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Commission des Richesses naturelles
Séance du 20 mai 1969
(Dix heures trente-et-une minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission des Richesses
naturelles): A l'ordre, messieurs.
Nous nous sommes réunis ici ce matin afin que le président
et les directeurs de l'HydroQuébec puissent répondre aux
questions des membres de cette commission relativement au contrat signé
récemment entre la Churchill Falls Corporation et l'Hydro-
Québec. Pour débuter, j'inviterais M. le premier ministre
à nous adresser la parole.
M. BERTRAND: M. le Président, vous me permettrez d'abord de
souhaiter la plus cordiale bienvenue aux commissaires de l'Hydro et aux
fonctionnaires qui ont travaillé avec eux à la réalisation
du projet Hydro-Québec Churchill Falls. Vous me permettrez
également, même si ce n'est pas la coutume, de remercier
dès le départ le président, M. Lessard, et tous les
commissaires, en particulier MM. Lessard et Gignac. Il y en a un qui a
quitté l'Hydro pour s'occuper définitivement de Sidbec; l'autre
m'a envoyé une lettre, il y a déjà quelque temps,
m'informant que c'était son désir de prendre sa retraite,
même s'il est encore jeune. C'est le président actuel de l'Hydro,
qui a compter du 1er juin pourra, Je l'espère, même s'il n'est
plus président de l'Hydro, agir comme consultant de l'Hydro. Je l'invite
formellement à continuer dans cette tâche. Je veux le remercier
ainsi que tous les commissaires de la besogne gigantesque qu'ils ont accomplie
en travaillant à la réalisation de ce projet très
important, non seulement pour l'Hydro-Québec, mais pour toute la
collectivité québécoise.
Je me fais donc l'interprète, non seulement du gouvernement, mais
également de l'Opposition, en leur exprimant nos plus profonds
remerciements. A cette occasion, on aura noté que les financiers
américains auront eu foi en l'avenir du Québec comme les
commissaires de l'Hydro avaient foi en l'avenir du Québec.
Je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin,
ont été associés à cette oeuvre gigantesque.
M. LESAGE: M. le Président, Je crois qu'indépendamment du
jugement que chacun de nous, personnellement, pourrait éventuellement
porter sur les modalités du contrat intervenu comme vous voyez,
M. le Premier ministre, je suis un homme prudent il est sûr que la
signature d'un contrat entre l'Hydro-Québec et Churchill Falls Labrador
Corporation, en vue de l'aménagement des chutes et de l'utilisation de
l'électricité, cette richesse naturelle extraordinaire, est en
soi ce que les Anglais appellent un « achievement »...
M. BERTRAND: Un « great achievement ».
M. LESAGE: A great achievement », c'est un succès, c'est
une réalisation considérable.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: C'est une réalisation considérable qui a
demandé, de la part de ceux qui ont voulu mener à bien le
succès des négociations, un travail constant, un travail
acharné, un travail de détails, tant au point de vue financier
qu'au point de vue du génie, du maniement des hommes: travail admirable
dans tous ces domaines.
Tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé
méritent nos plus sincères félicitations et je n'ai aucune
réserve. Il ne convient pas, je crois bien, à ce moment-ci, que
je fasse l'historique de ces longues et difficiles négociations
et je voudrais bien que ceux à qui je poserai des questions sachent que
je le réalise pleinement négociations qui ont dû
changer même d'objectif, à un moment donné, lorsqu'il est
devenu clair au printemps 1966, entre autres, que la vente
d'électricité aux Etats-Unis, premièrement, ne semblait
plus possible ou était au moins très aléatoire, et que,
deuxièmement, l'Hydro-Québec, en signant des contrats de revente
avec réserve au Nouveau-Brunswick et à l'Ontario, pourrait se
porter acquéreur de toute l'électricité ou presque toute
je pense à Terre-Neuve provenant de Churchill Falls.
Il a fallu changer d'objectif, il a fallu changer de méthodes.
Cette partie des négociations, je ne l'ai pas vécue. J'ai
vécu intensément les négociations jusqu'au printemps 1966.
Mais lorsqu'il a fallu bifurquer, à partir de ce moment-là, je
n'ai pas pu avoir clairement de renseignements précis.
D'abord, je n'ai pas cherché à en obtenir de l'Hydro, cela
aurait été déplacé de ma part, et il s'est
avéré impossible... Ce n'est pas un reproche que je fais parce
que l'intérêt public était en jeu, je crois; jusqu'à
quel point? C'est une question de jugement. Il a été impossible,
dis-je, d'en obtenir du premier ministre ou des premiers ministres, devrais-je
dire, et du ministre des Richesses naturelles qui, pour une fois, ne parlait
pas, le tout dit amicalement.
M. BERTRAND: Cela ne veut pas dire que, quand il parle, il ne parle pas
bien!
M. LESAGE: Cela lui arrive!
Mais quand même, dès ce matin, je voudrais dire à M.
Lessard que j'ai connu avant qu'il ne devienne président de
l'Hydro-Québec, je voudrais lui dire et lui redire mon admiration et mon
amitié.
M. Lessard est un grand administrateur.Il l'avait prouvé avant
d'arriverâl'Hydro-Québec. Si on me permet l'expression, il l'a
reprouvé; il a eu l'occasion de démontrer ses connaissances, son
habileté et sa faculté de ne pas voir seulement les arbres mais
de ne jamais oublier la forêt. Autrement dit, il a toujours eu une vue
d'ensemble de tous les problèmes auxquels il a eu à faire face
comme président de l'Hydro.
Aussi est-ce avec beaucoup de regret que j'ai appris sa décision
personnelle de diminuer la charge de ses responsabilités, de diminuer sa
charge de travail, qui était accablante depuis qu'il est
président de l'Hydro-Québec. Je suis heureux d'apprendre la
nouvelle ce matin qu'il continuera tout de même d'agir comme consultant
pour l'Hydro-Québec. C'est une excellente nouvelle pour le
Québec.
A son successeur, M. Roland Giroux, dont les capacités sont
très bien connues, nos félicitations et aussi l'expression de
notre espoir que lui aussi verra à la fois la forêt et les arbres.
C'est une grande forêt et la coupe est immense. Je lui souhaite au nom de
mes collègues plein succès.
Le premier ministre a dit que ce contrat était très
avantageux pour le Québec. A première vue, je le crois ou du
moins je l'espère. J'ai des questions à poser mais, comme je l'ai
dit tantôt, cela a tellement bifurqué. L'orientation a tellement
bifurqué qu'il est clair que J'ai des questions à poser avec mes
collègues pour savoir si, dans l'optique nouvelle, alors que le prix est
plus élevé et que les conditions sont autres, que les taux
d'intérêt ont été considérablement accrus, il
n'y a pas eu évidemment la garantie d'achat par des Américains
avec des changes américains. Tout ça changeait l'aspect, n'est-ce
pas, et faisait surgir toute une série de nouveaux problèmes.
Il s'agit d'une des richesses naturelles du Canada et parmi les plus
importantes. Je suis des plus heureux que les Québécois, qui sont
copropriétaires de toutes les richesses naturelles du Canada, puissent
participer à l'exploitation de ces richesses et en tirer des
bénéfices; parce que, ne l'oublions pas, les redevances qui
seront payées pour l'exploitation de la richesse naturelle qu'est
Churchill Falls ne seront pas payées au gouvernement de Québec
mais au gouvernement de Terre-Neuve. C'est donc dire que, quoi qu'on dise et
quelles que soient les précautions que l'on prenne pour ne pas appeler
la frontière le point de livraison, le gouvernement de Québec qui
a le contrôle complet sur l'Hydro-Québec laisse cette
dernière avoir une participation importante dans Churchill Falls
Corporation, une participation qui pourrait éventuellement devenir
majoritaire d'après les communiqués de presse, et cette
compagnie, qui est une compagnie de la Couronne au provincial, paiera les
redevances au gouvernement de Terre-Neuve.
Alors, il ne faut pas se faire d'illusion. C'est pour ça que Je
parle de richesses canadiennes. Et lorsque je parle de richesses naturelles
canadiennes, eh bien, je ne fais qu'exprimer en vérité ce que le
gouvernement de Québec se trouve à reconnaître presque
directement dans les faits par l'intermédiaire d'une corporation dont il
a le contrôle.
Alors, M. le Président, sur ces mots, Je crois que nous allons
maintenant procéder.
M. BERTRAND: M. le Président, je viens de noter que le chef de
l'Opposition a assez bien décrit le rôle que Joue
l'Hydro-Québec. C'est peut-être la meilleure invasion, l'invasion
la plus avantageuse et la plus bienfaisante d'un territoire sur lequel le
Québec prétend avoir des droits, mais c'est une invasion
certainement de ce territoire que Terre-Neuve reconnaît comme
étant le sien, une invasion qui va tourner au bénéfice du
Québec.
Des invasions de ce genre, des invasions bienfaisantes comme
celles-là, je pense que beaucoup de pays au monde ou beaucoup de
provinces aimeraient en exercer.
Je n'ai pas tout à l'heure félicité d'une
manière particulière le nouveau président. Je pense que sa
nomination démontre la confiance qu'avait en lui le présent
gouvernement. Je sais gré au chef de l'Opposition d'avoir
félicité le nouveau président, en qui il a mis comme nous
sa confiance. Dès avant sa nomination, une des premières
recommandations que M. Giroux m'a dit qu'il ferait à l'Hydro, c'est que
M. Lessard continue comme consultant à l'Hydro. C'est donc
démontrer la confiance dont vous aurez toujours Joui sous l'ancien
gouvernement et sous le gouvernement actuel. C'est la meilleure manière
de démontrer à ce moment-là que ce ne sont pas des
nominations partisanes qui ont été faites, mais des nominations
d'hommes capables d'abord et avant tout de servir, sous différents
gouvernements, la cause du Québec. Quant aux procédures devant
cette commis-
sion, mon collègue, le ministre des Richesses naturelles, verra
à les diriger du côté du gouvernement. Je crois qu'il s'est
entendu pour commencer d'abord l'étude du rapport de
l'Hydro-Québec après quoi nous pourrons passer à la
transaction de Churchill Falls...
M. LESAGE: Mais il s'est entendu avec d'autres que moi, parce que
l'entente, hier soir, c'est que la convention avec...
M. ALLARD: Je me demande si nous ne serions pas capables, tout d'abord,
de discuter du rapport pour finir par les chutes Churchill ou si vous voulez
commencer par la question...
M. LESAGE: A cause de...
M. ALLARD: ... de Churchill Falls, nous finirons par le rapport pour ne
pas aller de l'un à l'autre. En ce qui concerne Churchill Falls,
évidemment qu'il y a une relation directe avec le rapport.
M. LESAGE: C'est clair.
M. ALLARD: Ce que je ne voudrais pas qu'on mélange, au travers de
ça, c'est le reste du rapport de l'Hydro.
M. LESAGE: Non. Mais, l'incidence de Churchill Falls sur les finances de
l'Hydro est telle qu'il serait difficile...
M. ALLARD: Ah non!
M. LESAGE: Je l'ai d'ailleurs expliqué au ministre des Richesses
naturelles, hier soir. Je ne sais pas s'il l'a retenu hier soir.
M. ALLARD: Je ne voudrais pas que l'on chevauche de l'un à
l'autre...
M. LESAGE: Non, non, sauf que j'ai dit au ministre des Richesses
naturelles que nous trouvions dans le rapport ces incidences financières
de la participation à Churchill Falls et qu'il faudrait peut-être
référer au rapport annuel en discutant de Churchill Falls pour
aller y quérir certains chiffres.
M. BERTRAND: Nous allons donc, M. le Président, commencer par
Churchill Falls, quitte à faire des références au rapport
de l'Hydro-Québec lorsqu'il y aura lieu.
Ma première question, M. Lessard, serait la suivante: Pouvez-nous
nous donner un résumé des négociations depuis le
début, en vrac, pour nous donner une idée de l'ensemble du
problème depuis le début des négociations entre, d'une
part, l'Hydro-Québec et je crois, la compagnie Hamilton Falls Power
Corporation?
M. LESSARD: M. le Président, me permettriez-vous, avant de
répondre à la première question, de faire quelques
remarques.
J'aimerais remercier le premier ministre et M. Lesage des remarques
très élogieuses qu'ils ont faites sur l'Hydro-Québec
concernant mes collègues et les dirigeants qui ont participé aux
négociations très prolongées de Churchill Falls, ce qui
date de 1961.
Comme on l'a mentionné, ce fut une tâche très
difficile. Il y a eu beaucoup de discussions pendant des heures et des heures
à étudier les différents projets. Nous sommes très
heureux d'entendre le premier ministre et le chef de l'Opposition indiquer
qu'ils sont tous les deux très fiers de voir que l'Hydro-Québec a
réussi à signer ce contrat.
Quant aux remarques personnelles qui ont été faites
à mon compte, je remercie le premier ministre et M. Lesage pour leurs
compliments. Je puis vous assurer que j'en retiens seulement une petite partie
car c'est un travail d'équipe que nous faisons à
l'Hydro-Québec.
Pour répondre à la question de faire un relevé des
négociations depuis le début, je crois que nous devons commencer
en 1961 au moment où la Shawinigan Company était encore
propriétaire des actions de Hamilton Falls.
Ils ont eu surtout une discussion très préliminaire avec
le directeur général de l'Hydro-Québec qui, à ce
moment-là, était M. Léo Roy. Ils nous ont offert 2
millions de kilowatts, di-sont 1 million à 3 mills et demi et le
deuxième millions à peu pris à 2.8mills. A ce
moment-là, c'était pour livraison préliminaire en 1965 et
le projet tel que conçu par ces gens-là n'intéressait pas
l'Hydro.
Ce n'est qu'en 1963, au mois de janvier, qu'une nouvelle approche a
été faite à l'Hydro, avec possibilité de vendre
Consolidated Edison de New York. Disons que je passe toute l'année 1963
où il y a eu plutôt des discussions entre le président de
l'Hydro, les gens de Hamilton Falls et les gens de New York. Les gens de New
York étaient très intéressés à acheter, pour
une période de 15, 20 ou 25 ans, un montant très fixe de
kilowatts. Parce qu'ils prévoyaient construire une station de pompage
à Hudson, ils se serviraient nécessairement de cette
énergie pour remplir les réservoirs soit les fins de semaine ou
durant les périodes hors
de pointe. Ils voulaient construire une ligne de transport partant du
New York, c'est-à-dire de Cornwally aux Etats-Unis, dans l'Etat de New
York jusqu'à la frontière canadienne.
Nous avons discuté assez longuement de cette possibilité
parce que, pour le financement, les gens qui avisaient Hamilton Falls
prévoyaient que le contrat serait beaucoup plus attrayant avec cette
clause d'une vente aux Etats-Unis, ce qui aurait apporté des dollars
américains, facilitant ainsi leur emprunt de capital, qui serait alors
garanti aux prêteurs par l'argent américain, etc.
Vers la fin de 1963, le gouvernement a entrepris d'une façon
très sérieuse l'étude à la suite des discussions
qui avaient eu lieu entre l'HydroQuébec et Hamilton Falls. Un
comité a été formé par le gouvernement, à ce
moment-là, pour négocier et étudier
particulièrement l'aspect financier du projet. L'étude, par le
comité, a recommandé, je crois, si je me souviens bien, une vente
à 2.25 mills.
M. LESAGE: 2.25 mills. D'ailleurs un membre du comité est en face
de moi et il s'en souvient. M. Michel Bélanger était membre du
comité et on en était arrivé, à un moment
donné, à 2.45 mills et nous n'étions pas satisfaits, nous
voulions obtenir un prix de 2.25 mills.
M. LESSARD: Alors, au mois de juillet, les négociations se sont
terminées, et le projet n'est revenu qu'en 1965 après que
Hamilton Falls eut essayé, par l'entremise de M. Smallwood, de vendre la
production de Churchill Falls par une ligne qui passerait par Terre-Neuve et
les provinces maritimes et qui se rendrait jusqu'à Boston.
M. LESAGE: Je pense, à ce moment-là, M. Lessard, qu'il
s'agissait de conserver son sang-froid sachant bien que physiquement la
proposition de M. Smallwood était impossible et il était
inévitable qu'ils reviennent à nous, n'est-ce pas?
M. LESSARD: Exactement. Evidemment l'étude n'a jamais
été complètement terminée par les bureaux
d'ingénieurs-conseils anglais parce qu'ils ne pouvaient pas
déterminer exactement le coût des câbles sous-marins.
M. LESAGE: Le coût et la valeur, en définitive.
M. BERTRAND: Est-ce à ce moment-là, M. Lessard, qu'on
avait parlé de 1'Anglo Saxon Route de M. Smallwood?
M. LESAGE: Oui, et c'est là qu'il a fallu s'ancrer les deux pieds
dans le sol et attendre.
M. LESSARD: C'est ça.
M. LESAGE: Cela a été une guerre d'épuisement,
à ce moment-là. Une guerre des nerfs, si vous voulez.
M. LESSARD: A ce moment-là, je crois que Hamilton Falls est
devenu Churchill Falls et a obtenu du gouvernement fédéral une
garantie que les taxes d'impôt payées par les utilités
privées seraient retournées aux provinces où elles sont.
En même temps, il y a eu aussi les 15% sur la vente d'obligations aux
Etats-Unis.
M. LESAGE: C'est à peu près à l'automne 1965.
M. LESSARD: C'est cela. A ce moment-là, les négociations
ont recommencé. Evidemment, cela faisait déjà trois ans
que le projet avait été mis à l'étude. L'aspect
technique se compliquait davantage, il était encore question du courant
continu ou du courant alternatif; il y avait toujours la possibilité de
trouver un client américain. Finalement, au printemps de 1966, pour
autant que l'Hydro-Québec était concernée, nous avons
recommandé au gouvernement et nous avons soumis une lettre d'intention.
Alors, les événements de juin 1966...
M. LESAGE: C'était au mois de février. M. LESSARD: Au mois
de février? M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: Je croyais que c'était un peu plus tard que cela.
M. LESAGE: C'était au mois de février.
M. LESSARD: Bon. Lorsque le gouvernement de l'Union Nationale est
arrivé au pouvoir il a fallu recommencer à expliquer tout le
problème.
M. LESAGE: Oui, mais entre février et Juin, il s'est passé
passablement de choses, M. Lessard. C'est à ce moment-là que
l'Hydro-Québec a soumis, le 22 février 1966, un projet de lettre
d'intention au gouvernement. Le gouvernement a étudié cette
lettre d'intention et celle-ci, comme vous l'avez dit juste-
ment, tenait presque pour acquis qu'il y aurait revente aux Etats-Unis.
Or, entre le 22 février et la réponse du gouvernement à
l'Hydro-Québec à l'effet qu'il fallait recommencer cela
était au mois de mars toutes les implications d'un jugement rendu
par la cour d'Appel de New York étaient devenues claires.
M. BERTRAND: La cour Suprême de l'Etat de New York.
M. LESAGE: Je l'ai appelée la cour d'Appel de l'Etat de New York.
Il était évident que Consolidated Edison ne pouvait plus,
à la suite de ce jugement, se compromettre vis-à-vis de
l'Hydro-Québec pour l'achat. Il fallait recommencer sur la nouvelle base
que vous, à ce moment-là, aviez suggérée, celle que
j'ai mentionnée dans les remarques que j'ai faites au début, de
l'utilisation de la production complète par Hydro-Québec. Et tout
ce temps-là, nous avions exploré également la
possibilité de revendre à une espèce de consortium d'Etats
du Nord-Est américain ayant à sa tête un sénateur du
Vermont.
Il est devenu clair que ce n'était pas possible et c'est
là qu'il a fallu tout recommencer...
M. LESSARD: Et à ce moment-là...
M. LESAGE: Je crois qu'il y a eu un travail considérable de fait
pour la préparation d'une nouvelle lettre d'intention, dont je n'ai pas
eu le temps de prendre connaissance, parce que nous étions en
période électorale. Dans le fond, c'est M. Johnson qui en a
hérité.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESSARD: La lettre d'intention prévoyait encore une
alternative. La possibilité d'un client américain et la
possibilité d'un autre client.
M. LESAGE: Même celle, que je n'ai pas vue, du mois du juin
1966?
M. LESSARD: Exactement.
M. LESAGE: Le projet de 1966 que je n'ai pas vu.
M. LESSARD: Comme vous l'avez mentionné...
M.BERTRAND: Le 6 juin.
M. LESAGE: Oui, mais je ne l'ai pas vu.
M. BERTRAND: Non, je le sais. Vous n'étiez pas ici.
M. LESAGE: J'étais ici le 6 juin, certainement, j'étais
à mon bureau. Le 6 juin, c'était le lendemain des
élections et je travaillais comme un nègre à
préparer les dossiers pour mon successeur.
M. DOZOIS: Est-ce que... UNE VOIX: Vous étiez malade.
M. LESAGE: Non. Je me suis rendu malade, par exemple, à
travailler et à préparer les dossiers pour vous.
M. BERTRAND: Comme nous nous sommes rendus malades à les
lire.
M. LESAGE: J'avais été trop optimiste. Oui, il y avait de
quoi à être malade seulement à les lire; imaginez-vous ce
que c'était que de les préparer!
M. LESSARD: Alors, nous sommes rendus au mois de..»
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas mol qui en al parlé.
M. BERTRAND: C'est vous qui en avez parlé.
M. LESAGE: Non, c'est votre député de Mégantic qui
parle souvent à tort et à travers.
M. BERTRAND: Continuez, M. Lessard,
M. LESAGE: Nous sommes rendus au mois de juillet 1966 et
l'Hydro-Québec a expliqué au nouveau gouvernement de quoi il
s'agissait pour autant que Churchill Falls était concernée. Au
mois d'octobre 1966, nous avons signé la lettre d'intention. Il y avait
des points qui n'étaient pas encore décidés. Il y avait la
possibilité du courant continu, du courant alternatif; il y avait la
onzième unité. Nous étions encore en
demi-négociations avec le sénateur Fayette. Il y avait toujours
une possibilité de vendre aux Etats-Unis. Alors, nous avons...
M. LESAGE: C'est-à-dire aux Etats du nord-est.
M. LESSARD: Bien voici, aux Etats du
nord-est, vous avez référé à M. Fayette tout
à l'heure.
M. LESAGE: Oui, au sénateur Fayette.
M. LESSARD. Il y avait un autre groupe aussi de la Nouvelle-Angleterre.
Nous allons l'appeler la Nouvelle-Angleterre, si vous voulez...
M. LESAGE: Très bien, c'est ce que j'appelle les Etats du
nord-est.
M. LESSARD: ... qui, peut-être, était
intéressé à acheter de l'Hydro-Québec une certaine
quantité d'énergie de Churchill.
A mesure que les années avançaient, évidemment, la
demande à l'Hydro-Québec changeait. Nous étions
pratiquement convaincus que nous ne pourrions leur vendre que pour une
période très courte une quantité intéressante pour
eux, et par ce fait, ils ne pouvaient pas construire une ligne de transport de
la frontière qui rendrait... Evidemment, ce serait un coût
très élevé, cette construction de ligne pour une
période très courte.
Les négociations se sont terminées et nous avons
décidé à ce moment-là que, essentiellement, nous
achèterions le tout et que nous le garderions sans exportation. Alors,
cela réglait un des problèmes.
Le deuxième problème, c'était la décision de
l'Hydro d'acheter la onzième unité de Churchill Falls, ce qui a
été fait. Enfin, nous avons décidé que
c'était le courant alternatif et non pas le courant direct. Tout cela
s'est terminé vers le mois d'avril 1967.
A ce moment-là, nous avons commencé à penser au
contrat final. Il y a eu un comité technique de l'Hydro et un
comité technique de Churchill Falls qui ont commencé à
étudier les aspects techniques du contrat final. Enfin, à
l'automne 1967, les avocats ont commencé à préparer le
contrat final qui, lui, a été prêt au mois de juin 1968,
après des discussions nombreuses et des participations et de
l'Hydro-Québec et de Churchill Falls. Le comité de
négociation de l'Hydro-Québec était composé de M.
