Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission spéciale des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des professions
et autres projets de loi connexes
Séance du lundi 12 mars 1973
(Quinze heures quatorze minutes)
M. BLANK (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Maintenant, nous avons quorum, nous sommes douze. Il y a des
changements. M. Roy (Beauce) remplace M. Bois. M. Houde (Fabre) remplace M.
Coiteux. M. Houde (Limoilou) remplace M. Fortier. M. Cornellier remplace M.
Saint-Germain et M. Lafrance remplace M. Théberge. Je pense que le
ministre a quelques mots à dire avant de commencer.
M. ROY (Beauce): M. le Président, quels sont les noms des autres
membres de la commission?
LE PRESIDENT (M. Blank): Tous les noms? Moi, je suis président,
M. Bienvenue, M. Roy (Beauce), M. Boivin, M. Burns, M. Castonguay, M. Cloutier
(Montmagny), M. Houde (Fabre), M. Houde (Limoilou), M. Faucher, M. Guay, M.
Kennedy, M. Lacroix, M. Lamontagne, M. Laurin, M. Lavoie (Wolfe), M. Leduc, M.
Masse (Montcalm), M. Paul, M. Perreault, M. Cornellier, M. Lafrance et M.
Vézina.
M. PAUL: M. le Président, si je comprends bien, la liste que vous
venez de nous donner, c'est pour la séance d'aujourd'hui?
LE PRESIDENT (M. Blank): Pour aujourd'hui, oui.
On peut avoir une copie de la liste permanente du secrétaire,
pour le député de Beauce.
Le ministre des Affaires sociales
Quatre projets de loi non adoptés
M. CASTONGUAY: M. le Président, avant de commencer
l'étude, article par article, du projet de loi 250, il semble qu'il y a
une certaine crainte, étant donné que nous commençons,
aujourd'hui, l'étude article par article du projet de loi 250, que
ça puisse être une indication que le gouvernement n'a pas
l'intention de procéder avec les projets de loi relatifs aux
denturologistes, aux chiropraticiens, aux podiatres et aux
audio-prothésistes. C'est sur cette question que j'aimerais faire un
bref commentaire pour dire, en premier lieu, que je n'ai pas participé
aux discussions entre les leaders des partis â la Chambre. Toutefois, M.
Lévesque, leader du gouvernement, a fait part de plaintes qu'il aurait
reçues des députés parce que l'Assemblée a
siégé lundi dernier, ce qui leur créait des
problèmes, compte tenu du fait qu'ils font généralement du
bureau dans leur comté.
Au lieu de faire siéger l'Assemblée nationale aujourd'hui,
il a proposé que ce ne soit que la commission qui siège afin de
ne pas retarder le travail d'adoption de toutes les lois, incluant les quatre
que j'ai mentionnées, pour que nous passions à l'étude,
article par article, du projet de loi 250.
Je voudrais aussi mentionner que nous avons mobilisé, dans une
certaine mesure, l'Assemblée nationale depuis trois semaines avec ces
projets de loi, de façon assez intensive. Ce qui indique à la
fois le désir du gouvernement de faire le tour de l'ensemble de ces
lois. Cela a aussi eu pour effet de faire en sorte que très peu d'autres
législations puissent être présentées.
Quant aux quatre corporations, denturologistes, chiropraticiens,
podiatres, audio-prothésistes, il est clair qu'il y a un
problème. On a démontré de façon très
évidente, au moment des travaux de la commission parlementaire, que ces
gens exercent présentement leur profession dans une situation anormale,
c'est-à-dire dans l'illégalité et qu'il est
nécessaire de les reconnaître afin qu'ils soient constitués
en corporations.
A ce sujet, je peux vous donner ma garantie qu'il n'est pas question de
revenir et de remettre en cause le principe, quant au gouvernement, de la
constitution en corporations de ces groupes. Je voulais mentionner cela au
début de la séance, étant donné, si nous
siégeons cet après-midi et ce soir, la possibilité de
faire un travail valable sur l'étude article par article du projet de
loi 250; je ne voudrais en aucune façon, que cela soit
considéré comme étant un changement d'attitude de la part
du gouvernement quant à la nécessité de reconnaître
et de former en corporations les quatre groupes pour lesquels nous n'avons pas
abordé l'étude des projets de loi.
Je dois aussi ajouter que je comprends l'inquiétude de ces
groupements. Dans certains cas, ça fait très longtemps qu'ils
demandent d'être reconnus en corporations professionnelles. Dans un cas,
notamment, un projet de loi a été déposé en Chambre
à deux reprises à leur endroit et ce projet de loi n'a pas
franchi l'étape de la première lecture.
Je comprends leur crainte, leur inquiétude.
C'est pourquoi, dès vendredi, lorsqu'on m'a fait part du fait que
l'annonce d'une séance de la commission parlementaire pour aujourd'hui
pouvait soulever ce genre d'inquiétudes, j'ai tenu à
émettre un bref communiqué confirmant que c'était toujours
l'intention du gouvernement de procéder à l'étude de ces
quatre projets de loi.
J'espère, M. le Président, que ces garanties que je donne
au nom du gouvernement, et non pas en mon nom personnel, seront de nature
à rendre possible, aujourd'hui, l'étude article par article du
projet de loi 250. Je rappelle qu'il est
nécessaire dans chaque cas de corporation professionnelle, pour
qu'elle soit constituée, que nous adoptions à la fois les projets
de loi particuliers et le projet de loi 250 parce que chacun des 22 projets de
loi est incomplet si le projet de loi 250 n'est pas adopté.
C'était le bref commentaire que je voulais faire au début
de cette séance. Si les explications ou les garanties que je donne ne
sont pas suffisantes, il me fera plaisir de tenter de répondre aux
questions que pourraient avoir les membres de cette commission.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, le ministre essaie de nous rassurer
relativement aux professions dont les projets de loi particuliers sont
jusqu'à un certain point restés en plan. Il nous dit que cela
n'est pas l'intention du gouvernement de ne pas les adopter ou de les laisser
lettres mortes. Cependant, il a fait référence à des
discussions qui pouvaient avoir eu lieu entre les leaders parlementaires et je
m'aperçois que, justement à cette table, il y a trois des quatre
leaders parlementaires. Le député de Maskinongé, pour
l'Union Nationale; le député de Beau-ce, pour le Ralliement
créditiste et moi-même, pour le Parti québécois. Je
pense que mes deux collègues, leaders parlementaires, seront unanimes
avec moi pour vous dire que la connaissance que nous avons des travaux de la
Chambre, cette semaine, est à l'effet qu'il n'est pas question de
revenir dès demain, à moins qu'un changement soit survenu en
cours de route ou durant la fin de semaine, avec les projets de loi des quelque
quatre professions qui ne sont pas adoptés, les professions nouvelles.
D'autre part, il semble encore une fois, ce n'est pas à moi de le
dire puisque je ne suis pas leader parlementaire du gouvernement que le
gouvernement veuille, dans les plus brefs délais, proroger la session
on parlait même de cette semaine pour en commencer une
autre. Voici le problème que je me pose.
Si ces quatre professions restent avec la patte en l'air, relativement
à leur projet de loi, on sait qu'il y a de fortes chances que ce ne soit
pas avec cela qu'on recommence la prochaine session.
D'autre part, je me demande où est la logique d'étudier le
projet de loi-cadre sans savoir ce qui va être complètement
intégré dans ce cadre. Vous allez me dire que c'est seulement le
principe de l'adoption des projets de loi, de ceux qui ne sont pas
adoptés et qui restent à discuter.
Moi, je suis bien intéressé à ce que le plut
tôt possible on sache ce qui va être inclus en ce cadre qui
s'appelle le projet de loi 250. Même si le ministre tente de nous enlever
nos inquiétudes, j'en garde un certain nombre. Je me dis qu'il y a
quelques lois qui pourraient être intégrées dans le projet
de loi no 250, peut-être pas intégrées comme telles mais
qui pourraient être régies par les grandes lignes du projet de loi
250.
J'aimerais bien, quand on aura à discuter de l'ensemble de ce
projet, que l'on puisse savoir ce que cela va inclure. Ma suggestion n'est pas
de laisser de côté l'étude, article par article, du nroiet
de loi 250. Pas du tout, loin de là. Je suggère, bien au
contraire, que l'on tente d'avancer, un peu comme le ministre nous l'a dit
tantôt, dans l'étude du projet de loi 250. Je voudrais que l'on me
rassure sur le moment où l'on étudiera les projets de loi qui
restent actuellement à être soumis à la deuxième
lecture. C'est un peu la nature de ma question posée au ministre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le ministre peut répondre à cette
question.
M. ROY (Beauce): M. le Président, avant que le ministre ne
réponde, nous aurions des observations à faire sur ce que le
ministre a déclaré tout à l'heure. Je pense qu'avant de
s'engager dans des questions et des réponses on devrait permettre
à l'honorable député de Dorchester...
LE PRESIDENT (M. Blank): Je ne veux empêcher personne de parler,
même si cette discussion est illégale dans une étude
article par article. Après l'article no 1, vous pourrez avoir une
discussion générale.
M. BURNS: Un instant, M. le Président, ne nous charriez pas! Le
ministre peut faire une déclaration, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord.
M. BURNS: Je ne veux pas me lancer dans une polémique avec vous,
M. le Président, je veux tout simplement dire que le ministre
débute en nous énonçant un certain état de fait. Je
pense que c'est bien normal pour mes deux autres collègues de
l'Opposition de poser certaines questions à ce sujet.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je demande au député de
Maisonneuve...
M. BURNS: Ne nous dites pas que ce que l'on fait est illégal.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je dis que même la déclaration du
ministre est illégale.
M. BURNS: Pourquoi l'avez-vous permise d'abord? Pourquoi ne l'avez-vous
pas dit avant que le ministre la fasse que c'était illégal?
LE PRESIDENT (M. Blank): Parce que nous sommes ici pour donner la parole
à tout le monde, si c'est possible.
M. BURNS: Oui, oui, d'accord. Mais ne
venez pas nous dire que lorsqu'on intervient sur une intervention du
ministre c'est illégal.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je ne dis pas que c'était seulement la
vôtre qui était illégale, j'ai dit que toute la discussion
était illégale.
M. BURNS: C'est drôle, par exemple, que vous attendiez que je
parle pour dire que c'est illégal.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, j'aurais des remarques à faire
sur la déclaration du ministre des Affaires sociales,
déclarations quelque peu rassurantes. Tout d'abord, vous conviendrez que
la commission est maîtresse de sa procédure et c'est à
l'unanimité que nous avons accepté les remarques, très
appropriées dans les circonstances, du ministre des Affaires sociales,
ce qui calmera quelque peu votre souci et et votre scrupule de bon aloi de
garder une certaine logique dans l'étude de ce projet de loi. J'abonde
dans le sens des remarques de mon collègue, le député de
Maisonneuve, à l'effet que les quatre lois dont a parlé le
ministre cet après-midi soient étudiées avant la
prorogation de la présente session. Nous avons été surpris
vendredi après-midi, d'apprendre que le gouvernement avait l'intention
de retarder quelque peu l'étude des principes de ces lois. Cet
après-midi, le ministre nous donne les raisons pour lesquelles il a cru
bon de retarder l'adoption de ces lois à une période
ultérieure de nos travaux de cette session ou de la prochaine
session.
Pour ce qui est de la prochaine session, je crains. Tout d'abord, nous
serons saisis au tout début du discours inaugural qui va prendre 25
heures. Ensuite, nous aurons l'étude des crédits. Habituellement,
il est reconnu que, dans la première partie de la session, les lois sont
très peu nombreuses de la part du gouvernement. Ce n'est pas un
reproche, c'est depuis toujours une habitude administrative et
législative.
Je me demande quelle différence il y aurait pour le gouvernement
de proroger la session si nécessaire que vendredi ou jeudi, plutôt
que de la proroger mercredi pour en commencer une nouvelle jeudi. Si nous
voulons procéder avec logique, dans le cadre de l'étude de la loi
250, je crois que nous aurions besoin de savoir quelles seront les corporations
qui seront affectées dans leur modus vivendi par les dispositions de la
loi 250. Je me permets, dans les circonstances, d'inviter le ministre des
Affaires sociales à consulter le leader du gouvernement pour envisager
la possibilité de présenter ces quatre lois qui sont,
semble-t-il, laissées en plan, pour d'abord nous permettre de calmer
l'inquiétude de ceux qui oeuvrent dans ces corporations professionnelles
et pour garder aussi une certaine logique dans l'étude de la loi 250,
article par article.
M. le Président, tout à l'heure, j'aurai d'autres
remarques à faire sur le projet de loi no 250, après que mon
collègue, le député de Beauce ou celui de Dorchester, aura
exposé son point de vue quant à la déclaration du ministre
pour ce qui a trait aux corporations professionnelles dont les lois n'ont pas
été appelées en deuxième lecture. Avant de
commencer l'étude, article par article, du projet de loi no 250, j'aurai
certaines déclarations de principe à faire, d'abord pour orienter
le ministre quant à l'attitude que nous allons prendre, nous,
députés de l'Union Nationale et pour prévoir, en quelque
sorte, les amendements que nous aurons l'occasion d'étudier au fur et
à mesure que nous progresserons dans l'étude du projet de loi no
250. Je vous remercie.
Motion d'ajournement
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je dois dire que l'histoire a
commencé au moment où le gouvernement a annoncé son
intention de reformuler le modus vivendi des professions.
Au moment de cette annonce, on a indiqué qu'il était temps
de voir clair dans les professions et ainsi de se coller à la
réalité. Ce qui implique, d'après nous, de
légaliser certaines professions ainsi que certains actes posés
à l'intérieur d'une profession donnée, tenant compte, bien
sûr, de la réalité.
Pour ce faire, le gouvernement ouvre toutes grandes les portes aux
professions et groupes intéressés par ce sujet, pour obtenir
leurs opinions et craintes, leurs objectifs et recommandations. Le tout
s'annonce sous le signe de l'objectivité. Voilà que les
professions ou groupes intéressés étudient
sérieusement la possibilité de se faire entendre par la
commission parlementaire créée à cette fin.
On demande à des spécialistes d'étudier leurs
dossiers. On fait des relevés. En somme, on investit beaucoup d'argent
dans cette affaire car on croit qu'enfin on pourra, par une loi juste,
correspondant à la réalité, mettre un terme à
certains anachronismes et aussi se tourner vers l'avenir sans crainte
d'être embarrassé par des lois vieillottes.
Effectivement, ces groupes intéressés se font entendre.
Les membres de la commission parlementaire semblent, tout au moins, les prendre
au sérieux. On les interroge, on discute. Puis vient l'étude en
deuxième lecture de ces projets de loi proposés. Par entente
entre leaders parlementaires, on décide de faire l'étude de tous
les projets de loi en deuxième lecture afin de les déférer
en commission élue pour l'étude article par article.
Dans la logique des choses, il est normal, à ce moment, que les
partis de l'Opposition s'attendent à étudier tous les projets de
loi présentés en première lecture et qui, par
surcroît, ont fait l'objet d'études et de représentations
en com-
mission parlementaire, lors de l'audition des mémoires.
Mais voilà que le gouvernement nous annonce son intention de ne
pas étudier en deuxième lecture les projets de loi concernant
quatre groupes intéressés qui ont comparu devant la commission
parlementaire, soit les chiroprati-ciens, les denturologistes, les podiatres et
les audio-prothésistes. Les membres de l'Opposition en sont
restés estomaqués, bouche bée. Pourquoi cette
décision pour le moins surprenante? Serait-ce dans le but de faire de
l'électoralisme?
Est-ce que l'étude de ces projets de loi entre dans le cadre de
la stratégie électorale de M. Desrochers? Ou encore, est-ce que
le gouvernement a dû, lors du "lobbying" qui s'est effectué
à un rythme effarant concernant ces projets de loi, céder devant
les menaces de certaines professions qui veulent conserver leur chasse
gardée?
De toute façon, cette décision du parti actuellement au
pouvoir constitue, à notre avis, une injustice flagrante envers la
population et aussi envers les groupes intéressés. D'autant plus
qu'il s'agit de groupes qui demandent à être reconnus comme
professionnels et auxquels on a laissé croire, dans un geste
présumément magnanime, à une objectivité totale.
Une injustice qui va se perpétuer parce que la population sera la
première victime de cette attitude très arbitraire du
gouvernement actuel.
Les groupes intéressés par ces projets de loi, qui n'ont
pas été étudiés en deuxième lecture, ont
droit au chapitre. Nous devons, en tant que parti politique responsable,
dénoncer cette attitude mesquine du Parti libéral au pouvoir et
nous, du Ralliement créditiste, crions notre indignation devant une
telle décision, qui constitue encore une grossière erreur de la
part du gouvernement.
Nous réclamons que les projets de loi des groupes
concernés, soit les quatre groupes, soient étudiés
immédiatement en deuxième lecture pour enfin rendre justice
à ces groupes. Nous vous avertissons que nous refuserons de prendre part
de quelque façon que ce soit à ces petites manigances du parti
actuellement au pouvoir, en refusant de considérer ces quatre groupes
intéressés comme faisant partie des groupes professionnels de
notre société.
M. le Président, comme les garanties que nous a données le
ministre des Affaires sociales ne sont pas suffisantes, en vertu de notre
règlement, je propose l'ajournement des travaux de la commission.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur la motion d'ajournement, je
me permets d'ajouter quelque chose. J'aimerais dire, à la suite des deux
autres leaders et des deux partis de l'Opposition, qu'après avoir
écouté l'intervention de l'honorable ministre des Affaires
sociales, tout à l'heure, j'avais cru que le ministre nous donnerait des
dates précises ou du moins nous donnerait plus d'indications sur les
dates limites des quatre corporations professionnelles concernées pour
faire étudier leurs projets de loi en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale. Or, j'avais pris connaissance de la
déclaration du ministre, du communiqué de presse qu'il a
émis en fin de semaine. Le ministre semblait alors vouloir garantir que
les quatre corporations professsionnelles seraient reconnues et que la loi
serait étudiée en deuxième lecture. Mais il n'avait pas
mentionné, dans son communiqué de presse, quand ceci aurait lieu.
Aujourd'hui, j'ai écouté avec beaucoup d'attention la
déclaration de l'honorable ministre et je n'en ai pas appris
davantage.
En nous basant sur les travaux parlementaires actuellement en cours.
Nous savons que nous sommes à la fin d'une session qui,
inévitablement, sera ajournée dès cette semaine, que nous
entreprendrons immédiatement une nouvelle session et qu'une nouvelle
session comporte des dispositions ou une réglementation qui
délimitent en quelque sorte les travaux de la Chambre, à savoir
qu'il faut d'abord procéder au discours inaugural, qui prend environ une
dizaine de jours. Il y aura immédiatement après le discours du
budget et l'adoption des crédits dans toutes les commissions
parlementaires concernées. Il y aura de plus, comme le ministre l'a dit,
toutes sortes d'autres lois qui seront déposées par le leader du
gouvernement.
Ceci nous porte à croire, M. le Président et
j'aimerais me tromper à ce moment-ci que ces quatre projets de
loi n'auraient aucune possibilité d'être étudiés
avant la fin mai, le début de juin, si on en juge à peu
près par le travail que nous aurons à faire. Est-ce à
dire, M. le Président, que le projet de loi 250 sera accepté par
la commission élue, sera accepté en troisième lecture et
que d'autres projets de loi des corporations professionnelles seront
également acceptés en commission élue ainsi qu'en
troisième lecture, avant que les projets de loi concernant ces quatre
corporations professionnelles puissent être étudiés devant
l'Assemblée nationale?
M. le Président, nous nous posons des questions. Nous savons que
la population se pose des questions également et que les quatre
corporations professionnelles qui sont directement impliquées et qui ont
accepté, comme vient de le dire si bien mon collègue, l'honorable
député de Dorchester, l'invitation que le gouvernement avait
faite de présenter des mémoires, qui ont accepté
d'investir beaucoup d'argent pour leur reconnaissance professionnelle, se
trouvent le bec à l'eau et sans savoir où elles vont et ce que
demain leur apportera?
M. le Président, nous nous étions clairement entendus. Je
me réfère d'ailleurs à une question posée par
l'honorable député de Montmagny, le jeudi 22 février: "M.
Cloutier (Montmagny): M. le Président, ma question s'adresse au leader
parlementaire ou au ministre des Affaires sociales. Suite à
l'étude du projet de loi 250, de quelle façon allons-nous
procéder pour l'étude des 21 autres lois spécifiques
concernant chacune des professions? La question nous est posée par les
corporations professionnelles qui voudraient suivre de très près
les discussions de la Chambre. "M. Levesque: Nous avons l'intention de proposer
à la Chambre les projets de loi en question, à la suite les uns
des autres, quant à l'adoption en deuxième lecture. A la suite de
l'adoption en deuxième lecture de chacun de ces projets de loi, nous
avons l'intention de proposer à la Chambre qu'ils soient
déférés à la commission spéciale des
professions pour étude article par article."
Or, le leader du Parti québécois M. Burns a dit: "M.
Burns: Un instant, M. le Président, sur ce point. Selon l'ordre de
présentation, est-ce que ce sera par numéro de projet de loi ou
par groupe que vous voulez présenter les projets de loi en
deuxième lecture? "M. Levesque: II est possible que ce soit par groupe
de projets de loi, mais nous avons l'intention et remarquez bien
de procéder à la deuxième lecture de tous et chacun des
projets de loi. Il est possible, étant donné qu'il y a en plus du
ministre des Affaires sociales, le ministre de la Justice et le ministre de
l'Industrie et du Commerce qui parrainent certains projets de loi, que nous en
fassions une distribution particulière."
Or, c'est ce qui a été entendu. Nous avons eu l'occasion
d'en discuter lorsque nous nous sommes rencontrés, les leaders
parlementaires; il a toujours été entendu que les 21 projets de
loi seraient proposés en deuxième lecture devant
l'Assemblée nationale, avant que nous retournions à la commission
parlementaire pour étudier le code des professions bill 250 et toutes
les autres lois qui s'y rattachent.
M. le Président, nous avons appris en fin de semaine par le
leader parlementaire adjoint, M. Bienvenue, qu'on avait proposé
l'ajournement de la Chambre. Je cite le journal des Débats. "M.
Bienvenue: M. le Président, lundi, comme les membres de la Chambre le
savent, au Salon rouge, à 15 heures, la commission parlementaire sur les
corporations professionnelles siégera, de même qu'à 8
heures, c'est-à-dire 20 heures, pour étudier les bills 250 et
suivants, s'il y a place pour les suivants. La Chambre étudiera, mardi
à 10 heures, dans l'ordre suivant les projets de loi sur la
Législature, l'Exécutif, le bill 282 modifiant la Loi de
l'instruction publique et la motion relativement à l'adoption du nouveau
règlement."
Le leader du gouvernement aurait pu nous dire que c'était pour
faire avancer les travaux de la Chambre, ou pour les raisons invoquées
par le ministre tout à l'heure. Même si nous comprenons que les
députés aiment mieux faire du bureau dans leur comté le
lundi, parce que ça fait partie de leur travail, nous aurions
procédé. Nous aurions commencé par étudier le
projet de loi 250 pour que nous revenions devant l'Assemblée nationale
mardi à 11 heures, après la période des questions,
reprendre l'étude des quatre projets de loi concernant les quatre autres
corporations professionnelles. En ce qui nous concerne, nous n'aurions fait
aucune remarque, nous n'aurions même pas fait d'intervention à ce
sujet.
Mais voici ce que le ministre nous a répondu à la suite
d'une question additionnelle que j'ai posée. "M. Roy (Beauce) M. le
Président, est-ce que je pourrais poser une question au leader? Est-ce
qu'on pourrait me dire si on doit effectivement reprendre tous les autres
projets qui sont inscrits ayant trait au code des professions? Il en reste
encore plusieurs à discuter. Est-ce qu'on pourrait savoir si, avant la
prorogation de nos travaux à l'Assemblée nationale, tous les
projets de lois inscrits au feuilleton vont être débattus en
deuxième lecture ou si le gouvernement en garde quelques-uns pour la
prochaine session? Si oui, quels sont-ils? "
Le ministre a répondu: "M. le Président, si je puis
répondre à cette question, les projets de loi qui restent sont au
nombre de quatre. Il s'agit de la constitution de nouvelles corporations
professionnelles. Alors, avant de passer à l'étude de la
constitution possible et le ministre a bien pris soin d'ajouter le mot
"possible" de nouvelles corporations professionnelles, il nous parait
plus sage maintenant de poursuivre le travail sur le code des professions,
c'est-à-dire d'étudier le cadre avant de penser à ajouter
d'autres éléments à ce cadre. "Alors, pour répondre
à la question du député, tout dépend du rythme avec
lequel nous procéderons quant à l'étude article par
article du code des professions."
M. le Président, je m'excuse auprès des honorables membres
de cette commission parlementaire, mais ça m'a étrangement
rappelé les menaces constantes dont nous avons fait l'objet, du
côté de l'Opposition, lors de l'étude du fameux projet de
loi concernant le syndicalisme agricole. Nous devions, de toute urgence,
adopter d'autres projets de loi pour que ce projet de loi soit discuté,
sachant fort bien que tous les agriculteurs du Québec faisaient beaucoup
de pression sur leurs députés, de quelque comté que ce
soit.
A ce moment-là, le gouvernement a passé son temps à
nous dire: Adoptez les autres projets de loi, dépêchez-vous,
arrêtez de faire de l'obstruction et, à ce moment-là, nous
procéderons.
M. le Président, il y a toutes ces considérations et le
fait que le ministre ne nous a donné aucune indication aujourd'hui
concernant la date précise à laquelle le cas des quatre
corporations professionnelles sera discuté. De plus, il y a des rumeurs
d'élections. Je comprends que ce n'est pas le ministre qui va
décider mais nous
savons tous fort bien, tout le monde en parle à l'heure actuelle,
qu'il y a des rumeurs d'élections.
Donc, il est possible que ces quatre corporations professionnelles
soient encore reportées aux calendes grecques et qu'elles soient encore
obligées d'attendre pendant des années et des années alors
que certaines d'entre elles, à l'heure actuelle, connaissent
d'énormes difficultés face à des problèmes dont le
ministre a été informé.
Pour toutes ces considérations, je crois qu'il est de mon devoir
d'appuyer la motion de l'honorable député de Dorchester et de
proposer que la commission ajourne ses travaux jusqu'à ce que les quatre
projets de loi soient adoptés à l'Assemblée nationale en
deuxième lecture, tout comme il avait été entendu et tout
comme le leader du gouvernement nous en avait donné l'assurance.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, sur la motion proposée par le
député de Dorchester, je dois rappeler aux collègues que
le député de Dorchester et les membres de son parti sont logiques
avec eux-mêmes. Lorsqu'il s'est agi de voter en deuxième lecture
sur le projet de loi 250, le Ralliement créditiste a voté
contre...
UNE VOIX: C'est vrai.
M. PAUL: ... la loi 250. Il va de soi que est après-midi, puisque
nous amorçons l'étude article par article de loi 250, le
Ralliement créditiste demeure encore contre toute étape
progressive dans l'étude de cette loi.
La motion du député de Dorchester, à mon point de
vue, est prématurée. Prématurée, dans ce sens que
nous ne pouvons être assurés, du moins pour le moment, que le
gouvernement n'ira pas de l'avant avec les quatre projets de loi, parce qu'il
n'a jamais été question, lors de l'ajournement de vendredi, que
l'Assemblée nationale serait prorogée mardi soir. Il est possible
que nous continuions à siéger mercredi, jeudi et vendredi, dans
cette session plutôt que de commencer une nouvelle session. Et si le
ministre nous a invités à travailler cet après-midi
à l'étude du projet de loi 250, article par article, c'est
beaucoup plus pour faire des travaux de déblaiement pour que nous
puissions nous attaquer à l'article 1 qui sera assez long à cause
des nombreuses définitions qu'on y retrouve. Conclure
immédiatement à la suite de la déclaration qui a
été faite par le ministre cet après-midi que le
gouvernement n'a pas l'intention de procéder à l'étude en
deuxième lecture de la loi de la chiropraxie, de la denturologie, de la
podiatrie et des audio-prothésistes, je dis que c'est conclure trop
tôt à une décision arrêtée de la part du
gouvernement. Il sera toujours temps de faire la lutte appropriée pour
rappeler au gouvernement ses engagements. Personnellement, je ne vois pas en
quoi on peut causer préjudice aux membres de ces corporations
professionnelles qui attendent une existence légale. Je ne vois pas
pourquoi nous ne pourrions pas quand même commencer l'étude en
commission élue du projet de loi 250 tout en retenant, cependant, les
remarques du député de Beauce qui nous a rappelé les
déclarations qui furent faites vendredi à l'occasion de
l'ajournement de la Chambre.
Parce qu'il nous faut procéder, il nous faut
nécessairement commencer l'étude de la loi 250 et parce que le
début de la loi 250 n'est pas un arrêt ou un ban sur la
possibilité d'étudier dans le cours de la semaine la
deuxième lecture de ces quatre autres lois, personnellement, je crois,
après avoir consulté mon collègue, le député
de Montmagny, que nous allons voter contre la motion du député de
Dorchester parce que cette motion, à notre humble point de vue, est pour
le moins prématurée et que cela ne cause en rien une étape
progressive et intelligente des travaux de notre commission dans l'étude
de la loi 250.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Lotbinière,
avec la permission de la commission.
M. BELAND: M. le Président, sur la motion que vient de
présenter mon collègue, l'honorable député de
Dorchester, il me semble que je ne peux réellement pas laisser passer
sous silence certains faits. Je veux tâcher d'éveiller l'honorable
ministre à certaines situations qui existent et qui ont tendance
à s'aggraver.
