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Etude des problèmes de
rentabilité
de l'industrie des pâtes et papiers
du Québec
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Avant de commencer, je voudrais quand même demander aux membres de
la commission de faire des efforts, cet après-midi, pour être ici
à 15 heures précises. Les intervenants se plaignent souvent que
l'ordre du jour qui a été fait n'est pas respecté, et je
dois vous dire que ni les membres de la commission ni les partis de
l'Opposition ne collaborent pour faire en sorte que la situation
s'améliore. Cette remarque s'adresse à tous les partis
politiques.
D'autre part, les membres de la commission, pour la séance
d'aujourd'hui, sont: M. Gosselin (Sherbrooke) en remplacement de M. Baril
(Arthabaska); M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau (Abitibi-Est); M.
Russell (Brome-Missisquoi) en remplacement de M. Brochu (Richmond); M. Desbiens
(Dubuc), M. Pagé (Portneuf) en remplacement de M. Garneau (Jean-Talon);
M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Grenier (Mégantic-Compton) en
remplacement de M. Goulet (Bellechasse); M. Gendron (Abitibi-Ouest) en
remplacement de M. Grégoire (Frontenac); M. Brassard (Lac-Saint-Jean) en
remplacement de M. Joron (Mille-Iles); M. Vaillancourt (Orford) en remplacement
de M. Larivière (Pontiac); M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis
(Matapédia), M. Mercier (Berthier), M. O'Gallagher (Robert-Baldwin), et
M. Perron (Duplessis).
Avant de permettre aux membres de la commission de commencer à
interroger le représentant de la Corporation de développement
commercial et industriel de Val-d'Or, j'aimerais aviser les membres de la
commission que les trois organismes convoqués pour aujourd'hui sont,
dans l'ordre: l'Association canadienne des producteurs de pâtes et
papiers, la Compagnie internationale de papier du Canada et Masonite Canada
Limitée. Or, j'invite maintenant le député d'Abitibi-Est
à prendre la parole.
Corporation de développement commercial
et industriel de la région
de Val-d'Or (suite)
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier la Corporation de développement industriel et commercial de la
région de Val-d'Or d'avoir bien voulu nous présenter son
mémoire. Je pense que c'est un document très intéressant,
qui décrit bien la situation de l'industrie des pâtes et papiers
et de l'industrie forestière de la région
d'Abitibi-Témiscamingue. C'est aussi un document qui suggère
certaines solutions. Je pense qu'il servira sûrement à
éclairer notre commission parlementaire.
Je voudrais particulièrement remercier la corporation d'avoir
bien voulu se présenter de nouveau ce matin. On sait qu'hier soir on a
été aux prises avec le manque de temps, et, ici, je voudrais
simplement faire une remarque et déplorer le fait, surtout dans le cas
de déposants qui doivent parcourir certaines distances pour se
présenter devant notre commission, qu'ils soient placés dans
l'horaire aussi tardivement le soir de sorte qu'ils doivent revenir le
lendemain matin. Je pense qu'ils sont déjà
pénalisés au départ en ayant de longues distances à
parcourir pour venir ici; je pense qu'il y aurait une amélioration
à faire en les entendant plus tôt dans la journée de sorte
qu'ils soient assurés de passer devant la commission cette même
journée.
Je ne voudrais pas prolonger davantage mes commentaires; je vais passer
immédiatement aux questions. Dans l'introduction de votre
mémoire, vous parlez d'un certain nombre d'emplois, 5000 à 6000
travailleurs, qui seraient reliés à l'industrie forestière
de la région. J'aimerais savoir d'une façon plus précise
si ces travailleurs sont seulement des travailleurs en forêt, s'ils
travaillent pour des scieries, ou si cela comprend également tous les
emplois indirects et également les emplois dans les pâtes et
papiers.
M. Mailhot (Roger-J.): Pour commencer, j'aimerais remercier la
commission de nous entendre encore ce matin puisque c'est un échange; on
le conçoit comme étant un dialogue, et je vais faire tout de
suite mon entrée en matière pour répondre à la
question de M. Bordeleau. Les quelque 5000 à 6000 travailleurs dont on
fait mention dans notre rapport sont des travailleurs qui travaillent en
forêt ou dans les scieries. Cela exclut tous les travailleurs
indirectement reliés à cela et aussi les travailleurs dans les
pâtes et papiers.
On peut dire que cela peut affecter peut-être 20 000 à 25
000 travailleurs, si on prend les facteurs multiplicateurs des emplois
directement reliés à l'exploitation.
M. Bordeleau: D'accord. Cela veut dire que cela pourrait
atteindre un nombre passablement plus élevé, si on prend tous les
travailleurs reliés au domaine forestier.
M. Mailhot: Oui, puisque si on considère que, pendant
cette grève, il y a plusieurs autres secteurs de notre économie
qui ont été affectés; chez nous, dans le Nord-Ouest,
l'impact se fait sentir assez facilement si l'on considère notre
très petite population. Donc, il faut relier à cela un
très petit nombre de travailleurs; lorsqu'il y a 200 travailleurs qui
sont mis à pied pour une raison ou une autre, l'impact devient assez
sérieux, surtout dans certaines petites municipalités.
M. Bordeleau: Merci. Vous mentionnez également que le
taux-horaire dans l'industrie des pâ-
tes et papiers est d'environ 20% plus élevé au
Québec qu'aux Etats-Unis. D'abord, le chiffre de 20% peut être mal
interprété, mais, admettant le cas où c'est 20%,
auriez-vous une solution, par exemple, pour arriver à un meilleur
équilibre des coûts ou des montants à payer?
M. Mailhot: Lorsqu'on prend le chiffre de 20% et je pense
que les rapports qui ont été présentés
jusqu'à maintenant devant la commission semblent nous donner raison
on joue entre 16% et 23%, on se retrouve assez bien dans le milieu avec
tout cela, donc, cela nous donne un facteur de 20%. A partir de cela, ce sont
des données qui ont été ramassées à la suite
de différentes conversations avec les gens, et avec les constatations
usuelles un peu partout.
Une des solutions que l'on considère là, on parle
encore seulement du taux horaire ce seraient peut-être de
meilleures négociations; on sait que c'est tellement difficile au niveau
des syndicats et des grandes compagnies. C'est un problème, lorsqu'on
parle strictement de taux-horaire. Il y a aussi la productivité. De
quelle façon peut-on faire profiter de ce taux-horaire? On a toujours
dit que même si on paie nos gens un peu plus cher, si la valeur de la
productivité était reliée à cela, cela ne nous
ferait rien de payer. Est-ce que ces solutions seront apportées par la
Corporation de développement industriel et commercial de la
région de Val-d'Or? J'en doute. Je pense qu'il devrait y avoir des
efforts concertés de la part des différents ministères
impliqués.
M. Bordeleau: Maintenant, ce que vous proposez,
évidemment, vers la fin de votre rapport, c'est l'implantation
éventuelle d'une nouvelle usine. A la page 25, vous dites, par exemple,
que vous aimeriez connaître les vues du ministère dans
l'éventualité d'une nouvelle construction à savoir qui
devrait assumer "l'entrepreneurship". Si je vous retournais la question et si
je vous demandais, selon vous, quelle pourrait être la participation des
entrepreneurs locaux au financement d'une nouvelle usine de transformation dans
la région de Val-d'Or, auriez-vous des chiffres?
M. Mailhot: On pourrait peut-être regarder le projet
Donohue de Saint-Félicien. Si on regarde un projet de $300 millions, si
on regarde la capacité de nos industriels locaux, etc., je pense que
notre participation serait très modeste en termes d'apport financier
direct. On peut peut-être parler de $5 millions, $6 millions, $7 millions
ou $8 millions, disons que cela serait un maximum et un très gros
maximum. Il y a peut-être aussi diverses autres formes de participation
qui pourraient être envisagées telles qu'une certaine ristourne
par tonne de copeaux, ou ces choses qui augmenteraient sûrement cette
somme d'argent.
M. Bordeleau: Etant donné que la matière
première est en abondance, on pourrait peut-être penser à
une espèce de souscription nature, si vous voulez, par la matière
qui est déjà accumulée là-bas.
M. Mailhot: C'est un peu une des solutions que l'on
préconise. Encore là, on parle "d'entre-preneurship"; il y a
aussi leadership, dans ce cas. Chez nous, il y a un certain groupe
d'industriels, possiblement en collaboration avec nous, qui seraient
très intéressés à mettre de l'avant un certain
projet. On a des données un peu éparpillées partout, qu'on
a ramassées et qui nous font croire qu'il y a une abondance de
matière ligneuse dont on pourrait se servir. A partir de cela, de quelle
façon peut-on consolider tous ces renseignements et se mettre à
approcher peut-être les grands de l'industrie et solliciter la
participation des diverses sociétés paragouvernementales qui
seraient aussi possiblement intéressés?
M. Bordeleau: A ce moment-là, si vous dites que la
participation des entrepreneurs serait quand même limitée,
demanderiez-vous au gouvernement de devenir l'entrepreneur ou le maître
d'oeuvre d'une telle entreprise?
M. Mailhot: II serait souhaitable, au point de départ, que
le leadership, si on regarde de notre côté de la clôture, vu
nos moyens financiers et humains très restreints, il serait souhaitable
que le ministère des Terres et Forêts, en premier lieu, prenne le
leadership, de concert avec certains industriels du sciage. Ce qu'on
préconise, c'est une participation des deux côtés. S'il y a
un certain montant d'argent de mis par le ministère des Terres et
Forêts, je pense que nos industriels seraient prêts à
participer parce que, dans notre esprit, ce n'est plus un risque, c'est une
participation, et à partir de là, je pense que les
différentes formes de participation financière du gouvernement et
de nos industriels seront établies.
M. Bordeleau: C'est bien. Je vous remercie, M. Mailhot, et je
vous souhaite un bon voyage de retour. Je m'excuse, au nom de la commission,
d'avoir dû vous demander de revenir ce matin. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. M. Mailhot, je
tiens tout d'abord à vous remercier de l'excellente qualité de
votre mémoire; il est bien étoffé et il démontre
que vous êtes non seulement conscient du problème mais que vous
l'avez très bien étudié. A la page 13 de votre
mémoire, vous dites: "A notre avis, la nécessité
d'accroître les volumes de production pour demeurer concurrentiel
à l'échelle mondiale et les difficultés
d'approvisionnement adéquat en matières premières ont
été, dans certains cas, des facteurs décisifs dans la
décision de non-réinvestissement."
Avez-vous des exemples précis et particuliers à l'appui de
l'argumentation que vous évoquez?
M. Mailhot: C'est peut-être qu'on voudrait faire partie de
l'élément de solution. Dans le cas que vous présentez,
c'est peut-être une constatation beaucoup plus qu'autre chose.
Sommes-nous
ici pour nommer certains industriels qui ont eu à se
défendre face à certaines demandes ou à certaines
pressions qui ont été faites? A ce moment-ci, je ne suis pas
prêt, en représentant une commission industrielle, à donner
tel ou tel exemple.
M. Pagé: D'accord. Je comprends votre réticence. En
ce qui concerne le problème des copeaux dont vous faites état et
dont vos collègues de l'autre groupe, hier soir, ont fait état
abondamment aussi, selon vous, quelle est la façon dont le gouvernement
pourrait agir dans l'immédiat pour contribuer, par une position
quelconque ou un geste quelconque, soit par le ministère des Terres et
Forêts ou encore par REXFOR? On se rappelle qu'hier, le Conseil
économique avait suggéré que REXFOR intervienne à
ce chapitre. Abondez-vous dans le même sens que le Conseil
économique d'Amos relativement à ce problème de surplus de
copeaux, ou si encore vous avez exploré d'autres possibilités de
solution?
M. Mailhot: Je pense que le problème dure
déjà depuis quelques années, si on regarde le
problème tel quel. Veut-on une solution à court terme où
on amène la société paragouvernementale en courant, et je
dis: Je les achète, les fameux copeaux, et c'est fini, cela arrête
là? C'est bien beau, cela ne règle pas le problème, dans
deux ans on sera encore aux prises avec le même problème.
On parle d'un certain organisme de mise en marché de ces fameux
copeaux. Ce qu'on préconise, c'est une meilleure utilisation de la
forêt, de toutes les matières ligneuses, si l'on considère
qu'une bonne partie de l'arbre va en copeaux ou en d'autres matières
fibreuses telles que sciures et planures. Nous, de la Corporation de
développement industriel, disons: II faut que cela passe quelque part.
Devrait-on forcer les grandes compagnies papetières à utiliser
beaucoup plus de cette matière? Premier point. Une régie
serait-elle l'organisme idéal ou une structure à définir?
Je pense qu'il devrait y avoir une étude assez approfondie au sujet des
structures à définir en termes de fixation de prix, en termes
d'indexation de prix qui pourraient être satisfaisantes à tout le
monde pour ne pas se retrouver dans des jeux d'économie,
c'est-à-dire où on fait remonter le prix et, deux ans plus tard,
où on se retrouve avec le prix à terre.
M. Pagé: Quand même, vous favorisez une intervention
gouvernementale.
M. Mailhot: Dans le cas présent, oui, puisqu'on se
retrouve toujours avec le gros face au petit, et, là il y a certainement
un déséquilibre. On peut toujours parler de "blackmail", à
toutes fins pratiques, parce que,si je ne suis pas capable de vendre mes
copeaux à telle compagnie, les chances sont que je n'en vendrai pas
ailleurs.
M. Pagé: Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, à mon tour, comme mes
collègues, je voudrais féliciter la commission qui a bien voulu
nous présenter ce mémoire qui semble réaliste et qui nous
donne une réalité des faits.
A la suite de ce mémoire, il y a simplement quelques questions
que je voudrais poser à ces messieurs. D'abord, à la page 18,
quand on parle de l'intervention de l'Etat dans les négociations des
contrats entre les grosses compagnies, si l'on peut les appeler ainsi, et les
petits vendeurs. Seriez-vous disposés à ce que l'Etat fasse cette
négociation ou intervienne dans la vente de copeaux?
M. Mailhot: L'Etat devra-t-il intervenir en créant un
"marketing board"? Je ne pense pas qu'on puisse pousser cela jusque-là.
Mais ne pourrait-il pas y avoir une certaine concertation? L'Etat ne
pourrait-il pas agir en tant qu'arbitre en regardant les différents
coûts de production? On sait que les coûts de production se
discutent; ils peuvent partir de $23 la tonne d'un côté, et, d'un
autre côté, on peut aller jusqu'à $40 la tonne. Donc, il y
a là un écart assez grand. Il faudrait qu'un certain organisme ou
que l'Etat, à toutes fins pratiques, arrive et puisse juger des
différentes composantes d'un coût de production.
M. Russell: En somme, serait-il exact de dire que vous ressentez
qu'il y a actuellement de l'abus des acheteurs dans ce marché par
rapport aux surplus qui existent?
M. Mailhot: Je pense qu'il y a certainement de l'abus, surtout si
l'on considère que, depuis quelques années déjà,
nos forêts ne sont exploitées qu'à 60%. Donc, on voit la
relation avec le marché du bois de construction, et on voit aussi la
relation avec le fameux marché des copeaux qui, aujourd'hui, devient un
sous-produit très important.
M. Russell: Quant à l'autre question, à la page 8,
vous semblez laisser planer un doute, du fait qu'il y a beaucoup de bois qui se
gaspille actuellement et qui pourrait être récupéré
dans le Nord-Ouest du Québec, non seulement en copeaux mais dans
d'autres matières, comme les cas de déroulage, je présume,
ou peut-être que le nettoyage en forêt ne se fait pas comme il
devrait se faire, et beaucoup de bois pourrait être sorti pour être
mis en copeaux. Est-ce l'indication que vous voulez donner dans votre dernier
paragraphe, à la page 8?
M. Mailhot: Disons qu'on ne prétend pas que les
producteurs, les scieries de chez nous sont plus catholiques que le pape. On ne
prétend pas, non plus, que les compagnies de pâtes et papiers sont
plus catholiques que le pape, elles aussi. Ce qu'on essaie de dire et le fameux
message qu'on veut passer, c'est comment il se fait que l'on coupe encore du
bois rond, chez nous, pour ali-
menter certaines papeteries, quand on a des copeaux en quantités
respectables aujourd'hui qui traînent et qui affectent directement la
survie d'autres industries? Si on prend une ville comme Amos, une ville comme
Val-d'Or, où il y a un certain nombre d'emplois directs qui sont
liés directement à cela, cela nous affecte directement et on a
essayé de trouver d'où cela venait, et nous parlons d'utilisation
beaucoup plus en termes de gaspillage. Il y a une mauvaise utilisation. Quand
on parle de bon gouvernement, on parle aussi de bon gérant,
c'est-à-dire que c'est là qu'on pourrait voir ou qu'on voudrait
voir peut-être un organisme qui pourrait forcer une meilleure
utilisation, c'est-à-dire les copeaux, et, ensuite, on pourrait aller
dans le déroulage et ces choses.
M. Russell: Quand vous parlez d'une mauvaise utilisation, dois-je
croire que des copeaux qui restent entassés plus d'un an peuvent ensuite
être utilisés pour la fabrication?
M. Mailhot: Je ne pourrais dire si c'est plus d'un an, mais
certaines recherches ont prouvé que, si un tas de copeaux reste à
la même place pendant trop longtemps, il moisit et une certaine
propriété de la fibre n'est plus acceptable pour faire du papier
ou de la pâte.
M. Russell: Cela pourrait se traduire par du gaspillage.
M. Mailhot: Cela se traduit par du gaspillage, dans ce sens.
M. Russell: Maintenant, vous donnez un pourcentage de 60% du bois
qui est coupé par des scieries qui pourrait être utilisé
pour la pâte. A ce moment-là, vous parlez de sciures et de
planures.
M. Mailhot: De sciures et de planures. Quand on parle de 60% qui
peuvent être utilisés, ce n'est pas directement tous dans la
pâte; il y a une certaine partie de l'écorce où on
suggère, dans notre mémoire, qu'il devrait y avoir des
études beaucoup plus poussées sur l'utilisation
énergétique. Il y a aussi, peut-être, d'autres utilisations
qui ont été mentionnées. Peut-on se servir de cette
fameuse écorce pour produire certains autres combustibles? Quant au
reste sciures, planures et copeaux, il devrait être utilisé dans
les pâtes et papiers.
M. Russell: Serais-je dans l'erreur de croire que les
manufacturiers de bois de sciage du Nord-Ouest de l'Abitibi seraient
prêts à faire un effort dans ce sens pour installer une papeterie
dans cette région, s'ils avaient la protection des autorités en
place?
M. Mailhot: Comme il est mentionné dans notre
mémoire, on revient encore à la même chose, c'est le plus
gros contre le plus petit. Il existe certainement dans le secteur des
pâtes et papiers un genre d'association tacite où on dit: Quant
à lui, pas trop vite! Il y a toutes sortes de raisons qui sont
données pour les fibres: les fibres ne sont pas bonnes, elles sont trop
humides, etc. Avant que les noms de tous ces industriels reviennent sur place,
on dit: Je ne veux pas m'aventurer parce que, demain, j'aimerais encore que ma
scierie fonctionne. C'est le barème. Si la commission veut discuter plus
longuement de cela, je pense qu'il y aurait peut-être lieu de venir faire
un tour dans la région pour discuter et regarder.
M. Russell: Une dernière question, M. le Président.
Si je résume, les scieries du coin, aussi bien que d'autres dans
d'autres régions ne se sentent pas protégées et on a peur
du chantage constant par les grosses compagnies.
M. Mailhot: Cela revient à dire cela. M. Russell:
Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Rapidement, comme les autres membres de la
commission, je tiens à remercier les représentants de la
Corporation de développement industriel et commercial de la
région de Val-d'Or d'avoir présenté leur mémoire.
Je pense que cela dénote leur intérêt pour cette question.
Voici ma première question: Advenant que le ministère des Terres
et Forêts ou le gouvernement du Québec privilégie certains
nouveaux investissements au niveau du secteur des pâtes et papiers,
d'après votre point de vue, y aurait-il lieu de privilégier des
investissements dans des usines existantes qui ont actuellement des
problèmes ou y aurait-il lieu de favoriser peut-être
l'implantation de nouvelles usines? Quel est votre point de vue? Est-ce qu'il
faudrait investir dans du vieillot, du désuet, qu'il y aurait lieu
d'avantager, ou s'il faudrait investir directement dans de nouvelles
usines?
M. Mailhot: Je pense qu'il faut répondre à la
question en deux segments. Qu'est-ce que la modernisation et comment peut-on
moderniser? Puisqu'il faut absolument parler d'une industrie; il ne faut pas
parler d'une usine, il ne faut pas parler d'une compagnie en particulier. Si on
regarde, on peut dire que, réellement, notre industrie des pâtes
et papiers est assez vieille. Il y a eu très peu d'efforts de
modernisation telle quelle. On se pose la question: On se modernise, mais
est-ce qu'on ne devrait pas penser à se moderniser au fil des
années? C'est la première chose qu'on dit. Est-ce que
modernisation veut dire reconstruire de nouvelles usines ou remettre en
état certaines vieilles usines? Je pense que chaque cas, à partir
de cela, devra être étudié particulièrement. Mais,
encore là, je peux vous dire ceci je pense que vous connaissez
l'opinion des gens de la région chez nous et c'est la deuxième
partie de la réponse ne serait-il pas mieux d'avoir nos usines
aujourd'hui? Les gens disent: Les coûts sont très
élevés, on ne peut plus contrôler nos coûts.
On veut toujours devenir beaucoup plus concurrentiel. Si on est près de
notre matière première, n'est-ce pas déjà là
un avantage?
Chez nous, on voit très mal l'idée de prendre un wagon de
copeaux et de l'envoyer à 300 milles. On se dit: Là, il y a un
coût de transport qui fait certainement augmenter le prix de la tonne de
papier. A partir de cela, nous disons: Dans la région, vu qu'on a la
matière première, il serait peut-être bon, il serait
même bon d'ouvrir une usine de transformation des produits de fibres
à pâtes.
M. Gendron: Pour assurer un certain équilibre des
coûts d'exploitation forestière, advenant qu'on préconise
un programme d'approvisionnement axé sur certaines priorités,
auriez-vous des recommandations précises en termes d'ordre de
priorités? Y aurait-il lieu d'accorder, par exemple, priorité aux
concessions lorsqu'il s'agit de faire du déroulage ou lorsqu'il s'agit
de faire du sciage, ou enfin les pâtes? Avez-vous eu l'occasion de
réfléchir à une espèce d'ordre de priorités
dans un plan d'approvisionnement?
M. Mailhot: Oui. Disons qu'on a eu l'occasion d'y
réfléchir et, aussi, à la suite de consultations que nous
avons eues avec le ministère des Terres et Forêts et certaines
associations, il semblerait que la priorité devra être
donnée au bois de déroulage, puisqu'il y a là une
utilisation maximale.
Deuxièmement, si on a un arbre complet, on se dit: Ne devrait-on
pas utiliser l'arbre au complet, c'est-à-dire à sa meilleure
utilisation puisque les fibres entourant, à toutes fins pratiques, le
milieu de l'arbre, sont encore les meilleures fibres pour faire de la
pâte? Ne devrions-nous pas forcer ou induire les compagnies de
pâtes et papiers, à toutes fins pratiques, à acheter des
copeaux, en premier lieu, qui deviennent un sous-produit de notre bois
d'oeuvre, de notre bois de construction, au lieu de prendre une bille ronde et
l'envoyer directement?
M. Gendron: Compte tenu que, dans notre région, il y a
passablement de feuillus qui demeurent inutilisés, au niveau des
conifères, je pense que nous exploitons passablement, sans porter de
jugement de valeur, la capacité réelle de nos forêts, mais
au niveau des feuillus, avez-vous pu regarder certaines utilisations
éventuelles des feuillus dans notre région?
M. Mailhot: Au niveau de l'utilisation des feuillus, je peux vous
dire que n'étant pas un expert dans toute la matière, on ne s'en
est pas trop préoccupé puisque, comme vous le savez, chez nous,
c'est surtout l'exploitation au niveau des conifères. Vous disiez qu'on
exploite peut-être la forêt à un rendement maximal. Si on
regarde les différentes statistiques, on peut facilement déduire
qu'on exploite environ 60% de ce qu'on pourrait exploiter.
M. Gendron: Concernant les normes de cons- truction qui,
possiblement, pourraient être changées pour conserver davantage
l'énergie, si jamais, par exemple, on allait dans la construction avec
du 2' x 6' au lieu du 2' x 4' dans la fabrication des murs, pensez-vous que la
conséquence serait dramatique pour l'industrie du sciage dans notre
région?
M. Mailhot: Je peux vous répondre immédiatement,
les gars vont manger une maudite "claque". Vu la dimension du bois que nous
avons, cela deviendrait certainement un problème majeur. Serons-nous
obligés d'utiliser l'arbre au complet pour la fabrication de copeaux?
C'est une autre question qui restera à déterminer, mais il y a
une chose là-dessus: Est-ce qu'on va se mettre à utiliser du 2' x
6' partout, ou est-ce qu'il y aura une certaine proportion gardée de 2'
x 4'? Je pense que si on regarde la conservation de l'énergie contre la
survie de certains travailleurs, il y a des facteurs qui devront être
étudiés beaucoup plus à fond qu'ils ne le sont aujourd'hui
pour déterminer si on fait seulement du 2' x 6", seulement du 2' x 4',
ou une proportion gardée des deux? C'est sûr qu'au niveau
énergétique, il semblerait qu'il y aurait un avantage à
avoir du 2' x 6".
M. Gendron: Je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: Une question que j'aimerais vous poser,
sans doute qu'en évaluant la possibilité d'implanter une usine
dans votre région, vous avez évalué les coûts de la
matière ligneuse. D'après vous, quel serait le prix de la
matière ligneuse livrée à l'usine, si on compare ce prix,
par exemple, au prix moyen payé présentement au Québec qui
est de $70 le cunit? Quel serait, d'après vous, le prix de la
matière ligneuse livrée à l'usine et que l'on pourrait
comparer au prix américain du Sud?
M. Mailhot: Tout dépend de la place où on va mettre
notre usine.
M. Bérubé: Mettons-là à Val-d'Or, par
exemple, ou à Amos.
M. Mailhot: Je vous remercie de vos bonnes intentions. Il ne
faudrait pas partir une polémique de ce côté. Si on regarde
notre mémoire, on mentionne que sur une distance de 300 milles, si on
ajoute $25 à un coût de production directe de $40 la tonne de
copeaux, le facteur 26 devient une variable, mais je pense que si on regarde
$40, c'est le prix d'une tonne de copeaux.
M. Bérubé: Vous n'avez pas fait de calcul de
distance moyenne de transport pour les copeaux qui seraient livrés
à l'usine que vous envisagez dans votre région de manière
à évaluer, en gros, quel serait l'avantage comparatif que votre
région détiendrait en ce qui a trait au prix de livraison de la
matière ligneuse à l'usine.
M. Mailhot: Si on regarde la concentration qu'il y a dans les
différentes usines de sciage chez nous et les possibilités
d'approvisionnement et ainsi de suite, moi, j'estime qu'il y a peut-être
seulement 80 milles ou même 100 milles de transport maximal, pour avoir
les approvisionnements que l'on désire. On applique ce facteur sur les
$25 qu'on a. Donc, si on tient pour acquis un coût de production de $40,
on fait seulement un calcul mathématique, on prend le tiers, $8, on fait
$48 à $50.
Encore là, il y a d'autres facteurs qui vont rentrer en ligne de
compte, certainement.
