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Commission spéciale des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250
Code des professions
autres projets de loi connexes
Séance du mercredi 8 novembre 1972
(Dix heures sept minutes)
M. BLANK (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La 23e séance de la commission parlementaire spéciale des
corporations professionnelles est prête à recevoir les
mémoires. Le premier ce matin est présenté par le Barreau
du Québec qui est représenté par le bâtonnier
Moisan.
Barreau du Québec
M. MOISAN: M. le Président, MM. les membres, je désire
d'abord vous présenter ceux qui m'assistent dans la présentation
de ce mémoire, en commençant par mon extrême droite: Me
Jacques Tisseur, le secrétaire général du Barreau; Me
Micheline Filion, recherchiste au Barreau; Me Marcel Cinq-Mars, notre procureur
pour la présentation du mémoire. A ma gauche: Me Jacques Viau,
premier conseiller du Barreau de Montréal; Me Don Byers, le
bâtonnier de la section de Montréal et Me André Brossard
qui, avec Me Cinq-Mars, s'est occupé de la préparation de ce
mémoire.
Lorsque le gouvernement a déposé, il y a près d'un
an, son premier projet de code des professions et accessoirement, le projet de
loi 251, le Barreau du Québec a immédiatement senti que certains
droits fondamentaux des citoyens se trouvaient mis en danger, droits
individuels et collectifs face à l'Etat, face à la loi. Devant
ces textes, nous avions de sérieuses raisons de croire qu'un rouage
essentiel au bon fonctionnement de notre société courait le
risque d'être gravement faussé. Nous avions alors consigné
les raisons de ces craintes ainsi que les moyens de les faire taire dans des
contreprojets dont vous avez pris connaissance. Comme les anciens projets 250
et 251 remettaient fondamentalement en question la nature et les conditions de
l'exercice du droit au Québec, nous avions conscience que notre
objectivité pouvait n'être pas totale. C'est pourquoi nous avons
tenu à aller mesurer nos craintes et nos appréhensions
auprès des premiers visés, les citoyens de tous les milieux et de
toutes les régions du Québec.
Par une consultation systématique organisée dans le temps
et l'espace, nous avons recueilli la preuve objective que nos
préoccupations rejoignaient là-dessus celles de l'ensemble des
hommes et des femmes du Québec. Pour eux comme pour nous prime le
désir de voir s'exercer une justice sereine à l'abri de toute
contrainte susceptible de limiter le droit à une défense pleine
et entière, au secret professionnel et à la critique des
structures et des institutions. Cette conviction profonde au sein de la
population, peut-être le ministre l'a-t-il aussi constatée, si on
interprète correctement la pensée qu'il a exprimé le 14
septembre dernier.
Par les amendements projetés, amendements qu'il nous est
difficile d'évaluer avec précision puisque le texte officiel n'en
est pas disponible, il nous apparaît que l'orientation du nouveau code
des professions est essentiellement modifiée à sa base et dans sa
philosophie, et cela dans le sens de nos représentations les plus
importantes.
Si tel était le cas, messieurs, si le nouveau code des
professions, fidèle en cela aux principes du rapport Castonguay-Nepveu,
devenait un véritable instrument de participation, d'ordre et de
protection du public, il est évident que le Barreau consentirait
à modifier son attitude antérieure et accepterait, sujet à
certaines conditions, d'être régi par la nouvelle loi.
Il reste toutefois plusieurs points d'importance majeure lesquels, je
pense, nous devons nous hâter d'éclaircir. C'est pourquoi nous
avons voulu apporter à la commission un ensemble de recommandations qui
vise à l'aider dans sa tâche. Pour ce faire, nous avons
pensé que la personne la mieux qualifiée chez nous était
certainement Me Marcel Cinq-Mars qui fut bâtonnier pour la période
1970-1971, qui, avec son exécutif et son conseil général
de l'époque, a étudié à fond le rapport
Castonguay-Nepveu, et qui s'est toujours intéressé à ces
questions primordiales qui touchent notre profession.
Alors, pour discuter des questions qui nous préoccupent et nous
inquiètent, j'invite Me Marcel Cinq-Mars.
M. CINQ-MARS: M. le Président, MM. les membres de la commission,
malgré cette présentation flatteuse de la part du bâtonnier
Moisan, je me vois dans l'obligation de vous présenter des excuses. En
effet, sur l'ordre du jour de ce matin, on remarque que le porte-parole du
Barreau est Me Micheline Audette-Filion. Puis-je vous suggérer,
messieurs, en m'écoutant, de jeter un regard vers ma droite.
M. le bâtonnier Moisan vient de vous exposer d'une façon
générale la position du Barreau face au bill 250 et surtout face
à des modifications annoncées lesquelles, comme il le disait, si
nous les interprétons bien, changent la base philosophique du bill
original. Toutefois, nous avons encore certaines réserves et il n'est
évidemment pas surprenant qu'un avocat ait des réserves sur un
projet aussi important.
Ce matin, j'ai l'intention de vous parler de six sujets: le permis; le
privilège de la communication; l'évaluation professionnelle; le
régime disciplinaire; l'exercice illégal de la profession et
enfin la formation des professionnels.
Le permis. L'article 1 f ) du bill 250 définit le permis de la
façon suivante: Un permis délivré conformément au
présent code, qui permet d'exercer la profession d'exercice exclusif,
qui y
est mentionnée et d'utiliser un titre réservé aux
professionnels exerçant cette profession ou qui permet uniquement
d'utiliser un titre réservé aux membres de la corporation
délivrant ce permis. On voit que l'article 38 détermine les
conditions de la délivrance du permis. D'autre part, l'article 45
prévoit l'inscription au tableau du détenteur de permis alors que
l'article 83 1) autorise la radiation du tableau d'un membre pour défaut
de paiement des cotisations.
A notre avis, il découle de ces articles que ce n'est pas le
permis tel que défini à l'article 1 f) qui constitue une
autorisation à exercer une profession. Ce permis, si nous
l'interprétons bien, constitue plutôt une reconnaissance des
qualifications de la personne à exercer la profession. En d'autres
termes, il s'agit plutôt d'un certificat d'aptitudes.
Afin d'éviter toute ambiguïté, nous
suggérerions que l'expression "certificat d'aptitudes" remplace le mot
"permis" ou, à tout le moins, que la notion de "permis" soit
précisée possiblement par une restriction dans sa
définition. Privilège de la communication. Le privilège de
la communication, comme vous le savez, est ce qu'on appelle communément
le secret professionnel.
Sans vous faire toute une palabre à ce sujet, disons que le
secret professionnel est un privilège qui appartient à un client
ou à un patient d'un professionnel et que la contrepartie de ce
privilège et l'obligation du professionnel de ne pas divulguer les
renseignements qu'il a reçus, au cours de l'exercice de sa
profession.
Dans le bill 250, à l'article 21, on reconnaît comme l'un
des facteurs, dont il doit être tenu compte pour l'octroi du statut
corporatif professionnel, le caractère confidentiel des renseignements
que sont appelés à connaître les membres de ces
corporations. Cependant, le bill ne pousse pas plus loin l'analyse, n'en
détermine pas les cas d'application, ni n'en établit les
mécanismes de protection.
Permettez-moi de vous rappeler un paragraphe du rapport
Castonguay-Nepveu qui se lit comme suit, à la page 63, le numéro
156: "On ne peut assez insister sur l'importance de protéger
l'intimité de l'individu de plus en plus menacé par la
constitution d'innombrables dossiers électroniques, par l'utilisation de
toutes sortes de moyens de surveillance et de regroupements qui le laissent
désemparé lorsqu'il est aux prises avec les organismes
officiels". La commission conclut: "Nous proposons donc que la protection du
secret professionnel soit étendue à toute profession
constituée en ordre, dont la discrétion est exigée par
l'intérêt public." Devant cet énoncé, et à la
lumière de certains incidents qui ont mis en conflit le respect du
secret professionnel ou du caractère privilégié de la
confidence, et d'autre part, la liberté de certaines personnes qui s'en
faisaient une obligation morale, nous constatons, avec regret, que le bill 250
soit si silencieux sur un sujet aussi important.
Nous reconnaissons, d'autre part, la difficulté à saisir
les critères qui doivent servir à déterminer les
renseignements auxquels ce privilège serait accordé, puisqu'il
s'agit souvent de faire un choix entre l'intérêt de l'individu et
l'intérêt de la société. Toutefois, nous croyons que
des efforts sérieux permettraient d'identifier des cas précis
où ce privilège nous semble obtenir l'approbation publique.
Nous suggérons donc au gouvernement de faire une étude,
à laquelle le Barreau serait heureux de collaborer, ayant comme objectif
de délimiter les domaines dans lesquels le caractère confidentiel
des renseignements devrait être reconnu et de recommander les
mécanismes propres à en assurer la protection. A ce sujet, le
Barreau a toujours été très conscient de ce
problème important du respect du secret professionnel, non seulement
chez lui, mais même dans d'autres corporations.
Vous me permettrez de rappeler que nous avons fait, au Barreau, des
représentations au niveau de certains ministères pour que le
secret professionnel soit respecté suivant des normes que nous, du
moins, admettons. Et quand on parle de secret professionnel, je l'aborde
évidemment aujourd'hui parce qu'il s'agit d'un code de toutes les
professions, mais je pense que le sujet dépasse le cadre des
corporations professionnelles.
Il s'agit en fait de la protection du caractère confidentiel d'un
renseignement vis-à-vis du membre de la corporation. Ici,
évidemment, vis-à-vis de la corporation elle-même et aussi
face à des agents extérieurs. Quant à ces agents
extérieurs, sans entrer dans tous les détails, il peut s'agir
d'agents gouvernementaux. Nous avons actuellement des lois qui permettent des
saisies de dossiers; la protection du secret professionnel se situe non
seulement au niveau verbal mais au niveau écrit.
Dans le cadre de l'étude que nous vous suggérons de faire,
il faudrait aussi envisager la protection des dossiers, parce que le dossier
est la propriété d'un client ou d'un patient et entre dans le
cadre de renseignements auxquels nous croyons que le privilège de
non-divulgation devrait être accordé.
Je pense maintenant...
M. CHOQUETTE: M. Cinq-Mars... M. CINQ-MARS: Oui.
M. CHOQUETTE: Vous permettez une interruption?
M. LE PRESIDENT: C'est contre le règlement. Vous aurez l'occasion
de le questionner plus tard, parce que, si on commence, on ne finira
jamais.
M. CHOQUETTE: Très bien.
M. CINQ-MARS: M. le Président, si c'est
contre le règlement... Quant à moi, je n'aurais pas
d'objection.
M. LE PRESIDENT: Je sais, mais c'est mieux d'attendre après
l'exposé pour poser des questions.
M. CINQ-MARS: Alors, évaluation professionnelle. Par
évaluation professionnelle, nous entendons les mesures que pourrait
prendre une corporation pour déterminer la capacité d'un de ses
membres d'exercer la profession, tant en regard de la compétence du
membre que de son état de santé. Le bill 250, il est vrai,
prévoit cette possibilité. Quant à la compétence,
en vertu des articles 105 et 106, sur rapport d'un comité d'inspection
professionnelle ou, en vertu de l'article 143, à la suite d'une
recommandation d'un comité de discipline, le bureau peut soumettre le
membre à un stage d'entraînement et, durant ce stage, limiter son
droit d'exercer la profession.
Pour ce qui est de l'état de santé, l'article 47 et les
suivants permettent au bureau de radier du tableau le membre qui n'est pas
jugé apte à exercer à cause d'un état physique ou
psychique, à la suite d'un examen tenu devant trois médecins. Je
comprends que, quant à cet article, des modifications seront toutefois
apportées à cause des difficultés d'application du texte
tel que présenté originalement. Mais, de toute façon, je
comprends que le principe demeurera, qu'un mécanisme demeurera pour
évaluer la capacité, soit sur le plan de la compétence,
soit sur le plan physique ou psychique.
Le Barreau se déclare complètement d'accord sur les motifs
à l'origine de ces dispositions. Cependant, par souci et de justice et
d'efficacité, il vous propose que cette responsabilité soit
confiée non au bureau mais à un organisme qui, par ses
structures, par ses règles procédurales et à cause du
droit d'appel de ses décisions, serait un organisme quasi judiciaire qui
pourrait s'apparenter, jusqu'à un certain point, à un
comité de discipline. Dans son mémoire de janvier 1972 à
la commission, aux pages 22 et 23, à l'article 73, le Barreau, sous ce
titre : Evaluation professionnelle, soumettait un projet de texte qui atteint
les objectifs visés et pourrait bien être incorporé dans le
bill 250 avec, évidemment, les modifications de concordance qui
s'imposent.
Le régime disciplinaire. Au début de ce chapitre, il nous
faut d'abord reconnaître que plusieurs dispositions du bill 250 ont
été fortement inspirées de la Loi du Barreau, lorsqu'elles
n'en sont pas la reproduction exacte. En vigueur depuis au-delà de cinq
ans, le régime disciplinaire du Barreau et ceci dit en toute
objectivité a démontré une efficacité
réelle. Le Barreau désire donc conserver ce régime auquel
toutefois, pour l'améliorer, il propose certaines modifications d'un
ordre qu'on pourrait qualifier de mécanique, comme l'augmentation des
membres appelés à siéger en discipline, la création
d'un greffe au siège social de la Corporation et la façon de
signifier une plainte ou une décision à une personne absente.
Toutefois, le Barreau a d'autres suggestions à faire sur le
sujet, dont la première est l'application du régime disciplinaire
aux stagiaires.
Comme vous le savez, les stagiaires sont les licenciés en droit
ou diplômés en droit, qui après un cours à
l'école de droit du Barreau, pendant une période d'un an, font un
stage dans les études juridiques. A cause des responsabilités
qu'ils ont, parce qu'ils ont le droit de poser des actes d'ordre judiciaire,
nous croyons qu'ils devraient être soumis à un système de
contrôle de leur conduite professionnelle et, à notre avis, le
régime disciplinaire, tel que constitué actuellement, pourrait
s'appliquer à eux mutatis mutandis avec les distinctions qui
s'imposent.
Ici, je me permets de vous informer que, dans plusieurs provinces
canadiennes, les stagiaires sont soumis au régime disciplinaire de la
corporation juridique. Je pourrais vous citer l'Alberta, la
Colombie-Britannique, le Manitoba, Terre-Neuve, le Nouveau-Brunswick, la
Nouvelle-Ecosse, l'Ontario et la Saskatchewan.
D'autant plus que les stagiaires seront appelés dans quelques
mois à être soumis à un régime disciplinaire. Alors,
nous croyons qu'il serait bon de les initier d'avance à ce
régime.
Le bill 250 prévoit, du moins dans sa forme originale, un seul
comité de discipline au sein de chacune des corporations, alors que la
Loi du Barreau prévoit plutôt une liste d'avocats à
même laquelle sont choisis les trois membres d'un comité de
discipline. Afin d'assurer un meilleur rendement, nous suggérons que le
projet de loi du code des professions soit modifié pour permettre des
comités de discipline multiples au sein d'une même
corporation.
Quant à la nomination du président du comité de
discipline ou du groupe d'avocats qui seraient appelés à
siéger à un comité de discipline, dans son exposé
devant la commission, le 14 septembre, l'honorable ministre des Affaires
sociales préconisait qu'elle soit faite par le lieutenant-gouverneur en
conseil après consultation du Barreau.
Un des principaux motifs pour le changement d'attitude du Barreau face
au bill 250 et d'ailleurs, ces motifs ont été parmi ceux
mentionnés par l'honorable ministre des Affaires sociales le 14
septembre c'est qu'on craignait, dans certaines corporations et
je pense qu'à ce moment-là, le ministre des Affaires sociales
pensait surtout au Barreau l'ingérence indue du gouvernement dans
les affaires de la corporation ou des corporations.
En vertu du même principe, pour les mêmes motifs, mais aussi
par souci d'efficacité, nous suggérons que les présidents
de comité de discipline, dans les corporations autres que le Barreau,
soient choisis à même une liste d'avocats jugés aptes
à remplir ces fonctions. Mais le
choix du président de chacun des comités de discipline
serait fait par la corporation. Quant à la liste elle-même
puisque les parrains du bill suggèrent que le Barreau soit
consulté et en fait je pense que c'est le Barreau qui est le mieux
placé pour juger de la qualité de ses membres et sans doute cette
consultation aurait-elle lieu au niveau du bâtonnier nous
suggérons qu'elle soit préparée par le bâtonnier du
Québec, qu'elle soit soumise à l'Office des professions pour
approbation mais que, par la suite, chacune des corporations puisse, à
même cette liste, choisir son président de comité de
discipline.
Nous comprenons que, pour les corporations autres que le Barreau, il est
souvent difficile de connaître tous les avocats, leurs qualités et
leurs qualifications. C'est pour cela qu'il faut prévoir un
mécanisme en vertu duquel on pourrait avoir un choix d'avocats
compétents. Je n'ai pas d'objection à admettre que des avocats
sont meilleurs que d'autres. D'ailleurs, c'est probablement comme cela dans
d'autres professions.
Au régime disciplinaire, on prévoit, dans le bill 250, ce
qu'on appelle la radiation provisoire. C'est-à-dire la suspension
temporaire d'un membre sous le coup d'une accusation d'ordre disciplinaire pour
empêcher la continuation d'actes qui pourraient être
préjudiciables au public. Cela s'apparente évidemment à
l'injonction judiciaire. Cependant et d'ailleurs je pense que le
ministre des Affaires sociales y a fait allusion dans son exposé du 14
septembre un mécanisme adéquat serait institué pour
permettre à la partie concernée de se faire entendre.
Dans notre mémoire de janvier, nous avions suggéré
un tel mécanisme que nous croyions adéquat et nous nous
permettons de penser que, peut-être, ce mécanisme pourrait
être incorporé au bill 250.
Passons maintenant à l'appel des décisions disciplinaires.
Le Barreau accepte d'emblée que les décisions disciplinaires
puissent être portées en appel devant un tribunal judiciaire.
Aussi encore là, je m'excuse si je fais allusion à
l'exposé du ministre des Affaires sociales le 14 septembre
faudrait-il que ce tribunal soit bien identifié. A ce moment, le
ministre a dit: II faudrait un tribunal institutionnel. Alors, tribunal bien
identifié et aussi, nous suggérons que la nomination des juges
qui seront appelés à y siéger ait un caractère de
permanence.
Enfin, sur ce chapitre de régime disciplinaire, toujours en
appel, nous suggérons la création d'un greffe unique, là
où seraient portés tous les appels. Il est prévu
actuellement dans le bill 250 que les appels soient portés, par voie de
requête, au greffe de la cour Provinciale du district judiciaire
où exerce le professionnel. Pour des fins d'efficacité, de
contrôle, nous croyons qu'un seul greffe serait suffisant. D'autre part,
le tribunal d'appel se réserverait le droit de siéger au
chef-lieu des districts judiciaires en question. Autant pour le régime
disciplinaire.
L'exercice illégal. Dans le bill original, on ne prévoyait
pas l'injonction pénale, c'est-à-dire l'ordonnance judiciaire
à une personne ou à un groupe de cesser de poser des actes
qualifiés d'exercice illégal. Je comprends que c'est l'intention
des parrains du bill d'inclure cette injonction pénale dans le bill 250.
Puis-je ici vous suggérer que la demande de l'injonction pénale
puisse être faite par le procureur général et aussi par la
corporation? Parce que nous considérons que l'injonction pénale
est un pendant du contrôle de l'exercice ou de l'exercice illégal
qui, en vertu du bill 250, appartient et à la corporation et au
procureur général.
Je passe maintenant à la formation des professionnels. Nous
touchons ici un sujet qui a suscité et qui suscitera devant cette
commission des prises de position diamétralement opposées. D'une
part, les corporations qui ont traité ce sujet sont unanimes à
soutenir que, la responsabilité ultime de la compétence de leurs
membres étant leur lot sur le plan social, il leur appartient de
déterminer les normes de formation non seulement au niveau
professionnel, mais aussi au niveau préprofessionnel.
D'autre part, certains ont exprimé la crainte que les
universités ne deviennent l'objet d'un contrôle officiel par les
corporations dont, selon eux, le seul rôle ne devrait en être qu'un
de consultation. Il est à noter, toutefois, que ce point de vue, qui,
évidemment, vient des maisons d'enseignement ou de milieux
universitaires, n'est pas partagé par le comité des doyens des
facultés de médecine du Québec qui reconnaissent le
bien-fondé de l'approbation des programmes d'études
universitaires par les corporations.
La position du Barreau, sur ce point, est ferme et précise. Si,
comme l'article 21 du bill 250 le dit, la principale fonction de la corporation
est d'assurer la protection du public et ceci, sans réserve et sans
restriction, c'est-à-dire tant au niveau de la compétence que de
la capacité physique ou psychique ou de l'intégrité,
à ce moment-là, la corporation doit avoir les moyens d'assumer
cette responsabilité. Cette responsabilité, messieurs, est un
fait sociologique qu'aucun texte législatif ne peut détruire. Je
n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails d'incidents
récents. Cependant, vous avez été en mesure, à
l'occasion de ces incidents, de vous rendre compte que lorsqu'il y a conflit,
par exemple entre les étudiants au niveau d'examens,
immédiatement, la réaction est la suivante dans le public: on
veut contingenter. Mais, messieurs, je vous prie de croire que le Barreau ne
contingente pas. Il n'a pas l'intention de contingenter. D'autre part, non pas
dans son intérêt, mais dans l'intérêt public, si le
fait sociologique existe, si la corporation professionnelle doit porter devant
la société non pas la responsabilité immédiate
à laquelle ont fait allusion certains mémoires de milieux
universitaires, mais la responsabilité ultime, réelle, à
ce moment-là, le Barreau vous dit: Messieurs, vous
devez nous donner les moyens d'assumer cette responsabilité.
Il serait, je pense, irréaliste d'enlever cette
responsabilité à une corporation professionnelle. A ce moment-ci,
je me restreins au Barreau parce que c'est le milieu que je connais le mieux,
connaissant moins les autres problèmes dans les autres corporations
professionnelles. Il y a des distinctions à faire dans certaines
corporations, par exemple certaines corporations prennent leur source, si l'on
veut, au niveau des CEGEP alors que d'autres, le font au niveau universitaire.
Mais si, encore une fois, on accepte, et je crois qu'on doit accepter ce fait
que la responsabilité ultime de la formation des professionnels, disons
des avocats, appartient au Barreau, à ce moment-là, il faut lui
donner les moyens d'assumer cette responsabilité.
Il serait réaliste de penser que le Barreau soit obligé
d'accepter à l'entrée de son école de droit des candidats
qui sortent des facultés de droit qui, selon lui et selon le Barreau, ne
possèdent pas les connaissances minimales requises pour absorber la
formation au niveau professionnel, alors que, d'autre part, en lui imposant
cette responsabilité de la compétence, le Barreau serait
forcé d'un côté d'accepter ces gens-là au lendemain
de leur admission à l'exercice et pourrait leur refuser le droit
d'exercice par défaut de compétence.
Le Barreau a fait des efforts pour convaincre les facultés de
droit d'accepter un mécanisme d'échanges de points de vue au
sujet des matières obligatoires, au sujet des programmes
d'enseignement.
Malheureusement, malgré ces efforts dont le Barreau avait pris
l'initiative et dont, je pense, le ministre des Affaires sociales est au
courant, nous devons rapporter à cette commission que nous n'avons pas
obtenu le succès que nous espérions et que nous croyons avoir
été justifiés d'attendre.
Si on examine un document qui vient du Conseil des universités et
qui s'intitule: Avis au ministre de l'Education", daté du 24
février 1970, on voit que les universités revendiquent le
contrôle absolu de la conception des programmes d'étude et de leur
contenu, sous réserve d'une consultation mitigée au sein d'un
comité de faculté, consultation d'une corporation.
Deuxièmement, les universités revendiquent le stage pratique. On
demande que défense soit faite aux corporations de donner des
matières d'enseignement d'ordre académique. On revendique la
formation continue et, à ce sujet, on dit que les corporations ont un
rôle catalyseur et les universités un rôle
réalisateur. Enfin, on réclame le recyclage. A ce
moment-là, on peut se poser la question suivante: Dans le domaine du
contrôle de la compétence des membres, qu'est-ce qu'il reste pour
la corporation?
Messieurs, je pense que j'ai assez longuement débattu ce point
pour résumer, et sous peine de me répéter, en vous disant
ceci: La société impose aux corporations la responsabilité
de la formation de ses membres. En conséquence, nous, le Barreau, vous
demandons de lui accorder la liberté d'action et les pouvoirs pour
assumer cette responsabilité. Jusqu'à présent, la seule
formule que nous puissions vous suggérer est celle qui existe à
l'heure actuelle. Non pas la consultation à quelque niveau que se soit
et même au niveau du lieutenant-gouverneur en conseil. Selon nous, la
seule formule qui puisse s'appliquer, c'est le pouvoir de réglementation
des matières obligatoires, des programmes d'enseignement,
réglementation au niveau du bureau ou du conseil général,
sous réserve, toutefois, de l'approbation de ces règlements par
l'autorité gouvernementale, c'est-à-dire par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Voilà, messieurs, les points sur lesquels nous tenions à
vous faire part de nos commentaires, de nos réserves et de nos
suggestions. En terminant, j'espère avoir pu convaincre les membres de
cette commission que le Barreau a étudié ce projet de loi
important avec lucidité et avec réalisme. Je vous remercie,
messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci. Maintenant, la période des questions. Le
ministre de la Justice. Vous avez maintenant droit à votre question.
M. CHOQUETTE: Merci, M. le Président, de me donner le droit de
parole à cette commission. Je n'en attendais pas moins de vous.
M. le bâtonnier, il y a évidemment des réserves que
vous avez exprimées, des suggestions que vous avez faites, quant
à modifier le bill 250 et possiblement, sous certains aspects, le bill
251. Mais si on me permet de résumer la position du Barreau, elle me
semble favorable à l'évolution actuelle de la législation
et je ne voudrais pas insister indûment sur cet aspect, malgré que
vous ne l'ayez pas exprimé clairement.
J'ai compris que le Barreau se déclare, dans l'ensemble,
favorable aux positions qui ont été exprimées par le
ministre des Affaires sociales à une commission parlementaire
antérieure et que, quitte à ce que certaines modifications soient
apportées, le Barreau serait satisfait de la législation
présentée par le gouvernement.
M. CINQ-MARS: C'est exact, M. le ministre.
M. CHOQUETTE: II y a évidemment des aspects techniques avec
lesquels le ministre des Affaires sociales est sûrement beaucoup plus
familier que moi. Je le laisserais, sans aucun doute, discuter avec vous, et le
dialogue, à ce moment-là, sera plus fructueux quant à ces
aspects, étant donné qu'il s'est penché sur le
problème depuis son origine.
Sur certains aspects que vous avez soulevés à la
commission, je voudrais avoir un point de vue un peu plus clair pour
véritablement comprendre votre pensée. Vous avez soulevé
la question du secret professionnel, vous avez mis en
lumière l'intérêt qu'il y a de maintenir la notion
du secret professionnel. D'autre part, vous avez également
souligné que, dans certaines circonstances, le secret professionnel
n'est pas inviolable, ce n'est pas un droit absolu et que, par
conséquent, il faut trouver un équilibre approprié entre,
d'une part, l'intervention de certaines agences de l'Etat, même de
l'autorité judiciaire dans certaines circonstances, dans ce qui fait le
domaine du secret professionnel, c'est-à-dire la relation entre le
patient ou le client et son professionnel. Est-ce que le Barreau aurait, parmi
les normes à respecter par ces autorités publiques, dans le
domaine du secret professionnel, des suggestions précises et
concrètes pour nous permettre de nous orienter?
M. CINQ-MARS: M. le ministre, évidemment nous avons des normes,
les grandes lignes de certaines normes. Là où c'est difficile de
vous faire des suggestions précises, c'est lorsqu'il s'agit des cas
d'application, parce qu'il y a là un facteur sociologique, je pense.
Est-ce que pour la corporation ou le membre de la corporation X, cette
obligation à la confidence devrait être retenue? C'est dans ces
cas où il est assez difficile de vous donner des précisions.
C'est pour cela d'ailleurs je vous l'admets bien franchement, nous avons
certaines normes, vous êtes membre du Barreau, vous devez les connaf-tre,
mais l'étude est tellement ample, il y a beaucoup d'implications
que nous suggérons une étude approfondie de ce sujet.
M. CHOQUETTE : Actuellement, en vertu de nos lois, je pense qu'il n'y a
que peu de professions ou de professionnels qui bénéficient du
secret professionnel. Il y a les avocats, les médecins, les ministres du
culte...
M. CINQ-MARS: Les notaires.
M. CHOQUETTE: ... et les notaires.
M. CINQ-MARS: II ne faut pas les oublier.
M. CHOQUETTE: Les comptables, par exemple, ne bénéficient
pas, ni même les ingénieurs ou d'autres corporations...
M. CINQ-MARS: Ni ceux, qui militent dans certains milieux
parajudiciaires, dont les activités ont des implications judiciaires. Je
pense particulièrement aux sociologues, aux travailleurs sociaux, aux
officiers de probation, et d'autres. Vous êtes tous au courant de
l'incident, devant une cour du Coroner, où une travailleuse sociale ou
une sociologue a été condamnée pour mépris de cour,
parce qu'elle ne voulait pas dévoiler la confidence qu'elle avait
reçue.
M. CHOQUETTE: Ou, comme me le signale le président, le cas de
journalistes qui se sont laissé condamner pour ne pas divulguer leurs
sources d'information.
M. CINQ-MARS: Ils ont peut-être d'autres motifs, eux.
M. CHOQUETTE: En plus de suggérer une étude de la question
du secret professionnel, pour autant qu'il devrait s'appliquer à
certaines professions ou activités, vous n'auriez pas à
présenter à la commission des solutions à ce
problème, à l'heure actuelle?
M. MOISAN: M. le ministre, vous avez mis en marche un grand projet de
travail qui s'appelle: Perspectives-Justice. Dans ce domaine, le Barreau vous a
assuré de sa collaboration sur différents sujets précis,
dont le secret professionnel. Je puis vous informer qu'actuellement, et depuis
environ deux mois, un comité du Barreau travaille sur la question.
Je crois que, d'ici la fin de novembre, il va soumettre à
Perspectives-Justice un travail qui va justement porter sur le genre de
professionnels auxquels on croirait devoir reconnaître le droit au secret
professionnel. Effectivement, le comité va aussi penser aux
journalistes.
M. CHOQUETTE: Je suis content de voir que le Barreau se penche sur le
problème dans le cadre de la préparation du livre blanc, qui est
en voie d'être rédigé, sur l'ensemble du fonctionnement du
système judiciaire. J'attendrai donc, à ce point de vue, les
suggestions du Barreau. Mais je tiens à souligner, un point en terminant
les questions et avant que le ministre des Affaires sociales ne vous pose
d'autres questions sur ce sujet; on a le cas qui s'est présenté,
à certaines occasions, de saisies, par exemple, de dossiers dans des
bureaux d'avocats, par voie de mandat de perquisition par exemple.
Evidemment, l'autorité judiciaire ne peut pas se laisser
arrêter par l'existence du secret professionnel, s'il y a des motifs
raisonnables et probables d'agir et d'aller perquisitionner à
l'intérieur des bureaux d'avocats. Mais à ce moment il faut quand
même user de discernement dans l'exercice de ce droit à la
perquisition et faire en sorte que le secret professionel qu'un des clients
particuliers a confié à ce professionnel perquisitionné
soit, malgré tout, respecté au moins dans son esprit.
Je sais que le bâtonnier Me Cinq-Mars, alors qu'il était
bâtonnier en exercice, m'avait soulevé des problèmes de cet
ordre.
M. CINQ-MARS : Auxquels vous avez apporté des solutions
partielles, M. le ministre, si vous me permettez de le dire, et à la
suite des représentations que nous vous avions faites à
l'occasion de saisies de dossiers dans les études juridiques. La
Législature a modifié la Loi de l'impôt sur le revenu pour
y appliquer l'article 126 a) de l'ancienne loi fédérale
établissant un mécanisme de protection du dossier.
C'est-à-dire, brièvement, à l'occasion d'une saisie, la
personne saisissante, si le professionnel réclame le privilège,
pour son client, de communication
confidentielle, doit immédiatement mettre sous scellé les
dossiers en question et les porter devant le tribunal qui lui, dans un
délai X, détermine, à la demande soit du client ou du
professionnel, si, réellement, il y a matière à
confidence.
Nous vous avons suggéré ce mécanisme, mais je
comprends que c'est tellement vaste que vous n'avez pas pu faire ou faire faire
l'étude de toutes les lois auxquelles pourrait s'appliquer ce
mécanisme. Et si vous décidez de faire l'étude que nous
vous suggérons ce matin, nous reviendrons avec cette suggestion qu'une
loi générale soit passée quant au mécanisme,
à l'occasion de saisies de dossiers chez des professionnels dont vous
ferez, dans la loi, la nomenclature.
M. CHOQUETTE: D'autre part, il faut admettre que le secret professionnel
ne peut pas être un obstacle à ce que le cours normal de la
justice se déroule et que ce n'est sûrement pas dans cet esprit
que le Barreau a soulevé le problème.
M. CINQ-MARS: Absolument pas, M. le ministre, au contraire parce que
nous demeurons des officiers de justice. Mais le problème est exactement
la délimitation entre, comme je le disais tantôt,
l'intérêt de l'individu et l'intérêt de la
société. C'est pour ça que je pense qu'il y aurait lieu de
faire une étude approfondie de tout le sujet, avec les implications,
dossiers, etc.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, sur cette même question de
la confidentialité ou du secret professionnel, nous avons eu des
discussions et nous sommes finalement arrivés à une solution qui
était assez appropriée, je crois. Et vous nous aviez d'ailleurs
fait des recommandations dans une loi récente, soit la loi 65, sur les
services de santé et les services sociaux, en ce qui a trait aux
dossiers des patients.
Dans ce cas, on a pu voir jusqu'à quel point la situation peut
être complexe.
Je partage votre préoccupation à ce sujet et aussi le fait
qu'il est difficile de traiter par des règles générales un
tel sujet étant donné les diverses conditions ou circonstances
dans lesquelles ces types de problèmes se posent. Nous avons d'autres
exemples: des renseignements recueillis par des organismes tels que certaines
régies, le ministère du Revenu, etc. Alors, votre suggestion de
poursuivre l'étude de cette question me paraît extrêmement
heureuse et, si je comprends bien, tel que vous le demandez, le ministre de la
Justice... Pour le moment, malgré les difficultés que vous
soulevez, il ne semble pas qu'il y ait des modifications à apporter dans
le bill 250 ou les autres lois sur cette question particulière.
M. CINQ-MARS: Evidemment, lorsque nous faisons cette suggestion, c'est
parce que nous aussi, comme vous venez de le dire, M. le ministre, nous nous
rendons compte de la complexité du problème et qu'il s'agit de
délimiter les cas professionnels, les corporations professionnelles dont
les membres devraient être assujettis à cette obligation. Quant
à nous, au Barreau, il n'y a pas de problème parce que nous avons
un article, l'article 130 de la Loi du Barreau qui le dit. Alors, nous nous
posons la question; mais là, c'est une question qui a un aspect
sociologique et politique, évidemment, et nous le laissons à
votre discrétion. Mais, nous désirons attirer votre attention sur
un sujet que nous considérons d'une extrême importance.
M. CASTONGUAY: Est-ce que l'Office de révision du code civil
pourrait constituer un organisme approprié pour entreprendre une telle
étude?
M. CINQ-MARS: Si vous me le permettez, M. le ministre, sans porter de
jugement sur l'Office de révision du code civil car les membres sont
tous des gens très qualifiés, je pense que cela dépasse un
peu le cadre du code civil. Au code de procédure civile, on parle de
l'obligation de ne pas divulguer pour l'avocat, mais à cause de
l'étendue du problème chez d'autres corporations, je pense que
cela devrait faire l'objet d'une loi d'ordre général mais en
dehors du code civil et du code de procédure. A cause aussi des
implications statutaires et là, je me réfère de nouveau
à la saisie des dossiers.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. CHOQUETTE: M. le bâtonnier Cinq-Mars, il y a un autre sujet que
vous avez soulevé et qui m'a vivement intéressé puisque
j'y ai été plongé avec le bâtonnier et d'autres
représentants du Barreau ainsi que les étudiants. C'est la
question de la formation et des responsabilités des corporations
professionnelles, en regard de l'intérêt public, de voir à
ce que les membres exerçant des professions aient les aptitudes et les
qualifications appropriées. Maintenant, avant de nous prononcer sur
votre suggestion, il serait intéressant, je pense bien, pour les membres
de la commission d'entendre les représentations des facultés de
droit en particulier et des autres facultés de nos universités.
Mais pour le moment, je tenais à vous dire que, au sujet de ce
problème précis qui s'est produit au sein de la profession
légale récemment et qui a été réglé
en partie par la discussion, enfin une discussion où il y a eu beaucoup
d'ouverture d'esprit manifestée de la part du Barreau je tiens
à le souligner publiquement il reste quand même le
problème fondamental de la formation des jeunes aspirants avocats alors
qu'ils sont à l'université.
Et justement cette semaine, j'avais l'intention, avec la collaboration
des parties qui ont participé à ces discussions,
c'est-à-dire le Barreau, les étudiants des facultés de
droit, les
étudiants à l'Ecole de formation professionnelle ainsi que
les doyens des universités, de confier un mandat au juge Guy
Guérin d'examiner la question de la formation des jeunes avocats en vue
de l'exercice de leur profession au sein de la profession d'avocat.
Je ne dis pas que ceci répond au problème de fond que vous
avez soulevé, mais je crois que c'est un pas dans la bonne direction, en
ce sens que les conclusions ou les recommandations du juge Guérin
pourront sans aucun doute influer sur le curriculum dans les facultés de
droit du Québec et d'Ottawa et ainsi nous amener à une situation
où les jeunes avocats qui se présenteront à l'école
de droit et qui auront les certificats d'aptitude ou les permis dont vous avez
parlé, auront les qualifications minimales requises pour
éventuellement exercer leur profession.
Je ne dis pas que ceci répond entièrement à votre
demande, mais je crois que cela serait une mesure acceptable dans l'état
actuel des choses, du moins en ce qui concerne le Barreau, les
universités et les étudiants et que ceci pourra nous amener
à régler ce problème de flottement entre la formation
universitaire et les qualifications requises pour exercer la profession
d'avocat.
M. MOISAN: A ce sujet, M. le ministre, je peux vous assurer encore de
notre entière collaboration.
M. LE PRESIDENT: L'opinion du député de
Maskinongé.
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais sur cette question faire un
commentaire également, M. le Président?
M. PAUL: Oui, très bien.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux autres corporations
professionnelles, parce que dans l'ensemble des projets ici et plus
particulièrement en ce qui a trait au Barreau, étant donné
la révision assez récente de la loi, les mécanismes
touchant cette question de la formation font exception à la règle
générale prévue dans le code et dans les autres lois. Et
le mécanisme, qui a été développé pour les
autres, provient de soucis quelque peu analogues. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
des distinctions et qu'il n'y a pas avantage à réévaluer,
comme l'a dit le ministre de la Justice, la question qui regarde le
Barreau.
Pour les autres corporations, nous avons eu des problèmes
à deux reprises, comme vous le savez, entre d'une part les
étudiants de la faculté de chirurgie dentaire de
l'Université de Montréal et le Collège des chirurgiens
dentistes et les facultés de chirurgie dentaire, plus
particulièrement la faculté de l'Université de
Montréal, c'est pourquoi il nous a semblé nécessaire
dès maintenant pour ces autres corporations d'associer dans le code des
professions la corporation professionnelle aux mécanismes prévus
ou à élaborer ou à instituer au sein de l'institution
d'enseignement, pour la détermination des programmes d'études et
aussi les associer dans les mécanismes d'évaluation des
progrès réalisés par les étudiants au moment de
leurs études sous le contrôle de l'institution d'enseignement.
Et le but est d'en arriver, si possible, à la situation
idéale qu'une fois l'étudiant terminant son stage qui mène
à l'obtention d'un diplôme, à ce que la corporation dise
immédiatement: Voici, nous avons été associés assez
intimement, aussi bien à l'élaboration des programmes qu'à
l'évaluation, qu'il nous est possible de reconnaf-tre ces
diplômes.
Mais si on examine le projet, le code et les lois particulières,
et si le mécanisme n'a pas fonctionné pleinement et s'il est
nécessaire d'ajouter des stages de formation pratique, par exemple, ceci
n'empêche pas une corporation professionnelle d'ajouter d'autres
conditions par surcroît.
Nous croyons que, pour les autres corporations professionnelles, ce
mécanisme permettra d'éviter les situations assez pénibles
que les étudiants, les facultés ou les collèges en cause
ont vécues au cours des deux dernières années et aussi
dans d'autres cas, même si le problème n'est pas apparu aussi
clairement en surface, nous avons vu que des difficultés de même
nature se présentent. Je pense, par exemple, à l'association des
infirmières, entre autres.
Je voulais simplement faire ce commentaire parce que, dans le cas des
autres corporations professionnelles, nous avons débattu la question
assez longuement avec elles et, même si dans certains cas il peut y avoir
des divergences d'opinions dans l'ensemble, ce mécanisme semble recevoir
de façon générale leur approbation.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais féliciter M. le
bâtonnier Moisan ainsi que M. Cinq-Mars et toute l'équipe qui a
travaillé à la préparation du mémoire du Barreau
qui, lors de sa présentation, n'avait pas été sans
créer certains remous. Déjà, le résultat de cette
prise de position énergique s'est fait sentir, parce que le ministre des
Affaires sociales nous a prévenus d'une évolution
législative qui rendrait le projet de loi 250 acceptable maintenant,
même par le Barreau. L'attitude logique qui a été prise ce
matin par les porte-parole du Barreau ne peut que rendre beaucoup plus
sympathique notre profession à l'endroit des membres de la corporation,
des membres de l'Assemblée nationale et surtout du grand public.
Je voudrais, M. le Président, poser une question à Me
Moisan ou à Me Cinq-Mars concernant cette possibilité d'une loi
spéciale qui pourrait régir les normes, les conditions et les
professions qui pourraient être régies par le secret
professionnel. Est-ce que le Barreau, actuellement, a
délégué des confrères pour
travailler à une telle loi? Si oui, est-ce que nous pourrions
inviter le Barreau à accélérer le travail de ses membres
pour que les membres de la commission des corporations professionnelles
puissent être saisis au plus tôt de cet avant-projet de loi qui
pourrait sûrement être utile au ministre dans la rédaction
finale du texte du bill 250 et de toutes les lois connexes qui en
découlent?
M. MOISAN: Oui, M. le député. J'ai moi-même
participé â la première séance de ce comité
de travail du Barreau. C'était, comme je l'ai dit tantôt, dans le
cadre de Perspectives-Justice où nous avions promis un apport de ce
côté. Ce comité, à ma connaissance, après ce
premier contact où nous avons délimité dans l'ensemble la
matière à couvrir, s'est réuni deux fois et j'ai
rencontré, justement il y a deux jours, son président, Me
Marcel-G. Robitaille de Montréal. Il me disait que, d'ici la fin du
mois, le travail serait terminé. Alors, je crois que nous pourrions,
vers la fin de décembre, remettre à M. le ministre de la Justice
ou à la commission enfin, c'est au choix le travail qui a
été préparé par ce comité et qui, je pense,
va permettre de délimiter d'abord les professions auxquelles nous
croyons qu'il y a lieu de reconnaître l'obligation au secret
professionnel et aussi de préciser les limites de cette obligation,
compte tenu de l'intérêt de l'individu et de
l'intérêt de la collectivité. Alors, je crois que, d'ici la
fin de novembre, nous pourrions remettre un travail là-dessus. Cela
pourrait servir, à tout le moins, de document de travail ou de base de
discussion pour développer davantage cette question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. CHOQUETTE: Pas à ce sujet; c'est concernant une autre
question.
M. PAUL: J'aurais une autre question, M. le Président, dans un
autre domaine; je préférerais attendre.
M. LE PRESIDENT: Non.
M. PAUL: Vous avez mentionné, M. Cinq-Mars, dans le cours de vos
remarques, lorsque vous avez traité du chapitre du régime
disciplinaire, la nécessité d'assujettir les stagiaires aux
règles de discipline qui peuvent régir le Barreau ou toute autre
corporation, éventuellement. Pourriez-vous nous donner les raisons d'une
telle nécessité? Pourquoi verriez-vous une obligation d'imposer
les règles de discipline aux stagiaires?
M. CINQ-MARS: La principale raison, si vous le permettez, M. le
député et cher confrère, c'est que les stagiaires posent
des actes d'ordre judiciaire. Ils plaident devant les tribunaux dans certains
cas.
Ils sont au courant des confidences de clients.
M. PAUL: Par référence au dossier.
M. CINQ-MARS: Oui, par référence au dossier ou même
par rencontre du client, ils peuvent être présents lorsque leur
avocat patron reçoit un client et je pense que c'est une bonne chose
pour des fins d'entraînement pratique. A cause de ces fonctions qu'ils
ont, nous croyons qu'ils devraient être assujettis à un
régime de contrôle de conduite professionnelle. Actuellement, la
seule sanction est de leur enlever leur certificat de stagiaire. Nous
considérons que ce n'est pas adéquat ou suffisant. Evidemment, un
comité de discipline qui serait appelé à juger un
stagiaire pourrait imposer cette sanction. Mais il y a aussi un autre aspect.
Vous remarquerez que dans les suggestions que nous avons faites dans le
mémoire de janvier ou celles que nous avons faites verbalement ce matin,
nous avons toujours tenté de distinguer entre l'exécutif et le
judiciaire, même au sein de la corporation. Lorsqu'il y a en jeu le droit
d'un individu, le droit d'exercer une profession, nous suggérons que
cela prenne plutôt le chemin du judiciaire. C'est dans cet esprit que
nous vous avons suggéré ce matin que, dans le cas où un
membre d'une corporation serait jugé non compétent ou non apte
physiquement ou psychiquement à exercer la profession ce ne soit pas le
bureau qui prenne la décision dont il n'y a pas appel mais que cette
décision soit prise par un organisme quasi judiciaire s'apparentant,
comme je le disais, à un comité de discipline, avec droit
d'appel. La même chose pourrait s'appliquer aux stagiaires. A ce moment,
on donne un mécanisme d'équilibre entre une décision et le
droit d'un individu d'en appeler à l'autorité suprême dans
ce domaine, qui est l'autorité judiciaire.
M. MOISAN: Je pourrais ajouter ceci, M. le Président, avec votre
permission. A compter de juin prochain, ceux qui sortiront de l'école de
formation professionnelle seront véritablement des stagiaires ou des
avocats juniors. Je m'explique de la façon suivante: ils auront tous les
droits d'un avocat, sauf la plaidoirie devant les cours d'appel mais sous
direction d'un autre avocat. Ce sont presque des avocats à ce moment.
L'obligation s'impose d'autant plus à ce moment précis
qu'auparavant nous avions des étudiants qui étaient stagiaires
mais avec des pouvoirs limités et que maintenant ils auront pratiquement
tous les pouvoirs sous direction d'un patron.
Je crois qu'il importe qu'on puisse avoir un certain contrôle sur
les actes qu'ils poseront, même en dehors, à l'insu ou à
l'encontre des directives d'un patron. Cela s'impose d'autant plus,
d'après nous, à ce moment.
M. PAUL: Je vous remercie, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, je remarque que la rédaction du
mémoire est très claire. Ce qui est encore plus clair et qui
semble ressortir, c'est le danger que vous soulevez, à savoir que
certains droits fondamentaux soient mis en danger. Vous reprenez à
plusieurs reprises les expressions suivantes: liberté d'action,
liberté tout court, indépendance de l'avocat, qui semble
être une condition essentielle à la pratique juridique. Ma
première question est la suivante: Est-ce que le projet de loi 250 et
même le 251, dans la rédaction actuelle, sont de caractère
à limiter ou à restreindre l'activité de l'avccat à
un tel point qu'il pourrait demeurer une partie du champ d'exercice non
couverte?
M. CINQ-MARS: Evidemment, si on prend le texte original du bill 250, ma
réponse est catégoriquement affirmative. Si on tient compte des
amendements, dont le texte n'est pas publié, on peut conclure que le
bill 250, avec les quelques réserves que j'ai faites ce matin, ne
créera pas d'obstacle dans le domaine que vous venez de mentionner.
M. GUAY: Bien que nous n'ayons pas en main des amendements il
serait peut-être possible de la part du ministre de les publier sous peu,
ou de nous les faire connaître l'autonomie que le Barreau
réclame ce matin, plusieurs groupes l'ont également
réclamée. Croyez-vous, premièrement, que c'est une
condition essentielle dans la pratique d'une profession donnée? C'est ce
que vous réclamez dans votre mémoire. Si cette condition n'est
pas respectée ou n'existe pas dans le code des professions, est-ce qu'il
y a quand même un danger de conflit accentué entre plusieurs
groupes de professionnels?
M. CINQ-MARS: Vous me permettrez de répondre seulement pour le
Barreau.
M. GUAY: D'accord.
M. CINQ-MARS: Pour autant que le Barreau est concerné, s'il n'a
pas l'autonomie que nous revendiquons, à ce moment-là, nous
considérons qu'on nous attache les mains. Non seulement on nous attache
les mains, mais on met en danger les libertés de l'individu. Je pourrais
en dire davantage, mais je pense que la présence du gouvernement,
présence constante et régulière, que nous avons lue ou
décelée dans le bill original, était un obstacle non
seulement majeur, mais à notre sens, capital. C'est d'ailleurs pour cela
que nous avons pris une attitude aussi énergique, que je qualifierais
même de négative, en janvier dernier.
Mais, d'après les modifications qu'on nous annonce, nous croyons
voir une autre orientation. On sent que dans ces modifications, les parrains du
bill préconisent maintenant une distance, un dégagement des
autorités gouvernementales au sein des corporations. Effectivement,
distance qui n'est tout de même pas à perte de vue, parce que
l'Office des professions demeure là. L'Office des professions est un
organisme nommé, ou constitué par les autorités
gouvernementales, dont les pouvoirs de réglementation sont soumis
à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Il y a tout de
même une distance que l'on pourrait peut-être qualifier de
respectable, et respectueuse évidemment. D'ailleurs, pour être
avocat, il faut être respectueux de l'ordre public.
En fait, et pour résumer, il y a seulement un domaine où
nous considérons que le lieutenant-gouverneur est trop près des
corporations professionnelles il y en a peut-être deux
disons principalement dans le domaine de la nomination des présidents de
comités de discipline, aussi, mais d'une façon plus vague
toutefois, dans le domaine de la formation professionnelle. Je fais ici
allusion à l'article 169 e) du code.
M. GUAY: En retenant vos propos...
M. CASTONGUAY: Vous me permettrez seulement un bref commentaire. En ce
qui a trait aux amendements, la raison pour laquelle ils n'ont pas
été publiés à ce moment-ci, c'est que,
premièrement, les audiences ne sont pas terminées. Cela aurait
été un peu hâtif, alors même que nous poursuivions le
travail de cette commission, de publier des amendements. C'est la raison pour
laquelle, le 14 septembre, j'ai voulu, à la suite de la révision
faite par le gouvernement du travail effectué à ce
moment-là, indiquer certains changements afin de permettre que le
débat se déplace sur d'autres questions étant donné
que celles sur lesquelles nous avons à indiquer notre intention
d'apporter des changements avaient fait l'objet de discussions exhaustives; et
on aurait, il me semble, fait une mauvaise utilisation du temps consacré
par tous les organismes, par les membres de la commission en laissant se
perpétuer la discussion sur ces questions. Alors, c'était le but
poursuivi à ce moment-là, mais cela ne nous permettait pas de
rendre publics les amendements.
D'autre part, en ce qui a trait à l'office, je voudrais
simplement rappeler le changement annoncé le 14, soit l'augmentation du
nombre de trois à cinq et la nomination de trois des membres à
même une liste soumise par le conseil interprofessionnel, ce qui fait
qu'une certaine distance additionnelle se trouve à être prise
à ce moment-là.
M. CINQ-MARS: Je dois vous dire, M. le ministre, qu'au moment où
j'ai fait mon intervention, tout à l'heure, je n'avais pas à
l'idée ce procédé de nomination. Disons que la distance
est encore plus respectable et plus respectueuse.
M. CASTONGUAY: On n'est pas si dangereux que cela, par contre.
M. GUAY: M. le ministre, mon intention était de rassurer tout
simplement ceux qui viennent témoigner à la commission. Pour
continuer mon exposé de tantôt, pour un profane, comme moi,
n'étant pas avocat ni membre du Barreau, rien, il reste quand même
qu'il faudra définir, tôt ou tard, où doit commencer et
finir l'intervention de l'Etat. Je pense que ce sera le rôle du
législateur de le faire. Vous nous donnez, ce matin, des indications
assez précises où doit commencer et où doit finir
l'intervention de l'Etat. Mais si, par exemple, les amendements qui viendront
transformer ou changer le code des professions ou le projet de loi 251 ne vous
satisfont pas, y a-t-il quand même une façon de donner une
indication aux législateurs, concernant justement ce droit
d'intervention de l'Etat, où il doit s'arrêter?
M. CINQ-MARS: Si le bill 250 ne prend pas l'orientation que nous croyons
le voir prendre, surtout depuis les modifications, à ce
moment-là, on retombe au problème original et le Barreau retourne
à son mémoire de janvier 1972.
M. GUAY: Le code des professions ne vient pas changer grand-chose. Cela
rend pratiquement le code des professions sans effet, en ce qui vous
concerne.
M. CINQ-MARS: C'est-à-dire qu'à ce moment-là le
Barreau dira ce qu'il disait en janvier, au bill des professions, non,
respectueusement.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: Sur ce point, M. le président, je voudrais mentionner au
bâtonnier Cinq-Mars que le texte des amendements projetés par le
ministre est fort satisfaisant. Nous avons l'impression que le ministre devrait
continuer à faire confiance à ses conseillers juridiques parce
que le texte déjà arrêté mais non pas final
répond aux objectifs du Barreau et de beaucoup d'autres professions qui
se sont présentées devant nous.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: II me fait plaisir de dire que nous nous réjouissons
profondément de cette nouvelle attitude du Barreau, qui accepte
maintenant... Nous nous réjouissons profondément, pour des fins
d'ordre socio-politique, de ce changement d'attitude du Barreau qui accepte
maintenant d'être régi par une loi commune qu'il croit ou
espère plus favorable ou plus conforme aux conceptions qu'il
prétend défendre. Quand même, vous l'admettez
vous-même, il reste des points, moins importants peut-être, moins
fondamentaux à corriger, bien qu'ils demeurent très importants.
Un de ceux sur lesquels je voudrais vous poser une question est celui du secret
professionnel, du privilège de la communication qui, dans nos
sociétés modernes régies par l'ordinateur, devient de plus
en plus important. Croyez-vous que l'étude que vous menez
vous-mêmes ou l'étude que le ministre de la Justice prétend
instituer bientôt seront suffisantes et suffisamment rapides pour nous
permettre d'en arriver à une codification meilleure? Ou est-ce que vous
pensez qu'il faudrait prendre une mesure plus importante, comme une commission
nommée par le gouvernement, destinée à faire la
lumière, le plus tôt possible, sur ces questions et qu'en
attendant, le code des professions devrait adopter des articles plutôt
éphémères, disons, qui rejoignent un consensus actuel,
laissant la porte ouverte à des réformes ultérieures ou
à des explicitations ultérieures?
M. CINQ-MARS: A cause de l'ampleur du problème et de toutes ses
implications dont nous avons discuté tout à l'heure, je pense que
la dernière formule que vous suggérez est la bonne,
c'est-à-dire des articles possiblement dans des lois
particulières de corporations auxquelles vous imposeriez l'obligation du
secret professionnel, quitte à ce que, par la suite, après
l'adoption du bill 250 et des autres lois, que l'étude se
complète et qu'alors vous décidiez si vous ne devez pas en faire
une loi d'ordre général qui irait au fond des choses, comme
dirait l'autre.
M. LAURIN: Peut-être faut-il craindre avec ces études
partielles qui, nécessairement, sont partiales, une situation où
on gèlerait les problèmes dans l'état où ils se
trouvent actuellement et que, par la suite, il faudrait attendre
peut-être dix ou quinze ans avant qu'on puisse étudier à
nouveau le sujet, c'est-à-dire jusqu'à ce que des
problèmes tellement nombreux et tellement cruciaux qui se posent
obligent d'ouvrir à nouveau le dossier.
M. CINQ-MARS: Sans ouvrir à nouveau le dossier dans une
période aussi longue que celle à laquelle vous pensez, je pense
qu'il y aurait lieu d'adopter des mesures à court terme, à la
lumière de certains incidents précis que nous connaissons, que
vous connaissez évidemment, mesures qui ne seraient pas complètes
qui ne couvriraient pas tout le problème, mais au moins, qui
apporteraient des solutions à des problèmes qui peuvent se
présenter tous les jours.
M. LAURIN: Concernant un autre point, j'ai été très
intéressé par votre suggestion de confier, non pas à un
bureau corporatif, mais à un organisme quasi judiciaire le soin de se
pronon-
cer sur l'évaluation professionnelle d'un professionnel, en ce
qui concerne sa compétence ou sa santé. Est-ce que vous pourriez
préciser davantage la nature de cet organisme quasi judiciaire, son
mandat?
M. CINQ-MARS: Quant à son mandat, nous avons retenu les principes
posés dans le bill 250. Quant au mécanisme même, je ne suis
pas entré, ce matin, dans les détails du mécanisme. C'est
un mécanisme qui est quand même assez simple et qui s'apparente
passablement au mécanisme prévu dans le bill 250, à
savoir, le choix d'un médecin par la corporation, par le comité
administratif de la corporation, à la suite, évidemment, d'une
représentation sérieuse à l'effet que le professionnel X
ou Y n'est pas apte à exercer la profession à cause d'un
état physique ou psychique, le choix d'un médecin par le
professionnel lui-même et le choix d'un troisième médecin
par les deux médecins ou à défaut, par l'autorité
judiciaire. Le rapport de ces trois médecins serait déposé
devant cet organisme, appelons-le comité d'évaluation
professionnelle, qui, lui. pourrait entendre des témoins. Il aurait tous
les pouvoirs d'un tribunal, il pourrait peser les rapports médicaux
qu'on lui soumet, il aurait même le pouvoir d'ordonner que le
professionnel se soumette à un nouvel examen médical.
Brièvement, c'est le mécanisme que nous vous suggérons.
Nous pensons qu'il est plus juste, plus conforme à nos principes d'ordre
judiciaire.
M. LAURIN: Vous ne risquez pas qu'ainsi un avocat du diable puisse dire
qu'une corporation souhaite prendre une distance trop grande à l'endroit
d'une tâche qui peut facilement paraître odieuse?
M. CINQ-MARS: Non. Ce n'est pas le but visé. Le principal but
visé est d'accorder à l'individu qui peut être pris dans
cette situation l'exercice de tous ses droits. C'est la protection de
l'individu que nous visons là-dedans, sans viser du tout à
dégager la corporation de ses responsabilités.
M. LAURIN: D'accord.
M. PAUL: Je pense que le Collège des médecins, dans ses
règlements, a ce mécanisme de surveillance et de
sécurité pour le membre du Collège des médecins et
pour le public. D'ailleurs, dans la Loi des hôpitaux également, il
y a ce mécanisme de consultation et de vérification qui est
prévu.
M. LAURIN: En ce qui concerne la formation des professionnels qui pose
de plus en plus de problèmes, problèmes non résolus, car
on a vu, dans plusieurs corporations, cette tension dont vous parliez ce matin
entre les corporations et les universités, j'aurais aimé, pour ma
part, que vous fassiez intervenir un troisième facteur qui,
sociologiquement, est quand même intervenu à quelques reprises, au
cours des dernières années, c'est-à-dire la voix des
usagers de la formation, ceux qui reçoivent la formation.
Est-ce que la tension qui existe entre corporations et
universités ne sera pas élargie maintenant à une sorte de
tension tripartite entre corporations, universités et étudiants?
Et est-ce que vous avez prévu, dans les études que vous aviez
faites, un mécanisme qui nous permettrait de tenir compte de ces trois
facteurs dont l'un des facteurs est encore assez imprécis, celui des
étudiants, mais qui est appelé à prendre une importance de
plus en plus grande dans notre société de participation?
M. CINQ-MARS: Nous avons certainement pensé à ce
mécanisme et, lorsque je faisais allusion, tout à l'heure, aux
efforts que le Barreau avait faits vis-à-vis des facultés de
droit, je peux vous dire que le Barreau a lui-même pris l'initiative de
suggérer un tel mécanisme tripartite ou quadripartite auquel
auraient pu contribuer, vous dites, les usagers des services
professionnels.
Evidemment, quand il s'agit de la profession juridique, nous souhaitons
tous...
M. LAURIN: De la formation.
M. CINQ-MARS: De la formation, je m'excuse. Il y a peut-être aussi
des usagers des services professionnels; pour autant que le droit est
concerné, je pense que tout le monde désire ne jamais devenir les
usagers de ces services. Nous avions pensé à ce mécanisme
tripartite qui n'était pas étatique. Mais comme je vous le disais
tout à l'heure, ça n'a pas été accepté.
M. LAURIN: Estimeriez-vous souhaitable que la loi des professions, telle
qu'elle sortira des travaux des législateurs, devrait faire état
de cette tension qui peut être bénéfique entre les lois
parties constituantes, c'est-à-dire corporations, universités et
corps étudiant?
M. CINQ-MARS: Bien, est-ce que la loi devrait...
M. LAURIN: Cela vous apparaîtrait prématuré.
M. CINQ-MARS: Je ne pense pas que, dans le cadre de la loi, il devrait
apparaître qu'il y a des tensions dans certains milieux mais je pense que
la loi devrait prévoir les mécanismes pour empêcher les
tensions.
M. LAURIN: D'accord, merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, M. le bâtonnier
Cinq-Mars, tantôt, vous avez traité du problème de
la formation qui m'intéresse, non seulement comme membre de notre
auguste profession, mais également comme législateur. Et vous
avez, en particulier, parlé de cet aspect de non-compréhension
entre les universités et le Barreau. Je me le demande d'ailleurs depuis
longtemps mais je me le suis demandé de nouveau ce matin si cette
difficulté de s'entendre entre le Barreau et les universités ne
proviendrait pas du fait que l'un et l'autre ont des conceptions presque
opposées face à la formation.
C'est-à-dire que, d'une part, les facultés de droit, de
plus en plus, envisagent la formation juridique sous l'angle d'une culture
juridique ou sous l'angle de la formation de juristes alors que le Barreau
envisage plutôt ce problème sous l'angle de la formation pratique,
de praticiens et de gens qui vont être appelés à
résoudre des problèmes concrets et pratiques, quotidiens, jour
après jour.
C'est une des raisons de ces échecs que l'on voit au Barreau.
C'est que, dans certaines universités, entre autres on a peut-être
mis davantage l'accent sur la formation de juristes et, arrivant à
l'examen pratique du Barreau, des gens qui peuvent avoir une excellente
formation juridique échouent à l'examen.
