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Commission de la santé
Crédits du ministère
Séance du 2 juin 1969
(Seize heures vingt-cinq)
M. MARTEL (président de la commission de la santé): A
l'ordre, messieurs! Nous commençons au poste budgétaire 2,
article 2: Hospitalisation et services externes.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, les hôpitaux
régionaux...
M. LE PRESIDENT: Hospitalisation et services externes. Les
hôpitaux régionaux, ce sera aux postes budgétaires 8, 13 et
19. Après ça nous allons procéder normalement, pour
aboutir à ça probablement ce soir.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais demander des
renseignements au ministre en ce qui concerne les services externes, n y a un
problème bien connu, celui de faire passer certaines analyses de
laboratoire de façon à éviter l'hospitalisation. Nous
connaissons tous des situations dans lesquelles un médecin, sans mettre
en doute sa bonne foi, est porté à suggérer
l'hospitalisation de façon à faire passer des analyses faute de
moyen de le faire en dehors de l'hôpital ou de les faire passer à
l'hôpital, en clinique externe, c'est-â-dire dans les laboratoires
de l'hôpital. Nous savons que dans presque tous les hôpitaux,
surtout les hôpitaux importants de nos grandes villes, les services de
laboratoire sont surchargés au point où dans plusieurs
hôpitaux on refuse les malades qui viennent de l'extérieur, en
disant: Nous n'avons que le temps et le personnel nécessaires pour nous
occuper des malades hospitalisés.
H y a des laboratoires privés qui fournissent des services
utiles. Il y a également de rares cliniques où l'on peut envoyer
un malade, le faire voir au cours de la journée, lui faire passer dans
la seule journée de façon systématique les analyses qui
sont demandées par le médecin sans l'obliger à occuper un
lit d'hôpital. Est-ce que c'est une évolution vers laquelle tend
le ministère de la Santé en ce moment?
Surtout en ce qui concerne les laboratoires qui font des analyses,
est-ce qu'il y a une reconnaissance qui est prévue pour certains de ces
laboratoires, selon la qualité et selon la nature des structures
administratives et de la surveillance professionnelle?
M. CLOUTIER: Le problème des laboratoires ressemble,
évidemment, au problème des cliniques externes qui n'ont pas pu
fournir au développement extrêmement rapide et à la demande
qui s'est accrue de façon très rapide. Alors il arrive que
plusieurs hôpitaux et surtout le député de
D'Arcy-McGee a mentionné les hôpitaux majeurs, les hôpitaux
assez importants de Montréal, et on pourrait ajouter que le même
problème se retrouve à Québec et à des endroits
importants où la clientèle de clinique externe est assez
considérable.
Dans le domaine des réaménagements des hôpitaux,
là aussi, il y a priorité donnée à
l'aménagement des laboratoires comme il y a eu priorité
donnée à l'aménagement plus fonctionnel et des espaces
plus considérables mis à la disposition des cliniques
externes.
Il reste que, en attendant que ces nouveaux aménagements ou ces
réaménagements ou ces expansions de locaux soient
complétés, l'hôpital doit rendre les services aux patients
et dans ces services importants, les examens de laboratoire sont inclus.
Dans les cas où l'hôpital, par ces aménagements, ne
peut suffire à la demande lui-même, il utilise les laboratoires de
l'extérieur, ce qu'on appelle les laboratoires privés.
L'hôpital, lui-même, choisit d'envoyer des échantillons ou
de requérir les services de ces laboratoires privés. Nous n'avons
pas fait de classification de ces laboratoires privés, mais
l'hôpital doit s'assurer, et en fait, s'assure de la qualité des
laboratoires privés qui sont utilisés.
Le député demande s'il y a une reconnaissance je ne
me souviens pas quel terme il a employé une reconnaissance de
principe de ces laboratoires privés, c'est peut-être
équivalent à cela, est-ce que le député veut me
corriger si...
M. GOLDBLOOM: Oui, voyez-vous, il y en a de bons et de mauvais,
évidemment. Il y en a qui observent des normes, qui respectent des
normes équivalentes aux normes hospitalières.
Il y en a qui ne méritent pas de reconnaissance, mais il y en a
qui servent très bien le public depuis assez longtemps et qui ne
devraient pas disparaître. Voici la question si je peux la
préciser que je voudrais poser au ministre: Dans le cadre de sa
politique à longue échéance, est-ce que le ministre
prévoit qu'un jour les laboratoires hospitaliers suffiront aux besoins
de la population ou est-ce qu'il y aura toujours besoin de laboratoires
externes à l'hôpital? Dans ce cas, est-ce que le ministre verra
à leur accorder une reconnaissance selon leur qualité?
M. CLOUTIER: La politique, en ce qui concerne les laboratoires
privés, serait identique à celle que nous adoptons à
l'endroit des hôpitaux privés. Même si le gouvernement du
Québec, par son ministère de la Santé, dépense des
sommes d'argent importantes pour s'équiper en réseaux
hospitaliers, il y a de la place dans ce secteur pour les hôpitaux
privés qui sont installés et qui donnent un bon service à
la population et une bonne qualité de soins.
Le député de D'Arcy-McGee sait, parce que je l'ai
exposé durant les années précédentes, que nous ne
donnons plus de permis à l'entreprise privée dans le domaine de
la santé. Ceux qui sont en place et qui donnent une bonne qualité
de soins sont considérés, bien rémunérés et
bien traités par le ministère de la Santé, parce qu'ils
ont leur place. Etant donné les fonds assez considérables que
nous consacrons au domaine de la santé, étant donné que
pour ces institutions privées il y a de plus en plus - et cela nous le
constatons de difficultés à trouver à se financer
dans ce domaine de la santé, parce que les fonds requis sont très
considérables, il y a beaucoup moins de demandes de la part de
l'entreprise privée pour investir dans ce secteur de la santé.
Mais, il y a de la place actuellement pour des laboratoires privés de
qualité, qui sont reconnus par le ministère de la Santé et
surtout par les hôpitaux qui les utilisent. Nul doute qu'à
l'avenir les laboratoires bien équipés qui donnent une bonne
qualité de travail et de services aux hôpitaux pourront continuer
d'exister malgré les fonds très considérables que nous
consacrons à ce secteur à l'intérieur de nos institutions
hospitalières.
M. GOLDBLOOM: Mais il y en a cependant qui n'ont aucune affiliation avec
les hôpitaux et qui rendent service aux médecins et qui soulagent
la pression, qui s'exerce de façon assez inquiétante parfois, des
listes d'attente dans les hôpitaux parce que, comme je l'ai dit tout
à l'heure, il y a des malades qui sont admis à l'hôpital
simplement pour des analyses de laboratoire. Si des facilités sont
à la disposition du médecin en dehors de l'hôpital
et sans que l'hôpital agisse de façon à donner une
reconnaissance officieuse ou une reconnaissance qui au moins n'émane pas
du ministère de la Santé sans que cette reconnaissance ne
soit accordée, il y a quand même des laboratoires qui rendent un
fier service aux médecins.
M. CLOUTIER: Je pourrais faire la comparaison avec le domaine de la
radiologie où nous avons, dans nos hôpitaux, des
aménagements très élaborés, de l'équipement
très dis- pendieux. Il existe, à côté de ces
facilités à l'intérieur des hôpitaux, des cliniques
privés de radiologie dirigées par des médecins et nous les
reconnaissons. Elles rendent des services, les médecins qui y
travaillent rendent des services directement à la population comme les
laboratoires privés peuvent rendre service directement aux
médecins. Ils rendent aussi des services aux hôpitaux. Alors,
j'emploie cette comparaison entre la spécialité en radiologie et
les laboratoires privés.
M. GOLDBLOOM: Si je suis le ministre sur ce même parallèle,
les cliniques privées de radiologie sont reconnues, mais ne sont pas
rémunérées, sauf pour les assistés sociaux.
M. CLOUTIER: Evidemment, parce que nous sommes à
l'extérieur d'un régime d'assurance-maladie. Mais, à
l'intérieur de la dernière convention signée avec les
médecins spécialistes, nous avons reconnu les soins donnés
aux assistés sociaux dans des cliniques privées de
radiologie.
M. GOLDBLOOM: C'est-à-dire qu'il est à prévoir
qu'avec l'établissement du régime d'assurance-maladie les
médecins radiologistes qui détiennent des cliniques
privées seront reconnus pour les soins qu'ils fourniront aux malades
à l'intérieur du régime. Les médecins de
laboratoire qui ont leur laboratoire privé jouiront des mêmes
bénéfices.
M. CLOUTIER: A l'intérieur d'un même régime
d'assurance maladie, M. le Président, je ne crois pas qu'il faille
distinguer l'endroit d'exercice de la profession médicale, que ce soit
à l'hôpital, que ce soit dans un bureau de médecin, nous
assurons les services rendus.
M. BOURASSA: M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser, parce que je dois m'absenter pour un débat sur la
planification, en haut. Il y a beaucoup de problèmes de planification au
ministère de la Santé, mais disons que nous allons les aborder
dans un contexte plus limité.
M. CLOUTIER: Le député aurait beaucoup de satisfaction
intellectuelle à continuer à discuter des crédits de la
santé.
M. BOURASSA: C'est ce que nous allons réaliser, M. le
Président. Vous disiez tantôt que vous aviez
amélioré la croissance des dépenses, dans ce sens que vous
aviez réduit le taux de croissance de la dépense par rapport
aux années précédentes. J'aimerais que le ministre
élabore un petit peu là-dessus. Quand même, l'an dernier,
si ma mémoire est bonne j'arrive de Montréal à
l'instant, je n'ai pas eu le temps de prendre tous mes documents l'an
dernier le taux de croissance des dépenses était de 10.6% par
rapport à l'année précédente, et ceci sans
augmentation de salaire, sans rétroactivité à payer comme
nous allons avoir au cours de la prochaine année?
M. CLOUTIER: Nous avons des chiffres, ici, depuis 1954.
M. BOURASSA: On commencera en 1960.
M. CLOUTIER: Je ne sais si le député veut remonter aussi
loin. Disons avec l'avènement de l'assurance-hospitalisation ce serait
un point de départ intéressant. En 1960, l'augmentation
était de 14.4% dans le Québec. Alors je donne chacune des
années.
M. BOURASSA: Pour l'assurance-hospitalisation.
M. CLOUTIER: Sur la progression des coûts dans le
Québec.
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: 14.4% en 1960.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas le taux moyen? Donnez donc les trois
dernières années.
M. CLOUTIER: Je vais vous les donner rapidement.
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: Les taux ont été de 23% en 1961, 20.9% en
1962, 19.2% en 1963, 16% en 1964, 19.3% en 1965, 19.2% en 1966, 16.6% en 1967,
12.7% en 1968 et 4.5% en 1969.
En Ontario M. le député pourra faire des
comparaisons je commence en 1960: 17.5%, 12.2%, 13.0%, 11.5%, 11.8%,
11.2%, 14.4%, 17.6%, à comparer avec nos 16.6%, 20.4% en 1968, à
comparer avec nos 12.7% et 17.1% en 1969, à comparer avec nos 4.5%.
Alors, pour le Canada, moyenne nationale, 11.5% en 1960, 13.4%, 13.4%, 12.7%,
16.4%, 8.9%, 16.2%, 16.6% en 1967 soit l'équivalent du Québec,
16.7% en 1968 à comparer avec 12.7% pour le Québec et 11.8% en
1969 à comparer avec 4.5% pour le Québec.
M. BOURASSA: Cela est l'assurance-hospitalisation.
M. CLOUTIER: Cela est l'assurance hospitalisation.
M. BOURASSA: Mais, vos 4.5%, c'est une prévision?
M. CLOUTIER: C'est une prévision, M. le Président, et cela
ne comprend pas...
M. BOURASSA: Les $55 millions de l'autre fois.
M. CLOUTIER: Cela ne comprend pas la nouvelle convention collective dont
j'ai fourni les chiffres en détail au député...
M. BOURASSA: Oui, oui j'ai cela ici.
M. CLOUTIER: Vous l'avez en pourcentage.
M. BOURASSA: Je vais en parler au ministre des Finances.
M. CLOUTIER: C'est l'endroit pour en parler.
M. BOURASSA: D'ailleurs, il m'a prévenu qu'il m'attendait. J'ai
hâte de voir sa réponse.
M. le Président, j'avais calculé une augmentation de 67/68
à 68/69 de 10.6%, sur des chiffres officiels et cela est sur
l'assurance-hospitalisation.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député comptabilisait
l'augmentation des salaires à l'intérieur de la même
convention collective? Parce que je fais la remarque que je faisais tout
à l'heure, il faudrait ajouter à cela, dans les prévisions
de coût, maintenant qu'on les connaît, les offres salariales faites
à la table des négociations. M. le député, veut
avoir un autre point de comparaison. Je pourrais lui donner le coût per
capita c'est une autre façon en 1967 dans le
Québec: $67.12.
M. BOURASSA: Oui, M. Marcoux avait donné cela, je pense.
M. CLOUTIER: A l'association des hôpitaux.
M. BOURASSA: Oui.
M. CLOUTIER: Voici, pour les fins du
journal des Débats, peut-être qu'on pourra les
répéter.
M. BOURASSA: Oui, d'accord.
M. CLOUTIER: En 1968: $74.84; en 1969: $77.37 et si vous ajoutez la
convention collective, ce sont toujours les mêmes chiffres du tableau; en
1968, il faudrait corriger, au lieu de $74.84, il faudrait indiquer $77.31 et,
en 1969, au lieu de $77.37, il faudrait dire $81.93. Alors qu'en Ontario les
prévisions pour 1969 sont de $87, et pour 1968, le chiffre était
de $75.81. Donc, en 1968 et en 1969, on constate que l'Ontario a un taux
d'accroissement et un coût supérieurs à ceux du
Québec.
M. BOURASSA: Mais, ce que je trouve étonnant, c'est que
même avec la revision on prévoit un taux de croissance tellement
bas pour 69/70, de 4.5%, par rapport à 17% pour l'Ontario.
Tant mieux si toute cette croissance résulte d'une
efficacité améliorée, mais je me permets d'être
sceptique.
M. CLOUTIER: Disons, pour être très objectif, et je pense
que le député de Mercier...
M. BOURASSA: Nous sommes toujours objectifs lorsque nous discutons
ensemble.
M. CLOUTIER: ... appréciera cette remarque à sa juste
valeur. Je dirais qu'il y a deux éléments. Il faudra aussi
ajouter l'élément de contrainte budgétaire que nous avons
exercée à l'endroit des hôpitaux comme on l'exerce à
l'endroit du ministère de la Santé, à l'intérieur
du budget global du gouvernement, mais en fait de personnel et en fait de
coût.
M. BOURASSA: Mais les médicaments, par exemple. Le taux de
croissance de vos médicaments est inférieur au taux de croissance
du coût de la vie ordinaire, qui est 5%. Alors, cela veut dire qu'il y a
moins de médicaments qui s'achètent, certainement.
M. CLOUTIER: Disons qu'à l'intérieur des hôpitaux,
il y a...
M. BOURASSA: Est-ce que vous suivez les conseils du président de
la commission qui est un excellent pharmacien et qui est très populaire
à Sorel?
M. CLOUTIER: Pour être objectif, il faudra aussi ajouter
ça! Il y a l'achat des médica- ments et il y a l'utilisation des
médicaments. Je crois que sur l'achat, maintenant, nous ne pouvons pas
encore nous prévaloir de mesures de contrôle tellement efficaces.
Nous espérons que ça viendra par les achats groupés ou
d'autres mesures semblables ou la diminution des coûts. Mais, en ce qui
concerne l'utilisation, je crois qu'à l'intérieur des
hôpitaux on est de plus en plus conscient de l'importance de cet
article.
M. BOURASSA: M. le Ministre, vous savez que je suis président
d'un hôpital... je pense que notre hôpital doit être un cas
typique. Il y a un article dans tous les éléments que nous
soumettons où la norme du ministère est toujours
considérablement inférieure aux besoins. Les besoins sont
peut-être exagérés. J'essaie, pour ma part, de les
restreindre au minimum, mais dans le cas des fournitures médicales, la
norme du ministère est toujours très inférieure à
la réalité. Alors, je me demande si, dans ce cas-là, on
n'a pas...
M. CLOUTIER: Elle serait inférieure aussi pour une autre raison.
Le député sait que, dans l'institution à laquelle il fait
allusion, la demande pour des soins à la fin de l'année, la
consommation pour des soins est toujours supérieure à celle
prévue au début de l'année, le volume de soins
donnés, le nombre de patients admis. Plus l'hôpital devient
efficace, plus la durée de séjour est réduite, plus il y a
de patients admis à l'hôpital. Evidemment, il est
compréhensible que le traitement se faisant sur une période de
temps plus courte, il y ait certainement des répercussions et des
conséquences, entre autres, l'utilisation des médicaments. Si
dans un hôpital, le même lit sert une fois et demie plus souvent
que l'année précédente, la consommation de
médicaments et de fournitures médicales va être
évidemment plus considérable. En fait, le bénéfice
se retrouve ailleurs, parce que la pression sur les lits hospitaliers est moins
considérable.
M. BOURASSA: Oui, mais il reste quand même que ce que
prévoit le ministère m'ap-paraît, quant à moi, tout
à fait inférieur à ce qui va survenir; mais disons qu'on
va être aussi optimiste que le ministre. Quel est le montant des budgets
supplémentaires l'an dernier dans le cas de
l'assurance-hospitalisation?
M. CLOUTIER: Je vous le donne. On me dit $13.5 millions quitte à
vérifier. C'est environ $13.5 millions.
M. BOURASSA: Pour toute l'année?
M. CLOUTIER: Oui.
M. BOURASSA: Environ $15 millions?
M. CLOUTIER: C'est $13.5 millions pour toute l'année.
M. BOURASSA: C'est-à-dire qu'on a dépensé $13
millions de plus que ce qui avait été prévu. Et ceci avec
une croissance prévue de combien?
M. CLOUTIER: Le taux de croissance en 1968 par rapport à 1967
était de 11.5%.
M. BOURASSA: Et malgré cela le ministre voit où je
veux en venir ...
M. CLOUTIER: Oui.
M. BOURASSA: ... malgré qu'on ait prévu une croissance de
11%, on a eu besoin d'un budget supplémentaire de $13 millions. Alors,
cette année, on prévoit seulement 4.5%.
M. CLOUTIER: Un instant, dans le budget supplémentaire, je vais
vérifier, mais on a certainement des ajustements de salaire avec
rétroactivité pour des cadres supérieurs et les cadres
intermédiaires. Cela s'est chiffré par $4,400,000.
Je vais vérifier. J'imagine aussi que les montants exigés
par les cliniques externes ont été plus considérables que
ceux prévus.
M. BOURASSA: Mais cela peut être la même chose cette
année.
M. CLOUTIER: Pour les cliniques externes, l'augmentation sera moins
considérable que l'an dernier. Je ne voudrais pas citer des
chiffres...
M. BOURASSA: Le ministre fait une affirmation catégorique.
M. CLOUTIER: Non. Je cite des chiffres de mémoire. En 1966, aux
cliniques externes, le nombre de visites: 1,744,000; en 1967, 3,761,000; en
1968, 11,668,000.
M. BOURASSA: Là vous prévoyez des augmentations...
M. CLOUTIER: Nous n'avons pas l'estimation de 1969...
M. BOURASSA: ... pour 1969.
M. CLOUTIER: ... mais je pourrais vous le donner en coût.
M. BOURASSA: Donc vous prévoyez une augmentation?
M. CLOUTIER: II y a certainement une augmentation pour les cliniques
externes en 1969 par rapport à 1968, mais beaucoup moins
considérable que 1968 à comparer à 1967 parce qu'il y a eu
les services externes assurés le député s'en
souvient les services de diagnostic qui ont fait une énorme
différence.
Alors en 1968, nous avions aux crédits $18 millions et le chiffre
final revisé a été de $26 millions. En 1969, nous
prévoyons $27,700,000 pour les cliniques externes.
M. BOURASSA: Oui. Une augmentation de 2%.
M. CLOUTIER: C'est parce que ce sont des services qui ont
été assurés à partir du 1er juillet 1968, qui
n'avaient pas été inclus au budget initial parce qu'ils ont
commencé le 1er juillet.
M. BOURASSA: Le ministre semble être fermement convaincu que son
ministère, au cours de la présente année, sera capable de
manifester une efficacité considérablement accrue. Nous le
souhaitons ardemment parce que, lorsque nous allons prendre le pouvoir, nous
voulons trouver une meilleure situation.
M. CLOUTIER: Si tous les présidents des conseils d'administration
des hôpitaux prennent leur rôle au sérieux comme le
député de Mercier!
M. BOURASSA: Oui. Mais cela ne nous rend pas populaires à
l'hôpital. Une chance que je ne suis pas député de
Richelieu. Je me trouve à aider mon collègue.
M. le Président, c'est parce qu'on reçoit tellement de
plaintes, c'est difficile à vérifier, évidemment. Les gens
nous appellent, nous disent quel gaspillage il se fait. Il y a de la
duplication, il y a de l'équipement qui n'est pas utilisé dans
plusieurs hôpitaux. Est-ce qu'il y a des mesures précises, des
normes qui sont établies aux fins de limiter ce gaspillage ou ces achats
d'équipement non utilisé, par exemple faute
d'opérateurs?
Le ministre est-il au courant d'achats d'équipement dans des
hôpitaux de Montréal qui ne serait pas utilisé parce qu'il
n'y a pas d'opérateur? Nous, les députés, ne pouvons quand
même
pas nous rendre aux endroits pour le vérifier.
Il y a des choses qui nous sont dites et redites.
M. CLOUTIER: Est-ce que le député...
M. BOURASSA: Combien y a-t-il de bombes...
M. CLOUTIER: A-t-on porté à la connaissance du
député des cas précis où de l'équipement
aurait été mis à la disposition des hôpitaux et
qu'il n'y aurait pas eu de personnel pour le fonctionnement?
M. BOURASSA: Oui, ce sont des informations qui, disons, je ne peux quand
même...
M. CLOUTIER: De toute façon, M. le Président...
M. BOURASSA: ... des informations qui me sont remises.
M. CLOUTIER: ... nous avons l'inventaire.
M. BOURASSA: Comme les bombes au cobalt, il y en aurait cinq à
Montréal. Est-ce vrai?
M. CLOUTIER: Il y a Notre-Dame, Maisonneuve...
M. BOURASSA: Par rapport à Toronto.
M. CLOUTIER: ... l'Hôtel-Dieu, Royal-Victoria et le Queen
Elizabeth.
M. BOURASSA: Combien s'en trouve-t-il à Toronto par rapport
à Montréal?
M. CLOUTIER: Nous ne pouvons vous donner le renseignement pour Toronto,
nous ne l'avons pas.
M. BOURASSA: C'est une chose qu'on nous dit, que je soumets au ministre
sous réserve parce que je n'ai pas le temps de me promener à
Toronto ou à Montréal pour vérifier. On me disait, par
exemple, qu'il y a beaucoup plus de bombes au cobalt à Montréal
qu'à Toronto, et comme elles se détériorent avec le temps
ce sont des dépenses qui peuvent être relativement inutiles.
M. CLOUTIER: Je vais vérifier ce qui existe du côté
de Toronto et du...
M. BOURASSA: Pour l'administration elle-même, qu'est-ce que le
ministre pense d'une expérience pilote, avec un budget global,
c'est-à-dire que dans le moment, évidemment, je me demande
jusqu'à quel point l'efficacité est récompensée de
la part des administrateurs d'hôpitaux. C'est-à-dire que si c'est
administré efficacement, il n'y a pas de pénalisation mais il n'y
a pas, disons, de récompense en ce sens que l'hôpital pourrait
jouir d'un budget plus important pour des fins qu'il jugerait prioritaires par
rapport à d'autres. Alors que l'hôpital qui n'exerce pas une
administration efficace jouit, je pense, d'une assistance spéciale. Par
exemple, si un hôpital dépasse son budget, quelles sont les
sanctions?
M. CLOUTIER: Les sanctions sont plus difficiles à exercer dans le
domaine de la santé que dans le domaine des commissions scolaires, parce
qu'on sait que...
M. BOURASSA: Oui,...
M. CLOUTIER: ... nous serons obligés de taxer. Nous ne pouvons
pas forcer les hôpitaux à aller taxer les municipalités ou
les contribuables de la région. La sanction la plus efficace que nous
avons trouvée jusqu'à maintenant, c'est de demander un
contrôle beaucoup plus sévère de l'administration et de
l'usage des fonds dans l'institution. Nous avons actuellement je ne sais
pas si le député est au courant cinq hôpitaux qui
font l'objet d'une attention spéciale de la part du ministère de
la Santé en ce qui concerne l'utilisation des contrôles et le
dépassement des sommes autorisées au budget. Je crois que nous
pouvons compter sur la collaboration des hôpitaux dans ce domaine. Quand
nous avons statué, nous avons élaboré des mesures de
contrôle par voie d'arrêté en conseil. Nous avons
consulté, à ce moment-là, l'association des
hôpitaux. Ils ont été d'accord à ce que le
ministère de la Santé exerce un contrôle spécial sur
ces institutions, sur les budgets des institutions quand il s'est
avéré que les dépassements ne pouvaient pas être
acceptés pour aucune considération par le ministère de la
Santé.
M. BOURASSA: En fait, il est difficile de concevoir des sanctions
réelles à moins de fermer l'hôpital ou de renvoyer...
M. CLOUTIER: A ce moment-là on punirait la population parce
qu'elle continuera à avoir besoin de soins. Je crois qu'avec la
collaboration des hôpitaux, qu'avec la collaboration des autorités
supérieures des institutions...
M. BOURASSA: Ce sont des voeux pieux.
Il faut quand même...
M. CLOUTIER: Disons que plus ça va avec les normes de
contrôle en personnel, en utilisation de personnel, avec les mesures
normatives que nous leur demandons d'accepter autant que possible je
n'aime pas employer le mot « imposer » mais que nous leur
demandons d'accepter de plus en plus, je crois qu'il sera possible pour les
institutions hospitalières de se confiner à l'intérieur
d'un budget. Le député a mentionné tout à l'heure
une idée qui a déjà été
énoncée, à l'intérieur d'un budget global de
re-connaître l'efficacité administrative et la bonne
administration.
Une bonne administration, mais bonne administration dans un
hôpital, cela veut pas nécessairement dire aussi, sans pouvoir
rester à l'intérieur d'un budget, parce qu'il y a tellement de
causes qui peuvent amener un hôpital à ne pas pouvoir suivre le
budget d'abord dressé par l'hôpital et accepté en
collaboration avec nos services hospitaliers. Il y a les causes que j'ai
effleurées tout à l'heure, comme une demande de services non
prévus. Dans certains hôpitaux, il peut se produire des
circonstances exceptionnelles qui font qu'un hôpital,
momentannément, est obligé d'assumer d'autres
responsabilités que celles qui avaient été entrevues au
début de l'année.
Il y a aussi un aménagement physique désuet. Pour un
hôpital construit il y a plusieurs années et qui n'a pas
été conçu pour ces services externes et avec tous les
services modernes qui sont à la disposition des lits, je crois qu'il est
plus difficile de rester à l'intérieur d'un budget.
De toute façon, nos normes sont faites pour la moyenne des
hôpitaux. Nous ne pouvons pas avoir des normes pour un hôpital
aménagé il y a plusieurs années...
M. BOURASSA: Mais il n'y a pas moyen de les améliorer, les
normes?
M. CLOUTIER: Pour les normes, par définition, disons que nous
devons tendre à leur garder un caractère de souplesse. Il est
difficile, quand on établit des normes, de prévoir toutes les
situations. Il faut qu'à ce moment-là nos services
d'assurance-hospitalisation, nos services comptables examinent en détail
quels sont les facteurs qui ont amené cette institution à
dépasser les budgets. Avec les normes de personnel qui s'identifient de
plus en plus aux normes gouvernementales, les normes que nous utilisons dans
nos ministères, tenant compte évidemment du genre d'institution,
les hôpitaux sont soumis de plus en plus, aux mêmes restrictions
pour le remplacement de personnel. Ils sont soumis à un gel d'effectifs
quand ils sont au-delà des normes. Ils ont une certaine période
de temps pour satisfaire aux normes de personnel du ministère. Quand on
sait que le personnel représente 75% des budgets de
l'assurance-hospitalisation, on voit combien cet article est important dans le
contrôle des effectifs à l'intérieur des
hôpitaux.
Quant aux autres 25% qui représentent les autres services,
évidemment il y a cette augmentation normale qui découle des
augmentations du coût de la vie. Mais il faut, là aussi, que les
hôpitaux se servent de tous les mécanismes raisonnables de
restriction ou de freinage de la hausse des coûts.
M. BOURASSA: Oui, surtout dans le contexte actuel. Mais le ministre
accepte qu'il serait peut-être intéressant de faire une
expérience pilote pour un budget global. Car il y a quand même des
minimums qu'on ne peut pas dépasser. On ne peut pas forcer les malades
à manger du saucisson sept jours par semaine. Il y a certainement moyen
d'améliorer l'efficacité administrative en laissant
peut-être un peu plus de discrétion dans certains cas. Ce n'est
pas une formule que je proposerais pour les 225 hôpitaux du
Québec. Mais je pense qu'on pourrait peut-être l'essayer dans un
ou deux cas pour voir ce que cela pourrait donner.
M. CLOUTIER: Le directeur de l'assurance-hospitalisation me fait part
qu'un essai comme cela a été fait en Alberta et qu'une fois que
les dépassements sont faits, c'est une taxe spéciale qui est
imposée à la municipalité. On sait comment cela
fonctionne. Les municipalités sont amenées à contribuer.
Ce n'est pas le cas dans le Québec.
M. BOURASSA: Cela constitue le substitut qui existe dans le cas des
commissions scolaires.
M. CLOUTIER: Dans le cas des commissions scolaires. C'est un outil
important pour le ministère de la Santé. De toute façon,
sans vouloir allonger le débat sur cette question, je voudrais ajouter
une autre remarque. Il est évident que nous laissons une marge
d'autonomie importante aux hôpitaux. Nous avons des conseils
d'administration qui s'occupent de gérer l'institution
hospitalière. Il y a des débats sur la place publique. D'une
part, les hôpitaux nous disent qu'ils ont besoin de cette marge
d'autonomie. Les conseils d'administration nous représen-
tent qu'ils veulent s'acquitter de leurs responsabilités. Le
député sait, pour siéger à un conseil
d'administration, qu'il est important que ces administrateurs sentent qu'ils
ont aussi une certaine marge de confiance de la part du ministère de la
Santé.
D'autre part, il est important que le ministère de la
Santé s'avance de plus en plus vis-à-vis de certaines
institutions hospitalières, enlève cette marge d'autonomie et la
gruge davantage si le conseil d'administration est moins efficace et est moins
compétent. Je pense qu'il est important que nos administrateurs...
M. BOURASSA: Autonomie et efficacité. M. CLOUTIER: Autonomie et
efficacité. M. BOURASSA: La tutelle et inefficacité.
M. CLOUTIER: Je crois que le député a parfaitement le mot
d'ordre et, dans la mesure où les conseils d'administration ou ceux qui
dirigent les institutions hospitalières seront compétents, seront
conscients de leurs responsabilités, ils voudront être partenaires
et collaborateurs du ministère de la Santé, je crois qu'il y aura
de la place pour une marge d'autonomie appréciable.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que les conseils d'administration
remplissent bien leur rôle dans chacun de ces hôpitaux?
M. BOURASSA: II y en a 220.
M. TREMBLAY (Montmorency): Disons d'une façon
générale.