M. Bérubé: Je dois donc conclure en fait que vous
n'avez pas pris les usines de sciage les unes après les autres dans la
région, examiné le volume de copeaux qu'elles avaient de
disponibles, les distances, et tenté d'intégrer cela autour du
point où vous aimeriez voir l'usine s'implanter, pour essayer d'utiliser
cet argument pour négocier la position de votre municipalité,
face, par exemple, à une autre municipalité concurrentielle. En
d'autres termes, vous n'avez pas cherché à établir
d'avantages comparatifs.
M. Mailhot: Dans notre cas, dans le cas de Val-d'Or, on n'a pas
cherché à établir cet avantage. Pourquoi? Je pense qu'on
peut toujours faire jouer les statistiques d'un côté ou de l'autre
dans cette fameuse idée. Est-ce qu'on la met à Amos? Est-ce qu'on
la met à Val-d'Or? C'est ce que cela revient à dire.
On a présenté notre mémoire surtout en fonction
d'une usine de pâtes et papiers pour le Nord-Ouest
québécois. A partir de là, est-ce qu'il appartient
à nous de déterminer les différents coûts de revient
pour la rentabilité de cette usine? Je ne pense pas que ce soit de notre
ressort, mais je peux prendre peut-être l'occasion de demander, encore
une fois, au ministère des Terres et Forêts, en collaboration
possiblement avec notre organisme, ou avec l'organisme d'Amos ce serait
peut-être une bonne chose, la collaboration des deux de commencer
à amorcer un prix "feasibility" ou quelque chose dans ce genre, pour
construire une usine de pâtes et papiers dans le Nord-Ouest. On pense que
le problème est beaucoup plus que local. Je pense que notre
énoncé est fait dans ce sens. Il est sûrement question de
Val-d'Or, mais est-ce qu'à ce point-ci, même avant d'avoir
pensé d'ériger une usine, il faut absolument bûcher sur le
site? C'est à évaluer.
De notre côté, on pense qu'il est bon que les deux
municipalités soient retenues.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie beaucoup d'avoir accepté de vous présenter, ce matin,
pour l'interrogatoire des membres de la commission. Je vous remercie
également au nom des membres de la commission pour votre participation
à cette commission parlementaire.
M. Mailhot: J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier la
commission de nous avoir entendus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela
nous a fait plaisir.
J'inviterais maintenant l'Association canadienne des producteurs de
pâtes et papiers et ses représentants à se présenter
à la table, s'il vous plaît.
Je demanderais au porte-parole du groupe de bien vouloir se
présenter, de même que présenter ceux qui l'accompagnent,
s'il vous plaît.
Association canadienne des producteurs de pâtes
et papiers
M. Hart (Howard): M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je m'appelle Howard Hart et je suis président de
l'Association canadienne des producteurs de pâtes et papiers.
Cette association représente les intérêts de
l'industrie des pâtes et papiers du Canada. Nos membres
représentent la majorité des producteurs et ils fabriquent 97% de
la production totale du Canada. Il y a des usines dans toutes les provinces,
sauf l'Ile-du-Prince-Edouard.
Le personnel de l'association comprend 80 personnes dont 40 sont des
professionnels ou des spécialistes dans divers aspects des
opérations de l'industrie.
Comme président, malheureusement, je suis le moins
spécialisé. Notre bureau est situé à
Montréal.
Je suis accompagné, ce matin, M. le Président, par M.
Gordon Minnes, à ma gauche, directeur général du groupe,
de l'administration et des affaires publiques, également
secrétaire de l'association. M. David Wilson, directeur
général du Service économique et statistique de
l'association. Et à ma gauche, encore, M. Thomas Babinski, directeur
général des communications.
Comme association nationale, nous dialoguons surtout avec le
gouvernement canadien, quelquefois avec les gouvernements provinciaux et avec
les associations industrielles et les gouvernements d'autres pays comme les
Etats-Unis, la Communauté européenne et le Japon. A
l'intérieur de notre industrie, nous avons plusieurs fonctions en
assistant nos membres pour améliorer l'efficacité de la
production des pâtes et papiers, leur transport et l'aménagement
des forêts et l'environnement. Comme représentants d'une
organisation nationale, nous sommes ici à la demande du ministre
Bérubé, qui nous a offert l'occasion de préparer un
mémoire et de nous rendre ici pour le commenter.
Plusieurs compagnies de pâtes et papiers et certains groupements
industriels et syndicaux vous ont déjà présenté un
tableau de l'industrie des pâtes et papiers au Québec avec des
chiffres, beaucoup de chiffres. Le but principal de notre mémoire est de
faire le lien entre la situation actuelle de l'industrie
québécoise et celle de l'industrie canadienne dans son ensemble.
Permettez-moi tout d'abord de souligner quelques points essentiels de notre
mémoire. Il me fera plaisir, par la suite, de répondre à
vos questions.
La plupart des problèmes de notre industrie au Québec, en
Ontario, en Colombie-Britannique
ou ailleurs au Canada se ramènent à des facteurs
fondamentaux. C'est très simple à comprendre. Je souligne que la
situation n'est pas tellement différente dans les diverses
régions du pays. Premièrement, le malaise économique
mondial pendant les récentes années qui a entraîné
une réduction dans la demande et la consommation de pâtes et
papiers. C'est un résultat de récession qui a
débuté en 1974 et qui continue en ce moment dans certains
marchés importants des pâtes et papiers comme ceux de la
Communauté européenne et du Japon. La demande mondiale a
augmenté peu à peu dans les mois récents après la
chute de 1975.
Mais elle n'a pas encore atteint, en 1977, le niveau de 1974.
Entre-temps, il y a eu des augmentations dans la capacité de production
ici au Canada et aussi d'importantes augmentations dans les autres pays dans le
monde. Souvent, les augmentations de capacité sont entreprises dans les
bonnes années et complétées dans les mauvaises. Quand
l'économie dans le monde va mal, nos affaires vont mal aussi. Le volume
de ventes et le prix de vente des produits des compagnies subissent une
certaine ration.
Deuxièmement, nos prix de revient sont trop élevés
et notre rentabilité insuffisante au point que nos acheteurs
s'inquiètent de notre position concurrentielle, comme fournisseurs
à prix raisonnable. C'est le problème de base tellement important
pour nous. Déjà, les nouveaux investisseurs cherchent à
placer leur argent ailleurs, peut-être dans une autre industrie ou dans
un autre pays.
Ce sont les grands défis à relever par la plus importante
industrie manufacturière du Canada. Ce sont des défis pour le
pays entier, pour tous nos citoyens, mais ce sont d'abord des défis
lancés aux dirigeants de l'industrie elle-même. Il s'agit ensuite
d'un défi lancé au gouvernement qui, par ses politiques de
fiscalité, d'utilisation des ressources et par une gamme d'autres
interventions, exerce une influence considérable sur la position
concurrentielle de l'industrie. C'est également un défi pour la
main-d'oeuvre dont le sort, en dernière analyse, est calqué sur
celui de l'industrie qui l'emploie.
Le problème, c'est que, d'une façon
générale, les usines n'ont pas réussi, en raison des
circonstances des dernières années, à réaliser
assez de bénéfices pour améliorer leur productivité
par des investissements.
Il faut réfléchir sérieusement à la
situation présente. Elle est difficile parce que les économies du
monde sont faibles et la demande pour les pâtes, éparpillée
dans le monde, est beaucoup moins élevée que la capacité
de production actuelle. Cela indique un taux d'opération réduit
qui diffère d'usine en usine et de produit en produit. Cette situation
va continuer pendant plusieurs années.
Il faut essayer de prévoir l'avenir. Les meilleures statistiques
sont préparées par l'Organisation pour l'alimentation et
l'agriculture, un organisme des Nations Unies, avec l'aide des industriels des
principaux pays producteurs de pâtes et papiers. Ces chiffres indiquent
une demande mondiale qui passera de 170 millions de tonnes en 1976 à 280
millions de tonnes en 1990.
Il est important de remarquer que le taux d'augmentation de la demande
ralentira pendant cette période. Mais cela représente encore une
augmentation de 110 millions de tonnes. Il faut considérer aussi que
c'est simplement une prévision à long terme entourée de
beaucoup d'inconnu, beaucoup plus d'inconnu que par les années
passées. C'est une tendance seulement qui ne tient pas compte du
caractère cyclique de la demande. Tout le monde sait maintenant combien
une mauvaise expérience cyclique, comme la présente, peut
réduire la demande pour les pâtes et papiers.
Un sage investisseur ne construit pas, présentement, une usine
pour satisfaire à la demande de 1990. Il la construit en fonction de la
demande qu'il perçoit d'ici 1990. Il regarde soigneusement les
investissements qui se font dans tous les autres pays du monde.
Mais les chiffres préparés par l'organisation pour
l'alimentation et l'agriculture indiquent une augmentation importante. C'est
une occasion à saisir pour le Canada, peut-être, malgré la
situation à court terme. Une partie de l'augmentation de la demande sera
satisfaite par les usines dans les pays à planification centrale et les
pays en voie de développement qui vont construire leurs propres usines,
bien protégés par les tarifs douaniers. Il est évident,
malgré tout, qu'une importante portion de l'augmentation sera dans les
pays d'entreprise libre, principalement la communauté européenne
et les Etats-Unis. Le Canada pourrait devenir le fournisseur d'une portion de
cette nouvelle demande. La grandeur de notre portion dépend des prix de
revient de nos usines, les frais de construction et d'entretien des usines y
compris. Il est tellement important que nos prix de revient ne dépassent
pas les prix de revient des producteurs américains. Ils sont nos
principaux concurrents. C'est l'occasion et le défi.
Il faut ajouter que les producteurs ayant des prix de revient
élevés sont toujours des fournisseurs marginaux. Ceci menace
déjà le marché des usines déjà en place, ici
au Canada et dans le monde entier, ils retardent nos possibilités
d'expansion.
J'ai déjà mentionné, M. le Président, que le
problème est assez facile à identifier. Il se voit dans les
bilans financiers des compagnies en comparaison avec les bilans financiers des
compagnies américaines. Le principal problème est que nos
coûts sont trop élevés en comparaison avec les coûts
de nos principaux concurrents. Mais il est plus difficile de trouver des
solutions, parce que les bonnes solutions vont impliquer les efforts à
la fois des gouvernements, à plusieurs niveaux, des syndicats et des
compagnies. Par extension, on peut dire que nous sommes tous impliqués
comme citoyens, parce que la situation demande avant tout un certain changement
dans nos attitudes et nos perceptions sur les besoins de l'industrie et de
l'économie.
Nous vous avons présenté un sommaire à la
page 3 de notre mémoire, que je voudrais lire maintenant.
Si nous voulons améliorer la situation concurrentielle de
l'industrie, tant ici qu'à l'étranger, voici ce que nous devrions
envisager: 1) Réduire le désavantage du coût dans les
usines canadiennes par rapport aux concurrents américains, notamment du
côté des taxes, de la main-d'oeuvre, du bois, du transport et des
biens d'équipement. 2) Créer un climat plus rationnel des
relations patrons/employés dans le secteur public comme dans le secteur
privé. 3) Elaborer un milieu politique et social où les
compagnies de pâtes et papiers pourront compter que l'Etat assurera pour
de longues années une priorité raisonnable à leurs
exigences vitales en matière de gestion et de rentabilité.
C'est là une condition essentielle pour une industrie dont les
besoins en capital sont devenus énormes et qui, pour sa principale
matière première, dépend d'une ressource naturelle qui
appartient au public.
Je veux réitérer, M. le Président, que mes
commentaires s'appliquent de façon générale à tout
le Canada et pas seulement à la province de Québec, à
l'Ontario ou aux autres provinces. Nous essaierons maintenant de
répondre aux questions de vos collègues de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie beaucoup, M. Hart. Je cède la parole au ministre.
M. Bérubé: M. Hart, je vous remercie d'avoir bien
voulu accepter de présenter le point de vue de l'Association canadienne
des producteurs de l'industrie forestière. Du fait que vous venez
à la suite d'un certain nombre d'intervenants, je pense que nous sommes
peut-être maintenant plus en mesure de brosser un tableau de l'ensemble
de cette industrie et de voir un peu vos réactions. Ainsi, dans votre
mémoire, vous nous brossez un tableau qui est tantôt très
noir, tantôt assez optimiste. Il est très noir dans la mesure
où, soulignant la part de marché que l'industrie canadienne a
perdue, vous en concluez à un manque de dynamisme ou, dans tous les cas,
à une non-compétitivité de notre industrie. D'autre part,
vous soulignez néanmoins que l'augmentation de volume, de
capacité de production de l'industrie canadienne souligne au contraire
une certaine agressivité. On ne sait donc jamais si c'est bon ou si
c'est mauvais.
J'aimerais faire devant vous une petite évaluation de la
situation économique et voir un peu comment vous réagissez.
Ainsi, en ce qui a trait aux coûts, vous soulignez que, par rapport
à nos compétiteurs américains, les coûts de la
main-d'oeuvre sont trop élevés, que les coûts de bois sont
trop élevés. Néanmoins, vous ne soulignez pas ce qu'on
peut attendre pour l'avenir. En d'autres termes, vous avez rappelé dans
votre mémoire que la population s'est accrue très rapidement dans
le sud des Etats-Unis, de près de 25 millions, je crois, et c'est donc
une région américaine qui est en pleine expansion. Qu'est-ce que
cela peut avoir comme implication au niveau de la syndicali-sation et au niveau
de l'augmentation des coûts dans le sud des Etats-Unis, qui pourrait
rendre le sud même pas compétitif avec le Québec
éventuellement. En regardant des chiffres qui ont été
publiés par votre association, je pense, il n'y a pas tellement
longtemps, on constate que, depuis 1972, l'augmentation de capacité des
Etats-Unis est pour ainsi dire plafonnée. Comment expliquez-vous que
dans le sud des Etats-Unis, s'il y a des avantages comparatifs très
nets, on constate néanmoins que l'augmentation de la capacité de
production dans le sud des Etats-Unis ne semble effectivement pas se produire
depuis 1972. Est-ce que cela voudrait dire que, déjà, on commence
à assister à un renversement de la situation qui favoriserait
l'industrie canadienne?
M. Hart: M. le ministre, je ne sais pas si les tendances dans le
sud des Etats-Unis vont changer et, par conséquent, avantager
l'industrie canadienne. Je remarque que, pendant des années, les usines
du sud ont profité de coûts de bois moins élevés que
les nôtres. Il y a encore du bois qu'on peut récolter dans le sud.
La main-d'oeuvre, comme vous l'avez remarqué, coûte moins cher
qu'ici, et je ne remarque pas du tout une tendance pour égaliser la
situation entre les usines du sud et les usines canadiennes.
Est-ce parce que je n'ai pas encore compris votre question, mais je ne
vois pas la tendance que vous avez mentionnée. Nous trouvons que les
usines du sud qui sont déjà en place, sont très
concurrentielles, et nous avons reçu la nouvelle qu'il y aurait deux
nouvelles usines de papier journal qui seront mises en place dans le sud des
Etats-Unis au cours des prochaines années.
Enfin, c'est toute l'histoire, parce que je ne vois pas de nouvelles
usines au Canada, à ce moment-ci.
M. Bérubé: Si on reprenait les conclusions du
mémoire que nous a présenté la Société F.F.
Soucy hier, elles nous permettaient d'en tirer un certain nombre. En
particulier, en partant du fait que la main-d'oeuvre était plus
élevée au Québec et, également que le coût du
bois était plus élevé au Québec, on en concluait
cependant que les coûts d'électricité étaient
notamment plus bas, et, lorsqu'on faisait appel à un
procédé du type thermomécanique, par exemple, pour la
production de pâtes, on arrivait finalement compte tenu de la
valeur du dollar canadien aussi à conclure qu'il en coûtait
environ $12 moins cher pour produire une tonne de papier avec un
procédé moderne des pâtes et papiers au Québec que
dans le Sud des Etats-Unis, y compris le transport pour livrer sur le
marché du Sud des Etats-Unis.
Donc, c'est une conclusion intéressante dans la mesure où
la même compagnie vient de terminer la construction d'une usine au
Québec et envisage une autre construction dans le Sud des Etats-Unis.
Cette compagnie, faisant cette évalua-
tion, en arrivait donc à conclure que le Québec restait
concurrentiel, ce qui est également en contradiction avec la position du
reste de l'industrie. N'est-ce pas justement une question de type de
procédé? N'est-ce pas parce que l'industrie canadienne utilise
encore des procédés au sulfite à faible rendement que,
finalement, on tirerait les conclusions de l'industrie canadienne, plutôt
que celles de F.F. Soucy?
M. Hart: Premièrement, je remarque aussi que le coût
de l'énergie est un avantage pour les usines canadiennes, en ce moment.
Nous avons pensé aux désavantages, mais avec
l'électricité comme énergie, c'est toujours un avantage.
J'ai entendu beaucoup de différence dans les chiffres au sujet de la
production ici, au Canada et aux Etats-Unis. La différence dépend
du produit; quant au papier journal, j'ai même entendu des
différences jusqu'à $40 la tonne, y compris la différence
dans le coût du transport, du bois et celui de la main-d'oeuvre. Je ne
peux pas expliquer les différences présentées dans les
différents mémoires que vous avez reçus, mais je pense
qu'il serait assez facile pour vos fonctionnaires en coopération avec
des compagnies qui ont des sites de production au Canada et aux Etats-Unis de
présenter des chiffres plus spécifiques.
M. Bérubé: Vous avez eu une remarque concernant les
possibilités d'expansion du marché européen, remarque qui
peut sembler, à prime abord, assez intéressante dans la mesure
où on souligne parfois que, présentement, la productivité
de la forêt en Scandinavie a atteint, à peu près, un
maximum et qu'on ne peut donc pas s'attendre à une très grande
expansion de l'industrie forestière dans ces pays. D'autre part, la
consommation per capita en papier journal et en pâte, en Europe, est
peut-être la moitié de la consommation américaine. Par
conséquent, il y a là un marché potentiel
considérable. Dans quelle mesure voyez-vous la possibilité pour
l'industrie québécoise et canadienne d'envahir le marché
européen à plus ou moins brève échéance?
Quels seraient nos compétiteurs sur ces marchés, et que
voyez-vous comme avenir sur ces marchés? Quels seraient les
problèmes que vous voyez?
M. Hart: Envahir un marché, c'est un terme difficile
à comprendre pour moi parce que les Scandinaves sont de très bons
concurrents et ils sont bien établis en Europe parce qu'ils sont
eux-mêmes européens. Après quelques années, je
pense, en 1984, pour les buts économiques, ils feront partie de la
Communauté européenne pour les pâtes et papiers. A ce
moment aussi les usines Scandinaves achètent des copeaux aux Etats-Unis
simplement pour conserver leurs forêts pour la raison que vous avez
mentionnée. Je remarque que pendant 20 ans, on a parlé de la
production maximale de la Scandinavie, mais, pendant cette période leur
capacité de production a augmenté beaucoup.
Je pense vraiment que la limite est presque at- teinte à ce
moment. Ils achètent des copeaux pour conserver leurs forêts. Pour
la capacité qu'ils ont maintenant en place, je pense qu'ils vont
réussir à garder leur marché européen. Pour nous,
ces occasions seront dans l'avenir parce que la demande va augmenter. Mais nous
sommes un peu déprimés parce que l'augmentation dans les
années passées a été très faible, beaucoup
plus faible que nous pensions. Il y aura des occasions pour nous à
l'avenir. Est-ce que je peux ajouter quelque chose, M. le ministre? Il y aura
des occasions pour nous, si nous sommes concurrentiels avec les usines des
Etats-Unis, parce qu'elles peuvent servir le marché européen et,
à ce moment, elles exportent beaucoup de "linerboard" vers l'Europe.
On peut dire peut-être qu'il y aura des occasions en Europe pour
l'industrie nord-américaine dans l'avenir. Il y aura d'autres
concurrents aussi: Brésil, Argentine, Nigeria. Il y a beaucoup de pays
comme cela, des pays en voie de développement, qui regardent aussi le
marché européen surtout comme un marché pour pâtes
de fibres courtes.
M. Bérubé: Maintenant, dans votre rapport, vous
soulignez l'importance de la consolidation des entreprises canadiennes dans
l'industrie des pâtes et papiers. Ceci en vue d'augmenter la
compétitivité de notre industrie. Je pense que nous avons eu,
également de la part de la société Abitibi-Price, un
plaidoyer en faveur de la consolidation des entreprises, surtout au niveau du
marketing dans le même but. La question que j'aimerais vous poser porte
sur la possibilité de créer un consortium de mise en
marché. Il y a quelques années, l'industrie des pâtes et
papiers a envisagé la possibilité de constituer un consortium de
ventes qui aurait, à ce moment, permis à l'ensemble de
l'industrie de faire front commun, donc, d'atteindre essentiellement les
objectifs visés par la consolidation des entreprises.
Où en est, présentement, dans l'esprit des dirigeants de
l'industrie canadienne, cette idée d'une mise en marché commune
de la production de notre industrie, éventuellement?
M. Hart: Cela veut dire peut-être que je présente
mes idées personnelles. Comme vous l'avez remarqué, quelques
compagnies ont envisagé, il y a quelques années, la
possibilité d'une agence de mise en marché.
Ce ne sont pas toutes les compagnies qui ont envisagé une agence
comme cela. Je pense vraiment que c'est la situation économique de la
production qui compte. Par exemple, on mentionne souvent la situation en
Finlande où il y a une agence de mise en marché depuis 25 ou 30
ans, mais, en ce moment, le taux d'opération des usines de Finlande est
moindre que le taux d'opération des usines canadiennes.
M. Bérubé: Depuis combien de temps?
M. Hart: Depuis deux ou trois ans. Il y a deux raisons: leur
marché, principalement la communauté européenne, est
faible et le
prix de revient est plus haut que le nôtre. Pour employer le mot
que vous avez utilisé, il est bien difficile pour eux d'envahir les
autres marchés, parce que les prix de revient sont plus hauts que les
nôtres et sont beaucoup plus hauts que les prix de revient des usines des
Etats-Unis.
Dans ces circonstances, l'agence de mise en marché ne
protège pas leur propre marché des années passées,
n'élargit pas le marché total. Je pense que les compagnies qui
ont déjà envisagé une agence de mise en marché ont
trouvé qu'il n'y a pas de réduction dans le coût de
transport ou d'entrepôt pour leurs efforts.
J'ai entendu, hier, les voeux exprimés par les
représentants d'Abitibi-Price qui ont mentionné l'attitude des
autres fournisseurs qui sont en dehors de l'agence de mise en marché et
qui peuvent présenter des grandes difficultés. A mon point de
vue, il n'y a pas de bénéfices économiques dans l'agence
qu'on a mentionnée. C'est absolument certain que nos acheteurs aux
Etats-Unis, qui sont nos principaux acheteurs, sont vraiment hostiles à
une agence comme cela. Je pense qu'ils cherchent le papier journal de n'importe
quel endroit avant d'acheter d'un consortium. C'est mon point de vue.
M. Bérubé: Vous soulignez qu'il n'y a pas beaucoup
de possibilités d'économie dans le transport. On me souligne,
néanmoins, que, présentement, il y a du papier de
Colombie-Britannique qui se vend dans le sud des Etats-Unis et qui se vend dans
le nord-est également, de même qu'il y a du papier fabriqué
au Québec qui se vend dans l'ouest américain. Par
conséquent, il semble y avoir passablement de transport qui se croise en
ce qui a trait au papier. Est-ce que, justement, il n'y aurait pas là,
étant donné que le coût de transport continuellement nous
est cité comme un des éléments importants de la
non-compétitivité de notre industrie, une économie
substantielle de transport, si on évite que le papier du Québec
n'aille se vendre en Californie et que le papier de la Colombie-Britannique ne
vienne se vendre sur le marché de New York?
M. Hart: M. le ministre, je pense que ce que vous avez dit n'est
pas correct. Je pense qu'il n'y a pas de papier journal fabriqué dans
l'Est qui est vendu en Californie ou de papier de Colombie-Britannique qui se
vend aux Etats-Unis dans l'est. Je ne le pense pas.
Ce n'était pas normal à cause des coûts de transport
que vous avez mentionnés. Mais quand les compagnies qui envisageaient
une agence de mise en marché ont fait des recherches, il y a quelques
années, elles ont trouvé que la plupart des compagnies ont
plusieurs usines au Québec, en Ontario, au Manitoba et au
Nouveau-Brunswick. La compagnie elle-même a réduit le plus
possible le coût du transport en minimisant les distances entre les
usines et les acheteurs. Nos problèmes de transport sont
réellement simplement de deux sortes. Il y a le problème des
distances. Les usines du sud sont dans le marché, les usines canadiennes
ou les usines des Etats américains du nord sont loin des marchés
du sud et du marché du nord-ouest des Etats-Unis. Mais la distance est
un fait. L'autre problème est le tarif des chemins de fer internationaux
qui est plus élevé, mille par mille, pour le transport d'origine
canadienne.
M. Bérubé: Nous avons cherché à
obtenir de la compagnie E.B. Eddy des chiffres qui nous permettraient de faire
cette comparaison. Malheureusement, la société n'avait pas ces
chiffres disponibles. Puisque vous semblez, effectivement, affirmer qu'il
existe une différence importante entre les coûts de transport au
mille aux Etats-Unis et les coûts de transport à
l'intérieur du Canada, auriez-vous des chiffres disponibles sur ces
différences, puisque, finalement, en général, étant
donné les diminutions de coûts, les contrats basés sur le
volume, il est souvent très difficile d'arriver à des chiffres
exacts dans le transport, sauf pour une industrie qui a l'expérience et
qui expédie effectivement du matériel par chemin de fer. Votre
association a-t-elle des chiffres recueillis auprès des
différentes compagnies sur les coûts effectifs de tansport et non
pas les coûts officiels que nous donnent les compagnies de chemin de
fer.
M. Hart: Je pense que nous pouvons préparer un tableau
pour vous, avec les chiffres de transport qui sont tous publiés, puisque
les chemins de fer et les camionneurs publient les tarifs. Je pense que nous
pourrons préparer un papier pour vous avec les chiffres.
M. Bérubé: Quand vous publiez ces chiffres,
tenez-vous compte des rabais que les compagnies de chemins de fer accordent
pour les très gros volumes de transport? Les conditions que l'on fait
à une entreprise qui veut expédier varient pratiquement d'une
entreprise à l'autre, selon les conditions du transport, le volume, la
fréquence, selon un si grand nombre de facteurs que, souvent, les
chiffres officiels des compagnies de transport qui sont accessibles ne
correspondent pas à la réalité des coûts de
transport. Une des difficultés que l'on a, c'est d'avoir les coûts
effectifs rencontrés par les compagnies qui expédient, et ces
coûts ne semblent pas facilement accessibles. Avez-vous une telle
compilation statistique, ou s'agit-il, en fait, des tarifs officiels
donnés par les compagnies de chemins de fer?
M. Hart: M. le ministre, je parlais des tarifs du transport entre
le Canada et les Etats-Unis. Je n'ai jamais entendu ce que vous avez
mentionné, qu'il y a des rabais dans les transports. Je pense que
cela...
M. Bérubé: Je peux vous dire que, comme
ingénieur, j'avais fréquemment des rabais sur les gros
volumes.
M. Hart: Je pense que cela ne s'applique peut-être pas aux
chemins de fer. Cela s'applique
peut-être au camionnage. Je n'ai pas de chiffres comme
ceux-là. J'ai simplement les chiffres officiels. Mais pour les chemins
de fer, je pense que ce sont les chiffres actuels. On peut aussi dire que le
transport est beaucoup plus concurrentiel entre les camionneurs et les chemins
de fer aux Etats-Unis qu'au Canada. Cela affecte aussi le coût du
transport à l'intérieur de chaque pays.
