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Commission spéciale des corporations
professionnelles
Projet de loi no 250 Code des professions et
autres
projets de loi connexes
Séance du mercredi 24 mai 1972
(Neuf heures quarante-trois minutes)
M. BLANK (président de la commission spéciale des
corporations professionnelles): A l'ordre, messieurs!
La séance de la commission spéciale des corporations
professionnelles est maintenant ouverte.
Les représentants du Collège des chirurgiens-dentistes de
la province sont-ils ici? Oui. L'e'cole de médecine dentaire de
l'université Laval? Ils ne sont pas encore arrivés. La
faculté de chi-rurgie dentaire de l'université de
Montréal? Ni une ni l'autre.
Nous allons commencer avec le collège. Comme vous le savez, vous
avez 20 minutes pour présenter le résumé de votre
mémoire et, après, il y a 40 minutes de questions de la part des
membres de la commission aux représentants du collège. Si c'est
nécessaire, on peut augmenter le nombre de minutes pour le
mémoire et les questions, parce que je vois que les autres ne sont pas
arrivés pour le moment.
Quand vous parlez, veuillez vous identifier pour les fins de
l'enregistrement au journal des Débats. Je cède la parole
à M. Robert LeBlanc, régisseur, ou à son
représentant.
Collège des chirurgiens-dentistes de la
province de Québec
M. LINDSAY: I am Lindsay, Mussells, President of the College of Dental
Surgeons, Province of Quebec. The College represents 1,800 dentists in Quebec,
almost the finest dentists in the world. I would like to introduce the
headtable here at this table, I should say. On my immediate right is Doctor
Robert Leblanc, the registrar of the College of Dental Surgeons of Quebec, and
on my immediate left, Me Stein our counselor; Dr. Charles Gosselin, of
Sherbrooke, who is one of those who will present the memoir and also answer any
question you have and, beside them, Marius Crête, of Shawinigan, who will
do the same thing; our assistant registrar Marcel Archambault, Dr. Sidney
Silver, from Montreal, Dr. Tenenbaum from Montreal and Dr. Caplan also from
Montreal. Thank you.
M. LE PRESIDENT: I can verify at least one dentist, Dr. Silver is my
dentist.
M. GOSSELIN: M. le Président, docteur Gosselin. Je désire,
au tout début, au nom du Collège des chirurgiens-dentistes de la
province de Québec, remercier le gouvernement d'avoir institué
cette commission qui permet l'étude du code des professions, de
même que des lois spéciales qui doivent régir les
professions par la suite.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse de vous interrompre, mais j'espère
que votre présentation portera sur les trois mémoires
résumés ensemble.
M. GOSSELIN: Je pense, M. le Président, qu'il sera assez
difficile d'en arriver à une discussion claire et logique.
Si la commission le permet, nous aimerions prendre la loi no 250,
ensuite les lois nos 254 et 266, une à la suite de l'autre. Si vous
n'avez pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Mais si on suit ce système, pour les dentistes,
il va y avoir trois présentations d'une heure chacune. Les autres
groupes ont été limités.
M. GOSSELIN: Nous allons tout simplement donner un résumé
assez court de chacune. Nous n'avons pas l'intention de lire chacun des
mémoires. Quand le résumé sur la loi no 250 sera lu, on
pourra passer immédiatement aux questions, si on le désire et si
cela ne cause pas de préjudice à la commission. Ensuite, nous
passerons à la loi no 254. Dans notre esprit, il semble que ce serait
plus facile pour la discussion.
M. LE PRESIDENT: Avec le consensus de la commission, vous pouvez
procéder comme vous voulez.
M. GOSSELIN: Merci, M. le Président. Comme il l'explique dans son
mémoire sur le projet de loi no 254, soit la Loi des dentistes, le
Collège des chirurgiens-dentistes est d'avis que les dispositions du
code des professions qui le concernent devraient se trouver dans la Loi des
dentistes et le code ne devrait aucunement régir ceux-ci, leur ordre ou
l'exercice de leur profession.
Sous réserve de sa demande d'être soustrait à
l'application du code des professions, le collège formule les
observations et suggestions suivantes au sujet des dispositions qui
régiraient les dentistes. Il est pleinement conscient de son devoir
d'assurer la protection du public, que l'article 27 du code impose à
chaque corps professionnel, comme il est parfaitement d'accord que cette
fonction l'oblige à promouvoir, vérifier et préserver dans
toute la mesure du possible la compétence et l'intégrité
des dentistes. De même, il n'a aucune hésitation à
reconnaître le devoir et le droit de l'Etat de s'assurer que l'ordre des
dentistes et les autres corps professionnels exécutent fidèlement
le mandat qu'il leur a été confié et les pouvoirs et
privilèges qu'il leur a octroyés en vue du bien commun.
Par contre, il préconise le maintien du
régime actuel de délégation par l'Etat au corps
professionnel de son pouvoir de régir l'admission à l'exercice et
l'exercice lui-même des diverses professions, y compris l'éthique
et la conduite professionnelles. Selon lui, ce régime doit être
maintenu plus particulièrement dans le cas des professions depuis
longtemps reconnues et organisées comme le droit à la
médecine, la médecine dentaire, l'architecture, le génie,
etc. Il croit qu'on doit tenir compte de la longue expérience et des
états de service plus que séculaires dans certains cas de ces
corps professionnels dans l'exécution du mandat dont il s'agit. De plus,
on aurait tort de pousser le souci d'uniformisation jusqu'à mettre sur
le même pied ceux qui ont depuis longtemps fait leur preuve et les
nouveaux venus sans tradition ou même sans formation ni
expérience.
Si le gouvernement juge nécessaire d'étendre ou de
fortifier son droit de regard sur les corps professionnels et leurs dirigeants,
le collège est d'avis que la chose peut se faire sans
l'omniprésence et l'ingérence de sa part que prévoit le
projet de loi no 250.
Bien sûr, admet d'emblée le collège, les corps
professionnels n'ont pas toujours existé dans le monde, pas plus
d'ailleurs que les parlements, les gouvernements et leur multiples organismes
tels que nous les connaissons aujourd'hui. Ils ne se sont constitués
graduellement que grâce à l'intervention ou à l'assentiment
de l'Etat et pour des motifs d'intérêt public. Par contre, il
faudrait démontrer la disparition de ces exigences du bien commun pour
justifier une amputation radicale des prérogatives des corporations
professionnelles ou leur assujettissement à un régime
étatique à peine déguisé, fait d'ingérence
dans leur administration, de surveillance étroite et constante, de
suspicion et d'inquisition constituant une tutelle rigoureuse et asservissante
au lieu d'un statut d'autonomie mitigée et contrôlée dans
un climat de confiance mutuelle et de collaboration.
Des réformes sont désirables, plus particulièrement
dans le sens d'une certaine uniformisation des structures et procédures
ainsi que d'une coordination des contrôles et des fonctions de
consultation, de recommandation et de réglementation. Par exemple, la
création d'un office des professions et d'un conseil interprofessionnel,
l'uniformisation de la procédure disciplinaire. Cependant, le
collège n'est pas d'accord sur tous les aspects ou toutes les
modalités des réformes et innovations dont il approuve
l'idée générale. A son avis, l'office devrait se composer
de sept membres, tous nommés par le conseil des ministres, dont quatre
choisis parmi quinze personnes recommandées par le conseil
interprofessionnel. De plus, il accorderait à l'office lui-même
les pouvoirs de réglementation que les articles 63, 168 et 169, par
exemple, confèrent au lieutenant-gouverneur en conseil. Il ne
réserverait à ce dernier tout au plus que l'approbation des
règlements de l'office. Il préciserait que l'une des fonctions de
l'office est de fournir aux corporations professionnelles des renseignements et
conseils susceptibles de faciliter leur bonne administration. Il situerait son
siège à Montréal.
Le collège s'oppose au devoir de dénonciation que
l'article 49 imposerait à chaque membre d'une corporation
professionnelle à l'égard des professionnels dont l'état
de santé fait obstacle à l'exercice de leur profession lorsque la
protection du public l'exige. Pour ce qui est de la représentation du
gouvernement au conseil d'administration, soit le bureau, de la corporation
professionnelle ou de son pouvoir d'en nommer un certain nombre de membres, le
collège recommande, premièrement, que les administrateurs
nommés par le gouvernement aient seulement voix consultative et ne
soient, en somme, que des observateurs et des agents de liaison et de
coopération.
Deuxièmement, qu'ils soient trois au conseil de l'Ordre des
dentistes, y représentant, l'un le ministère des Affaires
sociales, un autre le ministère de l'Education et le troisième,
les facultés universitaires de médecine dentaire du
Québec. De plus, il s'oppose à ce que le comité
administratif (article 89 à 94) comprenne un membre du bureau
nommé par le gouvernement. Pour les dentistes, il trouve
préférable que le président de la corporation soit
élu par le conseil d'administration (le bureau), c'est-à-dire
suivant le mode actuel qui a depuis longtemps donné satisfaction. De
même, quant à la procédure d'élection, il
préfère celle qu'il s'est donnée dans ses
règlements à celle que lui imposeraient les articles 75 et 77 du
projet de loi. Il ne voit, d'ailleurs, pas l'avantage d'une procédure
uniforme, stéréotypée dans le code des professions.
Plus particulièrement, à la lumière des articles 12
et 18, il recommande la suppression du dernier alinéa de l'article 83,
qui subordonnerait à l'approbation de l'assemblée
générale l'imposition de la cotisation annuelle et de toute
cotisation supplémentaire. Il s'oppose au paragraphe m) de l'article 83,
qui obligerait le conseil de l'ordre à proposer au gouvernement des
tarifs d'honoraires professionnels pour les services dont le coût n'est
pas fixé par une convention collective ou la loi.
Il s'oppose également à ce que le secrétaire ou
l'un des membres du comité d'inspection professionnelle (article 102)
soit désigné par le gouvernement ou soit l'un des membres du
bureau nommés par le gouvernement, de même qu'à la
fixation, par ce dernier, de la rémunération du secrétaire
du comité d'inspection. De même, il désire que le
secrétaire du comité de discipline, ainsi que le syndic et ses
adjoints et correspondants soient nommés par le conseil de l'ordre et
que leur rémunération soit fixée et payée par
l'Ordre des dentistes, contrairement aux articleslll, 114 et 117.
D'accord avec la recommandation de la commission Castonguay-Nepveu, le
collège pré-
conise le droit à l'injonction au cas de récidive
d'exercice illégal. Pour ce qui est de la Corporation professionnelle
des denturologistes du Québec, dont il est question au no 16 de l'annexe
1 et au no 21 de l'annexe II, le collège s'oppose à sa
constitution sous ce nom et aux droits et privilèges qu'on veut lui
conférer, ainsi qu'à ses membres, mais il renvoie à son
mémoire sur le projet no 266, Loi sur la denturologie.
Il approuve la création projetée de la Corporation
professionnelle des hygiénistes du Québec (no 34 de l'annexe I)
mais en recommande l'ajournement.
Enfin, quant à la terminologie, le collège
préfère "licence" à "permis", pour désigner
l'autorisation d'exercer la profession; "conseil d'administration" ou "conseil"
à "bureau", comme dénomination de l'organe suprême de
l'ordre; et "comité exécutif" à "comité
administratif".
Si vous me permettez d'ajouter à la lecture du
résumé du mémoire que nous présentons devant la
commission, on remarquera que dans l'ensemble les principes que le
Collège des dentistes veut défendre devant cette commission
ressemblent à ceux que le Collège des médecins a
lui-même défendus il n'y a pas tellement longtemps devant cette
même commission.
Que notre position soit à peu près identique, il n'y a pas
à se surprendre, parce que le Collège des dentistes poursuit
vis-à-vis du public à peu près les mêmes buts que le
Collège des médecins. Sa forme administrative ressemble, quoique
moins élaborée, à celle du Collège des
médecins. D'emblée le Collège des dentistes appuie
fortement les recommandations et les représentations que le
Collège des médecins a faites devant cette commission lors de la
présentation de son mémoire.
C'est pourquoi nous n'avons pas voulu élaborer plus longuement
sur le projet de loi 250 pour d'abord ne faire perdre ni le temps ni les
énergies de la commission ou ceux des dentistes, vu que nos positions
étaient à peu près identiques. Je vous remercie, M. le
Président, de m'avoir permis de lire le résumé de notre
mémoire présenté à la commission.
M. LE PRESIDENT: Je pense que la première question vient du
ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: En premier lieu, je voudrais de nouveau, aux membres du
collège, présenter les excuses des membres de la commission, du
gouvernement, pour le fait que le 28 mars, alors qu'ils se sont rendus ici, ils
n'ont pas pu présenter leur mémoire. Et je pense bien qu'il
était clair que c'était dû à des circonstances hors
de notre contrôle.
En second lieu, je voudrais aussi remercier le collège pour ces
mémoires qu'il nous présente relativement au code des professions
et aux lois connexes.
J'aurais une observation à faire, qui, je crois, est assez
importante, et deux points que j'aimerais toucher dans ce mémoire. Les
autres, évidemment, même si je n'adresse pas de questions,
ça ne signifie pas pour autant qu'il ne s'agit pas de points qui doivent
nous intéresser et que nous devons examiner attentivement.
L'observation est la suivante: Au paragraphe 9 du résumé,
il est dit: "Pour ce qui est de la représentation du gouvernement au
conseil d'administration de la corporation professionnelle ou de son pouvoir
d'en nommer un certain nombre de membres".
Je voudrais ici qu'il soit bien clair que les dispositions du code des
professions ne visent pas à ce que des représentants, des
personnes non dentistes au conseil d'administration soient
considérées comme des représentants du gouvernement. Les
dispositions ne leur imposent aucune obligation de faire rapport au
gouvernement ou encore de se considérer comme représentants du
gouvernement.
Ils sont là, en fait, à titre de représentants de
la population en général et au besoin, s'il était
nécessaire de le faire, pour ma part je ne m'opposerais aucunement
à ce que, même si ça peut paraître superflu aux
officiers qui rédigent les projets de loi, on précise très
clairement cette question de telle sorte qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté quant au statut de ces personnes.
La première question, je crois que c'est la première fois
qu'elle est abordée. C'est pourquoi je voudrais y toucher. Au paragraphe
11, on dit: Plus particulièrement à la lumière des
articles 12 et 18, il recommande la suppression du dernier alinéa de
l'article 83, qui subordonnerait à l'approbation de l'assemblée
générale l'imposition de la cotisation annuelle et de toute
cotisation supplémentaire"
Or, si on se souvient que la participation ou l'appartenance au
collège est obligatoire pour quiconque veut pratiquer la profession, il
semble assez important qu'il s'agit là d'un mécanisme qui permet
à l'assemblée annuelle d'exercer un certain contrôle sur
les initiatives, sur la façon dont le conseil d'administration exerce
son mandat. De plus, de façon assez fréquente, sinon
générale, dans bien des associations professionnelles, même
à caractère non obligatoire quant à l'appartenance, la
cotisation est généralement fixée ou soumise, pour
approbation, à l'assemblée générale.
J'aimerais savoir pourquoi, ici, on recommande ce changement au projet
de loi sur une question qui est aussi fondamentale, il me semble.
M. GOSSELIN: D'abord, M. le Président, nous acceptons les excuses
que le ministre des Affaires sociales veut nous présenter parce que nous
nous sommes présentés ici le 28 sans pouvoir nous faire
entendre.
Sachez, M. le Président, que cela ne nous a pas trop
affectés parce que nous sommes habitués à "en arracher".
Sur la deuxième
question, plus particulièrement, je vais débuter par ceci.
La question que le collège se pose, à l'effet que la cotisation
doit être soumise à l'assemblée générale,
nous cause une certaine inquiétude. Qu'adviendrait-il si, par exemple,
à l'assemblée générale il n'y avait pas quorum pour
être en mesure de tenir cette assemblée? Qu'adviendrait-il si,
à l'assemblée générale, même si nous avons le
quorum, il n'y avait là que les mécontents qui, eux, pourraient
en quelque sorte bloquer la cotisation demandée?
Le Collège des dentistes, comme d'autres corporations, existe
déjà depuis 100 ans et au-delà. Nous pensons que, depuis
le temps qu'il existe, si la profession dentaire a pu progresser et devenir ce
qu'elle est, c'est justement qu'on a su faire confiance aux administrateurs qui
ont été nommés au Collège des dentistes. Dans les
moments opportuns, quand les besoins se sont fait sentir, du fait qu'il avait
le pouvoir d'imposer une cotisation, cela lui a permis d'avoir les fonds
nécessaires pour mener à bien cette administration. C'est cette
inquiétude qui fait que le collège se demande, devant le refus de
l'assemblée d'accepter la cotisation demandée par le
collège, quelle procédure prendre pour arriver à faire
accepter cette cotisation et remplir pleinement les fonctions pour lesquelles
nous existons.
Il faut toujours penser aussi que, d'après le code des
professions, de même que la Loi des dentistes actuelle, les fonctions et
les devoirs qui nous sont imposés en quelque sorte le sont par la loi.
Devant la loi, nous constatons qu'advenant le cas où le projet de loi
250 serait voté et appliqué dans sa forme actuelle, on
créera obligatoirement des obligations nouvelles au Collège des
chirurgiens-dentistes. Ceci, nous le prévoyons, demandera
également des fonds supplémentaires pour arriver à bien
administrer.
Ce n'est un secret pour personne, M. le Président, que beaucoup
de membres ne comprennent pas tellement les rouages administratifs, de
même que les rôles que les corporations doivent jouer dans la
société.
Certains membres même nous sommes surpris devant leurs
réflexions ne savent pas ce qui se passe à leur
corporation, même si périodiquement, quand au Collège des
chirurgiens-dentistes, nous leur faisons parvenir un journal qui les tient au
courant de ce que nous faisons, pour eux et pour la population. Ce qui voudrait
dire en quelque sorte que, devant le refus de l'assemblée
générale d'accepter la cotisation demandée par le
collège, nous serions dans l'impossibilité d'administrer et,
à ce moment-là, nous serions mis en tutelle, ce que nous ne
voudrions pas pour tout l'or du monde.
Ce sont les quelques raisons qui font que nous avons voulu que cet
article soit amendé ou retiré et que nous conservions, en quelque
sorte, le mode actuel de cotiser nos membres. Au pis aller, je dirais que nous
verrions d'un meilleur oeil que cette cotisation soit approuvée par le
lieutenant-gouverneur en conseil qui lui, peut-être, serait plus en
mesure de juger de nos besoins devant le danger, toujours dans une
assemblée générale, qu'il n'y ait là que des
dissidents ou des mécontents.
Quant à la première question, celle de voir des
étrangers...
M. CASTONGUAY: Excusez-moi, M. le Président, cette
première question a été discutée à plusieurs
reprises. Peut-être que les autres membres de la commission voudront
poser des questions sur celle-ci, mais, quant à la première, je
voulais simplement faire une observation. Avec votre permission, je passerais
immédiatement à la seconde question qui est la suivante. Pour
situer les membres de la commission, parce qu'il s'agit là d'une
question fort importante, qui concerne non seulement le collège, mais
aussi les autres corporations professionnelles, je vais rappeler qu'il y a deux
ans, au cours de l'été 1970, un certain nombre
d'étudiants, qui ont fini leurs études à
l'Université de Montréal, en art dentaire, qui ont subi avec
succès les examens de la faculté, qui ont subi, si ma
mémoire est bonne, à l'époque, l'examen qui était
administré par un organisme national dont j'oublie le nom.