M. CLOUTIER: Sans les prendre un par un, disons que nous avons de
très bons conseils d'administration. Il y a des hommes parfaitement
compétents et qualifiés, mais par contre, il y a d'autres
conseils d'administration qui sont peut-être bien motivés et ont
de la bonne volonté, mais manquent certainement d'expérience ou
de compétence pour gérer des institutions hospitalières.
De plus en plus, le ministère de la Santé comme le
ministère de la Famille demandera et exigera que les conseils
d'administration de nos institutions, en fait, qui gèrent dans le
domaine de la Santé $500 millions et dans le domaine des institutions de
Bien-Etre quelques centaines de millions également, il est important que
ces administrateurs dans ces deux secteurs, Santé et Bien-Etre, comme
dans le domaine de l'Education, soient les plus compétents possibles
tenant compte évidemment des difficultés de recrutement dans
certaines régions un peu plus éloignées où il y a
peut-être un bassin de recrutement moins considérable pour ces
administrateurs.
M. BOURASSA: M. Marcoux disait dans une conférence récente
que le Québec utilise une moyenne de 17.7 heures employés par
jour/patient comparativement à une moyenne nationale de 15 et de 14.6
pour l'Ontario. Est-ce qu'il y a des raisons qui peuvent expliquer cet
écart?
M. CLOUTIER: Nous pouvons remonter... M. BOURASSA: Non,
brièvement.
M. CLOUTIER: ... à la convention collective disons, la
syndicalisation.
M. BOURASSA: Ce serait la cause principale.
M. CLOUTIER: C'est la convention collective qui est la principale...
M. BOURASSA: Les jours de maladie ou quoi?
M. CLOUTIER: M. Marcoux, le directeur de l'assurance-hospitalisation,
disait dans son texte récent: II faut noter, cependant, que cet
écart est dû en partie au fait que notre personnel hospitalier est
en grande majorité syndiqué et que certains
bénéfices marginaux... je n'ai pas la suite du texte
mais que certains bénéfices marginaux, je suppose, sont
plus considérables dans le Québec que dans l'Ontario et dans les
autres provinces.
M. BOURASSA: Les jours de maladie. Mais il s'agit d'augmenter la
productivité des services.
M. CLOUTIER: La non-mobilité de la main-d'oeuvre à
l'intérieur de l'hôpital, particulièrement dans le nursing,
c'est ce qui fait actuellement l'objet d'une grande attention de la part des
négociateurs de la partie patronale.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que c'est facile de dire que la faute
est aux syndicats, mais il faut quand même que le gouvernement ait la
responsabilité d'accroître la productivité des
services.
M. CLOUTIER: Je ne mets pas la faute sur les syndicats, mais disons que
la convention collective se négocie à deux. Il y a le syndicat et
il y a la partie patronale. Disons que chacun, à
la suite d'une convention collective, est en mesure d'en
apprécier les conséquences et qu'à l'autre convention
collective, de part et d'autre, on est conscient de ces responsabilités,
on essaie de rester à l'intérieur de limites raisonnables. C'est
pour cela que, dans le cas de la négociation présente, avec des
études qui ont été faites depuis deux ans, depuis que la
convention collective est en application, on essaie de corriger certains
écarts par rapport à d'autres provinces et par rapport à
la moyenne nationale.
M. BOURASSA: Dya une chose qui est très populaire, ces
années-ci, dans la gestion financière, ce sont les analyses de
coûts et de bénéfices. Je vous en avais parlé, je
pense, à l'occasion d'un débat, il y a quelques mois. J'ai lu le
rapport annuel et je n'en ai vu aucun signe, est-ce que le ministère a
l'intention d'entreprendre des analyses de coûts et de
bénéfices pour réduire la hausse des coûts?
M. CLOUTIER: Il y a actuellement un comité
fédéral-provincial qui a été formé à
la suite de la dernière conférence des ministres de la
Santé à Ottawa, les ministres de la Santé et les ministres
des Finances, les quatre et cinq novembre dernier. Ce comité a
commencé son travail. Nous avons, pour nous représenter, nous de
la province de Québec, le sous-ministre, le Dr Gélinas et nous
avons le directeur de l'assurance-hospitalisation, M. Marcoux et d'autres
fonctionnaires du gouvernement du Québec qui siègent sur ces
comités. Je crois que même si le travail vient de commencer il y a
quelques mois, les travaux de ce comité vont nous amener des conclusions
extrêmement intéressantes pour le développement de
l'assurance-hospitalisation, non seulement dans le Canada, mais dans le
Québec.
M. BOURASSA: Alors là, c'est entre les mains d'un
comité...
M. CLOUTIER: C'est entre les mains du comité
fédéral-provincial.
M. BOURASSA: D'accord. Est-ce que le ministre pourrait m'informer
je n'ai que deux ou trois questions encore sur les montants qui ont
été donnés en assistance spéciale cette
année? Je ne sais pas s'il y a moyen de délimiter cela. Par
exemple, les hôpitaux qui ont dépassé les normes et que le
ministère a été forcé de compenser.
M. CLOUTIER: Pour les dépassements de budget, nous avons des
normes.
M. BOURASSA: Oui, mais il vient un moment où c'est un cas
évident d'inefficacité. Dans le cas d'une commission scolaire,
elle le taxe; dans le cas du gouvernement, il est obligé quand
même, pour que l'hôpital ne soit pas fermé, de donner le
montant. Est-ce que le ministre aurait un chiffre approximatif?
M. CLOUTIER: Ce sont $20 millions de dépassement pour 1968, et
pour 1969 nous ne l'avons pas encore. Nous n'avons pas fini la compilation.
M. BOURASSA: Est-ce que c'est l'année de calendrier?
M. CLOUTIER: C'est l'année de calendrier 1968.
M. BOURASSA: II y aurait eu $20 millions de dépassement. Je ne
sais pas si cela a été abordé, M. le Président,
mais il y aurait une bonne façon de réduire les coûts, le
ministre est certainement au courant, c'est la construction d'hôpitaux
pour convalescents où le per diem est de $15 par rapport aux
hôpitaux généraux publics où le per diem est de $55
ou $50. Alors, tout le monde parle du besoin de construire des hôpitaux
pour convalescents. Est-ce que le ministre s'il n'a pas
déjà répondu...
M. CLOUTIER: Oui, effectivement, nous avons passé une
soirée sur ce problème la semaine dernière...
M. BOURASSA: D'accord; cela va, je m'excuse.
M. CLOUTIER: ... et, dans ses rares moments libres, si le
député veut lire le journal des Débats...
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre pourrait me donner le montant des
emprunts temporaires des hôpitaux?
M. CLOUTIER: Oui, nous avons fait le relevé. Au 31
décembre 1968, $12,297,524 dus aux banques.
M. BOURASSA: D'accord, pour 67/68? M. CLOUTIER: A la fin de
l'année 1968.
M. BOURASSA: Est-ce que cela comprend les montants qui sont
versés?
M. CLOUTIER: Pas pour la construction.
M. BOURASSA: Vous n'avez pas les montants pour la construction?
M. CLOUTIER: Je ne les al pas pour la construction, pour la bonne raison
que les emprunts pour construction sont consentis aux hôpitaux durant la
construction en attendant l'émission d'obligations.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que c'est à peu près?
M. CLOUTIER: C'est un montant qui varie, je prends un exemple d'un
hôpital qui coûterait $10 millions, la banque peut consentir une
marge d'escompte de $5 millions et, quand la marge d'escompte est
expirée, si le marché est favorable, à ce
moment-là, nous pourrons faire l'émission d'obligations et
rembourser la banque.
M. BOURASSA: D'accord, M. le Président. J'ai un tableau ici pour
1966 qui révèle que le Québec est avant-dernier pour le
nombre délits par 1,000 habitants; quand nous parlions tantôt que
la croissance des coûts pouvait être justifiée par le
développement des services, alors le Québec, selon ce tableau
ici, c'est un article qui a été publié par une revue
américaine qui comparait le Canada et les Etats-Unis et les
différentes provinces... Cela, c'était pour 1966, est-ce que le
ministre aurait des chiffres plus récents, le nombre de lits par 1,000
habitants au Québec?
M. CLOUTIER: Nous avons ajouté en moyenne de 1,000 à 1,200
lits par année dans nos hôpitaux généraux,
donc...
M. BOURASSA: C'est assez difficile de...
M. CLOUTIER: J'ai le nombre de lits, si le député...
M. BOURASSA: Par mille habitants?
M. CLOUTIER: En 1966, nous avions 36,400 lits, en 1968 nous en avons
38,420 lits; donc j'ai donné un accroissement moyen de 1,000 lits par
année. Prévisions d'accroissement pour les cinq prochaines
années, 5,500 lits pour les malades en général et 2,200
lits pour les malades chroniques, et nous allons ajouter...
M. BOURASSA: Parce que nous étions les plus bas, après
Terre-Neuve; je me demandais si la situation s'était
améliorée.
M. CLOUTIER: Je n'ai pas de comparaison. A partir du même article
dont parle le député, il faudra refaire maintenant les
statistiques de 1969.
M. BOURASSA: D'accord, M. le Président, alors pour conclure, nous
devons constater que le ministre prévoit une hausse très modeste
du coût de l'assurance-hospitalisation. Cette hausse peut avoir deux
raisons, deux explications: une amélioration de l'efficacité,
disons que je demeure sceptique, ou disons peut-être une sous-estimation
des dépenses pour fins d'équilibre budgétaire. C'est dans
six mois que nous pourrons avoir la réponse, mais je ne vois pas comment
le ministère peut réduire, simplement par une amélioration
soudaine et subite de l'efficacité, un taux de croissance des
dépenses passant disons de 15% ou de 12% à 4.5% et qui est quatre
fois inférieur à celui de l'Ontario.
M. CLOUTIER: Mais il faudrait que le député tienne compte
de la convention collective en cours.
M. BOURASSA: Cela ferait combien au lieu de 4.5?
M. CLOUTIER: D'après le tableau, il faudrait ajouter 2.7% si ma
mémoire est bonne, pour 1968 et 4.5% pour 1969. En pourcentage
d'augmentation disons que je n'ai pas mon tableau. Je ne sais pas si le
député a mon tableau d'augmentation de la convention.
M. BOURASSA: Ah, oui!
M. CLOUTIER: L'augmentation de la convention collective, 2. il
faudrait que le député ajoute 2.47% pour 1968, et 4.56% pour
l'année 1969 et une prévision de 8.42% pour l'année
1970.
M. BOURASSA: Oui, cela, parce que le ministre m'avait donné deux
séries de chiffres. Il m'avait donné des taux de croissance et
des coûts per capita.
M. CLOUTIER: Mais, cela, c'est le coût per capital. En taux de
croissance...
M. BOURASSA : Le ministre doit être heureux comme comptable de
discuter avec tellement de chiffres?
M. CLOUTIER: Je vous avoue, M. le Président, qu'on s'ennuie un
peu des chiffres. Alors, après la convention collective, le taux de
crois-
sance ajouté par la convention collective serait de 5.9%.
M. BOURASSA: Donc, cela veut dire que pour 69/70 cela ferait un taux de
combien? Global? Avec la convention collective?
M. CLOUTIER: J'ai donné tantôt au député
$74.84 pour 1968. Alors, avant la convention collective, il y aura une
augmentation de 3.3% pour le chiffre de $77.37?
M. BOURASSA: Laissons faire les coûts per capita, parce que le
ministre m'a dit tantôt qu'en Ontario on prévoyait pour 69/70 une
hausse de 17%.
M. CLOUTIER: Alors, je vais lui donner à partir de 68/69, une
fois la convention collective ajoutée en 1968 et ajoutée en
1969.
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: Alors, en 1968, le pourcentage d'augmentation, au lieu de
11.5%, il serait de 15.2%.
M. BOURASSA: D'accord.
M. CLOUTIER: Et le coût per capita, au lieu de $74.84, sera de
$77.31 c'est pour 1968.
M. BOURASSA: Le taux sera de 15%en 1968?
M. CLOUTIER: 15.2% pour 1968. Le pourcentage d'augmentation pour 1969,
avant la convention collective, 3.3%, soit $77.37, et après la
convention collective, après les corrections, 6% et $81.93.
M. BOURASSA: Oui, mais ce que je trouve étonnant, c'est que le
taux de croissance passe de 15% à 6%, comparativement à 17% en
Ontario. C' est pour cela que je suis sceptique. Je souhaite que le ministre
réussisse, à cause de l'efficacité, à diminuer le
taux de croissance, mais je me demande si, soudainement, on peut réussir
alors que dans les années précédentes cela
dépassait 15%.
M. CLOUTIER: Oui, disons que c'est un essai loyal que nous faisons. Nous
avons besoin pour cela de la collaboration des hôpitaux. C'est à
la condition que les hôpitaux veulent nous la donner véritablement
et qu'il n'y ait pas de causes externes imprévues, comme une utilisation
non prévue des lits d'hôpitaux pour quelque raison que ce soit.
Mais, toutes choses étant égales d'ailleurs, nous allons tenter
de maintenir à l'intérieur de ces prévisions les chiffres
d'augmentation de l'année précédente.
M. BOURASSA: Evidemment, si vous aviez été trop optimiste,
ce serait au ministre des Finances de trouver les fonds additionnels pour
couvrir les...
M. CLOUTIER: Oui, puis cela reste toujours au ministre des Finances
à procurer aux autres ministères les fonds.
M. BOURASSA: Oui parce que les 6% comprennent les $55 millions qui sont
déjà exclus des prévisions budgétaires.
M. CLOUTIER: Mais, dans les $55 millions, il y a la
rétroactivité, pour l'année 1968...
M. BOURASSA: D'accord, d'accord.
M. CLOUTIER: ... dont il ne faudrait pas tenir compte dans les 6%.
M. BOURASSA: Oui, mais quand même, les $55 millions ne sont pas
prévus.
M. CLOUTIER: Non.
M. BOURASSA: Si vous vous révélez moins efficace que vous
prévoyez, ce seront d'autres montants encore...
M. CLOUTIER: II faut dire aussi au député que plus le
montant global de l'assurance-hospitalisation augmente, évidemment, le
taux d'augmentation de l'année précédente a des chances
d'êtres moins considérable. Parce que, on ne peut pas toujours
augmenter, disons, d'un chiffre absolu de $100 millions par année. La
proportion est moins considérable. Elle diminue, même si nous
avions toujours le même montant d'augmentation, en chiffres absolus, le
pourcentage, lui aussi, diminuerait.
M. BOURASSA: Mais, là, vous prévoyez une baisse de 250%
dans le taux de croissance.
M. CLOUTIER: II y a évidemment une baisse.
M. BOURASSA: Une baisse de 250% du taux de croissance.
M. CLOUTIER: Par rapport à l'augmentation que je n'ai pas
calculée.
M. BOURASSA: De 15% à 6%, c'est une baisse de 250% du taux de
croissance. Alors, tant mieux si vous la réussissez, mais j'en
doute.
M. CLOUTIER: Nous comptons sur les présidents des conseils
d'administration.
M. GOLDBLOOM: M. le Président,...
M. CLOUTIER: Une seule autre remarque si le député de
D'Arcy-McGee me permet, le directeur de l'assurance-hospitalisation me dit
qu'en Ontario aussi le directeur de l'assurance-hospitalisation prévoit
un taux de croissance beaucoup moindre que celui des autres années.
M. BOURASSA: Mais on m'a dit tantôt que c'était 17%.
Tantôt, on me disait que c'était 17% pour montrer combien nous
étions supérieurs à l'Ontario.
M. CLOUTIER: Ils se sont fixé un montant moindre même si
les prévisions sont plus considérables.
M. BOURASSA: Mais Je ne comprends pas le ministre là, ils se sont
fixé un montant moindre même si les prévisions sont plus
considérables?
M. CLOUTIER: Un instant! M. BOURASSA: D'accord!
M. CLOUTIER: Le directeur de l'assurance-hospitalisation me dit que
c'est un coût estimatif fourni par les hôpitaux. Mais il y a la
convention collective. Ils tiennent compte de la convention collective qui se
négocie...
M. BOURASSA; Ils prévoient 17%.
M. CLOUTIER: ... tenant compte de la difficulté de
négociation, parce qu'ils n'ont pas de négociations à
l'échelon provincial. C'est encore à l'échelon local ou
régional.
M. BOURASSA; Oui. Mais ils prévoient quand même 17% par
rapport à 6% pour nous. D'accord.
M. CLOUTIER: Ils prévoient 17%.
M. BOURASSA: Juste un mot en terminant, le ministre est au courant de la
conférence du Dr Gilbert suggérant toute une série de
moyens pour améliorer l'efficacité.
M. CLOUTIER: J'ai lu ça!
M. BOURASSA: D'accord! Je voulais signaler ça au ministre. Il m'a
l'air d'avoir compris.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je voudrais rappeler au ministre
qu'il y a quelques jours nous discutions des chiffres pour la durée de
séjour. Le ministre nous en a fourni quelques-uns, mais il nous avait
promis...
M. CLOUTIER: Je les ai. M. GOLDBLOOM: Bon!
M. CLOUTIER: En 1966, dans le Québec, 10.38%; en 1967, 10.97%; et
en 1968, 10.74%.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que nous connaissons toujours des taux d'occupation
très élevés dans la plupart de nos hôpitaux?
M. CLOUTIER: Je pourrai donner des chiffres plus exacts un peu plus tard
au cours de l'étude des crédits. Là nous les donnerions
approximativement.
M. GOLDBLOOM: Certainement! Est-ce que le ministre peut aussi nous dire
ce qui arrive aux listes d'attente des hôpitaux?
M. CLOUTIER: Oui, je pourrais lui donner un échantillonnage assez
représentatif dans un Instant. Je peux donner des exemples au...
M. GOLDBLOOM: Est-ce qu'il y a aussi un total?
M. CLOUTIER: Non, un échantillonnage. Je vais donner des exemples
assez significatifs. Il y a des endroits où il y a des augmentations
dans les attentes, il y a des endroits ou il y a une diminution extraordinaire,
si on peut employer ce terme en parlant de listes d'attente.
A Sherbrooke, l'Hôtel-Dieu de Sherbrooke, par exemple, en 1967:
916; en 1968 411; en 1969: 142.
L'hôpital du Sacré-Coeur de Hull - je ne donnerai pas les
années, c'est toujours 1967, 1968, 1969, alors, 845; 708; 592.
L'hôpital d'Argenteuil, Lachute: 177; 113; 98. L'hôpital
Saint-Eusèbe de Joliette, 290; 250; 282. Evidemment il y a un projet qui
est I l'étude pour Joliette. L'Hôtel-Dieu de
Saint-Jérôme: 1743; 947; 450. L'hôpital d'Youville, Noranda;
325; 506; 473. L'hôpital Saint-Sauveur de Val-D'Or, je l'avais
donné l'an passé si ma mémoire est bonne, c'est 671; 150
et 145.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le ministre a des...
M. CLOUTIER: Pour Montréal? M. GOLDBLOOM: Montréal
et...
M. CLOUTIER: Hôtel-Dieu de Montréal: 1579; 1342 et 1486.
Hôpital Jean-Talon: 531, 553, 386. Jewish General: 1,500, 1,002, 704.
Montreal General: 1,097, 1,302, 1,204. Notre-Dame: 1,075, 950, 925. Royal
Victoria: 1,283, 1,145, 1,243. Je pourrais en donner à Québec:
Hôpital du Saint-Sacrement: 1,200, 1,371, 1,115.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que ce sont des chiffres que le ministre pourrait
déposer?
M. CLOUTIER: C'est une liste que nous avons faite au 30 avril 1969, en
communiquant par téléphone avec chacune des institutions. Je
pourrais en faire parvenir une copie au député...
M. GOLDBLOOM: Oui, au lieu de prendre le temps pour lire les
chiffres.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce qu'il y a une baisse à
l'hôpital l'Enfant-Jésus de Québec?
M. CLOUTIER: Pardon?
M. TREMBLAY (Montmorency): A l'hôpital l'Enfant-Jésus de
Québec, est-ce qu'il y a une baisse dans les listes d'attente?
M. CLOUTIER: A l'Enfant-Jésus, nous avons deux années. En
1968, 437 et en 1969, 421.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, pour passer à un autre
aspect...
M. CLOUTIER: Les taux d'occupation, cela a été
demandé tout à l'heure.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. CLOUTIER: En 1966, dans le Québec, les hôpitaux
généraux, 78.4%; en 1967, 77.8% et, en 1968, 79.5%. Pour les
maladies à long terme: 94% en 1966, 95.3% en 1967 et 98% en 1968.
L'Ontario, le chiffre oscille autour de 82%, une estimation. Et pour les
maladies à long terme, 93.8% en 1967. C'est le dernier chiffre que nous
avons.
M. GOLDBLOOM: Pour passer à un autre aspect de ce sujet, nous
cherchons toujours des moyens de diminuer les listes d'attente, de diminuer le
coût des soins de santé, sachant que les soins hospitaliers en
sont les plus coûteux.
Nous avons parlé d'hôpitaux qui sont affectés au
soin des malades chroniques, à la convalescence, mais il arrive
je dirais assez souvent dans un hôpital général
qu'un médecin hésite pendant plusieurs jours avant d'envoyer un
malade à une autre institution, n'étant pas certainque
l'état de ce malade permettra, en toute sécurité, son
transfert à une autre institution sans l'exposer au danger d'être
ramené d'urgence à l'hôpital principal.
Il y a donc des hôpitaux qui ont conçu un système
d'hospitalisation progressive où, à l'intérieur de la
même institution, il y a des secteurs où les soins sont de moins
en moins intenses avec le progrès de la convalescence. Donc, on est en
mesure de garder le malade à l'hôpital, sachant qu'à un
moment donné on peut le ramener d'un étage à un autre
à l'intérieur de la même institution si un problème
se présente.
Donc, est-ce que c'est une évolution que le ministre cherche
à encourager? Est-ce qu'il y a des hôpitaux, en dehors des grands
hôpitaux que nous connaissons, qui ont monté de tels
systèmes pour, justement, diminuer le besoin de construire d'autres
institutions à d'autres endroits?
M. CLOUTIER: Oui. Dans chacun des projets hospitaliers de
rénovation ou de construction, c'est un des points qui retient notre
attention et qui fait l'objet de discussions entre les planificateurs et nos
services techniques du ministère de la Santé, de façon que
l'aménagement de l'hôpital soit fait en fonction de la progression
dans le traitement à donner aux malades.
Il y a des exemples d'hôpitaux qui le font actuellement.
Je pense en particulier à l'hôpital Saint-Sacrement,
à Québec, où on a même une section pour les malades
ambulants, où les malades peuvent eux-mêmes, sans requérir
du personnel spécialement pour ces tâches, s'occuper du repas,
s'occuper d'autres activités qui nécessiteraient autrement du
personnel. Il y a l'hôpital Notre-Dame, à Montréal; le
député a vu dernièrement dans un communiqué
envoyé aux journaux non seulement cette orientation, mais ce geste
concret que l'hôpital a posé pour les malades chroniques et pour
les convalescents en aménageant spécialement des chambres pour ce
type de malades de façon à ne pas immobiliser les lits actifs de
l'hôpital et de pouvoir les loger dans cette section.
Je pourrais donner un autre exemple qui est très
d'actualité. Hier, j'ai eu l'occasion de rencontrer le conseil
d'administration de l'Institut de cardiologie qui prépare un projet
d'agrandissement. Le conseil a tenu compte même à
l'intérieur d'une institution spécialisée comme
celle-là de ce facteur de soins progressifs de sorte qu'on
pourra, selon le stage et la progression de la convalescence, prendre un
patient, un malade et le déménagement dans un autre section de
l'hôpital, à un autre étage où les soins requis sont
moins considérables de façon à avoir une économie
en personnel et aussi une économie en équipement. Je crois que
c'est un facteur qui, de plus en plus, retient l'attention des planificateurs
dans le domaine de la santé.
M. GOLDBLOOM: Un dernier aspect de ce sujet; les soins à
domicile. Est-ce le ministre peut commencer par nous donner une petite
idée de l'évolution de ce secteur en ce moment?
M. CLOUTIER: J'ai confié au ministre d'Etat la tâche
spéciale des soins à domicile.
M. GOLDBLOOM: Justement, M. le Président, j'avais un autre sujet
à ce poste budgétaire, celui des règlements adoptés
en vertu de la Loi des hôpitaux. Je sais que c'est le bébé
du ministre d'Etat, J'étais pour proposer que nous laissions en suspens
cet article en attendant le retour du ministre d'Etat. Le ministre d'Etat
sera-t-il ici ce soir ou demain?
M. CLOUTIER: Aux dernières nouvelles, il devait être ici.
Il a été empêché cet après-midi. Je l'attends
d'une minute à l'autre. Est-ce qu'on pourrait laisser en suspens ce
poste budgétaire pour ces deux points précis: Les soins à
domicile et les règlements des hôpitaux?
M. GOLDBLOOM: C'est ça. Avant cette suspension, je voudrais poser
une seule question. Le service d'assurance-hospitalisation prévoit des
prestations dans le cas d'hospitalisation en dehors de la province de
Québec. Le ministère fait-il une distinction entre celui qui est
frappé par une maladie imprévue maladie qui
l'empêche de revenir au Québec et celui qui choisit de
s'adresser à un hôpital, aux Etats-Unis par exemple, pour se faire
soigner, croyant que les soins seraient de meilleure qualité
là-bas?
M. CLOUTIER: Nous n'avons pas de distinction. C'est le même tarif
de remboursement...
M. GOLDBLOOM: II y a quand même des cas assez pénibles
où des personnes sont frappées par un infarctus, par exemple.
Elles sont obligées de passer plusieurs semaines à
l'hôpital en dehors de la province, ce qui constitue un fardeau assez
sérieux pour ces personnes. J'attire l'attention du ministre sur ces
deux aspects de ce problème.
M. CLOUTIER: Cela a déjà fait l'objet, dans les derniers
mois, d'une proposition même d'arrêtés en conseil
que je n'ai pas retenue. J'ai demandé à mes officiers
d'explorer davantage, parce que je voulais savoir exactement quelles
étaient les implications financières?
M. GOLDBLOOM: Alors laissons en suspens le poste budgétaire 2
pour passer à 3.
M. CLOUTIER: Quant aux soins à domicile, il n'est pas
nécessaire d'en parler au poste budgétaire 2, nous pouvons en
parler au poste budgétaire 6; Programme conjoint de santé
public.
M. GOLDBLOOM: D'accord. Il reste quand même les
règlements...
M. CLOUTIER: Les règlements des hôpitaux...
M. SAINT-GERMAIN: Tout de même, relativement au coût de
l'hospitalisation, M. le ministre a expliqué qu'au niveau de certains
hôpitaux on se réorganisait pour le baisser.
En fait, je remarque tout de même que, l'année
dernière, il y a eu une augmentation de 10% du coût et cette
année, nous avons à peu près la même augmentation de
10%. Est-ce que ce sont simplement des études préliminaires ou
des applications locales qui ne sont pas assez
généralisées pour que cela se reflète dans le
coût total de l'hospitalisation? J'aimerais attirer l'attention du
ministre là-dessus. Quelles que soient les transformations qu'on y
fasse, comme résultat, le coût augmente tout de même avec la
même constance,,.
M. CLOUTIER: Non, pas avec la même constance, parce que j'ai
donné, tantôt, au député de Mercier, depuis 1960,
depuis l'assurance-hospitalisation, la croissance, l'augmentation et il n'y a
pas de constance dans l'augmentation. Il y a eu des périodes de sommet
et maintenant nous sommes dans une période de décroissance des
coûts.
M. SAINT-GERMAIN: J'ai ici le coût de 67/68, par exemple, de $421
millions. En 68/69, $463 millions. Cette année, de $506 millions...
M. CLOUTIER: Est-ce que le député voudrait
corriger, en ajoutant aux chiffres des prévisions
budgétaires, les chiffres réels de l'année
précédente? Parce qu'il y a eu des budgets
supplémentaires. Alors l'an dernier, le chiffre réel, au lieu de
$463 millions, c'est $478 millions.
M. SAINT-GERMAIN: En 67/68, c'est bien $421 millions? Est-ce que c'est
le chiffre réel?
M. CLOUTIER: II y a eu un budget supplémentaire. Je vais vous
donner le chiffre. Le député remonte à deux ans. Nous
allons trouver le chiffre.
M. SAINT-GERMAIN: Je prends cela, ici dans le budget des
dépenses...
M. CLOUTIER: Dans le livre vert de l'année
précédente, je n'ai pas le chiffre corrigé.
M. SAINT-GERMAIN: Ah, bon!
M. CLOUTIER: Alors, c'est $432 millions. Dans le livre des comptes
publics, à la page 519, je retrouve $432 millions.
M. SAINT-GERMAIN: Cela ne change pas beaucoup
l'accélération, l'augmentation conserve approximativement le
même pourcentage. Maintenant, est-ce qu'en 67/68, il y a eu un budget
supplémentaire? En 68/69, vous en avez eu un aussi. Il faut
prévoir aussi que ce chiffre, de $506 millions, il est bien possible,
soit augmenté.
M. CLOUTIER: Ce sont nos prévisions. J'ai donné au
député de Mercier les augmentations automatiques qui seront
causées par la convention collective de travail qui est en
négociation.
M. LE PRESIDENT: Alors, nous suspendons le poste budgétaire
2.
M. TREMBLAY (Montmorency); J'aurais aimé avoir certains chiffres
concernant le financement des corporations. Elles sont financées par
obligations. Les remboursements, à l'article du service de la dette, se
font dans le budget général: Service de l'hospitalisation et
services externes?
M. CLOUTIER: Non, non, pas là. Cela se fait au poste 13: Les
subventions pour construction d'hôpitaux et autres fins.
M. TREMBLAY (Montmorency): Cela se fait au poste 13.
C'est-à-dire, non, je parle du remboursement de la dette. La corporation
remet à tous les ans, certaines sommes pour...
M. CLOUTIER: ... sur l'échéance d'obligations...
M. TREMBLAY (Montmorency): Sur les échéances
d'obligations...
M. CLOUTIER: Oui, c'est au poste budgétaire 13, articles 2 et
3.
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors cela entre, au point de vue
administratif, dans l'article des subventions.
M. CLOUTIER: Subventions à long terme.
M. TREMBLAY (Montmorency): Subventions à long terme.
M. CLOUTIER: Oui, c'est là.
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors, cela n'entre pas dans...
M. CLOUTIER: Non, c'est un budget d'administration.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est le budget d'administration, très
bien.
M. LE PRESIDENT: Nous suspendons le poste budgétaire 2, article
2, pour y revenir aussitôt que le ministre d'Etat sera revenu. Nous
passons à l'article 3. Simplement, pour les règlements
d'hôpitaux, étant donné que les soins à domicile
sont à l'article 6. Donc, unités sanitaires, à l'article
3.
M. HOUDE: M. le Président, à l'article 3, unités
sanitaires, j'aimerais faire une courte intervention concernant
l'hygiène scolaire. Nous voyons, en lisant le dernier rapport du
ministère de la Santé, à la page 125, qu'au cours de
l'année c'est le dernier rapport de l'année 1967
sur un total de 96,963 écoliers examinés, 31,765 sont atteints,
ont été dépistés comme étant atteint de
déficience physique, soit 32.7% des écoliers examinés ont
été classés comme ayant une déficience
physique.
Ce chiffre qui remonte bien sûr à 1967 j'ai
hâte de voir si en 1968 ou en 1969 cela s'est amélioré
m'apparaît comme énorme et me prouve, une fois de plus,
l'importance que nous devons attacher au Québec, à un secteur,
qui, encore une fois je le répète, je suis de moins en
moins gêné d'en parler, soit dit en passant s'appelle
l'éducation physique.
