Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Étude des problèmes sur
la rentabilité de l'industrie
des pâtes et papiers du Québec
(Quinze heures cinq minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Baril (Arthabaska), M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Desbiens (Dubuc); M. Pagé
(Portneuf) remplace M. Garneau (Jean-Talon); M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M.
Goulet (Bellechasse; M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplace M. Grégoire
(Frontenac); M. Léger (Lafontaine) remplace M. Joron (Mille-Îles);
M. Vaillancourt (Orford) remplace M. Larivière (Pontiac); M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Marcoux (Rimouski), M.
Marquis (Matapédia), M. Mercier (Berthier); M. Mailloux (Charlevoix)
remplace M. O'Gallagher (Robert Baldwin) et M. Gendron (Abitibi-Ouest) remplace
M. Perron (Duplessis).
Par suite d'une entente entre les deux organismes convoqués pour
aujourd'hui le mercredi, 28 septembre 1977, les Produits forestiers E.B. Eddy
Ltée qui étaient convoqués en deuxième position
seront entendus en premier et, par la suite, nous entendrons la
Fédération des producteurs de bois du Québec. Je
demanderais à M. Scarth de bien vouloir nous présenter les
personnes qui l'accompagnent et de soumettre son mémoire.
Produits forestiers E.B. Eddy Ltée
M. Boswell (Ted): Merci, M. le Président. Je remercie la
Fédération des producteurs de bois. La compagnie E.B. Eddy voit
comme un privilège le fait de pouvoir exprimer son point de vue devant
cette commission. Avant de faire un résumé de notre
mémoire, je vais présenter les membres de la compagnie Eddy qui
sont ici aujourd'hui. À ma droite, M. Ed Fox, vice-président aux
ventes des papiers fins en Amérique du Nord; à ma gauche, M.
Claude Turmel, chef forestier; M. O. Brien, chef de planification et
moi-même, Ted Boswell, vice-président aux produits forestiers et
aux produits du bois.
Nous décrivons dans ce mémoire le fonctionnement de la
compagnie et les difficultés que connaît le sous-secteur des
produits du papier de l'industrie des pâtes et papiers. Nous discutons
également les perspectives d'avenir et des difficultés qu'on
prévoit dans cette partie de l'industrie et dans notre compagnie. Nous
répondons, chaque fois que c'est possible, aux questions qu'a
soulevées le communiqué ministériel. En raison toutefois
de la nature de l'exploitation de notre compagnie, certains des points
soulevés ne s'appliquent pas à nous.
Nous parlons, par contre, de certains sujets dont le communiqué
ne parle pas, mais qui constituent pour nous une préoccupation
majeure.
Notre résumé: La compagnie Produits forestiers E.B. Eddy
Ltée joue depuis plus de 125 ans un rôle prédominant dans
l'industrie des produits forestiers du Québec. Elle a fourni pendant
cette période et continue de fournir de nos jours une contribution
appréciable au développement économique de la
région de l'Outaouais. Nous avons bon espoir qu'il continuera à
être de même dans l'avenir.
D'une petite fabrique d'allumettes en 1851, la compagnie s'est
étendue au cours des années aux domaines des pâtes de bois,
du papier journal, des papiers hygiéniques les premiers au Canada
des papiers fins et industriels, des papiers d'emballage et, enfin, au
domaine du bois de construction et d'oeuvre de haute qualité.
Au Québec, nos usines de Hull produisent des papiers
hygiéniques et des papiers fins tandis que nos scieries de Davidson au
Pontiac, du bois d'oeuvre et de construction.
À part deux petites machines de papiers fins, nos usines sont
assez modernes; nous avons pour les papiers hygiéniques trois machines
à papier modernes à haut rendement, construites l'une en 1958,
l'autre en 1965 et une autre qui vient seulement d'être terminée
il y a trois semaines, et une nouvelle usine de façonnage, en 1965. Nous
avons pour les papiers fins et spéciaux la machine à papier la
plus importante et la plus récente pour ce genre de papier au
Canada.
Au cours des années, nous avons vendu la fabrique d'allumettes et
nous avons discontinué la production des pâtes de bois et du
papier journal; avec l'arrivée de nouvelles usines avec nouveaux
procédés de transformation des pâtes, tel le
procédé kraft pour bois dur et bois mou, notre
prodé-dé bisulfite n'était plus rentable, n'était
plus acceptable pour la production de papiers fins et, de plus, ne pouvait pas
se conformer aux exigences gouvernementales de réduction de pollution.
L'approvisionnement des pâtes se fait maintenant en grande partie dans
les nouvelles usines de pâte de l'Ouest du Québec et l'usine
Espanola en Ontario qui est notre propriété.
Les scieries à Davidson constituent des exploitations modernes,
marchant bien. Elles ont été construites en 1966 et en 1977.
Il y a donc à la compagnie Eddy deux parties très
distinctes, la récolte du bois, incluant la fabrication de bois
d'oeuvre, et la production de papiers fins et hygiéniques.
Nous sommes conscients de la nécessité d'améliorer
la productivité des forêts et sommes disposés à
prendre une part active à l'élaboration d'un programme efficace
de gestion forestière dans la province. Nous sommes d'avis que notre
industrie doit travailler avec le gouvernement pour aboutir au succès en
ce domaine, compte tenu de
ses besoins à long terme d'approvisionnement de bois à bon
marché.
Le bois de sciage, le bois à pâte et les autres produits de
bois en grume venant de terres privées, existantes et
éventuelles, constituent pour la province des ressources d'une valeur
extrême. Le gouvernement et l'industrie doivent faire tout leur possible
pour encourager les propriétaires de forêts privées
à relever la qualité et à étendre l'utilisation du
bois qui se trouve sur ces terres. Nous pensons que le meilleur moyen de
réaliser cette amélioration consiste à commercialiser la
production de ceux-ci dans un environnement de libre concurrence.
Le succès de nos opérations de sciage sera totalement
tributaire, dans l'avenir, de la qualité et du coût des livraisons
de bois. C'est pourquoi nos besoins à long terme, pour conserver une
situation concurrentielle, sont les suivants: Le coût de la
main-d'oeuvre. Une modération immédiate et permanente en
matière de demandes de salaires, pour mettre nos coûts unitaires
de main-d'oeuvre en harmonie avec ceux de nos principaux concurrents aux
États-Unis et dans l'Ouest du Canada.
Productivité de la main-d'oeuvre et du capital. Le
relèvement de la productivité nécessitera dans l'avenir
d'effectuer des investissements importants en matériel forestier et
d'accorder une importance bien plus grande à la recherche et au
développement.
L'industrie québécoise a connu un certain succès
tant dans la fabrication d'équipement que dans son fonctionnement. Les
coûts et les risques qui s'associeront dans l'avenir à cette
évolution seront encore plus grands. Tous les paliers de gouvernement
doivent reconnaître ce fait dont ils doivent tenir compte avant
d'augmenter les impôts ou les autres charges que supportent les
industries forestières.
Frais de transport. Les grandes distances qui séparent nos
exploitations de bois des scieries, alliées au fait que l'on ne dispose
pas d'un réseau routier convenable, nous obligent de façon
absolue à continuer à faire parvenir notre bois à Davidson
par la rivière Coulonge.
Coût de l'énergie. Le transport par rivière
réduit appréciablement les besoins d'énergie pour
transporter le bois. L'utilisation pour le chauffage des rejets des scieries de
Davidson, résultant d'importantes dépenses d'immobilisation, a
permis de supprimer complètement le recours à l'huile et à
d'autres combustibles fossiles, donc de réduire nos coûts
d'énergie. Nous insistons pour que toute réglementation sur
l'environnement qui réduirait le caractère viable de ces
exploitations fasse l'objet d'un examen attentif, compte tenu des
économies substantielles d'énergie qu'elles assurent.
Nous vivons actuellement dans une période d'incertitude du point
de vue de nos concessions sur des terres de la couronne. Ceci a pour effet
d'augmenter l'incertitude qui s'associe aux projets d'investissement de
capitaux sur ces terres, et d'entraver toute tentative sérieuse
d'élaboration de programmes de gestion forestière. Nos
exploitations de sciage requièrent absolument les grumes de
qualité que fournissent ces zones concédées. Nous
aimerions être tenus au courant du processus de révocation et d'y
prendre une part active, afin de garantir non seulement la poursuite de nos
exploitations, mais également la viabilité à long terme de
l'industrie forestière dans l'Ouest du Québec.
La main-d'oeuvre associée à la production des papiers
constitue un élément important du coût total.
L'augmentation rapide du prix de la main-d'oeuvre, relativement aux
États-Unis, dans les usines de papiers fins et spéciaux,
constitue une grave préoccupation pour nos exploitations de Hull.
Les taux au Canada sont actuellement à peu près 25% plus
élevés alors qu'il y a dix ans les taux aux États-unis
étaient légèrement supérieurs à ceux du
Canada. Notre pays est devenu, dans la fabrication du papier, un pays où
les coûts sont élevés et les bénéfices
faibles, par rapport à nos principaux concurrents aux États-Unis.
Nous croyons que nous devons mettre un frein aux augmentations
injustifiées du taux de la main-d'oeuvre. Il est nécessaire que
s'établisse, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur
privé, un climat plus rationnel de relations industrielles.
L'industrie de papiers fins et hygiéniques de l'Est du Canada est
désavantagée du point de vue des frais de transport par rapport
aux principaux marchés des États-Unis et d'outre-mer. La
qualité du service et le coût ont nécessité
l'abandon du trafic ferroviaire pour le camion et nous recommandons au
gouvernement de ne favoriser aucune mesure qui aurait pour effet d'affaiblir la
situation de l'industrie du camionnage sur le marché de la
concurrence.
L'énergie constitue l'un des avantages dont
bénéficie actuellement, du point de vue du coût,
l'industrie du papier au Québec. Nous insistons pour que les
gouvernements et l'industrie prennent ensemble mieux conscience des questions
d'énergie. Ce point doit faire l'objet d'un examen attentif dans
l'élaboration de tous les procédés nouveaux, dans les
règlements sur l'environnement et dans le transport du bois et des
produits finis.
Des progrès sensibles ont été accomplis, ces
dernières années, en matière de déversement des
effluents et nous continuerons à investir en ce domaine. Cette question
doit toutefois conserver une certaine commune mesure avec la
"profitabilité" de l'industrie et de la compagnie. Il est évident
que certains des problèmes de productivité de notre industrie
découlent de la modicité des capitaux dont on dispose en raison
du faible volume des gains et du taux élevé d'inflation. On doit
parvenir à un équilibre raisonnable entre le délai au bout
duquel on doit se plier aux exigences de l'environnement et le rythme auquel on
doit investir des capitaux pour améliorer la productivité et
raffermir notre situation du point de vue de la concurrence.
Les usines canadiennes de pâtes et papiers ont été
grevées de taxes coopératives, d'un taux plus élevé
que celui qu'ont à assumer leurs concurrents aux États-Unis. Les
taxes de vente et les taxes scolaires et municipales, en augmentation rapide,
constituent des éléments importants du coût qui contribue
à rendre notre situation non concurrentielle sur les marchés
d'exportation. Nous prétendons en outre que les programmes de
réforme sociale sont allés trop vite compte tenu du taux actuel
de croissance de la productivité de notre pays et nous sommes d'avis que
l'on doit marquer un arrêt dans l'institution de ces programmes,
jusqu'à ce que l'économie de la province soit revenue à
une meilleure situation pour se permettre des initiatives nouvelles.
Dans la plupart des pays, les papiers fins sont à l'abri d'une
forte protection douanière à cause des économies
d'échelle dont jouissent certains pays comme les États-Unis.
Notre industrie s'est organisée pour fournir au marché
québécois et canadien, les 200 à 300 produits
demandés. Sur le plan international, nous ne sommes pas concurrentiels
et pour le devenir, il faudrait bouleverser toute l'industrie ou du moins
obtenir plusieurs années de sursis.
Alors qu'en 1969 les usines canadiennes fournissaient 95% des besoins,
ce pourcentage est tombé à 75% maintenant, sans compter les
imprimés, suite aux négociations du Kennedy Round qui ont abouti
à une réduction de tarifs douaniers de 22,5% à 12,5%.
Nos recommandations. Les recommandations ci-après, et les raisons
qui les amènent, sont élaborées dans le
mémoire.
Nous recommandons que s'établisse, entre l'industrie et le
gouvernement, un climat de coopération et de participation dans
l'élaboration d'un programme efficace de gestion forestière.
Que le gouvernement et l'industrie fassent ensemble tout leur possible,
pour encourager les propriétaires des forêts privées,
améliorer la qualité et étendre l'utilisation du bois qui
se trouve sur leurs terres.
Que tous les paliers de gouvernement reconnaissent les coûts et
les risques associés à l'évolution et au
développement de l'équipement et qu'ils en tiennent compte avant
d'augmenter les impôts et les autres charges que supportent les
industries forestières.
Que notre compagnie soit tenue au courant et impliquée dans le
processus d'une révocation des concessions afin de garantir non
seulement la poursuite de nos exploitations, mais également la
viabilité à long terme de l'industrie forestière dans
l'Ouest du Québec.
Que, pour assurer la continuité et la rentabilité de nos
scieries à Davidson, le volume et la qualité actuels des
approvisionnements en pin de sciage ainsi que la drave sur la rivière
Coulonge soient continués.
Nous vous recommandons que tous les efforts soient faits pour nous
débarrasser de notre médiocre rendement actuel et pour mettre un
frein aux augmentations injustifiées des taux de la main- d'oeuvre. Nous
souhaitons que s'établisse un peu partout un climat plus rationnel de
relations industrielles.
Qu'il y ait une meilleure consultation avec des représentants de
l'industrie avant la révision du Code du travail, consultation qui
devrait aboutir à une meilleure compréhension des
difficultés et des frais qui s'allient à ces modifications.
Que les gouvernements ne favorisent aucune mesure qui aurait pour effet
d'affaiblir la situation de l'industrie du camionnage sur le marché de
la concurrence.
Que toute réglementation sur l'environnement qui réduirait
le caractère viable du transport par rivière et le chauffage des
scieries avec les résidus de bois fasse l'objet d'un examen attentif,
compte tenu des économies substantielles d'énergie qu'elles
assurent.
Que la question de la consommation d'énergie fasse l'objet d'un
examen attentif dans l'élaboration de procédés nouveaux et
de règlements sur l'environnement et dans le transport du bois et des
produits finis.
Que s'établisse un équilibre raisonnable entre le
délai au bout duquel on doit se plier aux exigences de l'environnement
et le rythme auquel on doit investir des capitaux pour améliorer la
productivité et raffermir notre situation du point de vue de la
concurrence.
Que l'on crée une franchise spéciale d'investissement, en
vertu de laquelle des compagnies qui investissent des capitaux pour lutter
contre la pollution améliorent des terres à bois et modernisent
des usines anciennes, bénéficieraient, sur les impôts
qu'elles ont à payer, d'une franchise supplémentaire de 25% du
capital ainsi dépensé.
Que l'on marque un arrêt dans l'institution de programmes de
réforme sociale jusqu'à ce que l'économie de la province
soit revenue à une meilleure situation pour prendre de nouvelles
initiatives.
Que les fonds servant de stimulant et qui sont présentement
alloués à l'installation d'unités nouvelles de production
servent plutôt à la modernisation d'usines anciennes et à
encourager davantage la recherche et le développement.
Qu'il y ait une meilleure coordination entre tous les ministères,
les services ou organismes gouvernementaux avec lesquels l'industrie
forestière est en relation.
Ce qu'il y a probablement pour nous de plus important c'est que le
gouvernement du Québec soutienne l'industrie dans sa demande au
gouvernement fédéral afin que celui-ci ne consente aucune
réduction des tarifs douaniers du Canada sur les papiers fins et
hygiéniques dans le "round" de négociations de Tokyo tant que les
inconvénients majeurs du point de vue du coût par rapport aux
producteurs des États-Unis n'auront pas été
supprimés. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):. Merci
beaucoup, M. Boswell, et non pas M. Scarth. J'aimerais informer les membres de
cette
commission que MM. Grenier et Russell remplacent respectivement MM.
Brochu (Richmond) et Goulet (Bellechasse) comme membres de la présente
commission. M. le ministre.
M. Bérubé: Je pense que c'est M. Brassard qui
doit... De toute façon, je peux prendre la relève.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député du Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je voudrais tout d'abord remercier la compagnie E.B.
Eddy d'avoir déposé un mémoire devant cette commission.
J'aurais évidemment plusieurs questions à poser aux dirigeants de
la compagnie, en particulier relativement au problème de l'environnement
et des projets autorisés en vue de réduire la pollution, ce qui
nous amène à poser la question suivante: Eh dehors de la
fermeture de votre usine de pâtes aux sulfites, quelle a
été la nature des projets qui ont nécessité des
investissements appréciables de votre part, tel que mentionné
à la page 31 de votre mémoire?
M. Boswell: La plupart des dépenses qu'on a dû faire
pour mettre un frein à la pollution ont pour but de retrouver les
solides dans les effluents. C'est l'idée principale. C'est une usine de
pâtes de presque 300 tonnes et les dépenses ont été
énormes.
M. Brassard: Les projets se sont réduits à cela de
la part de votre entreprise, c'est-à-dire qu'elle a refait les
systèmes à eau blanche dans ses usines de papier?
C'est tout. Il n'y a pas d'autre projet visant à combattre la
pollution de la part de vos usines. Cela se limite à cela. Vos
investissements dans le domaine de la protection de l'environnement se limitent
à cela.
M. Boswell: Vous parlez des investissements futurs?
M. Brassard: Au niveau de vos projets, est-ce que vous avez des
projets précis visant à combattre la pollution?
M. Boswell: Les procédures qu'on a suivies dans la
nouvelle installation pour le papier hygiénique, c'est le "recycling" de
l'eau pour être certain que les solides, les couleurs et tout cela ne se
déchargent pas dans la rivière. Pour la pâte, maintenant,
nos problèmes ne sont pas aussi graves que ceux des compagnies avec les
usines de pâtes, par exemple, parce que les usines de pâtes,
à notre point de vue, donnent plus de problèmes que les machines
à papier.