Parmi eux, seize se sont vu refuser l'accès à la pratique
par le Collège des chirurgiens-dentistes, à cause d'un manque de
coordination et désaccord quant à la teneur des examens entre la
faculté et le collège. A ce moment, nous avions été
obligés, à la demande des parties en cause, de confier à
un petit groupe l'étude de cette question. Il avait fait des
recommandations qui avaient été acceptées à
l'époque par toutes les parties en cause.
En définitive, les recommandations étaient relativement
simples. A très court terme, il s'agissait d'émettre un permis
temporaire à ces seize dentistes et de leur désigner un endroit
de pratique dans lequel ils exerceraient leur profession sous surveillance et,
au terme de la période de cette pratique sous surveillance, leur statut
pourrait être régularisé. Si ma mémoire est bonne
également, il était recommandé que la faculté et le
collège se concertent de telle sorte que les examens administrés,
soit en cours d'année ou au terme de l'année, soient uniques et
satisfassent à la fois les critères de la faculté, de
l'université et ceux du collège.
C'est la situation où les événements au cours de
l'été 1970. Face à des problèmes de cette nature
dans d'autres corporations, même si les problèmes n'ont pas pris
la même forme, nous avons proposé dans le code des professions un
mécanisme à peu près analogue. C'est-à-dire,
lorsqu'on regarde à l'article 169 e), il est dit que des
règlements devront être adoptés pour "fixer les
modalités de la participation de la corporation à
l'élaboration, en collaboration avec les autorités des
établissements d'enseignement du Québec visés au
paragraphe d), des programmes d'études conduisant à un
diplôme donnant ouverture à un permis ou à un certificat de
spécialiste."
Lorsqu'on regarde le mémoire qui nous est présenté
ici, ce matin, il est dit, au paragraphe 3, que le collège
préconise le maintien du régime actuel de
délégation par l'Etat au corps professionnel de son pouvoir de
régir l'admission à l'exercice et l'exercice lui-même.
Quant à l'exercice lui-même, je pense que ce n'est pas mis en
cause en aucune façon dans le code des professions et les lois connexes.
Quant à son pouvoir exclusif de régir l'admission,
évidemment, il y a les dispositions de l'article 169 qui viennent
modifier ou qui proposent de modifier l'état actuel des choses.
Donc, c'est pour ceci, compte tenu de situations comme celle que je
viens de décrire et d'autres situations, au besoin, je pourrai donner
des exemples.
Or, nous avons eu, au cours du mois de mars, par la voie des journaux,
et aussi les étudiants nous ont envoyé copie d'un document
indiquant qu'encore cette année, une situation, au terme de
l'année académique, de conflits à la fois la
faculté et le collège, qui ressemblait fort à celle de
1970, est en voie de se développer, ceci plaçant, cette
année, compte tenu des gestes qui ont été posés ou
qui n'ont pas été posés, un nombre d'étudiants,
encore beaucoup plus grand, face à ce problème,
c'est-à-dire environ 65, si ma mémoire est bonne.
Maintenant, les étudiants ont posé des gestes. Je ne dis
pas qu'ils ont nécessairement contribué à la solution de
cette situation. Mais il n'en demeure pas moins qu'il y a là un exemple
de la nécessité de réviser les dispositions dans le sens,
à notre avis, proposé par l'article 169 e).
Alors, je crois que, pour la bonne compréhension des membres de
la commission, il serait bon de nous donner l'état de la situation en ce
qui a trait à ces étudiants qui terminent leurs études et
aussi quant à la solution du problème que je viens de
décrire et qui, d'ailleurs, a été discuté lorsque
nous avons rencontré l'exécutif du collège, il y a environ
un mois ou trois semaines. J'oublie la date exacte.
Alors, Dr Gosselin, je pense qu'il serait extrêmement important,
pour les membres de la commission, que l'état actuel de la question, en
ce qui a trait aux étudiants qui terminent leurs études à
la faculté d'art dentaire de l'Université de Montréal,
face aux problèmes de leur admission au droit de pratique, soit
exposé pour les membres de la commission.
M. GOSSELIN: M. le Président, si vous permettez, vu que le
registraire a été plus directement mêlé à
tout ce problème, je vais lui demander de répondre à la
question lui-même, en se situant d'abord sur le cas des
élèves de 1970 et des finissants actuels à la
faculté. Alors, Dr Leblanc.
M. LEBLANC: M. le Président, pour ce qui est des
élèves de 1970, comme l'honorable Castonguay l'a très bien
mentionné, nous avons fait ce que le gouvernement nous a demandé.
Nous avons délivré des licences temporaires et ces jeunes gens
ont travaillé dans des bureaux de dentiste que nous avons
agréés. Cela s'est très bien passé et je dirais que
tous maintenant ont leur licence régulière.
En 1971, toujours à la demande du ministère, nous avons
essayé de trouver une solution différente et nous avons
modifié la formule d'examen qui, au lieu de se passer après
l'octroi du diplôme de doctorat, avec entente avec la faculté ou
les facultés, nous avons établi un examen beaucoup plus simple et
plus court qui avait lieu avant l'octroi du doctorat, c'est-à-dire
autour du mois d'avril, l'année dernière. Le résultat a
été celui-ci: il y a eu un échec sur 65 ou 70 candidats
à Montréal, échec maintenu. A ce jeune homme, nous avons
donné une licence temporaire et il va avoir, ces jours-ci, sa licence
permanente.
A McGill, nous n'avons pas eu un seul échec. Par
conséquent, sur 95 candidats en 1971, nous avons eu un seul
échec, en quelque sorte.
Cette année, nous avions l'intention, toujours en accord avec les
facultés, d'établir le même système. Nous avions
prévu nos examens pour les 17, 18 et 19 mai 1972. Les étudiants
de McGill se sont présentés à ces examens et ils ont tous
passé. Ils ont tous reçu leur licence ou ils vont la recevoir
demain.
Maintenant, comme l'a si bien signalé M. Castonguay, ceux de
l'Université de Montréal ont refusé de se présenter
à cet examen et nous ont demandé d'envoyer des assesseurs
à un examen oral seulement qui a lieu à partir
d'aujourd'hui ou d'hier en ce moment, à la faculté de
l'Université de Montréal. Ceci ne faisait pas partie de nos
accords avec les facultés et, par conséquent, nous avons
été obligés d'annuler l'examen qui devait avoir lieu les
17, 18 et 19 mai. Mais pour nous forcer à obtempérer à
leurs ordres, les étudiants ont présenté un bref en
mandamus pour nous obliger à envoyer des assesseurs à ces
examens. Comme le temps était très court, ils ont greffé
sur ce bref en mandamus une injonction pour nous forcer, toujours, à
envoyer ceci.
Je dois vous dire que les deux choses ont été
étudiées et...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ces procédures sont encore devant la
cour?
M. LEBLANC: Les procédures se sont terminées jeudi.
M. LE PRESIDENT: Elles sont terminées.
M. LEBLANC: Oui.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LEBLANC : Jeudi, la chose s'est plaidée à
Montréal, en cour Supérieure, et le juge, après avoir
entendu le doyen de la faculté de chirur-
gie dentaire de l'Université de Montréal et
moi-même, a rejeté le bref en mandamus et l'injonction. Il a
prié les jeunes gens de bien vouloir passer l'examen et il a
souligné que le devoir du collège était de s'assurer de la
compétence théorique et pratique de ceux à qui il va
délivrer une licence.
Par conséquent, nous en sommes là. J'avais
déjà exposé tout ce problème au ministre, M.
Castonguay. Je suis heureux aujourd'hui de lui en donner la suite. Dès
que j'aurai une copie du jugement, je vous la ferai parvenir. Voilà
où nous en sommes. Maintenant, nous sommes prêts à ouvrir
de nouveau une session d'examens aussitôt que possible, à
condition, évidemment, qu'on nous le demande. Pour le moment, je n'ai
pas d'autre explication à vous donner, sauf que des jugements ont
été rendus en la cour Supérieure par le juge Hannon, jeudi
dernier.
M. CASTONGUAY: Si j'ai bien compris, Dr Leblanc, vous avez dit que la
faculté a demandé que des assesseurs du collège
soient...
M. LEBLANC: Ce sont les étudiants qui ont fait une demande
eux-mêmes en groupe, par l'intermédiaire de leur avocat. Ils nous
ont fait, d'abord, un bref de mandamus pour nous forcer à envoyer les
assesseurs et, ensuite, deux jours après, ils ont pris une injonction
pour nous forcer à envoyer des assesseurs. Ils ont envoyé un
subpoena au Dr Jean-Paul Lussier, doyen de la faculté, et à
moi-même. C'est à la suite de nos deux témoignages que le
juge a rendu son jugement. C'est donc une pièce publique,
actuellement.
M. CASTONGUAY: Alors, nous sommes susceptibles de nous retrouver,
à brève échéance, dans la même situation
qu'il y a deux ans où, à la suite des examens administrés
par la faculté et de l'octroi des diplômes par la faculté,
un certain nombre de candidats à l'exercice furent refusés par le
collège au moment du nouvel examen ou de l'examen que le collège
doit faire subir aux 65 étudiants qui terminent leurs études.
M. LEBLANC: Il est possible que ce soit le cas, mais nous ne pouvons pas
actuellement dire s'il y aura des échecs ou non, parce qu'il faudrait
d'abord que ces jeunes gens demandent à se présenter à un
examen. Le cas est un peu différent de celui de 1970.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. LEBLANC: J'ai le regret d'ajouter que mes informations sont
très sérieuses. Il y a un groupe de meneurs, 4, 5 ou 6 personnes
qui mènent les autres et les empêchent de se présenter
à l'examen.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'il serait possi- ble, Dr Leblanc, pour bien
comprendre la nature des relations qui peuvent s'établir et des
problèmes qui peuvent se poser dans de telles relations entre le
collège et une faculté, de décrire aussi la façon
dont les choses ont évolué entre le collège et la
faculté au cours de la dernière année, étant
donné le fait, justement, que nous proposons, dans le code des
professions, de nouvelles dispositions, comme je l'ai signalé, à
l'article 169, pour faire en sorte qu'à l'avenir ce type de situation ne
se reproduise plus, si possible.
M. LEBLANC: Je crois que, si nous nous en rapportons au projet de loi
254 ou 250, il sera certainement très possible d'établir un
système avec les trois facultés concernées pour que des
programmes puissent satisfaire et le collège et les facultés, de
façon que cette situation ne se reproduise pas. Mais, actuellement, nous
n'avons pas d'ententes conclues avec les facultés, parce que chacune des
facultés tient à son propre système d'enseignement et que
nous n'avons jamais pu si je puis dire intervenir
là-dedans.
Nous sommes donc parfaitement disposés à trouver n'importe
quel moyen d'entente avec les facultés pour que les programmes puissent
être acceptés de part et d'autre, à la satisfaction de tout
le monde. Si ceci peut se produire aussi rapidement que possible parce
que je n'y vois pas d'inconvénient et que ces situations, comme vous le
dites, sont excessivement désagréables nous pourrons alors
probablement, lorsque le doctorat sera octroyé, donner une licence. Il
n'y a pas d'inconvénient à ceci, au contraire. Je pense que ce
serait une grande amélioration.
Mais, il faut tout de même que les trois facultés et le
collège puissent s'entendre. Donc, il faudrait que nous ayons des
réunions qui nous permettent d'évaluer des programmes qui nous
sont soumis. Si nous trouvons que, dans ces programmes, il y a des parties
pratiques qui ne sont pas suffisamment incluses parce qu'il faut tenir
compte que la dentisterie pratique est pour nous extrêmement importante
nous demanderons que ce soit un peu plus élevé de ce
côté-là.
Je suis certain qu'une entente peut se faire avec nos
facultés.
M. CASTONGUAY: Merci, docteur.
M. LE PRESIDENT: Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dr Gosselin, vous avez dit tantôt, au
terme de votre exposé, que la position du Collège des dentistes
était la même que celle du Collège des médecins. Ils
sont passés devant la commission au tout début, il y a plusieurs
semaines, mais je crois, sauf erreur je n'ai pas ici le document, je
n'ai pas non plus leur mémoire qu'ils ont présenté
mais, si je me souviens bien, il y a une nuance très importante.
Votre organisme demande de ne pas être assujetti au code des
professions, mais que les dispositions du code soient inscrites dans votre loi
spécifique. Le Collège des médecins demandait des
modifications au code des professions et si ces modifications-là
n'étaient pas faites, ils demandaient à ce moment-là,
d'être soustraits au code des professions et d'avoir une loi
spécifique.
Alors, il y a là une nuance importante et vous autres, je crois,
si j'interprète bien votre mémoire, vous demandez d'être
exclus automatiquement du code des professions et que les articles du code des
professions auxquels vous vous référez et qui constituent,
à votre avis, des améliorations doivent être inclus dans
votre loi spécifique. Alors, ça m'amène à vous
poser cette question-ci: De quelle façon le Collège des dentistes
a-t-il préparé son mémoire? Est-ce que ça traduit
bien cette position que vous prenez, qui est assez catégorique. Je pense
pouvoir dire sans me tromper qu'il y a seulement deux organismes jusqu'ici qui
ont fait connaître leur intentien ferme d'être soustraits au code
des professions. Il y a un organisme qui n'est pas venu devant la commission,
c'est le Barreau, et il y a le vôtre. Et, sauf, erreur, je pense que
c'est comme ça qu'on peut traduire l'attitude des organismes devant la
commission.
Alors, est-ce que ça traduit bien le sentiment de vos membres
d'être exclus du code des professions? Est-ce que c'est une
décision irrévocable ou si vous désirez maintenant nuancer
cette position?
M. GOSSELIN: M. le Président, d'abord, je comprends que le texte
tel qu'il est écrit laisse peut-être entendre que nous voulons
être soustraits au code des professions. Il faut dire que le texte ne
reflète pas exactement ce que nous aurions voulu dire.
Nous sommes d'accord sur le code des professions, mais nous aimerions
que tout ce qui concerne les dentistes dans le code des professions soit
réinséré dans la Loi des dentistes. Mais ça ne veut
pas dire que nous sommes contre ou nous voulons être soustraits à
la loi no 250.
Au contraire, nous trouvons que c'est une loi qui doit exister et qui
peut-être aurait dû être adoptée il y a longtemps avec
des dispositions générales régissant toutes les
professions. Cependant, nous trouvons que la loi no 250, telle qu'elle est
rédigée, est un instrument lourd, un outil, assez difficile
à manipuler, surtout pour des gens qui ne sont pas familiers comme les
avocats avec toutes les tournures que la loi peut apporter.
Il reste qu'en lisant le texte du projet no 250, à un moment
donné nous tombons sur des choses qui ne nous concernent pas, d'autres
qui nous concernent et le reste dans la loi 254, vous la lisez. A un moment
donné il faut se référer à la loi no 250. Il faut
toujours comprendre que si nous voulons que nos dentistes se soumettent
à la loi que le gouvernement votera dans un avenir plus ou moins
rapproché, il faudrait qu'eux-mêmes sachent à quoi s'en
tenir par rapport avec cette loi-là.
Et nous croyons que les dispositions générales qui
concernent toutes les professions contenues dans le bill 250 restent là
et nous sommes d'accord que ça doit exister, mais nous ne voyons pas,
par exemple, quelles difficultés il y aurait pour ceux qui ont
préparé la loi ou qui prépareront celle qui va être
votée, à ce que ce qui se rapporte exclusivement aux dentistes
dans la loi 250, même s'il est déjà inscrit dans la loi
250, soit de nouveau réinscrit dans la loi 254.
Cela nous éviterait d'avoir un tas de références
à faire continuellement ou même de consultations avec des
avocats-conseils qui, parfois, sont assez dispendieux, pour comprendre la loi.
C'est dans cet esprit que le collège, jusqu'à un certain point,
demande à être soustrait du projet de loi no 250 dans le sens que
nous voulons que ce qui regarde les dentistes soit inscrit dans le projet de
loi no 254. Est-ce que cela répond à votre question?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une position...
M. GOSSELIN: Notre position est totalement différente de celle du
Barreau; le Barreau ne veut rien savoir, lui, du projet de loi no 250.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense que les remarques que vous venez de
faire précisent ce que ne laissait pas entendre clairement le
mémoire.
M. GOSSELIN: Je suis d'accord avec vous.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y avait peut-être un peu de
flottement. J'aurais peut-être compris difficilement, si on s'en tenait
au texte original du mémoire, qu'à l'article 6 vous disiez que
les réformes sont désirables et, par exemple, la création
d'un office des professions, d'un conseil interprofessionnel et
l'uniformisation de la procédure disciplinaire. Toutes des choses qui
sont contenues dans le code et qui s'appliquent à toutes les
professions.
Vous dites que ce sont des choses désirables mais, par contre,
vous ne les auriez pas voulues. Disons que cela précise, dans mon
esprit, l'attitude du collège. Le ministre a très bien
exposé le problème des étudiants tantôt et le Dr
Leblanc a répondu; je n'y reviendrai pas. A l'article 17 de votre
mémoire je pose la question tout de suite, mais j'aurais
peut-être pu la poser un peu plus tard durant la matinée
vous approuvez la création de la Corporation professionnelle des
hygiénistes du Québec mais vous en recommandez l'ajournement;
dans quelle intention?
M. GOSSELIN: A l'heure actuelle, je crois
qu'il y a 14 hygiénistes dentaires dûment reconnus et qui
exercent dans la province de Québec. Nous nous demandons de quelle
façon ces personnes pourraient fonctionner d'une façon efficace
sans au moins recevoir les conseils ou les avis du Collège des dentistes
qui lui, déjà, a parmi ses membres des hygiénistes
dentaires dûment qualifiés qui peuvent conseiller et diriger ces
gens-là. De plus, nous nous demandons de quelle façon 14
personnes réunies en corporation pourraient fonctionner
financièrement d'abord, avec toutes les obligations qu'impose le code
des professions. Ceci veut dire qu'à moins qu'elles ces
hygiénistes ne s'imposent des sacrifices extrêmes,
dès le départ elles seraient mises en tutelle par le
gouvernement.
Nous sommes pour l'institution d'une corporation d'hygiénistes
dentaires; ces hygiénistes ont toujours agi comme nous le disons dans le
mémoire, sous les conseils très libéraux de la profession
dentaire. Jusqu'ici, tout a toujours très bien fonctionné. Nous
voyons mal comment leur situation pourrait être améliorée
dans le contexte actuel, avec le petit nombre qu'elles sont. Nous croyons
qu'elles doivent demeurer comme elles sont actuellement, et simplement
différer leur réunion sous le régime d'une corporation
jusqu'à temps où elles seront assez nombreuses je dis
"elles" mais peut-être qu'un jour ou l'autre il y aura des hommes qui se
joindront à elles. Le Collège des dentistes croit qu'il serait en
mesure d'aider ces gens à mieux fonctionner d'ici là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je m'adresse au Dr Gosselin.