M. Bérubé: Une dernière question. Vous
mettez beaucoup d'accent sur le fait que le rendement sur le capital investi
dans l'industrie des pâtes et papiers n'a guère
dépassé les 5% au cours des années qui se terminent
présentement.
Comment entrevoyez-vous l'impact présentement de la valeur du
dollar canadien sur ce taux de rendement pour l'industrie canadienne?
M. Hart: Le changement dans la valeur du dollar canadien va
améliorer la situation, c'est sûr. C'est une situation qui change
de jour en jour. Mais je pense que le dollar canadien est en moins de 10%
maintenant que l'année 1976. Je n'ai pas les chiffres actuels pour les
compagnies qui indiquent la différence, mais je remarque que dans les
déclarations, à tous les trois mois, souvent les compagnies
indiquent qu'un changement dans la valeur du dollar va changer leurs profits
par quelques cents par action, quelque chose comme cela. Je n'ai pas les
chiffres exacts.
Certainement, dans le coût total, la baisse du dollar canadien va
améliorer la situation des compagnies. On peut s'inquiéter un peu
pour l'Angleterre parce que nous avons vu, peut-être, la situation
britannique. C'est un pays qui a eu beaucoup de dévaluation pendant les
années passées, depuis la fin de la deuxième guerre
mondiale. Durant toute cette période, les habitudes, les attitudes, les
perceptions des gens n'ont pas changé et c'est une constante
dévaluation. Cela arrive chaque année. Ce n'est pas une solution,
sauf pour le court terme. Mais il faut changer les attitudes, les plans
économiques pour améliorer la situation de l'Angleterre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Robert-Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. M. Hart, on
comprend bien que la situation dans l'industrie, surtout avec nos
problèmes de transport, soit du chantier à l'usine et ensuite de
l'usine au marché, nous met dans un désavantage au point de vue
concurrentiel avec les Etats-Unis, et aussi le coût de la matière
première, à cause, d'abord, de notre climat. Dans le
problème du transport, quelle est votre opinion sur les questions du
flottage dans nos rivières, d'abord? Deuxièmement, que
suggérez-vous que le gouvernement devrait faire pour baisser le
coût du transport routier?
M. Hart: Je crois que le flottage pour les usines qui
l'emploient, cela donne le transport le moins cher possible pour le bois. Il y
a des problèmes avec le flottage, certainement, mais, si on a pour but
de réduire les différences entre le coût du bois canadien
et le coût du bois américain ou brésilien, si on peut
trouver une situation où on peut faire le flottage, de mon point de vue,
c'est bien. C'est important de le faire.
M. O'Gallagher: Si on ne permet pas le flottage, est-ce qu'il y a
des usines, dans votre opinion, qui seraient obligées de fermer?
M. Hart: Je ne pense pas.
M. O'Gallagher: Ici au Québec?
M. Hart: Cela dépend. C'est la situation de l'usine. Il y
a des usines qui enregistrent des bénéfices et il y a des usines
qui sont plus marginales.
Je suppose qu'on peut imaginer une situation hypothétique une
prévision où le flottage pourrait résulter dans la
fermeture d'une usine. On peut envisager une situation comme cela,
certainement. Même chose avec tous les autres prix de revient.
M. O'Gallagher: Toujours dans le transport par camion, est-ce que
vous suggérez, comme d'autres compagnies l'ont fait, que le gouvernement
devrait donner un rabais fiscal sur le prix du gallon d'essence?
M. Hart: Nous n'avons pas suggéré cela pour les
camions routiers. Je pense qu'il y a un impôt sur la taxe de vente de
l'essence qui s'applique encore à l'équipement forestier.
M. O'Gallagher: Sur ses chantiers.
M. Hart: On peut poser des questions là-dessus,
certainement
M. O'Gallagher: Maintenant, à long terme, en parlant
toujours de la concurrence avec les Etats-Unis, d'après vous, les
Etats-Unis possèdent des réserves qui pourraient répondre
à leurs besoins pendant combien de temps encore?
M. Hart: Oui, les Etats-Unis possèdent beaucoup de
ressources forestières dans les forêts privées et dans les
forêts nationales. Il y a des fonctionnaires des Etats-Unis qui
envisagent une grande augmentation dans leur production de pâtes et
papiers et des autres produits forestiers. Ils ont des ressources, ils ont la
possibilité d'augmenter leurs récoltes sur sept ans.
M. O'Gallagher: Alors ils vont toujours garder leurs avantages
dans ce domaine aussi, vis-à-vis du Québec, par exemple.
M. Hart: Nous n'avons pas, M. le député, au Canada,
un monopole sur les ressources de fibres dans le monde. Comme je l'ai
déjà remarqué, les Scandinaves ont trouvé beaucoup
plus que nous avons pensé possible, durant des années.
Maintenant, nous avons le Brézil et les autres pays de
l'Amérique latine qui ont la possibilité de faire pousser
les arbres dans une courte période, avec un prix à l'usine
beaucoup moindre que le nôtre. C'est fondamental, je pense, de se
souvenir que les arbres sont beaux, que la forêt est belle, mais il y a
une ressource dans le sens économique et industriel seulement quand la
récolte peut être livrée aux usines à un prix
concurrentiel.
M. O'Gallagher: Juste une autre question, M. Hart. Quelle est
votre attitude face à la rétrocession des concessions
forestières? Doit-on accélérer ou mettre fin à la
rétrocession?
M. Hart: II pose des questions difficiles. M. Grenier: Ne
répondez pas fort.
M. Hart: Nous n'avons pas étudié cette situation.
Ce sont les compagnies québécoises qui l'ont fait. Je pense que
je peux dire quelque chose. J'ai observé que les directions des
compagnies sont tellement inquiètes des changements et, je pense, avec
raison, parce que nous avons remarqué que les investisseurs et les
acheteurs de papier journal s'inquiètent un peu, à cause de cela,
parce que c'est un changement et on ne peut pas dire s'il y aura assez de bois
à prix concurrentiel livré aux usines dans l'avenir.
La base fondamentale de l'industrie au Québec, c'est une
livraison de bois, d'assez de bois pour chaque usine, à un prix
concurrentiel.
M. O'Gallagher: Je vous remercie, M. Hart.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Permettez, M. Hart, que je vous remercie d'avoir
accepté de venir devant la commission. L'éclairage que vous nous
donnez est très général et nous fait voir le
problème mondial, ce matin. Nous avions eu une idée, hier, avec
la compagnie de papier Abitibi-Price qui nous donnait un aperçu pour
l'Amérique du Nord, mais ce matin on voit les problèmes sous un
angle encore plus large avec le dépôt de votre mémoire. Je
vous en remercie.
Vous avez parlé de malaise mondial, d'un début de
récession qui a commencé en 1974 et il semble que dans ce secteur
il y a un cycle. J'aimerais bien que vous me disiez à quoi c'est
dû, cela. Ce cycle est d'une durée de combien de temps?
M. Hart: II a une durée différente dans les
différents marchés du monde. L'économie des Etats-Unis
grandit un peu maintenant, mais elle grandit plus lentement qu'on l'avait
envisagé. L'économie en Europe n'a pas grandi du tout. Elle reste
sur le plancher du dernier cycle et ce n'est pas exactement la même
chose, mais presque la même chose pour le Japon. L'économie n'a
pas grandi comme tout le monde le pensait.
M. Grenier: Est-ce qu'on a tendance, dans le bas du cycle, si
vous voulez, dans le creux, à abandonner des usines, à fermer des
usines en général au Canada, alors qu'il serait peut-être
temps, dans le bas du cycle, de se ressaisir pour être là quand la
montée arrive? Est-ce qu'on a tendance à cela, ici au Canada?
M. Hart: Je ne comprends pas votre question, je m'excuse, mais
est-ce que vous pourriez la reprendre?
M. Grenier: Oui, d'acccord, je la reprends lentement.
M. Hart: Donnez-moi un peu d'aide avec cela.
M. Grenier: Depuis quelques années, quand il arrive des
difficultés comme on en a depuis 1974, est-ce qu'on a l'habitude de
fermer des usines, par exemple, pour vouloir prendre le marché quand
cela devient meilleur?
M. Hart: Vous pensez à une fermeture permanente?
M. Grenier: Oui.
M. Hart: Oui, il y avait des fermetures dans les années
passées, mais c'est souvent au Canada comme dans les autres pays du
monde. Nous avons remarqué qu'aux Etats-Unis, peut-être il y a
quinze ans, il y avait beaucoup de fermetures d'usines qui n'étaient
plus rentables à cause de changements dans la technologie ou dans les
marchés, ou dans des choses comme cela. Nous avons remarqué
exactement la même chose en Scandinavie, il y a huit ans, et en Europe en
ce moment. Il y a beaucoup d'usines en Europe qui ne sont pas rentables et qui
ont beaucoup de difficultés. C'est toujours dans le bas du cycle, comme
vous l'avez mentionné, que les usines ferment.
Je pense vraiment que la situation au Canada n'est pas exactement la
même parce que la plupart de nos usines sont parmi les plus grandes.
Mais, aux Etats-Unis et en Europe, il y avait de plus petites usines qui ont
fermé depuis.
M. Grenier: Vous avez mentionné, tout à l'heure,
que la Scandinavie était assez bien protégée et que, comme
elle faisait partie de la communauté européenne, elle avait de
grandes chances de garder là-bas son marché.
Peut-on dire qu'ici, au Canada, les compagnies canadiennes ont la
majeure partie du marché canadien?
M. Hart: Du marché canadien? Oui, la plupart du
marché canadien reçoit des papiers de toutes sortes des usines
canadiennes. Mais dans les années 1975 et 1976, il y a eu une grande
augmentation dans les importations de certains papiers pas du papier
journal des Etats-Unis. C'est une situation qui est arrivée
à la suite d'une grève sérieuse ici, au Canada, mais,
encore une fois, il y a peut-être là quelque chose de plus
fon-
damental. Vous vous souviendrez peut-être que j'ai
mentionné que les usines marginales dont les prix de revient sont
élevés, sont toujours les usines marginales, et nous nous
trouvons, au Canada, dans une situation où les usines de papiers fins,
le papier à écriture, sont bien pressées par les
importations des usines américaines. Il y a un droit de douanes de 12%
mais, malgré cela, les prix de revient des usines des Etats-Unis sont
beaucoup plus élevés que les nôtres pour les papiers fins,
papiers à écriture. Les prix de revient sont assez bas pour
franchir les droits de douanes de 12%, alors, il n'y a pas de
problèmes.
M. Grenier: Vous avez dit que d'ici 1990, il pourrait y avoir une
augmentation de 110 millions de tonnes dont on pourrait avoir besoin, et depuis
le début des mémoires, le ministre a laissé savoir qu'il
aurait pu y avoir une construction de 20 usines nouvelles. La compagnie
Abitibi-Price nous a dit hier, par la voix de M. Labrecque, qu'il
n'était pas utile d'avoir de nouvelles constructions mais d'utiliser
à pleine capacité les usines déjà en place.
Prévoyez-vous, comme association, que les usines en place sont
suffisantes pour produire le surplus de tonnes dont vous aurez besoin d'ici
1990?
M. Hart: Je ne comprends pas votre question ou peut-être
que vous n'avez pas compris ce que j'ai dit. Quant aux 110 millions de tonnes,
c'est un chiffre mondial.
M. Grenier: Mondial, j'avais pensé que c'était
canadien.
M. Hart: C'est une augmentation de la consommation prévue
dans le monde entier.
M. Grenier: Combien prévoyez-vous pour le Canada?
M. Hart: C'est le défi parce que si nos coûts de
revient restent plus élevés que les coûts de revient des
autres pays, il n'y aura pas beaucoup de place pour nous parce que les
acheteurs, les fournisseurs avec les prix de revient les plus bas, c'est une
pression des acheteurs, également c'est une pression des fournisseurs
avec les prix de revient bas.
M. Grenier: Ce que j'aurais voulu savoir de vous, vous
n'êtes pas sans en discuter à l'association, avec des hommes aussi
importants que les gens de la compagnie Abitibi-Price, dans le contexte actuel,
il y a une partie que le Canada doit occuper. A partir de là, sur les
110 millions de tonnes qu'on doit produire de plus dans le monde, va-t-on
continuer d'occuper notre part je parle toujours du contexte actuel,
à moins de changements que personne ne peut prévoir du
marché avec des usines en place?
M. Hart: Les usines en place ne répondent pas à
l'augmentation mondiale que j'ai mentionnée, c'est certain. Quant
à la part du Canada, je ne peux pas répondre à cela parce
que cela dépend totalement de la condition économique au Canada
et de nos prix de revient.
M. Grenier: Vous avez dit également que l'avenir
était dans les pays d'entreprise libre; pourriez-vous détailler
votre pensée un peu plus? Pourquoi? Je comprends la différence
entre les pays d'entreprise libre et les autres à caractère
socialiste, mais pourquoi est-ce comme cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Hart: Excusez! Ce sont les prévisions pour
l'organisation de l'alimentation et de l'agriculture. C'est une augmentation de
110 millions de tonnes dans la consommation mondiale. Nous avons
remarqué qu'il y a une portion de cette augmentation qui échappe
à notre capacité de fournir, parce que c'est la demande des pays
de planification centrale ou les pays en voie de développement, qui vont
produire leurs propres pâtes et papiers pour utiliser leur main-d'oeuvre,
pour utiliser leurs ressources et pour conserver les devises
étrangères. Cela nous indique seulement une partie des 110
millions de tonnes qui sont disponibles dans les marchés de libre
entreprise pour le Canada, pour les nouvelles usines des Etats-Unis, ou en
Suède, des choses comme cela.
M. Grenier: J'aurais bien d'autres questions, mais j'en ai une
toute dernière, si vous le permettez, M. le Président, à
caractère peut-être plus local. Votre mémoire prête
à des questions d'intérêt général fort
intéressantes, mais si vous m'en permettez une toute dernière
d'intérêt plus local, vous avez dit tout à l'heure que si
les usines actuelles n'avaient pas fait d'investissements chez elles,
c'était attribuable au fait que les dernières années
n'avaient pas donné suffisamment de bénéfices à ces
usines.
J'aimerais que vous nous disiez si, le tout étant réparti
sur une vingtaine d'années, ces usines ont fait suffisamment
d'investissements. C'est bien sûr que quand les compagnies viennent ici
nous dire: On en a fait passablement et que quand les autres parties viennent
nous dire qu'elles n'en ont pas fait assez, vous êtes placés pour
nous dire si les compagnies ont suffisamment investi, en 1974, quand
c'était bon.
M. Hart: L'industrie est déjà entrée, au
Canada, dans une série de mouvements. A la fin de la deuxième
guerre mondiale, il y a eu une période d'une quinzaine d'années
où, au Canada, le prix de revient du bois, de la main-d'oeuvre, de
l'énergie était beaucoup plus bas qu'aux Etats-Unis. Dans une
telle période, les industries ont beaucoup grandi au Canada; c'est la
période où on a mis en place de nouvelles usines et où les
compagnies ont renouvelé leur vieille machinerie.
Après l'année 1965, il y a eu, la plupart du temps, une
surcapacité pour les pâtes et papiers
dans le monde international; dans de telles circonstances, les profits
des compagnies canadiennes n'ont pas été suffisants pour faire
l'entretien, pour renouveler la machinerie ou pour faire l'expansion qu'elles
voulaient; de mon point de vue, ce fut simplement le cas où les
compagnies n'avaient pas assez de ressources pour faire davantage.
M. Grenier: Je vous remercie et je remercie également le
ministre d'avoir invité ce groupe à venir, c'est vraiment un
document nécessaire à la commission, je pense.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je n'ai qu'une
question à vous poser. Elle est relative à l'environnement dont
vous parlez dans votre mémoire à la page 15. Vous dites, entre
autres, "qu'il faut parvenir c'est le dernier paragraphe à
un équilibre raisonnable entre les échéances requises par
l'environnement et la vitesse à laquelle s'accroît la
nécessité d'investir dans la productivité pour renforcer
la situation concurrentielle de l'industrie".
Dans presque tous les mémoires déposés par les
entreprises des pâtes et papiers depuis le début des travaux de
cette commission, on a remarqué un manque général de
précisions sur ce que vous appelez ici "les échéances
requises". On parle, dans d'autres mémoires, de délais
raisonnables. Il serait intéressant, et même nécessaire,
pour la commission d'avoir un peu plus de précisions sur ce que
l'industrie des pâtes et papiers entend par échéances
requises relativement à l'environnement. Quels sont les délais
raisonnables pour l'industrie des pâtes et papiers, quelles sont les
échéances requises, tout en maintenant la situation
concurrentielle de l'industrie? Qu'est-ce que cela veut dire comme temps?
M. Hart: Je ne peux pas préciser exactement, étant
dans la même position que ceux que vous avez mentionnés. Mais
c'est sûr que les compagnies n'ont pas eu assez de fonds ni assez de
revenus pour faire tout ce qu'elles voulaient en ce qui concerne
l'environnement. On pense au temps qu'il faut pour faire des changements et on
pense aussi à la situation des eaux qui reçoivent les effluents
des usines. Je pense vraiment que c'est difficile pour l'industrie dans la
situation concurrentielle actuelle et il faut trouver des améliorations
dans les négociations avec les compagnies et les individus. Je pense
qu'il y aura plus de progrès de cette façon.
M. Brassard: Je comprends bien, mais, pour l'environnement, pour
les services de protection de l'environnement, il sera essentiel, à un
certain moment, que l'industrie des pâtes et papiers précise ce
qu'elle entend par délais raisonnables ou par échéances
requises. Il y a un projet de règlement sur les effluents de l'industrie
des pâtes et papiers qui parle de délais possibles se situant en-
tre cinq et dix ans, pour en arriver à une protection adéquate,
acceptable de l'environnement. Trouvez-vous ces délais se situant entre
cinq et dix ans raisonnables, acceptables pour l'industrie des pâtes et
papiers au Québec?
M. Hart: Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il faut
protéger l'environnement. Je m'inquiète un peu quand je vois les
grandes planifications pour changer des choses comme celles-là. C'est
pour cette raison que j'ai mentionné les négociations entre les
usines et les individus pour répondre à ces besoins. Quant au
terme des délais, si je vous donne un chiffre, il y a quelqu'un d'autre
qui ne sera pas d'accord avec moi. On peut dire cinq, dix ou quinze ans. Je ne
sais pas. Mais je pense que cela dépend de la situation
spécifique de chaque usine.
M. Brassard: Au fond, ne trouvez-vous pas que, finalement, la
solution au problème de l'environnement, du côté de
l'industrie des pâtes et papiers, n'est pas de s'engager d'une
façon hardie dans la voie de nouvelles technologies de production de
pâtes.
Il est reconnu que la pâte produite par procédé
thermomécanique est nettement moins polluante que par le
procédé traditionnel au sulfite. Or, la conclusion qui se
dégage depuis le début des travaux, depuis qu'on voit
défiler un bon nombre d'entreprises de pâtes et papiers
plusieurs ont maintenant déjà témoigné et
à laquelle j'arrive, c'est que presque toutes les entreprises
manifestent un conservatisme, sur le plan technologique, qui peut être
finalement nuisible pour l'avenir de l'industrie des pâtes et papiers;
elles sont d'un conservatisme outrancier sur le plan technologique. Elles
attendent que presque tous les problèmes de la nouvelle technologie
soient résolus avant de s'y engager. F.F. Soucy nous a
démontré, hier, qu'on pouvait s'engager dans la voie de nouvelles
technologies non pas sur le plan expérimental, mais sur le plan
de la production et faire un produit de qualité d'une
façon rentable. En s'engageant dans cette nouvelle voie, l'industrie
rentabiliserait les usines et, en même temps, elle résoudrait
presque complètement, ou en grande partie, le problème de
l'environnement. Peut-être c'est un commentaire que je fais,
finalement, vous pourrez donner votre opinion sur ce commentaire, si vous le
voulez que si l'industrie des pâtes et papiers était, je ne
dirai pas révolutionnaire, elle est loin de l'être, mais un peu
plus réformiste, si elle s'engageait dans la voie de nouvelles
technologies, se trouverait-elle à rentabiliser ses usines et, du
même coup, simultanément, elle résoudrait ses
problèmes d'environnement. Ce n'est pas ce qu'elle semble vouloir faire,
malheureusement.
M. Hart: C'est souvent une question d'avoir assez d'argent pour
le faire; c'est certainement un problème. Vous avez mentionné: la
recherche, la technologie, les pâtes thermomécaniques; il y aura
des améliorations comme résultat des recherches canadiennes. On
nous considère dans le
monde entier, au premier rang pour notre technologie, mais souvent c'est
difficile à appliquer quand on n'a pas assez d'argent pour payer les
immobilisations. C'est, je pense, le premier problème, mais
peut-être aussi que l'industrie est-elle modérée, comme
vous l'avez mentionné. C'est peut-être normal quand on
dépense des millions de dollars pour les immobilisations; ce n'est pas
facile de faire des investissements aussi grands.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme
vous le savez, normalement le mercredi, les travaux de la commission sont
suspendus à midi. Je permettrai deux questions rapides et brèves
au député de Brome-Missisquoi; ensuite, les travaux de la
commission seront suspendus.
M. Russell: Tout à l'heure vous avez mentionné
qu'en Finlande, le coût de revient était rendu élevé
à un point tel qu'elle perdait son marché. Etes-vous en mesure de
dire à la commission les raisons qui motivent le fait que ces gens sont
devenus hors du marché?
M. Hart: Les prix de revient sont plus élevés que
les nôtres principalement à cause des politiques suivies dans ce
pays et l'inflation dont ce pays à souffert dans le passé. Les
Finlandais ont eu une inflation de 14% ou 15% pendant plusieurs
années.
M. Russell: Deuxièmement: Serait-il vrai de croire qu'en
Colombie-Britannique les usines de pâtes et papiers sont obligées
d'utiliser d'abord les copeaux qui viennent des scieries avant d'avoir
accès à d'autres matières? Si oui, est-ce que la
même chose ne pourrait pas se faire, ici, au Québec?
M. Hart: La production thermomécanique utilise les
copeaux. Je ne peux pas répondre à votre question mon ami
vient de me le dire parce que je n'ai pas les faits en main, mais je
peux écrire au président pour avoir la réponse. C'est une
question de fait, vraiment.
M. Russell: On m'informe que les usines de pâtes et papiers
en Colombie-Britannique sont obligées d'utiliser d'abord les copeaux qui
viennent des scieries avant d'avoir accès à d'autres
matières. Est-ce que ce fait est réel? Je ne le sais pas.
M. Hart: Je ne le sais pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. Hart,
de même que vos collègues, nous vous remercions d'avoir
collaboré aux travaux de cette commission parlementaire.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: C'est une question d'information seulement. Cela peut
ne pas être très long. J'avais en main une feuille de route du 11,
soit l'horaire qui nous a été fait pour la journée d'hier.
Aujourd'hui, c'est encore un horaire qui se passe très bien, sauf pour
le jeudi 13, j'avais soulevé cette question, au début de la
journée d'hier, et aujourd'hui, avec plus d'acuité encore, si
vous voulez. Je demande donc, M. le Président, si c'est votre intention
de suivre le premier jet qui nous a été remis, à savoir
que le comité ad hoc d'East Angus et la compagnie Domtar, les dossiers
27M et 17M, pourraient avoir préséance sur les autres demain
matin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je dois
d'abord vous dire, M. le député de Mégantic-Compton, que
je n'ai pas la liste que vous avez entre les mains.
M. Grenier: En attendant, M. le Président, pendant que
vous allez prendre des informations, il est clair que la compagnie
Québec North Shore, qui est prévue pour demain matin, de
même que la compagnie Rolland, déplacent des personnes qui
sont...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, le problème est
réglé. Je viens de recevoir à l'instant la liste des
organismes convoqués, et le comité ad hoc est convoqué en
première position. Donc, cet organisme sera entendu en premier, demain
matin, à 10 heures.
M. Grenier: M. le Président, c'est quasiment à
genoux que je vous remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et la
compagnie Domtar en second lieu.
M. Grenier: Elle sera en deuxième, Domtar?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
cela. Cela répond à votre question, M. le député de
Mégantic-Compton? Je constate un large sourire sur votre visage.
M. Grenier: Très bien, merci. Vous êtes d'une
souplesse incommensurable, comme disait ma maîtresse d'école.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Sur le même sujet, M. le Président,
effectivement, au début de la semaine, mardi matin, lors de la reprise
des travaux de la commission parlementaire, vous avez déposé une
liste des
groupes qui allaient comparaître devant la commission, cette
semaine. Si vous regardez la liste qui nous a d'ailleurs été
fournie par le député de Brome-Missisquoi, mardi matin, vous
indiquiez, en tant que président, aux membres de la commission que
ladite commission allait siéger mardi, mercredi et jeudi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et
vendredi.
M. Pagé: Ce n'était pas sur la liste
déposée mardi. Vous venez d'ailleurs d'en recevoir copie du
député de Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II faut
bien s'entendre. La liste que je viens de recevoir est la liste des organismes
convoqués pour demain, le jeudi 13 octobre. Je n'ai pas en ma possession
la liste des organismes convoqués pour vendredi.
M. Grenier: M. le Président, je ne sais pas si c'est le
désir de la commission de siéger le vendredi. Il est une coutume
que l'on siège le mardi, le mercredi et le jeudi. Je n'ai rien contre le
fait que le PQ siège a des comités à part et qu'il se
fasse des listes, mais il ne faudrait quand même pas mêler la
commission ici, le PQ, avec la table de travail. On a l'impression qu'il
circule des listes et ce n'est pas un blâme que je vous fais, M.
le Président, et vous êtes probablement le dernier informé
là-dedans, je ne voudrais pas qu'on mélange les comités du
PQ avec la table de travail ici. On a siégé, il y a eu des
rencontres. On le voit, il y a eu des rencontres où on a
décidé qu'il y aurait des commissions qui pourraient
siéger mardi, mercredi et jeudi. On a parlé de cela ici. Il y a
eu d'autres rencontres du PQ, où on pourrait siéger le
vendredi.
J'aime mieux vous le dire tout de suite, ce sera clairsemé de ce
côté-ci vendredi matin. On va être dans le "second growing",
comme on dit dans le bois.
Une Voix: Clairsemé!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, tout d'abord, vous avez raison
de dire que la présidence n'a rien à voir à la convocation
des organismes, mais la présidence a quelque chose à voir dans le
respect des règlements. Vous le concevez très bien, je pense. Un
règlement, dont j'ignore le numéro, à moins que je me
trompe, indique que les commissions parlementaires siègent aux heures de
l'Assemblée nationale. Or, l'Assemblée nationale siège
toujours le vendredi matin de 10 heures à 13 heures. A moins que je me
trompe, parce que je cherchais le numéro et je ne l'ai pas
trouvé, je sais que cet article existe, donc à moins, comme je le
disais tout à l'heure à certains collègues, d'un
consentement unanime ou d'une motion adoptée majoritairement, comme des
organismes ont été convoqués et comme le règlement
doit être appliqué, la commission étant maîtresse de
ses travaux, la commission peut décider de ne pas siéger
vendredi. Je tiens quand même à vous souligner que le
règlement de l'Assemblée nationale dit que les commissions
siègent aux heures de l'Assemblée.
M. Pagé: M. le Président, sur le sujet, parce que
c'est moi qui en ai fait état tout à l'heure, et d'ailleurs je
n'avais pas complété mon argumentation, mardi dernier, la
première semaine que la commission a siégé, nous avons
siégé les mardi, mercredi et jeudi soirs.