M. Brassard: À la page 36 de votre mémoire, au
premier paragraphe, vous dites qu'il n'existe aucun plan immédiat de
cession de vos terrains à la Commission de la capitale nationale, la
CCN, et que votre compagnie a continué d'investir dans les installations
qu'elle possède à Hull. Dans le deuxième paragraphe, vous
ne pouvez concevoir d'investir des capitaux importants pour des installations
contre la pollution qui pourraient devenir inutiles d'ici quelques
années. Comment expliquer que, dans un cas, la précarité
du site, le fait que le site soit précaire importe alors qu'elle
n'importe pas dans l'autre cas?
M. Boswell: C'est parce que, dans le premier paragraphe, par
exemple, on vient seulement de compléter, d'installer une nouvelle
machine à papier hygiénique. C'était tout installé
contre la pollution, mais, quand on parle des investissements futurs, on dit
que, peut-être plus tard, il va falloir qu'on ferme ou qu'on abandonne
une ou deux machines à papiers fins. Une des raisons, c'est parce
qu'elles ne sont pas rapides, ce sont des machines très
âgées. Pour continuer avec un investissement, on va investir plus
d'argent dans ces machines; avec les demandes qu'on avait pour les choses
contre la pollution, ce n'est pas rentable.
M. Brassard: Si je comprends bien, vous avez accepté
d'investir quand même dans des équipements de production, mais non
pas dans des équipements visant à réduire la
pollution?
M. Boswell: Non, ce n'est pas cela. On est prêt à se
conformer aux lois de l'environnement. On suit un programme, à l'heure
actuelle, avec le ministre de l'environnement, pour améliorer nos
usines, conformément à la loi.
M. Brassard: De l'autre côté de la rivière,
vos installations possèdent certains équipements, je pense,
visant à dépolluer. Est-ce que c'est le cas? À Ottawa?
M. Boswell: Oui, à notre "board machine", à Ottawa,
on a installé un clarificateur, parce que c'est une vieille machine qui
a besoin de quelque chose. Les machines à Hull sont les plus modernes,
pour la plupart.
M. Brassard: Est-ce que c'était dans le but de
répondre aux normes du gouvernement ontarien dans le domaine de
l'environnement?
M. Boswell: Oui.
M. Brassard: C'était imposé, c'était
obligatoire d'après les normes ontariennes.
M. Boswell: Oui.
M. Brassard: Si cela l'était du côté de
Québec, qu'est-ce que vous feriez? Si c'était obligatoire du
côté de Québec...
M. Boswell: On se conforme à tout ce qui est obligatoire
en ce moment au Québec.
M. Brassard: À la page 7 de votre mémoire, vous
mentionnez que des progrès sensibles ont été accomplis au
cours des dernières années en matière de
déversement des effluents et que vous continuerez à investir dans
ce domaine. Il est à remarquer que, selon les Services de protection de
l'environnement, depuis cinq ans, vos pertes de matière en suspension se
situent à environ 10 tonnes par jour, à peu près 2% de la
production. Il n'y a donc eu, à ce niveau, dans votre cas aucune
amélioration pour réduire d'une façon sensible la
pollution de l'eau. Quand prévoyez-vous faire des investissements et
quelle sera la nature de ces investissements dans ce secteur bien précis
de la pollution de l'eau?
M. Boswell: En ce moment, je pense qu'on ne prévoit pas
grand-chose du côté du Québec pour des investissements pour
réduire les solides. Je pense qu'on réduit les solides depuis
sept ans. On se conforme maintenant aux règlements.
M. Brassard: Cela veut dire qu'avec 10 tonnes par jour de solides
en suspension, vous respectez les normes de l'environnement du Québec,
des Services de protection de l'environnement du Québec.
M. Boswell: À ma connaissance, oui.
M. Brassard: Est-ce que vous avez l'intention du
côté ontarien de procéder à des investissements dans
ce secteur?
M. Boswell: Non.
M. Brassard: Non plus. C'est vrai que vous avez un clarificateur
du côté ontarien.
M. Boswell: C'est parce que c'est une vieille machine pour
essayer de faire le recyclage de papier.
M. Brassard: À ce niveau, vous réclamez dans votre
mémoire un délai. Vous affirmez qu'un délai vous serait
nécessaire pour vous plier aux exigences de l'environnement. Cela veut
dire quoi dans votre esprit quand vous parlez de délai?
M. Boswell: Des délais dans le sens que les
règlements qu'on avait sont trop rigides pour qu'on puisse s'y conformer
cette année ou l'année prochaine.
Si les règlements sont pour 0 de solides, ce sera presque
impossible pour nous de continuer avec nos machines à papier ou de faire
un investissement aussi grand que cela pour arriver à zéro.
Peut-être qu'entre 10 tonnes et 0 il y aurait un arrangement. C'est de
cela qu'on parle quand on demande un adoucissement des règlements.
M. Brassard: Quand vous parlez de délais, vous voulez dire
combien d'années? Si vous demandez un délai, cela se chiffre en
temps.
M. Boswell: Je ne peux le dire. C'était recommandé
dans le mémoire, un équilibre raisonnable.
M. Brassard : Parce que, pour répondre aux normes des
Services de protection de l'environnement, il vous suffirait d'installer un
clarificateur, ce qui réduirait les matières en suspension d'une
façon suffisante. Cela n'apparaît pas dans vos projets
immédiats ou même ceux à moyen terme d'arriver à
mettre en place un clarificateur. Ce n'est pas le cas.
M. Boswell: Vous dites qu'on a eu une demande pour installer un
clarificateur en ce moment? Est-ce qu'on a eu une demande?
M. Turmel (Claude): Vous demandez si la compagnie a eu une
demande par le ministère de l'environnement d'installer un clarificateur
ou est-ce que vous dites que la seule chose qui serait nécessaire serait
l'installation d'un clarificateur pour régler le problème?
M. Brassard: Compte tenu des normes actuelles sur les
matières en suspension, l'installation d'un clarificateur vous
permettrait de respecter les normes actuelles des Services de protection de
l'environnement, puisque on atteindrait, au point de vue des matières en
suspension, la norme de .8% ou .9% de la production. Actuellement, vous
êtes à 2% de la production en ce qui concerne les rejets de
matières en suspension.
M. Boswell: On avait certains problèmes avec les usines
dispersées du côté québécois. Cela prend plus
qu'un clarificateur avec les usines de papier qu'on avait. Il y avait plusieurs
grandes usines, des machines pour papier hygiénique et pour le papier
fin entre autres. On est appelé à faire une installation pour le
recyclage où on peut faire passer l'eau encore une fois. Les 2% dont
vous parlez ont baissé pas mal depuis qu'on a commencé à
faire des améliorations.
M. Brassard: Mais, dans vos projets, il n'est pas question pour
le moment, à court terme en tout cas, de l'installation d'un
clarificateur?
M. Boswell: Non.
M. Turmel: Une chose que j'aimerais faire remarquer ici; vous
avez identifié le côté ontarien et le côté
québécois, mais, quand on parle de travail sur la pollution des
eaux, il faut se rappeler que ce sont les mêmes eaux. On est sur la
rivière Ottawa.
M. Brassard: Ce ne sont pas les mêmes normes.
M. Turmel: Ce ne sont pas les mêmes normes, si vous voulez,
mais quand on fait des travaux ou des investissements en Ontario pour clarifier
les
eaux de la rivière Ottawa, on se trouve à travailler sur
la clarification ou la dépollution des eaux qui passent au
Québec.
M. Brassard: J'en conviens, mais il faut quand même noter
que les normes sont différentes et que respecter les normes ontariennes,
cela n'entraîne pas chez vous une faillite. Alors, je peux en arriver
à la conclusion que les Services de protection de l'environnement du
Québec pourraient rendre plus sévères leurs propres normes
et vous ne tomberiez pas en faillite non plus. On pourrait les rendre aussi
sévères que celles de l'Ontario. Si les normes
québécoises étaient aussi sévères que les
normes ontariennes, vous les accepteriez sans opposition?
M. Boswell: Je ne suis pas certain du tout de cela. Si certaines
normes sont différentes, si elles sont plus sévères dans
tel et tel cas, je n'en suis pas certain. J'ai déjà pensé
qu'elles étaient presque la même chose.
M. Brassard: Si c'est la même chose, comment se fait-il que
vous ayez un clarificateur du côté ontarien et que vous n'en avez
pas du côté québécois.
M. Boswell: Parce qu'on avait un problème avec notre
machine de papier ontarien; elle est plus vieille et plus énorme que les
machines du Québec.
M. Brassard: J'aimerais aborder un autre sujet, M. le
Président, c'est le dernier. Dans votre mémoire, vous parlez
également du bois comme source d'énergie ou de l'utilisation des
résidus du bois comme source d'énergie. Il faut dire qu'au
Québec et même au Canada on n'est pas très avancé.
L'industrie des pâtes et papiers n'est pas très avancée
à ce niveau, contrairement aux États-Unis, par exemple,
où, en 1972 cela s'est sans doute amélioré depuis,
mais j'ai les chiffres de 1972 37% des besoins
énergétiques de l'industrie américaine des pâtes et
papiers étaient satisfaits par la combustion des résidus de bois
de l'écorce et des liqueurs usées; 37% des besoins
énergétiques. On est sûrement loin du compte.
Je n'ai pas de chiffres pour le Québec ni pour le Canada, mais il
n'y a à peu près rien de fait dans ce domaine; on est donc
sûrement loin du compte. Alors qu'on sait que l'industrie des pâtes
et papiers est une industrie extrêmement énergi-vore, pourrait-on
dire, qui consomme beaucoup d'énergie, il est reconnu que les
économies qui sont assez considérables et que les investissements
requis sont très rapidement amortis. Pourtant, dans votre
mémoire, non pas dans le résumé, mais dans le
mémoire même, vous réclamez des subventions de
l'État, une aide financière de l'État, à ce niveau,
au niveau du coût de l'énergie, à la fin de la page 30:
"Elle se rend compte qu'elle pourrait faire encore mieux si elle
bénéficiait d'une aide financière gouvernementale." Or, on
sait pertinemment que les investissements faits dans ce domaine, en tout cas
aux États-Unis, sont très rapidement amortis et que, finalement,
c'est très rentable d'installer des équipements visant à
utiliser les résidus comme source d'énergie.
Je trouve étonnant, première réflexion, je trouve
surprenant qu'alors que c'est rentable d'agir ainsi, vous réclamiez,
malgré tout, une aide financière gouvernementale; je trouve cela
bizarre, surprenant, étrange. Je voudrais vous poser une question
à ce sujet, parce que cela m'apparaît extrêmement important,
et il faudra que les entreprises des pâtes et papiers, dans ce domaine,
fassent preuve d'un peu plus de vigueur et d'un peu plus de dynamisme, parce
que les entreprises, à ce niveau, sont extrêmement conservatrices,
très prudentes, pas très avancées.
Supposons que les services de protection de l'environnement, par
exemple, ou le ministère des Terres et Forêts imposent aux
entreprises une réglementation visant à favoriser l'utilisation
des résidus du bois en plus grande quantité comme source
d'énergie sous forme de règlement comment
réagiriez-vous?
M. Boswell: Je pense qu'on est complètement d'accord avec
la philosophie qu'ont énoncée les scieries, et les deux scieries
de A. Davidson ont complètement supprimé le coût de l'huile
et de d'autres combustibles fossiles...
M. Brassard: Au niveau des scieries, d'accord, au niveau de
l'industrie du sciage au Québec, on est pas mal plus avancé
à ce niveau, mais au niveau de l'industrie des pâtes et papiers,
presque aucun progrès n'a été fait dans ce domaine.
M. Boswell: On parle d'aide financière, peut-être
parle-t-on d'aide financière dans la recherche et développement
parce que, dans ce domaine, nous voulons pouvoir utiliser l'écorce et
tout le bois sous une forme ou l'autre. Cela donne...
M. Brassard: Cela donne à supposer qu'il y a des
problèmes techniques, technologiques?
M. Boswell: Mais cela amène d'autres problèmes pour
l'environnement, la combustion par exemple. Dans un centre urbain comme
Hull-Ottawa, ce problème de combustion complète, c'est un vrai
problème mais je suis certain qu'on ne peut pas être d'accord
à 100% avec la philosophie énoncée, il faut que l'on
brûle ces choses pour produire de l'énergie.
M. Brassard: Est-ce que les techniques, les
procédés existent, puisque 37% des besoins
énergétiques de l'industrie américaine des pâtes et
papiers sont satisfaits par ce moyen?
M. Boswell: Ils sont satisfais, mais tous les problèmes
d'environnement n'ont pas disparu. Il y en a 37% qui...
M. Brassard: Je me demande si les solutions aux problèmes
de l'environnement... Cela comporte peut-être plus de solutions à
des problèmes
d'environnement que cela crée des problèmes
d'environnement, j'en ai l'impression.
M. Boswell: D'accord.
M. Brassard: Mais comment réagiriez-vous? Est-ce que vous
réagiriez d'une façon positive si on vous imposait une
réglementation qui viserait à favoriser l'utilisation des
résidus comme source d'énergie? _ M. Boswell: 100% contre,
parce qu'avec le coût de l'énergie, aujourd'hui, il faut qu'on
trouve un autre moyen de la dépenser.
M. Brassard: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Messieurs, je
tiens tout d'abord à vous remercier de contribuer à nos travaux
par la présentation de votre mémoire. Dans votre mémoire,
vous énoncez...
M. Turmel: Je m'excuse, pourriez-vous vous servir de votre micro?
Parce qu'on a de la difficulté.
M. Pagé: Oui, je vais parler plus fort. Le
président me recommande de brasser mes cordes vocales, ce doit
être parce qu'on a travaillé tard hier. D'abord, je tiens à
vous remercier de contribuer à nos travaux par la présentation de
votre mémoire. Dans votre mémoire, vous dites ce que plusieurs
ont repris depuis déjà un bon bout de temps, à savoir que
la préoccupation première des industries du milieu,
c'était le coût de production. Vous en faites état à
plusieurs reprises dans le document que vous déposez aujourd'hui et,
lorsqu'on parle de coûts de production, on revient souvent au coût
de la main-d'oeuvre. Hier, au cours des délibérations,
l'Association des industries forestières a affirmé que, dans le
coût de production, 35% représentaient le coût de la
main-d'oeuvre et c'était 50% si on incluait le coût dans la
forêt, te coût de la main-d'oeuvre dans la forêt.
À la page 5 de votre résumé, vous dites ceci: Une
modération immédiate et permanente en matière de demandes
de salaires, pour mettre nos coûts unitaires de main-d'oeuvre en harmonie
avec ceux de nos principaux concurrents aux États-Unis et dans l'Ouest
du Canada. Hier, au cours des travaux de cette commission, la CSN, dans un
document assez volumineux qui témoignait d'une recherche assez profonde,
faisait état que le coût moyen des salaires payés ici au
Québec était comparable à celui payé aux
États-Unis. On n'a peut-être pas eu l'occasion d'échanger
ou d'avoir des chiffres exacts sur ceux payés notamment en
Colombie-Britannique. Est-ce que vous pourriez nous donner des exemples
concrets, à l'appui de l'affirmation que vous faites,
c'est-à-dire qu'en raison des taux de salaire, vous n'êtes pas
concurrentiels avec vos principaux compétiteurs?
M. Boswell: Je pense qu'un tableau, aux pages 40 et 41, montre
les chiffres dont on se sert pour faire une comparaison avec les compagnies
américaines.
M. Pagé: Je comprends qu'il est difficile
d'ailleurs, je pense que tout le monde l'a accepté, hier il est
toujours difficile de comparer les taux de salaires comme tels, parce qu'il
reste à savoir ce qui est inclus comme bénéfice ou comme
coût social ou autres choses. D'ailleurs, vous en faites état.
Mais, quand même, ce sur quoi je veux surtout insister, c'est sur ceci,
et j'en ai fait état hier. C'est peut-être trop facile de dire que
le problème des coûts de production est dû au coût de
la main-d'oeuvre et, d'autre part, à la page 9 de votre
résumé, vous nous dites: Nous recommandons que tous les efforts
soient fais pour nous débarrasser de notre médiocre rendement
actuel et pour mettre un frein aux augmentations injustifiées des taux
de la main-d'oeuvre.
Je voudrais tout d'abord que vous me disiez en quoi les augmentations
demandées depuis quelques années sont injustifiées, d'une
part, et, d'autre part, j'aimerais avoir vos commentaires, surtout au niveau de
la productivité. Je présume que vous fondez votre argumentation
sur le fait qu'un revenu, avec une production, c'est payé trop cher.
Un des arguments, au niveau de la productivité du monde syndical,
hier, a été que les entreprises, les industries
québécoises n'ont peut-être pas suffisamment
réinvesti au niveau des équipements, depuis une quinzaine
d'années, au Québec.
J'aimerais savoir, d'une part, sur quoi vous vous fondez pour parler
d'une augmentation injustifiée et, d'autre part, en ce qui concerne
votre industrie, quel est l'effort que la compagnie a déployé, au
chapitre des réinvestissements, en termes d'équipement, pour,
somme toute, améliorer la production?
M. Boswell: Au point de vue de nos employés, leurs
demandes sont justifiables, je suppose. La question est que dans le papier fin
et dans les manufactures de papier hygiénique, c'est comme une
manufacture secondaire. Vous voyez qu'on avait 1730 employés à
Hull. Le pourcentage de la main-d'oeuvre dans notre produit est bien plus
élevé pour une tonne de papier journal, par exemple. Nos chiffres
démontrent que le pourcentage demandé dans notre produit final
est d'environ 60%, incluant le bois, la pâte, le papier et le
façonnage.
Si on n'est pas compétitif avec le les taux actuels, avec nos
compétiteurs des États-Unis, un tel pourcentage, comme 60%, ne
peut pas rendre notre produit au marché et être en
compétition avec les moulins du nord des États-Unis. Comme vous
le voyez à l'appendice 2, à la page 42, la proportion du
marché que les moulins de papier fin ont perdu depuis 1967: importation,
en 1967, 5,2%. Maintenant, c'est rendu à 23,8%.
Mais comme la compagnie a dit, nos machines de papier hygiénique
et le moulin de façonnage sont les plus modernes au monde. Ce n'est
pas
une question de modernisation, on vient juste de compléter la
nouvelle usine de papier hygiénique, il y a trois ou quatre semaines,
avec un produit unique. Même dans nos usines de papiers fins, on avait de
vieilles machines avec lesquelles il était difficile de continuer. On
avait aussi la plus grande et la plus importante machine au Canada qui a
été installée en 1968. Ce n'est pas tout à fait une
question de modernisation. C'est un peu les deux, la main-d'oeuvre et la
modernisation.
