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Commission permanente de la Santé
Crédits du ministère de la
Santé
Séance du mercredi 15 juillet 1970
(Onze heures vingt-trois minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente de la
Santé): Crédits du ministère de la Santé. Avant
d'entreprendre l'article 1, le ministre a-t-il une déclaration à
faire? Je ne sais pas si vous voulez comme hier, faire une déclaration
générale ou commencer l'étude des crédits article
par article.
M. CASTONGUAY: M. le Président, hier le député de
Montmagny a suggéré qu'on fasse un tour d'horizon avant de passer
à l'étude détaillée des crédits. Pour moi,
c'était ma première expérience, c'est une
procédure qui m'apparaît intéressante je serais
prêt à procéder de la même façon aujourd'hui,
si les membres de la commission le désirent. Ce tour d'horizon s'est
fait à partir de questions des membres de la commission. Au lieu de
faire une déclaration ou un exposé, je serais prêt à
procéder de la même façon qu'hier.
Hier également au début de la séance, j'ai
présenté les fonctionnaires du ministère de la Famille et
du Bien-Etre social. Ce matin, avec votre permission, je vous
présenterai les fonctionnaires du ministère de la Santé.
Je vais leur demander de se lever lorsque je nommerai leur nom.
J'ai à ma gauche ici le docteur Jacques Brunet, le sous-ministre,
M. Jean-Paul Marcoux, sous-ministre adjoint et directeur général
de l'assurance-hospitalisation, le docteur Gilles Lambert, directeur adjoint de
la direction générale de la psychiatrie le docteur
Dominique Bédard, étant en vacances M. Jean-Pierre
Fournier, directeur des finances à la direction générale
de la psychiatrie, M. Jules Lavoie, directeur des finances à la
direction de l'assurance-hospitalisation, le docteur Jean-Marc Fre-nette,
directeur du registre de la population, M. Louis-Philippe Langlois, directeur
du service des études techniques et d'approbation des plans
d'hôpitaux, le docteur François Gagnon, service d'études
techniques et d'approbation des plans d'hôpitaux, M. Robert Bernier,
directeur des ententes fédérales-provinciales, M. Gérard
Gagnon, comptable en chef, M. Jean-A. Roy, directeur général de
l'hygiène du milieu, M. Adrien Gaumont, direction générale
du personnel, M. René LeCarpentier, direction générale du
personnel, M. Paul-D. Trudel, ententes fédérales-provinciales,
enfin, M. Maurice Roy, secrétaire du comité des finances.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous retenons la
même formule que celle adoptée hier pour l'étude des
prévisions budgé- taires du ministère de la Famille et du
Bien-Etre. Nous avions fait d'abord, durant quelques heures, un tour d'horizon
du ministère à partir de questions générales. Et,
comme l'a dit le ministre c'était une expérience qui avait
été tentée précédemment et qui s'est
toujours avérée, je crois, la meilleure formule. Cela permet de
procéder plus rapidement à l'étude, article par article,
d'autant plus que dans le contexte actuel, c'est un budget qui avait
été préparé et qui a subi certaines modifications
que nous discuterons. Pour ma part, je suggère que nous adoptions encore
cette méthode et je ne crois pas que les autres groupes de ce
côté-ci de la table, aient objection.
Je remercie le ministre de nous avoir présenté
l'équipe des hauts fonctionnaires du ministère de la Santé
qui l'accompagnent. Comme je l'ai dit hier, c'est une occasion importante pour
eux, de prendre connaissance de l'ensemble du ministère parce que dans
leurs fonctions précises ils sont appelés à diriger
ils ont des responsabilités dans un secteur particulier du
ministère. L'étude des prévisions budgétaires
à laquelle ils assistent leur permet de prendre la dimension de tout le
ministère auquel ils appartiennent.
Fusion des deux ministères
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, les questions
générales que l'on peut poser au ministre et sur lesquelles
peut-être sans entrer dans trop de détails, il y aura moyen
d'étudier article par article et d'obtenir certains détails plus
précis. Mais la discussion de ce matin prendra une allure plutôt
générale. La première question a été
traitée hier. Il est peut-être bon d'y revenir très
succinctement afin que tous ceux qui sont ici, les fonctionnaires
particulièrement, entendent la déclaration du ministre. C'est une
déclaration qui les touche de très près. Il s'agit de la
fusion des deux ministères. Le ministre n'a pas besoin de
répéter évidemment tout ce qu'il a dit hier, chacun pourra
consulter le journal des Débats. Mais j'aimerais, pour les fins de
l'étude des prévisions budgétaires du ministère de
la Santé, qu'il nous résume la déclaration qu'il nous a
faite hier sur son intention bien arrêtée de créer un
ministère des Affaires sociales sous lequel seront regroupés le
ministère de la Santé, le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, et qui ajouteront à sa responsabilité d'autres
organismes comme la Régie des rentes.
M. CASTONGUAY: M. le Président, à la question de savoir si
l'intégration des deux ministères se produirait ou serait
réalisée ou non, ou si on emploierait une autre formule,
c'est-à-dire celle peut-être d'un coordonnateur, je dois dire que
c'est notre intention d'intégrer les deux ministères, tout en
tenant bien compte du fait que cette intégration doit, d'une part,
s'effectuer graduellement ou de façon très bien
préparée, de telle sorte que l'action des deux ministères
puisse se poursuivre. Je dois dire, deuxièmement, qu'une telle
intégration amène nécessairement un certain nombre de
changements dans les structures, dans les fonctions, dans les
responsabilités du personnel. Il faut donc s'assurer, au moment de ces
changements, que les hauts fonctionnaires et le personnel du ministère,
ou des deux ministères, puissent continuer à assumer des
responsabilités à un niveau aussi élevé que celles
qu'ils pouvaient assumer avant l'intégration.
Il y a donc à la fois une grande nécessité de
procéder avec une certaine diligence, d'une part, et, d'autre part, il
faut s'assurer que les deux ministères vont continuer à
fonctionner efficacement. Il faut également s'assurer que les
changements au plan du personnel, des responsabilités et des fonctions
n'auront pas pour effet d'enlever quoi que ce soit à la motivation du
personnel.
La raison majeure de cette intégration, je l'ai mentionnée
hier, c'est qu'il semble de plus en plus difficile d'établir des
frontières disons entre les services de santé et les services
sociaux. Par exemple, j'ai simplement mentionné hier la question des
personnes placées en institution. A un certain moment, pour un groupe de
personnes, on peut n'avoir qu'une fonction d'hébergement dans une
institution, mais avec le passage des années, bien souvent, on constate
que ce même groupe a vieilli et nécessite un niveau de services
différents, plutôt que les simples services
d'hébergement.
Dans d'autres secteurs, il y a d'autres problèmes. La distinction
entre services sociaux et services de santé devient extrêmement
artificielle et difficile à tirer. Je pense par exemple, à
l'enfance inadaptée ou à certains problèmes qui se posent
dans ce secteur. Il y a donc une première nécessité
à ce plan.
De même, étant donné que l'action, les politiques ou
les programmes des ministères de la Santé et de la Famille et du
Bien-Etre social doivent être coordonnés avec les programmes
d'autres ministères je pense en particulier au ministère
de l'Education, aux programmes du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre il est nécessaire que cette intégration,
à tout le moins des deux ministères, se fasse de telle sorte que
la coordination et l'orientation des politiques de ces deux ministères
avec les politiques et les programmes des autres ministères puissent
s'effectuer.
Il y a aussi dans cette opération un danger qui a d'ailleurs
été souligné hier. C'est que nous en arrivions à
une structure monstre ou à un ministère trop gros et qui devienne
difficile à administrer et perde également contact avec la
population. D'autant plus que les services dispensés ou qui sont la
responsabilité des institutions ou des agences qui relèvent du
ministère doivent être très adaptés aux besoins des
diverses populations. Cette intégration des deux ministères devra
accompagner, lorsque le mouvement n'est pas commencé, ou encore
accentuer le processus de régionalisation, avec délégation
de pouvoirs de décision, lorsque nécessaire, au niveau soit
régional, soit local.
Enfin, dans certains cas, étant donné qu'à notre
avis un ministère de services comme celui dont nous parlons doit
plutôt concentrer son action au niveau de la recherche, de la
planification, de la programmation, du financement, de l'établissement
de normes, de l'évaluation du rendement des programmes, c'est aussi
notre intention de reporter certaines activités de nature administrative
à d'autres organismes, pour reprendre l'idée du
député de Montmagny, à la Régie des rentes du
Québec, pour en nommer un spécifiquement.
De la sorte, dans les fonctions purement administratives ou
l'application de lois nécessitent plutôt des fonctions
administratives, mais dans lesquelles les orientations ou l'application de ces
lois sont fixées de façon très claire et précise
dans la législation, le ministère sera soulagé de ces
fonctions et pourra concentrer son action au niveau des fonctions que je viens
d'énumérer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y aurait d'autres organismes que
ceux de la Régie des rentes et la nouvelle Régie de
l'assurance-maladie qui pourraient tomber sous la responsabilité de
coordination du ministre de la Santé et du ministre de la Famille?
M. CASTONGUAY: Vous savez qu'au cours du débat de deuxième
lecture ou au moment de l'étude en commission, nous avons discuté
de la couverture des soins en vertu de la Loi des accidents du travail. Nous
avons dit que le transfert de cette couverture à la Régie de
l'assurance-maladie ou au régime de l'assurance-maladie n'avait pu
être effectué, à cause du temps disponible depuis la
formation du gouvernement, mais que c'était une quesion que nous
voulions étudier afin de proposer, aussi rapidement que possible, un
transfert de cette couverture d'un régime à l'autre. C'en est un
exemple. Il y en aura sans doute d'autres.
M. LAURIN: Depuis l'adoption du régime d'assurance-maladie, nous
nous trouvons devant deux grands programmes d'assurance: l'assurance-maladie et
l'assurance-hospitalisation. Un de ces régimes a...
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le député de Bourget me le
permet, pour finir la première question, ce que le ministre vient
d'expliquer l'intégration des deux ministères, va entraîner
des problèmes de restructuration du ministère. Je pense donc
qu'on devrait traiter tout de suite des problèmes de rectructuration en
fonction du ministère de la Famille et du Bien-être,
quitte à attaquer ensuite le sujet de la politique globale du
ministère de la Santé. Une des étapes importantes a
été le régime d'assurance-maladie. Si le
député de Bourget n'a pas d'objection...
M. LAURIN: C'était au point de vue des structures.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au point de vue des structures.
Régimes d'assurance
M. LAURIN: Je voulais souligner que, depuis l'adoption de cette loi,
nous nous trouvons devant deux grands régimes d'assurance, un qui touche
à l'hospitalisation et l'autre qui touche à la maladie.
Un des systèmes sera administré par une régie plus
ou moins autonome bien qu'elle ait des rapports étroits avec le
gouvernement, alors que l'autre régime d'assurance est administré
directement par le ministère. Nous savons que, dans d'autres pays, ces
deux grands systèmes d'assurance -hospitalisation et d'assurance-maladie
sont régis par un même organisme qui a des relations à
déterminer avec l'Etat. Est-ce l'intention du ministère de
rassembler, un jour, dans une même régie, dans un même
organisme de direction, ces deux grands régimes d'assurance afin de
faciliter la coordination entre ces deux régimes, puisque tous les deux
s'inscrivent sous le signe de l'assurance?
M. CASTONGUAY: Dans le cas de l'assuran-ce-hospitalisation, comme vous
le savez, le ministère finance les opérations des hôpitaux.
Ces hôpitaux et ces institutions ont un large degré d'autonomie.
Il devenait possible que cette fonction de financement, avec tout ce qui s'y
rattache, puisse être assumée directement par le ministère
puisque cette fonction était liée directement à la
politique du ministère. La fonction administrative elle-même,
dépend de ces corporations hospitalières qui ont ce degré
d'autonomie auquel j'ai fait allusion. Dans les structures du ministère
il était possible d'assumer cette fonction tout en permettant aux
corporations hospitalières d'avoir voix au chapitre, de garder une
autonomie qui m'apparaît nécessaire dans tout le contexte dans
lequel nous vivons.
En ce qui a trait à l'assurance-maladie, étant
donné que, nous touchons là plutôt à des individus
qui doivent négocier avec l'Etat et à des individus qui ont un
statut on en a discuté lors de la Loi de l'assurance-maladie
provenant du caractère de leurs activités
professionnelles, un statut qui est différent de celui des
employés salariés dans le domaine des relations de travail. Il
est apparu nécessaire de faire administrer ce programme par une
régie afin que, dans l'application de l'assurance-maladie, une certaine
représentation soit possi- ble, une certaine participation des parties
intéressées soit possible. Alors que dans le cas des
hôpitaux, cette participation ou ce contrepoids pouvait être
effectué au niveau des corporations hospitalières et surtout, par
le degré d'autonomie qui en résultait.
C'est ce qui explique que l'on ait deux programmes et deux structures
différentes. On n'a qu'à se reporter quelque peu en
arrière, pour constater qu'en ce qui regarde le domaine de la
santé, les choses ont évolué assez rapidement; elles n'ont
pas fini d'évoluer.
Au plan purement théorique ou plan d'une recherche
d'efficacité administrative, je crois qu'il est exact de dire que
l'intégration des deux programmes faciliterait les choses. Mais je crois
qu'il est extrêmement important de s'assurer qu'au-delà de cette
recherche d'une efficacité administrative on évolue graduellement
et que la motivation des personnels soit soutenue, que leur participation soit
assurée et que le statut des institutions comme des individus ne soit
pas brusquement modifié.
Je suis assuré que pour l'avenir, il y aura une meilleure
coordination, ou une certaine intégration entre les deux programmes. Par
quels mécanismes, exactement? Je crois que l'on peut en imaginer un
certain nombre. Je sais que la commission d'enquête sur la santé
et sur le bien-être social s'attarde sur cette question et fait des
propositions assez précises. Je crois que ce sont des propositions ou
que c'est un problème qui ne peut être résolu que
graduellement, pour les raisons que je viens de mentionner.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parlé surtout du plan
administratif, concernant ce rapprochement possible ou cette intégration
partielle et désirable de ces deux programmes. Je sais que le ministre
ne peut pas engager le gouvernement à ce moment-ci, c'est une
décision collective, mais est-ce que la possibilité de modifier
le système de financement des coûts de l'assurance-hospitalisation
pourrait être étudiée et aussi, apporter un critère
d'assurance, dans un système de financement de
l'assurance-hospitalisation? On sait que tout le coût actuel de ce
programme est financé au moyen des revenus généraux du
gouvernement. Est-ce que cela irait jusqu'au plan du financement du programme,
en plus du rapprochement administratif des deux programmes?
M. CASTONGUAY: Lorsque nous avons étudié la Loi de
l'assurance-maladie, on a vu qu'il y avait une distinction très nette
qui avait été étab ie entre la couverture par le
régime d'une part et le mode de financement d'autre part. Tout
résident du Québec est couvert par le régime
d'assurance-maladie, qu'il paie des contributions ou non, même s'il est
inscrit ou non. S'il n'est pas inscrit, des pénalités peuvent
être prévues mais la couverture est assurée à tous
les
résidants du Québec. On a donc une couverture analogue
à celle de l'assurance-hospitalisation. Au plan du financement, dans le
cas de l'assurance-maladie, nous avons dit qu'il nous apparaissait important de
fixer, dans une certaine mesure, pour la personne mariée, pour le
célibataire, en tenant compte des proportions, et également pour
les travailleurs salariés, pour les travailleurs autonomes, un certain
coût pour ce régime et d'adapter ces coûts à la
capacité de payer des individus. Par exemple, si l'on part du niveau de
$15,000 ou de $25,000, pour un travailleur autonome, et si l'on tombe
jusqu'à un niveau de $2,000 ou de $4,000 là, il n'y a plus de
contribution à payer. Dans le cas de l'assurance-hospitalisation, en
1960 ou 1961, on avait choisi de financer cette mesure d'une façon tout
à fait dissociée, par les impôts généraux,
par le système général de la fiscalité.
Est-ce qu'il y aurait lieu de réintroduire un tel mode de
financement ou d'introduire un mode de financement analogue à celui de
l'assurance-maladie? Je crois qu'il y a là deux questions.
Cette question-là d'abord, à mon avis, devrait être
abordée dans le contexte d'une certaine réforme de la
fiscalité, parce que, si on transférait le financement de
l'assurance-hospitalisation à un système de contributions, comme
dans le cas de l'assurance-maladie, il faudrait, dans la même mesure,
soulager les contribuables de telle sorte qu'ils ne paient pas deux fois,
qu'ils ne continuent pas de payer le même niveau d'impôt et en
même temps payer de nouvelles contributions. Je pense que nous sommes
passablement d'accord sur ce point. Il faudrait donc envisager cette
possibilité au moment d'une certaine réforme de la
fiscalité.
Deuxièmement, dans le cas de l'hospitalisation, les coûts
sont extrêmement élevés comparativement aux coûts des
soins médicaux et des autres soins. Extrêmement... Bien ils sont
plus élevés. Est-ce qu'il serait possible de transférer
ces coûts à un système de contributions tout à fait
autonome? Il pourrait en résulter des primes passablement
élevées. En plus, nous touchons aussi un autre problème.
Nous avons discuté hier des institutions privées; plus tôt,
ce matin, nous avons discuté des services institutionnels qui,
présentement, se divisent entre le secteur bien-être, le secteur
santé, où les lignes de démarcation devront, dans
l'avenir, s'estomper graduellement pour éventuellement peut-être
disparaître.
Alors un système qui identifierait trop
précisément, dans son financement, un groupe particulier
d'institutions, pourrait contribuer, comme je crois que cela a
été l'expérience de l'assurance-hospitalisation au cours
des dernières années, à un développement
peut-être trop important d'un type de ressources institutionnelles par
rapport à d'autres types de ressources institutionnelles.
Sur ce point-là donc, d'un financement qui s'apparenterait au
financement de l'assurance- maladie, pour l'assurance-hospitalisation, j'ai
encore beaucoup de points d'interrogation et, à mon avis, la question ne
pourrait être abordée que dans le contexte d'une réforme
fiscale et, aussi, lorsqu'un certain nombre de gestes auront été
posés et un certain nombre de décisions auront été
prises en ce qui a trait au développement des ressources
institutionnelles aussi bien dans le domaine de la santé que dans le
domaine du bien-être social.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a apporté des arguments
sérieux qui retiennent son attention, qui me paraissent pas des
objections définitives, mais qui mériteraient davantage de
pousser les études. Je ferai remarquer au ministre que, dans tous ces
grands programmes qui vont relever de lui, l'assurance-maladie est
financée au moyen d'un système de contributions et aussi une
partie importante, dont 50 p.c, provient du fédéral à
même les impôts généraux. Il y a le programme de la
Régie des rentes qui est financé par un système de
contributions, un système d'assurance. Il a fait allusion aussi aux
accidents de travail qui ont ce caractère d'assurance parce qu'il y a
une contribution des employeurs et des employés. Il reste donc, dans
tout cet éventail, de grandes mesures qui relèvent... de grands
programmes qui relèvent de son ministère:
l'assurance-hospitalisation.
Je comprends que, pour les raisons qu'a énoncées le
ministre, il a certaines hésitations pour les motifs qu'il a
mentionnés; en particulier, que le secteur institutionnel inclus, ou
directement impliqué dans ce régime ait un développement
qui soit fait au détriment d'autres services, alors que les trois autres
programmes s'appliquent davantage à la personne et ne mettent pas en
cause les institutions.
De toute façon, je crois que la question mérite
d'être étudiée. Le ministre a une autre observation
à faire?
M. CASTONGUAY: Si vous me le permettez, il y a un autre
élément dans cette question. Lorsque nous discutons
d'assurance-maladie dans le cadre des expressions utilisées ici, le
régime d'assurance-maladie vise à rémunérer des
personnes, des travailleurs. Alors, le niveau de rémunération de
ces travailleurs, à moins que dans certains secteurs il y ait du
rattrapage, normalement, ne devrait pas s'écarter pour l'ensemble des
professionnels protégés de la hausse générale des
revenus. On sait également que nous sommes dans un système
d'impôts qui, malgré ses déficiences, présente un
caractère de progressivité. Alors, à mesure que les
revenus augmentant, les rendements en contributions vont augmenter, et, quant
aux paiements aux professionnels, il va être possible de maintenir un
certain équilibre.
Ce caractère donc, en ce qui a trait à
l'assurance-maladie, on le retrouve en ce qui a trait au régime des
rentes. Il permet d'identifier
des coûts. Que la population soit raisonnablement consciente de la
progression de ces coûts et si elle demande des services en
quantité plus grande, il est possible d'évaluer ce qu'il en
coûte dans l'ensemble, et on sait à l'avance qu'il va y avoir une
certaine relation avec l'évolution des revenus.
Dans le cas de l'hospitalisation, on est en dehors, dans une certaine
mesure, dans une large mesure, d'accord. Les frais d'hospitalisation vont, ou
les coûts de l'assurance-hospitalisation, vont au paiement du personnel.
Mais ce paiement de personnel, même s'il représente une portion
assez élevée des coûts, est aussi lié à bien
d'autres éléments, c'est-à-dire le développement du
réseau et l'évolution du nombre de personnes requis pour le
traitement des patients. On sait, par exemple, qu'il y a quinze ou vingt ans,
le chirurgien n'était assisté peut-être que de deux ou
trois personnes, une ou deux personnes, même pour une opération
assez sérieuse. Aujourd'hui, l'équipe est beaucoup plus
nombreuse. Avec ces transformations du système, avec le
développement des ressources, on a vu, au cours des neuf ou dix
dernières années, les coûts de l'hospitalisation
augmentés à un rythme beaucoup plus rapide que l'évolution
des revenus.
En 1961, si on avait voulu, par exemple, lier les coûts de
l'hospitalisation à un système aussi rigide que dans le domaine
de l'assurance-maladie, graduellement, il y aurait eu deux choix à faire
éventuellement: soit, hausser rapidement le niveau des taux de
contributions ou encore, assumer graduellement une partie décroissante
du coût du régime. Et là, à partir du moment
où on assume une partie décroissante du coût du
régime, un des principaux motifs vient de disparaître, soit celui
d'identifier les coûts; que la population en soit consciente et qu'elle
les assume directement par une contribution identifiée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais ajouter, M. le Président,
ceci: ce financement partiel... Parce que même dans l'assurance-maladie
il y a un financement direct par contribution, mais il y a aussi un financement
à même les impôts généraux, la partie qui
vient du gouvernement central. Il y a aussi les personnes à faibles
revenus qui ne contribuent pas au régime. Alors, le régime se
trouve à financer autrement la participation de ces gens à
faibles revenus. Dans le régime de rentes, on peut faire les mêmes
considérations sauf que la partie de contribution fédérale
ne s'applique pas. Dans ce critère de financement, par une contribution
directe, même si ce n'est pas au total, parce que je comprends qu'il
s'agit ici d'un budget dans l'assurance-hospitalisation de $636 millions, s'il
fallait imposer un système de primes pour financer une telle somme, je
pense que le montant serait onéreux et la contribu- tion sera t trop
élevée pour nombre de familles et nombre de contribuables.
Mais nême si le prix des chambres privées et
semi-prrvées a ce caractère de contribution personnelle,
et on peut l'assimiler facilement à des fra s modérateurs
il reste qu'on pourrait chercher et sur cela, je retiens les objections du
ministre, et je voudrais savoir si les études se poursuivont pour
connaître quelles seraient les possibilités de transformation, non
pas radicale, mais mitigée de ce système de financement de
l'assurance-hospitalisation, afin que la population se rende bien compte que
l'utilisation qu'elle fait de ces services, c'est en définitive elle qui
la paie. Quand elle la paie au moyen de fonds généraux, des
impôts qui s'en vont, comme pour l'éducation, dans le fonds
général, l'appréciation est moins directe, mais il peut se
produire plus facilement des abus alors que, lorsqu'il y a, même si elle
n'est pas totale, une contribution exigée pour un service donné,
cela sert, en même temps, de frein modérateur.
Ce n'est pas mon intention d'obtenir aujourd'hui du ministre une
réponse définitive, mais je pense que le problème vaut la
peine d'être étudié. J'ai eu d'ailleurs l'occasion d'en
discuter avec lui à quelques reprises, au moment où il
était président de la commission. Je sais que c'est un domaine
où il vaut la peine de réfléchir et de voir, dans le
contexte général de la réforme de la fiscalité,
s'il n'y a pas là des modifications à apporter. D'autant plus que
deux commissions ont siégé sur des problèmes particuliers
dans le domaine des institutions hospitalières. La commission Trahan,
à deux reprises, a enquêté sur deux hôpitaux en
particulier. Elle a fait des recommandations non pas sur la question du
financement, mais sur une régie des hôpitaux. Je sais que le
ministre ne peut pas actuellement, s'engager là-dessus non plus, mais,
à l'occasion d'une transformation possible d'organismes administratifs,
ce serait aussi l'occasion de revoir la question du financement de
'assurance-hospitalisation.
M. le Président, voici ma première question: La fusion des
deux ministères, et la possibilité, dont not s assure le
député de Bourget, d'agencer ou d'intégrer davantage ces
deux programmes, l'assurance-hospitalisation et l'assurance-maladie, nous
amènent aux structures du ministère, indépendamment de ce
que nous venons de discuter, même s'il n'y a pas de transformation
radicale. J'imagine que même à l'intérieur du
ministère, étant donné que la restructuration du
ministère de la Santé est un problème d'actualité,
qui a déjà fait l'objet de beaucoup de discussions entre les
officiers supérieurs du ministère et les ministres
précédents, je pense bien, dis-je que le ministre a l'intention
de donner suite à ces travaux commencés. Sans doute a-t-il
l'intention de restructurer le ministère de la Santé, d'abord
pour lui-même, à l'intérieur du ministère, et aussi
en tenant compte de l'intégration future des deux minis-
tères, c'est-à-dire en tenant compte de l'organigramme du
ministère de la Famille.
Est-ce que le ministre pourrait élaborer un peu sur la
restructuration possible du ministère de la Santé, dire quelles
sont les différentes étapes qu'il entrevoit et quel est le moment
où il pourra annoncer une restructuration totale du
ministère?
M. CASTONGUAY: II y a quelques aspects à cette question. Vous
savez que les deux ministères fonctionnent en vertu de deux lois
organiques distinctes. Il y a donc un problème qui se pose au plan
législatif. Il faudra modifier les deux lois de telle sorte que, si un
ministère des Affaires sociales, par exemple, est établi, une loi
soit préparée pour ce ministère. Cela, c'est sur le plan
législatif.
Au point de vue administratif, j'ai par ailleurs mentionné hier
que les structures du ministère de la Famille et du Bien-Etre sont, dans
leur conception, bien différentes de celles du ministère de la
Santé. Le ministère de la Santé a des structures qui de
façon générale, sont identifiées à des
programmes. Vous avez par exemple, tout le service de
l'assurance-hospitalisation. Alors, l'assurance-hospita-lisation, c'est un
programme.
Vous avez également les services psychiatriques qui ont leur
propre réseau d'hôpitaux, qui financent également les
départements psychiatriques dans d'autres hôpitaux. Encore
là, vous avez un programme de services psychiatriques qui est
administré, au niveau du ministère, par les services
psychiatriques. Vous retrouvez la même chose en ce qui a trait aux
unités sanitaires, etc.