Je voudrais rappeler au ministre qu'il y a quelques années
à peine, lorsque le Dr Cross et le Dr Weber qui, en combinant leur nom,
ont
fait ce qu'on appelle communément le test « Cross &
Weber », lorsque ces deux spécialistes ont fait passer, à
des milliers et des milliers d'enfants d'Amérique et d'Europe, le fameux
test « Cross & Weber », on a découvert que, même
les enfants qui avaient subi la guerre, qui avaient subi certaines privations
en Europe, se classaient quand même mieux que les enfants
nord-américains dans un simple petit test d'aptitudes physiques.
C'est à la suite de cela, monsieur le ministre, vous vous en
souviendrez, que le président Kennedy a lancé une vaste campagne
à travers les Etats-Unis demandant aux grandes facultés de nos
universités, demandant en particulier à la médecine de se
préoccuper davantage de l'éducation physique, et c'est à
la suite de ces tests, dis-je, que le président Kennedy a mis sur pied
plusieurs départements de ce qu'il appelait « physical fitness
».
C'est également à la suite de ces fameux texts «
Cross & Weber » que le gouvernement d'Ottawa, en particulier le
ministère de la Santé à Ottawa, a subventionné des
recherches qui ont abouti à une façon, si vous voulez,
très simple, mais drôlement efficace de promouvoir la santé
physique des Canadiens, à ce qu'on appelle le 5-BX qui a
été propagé par tous les média d'information,
radio, télévision et journaux, à travers le Canada, pour
tâcher d'améliorer la santé physique de nos enfants.
Actuellement, si on lit les journaux, depuis quelques semaines, on voit
que, cette année, au moins 32 pays se sont donné la main pour se
réunir entre le 2 et le 14 juillet prochain, au cours de
l'été, à Bâle en Suisse et à Strasbourg en
France, pour ce qu'on appelle actuellement le symposium scientifique de
l'éducation physique pour les préscolaires et les scolaires. Tout
cela en vue d'améliorer la santé physique de nos écoliers
et de nos écolières à travers au moins ces 32 pays en tout
cas.
Je me demande, monsieur le ministre, s'il ne serait pas possible,
à la lecture de votre propre document où on dit carrément
que 32.7% des écoliers souffrent de déficience physique, que
votre ministère commence le plus rapidement possible une campagne
intensive vous avez des budgets pour l'information et la
publicité afin de contribuer peut-être à
améliorer la santé physique de nos enfants, mais aussi à
convaincre d'autres ministères qui sont drôlement endormis, en
particulier le ministère de l'Education, où on a un seul homme
je le répète peut-être pour la dixième fois
pour toute la province qui dirige l'éducation physique de tous
les écoliers, de toutes les écolières de tout le
Québec.
Il a un grand titre, il est directeur provincial, un directeur de qui?
Directeur de lui-même, il est seul. Cela fait quelques années que
la profession, que les parents également exigent que l'éducation
physique soit quelque chose de sérieux dans la province de Québec
et le ministère de la Santé nous donne des chiffres qui font
frémir. Je pense que le ministère de la Santé, puisque ce
ministère jouit d'un très grand prestige, puisqu'à chaque
fois que la médecine touche ou parle d'un sujet, on est porté
dans l'opinion publique à l'écouter beaucoup plus facilement
peut-être qu'on écoute parfois un pédagogue.
Je pense que le ministère de la Santé a le devoir de
rendre plus populaire, d'éveiller et d'aider les parents qui exigent que
l'on considère comme quelque chose de sérieux l'éducation
physique, que le ministère de la Santé devrait de plus en plus
collaborer à faire appliquer le rapport Parent, par exemple, qui
recommandait deux heures obligatoires d'éducation physique à
l'élémentaire plus un après-midi de plein air, chose qui
n'existe pas à peu près dans 80% de nos écoles où
l'on n'a même pas trente minutes par semaine d'éducation physique
obligatoire.
Je pense que le ministère de la Santé se devrait
d'être à l'avant-garde, surtout au moment, M. le ministre,
où comme un ancien de l'éducation physique, je suis presque
débordé de travail en dehors de mon rôle de
député à répondre présentement aux demandes
de médecins ou de cliniques médicales spécialisées
en obésité.
En fin de semaine, M. le ministre, j'avais une demande d'un groupe de
médecins spécialistes dans les maladies du coeur me demandant de
travailler avec eux à bâtir un programme pour ceux qui souffrent
de maladies cardiaques en fonction de l'éducation physique, ou par
l'éducation physique, ces médecins sont convaincus, comme
d'autres dans d'autres pays depuis fort longtemps, que l'éducation
physique peut aider cette catégorie de malades présentement. Or,
je pense, M. le Ministre, qu'à l'article de l'hygiène scolaire,
même si vous avez fait énormément de progrès comme
j'en juge par ce rapport, il reste quand même que 32.7% des enfants en
1967 et ce sont des enfants examinés seulement souffrent
de déficience physique.
C'est une modeste suggestion. Si le ministère de la Santé
se donnait vraiment la peine, soit en produisant un film, soit en faisant
participer quelques-uns peut-être de ses hauts fonctionnaires à ce
voyage à Strasbourg à ce symposium scientifique, je pense que
quelques
hauts fonctionnaires pourraient y revenir drôlement plus
convaincus de l'importance de cette discipline qui existe à peine
à l'état embryonnaire dans un grand nombre de nos
écoles.
Je disais, il y a une semaine, M. le Ministre, dans une
conférence à l'Association des éducateurs physiques de
Chicoutimi et du Lac-Saint-Jean, que cela avait pris environ 40 ans au
Québec pour obtenir une demi-victoire dans cette discipline. J'entends
par demi-victoire, bien sûr, une acceptation de principe. Bien sûr,
tout le monde dit: Oui, c'est vrai, c'est important, l'éducation
physique. Il est sûr qu'aujourd'hui on construit des écoles avec
un modeste gymnase, que tout le monde semble d'accord pour dire: C'est donc
important, l'éducation physique. Cela a pris 40 ans pour l'obtenir.
Je pose la question encore une fois. Est-ce que nous attendrons 40
autres années avant de voir maintenant des programmes s'appliquer,
maintenant que nous avons du matériel, maintenant que nous avons un
certain matériel didactique également, maintenant que nous avons
de la main-d'oeuvre et actuellement 1,600 professeurs d'éducation
physique actifs dans la province de Québec, dans nos institutions
maintenant que de plus en plus les parents sont éveillés à
cette question et de viennent, dans beaucoup de milieux, fort inquiets?
Je ne fais de « commercial » pour personne mais on n'a
qu'à voir présentement l'engouement ou le désir des
parents de faire participer leurs enfants, au cours de l'été,
à toutes sortes d'activités sportives et d'éducation
physique pour réaliser que les Québécois sont devenus de
plus en plus conscients de l'importance de cette discipline. Etant donné
que c'est très long et très lent dans plusieurs ministères
pour passer à des applications pratiques, j'ai pensé aujourd'hui
profiter des crédits du ministère de la Santé pour
peut-être éveiller une fois de plus les autorités
gouvernementales. Si le ministère de la Santé disait ou
plaçait son mot, sans prendre la place d'autres ministères ou
sans rentrer dans les plates-bandes d'autres ministères, si le
ministère de la Santé voyait à aider la cause de
l'éducation physique, je suis profondément convaincu que nous
pourrions sauver probablement plusieurs années de travaux parfois
inutiles ou d'efforts que l'on pourrait mettre plus facilement sur d'autres
sujets.
C'est ce que j'avais à dire, M. le Ministre, en espérant
que les chiffres publiés dans le dernier rapport de votre
ministère vont s'améliorer et non pas se détériorer
et en espérant surtout que vous prendrez en considération ce que
je disais tantôt, soit le symposium scien- tifique de l'éducation
physique avec des gens de toutes les facultés, de 32 pays
différents y inclus la Russie, le Japon, la Chine et beaucoup de pays de
l'Amérique du Sud.
Je répète les dates et l'endroit, Bâle en Suisse,
Strasbourg en France, du 2 au 14 juillet.
M. LE PRESIDENT: J'écoutais très attentivement les
très intéressants propos du député de Fabre;
cependant, l'éducation physique relève du ministère de
l'Education et les loisirs et sports relèvent du...
M. HOUDE: Je m'excuse M. le Président, mais dans le rapport
annuel du ministère de la Santé, c'est bel et bien marqué
hygiène scolaire, Cyrille Pomerleau, m.d. C'est le rapport, cela fait
partie des unités sanitaires, M. le Président, et il y a 32
dépisteurs...
M. LE PRESIDENT: Pour le dépistage, mais pour l'éducation
physique proprement dite...
M. HOUDE: M. le Président, je m'excuse, il y a également
un paragraphe qui dit: La surveillance de la santé de l'enfant, un des
objectifs d'une médecine préventive bien organisée, etc.,
etc. Je pense que l'éducation physique, quand même, peut faire
partie de la médecine préventive. Je n'insisterai pas davantage.
C'est ce que j'avais 3. dire.
Je termine en posant une question. Si on pouvait me donner la
réponse, j'aimerais savoir en 1968 et en 1969, après ce
rapport-ci, quels sont les chiffres et quelles sont les améliorations,
si améliorations il y a, concernant la santé physique, mentale et
les problèmes sociaux de nos écoliers à Québec?
M. CLOUTIER: M. le Président, j'écoutais avec beaucoup
d'attention les remarques fort judicieuses du député de Fabre.
Sans départager les responsabilités entre le ministère de
l'Education, le ministère du Toutisme, de la Chasse et de la Pêche
et le ministère de la Santé, je dirai que, en ce qui nous
concerne, nous, nous sommes bien conscients de l'importance de l'hygiène
scolaire et du dépistage. Nous avons fait un effort très
considérable depuis trois ans. Le programme qui avait été
tracé initialement en 1966 était très ambitieux.
Nous voulions réaliser tout le programme de mise en place de
l'hygiène scolaire sur une période de trois ans et il nous est
apparu que, évidemment, tenant compte des contraintes
budgétaires, de la difficulté de recruter tout le personnel, que
nous devions étendre cette période sur un nombre d'années
plus considéra-
ble. Mais, nous sommes actuellement presque au terme. Je pense que nous
pourrons terminer cette opération de mise en place de tout le programme
d'hygiène scolaire, l'an prochain. Nous avons recruté le
personnel de sorte que le dépistage qui est fait actuellement dans le
milieu scolaire, dans l'exercice que nous avons commencé actuellement,
correspond presque tout à notre programme initial.
Quant aux statistiques, évidemment, elles sont très
éloquentes et c'est le dépistage massif que nous faisons, qui
peut nous apporter des chiffres et des conclusions que nous nous faisons un
devoir de transmettre à d'autres ministères comme celui de
l'Education et celui du Tourisme de la Chasse et de la Pêche.
Nos relations avec le ministère de l'Education là
où il faut qu'il y ait relation dans le domaine de la santé
elles sont excellentes parce que nous communiquons avec le
ministère de l'Education en ce qui concerne la formation du personnel,
le personnel médical et paramédical et les
périmédicaux. Nous avons également un autre comité
interministériel qui siège pour l'enfance inadaptée. Dans
ce domaine-là, le député mentionne qu'à la suite
des conclusions de nos études et du dépistage que nous faisons,
des statistiques que nous procurent le dépistage, il faudra que le
ministère de la Santé entreprenne un travail auprès du
ministère de l'Education et auprès des autres ministères
pour les sensibiliser à cet état de chose.
Personnellement et je crois pouvoir me faire l'interprète
de mes officiers nous sommes conscients, au ministère de la
Santé, de l'importance qu'il y a pour nous d'éveiller
l'intérêt des autres ministères là où cet
intérêt doit être éveillé. Et le
député nous a mentionné un champ d'action particulier,
où sensibiliser le ministère de l'Education à cet aspect
bien important de l'éducation physique. Si le ministère de
l'Education et si dans les programmes de formation de l'étudiant on
faisait la place nécessaire à cet élément
important, je crois qu'il y a là une médecine préventive
qui est irremplaçable dont le ministère de la Santé
retrouverait les effets bénéfiques à plus ou moins long
terme. Il serait important que cette médecine préventive soit
ajoutée à la médecine préventive que nous faisons
et par le dépistage et par d'autres postes du ministère,
particulièrement au chapitre des unités sanitaires,
dépistage de déficience physique ou dépistage de
déficience mentale, de sorte que nous puissions, après avoir
détecté ces déficiences, ces faiblesses de notre
population étudiante, mettre en place des mécanismes de
correction.
Quant à la suggestion de faire nous-mêmes, au
ministère de la Santé, cette campagne d'éducation, il
restera à départager les responsabilités à ce
moment-là. Est-ce que c'est le ministère de la Santé
lui-même qui devra requérir les budgets, est-ce que chez nous,
nous sommes le meilleur ministère à être outillé
pour ce travail? Cela restera à voir.
De toute façon, je retiens la suggestion du député
de Fabre de sensibiliser très étroitement les deux autres
ministères particuliers, le ministère de l'Education en
l'occurrence et le ministère du Tourisme loisirs et sports
qui entre parenthèses a signé une entente dernièrement
avec le ministère fédéral. Il aura des fonds à sa
disposition.
Je ne connais pas, à ce moment-ci, le détail de
l'utilisation de ces fonds, mais je crois qu'à même ces sommes,
à même ces budgets plus considérables pour le
ministère de l'Education et moins considérables pour le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qu'il y aura
place pour ce secteur de l'éducation physique dont parle le
député.
Quant aux statistiques, pour l'année 68/69, étant
donné que le rapport annuel n'est pas préparé, je ne crois
pas que nous les ayons en main. Mais de toute façon, il sera possible de
les faire parvenir au député, un peu plus tard, étant
donné son intérêt. Il le demandera et nous nous ferons...
Même avant la publication du rapport annuel, nous pourrons lui faire
parvenir des statistiques quant à ce champ précis.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, avant d'adopter en bloc ce poste,
j'aurais quelques brefs commentaires à faire. Je regrette de constater
qu'à l'article 11: Bourses au personnel technique, il y a une diminution
cette année. Est-ce que c'est parce que le montant prévu l'an
dernier n'a pas été utilisé complètement?
M. CLOUTIER: Oui. Nous avons 62 candidats au lieu de 72. Parce qu'il y a
réduction aux postes des infirmières. Quant aux médecins,
aux dentistes, aux diététiciens et aux inspecteurs en
hygiène, il n'y a pas de diminution. C'est au poste des
infirmières qu'il y a une diminution de 10 candidates.
M. GOLDBLOOM: Bon. L'autre chose que je voudrais dire, M. le
Président, est celle-ci. Je voudrais la dire avec autant de
délicatesse que possible, sans formuler de critique personnelle à
l'endroit de qui que ce soit: Nos unités sanitaires ne se sont pas
toujours tenues à la page du progrès de la médecine, quant
aux
politiques d'immunisation par exemple, et quant aux conseils qui sont
donnés à la maman au sujet de son enfant. Je comprends
parfaitement qu'avec un réseau de cette envergure à administrer,
il n'est pas facile de transmettre des renseignements rapidement à tous
les intéressés. Encore plus, au niveau de l'administration, au
niveau de la direction, on est obligé d'établir certaines
politiques qui doivent être appelées à durer pour une
certaine période de temps. Il n'y a pas moyen de changer de politique
d'immunisation à tous les six mois.
Quand même nous constatons qu'avec toutes les études qui se
font de nos jours, il y a des modifications qui sont apportées et que
les unités sanitaires traînent un peu de l'arrière en
matière de politique d'immunisation. Il y a un an ou deux, nous avons
discuté de la possibilité d'adopter certaines préparations
associées. J'aimerais savoir si le sous-ministre qui a fourni la
réponse à cette époque-là pourrait nous dire si
c'est toujours à l'étude. J'aimerais savoir où ces
études sont rendues. Je voudrais souligner le fait que très
récemment il y a des études qui ont été faites aux
Etats-Unis qui semblent indiquer que peut-être, et j'insiste sur
le peut-être nous donnons plus souvent des injections de rappel
que nécessaire. J'aimerais simplement souligner l'importance pour la
santé publique d'une attitude progressive au niveau des unités
sanitaires, et quant à l'immunisation et à quant aux conseils qui
sont donnés à ceux qui s'y présentent.
M. CLOUTIER: Etant donné que le sous-ministre avait fait la
première réponse, à laquelle fait allusion le
député de d'Arcy-McGee, je lui demanderais de faire encore la
réponse étant donné que c'est un domaine extrêmement
spécialisé. Je préférerais que la conversation ait
lieu entre médecins et je prends à mon compte les remarques de
mon sous-ministre. Je lui demande de répondre, en quelques mots
parce qu'il est près de six heures à la question du
député d'Arcy-McGee.
Je remercie M. le ministre. M. le Président, c'est un
privilège assez unique de pouvoir répondre à une
commission comme celle-ci, alors je n'en abuserai pas.
J'aimerais savoir précisément ce que veut dire le
député de d'Arcy-McGee. Est-ce qu'il parle d'un programme
d'immunisation particulier? Veut-il faire référence, par exemple,
au Sabin où je me plais toujours à souligner que nous avons
été la première province à
généraliser ce vaccin et que les autres provinces nous ont suivis
avec trois ans de retard? Veut-il parler du vaccin contre la rougeole que nous
voulons associer au vaccin trivalent?
S'il veut parler du vaccin contre la rougeole, je vais lui dire que nous
poursuivons des études à l'Institut de microbiologie qui est
notre fabricant de vaccin. Comme le sait probablement, pertinemment j'en suis
sûr, le député, qui est un médecin hautement
spécialisé dans ce domaine, fabriquer un vaccin et pouvoir le
mettre sur le marché avec toutes les garanties nécessaires est un
travail qui requiert à peu près trois ans d'études lorsque
tout va bien. Je dois tout d'abord dire que deux fois par année, aux
réunions du Conseil canadien de la santé, il y a une revis ion de
tous les programmes d'immunisation de chaque province et adoption en
général des meilleures techniques que nous appliquons par la
suite dans nos provinces.
Il a été décidé par les
épidémiologistes et les microbiologistes qu'il était
préférable de produire un vaccin polyvalent et que ce vaccin
polyvalent aurait un vaccin antirougeoleux tué, et qu'on pourrait le
donner en même temps que les trois autres, dans les mêmes
injections, de façon à ne pas multiplier indûment le nombre
d'injections que l'on donne.
Nous avons essayé de le mettre au point. Les expériences
ont été effectuées in vitro et puis in vivo sur l'animal.
Par la suite, nous devons attendre, avant de donner ce vaccin au public,
l'autorisation du service des aliments et drogues à Ottawa. Cette
autorisation nous est arrivée quelques mois après la fabrication
du lot initial. Nous nous sommes aperçus que le pouvoir
antigénique de ce lot avait perdu beaucoup de sa force et n'était
valable maintenant que pour six mois.
Nous avons fabriqué un nouveau lot. Nous avons, actuellement, en
stock, 100,000 doses de vaccin vivant et quelques centaines de milliers de
doses de vaccin tué. Nous commençons à. donner du vaccin
tué, mais comme vous le savez peut-être, il y a eu aux Etats-Unis,
je pense, dix-sept cas de complication par suite d'injections de vaccin vivant,
après trois injections de vaccin tué, lorsque le vaccin vivant a
été donné après un délai d'un an. Nous
sommes donc à étudier les possibilités de prévenir
cette complication et nous le donnons après trois mois et après
un an dans certains cas pour voir si notre vaccin, qui est
préparé selon un procédé un peu unique,
présentera ces complications ou non.
Nous croyons donc pouvoir utiliser ce vaccin polyvalent l'automne
prochain. Nous nous attendions à l'utiliser l'automne dernier. Mais dans
le vaccin tué, nous avons découvert, après six mois
d'étude, un virus simiesque qui fait que nous devons maintenant
abandonner la culture sur reins de singes et là je rentre dans
les
détails techniques mais pour faire la culture sur embryons
de canards et cerveaux de souris. Alors ceci retarde un peu, mais garantit la
sécurité.
M. GOLDBLOOM: Deux questions spécifiques. Est-ce qu'en attendant,
on donne systématiquement le vaccin contre la rougeole à tous les
enfants qui se présentent aux unités sanitaires?
Deuxièmement, est-ce qu'on insiste toujours pour attendre l'âge de
trois mois pour commencer les immunisations habituelles, à une
époque où les pédiatres commencent à deux mois et
même à un mois et demi?
M. CLOUTIER: Le pouvoir de production d'antigènes, chez l'enfant,
n'est pas très élevé après trois mois.
Si on donne le vaccin antirougeoleux à trois mois, ce n'est pas
indiqué, parce que l'enfant a encore les anticorps maternels. La
question de donner le vaccin contre la coqueluche avant trois mois est
discutable. Dans la plupart des provinces, on persiste à le donner
seulement à trois mois. Nous avons des expériences qui ont
été faites il y a un an pour tâcher de déceler le
pouvoir de production d'anticorps chez l'enfant avant l'âge de trois mois
et on a découvert qu'il s'en produisait.
Mais, si on le donne systématiquement je parle dans un
programme d'hygiène publique qui est fort différent d'un
programme de traitement d'individu à médecin si on le
donne systématiquement avant trois mois, il est probable qu'il faudra
donner une quatrième injec- tion et nous craignons toujours d'augmenter
le nombre d'injections dans nos programmes généraux parce que
plus on donne d'injections, moins le public l'accepte. Nous craignions qu'en
augmentant le nombre d'injections, nous mettions dans la balance le sort de
notre programme d'immunisation et je me plais à le souligner, comme vous
le savez d'ailleurs,que ce programme-là fait disparaître la
dyphtérie, a fait disparaître la mortalité par la
coqueluche chez les vaccinés et fait disparaître évidemment
la polio. Je pense bien que nous réussirons aussi à faire
disparaître la rougeole et la rubéole.
M. GOLDBLOOM: Mais, pour l'instant, le vaccin de la rougeole ne se donne
pas dans les unités sanitaires.
M. CLOUTIER: C'est-à-dire qu'il se donne à un petit groupe
seulement.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 3 dans son entier
adopté. Ce soir nous reviendrons à 20 h 15.
M. SAINT-GERMAIN: J'avais quelques remarques et ce ne sera pas bien
long.
M. LE PRESIDENT: D'accord, allez-y.
M. SAINT-GERMAIN: Nous reviendrons à 20 heures.
M. LE PRESIDENT: A 20 h 15.
Reprise de la séance à 20 h 21
M. MARTEL (président de la commission de la Santé): A
l'ordre messieurs! Poste budgétaire 3, il y avait un
député qui avait des commentaires.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, M. le Président, j'aimerais simplement
souligner ici que, pour publicité et information, vous avez une somme de
$40,000. Cette somme-là avait été réduite, je
crois, l'année dernière relativement à l'année
précédente... En somme je suis un peu surpris de voir un montant
aussi bas si l'on considère que l'un des buts principaux des
unités sanitaires est certainement la prévention des maladies, et
l'information y joue un rôle extrêmement considérable. Je
crois bien que, dans les unités sanitaires, il y a des informations qui
se donnent de bouche à bouche; mais si l'on fait l'éducation des
futures mères ou des nouvelles mères, l'information joue un
rôle de base. Lorsque l'on considère les sommes énormes qui
sont dépensées aujourd'hui par le gouvernement en information, je
suis un peu surpris de voir que vous avez là simplement une somme de
$40,000 dans un domaine aussi vital que la santé, surtout que des
unités sanitaires ont comme but d'informer le public; un de leurs buts
du moins, et des plus importants.
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne veux pas diminuer
l'importance de la remarque du député de Jacques-Cartier, mais il
faut toujours avoir à l'esprit qu'il y a aussi le budget
général de l'Office de l'Information et de publicité qui
est à la disposition aussi du ministère de la Santé. Et
ici, nous avons le même montant cette année que l'an dernier, soit
$40,000, et voici quels sont les imprimés qui seraient
distribués:
Il y a les imprimés techniques et non techniques je donne
des titres de publication: Tabac et santé, tirage 175,000;
Hygiène maternelle, 175,000; Hygiène maternelle, 25,000;
Tuberculose, 25,000; Hygiène de l'adolescence, 150,000;
Prévention des accidents à la maison, 150,000; Hygiène
scolaire, 150,000; Maladies contagieuses, 150,000.
M. HARVEY: Oui mais, celles-là sont à même le
budget.
M. CLOUTIER: C'est le tirage. Elles sont à même le budget,
non non, c'est aussi sur notre budget, ici. Oui, oui c'est $40,000. Ici,
réimpressions. Maladies vénériennes, 100,000 de tirage.
Préventions des accidents, 150,000. Tuberculose, 150,000. Hygiène
professionnelle, 25,000. Salubrité, 25,000.
Donc, il y a des réimpressions et il y a aussi des nouvelles
impressions.
M. HARVEY: M. le Ministre pourrait-il nous dire le montant
dépensé par l'office dans le budget du Conseil exécutif?
Dépensé par l'Office d'information et de publicité du
Québec relativement à son ministère de la Santé, ou
Santé et Famille si le montant consacré rejoint les deux?
M. CLOUTIER: Nous avons un seul service d'information pour les deux
ministères.
M. HARVEY: Je comprends, mais jamais on ne me fera croire que... la
publicité qui est faite très bien faite relativement au
ministère de la Santé dépasse certainement
$40,000.
M. CLOUTIER: Nous avons d'autres postes aussi c'est $40,000 au poste des
unités sanitaires.
M. HARVEY: Ah! juste au poste des unités sanitaires?
M. CLOUTIER: Au poste des unités sanitaires, au poste
numéro trois.
M. HARVEY: Mais, vous ne pouvez pas nous dire quel est le montant que
l'office...
M. CLOUTIER: Je ne sais pas si mes officiers l'ont ce soir mais je
l'aurai certainement, parce que nous avons un seul service d'information pour
les deux ministères. C'est comme pour l'informatique, le centre des
données. Lors de l'étude du budget du ministère de la
Famille, le député de Jonquière sera là et je le
donnerai à ce moment-là.
M. HARVEY: D'accord.
M. SAINT-GERMAIN: A ce niveau, est-ce que vous vous servez de films, de
la télévision et de moyens modernes pour l'information
relativement au travail des unités sanitaires?
M. CLOUTIER: Nous avons des statistiques ici, statistiques très
élaborées, sur chacune des modalités de l'éducation
qui est faite par les unités sanitaires. Nous avons des publications de
distribuées. J'ai ici, comté par comté, unité
sanitaire par unité sanitaire, le nombre de publications
distribuées durant l'année. Il y a des séances de
cinéma ou de projections. Le nombre de personnes qui y
assistent est calculé, de même qu'aux démonstrations
publiques. Il y a des expositions, des communiqués et des articles
publiés; il y a des émissions radiophoniques, des programmes
télévisés.
M. SAINT -GERMAIN: Mais vous ne faites pas cela toujours avec une somme
de $40,000.
M. CLOUTIER: Ce sont des périodes qui sont mises à notre
disposition par les postes de radio.
M. SAINT-GERMAIN: Des périodes gratuites, voulez-vous dire?
M. CLOUTIER: Des périodes gratuites à la radio.
M. SAINT-GERMAIN: A la télévision aussi, vous avez des
périodes gratuites?
M. CLOUTIER: A la télévision aussi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le poste budgétaire 3 est
adopté dans son entier?
M. HARVEY: Avant d'adopter le poste budgétaire 3, je voudrais
savoir ceci du ministre. Vos officiers ont, dans la préparation des
plans et devis de l'agrandissement de l'Hôtel-Dieu de Jonquière,
prévu l'Intégration des services d'unités sanitaires et du
service social, de même que les cliniques externes. Pour autant que
l'unité sanitaire est concernée, si mes renseignements sont bons,
les locaux actuellement occupés dans le centre de la ville seraient
abandonnés pour aménager tout votre service d'unité
sanitaire à l'intérieur de l'Hôtel-Dieu
Notre-Dame-de-1'Assomption de Jonquière.
Je voudrais savoir si vous prévoyez au cours de la
présente année fiscale compléter cette
intégration.
M. CLOUTIER: Les locaux des unités sanitaires, quand ils sont en
dehors de l'hôpital, évidemment le député sait
qu'ils sont aménagés par le ministère des Travaux
publics.
M. HARVEY: Oui, oui!
M. CLOUTIER: Maintenant, quand il s'agit d'intégration dans
l'hôpital, nous nous en occupons nous-mêmes quand nous faisons une
projection de...
M. HARVEY: Je pense qu'il s'agit d'un pro- jet pilote d'après les
informations que m'a données le ministre d'Etat à la
Santé. Les plans et devis seraient sur le point...
M. CLOUTIER: Oui.
M. HARVEY: ... d'être complétés...
M. CLOUTIER: Ils vont aller en soumissions à l'automne.
M. HARVEY: Soumissions à l'autonme. C'est ce que je voulais
savoir parce que je sais qu'il y aura intégration de l'unité
sanitaire du comté dans les locaux de l'hôpital. Soumissions
à l'automne. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 3 est adopté dans son
entier.
M. TREMBLAY (Montmorency): Les médicaments distribués aux
nécessiteux, sous quelle forme sont-ils distribués? Vous avez ici
$25,000 pour allocations...
M. CLOUTIER: C'est pour les postes de colonie.
M. TREMBLAY (Montmorency): Ah, très bien!
M. CLOUTIER: Les postes de colonie; les gardes-malades...
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 3, adopté dans son
entier. Poste budgétaire 4.
M. GOLDBLOOM: Au poste budégaire 4, évidemment nous
pourrions passer beaucoup de temps à discuter de la lutte contre la
pollution qui entre dans toute cette question de génie sanitaire et
d'hygiène industrielle. Je voudrais souligner une seule chose. Nous
savons quelle est l'importance de la contribution de l'automobile à la
pollution de l'air. Il y a des gouvernements comme celui de l'Ontario qui ont
fait adopter une législation qui impose aux distributeurs d'automobiles
des exigences quant à la diminution des émanations nocives.
Est-ce que le gouvernement du Québec se propose de nous présenter
une telle législation? Je crois qu'une telle mesure aiderait
considérablement à diminuer la pollution de l'air.
M. CLOUTIER: II y a une législation qui est en préparation
au ministère de la Santé. Il y a eu d'abord une première
consultation
auprès de 17 organismes. Maintenant, nous en sommes à la
deuxième consultation auprès de 25 organismes. Notre projet a
été communiqué aux autorités
fédérales pour confrontation et discussion et dialogue.
J'espère pouvoir apporter, à la session d'automne, une
législation sur la pollution. Et dans cette législation, il y
aura justement un des aspects dont parle le député, la pollution
par les véhicules automobiles.
M. GOLDBLOOM: Quant à moi, je serais prêt à
réserver mes remarques sur tous ces sujets à l'occasion de la
présentation de ce projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Donc le poste 4 est adopté dans son entier?
M. HOUDE: M. le Président, simplement une question. Je voudrais
savoir ou avoir quelques éclaircissements concernant les fameux
dépotoirs dont on entend parler de plus en plus à certains
endroits. J'en ai entendu parler abondamment cette semaine, enfin la semaine
dernière, aux bills privés, par le maire de Saint-Jean-des-Piles
que tout le monde connaît, M. Bellemare. C'est que nous avons eu à
faire, nous aussi, à Laval, un dépotoir qui est devenu
célèbre...
M. CLOUTIER: On le connaît moins bien sous ce titre.
M. HOUDE: Oui. M. Bellemare, on le connaît moins bien sous le
titre de maire de Saint-Jean-des-Piles. Mais, à chaque fois qu'il est
question de dépotoirs, c'est toujours le même problème.
C'était la même chose dans le cas de Saint-Jean-des-Piles qui est
revenu jeudi matin ici que dans celui que nous avons eu, jusqu'à un
certain point, à Laval.