Mais on n'est pas capable de rentrer nos produits de papier
hygiénique aux États-Unis. Ce n'est pas compétitif
à l'heure actuelle.
M. Pagé: À cause des conclusions du Kennedy
Round?
M. Boswell: À cause de plusieurs choses: le coût du
bois, le coût des pâtes, le coût de l'énergie et
tout.
M. Pagé: D'accord. L'Association des industries
forestières hier, a fait état que de 1970 à 1977, le
bénéfice net moyen des entreprises, après impôt,
était de 5,8%, voulant démontrer que la marge de profit
était très mince depuis 7 ans. Est-ce que, d'une part, vous
souscrivez a ce chiffre pour l'industrie? Et d'autre part, pour votre propre
industrie, mais c'est environ entre 5% et 7%, pour le papier fin.
M. Pagé: Entre 5% et 7%.
M. Boswell: ... et 7%, dans l'industrie du papier fin.
M. Pagé: D'accord. Vous faites plusieurs recommandations.
Concrètement, vous savez que cette commission a été
convoquée pour voir ce qu'il y avait lieu de faire dans
l'immédiat mais aussi à long terme. Le problème demeurera,
vous en faites état, c'est toute cette question des coûts de
production. Concrètement, selon vous, quelles seraient les mesures qui
pourraient être adoptées par le gouvernement et qui pourraient
faire en sorte que nos coûts de production puissent diminuer? Abstraction
faite des recommandations formulées concernant les salaires. Le
transport, par exemple?
M.Turmel: Je pense que la recommandation la plus pratique qui
peut découler de cela au point de vue des coûts et des salaires,
c'est que les relations gouvernement-industrie-syndicat soient des meilleures
pour un bon climat pour que tout le monde sache quels sont les
problèmes, de façon que les demandes soient raisonnables et que
tout le monde puisse réussir à faire survivre l'industrie. Vous
demandez ce que le gouvernement pourrait faire. Je pense qu'il pourrait avoir
un rôle de leader, essayer d'organiser ces rencontres de façon que
les communications soient bonnes et que les relations industrielles et
patronales s'améliorent et soient parfaites. Du côté du
transport, chez nous nous sommes surtout touchés par le camionnage. Le
transport ferroviaire est très peu à notre portée. Alors,
on recommande concrètement, au point de vue du camionnage, que rien ne
soit fait pour le rendre moins concurrentiel. Cela a été aussi
mentionné hier par l'Association des manufacturiers de bois de sciage,
lorsqu'il est question des permis, des relations interprovinciales au sujet des
permis, des facilités de transport. Nous louons un camion; le camionneur
a déjà payé les taxes sur l'achat de son camion et, en
plus, il faut payer une taxe sur la location, ce qui amène les prix
à devenir un peu moins concurrentiels. Du côté du
transport, le camionnage devrait être favorisé et rien ne devrait
être fait pour le rendre moins concurrentiel.
M. Pagé: Toujours au niveau du transport, quel serait
l'effet pour votre entreprise que, par une directive ou une mesure
réglementaire ou législative du gouvernement, soit interdit le
flottage du bois?
M. Boswell: Pour nos usines de Davidson ce serait un chantage que
de dire qu'il n'y a pas moyen de draver sur la rivière sur une distance
plus longue pour le moment. Dans les cinq prochaines années il faudra
qu'on ferme parce que nous n'avons pas de routes. Les routes, pour nos
exploitations forestières, passent par le parc La Vérendrye et
Davidson, comme vous le savez, est une rivière Outaouais. C'est la seule
route qui existe à l'heure actuelle.
M. Pagé: Si je comprends bien et vous pourrez me
corriger autant pour d'autres entreprises, le fait d'interdire le
flottage du bois pourrait entraîner un coût de transport tel que
vous ne seriez pas capables de produire à un prix concurrentiel et, chez
vous, vous n'êtes pas capables de transporter à cause de
l'état routier?
M. Turmel: C'est cela. Notre réseau routier a
été développé est-ouest pour favoriser
l'accès du personnel à la machinerie et à nos
opérations, suivant toujours un transport nord-sud par la voie des eaux.
Si le transport par la voie des eaux était arrêté, disons
demain ou la semaine prochaine, il n'y a aucun bois que nous pourrions
transporter. À des prix exorbitants, il faudrait faire faire des
détours énormes à ce bois pour l'apporter. Cela, c'est
pour les scieries, pour les usines de papiers, parce que dans notre cas on ne
parle pas de pâtes et papiers, on parle de papiers, le transport du bois
aurait un effet sur les gens où on achète la pâte.
Ils seraient obliges, sinon de faire mieux, du moins de hausser leurs
prix de pâte à des prix qu'on ne pourrait pas se permettre non
plus.
M. Pagé: D'accord. Au chapitre de l'énergie, une
question bien précise. Est-ce que vous avez évalué en quoi
vos coûts de production seront affectés à la suite de
l'annonce d'une augmentation des tarifs de l'électricité de
27%?
M. Boswell: Je n'ai pas la compétence voulue pour donner
une réponse dans les termes actuels;
non, je ne sais pas. Le coût actuel, depuis la dernière
augmentation de l'électricité...
M. Pagé: Oui, l'impact sur votre coût de
production.
M. Marcoux: Hier, j'ai posé la question. Je crois que
c'était à l'association qui vous représente tous,
c'était plutôt à une compagnie qui indiquait que les
coûts d'électricité étaient environ de 15% du
coût de production. La prochaine augmentation dans le domaine des
pâtes et papiers est prévue comme étant de 27%, donc de 4%.
Est-ce que le chiffre de 15% comme coût de production, par rapport
à l'électricité, en ce qui concerne votre compagnie,
est-ce que c'est à peu près le coût actuel?
M. Boswell: Dans le cas d'une usine de papier...
M. Marcoux: Moulin à papier, oui.
M. Boswell: En comparaison avec une usine des pâtes, par
exemple, l'augmentation est un peu moindre; pour une usine de pâtes, il y
a plus d'énergie.
M. Marcoux: II y a plus d'énergie pour un moulin à
pâte. Pour vous, ce sont des usines de papier; donc, le facteur
énergie est beaucoup moins important.
M. Boswell: Oui.
M. Marcoux: Très peu important. Qu'est-ce que c'est? 5%?
4%?
M. Boswell: Non, plus que cela.
M. Turmel: Ce qu'il a répondu, c'est que la
différence est un peu moindre, et non pas que ce n'est pas
important.
M. Boswell: Si c'est 15% dans un moulin intégré, ce
sera peut-être 13% avec nous autres.
M. Pagé: Dans votre mémoire, vous demandez au
gouvernement de cesser de mettre de l'avant toute mesure sociale qui pourrait
se refléter par des déboursés de la part de l'industrie.
Cependant, les derniers mois ont permis de constater que le fait de fermer des
entreprises dans certaines régions du Québec plaçait ces
régions, ces villes même, dans certains cas, cela
déborde la ville où l'entreprise est fermée dans
une position telle que l'avenir de toute l'économie d'une région
était mise en cause. On a eu à souligner hier la
responsabilité sociale que, non seulement les entreprises ont, mais que
le gouvernement a à l'égard de travailleurs qui sont
affectés par des fermetures d'entrepries. La CSN, dans le document
qu'elle nous déposait hier, faisait état de recommandations
à ce sujet; particulièrement, elle demandait au gouvernement de
procéder par mesures législatives, de manière qu'on puisse
en arriver à l'établissement d'une caisse de stabilisation qui
permettrait une indemnité aux travailleurs affectés par la
fermeture d'une usine. Est-ce que les entreprises, dans votre cas, est-ce que
votre entreprise serait disposée à envisager de telles formules
pour atteindre les objectifs que j'ai précédemment
énoncés?
M. Boswell: Notre entreprise est d'accord à 100% avec le
principe de stabilisation. On dit dans nore mémoire qu'on a fait cela
dans nos opérations forestières avec un grand succès.
Avant cela, on travaillait six mois, huit mois, sept mois. Maintenant, on a
stabilisé cela. On travaille dix ou onze mois, pour ne pas travailler
aux mois de mars ou avril. Les bénéfices...
M. Pagé: Je m'excuse. Je ne suis pas certain si vous
m'avez bien compris. Je parle de la recommandation qui a été
formulée par la CSN dans son mémoire hier, c'est-à-dire
que, dans les cas de fermeture d'usines, il y ait une caisse de stabilisation
qui soit mise sur pied, pour former un genre de caisse qui aurait comme
objectif le président me souffle à l'oreille un
"jack-pot" où on aurait des sommes qui auraient uniquement pour but
d'indemniser éventuellement les travailleurs affectés par la
fermeture d'usines.
Nous aurons l'occasion, au cours des travaux de cette commission,
d'entendre plusieurs compagnies. Je pense qu'il est explicable de leur demander
leur point de vue là-dessus.
M. Boswell: Ces "jack-pots" dont on parle, c'est le même
système, je présume, je n'étais pas ici pour le
mémoire de la CSN, mais je présume qu'on parle du même
système qu'il y a eu en Suède, ou à peu Drès, une
stabilisation, s'il y a fermeture. Il faut dire qu'en Suède ce n'est pas
exactement l'idéal, parce qu'il y a beaucoup de problèmes. On
trouve que les coûts en sont énormes. Si je comprends la question,
je pense que c'est impossible pour l'industrie de suivre un système
comme cela, même le "jack-pot".
M. Pagé: Exception faite de la recommandation
particulière formulée hier, est-ce que vous acceptez que quand
une industrie a fonctionné pendant plusieurs années dans un
milieu donné, le fait de fermer cette entreprise peut causer un
préjudice tel à l'économie de la région que cela
devienne une région fantôme? Est-ce que vous considérez que
l'entreprise, au même titre que le gouvernement, a une
responsabilité sociale à l'égard des travailleurs de ces
régions?
M. Boswell: Même le gouvernement a toujours une
responsabilité envers ses employés.
M. Pagé: L'entreprise? M. Boswell: Oui. M.
Pagé: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je voudrais à mon tour
féliciter la compagnie Eddy pour le mémoire
présenté à la demande du ministre des Richesses Naturelles
et qui donne beaucoup d'information. Il y a plusieurs questions qui ont
été posées et qui ont clarifié certains doutes; il
y a eu plusieurs explications additionnelles de données. Toutefois, il
demeure encore des choses que je ne retrouve pas dans le mémoire. Je
voudrais poser quelques questions en ce qui concerne le territoire forestier
que vous détenez dans le Québec et en Ontario. Vous avez des
territoires de quelle grandeur au Québec et en Ontario?
M. Boswell: 3000 milles carrés.
M. Russell: 3000 milles carrés au Québec et vous
exploitez des usines en Ontario. Y avez-vous des concessions aussi?
M. Boswell: Oui.
M. Russell: De quelle grandeur?
M. Boswell: 7000 milles carrés.
M. Russell: Quelle est votre production au Québec
comparativement à celle de l'Ontario, en pourcentage de cunits?
M. Boswell: N'oubliez pas que nos concessions ontariennes
fournissent notre moulin à pâte d'Espanola. On n'a pas d'usine de
pâtes au Québec. La production de nos moulins ici et dans les deux
provinces est la même.
M. Russell: Vous n'avez pas d'usine de pâtes. À
Hull, c'est seulement une usine de papier où vous utilisez la pâte
que vous fabriquez en Ontario?
M. Boswell: Non, c'est moitié moitié. On
achète la moitié de notre pâte des usines de l'Ouest du
Québec et la moitié vient de notre moulin à pâte de
l'Ontario.
M. Russell: Les limites du Québec servent simplement
à alimenter la scierie que vous possédez actuellement à
Davidson. Vous coupez 60 millions de pieds de bois de sciage.
M. Boswell: 74 millions environ.
M. Russell: Les copeaux de ce moulin vont en Ontario?
M. Boswell: Non, ils vont aux moulins du Québec.
M. Russell: D'accord. Vous avez combien d'employés qui
travaillent à Hull et à votre scierie au Québec?
M. Boswell: II y a 1730 employés dans nos usines de papier
de Hull, 210 dans nos scieries à Davidson et 250 dans les concessions
forestières.
M. Russell: Dans le Québec?
M. Boswell: Québec, c'est du Québec qu'on
parle.
M. Russell: Et il n'y a aucun bois du Québec qui va en
Ontario?
M. Boswell: Non. M. Russell: Aucun? M. Boswell:
Aucun.
M. Russell: D'accord. Vous avez parlé de l'importance du
transport, tel que cela a été mentionné hier, et je me
demande si vos remarques sur le transport s'appliquent un peu de la même
façon qu'a voulu l'énoncer hier l'association des manufacturiers
du bois de sciage. Elle demandait un sursis pour répondre à des
difficultés des transporteurs. On sait que transporter des copeaux ou
des sciures ou même du bois à papier avec un camion, c'est assez
difficile pour un homme, comme dirait le Québécois, de biffer
cela. On sait que l'épinette et le sapin ont deux poids bien
différents. C'est difficile pour un chauffeur qui va charger son camion
de sapin, uniquement de sapin et dire: Je suis surchargé, à
l'oeil. La même chose pour les copeaux; il recule, il va charger dans une
benne de copeaux et, souvent, il se fait arrêter par le policier parce
qu'il dépasse les limites, un peu inconscient, et il va se ramasser avec
une facture de $300. C'est pour cette raison que l'association des
manufacturiers, hier, demandait un sursis ou un peu plus de
compréhension de la part du ministère des Transports en ce qui
concerne l'application du poids, sur la route, pour les camionneurs. Est-ce que
c'est pour le même sursis que vous vous référez aux
transports, dans votre mémoire? Avez-vous d'autres raisons?
M. Boswell: Non, on est complètement d'accord avec le
principe exprimé par l'association du bois de sciage, mais ce n'est pas
de cela qu'on parle dans notre mémoire.
M. Turmel: Comme vous le savez, n'ayant pas de moulins à
pâtes, on n'est pas tellement sur le marché de l'achat, les
produits qui viennent par camion. Alors, les camionneurs dont il était
question dans le mémoire de l'association ce sont surtout ces
camionneurs-là; le camionneur indépendant, le fermier qui livre
son bois. Chez nous, c'est le camionnage surtout pour la mise en marché
des produits finis. Notre recommandation est surtout de ce côté.
Mais quand on lit, on peut voir qu'elle s'applique aussi à ce
problème. Alors, quand on dit que le gouvernement ne favorise aucune
mesure qui aurait pour effet d'affaiblir la situation de l'industrie du
camionnage sur le marché concurrentiel, cela touche à tous les
points. C'est ce point concernant les permis que l'association des
manufacturiers de bois de sciage a touché, et cela rejoint ce que
l'association des industries forestières a mentionné au point de
vue des poids, et cela
touche aussi à la mise en marché des produits finis,
c'est-à-dire les papiers, une fois emballés, à livrer sur
les marchés, pour les consommateurs.
M. Russell: Est-ce qu'on ne serait pas d'accord que dans le cas
des papiers finis aussi bien que du bois de sciage qui est scié, il est
facile pour la compagnie ou le camionneur d'établir d'avance assez
précisément son poids qui lui permettrait de respecter les normes
qui sont établies par le ministère des Transports?
M. Turmel: C'est d'accord, c'est pour cela que notre
recommandation, comme on vous l'a dit, ne touche pas à ce
point-là en particulier, parce que les poids ne sont pas un
problème, dans notre camionnage. C'est plutôt un problème
de licence, de permis et de taxation sur les locations de camions qu'on
touchait dans notre mémoire. Mais comme M. Boswell l'a dit, on est en
complet accord avec le point fait par les autres parce que cela crée
énormément de problèmes aux camionneurs
indépendants. On a eu même à subir, on a eu un arrêt,
disons, de deux jours, cette année, sur la livraison de bois à
pâtes, de trembles écorcés chez nous, parce que les agents
du ministère des Transports ont arrêté des camionneurs qui
n'avaient pas de filets pour couvrir leur empilement. Quand on parle de
trembles écorcés, c'est un matériel peut-être un peu
plus glissant, un peu plus dangereux à transporter. Ces filets, cela
nous a pris à peu près quatre, cinq jours avant de trouver
quelqu'un qui pouvait les produire. Puis, finalement, on est arrivé avec
autre chose. Mais c'est un cas. Deux jours d'arrêt des camionneurs pour
des filets, et cela faisait des années et des années que le bois
se transportait sans filet. Le camionneur a été
arrêté subito presto.
M. Russell: Si je comprends bien, c'était un bois
coupé dans le Québec et transporté en Ontario.
M. Turmel: Non, c'était un bois qui venait, disons, de la
région de la Gatineau, livré à notre moulin de Hull.
Présentement, on a encore une certaine facilité de production de
bois à pâte par pâte mécanique, mais on achetait un
certain nombre de cordes de bois pour ce moulin. C'était du tremble
écorcé simplement. Il était écorcé en
forêt ou sur la terre du cultivateur et livré chez nous.
M. Russell: Est-ce que vous achetez en Ontario je m'excuse
de revenir là-dessus du bois qui vient de forêts
privées pour votre exploitation en Ontario?
M. Turmel: Pour l'exploitation en Ontario, oui, et pour
l'exploitation au Québec.
M. Russell: De quelle façon diffèrent les
règlements en Ontario et au Québec en ce qui concerne les
artisans?
M. Turmel: À ma connaissance je ne suis pas
tellement versé du côté de l'Ontario je pen- se que
la situation n'est pas aussi compliquée, mais je ne pourrais pas
m'aventurer plus loin.
M. Russell: Vous avez parlé du flottage qui pouvait
être une entrave à l'exploitation de votre scierie seulement. Cela
ne nuirait-il pas à l'exploitation de votre usine à papier
à Hull?
M. Turmel: Quand j'ai répondu à cette question,
j'ai dit que directement, vu qu'on ne recevait pas de bois, cela n'affecterait
pas notre usine, mais, par contre pour parler en bon canadien par
"rebound", on aurait un effet, parce que celui qui serait empêché
de draver le bois pour produire la pâte qu'on achète, nous
passerait certainement le prix de le transporter par camion et cela nous
créerait un drôle de problème. La pâte deviendrait
très chère.
M. Russell: Si je comprends bien vous achetez du bois des
cultivateurs ou des terrains privés, qui est déversé dans
la rivière, en haut. Ce bois est assez éloigné, alors
évitez du transport en camion.