De Guise, mon collègue, de M. Boyd, qui était directeur
général de l'Hydro-Québec à ce moment-là et
de Me Gadbols, du service juridique. Je puis vous assurer qu'ils ont
consacré énormément d'heures à ces études
avec nos conseillers juridiques.
Au mois de juin 1968, le contrat était pratiquement
terminé. Il restait, comme M. Johnson l'avait annoncé au moment
de notre dernière visite au comité parlementaire, les virgules et
les points. Mais, je vous assure je suis rendu au point du financement
de Churchill Falls où il y avait 51 compagnies qui ont acheté des
obligations et qui étaient représentées par des avocats
que ça prenait une patience d'ange. Je veux mentionner cela parce
que c'est la raison principale, nécessairement, du retard de la
signature du contrat final.
M. LESAGE: Vous allez encore mettre ça sur le dos des
avocats.
M. LESSARD: Bien, Je crois qu'il y a plusieurs mois qu'on va pouvoir
mettre sur leurs dos.
M. BERTRAND: Pour autant que c'est un bon contrat qui a
été bien rédigé... c'est un travail de
bénédictin pour ceux qui l'ont vu de près.
M. LESAGE: Nous les avocats, nous nous permettons de nous dire
ça, mais on entend difficilement qu'on nous le dise.
M. BERTRAND: On se permet de se taquiner.
M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: Un autre gros problème, nécessairement,
c'était le financement de Churchill Falls. Avec un financement
basé sur le fait qu'il n'y aurait pas d'exportation aux Etats-Unis, cela
a changé énormément les clauses de la lettre d'intention
qui étaient prévues à ce moment-là.
Heureusement, je crois que c'est un résultat qui a surpris bien
des gens pour autant que la maison Morgan Stanley a réussi à
intéresser pratiquement la plupart des grosses compagnies d'assurances
américaines et aussi au Canada, pour vendre l'équivalent de $594
millions d'obligations. Et le tout, comme vous le savez, a été
consommé la semaine dernière par la signature du contrat,
l'emprunt des banques, etc.
Il y a peut-être quelques aspects que j'ai oubliés, mais je
vais demander à M. De Guise: Est-ce qu'il y a quelque chose que j'ai
oublié dans tout cela?
M. DE GUISE: Non, pas de faits essentiels.
M. LESSARD: Evidemment, il y a plusieurs détails, vous me
permettrez de les garder pour le moment parce que je crois que ce n'est pas
nécessaire.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, il y en a qui avaient des questions...
M. BERTRAND: M. Lessard, juste entre la lettre d'intention du mois
d'octobre 1966 et la signature du contrat, je pense que vous avez noté
dans vos derniers propos qu'il y avait eu des changements, pourriez-vous
premièrement, résumer ces changements-là et,
deuxièmement, nous dire si c'était à l'avantage de
l'Hydro?
M. LESAGE: M. le Président, sur ce point, est-ce qu'il ne
vaudrait pas mieux procéder point par point. J'ai une liste ici
d'à peu près dix points d'où vont ressortir les
différences entre la lettre d'intention et le contrat.
M. BERTRAND: C'est une question générale, M. Lessard nous
a simplement donné un résumé.
M. LESAGE: Oui, je comprends, mais...
M. BERTRAND: Nous pouvons y revenir tantôt.
M. LESAGE: Oui, mais il va falloir le questionner, et cela est difficile
sur une déclaration d'ordre général. Ce sont des
détails extrêmement compliqués. Je pense qu'il y a la
question du financement qui est une question en soi, et qui demande une
étude approfondie.
M. DOZOIS: M. le chef de l'Opposition, si vous permettez. M. le
Président, je pense qu'avant de poser des questions et d'entrer dans le
détail du contrat, il serait peut-être important que M. Lessard ou
quelqu'un d'autre, je ne sais pas, de l'Hydro, nous fasse part également
de cette entente qui constitue un «voting trust », je ne
sais pas quel est le terme en français je sais qu'il
existe...
M. LESAGE: Si l'on veut commencer par cela, d'accord. C'est l'un des
points.
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection.
M. DOZOIS: Je pense que si on ne connaît pas le « voting
trust », cela ne nous permet pas d'avoir une vue d'ensemble de toute
l'affaire. Il y a des conditions qui sont dans le « voting trust »
et qui ne sont pas dans le contrat.
M. LESAGE: Non, le point est mentionné ici comme étant un
des dix points majeurs sur lesquels je voulais poser des questions. Je n'ai
donc aucune objection quant à moi à commencer par cela.
M. DOZOIS: Je pense que si on nous expliquait ce qu'est le «
voting trust »,nous aurions une vue d'ensemble de toute cette
transaction.
M. LESAGE: Je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Alors, messieurs, qui est disposé à
répondre? M. Lessard?
M. LESSARD: J'ai ici devant moi un document de huit pages qui est un
résumé de la différence entre la lettre d'intention et le
contrat final. Maintenant, je puis en distribuer des copies, je pense que c'est
nécessaire. Mais, si vous me permettez, je vais lire certains points
importants. Lors de la rédaction...
M. DOZOIS: M. Lessard, si vous me permettez, est-ce que le document que
vous allez nous lire fait part du contenu du « voting trust »?
M. LESSARD: Oui. M. DOZOIS: Très bien.
M. LESSARD: Lors de la rédaction du projet de contrat
d'énergie...
M. LESAGE: Est-ce que nous pourrions avoir des copies pour que nous
puissions suivre au fur et à mesure que vous faites la lecture et
prendre des notes en vue des questions à poser?
M. BERTRAND: II y en a à distribuer.
M. LESAGE: II est probable que nous trouverons dans votre document de
huit pages, M. Lessard, des réponses à bien des questions...
M. LESSARD: Probablement, M. Lesage.
M. LESAGE: Oui, mais f aimerais le suivre en même temps.
M. BERTRAND: Pour rayer ces questions.
M. LESAGE: Pas dix questions, mais dix têtes de chapitre.
M. BERTRAND: Dix points.
M. LESAGE: Dix têtes de chapitre.
M. DOZOIS: Vous n'avezpas d'autres copies, M. Lessard?
M. BERTRAND: Je vais en faire préparer.
M. LESSARD: Nous avons, M. Dozois, l'abrégé du contrat
fidéicommis que nous allons vous distribuer.
M. DOZOIS: Parce qu'il y a des membres de la commission qui en
réclament.
M. BERTRAND: Nous en faisons préparer une vingtaine de copies,
cela va prendre dix minutes.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous continuer, M. Lessard?
M. LESSARD: Très bien. Alors je Us à la page 3.
Lors de la rédaction du projet de contrat d'énergie,
1'Hydro-Québec a exigé, après étude de la question
avec Ebasco, une compagnie américaine de New York que la
formule d'ajustement à laquelle on fait référence au
paragraphe 6 du présent mémoire et qui était celle
mentionnée à l'article 23.1 de la lettre d'intention soit
changée.
Cette formule prévoyait un ajustement des tarifs pour
l'énergie en rapport avec une hausse du coût de l'argent en
assumant un coût de 5 1/2% sur les bons portant première
hypothèque et de 6% sur les autres emprunts.
Toutefois, l'ajustement prévu pour les tarifs devait s'appliquer
pendant toute la durée du contrat. La nouvelle formule exigée par
l'HydroQuébec prévoit qu'au lieu d'un ajustement de tarifs,
l'Hydro-Québec paiera à CFLCo au moment où les
intérêts deviendront payables sur chaque emprunt, tout
excédent de 5 1/2% et 6% selon le cas et ceux seulement pendant la
durée de l'emprunt concerné.
Cette formule correspond mieux à l'intention originale des
parties. Elle est plus simple et après les calculs établis par
l'Hydro-Québec et Ebasco. elle pourra représenter une diminution
de coût à l'Hydro-Québec d'environ $410 millions au taux
actuel de l'argent pendant la durée du contrat.
Une autre économie importante résulterait du fait que,
suivant la lettre d'intention, CFLCo aurait pu se servir du taux réel
d'intérêt pour calculer les intérêts imposables au
coût du projet durant la construction, augmentant ainsi le coût
final du projet servant à ajuster le prix du kwh pour toute la
durée du contrat dès que ce coût final se situait entre
$791 millions et $900 millions. Suivant le contrat signé,
l'intérêt chargé durant la construction est limité
au taux de base, 5 1/2% ou 6%, qui a servi pour fins d'estimation. Il en
résulterait une diminution évaluée à $41 millions
dans le coût des intérêts chargés durant la
construction, ce qui pourrait se traduire par une diminution de $89 millions
dans la somme des montants annuels payables par l'Hydro-Québec au cours
des 40 premières années du contrat.
La clause suivante, je crois que ce n'est pas nécessaire de la
lire, je vais vous la résumer.
M. LESAGE: Monsieur, je déteste vous interrompre, mais je pense
qu'un renseignement d'importance assez primordiale pour toute l'étude du
contrat serait le suivant: Quelle est, aujourd'hui, l'estimation du coût
final du projet Churchill Falls plus la ligne de transport jusqu'à la
hauteur des terres?
M. LESSARD: Vous voulez dire la...
M. LESAGE: Jusqu'à la hauteur des terres.
M. LESSARD: Vous voulez dire le projet, la dépense prévue
pour Churchill Falls?
M. LESAGE : Oui. Vous parlez de montant entre $791 millions et $900
millions. Vous vous souvenez que la barrière, comme la barrière
du son, était de $723 millions, je crois, quand le pouvoir nous a
laissés.
Alors aujourd'hui, c'est entre $791 millions et $900 millions. Quelles
sont les estimations actuelles?
M. LESSARD: C'est $923 millions.
M. LESAGE: C'est toujours $23 millions. Au lieu de $723 millions, c'est
$923 millions.
M. LESSARD: C'est cela. C'est $923 millions d'après les
dernières études qui ont été faites par...
M. LESAGE: En tenant compte de l'augmentation progressive des
coûts?
M. LESSARD: En tenant compte de tout. M. LESAGE: Des salaires? M.
LESSARD: De tout. M. LESAGE: De tout?
M. LESSARD: De tout. Ils ont prévu, dans leurs estimations, une
somme d'à peu près $44 millions pour des contingences et
jusqu'à maintenant, avec les contrats qu'ils ont accordés, ils
n'ont pas eu à puiser.
M. LESAGE: A puiser dans la réserve.
M. LESSARD: Non. Comme question de fait, leur réaction à
leur demande de soumissions a été très heureuse.
Apparemment les ingénieurs-conseils, dans ce cas, ont eu suffisamment de
temps pour étudier chaque projet sur lequel ils demandent des
soumissions et il n'y a presque pas de changement entre le contrat
lui-même et l'étude.
M. LESAGE: Eh bien, je suis très fier de nos
ingénieurs-conseils du Québec.
M. LESSARD: Est-ce que je continue?
M. LESAGE: Oui, oui. Nous reviendrons plus tard.
M. LESSARD: L'article suivant que je voulais mentionner c'est que, dans
la lettre d'intention, nous avions l'option de renouveler le contrat pour une
autre période de 25 ans, sans indication nécessairement du
coût que nous aurions à payer pour cette période.
Alors, dans le contrat qui vous a été distribué la
semaine dernière, nous avons réussi à obtenir de CFLCo un
renouvellement automatique de 25 ans et le prix au kinowattheure serait de 2
mills.
Maintenant, les clauses financières. Dans la rédaction des
clauses financières du projet de contrat d'énergie,
l'Hydro-Québec a été guidée par les
considérations suivantes: L'Hydro-Qué-bec est d'opinion que, vu
les garanties qu'elle est appelée à fournir, il était
essentiel que sa participation au capital-actions de CFLCo soit
augmentée de façon substantielle.
Deuxièmement, les prêteurs sur bons portant première
hypothèque exigeaient qu'avant de s'engager pour un maximum de $550
millions CFLCo soit assurée d'avoir en main au moins un tiers de ce
montant représenté, soit par des souscriptions au
capital-actions, soit par des bons prenant rang après la première
hypothèque.
Troisièmement, l'Hydro-Québec, par contre, entendait
être actionnaire dans une compagnie qui limiterait ses opérations
à l'exploitation de la centrale de Churchill Falls et qui ne pourrait
pas utiliser ses fonds pour d'autres fins sauf la déclaration de
dividendes.
Quatrièmement, vu que l'Hydro-Québec dépendra, pour
une large part de son énergie, de celle produite par CFLCo, il
était essentiel que certaines garanties lui soient données
qu'advenant que les actionnaires majoritaires de C FLCo ne se conforment pas
aux intentions de l'Hydro-Québec, l'Hydro-Québec puisse remplacer
le conseil d'administration de CFLCo par des personnes de son choix et ainsi
administrer l'entreprise selon l'intention actuelle des parties.
Dans les circonstances, le projet de contrat d'énergie et les
documents ancillaires prévoient ce qui suit: Le capital souscrit de
CFLCo sera augmenté, d'environ $58 millions actuellement, à $82
millions cela évidemment date de 1966. aujourd'hui il est
à $82 millions par des souscriptions des actionnaires actuels de
CFLCo; mais l'Hydro-Québec souscrira pour $15 millions de l'augmentation
ainsi prévue, ce qui donnera à l'Hydro-Québec, dès
maintenant, une participation de 25.7% dans le capital-actions émis de
CFLCo. Là je vous parle du début, au mois de juillet 1968. Alors
notre participation a augmenté de 16.3% à 25.7%.
M. LESAGE: Est-ce que cette lettre est disponible? La lettre du mois de
juillet 1968, je crois?
M. LESSARD: La lettre du 25 juillet.
M. LESAGE: Oui, on réfère à cette lettre il
me semble que c'est la date à plusieurs reprises dans le contrat
ou dans les notes. C'est la lettre d'entente au sujet de l'achat des
actions.
M. LESSARD: Au sujet du financement et tout ça?
M. LESAGE: Oui, c'est ça!
M. LESSARD: Nous n'en avons pas de copie, M. Lesage. J'ai ici une copie
pour moi.
M. LESAGE: C'est parce que toute cette question n'est pas
mentionnée directement dans le contrat. Pour avoir une
compréhension...
M. BERTRAND: Cela n'a pas été déposé en
Chambre?
M. LESAGE: Non, cela n'a pas été déposé.
Mais pour avoir une compréhension meilleure de toute...
M. BERTRAND: Je ne l'ai pas.
M. LESAGE: ... la structure financière, je crois qu'il est
essentiel que nous ayons en main une copie de cette lettre.
UNE VOIX; Nous allons en faire faire.
M. LESAGE: Une lettre de l'Hydro-Québec à Churchill
Falls.
M. BERTRAND: Voulez-vous, M. Lessard, si vous avez la lettre...
M. LESSARD: Oui, nous l'avons.
M. BERTRAND: ... voulez-vous nous la remettre, nous allons la faire
photocopier. Je vais faire préparer des photocopies.
M. LESAGE: Parce qu'on réfère aux engagements pris dans
cette lettre, à plusieurs reprises.
M. BERTRAND: C'est très bien!
M. BOURASSA: Etant donné la participation importante de
l'Hydro-Québec, est-ce qu'on va appliquer le vote cumulatif pour la
représentation du conseil d'administration? Dans certaines provinces et
dans certains Etats américains, on applique ce qu'on appelle le vote
cumulatif, c'est-à-dire que les intérêts minoritaires sont
assurés d'une participation au conseil d'administration. Il n'en est
rien...
M. LESSARD: II est seulement question pour l'Hydro-Québec,
nécessairement, si nous sommes obligés de faire face à
certains aspects financiers du projet, nous pouvons automatiquement arriver
à avoir un pourcentage de 50.1% de participation.
M. BOURASSA: Oui, mais la représentation au conseil de
direction.
M. LESSARD: En même temps que ce geste aurait lieu, nous
remplaçons la majorité des directeurs, des administrateurs de
CFLCo.
M. BOURASSA: Mais, pour ça, il faut avoir la majorité
numérique, c'est-à-dire 50%...
M. LESSARD: C'est ça.
M. BOURASSA: ... mais pour se protéger avec une minorité
d'actions parce que là on a quand même 25%, on aura 34%
il y a un procédé qu'on appelle le vote cumulatif qui
permet d'être représenté d'une façon certaine au
conseil de direction. Cela n'a pas été prévu?
M. LESSARD: Cela n'a pas été prévu.
Cependant...
M. DOZOE: N'y a-t-il pas des précautions qui ont
été prises, cependant, à l'effet que pour certaines
décisions ils doivent avoir votre accord?
M. LESSARD: Tout le long du contrat, nécessairement, ils ne
peuvent faire quoi que ce soit sans avoir 75% d'approbation et, comme vous le
savez, nous avons au-delà de 25% et nous allons avoir 34%. Nous sommes
protégés de ce côté-là.
M. DOZOIS: Il y a un veto, quoi, pour certains cas?
M. LESSARD: Oui. Si vous me permettez de continuer, vous allez avoir des
réponses à bien des questions. J'étais rendu à: Le
capital souscrit de CFLCo sera augmenté d'environ $58 millions... Je
l'ai mentionné. L'Hydro-Québec a exigé en même temps
que CFLCo adopte un règlement intitulé « Règlement
no 12 » qui prévoit qu'à moins du consentement de 75% en
valeur des actionnaires de CFLCo ce qui en somme donne un droit de veto
à l'Hydro-Québec CFLCo ne pourra, premièrement,
s'intéresser de quelque façon que ce soit à des
entreprises autres que la construction et l'exploitation du projet de Churchill
Falls.
Deuxièmement, s'engager financièrement pour toutes fins
autres que la construction, l'entretien et l'amélioration du projet de
Churchill Falls. Autrement dit, les projets miniers et autres du genre...
M. DOZOIS: Churchill Falls ne pourrait pas prendre à même
les surplus accumulés de profits avant distribution de dividendes et
faire des investissements dans toutes sortes d'aventures. Hs doivent se limiter
strictement à ce projet.
M. LESAGE: C'est ça la liste, M. le ministre des Finances, dont
vous parliez, des cas où on...
M. DOZOB: C'est ça. Je ne l'avais pas lue, mais je crois qu'elle
est là.
M. LESSARD: Troisièmement, CFLCo ne pourra émettre des
actions additionnelles sauf, comme mentionné dans les sous-paragraphes
qui suivent. Quatrièmement, augmenter au-delà de 10 millions
d'actions son capital-actions ou le changer, sauf pour donner effet aux
sous-paragraphe qui suivent. Cinquièmement distribuer des fonds à
ses actionnaires, sauf par voie de dividende. Sixièmement, changer les
dispositions actuelles de ses règlements qui prévoient que les
administrateurs peuvent ê-tre démis de leur fonction par une
simple majorité des votes. Septièmement, adopter des
règlements ou résolutions qui empêcheraient
l'appel d'une assemblée d'actionnaires à la demande des
actionnaires détenant 10% des actions aux fins de démettre de
leurs fonctions les administrateurs de la compagnie. Huitièmement,
signer des contrats par lesquels des personnes ou sociétés
auraient la gérance de CFLCo. Neuvièmement, retenir les services
d'officiers ou de conseillers par contrats à moins que ceux-ci ne
puissent être terminés sans motifs par avis de six mois.
Dixièmement se fusionner, s'amalgamer ou transférer les actifs de
la compagnie à toute autre compagnie. Onzièmement, modifier,
rescinder ou suspendre l'effet du règlement no 13.
Parallèlement au contrat d'énergie, l'Hydro-Québec
a exigé que Brinco, par un contrat de fidéicommis de votation,
dépose entre les mains du Trust Général du Canada un
nombre suffisant d'actions pour qu'additionnées au nombre d'actions
détenues en tout temps par HydroQuébec et la Compagnie
d'électricité Shawinigan, les actions ainsi
déposées forment 50.1% du capital émis en tout temps de
CFLCo. Ce contrat de fidéicommis de votation (Voting Trust Agreement)
prévoit que si CFLCo fait face à ses obligations, les actions
déposées en vertu du contrat de fidéicommis de votation
seront votées par le dépositaire et agent de vote choisi par
Hydro-Québec, selon les instructions de Brinco. Il est à noter
que ce contrat n'affecte pas les actions détenues par
Hydro-Québec qui ne dépose pas ses actions et qui peut en tout
temps voter ses actions comme elle le désire. Toutefois, advenant l'une
quelconque des circonstances suivantes, les actions déposées par
Brinco en vertu du contrat de fidéicommis de votation, le seront selon
les instructions d'Hydro-Québec.
Une assemblée d'actionnaires pourrait être convoquée
immédiatement pour pourvoir à l'élection d'une
majorité plus un des administrateurs de CFLCo selon les instructions de
l'Hydro-Québe:
Chaque fois que CFLCo sera en défaut en vertu de tout acte de
fiducie, au contrat créant une dette obligatoire;
Chaque fois que l'Hydro-Québec aura dû, en principe, faire
des avances en vertu de l'article 12.1 du contrat d'énergie sous les
dispositions à prendre ou à payer pour des périodes
totalisant en tout 36 mois et qui ne doivent pas être
nécessairement consécutifs;
Chaque fois que, sans l'assentiment de l'Hy-dro-Quêbec, CFLCo ne
se conformera pas à l'une ou quelconque des dispositions du
règlement no 13 mentionné au sous-paragraphe de la
présente résolution;
Chaque fois que l'Hydro-Québec serait ap- pelée à
investir des sommes d'argent additionnelles pour la reconstruction et le
remplacement de tout ou de partie de l'usine soit en vertu de l'acte de
fiducie, première hypothèque, ou suivant l'article 12.4 du
contrat d'énergie;
Chaque fois que l'Hydro-Québec, ayant été avertie
par un fiduciaire de CFLCo que CFLCo est en défaut en vertu de l'acte de
fiducie aura décidé de remédier audit défaut et
qu'elle aura fourni aux fiduciaires ainsi qu'aux dépositaires et agents
de vote le ferme engagement de compléter toutes les étapes
requises pour effectuer tels remèdes.
De façon à satisfaire l'exigence des prêteurs,
première hypothèque, quant aux souscriptions au capital action de
CFLCo et à des mises de fonds qui, en tout, y compris le
capital-actions, totalisent environ 1/3 du montant maximum de $590 millions que
CFLCo envisage d'emprunter au moyen de bons portant première
hypothèque, l'Hydro-Québec s'est engagée à acheter
des unités comportant un maximum de $100 millions de bons portant
hypothèque générale et 1 million d'actions communes de
CFLCo. Ces unités peuvent être offertes aux actionnaires de CFLC,
au prorata de leur participation dans le capital action de CFLCo si CFLCo le
désire.
Maintenant je peux ajouter que CFLCo n'a pas demandé à ses
autres actionnaires s'ils désiraient participer; alors, par le fait
même, l'Hydro-Québec a été obligée d'acheter
la totalité des 100 millions de bons portant hypothèque
générale...
M. LESAGE: Ce qui correspondait dans nos premières
discussions...
M. LESSARD: ... était très proche parente des $80
millions.
M. LESAGE: ... $100 millions d'emprunt que nous étions
disposés à garantir seulement. Ce n'était pas de l'argent
prêté, c'était une garantie.
M. LESSARD: C'est ça.
M. LESAGE: Dans les pourparlers qui avaient eu lieu juste en juin
1966.
M. LESSARD: C'est ça. Alors...
M. LESAGE: Pendant que j'y suis et pour ne pas retarder, puisque nous
sommes là-dedans, est-ce que nous pourrions obtenir copie du con-
trat de fidéicommis de votation déposé entre les
mains du Trust Général du Canada ainsi que l'acte
d'hypothèque consenti aux deux compagnies d'assurance qui...
M. LESSARD: M. Lesage, nous avons un sommaire du contrat de
fidéicommis, est-ce que cela sera satisfaisant?
M. LESAGE: J'ai bien confiance en vous.
M. BERTRAND: Distribuez donc ces copies-là.
M. LESAGE: Oui, et il y a le contrat d'hypothèque signé la
semaine dernière.