Où commence, où s'arrête l'autorité du
ministère de la Santé? Il semble que le ministère de la
Santé accorde, à un moment donné, une permission à
une municipalité d'aménager un dépotoir municipal à
un endroit X, mais ce qui me paraît invraisemblable, à un moment
donné, c'est que le ministère, des autorités
compétentes à gauche et à droite, arrivent à
accorder une permission lorsqu'un dépotoir est situé en plein
milieu urbain comme dans le cas de celui de Laval, à 150 pieds des
résidences, peut-être à 50 ou à 60 pieds d'un
terrain de jeux. On fait des parades dans les rues, on promène des rats
et des cercueils, on fait des dé-montrations montres
radio-télévision. Tout le monde s'en mêle. On a
l'impression que tout le monde se renvoie la balle. La ville, jusqu'à un
certain point, a obtenu la permission du ministère de la Santé,
génie sanitaire etc.
Alors ma question je ne veux pas être malicieux du tout
envers qui que ce soit je voudrais savoir s'il y a une ligne où
on commence et une ligne où on finit. Qui a autorité dans toute
cette question?
M. CLOUTIER: Très concrètement, en ce qui concerne le
dépotoir de Laval, la ville a décidé de le fermer et la
nouvelle est arrivée au ministère de la Santé, cela se
fera ces jours-ci.
M. HOUDE: Bon. Parce qu'il était réouvert. C'est au moins
la deuxième ou troisième fois qu'on décide de le fermer et
qu'on l'ouvre. C'est récent, cela?
M. CLOUTIER: Surtout à cause de la saison d'été
où, évidemment, les dangers sont plus considérables.
M. HOUDE: D'accord. Qu'on le ferme, je pense bien que c'est tout
simplement du gros bon sens, surtout en juin et juillet. Il faut le voir pour
le croire ou il faut le sentir pour le croire.
Mais, cela ne répond pas à ma question: Où est
l'autorité? Quelle est l'autorité? Comment cela
fonctionne-t-il?
M. CLOUTIER: Le ministère de la Santé a des
responsabilités parce qu'il approuve les sites choisis par les
municipalités. Elle nous soumettent deux ou trois emplacements ou
même plus et le ministère de la Santé les approuve ou les
désapprouve. Les conditions de mise en service sont fixées par le
ministère de la Santé. Seulement, la municipalité, une
fois qu'elle a eu l'acceptation, assume sa responsabilité. La
surveillance appartient au ministère de la Santé.
Dans le cas mentionné par le député,
évidemment, le ministère peut intervenir pour obliger la
municipalité à fermer son dépotoir.
M. HOUDE: En tout cas, je ne voudrais pas insister davantage, M. le
Ministre, mais je pense qu'au nom des citoyens, vous avez sûrement eu des
demandes, tout cela.
Je sais que le ministère s'en est occupé. J'ai
moi-même écrit à l'époque, l'an dernier. Je sais que
dernièrement on a rouvert le dépotoir, et je suis
extrêmement heureux d'apprendre qu'on va le refermer ces jours-ci
par-
ce que ça n'avait ni queue ni tête que d'avoir un tel
dépotoir.
Une autre question dans un autre ordre d'idées. Je sais que
dépend également du génie sanitaire et de l'hygiène
industrielle toute la question des piscines et également des plages.
Première question: Est-ce que votre juridiction concernant
l'hygiène et la propreté des piscines s'étend
également pour les piscines que l'on retrouve dans les maisons
d'appartements?
M. CLOUTIER: Non. Je réponds assez vite. S'il y a des nuances, je
les apporterai après consultation. M. le directeur de la section de
génie sanitaire me dit que, dans la région de Montréal,
nous avons commencé des inspections de ces piscines semi-publiques dans
les maisons d'appartements, et à Québec aussi.
Donc nous assumons que nous avons là aussi une certaine
responsabilité pour autant que ce sont des piscines semi-publiques.
Cependant, nous n'approuvons pas les plans.
M. HOUDE: Vous n'approuvez pas les plans, mais vous avez quand
même juridiction pour voir à ce que l'eau soit filtrée et
nettoyée.
M. CLOUTIER: C'est exact.
M. TREMBLAY (Montmorency): Sur la question des dépotoirs, vous
savez que le Québec métropolitain a ici un problème
très aigu et particulier en ce sens que les municipalités n'ont
plus d'endroit où déposer les ordures ménagères. En
fait, en même temps, je dois féliciter le ministère parce
que je crois qu'il a assez bien répondu aux municipalités qui ont
demandé des recommandations et des suggestions dans ce domaine.
Actuellement les municipalités projettent d'établir un
incinérateur métropolitain. Le ministère a-t-il
l'intention de participer financièrement à l'élaboration
des plans ou tout au moins participer, peut-être, par une aide quelconque
à la construction d'un tel incinérateur? C'est un problème
en fait qui est à l'échelle métropolitaine ici dans la
région de Québec et qui existe aussi, je crois bien, à
l'échelle provinciale.
M. CLOUTIER: Non, actuellement, il n'entre pas dans la politique du
ministère de la Santé de subventionner les incinérateurs
que ce soit à l'échelon local ou régional, par
regroupement des municipalités. Qaund nous avons eu des demandes en ce
sens-là, je les ai refilées au ministère des Affaires
municipales parce que je crois qu'à ce moment-là ça
relève davantage de l'aide aux municipalités. Si une telle
subvention devait être accordée, je suis d'avis qu'elle devrait
l'être par le ministère des Affaires municipales, comme pour
l'épuration des eaux, comme pour l'organisation de services d'aqueduc et
d'égouts. Enfin ce sont des subventions payées par le
ministère des Affaires municipales.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, il y a aussi un autre
problème dans notre secteur, le comté de Montmorency, la
rivière Montmorency où il y a beaucoup d'eau potable. C 'est une
eau que nous n'avons pas besoin d'épurer, de traiter. Le problème
qui survient c'est que, depuis quelques années surtout, il se construit
de très nombreux chalets d'été le long de cette
rivière. Assez fréquemment, je crois que j'ai communiqué
ou j'ai fait communiquer des officiers municipaux pour que des inspections
régulières soient faites le long de cette rivière en vue
de prévenir la pollution qui existe déjà. En fait, c'est
une rivière torrentielle où il y a de nombreuses cascades.
L'eau s'épure d'elle-même aussi. De toute façon, ces
gens qui viennent en villégiature ne se conforment pas toujours aux
normes de l'hygiène publique et, puis très souvent, les eaux
d'égouts se drainent dans la rivière Montmorency. Je pense que
c'est un problème qui peut devenir aigu à un certain moment,
puisque la rivière Montmorency alimente un bassin très grand.
Elle alimente aussi une population qui dépasse les 100,000 habitants,
soit Charlesbourg, Orsainville, Giffard, Beauport, Cour-ville, Montmorency.
Maintenant, est-ce qu'il serait possible que des inspections
régulières de cette rivière soient faites? Il y a des cas
où on devrait faire des recommandations pour que ces chalets
d'été, par exemple, dans certaines municipalités comme
Sainte-Thérèse-de-Lisieux, ou Laval, comté de Montmorency,
puissent se drainer dans des fosses septiques appropriées et reconnues
suivant les normes du ministère de la Santé?
M. CLOUTIER: II serait impossible pour le ministère de la
Santé de surveiller, afin de prévenir tous ces abus qui
pourraient se commettre par des particuliers, soit dans des endroits où
ce sont des résidences d'été, en majorité, ou des
endroits où ce sont des résidences à l'année. Nous
avons, au ministère de la Santé, préparé un projet
de règlement municipal qui pourrait être adopté en vertu
des articles 404, 405, 418 du code municipal. C'était un projet de
règlement très complet et je crois
que les municipalités auraient avantage, d'abord à s'y
intéresser, et voir si elles peuvent le passer. Je crois que toutes les
municipalités pourraient s'en prévaloir et elles-mêmes voir
à son application et faire une surveillance. Cela nous prendrait, au
ministère de la Santé, une armée de fonctionnaires pour
surveiller les abus possibles du côté de la pollution. Si on n'a
pas la collaboration des individus, la collaboration des municipalités,
il sera impossible de circonscrire la pollution des eaux.
Je crois que les municipalités pourraient, avec avantage,
utiliser ce projet de règlement que nous avons
préparé.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est une excellente idée que ce
projet de règlement puisque plusieurs de ces municipalités
riveraines de la rivière Montmorency, sont des municipalités
rurales qui n'ont pas d'organisation de bureaux d'ingénieurs, etc., pour
souligner aux citoyens le fait qu'ils ne sont pas en conformité avec les
lois de l'hygiène et aussi faire les inspections nécessaires. Un
tel projet de règlement, je pense bien, serait bien vu, et il s'agirait
peut-être d'en informer les municipalités en cause pour qu'elles
passent ce règlement.
M. CLOUTIER: Toutes ces municipalités ont des inspecteurs
municipaux, les municipalités régies par le code municipal, elles
ont toutes des inspecteurs...
M. DEMERS: Oui.
M. CLOUTIER: ... à quelque titre que ce soit. On leur donne des
noms assez techniques. Evidemment, ils n'ont pas tous la préparation
voulue pour accomplir une surveillance...
M. TREMBLAY (Montmorency): Ce sont de très vastes territoires qui
sont concernés.
M. CLOUTIER: Mais nous donnons des cours, nos inspecteurs de
génie-sanitaire donnent des cours aux inspecteurs municipaux, aux
officiers que les municipalités veulent entraîner pour cette
fonction spécifique et pour l'hygiène en
général.
M. DE MERS: M. le Président, je voudrais renchérir un peu
dans le sens de mon collègue de Montmorency. C'est qu'il va falloir en
venir le plus tôt possible à ce que le ministère des
Affaires municipales oblige les municipalités à passer un
règlement en ce sens-là parce qu'on sait qu'il y a une expansion
extraordinaire vis-à-vis des lacs et il n'y a malheureuse- ment pas
assez de surveillance. Quand la municipalité qui est plus petite ne fait
pas son devoir, la pollution règne en maître.
M. CLOUTIER: Oui. Plusieurs municipalités ont passé ce
règlement-là.
M. DEMERS: Oui, mais c'est encore laissé à la
discrétion des municipalités.
M. CLOUTIER: Il faudrait que ce soit...
M. DEMERS: Je comprends qu'on est un peu sévère, mais si
on veut protéger cela, je crois qu'il va falloir aller là...
M. CLOUTIER: Le député a raison et je crois qu'il devrait
y avoir plus de...
M. DEMERS: ... conjointement avec le ministère des Affaires
municipales. S'il y avait une autorité pour prendre l'affaire en main et
éviter qu'il se construise des chalets ou des résidences
d'été sans avoir un système d'égout au moins
acceptable...
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4 adopté. Poste
budgétaire 5: Laboratoires, adopté.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que le regroupement des laboratoires à
Montréal est maintenant terminé, complété,
réussi?
M. CLOUTIER: Il n'est pas terminé, mais la décision de
principe est acceptée. Les laboratoires seront logés par
l'Institut de microbiologie qui a obtenu la permission de faire les
constructions nécessaires. Ils sont actuellement à
préparer un programme.
M. GOLDBLOOM: Donc tous les laboratoires qui sont présentement
éparpillés seront regroupés à
Laval-des-Rapides.
M. CLOUTIER: Laval-des-Rapides. Sauf ceux de Québec.
M. GOLDBLOOM: Je comprends, oui. A un moment donné, cela a
causé certaines inquiétudes aux fonctionnaires quant aux
distances à franchir, est-ce que cela va en s'acceptant?
M. CLOUTIER: De ce côté-là, oui.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 5 adopté dans son
entier.
M. GOLDBLOOM: Quant au poste 6, M. le Président, je pense que
même si notre collègue, le ministre d'Etat n'est pas
présent, j'aimerais faire quelques brefs commentaires
là-dessus.
Il y a un cas particulier que j'ai déjà soulevé, et
je me permettrai d'avertir le ministre que je viendrai le voir privé
ment à ce sujet-là plutôt que de prendre le temps de la
commission pour discuter d'un cas d'espèce. J'y ferai allusion et je
pourrai en discuter davantage avec le ministre ultérieurement.
Nous connaissons deux genres de régimes de soins à
domicile; le régime qui est l'extension des services hospitaliers, qui
est l'extension de l'hôpital en effet, et le régime que l'on
pourrait appeler communautaire qui est plus directement à la disposition
des médecins qui peuvent s'y adresser pour faire soigner leurs malades
de façon à éviter l'hospitalisation dans bon nombre de
cas.
Je sais qu'il y a eu une expansion considérable dans tout ce
domaine des régimes de soins à domicile. J'aimerais que le
ministre nous donne brièvement les statistiques qui nous permettraient
de voir l'envergure de cette expansion, et j'aimerais lui demander si une
politique a été arrêtée par le ministère
quant à ces deux sortes de régimes. Est-ce que le
ministère conçoit le régime de soins à domicile
comme étant surtout une extension de l'hôpital ou est-ce
l'intention du ministère de mettre à la disposition de l'ensemble
de la population et donc de l'ensemble de la profession médicale un
système généralisé de soins à domicile?
M. CLOUTIER: Au sujet des statistiques, au cours de l'année
68/69, il y a cinq nouveaux services de soins à domicile qui sont venus
s'ajouter. Cela fait suite aux détails que j'avais donnés lors de
l'étude des crédits l'année dernière.
M. HARVEY: Pouvez-vous énumérer les endroits?
M. CLOUTIER: Oui, service des soins à domicile de Montmorency
Inc., de Sainte-Foy Inc., de Chicoutimi-Dubuc Inc., de Drummondville Inc. et de
l'Hôpital de Saint-Joseph-de-Rosemont à Montréal. Les
projets pour 69/70:
Il y a un service de soins 3 domicile à Joliette, un service de
soins à domicile! Gaspé et les régions environnantes, un
service à domicile d'inhalothérapie pour Québec et la
région, un service pour Sorel et la région. Il y a un ou deux
projets pilotes de service de soins à domicile pour des régions
rurales. C'est ce qui viendra s'ajouter en 69/70. Ceci nous donnera 34
réseaux de soins à domicile.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, je voudrais rendre
témoignage à l'efficacité de ces services à
domicile. En tant que médecin de famille et omnipraticien, j'ai eu assez
souvent l'occasion de recourir au service des soins à domicile et je
pense bien que les deniers publics que vous dépensez pour ce service
public sont des plus utiles. J'ai eu l'occasion d'y recourir
fréquemment. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, comme disait mon
collègue tout à l'heure, de généraliser ce
système dans toute la province.
M. CLOUTIER: Nous sommes en avant de toutes les autres provinces pour
l'organisation des réseaux de soins à domicile. Je n'ai pas de
statistiques précises pour les autres provinces canadiennes mais
déjà, l'année dernière, nous étions, avec
nos 20 réseaux et plus, en avance. Nous avons conservé cette
avance. Durant l'année 68/69, il y a eu autre chose que l'organisation
de cinq nouveaux réseaux. Il y a eu deux séances d'étude
qui ont été consacrées au développement des
services coordonnés de soins à domicile. Tous les médecins
directeurs et les infirmières coordonnatrices des services ont
participé à ces sessions. Il y a eu également une
réunion qui a groupé les médecins directeurs et les
membres représentants les corporations des services de soins à
domicile. Des normes et des règlements qui régissent les services
des soins à domicile ont été étudiés
à l'été 1968 lors d'une réunion que J'ai
convoquée personnellement et dont j'ai confié la
responsabilité au ministre d'Etat, le député de Dubuc. A
cette réunion assistaient des représentants des associations et
des organismes suivants: L'Association des hôpitaux, le Collège
des médecins et chirurgiens, l'Association des infirmières de la
province de Québec, l'Association des services des soins à
domicile, le ministère de la Famille et du Bien-Etre social, le
ministère de la Santé.
Les statistiques fournies par les services établissent à
$5 le coût par jour par patient et à $7.50 le coût par
visite, incluant frais de médicament et autres services offerts aux
patients. Le nombre de patients admis dans les divers services de soins
à domicile, en 1968, totalisent 14,150. Le montant des subventions
accordées à ces services pour la même période est de
$2,550,000.
Nous avons également, je l'ai mentionné tout à
l'heure, les cinq projets, ce qui représente un budget, pour l'exercice
69/70, de $3,100,000.
M. HARVEY: A combien évaluez-vous le nombre de
jours-hospitalisation épargnés par le service des soins
coordonnés à domicile? Si je comprends bien, vos services
actuellement ont été organisés de façon à
décongestionner les hôpitaux ou empêcher qu'un malade soit
souvent cinq ou six jours de trop à l'hôpital. Alors, à
combien évaluez-vous le nombre de jours épargnés dans les
hôpitaux généraux avec vos services de soins
coordonnés à domicile?
M. CLOUTIER: Mes officiers m'informent qu'actuellement, étant
donné que nous sommes au tout début de l'organisation, il est
possible d'obtenir des statistiques précises mais nous serons
probablement capables... Mes officiers m'informent que nous ne savons pas
à quel moment précis il nous sera possible d'obtenir des
statistiques précises. Un fait est certain, lorsqu'on calcule le nombre
de patients admis, soit 14,150, on voit quelle est l'importance, quel est
l'impact sur la diminution de jours, la diminution correspondante de jours dans
les institutions hospitalières.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, avant le le développement
de ce système de soins à domicile, il y avait, et depuis nombres
d'années, des régimes de services infirmiers à la maison.
Ces réseaux existent toujours et il y a dans certains cas, une confusion
entre la définition de soins infirmiers à domicile et de soins
coordonnés à domicile.
Il me semble et là je commence à faire allusion au
cas particulier que je voudrais discuter avec le ministre que dans
certains cas, par excès de scrupule, on est peut-être porté
à ne pas intégrer dans le nouveau régime de soins à
domicile ce que l'on donne comme soins infirmiers tout court, parce qu'il n'y a
pas peut-être tout à fait la même coordination que dans
d'autres cas, surtout le cas des malades qui reçoivent leur congé
de l'hôpital et qui sont suivis dans le cadre des soins qui avaient
été fournis à l'hôpital.
Est-ce l'intention du ministère de voir à établir
un certain équilibre entre les deux secteurs à englober
éventuellement les services infirmiers tout court dans un réseau
plus complet de soins à domicile?
M. CLOUTIER: II y a eu rencontre au ministère, au bureau du
ministre d'Etat, à deux ou trois reprises, avec les
sociétés que l'on appelle sociétés
d'infirmières visiteuses et, du côté anglophone, des VON,
Victorian Order of Nurses.
Actuellement, nous nous attachons à ce qu'il y ait une
coordination entre le travail effectué par ces sociétés et
les nouvelles structures, les nouveaux organismes qui naissent, soit à
partir des hôpitaux, soit à partir de corporations plus vastes. Et
nous continuons à subventionner les sociétés
d'infirmières visiteuses. J'en ai justement sur une liste ici: en 68/69,
nous avons subventionné la société des infirmières
visiteuses du diocèse de Saint-Jean de Québec Inc., la
Société des infirmières visiteuses de La Tuque, la
Société des infirmières visiteuses de
Saint-Jérôme, celle de Trois-Rivières, celle de
Montréal. Les infirmières visiteuses du Victorian Order of Nurses
ont reçu $212,705 en 68/69.
M. GOLDBLOOM: Mais ça, c'est pour les soins coordonnés
à domicile.
M. CLOUTIER: Oui, oui!
M. GOLDBLOOM: Ce n'est pas pour les services d'infirmières
visiteuses.
M. CLOUTIER: Non. Du côté des infirmières
visiteuses, l'autre réseau auquel fait allusion le député
de D'Arcy-McGee, il y a coordination. Il y a là un problème parce
que les services dispensés par les sociétés
privées, les sociétés d'infirmières visiteuses,
parallèlement aux services coordonnés de soins à domicile,
ne sont pas subventionnés. Alors le problème s'est posé,
c'est pour cela que j'avais demandé au ministre d'Etat, le
député de Dubuc, à quelques reprises, de recevoir en
entrevue, et particulièrement les sociétés
d'infirmières visiteuses, afin de discuter l'organisation, l'orientation
et la coordination entre ces services, parce qu'il y a là
réellement un problème assez délicat.
M. GOLDBLOOM: C'est un problème très délicat. Je
prends l'exemple du Victorian Order of Nurses. Au cours de l'année 1968,
ce service a fourni des soins infirmiers à 8,232 personnes malades dont
seulement 633 se trouvaient dans le régime subventionné des soins
coordonnés à domicile. Donc, 7,600 personnes ont reçu des
soins infirmiers qui n'étaient point subventionnés. L'organisme a
demandé un montant considérable en subvention pour être en
mesure d'offrir des soins à domicile à beaucoup plus de
personnes.
En effet, il avait demandé un budget pour 1,000 personnes,
sachant que même un budget pour 1,000 personnes ne suffisait pas parce
qu'il y avait au moins 2.000 personnes qui avaient besoin de tels soins.
Cette année, de nouveau, l'organisme en question a demandé
une subvention de $304,000, pré-
voyant de nouveau la possibilité de fournir des soins à
domicile à 1,000 personnes. Mais le montant approuvé par le
gouvernement n'est que de $162,000. Alors, à peine 53% du montant
demandé et un montant inférieur aux $212,000 qui étaient
accordés l'an dernier.
Il est clair que, parmi les 7,600 personnes qui ne se trouvent pas dans
la catégorie des soins coordonnés à domicile, il y en a
qui devraient se trouver dans cette catégorie, qui reçoivent des
soins qui sont surveillés par des médecins. Alors, je pense bien
que c'est un problème délicat comme vient de le dire le ministre.
Le cas d'espèce, je le discuterai avec lui, mais j'insiste sur la nature
très difficile du problème, pas tellement dans
l'intérêt de l'organisme en question ou de quelque autre organisme
que ce soit, mais dans l'intérêt des malades.
M. CLOUTIER: C'est le cas particulier auquel faisait allusion le
député de D'Arcy-McGee, et j'ai entendu là que nous
aurions une discussion additionnelle sur ce problème délicat. Mes
officiers m'informent qu'effectivement le dossier est sous
reconsidération et je ferai part des faits nouveaux au
député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: Une dernière question sur cet article quant
à moi, M. le Président. Je note que la contribution du
gouvernement du Canada est $600,000 de moins cette année que l'an
dernier.
Pourtant il y a expansion des services et pourtant, la loi
fédérale, le Canada Assistance Act, prévoit des
contributions fédérales non seulement pour des soins infirmiers,
mais aussi, si ma mémoire est fidèle, pour des
aides-ménagères, dans le cas de maladie.
Alors, est-ce que le gouvernement provincial manque l'occasion de
profiter d'une contribution du gouvernement fédéral? Comment se
fait-il qu'il y a une baisse aussi considérable? Ces $600,000
soigneraient beaucoup de malades.
M. CLOUTIER: Lors de la dernière conférence
fédérale-provinciale, le gouvernement fédéral nous
a averti qu'il réduisait sa contribution à tous les postes de ces
programmes conjoints. Nous avons dû, pour notre part, assumer un fardeau
plus considérable.
La réduction de la participation du gouvernement
fédéral se totalise à $3,450,000 en 69/70, ce qui
représente environ le tiers du montant total des subventions
accordées au cours des années précédentes. Nous
avons eu cet avertissement à la dernière conférence des
ministres de la Santé.
M. TREMBLAY (Montmorency): Cela signifie que le gouvernement de la
province devra combler la différence?
M. CLOUTIER: Evidemment, pour des programmes qui ne peuvent pas,
à notre avis, être diminués, nous devons assumer notre plus
grande part du fardeau.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, est-ce que la tendance dans
l'établissement de ces services de soins à domicile vous allez
établir les locaux dans des hôpitaux où si vous allez
établir les locaux en dehors des hôpitaux?
M. HARVEY: Actuellement, ils ont les deux.
M. TREMBLAY (Montmorency): II y a les deux, oui. Laquelle des deux
formules?
M. CLOUTIER: II est préférable, me dit-on, d'organiser les
locaux à l'extérieur parce que cela ne s'adresse pas seulement
aux patients hospitalisés, mais à toute la population en
général.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, j'ai l'expérience dans
ma région comme médecin. En fait, fai affaire aux services de
soins à domicile. Je vous dirai que c'est organisé avec
compétence et avec efficacité. Sur un simple coup de
téléphone, nous remplissons le formulaire qui par la suite, le
lendemain, et immédiatement nos patients peuvent recevoir les soins qui
leur sont absolument nécessaires.
Maintenant, il y a peut-être une petite difficulté. Je me
demande s'il n'y a pas danger, à un certain moment, que dans certains
bureaux, par exemple, il se fasse peut-être trop de bureaucratie trop de
paperasse au détriment du malade. Les fins de semaine, par exemple,
est-ce que vous avez certaines difficultés à maintenir les
services que vous donnez sur semaine?
M. CLOUTIER: II y a du personnel supplémentaire, il y a une
rotation.
M. TREMBLAY (Montmorency): Actuellement, je trouve que cela va
très bien dans la région.
M. GOLDBLOOM: Point n'est besoin de dire au ministre, il le sait
déjà, que le coût per diem de ces soins est de beaucoup
inférieur au coût de l'hospitalisation. Nous l'encourageons
à développer davantage ces secteurs.
M. CLOUTIER: Oui. C'est un programme prioritaire et nous y attribuons
toutes les sommes dont nous pouvons disposer.
M. HARVEY: Le coût, l'an dernier, c'était bien $152
patient, pour l'année? C'est très bien.
M. CLOUTIER: A la lumière des statistiques que je vous ai
données?
M. HARVEY: Oui. Cest 14,150 patients, $2,150,000.
M. LE PRESIDENT: Poste 6 adopté. Poste 7? Adopté. Poste 8.
Il était partiellement adopté.
M. GOLDBLOOM: Avec votre permission, M. le Président, nous
aimerions laisser toujours en suspens les postes 8, 13 et 19 pour les terminer
demain.
M. LE PRESIDENT: D'accord. Poste 9. Adopté?
M. GOLDBLOOM: J'ai constaté avec plaisir une augmentation du
nombre de psychiatres dans la province. Ce sont de bonnes nouvelles.
M. CLOUTIER: Vous avez lu, peut-être, les statistiques et les
remarques faites récemment par le directeur des services psychiatriques,
le Dr Bédard, où il a donné des chiffres. Il a
donné aussi un résumé des principales réalisations
du ministère de la Santé dans le domaine de la psychiatrie depuis
quelques années. Je pense qu'il a fait un très bon
résumé de la situation. Il a donné des statistiques
intéressantes.
M. GOLDBLOOM: J'avais demandé, je crois je ne sais pas si
c'est directement au ministre ou si c'est par un intermédiaire
les statistiques des hôpitaux psychiatriques et des services
psychiatriques des hôpitaux généraux quant à la
durée de séjour, aux taux d'occupation et aux listes d'attente.
Les mêmes statistiques que nous avons demandées pour les
hôpitaux généraux, mais je pense qu'il y a une tendance,
surtout quant à la durée de séjour, dans les
hôpitaux psychiatriques et dans les services psychiatriques qui est assez
encourageante. J'aimerais connaître les chiffres si vous les avez.
M. CLOUTIER: Nous pourrions fournir demain les statistiques...
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. CLOUTIER: Le directeur des services psychiatriques, le Dr
Bédard, sera probablement ici demain avec les statistiques...
M. GOLDBLOOM: D'accord. Je crois que le député de Fabre
ainsi que le député de Richmond ont des commentaires à
faire.
M. HOUDE: Juste une simple question; D'abord, je veux faire remarquer
que dans le dernier rapport du ministère de la Santé, il n'y a
absolument rien concernant la psychiatrie. J'ai souligné ça
l'autre jour au sous-ministre. On me dit que très bientôt on
publiera, dans le rapport annuel... Il n'y a rien dans le dernier rapport
concernant les services psychiatriques. J'aimerais, pour ma part, avoir plus de
détails sur ce que le Dr Bédard a annoncé la semaine
dernière et sur ce qui a été publié. Au moins en
recevoir des copies.
Une deuxième chose: Est-ce que le ministre pourrait me dire si le
cas du Mont-Providence est réglé? J'ai vu quelque chose dans les
journaux la semaine dernière. Est-ce que c'est définitivement le
Québec ou le ministère qui a l'autorité sur le
Mont-Providence?
M. CLOUTIER: Oui. L'institution sera vendue incessamment au
ministère de la Santé. Il y a une mission conjointe des deux
ministères, Santé, Famille et Bien-Etre, qui s'est rendue la
semaine dernière à l'Institution Mont-Providence. Il y a eu
entente de principe quant aux conditions d'achat. Il ne reste qu'à
terminer le tout. Terminer la transaction et l'institution deviendra une
institution administrée par une corporation sans but lucratif, une
corporation en vertu de la troisième partie de la Loi des
Compagnies.
M. HOUDE: Je voudrais savoir aussi si le ministère a des projets
au cours de l'année dans les montants prévus pour multiplier
jusqu'à un certain point le nombre d'institutions pouvant recevoir des
enfants mentalement malades et très souvent classés non
récupérables. Je sais que ça manque peut-être
d'originalité, M. le Ministre, de revenir sur cette question-là.
Il faut en avoir, il faut faire du bureau comme la plupart des collègues
députés pour savoir comment c'est difficile et presque impossible
de placer un enfant lorsque les parents nous demandent d'aider. Le
médecin est presque impuissant à le placer. On passe par le
curé pour finalement arriver chez le député et on
constate, comme au Mont-Providence par exemple, qu'il y a une liste d'attente
d'à peu près 1,000 enfants, ce qui prend à peu près
cinq ans pour placer un enfant mentalement
malade. Cela fait trois ans qu'on en parle chaque année. Je sais
qu'il y a des efforts, je ne dis pas qu'il n'y a pas de progrès, loin de
là, mais on ne peut pas sentir, on ne peut pas voir d'une façon
tangible ces progrès actuellement.
J'aimerais que le ministre donne un encouragement aux parents qui ont de
ces enfants. Vous me permettrez de citer un cas. Je pense à un cas
particulier qui est très près de moi, à un enfant de la
région de Saint-Hyacinthe, que les parents sont obligés d'aller
conduire tous les dimanches soir à Beauharnois et d'aller chercher le
vendredi soir. C'est la seule maison qu'on a pu trouver pour placer l'enfant.
De Saint-Hyacinthe à Beauharnois, il y a environ 500 milles par semaine
de transport. C'est une très petite maison, une maison extraordinaire.
Je pense que cette maison s'appelle la Maison Saint-Joseph; c'est une
communauté religieuse de bonnes soeurs qui tient cette maison-là.
C'est fantastique le travail qui se fait dans cette institution.
Mais c'est épouvantable aussi de voir que des centaines de
parents cherchent, en vain, à placer de ces enfants. Encore une fois, je
répète qu'on a fait des efforts extraordinaires dans toutes nos
écoles, dans la plupart des grands hôpitaux pour aider cette
enfance mentalement malade ou retardée. On a fait des classes
d'initiation au travail. On a multiplié, triplé toutes ces
initiatives. Mais je me demande si on a fait autant d'efforts pour ceux que
l'on considère vraiment non récupérables. Je ne suis pas
médecin, je ne connais pas tous les termes, mais je reste
étonné de voir que, pour les enfants qui peuvent
fréquenter une école, on finit par trouver un endroit; mais pour
ceux que l'école ne peut pas prendre ou que certaines institutions,
comme Saint-Jean-de-Dieu, ne peuvent pas prendre, parce qu'ils sont
tantôt trop jeunes, tantôt trop vieux, la difficulté
énorme à placer ce genre d'enfants.
Alors si le ministre a des projets, bien qu'il les dise, qu'il les
publie, ce serait un encouragement sûrement apprécié
à donner aux parents qui n'attendent que cela.