M. Turmel: Non, dans le passé nous avons fait cela, mais
présentement, il n'y a aucun bois qui arrive des cultivateurs chez nous
par rivière. La rivière dont on parle est la rivière
Coulonge qui est complètement en forêt, en dehors des chemins
d'accès; par la Gatineau, où le bois pourrait être
Ji-vré, on ne reçoit aucun bois, donc le bois est livré en
camion à notre cour.
M. Russell: Donc, cela n'affectera pas le bois qui provient
d'entreprises privées ou de cultivateurs; cela affectera simplement le
bois qui a été coupé en forêt, sur vos limites.
M. Turmel: D'accord, pour notre scierie.
M. Russell: Vous avez parlé, tout à l'heure, si je
ne me trompe, des routes construites d'est en ouest; du nord au sud, c'est la
rivière qui sert de moyen de transport. Quelles sont les distances de
route que vous auriez à construire pour arrêter le transport par
eau?
M. Boswell: Une route d'au moins 120 milles. On fait flotter le
bois sur une distance de 120 milles. Il faudrait qu'on construise un chemin
pour la même distance.
M. Russell: Dans ces limites, faites-vous l'exploitation de bois
dur?
M. Boswell: Oui.
M. Russell: De quelle façon le transportez-vous, pas par
la rivière?
M. Boswell: Non, le bois dur sort par les chemins d'accès
de Maniwaki.
M. Russell: Est-ce que votre bois à papier ou votre bois
mou ne pourrait pas sortir par les mêmes routes?
M. Boswell: Non, parce que c'est dans la direction opposé
à notre usine. C'est l'est et notre u-sine est située à
l'ouest.
M. Russell: Votre bois dur est vendu à d'autres scieries
à Mont-Laurier je suppose?
M. Boswell: Mont-Laurier et Maniwaki.
M. Turmel: C'est surtout selon un système de
permissionnaires que les bois sont coupés chez nous. À même
nos opérations, la compagnie produit un petit montant par coupe
intégrée, mais la coupe se fait surtout par des permissionnaires
suivant le programme d'allocation du ministère des Terres et
Forêts.
M. Russell: Si le flottage du bois vous était interdit,
pourriez-vous facilement vous approvisionner des lots privés pour un bon
nombre d'années à des prix aussi modestes que le coût de
votre propre coupe?
M. Turmel: Chez nous on en fait état dans notre
mémoire comme il s'agit de scieries, je pense qu'il serait
peut-être bon ici de qualifier nos scieries. On a une scierie à
pin, qui est une scierie de bois de haute qualité. On vient de
construire elle a été mise en service ce printemps
une scierie d'autres résineux qu'on appelle une scierie
d'épinette où on utilise l'épinette et le pin gris de
faible dimension pour la fabrication de planches, de deux sur quatre, etc. En
provenance des terrains privés de la région du Pontiac et de la
Basse-Gatineau qui pourrait nous alimenter, la qualité de la bille de
bois, pour la scierie de pin, ne pourrait pas correspondre aux normes
requises.
Il nous faut absolument avoir les qualités qu'il y a dans les
forêts publiques à l'heure actuelle. Pour l'autre moulin, on
pourrait, jusqu'à un certain point, obtenir un volume qui nous
permettrait peut-être de survivre, mais je crois que ce serait, à
ce moment-là, aux dépens des moulins de bois à pâte
qui prennent ces produits en bois à pâte. On a besoin de 90 000
cunits d'épinette et de pin gris pour faire marcher une usine de sciage
d'épinette et de 30 000 cunits (l'équivalent en p.m.p. de 18
millions) de pin blanc de haute qualité, pour faire marcher notre usine,
notre scierie de pin blanc.
M. Russell: Et tous ces copeaux vont à d'autres usines de
pâtes à papier, non pas à la vôtre?
M. Turmel: Non, on n'a pas d'usines; mais, n'ayant pas d'usines
à pâte, on se sert des copeaux; on vend les copeaux aux usines
locales qui produisent de la pâte et on rachète la pâte.
M. Russell: Vous coupez du bois à papier, qu'on appelle de
la pitoune, pour votre utilisation personnelle. Non?
M. Turmel: Non, la base de nos opérations est simplement
pour le sciage, en arbres en longueur, tronçonnés à la
rivière en seize pieds. Les résidus, si on peut les appeler
résidus, ou les dimensions moindres que seize, douze et quatorze, sont
livrés aux moulins à pâte, mais ce sont des coupes en
arbres en longueur et on produit le maximum de seize pieds possible, allant
jusqu'à un diamètre, au fin bout, de cinq pouces pour utilisation
au sciage. Alors, à ce moment-là, on reste avec des longueurs
peut-être de trois pieds, de quatre pieds, et de huit pieds qu'on vend
aux moulins à pâte.
M. Russell: Cela, c'est flotté.
M. Turmel: C'est flotté avec le restant.
M. Russell: Et à quelles usines c'est rendu, c'est
livré?
M. Turmel: À l'heure actuelle, on a des contrats avec le
moulin de Portage-du-Fort de la Con-solidated-Bathurst et, sans aller plus
loin, je peux dire que, jusqu'à cet été, on avait des
contrats avec la Compagnie Internationale de papier à Gatineau. Je ne
pourrais pas dire s'il y a eu des contrats de renouvelés de ce
côté-là.
M. Russell: Donc, si je comprends bien, il serait facile pour
vous, comme pour d'autres scieries, de faire vos coupes de billes en longueur,
de les transporter à la scierie, de les débiter là et de
faire le coupage de copeaux au complet.
M. Boswell: On ne peut pas draver les arbres en longueur.
M. Russell: Vous dravez; aux scieries, vous dravez votre...
M. Turmel: Tout est dravé.
M. Russell: Tout est dravé?
M. Turmel: Tout est dravé. Il y a seulement les bois
francs qui sortent de nos concessions qui ne sont pas dravés parce
qu'ils ne peuvent pas être dravés. S'ils pouvaient être
dravés, ils seraient dravés.
M. Russell: Merci, M. le président.
Le président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Bérubé: Je vous remercie, messieurs, de cet
intéressant mémoire que vous nous soumettez. Je pense qu'il nous
permet de constater les problèmes que vous affrontez aux prises aec
l'expansion de la Capitale nationale et face à des décisions
d'investissement. Je dois vous avouer que j'en retire une certaine
inquiétude. D'une part, vous signalez que vous avez une petite
exploitation de pâte mécanique, de trente tonnes par jour, que
vous exploitez en vertu d'un bail qui vient à échéance, je
pense, en 1978. Malheureusement, je n'ai pas... Donc, on peut voir un
problème de renouvellement de bail. Vous mentionnez également
deux usines, deux petites machines de fabrication de papier, des papiers fins,
qui sont vieilles, qui sont exploitées, je crois, à 70% de
capacité et, par conséquent, sont menacées de
fermeture.
Également, vous soulignez que vous avez des problèmes de
perspectives d'avenir dans le cas de votre usine, étant donné que
vous ne savez pas si, oui ou non, vous serez expropriés. En d'autres
termes, j'aimerais peut-être approfondir un peu cette question. Quand
allez-vous fermer vos deux machines à papier?
M. Boswell: On n'a pas l'intention, comme on l'a dit dans notre
mémoire, M. le ministre, en ce moment, de fermer les deux machines.
On a essayé de créer des produits spéciaux pour ces
deux machines, pour utiliser les diverses qualités de papiers fins et
hygiéniques, c'est impossible maintenant, parce que ces deux machines ne
tournent pas assez vite. Mais, à l'heure actuelle, on trouve
différents marchés partout, pour les diverses sortes de ces
papiers pour ces deux machines, pour les garder en action. Mais, en ce moment,
on n'a pas de date fixe pour la fermeture de ces deux machines. Aussi longtemps
qu'on va trouver des usages spéciaux pour ces deux machines, on va
continuer à les faire marcher.
M. Bérubé: Si je comprends bien, vous produisez
à perte, sur ces deux machines, présentement?
M. Fox (Ed.): Je n'ai pas compris, M. le ministre.
M. Bérubé: Vous produisez à perte, sur ces
deux machines, présentement?
M. Fox: Oui, cinq jours par semaine, sur trois
équipes.
M. Bérubé: À perte?
M. Fox: Le papier.
M. Bérubé: Faites-vous des profits?
M. Boswell: Un profit, non, mais une contribution à nos
coûts fixés. Ce n'est pas un profit, c'est une contribution.
M. Bérubé: Quant au renouvellement du bail avec la
Commission de la capitale nationale, qui affecterait évidemment
l'exploitation de votre unité de production de pâtes,
présentement, est-ce que vous êtes en négociation avec
elle? Est-ce que vous envisagez de renouveler ce bail?
M. Boswell: La question de notre moulin de pâte
mécanique a été réglé en 1972. On l'a
fermé et on a conclu une entente avec la CCN. C'est la même
entente, mais, depuis 1972, on a fait travailler notre usine de pâte
mécanique et loué le moulin pour $1 par année.
M. Bérubé: Et, en 1978, vous fermez?
M. Boswell: Oui.
M. Bérubé: C'est définitif. Donc, cela
repré- sente combien d'emplois qui sont perdus dans la
région?
M. Boswell: Je pense que c'est douze employés qui sont
affectés. C'est un vieux moulin de pâte mécanique, il faut
y mettre les billes une par une.
M. Bérubé: Dans une lettre que M. Greber, de votre
entreprise, adressait à M. Gallan, de la National Capital Commission,
vous soulignez que vous aviez entrepris des études en vue de relocaliser
votre usine. Votre lettre date du 5 octobre 1973: vous soulignez, dans votre
lettre, qu'il vous faudrait entre 12 et 15 mois pour choisir le site, dans la
mesure où il ne vous restait plus qu'un choix à faire entre deux
ou possiblement trois sites, dans la région de Hull. Ceci était
en 1973.
Présentement, est-ce que vous avez l'intention de reconstruire,
suivant ce que vous aviez souligné à cette époque?
M. Boswell: Non. On n'a pas l'intention, comme on l'a
mentionné dans notre mémoire, de relocaliser nos machines
à papier. En ce moment, il n'y a pas de discussion non plus sur le
sujet.
M. Bérubé: Quelles sont les intentions de la
Commission de la capitale nationale quant à l'occupation du terrain que
vous avez? Elle a un droit de premier refus, si je comprends bien. Elle peut
vous exproprier en tout temps. Est-ce qu'elle vous a approchés? Quelles
sont ses intentions?
M. Boswell: Je crois qu'elle a le premier droit de refus jusqu'en
1982, je pense. Mais depuis deux ans, deux ans et demi; il n'y a pas eu de
discussion avec la CCN.
M. Bérubé: En d'autres termes, on ne sait pas. pour
l'instant, dans quelle mesure vous ne serez pas amenés... On sait que
vous allez fermer votre usine de production de pâtes, mais, quant
à vos deux autres machines, ce n'est pas encore clair, et quant aux
intentions du gouvernement fédéral relativement au terrain que
vous occupez, ce n'est pas encore connu. Tout est en suspens?
M. Boswell: J'espère que non, M. le ministre. On vient
juste de dépenser $12 millions pour un papier hygiénique flambant
neuf.
M. Bérubé: Dans votre mémoire, vous
soulignez que, de 1964 à 1976, vous avez dépensé $60
millions en investissements et $33 millions en entretien. Cette question a
été soulevée à plusieurs reprises hier. On s'est
demandé si l'industrie, au Québec, investissait suffisamment.
Auriez-vous, pour la même période, une idée des montants de
dépréciation accumulés, au cours de la période en
question, également des profits accumulés au cours de cette
période pour votre compagnie? Cela nous permettrait d'évaluer
dans quelle mesure vos investissements se comparent avec la valeur de
dépréciation des installations et des profits
accumulés.
M. Boswell: On a fait plus d'investissements que de profits dans
la période dont vous parlez.
M. Bérubé: Combien de
dépréciation?
M. Boswell: C'était à peu près $60
millions.
M. Bérubé: Vous avez donc réinvesti autant
que ce que vous récupériez en dépréciation au
moment où vous faites votre bilan comptable annuellement. On pourrait
donc dire en gros, si je ne me trompe, que vous n'avez réinvesti aucun
profit?
M. Boswell: Oui.
M. Bérubé: Bien. Vous ne me trompez pas.
J'aimerais également savoir ceci, en ce qui a trait à
l'expédition de fibres aux usines en Ontario. Vous expédiez
présentement les copeaux dans vos usines de l'Ontario pour fabrication
de pâtes, de même qu'aux usines situées au Québec. La
question que je me posais, c'est que vous réimportez de l'Ontario de la
pâte. En ordre de grandeur, est-ce que l'expédition de bois
correspond à peu près, compte tenu du rendement du
procédé, à ce que vous rachetez en pâtes de votre
usine ontarienne?
M. Boswell: Nous sommes un grand consommateur de pâtes, la
compagnie, incluant l'usine de pâtes ontarienne et nos usines de Hull et
d'Ottawa. Ainsi on achète 50% de nos besoins au Québec et les
autres 50% viennent de notre usine en Ontario.
M. Bérubé: L'expédition de copeaux que vous
faites en direction de l'Ontario correspond-elle en gros au rachat en
pâtes que vous faites, c'est-à-dire au point de vue de la
quantité de matières ligneuses?
M. Turmel: On ne livre pas de copeaux du Québec à
l'Ontario.
M. Bérubé: Vous n'expédiez aucun copeau?
M. Turmel: Tous les copeaux du Québec sont livrés
au Québec, aux usines près de chez nous.
M. Bérubé: J'avais mal compris. Vous avez
souligné un point qui a été soulevé par
l'association des industries forestières hier et qui m'appa-raît
extrêmement important, d'autant plus que vous citez un chiffre je
l'ai sous les yeux c'est le problème du coût de transport.
En particulier vous soulignez que, pour un wagon de 70 tonnes, il en
coûte à peu près $4.63 le mille lorsqu'il est livré
à New York, contre $2.43 lorsqu'il est livré en provenance de
l'Alabama, sur le même marché de New York. Comme le transport de
Hull jusqu'à New York est largement en territoire canadien,
peut-être moitié en territoire canadien et moitié en
territoire américain, cela suppose donc que les tarifs de transport
ferroviaire au Canada sont largement plus élevés qu'aux
États-Unis. Est-ce que vous auriez des chiffres sur les tarifs que vous
êtes obligés de payer pour l'expédition par voie
ferrée au Canada en comparaison avec les tarifs que vous payez aux
États-Unis?
M. Boswell: Les chiffres dont vous parlez sont des chiffres de
l'association de papier journal et nous n'avons pas les chiffres ici.
M. Bérubé: Auriez-vous des chiffres à votre
usine que vous pourriez mettre à notre disposition qui nous
permettraient effectivement de comparer l'ordre de grandeur des tarifs
qu'exigent les compagnies ferroviaires canadiennes, par comparaison avec ce que
demandent les compagnies ferroviaires américaines?
M. Boswell: Non, on n'a pas les comparaisons de chiffres, mais on
peut essayer de les trouver et vous écrire une lettre, par exemple.
M. Bérubé: Cela me paraît important, puisque
vous soulignez que c'est le transport qui vous empêche d'expédier
aux États-Unis. D'un autre côté, si vous ne pouvez pas
citer de chiffres, c'est difficile de justifier cette affirmation. Il me
paraît également, et ceci est relié sans doute au
coût de transport, que le fait de passer du transport ferroviaire au
transport routier, est extrêmement dangereux dans une période
où on se dirige vers une pénurie de carburant, où le
coût de transport par route va sans doute augmenter dans les
années à venir. Quel est le problème qui se pose au
Québec finalement en ce qui a trait au transport ferroviaire? On a
soulevé la question brièvement, hier, mais personne n'a vraiment,
jusqu'à maintenant, tenté d'expliciter un peu ce problème
du transport ferroviaire au Québec.
M. Boswell: Je pense que ce n'est pas nécessairement un
problème québécois, c'est un problème canadien
qu'on a avec le transport ferroviaire.
M. Bérubé: Oui, je m'en doute, oui.
M. Boswell: Dans notre cas, on est situé pas mal proche.
C'est bien plus efficace pour nous de recourir au camion plutôt qu'au
chemin de fer. C'est aussi simple que cela. Quant aux usines qui sont loin,
c'est une autre question; mais pour les usines de pâtes et papiers, c'est
une autre raison pour laquelle on utilise les camions pour le transport.
M. Bérubé: Vous avez signalé à la
page 6 de votre mémoire que vous avez un besoin de billes de
qualité en provenance des terres de la couronne, mais également,
un peu plus loin dans votre mémoire, vous avez souligné que le
programme de la révocation des concessions du gouvernement allait
compromettre les projets d'investissement. J'aimerais savoir si les projets
d'investissement que vous aviez, c'était dans le domaine du sciage ou
dans le domaine de l'exploitation fo-
restière pour l'aménagement de vos concessions. Est-ce que
vous comptiez investir dans l'implantation de voiries forestières ou
plutôt investir dans des usines de sciage?
M. Turmel: Ce qu'on dit, M. le ministre, ce n'est pas qu'on va
arrêter les investissements. On dit que la période qu'on vit,
à l'heure actuelle, dans la période d'incertitude, c'est cela qui
nous crée des problèmes. On se pose un paquet de questions. On a
très peu de réponses. Quand on vient pour faire de la
planification, quand on vient pour développer un réseau routier,
quand on parle de millions de dollars à investir dans un réseau
routier et qu'on ne sait pas qui va gérer, comment cela va se
gérer, c'est cette incertitude qui est plus dangereuse et qui nous
effraie, plus que la gestion par le ministère des Terres et
Forêts. Ce n'est pas la question... On dit qu'on est prêt
ailleurs dans le mémoire à coopérer à la
meilleure gestion des forêts publiques et qu'on veut participer. On
demande même de forcer la participation dans les plans de gestion qui se
présentent à l'heure actuelle, à partir du premier moment
où une unité de gestion est touchée. On veut être
partie des discussions dès le départ. Quand on saura exactement
où on va, quand on saura exactement ce qui se passe, alors, les
décisions d'investissement pourront être prises dans un sens ou
dans l'autre; mais on saura où aller. Présentement, c'est cette
incertitude qui nous crée des problèmes. C'est ainsi que c'est
présenté dans le texte aussi et non pas parce que le
ministère des Terres et Forêts veut faire la gestion, qu'on
arrêtera d'investir. Ce n'est pas cela du tout. C'est dans l'autre
sens.