M. ALLARD: Avec les deux compagnies, Metropolitain Life...
M. LESAGE: Et l'autre, c'était... M. ALLARD: Prudential.
M. LESSARD: Le contrat d'hypothèque est à peu
près...
M. LESAGE: En avez-vous un résumé, M. Lessard?
M. LESSARD: Non, nous n'avons pas de résumé. Est-ce que
quelqu'un est en mesure de faire un résumé.
M. LESAGE: $125 millions chacun. Je pensais que vous aviez dit... Oui,
$250 millions.
M. ALLARD: Metropolitain et Prudential ont engagé $250
millions.
M. LESAGE: Oui mais le contrat était pour $250 millions.
M. BERTRAND: Pourriez-vous, M. Lessard, faire préparer un
résumé?
M. LESAGE: Bien, le contrat d'hypothèque...
M. BERTRAND: Si cela ne vous intéresse pas...
M. LESAGE: ... c'est dans les lignes générales...
M. LESSARD: Les lignes générales, oui.
M. LESAGE: ... de tout emprunt obligataire?
M. LESSARD: C'est ça.
M. LESAGE: Le contrat est de $250 millions; or le ministre des Richesses
naturelles a prétendu que c'était le prêt le plus
considérable qui n'avait jamais été fait en
Amérique du Nord...
M. ALLARD: Non, non, pardon!
M. LESAGE: Je lui rappellerai que lors de la nationalisation de
l'électricité...
M. ALLARD: Non, non, le contrat le plus considérable en
Amérique du Nord en parlant de $900 millions et non pas du prêt de
$250 millions qui était financé par...
M. LESAGE: Le ministre a été mal interprété
par les commentateurs...
M. ALLARD: Ah! je n'ai pas vu les commentateurs.
Ce que j'ai déclaré et qui était dans mon esprit
à ce moment-là, c'était le contrat de $900 millions.
M. LESAGE: Merci de votre correction, parce que les communiqués
de presse ont été mal interprétés.
M. BOURASSA: L'Office d'information et de publicité.
M. ALLARD: Ah oui 1
M. LESAGE: Cela lui arrive à l'Office d'information et de
publicité. Cela donne d'excellentes excuses au gouvernement.
M. LESSARD: M. Lesage, nous avons une copie...
M. LESAGE: Nous y reviendrons aujourd'hui, demain ou
après-demain.
M. ALLARD: Comme vous l'avez dit d'ailleurs à plusieurs reprises,
nous nous y attendons, nous serons prêts en temps et lieu.
M. BERTRAND: Passons aux choses sérieuses.
M. LESSARD: Est-ce que Je pourrais revenir aux $100 millions
d'hypothèque...
M. BERTRAND: Oui.
M. LESSARD: ... afin d'indiquer au comité...
M. LESAGE: Cela va.
M. DEMERS: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LESSARD: Je reviens aux $100 millions d'hypothèque
générale pour indiquer au comité que le premier versement
par l'Hydro- Québec de $25 millions sur ces $100 millions a
été fait au mois de décembre 1968, $10 millions pour
chacun des mois de janvier, février et mars, $15 millions en avril, $15
millions en mai et il nous reste encore un versement de $15 millions le mois
prochain, au mois je juin, et le tout augmentera notre participation dans
l'équité de CFLCo à 34%.
Ces unités pouvaient être offertes aux actionnaires, je
l'ai dit. Toutefois, les actionnaires auxquels ces unités sont offertes
devaient, dès le moment de leur acceptation, s'engager envers CFLCo et
Hydro- Québec à acheter toutes les unités auxquelles ils
ont droit et de plus à participer selon la même proportion dans
l'achat d'unités de $1,000 comprenant une obligation non garantie de
$1,000 et dix actions communes dont il est fait mention au paragraphe qui va
suivre.
Comme gage de l'exécution de leur engagement ci-haut, les
actionnaires de CFLCo, autres qu'Hydro-Québec devaient déposer au
Trust Général du Canada les unités qu'ils auraient
achetées chaque fois qu'ils les auront payées et à
défaut de leur part de remplir à plein leur obligation de
participer comme susdit au complet financement de CFLCo et selon leur
engagement ci-haut décrit, l'Hydro-Québec aura eu dix ans
à compter du parachèvement du projet pour racheter les
unités déposées par les actionnaires qui n'auront pas fait
honneur à leur obligation à un prix qui sera de 75% du prix
payé par l'actionnaire défaillant.
Par ailleurs, l'Hydro-Québec devra se porter acquéreur des
unités que les autres actionnaires n'auront pas acquises comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, nous aurons acquis les parts
attachées à $100 millions le mois prochain Les
unités comprendront pour un prix de $1,000 un bon portant
hypothèque générale d'une valeur en principal de $1,000 et
dix actions communes de CFLCo. Advenant le cas où Hydro-Québec
aurait à acheter tous les bons portant hypothèque
générale, sa participation au capital-actions atteindrait
près de 35%, c'est-à-dire 34.18%.
M. LESAGE: Cela peut s'élever à quel montant?
M. LESSARD: $100 millions.
M. LESAGE: $100 millions. Ce sont toujours les mêmes $100
millions.
M. LESSARD: Ce sont les mêmes $100 millions et nous sommes rendus
à $85 millions dans le moment. Il reste un montant de $15 millions au
mois de juin.
Les futurs créanciers en première hypothèque ont
aussi exigé l'assurance que le projet de Churchill Falls serait
mené à bonne fin et que les fonds nécessaires pour le
service de la dette et les dépenses soient disponibles chaque mois.
L'Hydro-Québec a considéré cette exigence comme
raisonnable étant donné son intérêt à voir
à ce que le projet n'arrête pas à mi-chemin.
Dans les circonstances, Hydro-Québec a convenu qu'advenant que
CFLCo manque de fonds pour mener son projet à bonne fin, elle se
porterait acquéreur d'unités comportant des obligations non
garanties et des actions communes au prix de $1,000 l'unité, chaque
unité comprenant une obligation non garantie et dix actions communes de
CFLCo.
En ce qui concerne le service de la dette et les dépenses,
Hydro-Québec s'est engagée à fournir les fonds
nécessaires chaque mois pour que ces montants soient honorés et
en échange, CFLCo lui versera, pour chaque $1,000 avancés, des
unités comprenant une obligation non garantie et cinq actions communes
de CFLCo.
J'ai mentionné en décrivant le contrat de
fidéicommis de votation plus haut que si l'Hydro-Québec fait des
avances aussi sur ce que l'on a appelé des dispositions à prendre
ou à payer pendant 36 mois qui ne seront pas nécessairement
consécutifs, le contrat de fidéicommis de votation prendra effet,
et, à ce moment-là, l'Hydro-Québec prendra en main
l'administration du CFLCo.
Il est en outre prévu, dans le contrat de fidéicommis de
votation, que, lorsque l'Hydro-Québec avance à CFLCo $124
millions, soit pour compléter le projet, soit sous les dispositions
à prendre ou à payer, l'Hydro-Québec a une option de
Brinco pour acquérir, au prix de $15 l'action, un nombre suffisant
d'actions de CFLCo pour qu'Hydro-Québec devienne propriétaire de
50.1% des actions émises de CFLCo. Il est à noter que les
unités, comprenant une obligation non garantie, et 10 actions de CFLCo
pour fournir les fonds nécessaires pour compléter le projet,
pouvaient être offertes aux autres actionnaires de CFLCo dans les
circonstances et sous les conditions relatées au paragraphe d) qui
précède. Maintenant, cela ne s'applique plus
puisque le seul actionnaire, c'est l'Hydro-Qué-bec qui a
acheté les bons portant deuxième hypothèque, soit
l'hypothèque générale.
L'Hydro-Québec s'engage à se porter acquéreur des
unités offertes et non souscrites par les autres actionnaires. Comme il
est évident que Brinco et les autres actionnaires sont peu
désireux de voir le contrôle de l'entreprise passer entre les
mains d'Hydro-Québec, nous sommes d'avis que ceci limitera effectivement
les montants qu'Hydro-Québec pourrait être appelée à
verser en vertu des dispositions du présent sous-paragraphe.
Je crois que cela résume d'une façon assez complète
les différents aspects des changements entre la lettre d'intention et le
contrat final.
Il y a un tas d'autres petits articles mais je crois que ça sont
les articles importants. Autrement dit, l'Hydro-Québec, malgré
qu'elle ait des responsabilités additionnelles à envisager dans
le contrat qui a été signé, nous nous sommes
protégés d'une façon très juste contre toutes les
possibilités.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez des questions additionnelles
à poser? M. le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, lorsqu'il était question,
durant une assez longue période, de la possibilité de vendre une
bonne partie de l'énergie aux Etats-Unis, l'engagement financier de
l'Hydro-Québec vis-à-vis de Churchill Falls Corporation ne se
limitait-il pas je puis faire erreur parce que je parle de
mémoire à une garantie possible de $100 millions sous
forme de garanties d'un emprunt hypothécaire?
M. LESSARD: Vous allez trouver cela, je crois, M. Lesage, sur la
première page de la comparaison entre la lettre d'intention...
M. LESAGE: Oui, mais je ne parle pas tellement de la lettre d'intention
qui a été signée après...
M. LESSARD: Ah!
M. LESAGE: ... juin 1966, c'est-à-dire en octobre 1966, je pense
à la situation que nous avions discutée.
M. LESSARD: C'est sensiblement les mêmes $109 millions qui
reviennent dans la lettre d'intention que nous avions...
M. LESAGE: C'était la même chose, la même base.
M. LESSARD: La même base.
M. LESAGE: Et la limite de la garantie de capital, c'était $100
millions?
M. LESSARD: C était $ 109 millions et maintenant nous sommes
rendus à $124 millions que j'ai mentionnés tout à l'heure
dans la lecture.
M. LESAGE: Oui, à $124 millions. M. LESSARD: C'est ça.
M. LESAGE: Mais au lieu d'être une garantie, ce sont des
avances?
M. LESSARD: Ce sont des avances.
M. LESAGE: Ce qui veut dire que l'Hydro-Québec, au lieu de
garantir des emprunts de Churchill Falls pour la somme de $109 millions, a
dû évidemment emprunter ou puiser dans ses profits pour avancer en
argent comptant à Churchill Falls Corporation une somme qui atteindra
$124 millions?
M. LESSARD: C'est ça, pour compléter les travaux.
Nécessairement, il faut s'attendre que ces chiffres soient plus
élevés qu'ils l'étaient au moment où vous
étiez dans les discussions.
M. LESAGE: M. Lessard, il y a eu augmentation des prix, augmentation des
taux d'intérêt, cela est évident, n'allez pas croire que je
veux fausser l'image.
M. LESSARD: Non, je voudrais être sûr que vous compreniez
qu'il y a eu passablement d'augmentations depuis 1964.
M, LESAGE: Disons, qu'il y a des chances que je sache que cela
coûte plus cher que cela coûtait en 1966 et que le taux de
l'intérêt est beaucoup plus élevé. Il est clair que
cela hausse les coûts. Quand nous parlerons de prix tantôt, nous
verrons que la hausse affecte le prix de construction et clairement le prix de
revient de l'électricité tant aux turbines qu'au point de
livraison, qu'à Chaudière et à Montréal. Parce que
les coûts de construction des lignes de transport de
l'Hydro-Québec, par exemple, du point de livraison à aller
jusqu'à Montréal, les coûts de construction de la linge de
transport seront nécessairement plus élevés que ceux qui
étaient prévus.
M. LESSARD: Non, je crois que là, vous faites une erreur.
M. LESAGE: Cela ne sera pas plus élevé, tant mieux.
M. LESSARD: Heureusement, nos techniciens ont pu améliorer le
coût de construction des lignes depuis...
M. LESAGE: De toute façon, le taux de l'argent que vous aurez
emprunté pour les construire sera plus élevé.
M. LESSARD: Plus élevé, mais nous avons...
M. LESAGE: C'est pourquoi les deux facteurs ont une influence sur le
prix.
M. LESSARD: Nous avons une diminution considérable.
M. LESAGE : Cela a une influence sur le prix. Vous voyez, je veux
être absolument juste et je veux que vous sachiez bien que toutes mes
questions doivent être colorées à la lumière de ma
connaissance des facteurs de hausses de coût.
M. ALLARD: M. Lessard, ce montant-là. de la ligne de construction
est évalué à environ $300 millions...
M. LESSARD: $360 millions pour autant que l'Hydro-Québec est
concernée.
M. LESAGE: Maintenant, M. Lessard, vous dites que le coût va
être de $923 millions. Quelle est en gros la structure de financement de
ces $923 millions. Il y a eu un emprunt de $250 millions de deux compagnies
d'assurance. L'Hydro-Québec fournit $124 millions.
M. LESSARD: L'équité de CFLCo est à $82
millions.
M. LESAGE: $82 millions. Donc, participation de l'Hydro-Québec
pour, enfin, 25%.
M. LESSARD: Les bons portant première hypothèque, c'est
$500 millions aux Etats-Unis.
M. BOURASSA: C'est terminé? C'est fait?
M. LESSARD: Cela équivaut à $540 millions en argent
canadien.
M. LESSARD: $540 millions en argent canadien et cela comprend le dernier
emprunt de $250 millions?
M. LESAGE: $50 millions en même temps de la première
hypothèque au Canada, ce qui donne à peu près $594
millions.
M. LESAGE: $594 millions en première hypothèque.
M. LESSARD: Oui, ils ont des prêts bancaires garantis de $150
millions.
M. LESAGE: Prêts bancaires, excusez-moi. M. BERTRAND: C'est
à la page 2.
M. LESAGE: C'est parce que vous avez commencé à la page 3,
c'est un document que l'on vient de placer devant nous. Je m'en excuse.
M. ALLARD: Mais vous pouvez tout de même...
M. LESAGE: Le capital-actions émis, $60 millions, mais il faut
dire $82 millions, n'est-ce pas? Bons portant première
hypothèque, Etats-Unis, $550 millions ce qui veut dire $594 millions en
argent canadien. Vente de blocs d'obligations, de bons portant
hypothèque générale et d'actions au Canada, $100 millions,
cela est l'Hydro-Québec, c'est de l'argent canadien.
M. LESSARD: Ce que vous lisez là, M. Le-sage, c'est ce que CFLCo
prévoyait financer, comme elle prévoyait se financer.
M. LESAGE: Alors, je fais bien de poser ma question. Comment à
l'heure actuelle, est-ce que c'est financé à date et le reste du
financement pourra venir comment?
M. LESSARD: C'est ce que je vous disais, $82 millions d'actions
émises, ensuite ils ont emprunté $590 millions, première
hypothèque.
M. LESAGE: Vous parlez toujours en monnaie canadienne?
M. LESSARD: $500 millions aux Etats-Unis, ce qui équivaut $540
millions en argent canadien et $50 millions au Canada, cela fait $590 millions.
Ils ont obtenu les bons portant hypothèque générale que
l'Hydro-Québec a achetées de $100 millions et des prêts
bancaires qui ont été conclus avec sept ou huit banques, le
groupe bancaire de $150 millions.
M. LESAGE: Au lieu des $100 millions qui sont marqués ici.
Prêt bancaire de $150 millions à court terme.
M. ALLARD: Il vient de le mentionner celui-là, ce sont les $150
millions à d).
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît, je ne voudrais pas que
tout le monde parle en même temps. Je voudrais être bien sûr
que je comprends.
M. LEVESQUE (Laurier): Moi aussi.
M. LESAGE: d) Ce sont les revenus retenus à compter de la
première livraison d'énergie: $150 millions page 2 du
document que vous venez de nous distribuer Ce ne sont pas les emprunts
bancaires. Les emprunts bancaires sont à e).
C'est parce qu'on m'a fait remarquer, de l'autre côté de la
table, que j'avais bien tort de vous poser des questions
là-dessus...
M. BERTRAND: Non, non.
M. LESAGE: ... étant donné que je trouverais les
réponses à la page 2.
M. LESSARD: Nous allons vous donner une copie de ce que j'étais
en train de vous lire, M. Lesage, pour les membres de la commission. Vous voyez
le financement tel qu'il...
M. LESAGE: Tel qu'on le voit aujourd'hui. M. LESSARD: C'est cela.
M. LESAGE: Parce qu'à la page 2, c'est tel qu'il était
prévu.
M. DEMERS: C'était une prévision. M. LESSARD: C'est
cela.
M. LESAGE: Tandis que là, je voudrais savoir ce que c'est
aujourd'hui, dans les faits, et la prévision pour l'avenir
jusqu'à la fin.
M. LESSARD: Au sommaire, c'est ce que je vous ai donné; $82
millions, $590 millions...
M. LESAGE: Cela va bien là.
M. LESSARD: ... $100 millions et...
M. LESAGE: Et $150 millions d'emprunt bancaire au lieu de $100
millions?
M. LESSARD: C'est cela. M. DEMERS: C'est tout?
M. LESAGE: Un instant. Je vais additionner. Je suis rendu à $872
millions sur une estimation de $923 millions.
UNE VOIX: Estimation actuelle, quoi, parce qu'elle sera
revisée.
M. LESAGE: L'estimation... il m'a dit tantôt qu'il avait tenu
compte de la hausse des prix...
M. BOURASSA: Pour 40 ans.
M. LESAGE: Non, non, pour le coût de construction. Alors, j'arrive
à $872 millions.
M. LESSARD: Vous avez oublié un chiffre quelque part.
M. LESAGE : C'est vous qui me les avez don-néa: $82
millions...
M. DEMERS: Est-ce que vous en avez 5 ou 4 monsieur Lessard?
M. LESSARD: C'est $82 millions, capital actions; $590 millions,
première hypothèque; $100 millions, hypothèque
générale et $150 millions des banques.
M. DEMERS: Et l'autre? Il n'y en a pas d'autres?
M. LESSARD: II n'y en a pas d'autres. M. DEMERS: Cela fait $922
millions.
M. LESAGE: Eh bien, $82 millions, $590 millions, $100 millions et $150
millions, cela fait $922 millions.
M. LESSARD: A part cela, vous avez l'autofinancement.
M. LESAGE: Ah bon. Le coût de l'autofinancement est
évalué à quoi?
M. LESSARD: A $100 millions. M. LESAGE: A $100 millions. UNE VOIX:
Là, ça grince,
M. LESAGE: Alors, pour le coût de construction, vous avez le
coût de construction moins le coût du financement, si on peut
s'exprimer ainsi. D'où cela viendra-t-il?
M. LESSARD: C'est cela. Autrement dit,
ils sont entièrement financés puisqu'ils ont
au-delà de $1 milliard et le coût du projet est estimé
à $923 millions.
M. LESAGE: A $923 millions.
M. BOURASSA: Oui, mais les prêts bancaires sont à court
terme?
M. LESSARD: Oui.
M. BOURASSA: Ici, ça va. J'ai de $72 millions à $75
millions dans le document que vous nous avez remis, à la page 3.
M. LESAGE: Est-ce que l'expérience des emprunteurs aux banques
n'est pas que les banques sont toujours heureuses ou malheureuses cela
dépend du marché de l'argent de renouveler? M. Giroux?
M. GIROUX: Cela arrive.
M. LESAGE: Cela arrive, oui.
M. BOURASSA: Cela arrive.
M. GIROUX: Surtout quand le taux monte.
M. BOURASSA: Dans les CEGEP surtout, cela doit...
M. GIROUX: Dans le moment, oui.
M. LESAGE: C'est dur dans les CEGEP d'obtenir des bas taux
d'intérêt des propriétaires. Cela donne $922 millions. Vous
ditez qu'il y a $1 milliard de disponible, n'est-ce pas?
M. LESSARD: Au-delà de $1 milliard, oui. $1,022 millions.
M. LESAGE: C'est $1,022 millions.
M. LESSARD: Oui, y inclus l'autofinancement de $100 millions.
M. LESAGE: L'autofinancement à même les premières
ventes durant la construction.
M. LESSARD: C'est cela.
M. LESAGE: Parce qu'il y aura des ventes aussitôt que les
premières turbines seront en marche.
M. LESSARD: C'est cela.
M. LESAGE: A quelle date, cela? En 1972?
M. LESSARD: Au mois de mai 1972. Il est possible qu'ils puissent nous en
donner avant.
M. LESAGE: Avant? M. LESSARD: Oui.
M. LESAGE: Et est-ce qu'à ce moment-là vos lignes de
transport seront construites, au moins une, jusqu'à Montréal?
M. LESSARD: Assurément.
M. LESAGE: Ou est-ce que les lignes actuelles peuvent en absorber?
M. LESSARD: Non.
M. LESAGE: Vous êtes obligés de construire?
M. LESSARD: Nous sommes obligés de construire du point X ou A,
comme vous voulez l'appeler, jusqu'à Manicouagan...
M. LESAGE: J'appelle cela la hauteur des... M. LESSARD: ... deux lignes
de transport.
M. LESAGE: On peut dire le mille, je ne sais pas quoi... Le mille
148?
M. ALLARD: C'est 148.
M. LESSARD: Sur le chemin de fer, le mille 148 sur le chemin de fer.
M. LESAGE: Oui. Dans ses engagements au cours du contrat, est-ce que
l'Hydro-Québec est obligée de payer certaines additions dans
certains cas prévus? Est-ce qu'il est prévu
qu'Hydro-Québec paiera une proportion seulement de ses versements
supplémentaires? En d'autres termes, est-ce qu'on soustraira de la
valeur totale de la production ce qui sera vendu à Terre-Neuve? C'est
parce qu'il y a des obligations de vente a Terre-Neuve qui peuvent aller
jusqu'à...
M. LESSARD: Oui, 300,000 kilowatts.
M. LESAGE: Je n'ai pas le chiffre devant moi, mais elles peuvent aller
assez haut.
M. LESSARD: A 300,000 kilowatts.
M. LESAGE: Est-ce que ça ne peut pas remonter aussi? Est-ce qu'on
ne peut pas déduire un peu plus loin?
M. LESSARD: C'est le montant maximum qu'ils sont autorisés
à vendre...
M. LESAGE: A divertir?
M. LESSARD: ... à divertir s'il y a lieu, s'il y a une
demande.
M. LESAGE: S'ily a lieu. Ah, oui! c'est parce que vous parlez de
kilowatts, mol, je l'avais traduit en kilowattheures, et j'étais dans
les milliards. Oui, c'est ça!
M. LESSARD: C'est 2.36 milliards de kilowattheures.
M. LESAGE: Oui, c'est ça! C'était le chiffre qui me
restait en tête. Il faut toujours faire bien attention à la
distinction entre les kilowatts et les kilowattheures.
M. LESSARD: Oui, les chevaux-vapeur aussi.
M. LESAGE: Oui. Alors c'est en chevaux-vapeur que vous me dites: Maximum
de...
M. LESSARD: De 300,000 kilowatts.
M. LESAGE: De 300,000 kilowatts. C'est la valeur en chevaux-vapeur.
M. LESSARD: Bien non!
M. LESAGE: Non, c'est le contraire. Ce sont les kilowattheures.
M. LESSARD: C'est 2 milliards.
M. LESAGE: Oui, 2 milliards. Maintenant, est-ce qu'on tient compte, dans
le paiement de ces obligations additionnelles par 1'Hydro, de cette partie?
Parce que le prix peut varier. Il y a des choses qui s'additionnent au prix qui
sera payé par Hydro-Québec. Est-ce que le prix à
Hydro-Québec, le prix à Terre-Neuve pour tout ce que Terre-Neuve
prendra, ou est-ce que les autres clients à qui ont peut livrer de
l'électricité en vertu du contrat verront également leur
prix augmenter si certaines conditions prévues au contrat se
réalisent?
M. LESSARD: J'ai de la misère à suivre votre question, M.
Lesage. Voici, nécessairement, si, à l'avenir, ils vendent
300,000 kilowatts à Terre-
Neuve, le nombre de kilowattheures qui sera livré à
l'Hydro-Québec diminuera mais le tarif demeure le même à
tant de mills du kilowattheure.