Du côté du ministère de la Famille et du Bien-Etre,
vous avez des structures qui, à partir de celles qui existaient, il y a
quelques années, ont évolué graduellement vers des
structures que je qualifierais de fonctionnelles. A titre d'exemple, vous avez
une direction générale des finances, une direction
générale de la planification et de la recherche. Avant de penser
en termes d'intégration, je crois qu'il serait nécessaire
d'harmoniser dans une certaine mesure, les structures des deux
ministères, pour nous diriger graduellement vers des structures
fonctionnelles. Un trop brusque changement pourrait créer une certaine
panique je l'ai mentionné plus tôt au niveau des
relations humaines, des relations de travail, de la motivation du personnel, de
la sécurité. Il faut continuer de fonctionner.
Il y a donc du côté du ministère de la Santé
un certain nombre d'étapes à franchir. C'est dans ce sens que
j'ai mentionné hier que nous avions retenu les services d'un conseiller
en administration, M. Page, qui a déjà fait des travaux dans
l'élaboration, la mise en place de la Régie de
l'assurance-maladie, et qui s'est acquitté de ses fonctions de
façon excellente, qui a acquis, conséquemment, une certaine
connaissance du fonctionnement du ministère de la Santé. M. Page
a aussi travaillé pour le ministère de la Fonction publique. Il a
assumé divers mandats, par exemple, un dans l'établissement du
centre de traitement électronique des données. Il connaît
assez bien les organismes gouvernementaux, leur fonctionnement. C'est dans ce
sens que les services de M. Page ont été retenus et qu'au
début, son travail consistera plutôt à me conseiller et
à conseiller les officiers du ministère, dans le but de modifier,
de s'engager dans ce processus de modifications des structures du
ministère de la Santé qui, elles, n'ont pas évolué
comme celles du ministère de la Famille et du Bien-Etre social, au cours
des dernières années. C'est la première étape qu'il
m'apparaît important de franchir.
Combien de temps cela prendra-t-il exactement? Je ne suis pas en mesure
d'y répondre, étant donné que sur certains plans on voit
la nécessité de procéder avec une certaine hâte, et
sur d'autres plans, on voit la nécessité d'y aller avec une
certaine prudence.
M. LAURIN: Plusieurs observateurs...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Dubuc a
demandé la parole; je ne sais pas si c'est sur le même sujet.
Autonomie des hôpitaux
M. BOIVIN: Lorsque vous parlez de l'assurance-hospitalisation, vous
insistez beaucoup sur l'autonomie. Les fédérations qui ont le
devoir de négocier leur convention collective ne doivent-elles pas jouir
aussi, d'une certaine autonomie dans l'organisation professionnelle, dans la
façon de poser des actes médicaux, en vertu du bill 8? Lorsque
vous parlez d'assurance-hospitalisation, vous avez toujours parlé d'une
plus grande autonomie dans les hôpitaux. Alors, est-ce que les
fédérations qui ont à négocier les conventions
collectives n'auront pas une certaine autonomie?
M. CASTONGUAY: J'ai dit que dans le système hospitalier actuel,
par le maintien des corporations hospitalières, les administrations
hospitalières ont retenu un certain degré d'autonomie.
Evidemment, à partir du moment où le gouvernement a assumé
la presque totalité des coûts de fonctionnement, le gouvernement a
son mot à dire dans la détermination des objectifs, dans
l'établissement de normes, dans l'établissement de certains
contrôles, en vertu de la Loi des hôpitaux, de la
réglementation; alors, il est demeuré un certain degré
d'autonomie.
Quant à l'assurance-maladie, justement pour respecter cette
nécessité que les professionnels retiennent un degré
d'autonomie compatible avec la nature de leurs activités, leur
régime a
été conçu de telle sorte que, premièrement,
les attributions qui appartenaient au collège continuent d'appartenir au
collège, c'est-à-dire celles qui touchent à
l'activité professionnelle proprement dite, à la
déontologie, à la discipline.
Deuxièmement, en ce qui a trait à la fixation des
conditions de travail, à plus court terme, c'est-à-dire le niveau
des rémunérations, les relations avec la régie, le
paiement des honoraires, la conciliation des différends... ces questions
sont, soit l'objet de négociations qui se poursuivent
présentement, ou, en ce qui a trait aux différends, il y a eu un
mécanisme de prévu, de telle sorte que les différends
puissent être ventilés, discutés, analysés par les
commissions d'appréciation des différends.
C'est ce même désir de garder un degré d'autonomie
compatible avec la nature des activités des professionnels qui a fait
opter pour ce type de régime, tout comme le gouvernement
précédent avait opté pour un régime qui respectait
le droit à la négociation des professionnels.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
M. LAURIN: La question que je veux poser maintenant est difficile. Elle
touche à des aspects qui sont difficiles à pondérer, qui
font état d'un certain malaise, qui ont été souvent
soulignés par les observateurs de la chose médicale au
Québec. La question est celle-ci: il a semblé à plusieurs
personnes qu'il y avait une difficulté de coordination, ou de
concertation, entre les agents qui, au ministère, s'occupent de
l'administration des hôpitaux, et les autres, qui s'occupent de la
politique générale des hôpitaux.
Par exemple, si quelqu'un veut agrandir son hôpital, c'est d'abord
avec l'assurance-hospitalisation que les premiers contacts sont pris. Mais, on
se rend bien compte que ce n'est pas la fonction première des
autorités du service de l'assurance-hospitalisation. Pourtant ce sont
elles qui reçoivent d'abord ces demandes. Je sais qu'un organisme vient
d'être établi, l'organisme de planification des hôpitaux.
Mais on sent bien que c'est simplement pour répondre à des
difficultés concrètes qui ont été soulevées
justement par l'évolution de la situation hospitalière.
Je me demande s'il y a des études, ou des mesures, auxquelles on
a songé pour améliorer la coordination entre les organismes
administratifs, comme l'assurance-hospitalisation, chargée d'administrer
un régime, et les autres organismes, qui sont plutôt
chargés de la politique générale du ministère en ce
qui concerne l'implantation d'hôpitaux, mais aussi en ce qui concerne la
protection de l'ensemble de la population, pour une amélioration de
l'équipement sanitaire et une amélioration de la santé de
la population.
Je ne sais pas si ce malaise a été ressenti avec une
acuité égale, au sein du ministère, comme il a
été ressenti dans les hôpitaux ou chez ceux qui s'occupent
ou qui se sentent responsables des questions de santé au sein de la
population.
M. CASTONGUAY: Je pense que la source du problème parce
que je l'ai constaté également au cours de mes travaux au sein de
la commission d'enquête, on m'a fait part de ce genre de
représentations à plusieurs reprises provient du type de
structures à l'intérieur du ministère de la
Santé.
A mon avis, les fonctions d'un tel ministère, d'une façon
générale, sont les suivantes: un tel ministère doit
d'abord faire la recherche nécessaire pour savoir quels sont les
besoins, de quelle façon on peut y répondre, prévoir
l'évolution, mesurer l'évolution, faire des études de
nature épidémiologique, etc.
En plus de cette recherche, il faut également faire une
planification, non seulement au plan des ressources institutionnelles, mais
aussi au plan du développement des effectifs, des implications au plan
financier, de telle sorte qu'on puisse envisager des solutions, à plus
long terme, aux problèmes, voir dans quelle direction nous engagent
certaines initiatives qu'il pourrait être nécessaire de prendre,
s'assurer qu'il y a une répartition adéquate des ressources
financières entre les divers secteurs d'activité ou les divers
besoins. C'est la deuxième des fonctions.
La troisième des fonctions, est celle, de la programmation. Une
fois qu'on aura dépassé l'étape de la planification,
qu'est-ce qu'on fait dans le concret? Comment le fait-on? Comment aide-t-on les
organismes à se former, fonctionner? C'est la troisième fonction
celle de la programmation. Après cela, il y a celle du financement,
étant donné qu'au-delà des ressources humaines, ce sont
les ressources financières qui animent tout le système. Ce
système de financement ou cet aspect du financement doit être
cohérent dans l'ensemble des attributions du ministère, de telle
sorte qu'il ne se crée pas, à un certain moment, entre un
programme et un autre des illogismes, des contradictions. Et après cette
question de financement, intervient celle de l'évaluation des
résultats obtenus, de l'évaluation des rendements. Est-ce que
tous les organismes fonctionnent au même degré d'efficacité
ou d'inefficacité? Il faut l'évaluer. Il faut évaluer ces
rendements. En plus, il y a certaines autres fonctions connexes comme celles
des relations de travail qui touchent à la négociation celle de
la législation, celles des contrôles pour l'application de la
législation des normes.
Vous avez donc, une certaine série de direction et de fonctions.
A ces fonctions devraient correspondre des directions générales
et ces directions devraient assumer les responsabilités à
l'égard de tous les programmes. Présentement, lorsqu'on examine
les structures du ministère
de la Santé on s'aperçoit que les structures comme
je l'ai mentionné sont en vertu de programmes. Lorsqu'on veut
parler de financement, on peut en parler avec un certain nombre de personnes,
selon qu'on en parle pour un hôpital qui a l'aide de
l'assurance-hospitalisation ou qui relève des services psychiatriques ou
qui s'agit et cela devient plus complexe d'un service
psychiatrique à l'intérieur d'un hôpital
général, etc. Si on veut parler de développement de
ressources, le même problème se pose. Il y a le financement, il y
a la planification. Un des problèmes est celui-là, à mon
avis.
Deuxièmement, il y en a un autre. Dans le passé, les
corporations hospitalières étaient totalement autonomes je
remonte à une certaine époque . A ce moment-là,
chaque corporation décidait des services qu'elle voulait bien offrir
à la population, de la taille de son établissement, et c'est elle
qui faisait sa planification en fonction des besoins ou des exigences de son
milieu particulier.
Le maintien des corporations hospitalières malgré le fait
qu'aujourd'hui, il est clairement reconnu, que le ministère de la
Santé doit assurer des services à l'ensemble de la population,
malgré tout, le maintien des corporations hospitalières a
perpétué une espèce de système de planification qui
vient de la base.
Chaque hôpital veut et croit être en mesure de juger des
services qu'il doit offrir et de l'ampleur que ces services doivent prendre,
alors que cette fonction devrait normalement appartenir au ministère,
qui a la fonction, la responsabilité et lui seul l'a
d'assurer à l'ensemble de la population une gamme de services
adéquats. Pour assurer cette gamme de services, il faut voir au-dessus
d'une corporation, il faut voir l'ensemble des besoins de la population, voir
les ressources existantes, déceler les déficiences ou les
pénuries et les combler. Il va falloir également
transférer cette fonction de planification des unités ou des
corporations au sommet. Présentement, il y a eu une espèce
d'équilibre qu'on a voulu rejoindre. Les hôpitaux, après
avoir fait des plans d'expansion, de rénovation ou de modification de
leurs services, soumettent leurs plans au ministère. Là, il y a
une espèce de système de pression qui se met en marche
jusqu'à ce qu'une solution raisonnablement acceptable à toutes
les parties soit atteinte.
Il faut, à mon avis, changer ce système-là, ce qui
ne veut pas dire pour autant que les hôpitaux n'auront pas leur mot
à dire dans la planification, que les communautés locales
n'auront pas un mot à dire. C'est pourquoi j'ai mentionné la
nécessité qu'on régionalise les services et qu'il y ait
des structures régionales, de telle sorte que l'on ne décolle pas
cette fonction, qu'on ne la détache pas trop non plus des populations
dans chaque localité, dans chaque région.
M. LAURIN: J'aimerais aussi, M. le Président, attirer l'attention
du ministre de la Santé sur le caractère limitatif du mot
"assurance-hospitalisation". On sait très bien qu'avec
l'évolution des formules d'assistance médicale aussi bien que
psychiatrique, il est possible, pour ne pas dire beaucoup plus utile et
scientifiquement sûr parfois, de donner des services qui ne se dispensent
plus dans les hôpitaux. Je pense, par exemple, aux cliniques
communautaires, aux cliniques régionales, à l'assistance à
domicile, aux foyers protégés, à toute sorte d'autres
formules qui doivent actuellement être financées à
même le régime hospitalier, parce que c'est le seul que nous
connaissions. Mais ces formules d'assistance vont continuer d'évoluer et
il est probable qu'on peut entrevoir un moment où la moitié des
services de santé seront dispensés par ces organismes
communautaires. Il n'y a aucun organisme, au fond, qui est en charge de
l'administration, du financement de ce nouveau type d'institutions que je
n'appelle plus institutions d'ailleurs, que j'appelle plutôt services. Je
me demandais si c'était dans les plans du ministère de
prévoir quelque chose de spécifique, ou un prolongement du
régime existant, pour le nuancer de façon à pouvoir
correspondre exactement à cette nouvelle réalité.
M. CASTONGUAY: Je veux simplement dire que la création des
structures dont j'ai parlées, par exemple une direction
générale des finances, une direction générale de la
programmation, va en quelque sorte viser à l'abolition de ces
barrières entre les catégories de service. Déjà,
même présentement, en volume, les services donnés sous
forme externe ou tout à fait en dehors de l'hôpital sont beaucoup
plus nombreux que ceux qui sont donnés sous forme interne. On sait
également et je crois que le député de Montmagny
peut le confirmer que la formule de l'assurance-hospitalisation, telle
que conçue, telle qu'appliquée en 1961, a donné lieu
à un développement disproportionné d'une catégorie
de services. On a essayé de contrebalancer une situation au
Québec par le développement des services externes ou des
consultations externes alors que, dans les autres provinces, même le
développement des consultations externes ne semble pas aussi
poussé qu'ici. C'est une formule qui a pris un caractère trop
rigide et qui doit être corrigée à mon avis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre vient de mentionner un point
extrêmement important.
C'est que dans le domaine de la Santé, il y a beaucoup de
programmes conjoints et l'assurance-hospitalisation en est un. Ce que nous
avions souligné, lors des conférences
fédérales-provinciales sur la santé, est le manque de
souplesse de ces transferts de programmes au fur et à mesure de
l'évolution de la santé. Nous
avions souligné je crois que le point de vue du
Québec a retenu l'attention des autorités du gouvernement central
que ces programmes étant trop rigides, il y a un écart de
temps, il y a trop de temps apporté au changement des programmes
jusqu'à la permission d'initier des programmes de substitutions.
L'exemple le plus éloquent est le remplacement des ressources
institutionnelles, dans la mesure du possible, par des services à
domicile. Si ces programmes étaient initiés plus tôt, au
fur et à mesure que l'on constate que l'évolution de la
dispensation des soins de santé requiert de nouveaux programmes, alors
on éviterait de s'engager trop loin dans des programmes
déjà existants. L'assurance-hospitalisation en est un. Il y a des
mesures de substitution, comme des services, des réseaux de soins
à domicile; il y a d'autres mesures aussi, comme d'autres types
d'institutions pour malades chroniques, ou séjours de patients dans
d'autres institutions mieux indiquées, qui soulagent, qui
enlèvent la pression sur la demande de lits pour traitements actifs.
Nous avions indiqué ce point et il a fait l'objet de travaux
importants au sein du comité d'étude des coûts de la
santé. Je crois que beaucoup de souplesse est nécessaire, surtout
dans des programmes qui sont conjoints, qui sont initiés souvent par le
gouvernement central. Le gouvernement central évidemment étant
plus loin que les gouvernements provinciaux de l'application de ces programmes,
de l'évaluation de ces programmes, comme vient de dire le ministre ne se
rend pas compte assez vite de l'urgence d'apporter des programmes de
substitutions. C'est de là que vient l'importance d'apporter de la
souplesse dans tous ces programmes conjoints afin que l'évolution se
traduise par des changements, par des substitutions de programmes, là
où c'est nécessaire.
Je suis satisfait que le ministre ait mentionné ce
problème-là, je crois que dans les années à venir
aussi, ce sera un sujet de discussion constant avec les autorités
fédérales dans le développement de distribution et de
financement des soins de santé.
J'ai retenu notamment certaines observations du ministre. Il a
identifié cinq points principaux: la recherche, la planification, la
programmation, le financement et l'évaluation du rendement. J'ai cru
comprendre, et je crois que c'était là le sens de l'intervention
du ministre, que ces grandes têtes de chapitre vont correspondre à
des directions générales, ou vont retenir l'attention du ministre
dans la restructuration du ministère de la Santé. Si on parle de
recherche, il y aura une direction générale de la recherche et de
la planification comme il y en a une à la Famille et au Bien-Etre social
et peut-être, à plus long terme, dans l'intégration; il n'y
aura pas de problème d'intégration de ces deux directions
générales dans un seul organisme.
Je dirai au ministre qu'il y avait hésitation chez les
fonctionnaires du ministère et dans l'esprit du ministre aussi, à
faire une structure unique, au début, d'avoir deux départements
qui auraient pu être reliés par certains systèmes de
coordination, mais, pour raison de motivation et parce qu'une direction, d'une
part, existe et est très bien structurée et que d'autre part elle
est éparse. Nous avions l'intention de rapatrier, comme l'a fait le
ministre, des éléments de la commission Castonguay, les
ressources qu'a utilisées la commission Castonguay. Alors, je crois que
c'est à partir de cela, on a commencé par rapatrier le
ministre... A partir de ces ressources qui étaient assez
considérables au sein de la commission...
M. CASTONGUAY: Un rapatriement qui a dépassé vos
espérances!
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous n'avions pas fixé de limites au
rapatriement. Cela m'amène à relever une observation que le
ministre a faite antérieurement dans la discussion du projet de loi
numéro 8, alors qu'il avait mentionné, lors de la première
séance, qu'il était difficile pour le ministre de la
Santé, à certains moments, de recruter toujours du personnel de
choix ou des hommes de valeur. J'ai été tenté de lui dire,
à ce moment-là, que dans le cas de la commission Castonguay, en
ce qui concerne le président, la suite nous a donné raison.
Les structures correspondraient, dans l'ensemble, aux têtes de
chapitres qu'a mentionnées le ministre. Cela veut dire qu'au poste du
financement, les services financiers qui sont actuellement répartis dans
tous les articles ou dans toutes les sections du ministère, à
l'assu-rance-hospitalisation, au traitement des maladies mentales, aux
hôpitaux psychiatriques, aux unités sanitaires, seraient
regroupés sous une seule direction générale qui serait la
direction du financement du ministère de la Santé.
M. CASTONGUAY: C'est éventuellement l'objectif. Si vous me
permettez seulement un mot. Ce sont les aspects fonctionnels qui ont
été énumérés. J'ai seulement fait allusion
aussi au fait qu'il y a d'autres nécessités que l'on appelle en
anglais le "staff". Par exemple: relations de travail, le personnel, les
services administratifs, qui doivent apporter leur concours à ces
directions fonctionnelles ou à ces structures fonctionnelles. Je pense
qu'il faut aussi mentionner que le tout ne sera pas intégré parce
que là on retomberait dans le même panneau.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je ne sais pas
si...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que les membres sont d'accord que nous
suivions l'horaire de la Chambre et que nous ajournions de midi et demi,
jusqu'à deux heures, pour continuer de deux heures jusqu'à six
heures?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est justement ce que je voulais proposer, M.
le Président, parce que nous entreprendrions l'étude d'autres
sujets, la politique...
M. LE PRESIDENT (Fortier): II reste trois minutes.
M. LAURIN: J'ai encore deux questions sur les structures et ce sera
tout.
M. CASTONGUAY: D'autant plus que mes amis d'Asbestos viennent à
une heure et demie.
M. LE PRESIDENT (Fortier): II reste trois minutes. Si vous voulez
continuer pendant trois minutes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils étaient aussi mes amis.
M. LAURIN: Si j'ai le temps de poser une de ces questions... A
l'intérieur même du régime hospitalier du Québec, il
existe encore une dichotomie entre les hôpitaux psychiatriques et les
hôpitaux généraux. On connaît très bien les
origines historiques de ce problème. C'est l'exclusion par la loi
fédérale du financement des hôpitaux psychiatriques de la
loi 320,
Quand M. le ministre a fait le tout des structures, il a
entériné ce fait, en disant qu'il y avait une direction des
services psychiatriques à côté de
l'assurance-hospitalisation. Je pense que bien des représentations lui
ont été faites, pendant qu'il présidait la commission des
services de santé, à l'effet que cette dichotomie était
complètement anachronique, qu'il ne fallait plus séparer les
soins donnés aux malades psychiatriques des soins administrés aux
malades atteints de maladies physiques, mais cela prendra du temps avant qu'on
corrige les effets de ce préjugé. Ce préjugé s'est
incrusté dans les lois, ce préjugé s'est inscrusté
dans des structu- res, ce préjugé s'est inscrusté dans des
modes de financement. Est-ce que je comprends bien le ministre quand il a dit,
tout à l'heure, que dans la nouvelle optique du ministère, cette
dichotomie sera véritablement enlevée?
M. CASTONGUAY: Déjà, au cours des dernières
années, on a vu dans le domaine des services psychiatriques, une
évolution de ces formules de financement qui, au début, ont
effectué une certaine brisure, mais brisure qui existait bien avant
l'assurance-hospitalisation. L'assurance-hospitalisation, en fait, au moment
où elle a été établie, a suivi les
préjugés et s'est adaptée à une situation. Et
à mesure que cette situation-là a évoluée, la loi
fédérale n'a pas été adaptée; mais les
services ont continué d'évoluer malgré tout. Et c'est de
cette façon, qu'on retrouve aujourd'hui, dans les hôpitaux
généraux, des services psychiatriques par exemple.
Alors cette dimension de l'assurance-hospitalisation n'empêchera
pas, ne constitue pas, un frein à ce que je viens d'exposer. Il y a
également le fait que les accords relatifs aux retraits du programme
d'assurance-hospitalisation vont venir à stabiliser même la
question au plan du financement.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Si les membres le veulent, nous allons
ajourner. Je demanderais au ministre, comme le temps est limité, s'il
aimerait mieux ajourner à 2 h 30?
M. CASTONGUAY: Non, non, 2 heures. Si parfois j'étais en retard
de quelques minutes, c'est que les conversations se prolongeraient un peu.
M. CLOUTIER (Montmagny): On n'adoptera pas les crédits sans
vous.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Nous ajournons les travaux à 2
heures.
Reprise de la séance à 14 h 34
M. FORTIER (président de la commission permanente de la
Santé): A l'ordre, messieurs!
L'hôpital d'Asbestos
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, avant l'ajournement,
nous avions commencé l'étude des problèmes
généraux. Le ministre nous a annoncé que, durant
l'intermis-sion, il allait rencontrer un groupe au sujet d'un projet
hospitalier à Asbestos. Sans entrer tout de suite dans les
détails, dans le problème des ressources, je voudrais demander au
ministre, dans l'intérêt des membres de la commission, s'il a une
communication à nous faire au sujet de cette rencontre, étant
donné que c'est une question qui a été posée en
Chambre et qui intéresse l'opinion publique dans toute la province.
Est-ce que le ministre pourrait nous faire une déclaration au sujet de
sa rencontre avec les gens d'Asbestos?
M. CASTONGUAY: J'essaierai de résumer, aussi fidèlement
que possible, en quelques minutes, pour ne pas retarder l'étude des
crédits, d'autant plus qu'on a discuté avec eux pendant environ
quarante minutes. Je crois que nous avons là un exemple du besoin de
planification, non pas à partir des institutions, au plan local, qui
exercent leur pression, mais un besoin de planification sur un plan plus
général à partir, soit d'un plan directeur, soit d'un
schéma d'organisation, à partir duquel on puisse évaluer
les besoins des ressources dans une région, de voir quelles sont les
ressources existantes et de voir comment la différence peut être
comblée ; Puis discuter avec la population pour que cela soit
réellement adapté à ses besoins et aussi que ce soit
conforme à toutes les exigences d'un milieu.
Au cours de cette rencontre, on nous a dit que depuis 1948, on promet un
hôpital à cette ville et à cette population. On peut
imaginer qu'après 22 ans, même si au moment où on a
donné l'ordre de fermer l'hôpital, il n'y avait que sept patients
à l'intérieur, on peut imaginer, si leurs efforts, leurs
pressions n'ont pas donné de résultats, le genre de ressentiment
qui a pu s'accumuler dans une population comme celle-là. J'ai clairement
mentionné ce que j'avais dit en Chambre peu de temps après que le
gouvernement eût été formé.
Nous avons reçu une lettre de la supérieure nous rappelant
qu'au mois de février, un ordre de fermeture avait été
donné; ordre qui, par la suite, avait été
contremandé et que là elle nous demandait de lui faire
connaître, dans les plus brefs délais, la décision
officielle du ministère. La lettre était datée du 31 mai.
Le 3 juin on a envoyé deux officiers du ministère et dès
la réception de leur rapport, nous indiquant que le site ou que la
sécurité des gens hospitalisés pouvait être mise en
cause du fait qu'on était rendu si près de la mine, que les
conditions d'hygiène minimum n'étaient plus respectées,
là, on a donné l'ordre.
Je leur ai alors rappelé ces faits et je leur ai dit qu'on aurait
aimé pouvoir leur annoncer ce que nous entendions faire; mais on croyait
que ce serait discuté entre les parties intéressées
d'autant plus que le dossier n'était pas complété comme
pour l'évaluation des besoins, des ressources. Evidemment, lorsque le
sujet a été lancé dans le public cela a changé un
peu la dimension de la question. Nous n'avions pas voulu, nous, relancer cette
histoire-là dans la population, compte tenu des longs délais qui
auraient pu se dérouler. Je leur ai exposé ce sur quoi nous
travaillions présentement, c'est-à-dire un ensemble de services
qui répondraient le mieux possible aux besoins de la population et je
leur en ai donné une énumération, quitte à
préciser, après avoir évalué plus
précisément les besoins. Et je leur ai dit que d'ici une
douzaine, une dizaine de jours je leur ai dit de ne pas mettre le
chronomètre en marche et de calculer dix jours à partir du moment
où ils quittaient le bureau que d'ici une dizaine de jours nous
communiquerions avec eux et que nous leur exposerions ce que nos études
indiquent. Et là, en discussion avec eux, avec les parties
intéressées, les ajustements nécessaires pourraient
être apportés après quoi nous donnerions priorité,
dans la mesure du possible, à ce projet, de telle sorte que la
population ait les services dont elle a besoin.
Je leur ai annoncé les offres de collaboration faites par
l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska, l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul de
Sherbrooke, le centre hospitalier universitaire de l'Université de
Sherbrooke, aussi bien quant à la possibilité pour les
médecins d'hospitaliser leurs patients que de les traiter dans ces
hôpitaux. Il y avait aussi le fait que la compagnie Canadian
Johns-Manville ouvrait sa clinique elle ne compte que 11 lits, j'en
conviens et enfin le fait que que la compagnie d'ailleurs un
représentant était là était prête
à contribuer financièrement au projet. J'ai demandé
également, étant donné les problèmes que les cas
d'urgence pourraient sans doute faire surgir, que l'on essaie de mettre sur
pied, pour la période intérimaire, une certaine facilité
de transport des patients. C'est un des derniers points qui n'avaient pas
été couverts. J'ai prié le sous-ministre de demander aux
services d'urgence d'organiser certains services de transport pour les cas
d'urgence, tant et aussi longtemps que, dans Asbestos même, il n'y aura
pas de facilités à cet effet.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que le ministre entrevoit comme solution,
c'est un centre local de santé qui réunit tous les services
nécessaires à la population, tenant compte aussi des besoins
spéciaux à satisfaire dans cette région minière du
point de vue des accidents de travail et des besoins pour les cas
d'urgence.