Ce que j'aimerais savoir de vous, du Barreau, c'est comment vous
envisagez ce problème. Je pense qu'il faut trouver une solution qui va
permettre aux universités de continuer à former des juristes. Il
serait très déplorable que l'on en vienne à obliger les
facultés de droit à avoir des programmes qui seraient uniquement
orientés en fonction de former, peut-être que le mot est fort,
seulement des techniciens du droit, mais des gens qui n'auraient pas une
formation globale.
J'aimerais savoir, de vous du Barreau et ça se comprend,
même si vous considérez comme très important que des gens
qui vont être admis au Barreau soient des praticiens comment vous
envisagez cette conciliation entre, d'une part, culture générale,
formation juridique générale et formation immédiate,
toujours aussi en ayant en vue que les gens qui vont dans les facultés
de droit ne sont pas nécessairement tous, et c'est de plus en plus vrai,
des gens qui se destinent à la pratique du droit.
M. CINQ-MARS: Je pense que vous venez de toucher le fond de tout le
problème, c'est-à-dire les deux conceptions, je ne dirais pas
opposées mais certainement pas parallèles ou identiques entre la
formation de l'avocat tel qu'on le conçoit dans certains milieux
universitaires et la conception de l'avocat au Barreau. Le Barreau,
là-dessus, a une position très souple. Le Barreau dit aux
facultés de droit: Nous n'avons pas d'objection à ce que vous
donniez la culture la plus générale possible, comme vous la
concevez, à ceux à qui vous voulez la donner. Mais si la
personne, à qui vous donnez une culture, désire exercer la
profession d'avocat, cette personne devra avoir des qualifications ou des
connaissances minimales. C'est aussi simple que cela. J'ai discuté
particulièrement avec les doyens des facultés de droit pendant un
an de tout le sujet et j'ai répété, et je le
répète encore publiquement aujourd'hui: Nous n'avons pas
d'objection à ce que les facultés de droit donnent les licences
ou les baccalauréats qu'elles veulent en droit, mais quant au
diplôme qui donne ouverture à l'exercice de la profession
juridique, à ce moment, nous disons, nous, à cause de cette
responsabilité sociale que nous avons, qu'il faut que nos candidats que
vous nous transmettez aient telle, telle et telle qualification. Et je pense
que nous ne pouvons pas céder sur ce sujet à cause de cette
responsabilité.
M. HARDY: Mais si je vous comprends bien, ceci voudrait dire que les
universités auraient le droit d'élaborer tous les programmes
qu'elles désirent, même pour les futurs membres du Barreau,
à condition qu'il y ait à l'intérieur de ce grand
programme de formation certains points bien définis?
M. CINQ-MARS: C'est cela.
M. HARDY: Et c'est cela que les facultés de droit refusent?
M. CINQ-MARS: Refusent, le mot est peut-être fort mais, sans
entrer dans tous les détails du problème, dans certaines
facultés, on enseigne les matières obligatoires d'une
façon optionnelle.
M. HARDY: Les matières obligatoires d'une façon
optionnelle?
M. CINQ-MARS: Les matières qui sont considérées
obligatoires actuellement en regard de la Loi du Barreau qui existe
actuellement, on les enseigne et on laisse l'option à l'étudiant
de les prendre ou de ne pas les prendre.
M. HARDY: Si je me permets, cela pourrait se comprendre. Si un
étudiant a déjà décidé de ne pas aller au
Barreau...
M. CINQ-MARS: Ce qui arrive, c'est que l'étudiant peut
décider de ne pas aller au Barreau, peut avoir décidé de
ne pas aller au Barreau au cours de sa première année mais au
cours de sa troisième, il décide d'y aller. Cela, c'est son
problème.
M. HARDY: Mais est-ce qu'il ne faut pas tenir pour acquis qu'à ce
niveau l'étudiant doit être assez responsable?
M. CINQ-MARS: Oui, d'accord. Mais il reste quand même que nous
avons, à l'heure actuelle, en vertu des pouvoirs qui sont
accordés au Barreau, un règlement prescrivant les matières
obligatoires. Antérieurement, suivant la loi qui existait avant 1967,
notre règlement allait plus
loin que de déterminer les matières obligatoires. Le
règlement prescrivait le nombre d'heures d'enseignement. En vertu du
règlement actuel, on dit que les facultés doivent donner un
enseignement substantiel dans un certain nombre de matières, lesquelles
sont obligatoires. Or, comme je le disais tantôt, dans certaines
facultés, les étudiants, qui même se dirigent vers le
Barreau, sont laissés libres de prendre ou de ne pas prendre ces
matières. D'autre part, dans certaines facultés, on donne un
nombre X d'heures dans telle matière, disons le droit criminel, tandis
que , dans une autre faculté, on en donne le nombre d'heures Y. De telle
sorte que et pour résumer tout cela, à la sortie
des étudiants en droit des cinq facultés de droit, on n'a pas
l'uniformité de la matière qu'on nous présente. Et c'est
un des problèmes pour le Barreau.
Par exemple, on nous a rapporté que je ne nomme pas les
facultés dans une faculté, on n'enseignait pas d'une
façon obligatoire le chapitre de la vente au code civil, le chapitre de
l'hypothèque. Cela nous semble je vous vois sourire et je
considère votre sourire approbateur...
M. HARDY: Ce sourire n'est pas approbateur pour la faculté en
question.
M. CINQ-MARS: Non. Mais cela nous semble essentiel et c'est à
cela que je faisais allusion tout à l'heure quand je parlais de
connaissances minimales. Vous comprendrez que, devant cette situation, le
Barreau ne peut pas, à moins qu'on lui enlève la
responsabilité sociale du contrôle de la compétence de ses
membres, reculer sur sa position.
M. HARDY: II y a plus que cela.
M. CHOQUETTE: Si le député de Terrebonne me permet un
commentaire, c'est justement sur ce problème que le juge Guérin
doit se pencher, essayer de faire cette réconciliation entre les
prérequis du Barreau d'une part et, d'autre part, la formation qui est
donnée dans les facultés de droit.
M. PERREAULT: Cela peut être utile pour les autres professions
aussi.
M. CHOQUETTE: Je ne dis pas le contraire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez d'autres questions? Le ministre
Choquette.
M. CHOQUETTE: Je voudrais simplement ajouter quelques commentaires sur
certaines autres suggestions que vous avez faites, mais sans prendre trop le
temps de la commission, pour vous dire que l'institutionnalisation d'un
tribunal d'appel en matière disciplinaire est une suggestion qui nous
intéresse beaucoup. L'exercice de l'injonction en matière
pénale est également à mon sens une heureuse suggestion.
C'est une suggestion que j'étendrais d'ailleurs à d'autres
domaines du droit parce qu'il me semble que, dans les conditions actuelles de
l'administration de la justice, l'injonction pénale est une institution
qui devrait être reconnue beaucoup plus officiellement qu'elle ne l'est
à l'heure actuelle. Nous avons commencé à en faire usage
dans certains domaines, en particulier dans le domaine de la protection du
consommateur. Et cela a donné d'excellents résultats dans ce sens
qu'au lieu que les tribunaux interviennent après le fait pour punir un
acte répréhensible, cela permet à l'autorité
judiciaire d'empêcher la commission d'un acte. Par conséquent,
votre suggestion a une portée beaucoup plus générale que
celle à laquelle vous aviez pensé mais, à titre de
ministre de la Justice, je tiens à vous dire qu'elle m'intéresse
profondément.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Me Cinq-Mars, j'ai deux questions d'ordre
général. Cela ne va pas dans le sens de votre exposé, vous
n'avez pas touché à ces points. Je voudrais savoir quelle est
l'attitude du Barreau envers le conseil interprofessionnel, parce qu'il y a
certains organismes qui sont venus devant la commission dire qu'ils
préféraient que le projet de loi 250 ne donne pas suite à
la création du conseil interprofessionnel sur une base juridique.
M. CINQ-MARS: J'ai assisté à ce moment-là à
une séance du conseil interprofessionnel où la question avait
été débattue et ma réaction avait été
la suivante: Puisque le conseil interprofessionnel existe, il n'est pas
nécessaire de la créer dans le cadre du projet de loi 250. Tout
au plus devrions-nous le reconnaître, parce qu'on y fait allusion dans le
projet de loi. Alors, il faut tout de même qu'il soit reconnu. Il a
été constitué par lettres patentes. Je pense que le
conseil interprofessionnel devait être au moins reconnu dans le bill 250.
Qu'on le crée, je pense que c'est une distinction d'ordre secondaire. Il
reste peut-être ceci, c'est que, dans le bill 250, on impose l'obligation
aux corporations d'appartenir au conseil interprofessionnel. Il y a des points
de vue partagés. Le Barreau n'a pas d'objection à ce qu'on lui
impose cette obligation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on le crée par le bill 250, est-ce
qu'on devrait lui confier d'autres responsabilités que celles qui sont
prévues par la loi?
M. CINQ-MARS: Le conseil interprofessionnel a surtout, de façon
générale, un rôle consultatif, sauf suivant les amendements
annoncés le 14 septembre, la fonction de fournir
une liste de membres externes à l'Office des professions, une
liste de cinq candidats comme membres de l'Office des professions.
A part ces deux rôles-là, je pense que le rôle
général du conseil interprofessionnel est un rôle
consultatif et, à cause des fonctions de l'office, je pense que le
rôle du conseil doit demeurer principalement un rôle
consultatif.
Si nous n'avions pas l'office, à ce moment-là, je pense
qu'il faudrait donner de plus grands pouvoirs au conseil
interprofessionnel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous avez eu l'occasion, Me Cinq-Mars,
d'assister à plusieurs séances de la commission ou de lire le
journal des Débats, vous avez constaté qu'un des problèmes
qui est revenu devant la commission et qui a été mentionné
par presque toutes les corporations professionnelles, c'est celui de la
définition du champ d'exercice. C'est là, véritablement,
où il y a une pierre d'achoppement. On a suggéré
différentes façons de résoudre le problème, mais il
est ressorti clairement qu'il était difficile, pour certaines
corporations professionnelles, de ne pas vivre avec une certaine zone conjointe
où chacune des professions exercerait son rôle. Est-ce que le
Barreau a eu l'occasion de se pencher sur ce problème et de faire
d'autres suggestions à la commission parlementaire, comme certains
mécanismes qui permettraient à ces professions-là de se
rencontrer continuellement, de discuter et de dialoguer afin que celles-ci
puissent vivre dans la meilleure harmonie possible?
M. CINQ-MARS: Je vais admettre bien franchement que le Barreau n'a pas
fait d'étude sur le sujet parce que le problème ne s'est pas
présenté pour le Barreau. D'autre part, je suis conscient que ce
problème existe, parce qu'il a été soulevé au
conseil interprofessionnel. Evidemment, n'ayant pas de mandat de la part du
conseil, j'éviterais de donner des points de vue, d'autant plus
qu'encore une fois je ne me sens pas suffisamment préparé pour
répondre ou faire des suggestions concrètes pour d'autres
professions que celle du Barreau.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez dit tantôt que le
problème ne se pose pas pour le Barreau. Il ne se pose pas avec d'autres
professions? Il n'y a pas de difficulté avec les notaires, les
comptables?
M. CINQ-MARS: II n'y a pas du tout de difficulté avec les
notaires, nous les aimons tellement que nous voulons les avoir avec nous au
sein du Barreau.
M. HARDY: Faire leurs erreurs...
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, si vous me permettiez
une suggestion, je pense que toutes les professions vont vivre avec le bill
250, avec les lois spécifiques. Donc, étant donné que le
Barreau sera celui qui sera appelé à se pencher sur les
problèmes pratiques, je pense que ce sera peut-être
intéressant pour la corporation professionnelle ou le conseil
interprofessionnel de se pencher sur ce problème-là et essayer de
faire, si ce n'est pas à cette occasion-ci, un peu plus tard, des
suggestions au législateur.
M. CINQ-MARS: Je vous remercie de la suggestion. En fait, le Barreau
fait partie du conseil interprofessionnel depuis sa fondation. C'est
peut-être même un avocat qui en a été le fondateur.
C'est Me Jules Deschênes qui a été le premier
président, il est maintenant juge de la cour d'Appel.
Le Barreau a toujours collaboré d'une façon étroite
avec le conseil interprofessionnel. Mais vous soulevez un sujet sur lequel nous
n'avons pas fait d'études parce que nous n'en avons pas
été saisis particulièrement en ce qui concerne d'autres
professions. De toute façon, je pense que nous pourrons peut-être
apporter certaines lumières au conseil interprofessionnel et
possiblement, dans un avenir plus ou moins prochain, à la
commission.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le bâtonnier et toute la
délégation du Barreau. Au nom de la commission, je veux vous
remercier de votre mémoire et de votre excellente participation à
la discussion.
On doit ajourner la séance car, à midi, il y a caucus des
députés du gouvernement. Je pense que ça ne vaut pas la
peine d'aborder la présentation du mémoire de l'association et de
la fédération des avocats. On suspend la séance
jusqu'à quatre heures.
(Suspension de la séance à 11 h 50)
Reprise de la séance à 16 h 16
M. BLANK (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
L'Association des avocats de la région de Montréal, Me
Chapados.
Fédération des avocats du
Québec
M. CHAPADOS: M. le Président, par votre entremise, je voudrais
remercier tous les membres de cette commission de permettre ainsi à la
Fédération des avocats du Québec de faire valoir ses
représentations quant au bill 250.
Vous me permettrez, immédiatement, de faire une petite mise au
point quant au libellé et à la facture du mémoire que vous
avez devant vous. Si l'honorable ministre des Affaires sociales était
ici, il me comprendrait très bien. La profession juridique a eu un
premier-né, l'an passé, qui était l'Association des
avocats de la région de Montréal. Disons que l'accouchement a
été assez difficile. Il y a même eu des complications post
partem et c'est un peu dans ce contexte que ce mémoire a
été rédigé. Néanmoins, ce que nous allons
dire, aujourd'hui, se trouve contenu, en principe, dans les vocables
génériques que nous avons employés dans notre
mémoire.
Vous me permettrez également, M. le Président, de vous
présenter le président de l'Association des avocats de la
région des Laurentides et secrétaire de la
Fédération, Me Pierre Rousseau. Je profite de l'occasion pour
vous dire qu'en l'espace d'un an, ce qui était au début
l'Association des avocats de la région de Montréal est
passée à neuf groupes dans toute la province, totalisant plus de
1,000 avocats qui, sur une base volontaire, ont décidé de s'unir
pour défendre leurs intérêts socio-économiques. Et
si ce n'était d'un conseil général qui a lieu vendredi et
samedi à Montréal, je suis sûr qu'il y aurait plus de
représentants du conseil général. Comme le gouvernement,
nous avons des restrictions budgétaires.
Ce que nous voulons vous dire cet après-midi se résume
substantiellement en deux points: d'une part, en ce qui a trait, par exemple,
à l'exercice proprement dit de la profession et, d'autre part, en ce qui
concerne la sphère socio-économique, c'est-à-dire les
modes de rémunération des membres de la profession
légale.
S'agit-il, en premier lieu, de l'exercice de la profession d'avocat?
Nous étions ici, ce matin. Nous avons entendu les représentations
du Barreau et nous disons un oui inconditionnel aux représentations qui
ont été faites par le Barreau devant cette commission. D'autre
part, je tiens également à souligner que les amendements qui ont
été annoncés par le gouvernement sont tout à
l'honneur de celui-ci. Je pense que l'attitude du Barreau, ce matin,
était en quelque sorte la contrepartie de ces amendements qui ont
été annoncés il y a déjà quelque temps.
Je voudrais cependant, à ce niveau-là, ouvrir une petite
parenthèse pour vous parler de la formation professionnelle.
Cela peut paraître étrange de la part d'un organisme tel
que le nôtre, mais disons que le problème qui se pose
actuellement, dans le cas de la profession juridique, est susceptible d'avoir
d'ici un an ou deux des répercussions économiques pour les
membres de la profession, et je m'explique. Comme vous avez pu le constater ce
matin, disons que l'école de formation professionnelle du Barreau est
une nécessité. On a parlé des deux conceptions. D'une
part, il y a les universités qui doivent dispenser un enseignement
disons plus large et global pour répondre à des impératifs
de mobilité et de polyvalence, d'autre part, il y a également le
Barreau qui doit, lorsqu'il s'agit d'admettre quelqu'un à l'exercice,
satisfaire à des critères extrêmement pratiques qui sont
ceux fixés par le contexte d'un avocat qui pratique au
Québec.
Vous avez été à même de constater et
c'est là un autre constat la situation exceptionnelle qui est
celle du Barreau, à savoir que le Barreau est la seule corporation qui
supporte elle-même une école de formation professionnelle et la
finance.
Vous connaissez également la situation qui est celle des autres
corporations qui, au niveau des stages de formation pratique, par le biais
d'ententes conclues avec différentes facultés, se voient aider
financièrement par le gouvernement via le ministère de
l'Education, les universités, les différentes
facultés.
D'autre part, il y a également une autre chose extrêmement
importante, c'est la position gouvernementale. Le gouvernement, au cours des
dix dernières années, tous les gouvernements qui se sont
succédé, ont toujours refusé de subventionner directement
une corporation pour fins d'enseignement professionnel. Disons que la
subvention qui a été accordée par le gouvernement au
Barreau à l'époque est une subvention pour fins d'immobilisation
pour l'aider à acheter un immeuble et était répartie sur
une période de cinq ans. Quand même, cette décision ne
constitue pas un précédent puisque le ministère de
l'Education le gouvernement ne finançait pas, comme tel,
un programme d'enseignement professionnel au niveau postuniversitaire.
Dans un autre contexte, il y a également une autre
réalité qui est la suivante: actuellement il se fait des travaux,
ici, au gouvernement, travaux qui sont louables, dans le but d'uniformiser les
frais de scolarité et cela, non seulement au niveau universitaire, mais
j'ajouterais y compris les stages de formation pratique.
Comme on sait actuellement que le milieu universitaire et ce qui
en découle est peut-être le milieu qui est demeuré
le plus hermétique à la gratuité de l'éducation, il
faut également s'attendre que cette uniformisation se fera à la
baisse, avec le résultat qu'il se pourrait fort bien que, dans un an ou
deux, le Barreau, devant absolument maintenir une école de formation,
soit obligé de l'appuyer financièrement, à même la
cotisation de ses membres.
M. le Président, je profite de l'occasion qui nous est offerte
pour soumettre ce problème
aux membres de la commission. Ce matin, M. le bâtonnier Cinq-Mars
a souligné: Nous voulons avoir les pouvoirs. En contrepartie,
étant donné que précisément nous avons pour mandat
de défendre les intérêts socio-économiques des
avocats, nous nous disons: Non seulement les pouvoirs, mais également
les moyens financiers. L'appel que nous lançons, cet après-midi,
nous le lançons au Barreau, au gouvernement, aux universités et
aux différentes facultés de droit, pour que d'ici peu, par le
biais d'entente à intervenir entre les parties compétentes,
l'Etat puisse assumer en matière de formation professionnelle en ce qui
a trait aux avocats, ce qu'il assume indirectement dans le cas d'autres
corporations. Qu'il suffise, par exemple, de mentionner les plein-temps
géographiques qui enseignent, soit aux internes ou aux résidents
dans les hôpitaux et dont le salaire émarge en totalité,
depuis un an ou un an et demi on me corrigera si je fais erreur
au ministère de l'Education, alors qu'auparavant c'était 50-50,
ministère de l'Education, ministère de la Santé.
C'est la seule parenthèse que nous voulions ouvrir à ce
chapitre, mais je pense qu'elle est extrêmement importante si nous ne
voulons pas nous, en tant qu'avocats, nous voir imposer, d'ici un an ou deux,
une cotisation supplémentaire qui sera extrêmement lourde à
porter. Encore une fois, j'ajoute que ce serait une anomalie. Si j'insiste
à ce point, c'est qu'il y a un autre constat aussi, c'est qu'il existe
dans tout ce domaine un conflit récent l'a
révélé un fossé entre le Barreau et les
facultés de droit. Il faudrait que ce fossé se comble, que le
gouvernement assume ses responsabilités comme il le fait pour d'autres
corporations.
S'agit-il maintenant du domaine socio-économique ou des modes de
rémunération? Nous avons dit, tout à l'heure, un oui
inconditionnel aux représentations que le Barreau a faites ici ce matin;
nous disons cet après-midi, dans un deuxième temps, un oui
inconditionnel à l'article 27 du projet de loi 250, qui consacre la
vocation publique de toute corporation.
Et en ce qui a trait à la Fédération des avocats du
Québec, sa politique est à l'effet que la
délégation de pouvoir qui intervient entre l'Etat et le Barreau
n'a qu'un seul fondement, soit la protection de l'intérêt public.
En d'autres mots, pour la Fédération des avocats, le Barreau est
en quelque sorte un prolongement de l'Etat, prolongement autonome et
indépendant, cela va de soi, au même titre que cette commission
parlementaire est une émanation ou un prolongement de l'Assemblée
nationale.
De ce que je viens de dire, il s'ensuit que, quant à la
Fédération des avocats du Québec, il ne saurait être
question que le Barreau, corporation à vocation publique, défende
les intérêts strictement économiques de ses membres
à cause de sa vocation publique et également à cause du
conflit d'intérêts qui serait inévitable.
Pour la Fédération des avocats du Québec, le mode
de rémunération relève essentiellement du professionnel
qui pratique. Il relève également des associations qui ont
été dûment mandatées pour traiter de ces questions,
ce qui est le cas de la Fédération des avocats du
Québec.
Quant à nous, ce dilemme a été
définitivement tranché en ce sens que, lors du dernier
congrès du Barreau tenu en avril dernier à Montréal, une
résolution a été adoptée par les avocats
participants à l'effet qu'il devrait y avoir deux organismes
représentatifs dont un chargé de protéger les
intérêts strictement économiques de ses membres, ce qui est
le rôle de la Fédération des avocats du Québec.
Je profite de l'occasion pour rappeler la politique qui a
été suivie par les gouvernements du Québec depuis environ
une dizaine d'années, à partir du gouvernement Lesage, en passant
par ceux de M. Johnson et de M. Bertrand et par le présent gouvernement,
politique, justement, à l'effet de négocier avec des organismes
représentatifs tels que le nôtre, ces questions strictement
économiques.
Ceci dit, je sais que l'un d'entre vous, l'honorable ministre de la
Justice, aura une décision à prendre d'ici quelque temps. Ce que
nous demandons, c'est que le gouvernement confirme cette politique
établie depuis longtemps au Québec. Et, en contrepartie, nous
demandons au Barreau de limiter son rôle à la défense des
intérêts publics.
En pratique, qu'est-ce à dire? Vous savez tous qu'au début
juillet, l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi de
l'aide juridique portant le numéro 10, et qu'en vertu de ce projet de
loi une commission d'aide juridique a été créée,
commission qui assumera le paiement de services juridiques aux
économiquement défavorisés. En vertu de cette même
loi, les services juridiques seront rendus par des avocats professionnels
autonomes comme cela s'est fait dans d'autres domaines, et je me
réfère en particulier au domaine de la santé et ces
tarifs, ces conditions d'exercice devront faire l'objet d'une entente. Et c'est
ce champ de compétence que nous revendiquons.
Deuxièmement, question d'honoraires. On sait très bien que
l'avocat ne vit pas pour pratiquer mais pratique pour vivre. C'est ce qui
sous-tend l'exercice de l'art de l'avocat ou du médecin même si on
le prend dans son acception la plus noble. On le dit.
Maintenant, quelle est la philosophie de la fédération?
Alors, nous disons tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Et je pense
que l'honorable ministre des Affaires sociales en est convaincu lui aussi.
Alors, en ce qui a trait aux honoraires, ici, disons qu'il y a un cas
particulier en ce sens qu'il y a des honoraires judiciaires et
extrajudiciaires. En ce qui a trait aux honoraires judiciaires, la politique de
la fédération veut que ce domaine relève d'une
compétence double. D'une part, étant donné qu'il s'agit
là de frais à être assumés par la partie adverse, il
va de soi que l'intérêt commun entre
en jeu, d'où nous voyons très bien le Barreau jouer un
rôle au niveau des tarifs judiciaires. Mais également, et toujours
au niveau des tarifs judiciaires, étant donné que, pour les
membres de la profession juridique, ces tarifs ont une incidence
économique, nous sommes d'avis que la Fédération des
avocats du Québec a également son mot à dire.
Je pense que, dans ce contexte, il serait tout à fait dans la
nature et dans la logique des choses que des négociations
particulières interviennent à cet effet.
S'agit-il d'un tarif conventionné? J'en ai déjà
parlé. C'est du ressort exclusif, quant à nous, de la
Fédération des avocats et, évidemment, du gouvernement, du
ministre de la Justice. S'agit-il enfin du tarif extrajudiciaire,
c'est-à-dire du tarif que l'avocat demande à son client
privé?
Nous soumettons et je ne veux pas ici jouer sur les mots
que, dans un contexte de libéralisme, la fixation des tarifs
d'honoraires doit être laissée à la relation avocat-client.
La seule intervention et la fédération le dit franchement
qu'elle juge admissible, c'est l'intervention du Barreau au niveau de
l'arbitrage des comptes. Et nous soumettons en toute déférence
aux membres de cette honorable commission que, par cette intervention du
Barreau qui est extrêmement fréquente d'ailleurs, le bien commun,
le bien public est sauvegardé.
Et ici, je ne peux m'empêcher de me référer à
certaines dispositions du bill 251 ou encore à une disposition du bill
250 â cet effet qui dit ceci: "Le bureau peut, par résolution,
suggérer pour approbation au lieutenant-gouverneur en conseil des tarifs
d'honoraires extrajudiciaires."
Nous soumettons ici en toute déférence que ce champ ne
doit pas être laissé à la réglementation
unilatérale de l'Etat puisque, encore une fois, par le biais du bill
250, article 168, le lieutenant-gouverneur en conseil laisse le loisir, soit de
les approuver ou, le cas échéant, de les établir. C'est ce
que la fédération appelle de l'intervention unilatérale de
l'Etat. Et puisque je traite de ce sujet, j'aimerais poser une petite question.
Je comprends très bien la philosophie qui sous-tend le projet de loi du
gouvernement et qui sous-tendrait une intervention du lieutenant-gouverneur en
conseil au niveau de l'établissement des tarifs extrajudiciaires.
Je ne veux me faire l'interprète de qui que ce soit, mais je
pense qu'on part de la notion de service, d'un service qui, plus est, est
public, qui enfin est rendu par des membres qui appartiennent à une
corporation fermée, d'où le contrôle que la
collectivité doit exercer.
Nous soumettons que ce contrôle est exercé de façon
adéquate par le Barreau au niveau de l'arbitrage des comptes. Enfin, il
y a également le régime de retraite. C'est encore là un
domaine qui relève des conditions et des modes de
rémunération.
Je sais que le gouvernement s'apprête ou s'apprêtera
à le faire éventuellement, à négocier une politique
de revenu et, dans ce contexte-là, on sait très bien que le fonds
de retraite s'apparente aux bénéfices marginaux et colle de
très près à la réalité que sont les
conditions de rémunération.
Voici en bref, M. le Président, ce que nous avions à dire
et, à titre de conclusion, nous désirons affirmer que, dans le
contexte qui est celui du Québec 1972, la Fédération des
avocats est prête à assumer ses responsabilités. Elle
comprend très bien le contexte dans lequel elle vit, contexte qui veut
que l'Etat intervienne de plus en plus au niveau du financement pour que des
services fondamentaux soient rendus aux économiquement
défavorisés. Ceci, elle le réalise très bien. Nous
n'entendons pas, à ce titre, partir à la chasse aux
sorcières.
D'autre part, il est également une autre réalité,
c'est que, cette intervention de l'Etat étant inévitable, il
reste quand même que doivent être mis en place et je me
limite toujours aux champs des modes de rémunération et des
conditions d'exercice des mécanismes de négociation, de
consultation, de participation, pour que toutes les parties en cause puissent,
à la satisfaction du public, collaborer.
Voila en bref, M. le Président, les quelques commentaires que
j'avais à faire et il me fera plaisir de répondre aux questions
qui pourraient m'être posées ou posées à mon
collègue, Me Rousseau.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le député d'Outremont.
M. CHOQUETTE: Me Chapados, sur la négociation qui est
prévue en vertu de la loi 10, c'est-à-dire la négociation
des tarifs s'appliquant aux cas bénéficiant de l'aide juridique,
est-ce que le Barreau partage votre avis à l'effet que vous êtes
l'interlocuteur valable du gouvernement et en particulier du ministère
de la Justice pour en arriver à établir ces tarifs?
M. CHAPADOS: Encore ici, je dirai ce qui en est. M. le Président,
je réfère l'honorable ministre de la Justice au dernier
congrès du Barreau qui, soit dit en passant, a été celui
qui, dans l'histoire du Barreau, où il y a eu le plus haut taux
d'inscriptions et où les membres de la profession juridique ont
décidé de se doter de deux organismes distincts. Puisque
l'honorable ministre de la Justice a lui aussi assisté à ce
congrès...
M. CHOQUETTE: Oui, j'ai eu le plaisir d'y assister.
M. CHAPADOS: ... il sait très bien que cette
décision...
M. CHOQUETTE: Le bâtonnier Jasmin, n'est-ce pas?
M. CHAPADOS: ... n'a pas eu l'air de plaire
au conseil général de l'époque. C'est la
réponse que j'ai à formuler: quant à nous, la question a
été tranchée. Les membres du Barreau l'ont fait de
façon démocratique et, malheureusement, à l'époque,
le conseil général, ne s'attendant peut-être pas à
un tel vote de la part des avocats réunis en congrès, avait mal
pris la chose sur le coup. C'est d'ailleurs à ce moment qu'il avait
été décidé de procéder à un vaste
référendum auprès des membres de la profession
juridique.
M. CHOQUETTE: Mais vous allez admettre avec moi, Me Chapados, que ce
congrès du Barreau ne pouvait pas prendre position sur cette question,
étant donné que le bill 10 n'avait même pas
été adopté. Le bill 10 a été adopté
subséquemment. Ce n'est pas parce qu'une majorité d'avocats ont
manifesté un intérêt dans la formation d'un groupe que vous
représentez d'ailleurs très habilement, je l'admets, que le
gouvernement doit nécessairement dire et conclure, de ce fait, que vous
êtes le seul interlocuteur valable quand arrivera la question de la
négociation des tarifs au niveau de l'aide juridique. Vous comprendrez
que j'aimerais bien avoir le point de vue du Barreau sur cette question et que
la position qui sera adoptée par le conseil du Barreau va importer
sûrement dans la décision qu'il faudra prendre à notre
niveau pour savoir qui est notre interlocuteur dans cette négociation.
J'ajouterai un autre fait, c'est qu'il est difficile je ne dis pas
impossible de demander à une des parties qui négocient de
choisir son interlocuteur. Il me semble que ce sont les avocats comme tels qui
doivent déterminer qui sera l'interlocuteur du gouvernement.
M. CHAPADOS: Oui, M. le Président, je comprends fort bien la
remarque de l'honorable Choquette. Il reste, d'autre part, qu'il y a quand
même certaines réalités qui sont là. Lorsque le
gouvernement affirme par l'article 27 du nouveau code des professions, que
toute corporation est à vocation publique, alors tout ce que nous disons
ici aujourd'hui, c'est ni plus ni moins: Messieurs, nous vous invitons à
agir en conséquence.
Disons que le problème de la vocation publique est une
réalité qui, à mon sens, ne peut être franchie
allègrement, et c'est ce qui explique que, depuis des années, le
premier précédent avait été créé avec
M. Kierans puis confirmé et ratifié par la suite par l'ensemble
des ministres de la santé j'en vois plusieurs ici y
compris par l'actuel ministre des Affaires sociales, la défense
d'intérêts socio-économiques est inconciliable avec la
véritable défense d'un intérêt public. Il suffit, je
pense, d'avoir vécu comme j'ai pu le faire moi, et comme d'autres l'ont
vécu aussi, une certaine confrontation entre le gouvernement et les
membres d'une profession donnée pour savoir et pour réaliser
jusqu'à quel point, dans les faits, cette chose est exacte.
Quant à nous, nous soumettons en toute déférence
qu'une corporation ne peut à la fois défendre un
intérêt public et, en même temps, défendre les
intérêts strictement économiques des membres de la
profession juridique. En d'autres mots, ce que nous disons et nous
interprétons le vote du congrès du Barreau de cette façon
c'est que, par ce vote, les avocats québécois ont
signifié leur décision arrêtée, quant à
l'avenir, de ne pas se cacher derrière l'éventail ou le paravent
du bien commun pour faire triompher des gains ou des points de vue d'ordre
strictement économique, parce que, autrement, nous tombons dans un
conflit d'intérêts qui, quant à la
fédération, est évident.
Il y a des rapports qui ont été faits à cet effet
et quant à nous toujours, une corporation publique ne peut pas
être représentative de par son essence, puisque tout membre d'une
corporation doit nécessairement y adhérer. Somme toute, nous
représentons, jusqu'à maintenant, au-delà de 1,000 avocats
dans neuf associations distinctes qui se sont groupées en
fédération. M. le Président, je pense, que nous sommes un
organisme représentatif valable, compte tenu du fait que tout ceci s'est
passé en moins d'un an, alors que, dans le cas de la profession
médicale, le cheminement a été de deux ou trois ans, pour
en arriver à un pareil "membership". C'est la position qui a
été précisée par le conseil général
de la fédération et que j'expose ici, sans
arrière-pensée, sans acrimonie, absolument pas!
M. CHOQUETTE: II est sûr que vous ne le faites pas avec acrimonie,
M. Chapados. Je ne pense pas que personne puisse vous reprocher votre
façon d'exposer le problème. Est-ce que vous avez eu des
pourparlers récents avec le conseil du Barreau, ou le bâtonnier,
au sujet de ces problèmes? Est-ce que le Barreau est prêt à
accepter, tout comme l'avait fait la profession médicale, que ce soient
des groupements de la nature de groupements syndicaux si je peux
m'exprimer ainsi qui représentent les avocats, à
l'occasion de ce genre de négociations que nous envisageons, en vertu du
bill 10? Il ne faut pas oublier que dans les professions de la santé,
les corporations professionnelles se sont elles-mêmes
délestées de cette fonction de représenter leurs membres
à l'occasion de discussions qui visaient strictement leurs
intérêts socio-économiques.
M. CHAPADOS: M. le président, je ne voudrais pas paraître
trop pointilleux mais je sais qu'il y a un représentant éminent
du collège dans cette salle et disons que cette attitude qui a
été adoptée par la profession médicale a
été le fruit d'une évolution. Il ne faut pas croire que du
jour au lendemain le Collège des médecins a décidé
de se retirer de ce champ. Non, il y a eu, tout d'abord, la formation de la
Fédération des médecins omnipraticiens suivie, un an plus
tard, par un début de formation d'une Fédération de
médecins spécialistes et, petit à petit, au bout d'un
certain temps, à ce moment-là, le Collège
des médecins a accepté de se retirer d'autant plus
et c'est cette philosophie actuelle qu'il a réalisée qu'il
ne pouvait évidemment, à la fois, étant le prolongement du
pouvoir public, protéger la société et défendre la
poche de ses membres. Je le dis franchement.
M. CHOQUETTE: En réponse à la question que je vous posais,
est-ce que, actuellement, le Barreau est disposé â prendre une
attitude identique?
M. CHAPADOS: II faudrait peut-être, M. le président, que
l'honorable ministre de la Justice pose la question au Barreau. Tout ce que je
peux dire, c'est que c'eût été une excellente occasion ce
matin, mais on n'a pas touché à ce sujet. Quand même, quant
à nous, il reste un fait, comme je l'ai mentionné, le Barreau est
une corporation à vocation publique. Comme je l'ai mentionné tout
à l'heure, et ici, j'écarte les conflits d'intérêts,
l'adhésion obligatoire, etc. je dis que les modes de
rémunération relèvent essentiellement de l'avocat et
à ce titre personnel. S'il veut être payé à salaire,
à l'acte, à la vacation, à la capitation, et j'en passe,
c'est son affaire, et c'est également du ressort de l'association qu'il
mandate dûment à cette fin. A ce moment-là, je pense qu'une
corporation ne pourrait pas m'interdire, je me cite en exemple: Me Chapados,
nous vous interdisons d'aller travailler à salaire pour telle compagnie.
Ce qui intéresse au premier chef le Barreau, c'est qu'en tant qu'avocat
j'agisse conformément à la loi et aux règlements du
Barreau, que je me conforme aux règles de déontologie; quant au
mode de rémunération, je le soumets en toute
déférence, avec franchise et fermeté, ce n'est pas une
question du ressort de la corporation à vocation publique, tel
qu'affirmé par l'article 27.
M. CHOQUETTE: De toute façon, j'en déduis que vous n'en
n'avez pas discuté récemment avec le Barreau.
M. CHAPADOS: M. le Président, pour calmer le ministre de la
Justice, je vais même prendre les devants et je vous dirai qu'à la
réunion du conseil général qui s'en vient vendredi et
samedi, j'entends soumettre à l'approbation des membres une proposition
pour qu'il y ait rencontre entre les deux organismes, dans le but
d'aérer la situation.
M. CHOQUETTE: C'est très bien.
Juste une dernière question relative au tarif judiciaire et au
tarif extrajudiciaire. Je crois qu'il va de soi que les tarifs judiciaires
soient arrêtés de façon qu'ils tiennent compte de
l'intérêt public. Je crois qu'il n'y a aucun problème sur
cet élément du tarif, vous l'avez admis vous-même, parce
que c'est la partie adverse, en somme, qui paie les honoraires de l'avocat qui
a gagné sa cause. Je parle du tarif judiciaire.
M. CHAPADOS: C'est parce qu'il y avait une autre nuance, M. le
Président, que j'avais faite à ce moment. J'avais dit que le bien
commun était en cause, mais d'autre part, â cause de l'incidence
économique que cela avait pour les membres de la profession juridique,
j'ai dit que la Fédération des avocats se voyait très bien
négocier sur cette question. J'ajoute négociation spéciale
aux fins d'harmoniser les intérêts des parties.
M. CHOQUETTE: Une négociation qui est plutôt de la nature
d'une consultation.
M. CHAPADOS: Je situe cela entre la consultation et la vraie
négociation.
M. CHOQUETTE: Pour le tarif extrajudiciaire, vous faites une distinction
avec le tarif judiciaire en disant qu'il s'agit de la relation entre l'avocat
et son client et qu'il existe un mécanisme d'arbitrage au sein du
Barreau, pour tenir compte des cas où il peut y avoir divergence sur les
honoraires qui peuvent être dus à un avocat par son client. Je
crois que, dans l'ensemble, ce que vous dites est assez exact. D'autant plus
que la façon d'arrêter un compte ou de faire un compte pour un
avocat tient compte d'un certain nombre de facteurs assez difficiles à
concrétiser en chiffres. On sait qu'on tient compte de
l'expérience, du résultat, des difficultés de la cause, en
somme, d'un certain nombre de facteurs qui seraient difficiles à fixer
d'une façon absolument mathématique. Il n'empêche que
certaines parties du tarif extrajudiciaire sont déjà
fixées par les tarifs. On a simplement à penser en matière
d'expropriation; je crois qu'il s'agit même d'un tarif extrajudiciaire et
qui est fixé par un arrêté en conseil ou par un processus
de réglementation, ce qui fait qu'on peut très bien concevoir
certains secteurs du domaine du tarif extrajudiciaire qui puissent être
fixés par l'autorité compétente.
M. CHAPADOS: C'est un tarif qui est suggéré par le Barreau
et qui est approuvé par Québec. En fait, ce sont les
règlement du Barreau qui, je crois, le fixe.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. CHAPADOS: Je ne voudrais pas, de toute façon, entrer dans les
détails mais la grande distinction, que j'ai faite, se situe au niveau
des grandes orientations. Nous n'avons pas le temps de disséquer,
d'entrer dans l'expropriation ou différents types de pratique. En
règle générale, si le gouvernement devait dire: Le tarif
extrajudiciaire, nous le fixons et vous, dorénavant, vous allez charger
tant pour une visite, vous allez travailler à $17 l'heure si vous
travaillez à l'heure ou à $15 vous voyez que je suis
optimiste je dis que ce serait une intervention impossible qui est
contenue en puissance à
l'article 168. Je dis, à ce moment, si le contexte de la pratique
dans lequel nous vivons, si nous vivons dans un certain contexte de
libéralisme: Laissons à la relation client-avocat, le soin de
déterminer le tarif, quitte, dans le cas d'abus, à ce que le
Barreau intervienne précisément pour fins d'arbitrage et pour
fins de sauvegarder l'intérêt commun.
M. CHOQUETTE: Vous savez que, même dans l'état actuel des
choses, le gouvernement pourrait fixer le tarif extrajudiciaire, avant que le
bill 250 ne soit adopté. Je pense que. vous allez admettre cela.
M. CHAPADOS: M. le Président, on m'a compris depuis le
début et j'espère qu'il y aura des réponses à court
terme aux remarques que nous faisons. Mais, nous ne nous sommes pas
référés à l'état de la législation
actuelle en ce qui a trait au Barreau pour, évidemment, préparer
les représentations que nous désirions vous faire. Il y a
énormément de choses, actuellement, qui sont contenues, comme
vous le mentionniez, au niveau du tarif extrajudiciaire.
Nous, nous soumettons qu'en toute déférence, si ce tarif
extrajudiciaire est appelé à régir les relations d'un
client privé et d'un avocat, qui n'est pas un économiquement
faible, qui n'est pas un bénéficiaire de la loi 10, nous sommes
face à une intervention de l'Etat, intervention unilatérale;
c'est tout.
Je comprends que certains membres de la commission puissent ne pas
partager mon point de vue, mais je soumets en toute franchise que c'est
là la politique de la fédération et que, si nous partons
de la notion de service pour tout contrôler je vous ai
mentionné tout à l'heure que le service que rend l'avocat est un
service public... De plus, notre profession est une profession fermée
et, si nous concluons de là un contrôle, je dis à ce
moment: Que fait-on quant au reste de la société?
Pour tout ce qui se situe entre le secteur secondaire et tout le secteur
tertiaire, est-ce à dire, à ce moment, que sous prétexte
qu'il s'agit d'un service, on devrait tout contrôler et tout fixer par
ordonnance, décret ou arrêté en conseil?
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que Me Chapados pourrait nous
dire si le Barreau a officiellement un représentant au conseil
exécutif de la FAQ?
M. CHAPADOS: II n'y a pas de représentant comme tel, M. le
Président, pour répondre à la question de l'honorable
député de Maskinongé.
M. PAUL: Est-ce qu'il y a eu une demande de représentation du
Barreau au conseil exécutif de la Fédération des avocats
du Québec?
M. CHAPADOS: Absolument pas.
M. PAUL: Pardon?
M. CHAPADOS: Pas à ma connaissance.
M. PAUL: Pas à votre connaissance. Pour-riez-vous nous dire si
les relations avec le conseil général du Barreau sont meilleures
aujourd'hui qu'elles ne l'étaient jadis? Parce que vous avez fait
référence à l'époque de la formation de la
Fédération des avocats de province.
M. CHAPADOS: Ce qui se produit, M. le Président, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure et là, je me
réfère au congrès d'avril dernier lors de ces fameuses
résolutions ... Il y en a deux qui ont eu une certaine
résonnance dans la profession juridique: d'une part, avoir deux
organismes distincts; d'autre part, les membres du Barreau ont opté pour
un régime de type judicare.
Disons que, sur le coup, la chose était inévitable. Le
conseil général qui, d'ailleurs, quelques mois plus tard, se
trouvait à changer a été surpris de ce résultat.
Depuis ce temps il y a eu des contacts qui se sont faits mais des contacts
personnels, des relations personnelles entre des membres du conseil
général du Barreau et des membres du conseil
général de la fédération. Mais ce qui n'existe pas
actuellement, ce sont des contacts fonctionnels.
M. PAUL: Ou professionnels. Ou dans l'intérêt
professionnel.
M. CHAPADOS: Ce qui n'existe pas actuellement, justement, ce sont des
comités ou, bref, des instances officielles des deux groupes qui se
rencontreraient pour discuter le problème.
M. PAUL: A la suite de vos remarques, il faut donc conclure qu'il n'y a
eu aucune discussion entre le Barreau et l'exécutif de la FAQ au sujet
du problème du tarif.
M. CHAPADOS: II n'y a eu aucune discussion. Vous me demandiez tout
à l'heure s'il y avait eu des contacts. J'ai rencontré des
officiers du Barreau, j'ai assisté à des réunions du
Barreau, c'est arrivé à plusieurs reprises, j'ai
été invité, etc. Au niveau du tarif, il y a eu des
conversations privées, officieuses, génériques mais,
encore une fois, au niveau des contacts fonctionnels.
M. PAUL: Disons que c'est l'étape que nous désirons
franchir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour enchaf-ner sur la même question, je
voudrais demander à Me Chapados ce qui arriverait de sa
fédération si le gouvernement, dans le cadre des discussions du
bill 10, négociait avec le Barreau le tarif ou l'entente.
M. CHAPADOS: Si j'étais politicien, je vous répondrais que
c'est là une question hypothétique, mais c'est clair que...
M. CHOQUETTE: Si vous étiez président de la Chambre, vous
répondriez cela.
M. CHAPADOS: Mais, M. le Président, tout ce que je peux dire
à l'honorable député de Montmagny, c'est que, la
Fédération des avocats va défendre son point de vue, va le
faire valoir. C'est tout ce que je puis dire aujourd'hui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous n'avez pas eu de contact comme tel avec
le Barreau au sujet de cette question, est-ce que vous en avez eu avec d'autres
fédérations, d'autres associations professionnelles, d'autres
syndicats professionnels comme ceux des médecins, disons, qui ont deux
fédérations négociant avec le gouvernement dans le cadre
des lois de la santé, de l'assurance-maladie? Pour les pharmaciens, les
médicaments, c'est l'Association des pharmaciens-propriétaires
qui a négocié avec le ministère des Affaires sociales et
non pas le Collège. C'est la même chose pour les dentistes, je
pense.
M. CHAPADOS: M. le Président, il y a eu des contacts. Je
rencontre fréquemment ces gens on le sait très bien
et à un moment ou à l'autre, il y a eu des échanges sur la
question; mais dire qu'il y a eu des échanges officiels entre
fédérations, non.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Pour quelle raison tiendriez-vous à ce que le
gouvernement prenne une décision qui semble, du moins à
première vue, appartenir aux avocats? Est-ce que cela n'appartient pas
aux avocats de déterminer qui sera leur interlocuteur?
M. CHAPADOS: Justement, c'est une très bonne question. Là,
on touche à l'ensemble de ce droit nouveau qui est le droit des
professionnels autonomes. Etant donné que les professionnels autonomes
qui dispensent des services, que ce soit à titre de médecin, de
pharmacien ou même, éventuellement, d'avocat, ne sont pas
régis par une loi particulière tel le Code du travail, il
s'ensuit que la décision de reconnaître un organisme
représentatif incombe au ministre responsable, au ministre qui
négocie. On sait très bien qu'en vertu du code du travail, c'est
le tribunal du travail, le commissaire-enquêteur et en appel, le Tribunal
du travail qui statue sur la représentativité d'une
association.
Mais dans le cas qui nous intéresse c'est un droit nouveau et
toutes les lois que nous connaissions à partir de la Loi de l'assistance
médicale, la Loi de la régie de l'assurance-maladie, la Loi de
l'assurance-maladie, etc., au niveau décisionnel quant au
caractère représentatif, ce doit être le ministre qui prend
la décision. Et, dans le passé, dans le cas de toutes les
corporations, cela a été pris à l'endroit d'organismes
représentatifs. Et cela a été pris par toute une
série de ministres dont l'honorable Kierans, l'honorable Cloutier et
l'honorable ministre des Affaires sociales.
M. SAINT-GERMAIN: Cette décision a été prise sans
discussion. Les corporations admettaient et déléguaient à
un syndicat la capacité de dialoguer avec le gouvernement. Il y avait
unanimité, il me semble, du moins.
M. CHAPADOS: Je pense qu'il faut avoir vécu toute cette
période pour savoir ce qui s'est passé. Dans le cas, par exemple,
de certaines professions, c'est une évolution qui, à un certain
moment, s'est étendue sur une période de deux ou trois ans.
M. SAINT-GERMAIN: Pourquoi en serait-il autrement avec les avocats?
M. CHAPADOS: Cela s'est décidé quand? Lorsque le
gouvernement a eu à trancher et il a eu à trancher pour la
première fois lorsqu'il a décidé d'instaurer le
régime d'assistance médicale à ce moment-là,
c'est l'honorable ministre de la Santé, M. Kierans, qui a
décidé. Et je dois vous dire que c'était tellement peu
clair qu'il y avait même des groupes de médecins, de certains
hôpitaux montréalais, qui auraient aimé négocier
directement avec le ministre pour certaines raisons et le ministre a
refusé, parce qu'il a reconnu un organisme représentatif.
M. SAINT-GERMAIN: II a refusé avec l'appui de la corporation.
M. CHAPADOS: Absolument pas. La corporation est restée
étrangère à tout cela. C'est justement ce que l'on doit
comprendre. C'est qu'au niveau de la négociation des modes de
rémunération, au niveau de la discussion de ce problème,
la corporation ne peut à mon sens, absolument pas intervenir. Et je me
rappelle très bien. Je vais vous citer un exemple. La fameuse
contestation lors de l'instauration du régime, d'assurance-maladie,
l'honorable ministre des Affaires sociales l'a vécue. Qu'est-ce qui
s'est passé? Il y avait d'une part, les grandes
fédérations de médecins qui exigeaient la
négociation de tarifs X. Il y a eu contestation. Et devant la commission
parlementaire de la santé, à ce moment-là, l'honorable
Castonguay avait demandé carrément au collège d'assumer
ses responsabilités en tant que protecteur de l'intérêt
public et de voir à ce que les services essentiels soient
dispensés à la population, ce que le collège a fait. Je
pense que cet exemple prouve jusqu'à quel point on ne peut pas, dans un
contexte de négociations de régime conventionné, en
arriver et dire: L'organisme à voca-
tion publique peut à la fois défendre le public et les
intérêts strictement économiques de ses membres. C'est une
chose qui m'apparaît complètement impossible. On débouche
carrément sur le conflit d'intérêts.
M. SAINT-GERMAIN: C'est un point de vue que le Barreau n'accepte
pas.
M. CHAPADOS: II eût fallu poser la question au Barreau. Mais ce
que je peux dire, c'est que, lors du dernier congrès du Barreau, il y
avait des avocats qui ne l'acceptaient pas et qui disaient que le Barreau
pouvait à la fois représenter l'intérêt public et
l'intérêt particulier. IL y a eu vote et cette tendance a
été battue. C'est tout ce que je dis.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: La Fédération des avocats du Québec
représente 1,000 avocats sur une possibilité de combien?
M. CHAPADOS: Tout dépend de quelle façon vous posez votre
question. Est-ce que vous la posez dans le cadre du bill 10?
M. LESSARD : Par rapport à l'ensemble des avocats du
Québec.
M. HARDY: C'est indiqué au tableau.
M. CHAPADOS: Dya tout d'abord les gens inscrits au tableau qui sont
environ 4,000. Les gens qui sont en pratique active seraient au nombre
d'environ 3,200. Je vous donne ces chiffres sous toutes réserves. Je ne
les ai pas.
Ceci dit, il y a quand même un bloc d'avocats, j'en suis un
exemple, d'autres font du droit des compagnies. Ils ne seront pas
appelés à dispenser des services dans le cadre du régime
d'aide juridique. Je fais de la négociation 100 p.c; d'autres font du
droit des compagnies. A ce moment, on élimine un bloc de 400, 500 ou 600
avocats pour la région de Montréal.
Restent ceux qui seront appelés à dispenser ces
services.
M. LESSARD: Selon les chiffres que vous me donnez, vous ne
représentez actuellement que 33 p.c. ou environ 30 p.c. des avocats.
Dans toute autre forme de syndicalisme, on a la formule Rand qui dit qu'il doit
y avoir 50 p.c. plus un. Je m'interroge sur votre
représentativité qui m'apparait assez minime par rapport au
nombre d'avocats total.
M. CHAPADOS: Pour le seul district de Montréal, vous avez
à peu près 2,500 avocats. Vous devez immédiatement en
exclure environ 600 qui ne sont pas intéressés à ce type
de pratique, qui n'en font pas. Vous devez également exclure un autre
bloc d'environ 500 parce que ces gens travaillent pour différents
ministères, pour des contentieux de compagnies ou encore sont
carrément dans le domaine des affaires et sont secrétaires de
compagnies. Vous arrivez, seulement pour Montréal, à un chiffre
de 1,100 avocats qui n'ont rien à voir avec le régime d'aide
juridique.
Ce que je peux dire aujourd'hui, c'est que, par rapport à la
représentativité des associations, vous avez l'association du
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui regroupe à peu près 70 p.c. des
avocats pratiquant dans ce district. Dans le district de Me Rousseau, le
Barreau des Laurentides vous avez 90 p.c. Le Barreau de Bedford a la
totalité des avocats; Saint-Jean Valleyfield à peu
près 85 p.c; Sorel Saint-Hyacinthe en a à peu près
le même pourcentage. A Montréal, nous sommes au-delà de
300. Evidemment, nous avons encore du chemin à parcourir à
Montréal. Parce qu'en plus d'avoir vu à la formation de toutes
ces associations, il a fallu faire face à des urgences. Il reste quand
même une chose, c'est qu'à Montréal, et c'est le propre des
grandes villes, le nombre changera sensiblement lorsqu'il y aura
l'établissement vraiment fonctionnel, ce qui a débuté,
d'un secrétariat permanent. Autrement, Montréal est une ville
trop grande, trop vaste; les gens ne se voient pas assez; il faut absolument
avoir une instance permanente. Là, vous verrez monter le nombre
d'associations de Montréal. Il y a également l'association de la
région de l'Outaouais. Ce sont actuellement les effectifs de la
Fédération des avocats. A part ça, il y a
évidemment d'autres Barreaux dans d'autres régions. Je suis
allé parler aux membres du Barreau du Bas-Saint-Laurent et à
d'autres Barreaux qui veulent également que la Fédération
leur explique ce qui se passe actuellement. Disons que c'est la situation
actuelle.
Je dis que, dans tout ce contexte, à cause de sa vocation
publique, à cause du conflit d'intérêts et à cause
du fait que l'adhésion à une corporation est obligatoire en vertu
de la loi, il s'ensuit que le Barreau ne peut pas être un organisme
représentatif de par sa nature. Sans compter qu'il ne peut le faire
à cause de sa vocation et à cause du conflit
d'intérêts.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Chapados. Merci, Me Rousseau.
M. CHAPADOS: M. le Président, je vous remercie. Encore une fois
nous sommes assurés que l'honorable ministre de la Justice va retenir
les représentations que nous avons faites. Je tiens à lui
annoncer et les autorités du ministère en ont été
informées que, suite à la réunion du conseil
général qui aura lieu en fin de semaine, nous lui ferons parvenir
un gentil télégramme lui demandant, lorsqu'il le désirera,
lorsqu'il lui sera possible de le faire, d'entreprendre les négociations
dans le cadre du bill 10, la Loi de l'aide juridique.
M. CHOQUETTE: A ce sujet, il serait très bon que vous entriez en
contact avec le Barreau. Pour ma part, je regrette que vous ne soyez pas
intervenu avant le Barreau sur cette question. Cela aurait été
intéressant d'interroger le bâtonnier Moisan sur le
problème que vous avez soulevé.
M. LE PRESIDENT: Le prochain groupe sera la section des
ingénieurs-conseils de la Corporation des ingénieurs du
Québec représentée par M. Raymond Barrette.
M. LE PRESIDENT: Me Raymond. Excusez-moi, M. Barette. Après avoir
passé une journée avec des avocats, j'appelle tout le monde
maître !
Corporation des ingénieurs du Québec
(section des ingénieurs-conseils)
M. BARETTE: M. le Président, je suis Raymond Barette,
ingénieur et non pas avocat.
M. PAUL: C'est de même que vous venez d'être
dégradé !
M. BARETTE: J'ai transmis le mémoire en tant que
secrétaire et c'est plutôt notre président, M. Jacques Roy,
qui va présenter notre mémoire.
M. ROY (Jacques): M. le Président, MM. les membres de la
commission, comme vient de vous le dire notre secrétaire, mon nom est
Jacques Roy. Je suis le président de la section des
ingénieurs-conseils de la Corporation des ingénieurs du
Québec. En avril dernier, j'ai succédé dans cette fonction
à M. Colin McMillan, mon voisin de gauche, qui avait soumis à
votre commission, en février, un mémoire sur le bill 250 au nom
de l'exécutif de notre organisme.
Permettez-moi, d'abord, de rappeler que la section des
ingénieurs-conseils est un regroupement, dans les cadres de la
corporation, d'ingénieurs dont les services sont directement à la
disposition du public. Elle a pour but de collaborer avec la Corporation des
ingénieurs quant aux questions relatives à la pratique
privée. Fondée il y a plus de six ans, l'appartenance y est
libre. Elle compte présentement plus de 500 membres dont près de
400 patrons exerçant leur profession dans plus de 200 cabinets.
Le mémoire que nous vous avons présenté comportait
d'abord des commentaires généraux par lesquels, d'une part, nous
nous déclarions d'accord sur certaines parties du bill 250 et, d'autre
part, nous appuyions les recommandations du mémoire du conseil
interprofessionnel du Québec et généralement celui de la
Corporation des ingénieurs. Comme plusieurs de ces recommandations ont
déjà été retenues par le gouvernement selon
l'annonce faite le 14 sep- tembre dernier par le ministre, M. Castonguay, qu'il
nous suffise de dire ici notre appréciation des modifications
apportées au bill original. Certains autres points du bill, quoique
peut-être moins fondamentaux que ceux déjà retenus, ne
méritent pas moins, à notre avis, l'attention de votre
commission. Par exemple, il nous semble qu'à l'article 3 du bill 250, on
devrait exiger que les membres de l'Office des professions soient citoyens
canadiens comme c'est le cas, à juste titre, pour les membres du bureau
de chacune des corporations à l'article 59 et à
moins qu'une telle stipulation ne soit superflue en vertu des dispositions
contenues dans d'autres lois, nous nous permettons de suggérer cette
addition.
Dans notre mémoire, nous signalons et maintenons que les
administrateurs élus au bureau ne devraient pas l'être en seule
fonction de la représentation régionale prévue à
l'article 63 et qu'il faut faire en sorte que les professionnels
salariés ainsi que ceux qui sont à leur compte soient toujours
représentés au bureau de chaque corporation. Ceci est
particulièrement justifié dans le cas des
ingénieurs-conseils, car le code des professions contient un bon nombre
de dispositions qui ne visent, à toutes fins pratiques, qu'eux
seuls.
Nous attirons également l'attention sur la rédaction de
l'article 105, qui pourrait avoir pour effet que le comité d'inspection
professionnelle puisse ne pas avoir accès au dossier des professionnels
salariés mais uniquement à ceux des professionnels à leur
compte. Un tel état de choses serait sûrement indésirable
et n'est probablement pas, du reste, le but visé. Nous savons que M.
Castonguay a annoncé des modifications à cet article, mais sa
déclaration n'est pas suffisamment détaillée pour nous
permettre de savoir s'il sera tenu compte de ce point particulier.
Notre mémoire mentionne ensuite certains points au sujet desquels
nous différons d'opinion avec ce que la Corporation des
ingénieurs du Québec suggère dans son mémoire.
Ainsi, nous disons ne pas être d'accord sur les changements que la
corporation préconise à l'article 87 du code sur les pouvoirs des
bureaux.
La recommandation du conseil de la Corporation des ingénieurs
voudrait faire des devoirs au bureau de certains articles qui sont
présentement des pouvoirs par réglementation. Notons en passant
que la plupart des clauses faisant l'objet de ces changements paraissent
toucher beaucoup plus les ingénieurs en pratique privée que les
autres. Nous craignons également que le recours au
référendum, tel que préconisé par la corporation,
plutôt que le recours à l'assemblée générale
extraordinaire pour l'approbation des règlements, fasse perdre bien des
avantages de l'assemblée générale. Nous croyons cependant
qu'il y aurait possibilité d'établir une procédure de
référendum comportant, au moins en partie, certains des avantages
de l'assemblée générale. De plus, nous demandons pourquoi
tous les
ingénieurs devraient être invités à se
prononcer, lorsqu'il s'agit de questions qui ne touchent qu'un petit groupe
d'entre eux, par exemple, les ingénieurs-conseils.
Plusieurs des considérations que nous venons de mentionner nous
ont portés à nous demander s'il était à propos
d'envisager la formation de deux corporations distinctes pour les
ingénieurs-conseils et les autres ingénieurs.
Nous aimerions appuyer la demande faite par plusieurs organismes, dont
la Corporation des ingénieurs du Québec, pour que le code
à l'étude permette l'exercice des professions en compagnie
limitée et accorde aux corporations professionnelles les pouvoirs
nécessaires à édic-ter la réglementation à
ce sujet. A l'heure actuelle, il est possible, sans aucune formalité,
aux compagnies qui ont des ingénieurs à leur emploi d'offrir de
faire rendre par ceux-ci les services professionnels d'ingénierie que
leurs clients désirent. Nous croyons que, pour la protection du public,
ces compagnies devraient être tenues, comme en Ontario, d'obtenir une
accréditation de la Corporation professionnelle des ingénieurs et
être assujetties à une réglementation pertinente
établie par cette corporation.
De plus, celles de ces compagnies qui seraient effectivement
contrôlées par des ingénieurs y travaillant devraient avoir
droit au titre d'ingénieurs-conseils.
Nous ne sommes cependant pas d'accord avec les organismes qui ont
préconisé que le professionnel pratiquant en compagnie
limitée ait une responsabilité solidaire. A notre avis, la
responsabilité professionnelle devrait être limitée aux
seuls professionnels ayant participé aux services. Pour sa part, la
compagnie aurait envers le client une responsabilité contractuelle et
patronale. Par responsabilité patronale, nous entendons la
responsabilité des actes posés par ses employés dans
l'exercice de leurs fonctions. Un tel partage des responsabilités
devient d'autant plus nécessaire que l'on assiste de plus en plus
à la formation de sociétés pluridisciplinaires. Ceci nous
amène à recommander, comme l'a fait le conseil
interprofessionnel, que l'on ajoute dans le code des professions le pouvoir
pour les corporations professionnelles de réglementer au besoin et la
pratique et les sociétés multidisciplinaires.
Nous sollicitons aussi qu'à l'instar d'un article contenu dans
l'avant-projet de loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs en
construction, on ajoute dans le bill 260 un article disant à peu
près: Tout fonctionnaire provincial ou municipal responsable de
l'émission de permis de construction s'assure que les plans, devis et
cahiers des charges ont été préparés par un
ingénieur dans les cas où c'est requis par la loi de cette
profession.
Pour la protection du public, nous croyons qu'il serait utile que le
droit soit accordé à la Corporation des ingénieurs du
Québec d'envoyer des enquêteurs sur tout chantier de construction
ou à tout autre endroit où elle a raison de croire que des plans
et devis dûment signés et scellés par un ingénieur
devraient être utilisés, pour vérifier qu'il en est bien
ainsi.