M. Bérubé: Croyez-vous que vous pourriez, par
exemple, avoir des projets d'investissement et simplement rencontrer des
officiers du ministère, de manière à discuter avec eux de
vos projets, de telle sorte qu'on sache à peu près où vous
vous en allez. La loi, présentement, est assez claire. J'ai l'impression
qu'elle vous permet de savoir quelle va être l'implication de
l'intervention gouvernementale, si jamais il y a révocation. Ce n'est
pas tellement cela qui va vous empêcher de prendre une
décision.
M. Turmel: Disons qu'à l'heure actuelle on peut
communiquer avec les employés du ministère. En fait, on
communique énormément avec les employés du
ministère. Il demeure qu'il y a un paquet de points critiques dans cette
nouvelle approche. Je pense que votre sous-ministre qui a assisté
à la Corporation des ingénieurs forestiers, à la suite de
ces représentations, je pense qu'il pourra vous en parler un petit peu.
L'ensemble des questions qui lui ont été posées ont
été justement sur cette histoire de collaboration à la
réalisation des plans. C'est là qu'on a des problèmes.
C'est là qu'on sent une incertitude. Comme chef forestier de la
compagnie, je transmets cette incertitude à mes patrons qui sont ceux
qui ont à décider des investissements. Comme vous pouvez
comprendre, c'est un peu flou.
M. Bérubé: II y a un aspect qui m'a paru
intéressant dans votre mémoire. Vous avez souligné une
petite opération de recyclage de papier à Hull. En particulier,
vous parlez d'une possibilité d'expansion dans ce secteur. Est-ce qu'il
existe en ce moment un programme important que vous auriez à l'esprit
dans le domaine du recyclage du papier? Est-ce qu'il y a un marché
important dans la région de Hull qui vous permettrait de vous
approvisionner en papier pour alimenter vos usines?
M. Boswell: Avec le marché des pâtes que nous avons
aujourd'hui, ce n'est pas une opération économique. Comme vous le
savez, le prix des pâtes a tombé beaucoup le mois passé.
Notre programme est assez avancé pour dire que le programme de recyclage
conserve la pâte qui est faite, le produit qui est fait dans le
système de recyclage et qui a servi dans nos machines de papiers
hygiéniques. Quand le prix des pâtes sera plus élevé
qu'aujourd'hui, ce sera une opération profitable, je
l'espère.
M. Bérubé: J'aurais encore une petite question.
Vous avez, j'ai l'impression, au niveau des papiers fins, puisque vous avez une
unité qui a été implantée en 1968 je crois, au
niveau du papier hygiénique, des machines qui datent de 1958, 1965,
1972. En dépit du fait que vous avez de l'équipement moderne,
vous nous dites que vous ne pouvez pas concurrencer le marché
américain, peut-être d'abord à cause du transport. D'un
côté, vous avez mentionné le problème des salaires.
La question que je poserais en est une de productivité. Quelle est la
productivité en heures-homme sur vos machines actuellement?
M. Boswell: On ne peut pas parler d'une moyenne dans l'industrie
du papier fin parce qu'elle est graduée, même si c'est sur la
même machine. Cela dépend du "basis weight", etc. Dans notre
machine à papier fin, la grande chaudière, la machine
installée en 1968, une machine de 196 pouces de largeur, faisant 2200
pieds à la minute, cela donne combien de tonnes par jour?
M. Fox: Cela peut donner au moins 40 tonnes par jour.
M. Boswell: Pour une machine à papier fin, c'est un gros
volume. La dernière machine à papier hygiénique date de
1977. Elle marche à 75 ou 80 tonnes par jour.
M. Bérubé: Je m'interrogeais à savoir si
justement la faible productivité de vos installations n'est pas
liée à ce que, dans le secteur du papier fin au Canada, on vise
à approvisionner le marché local généralement en
cherchant à se cacher un peu derrière une protection tarifaire
qui protège nos marchés, mais, en même temps, nous oblige
à diversifier notre production donc à n'avoir que de petits
genres de produits d'un coût très élevé. Est-ce que
ce ne pourrait pas être là la véritable raison pour
laquelle notre industrie du papier fin
en particulier est non rentable? C'est qu'elle n'arrive pas, puisqu'elle
vise un marché qui est beaucoup trop local, à se lancer dans des
champs suffisamment vastes pour véritablement pouvoir diminuer ses
coûts de production et que c'est moins l'âge de l'équipement
qui, dans le cas présent, m'apparaît très moderne, que la
nature du marché qui vous nuit présentement. Est-ce que ce n'est
pas un problème auquel il faudrait s'attaquer?
M. Fox: M. le ministre, le chiffre de 40 tonnes, c'était
une erreur. C'est 200 tonnes par jour sur la grande chaudière, la
machine qu'on a construite en 1968. Trouver une réponse à votre
question, c'est très difficile. On n'a pas un marché assez vaste
au Canada pour un produit, pour avoir une production assez soutenue.
Ainsi, on est obligé d'aller aux États-Unis pour aider et
arrêter de fabriquer deux ou trois qualités ou en laisser d'autres
à ces qualités-là, on va dire "rationalization"
peut-être. Premièrement, ce n'est pas légal.
Deuxièmement, il n'y en a pas assez parce que le coût
d'exploitation d'une usine... Pardon'
M. Bérubé: On va changer la loi.
M. Fox: Le gouvernement fédéral dit que cela
changera peut-être, parce qu'il veut, lui aussi, encourager cela. Mais un
autre point, c'est que les coûts pour les usines sont tels qu'il faut
produire sept jours par semaine, il faut avoir le tonnage. Prenez une machine,
le no 14 dont on parle, deux cents tonnes par jour pour mettre un produit sur
la machine, cela prend au moins... C'est trop fort? Excusez-moi, cela prend au
moins une "run" de 60 tonnes. L'autre problème auquel nous avons
à faire face depuis la grève, ce sont les produits
américains sur notre marché. Aujourd'hui, c'est 25% de notre
marché. Cela a commencé il y a cinq, six ans avec le Kennedy
Round; les tarifs ont changé et, quand vous parlez plutôt des
marchés aux États-Unis, pas seulement le coût des
travailleurs et du transport, on paie un tarif de 12.5% sur tout le papier
qu'on envoie aux États-Unis. Donc, on ne peut pas vendre aux
États-Unis avec profit aujourd'hui, c'est impossible. Il n'y a pas une
usine de papier fin au Canada qui vend aux États-Unis avec profit,
aujourd'hui. Je ne suis pas sûr si j'ai répondu à votre
question, M. le ministre, mais c'est pas mal compliqué.
Voyez-vous, il y a des produits qu'on peut mettre sur une machine et on
ne peut pas les mettre sur les autres, comme les deux petites machines dont on
parlait plus tôt, peut-être qu'elles vont fermer. On n'a pas un
programme pour les fermer, mais ce sont des produits dont l'usage meurt
tranquillement, des changements dans le marché, des manières, le
produit n'est pas employé comme il l'était autrefois. Un exemple,
ce sont les couleurs. Des petites machines traditionnelles comme
celles-là, c'est bon pour faire des couleurs, parce que des couleurs, on
n'achète pas cela en grandes quantités, comme vous comprenez.
L'idée qui serait très bonne pour une usine, c'est si on
était ca- pable, par exemple, de faire toutes les formules d'affaires en
douze livres. Si on pouvait utiliser notre grande machine cinq jours par
semaine ou trois jours par semaine pour un produit, c'est ce que font les
Américains. Dans des circonstances comme celles-là, on peut
être égaux avec les Américains presque pour vendre sur le
marché. Est-ce que j'ai répondu?
M. Bérubé: Oui, encore là, il y a des
possibilités de solution. J'aurais une dernière question. La
semaine dernière nous étions en tournée
ministérielle au Québec et je me trouvais dans la région
de Mont-Laurier où j'ai eu à rencontrer des représentants
des scieurs de la région et, évidemment, ils se sont tous
plaints, vous connaissez le problème, des droits de coupe excessifs
qu'exigent les concessionnaires, les propriétaires de concessions
forestières, lorsqu'ils vont couper sur les concessions. Or, fort
heureusement, je n'ai entendu aucune plainte concernant la compagnie Eddy.
J'aimerais savoir combien vous leur demandez, puisque vous avez dit que vous
permettez à des commissionnaires d'aller sur vos installations. Quel est
l'ordre de grandeur du droit de coupe que vous demandez?
M. Turmel: Pour le merisier ou le bouleau jaune, c'est un peu
moins que trois fois les droits de coupe du gouvernement, c'est $17. Pour les
autres bois francs, c'est $12. Pour les résineux de sciage, on ne les
vend pas, simplement, on les garde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de l'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Alors, comme les autres membres de la commission, je
tiens à vous remercier pour votre participation à cette
commission. J'aurais deux questions. Une première: À plusieurs
endroits, dans le mémoire, vous mentionnez que vous réclamez de
l'aide gouvernementale pour contrôler les salaires, la
productivité des travailleurs, améliorer l'exportation,
l'importation, favoriser le transport, aider à moderniser les usines,
etc.
À plusieurs reprises, vous réclamez de l'aide
gouvernementale; par contre, vous mentionnez que vous ne seriez pas tellement
d'accord sur une ingérence dans la mise des marchés, pas plus au
niveau du flottage du bois, pas plus au niveau des exigences assez
serrées concernant l'environnement. J'aimerais avoir un peu plus
d'explications sur ces exigences ou cette participation accrue de l'État
dans plusieurs problèmes qui vous concernent, mais où on ne
retrouve pas de suggestion de votre part concernant des domaines où vous
croyez qu'il serait normal que des compagnies papetières, comme vous en
êtes une, aient un rôle plus accru et s'impliquent davantage dans
les secteurs qui vous concernent.
M. Boswell: Je pense que ce qu'on a fait depuis 1851, c'est qu'on
a investi à pleine capacité et on a modernisé nos usines.
Mais je pense qu'on
avait, en moyenne, des usines et des machines à papier
très modernes. Tout ce qu'on peut faire, c'est continuer à
moderniser nos usines.
M. Gendron: Si vous permettez, ce n'était pas tellement
dans ce sens. Un exemple précis. Vous mentionnez, dans votre
mémoire, que vous n'êtes pas d'accord avec certaines
décisions qui ont été prises au niveau gouvernemental,
sans consultation. Je vous donne un exemple. Le fait que le gouvernement du
Québec décide que la journée de la Saint-Jean-Baptiste
soit un jour férié et payé. Vous dites: On aurait
aimé être consulté là-dessus, que vous nous en
parliez au préalable. Je ne retrouve pas, même s'il y a une
série de suggestions où vous nous dites: On devrait être
associé davantage aux politiques gouvernementales et que le gouvernement
s'implique à tel ou tel endroit, comme je l'ai dit tantôt; je ne
retrouve pas de suggestion où vous pourriez nous indiquer...
Je vais vous donner un exemple précis. À un moment
donné, vous avez l'intention de privilégier tel type
d'investissement par rapport à tel autre, pour telle raison. À un
moment donné, vous consultez le gouvernement du Québec ou le
ministère des Terres et Forêts là-dessus, pour un point de
vue ou une considération de sa part, par rapport à des
engagements que vous entendez prendre. Est-ce que, dans votre esprit, ce serait
normal, occasionnellement, de procéder comme cela?
M. Turmel: De toute façon, vous dites: Serait-il normal de
présenter au gouvernement nos projets pour en discuter avec lui? Non
seulement c'est normal, mais c'est obligatoire. On ne peut pas grouiller dans
nos usines, au Québec, sans avoir un permis du ministère des
Terres et Forêts. Quand on arrive avec des augmentations de production,
cela veut dire des augmentations de la matière première qui
doivent être approuvées par le ministère des Terres et
Forêts. Quand on a construit nos scieries à Davidson, on est
passé par le ministère des Terres et Forêts, on a
proposé notre scierie, ce qu'on avait l'intention de faire; le
ministère des Terres et Forêts s'est demandé et nous a
demandé si on pouvait les alimenter; sur réponse affirmative, on
nous a donné une permission de procéder, mais de procéder
suivant seulement tel volume de capacité. Alors, toutes les actions sont
faites en coopération avec le gouvernement. Lorsqu'on parle de faire
quelque chose au point de vue de la pollution, il faut rencontrer Te
ministère de l'environnement parce qu'il n'est pas question de toucher
à cela sans avoir l'approbation du ministère de l'environnement
qui veut savoir où cela va mener et ce qu'on fait.
Je pense que, du côté de la compagnie E.B. Eddy, lorsque
vient la question d'investissement, c'est autant pour protéger notre
propre investissement que pour assurer le gouvernement qui sait où on
va. Il y a toujours eu consultation et discussion avec le ministère des
Terres et Forêts ou le ministère concerné.
M. Gendron: Une dernière question, pour ma part. Vous
mentionnez, à un moment donné, qu'il y aurait peut-être
lieu de penser à l'abolition de la taxe provinciale sur la location et
l'achat de camions privés. Est-ce que vous iriez jusqu'à
préconiser une même disposition pour les particuliers?
M. Turmel: Oui, exactement. Quand on parle du camionnage dans
notre mémoire, on ne parle pas des camions propriété de la
compagnie plus que des autres. Peut-être qu'il reste une fausse
impression quand on dit: Enlevez la taxe provinciale de vente. Ce n'est pas
réellement ce qu'on voulait dire, si c'est l'impression que cela laisse.
Ce sont toutes les taxes qui viennent s'y ajouter par la suite. Comme je l'ai
mentionné un peu plus tôt, lorsqu'on loue un camion d'un
particulier, qu'on loue d'une compagnie de transport, le bail de location
devient comme un contrat de vente et devient susceptible de taxe de vente.
Enfin, il est susceptible de taxe de vente. Alors, les taxes ayant
déjà été payées, cette taxe
supplémentaire est imposée au produit qui est livré, parce
que le camionneur ne peut pas l'absorber, c'est évident. Alors, le
camionneur nous laisse cela. Alors, on dit: Au point de vue du camionnage, ne
leur présentez pas des taxes qui ont déjà
été payées; essayez de les aider. On parle autant du
camionneur artisan qui a un camion que de la compagnie de camions et des
camions que la compagnie achète.
M. Gendron: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Une
dernière intervention, le député de Rimouski très
brièvement, s'il vous plaît.
M. Marcoux: Alors, je vais m'en tenir à deux brèves
questions. Vous pouvez être d'accord qu'un des soucis du gouvernement,
c'est sûrement d'augmenter le contrôle québécois sur
cette richesse de la forêt et sur ceux qui la transforment. Ce que
j'aimerais savoir concerne la composition de votre conseil d'administration.
Est-ce qu'il y a plusieurs francophones dans votre conseil d'administration? Au
niveau du personnel de direction, quelle est la proportion de cadres, de
personnel de direction francophone et anglophone et est-ce que vous avez des
difficultés de recrutement du côté du personnel
francophone?
M. Boswell: Au conseil d'administration, il n'y a pas de
francophones en ce moment. Parmi les administrateurs, les gérants des
différentes divisions québécoises, c'est à peu
près rendu à 50% maintenant.
M. Marcoux: 50%. Est-ce que vous avez des problèmes de
recutement de personnel au niveau du conseil d'administration? Est-ce que vous
avez déjà essayé d'intégrer à votre conseil
d'administration des francophones, puis est-ce qu'il y a eu des
problèmes? Au niveau du personnel de direction, est-ce que vous avez des
problèmes de recrutement et sur quoi? Est-ce à cause des
problèmes de formation, de compétence, etc?
M. Boswell: Oui, on avait eu des problèmes de recrutement
particulièrement dans nos scieries de Pontiac; le comté de
Pontiac n'est pas exactement un comté de francophones. Nous avons eu un
gros problème, dans nos scieries nouvelles, de recrutement de
francophones dans ce territoire.
M. Marcoux: Est-ce que vous avez essayé de
développer des moyens pour intéresser davantage les
administrateurs francophones à s'intégrer à votre
entreprise? Est-ce que vous avez essayé de...
M. Boswell: II y a un gros avantage, oui.
M. Marcoux: Est-ce que vous avez essayé de prendre des
moyens pour essayer d'intéresser davantage les francophones à
s'intégrer à l'administration de votre entreprise? Vous avez dit
que vous aviez des problèmes de recrutement.
M. Boswell: On a donné tous les avantages possibles pour
encourager le recrutement des francophones, salaires,
bénéfices.
M. Marcoux: Je vous remercie. J'avais une deuxième
question, mais compte tenu du temps et vu qu'il y a un autre organisme qui
attend...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vous
remercie de votre collaboration, M. le député de Rimouski, et
particulièrement les représentants de la compagnie E.B. Eddy
Limitée. J'invite maintenant la Fédération des producteurs
de bois du Québec et en particulier son porte-parole, M. Hugues Belzile,
a se présenter à la table, s'il vous plaît. Je vous
remercie beaucoup.
M. Belzile, est-ce que vous pourriez présenter les personnes qui
vous accompagnent.
Fédération des producteurs de bois du
Québec
M. Carpentier (Jules): II me fait plaisir de vous
présenter notre mémoire cet après-midi. On vous remercie
beaucoup. Je vais vous présenter les membres qui nous accompagnent. Vous
avez, à l'autre bout de la table, M. Jacques Veilleux,
vice-président de la fédération, administrateur du
syndicat de Québec-Sud; M. André-Côme Lemay, conseiller
technique à la fédération de l'UPA; M. Hugues Belzile et
M. Jules Carpentier, président de la fédération.
Avant de passer à la lecture du mémoire qui va être
fait par le secrétaire, on demanderait la permission de déposer
les principales recommandations qu'on a faites, que le secrétaire de la
commission a en main. Avec votre permission, il va vous les distribuer tout de
suite. On a oublié de vous les donner avant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Ce n'est pas un dépôt, au sens du règlement, mais
une distribution aux membres.
M. Carpentier: Je vais laisser la parole au secrétaire, M.
Hugues Belzile.
M. Belzile (Hugues): M. le Président, M. le ministre des
Terres et Forêts, MM. les membres de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts.
La Fédération des producteurs de bois du Québec est
heureuse de répondre à l'invitation que lui a faite le ministre
des Terres et Forêts de participer à la présente commission
parlementaire sur les perspectives d'avenir de l'industrie des pâtes et
papiers au Québec.
Nous sommes très intéressés à apporter notre
contribution, si modeste soit-elle, à l'examen d'un dossier dont
l'importance pour l'économie du Québec est fondamentale. Si nos
informations sont exactes, l'industrie des pâtes et papiers au
Québec produit pour près de $2,5 milliards chaque année et
emploie quelque 27 000 personnes.