M. LESAGE: Quelles sont les garanties que le tarif à Terre-Neuve
va être un tarif raisonnable? Est-ce qu'il y a un contrat?
M. LESSARD: II n'y a aucun contrat. M. LESAGE: Aucun contrat.
M. LESSARD. Il n'y a aucune demande d'ailleurs dans le moment.
M. LESAGE: Non. Un instant, j'ai fait certains chiffres, je vais essayer
de les retracer.
Il y a tellement de papiers.
M. COITEUX (Duplessis): Supposons que les 300,000 ne sont pas pris
éventuellement par Terre-Neuve, est-ce que, par le contrat, l'Hydro est
obligée de les acheter?
M. LESSARD: Dans le moment nous achetons tout ce qu'ils vont nous
produire.
M. LEVESQUE (Laurier): Et, à propos de la production, on a
toujours parlé autour de 31 milliards, 32 milliards de kilowattheures.
Dans un des textes que vous avez distribués on dit qu'il y aura un
ajustement, une correction, si vous voulez, après huit ans, quand on le
saura de façon certaine. On dit que la production réelle peut
aller jusqu'à 35 milliards de kilowattheures. Est-ce que c'est
encore...
M. LESSARD: Cela peut être pour une année...
M. LEVESQUE (Laurier): Voulez-vous dire qu'il peut y avoir des
années fastes dans le sens des grosses crues.
M. LESSARD: C'est ça, de grosses crues.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais, est-ce que vous savez à peu
près, ou de façon aussi précise que possible après
les études qui ont été faites, quelle production on peut
espérer comme une moyenne annuelle?
M. LESSARD: C'est 31.5 milliards.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est confirmé ça. Cela ne peut
vraiment pas aller en bas de ça, à part des années
extraordinaires. Donc
l'Hydro peut être sure d'avoir à peu près 31
milliards de kilowattheures.
M. LESAGE: Dans le prix payé je cherche dans mes notes
j'avais fait certains calculs, je me demande si je les ai faits sur la
lettre d'intention ou sur le contrat mais il y avait des clauses dans le
contrat ah bon, c'est ça, oui j'ai ici un
résumé qui nous a été distribué, je ne sais
pas si vous l'avez en main, il a été distribué en Chambre
par le premier ministre.
M. BERTRAND: C'est ça!
M. LESAGE: Achat et vente d'électricité des chutes
Churchill.
M. LESSARD: Oui, je l'ai.
M. LESAGE: Résumé des clauses les plus importantes du
contrat.
M. ALLARD: Prix payé.
M. LESAGE: Je suis à la page 4. Il y a à ajouter à
ces prix, je crois, 0.14 mills qui est prévu à la page 5 du
même document.
M. LESSARD: Plus le prix de transport. M. LESAGE: Oui; un instant. M.
LESSARD: ... 1.3 mills.
M. LESAGE: Cela est le transport à Montréal? Je parle au
point de vue du prix, au point de livraison. Le prix au point de livraison, on
peut y ajouter 0.14, n'est-ce pas?
M. LESSARD: C'est ça, 3.45 plus 0.14...
M. LEVESQUE (Laurier): Plus le transport. Un point quoi?
M. LESAGE: Le transport c'est 1.3 du kwh. Cela est mentionné ici
d'ailleurs. Mais le 0.14 qui vient c'est le paragraphe, milieu de la
page 5. Je le lis: « Par ailleurs de 1969 à 1976 inclusivement
l'Hydro-Québec aura remis à CFLCo un montant total d'environ
$88.9 millions comme ajustement sur le taux d'intérêt ».
Parce qu'Hydro-Québec, comme M. le président de l'Hydro l'a
expliqué tantôt, prend des responsabilités
financières additionnelles dès l'instant que les emprunts sur
première hypothèque, portent un taux d'intérêt
excédant 5 1/2%, pour la différence entre 5 1/2% et le taux
réel d'intérêt payé. Dans le cas des obligations,
n'est-ce pas, c'est 6%, la différence entre 6% et le taux payé.
Vous estimez que l'Hydro-Québec aura remis à CFLCo, en vertu de
cette clause, un montant de $88.9 millions comme ajustement sur le taux
d'intérêt. Ce qui équivaut à une charge
additionnelle de 0.14 mills le kilowattheure acheté durant cette
période de 40 ans. Est-ce que dans l'établissement des prix,
lorsqu'on vendra quand je dis à Terre-Neuve, je ne veux pas dire
le gouvernement de Terre-Neuve dans Terre-Neuve, quelle garantie
l'Hydro-Québec a-t-elle que le prix tiendra compte de ce 0.14? Que
l'Hydro-Québec paie la différence de l'intérêt pour
la partie de l'électricité qu'elle reçoit, très
bien, mais je verrais mal que l'Hydro-Québec donne des garanties de
paiement de différence d'intérêt pour
l'électricité vendue dans Terre-Neuve?
M. LESSARD: Evidemment, M. Lesage, je ne crois pas que CFLCo soit en
mesure de vendre 300,000 kilowatts, ou une proportion même du 300,000
kilowatts en 1969 et 1976. Je crois qu'il faut être assez
économiste pour constater qu'à moins qu'il y ait une
découverte excellente quelconque de gisements miniers qu'il n'y a aucune
demande, dans le moment, au Labrador pour 300,000 kilowatts.
M. LESAGE: On le sait, mais il y a quand même Twin Falls qui
existe déjà.
M. LESSARD. Il y a toujours une possibilité. Comme vous vous
souvenez, je crois que c'était lors de la discussion de la
première lettre d'intention, ils sont obligés de nous donner un
avis de trois ans.
M. LESAGE: Peut-être, d'accord.
M. LESSARD: A ce moment-là, cette proportion qu'ils seraient
intéressés à acheter, nous le payons à meilleur
marché que le tarif actuel. Une réduction de 0.27.
M. LESAGE: Je veux être sûr que toute vente faite par
Churchill Falls Corporation en dehors, à d'autres qu'à
l'Hydro-Québec, en vertu des réserves prévues au contrat,
que telle vente sera faite à des prix qui tiendront compte des
engagements financiers de l'Hydro-Québec, et qu'ils feront payer aux
tiers la part d'engagement financier pris par l'Hydro-Québec.
M. DEGUISE: Puis-je donner une précision là-dessus? Les
calculs ont été faits avec 29.1
milliards de kwh au lieu de 31.5. L'Hydro, dans cet exposé, a
tenu pour acquis que les 2.36 que CFLCo pouvait reprendre, elle les avait
repris, et on a considéré le problème comme si Churchill
Falls ne pouvait livrer que 29.1 en faisant les calculs qui sont ici.
M. LESAGE: Bon, c'est ça que je craignais. Parce qu'alors le
coût additionnel de l'électricité attribuable à la
hausse des taux d'intérêt depuis 1966 serait porté
exclusivement par l'Hydro-Québec. Si vous partez d'un calcul de 29
milliards au lieu de 31, si vous soustrayez déjà ce qui peut
être vendu à d'autres.
M. DEGUISE: Je crois que le contrat ne place aucune restriction sur ce
que CFLCo peut faire avec les 300,000 kilowatts. Elle peut même les
donner si elle le veut.
M. LESAGE: Je le comprends. D'accord, mais je sais bien que ce sont des
hommes d'affaires et ils ne le feront pas. Ce qui m'inquiète un peu,
c'est que vous venez de dire que tous les calculs ont été faits
en vous basant sur 29 milliards de kinowattheures, c'est-à-dire en
soustrayant d'avance, pour fin de calcul, ce qui pourrait être vendu
ailleurs en vertu du contrat.
M. DEGUISE: Ce qui représente la condition la plus
défavorable en présentant le contrat.
M. LESAGE : Ce qui présente la condition la plus
défavorable pour 1'Hydro-Québec?
M. DEGUISE: Oui. Ce n'est pas nécessairement cela, mais cela
présente la condition la plus défavorable.
M. LESAGE: Bien oui, puisque vous l'excluez tout de suite avant de faire
vos calculs. Cela veut dire que c'est presque une renonciation à faire
porter par des tiers qui bénéficieront de
l'électricité de Churchill Falls de leur part, même si
proportionnellement, elle n'est pas très forte, du coût
additionnel de l'argent.
M. DEGUISE: Est-ce que je pourrais signaler aussi que, depuis le
début, cela a toujours été dans tous les projets de
lettres d'intention. Il n'y a jamais eu de discussion, cela a été
admis dans les lettres d'intention et dans tous les projets d'intention. C'est
dans la lettre d'intention signée en octobre 1966.
M. LESAGE: Oui, mais le projet de lettre d'intention que vous m'aviez
présenté en février 1966, je l'ai refusé. Je suis
assez bien placé.
M. DOZOIS: Pour quelles raisons?
M. LESAGE: Ah! pour toutes les raisons du monde. Je vous montrerai la
lettre que j'ai écrite.
M. BOYD: Une des raisons, dans le résumé, que vous
avez...
M. LESAGE: Toutes des raisons pour lesquelles ce n'était pas
satisfaisant. D'abord les prix. Cela, c'est incorporé dans le prix,
alors...
M. BOYD: Une raison pour avoir indiqué les conditions les plus
défavorables, c'était pour voir au point de vue économique
si, même dans les conditions les plus défavorables,
l'énergie que nous achetions de Churchill était encore plus
avantageuse que toute autre forme d'énergie que l'Hydro-Québec
aurait pu développer. C'est ça la raison, non pas de montrer le
portrait le plus rose, mais de montrer le portrait le plus déva-vorable.
Dans ces prix-là, on assume la reprise qui, probablement, n'aura pas
lieu. On assume que le projet va dépasser $900 millions. On assume
toutes les conditions les plus défavorables...
M. LESAGE : Mais il va dépasser $900 millions.
M. BOYD: Oui, mais on assume toutes les conditions les plus
défavorables pour voir si, même à cela, le projet Churchill
était plus favorable que tout autre projet. C'est la conclusion à
laquelle nous sommes arrivés. C'était bien plus favorable que
toute autre forme d'énergie. C'est le but.
M. LESAGE: M. Lessard, une des choses qui a été dite
depuis longtemps et qui n'est pas nouvelle, c'est que la signature de ce
contrat quelles que soient les conditions, et la fourniture
d'électricité provenant de Churchill Falls pour alimenter
l'Hydro-Québec ou les besoins en électricité de la
province de Québec, aurait pour effet bénéfique de
dispenser l'Hydro-Québec de $400 millions d'emprunt que
l'Hydro-Québec devrait effectuer sur les marchés, sur une
période de...
Vous voudrez bien me le rappeler parce que je parle de mémoire,
encore une fois. Sid'autres projets étaient mis en marche à la
place de Churchills Falls, comme la baie James ou encore...
M. LESSARD: ... des centrales nucléaires. M. LESAGE: ... les
rivières de la Côte Nord
ou encore de procéder rapidement à l'établissement
d'usines thermiques, alors est-ce que cela tient toujours?
M. LESSARD: Oui, cela tient toujours, M. Lesage.
M. LESAGE: Mais il faut contrebalancer... il faut mettre dans une
colonne les $400 millions et mettre dans l'autre colonne la participation
financière de l'Hydro-Québec à Churchills Falls.
M. LESSARD: Si vous le voulez, oui. M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: Mais nécessairement, la comparaison des $400 millions
dont vous parlez, c'est la comparaison entre soit acheter Churchill Falls ou
bien développer la baie James ou faire essentiellement du
nucléaire...
M. LESAGE: C'est cela...
M. LESSARD: ... ou bien faire du thermique.
M. LESAGE: Oui, maintenant ces $400 millions... Lorsque, les
premières fois, nous avons parlé des $400 millions, il
n'était pas question qu'Hydro-Québec prête directement de
l'argent à Churchill Falls ou augmente très sensiblement sa
participation dans le capital-actions et il n'était pas question de taux
d'intérêt comme ceux que nous avons maintenant et qui
coûteront éventuellement dans la composition des taux, c'est $82
millions que vous venez de me dire.
M. BOURASSA: $88 millions.
M. LESAGE: $88 millions ou $82 millions.
M. LESSARD: Mais les $82 millions ne proviennent pas essentiellement de
l'Hydro-Québec, M. Lesage. Seulement 34% éventuellement.
M. LESAGE: Pardon.
M. LESSARD: Les $82 millions ne proviennent pas essentiellement de
l'Hydro-Québec. Les autres actionnaires ont participé.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que...
M. LESAGE: Excusez-moi. Alors, vous avez d'un côté $400
millions mais de l'autre côté, il faut que vous teniez compte que
vous prêtez $100 millions.
M. LESSARD: Assurément, nous prêtons $100 millions.
M. LESAGE: Alors, ce n'est pas $400 millions net.
M. LESSARD: Ecoutez, là vous mélangez les deux.
M. LESAGE: Je ne mélange pas, je fais deux colonnes
séparées.
M. LESSARD: Lorsque nous avons parlé de Churchill Falls, nous
avons dit que son aménagement nous économiserait des
investissements de $400 millions...
M. LESAGE: C'est cela.
M. LESSARD: ... sur la période jusqu'à 1976 à peu
près.
M. LESAGE: C'est cela.
M. LESSARD: Alors, là vous nous dites: Bien oui, mais contre
cette économie d'investissements, vous êtes obligés de
faire un placement de $100 millions qui nous sera retourné tandis qu'un
investissement du genre de $400 millions dont nous parlions, c'est un
investissement qui est terminé, n'est-ce pas?
M. LESAGE: Qui vous sera retourné, c'est quand même un
prêt.
M. LESSARD: C'est un emprunt... M. LESAGE: Ce sont des emprunts.
M. LESSARD: C'est un emprunt qui nous sera retourné,
peut-être éventuellement, dans l'exploitation de Churchill
Falls.
M. LESAGE: C'est comme les emprunts que vous faites. Eventuellement ils
vous sont retournés aussi par les profits sur la vente de
l'électricité. L'un vaut l'autre.
M. LESSARD: Seulement, dans le cas de nos $100 millions
d'investissements dans les obligations de Churchill Falls, c'est assuré
que ces montants nous seront retournés en argent.
M. LESAGE: Oui, éventuellement. M. LESSARD: Eventuellement.
M. LESAGE: Comme quand vous empruntez pour les fins
d'Hydro-Québec, éventuellement
cet argent-là vous est remboursé sur une longue
période d'années à même le revenu des ventes
d'électricité.
M. LESSARD: Oui.
M. BERTRAND: Dans un cas, M. Lessard, vous êtes prêteur et
dans l'autre vous êtes emprunteur.
M. LESSARD: C'est cela.
M. LESAGE: Oui, mais finalement, cela revient pas mal au même.
Dans une colonne vous avez $400 millions et dans l'autre vous avez $100
millions. Vous avez votre participation.
M. BOURASSA: Oui, mais il faut emprunter pour prêter.
M. LESSARD: Je ne crois pas, M. Lesage, que vous pouviez mêler les
deux.
M. LESAGE: Je ne les mêle pas, je les mets dans deux colonnes
distinctes.
M. LESSARD: A mon point de vue, ils sont mêlés.
M. DOZOIS: Je pense que la différence, si vous me permettez une
remarque, M. Lesage, c'est qu'en prêtant $100 millions, lorsque cet
emprunt sera rendu à échéance, l'Hydro-Québec
recevra $100 millions. Elle a un actif de $100 millions. Tandis que lorsqu'on
investit et qu'on emprunte de l'argent sur le marché et qu'on
remboursent 3. même les revenus de l'Hydro, au bout du terme, on a $100
millions d'actif.
M. LESAGE: On a $100 millions d'actif qui sont éventuellement
remboursés 3. même la vente de l'électricité.
M. DOZOIS: Certainement.
M. LESAGE: Dans un cas comme dans l'autre, c'est un actif. Que l'actif
soit physique ou qu'il soit monétaire, c'est un actif. Je prends deux
colonnes d'actif. Qu'est-ce qu'il faut faire pour obtenir l'actif?
Dans un cas, il faudrait Investir $400 millions. Dans l'autre cas, on
investit de la même façon, on prête. Un prêt est un
investissement. On prête $100 millions. On achète des actions
additionnelles... Qui prête s'enrichit et qui emprunte s'enrichit; cela
est un peu la ba- se de la discussion que nous avons. C'est vrai dans un cas
comme celui-ci.
M. BOYD: M. Lesage, si vous me permettez...
M. LESAGE: Dans un cas comme dans l'autre, c'est en vue de l'acquisition
d'actifs, soit de l'actif monétaire, soit de l'actif physique. Les deux
colonnes se comparent.
M. BOYD: Dans le cas des $100 millions, M. Lesage, vous dites que si
nous avions placé les $100 millions dans nos investissements, nous
aurions eu des revenus sur l'électricité. C'est vrai. Mais
l'électricité que nous achetons, nous allons la revendre et avoir
des revenus.
M. LESAGE: C'est d'accord, c'est pour ça que je compare les deux
cas aussi.
M. BOYD: En plus de ça, il y a un fonds d'amortissement
prévu pour les $100 millions que nous avons prêtés. Ce
fonds d'amortissement sera en opération à compter de 1978, je
crois. Au bout d'une période de 25 ou 30 années, les $100
millions nous seront complètement remis. On aura les $100 millions que
nous aurons prêtés avec les intérêts. En plus,
l'électricité, nous en aurons tiré des profits. Donc, il y
a deux choses. Nous avons retiré les mêmes profits que si nous
avions investi et en plus nous aurons les $100 millions.
M. LESAGE: J'espère que vous allez retirer plus de profits, parce
que lorsque nous arriverons à l'étude des coûts et des prix
de l'électricité, tantôt...
M. BOYD: J'ai hâte d'arriver là.
M. LESAGE: ... nous serons en mesure d'être satisfaits, que
ça coûte meilleur marché que tout autre
développement qui pourrait se faire ailleurs dans le Québec. Je
pense que là-dessus nous sommes d'accord.
M. LESSARD. Il y a aussi l'aspect, M. Lesage, que nous allons
évidemment retirer éventuellement des dividendes de notre
investissement.
M. LESAGE: Je le souhaite, très bien. Je le souhaite, je suis
d'accord. J'espère qu'il y aura des dividendes de l'investissement. Il y
a une chose certaine, c'est que l'Hydro-Québec, à l'heure
actuelle qu'on dise ce qu'on voudra aurait été
obligée d'emprunter $400 millions
pour de nouveaux investissements et que, grâce à sa
participation à Churchill Falls et à l'électricité
qui viendra de Churchill Falls, ces $400 millions ne sont pas
nécessaires.
M. LESSARD: Non.
M. LESAGE: Mais, en même temps, l'Hydro-Québec est
obligée d'emprunter de l'argent cela revient à ça
pour investir dans Churchill Falls.
M. LESSARD: Vous revenez à vos $100 millions.
M. LESAGE: Bien $100 millions, plus...
M. LESSARD: Mais cet autre emprunt n'a pas encore été fait
de la part de CFLCo, c'est une possibilité.
M. LESAGE: Oui, mais avec ce que vous m'avez dit tantôt...
M. LESSARD: Mais, je vous ai dit, M. Le-sage, qu'ils se sont
financés pour au moins $1 milliard, au-delà de $1 milliard, et le
projet coûte $900 millions.
M. LESAGE: Oui, mais sur les $100 que vous deviez avancer, vous avez
déjà avancé combien? Presque les $100 millions.
M. LESSARD: $85 millions.
M. LESAGE: $85 millions, il vous reste $15 millions à avancer. Il
y a déjà $85 millions.
Il a fallu que vous les obteniez quelque part. Vous les avez
empruntés.
M. LESSARD: Oui, mais ces $100 millions, vous en parlez depuis
longtemps, ce sont les mêmes $100 millions.
M. LESAGE: D'accord.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, mais ils grossissent.
M. LESAGE: Ils grossissent les actions.
M. LEVESQUE (Laurier): Qu'est-ce que vous attendez comme rendement?
Est-ce qu'il y ades projections? Vous êtes quand même actionnaire
à 1/3. Est-ce que vous avez une idée du rendement éventuel
de la compagnie? Cela s'applique quand même dans les calculs que nous
pouvons faire sur les prix que vous payez.
M. LESSARD: Dans l'étude d'Ebasco, je crois qu'on a fait une
estimation qui se chiffre à quoi? Est-ce que vous vous en souvenez?
M. BOYD: Entre $10 millions et $12 millions par année.
M. DEGUISE : On voyait 10% pendant un certain nombre d'années,
à partir de 1983, et 15% dans les années subséquentes. De
mémoire, c'est à peu pris 10 ans à 10% et 15% pour le
reste...
M. LEVESQUE (Laurier): Pour le reste du temps?
M. DEGUISE: Nous parlons uniquement des quarante premières
années.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous pouvez chiffrer cela?
M. DEGUISE: 10% de l'équité, cela faisait $8.5 millions
et, 15% à peu près $12 ou $13 millions par année.
M. LESSARD: Et notre participation au 15 juin sera de 34%. Et sur cela,
nous avons 1 million de parts que nous n'avons pas payées, elles sont
comprises dans les unités de mille dollars.
M. DOZOIS: M. Lessard, j'aurais quelques questions à vous poser,
si vous permettez, même si ce sont des choses que j'interprète,
j'aimerais les faire confirmer.
M. LESAGE: C'est aride.
M. DOZOIS: Oui, c'est assez aride en effet. La première question
que je vous poserais, M. Lessard, est celle-ci. Au mois d'octobre 1966, nous
avons accepté, le cabinet, par ordre en conseil, une lettre d'intention.
Cette lettre d'intention avait un texte français et un texte anglais et
nous avons constaté la semaine dernière que le contrat n'est
qu'en anglais, est-ce que vous pourriez nous donner une explication sur ce
fait-là, M. Lessard?
M. LESSARD: L'explication, M. Dozois, que je peux vous donner, c'est
celle-ci, c'est que la lettre d'intention entre l'Hydro-Québec et CFLCo
a été signée en anglais, si je me souviens bien.
M. DOZOIS: Elle a été signée en anglais, mais le
cabinet a approuvé les deux textes.
M. LESSARD: C'est cela. Nous avons soumis les deux textes au
gouvernement. Maintenant, lorsqu'il s'est agi du contrat final, lorsque vous
empruntez de l'argent de 51 compagnies 51 compagnies américaines
sont acheteurs il est absolument impossible pour l'Hydro-Québec
d'insister pour que le contrat soit en français et signé par ces
gens-là.
M. BOURASSA: Vous vous attendiez à cette question-là.
M. DOZOIS: Elle a été soulevée, on a
blâmé M. Lessard, je pense, d'avoir signé un contrat en
anglais.
M. LES AGE: Le gouvernement...
M. DOZOIS: Le gouvernement, nous n'avions pas affaire à cela.
Bien voyons...
M. LESAGE: Le gouvernement est toujours responsable.
M. BOURASSA: Juste une question.
M. LEVESQUE (Laurier): Pourquoi n'y avait-il pas de copie
française?
UNE VOIX: C'est justement ce que je voulais dire, M.
Lévesque.
M. BOURASSA: Pour revenir... M. DOZOIS: Je n'ai pas fini. M. LE
PRESIDENT: A l'ordre!
M. DOZOIS: M. le Président, M. Lessard n'a pas fini sa
réponse!
M. LEVESQUE (Laurier): Le slogan, c'est Churchill français!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. Lessard n'a pas terminé sa
réponse.
M. LESSARD: Au printemps 1968, lorsque les parties concernées
s'étaient à peu près entendues sur le problème du
contrat à être signé, une fois que les acheteurs l'avaient
approuvé, etc., nous avons fait une traduction en français de ce
contrat. Lorsque nous avons déposé le contrat en Chambre, la
semaine dernière, après sa signature et des demandes faites par
les prêteurs, de petits changements minimes, nous n'avons pas eu le temps
de faire une traduction dans l'espace de 24 heures pour que cela soit
disponible au conseil des ministres.