Il y a quelques instants, au début de ses remarques, il a
mentionné qu'il était habitué d'en arracher. Cela
m'amène à vous demander si vous n'en arrachez pas trop parfois.
Je voudrais savoir quel contrôle vous allez exercer dans les abus
d'extractions qui semblent se produire à certains endroits.
A cet effet, je m'explique. Il y a quelques années, il n'y a pas
si longtemps, quand quelqu'un voulait se faire extraire les dents il allait
chez un dentiste où il y avait une chaise et des pinces et on extrayait
les dents. Aujourd'hui, pour toutes sortes de raisons souvent inimaginables et
sous le couvert de la chirurgie buccale, on voit une grande partie des patients
recevoir des soins à l'hôpital, pour un abcès ou quelque
chose de semblable, ce qui devait quand même exister dans le
passé. Aujourd'hui, je sais que dans un hôpital il y a de 500
à 600 patients qui attendent leur tour depuis des mois et des mois avant
de se faire extraire une ou quelques dents pour des raisons que je peux
imaginer peut-être banales.
Quel sorte de contrôle aurez-vous dans des cas semblables?
M. GOSSELIN: Il faut dire d'abord que les dentistes en
général en arrachent pas mal moins qu'ils en arrachaient.
L'éducation qu'on leur donne aujourd'hui, de même que
l'éducation que le public reçoit de la part des media
d'information font que le public est beaucoup plus conscient de l'importance de
conserver ses dents. Il ne faudra pas prendre exemple sur moi qui me suis
cassé une dent il y a trois semaines et qui me promène avec un
trou en avant, attendant mon tour pour avoir un rendez-vous chez le
dentiste.
Quant à l'abus qui existe dans certaines sections de la province,
nous en sommes pleinement conscients. Il faut dire aussi, M. le
Président, qu'il y a des abus, mais pas toujours de la part des
dentistes. Il y a des endroits où ce sont les médecins qui
extraient les dents et nous n'avons pas tellement de contrôle sur les
actes que peuvent poser les médecins. Dans deux ou trois régions
où nous avons eu connaissance de ces abus, nous en avons avisé le
Collège des médecins qui, de son côté, a fait une
forme d'enquête et essaie de prévenir ces abus.
Quant à ce qui nous concerne, il faut dire que le Collège
des dentistes a toujours agi quand il était mis au courant d'une
situation semblable. Nous ne pouvons pas agir sur des choses que nous ne savons
pas. Il arrive que dans certaines régions éloignées il se
produise des abus. Il faut dire, par contre, que dans les centres bien
organisés, tant au point de vue hospitalier que médical ou
dentaire, les abus sont plutôt rares parce qu'au niveau des
hôpitaux il y a un contrôle sur les extractions qui se font
à l'hôpital. Les examens pathologiques, entre autres, sont faits
sur les dents qui sont extraites à l'hôpital et il y a des
critères d'admission pour un patient à l'hôpital.
Maintenant, cette situation qui fait qu'aujourd'hui il y a beaucoup plus
de gens qui veulent aller à l'hôpital pour se faire extraire des
dents, ce n'est pas nous qui l'avons créée.
Malheureusement...
M. LAVOIE (Wolfe): C'est au médecin à juger s'il doivent
ou ne doivent pas aller à l'hôpital. Pour extraire cinq ou six
dents, ça coûte $70 pour une chambre.
M. GOSSELIN: Nous sommes pleinement d'accord. Ce que nous voulons dire,
c'est que la situation qui existe dans certains cas, même dans les
milieux où c'est assez bien organisé, ce n'est pas nous qui
l'avons créée. Avec la venue de l'assurance-santé, on a
voulu insérer le paiement pour des extractions de dents faites à
l'hôpital. Sachez que les gens sont au courant et vu qu'ils savent qu'en
allant à l'hôpital ça ne leur coûtera rien, les
dentistes se font tordre les bras pour les y admettre et leur enlever les
dents.
Personnellement, à cause de cette situation, depuis un an et demi
je ne vais plus à l'hôpital
parce que suis tanné de me faire tordre les bras et je ne suis
pas le seul dans ce cas. Je suis pleinement conscient du fait qu'il y a des
gens, vu que ça ne coûte rien à l'hôpital pour se
faire extraire des dents, qui pensent qu'à leur seule demande on va les
hospitaliser et leur extraire des dents, même s'il n'y a pas lieu de le
faire.
Maintenant, que des médecins aient commis des abus dans ce
sens-là, cela prouve une chose, c'est que, dans le domaine dentaire
je suis bien à l'aise pour en parler, parce que j'ai un
frère qui est médecin; ce n'est pas la première discussion
que j'ai avec lui dans ce sens-là leur ignorance est assez
évidente, tout comme notre ignorance, si vous voulez, est assez
évidente quand il s'agit de maladies pathologiques, au niveau abdominal
ou ailleurs. En fin de compte, nous sommes les spécialistes de la
bouche. Nous sommes les spécialistes des maladies dentaires, des
maladies buccales.
Nous voyons mal un médecin agir dans le domaine buccal, surtout
quand il s'agit d'extraction dentaire, sans au moins consulter un dentiste qui,
dans une foule de cas, pourrait prévenir le malaise, quand lui, le
médecin, verra tout simplement l'extraction comme solution au
problème. Pour en revenir à ce que vous dites, il reste que, dans
les lois no 250 et 254, nous aurons des mécanismes dont nous sommes
heureux et qui nous permettront, si vous voulez, d'agir sans même qu'une
plainte soit portée. Parlons, par exemple, du comité d'inspection
professionnelle, pour n'en nommer qu'un. Ce sont des changements dans la
nouvelle loi dont nous sommes heureux. Veillez croire que, de plus en plus,
nous exerçons une surveillance assez serrée sur les abus qui sont
portés à notre connaissance.
M. LAVOIE (Wolfe): Trouvez-vous cela normal, docteur Gosselin, que le
patient qui doive se faire extraire des dents soit obligé d'attendre
cinq ou six mois?
M. GOSSELIN: M. le Président, ce n'est pas normal et, en
même temps, c'est normal dans le contexte actuel. On dit souvent que les
dentistes ne sont pas assez nombreux dans la province de Québec. C'est
vrai et ce n'est pas vrai. Nous sommes assez nombreux pour donner actuellement
les soins qui sont demandés par la population. Par contre, il y a une
mauvaise distribution du personnel dentaire dans la province de Québec.
La très grande majorité des dentistes préfèrent
s'installer à Québec ou à Montréal et surtout dans
les environs de Montréal. Il faut les comprendre, par contre.
Aujourd'hui, l'installation d'un bureau de dentiste, c'est quelque chose
d'assez dispendieux, merci. S'il y en a parmi vous dont les fils sont
étudiants dentistes, vous en saurez quelque chose quand ils viendront
pour ouvrir leur bureau.
Il reste que le diplômé cherche un endroit où il
sait qu'il pourra vivre convenablement et, en même temps, faire face
à ses obligations. Prenons la région de Sherbrooke d'où je
viens. Les rendez-vous chez les dentistes sont pris quatre, cinq, six ou sept
mois d'avance, ce qui n'existe pas à Montréal. Nous disons, tout
simplement, qu'il n'y a pas assez de dentistes en province et qu'il y en a trop
à Montréal et dans les environs. Quel moyen prendre pour inciter
ces dentistes à aller s'établir en province? Ce n'est pas un
problème facile à régler. Par contre, au Nouveau-Brunswick
comme en Ontario, le gouvernement, si vous voulez, donne certaines primes
d'établissement à des dentistes qui veulent s'installer dans des
endroits qui sont assez éloignés en garantissant, au
départ, un revenu minimum au dentiste qui ira s'établir dans cet
endroit, en lui faisant un prêt lui permettant d'acheter son
équipement, avec des conditions, sous forme de contrat, que le dentiste,
obligatoirement, devra rester à cet endroit pour une période de x
années.
M. LE PRESIDENT: Dr Gosselin, on ne veut pas vous empêcher de
parler, mais, si c'est possible, essayez de raccourcir vos réponses,
parce que nous allons dépasser les 40 minutes pour ce mémoire.
Vous avez deux autres mémoires. Il y a d'autres députés,
je pense, qui ont des questions.
M. GOSSELIN: Alors, si le député est satisfait de la
réponse que je lui donne, je suis prêt à m'arrêter,
moi. S'il n'est pas satisfait, nous ne restons pas tellement loin l'un de
l'autre, nous pourrons nous revoir.
M. LAVOIE (Wolfe): D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Châteauguay.
M. KENNEDY: M. Gosselin, croyez-vous que la mise en application de cette
loi, le bill no 250, le code des professions, va garantir un meilleur service
au public?
M. GOSSELIN: Peut-être pas un meilleur service, mais une plus
grande protection.
M. KENNEDY: Une plus grande protection.
M. GOSSELIN: Nous sommes d'accord que l'application du projet de loi no
250 va donner des pouvoirs qui assureront une meilleure protection du public.
Mais rien là-dedans ne peut assurer de meilleurs services.
M. KENNEDY : Evidemment, le service relève des normes du
collège.
M. GOSSELIN : Pas seulement des normes du collège, cela
relève aussi du nombre de dentistes que nous aurons pour servir la
population avec une bonne distribution du monde dentaire. Cela est très
important. Quand bien
même nous aurions 10,000 dentistes, s'ils sont tous à
Montréal, nous ne sommes pas mieux que nous étions. C'est
ça le problème, en fait.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, quelques brèves questions. On a
soulevé tantôt je pense que c'est le registraire que
des ententes seraient souhaitables entre le collège et les
facultés. Ma question est bien précise: Pourquoi ces rencontres
n'ont-elles pas déjà eu lieu, puisque cela semble souhaitable?
Est-ce que c'est interdit par les facultés? Pourquoi cela n'a-t-il pas
fonctionné si c'est souhaitable? Pourquoi cela n'a-t-il pas
existé?
M. GOSSELIN : M. le Président, je vais répondre au
député de Dorchester que ce n'est pas parce que le collège
n'a pas essayé. Ce n'est pas toujours facile d'entrer, si vous voulez,
dans nos facultés aux universités. Disons par contre, que depuis
deux ou trois ans, les relations sont de beaucoup meilleures. D'ailleurs, comme
le Dr Leblanc l'a dit tout à l'heure, c'est de cette façon que
nous avons pu arriver à une formule d'examens et d'admission à
l'exercice de la chirurgie dentaire. Seulement, chacun tenait à son
petit domaine et on ne voulait pas ouvrir les portes de peur que l'un
empiète sur l'autre. Vous voyez un peu le portrait.
M. GUAY: Oui.
M. GOSSELIN: Tout de même, il reste que, par les dispositions du
projet de loi no 250, c'est une situation, je crois, qui devrait, normalement,
changer. C'est un changement heureux pour la profession.
M. GUAY: Ma deuxième question: Est-ce que ce serait possible,
dans l'avenir, pour le collège d'axer davantage ses forces sur des
moyens de prévention?
M. GOSSELIN: Dans la définition du projet de loi no 254, dont on
parlera tout à l'heure, on ne veut même pas nous permettre de
prévenir la maladie. En tout cas, on reviendra là-dessus...
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai déjà
traité de cette question. Les lois des corporations professionnelles,
à exercice exclusif, comportent une définition qui ne touche pas
la prévention parce qu'on ne veut pas que ce soient seuls les membres
d'une profession qui puissent faire de la prévention. Il me semble que
cela tombe sous le sens commun, que toute personne qui a une certaine notion
d'hygiène dentaire pout essayer d'encourager une bonne hygiène
dentaire. S'il fallait restreindre, par cette disposition, la prévention
strictement aux membres d'une corporation professionnelle, cela voudrait dire
qu'on empêcherait tout autre mécanisme, tout autre organisme, tout
autre individu de faire de la prévention. Alors, on n'empêche pas
le collège d'en faire par cette disposition. Mais on ne veut pas qu'il
soit le seul à pouvoir en faire.
Alors, c'est la raison pour laquelle cette disposition a
été écrite de cette façon. Le point a
été soulevé par les médecins. Il va sûrement
être soulevé par d'autres. Mais je voudrais, de nouveau, faire
cette correction qui me paraît importante.
M. GOSSELIN: M. le Président, est-ce que le ministre des Affaires
sociales aurait objection à ce que ce soit contenu dans les deux lois,
soit pour les professions à titre exclusif comme pour les autres?
M. CASTONGUAY: De toute façon, je pense bien qu'il est clair
qu'il va de soi que ce qui ne va pas contre l'esprit et la lettre de la loi est
permis. Si le collège veut s'adonner à certaines
activités, par exemple, de nature scientifique, qui ne sont pas
prévues là, qui ne vont pas à l'encontre de la loi, rien
n'empêche de le faire. Il n'est pas fait obligation au collège de
jouer un rôle d'information auprès de ses membres. Pourtant, il va
de soi que le collège, vous nous l'avez dit vous-même, doit jouer
ce rôle d'information auprès de ses membres. La loi ne
l'empêche pas et on ne doit pas l'interpréter d'une façon
aussi rigide que lorsqu'on parle de cette disposition touchant l'exercice
exclusif. Vous savez, comme moi, comment, dans le passé, ces
dispositions, que ce soit pour l'exercice de la médecine, l'exercice de
l'art dentaire, la pharmacie, etc., ont été
interprétées d'une façon stricte. Il va de soi qu'il est
nécessaire que cela en soit ainsi, sans ça n'importe quel
individu pourrait faire de la médecine ou faire de la chirurgie
dentaire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Dorchester a une
autre question?
M. GUAY: Oui. J'aurais une dernière question. On a touché,
tantôt, le facteur qui favorise l'hospitalisation pour l'extraction des
dents. Un des facteurs, je pense bien, qui entre en ligne de compte, c'est le
prix qui est demandé au patient pour extraire une dent.
On a remarqué que le prix que charge un dentiste pour enlever des
dents avait monté considérablement. Depuis quelques
années, cela a doublé, même triplé, je pense.
J'aimerais savoir qui fixe les prix et si les prix sont les mêmes dans
toutes les régions de la province.
M. GOSSELIN: D'abord, le mot prix ne me plaît pas tellement.
J'aimerais mieux parler d'honoraires.
M. GUAY: D'accord. Je n'ai pas d'objection. M. GOSSELIN: Je dirai du
député de Dor-
Chester que cela ne lui coûte pas tout à fait la même
chose pour aller acheter son steak, aujourd'hui, que cela lui coûtait il
y a 20 ans.
M. GUAY: D'accord.
M. GOSSELIN: J'ai vécu dans une boucherie, un temps de ma vie,
mon père vendait la saucisse trois livres pour $0.25 et, aujourd'hui,
elle est à $0.80 la livre. Il a été un temps où un
dentiste établissait son bureau avec $8,000; aujourd'hui, cela en prend
$20,000. Il a été un temps où on payait $40 de loyer par
mois, aujourd'hui, on en paie $250 par mois. Il a été un temps
où on pouvait avoir une assistante, une secrétaire, pour $30 par
semaine et, aujourd'hui, il faut les payer $100 par semaine. Il a
été un temps où un type faisait son cours de dentiste avec
environ $5,000; aujourd'hui, cela lui en prend de $10,000 à $12,000.
En fin de compte, M. le député, c'est pour vous montrer
que, chez les dentistes comme ailleurs, le coût de la vie a
augmenté et nos services professionnels doivent être, si vous
voulez, en fonction de ce que cela nous coûte pour faire fonctionner un
bureau et, en même temps, vivre décemment.
Quant à la question de la fixation des honoraires, jusqu'ici, le
Collège des dentistes soumettait périodiquement une liste
d'honoraires sur laquelle les dentistes pouvaient se pencher, si vous voulez,
pour fixer leurs honoraires et en même temps les ajuster selon le milieu
où ils se trouvaient. Le type de Montréal ne peut pas pratiquer
au même coût que le gars, si vous voulez, qui est dans le fond de
l'Abitibi ou dans le fond du Lac-Saint-Jean. Cela ne lui coûte pas la
même chose.
C'est donc pour tout un tas de raisons qui sont évidentes, je
pense.
M. LAVOIE (Wolfe): Dr Gosselin, est-ce qu'il est possible, pour les
dentistes, d'avoir des anesthésistes à leur bureau?
M. GOSSELIN: Ah non! Et nous n'en voulons pas non plus.
L'anesthésie générale, cela se fait à
l'hôpital, avec tous les risques que cela peut comporter. Faire cela dans
un bureau, cela veut dire que, si vous voulez être parfaitement
progégé vis-à-vis du public et que celui-ci soit
protégé, il faudrait que le bureau soit organisé comme une
salle d'opération, à l'hôpital. Nous n'avons pas les moyens
de faire cela. Il faudrait augmenter nos tarifs.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. Gosselin, dans votre mémoire écrit, aussi
bien que dans votre exposé verbal, j'ai eu l'impression que la
conception que vous vous faisiez du représentant nommé par le
gouvernement, au sein de la corporation, était celle d'un agent de
liaison, certains disent d'un espion, au service du gouvernement. Après
les explications que vous a données le ministre, que nous a
données aussi M. Fournier, à une autre séance où la
question lui avait été posée ce qui montre que sur
ce point il y a une solidarité ministérielle est-ce que
vous êtes encore du même avis, est-ce que vous avez les mêmes
objections?
M. GOSSELIN: M. le Président, je voudrais dire au Dr Laurin que
nous sommes d'accord sur ce que nous présentons ici, dans le
mémoire. Là-dessus, même si les explications qui ont
été données sont divergentes de celles que nous
présentons dans le mémoire, nous tenons quand même, si vous
voulez, à ce que nous avons écrit et exprimé. C'est que
nous voulons que ces gens soient un apport pour la profession.
Nous nous sommes posé longuement les questions sur la
façon que ces gens pourraient nous aider.
M. LAURIN: Si, une fois qu'ils sont nommés, ils sont des membres
à part entière de votre corporation, même s'ils viennent
d'un lieu que vous n'étiez pas habitués à
considérer, ne pensez-vous pas que cela change du tout au tout la
conception que vous vous en faisiez, d'une part, et le rôle qu'ils
peuvent effectivement jouer au sein de la corporation?
M. GOSSELIN: Franchement, c'est probablement après que nous
aurons fonctionné dans ce contexte que nous serons en mesure, en
meilleure position pour nous prononcer là-dessus. Mais, dans le moment,
nous nous demandons de quelle façon ces gens peuvent être un
apport, si vous voulez, à l'administration de la corporation.
M. LAURIN: Mon autre question s'adressait à vous en même
temps qu'au Dr Leblanc. C'est une question d'information. D'abord, est-ce que
votre corporation compte, dans les membres du bureau, des membres nommés
par les facultés de chirurgie dentaire?
M. GOSSELIN: Tous les doyens des facultés font ipso facto partie
du bureau.
M. LAURIN: Oui. La demande qui vous a été faite par les
étudiants, que les examens soient tenus simultanément, ceux du
collège et de la faculté de chirurgie dentaire, n'est-elle pas
semblable à la pratique qui s'est instaurée entre le
Collège des médecins et les facultés de
médecine?