Enfin, la commission d'enquête sur la santé et le
bien-être social donnait à entendre, dans son rapport sur les
professions et la société, qu'il faut que l'employeur respecte
l'éthique et les exigences de la déontologie professionnelle dans
son établissement.
C'est une idée qui ne nous semble pas incluse dans le code des
professions et qui pourrait être fort utile pour un certain nombre de
professionnels à l'emploi de non-professionnels. Y a-t-il lieu de s'y
arrêter et de l'inclure? C'est là, M. le Président, la
teneur de ma représentation et je vous remercie pour votre bonne
attention. Je suis à votre disposition, ainsi que mes collègues,
pour vous donner des explications supplémentaires que vous pourriez
désirer.
M. LE PRESIDENT: Des questions? Le député de
l'Assomption.
M. PERREAULT: A l'article 107, dans l'inspection des dossiers, quand il
s'agit d'une compagnie limitée, vous prétendez que la teneur de
l'article 107 n'est pas assez forte pour permettre l'inspection des dossiers de
l'employeur.
M. ROY: Je pense qu'il s'agit de l'article 105.
L'article 105 complété par l'article 107. Il est dit dans
cet article 105: Le comité surveille l'exercice de la profession par les
membres de la corporation et il procède notamment à la
vérification de leurs dossiers, livres et registres relatifs à
cet exercice. Nous craignons que dans le cas de compagnies, d'industries ou
même de ministères gouvernementaux, par exemple, les employeurs,
de toute façon, considèrent que les dossiers ne sont pas les
dossiers des professionnels à l'emploi de ces maisons et nonobstant
l'article 107 où l'on prévoit une peine pour celui qui ne se
conformerait pas à l'article 105, nous craigons que cette
prétention puisse exister dans ces maisons.
M. PERREAULT: Une deuxième question relativement à vos
tarifs d'honoraires. Croyez-vous que vos tarifs pourraient être
laissés pour discussion à une fédération
d'ingénieurs salariés?
M. ROY: Personnellement, je ne le croirais pas. Effectivement, la
fédération d'ingénieurs salariés pourrait discuter
de conditions de travail avec les employeurs mais quant aux tarifs d'honoraires
pour services rendus par des ingénieurs-conseils, nous croyons
plutôt qu'un groupement d'ingénieurs-conseils serait mieux
habilité à les négocier avec les autorités.
M. PERREAULT: Vous admettez qu'ils doivent avoir par la corporation,
contrôle sur les vérifications de vos comptes produits, s'il y a
une plainte?
M. ROY: Oui monsieur, par le biais à la fois du comité de
discipline ou d'un comité d'arbitrage si ce n'est qu'une
vérification, tel que préconisé par le code.
M. PERREAULT: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Au nom de la commission, je voudrais vous remercier
pour votre mémoire. Tout est clair puisqu'il n'y a pas tellement de
questions.
M. ROY: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: La corporation des ingénieurs du
Québec.
Corporation des ingénieurs du
Québec
M. DELISLE (Robert): M. le président, M. le ministre, messieurs.
Avant de passer à la présentation des mémoires de la
Corporation des ingénieurs du Québec, sur les projets 250 et 260,
permettez-moi de me présenter et de vous présenter ceux qui
m'accompagnent. Je suis l'ingénieur Robert Delisle, président de
la Corporation.
Immédiatement à ma gauche, il y a l'ingénieur Guy
Drouin, vice-président; l'ingénieur Robert Masse, registraire et
l'ingénieur Viateur Alain. A ma droite, Me Pothier Ferland, conseiller
juridique; l'ingénieur Jacques Soucy, secrétaire
général et l'ingénieur André Bérard.
Je n'ai pas besoin d'insister sur le fait que nous faisons nôtres
la plupart des recommandations du conseil interprofessionnel à propos du
projet 250. D'ailleurs, nos remarques à ce sujet seront d'autant plus
brèves qu'une partie de nos recommandations initiales se trouvent
réglées par les modifications annoncées par le ministre
Castonguay en septembre dernier.
Il m'importe en même temps de vous souligner le caractère
particulier que présente notre profession par rapport à d'autres.
D'une part, c'est sûrement une de celles qui évoluent le plus
rapidement puisqu'elle est fonction directe du développement de la
technologie et de l'industrie. D'autre part, contrairement à la
tradition professionnelle du Québec, la très grande
majorité de ses membres, environ 13,000 sur 15,000, travaillent comme
ingénieurs salariés.
J'insiste donc à nouveau sur le fait que nous sommes très
heureux du souci que vous avez eu d'uniformiser les lois professionnelles,
d'assurer une plus grande protection du public et de susciter la participation.
D'autant plus que ces projets de loi deviennent pour nous un outil plus
efficace à l'accomplissement de la mission que vous nous avez
confiée dans le domaine de l'ingénierie.
Au départ, nous croyons que, dans la mesure où vous voulez
provoquer une plus grande participation de tous, vous devriez fixer à
sept le nombre des membres de l'office, dont quatre choisis à même
la liste soumise par les corpora- tions elles-mêmes. Cela ne fait pas
plus lourd comme mécanisme et ça implique directement plus de
membres des corporations, surtout que, par les modifications annoncées,
vous confiez un rôle plus important à cet office.
En deuxième lieu, notre expérience nous oblige à
vous dire qu'il est de beaucoup préférable que le
président du bureau d'une profession soit l'élu des
administrateurs plutôt que des membres réunis en assemblée
générale. Cette méthode de suffrage universel, si je puis
dire, devient finalement moins démocratique et moins efficace lorsqu'il
s'agit d'un corps professionnel.
Un vote averti doit être donné par un électeur qui
sait vraiment à quoi s'en tenir au sujet des candidats en lice.
Autrement, ça fait plus ou moins sérieux. Comme il est impossible
de concevoir que les candidats à la présidence du bureau vont
parcourir chaque année le Québec dans toute son étendue,
n'est-il pas plus logique de décréter que les membres choisiront
directement l'administrateur de leur région, à même ceux
qu'ils connaissent bien, et que ces derniers choisiront le président en
meilleure connaissance de cause.
Dernière remarque sur le projet 250, l'article 23. Nous aurions
espéré qu'à la suite des représentations faites par
le conseil interprofessionnel les modifications auraient été
apportées à ce sujet. Force nous est donc de revenir sur le sujet
avec toute l'insistance dont nous sommes capables puisqu'il est inutile de dire
que cette loi en est une de participation si, d'un revers de la main, on
écarte dorénavant toute possibilité pour les
professionnels de venir suggérer, par voie de bills et de
pétitions, les améliorations qui s'imposent à la
lumière de l'expérience vécue.
Ayant tout le respect manifesté au début des remarques
pour le pouvoir exécutif, je vois mal certains titulaires de l'avenir
détenir le monopole de la connaissance des mesures qui s'imposent en
droit, en médecine, en ingénierie, etc., D'autant qu'il y a
là, nous semble-t-il, l'anéantissement par trois lignes de texte
du privilège, acquis par le peuple depuis des siècles et
après des siècles de lutte, de présenter des
pétitions marquées au coin de son expérience de peuple. Et
ceci vaut au moins autant pour les élus du peuple.
Pour en arriver maintenant au chapitre du projet 260 qui affecte plus
particulièrement le monde des ingénieurs, je voudrais commencer
par la question de la définition et du champ de pratique. Vous remarquez
que la plupart des lois professionnelles ne définissent pas la
profession concernée, ni ne délimitent son champ d'action. Cela
n'est pas facile, d'ailleurs. D'un autre côté, ne nous disons pas
qu'il est préférable ou non de faire des définitions dans
une loi. Mais, comme le législateur l'a fait dans la Loi des
ingénieurs au moment où il a créé cette profession,
il faut bien que nous prenions les choses comme elles sont. Comme vous en
avez
déjà convenu, il y a eu évolution radicale des
domaines où s'étend notre action; il a bien fallu suggérer
que la loi corresponde à la réalité. Ce n'est pas à
vous, messieurs les législateurs, que nous allons montrer que les lois
sont faites pour consacrer les états de fait et pour correspondre
à la réalité. C'est vous qui nous donnez ici l'exemple de
la nécessité d'évolution des lois.
Les suggestions contenues dans notre mémoire à ce sujet
ont fait l'objet d'opposition de la part des architectes dans un mémoire
supplémentaire déposé par eux le 20 mars 1972. Depuis, il
y a eu rencontre entre les représentants de deux professions. Il y a eu
franche discussion de ce problème et, après explication
complète, il y a eu entente consacrée dans un écrit qui
vient d'être remis au ministre de l'Industrie et du Commerce. Vous
l'avez, monsieur le ministre?
Ce qui nous amène à la deuxième demande de
modification que nous formulons. Nous avons toujours été
très soucieux des problèmes de sécurité. Même
si la loi ne nous y forçait pas, nous avons toujours cru de notre devoir
de faire, avec nos faibles moyens, enquête sur les causes des
tragédies qui étaient portées à notre connaissance
dans le domaine de la construction. Nous croyons que c'est là un champ
où nous pouvons être plus utiles que quiconque. Mais, d'un autre
côté, nous voulons être vraiment efficaces, ce qui n'est pas
tout à fait le cas en ce moment. En effet, pour être vraiment
efficaces, il nous faut surtout agir sur le plan préventif. Pourquoi
attendre l'écroulement d'une structure si nous pouvons le
prévenir? Or, précisément, vous nous dotez d'un bureau
d'enquête. Mais, si n'importe qui peut refuser l'entrée de nos
enquêteurs sur un chantier de construction, comme c'est le cas, que
voulez-vous que nous fassions? C'est pourquoi nous vous demandons de doter nos
enquêteurs des pouvoirs dont sont investis les
commissaires-enquêteurs en vertu du chapitre 11 de vos statuts.
En troisième lieu, passons au fameux article 5j) de notre loi. Il
s'agit d'un texte conçu en 1964. A l'expérience, nous avons
dû vite nous rendre compte qu'il donnait ouverture à toutes sortes
de façons de contourner la loi, sans que nous puissions intervenir. Ce
n'est pas l'arrivée du projet 260 qui nous fait vous en parler.
Nous nous sommes penchés sur ce problème depuis des
années. Des comités spéciaux ont fait de nombreuses
études et de nombreuses constatations qui allaient nous inspirer un bill
que nous voulions vous présenter. . En raison de l'intérêt
de l'entreprise, cette disposition permet, à toutes fins pratiques,
l'exécution de travaux compliqués d'ingénierie par des
non-ingénieurs et il ne nous est guère possible d'intervenir en
ce moment. Il y a là danger réel pour le public. Notre
première réaction a donc été de demander purement
et simplement la disparition de cet article. Puis, tout compte fait, nous vous
apportons une solution de rechange. Elle apparaît sur le papillon que
nous vous remettons. Nous croyons vraiment que, de cette façon, nous
aurons concilié au mieux l'intérêt de l'entreprise, la
réalité pratique et surtout la protection du public.
Un mot en terminant du problème des conflits
d'intérêts traité au rapport Castonguay-Nepveu et qui
constitue une espèce de philosophie qui sous-tend toutes les lois
professionnelles que vous avez projetées.
En théorie, bien sûr, en pratique, bien souvent, il est
bien certain que naissent des conflits entre l'intérêt personnel
de beaucoup de membres de plusieurs professions et l'intérêt
public, encore qu'il ne faille pas présumer nécessairement de la
mauvaise foi des gens. Mais une chose est certaine, c'est que, dans le cas des
ingénieurs salariés et souvenez-vous qu'ils
représentent environ 90 p.c. de nos effectifs c'est un peu le
contraire qui se passe.
Le conflit, c'est ailleurs qu'il faut le trouver. S'il en est un dans
leur cas, il existe entre l'intérêt de l'entreprise qui, par
définition, doit baisser son coût de revient et l'obligation
qu'ont nos membres de s'en tenir aux règles de l'art et à leur
code de déontologie.
Vous voyez le déchirement dont est l'objet le professionnel qui,
tout en étant obligé de gagner sa vie, est pris entre ces deux
pôles. Il est alors facile de comprendre que, lorsque la corporation
intervient pour appuyer ses membres dans les difficultés que cette
situation comporte régulièrement, elle assure à la fois
leur intérêt personnel et la protection du public.
Mes confrères et moi-même sommes maintenant à votre
disposition pour la période de questions prévue à votre
règlement. Je vous remercie d'avoir bien voulu nous écouter.
M. LE PRESIDENT (Saint-Germain): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez cité un cas qui vous cause des
difficultés actuellement pour le faire respecter. C'est l'article 29 de
la Loi des ingénieurs, qui stipule que les plans et devis
utilisés dans les structures, en particulier des bâtiments,
doivent être signés et scellés par un ingénieur.
Est-ce qu'effectivement, comme corporation, vos inspecteurs qui voulaient
pénétrer dans des chantiers de construction ont eu des
difficultés à vérifier si la loi était
observée?
M. FERLAND: Ce n'est pas au niveau des plans et devis uniquement, c'est
également au niveau de l'exécution des travaux. Mais ce que nous
disons ici, c'est que jusqu'ici on entendait parler, par exemple, de
l'affaissement d'un viaduc à tel endroit. Pour rendre service, il y
avait un comité d'ingénieurs qui était formé, qui
allait voir ce qui s'était passé et qui essayait de conseiller
aux gens de trouver les causes d'abord et d'essayer de prendre des mesures pour
que cela ne se répète plus, si possible. Mais nous disons qu'il
serait de beaucoup préférable,
puisque nous aurons dorénavant un bureau d'enquête, que ce
bureau d'enquête fasse des enquêtes ici et là avant que cela
s'écroule et voie si cela est fait suivant les règles de l'art.
Ce n'est pas seulement la question de l'inspection des plans et devis. Nous
disons: Nous n'avons aucun pouvoir. Si les gens nous fichent dehors nous
partons. Nous ne pourrons pas pénétrer. C'est dans ce sens.
M. SAINT-PIERRE: Mais l'article 29 de la loi actuelle prévoit
toute une série de pénalités, particulièrement si
on pense à l'intérêt public, au sujet des travaux de
charpente et de structure. Est-ce que, depuis 1964 alors que vous avez eu ce
pouvoir, des gens ont été poursuivis pour avoir utilisé
des plans et devis qui n'étaient pas signés et
scellés?
M. FERLAND: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Vous n'avez pas de difficultés à
pénétrer dans les chantiers afin de vérifier s'il y a des
plans et devis?
M. SOUCY: M. le Ministre, on a des problèmes sans doute pour
mettre les pieds dans les chantiers. Un entrepreneur peut facilement nous
refuser l'accès au chantier. A ce moment-là, on ne peut pas
vérifier si les plans et devis sont bel et bien scellés et
signés par un ingénieur. C'est le problème auquel nous
faisons face dans le cas de chantiers.
M. SAINT-PIERRE: Je reformule ma question. Pour l'application de
l'article 29, vous avez besoin d'éclaircissement dans la loi pour vous
permettre l'accès, vous donner les moyens de faire respecter la loi?
M. SOUCY: Pas seulement dans les chantiers, aussi dans les bureaux.
Partout où se fait l'ingénierie qui n'est pas conforme à
notre loi.
M. SAINT-PIERRE: Pour les pouvoirs d'enquête, je ne sais pas si le
ministre de la Justice a quelque chose à donner. Je pense quand
même qu'il faut être assez prudent; lorsqu'il se produit une
tragédie, cela implique souvent plusieurs professions, plusieurs
groupes. Si chacun y va de son enquête, cela peut mêler les choses.
C'est ce qui explique que c'est surtout par la Loi des commissions
d'enquête, jusqu'ici, que les pouvoirs ont pu être donnés.
Peut-être que le ministre a des questions.
M. CHOQUETTE: II est difficile de donner une réponse
immédiate au problème soulevé, à savoir quelle
serait l'étendue des pouvoirs d'entrer sur la propriété
privée pour y constater la commission d'infraction en vertu de la loi.
Jusqu'à quel point devons-nous aller dans les pouvoirs d'enquête
à être donnés, même en vertu de votre loi pour faire
respecter les règlements? Si vous avez d'autres précédents
à nous citer, cela pourrait être intéressant...
M. FERLAND: Ce ne sont pas tellement les précédents comme
l'amélioration de ce que nous avons pu faire jusqu'ici. Il n'est pas
question de dire que nos enquêteurs vont être sur les lieux de tous
les chantiers ou dans toutes les usines. Il est question de dire qu'à
l'occasion on va faire ce qu'on appelle communément un "spot check". On
veut y aller avant qu'il y ait un désastre. L'ingénieur est
également responsable de la surveillance. Il n'est pas seulement
responsable de la fabrication des plans et devis pour un travail donné.
Il est également responsable de la surveillance. Si nous voulons
surveiller, à la corporation, les ingénieurs, il va falloir aller
voir ce qui se passe sur les travaux. Peut-être que si on passait plus
souvent, cela préviendrait bien des choses.
M. CHOQUETTE: M. Ferland, est-ce qu'il y a d'autres professions qui ont
actuellement des responsabilités similaires aux vôtres, que ce
soit dans le domaine médical, juridique et qui ont des pouvoirs
d'enquête de la nature de ceux que vous sollicitez?
M. DELISLE: Si vous le permettez, M. le ministre, je crois que chez les
électriciens et les mécaniciens, des pouvoirs semblables existent
déjà.
M. DROUIN: J'aimerais ajouter une chose, M. le ministre. Il y a
déjà deux corporations qui vous ont demandé les
mêmes pouvoirs de faire des enquêtes: la Corporation des
médecins et la Corporation des infirmières. Elles vous ont
demandé, dans leur mémoire ce que j'ai lu au journal des
Débats les mêmes pouvoirs d'aller sur les lieux pour
réellement enquêter sur les infractions où il semble y
avoir des difficultés.
Il ne semble pas que le problème se limite aux ingénieurs
mais il existe aussi dans d'autres professions.
M. FERLAND: II s'applique de façon différente.
M. SAINT-PIERRE: Très brièvement, je pense que vous avez
soumis au gouvernement des règlements qui avaient été
approuvés par vos membres. J'ai fait part à votre
président de l'impossibilité pour le gouvernement d'accepter ces
règlements approuvés par les membres, compte tenu qu'une large
proportion de ces amendements étaient incompatibles avec le projet de
loi qui avait déjà été déposé en
première lecture. Il y a le point de vos capacités
financières de faire face à vos obligations,
particulièrement en ce qui touche la protection du public. Compte tenu,
d'une part, que vos membres avaient accepté un accroissement de
cotisation, compte tenu, d'autre part, du mécanisme prévu par la
loi nouvelle et compte tenu de l'Office des professions, pour les bureaux,
croyez-vous qu'il est nécessaire d'avoir des dispositions transitoires
pour l'année 1973?
M. SOUCY: II va y avoir un besoin certain. Je comprends qu'il y a un
amendement qui a été annoncé par le ministre des Affaires
sociales, à l'effet que, dorénavant, les cotisations
professionnelles seront décidées au niveau du bureau des
professions, sous réserve d'une approbation je ne me souviens pas
si c'est de l'office ou du lieutenant-gouverneur en conseil. Si ceci arrive
tout de suite, si la loi est votée dans un avenir très
rapproché, on peut toujours s'arranger. Mais s'il fallait que cela
prenne du temps, il nous faut absolument une disposition transitoire.
M. SAINT-PIERRE: Nous examinerons cela.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais demander à la Corporation
des ingénieurs si, maintenant que ça semble bien aller avec les
architectes on vient de nous remettre le document il existerait
des problèmes avec d'autres corporations professionnelles qui, à
un moment donné, vous rencontrent dans leur champ d'exercice, comme les
urbanistes. Est-ce qu'il y a d'autres difficultés dans le champ
d'exercice de votre fonction?
M. DELISLE: Je ne crois pas qu'il y ait de conflit...
M. FERLAND: II y a toujours des zones grises.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais il n'y a pas de difficulté?
M. FERLAND: Ce qui est important, c'est de s'assurer que, dans chacune
des lois, la plupart l'ont, mais il y en a encore où ce n'est pas
compris, il y ait toujours un article qui dise: Rien dans la présente
loi ne restreint le champ de pratique de telle et telle autre profession.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tel que vous l'avez proposé dans le
papillon?
M. FERLAND: Dans ce cas-ci, d'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela pourrait être
généralisé.
M. DELISLE: M. le ministre, à partir de l'expérience que
nous avons vécue avec les architectes il n'y a pas tellement longtemps,
je crois que, s'il y avait des conflits avec d'autres professions, nous
organiserions des rencontres pour essayer de régler le problème
d'une façon aussi élégante que cela s'est
réglé avec les architectes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Etant donné que la profession
d'ingénieur comporte un grand nombre de membres, vous avez
mentionné 15,000, étant donné aussi qu'il y a beaucoup de
spécialités chez les ingénieurs, est-ce qu'il y a des
spécialités qui ont mentionné le désir de devenir
des corporations professionnelles indépendantes? Est-ce que cela existe,
à votre connaissance?
M. DELISLE : Vous avez entendu, tout à l'heure, les
représentants de la section des ingénieurs-conseils mentionner
que peut-être il y aurait lieu de former une autre corporation pour leur
groupe. Il va de soi que nous ne sommes pas d'accord sur une scission au sein
même de notre corporation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce qu'à ce moment, il pourrait y
avoir quoi?
M. DELISLE: Disons que...
M. CLOUTIER (Montmagny): II pourrait y avoir une corporation
professionnelle des ingénieurs en aéronautique, en...
M. DELISLE: Oui, ça pourrait...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... en électricité, en tout ce
que vous voudrez, toutes les spécialités. Si on prend les options
qui sont données dans les facultés universitaires, je confirme
votre opinion, on cherche plutôt à regrouper les
différentes professions qui se ressemblent et qui pratiquent dans le
même champ d'activité comme les comptables, les administrateurs...
C'est un fait; le problème est ressorti devant la commission et je ne
pense pas que ce soit le temps de vouloir scinder en cinq ou six professions
une même corporation professionnelle.
M. FERLAND: Ils ont tous la même formation de base et il faut
aussi regarder la possibilité de passer d'un domaine à l'autre.
Les circonstances de la vie le voulant, je peux bien commencer comme
ingénieur salarié et, dans dix ans, être en mesure de
devenir ingénieur-conseil ou vice versa, n'est-ce pas? Il faut qu'il y
ait de la souplesse là-dedans.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les chimistes ont la même
formation de base que les...
M. FERLAND: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais il y a des facultés universitaires,
comme la polytechnique, qui ont une option en chimie.
M. DELISLE: Ingénieurs chimistes, ce sont nos membres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah bon! L'ingénieur chimiste est membre
de votre corporation.
M. DELISLE: Exactement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les ingénieurs chimistes n'ont pas voulu
se rapprocher des chimistes.
M. DELISLE: Pas que nous sachions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas que vous sachiez, d'accord. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Le député de Montmagny vient de vous poser les
deux questions que je voulais poser. J'en aurais une autre à vous poser.
Est-ce que vous soulignez également, en pratique, la difficulté
de réunir autant de personnes dans un même lieu ou si vous avez
déjà étudié la possibilité de
procéder par un autre mécanisme qui pourrait, en fait, relier,
comme disaient les ingénieurs-conseils, les avantages d'une
assemblée générale extraordinaire et d'un
référendum?
Je songe, à ce que les infirmières ont demandé,
étant donné qu'elles comptent 40,000 membres; ça devient
impossible de se réunir toutes ensemble. Il y a une déduction;
c'est une personne par 100 membres, je pense. Est-ce que vous avez songé
à un mécanisme semblable à celui-là?
M. FERLAND : II existe déjà des chapitres au niveau
régional. Est-ce qu'il y aura lieu d'aller aussi loin que le Barreau est
allé dans ce domaine parce que le Barreau, lui, procède par
sections géographiques? Peut-être que ça devrait
s'envisager à un certain moment. Pour le moment, de toute façon,
pour des grandes décisions, ce qui a été mentionné
tout à l'heure, c'est que jusqu'ici, on vote ces choses par voie de
référendum postal.
M. GUAY: En référendum postal?
M. FERLAND: Oui, des envois avec toutes les explications. A l'occasion,
le président a déjà fait des choses compliquées; le
président faisait le tour du Québec pour aller expliquer le
nouveau point de vue partout, etc. Il y a une chose qui est certaine, c'est que
ce qui est impossible, c'est une assemblée générale pour
tout le monde. Là, elle ne devient plus du tout une assemblée
délibérante; c'est absolument impossible.
La dernière fois que c'est arrivé, en décembre
1970, il y a eu 4,000 membres dans une salle et je vous jure qu'ils ne
délibèrent plus à ce moment. Ce n'est pas possible; ils
viennent voter et c'est tout. C'est aussi bien de voter par
référendum, n'est-ce pas?
M. GUAY: Maintenant...
M. SOUCY: M. le Président, je voudrais ajouter que nous avons
envoyé un questionnaire à nos membres et 92 p.c. de nos membres
nous ont dit qu'ils choisissaient le référendum plutôt que
l'assemblée générale.
Dans toute l'histoire de la corporation, nous avons eu une grosse
assemblée et c'est celle du 5 décembre 1970 où il y avait,
par moments, peut-être 3,000, 4,000 personnes; il y a 4,500 personnes qui
sont passées à l'assemblée. Les autres assemblées
ont été de l'ordre de quelques centaines de membres. Nous avons
reçu des appels, des lettres de membres qui étaient
réellement frustrés d'avoir une assemblée
générale de telle sorte, parce que ces gens étaient
très éloignés de Montréal. Ils n'avaient pas de
moyen de communication pour s'en venir, toutes sortes de bonnes raisons. En
plus de ça, quand vous faites affaires avec des ingénieurs
salariés, ce ne sont pas tous les membres qui ont l'argent
nécessaire pour se déplacer, par exemple, de Sept-Iles à
Montréal. Je pense que l'idée d'une assemblée
générale était à rejeter complètement.
M. GUAY: Question additionnelle. Est-ce que le référendum
remplace de façon beaucoup plus adéquate l'assemblée
générale?
M. SOUCY: C'est exactement ça que nous faisons par nos
règlements.
M. GUAY: Est-ce que ça répond à autant d'avantages,
par contre?
M. FERLAND: En tout cas, pour la plupart de nos décisions, en ce
moment c'est prévu, c'est permis par la loi actuelle; c'est permis par
nos règlements qui ont été approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. GUAY: La représentativité est démontrée
à plus fort pourcentage par référendum.
M. FERLAND: Oui, au niveau de chaque chapitre. Les gens peuvent se
réunir en groupes à Trois-Rivières, à Chicoutimi,
à Rimouski, etc. et discuter au niveau d'un chapitre.
M. GUAY: C'est ça!
M. FERLAND: Là, ils sont bien plus éclairés que
quand ils ne viennent pas du tout à une assemblée
générale.
M. GUAY: En fait, c'est un peu ce que les infirmières ont
demandé. Je suis content de soulever la question, parce que cela fait
une confirmation.
M. FERLAND: Cela revient à ça.
M. GUAY: Merci.
UNE VOIX: J'aimerais ajouter une chose...
M. LE PRESIDENT: II y a un vote. Nous
devons aller voter avant six heures. Je pense que nous avons
terminé nos questions aux ingénieurs.
M. PERREAULT: Attendez!
M. LE PRESIDENT: Nous reviendrons siéger après le vote,
quinze minutes environ, pour entendre les deux ou trois autres groupes qui sont
ici.
Remise de la séance à 18 h 12
M. BLANK (président de la commission spéciale sur les
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs! Je pense que M. Delisle
n'avait pas terminé sa réponse.
M. DELISLE: II y avait une réponse soulevée par le
député de Dorchester et qui n'a pas été
complétée. J'invite l'ingénieur Drouin à bien
vouloir compléter la réponse.
M. DROUIN: J'aimerais compléter la réponse d'une certaine
manière. A l'article 88, on dit que tous les règlements des
articles 84, 85 et 86 doivent être approuvés par
l'assemblée générale. Lorsqu'on pense à nos 15,000
membres, comment ferait-on approuver à l'assemblée
générale un code de déontologie? Je crois que c'est
impossible. La même chose pour une procédure d'arbitrage et un
fonds d'indemnisation. Je crois que ce sont des choses qui doivent absolument
être pensées par nos ingénieurs avant d'arriver à
une assemblée générale, surtout en pensant toujours aux
15,000 membres que nous avons.
Je voudrais répondre au député de Montmagny, M.
Cloutier, concernant la question des sections. Parmi nos 15,000
ingénieurs, un groupe souhaiterait peut-être avoir une section
à part et former une corporation par elle-même, la section des
ingénieurs-conseils. Je dois vous dire que nous ne sommes pas d'accord,
parce que nous croyons que, même s'il y a plusieurs articles qui
s'appliquent aux ingénieurs-conseils, cela ferait un sixième
critère à l'article 21 où on déterminera en fin de
compte une corporation selon le mode de rémunération, soit le
salaire ou les honoraires. D faudrait ajouter un sixième critère.
C'est la seule différence qu'il y a entre nos deux corporations,
excepté quelques détails par rapport aux critères, du
moins des choses mineures.
Il y a une autre question que vous avez posée en même
temps. Vous avez demandé si nous avons des conflits avec d'autres
corporations. Ce ne sont pas des conflits ouverts que vous voyez dans les
journaux. Vous avez pu voir que nous nous sommes très bien entendus avec
les architectes que nous avons rencontrés. Mais il y a d'autres
corporations. Et je prends le cas des urbanistes. Nous n'avons pas de conflit
avec les urbanistes mais lorsqu'ils demandent dans leur mémoire un
exercice exclusif, nous ne sommes pas du tout d'accord parce que nous croyons
que c'est une profession très jeune qui est en pleine évolution
et qu'ils ne savent pas exactement où ils vont.
Parce que, présentement, comme vous le savez, pour devenir
urbaniste, il faut un cours de deuxième cycle. On parle aussi de former
un cours de premier cycle. La seule chose est assez vague. Et il y a conflit
effectivement entre les urbanistes et nos ingénieurs municipaux. Les
deux travaillent ensemble. Un urbaniste arrive
dans une municipalité et veut devenir le maître d'oeuvre.
Vous comprendrez que l'ingénieur municipal n'aime pas tellement
cela.
Il y a un autre point que je voudrais amener et c'est la question des
techniciens professionnels. Dans ce cas, il n'y a pas de conflit. Nous ne
sommes pas opposés à ce qu'ils forment une corporation
professionnelle pour autant qu'ils se soumettent aux critères de
l'article 21. Nous n'avons aucune opposition. Nous sommes même
prêts à collaborer avec eux.
Nous sommes aussi prêts à collaborer dans le sens de les
aider à former leurs propres critères dans les différentes
techniques, à définir le champ d'exercice qu'il pourrait y avoir.
Il y a une corporation sur laquelle nous ne sommes pas d'accord, c'est la
Corporation des agronomes. Ils disent, dans leur mémoire: "L'agronome
est le seul professionnel de l'agriculture, le seul capable d'appliquer les
sciences de l'agriculture". Sur ceci, nous ne sommes pas d'accord; nous avons
un cours qui s'appelle génie agricole et nous croyons qu'eux aussi
peuvent appliquer les données de l'agriculture, toujours au point de vue
génie. Il y a un autre point dont ils parlent, c'est un des amendements
qui ont été soumis par après. Ils disent: "Seul l'agronome
peut faire la transformation des produits et s'occuper de l'écologie
agricole". Je crois que l'ingénieur agricole peut s'occuper de
transformation des produits comme ingénieur et s'occuper aussi
d'écologie agricole, que ce n'est pas un domaine réservé
strictement aux agronomes.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: L'article 27 de la loi 250 donne à chaque corporation
la fonction principale d'assurer la protection du public. Je n'ai pas à
vous cacher qu'il peut se poser des questions de conflit
d'intérêts, par exemple, entre la population et entre votre
corporation. Les avocats ont tenté de résoudre ce problème
en se formant une fédération des avocats et il y a de l'autre
côté le Barreau. Est-ce que vous pourriez préciser?
Avez-vous des structures qui vous permettent de régler ces conflits
d'intérêts et sinon, comment prévoyez-vous les
régler?
M. FERLAND: II faut se rendre compte que pour la très grande
majorité, ce sont des ingénieurs salariés. Il y en a
quelques-uns qui travaillent dans l'entreprise publique et il y en a une grande
partie qui travaillent dans l'entreprise privée. L'ingénieur qui
travaille dans l'entreprise privée est déchiré entre
l'ordre qu'il peut recevoir de son patron, lequel a intérêt
à ce faire, de faire un travail qui coûte moins cher à son
entreprise. On parle en principe. Mais nous voyons le cas assez
fréquemment, il nous passe par les mains. L'ingénieur est
obligé de suivre les règles de l'ordre et son code de
déontologie. Il n'a pas le choix, il est pris entre les deux. En
même temps, c'est son emploi qui est enjeu. Le conflit est entre
l'intérêt de l'entreprise et le devoir de l'ingénieur.
Et quand la corporation prend fait et cause pour ces gens, c'est
là qu'elle protège le public.
Je vais vous donner un exemple concret...
M. LESSARD: Pour ces gens, pour...
M. FERLAND: Pour ces ingénieurs salariés contre...
M. LESSARD: Contre l'employeur.
M. FERLAND: Oui, je vais vous donner un exemple. Vous êtes un
ingénieur et vous allez travailler pour la compagnie ABC qui fabrique
des contenants métalliques qui vont servir à, je ne sais pas,
l'énergie nucléaire littéralement. Vous voyez la
qualité du produit qu'il faut avoir là. Par définition,
une entreprise, ça baisse son coût de revient. Donc, par
définition, ça a tendance, je ne dis pas qu'elles sont toutes
comme ça, au contraire, à mettre le moins de qualité
possible.
Et le rôle de l'ingénieur, sa fonction et le titre qu'il
porte souvent dans cette entreprise, c'est ingénieur de qualité
ou ingénieur de production. Lui, il va le dire au patron et sa position
devient en jeu. Il faut absolument protéger ce gars.
M.LESSARD: Est-ce que vous avez des moyens de le protéger?
M. FERLAND: Non, nous n'en avons pas. M. LESSARD: Aucun moyen...
M. FERLAND: Pas de véritables. Nous n'avons surtout pas les
moyens financiers de s'occuper de ça; ça prend tout un personnel
et le reste. Mais ce qu'on veut dire, c'est que quand on le fait, quand la
corporation est derrière son membre, c'est là qu'elle
protège le public.
Cela fait coïncider l'intérêt public et
l'intérêt particulier. Cela n'est pas nécessairement en
conflit. D'après moi, c'est une affirmation théorique que de dire
qu'il y a nécessairement conflit entre l'intérêt
particulier et l'intérêt public. Cela peut coïncider chez des
gens de bonne foi et ici, c'est non seulement parce que ce sont des gens de
bonne foi, mais c'est parce que les circonstances le veulent comme
ça.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez des pouvoirs de faire respecter le code
de déontologie, par exemple?
M. FERLAND: Oui, certainement. Mais notre ingénieur qui va se
laisser aller à accepter une production de moindre qualité et qui
peut être dangereuse pour le public, il va justement passer devant un
comité de discipline.
M. LESSARD: Mais à la suite de quoi?
M. FERLAND: Cela ne réglera pas le problème.
M. LESSARD: Mais à la suite d'une plainte qui proviendrait
d'où? Parce que, par exemple, au Barreau... on doit d'abord faire une
plainte pour...
M. FERLAND: Non, ni au Barreau, ni chez les ingénieurs. Vous
pouvez faire des causes de discipline d'office si vous avez connaissance de
quelque chose. Bien sûr que toutes les professions ont besoin de recevoir
des plaintes pour savoir ce qui se passe. Mais elles peuvent aussi le savoir
autrement.
Maintenant, dans le cas des ingénieurs salariés, eux nous
disent dans quelle situation ils se trouvent par rapport à
l'entreprise.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: J'aurais une question à poser. Vous
préconisez, dans le bill 250, le domicile de vos membres comme lieu
d'enregistrement au tableau plutôt que le lieu habituel de pratique.
Pourriez-vous donner quelques raisons de cela?
M. MASSE (Robert): Premièrement, il s'agit du fait que
l'ingénieur est très mobile par définition. Son employeur
peut l'envoyer dans un endroit pour trois mois, quatre mois, six mois, selon la
durée du projet; après cela, il peut aller dans une autre
localité éloignée, mais son domicile demeure toujours au
même endroit. Si c'est quelqu'un de Montréal, il peut aller passer
six mois à Sept-Iles. A cause de cette mobilité, il nous semble
qu'on devrait conserver ce qu'on a présentement à la Loi des
ingénieurs; c'est le domicile qui est le lieu d'enregistrement, aux fins
d'élection, aux fins de vote quelconque. C'est surtout à cause de
cette mobilité. Les administrateurs qui sont au bureau doivent
être conscients tout de même des problèmes qui se passent
dans la localité où ils demeurent, où ils se sentent
beaucoup plus attachés. Nous trouvons que c'est une façon
beaucoup plus logique, dans notre cas, de procéder. Nous trouvons qu'il
y a beaucoup trop de variables possibles dans le cas des ingénieurs.
M. PERREAULT: Une autre question sur le bill 250. Vous demandez un
diplôme en génie comme norme minimale d'inscription, est-ce que
vous êtes satisfaits actuellement de la collaboration des
universités? Est-ce que vous participez à l'élaboration
des programmes? De quelle façon?
M. MASSE (Robert): Dans le moment, nous n'avons pas un mot à dire
pour quatre des universités du Québec reconnues par la Loi des
ingénieurs. Nous sommes dans une situation assez étrange. Je
crois que nous sommes les seuls comme ça au Québec. C'est qu'on
doit accepter les diplômés en génie de quatre
universités sans avoir un seul mot à dire dans le contenu des
programmes. Ce n'est pas l'idée qu'on veuille s'ingérer dans la
composition des programmes de génie, mais il y a eu un cas que je ne
citerai pas, parce que cela implique des personnalités, où un
programme de génie s'est détérioré au cours des
années de façon à le rendre inacceptable à la
corporation. Nous ne pouvions rien faire, nous devions accepter les
diplômés quand même. Cela nous plaçait dans une
situation assez étrange. Le Barreau, ce matin, a mentionné un
fait qui nous touche également, les programmes de génie où
il y a des matières optionnelles. Si nous voulons accréditer un
cours, dire que nous reconnaissons les diplômés de ce cours, nous
devons être sûrs que tels diplômés ont un contenu
minimal raisonnable, conforme au génie.
Or, si certaines de ces options portent sur des matières que nous
trouvons absolument exigibles dans le minimum, nous ne pourrons pas dire : Les
diplômés de tel programme, nous les acceptons. D va falloir
regarder leur dossier un par un pour voir si M. X a pris l'option ou s'il n'a
pas pris l'option. S'il n'a pas pris l'option, il faudrait dire: Vous devez
passer un examen dans telle matière avant qu'on puisse vous
reconnaître. Cela complique les choses énormément. Je suis
heureux que le bill 250 reconnaisse à la corporation au moins une
consultation dans l'élaboration des programmes.
M. PERREAULT: Vous désirez aller plus loin et participer à
l'élaboration des programmes comme les autres personnes l'ont
demandé.
M. MASSE (Robert): Oui. Quand nous disons "consultation" nous ne savons
pas à quel degré nous serions consultés et s'il serait
possible de suivre les recommandations que nous pourrions faire. Nous voudrions
réellement participer à cette chose. Nous croyons tout de
même que nous sommes très intéressés. Nous sommes
connaissants dans la matière. Nous sommes ceux qui ont la garde des
titres de qualité des diplômés en génie et nous
croyons que nous devrions participer à l'élaboration des
programmes de génie avec les universités et peut-être
l'Etat, je crois, le ministère.
M. PERREAULT: Autrement dit, comme dans d'autres professions, ils
pourraient en donner plus mais il faudrait qu'ils vous donnent une norme
minimale.
M. MASSE (Robert): Oui. Nous avons des critères minimaux qui ne
sont pas tellement difficiles à respecter. Nous voudrions être
sûrs qu'ils sont respectés et que cela ne glisse pas comme cela a
pu arriver au cours des années.
M. PERREAULT: Une autre question.
M.ALAIN: M. Perreault, à votre première question, vous
avez dit : Accepter seulement des diplômés d'université en
génie. En fait, si on n'y a pas répondu, c'est que si
l'université, dans la majorité des cas, assure la certification,
nous ne voyons pas pourquoi la corporation des ingénieurs, avec ses
faibles moyens, deviendrait une cinquième ou sixième
université du Québec. Nous serions d'avis de confier aux
universités tout ce rôle. Autrement dit, ceux qui n'ont pas de
diplôme passeraient parles universités et, à la
recommandation des universités, comme dans la majorité des cas,
déjà. Cela deviendrait un processus exclusif. Autrement dit, la
seule voie. Nous ne sommes pas une université et nous n'avons pas les
services. Tout ce que nous faisions, en fait, c'est de retenir des professeurs
d'université pour préparer des questionnaires. C'est un service
supplétif et nous croyons que nous n'avons pas d'intérêt
à le donner.
M. PERREAULT: Vous voudriez tout de même avoir un certain
contrôle des programmes.
M.ALAIN: Oui.
M. PERREAULT: Autre question. La Corporation des techniciens
professionnels. Nous savons qu'il y a plusieurs corporations de techniciens
dans les domaines paramédicaux qui sont reconnus par le code des
professions.
La Corporation des techniciens professionnels oeuvrant dans le domaine
du génie est venue nous demander d'inclure ses membres dans le code des
professions, en vue de la protection du public. Quelle est votre opinion
concernant la protection du public? Croyez-vous qu'il serait nécessaire
d'inclure cette corporation de techniciens, pour ceux qui oeuvrent dans le
domaine du génie, l'électronique, l'électricité, la
mécanique?
M. DELISLE : Certainement. Je crois que ç'a été
assez précisé tout à l'heure par l'ingénieur
Drouin.
M. PERREAULT: Mais vous avez dit que vous n'aviez pas d'opposition.
M. DELISLE: Non.
M. PERREAULT: Vous n'avez pas dit que...
M. DELISLE: Nous favoriserions.
M. PERREAULT: C'est la différence.
M. DROUIN: Nous n'avons aucune opposition. Ce n'est pas à nous de
décider s'ils répondent aux critères tels que
définis dans le projet de loi.
M. PERREAULT: J'ai demandé cela pour ce qui concerne la
protection du public.
M. DROUIN: Pour la protection du public. S'ils sont formés en
corporation, il y a certainement une protection. Non seulement ça va
aider le public, mais ça va aider aussi les ingénieurs à
déterminer, en fin de compte, si les techniciens qui sortent de nos
CEGEP se conforment à certaines normes.
Dans certains cas nous serons peut-être même
obligés de le faire, parce que la chose se fait en Ontario nous
pourrions accréditer les techniciens professionnels. C'est une chose qui
se discute beaucoup présentement. L'Association des ingénieurs de
l'Ontario, en collaboration avec la corporation des techniciens de l'ontario
je ne sais pas le nom exact travaille pour l'accréditation
des techniciens.
M. PERREAULT: Ne croyez-vous pas qu'il serait plus simple de
contrôler le champ de connaissances du technicien plutôt que de
l'accréditer par les ingénieurs? On le fait dans les autres
domaines, dans le paramédical et ainsi de suite. Pourquoi agirait-on
différemment pour les techniciens en génie?
M. MASSE (Robert): II y a déjà une association nationale
qui s'appelle, je crois, en français le Conseil canadien des techniciens
et technolo-gistes en ingénierie et en anglais, Engineering Technicians
and Technologists. Il y a une association en Ontario qui a tout près de
12,000 membres et qui s'attend d'en avoir 60,000 d'ici cinq ou six ans. Il y a
trois autres provinces là-dedans et la Corporation des techniciens
professionnels de la province de Québec est membre de ce conseil.
Cette association qui a commencé en Ontario parce qu'il y avait
le besoin a formé des normes, un syllabus d'examens dans les
différentes techniques, techniques du génie civil, génie
électrique, génie mécanique, etc. Ce sont des normes
minimales. Les techniciens de premier niveau, de deuxième niveau
je crois qu'il y a trois niveaux doivent satisfaire à certains
critères et connaître certaines matières avant de pouvoir
avoir ce titre. Ce syllabus est fait en collaboration avec l'association des
techniciens et l'association des ingénieurs de l'Ontario.
Le raisonnement est le suivant: Etant donné que ces techniciens
sont appelés à travailler pour des ingénieurs, directement
sous leur surveillance, il est essentiel que nous ayons un mot à dire
pour être sûrs qu'ils répondent aux critères pour
nous aider réellement.
Nous avons déjà formé un comité conjoint
avec la CTPPQ, d'ailleurs sur ce sujet, il y a quelques temps parce qu'elle
sentait elle aussi qu'il y avait un besoin de valorisation du diplôme du
CEGEP professionnel. Je crois que le ministère de l'Education est
également intéressé dans cette matière.
M. PERREAULT: Est-ce que vous avez un comité mixte à
l'oeuvre dans le moment là-dessus?
M. MASSE (Robert): Oui, il y a un comité à l'oeuvre
là-dessus.
M. PERREAULT: En Russie, on a une proportion de techniciens et
d'ingénieurs de cinq à un. Aux Etats-Unis, il y aura
bientôt trois à un. Est-ce que vous voyez aussi une
évolution dans ce domaine de la même manière?
M. MASSE (Robert): Nous avons examiné la question il y a
déjà quelques années et ça varie extrêmement
d'une industrie à l'autre. Je crois que l'Hydro était
peut-être l'employeur qui avait la meilleure proportion. Elle emploie le
plus de techniciens; elle connaît plus la chose et le rapport
était de trois ou de quatre à un. Il y avait des industries
où c'étaient de deux à un, etc., de 1.5 à un.
C'est-à-dire qu'elles employaient très peu de techniciens. Elles
n'avaient pas encore confiance.
Mais depuis ce temps, il y a eu le programme du CEGEP qui est
arrivé et qui n'est peut-être pas encore parfaitement rodé.
La question se pose de façon beaucoup plus active.
M. PERREAULT: Croyez-vous qu'il y a intérêt, afin de
revaloriser la profession d'ingénieur, à ce que ceci
augmente?
M. MASSE (Robert): Je le vois comme fonction de valoriser
l'ingénieur pour l'empêcher de faire des tâches de
techniciens, tâches de cuisine si vous voulez.
M. SOUCY: En effet, un ingénieur, il y a plusieurs années,
faisait énormément de travail de technicien; il agissait comme
dessinateur, par exemple. Il faisait toutes sortes de tâches comme
ça. De plus en plus, on revalorise l'ingénieur et lorsqu'on aura
une reconnaissance des techniciens, l'ingénieur fera réellement
sa tâche et prendra ses responsabilités professionnelles.
M. PERREAULT: Dernière question, quelles sont vos relations avec
la Fédération des ingénieurs en tant que corporation?
M. DROUIN: Nos relations avec la Fédération des
ingénieurs, présentement, à part des contacts
complètement non officiels, il n'y en a pas.
M. PERREAULT: II n'y en a pas.
M. DROUIN: En fin de compte, nous sommes dans deux domaines
complètement différents. Ils sont formés en syndicat et
nous ne le sommes pas. Nous ne sommes pas là pour faire des
négociations collectives. Nous sommes là pour protéger le
public et en même temps protéger le public par l'entremise de nos
ingé- nieurs, sans aucun doute. A part les relations d'ami à ami,
il n'y a aucune relation officielle avec la Fédération des
ingénieurs.
M. PERREAULT: Vous admettez que les négociations de
l'ingénieur salarié ou des tarifs fixés par convention
peuvent être discutés pour ces ingénieurs. Par contre,
d'après ce que j'ai pu entendre, vous n'admetteriez pas que, pour la
question des tarifs, ils aient un mot à dire là-dedans.
M. DROUIN: Dans la question des tarifs, la chose est
réglée par le bill 250. Quant aux ingénieurs
salariés qui font partie de la Fédération des
ingénieurs et cadres, pour quelles raisons entreraient-ils dans un tel
sujet? Je n'en vois pas du tout. Là où on diffère
d'opinion, jusqu'à un certain point avec la Fédération des
ingénieurs, c'est au sujet des services que l'on peut rendre aux
membres. Nous avons un régime d'assurance cela contredit un peu
la philosophie du rapport Castonguay-Nepveu et nous aimerions le garder.
Nous aimerions aussi garder un régime de rentes parce que les syndicats
ou autres associations peuvent disparaître, mais la Corporation des
ingénieurs y sera toujours. Il y a d'autres services que nous voulons
rendre aux membres comme la question de bureau d'emploi, d'information à
nos membres que nous voudrions absolument garder et ne pas nous limiter
seulement à ça. Notre problème se pose très
différemment de celui du Collège des médecins. Il ne faut
jamais oublier que les médecins sont 7,000 employés pour servir
six millions de clients, on peut le prendre de cette manière. Tandis que
nous sommes 15,000 employés pour servir environ 2,000 clients. Il se
pose des problèmes complètement différents d'avec les
autres professions.
M. PERREAULT: M. le Président, cela complète ma
question.
M. LE PRESIDENT: Je remercie la Corporation des ingénieurs pour
son exposé. Pour les trois autres groupes qui sont ici, c'est
pratiquement impossible de les entendre ce soir. Il n'y a pas seulement le
conseil des ministres, il y a aussi le journal des Débats.
Nous avons quatre groupes demain matin, mais les trois qui devaient
passer ce soir vont avoir la préférence sur les autres demain
matin. Comme je pense qu'il y a peut-être des causes à plaider,
vous pouvez revenir à quatre heures demain après-midi.
Donc, à quatre heures pour les arpenteurs. La séance est
suspendue jusqu'à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 36)
Séance du jeudi 9 novembre 1972
(Dix heures dix-huit minutes)
M. BLANK (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
On commence ce matin avec la Conférence des recteurs et
principaux des universités du Québec. M. Paul Lacoste
présentera le mémoire.
Conférence des recteurs et principaux des
universités du Québec
M. LACOSTE: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, je voudrais d'abord exprimer les regrets de notre président,
le recteur de l'Université de Sherbrooke, qui a dû quitter
Québec hier soir. Je présenterai le mémoire
accompagné de M. le doyen John Durnford, de McGill et M. Jacques Girard,
secrétaire général de l'Université de
Montréal. Je remercie la commission parlementaire de l'occasion qui nous
est offerte de présenter nos vues et je le fais avec d'autant plus de
plaisir qu'une déclaration récente de M. le ministre des Affaires
sociales fait largement écho aux préoccupations qui
étaient exprimées dans notre mémoire.
Plutôt que de relire des extraits du mémoire, M. le
Président, si vous me le permettez, je ferai simplement ressortir
quelques points qui nous paraissent essentiels.
Ce mémoire se situe dans la ligne des préoccupations de la
Conférence des recteurs qui est un organisme qui regroupe toutes les
universités du Québec qui sont représentées par
leur recteur et, dans le cas des universités les plus
considérables, par un ou deux vice-recteurs également. La
préoccupation de la conférence dans le cas du code des
professions, est évidemment la formation professionnelle et c'est
seulement au sujet de la formation professionnelle que nous allons essayer de
faire valoir quelques points.
Disons d'abord que nous sommes entièrement d'accord sur
l'objectif du bill 250 sur ce point, qui est d'assurer une meilleure adaptation
des études professionnelles aux objectifs poursuivis par chaque
profession; en somme, d'assurer l'adaptation des études professionnelles
aux besoins de la société.
Notre préoccupation, toutefois, portait essentiellement sur
l'article 169 dans ses alinéas d) et e). L'article 169, alinéa
d), parle de la détermination des diplômes qui habilitent à
l'exercice des professions et prévoit un rôle considérable
pour le futur Office des professions. L'alinéa 169 e) parle de
l'élaboration des programmes et réserve un rôle
considérable aussi aux corporations professionnelles.
Ce qui a frappé la conférence dans la première
version de la loi, c'était que ces mécanismes nouveaux laissaient
entièrement de côté tout l'appareil qui a été
mis au point depuis quelques années par le législateur pour
encadrer et contrôler l'enseignement supérieur. Depuis longtemps,
il y avait des chartes universitaires, évidemment, qui
conféraient aux universités le pouvoir d'élaborer des
programmes.
Depuis quelques années, la Loi du ministère de
l'Education, la Loi du Conseil supérieur de l'éducation, la Loi
du Conseil des universités sont venues ajouter une superstructure qui
permet d'encadrer l'activité des universités et d'assurer les
contrôles de l'enseignement supérieur en général, y
compris l'enseignement professionnel. Ce qui nous frappait dans l'article 169,
c'est que tout cet appareil qui est récent, mais qui est
déjà très efficace, était tout à fait
ignoré et qu'on semblait vouloir mettre à côté un
autre appareil d'encadrement et de contrôle centré sur le
lieutenant-gouverneur en conseil, l'Office des professions et aussi les
corporations professionnelles.
M. le ministre des Affaires sociales a fait récemment une
déclaration, dans laquelle il dit que la deuxième version du
projet de loi, corrigera cette lacune et prévoira la consultation du
Conseil des universités et la consultation des maisons d'enseignement,
pour les questions qui sont prévues aux alinéas d) et e).
Voilà un pas dans la bonne direction qui nous rassure dans une bonne
mesure. Cependant, le texte, tel que nous l'avons, laisse subsister certaines
inquiétudes parce qu'il n'est question que de consultation du Conseil
des universités, de consultation des facultés universitaires et
cela nous paraît tout à fait insuffisant.
En effet, dans l'économie actuelle de l'enseignement
supérieur, le Conseil des universités n'est pas simplement un
organisme de consultation parmi d'autres, il est celui qui a le rôle
essentiel de conseiller le gouvernement en matière d'enseignement
supérieur. Au surplus, au gouvernement, c'est par l'entremise du
ministère de l'Education que se prennent les décisions concernant
l'enseignement supérieur. Et ce que j'ai dit, du fait que le Conseil des
universités soit laissé de côté, s'applique aussi au
ministère de l'Education, puisque nulle part il n'est question dans cet
article 169, alinéas d) et e) du rôle du ministère de
l'Education.
Selon nous, il ne suffit pas de consulter le Conseil des
universités, mais il faut lui laisser pleinement son rôle qui est
celui d'être le principal organisme qui fait des recommandations au
gouvernement en matière d'enseignement supérieur. De même,
il ne suffit pas de consulter les facultés sur les modalités de
collaboration dans l'élaboration des programmes; les facultés
forment, selon nous, les organismes essentiellement responsables de
l'organisation de l'enseignement, y compris celui de l'élaboration des
programmes. Nous serions inquiets si le texte final du bill 250 n'affirmait pas
fortement et le rôle du Conseil des universités et celui du
ministère de l'Education d'une part, et le rôle des
facultés universitaires et des universités, d'autre part.
Quelle est l'importance de la question? Qu'il soit bien dit qu'il ne
s'agit aucunement pour nous de défendre des juridictions universitaires
que nous verrions comme une fin en soi. Nous n'en sommes pas à
défendre l'autonomie universitaire conçue à l'ancienne
façon. Il s'agit encore moins d'isoler l'enseignement universitaire du
reste de l'activité sociale, et en particulier de l'activité des
corps professionnels.
Nous comprenons les préoccupations des corps professionnels et
nous partageons l'inquiétude du gouvernement devant les tensions et les
conflits qui se trouvent présentement entre les corps professionnels et
les universités. Cependant, pour saisir l'enjeu de la question, il faut
revenir un peu en arrière. Si l'on fait l'historique de l'enseignement
professionnel, on s'aperçoit de ceci.
A l'origine, l'enseignement professionnel était donné par
les professionnels eux-mêmes. Peu à peu, se sont
créées de petites écoles professionnelles qui ont grandi,
qui sont devenues de plus en plus à caractère scientifique, qui
ont donné lieu à des facultés et qui ont été
regroupées en facultés.
Les raisons pour lesquelles cette évolution a eu lieu,
c'est-à-dire de la simple formation pratique chez le professionnel vers
la faculté universitaire, sont bien connues. Il fallait donner un
caractère plus scientifique à l'enseignement. Il fallait en
assurer beaucoup mieux les fondements théoriques. Il fallait le situer
dans la perspective de l'ensemble des disciplines universitaires; il fallait en
somme l'élargir et l'assouplir.
Je crois qu'il est incontestable que, malgré toutes les
difficultés, ça a été un progrès
décisif pour l'enseignement professionnel d'être donné dans
les universités. Il suffit de voir les cas où la chose n'a pas
été faite et où on a dû changer récemment
d'orientation. Ainsi, par exemple, l'Ecole de médecine
vétérinaire qui était isolée a été
rattachée à l'Université de Montréal.
L'école d'architecture qui était isolée a
été rattachée, soit à l'Université de
Montréal, soit à l'université Laval. Et on pourrait
multiplier comme ça les exemples.
Partout on s'accorde pour dire que l'enseignement professionnel doit
être universitaire. Bien sûr, il en est résulté des
tensions plus ou moins considérables entre certaines écoles
professionnelles ou facultés professionnelles et le corps professionnel
correspondant. Je me permets de faire remarquer, M. le Président, qu'on
met beaucoup plus l'accent sur ce qui ne va pas que sur ce qui va et certaines
difficultés très spectaculaires d'un corps professionnel dans ses
relations avec les facultés ne doivent pas faire oublier que, dans
beaucoup d'autres cas, les relations sont de beaucoup meilleures mais ces
relations meilleures font beaucoup moins de bruit.
Il y aurait un grand danger, actuellement, à ce que le balancier
passe trop loin de l'autre côté et à ce que, après
avoir mis l'accent sur les facultés universitaires dans leur droit de
donner l'enseignement et d'élaborer des programmes, on fasse marche
arrière et on réduise trop l'autonomie des facultés
universitaires en les diluant dans des mécanismes où les corps
professionnels pourraient jouer un rôle prédominant.
Les préoccupations des corps professionnels se comprennent
parfaitement, mais enfin, elles sont axées sur les besoins de
l'exercice. Les besoins de l'exercice sont de caractère pratique et
utilitaire, ce qui est normal. Il y a un danger constant et l'histoire
le démontre abondamment que si les programmes d'études
sont faits principalement en fonction des préoccupations des corps
professionnels, ils seront rigides, ils seront restreints, ils seront
axés sur les besoins immédiats de la profession et n'auront pas
un accent suffisamment mis sur le caractère proprement scientifique et
théorique; et surtout, étant trop rigides et trop encadrés
à l'intérieur d'une perspective professionnelle, ils ne
déboucheront pas sur l'ensemble des disciplines universitaires, comme ce
doit être le cas maintenant.
Il est remarquable, M. le Président, qu'en même temps qu'on
met l'accent, et à juste titre, sur les difficultés des relations
entre les corps professionnels et les écoles professionnelles, dans le
monde entier, il s'écrit rapport sur rapport sur l'enseignement
professionnel pour dire qu'il faut l'élargir, qu'il faut l'assouplir et
qu'il ne faut plus l'encadrer dans des facultés professionnelles
étroites, mais qu'il faut, au contraire, le faire déboucher sur
les disciplines connexes. C'est pour cela que les universités tentent,
soit de réduire le nombre de leurs facultés, soit de les
supprimer entièrement. Il est à noter que l'Université du
Québec n'a pas de faculté. La tendance est à assouplir les
cadres pour assurer la circulation des relations entre les disciplines et pour
empêcher le cloisonnement étroit des disciplines professionnelles
dans la seule perspective d'un corps professionnel particulier.
Donc, s'il y a des tensions, et il y en a, il y a aussi
l'évolution des disciplines intellectuelles qui va vers le
décloisonnement. Nous serions extrêmement inquiets si la prochaine
législation favorisait un retour en arrière vers le cloisonnement
et le retour aux préoccupations trop strictement professionnelles aux
dépens de l'évolution dont j'ai parlé.
Ceci étant dit, nous sommes pleinement d'accord pour que les
intéressés soient amenés à se parler, parce que la
question est là. Il y a un manque de communication entre certaines
facultés et les corps professionnels. Nous ne disons pas, M. le
Président, que les torts sont tous du même côté.
Quand il y a manque de communication et malentendu en général,
c'est parce que des deux côtés, on communique mal.
Je crois que la loi doit tendre à forcer les parties à se
rencontrer et, pour ça, nous sommes d'accord sur des mécanismes
comme celui-ci.
Par exemple, au niveau de l'élaboration des programmes
c'est l'objet de l'article 169, alinéa e) nous sommes tout
à fait d'accord pour que, dans les comités qui élaborent
les programmes soient représentés, selon des modalités, je
crois, à discuter, les corps professionnels. Nous serions d'accord pour
qu'avant qu'une faculté ou à plus forte raison une
université adopte un programme d'études professionnelles, le
corps professionnel comme tel puisse faire valoir ses vues et le faire
officiellement et non pas simplement officieusement et de par la bonne
grâce d'une faculté. Nous sommes d'accord sur ceci.
Nous sommes d'accord aussi pour qu'au niveau de l'approbation des
programmes et là nous tombons dans l'alinéa d) de
l'article 169 le Conseil des universités et le ministère
de l'Education n'agissent pas seuls mais soient en relation imposée et
prévue par la loi avec l'Office des professions et éventuellement
la corporation professionnelle elle-même. La corporation pourra, une fois
de plus, faire valoir ses représentations, ses objections, son point de
vue.
Et ici, M. le Président, je me permets de dissiper une
ambiguïté qui a pu se glisser dans le rôle du comité
des programmes du Conseil des universités et du ministère.
Certaines représentations qui ont été faites ont
laissé entendre que le Conseil des universités n'est qu'un
organisme universitaire et, par conséquent, son comité
d'approbation des programmes serait un comité universitaire. Ceci est
tout à fait faux. Le Conseil des universités est un organisme
gouvernemental et tout à fait public. Il comprend des fonctionnaires,
des représentants du monde socio-économique en plus
d'universitaires. Au surplus, le comité des programmes n'est pas un
comité du Conseil des universités mais un comité conjoint
du ministère et du Conseil des universités et le ministère
de l'Education, selon nous, est l'organisme habilité à approuver
toute forme d'éducation. Il a la responsabilité de toute forme
d'éducation, supérieure ou non, professionnelle ou non. De sorte
que lorsque les programmes d'études sont soumis au Conseil des
universités, ce ne sont pas les universités qui s'approuvent
entre elles, qui s'approuvent elles-mêmes, c'est un organisme public qui
exerce un contrôle sur les universités. Ceci est assez important,
je crois. Nous serions d'accord, encore une fois, pour que, dans le cas des
programmes professionnels, ce contrôle soit exercé en liaison avec
l'office des professions. Au surplus, comme la loi semble prévoir
l'intervention du lieutenant-gouverneur en conseil lui-même, voilà
encore une instance auprès de laquelle le corps professionnel pourra
faire valoir ses vues.
Telle est la façon dont nous entrevoyons la jonction
nécessaire entre l'école professionnelle et la corporation
professionnelle, entre le monde universitaire et le monde des professions. Mais
nous insistons pour que le caractère universitaire de l'enseignement
professionnel soit préservé et que les contrôles dont il
doit être assorti se situent dans le cadre des contrôles de
l'ensemble de l'enseignement supérieur, cadre qui vient
précisément d'être déterminé par la loi et,
encore une fois, les premières expériences sont assez bonnes.