M. CASTONGUAY: C'est pour ça que l'utilisation de l'expression
local de santé m'apparaît un petit peu dangereuse
présentement, étant donné que le Comité de
planification des services de santé de Sherbrooke a déjà
fait un plan et que ce plan ne semble pas être accepté par la
population. Les gens n'y sont intéressés en aucune façon,
le plan étant trop réduit dans ses dimensions, dans la gamme des
services offerts. Je n'ai pas utilisé cette expression à dessein,
d'autant plus qu'il semble qu'il y aurait nécessité de
prévoir des lits pour des malades chroniques, les convalescents,
certains lits pour les cas d'urgence, pour l'observation de patients. Je n'ai
pas voulu prendre cette expression de centre local de santé pour ne pas
ajouter aux craintes de la population.
M. CLOUTIER (Montmagny); Cette discussion au sujet de l'hôpital
d'Asbestos, c'est un cas précis que j'ai choisi, parce qu'il est
actuellement d'actualité, parce qu'il est devant l'opinion publique.
C'était comme préliminaire à la discussion que nous aurons
sur l'implantation de ressources, les critères.
Les réponses que vient de nous donner le ministre serviront donc
aussi dans le cadre de la discussion. J'aurais l'intention, à ce
moment-là, en effet de revenir sur le rôle, les
responsabilités et la collaboration que fourniront au ministère
de la Santé les organismes de planification à l'échelle
régionale, comme celui qui existe à Sherbrooke, pour les Cantons
de l'Est, comme celui qui existe dans la région du nord-ouest, à
Hull. Nous aurons l'occasion d'y revenir, mais pour l'instant, c'était
la question de l'hôpital d'Asbestos.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
Institutions hospitalières
M. LAURIN: Je voudrais revenir un peu sur la question que j'ai
posée à la fin de la dernière séance, mais en
l'élargissant. Il existe actuellement en gros quatre types
d'institutions hospitalières. Il y a les hôpitaux
généraux, les hôpitaux psychiatriques, les hôpitaux
pour les tuberculeux et les hôpitaux pour les soins chroniques de longue
durée. Ces hôpitaux ont des caractères communs,
évidemment, par exemple, la constitution des bureaux médicaux,
les soins médicaux en général, la loi des hôpitaux,
les organismes administratifs, législatifs qu'il faut envisager, le
financement évidemment. Mais, en même temps, chacun de ces types
d'hôpitaux a des caractères spécifiques. Ils font qu'une
discipline différente s'est instituée dans bien des cas, comme
par exemple, pour la psychiatrie, la pneumologie, la tuberculose et même,
de plus en plus, pour les soins de longue durée, puisqu'on parle
maintenant de gériatrie, qui devient une spécialité en
soi.
L'absence de distinction parfois, et, parfois aussi, la confusion de ces
diverses caractéristiques ont amené des problèmes au
niveau de l'administration, au niveau du financement et à tous
égards. Etant donné que, d'une part, ces institutions et les
disciplines qu'elles représentent ont des caractères communs,
soit au point de vue législatif, soit au point de vue financement,
comment le ministère entend-t-il concilier ces deux impératifs de
spécificité et de communauté d'unité au niveau des
structures?
M. CASTONGUAY: Je vais tenter de répondre à la question,
bien qu'elle soit très vaste, mais je vais au moins en donner les
dimensions essentielles. S'il y en a certaines qui vous apparaissent manquer
dans ma réponse, ça me fera plaisir d'y revenir et d'essayer de
compléter.
Je pense qu'il faut retourner brièvement dans le passé
pour quelques secondes. Au tout début, il y a eu des hôpitaux
généraux qui se sont développés, je remonte
assez loin dans le passé où les gens en dernier ressort,
s'en allaient à l'hôpital. Avec le temps, certaines maladies ont
été identifiées comme présentant des
caractéristiques particulières, soit par exemple, le danger de
contagion, comme la tuberculose et à cause de l'importance de ces
maladies au plan mortalité, morbidité, on a décidé
de poser des gestes bien particuliers. On a développé un
réseau d'hôpitaux pour les tuberculeux, aussi à cause du
caractère d'urgence, des méfaits de cette maladie, on a
décidé de financer cela par un système un peu particulier.
De la même façon, les malades mentaux ont été
isolés des autres et on a formé les grands hôpitaux
psychiatriques. Bientôt nous nous sommes retrouvés avec trois
réseaux. A un moment donné, la nécessité
d'intervenir par la prévention, l'éducation de la population et
particulièrement la prévention, a donné lieu à un
autre réseau complètement distinct, celui des unités
sanitaires. A certains endroits, on voit un réseau particulier qui se
développe pour le cancer, dans cette même ligne de pensée
ou de cheminement. Par contre, en même temps, au cours des années,
avec la diminution du taux de la tuberculose, on a
récupéré certains des hôpitaux et on
s'aperçoit aujourd'hui que le maintien de ces hôpitaux
particuliers répond de moins en moins à un besoin actuel.
Dans le domaine de la psychiatrie, l'approche s'est modifiée au
plan thérapeutique, et on a voulu vider ces grands hôpitaux,
adopter des formules plus souples. On a formé des services dans les
milieux hospitaliers, les hôpitaux généraux. On a
développé des formules plus collées aux populations
où la personne peut venir pour des consultations, des traitements, etc.
Alors, les barrières ont commencé à s'estomper.
Il me semble que les études que nous avons effectuées au
sein de la commission je ne dis pas que c'est la seule formule
ces barrières doivent disparaftre d'une part et il ne doit pas y
avoir cinq ou six réseaux de services, selon soit des maladies ou
des besoins particuliers, il doit y avoir un réseau de services de
santé.
Au lieu de faire les distinctions au plan des catégories de
maladies, je crois qu'on doit les faire au plan des besoins. On sait qu'il y a
tout un niveau de besoins qui est très courant, qui demande un personnel
tout près de la population, qui demande une certaine équipe aussi
bien pour la prévention, les traitements courants de la population, qui
puisse poursuivre les efforts au plan de la réadaptation par exemple,
qui puisse suivre, en fait, l'état de santé de la population de
façon générale.
Il y a un autre niveau au-delà, qui demande plus
d'équipement, plus de ressources spécialisées, qui
pourrait correspondre à nos hôpitaux généraux, et un
autre niveau très spécialisé qui correspondrait à
nos grands hôpitaux universitaires. A l'intérieur de ces trois
niveaux, on peut évidemment retrouver des concentrations plus grandes de
services dans certains secteurs, vu des circonstances, seulement le fait que
les ressources sont là, mais ça devrait être le principe,
il me semble.
Quant au fonctionnement, après ça, des
établissements ou leur organisation, celle-ci devrait donc dans toute la
mesure du possible, être conçue à partir des mêmes
principes et, uniquement dans les cas où il y a des
caractéristiques différentes, les structures et le fonctionnement
devraient-ils varier. Je pense, par exemple, au domaine de la maladie mentale.
Là, on sait qu'à un certain moment, le besoin d'internement
devient nécessaire. On sait également que, dans les
hôpitaux qui font de l'enseignement, il faut, en plus des structures
d'organisation et des modes de financement, prévoir le fait qu'il y a
des activités d'enseignement et de recherche.
Mais, en ce qui a trait aux soins, disons à la partie clinique
des activités, on devrait retrouver le même modèle et ne
plus distinguer par type de maladie. Entre ces niveaux de soins, il devrait
également y avoir une coordination, de telle sorte que le patient qui se
présente au premier niveau, s'il doit aller à un niveau
supérieur de soins, un niveau plus spécialisé, puisse
passer de ce niveau-là à un autre et en revenir, et que ça
ne soit pas une histoire de propriété de patients, mais qu'il
puisse y avoir un continuum entre les niveaux de services. De la sorte la
personne, selon l'évolution de son état, sera toujours suivie et
le médecin de famille, je crois, retrouvera un rôle beaucoup plus
grand que celui qu'il a eu au cours des dernières années,
étant, en quelque sorte, isolé des autres réseaux. C'est
lui qui va devenir le pivot des soins auprès de la population. C'est lui
qui va devenir en quelque sorte la porte d'entrée dans le système
et la porte de sortie. Il devrait normalement avoir une certaine
responsabilité tout au long du cheminement du patient à
l'intérieur du système. Je ne sais pas si ça répond
à la question.
M. LAURIN : Oui. En somme, l'accent serait mis sur
l'établissement d'un système commun, le plus commun possible,
basé sur le modèle dont vous avez parlé et qui suit un peu
l'étape de la maladie ou de la non-maladie: prévention,
traitements et réadaptation. Les disciplines n'interviendraient que pour
la spécificité, à titre de consultant ou à titre de
corps aviseur à un moment donné.
M. CASTONGUAY: Ou, en fait, à titre responsable si on est dans
une phase où les services requis ont une nature
spécialisée.
M. LAURIN: A ce moment-là, est-ce que ça voudrait dire que
votre ministère ne reculerait pas même devant la
nécessité de briser les grandes institutions psychiatriques, par
exemple, que nous possédons actuellement, où le nombre de
patients a diminué considérablement au cours des dernières
années, de 6,000 par exemple à Saint-Jean-de-Dieu; Saint-Michel
Archange est passé à 4,000.
Est-ce que le ministère pourrait scinder complètement ces
institutions, de façon à faire des institutions proprement
psychiatriques, et à faire d'autres institutions pour les malades qui y
sont encore pour des soins de garde, où les soins psychiatriques sont
beaucoup moins requis qu'on ne le croirait à première vue?
M. CASTONGUAY: Je pense que tout le monde est d'accord sur le fait que
les très grands hôpitaux psychiatriques, ce n'est pas une formule
qui doive être retenue. Par contre, lorsqu'on regarde l'évolution
des coûts dans ce domaine, on se rend compte que, dans l'espace
d'à peu près sept ou huit ans, les budgets sont passés de
$15 millions à $130 millions. Donc, un accroissement extrêmement
rapide. Malgré les progrès qui ont été
réalisés d'une part, les besoins ont augmenté, ou ont
été identifiés, d'autre part. Alors, malgré
l'augmentation rapide, les ressources n'ont pas toujours suffi; et
malgré ce désir, je pense, qui était également
partagé par le gouvernement précédent, de
s'éloigner de cette formule des grands hôpitaux, les succès
jusqu'à maintenant ont été quelque peu limités.
Ce n'est pas une innovation, on n'a qu'à penser à la
réaffectation du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, qui
était destiné, originellement, à faire un grand
hôpital psychiatrique. Donc, on entend poursuivre dans cette voie, compte
tenu des contraintes que je viens de mentionner.
M. LAURIN: Dans un autre domaine, mais qui touche toujours à
cette nécessité du rassemblement, de la rationalisation, de la
modernisation, est-ce que les études qui se poursuivent au sein du
ministère, en ce qui concerne la concordance des diverses mesures
législatives, par exemple: loi des hôpitaux, loi des
hôpitaux psychiatriques, loi des sanatoriums... Est-ce que
quelque chose est prévu pour qu'on puisse en arriver à une
certaine concertation, à une concordance entre toutes ces lois?
M. CASTONGUAY: J'ai demandé qu'un programme législatif
soit dressé si on avait pu terminer l'étude des
crédits vers 6 heures hier c'est pour cela, qu'à un moment
donné, je me posais des questions à savoir si on pouvait terminer
vers 6 heures j'avais justement l'intention de revoir les propositions
quant au programme législatif. Je vais le faire demain, probablement,
avec deux jours de retard, mais, dans ce programme...
M. LAURIN: Vous nous "culpabilisez".
M. CASTONGUAY: Non, mais je veux montrer que c'est une de mes
préoccupations dans ce programme: harmoniser, intégrer ces
diverses législations. Le fait qu'une loi des hôpitaux ait
été adoptée, le fait qu'une réglementation ait
été préparée, malgré ces déficiences,
la nécessité qu'elle soit améliorée est
déjà un grand pas. De même, quant aux institutions de
bien-être, il va falloir évidemment avoir une législation
analogue parce que dans le domaine du bien-être il n'y a pas de
législation qui corresponde à la Loi des hôpitaux. C'est
une de mes préoccupations et j'entends y donner suite. Il y a
également du travail qui a été fait, en plus de la Loi des
hôpitaux, la réglementation: je sais qu'un comité a
été mis sur pied pour étudier la réforme de la
législation dans le domaine des maladies psychiatriques sous la
présidence de M. Raymondis. Et, en Ontario, je crois également
qu'on a un excellent modèle d'une loi pour le malade mental et non une
loi pour l'institution.
Consultation
M. LAURIN: Mais, pour ces divers travaux, M. le Président, est-ce
que le ministre prévoit des mécanismes de consultation
auprès des spécialistes ou...?
M. CASTONGUAY: Nous avons eu tous les travaux de la commission et tous
les mémoires. Nous avons formé des groupes de travail. Il y a
beaucoup de travail d'études, de consultations qui a été
fait. Il y a des consultations qui se poursuivent par le comité de M.
Raymondis.
Je sais fort bien qu'à certains moments, il nous faudra aussi des
opinions d'experts. Vu la nécessité de procéder et
l'existence d'une commission comme celle-ci, il me semble qu'il faudra aussi
faire attention pour ne pas trop multiplier les consultations parce que vous
savez, comme moi, qu'en ce qui a trait aux hôpitaux universitaires
pour citer un exemple le fait que les règlements s'appliquent
uniformément, peu importe le titre de l'hôpital, crée
certaines difficultés qui ont été soulignées.
Il y a aussi un besoin de procéder avec une certaine
rapidité, quitte éventuellement à modifier de nouveau.
Nous sommes dans un domaine où il ne faut pas adopter une attitude trop
rigide et ne pas considérer qu'un geste posé est
nécessairement le dernier.
Programme législatif
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'avais justement
inscrit comme question suivante: la législation; j'en conclus que mon
agencement des questions était rationnel puisque le député
de Bourget, presque automatiquement, est entraîné sur la question
suivante, dans ses remarques. Au sujet du programme législatif,
étant donné que nous avons commencé à discuter
cette question, je voudrais aller un peu plus loin et demander au ministre
évidemment je suis au courant de la législation sur
laquelle le ministère travaillait: il y avait la loi des
chiropraticiens, la loi des ostéopathes, la loi médicale, la loi
sur la pollution de l'air, le ministre a parlé du comité
présidé par M. Raymondis sur la loi qui concerne
particulièrement le domaine mental s'il pourrait nous dire,
à propos du programme législatif qu'il doit réviser,
quelles sont ses intentions? Est-ce que toutes ces législations
pourraient être apportées à la prochaine session?
M. CASTONGUAY: Je ne veux pas éviter la question en me rabattant
sur le fait que normalement c'est au gouvernement à annoncer la
législation à venir; c'est pourquoi je ne voudrais pas que vous
m'en teniez à des exigences trop rigides, des détails trop
précis quant à des dates, quant à quelle session, ou quant
à quelles lois...
Je peux dire que les travaux qui ont été faits au
ministère ou qui ont été proposés, par exemple, en
ce qui regarde la loi médicale et la loi de la chiropraxie, je crois que
cela correspond à des besoins. Ce sont deux lois qui doivent être
modifiées, c'est-à-dire une, qui doit être modifiée,
dans le cas de la loi médicale je pense que tout le monde est
passablement d'accord mais dans le cas de la loi de la chiropraxie, il
me semble que c'est le destin de ce projet de loi de mourir avec les
gouvernements. Alors, pour ne pas que cela nous arrive, nous essaierons de le
présenter un peu plus vite.
En ce qui concerne la pollution, c'est un projet que j'aurais
aimé pouvoir présenter au cours de la présente
session.
Etant donné le fait que le gouvernement n'a été
formé qu'il y a deux mois et que nous ne voulons pas nous engager dans
un programme législatif élaboré d'ailleurs, on le
voit par le programme qui a été présenté sauf, en
ce qui a trait à l'assurance-maladie, le budget, de façon
générale les autres lois présentaient un
caractère de très grande urgence ou encore, étaient
nécessaires pour permettre un bon fonctionnement des organismes
gouvernementaux ou d'au-
tres organismes ou pour solutionner des problèmes tout à
fait particuliers. Cette législation sur la pollution est
évidemment nécessaire. Quant au détail, quant au contenu,
je pense qu'il va nous falloir le réviser, l'analyser. Si le tout est
à point il sera présenté tel qu'il a été
préparé. De quel autre projet avez-vous parlé?
M. CLOUTIER (Montmagny): Des ostéopathes.
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait aux ostéopathes, lorsque nous
avons publié le premier rapport de la commission, nous avions
émis le voeu qu'ils soient intégrés au Collège des
médecins et des chirurgiens, pour ne pas créer une nouvelle
classe. A ce moment-là, tous semblaient d'accord et il me semble encore
que, s'il était possible d'intégrer ce groupe au Collège
des médecins, ce serait une solution préférable à
celle de passer une loi particulière pour eux.
Quant aux autres législations à venir, elles vont
être conditionnées par deux choses: le progrès
réalisé ou à réaliser dans les réformes ou
des modifications, les réorientations dont on a discuté, et
aussi, face à certains besoins particuliers, vous avez abordé la
question des corporations. Je pense que dans d'autres cas, on n'a qu'à
lire le rapport de la commission pour voir qu'il n'y a pas que la loi
médicale et la loi de la chiropraxie qui nécessitent d'être
retouchées mais également, d'autres lois corporatives. Dans le
domaine de l'hygiène, il y a également nécessité de
réviser cette loi de l'hygiène, même si c'est une
entreprise assez considérable. Alors quand pourrons-nous le faire
exactement? Je ne veux pas me lier à un calendrier qui comporterait un
engagement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, ce n'est pas pour avoir une date
précise. Les explications du ministre nous indiquent que le menu
législatif de la prochaine session pourrait contenir des lois
importantes concernant le domaine de la santé et en plus, des lois que
le ministre a énumérées. Il pourrait y avoir aussi
d'autres législations découlant de la production du rapport de la
commission d'enquête. Je suis content du fait que le ministre ait
souligné aussi, le côté Bien-être. On a oublié
de le mentionner hier, mais cette absence de loi concernant les institutions et
déjà, je crois bien que dans le travail préparatoire
à la présentation en Chambre, de cette loi, on avait
escompté beaucoup sur les travaux de la mission d'enquête qui
faisait le tour des institutions pour constater les déficiences et faire
un rapport au gouvernement sur toutes les institutions dans le secteur
privé. C'est une législation importante et urgente parce qu'il y
a absence de législation dans ce secteur.
Le ministre dans des réflexions antérieures, lors de
l'étude de l'assurance-maladie, a mentionné, et il l'a
mentionné aussi hier durant l'étude des crédits du
ministère de la Famille, qu'il y aurait peut-être une loi
concernant le conseil supérieur de la santé. Il y avait aussi du
côté de la famille une loi concernant le conseil supérieur
de la famille et éventuellement la création d'un conseil
supérieur du côté du bien-être. Alors ce sont des
législations qui pourraient venir s'ajouter aux législations
déjà annoncées et déjà en cours de
préparation.
M. LAURIN: Avant que nous quittions ce domaine, est-ce que le ministre
de la Santé pourrait nous donner sa première impression sur la
recommandation du conseil des universités qui préconise la
création d'une commission gouvernementale qui enlèverait au
Collège des médecins l'autorité qu'il a actuellement sur
l'admission aux études en médecine et les programmes
d'étude, pour ne laisser au Collège des médecins que la
surveillance de l'acte médical et l'exercice de la médecine selon
des normes conformes au code d'éthique?
M. CASTONGUAY: Tout ce que je peux dire à ce stade-ci,
étant donné que la politique du gouvernement n'a pas
été adoptée dans ce domaine, c'est qu'il y a une
similarité frappante entre cette recommandation et notre rapport.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Joliette.
M. QUENNEVILLE: Je pense qu'il faut quand même ajouter une chose,
c'est que le rôle du Collège des médecins n'était
pas qu'un rôle disciplinaire ou un rôle de contrôle sur
l'acte médical, je pense que c'était plus que ça, et je
vois mal comment cela pourrait être remplacé.
Dépenses des hôpitaux
M. LAURIN: C'était juste une expression spontanée
d'opinion. Pendant les derniers mois, un rapport a paru sur
l'assurance-hospitalisation. Il a fait état du coût croissant des
dépenses des hôpitaux. On y comparait même l'accroissement
du coût du per diem des hôpitaux québécois et le per
diem des hôpitaux d'autres provinces. Il y a beaucoup
d'interprétations qui ont été données à ce
rapport. Je me demandais si le ministre pouvait nous résumer un peu la
conclusion à laquelle il en est venu lui-même sur cet
accroissement et, s'il y a lieu, sur les mesures qu'il faudra adopter pour
diminuer l'augmentation rapide de ce per diem, afin que les fonds
québécois soient employés à bon escient.
M. CASTONGUAY: Comme le député de Montmagny l'a
souligné ce matin, un comité fédéral-provincial sur
le coût des services de santé a été formé il
y a une couple d'années, si ma mémoire est fidèle; des
sous-comités ont été formés, chacun de ces
sous-comités a fait
rapport, cela a été intégré dans des
rapports. Je pense que l'on retrouve quelque chose comme 350 recommandations
visant, dans l'ensemble, le même objectif, celui du contrôle des
coûts, tout en maintenant une qualité de soins acceptable.
Evidemment, je pense qu'il est difficile de faire ici, cet après-midi,
le tour de la question encore une fois.
Je vais vous indiquer toutefois ce qui m'ap-paraft comme étant
des éléments importants de solution dans ce domaine.
Premièrement, on a parlé des ressources, du développement
des ressources dans le passé et également des distorsions qui ont
pu résulter de l'application de la loi de !'assurance-hospitalisation ou
des mécanismes de financement.
Alors, tout ceci pour dire que, dans nos hôpitaux, il semble y
avoir une concentration beaucoup trop grande de lits pour traitement actif, par
rapport aux lits pour traitement de malades chroniques, pour convalescents,
pour malades ambulants. Dans ce sens, une meilleure planification des
ressources, de telle sorte que les patients puissent être
hospitalisés dans le niveau de ressources requis, va apporter un certain
rajustement dans la croissance des coûts. On sait fort bien que le
coût d'opération d'un hôpital pour malades chroniques est
beaucoup moins élevé que le coût d'opération d'un
hôpital général. C'est là un premier effet qui peut
résulter d'une meilleure planification des ressources.
Deuxièmement, on a adopté un processus budgétaire
qui, dans ses grandes lignes, et encore là dans une large mesure
peut-être, a été développé pour
répondre aux exigences de la loi de l'assurance-hospitalisation,
n'encourage pas suffisamment l'efficacité et le rendement, à mon
avis. Ce processus, en fait, oblige bien souvent des gens à demeurer
à l'hôpital alors qu'ils pourraient en sortir.
Il oblige des hospitalisations, ou prolonge des hospitalisations, qui
pourraient être écour-tées. Par exemple, on entend souvent
dire que les gens entrent à l'hôpital le vendredi et que leurs
traitements ne commencent que le lundi après-midi, ou le lundi matin,
et, assez souvent, les sorties de l'hôpital semblent se produire le
vendredi. J'en ai fait l'expérience avec ma femme. Elle est toujours
entrée le vendredi et elle est toujours sortie le vendredi, pour ses
accouchements ou autres... C'est vrai, elle rentrait un peu plus vite que cela,
parfois...
M. QUENNEVILLE: Pour les accouchements aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a le contrôle complet de la
santé.
M. CASTONGUAY : J'exagère un peu. Je pense à sa
dernière hospitalisation pour autre chose... Mais, c'est une remarque
qu'on entend souvent. J'ai déjà pris d'ailleurs une couple de
gageures à ce sujet avec des gens. J'ai toujours gagné, en leur
disant: Vous allez sortir le vendredi.
C'est un indice, à mon avis, du fait que le système
budgétaire oblige, pour que l'hôpital ait des ressources
suffisantes, que les lits soient maintenus occupés. C'est pourquoi, en
plus du fait qu'il n'y ait pas un bon équilibre dans les ressources, on
retrouve des gens qui normalement n'auraient pas besoin d'être
hospitalisés aussi longtemps dans les lits d'hôpitaux, ce qui
entraîne des coûts.
Je crois qu'il y a des mesures à prendre pour modifier le
processus budgétaire sur ce plan et aussi encourager davantage
l'efficacité. Dans les visites que la commission d'enquête a
faites, on nous a dit souvent: Si nous sommes en mesure de hausser notre
budget, pas nécessairement pour donner plus de services, cela nous donne
un peu plus de marge et là, si, à un moment donné, le
gouvernement coupe les budgets, on finit à un point qui nous permet de
fonctionner.
Il y a une révision à faire des processus
budgétaires, à mon avis, et encore là, je ne veux pas
donner l'impression que j'accuse qui que ce soit, parce que, justement je crois
que la Loi de l'assurance hospitalisation a contribué fortement
la loi fédérale et la loi provinciale à introduire
ce genre de processus budgétaire. C'en est un deuxième.
Quelques autres phénomènes, aussi, méritent
d'être signalés qui peuvent avoir un effet sur les coûts: au
point de vue de l'utilisation de l'équipement. Avec une meilleure
planification des ressources, je crois qu'il va en découler une
meilleure planification de l'équipement et de son utilisation. On sait
que cet équipement n'est pas seulement dispendieux, en soi, mais demande
un personnel technique qu'il faut payer et qui est très dispendieux
étant, par définition, du personnel spécialisé. Il
y a aussi au point de vue de la répartition de la demande dans les
hôpitaux. Je crois qu'il y aurait beaucoup de progrès à
effectuer. Assez souvent les services dans les hôpitaux s'y rendent le
matin, il doit y avoir un personnel pour répondre à une demande
qui se manifeste d'une façon assez aiguë, pendant une
période assez restreinte de la journée. Pendant le reste de la
journée, ce personnel n'est pas tellement utilisé. C'est un
personnel qui correspond à une demande de pointe et qui pourrait
peut-être être réduit ou maintenu à ces mêmes
niveaux si la demande était mieux répartie. il y a
également le fait je pense que cela a été
révélé par l'enquête dont vous avez parlé
que le personnel, au plus bas niveau de spécialisation, est en
nombre plus grand que dans les hôpitaux dans d'autres provinces. Je pense
qu'il va y avoir une nécessité d'établir des normes plus
rigides de personnel à ces niveaux. C'était une des
différences que l'on constatait qui étaient les plus
marquées. A mesure que l'on
descendait dans les qualifications du personnel, le personnel
étant en plus grand nombre, il n'ajoutait pas tellement au rendement des
hôpitaux. Je crois qu'il y a un endroit où on peut rechercher une
meilleure efficacité.
Il y a aussi des secteurs, comme celui des achats. Je pense que tout le
monde est d'accord sur le fait qu'une politique des achats, permettant des
regroupements, va apporter des économies. On a discuté, la
semaine dernière, la question des médicaments, par exemple. Il y
a des progrès à réaliser dans ce domaine-là et, par
ricochet, je pense qu'une telle politique des achats va pouvoir aussi diriger
peut-être une certaine partie de notre pouvoir d'achat vers nos
producteurs locaux.
M. LAURIN: Et éliminer le patronage aussi.
M. CASTONGUAY: Ah bien là! C'est une constante des gouvernements
libéraux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre permet, dans les constantes, il
y a de l'intensité aussi. La constante n'exclut pas le critère
d'efficacité ou d'intensité.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que les membres sont prêts
à commencer...
