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Bill 96-Loi du notariat (2)
Bill 96
Loi du notariat
(Seize heures quarante-cinq minutes)
M. THEORET (président du comité): Alors, messieurs, nous
entreprenons la quatrième session de notre comité. Je salue avec
plaisir la présence de notre ami, confrère et collègue, Me
Lavoie notaire. Pour cette quatrième séance
après avoir rencontré les corps publics intéressés
et surtout la chambre des notaires il reste l'étude de l'article
9, paragraphe g). Le paragraphe g) a fait l'objet de nombreux commentaires,
comme vous le savez, tant de la part de la chambre des notaires que de la part
des représentants des compagnies de fiducie ainsi que des
comptables.
Si votre mémoire vous sert bien, les comptables, la chambre des
notaires au cours d'une deuxième séance avec ces corporations
avaient convenu d'un texte que nous avons ici et que je vous lirai. C'est
à la fin du paragraphe g) qui se lit ainsi: « Le paragraphe g) ne
s'applique pas aux corporations autorisées par la loi à remplir
les fonctions d'exécuteurs testamentaires ou de fiduciaires. »
Alors là, nous avons ajouté dans ce papillon: « ...
ni aux comptables reconnus par la Loi des comptables agréés,
Statuts refondus 1964, chapitre 266 ou par la Loi 10, Georges VI, chapitre 89
pourvu que la déclaration soit déposée au rang des minutes
d'un notaire. »
M. LEDUC (Laviolette): S'agit-il du papillon qui a été
rédigé après entente avec les comptables
agréés et la chambre des notaires?
M. LE PRESIDENT: C'est ça, M. Leduc. M. LECHASSEUR: II y a deux
dispositions. M. LE PRESIDENT: Oui. M. BINETTE: Alors, 9 et 10, en fait.
M. LE PRESIDENT: Si nous amendons l'article 9 dans ce sens-là, il
faudrait, à l'article 10, paragraphe c), enlever les mots: « Sous
réserve du paragraphe g) de l'article 9 de la présente loi.
»
M. BINETTE: Maintenant, M. le Président, si nous acceptons
l'article 9 comme tel, cela veut dire que les comptables sont pratiquement
reconnus au même titre que les exécuteurs testamentaires ou
fiduciaires.
UNE VOIX: Oui. Pour le règlement.
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, c'est un droit qu'ils avaient
déjà par le paragraphe g)...
M. BINETTE: A cause du droit acquis. Pardon?
M. LE PRESIDENT: Au paragraphe g)...
M. LEDUC (Laviolette): Ils sont obligés de déposer...
M. BINETTE: Oui, la différence, c'est qu'ils sont obligés
de déposer, ce qu'ils ne faisaient pas. C'est une amélioration
sensible.
M. LEDUC (Laviolette): La déclaration au rang des minutes d'un
notaire.
M. BINETTE: Je considère que ce dépôt conservera
mieux la déclaration fiscale qui est un acte de base dans le
règlement d'une succession, en dépit de l'opinion de M. Ri-vard
qui dit que ce n'est pas un acte de règlement de succession
d'après ce que nous a déclaré l'autre jour Me
Bergeron...
UNE VOIX: Grenier.
M. BINETTE: Me Grenier?
UNE VOIX: Est-ce que c'était Me Grenier qui disait cela?
M. BINETTE: Je pense que oui. Non! Il s'agissait de Me Gagnon qui
s'était appuyé sur l'argument de Me Rivard pour dire que l'acte
de déclaration fiscale n'était pas un acte de règlement de
succession. Quant à moi je considère c'est une humble
opinion que j'émets que c'est la base du règlement d'une
succession car c'est de là que nous tirerons les éléments
des partages, que nous allons faire tous les actes qui vont suivre.
M. LEDUC (Laviolette): C'est la base, c'est sur cela qu'il se base.
M. BINETTE: Cela remplace, aujourd'hui, pratiquement dans tous les cas,
l'inventaire notarié. Il est important que cet acte soit conservé
pour l'intérêt public et non pas pour les notaires parce que les
actes de dépôt, en fait, ne sont que des honoraires très
minimes comparativement au règlement de la succession.
Alors, personnellement, je serais prêt à l'accepter
à cause...