Voilà l'essentiel de ce que nous avions à dire et notre
mémoire attire aussi l'attention sur un autre point important; c'est
l'article 83, alinéa j) où il semble être prévu que
pour la formation permanente des professionnels, c'est-à-dire pour le
recyclage, le perfectionnement, la mise à jour, toutes ces choses, ce
seraient les corporations professionnelles qui l'organiseraient.
Ceci ne nous semble pas compatible avec l'économie
générale de l'enseignement supérieur d'aujourd'hui. La
tendance actuelle est à ne pas faire de distinction entre le
perfectionnement, la mise à jour, le recyclage et l'enseignement
régulier. De moins en moins on isole l'enseignement régulier qui
se donne quand l'étudiant a 20, 22 ou 24 ans et celui qu'il devra
recevoir plus tard dans sa vie. La tendance actuelle de l'enseignement
supérieur, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'une forme valable
d'enseignement, c'est l'éducation permanente dont l'enseignement
supérieur classique n'est qu'une phase. Si ceci est vrai et je crois que
ce sera vrai dans dix ans, partout, nous ne voyons pas du tout pourquoi on
dissocierait l'enseignement postuniversitaire de l'enseignement universitaire
régulier. Il nous semble que les universités doivent être
habilitées à donner tout l'enseignement et toute la formation,
quitte cependant, là encore, à faire participer activement et
obligatoirement, de par la loi, les corps professionnels à
l'élaboration des programmes, à l'appréciation des
résultats, etc.
Enfin, M. le Président, un dernier point, qui n'est pas dans
notre mémoire, mais qui a son importance. Je le souligne à la
demande de l'Université du Québec particulièrement.
L'Université du Québec qui est récente est ennuyée
par le fait que, dans certaines lois professionnelles, il y a des
énumérations d'universités qui forcément ne la
comprennent pas puisqu'elle est récente. Alors elle demande qu'on parle
des universités et non pas de telle ou telle et, comme cette
université n'a pas de faculté, elle aimerait bien qu'on ne parle
pas, dans la loi, des facultés universitaires, mais des
universités, ce qui enlèverait toute ambiguïté en ce
qui la concerne.
Je vous remercie de votre bonne attention, M. le Président, MM.
les membres de la commission. C'est l'essentiel de ce que nous avions à
dire.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. Lacoste, pourriez-vous écrire
brièvement quel type de relations vous avez eues, soit au niveau de la
Conférence
des recteurs, soit au niveau des universités ou même des
facultés avec les corporations professionnelles au cours des deux ou
trois dernières années?
Est-ce qu'il y a des réunions prévues, quel type de
relation y a-t-il?
M. LACOSTE: C'est une question qui demanderait non pas une
réponse, mais un ensemble de réponses parce que et c'est
le problème auquel la loi veut remédier il n'y a pas un
type de relation, il y a une infinité de relations selon la
faculté et selon la profession. Si nous commençons par le cadre
des relations, les lois actuelles, les lois que veut remplacer la loi qui
s'élabore prévoient des situations extrêmement
différentes. Vous avez, par exemple, le corps professionnel qui garde un
pouvoir très considérable, c'est le cas du Barreau et, en fait,
le Barreau a conservé l'exercice de ses pouvoirs. A l'autre
extrême, la Corporation des ingénieurs a fait ressortir hier
comment elle était tout bonnement tenue d'accepter un diplôme
universitaire, sans plus, pour l'exercice de la profession. Je crois que ce
sont là les deux extrêmes. Entre les deux, vous avez toutes les
variétés possibles d'articulations entre la faculté et la
corporation. C'est pour ça que j'ai peine à
généraliser et, au niveau de la loi, on ne le peut pas.
Le caractère commun qu'on trouve cependant actuellement au niveau
des lois, c'est que, jamais, à ma connaissance, un corps professionnel
n'a le pouvoir... Je connais moins bien, cependant, les toutes dernières
lois, mais quand j'ai étudié pour la commission Parent, j'avais
découvert qu'aucun corps professionnel n'avait le pouvoir direct
d'imposer à une université un programme d'études. Son
pouvoir était de dire à quelle condition un programme
d'études serait reçu par lui. C'est à peu près le
cas général. Par contre, d'une façon
générale, l'université n'a pas le pouvoir d'imposer ses
étudiants au corps professionnel avec l'exception, cependant, que je
viens d'évoquer, le Collège des ingénieurs qui se voit
imposer littéralement les diplômés des universités
pour l'exercice de la profession. Donc, pour le cadre juridique, c'est flou et
variable.
Dans la pratique, c'est encore plus variable parce que vous avez
certains corps professionnels qui se sont montrés très stricts
dans l'exercice de leur juridiction, comme le Barreau, et vous avez à
côté la Chambre des notaires qui a adopté une tout autre
attitude. Je ne veux pas juger ici lequel a eu tort ou raison, notre rôle
n'est pas de juger les corps professionnels mais de constater des
différences. La Chambre des notaires s'en est remises aux
universités pour sa quatrième année, c'est-à-dire
de formation professionnelle, que nous sanctionnons du reste par un
diplôme. Au surplus, la Chambre des notaires a supprimé, sauf
erreur, son examen, le fameux examen contentieux qui donne lieu à tant
d'histoires; la Chambre des notaires, qui a les mêmes droits que le
Barreau, l'a supprimé.
Si vous prenez la médecine qui a des droits, elle les exerce
beaucoup moins strictement que le Barreau et d'une façon qui la situe
beaucoup plus près des facultés de médecine, ce qui ne
veut pas dire que ça va toujours facilement.
En chirurgie dentaire, ça oscille, il y a certaines
périodes où cela va assez bien, et, à d'autres, il
éclate des choses comme ce que nous avons vu; et on pourrait ainsi
multiplier cela.
D'une façon générale, nous avions essayé il
y a quelques années d'amorcer une correction qui était un peu
dans l'esprit de ce que la loi veut faire, mais cela n'a pas donné
tellement de résultats. Lors d'un colloque, nous, les
diplômés de l'Université de Montréal, avions
adopté une résolution que l'université a fait sienne.
C'est que dans toutes les facultés professionnelles il y ait un
comité conjoint, comité professions-université, pour
discuter les questions d'intérêt commun. Je crois que cela aurait
été une très bonne formule et cela a marché dans
certains cas. Mais en général, pas tellement.
Je dirais, M. le président, que, étant donné que
les communications ne sont pas obligatoires, et étant donné que
le passé est souvent empoisonné par des conflits et des tensions,
la seule façon de remédier, c'est qu'il soit statutaire et normal
que les gens se rencontrent et se parlent et pas seulement, encore une fois, de
par leur bonne grâce, mais qu'ils ne puissent pas agir sans le faire.
C'est la seule façon d'en sortir.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce à dire donc qu'actuellement, lorsque vous
révisez des programmes, particulièrement dans le secteur
professionnel, finalement il n'y a pas un apport qui permettrait
d'évaluer des corporations professionnelles. Si on examine la pertinence
de certains cours, où la nécessité de faire évoluer
certaines disciplines, ainsi de suite, est-ce que c'est beaucoup plus par des
contacts personnels à l'occasion de colloques et autre chose que
l'université se rend compte de la nécessité de changer, ou
est-ce que dans les faits? Actuellement, il y a un apport des corporations
professionnelles dans les changements de vos programmes ou la mise sur pied de
nouveaux programmes...
M. LACOSTE: Pour autant que je suis renseigné, M. le ministre,
cela varie d'une faculté à l'autre. Vous avez, par exemple, des
facultés où les contacts sont quand même assez suivis. Or
une faculté n'agirait pas sans le faire en liaison étroite, et
comme cela devrait être, avec le corps professionnel. Il reste même
des cas où, je crois, c'est le corps professionnel qui aura en fait le
dernier mot. Il reste quelques cas comme cela. J'aime autant ne pas les nommer
parce que cela pourrait faire des... Il doit bien rester quelques cas où
c'est le corps professionnel qui a, en fait, le dernier mot, même si
légalement c'est l'université. Dans d'autres cas, il y a une
liaison quelconque qui s'établit avec un degré de tension
plus ou moins grand.
Mais je pense que, au fond, vous vous interrogez dans le cas où
la corporation professionnelle s'oppose vraiment, elle ne veut pas, elle trouve
que ce n'est pas adapté, bien, il n'y a pas de doute qu'actuellement, il
n'y a rien qui oblige l'université à en tenir compte. Dans les
cas les plus mauvais, il y a un certain genre de facultés, par exemple,
dans lesquelles l'esprit des professeurs et l'esprit des professionnels sont
tellement différents que vraiment la liaison est devenue à peu
près inexistante et que la conception de l'enseignement qu'on se fait
dans les deux milieux est radicalement différente. Et dans ces
cas-là, je dois dire que les programmes sont faits, sans qu'il y ait
intervention réelle même de faite du corps professionnel.
M. SAINT-PIERRE: Le statut du comité conjoint du Conseil des
universités et du ministère de l'Education n'est pas inscrit dans
nos textes de loi. Il a beaucoup de puissance parce qu'il est relié au
financement des universités. Je pense bien qu'avec le financement, on
peut mettre au pas un peu tout le monde.
Je crois comprendre que, dans votre mémoire, vous recommandez,
d'une part, d'institutionnaliser cela d'une façon plus précise et
d'autre part, qu'on prévoie un mécanisme qui n'existerait pas
dans le moment, à savoir qu'avant qu'une université puisse
présenter une demande de nouveau programme, garder un programme
existant, elle devrait faire valoir à ce comité qu'elle a
effectivement consulté la corporation professionnelle concernée,
l'Office des professions en versant au dossier le résultat de l'avis de
cette consultation, même si l'avis pouvait être différent.
C'est à peu près cela.
M. LACOSTE: C'est à peu près cela et même plus. Nous
serions d'accord pour que la faculté soit tenue de consulter le corps
professionnel et d'en communiquer le résultat. Mais nous serions
d'accord aussi pour qu'il y ait une deuxième intervention, au niveau
même du Conseil des universités. C'est-à-dire que l'Office
des professions, à ce moment-là soit contacté par le
Conseil des universités qui lui, demanderait son opinion sur le produit
fini. Il y a tel programme qui est devant nous, qu'est-ce que vous en pensez?
Et pour tenir compte de cette opinion de l'Office des professions, nous croyons
à une intervention à deux étages, en quelque sorte: Une
intervention du groupe professionnel au niveau de l'élaboration du
programme et intervention de l'Office des professions au niveau de
l'approbation du programme.
Je me permets de faire remarquer que justement au comité des
programmes, étant donné la composition du comité, une des
préoccupations que le comité a, quand il s'agit de questions
professionnelles, c'est: Est-ce pertinent à l'exercice? Est-ce pertinent
au marché du travail? Est-ce pertinent aux besoins de l'employeur? C'est
déjà là. Mais nous sommes prêts à recommander
d'ajouter à cela l'intervention dont je parlais.
M. SAINT-PIERRE: Une dernière question. Au niveau de
l'éducation permanente, vous avez sûrement entendu, hier, le
Barreau évoquer certains points de vue. L'argument qu'on entend souvent,
c'est le fait que le monde universitaire, pour toutes sortes de raisons, est un
peu isolé des besoins réels des professions et que souvent les
professeurs, pour mille et une raisons, n'ont pas l'expérience de tous
les jours des praticiens. Quelle est la tendance dans les universités,
en ce qui regarde les professeurs? Est-ce que vous voyez une tendance à
l'effet qu'on développe de plus en plus de professeurs de
carrière qui n'ont à peu près aucun séjour dans le
secteur professionnel ou voyez-vous dans l'avenir une tendance à une
plus grande mobilité des professeurs qui pourraient aller dans le
secteur professionnel et revenir à l'enseignement? Est-ce qu'il y a un
clivage ou est-ce qu'au contraire il y a...?
M.LACOSTE: II s'est fait un clivage, c'est incontestable, dans beaucoup
de cas. Là encore, il faut distinguer les cas. Par exemple, en droit,
c'est clair qu'il y a là une forte proportion de professeurs de
carrière et qui l'ont toujours été. C'est-à-dire
qu'il y en a qui n'ont jamais exercé la profession d'avocat et dont tous
les antécédents les situent assez loin du bureau. A l'encontre de
cela, les universités essaient, régulièrement, je crois,
et continuellement, de compléter un corps professoral ainsi
constitué, par l'apport des praticiens et là, autant que
possible, en faisant venir, à titre de professeurs de carrière,
des gens qui ont une expérience pratique plus ou moins longue. Il y a
des cas qui ont pu être réussis comme ça. Tel ou tel avocat
ou tel ou tel notaire, qui s'est distingué dans sa profession,
après dix ou quinze ans devient professeur de carrière à
l'université. Alors je crois que c'est l'apport auquel vous pensez, sans
compter celui de professeurs à la leçon, de praticiens qui
viennent apporter quelque chose à la leçon.
Mais vous ne nierez pas, M. le ministre, le problème de
financement que cela pose parce que l'enseignement, même s'il est
beaucoup moins mal rémunéré qu'autrefois, n'est pas aussi
rémunérateur qu'une bonne pratique professionnelle et ce n'est
pas facile d'amener un avocat qui a un bon bureau à se contenter du
salaire très honorable, c'est vrai, du professeur, mais qui n'est pas du
tout du même ordre que les honoraires professionnels qu'il se ferait.
Donc, vous avez ce problème-là.
Si vous prenez le code de la médecine, c'est déjà
assez différent, parce qu'il se fait quand même une jonction par
le truchement de l'enseignement clinique. Vous avez, dans une faculté de
médecine, des disciplines fondamen-
tales qui sont normalement données par de purs professeurs de
carrière, vous avez ensuite un enseignement clinique qui est
donné, à la fois, par des professeurs qu'on appelle maintenant
à temps plein géographique, qui sont des professeurs de
carrière avec exercice partiel, et des professeurs de clinique qui sont
des praticiens avec enseignement partiel.
Je crois que, dans ce monde-là, et je ne veux pas parler au nom
de la faculté de médecine et encore moins au nom du
Collège des médecins, la jonction se fait quand même moins
mal que dans le monde juridique. Probablement qu'on pourrait prendre chaque cas
comme ça et on trouverait des situations variables.
Vous me demandez quelle est la tendance des universités. Je
dirais que les directions de l'université, du moins celles que je
connais, désirent hautement que l'enseignement de caractère
professionnel comporte l'intervention considérable de professeurs qui
ont l'expérience de la pratique et une forte expérience de la
pratique, pas seulement qui sont passés dans un bureau un an ou deux en
commançant leur carrière mais qui se sont vraiment
distingués dans la pratique et qui ont gardé l'expérience
de cela.
C'est nettement ce que nous désirons, parce que nous sommes
conscients qu'une faculté professionnelle qui ne ferait aucune place
à d'anciens praticiens distingués et aussi à l'apport
actuel, sous forme de cours, de leçons de praticiens en exercice, serait
appauvrie et risquerait d'être inadaptée. Donc, notre tendance,
comme dirigeants d'université, n'est pas d'isoler les facultés
professionnelles, en faire des milieux purement académiques
assimilables, par exemple, à des facultés de sciences pures, et
de laisser le monde professionnel de côté.
Mais concrètement, ceci nous place en face de très
sérieuses difficultés d'ordre financier.
M. GIRARD: Je pourrais peut-être tout simplement ajouter, M. le
Président, que, dans le domaine de la santé, cette
tendance-là est déjà très marquée. On a
assisté, en particulier à l'Université de Montréal,
à une multiplication de contrats d'affiliation avec les hôpitaux
et il y a des tendances similaires qui existent au niveau de la faculté
de chirurgie dentaire, au niveau de la faculté de nursing et il y a
actuellement des projets qui amèneraient des situations similaires ou
analogues au niveau, par exemple, de la faculté d'aménagement. Ce
n'est pas impossible non plus, dans un avenir plus lointain, pour ce qui est de
la faculté de droit.
Je pense que c'est une orientation suivie par les universités
pour précisément permettre aux facultés professionnelles
de se prolonger dans le milieu et permettre aux étudiants, au moment
même où ils sont étudiants, une prise de contact quotidien
avec le milieu tel qu'il est.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M.CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'ai
écouté avec grand intérêt l'exposé du Conseil
des recteurs des universités. C'est un témoignage
extrêmement important qui est apporté devant la commission et qui
s'ajoute à celui des représentants des universités qui
sont venus à certains moments de nos travaux.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce a posé des questions
pertinentes qui auraient pu être posées par l'ancien ministre de
l'Education; j'avais l'impression d'entendre l'ancien ministre de l'Education
poser ces questions. J'espère qu'il fera le message au ministre actuel.
Il est dommage que le ministre actuel n'ait pas assisté à
certaines séances. J'imagine que ces trois ministres qui sont ici
sauront le sensibiliser à ce problème fondamental et que l'on
retrouve dans différents articles: 169 que j'ai mentionné
tantôt et 83 j). D'ailleurs, si le ministre n'est pas sensibilisé
à ce problème, il le sera par la force des choses, car la
situation est là, on vit avec et il faudra apporter des solutions. Je
pense que le code des professions peut aider drôlement. Ce qui m'a
frappé, M. Lacoste, dans ce que vous disiez tantôt, c'est cet
équilibre qu'il est nécessaire d'introduire entre le désir
des corporations professionnelles d'avoir une formation essentiellement
pratique, de sorte qu'ils aient en main des professionnels qui puissent aussi
être à la hauteur des responsabilités de leur profession,
et aussi l'aspect de la formation générale que vous avez
souligné. Aussi, je me suis demandé ceci en vous écoutant:
Est-ce que ce besoin que vous éprouvez de donner à vos
étudiants une formation générale ne proviendrait pas de la
transformation que l'on a vécue dans le domaine de l'éducation,
alors que la formation générale s'est déplacée
peut-être d'un niveau d'enseignement à un autre niveau? Du niveau
collégial d'autrefois au niveau universitaire maintenant? Est-ce que
c'est la même chose du côté anglophone? Est-ce qu'on ressent
les mêmes besoins que du côté francophone?
M. LACOSTE: II y a peut-être de cela, mais remarquez que, si l'on
compare, par exemple, aujourd'hui et autrefois, les facultés
professionnelles avant la réforme de la commission Parent étaient
divisées en deux. Il y avait celles qui ne prenaient que les
diplômés des collèges classiques et qui, du
côté francophone et du côté anglophone, prenaient des
gens qui avaient deux ou trois années de "Arts and Science", quelque
chose comme cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'était la
majorité?
M. LACOSTE: C'était la majorité, surtout des
facultés traditionnelles. Cependant, vous aviez des facultés
professionnelles fort importantes qui étaient dans une autre situation.
Par exemple, le génie, l'Ecole des hautes études commerciales, la
pharmacie, la médecine vétérinaire et d'autres que je
pourrais retrouver,
recevaient des diplômés de l'enseignement secondaire public
qui suivaient ces cours. Si vous considérez le degré de formation
générale au sens traditionnel du mot, au sens que vous l'avez
invoqué, le degré de formation générale des gens
qui arrivent dans les facultés professionnelles aujourd'hui, on peut
dire que c'est plus homogène. Est-ce qu'il y en a moins chez les
diplômés des CEGEP que dans les diplômés des anciens
collèges classiques? J'hésiterais à passer un jugement
parce que, malgré certaines apparences, certains préjugés
qu'on pouvait avoir à l'égard des CEGEP, il faut bien constater
que les résultats ne semblent pas mauvais. Mais je ne voudrais pas trop
généraliser. Une chose est certaine, c'est que le
diplômé de CEGEP a beaucoup plus de formation
générale que n'en avaient les diplômés de
l'enseignement secondaire public traditionnel. Donc, il y a à la fois
peut-être un peu moins ou autant dans certaines facultés et il y a
beaucoup plus dans d'autres facultés qui acceptaient les
étudiants après la onzième année auparavant.
J'avoue que ce que j'évoquais comme élargissement, comme
base plus ouverte des études, ce n'était pas seulement la
formation générale au sens traditionnel disons celle des
disciplines fondamentales, d'avoir fait un peu de lettres, sciences, et tout
je pensais plutôt aux ouvertures que doit avoir la formation
professionnelle d'aujourd'hui au niveau universitaire sur d'autres disciplines
qui ne sont pas simplement de formation générale, mais qui sont
connexes, apparentées.
Je pense, par exemple, aux relations de plus en plus étroites
entre le droit et certaines disciplines sociales. M. le doyen Durnford pourrait
parler de cela beaucoup mieux que moi.
Je crois que les relations entre la médecine et les diverses
sciences biologiques et la physique et, aujourd'hui, l'informatique sont
beaucoup plus étroites que tout ce qu'on a connu dans le passé.
Je pensais au besoin, pour la formation supérieure de l'étudiant,
c'est-à-dire sa formation proprement universitaire, non seulement de
l'asseoir sur une base de formation générale au sens traditionnel
du mot, mais de la situer dans un cadre où il y a ouverture sur d'autres
disciplines, parallèlement à sa formation de spécialiste
professionnel. C'est cela qui est un besoin, peut-être pas nouveau, mais
sur lequel on met beaucoup plus l'accent aujourd'hui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Que pensez-vous de la réflexion des
corporations professionnelles qui viennent devant la commission nous dire
qu'elles sont d'accord pour la formation la plus générale
possible et, tenant compte des objectifs que vous poursuivez dans ce que vous
venez de décrire, la connaissance aussi des professions connexes? On
sait, lorsqu'on décrit les champs de juridiction, combien cet aspect est
important. Qu'est-ce que vous pensez des représentations des
corporations professionnelles qui nous disent qu'il ne faudrait pas
négliger certains renseignements, certaines options qui ne devraient pas
être des options mais qui devraient être obligatoires, tel que
ç'a été dit hier?
M. LACOSTE: Je comprends très bien leur point de vue et, dans une
bonne mesure, nous le partageons. Il est sûr que si le corps
professionnel est responsable de la qualité de l'acte, il faut qu'il
s'assure d'un certain type de formation et nous admettons tout à fait
cette préoccupation. J'irais plus loin. Il faut bien admettre, parce que
les facultés universitaires, pas plus que les corps professionnels ne
sont sans péché, c'est entendu, qu'il a pu arriver que, dans
certains assouplissements ou dans certaines orientations de telle ou telle
formation professionnelle, on n'ait pas tenu assez compte de ce point de vue.
Mais je suis d'accord en principe sur cette préoccupation et il est
normal qu'un corps professionnel s'assure qu'un certain bagage de connaissances
habilite son candidat à exercer la profession.
Parfois, il y a une différence de conception dans l'enseignement
qu'il est assez important de souligner. Il arrive assez souvent, je dois le
dire, que dans certains milieux professionnels, on se fasse de l'enseignement
une conception très traditionnelle et qu'il y ait quelque chose d'un peu
encyclopédique. C'est-à-dire qu'on prend l'ensemble des
connaissances que doit avoir un praticien pour entrer sur le marché du
travail en 1972 et on dit que le programme doit avoir matériellement
couvert tout cela, pour que le bonhomme ait appris dans un certain nombre de
cours l'ensemble quantitatif des choses qu'il faut absolument connaître.
C'est la conception traditionnelle. On oublie assez souvent dans cela que ces
connaissances, d'abord, se démodent extrêmement vite et n'ont pas
toujours l'importance qu'on veut leur accorder. Et on oublie surtout que
l'objectif de l'enseignement moderne, tel qu'on le conçoit aujourd'hui,
ce n'est pas tellement de donner immédiatement un bagage
quantifié de connaissances bien caractéristiques, mais c'est
beaucoup plus d'apprendre à l'étudiant à apprendre. On
essaie de lui apprendre à apprendre, de lui donner une tournure d'esprit
qui favorise sa compréhension, son esprit de recherche autant que
possible, sa capacité de faire des relations entre les
différentes choses, de saisir les tendances, de faire des
synthèses, etc., et ceci le rend beaucoup plus adaptable, beaucoup plus
mobile, beaucoup plus capable d'assimiler les connaissances à mesure
qu'elles évolueront. Seulement, tout ne peut pas se faire en même
temps.
Le dernier objectif que je viens de décrire exige beaucoup plus
qu'une série de cours dans lesquels le professeur vient tout bonnement
débiter ce qui est connu dans sa profession à un certain moment,
pendant que l'étudiant prend ses notes et mémorise tout cela pour
un examen.
Cela suppose l'approfondissement d'un certain nombre de questions. Cela
suppose que
l'étudiant entre à fond dans quelques matières
qu'il va loin dans ce sens et qu'il acquiert, à partir de cela, les
éléments de formation qui lui permettront d'appliquer la
même discipline intellectuelle dans l'étude d'autres
problèmes. Or, ceci prend du temps et le temps qui est pris pour
l'approfondissement par les étudiants d'un certain nombre de questions,
fait qu'il en reste moins pour faire de l'encyclopédisme. Là, il
y a un malentendu entre certains corps professionnels et les
universités. On tient parfois à l'encyclopédisme. Nous,
nous disons c'est démodé; c'est décidément
démodé. Il faut consacrer le temps à des choses plus
créatrices que cela, plus dynamiques que cette façon d'apprendre.
Qu'il y ait un certain prix à payer pour cela, c'est vrai; on ne peut
pas avoir les avantages de tous les systèmes en même temps. Mais
je crois que n'importe quel spécialiste de l'enseignement
supérieur, de n'importe quel pays, actuellement, dirait que la tendance
de l'enseignement est vers cela et non pas vers l'accumulation d'un petit
bagage de connaissances qui, de toute façon, sera oublié en
partie au bout d'un an.
Alors, cette méprise joue un grand rôle dans les
difficultés actuelles entre les corps profes-sinnels et les
universités. On nous reproche de ne pas enseigner tout ce qui est
nécessaire; on oublie que nous essayons d'apprendre à
l'étudiant à apprendre, ce qui nous parait plus important. Mais,
ceci étant dit, il est bien entendu que les corps professionnels ont
raison de s'inquiéter de ce que certaines connaissances soient
là. C'est pour cela que nous devons dialoguer avec eux, selon des
modalités que j'ai invoquées tout à l'heure ou d'autres,
parce qu'il faut, je crois, équilibrer les deux tendances. Nos tendances
sont bonnes et leurs tendances ne sont pas mauvaises. Il s'agit de les faire
rencontrer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, il s'agit de trouver l'équilibre
dont vous parliez tantôt.
M. LACOSTE: C'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, plus vous mettrez l'accent sur la
formation générale et la connaissance des disciplines connexes,
dans le même mesure s'accroîtra l'importance de l'éducation
permanente et du recyclage?
M. LACOSTE: Oui, absolument. Parce que cela, c'est l'autre volet du
panneau. Si nous disons que ce qui est important, ce sont les choses que vous
venez d'invoquer, c'est en bonne partie parce que les connaissances se
démodant toujours, il faudra que le bonhomme vienne rechercher de
nouvelles connaissances à mesure et cela débouche sur toute la
question de l'éducation permanente.
M. CLOUTIER (Montmagny): A l'article 83 j), vous avez mentionné
que cela devrait jouer dans les deux sens, à 169 d) et e), que les
universités admettent et désirent même que les corporations
professionnelles aient une responsabilité dans l'élaboration et
dans l'approbation des programmes. Mais en ce qui concerne l'article 83 j)
particulièrement, est-ce que vous réclamez la même
priorité ou si la priorité serait laissée à
l'Office des professions et que vous auriez, du côté des
universités, droit de regard, la même chose que ce qui serait
consenti aux corporations professionnelles à 169 d) et e)?
M. LACOSTE: Nous avons l'impression que la meilleure formule serait
peut-être celle-ci, c'est que les professions devraient avoir le
rôle principal pour faire ressortir les besoins de ces formes
d'enseignement et identifier certains besoins particuliers. Elles devraient
avoir la responsabilité principale d'inciter et même de forcer
leurs membres à recourir à ces formes d'enseignement. Elles
doivent jouer un rôle particulièrement important dans les rapports
avec les universités pour la détermination des programmes et
peut-être encore plus que pour l'enseignement de base, parce que cet
enseignement permanent est près de la pratique, etc. Je crois que les
corporations sont particulièrement aptes à faire ressortir ce qui
est important. Donc, nous voyons un rôle prioritaire des professions dans
ce sens mais nous croyons que, pour la détermination des programmes
comme pour l'exécution des programmes, le rôle premier reste
à l'université et pour les mêmes raisons. C'est que c'est
de l'enseignement et l'enseignement est toujours le même au fond. Quant
aux programmes d'étude, ceux qui sont les plus aptes à les
équilibrer, à les adapter ou à les concevoir, ce sont ceux
dont c'est la vie de concevoir des programmes et d'enseigner.
La responsabilité pédagogique première pour nous
doit être à l'université. L'intervention du corps
professionnel doit être particulièrement importante.
M. CLOUTIER (Montmagny): Actuellement, est-ce que c'est la corporation
professionnelle qui prend l'initiative? Par exemple, nous voyons souvent les
facultés des sciences administratives organiser des stages
d'études, de formation postuniversitaire, donnés à des
administrateurs dans les industries ou dans la fonction publique. Est-ce que
c'est la corporation professionnelle elle-même qui procède
à tout ça, l'identification des besoins, l'établissement
des programmes, le recrutement des professeurs? Est-ce que l'université
a un mot à dire là-dedans?
M. LACOSTE: Là encore, je crois qu'il faut donner une
réponse extrêmement nuancée. La situation varie beaucoup
d'un cas à l'autre. Le dynamisme des facultés et le dynamisme des
corporations professionnelles varient. Il n'y a rien de systématique, de
général. On ne peut
pas dire que tel ou tel élément domine en
général. Je connais des cas où les universités ont
eu beaucoup à dire et je connais des cas où c'est le corps
professionnel qui a été le principal responsable. On est dans une
chose relativement nouvelle; ces formes d'enseignement, c'est encore plus
récent que le reste. Je ne pourrais pas vous donner une réponse
générale.
M. CLOUTIER (Montmagny): La meilleure façon de s'en tirer pour le
législateur serait de mettre des indications minimales et de laisser
à l'initiative et au dynamisme de chacune des corporations
professionnelles et de chacune des facultés universitaires le soin
d'aller plus loin que le minimum requis. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: J'aimerais revenir et toucher encore un point. Le Barreau nous
a dit hier que les universités dispensaient de l'enseignement optionnel
sur des points qu'il croyait absolument nécessaires à la
pratique. Est-ce que cela peut se produire dans plusieurs cas, si on peut
l'établir par pourcentage? Est-ce possible pour l'étudiant de
faire un retour et de reprendre les cours non dispensés?
M. LACOSTE: Peut-être que le doyen, M. Durnford, pourrait
répondre mieux que moi à ça.
M. DURNFORD: M. le Président, à mon avis, il ne faudrait
pas exagérer cette question des options. Vous comprenez qu'il y a eu
beaucoup d'échecs dans les examens du Barreau du mois d'août
dernier; comme ça, on a pensé que c'était peut-être
à cause des options, parce que les étudiants ne prenaient pas
suffisamment de matières de base et trop de cours d'option. Ainsi, ils
étaient mal préparés, d'après le Barreau, pour les
examens du Barreau. Moi, j'ai l'impression que les options sont bonnes en
partie, sont utiles. J'ai l'impression que la plupart des étudiants
suivent tous les cours de base essentiels et, en bonne partie, ils sont
obligés de le faire par la loi du Barreau et par les facultés. A
mon avis, il ne faudrait pas exagérer cela.
J'aimerais souligner quelque chose qu'a dit M. Lacoste, c'est que la loi
change tellement vite aujourd'hui. Bientôt, nous aurons un nouveau code
civil. Nous avons la Loi de la protection du consommateur, par exemple. Si nous
faisons apprendre aux étudiants toutes les lois actuelles par coeur pour
bien passer l'examen du Barreau, j'ai l'impression que nos avocats seront mal
formés. Parce qu'il faut former un avocat qui sait comment penser comme
avocat, comment faire une bonne analyse, etc., parce qu'à l'avenir, la
loi va changer vite. Alors, pourquoi lui faire mémoriser toute la loi
actuelle?
Moi, par exemple, je suis ancien praticien, j'ai exercé ma
profession pendant six ans et au début de ma carrière, comme
professeur à temps plein, j'ai tout enseigné. J'ai
enseigné le contrat de vente et j'essayais de tout couvrir dans cet
enseignement. J'ai vite appris que les étudiants oubliaient vite la
matière, parce qu'elle avait été couverte vite et qu'il y
avait tellement à couvrir. Maintenant, j'enseigne beaucoup moins et
j'enseigne à fond. A mon avis, c'est là un exemple pour tout
l'enseignement du droit. On ne peut pas tout couvrir. L'étudiant apprend
mal, il oublie vite. Je suis d'accord avec M. Lacoste. Peut-être y a-t-il
des exagérations sur le plan des options. A mon avis, elles sont bonnes;
en règle générale, c'est une bonne idée.
Est-ce que j'ai répondu à votre question?
M. PAUL: M. le Président, avec le consentement du
député de Dorchester, j'aurais une sous-question à poser
à M. Durnford. Je ne sais si vous étiez présent hier,
lorsque nous avons entendu le mémoire du Barreau.
M. DURNFORD: Oui.
M. PAUL: M. le bâtonnier Cinq-Mars a mentionné, entre
autres, qu'il y avait des matières obligatoires en vertu de la Loi du
Barreau qui n'avaient été qu'optionnelles dans certaines
universités. Est-ce que, à votre connaissance, cela s'est
effectivement produit?
M. DURNFORD: En partie, c'est peut-être vrai. Mais, j'ai bien
l'impression que même quand c'est optionnel, les étudiants sont
assez sages pour suivre ces cours.
M. SAINT-PIERRE: N'avez-vous pas l'impression pour prendre le cas
du Barreau que les résultats des examens des étudiants par
université, sur une période de 20 à 25 ans, avec un peu de
recul, ont provoqué à l'occasion peut-être dans certaines
universités des réformes importantes et des changements
importants, puisque l'examen du Barreau était peut-être le seul
mécanisme pour confirmer des problèmes sérieux?
M. DURNFORD: Je ne sais pas si j'ai tout à fait saisi votre
question, M. le ministre, mais il y a une chose que je dirais et vous me direz
après si j'ai bien répondu ou non. J'étais
étudiant, il y a 20 ans, dans deux des facultés et on nous
enseignait pour bien passer l'examen du Barreau. J'ai l'impression
qu'aujourd'hui l'enseignement est de beaucoup meilleur et je ne dis pas cela
seulement parce que je suis doyen d'une des facultés. J'ai l'impression
qu'il y a eu une forte amélioration dans l'enseignement et il y en a
d'autres qui sont d'accord avec moi. Voici un problème possible: il y a
l'enseignement universitaire et les examens universitaires; il y a le cours du
Barreau et, ensuite, les examens du
Barreau qui sont donnés par des avocats qui n'ont enseigné
ni dans des universités, ni dans le cours du Barreau. Alors, il n'y a
pas eu ce lien entre les programmes qui ont précédé
l'examen du Barreau. Comme l'enseignement est plus vaste maintenant et couvre
plus de matières, c'est facile de se rendre compte qu'on échoue
facilement aux examens.
M. SAINT-PIERRE: Si, une année donnée, les
étudiants d'une certaine université connaissent un taux
d'échecs beaucoup plus considérable que les étudiants des
autres universités peut-être que ma question s'adresse plus
à M. Lacoste est-ce que, au niveau de la direction de
l'université, il ne se déclenche pas un mécanisme pour
dire quelle est la raison pour laquelle seulement 20 p.c. des étudiants
ont passé, alors que la moyenne provinciale était 50 p.c? Est-ce
que l'expérience des 20 dernières années n'indique pas
qu'il y a eu quand même, dans certains cas, des bouleversements au niveau
du personnel enseignant, de la direction de la faculté?
M. LACOSTE: M. le ministre, appartenant à une université
où la moyenne n'est pas trop mauvaise à ce point de vue, on n'a
jamais eu à faire les bouleversements dont vous parlez. Cela a pu se
passer ailleurs. Je dirais que, quand il arrive des choses comme
l'hécatombe des derniers mois qui a donné lieu à tant
d'histoires au Barreau, il est bien sûr que nous nous inquiétons.
Nous ne pouvons tout de même pas dire que les facultés, par
exemple, ont raison et que le Barreau a tort et laisser aller les choses.
Après tout, c'est sur le dos des étudiants que cela se passe. Il
ne s'agit pas seulement de savoir qui a raison ou tort, il faut penser à
l'étudiant qui subit les conséquences. Alors, nous nous
interrogeons, bien sûr, mais nous ne pouvons pas, non plus, prendre comme
norme principale de l'enseignement universitaire en droit ou ailleurs, le seul
examen, l'examen d'un corps professionnel qui est extrêmement
traditionnel et qui ne correspond pas aux conceptions de l'enseignement
supérieur que j'ai essayé d'exposer tout à l'heure. Si
l'étudiant reçoit un enseignement qui va dans un certain sens
je ne suppose pas que cet enseignement est parfait, la question n'est
pas là, mais je crois qu'il n'est pas mauvais non plus qui a
évolué beaucoup depuis 10 ou 15 ans et je crois que nous
nous accordons pour dire que l'enseignement doit évoluer, que
l'enseignement traditionnel des facultés n'était pas ce qu'il y
avait de meilleur et qu'on le soumet ensuite à un examen qui,
lui, a fort peu évolué je ne dis pas qu'il n'a pas
évolué, mais qu'il a fort peu évolué et qui
est conçu seulement avec des formules d'il y a 10, 20 ou 30 ans et que
l'étudiant échoue, encore une fois, la victime c'est lui; et la
société en souffre. L'université ne peut pas conclure de
là, simplement, qu'elle a tort, que cet examen est le bon et qu'elle n'a
qu'à se faire dire par le corps professionnel: Préparez donc vos
étudiants pour qu'ils puissent passer notre examen et le progrès
est assuré.
Absolument pas! Parce qu'on peut aussi bien dire que c'est l'examen qui
n'est pas adapté, non seulement à l'enseignement que
l'étudiant a reçu, mais aux besoins réels de
l'étudiant. On peut soutenir que l'enseignement était
déficient. Nous avons l'impression, nous, sans prétendre avoir
raison sur toutes choses les universités ne prétendent pas
être parfaites d'être dans la bonne voie, d'une façon
générale pour les raisons particulières qu'a
exposées M. le doyen Durnford, tout à l'heure et que ce n'est ni
juste, ni heureux pour les étudiants de prendre comme norme de
l'enseignement universitaire moderne, un examen professionnel traditionnel
qu'à peu près tout le monde s'accorde à dire qu'il n'est
plus au point.
M. DURNFORD: M. le Président, est-ce que vous me permettez une
remarque à ce moment-ci? Je sais que le juge Guérin va faire une
enquête sur cela. Vous pouvez croire que nous allons faire des
représentations. Il y a aussi le fait que je n'ai pas de mandat des
autres doyens des facultés de droit du Québec, à ce
moment-ci, mais je vais citer l'exemple de la province d'Ontario où il y
a, je crois, une bonne solution. D'après la loi, dans la province
d'Ontario, le Barreau doit accepter la licence décernée par
l'université. Ensuite, il y a un cours d'entraînement
professionnel du Barreau, qui est solide, difficile et plus long que le cours
ici au Québec. Enfin, l'examen du Barreau porte sur le contenu du cours
d'entrafnement professionnel seulement. Ici, l'école du Barreau n'est
pas subventionnée par le gouvernement, contrairement aux facultés
de droit. A mon avis, si on améliorait le cours du Barreau en donnant
des subventions au Barreau et si on limitait l'examen du Barreau sur le contenu
de ce cours, on aurait peut-être une solution.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Je n'ai pas terminé mes questions. N'étant pas un
spécialiste, il semblerait que le Barreau exige un enseignement un peu
plus universel que l'université semble dispenser actuellement, est-ce
que je me trompe en pensant ainsi?
M. LACOSTE: Si vous me permettez, encyclopédique plutôt
qu'universel.
M. GUAY: C'est le mot que vous avez employé, mais j'ai
employé le mot universel. Lesquels, selon vous, de l'université
ou des professionnels, sont habilités ou compétents pour porter
un jugement sur l'évaluation des besoins? Parce qu'en fait le
professionnel devra exercer sa profession et qui est en mesure
d'évaluer, de la façon la plus adéquate possible, les
besoins existants?
M. LACOSTE: J'ai l'impression, M. le députe, que les deux sont
habilités et on ne peut pas dire le plus et le moins. Ce sont des points
de vue différents. Il est bien sûr que c'est le corps
professionnel qui doit le mieux connaître les besoins de l'exercice. Cela
est normal. Les besoins immédiats de l'exercice et les besoins de la
formation intellectuelle du praticien, ce sont deux choses différentes.
C'est l'université qui est le mieux à même de juger les
exigences de la formation intellectuelle, dans n'importe quel domaine. Comme il
y a deux points de vue à concilier, nous disons, plutôt que
s'enfermer dans ceci est à toi, ceci est à moi, qu'il faut que
les mécanismes soient tels, que les deux parties se rencontrent et
acceptent leurs points de vue complémentaires. Ce qui est justement
cette instance supérieure que la loi veut établir et qui existe
déjà à un autre point de vue, les mécanismes du
Conseil des universités et du ministère de l'Education. Qu'on y
joigne l'office des professions et, à ce niveau plus élevé
et plus général, les deux points de vue se rencontreront encore.
Je pense qu'on pourra trouver un équilibre dans le jugement
apporté sur ces besoins.
Que voulez-vous? La nature humaine est ce qu'elle est. Toujours les
corporations professionnelles vont tirer du côté pratique et
toujours les universités vont tirer du côté
académique. La rencontre des deux points de vue, je ne dis pas qu'elle
va se faire dans l'université seule, pas plus que de l'autre
côté seul, mais les mécanismes que la nouvelle loi veut
établir, à condition, croyons-nous, de les préciser dans
le sens que nous demandons, va donner, non pas une solution automatique, mais
la meilleure chance d'atténuer ces conflits. Je ne suis pas trop
naiï ou optimiste, je ne dis pas que ça va être le paradis,
mais c'est la meilleure chance d'atténuer les conflits qu'on
connaît.
M. GUAY: Devant un conflit dans l'évaluation de la
compétence comme celui qu'on a connu, qui a le pouvoir légal de
trancher ces questions?
M. LACOSTE: Actuellement, ça dépend des lois
professionnelles. Par exemple, la plupart des corps professionnels ont des
pouvoirs considérables qui leur permettent de trancher de la
façon suivante, c'est de ne pas admettre les candidats qui ne leur
conviennent pas. C'est le cas du Barreau, c'est le cas de la Chambre des
notaires, c'est le cas du Collège des médecins et d'autres
professions.
A l'autre extrême, j'évoquais tout à l'heure le cas
des ingénieurs; la Corporation des ingénieurs, cela nous a
été rappelé hier, est démunie de ce
pouvoir-là. Elle doit prendre les diplômés des
universités. La réponse générale à votre
question est que le corps professionnel a le dernier mot, non pas sur le
diplôme universitaire, mais sur la licence de pratique.
M. GUAY: Cela m'a été souligné à plusieurs
reprises, il semble également qu'il y ait un fossé qui se
créerait entre, soit les étudiants ou les finissants, ce qu'on
peut appeler les jeunes avocats et les avocats qui ont plusieurs années
de pratique. Est-ce que c'est également un cas..? Un fossé qui se
creuserait entre les jeunes avocats, les finissants et les avocats qui ont
plusieurs années d'expérience.
M. LACOSTE: J'ai l'impression qu'il y a plusieurs fossés qui se
creusent là et qui n'ont pas grand-chose à voir avec la formation
intellectuelle mais...
M. GUAY: Cela ne dépendrait pas de la formation?
M. LACOSTE: Je faisais peut-être un peu une boutade. Je pense
qu'il y a bien d'autres sources de pensées...
M. PAUL: ... Les jeunes sont rongés par la jalousie et la
compétence de leurs aînés.
M. LACOSTE: Disons qu'il y a plusieurs raisons. C'est le conflit des
générations qu'on trouve dans toutes les professions et dans
toute la société, je pense bien. Il y a de ça. Est-ce que
le sens de votre question est: Est-ce qu'on trouve la même chose dans
d'autres professions? Est-ce que c'est ça, M. le
député?
M. GUAY: Comparativement à d'autres professions.
M. LACOSTE: Je ne suis pas assez au courant, je ne sais pas. Le
Collège des médecins est ici, il pourrait peut-être
répondre pour les médecins tout à l'heure. Nous avons eu
l'impression que les deux corps qui ont comparu pour les avocats hier ont fait
ressortir des choses comme ça. Moi, j'ai l'impression que le conflit de
générations que vous retrouvez dans à peu près
toutes les professions comme dans les familles, dans l'université, entre
les professeurs d'un certain âge et les plus jeunes, c'est
général et ça dépasse de beaucoup le
problème de la formation et les problèmes universitaires.
M. GUAY: Vous avez également touché tantôt la
comparaison de l'élaboration des programmes, par exemple, du Barreau et
l'Ontario. Est-ce que c'est également possible de comparer avec d'autres
pays, d'autres coins du globe où les programmes seraient sensiblement
les mêmes ou tout à fait différents?
M. LACOSTE: Peut-être que M. le doyen sait comment ça se
passe en droit dans d'autres pays. Je vous avoue que moi je ne le sais pas.
M. DURNFORD: C'est extrêmement difficile pour moi de faire la
comparaison, M. le député. Vous parlez d'autres provinces ou
d'autres pays?
M. GUAY: Ce que vous voulez.
M. DURNFORD: Les problèmes sont tellement semblables. Je sais
qu'il y a le problème des examens du Barreau aux Etats-Unis où il
y a aussi beaucoup d'échecs par exemple. A Harvard, par exemple, il y a
des étudiants qui viennent des autres Etats américains, ils
suivent des cours de Harvard où la liste de sujets obligatoires est
beaucoup plus restreinte qu'ici au Québec et ensuite, il y a beaucoup
d'échecs quand ces étudiants retournent dans leurs états,
mais ils reprennent leurs examens, ils finissent par réussir.
Ce n'est pas un problème particulier au Québec, ce
problème des examens du Barreau.
M. LACOSTE: Si vous me permettez, je pourrais vous donner le cas de la
France, maintenant que ça me revient. En France, les corps
professionnels, à ma connaissance, n'ont absolument aucun rôle
à jouer dans les facultés de droit. Le Barreau ou la Chambre des
notaires en France, on dit l'Ordre des notaires là-bas, peu importe,
n'interviennent pas du tout, à ma connaissance, dans la
détermination des programmes de droit, et je doute, connaissant
l'économie générale de la vie universitaire
française, que les corps professionnels aient un rôle à
jouer là.
M. GUAY: J'aurais une dernière question d'ordre beaucoup plus
général. Le code des professions vise évidemment à
établir des champs de pratique pour chacune des professions.
Croyez-vous, étant donné que vous êtes dans l'enseignement,
ça vous connaît, que c'est possible d'éviter tout
chevauchement dans les professions, peu importe les professions, mais surtout
les professions d'ordre médical? Est-ce que c'est possible
d'éviter tout chevauchement par une loi?
M. LACOSTE : Je vous avoue que je suis très peu compétent
pour répondre à ceci. Vous débouchez sur le champ de
compétence des professions comme telles et, je le regrette, ma
réponse ne serait pas compétente.
M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. Lacoste, sur le même problème, est-ce que
vous pourriez me dire si, outre les médecins et la Chambre des notaires,
il y a d'autres professions qui ont ces mêmes pouvoirs en ce qui concerne
la pratique?
M. LACOSTE: Oui, nous avons parlé des avocats, des notaires, des
médecins. Vous avez les dentistes, qui ont des pouvoirs
équivalents, les pharmaciens aussi.
Je pense bien que les vétérinaires les ont. Le
Collège des vétérinaires est ici, il pourra
répondre. Je crois qu'il a gardé ses pouvoirs.
Encore une fois, à ma connaissance, il n'y a dans les professions
établies depuis longtemps que les ingénieurs qui ne l'ont
pas.
M. LESSARD: Dans les professions établies depuis longtemps,
d'accord, mais on ne remarque pas les mêmes pouvoirs dans des professions
qui sont nouvelles. Je m'interroge et je me demande si ce n'est pas un pouvoir
qui m'apparaît abusif pour une profession de pouvoir contrôler le
droit de pratique.
M. PAUL: Elle ne le contrôle pas.
M. LESSARD: Elle le contrôle.
M. PAUL: Mais non. Elle vérifie la capacité.
M. LESSARD: Elle contrôle.
M. LACOSTE: J'ai l'impression, M. le Président, que ...
M. PAUL: Ne voyez-vous pas trop de socialisme dans le contrôle des
corporations?
M. LESSARD: M. le Président, je regrette, mais si l'on accordait
ce pouvoir à toutes les professions, est-ce que ça ne poserait
pas un certain problème? Par exemple, chez les enseignants?
M. LACOSTE: Les enseignants constituent évidemment un cas
à part en ce sens que le service qu'ils sont appelés à
décerner est un service public un service étatique ou quasi
étatique. C'est une querelle que M. le ministre Saint-Pierre
connaît beaucoup mieux que moi entre, par exemple, la Corporation des
enseignants et les autorités publiques, à savoir si la
corporation doit jouer un rôle dans la certification des maîtres ou
si c'est le gouvernement seul qui doit le faire. Dans le cas des enseignants,
c'est l'extrême, n'est-ce pas? Les enseignants ne déterminent
aucunement par leur corporation la capacité d'enseigner, si je suis bien
renseigné, c'est seulement le gouvernement, par sa certification qui le
fait, alors que, dans les professions traditionnelles, c'est le Barreau, la
Chambre des notaires, etc., qui ont ce pouvoir-là. Je me permets de
faire remarquer que je ne suis plus dans le champ de compétence de la
Conférence des recteurs, n'est-ce pas, parce que vous parlez de
l'admission à la pratique comme telle, et la Conférence des
recteurs ne prétend pas se prononcer sur l'admission à la
pratique comme telle; elle ne se prononce que sur les conditions de formation
intellectuelle.
Maintenant, ceci étant dit, je parlais plutôt à
titre personnel, j'ai l'impression que l'admission à la pratique doit
relever surtout de la profession, je ne dis pas exclusivement, mais surtout de
la profession.
M. LESSARD: Est-ce que l'on va trouver une solution au sujet par
exemple, de ce fossé qui se fait entre d'un côté les
universités et de l'autre le Barreau?
M. LACOSTE: Nous croyons avoir proposé...
M. LESSARD: ... Ce que l'on a vu depuis quelque temps on ne l'a pas vu
encore chez les médecins et on ne l'a pas vu chez d'autres groupes, mais
on le voit particulièrement au Barreau.
M. LACOSTE: Est-ce parce que le Barreau s'exprime plus largement que
d'autres ou est-ce parce que le problème est plus grave là
qu'ailleurs? Je ne sais pas. Mais il me semble que notre mémoire et les
recommandations que nous faisons, les choses que j'ai essayé de dire
plus tôt essaient de proposer une formule. Nous ne nions pas le
problème. Nous ne disons pas qu'il suffit de donner raison aux
universités et que ça ira mieux. Ce n'est pas ça du tout.
Nous admettons les deux préoccupations. Il faut leur permettre de se
rencontrer et il n'y a rien qui permettra de résoudre magiquement les
tensions. Les tensions sont là pour rester pendant assez longtemps.
Elles sont inhérentes aux fonctions des deux types d'organisation. Ce ne
sont pas les mêmes fonctions, ce ne sont pas les mêmes gens qui
sont dedans, etc. Mais il me semble que les mécanismes de participation
à l'élaboration des programmes et de jonction au niveau de
l'approbation sont la meilleure chance que nous avons de réduire ces
tensions-là qui, encore une fois, je le répète, ne se font
ni sur le dos des universités, ni sur le dos des corporations
professionnelles, mais sur le dos des étudiants, et c'est cela qui est
injuste et c'est cela qui doit cesser.
M. LESSARD: Est-ce qu'il est vrai que les universités ont
refusé, justement, au Barreau ce pouvoir d'intervenir dans
l'élaboration des programmes?
M. LACOSTE: Si vous parlez du Barreau en particulier, je ne veux pas
parler au nom de la faculté de droit, M. Durnford est plus au courant
que moi. Il est doyen d'une faculté de droit, peut-être peut-il
répondre. S'il s'agit de l'ensemble des facultés, je dis que cela
a été variable d'une profession à l'autre. M.
Durnford.
M. DURNFORD: Voulez-vous répéter, s'il vous plaît?
Je n'ai pas saisi la question.
M. LESSARD: Est-ce qu'il est vrai, à la suite de ces
difficultés qui se sont présentées chez les
étudiants en droit qui sont sortis de l'université cette
année, que le Barreau n'a pu intervenir dans l'élaboration des
programmes de l'université ou des différentes
universités?
M. DURNFORD: Je m'excuse de vous avoir demandé de
répéter la question. Dans la Loi du Barreau, il y a une liste de
sujets obligatoires et on dit qu'il faut faire trois ans d'études. Par
la Loi du Barreau et par les règlements du Barreau, ce dernier a
certainement un degré de contrôle. Il n'y a pas de doute. On m'a
demandé, il y a quelques minutes, si je savais personnellement s'il y
avait des cours obligatoires qui n'étaient pas enseignés dans des
facultés, je ne sais pas si j'ai vraiment donné la bonne
réponse, parce que le règlement est vague. Le règlement
dit qu'il faut donner un enseignement substantiel du code civil, par exemple.
C'est une question d'opinion. Il y aurait beaucoup de personnes qui ne seraient
pas d'accord sur la réponse que j'ai donnée à savoir qu'il
y avait des cours obligatoires qui n'étaient pas donnés, parce
que chaque faculté enseigne le code civil. Mais s'il y a un chapitre au
code qui n'est pas tellement touché, est-ce que c'est un enseignement
obligatoire non donné? C'est une question d'opinion, à mon avis.
Mais il est vrai que le Barreau exerce un certain contrôle par le
truchement de ses règlements. Il y a là une liste de sujets
obligatoires.
M. LESSARD: Est-ce que tous les étudiants en droit doivent
nécessairement subir l'examen du Barreau?
M. LACOSTE: Non. Ce sont deux choses entièrement
différentes. L'étudiant en droit se présente à la
licence. C'est un diplôme universitaire qui ne lui donne aucun droit de
pratique. Le seul droit que cela lui donne est de se présenter aux cours
de l'école du Barreau et à l'examen du Barreau mais moyennant
inscription au Barreau et paiement de certains droits. C'est une tout autre
chose. Le corps professionnel prend l'étudiant quand il a sa licence et
il lui donne un certain enseignement pour lui faire passer un examen.
M. LESSARD: Le droit de pratique.
M. LACOSTE: Oui, mais avant de lui donner le droit de pratique et
c'est ce qui est propre au Barreau il lui donne un enseignement qui dure
à peu près un semestre. Cette année, cet enseignement
durera 20 semaines avec les derniers accommodements, mais il y aura un examen
donné par le Barreau. Cet enseignement est donc couronné par un
examen donné par le Barreau. C'était l'examen traditionnel
jusqu'à cette année, mais maintenant, il y aura six examens en
cours de route, c'est une question de modalité. Par la suite, le Barreau
lui donne le droit de pratique.
Mais n'oublions pas que l'étudiant en droit appartient à
au moins trois catégories. Vous avez ceux qui se destinent au Barreau.
Vous avez ceux qui se destinent à la Chambre des notaires et cette
dernière a le même pouvoir que le Barreau, mais elle l'exerce
différemment.
Elle s'en remet à l'université pour son enseignement
pratique et les contrôles. Ce sont les mêmes pouvoirs, mais
exercés autrement. Il y a une troisième catégorie qui ne
veut aller ni au Barreau, ni à la Chambre des notaires et qui sera
licenciée en droit et dont les candidats, par la suite,
désireront faire de l'administration ou n'importe quoi. Il faut
distinguer aussi encore là-dedans ceux qui, par exemple, en allant au
Barreau, veulent se destiner à pratiquer le droit et ceux qui veulent
aller au Barreau pour avoir le diplôme d'avocat et les avantages que cela
donne mais qui ne pratiqueront jamais. C'est cette variété qui
introduit dans les facultés de droit des tensions qu'on ne trouve pas
ailleurs. Si vous prenez la faculté de chirurgie dentaire, il n'y a pas
beaucoup de gens qui font de la chirurgie dentaire sans le désir de
pratiquer la chirurgie dentaire, c'est assez rare. Mais, à l'autre
extrême, vous avez la faculté de droit qui a tout cet
éventail. Peut-être que la solution de l'avenir est d'avoir plus
qu'une licence en droit. Il pourrait y avoir éventuellement une licence
en droit professionnel, une licence en droit général et
peut-être que, de cette façon, on conciliera le tout. Je ne le
sais pas.
M. LESSARD : Si je vous posais cette question, c'est parce...
M. LE PRESIDENT: Je ne veux pas arrêter les discussions, mais
toutes les questions regardant le Barreau et les avocats seront soumises au
juge Guérin pour une petite enquête. Je pense que nous avons assez
couvert le sujet, je crois que nous avons dépassé le temps
alloué de 20 minutes. C'est très intéressant, mais ce
sujet sera soumis au juge Guy Guérin et nous aurons le rapport.
M. LESSARD: M. le Président, comme législateurs, je crois
que nous avons quand même l'obligation de nous informer sur ces
problèmes.
M. LE PRESIDENT: C'est pour notre bénéfice que cette
enquête sera faite. Le ministre de la Justice a dit que nous recevrons ce
rapport.
M. PAUL: II y a un autre point aussi. On sait que l'honorable
député de Saguenay est arrivé à 11 heures moins 20
alors que nous avions déjà eu le privilège d'entendre M.
Lacoste et ses conseillers pendant près de 40 minutes.
Beaucoup de questions ont été couvertes par les gens qui
nous intéressent, par la qualité de leur mémoire, alors ce
n'est pas surprenant que, quand on arrive la messe commencée, on n'ait
pas assisté à l'introit.
M. LE PRESIDENT: Je crois que le député de l'Assomption a
des questions.
M. PERREAULT: Vous avez émis le désir d'amorcer une
correction et d'avoir de plus en plus de praticiens qui viendraient se joindre
aux professeurs de carrière. Est-ce que l'apport des praticiens dans
l'enseignement n'a pas diminué beaucoup depuis 20 ans?
M. LACOSTE: Oui. Il a diminué beaucoup. Il y a 20 ans, dans les
facultés professionnelles, surtout du côté francophone, il
y avait très peu de professeurs de carrière. Pour prendre un
exemple très clair, à la faculté de droit de
l'Université de Montréal, le premier professeur de
carrière a été Me Maximilien Caron nommé en 1944,
cela fait 28 ans. Avant cela, il y avait seulement des praticiens. McGill a des
professeurs de carrière depuis plus longtemps mais ils n'étaient
pas tellement nombreux. Dans d'autres facultés, la médecine, par
exemple, a eu des professeurs de carrière beaucoup plus tôt mais
pas en très grand nombre. Donc, pour répondre à votre
question, c'est très certain qu'on est passé d'une grande
prédominance de professeurs à la leçon et
c'étaient non seulement des praticiens mais des professeurs à la
leçon, ils ne se consacraient pas à l'enseignement plus que
quelques heures, parfois par année, parfois par semaine vers une
prédominance de professeurs de carrière. Cela est
inévitable et ce n'est pas cela qui est malsain. Ce n'est pas cette
tendance-là qui va être renversée, parce que l'enseignement
professionnel est une vocation en soi, c'est une fonction en soi. Et la
carrière de professeur d'université est valable et
nécessaire aussi bien dans l'enseignement professionnel que dans tous
les autres domaines. Ce dont il s'agit, c'est d'un complément.
Maintenant, l'apport des praticiens dans certaines disciplines est devenu trop
faible, à mon sens, en tout cas c'est une opinion peut-être
un peu personnelle l'apport est devenu trop restreint. Nous aurions
intérêt à accroître l'apport des praticiens, mais il
n'est pas question de revenir à une prédominance des praticiens,
cela est impossible. L'idéal serait de pouvoir recruter plusieurs
praticiens distingués qui deviendraient professeurs de carrière.
Cela serait l'idéal, mais ce n'est pas facile.
M. PERREAULT: Vous avez mentionné qu'il existait un esprit
très différent entre des professeurs de carrière et les
professionnels. Est-ce que cela n'a pas conduit à l'enseignement qui a
été donné, soit un enseignement un peu trop livresque, qui
ne répond pas aux besoins des professions et qui a conduit un peu les
universités à planer dans les nuages et à faire le clivage
entre les professeurs de carrière et les professionnels.
M. LACOSTE: Peut-être que certains ont plané trop
près des nuages, que d'autres ont volé trop près de la
terre et que la vérité serait entre les deux. Je pense, encore
une fois, qu'il faut distinguer entre les besoins d'une profession et la
connaissance immédiate d'un certain nombre de choses dont le bonhomme
peut avoir besoin demain, mais qu'il peut aller
chercher s'il sait lire son code civil ou s'il sait lire ses lois. Ce
n'est pas la même chose.
Je ne nie pas que certains aient eu une approche trop abstraite des
problèmes de l'enseignement professionnel, je ne nie pas cela, mais cela
ne peut pas être généralisé. Mais il est très
certain que d'autres, du côté professionnel, se font une
conception trop immédiatement utilitaire et que cela est incompatible
avec toutes les tendances, dans le monde entier, de l'enseignement
professionnel.
M. DURNFORD: M. le Président, si vous me permettez une remarque
additionnelle sur cela, à l'université McGill, dans notre
faculté de droit, nous avons seulement 20 professeurs de carrière
mais nous avons 500 étudiants. Alors il fut essentiel, cette
année, de doubler le nombre de nos praticiens qui enseignent. Nous en
avons au-delà de 30 maintenant.
Alors, je reçois toutes sortes de réactions et, assez
souvent, cela pourrait vous surprendre, c'est le praticien qui, arrivant dans
une salle de classe, devient encore plus théorique que le professeur de
carrière. Il y a aussi le fait qu'il y a un manque d'expérience
dans l'enseignement et, assez souvent, les praticiens n'ont pas le temps de
bien préparer leur cours. Alors, je ne veux pas dire que notre
expérience n'est pas satisfaisante, pas du tout. Nous avons beaucoup de
succès avec nos praticiens qui enseignent à temps partiel, mais
ce n'est pas la seule solution.
M. PERREAULT: Une des solutions pourrait être de baigner vos
professeurs de carrière dans la pratique, de temps en temps.
M. DURNFORD: II y a là aussi un grand problème parce que
c'est difficile de faire un peu de pratique parce que, si on fait un peu de
pratique, les clients viennent et exigent encore du travail dans la pratique.
Après ça, le professeur n'est plus là pour voir ses
étudiants. Il gagne des honoraires; cela lui plaît. C'est
très difficile et nous sommes très peu nombreux, à McGill,
par exemple. Il y a des professeurs qui font des travaux de toutes sortes
à l'extérieur et c'est bon pour le professeur. Mais s'il en fait
trop, il n'est pas là pour écrire les livres, il n'est pas
là pour voir ses étudiants.
M. PERREAULT: Vous répondez pour le Barreau, mais moi je parlais
pour l'ensemble des professions.