Coûts comparatifs
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget a
soulevé une question extrêmement importante à laquelle je
voulais toucher. Il en a été question à maintes reprises,
surtout au cours des derniers mois et je crois qu'il est assez difficile de
porter un jugement global sur des comparaisons entre le fonctionnement d'un
régime, dans une province et dans l'autre. Il y a tout de même des
points de repaire que le ministre a soulignés et qui sont exacts. On
fonctionne à partir des lois actuelles, on fonctionne avec des
conventions collectives, on fonctionne avec un système qui a
été établi au cours des années. Le ministre a
expliqué ce matin, de quelle façon, se faisait il y a bien des
années, l'implantation des ressources sans coordination, selon les
besoins locaux et évidemment, on peut faire les mêmes constations
pour l'équipement. Ce sont des facteurs qui tous ont contribué
à la hausse rapide des coûts d'hospitalisation.
Mais quand on compare le coût des services ici, dans le
Québec, avec celui de l'Ontario, durant cette période de cinq
ans, il faut se rappeler que dans le Québec, nous avons eu des
difficultés particulières, à cause des grèves. La
grève du secteur hospitalier en 1966, alors que nos hôpitaux n'ont
pas fonctionné pendant quelques semaines et même davantage. Avant
que les effets de ces conflits soient complètement
éliminés, cela prend un certain temps. En 1967, vous vous
souvenez du conflit des radio- logistes qui a immobilisé partiellement
et même dans certains cas, complètement des hôpitaux,
étant donné que c'était un secteur clé du
fonctionnement des hôpitaux. Ce sont des facteurs, et on pourrait ajouter
aussi, cela a été mentionné dans les rapports
d'études des coûts, la durée de séjour
peut-être plus courte, de sorte que que le traitement étant plus
intensif, peut-être que par jour d'hospitalisation, le coût du
traitement est plus élevé. Il faudrait comparer aussi le type
d'institutions, ce qui est inclus dans les statistiques
fédérales. Est-ce que ce sont les mêmes institutions?
Est-ce qu'on inclut aux deux endroits, dans les deux provinces, le même
type d'institutions comme les chroniques, les convalescents. De toute
façon, le ministre a souligné des points importants au sujet des
hôpitaux qui sont autonomes, et je voudrais qu'on en fasse une discussion
un peu plus élaborée sur le degré d'autonomie des
hôpitaux. Les problèmes que cela crée en pratique, avec le
ministère de la Santé qui, forcément, doit avoir des
contrôles budgétaires, doit laisser une certaine marge d'autonomie
mais ne peut pas non plus déléguer complètement ses
pouvoirs. On fonctionne en vertu d'une loi des hôpitaux actuels. Les
règlements des hôpitaux ont dû tenir compte de la loi
actuelle. Ce ne sont peut-être pas les meilleurs règlements des
hôpitaux, même s'ils ont demandé énormément de
travail. Le député de Dubuc, pendant quatre ans, en a fait une
priorité. Il a consacré beaucoup de son temps à la
préparation des règlements des hôpitaux mais on comprend
que cela devait suivre la loi actuelle des hôpitaux et non pas s'ajuster
sur une loi future des hôpitaux. Toutes ces mesures, les études
additionnelles qui ont été faites, les contrôles
budgétaires du servjce de l'assurance-hospitalisation, l'acceptation
aujourd'hui plus répandue dans le milieu des hôpitaux sur la
coordination, sur le regroupement, sur la planification, tout cela aide
à abaisser les coûts de l'assurance-hospitalisation. Si bien qu'en
1969, toutes ces mesures, y compris les facilités de diagnostic qui ont
été étendues en prolongeant le régime de
l'assurance-maladie en 1967, quand certains services ont été
couverts par l'assurance-hospitalisation en clinique externe, le
développement du réseau des soins à domicile,
l'implantation de d'autres gammes de ressources pour les malades chroniques et
les convalescents, les soins ambulants, tout cela a contribué à
ralentir un peu la hausse du coût de l'assurance-hospitalisation. Si bien
qu'en 1969 on peut dire et c'est prouvé par des statistiques
que nos coûts peuvent se comparer beaucoup mieux avec ceux des
autres provinces et notamment en Ontario.
Je voudrais que le ministre confirme qu'en 1970 les prévisions
initiales étaient faites à partir du premier budget qui avait
été déposé. Je comprends que la deuxième
version du budget comporte des ajustements importants
tels que la rétroactivité pour les cadres
supérieurs et les corps intermédiaires, à la suite de
l'application des conventions collectives. Evidemment, ça corrige les
statistiques initiales qui avaient été préparées et
elles doivent être corrigées. Mais je voudrais que le ministre,
s'il a des statistiques à ce moment-ci, ou s'il a des chiffres, nous
dise comment on peut comparer les prévisions de 1970 par rapport
à la moyenne canadienne ou par rapport à l'Ontario, s'il peut
nous donner ces chiffres, même si, à partir d'une discussion
générale, on est entré dans un point un peu plus
précis. De toute façon, nous n'aurons pas à y revenir.
M. CASTONGUAY: Sur ça, je vais demander à M. Marcoux, avec
votre permission, de nous dire s'il a de telles comparaisons ou encore s'il a
fait certaines estimations et s'il pourrait nous les donner.
M. MARCOUX: M. le Président, je dois dire, comme on l'a
mentionné tout à l'heure, que les coûts de
l'assurance-hospitalisation étaient en partie supérieurs à
ceux de l'Ontario pour les années 1966, 1967 et également 1968,
mais que cet écart a eu une tendance à diminuer. En 1970, les
prévisions actuelles sont basées sur un coût per capita,
disons, de $95 pour l'Ontario comparativement à $91.50, je crois, pour
le Québec. Nous voyons que les comparaisons, en prenant comme base les
coûts per capita, sont beaucoup plus justes que si l'on compare les
coûts comme on l'a mentionné déjà: la durée
de séjour, les catégories de services fournis par les
différents hôpitaux et qui peuvent affecter évidemment les
coûts par jour d'hospitalisation, entre autres la durée du
séjour. Si vous avez dans un hôpital une réduction de la
durée moyenne de séjour de 12 à 10 jours, il est
évident que votre coût par jour d'hospitalisation va augmenter,
mais le coût total de l'hospitalisation va baisser.
M. CASTONGUAY: M. Marcoux, vous n'êtes pas obligé de
commenter ceci, mais est-ce qu'on peut dire que ce changement rapide est
dû au changement de gouvernement?
UNE VOIX: Sans commentaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que nous demandons au ministre, c'est que
les prévisions initiales faites il y a quelques mois se vérifient
en pratique. Tout le monde au Québec, je pense bien, serait très
heureux si en conservant la qualité des soins, les services fournis par
notre réseau hospitalier pouvaient se comparer avantageusement avec ceux
des autres provinces. Je pense que c'est là l'objectif que tout le monde
désire atteindre et je pense que les études très
sérieuses qui ont été faites par des comités
conjoints au niveau fédéral-provincial vont y contribuer. Il me
fait plaisir de mentionner que
M. Marcoux, qui vient de prendre la parole, est un de ceux qui ont
participé à ces études et qu'il y a apporté une
contribution de plus positives. D'ailleurs, l'équipe de fonctionnaires
du ministère de la Santé du Québec a apporté une
contribution très importante à ces travaux. Des suggestions
extrêmement importantes ont été faites, ont
été proposées à ces comités d'étude
sur les coûts. Le ministre a fait allusion tantôt à 350
recommandations qui ont résulté de ces travaux. Evidemment, il y
a eu aussi, à la suite de ça, des rencontres au niveau des
fonctionnaires. Je n'ai pas les derniers rapports sur ces travaux, mais j'ai vu
le début des études qui ont été faites et les
rapports faits sur les premières rencontres qui ont eu lieu au niveau
des fonctionnaires. Je dois dire que ça permet d'espérer que
ça va déboucher sur des conclusions pratiques extrêmement
intéressantes.
Sur ce sujet, je ne sais pas si le député de Bourget a
quelque chose à dire...
Problème des urgences
M. LAURIN: Oui, c'est un peu un appendice de ce sujet-là sur
lequel j'aimerais attirer l'attention de la commission, le problème des
urgences. A quelques reprises, des efforts ont été faits, surtout
au niveau municipal à Montréal, pour régler le
problème des urgences médicales et également
psychiatriques, mais sans résultat, parce qu'il s'est
avéré impossible de coordonner d'une façon efficace
l'effort de toutes les institutions et des administrations concernées.
Nous entendons encore assez souvent dans la région métropolitaine
assez de plaintes en ce qui concerne les urgences: des malades disent qu'ils
ont été trop longtemps sur le lieu de l'accident, qu'ils n'ont
pas pu se procurer des soins assez tôt. Je me demande si l'attention du
ministère de la Santé va se diriger vers ce problème des
urgences, tous les aspects du problème, qui sont très complexes,
je le reconnais, parce que les cliniques externes de nos hôpitaux ne sont
pas toujours en état de fournir les soins.
Il y a des problèmes de rotation de personnel, des
problèmes de garde médicale, d'effectifs médicaux; il y a
des problèmes également d'autonomie hospitalière, qui sont
peut-être les plus importants à régler. Mais, il reste que,
durant tout ce temps-là, pendant qu'on ne règle pas les
problèmes, il y a des accidents malheureux qui arrivent et, il y a aussi
un état d'impatience et un état d'irritation au sein de la
population qui se perpétue et qui peut augmenter. Je me demande si ce
n'est pas là une des priorités à laquelle doit s'attaquer
le ministère.
M. CASTONGUAY: Je reconnais que c'est un problème
extrêmement important. Toutes les dimensions que vous en avez
données, ou tous les éléments qui contribuent à
rendre ce problème complexe, sont des éléments
réels,
exacts. On pourrait aussi ajouter l'absence, dans la plupart des
régions, d'un système de transport des patients. A ce sujet, je
crois que l'exemple de ce qui a été fait en Ontario, peut nous
être utile. C'est un problème, évidemment, et ce n'est pas
un problème qui peut être réglé par une seule
mesure, étant donné, justement, les nombreux
éléments qui interviennent.
Je crois que, dans un effort de régionalisation, d'attribution de
fonctions plus précises aux diverses institutions, il y a là un
élément majeur de solution. Il y a évidemment le
problème du transport je viens de le mentionner mais je
pense que, dans un effort de régionalisation, il va falloir attribuer
clairement des responsabilités. Lorsque vous dites que ce
problème est compliqué par un problème d'autonomie, je
comprends qu'il peut y avoir un certain isolement des institutions, mais il y a
aussi, à partir de ce maintien du caractère autonome des
institutions, le fait que, bien souvent, les fonctions, leurs
responsabilités vis-à-vis des communautés locales, sont
mal identifiées.
Je crois que la planification, la régionalisation, ou mieux, la
planification et l'attribution de responsabilités claires, est
l'élément majeur de solution à ce problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le ministre a mentionné, à
plusieurs reprises, ainsi que des membres de la commission, l'autonomie des
hôpitaux, le degré d'autonomie des hôpitaux. A ce sujet, il
y a des avantages, il y a des inconvénients. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire quelle est véritablement sa philosophie quant
à ce degré d'autonomie des hôpitaux, jusqu'où est-il
prêt à leur laisser des responsabilités, quand est-il
disposé à intervenir, en tenant compte de la situation actuelle,
des mécanismes qui existent actuellement, de la délégation
de pouvoirs? Est-ce que le ministre pourrait élaborer un peu sur la
collaboration qu'il entend continuer entre son ministère et les
hôpitaux, mais en tenant compte aussi des contraintes, des
contrôles que le ministère de la Santé doit exercé
à l'endroit des institutions?
M. CASTONGUAY: II y a deux éléments dans cette question.
Il y a la composante des soins eux-mêmes. Je ne crois pas que ce soit
à cette question-là que vous touchez présentement, c'est
plutôt l'autonomie face aux opérations, le financement des
hôpitaux ou l'administration des services qui permettent, en
définitive, que les soins soient attribués. C'est plutôt
cette dimension-là.
M. LAURIN: C'est cela.
M. CASTONGUAY: Il me semble, en premier lieu, que l'on doive laisser aux
institutions un certain caractère d'autonomie. Mais en même temps,
modifier encore une fois un peu plus le statut des corporations, la composition
des corporations. Les corporations, ou plutôt, les conseils
d'administration, dans bien des cas, ne me semblent pas être suffisamment
reliés à toutes les parties intéressées, par
exemple, la population, en premier lieu.
Les institutions sont là pour rendre service à la
population et la voix de la population, dans les corporations, est souvent
assez faible. Je comprends que l'administration d'un hôpital est une
chose assez complexe, mais il n'en demeure pas moins que la façon dont
les services sont donnés doit s'adapter aux besoins de la population, si
la population a une voix plus directe au chapitre.
La composition des conseils d'administration, la nomination des membres
devra faire l'objet de modifications.
Deuxièmement, lorsqu'on prend le portrait de tous les
hôpitaux, il me semble évident qu'un certain nombre
d'hôpitaux sont administrés d'une façon très
efficace, tandis que d'autres sont administrés d'une façon
inefficace. Je crois que l'attitude à prendre vis-à-vis de
l'établissement de contrôle ou le maintien du contrôle doit
justement se distinguer entre ces deux types d'administration. Que ce soit dans
les affaires ou dans les services publics, une administration efficace requiert
que des décisions soient prises le plus près possible de l'action
ou des gestes des mesures, qui doivent être posés. Et pour les
administrations hospitalières qui sont efficaces, on devrait tendre
à leur laisser autant d'autonomie que possible afin que leur
imagination, leur capacité de bien gérer, puissent s'exercer de
la façon la plus complète possible, et donner des encouragements
à cette gestion efficace. Quant aux administrations qui sont les moins
efficaces, on peut les déterminer, on peut faire la différence
entre les deux, par des comparaisons. Je comprends qu'il n'est pas possible de
comparer d'une façon radicale deux hôpitaux. La plupart du temps,
chaque institution a des caractéristiques un peu différentes,
mais malgré tout, il est possible d'établir certaines
comparaisons. Ainsi, pour les administrations qui sont les moins efficaces, le
ministère a la responsabilité d'intervenir, étant
donné que ces institutions dépensent les fonds publics. Au
besoin, cette intervention pourrait aller jusqu'à la
délégation d'un contrôleur et même d'un
administrateur.
Je crois qu'il n'est pas possible d'adopter une règle pour tous
les hôpitaux, mais les moyens pris devraient toujours tendre à
donner le plus de pouvoir de gestion possible aux administrations les plus
efficaces. De plus et pour toutes ces administrations, on sait que nous sommes
dans un domaine où de nouvelles techniques, de nouvelles méthodes
se développent constamment. L'expérience, ce que j'ai vu, indique
que lorsque certaines corporations hospitalières ont fait faire des
études pour améliorer leur administration, la plupart du temps,
cela a été fait de
façon isolée. Il me semble qu'on devrait pousser davantage
le développement des services de consultation et de normes qui
pourraient aider les hôpitaux davantage.
Lorsque je suis allé en Ontario, j'avais été bien
impressionné par le service de consultants et de normes mises sur pied
par la commission des hôpitaux de l'Ontario qui visitent constamment ces
hôpitaux et qui essaient par leurs conseils, leur expérience,
d'améliorer le fonctionnement.
Je préfère cette formule à l'engagement de
consultants par les hôpitaux pour des cas bien spécifiques,
étant donné que bien souvent, les consultants interviennent,
analysent le problème, mais ils ne le voient pas dans l'ensemble du
système et le fruit de leur travail ne bénéficie bien
souvent qu'à l'hôpital dans lequel le travail a été
fait. Ce service de consultation, d'aide technique devrait être
développé et mis à la disposition des institutions dans
toute la mesure du possible.
Cela se dit facilement, mais en pratique, je sais qu'il y a des
problèmes assez difficiles; il y a des contraintes budgétaires,
il y a aussi le fait que, dans certains cas, les institutions
hospitalières peuvent avoir les choses assez différemment, dans
leur administration. Elles sont peut-être un peu trop jalouses de leur
autonomie. Mais vous m'avez posé la question au plan de l'approche
générale ou de la philosophie, alors, c'est pourquoi la
réponse peut paraître un peu idéaliste, mais au moins c'est
celle qui me guidera.
Administration hospitalière
M. CLOUTIER (Montmagny): Merci, M. le Président. Je voudrais
aller un peu plus loin. Le ministre parle d'élargir la base de la
représentation au sein des corporations.
Je crois bien qu'en principe ce serait une excellente chose parce que ce
sont des institutions publiques qui concernent toute la population au
même titre que les institutions qui s'occupent d'éducation ou qui
s'occupent de bien-être. La sensibilisation des gens du milieu à
l'administration de ces institutions est importante.
Est-ce que, dans ce processus de régionalisation des
hôpitaux, des membres pourraient siéger à la corporation de
l'hôpital régional, qui est l'hôpital chef de la
région, et en même temps à la corporation des petits
hôpitaux satellites? Un ou deux de ces administrateurs pourraient se
retrouver à la fois aux deux niveaux d'administration, afin d'assurer
une meilleure coordination. On pourrait étendre le principe au domaine
médical aussi, où la même coordination ou la même
intégration pourrait se faire. Est-ce que le ministre pense en pratique
arriver à cette amélioration?
M. CASTONGUAY: Bien, on a parlé tantôt de la
nécessité d'assurer un certain continuum dans le processus de
traitements. Alors, pour que ce continuum, que ces mécanismes
fonctionnent réellement, il va falloir qu'il y ait des liens
fonctionnels entre les institutions aux divers niveaux. Les formules que vous
mentionnez sont des possibilités; il y a d'autres possibilités
également. Mais, en principe, je suis d'accord avec vous qu'il va
falloir des liens fonctionnels qui peuvent s'établir à divers
plans.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y aurait aussi des exigences de
base pour être administrateur au sein de la corporation, non pas comme
fonctionnaire à temps plein de l'hôpital, mais administrateur
d'une corporation hospitalière?
M. CASTONGUAY: Je m'excuse mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a dit tantôt que les
administrations hospitalières n'avaient pas toutes la même
qualité. Il y a des hôpitaux qui sont administrés
efficacement, mais il y a d'autres hôpitaux qui sont administrés
de façon inefficace. On comprendra, sans pointer aucune région en
particulier et sans faire de discrimination aucune, que, dans des
régions éloignées, le bassin de la population étant
moins considérable, le recrutement d'excellents membres de corporations
d'hôpitaux est plus difficile. Il est plus difficile de recruter de bons
administrateurs d'hôpitaux dans une région éloignée
du Québec qu'à Montréal ou à Québec
où on peut faire appel à des gens d'expérience, des gens
d'affaires, des gens qui siègent déjà à d'autres
corporations et qui sont continuellement engagés dans le processus des
affaires. Evidemment j'ai mentionné tantôt cette
possibilité que des membres des conseils d'administration siègent
sur un conseil et siègent aussi sur le conseil des hôpitaux
satellites. Mais on n'a jamais exigé, au sein de nos corporations
publiques, celles de la santé, du bien-être ou celles des autres
secteurs, aucune qualification de base, aucun minimum scolaire ou aucune
qualification spéciale pour siéger au sein de ces conseils
d'administration qui tout de même administrent des fonds importants du
Québec. Est-ce que cette réforme des corporations
hospitalières pourrait aller jusqu'à exiger des membres de la
corporation un certain minimum d'instruction ou une expérience des
affaires?
M. CASTONGUAY: Bien, je ne crois pas. Il me semble premièrement,
que les corporations doivent être constituées de gens
intéressés au développement des services communautaires et
que, par un processus démocratique, ces gens élisent ensuite un
conseil. On peut, dans la loi ou dans la réglementation, fixer certaines
limites de telle sorte qu'on s'assure qu'il y a une représentation de
tous les secteurs intéressés,
mais je ne crois pas qu'on doive aller jusqu'à fixer des normes.
Je crois qu'un des problèmes, ici encore, vient de raisons historiques;
dans la plupart des cas, nos hôpitaux étaient anciennement
administrés par des communautés religieuses.
Cette tradition de participation aux corporations, que ce soit dans le
domaine de l'enseignement, de la santé, est encore relativement
récente chez nous. Pour améliorer la qualité de ces
administrations, je pense qu'il y a un effort d'éducation à
faire. A mesure que les gens réalisent de plus en plus que ces services
sont leur affaire, la qualité va aller en s'améliorant.
Mais je ne crois pas, à prime abord, que l'on devrait
établir des normes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis satisfait, M. le Président, de
la réponse du ministre. La question s'est posée, j'ai eu à
y réfléchir à certains moments, et je me suis dit qu'il
fallait ouvrir la porte à toutes les disponibilités, permettre
à tous ceux qui sont sensibilisés au bien public et qui veulent
démontrer leur intérêt civique de faire partie de ces
corporations. S'ils n'apportent pas suffisamment de qualifications scolaires,
par contre, ils peuvent apporter d'autres compensations, comme
l'expérience, le bon jugement, le non-engagement direct, le non-parti
pris pour une partie ou pour l'autre, à l'intérieur de
l'hôpital. Le ministre a raison là-dessus de laisser la porte
ouverte à toutes les possibilités en ce qui concerne
l'administration des corporations hospitalières.
Toujours sur le même sujet, en parlant d'autonomie, on sait que
les hôpitaux sont regroupés dans leur association des
hôpitaux publics, qui rencontre le ministère, les officiers du
ministère régulièrement. Je crois qu'il y a une rencontre
mensuelle avec les fonctionnaires du ministère, surtout avec ceux de
l'assurance-hospitalisation. De ces rencontres, découlent des effets
très bénéfiques, parce qu'on peut plus facilement
coordonner l'action et faire aussi de la prévention.
L'Association des hôpitaux
M. CLOUTIER (Montmagny): L'Association des hôpitaux
présente annuellement au ministre de la Santé et aux
fonctionnaires du ministère le budget. Dans ce budget, on demande la
permission de prélever des fonds pour chacune des institutions, par lit,
pour développer certains services au sein de l'association, pour
poursuivre certaines études, mettre en marche certains programmes.
Est-ce que le ministre a eu l'occasion, déjà, au cours des
quelques semaines, de venir en contact avec l'Association des hôpitaux et
d'établir, d'une part comme de l'autre, des mécanismes, de
poursuivre le dialogue déjà engagé, et d'établir
les relations qui existeront entre le ministère de la Santé et
l'Association des hôpitaux?
M. CASTONGUAY: Je crois que le maintien de bonnes relations avec
l'Association des hôpitaux est essentiel au bon fonctionnement et au
développement des services de santé au Québec.
Malgré le peu de temps que nous ayons eu entre la formation du
gouvernement et le début des travaux de l'Assemblée et le peu de
personnes, par conséquent, que j'aie eu le temps de rencontrer, j'ai
déjà rencontré, au cours de cette période, le
président de l'Association des hôpitaux. J'ai eu un long entretien
avec lui. Le nouveau sous-ministre a rencontré également le
président de cette association à plus d'une reprise. Au sujet
d'une couple de problèmes qui ont surgi, nous avons consulté la
direction de l'Association des hôpitaux. De même, M. Mar-coux m'a
fait rapport sur les mécanismes de consultation qui existent. A mon
avis, ces consultations et discussions doivent se poursuivre.
C'est donc une politique déjà établie qu'il
m'apparaft nécessaire de poursuivre.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a un autre point sur lequel je veux
insister, toujours sur ce problème-là. L'Association des
hôpitaux son bureau de direction du moins a confié
des tâches particulières, en ce qui concerne l'étude du
problème de la régionalisation des hôpitaux. Effectivement,
je pense qu'ils préparaient leur propre carte de régionalisation
des hôpitaux. Il y a aussi un point très important qu'on a
touché tout à l'heure, celui du regroupement des achats et de
certains dossiers particuliers sur l'uniformisation des méthodes,
l'uniformisation de la comptabilité, l'uniformisation de certains
services à l'intérieur des hôpitaux.
Toutes ces choses doivent, en définitive, contribuer à
rationaliser ce secteur et à y apporter plus d'efficacité.
Là se pose un problème plus délicat. Jusqu'à quel
point l'Association des hôpitaux doit-elle poursuivre, non pas
unilatéralement parce que le gouvernement, le ministère de
la Santé peut certainement intervenir pour favoriser le
développement harmonieux de la régionalisation des hôpitaux
le regroupement des achats? L'Association des hôpitaux a
même confié à ses membres cette responsabilité de
travailler dans ce secteur du regroupement des achats.
Est-ce que le ministre veut aller un peu plus loin que les travaux que
fait actuellement ce service spécial de l'association ou prendre des
initiatives qui vont accélérer ce mouvement de regroupement des
achats? Parce qu'il y a certains hôpitaux qui ont encore une certaine
réticence à joindre ce mouvement, pour toutes sortes de
considérations sur lesquelles on n'a pas besoin d'insister. Mais il
reste que, dans certaines régions du Québec, il est facile pour
les hôpitaux de se regrouper et de pratiquer une politique d'achat. La
régionalisation sera alors plus facile. Si cette opération ne se
déroule pas
assez vite, est-ce que le ministre a l'intention d'intervenir, non pas
de façon draconienne, mais par certaines mesures ou certains moyens qui
vont hâter le processus?
M. CASTONGUAY: Je crois que la responsabilité première du
ministère, comme vous l'avez mentionné ce matin, c'est de bien
planifier ce qui doit être planifié, prendre les mesures qui sont
nécessaires pour assurer que les fonds publics soient
dépensés de la façon la plus judicieuse possible; c'est
aussi la responsabilité du ministère de négocier ou de
participer aux négociations, de diriger les négociations ou
d'intervenir dans la mesure où les fonds publics sont
dépensés, sont utilisés. Ce sont des
responsabilités que le ministère ne peut ignorer ou ne peut
déléguer. Toutefois, compte tenu du caractère d'autonomie
des institutions et de l'existence de l'Association des hôpitaux qui, en
fait, est conforme à ces caractères d'autonomie et peut
étant donné qu'elle représente des institutions dans
certains cas accélérer les processus, apporter une voie
différente, voir les problèmes d'un point de vue différent
de celui du ministère et, bien souvent, dans un sens très
positif, les problèmes peuvent évidemment être
perçus différemment selon le point de vue où l'on se
place.
Je crois que toute contribution qu'un organisme ou que l'Association des
hôpitaux peut apporter, toute initiative qu'elle peut prendre et qui
s'insère dans les cadres généraux fixés par le
ministère, devraient être bien reçues. Je ne sais si ce
problème se pose exactement dans les termes que le ministre a
employés: si l'Association ne va pas assez vite, est-ce que le
ministère va intervenir pour accélérer le processus ou
aller plus vite? En tout premier lieu, je crois qu'il importe pour le
ministère de dire: Nous devons faire telle ou telle chose, telles choses
doivent être faites, pour que nous nous acquittions de nos
responsabilités. Si une partie de ces choses se fait correctement
à l'extérieur, pour éviter des dédoublements, on
peut bénéficier de cela ou encore, si on voit un désir,
dans certains secteurs, d'assumer certaines tâches, on peut, par la
discussion, il me semble, s'assurer que ces tâches seront
effectuées dans les lignes de pensée, dans les orientations que
le ministère a pu se tracer.
Je pense que le ministère doit se fixer des objectifs et, compte
tenu du caractère des institutions, de leur regroupement dans une
association, de leur désir de collaborer, tenir compte de tous ces
éléments.
Sels d'argent
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais mentionner un cas concret au
ministre pour lui montrer il a peut-être pris connaissance du
dossier que tout dépend de la façon dont l'intervention
est faite.
