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Etude des crédits relevant du ministre
délégué à
l'énergie
(Vingt heures douze minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre s'il vous
plaît!
La commission des richesses naturelles et des terres et forêts,
commission élue permanente, est réunie ce soir pour
étudier les crédits budgétaires du ministère des
Richesses naturelles, tout particulièrement ceux qui ont trait à
l'énergie et qui relèvent du ministre
délégué à l'énergie. Les membres de la
commission aujourd'hui sont s'il y avait des remplaçants, vous
voudrez bien me les faire connaître au fur et à mesure M.
Baril (Arthabaska), M. Bérubé (Matane), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), B. Brochu (Richmond), M. Desbiens (Dubuc), M. Garneau
(Jean-Talon), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe) en
remplacement de M. Goulet (Bellechasse), M. Grégoire (Frontenac), M.
Joron (Mille-Iles), M. La-rivière (Pontiac), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Marcoux (Rimouski), M. Marquis
(Matapédia), M. Mercier (M. Berthier), M. O'Gallagher (Robert-Baldwin),
M. Perron (Duplessis).
M. Larivière: M. le Président, vous avez
oublié la moitié de mon comté, c'est
Pontiac-Témiscamingue.
M. Garneau: C'est la moitié qui ne peut plus couper
l'herbe sur le bord de la route, parce qu'ils parlent anglais.
Le Président (M. Clair): J'ai fait la correction. Il y
aurait lieu maintenant de nommer un rapporteur. Est-ce que quelqu'un aurait une
suggestion à faire? M. Baril, accepteriez-vous d'agir comme rapporteur
pour la commission? Alors, M. Baril (Arthabaska) agira comme rapporteur. Avant
d'entamer l'étude de l'élément 1 du programme 1, je
demanderais au ministre s'il a des remarques préliminaires et
générales à faire à cette commission. M. le
ministre.
Remarques préliminaires du ministre (M. Guy
Joron)
M. Joron: Merci, M. le Président. Je voudrais faire une
suggestion au départ et, si cela vous convient, on pourra
peut-être organiser l'ordre de nos travaux. Les crédits que nous
avons à adopter sont relativement restreints. Malheureusement, le
député de Saint-Laurent me disait qu'il n'avait pas reçu
le document qu'on avait tenté de faire parvenir la semaine
dernière, expliquant en détail et de façon beaucoup plus
fouillée que le livre des crédits ne l'explicite, chaque
programme. Toutes les explications étaient données. J'avais
pensé, évi- demment, que le fait d'envoyer cela à l'avance
aurait pu faciliter et accélérer peut-être l'étude
de nos crédits. C'est dommage, peut-être, que vous ne l'ayez pas
eu à temps, mais enfin.
Est-ce que cela vous conviendrait que nous fassions la partie technique
de notre travail, c'est-à-dire, l'adoption des crédits comme
tels, quitte à réserver le vote, et faire la discussion sur le
fond, s'il doit y en avoir une, après l'étude des chiffres, car
il n'y a que deux programmes, les programmes 7 et 8 du ministère des
Richesses naturelles?
Si cela vous convenait, je vous suggérerais peut-être que
l'on passe cette partie comptable d'abord et qu'ensuite on se réserve le
temps que l'on voudra à discuter de n'importe quel autre sujet avant de
procéder à l'adoption des crédits comme tels. Enfin, je
lance cela, si cela vous convient.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, quant à moi, comme les
sommes en cause sont relativement minimes, à l'exception du nouveau
bureau de l'économie sur l'énergie, sur lequel j'aurais
peut-être quelques questions, ce ne sera pas là-dessus qu'il y
aura des questions. Si l'on suivait la procédure habituelle de faire une
discussion générale, quand on arrivera à l'adoption des
crédits en ce qui regarde les montants d'argent, pour moi il n'y aura
pas de questions bien longues.
M. Joron: Ce n'est pas là le problème, mais vous
préférez faire la discussion générale d'abord.
M. Garneau: En ce qui me concerne il n'y aura pas de questions
bien longues sur les chiffres.
M. Joron: D'accord.
Le Président (M. Clair): Si je comprends bien, la
proposition est l'inverse de celle du ministre.
M. Garneau: Cela revient pas mal au même.
Le Président (M. Clair): On arrive pas mal au même
résultat.
M. Forget: Selon une tradition parlementaire, M. le
Président, la discussion générale a souvent lieu sur le
premier article, et le reste, après, procède assez rapidement. De
toute façon, l'Opposition n'a pas l'intention de traîner en
longueur l'étude de ces crédits.
M. Joron: D'accord. Puisqu'il en est ainsi, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): Le représentant de l'Union
Nationale voudrait-il s'exprimer sur ce su-jet?
M. Brochu: En ce qui me concerne, sauf pour quelques remarques
d'ordre général et quelques questions, je ne vois pas d'objection
à procéder d'une façon ou de l'autre.
M. Joron: Alors, procédons de la façon
traditionnelle, si vous voulez. En guise de remarques préliminaires,
parce que je serai relativement bref, c'est peut-être la discussion qui
s'engagera par la suite et les questions qui seront de plus
d'intérêt.
Nous nous trouvons réunis à peu près deux mois
après la commission parlementaire qui a siégé au mois de
février pour entendre différents acteurs et témoins de la
scène énergétique québécoise nous
présenter leur appréciation du présent et leur vision de
l'avenir.
Cette commission parlementaire, comme on l'avait indiqué à
l'époque, devait être la première étape de notre
cheminement au cours de l'année. A partir des témoignages
entendus, le gouvernement s'est engagé à définir au cours
de l'année une politique énergétique globale qui sera
contenue dans un livre blanc, quelque part à l'automne.
Je veux dire que ce travail, ce processus est en marche. Donc, si vous
me permettez de résumer les trois champs d'activité ou les trois
priorités qui occuperont la Direction générale de
l'énergie, cette année, on pourrait les résumer ainsi.
Cela ne couvre pas tout, mais les points saillants sont les suivants.
Premièrement, c'est la mise sur pied du bureau d'économie de
l'énergie. Nous ne sommes pas, au moment où on se parle, en
mesure encore d'annoncer des choses très spécifiques. Nous sommes
à la recherche de personnel et, évidemment, cette étape
est préalable à ce qui va s'ensuivre, le plus rapidement je
l'espère bien, c'est-à-dire la définition du
problème, la définition des objectifs, ensuite des moyens pour
atteindre ces objectifs.
Tout cela, normalement, devrait nous occuper et ceci n'est pas
conditionnel à la publication du livre blanc à l'automne. Le
Conseil des ministres a déjà approuvé la création
du bureau d'économie de l'énergie, il a déjà
approuvé cette politique, c'est-à-dire qu'on mette un tel
programme en marche.
Nous allons nous occuper à cela, simultanément, mais ce
que je veux dire c'est que nous n'attendrons pas nécessairement la
publication du livre blanc avant d'agir dans ce secteur. Aussitôt que
nous aurons un minimum de personnel requis, tout cela sera déjà
en marche.
Le deuxième point qui nous occupera au cours de l'année,
c'est la structuration de la Direction générale de
l'énergie. Je serai en mesure très bientôt, enfin dans
moins d'un mois probablement, d'annoncer la nomination d'un sous- ministre qui,
juridiquement ou hiérarchiquement, appartient si on peut employer
l'expression au ministère des Richesses naturelles mais qui sera
délégué spécifiquement à
l'énergie.
Comme il y a un ministre délégué à
l'énergie, il y aura un sous-ministre, tant que la direction
générale de l'énergie ne sera pas mutée en
ministère, qui sera spécifiquement assigné à
l'énergie.
Vous l'avez peut-être appris par les journaux, il y a des concours
de postes de cadres supérieurs qui s'ouvrent en ce moment, à la
direction générale de l'énergie. Parmi les principaux
postes, on trouve celui du directeur du bureau de l'économie de
l'énergie, celui du directeur de l'analyse et de la planification, celui
du directeur des hydrocarbures et celui du directeur de
l'électricité.
Il y a aussi quelques autres postes: gaz et pétrole, le service
de projets dans l'électricité, l'analyse économique et la
planification. Ce n'est peut-être pas exhaustif, mais nous sommes donc
dans le processus de remplir les principaux cadres qui seront les piliers de la
direction générale de l'énergie. Comme vous le savez tous,
c'est une préoccupation relativement nouvelle au Québec. Nous
avons passablement de retard à rattraper par rapport à certains
autres pays du monde et à certaines provinces canadiennes qui ont agi
plus rapidement que nous à la suite de la crise du pétrole de
1973, à la suite de quoi la plupart des pays industriels ont
développé une préoccupation énergétique. On
a vu apparaître des ministères de l'énergie un peu partout.
C'est ce qui se passe au Québec, cette année, avec un petit peu
de retard peut-être, mais enfin! Voilà, donc notre deuxième
priorité, ou préoccupation.
La troisième, c'est évidemment la rédaction du
livre blanc et la définition de cette politique
énergétique globale pour le Québec dont nous avons, tous
ensemble d'ailleurs, commencé à parler en commission
parlementaire au mois de février. Nous sommes à la tâche
à cet égard. Est-il trop tôt pour indiquer peut-être
quelques orientations générales?
Je ne le crois pas, surtout à la lumière de ce qui a
été annoncé aux Etats-Unis cette semaine. Il serait
peut-être bon de dire que nous voyons la question, le problème
jusqu'ici avec la même gravité, si vous voulez, ou le même
réalisme dont a semblé faire preuve le président des
Etats-Unis cette semaine. Je pense qu'il n'y est pas allé par quatre
chemins; il a décidé de prendre le taureau par les cornes et
d'affronter le problème de plein front. C'est tout à fait dans
cet esprit que nous sommes depuis quelques mois. Je peux vous dire que nous
allons aborder la question avec sans doute le même réalisme,
conscients que ce problème de l'énergie est probablement le
problème le plus grave et le plus difficile auquel les
sociétés industrielles auront à faire face d'ici à
la fin du siècle. Nous en sommes tout à fait conscients.
Il n'est pas trop tôt pour dire qu'il y aura des étapes
là-dedans. La première, bien entendu, ira dans le sens de ce qui
a été annoncé aux Etats-Unis. Dans une première
période, qui durera on ne sait pas encore combien d'années,
l'effort maxi-
mal portera sur l'économie d'énergie ou, si on veut
l'exprimer autrement, la rationalisation de notre utilisation
énergétique. Nous sommes, malheureusement, un des pays qui ont la
consommation, per capita, la plus forte au monde. Je dis malheureusement dans
le sens que nous sommes peut-être l'un des pays les plus gaspilleurs
d'énergie au monde. Il y a beaucoup, beaucoup de chemin à faire
avant d'apprendre à utiliser nos ressources énergétiques
de façon rationnelle. J'ai l'impression que cela va nous occuper pour un
bon nombre d'années, mais, une fois cette étape franchie,
évidemment, elle ne se répétera pas par la suite. Une fois
le gaspillage éliminé, si vous voulez, on ne peut
l'éliminer une deuxième fois.
Donc, il faut également prévoir ce qui va suivre. Comme on
sait aussi que les décisions en matière énergétique
doivent souvent être prises huit, dix ou même douze ans à
l'avance, ce qui arrivera après la période que j'appelle de
rationalisation doit aussi être pensé dès cette
année et impliquera probablement des décisions à la fin de
cette année, peut-être l'année prochaine ou dans les
années subséquentes. Cela nous oblige à travailler sur
deux plans à la fois, un plan qui est opérationnel
immédiatement, à court et à moyen terme, qui est celui que
je rattache à l'idée de rationalisation, et un deuxième
volet qui est la planification de l'avenir, de ce qui va venir par la
suite.
Evidemment, les questions sont beaucoup plus difficiles, sont beaucoup
plus larges, parce qu'elles impliquent des remises en cause, tant de nos
habitudes de consommation, de la façon dont nous avons
aménagé notre territoire, de notre structure industrielle, enfin
de tous ces aspects, de la structure de notre consommation, finalement. C'est
presque remettre en cause tout un type de société ou même
l'échelle de valeurs qui la sous-tend.
Je pense que si on veut prendre des décisions en pleine
lumière ou en plein éclairage, on ne peut éviter de poser
ces questions et de présenter des alternatives. C'est à la
lumière de ce grand éclairage que nous tenterons, dans le livre
blanc, de définir cette deuxième étape. A cet
égard, sans parler de la nature de ce qui sera suggéré, on
peut peut-être dire que nous nous trouverons à aller plus loin que
ce qu'on a vu, que ce qui a été annoncé aux Etats-Unis,
cette semaine, qui couvre une certaine étape, qui parle de conservation,
de mise en exploitation d'une nouvelle source énergétique, mais
qui ne définit pas beaucoup l'avenir au-delà, peut-être, de
dix ans.
Enfin, nous voulons nous efforcer de faire cet effort. Voilà, en
quelques mots, nos principales préoccupations et ce qui nous occupera au
cours de l'année.
Le Président (M. Clair): Je vous remercie. M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, concernant l'ensemble du
problème de l'énergie, je pense qu'il n'y a pas, en ce qui me
concerne du moins, de propos différents de ceux que je tenais à
l'ouverture de la commission parlementaire qui a entendu les nombreux
mémoires des différentes entreprises, des différents
groupes qui sont venus nous entretenir sur l'énergie.
M. le Président, je voudrais demander au ministre, je n'ai pas
bien saisi tout à l'heure, à quel moment il entend publier son
livre blanc.
M. Joron: A l'automne.
M. Garneau: C'est remis à l'automne, maintenant.
M. Joron: Cela a toujours été cela.
M. Garneau: Vous n'avez pas dit que c'était au mois de
juin, à un moment donné?
M. Joron: Non.
M. Garneau: A quel mois à l'automne, le savez-vous? Sur la
fin de l'automne 1977 ou le printemps seulement?
M. Joron: Je vous dirai honnêtement, j'espère...
M. Garneau: L'automne finit quelle date, le 21
décembre?
M. Joron: L'automne commence le 21 septembre.
M. Garneau: Cela finit le 21 décembre. Le ministre dit
qu'il va le déposer avant le 21 décembre.
M. Joron: J'espère tôt, à l'automne.
Tôt, au début de l'automne, si possible.
M. Garneau: Est-ce que le livre blanc dont nous parle le ministre
va couvrir il nous a parlé pratiquement uniquement de
l'énergie en termes d'hydrocarbure la question de
l'énergie électrique? Allez-vous toucher également ce
plan?
M. Joron: Oui, bien...
M. Garneau: La question nucléaire et...
M. Joron: Oui.
M. Garneau: ... l'ensemble du problème?
M. Joron: Oui.
M. Garneau: Je ne sais pas si, dans notre discussion, on peut
subdiviser le problème de l'énergie et aborder la question de
l'énergie hydroélectrique, dans un premier temps. Ma question
serait la suivante: Dans le discours du budget, le ministre des Finances nous a
indiqué que l'intention de l'Hydro-Québec, en termes
d'investissements pour l'année 1977, était de $2,2 milliards. Je
demanderais au ministre quel a été le montant effectivement
investi à la baie James par l'ensemble de
l'Hydro-Québec en 1976. Je ne sais pas s'il a le chiffre, ce
n'est peut-être pas ce qui avait été annoncé dans le
budget, à cause des problèmes qu'il y a eu dans la construction
et les problèmes syndicaux. Quel a été le montant
effectivement investi en 1976?
M. Joron: II a effectivement été un peu moindre que
le budget adopté par le gouvernement au début de l'année.
Je peux avoir les chiffres, ici. Je vais devoir vous fournir la réponse
à un autre moment, à moins qu'on ne les retrace.
M. Garneau: Si la commission devait terminer ses travaux avant la
reprise de demain à l'Assemblée nationale, est-ce que le ministre
peut s'engager à nous les faire parvenir?
M. Joron: Bien sûr.
M. Garneau: L'autre question que j'aimerais poser est: Quelle est
la part de l'autofinancement...
M. Joron: Qui est prévue cette année.
M. Garneau: Cette année et l'an passé
également.
M. Joron: Pour l'an passé, on va attendre d'avoir le
tableau complet. Pour cette année, les investissements, à la fois
de l'Hydro-Québec et de la SEBJ, prévus sont de l'ordre
d'à peu près $2,2 milliards, c'est-à-dire un peu
moins.
M. Garneau: $2,2 milliards.
M. Joron: $2,172 milliards, je ne sais pas si c'est le chiffre
exact; c'est quelque chose comme cela.
M. Joron: La part de l'autofinancement est voisine de 20%,
à 1% près.
M. Garneau: En fait, le ministre pourra nous donner le chiffre
précis et pour 1977 et pour 1976. Egalement, le programme d'emprunt
attribuable à l'année 1976 et à l'année 1977; ce
qui a été fait avant le 31 décembre et ce qui est
prévu...
M. Joron: D'accord.
M. Garneau: ... pour l'année 1977.
M. Joron: Ce qui est prévu être fait en 1977, le
ministre des Finances l'a indiqué, est de l'ordre de $1 milliard.
M. Garneau: La raison pour laquelle je demande ces chiffres,
c'est que, en soi, le programme d'emprunt cette année m'intéresse
moins que le programme d'emprunt effectif de l'an dernier...
M. Joron: Effectué l'an dernier.
M. Garneau: ... et si on pouvait avoir, donc les investissements
en 1976 effectués réellement...
M. Joron: Et les emprunts.
M. Garneau: ... et l'autofinancement de chacune des deux
années et les emprunts. En fait cela compléterait les questions
que j'ai à poser là-dessus.
M. Joron: D'accord. L'Hydro-Québec n'a pas encore soumis
son rapport annuel, cela devrait venir bientôt.
M. Garneau: J'aimerais également savoir, si le ministre,
dans la réponse à ces questions, pouvait ajouter comme
information, puisqu'il n'y a pas eu d'emprunt depuis un certain temps, quel est
le montant réellement investi à ce jour, dans le projet de la
baie James, parce que dans les $2,2 milliards il doit y avoir encore des
projets qui ne sont pas complétés sur la Côte-Nord, mais ce
que je veux savoir...
M. Joron: A l'extérieur de la baie James.
M. Garneau: ... c'est sur le site de la baie James, parce que les
prospectus des années passées nous donnaient quand même des
sommes mais...
M. Joron: Oui, oui, d'accord. Non, cela je peux vous dire, pour
l'année qui vient?
M. Garneau: Non, non, le total cumulatif d'investi depuis
l'ouverture des chantiers de la baie James, non seulement en termes de barrage,
mais en termes de construction de route, d'aéroport...