M. DURNFORD: Je laisse ça à M. Lacoste.
M. LACOSTE: Pour l'ensemble des professions, vous avez une situation qui
n'est pas du tout la même. Si vous prenez le cas de la médecine,
vous avez trois catégories de professeurs de médecine. Vous avez
des professeurs fondamentalistes qui sont toujours à
l'université, qui enseignent la physiologie, la biochimie, l'anatomie,
toutes ces choses. Ils sont assez éloignés
généralement de la pratique et n'ont pas à en être
près en général. Vous avez aussi des professeurs que l'on
dit à temps plein géographique. Ici, il y a une petite
contradiction dans les termes puisqu'on dit temps plein, mais c'est entendu
qu'ils ne consacrent pas tout leur temps à l'enseignement et à la
recherche. C'est entendu. Ce n'est pas de l'ironie; cela fait partie de leur
contrat. Il leur reste une certaine marge, une certaine portion de leur temps
pour la pratique. Cela correspond à votre préoccupation, n'est-ce
pas? Ils ont tant pour cent et c'est de beaucoup la meilleure part, en
principe, réservée à leur enseignement et un certain
pourcentage réservé à la pratique et la jonction se fait.
Vous avez la troisième catégorie qui sont des professeurs de
clinique. Ce sont des praticiens, essentiellement, qui consacrent presque tout
leur temps à la pratique mais ils donnent aussi un certain enseignement
à temps très partiel. Vous avez là tout l'éventail
et, théoriquement, la jonction se fait bien. Pratiquement, je crois que
le Collège des médecins, les hôpitaux et les
universités auraient fort à dire. Théoriquement, cela se
présente comme ça.
Si vous prenez les dentistes, nous avons là encore presque trois
sortes de professeurs. Vous avez des professeurs qui sont toujours dans la
faculté. Vous avez les professeurs, du moins à
l'Université de Montréal, qui exercent aussi un peu à la
clinique d'art dentaire qui est rattachée à l'Université
de Montréal. Donc, ce sont essentiellement des professeurs mais ils font
un peu de pratique comme votre préoccupation semble l'indiquer. Puis
nous avons des praticiens qui viennent à la leçon; donc un
éventail assez complet. On pourrait multiplier comme ça les
cas.Vous avez dans des facultés, dans le génie par exemple, des
professeurs de carrière qui ne sortent jamais de l'école. Vous en
avez d'autres qui sont des professeurs de carrière et qui font non
seulement de la recherche mais de l'expertise. Ils sont utilisés par
l'entreprise, par l'industrie, par les pouvoirs publics pour faire de
l'expertise, ce qui est quand même une certaine forme de pratique. Vous
avez aux hautes études commerciales la même chose. Des professeurs
qui sont toujours là et qui débouchent peu sur l'extérieur
et d'autres qui ont des expertises, des commandites, des travaux de toutes
sortes pour l'extérieur, privé ou public, et qui
débouchent, de cette façon, sur la pratique.
Je pourrais aller d'une faculté à l'autre et on trouverait
qu'il y a des situations qui varient énormément. Comme disait M.
le doyen, autant c'est épatant qu'un professeur de faculté
professionnel fasse un peu de pratique, autant il y a risque qu'il soit
happé par la pratique, que la pratique mange le temps de l'enseignement
et qu'il cesse d'être un vrai professeur.
M. PERREAULT: Nous avons eu devant nous vous avez parlé
qu'il y avait deux
extrêmes le Barreau et les ingénieurs; ceux-ci sont
obligés d'accepter la corporation par la loi, les diplômés
universitaires mais ils se sont quand même plaints des universités
dans le même degré hier en disant que certains cours de base qui
étaient absolument nécessaires étaient optionnels. Je
pense que c'est un laisser-aller de l'université.
M. LACOSTE: Je suis d'accord sur ça. C'est que la Corporation des
ingénieurs est un peu démunie et que la formule que nous
proposons ferait une place bien meilleure à la Corporation des
ingénieurs dans l'élaboration des programmes que ce qu'elle a
maintenant.
M. PERREAULT: Vous avez dit tout à l'heure que l'orientation des
universités d'aujourd'hui est d'apprendre aux étudiants à
apprendre. Ne croyez-vous pas aussi qu'il faudrait leur apprendre qu'ils ne
sont pas prêts à répondre aux besoins immédiats de
la société? Les besoins professionnels. Il faudrait aussi qu'ils
le sachent.
M. LACOSTE: Je pense, M. le ministre, qu'on le leur dit et ils le
savent...
M. PAUL: Je vous remercie. Justement nous croyons que l'honorable
député de l'Assomption va être nommé ministre
bientôt et vous venez de l'appeler, M. le ministre.
M. LACOSTE: Je me suis aperçu qu'en général il vaut
toujours mieux donner le titre le plus élevé. On risque moins de
se tromper.
L'étudiant est jeune; il peut bien avoir dans certains cas des
illusions. Mais ce n'est pas nous, ce ne sont pas les universités qui
lui font croire qu'il est prêt à exercer immédiatement.
M. PERREAULT: Pendant 22 ans, j'ai eu charge d'ingénieurs
à l'Hydro-Québec, environ 50 ou 60 presque toujours. J'ai pu
constater que l'étudiant se croyait prêt à répondre
aux besoins immédiats de la profession et il ne peut y répondre.
Malheureusement, on ne lui dit pas.
M. LACOSTE: Je crois qu'on devrait peut-être lui dire des choses
qu'on ne lui dit pas suffisamment. Mais je pense que ce n'est pas le seul
domaine où les gens, si vous voulez, se font une assez haute opinion de
leur compétence au départ et la vie se charge de les ramener
à la réalité.
M. PERREAULT: Une autre question. Ne croyez-vous pas que vous devez, les
universités, répondre aussi aux besoins professionnels de la
société et de façon pas trop lointaine?
M. LACOSTE: Nous en sommes convaincus et tellement que nous disons qu'il
faut cesser d'avoir les universités d'un côté et les corps
professionnels de l'autre et que nous déplorons les cas où les
malentendus vont au-delà de ce qui est inévitable. Puis, nous
proposons des mécanismes pour que les deux se rencontrent encore une
fois et qu'il y ait des instances supérieures qui, au besoin, fassent,
non pas l'arbitrage, mais la synthèse des deux points de vue. C'est
là que nous voyons le Conseil des universités et le
ministère de l'Education rencontrant l'Office des professions. J'ai
pleine confiance que pas mal de conflits peuvent se résorber.
M. PERREAULT: M. le doyen, tout à l'heure, a parlé de
l'Ontario et je me sers de l'exemple du Barreau qui peut s'appliquer à
d'autres professions. Il a parlé d'un local du Barreau qui n'est pas
subventionné ici et qui l'est en Ontario. Je suggérerais
peut-être qu'il devrait être subventionné mais, si les
études faites par les étudiants à l'université ne
sont pas complètes et qu'il en faut d'autres, ne serait-il pas plus
utile d'allonger le cours et de donner ces études plutôt que faire
un cours spécial après?
M. LACOSTE: M. le député, c'est exactement ce que la
Chambre des notaires fait. La Chambre des notaires, qui prend des
licenciés en droit elle aussi, fait donner par une université,
ou, plus exactement, demande à l'université de donner
l'enseignement pratique complémentaire à ces gens. Le
résultat est double: l'enseignement est subventionné par le
ministère, puisque c'est un enseignement régulier, et est
couronné par un diplôme universitaire, ce qui n'est pas
désagréable à recevoir. Mais au Barreau, l'enseignement
n'est pas subventionné et il n'y a pas de diplôme universitaire
qui le couronne. Je pense que les perdants sont les étudiants.
M. PERREAULT: Une autre question. On semble se diriger vers l'annulation
des examens des corps professionnels. Admettez-vous leur participation à
la vérification des résultats des études
universitaires?
M. LACOSTE: Oui. Si les corps professionnels sont démunis de tout
pouvoir de ce côté, j'admettrais, pour ma part ce n'est pas
unanime dans les milieux universitaires qu'il se fasse là aussi
une jonction pour l'évaluation et il y a des mécanismes
très souples qui ont été adoptés d'une
faculté à l'autre. On trouve des cas de présence du corps
professionnel au comité d'examinateurs; toutes sortes de truchements ont
été trouvés pour que l'étudiant n'ait pas à
passer deux fois des examens, mais seulement une seule fois. Le même
examen suffit pour les deux, chacun jouant son rôle et, là encore,
je le répète, puisqu'il s'agit d'une sanction de connaissances,
le rôle premier est à l'université.
On sanctionne des connaissances mais il y a place pour, je crois,
l'introduction du point de vue professionnel dans cette sanction.
M. PERREAULT: Dernière question. Je voudrais parler de l'article
83 j). Vous avez mentionné que, dans les stages de formation continue ou
de recyclage, de mise à jour des connaissances, que le rôle
premier revenait aux universités dans les programmes; vous avez
mentionné que les corps professionnels pouvaient identifier les besoins.
Mais même si le rôle premier est aux universités, ne
croyez-vous pas qu'il doit y avoir contrôle dans le contenu des cours et
des programmes par les corps professionnels, de ces cours de recyclage et de
mise à jour?
M. LACOSTE: Voyez-vous, contrôle, je ne sais pas. Je dirais
participation à l'élaboration du programme et participation
à des formes de contrôle. Pour ma part, je n'y répugne pas
mais je vous avoue que ce n'est pas unanime.
Vous avez beaucoup d'universitaires qui vont dire non, ils ne veulent
pas ça. Les opinions sont partagées là-dessus, mais je ne
crois pas que le contrôle doive revenir au corps professionnel. Le
contrôle, puisque c'est un contrôle de connaissances, encore une
fois, revient à l'université. Il peut y avoir participation du
corps professionnel.
M. PERREAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lacoste, ç'a été un
plaisir de vous entendre; même si vous avez dépassé votre
temps, je pense que votre représentation est peut-être la base de
toutes les auditions qui ont eu lieu ici. C'est pour cela que je vous ai
donné plus de temps pour votre exposé et les questions.
M. LACOSTE: Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Nous entendrons maintenant le Collège des
médecins vétérinaires de la province de Québec.
Collège des médecins
vétérinaires de la province de Québec
M. BOURASSA (Marcel): M. le Président, il y a une correction
à apporter ici, c'est le Dr Conrad L'Ecuyer, à ma droite, qui est
le président du comité des statuts et règlements du
collège, qui présentera le rapport. Le Dr L'Ecuyer est
accompagné du Dr André Saucier, président du
Collège des médecins vétérinaires.
M. LE PRESIDENT: Le Dr L'Ecuyer.
M. L'ECUYER: M. le Président, MM. les membres de la commission,
nous voulons d'abord vous remercier de l'occasion qui nous est offerte de
présenter notre mémoire et de répondre aux questions qui
pourraient venir.
Sur réception du bill 257, nous avons été, je
l'avoue, quelque peu surpris d'y retrouver en grande partie les articles et les
principes qui existaient dans notre ancienne loi, soit le chapitre 259 (1964),
et ceci surtout, parce que nous avions en main, à ce moment, les
positions du gouvernement dans le bill 250. En 1966-1967, nous avions entrepris
une révision à fond de notre loi, ce qui a amené en 1968
la présentation à notre assemblée générale
de deux projets, un sur la loi et un autre sur nos règlements. Les deux
projets ont été d'ailleurs approuvés par
l'assemblée générale de nos membres.
Si je me réfère aux bills 257 et 250, ces deux projets
cadraient très bien, à plusieurs points de vue, avec les clauses
du bill 250. Donc, pour arriver aux faits concrets, notre mémoire vise
donc à faire correspondre le bill 257, tel que nous l'avons reçu,
à notre projet d'amendement, tout en tenant compte du bill 250.
Je voudrais, ce matin, commenter les points saillants de notre
mémoire pour ouvrir la discussion sur le sujet. Notre mémoire
propose sur la Loi des médecins vétérinaires des
changements aux définitions des mots "médicament" et "animal". Ce
ne sont pas des changements mais de nouvelles définitions. Pour en
expliquer brièvement les raisons, nous avons voulu avoir une
définition du mot "médicament", parce que nous voulions
établir clairement ce dont il s'agit, à cause des
difficultés encourues dans le passé, alors que nous voulions
enrayer le trafic de médicaments qui se fait dans nos campagnes.
Nous nous sommes trouvés dans l'impossibilité de faire
cela, quand nous avons intenté des poursuites, nous avons eu des
problèmes avec cette question de médicaments. La deuxième
question que je voudrais mentionner, c'est le mode d'élection du bureau.
Nous voulons notre mode d'élection plus démocratique, nous
voulons une représentation régionale telle qu'elle est
prévue dans le bill 250 et une rotation au bureau des gouverneurs
plutôt que le système actuel, qui peut nous amener, tous les deux
ans, à un changement complet dans notre bureau. Donc, c'est toujours
à recommencer à tous les deux ans ou ça peut
l'être.
Nous proposons également la formation d'un comité
administratif; malgré que notre corporation ne soit pas très
nombreuse, nous suggérons quand même un comité
administratif, parce que nous nous rendons compte que, si nous voulons avoir
une représentation régionale, ça pose des
difficultés très grandes pour nos membres praticiens d'assister
à des réunions du bureau, réunions qui doivent
nécessairement avoir lieu une fois par mois ou peut-être, dans
certains cas, plus souvent.
Quatrièmement, nous demandons un changement à la
définition de l'exercice de la médecine
vétérinaire, évidemment un facteur primordial dans notre
loi, définition à laquelle nous donnons beaucoup d'importance.
Nous pourrons revenir tantôt là-dessus, si vous avez des questions
sur le sujet.
Nous demandons également la permission de
tenir des médicaments et des appareils. Notre situation, en
pratique de la médecine vétérinaire, nous oblige à
tenir des médicaments. Nous sommes dans une situation un peu
spéciale parce que nous n'avons pas, sur une base régionale, des
pharmacies vétérinaires et le médecin
vétérinaire, malgré que ce ne soit pas sa vraie fonction,
est quand même obligé de fournir des médicaments à
sa clientèle.
Au sujet de la question des appareils, j'avoue, M. le Président,
qu'elle a été incluse à cause d'une prévision du
bill 250 qui excluait les médecins vétérinaires de
l'utilisation des appareils de radiographie. Cette correction a
été faite; alors, je ne vais pas plus loin là-dessus.
Sixièmement, nous demandons le droit d'exiger un examen pour la
réadmission à la pratique. Nous avons eu quelques
expériences avec des individus qui avaient quitté la pratique de
la médecine vétérinaire pour une raison ou pour une autre
et qui nous revenaient. Notre loi nous obligeait à peu près
à les réaccepter sans examen, malgré qu'ils eussent
été, pendant plusieurs années, éloignés de
la médecine vétérinaire.
Nous voulons également, avec l'aide du bill 250 je ne veux
pas dire forcer obliger nos membres à se recycler, à se
tenir à la page. Nous en avons parlé assez longuement
tantôt. Nous croyons que, de ce fait, si nous obligeons nos membres
actifs à se recycler continuellement, le vétérinaire qui a
quitté la profession et qui revient devra nous prouver qu'il s'est
également tenu à la page durant son absence.
Finalement, M. le Président, nous demandons que la reconnaissance
du diplôme et de toute école vétérinaire reconnue se
fasse, bien sûr, par le lieutenant-gouverneur en conseil et qu'elle soit
faite sur recommandation du bureau. Parce que nous croyons et nous le
croyons par expérience, nous avons des difficultés à
déterminer la valeur des diverses écoles
vétérinaires à travers le monde que c'est seulement
le vétérinaire et les groupements vétérinaires
eux-mêmes qui sont compétents pour juger cette chose, de par leurs
expériences personnelles et les contacts qu'ils peuvent avoir avec des
associations soeurs au Canada et même en dehors du pays.
Quant au bill 250, M. le Président, nos représentations
ont été faites au Conseil interprofessionnel du Québec.
Nous avons, par notre représentant, participé à la
préparation du mémoire du CIQ et nous ne comptons pas revenir sur
le sujet ici ce matin, à moins que vous ayez des questions à nous
poser. Merci beaucoup, M. le Président et MM. les membres de la
commission.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le député de Yamaska.
M. FAUCHER: J'aimerais poser quelques questions. J'aimerais
connaître le nombre de médecins vétérinaires
actuellement dans la province de Québec et faire le partage, si
possible.
M. L'ECUYER: M. le secrétaire pourra me corriger; je crois que
nous sommes environ 610 vétérinaires actifs dans la province.
J'ajouterais que tous les vétérinaires actifs dans les fonctions
publiques, même fédérale, sont également membres de
notre corporation.
M. FAUCHER: Est-ce que vous prévoyez un bon nombre de
vétérinaires pour répondre aux besoins actuels?
M. L'ECUYER: J'offrirais une opinion; mes deux collègues pourront
ajouter quelque chose s'ils le veulent. Il semble bien que nous sommes en
pénurie de médecins vétérinaires à l'heure
actuelle; la gravité de la pénurie est difficile à
établir, évidemment. Chose certaine, M. le Président, tous
nos diplômés se placent facilement avec l'augmentation, dans les
diverses pratiques, des grands animaux, donc des animaux de la ferme, des
animaux de plaisance également, la pratique équine et le
reste.
Nos vétérinaires se placent très facilement. On se
rend également compte que la fonction publique a des postes vacants pour
vétérinaires.
Nous n'avons pas comblé les exigences encore.
M. FAUCHER : Quelles sont les exigences pour admettre un étudiant
à la faculté de médecine vétérinaire?
M. L'ECUYER : II faudrait que je parle de cela à la
faculté; je sais que la faculté exige le CEGEP III avec options
biologie et sciences. Je crois que j'ai raison. Quant à la Corporation
des médecins vétérinaires, notre loi, telle qu'elle est
rédigée à l'heure actuelle, nous oblige à revoir
les dossiers et à émettre un certificat de compétence ou
d'admission. Mais pour la pratique, nous nous sommes à peu près
retirés de ce domaine-là et nous l'avons cédé
à la faculté de médecine vétérinaire.
M. FAUCHER : Quand un étranger demande pour venir pratiquer la
médecine vétérinaire, par exemple, dans le Québec,
est-ce qu'il doit d'abord subir un examen de l'Association canadienne des
médecins vétérinaires, et ensuite un autre examen du
Collège des médecins vétérinaires du
Québec?
M. L'ECUYER: Bien, je répondrai en deux temps, si vous le
permettez. Le seul examen légal que l'on peut exiger d'un
vétérinaire étranger pour pratiquer au Québec,
c'est celui qui est donné par la Corporation des médecins
vétérinaires, par le collège, comme on l'appelle encore
à l'heure actuelle. Il reste que par une décision du bureau
pour aider le bureau des examinateurs du collège à filtrer
le grand nombre de demandes, peut-être pas au Québec, mais
à travers le pays, il y a énormément de demandes venant de
vétérinaires étrangers nous exigeons que les
vétérinaires étrangers soumettent leur dossier à
l'Association cana-
dienne des vétérinaires, ce qu'on appelle le Bureau
national des examinateurs, bureau qui, de par son expérience, a eu
beaucoup de contacts avec les diplômés de diverses écoles,
surtout des écoles du Moyen-Orient, non pas de l'Europe de l'Ouest, mais
des écoles qui ne sont pas européennes.
Cette expérience serait difficile pour nous, une petite
corporation, à acquérir et nous déléguons, à
quelques exceptions près, à l'Association canadienne des
vétérinaires, ce premier filtrage. Et si, d'après son
expérience, l'Association canadienne des vétérinaires
accepte le diplômé étranger, que ce dernier passe ou non
l'examen du Bureau national des examinateurs, à ce moment-là, il
doit subir l'examen du Collège des médecins
vétérinaires du Québec de toute façon. J'ajouterai
que nous faisons, dans certains cas, des exceptions pour des
diplômés, par exemple, qui sont venus se recycler à l'Ecole
de médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe je
devrais dire la faculté de médecine vétérinaire
à Saint-Hyacinthe pour ces cas-là, nous considérons
que la faculté ayant accepté ces diplômés, les ayant
recyclés, nous ne leur avons pas toujours demandé de passer au
Bureau national des examinateurs.
M. FAUCHER : Est-ce que les médecins vétérinaires
diplômés du Québec doivent passer un examen spécial
pour aller pratiquer en Ontario ou dans une autre province?
M. L'ECUYER: Oui. Toutes les provinces demandent un examen plus ou moins
élaboré. Déjà, certaines provinces s'en remettaient
automatiquement à l'Association canadienne des médecins
vétérinaires qui donnait un certificat à nos
diplômés qui pouvaient être acceptés sans examen dans
certaines provinces, où il y avait évidemment pénurie de
vétérinaires. Je crois, et je pourrais être dans l'erreur
pour une province, que toutes les provinces examinent les
vétérinaires, qu'ils viennent de l'étranger avec un
certificat de l'association nationale ou qu'ils soient diplômés
des trois écoles vétérinaires canadiennes.
M. FAUCHER: Supposons un étranger qui se présente à
l'Association canadienne des médecins vétérinaires et qui
échoue la première fois, est-ce qu'il a droit à une
reprise, et combien de fois, au niveau national?
M. L'ECUYER: La situation, M. le Président, est celle-ci. Selon
son expérience, l'Association canadienne s'est rendu compte que les
diplômés de certaines écoles étrangères
échouent régulièrement, je dirais même
misérablement.
On exige de ces diplômés, avant de leur permettre de se
présenter à l'examen du bureau national, un recyclage dans une
école reconnue qui peut être canadienne, américaine ou
même européenne. Les diplômés étrangers
d'écoles reconnues donc, d'écoles qui ont été
visitées par l'association nationale, ou d'écoles dont les
diplômés ont eu de bonnes expériences au Bureau national
des examinateurs, donc, où la proportion des échecs n'a pas
été anormale, ces diplômés sont acceptés pour
l'examen national automatiquement. De par un arrangement un peu spécial,
de par la reconnaissance d'un diplôme qu'on appelle le MRCVS je
peux traduire, c'est le membre du Collège royal des
vétérinaires, c'est une traduction très libérale
l'association canadienne reconnaît ce diplôme du fait
qu'elle connaît les écoles qui le décernent. On sait
très bien ce que veut dire le MRCVS.
A l'heure actuelle, il y a trois paliers. Il y a ceux qui doivent se
recycler automatiquement, ceux qui peuvent accéder à l'examen.
J'ouvre une parenthèse. Vous m'aviez demandé combien de fois un
candidat pouvait se représenter. En principe, un
vétérinaire d'une école reconnue qui échoue deux
fois à l'examen du Bureau national des examinateurs, qui est un examen
objectif donné à tous les diplômés des écoles
vétérinaires américaines à l'heure actuelle, doit
se recycler. Il ne peut pas se présenter une troisième et une
quatrième fois à l'examen. Il doit se recycler à une
école reconnue et suivre un programme qui, selon l'association
canadienne, le ramènera à un niveau adéquat. Voilà
les trois niveaux. Je ne sais pas si c'est très clair.
M. FAUCHER: Dans le domaine de la recherche au point de vue de la
médecine vétérinaire, est-ce qu'il y a quelque chose
d'organisé? Est-ce que vous prévoyez la formation de techniciens
ou la formation de spécialistes en industrie porcine, bovine? A
l'avenir, est-ce que vous envisagez, comme pour la médecine humaine, un
groupement de certains vétérinaires à différents
endroits? Est-ce que vous avez une idée générale sur
l'avenir de la profession?
M. L'ECUYER: Je vais essayer de répondre à chaque
question. Si j'en oublie, vous pourrez me les rappeler. Vous avez parlé
de recherche Dans la province de Québec, la recherche se fait à
trois niveaux. Je commencerai par la faculté de médecine
vétérinaire à Saint-Hyacinthe où de plus en plus le
corps professoral, avec l'augmentation des cadres, peut faire des travaux de
recherche et former des vétérinaires québécois,
canadiens ou étrangers, les spécialiser et donner des
diplômes postscolaires. Je pense que je peux parler pour le
Collège des médecins vétérinaires, c'est une
initiative très heureuse de la faculté. Nous sommes très
heureux de voir que la faculté, avec son développement, peut
maintenant commencer à donner des diplômes avancés et
à permettre à son corps enseignant de faire de la recherche.
Au niveau des laboratoires provinciaux, je crois et
peut-être que le Dr Saucier pourra aiouter quelque chose s'il le veut
qu'il y a un
certain élément de recherche qui peut se faire
malgré que leur fonction principale soit une fonction de diagnostic.
Dans les services de la faune, par exemple, il y a des
vétérinaires qui font certains travaux de recherche. Et
finalement, la recherche vétérinaire se fait au niveau
fédéral. Nous avons trois laboratoires fédéraux
dans la province à l'heure actuelle qui s'engagent dans la recherche
vétérinaire.
Sans aller plus loin, je pense qu'au niveau de la faculté, nous
espérons la voir augmenter son action dans ce domaine. Et d'ailleurs,
elle est en train, à l'heure actuelle, de fonder certaines... Le nom
m'échappe. Mais il y a des projets de formation de groupe de recherche
au sein de la faculté de médecine vétérinaire
à l'heure actuelle et ce sont des initiatives que la corporation
encourage nécessairement.
Sur la question des techniciens, qui était votre deuxième
question, la corporation s'est penchée sur l'aspect des techniciens
vétérinaires à plusieurs reprises depuis que j'y suis.
Jusqu'ici, les vétérinaires praticiens n'ont pas vraiment
exigé de techniciens en nombre important. Je pense que les praticiens
pour les petits animaux en utilisent. Il y a certains CEGEP qui
décernent un diplôme à des personnes qui ont
déjà un diplôme en animalerie, un diplôme de
technicien avec option en animalerie et qui sont très utiles dans la
pratique auprès des petits animaux. Dans la grande pratique, je dirais
vous pourrez me corriger que les techniciens n'ont pas
été beaucoup en demande. Pour clore la question, dans mon cas, ce
n'est pas un domaine que nous avons étudié. Nous nous sommes
demandé à un moment donné si la Corporation des
vétérinaires, qui régit la pratique, avait le droit
même de s'embarquer dans la question d'essayer de régir, de
déterminer les devoirs et le domaine de pratique des techniciens. Est-ce
que ce ne sont pas justement les techniciens eux-mêmes qui, quand le
besoin se fera sentir, devront se grouper et établir leur champ
d'action? Ce n'est peut-être pas le bon mot, mais nous gérons la
pratique de la médecine vétérinaire et, tant que le
technicien ne pratiquera pas la médecine vétérinaire selon
notre définition de l'exercice, il peut avoir une action très
importante, je pense, pour l'industrie animale.
D'ailleurs, il y a énormément de techniciens qui
fonctionnent à l'heure actuelle mais qui ne sont pas formés en
une association ou un groupement formel. Les gouvernements ont des techniciens
qui font des travaux techniques et qui libèrent, de ce fait-là,
le vétérinaire pour accomplir sa fonction de pathologiste, qui
est vraiment sa fonction principale.
M. FAUCHER : Dans les spécialités comme celle de
l'industrie porcine, ovine et en aviculture, est-ce que vous prévoyez
avoir des spécialistes?
M. L'ECUYER: C'est encore une fois un domaine qui ne fait que
débuter en médecine vétérinaire. Nous avons
très peu de points de référence, si je peux utiliser un
terme anglais, sur lesquels nous accrocher pour donner des certificats de
spécialistes. Je pense que c'est nettement un domaine qui doit
être exploré. Le bill 250 le prévoit et, je pense, la
profession également. Maintenant la formation des spécialistes se
fera-t-elle par la faculté? Est-ce que la corporation aura ensuite un
droit de regard sur les qualifications de ce spécialiste? Cela demeure
des choses qui sont certainement à prévoir. J'espère que
les deux corps auront un mot à dire comme ils ont un mot à dire
à l'heure actuelle dans le diplôme de médecine
vétérinaire, le doctorat et dans la licence de pratique. Cela se
fait très bien en coopération, si je peux vanter notre
succès dans la question. Ce sont des questions qui restent à
voir. Je pense que c'est sûrement une chose d'avenir. C'est un besoin qui
existe parce que l'omnipraticien en médecine vétérinaire,
c'est un peu comme en médecine, cela disparaît, les gens sentent
le besoin de se spécialiser dans les divers domaines.
M. SAINT-PIERRE: J'aurais une question, M. le Président. A
l'article 22, vous recommandez une nouvelle définition de l'exercice de
la médecine vétérinaire.
Je le compare au texte actuel dans la loi 257. A des endroits, vous
enlevez des choses, comme vous avez enlevé "moyennant
rémunération", un peu plus loin "d'établir des
diagnostics", vous aviez auparavant "d'établir ou de rechercher des
diagnostics". Il y a des mots qui ont été enlevés, il y en
a d'autres qui ont été ajoutés. Qu'est-ce que vous visez
exactement?
M. LECUYER: Pour prendre d'abord les exclusions, nous avons
enlevé le terme "moyennant rémunération", à cause
de difficultés que nous avons eues dans ce que nous pensions être,
du moins dans notre optique, la pratique illégale. Nous rencontrons des
employés de l'entreprises privée qui font des diagnostics
vétérinaires, qui dispensent des médicaments, qui font des
ordonnances sur lesquelles nous n'avons pas d'action, nous n'avons pas pu agir,
parce que, face à la justice, ils se défendent en invoquant le
fait qu'ils ne sont pas rémunérés pour la pratique de la
médecine vétérinaire. J'admets très bien qu'ils
pratiquent la médecine vétérinaire, privément, en
tout cas, mais puisqu'ils ne sont pas payés pour faire des diagnostics
et pour faire des ordonnances, pour dispenser des médicaments, nous
n'avons aucun droit de regard sur ces gens. Nous ne pouvons pas empêcher
cet exercice illégal de la médecine vétérinaire.
C'est la raison pour laquelle nous avons enlevé ces mots. Nous demandons
que ces mots soient enlevés parce que nous avons les mains liées
avec ça. Cela se produit surtout dans certains domaines, dans la
production de la volaille par exemple. Cela s'en vient de plus en plus dans la
production du porc également. J'avoue que ce sont des difficultés
qui se
produisent dans ces domaines, pathologie aviaire, enfin la pratique des
porcs, et également chez les petits animaux, à un certain point
de vue. Vous avez par exemple, un propriétaire de chenil, qui vend des
chiens à peu près $25 le chien. Le chien est vacciné,
c'est compris. Quand on lui dit: Vous n'êtes pas compétent pour
vacciner des chiens, on prétend que vous n'êtes pas
compétent pour juger de l'état de santé du chien avant de
le vacciner, etc., on nous dit: Je ne le fais pas, je ne suis pas
rémunéré pour le faire, je le fais gratuitement. Je vends
le chien tant, mais c'est un chien vacciné.
M. SAINT-PIERRE: Un peu plus loin, vous avez ajouté: "Pratiquer
des interventions chirurgicales vétérinaires"; cela vous semblait
nécessaire, c'était plus conforme à la
réalité? Vous avez ajouté ça, ça n'y
était pas avant.
M. L'ECUYER: Je pense que c'est plutôt une question de mots. Parce
que ça disait auparavant: "De traiter des affections médicinales
et chirurgicales vétérinaires". Les mots nous semblaient
peut-être traiter des affections chirurgicales
vétérinaires. On a changé ça pour dire: "Pratiquer
des interventions chirurgicales vétérinaires."
M. SAINT-PIERRE: Vous avez aussi ajouté, "de traiter ou
prévenir", ce que vous n'aviez pas avant, les affections
médicales vétérinaires.
M. L'ECUYER: D'accord. Nous avons ajouté "de prévenir",
justement pour couvrir cet aspect de la pratique que nous pensons
illégale, des vaccinations faites par des individus qui peuvent
être employés de compagnie ou propriétaires de chenil,
etc.
M. SAINT-PIERRE: Mais cela touche votre demande de modifier la
définition du champ de pratique; ça touche
particulièrement les difficultés que vous avez pour la pratique
illégale.
M.PAUL: En fait, ça couvre également le mieux-être
des animaux aussi et une certaine sécurité.
M. L'ECUYER: Peut-être que la vaccination du toutou n'est-elle pas
très sérieuse. Par contre, au point de vue de la protection de
l'industrie et du public, je n'en veux pas à tous les vendeurs de
médicaments nous savons qu'il y a de ces vendeurs de
médicaments qui font tous les rangs l'un après l'autre et qui, en
mettant le nez dans la porcherie, par exemple, disent: Ton problème est
telle chose; je vais te donner tant de médicaments, tu vas leur donner
ça et ça va se régler. Nous prétendons qu'un
vétérinaire, du premier coup d'oeil, ne peut pas faire un
diagnostic, nous pensons que, comme on dit, le "layman" le profane, est encore
moins en mesure de le faire. Cette question va plus loin que ça, elle va
jusqu'à la vaccination des volailles et des animaux, aux traitements,
à la distribution de médicaments. Je pense que vous êtes au
courant probablement des ententes que les praticiens des grands animaux ont,
à l'heure actuelle, avec le ministère de l'Agriculture: le
vétérinaire se retire de cette question des médicaments,
il dispense de moins en moins de médicaments parce qu'il les prendra
d'un magasin provincial et il ne peut, dans l'option du contrat entre les
praticiens et le gouvernement, prendre ces médicaments et les vendre.
Les prix sont fixés. J'ajoute cela pour dire que le médecin
vétérinaire n'est pas tellement intéressé à
dispenser des médicaments. Mais nous nous rendons compte et je
travaille personnellement dans un laboratoire où nous faisons du
diagnostic qu'il y a un tas de médicaments qui sont donnés
à nos animaux et que le vétérinaire, quand il arrive pour
faire un traitement efficace après, n'a peut-être pas l'arme dont
il aurait besoin parce que, justement, les animaux reçoivent depuis
toujours des médicaments en quantité. C'est dans cette optique
que nous voulons enrayer ce trafic de médicaments qui se fait sans
diagnostic précis posé, en tout cas sans intervention
professionnelle adéquate.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le président, je voudrais poser quelques questions
à la suite d'une discussion que j'ai eue avec mon collègue votre
confrère, M. Demers, qui malheureusement ne pouvait être ici ce
matin, parce qu'il a été délégué pour
surveiller les opérations de l'élection partielle de Gatineau.
Nous ne voudrions pas que la même maladie affectât les
électeurs le 15 novembre prochain que celle qui les frappa le 11
octobre. Ceci dit, M. le président, je voudrais demander au
représentant du Collège des vétérinaires si, au
nombre des 650 membres, je crois, que vous avez dans votre profession, il y en
a beaucoup qui sont dans la pratique privée.
M. L'ECUYER: Je demanderais au secrétaire qui a peut-être
des chiffres plus précis que les miens, de répondre à
votre question.
M. BOURASSA (Marcel): M. le président, je répondrais qu'il
y a environ 400 vétérinaires qui sont en clientèle
privée.
M. PAUL: Croyez-vous que ce nombre est suffisant pour répondre
aux besoins?
M. BOURASSA (Marcel): II y a un manque de vétérinaires
à l'heure actuelle et c'est pour cela qu'à l'école de
médecine vétérinaire on a déjà doublé
le nombre d'inscriptions en première année, pour faire face aux
besoins futurs en médecine vétérinaire.
M. PAUL: Combien en aurez-vous qui vont graduer à la fin de la
présente année scolaire?
M. BOURASSA (Marcel): Cette année, il y en a à peu
près 36 qui vont être diplômés. On a doublé le
nombre des étudiants en première année depuis deux ans.
Cela veut dire que, dans deux ans, il y aura de 50 à 60
diplômés par année.
M. PAUL: Quel pourcentage se retire de la profession à cause de
l'âge, des décès ou d'activités vers l'entreprise
privée ou le fonctionnarisme?
M. BOURASSA (Marcel): On peut dire qu'il y a environ 2 p.c. à 3
p.c. de vétérinaires qui se retirent par année, pour cause
de décès ou de retraite.
M. PAUL: C'est sûrement loin de correspondre aux besoins de la
clientèle agricole, ce nombre de 400 médecins
vétérinaires.
Dans un autre domaine, pourriez-vous nous dire quelles sont vos
relations avec le Collège des pharmaciens dans le cadre de cette
revendication qui nous a été faite ici, à l'effet que le
Collège des pharmaciens devrait avoir l'exclusivité du commerce,
de la vente des produits pharmaceutiques ?
M. BOURASSA (Marcel): Je peux répondre à cela qu'en fait
nous avons toujours été en très bons termes avec le
Collège des pharmaciens; à ma connaissance, il n'a jamais
porté le problème devant le Collège des médecins
vétérinaires pour modifier la formule actuelle.
M. PAUL: Est-ce que, à votre connaissance personnelle, certaines
maisons refusent de vendre des remèdes aux pharmaciens,
préférant céder cette vente ou cette utilisation
exclusivement aux vétérinaires?
M. BOURASSA (Marcel): Je dois dire qu'à ma connaissance il n'y a
aucun cas qui a été rapporté au Collège dans ce
sens.
M. PAUL: Est-ce que cela vous intéresserait de prendre
connaissance d'une lettre envoyée, par une maison fabriquant des
produits vétérinaires, à un pharmacien, en lui disant que
la vente du produit est réservée exclusivement aux
vétérinaires?
M. BOURASSA (Marcel): Assurément. Le Dr L'Ecuyer voudrait
répondre à cela.
M. L'ECUYER: Si vous me permettez, M. le Président, je voudrais
ajouter une parenthèse qui explique peut-être un cas. Il y a
certaines maisons qui ont ce qu'on appelle un système de vente de
produits vétérinaires. Nous parlons de deux paliers, n'est-ce
pas? Il y a des produits qui ont une permission pour utilisation humaine et il
y a...
M. PAUL: Sur l'aspect vétérinaire exclusivement.
M. L'ECUYER: II y a également une liste de produits
vétérinaires qui sont exclusivement pour l'utilisation
vétérinaire. Je me demande si ce n'est pas dans cette optique que
certaines compagnies qui se disent éthiques, en anglais "ethical drug
companies", ont peut-être refusé de vendre aux pharmaciens des
produits parce qu'elles s'affichent comme compagnies vendant strictement aux
vétérinaires.
Si ce sont des produits pour usage vétérinaire seulement,
le pharmacien... Il faudrait qu'il le vende sous ordonnance
vétérinaire. C'est peut-être dans cette optique; je ne sais
pas. Je n'ai pas pris connaissance de la lettre.
M. PAUL: M. le Président, avec votre permission, je pourrais
céder mon droit de parole à mon collègue, le
député de Montmagny, qui pourra maintenant compléter.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, je voulais demander au représentant
s'il y a suffisamment de place dans les facultés, soit à
Saint-Hyacinthe, pour les étudiants qui désirent entrer à
votre faculté universitaire.
M. BOURASSA (Marcel): A l'heure actuelle, disons que le nombre de 60 est
un nombre restrictif parce que les locaux, la première année, ne
permettent pas d'en absorber beaucoup plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous refusez plusieurs
étudiants qui désirent être admis en première
année?
M. BOURASSA (Marcel): Evidemment, la question...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je veux dire est-ce que vous, c'est
là-bas, la faculté...
M. BOURASSA (Marcel): A l'école de médecine
vétérinaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, à votre connaissance, on en
refuse plusieurs?
M.BOURASSA (Marcel): Selon les information que nous avons, ils peuvent
refuser une dizaine d'étudiants par année. Cela dépend de
la facilité des locaux.
M. L'ECUYER: Encore une fois, c'est par conversation avec le doyen de la
faculté et les autres. Comme toutes les facultés et les
facultés professionnelles sont une chose qui devient de plus en plus
importante, ils ont des demandes en grand nombre et ils doivent faire une
sélection de ces demandes. J'ai entendu des chiffres comme 120, 150
demandes et on choisit 60 candidats dans les 150 demandes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense bien que tous les
députés peuvent en dire autant. Dans toutes nos régions,
il y a des demandes des étudiants qui veulent aller à la
faculté de médecine vétérinaire et ils sont
refusés. Nous en avons des exemples tous les ans.
Je ne sais pas si, en pratique, le marché pourrait absorber
beaucoup plus de professionnels, de médecins
vétérinaires.
M. L'ECUYER: Ce sont des questions auxquelles il est très
difficile de répondre, parce que, dans l'optique d'il y a dix ans, on
n'aurait jamais pu placer 60 diplômés par année comme c'est
le cas à l'heure actuelle. Par contre, le vétérinaire en
place se crée des fonctions. Enfin, la société demande
toujours plus au point de vue de l'hygiène, par exemple, au point de vue
de l'hygiène animale, au point de vue des animaux de plaisance, des
chevaux de plaisance, etc. Alors, il s'ouvre toujours de nouveaux domaines face
aux diplômés de la faculté.
Je pense, comme le secrétaire l'indiquait, il y a un instant, que
le vrai problème de la faculté, c'est une impossibilité,
avec les locaux disponibles à l'heure actuelle, d'absorber plus qu'une
soixantaine de vétérinaires. Je sais que certains laboratoires,
par exemple, doivent se faire en deux temps parce que si l'on peut assez
facilement recevoir 60 étudiants dans une classe, on ne peut pas
toujours en mettre 60 dans un laboratoire, car cela demande beaucoup plus au
point de vue physique.
Enfin, je pense que la profession devient de plus en plus jeune. Vous le
voyez automatiquement: si nous accordons le diplôme à 40
vétérinaires nous et la faculté par
année, il y en a de douze à dix-huit qui quittent la profession
pour diverses raisons. Cela fait une profession qui devient de plus en plus
jeune. Est-ce que nous atteindrons un point de saturation? Sûrement. La
Corporation ne le prévoit pas pour l'instant, ni même dans
l'avenir immédiat et même un peu plus éloigné que
ça. On ne prévoit pas la saturation du tout au point de vue de
notre profession.
M. CLOUTIER (Montmagny): A part votre corporation professionnelle,
est-ce qu'il y a un syndicat, une association professionnelle?
M. L'ECUYER: Oui, il y a un syndicat des praticiens des grands animaux
de la province de Québec et ce syndicat est celui qui négocie
avec le gouvernement les ententes selon le programme de santé
animale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour l'assurance-santé, c'est le
syndicat qui a négocié.
M. L'ECUYER: Oui, exactement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très bien, merci.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, bien sûr, ayant un comté
fortement agricole, cela m'intéresse. De quelle façon son
répartis les 600 vétérinaires dans la province? Est-ce
qu'il y a une concentration, par exemple, dans les régions qui sont
beaucoup plus agricoles, en fait là où le besoin se fait sentir?
Je m'explique: Chez nous, la région est une région à
vocation agricole; nous avons une pénurie assez marquée
actuellement de médecins vétérinaires.
Quelle est la répartition moyenne dans la province,
peut-être pas par régions, mais la plus grande concentration et
là où il y en a le moins?
M. L'ECUYER: Je demanderais à notre président de
répondre. Il connaît beaucoup mieux ce genre de chose.
M. SAUCIER: Au sujet des concentrations des vétérinaires
praticiens, à titre d'exemple, avec la venue de l'assurance-santé
animale con-tributoire, il y a à peine un an et demi, nous avions moins
de 80 vétérinaires praticiens et, actuellement, nous en avons 166
qui sont enregistrés. Sur les 166, nous en avons certainement 150 qui
soignent les grands animaux en dehors des grands centres. Il y a des
régions comme la région du Lac-Saint-Jean, par exemple, où
nous avions un vétérinaire qui desservait toute une
région. Nous en avons actuellement quatre sur place. Nous avons une
tendance très marquée à ce que des
vétérinaires s'associent pour former une clinique mieux
organisée. La conséquence directe actuellement pour
l'agriculture, c'est de passer de 80 à 166 dans l'espace d'un an et
demi, en pratique privée.
M. GUAY: Quel est le principal facteur de cette montée subite de
praticiens?
M. SAUCIER: II y aurait plusieurs facteurs qui peuvent...
M. GUAY: Mais il y a quand même un facteur dominant.
M. SAUCIER: La question de l'assurance-santé animale
contributoire a apporté plusieurs réponses et a aidé
énormément aux praticiens. D'abord, le praticien pouvait, avec
une rémunération assurée par l'assurance, entrevoir un
revenu raisonnable et entrevoir aussi à attirer des jeunes finissants de
l'école pour lui aider dans sa pratique. L'an passé, nous avons
eu tout près de 30 finissants qui sont passés directement au soin
des grands animaux à cause de cette attirance. La qualité des
soins augmente nécessairement puisque plus il y a de
vétérinaires qui donnent des services, plus il y a de
vétérinaires en clinique qui s'organisent ensem-
ble. Nécessairement, il y a des possibilités de
perfectionnement et de meilleurs services à ce moment.
M. GUAY: Quel est le pourcentage des actes commis par un médecin
vétérinaire qui nécessitent l'utilisation d'appareils
radiographiques?
M. SAUCIER: Le Dr L'Ecuyer va vous répondre.
M. L'ECUYER: Je n'oserais pas vous donner un pourcentage. L'utilisation
d'appareils radio-graphiques se fait surtout pour les grands animaux dans la
pratique équine, des chevaux, nécessairement, un cheval de
plaisir, un cheval de course, etc. Cela se fait dans des cliniques
organisées, comme le mentionnait le Dr Saucier, pour les grands
animaux.
Cela peut se faire pour le bétail, bien sûr, mais il faut
nécessairement prévoir qu'il y a une clinique assez bien
organisée pour avoir ces appareils. Il faut quand même dire que la
concentration de l'utilisation de radiographies et d'appareils du genre se fait
dans la pratique des petits animaux, chiens, chats, en vue de la
réparation de fractures accidentelles. Le toutou en vieillissant a
toutes sortes de problèmes. Je pense que le vétérinaire en
pratique des petits animaux, avec l'assistance de la radiographie, peut faire
un tas de diagnostics qui lui sont impossibles sans ces appareils.
En résumé, brièvement, il faut dire que c'est
concentré dans la pratique des petits animaux, dans la pratique
équine et, jusqu'à un certain point, dans certaines cliniques qui
ont assez d'envergure, cela peut servir sur le bétail.
M. GUAY: Quelle est la préparation ou la formation du
médecin vétérinaire pour se servir d'appareils
radiologiques, en termes de temps?
M. L'ECUYER : II y a un cours en radiologie dispensé à la
faculté de médecine vétérinaire. Le nombre
d'heures, j'avoue que je ne l'ai pas précisément; le nombre de
crédits par exemple... Disons qu'il y a un cours théorique avec
travaux pratiques dispensé en radiologie à la faculté;
ensuite, tout au long de la formation clinique du médecin
vétérinaire, à la faculté encore une fois, il y a
une formation qui dure une année, de travaux à peu près
complètement pratiques. La radiologie est utilisée au maximum
pour donner l'application pratique de la radiologie. Le nombre de
crédits que cela donnerait, j'avoue que je n'ai pas cela.
M. GUAY: Est-ce que tous les médecins vétérinaires
possèdent cet enseignement ou si c'est optionnel?
M. L'ECUYER : Mes collègues me corrigeront; je ne crois pas qu'il
y ait d'option, à l'heure actuelle, au niveau sous-gradué
à la faculté de médecine vétérinaire. Sauf,
si vous me permettez une petite parenthèse, dans la dernière
année où les étudiants sont à des travaux cliniques
et où ils peuvent, par exemple, s'ils prévoient faire la partique
des petits animaux, se concentrer non pas exclusivement, mais quand même
donner plus d'importance, à la clinique des petits animaux. Il reste
toutefois qu'ils doivent se qualifier. La licence et le doctorat sont
omnivalents; donc, ils doivent se qualifier à tous les niveaux.
M. GUAY: Dans un autre domaine, du côté de la recherche,
est-ce que vous avez quand même de la recherche ou est-ce que vous avez
un droit de regard en ce qui concerne la préparation des aliments pour
animaux? Je songe, par exemple, à certains produits chimiques qui sont
introduits dans les moulées pour favoriser une croissance rapide.
Est-ce que vous avez de la recherche dans ce sens, si on songe à
ce qui a été fait du côté des hormones dans les
produits alimentaires?
M. L'ECUYER: Sûrement au point de vue de la corporation et je
pense qu'au point de vue de la faculté, je ne veux pas parler pour elle,
mais de ce que j'en connais, il faudrait dire non. Il s'en fait tout de
même au niveau des facultés d'agriculture. Ces travaux, sur les
additifs alimentaires pour favoriser la croissance, tendent à se faire
dans les facultés d'agronomie. Je sais, par exemple, que la
faculté d'agronomie à Laval effectue des travaux, si j'en crois
les publications qui en émanent. Nous avons justement essayé,
dans notre définition de l'exercice, d'en rester à l'aspect du
traitement et de la prévention de maladies. Nous ne voulons justement
pas toucher cette question non médicale d'additifs alimentaires qui
pourraient servir à stimuler la croissance, etc.
C'est un domaine qui revient, jusqu'à un certain point
également, à la Direction des aliments et drogues. En tout cas,
je crois que mes collègues seront d'accord; c'est un domaine qui ne nous
a pas touchés jusqu'ici.
M. GUAY: Une autre question pour avoir plus de précision.
Auriez-vous objection à ce que les médicaments soient
dispensés par des pharmaciens de médicaments humains?
M. SAUCIER: Je pense qu'il n'y a personne au niveau du bureau du
gouverneur comme au niveau des membres qui ont des objections précises.
Le cas ne s'est jamais présenté d'une manière
concrète. Avec le magasin central de distribution établi par la
province à Saint-Hyacinthe concernant la pratique des grands animaux, le
praticien, par contrat signé entre le syndicat et le gouvernement,
s'engage à acheter tous ses médicaments au niveau du magasin
central.
Je me pose la question au niveau des pharmaciens. Ils ont
déjà une montagne à surmonter. Pour votre question bien
précise,
c'est très difficile pour nous d'y répondre puisque nous
n'avons pas eu de demandes bien spécifiques des pharmaciens ou d'entente
possible.
M. GUAY: Dans le domaine de l'humain, le prescripteur est le
médecin. Vous devenez le prescripteur dans le domaine animal. Si on fait
la part des choses, c'est pour ça que je posais la question.
Probablement, ma dernière question. Est-ce que le champ de pratique que
vous réclamez est rapproché ou s'apparente grandement à la
pratique d'autres professionnels? Je pense par exemple aux agronomes
actuellement. Est-ce qu'il y a des rapprochements très
étroits?
M. L'ECUYER: Si vous le permettez, il faudrait répondre selon mon
optique personnelle. J'ai eu une part importante dans la préparation du
document et de nos projets d'amendement de la loi. Nous avons cherché,
justement, à ramener l'exercice de notre pratique, comme nous le voyons,
à des domaines qui sont vraiment vétérinaires, qui
relèvent donc du diagnosticien, du pathologiste, de celui qui fait de la
médecine, donc qui traite de la chirurgie et de la médecine
préventive. C'est un peu l'optique que j'utilisais tantôt quand
j'ai mentionné que, justement, cette question d'additifs alimentaires de
stimulation de la croissance ne touchait pas la pathologie
vétérinaire, le traitement des maladies, la prévention des
maladies ou l'hygiène des aliments. Tant que cela ne touchait pas ces
domaines, nous nous en sentions exclus.
M. GUAY: Comme question, peut-être pour l'avenir, songez-vous
à établir des hôpitaux pour les animaux?
M. L'ECUYER: Il existe à l'heure actuelle des hôpitaux pour
les animaux. C'est une parenthèse intéressante peut-être,
en vue du bill 250. Il existe, comme vous le savez peut-être des
hôpitaux, certains très bien équipés, d'autres
beaucoup plus simples, où on peut évidemment loger des animaux
pour faire des chirur-gies. Disons que si on a un hôpital bien
monté, on a alors plus d'envergure pour faire le diagnostic et la
chirurgie, le traitement, etc. Ceci, de plus en plus, chez les grands animaux
également je parlais, au début de l'optique des petits
animaux avec les pratiques collectives qui se font dans des
régions, on aura des cliniques et, je pense, des hôpitaux
vétérinaires où on pourra emmener un animal par exemple,
qui souffre d'un trouble qui pourrait être de digestion ou de
reproduction et qui pourrait être logé là pour chirurgie
peut-être plus exigeante qu'on ne pourrait le faire, par exemple,
à l'étable ou ailleurs. Cela existe à l'heure actuelle. Un
problème que la corporation a eu, c'est que la loi actuelle ne nous
permet pas de contrôler ces établissements, ces hôpitaux.
Par- ce que là, ce sont des hôpitaux qui sont tenus par les
vétérinaires ou par une association de
vétérinaires, dans une région ou dans une ville. Le bill
250 a une clause qui nous a plu et c'était celle qui permettait à
la corporation d'avoir un certain droit de regard sur le lieu de pratique du
membre. Nous espérons donc que cela nous permettra d'établir des
normes, de dire qu'un hôpital pour s'appeler hôpital
vétérinaire, doit avoir telle ou telle facilité,
appareillage, etc.; autrement il doit s'appeler une clinique qui, elle, aura
telle chose mais moins qu'un hôpital.
M. GUAY: Pour les hôpitaux qui existent, est-ce que vous
êtes au courant s'il y a de longues listes d'attente comme chez les
humains?
M. L'ECUYER: En principe, je ne crois pas. Le problème ne se pose
pas, parce qu'évidemment, l'aspect pratique change un peu, sauf les
animaux de plaisir, certains chiens et chats. Quand la cause est
désespérée, nous sommes portés à clore le
problème d'une façon draconienne. Le problème n'est pas le
même; ce n'est pas dans la même optique, nous n'avons pas de listes
d'attente.
M. LESSARD: On n'a pas encore l'assurance-maladie.
M. le Président, peut-être qu'avec l'assurance-maladie des
animaux, les hôpitaux vont avoir de longues listes d'attente.
Est-ce que la Corporation des vétérinaires a un certain
contrôle sur l'admission à la profession, à l'instar, par
exemple, des avocats? De quelle façon se fait ce contrôle?
M. L'ECUYER : La loi actuelle donne à la corporation le
contrôle de l'admission à l'exercice. Nous avons un système
d'admission qui a évolué à travers certaines
difficultés, dans le passé. Pour vous dire le fonctionnement
actuel de la chose, la corporation, par son examinateur, participe aux examens
de quatrième année à la faculté de médecine
vétérinaire.
M. LESSARD: Quand vous dites "participe", vous voulez dire "participe
à la préparation des examens". C'est autant au niveau des
questions?
M. L'ECUYER: Au niveau des questions, au niveau de l'examen
lui-même, au niveau de l'évaluation des réponses et du
reste. Donc, la corporation participe aux examens de quatrième
année. Nous y allons dans quelques semaines pour les examens du premier
semestre. Dans quatre groupes de matières, il y a des examinateurs, des
professeurs de la faculté, et des examinateurs de la corporation qui
préparent des questions qui sont réunies et les
diplômés doivent répondre à ces questions.
M. LESSARD: Bien simplement, vous
n'avez pas deux examens, un examen préparé par
l'université et un autre préparé par le Collège des
médecins vétérinaires. En fait, c'est le Collège
des médecins vétérinaires qui décide de
l'entrée de la profession. Votre examen est unique, vous avez un seul
examen qui est préparé en collaboration avec l'université
et la corporation.
M.BOURASSA (Marcel): Pour répondre à votre question,
l'avantage du système d'examen conjoint que nous avons à l'heure
actuelle...
M. LESSARD: Ah! C'est un avantage.
M. BOURASSA (Marcel): ... c'est que si l'étudiant réussit,
il peut avoir en même temps et son diplôme universitaire et son
permis de pratique.
M. LESSARD: Excellent.
M. BOURASSA (Marcel): II n'y a pas de décalage de temps d'un ou
de deux mois, sauf s'il échoue.
M. LESSARD: Et chez vous, ça ne crée pas de
problème?
M. BOURASSA (Marcel): II n'y a aucun problème à l'heure
actuelle. C'est un système qui...
M. LESSARD: Et les étudiants...
M. BOURASSA (Marcel): ... au point de vue de la collaboration, de
l'échange.
M. LESSARD: Et les étudiants qui sortent de l'université
sont assez bons, à ce moment-là, lorsqu'ils entrent dans la
pratique, ils sont bien compétents, bien qualifiés.
M. BOURASSA (Marcel): II y a deux organismes qui évaluent la
compétence théorique, scolaire et pratique de la personne, ce
sont l'école et les représentants de la corporation. Il y a au
moins toujours deux représentants de la corporation qui siègent
au comité d'examen.
M. PERREAULT: Question supplémentaire à la question du
député de Saguenay. Quel est votre degré de participation
à l'élaboration des programmes?
M. BOURASSA (Marcel): Autrefois, dans la Loi des médecins
vétérinaires, on déterminait les matières qui
devaient être au programme du cours vétérinaire. Et lors de
l'examen par le collège, on devait vérifier si ces
matières avaient été employées. Maintenant, la
collaboration qui se fait est un échange ou des rencontres avec les
professeurs. Il y a le comité qu'on appelle le comité
d'éducation ou d'enseignement qui est formé de professeurs de
l'école de médecine vétérinaire et de membres de la
corporation qui étudient les programmes et font les recommandations
conjointement.
M. PERREAULT: Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs, pour votre exposé. Nous
ajournons les travaux jusqu'à 4 heures.
M. L'ECUYER: Merci beaucoup. (Suspension de la séance à 12
h 48)
Reprise de la séance à 16 h 50
M. BLANK (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
Télégramme du président de la
CEQ
M. LE PRESIDENT: Avant que l'on commence, j'ai reçu un
télégramme du président de la CEQ, M. Yvon Charbonneau,
qui écrit: "Monsieur, la Corporation des enseignants du Québec
vous fait part qu'elle ne se présentera pas devant la commission
spéciale sur les corporations professionnelles. "Nous considérons
qu'il est maintenant inutile de nous présenter, puisque le gouvernement
a annoncé des modifications au code des professions qui montrent qu'il
a, encore une fois, cédé aux pressions des corporations
professionnelles sur des points fondamentaux et ce, avant même que la
commission que vous présidez entende les représentants de toutes
les parties intéressées. "Nous comptons rendre publique notre
prise de position au début de l'après-midi."
Signé: Le président de la CEQ, Yvon Charbonneau.
Vous pouvez procéder maintenant.
Corporation des ingénieurs forestiers de la
province de Québec
M. MERCIER (Jean-Claude): M. le Président, avant de passer
à la présentation d'un résumé de notre
mémoire, permettez-moi de vous présenter les membres de notre
corporation qui m'accompagnent à cette table. J'étais le
président de la Corporation des ingénieurs forestiers de la
province de Québec jusqu'au 7 novembre dernier, date à laquelle
mon voisin de droite, M. Jean-Paul Nadeau, a été élu
président, et M. Gilbert Paillé, à ma gauche,
vice-président; à mon extrême droite, M. Hervé
Lizotte, qui est le secrétaire général de notre
corporation.
En raison du fait que je présidais la corporation lors de la
préparation et de la déposition du mémoire, mes
confrères m'ont demandé d'en faire la présentation.
Nous vous remercions de cette occasion que vous nous offrez d'exprimer
nos vues sur le futur code des professions et nous espérons que la
concision de notre mémoire ne sera pas interprétée comme
un manque d'intérêt, mais plutôt comme une preuve de notre
souci de l'essentiel.
La corporation a analysé avec grande attention le projet de loi
250, code des professions. Elle en reconnaît le bien-fondé.Compte
tenu de nos règlements actuels et de notre code d'éthique et de
pratique, les incidences soulevées par les dispositions du nouveau code
sont peu considérables. Ayant activement participé aux
études du Conseil interprofessionnel du Qué- bec, nous approuvons
et appuyons dans l'ensemble les recommandations et les commentaires soumis
à cette commission, par cet organisme.
Nous soumettons toutefois aux législateurs que nous aurions
aimé voir l'adoption et le texte final du code des professions avant de
déposer notre mémoire concernant la Loi modifiant la loi des
ingénieurs forestiers, le bill 262. A l'heure actuelle, cependant, les
changements annoncés par le ministre des Affaires sociales ne semblent
pas changer notre position de février 1972, lors de la
présentation de notre mémoire intégral.
Notre corporation accepte donc, dans son ensemble, le bill 262 et ne
recommande que de légers amendements pour rendre les articles de ce
projet de loi plus appropriés aux conditions actuelles.
Nous vous faisons part, entre autres, que le paragraphe 4, que nous
laissons tel quel pour le moment, sera revu à fond dans un avenir
très prochain. Nous vous demandons d'ajouter un paragraphe
définissant, au sens de cette loi, le mot "forêt". Nous
recommandons une addition à l'article 3, pour tenir compte des nouveaux
modes de gestion mixtes des forêts publiques et privées. Nous
posons une légère objection concernant le choix des membres du
Bureau des examinateurs, en recommandant qu'ils soient choisis parmi les
membres de notre corporation. Dans le même article, nous recommandons
d'utiliser le nom actuel de la faculté de foresterie et de
géodésie de l'université Laval. Enfin, nous recommandons
un changement de texte dans l'article 12, afin de préciser en quelles
circonstances sont requis les services d'un ingénieur forestier. Le
texte original définissait quand les services ne sont pas requis.
Nous espérons que la commission et les législateurs seront
favorables à nos demandes et qu'elles seront bientôt
adoptées. En terminant, je profite de l'occasion pour féliciter
le gouver> nement, et en particulier le ministre des Affaires sociales, pour
l'effort accompli dans la révision des règles régissant
les professions. Nous sommes heureux de lui réitérer notre
volonté de contribuer à faire du Code des professions un outil
qui atteindra les objectifs pour lesquels il a été
proposé. J'essaierai maintenant de répondre aux questions de
l'assemblée.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je note que les demandes de votre corporation
ne touchent pas aux points fondamentaux de la loi. Vous êtes d'accord
dans l'ensemble. Ce sont des demandes qui me semblent acceptables. Je voudrais
vous poser la question suivante. Vous avez assisté à bien des
séances de la commission. Vous avez lu le journal des Débats,
vous avez entendu le témoignage de professions qui,
peut-être, se rapprochent un peu de la vôtre ou s'en
rapprocheront davantage dans l'avenir. Est-ce qu'il y a de ces professions qui,
par la définition de leur champ d'exercice, semblent arriver dans le
même champ de pratique que l'ingénieur forestier? Je pense aux
écologistes. Les écologistes ne sont pas reconnus, mais c'est une
profession qui est en train de se façonner et, plus tard, il en sera
probablement question.
M. MERCIER: Nous devons vous avouer qu'au courant de l'année nous
avons suivi de près les développements concernant surtout la
demande faite par les architectes paysagistes et que nous avons demandé
au comité de refonte de la loi de surveiller l'évolution des
pourparlers de cet organisme avec le gouvernement.
Nous ne croyons pas qu'en ce moment il serait opportun de porter
quelques commentaires que ce soit. Notre champ de pratique est bien
défini. Les ingénieurs et nous avons un champ de pratique commun
qui s'applique à la forêt dans notre cas et ces choses sont
déjà réglées par la Loi des ingénieurs et la
nôtre. Et à l'heure actuelle, nous ne prévoyons pas dans
l'immédiat qu'il soit nécessaire de faire des démarches
dans ce sens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Très bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Quand on parle de sylviculture, je songe assez souvent aux
urbanistes qui font des recommandations au point de vue municipal ou quelque
chose du genre. Est-ce que l'ingénieur forestier est appelé
également à faire ce genre de travail? Est-ce qu'il y a
conciliation entre le travail d'ingénieur forestier et celui de
l'urbaniste?