M. LEDUC (Laviolette): C'est une protection pour le public.
M. BINETTE: ... des droits acquis des comptables. Pardon?
M. LEDUC (Laviolette): C'est une protection pour le public.
M. BINETTE: C'est une protection pour le public, c'est ce que je disais,
ce n'est pas pour donner plus d'avantages aux notaires parce qu'un acte de
dépôt ne donne presque rien en fait, comme honoraires, aux
notaires. Ils sont obligés de garder ces documents dans leurs dossiers
et souvent ces documents sont assez considérables. Ils prennent beaucoup
de place; l'on sait ce que coûtent les chambres-fortes au pied
carré!
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires de la part des
membres du comité?
M. LECHASSEUR: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Moi, j'abonde dans le même sens que le notaire
Binette. D'abord si nous laissons le paragraphe g) tel quel, ça veut
dire que nous enlevons des droits acquis à la corporation des comptables
et que nous risquons d'indisposer un très grand nombre de gens.
Par ailleurs, puisqu'il y a eu entente entre la corporation des
comptables et la chambre des notaires...
UNE VOIX: Les compagnies de finance sont aussi mieux
protégées.
M. LE PRESIDENT: Le notaire Binette l'a dit, c'est que, dans la
pratique, nous nous rendons compte, et je l'avais mentionné à
l'occasion des études précédentes, que si des comptables
font des déclarations fiscales, celles-ci sont reproduites telles
quelles dans les certificats qui doivent être enregistrés quant
aux immeubles et souvent ça cause des difficultés.
M. LEDUC (Laviolette): Si nous avions une référence, nous
saurions où aller.
M. BINETTE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Alors si le comité est d'accord, nous allons
adopter le deuxième paragraphe de l'alinéa g), tel
qu'écrit dans le papillon qui nous a été soumis.
M. BINETTE: Tel que vous l'avez lu tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: Tel que lu tantôt. Et au paragraphe c), nous
allons rayer les mots « sous réserve du paragraphe g) de l'article
9 de la présente loi. »
M. LEDUC (Laviolette): Quelle ligne est-ce, M. le Président?
Laissez faire. Je l'ai trouvé. Parfait.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres commentaires à ce
sujet-là? Me Lavoie, vous arrivez un peu à la dernière
minute. J'imagine que nos explications paraissent tellement claires que...
M. LAVOIE (Laval): J'ai saisi la question en discussion mais je
préfère rester à vous écouter, Me Binette et vous,
M. le Président. Si c'est accepté, je crois c'est le voeu de la
chambre des notaires et que ça fait le consensus général
à mon point de vue.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. LEDUC (Laviolette): D'ailleurs, ils ont préparé le
papier conjointement.
M. BINETTE: M. le Président, voulez-vous expliquer exactement,
les conséquences du fait de retrancher ces mots-là de l'article
10, paragraphe c)?
M. LE PRESIDENT: Je crois que les conséquences du paragraphe g),
c'était d'enlever complètement, purement, simplement...
M. BINETTE: Le droit aux comptables de faire...
M. LE PRESIDENT: ... de dresser, préparer, produire la
déclaration, c'était tout le paragraphe, les deux alinéas,
n'est-ce pas? C'était une réserve de...
M. BINETTE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: « Sous réserve de ». Alors on leur
donnait tous les autres...
M. BINETTE: Vu qu'on a fait une exception, et qu'on a accepté les
comptables pratiquement au même titre que les fiduciaires, ces deux
lignes deviennent inutiles. C'est ça, hein? Cette réserve ici
devient inutile en acceptant l'amendement que vous avez lu tantôt
à l'article 9 g).
M. LEDUC (Laviolette): C'est ça!
M. BINETTE: Alors, je suis d'accord moi, en ce qui me concerne. Est-ce
que vous êtes d'accord, vous, pour retrancher de 10 c) les mots: «
Sous réserve du paragraphe g) de l'article 9 de la présente loi
»?
M. LEDUC (Laviolette): Autrement il y aurait contradiction.
M. BINETTE: Autrement il y aurait contradiction. C'est une concordance
avec l'amendement que nous avons fait à l'article 9, paragraphe g).
UNE VOIX: II y a concordance là?
M. BINETTE: Cela revient à une concordance aujourd'hui, vu que
nous acceptons les comptables. Naturellement la chambre des notaires l'a
accepté et personnellement je n'y vois pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, revenons à l'ordre! C'est trop
sérieux, l'avenir de toute une profession dépend de nos
délibérations de cet après-midi. Maintenant...
M. LAVOIE (Laval): II ne faudrait pas chambarder les siècles,
c'est de l'histoire!
