heure
actuelle, il est facile d'utilisation, il est extrêmement pertinent pour...
puis là je dis les jeunes, mais pour les parents aussi. Donc, je tenais à vous
féliciter pour votre excellent travail.
Là, je regarde vos... j'ai regardé... j'ai
lu votre rapport, votre mémoire, puis il y a une place où vous dites qu'il y a
un jeune sur cinq qui utilise maintenant l'intelligence artificielle. Donc,
c'est quand même... tu sais, puis l'intelligence artificielle, ils y ont accès
depuis peu quand même, hein, dans le temps. Alors, comment vous l'avez évalué?
Est-ce que vous, vous leur conseillez de l'utiliser, l'intelligence
artificielle? Quel est votre... J'aimerais voir où est-ce que vous vous situez
à l'heure actuelle, parce que, sûrement, vous vous faites questionner sur ça
quand les jeunes vous appellent.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui,
c'est un excellent point. C'est le type de technologie qu'on peut appeler
disruptive, c'est-à-dire que ça amène un changement dans les comportements très
rapidement et qui peut avoir un très, très gros impact. La réponse très rapide
à votre question : On n'est pas en mesure en ce moment de leur recommander
l'utilisation parce qu'on ne sait pas comment ils vont utiliser l'IA
générative. Et un des enjeux principaux avec la technologie de l'intelligence
artificielle générative surtout, c'est ce qu'on appelle l'agentivité,
c'est-à-dire l'engagement de l'utilisateur à travers cette utilisation-là. En
apprentissage, c'est crucial d'être engagé. Il ne faut pas juste copier-coller
une réponse, évidemment, mais le problème avec l'IA générative, c'est qu'elle
est capable de simuler un raisonnement de type humain et ça peut être tentant
de faire du copier-coller. Donc, de ce côté-là, on prend des mesures, on voit
que les jeunes l'utilisent puis c'est une donnée dont il faut prendre
considération, ils l'utilisent.
Maintenant, qu'est-ce qu'on fait du côté
d'Alloprof? On ne reste pas les bras croisés, on est en développement pour
faire une intelligence artificielle qui soit agentive, justement, qui engage
l'utilisateur, qui amène une forme de friction, en fait, pour que ça ne soit
pas trop facile non plus, qu'il y ait un engagement dans l'apprentissage. Donc,
c'est comme ça qu'on le voit. Si ce n'est pas possible de le faire, on ne le
lancerait pas parce que l'objectif ultime, c'est de soutenir l'apprentissage
des élèves. Par contre, il y a une opportunité, on parlait de démocratisation,
il y a une opportunité de faire beaucoup plus que ce qu'on fait en ce moment
avec une technologie comme celle-là, mais il faut la travailler de la bonne
manière et ce n'est certainement pas un outil accessible, il n'est pas réfléchi
d'une manière pédagogique qui peut le faire. Donc, c'est là-dessus qu'on
travaille beaucoup en ce moment.
Mme Tremblay : Ça fait que
vous n'êtes pas à l'implantation, mais à la réflexion de voir comment
l'intelligence artificielle pourrait encore mieux vous aider dans
l'apprentissage des élèves que vous soutenez. C'est ce que je comprends.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : C'est
exactement ça et c'est un peu la même nature de réflexion qu'on a eue à
l'époque quand on a commencé à diffuser des contenus sur le Web, quand on a
commencé à diffuser des vidéos sur les plateformes numériques de visionnement.
On a toujours cette réflexion-là. Est-ce que ça amène quelque chose de plus
pour l'élève? Est-ce qu'il apprend mieux avec ça? Et c'est la question
fondamentale, parce que, l'objectif, ce n'est pas d'avoir... ce n'est pas du
clientélisme, on ne veut pas avoir plus d'élèves qui viennent vers nous parce
que c'est plus facile d'avoir des réponses... pas l'idée. Évidemment, nous, à
la fin, on le sait qu'ils vont être tout seuls devant leur examen, il faut
qu'ils aient compris, parce que, sinon ça ne donnera rien.
Mme Tremblay : Oui,
effectivement, ce que vous dites est important, mais vous l'avez... Est-ce que
sur votre site, à l'heure actuelle, vous avez des avertissements qui disent...
Parce que vous dites quand même que c'est important, vous évaluez, là, à un
jeune sur cinq, est-ce que vous avez une section qui prévient les élèves de
l'utilisation de cela, d'être prudent de ce que vous venez de me dire
finalement, on ne fait pas de copier-coller? Est-ce que vous les informez sur
l'IA dans votre site?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui,
on a une section qui est dédiée à l'intelligence artificielle qu'on qualifie de
responsable, comment faire un usage approprié de l'intelligence artificielle,
notamment pour les élèves. C'est quelque chose qu'on souhaite amplifier,
évidemment, si on est amené à déployer davantage d'outils, surtout d'IA
générative. Il faut savoir qu'il y a déjà de l'intelligence artificielle sur le
site d'Alloprof, il y a un système de recommandation, il y a un système de
synthèse vocale, il y a une recherche intelligente très avancée qu'on développe
avec des partenaires du Québec. Ça existe déjà depuis des années sur le site
Alloprof. Il y a certainement un changement d'échelle, par contre, avec
l'intelligence artificielle générative, c'est quelque chose qui est beaucoup
plus puissant que ce qu'on n'a jamais eu, là, sous la main.
Mme Tremblay : Je vais aller,
s'il me reste du temps, sur les recommandations. Il me reste-tu du temps?
La Présidente (Mme Dionne) : On
peut peut-être... Peut-être que j'y reviendrai, Mme la députée, puis on... J'ai
quelques intervenants qui souhaitaient prendre la parole. Donc, Mme la députée
d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci. Je
voulais savoir... parce que vous aviez un...
Mme Bogemans : ...cumul des
Québécois qui passaient par la plateforme. Est-ce que vous avez des chiffres
pour les communautés autochtones?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui,
on a des données pour les communautés autochtones, également. Je ne les ai pas
sous la main, par contre, c'est quelque chose qu'on pourrait vous faire suivre
avec grand plaisir.
On a plusieurs initiatives dans les
communautés autochtones, principalement auprès des Atikamekw, des Innus, pour
favoriser l'utilisation d'Alloprof dans des milieux qui sont plus reculés, où
il y a des défis autrement plus importants, mais où il y a une forme de
continuité qu'on est capable de trouver à travers Alloprof, dans des contextes
où, parfois, bien, la continuité scolaire est un peu plus compliquée.
Mme Bogemans : Oui,
absolument. Parce qu'ils sont venus nous dire, en fait, l'utilité du numérique,
justement, dans le support, un petit peu comme ce que vous venez de nommer,
puis ils disaient qu'ils avaient développé des outils culturels ou plus
complexes qui répondaient à leurs besoins, mais Alloprof pourrait être
complémentaire, par exemple, à une initiative comme Les voix du territoire, là.
Je ne sais pas si vous êtes familier avec...
M. Tanguay (Marc-Antoine) : C'est...
Exactement. Et, en fait, ces initiatives-là, on les travaille de concert,
évidemment, avec les gens des communautés. Il ne s'agit pas d'imprimer une
façon de faire qui est différente, qui leur est extérieure, donc, c'est de voir
comment est-ce que ce qui est développé sur Alloprof peut leur être utile.
Il faut savoir aussi qu'on en profite pour
ajouter du contenu culturel, typiquement, de ces... excusez-moi, de ces
communautés-là. Donc, par exemple, on a... on a un jeu sur l'apprentissage de
la lecture qui comporte des histoires écrites en innu, par exemple. Donc, c'est
un moyen aussi de valoriser la culture des communautés à travers une plateforme
qui se veut la plus universelle possible, là, au Québec.
Mme Bogemans : Super
intéressant. Je me demandais, parce que vous parliez quand même de bien
outiller le personnel enseignant, bien outiller les parents, vous le faites
déjà en partie, mais je voulais savoir ce que vous pensez des bons outils ou du
bon matériel approprié à l'école? Parce qu'on est quand même dans la
discussion : est-ce qu'on amène son propre cellulaire ou sa propre
tablette à l'école ou est-ce que... une tablette fournie par l'école, avec des
paramètres bien bloqués, puis, après ça, sur cette tablette-là, quel serait le
matériel approprié pour s'y retrouver, quels seraient les bons paramètres? Ça
fait que j'aimerais vous entendre sur cette large question.
• (12 h 30) •
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui,
c'est une super belle question, qu'on se pose intensément aussi, et d'ailleurs,
on a un projet de recherche, là, avec une chercheuse de l'Université Laval sur
ce sujet-là, justement. Je n'ai pas la réponse de la recette. C'est ce qu'on
veut aller chercher un peu plus, quels sont les usages actuels, chez les enseignants
du primaire, dans un premier temps, du secondaire, dans un second temps, et
quels seraient les meilleurs usages possibles du numérique en classe.
Ce qu'on pourrait peut-être vous dire,
c'est que l'utilisation d'Alloprof, elle est bien répartie entre la classe et
l'extérieur de la classe, c'est-à-dire que 40 % de l'utilisation
d'Alloprof se fait pendant les heures de cours. Donc, c'est un outil qui est
très utilisé par les élèves, par les enseignants à l'intérieur même de
l'enseignement, et, évidemment, bien, l'autre 60 % est à l'extérieur, là,
des heures de classe, donc surtout à l'heure des devoirs, évidemment, la
semaine, et le dimanche après-midi.
Mme Bogemans : Parfait. Parce
que c'est ça, tu sais, dans l'usage récréatif, finalement, l'usage éducatif,
là, comment être capable de gérer ça, là... On a eu plusieurs personnes qui ont
levé le drapeau à ce sujet-là.
Est-ce que l'étude dont vous parlez va
sortir prochainement? Est-ce qu'on pourrait être mis au courant, à la
commission?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Ce
serait avec plaisir. Par contre, elle est à ses débuts, on parle d'encore huit,
neuf mois avant d'être capable de communiquer quelque chose de ce côté-là. Et
on va la publiciser, soyez sans crainte.
Mme Bogemans : Parfait. Puis
ma dernière question, c'était : Qu'est-ce que vous pensez de
l'intelligence artificielle dans le support aux profs, donc l'allègement de la
tâche, par exemple, aider à évaluer des questions larges ou des choses comme
ça, là?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Ici,
dans un contexte de classe, déjà, on veut préciser qu'évidemment, l'enseignant
est le mieux placé, là, pour savoir qu'est-ce qui peut lui être le plus utile
ou pas. Il y a quand même des démonstrations qu'on voit, là, d'une utilisation
où ça peut donner des indications facilitantes pour l'enseignant. Donc là, on
parle de tout l'aspect de personnalisation de l'enseignement apprentissage,
qui, évidemment, se fait bien à travers les plateformes numériques. Donc, on
parlait d'intelligence artificielle générative, on n'est pas encore sûr de ce
que ça va amener. Par contre, de ce côté-là, on voit qu'il y a des gains
potentiels, là, qu'on peut aller chercher.
La Présidente (Mme Dionne) : M.
le député de Joliette.
M. St-Louis : Merci d'être
ici avec nous ce matin. Moi, ma question sera simple. En fait, je pense que
tout le monde est unanime sur les vertus de votre plateforme, l'accompagnement
que vous faites déjà depuis longtemps. Donc, je vous dirai que vous êtes du bon
côté de la force. On a rencontré des gens qui... En fait, vous savez que, sur
les plateformes numériques, il n'y a pas... il y a autre chose qu'Alloprof, il
y a les Tik Tok de ce monde. Quelle est votre position ou votre opinion sur
une...
12 h 30 (version non révisée)
M. St-Louis : ...de majorité
numérique, en dehors, naturellement, là, de qui vous êtes et de ce que vous
faites, là.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Bien,
évidemment, c'est une question qui relève beaucoup, là, des compétences du
législateur. Nous, de notre côté, chez Allo Prof, on se fie énormément aux
règles déjà en place, donc c'est d'usage très courant, on parlait, tu sais, du
14 ans pour donner un consentement éclairé pour plusieurs situations,
donc, nous, c'est ce qu'on requiert. Par exemple, un utilisateur veut se créer
un compte sur Allo Prof, pour avoir déjà de la personnalisation, bien, on
demande qu'il ait 14 ans, ou sinon c'est le parent qui doit autoriser la
création de ce compte-là. Évidemment, si l'âge d'une majorité numérique fixait
ça à 15, 16, 13, nous, on s'adapterait, là, à cet élément-là. C'est ce que je
pourrais vous dire. Mais on n'a pas nécessairement d'opinion sur quel devrait
être l'âge de la majorité numérique. Sauf que, comme citoyen, évidemment, c'est
préoccupant. Il faut protéger les jeunes, c'est sûr, de ce qui pourrait
peut-être être malsain.
Par rapport à TikTok, on va être très
transparents. Vous avez une offre exceptionnelle de ressources Allo Prof sur
TikTok. Et l'idée, c'est qu'on va voir là où les jeunes se trouvent, et c'est
de leur offrir un pendant de qualité et éducatif dans un environnement qu'on n'en
compte peut-être pas suffisamment. Donc, c'est la stratégie qu'on emploie, on l'a
employée sur YouTube, on l'emploie aujourd'hui sur TikTok, que ce soit sur une autre
plateforme, dans quelques années, parce que ça bouge très, très vite. Mais c'est
la posture qu'on prend, là, par rapport à des plateformes qui sont autrement
critiquées. Au-delà de la législation, si on en venait à interdire, ça a déjà
été discuté, une plateforme comme TikTok, évidemment qu'on retirerait tous nos
produits, là. Le but n'est pas d'inciter non plus à une utilisation illégale.
M. St-Louis : Je n'aurais pas
d'autres questions, mais permettez-moi de vous remercier puis de vous féliciter
pour tout ce que vous faites pour nos jeunes.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je vais être brève, parce que je le sais que j'ai des collègues...
Votre présence suscite beaucoup de questions chez nous. Donc, je le sais que d'autres
collègues également en ont. Moi, j'avais une question que vous avez rapidement
abordée avec la députée d'Iberville, c'est l'utilisation de votre plateforme.
Tous les utilisateurs, que ce soit le corps professoral, que ce soit les
élèves, sûrement moins les parents, est-ce qu'il y a de l'utilisation de la
preuve qui se fait dans le jour pendant que, bon, les profs sont à l'école,
pendant que les élèves sont à l'école? Je voudrais savoir si vous avez des
informations là-dessus, si c'est utilisé pendant les heures scolaires.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui,
exactement. On a tout à fait l'information, 40 % de l'utilisation d'Allo
Prof se fait pendant les heures d'école.
Mme Gendron : O.K. Merci. C'est
une donnée que j'étais très curieuse d'avoir. Et puis je me réfère à votre
point 4.3 que vous avez mis à votre mémoire, vous avez souligné l'importance
d'appuyer le développement de la compétence numérique chez les jeunes. Certains
groupes nous ont suggéré d'évaluer une certaine compétence numérique chez nos
jeunes. Est-ce que vous sentez, chez vos utilisateurs, justement, un manque de
connaissances qui fait en sorte qu'ils ont de la difficulté à aller chercher
vos services, ou, au contraire, vous trouvez que les connaissances générales
des jeunes parents et professeurs sont suffisantes à cette étape-là?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Je
pense qu'on peut pratiquement calquer, là, les données sur la littératie, il y
a vraiment une variabilité importante et il y a, pour beaucoup d'utilisateurs,
un manque de compétences. Pour une pleine utilisation, en fait, c'est qu'ils
vont faire une utilisation moins optimale des ressources numériques. Et ils ont
souvent aussi une plus grande vulnérabilité envers des mauvais usages des
plateformes numériques. Donc, c'est ce qu'on constate. Et oui, pour nous, l'éducation,
bien, évidemment, là, on y croit, mais c'est sûr que c'est par l'éducation qu'on
peut peut-être changer le plus en profondeur ces lacunes-là qu'on constate
aujourd'hui, dans un monde où, quoiqu'on fasse, le numérique va probablement
jouer un rôle encore plus grand dans 10 ans qu'il le joue aujourd'hui.
Mme Gendron : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Merci pour votre présentation et pour vos
explications. Je fais à mon tour partie des 94 % de Québécois qui ne considèrent
pas le temps passer sur Allo Prof au même titre que le temps d'écran consacré
au divertissement. Et manifestement, donc, je pense que c'est un constat qui
fait consensus auprès des collègues autour de la table. Je me demandais, donc,
vous êtes établis depuis 1996, vous avez fait la migration, donc, du téléphone
vers le Web, et donc essentiellement vous avez vu, donc, la génération
préinternet, la génération Internet par la suite. Par curiosité, est ce que
vous avez noté des difficultés différentes de génération en génération parmi
les utilisateurs de la plateforme?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : On
ne constate pas de...
M. Tanguay (Marc-Antoine) : ...comme
de nouvelles difficultés qui sont très différentes de ce qui existait
autrefois. Puis, bon, je ne veux pas... Le participe passé demeure très
difficile à accorder aujourd'hui, comme il l'était il y a 25 ans. Les
apprentissages de base en algèbre demeurent quand même assez complexes.
Globalement... et ça va peut-être
surprendre certaines personnes qui... qui nous écoutent, mais, globalement, les
programmes scolaires sont beaucoup plus exigeants aujourd'hui qu'ils l'étaient
il y a 25 ans. Donc, on peut penser que les jeunes apprennent plus, et mieux
qu'autrefois, globalement. Ça peut ouvrir le... des critiques, mais c'est quand
même une réalité qu'on constate. Mais, ceci dit, les éléments qui sont plus
complexes demeurent assez complexes, et c'est peut-être là où, comme on en
parlait, des... des technologies comme l'IA générative peuvent peut-être nous
amener enfin à surmonter, d'une manière beaucoup plus large, les difficultés
récurrentes de cet ordre-là.
Mme Cadet : C'est vraiment
intéressant, parce que... Je pense que vous nous avez suivis, puis... certains
intervenants, donc, nous ont parlé de l'influence de... des écrans, de... d'une
surexposition aux écrans en petite enfance, et ce que ça pouvait amener en
termes de difficultés, bon, oui, sur le plan comportemental, mais aussi
scolaire, par la suite. Mais ce que vous, vous constatez, donc, des jeunes qui
viennent chercher... puis il y a peut-être aussi un biais de confirmation avec
les jeunes, qui décident par eux-mêmes, donc, de venir chercher de l'aide ou
qui sont outillés pour le faire, que le... les difficultés ne sont pas plus
marquées qu'elles ne l'étaient, ne serait-ce que sur le plan anecdotique, de
votre part. Je comprends que vous ne faites pas de recherche là-dessus, là,
c'est ce que... c'est ce que vous nous dites.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Exact.
On n'a pas de... d'étude longitudinale dans les comportements des jeunes,
globalement. Ce qu'il faut savoir aussi, c'est qu'Alloprof s'inscrit dans la
logique de comportement qu'ils ont en général. On n'est pas dans une situation
de classe, et c'est sûr que... On a beaucoup de collègues enseignants qui
enseignent aussi dans les classes, en plus de... de travailler chez Alloprof.
Oui, il y a des défis supplémentaires, en termes de gestion des élèves, en
termes de capacité de concentration. C'est des choses qui existent, là. Ça, on
en entend beaucoup parler. Par contre, c'est sûr que, sur nos plateformes,
nous, comme on le disait tout à l'heure, on est comme du bon côté de la force,
c'est-à-dire que, bien, c'est facile pour les élèves, ils se retrouvent dans un
environnement qu'ils connaissent, qu'ils maîtrisent et qui leur apporte, d'une
manière, je dirais, efficace là, des réponses à leurs questions.
• (12 h 40) •
Mme Cadet : Intéressant.
Votre troisième recommandation dit, donc... en fait, vous nous demandez, donc,
depuis le développement de la compétence numérique des jeunes... Parce qu'il y
a des intervenants, notamment ceux du... du comté de notre collègue de
Jonquière, là, qui sont venus, vendredi passé, nous... nous émettre des
recommandations similaires. Vous dites que les gouvernements et décideurs
politiques doivent soutenir et favoriser ces initiatives, moins de politiques
publiques de financement dédié... et de la mise en place d'une norme nationale
en matière d'éducation numérique. Est-ce que vous pouvez... vous souhaitez
développer sur cette recommandation-ci? Vous nous interpelez directement.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui.
En fait, ce qu'on pourrait dire, c'est qu'Alloprof est une excellente
démonstration que les jeunes veulent apprendre, ils veulent... ils veulent
réussir, ils veulent s'améliorer. Ils ne sont pas obligés de venir sur
Alloprof, donc ils sont volontaires. Après, ils ont besoin d'être outillés.
C'est des technologies qui arrivent dans leur vie... Ça n'avait pas existé
avant, là. C'est donc... il y a un défi d'adoption de qualité de ces
technologies-là, et la société doit se souder pour les aider. La réponse
ultime, c'est que les jeunes prennent eux-mêmes les bonnes décisions. On peut
imposer toutes sortes de choses, mais, si on les éduque correctement... et ils
sont ouverts à être éduqués dans ces environnements-là.
Vous savez, presque les... les trois
quarts des jeunes qui utilisent Alloprof nous disent : J'ai, par moments,
des défis à gérer mon temps-écran. Ils sont capables d'autoréflexion, ils le
disent que c'est compliqué, pour eux, de le faire. Mais il faut les outils, il
faut les accompagner là-dedans. Puis c'est... peut-être la meilleure réponse
qu'on peut offrir aux défis qu'on rencontre en ce moment c'est d'aller vers
l'utilisateur. Évidemment, c'est plus simple chez les jeunes du secondaire que
chez ceux du primaire, mais, quand même, l'éducation doit commencer, très, très
tôt, aux meilleures habitudes possibles, puis les résultats, on peut être
surpris à quel point ils vont être... ils vont être intéressants.
Mme Cadet : Est-ce que
j'ai... Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Dionne) : ...Mme
la députée.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Bien, comme mes collègues, donc, moi aussi, donc, j'ai positivement accroché
sur le fait que vous nous... vous nous dites que, bon, les publicités, les
stratégies numériques mènent à la dépendance, et les partages de données
personnelles sont strictement interdits chez Alloprof, ce qui signifie, donc,
d'une part, que vous connaissez, donc, ces mécanismes-là, mais aussi, que c'est
possible. Puis, évidemment, on se pose toujours la question sur, donc, comment
encadrer d'autres plateformes qui sont dédiées aux mineurs, par ce fait là...
Je ne sais pas si vous pouvez nous parler de votre expérience, que... Vous le
disiez, je pense, Mme Faust, au départ, que... qu'il y a peut-être des gens qui
déjà, vous sollicitaient à cet égard, mais vous... vous avez toujours été
strictement... vous avez toujours été très stricts là-dessus.
Mme Faust (Sandrine) : On a
même une métrique qui calcule le temps passé sur la plateforme. Et notre...
notre objectif n'est pas d'allonger et d'étirer la présence du jeune sur
Alloprof, et, au contraire, on vise l'efficacité pour la raccourcir, pour lui
laisser le temps de faire autre chose.
Puis ce que je compléterais aussi,
c'est... ce qui est important, c'est d'offrir une alternative à... aux
consommations des jeunes en ce moment, donc une alternative pédagogique...
Mme Faust (Sandrine) : ...quand
Marc-Antoine, tantôt, le disait, on est sur YouTube... sur TikTok aussi, ça
offre une alternative. Puis le jeune, veux veux pas, quand il a fini une vidéo
TikTok, là, il se sent pas mal mieux que quand il a écouté une autre vidéo qui
est... qui n'a rien appris, qui a... qui n'était pas en action, qui n'a pas
pris de décision, qui ne s'est pas concentré. Donc, il faut... il faut faire
l'éducation, leur montrer les bienfaits d'une bonne utilisation, d'une bonne...
tu sais, de mettre certains efforts, de faire aller un petit peu, là, son
cerveau à travers les écrans, puis tout ça, donc... Puis effectivement,
l'objectif est de faire... Chez Alloprof, ça n'a jamais été d'allonger le
temps, même c'est une mesure de... ça montre qu'on est encore plus efficace
quand on raccourcit le temps présent sur la plateforme.
Mme Cadet : Bien, en tout
cas, vous êtes des modèles. Merci beaucoup pour votre présence aujourd'hui.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée de Hull, aviez-vous des questions
supplémentaires?
Mme Bogemans : ...il me
resterait une question, s'il me reste du temps. Donc, où... aller recommandation
quatre : épauler les enseignants en leur offrant de la formation,
diffusion des pratiques souhaitables. Qu'est-ce qui vous a amené à faire cette
recommandation-là? Parce que vous avez parlé à des enseignants, vous avez fait
une recherche. Qu'est-ce qui vous amène à poser cette recommandation-là?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Et
effectivement, dans le cadre de recherche et aussi de relations, évidemment,
très étroites avec beaucoup, beaucoup d'enseignants, ce qu'on souhaite à
travers cette recommandation-là, c'est d'éviter qu'on dise tout simplement aux
enseignants : Bien, gérez le problème, s'il faut les épauler adéquatement.
Je pense qu'on a un enjeu de société. Puis on parle... On parle beaucoup des
jeunes. C'est superimportant, c'est primordial, mais ça, c'est un enjeu aussi
chez les adultes, là. Il y a des défis d'addiction aussi, là, de
cyberdépendance aussi chez les adultes. On a un enjeu de société.
Au niveau des enseignants, bien,
effectivement, on n'a pas encore tant de données sur c'est quoi, les meilleurs
usages pédagogiques des écrans. Il y en a, mais ce n'est pas encore si
déterminé que ça. Donc, il y a de la recherche qui se fait. C'est de partager,
évidemment, les informations, de les diffuser auprès des enseignants pour les
aider à prendre les meilleures décisions de ce côté-là et c'est aussi de leur
donner le cadre pour qu'ils puissent... qu'ils puissent gérer la classe de la
manière la plus appropriée en fonction de leur réalité, qui est variable, là,
ça peut dépendre de l'âge, évidemment, de leurs élèves, ça peut dépendre des
défis qu'ils rencontrent, de la dynamique du groupe. Donc, ce n'est pas
nécessairement de leur dire : Il faut faire absolument ça, mais c'est de
leur donner tous les outils qu'il faut pour s'adapter adéquatement selon la
situation qu'eux, ils vivent dans leur classe.