M. CLOUTIER: Je remercie le député de Fabre d'avoir
posé la question. Cela me permet à ce moment-ci de faire le
point. Bien que j'aurai l'occasion d'y revenir lors de l'étude des
crédits de mon autre ministère, celui de la Famille et du
Bien-Etre social, parce que les projets sont financés par la
Société de l'habitation du Québec, sous l'autorité
du ministre de la Famille et du Bien-Etre social. Je peux lui donner de
mémoire, immédiatement, une liste d'environ quinze projets, qui
sont, pour quelques-uns, rendus à l'étape de la construction. Il
y a actuel- lement en construction à Montréal, le centre
Marie-Enfant qui est une institution importante pour l'enfance
inadaptée. La construction a débuté dans le courant de
l'hiver, mars ou avril.
Je commence par la Gaspésie... Je les donne de mémoire,
j'espère ne pas faire d'erreur: Il y aura Gaspé, Rimouski,
Rivière-du-Loup, Montmagny, Lauzon, Saint-Hyacinthe, Montréal,
évidemment, et Sherbrooke.
Dans l'Abitibi, il y a Amos, Rouyn-Noranda. Il y a un projet à
Hull dont je ne me souviens pas du nom. Il y a Donnacona. Il y a Saint-Jean,
Québec, l'école François-de-la-Place, qui sert deux
vocations: les personnes âgées et l'enfance inadaptée;
Hauterive; au Lac-Saint-Jean, il y a un projet à Alma; Chicoutimi. Je
pense vous avoir donné...
M. HOUDE Mais est-ce qu'il s'agit là de maisons justement pour
catégorie d'enfants...
M. CLOUTIER: Oui. C'est exact. Pour tous les degrés
d'inadaptation de l'enfant, à partir de l'arriération mentale
profonde jusqu'aux classes d'enfants qui peuvent être
récupérables en partie par une éducation
appropriée, comme fait le Mont-Providence et le centre Marie-Enfant.
M. TREMBLAY (Montmorency): Dans la région de Québec,
est-ce que vous avez d'autres projets, M. le Ministre, à part ceux que
vous avez mentionnés...
M. CLOUTIER: J'ai nommé l'école
François-de-la-Place. Il y a déjà, pour les enfants
épileptiques, l'hôpital du Sacré-Coeur...
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui, mais ce n'est pas suffisant.
M. CLOUTIER: J'ai oublié Saint-Georges-de-Beauce, une institution
est en construction actuellement, le Soleil de l'enfance.
Alors disons que la plupart de ces projets seront mis en chantier cette
année. D'ici 18 ou 24 mois, nous aurons résolu ce problème
d'hébergement de ces enfants inadaptés. Lors de l'étude
des crédits du ministère de la Famille et du Bien-Etre social,
j'aurai le dossier complet, parce que là, je le donne de
mémoire.
M. LAFRANCE: Est-ce que c'est à cet article où l'on
trouve, où l'on cache peut-être les crédits qui sont
destinés à l'Office de prévention et de traitement de
l'alcoolisme et des toxicomanies? Il faut bien que j'en parle il n'y a personne
qui en parle. J'aimerais bien laisser ce sujet-là à d'autres.
M. CLOUTIER: Il est exact que les crédits de l'OPTAT sont dans
cet article, parce qu'ils relèvent de la direction des maladies
mentales.
Je redis au député ce que je lui ai dit l'an dernier,
étant donné que la Loi de l'OPTAT n'était pas
adoptée au moment ou nous avons préparé les
crédits, il n'y a pas eu de distinction dans les crédits.
Mais l'an prochain, je demande à mes officiers,
particulièrement au directeur général des services
financiers de la psychiatrie, de prévoir dans la préparation du
budget un article spécial pour l'OPTAT pour démontrer
l'importance des sommes qui sont consacrées à cet article. Il y a
tout près de $4 millions cette année pour le budget de
l'OPTAT.
M. LAFRANCE: Disons, M. le Président, que le ministre a toujours
le don de me désarmer, d'enlever mes meilleurs arguments. J'avais bien
l'intention d'insister pour démontrer l'espèce d'inconvenance
qu'il y a d'insister, par exemple, sur des maladies comme les maladies
vénériennes et la tuberculose tandis qu'on sait que la maladie de
l'alcoolisme et des narcotiques aujourd'hui a beaucoup plus d'ampleur.
Est-ce que le ministre pourraît, par exemple, nous dire si les
cliniques de Montréal et de Sherbrooke ont enfin été
organisées?
M. CLOUTIER: Oui, la clinique de Montréal est en train de
s'organiser.
M. LAFRANCE: Pas encore, c'est âfaire.
M. CLOUTIER: L'autorisation est donnée, la bâtisse est
achetée, on est en train de la rénover. J'ai accepté par
arrêté en conseil qu'on la modifie, qu'on fasse des
réparations pour un montant de $185,000. C'est en train de s'effectuer
ou si ce n'est pas en train, cela commencera ces jours-ci parce qu'il y a
déjà quelques semaines que j'ai donné cette autorisation.
En ce qui concerne Montréal, c'est réglé. En ce qui
concerne Sherbrooke, ce n'est pas réglé, c'est au stade des
discussions, des études. Il y a possibilité, d'après les
recommandations qui nous sont faites, d'intégrer le traitement actif
dans un hôpital de Sherbrooke. Quant à l'autre aspect du
traitement, il y aura peut-être lieu de prévoir une autre
ressource dans Sherbrooke ou le Sherbrooke métropolitain pour
répondre à la demande de la région.
M. LAFRANCE: Alors, M. le Président, je n'ai pas besoin
d'insister pour démontrer dans quelle situation tragique se trouvent,
par exemple, les nombreux alcooliques de la ville de
Montréal. Sur 80,000 alcooliques dont on estime le nombre dans la
province, je crois que les deux tiers sont peut-être dans la ville de
Montréal. Alors, je sais que le ministre est bien conscient de la
gravité de cette situation et qu'il essaiera le plus tôt possible
de mettre à la disposition de ces malades les soins dont ils ont
besoin.
Quel est le montant exact qui est destiné à l'OPTAT?
M. CLOUTIER: $3,900,000.
M. LAFRANCE: Alors de nouveau j'ai la promesse cette année
j'espère que ce n'est pas une promesse de politicien que l'an
prochain on accordera à cette maladie, qui est plus qu'une maladie
honteuse, toute l'importance qu'elle mérite.
M, BOUSQUET: Je pense que le juge Lacoste a offert sa collaboration.
M. LAFRANCE: Le juge Lacoste, quelle sorte de collaboration?
Peut-être une collaboration à la caisse
électorale.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 9 adopté dans son
entier. Poste budgétaire 10.
M. GOLDBLOOM: Aux postes 10 et 11, M. le Président, j'aimerais
simplement connaître les tendances quant au nombre de malades dans chaque
cas: le nombre de cas dépistés au cours de l'année.
M. CLOUTIER: On parle de la tuberculose au poste budgétaire 10.
En 1968, cas actifs nouveaux 1,741, réactivés 214 pour un total
de 1,955.
M. GOLDBLOOM: Et la comparaison avec l'an dernier?
M. CLOUTIER: Avec l'an dernier, avec 1967, cas actifs nouveaux 1,496,
réactivés 255 pour un total de 1,751. Il y a donc une
augmentation de 204.
M. GOLDBLOOM: Je constate par le fait que le budget n'est pas
diminué que la tuberculose n'est pas disparue comme problème.
Loin de là, c'est un problème qui mérite toujours beaucoup
d'attention de notre part.
M. SAINT-GERMAIN: Si on reprend les sta-
tistiques de l'an dernier, est-ce que cette augmentation y ressemble ou
si...
M. CLOUTIER: Il y avait eu une diminution entre 1965 et 1966, il y a eu
une augmentation entre 1966 et 1967 et une augmentation entre 1967 et 1968. Il
y avait eu une augmentation aussi entre 1964 et 1965. Alors, c'est une courbe
qui a des sommets et des bas.
M. SAINT-GERMAIN: Avez-vous des chiffres de dix ans passés, par
exemple?
M. CLOUTIER: Oui, je pourrais vous donner depuis 1963: 1,868 cas au
total en 1963, 1,462 en 1964, 1,693 en 1965, 1,485 en 1966, et les deux
derniers 1,751 en 1967 et 1,955 en 1968.
M. LAFRANCE: Alors, si je comprends bien, M. le Président, le
montant d'hospitalisation, $6,975,000, c'est pour 1,955 malades seulement?
M. GOLDBLOOM: Non, ce sont de nouveaux cas, mais cela ne tient pas
compte de...
M. CLOUTIER: J'ai ici le nombre de malades traités en dehors de
l'hôpital, je vais vous donner cela dans un instant. Il y a eu en 1968,
5,080 cas de malades tuberculeux traités hors de l'hôpital;
traités dans l'hôpital, en 1968, 3,974, je l'ai par
comté.
M. LAFRANCE: Est-ce que, M. le Président, il n'y a pas eu une
commission d'étude d'experts qui avait démontré que la
tuberculose était en régression et qu'on allait bientôt
fermer tous les sanatoriums de la province, il y a quelques années?
M. CLOUTIER: Je ne sais, monsieur le député, si une
commission a donné de tels renseignements, mais ce que l'on note dans la
tuberculose c'est que le type de tuberculeux change. L'âge change. Par
exemple, il y avait une pointe, un sommet dans l'incidence de la tuberculose
vers l'âge d'un à deux ans, il y en avait une autre au
début de la vingtaine, et enfin il y avait une augmentation
considérable en haut de 60 ans. Actuellement, les tuberculeux de moins
de 30 ans sont relativement rares, surtout chez ceux qui ont reçu le
BCG, et il n'y a pas eu de décès de tuberculose pulmonaire chez
ceux qui avaient eu le BCG. Il y en a quand même, depuis sept à
huit ans, je pense qu'on peut dire qu'il y a eu à peu près 200
décès je vous donne cela de mémoire mais
l'incidence de la tuberculose se retrouve dans le groupe de 60 ans et plus. Ce
sont des tousseurs chroniques et, à un examen, on trouve à un
moment donné des expectorations positives. Ce sont des gens qui sont
assez difficiles à soigner, qui n'acceptent pas facilement de rester au
sanatorium assez longtemps. C'est pourquoi, dans la lutte contre la
tuberculose, on développe de plus en plus le traitement ambulatoire, on
développe des cliniques externes, on ferme graduellement les sanatoriums
trop éloignés des centres où les malades refusaient
d'aller et on développe des centres à l'Intérieur des
agglomérations urbaines les plus importantes. Et ainsi, on met le
traitement de la tuberculose à la portée du malade qui en a
besoin et on le suit de beaucoup plus près.
M. LAFRANCE: Comme simple profane, me permettez-vous une dernière
question? Est-ce que la cigarette peut conduire à la tuberculose?
M. CLOUTIER: Non.
M. LAFRANCE: Au cancer.
M. CLOUTIER: Mais cela n'aide sûrement pas. Et cela ne peut
pas...
M. SAINT-GERMAIN: Quel est le coût de l'hospitalisation pour un
malade tuberculeux, parce que les stages sont relativement longs pour ceux qui
sont à l'hôpital?
M. CLOUTIER: A la lumière des statistiques que j'ai
données tout à l'heure, trois mille quelques cents cas
traités dans l'hôpital... On a le coût de l'hospitalisation
ici. Nous avons eu 347,000 jours-patient.
M. SAINT-GERMAIN: Oui, mais Ici vous avez des soins externes qui sont
additionnés à ce nombre-là je suppose?
M. CLOUTIER: Nous avons, au budget 1969, dans les sanatoriums: des lits
dressés, 1,155; jours-patient approuvés, 347,100; budget
approuvé par le ministère, $6,272,452. C'est un tableau auquel il
faut ajouter d'autres chiffres pour d'autres calculs, d'autres détails
qui n'apparaissent pas ici, en plus des hôpitaux que j'ai sur cette liste
pour faire $6,975,000.
M. SAINT-GERMAIN: Vous ne pouvez pas présentement me
donner...
M. CLOUTIER: $20 par jour en moyenne.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 10, adopté. Poste
budgétaire 11...
M. GOLDBLOOM: L'incidence des maladies vénériennes a connu
une augmentation dans les années récentes dans plusieurs pays,
est-ce que c'est stabilisé maintenant au Canada?
M. CLOUTIER: Le nombre de cas de syphilis déclarés en 1968
a été de 433, soit une diminution de six cas sur l'année
précédente. En syphilis contagieuse, il y a eu 137 cas en 1967;
le nombre est passé à 154 pour l'année 1968,
c'est-à-dire 17 cas de plus. Et on me remet une note du Dr Desrochers,
le directeur de la division, qui dit que l'incidence de la blennorragie est en
période d'accroissement: 3,271 cas en 1967, 3,511 en 1968.
M. TREMBLAY (Montmorency): Ce sont les cas déclarés
seulement.
M. CLOUTIER: Ce sont les cas déclarés.
M. LAFRANCE: Quel est lige de ceux qui sont traités? Vous n'avez
pas ça? C'est plus important que vous ne croyez, M. le Président,
les tableaux, quand même!
M. LE PRESIDENT: Je pensais à autre chose!
M. LAFRANCE: Vous n'avez pas le droit de penser!
M. CLOUTIER: Nous avons les âges, M. le Président! J'ai ici
un tableau qui donne le sexe et les âges.
M. LAFRANCE: Le sexe...
M. CLOUTIER: Le total de 433, on peut le détailler comme suit: 15
entre 15 et 19 ans; 60 entre 20 et 24 ans; 70 entre 25 et 29 ans; 34 entre 30
et 34 ans; 30 entre 35 et 39 ans; 24 entre 40 et 44 ans; 26 entre 45 et 49 ans
et 146 de 50 ans et plus.
M. DE MERS: Il est assez informé!
M. LE PRESIDENT: II n'y aura pas une seule objection au traitement des
maladies vénériennes.
M. SAINT-GERMAIN: Est-ce que la maladie est concentrée dans
certains centres?
UNE VOIX: Au même endroit, c'est ça!
M. HOUDE: A certains endroits,
M. SAINT-GERMAIN: Au point de vue géographique.
M. CLOUTIER: Le député sera sans doute satisfait si je lui
dis que c'est concentré dans la région métropolitaine de
Montréal.
M. HOUDE: Ce qui exclut Laval.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CLOUTIER: J'ai dit: Métropolitaine.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 11, adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Relativement à la population, c'est plus
considérable.
M. CLOUTIER: Ici, je pourrais donner la statistique suivante: sur 154
cas, 129 à Montréal, 7 à Québec et 18 en
province.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 11, adopté. Poste
budgétaire 12, adopté.
M. SAINT-GERMAIN: Au point de vue de l'assistance publique, est-ce que
les soins donnés aux assistés sociaux au niveau des cliniques
externes, des hôpitaux sont inclus à ce poste
budgétaire?
M. CLOUTIER: Est-ce que le député veut parler de
l'assistance médicale?
M. SAINT-GERMAIN: On parle ici de l'assistance publique.
M. CLOUTIER: Ce sont les hôpitaux d'assistance publique ici, des
hôpitaux comme Saint-Charles Borromée, Foyer Rousselot,
Maimonides, l'Aide à la Femme, etc.
M. LAFRANCE: L'achat d'appareils pour soins médicaux à
l'article 2...
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, vous avez des plans conjoints
avec certaines municipalités poux...
M. CLOUTIER: Je n'ai pas saisi le début de la question.
M. TREMBLAY (Montmorency): Vous avez des plans, si vous voulez, avec
certaines municipalités pour donner les médicaments aux in-
digents. Par exemple, Québec, Montmorency et certaines autres
municipalités reçoivent... La municipalité, par son bureau
d'assistance publique, donne un pourcentage des médicaments à
certains indigents.
Dans des cas d'indigence extrême, il arrive souvent, par exemple,
que des patients soient obligés de prendre des médicaments qui
coûtent parfois Jusqu'à $40, $50 et même $60 par mois. Alors
il arrive que ces gens qui sont complètement démunis ne peuvent
pas acheter ces médicaments et certaines municipalités avaient
déjà, depuis plusieurs années, des ententes avec le
ministère pour payer une partie de ces médicaments. Est-ce que
ça existe encore, par exemple, à Québec, ici, ces plans ou
ces ententes avec le ministère?
M. CLOUTIER: Ce sont de vieilles ententes et le ministère de la
Santé n'a pas l'intention de les généraliser ou d'en
conclure d'autres. Il y a cette entente avec la ville de Québec qui date
d'une quinzaine d'années peut-être...
M. TREMBLAY (Montmorency): Quelques autres villes.
M. CLOUTIER: ... selon les remarques de mes officiers, entente par
laquelle les hôpitaux fournissent aux assistés sociaux ou aux
économiquement faibles des médicaments.
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est entendu que ce n'est pas le rôle
des municipalités de fournir des médicaments, mais, de toute
façon, certaines municipalités, en fait je pense que cela
date déjà de très longtemps continuent de donner
des médicaments aux gens qui sont dans une indigence extrême.
Alors, est-ce que vous prévoyez, en fait, des mesures qui, soit par
assurance, soit avec le futur plan, avec la régie de la santé que
vous allez créer, est-ce que les médicaments vont être
compris dans ce projet d'assurance-maladie que vous voulez établir en
Juillet 1970? Est-ce que les indigents peuvent espérer recevoir les
médicaments qu'ils ne peuvent absolument pas s'acheter, même s'ils
sont pleinement assistés par le ministère de la Famille et du
Bien-Etre?
M. CLOUTIER: Le député est au courant de cette commission
d'étude qui existe actuellement...
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui.
M. CLOUTIER: ... et qui travaille justement à
l'élaboration d'un plan d'assistance-médicaments pour les
assistés sociaux. Il y a deux étapes qui ont été
accomplies jusqu'à maintenant. Le travail d'inventaire est fait par la
commission elle-même et des sous-comités d'experts qui ont
siégé à cette commission.
Quant à la troisième étape, il s'agissait de
négociation avec les manufacturiers de médicaments. Cette
troisième étape n'est pas commencée. Elle se fera en
collaboration entre le ministère de la Famille et le ministère de
l'Industrie et du Commerce et les intéressés. C'est une
étape extrêmement importante. Le travail du comité est
suspendu momentanément parce que, évidemment, il s'agissait de
savoir, à ce moment-ci, quels seraient les mécanismes de
l'assurance-maladie, quelle serait la législation, quelles en seront les
modalités avant que ne se continue, en pratique, le travail de ce
comité.
Le député de Montmorency sait qu'il y a, actuellement, un
projet de loi devant la Chambre quant à la création de la
régie de l'assurance-maladie. Il y aura un autre projet de loi quant aux
modalités du régime. J'ai déjà indiqué, en
substance, que les modalités du régime répondraient aux
critères de la législation fédérale. Alors, je ne
peux pas ce soir élaborer sur les modalités du régime. Je
le ferai au moment ou la législation sera déposée devant
la Chambre, mais le projet d'assistance-médicaments est un projet qui
est indépendant dans sa fabrication, dans son étude, de
l'assurance-maladie elle-même parce qu'il y a là un projet pour
les assistés sociaux seulement et non pas un projet
général, universel.
Est-ce que ça répond bien?
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui, c'est-à-dire que cela
répond à ma question jusqu'à un certain point si vous
voulez, mais ça ne répond peut-être pas aux besoins des
assistés sociaux qui ont des frais trop élevés, en
définitive, pour y subvenir eux-mêmes.
M. CLOUTIER: Oui, mais ce que je voudrais dire au député,
c'est que le problème des médicaments est extrêmement
complexe. Et, avant de s'aventurer dans un régime
d'assistance-médicaments, même s'il est partiel, s'il ne s'adresse
qu'aux assistés sociaux, disons à 7% ou 8% de la population, nous
devons avoir un plan extrêmement bien étudié, bien
préparé. Il y a eu des expériences ailleurs, des
expériences de législation et de mise en place d'un
système d'assurance-médicaments qui a été
très coûteux et au-delà de toutes les prévisions. Le
député sait qu'il peut y avoir énormément
d'à-
bus dans ce domaine. Alors, avant de mettre sur pied un système,
un mécanisme de distribution des médicaments, que ce soit aux
assistés sociaux ou que ce soit à toute la population, il faut
procéder très prudemment dans ce domaine qui peut comporter des
implications financières très graves et très
considérables.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que vous prévoyez que ce
problème sera réglé, un jour assez prochain?
M. CLOUTIER: Je ne sais pas à quel moment, mais je prévois
qu'avec les études actuelles sur l'assistance-médicaments, le
comité d'étude nous recommandera la mise en place d'un
régime d'assistance-médicaments pour les assistés sociaux.
Quelles en seront les modalités? Je l'ignore.
M. TREMBLAY (Montmorency): M.le Ministre, je pense que c'est l'un des
aspects et l'un des problèmes les plus aigus de la médecine
actuellement au Québec. Nous avons des centaines de patients qui ne
peuvent pas se procureur les médicaments qui leur sont absolument
nécessaires.
M. CLOUTIER: En ce qui concerne les assistés sociaux, nous tenons
compte du coût des médicaments dans les besoins de la personne, de
l'assisté social.
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui.
M. CLOUTIER: Pas quand il s'agit de médicaments de consommation
courante, médicaments qui sont non dispendieux. Mais, pour des
assistés sociaux qui sont des malades chroniques qui sont obligés
de se procurer des médicaments coûteux et dispendieux comme
profane, j'énumérerai les maladies cardiaques, le diabète
ou des maladies de cette sorte à ce moment-là, nous tenons
compte du besoin d'achat de médicaments parce que, par mois, cela
représente un montant assez important. Parfois, c'est le seul
élément qui amène le ministère de la Famille et du
Bien-Etre social à verser une allocation à une famille ou
à un individu.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, j'ai justement je ne
veux pas m'éterniser sur ce problème mais, ce matin, j'ai
eu un cas où le couple prenait des médicaments et cela lui
coûtait c'est prouvé $60 par mois. Les époux
recevaient, je pense, une subvention de $175 du ministère de la Famille
et du Bien-Etre social. Ils ne pouvaient absolument pas, sans se priver de
manger, acheter les médicaments dont ils avaient besoin. Que faire dans
ces cas?
M. CLOUTIER: Je partage parfaitement l'opinion du député
quand il dit que, pour certains malades, il y a là un problème
qui est plus considérable que les soins médicaux. Le patient, le
citoyen pourrait payer, pourrait défrayer le coût des visites au
médecin, le coût des soins médicaux, mais il ne peut pas,
au montant que le député mentionne, défrayer le coût
de ses médicaments. C'est pour cela que nous avons demandé
à ce comité spécial, ce comité d'experts, de
travailler à l'élaboration d'un régime d'assistance
médicaments. Mais encore une fois, je répète que dans ce
domaine, avant de poser un geste définitif, avant d'entrer dans ce
secteur de l'assistance, de l'assurance-mêdicaments, il nous faut
être très prudents et avoir un régime dont nous pouvons
calculer les implications financières.
M. LE PRESIDENT: Poste 12 adopté?
M. HARVEY: Un instant. Je voudrais faire part au ministre... Vous
connaissez, depuis la Loi du salaire garanti, à Ottawa, le
supplément de $30 qui est accordé aux personnes recevant de la
sécurité sociale. La majorité d'entre elles qui
recevaient, au préalable, un supplément du gouvernement
provincial, qui prenait en considération le montant versé chaque
mois pour les médicaments, ont perdu cette allocation de même que
la carte dont nous allons discuter dans quelques instants.
Je me demande s'il n'y aurait pas lieu, tant et aussi longtemps qu'un
régime d'assistance-médicaments ne sera pas accordé aux
assistés sociaux, que votre ministère apporte une attention
particulière aux couples âgés qui reçoivent le plain
montant du gouvernement fédéral, c'est-à-dire le
supplément et l'allocation de sécurité de vieillesse.
Franchement, la majorité d'entre eux aujourd'hui, comme le disait le
député de Montmorency, sont dans l'obligation, devant le refus
d'assistance supplémentaire du ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, de se priver de manger pour prendre les médicaments ou
vice vers.
M. CLOUTIER: Je comprends. La remarque du député s'adresse
surtout au ministre de la Famille et du Bien-Etre social...
M. HARVEY: Oui.
M. CLOUTIER: ... parce que c'est le minis-
tre de la Famille et du Bien-Etre social qui voit à verser...
M. HARVEY: C'est parce que c'est vous qui en avez parlé tout a
l'heure. Vous dites qu'un supplément est accordé en prenant en
considération le montant qu'un couple, une ou deux personnes doivent
dépenser chaque mois, est-ce vrai cela?
M. CLOUTIER: C'est que je ne voudrais pas... Le député n'a
certainement pas voulu dire que l'allocation est versée par le
ministère de la Santé...
M. HARVEY: Elle est versée par le ministère de la Famille
et du Bien-Etre social...
M. CLOUTIER: Par le ministère de la Famille. Et le
ministère de la Santé tient compte de la carte que possède
le citoyen et défraie le coût des soins médicaux et le
coût des soins chirurgicaux. Les médicaments ne sont pas
comptabilisés du côté de la Santé. Ils le sont sur
le montant de l'allocation établie par le ministère de la
Famille. C'est un besoin qui est établi au même titre que la
nourriture, les vêtements et ainsi de suite. Au moment de la discussion
des crédits du ministère de la Famille, nous aurons l'occasion de
revenir sur l'établissement de ces besoins.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 12 adopté. Le poste
budgétaire 13 suspendu jusqu'à demain. Le poste budgétaire
14...
M. GOLDBLOOM: Le poste budgétaire 14, c'est encore une fois un
sujet très vaste que j'aimerais beaucoup discuter longuement avec le
ministre. Je me contenterai de féliciter le ministre de l'augmentation
que nous constatons à ce poste très important. Je sais que les
montants qui sont affectés à des institutions comme celles qui
sont énumérées à l'article 2 de ce poste
budgétaire sont bien gérés et bien dépensés.
Alors adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le poste budgétaire 15.
M. GOLDBLOOM: Au poste budgétaire 15, M. le Président, f
ai un problème sérieux et inquiétant à soulever.
J'aimerais passer quelques minutes là-dessus. J'en ai eu connaissance au
cours de l'exercice de ma profession, j'en ai eu connaissance par la bouche
d'autres députés qui ont trouvé le même
problème dans leur comté. A mon regret, je suis obligé de
tomber sur la tête de ma propre profession, mais je crois qu'en toute
honnêteté je suis obligé de le faire.
Je suis fier, très fier de ma profession et de la grande
majorité de ses membres. J'en suis tellement fier que je réagis
énergiquement à chaque fois que je vois une minorité agir
de façon à entacher le blason de la médecine.
Une situation scandaleuse existe au Québec dans le domaine des
soins médicaux aux assistés sociaux. J'en ai honte et je me dois
de la dénoncer.
Le 1er avril 1966 est entré en vigueur le régime
d'assistance médicale. En négociation avec les syndicats
professionnels de la médecine, le gouvernement du temps a conclu une
entente sur le paiement des soins fournis aux assistés sociaux. Cette
entente a pris la forme d'une convention collective qui, par ses propres
termes, impliquait automatiquement tout médecin syndiqué ou non.
Le médecin qui ne voulait pas y participer et qui alors n'acceptait pas
l'échelle d'honoraires prévue dans la convention collective
était libre de s'en désengager en envoyant au ministre de la
Santé une formule de désengagement individuel.
Au cours de ce débat, le ministre a déclaré qu'un
seul des 7,000 médecins du Québec a déposé une
telle formule.
Il est pourtant de notoriété publique que des
médecins refusent en trop grand nombre d'accepter la carte d'assistance
médicale du ministère de la Santé.
Certains refusent carrément de recevoir le détenteur de
cette carte, d'autres acceptent le malade à condition que celui-ci
s'engage à payer directement les honoraires habituels. Dans un cas comme
dans l'autre, on suggère au malade de se présenter plutôt
à la clinique externe d'un hôpital.
Depuis quelque temps, les assistés sociaux, avant de demander au
médecin un rendez-vous ou une visite, prennent la précaution de
lui poser la question: « Est-ce que vous acceptez la carte de
l'assistance médicale? » Pourtant il n'y a qu'un seul
médecin au Québec qui a le droit de répondre que non.
Les raisons généralement invoquées par les
médecins en question pour justifier leur refus sont les suivantes: La
première, le ministère de la Santé est très lent
à régler les comptes; le médecin ne perd rien, mais est
obligé d'attendre.
La deuxième, certaines personnes aujourd'hui, à cause de
la nature de leur maladie ou invalidité, reçoivent une allocation
sociale et, par le fait même, une carte d'assistance médicale.
Mais avant l'établissement du ré-
gime elles payaient toujours les honoraires réguliers du
médecin. Donc, le médecin reçoit des honoraires un peu
réduits.
Je dois dire que je trouve ces raisons complètement
inacceptables, surtout dans la bouche de membres d'une profession qui s'est
toujours vantée de soigner gratuitement les pauvres sans pour autant
baisser la qualité de l'acte médical.
Il est à souligner que cette dernière affirmation a
été vraie à travers les siècles pour la grande
majorité des médecins, et demeure vraie pour la majorité
aujourd'hui; mais ceux qui oublient cette tradition ou dérogent à
ce principe font honte à leur profession et à la
société dans laquelle ils vivent.
Le médecin d'aujourd'hui a sûrement un revenu suffisant,
que lui fournit l'ensemble de sa clientèle, pour être en mesure
d'attendre aussi longtemps que nécessaire le paiement des comptes qu'il
soumet au service d'assistance médicale. Et si un malade, aux yeux d'un
médecin, bénéficie indûment de l'assistance
médicale, cette interprétation ne suffit pas pour justifier une
décision arbitraire et unilatérale de la part de ce
médecin de refuser au malade les bénéfices du
régime.
Pour ce médecin, il s'agit tout au plus d'accepter des honoraires
de quelques dollars de moins. Pour le malade, il s'agit d'acquitter au total
des honoraires dont le paiement est prévu par convention collective
entre l'Etat et la profession médicale, donc une différence
beaucoup plus importante pour lui que pour le médecin, surtout par
rapport aux moyens financiers respectifs.
Il est vrai que l'établissement d'un régime universel
d'assurance-maladie fera disparaître ce problème; mais il est
inacceptable que l'on attende cette éventualité pour le
régler.
Je demande évidemment au ministère de la Santé
d'améliorer le fonctionnement du service responsable. Tout régime
d'assurance-maladie qui se respecte paye ses comptes en dedans de six semaines.
Le gouvernement n'a certes pas le droit de se financer partiellement à
même les honoraires professionnels des médecins. Mais, la faute du
ministère est mineure.
J'invite instamment la profession médicale à
s'enquérir des faits que je viens d'énoncer, à faire
respecter intégralement une convention collective qu'elle a
elle-même signée et à faire disparaître cette tache
sur sa réputation et cette injustice envers la
société.
M. le Président, je voudrais ajouter simplement ceci. A la
suggestion du ministre avec qui j'ai causé très brièvement
par téléphone, J'ai vérifié dans le rapport annuel
de ce service, rapport qu'il a devant lui. J'ai noté là que 4,800
médecins ont été en relation avec ce service. Je ne suis
pas en mesure d'évaluer la proportion de la profession médicale
qui est représentée par les faits que je viens
d'énoncer.Même ce chiffre de 4,800 médecins peut en inclure
un certain nombre qui, ayant essayé deux ou trois fois le service
d'assistance médicale et ayant trouvé et je ne partage pas
leur point de vue que le fonctionnement de ce service laissait à
désirer, ont par la suite décidé de refuser d'accepter la
carte. Mais c'est une plainte qui est assez généralisée.
Je ne peux pas cacher mon étonnement à chaque fois qu'un
assisté social me demande: Est-ce que vous acceptez la carte de
l'assistance médicale? Quand je demande: Pourquoi me posez vous la
question? La réponse est toujours la même: Parce qu'à
plusieurs reprises j'ai essayé de faire accepter ma carte par des
médecins; j'ai toujours été refusé et j'ai toujours
été envoyé à la clinique externe d'un
hôpital.