De plus, cette semaine je pense que le document qui vous a
été remis par le député de Brome-Missisquoi tout
à l'heure en témoignait dès le début des
travaux, mardi, sur la liste qu'on nous a remise, il était prévu
que nous allions siéger mardi, mercredi et jeudi. On apprend, en
dernière minute, qu'on va siéger vendredi. Non pas qu'on ne
veuille pas siéger, ce n'est pas la question, mais on a quand même
des engagements de pris. Quant à moi, je serai à l'étude
du projet de loi no 53, à la commission parlementaire de la fonction
publique. Mes collègues de l'Union Nationale seront à
l'extérieur, ils seront en tournée parce que c'est la mode
actuellement, les députés qui se promènent partout; le
Parti québécois en sait quelque chose.
M. Grenier: Nous nous promenons à nos frais, mais le
gouvernement se promène aux frais des contribuables!
M. Pagé: C'est ça le pire!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Pagé: Pourquoi ne pas avoir siégé la
semaine passée? Parce que vous étiez en tournée, vous
autres. C'est pour cela qu'on n'a pas siégé.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Pagé: Oui, c'est pour cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, ce que je sais, c'est que le personnel des
commissions a convoqué deux organismes pour vendredi. J'ai des
informations dans ce sens. D'autre part, un document, que j'ai ici devant moi,
indique les dates de séances pour cette semaine. On mentionne le
vendredi 14 octobre avec deux organismes: La Papeterie Reed Ltée et le
Conseil de la forêt de l'Est du Québec.
A moins que vous avez un document que je n'ai pas en ma possession, le
document que j'ai indique qu'il y aura une séance vendredi.
M. Grenier: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'autre
part, le personnel m'informe que deux organismes ont été
convoqués et la commission peut décider.
M. Grenier: M. le Président, vous avez en main des
documents que l'Opposition n'a pas. Je trouve étrange qu'on les
dépose dans les mains du président alors qu'on n'a pas les
mêmes documents. Nous avons une feuille qui parle de mardi, mercredi et
jeudi et vous avez en main, si ma mémoire m'est fidèle, un
document qui est préparé par un comité du PQ. J'aimerais
qu'on en prenne connaissance. Si on le dépose chez le président,
qu'on le dépose aussi chez l'Opposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Pourriez-vous me montrer votre document?
M. Grenier: Je viens de vous en faire porter une copie, M. le
Président, vous l'avez en main. C'est là-dessus que vous m'avez
dit que Domtar et le comité ad hoc présenteraient leurs
mémoires demain, à 10 heures et 12 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends que c'est pour le jeudi 13 octobre. Je parle du vendredi 14
octobre.
M. Grenier: Pour le 14 octobre, vous êtes le seul à
avoir le document. Je vous dis que c'est un document préparé par
le comité du Parti québécois, ce n'est pas le nôtre.
On n'a pas ce document qui contient trois ou quatre feuilles
brochées.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
vous parle d'aucun document, je vous fais part du fait que le personnel de la
commission m'informe que des organismes ont été convoqués
pour le vendredi 14 octobre.
M. Grenier: Vous venez de nous parler d'un document que vous
aviez dans les mains et que vous êtes en train d'ouvrir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
deux informations, autrement dit, si vous voulez avoir plus de détails;
j'ai l'information du personnel de la commission que des convocations ont
été faites pour le 14 octobre et, d'autre part, j'ai un document,
qui ne vient peut-être pas du personnel de la commission, mais qui
indique qu'il y a deux organismes, les mêmes, qui ont été
convoqués pour le vendredi 14 octobre. Face à cela, vous pouvez
décider de ne pas siéger, mais ce n'est pas la présidence
qui peut ordonner à la commission de ne pas siéger vendredi;
c'est la commission qui peut le décider.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: ... effectivement, l'ordre des
présentations à cette commission est forcément
préparé, ou du moins les suggestions, au cabinet de mon
ministère; c'est donc à l'intérieur de mon cabinet que
nous avons préparé un programme, un ordre du jour des
différentes présentations que nous avons soumis, il y a
déjà plusieurs semaines, au secrétariat des commissions
qui a fait les invitations en conséquence.
Donc, ce programme existe depuis le début, tous les intervenants
ont été convoqués et, effectivement, des convocations ont
été envoyées, il y a plus d'une semaine, pour ce vendredi
prochain. Nous ne faisons que respecter un ordre du jour qui avait
été préparé, soumis et accepté par le
secrétariat des commissions.
M. Grenier: M. le Président...
M. Bérubé: Nous tenons à suivre cet ordre du
jour, étant donné que les travaux de l'Assemblée nationale
vont reprendre le 18 et nous serons sans doute en présence de plusieurs
commissions qui devront siéger en même temps, que ce soit pour
l'assurance automobile, qui n'a pas terminé ses travaux, que ce soit
pour la question du référendum ou celle de la loi 45; donc, il y
aura plusieurs commissions parlementaires et nous croyons que nous devons, dans
la mesure du possible, tenter d'accélérer les travaux de
l'Assemblée nationale, de manière à au moins terminer les
travaux de cette commission.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, avant que vous ne preniez la
parole d'ailleurs, j'avais reconnu au préalable le
député de Portneuf je viens de recevoir à l'instant
la liste des organismes convoqués pour le vendredi 14 octobre.
Conformément au règlement, ces organismes ont été
convoqués avec un avis d'au moins une semaine, au moins sept jours
francs. J'ai cette feuille-là. Evidemment, vous comprendrez que je ne
l'avais pas tout à l'heure parce que nous sommes le mercredi 12 octobre
et les organismes sont convoqués pour le vendredi 14 octobre. On
m'informe...
M. Grenier: M. le Président, vous êtes sauvé
par la cloche, vous n'avez pas à produire le document
préparé qui circule de l'autre côté de la table,
mais qui ne circule pas ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je n'aime pas du tout vos
insinuations. C'est signé Jacques Pouliot, secrétaire des
commissions. C'est parti depuis au moins une semaine à l'ordre des
organismes. Je n'aime pas que des insinuations semblables soient faites en
commission parlementaire.
M. Grenier: M. le Président, ce n'est pas à vous
que je faisais l'insinuation, vous le savez. Vous savez bien que je vous
respecte trop. Je vous ai respecté lors de la loi 101, mais je vous dis
qu'on voit circuler en face de nous des documents et qu'ils sont rendus
officiels sans qu'on en ait en notre possession. Je ne trouve pas cela correct
à la commission. Ce n'est pas vous que je blâme, M.
le Président. Vous êtes le dernier que je blâmerai
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ferai
des représentations auprès du personnel des commissions afin que,
dorénavant, au début de chaque semaine, la liste des organismes
convoqués par le secrétariat des commissions soit remise à
l'ensemble des députés et des membres de la commission
parlementaire. Je peux vous le dire, ils sont ici et ils vont en prendre bonne
note. M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, essentiellement ceci: Je
regrette qu'on n'en ait pas été avisé, d'autant plus qu'on
aurait pu l'être si les groupes ont été convoqués
dans un délai de sept jours. Je ne m'explique pas pourquoi, avec une
telle convocation, avec un tel pré-avis de sept jours, dès mardi
matin on n'aurait pas pu être informé qu'on allait siéger
vendredi. Je pense qu'il serait de mise, dans des circonstances comme
celle-là ce n'est pas un blâme que je veux faire à
mes amis, le personnel de la commission que les parlementaires soient au
moins avisés de l'ordre du jour que la commission entend se donner. Il
faut quand même constater, qu'on le veuille ou non, que la semaine
passée on n'a pas siégé, messieurs, parce que vous
étiez en tournée électorale.
Cette semaine, vous arrivez et vous faites du brasse-camarades. On
siège même vendredi. On pense que c'est un manque de
délicatesse, tout au moins, qui est très évident, parce
qu'on avait des engagements. Par surcroît, M. le ministre, quitte
à ce que vous me le confirmiez ou me l'infirmiez, mardi matin je vous ai
demandé si on siégerait jeudi et vendredi. Vous m'aviez dit qu'on
ne siégerait pas vendredi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
le...
M. Grenier: Pour continuer sur cette question, de notre
côté, sachant que nous devions siéger mardi, mercredi,
jeudi et n'ayant pas en main ce document qui nous aurait permis d'être
présents ici vendredi, je suis obligé de vous informer qu'on ne
pourra pas être présent en commission vendredi matin parce qu'on a
pris d'autres engagements qui sont connus par la presse, des engagements qui
ressemblent étrangement à ceux qu'a pris le Parti
québécois, il y a deux et trois semaines, et qu'on est
obligé de respecter nous aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je prends note de votre avis
qui, je crois, est superflu. Je répète qu'à moins d'une
motion, des organismes ayant été convoqués, je serai ici
vendredi matin à dix heures. Je prends note, d'autre part, d'une
remarque qui est importante. Je pense que vous avez eu le mérite de le
souligner, dorénavant, il faudrait, au début de la semaine,
être averti des journées de session et des organismes
convoqués. Même s'il peut y avoir des changements à
l'intérieur de la semaine, je pense que ce serait une bonne politique
à adopter. Au nom de tous ceux qui s'en occupent, je prends le
blâme peut-être de ne pas l'avoir fait, de ne pas avoir appris aux
membres de la commission qu'on siégeait vendredi.
D'autre part, nous sommes mercredi et nous apprenons maintenant qu'il y
a des organismes qui ont été convoqués depuis au moins une
semaine. A ce stade-ci, je dois répéter encore la même
chose: A moins d'une motion, la commission siégera vendredi.
M. Russell: Sans en faire une motion, il serait quand même
juste que les membres de cette commission soient informés en même
temps que ceux qui ont été convoqués. Il est incroyable
que vendredi, malgré les obligations qu'on a déjà prises
on l'a fait en n'étant pas au courant que la commission allait
siéger, on l'a fait de bonne foi Personne de nous ne pourra
être ici pour assister aux commissions qui sont appelées a
siéger. Je pense qu'il serait indécent que la commission
siège. Si vous décidez, si le comité décide de
siéger vendredi, on en prendra note et j'espère qu'à
l'avenir on apportera les correctifs nécessaires. Je pense bien qu'il
n'y a personne de l'Opposition qui va siéger ici vendredi.
M. Pagé: Si cela continue, M. le Président, il n'y
aura aucun membre de l'Opposition, la commission ne pourra pas
siéger.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Pour le moment, nous en sommes au mercredi, 12 octobre, et
j'inviterais la Compagnie internationale de papier Ltée., et son
porte-parole à se présenter et à présenter ses
collègues, s'il vous plaît!
M. Grenier: Avant de procéder, est-ce qu'il y aurait lieu
de savoir si la question sera reprise avant la fin de la journée,
à savoir si on siégera vendredi matin?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, je dois répéter
que la commission siégera vendredi, à moins d'une motion
majoritairement adoptée par cette même commission. La
présidence n'a pas à décider si elle siégera ou
non. La présidence ne convoque pas les organismes. C'est le personnel
des commissions qui convoque les organismes. La présidence n'a
qu'à constater que des organismes ont été convoqués
pour vendredi.
C'est le rôle de la présidence de souhaiter la bienvenue
aux gens, de donner le droit de parole, de soulever les questions de
règlement pas de les soulever, mais de les trancher parce que je
me fie sur d'autres députés de tous les partis politiques pour
soulever les questions de règlement, si j'étais là, je les
soulèverais probablement ...
M. Pagé: Vous les soulèveriez. Je comprends!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais la
présidence ne peut que constater ce qui
arrive à cette commission parlementaire. M. Therrien, je
présume, ou le porte-parole de la compagnie.
Compagnie internationale de papier du Canada
M. Flenniken (C.S.): M. le Président, messieurs, je suis
président et directeur général de la Compagnie
internationale de papier du Canada. Nous sommes heureux de nous
présenter devant cette commission et nous remercions le ministre des
Terres et Forêts de nous avoir convoqués. Il serait plus facile
pour moi de m'exprimer en anglais, mais je vais essayer de continuer en
français.
La CIP fut incorporée au Québec en 1916 sous le nom de St.
Maurice Lumber Co. Les opérations de la compagnie mère avaient
cependant commencé, sous licence, à la fin du XIXe
siècle.
La croissance de la compagnie dans les années vingt lui est venue
du déclin des activités de la compagnie mère,
concentrée alors dans le nord-est américain. Ce déclin
était dû, en grande partie, à l'augmentation des prix de
revient qui ne permettaient pas à l'industrie de demeurer
compétitive. Cet exemple démontre que l'industrie est sujette
à migration; depuis vingt ans, ce mouvement s'est manifesté
à l'avantage du sud des Etats-Unis.
Divers facteurs l'ont provoqué et la commission aura fait un
grand pas si ces auditions permettent de sortir le public de l'apathie dans
laquelle il se trouve vis-à-vis de notre industrie. L'abondance des
ressources naturelles que représente la forêt ne constitue pas une
garantie pour l'avenir. La CIP a investi plus de $600 millions en
immobilisations au Canada. Ses ventes de plus de $750 millions par année
en font l'une des grandes sociétés du pays, la troisième
en importance dans l'industrie des pâtes et papiers; la capacité
de production du groupe CIP en fait la plus importante société de
produits forestiers au Québec.
Incorporée au Québec, la CIP n'a qu'un seul actionnaire,
elle ne publie pas de rapport financier. La comparaison avec les autres
compagnies nous est cependant possible et nous permet de constater que depuis
quatre ans, notre marge de profit est la meilleure, ce qui ne veut pas dire
qu'elle soit suffisante.
La CIP a considéré sérieusement chacune des
questions posées par le ministre des Terres et Forêts dans ses
déclarations de juin dernier. Les réponses
présentées dans notre mémoire devraient permettre à
la commission de mieux connaître la nature, les causes et les
conséquences des problèmes rencontrés par la compagnie
dans ces domaines. De plus, elle devrait nous permettre de faire valoir
auprès du gouvernement les moyens proposés pour les
résoudre.
Il va sans dire que nous offrons, à cet effet, notre
entière collaboration. Je n'ai pas l'intention de lire le mémoire
au complet, M. Clermont, vice-président de la compagnie, vous en tracera
les grandes lignes. Je voudrais maintenant vous présenter mes
collègues qui représentent les princi- paux secteurs
d'activités dans la compagnie. De gauche à droite: M.
Wolstenholme, vice-président de l'exploitation forestière; M.
Pinard, ingénieur forestier en chef; M. Clermont, vice-président
à l'administration; M. G. Hughson, vice-président, planification
et technologie; M. Pichette, directeur du service de l'environnement; M.
McArthur, directeur de la fabrication et de l'exploitation forestière,
papier journal. Merci. M. Clermont.
M. Clermont: Merci. M. le Président, j'ai donné au
secrétaire les copies de nos résumés pour, avec votre
permission, remettre aux membres de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous les
avons déjà.
M. Clermont: Merci. Je vais demander à M. Pinard de vous
lire la première partie du résumé concernant
l'approvisionnement des usines en matière ligneuse.
M. Pinard (Marcel): L'approvisionnement des usines. Pour
l'industrie des pâtes et papiers, la présence de sources
abondantes et économiquement accessibles en matière ligneuse est
un prérequis à l'implantation des usines. Leur
développement ne peut toutefois être assuré que si la
nature, la qualité, la quantité et le prix de cette
matière première sont stables et contrôlables par
l'utilisateur. Or, au cours des dernières années, l'inflation et
les politiques gouvernementales en matière de ressources
forestières ont modifié ces facteurs d'équilibre et
contribué à créer un climat d'incertitude.
La compagnie est désireuse d'identifier les facteurs responsables
de cette situation et d'obtenir la collaboration du gouvernement et des autres
agents impliqués dans son effort continuel pour la corriger.
Les sources d'approvisionnement. Dans le passé, la plus grande
partie des besoins en fibre de la compagnie a été satisfaite par
des bois en provenance de ses concessions forestières et de ses
francs-alleux, sources considérées par la compagnie comme les
plus stables et les plus flexibles tout en permettant un maximum de
contrôle au gouvernement. Par ailleurs, au cours des cinq
dernières années, les résidus du sciage ont
contribué à 29% de l'approvisionnement des usines et des bois des
forêts privées à 20%. Tout en reconnaissant l'importance,
pour ces usines, des sources de fibre originant des scieries et des
forêts privées, la compagnie recommande au gouvernement de lui
permettre de pouvoir continuer de s'approvisionner principalement en
matière ligneuse provenant de territoires aménagés et
exploités par elle, territoires géographiquement bien
localisés et situés aussi près des usines et des centres
de main-d'oeuvre que possible.
Les facteurs d'ordre socio-économique qui militent en faveur de
telles recommandations sont: 1) la stabilité économique des
centres de population vivant de la forêt; 2) la stabilité d'une
main-
d'oeuvre de plus en plus spécialisée; 3) la
sécurité financière des particuliers ayant à
investir dans l'équipement forestier; 4) le maintien de bonnes relations
patronales-ouvrières; 5) la rentabilité de la compagnie dans le
domaine des infrastructures et des pièces mécaniques; et enfin,
6) la possibilité d'une meilleure planification à court et
à long terme.
La quantité et la nature de l'approvisionnement. En 1976, les six
usines de la compagnie, soit celles de Gatineau, de La Tuque, des
Trois-Rivières, de Hawkesbury, de Dalhousie et de Matane ont
consommé 1 720 000 cunits de bois rond et de fibre de bois en provenance
du Québec.
La capacité de consommation maximale pour ces mêmes usines,
en regard du bois provenant du Québec, était alors de 1 873 000
cunits. Ainsi, en 1976, on peut conclure que le taux de consommation de ces
usines a atteint 92%.
La compagnie doit donc compter sur un approvisionnement disponible et
économiquement utilisable d'au moins 1 870 000 cunits de bois par
année. Les expansions prévues à Gatineau et à La
Tuque porteront possiblement dans quelques années la capacité de
consommation des usines de la compagnie à quelque 2 millions de cunits
par année.
Au chapitre de la nature de la matière première, les bois
résineux: le sapin, l'épinette et le pin gris, ont
constitué, en moyenne, 85% des approvisionnements au cours des
dernières années et les bois feuillus 15%. Il faut cependant
noter que les usines de Matane, de La Tuque et de Hawkesbury ont
consommé uniquement ou ont augmenté sensiblement leur
consommation de feuillus ou de résidus durant cette période.
Aux pages 8, 9, 10 du mémoire, nous faisons état des
efforts faits par la compagnie depuis bientôt 20 ans dans les domaines de
l'achat et de l'utilisation des résidus du sciage, c'est-à-dire
les copeaux, les sciures et les planures. La CIP est devenue le plus important
utilisateur de résidus du sciage dans le Québec et dans l'est du
Canada. En 1976, l'usine de La Tuque a consommé 390 300 tonnes anhydres
de copeaux résineux. Elle utilise aussi de 5000 à 10 000 tonnes
par année de copeaux feuillus et, au cours des cinq dernières
années, une moyenne annuelle de 256 500 tonnes anhydres de sciures et de
planures ont été transformées à cette usine.
La manutention des sous-produits du sciage a nécessité des
investissements de $13 millions aux usines de la compagnie. Je vous ferai
remarquer qu'il y a une erreur; il faudrait remplacer les $10 millions
pour ceux qui ont des textes par $13 millions. L'utilisation rationnelle
de ces équipements, d'une capacité définie, exige une
planification précise dans le temps et dans les quantités en
termes journaliers et annuels.
Le contrôle des coûts associés à cette source,
c'est-à-dire les résidus du sciage et les bois des forêts
privées, sera possible à la condition de pouvoir compter sur une
stabilité d'approvisionnement à long terme et sur une
planification ordonnée de la provenance, ceci afin de minimiser surtout
les coûts de transport.
Compte tenu des modes d'exploitation, de transport et des
possibilités d'achat de fibres, la disponibilité des bois
à pâte résineuse sur les concessions et les francs-alleux
de la compagnie est en général suffisante pour permettre à
la compagnie de subir certaines variations causées par des variations de
disponibilité dans les sources extérieures.
Dans le but de préciser davantage ces aspects de
disponibilité et de provenance du bois, il est recommandé au
gouvernement de tout faire pour minimiser les distances entre les sources
d'approvisionnement et les usines et pour consolider ces sources, par usine, en
déterminant, entre autres choses, l'ordre de priorité qui doit
être accordé au bois provenant des terres publiques, des terres
privées et des scieries, compte tenu des disponibilités de la
main-d'oeuvre.
Il est aussi recommandé au gouvernement d'inciter les organismes
responsables de la mise en marché des bois des scieries et des bois
provenant des forêts privées à minimiser les distances de
transport.
Les modalités d'approvisionnement. La compagnie s'approvisionne
de fibres en vertu de six types de contrats différents. Il s'agit de
contrats d'affermage, d'approvisionnement, d'achat de résidus de sciage,
d'achat de forêts privées, de vente de bois sur pied et de rachat
des résidus et enfin de vente de bois de sciage.
Le contrat d'affermage est celui qui présente le plus grand
nombre d'avantages pour la compagnie, en termes d'actif, de garantie
d'investissement, de flexibilité d'utilisation et d'opération et,
enfin, de contrôle des coûts d'exploitation.
Le contrat de fermage présente aussi des obligations pour la
compagnie en termes de responsabilités, d'aménagement et
d'utilisation de la ressource forêt, responsabilités qu'elle a
assumées depuis plus de 50 ans et qu'elle est disposée à
continuer d'assumer pour assurer un sain aménagement des forêts du
Québec et un bon fonctionnement de ses usines.
On recommande donc au gouvernement de laisser à la compagnie,
l'entière responsabilité de l'aménagement forestier sur le
territoire servant principalement à son approvisionnement, reconnaissant
cependant, qu'il appartient au gouvernement d'assurer que cet
aménagement soit judicieux et uniforme. Pour appuyer cette
recommandation, permettez-moi de citer le professeur Arm-son qui dans son
rapport de 1976 sur l'aménagement forestier en Ontario souligne: "Un
meilleur aménagement est susceptible de se faire, lorsque ceux qui sont
impliqués dans la planification et la réalisation des
exploitations ont aussi la responsabilité complète de cet
aménagement.
Un meilleur aménagement est susceptible de se faire, lorsque ceux
qui sont impliqués dans la récolte et l'utilisation des produits
forestiers ont le contrôle sur l'emplacement et le choix des travaux,
spécialement ceux de nature sylvicole. Un meilleur aménagement
est susceptible de se faire, lorsqu'un grand territoire concédé
est traité comme une seule propriété
forestière."
Toutefois, si le gouvernement décide de modi-
fier l'appellation ou les clauses d'affermage, la compagnie
suggère premièrement, que les modalités de
négociation de ces changements soient établies à l'avance
et appliquées uniformément au Québec. Deuxièmement,
que les critères d'utilisation de toutes les ressources des territoires
concernés soient connus des parties intéressées.
Troisièmement, que l'analyse des approvisionnements soit faite par usine
et non sur la base d'unités de gestion.
De plus, toute nouvelle forme d'entente devrait au moins comporter les
mêmes avantages que les contrats d'affermage mentionnés plus
haut.
Les méthodes et les coûts d'approvisionnement.
Présentement 50% des exploitations de la compagnie sont
entièrement mécanisées et l'autre moitié l'est
partiellement. A titre d'exemple, en 1976, 41 moissonneuses de type Koehring,
lesquelles peuvent mécaniquement couper, ébran-cher,
tronçonner et transporter le bois ont produit 230 000 cunits de bois
à un coût de $25.37 le cunit, soit $4.25 moins cher que par la
méthode conventionnelle. L'augmentation de productivité, plus de
20% pour ce type de récolte.
Au cours des cinq dernières années, la compagnie a investi
quinze millions dans l'achat d'équipement mécanisé,
investissement qui a amélioré la productivité de 23%.
Durant la même période, les salaires et les
bénéfices marginaux doublaient chez nos ouvriers forestiers.
L'augmentation de la productivité due à la mécanisation
réduisait l'augmentation du coût de la main-d'oeuvre à
45%.
Sans ces programmes de mécanisation, le coût du bois serait
d'au moins $4.75 par cunit plus élevé aujourd'hui. C'est
l'intention de la compagnie, de continuer à mécaniser ses
exploitations, ceci, afin de diminuer le coût du bois. Précisons
que celui-ci est actuellement 20% plus élevé au Québec,
que chez les principaux compétiteurs. Ce coût des matières
premières représente aussi 35% du coût du produit fini. Au
chapitre du transport du bois, le flottage sur les rivières est encore
et doit demeurer le mode de transport le plus important dans certains endroits
du Québec où les distances de charroyage aux usines sont
considérables. Dans certains cas, on parle de plus de 300 milles. A
titre d'exemple, empêcher le flottage sur la rivière
Saint-Maurice, augmenterait le coût du transport de $9,5 millions par
année, en supposant qu'un système routier adéquat serait
disponible.
L'aspect de la consommation d'énergie est aussi à
considérer. Si la drave était arrêtée sur le
Saint-Maurice, nul doute que la rentabilité de l'usine de
Trois-Rivières serait compromise.
La CIP transporte aussi un important volume de bois par camion. Au cours
des dernières années, elle a réussi à maintenir le
coût de ce mode de transport relativement constant grâce à
l'emploi de camions-remorques d'une capacité beaucoup plus grande que
les camions conventionnels. Il reste que le transport représente environ
25% du coût de la matière première. Toute réduction
des coûts dépendra des changements aux règlements
actuellement en vigueur concernant les limites de pesanteur sur les chemins
publics et le pouvoir de négociation des taux de charroyage sur la base
individuelle.
Enfin, il nous semble important que des mesures de régularisation
de la distribution de la matière ligneuse et d'optimisation de son
utilisation soient envisagées pour équilibrer ou faire diminuer
le coût du bois; celles-ci impliqueraient notamment l'adoption par le
gouvernement de tarifs de droit de coupe tenant compte de l'utilisation, de la
provenance et de la destination du bois.
Considérant l'importance, sur les coûts du bois, des
aspects de la mécanisation des exploitations forestières, du
transport du bois par flottage et par camion, des tarifs de droit de coupe, il
est recommandé au gouvernement de réduire autant que possible les
effets des contraintes et des interventions qu'il impose au
développement de la mécanisation des exploitations
forestières. Il est aussi recommandé au gouvernement de voir
à ce que la réglementation, concernant le transport du bois sur
les routes, soit révisée et que le flottage demeure possible,
tout en reconnaissant les droits des autres usagers.
Il est aussi recommandé au gouvernement d'adopter des tarifs de
droit de coupe qui tiennent compte de l'utilisation, de la provenance et de la
situation des bois en plus d'en régulariser la distribution,
l'utilisation, le coût et que ces tarifs soient uniformes pour tout
utilisateur.
Le contrôle des approvisionnements. Les lois et règlements
du ministère des Terres et Forêts définissent les devoirs
et les responsabilités du concessionnaire dans les domaines de
l'aménagement et de l'exploitation. Or, depuis quelques années,
les responsabilités du concessionnaire, spécialement au chapitre
de la gestion et de l'aménagement forestier, ont été
progressivement reprises par le gouvernement; plus spécifiquement,
depuis 1974, le MTF et le COGEF travaillent à la préparation de
plans de gestion dont au moins 14 sur 44 touchent les concessions et les
francs-alleux de la compagnie. Pendant que le gouvernement essaie de
définir les règles de sa nouvelle politique forestière,
l'industrie, pour sa part, s'interroge. Elle se demande, par exemple, quels
approvisionnements, en termes de source, de qualité et de
quantité, seront réservés aux usines de pâtes et
papiers. Que comporteront les nouveaux plans de gestion des forêts
publiques? Ces plans peuvent-ils éventuellement être
appliqués sous le régime des concessions? Combien d'années
durera la période de transition que l'industrie vit actuellement? Quels
seront les devoirs et responsabilités de l'industrie des pâtes et
papiers?