Mme Tremblay : O.K. Donc, ça
se fait déjà, mais il faut poursuivre puis s'assurer que tout le monde est bien
conscient, là. Puis, vous l'avez dit, je pense, tu sais, c'est tout le monde
ensemble, c'est les enseignants, oui, mais c'est l'ensemble de l'école, les
parents, la société, donc... parce que ça évolue rapidement. Donc, ça répond à
ma question. Quand vous êtes allés... tantôt, ma collègue a posé une question
sur la recommandation trois, tu sais, la fameuse compétence numérique. Est-ce
que vous avez regardé le programme de CCQ, qui est assez récent puis qui aborde
quand même ce volet-là, à l'heure actuelle, dès le primaire?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Oui,
absolument. On a... En fait, on est en train de créer du contenu. D'ailleurs,
on... Bien, évidemment, sur Alloprof, on retrouve des ressources sur tout ce
qu'on peut apprendre à l'école, idéalement. Si on ne le trouve pas, on peut
appeler les enseignants, nos profs pour ce qu'il manquerait. Et on est en train
de créer du contenu par rapport à cet élément-là qui est quand même vraiment
crucial. Donc, on en a pris conscience, c'est quelque chose qu'on veut émuler à
travers notre plateforme. Et c'est ce qu'on dit aussi à travers nos
recommandations, c'est : Alloprof peut servir les intérêts... bien, les
«intérêts», les conclusions à la réflexion de la commission... un vecteur
d'information très, très important auprès des élèves, auprès des parents, des
enseignants. Et donc, par rapport au programme de CCQ, c'est aussi le rôle
qu'on veut jouer. Il est très nouveau, mais on se l'approprie, évidemment, dans
le monde de l'éducation. Puis Alloprof, bien, veut jouer un rôle de
facilitateur dans cette appropriation-là du programme et du développement de la
compétence en général.
Une petite donnée que je mentionnerais
comme ça. On parlait de 20 % des jeunes qui adoptent l'IA générative au
moins une fois par semaine pour faire leurs travaux scolaires. Quand on demande
aux parents ou aux enseignants, on est à moins de 10 % d'utilisation de
l'IA générative. Puis c'est ce décalage-là qui est parfois dangereux dans
l'école, c'est-à-dire une espèce de déphasage entre le monde adulte et le monde
des jeunes. Et ça... ça ne facilite pas la crédibilité de l'école et de
l'enseignement auprès des élèves, évidemment. C'est important, que les
enseignants comme les parents soient conscients que leurs jeunes, ils sont déjà
rendus dans un certain environnement avec certains outils et qu'ils s'adaptent,
qu'ils s'adaptent en fonction de ça et qu'on les outille pour qu'ils soient en
mesure de continuer à être crédibles et qu'ils comprennent bien qu'est-ce que
leurs jeunes, qu'est-ce que leurs élèves font avec ces outils-là.
Mme Tremblay : Effectivement,
ça va vite puis les jeunes s'approprient très vite les outils mis à leur
disposition. Alors, je vous remercie grandement de votre présence aujourd'hui,
c'est... c'était vraiment un beau moment passé avec vous. Puis merci pour
l'excellent travail que vous faites auprès des jeunes et des enseignants. Je
pense que c'est important que vous soyez... Alloprof, c'est très québécois,
mais...
Mme Tremblay : ...c'est
très important dans l'apprentissage des jeunes. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) :
Il reste un petit peu moins de deux minutes. Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme
la Présidente. Une petite dernière puisqu'on a un peu de temps. Dans votre
mémoire, vous nous dites : Dans l'environnement technologique, la rigueur
et l'agilité sont de mise pour éviter de tomber dans les extrêmes d'une surexposition
malsaine ou d'une rigidité qui risquerait de nuire au potentiel d'apprentissage
des jeunes et à la perception qu'ils ont de l'école. Bon, surexposition
malsaine, on comprend très bien. J'aimerais vous entendre donc sur l'aspect
rigidité ici, là, de bien saisir qu'est-ce que vous... qu'est-ce que vous
voulez dire par là, comment ça risquerait de nuire au potentiel d'apprentissage
des jeunes?
M. Tanguay (Marc-Antoine) : En
fait, on parle ici de l'autre extrême, d'une interdiction totale, par exemple,
d'utilisation de tout écran pour... pour faciliter l'apprentissage, par
exemple, à l'école. Le danger qu'on voit là-dedans, c'est qu'on perd les
bénéfices, et on est capable d'en démontrer, de l'utilisation des outils
numériques pour certains apprentissages. On perd ces bénéfices-là.
L'autre chose, c'est ce que je mentionnais
tout à l'heure, c'est que, bien, si l'école est complètement déphasée par
rapport à ce qui existe dans la réalité extérieure chez les jeunes, ils
risquent de la trouver, on va dire, ringarde. Et ça, c'est un risque qu'on peut
courir et qui serait dommage en fait parce que l'école doit apparaître comme le
chef de file là-dedans. Si elle veut être crédible pour éduquer les jeunes dans
l'utilisation des appareils, elle ne peut pas se permettre de les interdire
complètement. Donc, on est dans un régime d'exclusion.
Mme Cadet : C'est
l'adhésion, en fait, des jeunes qui est l'objectif.
M. Tanguay (Marc-Antoine) : Exactement.
On veut les inspirer. Nous, c'est l'angle qu'on prend. On souhaite que nous
soyons, comme adultes, des inspirations pour les jeunes. Ça se traduit dans nos
comportements, mais ça se traduit aussi dans le fait qu'on soutient
adéquatement pour leur proposer des outils et des façons de faire pour que
l'utilisation des écrans soit plus saine.
Mme Cadet : Merci
beaucoup. Merci pour votre travail. Merci pour votre présence aujourd'hui.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, Mme la députée. Alors, on retient que, oui, c'est un enjeu de
société, vous l'avez bien dit. Plusieurs personnes nous l'ont également
mentionné. Merci pour votre contribution à ces travaux et également pour tout
ce que vous faites pour la réussite scolaire.
Alors, en terminant, j'aimerais souligner
la présence des membres de ma famille dans la salle, et mes parents, ma sœur et
ma nièce.
Alors, sur ces belles paroles, je vous
souhaite un bon dîner. Je suspends les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 heures)
La Présidente (Mme Dionne) : Alors,
bonjour, tout le monde. Donc, ayant constaté le quorum, la commission va
reprendre ses travaux.
Donc, on poursuit, cet après-midi, les
consultations particulières et les auditions publiques sur les impacts des
écrans et des réseaux sociaux chez les jeunes. Donc, cet après-midi, nous
entendrons le docteur Antoine Lemay, psychologue, Mme Patricia Conrod et...
Alors, on va accueillir notre premier invité, Docteur Lemay. Merci d'être avec
nous cet après-midi. Donc, je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour nous faire part de votre exposé, et ensuite nous procéderons à une période
d'échange avec les membres de la commission. Donc, la parole est à vous.
(Visioconférence)
M. Lemay (Antoine) : Mme la
Présidente, distingués membres de la commission, c'est un réel plaisir d'être
avec vous aujourd'hui. Et je tiens à vous remercier pour votre invitation, mais
aussi prendre le sujet de l'impact des écrans avec le sérieux qu'il mérite.
Je me présente, Antoine Lemay, docteur en
psychologie et psychologue. J'ai commencé à m'intéresser à la transformation
des jeux vidéo et leurs impacts environ dans les années 2000. À ce
moment-là, on voyait des nouveaux jeux comme World of Warcraft qui faisaient
leur émergence et qui faisaient couler énormément d'encre, principalement pour
leur potentiel addictif. En 2018, je commençais mon parcours doctoral sous la supervision
de Docteure Dufour et de Docteur Goyette. Mon projet de recherche, en fait, a
été possible puisque, bien, c'est une école qui avait approché un centre de
traitement en dépendances pour obtenir du soutien puis, qui, ensemble, nous ont
contactés pour documenter la situation puis s'assurer que... bien, en fait,
offrir du support électronique à leurs élèves, ça ne favorisait pas l'émergence
de méfaits.
Donc, le but de ma recherche, que je viens
vous parler aujourd'hui, ne vise absolument pas à diaboliser les jeux vidéo,
qui peuvent avoir plusieurs bienfaits d'ailleurs, mais s'éloigner des opinions
puis venir vous partager des premières données objectives dans le but de
contextualiser les inquiétudes qui entourent le sport électronique en milieu
scolaire.
Donc, en 2020, juste avant le premier
confinement pour la pandémie du COVID-19, on a fait une collecte de données
dans cette école-là pour documenter justement les caractéristiques des
sportifs. Le programme qui leur était offert était destiné aux élèves de
quatrième et cinquième secondaire de façon parascolaire. Pour que les jeunes
soient admissibles, ils devaient obtenir le consentement de leurs parents,
maintenir leur moyenne académique, faire de l'activité physique à chaque
semaine puis participer à des activités préventives. En raison du trop petit
nombre de filles qu'on avait dans notre échantillon, on a malheureusement dû
les exclure pour faire des analyses statistiques. Donc, en tout, on a comparé
67 garçons qui étaient inscrits dans le programme à 109 de leurs collègues
de classe, qui, eux, jouaient aux jeux vidéo mais sans faire de sports
électroniques. Donc, très humblement, gardons en tête qu'on a un petit
échantillon, puis que d'avoir davantage de ressources et de participants, comme
par exemple l'étude que Docteure Dufour réalise en ce moment sur les sportifs,
permettrait d'avoir des données plus précises. Mais quand même, ce premier
portrait là a permis par des constats intéressants.
Donc...
15 h (version non révisée)
M. Lemay (Antoine) : ...au
niveau de leur portrait général, on observait que les e-sportifs, bien, outre
le fait qu'ils étaient davantage célibataires, de façon pas très surprenante,
avaient un portrait vraiment semblable à celui de leurs collègues. Donc, c'est
des jeunes de quatrième et cinquième secondaire qui ont 16 ans, qui habitent
majoritairement avec leurs parents, puis ils avaient des résultats académiques
qui étaient très semblables à leurs collègues.
Au niveau de leurs loisirs, on voyait que
les e-sportifs consacraient environ 10 heures par semaine à des loisirs sans
écrans, ce qui, encore une fois, ressemble à leurs collègues, qui, eux,
rapportaient environ 13 heures de temps de loisirs sans écran, mais une
différence importante, par exemple, qu'on a observée, c'est que les e-sportifs
consacraient beaucoup plus de temps à des loisirs devant les écrans. Donc, on
voyait qu'ils consacraient plus de temps à jouer aux jeux vidéo, environ le
même nombre d'heures sur d'autres loisirs sur Internet, donc on peut penser aux
réseaux sociaux, à faire du visionnement, et à ça on ajoutait le temps à faire
du sport électronique, d'environ 14 heures par semaine, ce qui donnait un total
de 50 heures de temps écran par semaine versus 32 pour leurs collègues.
Donc ce que ça semble suggérer, c'est que
plutôt que le sport électronique vienne remplacer des activités qui étaient
déjà présentes... ça semble plutôt indiquer que ça s'ajoute par-dessus puis que
ça fait ce cumul-là, très important, qu'on observe.
Une deuxième différence très importante qu'on
a observée, c'est que les e-sportifs... le tiers des e-sportifs pourraient être
considérés comme ayant une utilisation des jeux vidéo à risque de développer
des méfaits, versus 13 % pour leurs collègues. C'est donc une proportion
qui est deux fois et demie plus élevée. Puis c'est des proportions qui sont
aussi beaucoup plus élevées que celles qu'on a observées dans l'étude de Dr
Dufour, qui utilisait un outil qui était plus récent, qui avait un seuil de
détection plus sévère aussi que ce qu'on avait à l'époque. On a aussi observé
que 60 % des e-sportifs avaient une faible ou une très faible estime de
soi, que 40 % rapportaient des diagnostics de santé psychologique et la
moitié étaient documentés. Ça peut paraître surprenant, mais ce n'était pas non
plus différent de leurs collègues, ce qui souligne que les e-sportifs, comme
les autres jeunes joueurs de jeux vidéo, semblent présenter des difficultés
personnelles.
Lorsqu'on regarde les bienfaits puis les
méfaits qu'ils rapportaient de leurs pratiques de jeux vidéo, encore une fois,
il n'y a pas des différences énormes qu'on voyait, peut-être encore parce qu'on
a un petit échantillon puis on n'était pas capable de les voir, mais, quand
même, ce qu'on voyait, c'est que les bienfaits les plus importants pour les
e-sportifs ou leurs collègues de classe, c'était au niveau de leurs relations
sociales, au niveau de leur motivation, sur leur santé psychologique.
Par contre, une différence... intéressante
qu'on voyait, pardon, c'est que 12 % des e-sportifs rapportaient des
bienfaits sur leur santé physique. Peut-être que c'est quelque chose qu'on
pourrait aborder, si vous le souhaitez, dans la période des questions.
Au niveau des méfaits, une différence
marquée qui soulève l'importance, justement, d'encadrer le sport électronique,
c'est que 55 % des jeunes sportifs rapportaient des méfaits sur leurs
études ou leur travail, versus 32 % pour leurs collègues. Donc, c'est un
peu paradoxal d'offrir une activité qui, selon la perception des jeunes, vient,
d'une certaine façon, interférer avec leur sphère académique. Autrement, les
méfaits les plus importants pour les e-sportifs ou pour leurs collègues, c'était
sur leur sommeil... comme si ça interférait aussi avec leurs autres loisirs
puis sur leurs relations familiales.
Je souligne aussi un autre paradoxe, ici,
sur les relations familiales, puisqu'on voit que les e-sportifs rapportaient, d'un
côté, des bienfaits, puis, de l'autre côté, des méfaits sur leurs relations
familiales. Peut-être aussi, si vous souhaitez, qu'on pourrait aborder plus en
profondeur dans la période de questions.
En termes de dépense d'argent associée à
leur pratique de jeux vidéo, ici, ça demeure quand même difficile à interpréter
puisque nos données, particulièrement ici, avaient des écarts types vraiment
énormes, ce qui veut dire, en fait, qu'il y avait une grande variabilité dans
nos données. Donc, on peut voir des gens qui dépensaient beaucoup d'argent, d'autres
qui ne dépensaient vraiment pas beaucoup d'argent, mais, en moyenne, ce qu'on
voit, c'est que les e-sportifs... les e-sportifs, pardon, dépensaient
1 400 $ par année pour des dépenses associées aux jeux vidéo. Donc, on
peut penser à du matériel informatique, des abonnements, et, là-dedans, on incluait
aussi 30 $ pour des «loot box», ce qui est semblable à leurs collègues
qui, eux, dépensaient 1 000 $ par année pour les jeux... pour leur
ensemble de dépenses en lien avec les jeux vidéo, dont 25 $ pour les «loot
box».
Une différence, par contre, qu'on voyait
ici dans leurs dépenses, c'est que les e-sportifs dépensent plus d'argent pour
des «skins» dans les jeux vidéo, donc les cosmétiques pour modifier leurs
personnages. Ils dépensent environ 100 $ par année, versus 35 $ pour
leurs collègues.
Donc, tout ça ensemble, ça finit par faire
quand même un montant substantiel, surtout lorsqu'on considère qu'il y a les
deux tiers des jeunes... bien, pas juste des jeunes e-sportifs, en fait, de
tous les jeunes, qui rapportaient ne pas avoir d'emploi pendant la période
scolaire.
Avant de conclure, c'est important aussi
qu'on rappelle qu'il y a toujours des limites lorsqu'on fait une thèse. Donc,
on peut penser au fait que nos données viennent d'un seul milieu ou encore,
comme je l'ai mentionné, la taille de notre échantillon, qui fait qu'on n'est
peut-être pas toujours capable de voir des différences lorsqu'il y en a entre
les deux. Aussi, cette étude-là ne permet pas de faire des liens de causalité,
donc on ne peut pas savoir si c'est des jeunes qui présentaient des
vulnérabilités ou des problèmes...
M. Lemay (Antoine) : ...avant
de faire du sport électronique, ou ça s'est développé puisqu'ils faisaient du
sport électronique. Donc, on fait ces observations-là puis on est un petit peu
dans une situation de la poule ou l'oeuf ici en ce moment.
Malgré tout, on observe que... on observe
des jeunes qui présentent des difficultés, soit e-sportifs ou des joueurs de
jeux vidéo plus réguliers. Le tiers des sportifs sont à risque de développer
des méfaits, versus 13 % pour leurs collègues. 13 %, ce n'est pas non
plus négligeable. Donc, les joueurs sportifs... les joueurs sportifs ou les
joueurs de jeux... plus traditionnels, pardon, présentent une faible estime de
soi, dépensent quand même des montants substantiels dans les jeux, ce qui
souligne l'importance de ne pas seulement s'attarder aux e-sportifs, mais aussi
à l'ensemble des joueurs de jeux vidéo pour favoriser leur bien-être puis
favoriser en fait que les jeux vidéo ne deviennent pas un refuge pour des difficultés
qu'ils vivent, des difficultés personnelles qu'ils vivent.
Nos résultats suggèrent que, si une école
souhaite proposer du sport électronique, c'est essentiel d'offrir un
encadrement aux jeunes, aux parents aussi, sans les culpabiliser. On voit que
les sportifs consacrent beaucoup plus de temps à l'écran que leurs collègues
puis que ce transfert-là, qu'on aurait peut-être souhaité, des activités en
ligne vers le sport électronique, ça ne se fait automatiquement. Donc, il
faudrait plus d'efforts puis de sensibilisation pour réduire certaines
activités puis, en quelque sorte, faire de la place pour du sport électronique
puis éviter ce cumul-là très important qu'on a constaté.
Ce serait aussi important pour les écoles
d'avoir des bons outils de détection pour pouvoir détecter les jeunes, par
exemple des sportifs, qui pourraient... tu sais, en amont, avant qu'ils fassent
du sport électronique, mais tout au long de leur engagement aussi. Puis ces
outils-là pourraient servir aussi pour détecter des jeunes, pas les sportifs,
mais des jeunes joueurs de jeux vidéo qui pourraient être à risque de
développer des problèmes. Ce serait important aussi d'offrir des formations aux
écoles pour que les équipes-école soient à l'aise d'ouvrir des discussions en
ligne avec des jeux vidéo pour, potentiellement aussi, bien, détecter les
jeunes qui pourraient être à risque.
• (15 h 10) •
Puis, finalement, au-delà de la
responsabilité individuelle, qu'on parle des responsabilités des parents puis
des responsabilités des écoles, on peut juste terminer en se posant des
questions sur le rôle de l'industrie pour minimiser les risques associés aux
jeux vidéo. Je vous remercie pour votre temps.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup, Dr Lemay. Si jamais vous avez un résumé de votre intervention qu'on
pourrait partager à tous les membres, ce serait vraiment apprécié, belle
présentation. Merci.
Nous allons passer à la période d'échange.
Donc, on va débuter avec Mme la députée de Bourassa-Sauvé
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Lemay, merci beaucoup pour votre présence aujourd'hui.
... Je dirais Dr Lemay, j'imagine? C'est bien ça. Alors, bonjour, Dr Lemay.
Merci. Je pense que le... mon collègue de Marquette se désole de ne pas être
avec nous aujourd'hui, parce que la question des sports électroniques
l'interpelle particulièrement. Donc, je vais essayer de lui faire honneur
aujourd'hui avec quelques questions.
Si je saisis bien, donc, votre étude, donc
vous dites... ...donc, vous... les... révisés, donc, sur 67 garçons, je suppose
que vous avez enlevé les filles de l'échantillon, de quatrième et cinquième
secondaire, et là, donc vous compariez donc un échantillon de garçons qui
pratiquaient le sport électronique à d'autres... à d'autres garçons qui, eux,
ne... en fait, étaient aussi des amateurs de jeux vidéo, si je comprends bien.
Donc, ils étaient... ils avaient aussi une pratique, là, de jeux vidéo à
l'extérieur de l'école. C'est bien ça?
M. Lemay (Antoine) : Exactement.
Donc, c'est des jeunes qu'on avait... Les jeunes qui jouaient aux jeux vidéo
étaient inscrits dans le programme, qu'on a comparés à des jeunes qui, eux, ne
faisaient pas de sports électroniques, n'étaient pas dans le programme, mais
que c'étaient des jeunes qui jouaient aux jeux vidéo.
Mme Cadet : Voilà. Donc, là,
donc, votre groupe de référence, donc, ne... non... levait la main et
disait : Nous... Moi aussi, je joue aux jeux vidéo de façon générale. Et
là, donc, avec tout ce que vous nous avez nommé, en fait, là, ce que vous nous
dites, c'est qu'il n'y a pas nécessairement de différence statistiquement
significative entre ces deux groupes-là. Mais est-ce qu'il y a eu une
comparaison, puis c'était dans une autre étude, avec les jeunes donc qui sont
exposés aux jeux vidéo, que ce soit dans le cadre scolaire ou à l'extérieur du
cadre scolaire, et ceux qui, bon, je dirais du même âge, là, levant la main,
disant : Moi, c'est... ça ne fait pas nécessairement partie, là, de ma
pratique de jouer aux jeux vidéo? Donc, est-ce que ces mesures-là, est-ce que
ces données-là, vous les avez, notamment donc sur l'estime de soi, la santé
physique, les éléments que vous avez énumérés dans les résultats de votre
étude?
M. Lemay (Antoine) : Bien, en
fait, pour les études sur les sportifs, particulièrement, il y a très peu
d'études dans le monde qui considèrent toutes les caractéristiques qu'on avait,
ces caractéristiques psychologiques là. Les autres études vont beaucoup plus
faire référence, par exemple, au développement de compétences, à... ça va être
l'esprit d'équipe, à... Des fois, c'est plus des études en... en euros,
justement, qui vont regarder le nombre de mouvements. Mais il y a très peu
d'études... Il y a quelques études qui vont comparer par exemple le taux de...
d'utilisation à risque des jeux vidéo, mais pas d'étude aussi détaillée qu'on
a... Même si c'est, très humblement, un petit échantillon, comme je le
mentionne, très peu d'études vont parler d'estime de soi, s'ils ont des
diagnostics, qui vont s'intéresser plus à leur bien-être puis aux
caractéristiques psychologiques.
Mme Cadet : D'accord. Puis,
justement, bien là, vous nous invitez à... vous nous aviez... Vous nous avez
invités à vous poser des questions sur le 12 % qui y voyaient un impact
positif sur la santé physique. Donc...
Mme Cadet : ...je suis
curieuse. Allez-y.
M. Lemay (Antoine) : Oui.
Bien, en fait, c'est un constat qui est intéressant puisqu'on voit qu'il n'y a
pas une différence statistiquement significative ici. Donc, il y en a un groupe
qui va... Les sportifs font 12... 10 heures par semaine versus
13 heures par semaine. Lorsqu'on approfondit les données, on voit que même
si les sportifs n'ont par, exemple, des loisirs hors ligne extrêmement variés,
bien, on voit qui ils faisaient davantage... Ce n'était pas une différence
encore significative, mais il y a quand même une proportion intéressante qui
respectait davantage les normes de santé physique qui étaient recommandées.
Donc, on peut lire une espèce de sous-texte qui dit : Bien, c'est des
jeunes qui ont été sensibilisés, au travers des activités de prévention, à
l'importance de respecter les normes et puis qu'ils devaient également faire de
l'activité physique à chaque semaine pour être dans le programme.
Donc, en bout de ligne, là, ce qu'on
regardait, ils ne font pas plus d'activités physiques, ils n'ont pas de... ils
n'ont pas des... ils n'ont pas plus d'activités... pardon, ils n'ont pas des
loisirs en ligne très diversifiés, mais 25 % respectaient les normes de
recommandations d'activités physiques versus 16 % pour les joueurs de jeux
vidéo non sportifs. Ça fait qu'on trouvait qu'il y avait quelque chose
d'intéressant que, par les jeux vidéo, ils ont l'impression que ça améliore
leur santé physique, puis qu'on voit, peut-être c'est par la sensibilisation
puis le fait qu'ils doivent faire du sport au travers le programme.
Mme Cadet : O.K. Puis
c'est sûr que c'est difficile pour vous, donc, d'établir, donc, des liens de
cause à effet dans ce type d'études là. Mais, tu sais, c'est un peu, tu sais,
qu'est-ce qui vous mène à dire il faudrait que si l'école en vient à offrir ce
type de programme là, il faudrait que soit très encadré pour justement avoir ce
type de prérequis là, pour que les élèves puissent participer?
M. Lemay (Antoine) : Exactement.
Puis c'est important, quand on parle de l'encadrement. Vous, vous parlez que je
préférerais d'avoir un encadrement qui était solide puisque, bien, on pourrait
dire que l'effet protecteur du programme, on l'a capté quand même sans que ce
soit... que ça ait été mesuré comme une intervention précise. Ça fait qu'on a
vu des différences entre un écran, toutes les différences qu'on a parlé. Et ça,
c'était malgré le fait qu'il y avait de la prévention puis malgré le fait que
l'école a déployé plein de choses. Donc, ce que ça nous dit, c'est que si une
école veut des programmes de sport extrême, bien, c'est vraiment nécessaire
qu'il y ait un encadrement parce que ce qu'on observe déjà, c'est lorsqu'il y
en avait un. Donc, quitte à bonifier l'encadrement ou la structure, là, pour
soutenir les jeunes justement.
Mme Cadet : Est-ce que
je peux poser deux questions, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Dionne) :
Oui, allez-y, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci
beaucoup. Vous avez dit... Là, vous avez terminé... Vous avez conclu votre
intervention en parlant du rôle de l'industrie pour minimiser les risques.
Donc, selon vous, quel devrait être le rôle?
M. Lemay (Antoine) : On
peut penser le rôle de facilitateur ou d'autogestion. Par exemple, d'avoir des
rappels qui sont faciles. De soutenir ou, sinon, ça pourrait être comme
d'autres acteurs, donc, d'avant, de soutenir pour que les parents puissent eux
aussi encadrer leurs jeunes. On peut penser aussi peut-être toujours aux
mécaniques un peu plus, on va dire engageantes, ou parfois qu'on peut dire des
mécaniques prédatrices, on peut penser aux «loot box», aux microtransactions,
donc une forme d'encadrement que... En fait que ça ne repose pas juste... que
le bien-être des jeunes ne repose pas juste sur leur autogestion, les jeunes,
les parents, mais qu'il y ait quand même une industrie qui vaut des millions de
dollars, qui pousse pour que les jeux soient engageants aussi.
Mme Cadet : Puis
là-dessus, finalement, moi, je ne m'y connais pas tant, mais en fait, donc,
les... Bon, vous avez parlé, donc, des... des montants qui sont investis par
année par les jeunes dans les «loot box», les skins. Donc, vous avez nommé,
donc, les différences en montant entre ceux qui font le sport électronique à
l'école et les autres jeunes. Mais en fait, est-ce que ces sommes-là... Ces
sommes-là ne sont pas investies pendant la période d'encadrement à l'école, là.
C'est vraiment dans leur pratique de jeux vidéo, de façon générale, que les
jeunes qui font du esport vont les... vont faire ces dépenses-là, là. Ça, ça ne
se fait pas à l'école.
M. Lemay (Antoine) : Bien,
c'est vraiment de façon générale. Puis on rappelle qu'il y a un grand... bien,
qu'il y a une grande variabilité dans les données. On peut penser... Bien, si
un jeune s'achetait un ordinateur à 2 000 $, probablement que l'année
d'après il va dépenser moins dans les jeux. Mais ça fait des grandes
variabilités. Puis un jeune peut avoir dépensé 100 $ dans une année, un
jeune 2 000 $. Ça fait que c'est pour ça qu'on a une moyenne, mais
qui est très... qui a un grand écart type, comme on dit. Mais tout de même, la
moyenne, c'est celle qu'on a rapportée.