M. MERCIER: Vous avez mentionné l'urbaniste. Non, pas à
mon avis. S'il s'agit, par exemple, de la culture d'arbres ornementaux ou de
l'établissement de zones de forêt en milieu urbain, les membres de
la corporation sont certainement capables d'accomplir ce rôle et,
à l'occasion, le jouent dans plusieurs domaines. Nous avons des
ingénieurs forestiers qui sont gérants de ville. Nous avons des
ingénieurs forestiers à l'emploi d'une ville pour s'assurer que
les arbres sont plantés et que les deniers publics sont bien
dépensés. Est-ce que c'est l'association, la corporation des
urbanistes? Non.
M. GUAY: Les urbanistes tout court. Cela voudrait dire qu'entre les
ingénieurs forestiers et les urbanistes il y aurait quand même un
chevauchement qui existe actuellement. Est-ce que c'est possible
d'établir deux champs de pratique différents pour ces deux
groupes sans risquer d'avoir des conflits dans l'interprétation de la
loi vis-à-vis de votre profession?
M. MERCIER : Sans savoir d'avance quel est le champ exact que les
urbanistes désirent occuper, qui serait commun au nôtre, je ne
peux pas faire d'affirmation. Je crois qu'il y a toujours lieu, lorsqu'une
corporation veut se former, qu'elle présente ses arguments. On verra
alors à régler les problèmes avant qu'ils ne deviennent
des abcès. Comme je vous le mentionnais, déjà avec les
ingénieurs et les ingénieurs forestiers, ce problème s'est
réglé vers l'année 1921 sans difficulté.
M. GUAY: D'autre part, vous donnez un sens à
l'interprétation du mot "forêt". Est-ce qu'il y aurait une autre
définition? Celle-là semble assez complète. Est-ce qu'il y
a d'autres définitions, une autre signification du mot "forêt" qui
existent soit dans d'autres lois ou encore dans l'explication des mots?
M. MERCIER: II y a trois ans, nous avons soumis un cas de pratique
illégale et justement sur la définition du mot "forêt". Le
juge a recherché une définition dans notre loi et a dit : Le mot
"forêt" n'est pas défini, nous allons le prendre dans le sens du
dictionnaire. Il est arrivé avec une définition
légèrement différente de celle que nous présentons
ici qui est "grande étendue" au lieu de "toute étendue" comme
nous le proposons.
M. GUAY: La question m'a déjà été
posée à mon bureau. Cela prend combien d'arbres pour s'appeler
une forêt? Alors, quand vous dites "signifie toute étendue", je ne
sais pas si c'est trois ou cinq arbres, si on peut appeler cela une
forêt. Il y aurait peut-être lieu de préciser davantage pour
éviter une certaine interprétation du mot "forêt" qui
donnerait peut-être des pouvoirs dans le champ d'exercice des
ingénieurs forestiers. C'est une question que je me pose. Quand on lit:
L'expression "forêt" signifie toute étendue de terrain
peuplée d'arbres forestiers de toutes dimensions, l'ensemble de ces
arbres.
M. MERCIER : Ce serait peut-être un peu inquiétant pour
l'individu en ville qui a trois arbres dans sa cour, mais je pense que, dans la
pratique, il n'est certainement pas question de s'attacher à une
définition aussi restreinte que celle-là. "Toute" remplace le mot
"grande" du dictionnaire et autant on a été capable
d'interpréter le mot "grande", autant on sera capable
d'interpréter le mot "toute".
M. GUAY: Dans votre esprit, est-ce que les arbres fruitiers font
également partie de la forêt?
M. MERCIER: Non. Certainement pas. M. GUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Est-ce qu'on pourrait avoir quelques explications à
l'article 12 où vous demandez de remplacer le troisième
alinéa par un autre article? Vous voulez remplacer l'article 12,
troisième alinéa, par un autre. Est-ce qu'on pourrait savoir
pourquoi vous demandez ce changement-là?
M. MERCIER: L'article 12 précédent est négatif dans
le sens que "nul n'agit contrairement aux dispositions". Nous croyons ne pas
avoir changé du tout le sens de l'article en le changeant pour: "Nul ne
peut exécuter ou faire exécuter."
M. PERREAULT: C'est la seule raison?
M. MERCIER: Nous sommes partis d'un négatif vers un positif mais
il n'y a pas...
M. PERREAULT: Est-ce la seule raison ou s'il y a autre chose
d'impliqué?
M. MERCIER: Non, nous ne visons rien de spécial. Disons que je ne
crois pas que cela change le sens de l'article.
M. LE PRESIDENT: II semble que votre mémoire soit très
explicite. Il n'y a pas tellement de questions. Au nom de la commission, je
vous remercie de votre présentation.
M. MERCIER: Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La Corporation des arpenteurs-géomètres
du Québec. L'équipe des avocats Lesage et Beaudoin.
M. LE PRESIDENT: L'équipe des avocats Lesage et Beaudoin.
Corporation des arpenteurs-géomètres du
Québec
M. GAUDREAULT: M. le Président, MM. les membres de la commission
parlementaire, permettez-moi d'abord de vous présenter les membres de
notre corporation qui ont bien voulu m'accompagner aujourd'hui devant la
commission. Il s'agit, à mon extrême droite, de M. Neil
O'Gallagher, vice-président de la corporation; M. Réjean
Blanchet, secrétaire exécutif; M. Marcel Lévesque,
président ex-officio; à mon extrême gauche, M. Julien
Lacroix, membre de l'exécutif; Me Pierre Beaudoin, procureur et Me
Robert Lesage, également procureur.
Je suis le président de la corporation, mon nom est Maurice
Gaudreault.
Je remercie M. le Président et les membres de la commission de
nous avoir invités à présenter notre mémoire.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes le dessert, vous êtes la
dernière corporation qui comparait devant nous.
M. GAUDREAULT: J'espère que vous allez être satisfaits du
dessert. A tout événement, comme préambule, je voudrais
mentionner que nous sommes d'accord sur le code des professions, compte tenu
des modifications récentes apportées par le gouvernement et
compte tenu également du mémoire présenté par le
conseil interprofessionnel.
En ce qui concerne notre loi organique, je dois vous dire que cette loi
qui régit notre corporation vient d'une loi des arpentages
édictée en 1785. Le début de notre loi date donc de 187
ans. Elle a été amendée plusieurs fois par la suite pour
devenir en 1882 la Loi des arpenteurs et des arpentages. Le gouvernement
lui-même a demandé la fondation de l'école d'arpentage en
1909. Cette école est devenue aujourd'hui la faculté de
foresterie et de géodésie de l'université Laval
d'où sont issus près de 90 p.c. des 500 membres actuels.
Il est à noter que près de 99 p.c. des membres de cette
corporation sont des diplômés d'université.
Avant d'aborder le projet de loi lui-même, il serait
peut-être intéressant d'examiner certains aspects de
l'expérience passée, aspects qui nous ont guidés dans la
préparation de ce projet. Nous constatons d'abord le rôle de
premier plan joué par le gouvernement. Dans le passé, le
gouvernement ne s'est pas contenté de sanctionner les lois d'arpentage.
Il en a été lui-même l'auteur, le rédacteur. Il est
même allé au début jusqu'à nommer l'arpenteur.
Ainsi, sous le régime français, l'arpenteur pratiquait à
titre d'arpenteur royal, en vertu d'une ordonnance. Il pouvait même
cumuler les fonctions de notaire et de juge. Au début du régime
anglais, dès 1785, l'Etat présentait et sanctionnait la
première loi des arpentages. Cette loi désignait l'arpenteur et
lui dictait sa conduite.
C'est encore l'Etat qui a institué la première
école d'arpentage, afin d'assurer une formation scolaire
adéquate. C'est l'Etat qui, en 1882, présentait et sanctionnait
ce bill public, parce que notre loi actuelle a été
sanctionnée par un bill public. Charte de notre corporation
désignée sous le nom de: Les arpenteurs géomètres
de la province de Québec. Cette loi énonce certaines
façons de procéder dans l'arpentage des cantons et laisse
à cette nouvelle corporation le soin de former et de reconnaître
ses membres, tout en assurant la protection du public. C'est encore ce
même Etat qui, à la suggestion de la corporation, amendait
légèrement cette dernière loi, le dernier amendement
remontant en 1960. L'Etat doit continuer à prendre l'initiative car le
Québec ne fait que commencer à développer ses richesses
naturelles et l'arpentage est à la base de ce développement.
Maintenant, M. Lévesque, président ex-officio de notre
corporation, a été à l'origine de cette refonte de notre
loi et a, pendant cinq ans, travaillé à titre de
secrétaire au début et par la suite comme membre de
l'exécutif de notre corporation.
Je crois qu'il est beaucoup plus habilité que moi à vous
présenter, si vous permettez, M. le Président, l'essence
même de notre mémoire, notre projet de loi. Je vais lui
céder la parole.
M. LEVESQUE (Marcel): M. le Président, comme notre
président vient de vous le dire, le mémoire que nous avons
présenté, le 14 janvier dernier, n'avait pas pour but de discuter
du bill 250. Nous avons collaboré avec le conseil interprofessionnel
dans la rédaction du mémoire dudit conseil. Nous endossions, dans
le temps, toutes les remarques qui ont été faites par le conseil
interprofessionnel. Ce n'est pas notre intention de discuter aujourd'hui du
bill 250. Nous voulons plutôt discuter du bill 261.
Le président vous a mentionné l'archaïsme de notre
loi en vous disant qu'elle remontait environ à 187 ans. C'est un fait.
La loi qui nous régit aujourd'hui date effectivement de 1882. C'est une
codification des lois qui partent de 1785 à 1882. Elle n'a pratiquement
subi aucun amendement depuis 1882.
Depuis une dizaine d'années, avec l'évolution de la
technologie et de la société, cette loi est devenue très
difficile d'application. On peut se l'imaginer. Le rôle de
l'arpenteur-géomètre au Québec est d'agir un peu comme
arbitre de la propriété publique et privée, la sauvegarde
du droit de propriété. Durant qu'on a modifié assez
fréquemment le code de procédure civile, le code civil, surtout
sur ce qui régit la propriété, le code municipal, la Loi
des cités et villes, notre loi est demeurée inchangée,
avec le résultat qu'elle est devenue très difficile
d'application.
Je dois dire ici, et je tiens à le mentionner, que la
première suggestion de refondre notre loi nous a été faite
par l'actuel ministre de la Justice qui, dans le temps, agissait comme
conseiller juridique de notre corporation. Devant certains problèmes
qu'on lui posait, M. Choquette nous disait: Ecoutez, votre loi, elle n'est
pratiquement plus applicable. Nous étions conscients de cela. Donc,
dès 1967, nous avons entrepris un projet de refonte de notre loi qui a
été terminé en 1970 et déposé au
ministère de la Justice. Vous connaissez la suite, il y a eu des
élections, il y a eu l'évolution, le code des professions, le
rapport Castonguay-Nepveu et tout cela a été retardé avec
le résultat pratique que, l'an dernier, on a eu la surprise, quelques
jours avant Noël, de recevoir une copie du bill 261 qui apportait
évidemment les amendements à notre loi conformément au
code des professions.
On s'est rendu compte qu'on avait pris la vieille loi de 1882 et qu'on
avait essayé de l'adapter au code des professions.
Je n'ai pas besoin de vous dire que notre réaction a
été assez brusque et nous avons immédiatement
communiqué avec le sous-ministre de la Justice pour demander qu'on
tienne compte du projet de refonte de loi que nous avions soumis en 1970. Nous
avons nous-mêmes entrepris de faire ce projet de refonte de loi, tenant
compte du code des professions, des énoncés du code des
professions, et c'est cette copie de refonte qui a été
annexée à notre mémoire, le mémoire que nous vous
avons fait parvenir au mois de janvier dernier.
Le but de notre intervention d'aujourd'hui est évidemment de
demander à la commission de tenir compte de ce projet de refonte de loi,
de retirer le bill 261 tel qu'il a été présenté et
de le rééditer en tenant compte du projet de refonte de loi que
nous avons soumis. Nous avons démontré dans notre mémoire,
à plusieurs endroits en fait, l'archaïsme de notre loi. Je peux
vous citer quelques cas à titre d'exemple. Nous sommes encore
obligés, à la Corporation des arpenteurs-géomètres,
en 1972, de faire passer un examen de géométrie, par exemple, aux
étudiants qui vont être admis à la pratique, un examen de
quelques différentielles, des examens de chimie et des choses comme
ça. Avec le système d'éducation que s'est donné le
Québec, c'est devenu absolument archaïque.
Mais la loi précise encore les examens qui doivent être
passés par ceux qui sont admis à la pratique. Je peux prendre un
autre exemple, celui de la borne, qui est mentionné dans la loi. On doit
prendre une borne qui doit avoir une pierre blanche de tel diamètre ou
un tuyau de deux pouces avec de la vaisselle ou de la faience en-dessous, comme
s'il n'y avait pas, depuis 1882, d'autres moyens que ça de mettre un
point permanent sur le terrain.
Ce sont autant de choses qui sont absolument archaïques et sur
lesquelles nous voulons essayer de moderniser cette loi. Notre loi actuelle
contient également une section qu'on appelle désarpentage. Il y a
des choses, dans cette section-là, qui se rapportent évidemment
à l'exercice, aux droits et devoirs de
l'arpenteur-géomètre. Par contre, il y en a d'autres qui sont des
règlements purs et simples du service des arpentages ou du
ministère des Terres et Forêts. Dans le projet de loi que nous
avons soumis, le projet de refonte, nous avions exclu ces parties-là,
par exemple comment tirer une ligne de canton ou ces choses-là.
Je pense que ce sont des règlements du service des arpentages du
ministère des Terres et Forêts et ils ne devraient pas faire
partie d'une loi corporative.
Une autre chose que nous demandons dans notre mémoire, c'est que
l'on rétablisse le titre de la loi, qu'on l'appelle la Loi des
arpenteurs-géomètres. Actuellement, le bill 261 fait
complètement disparaître le mot "géomètre". Or, nous
pensons que nous devons conserver comme titre de la loi soit la Corporation
professionelle des arpenteurs-géomètres du Québec ou
l'ordre des arpenteurs-géomètres du Québec, et nous tenons
à ce que le mot "ordre" soit inclus dans le titre de notre loi et le mot
"géomètre" aussi afin de démontrer l'aspect technique et
hautement scientifique de la profession. Evidemment, la province de
Québec est
habituée à parler d'un arpenteur, ceci date, comme M. le
Président le disait plus tôt, du régime français.
Nous avons toujours eu des arpenteurs, des arpenteurs-jurés et autres,
et aujourd'hui, évidemment, la loi actuelle parle
d'arpenteurs-géomètres et nous aimerions que le titre soit
conservé: la Loi des arpenteurs-géomètres.
Nous avions dit hier que nous serions brefs, et en fait, j'ai
illustré quelque peu le but de notre mémoire et de notre demande
de refondre la loi des arpenteurs conformément au texte que nous vous
avons soumis. Maintenant, nous sommes prêts à répondre
à vos questions, si vous en avez à nous poser.
M. GAUDREAULT: M. le Président, si vous me le permettez, pour
apporter quelques précisions à ce que M. Lévesque vient de
mentionner, il serait peut-être bon d'ajouter que nous avons
adressé il y a trois semaines à la commission le nouveau projet
de loi et les résultats d'une rencontre avec le ministère et Me
Benoit Morin, de la commission. Alors, le projet que vous avez en main
actuellement, c'est le projet qui a été transmis il y a trois
semaines.
M. BLANK: Le ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE : M. le Président, vous pouvez être certain
que, pour ma part, je suis très sympathique à la Corporation des
arpenteurs-géomètres pour avoir connu plusieurs d'entre eux en
d'autres circonstances il y a quelques années. Je me souviens
pertinemment bien des circonstances qui m'ont amené à voir des
problèmes qui résultaient du fait que la loi qui régissait
cette corporation n'était pas adaptée, comme le disait M.
Lévesque, plus tôt, aux données modernes du travail de
l'arpenteur-géomètre ou à l'évolution de la
technologie et en somme aux conditions générales dans lesquelles
les arpenteurs-géomètres doivent déployer leurs
activités en 1972.
Je voudrais seulement poser la question suivante: Dans le projet que
vous nous avez soumis, qu'est-ce que vous faites de la photo-grammétrie?
Quelle est la solution que vous apportez à ce problème-là?
Est-ce que vous en faites une demande exclusive de la part des membres de la
corporation?
M. GAUDREAULT: M. le Président, à l'article 38 de notre
projet, on mentionne les attributions, ce qui constitue l'exercice exclusif de
la profession d'arpenteur-géomètre. C'est au paragraphe b).
Il est dit: L'établissement et la tenue à jour du canevas
des points géodésiques de tous ordres de précision et
l'établissement des contrôles photogrammétriques aux fins
des travaux énumérés au paragraphe a). Cela veut dire
à mon sens que nous croyons qu'elle est de l'exercice exclusif de
l'arpenteur-géomètre, cette pratique de la photogrammétrie
pour des fins d'arpentage.
M. CHOQUETTE: Actuellement, il existe certaines firmes qui font de la
photogrammétrie. J'aimerais savoir jusqu'à quel point cette
technique est utilisée par ces firmes, qui ne sont pas des firmes
d'arpenteurs-géomètres, pour préparer des plans de
terrains, des descriptions de terrains.
M. GAUDREAULT: Généralement, ces firmes de
photogrammétrie, qui existent dans le Québec, préparent,
comme vous dites, des plans, des relevés topographiques mais je ne crois
pas qu'elles préparent des descriptions ou des documents légaux
qui peuvent servir par la suite à des transactions. Elles
préparent, ces compagnies, des plans topographiques et
planimétriques mais ce ne sont pas pour des fins de préparation
de contrats.
M. CHOQUETTE: Je comprends. Alors, selon vous, si je vous suis bien,
s'il s'agissait de préparer des plans pour des fins d'arpentage par la
méthode photogrammétrique, à ce moment-là vous
réclameriez évidemment l'exclusivité de cette
fonction.
M. LEVESQUE (Marcel): C'est mentionné par le paragraphe a) de
l'article 38. On dit...
M. CHOQUETTE: Justement, parlant du paragraphe a) de l'article 38, je
remarque que vous avez suivi le texte de l'ancien article qui décrivait
l'ensemble des prérogatives et des activités des arpenteurs en y
apportant quelques modifications, n'est-ce-pas?
M. LEVESQUE (Marcel): Oui, exactement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais seulement corriger une affirmation
du président de la commission, avec tout le respect que je lui dois. Il
dit que vous êtes le dernier groupe à comparaître devant la
commission parlementaire. Il était prévu que c'étaient les
thanatolo-gues qui sont les embaumeurs et les directeurs de funérailles,
mais on a eu peur de l'interprétation qui pourrait être
donnée à la présence de ce groupe à la toute fin
des auditions. Cela aurait pu être interprété comme voulant
enterrer la législation. Alors, c'est beaucoup plus positif de terminer
par votre groupe. Je suis conscient personnellement de l'écart qui
existe entre les représentations que vous avez faites et ce que contient
actuellement la législation, le bill 261. Mais je ne sais pas si le
ministre de la Justice, déjà... Cela n'a pas été
fait pour beaucoup de groupes devant la commission parlementaire. Cela a
été fait pour les infirmières, à ma connaissance,
où le ministre des Affaires sociales a indiqué substantiellement
quelles seraient les revendications qui seraient acceptées. Je ne sais
pas si le ministre de la Justice peut déjà dire si, à
partir du projet de loi
soumis par votre corporation dans le nouveau mémoire, les
revendications essentielles seront retenues par le législateur.
M. CHOQUETTE: II est assez difficile, à ce stade, de dire aux
membres de la commission ainsi qu'aux membres de la Corporation des
arpenteurs-géomètres jusqu'à quel point nous allons
pouvoir accepter toutes les suggestions qu'ils nous font.
Mais je puis assurer le député de Montmagny et ceux qui
sont ici aujourd'hui que le gouvernement modifiera substantiellement le projet
qui avait été préparé initialement pour tenu-compte
de votre mémoire et du projet que vous aviez déposé au
ministère de la Justice en 1970.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'en prends note et je suis content du
commentaire que vient de faire le ministre de la Justice. J'imagine que la
corporation en prend note également. Nous aurons d'autres séances
de la commission sans audition de mémoires et nous pourrons revenir sur
chacune des lois particulières.
Vous avez fait état des articles 78, 79 et 80 de l'ancienne loi
qui parlent du greffe de l'arpenteur-géomètre. Est-ce
qu'actuellement il y a beaucoup de différences dans la façon de
tenir des greffes par des membres de votre profession? Et de quoi cela
provient-il? De l'imprécision de la loi ou du fait qu'il n'y a pas de
directive précise peut-être en pratique qui a été
donnée par la corporation?
M. GAUDREAULT: Je demanderais à M. Lacroix de répondre
à cette question.
M. LACROIX (Julien): Je crois que cela provient surtout d'une
évolution importante de la profession depuis la loi de 1882. Nous nous
sommes munis d'un secrétariat permanent il y a à peine dix ans.
Notre corporation est en pleine évolution depuis ce temps et chaque
année nous faisons des modifications assez notables dans notre
réglementation. Sans secrétariat permanent, il était
autrefois possible de réglementer mais il était impossible de
faire observer une réglementation du greffe. En fait, nous en sommes
là et les modifications que nous demandons dans la loi actuelle, par
rapport à l'ancienne loi, sont justement pour nous permettre de mieux
surveiller l'administration du greffe par les arpenteurs.
Il y a deux grands modes de tenue de greffe. Il y a les greffes qui sont
tenus par les arpenteurs qui exercent" à leur propre compte et il y a
les greffes qui peuvent être tenus par ceux qui exercent pour le compte
d'une administration publique. Les problèmes, évidemment, sont
complètement différents. L'arpenteur-géomètre qui
exerce à son compte garde ses documents pour l'usage de ses clients dans
l'avenir et pour son usage personnel. Et il en demeure propriétaire
jusqu'au moment où il les cède à une autre personne, ou
jusqu'au moment de son décès alors qu'ils sont remis au
protonotaire, tandis que dans les administrations publiques, les documents des
arpenteurs-géomètres sont actuellement conservés d'une
façon qui n'est pas toujours rigoureuse, parce que ces documents sont
préparés pour l'administration publique et ne restent pas en
général dans le greffe de l'arpenteur-géomètre.
Nous avons essayé par nos articles de notre projet de loi de
résoudre ce problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous êtes satisfaits du droit
de regard que vous avez sur la formation des arpenteurs-géomètres
dans les milieux universitaires actuellement?
M. LEVESQUE (Marcel): Je pourrais répondre: Nous n'avons pas tout
à fait les mêmes problèmes que d'autres corporations parce
qu'il n'y a qu'une faculté au Québec qui dispense un programme
complet d'enseignement de l'arpentage et des sciences
géodésiques. En fait, il n'y en a qu'à Laval, à la
faculté de foresterie et de géodésie. Je pense que
jusqu'ici, il y a toujours eu, à ma connaissance, au bureau de direction
de la Corporation des arpenteurs-géomètres, un
représentant de la faculté, du moins depuis 1909. De plus, nous
avons un comité conjoint, faculté et corporation professionnelle,
pour examiner les programmes et les problèmes qui peuvent se poser. De
même, au comité des programmes des sciences
géodésiques et de l'arpentage à l'université, il y
a un représentant de la corporation.
Il arrive certains problèmes, il y a des discussions, on ne
s'entend pas toujours, mais, tout de même, je pense qu'on peut dire que
cela va assez bien dans ce domaine-là avec l'université.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il existe le besoin d'une autre
faculté universitaire ou si vous êtes satisfaits d'une seule
école?
M. LEVESQUE (Marcel): Cela a été discuté l'an
passé. Nous avons même présenté un mémoire.
Le recrutement de la profession est assez difficile. Ce n'est peut-être
pas la profession où les membres peuvent se mettre en évidence.
Si un ingénieur construit un pont comme le pont Laporte, tout le monde
voit cela, les jeunes sont épatés par cela; en fait c'est beau.
Mais nous, nous plaçons des piquets, des points sur la terre. Que nous
les mettions en or ou en platine, ce sera toujours un petit piquet qui sera
à moitié enterré. Cela n'attire pas l'attention des
jeunes, le recrutement de la profession s'en ressent et il est assez difficile.
Nous existons depuis 1882 comme profession et nous avons à peine 500
membres. Cela vous donne une idée de la difficulté du
recrutement. Actuellement, nous sommes conscients que nous manquons de membres.
En fait, l'an dernier, nous avons dû intervenir quand le gouvernement a
voté le bill 76, qui rendait ni
plus ni moins la subdivision obligatoire, pour dire: Allez-y par
étapes parce que nous ne savons pas comment nous pourrons rendre les
services requis dans toute la province. En somme, ce sont des problèmes
qui se posent.
Etant donné que l'inscription des étudiants au programme
qui se donne à Laval, jusqu'ici, était au maximum de 25
étudiants par année, nous avions préparé l'an
passé un mémoire que nous avons soumis au ministre de l'Education
afin d'avoir une deuxième faculté à Montréal. Nous
avions cru que ce serait bon d'avoir une deuxième faculté
à Montréal de façon à activer le recrutement de nos
membres. Cette année, l'inscription à la faculté a
été de 43 étudiants. Cela a été une grosse
année. Si cela se continuait comme cela, on peut se demander si nous
avons besoin d'une deuxième faculté. Si nous avions de 40
à 50 inscriptions par année à la faculté, je pense
que cela pourrait satisfaire la corporation. Nous nous occupons de faire de la
propagande dans les CEGEP et dans les cours secondaires pour essayer d'attirer
les membres vers la profession, mais cela demeure une profession difficile
à vendre, d'autant plus qu'elle est bidisciplinaire. Il y a beaucoup
d'aspects juridiques dans notre profession et il y a beaucoup d'aspects
techniques, hautement techniques et scientifiques. Alors, pour ce qui est des
programmes dans les CEGEP et les cours secondaires, les jeunes sont
orientés vers un secteur scientifique ou vers un secteur des sciences
humaines: nous avons les deux.
On se rend compte à la faculté je suis
moi-même professeur à la faculté que les jeunes
arrivent chez nous et on leur dit: Vous êtes obligés de suivre tel
cours de droit. Ils sont un peu dépaysés parce qu'ils ont
été orientés vers un programme scientifique. Ils
s'imaginent en venant chez nous qu'ils vont apprendre de la physique, des
mathématiques, des choses comme ça; en fait ils ont
été orientés vers ça. Nous sommes obligés de
leur dire: II faut que vous suiviez tel cours de droit; il faut que vous
appreniez du droit civil, le code municipal, la Loi des cités et villes,
toutes ces choses. Ils sont un peu perdus là-dedans. Ils n'ont pas
été préparés pour ça; ils n'ont pas l'esprit
préparé. Le recrutement est une difficulté qui est propre,
je pense, à notre profession. Nous faisons notre possible en
définitive.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: Je dois féliciter le groupe pour avoir
présenté un mémoire qui me semble très minutieux.
Pour rester dans l'aspect de la question qui vient d'être posée,
suite à la réponse que vous venez de donner, est-ce que cela
voudrait dire qu'il faudrait repenser le système d'éducation en
ce qui concerne ce palier plus précis pour faire en sorte, étant
donné qu'il y a comme vous venez de le dire un besoin de connaissances
multidisciplinaires qu'il y ait davantage de jeunes qui se lancent, qui
acceptent ou qui voient un brillant avenir dans ce domaine? Voyez-vous la
nécessité de changer la formule actuelle du ministère de
l'Education en ce qui concerne ce palier?
M. LEVESQUE (Marcel): Je pense que déjà les nouvelles
normes pédagogiques au niveau collégial énoncées
par le ministre de l'Education atteindraient peut-être les fins qu'on
veut obtenir en rendant réellement au CEGEP une formation
générale plus étendue. Le défaut qu'on peut
reprocher au système d'éducation actuel au niveau
collégial est celui-ci. En fait, le cours collégial
général qui prépare à l'université est
censé être un cours général. Or, déjà
on force l'étudiant à faire une option vers le secteur
scientifique ou vers le secteur des sciences humaines. L'étudiant,
immédiatement au collégial, est axé dans un champ
d'activité donné où il prend une orientation. Ni plus ni
moins, on lui met des oeillères et on lui dit : Tu t'en vas vers
ça. C'est peut-être un défaut du cours collégial
général, à mon point de vue. Les nouvelles normes
pédagogiques que le ministère de l'Education a
énoncées, qui ne sont pas en application, sont très
critiquées. A mon point de vue, elles ont du bon sens. C'est mon
opinion.
M. BELAND: Suite à votre élaboration, vous prouvez une
thèse que nous, du Railliement créditiste, soutenons à
l'effet que c'est absolument nécessaire de continuer, en ce qui concerne
une certaine quantité de paliers, une connaissance
générale de plus en plus étendue.
A l'article 65, on dit: L'arpenteur-géomètre doit
conserver le secret absolu des confidences qu'il reçoit en raison de sa
profession. Est-ce que cela existe encore, une confidence ou un secret?
M. LEVESQUE (Marcel): Chez nous, dans la loi actuelle, nous n'avons pas
de dispositions concernant le secret professionnel. Il arrive quand même
que, dans certains cas, par exemple les cas d'expropriation ou certains cas de
vente de terrains, on nous demande de garder la confidentialité de
certaines affirmations de nos clients, certains faits. C'est dans ce but qu'on
l'a inscrit, tout simplement. Dans nos règlements actuels, nous avons
des dispositions qui concernent la confidentialité de certains faits qui
nous sont mentionnés. Nous l'avons actuellement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière
n'était pas ici hier quand le Barreau a fait l'exposé. H y a
maintenant un comité spécial du Barreau qui fait une étude
sur les questions du secret professionnel et qui fera rapport au ministre de la
Justice et à notre commission sur cette question particulière,
pour couvrir toutes les professions où c'est nécessaire.
M. BELAND: Merci beaucoup de votre précision, M. le
Président, je trouve quand même qu'ici on veut continuer à
consacrer un ordre dans ce domaine.
En ce qui concerne l'article 75, il est entendu que je pourrais relever
d'autres articles précédents, de même que d'autres
subséquents, où on détermine certains aspects du greffe de
l'arpenteur-géometre. Entre autres, dans l'article 75, qu'est-ce qu'on
veut dire exactement par un greffe commun?
M. GAUDREAULT: Je demanderais à M. Lacroix de répondre
à cette question.
M. LACROIX (Julien): Cette question rejoint une partie de la
réponse, continue, si vous voulez, dans le même ordre
d'idées. Dans les sociétés de géomètres en
pratique privée ou dans les administrations publiques, les plans qui
sont préparés par les arpenteurs-géomètres et qui
sont signés par eux c'est un des aspects dans les administrations
publiques ne demeurent pas toujours sous la garde d'un
arpenteur-géomètre. Alors, comme la corporation veut suivre les
greffes, voir à ce qu'ils restent complets, qu'ils soient gardés
en ordre de façon que, le jour où
l'arpenteur-géomètre quitte ou le jour, en supposant qu'il s'agit
d'une administration publique, où il y a des modifications dans cette
administration, ces greffes puissent être suivis. Il y a des plans,
actuellement qui ont été faits il y a 20 ans et qu'on ne peut
plus retrouver. Evidemment, ce n'étaient pas des grandes administrations
publiques, mais le fait est que les originaux sont inexistants.
On veut par là qu'il y ait un arpenteur-géomètre
qui soit en charge du greffe, que ce soit sous la garde d'un
arpenteur-géomètre et la seule façon, c'est qu'il y ait un
greffe commun, c'est-à-dire que tous les
arpenteurs-géomètres exerçant dans l'administration
forment une espèce de "pool" de leurs plans, mais qu'ils soient sous la
garde d'un arpenteur-géomètre.
C'est l'idée du greffe commun. Dans une société qui
exerce en pratique privée, le problème se pose d'une autre
façon: pour des raisons administratives, il est souvent
préférable que les documents soient mis en commun pour fins de
consultation, si cela se rapporte à un certain travail, et ces plans ne
sont pas toujours signés par un même
arpenteur-géomètre. En faisant un greffe commun, on se trouve
à résoudre ce problème en voyant à ce que cela soit
sous la garde d'un arpenteur-géomètre.
M. BELAND: Merci de votre réponse. J'aurais une autre question
à poser. C'est peut-être une question primaire, étant
donné que nous y avons fait allusion plutôt dans
l'élaboration première ou dans le préambule.
Qu'auriez-vous à suggérer qui semblerait être davantage de
notre temps, pour remplacer la fameuse vaisselle aux bornes ou d'autres machins
semblables?
M. GAUDREAULT: Evidemment, on a déjà préparé
un règlement qui sera soumis aux membres aussitôt que notre loi
organique sera sanctionnée. Dans ce règlement, nous avons un
repère beaucoup plus moderne. Il s'agit c'est ce qui a
été proposé, si je me rappelle bien d'une tige en
fer qui devrait porter les initiales de l'arpenteur-géomètre et
également, le numéro matricule de l'arpenteur, de façon
qu'il soit beaucoup plus facile de savoir, à la vue même de ce
repère, qui a fait les travaux de relevé ou d'arpentage.
M. BELAND: Supposons que c'est une borne qui est entre le numéro
deux et trois de telle concession, y aurait-il d'un côté le
numéro deux et de l'autre, le numéro trois? Enfin, est-ce que
vous ajouteriez quelques autres désignations comme celles-là?
M. GAUDREAULT: En vertu des dispositions de la Loi des arpentages, dans
les sections du Québec qui sont divisées en cantons, nous sommes
tenus de numéroter les bornes suivant la désignation cantonale.
Cette chose demeure et demeurera, évidemment, dans la nouvelle
présentation des bornes.
M. BELAND: En ce qui me concerne, je vous remercie des explications
supplémentaires qui ont été apportées.
Peut-être que l'honorable député de Dorchester aurait
d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Combien y a-t-il d'arpenteurs-géomètres
pratiquant dans la province de Québec? Je pense que je n'ai jamais vu
cela nulle part.
M. GAUDREAULT: Nous avons actuellement, si ma mémoire est bonne,
503 ou 504 membres de la corporation qui sont autorisés à exercer
la profession.
M. GUAY: Quand on parle de représentations dans les
assemblées générales, est-ce que vous en avez souvent de
ces assemblées générales ou si vos membres participent de
façon assez...
M. GAUDREAULT: En vertu de la loi, nous devons tenir une
assemblée générale annuelle. A titre d'exemple de
représentations, à la dernière réunion annuelle,
nous avions une représentation de 276 membres sur un total de 500; ce
qui représente plus de 60 p.c. de l'effectif présent.
M. GUAY: Etant donné la nouvelle Loi des
arpenteurs-géomètres, il y a peut-être certaines
abrogations de l'ancienne loi qui vont arriver. Qu'adviendra-t-il des
dispositions de la loi qui
obligeait l'arpenteur-géomètre à se soumettre
à des réglementations assez sévères, concernant la
façon de travailler, les méthodes d'arpentage, qui sont quand
même des méthodes reconnues?
M. CHOQUETTE: C'est pour cela que c'est une profession, ils ont des
méthodes professionnelles.
M. GUAY: C'est quand même assez important. Si les
arpenteurs-géomètres ont à vivre avec des dispositions
difficiles d'application, qu'est-ce qu'il advient de cela?
M. GAUDREAULT: Je demanderais à Me Lesage de répondre
à cette question.
M. LESAGE: M. le Président, je ne veux pas prendre le temps
inutilement de la commission, je veux simplement vous souligner que dans la loi
des arpenteurs qui, autrefois, s'appelait la Loi des arpenteurs et des
arpentages, il y a deux espèces de dispositions. Il y a les dispositions
qui concernent l'arpenteur et sa profession et il y a des dispositions qui
concernent la manière de faire certaines opérations sur le
territoire de la province. Le projet de loi ne propose pas de modifier ces
dispositions qui sont d'ordre public et qui appartiennent essentiellement
à l'Etat de décider si elles doivent être modifiées
et comment elles doivent être modifiées. Mais nous
suggérons fortement que les nouvelles dispositions et que le nouveau
projet de loi n'incorporent pas, dans un même texte, les deux
espèces de dispositions, parce que c'est retenir un peu
l'assujettissement de la Corporation des arpenteurs-géomètres,
à l'Etat lui-même, alors que les autres professions ont leur
autonomie. La Corporation des arpenteurs-géomètres aspire
à être traitée de la même manière que les
autres corporations et à travailler avec le même code des
professions. On ne devrait pas trouver, dans la Loi des
arpenteurs-géomètres, des choses qui ne régissent pas
directement la corporation professionnelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce serait la même chose que de
mettre dans la Loi médicale des clauses concernant la santé
publique?
M. LESAGE: C'est cela.
M. GUAY: Ce sont deux dispositions différentes.
M. LE PRESIDENT: Le député de l'Assomption.
M. PERREAULT: Quelle est la durée du cours
d'arpenteur-géomètre?
M. LEVESQUE (Marcel): Quatre ans.
M. PERREAULT: Quel est le pourcentage d'échecs?
M. LEVESQUE (Marcel): Depuis quelques années, je peux dire que
les étudiants qui s'inscrivent à l'université,
après la première année, on peut en perdre à peu
près quatre ou cinq sur 25 qui vont abandonner le cours. Les autres
généralement, quand ils ont complété la
première année, réussissent à terminer le cours
à l'université.
Mais après ça, ils doivent passer un examen devant la
corporation avant d'être admis à pratiquer. Cet examen, j'en
parlais tout à l'heure, est prévu par la loi.
L'an dernier, je pense qu'il y en a environ 75 p.c. ou 80 p.c. qui ont
réussi l'examen de la corporation du premier coup, si on peut dire. Cela
a été un succès, l'an dernier. Je peux vous dire que, dans
mon cas personnel, quand j'ai passé en 1947, sur douze, nous
étions deux qui avions réussi l'examen du premier coup. Alors,
ça vous donne un peu l'idée. Mais, ç'a
évolué depuis.
Evidemment, le cours à l'université Laval a aussi
évolué; c'est devenu un cours très
spécialisé de quatre ans et nos candidats sont beaucoup mieux
préparés pour les examens de la corporation et pour la pratique
qu'ils ne l'étaient autrefois, qu'on ne pouvait l'être dans mon
temps, par exemple.
M. PERREAULT: A partir de là, en supposant que l'examen de la
corporation soit aboli et qu'on se limite à l'examen universitaire pour
l'entrée dans la profession, est-ce que vous désirez être
consultés davantage par l'université dans le programme
d'études, le contrôle des examens?
M. LEVESQUE (Marcel): Certainement. Si on en arrivait à
ça, il faudrait qu'il s'établisse entre la corporation et
l'université, une consultation permanente. A mon point de vue, la
corporation devrait maintenir son examen. J'entre un peu, sur ce point dans les
vues du Barreau. Hier, j'ai entendu Me Cinq-Mars défendre ce point pour
le Barreau et c'est absolument le point de vue que je peux avoir pour les
examens de notre corporation.
Il ne faut pas oublier une chose, c'est que
l'arpenteur-géomètre, quand il est reçu par la
corporation, qu'on lui donne son droit de pratique, il a le droit de pratiquer
comme n'importe quel arpenteur qui a dix, quinze ou vingt ans
d'expérience. Or, cette expérience, il ne l'a pas et on ne peut
pas la lui donner à l'université. C'est impossible.
M. PERREAULT: Vous comparez avec le Barreau; vous pourriez comparer avec
d'autres professions similaires à la vôtre qui n'ont pas l'examen
de la corporation.
M. LEVESQUE (Marcel): Similaires à la nôtre, je ne sais pas
de laquelle vous voulez parler.
M. PERREAULT: Je veux vous parler des ingénieurs, ils n'ont pas
cette...
M. LEVESQUE (Marcel): Oui, mais ils ont un juniorat.
M. PERREAULT: Ils n'ont pas de juniorat, ils sont admis comme
ingénieurs.
M. LEVESQUE (Marcel): Je pense que les ingénieurs ont un
juniorat. Je ne sais pas si... Est-ce que la Corporation des ingénieurs
admet immédiatement, quand le type reçoit son diplôme
à la polytechnique, par exemple...
M. PERREAULT: II y a plusieurs autres professions, dont les
ingénieurs. Ce n'est pas ça que je vous demande. Advenant qu'il y
ait un seul examen, ce qui est fort possible, je vous demande si vous avez
besoin d'un contrôle des résultats universitaires. C'est ça
que je vous ai demandé.
M. GAUDREAULT: M. le Président, je pense que, comme M.
Lévesque le mentionnait, le programme dispensé par
l'université sur le plan des sciences techniques est pur, excellent, et
la Corporation des arpenteurs le réalise bien. D'ailleurs, depuis
quelques années, le programme s'est considérablement
amélioré. Mais, il reste que nous tenons encore et je
crois que pour un certain temps, c'est l'opinion unanime des membres de la
corporation à faire un contrôle sur la compétence
professionnelle du candidat.
Nous constatons qu'il est difficile d'acquérir cette connaissance
professionnelle à l'université. Je crois que vous avez raison;
notre profession a certaines similitudes avec les ingénieurs. Mais, il
reste qu'elle en a également avec le Barreau et le notariat.
C'est cette autre partie de notre profession qui veut que nous ayons une
double personnalité à ce point de vue.
M. PERREAULT: Mais le notariat s'oriente justement vers un
contrôle universitaire. Il n'y a pas d'examen d'admission. Est-ce que
vous avez un cours qui est donné par les
arpenteurs-géomètres après l'université?
M. GAUDREAULT: Non. Cela n'existe pas.
M. PERREAULT: Alors, qu'est-ce qui vous empêcherait d'aller
contrôler à l'université même les résultats
des examens?
M. GAUDREAULT: Depuis déjà 1968, la corporation a fait des
pressions auprès de l'université pour avoir un contrôle de
ce genre sur le programme et sur les examens qui se donnent à
l'université. Evidemment, l'université nous reproche quelquefois
de soumettre ces finissants à un autre examen et on a demandé que
l'on nous donne un droit de regard sur leurs examens, etc. Malgré toute
la collaboration que nous avons eue avec la faculté, collaboration que
je mentionnais tout à l'heure, l'université est assez
réticente à ce que des étrangers viennent s'immiscer.
Surtout les professeurs disons, individuellement sont assez
réticents à ce qu'une corporation vienne juger de leur examen,
surtout de voir à la préparation de leurs examens, juger des
résultats, des corrections, etc. Mettons-nous à la place d'un
professeur de l'université qui est plutôt individualiste; il voit
cela difficilement.
Il y a une évolution qui se produit également à
l'université. On pense que le cours, le programme pourra peut-être
éventuellement être modifié et on arrivera peut-être
à ce que l'édudiant, par exemple, finisse son cours, ait son
baccalauréat à l'université et après, aille sur le
marché du travail pour faire une cléricature assez
diversifiée avec des membres de la corporation et revienne à
l'université prendre une spécialité ou parfaire son cours.
A ce moment, il pourrait être admis à la corporation sans examen.
En fait, c'est une chose qui est à l'étude et qui pourrait
être envisagée.
M. PERREAULT: Est-ce que vous avez un chevauchement avec d'autres
professions? Il semble que vous avez connu certaines difficultés
à la suite du bill 48 avec des évaluateurs. Et certains
arpenteurs-géomètres...
M. GAUDREAULT: Nous ne croyons pas avoir des problèmes
sérieux avec les autres corporations. Vous avez raison. Nous avons eu
quelques petits démêlés lors de la sanction du bill 48,
mais nous croyons que les évaluateurs, dans les techniques qui leur sont
propres, ont vraiment leur raison d'être dans la question de
l'évaluation même. Où nous avons eu, comme vous dites, un
petit conflit, c'est au moment où ils ont fait des plans qui devraient
être faits par les arpenteurs-géomètres. Mais dans
l'exercice même des travaux, des devoirs qu'ils ont octroyé par
leur bill, leur loi, nous n'avons pas de problème avec cela.
M. PERREAULT: En pratique, lorsque vous produisez un plan pour un
terrain donné, vous faites la description du terrain en question en
général. J'ai été maire pendant une dizaine
d'années. J'ai pu constater des erreurs entre le plan et la description
numérique.
Alors, est-ce que le plan a préséance sur la description
du terrain?
M. GAUDREAULT: Je demanderais à M. Lesage qui plaide une cause
sur cette question de répondre, si vous le permettez.
M. LESAGE: On ne peut pas répondre d'une
façon générale. Ce sont toujours des cas
d'espèce et il faut examiner les documents qui transportent la
propriété.
En principe, le cadastre ne donne pas de droit. Alors, le cadastre est
constitué d'un plan et d'un livre de renvoi et, si les titres de
propriété réfèrent au cadastre, là, ils
réfèrent d'abord à la description, et le plan peut ne pas
être conforme à la description; mais encore là, c'est un
cas d'espèce et on ne peut pas répondre de façon
générale.
M. PERREAULT: II est plus facile de vérifier un plan que de
vérifier un lot, deux ou trois pages de descriptions techniques.
M. GAUDREAULT: En ce qui concerne le plan et livre de renvoi, il me
semble bien que et M. Lesage me corrigera si je fais erreur la
description technique a préséance sur le plan.
M. PERREAULT: Merci.
M. BLANK: Avant qu'on ne termine, j'ai une question. Quelle est la
traduction anglaise d'arpenteur-géomètre?
M. GAUDREAULT: Demandez à notre membre, Mr. O'Gallagher, de
répondre.
M. LE PRESIDENT: Mr. O'Gallagher?
M. O'GALLAGHER: The translation of "arpenteur-géomètre" is
Quebec Land Surveyor.
M. LE PRESIDENT: It is the same as the one before.
M. O'GALLAGHER: Exactly.
M. LE PRESIDENT: You dont have the geometric at all?
M. O'GALLAGHER: Non, non. On n'a pas ajouté cela.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, au nom de la commission, je vous remercie de
votre présentation. La séance de la commission est suspendue
jusqu'à mardi, à dix heures, le 14, à huis clos.
M. GUAY: Est-ce à huis clos?
M. LE PRESIDENT: Pas à huis clos, mais sans audition.
(Fin de la séance à 17 h 54)
ANNEXE 1
Mémoire de M. Robert Bleau, denturologiste
INTRODUCTION
Dans la présentation du présent mémoire, les
denturologistes dont les noms suivent et plusieurs autres s'associent à
M. Robert Bleau t.d.c, président de l'Association des denturologistes
1968-71.
ROBERT PERREAULT, t.d.c, vice-président et directeur de
l'Association des denturologistes. 1967-1971.
YVON LAMONTAGNE, t.d.c., directeur de l'Association des denturologistes.
1968-1971.
MARC BOILY, t.d.c, directeur de l'Association des denturologistes.
1969-1971.
LEO GRENIER, t.d.c, directeur de l'Association des denturologistes.
1967-1971.
SYLVA RUSSELL, t.d.c, directeur de l'Association des denturologistes.
1969-1971.
CLAUDE DUGRE, t.d.c, directeur de l'Association des denturologistes.
1968-1971.
LEO MATERAZZO, t.d.c, secrétaire-trésorier, de
l'Association des Techniciens-dentaires. 1969-1971.
AVANT-PROPOS
Le signataire du présent mémoire et les denturoligistes
qui l'appuient désirent sincèrement formuler leurs remerciements
à l'endroit du ministre des Affaires sociales, l'honorable CLAUDE
CASTONGUAY. Ils croient que la présentation du projet de loi 266 par le
ministre des Affaires sociales apportera de grands bienfaits à notre
population.
Ce mémoire souligne notre satisfaction au moment où nous
devenons de véritables professionnels. Cette profession, nous la devrons
en partie au ministre des Affaires sociales, qui sait bien comprendre le bien
de la société.
Enfin, il faut reconnaître une situation de fait. En effet,
environ quatre-vingt pour cent de la population profite actuellement d'une
situation illégale en ce qui a trait aux prothèses dentaires
amovibles. La population qui désire un service dentaire de la meilleure
qualité et plus économique, sera enfin très bien servie,
puisque nous aurons au Québec un contrôle de la qualité et
surtout un contrôle des denturologistes.
Le ministre de la Santé, M. Claude Castonguay, et les
législateurs auront droit à notre reconnaissance, ainsi
qu'à celle de la population.
A Messieurs les membres de la commission parlementaire des Affaires
sociales Messieurs,
Le signataire de ce mémoire, ainsi que ses confrères qui
l'appuient, veulent en premier lieu remercier l'honorable CLAUDE CASTONGUAY,
ministre des Affaires sociales lequel a présenté à
l'Assemblée nationale le projet de loi 266, créant la Corporation
professionnelle des denturologistes du Québec. Ces renseignements
s'adressent aussi aux membres de la commission parlementaire des Affaires
sociales, qui a bien accueilli les denturologistes requérants et a su
écouter leurs revendications.
Une étude attentive du projet de loi 266 et du Code des
professions nous amène à soutenir l'adoption de ces deux lois,
adoptées en première lecture.
Nous considérons que l'honorable CLAUDE CASTONGUAY a agi avec
sagesse. En effet, il délimite les champs d'action dans le secteur
dentaire. Ainsi, les connaissances et les compétences diverses pourront
être pleinement exploitées. La population y trouvera un
contrôle de la QUALITE DES SERVICES tant au point de vue de L'ECONOMIE
que de L'ACCESSIBILITE.
Les projets de lois 266 et 250 rencontrent, à notre avis, les
désirs exprimés depuis longtemps par la population du
Québec en matière de prothèses dentaires amovibles. Ils
répondent également aux aspirations depuis longtemps
formulées par les denturologistes.
L'illégalité nous a jusqu'ici causé des
préjudices graves et la population s'est fait exploiter par des
incompétents.
La nouvelle loi permettra aux denturologistes d'exercer leur art de
façon directe avec la population. La technique dentaire conservera ses
spécialistes.
Nous remercions le gouvernement au nom de la population comme au nom des
denturologistes qui partagent notre point de vue. Nous sommes convaincus que le
projet de loi 266 complété par le projet de loi 250 rend justice
au secteur dentaire concerné.
Nous soumettons respectueusement que le gouvernement doit maintenir la
position à laquelle il arrive, après les recommandations des
comités et commissions qui ont fait enquête sur l'état de
la santé dentaire, au Québec, au Canada et à
l'étranger.
Nous vous assurons, messieurs, de notre entière
coopération avec tous les autres organismes du domaine de la
santé, afin que la nouvelle loi apporte à la population les
bienfaits qui sont, à coup sûr, l'objectif des législateurs
qui ont rédigé la nouvelle loi.
Le projet de loi 266 prévoit que deux représentants du
gouvernement siégeront au conseil d'administration de la Corporation des
denturologistes du Québec.
Ces représentants pourront juger s'il y a lieu d'apporter des
modifications à la loi, à la lumière de
l'expérience et des problèmes vécus. Nous croyons qu'en de
telles circonstances, le gouvernement écoutera attentivement les
recommandations de ses représentants.
RECOMMANDATIONS
A- C'est pourquoi nous recommandons que le gouvernement adopte la loi
des denturologistes pour deux raisons primordiales: 1) donner aux
denturologistes un statut professionnel, et une existence légale; 2) en
corollaire, le public sera mieux servi, en qualité des services, en
économie de prix, et en accessibilité.
B- Nous recommandons également que l'esprit de la loi consacre
l'interprétation que le rapport de l'étude du secteur
para-médicale "PLANS ET CARRIERES" a voulu donner à la
définition de la profession de la denturologie et à son champ
d'action.
CONCLUSION
Nous sommes heureux de constater que le gouvernement veut établir
un ordre juridique, moral et social dans le secteur de la santé, et tout
spécialement dans le secteur dentaire. Veuillez agréer,
messieurs, l'expression de notre plus haute considération.
ROBERT BLEAU, t.d.c. denturologiste.
ANNEXE 2
Mémoire présenté par
l'Association Dentaire Canadienne
sur le projet de loi 266 Loi des
Denturologistes
SOMMAIRE DES RECOMMANDATIONS
SUJET
RECOMMANDATION
PARAGRAPHE PAGE
Commission Wells sur Après avoir complété des cours
ad- 2.15 et 5 et 6 les auxiliaires dentaires ditionnels approuvés, les
techniciens 2.16 dentaires licenciés pourraient travailler directement
pour le public sous le contrôle d'un dentiste, soit dans des cliniques
privées ou des cliniques publiques spécialement
aménagées à cette fin.
Définitions Le terme "denturologiste" devrait 3.2 7 être
rayé de la loi, et remplacé par les termes "technicien dentaire",
"technologiste dentaire", ou "mécanicien dentaire", selon les
qualifications de chacun.
Le terme "professionnel" devrait 3.4 7 être rayé de la
"Corporation professionnelle des denturologistes du Québec".
Service direct au public On devrait permettre aux techni- 4.3 et 8 et 9
par les techniciens den- ciens dentaires qui rencontrent les 6.2 taires normes
requises, de travailler direc- tement pour le public sur ordonnance et sous le
contrôle direct d'un dentiste.
Services par le dentiste Le projet de loi mériterait certains 5.2
9 éclaircissements, pour autoriser le dentiste à vendre, ajuster,
fournir et remplacer des prothèses amovibles.
Permis Quiconque désire traiter directe- 7.2 10 ment le public,
doit avoir un minimum de connaissances scientifiques et techniques. Les
techniciens dentaires qui peuvent démontrer qu'ils possèdent ces
connaissances, devraient être autorisés à transiger
directement avec le public sous le contrôle d'un dentiste.
Loi des techniciens La loi des techniciens dentaires 7.4 11 dentaires
devrait être retenue et régir ceux qui peuvent se qualifier dans
le métier de la technique dentaire de laboratoire.
ASSOCIATION DENTAIRE CANADIENNE
1.1 L'Association dentaire
canadienne a eu l'occasion d'étudier le projet de loi 266. Cette mesure
législative aura une répercussion considérable sur la
profession dentaire en général et la distribution des soins, au
Québec en particulier. Nous apprécions l'occasion qui nous est
offerte, de présenter les vues de l'Association devant les membres de la
commission parlementaire. 1.2 L'Association dentaire canadienne est l'organisme
national de la profession dentaire au Canada, et groupe 7,400 membres. 1.3
Chaque province est membre corporatif de l'Association et le Collège des
chirurgiens-dentistes de la province de Québec représente cette
dernière au sein de l'Association nationale. 1.4 Chaque collège
provincial soumet la liste de ses membres, dûment inscrits, à
l'Association dentaire canadienne, et les praticiens deviennent ainsi "membre
individuel" de l'Association. La province de Québec compte donc 1,709
membres de l'Association dentaire canadienne.
INTRODUCTION
2.1 En décembre 1971, l'honorable
Claude Castonguay, ministre de la Santé et des Affaires sociales,
déposait devant l'Assemblée nationale le projet de loi 266 sur la
denturologie. Subséquemment, le ministre invitait les différentes
associations à présenter des commentaires sur cette mesure
législative. L'Association dentaire canadienne se rend au voeu du
ministre en lui soumettant ce mémoire. 2.2 II semble y avoir
unanimité d'opinion en ce moment, pour affirmer que la profession
dentaire est numériquement incapable de donner au public tous les
services qu'il requiert. Des statistiques récentes(1)
indiquent qu'environ 14 p.c. des hommes et 11 p.c. des femmes au Québec
ont besoin de prothèses nouvelles ou réadaptées. La
répartition des dentistes dans la province et au Canada, il est vrai,
laisse à désirer. Cinquante-cinq pour cent des Canadiens vivent
dans des localités où ils ne peuvent obtenir qu'environ 35 p.c.
des services requis, à cause du manque de personnel
qualifié.(2) 2.3 Dans la plupart des professions cette
situation a provoqué une délégation d'actes à des
corps auxiliaires, ordinairement associés à ces professions.
Cette division du travail et de responsabilités se retrouve en chirurgie
dentaire avec l'apport des hygiénistes dentaires, des assistantes
dentaires et des techniciens dentaires qui sont des groupes reconnus à
l'échelle nationale. 2.4 Un technicien dentaire licencié est
qualifié et autorisé à fabriquer des prothèses sur
ordonnance d'un dentiste. Il n'est pas qualifié ni autorisé
à poser un diagnostic, à examiner les anomalies de la bouche,
à faire des prélèvements cytologiques ou biopsies pour
dépister le cancer. C'est encore le dentiste qui doit déterminer
la forme de dents la mieux adaptée, prendre les empreintes
intra-buccales, enregistrer la relation inter-maxillaire et donner au
technicien des instructions spécifiques dans chaque cas. Son
apprentissage permet actuellement au technicien d'assumer ses fonctions,
seulement après que le dentiste ait complété les examens
et les opérations préliminaires. 2.5 En plus de ces trois
catégories reconnues d'auxiliaires, les techniciens dentaires servent le
public directement et indépendamment de la profession dans quelques
provinces. Le Manitoba, l'Alberta et la Colombie-Britannique ont
sanctionné des lois qui permettent aux techniciens dentaires d'offrir et
de fabriquer directement pour le public, des prothèses dentaires.
Certains' individus (illégaux, ceux-là) dans d'autres provinces
et y compris le Québec, transigent directement avec le public. Ils
réclament les mêmes privilèges accordés aux
techniciens de l'Alberta, du Manitoba, et de la Colombie Britannique.
(1) Simard, Paul et Lussier, J.-P. Les soins dentaires au Québec:
besoins dentaires en général; besoins dentaires des personnes de
18 ans et moins; conclusions. J. Ass. Dent. Canad. 36:452,1970.
(2) Hunt, A. M. Projected needs for dentists in Ontario. Background
paper prepared for the Manpower Committee of the Ontario Council of Health, May
1968. Cité dans le rapport de la Commission d'enquête sur les
auxiliaires dentaires, Ottawa 1970.
2.6 Sans doute, quelques techniciens illégaux ont pu faire des
pièces de prothèses acceptables aussi bien que de très
nombreuses non satisfaisantes, au mépris des lois établies pour
protéger le public. 2.7 Les dentistes produisent également de
très nombreuses prothèses fonctionnelles et confortables.
Occasionnellement ils peuvent, eux aussi, subir l'insuccès chez des
patients qui éprouvent une certaine difficulté d'adaptation, qui
souffrent de troubles de l'articulation temporomandibulaire ou qui
tolèrent mal certains matériaux dentaires. 2.8 II est
certainement impossible d'estimer ou de comparer (statistiquement) la
proportion de prothèses dentaires satisfaisantes produites par les
dentistes et les techniciens illégaux. Cependant il est raisonnable
d'assumer que certains patients qui réclament plus que la fabrication
mécanique de prothèses dentaires sont davantage susceptibles de
recevoir cette qualité de service d'un praticien qui a reçu une
formation universitaire, soit le dentiste. 2.9 Bien que quelques individus
soient de la première catégorie de patients qui ne
présentent pas de problème particulier, la grande majorité
requiert le diagnostic et les autres connaissances que seul un dentiste est en
mesure d'offrir. Nier cette compétence, c'est exposer la santé du
patient à de graves et réels dangers. (3) 2.10 Le technicien
illégal n'a aucun niveau d'instruction défini ni d'apprentissage;
n'importe qui peut dont prétendre à ce titre. Il n'est ni
licencié, ni enregistré. Ses locaux ne sont soumis à aucun
règlement de santé ou d'hygiène. Ses patients n'ont
absolument aucun recours en loi. 2.11 En Colombie-Britannique, en Alberta et au
Manitoba on a accordé aux techniciens dentaires le droit de transiger
directement avec le public. Cependant ces provinces ont établi des
programmes d'études et déterminé des standards minimum de
formation que le technicien dentaire doit rencontrer avant d'obtenir
l'autorisation de travailler directement pour le public. Cette formation
additionnelle, en plus des aspects mécaniques de son métier, le
prépare à faire un examen sommaire de la bouche, à
accomplir certaines opérations intra-buccales, et à
référer à un dentiste pour examen plus
détaillé, tout patient qui présente quelque anomalie
buccale. Cette protection n'est pas possible lorsqu'un patient se confie
à un technicien dentaire illégal. 2.12 Les techniciens dentaires
certifiés en Colombie-Britannique, en Alberta et au Manitoba ont le
droit de fabriquer et d'insérer des prothèses dentaires
complètes lorsque le patient est totalement édenté. Le
projet de loi 266 de l'Assemblée nationale du Québec permettrait
de "vendre, fournir, poser et remplacer des prothèses dentaires
amovibles" de toutes sortes. Ceci comprend la prothèse partielle
amovible, c'est-à-dire quand il reste une ou plusieurs dents en bouche.
La nécessité d'une plus grande connaissance des sciences
biologiques s'accroît au centuple dans ces cas complexes qui peuvent
varier à l'infini. La résistance des dents naturelles contre la
tension des crochets, la forme et le volume des racines (qui peuvent être
déterminées seulement par la radiographie), la vitalité
des tissus de soutien (gencives et tissus osseux) autant de facteurs dont il
faut tenir compte en diagnostiquant quelles dents serviront d'attache et,
partant, quels seront la forme et les contours de cette prothèse
partielle. Un tort irréparable pourrait être causé aux
dents naturelles par une prothèse partielle mal conçue et
adaptée à des dents incapables de supporter les forces de
mastication. Certaines pièces partielles pour être bien
adaptées, nécessitent une préparation spéciale des
dents naturelles pour recevoir des crochets spéciaux (Roach ou autres)
ou des attaches de précision; dans les deux cas les dents naturelles
doivent être meulées et préparées
adéquatement. 2.13 II est donc impensable que des techniciens dentaires
qui n'ont reçu qu'un apprentissage mécanique de la fabrication
des prothèses, soient autorisés à "fabriquer, vendre etc."
des prothèses complètes et partielles directement à la
population du Québec sans même un examen du patient par un
dentiste. 2.14 Si le projet de loi 266 était accepté dans sa
forme actuelle, le présumé "denturologiste" assumerait des
responsabilités que seul le chirurgien dentiste, jusqu'à ce jour,
a endossé et pour lesquelles il a reçu une formation
adéquate. Nous croyons une telle action contraire à
l'intérêt public et que la santé dentaire de la population
de la province en éprouvera un tort irréparable.
( 3) Cour Suprême de la Colombie-Britannique. Collège des
chirurgiens-dentistes de la C.-B., versus Ernest Kilbourne Cleland. 2
février 1968; 16 octobre 1968; 14 février 1969.
2.15 La commission Wells, sur les auxiliaires dentaires, une commission
nationale présidée par le juge en chef, Dalton C. Wells de la
cour Suprême d'Ontario a récemment fait une étude
exhaustive sur le rôle des techniciens dentaires dans la distribution des
soins prothétiques. Siégeaient sur cette commission des
sociologues, des professionnels en hygiène publique, des dentistes, des
représentants du gouvernement fédéral et des
représentants du public consommateur. La commission recommande que le
technicien dentaire licencié qui aspire à traiter directement
avec le public reçoive une formation additionnelle des procédures
intra-buccales. Après avoir complété cet apprentissage
additionnel, ils devraient être autorisés à servir le
public directement sous le contrôle d'un dentiste. Ils devraient
travailler dans des cliniques privées, des cliniques publiques ou toute
autre clinique édifiée ou aménagée à cette
fin. 2.16 L'association approuve cette recommandation pour les raisons
suivantes:
(1) Elle assure au public une protection optimum;
(2) Certaines procédures intra-buccales, autrefois
réservées au dentiste pourraient être dévolues
à ces auxiliaires, soulageant ainsi le dentiste de certaines
tâches, ce qui lui permettrait aussi de consacrer plus de temps à
des services qui réclament des connaissances professionnelles
particulières;
(3) Le patient réaliserait probablement des économies,
sans pour autant perdre la qualité du service;
(4) Intégration complète du technicien comme membre de
l'équipe dentaire. 2.17 L'association croit qu'elle a la
responsabilité morale d'avertir le public de la province de
Québec, des conséquences désastreuses qu'aurait l'adoption
de ce projet de loi dans sa forme actuelle. L'association demeure convaincue
que la recommandation de la commission Wells est une meilleure façon de
prodiguer des services prothétiques de qualité à plus de
personnes et à un coût minimum.