L'hésitation du gouvernement à fournir des réponses
précises à l'application d'une nouvelle politique
forestière crée un climat d'incertitude qui, avec le temps, peut
assombrir sérieusement les perspectives d'avenir de l'industrie
forestière du Québec. La CIP souhaiterait jouer un rôle
actif comme elle l'a toujours fait dans le travail de planification,
d'utilisation et d'aménagement des forêts. C'est dans cette
optique qu'elle recommande
au gouvernement de laisser aux concessionnaires leurs pouvoirs et leurs
responsabilités tant et aussi longtemps que les modalités des
changements de tenure n'auront pas été négociées
avec eux et de les faire participer activement à toutes les phases de la
planification de l'utilisation des territoires forestiers en voie de
réalisation présentement.
L'amélioration de l'approvisionnement. La compagnie contribue
activement à l'amélioration de l'approvisionnement en multipliant
ses sources d'approvisionnement, en diversifiant la nature de ses produits, en
s'accommodant de plusieurs modalités d'approvisionnement, en se
maintenant à la fine pointe des développements techniques en
exploitation, en appliquant les règles d'un sain aménagement
forestier, en respectant les normes et directives gouvernementales, en se
préoccupant de la régénération forestière
et, enfin, en utilisant au maximum le bois affecté par les chablis, les
insectes et les feux.
Par ailleurs, depuis plus de 25 ans, la compagnie a investi beaucoup
dans le développement, l'application de techniques d'aménagement
intensif et la recherche forestière.
A titre d'exemple, soulignons les travaux d'amélioration des
arbres, de régénération, de peuplements, de sylviculture,
de protection des forêts et de dendrométrie. La compagnie est
disposée à continuer d'exploiter les forêts en apportant la
plus grande attention possible à leur régénération
naturelle et est aussi bien disposée à continuer à
collaborer avec le ministère des Terres et Forêts à la
réalisation des travaux de reboisement et de sylviculture. La compagnie
possède le personnel, l'équipement et les connaissances
techniques nécessaires pour ce faire. Du côté de la
recherche forestière, la CIP a contribué activement à
l'identification des priorités, à la réalisation des
travaux de recherche, à l'application des résultats obtenus.
Par contre, la CIP ne se reconnaît pas de rôle précis
dans la réalisation de recherche forestière pure ou de pointe.
Cependant, elle suggère de pouvoir être considérée
comme un indicateur important des problèmes de recherche de pointe. Elle
suggère de pouvoir être reconnue comme un organisme bien
équipé pour procéder à l'application et à la
vérification des résultats de recherche pure. Enfin, elle
suggère de pouvoir être reconnue comme un organisme apte à
conduire des études, des essais et des travaux de recherche
appliquée. En conséquence, la compagnie recommande au
gouvernement de fournir à long terme la sécurité de tenure
et l'assurance de bénéfices sur les capitaux investis pour
permettre à l'industrie d'investir dans la sylviculture et le
reboisement.
A défaut d'une telle politique, notre compagnie est toujours
disposée à réaliser, en collaboration avec le gouvernement
des travaux de sylviculture et de reboisement pour lesquels elle est bien
pourvue en personnel et en équipement. Il est aussi recommandé au
gouvernement de considérer davantage les sociétés de
pâtes et papiers, premièrement, comme un indicateur important des
problèmes de recherche forestière de pointe soulevée par
la pratique de la foresterie; deuxièmement, comme un organisme
équipé pour procéder à l'application et à la
vérification des résultats de recherche pure obtenus par les
scientifiques forestiers; troisièmement, comme un organisme apte
à conduire des travaux de recherche appliquée susceptibles de
permettre la mise au point de meilleurs pratiques forestières. Merci, M.
le Président.
M. Clermont: Avec la permission de la commission, je lirai la
section du résumé qui traite de la transformation des bois. La
compagnie compte six usines primaires dont quatre situées au
Québec: à Gatineau, Trois-Rivières, La Tuque et Matane.
Comme bon nombre d'usines de l'est canadien, celles de Gatineau et de
Trois-Rivières sont demeurées pendant plusieurs décennies
parmi les plus grandes productrices mondiales, grâce à l'abondance
et à la proximité des ressources primaires, à la
qualité de la main-d'oeuvre, aux coûts relativement peu
élevés du transport joints au coût minime de
l'énergie.
Jusque dans les années quarante, l'usine de Trois-Rivières
était la plus grande productrice de papier journal au monde. Il se peut
que ces facteurs aient engendré chez tous un sentiment
d'auto-satisfaction. Comme toujours, cette attitude a fini par nuire et
l'assurance qu'on avait, et que l'on garde encore trop, que l'abondance d'une
richesse naturelle renouvelable constituait une garantie pour l'avenir s'est
difficilement effacée à mesure que d'autres pays rongeaient la
part du marché mondial que détenait l'est canadien et le
Québec en particulier.
L'industrie n'est cependant pas demeurée insensible à cet
état de chose. On a vu depuis 15 ou 20 ans d'immenses efforts de
modernisation. Comme l'a souligné l'AIFQ, l'industrie a investi plus de
$1,5 milliard pendant les quatre dernières années. Les quatre
usines québécoises de la compagnie ont
bénéficié d'une politique de gestion dynamique.
Mentionnons, entre autres, les investissements importants
effectués depuis 1965 aux fins d'améliorer le rendement de
l'équipement, de minimiser les coûts de production dans une
économie inflationniste et de maximiser l'utilisation de la
matière première qui, bien que renouvelable, coûte de plus
en plus cher à cause de son éloignement toujours plus grand.
Des 600 tonnes de papier journal qu'elle était en 1920, la
capacité quotidienne de l'usine de Gatineau était de 885 tonnes
en 1969. L'addition d'une nouvelle machine, en 1969, portait cette
capacité à 1458 tonnes par jour. A Trois-Rivières, six des
huit machines qui en faisaient la plus grande productrice de papier journal au
monde servent maintenant à fabriquer un produit de qualité
supérieure pour lequel la demande croît à un rythme plus
grand que celui du papier journal ordinaire. Comme l'indique la table 5, celle
qui suit la page 53, ces six machines ont une capacité moindre due
à la technologie différente utilisée dans la fabrication
du papier servant à la rotogravure.
L'usine de La Tuque acquise par la compagnie en 1954 avait une
capacité quotidienne de 600 tonnes de pâtes "kraft"; les
dépenses d'immobilisation et d'entretien totalisant $175 millions dans
les seules treize dernières années ont porté cette
capacité à 1600 tonnes par jour. L'usine produit maintenant des
cartons blanchis et des cartons doublures servant à la fabrication de
nombreux types d'emballages, boîtes de carton ondulées, contenants
à lait, boîtes pliantes, gobelets et autres produits du genre.
L'usine produit également une pâte "kraft" utilisée dans la
fabrication de divers produits d'impression et de papier hygiénique.
Nous croyons que ces programmes de modernisation qui ont
totalisé, pour les quatre usines primaires situées au
Québec, près de $200 millions en immobilisations, $60 millions en
travaux d'entretien majeurs et dont les détails se trouvent aux tables
3, 4, 5 et 6 démontrent que la compagnie n'a pas laissé vieillir
ces usines et que leur configuration actuelle n'a rien de commun avec celle
qu'elles avaient originairement. Nous n'hésitons pas à dire
qu'elles sont des usines modernes. L'usine moderne n'est pas forcément
celle qui a été construite l'année dernière. C'est,
à notre avis, celle qui, grâce à une technologie
avancée, peut fabriquer un produit dont le prix de revient et la
qualité sont concurrentiels et qui permet un rendement adéquat
sur le capital investi.
On estime que la construction d'une usine de papier journal coûte
environ $275 000 par tonne de capacité quotidienne. C'est dire que la
construction d'une usine de la capacité de celle de Gatineau
coûterait $412 millions.
En 1969, l'installation d'équipements permettant une production
additionnelle de 430 tonnes par jour coûtait environ $115 000 par tonne.
Aujourd'hui, ce même programme coûterait environ $175 000 par
tonne. Pour les usines de pâtes, il faut compter $400 000 par tonne de
capacité additionnelle. Le récent programme de modernisation
à La Tuque a ajouté 300 tonnes de capacité quotidienne
pour la moitié de ce prix. C'est dire que la route à suivre et
qui se justifie économiquement demeure la modernisation. Elle nous a
permis d'améliorer la qualité de nos produits et, dans une
certaine mesure, de les offrir à des prix qui demeurent concurrentiels.
Nous disons: Dans une certaine mesure, car nul n'ignore que ce besoin de
demeurer concurrentiel rend très difficile l'obtention de marges de
profit adéquates.
L'Est canadien n'a pas de monopole sur la fabrication des produits
papetiers. La très forte concurrence étrangère ne lui
permet pas de dicter les prix sur les marchés mondiaux. La table 16 qui
suit la page 77 de notre mémoire indexe les divers coûts de
fabrication du papier journal pour la compagnie et celui du prix de vente.
Comme on le voit, tous les éléments pré-coûts ont
augmenté plus rapidement que le prix de vente. La hausse la plus
spectaculaire est celle du prix du mazout, mais il est loin de constituer
l'élément majeur de ces coûts. La composante principale de
ces coûts est la main-d'oeuvre. Comme on le voit sur cette table, c'est
celui qui, depuis 1965, a augmenté de façon constante le plus
rapidement.
Dans les usines de papier journal de Gatineau et de
Trois-Rivières, la main-d'oeuvre représente 41% du prix de
revient, 26% de ceux à l'usine, et 51% de ceux des divisions
forestières qui la desservent. A La Tuque, la main-d'oeuvre
représente 20,4% du prix de revient, soit 20% de celui de l'usine et 53%
de celui de la division forestière.
Comme l'usine utilise beaucoup de résidus de bois qu'elle
achète et dont elle n'a pas à tenir compte de la teneur en
main-d'oeuvre, l'ensemble s'en trouve d'autant diminué.
Les tables 7, 8 et 9 montrent, pour les usines Gatineau et de
Trois-Rivières ainsi que pour les exploitations forestières qui
les desservent, une augmentation en pourcentages, premièrement de la
compensation horaire, deuxièmement, du nombre d'hommes-heure par
unité de production et, troisièmement, du coût de la
main-d'oeuvre par tonne de production, le tout pour les années
1972-1976.
Les tables 10 et 11 illustrent les mêmes données pour les
usines de La Tuque et Matane, où les différences de produits et
de procédés de fabrication ne permettent pas la comparaison avec
les deux autres.
Il en ressort que l'amélioration de la production est prpsque
complètement annulée par l'augmentation de la compensation
horaire. Le coût de la main-d'oeuvre n'en a pas moins augmenté de
44% dans les usines de papier journal et de 72% à l'usine de La
Tuque.
Il est bien connu que les salaires payés dans le secteur
manufacturier canadien ont augmenté, au cours des dernières
années, à un rythme beaucoup plus rapide que celui qu'ont connu
les Etats-Unis, notre principal client et compétiteur.
Dans l'industrie des pâtes et papiers, la parité a
été atteinte au début de la décennie et les taux
horaires payés au Québec dépassent maintenant de 14% ceux
payés aux Etats-Unis. Il va de soi qu'une différence de cette
importance ne saurait être compensée par une amélioration
de la productivité et qu'elle ne peut que nuire à la position
concurrentielle de notre industrie.
Depuis 1965, la compagnie a dépensé plus de $500 millions
au Québec en immobilisation et entretien. Les tables 7 à 11, dans
notre mémoire, montrent, dans certains cas, une appréciable
amélioration dans la productivité, dont une grande partie est le
résultat direct de ces investissements. Malgré tout, le
coût de la main-d'oeuvre continue d'augmenter. Des investissements plus
importants solutionneraient-ils le problème? Nous ne le croyons pas.
Tout d'abord, il faut dire que les normes relatives à la
protection de l'environnement nécessiteront un apport important de
capital. Ces sommes n'étant pas discrétionnaires, les fonds
pouvant être consacrés à la modernisation ou à la
construction de nouvelles unités de production seront d'autant
diminué.
De plus, les coûts élevés de production, de
transport de matières premières et de produits fi-
nis à nos marchés naturels ne favorisent guère le
choix du Québec pour un investissement majeur.
A notre avis, l'âge de l'équipement, et en particulier
celui des machines à papier n'est pas un facteur affectant le coût
de la main-d'oeuvre. En effet, le nombre d'heures-homme par tonne de production
demeure sensiblement le même, quel que soit l'âge de
l'équipement, pourvu, évidemment, qu'il ait été
modernisé.
Les tables 12, 13 et 14 illustrent, dans nos usines du Québec, le
nombre d'heures-homme par tonne de production.
La table 15 démontre que les coûts de production sur les
machines plus vieilles de Gatineau et de Trois-Rivières sont moindres
que ceux d'une machine moderne comme celle de Gatineau. A remarquer, sur ce
tableau, la réduction marquée des coûts lorsque aura
été mise en place l'usine de fabrication de pâte nouvelle,
dont notre mémoire fait mention in extenso.
En définitive, le facteur déterminant demeure la
possibilité de produire des revenus adéquats. Dans cette optique,
notre compagnie a suivi, avec succès, depuis plus de 15 ans, la voie de
la modernisation des usines existantes. Il va sans dire que la compagnie a
souvent eu certaines difficultés à justifier les investissements
rendus nécessaires. Parmi ces difficultés, il faut citer: un taux
de rendement sur le capital rendu difficile, entre autres, par l'incertitude
que laissent planer les lois relatives à la protection de
l'environnement et par des taux de salaires horaires croissants et qui ne sont
plus compétitifs avec ceux payés ailleurs.
Bien qu'il n'ait pas été un problème pour la CIP,
le climat des relations patronales-ouvrières au Québec, dans les
dernières années, les longues grèves qu'a connues
l'industrie en 1975 et 1976 ne font rien pour attirer le capital nouveau. Ces
facteurs ont même contribué à l'accélération
de la construction d'usines ailleurs, les clients de notre industrie
n'étant plus assurés d'un approvisionnement stable.
La compagnie négocie plus de 20 conventions collectives pour ses
opérations du Québec.
Commencées dans les années trente, les négociations
se sont répétées sans difficulté majeure
jusqu'à la fin des années soixante. L'économie
inflationnaire de la présente décennie amenant des revendications
salariales qui, si elles avaient été rencontrées, auraient
encore davantage érodé notre position concurrentielle.
En 1973, la compagnie connaît la première grève de
longue durée de son histoire. Il n'y en a pas eu depuis. Le climat des
relations patronales-syndicales est une des plus importantes causes du
ralentissement économique au Québec. Nous croyons que le
gouvernement ferait bien d'en étudier les causes profondes afin d'y
remédier. Des amendements morcelés qui n'enlèvent ni
n'ajoutent aux droits ou obligations de la grande entreprise ne sont que des
palliatifs.
Au chapitre de l'environnement, nous demandons au gouvernement de faire
en sorte que la législation et les règlements soient
réalistes. Aucun doute que des sommes importantes devront être
consacrées à ce chapitre au cours des prochaines années.
Il ne faudrait cependant pas que des obligations financières
étouffent l'industrie. Celle-ci assure l'existence de nombreuses
communautés et on a malheureusement vu ce qu'une fermeture d'usine, bien
que pour d'autres raisons, entraîne comme conséquence pour la
communauté. Toute réglementation relative à
l'environnement doit être compatible avec les objectifs de
développement économique fixés par le gouvernement pour un
secteur donné.
Comme nous le mentionnons à la page 75 du mémoire, la
compagnie a dépensé plus de $15 millions depuis 1971 pour
combattre la pollution. Cette somme ne comprend que les dépenses
encourues en vertu des normes législatives fédérales. Si
on tient compte des dépenses de nature à améliorer
l'environnement et le processus de fabrication tel que les bouilloires de
récupération, nos dépenses totales, à ce titre,
dépassent $40 millions depuis 1971.
Des considérations écologiques militèrent pour la
fermeture de l'usine de pâte au bisulfite à Gatineau en 1972.
Cette décision économiquement justifiable à
l'époque ne l'est plus aujourd'hui, le prix de la pâte
achetée de La Tuque en substituts ayant plus que doublé depuis.
Nos laboratoires de recherches ont cependant mis au point un nouveau
procédé de fabrication de pâtes qui, plus économique
et de rendement supérieur, apportera une amélioration à
l'environnement. En février, nous avons mis en chantier à
Gatineau la construction d'une nouvelle unité de production de cette
pâte. Ceci démontre que souvent, la technologie permettra, tout en
réduisant les coûts, de rencontrer les pressions sociales ou
législatives. Il y a, par conséquent, lieu de procéder
avec prudence avant d'engager des sommes qui réduisent davantage la
rentabilité, ou même risquent de fermer une usine devant l'ampleur
des budgets nécessaires à l'épuration.
Le tableau 15 illustre de façon graphique la réduction
dans les prix de revient qu'occasionnera à Gatineau l'utilisation de la
pâte obtenue suivant les nouveaux procédés. Aux fins
d'encourager et faciliter les dépenses d'épuration, le
gouvernement devrait être prêt à consentir des avantages
fiscaux tels que, par exemple, ceux qui sont offerts aux Etats-Unis par le
truchement des "municipal bonds". Les fermetures d'usines, que ce soit celles
de notre industrie ou d'autres, créent de graves problèmes
sociaux. Cependant, les contribuables ne devraient pas être forcés
de subventionner des opérations qui, à plus ou moins longue
échéance, devront subir le sort qui leur avait été
réservé.
Avant de donner un aperçu de nos marchés, je voudrais dire
un mot de nos usines de transformation qui, avec les usines de La Tuque, Matane
et Hawkesbury, constituent le groupe des emballages de la CIP. Ce groupe
comprend trois divisions: celle du cartonnage, des produits de papier et des
cartonnages uniservice. La première compte deux usines au Québec.
La deuxième et la troisième, chacune une. Le marché des
emballa-
ges est de caractère régional et les produits de nos
usines primaires fabriqués au Québec sont expédiés
dans les usines situées à proximité de leurs
marchés. Très peu de ces produits sont exportés, leur prix
de vente n'étant pas concurrentiel à cause de leur prix de
revient trop élevé.
La mise en marché. La pâte. Les Etats-Unis
représentent le principal marché pour la pâte blanchie de
La Tuque. Cependant, le prix de cette pâte étant le même
partout aux Etats-Unis, nous concentrons nos efforts dans les régions du
nord-est afin de réduire les coûts du transport. 12,5% de la
pâte blanchie fabriquée à La Tuque sont
écoulés sur le marché. En principe, lorsque l'usine de
papier journal de Gatineau s'approvisionnera de pâtes fabriquées
suivant le nouveau procédé, 40% de la production de l'usine de La
Tuque pourront être écoulés sur le marché.
Le papier journal. Nous fabriquons au Québec deux types de papier
journal, celui de qualité ordinaire servant à la typographie et
l'offset et un autre servant à la rotogravure. Le tableau 18 qui suit la
page 89 indique la destination de ces produits; on le voit, la majeure partie
de cette production est vendue aux Etats-Unis, à l'est des Rocheuses.
Les Etats du Sud constituent 30% de ce marché et on estime que, dans dix
ans, il en constituera 36%.
En 1967, les usines américaines de papier journal
répondaient à 28% de la demande; aujourd'hui, à 37%.
L'accroissement de la production du papier journal et de son marché dans
les Etats du Sud rend ce marché moins accessible aux producteurs
québécois. Il va de soi que l'un des facteurs les plus importants
réside dans les coûts de transport. Pour livrer une tonne de
papier à un client d'Atlanta, depuis Gatineau, il faut compter $46,
tandis que, si on livre la même tonne depuis Mobile, il n'en coûte
que $11. Donc, pour les marchés les plus accessibles aux fabricants
québécois, soit le nord des Etats-Unis, une croissance lente.
La demande pour le papier destiné à la rotogravure est
relativement peu importante, mais elle est appelée à une
croissance plus rapide que le papier journal ordinaire. Je vous remercie,
messieurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci
beaucoup, messieurs. M. le ministre.
M. Bérubé: Je vous remercie, messieurs, M.
Flenniken en particulier, de nous avoir présenté un
mémoire, je pense, assez dense, avec une quantité importante de
graphiques et de données statistiques sur l'industrie. J'aimerais
peut-être, suivant en cela le plan de votre mémoire, aborder
d'abord le problème des approvisionnements en bois et poser quelques
questions qui sont tirées directement de votre mémoire.
En tout premier lieu, vous signalez, à la page 12, un aspect qui
nous a intrigués. Vous soulignez que, quant à la
disponibilité des bois "provenant des forêts'privées, elle
n'est pas encore contrôlée par des plans d'aménagement au
Québec et les of- fices et syndicats de producteurs de bois ne sont pas
limités à la vente de leur produit aux usines situées dans
leur territoire". J'aimerais savoir exactement ce que vous voulez dire par
cette affirmation et quelles sont les implications pour l'entreprise.
M. Pinard: Je pense, M. le ministre, que ce que nous voulons dire
par cette note, c'est qu'actuellement, on a accusé, on a observé
des variations dans la production ou la mise en marché des bois
provenant de forêts privées parce qu'effectivement, il n'y a pas
de possibilité d'établie des forêts privées, je
pense bien, au Québec et je pense que le gouvernement n'a pas de
contrôle sur ces possibilités ou ces disponibilités
provenant des forêts privées. Lorsqu'on dit que les producteurs de
bois ne sont pas limités à vendre leur produit à ces
usines, c'est que, souvent, il y a des quantités de bois qui parviennent
à nos usines et qui sont relativement coûteuses à cause de
ces distances de transport. Par exemple, nous acceptons, à l'usine de
Trois-Rivières, du bois qui vient, par bateau, d'aussi loin que de la
région de Rimouski. On voulait souligner, à ce moment-là,
l'aspect d'établir des quotas, des disponibilités par
région selon les capacités de consommation des usines par
région.
M. Bérubé: Vous soulignez d'ailleurs, dans votre
mémoire, dans un graphique, que le coût du bois provenant de la
forêt privée était légèrement plus
coûteux que celui provenant de vos concessions, ce qui serait contraire,
finalement, à la position soutenue par l'Association de l'industrie
québécoise des pâtes et papiers. Est-ce que vous avez eu
l'occasion de comparer les chiffres moyens que l'association a produits et
à quoi ces coûts particuliers auxquels vous devez faire face
seraient-ils attribués? Est-ce justement à la suite du coût
de transport particulier, comme vous venez de le souligner?
M. Pinard: Je pourrais demander à M. Wolstenholme de
répondre à cette question.
M. Wolstenholme (W.S.): Dommage, M. le ministre, c'est sorti, si
vous voulez, mais à notre point de vue, je pense que le facteur le plus
important, c'est que le bois vienne à notre concession au point de vue
de la densité et de la sécurité. Il y a beaucoup plus haut
que celui-là qui vient des terrains de la forêt privée. Je
pense que c'est à peu près la seule différence...
M. Bérubé: Maintenant, relativement aux avantages
que vous procurent les concessions forestières. Vous invoquez, à
la page 14, je crois, cinq raisons qui font que les concessions
forestières offrent des avantages réels. Pourriez-vous expliquer
un peu l'avantage qu'offre la concession forestière par opposition
à une garantie d'approvisionnement que le gouvernement mettrait à
votre disposition, qui répondrait à vos besoins en matière
ligneuse et qui rendrait le reste de vos concessions disponibles à
d'autres utilisateurs?
M. Pinard: Quant à cet aspect de concession
forestière, nous croyons, comme on le dit dans notre mémoire, que
les contrats de fermage sont actuellement et demeureront jusqu'à ce que
nous connaissions les modalités d'autres formules ou d'autres contrats,
les modalités en détail; mais pour l'instant, nous croyons que le
contrat d'affermage est celui, pour la compagnie, qui présente le plus
grand nombre d'avantages en termes je le répète
d'actif, de garantie d'investissement, de stabilité d'approvisionnement,
de flexibilité d'utilisation et d'exploitation et, enfin, de
contrôle des coûts d'exploitation du bois.
Maintenant, nous disons aussi que si toute formule, ou si le
gouvernement décidait de changer l'appellation de contrat d'affermage,
pour autant que ces facteurs ou ces prérequis soient respectés,
la compagnie est disposée à discuter de toute autre formule, je
pense bien, concernant cette question de contrat d'affermage ou de garantie
d'approvisionnement.
M. Bérubé: Relativement à vos coûts,
pour l'élaboration des plans de gestion dans vos concessions pour
l'exploitation forestière et la construction de la voirie
forestière je pense ici à la voirie principale,
c'est-à-dire une voirie forestière qui peut vous servir au moins
de dix à quinze ans, donc les chemins principaux quel serait, en
gros, le coût par cunit que vous encourez pour le maintien de ces
concessions?
M. Wolstenholme: Dans la Mauricie, par année
d'exploitation, nous dépensons environ $750 000 pour l'entreprise des
routes. Cela veut dire, au point de vue de l'exploitation, pour cette
année, en supposant une coupe d'environ, si je me rappelle bien, 300 000
cunits, cela donne un coût approximatif de $2 ou $2.50.
M. Bérubé: Donc, $2 à $2.50 du cunit pour
l'entretien et la bonne exploitation de vos concessions.
M. Wolstenholme: Environ. Ce prix peut changer, selon la distance
qu'il faut absolument parcourir pour l'exploitation.
M. Bérubé: Vous dites que c'est avantageux pour les
concessionnaires qui s'approvisionnent dans vos concessions, combien
demandez-vous en droit de coupe à d'autres utilisateurs qui iraient
couper dans vos concessions?
M. Wolstenholme: On le voit sur le tableau ici, qui a
été fourni au gouvernement; si je me rappelle bien, c'est $2.
M. Pinard: M. le ministre, est-ce que vous parlez de coût
relativement au chemin?
M. Bérubé: Le droit de coupe et le droit de voirie
à un utilisateur qui veut couper dans vos concessions. Lui demandez-vous
1, 2, 3 fois un droit de coupe? Enfin, vous lui demandez un cer- tain montant.
Quelle politique suivez-vous dans votre compagnie?
M. Pinard: Je dois vous préciser, M. le ministre, que nos
tarifs ont été révisés vers 1975, lesquels tarifs
n'avaient pas été révisés depuis 1959.
Ces tarifs ont été révisés à l'aide
d'une méthode qui a été développée pour le
compte de l'Association des industries forestières du Québec par
un expert en recherche opérationnelle, laquelle méthode a
été mise au point en novembre 1968. Cette méthode tient
compte non seulement des avantages immédiats que le permissionnaire ou
celui qui vient couper sur nos concessions obtient, mais tient compte aussi des
frais reliés aux concessions forestières, les frais d'entretien,
de prévention des feux de forêt, de rentes foncières,
d'arrosages contre les incendies, d'inventaires, de surveillance, et j'en
passe.
Il y a toute une méthode de calcul assez compliquée qu'il
serait trop long de vous expliquer ici, mais qui amène une
répartition de tous ces frais encourus, qu'on coupe le bois ou qu'on ne
le coupe pas, et qui portent nos tarifs de bois de coupe... Par exemple, si on
prend le merisier, qui est l'essence la plus populaire chez nos utilisateurs,
c'est $16.50 le 1000 p.m.p. Si l'on prend, des essences comme le noyer, le
hêtre, l'ostryer, le bouleau blanc, c'est $13.50 le 1000 p.m.p., M. le
ministre. Dans le cas du tremble, c'est $9.50 le 1000 p.m.p. Dans le cas du pin
blanc, qu'il soit de qualité déroulage ou de qualité
sciage, le tarif est de $13. le 1000 p.m.p. Je tiens à préciser
que ceci inclut la construction de chemins, l'entretien des chemins, qui est
souvent fait par la compagnie, et les frais de mesurage qui est fait par les
employés de la compagnie.