Mme Cadet : Et en
conclusion, de mon côté, c'est que c'est une question difficile pour un
chercheur. Puis, avec ce que vous nous avez exposé, bien, est-ce que si vous
aviez à nous faire une recommandation à nous, là, comme législateurs, est-ce
que vous diriez empêchez les esports à l'école ou vous pouvez permettre les
esports dans les écoles, là, comme directive du ministère de l'Éducation?
M. Lemay (Antoine) : Les
données qu'on a nous engagent, nous encouragent à être prudents. Le sport
électronique est déjà présent à l'école. Puis un peu comme l'Association
québécoise des neuropsychologues qui passait hier, un peu comme ils le
suggéraient, bien, le fait de proposer justement du... un encadrement à l'école,
ça peut permettre un apprentissage puis peut-être une meilleure autorégulation
que si on laissait, justement, un peu plus ça aller dans le far west, que les
gens s'organisent par eux-mêmes. On peut penser que le programme qu'on avait
était parascolaire. Il y a plein d'initiatives parascolaires. Puis ça peut être
une première étape pour regarder...
M. Lemay (Antoine) : ...les
choses se passent avec un encadrement.
Il y a d'autres modalités, comme par
exemple des concentrations, qui sont davantage, bien, imbriquées dans le cursus
scolaire, comme les concentrations sport-études par exemple, puis qui a
peut-être plus une vocation de développer des cyberathlètes ou qui se... comme
un engagement un peu plus intense qui semble être demandé versus quelque chose
de parascolaire. Donc, plutôt que de proscrire ou de bannir, on aurait tendance
à garder ce qui est déjà là, de l'encadrer, d'être prudents puis de regarder ce
qui se passe pour voir si... justement c'est quoi l'effet puis comment ça se
développe chez les jeunes.
Mme Cadet : ...facteur de
protection possible, là, si je vous entends bien, aussi dans les programmes qui
existent.
M. Lemay (Antoine) : Potentiellement.
Oui.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Merci, Mme...
La Présidente (Mme Dionne) : Moi,
j'ai une drôle de question. C'est peut-être le terme «sport électronique», il y
a un gros débat là-dessus, ça ne peut pas être encadré, légiféré comme du sport
physique. Donc, je vous lance l'idée comme ça : est-ce qu'il y aurait
peut-être moyen de changer d'appellation ou... Tu sais, je pense que c'est ça
aussi, à un moment donné, qui fait qu'on se questionne, là, sur pourquoi on
appelle ça du sport électronique.
M. Lemay (Antoine) : Je vous
dirais que c'est effectivement un grand débat puis ça fait beaucoup de
controverses. Puis on peut même penser parfois que, bien, certains e-sports
pouvant être inclus dans les Olympiques faisaient aussi couler beaucoup
d'encre. Puis, je vous dirais, le terme précis ou l'appellation dépasse quand même
largement le but de notre étude aussi. Puis ce n'est pas nécessairement la
position personnelle de jouer sur la sémantique, mais on a pris le terme qui
existe, «e-sport», le «sport électronique». On peut voir aussi que d'un autre
côté, même sur les jeux vidéo, c'est une discipline qui demande de
l'entraînement puis qui demande... qui demande une rigueur, comme plein
d'autres disciplines aussi. Donc, sans me positionner trop, je n'ai pas une
réponse précise pour ça.
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme Dionne) : Vous
parliez de relation familiale, dynamique familiale, tout à l'heure, les
résultats de vos études. Est-ce que vous pourriez nous en parler un petit peu
plus, sur l'effet justement de la dynamique familiale?
M. Lemay (Antoine) : Oui. C'est
intéressant parce qu'on n'a pas... c'est une étude quantitative. Donc, on a
demandé aux jeunes puis ils nous ont donné sur une échelle de 0 à 10, puis là
on a fait nos analyses, donc. Mais, ce qu'on voit, c'est qu'il y avait
20 % des jeunes qui rapportaient des bienfaits familiaux, puis qu'il y a
25 % des jeunes qui rapportaient des méfaits familiaux. Puis, lorsqu'on
compare avec les autres jeunes, qui ne font pas de sport électronique, il n'y a
pas une différence significative. Mais eux, c'est 35 % des jeunes qui
rapportaient des méfaits. Donc, il n'y a pas une différence entre les groupes,
mais c'est intéressant quand même. Puis on peut se poser la question :
Mais, comment qu'on peut avoir ce double effet là? Puis potentiellement, ce
qu'on pourrait se dire... c'est une hypothèse parce qu'on n'a pas de lien de
causalité, mais que, peut-être pour certains jeunes, le programme justement
vient faire un encadrement, peut-être que ça sécurise les parents, ça permet
d'ouvrir des discussions, puis, pour certains jeunes, peut-être que ça a réduit
leur temps ou ça a vraiment encadré leur pratique. Puis ça a peut-être fait les
bienfaits familiaux qu'on voit.
Puis, d'un autre côté, bien, on peut
penser que des jeunes qui sont investis encore plus, qui ont dépensé plus, que
ça n'a pas eu l'effet rassurant ou encadrant qu'on avait escompté, puis ça
augmente des tensions familiales qui pourraient peut-être expliquer qu'on voit
que, bien, il y a le quart qui a quand même des... qui rapportent des méfaits.
Mais ça demeure intéressant de voir que, pour les joueurs de jeux vidéo qui ne
font pas de sport électronique, 35 % rapportent des méfaits familiaux
quand même.
La Présidente (Mme Dionne) : Intéressant
comme statistiques effectivement. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? Oui.
M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci, Mme
la Présidente. Dr Lemay, c'est bien ça, hein?
M. Lemay (Antoine) : Oui.
M. Sainte-Croix : Dr Lemay,
vous dire d'entrée de jeu que je partage votre goût pour l'oeuvre picturale sur
votre mur. C'est un paysage que je connais bien. C'est chez nous!
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Sainte-Croix : Blague à
part, moi, j'aimerais qu'on revienne sur l'idée du... l'idée... comparer les
joueurs de loisir, disons ça comme ça, à ceux qui sont dans un... dans un
programme. Tu sais, est-ce qu'on doit comprendre qu'il n'y a pas tant de
comportements qui diffèrent, il n'y a pas tant d'enjeux autour de ces jeunes-là
qui diffèrent, autant familiaux qu'intersocial aussi, mais il n'en demeure pas
moins que la motivation derrière la chose, là, est-ce qu'on est dans les mêmes
paramètres ou... Tu sais, comment les jeunes abordent l'idée que ça, ça
devienne une préoccupation, je le dis comme ça pour les fins de la discussion,
là, tu sais, scolaire versus ceux qui arrivent chez eux, qui s'installent
devant leur truc puis qui s'amusent? Voyez-vous une différence au regard de la
posture des jeunes?
M. Lemay (Antoine) : Bien,
dans notre étude, on a utilisé une échelle de motivation puis on n'a pas
vraiment détecté de différence de motivation. Mais lorsqu'on va dans d'autres
études, on voit qu'il y a davantage de motivation de compétition, de développer
des... leur talent de joueur par exemple. Puis on pourrait penser que, bien,
pour certains jeunes, peut-être que les jeux vidéo, ça constitue une passion
aussi...
M. Lemay (Antoine) : ...c'est
intéressant que... bien, on peut penser que la dépendance, c'est un continuum,
donc on a les feux verts, que c'est une utilisation qui s'inscrit dans leur
vie, qu'ils n'ont pas vraiment de conséquence, les feux jaunes, ils commencent
à développer des méfaits, les oranges, que ça commence, la soupe devient
chaude, puis on a les feux rouges que, bien là, c'est vraiment l'expression la
plus sévère, ça va être des jeunes qui sont dépendants.
Puis on pourrait imaginer, en dessous,
qu'il y a un autre continuum, ça pourrait être un continuum de la passion,
concept développé par Dr Vallerand, à l'UQAM, justement, qu'on salue, mais le
concept de passion, où est-ce que, d'un côté, on a une passion qui serait
harmonieuse puis, de l'autre côté, on a une passion qui pourrait être obsessive
aussi. Puis on voit que la passion harmonieuse, ça s'inscrit positivement dans
notre vie, c'est en lien avec notre développement puis on a comme une relation
flexible avec l'activité, puis, de l'autre côté, on a la passion obsessive, qui
est davantage associée, par exemple, à la dépendance, des symptômes dépressifs,
puis on a comme un engagement plus rigide, de la difficulté à se dégager de
l'activité.
Donc, sans dire que c'est un continuum ou
l'autre, c'est quand même intéressant de voir que... penser qu'il y a un
continuum de méfaits. Puis peut-être que, si c'est une passion chez les jeunes,
qu'ils ont toujours aimé les jeux vidéo, ils ont joué aux jeux vidéo, qu'ils ne
trouvent peut-être pas leur compte dans des activités plus traditionnelles puis
qu'ils ont peut-être plus une facilité avec les écrans... d'utiliser cette
passion-là pour la protéger puis, justement, bien, peut-être l'encadrer puis
amener peut-être un certain développement personnel, comme le développement, on
pourrait dire, des compétences... comme le leadership, la communication ou
d'autres choses. Donc, un peu comme on disait, proscrire ou pas, ce serait plutôt...
plutôt que de jeter avec... le bain avec... le bébé dans l'eau du bain, bien,
plutôt regarder qu'est-ce qu'on a, comment qu'on peut l'encadrer puis comment
est-ce qu'on peut réduire les méfaits, protéger les jeunes puis essayer de
favoriser leur développement.
La Présidente (Mme Dionne) : Mme
la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, Dr Lemay. Merci de nous envoyer sur cette piste-là.
Vous avez aussi... Vous venez tout juste d'aborder l'encadrement. Moi, je
voudrais savoir, j'ai quelques questions en lien avec ça, là, l'étude que vous
avez faite, les plus jeunes joueurs avaient quel âge environ?
M. Lemay (Antoine) : La
moyenne d'âge était très, très proche de 16 ans, donc on peut penser que
c'était comme du : un peu avant 16 ans à à peine 17 ans, à peu près. C'est
vraiment l'âge des jeunes de quatrième, cinquième secondaire.
Mme Gendron : ...donc, on
sait quand même que le e-sport, certains plus jeunes le débutent vraiment, là, même
au primaire, on sait qu'il y a des... il y a des plateformes, il y a des
simulateurs de moto de course ou même de F1. Ma question est qu'ils acquièrent
des habiletés, ces jeunes-là, rapidité, dextérité, bon, ils acquièrent
certaines habiletés. Est-ce que vous recommanderiez, cependant, d'avoir un âge
minimum pour commencer à faire ce type de sport, bien, ce n'est pas un... en
tout cas, ce type d'activité là?
M. Lemay (Antoine) : Bien,
l'idée d'avoir un âge minimum pourrait être intéressante. Et je me base aussi
un peu sur la présentation des... l'Association des neuropsychologues,
d'ailleurs, c'est que, plus qu'on est jeune, ça semble affecter la plasticité
du cerveau, mais qu'à partir d'un certain âge, on pourrait penser au
secondaire, par exemple, que ça semble plus approprié puis avoir moins de
méfaits importants, le fait de proposer des jeux vidéo.
Mme Gendron : Est-ce que...
On le sait, on l'entend, bien avant 16 ans, justement, certains jeunes font des
simulateurs, puis je le sais, que certains qui coursent font des simulateurs,
encore une fois, de F1 puis de moto. Eux, ils acquièrent, justement, ces
habiletés-là étant jeunes. Est-ce que le fait d'être dans un monde virtuel,
versus un monde réel, fait une différence sur ces habiletés-là, d'après vous?
M. Lemay (Antoine) : Ça
dépasse... C'est une excellente question, mais qui dépasse largement les de
notre étude, par exemple, ce serait davantage peut-être des études en
neurologie, justement, qui pourraient... qui pourraient nous aider. Mais, si on
pense à l'âge minimal, tu sais, je faisais référence plus tôt au secondaire,
qui semble faire plus de sens pour encadrer, où est-ce qu'il y a davantage de
parascolaire, puis... que ça existe. Ça semble faire plus de sens, puis on peut
penser, c'est aussi là que ça n'existe plus puis que c'est déjà présent. Donc,
le prendre où est-ce que ça... ça pourrait faire du sens de le prendre au
secondaire, par exemple, pour proposer un encadrement parascolaire qui
n'interfère pas trop avec la sphère académique, mais qui serait plus en
background, que le but, ce ne soit pas non plus... en ayant le parascolaire en
tête, on pourrait dire que le but, ce n'est pas non plus de développer le
prochain champion canadien d'e-sportif qui va devenir millionnaire à l'international,
mais c'est quand même une activité en background dans le parcours des jeunes
parce qu'ils trouvent ça agréable. Puis d'ailleurs, dans... Je n'ai pas
présenté ces données-là, mais lorsqu'on a demandé aux jeunes : Est-ce que
vous voulez continuer à faire du sport électronique de façon professionnelle ou
semi-professionnelle, il y a...
M. Lemay (Antoine) : ...une
douzaine, une quinzaine de % des jeunes qui disaient oui, puis il y avait un
pourcentage des jeunes qui n'allait pas nécessairement continuer, puis la
majorité disait : Je vais continuer de façon amateure. Donc, on sent que
c'est... ce n'est pas nécessairement un désir de : Je veux devenir le
prochain champion, mais c'est une activité que j'aime, qui s'inscrit dans mon
parcours scolaire.
Mme Gendron : Merci, Dr
Lemay, pour votre contribution à cette commission.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Je passe maintenant la parole à M. le député de Jonquière.
M. Gagnon : Bonjour, Docteur.
Je vais vers une question, puis sentez vous très à l'aise, là, peut-être que ça
dépasse, là, ce en quoi, là, vous avez mis vos efforts pour les études, et je
m'adresse peut-être plus au docteur sur le terrain, là, la belle expertise que
vous avez eue de côtoyer, de rassembler toutes ces données-là. C'est
intéressant aujourd'hui, parce que vous venez faire la démonstration que le
sport électronique encadré vient un peu défaire ce qu'on a entendu,
c'est-à-dire le sport électronique encadré est assurément peut-être plus que
cinq heures par jour d'électronique, ce qu'on a entendu. Est-ce que le docteur
sur le terrain serait en mesure de dire que ces joueurs-là font plus
d'embonpoint, portent plus de lunettes? Est-ce que vous avez vu une
augmentation de la médication? Est-ce que vous avez vu des jeunes qui regardent
moins dans les yeux? Est-ce que vous avez vu des jeunes qui sont plus sur les
antidépresseurs? Bref, le docteur sur le terrain, es-tu capable de dire... de
nous... de nous documenter là-dessus parce que les dernières heures nous ont
sensibilisés à... aux méfaits que je viens de dire, comme l'embonpoint ou le
port de lunettes, mais vous, vous semblez dire : Bien, écoutez, quand on
encadre, on voit des choses qui peut-être ne sont pas vraiment toujours ce qu'on
entend. Ça fait que je voulais un peu vous entendre là-dessus, docteur.
• (15 h 30) •
M. Lemay (Antoine) : Ces
observations, je ne l'ai pas fait... je ne les ai pas faites pas en clinique,
si on parle d'embonpoint. Les observations cliniques que je pourrais partager,
en toute confidentialité, évidemment, ce serait davantage peut-être des
difficultés familiales, donc des jeunes qui viennent chercher de l'aide parce
qu'il y a soit une pression des parents, ou parce qu'eux-mêmes réalisent qu'ils
ne sont pas vraiment satisfaits de l'ambiance ou que c'est comme... ça prend
trop de place. C'est à ce moment-là que l'encadrement peut devenir intéressant
puis ça pourrait devenir, justement, une belle porte pour... mais potentialiser
des bienfaits familiaux qu'on a peut-être détectés, qu'on n'a pas de lien de
causalité évidemment. Puis on pourrait penser, justement, à développer des
stratégies pour... mais on va dire favoriser la fluidité dans les relations
familiales. Un exemple qu'on pourrait... que j'ai utilisé, c'est, par exemple,
de... mais en comprenant bien les jeux. Si le parent comprend bien les jeux
puis que le jeune... mais on peut penser, là, à la notion de point d'arrêt. Un
point de conflit que j'entendais dans les familles, c'était, par exemple,
l'heure du souper. On va appeler un jeune une fois, deux fois, trois fois,
quatre fois, il ne descend pas de sa chambre, il joue à l'ordi, puis là quand
il descend, bien, il y a comme une tension, personne n'est content puis... Mais
en fait le jeune n'est pas plus satisfait de cette situation-là, là. Le parent
n'est pas plus satisfait. Il n'y a personne qui gagne dans une situation comme
ça. L'exemple de point d'arrêt, quand on peut autonomiser un peu le jeune,
c'est de se dire : Bien, on sait que les parties durent un certain moment
de temps. Si je le sais que c'est à quelle heure qu'on... puis il y a comme une
genre de collaboration, que le parent peut avertir que ça... à telle heure,
bien, on peut plus facilement éviter que c'est... tu sais, de commencer une partie
10 minutes avant de manger, puis de se faire appeler pour manger, où
est-ce que là c'est difficile d'arrêter parce je suis avec huit amis puis que
si je débarque, ça gâche la partie, par exemple. Ou en considérant les points
d'arrêt, ça pourrait être de... mais si moi, ça fait deux semaines que j'ai
prévu, exemple le dimanche, une après-midi de gaming avec des amis, mais si
moi, je suis à la maison, je peux avoir l'air disponible parce que je suis là
puis je suis en train de jouer à des jeux vidéo, ça fait que si mon parent
arrive puis il me dit : J'ai besoin de toi, on s'en va repeinturer le
garage, mais évidemment je ne peux pas arrêter là, c'est comme si j'étais parti
au parc avec des amis. Donc, il y a comme une communication familiale qu'on peut
augmenter. Puis ça semble très simple dit comme ça, mais une fois qu'on
commence à l'intégrer puis à l'adhérer, ce qu'on voit, c'est qu'il y a comme un
soulagement familial qu'un peu automatiquement il y a juste moins de tension
puis les gens semblent plus satisfaits, par exemple.
M. Gagnon : Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Très
intéressant. Merci, M. le député. Merci. Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Oui. Merci de
nouveau puisque nous avons... nous avons un peu de temps, Dr Lemay. Je veux
revenir sur les données sur la faible estime de soi, parce que, tantôt, comme
on disait, tu sais, au niveau de votre... donc, groupe d'études, votre groupe
de référence, donc on avait quand même que des jeunes qui... qui avaient quand
même une forte présence de temps d'écran, on parlait de 50 heures de temps
d'écran par semaine pour ceux pratiquant le e-sport et 32 heures de
mémoire... mais en fait de ce que j'avais noté, là, pour les autres ici, ce qui
est quand même... ce qui est quand même énorme. Et là je me demandais, tu sais,
au niveau... Évidemment, c'est sûr que là, vous l'avez dit, là, c'est difficile
de savoir...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Cadet : ...vous n'êtes
pas en mesure nécessairement de faire des liens de cause à effet, parce que ça
se peut qu'il y ait une présélection aussi des jeunes sur la donnée de la
faible estime de soi, mais des autres études que vous connaissez, parce que je
pense que ces éléments qu'on a entendu ici, et même, donc, dans différents
mémoires, qu'il y avait un lien à faire, donc, entre la surexposition aux
écrans, notamment par le biais des jeux vidéo, et que notamment, donc, les
jeunes... pas qui consommaient beaucoup, là, mais qui pratiquaient beaucoup les
jeux vidéo, qu'il y avait un certain lien de corrélation à faire avec la faible
estime de soi. Donc, je veux juste savoir comment est-ce que vous avez traité
cette donnée-là, comment vous l'interprétez considérant l'échantillon que vous
aviez et quelles sont les autres études aussi sur le milieu, là, sur le sujet.
M. Lemay (Antoine) : Premièrement,
comment on interprétait ça, initialement, on était un peu surpris de 60 %
d'une faible ou très faible, on trouvait que c'était beaucoup. Un peu la même
chose pour la proportion de gens qui avaient un diagnostic. Au départ, on était
un petit peu surpris. En voyant que ce n'était pas différent, c'est là que ça
nous a amenés à se dire : Bien, on se concentre beaucoup sur les
e-sportifs, mais il ne faudrait pas oublier les joueurs de jeux vidéo. Donc, c'est
un profil de gens qui aime passer du temps devant les écrans, c'est une
activité devant les écrans, puis il ne faudrait pas oublier que, oui, on parle
beaucoup d'e-sportifs, mais que les autres jeunes aussi, c'est comme un
ensemble de groupes... un ensemble, pardon, de jeunes qui semblent avoir
certaines difficultés, des problèmes d'estime.
Il y a d'autres études qui parlent
davantage que... bien, les jeunes joueurs de jeux vidéo ont davantage, par
exemple, d'anxiété sociale. Ça fait qu'on voit qu'il se passe quelque chose et
que ce n'est pas seulement juste chez les e-sportifs. Donc, ça amène l'importance
de dire : Bien, n'oublions pas les autres joueurs de jeux vidéo aussi, qui
sont dans l'école aussi, qui pourraient être accessibles pour qu'on puisse...
bien, peut-être pas encadrer avec une structure aussi encadrante qu'un
programme de sport électronique, mais qu'on pourrait potentiellement offrir du
soutien quand même à ces jeunes-là.
Mme Cadet : Bien, ça m'amène
à jouer à l'avocat du diable ici, là, c'est-à-dire, bien, justement, puisqu'il
n'y a pas de différence statistiquement significative entre ceux qui jouent à l'école
de façon encadrée et ceux qui jouent à l'extérieur, est-ce qu'il y a vraiment
une plus-value à avoir le programme malgré les différents encadrements, donc,
qui existent sur, par exemple, le fait qu'ils soient beaucoup plus sensibilisés
aux méfaits? On voit la différence au niveau du pourcentage de jeunes qui
comprennent que ça a un impact sur, bon, les relations familiales, le sommeil
et les autres aspects de leur vie et peut être même les interactions avec leurs
résultats scolaires. Tu sais, c'est quoi, la plus-value, en fait, d'avoir le
programme dans ce cadre-là si ça n'a pas vraiment tant de différence que ça
sur, par exemple, l'estime de soi?
M. Lemay (Antoine) : C'est
intéressant comme question, puis je reviendrais sur le fait que, cette première
étude là, c'est des premiers constats, mais aussi qu'il y a des limites
importantes, comme, par exemple, le fait d'avoir un petit échantillon, ça amène
une faible puissance statistique. Donc, c'est une difficulté de voir peut-être
des différences quand il y en a. Donc, si on revient avec l'étude du Dr Dufour
qu'il réalise en ce moment, peut-être qu'on serait à même de voir qu'il y a
plus de changement... Donc, c'est là que ça peut être intéressant de continuer
avec une certaine prudence, parce que, de façon logique, ça plaît quand même à
l'esprit de se dire... puis on sait qu'il y a des bénéfices aux jeux vidéo puis
ça peut, d'une certaine façon, aider l'estime que des jeunes qui n'ont pas
vraiment d'accomplissement ailleurs que, bien, ils développent des relations à
travers les jeux.
Puis lorsqu'on parle de sports
électroniques, c'est davantage... c'est moins virtuel et en personne puisqu'on
est en équipe, on fait des pratiques, donc il y a quelque chose qui se passe.
Donc, si on ne l'a pas capté, peut être qu'on se dit que c'est une limite de l'étude,
mais on pourrait réfléchit comment on peut potentialiser ça pour justement peut
être favoriser le fait que, bien, ça aide l'estime de soi justement en
accomplissant des choses. Puis plutôt que de passer du temps à jouer à la maison,
on pourrait passer... Si moi, je suis un fan de hockey, puis, pour m'améliorer,
je tire sur ma porte de garage 40 heures par semaine, bien, ce ne sera pas
le même effet que si je suis dans un programme, par exemple, à l'école avec d'autres
jeunes qui font la même activité.
Donc, on pourrait... Ce n'est pas
extrêmement basé sur les données ce que je dis en ce moment, mais ça plaît à l'esprit
de se dire que ça pourrait avoir le potentiel d'avoir des bénéfices aussi si c'est
bien encadré puis qu'on essaie de potentialiser ça, même si on n'a pas encore
vu de différence.
Mme Cadet : Est-ce
que... Parce que vous avez parlé de passion, puis là vous donnez, donc, des
potentiels bienfaits, est-ce qu'il y a des études sur la corrélation entre la
pratique du esport puis la persévérance scolaire?
M. Lemay (Antoine) : Pas
à ma connaissance. Pas à ma connaissance. Ça a été... Initialement, les
premiers programmes de sports électroniques ont été développée avec cette
optique-là, de raccrocher des jeunes qui, justement, soit trouvaient moins leur
compte à l'école et décrochaient, ou même pour certains jeunes qui avaient
décroché, qui souhaitaient revenir à l'école parce qu'il y avait un programme.
Donc c'était un peu ça, mais on n'a pas d'études qui nous montrent directement
ces chiffres-là. C'est un peu... peut-être un peu plus anecdotique, ce qu'on a.
C'est quelque chose qui plaît à l'esprit, mais on n'a pas de données ou d'études
actuellement à cet effet-là.
Mme Cadet : Puis je
reviens au postulat de départ parce que vous dites, donc, que vous avez enlevé
les filles de l'échantillon pour...
Mme Cadet : ...s'assurer,
donc, de ne pas biaiser les... les résultats. Donc, quelles auraient été, donc,
les... les... ces différences là, en fait, là, au niveau du genre, là, que vous
dites : Ah! bien, nous, on ne veut pas... on ne veut pas que ça fausse les
résultats qu'on va avoir si on a donc, des filles de 16 ans dans notre
échantillon?
M. Lemay (Antoine) : En fait,
on avait si peu de filles qu'on n'a pas pu former un groupe. En fait, on ne
pouvait pas réaliser d'analyse, puisqu'il n'y en avait pas assez. Donc, par
exemple, dans... Je reviens avec l'étude de... du Dr Dufour, que j'ai
coordonnée pendant un moment. On avait, justement, ce souci là, vraiment
important, d'inclure, bien, le plus possible de filles, puis de pouvoir les
rencontrer, pas juste... comme, notre étude, c'est quantitatif, donc c'est des
questionnaires... mais de pouvoir faire des rencontres, des entretiens avec les
jeunes, puis de parler qu'est-ce que ça apporte dans leur vie. Puis en ayant
davantage de filles, bien là, on pourrait peut-être être en mesure de mieux
comprendre s'il y a des différences de genre, mais, dans notre étude, on avait
si peu de filles qu'on n'a pas pu faire d'analyse du tout.
Mme Cadet : Donc, si je
comprends bien, donc, il y a tellement peu de filles qu'en fait la, vous...
vous ignorez s'il y a des... s'il y a même des différences de genre qui
existent, là. Là, vous ne l'avez juste pas... Là, ici, vous les avez enlevées
des échantillons, mais, de façon générale, dans les études que vous faites,
dont celle avec Dre Dufour, que vous mentionnez... c'est tellement une
difficulté, donc, de trouver des filles pour remplir l'échantillon qu'on n'a
toujours pas de données sur les différences statistiques qui pourraient
exister, entre garçons et filles, au niveau des programmes de sport
électronique.