A priori, le ministre ne refusera certes pas d'intervenir pour
accélérer le processus en y mettant cependant les
précautions et les formes voulues.
Il y a un dossier en particulier qui est assez éloquent. C'est le
dossier de la récupération des sels d'argent. On avait
attiré mon attention sur la possibilité qu'une action
concertée des hôpitaux dans ce domaine puisse apporter, en argent,
des résultats assez intéressants pour les hôpitaux. Nous
avons demandé à l'association, de concert avec nous, de
préparer un dossier, et l'association a demandé des soumissions
publiques pour la récupération à l'échelle
provinciale des sels d'argent. Je sais que les soumissions sont entrées.
Je ne sais pas quels sont les résultats, mais sans connaître les
chiffres, je sais d'avance que les propositions faites par les soumissionnaires
sont certainement plus intéressantes que les résultats actuels,
alors que chacun des hôpitaux s'occupait de sa propre
récupération.
J'avais mentionné à l'association des hôpitaux
qu'avec des mesures comme celles-là, une partie des
bénéfices additionnels pourrait être reversée
à l'association des hôpitaux, pour qu'ils poursuivent certains
programmes de recherche, de régionalisation. Je crois que c'était
une excellente approche et je le mentionne au ministre pour attirer son
attention... C'était une façon que nous avions trouvée, en
collaboration avec les hôpitaux, tout en permettant de faire entrer des
fonds plus considérables, de ménager les fonds publics et de
permettre tout de même à l'association des hôpitaux d'en
tirer un certain bénéfice pour sa propre expansion, son
fonctionnement. J'attire l'attention du ministre sur ce dossier
extrêmement important et nul doute que le travail commencé va se
terminer.
M. CASTONGUAY: Lorsque j'ai mentionné plus tôt, sur
quelques cas particuliers que nous avions été en communication
avec l'association, j'avais justement à l'esprit cette question de la
récupération des sels d'argent. Je ne sais pas si cela s'est
produit avant le changement de gouvernement ou après. Il s'agit des sels
d'argent dans les films radiographiques. Au moyen de cette
récupération, il est apparu à un moment donné la
possibilité d'attirer une entreprise qui pourrait peut-être
s'établir au Québec. Nous sommes entrés en communication
avec elle. L'association des hôpitaux nous a dit que le cheminement pris,
étant donné cette nouvelle dimension du problème,
l'embêtait quelque peu. Elle se demandait si elle ne dépassait pas
son rôle. J'ai demandé à mon chef de cabinet d'entrer en
communication avec les services techniques du ministère de l'Industrie
et du Commerce et cette question est toujours à l'étude.
Peut-être que M. Langlois pourrait nous en dire quelques mots. Il
me semble que c'est lui qui avait été contacté au sein du
ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les services techniques du ministère ont
préparé tout le dossier qui était extrêmement
complexe. Evidemment, il a dû être préparé à
l'aide de tous les experts du ministère et même avec l'aide de
l'extérieur, je crois bien. Mais c'était un dossier
extrêmement technique et je sais que les soumissions avaient
été demandées au mois d'avril et les soumissions devaient
entrer je pense après un délai d'un mois. Elles doivent
être arrivées au mois de mai. J'attire l'attention du ministre
étant donné que je sais pertinemment que cela pouvait
entraîner l'installation d'une industrie dans le Québec.
M. CASTONGUAY: C'est à ce moment-là que l'association des
hôpitaux nous a dit: Est-ce que nous pourrions suspendre cette question
de demande de soumissions, parce que là, justement, le problème
dépasse notre dimension et on ne voudrait pas compliquer les choses?
C'est là que j'ai demandé que l'on communique avec l'Industrie et
le Commerce parce qu'il me semble que si l'on peut faire d'une pierre deux
coups, tant mieux.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Bourget.
Régionalisation
M. LAURIN: Du problème des urgences, nous avons basculé au
problème de l'autonomie des corporations hospitalières et ensuite
au problème de la régionalisation. Je crois que cela se comprend
assez bien puisqu'on ne peut pas régler le problème des urgences
sans parler du problème de l'autonomie des hôpitaux et de la
régionalisation. J'espère cependant qu'on n'attendra pas de
régler ces problèmes extrêmement complexes que posent les
corporations hospitalières et la régionalisation pour en arriver
à des solutions, ne serait-ce que transitoires au problème des
urgences.
Quant au problème de la régionalisation et des
corporations hospitalières, on peut comprendre assez facilement la
frustration des corporations qui, lors des grandes négociations, au
sujet des salaires de leurs employés, se sont fait imposer une solution
et c'était forcé par le gouvernement. Par ailleurs,
elles peuvent craindre aussi que, dans les nouvelles tentatives pour en arriver
à une formule de régionalisation, elles perdent encore une partie
de leurs pouvoirs. C'est donc pourquoi je me sens un peu en sympathie avec
elles, malgré que je ne peux pas m'empêcher quand même de
constater que la voie de l'avenir, dans l'organisation des services de
santé, à part tout l'effort de normalisation au niveau du
ministère, est quand même dans la voie de la
régionalisation.
Ici, il me semble qu'il faut viser à une régionalisation
plus étendue que celle des établissements hospitaliers. Il faut
viser à une véritable régionalisation des services de
santé qui comprennent, bien sûr, les hôpitaux, mais
également des centres communautaires qui sont, encore une fois, la
plupart du temps, à créer. Ils comprennent diverses
catégories de disciplines qui doivent être
représentées. Ils comprennent certains représentants des
organismes publics, qui, sans s'occuper directement de santé, ont un
intérêt direct à la santé et ils comprennent
également tous les organismes qui s'occupent de prévention, et
ils sont nombreux. Car si on se limite à une régionalisation qui
vise à l'intégration des établissements hospitaliers,
toute nécessaire qu'elle est, on va manquer le bateau, on va manquer la
voie de l'avenir.
Je me demande s'il n'y a pas lieu de reprendre, pour les fins du
ministère de la Santé, la division du Québec en
régions administratives telle qu'elle avait été faite en
1960. J'ai l'impression que c'est une bonne division géographique, sur
papier, mais quand on arrive à examiner les problèmes de
santé, peut-être qu'il y aurait lieu d'y apporter certaines
modifications. Le nombre de ces régions me paraît trop
limité en ce qui concerne une agglomération comme celle de
Montréal. Il est sûr qu'il faudrait prévoir plus qu'une ou
deux régions à Montréal à cause de son
accroissement extrêmement rapide.
C'est là une vue à vol d'oiseau de problèmes,
encore une fois, infiniment complexes. Mais tout ce que j'aimerais savoir du
ministre, ce sont les directions dans lesquelles il entend s'engager.
M. CASTONGUAY: J'aimerais tout d'abord, si vous me le permettez, faire
simplement un commentaire sur la crainte des administrations
hospitalières quant au maintien d'un certain degré d'autonomie.
Le statut des institutions s'est modifié vous avez
mentionné le phénomène, l'élément de la
négociation mais il s'est également modifié dans
les faits par l'établissement de l'assurance-hospitalisation et pour
divers autres facteurs. Par exemple, le départ, dans un grand nombre de
cas, des communautés religieuses; dans d'autres cas, le désir des
populations locales d'exprimer leurs opinions quant aux services qui sont
distribués je pense qu'on en a eu un exemple à midi
ce sont là, en fait, tous des éléments qui ont
contribué à modifier le statut, dans les faits, des
administrations hospitalières.
La crainte qui a pu surgir, à mon avis, vient d'une certaine
confusion dans les fonctions, et, cette crainte-là va être
dissipée, ou va pouvoir être dissipée, dans une certaine
mesure, au même degré qu'il va être possible de clarifier
davantage les fonctions de chacun.
J'ai mentionné ce matin que, dans le passé, les
hôpitaux étant totalement autonomes, chaque administration
planifiait son développement, le planifiait en fonction des besoins
qu'elle, à l'intérieur, pouvait percevoir. Donc,
en plus de gérer l'institution, elle planifiait son
développement. On a laissé, dans une assez large mesure, le
pouvoir de planifier, dans les faits, aux institutions. Parce que ce sont elles
qui, bien souvent, font naître les projets d'agrandissement, de
développement des services, puis le tout est soumis et
étudié au ministère. Graduellement, le ministère,
percevant la nécessité d'équilibrer les services, est
intervenu, dans certains cas, pour rejeter les demandes, les modifier. Au plan
de la gestion, c'est un peu la même chose, on a certaines fonctions
vous avez mentionné les négociations par le fait
que les hôpitaux sont financés à même des deniers
publics, le gouvernement est intervenu.
On a, je crois, dans les administrations hospitalières,
perçu cette intervention comme une intervention au niveau de la gestion,
alors que c'est plutôt une intervention au niveau d'une bonne utilisation
des fonds publics: nécessité d'une politique salariale ou des
revenus, d'équilibre entre les divers secteurs, etc. Les processus
budgétaires, je crois, ont contribué, justement à
accentuer cette intervention dans la gestion. Alors il me semble que la
fonction de planification, comme je l'ai indiqué, est une fonction qui
appartient, en premier lieu, au ministère. Cela n'exclut pas la
participation, la discussion ou l'introduction, au niveau régional et
local, des considérations qui sont perçues à ces niveaux;
mais le fait de retirer cette fonction au niveau local m'apparaît
nécessaire. Une fois qu'on a déterminé quels sont les
besoins d'une institution, quelle est la taille des services, l'ampleur des
services qui doivent être offerts, la façon de les agencer sur le
plan local, de les organiser, c'est une autre chose.
Là, on entre dans la programmation. La programmation, je crois,
à ce niveau-là, doit être laissée aux institutions.
De la même façon, au plan du financement, les fonds étant
des fonds publics, le gouvernement a la responsabilité de l'utilisation
de ces fonds, c'est-à-dire quant au niveau des ressources
allouées, comment elles sont réparties parmi les personnels, pour
établir les équilibres avec les autres secteurs, la croissance de
ces fonds. Mais une fois que ces normes, ces critères, ces jalons sont
établis, l'administration, la gestion même de l'hôpital
demeure une fonction qui devrait être maintenue au niveau de
l'institution.
Je crois qu'il y aurait certaines clarifications à faire. Je
comprends que, dans une période de transition assez rapide, il ait pu y
avoir des inquiétudes; mais, à mesure que ces
responsabilités vont être clairement attribuées à
des niveaux, la situation va pouvoir se stabiliser. Je crois même que ces
inquiétudes vont pouvoir s'atténuer grandement.
M. LAURIN: Mais il reste que, si on institue cette nouvelle
régionalisation dont nous parlons tous, il va falloir confier des
pouvoirs à ces autorités régionales.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LAURIN: Des pouvoirs de planification, de gestion aussi.
M. CASTONGUAY: Oui. M. LAURIN: D'exécution?
M. CASTONGUAY: Bien là! c'est là, je pense, qu'on tombe
dans des problèmes.
M. LAURIN: Justement, je voulais parler ici des initiatives qui ont
été prises par certains pays européens, qui ont cru bon
d'instituer ce qu'en Angleterre on appelle les "Local Health Authorities", ou
des organismes régionaux, qui ont véritablement un pouvoir au
niveau de la région, un pouvoir qu'elles partagent, bien sûr, avec
l'autorité centrale qui, elle, fixe les normes, alloue les fonds,
l'ordre de grandeur des fonds. Mais, au niveau de l'exécution, aussi
bien que de la préparation des règlements ou des lois, elles
jouent un rôle important. Il me semble que, dans cette nouvelle voie qui
nous est ouverte, on ne peut pas se priver de ce palier d'organisation, je ne
dirai pas de gestion, peut-être, mais de gestion limitée, toujours
dans un esprit de collaboration organique avec le palier supérieur.
M. BOIVIN: Les besoins se font sentir à la base, même ils
se préparent. Il y a une certaine planification qui se prépare
là; mais, juridiquement, le ministre a le contrôle.
M. CASTONGUAY: Mais ils sont vus les besoins uniquement si vous les
regardez sur un plan un peu plus général, ils sont sentis
à la base. A la base, on ne sent que des besoins particuliers ou
limités à une dimension de la question...
M. BOIVIN: Moi, je ne crois pas...
M. CASTONGUAY: C'est pourquoi il faut s'isoler, s'élever un
peu.
M. BOIVIN: Je ne crois pas que ce soit si mal vu des hôpitaux, si
on leur fournissait l'assistance dont vous avez parlé tout à
l'heure sur tous les plans: juridique, financier, médical et
hospitalier, en collaboration, par exemple, avec le Collège des
médecins, en ce qui regarde la médecine, et en collaboration avec
l'Association des hôpitaux. Je ne pense pas que les hôpitaux soient
jaloux de leur autorité, pour autant que cela ne se fasse pas...
M. CASTONGUAY: Non d'accord.
M. BOIVIN: ... d'un point de vue d'inspection pour les prendre en
défaut. Je pense qu'avec l'assistance, cela manque peut-être
au
ministère, l'organisation de cette assistance, sur tous les
plans.
M. LAURIN: Pour avoir participé, M. le Président, à
plusieurs colloques consacrés à la régionalisation, je me
suis rendu compte qu'une des faiblesses de ces organismes régionaux
qu'on essaie d'implanter, dans ceux qui participent déjà, on se
plaint de n'avoir aucun pouvoir. Parce que, d'un côté, il y a des
pouvoirs qui sont le fait des corporations hospitalières, et d'autres
qui sont le fait du gouvernement. Mais eux sont là simplement pour
parler.
Les pouvoirs leur manquent pour faire quoi que ce soit de concret, de
réel, au niveau de la région, alors que tout le monde en
connaît la nécessité.
M. CASTONGUAY: D'accord, la grande difficulté est de
déléguer les pouvoirs réels, tout en s'assurant qu'ils
seront exercés d'une façon judicieuse. C'est toujours le
même problème. Tout le monde parle de décentraliser, de
déléguer, mais tout le monde en même temps ceux
ayant des responsabilités sans s'en rendre compte bien souvent
pose des gestes tendant à centraliser. C'est cet équilibre qui
est difficile à atteindre.
M. BOIVIN: C'est dans le choix du personnel que cela peut manquer.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que la commission voudrait suspendre
pour une dizaine de minutes pour donner une chance aux officiers du
ministère...
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Dans dix, quinze minutes.
Reprise de la séance à 16 h 26
Comités de planification
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, avant la question de la
régionalisation et de la planification, je voudrais demander au
ministre, étant donné qu'il y a à l'oeuvre, dans des
régions du Québec, des comités de planification qui font
depuis plusieurs mois un travail assez soutenu, quelle est la reconnaissance
qu'a le ministre de ces comités de planification. Est-ce qu'il est
prêt à leur accorder un statut plus officiel que celui qu'ils
détiennent actuellement? Est-ce qu'il a l'intention d'élargir la
composition de ces comités de planification et est-ce qu'il se sentira
plus ou moins lié par les recommandations de ces comités de
planification?
M. CASTONGUAY: Comme il a été mentionné
tantôt, je crois bien qu'un certain nombre d'organismes de cette nature
se sont vus quelque peu frustrés dans le passé parce que,
justement, leurs pouvoirs étaient bien limités. Ils
étaient en définitive des organismes consultatifs dans bien des
cas. Quelques-unes des difficultés qui se présentent ou en tout
cas, que je vois, c'est que, tant et aussi longtemps que ces organismes n'ont
pas un cadre général dans lequel agir, tant qu'il n'y a pas
d'objectifs généraux qui leur sont donnés, ils peuvent
agir chacun selon leur gré. Et même si les individus en cause
peuvent faire du travail extrêmement valable au plan de la
détermination des besoins, des propositions, de solution, il n'en
demeure pas moins qu'il faut, malgré tout, à mon avis, un cadre
général qui les intègre. Le député de
Bourget me demandait si l'on entendait continuer de procéder par
réseau, par secteur, par type de maladie. Si un comité de
planification continue de fonctionner suivant une certaine manière et
que le ministère entend adopter une autre façon de
procéder, même si ce sont là des gens de bonne foi,
compétents, etc., il n'y aura pas de rencontre. Il est
nécessaire, avant de pouvoir donner des pouvoirs plus complets à
de tels comités, de s'assurer que le tout va fonctionner de façon
assez harmonieuse.
Deuxièmement, on l'a vu, je crois, dans le domaine de
l'éducation, il est nécessaire aussi, en retour de pouvoirs qui
sont accordés, de donner aussi des responsabilités. Pour assumer
des responsabilités, il faut être prêt à le faire, il
faut avoir suffisamment de ressources, il faut avoir un pouvoir juridique
d'assumer des responsabilités. Il faut aussi être accepté;
il y a une dynamique aussi dans ce domaine. On voit, par exemple, les travaux
du comité de planification des services de santé des Cantons de
l'Est, qui a fait de l'excellent travail. Mais encore là, ce n'est pas
toujours accepté. Je pense que, tout comme on l'a dit en ce qui a trait
au statut des institutions, cette question de comité de planifi-
cation ou, en fait, de régionalisation des organismes
régionaux qui peuvent avoir des fonctions de régionalisation,
etc., cela doit se faire d'une façon ordonnée en prévoyant
toutes les implications. Mais l'objectif est certainement de donner à
des organismes régionaux des pouvoirs, et particulièrement au
plan de la planification des ressources de la région.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cela irait jusqu'à un statut
juridique? Certains de ces comités il y en a un dont je me
souviens en particulier, celui de Sherbrooke, dirigé par M. Thomas
Boudreau, un économiste du ministère de la Santé
avaient demandé d'être reconnus par lettres patentes et d'avoir un
statut juridique. Est-ce que le ministre serait prêt à accepter
une telle demande ou préfère-t-il, avant d'avoir revisé
tout le système, continuer sous la forme actuelle?
M. CASTONGUAY: Je crois qu'un statut juridique est nécessaire
pour de tels organismes, dans l'optique de l'objectif poursuivi, tel que je le
mentionnais. Il s'agit de savoir si la demande pour obtenir une charte doit
provenir de ces organismes ou si cela devrait être fait par une
législation qui établirait un cadre de fonctionnement pour ces
organismes, qui en préciserait les responsabilités, le
fonctionnement, le financement, la composition? Si on veut en arriver à
une organisation assez uniforme pour l'ensemble du territoire et que chacun s'y
retrouve, je pense qu'il y a lieu de considérer sérieusement une
législation dans ce domaine.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il s'agissait de législation et d'une
loi-cadre, j'imagine que, dans le secteur de la santé et du
bien-être, ce secteur ne pourra pas fonctionner indépendamment de
l'Office de planification et d'une planification générale du
gouvernement. Est-ce exact?
M. CASTONGUAY: II faut également éviter les
dédoublements. Il va être nécessaire, non seulement
d'éviter les dédoublements, mais aussi de s'assurer qu'il y ait
une coordination. Il faut faire les raccordements où ils s'imposent avec
l'Office de planification.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre se sent lié par
les recommandations très précises qui pourraient ou qui ont pu
être faites par ces comités qui font, évidemment, des
rapports périodiques au ministère de la Santé?
M. CASTONGUAY: Les comités actuels? M. CLOUTIER (Montmagny):
Oui.
M. CASTONGUAY: Me sentir lié, non. Mais sentir le besoin de
consulter ces rapports, oui. Etant donné que même si on n'en est
pas rendu au stade" de développement complet de ces organismes, dans la
mesure où ils font un travail compétent, un travail utile, qui
met en lumière des besoins dans une région, qui fait percevoir
comment ces besoins se manifestent, parce qu'ils ne se manifestent pas
nécessairement toujours de la même façon selon les
régions, je crois qu'il y a nécessité de consulter les
travaux de ces comités, mais pas de se sentir lié par ces
travaux.
Médecine préventive
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela complète les questions sur ce sujet
de la régionalisation et de la planification. Je voudrais maintenant
toucher à la question de la médecine préventive.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Vous avez une question M. le
député de Bourget?
M. LAURIN: Tout à l'heure.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un des secteurs importants de la
santé et le ministre, dans les études et les travaux
antérieurs, je l'imagine, trouvera des recommandations précises
faites dans ce secteur. Est-ce que le ministre pourrait nous dire quelles sont
les nouvelles politiques qui pourraient être amorcées par le
ministère ou l'accroissement de l'efficacité des politiques
actuelles qu'il a déjà envisagé?
M. CASTONGUAY: De façon générale, on a perlé
des secteurs qui se sont développés dans le passé. Je
pense que, dans le domaine de la médecine préventive ou de la
prévention, on a l'exemple d'un secteur qui s'est assez
développé à un moment donné de l'histoire du
développement des services de santé, pour des raisons assez
particulières, et qui est resté, à mon avis, beaucoup trop
isolé des autres services de santé.
Je sais que des gestes ont été posés, au cours des
dernières annés, et qui vont faciliter un rapprochement, et,
éventuellement, une plus grande coordination et même, à
certains moments, une intégration au plan de la
rémunération du personnel, des possibilités de se
perfectionner. Il y a aussi, vous le savez, particulièrement au plan des
médecins, les modes de rémunération qui n'ont pas
contribué à ce rapprochement, alors que les médecins en
médecine active ou en traitement actif étaient payés
à l'acte et que les autres étaient à salaire.
J'ai souvent entendu dire qu'une des barrières à
l'élargissement du rôle ou aux rapprochements de tous ceux qui
oeuvrent dans le domaine de la médecine préventive et les autres
provenaient, justement, de ces écarts, de ces modes de
rémunération différents. L'amélioration des
conditions de rémunération est déjà un pas. Il y a
un second pas à faire. Je crois, lorsque l'on discute de centres de
santé locaux ou des besoins dont on a discutés et qui
devraient être satisfaits, auxquels on devrait répondre par
le truchement d'une équipe au niveau des communautés locales que
la prévention devrait être intégrée aussi
complètement que possible. De telle sorte que l'éducation de la
population, le dépistage de la maladie, le maintien des dossiers des
individus à ces niveaux-là des familles, le traitement des
affections les plus courantes, le raccordement avec d'autres services sociaux,
la distribution des services à domicile, tout ça devrait
émaner d'une même organisation.
Moi, dans ce sens-là, au sens qui a trait à la
médecine préventive, il me semble qu'il va falloir effectuer
cette coordination, cette intégration. Au plan des ressources qui sont
affectées à ce secteur, j'ai toujours eu l'impression que
je comprends que le développement des services hospitaliers a
entraîné des hausses extrêmement rapides des coûts
mais il me semble que dans la mesure du possible il va nous falloir
essayer d'affecter une plus grande proportion des budgets de la Santé
à la prévention, au dépistage.
M. LAURIN: Je suis bien d'accord, M. le Président, avec ce qui
vient d'être dit mais je ne pense pas, par ailleurs, qu'on puisse
régler ce problème de la prévention et des unités
sanitaires uniquement par voie législative. En ce qui me concerne, j'ai
souvent vu qu'une des raisons, en tout cas, de l'inefficacité des
unités sanitaires c'était un problème de formation.
Souvent, ces médecins d'unités sanitaires ont été
formés dans des facultés où l'hygiène était
enseignée d'une façon de plus en plus surannée et
anachronique. Il se développe maintenent dans les facultés de
médecine des départements de médecine préventive
véritable où on ne se contente plus d'enseigner l'hygiène
simplement au niveau public ou simplement au niveau des vaccins ou des
sérums qu'on doit injecter pour empêcher l'apparition de certaines
maladies. Une véritable science de la médecine préventive
est enseignée au niveau des facultés de médecine, pour les
étudiants en médecine d'une part, mais qui, de l'autre, devient
une véritable spécialisation. Je pense que les futurs
médecins qui s'occuperont des unités sanitaires devront avoir une
formation spécialisée dans ce domaine et peut-être une
formation plus prolongée que les autres. Parce que leurs
responsabilités seront plus grandes, la somme de connaissances qu'ils
devront posséder sera beaucoup plus étendue d'une part, et de
l'autre la qualité des gens qui abordent ces postes plus
élevée.
J'étais content d'entendre M. le ministre dire qu'on pense
à une rémunération plus grande pour ces médecins.
Si on rémunère d'une façon plus équitable ces
médecins, on pourra attirer un personnel mieux préparé
à ces fonctions. Trop de fois, dans le passé, on a vu occuper ces
fonctions par des gens que la médecine générale rebutait
ou qui, pour des raisons très person- nelles, voulaient se mettre un peu
sur la touche, travailler un peu moins fort. C'est précisément un
des domaines d'avant-garde de la médecine, là où il faut
travailler le plus fort, non seulement avoir énormément de
connaissances mais de dépenser pour faire l'information de la
population, l'éducation de la population, il faut donc conjuguer
plusieurs qualités. Donc, une politique de rémunération,
une politique d'instruction plus adéquate pour les étudiants en
médecine, une spécialisation plus poussée selon les
standards de la science dans ce domaine précis en même temps que
l'intégration de ces médecins nouveaux,
spécialisés, dans les corps régionaux dont on parlait tout
à l'heure, fera beaucoup, à mon avis, pour régler le
problème de la prévention. Ça comporte, bien sûr une
législation nouvelle. Mais bien d'autres mesures sont du ressort du
ministère, pour autant que le ministère peut stimuler, pousser
à la roue de toutes les réformes qui s'imposent dans divers
domaines et qui trouveront leur aboutissement dans le domaine de la
prévention.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Joliette.
M. QUENNEVILLE: Ce que j'ai à dire rejoint un peu ce que le
député de Bourget disait tantôt. Même si on n'accuse
pas ces médecins-là de mercantilisme, disons que jusqu'ici les
émoluments de ces médecins-là faisaient vraiment
pitié. Je ne crois pas que cela ait pu jusqu'ici attirer les
médecins qui étaient réellement convaincus de l'importance
la prévention. Cela rejoint ce que le député de Bourget
disait.
M. CLOUTIER (Montmagny): La dernière convention collective a
établi des niveaux de salaire plus intéressants de sorte que le
spécialiste, je donne cela de mémoire, en hygiène au sein
des unités sanitaires a $20,000 de rémunération ou tout
près de $20,000, on me corrigera si je me trompe, mais je crois que
c'est $20,000. Pour l'omnipraticien, c'est $14,000.
M. QUENNEVILLE: Vous permettez. Je pense qu'ils ne sont pas tellement
satisfaits de leurs émoluments, parce qu'ils sont encore en
négociations. Ils sont actuellement ici à Québec pour
cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est peut-être pas sur les clauses
salariales.
M. QUENNEVILLE: C'est sûrement sur les clauses salariales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que chaque fois qu'il y a une
négociation avec les médecins, on doit conclure que c'est sur les
clauses salariales que cela accroche?
M. QUENNEVILLE: Cette fois-ci, cela l'est, c'est sûr.
M. CASTONGUAY: Seulement un petit mot, je suis d'accord avec le
député de Bourget: ce qui se fait au niveau de l'enseignement, du
recyclage est extrêmement important. Vous savez comment l'organisation de
l'enseignement à Laval a évolué, à Sherbrooke, etc.
Récemment, nous recevions un premier rapport de l'Université de
Montréal sur le même sujet en ce qui a trait à
l'école de santé publique. Egalement, sur ce plan-là, il y
a une évolution qui est dans la bonne voie. Je pense que nous sommes
tous d'accord.
M. LAURIN: Je ne sais pas si on arrivera à payer, comme en Chine,
le médecin aussi longtemps que ses patients ne tombent pas malades et
qu'on cesse de payer au moment où ils tombent malades. C'est
peut-être un idéal.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Joliette.