M. LE PRESIDENT: Non, il me semble qu'il faut établir une base
solide pour notre vénérée profession.
A l'article 100, certains membres de l'ordre des notaires avaient soumis
au comité un papillon que je lirai: « Régir l'exercice de
la profession chez les membres de l'ordre qui travaillent à salaire pour
d'autres qu'un notaire en exercice. Cependant, la chambre ne peut
légiférer dans ce domaine qu'avec l'assentiment des deux tiers de
ses membres réunis en session ». Si ma mémoire est
fidèle, cet amendement a été soumis par Me Robert Grenier
de Québec. Maintenant le notaire Comtois, le président de la
chambre, s'est rallié à cette demande du notaire Grenier
après discussion. J'aimerais avoir l'avis des membres du comité
à ce sujet.
M. LECHASSEUR: On a soumis une autre règle: les quatre
cinquièmes.
M. LE PRESIDENT: On a parlé des quatre cinquièmes. C'est
le notaire Binette, membre du comité, qui avait mentionné cette
règle des quatre cinquièmes.
M. BINETTE: Oui, lorsque cet amendement est venu si vous vous
rappelez j'avais mentionné qu'il s'agissait, dans le fond, d'une
épée de Damoclès que l'on suspendait au-dessus de la
tête des membres, des notaires en exercice qui pouvaient être
employés ailleurs. Après réflexion, personnellement je
suis prêt à me rallier à l'amendement et à accepter
même les deux tiers des membres réunis en session au lieu des
quatre cinquièmes, si ça vous agrée, parce que je
considère que les deux tiers des membres réunis en session
représentent déjà un nombre considérable de
notaires qui devront se mettre d'accord sur un règlement dans ce sens.
Les quatre cinquièmes pourraient peut-être être difficiles
à obtenir dans un pareil cas. Alors, je me ravise et personnellement je
suis prêt à accepter l'amendement tel que rédigé
originalement, sans mettre les quatre cinquièmes.
M. LEDUC (Laviolette): C'est assez démocratique.
M. BINETTE: Oui, les deux tiers, c'est déjà pas mal
démocratique.
UNE VOIX: Est-ce vraiment injuste pour les notaires pratiquants?
M. BINETTE : On prétend que pour amender la constitution de la
province, les deux tiers des membres de la Chambre seraient suffisants; il me
semble ici qu'avec les deux tiers des membres de la Chambre des notaires c'est
suffisant.
M. LAVOIE (Laval): De toute la Chambre?
M. BINETTE: Les deux tiers des membres de la Chambre qui sont 42 ou 44,
je pense...
M. LE PRESIDENT: La Chambre et non pas l'Ordre des notaires.
M. BINETTE: Cela représente de 28 à 30 personnes qui vont
se prononcer sur ces règlements-là.
M. LAVOIE (Laval): En somme, c'est pour établir des normes...
En somme, est-ce que je pourrais vous demander, M. le Président,
« légiférer » veut dire quoi, exactement? Disons au
sujet d'un notaire qui irait travailler, j'imagine pour un « trust
» ou pour le gouvernement provincial ou même pour une entreprise
privée...
M. LEDUC (Laviolette): Un professeur d'université, par
exemple.
M. LE PRESIDENT: Quand on dit: « Cependant, la chambre ne peut
légiférer... Voici comment le principe a été
établi.
C'est un règlement qui sera passé par la chambre et non
pas par l'ordre. La chambre se réunit, comme vous le savez, M. Lavoie,
une fois par année. Alors, on demande une majorité des deux
tiers.
Maintenant, ce règlement devra expliciter les mots que nous avons
ici: « régir l'exercice de la profession des membres qui
travaillent à salaire ». Nous avons discuté longuement des
membres de la profession qui, par exemple, sont députés et qui
travaillent à salaire.
D'autre part, des notaires sont professeurs d'université comme le
notaire Comtois lui-même. Lui aussi est à salaire. Alors, c'est
par règlement que la chambre des notaires établira si oui ou non
ces notaires sont des employés à temps plein de leur
employeur.
Cela s'adresse surtout à ceux qui travaillent pour des compagnies
de fiducie, pour des compagnies d'assurances, pour des corporations publiques
comme la compagnie de téléphone Bell du Canada et
enfin ceux qui travaillent pour l'Etat du Québec.
M. BINETTE: Mais à ce moment-là, si vous vous rappelez, M.
le Président, on avait soumis que cela pourrait être
réglé par l'entremise des conventions collectives entre le
gouvernement et les notaires employés.