Il est bien clair que l'honorable ministre, aujourd'hui, veut commencer,
d'une façon progressive, à étudier, article par article,
le projet de loi 250. Mais, étant donné la situation dans
laquelle le gouvernement nous a placés vendredi, en Chambre, on ne peut
réellement pas passer sous silence le fait que, présentement,
cela engendre une espèce de ségrégation au sein des
différentes disciplines, c'est-à-dire entre celles qui ont pu
être discutées en deuxième lecture en Chambre et celles qui
sont restées en plan, qui ont été
énumérées tantôt. Le député de Beauce
nous a rappelé tantôt l'état de fait qui a existé
lors de l'étude du projet de loi 48, Loi de l'évaluation
foncière municipale, avec laquelle on a joué au troc avec nous,
concernant le fameux projet de loi 64, Loi du syndicalisme agricole. Je pense
qu'il avait parfaitement raison. Aujourd'hui, on constate, malheureusement
on n'osait pas le dire avant, mais je pense que c'est le temps de se le
dire bien en face nous nous demandons, nous, tout au moins, s'il reste
une épine dorsale au gouvernement. Devant cette situation, les membres
des quatre autres disciplines voudraient voir discuter le projet de loi qui a
été conçu pour chacune de façon à savoir
à quoi s'en tenir. Il va sans dire que cela a une implication
très grande, si
grande que, si nous ne les discutons pas avant de discuter en
troisième lecture le projet de loi 250, nous pourrons peut-être
être obligés de revenir, comme on l'a vu souvent en ce qui
concerne les Affaires municipales, avec l'honorable ministre Tessier,
après que des décisions auront été prises. C'est
là que le ministre avait l'air fou. Je voudrais empêcher que
l'honorable ministre ait ce même air dans un mois, dans deux mois ou dans
trois mois.
Je pense que c'est le temps de se dire bien en face ce qu'on a à
se dire et de voir la situation à partir de ceux qui vivent les
problèmes, non pas seulement devant ces professionnels qui doivent
être acceptés comme les autres professionnels des autres
disciplines, mais également vis-à-vis de la population qui a
besoin de ces professionnels pour s'assurer des soins en temps et lieu. Je
pense qu'il va falloir, cet après-midi, dans le mot que l'honorable
ministre va dire tout à l'heure, qu'il analyse, de la façon la
plus complète possible, la situation dramatique dans laquelle se
trouvent ces quatre disciplines, ces quatre catégories de professionnels
qui attendent depuis plusieurs années, d'une façon honteuse,
à cause des gouvernements passés et du gouvernement
présent.
J'admets que le gouvernement présent semble y avoir pensé
quelque peu je dis bien quelque peu en concevant des projets de
loi connexes pour elles. Est-ce que c'est seulement dans les mots, pour dresser
une espèce de voile et qu'en réalité on ne veut pas que
ces professionnels soient acceptés? Qu'est-ce qui se passe
exactement?
Je pense que, cet après-midi, une fois pour toutes, il faut
savoir ce qu'on va faire avec ces catégories de professionnels pour
qu'eux-mêmes puissent adapter les stratégies qui s'imposent.
D'aucuns me disaient en fin de semaine, deux, entre autres: Est-ce qu'on doit
déjà penser qu'il va falloir quitter le Québec pour
pouvoir professer? Est-ce qu'il va falloir diriger ailleurs les
étudiants qui étudient dans ces catégories pour devenir
des professionnels dans ces disciplines? Est-ce qu'il va falloir les orienter
dans les autres provinces ou dans les autres pays? Au moins, peut-on avoir une
lueur d'espoir dans un avenir prochain, qu'ils puissent exercer leur
métier?
Je pense que, cet après-midi, je le disais tantôt, il faut
se rendre compte de la situation, analyser froidement ce qui existe dans les
faits et agir en conséquence. Pour ma part, étant donné
que nous sommes limités à deux, c'est évident que je ne
voterai pas, mais si j'avais à voter je voterais, il va sans dire, pour
cette motion qui a été présentée par l'honorable
député de Dorchester.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Voici, aussi brièvement que possible. La Chambre
ne siège pas aujour- d'hui. Si on aborde l'étude article par
article du code des professions cet après-midi et ce soir, ceci va
permettre au leader du gouvernement de revenir. Il est à
l'extérieur présentement. C'est la raison pour laquelle il se
peut qu'il y ait eu une certaine confusion. Je ne le nie pas. C'est la raison
pour laquelle aussi je ne suis pas en mesure de donner des dates
précises, comme le demandait le député de Beauce. Nous
pourrions siéger cet après-midi et ce soir, avant de poursuivre
quoi que ce soit sur cet ensemble de projets de loi qu'envisagent le leader ou
les leaders des autres partis; je vous ai dit tantôt que c'est
l'intention du gouvernement de poursuivre son travail sur ce projet de loi. Si
on travaille cet après-midi et ce soir et qu'on ne s'engage pas
nécessairement dans des étapes subséquentes sans que le
leader ait vu les leaders de chacun des partis, il me semble que c'est donner
une garantie raisonnable. Je ne suis pas en mesure de donner des dates
précises, je ne suis pas le leader de notre parti en Chambre. Quant
à la question du député de Beauce, la
référence au fait que j'ai parlé de la constitution
possible de projets de loi, je sais que j'ai dit ça et il a raison.
Toutefois, tant et aussi longtemps que ça n'est pas voté en
deuxième lecture, il n'est pas possible de parler, à moins qu'on
juge que ce qui se fait en Chambre soit plus ou moins valable tant que ce n'est
pas voté en Chambre.
Si cela convenait aux membres de la commission, nous pourrions commencer
l'étude.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, en ce qui me concerne, j'ai
mentionné que le fait que les projets de loi soient un peu mis de
côté, m'inquiétait aussi. Je n'ai pas encore reçu de
réponse, remarquez, de la part du ministre, à savoir s'il avait
l'intention de faire adopter ces projets de loi avant la prorogation.
M. CASTONGUAY: Je ne suis pas le leader.
M. BURNS: Je comprends que vous attendez le retour du leader du
gouvernement.
M. CASTONGUAY: II va arriver à cinq heures. Je peux vous dire que
lorsque ces quatre projets-là, avec tout le reste, seront
adoptés, je serai aussi content que vous autres, parce que j'en ai
jusque-là de tout ce paquet de lois.
M. BURNS: Je vous comprends, M. le ministre, parce que nous partageons
votre "jusque-là" nous aussi.
Mais je veux simplement dire là-dessus...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour le bénéfice du journal des
Débats, le député pourrait-il donner la hauteur du
"jusque-là" du ministre?
M. BURNS: Le "jusque-là", c'est à peu près la
même hauteur qu'indiquait le ministre, c'est-à-dire six pouces
au-dessus de la tête.
M. CLOUTIER (Montmagny): II serait noyé d'après ce que je
peux voir.
M. BURNS: Maintenant, M. le Président, je conçois que la
réponse du ministre...
M. CASTONGUAY: ... il va revenir.
M. BURNS: ... est difficile à donner. Pour cette raison, je
voterai contre la motion d'ajournement. Cela ne veut pas dire que je sois
contre l'adoption des projets de loi concernant les chiropraticiens, les
podiatres, les audioproté-sistes et les denturologistes, bien au
contraire. Le parti que je représente a bien l'intention de favoriser
l'adoption de ces projets de loi en deuxième lecture, mais nous nous
réservons le droit de commencer l'étude du projet de loi, si
c'est l'intention de la majorité des membres de la commission, quitte
à voir, lors du retour du vice-premier ministre, leader du gouvernement,
si c'est son intention de laisser en plan la discussion de ces quatre projets
de loi, je ne dis pas que nous ne nous rangerons pas à l'idée de
nos collègues du Ralliement créditiste. Mais pour le moment, un
peu comme le disait le député de Maskinongé, je
considère que la motion est un peu prématurée, mais nous
pouvons quand même progresser dans l'étude du projet de loi no
250. Il est bien évident que nous n'en finirons pas l'étude
aujourd'hui à moins de quelque chose de tout à fait inattendu, ce
qui nous permettra de nous rajuster dans le courant de la journée.
En ce qui nous concerne, M. le Président, nous voterons contre la
motion du député de Dorchester.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Frontenac, encore
avec la permission de la commission.
M. LATULIPPE: M. le Président, je serai assez bref. Pour
reprendre là où a terminé le député de
Maisonneuve, c'est peut-être vrai que l'on peut dire, dans un certain
sens, que notre motion est prématurée, mais elle le serait
justement à la condition que nous ayons les garanties que nous
réclamons indiquant que la Chambre délibérera sur les
quatre projets de loi en question avant l'adoption de ces projets de loi.
Si tel n'est pas le cas, je pense que notre motion prend toute sa force.
Bien sûr le ministre nous a fait une proposition qui est
intéressante et qui mérite certainement d'être
considérée. Mais comme le projet de loi no 250 en question est
fortement dépendant des 21 autres il faudra faire des provisions
à certains articles dont on n'a pas encore accepté le principe et
les rattacher au projet de loi no 250.
Alors, si nous commençons aujourd'hui l'étude du projet de
loi no 250, nous ne sommes pas obligés de faire de provisions. Dans ce
sens, M. le Président, je pense que notre motion est loin d'être
prématurée parce qu'elle vise justement à exiger que des
garanties soient données.
Le ministre nous en donne qui paraissent valables. Cependant, serait-il
disposé à accepter qu'aucun article ne soit adopté d'une
façon définitive tant et aussi longtemps que les quatre autres
projets ne seront pas discutés en Chambre et que le principe n'en sera
pas accepté? S'il y a des incidences et si nous devons revenir sur
certains articles, nous pourrons présenter certains amendements.
M. CASTONGUAY: Pour éviter la confusion, je serais d'accord que
l'on dise que l'on est satisfait de tel article, qu'on en arrive à la
conclusion, quitte à ne pas l'adopter de façon définitive,
de ne pas devoir, à un moment donné, tout reprendre après;
et quand les quatre projets seront passés article par article, s'il n'y
a pas d'incidence, on pourra les adopter tous.
Ce que j'aimerais, dans cette proposition, c'est que l'on s'entende. Si
l'on est d'accord sur un article, qu'on le dise, quitte à garder une
réserve. S'il y a une incidence dans les quatre projets de loi, que l'on
y revienne et que l'on dise: A cause de telle chose dans tel projet de loi, on
aimerait discuter à nouveau tel article. Donc, ne pas en faire une
adoption définitive, mais que l'on se prononce avec ce que nous avons
comme connaissance des faits en ce moment.
M. PAUL: Si je comprends bien la suggestion du ministre, nous pourrions
suspendre, après discussion raisonnable, l'adoption de l'article.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BURNS: J'allais faire un peu la même suggestion que celle que
le ministre vient de faire. Je pense bien que, si les quatre projets de loi que
l'on adopterait éventuellement ont une incidence telle sur l'adoption du
projet de loi no 250, les membres de la commission ne verront pas d'objection
à revenir sur un article qui aurait pu être infirmé ou
déformé, peu importe, à cause de l'adoption des autres
projets de loi. En tout cas, en ce qui me concerne, je donne d'avance mon
accord à ce genre de choses.
M. CASTONGUAY: Je le crois. En fait, il serait mauvais de l'adopter de
façon définitive. S'il y a des choses, comme le
député de Frontenac le dit, dans les quatre projets de loi, qui
pouvaient nous lier par un article adopté... Je n'ai donc pas
d'objection.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que le
député de Dorchester insiste sur sa motion, désire
que l'on vote sur sa motion?
M. GUAY: M. le Président, j'exige le vote sur ma motion.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord, on vote sur la motion du
député de Dorchester.
M. ROY (Beauce): Avant de voter, M. le Président, j'aimerais
quand même, suite aux propositions qui ont été faites par
l'honorable député de Frontenac et la réponse du ministre,
ajouter quelque chose.
Il est évident que la deuxième lecture n'ayant pas
été faite des autres projets de loi, il est assez
difficile...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Pour
que l'on ne se perde pas je m'excuse auprès de mon
collègue de Beauce je pense qu'en commission, on ne peut pas
faire d'amendement sur une proposition, sauf erreur. Est-ce que je me trompe en
disant cela, M. le Président?
M. PAUL: Vous avez raison.
M. BURNS: Je conçois que nous ayons sur la table la proposition
du député de Dorchester, mais le député de Beauce
nous dit qu'il veut parler sur la proposition faite par le député
de Frontenac. On n'est pas pour continuer à discuter de motions non
recevables ou de quoi que se soit. J'ai l'impression...
M. ROY (Beauce): Ma motion est recevable.
M. BURNS: J'ai l'impression que le député de Frontenac a
exprimé un voeu. Ce n'est pas plus formaliste que cela. Je ne voudrais
pas que l'on passe l'après-midi... D'ailleurs, c'est comme cela que j'ai
compris...
LE PRESIDENT (M. Blank): Je pense que c'est facile de régler
l'affaire. Je pense que l'on peut voter sur la motion du député
de Dorchester et, après, par consentement unanime, on accepterait la
proposition du député de Frontenac.
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas une motion.
LE PRESIDENT (M. Blank): Non, une proposition, mais on peut l'accepter
après le vote.
M. ROY (Beauce): D'accord. Vote sur la motion
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur le vote. Le député de
Beauce?
M. ROY (Beauce): Pour la motion, LE PRESIDENT (M. Blank): M. Burns?
M. BURNS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Castonguay?
M. CASTONGUAY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cloutier (Montmagny)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Houde (Fabre)?
M. HOUDE (Fabre): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Faucher (Yamaska)?
M. FAUCHER (Yamaska): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Guay (Dorchester)?
M. GUAY (Dorchester): Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Leduc (Taillon)?
M. LEDUC: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Paul (Maskinongé)?
M. PAUL: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Perreault (L'Assomption)?
M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Pour: deux; contre: onze. La motion est
rejetée.
M. LATULIPPE: M. le Président, me serait-il permis de
présenter une motion pour que...
LE PRESIDENT (M. Blank): Vous n'avez pas le droit de présenter
une motion en ce moment.
M. LATULIPPE: Je m'excuse, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je pense que le ministre peut cependant faire
sa proposition et la commission peut l'accepter.
Motion de suspension de certains articles
M. CASTONGUAY: Si j'ai bien compris l'intervention du
député de Frontenac, c'est qu'au terme de l'étude d'un
article, au lieu de proposer qu'il soit adopté, que l'on suspende
l'étude de cet article et, lorsque l'on aura passé en
deuxième lecture les quatre projets de loi, nous reviendrons pour les
adopter comme tels, ou avec modifications s'il y a des incidences dans les
quatre projets de loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que les membres de cette commission
peuvent accepter cette proposition?
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur la proposition de
l'honorable ministre, j'aimerais lui rappeler ses propres paroles, qu'il a
prononcées le 14 novembre 1972, qui sont rapportées au journal
des Débats, page B-6561 : "Ma suggestion est de procéder avec la
deuxième lecture et, une fois cette étape franchie, soit pour un
projet spécifique, de poursuivre, selon les mécanismes de la
Chambre, l'étude détaillée des projets, ou encore,
après toutes les études en deuxième lecture, de
procéder à l'étude détaillée. Mais il me
semble que, avant que la réimpression soit faite et que l'étude
en deuxième lecture soit abordée, on pourrait consacrer
énormément de temps à une discussion qui ne ferait pas
avancer ces projets de loi."
Ce sont les paroles mêmes de l'honorable ministre. Aujourd'hui, le
ministre a accepté la suggestion de mon collègue, le
député de Frontenac. L'esprit qui a guidé l'honorable
député de Frontenac, c'est que tous les articles demeurent en
suspens. Il est assez difficile de dire aujourd'hui à la Chambre: Voici,
nous allons accepter des articles et nous allons suspendre tels autres
articles, parce que l'étude n'a pas été faite. Si nous
suspendons tous les articles, un après l'autre, quitte à pouvoir
y revenir, concernant les quatre projets de loi, nous serons obligés de
reprendre article par article l'étude du projet de loi 250.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas fait de distinction. Quand je dis: Suspendre
des articles, c'est les suspendre un par un. Si on en a passé X
aujourd'hui, on les suspend. Quand on aura fini, en deuxième lecture, si
on dit: Dans ces X il y en a sept sur lesquels il faut revenir, on reviendra
sur les sept.
M. ROY (Beauce): Est-ce que l'honorable ministre pourrait nous dire,
avant que nous acceptions ou refusions sa suggestion, s'il a l'intention de
continuer à onze heures demain?
Je comprends que c'est la commission qui va décider
elle-même de son ajournement. Mais les membres de la commission ou encore
l'honorable ministre peuvent-ils proposer à la commission que nous
reprenions, demain à onze heures, l'étude du projet de loi 250
alors que la Chambre va étudier d'autres projets de loi?
M. CASTONGUAY: Comme j'ai dit tantôt, le leader va revenir
à cinq heures, je vais lui faire part de nos discussions. Il aura fort
probablement l'occasion de communiquer avec vous. De toute façon ce
n'est qu'après la période de questions qu'il annonce l'ordre des
travaux. Il n'est pas question, pour le moment, que nous revenions, ce n'est
pas à moi de fixer cela. D'après ce que j'ai dit tantôt, il
faudrait que le leader recommunique avec vous avant que l'on parle de ça
ou d'un autre des quatre projets de loi.
M. ROY (Beauce): Je veux bien dire une chose pour les membres de la
commission de façon que ce soit très bien compris.
UNE VOIX: On a tout compris.
M. ROY (Beauce): Très bien compris. Nous ne voulons pas faire
d'obstruction systématique, mais nous exigeons la garantie que les
quatre autres corporations professionnelles puissent être reconnues.
C'est le point sur lequel nous nous basons. Si nous avons pris cette attitude,
aujourd'hui, à cette commission parlementaire c'est uniquement dans ce
but. Nous ne voulons, pour aucune considération, que les quatre autres
corporations professionnelles soient mises de côté et nous voulons
avoir des garanties.
M. le Président, à moins que mon collègue, le
député de Dorchester, ait quelque chose à ajouter, nous
sommes bien prêts, en ce qui nous concerne, à collaborer avec le
gouvernement, même si nous avons voté contre le projet de loi 250.
Je tiens à faire remarquer que nous n'avons pas voté contre
toutes les autres corporations professionnelles. Nous avions des raisons et
nous y reviendrons.
M. PAUL: Parce que c'est un chiffre pair.
M. ROY (Beauce): Nous reviendrons là-dessus et l'honorable
député de Maskinongé saura pourquoi. C'est contre le genre
de cadre, et je ne veux pas revenir sur la motion de deuxième lecture.
C'est sur ce point, ce n'est aucunement contre les corporations
professionnelles comme telles.
M. le Président, si le ministre nous donne des garanties que
demain il y aura possibilité de rencontre pour les leaders de
l'Opposition avec le leader du gouvernement et qu'il y aura possibilité
de faire une entente de façon que les quatres projets de loi soient
étudiés avant l'ajournement de nos travaux parlementaires,
c'est une garantie, en ce qui nous concerne, qui nous donne la
satisfaction et nous allons travailler aujourd'hui de façon positive.
Mais je tiens à avertir le gouvernement que, si demain nous n'avons pas
cette garantie, nous ne participerons pas aux autres séances de la
commission parlementaire spéciale des affaires sociales. Je tiens
à être bien clair et bien précis là-dessus. Si nous
sommes obligés d'être la police d'assurance de quatre corporations
professionnelles, nous le serons M. le Président.
M. CASTONGUAY: La commission des corporations professionnelles. Il faut
être précis!
M. LEDUC: M. le Président, tantôt, le député
de Beauce a mentionné qu'il exigeait du ministre la garantie que les
quatre corporations soient reconnues. Je pense que c'était
présumer des décisions de la Chambre. Qu'il y ait une garantie
que les projets de loi soient étudiés en Chambre, d'accord, mais
je pense bien que personne ne peut garantir ici les décisions de
l'Assemblée nationale.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse d'avoir été ou
imprécis ou mal compris en tout cas je donne le
bénéfice du doute. J'avais dans l'esprit que l'étude de
ces quatre projets de loi soit discutée en deuxième lecture
devant l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement indiquer au
ministre le danger de sa motion. Je ne veux pas ouvrir de débat et je ne
veux pas donner des suggestions à des gens; mais j'ai entendu le
député de Beauce dire tantôt qu'il n'avait pas le
goût de faire de l'obstruction systématique ni quoi que ce soit.
Mais je peux vous dire d'expérience que c'est une affaire à
laquelle on prend goût en cours de route.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question de
privilège.
M. BURNS: Non, laissez-moi terminer.
M. ROY (Beauce): ... nous prêter d'intention ni de présumer
de...
M. BURNS: Je ne prête pas d'intention, je constate... Je m'accuse
même, M. le Président. Moi, j'y ai pris goût en cours de
route. Je peux vous dire que, plutôt que d'adopter une motion telle que
celle que le ministre nous propose, je suggérerais plutôt, comme
j'ai dit tantôt, qu'on adopte les articles et que, s'il y a des
incidences sur l'un ou l'autre des articles après l'adoption en
deuxième lecture des projets de loi, on y revienne. Je donne d'avance
mon accord le jour où on me démontrera que, lors de l'adoption de
l'article 24 ou de l'article 52, par exemple, du projet de loi 250, on n'avait
pas en vue l'adoption des projets de loi des chiropraticiens, des
denturologistes, des audioprothésistes ou la quatrième
corporation des podiatres.
Ce serait plus à ça que je donnerais mon accord. Si le
ministre veut s'affairer avec ça, je n'ai pas d'objection.
M. CASTONGUAY: II est 4 h 10, nous avons commencé à 3
heures et j'ai cru percevoir que le député de Beauce n'avait
peut-être pas une confiance totale dans le gouvernement.
M. ROY (Beauce): Votre soupçon est fondé, M. le
ministre.
M. CASTONGUAY: On semble dire qu'il n'est pas seul, c'est encore
pire.
Je ne voudrais pas qu'on poursuive... Cela me satisfait qu'on fasse
l'étude d'un article et que, une fois terminé, on passe au
suivant. Qu'on le suspende et quand on aura terminé l'étude en
deuxième lecture... Que voulez-vous? Il y a un certain malentendu et
pour montrer notre bonne foi, je suis prêt à prendre cette
suggestion pour qu'il ne soit pas dit: Vous allez nous faire adopter des
articles et, après, vous ne voudrez plus les étudier de
nouveau.
LE PRESIDENT (M. Blank): Mais je peux donner ma parole, comme
président, qu'à la demande de n'importe quel
député, je vais rouvrir n'importe lequel article affecté
par les quatres corporations.
M. ROY (Beauce): Je constate que l'honorable ministre est beaucoup plus
libéral que le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je n'ai jamais dit que j'étais libéral
d'ailleurs. Je m'en défends bien.
LE PRESIDENT (M. Blank): Nous poursuivons avec le député
de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, pour enchaîner
avec ce que vous venez de dire, il n'y a pas que les quatre autres projets de
loi qui ne sont pas adoptés en deuxième lecture qui peuvent
influencer les articles du code des professions. Il y a aussi les autres que
nous allons étudier article par article après, parce que nous
nous référons au code des professions. Il faudrait que ce soit le
même principe qui soit appliqué.
M. CASTONGUAY: Je ne veux pas faire une discussion qui
s'éternise, mais notre façon de procéder est que si,
après avoir adopté en deuxième lecture les quatre autres
projets, nous abordions l'étude article par article du projet de loi
250, nous adoptions les articles, est-ce que, au moment où nous aurons
terminé l'étude article par article des autres projets,
lorsque
nous revenons pour la troisième lecture, s'il y avait, dans
l'étude article par article des autres projets de loi, comme conclusion
qu'il nous faut revenir et rouvrir un des articles du projet de loi 250...
M. PAUL: Le ministre peut toujours le faire en vertu du
règlement.
M. CASTONGUAY: Nous pouvons le faire en troisième lecture. Je
pense qu'il faut prévoir ces choses-là parce qu'il est fort
probable, comme le dit le député de Montmagny...
M. PAUL: C'est prévu. M. CASTONGUAY: Bon!
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. GUAY: Où le problème se pose, M. le Président,
c'est que, en discussion au projet de loi 250 actuellement, on va être
dans l'obligation de tenir compte d'un travail qui n'a pas encore
été fait à l'Assemblée nationale. C'est ce qui nous
apparaissait impossible ou très difficile à faire à cette
commission parlementaire.
La motion que j'ai présentée avait, premièrement,
pour but de s'assurer que le code des professions ne serait pas
définitivement accepté avant la discussion en deuxième
lecture des projets de loi qui touchent les quatre groupes
intéressés. Maintenant, il faut tenir compte d'un travail qui
n'est pas encore fait à l'Assemblée nationale.
On ne peut pas, comme l'a dit un député, présumer
qu'ils vont être acceptés en deuxième lecture. A partir de
là, il faut quand même être honnête avec
soi-même.
M. CASTONGUAY: Sauf que j'ai regardé d'avance les articles qui
apparaissent au début, et le danger, à mon sens, n'est pas
tellement grand. Malgré tout, j'accepte la proposition du
député de Frontenac.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre messieurs! Nous commençons
avec l'article...
M. PAUL: Un instant, M. le Président. J'avais mentionné
tout à l'heure que j'aurais des remarques générales
à faire avant l'étude de la loi 250, article par article. Avec
votre consentement, je crois que ces remarques pourront être
livrées par mon collègue, le député de
Montmagny.
Remarques générales
M. CLOUTlER: (Montmagny): Comme il est d'habitude pour des projets de
loi de cette importance en commission parlementaire, au début de nos
travaux, il ne s'agit pas de reprendre le débat de deuxième
lecture mais je voudrais, pour jeter un éclairage sur les positions que
nous allons adopter au cours des travaux de la commission, préciser
certaines remarques particulières, tracer des considérations
générales qui indiqueront le cadre dans lequel nous
fonctionnerons pour l'étude de ce projet de loi.
Nos recommandations en vue d'améliorer le projet de loi 250
visent en grande partie à concrétiser les idées que nous
avons exprimées dans mon discours de deuxième lecture devant
l'Assemblée nationale, le jeudi 22 février 1973. Je rappelle
brièvement les propositions que j'ai exprimées alors et qui se
résument à quatre principes de base: Premièrement, que la
commission ad hoc de l'Assemblée nationale pour l'étude du code
des professions et des lois spécifiques soit transformée en
commission permanente. Deuxièmement, que la loi prévoie un
mécanisme de discussion des champs d'exercice des professions. De
préférence, cette responsabilité sera confiée
à l'Office des professions ou au Conseil interprofessionnel.
Troisièmement, que le Conseil interprofessionnel soit chargé
d'étudier de concert avec le gouvernement les demandes des groupes
professionnels qui veulent être reconnus, soit à titre
réservé ou dans un champ de pratique exclusive et qui voudraient
être ajoutés à l'annexe. Quatrièmement, que le
gouvernement désigne un ministre responsable du code des professions et
des autres lois spécifiques.
J'ouvre une parenthèse pour vous dire que ce texte sera
distribué dans un instant aux membres de la commission et aux
journalistes.
Premièrement, le problème de la réglementation.
Certains articles du projet de loi 250 accordent un très grand pouvoir
de réglementation aux organismes suivants: Premièrement, l'Office
des professions à l'article 12 et à l'article 175.
Deuxièmement, le bureau d'une corporation professionnelle aux articles
83 à 89 inclusivement. Troisièmement, le lieutenant-gouverneur en
conseil, à l'article 44, à l'article 172 et à l'article
173.
A) Le rôle prépondérant du lieutenant-gouverneur en
conseil. "Conformément à l'article 13 de la loi, tout
règlement adopté en vertu de l'article 12 par l'Office des
professions doit être soumis à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil avant d'entrer en vigueur."
L'article 90 soumet tout règlement adopté par le bureau
d'une corporation professionnelle à la même condition
d'acceptation.
En plus, les articles 172 et 173 accordent directement au
lieutenant-gouverneur en conseil un pouvoir de réglementation dans
certains domaines précis, y compris le secteur névralgique des
relations entre les corporations professionnelles et les milieux
d'enseignement. Cette situation me semble déplorable pour deux raisons.
D'abord, parce qu'elle remet en évidence le danger d'une
ingérence gouvernementale trop marquée, situation maintes fois
dénon-
cée par l'Union Nationale à l'égard de la
première version du projet de loi 250. Par le mécanisme indirect
de l'approbation en tant que condition préalable à la mise en
vigueur des règlements, le gouvernement conserve la possibilité
de modifier à loisir les règlements adoptés par l'Office
des professions et le bureau d'une corporation professionnelle. Sans contester
le bien-fondé d'un contrôle externe de la part d'un organe
étatique dans le domaine de la réglementation, il y a lieu de se
demander à ce stade-ci si le lieutenant-gouverneur en conseil est le
seul ou même le meilleur organisme capable d'exercer un contrôle
raisonnable sur les règlements adoptés en vertu des dispositons
du code des professions.
Une deuxième raison beaucoup plus fondamentale me porte à
désapprouver une participation aussi décisive du
lieutenant-gouverneur en conseil dans le mécanisme de
réglementation. Cette pratique démontre la tendance du
gouvernement à favoriser de façon systématique et
généralisée une délégation à
l'exécutif d'un pouvoir qui appartient d'office à
l'Assemblée nationale. Le rôle du législateur ne doit pas
se limiter uniquement à édicter des normes
générales sous prétexte qu'il n'a ni le temps, ni la
compétence de tout régler dans le menu détail. S'il est
vrai qu'il doit souvent, par nécessité, déléguer
ses pouvoirs de législation à des organismes plus
spécialisés, rien n'interdit qu'il exerce un contrôle a
posteriori sur l'usage de cette délégation de pouvoirs. En plus,
vu l'absence au Québec d'une loi sur les textes réglementaires
qui autorisent une commission permanente de l'Assemblée nationale
à examiner et vérifier les règlements et autres textes
réglementaires, les députés se doivent, à mon avis,
d'être vigilants et de profiter de toutes les occasions qui se
présentent pour affermir leurs pouvoirs dans ce domaine.
B.) Suivant ces principes, l'Union Nationale préconise,
premièrement, que le gouvernement s'engage formellement, comme il l'a
fait dans d'autres cas, par exemple le règlement no 6 sur le taxi,
à soumettre tous les règlements adoptés
conformément aux dispositions du code des professions à
l'approbation d'une commission de l'Assemblée nationale. Il y a lieu de
se demander si le temps n'est pas venu d'exiger que le gouvernement reconnaisse
officiellement le pouvoir de surveillance de l'Assemblée nationale
à cet effet. Ainsi, les articles 13, 44, 90, 172, 173 et 175
mentionneraient expressément que les règlements adoptés
soit par l'office, soit par le bureau d'une corporation professionnelle, soit
par le lieutenant-gouverneur en conseil proprement dit, sont soumis à
l'approbation de la commission permanente de l'Assemblée nationale sur
le code des professions et des lois spécifiques.
Le chapitre 1 de la loi traitant des définitions serait
modifié en ajoutant à la liste des définitions
après l'alinéa 1: "Commission permanente": signifie à la
commission permanente de l'Assemblée nationale sur le code des
professions et des lois spécifiques.