LA LOI
3. DEFINITIONS 3.1 Denturologiste
Ce terme implique un statut de spécialité incompatible
avec la formation technique envisagée pour les "denturologistes" ainsi
qu'avec la terminologie médicale et dentaire en Amérique du Nord.
De plus, le terme "denturologiste" pourrait être interprété
par le public comme une spécialité de la médecine
dentaire. 3.2 Recommandation L'association recommande que le
terme "denturologiste" soit biffé et remplacé par les termes
"technicien dentaire", "technologiste dentaire" ou "mécanicien dentaire"
selon le niveau de formation des individus. 3.3 La Corporation
professionnelle des denturologistes du Québec Selon l'usage,
le terme profession s'applique à une vocation qui réclame une
formation supérieure ou universitaire. Un apprentissage technique n'est
pas considéré comme une formation supérieure. 3.4
Recommandation L'association recommande que le terme
"professionnel" soit rayé de cette définition. 4. PRATIQUE DE
LA DENTUROLOGIE 4.1 Diagnostic L'article 6, de la section IV,
établit ce qui constitue l'exercice de la "denturologie" et affirme
qu'il est interdit à un "denturologiste" de poser un acte qui a pour
objet de diagnostiquer ou de traiter les maladies des dents. Or avant de
fabriquer une prothèse on doit déterminer s'il y aura une
chirurgie préprothétique, pour corriger les muqueuses ou les
crêtes alvéolaires ou encore décider du genre de
prothèse à employer. Ces décisions ne peuvent être
prises sans un examen attentif de la cavité buccale. Ceci est
particulièrement vrai dans le cas des prothèses partielles
où le contour des pièces, voir même la décision de
remplacer les dents manquantes est directement liée au diagnostic et au
pronostic des dents naturelles restantes et aux tissus de soutien. 4.2
Puisqu'il est convenu que le "denturologiste" ne doit ni diagnostiquer, ni
traiter les maladies des dents, il peut transiger avec le public seulement par
le médium du dentiste ou alors en contravention de l'article 7 de la
section IV de la loi.
4.3 Recommandation L'association recommande que les
techniciens dentaires qui auront satisfait aux exigences des stages
d'entrafnement additionnels, soient autorisés à travailler
directement pour le public sur ordonnance et sous la direction du dentiste. 5.
DENTISTES 5.1 L'article 7 de la section IV établit, que sous
réserve des droits et privilèges expressément
accordés par la loi à d'autres professionnels, les actes
décrits à l'article 6 sont réservés aux
"denturologistes". L'article 12 stipule que sous réserve de l'article 7,
nul ne peut poser l'un des actes décrits au premier alinéa de
l'article 6 s'il n'est pas "denturologiste". Il n'est pas établi
clairement si le but de ces deux articles est d'interdire au dentiste de
fabriquer des prothèses. 5.2 Recommandation Pour clarifier
le projet de loi, l'association recommande l'insertion d'un paragraphe
additionnel autorisant le dentiste à faire l'essai, la pose,
l'adaptation et la vente de prothèses amovibles, (article 24, section V,
projet de loi 254) 6. INTERETS D'ENTREPRISE 6.1 L'article 10 stipule
qu'il est interdit à un "denturologiste" d'avoir un intérêt
direct ou indirect dans une entreprise de fabrication de prothèses
dentaires. Ceci préviendrait le "denturologiste" de s'engager dans la
fabrication de prothèses, une tâche qu'il accomplit très
bien. Si le "denturologiste" doit référer la phase
mécanique de la fabrication des prothèses au technicien dentaire,
le projet de loi, tel que conçu, ne ferait qu'interposer les
"denturologistes" entre les techniciens dentaires et les dentistes
n'éliminant pas pour autant la tentation à l'un et à
l'autre de s'engager dans la pratique illégale. 6.2 Recommandation
L'association recommande que les techniciens dentaires qui auront
satisfait aux exigences des stages d'entraînement additionnels, soient
autorisés à travailler directement pour le public sur ordonnance
et sous la direction du dentiste. 7. DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET
FINALES 7.1 Permis L'article 17 de la section VI stipule que
le bureau peut accorder un permis à une personne qui était membre
de l'Association des techniciens dentaires de la province de Québec,
lors de l'entrée en vigueur de la présente loi, quoique cette
personne ne remplisse pas exactement toutes les conditions prescrites aux
paragraphes (b) et (c) de l'article 8. En diluant ainsi les standards
éducationnels et techniques de base requis pour les "denturologistes",
l'association affirme qu'on détruit ainsi le dernier vestige de
protection auquel le public a droit. Le fait pour un technicien, qu'il ait
plusieurs ou quelques années d'expérience n'est sûrement
pas directement proportionnel à son habileté à travailler
en bouche. 7.2 Recommandation L'association recommande que
quiconque désire travailler directement pour le public devrait
posséder un minimum de formation générale et technique.
Les techniciens dentaires qui peuvent démontrer les connaissances
requises devraient être autorisés à travailler directement
pour le public sous la direction d'un dentiste. 7.3 La loi des techniciens
dentaires L'article 18 de la section VI stipule que seuls les
membres en règle de l'Association des techniciens dentaires de la
province de Québec, lors de l'entrée en vigueur de la
présente loi, peuvent utiliser le titre de technicien dentaire.
L'article 20 de la même section abroge la loi des techniciens dentaires.
Ces articles semblent prohiber la formation de futurs techniciens dentaires; si
tel est le cas, quelle sera l'appellation des techniciens de laboratoires qui
auront obtenu une certification après l'entrée en vigueur de la
loi 266? 7.4 Recommandation L'association recommande de maintenir
la loi des techniciens dentaires et que le terme "technicien dentaire"
désigne les personnes qui ont subi avec succès les examens et
travaillent dans un laboratoire dentaire.
CONCLUSION
L'association apprécie hautement l'occasion qui lui a
été fournie d'exposer ses opinions sur le projet de loi 266 et
ose croire que les suggestions qu'elle avance auront pour effet d'éviter
les conséquences néfastes que ce projet pourrait avoir pour la
profession dentaire et le public qu'elle sert.
ANNEXE 3 MEMOIRE DU MONTREAL DENTAL CLUB INC.
Le résultat le plus évident du projet du Code des
professions (bill '250 et autres projets connexes) fut d'obliger la plupart des
professions à réexaminer non seulement les mécanismes et
l'action de leur corporation, mais plus important encore, de
reconsidérer le fondement même de leur existence.
C'est dans cette optique que ce mémoire a été
préparé, et c'est avec l'appui de nos membres que nous vous le
présentons.
I LES FONDEMENTS D'UN CORPS
PROFESSIONNEL
Après avoir étudié le bill 250 dans son ensemble,
et ayant fait abstraction des mécanismes qui y sont prévus, les
membres de notre profession en sont venus à la conclusion que les
principes fondamentaux des articles 21 et 27 doivent être
appliqués et respectés dans le bill 250 et toutes
législations connexes principalement en assurant l'autonomie
d'action aux corporations professionnelles; en assurant à la
corporation la flexibilité et l'efficacité requises dans les
domaines de l'administration, de l'établissement et de la
réalisation des politiques propres à remplir ses obligations;
en assurant le respect des besoins particuliers et des
caractéristiques de chaque profession; en lui permettant
l'accomplissement d'un contrôle et d'une discipline adéquate sur
ses membres; en fournissant des moyens qui permettront à la
législature de vérifier les activités de la corporation.
Les articles 21 et 27
L'article 21 donne les raisons fondamentales de l'autonomie d'une
profession et de ses membres. Nous sommes en plein accord avec ceci.
L'article 27 mentionne que la responsabilité principale d'une
profession est d'assurer la protection du public. Nous allons plus loin: nous
affirmons que ceci est le fondement de l'existence d'une corporation
professionnelle!
Si, donc une profession n'a pas les moyens de réaliser cet
objectif d'une façon valable et efficace, elle n'a plus sa raison
d'être.
Cependant, si d'une part une profession ne peut se permettre de refuser
une responsabilité si essentielle, aucune profession ne peut d'autre
part assurer une telle responsabilité sans posséder les pouvoirs
et les moyens de le faire. C'est pourquoi l'on doit être intransigeant
dans l'exigence des moyens inhérents au devoir fondamental confié
à toute corporation professionnelle. L'omniprésence de
l'exécutif
Une profession se voit accorder des responsabilités et des
pouvoirs dans un domaine spécifique de pratique professionnelle. Le
mandat d'un corps professionnel consiste donc à régulariser et
à contrôler l'exercice et les activités professionnelles de
ses membres afin d'assurer la protection du public.
Or, toute profession est essentiellement une créature de la
législature, et en tant que telle toute corporation professionnelle ne
peut que reconnaître à la législature son droit strict de
vérifier l'exécution du mandat qu'elle a ainsi confié.
Cependant, et ce à cause du fondement même de tout corps
professionnel, nous ne pouvons accepter l'intervention de l'exécutif
à tous les niveaux d'activité d'une profession.
Cet aspect du bill 250 contredit d'une façon directe les articles
21 et 27 du bill.
Nous constatons cette intervention de l'exécutif gouvernemental
à tous les niveaux, même à ceux qui sont de nature purement
législative et judiciaire. Cette confusion de pouvoirs se trouve partout
dans le bill et elle est à l'encontre du principe essentiel qui veut la
séparation des pouvoirs dans un Etat et comporte des dangers
évidents.
Cette intervention se retrouve principalement dans ce qui suit: I-
NOMINATION ET REMUNERATION a) du secrétaire du Comité
d'inspection professionnelle; b)du président et du secrétaire du
Comité de discipline; c) du syndic, de ses assistants et de ses
correspondants; d)des trois membres de l'Office des professions.
II- NOMINATION a) des trois juges de la cour Provinciale (en
appel); b) de représentants gouvernementaux au conseil
général (il n'est même pas requis qu'ils soient membres de
la profession); c) de représentants gouvernementaux au comité
exécutif; d) de représentants gouvernementaux à
l'assemblée générale.
Tout ceci est loin de la déclaration de principe émise par
Me Roy Fournier en juillet 1971. Alors qu'il parlait du droit de l'Etat de
vérifier, nous retrouvons dans le projet des éléments de
contrôle accordés à l'exécutif, grâce à
une intervention directe et continuelle de celui-ci dans l'administration
quotidienne de toute corporation professionnelle.
Ainsi, par l'entremise de ces contrôles, l'exécutif a une
emprise et une influence directe sur les actions législatives et
judiciaires des professions et de cette façon, il détruit
radicalement l'esprit des articles 21 et 27. RIGIDITE DES STRUCTURES
Outre cet aspect d'une intervention gouvernementale directe et
continuelle, nous considérons un autre aspect du bill 150
essentiellement répréhensible: la rigidité de la
structure bureaucratique qui est imposée à toutes les professions
sans aucune distinction.
Nous sommes loin d'être convaincus qu'un tel ensemble de
structures rigides puisse de lui-même mieux protéger le
public.
Nous ne sommes pas convaincus non plus que toutes ces structures sont
facilement adaptables à toutes les professions telles les dentistes,
avocats, arpenteurs, audiologistes.
Nous ne sommes pas convaincus que le fait d'imposer des structures soit
une solution miracle. Même si c'était une solution pour une
profession particulier, ça n'en est pas nécessairement une pour
toutes les autres professions.
Pour qu'une corporation soit efficace, il faut qu'elle soit flexible et
qu'elle puisse s'adapter à des circonstances variables.
En conséquence, et en autant que les professions se conforment
à leurs responsabilités à leurs devoirs, chaque profession
devrait être individuellement libre d'établir les structures dont
elle a besoin. Par conséquent, nous considérons que le bill 250
devrait établir une ligne directrice et qu'il devrait avoir une action
supplétive, avec comme observateur, le conseil interprofessionnel. Ceci
permettrait une structure flexible et facilement adaptable pour les professions
qui veulent s'organiser en conséquence; le conseil interprofessionnel
(ou son comité exécutif, si nécessaire) avec le Code des
professions pourraient facilement combler là où il y aurait
besoin de le faire.
Quant à notre profession, l'imposition de ces structures la
toucherait directement. En effet, nous vivons présentement dans une
période d'expansion rapide à cause d'une demande accrue de nos
professionnels et nous favoriserions définitivement une approche plus
flexible dans le bill 250 en ce qui concerne l'établissement des
structures. INTRUSION DE PROFANES
Enfin, un dernier aspect qui affaiblit la philosophie de base des
articles 21 et 27 est celui de l'intrusion aux différents niveaux de
l'aspect "judiciaire" de la profession, d'individus qui ne sont pas membres des
professions et à qui l'on demande de juger de la compétence et de
l'intégrité des membres d'une profession spécifique. Ceci
est directement en conflit avec la philosophie de base du bill lorsque ce
dernier énonce, dans son article 21: "la difficulté de porter un
jugement sur ces activités pour des gens ne possédant pas une
formation, une qualification de même nature;"
Comment est-ce possible de justifier la présence d'avocats (comme
président du comité de discipline) et la présence de juges
de la cour Provinciale (en appel) dans un domaine autre que celui de la
profession légale? RECOMMANDATIONS 1. que l'intervention par
l'exécutif soit enlevée à tous les niveaux; 2. qu'un
rapport annuel sur les activités professionnelles soit
présenté à l'Assemblée nationale par le
président du collège; 3. pour assurer la protection de l'individu
lorsque le mécanisme prévu par une profession est refusé
ou peu satisfaisant, qu'on crée un "ombudsman des professions" qui sera
responsable directement et uniquement envers l'Assemblée nationale;
4. que le bill 250 soit révisé afin de prévoir des
lignes directrices, afin de permettre l'établissement de structures qui
seront plus flexibles et plus adaptables; et de donner au Code des professions
et au Conseil interprofessionnel un rôle supplétif seulement; 5.
qu'on fasse disparaître de l'administration de la profession, les
personnes ne possédant pas les qualifications et la compétence
nécessaires pour agir comme membres de la profession; 6. qu'on fasse
disparaître "l'Office des professions" comme tel et qu'on le remplace par
le comité exécutif du Conseil interprofessionnel; 7. que le
Conseil interprofessionnel soit constitué, en plus d'un
représentant de chaque profession, de membres de l'Assemblée
nationale, suivant la proportion de la représentation des partis
à l'Assemblée nationale.
II-LA NECESSITE D'UNE JURIDICTION INTEGREE
La pratique
de l'art dentaire.
La bouche et ses dents, ses joues, muscles, et articulations etc.,
remplissent un rôle essentiel dans la santé humaine. Il faut une
mastication adéquate pour aider la digestion de toute nourriture.
La carie dentaire et les maladies des gencives sont les affections
des plus communes chez les hommes. Evidemment ces maladies sont les tous
premiers soucis du dentiste.
Cependant, en plus de cet aspect, le dentiste a de plus à
corriger certains désordres, malformations de la bouche qui sont cause
de difficultés d'élocution ou d'une physionomie anormale, tout en
tenant compte des problèmes psychologiques qui s'y rattachent.
Les prothèses dentaires posées et ajustées par des
personnes dont la compétence et l'intégrité ne seraient
adéquatement contrôlées ne sont que des pierres tombales
qui annonceraient la disparition des dents naturelles à tous ceux qui
voudraient les contempler. Un préjudice et un dommage des plus
sérieux, pourrait en résulter, non seulement quant à
l'apparence et au fonctionnement, mais aussi à la possibilité de
conséquences néoplastiques ou autrement pathologiques.
La pratique de tous les aspects de l'art dentaire se doit donc
d'être effectuée avec compréhension,
intégrité et compétence et dans l'intérêt du
public, sous la supervision et le contrôle d'un organisme
compétent. Objectifs de l'art dentaire
Nous maintenons que la bouche peut normalement être
conservée en bonne condition pour la durée d'une vie, par une
application contrôlée de méthodes de prévention, de
contrôle, de diagnostique et traitement des maladies dentaires et
buccales. Une juridiction professionnelle intégrée
Afin d'accomplir cet objectif global, le Collège des
chirurgiens-dentistes a besoin d'une juridiction complète afin de
surveiller et contrôler ceux qui sont engagés dans la pratique de
tous les aspects de la médecine buccale.
Scinder la juridiction du collège amènerait la
création d'un assortiment désordonné de groupes
indépendants qui sont engagés dans différents aspects
d'une même pratique professionnelle.
Nous devons prendre grand soin de ne pas créer, dans notre
domaine, une situation où il y a un manque de direction de la part de la
profession dentaire elle-même à cause d'un manque de pouvoirs
juridictionnels.
Si nous créons plusieurs corporations ayant des juridictions
professionnelles plus ou moins parallèles ou complémentaires,
imaginez l'idée d'une ligne d'assemblage ou d'un centre de traitement
où le patient se présenterait pour être examiné et
guidé par un professionnel, son état diagnostiqué par un
autre professionnel, les aspects de traitement étant alors
divisés parmi différentes "professions" selon leurs limites
d'activité, avec le résultat final nous ne trouverions personne
qui serait responsable envers le patient pour le résultat global, ni
pour l'évaluation subséquente au traitement.
Dans cette optique nous souscrivons complètement au principe
d'application établi à l'article 35k) du bill 250, en ce qui
concerne le rôle des hygiénistes dentaires. C'est là une
approche qui rencontre pleinement les besoins d'intégration du domaine
dentaire approche que nous ne retrouvons malheureusement pas dans d'autres
cas.
Responsabilités du collège
La fonction principale du Collège des chirurgiens-dentistes de la
province de Québec est d'assurer la protection du public; cette fonction
générale doit, pour être complète, inclure ce qui
suit: 1. promouvoir la santé bucco-dentaire des citoyens du
Québec; 2. voir à ce que ses membres soient compétents
dès leur entrée dans la profession et durant leurs années
de pratique dans la profession; 3. voir à ce que nos facultés
dentaires acceptent des étudiants qualifiés et vérifier
l'établissement d'un programme apte à former les candidats
compétents pour la pratique professionnelle ; 4. imposer des exigences
d'éducation permanente chez ses membres; 5. contrôler
particulièrement la pratique de la profession dentaire exercée
par nos membres; 6. contrôler et vérifier les activités et
la compétence de tous ceux qui sont engagés dans la pratique
dentaire, (tout personnel auxiliaire inclus); 7. dans l'intérêt
public établir un tarif minimum apte à assurer la qualité
et l'intégrité des actes professionnels de ses membres; 8.
assurer l'intégrité de ses membres et assurer l'honneur et la
dignité de la profession chez ses membres; 9. assurer la discipline de
ses membres; 10. être responsable de la répression de l'exercice
illégal de la profession. 11. voir à ce que la loi dentaire et
ses principes soient appliqués intégralement; 12. critiquer et
évaluer d'une façon objective, la législation concernant
l'hygiène dentaire et conseiller le gouvernement quant au choix de
priorités dans ce domaine. Les obligations et les pouvoirs
S'il faut qu'elle continue à assurer ces responsabilités,
comme elle l'a fait jusqu'à présent notre profession doit
hériter d'une autorité proportionnelle à ses
obligations.
Voici pourquoi, comme ce fut d'ailleurs mentionné dans la
première partie de ce mémoire, le Bill 250 se doit de faire
disparaître: 1. l'intervention de l'exécutif; 2. la
rigidité des structures et 3. l'intrusion de profanes dans notre
profession.
Faire autrement serait créer une situation ambiguë,
où 1. les pouvoirs et les moyens seraient partagés avec d'autres;
2. des structures et des procédures rigides seraient imposées
dans l'administration de la corporation; 3. des personnes non qualifiées
dans notre domaine feraient l'évaluation d'actes professionnels. 4.
alors que notre profession, qui en fait ne contrôle pas
entièrement les moyens et qui ne possède pas entièrement
des pouvoirs essentiels et proportionnés à ses obligations,
serait la seule responsable du résultat final.
C'est là une situation qui se doit d'être
évitée pour le bien du public et de la profession.
Recommandations
Réviser le bill 250 et les projets connexes, de sorte à :
1. assujettir les activités du personnel auxiliaire à la
profession dentaire au contrôle, aux directives et aussi à la
responsabilité du dentiste traitant; 2. énoncer clairement les
responsabilités et obligations du Collège des
chirurgiens-dentistes dans le sens énoncé dans la seconde partie
du présent mémoire.
III CONCLUSION
En tant que membres d'une corporation professionnelle, nous avons servi
les intérêts des citoyens du Québec avec
intégrité et compétence. Nous avons
été constamment et activement impliqués dans le processus
d'éducation et de formation universitaire avec comme résultante
le fait que les Facultés d'Art Dentaire de la province sont reconnues et
accréditées par les associations dentaires canadienne et
américaine. De plus, nous participons activement à
l'éducation des auxiliaires dentaires ainsi qu'à l'accroissement
de leur rôle. A ce sujet, nous appuyons la création par notre
Collège d'un groupe d'étude sur les implications de certains
rôles attribués à certains auxiliaires par le bill 250 et
autres projets connexes. Nous avons un comité de griefs qui
dispose efficacement des plaintes qui sont soumises par toute personne sur tout
acte professionnel de nos membres, y compris la question des honoraires.
Nous réprimons toute pratique illégale portée à
notre connaissance et disciplinons nos membres. Nous apportons notre
appui à toute mesure de prévention et de contrôle des
affections bucco-dentaires. Notre collège reçoit l'appui
de nombreuses associations ou sociétés dentaires locales qui sont
des plus actives dans le domaine de l'éducation professionnelle de leurs
membres, ce qui complète l'éducation permanente rendue
obligatoire par tous les membres du Collège. Ainsi donc,
abstraction faite de la présence et de l'action de représentants
gouvernementaux dans l'administration du collège et de la loi, le Bill
250 n'apporterait aucun changement substantiel à notre collège.
En fait, pris dans ce sens, le bill 250 ne nécessiterait qu'une
terminologie nouvelle, et qu'une structure différente sans cependant
modifier les principes d'application et de réalisation de la loi des
dentistes. Evidemment nous sommes conscients du fait que la
présente loi des dentistes, ainsi que les règlements et le code
de déontologie qui le complètent, ont besoin d'une certaine
revision et adaptation. Notre collège a d'ailleurs déjà
créé un comité chargé de cette tâche.
Cependant nous considérerions prématuré à ce
stade-ci, de présenter à l'Assemblée nationale toute forme
d'amendement ou de changement à la loi des dentistes sans être au
préalable assurés de l'acceptation du principe fondamental d'une
profession et de celui d'une intégration juridictionnelle de tous les
aspects de l'art dentaire. Nous croyons fermement que toute
législation dans notre domaine professionnel devrait faciliter et
accélérer le progrès de notre profession. C'est
pourquoi nous ne pouvons dans l'intérêt public, appuyer un projet
de loi qui aurait comme effet de réduire notre juridiction, nuire
à notre expansion et à notre efficacité par l'imposition
de structures rigides, et effectivement nous enlever les moyens
nécessaires qui nous permettent de rencontrer les obligations qu'on nous
impose.
ANNEXE 4
Mémoire de M. Louis Dostie,
administrateur et conseiller des trois pharmacies
Lippens à Montréal
sur le bill 255. Loi sur la pharmacie.
Ce mémoire est rédigé par un administrateur de
pharmacies, non pharmacien de profession, mais qui a vécu tous les
problèmes du pharmacien-propriétaire, depuis plusieurs
années.
J'ai constaté que de nombreux pharmaciens licenciés et
propriétaires de pharmacies étaient mal à l'aise
d'écrire un tel mémoire, ne voulant point contredire l'opinion de
leur collège et de leur association, qu'ils ne partagent point. J'ai
donc décidé d'écrire ce mémoire en mon nom
personnel, car je connais bien les problèmes du
pharmacien-propriétaire.
Je me suis occupé de la mise en marché de nouveaux
produits pharmaceutiques, de la promotion commerciale des pharmacies, de lu
vente à rabais de produits de comptoir aussi bien que de remèdes
brevetés. J'ai étudié de très près la
concurrence dans cette industrie et j'ai constaté qu'il existe deux
philosophies chez les pharmaciens. PREMIERE PHILOSOPHIE CHEZ LES
PHARMACIENS (ne s'occupe pas des prix)
La première philosophie veut que le pharmacien donne des
consultations aux patients et leur conseille les médicaments dont ils
ont besoin.
Ces gens veulent uniformiser les prix des médicaments et en
contrôler la vente. Ils veulent faire disparaître les pharmacies
à succursales et défendre totalement la publicité des
pharmacies.
Ces paroles sont de M. Pierre Gouin, ex-président du
Collège des pharmaciens de la province de Québec, qui dit que le
pharmacien doit être payé sur une base de
rémunération professionnelle en plus de vendre avec profit le
médicament, (réf. Québec Pharmacie, novembre 1968).
En plus de désirer une séparation physique entre la
pharmacie et le laboratoire dans chaque établissement, ces pharmaciens
obsédés par le désir d'être reconnus professionnels,
sont prêts à bannir la pharmacie telle qu'on la connaît
aujourd'hui et à accuser de hors-la-loi les pharmaciens qui, demain
matin, vendront encore des articles sanitaires qui ne seraient point, selon
eux, des articles dignes d'être vendus par des professionnels.
En un mot, ces pharmaciens veulent garder un contrôle sur les
médicaments, ne s'occupant aucunement de l'aspect pratique,
économique et financier de l'entreprise. Leur obsession professionnelle
ne tient aucunement compte du coût du médicament que doit payer le
public en général. D'ailleurs, le président actuel du
Collège des pharmaciens déclarait lui-même, lors d'une
émission télévisée, dimanche le 6 février
1972, que son organisme ne s'occupait aucunement du prix des
médicaments.
Au contraire, il désire un honoraire de base de $2.00 ou de$3.00
uniquement pour compter quelques pilules et les placer silencieusement dans une
bouteille.
Je suis d'accord pour l'honoraire professionnel, dans le cas, par
exemple, des prescriptions fournies aux assistés sociaux. Nous avons
expérimenté, depuis quelques mois, la vente des
médicaments aux assités sociaux. Ceci implique la
vérification de l'identification des personnes qui ont droit à
ces médicaments, ensuite il faut remplir une carte pour chacun des
patients, faire le calcul du coût du médicament, d'après
une table de prix précise et à la fin du mois, expédier le
compte à l'assistance sociale qui le paie plusieurs semaines plus
tard.
Il s'agit là d'un long travail et d'une longue attente pour le
pharmacien qui doit, entre-temps, payer ses fournisseurs, le plaçant
souvent dans des difficultés financières. L'honoraire de $2.00
par prescription nous parait donc justifié ici et non
exagéré. DEUXIEME PHILOSOPHIE CHEZ LES PHARMACIENS
(s'occupe du prix)
II y a présentement beaucoup trop de pharmacies dans la ville de
Montréal. Il devrait y avoir un regroupement de pharmacies du même
quartier, afin de permettre aux pharmaciens d'acheter en plus grandes
quantités et ainsi abaisser le coût initial du médicament
à son achat, tout en augmentant le nombre de prescriptions vendues
à chaque pharmacie.
Il ne faudrait surtout pas permettre aux chaînes venant de
l'Ontario ou des Etats-Unis de venir s'établir chez nous, car ce serait
le suicide pour la pharmacie du coin.
La pharmacie est considérée comme un service public
nécessaire et obligatoire pour la population. Le pharmacien
réalise souvent plus de la moitié de son chiffre d'affaires,
après 6 heures PM, alors que les autres établissements sont
fermés et que la clientèle a besoin d'articles sanitaires ou
autres.
La pharmacie devrait donc être considérée comme une
entreprise commerciale, puisqu'on y vend quelque chose, des
médicaments, des produits de santé ou d'hygiène. Elle doit
donc être soumise à la loi de l'offre et de la demande et de la
concurrence. Par conséquent, nous sommes en faveur qu'elle puisse
s'organiser afin de donner un meilleur service au public avec des prix les plus
bas possible.
Je connais plusieurs pharmaciens-propriétaires qui n'attendent
que la loi sur la pharmacie "bill 255" devienne en vigueur pour se regrouper
dans une même corporation.
Ainsi, la formation d'une corporation comprenant une dizaine de
pharmacies leur permettra de répartir les tâches et les
responsabilités, leur donnera un plus grand pouvoir d'achat, leur
fournissant par conséquent la possibilité d'abaisser les prix des
médicaments à la vente.
Nous sommes donc très confiants que le bill 255, par son article
numéro 25, permettra de changer la face même de la pharmacie
jusqu'ici connue comme petite entreprise à unique propriétaire,
lui donnant les facilités de se moderniser et de se réorganiser
financièrement.
Seul le refinancement des pharmacies, via l'incorporation tel que
précisé par l'article 25, permettra l'augmentation des achats en
plus grande quantité à des coûts moindres, lesquels seront
évidemment "refilés" aux consommateurs.
Quitte à nous répéter, nous disons encore une fois
qu'il y a trop de pharmacies dans la ville de Montréal et qu'il ne
faudrait point permettre aux chaînes de l'Ontario ou des Etats-Unis d'en
augmenter le nombre. Il ne suffirait que d'appliquer l'article 25 afin de
permettre le regroupement des pharmacies existantes, afin d'obtenir le
résultat désiré. ARTICLE 15
La loi protège actuellement l'épicier du coin en ne
permettant pas aux chaînes d'épicerie de vendre de la
bière, mais, au contraire, en ne laissant qu'au petit épicier le
privilège d'obtenir un permis de vente de bière.
La loi 255 devrait aussi protéger le pharmacien du coin. Il
faudrait que lui seul puisse vendre des médicaments, brevetés
ou non. Ses ventes seraient alors augmentées, lui permettant
d'effectuer des rabais aux consommateurs.
ARTICLE 20
Enfin, voilà un article qui permettra une baisse
considérable du coût des médicaments. Nous l'appuyons sans
réserve. Depuis très longtemps, certains manufacturiers,
étrangers pour la plupart, exercent un monopole sur certains produits et
le vendent plusieurs fois plus cher que ne le vend le compétiteur local
qui le copie, en fabriquant un produit de qualité équivalente.
ARTICLE 24
Vu que notre philosophie est aux regroupements des pharmacies, cet
article nous empêche donc d'opérer sous un seul nom "pour les
pharmacies regroupées". Nous suggérons donc au législateur
de permettre aux pharmaciens de continuer d'opérer sous leur nom et
raison sociale déjà connus. Il faut penser qu'en cas contraire,
le pharmacien serait obligé de changer son enseigne, ses
étiquettes, ses factures, ses sacs de comptoir, etc., et que dire de la
raison sociale déjà fort connue? L'entreprise commerciale doit
toujours payer ses frais en augmentant son prix de vente de ses produits; ce
n'est qu'en diminuant son coût de revient qu'elle peut diminuer son prix
de vente. Ce changement exigerait du pharmacien des dépenses
onéreuses et peu nécessaires qui, à la fin, seraient
absorbées par le public consommateur. ARTICLE 25
Cet article va sûrement aider les petites pharmacies à se
regrouper en compagnies et se financer de l'extérieur de leurs cadres
professionnels. Ceci permettra à tous de mieux vivre et de donner un
meilleur service à la clientèle. Il n'y a aucune raison pour
plusieurs pharmacies de ne pas se regrouper, si elles le désirent, afin
d'augmenter leur pouvoir d'achat, centraliser leur administration et baisser
leur coût de revient des médicaments. ARTICLE 34
Cet article est trop sévère inutilement. Le pharmacien
doit être capable de déterminer lui-même la surveillance
qu'il doit exercer sur son laboratoire, puisqu'en fait, il est le seul
responsable. Il doit être aidé par des commis, comme les
médecins sont assistés par des gardes-malades et les avocats par
des secrétaires. Les aides du pharmacien, pouvant répondre au
téléphone et prendre les commandes de prescriptions durant son
absence, lui sont toujours précieuses. Il ne faudrait pas obliger le
pharmacien à fermer son établissement durant son absence.
Le pharmacien sait que lui seul peut remplir les prescriptions et
connaît la pénalité imposée à ceux qui
enfreignent cette loi. Il faut donc lui faire confiance qu'il n'enfreindra
point la loi, en connaîtra la peine imposée s'il le fait.
CONCLUSION
II y a trop de pharmacies dans la province de Québec. C'est la
principale raison du coût prohibitif des médicaments. Chaque
pharmacien garde ses prix élevés afin de lui permettre de faire
ses frais. Toutefois, si le nombre en est diminué par le regroupement,
tous en bénéficieront et, finalement, le public en
général jouira d'un coût réduit des
médicaments.
Il existe de plus une pratique, souvent désastreuse pour le
pharmacien, alors que certains fournisseurs vendent le même
médicament à prix fortement réduit aux hôpitaux et
aux médecins. Le pharmacien paie plus cher, lui qui doit le revendre au
public. Il est donc évident que le consommateur doit alors payer, pour
le même médicament, trois ou quatre fois le prix demandé
par le fabricant, à l'hôpital ou au médecin.
Louis Dostie, administrateur de pharmacies
ANNEXE 5
Mémoire de M. Yvon Sirois, opticien
d'ordonnances
HONORABLES MEMBRES DU COMITE,
J'ai pris connaissance du projet de loi 268 et, en ma qualité
d'opticien d'ordonnances, je me permets de faire part à la commission
parlementaire de mes commentaires personnels sur l'article 8 dudit projet de
loi.
L'exercice de la profession d'opticien d'ordonnances ne couvrant plus
désormais la lentille cornéenne (verre de contact) mais
uniquement la lentille ophtalmique, je me demande s'il ne s'agit pas là
d'une erreur, la lentille cornéenne étant à coup sûr
la prothèse de l'avenir au rythme où évoluent aujourd'hui
la science et la technologie. Renoncer à un tel privilège c'est
peut-être affecter sérieusement l'avenir de notre profession.
La restriction du sous-paragraphe "b" de l'article 19 du projet de la
loi dissipe toute équivoque sur la compétence des opticiens
d'ordonnances en semblable matière. Depuis le premier avril 1961, de
grands progrès ont été réalisés dans le
domaine de la lentille cornéenne et grand nombre d'opticiens
d'ordonnances se sont familiarisés avec ladite lentille et ont depuis
acquis les qualifications nécessaires pour l'ajuster à l'oeil
humain.
En conséquence, je recommande bien humblement que nous soit
conservé le droit de vendre, fournir, poser, remplacer et ajuster les
lentilles cornéennes, sous la supervision des ophtalmologistes ou des
optométristes.
Le tout humblement soumis.
Yvon Sirois
ANNEXE 6
Mémoire d'AOCO
Limited
Ce mémoire a été préparé à
l'appui de la requête d'AOCO LIMITED de comparaître pour y faire
certaines observations devant la commission parlementaire de l'Assemblée
nationale du Québec chargée d'étudier le projet de loi
concernant les opticiens d'ordonnance soit le bill 268.
AOCO LIMITED opère à Nicolet dans la province de
Québec et fabrique des instruments d'optique en plus de verres
ophtalmiques, et ailleurs dans la même province, agit comme
détaillant de ces mêmes produits. Elle est propriétaire
depuis plusieurs années, dans les villes de Montréal et de
Québec, de magasins où elle exerce le commerce de lunettes et de
lentilles ophtalmiques. Elle aurait l'intention d'accroître ses
opérations dans ladite province en opérant d'autres magasins
semblables dans des endroits où le public parait requérir ce
genre de services surtout là où de tels services sont inexistants
ou inadéquats.
Dans le cours de ses affaires et dans ce commerce de vente au
détail de lentilles ophtalmiques, AOCO LIMITED emploie un certain nombre
d'opticiens d'ordonnances dûment qualifiés et c'est la politique
de la compagnie de fournir des produits et des services de la plus haute
qualité en tout temps.
AOCO LIMITED remarque que nombreux sont les opticiens d'ordonnances qui
préfèrent exercer dans un contexte dans lequel ils n'ont pas
à faire face aux problèmes de financer le début d'une
entreprise ni son administration courante. Ils désirent être
libres de toutes les difficultés d'ordre pratique pour se consacrer
exclusivement à l'exercice de la profession d'opticiens d'ordonnances.
De plus, en raison du volume plus considérable de ventes qu'elle peut
atteindre par l'entremise d'un plus grand nombre d'établissements de
détail, AOCO LIMITED est en mesure d'offrir ses produits à des
prix moindres que ceux qu'un seul individu doit normalement exiger en raison de
son volume d'affaires. En conséquence, cette pratique est
bénéfique pour le public. La concurrence dans le domaine des
affaires a naturellement pour effet de maintenir à un niveau raisonnable
le prix des produits d'optique. La concurrence est généralement
bénéfique pour le public.
Dans ses opérations, depuis de nombreuses années, AOCO
LIMITED a expérimenté que l'endroit d'un établissement de
détail est d'une importance considérable pour les personnes qui
recherchent les services d'un opticien. Il est facile de démontrer que
lorsque les verres ophtalmiques sont dispendieux ou qu'il est difficile de
trouver un établissement qui fournit les services d'optique, le patient
négligera de se procurer ces services ou ces produits; par contre
lorsque le prix des verres ophtalmiques est raisonnable et que le service est
disponible à des endroits faciles d'accès pour la
clientèle, celle-ci se préoccupera davantage de ses
problèmes de vision.
Nous reconnaissons que la fourniture de verres ophtalmiques doit
être la responsabilité d'un opticien d'ordonnances. Nous
suggérons pourtant que la vente proprement dite des verres ophtalmiques
est une opération commerciale et qu'en conséquence il ne devrait
pas se soulever d'objection à ce que le magasin appartienne à une
corporation ou à toute personne qui ne serait pas un opticien
d'ordonnances aussi longtemps que la prescription donnée par un
ophtalmologiste ou un optométriste est remplie par un opticien
d'ordonnances.
Nous ne pouvons imaginer que le public s'opposerait à des
services additionnels à meilleur marché aussi longtemps que ces
services comportent la sécurité qu'offre la compétence
professionnelle requise.
Malheureusement, il semble bien que ce point de vue ne pourra être
exprimé par personne qui représenterait le public en
général comme tel devant votre commission. Il est normal que ceux
qui se concurrencent dans le même domaine commercial cherchent en fait
à diminuer la concurrence avec le résultat que le prix des
services et des marchandises augmente.
AOCO LIMITED s'inquiète du fait que les dispositions du bill 268,
même si elles permettent à un détaillant qui était
en affaires au 1er décembre 1971 de continuer à faire affaires en
confiant
son établissement à un opticien d'ordonnances, ne lui
permettraient pas de poursuivre une expansion normale en ouvrant d'autres
magasins dans le but d'offrir au public un service supérieur et plus
efficace.
AOCO LIMITED ne conteste pas et n'a jamais contesté la
nécessité d'appliquer un code d'éthique dans le domaine
des services d'optique, quelque strict que puisse être ce code, et elle
ne s'oppose pas non plus à l'application de règlements concernant
les qualifications de ses employés ou la qualité de ses
marchandises. En vérité, AOCO LIMITED appuie de telles
dispositions et si ses employés ne peuvent rencontrer les exigences de
ce code ou de ces règlements, elle admet qu'ils ne devraient pas
être à son emploi.
AOCO LIMITED ne peut imaginer quels inconvénients peuvent
résulter pour le public d'une pratique de fourniture de lentilles
ophtalmiques dans un établissement appartenant à n'importe lequel
individu ou corporation qui n'est pas un opticien d'ordonnances tant et aussi
longtemps qu'un opticien d'ordonnances dûment qualifié a la
responsabilité de servir la clientèle.
Lors de l'étude du bill, AOCO LIMITED soumettra un amendement aux
dispositions du bill 268 de façon à permettre aux
détaillants de lentilles ophtalmiques qui faisaient affaires au moment
où la nouvelle loi deviendra en vigueur de pouvoir continuer à
faire affaires de façon normale c'est-à-dire en précisant
leur droit d'établir de nouveaux établissements, toujours
à la condition que l'opération de chaque établissement
soit confiée à un opticien d'ordonnances dûment
qualifié.
(signé) Flynn, Rivard, Jacques, Cimon,
Lessard et Le May.
Procureurs de AOCO LIMITED.
ANNEXE 7
Mémoire de M. Roméo
Gauthier, chiropraticien
C'est en tant que citoyen estimant se servir d'un droit qu'il
possède que le soussigné soumet le présent mémoire
à la commission.
Il tient cependant à souligner immédiatement son accord
complet avec les principes contenus dans les projets de loi 250 et 269. C'est
d'ailleurs de la trop longue absence d'une telle législation que
résultent en grande partie les difficultés que le sousigné
éprouve à l'heure actuelle ainsi que de celles dont il est
menacé si ces projets de loi étaient adoptés sans
modifications.
Ce mémoire a un double but: premièrement, il entend
décrire la situation actuelle du soussigné et exposer les raisons
qui lui font craindre l'application de la loi telle que présentée
par le projet; deuxièmement, il propose quelques amendements
ayant pour objet d'incorporer à la loi des garanties
supplémentaires protégeant certains de ses droits acquis.
Le soussigné est âgé de 52 ans. Nanti d'une solide
formation de base, le B.A., il a poursuivi des études en
éducation physique et en physiothérapie. Il oeuvra dans ces
disciplines une quinzaine d'années comme enseignant et comme
praticien.
Comme l'étude de la chiropraxie constituait pour lui un
aboutissement logique, il s'y engagea. Il peut être souligné qu'il
compléta ce cours de base par des cours supplémentaires de
formation et de recyclage. En 1960, il débutait dans l'exercice de la
profession de chiropraticien. Depuis cette époque il a traité
plusieurs milliers de patients. A l'heure actuelle, il administre de 80
à 100 traitements par semaine. Fait à remarquer, aucune plainte
pour négligence professionnelle ne fut jamais portée contre
lui.
Cependant le soussigné ne put jamais être admis au sein
d'organisations ou d'associations groupant les chiropraticiens. Il fit, durant
dix ans, de multiples tentatives pour y être intégré, mais
il se buta régulièrement à des refus. Le motif officiel de
tels refus était qu'il ne possédait pas le bagage scolaire
suffisant.
Mais, comme un grand nombre de chiropraticiens en exercice
possédaient un bagage scolaire inférieur au sien et qu'il
estimait posséder des équivalences, le soussigné sollicita
le droit de se faire entendre par les organismes compétents de
ces associations. Durant dix ans on lui refusa l'exercice de ce droit
fondamental. Ce ne fut qu'en 1970 qu'il put comparaître et expliquer sa
situation, mais on lui refusa l'accréditation en invoquant le retard
qu'il avait mis à faire valoir les faits qu'il soulevait. Il n'avait
jamais pu les faire valoir auparavant...!
De plus, depuis plusieurs années, l'ordre des chiropraticiens
offre la possibilité à ses membres de se recycler, en organisant
des cours à ces fins. Or le soussigné, qui insista pour pouvoir
les suivre, se vit refuser systématiquement l'accès à ces
cours, sauf à une exception.
Vu les faits qui viennent d'être relatés et beaucoup
d'autres qui ne le sont pas, mais qui pourront l'être lors de l'audience,
le soussigné estime avoir été l'objet d'un arbitraire
certain. Il estime donc être indéniable qu'il possède, tout
autant que les chiropraticiens membres des organisations existantes, le droit
de pratiquer, et qu'il doit être sujet aux mêmes conditions que ces
chiropraticiens.
Cepandant, l'article 17 du projet de loi 269 prévoit que
le lieutenant-gouverneur choisira les membres du bureau de la Corporation
professionnelle des chiropraticiens du Québec parmi les membres des
organisations actuelles. Le soussigné soumet que vu, entre autres
choses, l'expérience qu'il a connue, ces organisations ne sont pas
représentatives de tous les chiropraticiens. Donc, la
possibilité d'être choisi comme membre du bureau devrait
s'étendre à l'ensemble des chiropraticiens qui exercent la
profession à l'heure actuelle.L'article 18 du même
projet de loi prévoit que le bureau de la corporation peut
accorder un permis à un chiropraticien qui exerce au 1er décembre
1971 et qui ne possède pas le diplôme prévu à
l'article 9; cependant cette personne sera éventuellement soumise
à l'examen prévu à l'article 9, ou à un examen
différent, qui répondra aux exigences déterminées
par les membres du bureau. Le soussigné craint l'arbitraire, d'autant
plus qu'il est possible que certains de ces membres soient des personnes avec
qui il a déjà eu à faire. C'est pourquoi il propose que
les décisions prises en vertu de l'article 18 soient susceptibles
d'être portées en appel. Par hypothèse, il peut se
produire que le permis soit refusé ou encore que l'examen défini
soit trop exigeant.
Or le projet de loi 250 ne prévoit pas un droit d'appel pour ce
genre de décisions. C'est pourquoi le soussigné propose comme
modification au projet de loi qu'on amende l'article 10 de ce projet de loi
en accordant à l'Office des professions la compétence d'agir
comme tribunal d'appel pour les décisions de nature non disciplinaire
rendues par le bureau de la corporation professionnelle des chiropraticiens
ou, tout au moins, pour cette question vitale qu'est l'admission à
l'exercice de la profession et les conditions auxquelles ce droit est
accordé.
En conclusion, le soussigné émet le souhait que les droits
qu'il a acquis par des études valables suivies d'un exercice de la
profession de chiropraticien long de 12 ans, ne soient pas abolis d'une
façon ou d'une autre par une loi dont il espérait
l'avènement. Il estime de plus qu'un tel mépris de ses droits
acquis serait contraire à l'intérêt public.
Le tout respectueusement soumis: ______(signé) Roméo
Gauthier
Chiropraticien de Trois-Rivières
ANNEXE 8
Mémoire de MM. Marcel Rey, Bill Head, Robert E.
Cornforth _______et Louis-Philippe Boyer,
physiothérapeutes_______
Commission parlementaire spéciale des Corporations
professionnelles Hôtel du Gouvernement Québec.
Monsieur le Président, Messieurs les Membres,
Nous représentons les physiothérapeutes suivants qui tous,
exercent leur profession depuis plus de quinze (15) ans.
MM. Marcel Rey, Bill Head, Robert E. Cornforth, Louis-Philippe
Boyer.
Chacun de ces physiothérapeutes dirige sa propre clinique de
physiothérapie à Montréal et, depuis de très
nombreuses années, prodigue des soins de physiothérapie sur les
ordonnances de médecins.
Tous ces physiothérapeutes ont étudié la
physiothérapie à l'extérieur de la province de
Québec, soit parce qu'ils sont originaires d'autres pays, soit parce que
de toute manière à l'époque, les cours de
physiothérapie n'étaient pas disponibles dans la province. Nous
parlons des années 1940 et 1950. En ce temps-là, les
écoles du Québec n'étaient pas accessibles aux hommes.
Nos clients, sont tous détenteurs de diplômes de
physiothérapie des écoles américaines ou anglaises ou
belges où ils ont étudié. Malgré leurs nombreuses
années de pratique dans la province sur ordonnances de médecins,
ils n'ont jamais réussi à être admis membres de la
Corporation des physiothérapeutes de la province de Québec.
Les attitudes de clubs fermés adoptées par la corporation
nous obligent à exprimer des craintes quant aux dispositions du 2e
paragraphe de l'article 17 du bill 272 relatif aux physiothérapeutes. Le
texte déclare ce qui suit:
"Le bureau peut également délivrer un permis à
toute personne qui en fait la demande dans les douze (12) mois de
l'entrée en vigueur de la présente loi si cette personne a
exercé la physiothérapie au Québec, sur les ordonnances de
médecins, pendant les trois années précédant
l'entrée en vigueur de la présente loi".
Nous soumettons respectueusement que le texte devrait se lire:
"Doit également délivrer un permis", pour établir
clairement que le bureau n'a aucune discrétion en la matière si
les conditions énumérées dans le paragraphe ont
été satisfaites par la personne qui fait la demande.
L'usage du mot "peut" dans ce paragraphe (alors qu'il n'est pas
utilisé dans le premier paragraphe) pourrait faire croire que le
législateur veut donner une discrétion au bureau en la
matière.
Tous les physiothérapeutes énumérés
ci-dessus vivent de leur profession et veulent continuer à la
pratiquer.
Il est donc extrêmement important pour eux que leurs droits acquis
soient protégés par le législateur et que ces droits
acquis ne soient l'objet d'aucune décision discrétionnaire de la
part du bureau.
Le tout respectueusement soumis.
GUERTIN, GAGNON & LAFLEUR (signé) GUY GAGNON, C.R.
ANNEXE 9
Mémoire de l'Eglise scientiste
chrétienne
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST, MONTREAL
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST, WESTMOUNT
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST, SHERBROOKE
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST,
BEACONSFIELD
SUJET: BILL 273 LOI DES INFIRMIERES ET
INFIRMIERS
Ce mémoire constitue une proposition d'ajouter à ce projet
de loi une disposition pour assurer que la loi ne soit pas
interprétée de façon à rendre impossible l'exercice
des croyances religieuses de certains secteurs de la société ou
de façon à brimer l'exercice de certaines religions reconnues. De
plus, la nouvelle disposition devrait exempter de l'application de la
présente loi les personnes qui exercent un ministère
auprès de certains patients membres de religions reconnues qui ne se
fient qu'à la prière seulement pour la guérison de toute
maladie physique ainsi que pour faire face aux autres problèmes de la
vie humaine, ce qui est le cas des scientistes chrétiens.
Bien que la science chrétienne n'ait été
formellement établie dans la province de Québec avant
l'année 1890, alors que l'église de Montréal a
été organisée, cette religion universelle a
déjà complété son premier siècle
d'existence. La science chrétienne organisée est
représentée au Québec par des églises à
Montréal, Westmount, Sherbrooke et Beaconsfield, lesquelles sont toutes
constituées en corporations ecclésiastiques en vertu de 10-11
Elizabeth II, chapitre 108, en 1892, l'Eglise scientiste chrétienne prit
sa forme actuelle sous le nom de la PREMIERE EGLISE DU CHRIST SCIENTISTE
à Boston, Massachusetts; cette église, avec ses églises
filiales et sociétés à travers le monde, constitue la
confession de scientistes chrétiens. Il y a environ 3,300 églises
de science chrétienne dans 50 pays.
Bien que cette demande soit faite par et pour les membres et
adhérents de la confession religieuse connue et incorporée dans
la province de Québec comme Eglise du Christ, Scientiste, (First Church
of Christ, Scientist, Montreal, Canada), elle ne vise pas leur avantage
exclusif, mais sera une sauvegarde pour la liberté du culte de toute
personne qui, de bonne foi et comme principe d'exercice et de pratique
religieuse établis, se fie exclusivement sur des moyens spirituels et
sur la prière pour prévenir et guérir la maladie.
Dans la province de Québec, c'est en 1926 que les lettres
patentes furent accordées à l'Eglise du Christ, Scientiste (First
Church of Christ, Scientist, Montreal, Canada). L'Eglise du Christ, Scientiste
a été formée en corporation en vertu de la
troisième partie de la loi des compagnies du Québec, ses objets
sont les suivants: "Prêcher l'évangile qui guérit les
malades et réforme les pécheurs, d'après l'enseignement du
Christ, tel que trouvé dans la bible et dans le livre d'enseignement de
la science chrétienne: "La Science et la Santé avec explications
des écritures" par Mary Baker Eddy. La doctrine de cette église
est celle contenue dans le livre d'enseignement de la science
chrétienne. Cette église sera une succursale de l'église
mère "The First Church of Christ, Scientist, de Boston,
Massachusetts","
L'Eglise du Christ, Scientiste a connu depuis sa fondation à
Boston une expansion très grande à travers le monde. Ainsi, il
existe des filiales de l'Eglise du Christ Scientiste dans tous les états
américains, en Angleterre, en France et dans la plupart des pays du
monde libre, de même que dans neuf provinces canadiennes, y compris le
Québec. De plus, l'Eglise du Christ Scientiste possède de
nombreuses publications et journaux en plus de la publication de base
concernant cette religion, le livre de Mary Baker Eddy, "Science and Health
with Key to the Scriptures", ce livre publié tout d'abord en anglais en
1875 a été traduit en français, en portugais, en russe, en
espagnol, en suédois et en grec. L'Eglise, en plus de toutes ces
publications, se sert d'une façon intensive des media d'information tels
la radio et la télévision pour transmettre son message.
Les membres de la religion de l'Eglise du Christ Scientiste s'engagent
à suivre les enseignements du Christ dans leur vie quotidienne. La
guérison de par la prière seulement est un des traits essentiels
de la théologie de l'Eglise du Christ Scientiste. Ainsi, des scientistes
chrétiens ne font appel qu'à la prière pour guérir
leur maladie physique de même que pour faire face à tout autre
problème de leur vie courante.
Ceux qui désirent devenir membres de l'Eglise du Christ
Scientiste n'y sont admis qu'après avoir démontré une
compréhension développée des enseignements de l'Eglise du
Christ Scientiste. Ils ne doivent faire usage ni de l'alcool, ni du tabac, ni
de drogues et ne doivent pas avoir recours non plus à quelque moyen
médical ou matériel de guérison. Ceci ne veut pas dire
qu'un scientiste chrétien est opposé aux moyens médicaux
de guérison ou au travail exercé par les médecins et les
infirmières médicales. Au contraire, les scientistes
chrétiens respectent le travail dénué d'égoisme des
médecins, infirmières et autres qui font tout en leur pouvoir
pour guérir la souffrance de l'humanité. Mais les scientistes
chrétiens préfèrent n'avoir recours qu'à ce moyen
qu'ils croient plus satisfaisant de guérison, c'est-à-dire la
prière. Ainsi, lorsqu'ils sont confrontés avec la maladie ou
l'infirmité, les scientistes chrétiens font appel à un
praticien scientiste chrétien pour les aider et préfèrent
les services d'une infirmière scientiste chrétienne lorsqu'ils
doivent avoir recours à des services d'infirmière.
Cette recherche de la guérison, les scientistes chrétiens
la font à travers la prière et grâce aux services des
infirmières scientistes chrétiennes. Celles-ci reçoivent
une formation durant trois années dans des sanatoriums
opérés par les scientistes chrétiens aux Etats-Unis. Une
brochure décrivant les différents cours qui sont donnés
à ces candidates à l'exercice du ministère
d'infirmières scientistes chrétiennes est jointe à la
présente proposition d'amendement. Les graduées de ces cours ont
reçu un entraînement adéquat pour prendre soin des malades
et des infirmiers qui ne dépendent exclusivement que de la prière
pour leur guérison sans usage de médicaments ou autres moyens
médicaux. Naturellement, l'entraînement donné à ces
infirmières est tout à fait différent de
l'entraînement donné aux infirmières de la "Corporation
professionnelle des infirmières et infirmiers du Québec"; elles
ne reçoivent aucun cours de biologie ou de science physique, de plus,
elles n'administrent aucune drogue ou médicament, de plus, leur
entraînement ne les préparerait en aucune façon pour servir
ou assister un médecin. Leur travail est limité et ce, d'une
façon très stricte aux patients qui ne dépendent
exclusivement que des moyens spirituels pour leur guérison.
Bien que l'infirmière scientiste chrétienne ait un tel
"statut" parmi les membres de la religion scientiste chrétienne c'est un
fait que les scientistes chrétiens l'identifient sous le nom de
"infirmière scientiste chrétienne" (Christian Science Nurse) et,
nous croyons qu'elle devrait être identifiée publiquement
seulement sous le nom de "infirmière scientiste chrétienne"
(Christian Science Nurse). Donc, nous ne demandons pas qu'elle soit
licenciée ou reconnue d'après les termes du bill 273. Nous ne
demandons pas que le bill 273 soit modifié de façon à
accorder aux infirmières scientistes chrétiennes un "statut"
professionnel mais nous demandons que le bill 273 soit modifié pour y
inclure un paragraphe qui n'empêcherait pas les infirmières
scientistes chrétiennes d'exercer leur ministère auprès
des membres de la religion de l'Eglise du Christ Scientiste.
Car les termes du bill 273 ne semblent pas permettre l'exercice ou tout
au moins la désignation de la fonction d'infirmière ou
d'infirmier au Québec aux personnes autres que celles définies
par cette loi des infirmières et infirmiers. Ainsi, l'article 1-c
définit le mot infirmière et infirmier comme étant: "Tout
membre de la corporation".
L'article 1-a pour sa part indique que la corporation ou corporation
générale est: "La corporation professionnelle des
infirmières et infirmiers du Québec constituée par la
présente loi."
Enfin, l'article 2 de la loi indique: "L'ensemble des personnes
habilité à exercer la profession d'infirmières ou
infirmiers au Québec constitue une corporation désignée
sous le nom en français de "Corporation professionnelle des
infirmières et infirmiers du Québec" et en anglais de
"Professional Corporation of Nurses of Québec."
De plus, l'article 25 qui indique ce qui constitue l'exercice de la
profession ne semble aucunement inclure le ministère des
infirmières scientistes chrétiennes:
"Constitue l'exercice de la profession d'infirmières ou
d'infirmiers tout acte qui a pour objet d'assumer et de dispenser les soins
infirmiers que requiert la promotion de la santé, la prévention
de la maladie, le traitement des malades et la réadaptation de
ceux-ci."
L'article 26 énonce que sous réserve des droits et
privilèges expressément accordés par la loi à
d'autres professionnels, les actes décrits à l'article 25 sont
réservés aux infirmières et infirmiers. Nous avons vu
déjà quelle définition la présente loi donnait
d'infirmières ou d'infirmiers, ce qui, à prime abord, excluait
les personnes exerçant le ministère d'infirmières
scientistes chrétiennes. Enfin, l'article 31 est très clair quant
à l'exercice légal de la profession et il énonce: "31.
Sous réserve de l'article 26, nul ne peut poser l'un des actes
décrits à l'article 25, s'il n'est pas infirmière ou
infirmier.
Les dispositions du présent article ne s'appliquent pas aux actes
posés: a) par une personne qui est légalement autorisée
à exercer la profession d'infirmière ou d'infirmier hors du
Québec et dont le contrat d'engagement exige qu'elle accompagne et
soigne un patient résidant temporairement au Québec, durant le
temps de cet engagement, pourvu que cette personne ne se présente pas
comme détenant un permis; b) par des personnes qui donnent des soins aux
malades en qualité de domestique, de dame de compagnie, de bonne
d'enfant ou d'aide domestique; c)par des personnes qui donnent des soins aux
membres de leur famille; d) par les aides infirmières, les aides
infirmiers et les auxiliaires qui soignent les malades moyennant
rémunération; e) par les candidats à l'admission à
l'exercice de la profession qui effectuent un stage d'entraînement
professionnel conformément à la présente loi et aux
règlements du Bureau".
Nous demandons que la section 31 soit modifié de façon
à établir clairement que toute personne exerçant un
ministère religieux puisse dispenser les soins que sa religion permet de
dispenser aux membres de sa religion seulement. Ainsi, on pourrait ajouter un
sous-paragraphe f) à l'article 31 qui pourrait se lire comme suit: f)
par des infirmières qui exercent un ministère conformément
à la pratique de la doctrine de toute confession religieuse reconnue et
bien établie par laquelle des personnes de bonne foi se fient
exclusivement sur des moyens spirituels ou la prière dans le libre
exercice de la religion pour prévenir ou guérir la maladie". f)
By nurses providing nursing care by and for members or adherents in accordance
with the practice of a recognized and well-established religious denomination
in which persons in good faith rely solely upon spiritual means or prayer in
the free exercise of religion to prevent or cure disease".
Nous soumettons que sans un tel amendement, l'exercice de la religion de
l'Eglise du Christ Scientiste pourrait être grandement brimée par
les termes de la présente loi. Ce, à l'encontre même de la
déclaration canadienne des droits de l'homme qui accorde le libre
exercice de toute religion aux individus. De plus, l'exercice du
ministère d'infirmières scientistes chrétiennes ne touche
en aucune façon à la profession d'infirmière tel que
défini par le Bill 273. Enfin, les membres de la religion de l'Eglise du
Christ Scientiste ont un besoin pressant et facilement compréhensible de
l'aide des infirmières scientistes chrétiennes dans l'exercice de
leur religion..
D'autre part, de nombreux pays, Etats américains et provinces
canadiennes ont reconnu dans leur législation l'exercice du
ministère des infirmières scientistes chrétiennes en
incluant dans différentes lois des amendements similaires à celui
que nous vous soumettons. Nous pouvons, si vous le désirez, vous
procurer copie des différents amendements qui permettent l'exercice du
ministère d'infirmières scientistes chrétiennes, notamment
en Alberta, au Manitoba, au Nouveau-Brunswich et en Nouvelle-Ecosse, de
même que dans les Etats américains.
De plus, comme les infirmières scientistes chrétiennes
n'exercent leur ministère que parmi les membres de l'Eglise du Christ
Scientiste, il n'y aurait aucun danger que le public en général
puisse être trompé par le terme "infirmières scientistes
chrétiennes" car le terme "infirmières scientistes
chrétiennes" signifie qu'aucun médicament n'est utilisé
mais que celles-ci n'ont recours qu'à la prière et aux
enseignements du Christ pour soigner des malades qui ne se fient
eux-mêmes qu'à la prière et aux enseignements du Christ
pour leur guérison.
CONCLUSION
En demandant un tel amendement au bill 273, ce n'est aucunement notre
intention de faire de la publicité à notre religion ou à
ses enseignements mais simplement nous voulons vous informer de la
nécessité de l'amendement proposé en fonction de
l'exercice de la religion du Christ Scientiste et nous voulons que les
infirmières scientistes chrétiennes puissent pratiquer leur
ministère librement sans aucune supervision médicale ni
règlement ou contrôle par la profession d'infirmière ou
autrement, comme cela lui est permis dans de nombreux autres pays, et (comme
cela est permis à
toutes les autres religions reconnues au Canada). Un tel amendement, de
plus, permettrait de promouvoir la liberté de religion tel que
déclaré dans la déclaration des droits de l'homme et dans
la déclaration canadienne des droits de l'homme.
D'autre part, notre amendement n'aurait aucun effet dommageable ou
d'interférence sur la profession d'infirmiers ou d'infirmières
tel que réglementée par le présent bill. Enfin, ledit
amendement n'établirait aucun précédent mais ne ferait que
reconnaître le libre exercice d'une religion.
Nous sommes à votre disposition pour vous fournir, si
nécessaire, des rapports détaillés de la guérison
par sa science chrétienne et tous les détails concernant
l'organisation et l'historique de cette religion chrétienne protestante
et ses activités mondiales.
Respectueusement soumis:
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST, MONTREAL
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST, WESTMOUNT
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST, SHERBROOKE
FIRST CHURCH OF CHRIST, SCIENTIST, BEACONSFIELD
Par: Bertram M. Tate
ANNEXE 10
Mémoire de l'Association des gymnastes
______
thérapeutiques du
Québec
______
Messieurs les membres de l'Assemblée nationale, l'Association des
gymnastes thérapeutiques du Québec inc. se dit très
heureuse de pouvoir bénéficier du privilège de se faire
entendre au moyen d'un mémoire qui se veut l'ambassadeur de notre
profession et de nos droits.