M. CLOUTIER: Le député de D'Arcy-McGee comprendra que ses
remarques sur la profession médicale, Je les ai écoutées
avec beaucoup d'attention. Je n'ai rien à ajouter, pour ma part,
à ce qu'il a dit au sujet de la profession. Il a fait un appel au sens
de responsabilité des médecins. Venant d'un membre aussi
distingué que lui, un membre de la profession médicale, cet appel
au sens de responsabilité a une valeur et une signification
particulière étant donné le poste qu'il occupe.
J'espère que cet appel sera entendu.
D'autre part, il a mentionné que, du côté du service
de l'assistance médicale, il y a certains retards à payer les
honoraires des médecins. Il a parfaitement raison quand il dit que les
comptes des assistés sociaux par rapport à l'ensemble de la
pratique médicale d'un médecin représentent une partie
marginale, sauf si le médecin pratique dans une région où
il y a concentration d'assistés sociaux. Mais, règle
générale, dans une région comme Montréal ou
Québec ou les villes de la province, je ne crois pas qu'il y ait
là, sauf en certains points précis du territoire, concentration
d'assistés sociaux.
Il y a des retards au service d'assistance médicale, retards
occasionnés, d'une part, par les négociations qui, à
certains moments, ont été longues et qui nous ont
empêchés, surtout en 1968, étant donné qu'il y avait
l'acceptation d'un autre tarif pour la Fédération des
médecins spécialistes.
Ceci a occasionné des retards de paiement parce qu'il nous a
fallu régler certaines questions de tarif avant de mettre au point le
mode
de paiement aux médecins pour ne pas recommencer une
opération aussi dispendieuse. D'autre part, quand nous avons
constaté que nos programmes sur ordinateurs, au ministère de la
Santé et au ministère de la Famille et du Bien-Etre
étaient très nombreux, nous avons obtenu du ministère des
Finances un centre des données qui sera exclusif aux deux
ministères que Je dirige. Quand nous serons en possession de ce centre
que nous sommes en train d'équiper dans le moment, évidemment,
nos opérations seront facilitées d'autant, et je crois
qu'à ce moment-là, nous pourrons rattraper certains retards, ce
qui est commencé d'ailleurs. Et il y a aussi manque de personnel, je ne
veux pas insister outre mesure sur cette dimension du problème, parce
que normalelement les services du gouvernement devraient avoir tout le
personnel disponible.
M. HARVEY: Vous avez le même nombre que l'an dernier, comment se
fait-il que vous n'augmentez pas?
M. CLOUTIER: A ce poste de l'assistance médicale, nous avons eu
des discussions assez serrées avec les organismes de gestion centrale et
nous n'avons pas réussi à faire admettre toutes nos
représentations en ce qui concerne le personnel. On nous fait la
représentation que, d'une part, il y aura centre des données,
donc il y aura regroupement à l'intérieur de cet organisme de
nouvelles commodités qui seront à la disposition des deux
ministères; d'autre part, il y a le contexte d'austérité
et de restrictions budgétaires qui fait que, même quand des postes
deviennent vacants, il y a des problèmes de les combler. De toute
façon, je ne veux pas insister outre mesure sur cet aspect du
problème, mais, à certain moment, cela nous a occasionné
des difficultés. Mais nous faisons l'impossible au service de
l'assistance médicale pour rattraper ces retards occasionnés par
les causes dont je viens de parler.
Le directeur des services de l'assistance médicale me disait
récemment que son objectif est d'arriver une période de deux mois
de retard et pas plus, dans le paiement des honoraires aux médecins pour
l'assistance-médicale. Je pense que le député a
mentionné six semaines. Je ne crois pas qu'il nous soit possible
à l'intérieur d'un régime partiel d'aller en deça,
car il nous faut faire une vérification des assistés sociaux
auprès du ministère de la Famille. Mais, une fois entrés
dans un régime universel il n'y aura pas cette vérification de
l'admissibilité parce que là c'est toute la population qui est
couverte. Il y aura alors des éta- pes qui seront
éliminées et qui permettront à la régie
d'assurance-maladie de payer plus régulièrement les honoraires
aux médecins.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, en définitive, je
pense bien que le député de D'Arcy-McGee ne veut pas
généraliser la déclaration qui a été faite.
En certains milieux et en certaines zones, cela existe.
Maintenant, il y a des délais anormaux que le ministère
prend à payer surtout les jeunes médecins qui débutent
dans la profession et qui doivent faire face à des obligations. On dit
deux mois mais, plusieurs m'ont affirmé...
M. CLOUTIER: Nous ne sommes pas rendus à deux mois mais
l'objectif est d'arriver à deux mois.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, cela fait trois ans que
l'assistance médicale existe. J'ai bien confiance au ministre, soit,
mais l'administration du service est sûrement mauvaise puisque nous ne
sommes pas arrivés à de meilleurs résultats depuis trois
ans. C'est une question de bonne ou de mauvaise administration du gouvernement
pour ces médecins. Ces jeunes médecins surtout subissent
préjudice. Les vieux médecins peuvent attendre cinq ou six mois
et même un an, mais il faut tout de même prendre en
considération que la médecine...
M. CLOUTIER: Mais en 1968, il faudrait que j'ajoute aussi, en toute
justice, qu'il faut tenir compte qu'après une interruption de l'entente
pendant neuf mois il nous a fallu rattraper le temps perdu et les comptes des
honoraires de médecins pour une période de neuf mois, soit durant
cette période où il n'y a pas eu entente entre la
Fédération des médecins spécialisés et le
ministère de la Santé, eh bien, il nous a fallu régler ce
surcroît de travail et il y a eu engorgement forcément.
M. TREMBLAY (Montmorency): Prévoyez-vous d'autres
difficultés qui pourraient encore retarder les délais?
M. CLOUTIER: Nous avons repris du retard et je n'ai pas ce soir,
exactement le temps qui a été rattrapé mais je crois que
nous nous dirigeons vers cette période de deux mois de retard,
période que nous voulons atteindre le plus tôt possible sans
attendre la mise en place d'un régime général
d'assurance-maladie.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais ajouter simplement deux
ou trois remarques. Le ministre a fait allusion à certaines
régions de la province ou certains secteurs de nos villes où il y
a concentration particulière des assistés sociaux. Surtout
à la campagne, ce n'est pas là où le problème se
pose. Où il y a concentration d'assistés sociaux comme en
Gaspésie, j'en prends un seul exemple les médecins et la
population en bénéficient considérablement. Je ne crois
pas que c'est dans ces régions plutôt éloignées et
à niveau plutôt bas de revenu annuel où le problème
dont je parle se présente.
Je conçois peut-être qu'un jeune médecin qui
commence sa pratique se trouve dans une certaine difficulté s'il a
très peu de comptes dans l'ensemble et s'il y en a plusieurs qui sont
soumis au gouvernement. Mais je dois dire que la plupart des médecins
dont le nom m'a été cité sont des médecins bien
établis qui peuvent sûrement attendre aussi longtemps que
nécessaire pour le règlement des quelques comptes en
question.
Je n'essaie pas de généraliser. J'ai bien pris soin de
dire qu'il s'agit d'une minorité. J'ai souligné que les deux
tiers des médecins, à peu près 4,800, sont inscrits au
dossier du service d'assistance médicale. J'ai suggéré que
peut-être il y a, à l'intérieur de ce chiffre, un certain
nombre qui sont comptés mais qui, aujourd'hui, refusent la carte. C'est
possible. Mais, même si c'est un médecin sur huit ou sur dix ou
sur quinze, c'est trop. Et, il s'agit non seulement de faire appel à la
conscience professionnelle et sociale, il s'agit aussi de faire respecter une
convention collective signée en bonne et due forme et dont un seul
médecin, de dire le ministre, s'est désisté formellement
de la façon prévue.
Alors, s'il y en a qui ne veulent pas accepter la carte et qui ont des
raisons personnelles et majeures pour prendre cette décision, qu'ils
aient le courage de signer la formule et de l'envoyer au ministre. Mais ceux
qui ne l'ont pas fait n'ont aucune justification pour refuser la carte de
l'assistance médicale.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 15, adopté. Poste
budgétaire 16, adopté.
UNE VOIX: Il est dix heures, M. le Président.
M. GOLDBLOOM: Oh, M. le Président, peut-être que nous
aurons deux ou trois questions à poser là-dessus demain, mais
ça ne retardera pas nos débats, je pense bien.
M. CLOUTIER: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Donc, il est dix heures. Nous allons ajourner. Demain
nous continuerons à trois heures trente, après la période
des questions.
(Fin de la séance: 22 h)
Séance du mardi 3 juin 1969
(Seize heures trente
minutes)
M. MARTEL (président de la commission de la Santé): A
l'ordre, messieurs!
Nous poursuivons l'étude des postes budgétaires 16, 17 et
18. Par la suite nous reviendrons au poste budgétaire 2, article 2, et
aux postes budgétaires 8, 13 et 19 qui sont restés en
suspens.
Donc, poste budgétaire 16, adopté? Commission
d'enquête sur la santé et le bien-être social?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Nous avions demandé
qu'on nous laisse le loisir de poser deux ou trois questions. Mais je n'en ai
qu'une, en effet. Le rapport de la commission est attendu, nous dit-on,
à l'automne ou peut-être un peu plus tard, mais de toute
façon au cours des prochains mois. Est-ce que ce rapport contiendra
toujours certains éléments de recommandation au domaine de la
santé ou est-ce qu'il portera surtout sur le domaine de la famille et du
bien-être?
M. CLOUTIER: Cest un rapport final. Alors il comprendra les deux
secteurs, santé et bien-être.
M. GOLDBLOOM: A quelle date le ministre prévoit-il recevoir le
rapport?
M. CLOUTIER: A la dernière communication que j'ai eue avec le
président de la commission pour m'informer à peu près des
délais... Evidemment, ils ne peuvent pas, à ce moment-ci des
travaux, donner une date précise. Mais je prévois recevoir avant
le 31 décembre, le rapport final de la commission Castonguay.
D'ailleurs, les délais qui ont été accordés par
arrêtés en conseil, en ce moment, vont jusqu'au 31 décembre
1969.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 16, adopté. Poste
budgétaire 17: Comités d'étude et de négociation
concernant l'assistance médicale, paramédicale et
l'assistance-médicaments aux assistés sociaux? Adopté?
M. GOLDBLOOM: Au poste budgétaire 17, il s'agit, si je comprends
bien, de la commission de l'assistance médicale et également du
comité d'étude sur l'assistance-médicaments?
M. CLOUTIER: Oui, dont nous avons parlé hier.
M. GOLDBLOOM: Dont nous avons parlé. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 17, adopté. Poste
budgétaire 18: Dépenses diverses ou imprévues?
Adopté?
M. GOLDBLOOM: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Nous retournons au poste budgétaire 2, article
2, pour parler...
M. GOLDBLOOM: Pour parler des règlements adoptés en vertu
de la Loi des hôpitaux. J'aurais quelques commentaires et sur le fond et
sur la forme.
Premièrement, je dois exprimer un certain regret que,
malgré toutes les consultations qui ont eu lieu, le texte final,
d'après des renseignements qui m'ont été fournis et
d'après des plaintes qui ont été formulées, n'a pas
été montré aux intéressés, ni au
Collège des médecins je reviendrai là-dessus un peu
plus tard ni au comité d'étude des termes de
médecine.
Deuxièmement, je dois dire que je regrette un peu, plus qu'un
peu, que le rôle attribué au Collège des médecins
ait été minimisé dans la version finale en comparaison
avec les propositions formulées par le Collège des
médecins et l'Association des hôpitaux dans un document
déposé au mois d'août 1965, si ma mémoire est
fidèle, signé conjointement, donc accepté de part et
d'autre. Là le collège se voyait attribuer un rôle plus
important que celui qui lui est réservé dans la version que nous
avons devant les yeux.
Je fais allusion en particulier au recours qui n'existe plus pour le
médecin qui se voit refusé par le conseil d'administration d'un
hôpital auquel il aurait fait sa demande d'admission comme membre du
personnel.
Je souligne, M. le Président ce n'est pas la
première fois que j'en parle que les règlements doivent
avoir l'effet de corriger des situations que nous connaissons dans certains
hôpitaux, des situations de chasse-gardée, des situations de
l'admission de personnes à des fonctions pour lesquelles elles ne sont
pas parfaitement qualifiées. Nous avons connu de telles situations, nous
les regrettons tous. Dans certains cas, il semble que justice n'est pas rendue
par la décision du conseil d'administration et que le recours du
médecin devrait être un recours à un organisme
extérieur à l'hôpital lui-même plutôt que
d'être simplement le re-
cours de pouvoir plaider sa cause devant ceux qui ont déjà
pris une décision qui va à l'encon-tre de ses désirs.
Je crois aussi que la discipline imposée dans l'hôpital par
le comité de discipline du conseil des médecins devrait comporter
l'obligation de faire rapport au Collège des médecins de la
décision. Je crois que ceci n'est pas clairement indiqué dans les
règlements que nous avons devant nous.
Ce sont des commentaires d'ordre général; j'en ai d'ordre
particulier sur certains articles. Je prends l'exemple de l'article 76,
paragraphe k): « Si le conseil d'administration ou, à son
défaut, le ministre l'autorise... transmettre au collège
annuellement ou sur demande un rapport en vue de lui permettre d'évaluer
la qualité du travail professionnel d'un ou des membres du bureau
médical et de s'assurer que le public reçoit des soins
médicaux appropriés.»
Je soulève le problème créé par l'obligation
d'obtenir l'autorisation du ministre à chaque fois que le conseil
d'administration n'agit pas de son propre chef pour envoyer de tels rapports au
Collège des médecins. Il me semble que l'obligation devrait
être formelle plutôt que d'exiger dans chaque cas une autorisation
spéciale du ministre.
L'article 142: je pense que les ministres s'attendaient à ce que
je soulève le problème créé par cet article qui
dit: « Tout médecin non spécialisé qui doit agir
à la place d'un spécialiste doit a) avoir un entraîhement
minimum reconnu, approuvé par le collège, b) être
recommandé à ce poste par le comité exécutif, c)
être accepté par le conseil d'administration.»
Le problème se pose tout particulièrement dans le cas de
l'omnipraticlen qui est appelé à faire des anesthésies
dans un hôpital qui n'a pas d'anesthésiste ou qui a
peut-être un seul anesthésiste qui n'est pas disponible 24 heures
par jour et 365 jours par année.
Il y a d'autres problèmes semblables qui ne me viennent pas aussi
facilement à l'esprit, mais c'est un article qui, à mon sens,
devrait être interprété avec une certaine latitude parce
que les omnipraticiens, surtout dans les centres éloignés, sont
appelés à faire beaucoup de choses que dans un grand centre, dans
un hôpital bien organisé, ils ne seraient pas appelés
à faire. J'aurai peut-être d'autres commentaires, mais je laisse
la parole au ministre d'Etat qui aurait peut-être des réponses
à faire. Je reviendrai par la suite à la question de forme.
M. BOIVIN: Alors, la composition des règlements après
l'application de la Loi des hô- pitaux, après sept ans, puisque
cette loi a été passée en 1963, je crois?
M. GOLDBLOOM: Cette loi a été passée en 1962.
M. BOIVIN: Il faut savoir que ce n'était pas une chose
très facile. On nous dit, par exemple, que nous aurions peut-être
dû montrer la rédaction définitive à nos
consultants, puisque le projet de loi numéro 74 nous demandait de
consulter le Collège des médecins et l'Association des
hôpitaux. Nous l'avons fait dans la composition des règlements,
mais j'admets que la rédaction définitive ne leur a pas
été soumise. Toutes les fois que nous soumettions ces
règlements, il y avait tellement de suggestions de nature à
détruire notre ligne d'autorité ou à renverser tous les
règlements.
Je crois qu'après toutes les consultations d'ordre juridique, de
l'Association des hôpitaux, du Collège des Médecins
auxquelles nous avons mis la dernière main, auxquelles j'ai
assisté en partie avec les officiers du ministère pour chacun des
articles, je crois que cette consultation devait finir, si on voulait publier
ces règlements.
La rédaction de ces règlements n'est peut-être pas
une chose parfaite, il y a peut-être quelque chose à
compléter, à parfaire. Mais il serait très mal venu que
nous critiquions ces règlements qui sont très récents. Il
me semble qu'on devrait en faire un essai loyal. S'il y a des changements
à effectuer, nous les ferons après en avoir fait l'essai pendant
une période normale.
En ce qui regarde le rôle que nous devions attribuer au
Collège des médecins, nous avons eu beaucoup de suggestions
à ce sujet. Mais, après consultation avec les officiers
juridiques, nous ne pouvions pas donner plus de pouvoirs par la
réglementation que la loi ne nous le permettait.
Les officiers juridiques s'accordent à nous dire que, pour donner
plus de pouvoir au Collège des médecins en vertu de la Loi des
hôpitaux, il faudrait changer la Loi des hôpitaux.
Il y a aussi une chose très importante. Vous dites qu'il faut
demander la permission au ministre chaque fois qu'à l'article...
M. GOLDBLOOM: 176k).
M. BOIVIN: L'article 176k), nous le considérons comme important,
c'est qu'il faut ménager l'autonomie de chacune des corporations. Il ne
faudrait pas que nous soyons dans l'obligation d'administrer tous les
hôpitaux au minis-
tère. Nous croyons que nous avons des administrateurs valables
dans chacun des hôpitaux de la province et nous devons ménager
l'initiative du milieu. Nous croyons que nous aurons de meilleurs
résultats si nous n'intervenons pas pour des détails; pour des
complications qui ne sont pas des complications très importantes, nous
devons laisser l'initiative au milieu.
Encore une fois, même dans cet article 176k), nous ne pouvions pas
donner plus d'autorité au Collège des médecins que la Loi
des hôpitaux nous le permettait.
C'est à peu près tout ce que j'ai à vous dire.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aurais deux ou trois autres
commentaires à faire en passant. A l'article 336 qui concerne les
dossiers et qui dit: « Aucune pièce originale d'un dossier ne doit
être sortie de l'hôpital, sauf sur un ordre d'une cour de justice
»; je souligne que, dans la Loi médicale, le Collège des
médecins a le pouvoir de demander que des dossiers soient
apportés. Pour administrer la discipline de la profession, et surtout
pour juger des cas que l'on appelle « cas de conciliation »
où des plaintes sont reçues du public et doivent être
appréciées à leur juste valeur, il faut souvent des
documents, et puisque l'article suivant qui dit que les dossiers peuvent
être reproduits, mais que les reproductions demeurent confidentielles
comme les originaux, je me demande si le Collège trouverait autant de
facilité à obtenir les documents nécessaires pour
l'exercice de ses fonctions essentielles que par le passé.
J'espère que ces articles ne seront pas interprétés
de façon à entraver le travail important du collège.
M. BOIVIN: C'est pour l'abus qu'on pourrait en faire, dans certains
hôpitaux, en sortant les originaux.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. BOIVIN: Il y a eu, d'ailleurs, des enquêtes dans les
hôpitaux. On peut très bien fournir des copies de ces dossiers,
mais on considère que les originaux doivent rester à
l'hôpital.
M. GOLDBLOOM: Et peut-être puisque nous ne sommes pas
avocats ni le ministre d'Etat, ni moi-même peut-être que les
avocats nous diraient que ce n'est pas par les règlements greffés
à la Loi des hôpitaux que l'on peut diminuer les pouvoirs
accordés par la Loi médicale au Collège des
médecins.
Un autre article qui mériterait une interpré- tation un
peu souple est l'article 162, un article que j'approuve de tout mon coeur,
celui qui empêche les médecins qui sont appelés à
surveiller le travail des internes et résidants en clinique externe
d'envoyer des comptes pour les services qu'ils n'ont pas rendus
eux-mêmes, mais qui ont effectivement été rendus par les
internes et résidants.
Il y a quand même, comme nous savons tous, des
responsabilités d'enseignement et de surveillance qui s'expriment de
façons diverses. Là aussi, je pense que dans les hôpitaux
d'enseignement où il se fait vraiment de l'enseignement et où le
médecin surveillant participe au traitement des malades, mais
peut-être pas aussi directement que dans le cas où il
reçoit son malade à lui et prend toute la responsabilité
lui-même, il y aura lieu de prendre en ligne de compte cette fonction du
médecin.
Mais dans l'ensemble, je dois dire que j'approuve de tout mon coeur cet
article. C'est un article qui aurait dû faire partie de notre Loi
médicale il y a beaucoup d'années.
A la page 3 du cahier que j'ai devant moi c'est le dernier
commentaire que j'aurai sur le fond de ce texte article 21,
définition du personnel paramédical. On lit que le personnel
paramédical participe au diagnostic et à l'exécution du
traitement à la demande du médecin. En général, je
suis entièrement d'accord, il va de soi. Mais je me demande si l'on ne
doit pas envisager la possibilité que le dentiste, par exemple, qui fait
partie du personnel professionnel de l'hôpital n'ait pas la
possibilité d'avoir recours, et sans passer par l'intermédiaire
du médecin, aux services du personnel paramédical.
Il y a aussi dans certains cas qui nous ont été
soulignés, par le passé, des consultations qui sont
demandées directement à des paramédicaux. Je donne
l'exemple de l'orthophoniste qui reçoit un comédien qui veut
apprendre comment placer sa voix, mais qui n'a pas de problème
médical. Est-ce que l'on doit comprendre que, dans ce cas-là,
cette consultation devrait avoir lieu en dehors de l'hôpital parce
qu'elle n'aurait pas été demandée par un médecin?
C'est un petit problème épineux que je soulève. Il y a
aussi peut-être dans certains cas, de rares cas de consultations
demandées par un paramédical à un autre.
Ce sont toutes des questions qui reviennent à ce que j'ai
demandé vers le début de notre discussion, soit la
création d'une table ronde autour de laquelle toutes les professions
paramédicales pourraient se réunir pour discuter de
problèmes de cette nature.
M. BorVTN: En ce qui regarde l'orthophonie, je ne sais pas si on peut
considérer comme cas de maladie... Est-ce que ça n'entrerait pas
plutôt dans l'éducation, dans la formation?
M. GOLDBLOOM: Cela serait peut-être un moyen d'en sortir. Ayant
dit tout cela M. le Président, et ayant formulé certaines
critiques, pas très acerbes j'espère, je voudrais terminer par
deux déclarations.
Je suis informé qu'il y aura des réunions pour la revision
de ces règlements et je trouve que c'est une excellente idée.
Je ne devrais pas terminer cette partie de la discussion sans
féliciter les responsables de la production, de la publication de ces
règlements qui, même s'ils ne sont pas parfaits, sont d'un
avantage et d'une utilité énorme à tous les
intéressés, à tous ceux qui travaillent dans
l'hôpital. S'il y a lieu de les améliorer avec
l'expérience, comme l'a dit le ministre d'Etat, c'est tout à fait
dans l'ordre. Je suis très heureux, même si cela a pris du temps
que les règlements soient finalement publiés.
Je passe pour quelques instants seulement à la question de forme.
J'hésite un peu à en parler, M. le Président, parce
qu'après tout, même si je me considère comme un
médecin de langue française, même si le français est
pour moi la langue de travail, je ne suis pas d'origine francophone. C'est une
langue seconde que j'ai acquise avec le passage des années et que je ne
maîtrise pas complètement. Quand même, je me dois
parce que je crois que nous faisons tous un effort pour établir des
communications entre tous les Québécois dans les deux langues,
donc en français et en bon français je me dois de me faire,
pour quelques instants, le porte-parole de ceux qui ont eu des critiques, dans
ce cas-ci assez acerbes, à l'endroit de la langue française telle
qu'elle est utilisée dans ce document.
Je comprends que certains des termes employés sont des termes qui
sont imposés parce qu'ils paraissent déjà dans nos lois.
Je prends l'exemple du titre de la loi en question: « Loi des
hôpitaux ». Les puristes disent que cette loi ne devrait pas
s'appeler « Loi des hôpitaux » mais bien « Loi sur les
hôpitaux » ou « Loi sur les établissements
hospitaliers ». Si nous faisons une telle correction, il faudra la faire
d'un bout à l'autre des statuts refondus. Quand même, c'est une
critique qui vaut la peine d'être faite.
Il y a le nom « Collège des médecins et chirurgiens
de la province de Québec ». Ce nom est consacré par nos
lois, mais avec la refonte de la Loi médicale et j'espère
que cette refonte viendra bientôt et que la plupart de ses
recommandations seront acceptées le Collège des
médecins et chirurgiens de la province de Québec deviendra
l'Ordre des médecins du Québec, à l'instar de l'Ordre des
médecins de France. Je pense que c'est tout à fait
souhaitable.
Le terme, bureau médical, est un vieux terme consacré par
l'usage et qui paraît dans nos lois. Mais quand on parle de bureau en bon
français, me dit-on, on parle de ce que nous avons l'habitude d'appeler
« conseil exécutif ». Donc il y a des corrections à
apporter, je pense, à des termes qui, à l'avenir, devraient
être employés de façon à nous permettre de nous
comprendre d'un bout à l'autre de la francophonie, parce que nous nous
servirons des mêmes mots dans tous les pays qui parlent le
français.
Mais il y a aussi des termes qui sont employés, qui ne sont pas
des termes légaux ou des termes qui paraissent dans nos lois, et qui
devraient, à mon sens, être corrigés. Je prends l'exemple
du mot « officier », quand on veut dire et devrait dire, dirigeant.
infirmière licenciée strictement, cela devrait dire une
infirmière qui a été remerciée de ses services;
dans la plupart des cas, on veut dire infirmière diplômée
ou infirmière autorisée. Règles et procédures:
« procédures », me dit-on, n'est pas un mot français;
on devrait parler de méthodes administratives ou de techniques. On
devrait dire « classement » plutôt que de dire «
classification ». On devrait dire « assemblée ordinaire ou
extraordinaire », à la place de « assemblée
régulière ou spéciale. Il y a plusieurs exemples que je
pourrais donner. Je pense qu'il serait fastidieux que je passe en revue tout un
document qui a déjà été publié dans les
journaux et envoyé à tous les membres de l'Assemblée
nationale.
Je fais ces remarques parce que je suis un partisan du bon parler
français et du bon parler anglais. J'espère que les revisions qui
seront apportées à ce document porteront autant sur la
qualité de la langue que sur le contenu, sur le fond des
règlements et que nous profiterons plus que nous ne l'avons jamais fait
des bons conseils du comité d'étude des termes de
médecine.
M. CLOUTIER: Je voudrais faire quelques remarques au sujet des
règlements des hôpitaux et particulièrement sur la
dernière partie de l'intervention du député de
D'Arcy-McGee. Je voudrais lui rendre cet hommage qu'il est bien modeste quand
il dit qu'il n'a pas la maîtrise parfaite d'une langue seconde. Je crois
qu'il donne un magnifique exemple des possibilités qui s'offrent dans le
Québec, aux deux groupes de parler et de maîtriser une langue
seconde.
Pour ma part, je l'écoute faire des observations dans sa langue
seconde. Je l'écoute avec beaucoup d'intérêt parce qu'il a
le souci du mot juste et du mot exact...
M. HOUDE: C'est presque de l'humour noir...
M. CLOUTIER: Je comprends qu'il en fasse à ce moment-ci, une
question d'importance au sujet des règlements des hôpitaux qui est
un document, lui aussi, d'importance.
Avant d'entrer plus avant dans ce résumé du travail
effectué en regard de la Loi des hôpitaux, du règlement de
la Loi des hôpitaux, je voudrais aussi rendre hommage au ministre d'Etat
à la Santé, le député de Dubuc qui, en arrivant au
ministère de la Santé, en 1966, à ma demande, a
accepté la tâche difficile et ingrate de s'atteler à la
besogne de rédiger des règlements en vertu de la Loi des
hôpitaux. C'était une tâche très considérable,
il s'y est consacré avec nos officiers légistes en particulier,
il a consacré de nombreuses heures, il a fait aussi des consultations,
le plus de consultations possibles, et il a expliqué tantôt
pourquoi il a été mathématiquement impossible au terme de
ces études, de faire d'autres consultations parce qu'il nous fallait,
dans un temps donné, produire ce document important. Il nous fallait un
point de départ quelque part.
Nous avons maintenant ce point de départ et, comme de part et
d'autre ont l'a dit, le ministre d'Etat l'a dit et également le
député de D'Arcy-McGee, c'est là une première
étape. Les règlements seront corrigés,
améliorés, à la lumière des observations qui nous
viennent; et cet après-midi, nous avons un échantillon de ce que
peuvent être des améliorations suggérées à
des règlements d'Hôpitaux.
De toute façon, il y a actuellement des rencontres d'explication
de ces règlements et, dans le milieu hospitalier, ceux qui sont
chargés quotidiennement d'appliquer ces règlements font des
remarques pertinentes qui nous permettront certainement de les
améliorer. De toute façon, nous sommes très ouverts
à toutes les suggestions positives qui vont nous aider à faire un
meilleur document.
Quant à la forme de ce document, je voudrais mettre en
lumière un peu cet après-midi le magnifique travail accompli par
le comité de terminologie au ministère de la Santé. Je ne
voudrais pas reprendre le débat qui a été fait en Chambre
sur les problèmes de la langue, c'est un débat plus vaste,
débat auquel ont participé plusieurs membres de
l'Assemblée nationale; mais m'en tenant plus spécialement au
cadre du ministère de la Santé et du ministère de la
Famille et du Bien-Etre social, je dirai qu'en 1967 j'ai suggéré
la création d'un comité de terminologie au ministère de la
Santé. Ce comité est présidé par le directeur des
services psychiatriques, le Dr Bédard et il a comme membres le Dr
Jacques Boulay, que tout le monde connaît; il y a Me Dominique
Vézina, qui est officier légiste au ministère de la
Santé, et M. Claude Allard, mon secrétaire de presse qui est
membre de ce comité. Nous avons aussi fait appel à la
collaboration de plusieurs officiers du ministère, entre autres du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social et aussi du
ministère de la Santé.
Plusieurs services de notre ministère ont été
appelés à travailler en étroite collaboration avec ce
service, notamment dans la revue et la correction avant impression de toutes
les formules, et on sait combien, dans le domaine de la Santé, il est
utilisé de formules assez élaborées dans les
hôpitaux et dans toutes les institutions de santé.
Il y a eu plusieurs réunions, je me souviens qu'au cours d'une
année entre autres, l'année 1967-1968, il y a eu 22
réunions de ce comité. On a produit des documents
extrêmement intéressants. J'en ai ici deux spécimens, nous
en avons probablement au ministère et s'il y en a qui sont
intéressés à consulter ces documents qui ont
été distribués à l'intérieur du
ministère, je crois que nous avons là une magnifique
démonstration du sérieux du travail de ce comité.
Donc, il y a une chose évidente, c'est que nous sommes convaincus
personnellement, et je me fais aussi l'interprète de mes officiers pour
dire que nous sommes convaincus de l'importance d'un bon parler, d'une bonne
langue dans les deux ministères, et dans le langage administratif
courant et dans le langage législatif.
Dans le langage législatif, on sait quelle portée cela
peut avoir, parce qu'il y a une discipline légale qui a des traditions,
soit chez les avocats, soit chez les notaires ou même en médecine,
là où depuis des générations, on emploie un langage
bien spécialisé qui s'identifie avec la profession.