M. Joron: Oui d'accord, d'infrastructure.
M. Garneau: ... d'infrastructure. D'ailleurs c'était
séparé, mais si le ministre pouvait nous donner ces chiffres, ils
me seraient utiles. Je ne sais pas si les autres ont des questions à
poser sur la baie James ou d'autres sujets concernant
l'hydro-électrique.
M. Forget: Sur d'autres sujets.
Le Président (M. Clair): Si vous permettez, M. le
député de Saint-Laurent, le député de Richmond
avait demandé la parole avant vous, à moins que le ministre ait
des réponses à fournir immédiatement à la question.
Alors, M. le député de Richmond.
Commentaires de M. Yvon Brochu
M. Brochu: J'avais l'impression qu'on en était venu
à la décision tout à l'heure d'avoir un commentaire
d'ordre général avant d'entrer dans l'étude plus en
détail, je n'ai pas voulu interrompre le député de
Jean-Talon à ce sujet, mais j'aimerais peut-être à ce
stade-ci, au nom de l'Union Nationale, aussi faire certaines remarques en ce
qui
concerne les crédits dans leur ensemble, peut-être la
réflexion à laquelle nous amène la situation
actuellement.
C'est peut-être la première fois, puis c'est
peut-être la dernière fois en même temps que le ministre
présente les crédits sans être titulaire d'un
ministère dûment formé. J'ai l'impression que
peut-être au cours de la prochaine année, des précisions
nécessaires seront apportées à ce sujet. C'est
peut-être souhaitable d'autant plus dans le sens des remarques que le
ministre a faites tout à l'heure, à l'effet que la question
énergétique prend de plus en plus d'importance et que chaque jour
de délai supplémentaire qui est accordé à notre
plaisir ou à notre possibilité de s'attarder directement au
problème énergétique est pour nous une acceptation du fait
que le problème grandit et qu'on aura à y faire face tôt ou
tard d'une façon peut-être plus cuisante.
Le ministre dans les commentaires qu'il vient de nous faire ne nous a
peut-être pas annoncé tellement de choses nouvelles, sauf celles
qu'on avait apprises à la commission parlementaire en ce qui concerne
son programme d'action qu'il entend mettre en application pour la prochaine
année. En ce qui concerne plus précisément la commission
parlementaire, je pense que le but qu'elle s'était fixé,
c'était peut-être de faire une évaluation de la situation
d'une part et peut-être aussi d'arriver à une prise de conscience
de la situation comme telle, en vue, comme le soulignait aussi SOQUIP, et comme
l'a accepté le ministre puis les différents participants à
la commission, de prendre les actions de façon immédiate dans le
domaine et certains ont souligné cette prise de conscience, de l'urgence
de passer à l'action en matière énergétique.
C'est pourquoi, lorsque j'ai vu les crédits dans leur ensemble,
j'ai été peut-être un peu surpris aussi, parce qu'il m'a
semblé que cela ne s'inscrivait pas tout à fait dans cette ligne
de préoccupations, c'est-à-dire qu'on démarrait quand
même de façon progressive, lente, pour arriver à
établir le ministère, arriver au livre blanc, arriver à
remplir les engagements que le ministre s'était fixés au cours de
la prochaine année et cela malgré les impératifs qui
semblent être maintenant sur la table, de façon beaucoup plus
aiguë qu'ils ne l'étaient même encore au moment de la
commission.
On se rend compte par là que la situation évolue
très rapidement. On se rend compte de l'urgence encore plus grande
aujourd'hui, même comparativement au moment de la commission
parlementaire, de passer à l'action directement. C'est ce qui m'a un peu
dérouté en voyant les crédits. En effet, je m'attendais
à voir beaucoup plus d'ampleur, beaucoup plus d'importance
accordée aux crédits de l'énergie. Même si le
ministère n'était pas encore dûment formé et
constitué, on aurait pu peut-être, dans un premier temps, lui
donner les budgets nécessaires pour se mettre en place très
rapidement et, en même temps aussi, peut-être, mettre en
application des mesures immédiates que la situation
nécessite.
En même temps peut-être que le ministre pourra en
faire mention au cours des réponses qu'il donnera à nos questions
tantôt j'aurais aimé que le ministre nous annonce certaines
mesures immédiates en matière énergétique, soit en
matière de recherche ou en matière de conservation, pour donner
à cette prise de conscience à laquelle devait donner lieu la
commission parlementaire un sens vraiment pratique immédiat. Je
m'étonne un peu qu'à ce stade-ci le ministre n'ait pas
profité de l'occasion pour annoncer certaines mesures ou certaines
intentions de recherche de façon plus particulière, soit dans les
formes d'énergie autres que celles que l'on connaît ou dans
d'autres secteurs pouvant nous aider à ce chapitre.
Il reste quand même un fait, c'est qu'il s'est
dégagé de la commission parlementaire que le Québec est
extrêmement dépendant en matière énergétique
et que, même en augmentant le potentiel de production
énergétique du Québec comme tel, on n'arrivera jamais
à une autosuffisance en la matière. Même, dans une
très large proportion, nous allons continuer à dépendre de
l'extérieur, de l'Ouest canadien et des pays exportateurs de
pétrole, par exemple. Même l'Hydro-Québec dans son champ
d'activité ne réussira pas à suffire à nos besoins
d'ici quelques années.
Donc, le problème s'est posé de façon
entière et je m'attendais qu'à partir de là on puisse
peut-être entrevoir des possibilités immédiates, soit au
niveau du budget ou soit au niveau des déclarations du ministre, qui
nous auraient laissé croire qu'on puisse espérer, au cours de la
prochaine année, des actions plus immédiates dans ce sens, non
seulement au niveau de la structuration, mais au niveau de l'action comme
telle.
Je suis d'accord pour que le bureau de conservation soit mis de l'avant
le plus tôt possible. Je pense que c'est une urgence de plus en plus
grande. J'aurais peut-être quelques souhaits à émettre
à ce stade-ci. Il faudrait peut-être prévoir
immédiatement une diversification dans nos sources d'approvisionnement
en ce qui concerne surtout le pétrole pour éviter les
problèmes possibles au niveau des situations dont j'ai fait état
à différentes occasions, en particulier la situation au
Moyen-Orient. Je pense que la situation au Moyen-Orient risque de se
gâter d'une journée à l'autre. On est dépendant dans
une très large proportion des pays exportateurs de pétrole, en ce
sens. Notre vulnérabilité à ce sujet peut se
révéler à très brève échéance.
Si du jour au lendemain, la situation devait s'aggraver et que les pays arabes
décidaient de se servir du pétrole comme d'une arme politique
internationale pour amener les autres pays à prendre des engagements
particuliers, soit par rapport à Israël ou à d'autres pays,
nous serions dans une position de faiblesse extrême.
Je pense qu'il convient de souligner cette importance qu'il y aurait
pour nous maintenant de diversifier nos sources d'approvisionnement.
D'ailleurs, à ce sujet-là aussi, j'aimerais souligner au ministre
que, depuis la commission parlementaire, la situation a quand même
évolué très rapidement
en ce qui concerne la question du pétrole. Simplement à
titre d'exemple, le ministre connaît sûrement, comme nous, les
rapports qui ont été soumis au gouvernement fédéral
à ce sujet, indiquant que les réserves de gaz et de
pétrole sont déjà beaucoup moins grandes que les
estimations qu'on avait faites.
Même la proportion de différence est énorme et cela,
c'est révélé dans deux rapports. Le premier s'appelle "Les
sources du Canada en pétrole et en gaz naturel 1976" et le
deuxième, "Les sables bitumineux et pétrole lourd, perspective"
qu'a publié, en date du 17 mars, je crois, le ministre de l'Energie, des
Mines et des Ressources d'Ottawa.
On a dit qu'ici, en 1973, les réserves potentielles
étaient évaluées à 92,2 milliards de barils de
pétrole brut, et à 782,9 billions de pieds cubes de gaz naturel,
et on estime maintenant, très probablement à 90%, que les
réserves canadiennes atteignent 25 milliards de barils de pétrole
brut et 229 billions de pieds cubes de gaz naturel.
Ceci pour souligner, M. le Président, que même dans les
estimations qu'on avait faites au niveau de la commission parlementaire,
où on avait misé sur ces réserves énormes du
Canada, déjà il y avait une marge d'erreur. Dans un très
court laps de temps, on se rend compte maintenant que l'hypothèse de
travail qui basait nos réserves comme un supplément d'appoint,
pour nous, important est déjà beaucoup moins grand qu'on l'avait
estimé, ce qui nous place encore dans une situation peut-être plus
délicate, compte tenu de la situation du Moyen-Orient, d'un autre
côté.
Ceci pour dire que la situation évolue très rapidement, et
que même les données qui nous étaient accessibles ont
été passablement modifiées depuis ce temps.
Donc diversifier, à mon sens, nos sources d'approvisionnement en
pétrole, peut-être arriver aussi, le plus possible, à des
évaluations plus précises, même, de ce qui peut être
disponible sur le territoire québécois comme tel.
D'un autre côté, j'aimerais que le ministre nous indique
s'il était possible, c'est une suggestion que je lui fais aussi, d'en
arriver à un plus grand entreposage des produits pétroliers au
Québec.
Certaines entreprises, lors de la commission parlementaire, sont venues
indiquer les risques que j'ai mentionnés tout à l'heure, en ce
qui concerne le Moyen-Orient, et en indiquant que, du jour au lendemain, leurs
sources d'approvisionnement pourraient être passablement
perturbées.
D'un autre côté, j'avais posé la question à
ce moment à ceux qui sont chargés des stockages de
matières pétrolières, ici au Québec, et les
réserves qu'on a en cette matière sont très minimes, de
sorte que nos marges de manoeuvre sont à peu près nulles. C'est
une politique d'entreposage presque au jour le jour, simplement ce qui peut
être utilisé dans les semaines à venir.
J'avais posé la question: Est-ce que ce serait possible de
stocker davantage de matière pétrolière afin de nous
assurer une certaine indépen- dance, du moins à court terme,
à ce sujet? On m'a dit que ce serait possible, sauf que c'est une
question financière qui empêche de réaliser cet
entreposage. Or, nous avons vu, par la crise américaine aux Etats-Unis,
l'hiver dernier, que même les plus grands, les Etats-Unis, qui n'avaient
pas prévu en cette matière, ont été aux prises avec
des difficultés majeures énormes qu'ils ont eu peine à
surmonter.
C'est ce qui m'amène à faire cette réflexion qu'on
devrait peut-être immédiatement songer à soutenir d'une
certaine façon les entreprises d'entreposage de produits
pétroliers, de sorte que nous ne soyons pas à la merci d'une
crise rapide qui pourrait se produire, ou d'autres situations qui pourraient
nous plonger du jour au lendemain à l'intérieur d'un
problème grave dont on aurait beaucoup de difficulté à se
sortir puisque les sources alternatives ne sont pas encore
développées du tout.
Supposons, par exemple, en période hivernale ou dans un temps
difficile comme celui-là, qu'un conflit éclate de façon
plus particulière au Moyen-Orient ou que d'autres problèmes
majeurs se posent et qu'on soit coupé de nos sources
d'approvisionnement, ou que, par exemple, les Etats-Unis, où passe quand
même notre conduite d'arrivée de pétrole, décident,
du jour au lendemain, soit parce qu'ils sont pris eux mêmes à
l'intérieur d'une crise possible, à un moment donné,
décident de garder pour eux ce dont ils ont besoin d'abord en produits
pétroliers, le Canada et le Québec se retrouveraient dans une
situation tout à fait précaire où il n'y aurait vraiment
pas de porte de sortie.
Je pense que c'est notre responsabilité et notre devoir de
réaliser cette situation et de voir les faits tels qu'ils sont. C'est ce
qui m'amène à suggérer au ministre d'entrevoir des
solutions à court terme dans ces domaines.
J'aurais même aimé, dans le budget qui a été
présenté, à ce chapitre, voir le ministre apporter des
solutions ou des sommes d'argent qui puissent être consacrées
à l'entreposage des produits pétroliers. A ce moment, cela ne
devient plus une question d'entreprise privée, c'est quand même
une responsabilité nationale de prévoir. Je me mets dans la peau
de l'entreprise privée responsable de l'entreposage. Elle est
limitée dans sa marge de manoeuvre en ce qui concerne ses
crédits, ses avoirs, ses profits, etc. Par contre, au point de
départ, elle n'a pas la responsabilité première de
prévoir pour une nation ou pour un gouvernement, mais l'Etat doit avoir
comme préoccupation de prévoir pour l'ensemble de ses citoyens.
C'est dans ce sens que je suggérerais au ministre d'intervenir et
d'aider, par des crédits additionnels peut-être, l'entreposage qui
pourrait nous assurer une sécurité minimale afin que s'il y avait
un conflit on puisse, pendant une certaine période, avoir le temps de
réagir et de réorganiser.
J'aurais aimé par ailleurs, aussi, après les
différents mémoires qui ont été soumis à la
commission parlementaire, voir certains crédits affectés de
façon plus large à tout secteur de la recherche
des sources alternatives. On a présenté plusieurs
mémoires extrêmement constructifs desquels on pourrait tirer
beaucoup de profit et auxquels on devrait s'intéresser. Je suis un peu
surpris de constater, par exemple, que dans tout le Canada on a un projet de
$500 000 en recherches sur l'énergie alternative, alors qu'on s'en va
vers des échéances bien précises en ce qui concerne le
problème énergétique. Pendant ce temps, on n'a pas le
moyen de trouver plus de $500 000, dans son ensemble, pour les sources
alternatives en ce qui concerne les matières
énergétiques.
Etant donné l'urgence de la situation et je pense que la
position américaine est éloquente dans ce sens si on n'est
pas capable, à ce stade-ci, d'investir les sommes nécessaires
pour la recherche, comment peut-on espérer être capables, dans le
domaine nucléaire, de passer peut-être à des milliards? Je
pense qu'il y a quand même, une différence de grandeur et de
priorité là-dedans et cela peut nous laisser songeurs.
D'ailleurs, à ce sujet, juste une parenthèse. J'ai
été content d'apprendre, selon mes informations, qu'en ce qui
concerne l'énergie nucléaire l'Hydro-Québec aurait
maintenant pris la décision, non annoncée peut-être, de ne
pas mettre en application ses projets d'implantation du nucléaire tout
au long du Saint-Laurent, comme à Sainte-Croix, et aux autres centrales
qu'elle voulait établir de ce côté.
D'après les informations que j'ai pu obtenir, la décision
serait maintenant prise par l'Hydro-Québec de laisser tomber ce projet
peut-être pour aller ailleurs, selon d'autres plans. Disons que c'est
quand même cette étape de franchie. Je ferme maintenant la
parenthèse pour revenir à mon commentaire qui est plutôt
d'ordre général.
J'aimerais aussi que le ministre nous dise, tout à l'heure ou au
cours des crédits, s'il ne serait pas possible, immédiatement, de
faire une étude pratique de la situation et des suggestions pratiques
qui ont été faites lors de la commission en ce qui concerne les
façons d'économiser l'énergie. Entre autres, je pense
à ASHRAE, qui nous avait soumis des points bien importants applicables
immédiatement, si je me rappelle bien, aux systèmes de chauffage
des édifices, aux systèmes d'air et de refroidissement, etc. Je
pense que ce seraient des mesures immédiates qu'on pourrait appliquer et
dont les recherches sont faites actuellement. Les suggestions nous ont
été faites. Tout est là sur la table.
Il y a aussi j'ai le mémoire ici la compagnie
Albert qui avait beaucoup de systèmes pour économiser
l'énergie à tous points de vue et beaucoup de prototypes sont
à l'essai actuellement. Certains sont même mis sur le
marché. D'autres ne peuvent pas l'être comme, par exemple, ce
qu'ils appellent l'échangeur de chaleur de cheminée qui
économise un certain nombre de BTU. Apparemment, si ma mémoire
est bonne, ils ne peuvent pas le mettre sur le marché à cause de
certaines lois désuètes qui empêchent de fermer l'ouverture
des cheminées. Alors, c'est aussi bête que cela. C'est un
système qui pourrait rendre d'énormes services à ceux qui
voudraient se le procurer, s'il y avait la moindre campagne de publicité
faite à ce sujet. J'imagine que la compagnie serait prête à
l'assumer.
Si on pouvait changer une loi désuète pour mettre en
application, par exemple, un système comme celui-là, on aurait
des mesures immédiates pour économiser l'énergie et lancer
un programme d'action pour non seulement rendre conscients les gens de la crise
énergétique, mais aussi pour leur permettre de participer aussi
à l'application de la politique pour conserver l'énergie et faire
face à la crise qui nous assaille actuellement.
J'aimerais aussi, c'est une suggestion que je fais, que le gouvernement
du Québec puisse avoir la sagesse de profiter de l'expérience des
autres dans ce domaine. Actuellement, on est en train de mettre sur pied un
organisme, une structure, un ministère. On est en train de travailler
sur la présentation d'un livre blanc qui va venir, mais, pendant ce
temps, il reste qu'il y a quand même d'autres pays qui sont aux prises
avec la même crise parce que cette course, comme je l'ai appelée,
à l'énergie s'étend maintenant sur le plan mondial.
D'autres, à certains égards, sont beaucoup plus avancés
qu'on peut l'être actuellement et qu'on le sera peut-être, avant
qu'il soit trop tard. Parce que certains autres ont quand même investi
des sommes considérables dans des recherches. Je me demande à ce
moment si ce ne serait pas la sagesse que le gouvernement du Québec
puisse profiter de l'expérience des autres dans ce domaine, et, par
exemple, profiter de l'expérience américaine, entre autres, qui
parlait de sources alternatives d'énergie douce, par exemple. Je
remarque ici, dans les articles qui viennent de paraître à la
suite de la déclaration du président des Etats-Unis, que parmi
les mesures que le président préconise on cite celle-ci: des
crédits d'impôt à l'installation d'appareils captant et
utilisant l'énergie solaire ainsi qu'un programme s'élevant
jusqu'à $100 millions qui permettra d'équiper les administrations
de ces appareils au cours des trois prochaines années.
C'est donc dire, M. le Président, que déjà les
Etats-Unis se sont préoccupés de la possibilité de
travailler avec l'énergie solaire. Ils ont certaines recherches de
faites à ce jour. Ils sont prêts à fonctionner dans une
certaine mesure. J'aimerais ici que le gouvernement du Québec puisse
avoir immédiatement cette sagesse d'aller chercher, si c'est possible,
les informations dont il a besoin pour avancer et passer à l'action dans
un avenir le plus rapproché possible.
Certains ont peut-être souri lorsqu'à la commission
parlementaire, des individus sont venus présenter ces sources
alternatives d'énergie; mais de plus en plus, je pense que les
événements donnent raison à ces gens ou tout au moins nous
permettent de nous arrêter et de réaliser qu'on doit accorder une
certaine importance à ce qui nous a été
présenté et qu'on doit actuellement aujourd'hui regarder de
beaucoup plus près, même d'aller y voir.