M. Bérubé: Pour être certain...
M. Wolstenholme: Pour répondre à votre question
à propos du chemin, M. le ministre, cela varie entre $1 et $1.50, cela
est chargé au type qui va venir couper chez nous.
M. Bérubé: A $1 ou $1.50 du cunit? M.
Wolstenholme: Du p.m.p.
M. Bérubé: Pour être certain qu'il n'y ait
pas de mauvaise interprétation, est-ce que je dois comparer ces droits
avec les $2 à $2.50 le cunit qui sont les coûts effectifs que vous
encourez pour le maintien de votre exploitation sur concession? En gros, le
coût serait de $2.50 et les charges que vous faites sont celles que vous
venez de me donner?
M. Wolstenholme: A titre d'exemple, j'ai donné $750 000
à La Tuque, dans la Mauricie, c'est le coût cette année;
c'est variable. Nous savons bien que cette année nous avons eu au moins
un pont assez important à construire, c'est probablement ce qui
augmentera le coût pour la région de la Mauricie cette
année.
M. Clermont: M. le ministre, le coût de $2 ou $2.50, c'est
le coût de la construction et de l'entretien de la route seulement; les
tarifs que M. Pinard a donnés incluent cela et autres choses telles la
prévention des incendies, les redevances que nous-mêmes nous
payons au gouvernement.
M. Bérubé: Donc, ce que vous m'avez donné,
$2 ou $2.50, c'est uniquement la voirie forestière et cela n'inclut pas
la gestion de votre concession comme telle?
M. Clermont: Non, absolument pas.
M. Bérubé: Cela est important parce que cela
pouvait prêter à mauvaise interprétation. La gestion
représenterait à peu près combien sur les concessions?
Avez-vous une idée approximative?
M. Clermont: La même chose que le prix chargé, M. le
ministre.
M. Bérubé: Pas de différence?
M. Clermont: Non, aucune différence.
M. Bérubé: Vous recommandez, dans votre
mémoire, l'adoption de tarifs de droit de coupe qui tiennent compte de
l'utilisation de la provenance, de la destination.
En d'autres termes, nous avons cru lire dans votre mémoire que
vous introduisez la notion de droit de coupe variable qui dépendrait
peut-être de l'accessibilité des bois, qui dépendrait des
conditions d'exploitation de manière à ramener le coût
à l'usine à un prix normalisé. Est-ce ce que vous voulez
dire? Sinon, que voulez-vous dire?
M. Pinard: C'est exactement ce que nous voulons dire, M. le
ministre. En plus, nous voulons dire que le droit de coupe devrait tenir aussi
compte de la qualité des bois.
M. Bérubé: Pourriez-vous, en ce cas-là,
expliquer un peu la façon qu'on pourrait adopter pour calculer des
droits de coupe variables? Quel genre de critères pourrait-on utiliser
et comment pourrait-on les calculer? C'est une question qui nous
intéresse énormément, mais nous n'avons malheureusement
pas encore découvert la solution miracle et probablement que vous
l'avez.
M. Pinard: Je ne voudrais pas, M. le ministre, que le
ministère des Terres et Forêts du Québec prenne la
méthode de la Colombie-Britannique qui est très
sophistiquée et qui demande un contrôle et des calculs
répétés et discutables. Il y a là une source
d'information qui pourrait être étudiée, analysée.
On ne s'est pas penché directement sur le problème, on n'a pas de
solution à suggérer, mais je pense qu'il y a là quelque
chose à scruter, à analyser, à étudier.
M. Bérubé: Croyez-vous que l'industrie serait
intéressée à examiner cet aspect particulier des droits de
coupe?
M. Pinard: Certainement, M. le ministre. Une Voix:
Certainement notre compagnie... M. Pinard: Notre compagnie, du
moins.
M. Bérubé: Vous venez de mentionner, il y a
quelques minutes, qu'effectivement, vous aimeriez voir le droit de coupe
s'adapter au fait que dans certains cas vous devez couper des bois chablis, ou
des arbres qui ont été attaqués par la tordeuse de
bourgeons. Assez souvent, le ministère applique des réductions de
droit de coupe justement pour favoriser la récupération de bois.
Constatez-vous des diminutions importantes de productivité lorsque vous
faites des exploitations en forêt dans ces régions? J'aimerais
connaître les pourcentages de perte ou ce que cela implique au point de
vue économique, des exploitations de ce genre. Est-ce que la
réduction du droit de coupe arrive à compenser pour les frais
supplémentaires?
M. Pinard: Nous avons, à la suite de discussions avec les
officiers du ministère des Terres et Forêts, à l'automne
1974, entrepris, dès 1975, une nouvelle planification dans nos
opérations, spécialement dans la région de Maniwaki et
celle de la Gatineau, là où précisément les
dégâts causés par la tordeuse nous inquiètent
énormément et inquiètent aussi, je pense bien, les
officiers du ministère. Nous avons fermé certains camps pour
concentrer nos opérations principalement dans les endroits où il
y avait du bois en perdition. Durant l'année 1975/76, nous avons
effectivement récupéré au moins 120 000 cunits de bois,
toujours dans la région de Gatineau, qui était réellement
très détérioré.
A cet égard, nous avons fourni au ministère des Terres et
Forêts un rapport technique qui rejoint votre idée, et contient
une demande de réduction de droit de coupe. Ce rapport technique ne
tient pas nécessairement compte de tous les aspects ou les impacts
économiques des dépenses qui peuvent être
occasionnées par tous ces changements d'opération ou par cette
récupération.
Nos demandes se trouvent aux Terres et Forêts. Nous avons
formulé la même demande pour la saison 1976-1977 et nous
formulerons la même demande pour 1977-1978, du moins pour la Gatineau. On
espère, M. le ministre, que nos demandes seront bien reçues.
M. Bérubé: Vous mentionnez, au tout début de
votre texte, que la marge de profit de votre entreprise est supérieure
à celle de vos concurrents au Québec. Vous invoquez,
évidemment, la confidentialité pour ne pas publier comme tels ces
résultats. J'aimerais savoir comment la rentabilité de vos usines
au Québec se compare à celle de vos usines aux Etats-Unis.
J'entends des usines comparables, d'un côté, pour savoir si vous
partagez le point de vue qui nous a été présenté
à maintes reprises sur cette comparaison entre le Sud des Etats-Unis,
entre l'Est, l'Ouest et le Québec.
M. Clermont: C'est comparable, M. le ministre.
M. Bérubé: Donc, vous arrivez à des chiffres
qui sont également de $40 à $45 la tonne de plus de
coût?
M. Clermont: Oui, c'est cela.
M. Bérubé: II y a une question à laquelle il
est peut-être un peu difficile pour vous de répondre, mais je suis
convaincu qu'avec les recherches que vous faites présentement sur votre
nouveau procédé, vous devez certainement avoir des
éléments d'information. La société F.F. Soucy, qui
doit envisager présentement la construction d'une usine dans le sud des
Etats-Unis, arrivait à une conclusion totalement inverse en ce sens
qu'elle devait constater que si le coût de la main-d'oeuvre et le
coût des bois étaient effectivement plus élevés que
dans le cas d'un procédé thermomécanique, les
économies en énergie électrique, les économies
supplémentaires introduites par la valeur du dollar canadien faisaient
qu'au contraire, elle avait des coûts de production d'à peu
près une dizaine de dollars la tonne meilleur marché au
Québec qu'une usine équivalente implantée dans le sud des
Etats-Unis. Voici donc la question que j'aimerais vous poser: Est-ce qu'avec
votre nouveau procédé, vous allez finalement devoir tirer les
mêmes conclusions? Y a-t-il effectivement possibilité, avec cette
nouvelle technologie, de produire à des coûts moindres au
Québec?
M. Clermont: En usine égale, M. le ministre, et on ne peut
parler que de nos usines ici et de celles de International Paper aux
Etats-Unis, oui. Maintenant, s'il s'agit d'une usine toute neuve, nous ne
connaissons pas le cas de F.F. Soucy, nous ne l'avons pas étudié
non plus et nous n'avons pas accès à ses chiffres.
M. Bérubé: Ce nouveau procédé que
vous avez mis au point consomme-t-il plus l'énergie électrique ou
plus l'énergie que les procédés conventionnels au sulfate,
au sulfite, ou, au contraire, se rapproche-t-il des procédés
conventionnels?
M. Clermont: Moins d'énergie.
M. Bérubé: II consomme moins d'énergie que
le thermomécanique?
M. Clermont: Oui.
M. Bérubé: Et plus que les procédés
au sulfate?
M. Hughson: Oui. Plus de sulfate et moins de
thermomécanique.
M. Bérubé: Ce serait donc peut-être entre 0%
et 25% de plus de consommation d'énergie? Peut-être à
mi-chemin?
M. Hughson: A peu près le même que le "ground
wood".
M. Bérubé: Oui. Vous parlez des avantages de ce
nouveau procédé au point de vue écologique. Pouvez-vous
préciser un peu quels en sont les avantages?
M. Hughson: Je peux vous dire quelques mots sur le sujet. Il y a
dix ans, le procédé de mise en pâte par voie
thermomécanique ou par raffinage sous pression de copeaux de bois
apparaissait comme le nouvel espoir qui permettrait à l'industrie du
papier journal de résoudre les problèmes de pollution
causés par la fabrication de la pâte au sulfite. Nos
ingénieurs de fabrication et de recherche ont été parmi
les premiers à étudier les possibilités offertes par ces
nouveaux procédés. Ceci fut fait de façon très
approfondie à l'échelle pilote, avec un appareil TMP dans les
laboratoires de recherche de CIP Ltée. Cependant, nos recherches ne nous
permirent d'améliorer que très modestement la force de cette
pâte, et ceci au coût d'une très grande consommation
d'énergie. De plus, nos études ont prévu un comportement
non satisfaisant de cette pâte lors de la fabrication du papier. Par
conséquent, il y a environ cinq ans, nous avons déployé
notre effort de développement dans la recherche d'un
procédé mécanique à très haut rendement et
à consommation énergétique moindre que le TMP produisant
une pâte dont les propriétés sont semblables à
celles d'une pâte chimique telle que la pâte kraft.
De plus, cette pâte devait se prêter à la fabrication
d'une feuille de papier journal d'excellente qualité tout en minimisant
les conséquences de sa fabrication sur l'environnement. Ces travaux de
développement furent entrepris dans les laboratoires du centre de
recherche de CIP à Hawksbury en Ontario et à l'usine pilote
unique en son genre située à Gatineau au Québec.
Après de nombreux essais en usine pilote et sur nos machines à
papier, nous avons réussi à développer une pâte
ayant tous les caractères que nous nous étions assignés et
pouvant remplacer totalement ou en partie la pâte chimique kraft ou au
sulfite qui entre dans la fabrication du papier journal.
La première installation utilisant notre nouveau
procédé est actuellement en construction à notre usine de
Gatineau et elle sera prête en octobre 1978. Selon le succès
encouru à Gatineau, d'autres installations au sein de la CIP seront
mises à l'étude. Nous pouvons mesurer l'effet de ce nouveau
procédé sur l'environnement par sa quantité de demandes
biochimiques d'oxygène DBO. Le procédé ordinaire au
sulfite produit environ 500 à 600 livres de DBO par tonne de pâte.
Le procédé au bisulfite, au rendement, produit environ 300
à 400 livres puisqu'il n'y a aucun procédé de traitement
des eaux résiduaires.
Par ailleurs, le nouveau procédé de cela a
été qu'on produit moins de 100 livres par tonne, ce qui
était comparable au procédé thermomécanique. La CIP
a présenté des demandes de brevet d'invention et était
disposée à offrir ce procédé sous permis aux autres
fabricants canadiens de papier journal.
Merci monsieur.
M. Bérubé: Est-ce que le nouveau
procédé que vous avez mis au point va vous permettre de faire
appel à une plus grande quantité de feuillus dans la fabrication
des pâtes?
M. Hughson: Je l'espère, dans l'avenir, monsieur.
M. Bérubé: Pour l'instant, vous ne savez toujours
pas...
M. Hughson: ... sur le bois mou et les conifères,
sûrement en ce moment.
M. Bérubé: Quels sont les principaux avantages de
ce procédé? Est-ce que c'est la diminution de la matière
première en bois, donc le rendement en matière ligneuse? Est-ce
que c'est une diminution du coût de transformation? Quels sont les
principaux avantages, si vous pouviez quantifier un peu, pour voir un peu
où vous vous en allez?
M. Pichette (J.-J.): M. le ministre, au point de vuedu coût
d'exploitation ou du coût de production, nous pourrions vous donner
peut-être des détails confidentiels, mais nous ne sommes pas
prêts à les publier.
Maintenant au point de vue de l'avantage de cette pulpe, nous pouvons
produire une pulpe avec un haut rendement, un rendement similaire au TMP
ordinaire, mais nous donnant une qualité de fibre équivalant
à la pulpe chimique. C'est le principal avantage de cette nouvelle
pulpe. C'est une fibre de beaucoup supérieure au TMP ordinaire.
M. Clermont: Vous avez, M. le ministre, à la table 15, une
indication de la diminution des coûts de production que ce nouveau
procédé entraînera. Evidemment, la table n'est pas
numérotée, mais sur une base très confidentielle, il va de
soi, nous serions prêts à donner au ministère
l'échelle qui devrait être à gauche de la table. C'est le
tableau qui précède la page 69.
M. Bérubé: J'aurais une dernière question
reliée à l'expérience que vous avez dans le secteur des
pâtes et papiers. Vous avez, dans vos installations je pense
à votre usine de Matane une petite unité de production.
Vous avez également à La Tuque une très grosse usine.
J'aimerais savoir un peu quelle est la philosophie de la compagnie en ce qui a
trait à la taille de l'usine. Est-ce que vous favorisez aujourd'hui les
usines de 150 000 tonnes-année, de 300 000 tonnes ou de 800 000 tonnes?
Quelle est la taille que vous estimez optimale présentement dans le
secteur des pâtes et papiers qui tienne compte d'une certaine taille
humaine qui est maniable et qui, en même temps, assure une certaine
productivité à votre industrie?
M. Clermont: M. McArthur peut répondre à cette
question, étant donné qu'il est chargé de
l'exploitation.
M. McArthur: Je peux répondre à la question de la
taille de l'usine. Que ce soit un cas ou un autre, il me semble qu'il faut
étudier chaque cas de demande sur le marché, la demande pour ce
produit sur le marché...
M. Bérubé: Donc, vous n'avez pas de philosophie
générale. Je pense, par exemple, présentement au
Québec, à un certain nombre d'ingénieurs dans le domaine
qui favorisent la constitution de plus petites unités de production pour
éviter les grandes installations on peut penser, par exemple,
à Rayonier sur la Côte-Nord qui est évidemment la grosse
usine et qui a éprouvé des difficultés de démarrage
importantes, à tel point que certains pensent que les plus petites
usines on peut penser à F.F. Soucy à
Rivières-du-Loup, à votre usine de Matane, la CIP de Matane... On
peut donc penser qu'il y aurait deux philosophies, une qui se dirige vers les
grosses usines et une autre qui tend vers les plus petites. On peut se demander
laquelle de ces deux tendances présentement semble prévaloir.
N'êtes-vous pas encore fixés?
M. McArthur: Notre usine de Gatineau est une des plus grosses
usines de papier journal au monde et notre usine de Matane a juste la grandeur
pour servir nos besoins.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. MM. de la CIP, je
tiens d'abord à vous remercier pour le mémoire très bien
étoffé que vous nous présentez cet après-midi.
C'est une très bonne étude. Il y a beaucoup de recommandations
qui méritent certainement d'être bien étudiées, bien
analysées par le gouvernement, et j'espère qu'il sera ainsi fait.
Je remarque, cependant, que dans le mémoire très volumineux que
vous présentez, plusieurs des pages de celui-ci concernent la
révocation des concessions forestières. Vous semblez très
amers face à cette programmation qui avait été
établie par le précédent gouvernement et, à une
question de M. le ministre tout à l'heure, je n'ai pas perçu,
quant à moi, tout au moins, les motifs auxquels je m'attendais dans la
réponse que vous avez formulée.
Vous alléguez, dans le mémoire, que, si on assiste au
Québec à une révocation des concessions
forestières, vous ne serez pas en mesure de respecter des objectifs ou,
tout au moins, d'avoir des avantages qui prévalent actuellement dans la
situation qu'on connaît, que ce soit au niveau de la gestion, des
opérations, etc. Je me demande, bien concrètement, en quoi une
garantie d'approvisionnement à long ou à moyen terme on a
donné tantôt comme exemple une période de dix ans en
quoi une telle garantie d'approvisionnement de dix ans plutôt que les
droits que vous avez actuellement... En fait, quel serait l'impact bien concret
et bien spécifique sur votre entre-
prise? Je présume que, lorsque le programme de révocation
des concessions a été mis de l'avant, vous avez certainement
étudié tout l'impact de ces questions. Je suis convaincu que vous
avez analysé toute la situation, tous les effets au niveau des
opérations, de la gestion, de l'utilisation, etc. Concrètement,
vous êtes défavorables à la révocation, d'accord.
Quel serait l'impact de la révocation?
M. Pinard: M. le député de Portneuf, je dois
d'abord préciser que je ne crois pas que notre mémoire souligne
qu'on est amer au sujet de la révocation.
M. Pagé: Cela est une question
d'interprétation.
M. Pinard: On va bien se comprendre, on n'ouvrira pas un
débat là-dessus...
M. Pagé: Mais, à plusieurs reprises, vous en faites
état, selon moi, que vous n'êtes pas favorables.
M. Pinard: II reste, M. le ministre, que, dans la question,
excusez...
M. Pagé: Pas encore, dans quelques années, parce
que la façon dont ils vont là, cela ne prendra pas de temps, vous
savez.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Pardon!
M. Pinard: II reste, M. le député, que le contrat
d'affermage ou les concessions forestières, telles qu'elles existaient
et telles qu'elles existent aujourd'hui, apportent certains avantages dans le
contrat aux concessionnaires et que le gouvernement possède aussi en
même temps des outils légaux et des pouvoirs techniques, qui font
en sorte que l'aménagement, la gestion et toute cette question de
foresterie et d'approvisionnement aux usines, qui est attachée aux
contrats d'affermage, puissent marcher d'une façon excellente.
Actuellement, nous préconisons toujours le contrat d'affermage à
cause des incertitudes qui existent dans cette question de contrats
d'approvisionnement ou de révocation, incertitudes sur lesquelles on
s'est posé quelques questions vous me permettrez peut-être
de les souligner à la page 13 du résumé et nous
croyons qu'il s'agit pour nous, d'avoir l'assurance, la stabilité et le
contrôle de cet approvisionnement et surtout le contrôle des
coûts de cet approvisionnement.
M. Pagé: Oui, je suis d'accord, en fait. Vous dites qu'on
a des acquis actuellement qu'on perdrait, cela, c'est certain, mais quand
même un approvisionnement à long terme pourrait être
donné par le gouvernement, avec tout ce que cela implique, à
savoir quelles sont les essences sur le territoire sous la juridiction duquel
est l'approvisionnement, etc., et entre autres, à la page 7 de votre
mémoire, quand vous parlez de ce contrat d'affermage, vous dites qu'il
présente le plus grand nombre d'avantages pour la compagnie en termes
d'actifs, de garanties d'investissement, de flexibilité d'utilisation et
de fonctionnement, et enfin de contrôle des coûts
d'exploitation.
Je me le demande, en quoi ne pourriez-vous pas avoir des garanties
d'investissement, de flexibilité d'utilisation et de fonctionnement et
de contrôle des coûts d'exploitation avec une garantie
d'approvisionnement à long terme, sur une période de dix ou de
quinze ans?
M. Pinard: M. le député, on a dit aussi, dans notre
mémoire, que nous sommes prêts à analyser, à
regarder et à discuter toute formule ou toute autre appellation que le
contrat d'affermage, si le gouvernement adoptait d'autres formules ou d'autres
garanties d'approvisionnement. Ceci en autant que cette nouvelle formule
respecte l'esprit, la philosophie en ce qui concerne cette stabilité de
la ressource ou des sources d'approvisionnement pour nos usines, et le
contrôle de ces sources.
M. Wolstenholme: M. le député, on a dans la
Mauricie des camps qui durent au moins depuis... Je suis monté dans la
Mauricie en 1944 et je sais bien qu'il y a des camps qui durent, qui sont
encore là, qui existent, où on coupe encore le bois depuis 19...
Le camp auquel je pense a été construit en 1948. J'ai bien dit
que ce n'était pas rien que dix ans, quinze ans; de plus, habituellement
les camps sont à environ 20 ou 25 milles des chemins d'accès pour
aller au nouveau camp où l'on commençait des coupes nouvelles. Il
faut plusieurs années pour construire ce chemin, au moins pour y aller,
pour passer d'un camp à l'autre.
M. Pagé: Oui, je suis conscient, qu'il y a des
investissements qui ont été faits sur ces territoires...
M. Wolstenholme: Seulement durant un certain temps.
M. Pagé: ... et que vous avez eu à prévoir,
etc. D'accord, mais est-ce que je dois, est-ce que je peux déduire, de
la réponse que vous me donnez, que vous n'êtes pas
défavorables à la révocation des concessions
forestières, à la condition que les garanties dont vous faisiez
état soient respectées dans un programme nouveau qui serait mis
de l'avant par le gouvernement.
M. Wolstenholme: Au point de vue de la planification, sur une
longue période, oui, si les concessions peuvent demeurer comme on l'a
dit dans notre mémoire.
M. Pagé: Oui, je suis d'accord, mais je veux bien qu'on se
comprenne. C'est M. Pinard, je crois, qui me répondait tout à
l'heure. A la question que je vous ai posée, vous m'avez dit:
Essentiellement, ce qu'on veut, c'est que les objectifs
qu'on a atteints et une philosophie d'action qui est
déterminée soient maintenus et respectés. Lorsque j'ai
utilisé le terme "amers" tout à l'heure, vous m'avez dit: Oh non!
Ce n'est pas ce qu'on a voulu dire. C'est peut-être une mauvaise
interprétation de ma part.
Cette question est importante, parce qu'elle est en quelque sorte la
pierre d'assise de tout le reste. Cela fait l'objet d'études, d'analyses
de la part du gouvernement depuis longtemps, c'est toute la question de la
gestion des forêts publiques. Je pense que le moment le mieux choisi pour
discuter de cette question est certainement la commission parlementaire
actuelle. D'ailleurs, vous en faites abondamment état dans votre
mémoire, ce qui confirme l'importance du sujet.
Je vous dis que l'impression que j'ai, à la lecture de votre
mémoire, c'est que vous semblez sinon amers, tout au moins très
défavorables à l'idée de la révocation de vos
concessions. Dans une réponse à une question que je vous posais
tout à l'heure, vous me dites: Ce sont essentiellement les objectifs
qu'on a à atteindre d'une façon ou d'une autre. Je voudrais bien
que vous me le confirmiez. Etes-vous favorables ou défavorables à
la révocation? Si, suite à cette révocation, le
gouvernement, par différentes formules qui pourront être
énoncées, étudiées et analysées, vous permet
d'atteindre les objectifs que vous atteignez déjà avec les
concessions, en quoi pourriez-vous être défavorables à la
révocation?
M. Clermont: Nous avions fait état de nos points de vue
sur le projet de loi 27 quand il avait été présenté
par le gouvernement précédent et ces vues n'ont pas
changé; elles sont essentiellement que nous croyons que nous sommes
mieux équipés pour gérer la forêt que ne pourrait
l'être le gouvernement et que c'est le seul moyen que nous ayons de
contrôler les coûts et aussi les matières ligneuses que nous
recevons.
M. Pagé: J'en déduis donc... M. Clermont:
Pardon?
M. Pagé: Puis-je en déduire que vous êtes
défavorables à la révocation?
M. Clermont: Je crois que oui.
M. Pagé: Vous n'êtes pas amers, mais
défavorables.
M. Clermont: Ce qui ne veut pas dire que nous ne reconnaissons
pas un rôle au gouvernement.
M. Pagé: D'accord.
M. Clermont: C'est, après tout, le domaine public.
M. Pagé: A la page 24 du mémoire, vous affirmez
qu'il faut modérer l'augmentation des salaires et augmenter la
productivité pour permettre à l'industrie forestière
québécoise de demeurer compétitive sur le marché
mondial.
Quelles seraient les démarches que le gouvernement pourrait
éventuellement entreprendre et qui contribueraient à atteindre
ces objectifs d'augmentation de productivité et de modération de
l'augmentation des salaires? Dans votre mémoire, vous en faites
état à plusieurs reprises, de cette question des salaires.
D'ailleurs, à un endroit dans votre mémoire je ne me
rappelle pas à quelle page vous faites état que le salaire
payé ici était de 14% plus élevé, si ma
mémoire est fidèle?
M. Clermont: Oui.
M. Pagé: Entre autres, j'aimerais savoir avec quelles
entreprises américaines vous avez comparé vos chiffres et, quand
vous formulez ce voeu, qu'est-ce que vous attendez du gouvernement pour
atteindre cet objectif?
M. Clermont: Je m'excuse. Nos chiffres, notre différence
viennent de deux sources: d'une part, de Statistique Canada et, d'autre part,
du Bureau of Labor Statistics, de même que de comparaisons que nous avons
faites de taux typiques entre ce que nous payons ici et ce que la compagnie
International Paper paie dans ses usines du Sud des Etats-Unis ou du Nord.
M. Pagé: Bon!
M. Clermont: Quant à la seconde partie de votre question,
nous n'avons pas la réponse.
M. Pagé: Vous posez le problème.
M. Clermont: Nous posons le problème et je ne pense pas
que nous ayons la réponse.
M. Pagé: Cependant, à la page 26 de votre
résumé, vous dites, et je vous cite: "Le climat des relations
patronales-syndicales est l'une des plus importantes causes du ralentissement
économique au Québec. Nous croyons que le gouvernement ferait
bien d'en étudier les causes profondes afin d'y remédier." Je ne
sais pas si vous étiez ici hier, j'en ai fait état lors de la
comparution d'un intervenant. La question des relations de travail est
certainement très importante. On sait les grèves que nous avons
connues au Québec en 1975/1976 et l'effet que cela a eu sur l'industrie
en général et sur les travailleurs aussi. Cela leur coûte
quand même des sous d'être en grève. Tout le monde est
unanime à favoriser de meilleures relations de travail, de meilleures
conditions de travail et de meilleures conditions de négociation. J'en
donnais un exemple avec le sourire hier. Tout le monde se tape dessus pendant
six mois et ensuite on signe un contrat en disant que cela a bien
été, mais qu'il ne faudrait plus que cela se reproduise à
l'avenir. Vous dites: "Nous croyons que le gouvernement ferait bien d'en
étudier les causes profondes afin d'y remédier." Est-ce à
dire que
vous croyez que le gouvernement est le seul à détenir des
responsabilités et des pouvoirs suffisants pour régler toute
cette question des relations de travail au Québec et du climat des
relations de travail? Quant à moi, quitte à ce que vous me
démontriez le contraire, c'est une question qui ne concerne pas
seulement le gouvernement, elle concerne aussi l'entreprise et les parties
syndicales. Je voudrais que vous développiez davantage
l'énoncé que vous formulez à la page 26 et, sur la foi des
commentaires que vous formulerez, j'apprécierais de connaître
l'opinion et les commentaires de votre compagnie, eu égard à vos
travailleurs, à vos relations de travail. Qu'en pensez-vous et que
recommandez-vous?