M. Lemay (Antoine) : Exactement,
encore plus que notre étude... mon étude à moi était dans un seul milieu. Donc,
on sait qu'il n'y a pas beaucoup de filles qui font... beaucoup moins de filles
qui font du sport électronique. En étant dans seulement un milieu, on n'avait
pas accès à l'ensemble des filles, au Québec, qui pourraient faire du sport
électronique, qui pourrait permettre de former un groupe. Donc, c'est une
limite qu'on a eue, malheureusement.
• (15 h 40) •
Mme Cadet : D'accord. Puis
est-ce que vous avez une idée de... des... des potentielles... des potentielles
différences? Est-ce que vous avez émis des hypothèses sur les potentielles
différences garçons-filles qui pourraient exister?
M. Lemay (Antoine) : Ça
dépasse les... les données, malheureusement.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Je
ne sais pas aussi si on a des données, mais au niveau des jeunes qui ont plus
de misère à socialiser, est-ce qu'il y a eu des impacts aussi sur le sport
électronique? Est-ce qu'on... est-ce qu'on a... est-ce qu'il y a des études
qui... qui... qui se sont penchées sur la question, pour les... les jeunes qui
ont plus de difficulté à socialiser puis que, justement, par le... le sport
électronique, vont... vont, justement, pouvoir se faire des amis virtuels,
comme on dit? Mais est-ce que ça a un impact sur... sur ce phénomène-là?
M. Lemay (Antoine) : Puis on
voit que... Mais certaines études sur les motivations avaient, justement, dans
la littérature, la compétition, puis il y avait un aspect de socialisation
aussi. Dans nos résultats, on voit... je n'ai pas donné la statistique tout à
l'heure, mais c'est quand même 75 % des jeunes sportifs qui rapportaient
des bienfaits au niveau social. Donc, ce n'était pas une différence
significative, c'était environ 65 % pour leurs collègues, donc 10 %
plus, ce n'était pas significatif. Mais quand on voit que 75 % ou
65 % des jeunes voient des bénéfices sociaux, ça peut... ça devient quand
même intéressant.
Puis particulièrement... Je reviens avec
le sport électronique. Plutôt que de jouer à la maison, bien, on peut se poser
la question si... À la maison, c'est peut-être plus des relations qu'on
pourrait avoir, justement, virtuelles ou qu'on poursuit des relations de la
vraie vie virtuellement, mais lorsqu'on parle de sport électronique, oui, il
peut y avoir des pratiques en ligne, mais on se regroupe en tant qu'équipe puis
on peut penser qu'il y a peut-être plus des bienfaits sociaux qui peuvent se
passer oui.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Il reste un petit peu moins de deux minutes. Est-ce que j'ai des collègues qui
ont des questions supplémentaires à poser? Alors, merci beaucoup, Dr Lemay, ça
a été très intéressant, merci pour votre contribution à ces travaux.
Alors, pour ma part, je vais suspendre
quelques instants pour accueillir nos prochains témoins. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 50)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, je souhaite maintenant la
bienvenue aux docteures Conrod et Ouellet-Morin. Donc, merci beaucoup d'être avec
nous. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes pour nous faire part de
votre exposé. Et, par la suite, on va procéder à la période de questions avec
l'ensemble des membres de la commission. Donc la parole est à vous.
(Visioconférence)
Mme Conrod (Patricia) : Merci
beaucoup. Alors, je suis Patricia Conrod, professeure au Département de
psychiatrie et addictologie à l'Université de Montréal. Je suis psychologue
clinicienne et chercheuse sur les facteurs de risque des problèmes de santé
mentale et de toxicomanie à l'adolescence. Je résumerais brièvement les
résultats de six études menées entre 2012 et 2024 qui ont tenté de comprendre
l'impact des nouvelles technologies numériques sur la santé mentale des
adolescents. Je vais essayer de vous présenter cela dans cinq minutes pour
pouvoir ensuite partager mes 10 minutes avec mon collègue, Dre
Ouellet-Morin, qui va ensuite présenter une très... une importante étude
qu'elle a menée récemment aussi.
Alors, selon les... J'avance avec les
diapositives. Est-ce que ça fonctionne? Voilà. Selon six études publiées par
mon équipe de recherche, l'utilisation accrue des médias numériques par les
adolescentes est associée à des changements dans leurs comportements et
symptômes de santé mentale.
Les études ont utilisé les données d'une
grande cohorte de 3 800 adolescentes provenant de 31 écoles
secondaires de la grande région de Montréal suivies annuellement sur une
période de cinq ans, de la première année à la cinquième année secondaire,
entre les années 2012 et 2018. Grâce à une modélisation... pardon,
statistique longitudinale, cette recherche montre que... Alors, c'est... c'est
une modélisation un peu compliquée, mais l'idée ici, c'est de non seulement
comparer les jeunes qui utilisent les écrans plus fréquemment, comparés à
d'autres, mais d'analyser les trajectoires à l'intérieur d'un individu pour
comprendre, si le jeune augmente leur utilisation, est-ce que nous voyons un
impact sur leur santé mentale à l'intérieur de leur propre trajectoire.
Et grâce à ce type de modélisation, cette
recherche démontre qu'une plus grande utilisation des médias sociaux, des jeux
vidéo et des activités informatiques est associée à une augmentation, à court
terme, des comportements agressifs. L'utilisation des médias sociaux montre en
outre une association durable avec les comportements antisociaux tels que les
problèmes de conduite, tandis que le temps passé devant la télévision était
associé à la promotion des comportements prosociaux et avec une diminution...
Mme Conrod (Patricia) : ...des
pensées hostiles au fil du temps. Sur la base de ces résultats, nous avons
proposé que le contenu numérique révisé par les éditoriaux, comme le contenu
télévisuel, peuvent avoir un effet protecteur sur les comportements agressifs
des jeunes, comparé à des médias créés par des pairs, comme ce que les jeunes
voient sur les médias sociaux.
Un deuxième... Une deuxième étude publiée
dans la revue Scientific Reports montre comment le temps passé devant un écran
est lié aux symptômes de TDAH ou des troubles d'inattention chez les jeunes
tout au long de l'adolescence. Mon équipe a découvert une relation importante
entre l'utilisation des médias sociaux, la télévision et les jeux vidéo et les
symptômes de TDAH, expliquée en outre par une augmentation de comportements
impulsifs et une réduction des fonctions cognitives. Cela signifie que ces
types de temps passé devant un écran rendent les adolescents plus impulsifs et
augmentent par conséquent les symptômes de TDAH. Il est intéressant de noter que
cette relation ne perdure dans le temps que dans le cas de l'utilisation des
médias sociaux, ce qui met en évidence une influence durable sur le
comportement et les attitudes des adolescents. Cette relation entre
l'utilisation des médias sociaux et les symptômes de TDAH a été expliquée par
un impact des médias sociaux sur certains processus cognitifs, particulièrement
la désinhibition cognitive. Par contre, les actes agressifs étaient... par le
développement des pensées hostiles.
La troisième étude axée sur la dépression
a également révélé des liens étroits entre le temps passé devant les écrans et
les symptômes dépressifs chez les adolescents. Cependant, cette étude a
également démontré que l'utilisation des médias sociaux était plus étroitement
liée à l'augmentation des symptômes dépressifs et qu'une telle relation ne
pouvait pas être expliquée par le temps passé par un jeune à s'engager dans les
activités parascolaires ou une activité physique. Ça veut dire que cette étude
a révélé que les effets des médias sociaux sur les symptômes dépressifs
s'expliquaient par l'impact des médias sociaux sur l'image de soi et l'estime
de soi déjà, et aussi par des spirales de renforcement que nous voyons dans
certaines plateformes de médias sociaux.
J'avance rapidement. Une quatrième étude
axée sur l'augmentation des symptômes de troubles d'alimentation a aussi
démontré une relation similaire entre l'utilisation des médias sociaux et ce
type de symptômes, qui s'expliquait également par l'impact des médias sociaux sur
l'estime de soi des adolescents.
Et finalement, deux études supplémentaires
ont examiné les relations entre le temps passé devant un écran et la
consommation des substances chez les jeunes. La consommation d'alcool par les
mineurs et la fréquence de consommation d'alcool étaient prédites par le temps
passé à regarder la télévision et sur les plateformes de médias sociaux, mais
pas par le temps passé à jouer des jeux vidéo. Ces résultats similaires ont...
pardon. Des résultats similaires ont été démontrés pour la consommation de
cannabis. Ces relations significatives ont été expliquées par la façon dont ces
types de médias ont augmenté les normes sociales pour la consommation d'alcool
et de drogues chez les adolescents.
Ensemble, ces résultats... pardon. Voilà.
Ensemble, ces résultats suggèrent que différentes formes de temps passé devant
un écran ont un impact sur la santé mentale des jeunes par le biais de
processus cognitifs uniques. L'utilisation des médias sociaux semble être
systématiquement liée à une mauvaise santé mentale chez les adolescents, tandis
que d'autres formes de médias numériques n'ont aucun effet, ont des effets
moindres ou bien des effets bénéfiques sur la santé mentale des adolescents.
Nos recherches suggèrent que les médias
sociaux ont un impact sur la santé mentale des jeunes en promouvant des normes
sociales irréalistes et néfastes et en interférant potentiellement avec le...
Mme Conrod (Patricia) : ...le
développement de quelque processus neuropsychologique clé impliquant particulièrement
le contrôle cognitif.
Bien que nos recherches n'étaient pas...
Pardon. Bien que nos recherches n'aient pas pu relier directement ces effets à
des caractéristiques spécifiques de... des médias sociaux, je soupçonne que le
fait que ces médias sociaux favorisent le contenu généré par les pairs qui ne
sont... qui ne dispose pas d'une limite d'âge appropriée et d'un contrôle
éditorial connexe et qui soit bref et généré de manière algorithmique, pourrait
expliquer pourquoi les médias sociaux ont un impact plus néfaste sur la santé
mentale des adolescents que d'autres formes de médias numériques.
Je vais rapidement avancer à quelques
recommandations, mais je veux absolument souligner l'importance de mettre
davantage l'accent sur les droits des enfants dans l'environnement numérique.
Il est essentiel que le gouvernement impose à l'industrie des normes plus
élevées en matière de conception de ces plateformes, de paramètres par défaut,
de protection de données, de transparence en ce qui concerne spécifiquement les
enfants.
Le gouvernement doit également évaluer et
atténuer de manière proactive des risques pour les enfants si la plateforme est
susceptible d'être utilisée par les enfants. Je renvoie le comité à l'étude de
l'organisation Children and Screens, qui décrit bon nombre de changements mis
en œuvre au Royaume-Uni, en Europe et en Australie, qui ont conduit des
environnements numériques plus sûrs pour les enfants dans ces juridictions.
• (16 heures) •
Et je veux aussi souligner que de plus en
plus les jeunes sont initiés aux plateformes de médias sociaux en lien avec
leurs activités dans différentes activités scolaires ou bien parascolaires. Et
il faut absolument donner des directives à des différentes associations et
organisations pour ne pas promouvoir ce type d'engagement avec les médias
sociaux à ce moment avant qui sont rendus plus sûrs pour les jeunes.
Je vais arrêter. J'ai... Je vous ai
partagé plusieurs autres recommandations. J'ajoute un sixième. Finalement,
compte tenu de l'impact démontré des nouvelles plateformes de médias numériques
sur la santé mentale des jeunes, des programmes de prévention et d'intervention
précoce en santé mentale fondés sur des données probantes devraient être
davantage accessibles aux enfants et aux adolescents au Québec. Maintenant, je
partage le micro avec ma collègue la Dre Ouellet-Morin, qui va ensuite
élaborer sur ce sujet. Merci beaucoup.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Merci, Dre Conrod. Bonjour à tous et à toutes. Je
n'ai pas... Je ne présente pas avec des diapositives, bien qu'elles soient
déposées dans les documents que vous avez reçus. Alors, vous pourriez suivre en
parallèle ces diapositives et ses appuis visuels si vous le souhaitez.
La Présidente (Mme Dionne) :
Dre Ouellet-Morin, je vais juste consulter les membres parce que, dans
le fond, le 10 minutes est complété. Alors, si les membres, est-ce que
vous souhaitez poursuivre avec Dre Ouellet-Morin puis on pose les
questions par la suite? Ou...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Dionne) :
Rapidement? O.K. Donc, rapidement peut-être, puis on va passer à la période
de questions parce que je pense qu'il y a beaucoup de questions qui... que les
membres souhaitent vous adresser.
Mme Ouellet-Morin
(Isabelle) : Oui. Bien, j'avais préparé cinq minutes. Alors, je vais
essayer d'y aller, somme toute, rapidement pour pouvoir échanger par la suite.
Alors, je suis professeur à l'Université de Montréal et j'aimerais vous
présenter les résultats préliminaires de la consultation provinciale, Unis
pour l'école, Ma voix, notre impact, que nous avons menée au
printemps 2024 en collaboration avec 22 organismes et regroupements
provinciaux en éducation. Plusieurs personnes et organismes sont venus
témoigner à la commission pour décrire les impacts potentiellement négatifs que
pouvait avoir l'exposition aux écrans et aux médias sociaux. Et c'est une
démarche indispensable pour prendre des décisions éclairées. Dans notre
consultation, nous avons voulu initier une démarche collaborative sur les
solutions concrètes pour répondre aux enjeux prioritaires en éducation. Dans
cette consultation, près de 5 000 participants, parents et
intervenants scolaires de toutes les régions du Québec, ont...
16 h (version non révisée)
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : ...chacun...
ont chacun consacré environ 30 minutes à faire cette participation. En
seulement deux semaines, 22 546 stratégies ont été soumises.
Parmi une liste de 56 enjeux en éducation,
l'impact négatif des écrans s'est imposé comme la priorité numéro un. En effet,
près d'un participant sur cinq a sélectionné cet enjeu comme étant...
nécessitant une action immédiate. Les participants ont proposé 991 stratégies
en regard de l'impact négatif des écrans. Aidée de l'intelligence artificielle,
notre équipe a sélectionné 45 stratégies les plus représentatives. Ensuite, 195
autres participants ont regroupé ces 45 stratégies selon leur similarité. Le
travail a mené à la création de quatre groupes de stratégies, soit : les
règles, la gestion, la légifération des écrans, l'hygiène numérique et les
loisirs, la sensibilisation des parents et des élèves et l'équilibre dans l'intégration
des écrans à l'école et la formation.
Les participants ont aussi évalué chacune
de ces 45 stratégies selon leur potentiel d'impact et de faisabilité. Voici
quelques constats qui sont ressortis suite à l'analyse préliminaire de ces
données. Premièrement, les stratégies visant à interdire l'usage de l'écran en
centre de garde au préscolaire, à l'usage du téléphone au primaire, des
téléphones en classe au primaire et secondaire, sont perçues comme ayant le
plus fort potentiel d'impact et de faisabilité. Ce sont donc des stratégies
qui, selon les participants, devraient être mises en œuvre en premier. D'autres...
(Panne de son)
La Présidente (Mme Dionne) : Docteur
Ouellet-Morin...
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Est-ce
que vous m'entendez? Parce que ça a coupé.
La Présidente (Mme Dionne) : ...on
vous a perdue. Oui, on vous perd.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Bon.
J'imagine que oui... D'autres initiatives...
La Présidente (Mme Dionne) : Oui,
ça coupe, Mme... Dre.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : M'entendez-vous?
La Présidente (Mme Dionne) : On
vous perd. On vous perd. Votre écran... votre écran est... Ah! O.K., vous venez
de revenir. O.K. Là, on vous... Oui. Ah! Vous êtes revenue.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Parfait,
alors je continue.
La Présidente (Mme Dionne) : Rapidement,
en 30 secondes, peut-être, après on va passer à la période de questions parce
que le temps file.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Parfait.
Plusieurs autres analyses ont été... Oui, je comprends. Plusieurs autres...
Peut-être... parler aux recommandations. D'abord, une grande consistance, un
grand consensus existe en regard des intervenants scolaires et des parents
quant aux stratégies qui sont perçues comme les plus efficaces et faisables, de
même qu'à travers toutes les régions du Québec. Quelques actions à prioriser :
d'abord, mieux encadrer, voire proscrire l'usage des écrans au préscolaire et
limiter leur utilisation au primaire et secondaire; promouvoir de bonnes
habitudes de vie, toujours selon les participants, et ce, dès la petite enfance
en encourageant notamment la pratique régulière d'activité physique; et puis,
finalement, sensibiliser les parents et les jeunes sur les effets
potentiellement négatifs des écrans, promouvoir, mais surtout modéliser les
comportements sains et sécuritaires attendus de leur part. Je vous remercie
pour votre attention.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
infiniment. On aura l'occasion d'approfondir un peu plus avec la période d'échange
avec nos membres. Donc, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, mesdames. Merci beaucoup de votre présence aujourd'hui.
Plusieurs questions, donc on va essayer de garder ça le plus succinct possible
parce que je pense que plusieurs collègues ont aussi des questions. Je ne sais
pas si vous avez entendu la présentation précédente, parce que moi, j'ai
accroché sur Mme Conrod, Pre Conrod, donc, quand vous disiez, donc, que les
organisations scolaires ne devraient pas initier les enfants aux réseaux sociaux.
Je me demandais si ça incluait les jeux vidéo et, évidemment, par extension,
les programmes de sport électronique qu'on peut retrouver dans les écoles.
Mme Conrod (Patricia) : Si je
comprends votre question, c'est... il faut absolument penser à des effets
néfastes ou bien la conséquence d'initier un jeune, d'introduire un nouveau
type de médias numérique ou une nouvelle plateforme de médias sociaux. Alors, s'il
y a une intention d'organiser les jeunes, de mieux communiquer avec une équipe
de sport, par exemple, utilisant Snapchat ou utilisons Facebook, il y a des...
il y a un risque d'initier le jeune à ce type de médias sociaux... de média
social, qui va ensuite amener des conséquences négatives. Et on voit ça de plus
en plus, que les équipes de sport, les activités parascolaires, par exemple,
utilisent les médias sociaux pour s'organiser.
Mme Cadet : Je veux juste...
en fait, la présentation précédente portait sur...
Mme Cadet : ...Eastpoint,
donc, le... les programmes de... de jeux vidéo organisés à l'école. Donc, je me
demandais si votre recommandation, ici, s'étendait aussi au concept de ne pas
initier les jeunes aux jeux vidéo organisés à l'école, en milieu scolaire.
Mme Conrod (Patricia) : Well,
c'est... Moi, je... moi, je dirais... je crois que le message peut-être le plus
important, c'est qu'il faut que vous regardiez les... les différentes
plateformes et leurs caractéristiques et la façon dont ils respectent le fait
que c'est une... la façon dont c'était conçu pour les jeunes. And, de plus en
plus, on voit que les jeunes utilisent les plateformes et les produits qui
n'ont pas été conçus pour les jeunes, et ils ont toutes sortes de
caractéristiques qui ne sont pas appropriées pour les jeunes. Alors, si vous...
vous acceptez d'utiliser ces types de produits dans les écoles, ou bien pour
les jeunes, ils doivent absolument être révisés par un comité, qui connaît
qu'est-ce qu'ils font et qui vont assurer que c'est une plateforme qui est
appropriée pour les jeunes.
Mme Cadet : D'accord. J'ai
aussi... et vous venez d'en... d'en parler, mais c'est ce que j'avais saisi de
votre présentation... donc, vous avez parlé, donc, un peu, donc, des mécanismes
qu'on retrouve sur les réseaux sociaux donc, qui ont un impact très clair sur
la santé... négatif, là, sur la santé mentale des jeunes, mais, à l'inverse,
vous avez donné l'exemple de la télévision, qui pouvait, dans certains cas,
encourager leurs comportements prosociaux. Donc, je veux peut-être vous
entendre plus profondément sur le fait qu'au-delà qu'il y ait des mécanismes
addictifs sur les plateformes de réseaux sociaux qu'est-ce qui peut être un
facteur de protection avec le... le média numérique que peut être la
télévision.
• (16 h 10) •
Mme Conrod (Patricia) : Oui.
Et je... je ne suis vraiment pas une experte sur toutes les différentes
caractéristiques et pratiques, dans... dans les médias, qui vont promouvoir les
différents comportements chez les jeunes. Il y a une très grande littérature
sur ce sujet. Mais, dans notre étude, nous avons identifié une... une relation
qui était, potentiellement, positive, et c'est que les jeunes... le temps passé
devant la télévision était... était associé avec les comportements agressifs, à
court terme, mais, à long terme, les jeunes étaient plus socialisés, alors
ils... ils étaient moins à risque pour des troubles de conduite. Par contre,
les médias sociaux étaient associés avec un plus grand risque pour les troubles
de conduite.
Alors, le façon dont je comprends ces
relations-là, c'est que les médias sociaux, ils... they promote... ils... ils
vont promouvoir les... les pensées, les attitudes antisociales. Alors, les
jeunes apprennent les normes sociales qui sont vraiment antisociales. Par
contre, les... le contenu sur la télévision est souvent age-appropriate. Il y a
des processus de sensorship, de... editorial pour le contenu qui est visé ou
ciblé pour les jeunes. Et il y a des messages que... qui ne peuvent pas être
présentés à des jeunes, mais... mais les médias sociaux ne sont pas gardés à
ces mêmes standards à ce moment.
Mme Cadet : Merci. Peut-être
une dernière pour Dre Ouellet-Morin. Donc, dans votre... dans vos diapositives,
je comprends qu'il y a un fort consensus de la part donc, de l'étude que vous
avez menée au niveau de l'interdiction des médias sociaux pour les moins de 16
ans, donc, encore une fois, à savoir est-ce que c'est juste les médias sociaux
ou si ça concerne aussi les jeux vidéo. Et aussi, donc, il y a une mesure sur
couper l'accès à Internet à l'école. Je veux peut-être vous entendre là-dessus,
parce que c'est la première fois qu'on l'entend celle-là.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Bien,
d'abord, ce sont des stratégies qui ont été émises par les intervenants
scolaires et les parents. Ce ne sont pas des stratégies qui sont émises, là,
par des experts. Alors, on... on travaille vraiment avec les perceptions des
gens du terrain, à ce qu'ils perçoivent comme étant les plus... ayant le
meilleur potentiel d'impact et faisables. Donc, en premier lieu, en ce qui a
trait aux médias sociaux... et ce n'était pas précisé, les jeux en ligne qui
impliquent une dimension sociale, mais on peut penser que c'est similaire...
c'est que... en fait, c'est vu comme étant un potentiel d'impact quand même
important, mais plus difficilement faisables, fort probablement, dans le...
dans un très court terme. Ceci étant, ça ne veut pas dire que ce n'est pas jugé
comme une piste intéressante, qui pourrait être développée et mise en
application à plus long terme.
Or, il y a d'autres stratégies qui
semblent très, très, très... perçues d'une façon... avec un... ayant un grand
potentiel d'impact, et dont la faisabilité est aussi perçue comme...
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : ...très
forte. Alors, ce sont peut-être des cibles intéressantes à déployer dans un
premier temps et d'une façon beaucoup plus rapide.
Pour ce qui est d'interrompre l'Internet
pendant les heures du dîner, pendant les pauses, l'avant-midi, l'après-midi,
c'est une stratégie qui a été émise par les participants. Ceci étant, ceux-ci,
lorsqu'on leur a demandé d'évaluer leur faisabilité puis le potentiel d'impact,
c'était plutôt négatif. Alors, ce n'est pas quelque chose qui pourrait être...
on pourrait dire, on pourrait l'éviter pour l'instant. Ça ne semble pas une
priorité très, très bonne initialement.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Merci, Mme la Présidente, je reviendrai si on a du temps.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. D'autres interventions? On va revenir à vous, Mme la députée.
Mme Cadet : J'allais vite
parce que j'avais l'impression qu'on était plusieurs.
La Présidente (Mme Dionne) : Allez-y.
Allez-y.
Mme Cadet : Alors, donc, dans
les questions que j'avais prises en note pour la première partie, en fait, je
me demandais si vous aviez observé des différences garçons-filles au niveau de
l'impact sur la santé mentale dans l'utilisation des médias sociaux.
Mme Conrod (Patricia) : Je
vais dire que les études ont... n'ont pas nécessairement été... les analyses
n'étaient pas divisées par sexe ou par genre comme priorité. Nous avons regardé
ces données après qu'il y avait quelques études qui démontrent que les filles
sont plus affectées, mais nous n'avons pas vraiment vu des différences
importantes. Ça veut dire que nos données et l'impact que nous avons observé
existent pour les filles et les garçons.
Mme Cadet : Ah, O.K.,
d'accord. Donc, de façon... il n'y a pas de différence statistiquement
significative de ce côté-là. Ensuite, donc, l'étude que vous nous avez montrée
à l'écran, donc, elle était longitudinale. Donc, c'était, donc... il
s'agissait, donc, des mêmes élèves qu'on analysait dans leur parcours scolaire
de secondaire un à secondaire cinq. Et là, donc, vous voyez, donc, l'effet
s'empirer, là, si j'ai bien compris, avec une utilisation accrue au fil des
ans, par ces élèves, des différentes plateformes, médias sociaux, jeux vidéo,
télévision, et l'impact sur soit santé mentale, l'estime de soi, dépression,
donc ces différents éléments-là. On sait que les âges que vous avez analysés, à
ces âges-là, bien, il y a une grande plasticité du cerveau. Est-ce que... Bien,
en fait, bien, d'une part, est-ce... est-ce que vous pensez que c'est
réversible, donc, ces effets-là sur la santé mentale? Et, d'autre part, est-ce
que c'est des éléments que vous, vous avez été en mesure d'observer de manière
statistique aussi?
Mme Conrod (Patricia) : Oui.
Alors, pour la plupart, les relations, les effets que nous avons observés sont
réversables. Alors, si un jeune réduit sa consommation, vous allez voir une
réduction des symptômes. Par contre, il y avait aussi évidence des effets à
long terme sur certaines problématiques, par exemple les troubles de conduite
et les troubles de TDAH. Et l'autre chose, c'est qu'il y avait aussi une
relation très, très significative entre le taux d'utilisation des médias
sociaux en une année et l'utilisation la prochaine année. Ça veut dire que
c'est très difficile pour les jeunes de désister ce comportement.
Mme Cadet : Et, en ce sens,
donc, évidemment... je sais que, bon, vous nous arrivez avec vos observations,
vos recommandations sur les effets sur les comportements et la santé mentale,
mais si on revient, donc, aux différentes plateformes, donc, vous faites une
corrélation directe... en fait, même plus que ça, un lien de cause à effet
direct entre les mécanismes qui cherchent à conserver des jeunes sur les
différentes plateformes. Donc, on a parlé, donc, du défilage infini,
«doomscrolling», les utilisations des algorithmes, tous les mécanismes qui sont
utilisés pour les garder sur les plateformes, c'est le lien direct que vous
vous faites sur l'impact accru qu'on voit des réseaux sociaux sur ces... sur la
santé mentale. Et, par exemple, donc, la télévision, vous avez dit que... vous
m'avez expliqué qu'il pouvait y avoir, donc, d'autres types de facteurs de
protection, là. C'est... Puis vous dites : Le législateur, c'est là-dessus
qu'on devrait... sur les différents points, c'est là-dessus qu'on devrait agir.