De toute façon, il est absolument essentiel que le gouvernement
s'engage formellement d'abord à créer une commission permanente
sur le code des professions et des lois spécifiques et ensuite, à
soumettre tous les règlements adoptés en vertu du code à
son approbation. Deuxièmement, que le gouvernement examine très
sérieusement la possibilité de mettre sur pied cette commission
permanente dès le début de la nouvelle session qui commencera
d'ici quelques jours.
Ainsi, le gouvernement atténuera le danger d'ingérence
gouvernementale dans le domaine de la réglementation, permettra aux
députés de jouer réellement leur rôle de
législateur, permettra de créer un organisme permanent qui, par
la nature de ses fonctions, sera constamment à l'écoute des
corporations professionnelles et autres organismes intéressés,
permettra à un organisme permanent d'assurer la coordination de la
réglementation découlant du code des professions et de chacune
des lois spécifiques.
Autres points d'intérêt général.
Certains autres points ont retenu notre attention au cours des travaux
en commission parlementaire et des discours en deuxième lecture. Par
souci d'être aussi bref que possible, je les énumérerai
sommairement, quitte à les reprendre un par un au cours de l'examen
détaillé des articles du projet de loi.
Premièrement, au sujet de la représentativité de
l'Office des professions, l'Union Nationale s'interroge sur la
possibilité de prévoir une certaine représentation des
groupes socio-économiques dans la composition de cet organe permanent de
surveillance et de contrôle. De cette façon, il y aurait une
participation des groupes intéressés tant au niveau de l'office
des professions qu'au niveau des bureaux de chaque corporation
professionnelle.
Toujours dans le but d'assurer une plus grande protection du public,
l'Union Nationale préconise un élargissement du rôle
préventif des organes permanents du bill 250, à savoir l'Office
des professions et le Conseil interprofessionnel du Québec. Ce
rôle préventif comprendrait, par exemple, l'étude des
demandes de reconnaissance ou de formation de corporations professionnelles qui
ne sont pas reconnues à l'heure actuelle, la mise sur pied d'un
mécanisme permanent de discussion sur les problèmes que pose le
chevauchement des champs d'exercice des professions, ainsi que l'étude
des rapprochements entre les membres des corporations professionnelles, et une
meilleure coordination dans le travail des professionnels membres de diverses
commissions.
Enfin, sur la question de la langue, l'Union Nationale considère
absolument essentiel de reconnaître dans la version finale de la loi le
français comme la langue de travail dans le cadre de l'activité
professionnelle. La question de la priorité du français comme
langue d'usage
des professionnels apparaît nettement respectueuse des principes
mêmes du projet de loi 250 et il n'est nullement irréaliste
d'insister auprès des professions pour que les professionnels aient une
connaissance de l'usage du français. Il nous apparaît important
que le ministre et les parlementaires se penchent sur cette question
controversée.
Alors, M. le Président, ce sont les considérations
générales qui vont nous inspirer tout le long de notre travail
sur le code 250.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je pourrais également
référer les membres de la commission à mon intervention en
deuxième lecture et soulever les mêmes craintes que j'ai
soulevées à ce moment-là.
J'ai assez longuement touché à l'autonomie des
corporations. Les travaux de la commission parlementaire doivent viser, je
pense bien, ce but magnifique à atteindre, laisser le plus possible
d'autonomie aux différentes corporations professionnelles. Lors des
séances où on a entendu les groupes concernés, il avait
été question d'une commission permanente des corporations
professionnelles et là-dessus je donne mon accord entier afin qu'on
étudie cette réglementation comme cela a été fait
sur la loi 65, pour la réorganisation des services de santé et
des services sociaux. Je pense que c'est quand même un bon moyen de
vérifier si les pouvoirs de réglementation qui sont
confiés au lieutenant-gouverneur en conseil ne sont abusifs.
Ce n'est sans doute pas le seul moyen, mais c'est sans doute le meilleur
de donner la responsabilité à l'élu du peuple qui a quand
même son mot à dire dans une législation et dans une
réglementation qui découle d'une législation. Ce pouvoir
réglementaire qui est toujours dans les lois, tout aussi important que
le projet lui-même ou d'une loi-cadre, je pense que c'est justement
là que le législateur doit apporter son avis, son opinion et
soumettre des corrections si nécessaire.
J'aimerais également que le code des professions précise
davantage les critères d'émission des permis face à une
profession en particulier. C'est assez vague dans le code des professions. Je
sais, à la suite d'interventions de la part de plusieurs corporations,
qu'on a soulevé cette question, à savoir de préciser des
critères d'émission de permis. Dans bien des cas, c'est assez
difficile pour bien des corporations de savoir d'avance de quelle façon
cette législation donnera le droit de procéder. Je
répète également que l'Office des professions on le
retrouve tout au long du code des professions c'est l'outil
numéro 1 du lieutenant-gouverneur en conseil. Il y aura lieu de
vérifier de façon bien étroite par les membres de la
commission, quel est ce pouvoir donné à l'Office des professions.
On sait que l'Office des professions aura deux membres sur cinq nommés
par le lieutenant-gouverneur en conseil, d'où une influence directe du
gouvernement.
Enfin, voilà des observations générales de ma part.
Tout au long des discussions sur le projet de loi 250, étant
donné qu'on va réserver un ensemble d'articles, nous aurons
l'occasion, sur chacun de ces articles, de préciser nos intentions.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, nous aurons aussi, au cours de la
discussion de ce projet de loi, un certain nombre d'amendements, je dirais
même plusieurs amendements à soumettre à la commission. Il
y a deux groupes d'amendements qui nous concernent peut-être. Les autres
seront des questions de détail qui se grefferont au projet de loi au fur
et à mesure de son étude. Les deux principaux ordres
d'amendements que nous avons l'intention de soumettre sont, en premier lieu,
des amendements pour favoriser une plus grande participation du public à
l'administration de ces corporations basée sur le raisonnement. Comme
mes deux collègues qui m'ont précédé, je n'ai pas
l'intention de reprendre mon discours de deuxième lecture. Mais
m'appuyant sur le fait que ce code des professions, ainsi que toutes et chacune
des corporations professionnelles est d'abord et avant tout... Oui, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Blank): Avec la permission des députés,
nous allons suspendre pour quelques minutes. Le leader du gouvernement veut
parler au ministre au téléphone. Nous aurons la réponse
à nos questions.
M. BURNS: Ah, mais certainement! Attendons la lumière.
LE PRESIDENT (M. Blank): La commission suspend ses travaux pour cinq
minutes.
(Suspension à 16 h 29)
Reprise de la séance à 16 h 41
LE PRESIDENT (M. BLANK): A L'ordre, messieurs!
Le député de Maisonneuve avait la parole au moment de la
suspension.
M. BURNS: M. le Président, je vous remercie de me redonner la
parole. Avant la suspension, j'étais à dire que, principalement,
nous aurons des remarques au niveau du projet de loi. Elles sont de deux
ordres. Le premier, nous sommes en faveur d'une plus grande participation du
public aux divers organismes qui doivent régir les corporations et le
deuxième évidemment, je pense que vous l'avez senti, tant
au niveau de la discussion du projet de loi no 250 qu'au niveau de la
discussion en deuxième lecture des projets particuliers ce sera,
un peu comme le disait le député de Montmagny tantôt, mais
peut-être avec des variantes, en ce qui concerne la langue d'usage que
les professionnels devront posséder en vue de faire partie des diverses
professions couvertes tant par le projet de loi no 250 que les lois
particulières.
Nous aurons également une série d'amendements au projet de
loi, que nous soumettrons en cours de route. Mais qu'il me suffise, pour le
moment, de dire que nos amendements seront principalement de ces deux
ordres-là, sans nous limiter pour autant.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires sociales.
Etude des quatre projets non adoptés en 2e
lecture
M. CASTONGUAY: M. le Président, on pourra peut-être me
permettre de revenir... Avant de passer à l'article 1, j'aurais un bref
commentaire à faire à la suite de ce qui a été dit
de la part de chacun des représentants des trois partis de
l'Opposition.
J'ai parlé au leader. Il est retenu en Gaspésie à
cause du temps. Il m'a dit: Si les membres des trois partis d'Opposition sont
d'accord sur le principe de la formation des quatre corporations
professionnelles, compte tenu du fait qu'il nous faut, à un certain
moment, terminer la session en cours, qu'il n'a pas été possible,
au moment où nous avons abordé l'étude de cette
série de projets, de savoir jusqu'à quelle date cela nous
conduirait, si chacun des partis est d'accord sur la suggestion suivante, soit
aborder l'étude en Chambre et se limiter à un bref commentaire
chacun, voter le principe et, en commission parlementaire, fournir les
explications plus générales que chaque parti pourrait vouloir
donner avant d'aborder l'étude article par article, les partis pourront
les donner en commission parlementaire. Alors, de cette façon, vous
aurez la garantie qu'avant de terminer la session, les quatre projets de loi
seront adoptés quant à leur principe en deuxième lecture
et ce, dit-il, si les partis sont d'accord, nous pourrons le faire dès
demain.
Sur ce plan, cela confirme totalement ce que je disais tantôt.
Entre-temps, quant à l'ordre de nos travaux qui suivront la
période des questions, demain matin, je lui ai fait part de nos
discussions et nous ne reprendrons évidemment pas, pour le moment,
l'étude article par article du bill 250.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, cette suggestion du ministre des
Affaires sociales nous agrée à nous, députés de
l'Union Nationale. Parce qu'à toutes fins pratiques, ce n'est que le
principe de la loi qu'il nous est possible de discuter en deuxième
lecture. Si nous reconnaissons le principe de reconnaître les quatre
corporations professionnelles dont le sort était quelque peu mis en
doute, lors de l'ajournement de vendredi dernier, nous sommes prêts
à nous rallier à cette suggestion du leader du gouvernement que
nous communique le ministre des Affaires sociales. Ainsi, nous pourrons
analyser globalement, en deuxième lecture de la loi 250, toutes les
implications que ce code peut avoir ou les obligations qu'auront ces
corporations professionnelles à vivre avec la loi no 250.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je suis heureux et je dois le
dire d'entendre les propos du ministre qui, maintenant, nous donne la
garantie. C'est cette certitude que nous voulions, que ces quatre projets de
loi franchissent l'étape de la deuxième lecture avant
l'étude du projet de loi 250. Maintenant que nous avons cette garantie,
j'agrée les propos que vient de tenir le ministre, qui démontrent
une collaboration assez étroite concernant ces quatre groupes de
professionnels. C'est de cette façon que nous agirons à
l'Assemblée nationale pour faire passer au plus tôt ces projets de
loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous serons
également d'accord sur la suggestion du leader parlementaire qui nous
parvient par la bouche du ministre des Affaires sociales.
Nous serons d'accord, comme je l'ai mentionné un peu plus
tôt, sur l'adoption du principe de chacun de ces quatre projets de loi et
nous serons également d'accord pour faire les plus brefs commentaires
possibles dans l'occurrence, afin que nous puissions revenir pour discuter
globalement du problème du projet de loi no 250 et des autres. En ce qui
nous concerne, M. le Président, j'accepte entièrement la
suggestion qui nous est faite par le ministre.
M. CASTONGUAY: Un dernier mot. Le leader suggérait un commentaire
de quelques minutes; quant à moi, je m'en tiendrais à un
commentaire de quelques minutes. On reprendrait ici, avant de passer à
l'étude article par article, par exemple, sur la chiropraxie, une
certaine discussion avant d'entrer dans l'étude article par article.
M. BURNS: Quand on dit quelques minutes, c'est un peu suggestif comme
appréciation.
M. CASTONGUAY: II semble dire trois ou quatre minutes.
M. BURNS: Non. Je ne peux pas vous garantir cela. Je peux cependant vous
garantir un bref commentaire qui serait de l'ordre d'un commentaire ou
même plus court qu'un commentaire qui est habituellement fait par un
député qui n'est pas le chef du parti dans un projet de loi,
c'est-à-dire, moins de vingt minutes.
M. CASTONGUAY: II ne nous fait pas confiance.
M. BURNS: Mon chef, qui est à côté de moi, pourrait
peut-être, à l'occasion de l'un ou l'autre des projets de loi,
faire son commentaire un peu plus élaboré, mais je peux garantir
quand même qu'il s'agit d'un bref commentaire en ce qui nous concerne,
c'est-à-dire qui ne dépasse pas quinze à vingt
minutes.
M. CASTONGUAY: Quatre projets, quatre partis. Cela peut être
long.
M. BURNS: Quatre projets, quatre partis, mais je vous garantis que cela
ne sera pas vrai pour les quatre projets de loi. C'est dans ce sens que je dis
cela, parce qu'il y en a au moins deux où ce sera moi qui ferai le
commentaire et je peux vous garantir que ce sera plus bref.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, de toute façon,
en ce qui me concerne, j'ai déjà été prudent. Sur
un des projets de loi, au moins, j'ai fait mon intervention, sur les
denturologistes, si on se souvient bien. Il me resterait trois autres projets
de loi. Comme le député de Maisonneuve vient de dire, il y aura
peut-être un peu plus de commentaires, ils seront peut-être un peu
plus longs sur un des projets de loi, ou deux sur trois, de toute façon,
nous ne prolongerons pas indûment le débat. Ce sera
peut-être un commentaire de la même nature que celui que le
ministre faisait au début quand on a commencé les lois
spécifiques. Le ministre était laconique à ce
moment-là. Est-ce que cela irait?
M. CASTONGUAY: L'esprit général, c'est que l'on puisse,
dans un délai relativement court, adopter le principe de chacun parce
qu'il y aura d'autres travaux et la nécessité de proroger. Nous
pourrons reprendre, avant d'entrer dans l'étude article par article, une
discussion générale sur chacun de ces quatre projets.
M. GUAY: Ce serait quand même très prudent de ne pas fixer
un nombre de minutes. On parle d'un commentaire sans mettre pour autant un
nombre de minutes, pour ne pas être interrompu au milieu d'un mot.
M. BURNS: M. le Président, c'est peut-être moi qui ai
jeté un peu d'ambiguïté dans cette discussion, mais qu'il
soit bien entendu que nous n'avons pas l'intention de prendre beaucoup de temps
pour l'adoption de deuxième lecture sur laquelle nous sommes d'accord.
Mais, disons-le clairement, il est possible qu'à l'occasion d'un des
projets de loi, entre autres celui des chiros, il y ait des commentaires un peu
plus élaborés qui doivent être faits plutôt que sur
les autres qui sont peut-être moins contentieux, moins litigieux. Est-ce
que cela est clair dans l'esprit du ministre? Je ne parle pas non plus de
quatre ou cinq discours en ce qui concerne mon parti, qui vont durer toute la
journée. Ce n'est pas du tout cela. C'est une intervention sur chacun
des projets de loi mais qui résumerait l'opinion du parti à ce
moment-là.
M. PAUL: M. le Président, il arrive assez souvent que le leader
du gouvernement, à l'occasion de la présentation d'une loi, nous
demande, nous, leaders des partis de l'Opposition, s'il n'y ait pas
possibilité que les commentaires soient plutôt brefs et qu'il n'y
ait qu'un orateur. C'est dans ce sens que tous les députés de
l'Opposition sont prêts à coopérer avec le
gouvernement.
D'un autre côté, je ne voudrais pas vivre, M. le
Président, un deuxième bâillon. J'ai déjà
été victime d'un, ainsi que les collègues de mon parti,
mais que le ministre soit sans crainte, nous n'irons pas jusque-là.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, c'est sur le principe et on semble être
tous d'accord.
M. BELAND: C'est un peu ce que je voulais souligner, M. le
Président. Cependant peut-être que l'honorable ministre n'y a pas
pensé, mais par le fait même, il se trouve à
bâillonner les députés du côté
ministériel et c'est grave. J'espère qu'il n'y en aura pas trop
d'offusqués dans les circonstances.
M.PAUL: De toute façon, ils ne parlent jamais.
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article 1 a).
M. PAUL: M. le Président, avant de commencer l'étude
article par article de cette loi, est-ce que le ministre pourrait nous dire
s'il se
propose de nous soumettre des amendements? Nous pourrions
peut-être procéder chapitre par chapitre. Si le ministre a des
amendements à nous soumettre en les faisant distribuer, pour autant que
cela ne l'embarrasse pas, je crois que cela pourrait peut-être
hâter l'étude de la loi ou du moins cela nous permettrait d'avoir
une vue d'ensemble sur un chapitre donné.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai d'abord communiqué le
message des membres de la commission au leader du gouvernement en ce qui a
trait à la création d'une commission permanente des corporations
professionnelles, étant donné que la création d'une telle
commission ne se retrouvera pas dans un projet de loi mais plutôt dans
les règlements de la Chambre. Il a reçu d'une façon
très positive cette demande et devait en parler au président de
la Chambre. J'imagine qu'il va en parler aussi aux autres leaders, s'il y a des
problèmes d'organisation, je ne connais pas les mécanismes. Sur
ce plan, dès que la réponse définitive va m'être
disponible, je la communiquerai ici.
J'aurai un amendement à proposer en ce qui a trait au rôle
de l'office. Je crois que les représentations qui ont été
faites et les explications qui ont été formulées entre
autres par le député de Montmagny et peut-être aussi par
certains autres sont des suggestions très positives et j'aurai un
amendement à proposer.
Quant aux autres articles, j'aurai évidemment des amendements
à proposer. Toutefois, lors de l'étude de la loi 30, la Loi de la
protection de la santé publique, il me semblait que ce serait opportun
de déposer dès le départ ces amendements et que cela
faciliterait les travaux. Etant donné les craintes exprimées
quant à nos intentions, c'est-à-dire sur les maladies, la
déclaration obligatoire, par exemple, je les avais déposés
immédiatement au départ. J'ai regardé attentivement les
amendements que je formulerai fort probablement, et je ne crois pas qu'ils
soient nécessairement de cette nature-là. Je
préférerais, compte tenu du fait que d'autres
députés, soit du côté ministériel ou du
côté des partis de l'Opposition, ont peut-être des
amendements ils l'ont laissé entendre ne pas distribuer
ces amendements à ce moment-ci et attendre que l'on arrive à
chacun des articles pour en faire une proposition au moment de la discussion de
l'article.
Projet de loi no 250 Définitions et
applications
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article la).
M. PAUL: M. le Président, à l'article la), nous voyons ici
qu'il y a référence à l'annexe I du présent code.
Si nous nous référons à l'annexe I du présent code,
il y a certaines corporations professionnelles qui ne seront pas reconnuees
comme telles. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, dans
l'énumération des différentes corporations qui figurent
à l'annexe I, il y en a qui doivent être rayées ou si c'est
l'intention du ministre d'en ajouter d'autres?
Corporation ajoutée
M. CASTONGUAY: Il y a les techniciens dentaires qui n'apparaissent pas
présentement dans la liste de l'annexe I. Il y a une corporation qui va
être ajoutée, celle des technologistes médicaux, comme je
l'ai mentionné lors de l'étude en deuxième lecture du code
des professions.
M. CLOUTIER (Montmagny): A titre réservé.
M. CASTONGUAY: A titre réservé. On trouvera, à
l'article 37, un amendement et aussi dans les articles de concordance.
M. CLOUTIER : Est-ce que c'est la seule?
M. CASTONGUAY: C'est la seule. Je rappelle toutefois que pour les
autres, avec le rôle que l'on voit pour l'Office des professions et
certaines des demandes qui ont été formulées, comme je
l'ai indiqué en deuxième lecture, il sera possible, dans
l'avenir, que d'autres corporations soient formées par l'émission
de lettres patentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, ce n'est pas le
meilleur article pour faire la discussion de fond sur les corporations. IL y a
deux ou trois articles qui se prêtent bien à cette discussion.
C'est seulement une question préliminaire.
LE PRESIDENT (M. Blank): l.a), adopté?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): l.b).
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a eu plusieurs représentations, ce
n'est pas une question vitale pour le code mais d'autres suggestions ont
été faites pour le mot "bureau". Est-ce que les linguistes y ont
travaillé? Est-ce qu'il y a eu des suggestions faites pour remplacer par
conseil? C'est le Collège des chirurgiens-dentistes qui a
suggéré ça. La Chambre des notaires a
suggéré que "bureau" soit remplacé par "conseil
d'administration."
Pour ma part, le mot "bureau" me satisfait parce qu'il faut l'appeler
d'une certaine façon.
M. CASTONGUAY: C'est un terme qui est extrêmement français
et, dans ce sens-là, peut très bien être utilisé.
Comme il y a le comité administratif, il me semble que ça fait
une distinction très claire. Si on utilisait, par exemple, conseil
d'administration et comité adminis-
tratif, il pourrait y avoir une certaine confusion. Cela
n'établirait pas une différence de terminologie aussi claire.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai mentionné ça parce que, la
suggestion ayant été faite par la Chambre des notaires, entre
autres, et ayant fait remarquer au ministre, en deuxième lecture,
combien les notaires attachaient d'importance à la langue
française, la richesse du vieux français, je me suis
demandé s'il n'y avait pas une raison particulière que les
linguistes auraient pu examiner.
De toute façon, il n'y a pas d'objection majeure.
M. CASTONGUAY: Au plan de la langue, c'est...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le texte de loi a été
soumis au Dr Boulay?
M. CASTONGUAY: Non.
LE PRESIDENT (M. Blank): l.c), adopté, d).
M. GUAY: Conseil interprofessionnel. Ce n'est peut-être pas
l'endroit d'en parler mais je ne veux pas l'oublier. Cela ne sera pas
nécessairement les présidents des corporations...
M. CASTONGUAY: Cela a été fait.
LE PRESIDENT (M. Blank): l.d), adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, on dit: Institué
par la loi. Le Conseil interprofessionnel existait déjà.
M. CASTONGUAY: Mais institué dans sa forme...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... dans sa forme juridique, d'accord.
M. PAUL: M. le ministre, n'aimeriez-vous pas mieux reconnu?
M. CASTONGUAY: C'est qu'il va changer un peu de statut. Si j'ai bien
compris, il a été institué en vertu de la Loi des
compagnies, la troisième partie. Là, il va être
institué dans la forme qu'on connaît par cette loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): l.e) Office. Adopté, f). Adopté.
Le sous-article f).
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a une nouvelle inscription qui
apparaît dans la deuxième version. C'est: "...sous réserve
de l'inscription au tableau de cette corporation du détenteur de ce
permis;"
Je n'ai pas remarqué de demande dans ce sens de la part des
corporations professionnel- les. Qu'est-ce qui a guidé le ministre?
Parce que cela nous pose toute une série de questions après
cela.
M. CASTONGUAY: L'idée du tableau, avec l'inscription au tableau,
est un mécanisme qui protège assez bien et la corporation
professionnelle et le public. Pour que le permis soit valable, il faut que la
personne ait communiqué tous les renseignements requis à sa
corporation, ait rempli les formalités et, à ce moment, la
corporation peut inscrire le nom. Cela lui permet d'avoir un registre
très clair de ceux qui ont des permis et qui exercent, se disant membres
de cette corporation. Comme vous le savez, les corporations professionnelles
établies depuis un certain temps procèdent d'ailleurs avec un tel
tableau. C'est ce mécanisme qui a subi l'épreuve du temps, de
l'expérience, qui est généralisé, étant
donné que chaque corporation joue le même rôle sur ce plan
que les autres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel serait le mécanisme d'appel au cas
où il n'y aurait pas eu inscription, qu'il y ait eu, quelque part, un
oubli, une erreur en cours de route?
M. CASTONGUAY: Si c'est simplement une erreur de copiste et que ce n'est
pas sur le fond, je pense bien qu'un permis, à ce moment, demeure valide
s'il a été émis en bonne et due forme. Si la personne a
satisfait aux exigences requises quant à l'émission d'un tel
permis et qu'il y a eu une erreur de copiste quant à l'inscription, cela
ne rend pas le permis invalide.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais il n'y a pas de mécanisme dans la
loi qui dirait cela. Devant quel organisme cela va-t-il aller? Devant le bureau
de la corporation ou devant l'Office des professions?
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de le dire.
C'est le bureau qui est responsable. Il y a le comité administratif. Il
y a le secrétaire de l'ordre qui a justement, parmi ses attributions,
des attributions d'ordre administratif. A moins qu'à un certain moment
cela porte sur le fond. Là, on entre dans toute la question de
l'émission des permis, ce qui en est une autre. Mais, si c'est
simplement pour des raisons administratives...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le cas qui peut peut-être se
présenter un peu plus souvent est celui des professionnels qui sont
fonctionnaires des gouvernements, soit municipal, provincial ou
fédéral, qui n'utilisent pas tous les jours leur titre ou qui ne
travaillent pas directement dans le travail professionnel qu'ils sont
habilités à pratiquer. Je prends un notaire ou un avocat qui est
dans la fonction publique, qui est dans le contentieux d'un ministère,
ou un comptable ou un administrateur qui travaille au sein du gouvernement.
C'est peut-être le problè-
me. Ils surveillent cela de moins près que ceux qui sont dans la
pratique privée. Il peut arriver, à un certain moment, qu'il y
ait un manque de communication entre leur corporation professionnelle et...
C'est pour cela que je voudrais savoir s'il y a un mécanisme très
simple qui permettrait de dire aux professionnels: C'est un oubli. Cela s'est
régularisé.
M. CASTONGUAY: Ce qu'on me dit et, je pense, avec raison, c'est que pour
autant que les normes sont satisfaites, la personne a droit à son
permis. Pour une raison d'ordre purement administratif, ou de mauvaise
interprétation, ou de mauvaise transmission de documents, la personne ne
peut pas être disqualifiée.
M. PAUL: II y a toujours la procédure civile qu'on appelle le
bref de mandamus, dans les circonstances, si, par hasard, il y avait refus,
sans aucune justification, de la part du secrétaire de la corporation,
de délivrer le permis, d'émettre le permis. Il y a toujours le
recours aux tribunaux civils. Mais il est souhaitable et j'espère
qu'aucun professionnel ne sera obligé de recourir aux tribunaux
judiciaires pour faire reconnaître un droit acquis.
M. CASTONGUAY: M. Morin, ici, me signale que l'article 47 fait une
obligation, dit: "Le secrétaire d'une corporation inscrit au tableau
toute personne qui détient un permis délivré par le bureau
de cette corporation et qui satisfait aux autres conditions d'inscription,
etc."
Alors, il y a une obligation qui lui est...
M. PAUL: Je comprends, mais le problème soulevé par mon
collègue, le député de Montmagny, se rapporte à un
cas de refus possible du secrétaire de la corporation. C'est le point
qu'a soulevé mon collègue, le député de Montmagny.
Le ministre tout à l'heure a parlé de certains pouvoirs qu'il
avait l'intention de donner à l'office. Peut-être qu'il y aurait
lieu d'envisager un appel pour le professionnel qui serait frustré ainsi
de l'émission d'un permis ou de son inscription sur le tableau de
l'ordre. Sans trop y avoir pensé, on pourrait peut-être prendre
une note collectivement pour envisager une solution possible de ce genre au
problème soulevé par mon collègue, le député
de Montmagny.
LE PRESIDENT (M. Blank): Paragraphe f. Adopté. Paragraphe g).
M. BELAND: M. le Président, quant à cette autorisation
spéciale accordée pour une période limitée, est-ce
que l'on peut la comparer au permis de travail dans le cas des menuisiers?
C'est un peu semblable, à mon sens. Vous avez très bien
défini à f), un permis délivré conformément
au présent code... mais l'autorisation spéciale ne s'appliquerait
qu'aux professionnels à l'intérieur de la profession qui pratique
de façon réservée, soit un exercice exclusif. Est-ce un
permis qui sera donné pour un temps et qui pourra être
enlevé du jour au lendemain?
M. CASTONGUAY: II y a deux situations qu'on va retrouver plus loin, pour
lesquelles, à ce type de permis, une autorisation spéciale a
été prévue. Supposons le cas d'une personne qui viendrait
enseigner ici, qui aurait été dans l'enseignement de façon
active pendant un certain nombre d'années et qui voudrait appartenir
à la profession, parce que dans son enseignement il y a une certaine
partie de l'activité clinique ou pratique, et ne voudrait pas, d'autre
part, pratiquer de façon générale vis-à-vis du
public. Alors, cette possibilité de demander une autorisation
spéciale pour un temps limité a été soulevée
lorsque nous avions étudié la loi 64 pour les médecins qui
venaient de l'extérieur. C'est un but.
Il y a aussi l'autre possibilité, soit le cas de gens
formés à l'extérieur, qui ont pratiqué dans un
contexte différent d'ici, qui ont eu une formation différente,
ces gens pourraient être jugés aptes à donner certains
soins, mais non pas aptes à pratiquer de façon
générale. Je pense à une personne qui aurait fait de la
psychiatrie, par exemple, pendant toute sa carrière, dans un pays
étranger, qui viendrait au Québec et demanderait d'être
admise membre du collège. Il pourrait être jugé opportun de
lui permettre de pratiquer la psychiatrie, mais seulement la psychiatrie, alors
que le permis dont on parle à l'article 1 f) est un permis
général. Une fois qu'une personne est admise pour pratiquer la
médecine, elle peut poser tous les actes d'après ce permis. Si
c'est dans le domaine de l'art dentaire, la personne peut poser tous les actes
dès qu'elle a son permis du collège des dentistes. C'était
pour prévoir cette possibilité-là. Vous avez certainement
vu dans les journaux récemment, le fait qu'on ne pouvait donner qu'un
permis global ou ne pas donner de permis avait donné lieu à
certaines difficultés. Alors, c'est dans ce sens-là purement et
simplement. Lorsqu'il est émis, il faut qu'il soit émis pour une
période déterminée et, pendant la période
déterminée, on ne peut pas le retirer de façon arbitraire.
Simplement, au terme de la période, avant qu'il ne soit
renouvelé, cela prend une nouvelle décision du bureau de
l'ordre.
M. BELAND: Si l'intéressé pratique toujours dans cette
catégorie donnée, est-ce que le permis va lui être
renouvelé automatiquement?
M. CASTONGUAY: Normalement, oui. Sauf qu'il y a la
nécessité malgré tout pour l'ordre de le renouveler. Ce
n'est pas un permis permanent en tout temps.