M. Clermont: Je vais répondre à la dernière
question pour commencer. Le paragraphe du climat des relations
patronales-syndicales est l'un des plus importants, mais pas dirigé
nécessairement dans la compagnie parce que, ailleurs, au tout
début de la page 26 du résumé, nous disons que cela n'a
pas, en général, été un problème pour nous.
Ce que nous disons, cependant, c'est que les relations patronales-syndicales,
en général, au Québec il faudrait être
aveugle pour ne pas le voir ne sont pas ce qu'elles devraient
être. Il n'y a évidemment pas que le gouvernement qui puisse faire
quelque chose là-dedans. Quelqu'un doit prendre l'initiative et nous
pensons que c'est le rôle du gouvernement de prendre l'initiative pour
examiner les causes profondes. Il y a certainement des raisons aux
problèmes que nous avons. Sont-elles sociales, économiques,
philosophiques ou autres? Je ne sais pas. Mais je pense que le secteur
privé, et je suis sûr que les syndicats participeraient
très activement à une action gouvernementale... Mais la
réponse...
M. Pagé: Excusez-moi, monsieur, j'ai de la
difficulté à comprendre. M. le Président, pourriez-vous
faire cesser les caucus si possible? Je ne comprends pas, c'est bien
regrettable! Excusez-moi, M. le ministre, de vous avoir dérangé
dans votre réunion. Je ne comprenais pas, que voulez-vous que je vous
dise!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Clermont: L'initiative doit venir de quelque part. Je pense
que si elle venait du secteur privé, elle serait plus difficilement
acceptable que si elle venait du gouvernement. L'examen des causes profondes de
ces malaises doit venir d'une initiative gouvernementale.
M. Pagé: Le monde patronal est-il disposé à
s'associer au gouvernement dans cette initiative?
M. Clermont: Oui, sûrement.
M. Pagé: D'accord. A plusieurs reprises depuis le
début de nos travaux, on a fait état de l'impact, sur des
régions données, de la fermeture de certaines usines. Nous avons
eu l'occasion d'échanger, peut-être pas de vider toute la question
et le fond du problème ou de la question, mais nous avons eu l'occasion,
tout au moins, d'échanger sur des méthodes de gestion nouvelles,
comparativement à celles que nous connaissons déjà. Il a
été énoncé, entre autres... On se rappellera que,
dans le dossier de la Wayagamack, à la Consolidated Bathurst, la raison
de la demande de tous ces chiffres, c'était pour que le syndicat puisse
étudier une nouvelle méthode de gestion.
J'avais bien hâte de vous rencontrer pour vous poser la question
suivante. Vous aviez une usine dans le Nord-Ouest québécois qui
est maintenant exploitée avec un mode récent et avant-gardiste de
gestion. C'est le cas de Tembec; c'est l'association de l'Etat et du syndicat
qui, entre autres, a 30% des actions si ma mémoire est
fidèle 7% des actions appartiennent au public en
général. Phénomène assez intéressant, c'est
que Tembec semble en très bonne santé financière; cela
semble, tout au moins, bien aller, toujours dans le contexte où c'est
très difficile actuellement. Comment expliquez-vous... J'aimerais savoir
comment vous expliquez le fait que vous faisiez fonctionner cette entreprise...
Elle est devenue non rentable, je présume que c'est le motif pour lequel
vous avez mis fin à l'exploitation de l'entreprise là-bas.
Comment expliquez-vous qu'aujourd'hui, ce soit devenu rentable avec un nouveau
système de gestion?
M. Clermont: Tout ce qu'on peut répondre, M. le
député, c'est que, comme vous le dites, l'usine n'était
plus rentable pour la CIP. Nous ne sommes partie, ni de près ni de loin,
à la gérance, à l'organisation ou aux finances de Tembec.
N'ayant pas personnellement vécu l'expérience, nous sommes aussi
en très bonne position financière.
M. Pagé: Je n'en doute pas, mais je me dis: C'est
certainement le moment le mieux choisi pour discuter de ces questions parce
qu'on fait souvent état, de part et d'autre, de nouveaux modes de
gestion et on en entend souvent parler. D'accord, il y a eu des
expériences auxquelles le gouvernement s'est associé, comme
Tricofil; cela a été plus ou moins rentable, mais, en tout cas...
Il y en a eu. Cela est un cas particulier...
M. Bérubé: Qui l'a parti?
M. Pagé: On évolue dans une société
capitaliste. Je suis convaincu qu'une fois cette entreprise fermée pour
un motif de non-rentabilité, vous avez dû vous poser des
questions. Ma question est celle-ci: Vous vous êtes sûrement
posé des questions sur le fait que l'usine était devenue rentable
avec un nouveau mode de gestion pour le bénéfice du
député de... vous êtes-vous posé ces
questions et comment expliquez-vous cela? Pour le bénéfice des
membres de la commission, parce qu'on sera peut-être
éventuellement appelé à échanger des idées
sur ces modes nouveaux de gestion.
M. Clermont: L'explication en est assez simple. Du moment que
l'usine était achetée par un nouvel acquéreur, le nouvel
acquéreur devenait admissible à d'importants subsides
gouvernementaux qui permettaient de rendre l'affaire rentable. Nous n'y
étions évidemment pas admissibles.
M. Pagé: Vous interprétez la réussite de
Tembec comme le résultat de l'association du gouvernement à ce
nouveau mode de gestion du syndicat, de l'Etat.
M. Clermont: Non, à l'afflux d'un capital nouveau, tout
simplement.
M. Pagé: D'accord.
M. le Président, j'ai seulement quelques autres petites
questions, je vais essayer d'être bref parce qu'il est déjà
17 heures et on a un autre intervenant.
J'aimerais avoir des explications. Vous affirmez, à la page 20,
que le bois provenant de la forêt privée a un rendement, en
fibres, inférieur de 11% à celui de la forêt
exploitée par la compagnie. Cela m'a surpris, je ne suis peut-être
pas un ingénieur ou un technicien, mais, à prime abord, cela m'a
surpris.
M. Clermont: Vous parlez de la page 20 du mémoire ou du
résumé?
M. Pagé: Du mémoire, oui.
M. Clermont: Je vais demander à M. Pinard de vous
répondre sur cette question.
M. Pinard: M. le député, je pense que cela vient du
fait qu'un très fort pourcentage de bois venant de forêts
privées est du sapin. Nécessairement, ce sapin a une
densité moindre que celle de l'épinette, le pin gris,
l'épinette noire ou l'épinette blanche; on coupe, nous aussi, du
sapin, mais la proportion de sapin mêlée à
l'épinette, le pin gris et le pin fait que la densité de bois
provenant des terres publiques est supérieure à celle provenant
des terrains privés.
M. Pagé: C'est une question peut-être technique et
je vous en remercie.
J'aurais eu plusieurs questions à vous poser, la fameuse question
des copeaux, etc., au niveau des coûts de transport, etc.; cependant,
étant donné l'heure... Je pense, M. le Président, que vous
me faites des signes... Vous me permettez encore quelques minutes? Oui? Mais
c'est gentil à vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Evidemment, il y a un autre intervenant qui est prévu pour
aujourd'hui.
M. Pagé: Juste une dernière question. Dans mon
comté, comme dans plusieurs autres du Québec, évidemment,
mais particulièrement chez nous, on a plusieurs usines de sciage. Vous
savez que ces usines sont limitées dans leur alimentation en bois et
sont en même temps productrices de copeaux. On m'a dit, et j'aimerais
bien que ce me soit infirmé, contredit ou confirmé, que dans
certains cas, les entreprises profitaient du fait qu'elles étaient
concessionnaires de terres publiques pour que, lorsqu'elles transigeaient avec
les scieries pour leur fournir du bois, ce soit un moyen de pression
très efficace pour faire baisser le prix des copeaux.
J'espère que ce n'est pas le cas. C'est ce qu'on m'a dit, dans
certains cas, je ne vois pas votre compagnie en particulier. Je tiens à
l'établir. Est-ce possible? J'aimerais avoir vos commentaires sur la
façon de négocier le prix des copeaux et savoir s'il y a une
relation avec l'alimentation en bois sur vos concessions, etc.?
M. Wolstenholme: Au point de vue de notre compagnie, ce n'est pas
le cas. Dans chaque contrat conclu avec un entrepreneur, il va aller sur des
concessions, et, en vertu de son contrat, il n'a droit d'acheter les copeaux
que s'il est prêt à payer le même prix que le concurrent. Si
le type peut vendre des copeaux à une autre compagnie plus cher que nous
ne sommes prêts à payer, il a pleine et entière
liberté de le faire.
M. Pagé: Merci beaucoup, messieurs.
M. Russell: M. le Président, d'une façon
très brève...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je vais demander à messieurs de prendre le
tableau 1, peut-être, du mémoire que vous avez
déposé; c'est là-dessus que portent mes principales
questions. Je remarque que, dans l'utilisation des sources venant des scieries,
vous employez 29%, donc la forte partie de ces déchets, à votre
moulin de La Tuque. En somme, 70% de votre utilisation de fibres du moulin de
La Tuque provient de sciures et de copeaux de moulins à scie. Est-ce que
cette manière de procéder est réellement rentable pour une
opération?
M. Wolstenholme: Si je me souviens, notre mémoire, je
pense, donne un historique, la raison pour laquelle on a pu, dans l'Abitibi,
dans le nord-ouest de l'Abitibi, commencer à acheter les copeaux;
aujourd'hui, nous sommes rendus au point qu'on en achète autant que vous
le voyez sur le tableau.
M. Russell: Une autre question. Est-ce que vous pourriez utiliser
les copeaux pour la totalité de votre production à La Tuque?
M. Wolstenholme: II est clair que, pour notre production à
La Tuque, nous utilisons entièrement des copeaux, mais, pour le moment,
notre transport de copeaux se fait à pleine capacité, de
même que le déchargement, par chemin de fer.
M. Russell: On pourrait prévoir actuellement, avec les
modifications que vous faites pour le déchargement,
qu'éventuellement la totalité des fibres seront des copeaux.
M. Wolstenholme: II est clair que toute la fabrication de La
Tuque est faite de copeaux.
M. Russell: Par contre, je remarque qu'à
Trois-Rivières vous n'utilisez pas du tout de copeaux. Est-ce qu'il y a
une raison particulière?
M. Wolstenholme: Nous utilisons aussi à
Trois-Rivières des copeaux fabriqués par notre usine. Je pense
que c'est environ 20% du bois qui passe dans des "chippers" et qui est encore
consommé en copeaux à Trois-Rivières. Des acheteurs de
Trois-Rivières, nous exigeons le coût du flottage.
M. Russell: A Trois-Rivières, si je remarque bien ici,
vous achetez 80 000 cordes de bois qui viennent des terrains privés. Le
reste, c'est du bois coupé sur vos territoires. Est-ce que la
totalité de ce bois est dravé comme on dit?
M. Wolstenholme: Presque tout. M. Russell: Presque tout.
M. Wolstenholme: Oui.
M. Russell: Quelle est la distance de la drave du bois en
moyenne?
M. Wolstenholme: En moyenne, c'est de 200 à 225
milles.
M. Russell: 225 milles. Est-ce que le prix de revient de votre
bois qui est flotté sur la rivière et qui vient de vos limites se
compare au prix que vous payez à une entreprise privée?
M. Wolstenholme: A peu près, comme vous voyez, par le
"graphique", je pense qu'il y a une très petite marge de
différence.
M. Russell: Je n'ai pas de graphique simplement pour
Trois-Rivières. Le graphique est général.
M. Wolstenholme: Oui ce n'est pas basé 100% sur
Trois-Rivières, mais c'est pareil. A Trois-Rivières, je pense
qu'il y a une très petite marge.
M. Russell: Je peux l'interpréter ainsi pour vous aider,
pour raccourcir le temps, mais d'autres compagnies de la même
région ont présenté des mémoires et
prétendent que le bois coupé sur leurs limites et flotté
sur l'eau coûte environ $70 le cunit, rendu à leur moulin et que
l'achat des copeaux qui sont ainsi transportés et qui viennent de
l'Abitibi, là où c'est le plus loin, leur coûte moins que
$60 la tonne anhydre, ce qui représente à peu près la
même chose au point de vue du rendement qu'un cunit.
Pour quelle raison, si c'est un transport très économique,
le bois coupé sur vos territoires et flotté jusqu'à
Trois-Rivières, pour votre production à Trois-Rivières,
sera-t-il utilisé plutôt que les copeaux dont vous pourriez vous
approvisionner aux scieries à un prix moindre?
M. Clermont: Je dois vous dire, M. le Président, que le
tableau que mon confrère a mentionné et qui est celui du
début de la page 34, indique évidemment des moyennes. Il est vrai
que le bois flotté qui arrive à Trois-Rivières coûte
moins cher que celui qui est transporté par camion ou bateau.
M. Russell: Ce n'est pas la question. Est-ce qu'il vous
coûte meilleur marché ou plus cher que le prix que vous paieriez
pour des copeaux rendus à Trois-Rivières, si on renverse la
question?
M. Wolstenholme: On n'a pas d'expérience au point de vue
des copeaux à Trois-Rivières.
M. Russell: Vous connaissez quand même les prix que
d'autres moulins paient à Trois-Rivières et les prix que vous
auriez à payer.
M. Wolstenholme: Je ne sais pas ce que notre voisin paie, c'est
certain.
M. Russell: En tout cas, on ne s'entêtera pas simplement
pour éclairer la commission. L'autre question est ma dernière. Je
remarque que, au tableau 4, vous donnez une liste d'immobilisations qui
représentent pour les scieries, dans les douze années, $14
millions. Est-ce que je pourrais avoir, pour la même période, la
dépréciation de l'équipement?
M. Clermont: Si vous permettez, M. le Président, un
instant, on a cela quelque part. Malheureusement, nous ne l'avons pas par
usine, on a fait un total pour la compagnie.
M. Russell: Vous avez l'utilisation par usine quand
même.
M. Clermont: Oui, mais on n'a pas fait la
dépréciation par usine. On n'a pas cette
dépréciation par usine.
M. Russell: Vous avez la valeur totale de l'usine?
M. Clermont: Non plus.
M. Russell: Vous n'avez pas la valeur totale?
M. Clermont: Non.
M. Russell: D'accord.
M. Clermont: Sur la base générale des quatre usines
primaires.
M. Russell: Est-ce que vous pourriez me dire si, la
dépréciation représente plus que le total de $14 millions
de l'immobilisation?
M. Clermont: Sûrement, parce que, dans le total des
entreprises, nous avons pris la moitié moins de
dépréciation que nous avons mis de capital.
M. Russell: Je parle de la dépréciation sur douze
ans!
M. Clermont: Oui, c'est cela. C'est ce que j'ai.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, à la page 30, vous
demandez que la négociation du taux de transport soit faite sur une base
individuelle. Est-ce que vous ne croyez pas qu'avec cette méthode, ce
soit certainement plus favorable à la compagnie, étant
donné que le pouvoir de négociation d'une compagnie telle que la
vôtre et vous avez démontré qu'elle est importante
au Québec, au Canada et ailleursque ce soit supérieur et
que le petit camionneur qui fait face à votre compagnie ne puisse pas
tirer son épingle du jeu?
M. Wolstenholme: Depuis 40 ans, j'ai moi-même
négocié avec les entrepreneurs; souvent, ils ont un camion, deux
camions, trois camions et moi-même je fais pas mal de contacts de ce
côté-là, pour que l'on traite de la manière la plus
juste possible avec l'entrepreneur.
M. Marquis: Ce n'est quand même pas la tendance actuelle de
négocier individuellement. Vous ne vous attendez certes pas à ce
que les négociations, à l'avenir, se fassent plus
individuellement que par des représentants qui parlent au nom de tout un
groupe de camionneurs?
M. Wolstenholme: Comme on le mentionne ici, je pense que c'est
mieux que les négociations soient faites individuellement.
M. Marquis: Dans les pages 49 et suivantes, vous soutenez que la
modernisation des vieilles usines est rentable. Est-ce que, d'après
vous, c'est une rentabilité à court terme ou si ce serait
également à long terme, compte tenu que la technologie demeure la
même dans les deux cas?
M. Clermont: M. le député, nous croyons à la
rentabilité à long terme.
M. Marquis: Une dernière question. Etes-vous favorables
à l'intégration du sciage aux pâtes et papiers?
M. Clermont: Tout dépend de ce qu'on entend par
intégration. Oui, nous croyons, en effet, qu'il y aurait sûrement
certains avantages à aller de pair.
M. Marquis: Est-ce que vous le faites déjà dans
certaines régions, soit au Québec ou ailleurs?
M. Clermont: Non.
M. Marquis: Pas encore. D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Pas immédiatement, M. le Président,
j'attends le retrait de la CIP.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a d'autres intervenants? M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je voudrais revenir à la charge, M. le
Président, sur la question de l'environnement. J'ai posé une
question ce matin à l'Association des producteurs de pâtes et
papiers. Je n'ai pas eu de réponse. Peut-être une entreprise ou
une société pourrait-elle me fournir une réponse à
cette question?
Dans votre mémoire, vous affirmez que vous êtes sensibles
aux problèmes de l'environnement et que vous êtes bien prêts
à y apporter des solutions pratiques. Vous réclamez aussi
on trouve cela dans le résumé de votre mémoire une
législation et des règlements que vous qualifiez de
réalistes, tout en sauvegardant cependant votre position
concurrentielle. Vous allez jusqu'à dire que vous êtes
prêts, dans toute la mesure du possible, à faire face à ce
que vous appelez vos obligations sociales, dans le domaine de
l'environnement.
Devant cette bonne volonté que vous manifestez, je pose un peu la
même question que ce matin. Qu'est-ce, selon vous, que des
règlements réalistes ou une législation réaliste,
en matière d'environnement et de protection de l'environnement, surtout
au niveau des délais? Qu'entendez-vous par des délais
réalistes et raisonnables pour appliquer des règlements relatifs
à l'environnement, ceux-ci entraînant des investissements que vous
évaluez à tout près de $40 millions? Que veulent dire des
règlements réalistes, des délais raisonnables, selon vous?
Est-ce que des délais de cinq à dix ans prévus dans un
projet de règlement sur les effluents des usines de pâtes et
papiers vous conviennent? Est-ce que cela est convenable? Est-ce que c'est
applicable et acceptable, des délais semblables?
M. Pichette: M. le député, j'aimerais d'abord
répondre pour commencer sur les normes du gouvernement. Quelles
devraient être ces normes? On demande des normes réalistes pour
commencer. Nous croyons que la pollution devrait être combattue et que
nous avons un devoir social à remplir. Mais jusqu'à quel point?
Est-ce qu'on doit dépenser des sommes énormes juste pour le
plaisir de dire qu'on combat la pollution? Est-ce qu'on doit dépenser
pour réduire la pollution? Nous
sommes complètement d'accord, les compagnies devraient faire leur
devoir pour la réduire, mais jusqu'à quel point? Est-ce qu'on
doit dépenser des sommes exorbitantes pour réduire la partie qui
ne nuit plus à l'environnement? C'est ce que nous appelons des normes
réalistes.
Quant au temps, la période est assez difficile à fixer. Il
est très difficile de répondre à cette question.
Une compagnie qui ne fait rien... Nous sommes complètement contre
cette philosophie. Nous avons dépensé comme vous pouvez le
voir des montants appréciables pour combattre la pollution et
nous allons en dépenser continuellement d'année en
année.
Dire que, dans cinq ou dix ans, le problème sera
réglé, c'est pratiquement impossible. Le plus grand facteur est:
Est-ce que les compagnies ont les moyens de dépenser plus que leur
revenu pour combattre la pollution? Est-ce qu'une partie doit être
laissée pour les investissements dans la productivité? Tout
dépend de la situation économique aussi.
M. Brassard: Dans votre cas...
M. Pichette: Vous dire le nombre d'années, c'est
pratiquement impossible.
M. Brassard: Dans votre cas, vous parlez, à la page 75, de
$40 millions. Vous évaluez à $40 millions les investissements qui
seraient requis pour la protection de l'environnement, pour combattre la
pollution. Est-ce que c'est un programme de votre société? Est-ce
une intention précise de dépenser, dans les années qui
viennent, $40 millions pour combattre la pollution? Si c'est un programme
précis de votre société, non pas simplement une
hypothèse, cela veut dire... Ces dépenses s'étalent sur
combien d'années?
M. Pichette: Ces dépenses s'étalent sur une
période de dix ans. Ce montant d'argent, basé sur la valeur de
l'argent en 1977, représente un programme complet pour les usines de la
province de Québec pour répondre aux normes proposées par
le gouvernement à l'heure actuelle.
M. Brassard: Est-ce que ce montant ne pourrait pas être
moindre si, par exemple, à Trois-Rivières, vous implantiez la
technologie que vous êtes en train d'implanter le nouveau
procédé de fabrication de pâte à Gatineau?
Avez-vous l'intention de l'implanter à Trois-Rivières? Si vous
l'implantez à Trois-Rivières, cela réduit, je pense, le
montant de $40 millions pour combattre la pollution?
M. Pichette: Certainement. Maintenant, c'est un nouveau
procédé. Nous sommes persuadés qu'il va réussir
à Gatineau. Aussitôt que les résultats seront obtenus,
après la période d'évaluation, ce nouveau
procédé va certainement être considéré pour
l'usine de Trois-Rivières.
M. Brassard: Si cela fonctionne à Gatineau, vous allez
sans doute, et même très certainement, l'implanter
également à Trois-Rivières?
M. Pichette: Tout probablement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Messieurs de la Compagnie internationale de papier, au nom des membres de la
commission, je vous remercie pour votre apport.
Avant de passer la parole au député de
Mégantic-Compton, j'inviterais la compagnie Ma-sonite Canada Ltée
à se présenter à la table, s'il vous plaît.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, tenant compte de l'horaire
qui nous a été soumis il y a déjà une semaine et
demie par voie téléphonique, un horaire qui nous était
donné pour le mardi 11 octobre, le mercredi 12 octobre et le jeudi 13
octobre, nous avons retenu nos effectifs pour être ici aux commissions
des richesses naturelles, de l'assurance automobile de même qu'à
la commission de la fonction publique pour jeudi. Nous avons appris, tôt
ce matin, qu'on serait appelé à siéger le vendredi 14
octobre. Inutile de vous dire qu'on aurait aimé le savoir plus tôt
parce que, comme parti politique, on est obligé de prendre des
engagements. A ce moment, il nous devient impossible d'annuler tous ces
engagements; cela chambarderait, à notre point de vue, l'horaire de nos
députés que de devoir garder quelqu'un ici à Québec
pour siéger vendredi. Conséquemment, et pour d'autres raisons
également, on aurait aimé qu'il soit connu plus tôt que
cette commission devait siéger le vendredi 14 octobre.
Je propose que les membres de cette commission, à
l'unanimité, conviennent de ne pas siéger le vendredi 14 octobre
et prient, conséquemment, le président de cette commission d'en
aviser qui de droit. Je vous soumets cette proposition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, j'avais reconnu au préalable le leader
du gouvernement et je dois demander, pour accorder le droit de parole au
leader...
M. Burns: J'allais demander à la commission d'avoir la
bienveillance de me permettre...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: ... d'intervenir dans le débat, puisque je ne
suis pas membre de la commission; cela me prendrait le consentement de la
commission pour intervenir. Evidemment, si vous ne voulez pas, à ce
moment, vous allez perdre beaucoup de choses en m'empêchant de
parler...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y aurait consentement unanime pour permettre au leader du gouvernement de
prendre la parole?
M. Grenier: Ce sont les membres du gouvernement qui ne veulent
pas, nous, on est d'accord.
M. Pagé: M. le Président, quant à nous, il
n'y a pas de problème. On sait pertinemment que l'équipe qui est
en présence depuis le matin aurait certainement beaucoup de
difficulté à faire accepter ce principe et on pourra en reparler
tantôt sur le débat sur la motion sans la participation du
député de Maisonneuve.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Le consentement unanime étant constaté, je cède
la parole au leader du gouvernement.
M. Pagé: Allez, allez.
M. Burns: Apparemment, il y a une réticence de la part du
député de Frontenac, mais comme cela prend la majorité, ce
n'est pas grave apparemment, je l'ai acquise. Je suis convaincu qu'au fond de
lui-même le député de Frontenac m'accorde son consentement
aussi. Il a besoin!
Blague à part, M. le Président, sur cette question que
soulève le député de Mégantic-Compton, c'est en
tant que leader du gouvernement que je voulais intervenir simplement pour
expliquer la situation. J'ai rencontré le député de
Mégantic-Compton plus tôt, dans la journée, il m'a
expliqué le problème auquel il faisait face, je le comprends et
je le trouve sérieux. Lorsqu'un parti politique décide de faire
une opération à travers le Québec, comme il semble que ce
soit le cas pour l'Union Nationale, je ne pense pas qu'il soit du rôle du
gouvernement de mettre des bâtons dans les roues à ce parti
politique. Loin de là.
Je pense que, là-dessus, nous avons, dans le passé,
très souvent favorisé ce type d'organisation. Nous, du
côté ministériel, avons tout fait pour éviter
d'empêcher le bon fonctionnement des travaux de la Chambre à cause
d'opérations, si on peut dire, au sens large du mot, politiques de
partis au pouvoir ou dans l'Opposition. Sauf que, dans le cas présent,
je dois, au nom du gouvernement, dire qu'il est impossible d'accéder
à cette demande et cela me peine vraiment, je le dis sincèrement,
de ne pouvoir accéder à la demande du député de
Mégantic-Compton. Il y a quelques raisons à cela. La commission
parlementaire des terres et forêts, qui siège actuellement
relativement à ce problème très important, doit terminer
le plus rapidement ses travaux pour des raisons de caractère
parlementaire. C'est-à-dire que le plus tôt cette commission aura
terminé ses travaux, le plus tôt nous pourrons, comme vous le
savez, M. le Président, faire siéger d'autres commissions
dès la semaine prochaine.
Pour vous donner tout simplement une petite idée du programme de
la semaine prochaine, il y a un certain nombre de projets de loi qui sont
prévus, qui sont susceptibles donc, d'être adoptés en
deuxième lecture et qui devront nécessairement être soumis
à des commissions parlementaires pour examen article par article. Je
vous cite simplement les six premiers projets de loi qui pour- raient
être adoptés peut-être assez rapidement et donc d'être
appelés en commission parlementaire la semaine prochaine. En
deuxième lecture, nous avons, la semaine prochaine, la loi 22, Loi
modifiant la Loi des travaux publics, la loi no 19, Loi sur les parcs, la
deuxième lecture de la loi 21, Loi modifiant la Loi des agents de
voyage, la deuxième lecture du projet de loi no 10, Loi modifiant la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, la deuxième
lecture, également, de la loi 54, Loi modifiant la Loi des cités
et villes, et la deuxième lecture de la loi 55, Loi modifiant le Code
municipal.
Tout ceci pour vous dire, M. le Président, qu'il est important de
siéger vendredi sans bousculer personne et sans vouloir dire aux
personnes et aux groupes qui veulent intervenir qu'ils doivent faire vite, ni
quoi que ce soit. C'est justement pour cela qu'on insiste pour siéger
vendredi à cette commission-ci comme à la commission de
l'assurance automobile, qui est un peu placée devant la même
situation. Il y avait, vendredi, une troisième commission qui
était prévue, celle de la fonction publique, relativement au
projet de loi de la fonction publique.