Dans ce cas, on disait que les conventions collectives pourraient
restreindre davantage le droit d'un employé notaire à travailler
pour son compte personnel, Me Beaudoin nous a fait part, tantôt je crois,
que la dernière convention collective était beaucoup plus
restrictive que la précédente, qu'elle pourrait peut-être
être plus restrictive dans ce domaine. Je ne veux pas, évidemment,
dévoiler des secrets, si secret il y a.
De toute façon, j'avais suggéré que cela se fasse
par les conventions collectives et qu'on fasse même des pressions
auprès des employeurs pour que le notaire employé de tel ou tel
patron n'ait pas le droit de pratiquer. Ceci enlevait l'odieux à la
chambre des notaires de faire elle-même cette discrimination à
l'endroit du notaire qui n'aurait pas le droit de pratiquer parce qu'il
travaille pour tel patron.
Au fond, c'est le patron qui devait décider si oui ou non le
notaire pouvait employer une partie de son temps à ses fins personnelles
dans la pratique de sa profession. Mais l'amendement, tel qu'il est
rédigé demande que les deux tiers des membres soient
réunis en ses- sion pour qu'un tel règlement puisse être
accepté. Je comprends que ce sera un règlement difficile à
écrire mais, d'un autre côté, je considère que les
deux tiers c'est beaucoup de personnes qui vont décider d'agir dans un
cas semblable. Je crois bien que la démocratie est quand même
sauve, comme le disait le député de Laviolette, mon bon ami M.
Leduc.
Personnellement, je suis prêt à accepter « les deux
tiers » si vous êtes d'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, je crois que l'amendement sera accepté
tel que rédigé. C'est-à-dire que ce n'est pas un
amendement mais un article nouveau...
M. BINETTE: Le vingt-deuxième paragraphe...
M. LE PRESIDENT: Le vingt-deuxième paragraphe de l'article 100.
Maintenant, si nous ajoutons ce paragraphe 22, nous devrons, à l'article
101, paragraphe 2, ajouter aussi après le mot «
vingtièmement », le mot « vingt-deuxièmement
».
M. BINETTE: Après vingt et un, M. le Président. Enlever
« et » avant vingt et un, mettre « et vingt-deux ».
C'est ça?
M. LE PRESIDENT: Non, c'est au paragraphe 2 à la page
suivante.
Me Binette, c'est que ce règlement devra être
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BINETTE: Ah, oui!
M. LE PRESIDENT: A la page 3 let à la page suivante, article loi,
paragraphe 2: on réfère à l'article 100, 19 et 20, alors
ce sera « 19, 20 et 22 ».
M. LE CHASSEUR: Je veux signaler à notre collègue
Jean-Noël Lavoie que son patron maintenant s'appelle « le chef
».
UNE VOIX: Le chef?
M. LECHASSEUR: Le chef, d'après la loi.
UNE VOIX: Le président de la chambre des notaires s'appelle le
chef?
M. LECHASSEUR: Le chef. ... Sérieux!
M. LEDUC (Laviolette): Elle nous rappelle de graves souvenirs.
M. LAVOIE (Laval): Monsieur le chef.
UNE VOIX: Oui, mais il y a « cheuf » et « chef
».
M. LE PRESIDENT: Messieurs, étant donné que ces
délibérations sont enregistrées je crois que les
amendements sont acceptés. Je ne sais pas à quel article on
réfère au mot « chef » exactement mais nous en avons
discuté longuement et le notaire Comtois...
UNE VOIX: Je crois que c'est au début; ce n'est pas dans la
définition.
M. LE PRESIDENT: ... aimait bien se faire appeler chef à
l'occasion des délibérations !
M. LEDUC (Laviolette): D'ailleurs, je pense que dans le journal des
Débats qui fait part des délibérations du comité,
Me Comtois à la fin, dans ses remerciements, mentionne, à la
quatrième ligne: « J'en suis le chef, comme vous l'avez assez dit
avec beaucoup d'humour. »
M. LAVOIE (Laval): Il doit avoir énormément
d'autorité dans la profession.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, nous avons accepté ce nouvel
addendum. Ceci complète l'étude du bill 96 de la Loi du notariat.
Je vous remercie de votre coopération. Nous allons faire rapport
à la Chambre; nous espérons qu'il sera adopté en
deuxième et troisième lectures sans autres discussions. Alors,
encore une fois, merci. Le comité ajourne ses travaux de façon
définitive.
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