Les points importants du mémoire peuvent se résumer ainsi:
1, Qu'il soit convenu que nous ne voulons pas entraver les
démarches entreprises par l'Association des physiothérapeutes;
2, Que nous désirons seulement faire reconnaître que le fait
de traiter par les exercices physiques revient à la
rééducation physique; 3, Que nous faisons partie d'une
même spécialité, la physiatrie, et que les exigences et
compétences sont égales entre les différents services;
4, Qu'il serait souhaitable que tous les secteurs du paramédical
aient une reconnaissance professionnelle ce qui nous permettrait dans un avenir
rapproché de doubler nos effectifs car les différentes
professions seraient plus attirantes; 5, Que nous sommes
incorporés en association et que nous avons nos conditions d'admission,
nos règlements, notre code d'éthique et notre propre
constitution; 6, Que nous avons maintenant une université (Ottawa)
qui dispense le cours complet en rééducation physique et que ce
cours répond très bien aux exigences et besoins de toutes les
autres provinces; 7, Que nous avons, comme toute association qui est
jeune, de l'ambition, du dynamisme et d'immenses projets pour améliorer
la condition physique actuelle de la population et les méthodes de
réadaptation physique; 8, Que nous apprécions
l'opportunité qui nous est offerte de défendre notre cause et que
nous voyons d'un très bon oeil la création d'un Office des
professions du Québec qui sera chargé de maintenir les contacts
entre les corporations professionnelles et le gouvernement tout en leur
traçant les lignes de conduite à suivre.
Ce mémoire a été préparé par M. Roger
Jobin R.G., Président et par M. André Généreux,
secrétaire de l'Association des gymnastes thérapeutiques du
Québec. Introduction 1 Monsieur le président,
messieurs les membres de la commission parlementaire, l'association des
gymnastes thérapeutiques du Québec se dit très heureuse de
pouvoir bénéficier du privilège de se faire entendre
à cette commission au moyen d'un mémoire qui se veut
l'ambassadeur de notre profession et de nos droits. 2 Nous croyons que
notre mémoire démontrera pourquoi nous nous opposons au bill 272
et justifiera par le fait même pourquoi le droit de traiter par les
exercices physiques nous revient. Nous désirons également situer
exactement la rééducation physique dans un programme de
réadaptation totale.
3 Nous voudrions qu'il soit bien convenu que nous ne voulons pas
entraver les démarches entreprises par l'association des
physiothérapeutes qui demande leur statut professionnel mais tout
simplement apporter certaines précisions quand au mode de traitements
employé par chacune des branches du paramédical.
Historique 4 La rééducation physique est
"étymologiquement" le fait de traiter par le mouvement sous
contrôle médical. Plusieurs seront portés à croire
que cette profession est toute récente mais si l'on étudie
quelque peu l'origine de cette science on s'aperçoit qu'elle a pris
naissance pendant la dernière guerre mondiale. Les gymnastes
thérapeutiques (remedial gymnast) étaient très nombreux
à l'époque de 1939-1945. Par la suite un certain déclin
s'ensuivit mais de très courte durée puisque peu longtemps
après la guerre les centres importants pour vétérans, les
commissions d'accidents du travail au Canada de même que les gros centres
hospitaliers employèrent les méthodes de gymnastiques et de
récréation thérapeutique.
Au cours des dernières années la rééducation
physique a connu un essor considérable dans notre province et au Canada
et de plus en plus on reconnaît la valeur et la place de la
rééducation physique dans une réadaptation effective.
Rôle et buts des gymnastiques de rééducation
physique et de thérapie récréative. 5 Le rôle
principal de la rééducation physique est de créer un champ
d'action favorable qui permet la guérison complète ou de rendre
le patient le plus fonctionnel possible pour un retour sur le marché du
travail ou d'une activité normale de la vie. Le patient qui est
intégré à un groupe d'incapacités comparables et
des stages de guérison semblables, ressent une stimulation accrue
puisqu'à l'intérieur du groupe il s'y trouve des personnes qui
ont retrouvé le presque complet retour de leurs fonctions. 6 Les
buts des gymnastiques de rééducation et de thérapie
récréative sont les suivants: de restaurer le maximum de
fonctions; de prévenir ou de minimiser la
détérioration physique de la jeunesse ou de la vieillesse
résultant de blessures ou de maladies; de revitaliser le patient
après une maladie prolongée, blessure ou après de longues
périodes d'inactivité; d'aider le malade moralement, ceux
qui particulièrement ont dû, soit par maladie ou infirmité,
recevoir des traitements individuels prolongés, ce qui tend à
créer de l'égocentrisme et par conséquent retarde
l'intégration dans la vie communautaire. de contribuer avec
d'autres mediums de traitements à l'établissement du programme le
plus effectif de restauration physique et mentale et de
rééducation pour l'individu. 7 Ce ne sont là que
les buts principaux de la rééducation physique car entre
l'arrivée de la personne handicapée et son retour à une
activité normale il y a plusieurs phases où le
rééducateur joue un rôle important qui ne sont pas
mentionnées.
Formation et développement d'un gymnaste thérapeutique ou
rééducateur physique. 8 La formation d'un
rééducateur physique est très complexe car il doit
connaître et maîtriser à fond les bases de l'anatomie,
physiologie, pathologie et psychologie de même que les principes de
l'Education Physique, de la gymnastique et de la récréation
thérapeutiques et il se doit d'être en mesure de déterminer
les conditions cliniques pour lesquelles un exercice thérapeutique est
prescrit pour réadapter un malade qui souffre de mauvais fonctionnement
mécanique. 9 Nous tenons ici à vous inclure le programme
complet du cours qui se donne à l'Université d'Ottawa car
actuellement c'est la seule université qui présente le cours en
"Kinanthropologie" "Etude de l'homme en mouvement" qui répond aux
exigences de la rééducation physique et de notre association.
Vous remarquerez que les candidats ont une solide formation en éducation
physique, en recherche scientifique et en thérapie. De plus le programme
du cours comprend trois stages de deux mois chacun dont un stage dans un centre
spécialisé de réadaptation, un autre dans une
hôpital et le dernier dans une école où il y a des
élèves qui sont dispensés de l'éducation physique
normale à cause de déficience cardiaque, pulmonaire,
incapacité physique ou accident sportif. A l'intérieur de ces
stages, l'étudiant se familiarise avec les appareils, les
méthodes d'enseignement, l'établissement des programmes
spéciaux et également il apprend â travailler avec les
physiothérapeutes,
ergothérapeutes etc., qui sont appelés à traiter le
même patient. Ce cours qui se donne en français et en anglais
répond aux normes de la rééducation physique à
travers tout le Canada; c'est donc dire que, si le candidat réussit ses
examens à l'université et à l'association, il obtient par
le fait même une reconnaissance nationale qui lui permet d'aller
travailler dans tous les centres spécialisés de
réadaptation, dans tous les hôpitaux et commissions scolaires
où il y a des programmes de réadaptation physique au Canada.
Situation exacte de la rééducation physique dans un
programme paramédical de réadaptation 10 Nous savons tous
que la réadaptation physique d'un patient forme un tout et que nous ne
pouvons dire qu'une branche du paramédical est plus importante l'une que
l'autre car la physiatrie est un tout à l'intérieur de laquelle
il y a des spécialités, physiothérapie,
ergothérapie, rééducation physique, service
d'orthèse et prothèse, etc. Cependant il nous est possible de
dire à quel moment une spécialité entre en action dans un
programme complet de réadaptation.
Après avoir interprété le dossier d'un patient,
après avoir examiné ce patient et déterminé
exactement à quel niveau il est rendu dans sa réadaptation, le
médecin physiatre a la possibilité de prescrire soit de la
physiothérapie, soit de l'ergothérapie, soit de la
rééducation physique ou les trois spécialités
à la fois selon le besoin du patient. 11 Quels sont les
critères qui portent le physiatre à prescrire comme traitement
une spécialité ou l'autre et même toutes les
spécialités?
L'état du patient est le meilleur indice pour le physiatre car si
le patient souffre d'une très forte ankylose, d'un manque d'amplitude et
de force évidents et qu'il accuse beaucoup de douleur, le physiatre
prescrira à ce moment uniquement de la physiothérapie qui aura
pour but de chasser la douleur et d'améliorer l'amplitude. Lorsque le
patient améliorera son amplitude et que la douleur sera amoindrie, le
physiatre à ce moment prescrira encore de la physiothérapie mais
surtout de la rééducation physique qui se chargera par des
exercices systématiques de compléter l'amplitude, de renforcir la
musculature et d'augmenter son endurance. Egalement il sera recommandé
d'établir un programme d'ergothérapie car en plus de
développer la dextérité et l'habileté du patient,
l'ergothérapie aidera comme en rééducation physique
à compléter l'amplitude, la force et l'endurance de
l'handicapé. Souvent le physiatre va prescrire une orthèse
à un patient dans le but de servir de support ou d'assister le patient
dans son mouvement ou bien l'orthèse servira à corriger une
déformation. 12 Comme vous voyez, les spécialités
sont toutes un complément l'une à l'autre et il nous est
impossible de déterminer l'importance de chacune d'elles car tout
dépend à quel moment chaque spécialité entre en
action. Nous nous devons de former équipe car nous travaillons tous au
même but: "restaurer le plus adéquatement et le plus rapidement
possible les de'ficiences physiques de l'handicapé afin de le remettre
sur le marché du travail ou à un rythme de vie normale."
Recommandations 13 Pour considération par la
commission parlementaire sur le projet de loi 250 et pour l'Office des
professions du Québec si le projet de loi est accepté par le
gouvernement. L'Association des gymnastes thérapeutiques du
Québec recommande ce qui suit : 1 Que la rééducation
physique soit incluse dans tous les programmes présents et futurs de
santé et de soins médicaux où ses services sont
bénéfiques et contribuent au traitement de l'individu et au
bien-être de la population dans son ensemble; 2 Que la
rééducation physique soit reconnue comme statut professionnel et
que des règles soient établies concernant l'exercice de la
rééducation physique au Québec, en tenant compte des
dispositions du projet de code des professions; 3 Que des services de
rééducation physique soient établis dans les institutions
pénales, les centres de réhabilitation pour délinquents,
alcooliques et narcomanes; 4 Que des programmes spéciaux de
rééducation physique soient établis au sein des
commissions scolaires afin que toutes les exceptions au programme normal
d'éducation physique puissent jouir quand même d'activités
physiques adaptées; 5 Que le niveau des salaires, vu les exigences
de la profession, soit haussé afin qu'un plus grand nombre de jeunes
adhèrent au cours de rééducation physique; 6 Que les
projets de recherche valables dans le domaine de la rééducation
physique reçoivent un appui approprié au sein du gouvernement;
7 Que des cliniques mobiles soient instaurées afin de favoriser
certaines régions ou organismes qui auraient besoin de
rééducateurs physiques;
8 Que l'association des gymnastes thérapeutiques du
Québec exerce un contrôle dans l'engagement du personnel dans les
différentes institutions afin que les normes exigées par
l'association soient respectées partout et afin de toujours assurer une
qualité première dans les services rendus; 9 Que tous les
secteurs du paramédical soient reconnus comme professionnel car à
compétence égale nous croyons que tous méritent un
traitement égal et une reconnaissance identique.
CONCLUSIONS
14 En guise de conclusion nous aimerions
faire une synthèse du présent mémoire en ne mentionnant
que les point importants. 1 Qu'il soit convenu que nous ne voulons pas
entraver les démarches entreprises par l'Association des
physiothérapeutes; 2 Que nous désirons seulement faire
reconnaître que le fait de traiter par les exercices physiques revient
à la rééducation physique; 3 Que nous faisons partie
d'une même spécialité la physiatrie et que les exigences et
compétences sont égales entre les différents services de
la physiatrie; 4 Qu'il serait souhaitable que tous les secteurs du
paramédical en physiatrie aient une reconnaissance professionnelle ce
qui nous permettrait dans un avenir rapproché de doubler nos effectifs
car les différentes professions seraient plus attirantes; 5 Que
nous sommes incorporés en association et que nous avons nos conditions
d'admission, nos règlements, notre code d'éthique et notre propre
constitution; 6 Que nous avons maintenant une Université (Ottawa)
qui dispense le cours complet en rééducation physique et que ce
cours répond très bien aux besoins de toutes les autres
provinces; 7 Que nous avons, comme toute association qui est jeune, de
l'ambition, du dymanisme et d'immenses projets pour améliorer la
condition physique actuelle de la population et les méthodes de
réadaptation physique. 8 Que nous apprécions
l'opportunité qui nous est offerte de défendre notre cause et que
nous voyons d'un très bon oeil la création d'un Office des
professions du Québec qui sera chargé de maintenir les contacts
entre les corporations professionnelles et le gouvernement tout en leur
traçant les lignes de conduite à suivre.
DEPARTEMENT DE KINANTHROPOLOGIE
PROGRAMME REVISE DU B.SC. (KIN)
_________________1972_________________
Le nombre de crédits requis pour obtenir le degré de B.SC.
(KIN) est un minimum de 150 crédits consistant en un module obligatoire
et optionnel.
IMODULE OBLIGATOIRE (IOI) a)cours d'étude
générale 30 crédits b)cours professionnel 59
crédits c)cours d'activités 12 crédits 2-MODULE
OPTIONNEL (049) a)cours en science de base 15 crédits
b)cours relatif 16 crédits c)cours d'activités 18
crédits
DETAIL DU PROGRAMME MODULE OBLIGATOIRE
A- COURS D'ETUDE GENERALE (30 crédits)
Eng 0211 Communication 06
Phi 2150 Philosophie de l'homme 03
Phi 2151 Philosophie de la conduite humaine 03
Luf 0600 Test des capacités françaises 06
Psy 1200 Introduction à la psychologie 06
Soc 1401 Principes de sociologie 06
B- COURS PROFESSIONNEL (59 crédits)
Kin 1110 Seminar 01
Kin 2100 Introduction aux méthodes et techniques de la
Kinanthropo- logie 03
Kin 2111 Anatomie du système musculaire et osseux 03
Kin 2112 Anatomie fonctionnelle I 03
Kin 2113 Anatomie fonctionnelle II 03
Kin 2120 Psychodynamique de la croissance et du développement
03
Kin 3111 Mécanique du mouvement 03
Kin 3112 Physiologie de l'exercice 03
Kin 3113 Physiologie de l'entraînement 03
Kin 3120 Psycho-moteur de l'apprentissage et de la perception 03
Kin 3121 Fondation psycho-sociale de l'éducation physique 03
Kin 4111 Analyse des activités physiques 03
Kin 4112 Développement physiologique 03
Kin 4120 Bases psycho-physiologique du comportement 03
Kin 4130 Dynamique de kinanthropologie 03
Kin 4113 Physiologie de l'environnement 03
Kin 4100 Papier de recherche 03
Pep 2111 Fondation et principes de l'éducation physique 03
Pep 3135 Méthodes d'entraînement 03
Edu 5292 Introductions aux statistiques 04
C COURS D'ACTIVITES (12 crédits) Sports individuels (06
crédits) L'édudiant est requis de choisir trois activités
parmi les suivantes:
Pep 1050 Gymnastique fondamentale 02
Pep 1051 Gymnastique rythmique 02
Pep 1055 Piste et pelouse 02
Pep 1052 Gymnastique I 02
Pep 2057 Natation I 02
Pep 3063 Ski 02
Sports d'équipe (06 crédits) L'étudiant est requis
de choisir trois cours parmi les suivants:
Pep 1072 Hockey I 02
Pep 1070 Ballon-panier I 02
Pep 1076 Ballon-volant I 02
Pep 1077 Handball européen I 02
Pep 2071 Hockey sur pelouse I 02
Pep 3074 Lacrosse 02
MODULE OPTIONNEL
A Cours de base scientifique (15 crédits)
L'édudiant est requis de choisir un total de 15 crédits
parmi les cours suivants:
Csl 2140 Instruction sur le programming 02 Csl 2200 Introduction au
calcul (computing) 06 Csl 3200 Seminar 02 Csl 2150 Méthode de calcul sur
des problèmes numériques 04
Bch 2121 Introduction à la biochimie 02
Bch 3220 Biochimie générale 07
Bch 4232 Métabolisme général 04
Bio 2115 Introduction à la génétique 04
Chm 0210 Chimie générale 06
Chm 1210 Principes de chimie 03
Mcg 2102 Statique 03
Mcg 2103 Dynamique 03
Phy 0202 Introduction à la physique 08
Phy 0204 Laboratoire de physique 02
Phy 1200 Principes de physique II
B Cours relatif (16 crédits)
L'étudiant est requis de choisir un total de 16 crédite
parmi les cours suivants:
Pep 1111 Introduction à l'éducation physique 03
Pep 4122 Mesure et évaluation 03
Pep 3111 Procédures dans l'enseignement des activités
physiques 03
Pep 3123 Planification d'un programme d'éducation physique au
niveau élémentaire 03
Pep 3122 Introduction â l'éducation sanitaire à
l'élémentaire 03
Pep 2322 Introduction à l'éducation sanitaire au
secondaire 03
Pep 3125 Prévention et soin des bles- sures athlétiques
03
Rec 1111 Introduction à la récréation 03
Rec 2114 Conduite et dynamique de grou- pe en récréation
03
Rec 2115 Introduction à la recherche en récréologie
03
Rec 3117 Programme de récréation thé- rapeutique
03
Bio 4151 Introduction à l'endocrinologie 02
Sdt 2220 Nutrition de base 06
Sdt 3420 Nutrition normal 06
Kin 2130 Habileté, sport et socialisation 03
Sdt 3330 Nutrition thérapeutique 03
Les cours universitaires relatifs peuvent être choisis avec
l'approbation du département.
C Cours d'activités (18 crédits)
L'étudiant est requis de choisir un total de 9 activités
parmi les suivantes:
Pep 2052 Gymnastique II 02
Pep 3052 Gymnastique III 02
Pep 1052 Piste et pelouse 02
Pep 1073 Soccer 02
Pep 2075 Football 02
Pep 2060 Lutte 02
Pep 2061 Badminton 02
Pep 2062 Boxe 02
Pep 2080 Activités d'école élémentaire
02
Pep 3085 Danse moderne 02
Pep 3065 Tennis 02
Pep 3086 Folklore 02
Pep 3092 Orientation 02
Pep 3093 Activités extérieures 02
Pep 3090 Canoe 02
Pep 3091 Voile 02
Pep 3057 Natation II 02
Pep 3074 Tir à l'arc 02
Pep 4070 Ballon-panierll 02
Pep 4076 Ballon-volant II 02
Pep 4077 Handball européen II 02
Pep 4071 Hockey II 02
Pep 4075 Football II 02
Pep 4052 Gymnastique IV 02
Pep 4060 Lutte II 02
Pep 4055 Piste et pelouse II 02
Pep 4072 Hockey sur pelouse II 02
Pep 4057 Natation III 02
Pep 4062 Boxe II 02
ANNEXE 11
Mémoire de l'Association des pharmaciens
détaillants
indépendants du Québec (Independent
Retail Druggists Association of Quebec Inc.)
M. le Président, M. le ministre, Messieurs les membres de la
commission.
Nous sommes une association de 121 pharmaciens, qui offrons à nos
membres des services tels que réclame publicitaire, achats en groupe, et
renseignements en administration des affaires de la pharmacie.
Nos membres accueillent le bill 255 comme un changement
nécessaire qui s'impose à cause de l'évolution de la
société.
Les grandes lignes de la pratique de la pharmacie telles
qu'indiquées dans le projet de loi, pourront permettre aux pharmaciens
de jouer pleinement leur rôle dans la société, et nous
sommes heureux de cette initiative.
Nous sommes d'accord sur les procédures d'élections selon
le chapitre III paragraphe 4, qui permettront de maintenir la situation
actuelle dans laquelle toutes les disciplines et tous les secteurs de la
pharmacie pourront être représentés au sein du Bureau.
Néanmoins, nous les pharmaciens qui sommes dans le milieu
désirons soumettre à votre attention certains points principaux
du projet de loi.
Notre mémoire portera surtout sur le changement proposé
à l'article 25, paragraphe b), qui traite de l'incorporation, et de la
possibilité d'utiliser les capitaux venant de l'extérieur de la
profession.
Les sections B, C, et D de ce mémoire traitent en détail
les implications différentes, et les conséquences d'un tel
changement.
Nous suggérons que la participation financière des
pharmaciens du Québec ne soit pas détruite par l'apport des
capitaux provenant d'autres sources.
Actuellement, au Québec, les capitaux nécessaires à
la bonne marche de la pharmacie proviennent du milieu, et ne nécessitent
pas l'intrusion de capitaux étrangers.
Ces capitaux sont employés et distribués dans plusieurs
petits centres pour desservir efficacement les Québécois.
Si le gouvernement croit que c'est dans l'intérêt public de
redistribuer ces capitaux dans les centres plus populeux, de diminuer le
service pour accroître le rendement économique, nous sommes
prêts à coopérer.
Ce que nous demandons au ministre est de transformer la situation de
l'INTERIEUR, et non de la REMPLACER par des éléments
EXTERIEURS.
La concentration d'unités de distributions plus grandes, peut
être réalisée en permettant les "INCORPORATIONS"; celles-ci
composées uniquement de professionnels agissent pour le plus grand bien
du public.
De grands résultats peuvent être obtenus sans l'aide
d'actionnaires étrangers à la profession. On peut y arriver sans
éliminer le petit épargnant, en lui permettant de participer
activement dans l'essor du Québec.
Si le gouvernement prévoit une modification à la loi
visée à l'incorporation, nous lui soumettons respectueusement le
changement suivant au paragraphe b) de l'article 25 : "Une corporation dans
laquelle tous les directeurs et tous les actionnaires de chaque
classe sont des pharmaciens". l'article 22 :
Nous sommes d'accord qu'un pharmacien doit révéler le
contenu d'un médicament. Néanmoins, nous croyons que tenir un
inventaire d'échantillons de toute ordonnance n'est guère
pratique, sinon impossible.
Au cours d'un mois, une officine moyenne sera inondée de trois
mille bouteilles d'échantillons (36,000 par année).
Nous recommandons plutôt que le pharmacien inscrive le
numéro de production (No de "Lot") de tout médicament
fabriqué sur le dossier de l'ordonnance et sur l'étiquette.
Quand il s'agit d'une ordonnance magistrale, que le pharmacien inscrive
le nom et la force des ingrédients actifs sur l'étiquette.
l'article 39 (a):
Nous demandons respectueusement des éclaircissements quant
à la réclame.
Est-ce que les mots "services pharmaceutiques" dans l'article 39 (a)
sont synonymes de l'expression de l'article 15 "l'exercice de la
pharmacie"?
Ou, est-ce que les mots "services pharmaceutiques" sous-entendent le
contrôle de la réclame sur une plus grande extension que "la
fourniture d'un médicament dressé sur une liste"?
Pourrait-on préciser la signification "sans chercher à
promouvoir la consommation des produits pharmaceutiques"?
Que se passera-t-il pour:
La publicité d'un produit?
La publicité du prix d'un produit?
La publicité quant aux usages du produit?
La publicité et le service professionnel?
La publicité quant aux frais de service professionnel?
Est-ce que la réclame de deux contenants d'Aspirin pour le prix
d'un n'encouragera pas la consommation excessive?
Ces questions posent de sérieux problèmes aux pharmaciens,
et ils sont en droit de s'attendre à plus de renseignements quant au
contenu de l'article 39 (a). L'article 15:
Au sujet de la définition de la pratique de la pharmacie, nous
sommes d'accord avec nos confrères de l'Association
Québécoise des pharmaciens propriétaires, et nous ne
répétons pas leur argumentation.
Nous aimerions souligner que si nous faisons la concordance entre le
bill 255 et l'article 25 du bill 252 (Loi médicale), nous mettrons le
pharmacien dans une position intenable, et il lui serait impossible de
pratiquer sa profession.
Un des rôles les plus importants du pharmacien est
l'interprétation de la prescription et la décision de
l'exécution ou le refus de l'exécution de cet ordonnance.
L'article 15 ne reconnaît pas ce fait.
Un deuxième rôle important est de fournir les informations
nécessaires quant à l'utilisation du médicament prescrit
ou non prescrit, pour le patient.
Pour ces raisons, nous suggérons que l'article 15 tienne compte
de l'alinéa suivant: "Constitue l'exercice de la pharmacie
l'interprétation d'une prescription et la décision de
l'exécuter ou non. "La préparation et fourniture, par
prescription ou non, d'un médicament. "Le renseignement du patient par
écrit ou verbalement sur la posologie, le mode d'administration, les
contre-indications et les indications d'usage, de tout médicament ou
produit sanitaire, prescrit ou non".
L'article 24: "Nul ne peut exercer la profession de pharmacien sous un
nom autre que le sien".
Nous sommes d'accord en principe. Il faut, cependant, que nous
soulignions quelques injustices graves qui puissent résulter de
l'application, sans aucune modification, de cette clause.
La raison sociale constitue un actif important, qui représente la
dépense de plusieurs années d'effort et des capitaux pour le
faire connaître et le faire accepter par le public.
Nous soumettons que l'esprit de la loi qui a motivé l'article 46,
reconnaissant les droits des successions, soit utilisé de façon
à ne pas défavoriser l'équité bâtie
d'année en année depuis le début d'opération de
leur entreprise.
Nous demandons donc que les pharmaciens soient autorisés à
utiliser leur raison sociale actuelle s'ils le désirent, et que tout
acheteur éventuel de ce même magasin a droit à utiliser
cette raison sociale déjà établie.
Par contre, toute autre magasin ou entreprise établie par ces
mêmes pharmaciens, ou par tout autre pharmacien, après l'adoption
de ce bill, soient liés aux prévisions de l'article 24.
Le tout respectueusement déposé,
(signé) Michael Ripsman Président
ADDENDUM
Analyse des prix de revente des médicaments
sans ordonnances et des produits hygiéniques à
Toronto
Une comparaison de la politique de vente à l'intérieur de
trois grandes chafnes ontariennes nous amène aux conclusions
suivantes.
La politique de base pour marchandises et médicaments non
prescrits subit, en moyenne, une diminution de 12 p.c. du prix
suggéré au détail.
Quelques produits sont parfois vendus à un prix coûtant.
Environ 15 produits sont vendus avec une marge de profit de quelques sous
au-dessus du prix coûtant.
Ces produits sont très bien connus par le public et sont vendus
dans le but de créer une image de magasin vendant ses produits avec
escompte.
En compensation, les cosmétiques, des produits sanitaires et de
beauté sont vendus à des prix beaucoup plus
élevés.
L'ensemble de ces rabais représente une économie due
à l'achat en vrac, au lieu d'un coût d'opération moindre.
(Voir; "Lilly Digest, Page 9, Charte 1.)
Le rapport Bélanger, Chabot, Norbert, Angers et Associés
Inc., dont les données étaient basées sur les
enquêtes chez 154 pharmacies québécoises en 1971, une
moyenne du chiffre d'affaires annuelle de $203,014 par pharmacie.
Sur un relevé de 1,200 pharmacies au Québec, le total
annuel des ventes serait $243,616,800.
Dans les régions de Montréal et Québec, il existe
une politique de rabais comparable à celle appliquée par les
pharmacies à chaînes de l'Ontario.
Approximativement 150 pharmacies sont impliquées
là-dedans.
Si toutes les pharmacies du Québec étaient des pharmacies
consortiums, l'estimation du total d'épargne pour le Québec
serait de l'ordre de: $243,616,800 x 12/100 x 1050/1200
$25.579.764 assumant que ces épargnes pourraient être
réalisées sur ce volume de vente actuel.
L'épargne par individu pour une population de six millions
d'habitants serait $4.36 par personne par année.
Mais les $4.36 n'impliquent pas, nécessairement, une
épargne d'argent dépensé.
Les magasins consortiums travaillent sur une quantité de
marchandise disposée à la vue du client, et facilitent ce dernier
à l'achat et à la consommation, utile ou non, de cette
marchandise.
CONCLUSION
Malgré les prétendues "aubaines" et la politique de "Loss
Leader" qui touchent à quelques produits bien connus, les consortiums
pharmaceutiques ont une politique de revente totale qui ne s'éloigne pas
loin de celle des pharmacies québécoises conventionnelles.
L'argent minime que le consommateur aura épargné se
transformera vite en une augmentation de la consommation, donc un gaspillage de
ce qu'il a épargné.
La marchandise à prix réduit porte toujours le
consommateur à acheter davantage ces marchandises.
La population américaine est, dans le moment, la population la
plus surmédicamentée et polluée par l'usage abusif de
drogues et médicaments, de tout autre peuple de l'histoire des
êtres humains.
Dans l'esprit de la grande majorité des pharmaciens, c'est le
temps de diminuer la consommation, et non pas de favoriser une
surconsommation.
D'autre part, il faut ajouter qu'une surconsommation de remèdes
ne favorisera pas tellement la production québécoise, car la
très grande majorité de produits de comptoir vendus à des
prix d'aubaine sont fabriqués hors de Québec.
Analyse des hypothèses des bénéfices
économiques découlant de l'incorporation en pharmacie
Hypothèse de l'infusion de capital
Le chiffre d'affaires annuel d'une pharmacie québécoise
moyenne est de $203,014.00 (Rapport Bélanger, Chabot, Nobert, Angers et
associés).
Le chiffre de capitalisation pour les pharmacies dont le chiffre
d'affaires se situe entre $100,000.00 et $200,000.00 par année est,
selon le Lilly Digest, tableau 34, page 67, le suivant: Par pharmacieL'ensemble de 1,200 pharmaciesActif total $54,404.00
$65,284,800.00 Passif total $15,431.00 $18,517,200.00 Valeur
nette $38,973.00 $46,767,600.00
L'expérience de l'extérieur du Québec (Ontario,
Etats-Unis) nous indique que pour chaque pharmacie de consortium (par
incorporation) qui s'ouvre, 2.2 pharmacies ferment.
Si 250 pharmacies ouvrent au Québec dans les trois prochaines
années, on aurait donc: 250 ouvertures de pharmacies de consortium et
550 fermetures de pharmacies conventionnelles.
Donc, du point de vue économique, selon le Lilly Digest, tableau
35: pour 650 pharmacies conventionnelles: Actif total $35,362,600.00
Passif total $10,030,150.00 Valeur nette $25,332,450.00 pour 250
pharmacies de consortium (par incorporation): Actif total $25,796,250.00
Passif total $ 8,971,000.00
Valeur nette $16,215,250.00 Valeur nette totale:
$42.157.700.00Interprétation Infusion
L'infusion de capital serait compensée par la disparition d'un
pourcentage du capital qui existe déjà.
Même si les chiffres ne sont que les approximations à la
réalité, ils montrent que l'investissement dans l'industrie
québécoise ne serait pas augmenté. Bien au contraire, il
est fort possible que l'investissement total soit diminué.
En effet, le capital québécois investi dans l'industrie
québécoise sera remplacé par le capital ontarien et
américain, sans aucune augmentation de capital total investi au
Québec.
Dans notre esprit, le placement du capital, qui est déjà
investi dans les pharmacies québécoises, dans les unités
plus grandes, est possible et souhaitable.
Création d'emplois Exposé
L'ouverture de 250 pharmacies de consortium (par incorporation) pourrait
absorber un certain pourcentage de commis, cosméticiennes,
secrétaires et pharmaciens qui perdront leur emploi à cause de la
fermeture de 550 pharmacies conventionnelles. Pour ce qui des "livreurs", il
faut s'attendre à leur disparition parce que la majorité des
pharmacies de consortium n'ont aucun service de livraison.
Conclusion
L'incorporation amènerait la perte d'emplois. Hypothèse
des coûts moins élevés et des frais fixes répartis
sur un plus grand chiffre d'affairesExposé
L'hypothèse des frais d'opération et d'administration
répartis sur un chiffre d'affaires plus grand afin de fournir des
économies sur la revente des produits d'ordonnance ou de comptoir est
une fausse argumentation, et l'étude de la charte numéro 1, page
9, du Lilly Digest, le démontre assez clairement.
La charte démontre que: entre le chiffre d'affaires de
$100,000 par année et le chiffre d'affaires de $500,000 par
année, le bénéfice brut sur le prix de revente a une
variation de 2.2 p.c. (de 37.1 à 34.9); au-dessus d'un chiffre
d'affaires de $150,000 par année, il n'y a aucun changement significatif
dans le pourcentage des dépenses par rapport au chiffre d'affaires
(incluant les frais d'opération et d'administration).
La clef de l'interprétation de la charte réside dans
l'augmentation des salaires d'une façon accélérée
pour fournir un pourcentage sur le chiffre d'affaires qui est
décroissant. Il est à noter que le pourcentage du loyer reste
constant.
ANNEXE 12
Mémoire de la Société dentaire
de Québec Projet de loi 250
La Société dentaire de Québec est l'Association des
dentistes de Québec et de la région avoisinante. Elle a pour but
principal de faciliter le perfectionnement de ses membres. C'est une
association libre et indépendante du Collège des chirurgiens
dentistes de la province de Québec, et de l'Association des chirurgiens
dentistes de la province de Québec.
La Société dentaire de Québec, après
étude du projet de loi 250, croit qu'ainsi présenté, ce
projet ne convient pas aux buts et aux fins de la profession dentaire.
Toutefois, certains articles du bill 250 devraient être inclus
dans le bill 254 concernant la médecine dentaire.
Nous notons, entre autres, une certaine lourdeur administrative
occasionnée par le fait que le législateur a voulu grouper sous
une même loi des professions n'ayant pas nécessairement des fins
et des responsabilités similaires. Ainsi les professions à
vocation juridique et médicale étant très distinctes dans
leurs buts et leurs activités seraient réunis sous une même
réglementation.
D'autre part, la multiplicité des mécanismes de
contrôle ne peut que nuire à l'épanouissement normal de la
profession.
Certains articles, cependant, nécessitent des amendements.
Article 49
Nous nous opposons fortement au principe de délation entre
confrères tel que stipulé dans cet article. Article 54
II faudrait noter que certaines spécialités de la
médecine dentaire sont limitées par l'âge du patient: ainsi
la pédodontie est une spécialité qui se limite à
l'exercice de la médecine dentaire chez les enfants, d'où la
nécessité de retrancher le mot "âge" de cet article.
Article 174
Pour prévenir les récidives le législateur devrait
faire en sorte que ces infractions soient soumises aussi au code pénal.
Annexe 1
Nous nous opposons fortement à l'inclusion de la Corporation
professionnelle des denturologistes du Québec à l'annexe 1.
Nous souhaitons donc que le législateur prenne en
considération nos courtes remarques et apporte les amendements
nécessaires au bill 250.
Projet de loi 254
Après étude du projet de loi 254, la Société
dentaire de Québec est en faveur de son adoption, après
modifications.
Ainsi nous souhaiterions que le bill 254, soit désigné
comme la loi de la médecine dentaire à la suite du fait que
bientôt l'Université Laval décernera des doctorats en
médecine dentaire et qu'éventuellement les. Universités
McGill et de Montréal feront de même. Il en découle donc
que le terme art dentaire devient désuet et devrait être
remplacé par celui de médecine dentaire.
Les modifications que nous suggérons sont les suivantes:
Article 7
II serait admissible que quatre administrateurs soient nommés par
le lieutenant gouverneur en conseil à condition que ces personnes soient
utiles à l'orientation et la gouverne de la profession. Ainsi, on
verrait très bien des représentants des milieux médical,
universitaire, éducationnel et des affaires sociales. Article
12
Le président devrait être élu par les
administrateurs. Article 19
A cause de l'ingérence possible des gouvernements dans les
programmes d'études des établissements d'enseignement, nous
préconisons le rejet pur et simple de cet article. Article 23
Nous considérons cet article comme très important
puisqu'il définit toutes nos activités professionnelles; c'est
pourquoi nous souhaiterions que soit adopté comme définition de
la médecine dentaire tout acte qui a pour objet de prévenir, de
diagnostiquer, de traiter les maladies ou les déficiences des dents, de
la bouche, des maxillaires ou des tissus adjacents. Article 24
Suivant la définition de l'exercice de la médecine
dentaire que nous donnions à l'article 23, il faudrait lire l'article 24
comme suit: nonobstant toute autre loi générale ou
spéciale, les dentistes sont habilités : 1 à
prescrire des médicaments aux fins visées à l'article 23;
2 prévenir, diagnostiquer et traiter toutes maladies ou
déficiences des dents, des maxillaires et des tissus adjacents; 3
à fabriquer, poser et adapter les appareils correctifs et les
prothèses corrigeant toute déficience des dents, des maxillaires
et des tissus adjacents; 4 à prendre des empreintes et des
articulés et à faire l'essai, la pose, l'adaptation de
dispositifs adjoints ou conjoints.
Aux fins du présent article, les mots "dispositif adjoint"
désignent une prothèse dentaire amovible, qui remplace la
dentition naturelle et les mots "dispositif conjoint" désignent une
prothèse fixe qui est ajoutée ou intégrée à
la dentition naturelle ou aux maxillaires. Article 26
Le paragraphe b) doit être biffé afin d'éviter tout
pouvoir discrétionnaire possible.
Article 30
Le paragraphe a) devrait se lire comme suit: est titulaire d'un
diplôme reconnu valide à cette fin et jugé
équivalent par le Bureau. Article 32
Cet article devrait se lire comme suit: il est interdit à un
dentiste d'avoir un intérêt commercial dans une entreprise de
fabrication ou de vente de prothèses dentaires; mais, cependant, un
dentiste peut fabriquer les prothèses de ses patients ou se les faire
fabriquer par un auxiliaire à son emploi. Article 33
H faudrait l'amender de la façon suivante: "nul ne peut exercer
la profession de dentiste sous un nom autre que le sien".
Il est toutefois permis à plusieurs dentistes d'exercer leur
profession sous une raison sociale. Article 36
Ajouter "et en vertu du code pénal". Article 40
Substituer le terme licence à permis.
En effet, selon Quillet (1963), une licence est une autorisation
spéciale d'exercer une profession.
En guise de conclusion, nous recommandons que le bill 254 dit loi de la
médecine dentaire comprenne dans son texte tous les articles du bill 250
concernant la profession dentaire suivant les amendements
suggérés. Ceci aurait pour effet de clarifier et éviter
des ambiguïtés toujours possibles et faciliter une meilleure
interprétation.
Projet de loi 266
La Société Dentaire de Québec, après
étude du projet de loi 266, croit qu'il est dans l'intérêt
du public de le rejeter purement et simplement.
En effet, le législateur dans son projet de loi 250, chapitre IV,
section 1, article 21, stipule clairement que pour déterminer si une
corporation professionnelle doit ou non être constituée, il faut
tenir compte de l'ensemble de différents facteurs auxquels les
"denturologistes" ne peuvent prétendre, à savoir: 1.
Connaissances insuffisantes des sciences médicales et dentaires
d'où l'incapacité d'établir un diagnostic précis et
de traiter adéquatement toutes pathologies bénignes et parfois
malignes (précancéreuses) qui peuvent survenir avant ou
après la pose de prothèses même bien ajustées; 2.
Activités et services déjà prodigués avec
compétence par une autre profession, en l'occurrence la profession
dentaire.
On pourrait ajouter que ce projet de loi vient aussi en contradiction
flagrante avec les recommandations de la commission Castonguay-Nepveu, volume
VII, articles 97 et 99.
Article 97: "Toute demande de monopole ou d'extension de monopole doit
être appréciée uniquement à la lumière de
l'intérêt public. Dans la mesure où la protection de la
société l'exige, l'état se doit d'interdire l'exercice de
certaines professions aux gens qui n'ont pas la compétence scientifique
et les qualités morales requises."
Article 99: "Le législateur devra juger chaque fois où se
situe l'intérêt du public et quelle est la meilleure façon
de le protéger contre l'exploitation de son ignorance, de sa
crédulité ou de ses souffrances."
Nous recommandons donc que l'ancienne loi concernant les techniciens
dentaires de la province de Québec (Statuts refondus, 1964, chapitre
254) soit conservée et amendée à la lumière des
recommandations du comité Wells.
Le comité Wells (1970), une agence fédérale
dirigée par l'honorable Dalton C. Wells, juge en chef de la cour
Suprême de l'Ontario, a recommandé que les tâches
assignées aux techniciens dentaires soient définies dans des lois
dentaires provinciales et comprendraient la fabrication, la reproduction ou la
réparation de toute prothèse, telles que prescrites par le
dentiste. (Rapport Wells, proposition no 3, page 33).
Le rapport recommandait aussi que, après avoir
complété un programme reconnu d'étude et de formation
pratique supplémentaire, ces techniciens deviendraient technologistes,
ce qui leur permettrait, sur ordonnance d'un dentiste, d'effectuer la
fabrication et l'ajustement de prothèses complètes directement
pour le public, et ce dans les cabinets dentaires ou des cliniques sous la
surveillance du dentiste. (Rapport Wells, no 4, page 33.)
Ce même comité affirme que la prétention voulant que
cette mesure de conférer des pouvoirs spéciaux aux techniciens
réduise le coût des services de prothèse et améliore
le service dans les régions rurales, est pour une grande partie,
injustifiée. Il a été prouvé que, après la
prise de cette décision en Colombie-Britannique et en Alberta, la grande
majorité des mécaniciens-dentistes pratiquaient dans les grandes
villes et que le coût de leurs services avait augmenté, parce
qu'ils devaient maintenir des locaux comportant des frais
généraux plus élevés. (Rapport Wells, 1970, no 38,
page 47.)
Il est certain que si ce projet de loi était accepté, il
drainerait assez fortement les effectifs déjà restreints de
techniciens dentaires des laboratoires déjà existants, causant
nécessairement une augmentation des coûts et favorisant par le
fait même le recours à des techniciens étrangers à
la province, entrafnant du même coup des pertes de revenus aux
techniciens de laboratoire de la province.
Nous espérons en guise de conclusion, que le législateur
ne considère pas seulement l'aspect négatif de ces commentaires,
mais attache une importance plus grande aux suggestions positives qui y sont
faites.
ANNEXE 13
SUBMISSION BY THE McGILL
UNIVERSITY FACULTY OF DENTISTRY
Bill 250 INTRODUCTION
The McGill Dental Faculty feels that the intent of this Bill is
generally good and some of its recommendations are truly excellent. We
recognize and congratulate the Government of Quebec on taking the initiative to
clear up the tangled area of the professions'role relative to society. Our
objections to certain tenets of the Bill relate only to the obvious
inadvisability of trying to create administrative structures which are parallel
for all professions. It seems clear to us that the emphasis on the dominant
profession, Medicine, has resulted in certain sections and paragraphs of Bill
250 being rather inappropriate to other professions including the Dental
profession. If, in future drafts of this Bill the Quebec Government created a
bit more flexibility in the legislation, as it relates to the diversity of the
professions, then we would feel satisfied that Bill 250 represents a real step
forward and would make Quebec a model for others to follow.
The Bureau
Section 59-C
This section lays down that the Bureau which will administer the
Professional Corporation shall have, in the case of dentistry, 24 members.
Section 64
This section specified that only 18 of 24 members of the Bureau can be
elected by the corporation itself. Section 76
This section indicates that four (4) directors or members of the Bureau
shall be appointed by the Government.
WE RECOMMEND that the size of the Bureau be enlarged to the present
figure of 34 or 35 in the case of Dentistry. We say this for two reasons a) As
presently stated in the Bill, only 18 members of the profession could be
elected to represent a group numbering over 1500 persons. This is too small in
the case of Dentistry and is undoubtedly worse for Medicine. b) According to
section 62-b, it is possible for the Bureau to elect the president of the
corporation. Since only 18 members of the corporation sit on the Bureau, it
seems that this could lead to an undesirable situation. If the Government of
Quebec feels that the Bureau should not be
enlarged, then WE RECOMMEND that section 62-b be eliminated from future
legislation on the grounds that it contravenes the interest of the corporation
and society.
The appointment of four directors to the Bureau by the Government is in
accord with modern principles of public administration. However, 18 plus 4
makes 22 and therefore 2 members of the Bureau are unaccounted for.
WE RECOMMEND that each dental faculty in the Province of Quebec be asked
to appoint one director to the Bureau. This would be in keeping with the desire
to implement an improved version of refresher or continuing education courses
as outlined later in the Bill. The corporation and the faculties of dentistry
must cooperate in this endeavour.
Duties of the Bureau
Section 83-J
This section states that the Bureau shall organize courses or continuous
training periods for the members.
WE RECOMMEND that in the case of dentistry, the universities, in
cooperation with the Bureau and existing dental societies, should coordinate
continuing training. We say this on the grounds that those who educate a man to
become a professional are best equipped to maintain that man's professional
competency. This principle does not hold for all professions and is an example
of the pitfalls involved in bringing diverse groups under one umbrella.
Section 85
This section established a procedure by which clients of corporation
members may receive arbitration of their account through the Bureau.
COMMENT: This appears to be a good regulation and should be retained in
future drafts of this legislation. Section 87-i
This section allows the Bureau to determine the cases in which
professionals may be obliged to serve a period of refresher training and to fix
the terms and conditions limiting engagement in professional activities in
these cases.
WE RECOMMEND that the Government closely review the implications of this
section along with those of Section 52 and Section 147. Whatever its good
intentions, the law which gives the right to limit professional engagement
before judgement is passed by say, a discipline committee, is tantamount to
stating that a man is guilty until proven innocent. This surely contravenes the
laws of the land.
WE RECOMMEND, also, that the Government include a statement on the role
of the universities and indeed other educational institutions in connection
with refresher courses and continuing education. Section 88
This section outlines the following procedure for the adoption of
regulations: Every regulation made by the Bureau shall be submitted to the
Government for approval... Every approved regulation shall come into force on
the day of publication in the Quebec Official Gazette... In addition, the
regulation must have been approved by a majority of the members present at a
general meeting...
WE RECOMMEND that this awkward chain of procedures be altered to allow
all regulations passed by the Bureau or the corporation to be official and in
force unless specifically vetoed by the Lieutenant-Governor in Council. In this
way we still and readily accept the primacy of the Provincial Government; we
would only prefer to facilitate administration.
Informing Against Colleagues
Section 49
This section reads, "It shall be the duty of every member to report on
those professionals... whose state of health is an obstacle...
WE RECOMMEND that section 49 be stricken from the Bill. We feel that
section 49 is a very dangerous provision and is subject to much abuse. As far
as Dentistry is concerned, the profession has continously supplied the public
with competent practitioners and the lack of a regulation similar to
that of section 49 has not resulted in any harm being done to the public
by Dentistry. Continuing education along with greater concern for social
responsibility almost certainly prompts the need for such a regulation
today.
In the case that the Government refused to remove this section, WE
RECOMMEND that the word "duty" be changed to right and that a provision be made
whereby the accused shall know who his accuser is.
Physical and Mental Health
Section 47-a
This section gives the Bureau the right to strike off the roll a
corporation member pursuant to a report by three physicians on the person's
physical or mental condition.
WE RECOMMEND that the Government reconsider the need for this action.
Though we agree that the system of selecting the physicians and the intent of
the regulation is fair, we question whether it is really necessary at all. In
the case of Dentistry, has it ever been shown that the present arrangements are
insufficient?
Council on Discipline
Section 109 to Section
117
The above sections, constituting Division VII of the Bill, have as their
intention the establishment of a discipline committee. The committee shall
comprise a government appointed chairman and secretary, the latter plus a third
member must be corporation members. The Government will pay the salary of the
chairman (a judge) and the secretary. In addition, a syndic, appointed and
salaried by the government, may lodge, on his own initiative, complaints
against corporation members. WE RECOMMEND that the Government review the need
for this extra body. We wonder whether in view of the far greater government
involvement in the activities of the corporation (eg. four of 24 Bureau
members, the right to approve or veto all regulations, the creation of an
inspection committee, the creation of an interprofessional committee) the
matter of disciplining corporation members couldn't be left in the hands of the
corporation?
WE RECOMMEND that the exercise of discipline be left to a corporation
committee established for that purpose. This committee would report to the
corporation bureau and would therefore come under the direct scruting of all,
including Government appointed, Bureau members. The proposed interprofessional
committee could, as part of its mandate, ensure that each corporation has set
up a satisfactory discipline committee. Section 122
This section states that a complaint may require immediate, provisional
striking off the roll of the accused.
WE RECOMMEND that this section be deleted. It strikes us again as a case
of being guilty until proven innocent. This section does not seem relevant to
most if not all the professions and in Dentistry's case it is hard to imagine
what its application could be. WE RECOMMEND, failing a deletion of this clause,
that a hearing must be held within a very short period of time, the failure to
hold such a hearing resulting in dismissal of the allegation. Section
149
This section states that an appeal by the defendant shall be to a
tribunal of Government appointed provincial judges.
WE RECOMMEND that it would be preferable to bring an appeal to the
Provincial Court sitting at that time rather that to create a special tribunal.
This has the desirable feature that judges will always be rotating and also is
more in keeping with the due course of law in the case of final appeals.
Prosecution of Nonprofessionals Practising a Profession
Section 174 to Section 176
This section states that every person who contravenes a provision of the
Professional Code or the incorporation act or letters of patent of a
corporation or the regulations made under this code or that act is guilty of an
offence.
WE RECOMMEND that many of the presumptions of illegal practice contained
in already existing acts be included in this Bill. Until such time as a new
dental act (Bill 254) comes into being, many of the currently illegal practices
could become legal in the interim. Thus, while it is an offence to possess
dental equipment in one's basement, etc., the kinds of offences, so carefully
delineated in the old dental act, are no longer existant in Bill 250.
WE RECOMMEND that the Government ensure that provisions for a smooth
transition from old bills to new ones be incorporated.
Prescription
There does not appear to be any provision in Bill 250 concerning
prescription of claims for professionnal negligence. This would result in a
professional's liability on services rendered extending for 30 years after the
service has been provided. Under the present dental act, this prescription of
claims is limited, for very sound reasons, to two years. Noteworthy is that
this has an effect on insurance including the case where a practitioner retires
but is still liable for 30 years after retirement commences.
WE RECOMMEND that Bill 250 contain a clause to the effect that
prescription of claims must be provided for in the act establishing each
corporation, the length of prescription varying according to the nature of the
profession.
Government Intrusion into the Profession
Section 169
-a, b, d, e, f, g.
This is the most pernicious section of the Bill. It gives the Government
the power to dictate and control almost every aspect of dental education,
dental practice, and dental specialization. It gives the Government the right
to establish the fees for services rendered. And in Section 169-g, the
Government claims the right to "take any step he considers appropriate to carry
out the Code." By their nature, these powers are open to abuse.
WE RECOMMEND that with the exception of clause (c) all of Section 169 be
deleted. If all of this section is retained, it is axiomatic that the
professions in Québec would suffer a severe blow and would defend
themselves with the result that Québec society would be the eventual
loser. It is noteworthy that nowhere has the Government given a single reason
for the necessity of this extraordinary and unwarranted measure. We agree
however the section 169-c is vital and must be retained for the proper
application of the professional code.
Language Requirements
Section 42 and Section 44
These two sections outline the language requirements to be applied to
Canadian and non-Canadian professionals in the Province of Québec. WE
RECOMMEND that there is a need to exempt or be more lenient on the language
requirements for the teachers of professionals. It is almost certain that no
profession could properly operate and continue to improve itself if sections 42
and 44 were strictly applied. It is well known that a highly motivated
professional, in the course of his duties, cannot acquire a second language,
even to the "working level", within one year. The Province should not deprive
itsel of those, particularly educators, who contribute much to the welfare of
all.
Conclusion
The above recommendations to certain specific sections of Bill 250
represent the attempt by the Faculty of Dentistry, McGill University to assist
the Quebec Government in arriving at an improved version of Bill 250. We have
scrutinized the Bill carefully and have re-evaluated our submission frequently
and therefore we feel confident that our appraisals and recommendations are
positive and just. In summation, we would like to make the following general
comments: 1. Although the tone of Bill 250 is reasonable and progressive and
indicates that the Government, as the agent of the people, wants more
supervision over the conduct of the professions, overt intrusion into
corporation affairs is objectionable to most professions. It is not unjust to
say that if bureaucrats wish to run the practise of, say, dentistry then they
should have chosen to acquire the necessary specialized knowledge and should
have become dentist. No one can deny that the professional man has in his mind
the wellbeing of the society he serves just as much as it is in the minds of
politicians.
2. The arbitrary and rigid nature of the Bill in trying to deal with all
corporations (professions) at once detracts from the potential benefit of this
legislation. It may be necessary for Bill 250 to defer to specific corporation
acts in cases where a uniform regulation is unwise or unpractical. 3. Section
169 appears to be the single, most objectional section of this Bill. 4. It is
clear that many corporations (professions) will have areas of overlapping
interest. In the case of some of the existing professions, any problems
relating to conflicting interest have been solved with mutual satisfaction.
However, it is obvious that certain new corporations will be established with
whom it may be more difficult to work out an accord. Since these new
corporations will be created, somewhat artificially, by the Government it
behooves the Government to ensure that conflicts between professions are kept
to a minimum. To take an example from dentistry. When the primary raison
d'être of the dental profession is the prevention of disease and the
maintenance of the dentition, how does one react when the proposed new category
of "denturology" advises the public that the removal of teeth and their
replacement with dentures is desirable?
There may be other matters not covered in this submission. Nevertheless,
it should be re-emphasized that Bill 250 is a laudable attempt to create order
in what is presently an unclear situation. If the most objectionable features
of Bill 250 could be excised and if other parts could be modified, then this
legislation will deserve the support of the Faculty of Dentistry, McGill
University.
Bill 254 Introduction
The Faculty of Dentistry at McGill University has given careful
consideration to the contents of the proposed Dental Act (Bill 254). And while
we were laudatory of the intentions and work by the Government in creating the
Quebec Professional Code, we unfortunately must state that considerable
carelessness seems (caused by excessive haste? ) to have gone into formulating
the Dental Act.
The authors of Bill 254 seem to have had no modern concept of Dentistry.
It is clear that they have overlooked that Dentistry is a Profession dedicated
to treating a common and important group of human diseases found in the oral
cavity but closely related to the whole body. The authors did not seem to
understand that these oral diseases must be reduced or eliminated by their
prevention, much as tuberculosis has been combatted by preventing rather that
by treating all patients with surgical procedures. In the fight to reduce
dental disease, no progress will be made if the Dental Profession is charged
with the provision of certain, limited treatment services. The scope of the
dental profession must be considerably broader than that as envisioned in the
proposed Bill 254.
Nowhere in the Dental Act is there an adequate reference to the
importance of research in the clinical and social sciences. Nowhere is there an
emphasis on public dental health education and on the philosophy of preventing
disease. The authors of this Bill seem to be unfamilar with the modern concepts
of Dentistry as expressed by Dr. John B. MacDonald, a Canadian dentist, trained
at Harvard and later President of the University of British Columbia. He stated
that, "dental disease is universal. It is one of the most costly of all
diseases in Canada. For these reasons, any form of dental service based on
treatment alone is doomed to failure".
The Faculty of Dentistry at McGill University therefore urges the
Government to avoid letting bureaucrats, unqualified in any aspect of
Dentistry, decide the structure and administration of the profession. That the
bureaucrats who authored this Bill are uninformed is very evident by their
1920's notion of dental science. We suggest that for the moment the Government
adopt the Professional Code and following this step begin to consult with the
Dental Profession in order that a new and proper Dental Act (made for the
future not based on the past) can be created for this Province.
Section 7
Section 7 states that 20 directors shall be elected by the members of
the dental profession and 4 directors shall be appointed by the Government.
WE RECOMMEND that the number of directors be somewhat enlarged to more
closely correspond to the present number of directors of the profession (i.e.
34 or 35). We say this because it seems unreasonable for 20 members to
adequately represent a professional body numbering over 1500 members. (Illness
and absenteeism frequently could result in unrepresentive decisions being
taken).
WE RECOMMEND that the Faculties of Dentistry in the Province of
Québec each appoint one director to the bureau. This is necessary to
ensure cooperation between the professional body and the teaching institution
which will be required for the provision of continuing education and refresher
training.
WE RECOMMEND that the election for the office of President require that
a mail vote be taken of all the members of the profession. We feel that this is
a better and more representative method than having the Bureau members elect a
president from among themselves.
WE RECOMMEND that the duly elected president hold office for one year
only, but that he be allowed to be run for one further term of one year.
Electing both Bureau and President for four year terms means that the
organization would lose much of its flexibility, a quality so necessary today's
society. No other Canadian province elects the dental profession's president
for more than one year.
WE RECOMMEND that after completing a four year term, the Bureau
directors be not allowed to stand for reelection. This would ensure that the
Bureau is always representative of the profession. Section 18 - a,
e.
This section states that the Bureau should: "a. determine the
formalities relating to matriculation of dental students, with a view to
professional training periods, and the conditions and formalities for the
revocation of such matriculation;" "e. determine the conditions for revocation
of specialists' certificates."
WE RECOMMEND that section 18-a be redefined to make its purpose clear
because in the present form, section 18-a is at best ambiguous and at worst
meaningless. For example, what is meant by, "determine the formalities relating
to matriculation..."? What is implied by, "with a view to professional
training,"? Does this refer to concern with predental education, dental
education, or both? Why can the Bureau only, "determine the formalities of
matriculation" but can then determine "the conditions and formalities for the
revocation of such matriculation."? Clearly, this is not a semantic problem
encountered in translating from one language to another; this shows a lack of
clear thinking on the part of the authors of this legislation.
WE RECOMMEND that section 18-e be re-examined and reformulated to avoid
the obvious defect in the present wording causing the clause to be illogical.
How can the Bureau "determine the conditions for revocation of specialists'
certification" when nowhere is it stated in section 18 how or by whom a
specialist certificate may be awarded.
WE RECOMMEND that any future draft of this legislation make specific
recommendations as to the role of the Province's dental faculties in
determining what should be required of specialists practising in Québec.
The dental faculties, who will train many of the dental specialists, must be
given a voice so that the faculties' expertise may have a bearing on the
establishment and the continuing education of the dental specialties.
Section 19
This section states that the curricula of the dental faculties must be
established in accordance wiht paragraph e, section 169 of the Professional
Code (Bill 250).
WE RECOMMEND, and have so stated in a submission concerning Bill 250
that all but section 169-c must be stricken from the Professional Code. If
section 169 of Bill 250 is retained, the Government may as well control and
administer the Dental Profession itself because the effect of section 169 is to
emasculate the Profession altogether. Why the Government whishes to take this
unprecedented action is a mystery. Section 20
This section states that every student enrolled in a dental faculty in
Québec must, before serving a professional training period, hold a
matriculation certificate issued by the secretary of the Dental Profession.
WE RECOMMEND that the secretary of the Dental Profession register all
students enrolled in the dental faculties of Québec. We don't see how
the secretary of the Dental Profession is in anyway better qualified to assess
a prospective dental student's qualifications, as is implied by the intent of
the legislation proposed in section 20, giving the secretary the right to issue
and revoke matriculation certificates, whatever these are. Section
21
This section lists the conditions which entitle a dental student to a
"matriculation certificate". In particular it is stated that every dental
student will require a degree or a diploma before being eligible for dental
training.
WE RECOMMEND that the universities of Québec, in consultation
with the Dental Profession be responsible for deciding the minimal requirements
that a student must have before entering dental school. What is to be the
status of the student who has fulfilled all the requirements but has not
received a diploma or degree and who has heretofore always been eligible for
dental school enrollment? There are strong theoretical reasons why applicants
with degrees or diplomas will not automatically make the best future dentists.
Section 23
This section states that, "The practice of dentistry shall consist of
any act the object of which is the diagnosis and treatment of diseases of the
teeth, mouth, or maxillae in human beings."
WE RECOMMEND that the word prevention be inserted prior to the word
diagnosis. It should be recognized that the omission of the most important
aspect of dental practice clearly indicates the lack of understanding
demonstrated by the authoris of this legislation. Section 24
This section relates to the dentist's role in the removable and fixed
prosthetics field. WE RECOMMEND that the words "other general law or" be
deleted. WE RECOMMEND that the word "sell" be replaced by the word "place." WE
RECOMMEND that the words "and jaws" be added after the last work in the
section. WE RECOMMEND that the dentist's role in the provision of other,
specialized maxillo-facial prothèses be recognized, defined, and
included in this section. Section 26 a, b, c, d, e
This section states that "every person is entitled to obtain a permit
who applies therefor and who complies with a list of regulations: a, b, c, d,
e"
WE RECOMMEND that clause (a) (b) are superfluous to this section and
that every intention to maintain professional standards is possible by
retaining only 26 - c, d, e.
WE RECOMMEND that the word "permit" be changed to license as this is
more in keeping with universal nomenclature. Section 27
This section outlines the condition under which a "teaching license" may
be issued to professors of Dentistry at any Québec dental faculty and
makes particular reference to language requirements as contained in section 42
of the Professional Code.
WE RECOMMEND, as we did in a submission on Bill 250, that the language
requirements for the university professors employed at a dental faculty be
relaxed. No society should hamper itself by imposing rigid language regulations
on educators who contribute much to that society's advancement. In any case, a
teaching license should be granted for the length of the academic appointment,
as the provision to renew it annually is cumbersome. Section 31
Thise section relates to the dispensing of pharmaceutical products by
dentists. We recommend that the word "attestations" be replaced by
"prescriptions". Section 32
This section attempts to eliminate any direct interest a dentist may
have in the making of dental prosthesis by a dental laboratory.
WE RECOMMEND that for obvious and practical reasons section 32 be
completely stricken from the Dental Act. It is well known that the more closely
a dentist is involved with the technician in the production of a prosthetic
appliance, the better will be the service to the patient. As it stands, section
32 runs counter to the wellbeing of society. Section 33
This section states: "No person may practice dentistry under a name
other than his own. Nevertheless, dentists shall be allowed to practice their
profession under a firm name which is the name of one, several, or all of the
partners."
WE RECOMMEND that this section be retained in all future drafts of this
legislation. It is a good, a progressive, and a much needed law.
WE RECOMMEND further that the only way dentists can properly practice
under a firm name is for them to be duly and properly incorporated into such a
firm. Section 35
This section states that "subject to section 25, no person may perform
one or more of the acts described in section 23 and 24 unless he is a
dentist."
WE RECOMMEND that this section be amended to read, "Subject to section
25, no person may perform one or more of the acts described in section 23 and
24 unless he is a dentist and has obtained, from the secretary of the Dental
Profession, a licence (permit) by virtue of meeting the requirements set down
in section 26 of the Dental Act.
Conclusion
We have stated our criticisms on the various section of the Dental Act
with which we are not in agreement. However, our major reservation concerning
this Bill is not with the errors contained in specific sections. We are much
more concerned with the overall nature of the Bill. There are so many unclear
sections, so many omissions (research, public education, prevention, manpower),
and so much dependence on ancient concepts, that should this Bill be passed in
essentially the same form, all of Québec would be burdened by a
hopelessly outdated piece of legislation. We believe the Government should look
forward and work together with the profession in order that a Dental Act can be
created which would be a satisfactory document on which to build the future for
Dentistry and Dental Health in this Province.