Et justement, tenant compte des arguments qui m'ont été
soumis par le député de Mégantic-Compton, j'ai
réussi à faire annuler avec le consentement du ministre
concerné, M. Denis de Belleval la séance de vendredi de la
commission de la fonction publique. Malheureusement, je pense que c'est le plus
loin que nous puissions aller. Cette commission-ci devra siéger vendredi
et la commission concernant l'assurance automobile, soit celle des
consommateurs, coopératives et institutions financières, devra
siéger également vendredi. Puisque je n'ai pas droit de vote, je
ferais simplement la suggestion ou bien que le député de
Mégantic-Compton retire sa proposition ou encore que la commission mette
de côté par un vote négatif cette proposition.
Il y a également j'ajoute ceci comme argument pour
vendredi, des personnes qui sont assignées à cette commission et
je pense que cela pourrait être un peu frustrant pour des gens qui
attendent déjà depuis un certain temps pour se faire entendre, de
se faire dire à la toute dernière minute de ne pas se
présenter et qu'ils devront revenir dans un avenir absolument inconnu
quant à la date de leur présentation.
Je remarque cependant dans les déclarations ou la
présentation du député de Mégantic-Compton quelque
chose qui attire mon attention. Je pense qu'on sera très sensible
à ce que je dis au niveau du secrétariat des commissions, du
moins je l'espère. Il semble que, depuis quelque temps, les avis de
convocation aux personnes et aux groupements qui doivent se présenter
devant les commissions ne sont pas disponibles aux partis de l'Opposition. Si
tel est le cas, je demanderais au secrétariat des commissions de
corriger cette lacune, parce que, dans le passé, cela s'est toujours
fait; je trouve tout à fait anormal pour les députés de
l'Opposition de ne pas savoir qui doit se présenter tel jour et à
tel endroit. Ceci leur permettrait, s'ils savaient ces choses, de
préparer leurs
dossiers, non pas qu'ils ne préparent pas bien leurs dossiers
actuellement, ce n'est pas une critique que je fais, mais cela leur permettrait
de savoir davantage ce à quoi ils devront s'attaquer lorsque la
commission siégera.
Dans ces circonstances, M. le Président, je demanderais à
la commission simplement de mettre de côté, c'est-à-dire de
défaire la proposition du député de
Mégantic-Compton. Ce sont mes seules remarques, pour les raisons que je
viens de mentionner.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, nous avons soulevé
cette question au début de nos travaux cet après-midi, parce
qu'il nous paraissait tout au moins très surprenant de constater que des
groupes avaient été convoqués pour vendredi matin.
Surprise pour plusieurs motifs, car, avant d'amorcer ces travaux, vous savez
qu'il est toujours de mise que l'Opposition et le cabinet du ministre
échangent sur la façon dont se dérouleront les travaux,
pour les heures et les salles. On discute de ces choses, plus
particulièrement dans le contexte où l'Assemblée nationale
ne siège pas. C'est dans cet esprit que, quelques jours avant le
début des travaux de la commission, un membre du cabinet du ministre...
Si ma mémoire est fidèle, ce sera sujet à confirmation,
parce qu'à ce moment la discussion s'était faite avec mon
collègue de Montm,agny-L'Islet, M. Giasson, qui pourra confirmer tout
à l'heure, nous avions convenu de siéger en soirée le
mardi et le jeudi à la condition toutefois qu'on ne siège pas le
vendredi matin. Je pense que tout le monde avait été unanime
là-dessus. D'accord, le vendredi matin, la commission ne siégera
pas. Ceci démontre quand même qu'en ce qui concerne le
déroulement des travaux, tout au moins ce n'est pas le cabinet du
ministre qui a son mot à dire, mais le leader parlementaire. Je
comprends que le ministre des Terres et Forêts ait une brève
expérience parlementaire, mais j'espère qu'à l'avenir,
avant de communiquer avec l'Opposition, vous communiquerez avec le bureau du
leader pour vous entendre. De cette façon, on évitera d'avoir des
problèmes comme celui qu'on a.
M. Burns: Ce que vous répétez là, M. le
député de Portneuf, c'est exactement le règlement. C'est
effectivement le leader...
M. Pagé: Je suis en train de vous aider.
M. Burns: Je vous remercie beaucoup, mais je ne veux pas que vous
tombiez sur la tête du ministre à cause de cela.
M. Pagé: II faut qu'il apprenne son métier.
M. Bérubé: II y a eu effectivement entente avec
vous, et si, vendredi dernier, il y avait eu entente à savoir que nous
ne siégions pas, il n'y a pas eu entente à savoir que nous ne
siégerions pas ce vendredi-ci.
M. Pagé: M. le Président, c'était une
entente pour tout le déroulement de la commission. M. Giasson, qui a
discuté au téléphone à ce moment-là avec les
représentants de votre cabinet, pourra en faire état
tantôt, et confirmer exactement tout ce qui s'est passé. Ceci est
un premier élément.
Le deuxième élément est que vous dites que les gens
ont été convoqués et que ce serait sûrement un
manque de délicatesse, une fois que ces gens ont été
convoqués, de leur dire: Ne vous présentez pas. Je m'excuse
particulièrement auprès de l'honorable leader, parce que
celui-ci, dans les motifs qu'il invoquait tantôt, vient de dire aux
agents de la paix, qui ont présenté le mémoire no 6
relatif au projet de loi no 53 et qui avaient été
convoqués pour se présenter vendredi matin: Ne venez pas.
M. Burns: C'est vrai.
M. Pagé: C'est un manque de délicatesse à
l'égard des agents de la paix.
M. Burns: C'est vrai.
M. Pagé: Troisième élément qui
m'inquiète particulièrement, c'est que, dans les arguments
invoqués par le leader, celui-ci dit: Si nous demandons aux gens qui
devaient se présenter vendredi matin de ne pas venir, on ne pourra pas
leur donner de date. Je le cite, il a dit: "Date indéterminée
pour la reprise des travaux de la commission".
Quant à moi et cela pourra peut-être
éventuellement faire l'objet d'une autre motion j'espère
que les travaux de cette commission pourront continuer dans des délais
très brefs parce qu'ils ont été bien amorcés
jusqu'à maintenant. On a passé la semaine du 26 septembre.
D'accord, la semaine dernière, le gouvernement, fort de sa
majorité, etc., a pu se permettre de s'en aller en tournée
électorale, faire de la politique dans les comtés et là,
on arrive en urgence nationale: Cette semaine, il faut siéger
vendredi!
M. Brassard: Tournée d'information.
M. Pagé: Une chose est certaine, quant à nous de
l'Opposition officielle, nous serons favorables à la motion du
député de Mégantic-Compton. D'autre part, on peut
présumer d'ailleurs, le leader est venu dire à ses
collègues de la majorité ministérielle, qui attendaient sa
venue avant de voter, comment voter; il vous a demandé de voter pour
que vous allez probablement voter pour. Cette motion sera probablement
défaite.
M. Russell: On ne le sait pas encore.
M. Pagé: En tout cas, pensez-y.
M. Burns: Le suspense dure encore.
M. Pagé: Si jamais la motion du député de
Mégantic-Compton était défaite, je peux d'ores et
déjà assurer que, par respect pour les intervenants qui auront
à comparaître vendredi et aussi parce que nous n'avons pas
d'engagements formels comme les représentants de l'Union Nationale que
je comprends de ne pouvoir être présents vendredi matin prochain,
nous serons présents aux délibérations pour entendre les
parties.
Cependant, M. le Président c'est un avis et je pense que
c'est délicat de ma part je vous donne d'ores et
déjà un avis c'est une question que nous pourrons
régler demain que, si nous siégeons vendredi et que la
compagnie Reed comparaît devant nous vendredi, j'ai l'intention de
présenter une motion dès demain pour que le Syndicat des
employés de Canadian Glassine, ici à Québec, puisse
être entendu lui aussi vendredi matin, même s'il n'a pas
déposé de mémoire, parce qu'il déposera un
mémoire demain, étant donné que le précédent
a été créé dans le cas des travailleurs de la
Wayagamack, il y a deux semaines.
M. le Président, c'étaient les commentaires que je voulais
formuler ralativement à la motion. Il est probable que mes
collègues voteront avec moi en faveur de la motion de l'honorable
député de Mégantic-Compton. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur ma motion, bien rapidement, je l'ai
présentée tout à l'heure. Je pensais même qu'on
discuterait de la recevabilité et vous l'avez acceptée comme
cela, je pense bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Elle
devenait recevable en enlevant les mots "à l'unanimité",
puisqu'une simple majorité suffit. D'accord?
M. Grenier: Merci. Sur cette motion, bien brièvement parce
que je voudrais bien qu'elle soit mise aux voix avant 18 heures, j'aimerais
vous dire que ce que nous présentons là est peut-être plus
sérieux que cela peut en avoir l'air. C'est une chose qui se
répète depuis assez longtemps et, malheureusement, on est
témoin... Je vois que des représentants d'East Angus sont ici et
il y en a sûrement plusieurs autres qui attendent de déposer leur
mémoire. Ils étaient assurés, ce matin, de pouvoir le
faire demain matin et c'est aujourd'hui seulement qu'on a réglé
la question. Il y a toute une organisation derrière ces gens qui doivent
venir ici. Ils ont des arrangements à faire dans leur famille, dans leur
municipalité et dans leur compagnie et cela se règle toujours sur
le bout de la table par des brouillons. On se penserait quasiment à
Val-Racine, dans mon comté, pour le conseil de ville et, pourtant, on
est à Québec.
Une Voix: N'insultez pas les gens de votre comté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Grenier: Ils ne seront pas insultés, ils me connaissent
très bien. Quand on les compare à Québec, ils sont
heureux, excepté que je pense qu'ils ont peut-être une table de
travail mieux organisée que la nôtre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. A l'ordre!
M. Grenier: Je voudrais bien qu'on comprenne...
Une Voix: Cela ressemble à la déclaration de Jean
Chrétien!
M. Grenier: On se penche sur le cas des gens qui vont venir ici,
on dit: Ce n'est pas drôle de leur dire qu'ils ne pourront pas être
entendus vendredi; ce sera sine die ou ce sera mardi ou mercredi de la semaine
prochaine. Juste ciel! Vous en avez entendu bien plus que cela sur la loi 101,
M. le Président; vous vous en souvenez et vous avez les oreilles faites
à cela. Je le sais. Combien de gens sont venus ici et sont restés
à Québec pendant des semaines; ils ne pouvaient pas être
entendus à cause des retards qu'on accumulait. Combien de gens n'ont
jamais été entendus!
Une Voix: Qui était responsable des retards?
M. Grenier: Qui était responsable, ce n'était pas
moi. C'est le gouvernement qui est là, je pense que c'est celui qu'on a
élu; même s'ils ne représentent que 40% de la population,
ce sont eux qui décident.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Une Voix: 60%.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! S'il vous plaît. Puis-je rappeler aux membres de la commission
que si les représentants de la compagnie Masonite n'ont pas le temps de
commencer leur mémoire avant six heures, ils devront être
reconvoqués à une date inconnue. J'aimerais vous le rappeler. M.
le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Elle va commencer avant six heures. M. le
Président, vous savez puis vous avez l'expérience
là-dedans et vous vous devez de nous le rappeler, mais vous savez fort
bien que ce n'est que comme cela qu'on peut parler à la commission. Il
faut avoir du monde à la barre, on ne peut pas parler autrement, il faut
avoir des invités là et on porte toujours l'onéreux,
l'Opposition, de faire attendre les invités, ce n'est pas du nouveau. On
s'est battu là-dessus pendant quatre mois de temps, lors de
l'étude de la loi 101, mais il reste une chose, c'est que le
gouvernement va devoir
apprendre, une fois pour toutes, par une motion comme celle qu'on fait
ce soir, cela va nous prendre vingt minutes, mais on va le décider une
fois pour toutes que le gouvernement va informer l'Opposition, qui, elle,
représente 60% de la population.
C'est peut-être le temps qu'on le sache une fois pour toutes. Je
suis bien prêt à pardonner à M. Untel qui a oublié
de transmettre tel papier, et mademoiselle la secrétaire une telle qui
n'a pas pris le téléphone dans le bon temps, il y a quand
même une limite... Là c'est le bout, puis si on siège la
semaine prochaine, on commence la session, "shinez" vos souliers et vos patins.
Là vous êtes au gouvernement, cela fait un an que vous êtes
là, on va fêter cela dans un mois, cela fait un an que vous
êtes là. Cela commence à être le temps de savoir
administrer.
M. Pagé: On ne fêtera pas, nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: Toujours sur la motion, pour les préparer pour
le reste de l'administration qu'on va envisager à partir de la semaine
prochaine. Alors on a le mémoire. Les mémoires sur la loi 101, on
en a vu de toutes les couleurs, puis on a vu des gens qui ont été
retardés des semaines de temps, des deux, trois jours, qui n'auront
jamais été vus. On a cela, ce n'est pas du nouveau de retarder du
monde le vendredi, les remettre à un peu plus tard.
Quant à la préparation des dossiers, quand on
reçoit cela le matin même, je veux bien qu'on lise nos dossiers,
qu'on les prépare, mais à choisir parmi la trentaine de dossiers
qu'on étudie depuis deux semaines, il est bon de savoir lesquels vont
passer dans la journée ou au moins dans la semaine qui suit. On
prévient nos gens de commissions, puis ce n'est pas parce qu'on est le
gouvernement qu'on est les seuls à avoir de l'ouvrage. Je n'ai pas
besoin de vous dire que si on veut battre ce gouvernement aux prochaines
élections, il faut travailler un petit peu, pas fort, mais un peu.
Cela nous oblige à des rencontres et ces rencontres, on doit les
planifier et on doit également planifier nos rencontres de commissions.
Quand j'ai appelé mes députés pour être ici les 11,
12 et 13, je ne les ai pas appelés pour le 14. Donc, le 14, ils ont pris
d'autres engagements. M. le Président, tenant compte de tout cela,
après avoir sensibilisé ces gens du gouvernement en face de nous,
je suis à peu près convaincu d'avance qu'ils n'ont pas envie
d'accepter le témoignage de leur leader. Ils trouvent que c'est trop
important, l'Opposition et d'autres. Je suis convaincu et je les ai convaincus
que c'est trop important, l'Opposition, pour la soudoyer et mettre de
côté les recommandations, d'autant plus que c'est ma
journée chanceuse. La première motion qu'on a faite, ce midi, la
première demande qu'on vous a faite, vous l'avez accordée, de
faire passer le comité ad hoc et Domtar, demain matin, en
commençant, alors je suis sûr que...
M. Brassard: C'était déjà prévu.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Lac-Saint-Jean a répondu pour la
présidence.
M. Brassard: Une par jour, c'est assez.
M. Grenier: Je vous en demande une deuxième, M. le
Président, si c'était possible. Je termine avec cela, si
c'était possible, pour des raisons qui sont plus sérieuses qu'on
le pense, je pense bien, même si on prend un peu de bon temps, parce
qu'on est un peu fatigué à la fin d'une journée, je
voudrais bien qu'on se tienne averti que la prochaine fois si ce n'est
pas possible pour cette fois-là, de toute façon on l'essaie et on
va le demander par un vote autour de cette table à l'avenir, on
devra préparer et prévenir les parties de l'Opposition et leur
donner un horaire de travail qui va correspondre à l'effort qui se fait
dans l'Opposition, pour leur collaboration autour d'une table de travail.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que votre dernier voeu a déjà été émis par
la présidence et par le leader du gouvernement et je pense que les
personnes concernées en prendront bonne note.
M. Burns: M. le Président, vous avez dit exactement ce que
j'avais à dire, donc je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
présume que vous avez parlé avec le consentement unanime. Est-ce
que cette motion est adoptée?
M. Pagé: Vote enregistré, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Gosselin, Sherbrooke? M. Bérubé, Matane?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bordeleau, Abitibi-Est?
M. Bordeleau: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Russell, Brome-Missisquoi?
M. Russell: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Desbiens, Dubuc?
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Pagé, Portneuf?
M. Pagé: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Giasson, Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Grenier, Mégantic-Compton?
M. Grenier: En faveur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Gendron, Abitibi-Est?
M. Gendron: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brassard, Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Vaillancourt, Orford?
M. Vaillancourt (Orford): Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Lévesque, Kamouraska-Témiscouata?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Marcoux, Rimouski? M. Marquis, Matapédia?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Mercier, Berthier?
M: Mercier: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
O'Gallagher, Robert Baldwin?
M. O'Gallagher: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Perron, Duplessis?
La motion du député de Mégantic-Compton est
rejetée 8 voix contre 6.
M. Pagé: On a passé près. Prochain coup.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! En conséquence, la commission...
M. Grenier: On est à veille de battre le gouvernement.
Cela s'en vient.
M. Brassard: Ne vous découragez pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'inviterais le porte-parole de la compagnie Maso-nite Canada Ltée
à se présenter et à présenter ceux qui
l'accompagnent.
Masonite Canada Ltée
M. Staples (Ross): Bonjour. Je suis Ross Staples,
président de Masonite Canada Limitée. J'aimerais vous
présenter quatre de mes collègues de notre société
mère, la Compagnie internationale de papier du Canada. A ma droite, M.
Marcel Pinard, ingénieur forestier en chef, Bill Wolsten-holme,
vice-président à l'exploitation forestière et Bill Martin,
vice-président aux entreprises diversifiées. M. Martin est
l'administrateur senior de CIP, responsable de Masonite Canada Limitée.
A mon extrême gauche, se trouve M. Gilbert Pellier, directeur des
recherches forestières. Les deux autres sont des employés de
Masonite, M. Fred Constantine et M. Bruno Laroche, respectivement directeur et
vice-président à la fabrication. Ce dernier sera notre
porte-parole.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant
que vous ne commenciez la lecture de votre mémoire, j'aimerais vous
aviser que conformément aux règlements de l'Assemblée
nationale les travaux de la commission seront ajournés à 18 h,
c'est-à-dire dans environ 12 minutes, mais que vous êtes
invités à vous présenter demain matin à la
même salle, à 10 h, pour continuer la lecture de votre
mémoire et la période de questions.
M. Laroche (Bruno): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, en guise de présentation nous
allons vous faire lecture de larges extraits du mémoire que la compagnie
Masonite Canada Limitée a préparés après avoir
considéré avec soin les questions posées par le ministre
des Terres et Forêts, M. Bérubé, dans sa déclaration
ministérielle du 28 juin dernier concernant les perspectives d'avenir de
l'industrie des pâtes et papiers au Québec.
Les réponses et les recommandations contenues dans ce
mémoire devraient aider la commission à mieux comprendre la
nature, les causes et les conséquences des problèmes
rencontrés par la compagnie et l'assister dans ses
délibérations en vue de trouver des moyens concrets pour les
résoudre.
La compagnie tient, autant que le gouvernement du Québec,
à ce que l'impossible soit tenté pour assurer un brillant avenir
à l'industrie des pâtes et papiers et aux autres industries qui
s'y rattachent. Elle assure la commission de son entière collaboration
dans l'atteinte de cet objectif commun.
Masonite Canada Limitée est une propriété conjointe
de la Compagnie internationale de papier du Canada et de Masonite Corporation
de Chicago. La compagnie, qui fabrique et vend une gamme importante de produits
pour l'industrie de la construction, a commencé ses opérations il
y a 50 ans par la construction de son usine de panneaux isolants. Celle-ci fut
suivie par l'ouverture d'une usine de panneaux rigides en 1939 et par
l'ouverture d'une usine de placage et de contre-plaqué en 1946. Ces
trois usines furent bâties dans le complexe industriel de Gatineau, qui
comprend aussi les bureaux administratifs de la compagnie,
l'usine de papier journal de CIP, ainsi qu'une usine d'alcool.
En juillet 1976, la compagnie formait sa division Atlantique par
l'acquisition d'une usine de panneaux rigides à East River,
Nouvelle-Ecosse. La division de panneaux isolants fabrique des produits pour
plafonds à base de fibre de bois, des revêtements pour panneaux
isolants et des systèmes de plafonds commerciaux en laine
minérale.
La division des panneaux rigides fabrique une gamme étendue de
revêtements extérieurs, panneaux muraux décoratifs,
panneaux de portes, panneaux décoratifs pour plafonds et une
variété d'autres produits industriels et commerciaux. En effet,
Masonite est le plus grand manufacturier de recouvrement extérieur pour
le marché résidentiel canadien.
La division des placages et contre-plaqués fabrique deux produits
très différents, soit le placage de bois franc et de bois mou et
le contre-plaqué de bois franc. Le contre-plaqué de bois franc
est utilisé pour les meubles, l'ébénisterie, les panneaux
décoratifs et les usages industriels et commerciaux. La compagnie est
fière de son adhérence stricte aux normes de bonne qualité
pour tous ses produits.
Les marques de commerce Colorlok, Ten Tile, Ten Test et Wispertone sont
renommées et respectées par les entrepreneurs partout au
Canada.
Masonite Canada emploie directement quelque 1250 personnes, dont 881 au
Québec. Masonite supporte des programmes importants d'investissements en
capitaux afin de maintenir ses facilités dans des conditions modernes et
concurrentielles. Masonite est maintenant un des plus grands fournisseurs de
matériaux de construction au pays. Ses produits sont
expédiés partout au Canada et exportés aux Etats-Unis.
Ci-après, nous allons examiner successivement les aspects de
l'approvisionnement des usines, de la fabrication et de la mise en
marché des produits.
Concernant les sources d'approvisionnement, nous pouvons dire que dans
le passé, la CIP fournissait presque tout l'approvisionnement de
Masonite en billes de déroulage et en copeaux; les billes provenant des
bassins de la Gatineau et de la Rouge, et les copeaux étaient obtenus en
majorité par le déchiquetage d'une partie du bois rond servant
à l'approvisionnement de l'usine de pâte de Gatineau.
Présentement, environ 30% des besoins en bois de l'usine de
panneaux isolants proviennent des résidus de notre usine de
contre-plaqué. Le reste de nos besoins provient de l'usine de la CIP
à Gatineau et de 35 scieries situées au Québec et en
Ontario.
Les scieries fournissent aussi 100% des besoins en rejets de bois et en
sciures.
Les billes de déroulage sont surtout achetées de la CIP
(95%) et des propriétaires de forêts privées (5%).
La majorité des billes de déroulage sont
transportées à Gatineau par camion sur des distances
supérieures à 150 milles. La moitié des copeaux
proviennent de l'Abitibi, à plus de 300 milles de distance; l'autre
moitié des copeaux, ainsi que les sciures et les rejets de bois,
proviennent d'usines de sciage locales, situées à 120 milles
à la ronde.
A l'avenir, la compagnie devra explorer les possibilités
d'utilisation encore plus complète de tous les sous-produits provenant
de ses propres opérations en récupérant toutes les
sciures, rejets de bois, découpures de placage, écorces et
résidus solides disponibles.
Deuxièmement, la compagnie devra augmenter son commerce avec
l'industrie locale du sciage et les propriétaires de forêts
privées pour maintenir les distances de transport au minimum. Cependant,
à cause de la concurrence pour les sous-produits des scieries et de la
pénurie des billes disponibles, les possibilités de
réduire les distances de transport semblent faibles.
Concernant la quantité d'approvisionnement, Masonite, en 1970, a
utilisé 90 000 tonnes anhydres de copeaux et de sciures, et environ 7
millions de pieds mesure de planche en billes de déroulage.
L'année dernière, les trois usines ont reçu 106 000
tonnes anhydres de copeaux et de sciures et plus de 7,7 millions de p.m.p. en
billes de déroulage de bouleau jaune et blanc, pin blanc et tilleul.
Depuis plusieurs années, les billes de déroulage de
bouleau sont de plus en plus difficiles à obtenir. Par exemple, la
récolte permise par le gouvernement dans lés concessions de la
CIP sur la Gatineau a dépassé la disponibilité du bouleau
de qualité déroulage; d'après les évaluations de la
CIP, cette capacité n'était pas suffisante pour satisfaire les
besoins de Masonite et, malgré cela, d'autres usagers ont aussi eu leur
part. Dans la forêt de bouleau de cette région, seulement 23% du
volume de bois de qualité sciage et déroulage est apte à
être transformé en placage.
Exception faite des billes de bouleau, la quantité
d'approvisionnement nécessaire pour d'autres productions ne devrait pas
être un facteur limitatif dans l'avenir. Le plan d'allocation des bois
francs 1977-1980 proposé par le gouvernement prévoit 4,3 millions
de p.m.p. pour Masonite en provenance de trois unités
d'aménagement. Cette allocation est de 1 million de p.m.p. plus
élevée qu'elle ne devrait l'être dans l'unité de
Gatineau seulement. Pour maintenir une opération rentable,
c'est-à-dire pour faire fonctionner la section de placage sur une base
minimum de 1 quart et demi, il faudrait au moins 4 millions de p.m.p. de
bouleau et de chêne par année. Les prévisions pour 1978
indiquent que plus d'un million de p.m.p. de billes de bois franc devront
être achetées sur le marché et la moitié de cette
quantité devra provenir de l'extérieur du marché local, un
but extrêmement difficile, sinon impossible à atteindre. Les
prévisions actuelles pour les années subséquentes sont
encore plus défavorables.
Consciente de ces difficultés sérieuses, la CIP a
demandé que les billes de déroulage produites sur ses limites
puissent être dirigées en priorité à Masonite, mais,
jusqu'ici, le gouvernement a aussi supporté d'autres usagers. Compte
tenu du fait
que le fonctionnement de l'usine de placage et de contre-placage est
basé sur une ressource qui s'épuise et qui est
aménagée en suivant un plan de liquidation rapide des bois de
déroulage, il est suggéré: 1) Que seuls les usagers les
plus efficaces puissent s'approvisionner en bois de déroulage sur les
terres publiques; 2) Qu'on considère sérieusement l'adoption de
méthodes d'exploitation forestière intégrées
susceptibles de donner un meilleur rendement en produits de haute valeur; 3)
Que les spécifications pour la classification des billes de
déroulage soient révisées.
Concernant la nature de l'approvisionnement, Masonite, dans le
passé, utilisait surtout lé bois rond d'épinette, de pin
gris et de bouleau jaune pour approvisionner ses usines. Le bois à
pâte était transformé en copeaux pour la fabrication des
panneaux rigides et isolants et les billes de bouleau étaient
transformées en plaqué et en contre-plaqué. A mesure que
les sources d'approvisionnement se sont diversifiées, le bois rond n'a
plus été utilisé pour la production de panneaux rigides et
isolants et plusieurs nouvelles essences de bois mou entrent maintenant dans la
fabrication de ces produits. En dépit du fait que de nouvelles essences
forestières furent également ajoutées pour alimenter
l'usine de placage et de contre-placage, comme le bouleau blanc, le pin blanc
et le tilleul, la qualité moyenne et surtout la quantité de
billes de bouleau pour le déroulage ont diminué.
Avec la technologie actuelle, tous les bois mous, sauf le cèdre,
peuvent être utilisés dans la production des panneaux rigides,
mais aucun bois dur. Par contre, pour la production de panneaux isolants, les
bois durs et les mous peuvent être utilisés sous la forme de
copeaux ou de sciures; le bois mou est préféré à
cause de sa faible densité et sa proportion est maintenue à 70%
ou plus pour des raisons de qualité du produit.
A l'avenir, puisque la compagnie ne peut utiliser les copeaux de bois
dur dans la fabrication des panneaux rigides, elle aura, à court terme,
des difficultés à obtenir l'approvisionnement nécessaire
en copeaux de bois mou provenant des scieries locales qui produisent à
la fois des copeaux de bois dur et de bois mou.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Messieurs, excusez-mot, nous allons ajourner nos travaux à demain matin,
dix heures. Vous sera-t-il possible d'être ici demain matin, à dix
heures?
M. Staples: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont ajournés à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 17 h 58)