Ce dossier est également fort important pour le secteur de la
forêt privée que nous représentons. Qu'il nous suffise de
mentionner que l'industrie des pâtes et papiers du Québec est
actuellement alimentée à 20% de ses besoins par la forêt
privée. La valeur des ventes à l'usine atteint les $80 millions
annuellement dont $20 millions sont affectés au transport de ce bois.
Plus de 20 000 propriétaires de boisés vendent annuellement ce
volume de bois.
La démarche que vous complétez par cette commission
parlementaire revêt pour la collectivité une importance
exceptionnelle, étant donné les implications économiques
et sociales négatives de la mauvaise situation dans laquelle se trouve
actuellement l'industrie des pâtes et papiers au Québec. Le
ralentissement des opérations de certaines usines, faute de
marchés, la fermeture de certaines autres usines, récemment, et
la menace de certaines autres fermetures à plus ou moins brève
échéance illustrent de façon brutale les
difficultés de cette industrie et justifient nettement une intervention
vigoureuse de l'État.
Nous avons examiné la déclaration ministérielle du
ministre des Terres et Forêts, M. Bérubé, faite le 28 juin
1977. Nous estimons qu'elle touche les points essentiels de ce dossier en
abordant successivement les thèmes de la récolte des bois, de la
transformation de ces bois, de la mise en marché des produits, de la
recherche et du développement, de la main-d'oeuvre et des impacts sur la
société. En développant ces thèmes efficacement, il
sera possible, à notre avis, d'établir les causes des
difficultés actuellement rencontrées par l'industrie des
pâtes et papiers et surtout de définir les solutions à
être élaborées et appliquées pour relancer cette
industrie si importante pour la santé économique de la
collectivité québécoise.
Nous n'avons pas la prétention de pouvoir traiter de façon
exhaustive chacun des thèmes identifiés par le ministre.
Toutefois, nous tâcherons de définir le plus clairement possible
le rôle qu'un groupe comme le nôtre peut jouer dans ce vaste projet
de modernisation des usines de pâtes et papiers au Québec sous
quatre aspects principaux, à savoir:
Premièrement, l'approvisionnement des usines et l'utilisation de
la matière ligneuse disponible.
Deuxièmement, la localisation de futures usines.
Troisièmement, une nouvelle structure pour assurer la gestion de
nouvelles usines ou d'usines existantes à être reconverties.
Quatrièmement, la recherche de nouveaux marchés.
Utilisation de la matière ligneuse disponible et
approvisionnement des usines.
Il ne fait aucun doute, quant à nous, que le Québec
dispose des ressources forestières nécessaires pour se maintenir
à un rang enviable comme producteur de pâtes et papiers dans le
monde. Cependant, pour s'assurer une telle place dans l'avenir, il faudra non
seulement que son industrie des pâtes et papiers redevienne
concurrentielle, mais aussi qu'elle s'assure de le demeurer pour les prochaines
années. Parmi les facteurs qui sont susceptibles de contribuer à
une telle relance, il faut noter la disponibilité d'une matière
première abondante, d'une bonne qualité facilement accessible et,
aussi, l'urgence de diversifier la production afin d'utiliser toutes les
essences disponibles et s'assurer de nouveaux marchés.
À cet égard, la forêt privée peut jouer un
rôle fort important. Comme nous l'avons noté plus haut, cette
forêt assure présentement 20% de l'approvisionnement des usines de
pâtes et papiers alors qu'elle n'occupe que 10% de la superficie
forestière totale du Québec. Le tableau I illustre ce que nous
venons d'indiquer.
Cette proportion de l'approvisionnement pourra augmenter
substantiellement dans la mesure où les programmes de mise en valeur
entrepris il y a maintenant six ans seront appliqués à toute
cette forêt. D'un taux de productivité de 0,18 corde/acre, les
travaux de mise en valeur feraient passer ce taux à 0,60 corde/acre
selon des études réalisées à ce sujet par le MTF.
Sans compter que les traitements sylvicoles ainsi appliqués contribuent,
selon les experts, à produire une matière ligneuse de meilleure
qualité.
En attendant les résultats de ces programmes, la forêt
privée dispose quand même d'un volume de bois qu'elle peut
produire tout en respectant les possibilités de production. Ce volume de
bois pourrait être beaucoup plus important que celui qui est vendu
présentement puisque les bois d'essences feuillues ne sont
utilisés qu'à environ 40% de la capacité de production de
cette forêt et encore, une partie de ce volume est utilisée au
déroulage, au sciage et pour fabriquer des panneaux particules. Il nous
semble que, dans la présente recherche, il faut nécessairement
tâcher de développer un réseau d'industries de pâtes
et papiers capables d'utiliser les bois d'essences feuillues dans une
proportion largement plus importante que maintenant. Selon le ministère
des Terres et Forêts, la forêt privée du Québec peut
produire un volume de bois égal à 52% d'essences feuillues et 48%
d'essences résineuses.
Bois disponible et bois utilisé sur la forêt privée.
Vous avez des chiffres au tableau II, où l'on donne l'essentiel de ce
que je viens d'indiquer, à savoir que la possibilité annuelle de
coupe des fo- rêts des résineux est actuellement exploitée
alors qu'au niveau des feuillus c'est seulement 40%.
Or, il est pratiquement impossible d'imaginer une réorganisation
de la transformation du bois au Québec sans compter sur
l'approvisionnement en matière première en provenance de la
forêt privée. Cette forêt est située au sud du
Québec et occupe les terrains les plus productifs. Elle est
localisée dans les régions habitées où une
population d'ouvriers forestiers qualifiés y vit et est disponible pour
effectuer l'exploitation de ces forêts. Une excellente infrastructure est
en place; routes, lignes électriques, communautés bien
organisées, services divers, etc. Finalement, malgré que la
localisation des usines existantes pourrait être nettement meilleure, il
faut préciser que, maintenant, la forêt privée est
relativement mieux située par rapport à l'ensemble des usines de
transformation que ne l'est la forêt publique. Cependant, dans
l'éventualité de la construction de nouvelles usines, des
facteurs de localisation de nature différente devront être pris en
considération, ce que nous verrons plus loin.
Sans vouloir plaider la cause de l'industrie des pâtes et papiers,
il nous semble que la perspective d'obtenir son approvisionnement dans un
territoire plus rapproché de ses installations l'aiderait grandement
à maintenir sa position concurrentielle puisque les frais encourus pour
exploiter les forêts, dans des territoires très
éloignés et à faible rendement, la difficulté de
plus en plus grande de trouver des ouvriers forestiers disposés à
s'isoler assez longuement de leur milieu de vie normal, même si l'emploi
offert peut présenter des avantages pécuniaires
appréciables, la construction de chemins forestiers et de camps, les
distances de plus en plus considérables à parcourir seraient
fortement réduits. Il lui faudra donc, pour y arriver, diversifier sa
production pour utiliser toutes les essences de bois disponibles sur cette
forêt.
Localisation des usines. Nous sommes conscients qu'il existe une foule
de causes pour lesquelles l'industrie des pâtes et papiers est soumise
depuis quelques années à des difficultés. Ces
difficultés, selon toute indication, découlent fondamentalement
de l'incapacité de cette industrie à demeurer concurrentielle sur
les marchés mondiaux. Cette incapacité a de quoi inquiéter
si l'on songe au fait qu'il existe par ailleurs une série de raisons
pour lesquelles cette industrie devrait être en santé au
Québec et ne pas avoir à subir la concurrence d'autres
producteurs mondiaux. Parmi ces raisons, notons l'existence d'une
matière première en quantité et en qualité et cela
depuis plusieurs années, la disponibilité d'eau et
d'énergie en quantité suffisante et une abondance de
main-d'oeuvre ayant les connaissances techniques appropriées pour faire
fonctionner et administrer ces industries.
Il semble donc qu'il existe des facteurs suffisamment négatifs
pour que l'industrie des pâtes et papiers se retrouve dans l'état
où elle se trouve présentement. Sans toucher tous ces facteurs
négatifs dans toute leur ampleur, il en est qui sautent naturellement
aux yeux des personnes modéré-
ment averties. Parmi eux, il faut noter la désuétude de
l'équipement, qui provoque sûrement des pertes
considérables dans le rendement soit en tonnes par heure de travail,
soit en volume de bois pour fabriquer une tonne de pâte et papier. Ces
mêmes équipements désuets font également qu'un
certain volume d'énergie est insuffisamment utilisé ou se perd.
On devine aisément les conséquences négatives de
l'utilisation de tels équipements, compte tenu du coût de plus en
plus élevé de cet élément entrant dans le
coût de production d'une tonne de pâte et papier.
En tout cas, il s'agit là d'un sujet qui pourrait occuper les
spécialistes de ces questions pendant quelque temps. Leurs
considérations et conclusions pourraient jeter un éclairage
intéressant dans la recherche entreprise par le ministère des
Terres et Forêts de revitaliser l'industrie concernée.
Cependant, il est un facteur que nous considérons fort
négatif et non négligeable. Il s'agit de la mauvaise localisation
de l'industrie. Si cette industrie a été construite il y a
quelques dizaines d'années où elle se trouve présentement,
sans doute que cela répondait alors aux impératifs d'une
meilleure productivité. Il faut noter, d'ailleurs, que la plupart de ces
usines étaient construites en bordure de cours d'eau importants
où le flottage du bois coupé dans les bassins de ces cours d'eau
était le seul moyen de transport utilisable à l'époque. En
plus, la localisation de ces usines tenait compte de l'existence d'une ligne de
chemin de fer pour transporter le produit fini et différentes
matières destinées à faire fonctionner les usines.
Il ne s'agit pas pour nous de reprocher à l'industrie de
s'être localisée à ces endroits, même si, pour la
forêt privée, cette localisation ait rarement été
avantageuse à cause des distances considérables de transport que
le bois de ces forêts devait et doit encore parcourir avant d'atteindre
les usines de transformation, d'où des coûts très
élevés. On rappelle qu'environ 25% de la valeur du bois rendu
à l'usine est consacrée pour le transport de ce bois, diminuant
ainsi le prix de revient au producteur du bois qu'il a vendu aux usines
éloignées.
Toutefois, dans la perspective de la construction de nouvelles usines de
pâtes et papiers au Québec, les critères de localisation
seront forcément différents dans l'ensemble à ceux qui
avaient été retenus il y a plusieurs années. Les exigences
sur le respect de l'environnement visent, éventuellement, à
empêcher le flottage du bois. Avec des équipements maintenant plus
perfectionnés, le transport sur les moyennes et même les longues
distances s'effectue de plus en plus par camion. Si bien que l'un des
critères de localisation qui nous semble plus important aujourd'hui est
l'accessibilité à une matière première disponible
en volume suffisant pour l'approvisionnement de l'usine dans un rayon le plus
restreint possible de l'usine. Ce critère doit, cependant, être
conjugué avec celui de la disponibilité d'une main-d'oeuvre
qualifiée pour faire fonctionner l'usine projetée et quelques
autres facteurs essentiels tels que l'existence de l'énergie, de l'eau,
etc.
Une nouvelle gestion: Nous l'avons noté au début de notre
mémoire, notre objectif ne vise pas à faire le procès de
qui que ce soit en participant à cette commission parlementaire.
Cependant, nous nous devons de nous interroger sérieusement sur la
valeur de la gestion de l'industrie des pâtes et papiers jusqu'à
maintenant, compte tenu de l'état actuel de cette industrie.
Expliquer les problèmes identifiés uniquement en
considérant le coût de la matière première, ou
encore le faible rendement des ouvriers de l'usine dans la fabrication d'une
tonne de pâtes et papiers constituerait, à notre avis, une analyse
incomplète, voire simpliste d'une situation beaucoup plus complexe.
Quelles que soient les raisons invoquées pour expliquer la situation des
pâtes et papiers et elles sont sans doute nombreuses et, dans
certains cas, incontrôlables nous ne pouvons qu'exiger de
l'industrie et de ceux qui l'administrent toutes les raisons pour lesquelles
elle n'est pas concurrentielle.
La vétusté et la désuétude de
l'équipement dans plusieurs usines, au point où la seule option
considérée valable, dans la seule perspective d'épargner
le plus d'argent possible, est la fermeture pure et simple de ces usines; le
faible taux de rendement dans la production d'une tonne de pâtes et
papiers par tonne de matière première et par heure-homme, lequel
taux est en grande partie relié à la qualité de
l'équipement; le peu de diversification réalisée dans la
production forestière, alors que les concurrents d'autres pays s'en sont
préoccupés; ce sont là des réalités qui,
à notre avis, constituent des indications sérieuses sur la
qualité de la gestion de cette industrie.
Par ailleurs, il est pour le moins discutable que l'État ait
toujours été, jusqu'à tout récemment, absent de la
gestion de l'industrie des pâtes et papiers. En effet, étant le
principal fournisseur de la matière première, puisque les
forêts publiques fournissent 80% de l'alimentation des usines de
pâtes et papiers, soit sous forme de billes provenant des concessions
forestières exploitées par l'industrie, soit sous forme de
copeaux provenant des usines de sciage alimentées elles aussi en grande
partie par la forêt publique, il eût été normal qu'il
participe à la gestion de cette industrie, directement ou par le
truchement d'une société paragouvernementale.
De toute façon, pour l'avenir, nous souhaitons que cette
présence de l'État s'accentue, sans qu'il soit nécessaire
pour cela de remplacer l'industrie actuelle là où elle voudra
jouer pleinement son rôle à l'intérieur de normes plus
rigides afin d'éviter une situation comme celle que nous vivons
présentement dans cette industrie, et cela, pour le
bénéfice de la collectivité.
Il serait également approprié que les fournisseurs de
matière première et les ouvriers des usines, par le biais de
leurs organismes représentatifs, soient associés à la
gestion de cette industrie. Ils seraient ainsi mieux en mesure d'assumer en
pleine connaissance de cause leur rôle respectif,
quand il s'agit, par exemple, de qualité du bois dans la
fabrication d'une tonne de pâtes et papiers et de
productivité.
Le secteur coopératif occupe une place très importante
dans l'économie du Québec et opère déjà dans
plusieurs secteurs.
Pourquoi ne serait-il pas invité à pénétrer
dans le secteur des pâtes et papiers en étant l'instigateur
principal de projets d'usines de transformation?
Finalement, pourquoi ne pas impliquer la population du milieu où
se construit une nouvelle usine? Cela pourrait se faire directement ou par
l'entremise des organismes socio-économiques de ce milieu.
La recherche de nouveaux marchés. Au Québec, actuellement,
60% de toute la production des pâtes et papiers consiste en du papier
journal et cette proportion atteint 75% quand il s'agit de la valeur en argent
de cette production. Le reste de la production consiste essentiellement en du
carton, papier d'emballage et pâtes commerciales. Cette industrie est
donc largement dominée par le secteur du papier journal et cela depuis
toujours. L'industrie en cause nous dira sans doute qu'elle n'a fait que
répondre aux besoins des marchés et elle aura probablement
raison. Cependant, il nous semble qu'une industrie de cette envergure et
disposant de moyens considérables aurait dû travailler bien avant
aujourd'hui à développer de nouveaux marchés et même
à infléchir celui du papier journal dans le sens de pouvoir
utiliser dans sa fabrication une certaine proportion de bois d'essences
feuillues largement disponibles et accessibles au Québec.
La plupart des usines qui fabriquent du papier journal
présentement au Québec sont des installations vieilles de
plusieurs années fonctionnant dans plusieurs cas avec un
équipement désuet. Non seulement cette industrie a
négligé de diversifier sa production, mais elle a omis de
maintenir dans un état acceptable ses équipements pour fabriquer
le papier journal au point où elle est devenue non concurrentielle.
Comment une industrie d'une telle envergure, ayant dominé aussi
librement l'économie forestière québécoise, tant au
niveau de la production de la matière ligneuse qu'à celui de sa
transformation depuis plusieurs dizaines d'années, peut-elle aussi
facilement se défiler devant ses responsabilités en fermant
unilatéralement des usines dont elle n'a pas su en moderniser
l'équipement durant les années de vaches grasses?
Il nous apparaît donc que la recherche de nouveaux marchés
et leur diversification nettement fait défaut au Québec
jusqu'à maintenant. Toutefois, la responsabilité de cet
état de fait ne peut en être imputée uniquement à
l'industrie dont l'objectif essentiel est de faire de l'argent ou de faire
fructifier un capital.
La démission ou l'absence de l'État et de groupes
organisés intéressés par l'économie
forestière dans l'exploitation et l'utilisation de la forêt
doivent porter aussi une partie de cette responsabilité. Si
l'État ne demeure qu'un observateur passif dans le secteur de la
recherche de nouveaux marchés, il nous semble nettement que le concept
d'une utilisation optimale des bois que la forêt québécoise
est en mesure de produire ne pourra se traduire par des réalisations
concrètes.
Nous avons l'impression qu'actuellement il se fait beaucoup de
recherches, mais elles nous semblent être faites de façon trop
diffuse et incohérente. L'industrie forestière fait des
recherches. Les universités en font. Les gouvernements
fédéral et provincial en font. Certains corps
intermédiaires en font.
À notre avis, si nous parvenions à mettre en commun tous
ces efforts et ces ressourcea et qu'elles soient orientées vers des
priorités bien définies de façon à être
à la fine pointe de la réalité de pâtes et papiers
à l'échelle mondiale, il y aurait des chances que cette industrie
redevienne un pilier économique puissant au Québec.
Il y a également, si vous permettez, les recommandations que je
pourrais vous lire immédiatement. Une première recommandation
d'ordre très général. On recommande au gouvernement du
Québec de constituer comme priorité, pour assurer la relance
économique du Québec, la modernisation de l'industrie des
pâtes et papiers dont l'importance est primordiale maintenant et pour
l'avenir.
Deuxièmement, on recommande d'utiliser pleinement la forêt
privée disponible et exploitée selon sa capacité de
production, d'une part en garantissant par un mécanisme légal
approprié des plans d'allocation un marché pour cette forêt
qui demeure généralement la mieux située. À titre
d'exemple, si vous me permettez de sortir un peu du texte: Cette année
une compagnie importante qui achète notre bois décide au mois de
juillet de couper ses contrats de 40% unilatéralement; un avis, on coupe
de 40% et vogue la galère. Elle a dû trouver un approvisionnement
quelque part ailleurs et pour nous le concurrent, dans ce cas, demeure le
ministère des Terres et Forêts puisque, d'une part, il a les
concessions forestières et, d'autre part, il accorde des permis de coupe
à des producteurs de bois de sciage qui eux font des copeaux en
quantité importante.