Comme tout le monde l'a mentionné aujourd'hui, cela a
été un effort considérable de la part de
l'Hydro-Québec de manipuler ce projet. Ce que vous avez eu hier, ce sont
des copies du contrat qui a été traduit au printemps 1968 et qui
n'incorpore pas les changements minimes qui ont été faits. Ils
ont été insérés et c'est complet.
La copie que vous avez, vous a été distribuée, je
crois, hier après-midi.
M. BERTRAND: Nous l'avons distribuée à tous les
députés et, en premier lieu, au chef de l'Opposition.
M. LESSARD: Alors c'est la raison pour laquelle, M. Dozois, elle n'a pas
été distribué. Nous ne l'avions pas.
M. BERTRAND: En français.
M. DOZOIS: Je crois comprendre, M. Lessard, qu'il y a eu d'autres
circonstances semblables...
M. LESAGE: Je n'ai jamais vu être politisé comme le
ministre des Finances. C'est bien la partisanerie qui l'intéresse.
M. ALLARD: Est-ce que le principe...
M. DOZOIS: Nous ne voulons pas faire de politique avec cela, nous
voulons éclaircir cette situation. M. Lessard, nous vous demandons ceci:
Est-ce qu'il y a eu d'autres circonstances semblables où des contrats en
anglais seulement ont été faits et ratifiés par le
cabinet?
M. BERTRAND: J'en ai 40.
M. LESAGE: Tout cela a été dit en Chambre. Pourquoi vous
amuser à faire de la petite politique?
M. BERTRAND: Ce n'est pas nous qui... M. ALLARD: Parce que le principe
est sur...
M. LESAGE: Vous êtes plus grand que cela, il me semble!
M. DOZOIS: Pardon?
M. LESAGE: Vous êtes plus grand que cela. Ne vous rapetissez donc
pas!
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition a raison. Nous n'aurions
peut-être pas dû nous rapetisser à sa taille!
M. LESAGE: Nous avons soulevé la question parce qu'il s'agit du
contrat le plus important jamais signé et vous nous arrivez avec des
pinottes du contrat à Trois-Rivières de la Domtar!
UNE VOIX: Si vous aviez établi ce principe, ils l'auraient
respecté.
M. BERTRAND: II n'est même pas capable de dire cela sans rire!
M. LESAGE: C'est clair que le ministre des Finances donne un très
bel exemple à des hauts fonctionnaires et à des
administrateurs...
M. BERTRAND: Je n'ai pas...
M. DOZOIS: Je n'ai pas de leçon à recevoir du chef de
l'Opposition quant aux exemples.
M. LESAGE: S'il fallait que j'en prenne du ministre des Finances!
M. DOZOIS: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Lessard.
M. BERTRAND: M. le Président, je pense que nous sommes
peut-être mieux d'ajourner et nous reviendrons à 3 heures ou 3
heures et demie.
M. LE PRESIDENT: C'est cela. Nous ajournons à 3 heures 30.
Reprise de la séance à 16 h 42
M. CROISETIERE (président de la commission des Richesses
naturelles): A l'ordre, messieurs! Comme nous terminions à midi, M.
Dozois, l'honorable ministre des Finances, avait la parole.
M. DOZOIS: M. le Président, j'aurais quelques questions à
poser au représentant de l'Hydro-Québec. Evidemment, aux
questions que j'ai posées avant l'ajournement, j'ai eu des
réponses qui m'ont satisfait, je n'ai rien à ajouter à ce
sujet.
Je voudrais, cependant, M. le Président, non pas faire un bilan,
car je sais qu'entre la lettre d'Intention qui a été
adoptée au mois d'octobre 1966 et le contrat, il y a des
différences notables qui sont à l'avantage de l'Hydro. Je ne veux
pas récapituler tout cela. Je pourrais citer qu'un de ces avantages a
été la prolongation automatique du contrat pour 25 ans à
un taux qui est fixé maintenant, plutôt qu'à un taux
à négocier dans 40 ans. Il y a d'autres avantages semblables.
Mais, j'aimerais que M.Lessard nous explique, peut-être d'une
façon moins technique qu'il l'a fait en lisant les documents de ce
matin, le processus qui sera suivi de façon que l'Hydro devienne
actionnaire à 50.1%. Je connais un peu la technique, parce que nous en
avons discuté l'an dernier. Mais, je pense qu'il serait
intéressant pour tous les membres du comité, de même que
pour le public en général qui lira cela dans les journaux, que
d'une façon plus vulgarisée, je pourrais dire, on explique le
mécanisme qui fonctionnera de façon à nous assurer,
éventuellement, 50.1% des actions de CFLCo.
M. LESSARD: En réponse à votre question, M. Dozois, est-ce
que je pourrais référer au contrat lui-même, à la
section 5.1, à la page 23?
M. DOZOIS: A la page 23?
M. LESSARD: A la page 23 de la copie française.
M. DOZOB: Ah, bon!
M. LESSARD: Si vous me le permettez, je peux la lire. « Advenant
que CFLCo ait précédemment choisi de ne pas offrir à ses
actionnaires autres qu'Hydro-Québec des unités comprenant des
bons à hypothèque générale et des actions de CFLCo
c'est la situation, n'est-ce pas, elle n'a pas offert aux autres
action-
naires les actionnaires de CFLCo autres qu'Hydro-Québec
n'auront alors aucun droit de souscrire les unités prévues par le
présent paragraphe 5-1.
Dans ce cas 1'Hydro-Québec sera seule tenue, conformément
au présent paragraphe 5, 1, de fournir les fonds additionnels requis
chaque fois qu'ils seront requis et dans la mesure légalement possible
devra recevoir les unités prévues, au présent paragraphe,
et CFLCo devra dans chaque cas faire promptement tout son pouvoir afin de
satisfaire à toutes les exigences légales pour être en
mesure de livrer les susdites unités à l'Hydro-Québec.
»
Alors c'est un paragraphe qui est assez important. Il avait
été prévu que si on n'offrait pas aux autres actionnaires
d'acheter une part de ces bons, l'Hydro-Québec en devenait le seul
propriétaire et, en ce cas-là, dans l'avenir, les autres n'ont
plus le droit de participer.
M. DOZOIS: Ils n'ont pas le droit de participer au financement
additionnel.
M. LESSARD: A aucun financement additionnel.
M. DOZOIS: Comme chaque unité de $1,000 est accompagnée de
10 actions...
M. LESSARD: C'est ça.
M. DOZOIS: Je comprends que vous aviez d'abord 16 et quelque chose pour
cent des actions. Vous êtes montés à 25.7% en souscrivant
15 millions d'actions. Là, en souscrivant $85 millions vous êtes
rendus à 31 ou 32% et, quand vous aurez complété les $100
millions, vous allez monter à 34%.
M. LESSARD: 34%.
M. DOZOIS: Et quand viendra le temps de souscrire les $124 millions
additionnels pour compléter les travaux, vous allez monter à 44%,
je crois?
M. LESSARD: C'est exactement ça. M. DOZOIS: 44%. Et à ce
moment-là,...
M. LESAGE: Un instant. A quel moment l'Hydro-Québec va-t-elle
souscrire les $124 millions additionnels? Il n'en a pas été
question ce matin.
M. LESSARD: Nous serons appelés à fournir les $124
millions additionnels si le coût du projet excède le montant que
je vous ai mentionné ce matin.
M. LESAGE: $923 millions. Mais vous m'avez dit clairement que vous
étiez convaincus que ça ne vous coûterait pas plus cher que
$923 millions?
M. LESSARD: Si nous nous basons sur les études qui ont
été faites par les ingénieurs-conseils ou les
résultats qu'ils ont obtenus jusqu'à maintenant, nous sommes
passablement convaincus que ça n'excédera pas $123 millions.
M. LESAGE: $923 millions! M. LESSARD: $923 millions.
M. LESAGE: Alors vos $124 millions, il sera nécessaire de les
fournir seulement dans la mesure où le coût dépassera $923
millions.
M. LESSARD: C'est ça. C'est purement.
M. LESAGE: Si le coût atteignait $1,047,000,000. Si le coût
reste à $923 millions, la participation de l'Hydro-Québec dans
l'équité demeurera inférieure à 50%.
M. LESSARD: Restera à 34%.
M. LESAGE: A 34% et vous dites que vous êtes sûr. Je vous ai
demandé ce matin si vous aviez tenu compte de l'inflation, si vous aviez
tenu compte de l'augmentation des coûts, etc.. Vous m'avez dit oui, dans
l'estimation de $923 millions.
M. LESSARD: Exactement, M. Lesage.
M. LESAGE: Alors, dans ce cas-là, ce montant de $124 millions, il
n'en est pas question, si je me fie à votre déclaration de ce
matin.
M. LESSARD: Mais ils peuvent avoir nécessairement des pertes.
Supposons qu'il y a un déraillement sur le chemin de fer et qu'ils
perdent trois ou quatre unités. Est-ce que c'est à prévoir
cela?
M. BOURASSA: C'est très hypothétique. L'affaire du
contrôle, en fait, c'est un peu publicitaire.
M. LESAGE. Il doit y avoir certaines assurances?
M. LESSARD: Ils ont des assurances mais,
normalement, les assurances ne couvrent pas 100% des
déficits.
M. LESAGE: Non, mais enfin pour aller jusqu'à $124 millions, il
faudrait que vous vous soyez joliment trompés dans vos estimations.
M. LESSARD: D'ailleurs malgré que nous ayons la protection du
50.1, nous ne prévoyons pas que les gens de CFLCo nous demandent de
participer afin que nous obtenions ces 50.1. Ils vont certainement se financer
autrement que par les actionnaires.
M. LESAGE: Je le comprends parfaitement, M. Lessard. Mais simplement
c'est...
M. BOURASSA: Le ministre des Finances.
M. LESAGE: ... le ministre des Finances qui essayait de vous entrafner
à vous faire dire que ce serait presque inévitable que
l'Hydro-Québec prendrait le contrôle de Churchill Falls, alors que
toutes vos réponses tendent au contraire.
M. BOURASSA: C'estparcequ'onafaitbeau-coup de publicité. Je pense
que le premier ministre, lui-même, en annonçant le projet, a dit
qu'il était convaincu et qu'il croyait que l'Hydro prendrait le
contrôle. Alors je pense qu'il est normal qu'il fasse une mise au
point...
M. BERTRAND: J'ai dit qu'il était possible... M. ALLARD:
Possible.
M. BERTRAND: ... que l'Hydro prenne le contrôle. Je pense que
c'est là également la nature des propos du président de
l'Hydro et, également, cela ressort des questions de mon
collègue. Maintenant, on dirait qu'il y en a qui souhaitent qu'on ne
prenne pas le contrôle.
M. LESAGE: Pas du tout, M. le Président. Là-dessus, je
voudrais bien reprendre le premier ministre. Je pense qu'il est important que
nous voyions quelle crédibilité il y a lieu d'attacher aux
déclarations du premier ministre et du ministre des Finances,
déclarations faites lorsqu'ils interprètent le contrat. C'est sur
ce point...
M. BERTRAND: M. le Président...
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais terminer?
M. BERTRAND: Oui, mais vous m'avez coupé la parole tantôt,
comme vous l'avez coupée également au ministre des Finances qui
avait commencé à interroger et qui voulait continuer...
M. LESAGE: Il avait posé une question et M. Lessard avait
répondu.
M. BERTRAND: ... et vous l'avez interrompu. A tout
événement, je vous laisse continuer.
M. LESAGE: Je pense qu'il est extrêmement important que nous
fassions ressortir jusqu'à quel point il est probable d'abord, possible
ensuite, que l'Hydro-Québec acquière la majorité des
actions ordinaires, de l'équité dans Churchill Falls
Corporation.
C'est clair, il faudrait, d'après les réponses de M.
Lessard, que le coût global de construction dépasse $923 millions,
et cela, de beaucoup plus que $124 millions. Parce que, même avec $124
millions additionnels, on serait encore en bas de 50%. On serait à 44%,
dit-il.
Pour en arriver à 50%, il faudrait clairement que le coût
additionnel ou les besoins d'argent soient de beaucoup supérieurs
à $124 millions additionnels. Lorsque j'ai posé la question pour
savoir comment cela pourrait se produire, on a invoqué la
possibilité d'un accident. Après que M. Lessard eut
invoqué la possibilité d'un accident de chemin de fer ou de
bateau, le premier ministre en a conclu: C'est possible. Alors, les
déclarations du premier ministre quant à
l'éventualité du contrôle par Hydro-Québec de
l'équité dans Churchill Falls Corporation en toute logique
c'est la conclusion que nous devons en tirer sont basées sur la
possibilité d'un accident maritime ou d'un accident de chemin de
fer.
M. LESSARD: II y a d'autres possibilités, M. Lesage.
M. BERTRAND: M. Lessard, exposez donc tout votre point de vue
là-dessus.
M. COITEUX: Je voudrais tout de même poser une question. On a
parlé d'accident de chemin de fer. Est-ce que le « common carrier
», qui s'appelle Quebec North Shore Labrador Railway, n'est pas
responsable du transport, financièrement? Alors, même s'il y avait
dix wagons qui déraillaient, ce n'est pas l'Hydro qui fait le transport.
C'est donné à contrat à une autre compagnie qui, elle,
j'en suis convaincu, est pleinement protégée par les assurances.
Alors, l'argument invoqué par M. Lessard, je crois, ne tient pas, parce
que vous seriez
remboursés. Tout le dommage que cela pourrait vous causer, il y
aurait peut-être des délais.
M. LESSARD: Bien les délais. Probablement, le temps que cela
prendra pour régler la réclamation de Churchill Falls, ou du
chemin de fer lui-même, ou de l'agence maritime qui est responsable du
transport, sera peut-être de deux ou trois ans, si cela va en cour. Nous
sommes obligés d'avancer de l'argent. Cela est arrivé dans le
passé.
M. COITEUX: C'est tout de même un billet promissoire.
M. LESSARD: C'est la même chose que le cas de M. Lesage; c'est un
billet promissoire la question qu'il a posée.
Tout ce que j'ai essayé d'expliquer, lorsque M. Dozois a
posé la question, c'étaient les prévisions de protection
que nous avons incorporées dans le contrat de fidéicommis.
M. LESAGE: En d'autres termes, Hydro-Québec ne pourrait prendre
le contrôle des actions de Churchill Falls que s'il y a eu erreur
grossière excusez l'expression « grossière »,
c'est un terme de droit, n'est-ce pas, dans l'estimation du coût
des travaux. Et comprenez bien que « grossier » en langage
juridique ne veut pas dire...
M. BERTRAND: « Grossier » en langage juridique est un mot
poli.
M. LESAGE: Cela veut dire « fort ». Cela veut dire «
forte erreur », n'est-ce pas? Forte erreur dans l'estimation du
coût des travaux ou encore, deuxièmement, s'il y avait des
accidents que nous ne pouvons pas prévoir, comme vient de l'expliquer M.
Lessard, ou encore s'il était totalement impossible d'obtenir pour des
causes inconnues maintenant, imprévisibles maintenant, des sources de
financement en dehors d'Hydro-Québec.
M. LESSARD: Ou bien encore, M. Lesage, tel que prévu et tel que
vous l'avez dans l'abrégé du contrat ou dans
l'abrégé du contrat de fidéicommis, si par hasard, ils ne
peuvent pas répondre aux exigences de leurs dettes.
M. LESAGE: Je viens de le dire.
M. LESSARD: C'est une autre occasion où nous pouvons
évoquer le contrat de fidéicommis.
M. LESAGE: C'est ce que je viens de mentionner quand j'ai parlé
d'imprévisible, des besoins imprévisibles de financement.
M. LESSARD: M. le Président, il y a aussi le problème du
« take or pay «pendant 36 mois, tel que nous l'avons
mentionné ce matin.
M. DOZOIS: M. le Président, me permettriez-vous d'expliquer
pourquoi j'ai posé cette question? La lettre d'intention
prévoyait, n'est-ce pas, que la province pourrait être
appelée à payer, à financer, si l'on veut, $109 millions,
c'est-à-dire la différence entre $791 millions et $900 millions
qui était le coût estimé. Cela était à la
condition que la compagnie finance un certain montant.
A un moment donné, on nous a démontré qu'il
faudrait peut-être faire plus que cet effort de $109 millions. Tout
d'abord, parce que le coût estimé était rendu à $923
millions, ce qui ramenait le coût de base à $800 millions au lieu
de $791 millions. Donc, nous serons peut-être obligés de fournir
$123 millions.
Mais, à ce moment-là, lorsque nous avons
suggéré d'insérer dans le contrat ces conditions nous
permettant d'accéder éventuellement à 50.1% des actions,
nous avons prétendu que la compagnie CFLCo ne pourrait financer, sur le
marché américain, que $415 millions. On nous demandait donc de
financer $100 millions additionnels plus 15 millions d'actions, ce qui faisait
au total un déboursé possible de $238 millions.
Or, nous avons dit, dans la lettre d'intention: Vous vous engagiez
à honorer $109 millions; mais si nous sommes appelés, en somme,
à financer $238 millions, puisque la compagnie Brinco elle-même ne
risque pas tellement, et que l'Hydro fournirait une bonne partie du capital, il
faudrait bien qu'elle puisse en retirer des profits.
Alors, l'Hydro a négocié avec CFLCo, et l'entente a
été qu'il y aurait dix parts d'attachées à chaque
unité de $1,000. Si l'Hydro finançait ces premiers $100 millions,
il fallait que la décision de tous les actionnaires soit prise avant de
commencer à financer les premiers $100 millions et, si on
finançait ces premiers $100 millions, cela nous donnait tant de parts
qui nous permettaient de monter à 34%, et si, à la fin, nous
devions financer ces $123 millions, cela nous assurait d'une autre tranche
d'actions qui montaient la proportion de l'Hydro-Québec à environ
44% et là, c'est l'objet du « voting trust », Brinco devait
déposer suffisamment d'actions à la société de
fiducie pour que l'Hydro achète la différence entre 44% et 50.1%
des actions à $15.
M. LESAGE: J'ai compris cela, mais...
M. DOZOIS: Alors, là je comprends que cela ne joue pas parce que
la compagnie a réussi à emprunter $550 millions plutôt que
$415 millions...
M. LESAGE: C'est ça.
M. DOZOIS: ... et que nous n'aurons pas à financer $238 millions.
Mais le mécanisme est quand même là et, s'il y avait des
surprises, soit dans l'augmentation des coûts, on pourrait
éventuellement atteindre cela.
M. LESAGE: M. le ministre des Finances... M. DOZOIS: C'est ce que j'ai
voulu établir.
M. LESAGE: ... c'est exactement ce que je viens de dire. C'est
qu'étant donné qu'on atrou-vé des sources de financement
aux Etats-Unis qui sont plus considérables que celles sur lesquelles on
avait tablé, eh bien, cette possibilité d'obtenir à un
moment donné le contrôle de l'équité, le
contrôle de la compagnie quoi...
M. DOZOIS: Je pense que c'est...
M. LESAGE: Le contrôle de la compagnie est de plus en plus
éloigné, et ce n'est qu'en cas de cataclysme imprévisible
ou de circonstances passablement imprévisibles que Brinco ne
protégerait pas sa majorité contre l'Hydro-Québec. C'est
la situation actuelle. Je ne vous parle pas de la situation prévue au
contrat.
M. DOZOIS: D'accord.
M. LESAGE: Je parle de la situation actuelle. Je suis convaincu que
jamais, jamais l'Hydro n'aura le contrôle de Churchill Falls Corporation
comme ça va là.
M. DOZOIS: Je pense, M. le Président, qu'il faut se mettre devant
le fait suivant. C'est que si nous n'avions pas inclus de telles conditions,
peut-être qu'on ne se serait pas forcé pour aller chercher $550
millions sur le marché américain. C'est une disposition qui nous
a forcés à aller chercher des finances...
M. LESAGE : Le ministre des Finances n'aura pas de misère.
M. DOZOIS: Nous ne sommes pas obligés aujourd'hui de leur fournir
les $239 millions.
M. LESAGE : Le ministre des Finances n'au- ra pas de difficulté
à me convaincre de ce qu'il dit présentement. Je suis d'accord.
Mais, justement parce que les majoritaires dans Churchill Falls Corporation ne
sont pas intéressés à voir l'Hydro-Québec prendre
la majorité, ils se sont forcés pour me servir de
l'expression du ministre des Finances pour aller chercher plus d'argent.
Et qu'il se produise quoi que ce soit, nous pouvons être assurés
que des circonstances similaires auront les mêmes conséquences ou
le même effet sur les majoritaires et qu'ils feront des efforts
extraordinaires pour éviter que le contrôle de la compagnie
Churchill Falls Corporation passe entre les mains de 1'Hydro-Québec.
Et que l'on me comprenne bien, M. le président, je ne fais de
reproche ni à l'Hydro-Québec, ni au gouvernement de ne pas
s'être assuré le contrôle de Churchill Falls, ce n'est pas
cela. C'est parce que le public est resté avec l'impression que presque
inévitablement je vous parle de ce qu'on m'a dit, de ce que j'ai
entendu je l'ai entendu répéter par plusieurs personnes
qui étaient convaincues, après avoir lu les journaux, les
nouvelles, les commentaires que l'Hydro-Québec viendrait à avoir
le contrôle de Churchill Falls. Or, tout ce qui vient de se dire
autour...
M. DOZOIS: On a fait des spéculations.
M. LESAGE: ... de cette table conduit à la conviction absolument
contraire.
M. DOZOIS: M. le Président, je pense que cette précaution
que nous avons prise a permis que Brinco ou CFLCo a cherché davantage
sur le marché obligataire et, deuxièmement, pour nous
empêcher de prendre le contrôle, il faudra qu'ils surveillent les
coûts, parce que s'ils ne les surveillent pas...
M. BOURASSA: L'Hydro-Québec a une équipe sur place qui
surveille, c'est pourquoi son estimation est raisonnable.
M. DOZOIS: Oui, si nous ne surveillons pas les coûts et que nous
étions éventuellement obligés de payer les $124 millions,
nous le prendrions.
M. LESAGE: Oui, mais il faudrait qu'il y ait eu une erreur que j'ai
appelée tantôt, une erreur grossière d'estimation.
M. DOZOIS: Je pense que c'est quand même une bonne police
d'assurance que l'Hydro-Québec a prise.
M. LESAGE: ... que le président de l'Hydro-affirme être
absolument réaliste.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense qu'il est important de
mettre cela en relief. D'après la discussion qui s'achève, la
possibilité pour 1'Hydro-Québec de prendre le contrôle
apparaît extrêmement lointaine. D'abord, c'est que nous avons dit
tantôt que les coûts étaient estimés de façon
réaliste à $923 millions. Je pense que M. Lessard est en mesure
de le dire puisqu'il y a une équipe, je pense, de l'Hydro-Québec
qui est sur place et qui surveille la hausse des coûts. Si l'on tient
compte par ailleurs que l'un des principaux avantages d'être actionnaire
majoritaire, c'est de pouvoir décider des déclarations de
dividendes, en étant actionnaire minoritaire dans les privilèges
qui sont énumérés ici, c'est-à-dire dans les cas
où l'Hydro-Québec doit nécessairement donner son
consentement, c'est-à-dire avec 25%, on voit que les actionnaires
majoritaires pourront déclarer quand ils veulent les dividendes. Ils
vont avoir liberté absolue pour la déclaration de dividendes.
Alors, qu'est-ce que cela nous donne d'avoir 34% ou 44%?
M. DOZOIS: Si on déclare des dividendes, disons, à partir
de 1980, évidemment le montant que recevra l'Hydro-Québec sera
plus considérable si on a 40% des parts que si on n'en a que 25%.
M. BOURASSA: Non, mais si on ne participe pas à la
décision.
M. DOZOIS: Sûrement qu'on y participe.
M. BOURASSA: M. le Président, c'est écrit: «
Distribuer des fonds à ses actionnaires sauf par voie de dividendes
».
M. DOZOIS: Oui.
M. BOURASSA: Cela veut dire que ce sont les actionnaires majoritaires
qui décideront quand on déclare les...