M. GOSSELIN: Voulez-vous répéter votre question?
M. LAURIN: Est-ce que la demande que vous ont faite les étudiants
de tenir dans des sessions simultanées des examens qui valent aussi bien
pour la faculté, c'est-à-dire pour le doctorat que pour le
collège, pour le permis de
pratique, n'est pas quelque chose qui existe déjà depuis
un certain nombre d'années dans le monde médical, qui a
donné de bons résultats et qui a permis de faire
disparaître les conflits anciens?
M. GOSSELIN: Vu que le Dr Leblanc a abordé la question, je vais
le laisser y répondre.
M. LEBLANC: Selon notre loi, d'ailleurs et depuis fort longtemps
nous envoyions des assesseurs, comme le Collège des
médecins, aux différents examens pendant les quatre années
que duraient les études. Mais, depuis 1958, 1959 ou 1960 je ne me
souviens pas exactement les facultés ont changé totalement
leur curriculum et leur système d'évaluation ou d'examen.
Avant, il y avait un examen final auquel nous assistions et
c'était relativement facile. Mais les facultés ont ensuite
changé et elles ont eu des séries d'examens presque toutes les
semaines. Il est arrivé qu'il était impossible pour les
facultés de suivre la loi qui exige qu'on nous avertisse un mois
d'avance d'envoyer des assesseurs.
Or, ils avaient des examens qui changeaient de date et c'était
devenu impossible. C'est à la demande et sous la pression des
facultés que nous avons cessé d'envoyer des assesseurs et que
nous avons établi, d'accord avec les facultés, un système
d'examen qui serait un examen particulier pour la licence. Et c'est à la
suite de ces arrangements que nous sommes arrivés là. D'ailleurs,
il y a un article de notre loi, le no 41, 7°, qui nous permet, par
n'importe quel moyen, d'étudier des examens pour accorder la licence.
C'est pour ça que nous avons suivi cet article de la loi et que nous
n'avons plus envoyé d'assesseurs.
Mais le système d'assesseurs existait depuis fort longtemps. Les
étudiants, cette année, ont attendu le mois de mai pour nous
déclarer qu'ils voulaient passer une sorte d'examen et nous demander
d'envoyer des assesseurs pour un seul examen. Or, pour suivre la loi, il aurait
fallu qu'ils nous avertissent il y a un an et nous aurions peut-être,
d'accord avec les facultés, envoyé des assesseurs au fur et
à mesure de l'année. C'est ce qui nous a empêchés de
procéder de la façon dont ils le voulaient.
Autrement dit, s'ils avaient voulu charger le système, au lieu de
nous signifier une injonction deux ou trois jours avant les examens, ils
auraient pu le faire au mois de septembre l'année dernière. Et je
suis certain qu'avec le doyen de la faculté de chirurgie dentaire de
l'Université de Montréal nous aurions fait des arrangements pour
les satisfaire.
M. LAURIN: S'il survient cette année, et peut-être dans
l'avenir, des conflits entre le collège, la faculté et les
étudiants, qui sont maintenant syndiqués comme chacun le sait,
quelle forme d'arbitrage prévoyez-vous pour la résolution de ces
conflits? Celle simplement d'une entente péniblement
négociée entre ces parties d'une façon empirique,
l'arbitrage du conseil des universités ou un autre arbitrage qui ne
serait pas celui du gouvernement, puisque vous semblez ne pas le
désirer?
M. LEBLANC: Je n'ai pas dit ça. J'ai dit que si les deux lois
étaient adoptées, nous suivrions ces lois et nous ferions une
entente avec les facultés, telle qu'elle est préconisée
dans les deux bills. Cela, c'est exact.
Une sorte d'arbitrage dans des cas comme celui-ci, quand on nous envoie
des injonctions, ce n'est plus un arbitrage. Le juge a arbitré, il a
entendu la cause toute une journée, de 11 heures du matin jusqu'à
17 heures 30. Il l'a entendue au complet et il l'a arbitrée. Que
voulez-vous que je vous dise?
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Sud.
M. FORTIER: A certains endroits, dans ma région, en
Gaspésie, quand un dentiste qui a une grosse population à
desservir prend des vacances, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'avoir un
remplaçant pour aider la population? C'est un problème. Soit un
étudiant.
M. GOSSELIN: Vous prendriez peut-être un risque en ayant un
étudiant. En fin de compte, un étudiant est difficilement
préparé pour prendre la relève dans un bureau dentaire,
surtout s'il est seul et dans un endroit éloigné, comme vous
dites. Si, à un moment ou l'autre, il a un accident, je le verrais mal
placé pour essayer de réparer son erreur.
M. FORTIER: Je parle d'un finissant qui a tout terminé.
M. GOSSELIN: Il reste que c'est au dentiste qui est là, s'il en
est capable, de trouver quelqu'un pour le remplacer. Naturellement, au
collège, nous voulons bien faire notre possible, mais les 1,760
dentistes environ qu'il y a dans la province de Québec sont à
temps plein dans leur bureau. Je ne vois pas qui pourrait le remplacer à
moins qu'à un moment donné on ne demande au ministère des
Affaires sociales de nous prêter ses dentistes à l'occasion de
l'été où ils sont moins occupés que durant la
période scolaire.
M. FORTIER : Non, mais je pense que vous comprenez bien la
situation.
M. GOSSELIN : Oui, je comprends très bien votre situation.
M. FORTIER: Quand vous avez une population de 20,000 personnes sans
dentiste pendant un mois, ce n'est pas facile.
M. GOSSELIN : Il prend un mois de vacances, le chanceux!
Il en a probablement très besoin aussi.
M. FORTIER: Ecoutez, nous avons, M. Gosselin, un dentiste pour une
population de 20,000 âmes.
M. GOSSELIN : Cela revient au problème que nous soulignions tout
à l'heure. Vous savez, c'est une question de répartition de
personnel. Nous, nous sommes prêts à collaborer en tout temps avec
le gouvernement pour trouver une solution à ce
problème-là. Nous pouvons soumettre des plans qui pourraient
permettre l'établissement de jeunes dentistes dans ces régions
plus éloignées, suivant des formules qui déjà ont
été éprouvées ailleurs et qui ont donné de
très bons résultats.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Dans vos relations avec les facultés, M. le
Président, qu'est-ce qui est en jeu réellement, actuellement?
Est-ce que vous considérez que les cours qui sont donnés au
niveau universitaire ne sont pas tout à fait adaptés aux
nécessités présentes ou est-ce simplement une question de
principe, considérant que la loi vous rend responsables de la
qualité des services dentaires rendus à la population?
M. GOSSELIN : D'abord, la loi nous rend responsables, si vous voulez, de
la qualité des soins, de même que de la compétence de ceux
qui auront à pratiquer. Quant à nos relations avec les
facultés, disons qu'elles sont très bonnes. Seulement, ce qui
fait que certains étudiants peuvent échouer à des examens,
ce n'est pas parce que les cours ne sont pas bons ou ne sont pas bien
donnés; c'est parce que l'étudiant n'est pas allé aux
cours.
C'est une tendance assez générale aujourd'hui, au niveau
de nos CEGEP et de nos universités, de quitter les cours, puis de ne pas
assister aux séances de clinique. Vous savez c'est très
drôle, on a relevé, dans certains dossiers, des étudiants
qui avaient 70 p.c. d'absence ou à peu près qui ont eu la
permission de se présenter aux examens de l'université et
à qui on a donné des doctorats. Si on a agi comme ça,
monsieur, ce n'est pas parce que nous en voulions à ces
étudiants-là, que nous n'étions pas conscients que nous
n'avons pas besoin de dentistes-, nous avons agi selon nos
responsabilités vis-à-vis du public. Nous avons cru que,
pratiquement, ces gens-là, qui avaient échoué à
leur examen, n'étaient tout simplement pas prêts pour se trouver
seuls, parce qu'il faut penser qu'un dentiste se trouve seul dans son bureau
pour exercer auprès de la population. C'était prendre un risque
de leur accorder une licence de pratique.
C'est pourquoi, avec le ministère, nous avons trouvé une
solution de façon qu'ils puissent poursuivre un stage
supplémentaire et compléter leur formation.
M. SAINT-GERMAIN: On doit déduire que, malgré ces absences
prolongées, comme vous le dites, les universités, tout de
même, donnent des doctorats ou, du moins, un diplôme à ces
gens-là. L'examen universitaire exclusivement ne permet pas à la
faculté de dissocier ceux qui sont absents de ceux qui ne le sont pas.
C'est ça qu'on doit déduire?
M. GOSSELIN: Nous n'avons pas à juger l'université.
Seulement, une action comme celle-là lui a peut-être permis de
prendre conscience qu'il y avait certaines choses que la corporation
n'était pas prête à accepter.
Maintenant, si vous voulez en savoir plus, vous viendrez dîner
avec moi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Le député de Témiscamingue.
M. THEBERGE: Brièvement, Dr Gosselin, pourriez-vous nous donner
la position du collège sur la fluoration de l'eau?
M. GOSSELIN: Elle est claire et évidente depuis toujours: Nous
sommes pour.
M. LE PRESIDENT: Je pense que c'est une question un peu hors d'ordre qui
n'a rien à faire avec le bill 250.
M. GOSSELIN: D'ailleurs, nous sommes heureux, M. le Président, de
ce que le gouvernement entend faire prochainement en vue de la fluoration de
l'eau.
M. LE PRESIDENT: Merci, docteur Gosselin. C'est vous qui allez
présenter l'autre mémoire.
M. GOSSELIN: Sur le bill 254. Le Collège des
chirurgiens-dentistes s'oppose à l'application du code des professions
à l'Ordre des dentistes. Encore là, pour répondre à
une question qui pourrait venir, on s'oppose dans le sens que j'ai
expliqué tout à l'heure.
C'est surtout la deuxième partie que nous demandons: Demande le
renvoi à la Loi des dentistes de toutes les dispositions du code
applicables aux dentistes, à leur ordre et à la médecine
dentaire. Par ailleurs, il demande qu'on apporte à ces dispositions les
amendements qu'il propose dans son mémoire sur le projet du code. Il
désire la substitution du terme "médecine dentaire" à
celui "d'art dentaire", qui est désuet, et signale, à cet
égard, que les universités du Québec s'apprêtent
à décerner le diplôme de médecine dentaire.
Il faudrait qu'on ajoute au projet no 254 les dispositions relatives au
secrétariat de l'ordre
qu'on trouve aux articles 19 à 21 du projet 252 de la Loi
médicale. Plus particulièrement, il tient à l'exigence que
le secrétaire soit un dentiste inscrit au tableau de l'ordre. Au sujet
de l'immatriculation des étudiants en vue du stage de formation
professionnelle, il est d'avis que l'alinéa a) de l'article 21 fait
double emploi avec l'alinéa b) du même article et pourrait
être biffé. Selon lui, la prévention des maladies des
dents, de la bouche et des maxillaires devrait être ajoutée
à la définition de la médecine dentaire, à
l'article 23, car elle constitue un souci, un objectif primordial de l'ordre et
de la profession.
De plus, dans l'énumération des actes spécifiques
réservés aux dentistes, article 24, il aimerait qu'il ne soit pas
question de vendre, faire l'essai, la pose, l'adaptation et la vente de
dispositifs adjoints ou conjoints. Il trouve ce terme guère
approprié au contexte des services professionnels dont il s'agit. Cette
partie du premier alinéa de l'article 24 pourrait se lire ainsi: A
prendre des empreintes et des articulés, à fournir des
dispositifs adjoints ou conjoints et à en faire l'essai, la pose et
l'adaptation. Il désire que la loi prévoie que les conditions
pour l'obtention d'un permis ou d'une licence comprennent un mécanisme
d'évaluation de la compétence des candidats possédant un
diplôme d'un établissement d'enseignement situé hors du
Québec.
Le texte de l'article 31 relatif aux médicaments, produits
pharmaceutiques et autres appareils nécessaires à l'exercice de
la profession lui paraît incomplet ou ambigu en ce qu'il ne
confère pas clairement aux dentistes le droit d'utiliser ces choses et
de les administrer, appliquer ou prescrire à ses patients. Il
suggère donc que le premier alinéa de l'article 31 se lise comme
suit: Tout dentiste est autorisé à tenir les médicaments,
produits pharmaceutiques, dispositifs et appareils dont il peut avoir besoin
dans l'exercice de sa profession, de même qu'à les utiliser et,
selon les cas, à les administrer, appliquer, prescrire et fournir
à ses patients.
Enfin, le collège demande la clarification de l'article 32, qui
interdit à un dentiste d'avoir un intérêt direct ou
indirect dans une entreprise de fabrication ou de vente de prothèses
dentaires, de façon à réserver expressément aux
dentistes le droit de fabriquer ou faire fabriquer des prothèses dans
son cabinet. Il propose l'addition de l'alinéa suivant: Cependant, les
dentistes ont le pouvoir de fabriquer eux-mêmes des prothèses ou
d'en faire fabriquer par des techniciens à leur emploi, à raison
d'au plus un technicien par dentiste, dans leur cabinet ou dans une clinique ou
un centre dentaire où ils exercent.
C'est le résumé du mémoire que nous
présentons sur le projet de loi 254. Nous y demandons quelques
changements et nous aimerions les voir adopter, si c'est la bonne
volonté du gouvernement.
M. LE PRESIDENT (Kennedy): Le ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: Je voudrais poser une seule question. Evidemment, je ne
reviens pas sur le paragraphe 6, au sujet de la prévention, étant
donné que j'ai fait un commentaire tantôt. Je voudrais simplement
souligner le paragraphe 10 où l'on dit que "les dentistes ont le pouvoir
de fabriquer eux-mêmes des prothèses ou d'en faire fabriquer par
des techniciens à leur emploi, à raison d'au plus un technicien
par dentiste, dans leur cabinet ou dans une clinique ou un centre dentaire
où ils exercent".
N'est-il pas exact que dans certains endroits, en Ontario notamment, la
fabrication de prothèses se fait sur une base beaucoup plus industrielle
que celle qui résulterait de la présence d'un technicien par
dentiste travaillant de façon isolée? Sans aller plus loin dans
la question, partant de cet aspect qui existe en Ontario notamment,
relativement à la fabrication des prothèses dentaires et l'effet
qu'aurait ici une telle disposition, qui, il me semble, signifierait la
préparation des prothèses par des moyens plus ou moins artisanaux
de façon permanente?
M. GOSSELIN: Il faut comprendre que la situation qu'a décrite le
ministre des Affaires sociales en Ontario existe également dans la
province de Québec actuellement. Il y a des bureaux de dentistes ou des
cliniques ou déjà des techniciens dentaires exercent leur art et
là nous nous demandons, avec les dispositions de la loi, ce qu'il
adviendra de ces gens qui travaillent actuellement en communauté avec
ces dentistes.
Maintenant, quand on parle de prothèses dentaires, on tombe dans
un domaine assez complexe. Il y a des dentistes, surtout ceux qui se
spécialisent dans la prosthodontie, qui préfèrent avoir
leurs propres techniciens parce qu'il faut toujours considérer que le
technicien dentaire dûment qualifié est un auxiliaire dont nous ne
pouvons nous dispenser, tout comme les techniciens en radiologie ou toute autre
forme de techniciens qui exercent leur profession au niveau médical.
Pourquoi ils aiment avoir leurs techniciens avec eux? C'est que dans la
confection de prothèses dentaires, qui sont faites selon les normes
reconnues en art dentaire, il y a une foule d'opérations qui doivent
être faites tant par le dentiste que par le technicien, au point de vue
auxiliaire.
Il reste que si les dentistes faisant des prothèses envoient
leurs prothèses à un laboratoire qu'on pourrait appeler
laboratoire commercial, ces étapes doivent être
vérifiées de la même façon mais avec beaucoup plus
de temps, considérant l'envoi, le retour et le reste, les
téléphones, les écrits de prescriptions, etc. C'est
pourquoi les dentistes aiment mieux avoir leur
technicien avec eux. Il faut dire aussi qu'il y a des techniciens qui
aiment mieux travailler de cette façon, en collaboration avec les
dentistes. Et respectant la volonté de chacun des membres de ces deux
professions nous nous demandons pourquoi il serait, avec la nouvelle loi,
défendu à un dentiste d'avoir un technicien à même
son bureau.
M. CASTONGUAY: Le but de l'article 32 n'est pas d'empêcher un
technicien d'avoir un intérêt dans une entreprise. Un technicien
qui travaille pour un dentiste ou dans un cabinet de dentiste, ce n'est pas une
entreprise. On peut préciser cet article, si c'est le but.
M. GOSSELIN: C'est ça.
M. CASTONGUAY: Si les légistes disent qu'à la suite de vos
représentations il y aurait lieu de le préciser, je n'ai pas
d'objection, parce que ce n'est pas le but.
M. GOSSELIN: C'est exactement ce que nous voulons, M. le
Président.
M. CASTONGUAY: Très bien.
M. GOSSELIN: Que l'article soit bien clair de façon qu'il n'y ait
pas ambiguïté.
M. LE PRESIDENT: Le député de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): J'aimerais avoir une appréciation ou une
information du docteur Gosselin: quelle est la différence entre des
prothèses de $70, des prothèses de $350, et quelle est la
différence entre ce que peut faire un denturologue et un dentiste
concernant les prothèses? Y a-t-il une différence au point de vue
de la santé?
M. GOSSELIN: M. le Président, serait-il possible que cette
question revienne plutôt lors de l'étude du bill 266?
M. LAVOIE (Wolfe): D'accord.
M. GOSSELIN: Si le député n'a pas d'objection, je pense
que la question entrerait plus dans le contexte de la discussion sur le bill
266.
M. LAVOIE (Wolfe): Concernant les prothèses dentaires, n'y
aurait-il pas lieu de faire comparaître ici à la barre les
techniciens de laboratoire sur les prothèses?
M. GOSSELIN : Je pense que la commission est libre de demander qui elle
veut.
M.LAVOIE (Wolfe): M. le Président, n'y aurait-il pas lieu, lors
d'une prochaine commission, d'entendre les techniciens des laboratoires de
prothèses dentaires, certains laboratoires, ceux qui voudront se
présenter. N'y aurait-il pas lieu de leur lancer une invitation.
M. CASTONGUAY: Nous allons vérifier s'ils ont demandé de
présenter un mémoire.
Je crois que oui. Les techniciens dentaires, à ma connaissance,
ont demandé d'être entendus ainsi que d'autres groupements.
M. LAVOIE (Wolfe): Les propriétaires de laboratoires, je
pense.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Je ne sais pas si ma question doit être posée
à ce moment-ci. Peut-être que je devrais le poser quand on
étudiera le bill no 266. Est-ce que le droit de prendre des empreintes
et des articulés est réservé exclusivement aux dentistes
actuellement?
M. GOSSELIN: Oui.
M. GUAY: Puisqu'il en est question évidemment dans la loi no
254... Le dentiste, qu'est-ce qu'il fait? Il prend les empreintes et ensuite il
commande la prothèse...