M. GU AY : Si j'ai bien compris, ces autorisations spéciales
pourront contenir certaines restrictions quant à la pratique d'une
profession. Est-ce que, normalement, cette autorisation
spéciale va contenir les restrictions, par exemple, dans le cas
d'un professionnel?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. GUAY: Alors on sera en mesure, même comme public, de lui
demander de vérifier s'il ne dépasse pas le champ
d'activité qui lui est permis par cette autorisation
spéciale.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse mais je suis sûr que
vous comprendrez la nécessité de compléter mes exemples
aux fins de nous arrêter sur la définition d'autorisation
spéciale et voir s'il n'y aurait pas nécessité de corriger
cette définition. Tout d'abord, dans les lois spécifiques, la
distinction entre un permis et une autorisation spéciale n'est pas
toujours claire. Dans la loi 255, à l'article 36, alinéa a), on
prévoit qu'un médecin peut recevoir un permis pour cinq ans et
renouvelable en vue d'exercer la pharmacie, à cause de la faible
densité de la population ou de l'absence d'un pharmacien dans un endroit
donné. Ne devrait-il pas s'agir d'une autorisation spéciale au
sens de l'article 1 g) du code des professions? C'est pourquoi, en temps
opportun, j'aurai, à l'occasion de l'étude de la Loi sur la
pharmacie, un amendement pour que la définition de permis dans la Loi
sur la pharmacie soit conforme à la loi générale, à
moins que nous amendions la définition d'autorisation spéciale
à lg).
M. CASTONGUAY: Sur ce point, j'ai donné deux types de situations
en réponse au député de Lotbinière ou au
député de Dorchester. Quant à l'utilisation des termes,
l'autorisation spéciale est limitée dans le temps aux
étrangers, soit qu'ils viennent de l'extérieur du pays ou
d'autres provinces. Quant au permis restrictif, on a gardé permis dans
ces cas. S'il y a confusion possible, je suis tout à fait disposé
à regarder ça.
M. PAUL: Est-ce que le ministre me permettrait de compléter mes
remarques? Je suis sûr que ses conseillers prendront note des quelques
remarques que j'ai à faire sur ce point, par suite de la
référence de l'emploi du terme dans certaines lois
spécifiques.
A l'article 12 de la Loi des architectes, projet de loi 259, on se sert
de l'expression "permis temporaire" dans le cas d'un professeur engagé
dans une école d'architecture du Québec. Est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu de corriger le terme pour dire "permis spécial"? La Loi
médicale, projet de loi 252, a un article identique, à l'article
31, de même que la Loi des dentistes, à l'article 29. A l'article
26 de la Loi des agronomes, projet de loi 258, il est prévu que le
bureau peut délivrer un permis temporaire; on ne parle pas de permis
spécial. Je pense qu'à toutes fins pratiques cela a la même
portée. On parle d'un permis temporaire pour toute personne qui ne
remplit pas les conditions normales pour accéder à la profession.
Ce permis est valable pour cinq ans et pour des emplois spécifiques.
A l'article 38 de la Loi des arpenteurs-géomètres, il est
prévu que le bureau pourra délivrer un permis restrictif
permis spécial, permis temporaire, permis restrictif à une
personne ne remplissant pas toutes les exigences pour obtenir un permis
régulier. Le détenteur d'un tel permis ne pourra poser d'autres
actes professionnels que ceux spécifiquement autorisés par son
permis et il ne pourra porter le titre de géomètre, bien qu'il ne
s'agisse pas d'une autorisation spéciale, dans le cas spécifique
de la Loi des arpenteurs-géomètres, à cause du
caractère permanent du permis. Il y a lieu de se demander si des cas
semblables ne devraient pas être compris dans la définition
d'autorisation spéciale, afin de bien distinguer entre les cas
d'exception et les cas réguliers.
A l'article 32 de la Loi médicale, ainsi qu'à l'article 30
de la Loi des dentistes, il est prévu que le bureau peut délivrer
un permis restrictif annuel et renouvelable à toute personne qui n'est
pas citoyen canadien et qui ne remplit pas certaines conditions en vue
d'obtenir un permis régulier.
On voit tout le catalogue de termes que l'on emploie. Je me demande si,
pour couvrir tous ces cas, par référence à la loi-cadre
qui est la loi 250, les légistes ne pourraient pas tenter de
redéfinir ce qu'est une autorisation spéciale. A moins que l'on
garde la définition que l'on retrouve dans chacune des lois
spécifiques, étant convaincu d'avance, cependant, que le
législateur, le conseiller juridique, l'avocat ou la corporation
professionnelle elle-même devra toujours, au lieu de se
référer à la loi-cadre, se référer à
la loi spécifique. Il en va de même pour une
référence à une loi autre que la loi de la propre
corporation professionnelle de celle dont il est membre.
M. CASTONGUAY: Sur ce point, M. le Président, pourrais-je
demander au député de Maskinongé, s'il ne pourrait pas
nous remettre une copie de l'énumération qu'il a faite?
M. PAUL: Certainement.
M. CASTONGUAY: Je vais demander à M. Morin de regarder la
terminologie utilisée pour les diverses situations, afin de voir si elle
prête à confusion, de telle sorte que nous soyons assurés
qu'on n'utilise pas la même expression, dans toute la mesure du possible,
pour dire des choses différentes.
Il y a un aspect à ce problème que vous soulevez, qui est
réel, que dans des corporations professionnelles différentes, des
situations quelque peu différentes se sont soulevées et telle
corporation a dit: Pour nous, il est important d'avoir tel type de
permis parce que des gens viennent, pour des périodes temporaires. Dans
d'autres cas, on nous a dit: C'est pour des fins d'enseignement. Dans d'autres
cas on nous a dit: C'est pour limiter leur pratique.
Alors, nous allons faire une révision très attentive de
vos notes, du vocabulaire utilisé, pour voir s'il y a des dangers.
M. PAUL: Pour essayer de couvrir, dans la définition de
"autorisation spéciale", tous les cas d'espèce que l'on retrouve
dans les lois spécifiques.
LE PRESIDENT (M. Blank): Alors le paragraphe g) reste en suspens.
Paragraphe h ), adopté?
M. GUAY: Nous pouvons lire: "tableau": la liste des membres en
règle d'une corporation, dressée conformément au
présent code. Y a-t-il c'est peut-être prévu dans
les lois spécifiques une date limite concernant cette liste de
membres ou encore des révisions qui seraient faites de façon
assez rapide? La question m'a été posée en fin de semaine
concernant ce tableau, que l'on définit comme la liste. Les projets de
loi particuliers prévoient des mécanismes à cet
égard. Est-il trop tôt pour en avoir le fonctionnement, même
si...?
M. CASTONGUAY: II est peut-être un peu tôt. Mais comme
principe général, dès qu'une personne est admise, qu'elle
a droit à un permis, elle est inscrite au tableau.
M. GUAY: Automatiquement.
M. CASTONGUAY: II n'y a pas de date limite dans le temps, comme principe
général. Aussitôt qu'une personne est admise dans une
corporation, son nom devrait être inscrit au tableau.
M. GUAY: D'accord.
M. PAUL: Pour autant aussi que cette personne se conforme au
règlement de la corporation.
M. CASTONGUAY: C'est pourquoi j'ai dit: Si un permis lui est
émis.
M. PAUL: Un permis peut être émis. Que le professionnel
soit exposé à ce que son permis ne soit pas renouvelé,
c'est dans ce sens que je parle du règlement.
LE PRESIDENT (M. Blank): Paragraphe i).
M. BURNS: Au paragraphe i), M. le Président, je voudrais faire la
remarque suivante: Si nous nous arrêtons à la définition du
mot "ministre" comme étant "le premier ministre ou tout autre ministre
qu'il désigne", j'ai de sérieux doutes sur l'utilité d'une
telle définition. D'abord, il est évident et ma
référence n'est pas au sujet du premier ministre actuel puisqu'on
légifère, je pense, pour les années à venir
que le premier ministre n'aura sûrement pas le temps, sinon
l'intérêt, pour voir à ce que les différentes
professions fonctionnent tel que prévu en vertu du code des professions,
la loi 250 et suivantes.
A mon avis, ce n'est pas un domaine où l'on doive nommer
spécifiquement un ministre parce que, peut-être qu'il y aura des
problèmes dans une période X de temps, mais une période
qui, à mon avis, sera relativement courte, la période de rodage,
de la mise en vigueur du code des professions et des autres lois connexes. Je
ne vois pas l'utilité de nommer un ministre spécifiquement
attaché à la mise en application de ces lois concernant les
corporations professionnelles.
Notre suggestion, M. le Président, c'est que nous avons
déjà à l'intérieur du Conseil exécutif un
ministre dont le ministère est parfaitement rodé pour
contrôler ce genre d'activités, qui déjà s'occupe
des corporations, qui déjà a, sur pied tout un système
d'enquêtes, parce que le code des professions ainsi que les autres lois
prévoient un certain nombre d'interventions du gouvernement par voie
d'enquête ou autrement. Ce ministère serait celui des Institutions
financières, Corporations et Coopératives; selon nous, le
ministre des Institutions financières est celui qui devrait être
désigné.
Vous allez nous dire que je tente de précéder
peut-être une objection que l'on pourrait nous faire en nous disant: La
protection du public, en général, c'est peut-être quelque
chose qui relève, dans le cadre de l'étude de ces projets de loi,
du ministère des Affaires sociales. Je dis: Oui, très bien, mais
le ministère des Affaires sociales, à mon humble avis, n'est pas
équipé pour faire face à ce type de législation ou
du moins, sa mise en application. C'est bien beau d'adopter un projet de loi
tel que le projet de loi 250, c'est bien beau de mettre de l'avant la
protection du public, c'est bien beau aussi de dire: A l'avenir, chaque
profession sera mieux structurée, sera mieux contrôlée. Ce
qui est important, je pense, si on veut que cette loi ait des effets dans le
concret, c'est qu'elle soit mise en application.
Je préfère, en ce qui me concerne, que l'on nomme un
ministre. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance au premier ministre ni au
ministre actuel des Affaires sociales; encore une fois, cela n'a rien à
faire avec la personne, puisque l'on légifère à long
terme, mais je pense que le projet de loi serait mieux suivi, si on nommait
comme ministre responsable le ministre des Institutions financières. Il
a déjà à surveiller les compagnies en vertu de la
première et de la deuxième parties de la Loi des compagnies; il a
déjà tout un mécanisme d'enquête pour surveiller
cela; il a déjà les syndicats professionnels
sous sa juridiction, les caisses d'épargne et de crédit;
il a déjà les corporations religieuses; il a déjà
les corporations sans but lucratif; il a donc déjà tout un
mécanisme qui est prévu au sein de ce ministère qui,
à notre humble avis, même si ce ne sont pas exactement des
corporations de la même nature, est quand même prêt à
être utilisé à l'égard des corporations
professionnelles. Même à l'intérieur du ministère
des Institutions financières, il y a des choses aussi différentes
qu'une corporation à but lucratif et qu'un syndicat professionnel,
qu'une corporation religieuse et que, sans jeu de mots, des corporations sans
but lucratif.
Pourquoi donc ne pas confier un autre type de corporations à ce
ministère?
C'est pour cette raison, M. le Président, que je fais
l'amendement suivant: Je propose qu'à l'article 1, paragraphe i) on
remplace le texte actuel par le suivant: "Ministre: le ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives." Cela pour
les raisons que je viens de mentionner. Je pense que ce serait le ministre ou
tout au moins, le ministère parce que l'on se
réfère d'abord au ministre par référence à
son ministère le mieux adapté pour voir et suivre à
la lettre la mise en application de ce projet de loi no 250, une fois
adopté, ainsi que toutes les autres lois connexes.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais parler sur
l'amendement proposé par le député de Bourget.
M. BURNS: Le député de Maisonneuve.
M. CLOUTIER (Montmagny): De Maisonneuve, excusez-moi. Le
député de Bourget l'appuie, j'imagine.
M. BURNS: Cela ne m'insulte pas que vous m'appeliez le
député de Bourget. Je trouve que vous me revalorisez.
M. PAUL: Cela honore énormément votre confrère,
vous savez.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parlant sur l'amendement du
député de Maisonneuve, je regrette, M. le Président, de
différer d'opinion en partie sur la suggestion du député.
Je suis d'accord que le premier ministre, même si nous en faisions
l'inscription, ici, n'a certainement pas le temps de s'occuper de cette
responsabilité précise.
D'ailleurs, ce n'est pas le rôle du premier ministre, je pense
bien, de s'occuper d'un secteur aussi précis de la législation ou
de l'administration. D'autre part, on a vu au cours des séances de la
commission parlementaire que quatre ministres se sont penchés sur les
corporations professionnelles, parce qu'à certains moments je pense que
le leader parlementaire a présenté des projets de loi. Il y a eu
le ministre de la Justice, pour les professions à caractère
juridique; le ministre de l'Industrie et du Commerce, pour les professions
à caractère technique ou économique, si on peut les
appeler ainsi, et le ministre des Affaires sociales, pour les autres
corporations professionnelles qui concernent la santé ou les services
sociaux. On ne peut évidemment pas préparer la législation
en fonction de M. le ministre X parce qu'il est là aujourd'hui et que
demain ce sera un autre monsieur. Alors, c'est en fonction de la
responsabilité comme titulaire du ministère. Le
député de Maisonneuve suggère que ce soit le ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives, mais moi je
ne vois pas du tout dans ces lois la philosophie qui guide toute l'action du
ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives. Je vois difficilement la plupart des corporations
professionnelles avoir affaire au ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives. Je suis d'accord, le
ministère s'occupe des coopératives, des compagnies, des
corporations sans but lucratif, mais c'est seulement pour certains
contrôles: l'émission de la charte ou...
M. BURNS: II y a un aspect que j'oubliais qui est très important
pour justifier ma suggestion. Je m'excuse de cette parenthèse. Il est
également chargé de la protection du consommateur. C'est quand
même très près de ce qu'on vise par ces projets de loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, il est responsable de la loi
spécifique de la protection du consommateur. Ici, le public consommateur
est protégé autrement, par d'autres mécanismes
précis dans chacune des lois spécifiques, par le code de
déontologie, le code d'éthique, les contrôles, l'inspection
professionnelle. C'est ça qui protège le public dans ce cas, ce
n'est pas le même mécanisme que la protection du consommateur.
Je n'ai pas d'opinion arrêtée à ce moment-ci,
à savoir si ça devrait être le ministre de la Justice ou le
ministre des Affaires sociales. J'hésite entre les deux ministres. Je
pense bien que ce serait probablement le ministre des Affaires sociales qui
serait encore le mieux qualifié, indépendamment de la personne,
à cause de l'importance, du moins en nombre, des professions de la
santé comprises dans toutes les lois spécifiques qu'on a
présentées. On voit que la complexité de ces lois est
venue surtout du domaine de la santé et des services sociaux, beaucoup
plus que des autres types de lois spécifiques qui nous ont
été présentées. Je ne voudrais pas minimiser les
problèmes, mais, dans la définition du champ d'exercice surtout,
on a vu que c'est surtout dans les sciences de la
santé que le problème se posera. Etant donné que
c'est peut-être au ministère des Affaires sociales qu'on a plus de
concordances avec ces lois et le plus de mécanismes en place, je ne sais
pas si on devrait spécifier tout de suite que c'est le ministre des
Affaires sociales ou un autre ministre.
Je me pose la question à savoir s'il y a suffisamment de
responsabilités de l'Assemblée nationale dans la surveillance de
l'évolution des corporations professionnelles, leur travail. On demande
que ce soit une commission permanente, elle va siéger tous les ans. Il y
a d'autres corporations qui vont demander à être reconnues par la
loi, soit à titre réservé ou champ d'exercice exclusif. Je
pense que d'ici quelques années il va y avoir amplement de
matière avec l'Office des professions, le Conseil interprofessionnel,
les règlements approuvés pour qu'il y ait un responsable. Que ce
soit actuellement le ministre des Affaires sociales qui est le mieux
préparé, c'est peut-être possible. Ce sera au chef du
gouvernement de décider: C'est lui qui en a la responsabilité.
S'il juge que ça retient tellement l'attention qu'il doive nommer un
autre ministre qui est déjà au conseil des ministres, qui aura le
temps, qui aura les connaissances suffisantes, ayant suivi les travaux de la
commission parlementaire, pour se pencher sur ce problème, je pense que
c'est sa responsabilité. Mais, pour ma part, je ne vois pas, je
regrette, le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives assumer la responsabilité du code des professions et
des lois spécifiques.
M. ROY (Beauce): J'aurais aimé dire, M. le Président,
à la suite de l'intervention du député de Lafontaine ainsi
que celle du député de Montmagny...
M. BURNS: Maisonneuve. Vous me "ba-rouettez" d'un bout à l'autre
de la province.
M. ROY (Beauce): Maisonneuve, je m'excuse auprès de mon
collègue.
M. CASTONGUAY: Vous débordez les comtés, comme on le
disait en Chambre, l'autre matin !
M. BURNS: Je suis bien d'accord, mais je ne suis pas sûr que les
électeurs des autres comtés soient bien heureux.
M. ROY (Beauce): C'est un jugement qui sera réservé
à la population lors de la prochaine consultation populaire.
Relativement au ministre désigné ici dans le paragraphe, la
suggestion de l'honorable député de Maisonneuve est à
propos. Les quelques observations se limiteraient de façon assez simple.
Vous avez des groupes, à l'intérieur des corporations
professionnelles qui regardent surtout la santé, d'autres regardent la
justice, d'autres ont été parrainés par le
ministère de l'Industrie et du Commerce.
La loi-cadre est la loi qui cadre tout ce monde-là. Je vois
très mal le ministère et le ministre des Affaires sociales, dans
une législation de ce genre, obligés d'intervenir ou de
surveiller l'application d'une législation qui n'a rien à voir
avec les Affaires sociales mais qui a à voir avec l'Industrie et le
Commerce. Même chose avec la Justice ou vice versa.
C'est pour cette raison que je verrais très bien un
ministère, qui n'est ni la Santé, ni la Justice, ni le Commerce
et l'Industrie. Le ministère le plus capable de se donner une structure
pour surveiller ces choses-là, c'est le ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives. Les
députés de Montmagny et de Maisonneuve l'ont mentionné
tout à l'heure, il y a beaucoup de responsabilités notamment au
niveau des syndicats.
Je pense que ça permettrait au ministère des Institutions
financières d'ajouter un service aux services multiples qu'il a
déjà, de façon que ce service puisse exister en fonction
des corporations professionnelles et assumer la surveillance nécessaire
à la bonne application de cette loi très complexe.
En ce qui nous concerne, l'amendement proposé par le
député de Maisonneuve est très à point et nous
allons appuyer cet amendement pour les raisons que je viens de mentionner.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, en faisant cette proposition, nous
n'avons pas l'impression d'innover de façon radicale, puisque nous
savions à l'avance que le ministre était de notre avis ou, du
moins, qu'il a déjà été de notre avis, car, dans le
rapport de la commission Caston-guay-Nepveu, c'était là une
recommandation de la commission que l'on confie l'application du code des
professions au ministère des Institutions financières.
Je ne sais pas si le commissaire principal, qui est devenu ministre
depuis lors, gardera la même opinion ou s'il a changé d'avis, s'il
y a de nouveaux éléments qui ont été soumis
à sa considération qui ont pu le faire pencher dans un sens
différent. Mais, de toute façon, nous nous sentions fortement
appuyés au départ par les recommandations de la commission
Caston-guay-Nepveu.
Mais il y a aussi d'autres arguments dont certains ont été
mis en relief par le député de Maisonneuve. J'ai
écouté avec intérêt là-dessus ce que disait
le député de Montmagny. Il donnait, pour ne pas appuyer notre
proposition, le fait que trois ministres avaient été
obligés de défendre ces projets de loi.
Il faut bien penser que, si on l'a demandé à trois
ministres, c'est en raison de facteurs circonstanciels. Si l'honorable Roy
Fournier n'avait pas été nommé à un autre poste en
dehors de la sphère gouvernementale, il est très probable qu'il
aurait continué à défendre le projet de loi comme il avait
commencé à le faire
lors des audiences de la commission parlementaire.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce et le ministre de la Justice
sont plutôt venus, permettez-moi cet anglicisme, comme des "pinch
bitters" au dernier moment pour remplacer quelqu'un qui était
peut-être irremplaçable puisque...
M. BURNS: II est tellement irremplaçable que, actuellement, il ne
siège pas.
M. LAURIN: Puis l'expérience s'est avérée
délicate.
M. BURNS: II n'est pas remplacé.
M. LAURIN: II y a aussi une autre raison, c'est la suivante. Dans la
présentation ou la défense des projets de loi particuliers, il
fallait faire état du passé, il fallait faire le point sur une
profession, sur les problèmes qui s'étaient
présentés dans le cadre de l'une ou l'autre de ces
professions.
A ce moment, il était compréhensible que l'on demande au
ministre des Affaires sociales de faire le point sur les 18 ou 19 professions
de la santé; au ministre de la Justice de faire le point sur les
quelques professions juridiques qui restent au Québec, en attendant
qu'elles disparaissent, et au ministre de l'Industrie et du Commerce de faire
le point sur des professions qu'il connaît particulièrement,
d'abord, parce qu'il est ingénieur et parce que certaines de ces
professions ont des incidences économiques.
J'ai l'impression que c'était plutôt pour parler du
passé que pour parler de l'avenir qu'on a fait appel à trois
ministres. D'ailleurs, le fait qu'on ait fait appel à trois ministres
montre bien qu'il n'y a pas de ministre qui s'imposait plus qu'un autre pour
défendre ces projets de loi. Encore une fois, c'est plutôt parce
qu'il s'agissait du passé et que, maintenant, au stade où nous
sommes rendus, il faut plutôt penser à l'avenir.
Maintenant, quel serait le ministre qui serait le plus
désigné pour la mise en vigueur de ce code des professions? Au
départ, on pourrait penser que c'est le ministre des Affaires sociales
pour deux raisons. La première, c'est qu'il y a beaucoup de professions
de la santé dans les professions sur lesquelles nous nous sommes
penchés. Et il n'y a aucun doute que le ministère des Affaires
sociales est plus capable qu'un autre de se reconnaître dans les
linéaments de ces professions. Il y a aussi le fait que la
recommandation de changer et de moderniser le code des professions est venue
d'une commission qui, au départ, s'intéressait plutôt aux
problèmes de santé. C'est entendu qu'au départ cela
habilitait d'une façon particulière le ministre des Affaires
sociales de s'orienter dans ces méandres très complexes.
Il reste cependant que, maintenant que nous envisageons l'avenir, les
raisons même qui mili- taient en faveur du ministre des Affaires sociales
peuvent maintenant se retourner contre lui, du fait précisément
qu'il y a beaucoup de professions de la santé, qu'elles sont toutes
régies maintenant, d'une façon ou d'une autre, étant
donné que ces professions se retrouvent dans le cadre hospitalier, par
des règlements qui explicitent la loi 65, ce qu'on appelait la loi 65,
du fait qu'elles sont toutes appelées à subir, pour leur bien
comme pour leur mal, parfois, les effets de cette réglementation, il me
semble que cela serait dangereux de donner au ministre des Affaires sociales
des pouvoirs qui, éventuellement, pourraient le mettre en conflit
d'intérêts.
Il est bien sûr que le ministre des Affaires sociales sera
appelé à surveiller de près l'application des
règlements de la loi 65 et la modernisation de ces règlements
aussi, éventuellement, mais on peut penser qu'étant responsable
de l'application de la loi 250, le public pourrait ne pas toujours trop faire
le partage entre la réglementation qui découle de la loi 65 et la
réglementation qui découle de la loi 250, ce qui pourrait
entretenir un élément de confusion dans le public.
Deuxièmement, peut-être même qu'un ministre éventuel
pourrait être tenté d'utiliser le cadre législatif
réglementaire de la loi 250 pour les fins que doivent poursuivre la loi
65 et la réglementation de la loi 65.
Comme j'ai beaucoup de charité pour les ministres, je voudrais
même leur éviter cette tentation, ou même qu'on les
soupçonne de cette intention. En ce sens, il me semble que cela serait
beaucoup plus clair qu'on fasse maintenant le partage entre le passé et
l'avenir d'une part, et entre la loi 250, d'une part, et tous les autres
règlements pertinents aux lois particulières.
Il y a enfin une autre raison. Evidemment, nous aurons passé
près de deux ans à discuter de la loi 250, des lois connexes et
probablement des règlements qui devront être appliqués par
la suite, peut-être même plus que deux ans, mais il reste qu'une
fois que la loi sera mise en vigueur, que les professions s'y seront
habituées, que les champs d'exercice se seront un peu plus clairement
délimités, la période de rodage, en somme, une fois
terminée, il deviendra plus facile d'administrer cette loi. A ce moment,
cela sera peut-être opportun de la faire entrer dans le cadre de lois qui
lui ressemblent et aussi au sein d'un ministère qui doit, d'une
façon générale, s'occuper de la réglementation
gouvernant toutes nos institutions de ce genre.
Sans compter également que le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, depuis le temps qu'il
existe, a accumulé beaucoup d'expérience dans ce domaine.
Il a également recruté du personnel bien formé,
dont l'expérience est diversifiée. Encore une fois, il s'agit
d'administrer un code, c'est-à-dire un ensemble de lois qui sont
maintenant uniformisées, où les traits communs sont beaucoup plus
nombreux que les traits particuliers,
ce qui est le propre d'un cadre. Il me semble que, dans ces
conditions-là, il serait plus opportun de renforcer un ministère
comme celui des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, le renforcer au point de vue de la mission qu'on lui
confierait. Ceci l'amènerait à se renforcer au niveau des
équipes, au niveau de la conception, au niveau de la philosophie, pour
précisément surveiller l'application d'un cadre qui se veut
moderne, qui se veut uniforme, qui se veut philosophique aussi, en ce sens
qu'il obéit à la philosophie qui apparaissait dans le rapport de
la Commission Castonguay-Nepveu, qui préconisait justement des
régimes juridiques communs pour toutes les professions. Il me semble,
encore une fois, que c'est seulement dans un ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives qui serait
renforcé que l'on pourrait trouver ces compétences et cette
expérience. Voilà, je crois, qui me semble suffisant pour
justifier notre amendement.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, au paragraphe i), quand on parle de
ministre je ne voudrais pas répéter ce qui a
été dit dans bien des cas, dans les situations qui sont
conflictuelles entre groupes de professionnels, je verrais un ministre
ce n'est peut-être pas le cas, je ne voudrais accuser personne qui
ne serait pas placé ou impliqué directement dans des conflits ou
dans des états de conflit. Je pense que le ministre des Affaires
sociales a à négocier à certaines reprises avec des
professionnels de la santé; il risque d'être accusé assez
directement, à cause de l'implication des professions de la
santé, face au ministère. Peut-être que le ministère
des Institutions financières, qui n'est pas employeur directement, dans
le cas des professionnels de la santé, pourrait donner un cachet tout
autre, peut-être une indication de neutralité. Enfin, ce serait un
ministre qui ne soit pas directement partie dans ces conflits. Il y aurait lieu
probablement d'éviter des accusations assez sévères qui
pourraient être portées à l'endroit du ministre. C'est ce
que j'ajoute. Si le plus grand nombre des corporations sont des corporations
qui touchent au domaine de la santé, peut-être qu'à
l'avenir ce sera encore plus facile d'accuser le ministre. Etant donné
que le rôle du ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives touche de très près le
fonctionnement de plusieurs organismes, je pense que je vais appuyer ce que
d'autres ont proposé, soit que cela relève de ce
ministère.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, si M. le ministre le permet, d'abord,
j'abonde dans une partie des remarques du député de Maisonneuve,
pour ce qui a trait à la désignation du premier ministre comme
étant celui chargé de l'application et de la surveillance de
cette loi. Non pas que nous en ayons contre la personnalité même
du premier ministre, mais ses tâches sont tellement nombreuses qu'il va
de soi qu'il n'a aucune liberté pour s'occuper de l'application du code
des professions.
Le député de Maisonneuve et nos collègues, les
députés de Dorchester, - de Beauce et de Bourget ont
louangé le rôle du ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
Il y a eu référence au rapport Castonguay-Nepveu. Ce sont
peut-être d'excellents arguments. D'un autre côté, il ne
faut pas oublier la responsabilité administrative du premier ministre et
le pouvoir discrétionnaire qu'il a, en vertu de notre constitution, de
demander à un ministre plutôt qu'un autre d'occuper tel ou tel
ministère et de s'occuper de tel ou tel service dans un
ministère. C'est pourquoi je ne verrais pas d'un bon oeil la
cristallisation dans un texte de loi d'un ministre, tel que celui des
Institutions financières, parce que, chaque fois que le premier ministre
verrait nécessaire de mandater un autre ministre de l'application de
cette loi, il faudrait qu'il revienne devant la Législature faire
amender cette loi ou qu'il procède à un remaniement de son
cabinet.
Les arguments apportés par nos collègues,
spécialement le député de Maisonneuve et le
député de Bourget, sont très recevables, sont logiques,
sont à point, et ils militent pour que le premier ministre
considère le ministère des Institutions financières comme
pouvant être l'organisme où le ministre chargé de
l'application de cette loi. Mais, encore là, il ne faudrait pas que le
premier ministre se sente lié dans un texte de loi. C'est pourquoi je
rejoins un peu l'argumentation de mon collègue, le député
de Montmagny, et je ne pourrais souscrire à un amendement à la
loi qui aurait pour effet de confier à l'avance à un ministre
donné la surveillance du code des professions. Il peut survenir, dans
l'application de cette loi, toute une série d'événements,
de problèmes, de litiges, qui nécessiteront peut-être la
nomination d'un ministre responsable, pour une période de huit ou neuf
mois ou dix mois. A ce moment, supposons que ce sont des problèmes
à portée sociale. Il faudra, pour que le ministre des Affaires
sociales puisse être chargé de tenter de résoudre le
problème, que le gouvernement, quel qu'il soit, procède à
un amendement au code des professions pour spécifier que c'est le
ministre des Affaires sociales qui verra à la surveillance de cette loi,
à moins qu'on déplace, qu'on procède à un
remaniement ministériel pour dire, sans le dire, que le ministre des
Affaires sociales s'en aille et devienne ministre des Institutions
financières pour une période de 7, 8 ou 9 mois. Une fois les
différents problèmes réglés, une fois les
différents litiges résolus, à ce moment, le ministre des
Institutions financières pourrait redevenir ministre des Affaires
sociales.
Je crois que l'amendement de l'honorable député de
Maisonneuve est très bien charpenté, quant à la
nécessité que le premier ministre considère le ministre
des Institutions financières comme étant celui qui, normalement,
devrait avoir la surveillance de cette loi, mais je crois que le premier
ministre ne doit pas être nécessairement lié par un texte
de loi.