Il y a eu des discussions entre nos officiers et les membres du
comité des termes de médecine pour que ces règlements
soient francisés avant leur impression et leur publication. Il s'est
avéré en pratique que c'était là une
difficulté majeure, parce que, d'autre part, c'était le premier
essai d'envergure de francisation de la langue juridique. Etant donné
que les règlements des hôpitaux sont déjà un
document extrêmement complexe en lui-même qui cor-
respond à une législation actuelle, législation qui
emploie des termes juridiques, des termes de français auxquels a fait
allusion le député de D'Arcy-McGee et qui demanderaient
d'être améliorés, il y avait une difficulté
d'adaptation qui s'ajoutait déjà à la complexité du
document. Nous avons pensé qu'il serait préférable,
après la publication des règlements, après que nous aurons
reçu les suggestions pour l'amélioration du fond du document, de
procéder en une deuxième étape à la francisation
des règlements et d'avoir une table de concordance, une table
d'équivalence, et des termes juridiques avec les nouveaux termes que
nous emploierions et quelques-uns de ces termes ont été
mentionnés d'une façon spéciale par le
député de D'Arcy-McGee.
Alors, nous sommes donc très ouverts à cette suggestion de
francisation, d'amélioration de la langue française dans un
document aussi important, mais nous ne croyions pas qu'il fût possible de
le faire en première étape même malgré que nous
ayons tenté l'impossible pour le faire. Mais, devant l'urgence de la
publication de ces règlements, devant la difficulté
évidemment de concilier à ce moment-là, et les exigences
d'un langage juridique et les exigences d'un très bon langage
français, il nous a fallu remettre en deuxième étape cette
opération.
M. le Président, je crois pouvoir prendre l'engagement
aujourd'hui que nous allons continuer nos efforts dans le sens de
l'amélioration du français dans le langage de la santé.
Aussitôt que possible, en deuxième étape si c'est
possible, je crois que cela sera possible nous pourrons procéder
avec la collaboration des officiers légistes, avec la collaboration de
tous les avocats. Que ce soit d'un côté comme de l'autre de la
Chambre, je crois que nous sommes en droit de demander la collaboration des
membres de la profession juridique pour trouver les façons les plus
faciles possibles. Parce qu'il nous faut tout de même mettre les
institutions hospitalières en possession d'un document qui soit aussi
compréhensible. Alors, nous tiendrons compte de tous ces
intérêts de façon que la francisation de ce document
important marque une étape digne de mention dans les gestes posés
par le gouvernement.
M. HOUDE: Cela ne sera sûrement pas facile pour les avocats.
M. CLOUTIER: Nous comptons sur la collaboration de tous les membres de
la commission quand le problème sera posé publiquement pour que
nous réussissions cette opération.
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2, adopté. Egalement, je
voudrais, à l'instar du ministre, féliciter le
député de D'Arcy-McGee pour la belle leçon qu'il donne
à plusieurs d'entre nous sur l'usage de la langue française. Et
si l'occasion nous est donnée de vous proposer comme
récipiendaire, par exemple, d'un diplôme d'honneur du bon parler
français, c'est avec plaisir que nous le ferons.
M. GOLDBLOOM: Très aimable!
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 2, article 2 adopté.
UNE VOIX: Il faudrait le recommander au ministre des Affaires
culturelles.
M. LE PRESIDENT: Avec plaisir. Non, non, ce n'est pas un cadeau de
Grecs. Nous passons maintenant aux postes budgétaires 8, 13 et 19 qui
demeuraient en suspens et que nous pourrons étudier dans l'ensemble, si
tout le monde est d'accord. Les postes 8, 13 et 19.
M. GOLDBLOOM: C'était convenu ainsi, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Ce sont les trois postes budgétaires...
M. GOLDBLOOM: Nous les adopterons en bloc à la fin. J'aimerais
commencer par une question d'ordre général. Dans la construction
des hôpitaux je parle particulièrement de l'année
qui vient de se terminer est-ce que l'on procède toujours par
soumissions publiques ou est-ce qu'il y a des contrats pour la construction ou
l'agrandissement ou l'équipement d'un hôpital qui sont
accordés sur la base de ce que l'on appelle en anglais « cost plus
»?
M. CLOUTIER: La politique générale du ministère que
les corporations hospitalières suivent, c'est la politique de
soumissions publiques. Il arrive toutefois, pour des raisons bien
particulières et bien spéciales et cela s'est produit à
deux reprises au cours du dernier exercice financier 68/69, qu'il y ait eu deux
projets qui aient été acceptés d'abord par les
corporations hospitalières et ensuite par le ministère de la
Santé par ce processus appelé le coût « cost plus
», en régie.
M. HOUDE: M. le Président, quand le ministère de la
Santé donne à une corporation le pouvoir de faire les travaux
nécessaires pour l'implantation d'un hôpital dans un quartier
don-
né ou dans une ville donnée je fais allusion par
exemple à un hôpital comme celui de Laval, vous me voyez venir
je voudrais savoir si cette corporation a en vertu de la loi le
privilège ou la possibilité d'exproprier parce que cela
existe.
M. CLOUTIER: Nos officiers nous informent, M. le Président, que
les corporations hospitalières n'ont pas le pouvoir d'expropriation.
M. HOUDE: Ils ne l'ont pas.
M. CLOUTIER: Je vois les notaires qui font un signe d'approbation.
M. HOUDE: Ils font un signe d'approbation, oui, peut-être.
M. CLOUTIER: A la réponse que je donne.
M. HOUDE: Moi, je ne suis pas notaire, mais simple contribuable à
Laval. Je me demande si cela ne mériterait pas une étude
peut-être, Je ne sais pas si cela a été fait, si ces
corporations, qui ne sont quand même pas en nombre illimité car il
n'arrive pas tous les deux jours qu'une corporation soit créée
dans le but de construire un vaste complexe dans le domaine de la santé,
si ce ne serait pas une chose à étudier et à accorder,
éventuellement à la corporation elle-même ou au
ministère, ce pouvoir d'exproprier. Si je prends l'exemple de Laval,
vous avez autorisé la fonction d'une corporation. On a bien sûr
acheté un vaste terrain pour la construction de ce futur hôpital
et, si mes informations sont exactes, ce terrain aurait coûté
autour de $400,000.
Si, encore une fois, mes informations sont exactes, on me dit que si on
avait procédé, si la corporation avait eu justement ce pouvoir
à ce moment-là d'exproprier, eh bien, le même terrain
aurait peut-être coûté $200,000. Donc, une économie
de $200,000 sur tout simplement l'achat d'un terrain. Alors, c'est ce que je
voulais enfin suggérer. Remarquez, loin de moi la pensée
d'être un expert en expropriation, mais c'est une question qui m'avait
été posée. On m'a demandé de la poser.
M. CLOUTIER: Je ne sais pas. Si la corporation hospitalière avait
eu un pouvoir d'expropriation, le député dit que peut-être
elle aurait pu acquérir à moitié prix le terrain. Disons
que cela reste dans le domaine des possibilités. Mais nous, nous sommes
assurés quand même, avant de donner l'autorisation, que le prix
payé par la corporation était raisonnable et correspondait au
prix normal du marché pour ce territoire.
M. HOUDE: M. le Ministre, sur le même sujet, toujours en fonction
de l'hôpital de Laval, je veux savoir si un montant est prévu au
cours de l'année qui commence avec ce budget pour cet hôpital de
Laval.
M. CLOUTIER: Il n'y a pas de prévisions spécifiques
inscrites dans les budgets pour les constructions d'hôpitaux. Bien que
nous ayons un montant de $5 millions, il est entendu que ce montant ne
correspond pas au coût des investissements que nous faisons dans le
domaine de la santé. Farce que nous bâtissons en moyenne pour $50
millions par année, alors les sommes ne sont pas prévues
spécifiquement au budget d'immobilisation, parce que nous immobilisons
avec des emprunts par obligations. La corporation hospitalière de Laval
ira sur le marché des obligations pour financer sa construction
d'hôpital. Donc, il n'est pas nécessaire d'inscrire dans le budget
du ministère de la Santé les sommes requises pour la construction
de l'hôpital Laval puisque les sommes requises seront fournies d'abord
par des emprunts bancaires en attendant l'émission d'obligations, et
ensuite par l'émission d'obligations qui remboursera les emprunts
bancaires.
M. HOUDE: Est-ce que le ministre peut me dire si les plans et devis de
cet hôpital sont déjà rendus...
M. CLOUTIER: Actuellement, la programmation est en discussion entre la
corporation de l'hôpital, les professionnels de l'hôpital et les
services techniques du ministère de la Santé.
M. HOUDE: Est-ce que le ministre peut donner une idée de la date
du commencement des travaux de ce futur complexe?
M. CLOUTIER: Oui, je crois qu'il sera mathématiquement impossible
que la construction de l'hôpital débute à l'automne,
l'excavation sera probablement possible avant l'hiver; mais la structure ne
pourra être érigée qu'au printemps prochain, en 1970.
M. HOUDE: Merci.
M. PEARSON: Est-ce que le ministre pourrait me dire s'il y a une
espèce de planification au ministère de la Santé quant
à l'utilisation des différents hôpitaux? Par exemple, il
est normal
que chaque hôpital tente de donner tous les services: cancer,
maladies de coeur, ce qui fait qu'à un certain moment, chaque
hôpital voudrait avoir un équipement très dispendieux.
Est-ce qu'il y a une planification qui se fait tranquillement comme dans la
région de Montréal pour tenter de spécialiser certains
hôpitaux pour éviter que ces équipements très
dispendieux soient répartis à peu près dans tous les
hôpitaux? Et certains autres hôpitaux pourraient servir de
réservoirs. C'est sur recommandation de certains plus petits
hôpitaux que des gens iraient dans un grand hôpital
spécialisé soit pour le cancer, soit pour le coeur, soit pour une
autre spécialité ou une autre maladie quelconque.
M. CLOUTIER: Toutes les demandes pour construction d'hôpitaux,
rénovation d'hôpitaux sont adressées au ministère de
la Santé, elles sont dirigées vers nos services techniques. J'ai,
à côté de moi. M. Langlois, qui est le directeur du service
technique du ministère de la Santé. Il y a dans son équipe
des ingénieurs, des architectes, il y a même un
architecte-médecin dans son équipe, alors tous les
spécialistes de ce service technique tiennent compte non seulement du
projet spécifique lui-même, mais tiennent compte aussi des
institutions hospitalières qui sont à proximité ou dans le
territoire donné, et qui sont appelées à contribuer dans
le domaine de la santé. De sorte que, quand nous étudions la
construction ou la rénovation d'un hôpital, nous ne pouvons pas le
faire en vase clos, en ce sens que nous tenons compte aussi des institutions
qui existent alentour.
Et je pourrais donner un exemple. Durant la dernière
année, les projets sur lesquels on a attiré mon attention, entre
autres sont bien révélateurs de ce problème de
planification, de ce problème de discussion en groupe. Il y a le
problème de l'hôpital de Rosemont et de celui de Maisonneuve, ce
sont des exemples d'hôpitaux qui sont à proximité et qui
doivent collaborer l'un et l'autre au développement d'une politique de
soins, d'équipement et d'équipement rationnel.
Nous pourrions mentionner également l'Hôtel-Dieu de
Montréal avec l'hôpital Saint- Jeanne-d'Arc; ici à
Québec, l'hôpital lavai avec le centre hospitalier universitaire
Sainte-Foy. Ce sont tous des exemples. Nous ne pouvons pas dissocier une
étude importante d'un projet hospitalier, sans qu'au ministère,
sans qu'à nos services, nous ayons une vue d'ensemble, d'abord du
territoire donné dans lequel cette institution existe et donne des soins
et aussi à l'échelon provincial.
Alors, la planification se fait à nos services techniques du
ministère de la Santé, là où nous avons tous les
professionnels, non seulement des services techniques, mais aussi des normes et
de l'équipement.
M. PEARSON: Oui. Mais disons que ce n'est pas rendu au point où
vous pourriez nous dire, actuellement, que vous envisageriez de fournir...
disons un peu comme l'Institut de cardiologie à Montréal, qui a
à peu près tout l'équipement voulu au point de vue des
maladies du coeur, soit l'hôpital Notre-Dame ou un autre hôpital,
soit pour le cancer ou autre chose du genre. A ce moment-là, cela veut
dire que le ministère, quand il reçoit les demandes de
l'hôpital Notre-Dame qui se spécialise un peu dans le cancer, doit
sûrement avoir un oeil beaucoup plus favorable que si c'était
l'hôpital Notre-Dame-de-1'Espérance ou un autre petit
hôpital.
M. CLOUTIER: C'est exact. Les hôpitaux que nous appelons les
hôpitaux de degré universitaire, si vous voulez, affiliés
à l'université, où il se fait de l'enseignement et de la
recherche, nous les dirigeons vers une vocation d'excellence
particulière. L'Institut de cardiologie de Montréal étant
une institution spécialisée, c'est dans cette optique que nous
allons discuter avec l'Institut de cardiologie des programmes d'expansion.
Actuellement il y a sur notre table de travail, aux services techniques, un
projet dont j'ai pris connaissance dimanche dernier, un projet d'expansion
important pour l'Institut de cardiologie de Montréal. On connaît
les vocations d'excellence des hôpitaux de Montréal. On
connaît aussi la vocation spéciale des hôpitaux de
Québec. De Montréal, il me suffirait de mentionner
l'hôpital Sainte-Justine qui, dans le domaine de la pédiatrie
évidemment est l'hôpital d'excellence dans le Québec. Nous
n'avons pas l'équivalent à Québec, quoique nous voulons
faire en sorte qu'un hôpital de Québec, probablement de Centre
hospitalier universitaire de Sainte-Foy, développe lui aussi du
côté de la pédiatrie, une vocation d'excellence.
Il y a l'hôpital de Rosemont, qui est reconnu comme un
hôpital pour le traitement des maladies du poumon; vous avez
l'équivalent à Québec, qui est l'hôpital Laval. Vous
avez l'hôpital Notre-Dame qui, du côté du cancer, est
l'équivalent de l'Hôtel- Dieu de Québec qui lui aussi, du
côté du cancer est un hôpital d'excellence.
Je pourrais prendre, évidemment, tous les hôpitaux majeurs
reliés très étroitement à l'uni-
versité par l'enseignement et la recherche et mettre en relief,
justement, cette vocation d'excellence qui fait, qui permet, autant que
possible, qu'il n'y ait pas de duplication dans l'équipement et
qu'autour d'un centre hospitalier qui a une vocation précise se forme
une équipe, une équipe spécialisée elle aussi, sans
négliger l'aspect général de l'hôpital. Il ne faut
pas oublier que l'hôpital existe d'abord pour les malades et pour donner
des traitements aux malades. Alors, il faut nécessairement qu'il y ait
une base générale et ensuite cette spécialisation qui
distingue cette institution d'une autre. C'est au ministère que nous
dirigeons davantage les hôpitaux vers cette vocation particulière
qui est la leur afin d'éviter ce gaspillage d'énergie et cette
duplication d'équipement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Taillon.
M. LEDUC (Taillon): M. le Président, j'aimerais dire au ministre
qu'il est sûrement au courant qu'il existe à Greenfield Park, sur
la rive sud de Montréal, un hôpital qui s'appelle l'hôpital
Charles-Lemoyne. Cet hôpital a été complété
en 1964 ou 1965, à peu près à cette date. Il y a un
certain nombre de chambres qui ont été équipées. Il
y ami autre nombre de chambres qui ne semblent pas, d'après ce qu'on me
dit, avoir de lits encore.
En plus de cela, il semble qu'il y a certains services, à
l'intérieur de l'hôpital, par exemple le service
d'oto-rhino-laryngologie qui fonctionne actuellement, mais avec de
l'équipement qui appartient aux médecins qui sont attachés
à cet hôpital et non pas de l'équipement qui appartient
à l'hôpital comme tel.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire le pourquoi du retard
apporté à compléter l'équipement à
l'hôpital Charles-Lemoyne et à quel moment il prévoit que
ce problème sera réglé?
M. CLOUTIER: Actuellement, on sait qu'il y a une enquête
spéciale qui se fait dans cet hôpital sur l'aspect administratif
et l'aspect médical. Nous aurons incessamment quand je dis
incessamment, cela veut dire dans cinq ou six semaines, je crois le
rapport final de l'enquête qui se poursuit depuis quelques mois.
Il y a eu des difficultés d'aménagement de cet
hôpital et d'ouverture de certains services pour différentes
raisons qui ont été mentionnées au cours de
l'enquête et sur lesquelles je ne veux pas revenir en détail parce
qu'il y a eu de longs témoignages. Les officiers de l'administration,
les employés de l'hôpital et les fonctionnaires du
ministère de la Santé sont allés à tour de
rôle devant la commission expliquer quels étaient les
problèmes et ainsi de suite.
Nous avons pris les dispositions tenant compte des difficultés de
recrutement de personnel parce qu'à certains moments, ça
été une objection majeure, ça été une
difficulté majeure a résoudre dans la mise en place de cet
hôpital. Maintenant je crois pouvoir dire que les difficultés vont
se résoudre et que l'hôpital Charles-Lemoyne, dans quelques mois,
pourra fonctionner normalement. J'espère que cette enquête, qui ne
poursuivait pas un objectif de punition ou un objectif de recherche des
défauts ou lacunes pour le plaisir de la chose, cette enquête
avait pour but d'améliorer cet hôpital qu'on a constaté
être aux prises avec des difficultés particulières.
C'était le but de l'enquête de trouver ce qui ne fonctionne pas
et, à la lumière des recommandations de la commission, de trouver
des mécanismes qui pourront s'appliquer de façon
générale dans nos hôpitaux.
M. LEDUC (Taillon): D'accord, disons que je ne veux pas discuter de
l'enquête. Je suis d'accord avec le ministre, je pense qu'on va
éviter ça.
L'enquête a commencé il y a quelques mois...
M. CLOUTIER: L'automne dernier.
M. LEDUC (Taillon): Elle a commencé en septembre, octobre ou
à peu près à cette période-là. Enfin, peu
importe! L'hôpital est déjà en fonctionnement depuis un bon
bout de temps. Même s'il y a une enquête en marche actuellement,
est-ce que le ministre ne serait pas d'accord pour essayer de compléter
l'équipement? Même si on trouve avec l'enquête que c'est la
faute de telle et telle chose, ça ne remplit pas pendant ce
temps-là les chambres, ça ne donne pas les lits ni les services
dont on a besoin. Cest le seul hôpital qui est situé sur la rive
sud, le seul hôpital général qui peut donner le service
dont la population de la rive sud a besoin. On est placé assez souvent
dans des situations où on est obligé de transporter des gens
à d'autres hôpitaux qui sont situés dans la région
de Montréal à cause du manque de lits. J'imagine qu'il serait
peut-être possible de compléter le nombre de lits qui peuvent
être utilisés dans cet hôpital sans nécessairement
attendre le résultat de l'enquête. Cela ne changera en rien le
résultat de l'enquête. Qu'il y ait 200 ou 375 lits, s'il en manque
10 ou 100, peu importe le nombre qui manque, qu'on complète ces
lits-là même s'il y a des difficultés avec le personnel.
Parce qu'enfin peu importe la responsabilité...
M. CLOUTIER: Si j'ai laissé entendre par mes remarques
précédentes que nous attentions la fin de l'enquête pour
ouvrir les services, ce n'est pas le cas. Au fur et à mesure de
l'enquête, nous avons pris toutes les dispositions et nos services sont
sensibilisés. Nous en avons fait une priorité au
ministère. Mon désir, à ce moment-ci, c'est que
l'hôpital fonctionne normalement le plus tot possible. Le
ministère a pris toutes les dispositions nécessaires, tenant
compte évidemment de tous les autres mécanismes de gestion
centrale, tels que « ministère des Travaux publics », parce
que c'est un hôpital qui appartient au gouvernement; le service des
achats et tous les autres mécanismes. Tenant compte de ça, nous
voulons que les services ouvrent le plus tôt possible et soient
équipés le mieux possible pour le fonctionnement de
l'hôpital.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. LAFRANCE: M. le Président, je sais que le ministre a
déjà prévu ma question qui est devenue presque
traditionnelle, depuis une dizaine d'années, à un tel point que
les journaux locaux, en particulier un hebdomadaire de la ville d'Asbestos et
la Tribune de Sherbrooke en particulier l'hebdomadaire chaque
semaine publie en première page: L'hôpital de Saint-Luc
d'Asbestos, est-ce un mythe ou une réalité?
M. le Président, le ministre sait que, depuis une dizaine
d'années au moins, se sont succédé les engagements, des
prises de position, des arrêtés en conseil, des voeux pieux au
sujet de l'hôpital d'Asbestos et nous en sommes rendus à un point
où l'hôpital est dans une situation vraiment tragique.
L'hôpital actuel, qui a d'ailleurs déjà été
considéré presque comme un taudis par les officiers du
ministère de la Santé, est presque à proximité
d'une mine d'amiante.
Il est entouré de rocs où chaque jour, se font entendre
les explosions. Il est submergé de poussière d'amiante. La
compagnie, d'ailleurs, en a fait part au ministre. Je connais les bonnes
intentions du ministre. Mais les bonnes intentions, cela fait longtemps que
nous nous en nourrissons. Nous voudrions bien avoir de bonnes actions. Alors,
est-ce que le ministre pourrait nous dire, aujourd'hui, où nous en
sommes rendus enfin avec l'hôpital d'Asbestos?
M. CLOUTIER: Le député de Richmond a assisté
assidûment à toutes nos séances de la commission
parlementaire de la Santé; cela vaut la peine qu'au terme de ces travaux
je lui donne une excellente nouvelle pour le féliciter de son
assiduité...
M. LAFRANCE: Encore...
M. CLOUTIER: Non, je lui donne une excellente nouvelle appuyée
sur des chiffres. Je dirai d'abord que la lettre d'autorisation pour aller aux
plans et devis est prête...
M. LAFRANCE: Ce n'est pas la première fois.
M. CLOUTIER: Non, non, elle est prête. Cela suppose qu'on s'est
entendu sur un programme.
M. LAFRANCE: J'espère que ce n'est pas une promesse
électorale.
M. CLOUTIER: Le député pourra prendre à
témoin les distingués de cette commission parlementaire. Cela
suppose qu'on s'est entendu sur un programme et sur les esquisses. Et on donne
maintenant l'autorisation d'aller aux plans. Ce qui veut dire que, si les
professionnels travaillent avec célérité, en septembre les
soumissions pourront être demandées pour la construction de
l'hôpital. Cela veut dire que l'hôpital d'Asbestos sera en chantier
avant l'hiver 1969. C'est un hôpital, et j'ai eu l'occasion de
l'expliquer au député de Richmond, nous avons eu deux rencontres
dont je me souviens particulièrement...
M. LAFRANCE: Au moins deux...
M. CLOUTIER: Au moins deux sur ce sujet et nous nous sommes entendus. A
ce moment-là, je lui ai indiqué quel serait probable ment le
programme de construction, quelle serait l'envergure, quels seraient les
services accordés. Je suis en mesure de lui répéter
aujourd'hui que c'est un hôpital de 45 lits, un hôpital qui aura
environ 30 mille pieds carrés de plancher et qui donnera tous les
services, sauf et le député le sait, et il sait pourquoi
aussi sauf la chirurgie majeure. C'est un bon hôpital qui va
répondre aux besoins de la population d'Asbestos et de la région.
Il y aura les cliniques d'urgence. Il y aura la chirurgie mineure,
l'obstétrique, la pouponnière et les cliniques externes. Je crois
que cela répondra aux besoins de la population d'Asbestos.
M. LAFRANCE: Alors, le seul commentaire que je puisse faire, en ce
moment, est de dire: Ainsi soit-il.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. FRASER: M. le Ministre, est-ce que je peux vous demander s'il y a des
nouvelles pour Huntingdon?
M. CLOUTIER: Je n'ai pas de nouvelles aussi précises,
aujourd'hui, dans le cas de l'hôpital de Huntingdon que dans celui
d'Asbestos.
M. FRASER: Les dernières nouvelles que vous m'avez
données, c'était dans les plans de...
M. CLOUTIER: Oui, c'est à l'état de projet. Mais je ne
peux pas donner aujourd'hui le programme définitif auquel nous sommes
à travailler. Dans le cas d'Asbestos, je l'ai donné, parce qu'il
est terminé.
M. FRASER: C'est le tour du député de Richmond...
M. CLOUTIER: Il y a de quoi...
M. LE PRESIDENT: Le député de Jacques-Cartier.
M. SAINT-GERMAIN: Au sujet de l'hôpital Saint-Joseph de Lachine,
est-ce que les plans pour la rénovation du bloc opératoire ont
été acceptés?
M. CLOUTIER: Le directeur des services techniques m'informe que les
autorisations d'engager des professionnels ont été
accordées. Les plans de la salle d'opération sont faits.
M, SAINT-GERMAIN: Est-ce que cela sera financé par obligations ou
si...
M, CLOUTIER: Non, ce sera financé à même le budget.
Quand ce sont les projets de rénovation, des projets moins importants
par les chiffres, par le budget impliqué, on les finance à
même le poste budgétaire 19, ces immobilisations.
M. SAINT-GERMAIN: Alors vous avez au poste budgétaire 19, en ce
moment, des sommes prévues en vue de ces rénovations?
M. CLOUTIER: Oui, environ $5 millions.
M. SAINT-GERMAIN: Quand vous parlez des professionnels qui ont
été engagés, vous parlez des architectes...
M. CLOUTIER: Des architectes et des ingénieurs.
M. LAFRANCE: Il n'y a pas d'optométriste.
M. HOUDE: Ne me dites pas que vous avez encore oublié cela.
M. PEARSON: M. le Ministre, juste une petite question au sujet de
l'hôpital Notre-Dame-de-1'Espérance à ville Saint-Laurent,
il y a eu deux arrêtés en conseil pour agrandir l'hôpital
Notre-Dame-de-1'Espérance et depuis ce temps-là la population
n'entend pas parler de grand-chose. Est-ce que vous auriez à
portée de la main ce qui se passe au juste et où en est-on
rendu?
M. CLOUTIER: Les esquisses finales ont été
approuvées la semaine dernière. A partir de ce moment-là,
c'est l'étape des plans et devis.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Sud.
M. FORTIER: J'ai deux questions à poser au ministre. Est-ce qu'il
pourrait me dire où en sont rendus les plans pour la construction de
l'Hôtel-Dieu de Gaspé? Est-ce que les plans sont
terminés?
M. CLOUTIER: Les plans finaux sont à la veille d'être
terminés pour aller en soumissions.
M. FORTIER: Pour aller en soumissions. Deuxième question, j'ai
reçu de la visite de gens de Chandler ce matin. Nous avons
rencontré le ministre des Travaux publics qui m'a dit qu'il y avait
également le projet de l'hôpital de Chandler. Il y a des ministres
qui étaient au courant de la construction de l'hôpital de
Chandler, un projet qui a été transféré au
ministère des Travaux publics. Est-ce que ce projet-là, le
ministre est au courant et est-ce que ce projet est approuvé par le
ministère de la Santé?
M. CLOUTIER: Le premier projet qui a été soumis
représentait une construction nouvelle et nous nous sommes entendus. Je
crois que cela a été le consensus unanime ce matin, après
la rencontre avec le ministre des Travaux publics, qu'il y ait une addition, ce
qui répondra aussi aux besoins de Chandler et de la région sera
beaucoup plus économique.
M. FORTIER: De toute façon, ce projet sera autorisé par le
ministère de la Santé.
M. CLOUTIER: Ce sera la solution.
M. LE PRESIDENT: Le député de Deux-Montagnes.
M. BINETTE: M. le Président, concernant l'hôpital
général de Saint-Eustache, je sais que, depuis quelques
années, les autorités de l'hôpital ont fait une demande
d'agrandissement. Je me demande si le ministère a l'intention
d'étudier cette demande et d'y accéder surtout. Où en sont
rendues les études dans ce projet?
M. CLOUTIER: Il y a eu des améliorations de service à
l'hôpital de Saint-Eustache, entre autres le bloc opératoire. Mais
actuellement, nous ne pouvons pas donner de réponse définitive.
Des études se poursuivent au ministère à savoir quelles
seraient les transformations possibles à l'hôpital de
Saint-Eustache et nos officiers sont saisis du projet et aussitôt que
possible nous pourrons donner une réponse.
M. BINETTE: Aussitôt que possible, je comprends que c'est une
réponse qui peut être très satisfaisante si cela vient dans
un an ou deux; mais si cela vient dans cinq ans, ce sera moins satisfaisant
parce que nous savons qu'actuellement, à l'hôpital
général de Saint-Eustache, il y a 15 lits dans la
pouponnière et que l'an dernier les statistiques donnent 700
accouchements, alors que dans l'hôpital d'Arthabaska, par exemple, il y a
32 lits à la pouponnière et ils ont eu 900 accouchements.
Je sais également qu'il arrive parfois que la pouponnière
est débordée et que l'on met des bébés dans les
tiroirs de bureau. On se sert de tiroirs pour que l'enfant ne tombe pas. Alors,
je considère que la situation commence à devenir un peu plus
urgente. Cela fait deux ou trois ans que je pose cette question et j'ai
toujours eu la même réponse. J'aimerais que l'on étudie
sérieusement cette demande. On sait que, dans la salle d'urgence, il y a
eu 24,000 cas qui ont passé l'an dernier alors qu'à Lachute, par
exemple, il n'y en a eu que 12,000 pour un hôpital de même
capacité ou à peu près.
Au point de vue de la chirurgie, il y a eu au-delà de 2,500
interventions chirurgicales et c'est un petit hôpital de 100 lits. On a
fait des études démographiques avec l'arrivée et
l'implantation de General Motors. Je ne connais pas le résultat des
études, mais je présume que cette implantation de General Motors
à Sainte-Thérèse-Ouest il y a eu plusieurs familles
qui se sont établies à Saint-Eustache pour aller travailler
là cela a augmenté la population locale. Et quand on
connaît et quand on sait que l'aéroport international serait
implanté dans la région d'Argenteuil-Deux-Montagnes et que les
villes avoisinantes devront donner les services appropriés à la
population qui va se déverser vers ces régions, je
considère que la situation devient de plus en plus urgente. Je sais que
vous avez des demandes en nombre considérable, je comprends qu'avec la
nouvelle de l'implantation de l'aéroport à Sainte-Scholastique,
il devient plus urgent de penser à l'agrandissement de l'hôpital
général de Saint-Eustache.
Il y a déjà l'hôpital de Saint-Jérôme
dans la région, l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, il y a
l'hôpital de Lachute, l'hôpital de Saint-Eustache qui est un petit
hôpital aussi, il y a l'hôpital de Laval qui s'en vient. A
Saint-Eustache même, à cause des chiffres que je viens de vous
citer, à cause des projections démographiques qui s'annoncent
assez considérables dans les quelque dix à quinze ans qui
viennent et dans les prochaines années même, je considère
que la situation devient urgente dans la région et que l'on devrait
étudier les possibilités d'agrandissement de l'hôpital
général de Saint-Eustache en tenant compte évidemment de
ce développement qui s'en vient dans la région, en plus de
General Motors, de l'implantation de l'aéroport international où
il y aura un parc, comme on le sait, de 45 milles carrés de territoire,
qui sera employé spécifiquement pour de l'implantation
industrielle autour du coeur même de l'aéroport qui n'aura que de
quinze à vingt milles de territoire.
Tout cela fait que, actuellement, j'insiste auprès du ministre
pour que les études se poursuivent d'une façon
accélérée afin de ne pas être pris à la
dernière minute avec une augmentation démographique
considérable et qu'on n'ait pas les services à donner aux
personnes qui viendront s'établir dans ces régions.
M. CLOUTIER: Le député peut être assuré que
nous apporterons autant d'attention à l'étude du projet de
l'hôpital de Saint-Eustache dans son comté que tous autres projets
hospitaliers. Nous tiendrons compte également de l'impact causé
par l'annonce de l'érection de l'aéroport de Sainte-Scholastique.