Deuxièmement, en appliquant un contrôle
sévère et régulier sur la production et la vente des
copeaux des usines de sciage aux usines de pâtes et papiers afin qu'elles
ne viennent pas perturber le marché pour le bois provenant de la
forêt privée.
Troisièmement, en protégeant, par ordonnance,
décret, législation, le producteur de bois privé sur
l'interprétation unilatérale que font les acheteurs des normes
portant sur la qualité du bois devant leur être livré.
Depuis quelques semaines certaines industries de pâtes et papiers
refusent des charges de bois soi-disant parce qu'il est trop vieux. Un cas
particulier: La semaine dernière il y a eu un voyage de refusé
pour du bois coupé en mars 1977. On pense que cela sent le Moyen Age
à plein nez.
Troisièmement, intensifier les programmes de mise en valeur de la
forêt rurale de façon à disposer d'un volume de bois de
plus en plus important
dans les territoires les plus accessibles et les plus productifs et
à utiliser une main-d'oeuvre disponible et qualifiée pour
réaliser les travaux.
Quatrièmement, dans la perspective de la construction de
nouvelles usines, s'assurer que la localisation sera réalisée
surtout en fonction du critère de la proximité de la
matière première à cause des coûts de transport qui
pour la forêt privée atteignent présentement environ 25% de
la valeur du bois rendu à l'usine.
Cinquièmement, obliger l'industrie des pâtes et papiers
à expliquer très clairement à l'État sa situation
actuelle et ses perspectives à court et à long terme dans ce
secteur puisqu'elle transforme une ressource naturelle qui appartient à
la collectivité et qu'à ce titre elle doit être
transparente dans son administration.
Sixièmement, dans la mesure où l'industrie actuelle
continuera d'opérer dans ce secteur, l'État devra exiger qu'elle
s'engage à maintenir son équipement dans un état où
les rendements lui permettront d'être continuellement concurrentielle et
d'éviter à l'avenir des situations telles que celles dont le
Québec écope actuellement.
Septièmement, l'État devra être désormais
présent dans les projets d'industrialisation où une ressource
naturelle comme la forêt est impliquée afin de prévenir des
crises comme celle qui est actuellement vécue et de s'assurer que cette
ressource sera utilisée pour le bénéfice de la
collectivité. À cet effet, une équipe capable d'assurer
l'expertise appropriée devrait être constituée et
disponible au ministère des Terres et Forêts.
Huitièmement, l'État devra créer les conditions
selon lesquelles les groupes impliqués dans le fonctionnement d'une
usine de pâtes et papiers (travailleurs d'usine et fournisseurs de
matière première, par exemple) soient associés à la
gestion de ladite usine. À cet égard, l'État, par ses
moyens financiers et techniques, pourrait intervenir fortement dans le
démarrage d'un projet quitte à se retirer graduellement au fur et
à mesure que l'usine fonctionnera normalement.
Neuvièmement, réaliser une recherche approfondie, efficace
et régulière sous la direction du MTF pour trouver des moyens
d'utiliser tous les bois disponibles et de multiplier les marchés
utilisant les produits du bois, afin de ne pas demeurer tributaire d'une
production trop importante comme c'est le cas présentement au
Québec avec le papier journal.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
merci beaucoup, M. Belzile. Avant de céder la parole au
député de Matapédia, j'aimerais informer M. Gontran, que
son portefeuille a été retrouvé dans la salle. Ici, en
arrière, un agent de sécurité l'a en sa possession. Je
cède la parole au député de Matapédia.
M. Marquis: Merci, M. le Président. Les questions
s'adressent, j'imagine, à M. Carpentier qui est le président de
la fédération. Alors, M. Carpentier, je voudrais d'abord au nom
du ministre des Terres et Forêts et de mes collègues du gouver-
nement, vous remercier de votre présence aujourd'hui à cette
commission parlementaire dans le but de nous faire connaître votre
position sur les problèmes rencontrés par l'industrie des
pâtes et papiers au Québec. Votre présence se justifie par
le fait que les boisés privés, en fait, fournissent 20% de la
matière première nécessaire au bon fonctionnement des
usines de pâtes et papiers au Québec.
Je vais me limiter à quelques questions seulement pour donner
l'exemple, étant donné que l'Opposition va avoir beaucoup de
questions à vous poser et, également, j'ai l'impression que mes
collègues se sont déjà inscrits en bon nombre sur la liste
des intervenants.
Alors, je vais aller, d'abord, au tout début, aux pages 3 et 4 de
votre mémoire, pour vous interroger. Votre fédération
mentionne qu'elle veut définir le plus clairement possible, le
rôle qu'elle peut jouer dans le projet de modernisation des usines et,
pour ce faire, vous effleurez les quatre principaux aspects qu'il y avait dans
la déclaration ministérielle. Ces aspects, c'est
l'approvisionnement des usines et l'utilisation de la matière ligneuse,
la localisation des futures usines, une nouvelle structure pour assurer la
gestion de nouvelles usines et celles à être reconverties, et,
enfin, la recherche de nouveaux marchés. Cependant, quand on examine en
profondeur votre mémoire, il est difficile, pourrait-on dire, de
retrouver dans le texte, vraiment, des indications du rôle que vous
entendez jouer comme organisme, comme fédération des producteurs
de bois. Évidemment, vous parlez des problèmes, vous
étalez les problèmes comme d'autres groupes l'ont fait. Vous
parlez beaucoup de l'intervention de l'État.
Pourriez-vous, brièvement, en prenant chacun de ces quatre
aspects, nous dire quel est le rôle particulier que votre organisme,
comme producteur de bois, entend faire pour aider à la modernisation des
usines, sur les différents points mentionnés?
M. Carpentier: Je ne répondrai pas à tout, je vais
en laisser pour mes collègues, mais, pour répondre à la
première question, à savoir ce qu'on fait pour la participation;
on sait que la Fédération des producteurs de bois est
formée de tous les syndicats et offices de la province. C'est
l'interlocuteur des syndicats et offices de producteurs de bois. Quant à
la participation qui se fait, je pense que vous en avez le plus bel exemple
dans votre comté où, pour un projet d'usine, les syndicats de
producteurs de bois ont mis un gros montant. Cela est pour la participation,
avec la collaboration de la fédération, qui participe aussi. Je
pense qu'à l'heure actuelle, le syndicat du Bas-Saint-Laurent a
déjà un montant de $20 000 ou $25 000 pour faire une étude
quant à l'implantation de nouvelles usines, et la population est
prête à embarquer elle aussi ainsi que tous les organismes sociaux
et économiques de la région. Je ne sais pas si cela répond
à votre question pour cette partie.
M. Belzile: Le deuxième aspect, je l'aborderais
peut-être globalement. Pour situer l'organisme qu'est la
fédération, dans un projet comme cela, il est évident
qu'on ne venait pas aujourd'hui vous annoncer que la fédération
allait investir $100 millions, c'est très clair, c'est un organisme
à caractère syndical, strictement syndical, qui défend un
groupe de producteurs qui interviennent dans l'alimentation des usines.
Au départ, on s'est interrogé à savoir si on devait
vraiment venir ici, mais, étant donné l'invitation du ministre,
on s'est interrogé à savoir quel type de contribution on pourrait
apporter. Quand on parle de la modernisation des usines, il faut penser que
l'un des facteurs importants, c'est l'alimentation. Il faut que vous partiez de
l'alimentation et, à ce niveau, on vous le dit dans le texte, on
constitue 20% de l'approvisionnement et, avec les programmes de mise en valeur
qui sont actuellement réalisés conjointement avec le
ministère des Terres et Forêts, et si les experts sont corrects
dans leurs calculs, cela veut dire que l'on triple la production dans quelques
années dans ce qu'on appelle les régions habitées,
où une infrastructure existe, il n'y a pas de route à construire.
Je pense qu'hier justement un intervenant mentionnait une erreur qui a
peut-être été faite par une industrie de construire une
usine en plein milieu de la forêt; elle est obligée de construire
une ville en même temps. C'est de moins en moins la formule de
demain.
Notre intervention est vraiment, au niveau de l'approvisionnement
d'abord, de travailler à garantir un approvisionnement régulier
et de meilleure qualité. Cela est vraiment le type d'intervention. Plus
que cela, comme le président, M. Carpentier, vient de le mentionner,
comme organisme socio-économique de chacun des milieux, c'est vraiment
là que va s'effectuer la participation concrète des producteurs,
c'est vraiment par le truchement des syndicats régionaux qui comme
d'autres organismes du milieu, doivent constituer des groupes d'abord de
pression, mais également de réalisation, lancer des projets,
parce qu'on n'est pas convaincu chez nous que l'avenir de l'industrie des
pâtes et papiers se situe dans les très grands complexes. On a en
tout cas l'impression qu'il y a un seuil quelque part qui fait qu'une industrie
d'un certain calibre peut répondre à ce qu'on appelle la
modernisation de l'industrie. C'est à ce niveau qu'on vient se
présenter devant la commission parlementaire. Encore là, on n'est
pas des candidats à des investissements considérables, ce n'est
pas notre rôle, et quand on dit que l'État doit le faire, eh bien
oui, c'est également notre rôle de signaler à l'État
ce qu'on croit être les inquiétudes du groupe qu'on
représente. C'est dans ce sens que notre participation doit être
envisagée.
M. Marquis: Cela va. À la page 6 de votre mémoire,
vous mentionnez que la forêt privée dispose d'un volume de bois
qu'elle peut produire tout en respectant la possibilité annuelle. Est-ce
que cette possibilité ne serait pas dépassée pour le
résineux, surtout les années où le marché est bon,
ou est-ce qu'on n'a pas eu des problèmes au cours des dernières
années?
M. Belzile: Le tableau de la page 7 répond en partie
à votre question sur la possibilité annuelle et le volume
coupé annuellement. Ce sont les chiffres dont nous disposons. Il est
évident qu'au cours de certaines années je prends
l'exemple de 1974 si je ne m'abuse, avant une année de
très grande demande, la forêt privée a été
exploitée.
Si on prenait les chiffres des inventaires fournis par le
ministère des Terres et Forêts, il y a eu une surproduction par
rapport à la capacité dans le domaine des résineux. Mais,
si on regarde sur à peu près une dizaine d'années, on a
l'impression qu'on entre dans la possibilité de production
peut-être que M. Lemay pourra compléter et, quand on parle
de possibilité de production, on parle bien de possibilité de
coupe sylvicole. Je pense que le jargon, c'est le rendement soutenu. Tu fais
une récolte et tu augmentes en même temps la capacité de
production de ton voisin.
M. Lemay (André-Côme): Cela, c'est à partir
de cet inventaire-là...
M. Belzile: En tout cas, on est à peu près dans les
limites de la capacité de production. On en est conscient au niveau des
résineux. On fait également des efforts pour demeurer à ce
niveau parce qu'on est très intéressé à la
pérennité de cette forêt. Là où on attache
les grelots si sérieusement, c'est au niveau des feuillus. Je pense que
c'est un problème majeur et c'est encore une des raisons pour lesquelles
on s'est présenté devant vous, pour dramatiser davantage cette
situation au niveau de la forêt privée.
M. Marquis: Concernant, justement, les feuillus;
évidemment, vous mentionnez, je pense que vous faites appel à des
techniques éventuelles dans les usines de pâtes et papiers qui
utiliseraient davantage de feuillus. C'est à cela que vous pensez
réellement? Je vais poser peut-être une question avant. Est-ce que
vous avez l'impression qu'à l'heure actuelle, l'industrie des
pâtes et papiers utilise suffisamment ou autant qu'elle le pourrait les
feuillus dans sa production?
M. Belzile: Là, c'est vraiment une réponse de
profane. C'est qu'on pense, parce qu'on n'a pas... Vous vous imaginez comment
il peut être difficile de connaître toutes les conditions de
fonctionnement d'une industrie quand l'État, avec ses moyens, ne
parvient pas à connaître vraiment le portrait réel d'une
industrie. Imaginez-vous, une petite organisation comme la nôtre! Mais,
de toute façon, on pense sincèrement qu'il y a eu
négligence dans la recherche. On ne dit pas qu'aujourd'hui les usines
existantes pourraient, du jour au lendemain, introduire des feuillus dans la
production de leur papier journal, parce que la concurrence est là et il
y a une habitude de consommation qui est là.
Ce qu'on dit dans le texte, c'est qu'il nous semble que l'industrie ait
négligé cet aspect. Il y avait une demande de papier journal
assez importante, je pense bien, si on se reporte au passé. Il y a eu
des usines de construites pour fabriquer ce papier journal. Ces usines
disposaient d'un volume de bois disponible de très bonne qualité
qui était des volumes de résineux. Pour nous, ces gens ne se sont
pas préoccupés, justement, de faire des recherches pour utiliser
toutes les essences. Ce qu'on dit, au fond, c'est qu'il y a des
démonstrations du contraire et on estime, en tout cas, maintenant, que
l'État du Québec a suffisamment de moyens pour étudier ces
questions puisque l'industrie a négligé de le faire.
M. Marquis: Très bien.
M. Belzile: En tout cas, on pense, on aurait vraiment
espéré que l'industrie fasse des recherches pour infléchir
le marché, pour peut-être avoir un papier journal de nature un peu
différente qui aurait respecté également les goûts
du marché, mais, dans la situation actuelle, on comprend qu'elle subisse
la concurrence d'industries qui, elles, ont modernisé et ont
accaparé un marché avec une certaine qualité de
papier.
M. Marquis: Une dernière question très courte. Le
coût du bois provenant de la forêt privée par rapport
à celui de la forêt publique, est-ce que cela peut être une
raison pour laquelle vous avez eu des difficultés à vendre votre
bois dernièrement?
M. Belzile: Cela ne peut pas être une raison, M. le
député, parce que, jusqu'à maintenant, on avait des
problèmes à faire admettre à l'industrie que notre bois
coûtait moins cher, mais là, elle nous le dit sans qu'on le lui
demande. Le vice-président d'une compagnie, au cours de
l'été, a dit tout bonnement que le bois de la forêt
privée coûte moins cher. Alors, on n'a même plus besoin de
tordre le bras à ces gens pour le leur faire admettre. Ils le disent
candidement.
Deuxièmement, c'est qu'on répète, on en profite, on
a déjà demandé au ministère des Terres et
Forêts de réaliser une étude comparative des coûts du
bois provenant de la forêt publique et ceux provenant de la forêt
privée. On est toujours intéressé à avoir le
résultat de cette étude-là. On sait qu'il y a eu du
travail de fait dans ce genre, mais on est convaincu que le bois de la
forêt privée, globalement, est encore la matière
première qui est la moins dispendieuse pour l'industrie.
M. Marquis: Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Messieurs les
représentants de la fédération, M. Belzile, M.
Car-pentier; je le salue particulièrement parce que M. Carpentier est
aussi maire d'une municipalité de mon comté. M. le
Président, nous avons commencé l'audition de la
fédération, de l'office, à 5 h 5.
On peut donc en conclure que nous aurons l'occasion de convoquer
à nouveau nos distingués représentants de cet
après-midi, peut-être une autre journée, pour pouvoir
terminer le délai de deux heures qui est alloué à chacun
des organismes qui intervient devant cette commission, dans le cadre des
travaux de la commission des richesses naturelles et des terres et
forêts.
L'Opposition officielle, M. le Président, a étudié
avec beaucoup d'attention le mémoire qui nous a été
présenté cet après-midi. Nous avons, nous aussi,
travaillé en collégialité sur votre dossier particulier.
C'est l'honorable député de Montmagny-L'Islet, M. Giasson, qui a
eu l'occasion de l'analyser longuement et qui aura l'opportunité de
soulever différentes questions.
M. le Président, je joins à mon intervention mon
privilège de député, en tant que membre de cette
commission. Les membres de cette commission viennent de recevoir un
télégramme qui leur a été adressé cet
après-midi. Je ne sais pas si d'autres membres de la commission l'ont
reçu, mais je l'ai reçu. Il s'agit d'un télégramme
envoyé par M. Fernand Daoust, secrétaire général de
la Fédération des travailleurs du Québec, lequel invoque
différents motifs que je pourrai vous citer si le besoin en est. Elle
demande à cette commission le droit d'être entendue demain, en
même temps que la compagnie Consolidated Bathurst, désireuse
qu'elle est de discuter avec les membres de cette commission du problème
spécifique et particulier de la fermeture de l'usine de la Consolidated
Bathurst, division Wayagamack, du Cap-de-la-Madeleine.
Motion pour faire entendre
les représentants du syndicat
de la Wayagamack
Dans le télégramme, il est clairement énoncé
que la Fédération des travailleurs du Québec pourra
être éventuellement entendue le 13 octobre, soit seulement deux
jours avant la fermeture de l'usine au Cap-de-la-Madeleine. Pour un tel motif,
particulièrement à cause du fait que la Consol aura l'occasion de
comparaître demain devant nous, ceux-ci nous ont fait parvenir un
télégramme. Sur la foi de ces différentes interventions et
compte tenu de l'importance du sujet qui avait déjà
été soulevé en Chambre, M. le Président, je fais
motion pour que cette commission des richesses naturelles et des terres et
forêts, pour les motifs invoqués dans un télégramme
envoyé à tous les membres de la commission par M. Fernand Daoust,
secrétaire général de la Fédération des
travailleurs du Québec, accepte d'entendre demain, jeudi, le 29
septembre 1977, les représentants de la Fédération des
travailleurs du Québec et du Syndicat des travailleurs du papier et des
travailleurs de la Wayagamack, au cours des travaux de la commission
prévue pour demain, jeudi, le 29 septembre 1977.
Je m'excuse auprès des honorables intervenants. Je
présume, de toute façon, que la motion sera acceptée, je
l'espère tout au moins. Je présume qu'elle sera acceptée
dans un délai très bref, que ce sera très limité au
chapitre des discussions et que nous pourrons revenir par la suite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant de
déclarer recevable ou irrecevable cette motion, j'aimerais quand
même informer les membres de cette commission que le président a
reçu, lui aussi, ce télégramme et que le
secrétariat des commissions parlementaires a fait parvenir une
réponse à ceux qui avaient envoyé ce
télégramme, réponse qui se lit comme suit: C'est
envoyé à Serge Lord, porte-parole du Syndicat canadien des
travailleurs du papier. Re: Commission parlementaire sur les pâtes et
papiers. Nous déplorons le fait que l'agenda que nous avons
établi pour la présentation des mémoires ne vous convienne
pas. Vous êtes malheureusement le seul organisme qui ne nous a pas encore
fait parvenir son mémoire, alors que la date limite est passée
depuis plusieurs semaines.