D'ailleurs à ce sujet, M. le Président, j'aimerais aussi
souligner en ce qui concerne les recherches qui sont faites par d'autres pays
actuellement et auxquelles on devrait s'intéresser pour apporter des
mesures immédiates, que l'Australie aussi de son côté a
déjà passé à l'action dans ce domaine. J'aimerais
ici citer un article de journal qui a paru le 12 février 1977 dans le
Soleil à ce sujet, sous le titre: L'Australie aurait mis au point un
capteur sans pareil. Des savants australiens seraient sur le pointd'annoncerdes
progrès révolutionnaires dans l'utilisation de l'énergie
solaire, selon le journal Daily Express qui cite comme source d'information le
physicien australien Harry Messel. En effet, il semble qu'une équipe de
savants de l'Université de Sydney, en Australie, aurait réussi
à mettre au point un capteur capable de transformer 50% des radiations
solaires en énergie utilisable. C'est une proportion nettement
supérieure au 10% actuel. Selon le professeur Harry Messel qui
était de passage à Londres, ce type d'énergie pourrait
fournir entre 25% et 40% des besoins de la plupart des pays
industrialisés. Il a ajouté que le nouveau système
constituait un pas de géant dans les recherches pour la
"désalaison" à bon marché de l'eau de mer. Le nouveau
système australien reposerait sur des panneaux de cuivre... et on
explique de quelle façon ce système a été mis au
point et la façon de le faire fonctionner.
Tout ceci pour dire, M. le Président, qu'on devrait
immédiatement, et ce ne sont pas des mesures excessivement
coûteuses, avoir la clairvoyance d'aller voir immédiatement dans
ces données, auxquelles il nous est possible d'avoir accès, pour
aller chercher les informations dont a besoin, et qu'on pourrait mettre en
application immédiatement.
Je pense, dans ce sens, M. le Président, que dans l'ensemble, la
récente déclaration du président Carter a quand même
mis à jour tout le problème énergétique, l'urgence
de la question, aussi l'envergure de la question. Ce qui me faisait dire aussi,
à l'ouverture de la commission parlementaire, que la crise de
l'énergie, ce n'est pas un phénomène temporaire, mais
c'est vraiment une réalité permanente avec laquelle on a
maintenant à vivre. Mais, pour dire aussi ce qu'on doit souligner
à ce moment-ci, c'est qu'on n'a peut-être pas à vivre non
plus des dizaines d'années avec la crise énergétique sans
devoir trouver certaines solutions rapides et à court terme. Il y a eu
un temps pour la philosophie en matière énergétique, il y
a maintenant un temps pour une action plus immédiate dans ce domaine, et
à tous les niveaux où il nous sera possible de trouver des
solutions logiques, pas nécessairement les plus coûteuses, mais
peut-être des solutions qui pourront nous apporter des parcelles de
réconfort, puis d'espérance de ce côté.
Je pense qu'à cet égard la déclaration du
président américain devrait être pour nous, actuellement,
un signal d'alarme dans la situation, pour nous faire réaliser que la
crise énergétique est une réalité présente
et qu'on ne passera pas au travers sans qu'on ait à prendre des
décisions, et le plus tôt possible.
D'ailleurs, à ce sujet, cela m'a frappé de voir aussi, par
exemple, que ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on en parle. Mais il faudra
arrêter d'en parler avant longtemps...
M. Garneau: Des propos très pertinents.
M. Brochu: Oui, je conserve vos énergies, durant ce temps,
M. le député de Jean-Talon. Je regardais, l'autre jour, ici,
lorsque...
Le Président (M. Clair): J'aimerais vous souligner que,
dans une minute, on pourra dire que vous dépassez d'au moins une minute
la durée de vingt minutes consécutives, qui est normalement
allouée à un député sur une question
précise. Je voulais simplement vous souligner le fait. Je pense que vous
vous apprêtiez à conclure.
M. Brochu: D'accord, M. le Président, je vais me soumettre
à votre directive. Je veux mentionner simplement que le ministre a dit
qu'il partageait le réalisme du président Carter. Je suis
d'accord, mais je pense qu'il doit se sentir un peu mal à l'aise, quand
même, avec le budget qui lui est accordé maintenant. D'un
côté, on peut partager le réalisme d'une personne, mais,
par contre, le ministre doit partager le réalisme de son budget qui est
passablement mince actuellement. J'ai l'impression que le ministre a eu une
belle plante en cadeau, mais que maintenant il n'a plus rien pour l'arroser.
C'est un peu la situation dans laquelle le ministre se trouve actuellement.
Cela peut être difficile, parce que les grands objectifs que le ministre
a tracés sont difficilement attei-gnables, même à court
terme, dans le délai à l'intérieur duquel on devrait
manoeuvrer pour les atteindre.
J'ai l'impression que le ministère fait son petit bonhomme de
chemin, pendant que la situation elle, évolue beaucoup plus rapidement.
J'aurais espéré, dans ce sens, M. le Président, pour
terminer, que la commission parlementaire qu'on a vécue il n'y a pas
longtemps donne lieu peut-être à une prise de conscience plus
grande de la situation comme telle et de l'urgence vraiment de passer à
l'action. C'est sur cette réflexion que je laisse le ministre. J'aurai
l'occasion d'y revenir et de faire d'autres suggestions. Mais je voulais,
à ce stade-ci, apporter certaines recommandations à partir d'une
réflexion générale sur la situation et souligner aussi,
d'une façon plus particulière, que, si le président des
Etats-Unis lui-même met, jusqu'à un certain point, sa tête
à prix sur la question énergétique, après que
d'autres présidents avant lui n'en ont que parlé, je pense que
c'est quand même significatif de l'urgence réelle d'une
situation.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
Réplique du ministre
M. Joron: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais peut-être apporter quelques précisions à
quelques-unes des questions qu'a
soulevées le député de Richmond, en
commençant peut-être par lui rappeler qu'il est membre d'un parti
qui s'est engagé à réduire les dépenses
gouvernementales, non pas à les augmenter. Je conçois qu'il est
plein d'enthousiasme pour le dossier de l'énergie, les questions
énergétiques. J'espère, d'ailleurs, que cet enthousiasme
et même cette fougue seront manifestes et présentes au moment
où on sortira le livre blanc à l'automne, quand viendra le temps
de pousser les mesures concrètes.
Ceci posé, j'aimerais peut-être glisser un mot sur
l'ampleur des crédits. J'ai soumis, au départ, que c'était
l'année du lancement de la préoccupation
énergétique, au niveau du gouvernement du Québec.
Evidemment, on ne veut pas brûler les étapes. Il aurait
été prétentieux peut-être de demander des budgets
faramineux avant d'être outillé en personnel, en objectifs, etc.,
pour dépenser ces sommes d'argent. On veut agir le plus rapidement
possible, mais suivre les étapes normales, c'est-à-dire, d'abord,
mesurer exactement où on s'en va avant de requérir des sommes
plus considérables, ce qui viendra sûrement dans les années
subséquentes. Cela ne me fait pas l'ombre d'un doute. D'autre part
aussi, il ne faudrait pas relier le budget aux seuls crédits que nous
avons à adopter aujourd'hui tout l'effort énergétique, si
on peut l'appeler comme cela, qui se fait au Québec.
Si le budget de la direction générale de l'énergie
est modeste, il ne faut pas oublier aussi que relève du ministre
délégué à l'énergie, et la
préoccupation énergétique du gouvernement, un ensemble de
sociétés d'Etat, dont l'Hydro-Québec, dont SOQUIP, dont la
Société de développement de la baie James, dont l'addition
des budgets dépasse, pour cette année, probablement $3 milliards
plus je vais en glisser un mot tout à l'heure des
instituts de recherche qui ne paraissent pas au budget de la direction
générale de l'énergie, mais qui consacrent des fonds
à la recherche énergétique. Je pense à l'IREQ,
l'Institut de recherche de l'Hydro-Québec, l'INRS, enfin, à
plusieurs universités, à d'autres instituts, etc. L'effort
énergétique consenti au Québec, si vous voulez, est de
beaucoup supérieur à ce qui paraît devant nous
aujourd'hui.
Un mot de plus sur les mesures immédiates que le
député de Richmond nous invite à entreprendre dans le
domaine de la conservation de l'énergie. Même si, comme je le
disais tout à l'heure, on va structurer notre département ou le
bureau de l'économie de l'énergie avant de se lancer dans
l'action, il reste qu'on a déjà identifié et
annoncé des sujets prioritaires comme, par exemple, les édifices
publics et parapublics. A cet égard, on a déjà
formé un comité interministériel, groupant des
sous-ministres, visant à étudier l'action que le gouvernement,
d'abord, par l'exemple, doit donner. Je vais être le premier,
évidemment, à me soucier de l'économie de
l'énergie, à définir ce qui peut être fait. Cela
peut donner des suites, je crois, dans un mois ou deux, cela peut être
beaucoup plus rapide qu'on pense. Encore une fois, cela ne paraît pas au
livre des crédits, mais ce sont des mesures qui peuvent être
prises très rapidement. Donc, ce qui relève du public et du
parapublic.
Ensuite, dans le domaine des transports, il y a des mesures qui peuvent
être prises par le ministre des Transports et qui pourraient avoir des
effets sur l'économie d'énergie. Dans le domaine des
résidences particulières, dans le domaine du comportement de
l'industrie en général, un programme avec l'industrie pour les
aider à identifier les pertes possibles d'énergie, les mesures
à prendre, etc. Un programme qui n'est pas extrêmement
coûteux, qui permet, dans certains cas on le voit, il existe en
Ontario depuis quelque temps d'identifier très rapidement, par
une visite relativement rapide, des pertes d'énergie et de
suggérer au propriétaire de l'usine ou de l'entreprise les moyens
de parer à cela, chose à quoi, d'ailleurs, les entrepreneurs sont
évidemment très ouverts parce qu'il y va de leur
intérêt financier immédiat de faire baisser leur facture
énergétique.
Finalement, il y a le comportement des consommateurs. C'est
peut-être plus aléatoire, dans un sens, cela va impliquer des
campagnes d'information, de publicité et ainsi de suite, mais à
cet égard, même si n'apparaît pas un budget d'information ou
de publicité, si on veut l'appeler comme cela, comme tel très
détaillé dans nos crédits à nous, il ne faut pas
oublier non plus que l'Hydro-Québec a un budget d'information et de
publicité considérable. Il est évident que leurs
programmes s'ajusteront ou devront s'ajuster aux nôtres, dans ce
sens-là. Cela n'apparaît pas, encore une fois, à nos
crédits à nous, qu'on regarde ce soir, mais cela peut impliquer
un effort considérable qui va être fait.
Quant aux suggestions qui ont été faites à la
commission, à l'égard de l'économie de l'énergie,
on en a eu également beaucoup d'autres qui nous ont été
soumises depuis la commission parlementaire. C'est un feu roulant, ça
n'arrête pas. A chaque semaine, il y a des gens qui viennent nous voir.
Evidemment, on collige tout cela et cela ne restera pas lettre morte. Cela ne
tombe pas dans l'oreille de sourds. On se tient également au courant de
tout ce qui se passe dans les autres pays. J'ai personnellement
rencontré l'ambassadeur de la Grande-Bretagne, l'ambassadeur de la
Suède à qui j'ai demandé, à titre d'exemple
ce sont les plus récents dont je me rappelle les programmes qu'il
y avait dans ces pays.
La Suède, entre autres, qui est un des pays qui a fait parmi les
premiers un effort de rationalisation de sa consommation
énergétique des plus substantiels organise justement un colloque
d'information au mois de mai pour montrer tout ce qui a été fait
là-bas. De toutes ces choses évidemment, on est au courant et on
se tient au courant.
Je voudrais brièvement répondre à quelques autres
points qu'a soulevés le député de Richmond. En ce qui
concerne l'entreposage, le députe de Richmond semblait en faire un cas
très urgent et très important relié à la
possibilité d'interruption des approvisionnements provenant du
Moyen-Orient si jamais la situation politique là-bas
se développait d'une façon fâcheuse et nous privait.
Il faut d'abord rappeler qu'il n'y a peut-être pas une capacité de
stockage dit stratégique considérable au Québec, mais que
l'inventaire normal, dans le cours des affaires des distributeurs de produits
pétroliers, représente en moyenne environ 45 jours de
consommation, un mois et demi. Cela peut aller jusqu'à deux mois dans
certains cas. Donc, on ne serait pas, dans l'optique d'une interruption, pris
les culottes baissées, si vous me passez l'expression, du jour au
lendemain. Il y a presque deux mois de jeu.
D'autre part, nos sources actuelles d'approvisionnement, temporairement
j'en conviens, pour quelques années encore, viennent partiellement, pour
à peu près 40%, de l'Ouest canadien à l'heure actuelle.
Les raffineries de Montréal seront reliées à
l'oléoduc interprovincial qui a été prolongé
récemment de Toronto jusqu'à Montréal. Pour le moment cela
représente un petit peu moins que la moitié de
l'approvisionnement des raffineries montréalaises, mais cela pourrait
être augmenté par une allocation des ressources en cas de crise.
C'est la raison première pour laquelle le gouvernement
fédéral a insisté pour construire cette extension du
pipe-line. Ainsi, en véritable période de pénurie,
d'embargo, le danger de ne pas avoir d'huile à chauffage et de geler,
théoriquement j'imagine que les exportations canadiennes vers les
Etats-Unis seraient suspendues, parce que la sécurité
pancanadienne exigerait que ce débit soit dirigé vers
Montréal et le pipe-line a la capacité de fournir les raffineries
de Montréal.
Donc, il y a une protection de ce côté-là.
Finalement, il faut bien comprendre que cette partie des approvisionnements en
pétrole brut qui arrivent à Montréal qui viennent
d'outre-mer, si vous voulez, et qui ne sont pas de sources canadiennes ne
viennent pas essentiellement du Moyen-Orient. Cela vient du Venezuela, cela
vient du Golfe du Mexique, cela vient de Trinidad, cela vient du Nigeria, cela
vient d'un peu partout. Alors, si la situation politique au Moyen-Orient
aboutissait à une interruption des livraisons venant de cette source, il
reste qu'il y a bien des sources alternatives dans le monde qui sont
déjà des fournisseurs des raffineries de Montréal.
Alors, la marge de manoeuvre est quand même assez grande. C'est
sous cette lumière qu'il faut évaluer le coût additionnel
de créer du stockage stratégique. Je ne suis pas sûr
vraiment que ce serait le meilleur investissement qu'on peut faire, parce que
le danger d'interruption, et on pense évidemment à l'hiver, n'est
finalement pas si grand que cela, parce qu'il y a des possibilités de
replis de toutes sortes de côtés. Ceci dit vous avez quand
même raison à plus long terme de nous inviter à diversifier
nos sources d'approvisionnement.
Au Québec, l'approvisionnement en énergie dépend
à 70% du pétrole. C'est un chiffre assez élevé
quand on pense que c'est une ressource dont le prix va être probablement
"astronomique" avant peu de temps, sans parler du fait qu'on ne sera
peut-être plus assuré d'ici cinq, six ou sept ans, peut-être
même pas plus, des approvisionne- ments comme tels. Alors cela est
évident et a été répété en commission
parlementaire. C'est en tenant compte de cette situation qu'on élabore
notre politique énergétique.
Nous sommes à la recherche de sources alternatives qui incluent
non seulement le développement de nos sources énergétiques
autochtones, c'est-à-dire, l'électricité, mais qui
comportent une diversification des sources pétrolières plus,
aussi, probablement une participation plus grande dans notre bilan
énergétique du gaz naturel dont les sources sont dans l'Ouest
canadien, dans l'Arctique et également un peu partout à travers
le monde. Cela peut venir sous forme liquifiée ou par
méthanier.
Enfin, un dernier point peut-être; des recherches dans des sources
alternatives. Je n'ai pas tout à fait compris. Vous disiez qu'il ne se
dépense pas beaucoup d'argent au Canada, j'ai entendu le chiffre de $500
000, mais c'est beaucoup plus que cela. Au Québec même, c'est
plusieurs millions. Il y a INRS, IREQ, Brace Institute. C'est $8 millions pour
l'IREQ seul. Je ne vous dis pas que cela est suffisant. Quand on aura
défini exactement ce qu'on l'on veut encourager et pousser on pourra
donner le feu vert et donner le coup d'accélérateur. Il ne faut
pas minimiser l'effort qui est déjà fait. D'ailleurs à cet
égard on a formé un comité qui regroupe tous les centres
de recherche, universitaire, para-universitaire, industriel ou autre qui font
de la recherche dans le domaine énergétique. On a
créé un comité pour regrouper ces gens de façon
à faire un programme commun pour ne pas, sans que l'on sache, qu'il se
fasse du dédoublement ou un petit bout de recherche dans un coin, et un
bout dans l'autre et ainsi de suite, pour que tout le monde sache à quoi
tout le monde travaille et que l'on partage les tâches de la façon
la plus efficace possible en demandant à tous ces gens impliqués
dans la recherche des sources alternatives de préparer à ce
comité un programme de leurs projets pour les cinq années
à venir de façon à être en mesure de bien
évaluer tout ce qui est en train de se faire et ainsi pouvoir identifier
ce qui ne se fait pas et, dans un deuxième temps, pouvoir y
suppléer.
En gros, ce sont les dépenses et les précisions que je
voulais apporter aux remarques du député de Richmond.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent, si vous acceptez de remplacer votre collègue M. Giasson
de Montmagny-L'Islet, il me fera plaisir de vous accorder la parole.
M. Forget: J'accepte moyennant votre acceptation.
Le Président (M. Clair): Allez-y!
Commentaires de M. Claude Forget
M. Forget: J'écoutais tantôt le député
de Richmond et en commençant, j'aimerais devant l'abondance et la
prolixité de ses suggestions, suggérer au ministre qu'il voudra
peut-être le
considérer comme un des candidats au concours qu'il vient
d'annoncer comme sous-ministre délégué à
l'énergie.
Je vais essayer d'être bref. J'ai essentiellement deux points sur
lesquels j'aimerais faire un très court commentaire, mais surtout poser
des questions qui nous aideront à comprendre j'espère, un peu
mieux le sens du projet du ministre de créer un ministère de
l'énergie. Mon premier point sera plus agréable et le
deuxième, un peu moins. Je pense que c'est un bon équilibre.