Mme Conrod (Patricia) : Absolument.
C'est... C'est... C'est à ce moment. Et la difficulté, pour les chercheurs
comme nous autres, c'est que nous n'avons pas accès à toute cette information.
Il n'y a pas une transparence des différentes caractéristiques de ces
plateformes, alors on ne sait pas exactement qu'est-ce qu'ils font, quels types
d'algorithmes ils...
Mme Conrod (Patricia) : ...utilise
pour engager un jeune homme pour... pour cibler des contenus, comment est ce
que leur comportement va influencer ensuite quels types de contenus ils
seront... ils vont voir. Oui. Et comment est-ce que leur comportement est
influencé par des différentes... les différentes «features», les différents,
«you know», outils et défauts sur ces différentes plateformes. «So», il y a
beaucoup de recherches à faire, mais c'est très difficile pour les chercheurs à
ce moment de faire ce type de recherche sans un participant... une
participation de l'industrie. Alors, on n'est vraiment pas capables de faire la
recherche qu'on veut faire à ce moment sans une... Je crois, il faut vraiment
forcer l'industrie de collaborer avec la recherche, de soumettre leurs
algorithmes et leurs outils à des commissions de... ou bien des comités de
chercheurs pour mieux comprendre qu'est-ce qui se passe et comment ces produits
influencent... non seulement influencent les comportements, mais influencent
les pensées de nos jeunes. Et ça, c'est le plus gros enjeu pour moi, c'est que
notre recherche démontre qu'il y a une influence sur le développement de leur
estime de soi et les pensées qu'ils ont en relation des autres pairs et la
société, les normes sociétales.
• (16 h 20) •
Mme Cadet : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci.
Je vais passer la parole, maintenant, à la députée de Châteauguay.
Mme Gendron : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, docteure. Merci d'être avec nous cet après-midi. J'avais
une petite question d'entrée de jeu. Vous avez dit qu'ils n'ont pas de limite
d'âge approprié. Donc, je voudrais juste valider avec vous, là, l'âge approprié
selon vos études et vos observations. Mais également je vais en profiter, vu
que vous êtes docteure et spécialisée en addictologie, est-ce qu'on peut dire
que les parents sont moins addictifs, justement, aux écrans, et tout ça, que
les adolescents et les enfants? Est-ce que vous avez observé, justement, dans
vos analyses, que les parents sont moins addictifs ou tout autant que les
adolescents ou encore les enfants? Et est ce que... Deuxième
sous-question : Est-ce que les adolescents sont moins addictifs que les
plus petits enfants? Donc, c'est une question que j'avais pour vous,
aujourd'hui.
Mme Conrod (Patricia) : Je
vais répondre rapidement pour que ma collègue peut aussi répondre. Mais les
jeunes sont plus vulnérables aux effets, aux processus d'addiction, ils sont
plus vulnérables aux conséquences d'une addiction. Ma recherche ne porte pas
sur la comparaison entre les adultes et les jeunes. Mais l'autre chose, c'est
que les adultes, à ce moment, ont un avantage qu'ils ont vécu une adolescence
et une enfance sans l'impact de ces médias sociaux sur... particulièrement sur
le développement de leur conception du monde et... «you know», sans l'impact de
ces produits sur leur socialisation. Par contre, un jeune de 12 ans en ce
moment, leur vie et leur monde est maintenant numérique. Et la plupart du
contenu qu'ils regardent et qu'il voit, la façon dont ils interagissent avec la
société et leurs pairs, c'est via ces plateformes. «And» ces platesformes sont
conçues pour seulement exposer les jeunes à du contenu biaisé. C'est du contenu
qui va assurer qu'ils vont retourner à cette plateforme une minute après une
autre. Et ça... et c'est pourquoi que je... moi, je crois que les jeunes seront
plus vulnérables à des effets néfastes et négatifs de ces produits-là.
Isabelle.
Mme Gendron : Merci.
Peut-être, Dre Ouellet-Morin, dans vos recommandations, vous avez parlé, là,
dans la recommandation numéro 1, action par étapes encadrant d'abord
l'usage des écrans au préscolaire puis, par la suite, limiter et encadrer leurs
utilisations à l'école. Donc, vous n'êtes pas dans empêcher l'utilisation à
l'école, vous y alliez étape par étape...
Mme Gendron : ...pourquoi ça?
Et, en effet, là, donc, pour vous c'est au préscolaire, mais au secondaire,
est-ce que c'est également le cas, que vous voudriez, dans un monde idéal...
vous recommanderiez d'encadrer ou d'abolir l'utilisation des écrans à l'école?
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Vous
aviez soulevé la question relative à l'âge, hein, puis on sait très bien, en
neurosciences que, plus on est jeune, plus... le cerveau est sensible à des
influences, positives comme négatives, hein, qui viennent de l'environnement.
Pour ce qui est du préscolaire, ça me semble assez clair que les écrans devraient
être généralement proscrits. Pour ce qui est du primaire, il y a des contextes
dans lesquels, au plan pédagogique, ça pourrait être favorable d'apprendre et
d'utiliser certaines de ces plateformes-là, mais, pour ce qui est du téléphone,
et donc de l'utilisation potentielle de médias sociaux lors des pauses ou au
dîner, à l'école primaire... je l'interdirais. Pour ce qui est du secondaire,
là, il y a beaucoup de différences individuelles qui existent et pour
lesquelles on devrait s'intéresser, tant au plan de la recherche qu'au plan de
l'application de certaines règles. Par exemple, qui sont ceux qui sont les plus
vulnérables en regard de leur... du temps passé dans les médias sociaux? Dans
quel contexte? Contexte individuel, familial, scolaire, communautaire ils sont
plus vulnérables? Qui sont ceux qui sont les plus résilients à l'égard de cette
influence-là? Si on obtient des questions... des réponses relatives à ces
questions, on va être plus en mesure, mieux positionné de venir encadrer,
promouvoir une utilisation saine, équilibrée, nuancée, critique des médias
sociaux, de même que d'autres plateformes technologiques.
Donc, c'est un enjeu complexe, mais pour
lequel, fort probablement, les solutions, certainement à l'adolescence, sont
plus complexes que d'appliquer une même règle restrictive à tous et toutes.
Mme Gendron : Donc, si
j'entends bien, vous proposeriez d'y aller établissement par établissement
ou... dépendant du cadre... du cadre scolaire ou...
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Vous,
vous parlez au secondaire?
Mme Gendron : Oui, oui.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : Au
secondaire, je ferais des... je travaillerais en co-construction avec,
justement, les gens des écoles, de même qu'avec les experts pour trouver les
consensus, pour connaître aussi les points de différences quant à
l'application, et de construire des formations qui accompagnent l'acquisition
de compétence d'un jugement critique, qui va leur permettre, éventuellement, de
toute façon, de les utiliser, ces outils-là, et de le faire tout en ayant une
compréhension des risques, mais aussi une vision qui est aussi positive de ces
outils-là. Donc, l'idée n'est pas de proscrire, à l'adolescence, tout le temps,
mais davantage de les outiller et donner aux milieux toutes les ressources
qu'ils ont besoin pour faire cet accompagnement-là.
Mme Gendron : Merci beaucoup
pour votre contribution. Je vais laisser la parole à mes collègues. Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci. Moi, ma
question était pour la Dre Ouellette-Morin. J'ai trouvé ça vraiment
intéressant, les points que vous avez amenés puis je voulais vous entendre sur
pourquoi le milieu scolaire a un fort consensus autour de l'idée d'y aller
étape par étape pour l'interdiction des cellulaires.
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : En
fait, c'est les participants à notre consultation qui, individuellement, ont
fait... ont partagé leur perception d'impacts et de faisabilité en regard de
ces 45 stratégies là. Ainsi, j'ai pu extraire, dans une analyse préliminaire,
les stratégies qui semblaient être les mieux perçues, d'une façon plus
positive, ou celles qui pensent qu'il y a des impacts, mais dont
l'applicabilité, elle est remise en doute. C'est de cette façon-là qu'on s'y
est pris pour voir qu'est-ce qui fait consensus et qu'est-ce qui ne fait pas
consensus. En fait, on était très intéressé à voir qu'est-ce qui pourrait être
vu d'une façon très différente de la part des parents et des intervenants
scolaires, ou à travers même les régions du Québec, mais, même s'il y a des
petites différences qui émergent, ce qui est, en fait, très notable, c'est que
ces stratégies-là sont généralement vues de la même façon.
Mme Bogemans : C'est
intéressant, ce que vous dites, parce que, tu sais, il y a des gens qui ont
différentes opinions, entre autres, des comités de parents qui veulent choisir
école par école, des gens viennent nous voir, ils disent : C'est une
politique nationale, il y en a qui viennent même nous dire que ça devrait être
plus grand que le Québec. Donc, vous dites que, somme toute, ça pourrait se
ressembler, dans le fond, si on donne un choix individuel avec des grandes...
la bonne information puis des... j'ai juste le mot en anglais, là,
«guidelines», des directives qui sont très claires, ça pourrait donner un
résultat, somme toute, uniforme?
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : En
fait, c'est...
Mme Ouellet-Morin (Isabelle) : ...la
perception d'impact et de faisabilité qui fait consensus, selon cette
consultation.
Maintenant vient... il reste du travail à
faire pour voir s'il y a aussi consensus en regard de l'applicabilité et
l'implémentation de la mise en œuvre des différentes stratégies. Je pense qu'il
y a beaucoup de travail pour entrevoir et anticiper les obstacles que certaines
personnes anticipent, qui pourraient être différents en fonction des parents,
des intervenants scolaires, par exemple... mais aussi de voir quelles sont les
conditions qui devraient être mises en œuvre pour pouvoir... pour que ces
stratégies-là et l'impact escompté. Donc, il reste du travail à faire, mais je
pense qu'il est davantage dans l'application de ces stratégies-là, plus que
dans la perception de faisabilité ou d'impact.
Mme Bogemans : Parfait.
Merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. Merci infiniment pour votre contribution à ces travaux. C'est
malheureusement tout le temps qu'il nous reste.
Donc, pour ma part, je vais suspendre les
travaux quelques instants pour accueillir nos prochains témoins. Merci
infiniment.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 35)
La Présidente (Mme Dionne) : La
commission reprend maintenant ses travaux. Donc, je souhaite la bienvenue
maintenant aux représentants d'Aylo. Donc, merci d'être avec nous cet
après-midi. Je vous rappelle que vous disposez d'une période de 15 minutes pour
nous faire part de votre exposé, et par la suite nous procéderons à une période
d'échange de 75 minutes avec l'ensemble des membres de la commission. Donc,
messieurs, la parole est à vous.
M. Kilicci (Matt) : Merci. Mme
la Présidente et les membres de la commission, merci de nous accueillir aujourd'hui.
Alors, je me présente : Matt Kilicci, je suis le vice-président Confiance
et sécurité des risques et conformités chez Aylo, et je suis accompagné ici d'Anthony
Penhale, chef des affaires juridiques.
Alors, premièrement, nous aimerions vous
remercier de nous avoir offert l'opportunité de participer à cette commission.
L'accès des mineurs aux contenus destinés aux adultes est un enjeu réel. En
introduction, comme vous le savez déjà peut-être, Aylo est une entreprise
internationale qui gère un écosystème varié de plateformes numériques incluant
des sites de partage de vidéos, des services par abonnement, des plateformes
publicitaires et des jeux vidéo destinés aux adultes. Toutes les plateformes,
dans ce contexte, sont destinées aux adultes. Aujourd'hui, nous souhaitons
partager avec vous un bref survol de nos pratiques de contrôle et de modération
en premier, et ensuite nous allons suivre, avec notre point de vue et notre expérience
sur le sujet, de la protection des jeunes en ligne. Nous notons aussi que nous
avons également eu l'opportunité de présenter nos processus ainsi que notre
point de vue sur la protection des jeunes à plusieurs autres régulateurs ou
gouvernements à travers le monde, suscitant un vif intérêt. Nous espérons
aujourd'hui que nos propositions pourront enrichir vos travaux et contribuer à
la protection des jeunes en ligne.
Nous partageons probablement le constat
que les solutions actuelles de vérification d'âge en ligne sont souvent
insuffisantes. C'est pourquoi nous proposons une approche peut-être
innovatrice, mais en même temps qui est plutôt simple. Cette solution
offrirait, en plus d'une protection efficace et potentiellement globale aux
enfants, d'autres bénéfices potentiels tels qu'entre autres le contrôle de
temps d'écran, la supervision de l'accès aux réseaux sociaux et la possibilité
de contrôler les publicités présentées aux enfants. Nous sommes convaincus que
cette solution pourrait faire du Québec un modèle en matière de protection des
mineurs dans le monde numérique.
Et merci encore de nous donner cette
occasion de contribuer à vos réflexions. Nous sommes à votre disposition pour
répondre à vos questions, bien entendu, à la fin de cette présentation, mais
aussi après, si jamais ce serait nécessaire. Alors, je vais passer à la
présentation tout de suite, que vous avez sur l'écran et que vous avez reçue
auparavant plus tôt cette semaine.
Alors, pour ce qui est de l'ordre de
présentation, deux parties principales. Alors... premier, ça va être un survol
des plateformes et des normes de confiance et sécurité au sein d'Aylo, et
ensuite on va adresser le sujet de la protection des mineurs. Par la fin, on
aura...
M. Kilicci (Matt) : ...la période
de questions.
Alors, comme je l'ai précisé un peu plus
tôt, Aylo opère plusieurs types de plateformes. Les plateformes principales,
qui sont... sont les plateformes de partage de vidéos où les utilisateurs...
les utilisateurs peuvent télécharger du contenu. Les sites payants par
abonnement, où Aylo met le contenu sur les plateformes est que les utilisateurs
peuvent accéder en payant un abonnement, les jeux vidéo pour adultes et la
plateforme publicitaire, qui gère les publicités qui s'affichent sur les
plateformes, principalement sur les plateformes de partage de vidéos.
Pour ce qui est des systèmes de contrôle,
bien entendu, quand on parle de plateformes de partage de vidéos, de notre
côté, c'est un point très important où les plateformes devraient avoir en place
un fort système de contrôle. Alors, de notre côté, il y a plusieurs niveaux de
contrôle que nous avons mis en place sur nos plateformes. Le premier niveau,
c'est la vérification d'identité de tous les individus qui peuvent contribuer
du contenu sur nos plateformes. La vérification d'identité est faite avec une
analyse de validation et... validation de pièces d'identité lors de
l'inscription du téléverseur et elle est effectuée avec une vérification en
direct avec la caméra pour être sûr que la personne qui fournit la pièce
d'identité est bel et bien la personne qui est de l'autre côté de l'ordinateur
ou de l'écran. Ceci est fait avec un balayage facial et est vérifié par un
tiers. Ensuite, à part de ça, on exige de tous nos téléverseurs d'avoir en
place des documents d'identité et des attestations de consentement pour tous
ceux qui apparaissent dans leur contenu. Et, plus récemment, nous avons
commencé à exiger que tous ces documents-là soient fournis à notre plateforme
en avance et avant que le contenu puisse être affiché.
• (16 h 40) •
Une fois enregistré, le téléverseur peut
ensuite télécharger du contenu. Tout contenu qui est téléchargé sur nos
plateformes va passer à travers plusieurs niveaux de vérification. En premier
lieu, un système de vérification automatique qui contient plusieurs étapes,
presque 12 étapes différentes de vérifications automatiques, dont une analyse
par hachage et une analyse par intelligence artificielle. J'ai laissé une liste
des outils ici sur la présentation. Je ne vais pas passer à travers tous les
outils, mais si jamais vous avez des questions, je vous invite à les poser à la
fin de la session. Ensuite, après l'analyse des contenus automatiques, tous les
contenus sont vérifiés par un modérateur humain Aylo avant de pouvoir être
affichés sur nos plateformes. Les modérateurs vont vérifier le contenu ainsi
que les métadonnées telles que les titres, afin de garantir la conformité.
Passons ensuite aux empreintes numériques.
Si jamais un contenu est retiré de notre plateforme, soit durant la modération
ou après qu'il ait été publié, nous appliquons une empreinte digitale ou
numérique sur le contenu pour être sûr qu'elle ne... elle ne peut pas revenir
sur notre plateforme. C'est-à-dire, on met une empreinte digitale et, ensuite,
si quelqu'un d'autre, dans le futur, essaie de télécharger le même contenu ou
quelque chose de similaire, notre système va pouvoir le détecter et l'empêcher
de télécharger sur notre plateforme.
Nous employons aussi une vérification, un
système de vérification de texte qui empêche les utilisateurs de soumettre des
mots ou des courtes phrases non conformes dans les champs de saisie libre sur
nos sites. Actuellement, elle couvre des dizaines de milliers de termes dans
plusieurs langues différentes à travers le monde, dont le français, bien sûr.
Nous avons aussi une analyse automatique supplémentaire de commentaires qui
peuvent être laissés sous les vidéos, selon des catégories de risque
spécifiques, pour renforcer la sécurité et la conformité.
Pour ce qui est des contenus qui sont
présentés sur nos plateformes, nous avons aussi une fonction de retrait de
contenu immédiat, une fonction qui, à ce que nous sachions, n'existe pas sur
les autres plateformes et qui permet à n'importe quel membre du public à
soumettre une requête pour supprimer un contenu de notre plateforme
automatiquement, avant même qu'un de nos modérateurs reçoive la demande.
Nous employons aussi un programme de
signaleur de confiance, qui contient 65 membres différents, de différents
groupes ONG, dans 39 pays différents. Et, dernièrement, pour ce qui est de la
vérification de texte, lorsqu'un utilisateur essaie de chercher ou... affiche
ou essaie de rechercher du contenu qui soit pourrait être du matériel d'abus
sexuels vers les enfants ou du matériel non consensuel, non seulement nous
informons l'utilisateur que ce contenu n'existe pas sur nos plateformes, mais
nous présentons aussi un message de dissuasion. Je pourrais facilement vous
faire parvenir l'apparence de ces pages qui apparaissent présentement sur notre
site Web. Ces messages aussi, dépendamment du pays, contiennent des messages
fournis par des ONG différents, dont un au Canada, qui est l'ONG Parler pour
changer, qui inclut aussi un lien à leur site Web.
Nous publions aussi des rapports de
transparence tous les...
M. Kilicci (Matt) : ...mois
présentement, sur la plateforme Pornhub par exemple, afin de fournir des
informations plus régulières sur nos activités de confiance et de sécurité.
Ceci représente un très bref sommaire de nos contrôles. Mais, bien sûr, si
jamais vous avez d'autres questions au sujet de nos contrôles, nous serons
heureux de vous les faire... de les répondre.
Passons ensuite aux partenariats. Alors,
une partie importante de nos plateformes et pour l'entreprise est, là aussi...
c'est d'avoir de forts... de forts partenariats, surtout dans le domaine de la
confiance et de la sécurité. Certaines d'entre elles qui ont eu des
développements durant l'année 2024, une avec le Internet Watches Foundation
en Angleterre, c'est une initiative qui ont... qui a été débutée par le IWF
pour mettre en place des standards ou des protocoles de standards pour les
plateformes adultes et qui offrent du contenu pour adulte. Ils nous... Donc,
ils nous ont demandé de participer avec eux pour créer les standards. Et
finalement ces standards-là ont été publiés en mai 2024. J'ai affiché un lien
ici, je vous invite à aller le voir, si jamais vous avez le temps et si vous
êtes intéressés.
Nous avons aussi un partenaire... partenariat
avec une entreprise qui s'appelle le Cupcake girls, une entreprise qui sont
experts et chefs dans les efforts contre le trafic sexuel. Avec eux, nous avons
créé une banque de ressources pour aider à identifier et éviter les risques
liés au trafic sexuel.
Nous avons aussi, plus tôt en 2022, sur
nos pages de dissuasion, donc là, vous voyez en bas à gauche un exemple d'une
page de dissuasion. En Angleterre, lorsque quelqu'un cherche pour un contenu
qui pourrait représenter... ou cherche pour des contenus qui pourraient
représenter des matériaux d'abus sexuel envers les enfants qui affichent en bas
à droite dans l'image un lien à un robot conversationnel qui va essayer
d'engager la parole avec l'utilisateur qui a fait la recherche. L'objectif, c'est
d'essayer d'engager l'utilisateur et d'entamer une conversation avec eux pour
essayer d'empêcher ce genre de comportement. Les résultats ont été évalués
durant 2022 et 2023 et ont été affichés plus tôt, en 2024, par l'Université de
Tasmanie en Australie.
Nous avons aussi participé à un
partenariat avec Teleperformance, Thorn et le Centre international pour le
Missing and Exploited Children aux États-Unis pour leur... pour créer une
documentation et leur aider à savoir comment identifier ou comment évaluer
l'âge des individus dans les contenus. Alors, ce qu'on a fait ici, c'est qu'on
a fait parvenir certains de nos guides utilisés par nos modérateurs pour
évaluer l'âge des individus dans le contenu. Et ceci a contribué à l'article et
au document qui a été publié par le groupe.
Dernièrement et plus récemment, en mai
2024, la Maison-Blanche aux États-Unis a lancé un appel à l'action pour lutter
contre les abus sexuels dans l'imagerie. Ils ont mis en charge trois organismes
ou ONG pour mener l'initiative. Ces ONG nous ont contactés directement car ils
nous avaient reconnus comme étant avancés dans nos mesures de confiance et de
sécurité. Ils nous ont invités à participer, à présenter au groupe. Et
finalement, nous avons contribué à l'élaboration des principes qui ont été
publiés en septembre 2024.
Alors, ceci met fin à la section Contrôle
et partenariat. Si jamais vous avez des questions, je serais heureux d'y
répondre à la fin de la présentation.
On va passer au sujet de la protection des
mineurs. Alors, un objectif commun ici, la protection des mineurs en ligne. Et,
comme j'ai dit plus tôt, l'accès des mineurs aux contenus destinés aux adultes
est un enjeu réel. Dans les prochaines pages, on va parler du survol de l'état
actuel, de notre constat de l'inefficacité des lois existantes malgré les
efforts qui ont été déployés, des solutions que nous proposons et des
discussions en cours, ainsi que ce que nous voyons comme étant une opportunité
pour la commission de proposer des solutions efficaces.
Alors, les fonctionnalités courantes sur
nos plateformes, en général. Nous offrons un avertissement à l'entrée à tout
utilisateur qui arrive sur nos sites, leur avisant que nos sites sont réservés
exclusivement aux adultes. Nos sites sont également marqués d'une empreinte
restreinte aux adultes qui permet au blocage de nos sites par des systèmes de
contrôle parental, et nous fournissons également aux parents des instructions
sur nos sites qui sont claires et pour faciliter le blocage des sites pour
adultes qui peut être avec quelques clics.
Passons maintenant aux efforts de
vérification d'âge aux États-Unis et en France. Comme vous le savez peut-être,
aux États-Unis, il y a présentement des lois en vigueur dans 19 états
différents qui exigent la vérification de l'âge au niveau des plateformes aux
États-Unis. Donc, de notre côté, nous sommes conformant... nous nous sommes
conformés avec ces lois dès qu'elles sont entrées en vigueur, soit en vérifiant
l'âge des visiteurs ou en bloquant complètement l'accès à nos sites dans ces
états. Dans les cas où nous avons décidé d'essayer de vérifier l'âge des
utilisateurs...
M. Kilicci (Matt) : ...malgré
l'utilisation d'une identité numérique, qui existait déjà dans l'État de
Louisiane, depuis quelques années, comme méthode, 80 % des utilisateurs
ont migré vers des plateformes non conformes et sans contrôle. Pendant que nous
avons mis en place ces efforts pour nous... pour devenir conformes avec les
lois, presque la totalité des autres sites, dont certains des sites les plus fréquentés
au monde, Conex Videos et Nexon XX, même à ce jour, en Louisiane, depuis deux
ans, ignorent complètement ces lois, démontrant l'inefficacité des lois
imposant le contrôle au niveau des sites.
En même temps, en France, en 2022, nous
avons commencé un test, qui a duré à peu près un an. Nous avons testé un
système de vérification d'âge obligatoire, avec quatre fournisseurs de mesures
de vérification d'âge différentes, qui ont été mises en place en même temps.
Les mesures ont été testées durant une période, plus... plus spécifiquement, de
13 mois, sur des millions de sessions, et nous avons aperçu que moins de
1 % des utilisateurs ont complété le processus de vérification. Nous avons
conclu que les lois ne sont pas efficaces, les lois qui essaient de mettre en
place des contrôles sur les sites ne sont pas efficaces, ne protègent pas les
mineurs et introduisent plus de risques.
Plus spécifiquement, qu'est-ce qu'on a
observé? Nous avons observé une migration des utilisateurs vers des sites non
conformes. Ces sites peuvent ne pas avoir de contrôle du tout et peuvent
héberger des contrôles non modérés. Nous avons vu très clairement les
utilisateurs se mettre à chercher pour d'autres sites qui ne sont pas conformes
aux lois. Nous avons aussi observé une croissance énorme d'utilisation de VPN
pour contourner les contrôles au niveau des sites, plus spécifiquement, des
augmentations, de 5 000 % et plus, affichées par des statistiques
publiques de Google Trends, des recherches liées aux services VPN dans les jours
suivant la mise en place des mesures de contrôle.
• (16 h 50) •
En plus de ça, nous avons aussi identifié
des risques pour la confidentialité et la sécurité des données. En mettant en
place, pour... en exigeant que les sites mettent en place des systèmes pour
vérifier l'âge des individus, les adultes ou les individus deviendront, ou
deviennent habitués, ou pourraient devenir habitués à partager leurs données
personnelles, leurs informations identifiables avec plusieurs sites et
plusieurs services différents. Les pièces d'identité, comme vous le savez
sûrement, sont précieuses, et ces lois encouragent les gens à partager leurs
pièces d'identité à travers l'Internet. Les données seront donc insuffisamment
protégées, il y aura une augmentation des risques de fuites de données,
d'informations personnelles, ce qui s'est déjà produit dans certains cas, dans
le... et l'usurpation d'identité. Nous concluons... alors, les lois ne
protègent personne et, en plus, introduisent de nouveaux risques dans
l'écosystème de l'Internet.
Mais on ne fait pas juste identifier les
risques, on ne fait pas juste identifier les problèmes. Nous avons aussi
identifié une solution. Et nous aimerons aussi vous parler de la solution. Nous
parlions, tout à l'heure, des lois dans plusieurs États. Si on met ça à
l'échelle mondiale, ça peut être des lois dans 200, 300 différents pays ou
États différents. Nous parlons de centaines de milliers de sites Web, à travers
le monde, qui devraient, ou pourraient mettre en place, ou pourraient être requis
de mettre en place des systèmes de vérification, ce qui pourrait... si on
multiplie... par les millions de différentes combinaisons. Ce que nous
proposons, c'est un système qui exige vraiment que trois entreprises fassent un
changement.