Il nous est ainsi physiquement impossible d'avancer la date de
présentation de votre mémoire, Nous vous rappelons que, lors
d'une conversation téléphonique entre le président du SCTP
et le cabinet du ministre, M. Bérubé, vous aviez assuré ce
dernier que votre mémoire nous serait adressé au plus tard le 23
septembre 1977. Nous l'attendons encore. "Signé: Jacques Pouliot,
secrétaire des commissions parlementaires".
Compte tenu des faits qui sont portés à votre attention,
en tout cas qui sont portés à l'attention de la
présidence, à savoir que l'une des conditions pour être
entendu est de présenter un mémoire, je déclare que cette
motion est actuellement irrecevable et prématurée puisque nous
n'avons pas encore de mémoire de cet intervenant.
M. Pagé: M. le Président, vous me permettrez quand
même...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement.
M. Pagé: ... de soumettre brièvement mes
allégués sur la recevabilité que vous devriez
donner...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non. M.
le député de Portneuf.
M. Pagé: ... ou encore, M. le Président, de
soulever une question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, je ne vous permettrai pas de plaider sur la
recevabilité, puisque je viens de dire que l'une des conditions
était de présenter un mémoire. Or, on m'informe qu'aucun
mémoire n'a été présenté. Je pense
qu'actuellement cette demande est caduque.
M. Pagé: M. le Président, sur une question de
règlement, vous me permettrez de porter à votre attention le fait
que le règlement de l'Assemblée nationale est très clair
sur les activités ou les pouvoirs d'une commission parlementaire. Le
principe qui guide la façon de régir les travaux d'une commission
transpire tout au long de notre règlement. Autant l'Assemblée
nationale peut être maîtresse de ses travaux, autant une commission
parlementaire est elle aussi maîtresse de ses travaux.
J'ai eu l'occasion de vous faire part de ma motion, que vous n'avez pas
reçue. Je vous fais mention de notre règlement qui prévoit
que, selon moi, bien respectueusement, une commission comme celle-ci peut, de
par sa décision, suite à une motion qui est
présentée, déterminer s'il y a possibilité, pour
les membres de ladite commission et pour la commission, de déroger
à un programme qui a été fixée. Et ce, toujours
pour le motif qu'une commission est maîtresse de ses travaux. Dans les
circonstances, et c'est un autre élément que j'ajoute, je
considère qu'avant que réponse soit donnée par le
secrétariat des commissions, la commission elle-même aurait
dû en être saisie. Car, à ce que je sache, M. le
Président, autant l'Assemblée est souveraine, autant, de par le
fait qu'elle est maîtresse de ses travaux, la commission parlementaire
est elle aussi souveraine dans ses décisions. Avec tout le respect que
je dois à ceux qui travaillent, qui collaborent aux travaux de cette
commission, ce n'est pas au secrétariat des commissions de prendre une
décision comme celle-là. Cette décision aurait dû
être rendue une fois que tous les membres de la commission en auraient
été informés. Je considère que c'est
particulièrement préjudiciable aux intérêts des gens
qui ont communiqué avec nous, d'une part. D'autre part, un
mémoire a effectivement été présenté, mais,
tel que j'en ai fait état tout à l'heure, c'est le 13 octobre que
ces gens-là devraient normalement être entendus. Je ne veux pas
revenir sur le fond du problème. On sait qu'il y a la date du 15 octobre
qui plane au-dessus de la tête de ces gens; compte tenu de l'urgence,
compte tenu de la situation, je pense qu'il est impérieux, quant
à moi, qu'il est tout à fait logique et normal, et cela s'inscrit
dans le cadre d'une saine démocratie, que les deux parties puissent
être entendues.
Je ne voudrais pas que sous le couvert, sous l'écran d'un certain
procédé administratif, le gouvernement se cache et dise: On ne
les entend pas, parce que le mémoire n'a pas été
présenté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît, j'aurais quand même un commentaire...
M. Pagé: M. le Président, je termine ma question de
règlement là-dessus. Je termine non pas par une motion, mais
strictement pour ces gens qui sont touchés par un problème et sa
solution dont dépend l'avenir économique de toute une
région. Si la commission, en plus de se faire hara-kiri ou presque en
disant: On ne prend pas de dé-
cisions là-dessus, ce sont les collaborateurs de la commission,
c'est-à-dire le secrétariat qui prend une décision,
j'aimerais au moins que le ministre nous donne ses commentaires.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, avant de céder la parole au ministre,
vous avez soulevé un point qui, je pense, doit être relevé
par la présidence. Effectivement, je suis l'un de ceux et je
pense que tout le monde est d'accord qui pensent et qui croient que la
commission est maîtresse dans ses travaux, qu'elle est souverainne et
qu'elle peut décider en supposant qu'un mémoire a
été présenté par une motion qui serait
adoptée, de modifier un ordre du jour et d'entendre tel organisme
plutôt que tel autre à une telle date déterminée.
Par contre, il y a également l'article 118a de nos règlements qui
stipule, en fait, les conditions pour la remise d'un mémoire au
secrétariat des commissions.
Je suis complètement d'accord avec vous lorsque vous affirmez que
la commission, si la motion avait été jugée recevable,
aurait pu décider d'entendre prioritairement demain l'intervenant en
question. Mais cette demande n'aurait été recevable que si un
mémoire avait été présenté.
À partir du moment où le président de la commission
est informé par qui de droit qu'aucun mémoire n'a
été présenté, donc que l'article 118a n'a pas
été respecté, à partir de ce moment, il n'y a aucun
mémoire, l'article 118a s'applique et l'ordre du jour doit être
respecté. Soyez assuré, en terminant, que si un mémoire
avait été présenté, si un mémoire
était actuellement en la possession du secrétariat des
commissions, j'aurais jugé cette motion recevable et la commission
aurait pu décider d'adopter cette motion et d'entendre prioritairement
cet intervenant, mais il n'y a aucun mémoire.
M. Grenier: M. le Président, vous me permettrez...
M. Pagé: M. le Président, vous me permettrez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît!
M. Giasson: Une directive, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, j'aimerais vous demander une
directive. Croyez-vous qu'il serait dans l'ordre que la présidence, dans
le contexte du débat que nous avons, nous fasse au moins connaître
la teneur de ce télégramme, pour savoir de quelle façon
ces gens se sont exprimés dans leur demande. J'aimerais également
connaître la teneur ou la formulation de la motion sur laquelle vous
venez de rendre un jugement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
M. le député de Montmagny-L'Islet, remar- quez bien que je
pourrais lire ce télégramme. En fait, c'est une demande
adressée à la commission pour être entendu le plus
tôt possible, étant donné la fermeture de l'usine qui est
prévue pour le 15 octobre...
M. Giasson: Est-ce qu'on pourrait savoir de quelle façon
c'est formulé, tout au moins?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En gros,
"la commission parlementaire sur les perspectives d'avenir de l'industrie des
pâtes et papiers, que jeudi, le 13 octobre, soit seulement deux jours
avant la fermeture de l'usine Wayagamack". Autrement dit, on se plaint
d'être entendu seulement le 13 octobre, alors que la fermeture est
prévue pour le 15 octobre, et donc on demande...
M. Pagé: Alors, il y a mémoire?
M. Giasson: II y a mémoire devant la commission, puisqu'on
avait prévu de les recevoir à telle date.
M. Pagé: Bien oui?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
il n'y a aucun mémoire de reçu de la part de l'intervenant en
question devant la commission, sauf qu'il semblerait d'après leur
télégramme qu'un mémoire serait présenté
d'ici le 13 octobre. Nous n'avons pas le mémoire en notre
possession.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il
m'apparaît important d'éclairer...
M. Giasson: M. le Président, si vous permettez, dans ma
demande de directive il y avait deux volets. La motion est
formulée...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je suis
disposé à lire cette motion même si elle a
été jugée irrecevable. "Que cette commission des richesses
naturelles et des terres et forêts, pour les motifs invoqués dans
un télégramme envoyé à tous les membres de la
commission par M. Fer-nand Daoust, secrétaire général de
la Fédération des travailleurs du Québec, accepte
d'entendre demain, le jeudi 29 septembre 1977, les représentants de la
FTQ et le Syndicat canadien des travailleurs du papier et des travailleurs de
la Wayagamack au cours des travaux de cette commission demain."
M. Grenier: M. le Président, une directive
également. Je vais vous rappeler ici, mais non pour intervenir contre la
décision que vous venez de rendre, qu'autour de cette table vous
n'étiez peut-être pas président à ce moment,
à une autre commission qui était la loi 101 j'étais
intervenu dans un débat où on avait demandé à
l'Union des conseils de comté du Québec de venir. Ils avaient un
mémoire qui n'était pas déposé, mais qui aurait pu
l'être en temps et lieu. Si ma mémoire est fidèle, je pense
qu'à ce moment le président a demandé à la
commission de se prononcer sur la re-
cevabilité de ce mémoire ou la possibilité de
l'entendre. La commission s'est prononcée contre.
Je pense que la directive qui était demandée par...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton, le président a
demandé aux membres de la commission de l'informer sur la
recevabilité, quitte à prendre une décision après,
mais il appartient toujours au président, après avoir entendu les
arguments sur la recevabilité ou l'irrecevabilité de prendre une
décision.
Remarquez que le président a la discrétion de faire
entendre les intervenants avant de prendre cette décision la jugeant
recevable ou non. Mais il peut à sa face même décider que
cette motion est recevable ou irrecevable, comme cela arrive dans la plupart
des cas.
Il est bien évident que la présidence doit respecter
l'article 118-A, qui n'a pas été fait par la présidence.
La présidence doit appliquer cet article. Mais la commission est
souveraine dans ses travaux. Je l'ai dit tout à l'heure et je le
répète, elle peut de façon unanime faire en sorte que le
règlement 118 ne s'applique pas. Mais le président doit appliquer
ce règlement.
Si tous les membres de la commission, de façon unanime, me disent
qu'ils sont prêts à faire échec à l'article 118,
à ce moment la commission, étant souveraine de ses travaux, peut
entendre n'importe qui, si tout le monde est d'accord. Il y a cependant une
objection.
Le Président doit appliquer l'article 118a. Il n'y a pas de
mémoire, et n'ayant pas de mémoire, il n'y a pas
d'intervenant.
M. Giasson: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Giasson: Je comprends fort bien l'argumentation que vous venez
d'énoncer. Vous faites allusion à l'article 118a. Dans le cas qui
nous concerne, je crois que nous assistons à un phénomène
en vertu duquel une compagnie papetière décide de fermer une
usine avec toutes les conséquences que cela entraîne. Or, dans un
tel cas, il m'apparaît qu'il y a une question d'urgence.
Toujours dans 118a, vous retrouvez le paragraphe 4 qui dit ceci: "Pour
des raisons d'urgence, l'Assemblée peut dispenser le secrétaire
de donner l'avis dans la Gazette officielle, elle peut modifier le délai
pour la présentation des mémoires et celui pour la convocation
des personnes qui veulent se faire entendre."
II reste, M. le Président, à véritablement
déterminer si les raisons invoquées par l'intervenant qui veut
comparaître plus tôt, sont une question d'urgence, découlant
d'une décision de fermer une usine et provoquer des mises à pied
d'au-delà de trois cents personnes; cette question peut-elle constituer,
en elle-même, une condition d'urgence qui pourrait permettre à la
commission d'appliquer l'exemption prévue au chapitre 4, article 118a de
notre règlement?
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'il
m'apparaît important sur cette question de règlement,
d'éclairer les membres de cette assemblée sur les tractations qui
ont amené la situation à laquelle nous sommes confrontés
en ce moment. D'une part, il faut souligner que nous sommes en
négociation depuis très longtemps avec la FTQ et les travailleurs
des pâtes et papiers quant à la présentation des
mémoires. Je n'ai pas terminé, M. le député de
Portneuf.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît! Je sais la question de règlement que vous voulez
soulever M. le député de Portneuf. M. le ministre, sur la
question de règlement, s'il vous plaît.
M. Bérubé: Présentement, le mémoire
devait nous être soumis le 23 de ce mois, ceci à la suite d'une
communication téléphonique lundi, le 19 septembre, et on nous
l'avait garanti pour le 23. Présentement, la FTQ vient de nous confirmer
par téléphone, il y a quelques minutes, qu'elle ne pourrait pas
présenter son mémoire avant le 4 octobre. Par conséquent,
il n'apparaît donc pas possible à la FTQ de véritablement
défendre un mémoire devant cette commission immédiatement
demain. Il est donc normal de reporter ledit mémoire à la date
qui a été prévue.
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, s'il vous plaît! Avant, M. le
député de Montmagny-L'Islet a soulevé un paragraphe fort
intéressant, qui est le paragraphe 4 de l'article 118a. J'estime
respectueusement que cet article ne s'applique pas dans les circonstances.
C'est plutôt le cas où l'Assemblée nationale dirait...
c'est ce qui arrive souvent, on voit les deux leaders parlementaires, ou les
trois, s'entendre pour dispenser ou pour remédier à des
défauts d'accomplissement de certaines formalités exigées
par le règlement.
Or, ce qui arrive souvent, et je l'ai vu même si je ne suis
là que depuis quelques mois, c'est que c'était à
l'Assemblée nationale qu'on pouvait dispenser de publication dans la
Gazette officielle. Alors, dans les circonstances, j'estime que l'article 118a
4 ne s'applique pas, mais je répète ce que j'ai dit tout à
l'heure, c'est que de façon unanime...
M. Pagé: M. le Président, vous savez, sur la
question de règlement, qu'en vertu de nos règlements la
commission parlementaire est la prolongation de l'Assemblée et qu'en
vertu de 118a 4, comme cela a été le cas dans l'exemple
cité par le député de Mégantic-Compton, à
plusieurs reprises des commissions parlementaires ont décidé
d'entendre des parties qui n'avaient pas déposé de
mémoire.
M. le Président, une lecture de la jurisprudence sur cette
question vous permettra de le constater. Si ma mémoire est
fidèle, c'était en mai 1976 avec la commission parlementaire qui
a siégé ici, au salon rouge. Le président avait même
demandé, à la fin des travaux, si des gens dans la salle
étaient intéressés à se faire entendre, ce qui
démontre que, sans nécessairement avoir déposé le
mémoire, un organisme peut comparaître, peut faire part de
considérations, de commentaires ou de recommandations à une
commission comme la nôtre. M. le Président, en vertu du
règlement, je demande le consentement unanime de cette commission pour
que la Fédération des travailleurs du Québec,
particulièrement le groupe de la division de la Wayagamack, qui
représente les travailleurs de la Wayagamack, puisse être entendue
demain.
M. Grenier: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Bien brièvement, je pensais acquise la
proposition qui vient d'être faite et que c'était à peu
près assuré qu'on pourrait rencontrer ces représentants
des travailleurs de la Wayagamack. Maintenant, je me rends compte que c'est
possible qu'on puisse terminer l'étude de cette commission sans avoir
entendu ces gens. Pour avoir vécu de plus près le problème
d'East Angus, alors que le ministre a déclaré qu'on attendait la
commission qui étudierait le problème des pâtes et papiers
au Québec pour prendre une décision, tout de go, ce même
ministre annonce que Wayagamack fermait. Il me semble qu'on a l'occasion, ici,
M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
question de règlement, M. le député de
Mégantic-Compton, s'il vous plaît.
M. Grenier: Pour faire suite aux propositions qui sont faites
ici, je voudrais bien que ces travailleurs puissent être entendus s'ils
sont prêts, peu importe s'ils n'ont pas correspondu aux exigences de la
commission, à savoir le dépôt du document en temps requis.
Il me semble qu'il devrait y avoir, comme on vient de le demander, un
consentement unanime pour qu'on puisse les entendre. De toute évidence,
le 13 il n'y aura plus rien à faire; pour eux, le compte à
rebours est commencé. Le 13, c'est vraiment trop tard pour entendre ce
groupe. Il me semble qu'on devrait, de consentement unanime, accepter de
recevoir ces gens dès demain.
M. Bérubé: M. le Président, par respect pour
les invités de demain, qui vont nous présenter leur
mémoire, qui souvent viennent de loin, qui doivent se déplacer,
qui ont une heure précise à laquelle ils doivent présenter
leur mémoire, il me semble que, par respect pour les gens qui ont de
longue date préparé leur mémoire et qui savent qu'ils
doivent comparaître demain devant la commission, je pense que, par
respect pour eux, nous devrions nous en tenir à l'ordre du jour qui a
été établi.
M. Pagé: On est prêt à siéger à
deux heures demain, on est prêt à siéger à l'heure
du souper, et j'ai demandé le consentement unanime.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Portneuf. S'il vous
plaît, il est six heures. S'il vous plaît, j'ai
déclaré cette motion irrecevable parce que
prématurée, n'ayant pas reçu de mémoire. Une motion
prématurée peut devenir non prématurée si elle est
présentée dans une autre circonstance. M. le député
de Portneuf le sait fort bien. Il pourra s'informer si les mémoires ou
si le mémoire en question est entré, mais, dans les
circonstances, je dois ajourner les travaux à...
M. Pagé: J'ai demandé le consentement unanime.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Portneuf, la séance est maintenant
terminée, il est six heures...
M. Pagé: Sauvé par la cloche.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... et
les travaux sont ajournés à demain, dix heures, au salon rouge.
Je demanderais aux représentants de la Fédération des
producteurs de bois du Québec de se présenter s'ils le veulent
bien, demain matin, pour la continuation, si c'est possible.
M. Carpentier: Cela est possible, mais cela nous
désappointe pas mal de voir ce qui se passe. Il y a des gens ici qui
viennent d'un peu partout et ils vont être obligés de faire un
voyage demain seulement pour cela. On va venir, mais cela nous
dérange.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord!
M. Carpentier: On aurait aimé mieux que cette discussion
vienne après notre audition.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. Mais, que voulez-vous, les membres de la commission ont le droit de
faire ce qu'ils ont fait, tous et chacun d'entre eux. Les travaux sont donc
ajournés à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 3)