Premièrement, relativement à cette décision que
symbolise d'abord la nomination du ministre délégué
à l'énergie et la création du ministère, je pense
que l'on peut très spontanément et sincèrement
féliciter le gouvernement et féliciter le ministre de
l'intérêt visible qu'il accorde à ce dossier très
important. Contrairement au propos que l'on vient d'entendre de la part du
porte-parole de l'Union Nationale, je ne ferai pas grief au gouvernement
d'avoir un budget modeste relativement à cette question, non seulement
pour les raisons qu'il vient d'indiquer, mais parce que, essentiellement, on ne
peut pas juger d'une politique de l'énergie, puis d'un ministère
de l'énergie, par l'importance de son budget. Ce n'est pas, si je
comprends bien, un ministère qui donne des services, mais un organisme
qui doit aider à articuler une politique. Loin de croire que c'est trop
peu, j'ai l'impression que, quand on parle d'une somme de près de $3
millions, si elle est bien dépensée, si le ministre a du
succès dans le recrutement où il est engagé, j'ai connu
cette expérience de recrutement et je sais que c'est là le plus
grand défi qu'il a à relever, alors il aura largement assez de $3
millions pour élaborer une politique de l'énergie.
S'il en avait trois fois plus, les chances de confusion et les
difficultés de coordination seraient probablement plus
considérables que les bienfaits additionnels qu'il pourrait en
tirer.
D'ailleurs, c'est un peu le sens de la remarque que je veux faire, tout
en applaudissant au désir du gouvernement d'accorder une importance
marquée au dossier de l'énergie.
Je ne peux pas m'empêcher, ayant un peu connu l'administration
publique, de toutes sortes de façons d'ailleurs, pendant quelques
années, de constater que l'on a parfois cette tentation dans
l'administration publique de faire un peu de l'administration ou de changer les
structures par un certain engouement.
On ne compte plus les modifications structurelles au gouvernement du
Québec. Pourtant, cela ne fait pas des siècles qu'il y a une
fonction publique bien organisée.
Ce qui est un peu inquiétant, c'est que, évidemment, il
faut s'attendre dans l'avenir qu'un dossier particulier prenne tout à
coup de l'importance et qu'on veuille, symboliquement, mais aussi
réellement lui accorder plus d'importance. A ce moment, on fait tout un
chambardement et on crée des structures. Il y a, dans ce jeu de chaise
musicale, des gens qui ont fait carrière au sein de la fonction publique
qui se retrouvent parfois sans fauteuil et que les règles de la fonction
publique obligent d'une certaine façon à caser ailleurs.
Je pense que c'est là un problème très
sérieux, c'est un problème avec lequel on va continuer à
vivre. Les gouvernements vont se succéder les uns aux autres et on va
continuer à vivre avec cela.
Encore une fois, en approuvant totalement le gouvernement parce que ce
sont les seules façons d'agir dont on dispose à l'heure actuelle,
peut-être par défaut d'imagination personne n'a jamais
suggéré une autre façon de le faire je dis qu'on
impose une espèce de fardeau à l'administration publique en
faisant cela de cette façon ce qui, à long terme, est fort
coûteux, mais, enfin, je n'ai pas de cure miracle. Je remarque que cela
se fait cette fois; cela va se refaire dans l'avenir.
Pour nous aider à comprendre les crédits qui nous sont
soumis et dans l'optique de la création d'un ministère de
l'énergie, je vais poser quelques questions. Le ministre pourra y
répondre tout de suite, s'il le veut, ou il pourra les accumuler. Ce
sont des questions qui sont assez factuelles. Nous avons deux programmes, 7 et
8. J'ai l'impression c'est la première question quand on
regarde ces deux programmes, qu'il y a dans le futur ministère d'autres
éléments qui vont venir s'ajouter, parce qu'il y a un programme
que nous n'étudierons pas ici, tout de suite du moins, qui s'appelle
gestion interne et soutien.
Il y a donc une partie, j'imagine, de l'administration, dans le sens
étroit du mot, du ministère des Richesses naturelles qui va
être détachée et qui va venir grossir le budget de
l'éventuel ministère.
Ou, alors, est-ce que le ministre a l'intention, lors de la
présentation d'une loi créant le ministère, de dire: Les
dépenses nécessaires pour la mise en application de la
présente loi sont prises dans les crédits, dans le fonds
consolidé? Ce qui veut dire: Est-ce qu'il y aura des dépenses
autres que celles qu'on examine dans le moment? Cela, c'est la première
question.
M. Joron: Voulez-vous que j'y réponde tout de suite?
M. Forget: Bien oui.
M. Joron: II est déjà détaché du
ministère des Richesses naturelles. Ce qui n'est peut-être pas
détaché et qui s'ajouterait si la Direction
générale de l'énergie devenait un ministère, c'est
par exemple, le support financier, quelque chose comme le directeur du
personnel, le directeur des communications ou des choses comme cela. Il y a du
support technique qui viendrait s'ajouter.
M. Forget: Et qui apparaît au programme 3, dans le moment,
comme budget?
M. Joron: Pas complètement.
M. Forget: Je remarque quelque chose de curieux; entre 1976/77 et
1977/78, vous avez, dans ce programme, une diminution de coûts et cela,
ça ne se voit pas dans une période d'inflation, ne serait-ce que
par l'augmentation des salaires. Alors, vous avez opéré une
ponction sur le programme 3, si je comprends bien, pour accroître le
programme 7. Est-ce cela que vous me dites?
M. Joron: Le programme 3 des Richesses naturelles?
M. Forget: Oui.
M. Joron: Ah bon! attendez un peu.
M. Forget: C'est parce que je présumais que, dans gestion
interne et soutien, les comptables et les gens du personnel, etc., seraient
détachés et viendraient s'ajouter au programme 7 et 8 pour faire
le budget du ministère de l'énergie.
M. Joron: Si vous le permettez, je peux peut-être demander
au sous-ministre, M. Tremblay, de vous expliquer le détail de ce
point.
Oui, en fait, l'augmentation que vous voyez de 1976 à 1977, qui
est de $822 000 à $1,6 million, essentiellement, ce sont les salaires
prévus des sept cadres dont les concours ont été
annoncés dans les journaux récemment.
M. Forget: Ah bon! Ces concours sont couverts par cela.
M. Joron: La fraction des traitements pour 25%, 10% ou 50% du
personnel, fonctions financières, fonctions de contrôle, etc. qui
sont aux Richesses naturelles n'apparaissent pas ici. Elles apparaissent dans
le budget de gestion interne des Richesses naturelles.
M. Forget: Je vois... qui pourtant lui-même affiche une
diminution cette année par rapport à l'année
dernière. Alors, je me demandais si c'était parce que vous aviez
enlevé le quart qui appartiendra à l'énergie.
M. Joron: Non.
M. Forget: II est encore là, malgré tout.
M. Joron: II y a d'autres raisons.
M. Forget: II y a ce point. J'aimerais aussi, puisque le ministre
y a fait allusion, qu'il nous donne peut-être l'énumération
des autres provinces. Il dit que les autres provinces se sont
déjà dotées de ministères de l'Energie. J'imagine
que l'Alberta, depuis longtemps, pour des raisons évidentes, s'est
équipée de cela. Peut-être l'Ontario aussi. Est-ce qu'il
peut, de mémoire, mentionner d'autres provinces?
M. Joron: L'Alberta évidemment et l'Ontario sont les deux
provinces avec lesquelles on a peut-être eu le plus de discussions.
D'autres pro- vinces cumulent les richesses naturelles,
l'électricité et l'énergie. L'énergie seule, comme
telle, il n'y a, si ma mémoire est fidèle, que l'Alberta et
l'Ontario.
M. Forget: Je vois.
M. Joron: Même pas l'Alberta, les ressources
minières également sont combinées avec
l'énergie...
M. Forget: On n'est pas si en retard que cela.
M. Joron: Dans ce sens, oui et non. En retard? C'est relatif. En
retard d'un an ou de 18 mois, dans certains cas. L'Ontario a des programmes de
conservation de l'énergie qui sont déjà en marche depuis
presque deux ans. Nous serons en retard de deux ans.
M. Forget: Alors, pour ce qui est donc de la création du
ministère, en général j'y souscris sans peine et, encore
une fois, je crois que cela illustre un problème général
de l'administration publique. J'encourage le ministre à maintenir un
profil bas sur le plan des dépenses, parce que je pense qu'un
ministère d'études et d'analyses, c'est peut-être la
dernière chose qu'on peut mentionner et qui reflète assez bien le
caractère de ce futur ministère. Actuellement, le titre du
programme c'est "Etudes et recherches concernant les hydrocarbures et
l'électricité".
Dans l'esprit du ministre, ces deux expressions vont le mieux
caractériser les objectifs du ministère, en ce sens qu'il n'y a
pas d'opération à gérer, il y a essentiellement de
l'étude et de la recherche.
M. Joron: C'est peut-être incomplet. Disons que c'est la
catégorie ou le langage classique. Evidemment, si on pense aux sources
d'énergie dites nouvelles, ou ainsi de suite, cela devrait normalement
couvrir cela. L'expression est peut-être inadéquate, elle pourrait
être plus large, effectivement.
M. Forget: Pour aller un peu plus loin, est-ce que vous
envisagez, par exemple, de disposer d'un fonds pour la recherche
commanditée? Parce qu'on pourrait imaginer qu'en plus d'un certain
nombre d'analystes qui suivent la situation dans le domaine des hydrocarbures
et de l'électricité, vous y voyiez des secteurs comme, par
exemple, toute la question de l'isolation thermique, que vous disiez: II faut
vraiment mettre $20 millions dans un programme de recherche intensif. Ou alors,
ce serait mon autre question, il y a une autre possibilité, c'est
qu'à vos crédits émargent également des
subventions. On pourrait dire, par exemple, qu'on va offrir $500 à tout
propriétaire de maison qui décide d'isoler alors qu'elle ne l'est
pas. Ce sont des choses possibles, qui sont vraisemblables.
M. Joron: ...qui sont possibles mais qui ne sont pas
déterminées, à l'heure actuelle. Ce n'est
pas clair dans mon esprit, si la gestion des fonds en question doit
nécessairement appartenir au ministère de l'énergie ou si
un autre organisme ou un autre ministère ne pourrait pas être
chargé de l'application.
M. Forget: Comme les Affaires municipales, ou quelque chose comme
cela.
M. Joron: Je pense qu'en gros on peut dire que l'éventuel
ministère de l'énergie restera probablement toujours un
ministère très léger qui fera évidemment des
recherches, des études, de la planification d'où sortiront des
programmes, des suggestions, des directives et des propositions mais dont
l'application dans les faits et les budgets qui y sont attachés pourront
fort bien apparaître dans beaucoup d'autres organismes, mais pas
nécessairement chez nous.
M. Forget: Cela est très clair. Ma deuxième
remarque est un peu moins agréable, peut-être, à formuler,
et peut-être surtout à écouter; elle a trait à la
question du livre blanc.
J'ai participé avec plusieurs de nos collègues à
cette commission. Il est évident que cela a suscité, de tous ceux
qui ont participé à la commission, beaucoup de réflexions
fort utiles et fort productives. Par ailleurs, comme le député de
Richmond le disait tout à l'heure, l'annonce qu'a faite cette semaine le
président des Etats-Unis nous permet de souligner un fait qui, je pense,
est assez important pour qu'on insiste. Je le fais, parce qu'autrement mes
remarques pourraient avoir l'air injuste. Mon objectif, en abordant ce sujet,
est de souligner que la date de publication prévue par le ministre pour
le livre blanc me semble très tardive. C'est pour cela que je dis que
cela pourrait avoir l'air d'une critique injuste puisque je comprends
très bien qu'on pourrait me dire, d'un autre côté: Nous ne
faisons qu'arriver au gouvernement avec un dossier à monter et une
expertise et un ministère à installer.
Dans le fond, l'exemple américain est intéressant à
ce point de vue. Le président américain a pris le pouvoir le 20
janvier, et non pas le 26 novembre; vous aviez deux mois d'avance sur lui. Il
n'a pas fait campagne là-dessus, que je sache, il n'avait pas dans son
programme explicitement d'ailleurs, je pense que cela aurait
peut-être pu faire peur aux gens de le dire d'avance une politique
de l'énergie très fracassante. Il n'en a pas parlé.
Cependant, deux mois après il a déjà toute une
série de mesures qu'il annonce, et, évidemment, qu'il a dû
élaborer depuis, au plus tôt, le mois de décembre.
Vous êtes déjà là, malgré tout, depuis
un certain temps avec, depuis deux ans dans le programme de votre parti, un
engagement de faire des recherches à l'intérieur du parti avant
même de venir au gouvernement et de prendre position sur ce
problème. Je pense que le ministre a déjà, d'ailleurs,
gagné ses épaulettes sur un plan plus personnel relativement
à cette question. Deux mois après qu'a siégé la
commission parlementaire sur l'énergie, on nous promet le livre blanc
à un mo- ment ou l'autre de l'automne; je comprends qu'on ne peut pas
préciser de semaine à ce moment-ci. Il ne semble pas y avoir,
entre l'importance que le gouvernement attache visiblement, par tout ce qu'il a
fait, au problème et le calendrier qu'il s'est donné, une bonne
correspondance. Surtout quand on compare à l'exemple américain
où la prise de pouvoir, etc., est encore plus serrée au point de
vue du programme.
Est-ce que c'est une indication qu'on va avoir vraiment des
difficultés à formuler cette politique et après à
l'appliquer? Je pense qu'effectivement il y a et je le dis un peu avec le
sourire, des choses que le ministre, il va s'en rendre compte, peut faire
peut-être plus facilement cette année que dans les années
à venir. C'est une occasion qu'il ne devrait pas manquer dans
l'intérêt même de la population, puisque tout le monde est
humain dans ces choses. Il reste que, si des gestes énergétiques
doivent être posés, je suis sûr qu'il trouvera plus facile
de le faire cette année que s'il attend plus tard, en étant tout
à fait franc avec lui.
Ceci étant dit, il y a également des choses que le
ministre a dites qui me préoccupent un peu. Par exemple, je retrouve un
peu trop souvent à mon goût la notion ou le mot "gaspillage". Je
comprends que c'est un mot qui fait image, mais cela peut nous lancer sur une
fausse piste. Dans une question si peu émotive que l'utilisation de
l'énergie, les gens ne font pas cela pour s'amuser ou par sport, c'est
une décision qu'ils prennent tous les jours en fonction de
l'environnement dans lequel ils se trouvent. Le gaspillage, cela n'existe pas.
C'est une notion moralisatrice, qui n'a pas de signification. On gaspille, si
on veut employer ce mot à tout prix, tout ce qui n'est pas cher dans la
vie, y compris l'eau, et on économise les choses qui sont chères.
C'est seulement en se plaçant dans un autre contexte,
complètement pas réel, en dehors d'une situation donnée,
qu'on peut dire: Dans un autre monde, ce genre de comportement s'appellerait du
gaspillage.
Mais ce à quoi je veux en arriver, et la fausse piste contre
laquelle je veux peut-être mettre le ministre en garde, c'est que s'il
prend cette tangente du gaspillage, il sera amené dans son livre blanc
à faire des recommandations qui sont basées sur une prise de
conscience par le public des problèmes de l'énergie par les
efforts d'information, publicité, etc., en somme, à culpabiliser
le public pour un comportement qui est tout à fait normal, étant
donné l'engagement qu'on lui a donné à ce public. La
véritable responsabilité du gouvernement, et là où
cela va être évidemment difficile je sympathise
évidemment avec ceux qui ont ces responsabilités cela va
être de changer l'environnement, ne pas changer la perception que les
gens en ont, mais changer véritablement l'environnement dans lequel ils
prennent des décisions.
J'aimerais aussi, cela n'est pas un souci que j'ai, si le ministre le
juge opportun, qu'il nous dise si dans la réflexion qu'il a faite
jusqu'à maintenant, il a conclu à l'opportunité que le
livre blanc, que la politique gouvernementale touche à deux sujets
dans le fond c'est un seul et même su-
jet auxquels mon collègue a fait indirectement allusion.
D'une part, on a parlé d'autofinancement, l'autofinancement des projets
d'investissements dans le domaine énergétique. Est-ce que le
livre blanc comportera un objectif relativement à l'autofinancement?
Dans le moment, il s'agit d'un résultat émanant d'autres
décisions, mais ce n'est pas nécessaire qu'il en soit ainsi
vis-à-vis des industries d'Etat ou des sociétés d'Etat.
Plusieurs gouvernements à travers le monde ont des objectifs
d'autofinancement pour les industries dont ils sont les seuls actionnaires.
Deuxièmement, et toujours relativement à
l'Hydro-Québec, puisque c'est ce que cela touche, cela touche aussi
SOQUEM, mais c'est un autre domaine, le ministre a dit cela nous
ramène peut-être un peu à la conscientisation puis les
efforts de publicité qu'il y a des budgets de publicité
à l'Hydro-Québec, il y a des budgets d'information à
l'Hydro-Québec. Il n'est pas exclu je crois que le ministre a dit
qu'il était spécifiquement prévisible que ces
budgets d'information pourraient servir à la mise en oeuvre d'une
politique énergétique. Là aussi, j'aimerais bien que le
livre blanc nous dise si, dans l'intention du gouvernement, il y aura une
modification à la charte de l'Hydro-Québec, parce que sur un plan
strictement légal, et ceci va devenir de plus en plus important, on n'a
pas de tradition très forte au Québec de respecter l'esprit des
lois qui s'appliquent à l'intérieur du secteur public. On y va
assez largement, on n'a pas un esprit juridique comme nos cousins
français où il faut un texte pour justifier le moindre geste,
mais malgré tout, les textes, on doit les respecter.
Actuellement, dans la charte de l'Hydro-Québec, il y a une seule
responsabilité, c'est de produire autant d'électricité que
les gens en demandent, à moins que le gouvernement veuille changer cela,
il n'y aura pas beaucoup d'espoir d'avoir une influence sur
l'Hydro-Québec, parce que dans le fond, c'est clair, sa
responsabilité, une fois qu'il s'en acquitte, il n'y a plus personne qui
a le droit de faire une seule critique sur l'Hydro-Québec. C'est tout
à fait légitime, d'ailleurs, à ce point de vue. Je crois
que comme c'est nécessaire, comme c'est souhaitable, on respecte
parfaitement l'Hydro-Québec, son autonomie, etc. Cela ne veut pas dire
qu'on ne change pas son mandat. L'Etat est tout à fait justifié
de le faire. S'il change son mandat, il va falloir faire bien attention de
préciser si l'Hydro doit aussi, non seulement produire
l'électricité, mais produire de l'information.
L'Hydro-Québec n'a pas été produite, conçue comme
un instrument d'information. Je n'emploie pas les mots qu'on pourrait employer
de façon démagogique: un instrument de propagande. Dans mon
intention, il ne s'agit pas du tout de cela. Mais s'il y a une information qui
doit se faire, il faudra se poser la question, à savoir si ce n'est pas
au gouvernement qu'il revient de la faire plutôt qu'à un organisme
délégué.