M. DOZOIS: Non. Il faut qu'ils aient 75% et ils ont 25.7%.
M. LEVESQUE (Laurier): Ils ne pourront pas...
M. DOZOIS: Ils ne peuvent pas déclarer de dividendes sans avoir
l'accord de l'Hydro-Québec.
M. BERTRAND: Lisez à la page 5 de...
M. LEVESQUE (Laurier): Ils ne peuvent pas faire la moindre distribution
sauf sous forme de dividendes, sans que l'Hydro soit d'accord.
M. LESAGE: Ce que j'ai compris, c'est ce que le député de
Laurier vient de dire.
M. DOZOIS: C'est cela.
M. BOURASSA: « Ne pourrait distribuer des fonds à ses
actionnaires sauf par voie de dividendes ». C'est-à-dire
qu'à chaque déclaration de dividendes, il faudra le consentement
nécessaire de l'Hydro-Québec.
M. DOZOIS: C'est cela. Ils ne peuvent pas distribuer de
dividendes...
M. LEVESQUE (Laurier): Pour toute distribution.
M. DOZOIS: ... sans le consentement de l'Hydro-Québec.
M. LESAGE: Dans le texte, c'est quand même mentionné,
à un moment donné, « pour toute distribution autre que les
dividendes ».
M. BOURASSA: Distribuer des fonds à ses actionnaires sauf par
voie de dividendes, quel autre fonds cela peut-il être?
M. LEVESQUE (Laurier): Je suppose que ce sont des réserves ou...
je ne sais pas.
M. LESAGE: Non. Un instant. Quelle distribution cela peut-il être
autre que les dividendes? C'est une excellente question.
M. BOURASSA: Cela ne peut être le surplus accumulé
ou...?
M. LESAGE: Non, cela ne se distribue pas!
M. LEVESQUE (Laurier): Cela se distribue selon les actionnaires?
Qu'est-ce que cela veut dire, cette distribution-là?
M. LESAGE: Nous allons demander cela à...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous parlez des affaires que CFLCo...
M. DOZOIS. Il a été distribué ce matin toute une
liste de ce qu'ils doivent faire avec l'accord de l'Hydro.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LEVESQUE (Laurier): Quelle sorte de distribution cela
prévoit-il?
M. BOYD: S'il n'y avait pas eu cette clause, la compagnie CFLCo aurait
pu employer ces sommes pour d'autres projets miniers ou d'autres projets
hydrauliques ou n'importe quelle autre chose. Alors, la clause prévoit
que l'Hydro-Québec a un veto empêchant CFLCo d'employer ces
surplus à d'autres choses que des dividendes payables aux actionnaires.
A ce moment-là, on en aura au moins 34%.
M. LESAGE: M. Lessard nous l'a bien dit ce matin que si Churchill Falls
Corporation voulait se lancer, par exemple, dans l'exploitation minière
c'est un exemple qu'il a donné cela ne pourrait pas se
faire sans la permission de l'Hydro.
M. LEVESQUE (Laurier): C'était déjà couvert par les
deux premiers paragraphes. C'est comme « Trop fort casse pas ».
M. LESSARD: Nous avons essayé d'avoir une protection totale pour
toutes les conditions que nous pouvions prévoir.
M. LESAGE: Quand même, il y a encore quelque chose qui n'est pas
clair. La page 5 du document...
M. LESSARD: Lequel?
M. LESAGE: ... que vous avez distribué ce matin, comparaison
entre la lettre d'intention du 13 octobre 1966 entre l'Hydro-Québec et
Churchill Falls et le contrat, à la page 5, 18b, cinquièmement:
«...CFLCo ne pourra distribuer des fonds à ses actionnaires sauf
par voie de dividendes ».
Comment peut-on distribuer les fonds à des actionnaires sauf par
voie de dividendes? Est-ce que ce serait en donnant des bonis d'actions?
UNE VOIX: Peut-être.
M. LESAGE: Ce serait la seule façon que je verrais. Ce pourrait
être la distribution de bonis d'actions.
M. BERTRAND: M. Lessard, si vous me permettez, la même clause
à la page 5 du document que vous nous avez distribué,
intitulé « contrat de protection spéciale », page 5,
où il est dit dans le règlement: « CLFCo s'est
engagée, à moins d'avoir obtenu au préalable le
consentement des détenteurs d'au moins 75% de ses actions émises,
à ne pas faire ce qui suit: 1. Faire des distributions à ses
actionnaires autrement que par voie de dividendes en espèces et pourvu
que ceux-ci ne soient pas prohibés par tout acte de fiducie ».
M. LESAGE: D'accord, mais...
M. BERTRAND: Oui, mais je veux dire qu'il y a deux choses.
M. LESAGE: La question que j'ai posée: Quelle distribution autre
que des dividendes peut-il y avoir aux actionnaires? J'ai posé la
question et M, Giroux m'a répondu de la tête affirmativement,
lorsque j'ai demandé: Est-ce que cela peut être la distribution de
bonis aux actionnaires?
M. GIROUX: Vous pouvez avoir des bonis en actions, mais il faut que ce
soit approuvé, à ce moment-là, par l'Hydro.
M. LESAGE: Et la distribution de bonis en actions serait défendue
par le paragraphe que j'ai lu?
M, GIROUX: Seulement la compagnie, comme toute compagnie, peut
distribuer des dividendes à ses actionnaires.
M. BOURASSA: Mais avec l'approbation de l'Hydro, comme on disait
tantôt.
M. GIROUX: Non.
M. BOURASSA: Non. Sans l'approbation? C'est cela.
M. GIROUX: Une compagnie peut distribuer des dividendes...
M. BOURASSA: On m'a dit le contraire tantôt.
M. GIROUX: La compagnie, à mon sens, peut distribuer les
dividendes, n'est-ce pas? La compagnie peut ne pas distribuer de dividendes,
accumuler les fonds, mais c'est qu'elle ne peut pas s'en servir à
d'autres fins.
M. BOURASSA: Pour clarifier là, parce qu'on a dit le contraire
depuis cinq ou six minutes, c'est que Churchill Falls pourrait déclarer
des dividendes sans l'approbation de l'Hydro, c'est ça. Oui ou non?
M. GIROUX: Oui.
M. BOURASSA: Oui. Bon, on a dit non tantôt.
M. DOZOIS: Nous avions compris le contraire.
M. BOURASSA: Alors c'est la question que j'ai posée
tantôt.
M. GIROUX: Ils peuvent distribuer... C'est-à-dire que la
compagnie n'est pas obligée de déclarer des dividendes.
M. BOURASSA: Non.
M. GIROUX: Elle peut accumuler des fonds. Mais, elle ne peut pas s'en
servir à d'autres fins sans avoir l'autorisation de 1'Hydro.
M. BOURASSA: Très bien. Mais elle peut déclarer des
dividendes.
M. GIROUX: Parce que nous sommes actionnaires.
M. BOURASSA: Disons que je considère que c'est peut-être,
pour les actionnaires, le fait le plus important, la déclaration de
dividendes et le fait que l'Hydro ne participe pas à la décision.
Bien, je trouve que ce n'est pas tellement avantageux.
M. LESSARD: Mais elle participe.
UNE VOIX: Ce n'est pas avantageux. Pourquoi?
M. BOURASSA: Mais je veux dire, si l'Hydro était obligée
de donner son approbation elle aurait un droit ou un pouvoir bien plus grand
que si ça s'est décidé sans son approbation.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais le député de Mercier veut
dire: Si vous avez un contrôle parce que c'est tout parti de la question
de contrôle.
M. BOURASSA: Oui, oui, cela fait partie du contrôle, mais il y a
toute une série de pouvoirs ici qui, même avec 34%, exigent
l'approbation de l'Hydro sauf celui-là. Et je trouve qu'il est important
et qu'il n'existe pas. C'est tout.
M. GIROUX: Je ne crois pas.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais ça, c'est le droit de décider
positivement de distribuer...
M. GIROUX: Je ne crois pas que ce soit im- portant du tout, parce qu'une
compagnie qui peut accumuler des fonds, ces fonds se trouvent gelés dans
la compagnie. Alors il faut toujours qu'au point de vue de contrat on leur
donne une façon de distribuer ces fonds. Alors quand ils les distribuent
en dividendes, il n'y a rien de plus équitable que ça.
M. BOURASSA: Non, mais vous savez que dans n'importe quelle entreprise,
M. Giroux, le principal avantage des actionnaires majoritaires, c'est le
« timing » de la déclaration des dividendes, ou
l'opportunité de les déclarer et qui...
M. GIROUX: Absolument.
M. BOURASSA: ... peut jouer évidemment... Je ne sais pas
jusqu'à quel point toutes les dépenses sont
contrôlées, mais parfois, on peut augmenter les dépenses
pour avoir moins de dividendes à déclarer, etc. Alors là,
je dis que l'Hydro ne participe pas à ça. Je comprends qu'on a
34%. On n'a pas 51%. Mais il y a toute une série de pouvoirs où
les 34% nous donnent un droit de participation à la décision,
sauf pour celui-là.
M. GIROUX: Churchill ne peut pas augmenter les dépenses. Nos
vérificateurs sont là. Les dépenses qu'ils vont faire vont
être justifiées. Ils ne peuvent, par exemple, faire aucun
engagement de contrats de gestion ou quoi que ce soit. Je crois que c'est
là que la décision est importante et non pas sur le dividende.
Après tout, vous êtes détenteurs et on a commencé
à 25%.
M. BOURASSA: Oui.
M. GIROUX: Monter jusqu'à 34%, c'était simplement parce
qu'on les a forcés à nous donner des actions. Bien, il aurait
fallu avancer les fonds quand même.
M. BOURASSA: Dans la mesure où les dépenses sont
contrôlées, là, évidemment, nous ne sommes pas en
mesure, nous, de le savoir, mais dans la mesure où vous êtes
satisfaits sur le contrôle des dépenses...
M. GIROUX: Nous sommes satisfaits.
M. BOURASSA: ... le jeu de la déclaration des dividendes prend
moins d'importance.
M. GIROUX: Seulement, toute compagnie doit être libre de
déclarer des dividendes. C'est un principe. Je pense bien que nous ne
pouvons pas
imposer ça parce que je ne crois pas... je n'ai jamais vu, en
tout cas, de compagnie, dans toutes les compagnies financées, qui
était restreinte à toutes ces obligations-là envers un
détenteur qui avait juste 25.7%. Je n'ai jamais vu ça.
M. BOURASSA: Les obligations énumérées à la
page 5.
M. GIROUX: A la page 5. C'est à peu près ce qu'il y a de
plus sévère que je n'ai jamais vu.
M. BOURASSA: Oui, c'est un carcan assez étroit.
M. GIROUX: Alors au-dessus de ça, je pense que je rougirais de
leur demander une autre fois.
M. BOURASSA: Je comprends que c'est assez difficile à
évaluer, mais, évidemment, le fait qu'il y ait des bonis
d'actions ça... Avant d'aborder cette question, je voudrais clarifier un
peu ce qui a été dit ce matin. L'an dernier vous avez dit, M.
Lessard, qu'avec l'entente sur Churchill Falls, on épargnerait à
l'Hydro-Qué-bec des emprunts de $400 millions. Je pense que c'est ce que
vous aviez dit. Quel est le chiffre que vous aviez dit?
M. LESSARD: C'est un des chiffres que j'ai mentionnés, $400
millions. J'ai aussi mentionné, si vous faites la comparaison, par
exemple, avec la baie James, cela va être beaucoup plus
élevé que $400 millions. La comparaison que j'ai
mentionnée, nette de $400 millions c'est avec le projet le moins
dispendieux.
M. BOURASSA: Alors le chef de l'Opposition a souligné le fait, ce
matin, que vous avez prêté $100 millions additionnels à 7
1/2% je crois. Vous avez dû emprunter pour faire ce prêt-là,
j'imagine?
M. LESSARD: Oui, nous avons emprunté.
M. BOURASSA: A combien avez-vous emprunté? A 7.44% je suppose?
Disons le taux moyen.
M. LESSARD: Les deux derniers emprunts que nous avons faits, comme vous
le savez, ont été de...
M. BOURASSA: II me semble que le taux moyen est d'environ 7 1/2%, mais
je veux juste voir si...
UNE VOIX: II n'y a pas de pourcentage pour ça.
M. GIROUX: M. Bourassa, si vous me le permettez, le taux
d'Intérêt n'a pas beaucoup d'intérêt à ce
stade-là, parce que nous sommes obligés de rembourser la
différence. Même si nous leur vions prêté à
9%...
M. BOURASSA: Ah oui, en vertu d'une autre clause, vous remboursez la
différence de 51/2% à...
M. GIROUX: II nous faut rembourser la différence, alors 7 1/2%
avec les actions...
M. BOURASSA: ... à 8% ou 9%.
M. GIROUX: ... avec les actions au taux le plus près possible de
la moyenne des emprunts.
M. BOURASSA: De la moyenne des emprunts à
l'Hydro-Québec.
M. LESAGE: Ce qui fait 0.14 mill additionnel.
M. LESSARD: Voulez-vous avoir les emprunts que nous avons faits en
1968?
M. BOURASSA: Seulement nous donner les derniers taux.
M. LESSARD: C'est très bien. En 1968, au 15 janvier, nous avons
emprunté à 6.78%; le 15 mai, à 7 1/2% et 7%; le 1er
août, à 7 3/4%; le 1er novembre, à 7 1/4%; et en 1969,
à 7 3/4% et en deutschmarks à 6 3/4%.
M. LESAGE: Ce n'est pas le coût, c'est le taux
d'intérêt des obligations.
M. DOZOIS: C'est le taux d'intérêt.
M. LESAGE: Ce n'est pas le coût à l'Hydro, c'est le taux
d'intérêt que portent les obligations.
M. DOZOIS: C'est ça, exactement.
M. LESAGE: Le coût à l'Hydro est un peu plus
élevé. Je dis un petit peu plus élevé.
M. DOZOIS: Je dis qu'il n'y a pas une grosse différence.
M. LEVESQUE (Laurier): Par rapport au soulagement que ça donne
à l'Hydro: On ne recommencera pas toute la discussion à propos
des $100 millions par rapport aux $400 millions, mais sur les engagements
possibles que l'Hydro se trouve à économiser pendant la
période couverte, est-ce que vous maintiendriez à peu près
$400 millions comme un minimum de soulagement que ça donnera à
l'Hydro pour son financement?
M. LESSARD: Oui, nous maintenons encore ce chiffre de $400 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): Maintenant ça va jouer entre quelle date
et quelle date? Ce que vous couvrez réellement, ce n'est pas
l'année qui passe, ni l'année prochaine, ni les années
présentes où l'ensemble gouvernement-Hydro, forcément,
font face à des marchés financiers extrêmement difficiles.
Les années que vous vous trouvez à soulager sont lesquelles
exactement?
M. LESSARD: Jusqu'à 1980.
M. LEVESQUE (Laurier): A partir de... jusqu'à?
M. LESSARD: De 1968 à 1980.
M. LEVESQUE (Laurier): De 1968?
M. LESSARD: De 1968 à 1980.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans quel sens en 1968? Vous n'interrompez aucuns
travaux...
M. LESSARD: Mais non, ce sont des études qui ont
été faites en 1968, M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord. Ce que je veux dire c'est sur quelle
année ça va porter ce soulagement-là?
M. LESSARD: De 1975 à 1977 surtout. M. LEVESQUE (Laurier): De
1975 à 1977.
M. LESSARD: Cela représente à peu près $300
millions.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est-à-dire qu'au point de vue du «
respir », d'ici 1975, ça ne change pas grand-chose.
M. LESSARD: Cela ne change pas grand-chose, non. Nous avons les lignes
de transport, nous sommes obligés...
M. DOZOIS: M. Lessard, est-ce qu'on ne doit pas considérer...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, ça commencerait à
compter...
M. DOZOIS: Est-ce qu'on ne doit pas également considérer
que non seulement ça vous fait cette somme-là de moins à
investir, mais que votre coût d'électricité est moindre que
pour d'autres projets...
M. LESSARD: Une fois que la livraison commencera...
M. DOZOIS: ... qui auraient exigé $400 millions de plus en
investissements, comme la baie James par exemple...
M. LESSARD: C'est ça.
M. DOZOIS: Vous nous avez dit, je pense, l'an dernier que le coût
de l'électricité par kilowattheure serait beaucoup plus
élevé.
M. LESSARD: Plus élevé.
M. ALLARD: En comparaison avec Manic...
M. LESAGE: Avant d'entrer dans les comparaisons de taux c'est un
point qu'on pourrait discuter un bon bout de temps je voudrais faire
remarquer au député de Laurier au sujet des $400 millions, que
ça dépend des calculs que l'on fait. Ce matin, on a dit: D'accord
vous nous sauvez $400 millions, mais vous avez déjà dû
débourser un investissement de $100 millions...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est pour cela que je ne voulais pas
reprendre...
M. LESAGE: Cela dépend du genre de calcul que vous faites. Moi,
j'arrive à $250 millions à peu près, à cause de
$100 millions plus les investissements. Qu'on fasse un investissement de $400
millions, on a la valeur pour l'investissement, et on le remboursera
éventuellement, capital et intérêt, par les ventes
d'électricité, de la même façon qu'on se fera
rembourser par Churchill Falls, les quelque $100 millions qui ont
été avancés à Churchill Falls. Alors on
évite en réalité un «out-cash » de $250
millions et non de $400 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): Je disais tout à l'heure que je ne voulais
pas reprendre ce qui avait été discuté sur ce point
là, parce que cela a été éclairci, je pense, ce
matin. Mais quel que soit la marge que cela donne à 1'Hydro au point de
vue de ses investissements, il y a des illusions faciles qui ont flotté
dans le sens que les gens avaient l'impression que cela soulagerait tout de
suite.
Alors, en réalité, c'est en 1975, 1976 et 1977 que va
vraiment porter peu importe ce qu'on
pourrait discuter sur les taux comparatifs le soulagement. Cela
n'aide pas beaucoup à soulager entre-temps. Il s'agit de ne blâmer
personne, c'est un fait.
M. LESAGE: Mais, M. le député de Laurier, au contraire.
Pour l'immédiat, cela exige des déboursés...
M. LEVESQUE (Laurier): Sur la ligne?
M. LESAGE: ... de $100 millions. Non, la ligne, cela est compensé
par d'autres...
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord.
M. LESAGE: Mais les $100 millions qui sont déboursés pour
supporter Churchill Falls Corporation, par exemple, environ $100 millions, ils
sont déjà déboursés en grande partie, $85 millions.
Il reste $15 millions qui devraient être déboursés
incessamment. Alors c'est $100 millions qui étaient de 1' « out
flow » excusez-moi pour l'expression anglaise pour
l'immédiat. Mais si on est prêt à en venir au taux,
à moins que M. Bourassa ait d'autres questions sur le financement?
M. LESSARD: M. Lesage, dans les remarques que vous venez de faire, si
nous n'avions pas investi ces $100 millions, depuis le mois de décembre
jusqu'à la fin de juin de cette année, dans Churchill Falls, nous
aurions été obligés de faire des investissements dans
autre chose. Alors, vous ne pouvez pas prendre les chiffres $100 millions et
les déduire.
M. LESAGE: Bien oui, mais vous ne pouvez pas les prendre dans les $400
millions et jouer avec eux deux fois. Tout de même!
M. LESSARD: Non, évidemment.
M. LESAGE: Vous venez de dire vous-même que ces $300 millions
entre 1975 et 1977, parce que vous aviez déjà compensé les
$100 millions...
M. LESSARD: Mais, dans votre comparaison, tout de même, vous
prenez l'immédiat des $100 millions comme acquis, comme si
c'était un fait.
M. LESAGE: Bien oui, mais il faut bien que vous le
déboursiez.
M. LESSARD: Je comprends, mais si nous n'avions pas
déboursé ces $100 millions, nous aurions déboursé
d'autres montants pour du thermique ou du nucléaire ou la baie
James.
M. LESAGE: II faut que vous les enleviez sur le montant des $400
millions. Vous avez vous-même dit qu'entre 1975 et 1977, l'investissement
que vous évitez était de $300 millions et non $400 millions.
M. LESSARD: Si nous avions pris du nucléaire, cela nous aurait
coûté $2 milliards 120 millions de dépenses cumulatives, de
1968 à 1980. Tandis que Churchill Falls, c'est $1,400,000,000
M. LESAGE: Vous parlez du nucléaire... M. LESSARD: Oui, oui.
M. LESAGE: II faudrait bien savoir ce que coûterait la baie James.
Est-ce qu'à la baie James, vous continuez vos recherches?
M. LESSARD: Nous avons réduit nos recherches à la baie
James. Nous essayons d'obtenir des renseignements additionnels par tous les
relevés qui ont été faits dans le passé.
Nécessairement, vu que maintenant nous avons signé avec Churchill
Falls, la baie James peut être retardée, mais il va
dépendre essentiellement sur le coût des unités que nous
serions obligés de construire et le coût des travaux, à ce
moment-là.
M. LESAGE: Et il faut être bien prudent quand on parle de la baie
James. Imaginez-vous que la semaine dernière, j'ai rencontré des
gens qui me parlaient des forces motrices de la baie James et qui avaient
l'impression que nous avions essayé de transformer la marée en
électricité. On parle toujours de la baie James. En
réalité, ce sont les affluents de la baie James, le bassin de la
baie James qui pourrait être aménagé et non pas la baie
James elle-même. Mais, il y a des gens qui ont cette
impression-là.
M. LEVESQUE (Laurier): On a aussi entendu parler du fait de renverser
les cours d'eau, afin d'exporter de l'eau et faire...
M. LESSARD: Ah, oui! C'est M. Kierans, ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous n'avez pas un dossier sérieux
là-dessus?
M. LESSARD: Non, nous n'avons pas discuté avec M. Kierans, du
tout.
M. LEVESQUE (Laurier). Il ne faut pas confondre, il s'agit de l'autre
Klerans.
M. LESSARD: C'est l'autre, oui.
M. LESAGE: Est-ce que vous avez poursuivi vos études
d'hydraulicité je pense que c'est le mot français
sur les rivières qui se jettent dans le Saint-Laurent, en aval de
Sept-Iles jusqu'au détroit de Belle-Ile?
M. LESSARD: Non, nous avons réduit autant que possible nos
investissements et nous avons trouvé que c'était un des projets
que nous pouvions remettre à plus tard.
M. LESAGE: Pendant que je suis là-dessus, M. le Premier ministre,
c'est à vous que ma question s'adresse.
M. BERTRAND: D'accord.
M. LESAGE: Est-ce que les pourparlers entrepris avec le gouvernement de
Terre-Neuve avant juin 1966, pour le contrôle du bassin des
rivières se jetant dans le golfe Saint-Laurent, entre la Molsie et le
détroit de Belle-Ile ces pourparlers étalent très
avancés, il y avait même des rédactions d'entente
projetées de préparées...
M. BERTRAND: Voulez-vous dire des ententes préparées avec
M. Smallwood?
M. LESAGE: Des ententes préparées à ce
moment-là avec le procureur général de Terre-Neuve et les
conseillers du gouvernement du Québec.
Tout le dossier a été remis entre les mains de M. Johnson
par le premier ministre démissionnaire d'alors...
M. BERTRAND: Jean Lesage.
M. LESAGE: ... vers le 15 ou le 16 juin 1966. C'était un
volumineux dossier et il y avait lieu d'espérer que le Québec
pouvait obtenir de Terre-Neuve le contrôle hydraulique des bassins des
rivières se jetant dans le golfe Saint-Laurent entre Sept-Hes et le
détroit de Belle-Isle.
M. BERTRAND: Est-ce qu'il y avait dans ce dossier-là les coupures
de journaux rapportant les propos de M. Smallwood à l'endroit de
l'ancien premier ministre démissionnaire?
M. LESAGE: Ce n'était pas un dossier de l'Office d'information et
de publicité, c'était un dossier sérieux.