C'est pourquoi, je le regrette, mon collègue et moi ne pourrons
voter pour la proposition du député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve
aurait-il quelque chose à ajouter?
M. BURNS: M. le Président, j'ai quelques mots à ajouter,
mais je suis prêt à laisser le ministre parler s'il le
désire.
M. CASTONGUAY: Si les commentaires du député
étaient brefs, j'aimerais moi aussi parler à un certain
moment.
M. BURNS: Je veux simplement ajouter ceci. Il y a plusieurs solutions
qui semblent être considérées dans tout ça. Il
semble, au départ, assez clair aux yeux des je n'ai pas entendu
le ministre là-dessus représentants de l'Opposition, que
ça ne doive pas être le premier ministre, sinon dans un texte qui
ne veuille rien dire. Plutôt que de légiférer pour que
ça ne dise rien, nous disons: Enlevons le premier ministre.
Que reste-t-il comme solution? Il reste l'un des trois ministres qui ont
parrainé les projets de loi, un ministre spécifiquement
désigné ou l'autre ministre qui fait l'objet de ma
proposition.
Prenons-les un par un, très brièvement. Le ministre des
Affaires sociales. Je n'insiste pas, car mon collègue, le
député de Bourget, a été assez explicite
là-dessus, c'est peut-être le ministre par excellence qui ne
devrait pas être le ministre responsable à cause même des
arguments donnés par nos collègues de Maskinongé et de
Montmagny. C'est le ministre qui est peut-être le plus sujet à
être en conflit d'intérêts, au sens large du mot et non pas
au sens petit patronage du mot. Parce que c'est à la mode actuellement,
même si je ne vise pas personnellement le ministre des Affaires sociales,
ça se parle beaucoup. C'est le ministre qui, à cause de sa grande
responsabilité sur les diverses professions de la santé, par le
biais des organismes de santé qui relèvent de lui, peut se
retrouver dans un conflit d'intérêts. Je trouve que c'est
peut-être le dernier ministre auquel il faudrait penser et, comme le
disait le député de Bourget, il faudrait peut-être, sans
modifier la loi 65, tenter, par l'entremise du code des professions, de
régler certains de ces problèmes.
Le ministre de la Justice, est le deuxième ministre qui a
parrainé ces projets de loi. Ce dernier se trouve, dans le fond,
à être le ministre qui a endossé deux des quelque 20
professions par proximité de la justice, celles du notariat et du droit.
Vraiment, je ne vois pas ce qu'il aurait à dire, comme vue d'ensemble
sur les professions médicale, paramédicale et autres de type plus
général, comme la comptabilité, le génie, etc.
Enfin, il y a le troisième ministre. Il faut aussi prendre en
considération le troisième ministre qui a parrainé ces
bills. Il s'agit du ministre de l'Industrie et du Commerce. Je ne risque pas de
me tromper en disant que ce n'est pas parce qu'il était ministre de
l'Industrie et du Commerce qu'il a parrainé ces bills, mais à
cause de son expérience d'un certain nombre de professions, entre autres
la sienne, celle du génie. Parce qu'autrement, je ne vois pas pourquoi
il aurait parrainé un bill tel que le bill des agronomes, le bill des
médecins vétérinaires. On aurait peut-être fait
appel alors au ministre de l'Agriculture, plutôt, pour ces
professions.
Quatrièmement, un ministre spécifique, qui serait un
ministre d'Etat affecté à ça, je trouve que c'est une
perte totale et c'est contraire même à la tendance actuelle du
présent gouvernement qui veut regrouper le plus possible sous des
ministères importants diverses responsabilités.
On l'a vu dans le cas du regroupement du ministère des Affaires
sociales, qui était autrefois le ministère de la Santé, le
ministère du Bien-Etre. On l'a presque vu dans d'autres
ministères: le ministère des Travaux publics, des Transports et
de la Voirie, qui se regroupent. C'est la tendance contraire d'affecter un
ministre particulier à une fonction comme celle-là.
L'autre argument contre la nomination d'un ministre distinct pour cela,
c'est qu'une fois comme je l'ai mentionné tantôt la
période de rodage terminée, une fois les divers règlements
mis en application, ce ministre fera face à une sinécure, s'il
n'a pas d'autres responsabilités.
Cela ne se justifie pas et Dieu sait que les salaires des ministres, du
moins d'après les propositions gouvernementales, sont tellement
élevés que cela va venir à nous coûter cher. Il ne
faut pas nommer trop de ces personnes. Ce sont des bibites qui viendront
à nous coûter cher.
Je dis donc que c'est contraire à la tendance;
deuxièmement, c'est désigner quelqu'un à un poste qui
deviendra une sinécure. J'ajoute à tout cela les arguments que
j'ai invoqués en faveur, de façon positive, de la
désignation du ministre des Institutions financières qui, lui, a
tout l'appareil en main. Ce sont les arguments que je voulais ajouter à
ce que j'avais dit tantôt.
M. CASTONGUAY: La question se pose évidemment, mais je pense
qu'il y a un aspect qui n'a pas été mentionné ici, c'est
que, dans le cas de l'application du code et des lois spécifiques, un
peu contrairement au ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives, en ce qui a trait aux tâches
d'analyse, de conseil, etc., il va y avoir l'Office des professions. Il ne
s'agit donc pas d'une responsabilité
qui nécessitera, de la part du ministre qui aura à
l'assumer, la création d'un service administratif nouveau au sein d'un
ministère. C'est un point en tout cas assez important et qui doit
être mentionné. Que la question se pose, j'en conviens, d'autant
plus que, si ma mémoire est bonne, au moment de l'intervention du
député de Bourget en deuxième lecture, il disait
même qu'il y avait probablement avantage ou qu'il y aurait avantage qu'au
départ ce soit le ministre des Affaires sociales qui soit le
responsable. Je comprends que les idées peuvent évoluer et que
l'on puisse poser des questions selon la façon dont on regarde cette
question.
De la même façon qu'au moment où j'ai
rédigé le rapport de la commission avec mes collègues et
que nous recommandions que ce soit le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives, je conçois que
d'autres peuvent évoluer dans leur point de vue et c'est pourquoi je
trouve que le sous-article i) est très bien choisi, parce qu'il va
permettre justement au premier ministre de confier cette responsabilité
à celui qui sera le plus apte à l'assumer dans le temps. Le
problème, comme vous l'avez mentionné vous-même, ne se
posera pas nécessairement de la même façon, dans le temps,
soit à cause des individus qui sont membres du cabinet, soit aussi
à cause de la phase dans laquelle on sera rendu ou des problèmes
qui se posent.
D me semble qu'il y a deux autres aspects à souligner en ce qui a
trait aux commentaires qui ont été faits. On dit: Si tel ministre
est chargé ou est responsable de l'application de cette loi, il se
pourrait qu'il se trouve en quelque sorte dans un conflit
d'intérêts, conflit d'intérêts compris dans un sens
large. Mais il n'en demeure pas moins que le ministre responsable va toujours
devoir, dans les gestes qu'il aura à poser, qui auront une signification
par rapport à cette loi, se référer au
lieutenant-gouverneur en conseil. Lui-même ne peut pas poser de gestes.
Il va soumettre des règlements pour approbation, des choses comme
celles-là, mais lui-même, comme ministre, n'agit pas seul. Le
ministre responsable aurait pu, comme vous le mentionnez, se retrouver quelque
peu en conflit d'intérêts. Il va se retrouver fatalement devant le
même genre de problèmes, au moment où les projets de
règlements seront soumis au lieutenant-gouverneur en conseil.
Maintenant, il y a aussi, il me semble, un autre aspect à cette
question. On a parlé du ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives. La porte est ouverte dans le projet à
ce que ce soit lui qui soit nommé. On a fait l'analyse d'autres
ministres et on a dit: Un ministre d'Etat qui n'aurait que cette fonction,
peut-être que ce ne serait pas trop bon, parce qu'assez rapidement, il
n'aurait pas tellement d'autres responsabilités. Mais on peut imaginer
aussi qu'avec le temps on le voit au niveau du gouvernement
fédéral, on le voit au niveau du gouvernement ontarien, on l'a vu
ici aussi des ministres d'Etat assument les nouvelles fonctions et rien
ne dit qu'il ne serait pas approprié, à un certain moment, qu'un
ministre d'Etat assume cette fonction avec d'autres fonctions. Je pense
à la phase que nous avons traversée ici, au gouvernement du
Québec, en ce qui a trait à la protection de l'environnement
où, graduellement, les choses se sont précisées et
où un ministre d'Etat a eu cette responsabilité, pendant un
certain temps.
Il aurait possiblement pu assumer une autre responsabilité en
parallèle. Cela ouvre un autre champ de possibilités au premier
ministre.
En ce qui a trait au commentaire qui a été fait quant
à la possibilité que le premier ministre assume cette
responsabilité lui-même, nous sommes tous d'accord qu'il a trop de
responsabilités pour assumer directement celle-ci. Par contre, pour une
période d'intérim de quelques jours, cela peut être utile
qu'il soit désigné, simplement à titre de soupape, au
moment où il peut faire des déplacements de
responsabilités. C'est dans ce sens que cette expression a
été mentionnée, le premier ministre ou tout autre ministre
qu'il désigne.
Mais il est clair que ce n'est pas l'intention, et tout le monde est
d'accord sur ce plan-là, qu'il assume cette responsabilité en
plus de toutes celles qu'il a. M. le Président, on pourrait discuter
bien longuement de toute cette question. Mais, compte tenu du fait que la
formule ouvre la porte au choix du ministre qui peut paraître le plus
approprié, c'est encore la plus avantageuse. C'est pourquoi il ne me
semble pas que nous devrions accepter l'amendement qui a été
proposé.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Je peux peut-être remettre mes remarques à 8h ou
8 h 15, étant donné qu'il est six heures.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on ne peut pas trancher cette question?
M. PAUL: M. le Président, j'aurais un autre amendement à
suggérer au sujet de la définition de ministre.
M. CASTONGUAY: C'est reporté à 8 h 15.
LE PRESIDENT (M. Blank): Nous suspendons les travaux de la commission
jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 23
M. BLANK (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Le député de Bourget, sur l'amendement du
député de Maisonneuve.
M. LAURIN: Mes premières remarques s'inscrivent dans le cadre de
l'article 97. Je voudrais rétablir quelques faits. Il est vrai que, dans
mon intervention de deuxième lecture, j'ai dit qu'actuellement le
ministre qui me paraît le mieux préparé pour l'application
de ce projet de loi est sûrement le ministre des Affaires sociales.
J'ajoutais qu'il serait compréhensible qu'on le chargeât de cette
tâche étant donné tout le travail de pilotage qu'il a
déjà fait d'une façon extrêmement compétente.
Mais je disais bien dans mon discours de deuxième lecture que
c'était un facteur circonstanciel. Tout de suite après,
j'ajoutais que d'un point de vue plus formel, plus orienté vers l'avenir
il fallait penser à confier l'application de cette loi au
ministère qui me semblait le mieux préparé de par ses
fonctions, de par sa loi constitutive à l'assumer et je parlais du
ministère des Institutions financières, Compagnies ou
Coopératives ou du bureau du premier ministre, qui est chargé de
la coordination horizontale de tous les ministères. Comme il y a
plusieurs corporations, on pouvait concevoir d'une façon formelle qu'une
corporation s'intéressant à tel champ, une autre à tel
autre champ le bureau du premier ministre pourrait être chargé de
l'exécution de cette loi, bien sûr en déléguant
cette tâche à un assistant.
Je disais aussi que le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives me semblait formellement
bien préparé à remplir cette tâche du fait qu'il est
déjà chargé de l'enregistrement, de la surveillance, du
contrôle de plusieurs groupes auxquels on peut donner le nom de corps
intermédiaires, institutions, compagnies ou coopératives.
J'en viens maintenant à l'intervention du ministre. Dans la
réponse qu'il a faite à nos diverses interventions, il faisait
valoir, premièrement, que les tâches d'analyse, de dissection, si
on peut s'exprimer ainsi, n'avaient pas à être assumées par
un ministre étant donné que la loi les confie d'une façon
immédiate et peut-être importante à l'Office des
professions. Il disait que l'office était chargé, en somme, de
déblayer le terrain, avait une fonction réglementaire assez
étendue à assumer et qu'en somme, une fois le conseil et l'office
ayant fait leurs travaux, il ne resterait peut-être pas grand-chose ou
l'essentiel ne demeurerait pas au ministre. Il disait finalement que tout ce
que le lieutenant-gouverneur en conseil avait à faire, c'étaient
des règlements.
M. CASTONGUAY: Je pourrais faire une clarification.
Je disais, qu'une fois le travail fait par l'office ce travail de
s'assurer que tout est bien conforme à la loi, à l'esprit de la
loi, etc. ce qui reste ne nécessitera pas, au même titre que
s'il n'y avait pas d'office, un service constitué au sein d'un
ministère aussi élaboré. C'est plutôt cela. Le
rôle final demeure important, mais sur le plan administratif, moins
élaboré.
M. LAURIN: Je voulais faire remarquer au ministre que
précisément à cet égard il reste que, comme l'a
fait remarquer d'ailleurs le député de Montmagny dans le
mémoire qu'il nous a présenté, le lieutenant-gouverneur en
conseil demeurera le responsable ultime et le responsable le plus important de
la réglementation, soit qu'on lui confie la tâche
d'élaborer directement les règlements ou soit qu'on lui confie la
tâche d'approuver les règlements, ce qui lui donne le droit de les
modifier. Il reste donc que le lieutenant-gouverneur en conseil conserve un
rôle majeur pour ne pas dire essentiel en l'occurrence et que cela
demeure donc une tâche gouvernementale, la tâche gouvernementale
demeurant la plus importante. Donc, même si l'office et le conseil ont
des tâches importantes surtout en matière de déblaiement,
en matière d'application technique, il reste que le responsable ultime
et majeur demeure le gouvernement.
Deuxièmement, le ministre a fait valoir que le risque de conflit
d'intérêts nétait pas tellement grand, puisque de toute
façon le ministre responsable devra s'en référer au
lieutenant-gouverneur pour l'approbation des règlements. Je suis bien
d'accord avec lui en ce sens qu'à la dernière étape du
processus, il est bien évident que c'est le lieutenant-gouverneur en
conseil qui décide. Mais on sait très bien qu'un
lieutenant-gouverneur en conseil, comme tout conseil d'administration, est un
peu lié moralement ou physiquement parfois simplement à
cause de la fatigue par le travail préparatoire qu'a fait celui
qui présente telle résolution ou tel projet de règlements.
C'est précisément dans l'élaboration, dans la
préparation des règlements que le risque dont on parlait tout
à l'heure, soit celui de conflit d'intérêts réel ou
supposé, pourrait intervenir. Et même le lieutenant-gouverneur
pourrait se faire infléchir, sans même qu'il le sût, dans
une direction donnée, par un projet qui, de toute façon,
s'avérera très complexe. En somme, peut-être que le
lieutenant-gouverneur en conseil, malgré tout le respect que j'ai pour
cette institution, n'aurait pas toujours toutes les lumières ou tout le
temps qu'il faudrait pour scruter dans leurs dernières arcanes les
éléments d'un projet que pourrait lui présenter le
ministre responsable.
A ce moment, le même risque de conflit d'intérêts
pourrait subsister, étant donné que c'est le ministre qui
prépare le projet de règlement qui peut y injecter, à son
insu ou non, des éléments qui pourraient
précisément être interprétés comme
témoignant d'un conflit d'intérêts.
Une autre raison que le ministre a fait valoir, c'est qu'un ministre
d'Etat pourrait se charger de cette fonction avec d'autres qu'on pourrait lui
assigner. C'est un peu la pratique actuellement dans le gouvernement. On confie
à un ministre la responsabilité de l'ODEQ, on lui confie la
responsabilité des initiatives locales. En somme, selon les
circonstances, on lui assigne des tâches différentes. Mais c'est
précisément là que je vois un danger. Etant donné
que les corporations sont avec nous pour demeurer d'une façon constante,
étant donné que ces corporations sont appelées à
évoluer, que, même s'il n'y a pas de problèmes majeurs, il
y aura quand même toujours des problèmes, étant
donné aussi qu'il importe de relier aussi ce type d'institutions avec
d'autres institutions qui, sans être analogues ou identiques, ont quand
même des parentés, il serait important de confier l'application de
la loi à un ministre qui a sous sa coupe toutes ces institutions afin
d'y introduire le maximum de cohérence possible, cohérence
formelle, cohérence législative, cohérence administrative,
cohérence réglementaire. A ce moment, il me semble qu'il serait
plus important d'y penser à l'avance et de prévoir le
ministère qui se rapproche le plus des objectifs que poursuit le projet
de loi.
Encore une fois, pour toutes ces raisons formelles, éternelles
si on peut apporter ce qualificatif aux institutions humaines il
me semble qu'il serait préférable de confier l'application de la
mise en vigueur de ce projet de loi au ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives qui, d'après la
loi constitutive qui lui a été donnée, poursuit des
objectifs qui se rapprochent le plus de ceux que poursuit le présent
code des professions.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, la proposition que le ministre
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives soit
désigné dans la loi même, plutôt que
suggéré au gouvernement, me plaît au plus haut point. Je
pense que cette proposition répond justement à une raison,
à une crainte que nous avons soulignée à l'endroit du
gouvernement lors de l'étude de ce projet de loi en deuxième
lecture, à savoir qu'il y aurait peut-être danger que des
corporations professionnelles deviennent sous la tutelle du gouvernement.
Je pense que le fait de désigner un ministre qui n'est pas
directement impliqué, comme celui qui occupe le poste de ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives, donne un
minimum de garantie. Nous l'avons dit et souligné à maintes
occasions, et je ne veux pas provoquer de débat à ce stade-ci, il
y a un danger. On sait que le ministère des Affaires sociales a de plus
en plus d'envergure, est de plus en plus grand, il a de plus en plus de
fonctions dans tous les domaines, tout ce qui regarde la santé, les
affaires sociales, tous les domaines au Québec. Si ce même
ministère est responsable de l'application d'une loi qu'on appelle le
code des professions et des corporations professionnelles, il y a le danger
qu'il y ait des problèmes occasionnés par des conflits
d'intérêts.
On sait que le ministère des Affaires sociales est un
ministère employeur dans plusieurs domaines et beaucoup de corporations
professionnelles vont devenir des employés du ministère. Alors,
comment le gouvernement peut-il, du fait qu'il a des intérêts
comme employeur dans plusieurs de ces corporations professionnelles, voir
à protéger le public et que ces corporations professionnelles
puissent en même temps avoir voix au chapitre, s'expliquer et avoir
justice?
Nous avons dit tout à l'heure qu'au cas où il surviendrait
des problèmes spéciaux, des problèmes de grande envergure,
de rodage, de mise en place ce pourraient être des problèmes assez
sérieux. Je pense que c'est le député de Montmagny qui l'a
dit, c'est évident qu'un ministre au courant des problèmes,
déjà impliqué serait mieux habilité à
régler ces problèmes. C'est justement là que je commence
à me poser le plus de questions. S'il y a un autre ministère qui
est chargé de l'application de cette loi, lorsque arriveront des
problèmes à ce niveau, on sait que les deux ministères en
question, soit le ministère des Institutions financières et celui
des Affaires sociales, devront nécessairement se rencontrer pour tenter
d'apporter des solutions, des réponses à ces
problèmes.
Je pense donc que cela permettrait une bien meilleure garantie à
l'endroit des corporations professionnelles et de la population du
Québec. Cela permettrait même à l'honorable ministre
d'avoir une meilleure certitude, un poids moins lourd sur les épaules.
Je comprends, que dans les arguments qu'a donnés le ministre, il est
question d'efficacité, de compétence, de permettre au premier
ministre de nommer le meilleur homme. Je comprends que tous les membres de
cette commission reconnaissent et acceptent ces principes. Ce n'est pas du tout
notre intention de mettre ces principes de côté parce que c'est
une chose logique, normale, que tout le monde préconise:
l'efficacité, la compétence et placer le meilleur homme, le bon
homme à la bonne place.
M. le Président, comme il y a aussi une tendance que nous avons
déplorée de laisser de plus en plus de place dans nos lois
à des décisions gouvernementales, aux pouvoirs de
réglementation qui sont accordés au lieutenant-gouverneur en
conseil, je pense quand même quà ce stade-ci, la suggestion faite,
la proposition faite de nommer le ministre des Institutions financières
et de le désigner dans la loi, au paragraphe i) de l'article 1 de la
loi, est très judicieuse et très à point. Nous allons, en
ce qui nous concerne, appuyer cette demande de toutes nos forces parce que nous
estimons
qu'elle est logique, normale et même qu'elle s'impose.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que l'on peut voter sur la motion?
M. BURNS: Avant le vote, je demanderais une question au ministre. On
est, du moins d'après ce que le premier ministre a annoncé,
peut-être à 17 jours du budget. J'imagine qu'un gouvernement de
jeunes administrateurs efficaces comme ce gouvernement doit déjà
savoir dans quel budget se situe la mise en application de ce projet de
loi.
Est-ce que vous êtes en mesure, M. le ministre, de nous dire dans
quel budget? Est-ce dans le vôtre, aux Affaires sociales?
M. CASTONGUAY: Pour la première année, d'après les
dispositions, c'est le fonds consolidé du revenu.
M. BURNS: Ce n'est pas affecté à votre budget?
M. CASTONGUAY: Non.
M. BURNS: Au moment où l'on se parle, est-ce que vous êtes
en mesure de nous dire si c'est vous qui aurez à mettre la loi en
application, la première année?
M. CASTONGUAY: Les dépenses encourues par le gouvernement pour
l'application des articles 4, 5, 9, 75, etc., tous ceux où il y a
dépense de fonds publics, sont payés pour les exercices
financiers 72/73, 73/74 à même le fonds consolidé du revenu
et pour les exercices subséquents, à même les deniers
accordés annuellement à ces fins par la Législature.
M. BURNS: Alors, une question plus précise, est-ce que le
ministre est en mesure de nous dire si c'est son ministère qui va
s'occuper de la mise en application, malgré que ce n'est pas dans son
budget
M. CASTONGUAY: Je ne suis pas en mesure de vous le dire, c'est une
décision que le premier ministre prendra en temps et lieu.
M. BURNS: Cette décision n'est pas prise au moment où l'on
se parle?
M. CASTONGUAY: Cette décision n'est pas prise au moment où
l'on se parle.
M. BURNS: II n'y a même pas d'indication à savoir quel
ministère ça va être?
M. CASTONGUAY: II n'y a pas d'indication à savoir quel
ministère ça va être. Qu'est-ce que vous voulez vous pouvez
scruter tout ce que vous voulez.
M. BURNS: Ecoutez, je vous crois, vous êtes peut-être le
ministre que je crois le plus dans cette boutique.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la motion est rejetée sur
division?
M. BURNS: Non, je demande le vote.
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur la motion d'amendement du paragraphe i)
pour que ce soit le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, tel que proposé par le député de
Maisonneuve.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Roy (Beauce)?
M. ROY (Beauce): Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Burns?
M. BURNS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Castonguay?
M. CASTONGUAY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cloutier (Montmagny):
M. CLOUTIER (Montmagny): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Houde (Fabre)? Il n'est pas ici. M. Houde
(Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Guay?
M. GUAY (Dorchester): Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Carpentier? M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Lacroix? UNE VOIX: II n'est pas ici.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Vaillancourt?
M. VAILLANCOURT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Laurin?
M. LAURIN:Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Lavoie (Wolfe)?
M. LAVOIE (Wolfe): Contre.
M. ROY (Beauce): ... au moment d'un vote.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Taillon?
M. LEDUC: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Paul?
M. PAUL: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Perreault?
M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Contre, 12. Pour, 4. La motion est
rejetée. La motion principale est adoptée?
M. PAUL: M. le Président, si nous regardons la définition
du mot "ministre", il y a, à mon humble point de vue, une façon
nouvelle d'administrer et ce ne sera plus le lieutenant-gouverneur en conseil,
qui va décider, mais bien le premier ministre. Si nous lisons l'article
i), nous lisons "ministre": le premier ministre ou tout autre ministre qu'il
désigne. Toute nomination de ministre à quelque poste que ce soit
doit être faite par le lieutenant-gouverneur en conseil.
Dans les circonstances, M. le Président, je voudrais obtenir du
ministre une information aux fins de savoir pour quelle raison le
lieutenant-gouverneur va maintenant s'effacer devant la personnalité du
premier ministre du Québec. Et suivant la réponse que je
recevrai, j'aurai, par la suite, un amendement à proposer.
M. CASTONGUAY: On me donne deux ordres de réponse. La
première est que, sauf pour les ministres d'Etat, c'est le premier
ministre qui désigne et...
M. PAUL: Suivi de quoi? M. CASTONGUAY: Pardon?
M. PAUL: Suivi de quoi? D'un arrêté en conseil.
M.CASTONGUAY: Oui, mais c'est lui qui désigne.
M. PAUL: Oui, je comprends. Il désigne mais il faut que ce soit
complété. D'ailleurs, pas seulement pour les ministres d'Etat.
C'est la discrétion absolue du premier ministre d'appeler, par exemple,
demain matin, le député de Saint-Louis ou le député
de L'Assomption à occuper un poste de ministre. Mais le choix que
pourrait faire...
M. BURNS: C'est lui qui met le lieutenant-gouverneur en mouvement.
M. PAUL: C'est ça. Mais c'est effrayant comme celui qui est
pressenti voit à ce qu'il bouge vite.
M. CASTONGUAY: Je ne voudrais pas vous contredire mais on me dit que,
dans le cas d'un ministre, il n'y a pas d'arrêté en conseil; c'est
Passermentation.
M. PAUL: C'est ça.
M. CASTONGUAY: Dans le cas d'un ministre d'Etat, il y a un
arrêté en conseil.
M. PAUL: Et si vous voulez confier à un ministre
l'administration, la surveillance, par exemple, de l'ODEQ, ça prend un
arrêté en conseil pour que le ministre titulaire de ce service ait
charge. Alors, comme nous n'avons pas de ministère, il va
nécessairement falloir un arrêté en conseil du
lieutenant-gouverneur.
Je me demande, M. le Président, si le moment n'est pas venu pour
faire une proposition d'amendement.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais vous donner l'autre ordre de
réponse qu'on m'a faite?
M. PAUL: Oui, certainement, avec plaisir.
M. CASTONGUAY: On m'a dit qu'il y a un précédent dans le
cas de la loi de la baie James.
M. PAUL: M. le Président, je pense bien que toute
référence à la baie James n'est pas une
référence d'autorité. Ce n'est pas une
référence d'autorité quand on sait dans quelles conditions
nous avons adopté cette loi et quand on sait, surtout...
M.CASTONGUAY: J'écoute votre projet d'amendement.
M. PAUL: M. le Président, il y aurait peut-être deux textes
possibles, l'un un peu plus long et l'autre, très simple. Ministre:
Celui qui est désigné par le lieutenant-gouverneur en conseil
pour l'application du code des professions. J'admets que c'est lourd.
Voici un autre amendement, qui est plus formel, que je soumets à
la commission parlementaire en ce qui a trait à la définition du
mot ministre: "...tout ministre désigné par le
lieutenant-gouverneur en conseil."
M. CASTONGUAY: Je vous dis que cela est très recevable et que
cela serait très conforme, très correct.
M. PAUL: Remarquez bien. Je ne veux pas prendre...
M. CASTONGUAY: Le second.
M. PAUL: Avant de "seconder", attendez.
M. CASTONGUAY: Non. Je veux dire, le second des doux amendements que
vous avez proposés.
M. PAUL: Le second... Excusez-moi. Je vous prie de noter, M. le
ministre, que je fais disparaître le premier ministre.
M. CASTONGUAY: D'accord. Je l'ai noté.
M. PAUL: Parce qu'il y a toujours cette possibilité... Je n'ai
pas dit le battre, mais le faire disparaître.
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article 1 i) est amendé. "Ministre":
tout ministre désigné par le lieutenant-gouverneur en conseil."
C'est cela?
L'article 1 i) est-il adopté tel qu'amendé?
M. PAUL: Vous avez remarqué que cela sera une excellente occasion
pour le premier ministre de nommer comme ministre responsable le
député de l'Assomption.
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article 1 i) est adopté tel
qu'amendé. Article 2.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qui a motivé le ministre
à inscrire ce nouvel article? Est-ce que c'est la position
adoptée par certaines corporations professionnelles, du moins au
début de nos travaux?
M. CASTONGUAY: C'est simplement parce que, j'imagine, on ne voulait pas
qu'il y ait d'ambiguité quant à l'étendue de l'application
du code. On me dit qu'il était à l'article 58 dans le premier
texte et qu'il apparaissait peut-être un peu loin.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce qu'on a inséré le
nouvel article ici.
M. CASTONGUAY: On avait l'article 58, anciennement, qui disait, dans la
première version que j'ai ici: "Les dispositions de la présente
section s'appliquent à toutes les corporations professionnelles sous
réserve des dispositions contraires du présent code ou d'une loi
particulière."
Là, on commençait la section V qui traitait du bureau et
de tout ce qui suivait. Ce qui précédait touchait la constitution
des corporations et cela s'appliquait évidemment au regard de la
section, à toutes les professions, ensuite nous avions les professions
d'exercice exclusif, les professions à titre réservé comme
à la section III. Pour plus de clarté, si vous vous souvenez, au
moment de l'étude, on nous a fait un certain nombre de propositions
quant à réaménager l'ordre dans lequel les articles
pouvaient être présentés pour plus de clarté et
moins d'ambiguité. Alors, l'article a été changé de
58 à 2.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même si dans certaines lois
spécifiques on a des dispositions qui sont particulières, cela ne
vient pas en contradiction avec cet article-là? Sous réserve des
dispositions inconciliables d'une loi particulière... Parce que dans la
loi du Barreau, quand nous en avons parlé en deuxième lecture, le
ministre de la Justice nous a expliqué les différences
fondamentales quant au conseil administratif, probablement dans la Loi du
notariat aussi il y a une certaine disposition... Alors, il n'y a pas de
contradiction?
M. CASTONGUAY: La règle générale est que dans le
code, des dispositions d'ordre général s'appliquent à
toutes les corporations et, dans chaque loi particulière, les
dispositions particulières peuvent s'appliquer dans un cas ou dans un
autre. C'est celles-là qui priment à ce moment-là.
M. PAUL: Dans les dispositions générales, M. le ministre,
quant au nombre d'administrateurs, ne croyez-vous pas qu'il serait
nécessaire de retenir les critères de l'article 58?