M. le Président, je conclus là-dessus, ce sont des
inquiétudes, je ne sais pas si le ministre veut réagir, mais de
ce côté, du côté du livre blanc, contrairement
à la question de la création du mi- nistère, je suis un
peu déçu de l'échéancier et je me pose un certain
nombre de questions sur son contenu éventuel.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
Réplique du ministre
M. Joron: Je veux bien tenter de répondre aux principales
questions qu'a soulevées le député de Saint-Laurent.
D'abord, je ne voudrais pas être méchant, moi non plus, mais je
voudrais dire ceci: Si le président Carter a pu publier ou annoncer plus
rapidement que le nouveau gouvernement du Québec sa politique
énergétique, il faut bien comprendre qu'il y avait en place,
à Washington, sous l'ancien gouvernement, l'ERDA, toute une
équipe d'experts et de techniciens qui avaient préparé des
programmes et des alternatives que devait sans doute également
considérer le président Ford avant lui. Je vous avouerai qu'on
n'a pas trouvé, en arrivant au pouvoir au mois de novembre, beaucoup de
matériel accumulé à ce sujet. Je ne veux pas jeter le
blâme sur le travail qui a été fait avant, mais il faut
quand même se rendre compte que, si le président Carter a pu agir
plus rapidement, peut-être est-ce parce qu'il y avait eu du travail
préalable de fait, travail qui n'était pas aussi extensif au
Québec.
Il faut bien dire que la situation, dans un sens, est peut-être
plus pressante aux Etats-Unis. Il était peut-être opportun,
politiquement, pour le président américain d'annoncer son
programme à ce moment-ci, alors que l'opinion publique a
été conditionnée, au cours de l'hiver, à des
pénuries énergétiques qui ont été
très cruelles dans certains endroits des Etats-Unis, ce qui a
possiblement accéléré sa décision de rendre public
son programme à ce moment-ci, plutôt qu'à un moment qui
serait peut-être venu plus tard.
D'autre part, il faut bien considérer aussi que les moyens
d'action qu'a le gouvernement américain sur la situation
énergétique domestique des Etats-Unis n'ont pas grand-chose
à voir avec les moyens d'action que le Québec a, pour la raison
suivante: le gouvernement de Washington contrôle, dirige ou influence la
production de multiples formes d'énergie. Il n'y a pas seulement
l'électricité, ce sont des producteurs de gaz naturel, ce sont
des producteurs de pétrole. C'est le gouvernement de Washington qui
contrôle les exportations et les importations de pétrole et tout
cela. Ils ont tout ce champ d'action, alors que le champ d'action
énergétique du Québec est limité, finalement,
à l'électricité. Si on produisait du pétrole ici ou
du gaz naturel, d'abord, probablement qu'on aurait développé plus
d'expertise énergétique qu'on ne l'a fait jusqu'à
présent.
Il faut bien se rendre compte que, dans le cadre constitutionnel actuel,
la question des exportations et des importations ne relève pas de la
juridiction du gouvernement du Québec, ce n'est pas un domaine sur
lequel on peut agir. Qu'est-ce qui reste à part les mesures
incitatrices, d'information ou, enfin, tout ce qui peut avoir trait à
des programmes d'économie de l'énergie? Mais, en ce
qui concerne les décisions liées à la production de
l'énergie comme telle, il n'y a finalement que
l'électricité. A cet égard, les décisions
déjà prises sont en marche, sont en voie d'accomplissement, en
voie de déroulement et on ne peut que dans une marge très
restreinte modifier le programme d'équipement de l'Hydro-Québec
pour les sept ou huit prochaines années. C'est déjà en
marche.
Egalement, le gouvernement américain a des moyens d'action qu'on
n'a pas. S'il décide d'agir, par exemple, sur l'industrie automobile
pour imposer des normes aux manufacturiers d'automobiles et leur dire, par
exemple: Vos véhicules, d'ici X temps, devront rencontrer telles normes
au point de vue du millage par gallon, ainsi de suite, il peut le faire, alors
que nous n'avons aucun contrôle sur les manufacturiers d'automobiles. Il
n'y en a pas au Québec. Il y en a un, mais c'est plus de l'assemblage
que de la fabrication complète de véhicules.
D'ailleurs cela ne compte que pour une partie relativement petite de
notre marché. Alors ce sont tous des instruments qui nous
échappent, mais je pense qu'on n'a pas besoin d'attendre je l'ai
déjà indiqué le livre blanc, à l'automne,
pour commencer à agir tout de suite dans le domaine de l'économie
de l'énergie, et j'ai indiqué qu'il y a des choses
déjà en marche. D'accord, je ne suis pas en mesure de vous les
annoncer, mais cela va être relativement bientôt, le directeur du
bureau de l'économie de l'énergie, ainsi de suite, le personnel
qui sera recruté tout cela. Même si le directeur comme tel n'a pas
été nommé, il y a du travail préalable qui a
été fait, des priorités qui ont été
désignées et que je vous ai soulignées tout à
l'heure. Il y a un comité interministériel qui travaille à
une de ces priorités, ainsi de suite.
Il y a des choses qui se font. On n'attendra pas le livre blanc à
l'automne. Au fur et à mesure qu'on aura des éléments de
programme à rendre publics ou à mettre en marche, on n'est pas
lié à la date du livre blanc pour cela. D'ailleurs, il n'y a pas
de contradiction là-dedans. On l'a vu à la commission
parlementaire. Evidemment, tout le monde nous a recommandé de pratiquer
l'économie de l'énergie et d'y mettre des programmes en marche
à cet égard. Tout le monde, en somme, venait faire son acte de
foi. Ils sont tous en faveur de la vertu et de la maternité. On n'a pas
besoin de politique énergétique globale pour savoir que s'il y a
moyen d'économiser on va les prendre, ces moyens. Alors, il n'est pas
exact de dire que rien ne se passera tant que le livre blanc, à
l'automne, ne sera pas publié. Il y a des choses qui vont se passer
avant.
Ceci dit, parlant d'économie d'énergie, cela
m'amène à un autre point que le député de
Saint-Laurent soulevait, lorsqu'il m'invitait à éviter
l'expression de gaspillage. Je suis peut-être d'accord avec lui, je ne me
chicanerai pas là-dessus, le terme n'est peut-être pas opportun.
On devrait peut-être plutôt parler de mauvaise utilisation de nos
ressources énergétiques, en fait, d'utilisation inefficace de
l'énergie plutôt que du gaspillage comme tel. C'est bien sûr
que je ne veux pas, en employant ce terme, adresser un blâme aux
consommateurs en général. Je sais bien que le comportement des
consommateurs est conditionné par une foule de choses, mais ce n'est pas
par un choix comme tel de gaspillage qu'ils ont le comportement qu'ils ont.
C'est tout un cadre, c'est toute une ambiance culturelle dans laquelle
toute l'Amérique, d'ailleurs, baigne depuis des années qui a
conduit à cela. Souvent, ce que j'ai appelé le gaspillage, ce
qu'il serait peut-être préférable d'appeler la mauvaise
utilisation, vient tout simplement de la mésinformation. Il y a des
moyens de soutirer la même quantité d'énergie
c'est-à-dire d'avoir le même résultat avec une
quantité moindre d'énergie.
Alors il va falloir prendre les moyens, évidemment, pour indiquer
aux consommateurs de tous ordres, industriels, résidentiels, etc., quels
sont ces moyens et comment s'en servir. Vous disiez qu'employer la notion de
gaspillage avait un petit côté moralisateur. Et même si je
viens de vous dire que l'expression était peut-être
inappropriée, quand même je ne recule pas complètement
devant la tentation d'être un petit peu moralisateur aussi.
Je pense bien qu'il faut amener les gens à être conscients
que pas seulement dans le domaine de l'énergie, j'étends la
notion à un peu tout le comportement de notre système de
consommation. Nous sommes gaspilleurs à bien des égards. On ne
s'en rend pas compte, mais je ne le sais pas, quand on va à
l'épicerie, au magasin, on met un petit objet, enveloppé dans du
carton, dans un petit sac de papier qu'on remet dans un plus grand sac de
papier qu'on met dans un double sac pour ne pas que cela défonce, puis
on met tout cela dans une boîte de carton. C'est du gaspillage, cela. Il
n'y a pas de doute là-dessus. On ne s'en rend peut-être pas
compte, mais il suffit de le dire pour se dire: Ma foi, c'est vrai, cela n'a
pas de bon sens de gaspiller! Ce sont des arbres qu'on gaspille avec des
comportements semblables.
J'emploie cet exemple, on peut les multiplier vous savez par combien de
fois.
On a juste à regarder ce qu'on fait dans une maison dans une
journée, à l'intérieur des murs d'une maison. Cela n'a pas
de sens à quelle fréquence on utilise l'eau à tout propos.
On la laisse couler pour rien. La façon dont on se sert de Kleenex, par
exemple, à tout propos, on les jette.
Ce n'est pas seulement nous, mais toute l'Amérique. Le
comportement des Européens est quand même différent
à cet égard parce qu'ils n'ont pas eu l'abondance de ressources
que nous avons eue. Ils ont eu des périodes de privation que nous
n'avons pas connues. Les Nords-Américains ont toujours tenu pour acquis
que les ressources étaient très abondantes, inépuisables.
Finalement, cela nous conduisait presque à une absurdité; plus on
gaspillait, plus on encourageait la production d'objets ou de biens qui
allaient les remplacer. Ainsi on générait de l'activité
économique.
C'est créer une illusion de croissance économique qui,
à mon avis, est bien dangereuse. Je dis cela et je ne voudrais pas que
l'on ouvre un autre débat, mais je pense qu'il ne faut pas se
gêner aussi pour...
M. Garneau: ... mouchoir.
M. Joron: II y a toutes ces questions. A bien d'autres
égards, nous et quand je dis nous ce n'est pas
particulièrement les Québécois, et je ne pense pas
seulement au secteur énergétique l'Amérique du Nord
gaspille beaucoup.
M. Forget: Si on me permet de faire remarquer au ministre qu'il y
a un autre exemple exactement dans le même esprit mais qui fait ressortir
le caractère subjectif de cette évaluation. Depuis qu'on a
inventé l'imprimerie on lit beaucoup plus aussi.
M. Joron: En fin de compte depuis qu'on a inventé le
Kleenex on se mouche plus.
M. Forget: C'est un gaspillage aussi. Dans ce sens, quand les
ressources sont disponibles on les utilise. C'est tout ce que cela veut
dire.
M. Joron: Peut-être et finalement, quand elles ne le sont
plus, on se rajuste. C'est ce que l'on connaîtra dans les années
à venir.
M. Forget: L'homme est adaptable.
M. Joron: Enfin, pour en venir plus précisément aux
questions que vous avez soulevées, je vais vous répondre
brièvement à deux derniers points au sujet de
l'Hydro-Québec. Vous demandiez si la question du pourcentage
d'autofinancement de l'Hydro-Québec sera déterminée dans
le livre blanc. Indirectement je dirais oui, dans ce sens que le livre blanc se
penchera sur la question de tarification et remettra probablement en cause les
principes de base qui ont présidé à l'établissement
de la tarification et qui n'ont pas été modifiés depuis
plusieurs décennies. Un des principes est de rendre le coût de
l'énergie meilleur marché plus on en consomme, mais il y a des
structures de tarification dans des pays qui ont connu avant nous la
pénurie possible d'énergie et qui ont inversé le principe.
Alors, ce sont ces questions que nous débattons actuellement. Notre lit
n'est pas fait, loin de là, à ce sujet. Il y aura quelque chose
à ce sujet dans le livre blanc, et cela peut avoir une incidence sur la
question de l'autofinancement de l'Hydro-Québec.
Par contre, je dois dire aussi que nous avons déjà
indiqué le premier ministre lui-même l'a fait à
quelques reprises, je pense que le ministre des Finances l'a fait aussi, je
l'ai indiqué aussi que nous ne pensions pas remettre en cause les
principes généraux qui ont guidé la conduite
financière de l'Hydro-Québec. Je parle des grands principes, par
exemple, le taux de couverture des intérêts, la
nécessité de maintenir un pourcentage d'autofinancement, etc. Ces
principes vont conti- nuer d'être la base à partir de laquelle
nous envisagions la gestion financière de l'Hydro-Québec.
A cet égard il n'y a pas de modification spectaculaire avec les
critères qui ont présidé dans le passé. Finalement,
et cela est un point très important, je peux vous répondre tout
de suite là-dessus, vous souleviez la question des relations entre le
gouvernement et l'Hydro-Québec. Vous évoquiez le mandat de
I'Hydro et vous demandiez s'il allait y avoir modification à ce
mandat.
Je pourrais vous répondre certainement qu'il y aura modification
au mandat de l'Hydro. Elle n'attendra pas nécessairement le livre blanc,
bien que même si cela retardait à l'automne, cela ne changerait
pas grand-chose dans les faits, puisque c'est à la fin de
l'année, quand on pense au cycle budgétaire, que cela pourrait
avoir un effet sur le programme d'immobilisation de l'année à
venir.
Cela pourrait attendre à l'automne, mais on l'a indiqué
tout de suite que, effectivement, le mandat serait modifié et, dans le
sens suivant. Vous l'avez très bien décrit, l'Hydro, dans son
mandat actuel, en fait, effectivement établit la politique
énergétique elle-même du Québec, en ce sens, comme
son mandat lui commande de satisfaire à la demande et forcément
de prévoir celle-là de construire les installations
nécessaires pour la combler, ceci équivaut à laisser un
blanc-seing à l'Hydro-Québec. Cela lui permet d'établir
elle-même le quantum des installations, ou enfin, la quantité de
nouvelles sources de production à l'avenir.
Le gouvernement, dans le cadre de ce mandat, se contentant annuellement
d'approuver le budget d'immobilisation, ce qui devient un contrôle fort
théorique, parce que si, d'une part, le mandat de par la loi commande
à l'Hydro de satisfaire à la demande et qu'elle nous dit: pour
remplir notre mandat il nous faut tel programme d'immobilisation, comment
voulez-vous refuser alors? Cela devient plus ou moins du "rubber stamping". Il
est clair que maintenant, dorénavant, le programme d'investissement de
l'Hydro-Québec sera établi par le gouvernement, en ce sens que
cela devient une responsabilité de la direction générale
de l'énergie ou éventuellement du ministère de
l'énergie, en se servant bien entendu de l'expertise de
l'Hydro-Québec, mais d'évaluer ce qui est la demande et
finalement de fixer ce que sera l'offre.
Le mandat de l'Hydro deviendra celui de remplir le programme
d'investissement qui découle de cette évaluation, de ce choix
qu'aura fait le ministère de l'énergie. C'est à cet
égard, substantiellement différent, pour ne pas dire
radicalement, de la situation actuelle .
Le Président (M. Clair): M. le député de
Pontiac-Témiscamingue avait demandé la parole avant M. le
député de Jean-Talon.
M. Larivière: M. le Président, on sait qu'il reste
encore beaucoup de ressources hydrauliques à développer au
Québec. C'est dans ce domaine où l'Hydro-Québec est
experte et on sait aussi que c'est une des énergies la plus
économique à long terme.
Je pense à une de ces ressources qui est le
lac Kipawa où l'Hydro-Québec a fait des études
depuis une dizaine d'années et où tous les terrains sont
gelés sur le bord de ce lac par le ministère des Terres et
Forêts depuis longtemps.
Je me demande ce qu'attend l'Hydro-Québec pour développer
ces ressources qui restent au Québec. Vous allez peut-être me dire
que c'est un problème financier, mais je pense que possiblement le
gouvernement pourrait donner à l'entreprise privée de
développer ces ressources quitte à être
contrôlée par l'Hydro-Québec.
M. Joron: Je vous avoue que, la question du lac Kipawa, vous
êtes le premier à me la soulever, je n'ai pas de réponse
immédiate à vous donner, je pense...
M. Larivière: ...mais il y en a d'autres... M. Joron:
...peut-être à un autre moment...
M. Larivière: Je pense qu'ils nous ont dit qu'il y avait
27% encore des ressources à développer au Québec.
M. Joron: II reste que, sur cette question, je peux vous
répondre. A l'heure actuelle, la capacité de production de
l'Hydro-Québec, la puissance disponible, est de 10 000 mégawatts
plus 5000 qui sont sous contrat de Churchill Falls pour une longue
période, ce qui fait qu'au moment où on se parle on dispose de 15
000 mégawatts.
Au moment où la baie James sera terminée, en 1985, plus
Gentilly 2, plus Outardes 2 ou 3, je ne me souviens plus, et quelques autres
projets semblables, le total ne sera pas loin de 30 000 mégawatts, 28,
29, environ, pas loin de 30 000.
Donc déjà dans huit ans, nous aurons deux fois la
puissance disponible que nous avons aujourd'hui.
On passe donc de 15 000 à 30 000 mégawatts. Qu'est-ce
qu'il reste, par la suite, de potentiel hydraulique aménageable?
L'Hydro-Québec l'estime, en ce moment, entre 15 000 et 25 000
mégawatts, prétendant que ce qui est économiquement
aménageable là-dedans est probablement quelque part entre les
deux, disons 20 000 mégawatts. Economiquement aménageable, il
faut bien comprendre que c'est tel que vu aujourd'hui, en comparant le prix des
formes alternatives d'énergie. Cela paraît économiquement
aménageable aujourd'hui parce que, par exemple, le prix du
pétrole est à tel niveau et que telle autre chose coûte tel
autre prix.
Evidemment, si le prix des autres formes d'énergie montaient
considérablement dans l'avenir, il se peut que des sources hydrauliques
qui ne paraissent pas économiquement aménageables aujourd'hui le
deviennent. En d'autres mots, il est possible en théorie qu'on passe de
15 000 mégawatts aujourd'hui à 30 000 approximativement en 1985.
Avant la fin du siècle, on pourrait se rendre à 60 000,
peut-être, en tout cas, quelque part entre 50 000 et 60 000, ce serait
déjà quatre fois ce qui est disponible aujourd'hui. Donc, il y a
une grande marge de manoeuvre. Il y a peu de pays au monde qui disposent d'une
marge de manoeuvre aussi grande que cela, c'est indiscutable. Non seulement il
y en a peu, mais il n'y en a pas.
Au-delà de cela, il y a des projets de plus petite envergure qui
n'entrent pas dans ces chiffres et qui ne paraissent pas économiquement
aménageables parce qu'ils sont trop petits: des petites rivières,
des petits sites, etc. Il n'y a rien qui dit qu'en 1990, en 1995 et
peut-être même avant, cela ne pourrait pas être
économique d'aménager de plus petits sites.