M. BERTRAND: Oui, comme les propos de M. Smallwood.
M. LESAGE: J'ai dit que cela n'a rien à faire... Le premier
ministre voudrait tenter de détourner la discussion que nous avons sur
un sujet extrêmement sérieux.
M. BERTRAND: Je ne détourne pas. Je dirai au chef de l'Opposition
qu'à ma connaissance, les pourparlers n'ont pas été
continués.
M. LESAGE: Parce que ce dossier existe, il est entre les mains du
premier ministre, il était entre les mains de son
prédécesseur, et je pense qu'il serait important de savoir si,
éventuellement, lorsqu'il deviendra nécessaire de
développer, pour le compte du Québec, le pouvoir qui existe sur
ces rivières Mecatina, Saint-Paul, Natashquan et...
Cinq rivières dont les bassins vont jusqu'au-delà du 52e
parallèle.
M. BERTRAND: M. Lessard est-ce que vous vous y connaissez dans ce
domaine-là? Toutes ces rivières-là se
déversent-elles du côté du territoire
québécois?
M. LESAGE: Il y en a cinq.
M. ALLARD: La tête...
M. BERTRAND: La tête est dans ce...
M. LESAGE: Le bassin.
M. BERTRAND: ... que M. Smallwood prétend être le
territoire de Terre-Neuve?
M. ALLARD: Est-ce que le débit de ces cinq
rivières-là était rentable à ce
moment-là?Vous n'avez pas d'études pour savoir si oui ou
non...
M. LESSARD: Nous avons fait des études très
préliminaires, M. Allard. De toute façon, ce sont des
études que nous avons abandonnées, M. Lesage.
M. LESAGE: Oui, j'ai compris, mais simplement je voudrais savoir du
premier ministre et là je ne vous mets aucunement en cause, M.
Lessard...
M. BERTRAND: J'ai répondu non.
M. LESAGE: Je voulais demander si on avait pris des précautions.
Il est clair que si, à un moment donné il devient
nécessaire, avantageux et rentable de développer le pouvoir
hydraulique
de ces rivières, il deviendrait essentiel d'avoir le
contrôle de la tête des rivières et surtout des bassins des
rivières.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: Comme avant juin 1966, il y avait un gouvernement
prévoyant, il avait commencé à s'en assurer.
M. ALLARD: Deuxièmement, c'est que même si Terre-Neuve
voulait s'en servir, elle aurait besoin du consentement du Québec pour
passer sur le territoire québécois.
M. LESAGE: Terre-Neuve ne pourrait pas s'en servir.
M. ALLARD: Non, elle ne pourrait pas s'en servir.
M. BERTRAND: II y a un argument de la nature qui aide le
Québec.
M. LESAGE: Le Québec doit certainement avoir une entente avec
Terre-Neuve étant donné le jugement du conseil privé pour
construire des écluses, des barrages dans les bassins de ces cinq
rivières au nord du 52e parallèle.
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition sait combien il est facile de faire
des ententes avec M. Smallwood.
M. LESAGE: Cela allait pas mal.
M. BERTRAND: Cela allait très bien.
M. LESAGE: Vous parlez souvent du DH-125, laissez-moi vous rappeler un
fait...
M. BERTRAND: Mais les derniers propos du premier ministre de Terre-Neuve
à l'endroit du premier ministre démissionnaire
démontraient que cela n'allait pas très bien.
M. LESAGE: Cela allait très bien. Vous savez, ce que M. Smallwood
dit et ce qu'il pense, ce n'est pas toujours la même chose.
M. BERTRAND: Ah, c'est un homme comme celai
M. LESAGE: Je vais vous raconter un petit fait. Vous savez, vous avez
bien parlé du jet à Le sage...
M. BERTRAND: II vole bien. Il vole bien.
M. LESAGE: Or f aimerais vous rappeler et vous pouvez le constater dans
les livres de bord...
M. BERTRAND: II était avec vous.
M. LESAGE: Non... que le premier voyage officiel qui a été
fait par le DH-125, avec des hauts fonctionnaires du gouvernement, a
été fait à Terre-Neuve pour une rencontre avec le
procureur général de Terre-Neuve, sur le problème que je
viens de vous mentionner. J'ai un témoin qui est assis directement en
face de moi, en arrière du premier ministre.
M. ALLARD: C'est en 1966 que cela a été fait, M.
Lessard?
M. BERTRAND: Alors, voulez-vous qu'on le nomme?
M. LESAGE: Non, dans les premiers jours de novembre 1965, c'était
avant le 8 novembre qui était le jour de l'élection
fédérale. C'était vers le 5, je crois.
M. COITEUX: Une autre Implication. Vous êtes au courant par votre
ministre des Terres et Forêts, comme nous dans le temps, que nous sommes
en pourparlers pour exploiter les bols de Natashquan, par exemple. On ne pourra
absolument pas passer un contrat avec aucune des compagnies de pâtes et
papiers, sans prendre entente avec Terre-Neuve qui contrôle la tête
de ces rivières-là.
Alors, c'est très important que...
M. BERTRAND: Des propos du chef de l'Opposition, je tire la conclusion
suivante: C'est que pour exploiter ces rivières-là, les utiliser,
il faudra nécessairement que, de part et d'autre, à moins que ce
problème de la frontière ne soit réglé autrement,
il y ait des ententes entre les deux gouvernements.
M. LESAGE: D'ailleurs, le contrat avec Churchill Falls et la
participation de l'Hydro-Quêbec dans la capitalisation de Churchill Falls
n'aident pas les prétentions du Québec sur ce que Terre-Neuve
réclame comme son territoire, puisque l'Hydro-Québec, actionnaire
non majoritaire mais actionnaire important de Churchill Falls Corporation,
comme actionnaire de Churchill Falls Corporation et comme client de Churchill
Falls Corporation, admet que les redevances pour cette richesse naturelle
à Churchill Falls soient payées effectivement au gouvernement de
Terre-Neuve.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Lesage, je crois, qu'on le veuille ou
non...
M. LESAGE: Oui, mais c'est un fait. Il ne faut tout de même pas se
leurrer.
M. LEVESQUE (Laurier): Non. Qu'on le veuille ou non, au tout
début, dans le cas de Churchill Falls, même quand ça
s'appelait Hamilton Falls, il était entendu qu'il n'y aurait jamais de
contrat de signé. On pouvait refuser. Il n'y aurait jamais de contrat de
signé si on n'admettait pas...
M. ALLARD: Non, non, au départ...
M. LEVESQUE (Laurier): ... sous forme de royauté ou autrement que
Terre-Neuve ait des droits... J'ai lu cela dans les toutes premières
lettres d'intention ou dans les premiers projets et nous n'y pouvions rien. La
même chose s'applique à la tête des rivières. Je
crois que l'expérience qu'on en a tirée, il ne fautpas se faire
trop d'illusions non plus, c'est que s'il s'agit de développer...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): .. quoi que ce soit et que c'est avantageux
pour le Québec, il y a moyen de faire des ententes, mais que s'il s'agit
de reprendre le contrôle du territoire, etc., on se cogne sur le mur
terreneuvien et que le cas ne se règle pas. Quand bien même on
ferait de la politique et qu'on s'amuserait avec elle, cela ne se
réglera pas simplement en en parlant. Les Terreneuviens, que ce soit
Joey ou pas Joey, ont cette même réaction que c'est leur
territoire.
On s'est peut-être fait organiser à mort au moment des
jugements, mais ils ont la conviction profonde que c'est à eux. Quand
bien même nous ferions des « sparages » autour...
M. LESAGE: On sait d'ailleurs, lorsque j'ai tenté de faire un
échange de territoire avec M. Smallwood pour régler la question
des frontières de Terre-Neuve, jusqu'à quel point la population
de Terre-Neuve pas seulement le premier ministre d'alors la
population de Terre-Neuve était extrêmement sensibilisée
à son droit de propriété qu'elle considère absolu
et éternel sur le Labrador terreneuvien.
M. LEVESQUE (Laurier): Celui qui a gagné un mauvais procès
et qui a eu un mauvais jugement qui fait son affaire, c'est écoeurant ce
qu'il croit que c'est bon.
M. LESAGE: L'avocat de la partie adverse a le droit de maudire le
juge.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah, c'est ce que l'on fait!
M. BERTRAND: Oui, mais ils sont tous morts.
M. BOURASSA: M. le Président, pour revenir à la question
des actions dans le débat, on a établi tantôt que les
chances du contrôle par l'Hydro-Québec sont très minces.
Donc, on doit constater que l'avantage de ce contrat-là, c'est la valeur
des actions qui se chiffre à 34%. On a aussi établi qu'on ne
participe pas à la déclaration de dividendes. Je veux juste me
faire certifier un point même si j'en suis pratiquement convaincu
je veux en être assuré parce que je considère que
c'est fondamental. Si Churchill Falls voulait établir différentes
catégories d'actions, classe A, classe B ou peut-être distribuer
les dividendes à certaines classes seulement, est-ce qu'il faut l'accord
de l'Hydro-Québec nécessairement? Cela, c'est clair.
M. GIROUX: II faut faire un règlement, et ils ne peuvent rien
changer au règlement 13 sans le consentement de
l'Hydro-Québec
M. BOURASSA: Bon. Oui, parce que si l'on pouvait faire des classes
d'actions, on pourrait être exclu de la distribution des dividendes et
nous serions pris avec nos 34% qui ne veulent rien dire.
M. GIROUX: Non, non, écoutez...
M. BOURASSA: Deuxième point, c'est peut-être un peu plus
compliqué à estimer, mais est-ce qu'il y a eu des estimations qui
ont été faites? Le contrat a été signé sur
le rendement des actions possédées par l'Hydro-Québec,
disons d'ici un certain nombre d'années.
M. LESSARD: Ce matin, M. DeGuise, en réponse à cette
question, M. Bourassa, a indiqué qu'une étude qui a
été faite c'est une étude pas autre chose n'est-ce
pas indiquait qu'il y avait à peu près 10% au début
et finalement entre 12% et 15% possibles de dividendes.
M. BOURASSA: Dix pour cent de rendement des actions?
M. LESSARD: De rendement.
M. BOURASSA: Avec la mise, 34%, cela équi-
vaut à combien à peu près? Avez-vous une
idée? Vous dites 10%, pouvez-vous donner des chiffres plus précis
si c'est possible?
M. LESSARD: 34% de $8.5 millions au début.
M. BOURASSA: Et 10% pour combien d'années?
M. LESSARD: Les dix premières années, c'est 10%, et par la
suite, à partir de 1982, cela peut aller de 12% à 15% par
année.
M. BOURASSA: Cela veut dire que, même s'il n'y avait pas de
déclarations de dividendes, il devrait y avoir théoriquement
accumulation de profit pour l'Hydro-Québec?
M.LESSARD: C'est ce que l'étude a indiqué.
M. LEVESQUE (Laurier): Si tout le reste demeure.
M. LESSARD: Oui, si tout va bien nécessairement.
M. BOURASSA: C'est quand même important de savoir ce que valent
ces actions-là, étant donné que nous sommes
minoritaires.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que nous pourrions toucher aux prix? Le
prix à Montréal ne sera pas loin de... Est-ce qu'on pourrait
parler de prix?
M. BOURASSA: II y a juste une question sur le taux. Je sais que M.
Giroux va avoir une réponse toute suite...
M. LEVESQUE (Laurier): Parlez-vous des intérêts?
M. BOURASSA: Le taux des emprunts bancaires est 3/4 de plus que le
«prime rate » pour les devises américaines de 1/2 de plus
que le « prime rate » au Canada. Pourquoi cette différence?
Pourquoi ces 3/4 dans le cas des devises américaines et 1/2 dans le cas
des devises canadiennes au-dessus du « prime rate »?
M. GIROUX: C'est le taux bancaire actuel aux Etats-Unis et, comme cela,
par-dessus le « prime rate » du « federal reserve », et
nos banques canadiennes prêtent à 1/2 de plus que notre taux
bancaire...
M. BOURASSA: Vous avez 3/4 aux Etats-Unis? Pourquoi la différence
entre le Canada et les Etats-Unis?
M. GIROUX: Ce serait expliquer pourquoi une banque aux Etats-Unis
prête à 7% et qu'il y en a qui prêtent à 8%, tout
dépend de...
M. BOURASSA: Non, c'est parce que là, c'est la norme. Je pose la
question sur le critère ou la norme.
M. GIROUX: C'est un critère qui a été établi
par les banques américaines pour cette compagnie-là. Il y a des
banques américaines qui prêtent à 1 1/2, à 2, et
à 3 en haut du « prime rate ».
M. BOURASSA: Alors, c'est le résultat de la
négociation.
M. GIROUX: C'est le résultat de la négociation
bancaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'il y aurait moyen de poser seulement
une couple de questions à propos du prix auquel on arrive avec le
contrat? Je n'ai pas devant moi les chiffres que j'avais pris ce matin à
propos du prix auquel l'Hydro finalement, en tant qu'acheteur et non plus en
tant qu'actionnaire, va acheter en fonction du contrat? Cela arrive autour de
$4.90 à Montréal si on ajoute le transport. C'est à peu
près cela?
M. LESSARD: Cela arrive pour 1977 à l981, 4.89; 4.74 pour les
cinq années subséquentes; 4.61 de 1987 à 1991; 4.38 de
1992 à 2001, et 3.98 de 2002 à 2017 et par la suite...
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, si l'on prend jusqu'en l'an 2000, M.
Lessard, pour l'instant, quel serait le prix moyen pour les trente prochaines
années? C'est autour de 4.5?
M. LESSARD: A peu près, en moyenne, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous pourriez simplement nous dire
pour les années qui viennent, pour qu'on voie quand même? Je
voudrais seulement évoquer une chose. Evidemment, on comprend pourquoi
cela a changé, mais il n'y a pas plus de trois ou quatre ans, si mes
souvenirs sont bons, il y en a d'autres qui l'ont vécu, et vous encore
plus que nous, il me semble que l'on calculait, à ce moment-là,
dans le contexte de cette époque qui est déjà lointaine,
que cela serait autour de la moitié de cela: deux et demi à trois
quelque part par là, il me semble, ou trois et quelque chose rendu
à Montréal.
Forcément, tout ce qui est arrivé depuis dans le
marché de l'argent, les réévaluations, tout cela a
remonté. Mais ma question serait
celle-ci: Vis-à-vls d'un taux qui va être quand même
pas loin de cinq pendant un certain nombre d'années au début et
qui va être quand même autour de quatre et demi au moins en moyenne
jusqu'en l'an 2000, quel serait le coût comparatif si on l'avait fait du
côté thermique? Laissons de coté la baie James, puisque
vous dites que cela aurait été de toute façon plus
élevé. Mais du coté thermique, en tenant compte du fait
que cela nous mènerait de toute façon dans une technique qui n'a
pas fini de faire ses preuves ou même dans le nucléaire. Parce
qu'on se trouve à abonner pour un bon nombre d'années un domaine
où ce ne serait pas mauvais de savoir quel aurait été le
coût comparatif.
M. LESSARD: Le thermique conventionnel à peu près de 6.74
mills, le nucléaire canadien 5.71 et le nucléaire
américain, 5.81.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, je vous pose des questions de profane,
mais je voudrais être bien sûr que nous discutons des mêmes
choses. Il s'agit d'un énorme bloc, dans le cas de Churchill Falls. Les
chiffres que vous donnez sont-ils en fonction des plus grosses unités
thermiques ou nucléaires les plus rentables ou est-ce en fonction
d'unités comme celles, très modestes, qu'on a connues? Je crois
que le prix de revient diminue si on arrive dans de très grosses
unités.
M. LESSARD: Des unités de 500,000 kw.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce qui est à peu près le maximum
actuellement?
M. LESSARD: Dans le moment, dans le nucléaire, il y a seulement
du 250,000 kw qui a été construit. L'Hydro-Ontario en construit
à 500,000 kw et il projette d'en faire à 750,000 kw pour les
années 1981-82.
M. LEVESQUE (Laurier): Au prix que vous donnez à 5.71 mills.
M. LESSARD: C'est cela.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est le dernier prix?
M. LESSARD: C'est l'estimation. C'est le dernier prix.
M. LEVESQUE (Laurier): Et dans le thermique?
M. LESSARD: Dans le thermique, ce se- ront aussi des unités de
500,000 kw ou 700,000 kwh, l'un ou l'autre.
M. LEVESQUE (Laurier): Le prix est de 6.7 mills.
M. LESSARD: Oui.
M. LESAGE: C'est 6.5 mills au prix courant du combustible?
M. LESSARD: Du combustible, oui.
M. LESAGE: C'est 6.5 mills. Gentilly, cela coûtera combien?
M. LESSARD: Vous voulez dire...
M. LESAGE: Gentilly...
M. LESSARD: Ce que cela coûtera...
M. LESAGE: C'est-à-dire combien cela vous coûtera-t-il le
kilowattheure? Le coût?
M. LEVESQUE (Laurier): C'est un peu artificiel, de toute
façon.
M. LESAGE: Je le sais, à cause de la contribution
fédérale. D'accord.
Premièrement, en tenant compte de la contribution
fédérale et, deuxièmement, en n'en tenant pas compte.
M. GIROUX. Il y a un prix de rachat qui est établi d'avance, qui
est basé sur notre prix moyen du thermique. Alors, quel que soit le
montant que le fédéral y a mis, nous ne payons que tant.
M. LESAGE: Je sais, mais cela coûtera combien, y compris la
contribution fédérale?
M. GIROUX: Le même prix que le thermique que l'on a à
Tracy, en principe.
M. LESAGE: Ce que je veux savoir, ce n'est pas cela. C'est combien cela
coûte?
M. GIROUX: Ils ne le savent pas eux- mêmes !
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez une garantie que cela ne vous
coûtera pas plus que tant.
M. LESAGE: Je sais que vous avez une garantie, mais ce n'est pas cela
que... L'intérêt que j'ai à avoir une réponse
à ma question ne
provient pas de ce que cela coûtera, en fait, à
Hydro-Québec. Je sais qu'il y a des garanties. Mais combien, en
réalité, cela coûtera-t-il?
M. LESSARD: Le kilowattheure?
M. LESAGE: Oui, pour produire à Gentilly, en tenant compte des
contributions fédérales?
M. LESSARD: Entre 6 et 6 1/2. M. LESAGE: En tenant compte... M. LESSARD:
Oui.
M. LESAGE: Mais alors, cela veut dire que cela vous coûtera bien
moins que cela.
M. LESSARD: Cela nous coûtera moins que cela.
M. LESAGE: Clairement. Les contributions fédérales sont
considérables.
M. LESSARD: Cela revient au prix de Tracy. La seule comparaison que nous
ayons, c'est Tracy, dans le thermique, et le contrat est basé sur
la...
M. LESAGE: M. Lessard, les clauses du contrat avec le
fédéral, je ne m'en occupe pas. Je veux savoir combien cela
coûte pour produire l'électricité à partir du
nucléaire, combien cela coûte-t-il en réalité?
Laissez le fédéral tranquille. Je ne m'occupe ni du
fédéral, ni de vous. Additionnez tous les coûts et
dites-moi combien cela coûte.
M. LESSARD: C'est ce que j'ai...
M. DOZOIS: S'il n'y avait pas eu de subventions du
fédéral, n'est-ce pas?
M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: S'il n'y avait pas eu de subventions du
fédéral?
M. LESAGE: Oui. Cela coûte combien?
M. LESSARD: Ce serait encore 6 ou 6 1/2, parce que cela ne peut pas
changer.
M. LESAGE: Non, mais le fédéral contribue pour combien? M.
Lessard, je pense que nous ne nous comprenons pas.
M. LESSARD: Evidemment.
M. LESAGE: Prenez le coût réel de Gentilly,
premièrement, le coût de construction.
M. LESSARD: C'est $106 millions.
M. LESAGE: C'est $106 millions. Prenez le coût d'opération
et dites-moi combien cela coûte en réalité. Ne vous occupez
pas des contributions et des garanties de celui-ci et de celui-là.
Combien cela coûte-t-il en réalité pour produire un
kilowattheure à Gentilly?
M. DEGUISE: M. le Président, si vous me permettez, je vais
essayer de répondre à cette question. Nous allons reconstituer le
chiffre graduellement. L'investissement à Gentilly est
évalué à $106 millions.
M. LESAGE: Oui.
M. DEGUISE: Pour faciliter les calculs, si on assume des charges
annuelles de 10%, cela fait $10.5 millions de dépenses annuelles. C'est
une centrale de 250,000 kw qui fonctionne, disons, 7,000 heures par
année. Si on divise $10 millions par 17.5, cela fait à peu
près 6 mills de frais fixes et 1.5 mill de combustible. Alors cela
devrait coûter, s'il n'y avait pas de contribution du
fédéral...
M. LESAGE: C'est cela.
M. DEGUISE: ... ce serait 7.5 mills
M. LESAGE: Y compris les frais d'opération, non seulement le
combustible mais également les frais d'opération?
M. DEGUISE: C'est cela. M. LESAGE: A l'usine?
M. DEGUISE: A l'usine. Maintenant, ce que cela coûte, comme on le
disait tout à l'heure, c'est le prix que Tracy coûte par
comparaison, c'est ce que nous payons.
M. LESAGE: Oui, je comprends. Je voulais savoir jusqu'à quel
point on pouvait établir, non seulement au Québec, mais ailleurs,
des usines nucléaires, et en ce faisant, jusqu'à quel point on
s'était rapproché du prix du thermique. Ma question est
théorique.
M. DEGUISE: C'est 7.5.
M. LESAGE: Si c'est 500,000 au lieu de 250,000 la production, est-ce que
ça diminuerait sensiblement le coût?
M. DEGUISE: Cela diminue les frais fixes considérablement.
M. LESAGE: Considérablement. De combien à peu près?
Est-ce qu'à ce moment-là on arrive presque au coût du
thermique?
M. DEGUISE: Dans les grosse unités on vient en bas du prix du
thermique.
M. LESAGE: Est-ce que 500,000, c'est une unité assez grosse pour
arriver en bas...
M. DEGUISE: Oui, à ce moment-là, nous sommes un peu en bas
du thermique.
M. LESAGE: Alors, s'il y avait une usine de construite au Québec,
d'une capacité de 500,000, on parle de quoi?
M. DEGUISE: De kilowatts.
M. LESAGE: De kilowatts, oui. Alors, 500,000 kilowatts, usine
nucléaire, sans contribution de qui que ce soit, on pourrait y produire
de l'électricité à partir du nucléaire à un
prix inférieur par kilowattheure au prix que coûte un
kilowattheure venant d'une usine thermique moderne comme celle de Tracy.
M. DEGUISE: La marge n'est pas bien grande, mais c'est plus bas.
M. LEVESQUE (Laurier): Si vous me permettez, je voudrais comprendre
clairement. Vous êtes plus au courant que n'importe qui ici. Est-ce que
ce n'est pas un fait que les grosses unités... Enfin, je me laisse dire
là que les grosses unités nucléaires, à mesure que
la technique s'améliore, quand on fait un prix moyen de 4.5 je
l'ai fait sur la gueule, je m'excuse de l'expression, avec M. Lessard tout
à l'heure, vis-à-vis de l'an 2000 on sait que pendant
quelques années cela va être 4.89, en tout cas de 1977
jusqu'à 1980 et quelques années. Est-ce qu'on ne peut pas
prévoir d'une façon à peu pris aussi précise que
vos prix de Churchill Falls, qui sont autour de 4 et quelque chose, que les
grosses unités, déjà en construction sinon en
opération dans le domaine nucléaire peuvent réduire le
prix entre 3 et 4 mills sur le marché où elles se trouvent,
d'après les chiffres américains, par exemple?