M. GOSSELIN: Un instant! Un instant!
M. GUAY: C'est justement ce que je veux vous entendre dire.
M. GOSSELIN: Si vous voulez savoir comment se font des prothèses,
on va revenir au bill no 266 et on va vous montrer comment se font de vraies
prothèses.
M. GUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions de la part des
membres de la commission? Dr Gosselin, nous vous remercions pour votre
exposé sur le bill no 254.
M. GOSSELIN: M. le Président, si vous me permettez. Rien qu'une
note, si vous voulez.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. GOSSELIN: Je sais que cela ne plaît peut-être pas au
ministre des Affaires sociales de revenir là-dessus, mais je veux parler
un petit peu de la prévention, deux minutes.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je pense qu'il n'est pas juste de
prêter des intentions à qui que ce soit dans ce genre d'audience.
J'ai posé les questions qui me paraissaient appropriées et cela
ne veut pas dire que j'ai des objections à ce que des questions soient
adressées par les membres de la commission. Maintenant, nos
procédures veulent que ces audiences soient destinées on
n'a qu'à lire le règlement de la Chambre à faire
poser des questions par les membres de la commission. Je pense que je n'ai
posé aucun geste, ici ce matin, empêchant quelque membre que ce
soit de poser toutes les
questions qu'il voulait. Je pense que cette remarque est
nécessaire.
M. GOSSELIN: M. le Président, je retire mes paroles. Je m'excuse
auprès du ministre si j'ai pu lui prêter des intentions que je
suis sûr qu'il n'a pas. Me permettez-vous deux minutes pour ajouter
quelque chose sur la question de la prévention?
M. LE PRESIDENT: Oui, deux minutes.
M. GOSSELIN: La raison pour laquelle nous désirons que le mot
"prévention" soit inscrit à la définition, c'est qu'il
faut distinguer entre diagnostic et traitements dentaires destinés
à prévenir les maladies des dents, de la bouche ou des
maxillaires, lesquels devraient être réservés aux
dentistes, d'un côté, et la dissémination de renseignements
et conseils d'hygiène dentaire.
Dans la prévention, vous avez des traitements qui peuvent
prévenir la maladie, des applications de fluor, par exemple, les
prophylaxies qu'on fait chez les jeunes enfants, chez les adultes. Vous pouvez
faire aussi de la prévention au moyen d'éducation: Comment se
brosser les dents. Comment employer les soies dentaires. Enfin, je n'ai pas
à énumérer toute la liste des conseils qu'on peut donner.
Ce que nous désirons, c'est que les traitements qui doivent être
faits en vue de la prévention de la maladie dentaire soient
réservés exclusivement aux dentistes ou, encore, soient sous le
contrôle des dentistes. C'est dans ce but principalement que nous
aimerions que le mot "prévention" soit ajouté à la
définition de l'exercice de la médecine dentaire.
M. LE PRESIDENT: Merci, Dr Gosselin. Nous passons maintenant au bill no
266.
M. GOSSELIN: Je vais demander au Dr Crête, mon collègue, de
prendre la relève pour faire la lecture du mémoire sur la loi no
266.
M. CRETE: Merci, Dr Gosselin. Le Collège des dentistes de la
province de Québec désire porter à l'attention de la
commission parlementaire la déclaration suivante: Il s'oppose à
l'emploi du terme "denturologiste". Il constate avec consternation la
disparition de la Corporation des techniciens dentaires. Il ne peut accepter
que des personnes n'ayant pas reçu une préparation
adéquate soient autorisées à traiter le public. Il
s'oppose totalement à ce que des techniciens dentaires nouveau genre
puissent poser directement aux patients, sans être sous la direction d'un
dentiste, des prothèses amovibles, ce qui serait totalement en
contradiction avec le deuxième paragraphe de l'article 6 du bill
266.
Les raisons de cette déclaration font l'objet de ce
mémoire soumis par le collège sur le bill no 266.
Objection au titre "denturologiste". Le ter- me "denturologie" est
nouveau et totalement inconnu dans toutes les parties du monde, y compris les
deux provinces de l'Ouest canadien, que l'on se propose d'imiter.
L'étymologie de "denturologie" serait "science de la denture".
Or, denture signifie "l'ensemble des dents", d'après Larousse.
M. LE PRESIDENT: Dr Crête, est-ce que vous nous lisez le
résumé ou si vous abordez le mémoire même?
M. CRETE: Si vous me le permettez, il est très court; j'aimerais,
comme c'est très important, que les membres de la commission comprennent
la totalité de la question, pouvoir le lire.
M. LE PRESIDENT: Je pense que ce serait déroger un peu à
la pratique établie à la commission, à l'effet que tous
les organismes, qui se sont présentés, ont lu le
résumé de leur mémoire. D'ailleurs, les mémoires
sont remis aux membres de la commission suffisamment à l'avance pour que
ceux-ci aient pu en prendre connaissance. Je pense qu'on devrait s'en tenir
à la pratique établie et au règlement qui avait
été convenu lorsque la commission a commencé ses
séances.
Je vous demanderais de revenir, à ce moment-ci, à la
lecture du résumé. Les questions, par la suite, prouveront que
les membres sont au courant du mémoire.
M. CRETE: M. le Président, je vais me conformer à cette
directive. J'espère que tous les membres de la commission ont pris
connaissance, à fond, du mémoire, car il est important que nous
puissions répondre à toutes les questions qui seront
posées.
Alors le collège s'oppose à la consécration
officielle des termes "denturologie" et "denturologiste" qui, selon lui, sont
de nature à induire le public en erreur au sujet du rôle et de la
compétence des techniciens dont il s'agit.
Il recommande l'emploi de la désignation "technicien en
prothèse dentaire". Il conteste énergiquement la transformation
des techniciens dentaires en nouveaux spécialistes de la médecine
dentaire, autorisés à fournir et à poser des
prothèses aux patients sans diagnostic, prise d'empreintes, et
d'articulés, ni adaptation.
Il signale la différence très importante qui existe entre
la prothèse complète et la prothèse partielle et
résume les fonctions respectives des dentistes et des techniciens.
Il souligne les risques considérables que comporterait, pour le
public, la légalisation de l'empiètement de certains techniciens
des prothèses sur le champ de la médecine dentaire.
Une situation de fait, à savoir les infractions et abus d'un
groupe de techniciens dentaires, ne saurait justifier, selon le collège,
l'instauration d'un régime qui multiplierait les abus et les risques en
donnant droit de cité à cette usurpa-
tion des fonctions et responsabilités que le législateur
a, jusqu'ici, jugé nécessaire, dans l'intérêt
public, de réserver à ceux qui s'y sont préparés
par des études et une formation spéciales.
Enfin, il rappelle que, dans l'immense majorité des provinces du
Canada et des pays, on refuse aux techniciens dentaires les droits que le
projet de loi leur accorderait ici. Il craint que le bill no 266, qui abroge la
Loi des techniciens dentaires, fasse disparaître ces auxiliaires dont il
a besoin pour bien servir le public et que ses membres devront s'adresser, pour
la fabrication des prothèses fixes et amovibles, à des
laboratoires des autres provinces ou des Etats-Unis.
Il souligne que le collège n'a jamais été
consulté sur la teneur de ce bill. Aussi, il demande que le bill no 266
soit reconsidéré et qu'une commission d'enquête fasse une
étude profonde et sérieuse de toute la question, en consultant
tous les intéressés afin de trouver une solution équitable
pour tous.
C'est un résumé, évidemment, qui est très
très bref pour le mémoire assez complet que nous avons sur la
question. Nous sommes prêts à répondre, M. le
Président, à toute question qui pourrait être
soulevée.
M. CASTONGUAY: M. le Président, nous sommes en 1972. En 1967,
lors de la commission d'enquête sur la santé et le
bien-être, nous avons eu l'occasion d'examiner cette question. Les
techniciens dentaires étaient venus faire des représentations
à cette commission. Parmi ces représentations, on avait fait
état du fait qu'au moins la moitié des techniciens dentaires, au
Québec, pratiquaient dans l'illégalité.
Depuis, j'ai eu l'occasion, en tant que ministre des Affaires sociales,
de recevoir des techniciens dentaires qui m'ont de nouveau fait état de
la même situation. Il y a donc, premièrement, une situation de
fait. On y fait brièvement allusion, dans le résumé, ici.
C'est que des gens je l'avoue qui n'ont pas de préparation
adéquate pratiquent présentement, seuls, dans
l'illégalité, et le disent ouvertement.
Une autre situation de fait, c'est que dans certains CEGEP du
Québec, ou un à tout le moins, un cours a été mis
sur pied pour faire en sorte que la compétence de ces techniciens
dentaires soit grandement améliorée. Très bientôt,
des étudiants vont graduer de ce CEGEP. Ceci est une situation qui n'a
pas été créée ou suscitée par le
ministère des Affaires sociales, à ma connaissance.
Peut-être le député de Montmagny pourrait-il nous donner
plus d'informations mais je sais que, depuis les deux ans que je suis au
ministère des Affaires sociales, nous n'avons pas eu à intervenir
ou nous n'avons pas fait de pressions pour que ces cours soient
organisés.
Mais, de toute façon, il a été jugé, dans le
monde de l'enseignement, utile que des cours formels, organisés au
niveau des CEGEP, soient donnés à des étudiants du
Québec. En vertu même du prospectus qui a été
préparé ou du programme d'étude, on dit clairement
à ces étudiants qu'ils deviendront denturologistes.
Il y a donc une situation qui dure depuis longtemps, qui a
été étudiée et qui démontre clairement que
dans l'état actuel des choses, avec uniquement la Loi des techniciens
dentaires, la population n'est pas protégée. Cette situation
existe depuis un certain nombre d'années et elle est connue. Même
les techniciens dentaires font état du fait qu'ils pratiquent dans
l'illégalité et la population recourt de façon constante
à leurs services; on me dit qu'ils sont au moins 400 ou 500 qui
pratiquent ainsi, sans être membres de la Corporation des techniciens
dentaires. C'est une situation qui ne peut être ignorée.
Alors, le simple retrait de ce projet de loi, à mon sens, M. le
Président, ne réglerait pas la situation. C'est dans ce sens que
je voudrais adresser ma question au représentant du collège: Quel
effet voit-il, résultant de leur recommandation, sur la situation
très concrète et pratique qui existe présentement?
M. GOSSELIN: M. le Président, il faut dire tout d'abord que, dans
l'exposé préalable à la question du ministre des Affaires
sociales, des chiffres ont été donnes. Il tient d'ailleurs ces
chiffres de la part des techniciens. J'ai lu moi-même, si vous voulez, un
mémoire qu'ils avaient présenté à la commission
Castonguay-Nepveu, disant qu'ils fabriquaient 4,000 prothèses par
semaine. Où ont-ils pris ces chiffres? C'est assez difficile à
déterminer. Avez-vous déjà imaginé que 4,000
prothèses par semaine, ce sont 200,000 prothèses par
année?
Il faut toujours dire que les dentistes en font aussi, des
prothèses. Si les dentistes en font, de leur part, quelques milliers,
ça veut dire que, d'ici à 15 ans, toute la population de la
province de Québec va porter des prothèses. Nous croyons que ces
chiffres sont pleinement exagérés dans ce sens-là. Que 500
d'entre eux exercent dans l'illégalité, là encore, le
chiffre est assez exagéré parce qu'au Collège des
dentistes où, de par la loi actuelle, nous avons eu à
procéder dans des causes de pratique illégale, nous n'avons
jamais vu 500 techniciens qui pratiquaient illégalement; 200 ce serait
plus véridique.
Est-ce que parce que des gens sont dans l'illégalité dans
les faits, il faut les légaliser sachant que, déjà, ils
peuvent causer des torts à la population? Est-ce que, de par la loi
médicale, on légalise l'exercice des charlatans, des
guérisseurs? Je ne pense pas qu'il y ait de disposition à cet
effet dans la loi médicale ou qu'il y ait, dans la liste des
corporations énumérées aux annexes, une corporation des
guérisseurs de la province de Québec.
Que les techniciens rendent d'excellents services à la profession
dentaire, nous en sommes convaincus. Non seulement nous en sommes convaincus,
mais nous croyons que c'est une
profession qui devrait être améliorée. Nous croyons
que le technicien dentaire est un auxiliaire indispensable au dentiste. Nous ne
croyons pas, cependant, que le technicien dentaire devrait prendre la place du
dentiste, pas plus qu'on n'a légalisé la médecine pour les
infirmières, sachant bien que beaucoup d'entre elles font de la
consultation, font, dans certains cas, du diagnostic et, je dirais plus, ont
fait même du traitement. On n'a pas légalisé la
médecine pour ces gens-là. Pourtant, les infirmières sont
du personnel auxiliaire indispensable au médecin.
Les techniciens de radiologie, de bactériologie, de laboratoire,
etc., sont du personnel indispensable au médecin. Les techniciens
dentaires également sont indispensables au dentiste. Ce que la loi 266
veut accorder ou veut créer n'existe pas. Un denturologue comme on
l'entend dans la loi soit dit en passant, c'est un terme auquel nous
nous opposons parce qu'il n'existe même pas dans la langue
française n'existe pas. Seulement, nous croyons, d'autre part, au
Collège des dentistes, que, pour mieux servir la population, il y aurait
peut-être lieu de le créer, ce personnage, de la préparer.
Mais, actuellement, dans la province de Québec, il n'y a pas un
technicien dentaire qui est dûment qualifié pour faire des
prothèses dentaires, tel que nous le concevons, nous, les dentistes.
D'abord, enlevons de notre tête que des prothèses
dentaires, ce sont peut-être des chaussures qu'on veut mettre dans la
bouche. Ce n'est pas ça. Des prothèses dentaires, c'est une chose
qui fait partie d'un tout, qui s'insère dans un traitement que nous
faisons pour un patient. Pour arriver à faire un traitement
adéquat, à poser des prothèses adéquates, il faut
d'abord avoir les connaissances pathologiques, histologi-ques, physiologiques,
connaître le fonctionnement de la bouche. Cela veut dire qu'il faut
être capable de faire un diagnostic du cas et un plan de traitement. Il
faut connaître ses tissus, il faut savoir quels matériaux employer
et de quelle façon procéder si nous voulons que la
prothèse, qui fera partie du traitement du patient, rende les services
aussi adéquats que possible ou se rapproche le plus fidèlement de
la denture naturelle du patient.
C'est pourquoi nous nous opposons à ce qu'un droit de pratique
soit donné actuellement aux techniciens dentaires, tels que nous les
connaissons présentement dans la province de Québec, parce que,
tout simplement, ils ne sont pas préparés pour accomplir ce genre
de traitement.
Quant à l'école dentaire qui existe actuellement au CEGEP
Montpetit, ce n'est pas un cours de denturologie qu'elle donne, tel qu'on
l'entend dans la loi.
C'est un cours de technicien dentaire. Alors ces gens-là qui
gradueront du CEGEP Montpetit sont prêts pour faire de la technique
dentaire, mais ils ne sont pas prêts pour rendre des traitements.
Alors, vous comprenez, avec la courte intervention que je fais
présentement, pourquoi le Collège des dentistes, à qui
vous donnez le droit, le pouvoir et l'obligation de protéger le public,
se doit de se lever et de défendre quelque chose qui a toujours
été reconnu comme exclusif à la profession dentaire, dans
le sens que nous étions les mieux préparés pour traiter
les patients qui avaient eu le malheur de perdre leurs dents. Il faut
être dans nos bureaux pour voir les dégats qui sont faits dans les
bouches par des prothèses qui ont été posées par
des techniciens dentaires.
M. le Président, à l'article 7 du résumé,
nous disons que nous n'avons jamais été consultés sur la
teneur du bill. Nous ne demandons pas que le bill comme tel soit retiré,
mais qu'il soit reconsidéré, parce que nous ne sommes pas contre
le principe que nos auxiliaires soient formés de façon à
nous rendre des meilleurs services et être en mesure en même temps
de rendre des meilleurs services à la population.
On me demandait tout à l'heure ce qu'était une
prothèse de $90, une prothèse de $200, une prothèse de
$350. Des prothèses comme les techniciens en font à $90 ou $100,
d'abord il faut dire une chose; actuellement, les techniciens qui font deux
prothèses à $90 commencent à être pas mal rares. On
est au courant des faits. Même je peux vous amener un technicien ici qui
fait des prothèses et ses honoraires sont plus élevés que
les miens. Et les gens vont là, pensant qu'ils font un "bargain". Alors
pourquoi le public va-t-il chez ces gens-là? C'est justement une raison
d'économie.
La nature humaine a cette faculté de s'adapter assez facilement
à toutes sortes de choses. On en sait quelque chose. Il y a des gens qui
ont des prothèses mal ajustées en bouche, qui ont
été faites par des techniciens.
M. LE PRESIDENT (Kennedy): Dr Gosselin, si vous le permettez, je vais
répéter la remarque de mon prédécesseur au poste de
modérateur, je vous demanderais d'être un peu plus bref, si vous
voulez, dans vos réponses. Deuxièmement, je pense qu'à ce
moment-ci vous débordez considérablement la question que le
ministre des Affaires sociales vous a posée à savoir quelles
étaient vos recommandations face à la situation actuelle.
M. GOSSELIN : Face à la situation actuelle, à ce que je
sache, M. le Président, les dentistes sont en mesure de répondre
aux besoins de la population dans ce sens-là. Nous admettons par contre
que dans certains coins de la province de Québec, dû à un
manque de dentistes, ça pourrait être difficile. Mais qu'on
arrête les techniciens de faire de la pratique illégale dans le
sens de la loi actuelle et qu'on nous réserve exclusivement les services
prothétiques ou les soins prothétiques que nous devons donner aux
patients et la population sera très bien servie. Elle sera probablement
plus satisfaite qu'elle ne l'est actuellement dans de nombreux cas.
Par contre, nous disons à l'article 7, que nous sommes
prêts à nous asseoir avec le ministère, à
étudier tout le problème dans sa profondeur, non seulement nous
autres mais même les associations de techniciens, les associations de
propriétaires de laboratoires dentaires, les facultés dentaires,
tous ceux qui font oeuvre dans le domaine dentaire. Nous sommes prêts
à nous asseoir avec le ministère, avec le ministre ou encore ses
délégués, à revoir tout le problème et
à y chercher les solutions qui pourraient être jugées les
plus appropriées.
Nous offrons notre pleine collaboration dans ce sens-là, M. le
Président.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, le Dr Gosselin, nous a
démontré, ainsi que le mémoire qui nous a
été présenté par le Collège des
médecins, que les soins de prothèse donnés par les
dentistes sont de beaucoup supérieurs à ce que l'on peut appeler
les soins donnés ou les empreintes prises par un technicien dentaire
pour les différentes raisons qu'il vient de mentionner.
Ne croyez-vous pas que cela peut apporter deux sortes de soins aux
patients, des soins pour les riches et des soins pour les pauvres? Ceux dont
les prothèses seront payées grâce aux avantages du
bien-être social paieront leurs prothèse $70 ou $90 et le gars qui
a de l'argent ira voir un spécialiste et paiera ses prothèses
$300 ou $350. Par contre, il aura des prothèses ajustées en
conséquence et sous les soins d'un médecin reconnu. Qu'est-ce que
vous avez à dire là-dessus?