M. QUENNEVILLE: II faut que j'ajoute quand même qu'il n'y a pas
seulement une question salariale actuellement dans la convention. Il y a aussi
le fait que ces médecins de l'unité sanitaire voudraient avoir la
permission d'exercer en dehors je ne sais pas s'ils prévoyaient
à ce moment-là l'assurance-maladie de toute façon,
ils veulent augmenter leurs possibilités d'exercice de la
profession.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une clause qui avait été
inscrite dans la dernière convention collective, une clause de
disponibilité exclusive pour les services gouvernementaux. Je sais que
cela a fait l'objet de discussions très élaborées. Au
moment de la dernière convention collective, il avait été
prévu une certaine période de transition non formelle, mais
après les négociations, pour faciliter l'acceptation de cette
clause. Je pense que c'était une clause spécifique du contrat, de
l'entente collective. Il est possible qu'à ce moment-ci, dans les
discussions, que ce soit encore l'objet de difficultés.
Au sujet des unités sanitaires, toujours, et de la
médecine préventive, je voudrais demander au ministre si c'est
son intention d'effectuer le rapprochement toujours plus étroit du
réseau d'unités sanitaires avec son équipement, ses
ressources humaines, et du réseau hospitalier. Il y a certainement des
avantages, mais est-ce qu'il y voit des dangers et certains
inconvénients?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il peut y avoir non pas une divergence de
principes, mais peut-être des modalités d'approche
différentes avec ce qui a pu être fait dans certains cas. Ce qui
m'apparaît dans cette conception de la prévention, du
dépistage, de l'éducation sanitaire, le plus important, c'est que
l'action de tous ceux qui sont dans ce secteur soit le plus collée
possible à la population. Dans la mesure où certains des
hôpitaux sont devenus tellement grands, qu'ils perdent, dans une certaine
mesure contact avec la population, je ne vois pas à ce moment-là
le rapprochement avec l'unité sanitaire, cela devient des ressources
à mon avis ces grands hôpitaux-spécialisées.
Je vois mal l'unité sanitaire là. Je la vois beaucoup plus
collée à la population. Dans des régions où la
population n'est pas tellement dense, où on établit un centre de
santé local, peu importe le contenu, mais tout le regroupement qui peut
être effectué devrait être fait. Parce que justement, je ne
crois pas que l'on doive dissocier ce qui se fait au point de vue de la
prévention, au point de vue du dépistage, au point de vue de
l'éducation, à ce niveau de traitement. Lorsqu'on pense à
un genre d'hôpital, on pense à un niveau un peu plus
spécialisé ou régional, je ne crois pas que l'unité
sanitaire devrait être là. Elle devrait être au niveau
beaucoup plus local.
M. CLOUTIER (Montmagny): II y a toujours ce danger aussi, le danger est
moins considérable dans les régions, le ministre parle des
régions où il est question de l'établissement de centres
de santé locaux où la population est plus dispersée. Mais
justement dans ces régions mieux pourvues en ressources
spécialisées, ce rapprochement pourrait peut-être amener
l'intégration, inconsciemment par exemple, de la médecine
préventive dans la médecine curative.
M. CASTONGUAY: C'est pour ça que j'étais heureux
d'entendre le député de Montmagny dire que, dans les
dernières négociations, une période de transition avait
été prévue.
M. LAURIN : M. le Président, peut-être faudrait-il en
arriver à l'abolition de ce nom d'unité sanitaire qui ne me
semble plus correspondre à la réalité. Peut-être
faudrait-il même en arriver à l'abolition de cette
catégorie de services: les unités sanitaires. Et confier ces
responsabilités, qui étaient exercées par les
unités sanitaires, aux nouvelles unités régionales, aux
centres communautaires qui se chargeront de toutes les fonctions, de tous les
services de santé. A partir de la prévention en passant par le
traitement jusqu'à la réadaptation. Et justement on peut penser
à la réadaptation. De la prévention on peut passer
à la réadaptation.
Lorsque nous avons discuté le projet de loi sur
l'assurance-maladie, nous avons assez longuement parlé des
prothèses et là on nous a dit que les études
préliminaires à l'inclusion des prothèses dans les
services couverts par l'assurance-maladie n'étaient pas
commencées. Peut-être y aurait-il lieu ici de
répéter la demande que nous faisions à ce moment, de
commencer cette étude en ce qui concerne l'extension possible
qu'impliquerait la couverture de soins prothétiques? Il y a des
institutions spécialisées maintenant au Québec qui
s'occupent de ces soins, qui font des recherches spécialisées
dans ce domaine-là. Il y a des spécialistes mainte-
nant. C'est une des spécialités reconnues par le
Collège des médecins. Peut-être que nous avons en main les
éléments qui nous permettraient de faire cette enquête,
d'en prévoir le coût et surtout les modes d'insertion dans les
divers autres services de santé dont nous venons de parler aujourd'hui.
De façon à en arriver à cette couverture complète
des soins non seulement au point de vue financier, mais au point de vue
philosophique je dirais, de façon à ce que cette conception de
l'homme en santé et malade qui tent à se dégager
aujourd'hui puisse s'incarner dans les faits le plus rapidement possible.
M. CASTONGUAY: Bien, je note les commentaires du député de
Bourget. On a déjà discuté de cette question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant au problème des services de
santé qui sont autonomes et dont la responsabilité relève
de l'administration municipale il y a le service de santé de
Montréal, de Québec et de certaines autres villes est-ce
que dans ce domaine-là où les municipalités ont des
responsabilités importantes, notamment dans le domaine de la pollution,
dans le domaine de la prévention, dans le domaine de la surveillance des
droits d'hygiène, le ministre entend continuer les politiques
déjà établies, soit de laisser aux services municipaux la
marge d'autonomie et les responsabilités qu'ils ont actuellement?
M. CASTONGUAY: Je pense que dans le contexte des problèmes que
nous discutons, il est important de reconnaître les divers types de
besoins ou les fonctions, les types de services qui peuvent répondre
à ces besoins, et de ne pas s'ancrer ou s'attacher trop fortement
à des cadres qui ont pu être fixés dans le passé.
D'autre part, je ne crois pas que, dans ce désir d'évoluer, on
doive non plus tout mettre de côté. Je suis allé rencontrer
les autorités du service de santé de Montréal et j'ai
été extrêmement impressionné par le fait que, dans
une ville de la taille de Montréal, il y a certains problèmes qui
ne peuvent être abordés ou réglés qu'autant qu'on
ait une organisation fortement intégrée. Les problèmes se
posent même au plan du dépistage, de la prévention, des
dangers d'épidémie par exemple; ils se posent d'une façon
passablement différente d'un milieu rural ou d'une plus petite
localité. Il me semble que ce qui importe le plus, c'est que, dans ces
regroupements dont nous parlons, dans ces coordinations dont nous parlons, on
fasse appel à tout ce qui est valable dans le système, on puisse
imaginer que dans certains cas on maintient les structures existantes
lorsqu'elles semblent répondre réellement à des besoins.
Mais peut-être doit-on orienter quelque peu, d'une façon un peu
différente l'action de ces services, pour s'assurer que les liens
s'effectuent là où ils doivent s'effectuer.
Dans le cas du service de santé de la ville de Montréal,
je pense qu'on a un exemple qui diffère passablement des unités
sanitaires de comté, et, je pense qu'il faut, dans ce cas, ne pas
adopter de position trop rigide au départ, au contraire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tout de même, dans des villes comme la
ville de Montréal, et particulièrement la ville de
Montréal, il y a certains secteurs eu on a assumé pleinement des
responsabilités dans le domaine de la santé, le ministre en a
énuméré. Est-ce qu'il n'y a pas, par contre, d'autres
secteurs où la ville de Montréal, en étant plus
près de ses administrés, surtout dans les zones
défavorisées peut faire un meilleur travail? Je pose la question
dans le cadre des communautés urbaines parce qu'il y a des
transformations de structures. Peut-être que cela entraînera aussi
une revision de ces responsabilités qu'assumait la ville de
Montréal et qu'assumera maintenant la communauté urbaine.
Notamment dans le domaine de la pollution, la ville de Montréal
ne peut pas isoler à son seul territoire, le problème de la
pollution. Cela déborde la ville de Montréal, cela englobe la
communauté urbaine, et cela va même au-delà. Dans cette
revision des responsabilités, est-ce que cela peut entraîner le
ministre à leur déléguer davantage de
responsabilités, particulièrement dans des secteurs où, je
crois, les villes n'ont peut-être pas assumé toutes leurs
responsabilités? En ce qui concerne le santé dans des zones
défavorisées je sais, je ne veux pas porter de jugement,
je n'ai pas l'intention de critiquer l'administration de la ville de
Montréal mais les administrateurs municipaux sont plus facilement
accessibles pour ces problèmes des zones défavorisées:
problèmes d'éducation, problèmes de santé,
problèmes de bien-être. Alors, est-ce que le ministre a
l'intention d'accentuer la coordination avec la ville de Montréal des
services de santé, des services de bien-être, afin de corriger ces
situations d'inégalités entre ces différentes zones?
M. CASTONGUAY: Je dois vous dire qu'il n'y a pas de modification
à ce stade-ci, dans les liens, les politiques, qui ont pu exister entre
le ministère, soit de la Santé, soit de la Famille et du
Bien-Etre, et les services de santé et les services de bien-être
de la ville de Montréal. En ce qui a trait plus particulièrement
à la pollution, j'ai pris connaissance du dossier qui a
été préparé au ministère. Il n'y a pas de
décision qui a été prise. Je ne sais pas si on peut
généraliser, dans ce secteur-là, ou si on ne doit pas
aborder les problèmes un par un, et...
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien, voici l'exemple...
M. CASTONGUAY: ... d'une façon générale, disons,
à donner...
M. CLOUTIER (Montmagny): L'exemple que je voulais souligner, c'est que,
du côté du bien-être, évidemment, avec la Loi de
l'aide sociale, la décentralisation, la réorganisation des
bureaux, le ministère de la Famille et la ville de Montréal se
sont entendus pour laisser à la ville de Montréal,
l'administration de la Loi de l'aide sociale et des prestations. Même la
ville de Montréal a consenti, avec ses dirigants, à apporter des
réformes pour mieux agencer son administration, les ressources dont elle
dispose, aux méthodes du gouvernement. Alors, dans le domaine de la
santé, c'est pour ça, étant donné le
problème des zones défavorisées qui à
Montréal se pose avec beaucoup d'acuité qu'il faut bien
coordonner. Le ministre a pris contact déjà avec ces zones. Le
centre communautaire de Pointe-Saint-Charles est un exemple concret du
problème des cliniques dans des régions
défavorisées; ce problème se pose dans Saint-Jacques, se
pose dans Saint-Henri, dans différentes parties de la ville de
Montréal. C'est pour cela que je mentionnais, peut-être de ce
côté-là, avec la ville de Montréal l'importance d'un
rapprochement, étant donné que beaucoup de ces
représentations sont faites aussi à la ville de Montréal,
qui peut-être affirme que la responsabilité appartient au
ministère de la Santé, et que le ministère de la
Santé, peut-être, dirait que ces responsabilités aussi
pourraient êtres assumées par la ville de Montréal, par ses
services de santé. C'est pour cela que je mentionne le besoin,
peut-être, de rapprochement entre les services de santé de la
ville de Montréal, qui pourrait, non pas assumer de nouvelles
responsabilités, mais peut-être assumer plus complètement
les responsabilités qu'elle a déjà dans ce secteur de la
santé.
M. LAURIN: M. le Président, j'aurais une dernière question
d'ordre général à poser. L'exclusion, par le bill 320
fédéral, des hôpitaux psychiatriques, a obligé le
gouvernement à assumer les frais totaux des soins psychiatriques, ce qui
a nécessité des dépenses considérables. Ma
première question c'est: Est-ce que des demandes ont été
faites pour que cette situation soit corrigée, pour que les lois
fédérales incluent désormais ces soins psychiatriques?
La deuxième question est qu'au cours des diverses
conférences fédérales-provinciales des dernières
années, il y a eu des négociations en ce qui concerne le
repatriement de programmes conjoints qui intéressent certains programmes
de santé: soins maternels, recherche médicale. Je me demandais
à quelle date prendrait effet le rapatriement de ces programmes
conjoints.
Services psychiatriques
M. CASTONGUAY: En ce qui concerne le financement des services
psychiatriques, en vertu de la Loi de l'assurance-hospitalisation, si ma
mémoire est fidèle, je crois que la loi fédérale a
été adoptée en 1958. Je pense que, depuis l'adoption de la
loi, et même au moment de l'adoption de la loi, on avait signalé
le fait qu'il n'y avait aucune raison d'exclure de cette loi les services
psychiatriques ou les hôpitaux psychiatriques. Depuis, si mes
renseignements sont bons, ces demandes ont été
répétées périodiquement. J'ai déjà
assisté à une ou deux conférences
fédérales-provinciales des ministres de la Santé, et je
crois que la demande est réintroduite chaque année. Chaque
année, la réponse semble être la même.
Programmes conjoints
Quant au rapatriement des programmes conjoints dans le domaine de la
santé, les accords définitifs ne sont pas faits. Il y a donc
encore une certaine période qui s'écoulera avant que nous en
arrivions à cette étape. Le retrait de ces programmes pose un
certain nombre de problèmes, comme vous le savez, celui de
l'équivalence, et celui de nous assurer que nous n'y perdons pas par le
fait même.
M. LAURIN: Quelqu'un pourrait-il nous en donner la liste et l'ordre de
grandeur des sommes à considérer?
M. CLOUTIER (Montmagny): De mémoire, je pourrais citer
premièrement la Caisse d'aide à la santé, qui est un
programme de $500 millions; les programmes d'hygiène publique, que vous
retrouvez au poste 6; il y a tous ces programmes. Partout où vous voyez
"contributions du gouvernement du Canada" ce sont les sommes qui correspondent
aux programmes. Il y avait le programme de construction des hôpitaux. La
province de Québec était la seule il y avait
peut-être une province de l'Atlantique qui n'avait pas
réussi à utiliser toutes les sommes mises à la disposition
des provinces par le gouvernement central. Mais, l'an dernier, nous avions fait
un effort spécial dans ce domaine; il restait une somme d'environ
sauf erreur $19 millions, $17 ou $18 millions. Il y a eu entente, lors
des conférences fédérales-provinciales, et ce montant de
$17 millions a dû être versé à ce moment-ci. Je crois
qu'il l'a été durant l'exercice financier
précédent. Au grand plaisir du ministre des Finances, une somme
de $17 millions a été versée pour le solde de ce programme
de construction d'hôpitaux.
Ce sont les principaux programmes. Bien sûr, il y a
l'assurance-hospitalisation et il y a maintenant le dernier programme dont le
gouvernement fédéral avait manifesté l'intention de se
retirer, et à qui j'avais dit: Plutôt que de se retirer, pourquoi
y entrer?
M. LE PRESIDENT (Fortier): Si les membres sont d'accord, nous irons
voter et nous redescendrons.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai causé avec les membres de la
commission et je crois que l'intention des membres était de continuer la
discussion générale et, celle-ci se prolongeant, touchant
à peu près à tous les sujets, d'adopter en bloc les postes
budgétaires. Parce que je crois, lorsque nous aurons terminé la
discussion générale, que nous aurons parlé d'à peu
près tous les postes du budget. Il en reste un certain nombre, mais nous
la abordons plutôt d'une façon générale, sans entrer
dans le détail de chacun des articles. C'était l'intention et je
pense que c'était le voeu des membres de la commission.
M. CASTONGUAY: Avant le vote?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, après le vote parce que la Chambre
n'attendra pas.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Après le vote, nous reviendrons
ici.
Reprise de la séance à 17 h 22
M. FORTIER (président de la commission de la Santé): A
l'ordre, messieurs! Nous reprenons nos travaux. Le député de
Bourget.
M. LAURIN: Je voulais simplement, M. le Président, demander au
ministre de compléter sa réponse à la question que je
posais sur la date d'expiration des accords pour le rapatriement du programme
conjoint et l'énumération des programmes qui tomberont dans
l'année qui vient ou l'autre année. J'ai eu la réponse en
privé, mais je pense que ce n'est pas tout à fait complet.
M. CASTONGUAY: Eh bien, on me dit que sur la question des
négociations... Vous savez que ces négociations sont conduites
par le ministère des Affaires intergouvemementales en premier lieu. On
me dit que la date d'une entente finale a été reportée
à un an. Je vous mentionnais également, au cours de cette
conversation à laquelle vous faisiez allusion, la complexité du
problème, étant donné les rythmes de croissance
différents des revenus d'une part et des coûts d'autre part entre
autres choses. Quant à la liste complète des programmes, ils sont
censés se terminer en 71/72, il s'agit de subventions à
l'hygiène mentale, à la lutte antituberculeuse, à
l'hygiène publique en général, à la lutte
anticancéreuse, à la réadaptation médicale et aux
enfants infirmes, ainsi qu'à l'hygiène maternelle et
infantile.
M. LAURIN: Et qu'est-ce qu'il restera après ça?
M. CASTONGUAY: II restera la subvention à la formation
professionnelle et la subvention à la recherche en hygiène
publique. Cela exclut, bien entendu, la caisse d'aide à la santé
et l'assurance-hospitalisation, je parle de certains programmes conjoints.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a une date de prévue pour
l'assurance-hospitalisation également?
M. CASTONGUAY: Oh! Là...
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur cette question des programmes conjoints,
des compétences des gouvernements respectifs on sait que la
santé est un domaine de compétence de juridiction provinciale
je voudrais souligner le point suivant : par les comités
d'étude conjoints, il y a des propositions de réforme qui sont
faites, il y a des suggestions, il y a des recommandations, et, à
l'intérieur de ces recommandations, il est toujours dangereux que
certains puissent se glisser subtilement qui ont pour effet, à
plus ou moins long terme, d'affecter l'intégrité, la
compétence du Québec, dans leur application. Dans le domaine de
l'étude des coûts, il y a certaines recommandations, quant
à la gestion des hôpitaux, qui, si elles n'étaient pas
discutées à fond par le Québec une discussion
entourée de toutes les précautions nécessaires et des
prises de positions formelles peuvent entraîner justement, en
pratique, ce transfert.
Dans l'organisation du système de santé, il y a de ces
recommandations du comité où on dit, entre autres: "Le
comité attribue au gouvernement fédéral les rôles
suivants: il lui reconnaît d'abord, en collaboration avec les provinces,
la responsabilité des politiques, ainsi que des standards nationaux. Il
lui décerne également et ce, au même titre que les
provinces, un rôle de premier plan, en ce qui a trait à la
planification, à la mise au point de standards, à
l'éducation et à la recherche dans le domaine des soins de
santé."
Je crois que c'est une recommandation qui comporte essentiellement des
exigences qui, si elles n'étaient pas discutées point par point,
pourraient entraîner des conséquences assez difficiles pour le
Québec. On peut accepter qu'il y ait, de concert avec les autres
provinces, et avec le gouvernement central, des discussions quant au standard
de santé à atteindre au niveau du pays, comme une certaine
uniformisation qui ne mette pas en doute certains critères essentiels
qui sont particuliers au Québec. Mais, dans cette recommandation
précise, je veux attirer l'attention du ministre parce que j'ai
eu l'occasion de travailler à l'étude des coûts, j'ai eu
l'occasion de faire des rencontres avec mes fonctionnaires à ce
moment-là et nous avions discuté de ce point précis
sur certaines de ces recommandations qui doivent être entourées de
beaucoup de précautions et de beaucoup de discussions, pas seulement au
niveau des fonctionnaires, parce que les positions ont été bien
établies au niveau des fonctionnaires du ministère de la
Santé, avec le gouvernement du temps. Il ne faudrait pas que, par un
manque de discussions de ces propositions qui sont faites, on se voie
entraîner imperceptiblement sur une pente qui pourrait nous faire perdre
des pouvoirs ou une partie de notre juridiction dans ce domaine.
C'est le point particulier que je voulais mentionner au ministre,
étant donné que l'étude de coûts qui a
été faite était extrêmement importante. Il y a des
recommandations qui seront mises en pratique, d'autres qui ne pourront pas
être mises en pratique, d'autres qui devront être modifiées
et je voulais attirer l'attention du ministre sur ce secteur extrêmement
important.
M. CASTONGUAY: Je prends bonne note de la mise en garde que formule le
député de Montmagny.
Recherche médicale
M. CLOUTIER (Montmagny): Un autre sujet que je voudrais toucher
brièvement, même s'il est d'importance majeure, est celui de la
recherche dans le domaine de la santé, recherche médicale
et celui des institutions qui sont associées à la
recherche, des institutions très spécialisées. Il y a
l'Institut de microbiologie et d'hygiène, sous la direction du Dr
Frappier; l'Institut de cardiologie, qui, même si c'est une institution
qui fait du traitement actif, il y a aussi une partie de recherche clinique et
de diagnostic, sous la direction du Dr Genest.
Je crois que ce sont trois institutions qui peuvent se targuer d'avoir
des chercheurs qui ont une renommée internationale, qui ont
apporté au domaine de la santé, sur le plan mondial, une
contribution extrêmement importante et extrêmement positive.
Ilya des montants de prévus, dans le budget du ministère
de la Santé. Je voudrais demander au ministre tenant compte
évidemment des contraintes budgétaires, de la période dans
laquelle nous sommes où on tient compte des contraintes et des exigences
de l'austérité s'il prévoit pouvoir accorder tout
de même au domaine de la recherche comme dans celui des institutions
spécialisées, toutes les possibilités ou toute la latitude
voulue pour assurer non seulement leur administration normale mais aussi une
expansion désirable.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'abonde dans le même sens
que le député de Montmagny quant à l'excellence des
instituts de recherche qu'il a mentionnés. Le Québec peut
certainement être fier d'avoir ces instituts de recherche. En ce qui a
trait au développement de la recherche ou à la poursuite des
efforts qui se font dans ce domaine, toujours compte tenu des contraintes
budgétaires, ce n'est pas mon intention qu'on réduise l'effort
financier du gouvernement dans ce domaine. Et si possible, j'aimerais qu'on
accentue l'effort particulièrement en ce qui a trait à certains
types de recherche, c'est-à-dire, à la recherche sur les besoins
de la population, par exemple, à la recherche en
épidémiologie, à la recherche portant sur les modes
d'organisation des services de la santé, à la recherche portant
sur les mécanismes d'évaluation des services. En fait, dans le
passé, la plus grande partie de l'effort dans le domaine de la
recherche, a été orientée particulièrement sur la
recherche clinique, la recherche fondamentale.
On a trop longtemps tenu pour acquis qu'à mesure que la science
progressait et qu'on contribuait à faire progresser la science de la
connaissance, la population, par le fait même, en
bénéficiait. Aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a un
écart assez grand surtout lorsqu'on descend dans les plus bas niveaux de
revenus, entre le développement de la connaissance et
l'accès qu'a la population aux bénéfices de ces
progrès réalisés.
Toute cette recherche portant sur les besoins, portant sur
l'organisation des services, portant sur le rendement, devrait être
accentuée grandement dans l'avenir, sans pour autant réduire
l'effort qui se fait au plan de la recherche clinique, au plan de la recherche
fondamentale, d'autant plus que bien souvent, cette recherche constitue un
élément à peu près essentiel à un
enseignement de bonne qualité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ces trois institutions spéciales que
nous avions mentionnées avaient présenté au
ministère, des plans, des projets d'expansion. L'institut de
microbiologie depuis plusieurs années, a subi des transformations
importantes, il y a eu des additions considérables sur le campus de
l'Institut de microbiologie. Des projets d'expansion ont été
soumis par l'Institut de cardiologie et, il y a aussi un projet dont le
ministre a peut-être pris connaissance au sujet de l'Institut de
recherche diagnostique du docteur Genest. Ces projets soumis seront-ils
discutés dans le même cadre que celui de l'expansion des
institutions hospitalières ou en fera-t-on une étude
particulière tenant compte du caractère bien spécial de
ces institutions où la recherche est un secteur important en plus du
secteur du traitement actif, toujours en ce qui concerne l'Institut de
cardiologie?
M. CASTONGUAY: II y a une dimension particulière dans
l'évaluation de ces projets, elle exige que des critères
différents soient introduits, étant donné la dimension
particulière ou la fonction particulière de ces instituts. Une
contrainte constante dans tout le processus de réévaluation des
autres projets est celle des disponibilités financières ou des
incidences sur les budgets de fonctionnement, dans l'avenir. En ce qui a trait
à cette dimension, cela devrait entrer dans le même cadre.
Construction d'hôpitaux
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela m'amène à l'autre sujet
important que nous devions discuter au cours de cette étude, c'est celui
de la construction des hôpitaux et celui de l'implantation des
ressources. Je voudrais inscrire la discussion dans le même cadre que
celle que nous avons faite hier, dans le secteur de la famille, au sujet des
personnes âgées et des institutions de l'enfance.
Il y avait des projets importants quant au nombre et au montant d'argent
impliqué. Le ministre, à son arrivée au ministère,
a pris connaissance, avec ses fonctionnaires, des projets en cours. Il en a
retenu quelques-uns qui peuvent actuellement poursuivre les étapes de
leur réalisation; d'autres ont été reportés pour
réévaluation, et j'imagine que d'autres, tout simplement, seront
écartés. Le ministre m'a remis deux listes
détaillées de chacun des projets. Ce n'est pas mon intention de
reprendre chacun des projets. Je voudrais que le ministre nous explique
d'abord, au début de cette discussion, quels sont les critères,
quelles sont les normes. D'ailleurs, il a en déjà commencé
l'élaboration à l'occasion de cette décision qu'il a
prise. Mais je voudrais qu'il nous donne plus de précisions aujourd'hui,
devant la commission. Quelles sont les grandes lignes de ce programme? Quelles
en sont les différentes étapes? Quels sont les mécanismes
qu'il a mis en place pour faire la revision et qu'est-ce qu'il prévoit
comme étapes successives de revision de ces listes et de permission de
continuer certains projets?
M. CASTONGUAY: M. le Président, au cours des discussions sur les
crédits, on m'a demandé d'exposer comment je voyais
l'organisation des services de santé au Québec. J'ai parlé
assez longuement des niveaux de services qu'il nous apparaissait
nécessaire d'établir ou encore, à partir des ressources
existantes, de modifier ou de prendre en considération. J'ai
également parlé de la nécessité de coordonner,
d'intégrer les services existants à partir d'une philosophie
où l'on ne distingue pas les réseaux de services de santé
qui intégrerait la prévention, jusqu'à la
réadaptation. J'ai également mentionné, au niveau des
premières lignes de soins ou des soins les plus courants, la
nécessité de coordonner, dans la mesure du possible, les autres
services sociaux. On a également discuté, soit au moment du
débat sur la Loi des hôpitaux ou d'une loi possible des
établissements de bien-être, du fait que les frontières
entre les institutions dans le domaine du bien-être, que ce soit pour les
personnes âgées, que ce soit dans le domaine de l'enfance, sont
bien souvent artificielles. Par conséquent, dans le développement
des ressources, il faudra, dans toute la mesure du possible, considérer
tous ces besoins, les besoins dans le secteur du bien-être, les besoins
dans le secteur de la santé, mais non pas les considérer en vase
clos. Voilà, quant aux grandes lignes.