M. CASTONGUAY: Nous reviendrons sur chacun des projets parce que,
justement, j'ai indiqué en Chambre que, dans un cas ou deux, à la
suite de la réimpression, nous avons eu de nouvelles
représentations et nous allons apporter une couple de changements. Il
est possible aussi que pour d'autres raisons, il soit jugé utile dans un
cas ou dans un autre, de faire un ou deux changements. Alors, en règle
générale, ma réponse à votre question est
affirmative. Mais, il me semble qu'il peut y avoir quelques variantes pour des
raisons valables qu'il faudra discuter au moment où nous
étudierons chacun des projets de loi.
M. PAUL: Par incidence, M. le Président, sans insister trop pour
le moment, je me rappelle que la Loi médicale parle d'un conseil
général, au lieu d'un bureau. Alors, ce sera peut-être
encore une justification de la part du ministre qu'il devra nous donner
ou...
M. CASTONGUAY: C'est dans le Barreau.
M. PAUL: Je m'excuse, le Barreau. C'est peut-être un autre point
qu'il faudra retenir en temps opportun.
LE PRESIDENT (M. Blank): II y aura peut-être des sanctions.
M. PERREAULT: M. le ministre, à l'article 2, on mentionne qu'il
s'applique à toutes les corporations qui sont mentionnées
à l'annexe et non pas toutes les corporations qui seraient, en vertu
d'autres lois que la Loi des compagnies, ainsi de suite...
M.CASTONGUAY: Les corporations professionnelles telles que
définies ici. Ce sont, comme vous dites, celles qui apparaissent
à l'annexe 1 du présent code constitué conformément
au présent code.
M. PERREAULT: Alors, ce ne sont pas toutes les corporations.
M. CASTONGUAY: Ce sont celles qui répondent à la
définition. On dit ici "à toutes les corporations
professionnelles". La corporation professionnelle est définie à 1
a): "dont le nom apparaît à l'annexe 1," comme vous le disiez, ou
"qui est constituée conformément au présent code." Vous
pouvez avoir et vous avez raison des corporations d'une autre
nature ou des corporations qui ne sont pas constituées en vertu du
présent code et là, le code ne s'applique pas.
M. PERREAULT: La corporation à laquelle je faisais allusion est
la corporation des techno-logistes professionnels, qui est une corporation
professionnelle, à titre réservé.
M. CASTONGUAY: D'accord. Celle que nous avons discutée
déjà; le code ne s'applique pas à elle.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 2. Adopté.
M. BURNS: Je me pose la question même sur la raison d'être
de cet article. C'est un article qui réflète une très
mauvaise technique législative. Sauf tout le respect que j'ai pour les
légistes, c'est un article qui reproduit au fond les dispositions
normales de la Loi de l'interprétation. Je trouve personnellement qu'il
y a un danger à répéter des règles
d'interprétation qui sont générales dans des lois. Nous
avons une Loi de l'interprétation qui n'est pas là pour rien. Une
des règles de base est que les dispositions d'ordre
général s'appliquent à tout le champ d'action ou à
toute la juridiction visée par la loi, sauf les dispositions
inconciliables. Je ne vois pas pourquoi on vient dire ça dans un projet
de loi. C'est un danger qui, à mon avis, apparaît évident
à l'étude du projet de loi no 250, mais qui devient une maladie
généralisée dans notre législation actuelle. On y
met à tout bout de champ des règles d'interprétation qui
existent, que tout le monde connaît, du moins que les légistes,
que les juristes connaissent. A tout bout de champ, on nous en planque une dans
une loi et, à tout bout de champ, on fait varier les mots. Voyez-vous,
dans le projet original, on inversait le texte. Le projet original disait
à l'article 58: "Les dispositions de la présente section
s'appliquent à toutes les corporations professionnelles, sous
réserve des dispositions contraires au présent code ou dans une
loi particulière." On arrive à l'article 2 où on dit:
"sous réserve des dispositions inconciliables d'une loi
particulière, le présent code s'applique à toutes les
corporations professionnelles." Au fond, c'est toujours la même
règle d'interprétation qui est ressassée et que je vois
mal, à moins que de plus brillants légistes que moi viennent me
dire que j'ai tort.
M. CASTONGUAY: Sur ce point, je pense que le député a
raison, si on regarde ça au plan strict, comme il dit. Je ne mets pas sa
parole en doute lorsqu'il dit que les juristes sont au courant de cette
règle. D'un autre côté, lorsqu'on regarde combien de
personnes, au cours de nos audiences, au cours de leurs travaux au sein des
corporations professionnelles, se penchent sur de tels textes qui ne sont pas
juristes, il me semble qu'on doive faire un certain effort pour leur faciliter
la compréhension de nos lois. Déjà, c'est assez complexe,
que si on peut, à certains moments, le leur faciliter, cela n'est pas
une mauvaise chose.
Je sais, par les diverses discussions que j'ai eues avec des groupes,
par les mémoires que j'ai lus, que bien souvent des groupements qui se
sont intéressés à ces questions, en fait, ont vu des
choses qui n'existaient pas dans nos projets de loi. C'est dû à un
manque d'expérience ou de connaissances dans la façon
d'interpréter les textes de lois. Je ne nie pas ce que le
député dit mais il me semble qu'un tel article peut en aider
certains à interpréter ce projet de loi par rapport aux autres
lois particulières.
M. BURNS: Je vous le souligne parce que je pense qu'à long terme
ce genre de technique législative est très dangereuse pour
l'ensemble du droit. Au contraire, je suis un de ceux qui favorisent les textes
législatifs rédigés en termes très
compréhensibles, accessibles aux non-initiés, quelque chose de
pas du tout ésotérique; je suis entièrement d'accord sur
ça. Mais le danger, c'est que vous avez une loi qui s'appelle la Loi de
l'interprétation, qui est générale et s'applique à
tous les textes au point de vue de l'interprétation. A un moment
donné, on risque de se retrouver dans un méli-mélo
incohérent, incompréhensible. Ce sont les justiciables qui vont
payer pour parce qu'il y aura dans les projets de loi des choses qui se
défendront très mal à cause du fait qu'on adapte des
règles d'interprétation, qu'on les déplace et qu'on les
remanie. C'est en ce sens que je fais cette remarque et je pense à la
législation québécoise à long terme en disant cela.
Ce n'est pas la première loi dans laquelle on constate ce genre
de malformation. De plus en plus, on le constate dans tous les projets
de loi. Evidemment, je ne ferai pas une bataille à n'en plus finir
jusqu'à deux heures du matin sur cette question mais je vous dis que je
trouve cela très dangereux comme technique législative.
M. CASTONGUAY: Je vais demander aux légistes de vérifier
le texte pour s'assurer qu'il est autant que possible dans le même style
et dans la même forme que les dispositions analogues dans la Loi de
l'interprétation. Alors, on aura évité le danger que vous
soulignez et on aura une disposition qui facilitera, pour ceux qui sont moins
avertis, la compréhension de ce texte-là en conjonction avec les
lois particulières.
M. BURNS: C'est simplement une remarque que je voulais faire. Je ne
voterai même pas contre l'article tel qu'il est.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 2, adopté. S'il y a quelque
changement, on y reviendra.
M. ROY (Beauce): C'est toujours adopté, M. le Président,
avec les réserves qu'on avait mises au début.
LE PRESIDENT (M. Blank): Oui. Ça ne sont pas seulement les
réserves du ministre, ce sont les miennes aussi. Je suis prêt
à ouvrir le débat de nouveau.
M. PAUL: Est-ce que vous croyez que c'est plus fort?
LE PRESIDENT (M. Blank): Ici, il le faut. Article 3.
Office des professions du Québec
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser à
l'honorable ministre, peut-être aux légistes. "Est institué
un organisme sous le nom, en français, dn"Office des professions du
Québec." On sait très bien que le mot office est changé
dans bien des textes de lois, on a tendance à le remplacer par un mot
peut-être à meilleure consonnance française. Alors, je me
demande pourquoi on a encore insisté sur le mot office.
M. CASTONGUAY: C'est un mot qui est très français. Vous
avez l'Office de la langue française, par exemple, et c'est un mot
très français.
Peut-être que, dans d'autres cas, on a voulu, lorsqu'il y avait
des fonctions administratives et en même temps réglementaires plus
larges, utiliser le mot "régie", mais, dans le type de fonctions qui est
prévu ici, le type d'organismes, le mot "office" est un mot très
français.
M. ROY (Beauce): II est très français d'ac- cord, mais
j'ai remarqué que, dans d'autres lois, on a souvent soulevé ces
points-là à l'Assemblée nationale.
M. BURNS: M. le Président, j'ai quelques remarques à faire
sur cet article, qui s'inspirent du livre I de la commission Gendron, mieux
connue sous le nom de la commission d'enquête sur la situation de la
langue française et sur les droits linguistiques au Québec. Dans
le livre 1, on parle de la langue de travail, mais je m'attache plus
particulièrement à des dispositions qu'on trouve à la page
233 du rapport Gendron.
Pour simplement cadrer mon intervention, je vous dis tout de suite que
je m'attaque à l'article 3 parce que l'on donne deux noms à
l'Office des professions. Un, en français, et un, en anglais. Je lis
l'article qui est très court : "Est institué un organisme sous le
nom, en français, de "Office des professions du Québec" et, en
anglais, de "Quebec Professions Board."
A la page 233, la commission Gendron nous dit, entre autres choses, et
c'est une de ses principales recommandations, que le français doit
être la seule langue officielle du Québec. Je ne cite qu'un bref
extrait qui, je pense, nous donnera à peu près ce à quoi
je veux en venir. Toujours à la page 233, on lit dans le rapport Gendron
ceci: "Nous discutons dans notre rapport sur les droits linguistiques de tous
les aspects juridiques de cette question." On est justement dans un des aspects
juridiques, on nomme et on institue un organisme qui s'appelle l'Office des
professions. Je continue la citation: "Notre but, ici, est de rappeler la
nécessité pour le Québec de définir clairement sa
personnalité linguistique." Je vous fais grâce de tout ce qui
vient. On en arrive à la recommandation suivante, à la page 234:
"Nous recommandons au gouvernement du Québec, tout en conservant
l'article 133 de l'A.A.N.B., l'Acte de l'Amérique du nord britannique,
mieux connu sous le nom de British North America Act, de proclamer, dans une
loi cadre, le français, langue officielle du Québec, ainsi que le
français et l'anglais, langues nationales du Québec, et de
maintenir l'anglais comme langue d'enseignement dans les écoles
anglo-protestantes et anglo-catholiques et comme une des deux langues de
communication des individus avec l'Etat".
Ce que j'en tire, M. le Président, comme recommandation,
après avoir lu tout ce qui précède cette recommandation,
c'est que la commission Gendron nous accouche d'une recommandation qui dit : La
langue officielle et si on vérifie ce qu'est la langue
officielle, je pense que cela apparaît très clairement d'ailleurs
dans les divers travaux qui apparaissent en annexe du rapport de la commission
Gendron, entre autres le travail qui a été exécuté
par M. Jean-Charles Bonenfant, qui étudie très clairement ce que
veut dire langue officielle c'est la langue de l'Etat, c'est la langue
de communication de l'Etat. Je pense que je n'ai pas besoin de
parler plus longtemps là-dessus. Or, la langue de communication
de l'Etat en ce qui nous concerne, ici, c'est la langue de la majorité,
c'est ce que recommande la commission Gendron, et la langue de la
majorité, qu'on le veuille ou non, en l'occurrence, c'est le
français.
Je ne vois pas, si on doit mettre en application ou commencer à
prévoir une loi éventuelle relativement à la langue de
communication, à la langue officielle, que l'on puisse accepter dans un
texte légal, lorsque le gouvernement crée un organisme qui
s'appelle l'Office des professions du Québec, qu'il s'efforce de lui
donner un nom anglais. Il y a les raisons de principe sur lesquelles on
pourrait s'étendre très longtemps et que, je pense, je n'ai pas
à défendre, puisque, déjà, une commission que nous
avons payée en arrive avec cette recommandation de langue officielle. Il
y a aussi une argumentation d'ordre très pratique. Je pense qu'il est
important qu'une fois pour toutes, les organismes publics à moins
que le ministre veuille me prouver que l'Office des professions du
Québec n'est pas un organisme de ce caractère aient un
seul et unique nom pour faire cesser cette espèce de situation
ambigüe où on traite un organisme à caractère public
de deux noms différents comme la Régie des Alcools ou la
Société des alcools, la Quebec Liquor Board, je ne sais trop
quoi.
On retrouve ce problème dans toutes et chacune de nos lois.
Depuis la publication du rapport Gendron, ou depuis la fuite du rapport
Gendron, c'est peut-être la première fois où on a
l'occasion de se pencher sur ce problème. Je trouve important qu'on se
décide et qu'on dise: Bien, on n'a pas investi des millions de dollars
dans la commission Gendron pour mettre de côté
systématiquement toutes et chacune de ses recommandations et, entre
autres, les plus faciles à appliquer. Peut-être que l'une des plus
faciles à appliquer dans le contexte actuel, c'est celle que je veux
vous faire par la voie de mon amendement et qui ne comporte pas, à ce
que je sache, de problème tel que cette levée de boucliers que
vous observerez de la part des gens dont la langue maternelle est
l'anglais.
Je pense qu'il est normal que, lors de l'étude de ce projet de
loi, on se dise: N'est-il pas acceptable qu'un organisme à
caractère aussi public que l'Office des professions ait le nom de la
langue de communication de l'Etat, c'est-à-dire le nom dans la langue
française? Un peu plus loin, dans ce même livre du rapport
Gendron, on en arrive aux pages 386 et suivantes à faire la même
recommandation pour les compagnies ou les organismes privés. On dit que
toute compagnie privée je vous fais grâce encore une fois
de la lecture mais je cite les pages 385 et suivantes du rapport
Gendron, toujours dans le premier livre où on dit, en deux mots: Si un
organisme privé je dis que ça devrait être encore
plus vrai dans le cas d'un organisme public n'a pas de nom en
français, on devra par législation le forcer à en avoir
un.
On ne parle pas, d'autre part, de l'organisme avec un nom
français qui devrait, lui, en avoir un en anglais. La recommandation du
rapport Gendron ne vous dit pas: Si un organisme, d'autre part, n'a qu'un nom
français, il faudra qu'on le traduise en anglais. Je me sers de ces deux
arguments. D'ailleurs, la deuxième recommandation, à mon avis,
est intimement reliée à la première. Elle est logique dans
les circonstances. L'exigence de base, selon le rapport Gendron, c'est qu'il y
ait un nom français, mais quand il y a un nom français, on
n'exige pas qu'il y ait version anglaise. Se basant sur l'énoncé
d'ordre général qu'il y ait une langue officielle qui soit le
français, on dit que c'est bien normal que l'organisme public qui, lui,
est dans le fond une espèce de prolongement du gouvernement, ou de
l'Etat, qui est une créature de l'Etat, donc une espèce de
projection de ce gouvernement dont la langue officielle devrait
éventuellement être le français... mais nous, nous trouvons
qu'il devrait être parfaitement normal que l'article 3 soit amendé
de la façon suivante, et j'en fais la proposition. Article 3, dans la
version française, je propose de remplacer l'article 3, par ce qui suit.
La proposition est double, évidemment, la version française et la
version anglaise. 3. Est institué un organisme sous le nom de "Office
des professions du Québec". Et dans la version anglaise c'est
toujours dans ma proposition je propose de retrancher dans les
deuxième, troisième et quatrième lignes les mots "Quebec
Professions Board in English and," and the words "in french"...
C'est ma proposition. Je l'ai expliquée.
Je ne ferai pas de cachette, je n'essaie pas de vous passer ça en
dessous du nez sans que vous ne le sachiez. D'ailleurs, je pense que vous
êtes plus intelligents que ça et j'ai plus de respect pour vous
que ça. Je demande tout simplement et bien clairement que l'Office des
professions ait un seul et unique non, que ce nom soit francophone,
français, et que ce nom soit l'Office des professions du Québec.
C'est ce que ma proposition vous soumet, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur l'amendement?
M. CASTONGUAY: Est-ce que d'autres membres veulent parler?
M. GUAY: Est-ce nécessaire, M. le Président?
M. CASTONGUAY: J'aurais quelque chose à dire sur cette
question.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le ministre.
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas en main le rapport Gendron et j'aimerais
aussi, à titre de préambule, dire que je suis aussi
intéressé que quiconque ici à cette question de la
langue,
aussi bien dans la désignation des organismes que dans des
communications. On se souviendra qu'une directive a été
émise, si ma mémoire est bonne, au cours de l'automne 1970 quant
à la façon de communiquer des ministères, soit
vis-à-vis des autres gouvernements provinciaux ou fédéral,
compagnies ou organismes, individus, etc., selon qu'ils demeurent au
Québec et à l'extérieur.
Nous appliquons, au ministère, d'une façon aussi
rigoureuse que possible, ces directives qui visent, dans nos communications,
à utiliser la langue française. C'est une question qui ne me
laisse pas insensible, comme elle ne laisse insensible aucune des personnes ici
présentes, j'en suis bien certain.
J'ai lu le rapport Gendron; je ne suis pas capable de citer le passage
de mémoire, et j'aimerais que le député me précise,
s'il est possible pour lui de le faire, sur la désignation des
organismes. Le rapport recommandait que les organismes, comme il l'a
mentionné, aient un nom français en premier lieu, que ce nom soit
utilisé de façon courante et qu'il ait aussi, au besoin, un nom
anglais.
M. BURNS: Je peux préciser pour le ministre. Je croyais que tout
le monde avait fait son devoir et que tous avaient lu le rapport Gendron. Je
vois que le ministre l'a lu, parce qu'il me cite un extrait presque de
mémoire. Ce à quoi le ministre se réfère, c'est la
recommandation qui se trouve à la page 384, qui est pour les organismes
privés.
Je peux vous la lire, elle dit ceci: "Nous recommandons que tout
organisme déjà créé en vertu des lois du
Québec, qui n'a pas de nom français ou dont le nom anglais n'a
pas de version française..." C'est assez important, je vous dis bien
honnêtement que, à cette partie du rapport Gendron, on parle des
organismes privés, les organismes qui sont sous le contrôle du
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives. "... ou dont le nom anglais n'a pas de version
française, puisse se donner sans frais, dans le délai d'un an
après la passation de la loi, un nom français ou une version
française de son nom".
Mon argumentation de tantôt était reliée à
cette recommandation ainsi qu'à celle apparaissant à la page 232.
Est-ce que j'ai dit 234 tantôt? Non, excusez-moi, c'est à la page
234, j'avais bien raison. C'est la recommandation générale
relativement à la langue officielle. Dans le fond, j'interprète
le rapport Gendron, je ne m'en cache pas.
Le rapport Gendron n'a peut-être pas pensé carrément
à ce que je dis actuellement. Mais je le dis, si le rapport Gendron est
le moindrement sérieux, s'il doit tenir compte du fait que sa principale
recommandation, concernant la langue officielle, doit avoir une
résonance dans le concret, ces deux recommandations, celle apparaissant
à la page 234 relativement à la langue officielle et celle que je
viens de vous lire à la page 234 relativement au nom des
sociétés, ces deux choses-là doivent se
compléter.
Je dis que la commission Gendron prenons la deuxième
recommandation nous recommande qu'une société
privée, que cela soit une compagnie, une société ordinaire
ou une société en vertu du code civil, des personnes formant une
société ou tout autre organisme en vertu de la Loi des
compagnies, je dis que si elle recommande que cette corporation privée
doit avoir un nom français et n'exige pas que celle qui a un nom
français ait une version anglaise, c'est une suite logique de la
première recommandation que je vous ai citée tantôt, de la
recommandation d'ordre général voulant que la loi
éventuelle reconnaisse une langue officielle qui soit le
français.
Partant de ces deux recommandations et les jaugeant ensemble, les
faisant vouloir dire quelque chose ensemble, je me dis: La commission Gendron
je vais vous le dire bien honnêtement, elle n'a pas
été aussi explicite que cela a sûrement voulu que
les organismes publics, eu égard à la langue officielle qui doit
être la langue de communication de l'Etat, la langue française,
aient un nom français.
Je ne sais pas si je charrie trop mais, si la langue de communication de
l'Etat doit être le français, si on exige des
sociétés privées qu'elles aient un nom français et
que, si elles l'ont en français, on n'exige pas qu'elles l'aient en
anglais, je me dis qu'au moins l'organisme public, lui, doit avoir un nom
français, point. Cela devient une traduction du grand
énoncé: langue officielle, langue de communication de l'Etat.
C'est dans ce sens que je fais ma proposition. Je ne le sais pas mais...
M. CASTONGUAY: J'écoute...
M. BURNS: ... j'espère que je précise davantage.
M. CASTONGUAY: ... et je comprends votre raisonnement. Mais je reviens
à ma question et j'aurais une suggestion à faire. Il me semble
également que la commission avait des commentaires à faire en
plus de ceux que vous mentionnez sur la désignation des organismes.
M. BURNS: La désignation des organismes publics?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BURNS: Je n'en ai pas de plus précis ici sous la main.
M. CASTONGUAY: Comme je vous le dis, j'ai lu...
M. BURNS: Je suis prêt d'ici à demain à fouiller
davantage mais je n'en ai pas sous la main de plus précis. En tout cas,
il n'y en a pas qui m'ont frappé comme étant plus précis
à cet égard. Je pensais que le lien entre les deux,
c'est-à-dire la déclaration de politique
générale et la déclaration de politique
particulière relativement aux déclarations de
sociétés, devrait être suffisant pour nous convaincre que
la commission Gendron, si elle avait été plus explicite, sauf
erreur... Remarquez, j'ai peut-être mal compris la recommandation que le
ministre nous fait mais je suis prêt à fouiller davantage à
cet égard..
M. CASTONGUAY: Comme je vous dis, de mémoire, je ne suis pas en
mesure de m'en souvenir.
M. BURNS: Moi non plus.
M. CASTONGUAY: Pour cette raison, je suggérerais qu'on suspende
l'article.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article 3 est suspendu.
M. LAURIN: Avant qu'on suspende l'article, j'aimerais donner d'autres
motifs de réflexion au ministre pour le temps qui s'écoulera
entre ce moment-ci et la reprise de l'article.
M. Daniel Johson, dans la dernière conférence qu'il a
donnée avant sa mort, à une question qu'on lui posait,
répondait par un parallèle. Il disait: Evidemment, il faudrait
que le français devienne la langue officielle du Québec ou, pour
me faire mieux comprendre des journalistes qui s'expriment en langue anglaise,
il faudrait que le français devienne aussi important au Québec
que l'anglais l'est en Ontario. C'est-à-dire, alors qu'en Ontario
l'anglais est le "prevailing language", au Québec on devrait pouvoir
trouver, dans les faits et dans les formules, un mot qui correspondrait
exactement à ce que veut dire en anglais "prevailing language". A ce que
je sache, lorsqu'en Ontario on établit un organisme gouvernemental dans
les textes de loi, jamais on ne prévoit une traduction française,
même si en Ontario il existe une minorité importante de
francophones. Et je pense que c'est le même cas pour toutes les autres
provinces du pays. C'est mon premier argument.
Le deuxième est qu'il y a eu un précédent. Je
m'excuse auprès de mon collègue de Maisonneuve mais je pense
qu'il y a eu un précédent dans l'histoire législative du
Québec.
Sous l'ancien gouvernement, le ministre des Affaires culturelles a fait
adopter deux lois: une créant une Régie de la Place des Arts et
l'autre une corporation, la Corporation du Grand Théâtre. Dans la
traduction anglaise, cette régie et cette corporation étaient
écrites sous leur nom français, afin d'éviter toute
ambiguïté, afin que la personnalité linguistique de ces
institutions soit très clairement exprimée. Je pense que c'est
là le sens, l'esprit du texte de la commission Gendron. Quand le
commissaire
Gendron dit qu'il faut établir, affirmer d'une façon
solennelle la personnalité linguistique du Québec, aussi bien
pour les Québécois francophones que pour les immigrants, que pour
les Canadiens, que pour les investisseurs étrangers, je pense que c'est
cela qu'il veut dire. Quand l'Etat crée un organisme qui va le
représenter d'une façon essentielle, qui va relever directement
de lui, il faut que la désignation de cet organisme symbolise en
même temps qu'elle incarne la personnalité linguistique de l'Etat
qui possède une langue officielle ou qui devrait posséder une
langue officielle.
Je pense que c'est là le sens du rapport de la commission Gendron
et des remarques du commissaire Gendron aussi bien que le sens de notre
amendement, car, il ne faut pas se le cacher, l'Etat, si l'on veut qu'il
devienne français, doit peser de tout son poids sur la
réalité québécoise, son poids juridique, son poids
législatif, son poids institutionnel et même, ajoute la commission
Gendron, son poids financier, par l'intermédiaire des subventions qu'il
verse aux entreprises qui les lui demandent. C'est cela que l'on appelle au
fond une intervention morale, symbolique, effective et efficace de l'Etat au
service d'une politique qu'il entend affirmer d'une façon claire,
dépourvue de toute ambiguïté et aussi d'une façon
solennelle. C'est la première occasion, au fond, que l'on a, depuis la
parution du rapport, comme le soulignait mon collègue de Maisonneuve, de
faire jouer à l'Etat ce rôle-là, même s'il y a eu des
précédents. Je pense que cette affirmation, par le biais de cet
amendement mineur, aurait un sens nouveau cette fois-ci, en ce sens que cela
dénoterait justement un événement qui est survenu et qui
va changer le cours des choses, c'est-à-dire ces trois années de
réflexion, de délibération que nous avons tous
vécues en tant que membres de l'Assemblée nationale, sur
l'orientation future du Québec. C'est dans ce sens-là que nous
présentons cet amendement.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de L'Assomption.
M. PERREAULT: M. le Président, je ne peux souscrire à
l'extrapolation subjective du député de Maisonneuve. Il mentionne
que, dans le rapport Gendron, le français est la langue officielle, mais
il faudrait aussi mentionner que le rapport Gendron parle de deux langues
nationales. L'Office des professions est au service des deux nations du
Québec, la nation anglophone et la nation francophone. Etant
donné que cet office dépend des deux nations du Québec, je
crois qu'il doit refléter ce point de vue. Il est à leur service
et il doit s'inscrire dans les deux langues nationales.
M. BURNS: Est-ce que c'est une interprétation subjective que vous
faites là vous aussi ou si c'est la position officielle du gouvernement
que vous êtes en train de donner?
M. PERRAULT: C'est mon interprétation personnelle, c'est mon
point de vue, suivant le rapport Gendron qui mentionne deux langues
nationales.
M. BURNS: Oui, mais vous savez ce que cela veut dire une langue
nationale? Cela veut dire une langue protégée. C'est cela que
ça veut dire. Ce n'est pas une langue officielle. C'est bien
différent.
M. PERRAULT: Non. Ce n'est pas cela...
M. BURNS: Vous lirez la constitution suisse et d'autres, la constitution
danoise, la constitution finlandaise. Vous verrez qu'eux l'ont
déjà...
M. PERRAULT: Je ne vis pas en Finlande, je vis en Amérique du
Nord.
M. BURNS: De toute façon, M. le Président, je veux juste
demander au ministre si, à la suite de ses recherches... Nous
suspendons, si je comprends bien?
LE PRESIDENT (M. Blank): Oui. L'article est suspendu.
M. BURNS: Je demande également au ministre, aussi comme
réflexion, qui pourrait peut-être nourrir ses pensées
durant les quelques heures qui vont venir, en plus des autres parce que
j'imagine qu'il n'a pas seulement cela à penser, malgré que c'est
bien important je lui demande s'il trouve la recommandation à
laquelle il se réfère. J'ai feuilleté très
rapidement le rapport aux endroits où je pensais qu'on pourrait
peut-être la trouver, mais je ne l'ai pas vue jusqu'à maintenant.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de faire venir le commissaire Gendron pour lui
demander d'expliquer son rapport à cet égard, ici à la
barre de la commission?
Je trouve que c'est un problème assez important parce que c'est
la première pièce de législation où on aura
à mettre en application, possiblement, les recommandations de la
commission Gendron.
M. CASTONGUAY: M. le Président...
M. BURNS: Je ne demande pas une réponse tout de suite mais est-ce
qu'il peut penser à ça?
M. CASTONGUAY: On peut y penser.
M. BURNS: Je vais le lui redemander quand il aura la réponse.
LE PRESIDENT (M. Blank): L'article 3 est suspendu. Article 4.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur l'article 4, je voudrais faire quelques
remarques préliminaires et suggérer au ministre un
amendement.
C'est peut-être l'article où il y a eu le plus de
suggestions par toutes les corporations professionnelles qui sont venues devant
la commission. On a fait des suggestions quant au nombre de personnes devant
constituer l'Office des professions, sur le mandat, la durée, enfin on a
fait une foule de suggestions. Le ministre en a retenu quelques-unes et,
même s'il ne les a pas retenues en entier, du moins il a retenu l'esprit
qui a présidé aux suggestions faites par les corporations
professionnelles.
Une suggestion qui avait été faite, c'est que la
durée du mandat n'excède pas cinq ans. Plusieurs corporations
professionnelles avaient fait cette suggestion, entre autres la Chambre des
notaires, l'Association des architectes du Québec, la Corporation des
urbanistes du Québec, la Fédération des infirmières
et infirmiers unis, le Conseil interprofessionnel. Une autre suggestion a
été faite, c'est que le président de l'Office des
professions soit nommé par l'Assemblée nationale; c'est le
Conseil interprofessionnel qui a suggéré ça et le
Collège des optométristes, entre autres. Une autre suggestion,
c'est que le président de l'Office des professions soit choisi parmi les
juges de la cour Provinciale; c'est l'Association des infirmières et
infirmiers de la province de Québec qui a soumis cette suggestion.
On a parlé de la représentativité et du rôle
de l'office. A ce sujet, je pense que l'intervention la plus substantielle a
été faite par le porte-parole du Collège des
médecins et chirurgiens à l'effet que l'Office des professions
devienne un organisme composé en partie des représentants du
public et soit doté des pouvoirs nécessaires à son
rôle de surveillance des corporations. C'est important, si le ministre a
une minute, pas ce soir mais en même temps qu'il pourra songer à
la suggestion du député de Maisonneuve et du député
de Bourget, s'il pouvait trouver une minute pour relire le témoignage du
Dr Leboeuf devant la commission parlementaire, au sujet de l'Office des
professions, sa représentativité. C'est au journal des
Débats, à la page B-240. Je pense qu'il y a là un
très bon texte à relire.