M. GOSSELIN: Il est clair et évident que si on fait ce qui est
inscrit dans la loi actuelle, cela va créer deux classes: une classe de
traitement pour les riches et une pour les pauvres, ce qui va, à mon
sens, contre l'un des principes énoncés dans le mémoire de
la commission Castonguay-Nepveu qui voulait que tout le monde soit égal
vis-à-vis des soins de santé.
Il est évident qu'actuellement, telle que la situation existe,
les dentistes sont beaucoup plus qualifiés pour donner des soins de
prothèses que les techniciens. Toute la base, dans une prothèse
bien ajustée, fonctionnelle et esthétique, réside dans le
diagnostic et le plan de traitement. Le reste est une question qui peut relever
de la technique mais, au départ, le diagnostic et le plan de traitement
sont extrêmement importants. Or, la loi 266 ne permet pas aux techniciens
de faire un diagnostic ou un plan de traitement; elle ne leur permet même
pas de fabriquer des prothèses. La même chose au niveau du bill
254; le bill 254 interdit implicitement la fabrication des prothèses aux
dentistes. Il leur en permet, selon la définition qu'on donne dans la
loi, seulement l'essai, la pose, l'adaptation et la vente.
Si on se retourne vers le bill 266, il interdit lui aussi implicitement
aux denturologistes la fabrication des prothèses dentaires et en permet
seulement la vente, la fourniture et la pose. Il y a là, il me semble,
une espèce de contradiction, quelque chose dans la loi qui nous
permettra d'essayer, de poser, d'adapter des prothèses mais on n'aura
plus personne pour les faire parce qu'aucune loi ne permet à des gens de
faire des prothèses. Cela veut dire que n'importe qui va pouvoir en
faire, surtout si vous abrogez la Loi des techniciens dentaires. Qu'est-ce
qu'il adviendra des techniciens dentaires qui ne veulent pas être
denturologistes? Qu'est-ce qui leur permettra d'exercer leur art? Il n'y aura
même plus de loi pour les régir.
M. LAVOIE (Wolfe): Mais lorsque les denturologues seront reconnus, ils
augmenteront leur tarif en conséquence, de $150 ou $200.
M. GOSSELIN: Si ce n'est qu'une question de prix, une question de tarif,
pourquoi veut-on adopter une loi comme celle-là? Quand ces
gens-là auront pignon sur rue et qu'ils seront obligés de
s'équiper en conséquence, de payer un loyer, de payer de
l'équipement, des secrétaires et probablement du personnel
auxiliaire... Non, c'est rêver en couleurs de croire qu'on peut
réaliser des économies ou que la population pourra en
réaliser. En plus de cela, ils seront obligés de payer des
impôts. Nous autres, nous en payons, des impôts.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: Je voudrais mettre en garde le ministre des Affaires sociales
contre la tentative de légaliser l'incompétence. Non seulement
j'accorde aux denturologistes le droit de faire de la pratique, ils n'ont pas
la formation, le docteur Gosselin, tout à l'heure a établi une
comparaison entre le nursing et les denturologistes, vis-à-vis de la
profession des dentistes. Une sorte de surscolarisation actuellement se fait
dans certaines professions, par exemple la profession des infirmières
où je me suis rendu compte, quand j'étais au ministère,
qu'on prenait, par exemple, cinq ans de nursing, qu'on tentait d'établir
des normes pour exiger cinq ans de nursing à certaines
infirmières pour obtenir un poste.
Je me suis dit: Pourquoi ne faites-vous pas des médecins avec ces
sortes de techniciens qui n'ont pas réellement la formation? Non
seulement je ne permettrais pas aux denturologistes de pratiquer la
mécanique, au contraire je fais des reproches aux dentistes sur la base
médicale qu'ils devraient avoir. Il y a une sorte de cloisonnement qui
se fait dans la pratique médicale. Par exemple, il y a des professions
comme l'orthodontie, la chirurgie buccale qui est issue de la dentisterie et
qui a une corporation distincte de celle des dentistes.
M. GOSSELIN: Non.
M. BOIVIN: Les orthodontistes font-ils partie de la corporation?
M. GOSSELIN: L'orthodontie est une spécialité reconnue par
le Collège des chirurgiens-dentistes. Ils ont un syndicat mais ils n'ont
pas...
M. BOIVIN: Mais font-ils partie de la même corporation?
M. GOSSELIN: Absolument.
M. BOIVIN: N'ont-il pas une corporation de la chirurgie buccale?
M. GOSSELIN: Pas du tout.
M. le Président, je voudrais dire au docteur Boivin que chez nous
c'est comme en médecine, ce n'est pas parce que vous êtes un
anesthésiste certifié que vous avez votre corporation à
vous. Vous avez peut-être votre syndicat mais vous n'avez pas votre
corporation, vous faites partie du Collège des médecins, c'est la
même chose pour nous.
M. BOIVIN: La chirurgie buccale n'a pas une corporation
séparée de la dentisterie?
M. GOSSELIN: Pas du tout.
M. BOIVIN: C'est très bien. Mais je veux parler de la formation
du dentiste. Dans la pratique médicale, j'ai eu beaucoup de cas de
vertiges, par exemple, qui dépendaient 'de la mécanique du
maxillaire inférieur. Alors, ce sont des troubles qui arrivent entre
l'oto-rhino-laryngologie et la dentisterie. Je trouve qu'il y a trop de
cloisonnement et que la formation d'un dentiste est nécessaire pour
ajuster des prothèses. Je ne crois pas que ce serait très mauvais
d'organiser des écoles pour les denturologistes et que ces gens soient
obligés de faire des études de cinq ans; qu'on fasse des
dentistes avec ces denturologistes. Qu'on leur donne une formation pour qu'ils
puissent donner au public ce qu'il attend de ces prothèses.
Il y a une tendance à la surscolarisation.
La formation d'un dentiste et la formation d'un médecin, c'est
autre chose qu'un recyclage, si vous voulez. C'est une formation qui est
nécessaire. J'en profite pour demander ceci, ce n'est peut-être
pas la place, ce n'est peut-être pas à la corporation
professionnelle que je devrais dire cela, mais celle-ci peut y faire quelque
chose en donnant ses commandes à la faculté d'art dentaire. Qu'on
s'occupe davantage de ces troubles qui viennent de la mécanique du
maxillaire inférieur, des vertiges en relation avec l'oreille.
L'oto-rhino-laryngologie est cloisonnée, la dentisterie est
cloisonnée et tous ces troubles de vertige, on ne trouve pas personne
pour les guérir. C'est très important pour les troubles que nous
pouvons avoir. Le dentiste a une bonne formation mais je crois qu'il y manque
encore quelque chose pour couvrir tous ces troubles que nous avons en pratique
médicale.
M. CASTONGUAY: M. le Président, est-ce que je pourrais faire une
remarque? La question que soulève le député de Dubuc est
importante. Nous aurons l'occasion de faire le point au terme de ces auditions,
comme je l'ai mentionné à certaines reprises. Quant au jugement
qu'il y aura à porter sur la longueur des études qui sont faites
présentement, j'aurai des informations à l'occasion d'une
prochaine séance.
Pour le moment, nous sommes sur le projet de loi no 266 et il y a deux
autres groupements qui se sont déplacés pour venir nous
rencontrer. C'est la deuxième fois qu'ils le font, compte tenu de
l'impossibilité de siéger le 28 mars dernier. Nous devons cesser
nos travaux à 12 h 30 ou à peu près.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous pouvons reprendre à quatre
heures.
M. CASTONGUAY: Nous avons la commission des affaires sociales sur les
crédits. Il me semble que là on déborde. Je comprends le
point soulevé par le député de Dubuc, mais il me semble
que ce type de question devra faire l'objet de nos discussions au terme de nos
travaux. Ce qui est à l'étude présentement, c'est le bill
no 266, le mémoire portant sur le bill no 266. Je ne dis pas que la
question n'est pas importante.
M. BOIVIN: Je n'ai pas d'objection mais par le bill no 266, on veut
donner des droits à des gens qui n'ont pas la préparation. Il me
semble que c'est le temps de le dire. Je peux bien revenir là-dessus
à une autre occasion, mais j'y tiens absolument, pas pour
défendre ce qui n'est pas défendable, mais tout de même je
ne voudrais pas qu'on légalise l'incompétence.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, il faudrait poser la question comme
ceci: Est-ce que le Collège des chirurgiens dentistes est de l'avis du
député de Dubuc, à savoir que la formation des dentistes
actuellement devrait éviter le cloisonnement? Il a donné des
exemples. Est-ce que la formation qui est donnée par le CEGEP Montpetit,
pour le technicien dentaire, vous paraît suffisante? Sinon, quelle
devrait être cette formation?
M. GOSSELIN: Disons que le député de Dubuc...
M. CLOUTIER (Montmagny): Excusez-moi, Dr Gosselin. J'ai cru comprendre
tantôt que vous avez besoin des techniciens dentaires. Actuellement la
profession des dentistes n'est pas surchargée. Des régions dans
le Québec sont mal desservies.
Vous avez, là où il y a plusieurs dentistes, peine
à fournir à la demande. En effet, si on en juge par les
décalages entre la demande de rendez-vous et le moment où le
dentiste peut
recevoir son patient, il y a quelques fois des intervalles assez
considérables. Vous avez donc besoin du personnel auxiliaire que sont
les techniciens dentaires.
Mais je voudrais savoir comment vous entrevoyez la formation des
dentistes et la formation des techniciens dentaires. C'est un point crucial
pour la profession.
M. GOSSELIN: D'abord, disons, M. Cloutier, que le Dr Boivin nous a
coupé un peu le souffle par son intervention. En ce qui concerne la
formation actuelle des dentistes, c'est un problème qui est
étudié en profondeur au niveau des études dentaires, la
question du fonctionnement des articulations et des syndromes qui peuvent
être occasionnés par un mauvais fonctionnement des articulations.
L'occlusion, chez nous, c'est fondamental de plus en plus. C'est un
problème qui était plus ou moins connu, il n'y a pas tellement
longtemps, mais sur lequel se sont faites de nombreuses recherches. Nos
dentistes sont formés en conséquence.
Quant aux techniciens, de par le prospectus qui est publié par
les CEGEP, il n'y a à peu près rien, si vous voulez, dans leur
formation qui leur permet de connaître à fond le fonctionnement
des articulations. Soit dit en passant, Dr Boivin, entre les médecins et
les dentistes, il y a de plus en plus de coopération dans ce sens. Il
faut admettre aussi que les médecins n'ont pas toujours voulu
coopérer dans ce sens. Cela a pris un certain temps pour leur faire
comprendre que les maux de tête, les vertiges, les maux d'oreilles et les
migraines chroniques pouvaient être causés par un mauvais
fonctionnement des articulations. Mais il reste que les
oto-rhino-laryngologistes, plus intelligents que d'autres peut-être, ont
compris le problème. Aujourd'hui, ils nous réfèrent des
cas, de plus en plus, pour corriger cela et traiter ces patients.
Nos dentistes sont formés en conséquence. Les
décloisonnements s'effectuent, de plus en plus, entre la médecine
et la chirurgie dentaire. C'est une des raisons pour lesquelles, d'ailleurs,
nous demandons que le titre "art dentaire" soit choisi pour "médecine
dentaire", parce que la formation du dentiste, aujourd'hui, va de plus en plus
vers une spécialisation de la médecine. D'ailleurs, cela est une
spécialisation de la médecine, à mon sens.
Maintenant, en ce qui concerne les techniciens, ils ne sont aucunement
préparés pour traiter ces malaises. Ils ne sont pas
préparés pour les diagnostiquer, non plus. C'est cela qui est
important.
Tout le problème fondamental, à mon sens, est dans le
diagnostic et le plan de traitement. Chaque cas qui se présente doit
être étudié individuellement et doit être
traité souvent d'une façon différente d'un autre. C'est
cela qui est le fondement de la chose.
Maintenant, quant au tort causé par des prothèses mal
ajustées, nous pourrions élaborer là-dessus pendant des
heures et des heures.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: Dr Gosselin, vous avez mentionné tout à
l'heure qu'au CEGEP Edouard-Monpetit, il se donnait des cours. Vous avez
même spécifié que c'étaient des cours de techniciens
dentaires et non des cours de denturologistes. Par contre, les denturologistes
soutiennent qu'il y a un dentiste comme professeur au CEGEP Edouard-Monpetit.
Est-ce que c'est un dentiste, qui est mandaté par le collège pour
aller donner des cours là-bas? C'est la première partie de ma
question.
D'autre part, surtout depuis le dépôt du bill 266, les
techniciens dentaires, se prévalant de quel argument, on ne sait trop,
font de la pratique illégale dans la province. Le ministre a
mentionné tout à l'heure qu'ils sont encore dans
l'illégalité, étant donné que le bill n'est pas
encore sanctionné. Qu'est-ce que le collège, en tant que
collège, fait pour la répression de la pratique illégale
dans la province? Tout le monde est d'accord, à l'heure actuelle, pour
dire que les denturologistes ne sont pas préparés, vous nous
l'avez démontré assez bien, je crois. Quelle est l'action du
collège pour enrayer ce fléau?
M. GOSSELIN : Pour répondre à votre première
question, il faut dire que le dentiste qui donne des cours au CEGEP
Edouard-Monpetit n'est pas mandaté par le collège. Les cours
qu'il donne sont des cours d'anatomie. Alors c'est assez limité, comme
vous voyez.
Maintenant, qu'est-ce que le collège peut faire pour
réprimer la pratique illégale? C'est que depuis qu'il a
été question que la denturologie,. comme on l'appelle, soit
légalisée, ces gens semblent penser que la loi est adoptée
et qu'en fait ils ont le droit de pratiquer. En ce qui concerne la partie
légale, nous faisons notre possible parce que nous devons avouer que
nous sommes quelque peu submergés devant l'inodation des techniciens qui
pratiquent illégalement. Il reste que pour démontrer qu'un
technicien pratique illégalement, nous sommes encore au stade où
il faut fabriquer contre lui une cause, ce qui nous répugne
énormément. Nous voyons les techniciens, le patient est
là, nous le voyons faire. C'est un peu comme un voleur de banque qu'on
voit voler la banque. Mais on ne peut pas l'arrêter parce qu'il faut
amener le patient, le faire témoigner, et il faut un témoin. Il
n'est pas facile, dans ces cas, d'amener ces gens en cour et de les amener
à témoigner contre le technicien qui pratique
illégalement.
Vous voyez un peu les difficultés devant lesquelles nous nous
trouvons. C'est d'ailleurs la même situation au Collège des
médecins. Il est obligé de fabriquer des causes, de pousser le
gars à agir illégalement pour tâcher qu'on le prenne.
Tandis que si on pouvait, par une législation quelconque, devant
l'évidence d'une pratique illégale qui est prouvée par des
témoins, même s'ils n'ont pas été traités par
ce technicien...
A ce moment-là ce serait beaucoup plus facile, à mon
sens.
M. LAFRANCE: Est-ce que le collège aurait pris des dispositions
pour justement aider à la formation ou favoriser une profession nouvelle
qu'on pourrait appeler les denturologistes, même si le nom à
l'heure actuelle n'est pas reconnu et ne peut être reconnu nulle part?
Est-ce que le collège peut prendre des dispositions pour aider à
la formation d'une nouvelle profession qui serait un adjuvant à la
profession dentaire?
M. GOSSELIN: Encore une fois, à l'article 7 du
résumé de notre mémoire, nous établissons nos
positions, nous sommes prêts à nous asseoir et à
discuter.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dorchester.
M. GUAY: Il y a combien de dentistes qui fabriquent eux-mêmes
leurs prothèses actuellement? En pourcentage.
M. GOSSELIN: Disons que dans l'ensemble ils sont assez peu nombreux ceux
qui fabriquent leurs prothèses. Une vingtaine peut-être à
travers la province, et ce sont ce que nous appelons nous, des prothodontistes,
soit des gens qui sont spécialisés dans la prothèse ou
encore qui limitent leur pratique à la prothèse.
M. GUAY: Qui fabrique les autres prothèses?
M. GOSSELIN: Elles sont fabriquées par des techniciens sous le
contrôle et les avis d'un dentiste. Vous avez un diagnostic de la part du
dentiste. C'est comme si vous me demandiez qui prend les radiographies à
travers la province. Ce sont des techniciens. Je n'ai pas vu encore un
médecin le faire.
Tout ce que nous pouvons faire faire par du personnel auxiliaire,
dûment qualifié, nous le faisons, de façon à nous
libérer, nous, et de faire plus de diagnostic et plus de
traitements.
M. GUAY: Pour moi, la question de compétence, ça reste
à vérifier quand même. Là on entend un son de
cloche, on entendra peut-être un autre son de cloche.
Je ne suis pas spécialiste dans le domaine, loin de là.
Mais je vous pose la question suivante. Vous semblez avoir objection à
ce que les techniciens dentaires aient le droit de prendre eux-mêmes les
empreintes. Moi je trouve un peu curieux quand même que ceux qui
fabriquent la prothèse n'aient pas le droit de prendre eux-mêmes
les mesures.
M. GOSSELIN: Il n'y a pas de diagnostic au départ. Il faut
comprendre une chose, c'est que pour ajuster des prothèses, d'abord il
faut établir des diagnostics. Et vous seriez surpris du nombre de cas
où on trouve une pathologie quelconque dans la bouche des patients.
Seulement pour parler du domaine des hyperplasies qui sont des inflammations
des tissus, n'allez jamais refaire une prothèse nouvelle sur une bouche
dans un état comme celui-là. C'est un échec au
départ.
Il faut d'abord que ces tissus-là soient traités. Vous
pouvez être obligé d'intervenir chirurgicalement avant de poser
des prothèses, même chez des porteurs de prothèses depuis
nombre d'années. Aujourd'hui, avec les techniques nouvelles et les
nouvelles connaissances que nous avons, surtout en chirurgie buccale, nous
sommes rendus à faire des greffes de peau dans la bouche, à
tâcher de reconstituer des gencives pour ceux qui n'en ont plus. Il faut
que quelqu'un au départ puisse juger quand cette greffe de peau doit
être faite. C'est juste pour vous donner deux ou trois exemples de ce qui
peut arriver.
Si des prothèses sont installées dans la bouche du
patient, sans traitement préalable, il est aussi bien de prendre ses
$150, $200 ou $350, comme le Dr pas le docteur mais M. Lavoie
cela me fait plaisir de vous appeler docteur ce matin et les
jeter au panier.
Le patient ne pourra pas fonctionner avec des prothèses si au
préalable les traitements n'ont pas été faits dans son
cas.
M. GUAY: Je connais un grand nombre de personnes qui ont de la
difficulté avec des prothèses dentaires qui ont été
soi-disant ajustées également par des dentistes. Il y a beaucoup
de choses qui n'existaient pas il y a 100 ans, mais ça existe
aujourd'hui. Je me demande si ce n'est pas tout simplement la technologie
moderne qui veut que ces personnes qui fabriquent des prothèses
dentaires agissent d'une façon. Vous démontrez une belle
collaboration. Je me présente chez vous. Je me fais extraire les dents
et j'ai besoin d'une prothèse dentaire. Vous procédez ensuite
comment, si vous ne la fabriquez pas vous-même, votre
prothèse?