Alors, ce que nous cherchons, c'est une
solution efficace, qui est la vérification de l'âge au niveau de l'appareil. La
vérification de l'âge serait effectuée au niveau de l'appareil, et non sur
chaque site individuel. Elle serait effectuée par le système d'exploitation,
dont Google, Microsoft et Apple, qui contrôlent aujourd'hui la majorité des
appareils qui se connectent à Internet, au-delà de 97 %. Les informations
personnelles des utilisateurs ne seraient partagées qu'une seule fois avec leur
appareil, et seule l'information relative à l'âge, et non à l'identité, est
utilisée pour... par le système d'exploitation pour le processus de
vérification.
Nous savons déjà que, par exemple, Google
et Microsoft ont déjà ce service disponible, avec Google Wallet et Apple Wallet,
ils disposent déjà de la technologie... la technologie nécessaire pour vérifier
l'âge, pour, potentiellement, bloquer les sites et pour fournir un signal de
l'âge aux sites et aux applications. Plus spécifiquement, la majorité de ces
appareils contiennent déjà un système de filtrage pour les sites adultes. Il
est, généralement, désactivé par défaut. Ce que nous proposons, c'est d'activer
le filtre par défaut, de demander au système d'exploitation de vérifier l'âge
de l'individu. Si l'individu est... est confirmé comme étant un adulte, à ce
moment-là, le filtre pour les sites pour adultes peut être désactivé.
La fonctionnalité serait déployée sur tous
les nouveaux appareils à partir d'une certaine date et pourrait être... et
pourrait être mise en place par une mise à jour à cette même date, une mise à
jour logicielle sur l'ensemble...
M. Kilicci (Matt) : ...ont des
appareils qui sont déjà en circulation. De plus, une fois l'âge vérifié par le
système d'exploitation, la solution peut même être adaptée pour les plateformes
qui ne sont pas réservées exclusivement aux contenus pour adultes, mais par
exemple les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux peuvent demander au système
d'exploitation de confirmer juste l'âge de l'individu ou même la bande d'âges
de l'individu, si l'individu a entre 13 et 16 ans par exemple, pour
ensuite leur servir une expérience qui est appropriée pour leur âge. Ceci
pourrait contribuer à la gestion du temps d'écran sur les réseaux sociaux,
pourrait aussi contribuer au contrôle des publicités sur les réseaux sociaux.
Maintenant, bien entendu, comme je l'ai...
je l'ai dit plus tôt, nous sommes actifs dans ce domaine. Ce n'est pas la
première fois qu'on présente cette solution. Nous l'avons fait... Nous l'avons
fait dans plusieurs autres parties du monde aussi, dont avec la Commission
européenne. Nous avons participé à des consultations aussi menées en Italie et
en Espagne. Nous avons eu des échanges avec les autorités de régulation ou
gouvernementales en Chypre, en Italie, en Islande et en France. Nous
participons activement aussi au Royaume-Uni et en Australie. En Australie, nous
sommes activement impliqués en Australie pour l'élaboration des normes de
protection des mineurs en ligne dans le cadre du Online Safety Act en
Australie. Et nous avons aussi, depuis des années, je dirais, plusieurs
échanges en personne avec les autorités de régulation au Royaume-Uni. En même
temps, aux États-Unis et au Canada, nous participons activement, aux États-Unis
aussi, à essayer de trouver un système, dans le système américain, dans
certains états, même, qui pourrait mettre en place un système de vérification
sur l'appareil.
Et, en même temps, nous nous défendons
aussi. Nous avons présentement un cas qui a été porté devant la Cour suprême au
sujet d'une loi au Texas qui exige la vérification d'âge au niveau du site. La
décision de la Cour suprême devait être rendue... devrait être rendue d'ici cet
été, peut-être, au mois de juin ou de juillet.
Au Canada, nous avons collaboré aussi avec
le Comité permanent de la sécurité publique et nationale et nous collaborons
aussi avec, à travers les consultations, avec le Conseil de gouvernance
numérique.
Maintenant, pour ce qui est de l'appui
public, je peux vous dire déjà que plusieurs ONG... comme je vous ai dit, nous
travaillons avec beaucoup d'ONG, surtout des ONG qui sont spécialisées dans la
protection des enfants ou des jeunes. Je peux vous dire qu'ils supportent tous
cette solution, du point où le International Center for Missing and Exploited
Children l'a même fait publiquement. J'ai inclus... inclus un lien ici qui va
vous porter à leur déclaration sur la vérification de l'âge, qui explique que
la vérification de l'âge sur les sites ne fonctionne pas et que la vraie
méthode efficace de vérifier l'âge et de protéger les jeunes en ligne, c'est
vraiment de le faire sur l'appareil.
L'industrie adulte aussi est supportrice,
ainsi que certains des réseaux sociaux et aussi le grand public. Et nous avons
aussi, à travers certaines des consultations, du soutien de législateurs et
d'organismes de réglementation. Il y a présentement, depuis déjà le début de
cette année, trois législateurs aux États-Unis, notamment au Dakota du Nord, en
Caroline du Sud et au New Hampshire, qui ont introduit des lois potentielles qui
mettraient la responsabilité de vérification au niveau de l'appareil. Et il y
en... il y en aura... il y en aura, d'après nous, plusieurs d'autres...
plusieurs autres qui vont venir d'ici le mois de mars ou avril.
Alors, nous voyons vraiment que, grâce à
la vérification de l'âge au niveau de l'appareil, les mineurs seront enfin
protégés contre l'exposition à des contenus en ligne inappropriés pour leur
âge. Nous croyons vraiment que chaque appareil qui est vérifié pourrait
représenter un enfant qui serait protégé en ligne. Nous implorons la commission
de faire du Québec un pionnier en matière de protection des mineurs en ligne.
Je vous remercie. Ceci met fin à la présentation.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup pour la présentation. Nous allons débuter cette période d'échange avec
l'ensemble des membres de la commission. Donc M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Bonjour. Merci de
vous prêter à l'exercice. Est-ce que mon micro est ouvert? Oui. Merci de vous
prêter à l'exercice.
D'abord, je ne peux pas m'empêcher de
réaliser que vous, vous dites que ça passe par les appareils, et les
manufactures, les constructeurs d'appareils disent que ça passe par les sites.
Donc, tout le monde se lance la balle : Ce n'est pas ma faute, c'est la
faute de l'appareil, les Google et compagnie nous disent : Ce n'est pas
notre faute, c'est les sites qui ne font pas leur job. Il me semble qu'il y
aurait un peu plus de responsabilité, là, qu'on pourrait s'attendre d'immenses
corporations comme la vôtre et comme celles des GAFAM, qui nous ont soumis
l'analyse inverse. J'ai l'impression que tout le monde se lance la balle.
Personne ne veut assumer la responsabilité de ce qui se passe.
Allons sur le fond des choses. Il y a un
gros bouquin qui est sorti, là, je pense, dans les dernières années, là, de
l'autrice Leila Michael Waite. Et elle, c'est elle qui avait révélé, entre
autres, là, qu'il y avait un immense problème de gestion de...
M. Leduc : ...contenu
pédopornographique, et qu'elle faisait état dans son livre de plusieurs
victimes qui rapportaient avoir eu des délais importants entre le moment où
elles avaient demandé de retirer les vidéos et le moment où ça avait été
retiré. C'est quoi le délai que vous avez que vous pouvez garantir à quelqu'un
qui écrit pour dire : Il y a un vidéo de ma personne qui est là, et que je
n'ai pas donné mon autorisation? C'est quoi le délai que vous pouvez lui
garantir pour retirer son vidéo?
M. Kilicci (Matt) : Comme
je l'ai mentionné plus tôt durant la présentation, pour ce qui est au niveau
des contrôles, nous avons un formulaire, sur notre plateforme, un formulaire,
qui est disponible à travers un lien, sur toutes les pages de la plateforme,
qu'on a, par exemple, qui permet à un membre du public... entrer dans le
formulaire et les liens au vidéo en question, justement, préciser son nom, son
adresse courriel, appuyer sur le bouton pour soumettre le formulaire. À ce
moment-là, nous, on le reçoit. En même temps, l'individu va recevoir un courriel
pour confirmer la soumission. Le moment où ils... ils appuient sur le bouton
pour confirmer la soumission, le contenu est désactivé. Alors, la réponse à
votre question, c'est : dès qu'ils appuient sur le bouton de confirmation
de leur courriel, c'est immédiat.
M. Leduc : ...mesure-là,
elle est en fonction depuis combien de temps?
M. Kilicci (Matt) : Cette
fonction-là est en fonction, je pense... La suspension automatique, si je ne me
trompe pas, est en fonction depuis... je pense que c'est mi-2020, mais je vais
devoir confirmer... je vais devoir confirmer la date.
• (17 heures) •
M. Leduc : Parce que,
comme je vous disais, l'autrice mentionnait quand même des délais importants
entre la demande de retrait et le retrait effectif. Et je comprends qu'un de
vos principaux problèmes, c'est la question du volume. Vous êtes une plateforme
extrêmement populaire. Beaucoup de gens la fréquentent. Beaucoup de gens
téléversent du contenu de manière légale ou pas. Alors, vous avez un défi de
volume. Vous pouvez avoir les meilleures intentions du monde, mais si le volume
est tellement lourd, ça devient difficile à gérer. Et d'ailleurs, vous avez
retiré il y a quelques années 80 % de votre contenu suite à une enquête.
C'était quand même beaucoup de contenu retiré d'un coup. Certains diraient
qu'il y avait peut-être eu une forme de laxisme auparavant, mais dans tous les
cas, là, on est ici pour parler du futur. Qu'est-ce qui nous garantit que la nouvelle
formule que vous avez est efficace en matière de volume? Est-ce que vous avez
procédé à des embauches supplémentaires, par exemple, pour couvrir ce
volume-là?
M. Penhale (Anthony) : Permettez-moi
de juste revenir sur quelques points avant de répondre à votre question. Et ce
qu'on a enlevé... La référence faite sur le contenu que nous avons enlevé sur
notre plateforme à la fin de l'exercice 2020, début 2021, la seule conclusion
que je pense que vous pourriez tirer de cet exercice-là, c'est qu'à ce
moment-là, la plateforme avait pris une décision de pouvoir tracer le contenu à
l'identité de chaque personne qui l'ont mis en ligne. C'est le morceau de
contenu auquel vous faites référence. Les 8 millions et quelques qui ont
été enlevés à ce moment-là étaient des contenus qui, au moment où ils ont été
enlevés, on ne savait pas tracer l'identité de la personne qui l'avait mis en
ligne. Il n'y a aucune, aucune... Il ne faut pas tirer une conclusion sur la
qualité ou l'absence de qualité ou le caractère du contenu, strictement le fait
qu'il ne rencontrait pas une nouvelle condition imposée à nos téléverseurs,
soit qu'on sache qui a mis le contenu en ligne.
En ce qui... En ce qu'on revient à la
question de volume, il ne faut pas... Le volume peut être une question de
perception, d'une part, peut aussi être une question qui mélange deux états
d'idées, peut-être. Le premier est le volume de la rapidité, si on veut, la
quantité de contenu qui est téléversé et le temps ou le besoin en temps, que le
système, soit une machine, les vérifications automatiques et les modérateurs
doivent prendre pour passer à travers le contenu à ce moment-là, ça, c'est une
chose. Le second, c'est sur le formulaire que vous faites référence pour
enlever le contenu, s'il y a une adresse courriel, confirmer, c'est
automatique, ça, c'est géré par des machines. En l'absence, et je vais demander
à Matt, en l'absence d'une adresse courriel confirmée, on parle de minutes
avant que le contenu soit adressé par une... par un modérateur. Alors, nous
modulons les effectifs nécessaires pour nous permettre de répondre à ces
formulaires-là en mettant, quoi, moins d'une heure, 30 minutes, puis
revenir au point sur les téléversements, nous ne nous fixons pas de minimum à
nos modérateurs pour mettre ce contenu en ligne par jour. En fait, nous mettons
un cap à notre personnel. Mais nous avons pris une décision économique de dire
on n'a pas besoin de voir que le contenu... que l'utilisateur a qui met le
contenu en ligne le voit immédiatement en ligne, il sera en ligne lorsqu'il
aura été...
17 h (version non révisée)
M. Penhale (Anthony) : ...lorsqu'il
aura passé à travers notre processus. Alors, si jamais il y avait un afflux de
pointe de personnes qui se mettent à téléverser le double du nombre de volume
aujourd'hui, l'impact pour nous serait : ça prend plus de temps pour que
le contenu se rende disponible aux utilisateurs autres, mais pas en termes de :
on a un problème d'effectifs pour... avec.
M. Kilicci (Matt) : Pour
compléter la réponse, avant de repasser la parole, pour compléter la réponse de
mon collègue, les modérateurs... premièrement, nous n'avons pas de problème
présentement de modération en ce qui est du nombre de ressources qui sont
assignées à ce rôle-là à l'interne. En plus, les modérateurs n'ont pas de
quota, ils ne sont pas obligés de vérifier un certain nombre de... de contenu
tous les jours. En fait, ils sont... ils sont informés et dirigés de seulement
approuver le contenu s'ils sont confiants qu'elle n'est pas en... qu'elle est
conforme avec nos standards. Alors, ça, c'est le processus de vérification pour
les contenus. Le modérateur, s'il n'est pas... si il ou elle est sûr, peut
approuver le contenu, si il ou elle n'est pas sûr, peut le laisser désactivé,
peut envoyer un modérateur plus senior, qui peut ensuite faire la décision pour
l'afficher ou pas. Mais présentement, pour répondre à votre question, nous n'avons
pas un problème d'effectifs pour ce qui est du nombre de modérateurs à notre
compagnie. Il y a peut-être une perception... perception publique qu'il y a des
centaines de milliers de contenus qui entrent dans notre plateforme tous les
jours; ce n'est pas le cas.
M. Leduc : ...si on parle des
chiffres, merci pour l'explication, quel est le nombre de personnels qui
travaillent pour vous dans la fonction de modération? Et quel est le nombre de
vidéos qui sont téléversées par jour environ sur votre plateforme?
M. Kilicci (Matt) : Les
chiffres, pour ce qui est de nombre de vidéos téléversées, si je ne me trompe
pas, elles sont incluses dans le rapport de transparence, qui sont disponibles
dans notre centre de confiance et de sécurité, que vous pouvez trouver en ligne
publiquement.
Et ma réponse au niveau des modérateurs,
si je répète la réponse que je vous ai donnée tout à l'heure, nous n'avons pas
de problème d'effectifs pour la modération. Tous les contenus sont modérés
avant d'être affichés en ligne, et les chiffres que vous allez apercevoir vous
donneront une idée du volume de contenu comparativement à la taille de notre entreprise.
M. Leduc : Oui, je comprends
que vous, vous trouvez que vous avez... de personnel, mais ma question :
Si vous avez un chiffre, est-ce vous êtes à l'aise de me donner le nombre de
personnes qui travaillent pour vous dans sa fonction de modérateur?
M. Kilicci (Matt) : Je vais
devoir le vérifier.
M. Leduc : Vous pourrez nous
revenir dans un deuxième temps, alors.
M. Kilicci (Matt) : C'est
possible, oui.
M. Leduc : Parfait. Merci.
Prochaine question. Dans le... J'ai bien remarqué, là, et analysé votre façon
de procéder aux vérifications. Merci pour la présentation. Je comprends, dans
le fond, qu'il y a trois... il y a trois rôles, dans le fond, dans... Il y a
le... Il y a la personne qui téléverse, on pourrait peut-être l'appeler le
téléverseur, il y a les personnes qui sont dans le vidéo, que vous appelez des
coperformeurs, puis après ça il y a la personne qui visionne, le... qu'on
pourrait appeler le visionneur ou la personne qui visionne. Je comprends que
vous avez vraiment serré la vis sur la personne qui téléverse, mais est-ce que
la vis est vraiment serrée pour les personnes qui apparaissent dans le vidéo?
Est-ce que c'est vraiment exactement le même degré de vérification pour la
personne qui téléverse que pour les personnes qui apparaissent dans le vidéo?
Est-ce que vous contactez personnellement et vous vérifiez l'identité et la...
et le consentement de toutes les personnes qui apparaissent dans vos vidéos?
M. Kilicci (Matt) : Alors, si
on se réfère... je pense, c'est la deuxième ou la troisième page de la
présentation, comme je l'ai dit, la personne qui télécharge le contenu est la
personne qui est responsable pour obtenir les documents relatifs aux autres qui
apparaissent dans leur contenu. Cette personne-là doit avoir le document en
place, et ça, c'est quelque chose qu'ils doivent attester à chaque fois...
quand ils... quand ils s'enregistrent sur notre plateforme et à chaque fois qu'il
ou elle télécharge un contenu sur nos plateformes. Ce que nous, on a fait, je pense,
une des plateformes, ce n'est peut-être même pas la seule plateforme à le
faire, c'est : nous avons commencé à exiger qu'ils nous donnent les
preuves de ces vérifications, c'est-à-dire qu'ils nous donnent les preuves de
la vérification d'identité et la preuve de la vérification du consentement pour
chaque personne qui apparaissent dans leur contenu.
M. Penhale (Anthony) : Juste
peut-être rajouter. La... Ça a toujours été le cas qu'ils devaient nous les
fournir si on le demandait. La différence, c'est que maintenant on le demande
avant que le contenu soit admissible à être mis en ligne. Avant, on pouvait le
faire sur une base de vérification soit épisodique, ou périodique, ou
ponctuelle, dépendamment des circonstances, ce qui est toujours le cas aujourd'hui,
mais ils nous... doivent nous verser les documents de vérification d'identité
et de consentement des personnes, des interprètes, les co-interprètes, avant de
mettre du contenu en ligne ou de...
M. Leduc : C'est très clair.
Et, pour la personne qui visionne, là, c'est là qu'on avait peut-être la
divergence, où là vous, vous dites : Ça, ça devrait un peu plus être de la
responsabilité des fournisseurs de services de téléphonie. Mais j'ai peut-être
mal saisi ce que vous, vous avez comme mécanisme de vérification pour la
personne qui visionne les vidéos. Il n'y a pas... Il n'y a pas ce même niveau
là d'identification avec une preuve d'identité, etc., là?
M. Kilicci (Matt) : C'est...
Effectivement...
M. Kilicci (Matt) : ...ce que
j'ai expliqué dans mes diapositives, oui, ce que... ça, c'est un utilisateur
sur le site. Alors, l'utilisateur qui vient sur le site, nous avons un
avertissement qui est présenté à ces utilisateurs-là, nous avons un assistant
de support de contrôle parental. J'ai expliqué les tests qu'on a faits pour ce
qui est... les tentatives de vérification d'âge aux utilisateurs qui vont se
présenter sur le site. Et j'ai expliqué... j'ai essayé d'expliquer que nous
avons trouvé que ce n'est pas une fonction efficace, ça n'achève pas le but de
protéger les jeunes, qu'on essaie de faire en mettant en place ce système. Et
nous proposons un système que, de notre vue, pourrait effectivement protéger
les jeunes sur... protéger les jeunes pour ce qui est des contenus qui sont destinés
aux adultes.
M. Leduc : Quand vous dites
que c'est beaucoup davantage la responsabilité des fournisseurs de téléphonie,
ça me fait un peu penser... on dirait que j'ai l'impression que c'est comme
si... si la SAQ disait que ce n'était pas à elle de vérifier l'âge d'une
personne à la caisse qui achète une bouteille de vin, mais plutôt du
propriétaire de la bâtisse où est-ce qu'il se trouve, la SAQ, et qu'il loue des
locaux. Alors, je pense que c'est bien sûr la responsabilité de la personne qui
rend le service aussi de vérifier ce qui se passe là.
Peut-être que je terminerais, avant de
passer la parole à d'autres personnes ici... une question peut-être plus
philosophique, c'est : Est-ce que vous... quelle est... quelle est, selon
vous, l'effet sur la... sur un jeune, sur un jeune homme en particulier, que
pourrait avoir le visionnement précaire à 10, 11, 12 ans de vidéos
pornographiques, particulièrement des vidéos pornographiques où il pourrait y
avoir de la... de la violence ou de la domination, en fait, envers une femme?
Quel peut être l'effet du visionnement de ces vidéos-là sur un enfant, un homme
de 10, 11, 12 ans?
• (17 h 10) •
M. Kilicci (Matt) : Écoute,
je vous dirais, en premier, que, dans ma position, je ne suis pas un expert qui
peut commenter sur l'effet individuel ou spécifique... sur un individu, je peux
juste vous dire que, comme j'ai dit tout à l'heure, la protection des jeunes en
ligne, c'est un enjeu réel. De notre côté, nous ne voulons pas que les jeunes
accèdent aux contenus qui sont... qui sont dirigés vers les adultes. Et nous
essayons activement à trouver et à mettre en place une solution qui va
accomplir l'objectif de protéger le jeune en protégeant les appareils, en
protégeant l'accès à l'Internet au point d'accès, le point d'accès, c'est
l'appareil. Et en mettant la protection au point d'accès, on peut empêcher aux
jeunes d'accéder à des contenus qui sont attendus par l'adulte à travers tout
l'Internet et globalement. Ça, c'est l'objectif.
M. Leduc : Peut-être, une
dernière, dernière rapide, Mme la Présidente. Si jamais la commission fait une
recommandation de serrer la vis un peu, de dire que c'est à vous de vérifier
l'âge de manière plus systématique et qu'on modifie la loi à cet égard, est-ce
que vous allez respecter la loi?
M. Penhale (Anthony) : La
question, elle est intéressante en ce que... la réponse va être oui. Vous nous
demandez pourquoi on ne le fait pas aujourd'hui, pourquoi on ne fait pas
volontairement la... l'obligation de vérifier l'âge de nos utilisateurs parce
que ça ne fonctionne pas. C'est un faux sens de sécurité qu'on est... qu'on
donnerait au public. On l'a fait, on l'a testé, on le voit, c'est trop aisément
contourné, soit par l'utilisation de réseaux privés virtuels, des VPN, ou, tout
simplement, par le... parce que ce n'est pas une solution qui est
universellement appliquée. Et tant qu'il y aura des alternatives qui ne
requièrent pas la vérification de l'âge, on peut présumer que les utilisateurs
vont se tourner vers ces alternatives-là d'une part, et, d'autre part, ces
alternatives-là sont souvent non modérées et dangereuses en termes de contenu.
Pour votre commentaire plus tôt, si je
reviens en arrière, sur le fait que nous disons que c'est la responsabilité
des... dans l'exemple des téléphonies ou des fournisseurs de services, je ne
pense pas qu'on formulerait en disant : C'est la responsabilité de. Je
crois que c'est une responsabilité partagée. Nous, comme plateformes, voulons
avoir la... en fait, nous voulons recevoir un signal qui nous dit :
L'utilisateur a 18 ans et plus ou moins de 18 ans. Nous ne sommes pas
intéressés à faire la détermination de l'âge de 13 ans, 16 ans, nous
ne voulons surtout pas que cet utilisateur-là ait accès à nos produits. La façon
de le faire, comme Matt le disait, si vous prenez... on peut contrôler l'accès
au départ du... de l'aventure de l'utilisateur... est plus simple, qui
requiert... plus simple, dans le sens qu'il requiert moins de divulgations
d'identités multipliées à travers de multiples plateformes, alors peut-être...
exponentielles. Au lieu de le faire à chaque destination, c'est plus facile à
réglementer, c'est plus facile à contrôler, c'est plus facile à s'assurer que
ça fonctionne. À partir du moment où vous... si un législateur dit : Vous
devez avoir un signal, une plateforme comme la vôtre doit recevoir un signal
qui indique la catégorie, soit 18 ans et plus ou moins de 18 ans d'un
utilisateur, et que vous devez agir en conséquence...
M. Penhale (Anthony) : ...conséquence,
là, il... ça devient la responsabilité de la plateforme de se conformer à
obtenir le signal et agir en conséquence face à son utilisateur, beaucoup plus
facile, encore une fois, à contrôler. C'est binomial, peu de variables. Puis,
pour revenir à votre question, si au Québec on avait une recommandation ou une
loi qui dit qu'on doit vérifier l'âge d'un utilisateur, d'emblée... et nos
contestations, aux États-Unis, ne... une contestation des États-Unis comme une
volonté de ne pas se.... de ne pas voir l'application de la loi, nous ne nous
objectons pas à... au concept de la vérification de l'âge en soi, mais de la
manière dont il est requis d'être fait. Alors, la réponse ici sera conditionnée
à la nature de la recommandation, ses tenants et aboutissants, et pas
l'objectif qu'elle recherche.
M. Kilicci (Matt) : Pour
compléter la réponse, il y a des lois actives présentement dans 19 États
différents aux États-Unis, nous sommes conformes avec chacune de ces lois.
M. Penhale (Anthony) : ...nos
services.
M. Leduc : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
nous... merci, M. le député. Nous allons... je vais maintenant passer la parole
à M. le député de Joliette.
M. St-Louis : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Messieurs, merci de participer à notre commission. C'est
grandement apprécié. Durant votre présentation, vous n'avez pas abordé... En
fait, on comprend qu'il y a des mineurs qui réussissent à contourner, là,
malgré le fait que vous avez mis quatre niveaux, là, de confiance puis que vous
parlez de responsabilité partagée. Avez-vous une idée ou un aperçu du nombre de
mineurs qui utilisent vos plates-formes pornographiques, incluant naturellement
les jeux pour adultes?
M. Kilicci (Matt) : Juste…
Merci pour la question. En premier lieu, juste, pour la première partie de
votre question, la première diapositive était reliée aux individus qui veulent
téléverser du contenu, qui sont vérifiés avec des pièces d'identité. Il n'y a
pas de mineurs, dans ce groupe-là. Juste pour être clair, il n'y a pas de
mineurs qui rentrent par là. Ça, c'est juste la première... parce qu'ils sont
tous vérifiés par pièce d'identité. Pour ce qui est de l'accès aux
utilisateurs, nous, nous ne savons pas qui est qui. Ça peut être un accès
anonyme, en tant que... en tant que tel sur nos plateformes. Alors, nous ne
savons pas à chaque point d'accès, à chaque personne qui accède à nos sites,
qui c'est qui accède à nos sites.
M. St-Louis : Donc, vous
n'avez ni le chiffre ni pourcentage approximatif, ne serait-ce que de savoir
qui passe à travers les mailles du filet.
M. Kilicci (Matt) : Nous ne
savons pas la nature des individus qui access... qui accèdent aux sites Web. Je
pense que c'est similaire avec la majorité des plateformes en ligne.
M. Penhale (Anthony) : Et je
crois... puis Matt pourra me corriger, mais je crois que si vous... si on
demandait à Google Analytics, des services de ce genre, de nous dire c'est
quoi, la distribution d'âges dans... sur nos plateformes, lorsqu'ils nous
renvoient l'information, ils ne nous renvoient personne en bas de 18 ans,
hein, c'est 18 ans et plus, dans toute l'information qui est colligée par
les... d'autres fournisseurs de services pour ces fins-là. Alors, nous ne
serions que des spéculateurs à ce niveau-là pour vous dire...