Egalement, je me demande si le ministre a des objections majeures
à ce que l'office devienne un organisme tripartite. Tel que
proposé, ce serait un organisme qui aurait des représentants des
corporations professionnelles et des représentants du gouvernement. On
n'a pas été assez précis dans le sens de la
représentation du public et des groupes socio-économiques dont
j'ai parlé au début de mon intervention cet après-midi aux
travaux de la commission. J'aimerais que le ministre procède par
comparaison. Quand on a étudié la loi 65, la loi portant sur les
services de santé et les services sociaux, on a abondamment
discuté de la représentativité par les groupes
socio-économiques. Etant donné que l'expérience est en
marche il y a eu des nominations, des missions sont organisées,
travaillent j'aimerais que le ministre nous fasse part de son
expérience personnelle
pour savoir si on a eu raison de s'engager dans cette voie. Même
si ça ne fait que quelques mois, l'expérience qu'on peut
peut-être en tirer est déjà précieuse pour nous dire
si on doit continuer de s'engager dans cette voie ou si c'est une utopie, si
c'est trop difficile de déterminer les groupes socio-économiques,
si véritablement les groupes socio-économiques sont
intéressés à cette représentation. Ce sont
peut-être des commentaires que le ministre pourrait nous faire dans sa
réponse.
Les suggestions que je voudrais faire sont les suivantes: même si
le ministre a accepté, à partir d'une représentation de
trois membres, de la monter à cinq membres, il me semble que, pour
l'importance de l'organisme qu'on met en place, il s'agit de l'organisme majeur
du code des professions, c'est un organisme extrêmement important. Cinq
personnes, il est entendu que c'est mieux que trois, mais il me semble que,
quant au nombre et à la représentativité des personnes, on
n'a pas assez couvert le champ. Je ne sais pas si on aura un assez large
éventail je ne dirais pas de compétences, parce que les gens qui
sont là seront compétents mais de disciplines, de
représentations, de secteurs couverts. C'est là-dessus que je me
pose la question. Le sens de ma suggestion serait que l'on songe
sérieusement, si c'était possible, de porter cette
représentation à neuf membres. Si c'est impossible par la
discussion qu'on va avoir et qu'on pense que le mécanisme serait trop
lourd, il y aurait encore un moyen terme à garder, c'est-à-dire
que sept membres seraient peut-être préférables à
cinq.
M. le Président, c'est une partie de ma suggestion que le nombre
de membres soit augmenté de cinq à neuf afin de permettre une
représentation raisonnable du gouvernement et des groupes
socio-économiques. L'office serait composé je
précise cette proposition de cinq professionnels choisis parmi
une liste soumise par le Conseil interprofessionnel. Il y aurait deux
représentants du gouvernement choisis par le lieutenant-gouverneur en
conseil et deux représentants choisis parmi une liste soumise par les
groupes socio-économiques intéressés, tenant compte des
commentaires que j'ai faits tantôt et de l'expérience vécue
dans le cadre du projet de loi 65.
Quant au mandat, à sa durée, il y aurait un facteur bien
important et j'en ai parlé au cours de l'étude de la Loi 65,
à savoir l'importance de la continuité sur les corporations
professionnelles, afin qu'on n'arrive pas du jour au lendemain avec un conseil
d'administration tout chambardé et ne comportant que des nouveaux, non
au courant des problèmes et des travaux qui ont été faits
avant. Je pense que la continuité est bien importante et doit être
prise en considération et la stabilité aussi, dans le but de
créer une atmosphère de travail qui inspire confiance pour les
membres de la profession et pour le public en général. Ce n'est
pas une aventure que le code des professions et l'Office des professions.
Dix ans, c'est peut-être un peu long, il y a peut-être des
dangers contenus dans le mandat de dix ans, dans le sens que ceux qui ont ce
mandat de dix ans ne sont peut-être pas exempts à un moment
donné d'une certaine fatigue, lassitude ou inertie, malgré toute
leur bonne volonté. On sait comment cela se passe, on a besoin
d'être stimulé. Il est vrai que d'autres qui arrivent dans le
conseil d'administration apportent un élément nouveau, on appelle
cela introduire du sang nouveau. Je pense que c'est une excellente formule.
Mais ce mandat de dix ans me paraîtrait un peu long. Peut-être y
aurait-il un moyen terme à garder encore. J'ai dit tantôt cinq ans
mais étant donné qu'on a des mandats de trois ans, il pourrait
peut-être y avoir six ans. Il y en aurait de trois ans et il y en aurait
de six ans. Ce pourrait être un moyen terme à garder entre un
délai trop long ou un délai trop court.
M. le Président, c'est le sens de ma proposition, qui se lit
ainsi: L'office est composé de neuf membres dont un président et
un vice-président nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil,
qui fixe leur traitement. Le choix des membres de l'office se fait comme suit:
a) cinq personnes sont choisies parmi une liste de membres de corporations
professionnelles soumise par le Conseil interprofessionnel; b) deux personnes
sont choisies parmi une liste de noms soumise par les groupes
socio-économiques intéressés; c) deux personnes sont
choisies par le ministre responsable à titre de représentants du
gouvernement.
Le président et le vice-président doivent être
membres d'une corporation professionnelle; ils sont nommés pour six ans
et les autres membres, pour trois ans. Une fois déterminé, le
montant de leur traitement ne peut être réduit.
A l'expiration de leur mandat, ils demeurent en fonction jusqu'à
ce qu'ils aient été nommés de nouveau ou
remplacés.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je partage dans les grandes lignes
l'opinion exprimée par le député de Montmagny, voulant
qu'il faudrait étudier, vérifier ou voir à ce qu'il y ait
une plus grande participation du public dans cet organisme central qui est
l'Office des professions, qui est à toutes fins pratiques le coeur de
l'administration de cette loi, qui est un peu, jusqu'à un certain point,
comme je le disais tantôt, le délégué du
gouvernement quant à la mise en application de cet important projet de
loi.
On n'a qu'à regarder les nombreux pouvoirs que l'office a,
à l'article 12, en particulier mais, ce qui me convainc, tout
simplement...
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le député de Maisonneuve me
permet. Les nombreux pouvoirs qu'il a... et le ministre a annoncé, cet
après-midi, qu'il allait y avoir des amendements,
et il y aura d'autres pouvoirs à l'office. Alors, il faudrait
tenir compte de cela.
M. BURNS: Exactement, mais sans m'attacher particulièrement aux
pouvoirs individuels qui peuvent évidemment être augmentés,
selon l'annonce du ministre, comme le disait le député de
Montmagny. Le pouvoir d'ordre général qui m'impressionne le plus,
c'est peut-être le premier paragraphe de l'article 12, lorsqu'on y lit
que l'office a pour fonction de veiller à ce que chaque corporation
assure la protection du public.
C'est le grand mandat, et ce grand mandat, c'est, dans le fond, le but
même de ce code des professions. C'est à l'office que l'on confie
le devoir d'assurer la protection du public parce que, autrement, cela n'a
aucun sens de légiférer, quant au projet de loi 250 et aux autres
projets de loi, si on n'a pas comme fin ultime, la protection
générale du public. C'est de là que, dans mon esprit, la
participation du public non professionnel est très importante de sorte
que, relativement aux buts visés par l'amendement du
député de Montmagny, je peux dire que je suis entièrement
d'accord.
Là où je serai en désaccord avec lui, c'est
peut-être sur la formulation, sur le fait que l'on noie les deux
représentants de l'extérieur des professions dans un groupe qui
est encore augmenté.
D'ailleurs, j'ai remis au ministre cet après-midi, par le
truchement de mon bureau, une copie de l'amendement que nous aurions voulu
présenter, que nous présenterons éventuellement selon le
résultat de cet amendement-ci. Nous aurions infiniment
préféré que le nombre de personnes composant l'office
demeure le même. D'autre part, je ne veux pas non plus que ce soit
bien clair que ce soient des non-professionnels qui contrôlent
l'office. Il faut quand même s'entendre sur le fait qu'une
majorité de professionnels soient à l'office. Nous aurions vu, en
ce qui nous concerne, un amendement à la constitution de l'office de la
façon suivante: Que vous ayez, sur les cinq membres constituant
l'office, deux personnes qui soient nommées clairement par le
lieutenant-gouverneur, parmi les non-professionnels. Je conçois que
même le texte actuel laisse peut-être sous-entendre cela.
Si on dit que "L'office est composé de cinq membres, dont un
président et un vice-président, nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, qui fixe leur traitement. Trois de ces
membres, dont le président ou le vice-président, sont choisis
parmi une liste d'au moins cinq noms fournis par le Conseil interprofessionnel"
ces mots laissent supposer, ou sous-entendre que ces trois personnes sont des
professionnels.
C'est peut-être ça qui était l'intention du
gouvernement dans la rédaction du texte, sauf que nous aurions voulu que
ce soit plus clair, qu'il y ait carrément trois membres qui soient des
professionnels, quelle que soit leur origine, qui siègent là, et
que deux membres soient carrément aussi des non-professionnels. C'est
pour ça que je ne voterai pas personnellement en faveur de la motion
proposée par le député de Montmagny.
L'une des deux raisons principales est d'une part, que les deux
représentants du public non-professionnel seront noyés dans un
plus grand groupe de neuf, d'après la proposition du
député de Montmagny, ce qui, à mon avis, serait de perdre
un peu de la valeur de cette participation du public à l'administration
de l'Office des professions. La deuxième, c'est qu'il n'est pas clair
que même les organismes, les groupes intermédiaires ne nommeront
pas des professionnels, et je pense que c'est essentiel qu'on dise dans
l'article que ce soient carrément des non-professionnels. Il y a des
gens autres que des professionnels qui peuvent avoir des idées
relativement à l'administration des professions et surtout relativement,
comme le dit l'article 12, à la façon d'assurer la protection du
public. Je pense que la personne qui est dans le bain de tous les jours, qui
subit ou reçoit de façon bénéfique, selon que c'est
bien fait ou mal fait, les services de professionnels est peut-être la
personne la mieux choisie pour les juger de façon objective de
l'extérieur au moment où on juge les services rendus par les
professionnels. Elle sera objective d'une part dans le sens qu'ils ne sont pas
visés par toute la réglementation qui suit. Par exemple,
s'assurer que les corporations déterminent une procédure
d'arbitrage de comptes, c'est drôlement important pour le public en
général, de veiller à ce que chacune des corporations
établisse des fonds d'indemnisation, etc., si les corporations ne le
font pas, tout ça, tous les pouvoirs qui apparaissent à l'article
12.
D'autre part, c'est l'aspect suggestif et c'est l'aspect utile de la
participation de non-professionnels à l'Office, ce sont des gens qui
sont sujets à recevoir souvent ces services. Bien au contraire, cela
donnerait un caractère qu'on voudrait voir dans cet office, un
caractère de neutralité presque, si j'ose dire ce mot, de sorte
que, personnellement, non pas que je ne sois pas d'accord sur l'intention de
fond exprimée par le député de Montmagny, je pense qu'on
se comprend là-dessus, on a tous les deux le même point de vue.
J'y trouve, sur le plan formel, les deux défauts suivants: je trouve que
les deux représentants du public sont noyés dans un groupe
élargi, ce qui n'est pas, à mon avis, pour favoriser une
participation plus active des représentants non professionnels. D'autre
part, on ne nous dit pas carrément dans cette motion que ce sont des
non-professionnels qui doivent être nommés ainsi par le
lieutenant-gouverneur en dehors du groupe suggéré par le Conseil
interprofessionnel. Pour ces raisons, uniquement qu'on me comprenne bien
sur une question formelle, je ne serai pas d'accord sur la proposi-
tion du député de Montmagny, bien qu'au fond nous nous
entendions parfaitement sur les buts visés.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, sur la motion du député
de Montmagny, je suis porté à être d'accord pour les
raisons suivantes, du moins pour une raison. Les deux personnes qui sont
nommées par le gouvernement et les deux personnes qui sont
nommées parmi les groupes socio-économiques s'équivalent.
Cela veut donc dire que, dans plusieurs cas, par exemple, ça pourrait
signifier que les deux membres étant nommés par le gouvernement,
si les deux choisis parmi les groupes socio-économiques sont un groupe
contre l'autre, c'est-à-dire les deux du gouvernement contre les deux
représentants des groupes socio-économiques, à partir de
là, il reste les professionnels. Je pense que c'est un contrepoids, ces
deux personnes nommées parmi les groupes socio-économiques, au
danger qui a été soulevé à différentes
reprises, lors des travaux sur ce projet de loi.
Etant donné que c'est un code des professions, il restera les
cinq professionnels qui auront le droit de choisir d'un côté ou de
l'autre.
J'avais également l'intention, j'en profite pour le dire, de
proposer que, non seulement le vice-président ou le président
soit choisi parmi la liste fournie par le Conseil interprofessionnel mais les
deux, le vice-président et le président. Dans l'article 4, on dit
l'un ou l'autre. J'aimerais que ce soient les deux et je pourrai
peut-être revenir quand on aura disposé de la proposition du
député de Montmagny.
Je suis d'accord pour ces raisons. Le vice-président et le
président sont nommés pour dix ans; ces nominations sont assez
importantes. Que ce soient des personnes désignées à
même cette liste des cinq que j'ai mentionnée plutôt qu'un
fonctionnaire non désiré.
Tel que l'article est formulé actuellement, je serais
porté à aller vers cette proposition du député de
Montmagny pour cette raison fondamentale que ce sera possible, pour les deux
représentants des groupes socio-économiques, d'anéantir,
si je peux m'exprimer ainsi, d'annuler sur des propositions qui seraient
fortement controversées à l'intérieur de l'office.
M. PAUL: M. le Président, quelques mots pour relever certaines
remarques de mon collègue, le député de Maisonneuve. Il a
souligné l'importance qu'il y aurait de sauvegarder, autant que
possible, un certain équilibre entre les professionnels et les
non-professionnels. De ce fait, il se ralliait beaucoup plus au texte actuel
qu'au texte d'amendement proposé par le député de
Montmagny.
Dans l'amendement proposé par le député de
Montmagny...
M. BURNS: Je m'excuse, si vous le permettez. Je ne veux pas être
mal compris. Je dis que le texte actuel semble vouloir dire ça mais ne
dit pas ça. Je vous avoue que, entre le texte actuel et la proposition
du député de Montmagny, je préfère la proposition
du député de Montmagny. Il n'y a pas de doute là-dessus.
Mais je ne le trouve pas encore parfait, pour les deux raisons que je
mentionnais.
Si on le compare au texte actuel, il n'y a pas de doute que je
préfère le texte du député de Montmagny mais j'ai
bien mentionné que, au mérite, on se rend compte que ce sont
exactement les mêmes arguments. Sur le plan formel, je trouve qu'on
devrait être plus rigoureux au point de vue de cette participation du
public. Je ne préfère pas le texte actuel, loin de là.
M. PAUL: Je remercie le député de Maisonneuve d'avoir
attiré mon attention sur une interprétation erronée que je
m apprêtais à faire des remarques qu'il a tenues. Dans la
proposition du député de Montmagny, il faut retenir qu'il y a
cinq professionnels qui seront membres de l'office. Il y a possiblement quatre
non-professionnels parce que le gouvernement verra à procéder
à la nomination de deux personnes et il y aura également une
représentation de deux autres personnes venant des groupes
socio-économiques.
Il va de soi que nous ne pouvons exiger du gouvernement qu'il nomme des
non-professionnels dans le choix qu'il fera des deux membres de l'office. Mais,
de toute façon, il est possible, et je me demande s'il ne serait pas
souhaitable que les nominations que se proposera de faire le gouvernement
soient de personnes qui ne seront pas professionnelles, tout en gardant
cependant, comme le mentionnait si bien le député de Maisonneuve,
comme le mentionnait également le député de Montmagny, la
majorité de professionnels dans l'office.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je me demande si le
ministre ne devrait pas retenir la recommandation du député de
Montmagny avant de se prononcer. Peut-être qu'il pourrait nous soumettre,
à la suite des sages conseils que pourraient lui prodiguer ses
conseillers juridiques, une proposition de compromis.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, à mon sens, cette
proposition n'est pas acceptable pour au moins une couple de raisons. Nous
avions, dans la version originale, un office qui aurait été
composé de trois membres. Nous avons, à la suite de
représentations, augmenté le nombre de trois à cinq.
A mon avis, si nous voulons le porter à un nombre plus
élevé, on alourdit la structure, on crée un organisme qui
prend une taille qui n'était pas prévue au départ. C'est
la première des choses.
Deuxièmement, lorsqu'on lit l'amendement du député
de Montmagny, il est dit: "Deux personnes sont choisies parmi une liste de noms
soumise par les groupes socio-économiques intéressés." En
fait, tous les groupes socio-économiques sont intéressés
ou tous les citoyens sont intéressés. Il me demandait quelle
était l'expérience que nous avions eue avec la loi 65. Comme vous
le savez, lorsque nous avons étudié la loi 65, c'est une des
questions sur lesquelles nous avons eu le plus de difficultés lorsqu'il
s'agissait d'essayer de rejoindre des populations ou des groupements assez
larges, lorsqu'il s'agissait d'obtenir des suggestions dans un conseil
régional en provenance, par exemple, des centres hospitaliers, en
provenance des établissements d'enseignement. Déjà les
problèmes concrets ont été assez grands. Mais lorsque nous
sommes arrivés au niveau des régions pour essayer d'identifier
une formule, et Dieu sait que nous avons étudié longtemps ici la
loi 65, personne n'est arrivé, ni dans les mémoires, ni autour de
la table, avec une suggestion plus heureuse que de demander que les maires des
municipalités, dans une région, désignent quatre
représentants, les autres étant nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Ici, si nous reprenons la formule de désigner les membres,
à partir d'une consultation des groupes socio-économiques
intéressés, nous aurons, à mon sens, un problème
majeur. Nous ne serons jamais capables de tous les rejoindre. Il y en a des
centaines et des centaines Pour ces deux raisons, à tout le moins, je
crois que l'amendement proposé n'est pas acceptable.
Je devrais peut-être aussi faire un commentaire à ce moment
parce que la question a été soulevée par le
député de Maisonneuve. Lorsqu'on parle d'une liste de cinq noms
fournie par le Conseil interprofessionnel, je ne crois pas, comme le
député le disait, qu'on doive conclure que,
nécessairement, ces cinq noms seront des noms de professionnels. Il se
pourrait qu'il y en ait qui ne soient pas membres d'une corporation.
Il y a peut-être aussi un commentaire qui m'apparaït assez
important et qui doit être fait à ce moment. C'est que la
représentation du public, il me semble, revêt tout son sens, toute
son importance au niveau du bureau d'une corporation. Parce que c'est elle qui,
dans l'exercice courant de ses responsabilités, doit, tout en se
préoccupant des données propres à l'exercice d'une
profession, se souvenir que cette profession est exercée au
bénéfice des utilisateurs des services reçus. C'est la
raison pour laquelle nous avions proposé la présence qu'on
retrouve dans les dispositions du projet de loi de membres externes. Au
niveau de l'office, en fait, la fonction est quelque peu différente. Il
y a un palier entre les utilisateurs de services et l'office, c'est celui des
corporations elles-mêmes. Et l'office a plutôt comme rôle de
s'assurer que les corporations, entre autres choses, s'acquitteront de leurs
tâches. On sait quels sont certains des pouvoirs réglementaires.
Par ailleurs, lorsque je parlais d'autres pouvoirs qui pourraient être
apportés à l'office, c'était dans le sens qui avait
été mentionné, c'est-à-dire de promouvoir le
rapprochement entre groupements professionnels. Cela est un problème qui
se pose au niveau des professionnels eux-mêmes, problème comme
ceux qui ont été discutés la semaine dernière;
promouvoir aussi des rencontres ou autres mécanismes pour faire en sorte
que, lorsqu'il y a collaboration au plan de l'exercice de la pratique, ceci se
produise.
Ce sont des pouvoirs d'une nature très générale de
promotion, ceux que l'on veut ajouter. Les autres sont d'une nature beaucoup
plus technique et portent beaucoup plus sur un travail qui n'est pas
relié aussi étroitement au public que lorsqu'on se situe au
niveau d'une corporation professionnelle. Il me semble que, pour cette autre
raison, la proposition d'introduire carrément, dans la composition de
l'office, une représentation, définie à l'avance,
structurée à l'avance, des groupes socio-économiques
laisse à désirer.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai dit tantôt, avant de faire la
proposition d'amendement, que, si le ministre n'était pas disposé
à accepter neuf membres, de le porter de cinq à neuf, qu'il y
aurait peut-être un moyen terme de sept membres, tel que le proposait le
Collège des médecins dans son mémoire. C'est justement
à l'appui de cette proposition que le Collège des médecins
a apporté un témoignage qui est assez intéressant. On
disait, entre autres, j'ai fait allusion à ce témoignage ;
je pense que je devrais en citer au moins un passage, à la page B-241 ;
c'est au moment où ils ont comparu devant la commission parlementaire
je cite : "Le collège insiste pour qu'à l'Office des
professions, dont il souhaite la création, le public soit
représenté et pour que cet organisme devienne, pour la protection
de la population, l'équivalent du Protecteur du citoyen dans le champ
d'action des corporations professionnelles. Il insiste également pour
que le nombre des membres de l'office soit augmenté de trois à
sept, que le public soit représenté parmi ces membres et surtout
pour que le rôle de surveillance des corporations que l'office aura
à assumer soit amplifié et clarifié par l'augmentation et
des pouvoirs et des moyens de surveillance mis à sa disposition".
C'est pour cela, M. le Président, que ce moyen terme de sept, il
me semble, pourrait peut-être être acceptable. A ce moment, il y
aurait quatre membres choisis parmi la liste fournie par le Conseil
interprofessionnel. On peut présumer qu'ils seraient des professionnels.
Il y en aurait trois nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil. On
pourrait peut-être
retenir la formule de deux membres nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil et un nommé par des groupes
socio-économiques, mais je n'en fais pas une proposition formelle. Il y
aurait trois membres nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil et
quatre membres choisis parmi la liste fournie par le Conseil
interprofessionnel. Nous avons la majorité des membres qui sont des
professionnels. Le lieutenant-gouverneur pourrait compenser la liste en
nommant, si possible, des non-professionnels. Je pense qu'on aurait
réintroduit d'autres éléments d'équilibre.
Je voudrais que le ministre se prononce sur la durée du mandat.
J'avais parlé d'une réduction de dix ans à six ans.
M. CASTONGUAY: Les autres propos ont porté sur la question de la
composition. Sur la question de la durée, si l'on regarde le texte
attentivement, on dit: Pour une période déterminée qui ne
peut excéder dix ans, et pour les autres membres, une période
déterminée qui ne peut excéder trois ans.
M. PAUL: Est-ce que l'expérience pratique du ministre
démontre que le terme sera moindre que dix ans et trois ans?
M. CASTONGUAY: II peut être moindre. Dans ce cas-ci, vous serez
peut-être surpris lorsque la nomination sera faite. Ceci donne
suffisamment de latitude pour assurer une certaine rotation parce que, pour le
président et pour les membres, ce sont des durées maximales qui
sont indiquées et il est possible de choisir des durées, de telle
sorte qu'un certain renouvellement soit prévu.
Il y a aussi le dernier alinéa qui dit qu'à l'expiration
de leur mandat, les membres demeurent en fonction jusqu'à ce qu'ils
aient été nommés de nouveau ou qu'on les remplace. Ceci
donne aussi une certaine protection quant à des changements trop
brusques ou en bloc. Sur le fond de ce que dit le député de
Montmagny, je suis tout à fait d'accord qu'il faut éviter des
changements trop brusques, en masse, des membres. Il faut assurer une
continuité, une certaine rotation, etc.
Quant à la durée des mandats, pour le président, il
n'en demeure pas moins qu'il me semble important de ne pas se lier à une
période trop courte dans la loi et, à un moment donné,
perdre ainsi la possibilité d'avoir un excellent candidat. Il n'en
demeure pas moins que c'est une disposition assez normale que l'on retrouve
dans énormément d'autres lois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur la question de sept membres?
M. CASTONGUAY: Je pense que j'ai donné mon point de vue sur
ça. Nous avions proposé un office limité à trois
membres, suite aux représentations qui ont été
formulées. Nous avons haussé ce nombre de trois à cinq. Si
on veut assurer un fonctionnement efficace de cet organisme, au départ,
il importe non seulement de penser en termes de représentativité
ou de composition, mais en termes de nombre. Un tel office a beaucoup plus de
chance de succès, à mon sens, si le nombre de membres n'est pas
trop élevé au départ.
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur la motion du député de
Montmagny, est-ce qu'on a besoin de vote ou si on peut la rejeter sur
division?
M. PAUL: Nous demandons le vote.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord. Sur la motion du député
de Montmagny, qui sont ceux qui sont pour ou contre? M. Roy (Beauce)? Il n'est
pas ici. M. Burns?
M. BURNS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Castonguay?
M. CASTONGUAY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cloutier (Montmagny)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Houde (Fabre)? M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Guay?
M.GUAY:Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Carpentier
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Vaillancourt?
M. VAILLANCOURT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Laurin? M. LAURIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Lavoie (Wolfe)?
M. LAVOIE (Wolfe): Pour.
M. PAUL: Un instant. Abstention.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Leduc, de Taillon?
M. LEDUC: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Paul?
M. PAUL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Perreault?
M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Vézina?
M. VEZINA: Against.
LE PRESIDENT (M. Blank): Contre: 12. Pour: 3. La motion pour
l'amendement est rejetée.
M. BURNS: M. le Président, je me risque à rendre un peu
plus précise ma proposition que j'ai lancée dans les grandes
lignes. Je ne parlerai pas longtemps. Comme je le disais tantôt,
j'étais parfaitement d'accord sur l'idée exprimée par le
député de Montmagny. Je crois que, fondamentalement, nous pensons
la même chose là-dessus. Avec tout le respect que j'ai pour le
député de Montmagny, j'ai cependant l'impression que sa
proposition aurait eu les avantages de nous faire sortir les arguments que le
ministre pouvait avoir contre toute modification de l'article 5.
Je pense que mon amendement a la faculté de répondre aux
objections du ministre et principalement aux deux qui semblent être la
pierre d'achoppement pour lui. Je pense que le ministre nous a dit que la
proposition du député de Montmagny avait pour effet d'augmenter
le nombre de membres de l'office et ainsi d'alourdir cet organisme qui doit
être mobile. Sur ça, je partage l'opinion du ministre. Or, ma
proposition n'augmente pas le nombre de gens qui devraient constituer
l'office.
D'autre part, la deuxième objection que le ministre faisait
valoir contre la proposition du député de Montmagny était
que, lorsqu'il mentionnait que les groupes socio-économiques
intéressés devaient déléguer deux membres, il
disait que tous les groupes socio-économiques sont
intéressés à la question. Egalement, je suis d'accord avec
le ministre, mais ma proposition répond à cette objection puisque
ce serait, selon cette proposition le lieutenant-gouverneur qui, après
consultation du Conseil interprofessionnel, désignerait ces deux
personnes non profes- sionnelles. Le ministre a ajouté un autre argument
à l'encontre de la proposition du député de Montmagny et
en faveur du texte actuel. D nous dit que les cinq noms qui seront
suggérés, et parmi lesquels on choisira deux personnes, ne seront
pas nécessairement des professionnels. A cela, je réponds qu'il a
parfaitement raison sur le plan technique ou sur le plan idéal. Parce
que rien ne dit que le Conseil interprofessionnel ne pourrait pas
déléguer, parmi ces cinq personnes, ou dans la liste des cinq
noms, des personnes qui ne sont pas des professionnels. Sauf que, si on regarde
comment est constitué le Conseil interprofessionnel, je dis qu'en
pratique, je doute fort que le président ou un représentant de
chacune des corporations qui forment, en vertu de l'article 19, le Conseil
interprofessionnel, suggère des gens qui ne sont pas des professionnels.
Il y a également l'article 6 qui nous laisse entendre un peu comment
cela va fonctionner, quand on lit: "Nul ne peut être membre de l'office
s'il n'est domicilié au Québec et s'il n'est membre d'une
corporation." D'ailleurs, mon amendement supposerait un amendement
éventuel, de concordance, à l'article 6.
Enfin, le ministre nous dit que le public, au niveau de la corporation,
du bureau de la corporation, est peut-être plus intéressé.
Je ne partage aucunement l'opinion du ministre sur ça. Qu'il soit
intéressé à ce niveau-là, cela va. Je suis
entièrement d'accord. Mais il n'est pas plus intéressé
à ce niveau si on voit, encore une fois, les immenses pouvoirs que
détiendra l'office. L'office est un peu le chapeau de toutes ces
corporations. Que le public soit représenté au niveau des bureaux
ou au niveau des corporations, bravo, d'accord. On ne se battra pas contre
ça. Mais il doit l'être aussi au niveau de l'organisme
supérieur. C'est pour cela, M. le Président, sans plus de
commentaires et pour les raisons que je mentionne, en tentant, autant que
possible, de faire échec d'avance aux arguments du ministre, que je
propose que les deux premiers alinéas de l'article 4 soient
modifiés pour se lire comme suit: "L'office est composé de cinq
membres, dont deux ne sont pas membres d'une corporation professionnelle,
nommés par le lieutenant-gouverneur après consultation du Conseil
interprofessionnel. "Le lieutenant-gouverneur fixe leur traitement et nomme
parmi eux un président et un vice-président j'ajoute "et
un vice-président" car il y a peut-être une faute de frappe qui
n'apparaît pas sur le texte qui vous a été remis
pour une période déterminée qui ne peut excéder dix
ans et les autres membres sont nommés pour une période
déterminée qui ne peut excéder trois ans." Le reste de
l'article demeure le même.
M. le Président, en résumé, la proposition que nous
faisons ne change pas substantiellement l'article 4, sinon qu'elle rend clair
le fait qu'il y aura au moins deux non-professionnels
qui siégeront à l'office. Si cela avait été
la décision originale de tout le monde, qu'il en soit ainsi il aurait
fallu éventuellement amender l'article 6 que j'ai lu tantôt; mais
maintenant, je pense qu'on le dit clairement. Pourquoi ne pas le dire
clairement si vraiment cet office se doit d'être l'organisme
suprême de protection du public en dehors du gouvernement, ayant des
pouvoirs délégués et étant une créature du
gouvernement? Qu'on le dise carrément et qu'on ne se gêne pas pour
qu'il y ait des gens non professionnels qui y siègent, qui puissent
donner encore une fois un certain caractère de neutralité
à l'égard des professions et qui se situent au-dessus des
intérêts particuliers des diverses corporations.