Egalement, j'ai mentionné, ou d'autres autour de cette table ont
mentionné la nécessité de développer des centres
communautaires de santé; on a souhaité que des ressources un peu
plus spécialisées se retrouvent au plus tôt au niveau
d'hôpitaux ayant une certaine taille, des hôpitaux
régionaux, des hôpitaux spécialisés, ou des
hôpitaux universitaires.
La raison pour laquelle j'ai cru nécessaire et la
décision a été approuvée par le gouvernement
de faire cette revision des projets, c'était pour m'assurer que les
projets qui étaient en voie d'exécution, ceux qui étaient
en voie de préparation à diverses étapes, concordaient
avec cette approche. Il y avait aussi, dans toute cette histoire, la
possibilité de certaines divergences,
compte tenu du fait que, dans le passé, comme je l'ai
mentionné, tous étaient d'accord autour de cette table. Le
développement des services, particulièrement dans le domaine
hospitalier, s'est fait à partir d'une initiative émanant des
institutions, chaque institution voulant développer ses services mais,
bien souvent, sans qu'on regarde trop attentivement si ce développement
de services permettait un équilibre entre les diverses régions,
les divers types de besoins. C'était une autre des raisons pour
lesquelles il m'apparaissait nécessaire de reviser ce programme.
Enfin, on a parlé également de l'équilibre des
ressources en fonction des coûts de l'hospitalisation.
Lorsqu'on m'a demandé quels étaient les moyens qui
m'apparaissaient devoir être utilisés pour réduire les
coûts de l'assurance-hospitali-sation, j'ai parlé, au premier
titre, de l'équilibre dans les ressources compte tenu du fait que, par
exemple pour des patients qui pourraient être hospitalisés dans
des lits de malades chroniques, si on les hospitalise dans des lits
généraux, il en résulte des coûts beaucoup plus
élevés. J'ai dit que c'était un des endroits où,
à mon avis, on devait faire porter notre action, nos
préoccupations, dans un désir de contrôler les coûts.
On sait que, dans le passé, entre autres choses et pour d'autres
raisons, le développement des lits à traitement actif a
été beaucoup plus prononcé que le développement des
autres ressources. Alors c'était une autre raison qui m'incitait
à vouloir reviser ce programme.
Enfin, les incidences sur les coûts ou sur l'évolution du
budget du ministère de la Santé ne pouvaient être
négligées. On sait que le fonctionnement d'un hôpital
à traitement actif, ramené sur une base de lit/année,
représente des coûts de l'ordre de $10,000, $12,000, $15,000 par
lit. Alors, face à l'ampleur du programme, on peut imaginer que la
poursuite à terme de tous ces projets avait entraîné une
hausse considérable des coûts de fonctionnement dans les budgets
du ministère.
Alors, désirant m'assurer qu'à l'avenir l'augmentation du
budget du ministère se maintiendrait à l'intérieur d'une
limite acceptable, et permettrait une réallocation des ressources
vis-à-vis de certains besoins, on a parlé également, cet
après-midi, de la nécessité de consacrer peut-être
des montants plus élevés à la prévention, par
exemple, alors c'est un autre des facteurs qui nous a guidés.
Pour effectuer cette revision, nous ne pouvions évidemment
prendre un critère aussi précis que celui qui a servi dans la
revision du programme de construction des foyers pour personnes
âgées. C'est pourquoi le travail est un peu plus long, il
nécessite des évaluations de dossiers qui doivent se faire d'une
façon pas mal plus détaillée, pas mal plus complexe, et ce
travail est en cours. Quant à la façon d'effectuer ce travail,
étant donné les raccordements ou les rapprochements
nécessaires entre le ministère de la Santé et le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social sur ce plan, compte tenu
de la complémentarité des ressources ou de leur nature
passablement analogue dans bien des cas, un comité conjoint de
réévaluation composé de fonctionnaires des deux
ministères a été formé. Le docteur Dominique
Bédard, qui présidait déjà le comité de
planification des services de santé, a été appelé
à présider ce comité. Maintenant les noms de tous les
fonctionnaires qui siègent sur ce comité, le docteur
Bédard n'étant pas ici, on pourrait peut-être demander au
docteur Brunet ou à un autre des officiers du ministère d'en
donner la liste.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre les a donnés, je pense, en
Chambre. On pourra se référer au journal des Débats au
moment où il a fait sa déclaration.
M. CASTONGUAY : Le travail de ce comité se poursuit, au fur et
à mesure qu'il termine l'étude des dossiers, à partir d'un
ordre de priorité. H ne peut, évidemment, satisfaire tout le
monde, il n'est pas possible d'étudier tous les dossiers en même
temps. Certains projets présentent un caractère de plus grande
urgence que d'autres, compte tenu de l'état des travaux, etc. Mais ce
comité effectue son travail à un rythme aussi rapide que
possible. Un certain nombre de recommandations ont été
formulées. Elles sont formulées par le truchement du
sous-ministre, qui me les soumet avec ses commentaires, puis les
décisions se prennent dans des délais aussi brefs que possible.
Elles sont par la suite communiquées, avec autant de renseignements que
possible, aux corporations et nous avons voulu informer, en même temps,
les députés.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre vient de
fixer le cadre général en mentionnant les critères, la
planification, l'organisation des soins de santé, de la formation d'un
comité et les rapports ou progrès, qui lui sont soumis. Il y a
dans toute cette liste d'hôpitaux on pourrait les classer dans
différentes catégories il y avait ce genre d'hôpital
qu'on peut cataloguer comme un centre de santé local. Il y en avait une
douzaine ou une quinzaine de prévus qui devaient desservir des
régions plus éloignées, là où il n'y a aucun
type d'institutions pour la santé. Est-ce que le ministre pourrait nous
dire si la formule qui avait été proposée, après
étude par les fonctionnaires du ministère de la Santé,
voulant que ces petits centres devaient contenir des lits pour traitements
actifs, c'était en fait une clinique de maternité, des lits pour
malades chroniques, des cas urgents, des facilités de diagnostic, des
salles d'unité sanitaire et d'éducation du public. Enfin,
c'était, en gros, je pense, le contenu de ces petites institutions.
Evidemment, je pourrais donner la liste de mémoire, mais je sais que
cela
devait desservir d'abord des comtés de la rive sud ou à la
frontière, où il n'y a aucune institution de santé, et
aussi des comtés de la rive nord, dans la partie nord. En
Gaspésie, par exemple, il y a Grande-Vallée qui est située
de chaque côté à soixante-quinze milles, d'une institution;
il y a New-Carlisle, ou dans la région de New-Carlisle,
Paspébiac, il y avait Kamouraska, l'Islet, Montmagny, Portneuf,
Berthier, Saint-Gabriel-de-Brandon, Senneterre. Enfin, il y en a toute une
liste de ce genre d'institutions. Est-ce que les officiers du ministère
ont pu se pencher sur tous ces projets? J'imagine qu'ils sont tous à peu
près semblables. C'est un type d'institutions d'environ vingt à
vingt-cinq lits qui, dans le cadre de l'assurance-maladie, devaient servir de
centres de santé, et aussi contribuer évidemment à
retenir, dans des régions éloignées, des médecins
de pratique générale qui, autrement, désertent la
région parce que la distance à franchir pour se rendre aux
hôpitaux généraux, aux hôpitaux régionaux est
trop considérable. Cela les décourage dans la pratique de leur
profession. Est-ce que déjà le comité a eu l'occasion
d'étudier ce type d'institutions? Plusieurs de ces projets
étaient rendus à la phase de construction, d'autres
étaient rendus à la phase terminale, aux appels d'offres, et
d'autres dont les plans étaient préparés. Est-ce que, M.
le ministre, le comité a déjà eu le temps de statuer sur
ce type d'institutions?
M. CASTONGUAY: En ce qui concerne les besoins d'un service de
santé pour ces populations, qui dans certains cas ne sont pas tellement
denses et quelque peu isolées, il est évident qu'il y a un
problème qui dure depuis longtemps. Cette formule visait à
répondre à ce problème. On sait que, dans les endroits
où elle a été utilisée, entre autres aux
Etats-Unis, le succès obtenu a été extrêmement
limité. C'est pourquoi, dans ce cas, nous entendons utiliser une formule
quelque peu différente. Etant donné qu'il y a ici des aspects
assez techniques de la question, je demanderais au sous-ministre de commenter
cette question en plus du bref commentaire que je viens de faire.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Docteur Bru-net.
M. BRUNET: M. le Président, il est difficile de répondre
à la question posée par le député de Montmagny,
même sur le plan technique, et je ne pense pas qu'on puisse affirmer
qu'on a toutes les réponses au problème qu'il soulève.
Jusqu'à présent, nous avons pris comme norme le nombre de lits
par mille de population, pour essayer d'en arriver à une décision
sur l'ensemble des projets soumis. Nous avons pris des normes de distance par
rapport à la population, par rapport aux facilités existantes. En
ce qui regarde les centres de santé locaux, les hôpitaux à
vocation locale, avec 30 ou 40 lits, ces projets ont été
arrêtés ou l'étude se poursuit pour essayer de trouver les
formules les plus valables et aussi pour trouver des solutions.
La formule des hôpitaux de 40 lits a été mise en
cause au niveau du comité, elle a été fortement
discutée. Aux Etats-Unis, à la suite de l'expérience de
Hillburton, qui date d'à peu près vingt ans, les rapports des
experts américains mentionnent des expériences assez
désastreuses. Le programme a été abandonné. Il
reste le problème de la maternité, de l'accessibilité aux
soins, mais, encore là, on veut essayer de mettre l'accent le plus
possible sur des centres d'urgence bien organisés qui peuvent
répondre aux besoins. Il y a la maternité qui pose un
problème difficile en fonction des distances. Actuellement, nous ne
sommes pas capables de répondre à chaque cas individuel. Mais on
étudie ce problème et on espère trouver des solutions ou
utiliser celles qui ont été suggérées, selon les
cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): La deuxième discussion portera sur un
autre genre d'institutions. Mais toujours au sujet du même genre
d'institutions, je sais qu'il y a plusieurs députés autour de
cette table et d'autres qui sont en Chambre qui sont concernés, qui se
sont préoccupés des services de santé dans leur
région et qui ont été sensibilités à ce
problème d'implantation des ressources. Est-ce que le ministre ou le
sous-ministre prévoit que cette étude en cours portera sur des
transformations possibles de ces centres de santé, en tenant compte de
ce qu'on vient de dire? Est-ce que cette étude sera longue? Avec
l'avènement de l'assurance-maladie, avec l'accroissement de la demande,
le besoin de centres de santé, quelle que soit l'appellation qu'on leur
donne, deviendra plus aigu et plus évident.
Cette étude va-t-elle se poursuivre? Pourrait-on avoir une
réponse prochainement?
M. CASTONGUAY: C'est une de nos premières priorités et je
pense que le problème qui a été soulevé par
Asbestos va nous forcer à donner des solutions rapides et à
trouver une réponse rapide. Pour répondre de façon
très précise, on donnera dans les prochains mois une
réponse à chacun des intéressés.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'urgence s'accroît du fait que, dans
certains cas, les soumissions avaient été demandées et les
contrats avaient été accordés. Il y a des dépenses
de faites. Les corporations sont aux prises avec des dépenses et
même des travaux sont déjà en cours. C'est le même
cas que pour les foyers pour personnes âgées. On sensibilise la
population à des secteurs dans le domaine social, à la
participation de la population. Il ne faudrait pas soulever des heurts par une
attente trop longue. Je comprends que le problème peut comporter des
aspects un peu plus difficiles à résoudre
mais il faudrait tout de même y mettre la pression, y mettre le
temps pour ne pas qu'il y ait de dommage, ni du côté de la
population ni du côté des services de santé qui devraient
être disponibles dans chacune de ces régions. A ce moment-ci, il y
a peut-être des députés qui voudraient intervenir sur ce
type d'institutions. On prendra un autre type d'institutions un peu plus
considérable par la suite.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Berthier.
M. GAUTHIER: Avec votre permission, M. le Président, je voudrais
faire remarquer au ministre que dans le cas plus particulier de l'hôpital
de Saint-Gabriel-de-Brandon, le projet était en voie de construction, le
contrat était accordé, la construction était
commencée. Je voudrais faire remarquer que, dans le comté de
Berthier, il n'existe pas d'hôpital. Le nord du comté de Berthier
où je demeure, où je pratique, est tout de même à 60
milles du premier hôpital. Le petit hôpital qui avait
été projeté là, pour 25 lits, semblait à
première vue, sans qu'on ait toutes les données que vous
possédez au ministère, satisfaire aux exigences de la population.
Cependant, il s'est produit une chose assez curieuse, c'est que lors de
l'inauguration des travaux qui, par hasard, s'est faite pendant la campagne
électorale, le député fédéral qui est
résidant de Saint-Gabriel-de-Brandon a cru bon de décliner
l'offre d'assister à la cérémonie, en prétextant
qu'il existait depuis dix à quinze ans, au ministère, un projet
de construction d'hôpital de 300 lits. J'aimerais que M. le ministre me
dise si la chose est exacte, si, à son point de vue cela est possible.
Deuxièmement, le député aurait dit que, dès que les
travaux parlementaires d'Ottawa lui en laisseraient le répit, il
viendrait rencontrer et le ministre de la Santé et le premier ministre,
pour remettre cette construction en marche en grossissant le projet.
M. CASTONGUAY: II y a quelques commentaires à faire. Le premier
commentaire, c'est que je crois que lorsque le sous-ministre dit que le travail
sera terminé dans quelques mois, c'est que tous les projets ont
été passés. Cela ne signifie pas pour autant que dans le
cas des hôpitaux à vocation locale, les décisions n'auront
pas été communiquées ou encore les projets n'auront pas,
avant un tel laps de temps, été revisés. Pour un assez bon
nombre de cas des recommandations ont été faites, ont
été entérinées, ont été
communiquées et le travail se poursuit.
En ce qui a trait à Saint-Gabriel-de-Brandon, lorsque la
décision a été prise, on m'avait dit d'abord qu'il y avait
irrégularité dans ce cas-là, c'est-à-dire qu'un des
membres de la corporation était en même temps, lui-même ou
un de ses parents, entrepreneur ou sous-contractant dans le contrat ce qui
n'est pas conforme à la Loi des hôpitaux.
Il nous a fallu arrêter ce contrat pour cette raison en premier
lieu.
Deuxièmement, il y a également le fait que cet
hôpital entre dans le cadre de la revision et, lorsque la décision
a été prise, elle a été prise au tout début
à cause du fait qu'il y avait ce vice dans les contrats donnés.
Mais lorsqu'on pense aux implications à plus long terme, le fait
même que la construction ait pu être commencée, n'en
constitue pas moins, même si cela peut être extrêmement
désagréable et je comprends le dépit qui peut en
résulter, un facteur qui m'apparaît moins important que la
détermination de ce que pourraient être les meilleurs services
à long terme pour la population.
Enfin, en ce qui a trait aux projets qui auraient pu exister dans les
dossiers du ministère, si ce projet date de 15 ans, je crois qu'il est
aujourd'hui désuet, parce que les choses ont évolué depuis
15 ans énormément et les constructions qui pouvaient être
envisagées à ce moment, l'étaient en vertu de
considérations bien différentes; l'agencement, l'organisation des
services étaient bien différents. Je ne doute pas du fait qu'il
ait pu exister un tel dossier au ministère, mais je crois qu'un tel
dossier ne peut plus avoir aucune valeur.
En plus, même si ce dossier indiquait à un moment
donné un projet d'une telle grandeur, il n'en demeure pas moins qu'il y
a bien d'autres projets qui ont été préparés et qui
ont été refusés, parce qu'ils étaient trop
considérables, ne répondaient pas aux besoins, n'étaient
pas possibles. La situation ayant évolué, je crois qu'on doit
réévaluer la situation à son mérite
aujourd'hui.
Quant à la visite du député fédéral,
d'abord on n'a pas refusé de communiquer avec qui que ce soit, qu'il
soit député fédéral ou président de
corporation ou intéressé à un autre titre dans les besoins
de la population, nous serons certainement heureux de le recevoir. Normalement,
dans le domaine de la santé, les décisions se prennent au
ministère et non au bureau du premier ministre.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Shefford.
M. RUSSELL: Est-ce que je pourrais demander au ministre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais finir des remarques sur le premier
type d'institutions à vocation locale, si le député veut
parler de l'hôpital de Granby...
M. RUSSELL: Je veux parler sur la question qui a été
soulevée par le ministre du fait qu'il y avait
irrégularité d'un sous-traitant dans le contrat de Brompton.
Etant donné que c'est un sous-contrat et qu'il l'avait obtenu par
soumis-
sions publiques, je pense que c'est important que ce soit
souligné devant la commission. Il pouvait peut-être y avoir une
subtilité. Je crois qu'il l'a eu parce qu'il était le plus bas
soumissionnaire. Je ne suis pas au courant du cas, je soumets simplement la
question et, si ce n'est pas exact, le ministre n'aura qu'à me corriger.
C'était facile de l'inviter à se retirer, sans arrêter le
contrat général. S'il ne s'agissait pas là d'un
favoritisme qui peut laisser entendre...
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas ce que j'ai voulu laisser entendre,
l'opinion...
M. RUSSELL: Je pense qu'il est important que nous clarifiions cette
question une fois pour toutes. Je ne suis pas prêt à admettre que
c'est une raison pour arrêter l'entrepreneur général de
construire. C'en est une pour demander, inviter le sous-traitant à se
retirer du contrat et à le remplacer par l'autre qui était le
suivant, en payant peut-être quelques dollars de plus, et cela aurait
corrigé la situation.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que le ministre veut répondre
à la question?
M. CASTONGUAY: L'opinion du conseiller juridique du ministère
était à l'effet qu'il y avait eu irrégularité,
ç'a été un des facteurs. Mais la décision de
suspendre définitivement s'insérait dans la revision des projets
et non pas à cause de cette irrégularité. Quand j'ai
mentionné qu'il y avait une irrégularité, je n'ai pas dit
qu'il y avait eu favoritisme ou quoi que ce soit de ce genre-là.
M. GAUTHIER: D'ailleurs, je voudrais juste ajouter un mot, M. le
ministre. Même si le ministre d'Etat à la Santé, qui est
mon collègue en médecine, n'a pas besoin de mon appui, je
tiendrais bien à le lui donner quand même relativement au projet
de construction de l'hôpital de Joliette qui est nécessairement
fort désuet. Ayant envoyé la plupart de mes patients à
Joliette, je suis à même de savoir qu'une construction nouvelle
s'impose.
M. QUENNEVILLE: Vous êtes bien gentil.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur cette question des petits hôpitaux
à vocation locale, le sous-ministre, tantôt, nous a
mentionné des expériences ailleurs, des expériences qui
n'auraient pas été fructueuses. Je voudrais que le sous-ministre
ou que le ministre précise: Est-ce que c'est surtout du point de vue
médical que l'on a déploré des déficiences?
M. CASTONGUAY: Sur deux plans principalement, sur le plan des
coûts d'administration qui sont élevés et,
deuxièmement, le principal, je crois, c'est sur la qualité des
soins à moyen terme, de qualité médicale à moyen
terme. Il y a des expériences pilotes assez précises sur ce
domaine-là. Est-ce que les solutions qu'on va proposer vont
s'éloigner tellement de celles qui ont été
suggérées à l'origine? Je pense qu'on ne peut pas vous
répondre de façon immédiate.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Par la même occasion, le
député de Berthier a mentionné un projet qui aurait
été soumis au ministère il y a plusieurs années
pour un hôpital plus considérable. Je voudrais attirer l'attention
du ministre sur un autre cas où on m'a fait des représentations,
il s'agit de Saint-Raymond-de-Portneuf où un petit hôpital
à vocation locale aurait été accepté en principe.
Les gens ont affirmé aussi que, dans leur esprit, c'était un
hôpital très considérable qui devrait être
bâti. Je ne suis pas de cet avis et je voudrais que le ministre
vérifie si un hôpital de 100 lits à
Saint-Raymond-de-Portneuf correspond aux besoins de la région.
Pour ma part, sur la question des petits hôpitaux à
vocation locale, je ne veux pas mentionner chaque cas, mais chaque cas se
ressemble. J'ai mentionné tantôt les comtés où on
devait faire l'implantation de ces ressources. Je passe maintenant au type
d'hôpital régional qui concerne plusieurs projets qui avaient
accepté et qui poursuivaient les différentes étapes. On
peut peut-être prendre un type d'hôpital en particulier pour
illustrer la discussion que nous venons de faire. Pour le député
de Shefford, qui est ici, il y a l'hôpital de Granby, un bon
hôpital régional qui est appelé à desservir une
région-, à donner une gamme de soins plus étendue et
autour duquel peuvent graviter des hôpitaux satellites. On retrouve ce
type d'hôpitaux dans plusieurs villes du Québec. Il y a
effectivement des hôpitaux de même nature qui ont été
construits ou qui sont en construction à Saint-Hyacinthe, à
Saint-Jean, à Shawinigan, enfin un peu partout dans le
Québec.
Alors, je voudrais maintenant que le ministre ou lé sous-ministre
nous indique, en ce qui concerne ces projets-là, si on fait la
même étude. Est-ce que les critères varient un peu? A ce
moment-là, on tient compte aussi du besoin de la région: Pour les
malades chroniques on tient compte davantage de certains services de
diagnostic, des cliniques externes plus élaborées, réseaux
de soins à domicile. Je voudrais que l'on traite, à partir de
l'exemple du député de Shefford, de l'hôpital de Granby; ce
type d'hôpital pourrait bien illustrer la discussion.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement mentionner, et je passerai la
parole au sous-ministre après, qu'il ne s'agit pas ici d'une remise en
question de la formule, comme dans le cas des hôpitaux à vocation
locale. H s'agit plutôt d'un examen des besoins, des ressources
et de la nécessité d'équilibrer les ressources.
Dans ce sens, il ne s'agit pas d'une remise en question à partir de
principes. Je vais maintenant demander soit au docteur Brunet ou à un
des officiers du ministère, d'ajouter quelques commentaires. Si j'ai
bien compris la question, il ne s'agit pas de cas particulier mais du
principe...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas particulier à Granby, qui est un
hôpital type de cette catégorie. Vous pourriez illustrer...
M. BRUNET: Pour nous ici, il s'agit beaucoup plus d'élaborer des
normes de lits tant pour les soins aux malades chroniques qu'aux convalescents,
d'établir des normes et d'essayer de calculer, à partir de ces
normes, le nombre de lits disponibles dans la région ou dans le secteur.
Et ces normes de lits, celles que nous avons adoptées, sont assez
rigides, peut-être en bas des normes habituelles ou des normes souvent
reconnues comme telles. Mais encore là, c'est à la suite
d'études et aussi pour bien signaler l'importance de mettre l'accent sur
la prévention, sur la réhabilitation et sur des formes de
traitements alternatives. Des expériences dans plusieurs pays montrent
qu'en faisant des substitutions de types de soins, on peut arriver, avec une
meilleure utilisation des lits, à en diminuer considérablement le
nombre. C'est notre objectif. Il y aura évidemment des campagnes
d'information. Il est certain que cela pose des problèmes et des
difficultés, mais c'est strictement à partir de normes de lits
que nous allons agir, enfin ce sera le point de départ essentiel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je comprends bien, ces projets ne sont en
aucune façon compromis, la réalisation va se poursuivre. Chaque
cas particulier va faire l'objet d'une revision du dossier et on pourra
procéder par la suite. Les modifications peuvent être
apportées assez rapidement pour permettre de compléter les
hôpitaux qui étaient rendus à la phase terminale. Il y en
avait qui étaient en construction, d'autres en étaient rendus
à la phase des soumissions publiques. Est-ce que les délais dans
ces cas-là seront considérables ou si des décisions
rapides pourront être prises?
M. CASTONGUAY: Vous dites: Si je comprends bien, aucun de ces projets
n'est compromis. Ils vont se poursuivre rapidement, etc. Evidemment, la
réévaluation n'est pas faite pour la forme. Il se peut que, dans
certains cas, des projets soient abandonnés définitivement, dans
d'autres qu'ils soient modifiés, qu'ils soient agrandis, que les
fonctions prévues soient différentes ou encore qu'ils soient
réduits dans leur dimension. Je pense qu'on ne peut pas tenir pour
acquis que la réévaluation va donner comme résultat
exactement les mêmes décisions qui ont pu être prises. Un
facteur qui est assez important le sous-ministre l'a mentionné
ce sont les autres formes de traitement qui peuvent être
développées. D'ailleurs, déjà, vous aviez
posé un certain nombre de gestes dans cette direction, le
développement des soins à domicile par exemple. Ce sont des
éléments dont nous entendons tenir compte et le sous-ministre a
mentionné que les critères utilisés quant au nombre de
lits seraient peut-être plus sévères ou sont plus
sévères que ceux utilisés dans le passé.
On sait par exemple que dans le domaine du traitement des maladies
mentales, il y a une dizaine d'années, les critères qui
étaient utilisés ne sont absolument plus les mêmes
aujourd'hui. Alors dans le domaine de la construction hospitalière, le
développement d'autres formes de service, des approches
différentes remettent en question également ces critères
et la population n'en souffrira pas pour autant, au contraire; bien souvent
elle pourra recevoir les soins à une étape plus rapide ou encore
à un endroit qui lui est beaucoup plus facile d'accès. Et toute
cette opération vise non pas seulement à réduire les
coûts, mais également à donner dans l'ensemble, à
partir des mêmes ressources financières, des services plus
adaptés aux besoins.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans la même
discussion au sujet du même type d'institutions, il y avait des
hôpitaux complètement neufsconstruits à proximité du
vieil hôpital et évidemment le viel hôpital, sa nouvelle
vocation, c'était les malades chroniques. L'hôpital devait
héberger des malades chroniques. Par contre, il y a d'autres
hôpitaux régionaux qui existent actuellement et qui ont fait
l'objet d'approbations de principe pour des rénovations qui consistaient
surtout dans les cliniques externes, service d'urgence, lits pour malades
chroniques. C'est le cas de certains hôpitaux et je sais que, dans
certains comtés il y a ici autour de cette table le
député de Témiscouata il y avait l'hôpital de
Notre-Dame-du-Lacoù c'était ce genre de transformations qui
étaient en cause.
Dans ces cas-là, étant donné que dans certains cas,
Saint-Georges-de-Beauce, Notre-Dame-du-Lac et enfin d'autres hôpitaux,
c'étaient des additions comportant ce genre de services, est-ce qu'on
pourra procéder aussi assez rapidement parce qu'il y avait des contrats
qui avaient été accordés et les travaux étaient
commencés effectivement?
M. CASTONGUAY: Nous sommes en train de répondre ou enfin
d'envoyer une réponse préliminaire à chacun des
hôpitaux qui étaient commencés ou assez avancés.
Comme dans le cas que vous mentionnez, il y a eu une réponse
préliminaire, on a demandé certains renseignements, on attend les
réponses et aussitôt que l'on va les avoir, on va donner une
réponse
définitive et il n'y aura pas de retard indu. Je ne pense pas
qu'il reste tellement d'hôpitaux où la construction était
commencée ou assez avancée, où on n'a pas donné
signe de vie au moins, sans donner de réponse toujours
définitive. A certains endroits on a donné une réponse
définitive de continuer, à certains autres endroits on a
suggéré des modifications, à certains autres endroits on a
demandé des informations supplémentaires.
M. RUSSELL: Je me demande si le ministre, après avoir
exposé son désir de vouloir reviser la politique de construction
des hôpitaux, sera en mesure d'informer la commission de la
décision à venir ou prochaine ou déjà prise dans le
cas de l'hôpital de Shefford situé dans la ville de Granby, pour
lequel il y avait des soumissions, et les soumissions étaient même
reçues et qu'il a jugé bon d'arrêter.