Je suis optimiste à cet égard. J'ai l'impression qu'on a
pas mal de marge de manoeuvre. Dans un sens, si on pense que les Arabes
aujourd'hui ou les Albertains, au Canada, nos blue-eyed Arabs, sont très
fortunés d'être assis sur des sources d'énergie
considérables, il reste que, si j'avais à faire un troc et
à changer de place avec ces gens, je garderais en tête que leurs
sources d'énergie ne sont pas renouvelables et que les nôtres le
sont. A long terme, je pense qu'on est assez bien pourvu.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Est-ce que le ministre pourrait nous présenter
les gens qui l'entourent, nous indiquer leurs fonctions et nous dire depuis
combien de temps ils sont au ministère?
M. Joron: D'accord. Je vais demander à M. Yvon Tremblay,
que vous connaissez et qui est sous-ministre, de faire les
présentations.
M. Garneau: Je vais concourir avec le ministre pour laisser M.
Tremblay faire cela, parce que je ne veux pas lui jouer le tour qu'un des
anciens députés de cette Chambre m'avait fait en m'obligeant
à nommer les personnes moi-même pour être bien certain que
je connaissais mes hauts fonctionnaires. Je vais laisser faire M. Tremblay.
M. Joron: Pendant qu'il le fait, je vais voir combien j'en aurai
oublié. Alors, il y a M. Jacques Ruelland, qui était directeur
général par intérim à l'énergie et qui est
actuellement conseiller spécial du sous-ministre; M. Claude Turgeon qui
est responsable des modules, c'est-à-dire qu'en attendant que le
ministère de l'énergie soit créé, la Direction
générale de l'énergie regroupe le travail des
professionnels par thèmes de travail pour la rédaction du livre
blanc. Ensuite, vous avez M. Jean Servais qui est le directeur
général du service de distribution au niveau du pétrole.
De l'autre côté, vous avez les gens du ministère des
Richesses naturelles qui sont prêtés à l'énergie; M.
Fil-lion qui est prêté à l'énergie pour tous les
problèmes administratifs; Mlle Monette qui est le directeur du budget
des Richesses naturelles et qui nous assiste aussi dans le budget de la
Direction générale de l'énergie; M. Gagné qui est
l'adjoint de M. Fillion pour tous les problèmes administratifs de la
direction de l'énergie.
Une Voix: Y a-t-il quelqu'un d'autre?
M. Joron: II y a M. Gagnon qui suit les dossiers de
l'électricité. M. Dumas, mon chef de cabinet.
M. Garneau: Si je comprends bien tous ces gens sont là
depuis un certain temps et même avant l'arrivée du ministre.
L'objet de la question, M. le Président, c'était de
revenir sur deux points. Ce n'est pas pour rien que je posais cette question,
vu que le ministre, en fait, a donné tellement d'espoirs dans sa
politique de l'énergie. Tout à l'heure, il nous a dit qu'il n'y
avait pas grand-chose de fait avant qu'il arrive. Je m'aperçois que,
s'il fait son livre blanc, il va être obligé de le faire avec le
personnel qui était là, puisqu'il est encore dans la
période de recrutement.
J'imagine mal que la Commission de la fonction publique ait à ce
point accéléré son processus de décision, depuis le
temps où le nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir, que vous
allez être pris, messieurs en arrière du ministre, vous allez
être pris pour l'écrire, le livre blanc.
M. Forget: Je ne sais pas s'il ne faudrait pas vérifier le
procès-verbal pour savoir, si c'est ce septembre-ci ou l'autre.
M. Garneau: Tout cela pour bien mentionner qu'évidemment
le ministre délégué à l'énergie fait assez
bon marché du travail qui a été fait
antérieurement. Mais ce n'est pas l'objectif principal de mes remarques
à ce moment-ci. Surtout la confession qu'il vient de faire, à
toutes fins utiles, que tout ce grand palabre qu'on a fait sur une politique de
l'énergie, on cause. Dans le fond c'est cela que vous nous avez dit.
C'est bien agréable de parler de politique d'énergie, mais
finalement qu'est-ce qu'on a? On dit, la production de l'énergie
électrique, c'est une expertise qui a été
développée à l'Hydro-Québec depuis un certain
temps. La décision de construire la baie James n'a pas été
remise en question et on sait que cela va aller jusqu'en 1985. Donc, pas grand
chose qu'on peut faire de ce côté. Même si on change le
mandat de la Commission hydroélectrique, toute la baie James
étant en place, il n'y a rien de changé. Même en changeant
le mandat, de toute façon, les problèmes vont se poser de la
même façon, au moment où il va falloir décider
d'investir à un endroit ou l'autre, reprendre un peu la situation qu'on
a eue en 1970 lorsqu'on a décidé d'entrer dans le
développement hydroélectrique de la baie James.
L'électricité étant, à toutes fins utiles,
réglée pour une dizaine d'années à venir, le
ministre a répondu tout à l'heure au député de
Richmond que le stockage de pétrole et de gaz pour lui ce n'était
pas une chose qui lui apparaissait prioritaire.
Finalement, il nous a dit que ce n'est pas nécessaire d'attendre
le livre blanc pour prendre des mesures d'économie d'énergie. Il
nous a dit également qu'il ne contrôlait pas le gaz ou le
pétrole. Finalement qu'aura-t-il dans son livre blanc? Je badine
à peine, parce que ce genre de conversation, il y a peut-être des
fonctionnaires, derrière vous qui m'ont déjà entendu tenir
ce genre de propos. Je me demande si, dans le fond, au Québec, et le
nouveau gouvernement comme peut-être aussi au temps de l'ancien, en
parlant abondamment d'une politique d'énergie, si on ne fait pas des
vocalises sans jamais monter sur la scène pour chanter le premier
rôle de ténor.
Il y a un point précis que je voudrais demander au ministre.
Comme il nous a décrit que sa seule façon d'agir c'était
sur l'aspect de l'économie et que ce n'était pas
nécessaire d'attendre le livre blanc pour le faire, je demanderais au
ministre quel genre d'action il entend privilégier en termes
d'économie de l'énergie? Est-ce que en dehors des
panneaux-réclame ou quelques émissions de
télévision qui pourraient vanter les bons avantages
d'économiser l'énergie, il a l'intention de privilégier ce
qu'on appellerait le mécanisme des marchés, ou s'il a l'intention
d'utiliser d'autres façons qui seraient une intervention directe dans le
mode de vie des gens, en disant: A partir de dix heures, fermez vos
lumières, parce que même si vous tournez le bouton, il n'en reste
plus? J'exagère, évidemment, mais ce sont deux extrêmes.
Est-ce que c'est par une augmentation des prix, un peu comme l'indiquait le
président Carter, ou si c'est par des mécanismes de
contrôle plus directs sur la façon que les gens ont d'utiliser les
différentes formes d'énergie qui sont mises à leur
disposition?
M. Joron: A divers degrés, il va y avoir un peu de tout
cela. Je ne suis pas en mesure, ce soir, de vous dire quels sont nos choix
là-dedans. J'ai l'impression qu'on va retrouver un peu, à
différents degrés, avec plus ou moins d'insistance, les
principales formes, toutes les formes d'interventions que vous avez
mentionnées. Je pense que cela va être un "package deal", si vous
voulez, qui ne négligera rien. Il n'y a rien d'exclu dans mon esprit, au
départ. On va mesurer tout cela, évidemment, dans le cadre d'un
programme, pas aller à l'aveuglette complètement.
On comprend très bien qu'il y a des choses qui bouleversent plus
que d'autres les habitudes des consommateurs, et qu'il est non seulement
opportun, dans un pays qui a une tradition démocratique, mais il
s'impose, dans un premier temps, par l'information, par l'incitation, d'amener
les gens à participer eux-mêmes à cet effort, à
comprendre pourquoi on fait cela, et avoir le goût de le faire,
justement, de ne pas se le voir imposer, de le choisir. Je dis cela simplement
pour souligner qu'il y a des étapes là-dedans.
On n'arrivera pas bang! d'un coup sec, dès le départ, cela
va être graduel. Je pense qu'il faut tenir compte, si vous voulez, de
notre culture politique, de la résistance ou du degré possible de
collaboration des consommateurs. Mais rien n'est exclu de toutes les formes
d'intervention que vous avez mentionnées, sauf que ce n'est pas tout de
suite que je peux vous le dire. J'espère que cela va être
très bientôt. Cela n'a pas besoin d'attendre le livre blanc.
Je voudrais ajouter deux choses que vos remarques m'amènent
à commenter sur ce qui a été
fait au niveau de l'énergie, au gouvernement du Québec,
avant que nous devenions le gouvernement. Je ne veux, d'aucune façon,
laisser entendre que le travail qui a été fait par la Direction
générale de l'énergie, antérieurement à
notre arrivée, ne servait à rien. Bien au contraire, ils se sont
occupés à toutes sortes de choses. On va le voir quand on va
étudier les différents programmes, le contrôle de la
distribution, le service d'inspection de l'essence, il y a la Régie de
l'électricité et du gaz, enfin il y a tous les problèmes
courants qui se sont présentés sur lesquels, évidemment,
ils ont toujours été actifs. Et même, je dirais, en ce qui
concerne une politique énergétique du Québec, cela fait
longtemps en diable que les gens qui travaillent à la Direction
générale de l'énergie attendent d'en pondre une,
même que l'oeuf commençait à être pas mal chaud.
Quand je dis que je n'ai rien trouvé quand je suis arrivé
là, je voudrais préciser. Beaucoup de travail préalable a
été fait dans le sens de l'analyse de la situation actuelle, dans
le sens de la prévision de l'avenir et ainsi de suite. Mais ce qui
manquait, et ce n'est pas aux fonctionnaires de choisir cela, c'est
l'orientation politique qui fait des choix. C'est bien beau savoir ce qui se
passe, ce qui s'est passé et prévoir ce qui peut se passer, mais
la décision politique au bout de la ligne, c'est de faire un choix et
décider ce qui va se passer. Il n'y avait pas grand-chose qui avait
été décidé à cet égard.
Je n'en fais pas un reproche nécessairement. Chaque dossier ou
chaque problème a son importance, selon le contexte. Puis il est vrai
que le contexte, dans le passé, n'était pas aussi urgent dans ce
secteur qu'il le devient, et cela très rapidement. Presque de semaine en
semaine, de mois en mois, cela devient de plus en plus urgent. Enfin, c'est ce
que j'ai voulu dire. La définition de politique
énergétique, encore une fois, est une responsabilité des
gouvernants et non des fonctionnaires. Il n'y avait pas eu grand-chose de
décidé jusqu'à ce point.
Finalement, il y a un dernier point que je veux soulever. Vous avez dit:
Qu'est-ce qu'il va y avoir dans le livre blanc finalement, quand vous nous
dites que tout ce qu'il y a au Québec, c'est de
l'électricité, que les programmes de développement de
l'Hydro-Québec sont déjà connus pour les huit ou dix ans
à venir? Finalement, vous ne contrôlez pas le pétrole, vous
ne contrôlez pas le gaz; qu'est-ce que vous allez mettre dans votre livre
blanc?
Voici essentiellement ce qu'il va y avoir de nouveau dans notre livre
blanc, dans notre politique énergétique, et en cela, on va aller
passablement plus loin que le président Carter. Ce que Carter a
annoncé, c'est un programme à court et moyen termes qui vise
à rationaliser l'utilisation de l'énergie, qui impose des mesures
de conservation, qui essaie de mettre en développement des ressources
comme le charbon et ainsi de suite. Mais ce n'est pas un programme qui
prévoit à ce point-ci je veux dire il l'a peut-être
derrière la tête, c'est son problème à lui, sa
stratégie à lui de l'annoncer au moment où il le jugera
oppor- tun il n'y a pas grand-chose qui prévoit ce qui va venir
dans dix ans dans ce que Carter a annoncé. Précisément,
notre livre blanc va aller beaucoup plus loin que la plupart des politiques
qu'on a pu annoncer à ce jour, mais il y a nombre d'autres pays qui
travaillent exactement dans le même sens que nous. On pourrait parler,
par exemple, de ce qui se passe dans plusieurs pays européens, ils vont
très loin. Les Etats-Unis annonceront peut-être d'autre chose
avant peu.
La partie peut-être la plus importante éventuellement qui
va découler du livre blanc, c'est justement ce portrait de l'avenir.
Alors que dans le passé, les politiques
énergétiques étaient constituées principalement de
prévisions de la demande et comportaient des mécanismes
d'ajustement, de façon que l'offre puisse correspondre à cette
demande. J'ai l'impression que la philosophie qui va nous guider va être
complètement à l'inverse de cela. Compte tenu de nos moyens, de
nos capacités financières, compte tenu aussi de choix qui
impliquent des décisions qui ne sont pas, à proprement parler,
énergétiques, choix dans le domaine des transports, choix dans le
domaine de l'aménagement du territoire, choix dans le domaine du
développement économique, nous allons proposer un objectif cible
de l'offre de l'énergie disponible pour une date ou pour des dates
données, disant: Voici la quantité d'énergie que nous
penserions souhaitable de mettre à la disposition des consommateurs en
telle année. A partir de là ce n'est pas gelé
à 1% près, cette affaire, mais plus qu'un ordre de grandeur, une
cible assez précise nous allons être amenés à
nous demander: Comment allons-nous nous rendre, comment cette offre se
décompose-t-elle, quelle est la part de l'électricité
là-dedans?
Là, il y a un choix à faire sur la part que l'on souhaite
dans le total. De ce choix découleront des programmes d'investissements
de l'Hydro-Québec pour les années après la baie James,
pour les années après 1985. Nous allons faire un choix
également, en ce qui concerne les hydrocarbures, entre la proportion
à établir entre le pétrole et le gaz naturel, ce qui va
nous conduire à chercher des sources d'approvisionnement et des
mécanismes d'approvisionnement différents peut-être de ceux
qu'on connaît dans le moment. Si on décide qu'il faut
équilibrer le gaz naturel et le pétrole, plus
équitablement, dans notre bilan, cela nous conduirait à des
actions dans le domaine de la distribution du gaz, etc. Finalement, la place
qu'on voudra faire à ce qu'on appelle les énergies nouvelles,
cela aussi, il va falloir essayer de la quantifier. Compte tenu de la place et
de l'importance qu'on voudra y donner, il va en découler des programmes
de recherche, des programmes de développement, un effort financier qui
sera plus ou moins important selon ce qu'on aura choisi.
Finalement, dans le domaine électrique, il n'y a pas que... J'ai
mentionné, au départ, qu'il y aurait à essayer de
déterminer la part que l'on veut donner à
l'électricité dans l'ensemble du bilan, mais il y a aussi
d'autres choix sous-jacents à ceux-là. Quelle forme de production
d'électricité,
hydraulique, nucléaire, thermique? Même hydraulique, il y a
de multiples choix. Il y a les grandes centrales sur les grandes
rivières, il y a les petites centrales. Il y a toutes sortes de choix
à faire là-dedans qui n'apparaissent peut-être pas au
même moment, dans le temps, qui seront peut-être
décalés. Il y a tous ces choix sans parler, évidemment, de
ce que j'ai dit sur la tarification, sans parler de chapitres sur la protection
du consommateur, la protection de l'environnement, et j'en oublie. J'ai
l'impression qu'il va y avoir, dans le livre blanc, de quoi vous satisfaire, M.
le député de Jean-Talon, et de quoi susciter des discussions et
d'autres débats fort intéressants.
M. Garneau: D'après ce que je peux voir, il y en aura pour
nos enfants aussi si vous prévoyez jusqu'à l'an 2025.
M. Joron: Je ne sais pas si on peut aller aussi loin que
cela.
M. Garneau: Dans le fond, j'écoute le ministre parler et
je ne veux pas être négatif totalement, mais, tout ce qu'il vient
de nous dire confirme un peu les propos qu'il avait mentionnés devant
cette commission avant les questions que je lui ai posées ou les
émissions d'opinions que j'avais faites. Dans le fond, à part
l'électricité, le reste devient un peu du roman fiction.
Lorsqu'il nous dit, par exemple: On déterminera la composante
électricité dans le bilan énergétique et que tout
le reste pourrait s'ensuivre, évidemment, tout le monde peut en faire
des hypothèses.
Mais il faut vivre dans la réalité. C'est bien beau de
dire qu'on prendra 20% de plus de gaz, mais, évidemment, je serais plus
content si le ministre nous disait, demain matin, qu'on a décidé
d'augmenter les crédits de SOQUIP de $10 millions pour la prospection au
Québec. Je m'aperçois qu'ils sont au même niveau qu'au
cours de l'année passée. Mais, dans le fond, tout le reste
devient une thèse sur laquelle il est très agréable de
causer et de philosopher.
Ce dont le ministre peut nous parler et ce dont il peut parler aux
Québécois demain, dans cinq ans, dans dix ans, c'est
d'électricité, mais à moins qu'on ne trouve d'autres
formes de production de l'énergie au Québec, pour tout le reste,
je me dis, moi, qu'on cause.
M. Joron: Non, mais c'est plus que...
M. Garneau: Je suis bien prêt à le faire; je trouve
cela intéressant.
M. Joron: ...du causage. A nouveau, je répète que,
quand on aura fixé un bilan cible, si on veut l'appeler comme cela, il
va découler de cela des contraintes qui vont nous obliger à des
actions. En effet, si on veut l'atteindre, ce bilan cible ou ce bilan
souhaitable, il va falloir mettre en oeuvre des moyens d'action. Cela va
impliquer, évidemment, des décisions, des gestes à poser
et bien au-delà du ministère de l'énergie. Si, à
travers cela, on choisit tel avenir énergétique pour l'an 2000,
parce qu'on pense que c'est celui qui est à notre portée, que
c'est celui-là qui est désirable, ainsi de suite, selon le choix
fait, un des principaux aspects, quand je dis cela, c'est la quantité
d'énergie. Autrefois, c'était facile. C'est vrai que
c'était de la causette autrefois, quand on parlait d'énergie,
parce qu'on se disait: Bon, faisons des spéculations sur ce que sera la
demande à telle époque. Si la demande est cela, bien, il faudra
un petit peu plus de gaz, un petit plus d'autre chose. Si la demande est un peu
moins grande, là on économisera à telle place. Si elle est
plus forte, il faudrait développer davantage. Mais là, ce n'est
plus de cela que je parle. Je ne parle pas de faire de la spéculation
sur ce que va être la demande et, en cours de route, gentiment de s'y
adapter. En fait, il n'y a plus un pays au monde qui peut se permettre de
laisser ce qu'on pourrait appeler les forces libres de la nature marcher toutes
seules à cet égard. Il faut intervenir, parce qu'autrement j'ai
l'impression que, si on laisse ces forces-là libres, si vous voulez, et
si on ne les contraint pas, si on ne fait pas des choix, la question
énergétique peut conduire, là, je ne parle pas
seulement du Québec, mais de l'ensemble des pays industriels
à une catastrophe économique, à une catastrophe
financière comme on n'en a jamais vu dans l'histoire de
l'humanité. Cela, je le crois fermement. Le président Carter
semble le croire également et bien d'autres experts, que ce soient ceux
de l'OCDE ou ainsi de suite, le prévoient également.