M. Kilicci (Matt) : C'est
justement la raison pour laquelle, excusez-moi de... excuse-moi de
t'interrompre, c'est justement la raison pour laquelle nous essayons... avec ce
qu'on explique, nous essayons de proposer une solution qui va établir l'âge de
l'individu sur l'appareil, qui ferait ensuite en sorte que chaque plateforme
puisse identifier l'âge de leurs utilisateurs en demandant à l'appareil. Est-ce
que cette personne a en dessous ou 18 ans, oui ou non? Si oui, je fais ça,
si non, je fais ça. Donc, précisément pour adresser votre question, c'est pour
ça qu'on essaie de diriger l'industrie vers une solution qui va associer une...
un âge à chaque appareil sur l'Internet.
M. St-Louis : Je ne veux pas
être trop simpliste, là, mais vous ne pensez pas que c'est... ce serait mal
connaître nos enfants de penser qu'ils n'iraient pas prendre la tablette de
papa ou de maman?
M. Kilicci (Matt) : Bien,
écoutez, c'est... bien sûr que ça, c'est un risque aujourd'hui, c'est un risque
dans le futur, c'est un risque indépendant. Tout le monde est responsable dans
cet écosystème, que ce soient les systèmes d'exploitation, que ce soient les
appareils, que ce soient les plateformes, mais aussi les parents. Je pense que,
dans mon opinion, les parents sont aussi... ont aussi une responsabilité. Si,
dans le monde d'une vérification à l'appareil, le parent a un appareil pour eux
et un appareil pour leur enfant, ils font la configuration sur leur appareil,
pour être vérifié comme adulte, ils laissent l'appareil pour enfant tel que
configuré pour enfant. Ils ont fait le choix de séparer les deux. Ils gardent
leur appareil pour adulte, ils donnent à leur enfant l'appareil qui est désigné
pour l'enfant. Si, à ce moment-là, le parent décide de mettre dans les mains de
son enfant son appareil, à ce moment-là, l'adulte a pris la décision de mettre
dans les mains de son enfant un appareil qui a été associé à un adulte...
M. Kilicci (Matt) : Ça,
c'est une décision parentale. Le parent a le choix de le faire, mais je pense
que d'un point ou d'un autre, il y a toujours, il y a toujours un élément de
responsabilité avec tout le monde dans l'écosystème. Je pense que les parents
sont inclus dans cet exemple-là.
M. Penhale (Anthony) : Et
peut-être... C'est peut-être philosophiquement ou utopique de ma part.
Aujourd'hui, il y a beaucoup de contrôle parental qui existe. Il y a plusieurs
outils qu'on peut utiliser pour accéder à l'Internet, que ce soit une console
de jeux, un ordinateur, un téléphone, une tablette, une vérification à même
l'appareil ou un contrôle à même l'appareil ne rend pas tous ces... ces filtres
vétustes, mais simplifie peut-être la vie d'un parent à n'avoir à configurer
qu'un seul appareil ou d'une seule façon tous les appareils pour s'assurer que
son utilisateur ne dépasse pas le cadre de l'utilisation qui est prévue.
M. St-Louis : Je me
permettrai juste de vous dire que dans un système d'entonnoir, vous êtes dans
le bas de l'entonnoir et que c'est vous qui avez probablement la dernière clé
pour empêcher ces enfants-là d'accéder à vos plateformes. Mais sans quoi je
vous remercie, encore une fois, de votre participation. Merci, messieurs.
La Présidente (Mme Dionne) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Hull.
Mme Tremblay : Oui.
Bonjour. Donc... Bien, je partage un peu l'opinion de mon collègue donc, puis
de mes autres collègues aussi, qui ont posé des questions puis qui sont
inquiets aujourd'hui, puis les parents qui peut-être nous écoutent aussi. De ce
que je comprends, moi, à l'heure actuelle, c'est que quelqu'un qui est un tout
jeune utilisateur, puis il y a plusieurs personnes qui sont venues nous dire au
cours des dernières semaines, là, qu'il y avait beaucoup de jeunes qui avaient
accès à la pornographie puis notamment chez vous. Ça fait que si un utilisateur
de moins de 18 ans présentement ment sur son âge, il a accès à votre
contenu. Ça, c'est ce que je comprends, là. Puis là je ne parle pas de ceux qui
téléversent, là, mais je parle des gens qui veulent regarder du contenu.
• (17 h 20) •
M. Kilicci (Matt) : Nous
ne savons pas l'âge des individus qui accèdent à notre site. C'est la question
que vous posez.
Mme Tremblay : Oui. Là,
ça répond à ma question. Ça fait que vous n'êtes pas... On ne le sait pas. Puis
vous n'avez aucun moyen, vous ne faites pas de vérification, des fois, par
certains types de recherche, vous dire : Moi j'aurais un doute que cette
personne-là a vraiment 18 ans.
M. Penhale (Anthony) : Il
ne faut pas conforme peut-être notre plateforme à... Je vais prendre Instagram
comme exemple. Instagram comme plateforme a commencé à faire des vérifications
sur l'âge de leurs utilisateurs, puis l'exemple que je vais vous donner, c'est
si vous avez un enfant de 12 ans, 11 ans, 12 ans, qui déclare
son âge à 14 ans pour pouvoir accéder à Instagram. Ça fait que toutes les
photos, tous les événements, toutes les histoires qui sont mises en ligne
traitent de personnes qui ont, par les anniversaires de naissance, 11 ans.
On va détecter, là, un comportement qui ne correspond pas nécessairement à
l'âge déclaré de l'utilisateur. Nos plateformes ne sont pas des plateformes
d'interaction de ce genre-là. Il y a... On n'a pas... on n'a pas... on n'a pas
un bassin, d'une part. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, nous
n'avons pas un bassin d'informations qui nous permet de cibler et de
reconnaître toutes les activités de chacun de nos utilisateurs et d'en faire un
profil qui nous permettrait, à Instagram dans l'exemple donné, de déceler qu'il
y a une divergence entre l'âge déclaré et l'âge potentiellement réel de la
personne de par ses activités, et de par ses intérêts, et de par les
interactions qu'elle a avec la plateforme. Alors, nous n'avons pas ce bassin
d'informations pour extrapoler puis faire une détermination ou un
questionnement sur l'âge de la personne.
Mme Tremblay : O.K. Ça
fait que... Et quand vous dites : Bon, bien, les jeunes, là, on a mis du
contrôle d'identité, ils se sont tournés vers d'autres... d'autres plateformes,
d'autres milieux. Ça, ces données-là, vous les avez obtenues comment?
M. Kilicci (Matt) : Oui.
Alors, ces données... Alors, dans le contexte des VPN, j'avais affiché
spécifiquement des données qui sont obtenues de Google Trends. C'est la même
chose pour le contournement de nos sites. On a aperçu que... Avant, on a
regardé les... Je m'excuse, je ne connais pas la traduction du mot «trends» en
français.
M. Penhale (Anthony) : Tendances.
M. Kilicci (Matt) : Tendances.
On a aperçu que les tendances des utilisateurs qu'ils recherchaient nos sites,
avant et après la mise en place d'un système de vérification, les tendances ont
changé grandement. Et on a vu des tendances à commencer à chercher pour
d'autres sites. Par exemple, ils cherchent... Bien, les recherches... Par
exemple, les gens recherchent d'autres sites qui ne sont pas bloqués. Ils
cherchent comment contourner les sites. Ils cherchent des autres marques. Ils
cherchent d'autres moyens de trouver des sites qui vont afficher des contenus
sans avoir de contrôle en place. C'est pour ça que je vais un peu me répéter,
il y a des centaines de milliers de sites qui affichent des contenus pour
adultes. Un filtre... Par exemple, sur Apple, il y a un filtre pour limiter l'accès
aux sites adultes...
M. Kilicci (Matt) : ...mettre
en place ce filtre bloque l'accès à tous ces sites-là. Il suffit de le mettre
en place puis l'enfant ne peut pas y accéder à. Alors, ce qu'on propose,
justement, c'est de mettre en place le filtre par défaut, devoir se faire
vérifier pour désactiver le filtre, et ensuite, à partir de ce moment-là,
l'adulte peut accéder au site. Mais, pour répondre à votre question, c'est
Google Trends qui affiche ces tendances-là, que ce soit pour les VPN, que ce soit
pour les recherches reliées à long terme. Quand on a mis un bloc en place,
c'est ce qu'on a aperçu quand on compare le avant avec le après.
Mme Tremblay : De notre côté,
on a reçu l'accès à l'information ce matin, puis eux nous disaient, là, que de
faire confiance à des plateformes comme celles que vous dites pour vérifier
l'identité, ce n'est pas la solution, parce que eux aussi ont des intérêts,
évidemment, de recueillir, de conserver des données, donc... puis ils ont
parlé, là, des systèmes d'exploitation que vous avez nommés. Pour eux, ça prend
vraiment une entité qui le fait, qui pourrait être gouvernementale par exemple.
Alors, vous répondez quoi à ça? Parce que... Puis, ultimement, un jour, il
faudra bien que l'ensemble des... Il y aura tout le temps beaucoup de matériel,
il y aura toujours beaucoup de différentes plateformes, mais il va falloir que
tout le monde se soumette à une certaine réglementation. Puis je pense qu'il y
aura une responsabilité de ces plateformes-là aussi, mais... Qu'est-ce que vous
en pensez? Qu'est-ce que vous répondez? Puis il y a beaucoup de gens qui
n'allaient pas dans votre direction aussi, là, par rapport à ce que... les
solutions que vous nous... puis, notamment, parce que ces plateformes-là,
Google, Microsoft, Apple, nommez-les, ils ont des intérêts aussi à conserver de
l'information.
M. Kilicci (Matt) : Bien,
premièrement, je peux juste commencer en disant que, pour ce qui est de... un
monde où les contrôles doivent être mis en place au niveau des sites, si dans
le monde où chaque site se mettait conforme à la vérification d'âge, ce que ça
veut dire, c'est que les centaines de millions de sites mettent à leur point
d'entrée un système de vérification avec un produit qui va vérifier l'âge des
individus, mais ça va être des centaines, des milliers, des dizaines de
milliers d'applications qui prennent les informations d'identité des
utilisateurs et qui ont... Est-ce qu'ils vont ensuite faire la vérification,
est-ce qu'ils vont tous être légitimes? Je ne sais pas, mais c'est quand même
une énorme quantité de non seulement du nombre de vérificateurs, mais du nombre
de fois où la vérification doit être faite parce que ça doit être fait à chaque
site.
Maintenant, on retourne à l'appareil, on
retourne au système d'exploitation. On parle d'une vérification par appareil
seulement et on parle d'une vérification qui est faite à travers le système
d'exploitation, Apple, Google, Microsoft, qui... peut-être, vous avez un
téléphone Google, Apple, Microsoft, ils ont.. ils ont déjà beaucoup
d'informations sur leurs utilisateurs. Moi, je le sais, que mon téléphone, il a
déjà beaucoup d'informations sur moi. S'il y a une personne, ou un appareil, ou
une entité à qui je vais donner ou je suis prêt à donner un peu plus d'informations,
ça serait Apple, parce que c'est déjà là que la majorité de mes informations
sont partagées... mes informations là, mais pas nécessairement sur
potentiellement des centaines de plateformes de vérification d'âge qui sont
affichées devant des sites juste pour y accéder. Alors, je ne sais pas si je
réponds à votre question pour ce qui est des plateformes de vérification d'âge,
mais...
M. Penhale (Anthony) : Si
vous permettez, je peux rajouter que la crainte, elle est probablement fondée.
Juste sur le plan philosophe, on le voit en Europe, aux États-Unis, il y a une
crainte des conglomérats, et de leur puissance, et de l'information qu'ils
gèrent ou à laquelle ils ont accès. Alors, si on part de ce constat-là, il y a
une crainte, elle est justifiée, justifiable. De la même façon, quand on
regarde la législation qui impose aux plateformes de vérifier, on prend la
peine dans l'illustration de dire qu'on ne doit pas conserver cette
information-là, on doit... bon, il y a un... Mais comment on contrôle ça? Si on
prend la même problématique puis on dit : Ça va être fait au sein de
l'appareil d'une personne, la méthode x, y, z sera celle choisie par l'appareil
et son système d'opération, mais qu'on impose des contraintes de l'information
qui est utilisée : Pour cette fin-là, ne peut pas être utilisée à d'autres
fins, c'est beaucoup plus facile à contrôler, à mon avis, peut-être... On parle
de quelques manufacturiers, quelques systèmes et non pas des milliers et des
milliers, voire des millions d'instances individuelles différentes.
Alors, peut-être que la crainte justifiée,
justifiable peut être aussi... en anglais, l'expression que j'utiliserais,
c'est «picket fences», on peut l'encadrer et la contrôler, probablement, encore
là, je dis «probablement», je ne suis pas législateur, mais d'une façon plus
facile, avec un degré de confiance plus élevé. Et une vérification aussi, on
n'en parle pas nécessairement, mais une vérification à partir d'un appareil
rend la même... le même concept législatif central. Si on prend... si on prend
le Québec ou l'Ontario ou le Canada puis les États-Unis, l'Amérique du Nord
puis l'Europe, l'Asie, on n'a pas besoin... on a... on ne créera pas un système
fragmenté de mécanismes de vérification qui sont dépendants d'une juridiction
par rapport à l'autre, qui pourrait...
M. Penhale (Anthony) : ...donner
lieu à un arbitrage, peut-être pas par un utilisateur en bas âge, mais par
utilisateur qui n'est pas un adulte mais qui est un mineur éduqué, on élimine
cette opportunité d'arbitrage là, peut-être que cette élimination de
l'opportunité de l'arbitrage ne sera pas conçue ou perçue par les gens comme un
risque qui vaut la peine d'être pris, si on est en mesure de contrôler sous
l'utilisation que feraient les systèmes d'opération de ces informations.
Mme Tremblay : Je comprends
que, finalement, vous êtes en attente, finalement, que, bien, on légifère, que
l'ensemble des pays aillent plus loin, puis qu'en attendant, bien, on peut
facilement entrer sur votre site, puis que le contrôle de l'âge est presque
banalisé, parce qu'il n'y en a pratiquement pas pour l'instant, sur vos sites,
puis que vous vous reposez sur : On attend qu'il y ait des solutions
finalement autres que vous. Au lieu... Moi, je pense comme mon collègue, tu
sais. Vous pourriez être exemplaires, vous, un jour, les autres pourraient être
exemplaires, puis que c'est tout le monde ensemble qu'on pourrait empêcher nos
jeunes. Parce que, ça brise des vies, ces images-là. Ça brise... Ça brise nos
jeunes.
Alors, moi, je pense que vous pourriez en
faire plus. Qu'on soit en attente, que ce soit un système d'exploitation, un
téléphone, puis qu'on travaille encore davantage à s'assurer que les jeunes
n'aient pas accès à ces plateformes-là. Merci.
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. Je passe maintenant la parole à Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonsoir, messieurs.
Les questions que j'avais sur la
prévention des contenus préjudiciables ont été répondues donc je vais me
concentrer sur la portion de votre présentation sur la protection des mineurs.
Comme mes collègues, donc, j'avais quelques questions d'abord et avant tout sur
le nombre d'utilisateurs mineurs que nous avons ici, au Québec. Je vous entends
sur, bon... évidemment, ce ne sont pas des données que vous avez de façon
explicite. Et maître... votre collègue ici, donc, a répondu à... partiellement
à la question que j'avais ici, ce que des intervenants, plus tôt dans nos
consultations, sont venus nous parler, donc, des trois types de données. Donc,
on a les données qui sont fournies, donc, par exemple, celles qui seraient à
travers, donc, le système de vérification. Vous avez des gens qui donnent leur
carte d'identité, et les données qui sont obtenues, donc, à travers, donc, les
autres sites que l'utilisateur, donc, peut consulter, donc, il permet, donc,
d'aller chercher de l'information, soit de votre part ou soit de la part, donc,
de vos partenaires publicitaires, des données qui sont inférées. C'est ce à
quoi vous faisiez référence, maître, donc, de dire nous dire, bien, par
exemple, donc, Instagram, donc, un jeune de 11 ans, on va être en mesure,
donc, d'inférer, donc, l'âge véritable de l'utilisateur, parce que, bon, il y a
du contenu qui est généré puis ça permet, donc, de pouvoir faire certains
liens.
Je comprends que vous, ce que vous nous
dites, c'est que, bon, au niveau des données fournies, vous n'êtes pas en
mesure de vérifier l'âge des mineurs, parce que, quand on vous fournit des
données, bien, on vous dit : Bien, nous avons 18 ans et plus. Au
niveau des données inférées, il n'y a pas de contenu qui est présenté par ceux
qui souhaitent accéder, donc, à vos sites Web pour consommer du contenu, donc
vous n'êtes pas en mesure d'avoir ces données inférées là. Mais, au niveau des
données obtenues, je pose la question ici, parce que là, vous nous dites :
On n'a pas accès à ça non plus, mais vous avez quand même des partenaires publicitaires.
Donc, au final, vous avez, selon votre modèle d'affaires, là, si je l'ai bien
compris, c'est... il y a du contenu qui est gratuit, là, ce n'est pas juste du
contenu payant, et habituellement, donc, s'il y a du contenu gratuit, c'est que
ça veut dire qu'il y a des données qui sont transmises à des partenaires
publicitaires.
M. Kilicci (Matt) : O.K.
Donc, je ne peux pas commenter sur la transmission de données. Je peux... Je
peux juste vous dire que les... ceux qui qui affichent les publicités sur nos
sites peuvent sélectionner des critères pour diriger où est-ce que leurs
publicités pour être affichées. Par exemple, ils peuvent sélectionner un pays
pour afficher une publicité, le pays, qui peut être obtenu à travers l'adresse
IP d'un individu, qui nous donne une localisation de la visite, par exemple.
Ça, c'est une information qu'on peut utiliser pour afficher par exemple une
expérience différente, une publicité, bloquer le site dans les états où
c'est... où il y a une loi qui est en vigueur. Ça, c'est un genre d'information
qu'on a. Mais, à part ça, je ne suis pas sûr à quel genre d'informations sur les
individus à laquelle vous pensez.,.
Mme Cadet : Je peux... Je ne
sais pas si votre collègue peut poursuivre. Sinon je préciserai la question.
M. Penhale (Anthony) : J'avais
juste un... juste un morceau d'information à ajouter. Vous ne serez pas surpris
d'apprendre que... très, très forte proportion de nos utilisateurs accède à nos
sites en mode incognito. Alors, on... d'une part, ça limite la quantité
d'informations qu'on obtient sur la session et la séance Web de l'utilisateur
de façon générale. Je rajouterais à ce que... à ce que mon collègue a dit,
c'est l'utilisation de l'information pour le placement ou la détermination...
17 h 30 (version non révisée)
M. Penhale (Anthony) : ...ou
une annonce pourrait être placée ou pas, il y a beaucoup plus d'informations
qui se retrouvent à même la plateforme qui est contextuelle à sa visite sur la
plateforme et non pas d'où l'utilisateur vient ou il s'en va parce qu'on n'a
pas nécessairement cette information.
M. Kilicci (Matt) : Je vais
juste ajouter une chose à ce sujet, c'est que, si quelqu'un arrive sur un autre
site, il y a quelque chose dans leur information qui est, je ne sais pas, dans
le «browser»...
M. Penhale (Anthony) : ...
M. Kilicci (Matt) : ...dans
le «browser», qui nous dirait avec... certain que c'est un enfant, par exemple — je
ne sais pas, si ça, ça existait, j'aimerais avoir la conversation avec quelqu'un
qui pense que ça, ça existe — si ça, ça existait, je pense que nous n'aurions
pas de problème à bloquer l'accès à cet individu. Ce qu'on essaie justement de
faire, c'est de mettre cette fonction avec l'appareil, comme ça, on pourrait le
savoir. Donc, on parle de mettre en place un filtre par défaut.
On parle aussi de la possibilité du
système d'exploitation et de l'appareil de communiquer avec les sites... ou l'âge
de la vue pour que les sites, justement, puissent l'utiliser et afficher une
expérience appropriée pour l'âge de l'individu. Et, dans notre cas, ce serait
si l'individu a moins de 18 ans, on n'affiche pas le site... on peut
afficher le site. Alors, si ces informations étaient disponibles dans la
visite, on l'utiliserait, mais, à ce que nous sachons, ce n'est pas quelque
chose qui est disponible dans la session, on va dire, dans la session de l'utilisateur.
M. Penhale (Anthony) : De nos
utilisateurs.
Mme Cadet : O.K., donc, si je
saisis bien, donc, finalement, au niveau des données inférées, donc, la
personne ne distribue pas, ne télécharge pas de... ne téléverse pas de contenu
en ce qui a trait, donc, à celui qui souhaite accéder au site pour le
visionner. Donc, il n'y a pas de données inférées qui sont obtenues, c'est
clair, les données fournies, ça, c'est établi, vous ne serez pas en mesure d'identifier
si la personne mineure. Mais ce que vous me dites, c'est que vous n'êtes pas en
mesure d'aller... d'obtenir des données, notamment parce que les utilisateurs,
donc, parviennent à vos sites en mode incognito, donc ce qui limite l'accès à l'information,
mais qu'autrement vous ne recueillez pas de données sur les utilisateurs afin
de les vendre à vos partenaires publicitaires.
M. Penhale (Anthony) : ...pas
de données aux partenaires publicitaires, nous permettons aux partenaires
publicitaires de cibler des campagnes de publicité sur la base d'inclusions de
termes. À titre d'exemple, on peut parler de catégories de contenu, de région,
d'heure, mais pas sur les données des utilisateurs basés individuellement.
Mme Cadet : O.K., donc pas
sur les données d'utilisateurs... Ensuite, le concept d'identité numérique, ce
que vous dites, c'est qu'aux États-Unis, malgré l'utilisation d'une identité
numérique comme Meta, 80 % des utilisateurs ont migré vers des plateformes
non conformes et sans contrôle. Vous n'êtes pas sans savoir, donc, qu'en ce
moment au Québec, on est en train, donc, de débattre dans un projet de loi sur
le numérique. D'ailleurs, la Commission d'accès à l'information, si vous
écoutiez ce matin, nous a émis quelques recommandations en ce sens. Je ne sais
pas si vous pouvez faire une certaine distinction entre le modèle qui est
utilisé dans... dans certains des États, donc, je comprends, donc, dans 19 états
différents qui auraient le modèle d'identité numérique et celui que nous
souhaitons mettre en vigueur. Oui, Me Penhale.
M. Penhale (Anthony) : ...je
crois que, dans les 19 États, sauf correction, qu'il y a une pièce d'identité
numérique qui pourrait être utilisée pour les vérifications, pour les fins de
la vérification.
M. Kilicci (Matt) : D'après
ce que je sache, c'est la seule. Je suis désolé, je ne suis pas familier avec
le modèle que vous cherchez à mettre en place au Québec. J'aimerais avoir plus
d'informations sur le modèle que vous cherchez à mettre en place au Québec, je
ne le connais pas, mais dans le cas de la Louisiane, il y avait un système de
portefeuille numérique qui a été mis en place par l'État. Je pense qu'ils l'ont
mis en place deux ans avant l'entrée en vigueur de la loi. Quand la loi est
entrée en vigueur, si je me rappelle bien, il y avait déjà à peu près 30 %
ou plus des adultes qui avaient déjà créé leur compte et mis leur... soit leur
permis de conduire ou une autre pièce d'identité dans l'application pour
vérifier leur âge sur une application sur leur téléphone ou sur appareil. Et la
façon que le système fonctionne, c'est que l'utilisateur arrive sur le site, on
génère un code qu'ils vont ensuite recevoir sur leur appareil. S'ils ont l'application,
ils confirment le code et ensuite ils peuvent entrer. Donc, c'est comme ça un
peu que ça fonctionnait avec le système numérique.
D'après moi, si je me rappelle bien
encore, c'est le seul des 19 États qui a une loi en vigueur aujourd'hui,
qui avait une identité numérique et surtout la seule qui en avait une depuis
déjà quelques années avant la mise en place de la loi. Ils ont même
spécifiquement reconnu ce système comme étant un système de vérification
applicable pour vérifier l'âge des individus, alors c'était un peu plus
planifié du côté de la Louisiane. Je ne peux pas dire la même chose pour les
autres États.
Mme Cadet : ...sur la
Louisiane, j'avais mal saisi votre introduction, mais, dans le fond, ma
question ici, sans entrer dans les détails du modèle québécois, parce qu'on...
d'une part, on n'aurait pas le temps, mais le... il n'est pas en vigueur. Mais
je veux surtout voir... Parce que, ce que j'ai saisi de votre propos, c'est que
vous trouviez, donc, ce système là... vous trouviez qu'il y avait des failles
qui vous ne permettaient pas...
Mme Cadet : ...pas de
privilégier cette optique-là, là, plutôt que ce que vous nous amenez, donc,
la... le système de vérification par appareil. Donc, c'était quoi, les failles
que vous avez identifiées qui... vous dites : Non, législateur québécois,
ne... Vous pouvez aller vers là, là, mais ce ne sera pas votre système de
vérification d'âge le plus pertinent?
M. Penhale (Anthony) : Je ne
pense pas — puis Mark pourra compléter — je ne pense pas
que c'est question d'avoir identifié des failles relativement à l'identité
numérique, mais un constat que même une méthode qui n'implique pas le transfert
d'identité... d'informations personnelles ou biométriques qui est assis sur un
système qui avait... Matt dit : près du tiers, je pense que c'est à peu
près 50 % de la population, où ça incluait les gens de 16, 17 ans, les
gens qui ont des... l'équivalent de permis de conduire d'apprenti étaient déjà
dans le système. Donc, on pouvait déjà éliminer les gens qui n'avaient pas 18
ans qui avaient une carte, qui essayaient de rentrer. Un système qui était
autrement fait pour d'autres raisons, avec une acceptabilité sociale
préexistante, 80 % des utilisateurs ont quand même... lorsqu'on leur demande
de vérifier leur âge, décident de passer à une autre étape, d'aller ailleurs.
M. Kilicci (Matt) : Donc, on
ne dit pas que ça ne peut pas contribuer à la solution. Par exemple, quand on
parle de la vérification au niveau du système d'exploitation, pour les
utilisateurs au Québec, ça peut être un ou le moyen par lequel Apple, Google et
Microsoft ont effectué la vérification de l'utilisateur sur l'appareil de
quelqu'un qui est résident du Québec, par exemple. Je peux vous dire en même
temps aussi que dans nos discussions avec la Commission européenne, eux aussi
pensent mettre en place une identité électronique, le eID, et ils nous ont dit
la même chose, ils voient une solution possible où le eID est la méthode ou une
des méthodes par lesquelles la vérification peut être faite, mais ils sont
aussi, je pense, en discussion avec comment mettre en place un écosystème qui
va fonctionner. Mais, un peu comme vous, ils ont aussi levé la proposition de
l'identité numérique pour essayer de contribuer à la solution.
• (17 h 40) •
Mme Cadet : Puis, justement,
en fait c'est un peu ma prochaine question, parce que je me demandais c'était
quoi, les enseignements que vous pourriez donc nous fournir, aux législateurs
québécois, sur les discussions que vous avez eues notamment avec l'Union
européenne. Vous avez participé à des discussions aux États-Unis et en Australie
également. Donc, je comprends qu'un des enseignements, c'est l'identité
numérique, vous venez de le mentionner. Est-ce qu'il y en a d'autres que vous
auriez pour nous, comme législateurs?