M. CASTONGUAY: D'abord, de façon générale, j'ai
demandé, lorsqu'une décision ou une communication était
faite, telle que celle dont vient de parler le sous-ministre, qu'on en informe
le député du comté. Deuxièmement, en ce qui a trait
au cas particulier que vous mentionnez, je vais demander au sous-ministre ou
à un membre du comité de réévaluation à quel
moment il compte en arriver à ce projet. Est-ce qu'ils y sont
arrivés ou est-ce que le travail est en voie d'être
terminé?
M. BRUNET: Je peux dire qu'on a répondu, pour tous ceux qui
étaient commencés. Pour celui dont vous parlez en particulier, la
réponse n'a pas été donnée. Il y a une
réunion de prévue au début de la semaine prochaine et je
pense qu'à ce moment-là on pourra probablement vous donner une
réponse.
M. RUSSELL: M. le Président, dans ce cas, est-ce que je pourrais
demander au ministre qu'il nous expose les critères sur lesquels il se
base pour étudier ces cas d'hôpitaux régionaux afin que la
commission soit informée et que la population puisse, par la mention de
ce qui sera dit ici, être assurée que son cas sera jugé
suivant des critères, des normes établies d'une façon
ferme pour toute la province et qu'il sera jugé aussi
équitablement que tous les autres?
M. CASTONGUAY: J'ai exposé tout au cours de l'après-midi
l'orientation qu'on prend. Je pense que pour faire le tour de la question, le
député de Montmagny peut confirmer que c'est une réponse
assez longue. J'ai également, au moment où on a abordé la
question des cas spécifiques, repris cette question pour exposer la
façon dont nous procédons, à partir de quelle orientation
nous opérons. Maintenant, au plan technique si vous me le permettez, je
demanderais au sous-ministre de nous dire comment, au plan plus technique, il
procède et je pense bien que cela répondra à votre
question.
M. BRUNET: Sur le plan technique, le comité qui est
présidé par le Dr Bédard qui, malheureusement, est absent
pour des vacances qu'il n'avait pas prises depuis longtemps, le comité a
établi un certain nombre de normes dont les principales sont celles-ci.
D'abord, un principe général est de considérer les
facilités hospitalières ou de soins à l'intérieur
d'un secteur ou d'une région, de ne pas considérer ou de ne
jamais considérer l'hôpital comme isolé.
C'est-à-dire que si dans une ville évidemment cela se pose
surtout dans les grandes villes il y a plus d'une facilité
hospitalière on considère les facilités
hospitalières de l'ensemble du secteur et on a considéré
les facilités tant au point de vue du bien-être que de la
santé.
Par la suite, à partir de critères et de normes qui ont
été tirées particulièrement des études de la
commission d'enquête, d'études du comité de planification
des Cantons-de-1 'Est, nous avons établi les critères pour les
lits de soins intensifs, de soins chroniques, de soins convalescents, de soins
psychiatriques, et, à partir de ces normes, nous les avons
comparées avec ce qui existait.
Pour vous donner un exemple, nous avons étudié pour
savoir, dans une région ou dans un secteur, quels étaient les
besoins de lits par rapport à la population. Si on arrive à un
barème qui est de beaucoup supérieur aux besoins qu'on calcule
d'après nos normes, à ce moment, on cherche des solutions
alternatives ou une meilleure utilisation des lits, en fonction de nos
barèmes.
Evidemment, nos barèmes peuvent être critiqués ou
remis en cause, nous pouvons en discuter longtemps. Mais les barèmes
sont objectifs et, à moins que l'hôpital ne soit très
avancé dans sa construction avec des barèmes plus larges, on
utilisera les mêmes barèmes dans chacun des milieux
concernés. Je peux vous en assurer. On pourra remettre et
nous-mêmes sommes prêts à remettre en cause nos
barèmes pour discussion et pour évaluation progressive.
M. RUSSELL: M. le Président, je me demande si le ministre est au
courant du dossier de l'hôpital de Granby, qui a été le
sujet d'analyses, d'études et de discussions depuis quinze ans. Une
étude a été faite par un spécialiste payé
par la ville de Granby, qui y était favorable. Le gouvernement
précédent, par deux fois, avait promis de construire
l'hôpital et ensuite il ne l'a pas construit pour d'autres raisons. Il a
commencé à chambarder le territoire par suite de nouvelles
normes. Cette étude a varié tellement souvent; c'était
oui, c'était non. A un moment donné, la population a
commencé à en être fatiguée. Elle veut se
révolter, et je suis prêt à l'appuyer. Je trouve que nous
en sommes rendus à un point où cet hôpital devrait
immédiatement avoir priorité. Quelles que soient les normes, on
devrait donner une réponse, que ce soit oui ou non.
Si c'est non, je pense qu'on devrait être
certain qu'il y aura justice dans ce cas. On a tenté d'accrocher
cette région en partie à la ville de Montréal, en partie
à la ville de Sherbrooke. Il s'agit de nonnes inacceptables dans une
région industrielle comme celle-là, qui se développe au
rythme où se développe la région des Cantons-de-1'Est, le
comté de Shefford et sa banlieue. Nous ne pouvons comparer cela à
des régions comme la Gaspésie, la Beauce ou d'autres. Je n'en
veux pas à ces régions, ce sont les situations économiques
qui les dirigent ; mais les populations sont quand même là, il
faut leur donner un service local.
Dans l'étude finale et l'acceptation qui avait été
faite, on voulait corriger la situation par un hôpital pour malades
chroniques, comme le mentionnait tout à l'heure le ministre. Nous avons,
dans notre hôpital, chez nous, plusieurs personnes qui pourraient
facilement être hospitalisées dans un hôpital pour malades
chroniques qui coûte beaucoup moins cher. Et nous avons des gens qui
pourraient aussi être en convalencence dans un tel hôpital.
C'était un plan global pour tout et pour corriger cette situation qui
existe chez nous.
Si on veut laisser cela sur la tablette, on sait comment on
procède souvent... Les normes on les oriente un peu, on leur fait dire
ce qu'on veut, c'est un peu comme les chiffres. Il y a certainement des
comptables qui savent de quelle façon on oriente les chiffres. On
oriente les chiffres pour leur faire dire ce qu'on veut. Et, si on se sert des
normes pour faire dire exactement... C'est un peu à l'expérience
passée que je réfère.
Je voudrais bien qu'on donne priorité à ce projet afin de
rassurer la population. Je suis convaincu que le ministre va comprendre qu'il y
a un malaise qui existe actuellement là, provoquant un peut le sens
révolutionnaire, et ce n'est pas bon, étant donné le
climat qui devrait régner actuellement vu l'instauration de
l'assurance-maladie qui s'en vient prochainement.
M. CASTONGUAY: Je prends bonne note...
M. RUSSELL: Je voudrais bien que cette question soit
étudiée. C'est un peu comme le cas qu'on discutait tout à
l'heure, l'hôpital de Brompton en disant qu'il y avait une
irrégularité. Je tiens à préciser ceci après
information reçue. Il s'agit d'un membre de la corporation qui
était simplement membre d'une société qui fut le plus bas
soumissionnaire. Cette personne n'avait pas le contrôle des parts, elle
détient seulement des parts. Donc, je pense que
l'irrégularité n'est pas aussi forte qu'on pourra le laisser
entendre. Il pourrait même y avoir doute sur ce qu'a avancé le
ministre actuellement, ou son conseiller juridique. Je ne dis pas que l'avis
n'est pas juste, mais je pense que c'est un critère très faible
pour annuler ou arrêter un projet. Je pense que le comité devrait
tenir pour acquis que ceci n'aurait même pas dû être
mentionné comme critère pour l'annulation d'un projet.
M. CASTONGUAY: J'ai dit à deux reprises que le projet n'avait pas
été arrêté de façon permanente à cause
de cette irrégularité, mais parce que la formule était
remise en question. Alors ce projet va être
réévalué. Maintenant, quant à l'hôpital de la
ville de Granby, je prends bonne note des commentaires du député.
Il semble qu'au cours des années un certain nombre de situations se sont
détériorées comme celle-là. Cet après-midi,
j'ai rencontré les représentants de la ville d'Asbestos. C'est un
problème qui est connu depuis un certain nombre d'années. Si rien
n'a été fait pour le régler plus tôt, je ne crois
pas que j'en sois responsable. Les gens de la ville d'Asbestos nous ont dit:
Notre projet doit être une priorité. Vous nous dites: Le projet de
la ville de Granby doit être une priorité.
Les gens de Saint-Henri m'ont dit: Notre projet doit être une
priorité. Alors, je mentionne ceci pour vous indiquer la
difficulté du problème. Le développement des services de
santé n'est pas un problème qui se pose depuis un an, il ne se
pose pas uniquement depuis quatre ans, il se pose depuis de nombreuses
années et je puis vous assurer d'une chose, c'est qu'à la
commission, le travail qui se fait tend à vouloir corriger d'une
façon un peu plus permanente ces situations. C'est pourquoi il faut
réévaluer de telle sorte qu'on puisse répartir les
ressources en fonction des besoins. Je puis vous assurer que je prends bonne
note de vos commentaires et la commission va continuer son travail de la
façon la plus rapide possible.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Est-ce que je peux poser une question aux
membres de la commission? Il avait été entendu avec les
représentants des différents partis qu'une fois qu'on avait
discuté de la politique générale et couvert tous les
articles, on semblait vouloir adopter les crédits demandés.
Est-ce que les membres veulent continuer le sujet abordé ou veulent
qu'on ajourne les travaux à demain matin, 10 heures?
M. RUSSELL: Je suis bien prêt à continuer, je ne suis pas
intéressé au détail des crédits, simplement je
voudrais une fois pour toutes vider cette question de normes et de
priorités. Je n'ai pas accepté les avancés que vient de
faire le ministre sur cette question des priorités et je voudrais
être en mesure de répondre. Mais je voudrais laisser aux membres
de la commission le choix de dire s'ils veulent continuer la discussion
générale ou ajourner à demain matin.
M. CLOUTIER (Montmagny): La Chambre est ajournée. Si on termine
nos travaux je ne sais pas, tout le monde a le droit de parole, il n'est
pas question de priver qui que ce soit de son droit de parole . La
commission a le droit de siéger jusqu'à expiration. En
établissant l'ordre des travaux nous avions prévu qu'après
la discussion générale, en plus de la discussion
très importante que nous faisons actuellement et qui concerne
tous les députés de la Chambre, parce qu'il n'y a pas de
comté où il n'y a pas effectivement de ressources dans le domaine
de la santé, après cette question importante, il y avait
très peu de questions à l'ordre du jour. Si les
députés veulent continuer la discussion sur la construction
d'hôpitaux, nous pourrions siéger demain une demi-heure et je
pense que dans une demi-heure nous pourrions terminer l'étude des
crédits du ministère de la Santé.
M. CASTONGUAY: Il y a aussi une autre possibilité. Dans un
certain nombre de cas, on a demandé s'il était possible de
rencontrer les fonctionnaires du ministère pour bien exposer tout le
dossier, de telle sorte que, dans les décisions qui sont prises, aucun
aspect ne soit ignoré dans chaque cas. Les fonctionnaires du
ministère se sont fait un plaisir de le faire, alors il y a
peut-être là un élément de solution.
Si la discussion doit se poursuivre, je suis prêt à donner
suite à la suggestion du député de Montmagny. Qu'on la
reprenne plus tard.
M. RUSSELL: Je suis prêt à accepter l'offre du ministre de
rencontrer les fonctionnaires pour discuter du cas bien particulier de
Shefford, cette semaine ou la semaine prochaine.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Vous êtes d'accord. Le
député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, je vais prendre seulement quelques
instants pour poser une question au ministre de la Santé. Est-ce que le
ministre de la Santé pourrait nous dire très brièvement
où en sont les procédures en ce qui concerne l'acquisition du
Mont-Bénilde à Sainte-Angèle, comté de Nicolet, qui
doit devenir un institut psychiatrique de la région de la Mauricie?
C'était le seul point que je voulais soulever. Le ministère de la
Santé avait négocié avec les Frères des
écoles chrétiennes. On avait accepté, en principe, l'achat
de la bâtisse du Mont-Bénilde, on devait transformer cette
institution d'enseignement en institut psychiatrique et les frères
attendent avec impatience...
M. CASTONGUAY: C'est la première nouvelle que j'en ai. On ne m'a
pas soumis ce cas. Je ne sais pas s'il y a quelqu'un ici du service du Dr
Bédard qui pourrait nous dire où en est cette affaire.
M. LAMBERT: Le Dr Bédard, qui est en vacances, m'a dit, avant de
partir, qu'il avait une dernière note à mettre au sujet du
dossier du Mont-Bénilde et qu'il me ferait parvenir ces jours-ci des
commentaires pour que je puisse, en son absence, rencontrer le sous-ministre et
le ministre. Dans notre esprit à nous, la direction
générale de la psychiatrie, nous trouvons évidemment que
le Mont-Bénilde c'est un petit peu notre dada
constituerait un hôpital psychiatrique régional très
acceptable et qui pourrait répondre aux besoins. Il a été
discuté déjà, par les officiers du ministère et par
un ancien sous-ministre, des prix possibles concernant l'acquisition de cet
établissement. Il y a encore quelques points qui ne sont pas
complétés. Je sais que les autorités du
Mont-Bénilde, qui ont communiqué avec moi il y a quelques jours,
attendent également une réponse. Nous pourrons, dès la
semaine prochaine, avoir les éléments qui me permettront de
rencontrer M. le ministre.
M. LAURIN: D'accord.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Cela répond à votre
question?
M. SIMARD (Témiscouata): M. le Président, le
député de Montmagny a parlé il y a quelques intants de
l'hôpital de Notre-Dame-du-Lac. Si j'ai bien compris, le ministre aurait
dit par l'intermédiaire de son sous-ministre que des renseignements
additionnels avaient été demandés à la corporation
et que ces renseignements n'ont pas été donnés. Est-ce que
j'ai bien compris ou si? ...
M. CASTONGUAY: IL a dit que des renseignements avaient été
demandés. Je ne sais pas s'ils sont arrivés ou non. On a tout
simplement envoyé une lettre. La lettre est ici. Je pourrai vous la
montrer tout à l'heure. On a donné des instructions pour
protéger ce qui était commencé. On leur a dit qu'on leur
donnerait des nouvelles très bientôt.
M. SIMARD (Témiscouata): Le dossier que vous tenez concernant
l'hôpital de Notre-Dame-du-Lac serait-il complet si l'on tient compte des
besoins de cette partie de la population de la province? Je suis en mesure de
dire que l'ancien ministre s'est rendu sur place et qu'il a été
un peu surpris de voir dans quel état se trouvait ce vieil hôpital
construit depuis déjà 35 ou 40 ans. Je crois qu'il n'y aurait pas
lieu de retarder davantage la rénovation, qui après étude,
avait été acceptée. C'est un projet qui remontait à
deux ans et demi. Je crois que cela a été suffisamment
passé au crible. Cela a été réduit au minimum. Il
n'y aurait pas lieu de retarder davantage. Nous restons dans une région
où la température y est pour quelque chose. Si on retarde
indéfiniment, je crois qu'il y aura des coûts
supplémentaires qui proviendront de cette construction.
M. CASTONGUAY: Tout ce que je peux vous répondre, c'est qu'on n'a
pas donné une réponse définitive. On n'attend pas les
renseignements. C'est l'hôpital qui attend notre décision finale.
Là-dessus, je veux bien que vous compreniez que ce n'est pas par
mauvaise volonté, ce n'est pas pour retarder indûment les
choses. La commission et moi-même, comme sous-ministre, devons
prendre connaissance d'une série de dossiers, de
réévaluation des choses, ce qui fait que les choses retardent
parfois peut-être un peu trop. On s'est efforcé de donner
jusqu'à maintenant les réponses les plus objectives et ce, le
plus rapidement possible.
M. SIMARD (Témiscouata): Nous l'espérons parce que, quand
on parle de rénovation d'un hôpital de cette envergure, on sait
d'avance que les services devront être abandonnés temporairement.
En hiver, cela causera certainement des problèmes. Dans le comté
de Témiscouata, nous avons deux petits hôpitaux dans ce
genre-là. Il y en a un dans Kamouraska mais il est toujours rempli
à pleine capacité. La population verrait mal que les services
soient abandonnés à cause de la température.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais préciser ce que vient de
dire le député de Témiscouata. Effectivement, je suis
allé visiter l'hôpital; j'ai constaté la déficience
de certains services et le manque de lits pour malades chroniques. Si on se
souvient des épreuves qu'a traversées cette municipalité,
je demanderais au ministre et à ses fonctionnaires d'inscrire la
municipalité de Notre-Dame-du-Lac sur la liste des priorités en
ce qui concerne les décisions à prendre.
Et pour terminer cette discussion s'il n'y a pas d'autres membres
de la commission qui désirent prendre la parole je voudrais poser
une question au ministre, étant donné qu'on a discuté de
certains projets, de certains types d'hôpitaux. On aurait aussi pu parler
de la troisième catégorie, les grands hôpitaux
universitaires, mais c'est un tout autre problème; il y a l'aspect de la
recherche, de l'enseignement, de la formation du personnel. C'est une autre
catégorie d'hôpitaux. Je demanderais au ministre, étant
donné qu'il y a un comité qui travaille sur ces projets
d'hôpitaux, s'il aurait l'amabilité non pas à tous les
jours, mais à certaines étapes importantes, de me renseigner
étant donné que j'ai suivi de très près le
développement des ressources afin qu'à mon tour je puisse
renseigner ceux qui me demanderont des informations. De toute façon,
cela facilitera également mon travail pour les prochaines
prévisions, l'étude des crédits de l'an prochain.
J'apprécierais que le ministre par ses fonctionnaires, ou les
fonctionnaires par le ministre, me transmettent des renseignements aussi
souvent qu'ils le jugeront à propos. J'ai également noté
qu'il doit informer les députés. C'est important que les
députés soient informés, surtout dans le domaine de la
santé, de décisions aussi importantes qui concernent les
hôpitaux de leur comté et l'implantation des ressources. Sur ce
sujet, M. le Président, j'ai terminé.
J'aurais une simple autre question à poser au ministre.
Evidemment, on n'a pas traité tous les sujets. Je ne voudrais pas que,
dans le public, chez les journalistes ou chez les fonctionnaires, on s'imagine
ou on pense que, parce qu'on n'a pas traité de façon plus
élaborée certains points du budget ou certains problèmes
particuliers, c'est parce qu'on n'en reconnaît pas l'importance. C'est
parce que le ministre, à l'occasion du projet de loi de
l'assurance-maladie, au cours de l'étude des prévisions
budgétaires du ministère de la Famille et du Bien-Etre social et
au cours de cette étude, a eu l'occasion de parler longuement de la
politique générale du ministère. Comme je l'ai dit pour
les crédits du ministère de la Famille et du Bien-Etre social, il
est peut-être moins important à ce moment-ci étant
donné qu'il vient d'entrer en fonction, d'étudier article par
article ce budget sur lequel nous-mêmes nous avions travaillé.
L'an prochain nous ferons une étude plus exhaustive de chacun des
articles, de chacun des postes et le ministre aura eu le temps davantage de se
familiariser avec toute cette complexité du ministère de la
Santé comme avec celle du ministère de la Famille qui sont les
deux ministères les plus importants du gouvernement. Je ne voudrais pas
à ce moment-ci engager un débat avec le ministre de l'Education,
mais disons que ces deux ministères réunis ont un budget tout de
même de $1,350,000,000. Alors, le futur ministère des Affaires
sociales sera le ministère le plus important du gouvernement.
Alcoolisme
Et, avant de terminer, je voudrais poser cette autre question, elle
s'inscrit dans le domaine de la psychiatrie. On sait que le ministre a
mentionné au cours de l'après-midi l'importance des budgets qui
ont été, avec les années, consacrés à ce
secteur de la formation; il faut souligner aussi la répartition des
effectifs, un effort spécial a été fait. Cela a
été couronné de succès. Il y a eu une
décentralisation des effectifs de sorte que maintenant on peut dire que
les régions de la province qui, autrefois étaient totalement
dépourvues d'effectifs, de professionnels dans cette
spécialité, et qui, aujourd'hui, sans l'être
complètement, sont, tout de même pourvues de services minimuns qui
peuvent être assurés à la population. Il y a aussi cet
autre secteur qui est important à mon sens et qui prendra de plus en
plus d'importance à l'avenir, c'est celui qui relève du Dr
Boudreau, celui de l'OPTAT, celui du service de la lutte contre l'alcoolisme,
contre les toxicomanies. On sait que le problème est discuté
à l'échelle gouvernementale, le problème est
soulevé parfois par le ministre de la Justice, parfois par d'autres
ministres, le ministre de l'Education.
Je voudrais attirer l'attention du ministre sur l'importance de ce
secteur. Nous avions fait adopter par l'Assemblée nationale en 1969,
si
ma mémoire est fidèle, en 1968 peut-être, la loi de
l'OPTAT. Je voudrais rappeler que c'était notre intention dans les
prévisions budgétaires de séparer ce poste de l'OPTAT et
de lui assurer véritablement les pouvoirs et les possibilités
d'assumer toutes ces obligations-là. Alors, j'attire l'attention du
ministre, probablement qu'il n'a pas eu le temps de le faire, sur ce secteur de
l'OPTAT et sur les services que cet organisme peut assurer à la
population. J'aimerais, si le ministre a un commentaire à faire sur
l'OPTAT, l'entendre à ce moment-ci.
M. CASTONGUAY: Je sais que dans le domaine des drogues et de
l'alcoolisme, ce n'est pas un problème particulier au Québec, il
y a un effort de compréhension, un effort d'éducation, un effort
de contrôle, de traitement qui s'impose. L'OPTAT semble avoir
donné des résultats extrêmement valables jusqu'à
présent.
J'ai pris connaissance d'un dossier et la loi de l'OPTAT est
entrée en vigueur uniquement le 1er mai cette année...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est exact.
M. CASTONGUAY: Dans l'avenir, je pense bien que, par rapport aux autres
besoins, il s'agira de faire en sorte que cet organisme puisse fonctionner
adéquatement, et l'une des premières exigences est l'allocation
d'un budget suffisant.
Ministre d'Etat
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, si d'autres membres de
la commission n'ont pas d'autres questions à poser, je voudrais, avec
l'accord du député de Bourget qui a dû s'absenter, accepter
en bloc les crédits du ministère de la Santé, quitte
à réserver un poste, le poste budgétaire numéro 1,
pour discussion générale en Chambre, au cas où d'autres
députés voudraient poser des questions.
Je voudrais demander au ministre, avant de terminer, quelles sont les
attributions spéciales qu'il a confiées à ses deux
ministres d'Etat qui sont ses collaborateurs au ministère de la
Santé.
M. CASTONGUAY : Je pense qu'il importe de bien s'y connaître pour
pouvoir bien fonctionner. Au début, j'ai demandé au ministre
d'Etat à la Santé, comme première mission, de faire une
revue des programmes des soins à domicile, de même que de faire
une revue des commentaires qui ont pu être faits en ce qui concerne la
Loi des hôpitaux et d'effectuer un travail de mise en place de structures
pour l'application de cette loi. Il me semble qu'en fait, dans une constatation
que j'ai faite, il n'y a pas d'organisme, il n'y a pas de structures au
ministère qui soient chargées spécifiquement de
l'observation des règlements de la Loi des hôpitaux. Il y a
là un problème qui doit être étudié.
J'ai aussi demandé au ministre d'Etat à la Santé et
au ministre d'Etat de la Famille et du Bien-Etre social de faire certaines
visites dans les foyers qui ont pu être construits récemment, de
telle sorte qu'on puisse voir, autrement que sur papier, à quoi
correspondent les normes de construction, les normes d'équipement, pour
voir s'il y a exagération ou si cela correspond à peu près
aux conditions de vie des gens qui habitent maintenant ces foyers.
Est-ce que, également, ces normes pourraient être trop
basses ou trop élevées et entrafner également des
coûts, des per diem difficilement supportables? Le Dr Quenneville a fait
un certain nombre de visites, m'a fait rapport et un des rapports qu'il m'a
faits indiquait justement qu'il faudrait être assez prudent dans la
construction et l'ameublement des foyers. On y retrouverait un certain luxe qui
a déjà été déploré dans le
passé, dans certaines de nos institutions, et qui contribue à
hausser les coûts d'opération.
J'ai confié également diverses tâches plus
spécifiques, plus particulières, au Dr Quenneville, mais disons
que ce furent les champs principaux de ses préoccupations.
Quant au ministre d'Etat à la Famille et au Bien-Etre social,
même si cela est en dehors des crédits, étant donné
l'entrée en vigueur prochaine de la Loi de l'aide sociale, je lui ai
demandé de reviser le dossier, de visiter certains des bureaux locaux
pour rencontrer le personnel, d'analyser la réglementation, de prendre
connaissance des mécanismes d'implantation et de me faire rapport de ses
constatations au fur et à mesure que son travail progressait. C'est le
désir que j'ai mentionné hier, que cette loi entre en vigueur le
plus rapidement possible.
Maintenant, au fur et à mesure que nous progresserons, ou que le
temps passera, et que les deux ministres d'Etat se seront acquittés de
ces tâches, de nouvelles tâches leur seront confiées et,
dans certains cas, elles pourront devenir des attributions permanentes. Je
crois que vous avez vécu l'expérience. Il faut d'abord apprendre
à se connaître et, deuxièmement, apprendre à bien
travailler ensemble et à faire appel, de part et d'autre, aux
habiletés, aux ressources, aux connaissances que chacun de nous peut
avoir, afin de viser au partage le plus efficace possible des
responsabilités.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le ministre de ces renseignements
et de tous les renseignements qu'il nous a fournis au cours de cette
journée d'étude des prévisions budgétaires du
ministère de la Santé.
Comme dernière remarque, je voudrais nous excuser, nous, les
membres de la commission, auprès du personnel du journal des
Débats, pour avoir prolongé les discussions au-delà de
l'heure réglementaire et les remercier de leur collaboration. Je
voudrais vous remercier, M. le Président, de votre pondération,
de votre modération à diriger ces débats qui, à
aucun moment,
ne se sont écartés de la ligne de la
sérénité et de la modération.
Je voudrais également souligner que la présence des
fonctionnaires ici, à ces débats, est pour eux un enrichissement.
Ds peuvent prendre une vue d'ensemble du ministère, ils font un tour
d'horizon avec les titulaires et les membres de la commission parlementaire.
Les tâches et les responsabilités qu'ils assument sont très
considérables. Leur domaine est en constante évolution et, dans
les mois à venir, évidemment il connaîtra aussi des
transformations assez importantes par suite des études qui sont faites.
Sur ces mots je dis au ministre que nous nous retrouverons l'an prochain
si Dieu nous prête vie autour de cette table pour discuter plus
longuement des prévisions budgétaires du ministère de la
Santé.
M. LE PRESIDENT (Fortier): Je remercie tous les membres de la
commission. Est-ce qu'ils adoptent tous les crédits du ministère
de la Santé? Les deux membres qui sont partis ont affirmé qu'ils
adoptaient les crédits.
M. CASTONGUAY: Merci.
M. LE PRESIDENT (Fortier): La séance est levée.
(Fin de la séance: 18 h 41)