Alors, les gens qui réfléchissent depuis plus longtemps
à cette question énergétique vous disent tous que la
question à décider, c'est l'obligation de choisir très
bientôt ce qu'on pourrait appeler le type de société dans
laquelle on va choisir de vivre dans 20 ou 25 ans, parce que les ressources
énergétiques ne peuvent pas nous permettre n'importe quoi. Cela
veut dire que, si on accepte cela et si on fait un choix, de là
découlera qu'il va falloir, cette fois-là et cela
découlera de la politique de l'énergie entreprendre des
actions sectorielles dans une foule d'autres domaines, dans le domaine de
l'aménagement du territoire. Cela va obliger les autres
ministères à agir et à s'ajuster en
conséquence.
Cela va donner lieu à un vaste débat, j'en conviens, et
cela va forcer, si vous voulez, le domaine du développement
économique, ou la structure industrielle du Québec à se
rajuster.
M. Garneau: Le ministre est mieux de s'arrêter parce qu'on
n'aura pas le livre blanc au mois de septembre. Qui trop embrasse manque son
train. Maintenant, je voudrais juste poser une dernière question en ce
qui me concerne. Je vais attendre le volumineux rapport, parce qu'il va y avoir
bien des pages dedans, si le ministre couvre tout ce champ. Il y a une seule
autre question que je voudrais poser là-dessus, avant de laisser la
parole à d'autres. Tantôt, le ministre a parlé de la
tarification de l'Hydro-Québec et, évidemment, on peut comprendre
les objectifs qu'il vise. Je pourrais reprendre ici tout le détail des
taux d'électricité, par
exemple, dans les périodes de pointe où la capacité
est demandée totalement, puis dans la période d'été
où l'eau coule par-dessus le barrage.
De toute façon, même si on le vendait à 10 cents
moins cher, il n'y aurait pas preneur. A l'exception de cet aspect technique de
la méthode de tarification, je voudrais poser une question au ministre.
Tout à l'heure, quand je lui ai posé la question sur l'aspect de
l'autofinancement des années 1976/77, le ministre a sorti d'une
façon très rapide un taux de 20% à 22%, si ma
mémoire est fidèle, d'autofinancement. Si le ministre a
réagi aussi rapidement c'est, j'imagine, que dans son subconscient, il a
dû réfléchir à cela puisqu'il ne connaissait pas les
autres chiffres et il connaissait ceux-là. Je voudrais demander au
ministre qu'elle est la partie, d'après lui, qui devrait être la
partie autofinancée de l'Hydro-Québec, et quel serait, dans le
cadre de ce qu'il a dit, le maintien de la couverture des taux
d'intérêts de l'Hydro? Il a dit qu'il voulait maintenir les
standards. J'imagine qu'il compte maintenir 1,25. Si tel était le cas,
comment évolueraient, au cours des prochaines années, les taux
d'électricité?
M. Joron: Comme l'Hydro nous l'a présenté à
la commission parlementaire, l'année dernière.
M. Garneau: 10% par année?
M. Joron: Non, plus que cela dans les trois années
à venir. Si la couverture doit être maintenue à 1,25...
Commençons par le 20%. Si j'ai réagi aussi rapidement au 20%,
c'est à peu près historiquement ce qui s'est passé, et ce
qui se passe en ce moment. C'est ce que l'on entrevoit pour l'immédiat.
Sauf que si les tarifs ne sont pas ajustés dans le sens...
C'était le sens de la proposition de l'Hydro. L'Hydro disait: Si vous
voulez maintenir ce 20% qui, vu d'une autre façon, correspond à
peu près au 1,25, il vous faudrait augmenter dans les trois
années à venir les tarifs de 17% par année pendant trois
ans. Par la suite, quelque chose voisin du taux annuel d'inflation
prévue. Elle s'annonce, l'inflation qu'on a connue, à quelque
part autour de 8% ou 10% par année dans les années
subséquentes.
Compte tenu du programme d'investissement de l'Hydro déjà
connu pour les huit années à venir, et là cela devient un
calcul mathématique facile, si vous voulez réaliser ces
investissements et rencontrer la couverture d'intérêt de 1,25,
c'est l'effet mathématique que cela produit sur les thèses.
M. Garneau: Est-ce que le ministre veut dire que les
consommateurs d'électricité devraient envisager une hausse des
tarifs au début de l'année 1978 ou avant?
M. Joron: Non, il n'est pas prévu de hausse avant le
début de 1978. On aura, au cours de l'année, à
déterminer cela, c'est certain. On ne peut pas y échapper.
M. Garneau: Le ministre a parlé d'une chose.
Cela m'a fait penser à un autre aspect de la question. Je ne sais
pas si le ministre a déjà eu la possibilité de discuter de
cette question avec les gens de l'Hydro-Québec. Lorsqu'on parle de la
couverture de 1,25 des taux d'intérêt, on tient pour acquis que
les charges d'intérêt sur la baie James, même si elles sont
capitalisées en termes de coûts, on en tient compte lorsqu'on
arrive à calculer ce fameux ratio de 1,25. Je ne sais pas si le ministre
a eu l'occasion d'en discuter avec les gens dé l'Hydro à savoir
s'il n'y aurait pas possibilité...
M. Joron: De ne pas tenir compte, oui.
M. Garneau: ... de ne pas présenter... Evidemment, c'est
tout le problème de la structure de l'Hydro-Québec que j'aborde
parce qu'elles sont majoritaires et doivent présenter un bilan
consolidé. Mais dans cette analyse des changements des structures et
pour peut-être épargner, tout en maintenant la bonne, disons, au
point de vue financier, la cote de l'Hydro, est-ce que le ministre a
déjà eu l'occasion de parler aux gens de l'Hydro de cette
possibilité, en changeant la structure, de faire porter par le projet de
la baie James, qui est un projet, normalement, qui aurait été
autonome parce qu'il est sous le contrôle de la SEBJ, s'il n'y aurait pas
possibilité, dans ce changement de structure, de faire en sorte que
l'intérêt qui, de toute façon, est capitalisé au
coût de la baie James, puisse être séparé des
opérations de l'Hydro-Québec, de telle sorte que la couverture de
l'Hydro, en termes d'intérêts, pas les opérations elles
sont largement couvertes... Je sais que c'est un problème qui, au niveau
de l'Hydro-Québec, je pense, frappe le coeur de tout ce qu'il y a
à l'Hydro-Québec de vouloir considérer la
Société de développement énergétique de la
baie James comme étant une chose qui ne leur appartient pas en propre,
en termes de présentation, mais surtout de l'évolution des prix,
pour les consommateurs québécois. Peut-être que le ministre
sera plus chanceux que moi, c'est pour cela que je lui suggère cela.
M. Joron: En fait, je pense qu'un des aspects qu'il faut
considérer là-dedans c'est comment réagiraient les
marchés financiers à un changement de cette nature.
M. Garneau: J'aimerais mieux poser la question: Comment
réagirait Roland Giroux avant?
M. Joron: Je vous avoue qu'on a exploré le sujet
mais...
M. Garneau: Parfois il y a des rapports entre les deux.
M. Joron: Nous avons exploré le sujet plutôt en en
faisant le tour, en l'évoquant.
M. Garneau: Je m'excuse, pour les fins du journal des
Débats, M. Roland Giroux, parce que je ne l'ai jamais appelé par
son prénom.
M. Joron: La question a été discutée et n'a
pas été tranchée. Elle n'est pas facilement tran-chable
non plus parce que c'est une question...
M. Garneau: Cela impliquerait peut-être que le gouvernement
devrait prendre la majorité des actions de la Société
d'énergie de la baie James et non pas l'Hydro-Québec.
M. Joron: Oui mais, pour ce qui est du point de vue des
marchés financiers, en fait c'est un peu bonnet blanc, blanc bonnet
finalement parce que les prospectus que l'Hydro doit présenter
évidemment...
M. Garneau: Surtout des contrats déjà
signés.
M. Joron: Oui, et les états des deux
sociétés. Finalement, je ne sais pas si on changerait
grand-chose.
Le Président (M. Clair): Etant donné qu'il n'y a
pas d'autres intervenants qui ont demandé la parole j'appelle
immédiatement l'élément 1 du programme 7 des
crédits budgétaires du ministère des Richesses naturelles
pour adoption. L'élément 1 du programme 7 sera-t-il
adopté?
Recherches d'hydrocarbures
M. Garneau: Dans la recherche d'hydrocarbures, en attendant je
pourrais peut-être vous poser une première question. Comment
s'explique la baisse de $410 600 à $330 200? Qu'est-ce que c'est? Est-ce
tout simplement une question de coûts qui ont été
chargés en 1976 qui augmenterait d'une façon artificielle la
comparaison entre les deux?
M. Joron: On retrouve l'explication de cela dans le détail
qu'on vous a fourni dans les autres pages. C'est un projet de l'OPDQ
qu'engageait la Direction générale de l'énergie. Vous avez
des relevés électromagnétiques aux Iles-de-la-Madeleine.
C'est un projet terminé et qui ne se répète pas.
Le Président (M. Clair): L'élément 1 du
programme 7 sera-t-il adopté?
M. Saint-Germain: Adopté. M. Garneau: Adopté
quant à moi.
Etudes et gestion interne
Le Président (M. Clair): L'élément 2 du
programme 7 sera-t-il adopté?
M. Garneau: C'est là que se trouvent les crédits du
futur bureau de...
M. Joron: C'est cela.
M. Garneau: Mon collègue de Saint-Laurent...
M. Joron: Enfin, qui ne sont pas identifiés comme bureau
d'économie comme tel, évidemment. Les fonds qui correspondent aux
activités du bureau d'économie d'énergie, il y a
là-dedans des salaires et ainsi de suite; des salaires, des services,
montants prévus pour les études, même de la
publicité. C'est effectivement là, oui, que vous les retrouvez.
C'est ce qui explique l'augmentation assez importante par rapport à
l'année précédente.
M. Forget: Je remarque, M. le Président, que c'est dans la
supercatégorie services, je crois, qu'on a probablement la plus grosse
composante d'augmentation. Dans une des pages qu'on nous a remises. Pour cette
supercatégorie, on a une ventilation, un montant de $700 000...
M. Joron: Oui.
M. Forget: J'aimerais poser quelques questions là-dessus.
D'abord il y a l'élément A, qui est un montant de $500 000, donc
c'est la grosse masse là-dedans, pour un programme de publicité
et d'étude pour le bureau de l'économie de l'énergie.
Est-ce qu'on pourrait nous donner des explications sur le but de cette
dépense de publicité, le contexte dans lequel on va
l'utiliser?
M. Joron: II y a peut-être quelque...
M. Garneau: A part cela que je ne pouvais pas donner cela
à Pierre Tremblay. C'est le cousin de...
M. Joron: II y a peut-être quelque chose qui aurait
dû être mieux précisé: ce qui est étude et ce
qui est publicité là-dedans n'est pas déterminé. Je
vous dis honnêtement que le partage entre les deux, on ne l'a pas fait
encore. Mon impression, c'est que cela va être plus étude que
publicité pour la première année, parce
qu'évidemment quand l'affaire démarre il faut rédiger les
programmes et définir les objectifs. C'est forcément une
nécessité des études, et ainsi de suite. A titre
d'exemple, qu'est-ce que cela peut comporter ces études? Quels sont les
secteurs qu'on va étudier et qui sont visés par l'économie
de l'énergie? Le secteur du transport. Elaboration de normes
régissant la vitesse des véhicules automobiles appartenant au
gouvernement du Québec. Elaboration de normes régissant les modes
de déplacements intercités du personnel à l'emploi du
gouvernement du Québec. Elaboration de normes dans la structure de
flottes de transport appartenant au gouvernement du Québec.
Secteur de la construction. Etude du coût de l'énergie dans
les bâtiments publics et du potentiel de la conservation en particulier
par analyse thermographique. Etude d'impact des normes de confort du service de
la protection de l'environnement dans les édifices à bureaux et
les édifices gouvernementaux. Ce sont toutes des choses applicables
à l'intérieur du gouvernement, que je lis. Emission des
directives concernant l'éclairage des bâtiments aux heures de
travail, etc.
Le secteur scolaire et universitaire. La diffusion de programmes de
conservation de l'énergie. Rencontre des administrateurs scolaires et
universitaires en vue de les sensibiliser à la question et d'identifier
leurs besoins pour adapter les locaux en vue d'épargner
l'énergie.
Analyse globale de la consommation énergétique du
potentiel du secteur hospitalier. Dans le secteur manufacturier, dans le
secteur de la construction, dans le secteur du transport...
M. Forget: Je félicite M. le ministre pour avoir une bonne
liste.
M. Garneau: C'est toute une série d'études qui
couvrent une multitude de domaines.
M. Forget: D'accord!
Je vais préciser ma question parce qu'on touche un point qui, sur
le plan politique, peut être d'une très grande importance. Je vais
aller directement à ce qui me préoccupe. La direction
générale de l'énergie, selon le moment où sera
publié le livre blanc, va avoir à faire une certaine diffusion du
livre blanc et ceci se comprend. C'est ordinairement dans les budgets
d'information du ministère. Il est cependant très important
et j'aimerais avoir l'engagement du ministre là-dessus que
le livre blanc qui va malgré tout être et je pense que cela
est normal, le ministre l'a bien indiqué qu'il y a eu derrière
lui des choix politiques qui ont été faits et demeurer un
document du gouvernement, dans le fond. Ce sera un document politique dans le
sens étroit en même temps que dans le sens large du mot. C'est le
sens étroit qui me préoccupe. Je crois que c'est une question
d'éthique tout simplement. Si on retourne à quelques
années dans le passé, même à une dizaine
d'années lorsque les programmes d'information ont commencé au
gouvernement, on a beaucoup insisté là-dessus que les budgets
d'information des ministères ne servaient pas à faire de la
publicité alentour de projets gouvernementaux ou de politiques
gouvernementales comme tels, à moins que, bien sûr, on adopte une
loi à l'Assemblée nationale qui dise... Par exemple, on fait un
programme de soins dentaires pour les personnes âgées, il faut
bien le dire qu'on le fait, et on avertit la population.
Autrement dit, il faut qu'il y ait une loi pour autoriser la
dépense de fonds publics, y compris pour les fins d'information. Or, le
livre blanc va peut-être déboucher sur des lois dans un, deux ou
trois ans, mais dans les six mois de sa publication, il n'y aura pas de lois. A
ce moment-ci, les crédits qu'on nous demande d'adopter constitueraient
la seule base législative pour dépenser des fonds publics pour
faire de la publicité. Alors, on veut être bien sûr, pour
des raisons évidentes, et on se contenterait là-dessus de
l'engagement du ministre, que ces fonds, s'il y a $12 500 pour l'impression et
la distribution du livre blanc, on n'a vraiment pas d'objection à ce
sujet. Principalement, ce sont des études et, très certainement,
le ministre n'a pas l'intention d'utiliser $100 000, $200 000 ou $300 000 pour
faire la publicité du livre blanc.
M. Joron: Je suis bien de votre avis. Je partage également
le même souci. On ne parle pas du livre blanc comme tel, on parle du
bureau de l'économie de l'énergie.
On se chicanera peut-être sur les moyens, mais tout le monde a
déjà, d'ailleurs, souscrit au principe qu'il faut trouver des
moyens d'économiser l'énergie. Je ne sais pas s'il s'agit
d'adresser un feuillet à tous les consommateurs ou à chaque
résidence au Québec, leur décrivant, comme le gouvernement
fédéral le fait d'ailleurs, les moyens les plus
économiques, ou les plus faciles pour faire baisser leurs comptes
d'électricité ou de chauffage, leur expliquant les
problèmes ou les aspects de l'isolation dans les maisons, tout cela. Je
ne pense pas que ces choses soient de nature politique au sens étroit du
mot.
Il peut y avoir des sommes affectées à des fins
semblables, mais elles sont déjà bien identifiées ici
comme étant reliées au programme d'économie
d'énergie et non pas à ce qu'on pourrait appeler la propagande
politique du livre blanc; c'est autre chose.
M. Forget: Je suis content d'avoir l'assurance du ministre
à cet effet. Evidemment, s'il y a un programme ad hoc pour dire aux
gens: Ecoutez, vous pourriez peut-être payer un peu moins pour vos
factures d'électricité en isolant votre maison, je n'ai,
évidemment, aucune espèce d'objection et je me contente de
l'affirmation du ministre.
Le deuxième élément traite d'un sujet qui est
susceptible de faire l'objet de commentaires dans le livre blanc. Son
apparition, évidemment, comme dépense suscite
immédiatement la curiosité au moins. Il s'agit de la
complétion d'une étude. Aurait-il été possible pour
le nouveau gouvernement de mettre fin à l'étude, sans la
continuer en y consacrant $100 000?
M. Joron: Je pense qu'en ce qui nous concerne, nous, c'est en
vertu, encore une fois, d'un engagement pris avec l'OPDQ. C'était une
étude dont le montant global original était de $450 000, tel
qu'approuvé au Conseil du trésor, le 20 août 1975, et dont
le partage était le suivant: c'était défrayé par le
ministère des Richesses naturelles pour $200 000, par le
ministère des Transports pour $200 000 et par le ministère de
l'Industrie et du Commerce pour $50 000. Si je comprends bien, la partie qui
nous échouait, qui reste à payer là-dedans, serait de $100
000.
M. Forget: C'est une étude qui est exécutée
par qui?
M. Joron: Le solde qu'il nous reste à payer au
ministère des Richesses naturelles, à l'heure actuelle, est
exactement de $97 000, qui va être payé d'ici à la fin de
juin. C'est la compagnie Lamarre, Valois.
M. Forget: Est-ce que l'étude est terminée? Il
s'agit de régler un compte.
M. Joron: Le rapport, apparemment, a été
présenté par la firme. On serait rendu à
l'étape de l'analyse par un comité interministériel. Je
vous lis une décision du groupe ministériel des affaires
économiques et du développement régional, en date du 9
juillet 1975, qui dit ceci: "Le groupe ministériel des affaires
économiques et du développement régional accepte la
recommandation du comité interministériel sur la politique
portuaire pour que les études relatives à la localisation d'un
port en eau profonde pour vrac et liquide soient confiées à la
firme Lalonde, Valois, Lamarre, Valois et Associés. Cette firme doit
travailler en association avec les consultants Van Houten de New York."