Vous la commandez chez un technicien? J'aimerais me faire expliquer, en
quelques mots, l'ajustement d'une prothèse dentaire.
M. GOSSELIN: C'est une chose, M. le député, que sans doute
vous réentendrez quand l'Association des prothodontistes viendra
témoigner devant la. commission. D'ailleurs, dans son mémoire,
elle explique très clairement chacune des étapes de la
fabrication d'une prothèse. Les dents sont extraites vous dites.
M. GUAY: La prothèse est fabriquée. L'ajustement de la
prothèse dentaire.
M. GOSSELIN: D'abord on prend des impressions. Juste dans la question
des impressions, vous avez peut-être, à l'heure actuelle, 25
matériaux différents qu'on peut employer et chacun a une fonction
bien différente.
M. LE PRESIDENT: Dr Gosselin...
M. GOSSELIN: On m'a posé une question.
M. LE PRESIDENT: Oui, je comprends, mais je puis décider que la
question est hors d'ordre. Si on en vient à discuter de la fabrication
des prothèses, on en a jusqu'à six heures cet après-midi.
Si le député de Dorchester veut avoir un cours de fabrication de
prothèse, je pense que ce n'est pas ici le lieu. Je voudrais qu'on
puisse entendre les autres qui sont ici. Je pense que la question est
technique, ça ne concerne pas tellement le bill 266, qui est la
création d'une profession nouvelle qui s'appelle les
denturologistes.
M. GUAY: M. le Président, je pense qu'on a qualifié un
groupe de personnes d'incompétents et je voudrais qu'on me prouve si
c'est vrai. Cela fait déjà quelques fois que ça se produit
à cette commission-ci qu'on qualifie des gens de charlatans ou de
guérisseurs ou d'incompétents. Si c'est l'endroit pour poser la
question je voudrais bien qu'on ait l'occasion.
M. LE PRESIDENT: Je pense que le Dr Gosselin a répondu à
cette question-là. Le Dr Boivin a même fait état des
troubles qui résultaient de certaines prothèses mal
ajustées. Alors je pense qu'on a suffisamment couvert la technique pour
les fins de la discussion.
M. GOSSELIN: Non, on n'a pas touché à la technique, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Pour les fins de...
M. GOSSELIN: Je pense que c'est fondamental. Si chacun de vous autour de
cette table savait de quelle façon des prothèses adéquates
sont faites selon des standards minimums, en prothodontie, il changerait
probablement d'opinion vis-à-vis du bill 266 qu'on s'apprête
à adopter. Je pense que c'est fondamentalement important de savoir de
quelle façon ça doit être fait.
C'est peut-être l'ignorance des gens sur la façon dont les
vraies prothèses doivent être faites qui fait qu'on va un peu
n'importe où, pensant qu'on va s'acheter des dentiers comme on
s'achète une paire de souliers. On essaie ça. Cela a
déjà existé en dentisterie il y a une cinquantaine
d'années; on entrait chez le dentiste, il y avait des dentiers en
quantité, on essayait ça. J'ai même vu il y a à
peine deux ans, dans un encan, pour les pauvres il y avait des dentiers
à vendre.
Il y en a qui les essayaient; c'est ce qui était bon dans toute
l'affaire!
M. GUAY: Je comprends; M. le Président, que le temps qui est mis
à notre disposition passe rapidement, mais il ne faut pas oublier que le
but de la commission est de fournir des renseignements. On a justement des
spécialistes devant nous, ce matin. Je pense qu'il est normal qu'on leur
pose cette question, étant donné que cela relève
spécifiquement de leur domaine.
M. LE PRESIDENT: C'est une question technique; vous demandez comment se
fabrique une prothèse.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, je crois que ce sont des lois
extrêmement importantes qui changent profondément l'exercice d'une
profession.
M. GOSSELIN : M. le Président, durant votre discussion, j'aurais
eu le temps de répondre à la question.
M. SAINT-GERMAIN: S'il vous plaît, M. le Président. Etudier
ces questions-là dans une couple d'heures, c'est une
impossibilité. Je crois qu'on devrait avoir tous les
éléments voulus.
M. LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! Je voudrais faire
remarquer aux membres de la commission, peut-être pour le
bénéfice des gens qui sont à la barre, qu'il y a, quand
même, huit ou dix autres mémoires sur la question de la
dentisterie. On ne videra pas la question aujourd'hui.
Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: On a mentionné qu'il y a un problème de
taille. Depuis déjà longtemps, il y a une pratique
illégale, selon nos lois actuelles, de la dentisterie au Québec.
Cela fait déjà nombre d'années que les gens vont acheter
des prothèses chez les techniciens dentistes. Je voudrais savoir si le
collège a étudié ce problème et s'il a cru
découvrir, dans ces études, la raison profonde de ce
phénomène constant qui prend de plus en plus d'ampleur, celui de
la pratique illégale.
M. GOSSELIN: Le fait de se procurer quelque chose sur le marché
noir a toujours un certain attrait. Une des raisons qui font que le public va
chez les techniciens, c'est qu'on pense faire des économies, mais, dans
la plupart des cas, ce n'est pas le cas. L'expérience, je l'ai
vécue personnellement et beaucoup d'autres aussi l'ont vécue: les
gens n'ont même pas pensé à aller voir un dentiste et
à lui demander ce que ça pourrait leur coûter pour se faire
traiter; ils sont allés directement chez le technicien.
Combien de fois j'ai vu des gens qui sont venus chez nous, parce que je
suis l'un de ceux qui limitent leur pratique plutôt à la
prothèse, dans une proportion de SO p.p. à 90 p.c. Quand je leur
dis les honoraires que ça va leur coûter pour leur
prothèse, ils sont drôlement surpris parce que mes honoraires,
dans certains cas, ont été moins élevés que ceux du
technicien et, dans d'autres cas, ils ont été à peu
près les mêmes que ceux du technicien ou il y avait
tellement peu de différence qu'on regrettait d'avoir
été ailleurs.
Les denturologistes, comme on les appelle, font de la sollicitation. Je
ne fais pas de porte-à-porte pour vendre des dentiers, mais eux en font,
cependant. Je pense que tout le monde est un peu au courant de cela. Il y a un
peu de vente sous pression, dans certains cas. Je crois qu'il y a ignorance de
la part du public vis-à-vis de ce que doivent être
réellement les prothèses dentaires.
Devant cette ignorance, on s'adresse aux techniciens. C'est un autre,
c'est untel, il est allé là pour telle raison. Au lieu d'aller
chez le dentiste, va donc chez le technicien. C'est comme ça que des
patients sont dirigés chez eux pendant que d'autres font de la
sollicitation. Il y a ignorance de la part du public, un manque
d'éducation. Pouvez-vous expliquer pourquoi il y a tant de monde qui va
voir certains guérisseurs bien connus avec leur cancer, pensant se faire
guérir?
M. SAINT-GERMAIN: Je ne crois pas qu'il y ait un parallèle aussi
marqué avec les guérisseurs.
M. GOSSELIN: Cela se ressemble pas mal, psychologiquement parlant.
M. SAINT-GERMAIN: De toute façon, croyez-vous que si la
population était mal servie ou en majorité mal servie par les
techniciens dentaires, elle ferait tout de même appel constamment
à leurs services comme elle le fait dans le moment?
M. GOSSELIN: Je ne le pense pas. Je crois que la majorité de la
population est encore assez intelligente pour comprendre, devant les
explications que nous pouvons lui donner et les risques qu'elle encourt en
recherchant des traitements de la sorte, qu'il vaut mieux voir des gens
qualifiés.
M. SAINT-GERMAIN: Ce n'est pas ce qui arrive. Je ne sais pas si vous
avez bien compris ma question. Je dis qu'en fait les gens vont chez les
techniciens dentaires pour leurs services. S'ils y étaient
majoritairement ou constamment mal servis, croyez-vous que cette situation se
prolongerait pendant des années?
M. GOSSELIN: Pardon?
M. SAINT-GERMAIN: Je dis, si la population...
M. GOSSELIN: Non, non, d'accord, j'ai compris la question, c'est que le
député de Témiscamingue a ajouté quelque
chose...
M. THEBERGE: Ils vont chez Desfossés, aussi.
M. GOSSELIN: Oui, mais je pense bien que la population... Ecoutez, c'est
une question de mentalité, une question de psychologie, bien souvent.
Pourquoi les gens visitent-ils les charlatans, les guérisseurs? Je suis
encore à me le demander. Pourquoi ils visitent les techniciens
dentaires, pourquoi ils sont sollicités de la part des techniciens,
c'est plus facile à dire parce que les techniciens voient chez eux une
source de revenus. Mais il reste que, sur l'ensemble, c'est une minorité
qui va voir les techniciens. Vous seriez surpris aussi du nombre de ceux qui
reviennent nous consulter après avoir été chez le
technicien parce que ça ne marche pas, "leur patente".
M. GUAY: Il faudrait aussi se poser la question suivante: Pourquoi il y
a tant de médecins qui vont chez le chiro?
M. GOSSELIN: Vous demanderez ça aux médecins.
M. SAINT-GERMAIN: Il peut arriver tout de même que, dans certains
cas particuliers ou dans certaines régions de la province, surtout
après que vous ayez mentionné qu'être dentiste aujourd'hui
demande un investissement considérable, les gens aient le choix entre se
faire servir par les techniciens dentaires à cause d'une économie
ou pas du tout, en ce sens que le service du dentiste est tellement dispendieux
que, malgré les besoins de la famille, un père de famille ne
puisse simplement pas avoir le moyen de payer les services d'un dentiste.
M. GOSSELIN: Je suis un de ceux qui ai visité à peu
près toute la province de Québec.
J'ai rencontré de nombreux confrères. Dans des
circonstances comme celles que vous venez de mentionner, les dentistes sont
encore capables de comprendre que, dans certains cas, ils doivent fournir des
soins et ne pas laisser souffrir les gens impunément, même s'ils
savent qu'ils n'ont pas les moyens de payer leurs soins. C'est un devoir
social, je pense, que nous avons à remplir. En attendant,
peut-être, qu'un jour nous ayons un régime
d'assurance-santé dentaire, nous faisons encore la charité, comme
nous l'avons toujours fait et comme les médecins le faisaient avant
qu'ils aient l'assurance-maladie.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais il ne faut pas rêver en couleurs.
M. GOSSELIN: Nous ne rêvons pas en couleurs, non plus. Si vous
voulez venir passer une semaine avec moi...
M. SAINT-GERMAIN: Je ne crois pas que les dentistes puissent travailler
pour rien.
M. GOSSELIN: Non, écoutez...
M. SAINT-GERMAIN: J'essaie de me mettre dans les bottines du père
de famille qui a un revenu de $6,000 ou $7,000, avec trois ou quatre enfants en
arrière de lui...
M. GOSSELIN: Nous n'avons pas de problème avec
ceux-là.
M. SAINT-GERMAIN: ... qui ont besoin de services dentaires.
M. GOSSELIN: Il n'y a pas de problème avec ceux qui ont un revenu
comme celui-là.
M. SAINT-GERMAIN: Vous n'admettez pas qu'au coût des services
actuellement cette personne sera obligée de priver sa famille de
certains services qu'elle peut considérer comme indispensables.
M. BOIVIN: M. le Président, il me semble que cela pourrait
peut-être couper court à la discussion. Il y a une question
d'esthétique. Il y. a des gens qui vont voir le technicien pour avoir
des nouvelles dents, pour que cela paraisse. Je dois vous dire, après
une pratique intense de 25 ans, tous les malaises qui peuvent survenir avec une
prothèse mal ajustée: des vertiges, des maux de tête, etc.
C'est comme pour les lunettes. Il y a des gens qui se mettent des lunettes dans
le visage non pas pour mieux voir, mais parce que c'est une mode qui passe et
qu'il faut avoir des lunettes. Il y a une question d'esthétique. Il veut
avoir des dents pour que cela paraisse. Cela le fait peut-être mieux
parler, mais cela lui occasionne énormément de malaises, quand la
personne n'a pas la qualification pour ajuster des dentiers.
M. GOSSELIN: M. le Président, tout ce que je peux ajouter, c'est
que, dans le domaine de la prothèse, il y a un facteur dont on n'a pas
parlé. Je veux tout simplement en dire un mot. C'est le facteur
psychologique qui est extrêmement important. Actuellement, il y a
seulement le dentiste qui a la formation à l'école dentaire pour
rencontrer ces phénomènes qui peuvent se présenter
à son bureau.
Le député de Dubuc soulève un point, mais vous avez
une foule de gens qui ont eu, les prothèses les mieux ajustées et
qui ne les portent même pas. L'étude du cas démontrera
infailliblement que le problème n'est pas là, mais entre les deux
oreilles. Ce n'est pas facile; n'oubliez pas que chacun de nous, à
mesure qu'on vieillit, quand on perd un membre, on est traumatisé. C'est
un traumatisme de perdre ses dents, au départ.
Souvent, il faut commencer par traiter cela avant d'aller plus loin.
Même j'ai des cas que j'ai référés à des
psychiatres. C'est en sortant de là qu'ils on pu réussir à
s'adapter.
M. LAFRANCE: Vous n'auriez jamais dû.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier a une
dernière question.
M. SAINT-GERMAIN: De toute façon, s'il y a là-dessous une
question d'économie ou d'ar- gent, ne croyez-vous pas que, si on forme
simplement une autre profession et si, comme vous l'avez dit, les prix
augmentent au même niveau que ceux des dentistes, on va retomber, dans
dix ou douze ans...
M. GOSSELIN: Avant ça.
M. SAINT-GERMAIN: ... dans le même problème? C'est qu'il y
aura des dentistes, des denturologues et des techniciens dentistes qui
pratiqueront encore illégalement.
M. GOSSELIN: Je vais répondre à votre question:
Déjà il y a des denturologues qui ont pignon sur rue. Leurs
tarifs ont plus de doublé du temps où ils faisaient du porte
à porte. Pourquoi? Parce qu'ils ont les services dont je vous parlais
tout à l'heure. Alors, si cette loi est faite tout simplement pour
essayer d'épargner de l'argent à la population, on fait
complètement fausse route. C'est se leurrer que de croire que les soins
prothétiques vont être à meilleur marché avec des
denturologues qu'ils le sont avec des dentistes.
M. SAINT-GERMAIN: Alors, vous croyez qu'il serait logique de dire
qu'à l'avenir nous aurons deux professions et un autre groupe de
mécaniciens...
M. GOSSELIN: Actuellement,...
M. SAINT-GERMAIN: ... dentistes qui pratiqueront
illégalement.
M. GOSSELIN : Je vais vous dire que c'est ça. On va avoir trois
groupes. Les dentistes, les denturologues et encore des illégaux, les
incompétents encore plus incompétents que les incompétents
qui existent actuellement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget. M. LAURIN: Pas de
question.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup.
M. LAFRANCE: En ce qui concerne l'article 20 du projet de loi,
c'est-à-dire l'abrogaion de la Loi des techniciens dentaires des Statuts
refondus de 1954, si je me souviens bien, de quelle façon le
collège voit-il la technique dentaire par la suite? Est-ce que cela
n'amènera pas une invasion d'autres hors-la-loi pour faire de la
technique dentaire dans la province de Québec?
M. GOSSELIN : Ecoutez, je reviens à ce que j'ai mentionné
tout à l'heure. Du fait qu'on ne fait pas mention, dans la Loi des
dentistes, de ce qui concerne la fabrication des prothèses, du fait
qu'on va abroger la Loi des techniciens dentaires, n'importe qui va pouvoir
fabriquer
des prothèses parce qu'il n'y aura plus aucune loi qui va
défendre à ces gens ou à n'importe qui de faire des
prothèses. C'est pourquoi je pense que c'est un problème qui est
à repenser totalement, sous tous ses angles. Même comme c'est
là, avec la loi, telle qu'elle est, on peut les ajuster, on peut les
poser et on peut les adapter. Mais on ne peut pas les fabriquer. Ce n'est pas
indiqué dans la loi. Ce n'est pas indiqué non plus dans celle des
denturologues. Maintenant, je vous pose la question: Qu'est-ce qui advient des
techniciens dentaires dûment qualifiés qui ne veulent pas
être denturologues? Où vont-ils aller? Qu'est-ce qu'ils vont
faire? Nous, qu'est-ce que nous allons faire si nous perdons le service des
techniciens dentaires?
M. LAFRANCE: La denturologie.
M. GOSSELIN: Nous allons aller en Ontario pour faire faire les
prothèses. C'est ce qui va arriver. Nous allons être
obligés de nous adresser à des laboratoires de l'extérieur
de la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
Je veux remercier le collège pour les trois mémoires qu'il
nous a présentés. Maintenant, nous passons à l'Ecole de
médecine dentaire de l'université Laval.
M. GOSSELIN: M. le Président, me permettez-vous juste un mot pour
remercier les membres de la commission d'avoir été aussi patients
et de nous avoir écoutés pendant les deux heures qui ont
précédé?
M. LE PRESIDENT: Messieurs, il y a un petit changement. Nous prendrions
le mémoire 127 avant celui de Laval. Y a-t-il un représentant de
la faculté de chirurgie dentaire de l'Université de
Montréal ou le doyen? Le mémoire 127. Dr Lussier. Nous prendrons
ce mémoire avant parce que, si nous n'avons pas assez de temps pour
Laval, il sera plus facile pour eux de revenir ici que pour les gens de
Montréal.
Faculté de chirurgie dentaire de
l'Université de Montréal
M. LUSSIER: M. le Président, je vous demanderais de
m'éclairer sur un point, à ce moment-ci. La faculté de
chirurgie dentaire de l'Université de Montréal avait
préparé des commentaires sur le bill 254, qu'elle avait fait
parvenir à l'Université de Montréal, dans l'espoir que
l'université, dans son propre document, les transmettrait. Or, il est
arrivé par la suite que les universités ont décidé
de présenter un mémoire commun sur le bill 250, à travers
la conférence des recteurs, de sorte que les quelques points que nous
avions à faire valoir ont été perdus dans cette
transmission de documents et d'allégeance.
Me permettriez-vous de faire quelques remarques sur le bill 254, au nom
de mes collègues?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LUSSIER: Mes remarques seront très brèves. Elles
portent sur les quelques articles qui relèvent, naturellement, de
l'enseignement dentaire.
Le point le plus important, certainement, surgit à l'article 19,
où l'on dit que le programme d'étude des établissements
d'enseignement dentaire doit être établi en conformité avec
les règlements. Je voulais simplement faire état de la
difficulté que cela pose pour les écoles professionnelles qui
sont soumises à la juridiction des universités, selon les chartes
universitaires, qui doivent quand même donner un enseignement
professionnel qui doit devenir conforme à certaines normes. Là,
il semble que le collège, de par sa loi déjà
établie, devient l'organisme de discussion pour ce point.
Nous sommes parfaitement d'accord mais nous voudrions, si possible, que
la loi soit aussi explicite que possible, sur ce point, afin qu'il n'y ait pas
de conflit entre le rôle que doivent jouer les universités et
celui que les collèges doivent également exercer, en fonction des
responsabilités qu'on leur donne.