M. Kilicci (Matt) : Ce que je
pourrais faire, ce que je pourrais offrir, c'est vous faire parvenir toutes les
consultations, là, qu'on a faites ou qu'on a soumises. Je ne sais pas si ça
vous aiderait ou pas. Mais tout ce qui est public, on peut...
Mme Cadet : ...les déposer à
la commission.
M. Kilicci (Matt) : Oui. Tout
ce qui est public, on peut vous... soit vous envoyer des copies ou les liens,
et, s'il y a d'autres choses qu'on peut ajouter, je vais vérifier avec chaque
groupe pour voir qu'est-ce qu'on peut... de quoi on peut parler publiquement,
de quoi... c'est des contenus, des discussions plus confidentielles, et puis on
va essayer de vous offrir le plus qu'on peut... en Australie, au Royaume-Uni,
l'Union européenne, l'Italie, l'Espagne, en fait partout où on a participé.
M. Penhale (Anthony) : Mais
on peut tirer, et c'est ça, c'est mon expérience personnelle... Si, en tant...
Si je me mettais à la place d'un législateur, et je peux me concentrer... Bien,
si je peux... si vous me permettez un exemple, quoiqu'il puisse être boiteux,
on ne peut pas transposer notre expérience dans le monde physique linéairement
au monde virtuel qu'est l'Internet, et notre expérience au monde physique est
souvent précurseur de comment on adresse la problématique de la vérification de
l'âge au niveau de l'Internet.
Prends l'exemple de la Société des alcools
du Québec. Bon. On pourrait demander à chaque manufacturier d'alcool de
vérifier l'âge du... pardon, du consommateur au point de vente. Il est plus
facile dans ce cas-là de demander de vérifier l'âge du consommateur au point de
vente. Il n'y a pas de traces permanentes de cette vérification de l'âge là. Si
le caissier, la caissière de... me demande à moi de montrer une pièce
d'identité à chaque fois pour confirmer mon âge, Il n'y a pas de trace de ça,
puis il n'y a pas une copie qui est faite, il n'y a pas d'usurpation possible.
Il y a un contrôle qui demeure complet sur ma pièce d'identité par moi, elle
est vérifiée, elle ne va pas nulle part d'autre.
Lorsqu'on arrive dans le monde numérique,
tous ces exemples de fragmentation possibles... Je disais tantôt : On peut
essayer de le mesurer au point de départ ou à la destination. Mon constat,
c'est : si on peut arriver à regarder plus haut dans la chaîne, à l'entrée
de la journée, à travers le système Internet, de l'utilisateur au lieu de sa
destination, probablement, ça fonctionne mieux, à mon avis, c'est aussi
peut-être plus facile, l'interopérabilité entre les différentes juridictions,
si on s'entend sur une... Parce que vous, au Québec ou en Ontario, au Canada,
au New Hampshire, au Vermont, pouvez avoir une perception différente de comment
on vérifie.
Puis je reviens ici à l'exemple de la
Louisiane. Il y a beaucoup d'étudiants qui sont... qui ne sont pas résidents de
la Louisiane qui étudient à l'Université de la Louisiane. Ils n'ont pas de
permis de conduire de la Louisiane, ils ont un permis de conduire de la
Californie, Washington et l'Oregon. Ils ne peuvent pas obtenir une pièce
d'identité...
M. Penhale (Anthony) : ...numérique
en Louisiane. Alors, eux sont des utilisateurs adultes qui, pour des raisons...
qu'ils ne peuvent pas obtenir une pièce d'identité numérique louisianaise
acceptée dans le système louisianais pour les fins de la Louisiane, évidemment,
puisque c'est la seule façon de se... vérifier l'âge sur nos sites, doivent
trouver d'autres moyens pour accéder à nos sites. Alors, s'il n'y a pas une
uniformité au niveau de la législation, de ses tenants et aboutissants à
travers la multitude de juridictions dans lesquelles ça peut s'appliquer, il y
aura toujours une façon de le contourner. Et c'est l'objectif... je sais que
c'est un objectif presque impossible pour un législateur, mais d'avoir une
application universelle et uniforme le plus que possible. Quelques restrictions
de ce genre en assurent... assure l'accomplissement de son objectif qui est la
protection des mineurs.
Mme Cadet : Merci. Une autre
question ici. Parce que, dans votre modèle, donc, vous nous avez présenté un
aspect sur les jeux vidéo pour adultes, et là, bon, évidemment, je comprends
que vous n'avez pas de données sur les utilisateurs mineurs, mais vous avez
quand même, donc... vous... bien, en fait, avec votre système, donc, de
vérification pour les adultes qui atteignent... qui accèdent à vos plateformes,
dont vous êtes en mesure, donc, déterminer un peu l'âge moyen des utilisateurs
pour chacun de vos produits, là, et je me demande si, donc, l'offre de jeux
vidéo... Mais d'abord, qu'est-ce qui est différent dans l'accès à ce
service-là? Puis est-ce qu'il y a un potentiel d'attrait plus grand pour les
jeunes utilisateurs? Et donc on pourrait inférer que s'il y a des mineurs qui
accèdent à vos plateformes, même si vous vous ne le savez pas, que ça... qu'il
pourrait y avoir un potentiel d'attrait vers ce type de service.
M. Kilicci (Matt) : Alors,
c'est une plateforme qui offre aux utilisateurs de jouer à des jeux sur la
plateforme. Les jeux sont créés par des tiers qui sont vérifiés par nos
modérateurs puis affichés sur la plateforme pour... pour consommation. Les
utilisateurs peuvent jouer gratuitement ou peuvent payer pour jouer. Bien
entendu, si quelqu'un paye pour acheter quelque chose, il y a peut-être plus de
confiance que c'est un adulte, si c'est quelqu'un qui paie pour accéder à
quelque chose. Mais généralement, encore, nous ne savons pas. C'est... Nous ne
savons pas qui sont les jeunes, qui sont des adultes, on n'a pas ces
informations-là.
Mme Cadet : Je comprends que
vous avez peu d'informations, à savoir si une personne est mineure, parce qu'au
niveau des données qui sont fournies par les utilisateurs, donc vous n'avez...
en fait, il n'y a pas de données, donc, sur les personnes qui ont moins de
18 ans qui accèdent à vos plateformes. Ça, j'ai saisi ça. Mais vous, comme
entreprise, j'imagine que vous êtes en mesure, donc, d'aller chercher, donc,
des... d'inférer certaines données sur les utilisateurs qui eux parviennent aux
plateformes légalement, donc des utilisateurs de 18 ans et plus. Donc,
est-ce que vous, comme n'importe quelle autre plateforme, vous dites :
Bien là, il y a du contenu pour du 18-24, 18-35, «name it», là. Est-ce que vous
avez, donc, ce type de données là sur vos utilisateurs, et donc en mesure de
nous dire : Mais, par exemple, même si tout ce qu'on a comme informations
concerne les utilisateurs qui sont majeurs, mais les plateformes de jeux vidéo,
bien, ce qu'on est en... ce qu'on peut constater, c'est que ce sont des
utilisateurs, donc, dans une braquette d'âge, dans un intervalle d'âge entre 18
et 30 ans qui accèdent, par exemple.
M. Kilicci (Matt) : Pour
répondre, malheureusement, je ne sais pas... je ne saurais pas comment faire ce
genre d'analyse, mais c'est sûr que si quelqu'un joue à un jeu ou accède à une
pièce de contenu sur un de nos sites, il est... il est possible que cette personne-là
va... ou accède à une catégorie sur un site, une catégorie de jeux, va être
présentée d'autres options, dans le futur, dans cette catégorie de jeux aussi.
Donc, ce genre de...
M. Penhale (Anthony) : Profilage.
M. Kilicci (Matt) : ...ce
genre de profilage est possible sur la plateforme, mais je ne sais pas
comment... sur une plateforme qui est exclusivement pour les adultes, est faite
pour les adultes, je... nous ne saurons pas comment utiliser les informations
de l'utilisation pour essayer de voir quels utilisateurs sont dans quel profil
démographique.
M. Penhale (Anthony) : Mais
je peux... peut-être être un complément de réponse à... Pornhub publie ce
qu'on... ce qui est communément référé comme les Pornhub Insights, un genre de
revue annuelle. Si les membres de la commission sont intéressés, soyez
rassurés, c'est un site «safe for work», à moins que vous protecteurs
d'Internet... pas accès. Il y a une ventilation géographique, mais une
ventilation par catégorie d'âge qui est offerte dans cette publication-là. Je
ne le connais pas par cœur. Je pourrais aller le chercher puis vous faire
parvenir la ventilation pour la dernière année, mais cette information est
obtenue de... je pense, de Google Analytics. Le même exercice pourrait être
fait vraisemblablement pour nos plateformes de jeux et démontrerait, je suis à
peu près certain, une distribution, une ventilation dans les différents... qui
ressemblerait à ce qu'on peut voir sur Pornhub Insights.
Mme Cadet : Merci beaucoup. Je
reviendrai si j'ai un peu de temps. Merci. Je vais laisser la place à un
collègue.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
Mme la députée. M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci, Mme
la Présidente. Bonsoir, messieurs. Merci de vous prêter à l'exercice. On
apprécie...
M. Sainte-Croix : ...votre
présence ici aujourd'hui. Vous œuvrez pour une... corporation, pardon, à but
lucratif qui œuvre à l'échelle planétaire. Vous comprenez qu'on a plusieurs
préoccupations comme législateurs au niveau des produits que vous offrez. Je
vais m'en tenir, là, pour la législature... législation canadienne. Si on
regarde, là, concrètement, j'imagine que vous avez une idée de l'ouverture du
nombre de session annuelle sur vos plateformes par les consommateurs canadiens.
M. Kilicci (Matt) : On a
sûrement le chiffre, mais honnêtement, je ne connais pas les chiffres. Je ne
peux pas vous dire quel serait le chiffre ici.
M. Penhale (Anthony) : Écoutez,
j'y vais de mémoire, là, et je vous demanderais de ne pas me citer à titre
d'autorité là-dessus, je crois que le chiffre qui avait été avancé à... devant
le comité d'éthique du Parlement fédéral était entre 4 % et 7 %
d'utilisateurs canadiens à l'époque.
M. Sainte-Croix : Et 7 %
d'un volume annuel mondial qui pourrait ressembler à quoi, de sessions?
M. Penhale (Anthony) : Ah! je
ne connais pas le nombre... Je traduis ici le chiffre qui avait été donné à la
commission d'éthique, et dans... entre 4 % et 7 %, je pourrai le
vérifier, puis donner le chiffre plus précis. En termes de comment ça se
traduit, ça, c'est un nombre distinct d'utilisateurs ou de sessions, ça, je ne
pourrais pas vous le dire, si de mémoire, je m'en souviens.
M. Sainte-Croix : Et je
comprends qu'à travers l'ensemble des usagers, donc, de ceux et celles qui
visionnent vos contenus, vous n'êtes pas en mesure de savoir ou de nous dire
quel est le pourcentage d'utilisateurs légaux pour ce qui est du code du...
M. Kilicci (Matt) : ...à part
ceux qui ont été vérifiés avec une pièce d'identité, tels que les téléverseurs,
non.
• (17 h 50) •
M. Sainte-Croix : Vous dites
aussi qu'un des principal problème se trouve au niveau de nos lois qui sont non
adaptées ou désuètes en fonction de ce que vous qualifiez, là, de la réalité ou
du monde virtuel. Considérant le mandat de la commission, quelles seraient,
selon vous, avec aussi votre expérience... où vous offrez des produits sur
l'ensemble de la planète, où devrions-nous agir concrètement pour faire en
sorte que nos lois puissent faire en sorte de protéger nos enfants de l'accès à
vos produits?
M. Kilicci (Matt) : O.K.
Alors, je peux offrir faire quelques options. Premièrement, je pourrais même
offrir des... une construction d'une loi potentielle qui pourrait aider en
termes de guide, mais, en même temps, moi, je veux dire, ce serait une loi qui
viserait à requérir que le système d'exploitation, lorsqu'il est présent, par
exemple, au Québec, si on parle du Québec, pour les utilisateurs au Québec...
M. Penhale (Anthony) : Excuse-moi
de t'interrompre, au moment de la vente de l'appareil, à ce moment-là,
l'appareil, lorsqu'il sort de la boîte, devrait déjà avoir par défaut les
filtres.
M. Kilicci (Matt) : Une
responsabilité qui demande au système d'exploitation de faire en sorte qu'au
Québec les appareils qui sont vendus au Québec viennent équipés d'un système
qui va vérifier, qui va essayer de tenter de vérifier l'âge de l'individu à
l'activation de l'appareil. Tant est... tant que l'âge n'est pas vérifié, je
vous parlais d'un filtre de contenu, il y a un filtre pour les contenus adultes
qui est activé. On ouvre la boîte, on sort l'appareil, le filtre est activé. Ça
prend une vérification d'âge qui est faite par le système d'exploitation pour
pouvoir ensuite désactiver le filtre, sans quoi le filtre ne veut pas être
désactivé.
Cette fonctionnalité va être déployée sur,
par exemple, tous les appareils vendus, par exemple au Québec, à partir du 1ᵉʳ janvier
2026. Et, à partir de ce moment-là, avec la prochaine mise à jour fournie par
le système d'exploitation pour les appareils qui sont déjà en circulation, la
même fonctionnalité va être poussée aux appareils pour mettre à jour les
appareils, pour qu'à partir de ce moment-là le filtre s'active et demande à
l'utilisateur pour désactiver le filtre de vérifier son âge. Donc, la façon la
plus courte de l'expliquer, ce serait de cette façon-là. Si ça... si ça... de
créer comme un framework...
M. Penhale (Anthony) : Un
environnement, un écosystème... Un cadre.
M. Kilicci (Matt) : Un cadre,
un cadre de législation.
M. Sainte-Croix : Ça va,
merci.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, je pense, vous aviez une autre
question.
Mme Cadet : Oui, merci, Mme
la Présidente. On sait que, malheureusement, il se retrouve dans du matériel
sexuellement explicite aussi sur les plateformes de réseaux sociaux. Pour vous,
dans des termes, donc strictement d'entreprise, c'est de la concurrence
déloyale, mais c'est surtout illégal. Donc, je me demandais si, donc, de votre
perspective, donc, vous aviez...
Mme Cadet : ...des
mesures pour nous aider, en tant que législateurs, à contrer ce fléau-là.
M. Kilicci (Matt) : Alors,
je vais prendre la question. Alors, ce que, nous, on proposerait ces deux
parties dans une loi. Premièrement, les sites pour adultes sont... vont être,
vont être... vont être adressées par... en primaire, par le filtre qui va être
activé par défaut. À part ça, une fois que le système d'exploitation a
déterminé l'âge de l'utilisateur, le système d'exploitation rend disponible un
signal que n'importe quelle application au site Web peut venir chercher pour
savoir quel est l'âge de l'utilisateur de cet appareil. La loi exigerait donc
qu'un réseau social ou un site qui n'est pas prime... qui n'est pas...
M. Penhale (Anthony) : Principalement.
M. Kilicci (Matt) : ...principalement
visé pour les adultes et donc qui peut être bloqué par le filtre. Par exemple,
X ne va pas être bloqué par un filtre pour les adultes. Ces plateformes-là vont
être exigées de vérifier avec l'appareil quand le... quand l'utilisateur arrive
sur leur site, vérifier avec l'appareil quelle est la bande d'âge de cet utilisateur.
Si l'appareil... le système d'exploitation répond avec un signal qui dit que
cet utilisateur a plus que 10 ans ou 10 ans ou plus, X, ou Twitter,
ou Reddit peuvent afficher tout ce qu'ils veulent. Mais si le système
d'exploitation revient et dit: Ici, vous avez un utilisateur qui a moins de
13 ans, ou ici, vous avez un utilisateur qui a 16 ans...
M. Penhale (Anthony) : Ou
moins de 10 ans.
M. Kilicci (Matt) : ...à
ce moment-là, la plateforme doit être exigée à afficher un contenu qui est approprié.
Le réseau social, pardon, doit afficher un contenu qui est approprié pour un
utilisateur de cet âge. Donc ça, c'est ce que la loi exigerait des réseaux
sociaux, par exemple, ou des plateformes qui ne sont pas seulement pour les
adultes.
Mme Cadet : O.K.
Me Penhale... Penhale, pardon.
M. Penhale (Anthony) : Non,
c'est... C'est-à-dire que la seule précision que je peux apporter, ce n'est pas
tant de précision, c'est on peut... On peut donc imaginer que les réseaux
sociaux vont peut-être dire non, non, non parce que si je sais qu'il a
17 ans, 12 ans, 13 ans, 14 ans, 15 ans, maintenant, je
dois moduler mon contenu. Est-ce qu'il est conforme à mes termes et services
qui dit qu'il faut avoir 14 ans. Mais le fait est que, simplement, si on
se concentre sur le contenu adulte qui se trouve sur X, la plateforme saurait
que c'est un utilisateur qui a moins de 18 ans et par conséquent, on ne
devrait pas lui servir de contenu d'adulte, point.
M. Kilicci (Matt) : Mais...
Mais oui. Mais je pense qu'en même temps, un de vos objectifs, ce n'est pas
seulement les adultes et les mineurs, c'est aussi le contrôle d'accès aux
mineurs pour les plateformes que les mineurs peuvent utiliser. Et dans ce
contexte-là, bien entendu, les réseaux sociaux peuvent mettre plus de contrôle
parce qu'ils peuvent, avec ce système-là, connaître...
M. Penhale (Anthony) : Connaître
la bande d'âge.
M. Kilicci (Matt) : ...connaître
la bande d'âge de tous les utilisateurs au Québec si tous les appareils sont...
si les appareils sont vérifiés.
Mme Cadet : O.K. Donc,
vous y allez avec votre système de vérification par appareil, ce que vous nous
avez transmis comme recommandations un peu plus tôt. Mais ce que vous nous
dites, c'est que... donc, ces plateformes-là, donc, ne sont pas
principalement... le contenu de ces plateformes-là ne sont pas, donc,
principalement du contenu pour adultes. Donc les... La responsabilité de la
vérification d'âge reviendrait à qui exactement? Reviendrait à la plateforme ou
aux tiers qui seraient, donc, Google, Apple, etc.
M. Kilicci (Matt) : La
responsabilité de la vérification d'âge, c'est la responsabilité de l'appareil,
du système d'exploitation, et donc qui va mettre en fonction que chaque
appareil est associé à un individu qui a un certain âge. Ensuite, la validation
de l'utilisateur et le service du site, dépendamment de l'âge de l'utilisateur,
cette responsabilité, ça, c'est la responsabilité de l'application, que ce
soit... que ça soit X, ou Reddit, ou du site Web, ça peut être un autre... ça
peut être un autre... ça peut être un autre site Web. Mais les applications,
les services, les sites Web, eux, ils ont la responsabilité d'aller demander à
l'appareil quel est l'âge de cet utilisateur. Et dépendamment de cette réponse,
ils servent une expérience qui est appropriée, basée sur l'âge de cet
utilisateur. Alors ils ne vérifient pas l'âge, mais ils valident l'âge de
l'appareil de l'utilisateur sur l'appareil qui a déjà été vérifié, et ils
utilisent l'âge qui va, qui va leur être fourni pour servir l'expérience...
l'expérience adéquate.
Mme Cadet : Est-ce qu'il
me reste un peu de temps?
La Présidente (Mme Dionne) :
Il vous reste quelques minutes, Mme la députée.
Mme Cadet : Merci, Mme
la Présidente. Donc, je reprends donc, dans ce cas-là. Donc, on parlerait d'une
responsabilité partagée. Dans le cas qui vous concerne, donc, avec la solution
que vous nous avez présentée, puis c'est ce qu'on a parlé en tout début de
l'interaction avec les collègues, là, de la question de la responsabilité.
Donc, vous, quelle serait votre responsabilité à travers les mécanismes que
vous nous présentez aujourd'hui?
M. Kilicci (Matt) : Alors,
ce que... Ce que, nous, on ferait dans un premier temps, nous on accepte d'être
bloqué s'il y a un... si le filtre est activé sur l'appareil.
M. Penhale (Anthony) : Par
défaut.
M. Kilicci (Matt) : Par
défaut. On n'a pas de problème avec cette initiative, que la... que le filtre
soit activé jusqu'à ce que la personne soit vérifiée comme étant un adulte,
premièrement. Deuxièmement, on peut aussi... On peut aussi vérifier pour le
signal, juste pour être sûr. Par exemple, si quelqu'un arrive sur nos sites, on
peut quand même vérifier, même chose que les réseaux sociaux...
M. Kilicci (Matt) : ...faire
une requête à l'appareil, demander quel est l'âge de cet utilisateur. Si l'âge
revient comme étant l'âge d'un adulte, on laisse entrer, sinon on ne donne pas
accès, on ferait la même chose.
Mme Cadet : Puis peut-être
une dernière sur les contenus préjudiciables, puisqu'on... je n'en ai posé
aucune sous cet angle-là. Je pense, vous nous avez parlé d'initiatives...
d'initiatives qui sont faites au Royaume-Uni par exemple. Donc, qu'est-ce qui
nous empêcherait, nous, les législateurs québécois, de... bien, en fait,
qu'est-ce qui vous empêcherait, vous, de mettre une initiative similaire à
qu'est-ce qui était fait au Royaume-Uni, ici, au Québec, au Canada, au niveau
des personnes qui cherchaient du matériel d'abus sexuels sur les enfants?
M. Penhale (Anthony) : Bien,
c'est déjà fait, dans le sens qu'au Royaume-Uni...
M. Kilicci (Matt) : Là, je
pense que vous parlez du «online harms» dans la loi du... dans la Online safety
Act du Royaume-Uni. Donc, si quelqu'un arrive sur un de nos sites et essaie ou
tente de rechercher, avec l'utilisation de la fonction de recherche, de
rechercher du matériel qui peut... qui pourrait représenter du matériel d'abus
sexuels aux enfants, premièrement, ils ne verront pas de résultat sur le site,
deuxièmement, ils seront présentés avec un message qui leur dit que leur
recherche n'est pas appropriée et qu'elle pourrait... elle pourrait être pour
du matériel illégal. On dit «pourrait» parce qu'on ne peut pas toujours savoir
exactement ce qu'ils recherchent, parfois ça peut être un accident. Mais on
leur dit : Votre recherche pourrait être pour du matériel d'abus sexuels,
non seulement vous ne trouverez pas ici, mais en même temps, si vous avez
des... si vous avez besoin d'aide avec vos pensées, vous pouvez communiquer
avec cet organisme, Parler pour changer dans le cas dans le cas du Canada. Si
vous allez sur un de nos sites et vous faites une recherche qui pourrait être
pour du matériel d'abus, c'est... vous verrez dans le message, sinon je peux
vous envoie une photo, c'est peut-être plus facile, mais je vous enverrai une
photo de l'image, c'est en anglais, en français, avec le lien Parler pour
changer. Mais c'est comme ça qu'on a...
Mme Cadet : Bien, ce que vous
nous avez présenté dans la diapositive en fait.
M. Kilicci (Matt) : Oui, oui.
Mme Cadet : O.K. Donc, ça,
c'est ce qui est applicable ici, au Québec, en ce moment.
• (18 heures) •
M. Kilicci (Matt) : Oui, ça,
c'est... Le Parler pour changer, c'est le message dans tout le Canada, on
l'affiche en anglais et en français, parce qu'ils ont aussi un nom anglais,
Parler pour... Talking for Change. On affiche les deux messages en français, en
anglais à travers tout le Canada. Et ça varie dans chaque pays. C'est différent
aux États-Unis, c'est différent au Royaume-Uni. Le robot conversationnel que je
vous ai expliqué, c'était seulement au Royaume-Uni, parce que c'est une
entreprise de services qui est fournissait seulement le service seulement au
Royaume-Uni, par exemple. Mais, si quelqu'un veut faire ce test au Québec, on
serait ouverts à le faire aussi, un test de robot conversationnel sur nos pages
de dissuasion, par exemple, au Québec. Nous inviterons l'opportunité de faire
ça au Québec aussi, par exemple.
Mme Cadet : D'accord. Merci
beaucoup, messieurs.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Alors, merci... Oui, vous vouliez rajouter
quelque chose? Le son.
M. Penhale (Anthony) : ...il
y a un lien à la déclaration d'ICMEC, sur la page Web de ICMEC. Pour les
personnes qui seraient intéressées à voir une forme de législation ou une
suggestion d'utilisation, il y a un projet de loi aussi déjà écrit. Il faudra
l'adapter au droit civil, bien entendu, parce que ça a été fait avec un concept
américain en tête, je crois. Mais, pour répondre aux questions plus tôt de Mme
la députée Bourassa-Sauvé, il y a... il y a déjà une forme de projet de
législation qui peut être consulté par les membres de la commission.
La Présidente (Mme Dionne) : Est-e
que c'est possible de nous le déposer à la commission au bénéfice de tous les
membres?
Une voix : Si.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci
beaucoup. C'est ce qui met fin à nos échanges. Merci pour votre contribution
aux travaux de la commission. Alors, juste avant de conclure les auditions, je
souhaiterais céder la parole à M. le député de Gaspé.
M. Sainte-Croix : Merci, Mme
la Présidente. J'aimerais profiter de cette fin de session de notre commission
pour déposer officiellement un mémoire des élèves de l'école de C.-E.-Pouliot,
de Gaspé, des élèves du quatrième secondaire, et de l'école Esdras-Minville, de
Grande-Vallée, qui ont profité de cette commission-là pour, à l'école,
réfléchir sur la question des écrans, sur la question de l'usage des impacts à
travers la vie quotidienne à l'école, mais aussi, bien évidemment aussi, dans
un cadre plus familial.
J'ai eu la chance de rencontrer, moi, ces
jeunes-là lors de la fin de la session, donc, au mois de décembre, je suis
allé, comme toutes et tous mes collègues, en comté. Puis j'ai eu une belle
session de travail avec nos jeunes. On a parlé, bien évidemment, de la commission,
de son mandat, mais, plus largement aussi, de quel est notre rôle comme député,
la vie démocratique au Québec, dans les écoles aussi. Et puis j'ai eu le
bonheur de recevoir un mémoire signé par l'ensemble de nos jeunes, et puis on
m'a demandé si je pouvais procéder, en leur nom, à ce dépôt aujourd'hui, et
puis... bien, je crois que c'est prévu, la procédure. Donc, je suis très fier,
aujourd'hui, au nom de nos jeunes, de procéder à ce dépôt.
La Présidente (Mme Dionne) : Merci,
M. le député. Donc, je procède officiellement au dépôt de ce mémoire ainsi qu'à
tous les mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été entendus lors
des auditions publiques.
Donc...
18 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Dionne) : ...ça
met fin à cette séance. J'ajourne les travaux jusqu'au mercredi 12 février,
7 h 30, où on se réunira en séance de travail. Merci à tous et bonne
soirée.
(Fin de la séance à 18 h 04)