Apparemment, la firme a déposé son rapport. Il reste à
l'évaluer pour voir si le comité interministériel en est
satisfait et à payer le compte.
M. Forget: Est-ce que le ministre accepterait, étant
donné que ce sont des fonds publics, de mettre l'étude je
ne parle pas des commentaires du comité ministériel
elle-même à la disposition des membres de la commission qui
s'intéressent aux questions d'énergie?
M. Joron: Remarquez, ce n'est pas, je pense, à moi de
répondre à cette question, parce que cela relève du
comité ministériel des affaires économiques et du
développement régional. Je pourrais bien vous répondre
oui, mais cela ne relève pas de mon autorité.
M. Forget: C'est quel ministre, le ministre Léonard?
M. Joron: C'est l'ancien comité...
M. Garneau: J'en faisais partie, je vous dis oui.
M. Joron: L'avez-vous eu, le rapport?
M. Garneau: Non, je ne l'ai pas vu, mais comme vous dites que
cela appartient au comité, je dis oui.
M. Joron: II sera donc soumis au comité de
développement économique, qui est dirigé par Bernard
Landry, et ce sera probablement à lui d'en décider.
Je peux lui transmettre votre question.
M. Forget: II n'a pas de crédits à défendre,
et c'est la première occasion qu'on a de poser la question.
M. Joron: C'est effectivement une situation curieuse, parce que
les crédits sont partagés par trois ministères, alors la
même question pourrait être posée trois fois puis aucun des
trois n'en est responsable. C'est un peu curieux.
M. Forget: Je pourrais toujours le demander directement, mais
j'apprécierais si le ministre pouvait se faire notre porte-parole pour
demander cette étude au ministre responsable du comité, parce
qu'enfin, tous les partis vont vouloir évidemment prendreconnaissance de
tous les documents susceptibles de les éclairer dans la
préparation de leur propre évaluation du problème de
l'énergie. C'en est un, quoique ce soit un peu sur le
périphérique, mais il reste que c'est potentiellement assez
important.
M. Joron: Je le ferai.
M. Garneau: Surtout pour les députés du
Bas-du-Fleuve, c'est très important. Est-ce que le ministre
lui-même en a pris connaissance ou s'il n'a pas eu l'occasion de le
faire?
M. Joron: Non, je n'ai pas eu l'occasion de le faire.
M. Garneau: Tant mieux pour lui. Je n'ai pas d'autres questions,
il s'en sauve avec cela. Mais évidemment c'est tout le problème
de la localisation éventuelle d'un port en vrac liquide à l'Est
de Québec. C'est pour cela que la question du député de
Saint-Laurent va certainement revenir sur le tapis. Si elle ne l'est pas par
nous, elle va l'être certainement par les députés qui
représentent ces coins. Cela a fait des débats
énormes.
Le Président (M. Clair): Elément 2, du programme 7,
sera-t-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
L'élément 3 du programme 7 sera-t-il adopté?
Contrôle et surveillance des distributeurs de
produits pétroliers
M. Garneau: Juste une question. Le programme 3, c'est
l'application de la loi. Est-ce que ce n'est pas relié à la
coloration du tout? Cela relève du ministère du Revenu. Ce sont
les établissements qui vendent du pétrole.
M. Joron: La sécurité des installations, ces
choses-là.
Le Président (M. Clair): Elément 3 du programme 7
sera-t-il adopté?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Programme 8,
l'élément 1 du programme 8.
Régie de l'électricité et du
gaz
M. Forget: M. le Président, moi, j'aurais une question sur
ce programme. C'est le programme, si je me souviens bien, qui est relatif
à la Régie de l'électricité et du gaz. J'aimerais,
sans prendre trop de temps, que le ministre nous éclaire sur sa
philosophie quant aux organismes de régulation des prix. C'est une
longue habitude que tous les
gouvernements ont prise, il y a 30 ans ou 40 ans, d'avoir de ces
organismes qui reflétaient la philosophie économique de
l'époque, de faire une espèce de surveillance de bon père
de famille, alors, à ce moment, de l'entreprise privée,
effectivement, pour s'assurer qu'il n'y avait pas, dans les secteurs de
services publics, de profits excessifs, pour s'assurer qu'il y avait une
accessibilité générale aux services des monopoles
naturels, dans le fond.
Mais à peu près personne n'est content de la façon
dont fonctionnent ces choses de façon générale. C'est,
dans le fond, presque des "lobbies" internes pour les industries
réglementées dans la plupart des pays. Cela n'applique plus une
politique vraiment très clairement articulée relativement
à la tarification. Dans le cas, en particulier, d'entreprises qui ont
été prises en charge par l'Etat, on se demande un peu ce que cela
vient faire étant donné que le gouvernement va approuver des
tarifs d'électricité qui après, de façon
théorique, devraient être soumis à des régies pour
décider si ce sont les bons tarifs ou pas.
Enfin, j'ai posé ma question: Quelle est votre philosophie
vis-à-vis de cela?
M. Joron: Ce que l'on voit là, comme vous dites, est la
reconduction du passé. La philosophie qui avait présidé
à l'établissement de la Régie de
l'électricité et du gaz n'a pas été remise en cause
depuis passablement longtemps. A toutes fins pratiques, c'est plus gaz
qu'électricité, en vérité, parce que pour
l'électricité, comme vous l'avez signalé, les tarifs sont
maintenant établis par le gouvernement. Donc, il est certain que cela me
paraît inadéquat aujourd'hui et cela a paru inadéquat
à la plupart des gens qui sont venus parler de ce sujet, vous vous en
souviendrez, à la commission parlementaire, au mois de février.
Ainsi, dans le livre blanc, il y aura probablement à l'intérieur
du chapitre de la protection du consommateur, du nouveau, soit une modification
du rôle de l'actuelle Régie de l'électricité et du
gaz, l'élargissement, peut-être, de son mandat ou alors
possiblement un nouvel organisme.
Quant à répondre précisément à votre
question: Quelle philosophie nous guidera là-dedans? on peut parler
d'une philosophie générale, évidemment, qui est celle du
souci qui n'existait peut-être pas de la même façon il y a
20 ou 30 ans, de protection du consommateur. Ce sont des préoccupations
sociales qui se sont développées plus récemment; non
seulement le souci de la protection du consommateur, mais également
et cela peut déboucher là-dessus aussi la
possibilité pour le consommateur de faire des représentations, de
se faire entendre. Enfin, un canal de participation; on n'a pas cela, à
l'heure actuelle, et il est fort possible qu'on doive, au Québec, se
doter d'un organisme qui permettrait tout cela.
C'est dans ce sens. Evidemment, il faut être de notre
époque et il va falloir faire quelque chose dans ce sens. C'est compte
tenu de ce souci, si vous voulez est-ce qu'on peut appeler cela une
philosophie et de ce contexte nouveau qu'on va revoir toute cette
question du rôle et du mandat de la régie. Pour être plus
spécifique, je vous avoue qu'il est trop tôt.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je voudrais demander à M. le ministre, s'il a
l'intention, afin de protéger le consommateur, de voir la façon
dont l'Hydro-Québec facture le consommateur. Souvent le consommateur
reçoit son relevé de compte, puis il monte sensiblement, il est
sensiblement plus élevé que le mois précédent et
ainsi de suite; pour l'abonné qui a un budget assez serré, bien,
cela ne marche plus.
M. Joron: Non, vous avez parfaitement raison. Depuis surtout la
grève de l'année dernière qui a affecté
l'Hydro-Québec, il s'est accumulé des problèmes dont on
vit encore les séquelles aujourd'hui, en ce qui concerne la facturation.
Moi dès le départ, j'ai eu beaucoup de plaintes à cet
effet, j'ai demandé à l'Hydro de faire diligence, d'essayer le
plus rapidement possible quitte à mettre des équipes
supplémentaires de vider cela, enfin, le plus rapidement possible. Vous
comprendrez que l'accumulation fait que ce n'est pas encore parfait. Il n'est
pas besoin d'entrer cette question dans des livres blancs et d'attendre des
choses semblables. C'est une question de gestion interne de l'Hydro.
On sera appelé à en faire des suggestions plus
spécifiques encore. Je pense que je serais facilement d'accord pour dire
qu'on pourrait avoir une facturation qui protège si on peut
appeler cela de la protection, parce que le compte il faut toujours le payer un
jour ou l'autre qui facilite davantage la possibilité de paiement
des consommateurs. Je suis bien d'accord avec vous pour dire que ce n'est pas
satisfaisant. On travaille là-dessus, l'Hydro travaille
là-dessus, on lui a demandé de le faire, elle s'y est mise. On
aura probablement des résultats au cours de l'année.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais poser des questions
qui sont de pure information, c'est un domaine peut-être un peu obscur,
mais cela me semble assez curieux. Je lis la description du programme 8, dans
le cahier des crédits et cela a beau être seulement cinq lignes,
cela soulève toutes sortes d'interrogations. On dit: Ce programme vise
à assurer la protection en matière de prévention
d'accidents. Effectivement il y a l'élément 2 de
sécurité publique. Je m'excuse, M. le Président, si je
saute un peu dans l'ordre, dans le contexte de la protection d'accidents.
Est-ce un des domaines qu'on pourrait décrire tantôt? Est-ce un
des domaines qui pourrait être rapatrié dans un contexte d'une
législation d'ensemble sur la sécurité? Il y a une autre
allusion à l'expropriation.
Or, il y a une loi qui a été adoptée il y a
deux
ou trois ans, créant un tribunal d'expropriation. Est-ce qu'il y
a des juridictions mélangées là-dedans ou est-ce qu'on
pourrait nous décrire un peu ce que ces gens-là font?
M. Joron: Je ne pourrais vous dire quelle est l'origine de ce
mandat donné à la Régie d'électricité et du
gaz; en ce qui concerne les accidents en fait, c'est un service d'inspection de
sécurité des installations de distribution de gaz naturel, les
tuyaux, enfin, les canalisations de distribution et puis toutes ces choses. Il
y a une équipe qui fait l'inspection, soit à la demande du
consommateur, j'imagine, enfin, je ne sais pas exactement comment le processus
fonctionne, mais c'est par rapport à la sécurité, en ce
qui concerne le gaz naturel.
Pour ce qui est de l'expropriation, je vous avoue que je n'ai pas la
réponse immédiatement.
M. Forget: C'est mystérieux.
M. Joron: Malheureusement, et je m'en excuse d'ailleurs, compte
tenu du fait qu'on a appris à la fin de l'après-midi que nous
siégions ce soir, j'ai essayé de contacter les gens de la
Régie de l'électricité et du gaz qui sont à
Montréal pour les amener ici en catastrophe. Evidemment, on n'a pas pu
dans le délai trop court les avoir ici. Ils ne sont pas présents
ici, ce soir. Je le regrette.
M. Forget: Enfin, ce n'est pas d'une très grande urgence.
C'est peut-être dans la liste des choses qui devraient être
examinées, si c'est vraiment une juridiction partagée. Cela me
paraît doublement anachronique. Est-ce qu'il y a, relativement à
la sécurité et à la prévention des accidents, des
revenus qui viennent en défalcation des sommes? Cela me semble un peu
aberrant. C'est la première fois que j'en suis conscient, c'est la
première fois que je regarde ces crédits, il faut dire. C'est
quel ordre de grandeur?
M. Joron: Dans le même ordre de grandeur que leur budget,
dans une proportion d'à peu près 80%.
M. Forget: Qui couvre le coût de l'inspection, parce qu'on
a affaire à des monopoles naturels dans le fond. Il serait assez normal
de leur demander le coût des inspections.
M. Joron: Cela ne paraît pas dans les crédits.
M. Garneau: Non, parce qu'on fonctionne au brut.
M. Joron: C'est autofinancé à 80%. C'était
ce qu'on appelait un remboursement de l'épargne, mais cela n'existe
plus.
M. Forget: Bon.
Le Président (M. Blais): L'élément 1 du
programme 8 sera-t-il adopté?
M. Garneau: J'ai seulement une question à poser
là-dessus. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si c'est
l'intention de son gouvernement, concernant la tarification, de soumettre
l'Hydro-Québec à des auditions publiques, en donnant soit
à cette régie ou à une autre à être
constituée le pouvoir de se prononcer sur les demandes d'augmentations
de tarifs, ou si c'est l'intention du gouvernement de maintenir le statu quo
concernant les augmentations et les demandes d'augmentations de tarifs de
l'Hydro?
M. Joron: On n'a pas décidé cela encore. C'est un
problème sans doute très délicat, comme vous le savez,
dans la mesure où cela peut avoir...
M. Garneau: Vous l'aviez décidé quand vous
étiez dans l'Opposition, d'après les questions que vous nous
posiez.
M. Joron: Je n'ai pas été dans la toute
dernière Opposition.
M. Garneau: On nous demandait cela souvent si on allait soumettre
l'Hydro à une régie. Cela avait l'air que l'Opposition
péquiste du temps avait décidé à toutes fins
utiles...
M. Joron: Ils le demandaient comme vous le faites ce soir, mais,
en me le demandant, vous ne m'avez pas dit votre opinion.
M. Garneau: Je n'ai pas le temps de revoir les galées,
mais ma mémoire, je pense, ne me trompe pas trop.
M. Joron: Je sais. C'est une question très importante.
J'imagine que ce n'est peut-être pas aussi complètement blanc ou
complètement noir; il y a peut-être...
M. Garneau: Quand on passe au pouvoir on s'assagit, vous savez.
Les questions ne sont jamais noires ou blanches, il y a du gris.
M. Joron: Oui, il y a du gris. Il faut en convenir. On
étudie cette question. Il y a deux contraintes, l'une qu'on veut, bien
sûr, atteindre la protection du consommateur, c'est évident.
D'autre part, ne pas inutilement nuire au financement de l'Hydro-Québec.
On a plusieurs milliards à emprunter, dans les années à
venir, pour doubler notre capacité de production électrique, dont
nous aurons un grand besoin. Il faut rencontrer cela aussi.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Je m'excuse, M. le Président, de revenir sur la
question de la facturation de l'Hydro-Québec. J'avais l'impression que
le député de Saint-Laurent continuait sur le même sujet. Le
ministre pourrait-il nous dire, à ce stade, à quel moment il
prévoit être capable de renormaliser, en fait, le mode de
facturation de l'Hydro-Québec?
M. Joron: A quel moment? C'est difficile d'être très
précis, d'autant plus que cela fait partie, si vous voulez, de la
gestion interne de l'Hydro-Québec. Ils m'ont assuré pouvoir
corriger la situation, qui mérite d'être corrigée, le plus
rapidement possible. Qu'est-ce que cela veut dire? J'espérais bien y
arriver au cours de l'année.
M. Brochu: Puis-je demander aussi s'il y a eu des
représentations faites de la part du ministre responsable de l'Office de
la protection du consommateur à cet égard? Je sais que la
question a été soulevée. Je pense que le ministre a
souligné son intention, peut-être, de participer à cette
décision, ou du moins de participer au débat sur la question pour
faire en sorte que ce soit corrigé le plus tôt possible.
M. Joron: Ils nous ont fait part, évidemment, de leur
intérêt pour le sujet. Nous n'avons pas eu de suggestions
précises encore, mais...
M. Brochu: Si je ne me trompe, le ministre a indiqué son
intention, à ce moment, de demander que soit incluse dans son champ de
responsabilité la question de la facturation de l'Hydro-Québec.
Est-ce exact? En a-t-il été question?
M. Joron: Je ne me souviens pas de cela, exactement dans ces
termes, dans mon champ de responsabilité, cela l'est toujours
indirectement, la facturation reste la responsabilité de
l'Hydro-Québec, cela va de soi. Le ministre délégué
à l'énergie est responsable de l'Hydro-Québec, mais...
M. Brochu: La décision vous appartient.
M. Joron: En vérité, non. C'est une décision
autonome que l'Hydro-Québec pourrait prendre, mais, bien entendu, nous
pouvons communiquera l'Hydro-Québec nos souhaits ou nos indications.
Poussés à la limite, si on était en opposition
fondamentale sur la méthode de facturation, peut-être que le
ministre responsable de la protection du consommateur voudrait
légiférer à ce sujet. A ce moment, il serait obligé
de s'y plier, c'est évident. On est loin d'en être rendus
là. Jusqu'à maintenant, on a eu une grande collaboration de la
part de l'Hydro-Québec et je pense que cela va se régler.
M. Brochu: C'est parce que le problème avait
été soulevé. D'après les informations que j'ai, le
ministre responsable de la protection du consommateur avait indiqué son
intention, si la situation ne se réglait pas, d'intervenir pour donner
suite aux nombreuses demandes faites en ce sens. C'est dans ce sens que je
soulevais la question, pour savoir s'il y avait eu des relations entre vous
deux, à ce sujet, et si vous aviez l'intention d'intervenir directement,
et si vous aviez aussi le pouvoir de le faire. Vous me dites que non.
M. Joron: Non. En fait, non.
Le Président (M. Clair): L'élément 1 du
programme 8 sera-t-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
L'élément 2 du programme 8 sera-t-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Clair): La commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts termine ici l'étude
des crédits budgétaires prévus aux programmes 7 et 8 du
ministère des Richesses naturelles. Je remercie chacun des membres de
cette commission pour leur participation et leur diligence. Je demande au
rapporteur de faire rapport à l'Assemblée nationale, au moment
venu.
M. Joron: M. le Président, si vous me le permettez, avant
de se quitter, au nom de tous les membres de la commission, comme le
suggère le député de Jean-Talon, je voudrais aussi vous
remercier personnellement de votre participation à nos travaux de ce
soir. En votre nom, nous voulons tous remercier les fonctionnaires qui nous ont
assistés et qui nous ont fourni les renseignements que vous avez
jugé utiles de demander. Je le répète, c'est la
deuxième fois qu'on se réunit; on a siégé trois
semaines au mois de février ensemble et ce furent des débats
extrêmement agréables pour tout le monde, ce soir encore. J'ose
espérer que dans l'avenir, où on aura encore des débats de
plus en plus importants, le même esprit continuera de nous animer.
M. Garneau: J'imagine que le ministre a pris note des questions
du début et qu'il va nous transmettre par écrit les
réponses.
M. Forget: D'ailleurs, vous savez, M. le Président, qu'on
doit avoir commencé à appliquer le plan d'économie de
l'énergie. Si on avait continué, on aurait fait ce que les
Anglais appellent "to burn midnight oil". A ce moment-là, cela aurait
probablement entraîné une dépense supérieure
d'énergie.
Le Président (M. Clair): Merci. La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 1)