Il y a certains projets hospitaliers que nous avons dû rayer justement en
attendant cette décision de l'emplacement de l'aéroport.
Saint-Eustache, disons que dans la planification, nous ne tiendrons pas
seulement compte de cette possibilité, mais aussi de
l'aménagement régional. Nous tiendrons compte également
des autres projets hospitaliers dont a parlé le député
tantôt. Nous construisons à Laval. Nous avons un projet important
pour Saint-Jérôme. Il y a Cartierville qui est à
l'étude au ministère, il y a un projet sérieux aussi. Nous
tiendrons compte que l'hôpital de Saint-Eustache devra lui aussi
être bien équipé pour répondre aux besoins de la
population. C'est dans cette optique que nous allons étudier son
projet.
Nos officiers, cet après-midi, ont entendu l'échange
d'opinions que nous avons fait 3. ce sujet et nous apporterons toute
l'attention voulue à. la réalisation de ce projet.
M. BINETTE: Est-ce que, lorsqu'il est question de projeter un
agrandissement d'hôpital comme celui-là, par exemple, le
ministère communique nécessairement avec le ministère des
Affaires municipales et où celui qui s'occupe de l'aménagement du
territoire...
M. CLOUTIER: On sait que, dans le cas de Saint-Eustache, il ne s'agit
pas d'implanter un nouvel hôpital.
M. BINETTE: Il s'agit d'agrandir.
M. CLOUTIER: II s'agit d'agrandir. A ce moment-là, la question de
la localisation ne se pose pas. La question qui se pose, c'est de quelle
envergure doit être la rénovation, ou l'amélioration ou
l'agrandissement? A quels besoins faut-il répondre du point de vue de
services?
Quelle est la population projetée? Quelles sont les projections
de population? Nous tiendrons compte de tous ces éléments pour
les statistiques démographiques. D'ailleurs, nous sommes
équipés au ministère de la Santé, par notre service
de démographie pour aussi être en possession de données
dans le domaine de la démographie.
M. BINETTE: Maintenant, un autre détail peut-être sur la
question de Saint-Eustache, l'Hôpital Général de
Saint-Eustache, sur les services externes. Nous savons qu'actuellement, et je
l'ai dit tantôt qu'il y avait eu 24,000 personnes qui étaient
passées. Les salles d'attente ne répondent plus aux besoins et
les patients attendent dans les corridors. De plus, nous savons qu'il y a un
lot de filières qui sont également répandues dans les
corridors ce qui, au point de vue de la sécurité, advenant le cas
d'une urgence, d'un feu, pourrait nuire à l'évacuation de
l'hôpital. Cela est un autre point qu'il faut considérer et je
crois que le Dr Gélinas est très au courant de la situation parce
qu'il y est allé à plusieurs reprises. Je ne doute pas que le
sous-ministre et son ministre pourront, sans doute avec les officiers du
ministère, voir à régler le problème de
Saint-Eustache qui est actuellement le plus urgent et qui le deviendra de plus
en plus au fur et à mesure que les années vont passer avec
l'expansion qui s'en vient dans le coin.
Alors, je remercie le ministre pour les informations qu'il m'a fournies.
Maintenant j'es- père et je souhaite ardemment que ces études
soient accélérées et qu'on y voie au plus tôt.
M. LE PRESIDENT: Le député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: Relativement à l'hôpital de Sainte-Anne de
Baie-Saint-Paul, non pas pour la partie psychiatrique mais pour la partie dont
on vient de terminer les réparations, le ministre voudrait-il me dire
quels seront les services qui seront assurés à la population qui
gravite autour de ce centre? Quels sont les services que le ministère de
la Santé organisera?
M. CLOUTIER: Les services d'un bon hôpital régional.
M. MAILLOUX: Obstétrique, chronique.
M. CLOUTIER: Oui, dans un hôpital régional qui dessert la
région de Baie-Saint-Paul.
M. MAILLOUX: D'accord. Disons que la réponse me satisfait. Est-ce
que, relativement à l'hôpital de la Malbaie, il y a des
améliorations qui sont à apporter à cet hôpital,
suite aux demandes faites?
M. CLOUTIER: En ce qui concerne ce projet, le ministre d'Etat à
la Santé a pris un engagement d'aller le visiter aussitôt que les
crédits seront terminés et que les travaux de la session nous le
permettront.
M. DEMERS: Maintenant, je voudrais faire quelque chose qui est un peu
inusité. Je voudrais remercier d'avoir obtenu un hôpital avec le
service que vous avez établi chez nous. Cela nous permettra d'abord de
jouir des bienfaits d'un hôpital de 250 lits et nous pourrons affecter
l'hôpital Sainte-Thérèse au traitement des maladies
chroniques.
Je tiens à souligner ce geste positif qui a été
fait dans ce sens très profond.
M. HARVEY: Est-ce qu'on pourrait savoir si la construction de votre
hôpital est commencée?
M. DEMERS: Elle est presque terminée.
M. HOUDE: Un hôpital pour les personnes ou...
M. DE MERS: J'en aurai d'autres pour vous.
M. HOUDE: Ah bon!
M. CLOUTIER: Je remercie le député de Saint-Maurice de
l'intérêt qu'il a apporté à la réalisation de
ce projet d'hôpital dans son comté.
M. LE PRESIDENT: Le député de Jonquière.
M. HARVEY: L'autre jour, au cours de la discussion, on nous a
informés que l'Hôtel-Dieu Saint-vallier de Chicoutimi deviendrait
d'ici quelques années un centre pour malades chroniques; 400 des 630
lits disponibles deviendraient des lits pour malades chroniques.
On sait très bien que l'Université du Québec ouvre
en septembre sa section à Chicoutimi et, après avoir pris des
informations, on me dit que les 400 lits ne seront pas disponibles avant
1975.
C'est bien vrai, il faut tout de même donner le temps à cet
embryon d'université qui commence en septembre d'établir une
faculté de médecine. Ce n'est que vers 1975 que la région
pourra compter réellement sur ces 400 lits pour malades chroniques.
Actuellement, dans les hôpitaux en construction ou encore
là où des projets sont envisagés, il y a en construction
l'hôpital de la Baie-des -Ha!Ha! où 80 lits pour malades
chroniques sont prévus. Dolbeau: 12. Alma: 0. Et le ministre m'informait
hier qu'à Jonquière la demande de soumissions aurait lieu
à l'automne.
Je ne parle pas des hôpitaux existants. On sait que les
soumissions pour Jonquière seront demandées à l'automne,
et pour parer à l'urgence, les officiers du ministère de la
Santé ont terminé une étude en vue d'un centre
régional de malades chroniques à Jonquière. Cette
étude a dû être mise de côté en fonction
justement de la décision de créer l'Université du
Québec à Chicoutimi. On sait que 400 lits seront
réservés aux malades chroniques, ce qui constituera un
hôpital régional pour malades chroniques.
N'y aurait-il pas lieu étant donné que les plans et
devis en sont au stade préliminaire dans la construction de
l'agrandissement et dans l'intégration des services sociaux et des
cliniques externes à Jonquière de prévoir pour une
population ouvrière qui comprend les comtés de Dubuc, Chicoutimi
et Jonquière-Kénogami une aile pour 25 à 50 malades
chroniques dans les plans présentement en préparation pour
l'hôpital de Jonquière?
Je m'explique. Il n'y a pas une journée où les
médecins, députés ou familles ne sont pas aux prises avec
un malade chronique à placer. On doit, depuis quelques années,
attendre les décès avant de pouvoir en placer un parmi les
centaines et les centaines de malades chroniques qui sont sur les listes
d'attente. Je me demande si le ministre, avec ses officiers, ne pourrait pas
revoir la possibilité d'une aile pour malades chroniques d'un nombre
limité pour éviter cette situation en attendant que les 400 lits
pour malades chroniques de l'Hôtel-Dieu Saint-Vallier deviennent
disponibles lorsque la nouvelle corporation de Chicoutimi aura fait tout le
nécessaire pour construire l'hôpital universitaire.
M. CLOUTIER: C'est une possibilité que nous étudierons
dans le projet de Jonquière.
M. HARVEY: Je remercie le ministre de sa réponse.
Tout à l'heure, le député de D'Arcy-McGee demandait
au ministre s'il était de l'habitude du ministère d'accorder pour
l'agrandissement ou la construction d'hôpitaux, ce que nous appelons en
anglais des contrats à « cost plus »; la réponse du
ministre a été qu'il suivait une politique générale
de demandes de soumissions et qu'à de rares exceptions il me
semble que vous ayez mentionné deux cas seulement, l'an dernier
on a dû procéder à des agrandissements...
M. CLOUTIER: Deux constructions.
M. HARVEY: Est-ce que nous pourrions avoir le nom de ces
constructions?
M. CLOUTIER: Blanc-Sablon et Saint-François d'Assise.
M. HARVEY: Blanc-Sablon et Saint-François d'Assise. Est-ce que
dans tous les autres cas le ministère a accordé les contrats au
plus bas soumissionnaire?
M. CLOUTIER: Est-ce que le député parle de la construction
d'hôpitaux?
M. HARVEY: Construction ou agrandissement.
M. CLOUTIER: Généralement, le contrat était
accordé au plus bas soumissionnaire conforme aux normes ou conforme aux
spécifications sauf dans le cas d'Alma où le contrat aurait
été accordé au deuxième plus bas
soumissionnaire.
M. HARVEY: Aurait été accordé au deuxième
plus bas soumissionnaire.
M. CLOUTIER: Oui.
M. HARVEY: Est-ce que le ministre pourrait me dire si l'agrandissement
à l'hôpital de Dolbeau est commencé?
M. BOIV1N: C'est rendu, je pense, à la deuxième
esquisse.
M. HARVEY: Alors dans le cas de Dolbeau, ce serait la même
réponse que pour Jonquière. Vous prévoyez demander des
soumissions à l'automne.
M. BOIVENT: Parce que Jonquière est plus avancé que
Dolbeau.
M. CLOUTIER: Jonquière est plus avancé que Dolbeau.
M. HARVEY: Est-ce que vous prévoyez, avant la fin de
l'année fiscale...?
M. CLOUTIER: Dolbeau, ce n'est pas sur, c'est moins sûr. Disons
que si c'est possible, oui. On fera tout pour mettre en marche le chantier
avant l'hiver parce qu'on sait que des travaux de construction dans la
période d'hiver règlent beaucoup de problèmes du
côté économique. La période de chômage
étant accentuée, au ministère de la Famille et du
Bien-Etre social, nous avons moins d'assistés sociaux, moins de
chômeurs.
M. HARVEY: Est-ce que le ministre pourrait nous donner la raison qui a
amené les officiers de son ministère à rejeter la
soumission du plus bas soumissionnaire dans le cas de l'agrandissement de
l'Hôtel-Dieu d'Alma, firme qui s'était vu accorder le contrat par
le conseil d'administration de l'hôpital le 5 décembre et
également par une autre résolution du 3 février,
résolution qui confirmait celle du 5 décembre et qui n'avait pas
été changée même si le ministre d'Etat à la
Santé avait recommandé au conseil d'administration de revoir sa
décision? Est-ce qu'on pourrait connaître les raisons
majeures?
M. CLOUTIER: Oui. C'est l'expertise de nos officiers juridiques nos
avocats au ministère, qui se sont basés sur les conditions de la
charte, les spécifications de la charte de l'entreprise du plus bas
soumissionnaire.
Effectivement, les avis juridiques de nos fonctionnaires ont
indiqué que la charte du plus bas entrepreneur ne lui permettait pas de
soumissionner pour cette entreprise.
M. HARVEY: Est-ce que le ministre, pour l'Information des membres de la
commission, pourrait nous dire si son ministère a consulté les
officiers du ministère de la Justice pour obtenir l'avis juridique
qu'Aima Construction Ltée n'avait pas le pouvoir d'agir comme
entrepreneur général?
M. CLOUTIER: Les conseillers juridiques du ministère de la
Santé comme ceux de la Famille relèvent du ministère de la
Justice même s'ils travaillent chez nous.
M. HARVEY: C'est-à-dire votre service juridique.
M. CLOUTIER: C'est justement ce à quoi je fais allusion. Le
service juridique de tous les ministères relève du
ministère de la Justice. Ils sont payés par le ministère
de la Justice.
M. HARVEY: Dans ce cas-là, est-ce que le ministre est prêt
à déposer l'avis qu'il a reçu du ministère de la
Justice à l'effet que la charte d'Alma Construction ne contenait pas les
pouvoirs d'agir comme entrepreneur général en construction?
M. CLOUTIER: C'est une opinion qui est faite par nos conseillers
juridiques et je n'ai pas d'objection personnellement à déposer
le document et à en faire parvenir une copie au
député.
M. HARVEY: Je voudrais attirer l'attention du ministre sur un fait
très précis. Sous la signature du sous-ministre de la
Santé, le Dr. Jacques Gélinas, dans une longue lettre du 4 mars,
établit que l'unique raison de ne pas accorder le contrat à la
compagnie Alma Construction Limitée était que cette compagnie
n'avait pas le pouvoir d'agir comme entrepreneur général en
construction et que la charte de ladite compagnie, tout en lui donnant
quantité de pouvoirs, ne lui donnait pas celui-là.
Le ministre a-t-il été mis au courant que les plus hautes
autorités en droit de compagnies au Québec, autorités
reconnues, ont été consultées et que l'avis a
été donné qu'Aima Construction détenait et
détient les pouvoirs d'agir comme entrepreneur général? Je
demande au ministre s'il est au courant que l'entreprise privée comme la
Cie de téléphone Bell, Aluminium Limitée du Canada, la
Compagnie Price Brothers Limitée ont toujours et continuent même
depuis la décision du ministère d'attribuer des contrats de
très grande importance à la même firme qui a
été rejetée à la suite d'une lettre, tout
simple-
ment, du ministère lui informant que sa charte ne contenait pas
les pouvoirs d'agir comme entrepreneur général en
construction.
M. BOIVIN: Sa charte est une raison et je pense qu'il y a autre chose.
Si vous continuez de lire la lettre vous allez trouver autre chose.
M. HARVEY: Je peux continuer...
M. BOIVIN: Dans la consultation des avocats, qui sera
déposée à votre demande, vous verrez qu'il y a d'autres
irrégularités.
M. HARVEY: A la demande du ministre d'Etat à la Santé, il
me fait plaisir de donner lecture complète de la lettre: «
Après une étude attentive des soumissions et une analyse du
statut juridique de chaque corporation, selon la procédure
habituellement suivie, nous en sommes arrivés & la conclusion, sur
l'avis de nos conseillers juridiques, que la compagnie Aima Construction
Limitée n'avait pas le pouvoir d'agir comme entrepreneur
général en construction et que la charte de ladite compagnie,
tout en lui donnant quantité de pouvoirs, ne lui donne pas
celui-là.
Nous ne tenons pas compte des modifications que la compagnie a
apportées à la formule de soumissions en refaisant la page 7 b,
et en ajoutant les pages 7a, 7aa, puisque nous opinons à l'effet que ces
modifications ne sont, en fait, que des additions et des précisions.
Nous ignorons de plus le fait que la feuille d'annexe concernant le prix
à la verge cube du roc excavé et transporté n'a pas
été remplie, puisque les architectes du projet n'ont pas fait
mention de cette irrégularité. Ajoutées aux
considérations légales mentionnées plus haut, nous
rappelons les recommandations des architectes du projet qui considèrent
qu'à cause des modifications apportées à la formule de
type de soumission par la compagnie Alma Construction Limitée, il serait
préjudiciable à l'endroit des autres entrepreneurs
généraux et à ceux à venir, d'accepter la
soumission de la compagnie Alma Construction Limitée. « En
conséquence de toutes ces considérations, nous recommandons
à la corporation de donner le contrat au deuxième plus bas
soumissionnaire soit Roméo Fortin Inc., dont la soumission est plus
élevée par 1%, mais conforme en tous points, respecte les
procédures de soumissions et ne comporte aucune restriction d'ordre
légal. Il y aurait lieu que vous suspendiez pour le moment l'octroi du
sous-contrat en radiologie au montant $234,353.63 jusqu'à ce que
l'approbation de cet équipement et des plans et devis ainsi que les
soumissions relatives à ce sous-contrat aient été
acceptés par le comité de radiologie du ministère de la
Santé. « Veuillez agréer, cher monsieur, l'expression de
mes meilleurs sentiments. Jacques Gélinas, m.d., sous-ministre.
»
Est-ce que le ministre est conscient qu'à très
brève...
M. BOIVIN: Bien conscient.
M. HARVEY: ... échéance, d'ailleurs, que la firme Aima
Construction a indiqué son intention de prendre une injonction et
d'intenter des procédures judiciaires contre la corporation qui,
à deux reprises, lui a accordé le contrat de construction de
l'hôpital? De plus, si la compagnie Aima Construction n'a pas fait de
demande d'injonction, est-ce que le ministre a été mis au courant
que c'était tout simplement pour éviter que se
concrétisent des avis verbaux qu'ils auraient reçus du ministre
d'Etat à la Santé à l'effet que si on continuait à
se chicaner dans le secteur, l'hôpital d'Alma ne serait pas agrandi au
cours du présent exercice financier?
M. BOIVIN: Cest vrai que j'ai rencontré le conseil
d'administration de l'hôpital et on m'a dit que les professionnels du
projet n'étaient pas d'accord pour accorder le contrat à Alma
Construction.
Alors, je les ai mis en garde et leur ai dit: Etudiez votre affaire
comme il faut parce que, si vous ne vous accordez pas avec les professionnels
du projet, cela apportera toutes sortes de difficultés et cela pourra
peut-être retarder la construction de votre hôpital.
J'admets les avoir rencontrés et leur avoir dit de s'accorder
avec les professionnels du projet.
M. LAFRANCE: C'est une dictature, cela.
M. HARVEY: Je remercie le ministre d'Etat à la Santé de me
confirmer ce que j'avais d'ailleurs très bien écrit devant moi.
Est-ce que le ministre de la Santé ou le ministre d'Etat à la
Santé sait que cette compagnie qui opère dans notre région
depuis plusieurs années, devant le fait que le ministère
insistait pour que le contrat ne lui soit pas accordé, a
dépensé une somme considérable et a l'intention de la
recouvrer et d'obtenir des avis juridiques de la part des personnes
compétentes? Elle a pour sa part consulté, concernant sa
soumission, Me Gilles Filion de l'étude Monette, Filion, Clerke,
Michaud, Barakett et Lévesque, conseillers juridiques
de l'Association des hôpitaux de la province de Québec, et
elle a obtenu nous en avons une copie ici de cette étude
l'opinion que la soumission avait été, non seulement tout
à fait régulière et conforme aux exigences du contrat,
mais aussi la plus précise et la plus détaillée des
soumissions examinées.
Je voudrais savoir également si le ministère a
demandé à un bureau d'avocats d'Alma de lui donner une
interprétation relativement aux pouvoirs inclus dans la charte de la
compagnie rejetée.
M. BOIVTN: Il y a eu différentes opinions juridiques qui ont
été émises de part et d'autre, mais je pense bien qu'il
était sage qu'on suive les consultations des officiers juridiques du
ministère.
M. HARVEY: Pour autant que je suis concerné, est-ce que le
ministre pourrait s'engager d'ailleurs, il nous a dit qu'il le ferait
à déposer l'avis juridique du ministère de la
Justice avant que ses crédits reviennent en Chambre pour être
adoptés en bloc, alors que nous réservons toujours l'article 1
pour une discussion? A ce moment-là.
M. CLOUTIER: Je peux le lui donner demain en Chambre.
M. HARVEY: S'il peut me remettre cela demain, alors les autres remarques
additionnelles que nous aurons relativement à l'attitude du
ministère de la Santé concernant l'agrandissement de
l'hôpital d'Alma, je les ferai au moment où on demandera à
la Chambre d'accepter en bloc la résolution des subsides du
ministère de la Santé.
M. BINETTE: Juste une incidence, dans cette question. Le ministre a dit
tantôt qu'il y avait eu deux cas où des soumissions publiques
n'ont pas été demandées, Blanc-Sablon et...
M. CLOUTIER: Saint-François-d'Assise.
M. BINETTE: Sans doute le ministre avait-il des raisons
particulières de ne pas demander de soumissions publiques. Quelles
étaient les raisons? Est-ce qu'elles ont été
expliquées? Est-ce que le ministre a donné les raisons?
M. CLOUTIER: Non, on ne me les a pas demandées mais je peux les
donner. Dans le cas de Blanc-Sablon, évidemment, c'est
l'éloignement et la difficulté de trouver... Je dois dire que
c'est à la recommandation même du député du
comté de Duplessis que nous avons procédé de cette
façon.
Dans le cas de Saint-François-d'Assise, c'est la
difficulté, c'est le sol, c'est la rivière Lairet. Alors, tous
les professionnels, architectes, ingénieurs, tous les
spécialistes et la corporation ont demandé de procéder de
cette façon, n'étant pas assez certains des conditions du sol et
des conditions d'exécution. Alors, il y avait là des
difficultés pour des entrepreneurs.
M. BINETTE: Blanc-Sablon, je l'admets, je l'admets, à cause de
l'éloigné ment, cela se produit dans plusieurs ministères.
Mais, pourSaint-François, je considère qu'on aurait pu facile
ment faire des sondages de terrain...
M. CLOUTIER: Toutes les opinions de tous les professionnels au dossier,
toutes les expertises nous disent qu'il était préférable
de procéder de cette façon. Alors, nous avons suivi le... J'ai
ici un dossier très complet sur toutes les expertises et toutes les
opinions d'experts au sujet de l'hôpital
Saint-François-d'Assise.
M. BINETTE: II n'y a pas eu un cas où on a suggéré
de faire les études du sol...
M. CLOUTIER: C'est justement parce qu'il y a déjà eu
là une construction d'hôpital, on connaissait la nature du sol,
c'est justement ce qui a fait dire, ce qui a fait proposer par les
professionnels de procéder de cette façon, c'est parce qu'on
connaissait les difficultés d'exécution d'un projet à cet
endroit.
M. BINETTE: Je ne saisis pas pourquoi. Si on a fait l'étude du
sol, on connaissait la sorte de sol qu'il y avait là. Ce n'était
pas mentionné dans les avis. Cela aurait dû être
mentionné tout simplement que pour tel sol, cela prendrait tel pieu ce
n'est pas une raison suffisante pour ne pas demander d'offres.
M. CLOUTIER: J'ai des expertises de tous les professionnels. Si le
député veut les voir, je suis prêt à lui
montrer.
M. BINETTE: Je me pose la question.
M. CLOUTIER: Je veux bien les montrer au député.
M. BINETTE: Je sais bien qu'il a suivi l'avis des professionnels qui
étaient unanimes sur cette question. Mais, moi actuellement, cela ne me
rentre pas dans l'esprit que, si on a fait les études du sol, que ce
soit la seule raison
pour laquelle on n'y a pas demandé de soumissions publiques
à ce moment-là.
M. CLOUTIER: II y a d'autres raisons qui se greffent à cela, mais
ce sont des documents techniques et je pense bien que je n'aurais aucune
objection à ce que le député de D'Arcy-McGee prenne
connaissance du dossier, des documents.
M. LE PRESIDENT: Même s'il dépasse six heures, du
consentement unanime de la commission, nous permettrons au député
de D'Arcy-McGee de faire de brefs commentaires, pour terminer l'étude de
ces crédits.
M. GOLDBLOOM: En guise de résumé, M. le Président.
Je vous remercie. D'abord je tiens à remercier MM. les fonctionnaires de
leur précieuse collaboration, généralement (mais pas
toujours) silencieuse. Nous apprécions beaucoup le travail qu'ils font
et leur contribution au déroulement intelligent et satisfaisant de nos
débats ici.
Je ne peux terminer sans exprimer certaines inquiétudes
personnelles quant à l'avenir de nos services de santé et surtout
quant à la future qualité des soins.
Je sais, pour en prendre un exemple, que le transfert des cours de soins
infirmiers des hôpitaux aux CEGEP a été très
généralement accepté et sera chose faite dès l'an
prochain. Je conserve quand même de sérieuses inquiétudes
devant la réduction d'une année de la durée du cours de
formation. Je suis d'autant plus inquiet que l'étudiante
infirmière n'habitera plus le milieu hospitalier à temps complet
pendant trois années, mais fréquentera le CEGEP avec seulement
certains stages au chevet du malade.
Je ne peux pas me départir de l'idée que
l'expérience vécue est plus importante dans le domaine de la
santé que dans tout autre, et que les éléments de base de
la formation d'une infirmière doivent être comblés par des
connaissances pratiques qui ne s'acquièrent qu'avec le temps et avec la
répétition des observations, des constatations et des actes
posés.
Le médecin qui a fait, une fois sous surveillance, une
appendicectomie sait la faire, mais on ne lui permettrait pas d'opérer
seul après une expérience aussi limitée.
La compétence de l'infirmière et la qualité des
soins qu'elle prodigue dépendent moins de ses connaissances
théoriques que de son jugement professionnel.
Je suis convaincu que ce jugement, auquel le malade, le médecin
et tout le personnel de l'hôpital se fient, est plus sûr
après trois années d'expérience qu'après seulement
deux. Je suis encore plus convaincu que l'infirmière qui passe trois
années complètes en milieu hospitalier s'imbibe, par osmose
quotidienne, de jugement et de connaissances qui ne sont point disponibles en
classe; elle est par le fait même mieux préparée que celle
qui a fréquenté le CEGEP avec affiliation à
l'hôpital à prendre entre ses mains la responsabilité de la
vie du malade.
J'invite donc tous les intéressés, malgré les
études sérieuses et loyales qui les ont amenés à
décider cette transformation, à réfléchir de
nouveau sur ses conséquences pour la santé publique.
Ma deuxième inquiétude concerne le manque de
collaboration, de consultation et de planification entre les diverses
professions de la santé, parmi lesquelles je compte le ministère
de la Santé. J'en ai assez dit au cours de ce débat pour revenir
là-dessus, mais je crois que, si nous n'appliquons pas toute notre
sagesse à la solution des multiples et complexes problèmes qui se
posent, nous risquerons de nous réveiller un jour devant une pagaille de
techniciens de la santé incomplètement formés,
d'infirmières praticiennes affectées à une pratique
médicale sans pour autant être médecins et de
spécialistes énormément savants et compétents, mais
incapables d'assumer la responsabilité globale de la santé
personnelle.
Ma dernière inquiétude concerne l'organisation de la
distribution des soins. La médecine communautaire est, sous une forme ou
une autre, une nécessité absolue de demain. Cette médecine
communautaire et sociale est encore insuffisamment pensée, surtout quant
à ses variations essentielles selon le milieu où elle peut
s'exercer.
J'ai la ferme conviction que les structures de cette médecine
doivent être bâties de façon à constituer un
réseau de satellites autour de l'hôpital d'enseignement, qui lui,
pour sa part, gravite autour de l'université. De cette façon, la
médecine communautaire sera à l'épreuve de certaines
exploitations et servira d'instrument à l'éducation permanente de
tous les intéressés, y compris les citoyens
bénéficiaires qui doivent être appelés à y
participer assez directement.
Le ministère de la Santé, sans brimer l'autonomie ou
restreindre l'initiative des professions de la santé, doit jouer, plus
qu'il ne l'a jamais fait, un rôle de coordonnateur, de planificateur et
si nécessaire de maître-penseur afin de réussir la plus
heureuse évolution possible de ce domaine qui est au plus haut
degré celui du bien commun.
En terminant, M. le Président, je note que,
dans le cahier du budget, le ministère qui précède
celui de la Santé est celui des Richesses naturelles. Je crois que notre
plus importante richesse naturelle est en effet la santé.
M. CLOUTIER: M. le Président, un mot seulement, parce que nous
devons nous rendre au conseil des ministres à l'instant.
Je voudrais remercier l'Opposition de sa collaboration. Je voudrais la
remercier également pour l'intérêt qu'elle a pris à
nos discussions et la participation sérieuse qu'elle a apportée
aux discussions dans le domaine de la Santé.
Je félicite le député de D'Arcy-McGee d'avoir su
contrôler son tempéramment habituellement violent! D'ailleurs, son
interlocuteur s'est appliqué à livrer la même dose de
violence dans ses remarques et dans ses réponses.
Je voudrais mentionner particulièrement la participation de nos
fonctionnaires qui sont venus en grand nombre. Je crois que c'est une bonne
chose que nos officiers du ministère de la Santé assistent aux
délibérations. Disons qu'ils peuvent acquérir ainsi plus
facilement une vue d'ensemble du ministère de la Santé et
comprendre l'importance de leur secteur particulier dans tout cet organisme
important qu'est le domaine de la santé.
Je veux remercier mon ministre d'Etat de sa collaboration et les membres
des deux côtés de la Chambre, les députés du parti
ministériel qui, même s'ils ont été avares de
questions sur les constructions d'hôpitaux, retrouveront bien le ministre
en d'autres circonstances.
M. le Président, je vous remercie de la façon dont vous
avez dirigé nos débats. Une seule autre remarque. Le
député de D'Arcy-McGee a fait un tour d'horizon et il a
mentionné trois aspects particuliers. Il a mentionné son
inquiétude au sujet du problème de formation du personnel
infirmier, dans les CEGEP.
Je dois lui dire que je partage personnellement cette inquiétude
et que nous avons demandé cette année qu'il n'y ait pas de
nouveaux transferts aux CEGEP et que la formation pour cette année
demeure ce qu'elle est afin que nous puissions nous faire, dans l'intervalle,
une opinion. Une opinion plus juste des mérites d'un système par
rapport à l'autre. Nous comprenons que c'est un projet d'envergure et
nous voulons y mettre toute la prudence nécessaire.
En ce qui concerne la consultation, nous avons posé des gestes
durant le dernier exercice qui indiquent bien notre désir de
consultation avec tous ceux qui travaillent dans le domaine de la santé,
particulièrement avec les corporations professionnelles, en particulier
avec les collèges, le Collège des médecins, le
Collège des pharmaciens, les autres corporations professionnelles et
avec l'Association des hôpitaux qui tiennent avec le ministère de
la Santé des réunions conjointes mensuelles. Cette forme de
consultation existe aussi du côté du ministère de la
Famille et du Bien-Etre social. De toute façon, nous voulons accentuer
cette consultation et cette coordination de tous les éléments de
la santé. Il serait logique que nous les regroupions le plus tôt
possible sous l'égide d'un Conseil supérieur de la santé,
ce que je me suis engagé à faire après le
dépôt du rapport Castonguay.
Quant à la troisième partie: Médecine communautaire
et sociale. Je ne sais pas si le ministre d'Etat voudrait ajouter quelque chose
à cet article particulier. Je dis que le député de
d'Arcy-McGee a raison de vouloir sensibiliser sa profession, de sensibiliser la
profession médicale. Tout le monde de la santé a cet aspect
important: Médecine communautaire et sociale, vers laquelle nous devons
nous diriger. Je dois mentionner particulièrement les soucis de
l'université et de l'Université de Sherbrooke sur cet aspect
social de la formation du médecin. Je crois que de plus en plus nos
facultés de médecine doivent attirer l'attention de leurs
étudiants sur cette qualité et sur cette distinction, sur cette
marque distinctive de la profession médicale. Je fais appel
particulièrement aux médecins qui sont déjà dans la
profession depuis quelques années, pour quelques-uns depuis de
nombreuses années, de s'ouvrir aussi à ces nouveaux concepts et
à cette évolution de leur profession.
M. le Président, c'est tout ce que j'avais à dire.
M. LE PRESIDENT: Donc, en adoptant les postes budgétaires 8, 13
et 19, nous terminons l'étude de ces crédits. Je tiens à
remercier les membres de cette commission de l'objectivité, de la
célérité dont ils ont fait preuve durant l'étude de
ces crédits.
(Fin de la séance: 18 h 19)