M. le Président, pour ces raisons, je propose que l'article 4
soit amendé. Je mentionne encore une fois que, si mon amendement
était accordé, il faudra évidemment voir à faire la
concordance à l'article 6.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, dans mon intervention de
deuxième lecture, je me suis longuement attardé sur ce point,
c'est-à-dire sur l'utilité, pour ne pas dire la
nécessité d'une représentation du public au sein des
bureaux des corporations aussi bien qu'au sein de l'Office des professions. Je
n'ai pas l'intention de revenir sur tous les arguments que j'ai utilisés
à ce moment-là, mais je constate avec plaisir, aujourd'hui, que
les membres des trois Oppositions sont d'accord sur cette position de principe,
d'abord parce que c'était là le sens de la proposition
d'amendement du député de Montmagny et aussi, d'autre part, parce
que le représentant du Ralliement créditiste a voté pour
cette proposition.
Donc, maintenant, nous formons une sorte de front commun des trois
partis d'Opposition sur cette représentation du public. Je ne sais pas
si c'est un front commun qui va faire peur au gouvernement. On a vu que, dans
le passé, les fronts communs ne lui faisaient pas tellement peur, mais
comme celui-là est moins menaçant que les autres, il ne met pas
en jeu son hégémonie politique, peut-être pourra-t-il
consentir à regarder cela d'un peu plus près et à juger la
question au mérite.
Il reste quand même que cette unanimité des trois partis
d'Opposition a de quoi faire réfléchir le gouvernement, surtout
à cette époque de participation que nous vivons où le
public demande de participer de plus en plus à l'élaboration de
décisions ou de règlements qui le concerne au premier chef. On
sait que tous les membres du public, à un moment ou l'autre, ont eu ou
auront l'occasion d'entretenir des contacts assez suivis, importants et
même fréquents avec diverses catégories de professionnels.
C'est donc un point, je pense, qui devrait faire réfléchir le
gouvernement.
Deuxièmement, nous proposons non pas un non-professionnel mais
deux non-professionnels. Nous n'avons pas voulu, comme le disait le
député de Maisonneuve, confier la responsabilité de
l'office à des non-professionnels, mais nous considérons
cependant qu'ils doivent être représentés en nombre
suffisant pour qu'ils puissent peser d'un certain poids dans les
décisions qui seront prises. ' S'il n'y en avait qu'un, ce serait
probablement tellement minime, ce serait peut-être l'objecteur de service
et ses arguments pourraient peut-être ne pas avoir suffisamment de poids,
surtout dans les matières suffisamment importantes. Nous pensons qu'avec
deux sur trois, on lui donne l'importance qu'il se doit, le poids aussi qui
convient à l'importance du rôle qu'il va jouer, mais sans
compromettre quand même la visée essentielle de l'Office des
professions. J'espère donc que sur ce point, qui correspond une fois
encore à l'esprit de la proposition du député de
Montmagny, on va retrouver l'unanimité dont je parlais tout à
l'heure.
Il y a une troisième caractéristique aussi qu'il nous
paraît important de signaler, c'est la façon que la loi
prévoira pour nommer ces membres de l'Office des professions. Dans les
diverses propositions qui nous ont été faites, on a vu que
diverses éventualités étaient envisagées. Nous
pensons qu'en cette matière, où l'Office des professions sera
quand même une émanation directe de l'Etat, le gouvernement ne
peut pas trop se décharger de sa responsabilité et il nous semble
qu'il devrait, avec toutes les réserves que contient le projet de loi,
garder l'initiative du choix. Bien sûr, il peut consulter, il peut
s'entourer des garanties, des précautions nécessaires au nom de
cet idéal de participation dont je parlais tout à l'heure, mais
il reste qu'étant responsable en dernière analyse d'une
façon ultime de la protection du public, il doit quand même garder
l'initiative du choix de ces personnes qui seront appelées à
jouer un rôle majeur dans l'évolution de notre
société.
Il nous semble que la formulation que nous présentons
répond à ce double objectif de l'initiative gouvernementale et de
la participation. Il cueillera les fruits de la consultation qu'il effectuera,
d'une part auprès du Conseil interprofessionnel et ensuite, d'une
façon non mentionnée dans le texte mais qu'il exerce toujours,
comme il l'a exercée dans le passé pour d'autres nominations,
à même tous les groupes de la société. Il lui
reviendra de nommer tous les membres de l'Office des professions sans se sentir
les mains liés par quelque recommandation que ce soit qui lui aura
été faite.
Nous pensons donc que la proposition que nous faisons concilie les
objectifs de responsabilité, d'une part, et de participation, d'autre
part. Nous pensons enfin, comme le disait le député de
Maisonneuve, que le public doit jouer son rôle à tous les niveaux,
au niveau gouvernemental, évidemment, en élisant, lorsque le
moment en est venu, des députés et un parti au pouvoir et,
dans la matière qui nous concerne, également à l'Office
des professions et au bureau des corporations. Vu que ce rôle sera
minoritaire dans tous les cas, en ce qui concerne les bureaux et l'office,
à plus forte raison il faudrait voir à ce que sa présence
soit assurée, étant donné que l'office, en plus de tous
les pouvoirs qui lui sont conférés en vertu du projet de loi,
aura également un pouvoir moral extrêmement important.
Il devra rendre compte de ses actes à l'Assemblée
nationale, il devra présenter un rapport annuel. Il me semble important
que, pour l'image que présentera cet office, le public s'y sente
réellement représenté, non pas à titre de
surveillant, de chien policier, de chien de garde ou quoi que ce soit mais
simplement comme représentant de cette dimension de protection du public
dont parle l'article 12 dans son préambule.
On ne peut pas séparer le rôle que jouera le bureau d'une
corporation du rôle que jouera l'Office des professions. Ces rôles
sont interreliés. Parfois, l'initiative revient à la corporation,
parfois elle revient à l'office, parfois c'est le contraire. C'est
simplement dire qu'on ne peut pas déchirer cette robe sans couture que
constituera le code des professions, non plus seulement en théorie mais
dans son application pratique.
Je pense qu'on ne pourrait les séparer que d'une façon
formelle et qui pourrait prendre une apparence sophistique et qui ne
correspondrait pas vraiment à la réalité.
Nous pensons donc que notre proposition rejoint les objectifs que visent
les deux autres partis d'Opposition. Je pense qu'elle rejoint aussi l'intention
du ministre des Affaires sociales dans le projet de loi qu'il nous a
présenté. C'est la raison pour laquelle nous demanderions un
traitement assez lent et assez réfléchi pour qu'on essaie de
tenir compte de toutes les implications de notre amendement. S'il fallait que
le ministre suspende encore une fois l'application de cet article pour lui
permettre de poursuivre sa réflexion et de nous revenir demain, soit
avec une approbation, soit avec une autre proposition qui essaierait de tenir
compte de tous les propos qui ont été échangés ici
ce soir, nous n'aurions aucune objection.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant que le ministre n'emporte ce bagage de
suggestions et d'arguments, vous me permettrez de faire quelques commentaires.
D'abord, vous comprendrez que notre intérêt à l'endroit de
la proposition du député de Bourget est la première
manifestation du désir d'un front commun, d'un regroupement autour d'un
article de loi...
M. BURNS: Cela commence ainsi, vous savez.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... alors, nous ne pouvons pas rester
insensibles à cet appel, mais, de toute façon, il y a quelques
commentaires à faire, et nous devons les faire avant d'accepter ce front
commun sur l'article 4.
Je me pose les questions suivantes. En pratique, si nous acceptions
cette proposition il y a cinq membres dont trois sont des professionnels et
deux sont des non-professionnels, il peut arriver qu'il se dessine dans cet
Office des professions deux tendances. A un certain moment, à l'occasion
de je ne sais quoi, ces deux tendances peuvent se dessiner nettement et les
deux parties, les trois professionnels, d'un côté, et les deux
non-professionnels se dirigent dans des directions complètement
opposées. A ce moment, on va prendre le vote et toujours, à mon
sens je ne le sais pas, je ne voudrais pas présumer des articles
qui vont venir plus tard le président aura à se prononcer
en cas d'égalité des voix, deux à deux, et à donner
son vote prépondérant. Je ne sais pas si, à ce moment, on
ne fait pas jouer au président un rôle qu'il ne voudra pas assumer
trop longtemps et trop régulièrement, d'avoir à se
prononcer, d'avoir à trancher dans le débat. D'autre part, il y a
aussi cet autre danger que je n'avais pas mesuré tantôt, lors
d'une remarque précédente, le quorum. Tantôt, j'ai
parlé d'une représentation de sept: peut-être de quatre
professionnels, de trois non-professionnels.
C'est une suggestion que je n'avais pas écrite, elle est venue
comme cela, comme moyen terme; mais j'y ai repensé par la suite et, en
lisant l'article du quorum, je me suis dit qu'on pourrait se retrouver dans la
même situation avec le trois à deux, ou le quorum étant de
trois, que les deux non-professionnels et qu'un des professionnels y soient.
L'Office des professions et les professionnels à l'Office des
professions seraient mis en minorité. Que se passerait-il s'il y avait
des décisions importantes qui soient prises dans le sens non favorable.
je ne prends pas cela comme une indication péjorative
à une orientation des corporations professionnelles en
général? Ce sont des cas pratiques, ce sont des questions que je
me pose à savoir si cet équilibre n'est pas trop précaire,
entre les professionnels et les non-professionnels. Je ne veux pas dire par
là qu'il y aurait nécessairement opposition entre les deux
représentations à l'intérieur de l'office, mais ce sont
des choses qui peuvent se produire et nous sommes là pour prévoir
à ce moment-ci. Ce sont des remarques qui me viennent à l'esprit,
étant donné que nous sommes à cet article-là, je
pense que c'est pertinent de les faire.
M. BURNS: Avec votre permission, M. le Président, sur ce dernier
point soulevé par le député de Montmagny relativement au
quorum. S'il advenait que par malheur il y ait vraiment si vous me
passez l'expression un "split" entre les non-professionnels et les
professionnels et que, de ce fait, les non-professionnels décidaient,
pour une raison ou pour une autre,
étant logiques avec ce "split", de boycotter l'office, en vertu
de l'article 6, le quorum pourrait encore être assuré par les
trois professionnels. Le quorum est fixé à trois, c'est normal,
50 p.c. plus un, en l'occurrence ce serait deux et demi et la demie pourrait
assurer le 50 p.c. plus un. Le danger n'existe pas, si vraiment...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne dis pas que régulièrement
deux professionnels pourraient s'absenter, mais cela pourrait arriver
occasionnellement; s'il y a seulement trois membres présents, ils ont
quorum, ils siègent, il y a deux non-professionnels et il n'y a qu'un
seul professionnel. La loi ne veut pas renverser, ou donner plus d'importance
aux non-professionnels à l'Office des professions qu'aux professionnels,
ce n'est pas cela que la loi veut. L'esprit de la loi, c'est d'assurer que le
public soit là. On peut se le dire, il n'y a pas de cachette, la
représentation du public est en minorité, elle est là mais
en minorité. D'ailleurs, c'est le sens de la proposition qu'ont faite
tantôt le député de Bourget et le député de
Maisonneuve, en disant: Nous sommes d'accord que les professionnels soient en
majorité à l'Office des professions, mais si on tient à
cette proportion-là, de trois à deux, ou de quatre à trois
comme proposition à laquelle j'ai fait allusion tantôt, c'est trop
juste.
En pratique, ça va créer des problèmes.
M. BURNS: II y a une autre façon de régler ça. On
pourrait le régler à l'article 6. Je comprends l'argument du
député de Montmagny. A l'article 6, en admettant qu'on admette
cette formule que je propose, on pourrait très facilement dire que le
quorum de l'office est fixé à trois membres, dont au moins deux
professionnels. Votre problème n'existe plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais je voulais le mentionner, si on ne change
pas l'article 6. Mais l'amendement à l'article 6, il faudrait le mettre
de toute façon.
M. BURNS: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on ne change pas l'article 4, s'il reste
comme il est là.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. GUAY: La proposition du député de Maisonneuve rejoint
un peu les propos que j'ai tenus tantôt concernant la nomination du
président et du vice-président. Cependant, dans cette
proposition, Û y a quelque chose de changé, qui devient: "Les
membres sont nommés après consultation du Conseil
interprofessionnel et non d'après une liste fournie d'au moins cinq noms
par le Conseil interprofessionnel". Cependant, étant donné que
cette proposition rejoint assez bien les propos que j'ai mentionnés
tantôt, je pourrais ajouter que, dans les derniers propos qui ont
été tenus entre le député de Montmagny et le
député de Maisonneuve, on pourrait se retrouver quand même
dans ce problème avec trois, cinq, sept ou neuf membres. Je pense que,
tôt ou tard, le rôle du président, c'est quand il y a
égalité, de trancher. Etant donné que ça rejoint
assez étroitement les propos que j'ai mentionnés, j'aurais voulu
que le président et le vice-président soient nommés
à partir des personnes soumises par la liste du Conseil
interprofessionnel. Disons que, dans ce sens, ça rejoint mes propos; je
vais souscrire à la proposition du député de Maisonneuve,
qui correspond à la majorité des objectifs qu'on poursuit.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Louis-Hébert.
M. CASTONGUAY: M. le Président, lorsque nous avons
présenté le premier projet de loi, il était dit que
l'office est composé de trois membres, dont un président et un
vice-président nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil
après consultation du Conseil interprofessionnel pour une période
déterminée qui ne peut excéder dix ans. Ce que je veux
faire ressortir ici, c'est que les nominations auraient été
faites par le lieutenant-gouverneur en conseil après consultation du
Conseil interprofessionnel. Donc, pour les deux membres dont il est question
dans l'amendement du député de Maisonneuve, c'est le même
mécanisme de nomination que celui qui était prévu dans la
première version du projet de loi.
Or, on se souviendra que, tout au cours des mémoires et des
audiences, on a vu dans ce mécanisme bien des choses. On a dit d'abord
que la consultation ne liait pas, que le lieutenant-gouverneur en conseil, si
c'est lui qui faisait les nominations, fort possiblement on prenait
toujours bien soin de dire que ce ne serait pas sous le gouvernement actuel
ne ferait pas de nomination plus ou moins appropriée. Il y a
aussi, un problème qui me semble assez important, c'est qu'on y voyait
là un moyen de nommer des gens qui... de toute façon, on voyait
dans ces nominations des gens qui seraient appelés à
représenter, qu'on le veuille ou non, le gouvernement.
Nous avons modifié la composition du conseil dans la version
réimprimée. J'avais annoncé ces changements au mois de
septembre. Je crois que nous avions mûrement réfléchi sur
cette question au moment où nous avions annoncé la nouvelle
structure que nous proposions pour l'office et que, pour le moment, nous ne
croyions pas que nous devrions changer l'article 4. Toutefois, lorsque nous
arriverons à l'article 6, en ce qui a trait au premier alinéa, je
crois qu'on pourra rediscuter pour voir s'il y a vraiment lieu que tous les
membres proposés dans la liste dressée par le Conseil
interprofes-
sionnel soient nécessairement membres d'une corporation. Mais je
crois que ce serait revenir dans une large mesure à la situation
antérieure, à celle du mois de septembre, et que là, on
retomberait dans le genre de critiques qui ont été
formulées à l'époque. Je comprends que la composition
n'est pas tout à fait la même, mais je me souviens encore trop
vivement de tout ce qui a été dit à l'époque pour
pouvoir accepter un amendement dans la forme où il est
présenté.
Quant à moi, je crois que l'endroit où il y aurait lieu
d'assouplir serait l'article 6 et je crois aussi fermement que l'endroit
où il est le plus important d'avoir des membres externes pour assurer
que les décisions sont prises sur des cas bien concrets en tenant compte
de l'intérêt plus général du public, des
utilisateurs des services, c'est au niveau des bureaux, des corporations.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M.PAUL: M. le Président, après consultation avec mon
collègue, le député de Montmagny, je tiens à
informer les membres de la commission que nous allons voter contre l'amendement
du député de Maisonneuve.
Cependant, si notre collègue veut bien, à l'article 6,
apporter un amendement pour corriger le texte que nous avons, pour y introduire
des non-professionnels comme membres de l'office, il nous fera plaisir à
ce moment-là de voter pour un tel amendement.
M. BURNS: M. le Président, je comprends des remarques du ministre
et de celles qui viennent d'être faites par le député de
Maskinongé qu'au fond on ne s'oppose pas à ce qu'il y ait des
non-professionnels, en principe, qui siègent à l'office. Mais on
n'est pas prêt à faire le pas de plus, c'est-à-dire rendre
obligatoire qu'il y ait des non-professionnels à l'office. D'ailleurs le
député de Bourget, dans son discours de deuxième lecture,
a insisté suffisamment là-dessus pour que vous sachiez que c'est
un problème que nous considérons comme très important. Si
l'on manque le bateau à cet égard dans cette réforme-ci,
j'ai l'impression qu'on n'aura pas fait grand-chose sinon d'avoir remis des
choses un peu à leur place dans cette structure de professions.
Ce que nous craignons le plus, que ce soit bien clair dans l'esprit de
tout le monde, c'est cette espèce de huis clos professionnel. C'est au
fond ce à quoi mènerait le fait que nous ne soyons pas
assurés de la présence de non-professionnels. Bien sûr que
l'on pourra éventuellement se donner bonne conscience et amender
l'article 6 en enlevant l'obligation d'être membre d'une corporation pour
siéger à l'office. Bien sûr que l'on pourra dire à
ce moment-là: Ce n'est pas fermé, cette histoire-là. En
pratique, qu'est-ce que cela donnera? En pratique, je ne le sais pas. Moi, j'ai
toujours eu comme principe, et on me l'a appris il y a bien des années,
que ce qui va bien sans le dire va encore mieux en le disant. Qu'on le dise
carrément que l'on ne veut pas de non-professionnels à l'office.
Je l'accepterai à ce moment-là. Je dirai: J'ai affaire à
un gouvernement d'extrême droite, c'est tout, qui ne s'ajuste pas
à toute cette espèce de mouvement que l'on voit actuellement dans
la société. Cela est normal et on est obligé de s'y
ajuster. Qu'on ait au moins le courage de nous dire que ce n'est pas cela que
l'on veut. Que l'on ne fasse pas par le biais de petits amendements à
l'eau de rose comme le ministre nous le suggérerait à l'article
6. Cela voudrait dire, à toutes fins pratiques, qu'on n'oblige pas
quelqu'un d'être un professionnel pour être membre de l'office,
alors qu'on n'oserait pas le dire carrément à l'endroit
important, c'est-à-dire à l'article 4.
Je pense qu'on doit se le dire carrément et clairement. Si c'est
l'intention du ministre, qu'il nous le dise.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je crois que l'aspect fondamental
est celui que j'ai mentionné. C'est la présence de membres
externes aux bureaux des corporations. On a fait état, on a
référé tantôt à certaines recommandations du
rapport de la commission, lorsqu'on a parlé du ministre responsable de
l'application de cette loi. Alors, je peux aussi me référer au
rapport de la commission. L'aspect fondamental était celui de la
présence de membres externes aux bureaux des corporations. Ici, ce n'est
pas une question de se cacher ou de faire des amendements à l'eau de
rose. Il me semble que l'aspect le plus important se situe au niveau des
bureaux des corporations. Quant à l'office, la valeur des individus va
être, à mon sens, ce qui va importer le plus, parce que ces gens
vont devoir s'assurer que les corporations s'acquittent de leurs fonctions
telles que prévues dans la loi. A un certain moment, si une corporation
prend une certaine attitude dans l'administration courante de ses affaires,
même en demeurant dans le cadre de ses règlements qui peuvent
être très conformes à la loi, ce n'est pas l'office qui va
pouvoir changer cette situation. Ce sera aussi, à ce niveau, le fait des
hommes qui seront en place. Il y a aussi un aspect, je pense, qui est assez
important. Si j'ai bien entendu, le député de Maisonneuve dit
que, ce qui importe, c'est de faire disparaître le huis clos qui existe
dans ces corporations. C'est pourquoi, justement, au niveau des...
M. BURNS: Le huis clos professionnel au niveau de l'office. Chaque fois,
ça va arriver, s'il n'y a pas de non-professionnels.
M. CASTONGUAY : Ce qui est important est d'ouvrir les bureaux des
corporations. Au niveau de l'office, nous allons avoir des gens qui vont venir
de professions différentes ou encore des gens qui ne seront pas
nécessairement
membres d'une corporation. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut fort
bien nommer un vice-président, par exemple, qui ne serait pas membre
d'une corporation, tout comme le Conseil interprofessionnel peut en nommer qui
ne sont pas des membres. De toute façon, peu importe quelle sera la
composition de l'Office, que ce soit cinq professionnels ou quatre
professionnels et un non-professionnel, ce seront des gens qui vont venir de
milieux différents. Je crois qu'on a une garantie que l'on n'est pas
capable de retrouver lorsqu'on est à l'intérieur d'une
corporation. Là, on a uniquement des membres de la même
corporation.
C'est pourquoi j'insiste, quant à moi: l'aspect le plus important
est que les membres externes, on les retrouve, en tout premier lieu, au niveau
des bureaux des corporations.
En fait, l'étape qui était la plus difficile, la
décision de fond la plus importante, à mon sens, elle devait
être prise au niveau des bureaux des corporations. On aurait pu prendre
un chemin beaucoup plus facile. Je serais d'accord avec le député
qu'on aurait seulement mis de nouvelles choses en place sans changer quoi que
ce soit. Il s'agit de laisser les corporations composées dans leurs
bureaux, uniquement de membres des corporations et dire, au niveau de l'office:
On va prendre des profanes, ou des non-professionnels.
Là, on verrait jusqu'à quel point ce que je dis est
sensé, à mon sens. Des membres non professionnels de l'office
avec des corporations composées uniquement de professionnels de cette
corporation, vous auriez dit: C'est une réformette qui ne touche pas au
vrai fond du problème.
C'est dans ce sens-là, à mon avis que nous avons un
article 4 qui m'apparait raisonnable.
M. BURNS: M. le Président, pour répondre au ministre sur
ce point-là...
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget avait
demandé la parole.
M. LAURIN: M. le Président... Excusez-moi, cher
collègue...
M. BURNS: Ah! Je suis assez choqué.
M. LAURIN: Le ministre semble avoir gardé un souvenir très
vif des représentations qui lui ont été faites à
l'encontre de la première formulation de cet article. D'ailleurs, dans
le résumé que nous ont fourni les recherchistes, il est fait
longuement état de ces diverses représentations que nous ont
faites les diverses corporations.
Mais est-ce que le ministre est bien sûr si les
représentations qui ont été faites à ce
moment-là étaient allées à l'encontre de
l'ingérence gouvernementale que les corporations croyaient
déceler dans la formulation de cet article ou contre la présence
de non-professionnels au sein de l'office?
Pour ma part, le souvenir que j'en ai gardé, c'est que les
corporations craignaient surtout que, par le biais de cet article, le
gouvernement s'ingère d'une façon trop grande dans les
activités de l'office. Je n'en ai pas conclu que les corporations
s'ingéraient contre la présence de non-professionnels au niveau
de l'office.
On doit quand même séparer les problèmes. Le
ministre a levé tous les doutes dans son intervention de septembre, je
ne me rappelle plus, contre la possibilité d'une ingérence
gouvernementale indue au niveau de ces nominations. Mais en levant tous ces
doutes, il n'a pas parlé de l'inclusion de la non-inclusion de
non-professionnels au niveau de l'office.
C'est un problème nouveau. C'est un problème qu'on a
soulevé à l'occasion des discussions sur les corporations mais on
ne l'avait pas soulevé jusqu'ici au niveau de l'office. Donc, c'est un
problème qui doit être examiné
séparément.
Deuxièmement, j'irais même plus loin. Même si les
corporations s'étaient prononcées officiellement ou ouvertement
contre l'inclusion de non-professionnels tels les syndicalistes, industriels,
commerçants, curés, qui même s'ils ne sont pas
professionnels peuvent constituer des élites locales, anciennes ou
nouvelles, ou des élites nationales, anciennes ou nouvelles, cela ne
veut pa s dire que le législateur devrait les suivre étant
donné que le rôle premier des corporations est de protéger
le public. D'ailleurs, c'est au nom de cette protection du public que nous
voulons avoir encore des garanties additionnelles et que nous voulons les voir
inscrites dans le projet de loi.
Donc, le fait que les corporations se soient prononcées comme
elles se sont prononcées ne constitue pas pour moi un argument final et
absolument contraignant à l'encontre de la proposition que nous
soumettons.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que nous pouvons prendre le vote?
M. BURNS: Je voudrais seulement soulever un point là-dessus. Vous
trouvez que c'est trop long?
LE PRESIDENT (M. Blank): Je vous accorde la parole.
M. BURNS: Je trouve que c'est un problème suffisamment important.
Je ne veux pas faire perdre le temps de la commission inutilement. Je veux tout
simplement que tous mes arguments soient mis sur la table si jamais le ministre
décide de less rejeter.
Le dernier argument que le ministre a soulevé il l'avait
dit d'ailleurs au début mais cela semble être pour lui l'argument
central est que, pour lui, il est important que le public ou les
non-professionnels soient représentés au niveau du bureau d'une
corporation. Or, si je prends simplement comme exemple le bureau du Barreau, je
n'appelle plus cela de la représen-
tation du grand public, deux individus sur à peu près une
trentaine. Ces deux individus seront noyés dans ce grand nombre de
professionnels. Raison de plus parce que là on va discuter entre
professionnels d'une profession qu'on connaît très bien. En fait,
je n'ai rien contre le fait qu'il y en ait des non-professionnels au niveau des
bureaux de corporation. Mais si on est d'accord sur le fait qu'il y en ait au
niveau des bureaux de corporation, à plus forte raison doit-il y en
avoir au niveau de ce qui sera le chien de garde il ne faut pas se le
cacher des corporations.
Si vous regardez tous les pouvoirs qui sont
énumérés à l'article 12, les pouvoirs que doit
exercer l'office, ce sont des pouvoirs supplétifs dans la plupart des
cas, des pouvoirs pour le cas où les corporations ne jouent pas leur
rôle ou le jouent mal.
Je ne cite que des cas déterminés par règlement,
une procédure d'arbitrage des comptes des membres d'une corporation en
défaut; il s'agit de déterminer, de veiller à ce que
chacune des corporations établisse un fonds. C'est déjà
une obligation des corporations. Par contre cet organisme, je ne le vois pas;
si j'écoute le ministre, je me demande s'il n'est pas en train de nous
expliquer que c'est un organisme de pure et simple administration. Je ne pense
pas que ce soit cela. Je pense que ce n'est pas du tout l'intention de cette
espèce de chapeau qu'on met par-dessus toutes les corporations
professionnelles. D'après moi, sauf tout le respect que j'ai pour le
ministre, reprenant son argument à l'effet que le public, étant
représenté au niveau des corporations, il n'a pas besoin de
l'être au niveau de l'office, je dis que c'est éviter de parler
clairement du problème. Le problème, c'est que le public soit
là, à cet endroit-là, comme au niveau des bureaux de
corporations.
M. CASTONGUAY: J'aimerais faire un dernier commentaire d'abord pour
rétablir un fait au niveau du Barreau, il va y avoir quatre membres
externes...
M. BURNS: Quatre sur trente, trois ou quatre.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas tellement une question de nombre,
passé un certain point pour dire: Est-ce qu'on les met à
égalité ou non? Je pense que quatre personnes, c'est un nombre
suffisant pour rappeler constamment aux membres d'un bureau, lorsqu'il transige
ses affaires, qu'il n'y a pas que les membres du bureau dont on doit tenir
compte ou de la corporation, il y a aussi le public. C'est dans ce
sens-là qu'il me semble que c'est un nombre qui apparaît
raisonnable. Sur ce point, je pense qu'il y avait un fait à
rétablir. Quant au rôle de l'office, je ne veux pas que le
député pense qu'on lui enlève tout contenu, mais il reste
que chaque corporation, pour autant qu'elle s'acquitte de sa fonction à
l'intérieur du cadre qui lui est fixé, garde un degré
d'autonomie et c'était le point que je voulais faire ressortir
tantôt. Enfin, je l'ai dit, il n'y a rien qui empêche que certains
des membres, si on modifie l'article 6, soient des non-professionnels, mais
quant à moi, il ne me semble pas qu'à ce niveau-là ce soit
une obligation qui se situe au même niveau qu'au niveau des bureaux des
corporations et la porte est ouverte, au besoin, mais je ne vois pas cela au
même titre qu'au niveau du bureau des corporations.
M. LAURIN: Avant qu'on passe au vote, j'aurais seulement une question
à poser au ministre. Dans ses interventions, le ministre a paru se
soucier moins de l'origine des futurs membres de l'Office des corporations que
de leur valeur intrinsèque. Il a fait allusion en quelques moments au
fait que nous pourrions peut-être être surpris par les nominations
qui seront faites. La question que je voulais lui poser, c'est? Est-ce que
déjà le Conseil interprofessionnel lui a fait parvenir une liste
de candidats éventuels?
M. CASTONGUAY: Non, M. le Président, parce que le Conseil
interprofessionnel va compter plus de membres une fois la loi adoptée.
Je crois bien qu'ils devront, en tout premier lieu, se réunir comme
Conseil interprofessionnel constitué ou institué selon la loi
avant de produire ou de formuler des recommandations telles que contenues dans
la loi.
Sur ce plan, donc, nous n'avons pas eu de recommandations.
LE PRESIDENT (M. Blank): Ceux qui sont pour ou contre la motion du
député de Maisonneuve. M. Roy (Beauce)? M. Burns?
M. BURNS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Castonguay?
M. CASTONGUAY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cloutier (Montmagny)?
M. CLOUTIER (Montmagny): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Faucher? M. FAUCHER: Contre. LE PRESIDENT
(M. Blank): M. Guay? M. GUAY:Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Carpentier? M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Vaillancourt?
M. VAILLANCOURT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Laurin?
M. LAURIN : Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Leduc?
M. LEDUC: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Paul?
M. PAUL: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Perreault?
M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Cornellier?
M. CORNELLIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Lafrance?
M. LAFRANCE : Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Vézina?
M. VEZINA: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Pour: 3. Contre: 12. La motion est
rejetée. L'article 4 est adopté.
M. PAUL: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Blank): La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 45)