La deuxième remarque se rapporte à l'article 20.
On y dit que "tout étudiant d'un établissement
d'enseignement d'art dentaire au Canada doit, avant de faire un stage
d'enseignement professionnel, être détenteur d'un certificat
d'immatriculation délivré par le secrétaire de
l'Ordre."
Je pense qu'il va y avoir certainement des difficultés dans
l'établissement du règlement si le collège ne fait des
règlements que pour les résidants du pays. Qu'advient-il à
ce moment-là des étudiants étrangers qui viennent dans les
universités? Est-ce que ces étudiants pourront être
immatriculés au niveau des collèges, alors que les
collèges sont censés immatriculer des résidants ou des
citoyens du pays? Je pense que ce point n'est pas tout à fait clair et
peut créer des difficultés sérieuses aux quelques
étudiants étrangers vis-à-vis desquels les
universités se seraient engagées.
A l'article 21, on dit "a droit à un certificat d'immatriculation
l'étudiant d'art dentaire qui: a) est bachelier ès arts,
ès lettres ou ès sciences d'universités du Québec
ou d'une autre université dont le diplôme est jugé
équivalent par le bureau." Il s'agit ici d'un anachronisme que nous
voudrions voir disparaître de la loi, si possible. Cet article existe
dans la loi actuelle. Il n'est absolument plus en usage parce qu'il ne
correspond en rien aux exigences d'admission qui étaient en effet dans
les années antérieures à 1940. Alors, on allait
étudier à l'université, dans les écoles
professionnelles, quand on était bachelier ès arts, ès
lettres ou ès sciences. Ce sont là de vieilles connotations qui
n'ont plus aucune résonance dans le milieu actuel. Nous voudrions
voir disparaître ceci, car ce ne sera d'aucune utilité, ni
pour les universités qui font le recrutement des futurs
étudiants, ni pour l'Ordre qui aura à décerner des
certificats d'immatriculation.
Nous croyons que le paragraphe b) est suffisamment complet pour les
besoins de la cause, quand on dit que "le certificat pourrait être
donné à un détenteur d'un diplôme d'études
collégiales" qui à ce moment-ci représente de la
façon la plus complète, la plus générale,
l'exigence posée pour l'admission dans les écoles
professionnelles.
Enfin, je me permettrai, pour ce qui est du paragraphe 23, une remarque
semblable à celle qui a été faite. Je ne voudrais pas
ouvrir la même discussion qui a eu lieu tout à l'heure avec le
collège et à laquelle j'ai assisté, mais je reviens sur le
point que, dans l'exercice de l'art dentaire, il y a des actes qui sont en
rapport avec la prévention. Je pense que nous ne pouvons pas dissocier
à ce moment précis de l'évolution de la profession la
prévention des autres actes qu'elle pose. Même, comme nous le
disait le ministre des Affaires sociales, s'il faut qu'il y ait une
définition légale, nous voyons des inconvénients à
ce que la définition légale ne soit pas conforme à la
définition réelle de l'exercice professionnel. Et nous voudrions
que ces deux définitions se rejoignent le plus possible, au moins dans
les énoncés de principe aussi sérieux et aussi graves que
ceux que l'on fait dans le présent article 23.
Je voudrais aussi faire remarquer que par rapport à l'article 23
et à l'article 35, qui arrive plus loin, on dit que "sous réserve
de l'article 25 nul ne peut poser l'un ou l'autre des actes décrits aux
articles 23 et 24" et on dit que les dispositions du présent article ne
s'appliquent pas aux actes posés par les étudiants en art
dentaire.
Je pense qu'à ce moment-ci il va falloir probablement trouver la
place voulue pour les hygiénistes dentaires qui vont entrer en fonction
ou qui le sont en fonction actuellement. Ils sont au nombre d'une quinzaine
mais ils seront plus tard en plus grand nombre quand les CEGEP auront des
diplômés dans ces programmes-là. D'après les
programmes et d'après ce que la loi permet de faire à ces
personnes, il y a des points qui sont déjà contenus dans
l'article 23 et il faudrait aussi en tenir compte dans l'article 25. Car il y a
des étudiantes là-dedans qui seront tenues de poser des gestes,
donner des traitements sous surveillance de la même façon que les
étudiants en chirurgie dentaire à l'article 25.
Voilà en bref les quelques remarques que j'avais à faire
sur le bill 254 et avec votre permission à moins qu'il y ait des
questions...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions sur le bill 254?
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai pris bonne note des
commentaires faits par le Dr Lussier. En ce qui a trait à la
première question, c'est la seule sur laquelle je voudrais commenter. On
voit l'article 19 du bill 254, je crois que le Dr Lussier en a fait lecture; il
y a également le paragraphe e) de l'article 169 du bill 250 qui fait le
pont. Enfin on en a discuté lors du mémoire du Collège des
médecins. J'aimerais avoir l'opinion du Dr Lussier quant à ce
mécanisme qui est proposé, c'est-à-dire que les
collèges soient représentés selon des modalités ou
participent selon des modalités à être fixées
à l'établissement des programmes d'enseignement au niveau des
établissements d'enseignement de telle sorte que le type de conflit
susceptible de se poser entre facultés et collèges se
résorbe.
Egalement, il y a eu une assez longue discussion sur la situation qui
existe cette année et j'aimerais savoir du Dr Lussier s'il a des
commentaires à ajouter suite aux représentations qui ont
été faites ici ce matin sur cette question.
M. LUSSIER: M. le Président, les dispositions qui sont dans le
bill 250 nous satisfont pour ce qui est des développements à
établir. Je pense que nous trouvons là des modes de discussion ou
d'entente et même d'exécution, car on nous dit que tout sera fait
par règlement et les règlements seront faits après entente
avec les parties intéressées. Et c'est exactement ce à
quoi nous voulons arriver. Quelques remarques ont été faites
précédemment, à savoir que les relations n'ont pas
toujours été des plus cordiales ou des plus affectueuses entre la
faculté et le Collège. Je pense que ce n'est pas tout à
fait juste. Ce qui est arrivé à certains moments, c'est que les
deux lois, celle qui régit l'université et celle qui régit
le Collège, entraînaient nécessairement des conflits. Il
fallait faire exercice de beaucoup de diplomatie pour arriver réellement
à mettre les deux parties l'une à côté de l'autre et
arriver à des accomplissements majeurs de ce côté.
Il n'en reste pas moins qu'en dépit des difficultés qui
étaient posées par la loi de part et d'autre, on en est
arrivé à un modus vivendi que tous reconnaissent comme ayant
été assez heureux. La situation a cependant besoin d'être
changée. L'université est prête à mettre sur la
table, devant le collège, la méthodologie des examens qu'elle
utilise. Le collège pourra naturellement voir dans cette
méthodologie les parties qui lui plaisent ou qu'il juge qu'elles
pourrons l'aider à apprécier les gens qu'il va recevoir dans la
profession par la suite.
L'université n'a aucune objection de ce côté. Je
pense que nous pouvons certainement arriver à une entente aussi cordiale
que possible. Il n'en reste pas moins que les programmes d'enseignement dans
les universités exigent, de par leur facture, des modes d'examens qui
doivent émaner normalement de la matière et de l'enseignement
lui-même. Des examens, c'est quelque
chose qui varie pas mal dans la forme. On a toujours le même
objectif avec l'examen; se rendre compte si les gens ont appris ce qu'on
voulait. Mais les façons de les mettre en vigueur dépendent
souvent de la matière, dépendent du niveau d'évolution des
connaissances de l'étudiant, et cela amène des complications
extrêmement sérieuses par moment.
La faculté s'est toujours, autant que possible, maintenue
à la page de ce côté en ayant une méthodologie de
l'examen qui tienne compte des avancés de la science de ce
côté-là et qui soit surtout aussi juste que possible pour
ce qui est de l'évaluation des candidats dont nous sommes responsables.
Avec l'attitude d'esprit que nous avons, avec l'expérience que nous
avons prise de ce côté-là, nous pourrions certainement nous
asseoir à une table et au moment de proposer des règlements, nous
pourrions arriver à quelque chose qui soit satisfaisant pour les deux
parties en cause.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
votre objectif est d'en arriver à un examen conjoint et
simultané?
M. LUSSIER: Disons que nous n'avons pas dans la tête d'en arriver
à quelque chose d'aussi global que la proposition que vous faites.
L'examen conjoint peut être valable dans certaines épreuves et
peut ne pas être valable dans d'autres. L'examen conjoint est valable
quand on veut faire quelque chose de synthétique, un examen de
synthèse, mais on ne peut pas faire des examens conjoints chaque fois
que l'on veut connaître le progrès habituel d'un étudiant
de mois en mois.
M. LAURIN: Je parlais surtout des examens finaux.
M. LUSSIER: C'est cela. Quand on parle d'examens de fin de cours ou de
fin d'année, je pense qu'on peut arriver à de telles
modalités qui puissent nous donner satisfaction. C'est ce à quoi
je faisais allusion tout à l'heure en disant que, quand viendra le temps
de venir aux détails, nous verrons dans l'ensemble ce qui se prête
le mieux à ce que le collège veut savoir et veut apprécier
parmi les candidats qui termineront chez nous.
M. LE PRESIDENT: Merci. Maintenant, on peut procéder à
l'étude du bill 266.
M. LUSSIER: M. le Président, je voudrais vous faire lecture du
résumé qui accompagnait ce mémoire. Un comité
conjoint formé des doyens et des professeurs de faculté dentaire
des universités du Québec soumet un exposé de leurs
réactions au bill 266, Loi sur la denturolo-gie. Le comité est en
désaccord avec l'esprit de la loi qui crée de toutes
pièces une corporation de denturologues à partir d'une autre
corporation qui est celle des techniciens dentaires alors que la denturologie
est un champ de connaissances qui n'est pas encore défini.
Le denturologue est appelé à remplir des fonctions pour
lesquelles il n'a pas été formé et que ses connaissances
et sa compétence sont celles d'un technicien dentaire.
Le comité croit que ce bill introduit une confusion grave entre
les fonctions des dentistes et celles des denturologues et entre les fonctions
des denturologues et celles des techniciens dentaires.
Ce bill démontre un manque d'information sur les
responsabilités impliquées dans l'offre des services de
prothèses à la population en général. Le
comité souligne les problèmes de sémantique qui
introduisent les mots denturologie et denturologue. Le comité
s'inquiète de la composition du bureau provisoire de la corporation des
denturologues. Le comité voit mal comment le présent bill
justifie l'abrogation de la Loi des techniciens dentaires.
En conclusion, pour des raisons énoncées
précédemment, le comité demande que le bill 266 soit
retiré et que des études soient entreprises par un organisme
comme le Conseil supérieur de la santé afin de bien analyser les
éléments de la question qui amènent le législateur
à proposer un bill pour modifier la Loi des techniciens dentaires.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il d'autres questions sur ce problème qui
a été vidé avec le collège?
UNE VOIX: Permettriez-vous un commentaire?
M. LE PRESIDENT: Oui, certainement.
UNE VOIX: On a parlé, tout à l'heure, du programme qui se
donnait au CEGEP Edouard-Montpetit pour former les techniciens dentaires.
Permettez que j'évoque le temps où j'ai travaillé avec
ardeur dans les comités qui ont mis ce programme sur pied. J'avais la
responsabilité du comité des programmes. A moins qu'il n'ait subi
des transformations radicales depuis sa mise en exercice, il y a trois ou
quatre ans, le programme instauré au CEGEP Edouard-Montpetit
était pour former des techniciens dentaires, c'est-à-dire pour
amener des jeunes gens, au niveau des CEGEP, à avoir une formation de
techniciens, comme on en forme en électronique, comme on en forme dans
d'autres programmes analogues. On voulait, à travers ce programme,
arriver à se donner des gens qui auraient une compétence
indiscutable sur tous les aspects de la technique dentaire, former de futurs
chefs d'entreprises qui auraient pu administrer des laboratoires, faire
travailler des équipes. Cela concernait la fabrication et la confection
des prothèses dentaires. C'était l'objectif du cours qui
était donné. Si l'objectif a été modifié et
qu'il apparaît comme tel dans la publicité que fait le
collège
Edouard-Montpetit, je pense que c'est de la fausse représentation
par rapport à ce qui existait dans les objectifs primordiaux. Dans les
circonstances actuelles, le collège Edouard-Montpetit, même s'il
voulait faire dévier le programme vers un enseignement de denturologie,
n'a pas le personnel qu'il faut, n'a pas les professeurs pour les amener
à faire véritablement de la clinique de ce
côté-là. Si les tendances visent à se
départir des objectifs du départ, je pense qu'une enquête
devrait être faite pour tirer les choses au clair.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement dire, pour l'information des
membres de la commission, M. le Président, que le CEGEP
Edouard-Montpetit a demandé à être entendu par la
commission. Alors, il sera possible, compte tenu des commentaires du docteur
Lussier, de faire le point sur cette question lors d'une séance
ultérieure de la commission.
M. LUSSIER: Je voudrais simplement ajouter que l'Université de
Montréal a été pressentie par le CEGEP Edouard-Montpetit
pour fournir certains enseignements et nous avons accepté de leur donner
deux cours: un cours d'anatomie et un cours de pathologie.
Ce sont des professeurs de la faculté qui vont leur donner ces
cours avec une permission qui vient de l'université même, car il
s'agissait là d'un précédent qui, du moins, dans la
région de Montréal, n'était pas connu que les professeurs
d'université aillent enseigner dans les CEGEP. Parce que, d'après
la loi, c'étaient deux niveaux qui étaient bien tranchés,
bien distincts l'un de l'autre et il n'est pas censé y avoir
d'échange qui se fasse, en tout cas, au niveau de la
périphérie des institutions.
Nous avons voulu rendre la chose aussi légale et aussi formelle
que possible. C'est par une entente que l'Université de Montréal
a accepté en haut lieu que nos professeurs ont pu aller donner cet
enseignement au CEGEP Edouard-Montpetit.
M. LE PRESIDENT: Merci, Dr Lussier. Maintenant, nous entendrons les
représentants de l'université Laval. Est-ce qu'ils sont ici? Dr
Ratté?
Faculté dentaire de l'université
Laval
M. RATTE: Dr Ratté, oui. M. le Président, le poulet a
été bien plumé depuis le matin et j'ai très peu de
chose à ajouter...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous lever votre micro un peu, s'il vous
plaît?
M. RATTE: J'ai peu de choses à ajouter. Il nous semble je
n'entre pas dans les détails de la loi que le code des
professions ne tienne pas compte de la formation de chacun des professionnels
qui composent les professions. Mes confrères et moi aurions voulu que
les professions soient groupées suivant leur formation, qu'on groupe les
professions de la santé, les professions de la construction, les
professions légales ou les professions à fonction
économique. De cette façon, il pourrait être
créé entre le gouvernement, entre le ministère des
Affaires sociales, un dialogue qui serait fait par l'intermédiaire d'un
conseil supérieur de la santé comme nous avons le Conseil
supérieur de l'éducation.
C'est un des points qui n'ont pas été touchés, ce
matin, par les confrères qui ont parlé avant moi. Nous sommes
parfaitement d'accord sur la question des denturologues, parce que le
mémoire, dont le docteur Lussier vient de vous donner le
résumé, a été approuvé aussi par notre
faculté dentaire. Nous avons suggéré que soit formé
du personnel auxiliaire qualifié pour aider les dentistes à
rendre un plus grand nombre de services. Nous avons suggéré aussi
que soient créées, dans les grands centres, des cliniques
dentaires, comme il en existe dans d'autres provinces, où des dentistes
et des techniciens dentaires peuvent produire des prothèses à bon
compte pour une partie de la population qui est moins fortunée ou
même pour les assistés sociaux.
C'est une solution de rechange que nous avons voulu proposer. La chose
existe dans d'autres provinces, et je suis convaincu que la profession, nos
universités seraient prêtes à coopérer avec le
gouvernement pour étudier ce problème, de cette façon, et
résoudre le problème de la prothèse pour le moins
nantis.
Ce sont les seules remarques que j'ai à ajouter, messieurs,
à tout ce qui a été dit ce matin.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions?
M. CASTONGUAY: D'abord, je voudrais remercier le Dr Ratté.
J'aurais simplement deux commentaires à faire. Je voudrais rappeler
l'existence du Conseil des affaires sociales et de la famille, qui compte des
médecins, des membres d'autres professions de la santé et qui a
tous les pouvoirs pour former des comités pour étudier des
questions particulières, au besoin, ce qui rejoint, je crois, l'esprit
de la recommandation formulée dans le présent mémoire.
Quant au dialogue avec les corporations professionnelles, nous avons
institué un programme de rencontres avec le Collège des
médecins, il y a maintenant plus d'un an. Ces rencontres
périodiques, s'étant avérées
bénéfiques, nous avons fait de même avec le Collège
des chirurgiens dentistes, le Collège des pharmaciens. Nous avons eu une
première rencontre au cours des dernières semaines. Et de l'avis
même des représentants du collège, ces rencontres devraient
se poursuivre. Nous partageons cet avis.
Alors, quant à la nécessité d'établir un
dialogue plus suivi, nous en sommes et nous avons pris l'iniative, justement,
de poser des gestes pour que ceci devienne une réalité.
C'étaient les deux seuls commentaires que je voulais faire à ce
moment-ci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un mot, M. le Président. J'ai
noté, dans ce que le Dr Ratté vient de dire, deux suggestions qui
méritent d'être retenues, à mon sens. D'abord le groupement
des professions d'après le genre de services rendus à la
population. Il en avait déjà été question devant la
commission au moment où certains groupes de professionnels sont venus.
Il y a les professionnels de la santé, mais il y a ceux de
l'économique, il y a ceux de la comptabilité. C'est une
suggestion, je pense, qui mérite d'être explorée
davantage.
Il y a aussi la création de cliniques de prothèses
publiques tenant compte, par exemple, des observations qui ont
été faites, ce matin, à savoir qu'il ne devait pas y avoir
deux sortes de qualité de soins ou de services rendus à la
population, non pas une qualité de services inférieurs pour les
assistés sociaux. Je pense bien que, dans les autres secteurs de la
santé, les assistés sociaux reçoivent la même
qualité de services. Il faudrait prendre soin, par ces cliniques de
prothèses, ces cliniques populaires, que la qualité des services
rendus soit égale même si elle est à coût
inférieur.
C'est cela que vous visez particulièrement, mais il faut que la
qualité y soit. Ce sont les commentaires que je voulais faire.
M. RATTE: Oui. Nous considérons que, dans une clinique comme il
en existe d'ailleurs, les mêmes services, avec la même
qualité, peuvent être rendus dans une clinique, mais par le fait
que c'est du personnel qui ne fait que ce travail et qui ne fait pas d'autre
travail dentaire, qui ne fait que du travail de prothèse, il peut
produire plus et à meilleur compte.
M. LE PRESIDENT: Merci Dr Ratté La commission ajourne ses travaux
au 15 juin, à 10 heures du matin.
(Fin de la séance à: 12 h 50)