M. LESSARD: M. Lévesque, je ne crois pas que entre 3 et 4 mills
soit un montant sur lequel vous pouvez exprimer une opinion, parce que dans le
moment, nécessairement, les coûts de construction du
nucléaire augmentent autant que les coûts de construction
ailleurs.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord, mais enfin, vous contestez le chiffre
que je vous donne et qui m'est venu, moi, simplement comme un à peu
près. Mais est-ce que vous avez... Vous l'avez sûrement parce
qu'autrement ce ne serait pas sérieux. L'Hydro a sûrement des
coûts comparatifs pas seulement pour l'année actuelle sur un
projet expérimental comme Gentilly, qui essentiellement était
l'essai d'une technique que l'Hydro, à toutes fins pratiques, a
accepté de faire grâce à des subventions parce que
c'était une expérience pilote là-dedans.
M. LESSARD: C'est ça!
M. LEVESQUE (Laurier): Mais dans le nucléaire
éprouvé et en particulier dans les grosses unités de
production qui se développent et dont certaines sont déjà
prouvées, l'Hydro a cer-tainement des prix qui sont aussi fermes que
peuvent l'être des prix sur le marché tels qu'on les vit aux
Etats-Unis ou ailleurs et tels qu'on les voit venir en Angleterre, et aux
Etats-Unis, pour les dix ou 15 prochaines années. C'est ceux-là
que je voudrais avoir.
M. LESSARD: Evidemment, le chiffre que je vous ai donné tout
à l'heure, M. Lévesque, pour le nucléaire, est basé
sur les données les plus récentes que nous puissions obtenir.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrementdit, sur les 10 ou 15 prochaines
années avec les nouvelles grosses unités de production ou
uniquement sur ce qu'ils ont réalisé jusqu'ici?
M. LESSARD: II n'y en a aucune au Canada qui ait réalisé
quoi que ce soit jusqu'à présent à part une unité
de 250,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Et en Ontario?
M. LESSARD: En Ontario, on est à en construire de 500 et elles ne
sont pas encore en exploitation.
M. LESAGE : Ce n' est jamais au centre d'une ville.
M. LESSARD: Non.
M. LESAGE: II faut toujours que ce soit éloigné d'une
certaine distance.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela va engendrer des chicanes...
M. LESSARD: Pas tant que... Pickering est seulement à 15 milles
de la ville.
M. LESAGE: 15 milles.
M. LESSARD: 15 milles. L'autre projet qu'on veut construire dans la
péninsule de Bruce est tout près de Douglas, où
était la première unité de 250.
M. LESAGE: Alors, dans ces conditions-là, il n'y a presque pas de
transport, il n'y a presque pas de perte.
M. LESSARD: Non, non. Evidemment à Bruce, il y a un peu plus de
transport qu'il y en avait à Pickering, où les distances sont
plus longues.
M. LEVESQUE (Laurier): Si vous me permettez, je voudrais être bien
sûr qu'il y a moyen d'avoir autre chose que l'expérience d'Ontario
qui n'est quand même pas... Même s'ils sont allés dans le
nucléaire bien avant le Québec, ils ne sont quand même pas
les pionniers dans le monde. L'Angleterre, par exemple, en a fait une longue
expérience depuis plusieurs années en tout cas les
Etats-Unis ont commencé à grossir, singulièrement, je
crois, les unités de production.
M. LESSARD: II n'y en a aucune aux Etats-Unis en production...
M. LEVESQUE (Laurier): Pas encore, mais quels sont les chiffres qu'ils
prévoient si 1'Hydro les a évidemment comme
coûts de production sur le marché?
M. LESSARD: Vous l'aviez tout à l'heure. Je l'ai donné
pour les Etats-Unis.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez donné 5.71...
M. LESSARD: 5.80 aux Etats-Unis.
M. LEVESQUE (Laurier): Comme des choses actuellement...
M. LESSARD: Que nous pourrions, n'est-ce pas, amener au Canada. Cela
nous coûterait 5.81...
M. LEVESQUE (Laurier): C'est sur 250 ou sur 500?
M. LESSARD: Les grosses unités dont nous aurions besoin, du 500
ou du 750.
M. LEVESQUE (Laurier): Le chiffre qu'ils donnent est
celui-là?
M. LESSARD: C'est ce qu'il nous en coûterait rendu au Canada.
M. LESAGE: Excusez-moi de vous poser une question à laquelle vous
avez peut-être déjà répondu, mais je voudrais me
rafraîchir la mémoire. Quels sont les projets autres que celui de
Churchill pour subvenir aux besoins québécois, aux besoins de
l'Hydro-Québec, d'abord durant la période de construction et
ensuite après que vous aurez livraison du total de
l'électricité que vous attendez de Churchill Falls?
M. LESSARD: Dans le moment, les projets que nous avons, Outardes 3 et
Outardes 4, qui vont être en exploitation cette année. L'an
prochain, à la fin de l'année 1970, nous aurons Manic 5 dont les
unités seront terminées en 1972.
M. LESAGE: Est-ce que l'étang sera rempli?
M.LESSARD: L'étang sera rempli à ce moment-là, en
1972.
M. LESAGE: J'appelle cela un étang...
M. LEVESQUE (Laurier): La mise en marche se fera entre 1970 et 1972?
M. LESSARD: C'est ça. Churchill Falls arrive en 1972. Entre 1972
et 1977, 1'Hydro devra soit construire Manic 3, compléter Outardes 2,
entreprendre du thermique ou du nucléaire ou encore développer le
poste que nous avons mentionné: station de pompage à
Saint-Joachim. C'est ce que nous avons dans le moment et que nous
étudions.
M. LESAGE: Ne serait-il pas sage, dans les circonstances, d'activer les
études du bassin de la baie James et des possibilités des
rivières de la Cote-Nord?
M. LESSARD: Les études préliminaires que nous avons
faites, M. Lesage, nous l'avons mentionné l'an dernier, n'indiquent pas
que ça va être bon marché de développer la baie
James. Quelles que soient les rivières que nous avons
étudiées, il semble indiqué que ce sera meilleur
marché plus haut, que les trois que nous avons étudiées
l'an dernier, mais la distance du transport serait encore plus
considérable.
M. DOZOIS: Ce serait meilleur marché ou
plus dispendieux que du thermique ou du nucléaire, d'après
les données de 1968?
M. LESSARD: Le chiffre que j'ai mentionné l'an dernier, dont je
me souviens, est autour de 6.5 mills.
M. ALLARD: C'est plus dispendieux que...
M. DOZOIS: Cela pourrait être plus dispendieux que du
nucléaire ou du thermique?
M. LESSARD: Les chiffres que nous avons jusqu'à maintenant
l'indiquent clairement. Entre maintenant et 1980, il peut arriver aussi un
développement technique qui indiquerait que le nucléaire est
chose passée. C'est bien possible, ça. Je voudrais mentionner
aussi que dans le développement nucléaire actuel, que ce soit au
Canada ou aux Etats-Unis, il y a énormément de difficultés
techniques. J'espère que, lorsque nous serons prêts à avoir
des unités impressionnantes, les bobos auront été
enlevés et que nous pourrons bénéficier de
l'expérience des autres.
M. LESAGE: Oui, je comprends.
M. DOZOIS: Comment se compare le coût à Churchill avec le
coût de l'électricité à Manic?... Rendue à
Montréal.
M. LESAGE: Rendue à Montréal?
M. LESSARD: Les chiffres que j'ai mentionnés à M.
Lévesque tout à l'heure, c'était rendu à
Montréal pour autant que Churchill était concernée. La
dernière étude que nous avons faite sur le complexe
Manicouagan-Outardes, livré à Montréal, c'est 5.29.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est le prix moyen de tous les complexes?
M. LESSARD: Oui.
M. LESAGE: Depuis 1961 nous avons toujours cru que
l'électricité à meilleur marché que nous pouvions
avoir c'était tout de même celle de Churchill Falls.
M. LESSARD: C'est ça.
M. ALLARD: ... la plus économique... Vous vous rappellerez
peut-être que...
M. LESAGE: Là-dessus, je pense bien qu'il n'y a aucune discussion
possible. C'est toujours ce que nous avons cru depuis 1961. Cela s'avère
vrai.
M. ALLARD: Je pense que M. Boyd a un tableau...
M. LESAGE: Même si cela nous coûte un peu plus cher que nous
croyions avec la hausse du coût d'intérêt.
M. ALLARD: M. Boyd a un tableau.
M. LESSARD: Le coût de Manicouagan-Outardes, si vous vous
souvenez, c'était de 4.3. Les dernières études indiquent
que c'est tout près de 5.3 à cause...
M. LESAGE: A cause de l'augmentation du coût de construction et
l'augmentation des taux d'intérêt. La même chose qui s'est
produite à Churchill s'était produite dans la financement de
Manic-Outardes. Les deux ont monté ensemble, mais Churchill est toujours
restée plus avantageuse. C'est ça?
M. LESSARD: Absolument.
M. ALLARD: M. Boyd, voulez-vous nous faire le tableau comparatif des
coûts que vous m'avez indiqués?
M. BOYD: Les chiffres que M. Lessard a mentionnés tout à
l'heure, c'était 5.39 pour le complexe Manie-Outardes. Les prix moyen
pour Churchill, dont M. Lessard a parlé tout à l'heure, pour la
période de 40 ans. c'est 4.7. La différence entre 4.7 et 5.39
représente une économie annuelle de $20 millions;
multipliés par 40 ans, cela vous donne $800 millions.
M. DOZOIS: Comparé à Manicouagan?
M. BOVD: Comparé à Manicouagan. Si vous faites la
même chose pour le thermique et les chiffres que je donne ici sont
suivant les prix du thermique, l'an dernier ceux que M. Lessard vous a
donnés tout à l'heure sont encore plus élevés,
parce que les coûts et du thermique et du nucléaire, aux
Etats-Unis aussi bien qu'au Canada, continuent d'augmenter. Mais même en
reprenant les chiffres conservateurs de l'an dernier, la différence
moyenne entre Churchill et le thermique est de $36 millions par année;
pendant 40 ans: $1 milliard, 440 millions.
M. DOZOIS: Vous dites tant de millions pendant 40 ans. Vous ne pourriez
pas les multiplier
par 65 ans? Parce que c'est la durée du contrat maintenant.
M. BOYD: Si vous voulez ajouter encore 25 ans, l'avantage est encore
beaucoup plus grand.
M. DOZOIS: Oui, j'imagine.
M. BOYD: Parce que, pour la durée de 40 ans, le coût
d'achat de Churchill au point de livraison est de 3.1 pour les 40 ans, tandis
que pour les 25 dernières années, c'est deux mills. Alors, un
mill pour la quantité d'énergie achetée représente
$30 millions par année pendant 25 ans, pour les derniers 25 ans, c'est
l'économie que nous rapporte... c'est-à-dire $750 millions
lorsque nous avons obtenu le renouvellement à 2 mills.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que nous pourrions juste aborder
rapidement ce serait ma dernière question quant à moi, je
sais qu'il y en a d'autres de la part de l'Opposition officielle sans
vouloir, M. Lessard, vous replonger ni de près ni de loin dans certaines
polémiques que vous avez connues avec, enfln, un homme politique
d'outre-frontières... Il apparaît assez évident maintenant
qu'au point de vue comptable, au point de vue des engagements, c'est une
très bonne affaire qu'on fait avec ce contrat de Churchill Falls. Mais
1'Hydro a assumé des responsabilités très lourdes,
étant devenue un participant extrêmement intime à
l'affaire. Est-ce que vous avez garanti, sans parler de signature, une partie
suffisante des fournitures? Cela représente quand même un milliard
sur quelques années et cela ralentit peu importent les avantages,
c'est un fait le développement du côté
québécois. Et il y a des avantages à le faire et nous
venons de le voir pendant une partie de la journée. Est-ce qu'au moins,
du côté des fournitures qu'implique cette construction et du
côté des emplois aussi, une fois évidemment que les
Terreneuviens peuvent avoir leurs emplois, que Québec est
protégée et que forcément, étant impliqués
à ce point-là, nous voulons avoir notre part et notre part
substantielle...
M. LESSARD: Les derniers renseignements que j'ai sur l'embauchage
indiquent qu'ils ont à peu près 3,000 employés. Sur les
3,000, il y en a 1,400 qui viennent de la province de Québec et 50% de
ces 1,400 sont des contremaîtres...
M. LEVESQUE (Laurier): Des hommes clés. M. LESSARD: ...
techniciens, etc., et 50% sont des ouvriers ordinaires. Ce pourcentage
augmentera à mesure que la construction augmente, que les travaux
augmentent.
Au point de vue des contrats qui ont été octroyés
jusqu'à maintenant, leur totalité se chiffre à $369
millions. Pour les entreprises québécoises et les compagnies
mixtes dont la majeure partie est exécutée par les
Québécois ou dans le Québec, ils se chiffrent par $275
millions ou grosso-modo à 75% de la totalité des contrats.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que cela a été
distribué? En fait, il y a un tableau ici, c'est grosso-modo, je
m'excuse s'il avait été distribué.
M. ALLARD: Ce tableau donne la proportion que vous venez
d'établir.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, 75% est donné à des
entreprises québécoises, mixtes ou non, enfin, Marine Industrie,
je crois, pour une.
M. LESSARD: Marine Industrie, avec Dominion Engineering, qui est
à Montréal aussi, ils font les onze unités, et ensuite,
vous avez le transport maritime, le transport ferroviaire, vous avez un tas de
contrats... Je peux vous en mentionner si vous voulez...
M. LEVESQUE (Laurier): A condition que cela ne rende pas Joey fou, fou,
fou, j'aimerais que vous en mentionniez.
M. LESSARD: Je ne peux pas vous garantir ça, M.
Lévesque.
M. ALLARD: Ah oui, il y a peut-être inquiétude de la part
du chef du parti pour sa caisse électorale.
M. LEVESQUE (Laurier): II y a ça, oui, cela m'obsède!
M. LESAGE: Vous allez parler de ça demain. M. LEVESQUE (Laurier):
Ah, oui!
M. ALLARD: Donnez-lui donc des participants, parce qu'il en a une liste
impressionnante.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous les avez déjà
siphonnés.
M. LESAGE: Est-ce qu'ils ont acheté des cartes à votre
dîner-bénéfice?
M. LESSARD: M. Lévesque, nous avions prévu que vous
poseriez cette question-là. Nous nous sommes préparés.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, cela demeure une préoccupation. Au
point de vue main-d'oeuvre, parce qu'il s'agit quand même d'une chose
sérieuse. Ce n'est pas du tout une chose qui devrait être
offensante pour Terre-Neuve, c'est que le corps très nombreux de gens
qui sont des spécialistes de chantiers, surtout les hommes clefs qui ont
été formés dans les chantiers, en particulier de l'Hydro
depuis quelques années; donc déjà, il est évident,
qu'ils vont trouver autant d'emplois qu'il y en a de disponibles sur ce
chantier-là pendant les années que ça va durer.
M. LESSARD: Exactement.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est ça...
M. LESSARD: A part ça, M. Lévesque,...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que vous participez à
l'embauchage?
M. LESSARD: J'étais justement pour vous dire que l'embauchage,
par les entrepreneurs de Churchill Falls, suit la même formule qui a
été établie pour l'embauchage à
l'Hydro-Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, ils vous parlent.
M. LESSARD: Bien autrement dit, ils vont au bureau de placement.
M. LESAGE : M. Lessard, la base des deux ou trois questions que je vais
vous poser, je la trouve dans le rapport annuel. Mais cela concerne
l'électricité de Churchill Falls.
C'est intitulé: Rapport du président. C'est à la
page six. Je viens de dire que c'est la base de ma question ayant trait
à l'électricité de Churchill Falls, mais je la puise dans
le rapport du président.
Ces ententes c'est le quatrième paragraphe, M. Lessard
permettront aux trois réseaux de réaliser des
économies appréciables, à l'Hydro-Québec en
particulier, d'atténuer sensiblement le prix de revient de ses
kilowattheures de pointe. Elles établiront aussi, entre
l'Hydro-Québec et les réseaux provinciaux du Nouveau-Brunswick et
de l'Ontario, des régimes d'assistance mutuelle qui, tout en
sauvegardant l'autonomie technique de chaque réseau, entraî-
neront d'utiles échanges d'énergie et un usage plus rationnel des
moyens de production.
Premièrement, voudriez-vous m'expliquer ce que cela veut dire en
termes moins savants? Deuxièmement, est-ce que cela veut dire des
exportations possibles d'électricité du Québec vers
l'Ontario et le Nouveau-Brunswick qui nécessiteront des autorisations
législatives...
M. LESSARD: Cette réponse est la plus facile, c'est oui.
M. LESAGE: A la deuxième, c'est oui. Et, troisièmement,
quelles sont les conditions?
M. LESSARD: Les conditions nécessairement...
M. LESAGE: J'aimerais mieux la réponse à ma
première question. La façon dont vous dites cela dans votre
rapport, M. Lessard, c'est bien savant. Vous dites qu'elles établiront
ces ententes. Elles établiront aussi entre l'Hydro-Québec et les
réseaux provinciaux du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario, des
régimes d'assistance mutuelle. Mais l'assistance viendrait plus au
début, au moins, je suppose, de l'électricité venant de
Churchill Falls, elle viendrait plus du Québec que des autres provinces.
Vous voulez vous protéger contre un surplus possible sur une
période d'années, je suppose?
M. LESSARD: Exactement.
M. LESAGE: Voulez-vous nous expliquer ce qui est prévu?
M. LESSARD: Est-ce que c'est l'endroit, M. le Président, pour
discuter d'un problème qui sera amené devant la Chambre,
éventuellement?
M. BERTRAND: Ecoutez, M. le Président, nous allons être
obligés...
M. LESAGE: J'en ai parlé au premier ministre.
M. BERTRAND: Nous allons être obligés, suivant la loi, de
soumettre au Parlement, d'abord des modifications à la Loi de l'Hydro
et, en particulier, pour nous faire autoriser par le Parlement à signer
des ententes avec et le Nouveau-Brunswick et l'Ontario en vertu d'une loi qui
avait été présentée, alors qu'il était dans
l'Opposition, par le chef de l'Opposition à l'époque, M. Johnson.
Cela veut dire que la loi viendra; nous attendions, d'ailleurs, d'avoir
cette
réunion avant de déposer la loi. La loi devrait être
déposée certainement au début de la semaine prochaine.
M. LESAGE: M. le Président, vous n'avez pas d'objection à
ce que je répète ce que vous m'avez dit. Je vous ai dit
tantôt que j'avais l'intention de poser la question et je n'ai pas
pris cela à la blague vous m'avez répondu: Posez la
question, c'est autant d'explications que je ne serai pas obligé de
donner en Chambre.
M. BERTRAND: Mais, ce n'est pas moi qui vais présenter la loi,
c'est le ministre des Richesses naturelles et, comme d'habitude, il pourra
fournir à tous les collègues, tous les renseignements.
M. LESAGE: Tout de même...
M. BERTRAND: Je n'ai personnellement pas d'objection, à moins, M.
Lessard, que ce ne soit pas...
M. LESSARD: Je n'ai aucune objection non plus, mais je voudrais
être certain...
M. BERTRAND: Non, aucune. Allez-y donc.
M. LESAGE: Allons-y brièvement, sachant que nous aurons des
explications...
M. BERTRAND: Allez-y brièvement dans les deux cas et du
Nouveau-Brunswick et de l'Ontario.
Voici, M. Lessard, il est 6 heures, le chef de l'Opposition et
moi-même devrons être en Chambre ce soir, et il n'y a aucun
inconvénient. Notre présence n'est pas indispensable, au
contraire, et vous pourrez reprendre votre séance ce soir à 8
heures 15.
M. ALLARD: S'il n'y avait pas eu tellement de questions, nous aurions
peut-être préféré continuer jusqu'à 6 heures
30.
M. LESAGE: Ce sont des sous-questions...
M. ALLARD: Si vous croyez que dans une demi-heure...
M. LESAGE: ... qui peuvent venir des arrangements avec l'Ontario et le
Nouveau-Brunswick.
M. BERTRAND: Oui.
M. ALLARD: De toute façon, cela reviendra en Chambre à
l'occasion de la loi.
M. LESAGE: Si on commence avec Radio-Québec en haut ce soir, je
voudrais bien, comme j'ai l'intention d'intervenir, repasser mes notes.
M. ALLARD: C'est parce que là, la question de la vente à
l'Ontario et au Nouveau-Brunswick reviendra en Chambre très
prochainement.
M. LESAGE: Oui, mais disons que lorsque M. Lessard est là...
M. LESSARD: Les négociations sont toutes faites et la lettre
d'intention est signée.
M. LESAGE: Je crois que cela pourrait peut-être nous dispenser, si
nous avons les questions maintenant, de référer le bill à
une commission pour des explications techniques.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Lesage, on dit que les négociations
sont faites, et la lettre d'intention est signée. Nous pourrions
peut-être clarifier...
M. LESAGE: Cela éviterait de revenir en commission sur...
M. BERTRAND: Alors, disons donc à 8 heures 15, ce soir.
M. ALLARD: Juste en terminant, je voudrais, pour éviter les
discussions qui ont été apportées dans le public, savoir
si, au sein de la commission, la décision de signer ce contrat a
été unanime et si, deuxièmement, une rumeur qui a
été rapportée disant que le président donnait sa
démission parce qu'il n'était pas heureux de cette signature est
vraie. Je voudrais que cela soit dit pour reproduire exactement dans le public
ce qui est exact.
M. LESSARD: La réponse la plus facile à vous donner, c'est
oui à la première question et non à la
deuxième.
M. LE PRESIDENT: Alors nous ajournons à ce soir, à 8
heures 15.
Reprise de la séance à 20 h 22
M. CROISETIERE (président de la commission des Richesses
naturelles): Al'ordre, messieurs! Le député de Laurier.
M. LEVESQUE (Laurier): M. Lessard, me permettez-vous une question de
détail, si vous voulez, une motion pour détails? Vous vous
souvenez, cet après-midi, j'ai posé une dernière question
quant à moi, qui était à propos des contrats, des
fournitures et de l'emploi, et très vite, en plus des chiffres que vous
avez mentionnés, on a eu un tableau qui nous a été fourni,
et je l'ai lu aussi vite qu'il a été distribué. Je ne suis
pas sûr de l'avoir bien compris. Je voudrais avoir quelques
précisions parce que c'était assez important ce que vous disiez,
dans la première ligne de ce tableau-là: Presque 75% des contrats
accordés tombent dans la catégorie numéro 1 qui est
Québec, jusqu'à présent. Vous avez contrats
accordés, dans cette catégorie, aux entreprises
québécoises et aux compagnies mixtes dont la majeure partie
serait exécutée par les Québécois ou dans le
Québec. Est-ce qu'il y aurait moyen de l'illustrer et même d'aller
un peu plus dans le détail?
M. LESSARD: Churchill Constructors a obtenu un contrat. Je crois que
c'est un symposium de quatre ou cinq entrepreneurs. Mais celui qui est
responsable des travaux est Atlas Construction qui est une compagnie du
Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Churchill Constructors est un consortium dont
le...
M. LESSARD: Un consortium, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... membre québécois est?
M. LESSARD: Atlas Construction de Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui.
M. LESSARD: Cette compagnie gère les chantiers et est
responsable. C'est ce que nous voulions dire par cette définition.
M. LEVESQUE (Laurier): Quels sont les quatre autres? Vous
souvenez-vous?
M. LESSARD: Un instant. Nous allons voir si nous pouvons trouver
ça. Atlas Construction,
Janin de Montréal, McNamara, C.A. Pitts de Toronto, Dravo de
Toronto, filiale de Dravo Corporation de Pittsburgh, Northwin Constructors de
Montréal, filiale de Winston Brothers de Minneapolis.
M. LEVESQUE (Laurier): Et tout ça, ça s'appelle Churchill
Constructors.
M. LESSARD: C'est ça!
M. LEVESQUE (Laurier): Et quel est, dans les $275 millions, dans leur
cas...
M. LESSARD: $49 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): $49 millions. Et savez-vous quelle partie doit
être faite dans le Québec ou si vous en avez...
M. LESSARD: Comme je vous ai dit, M. Lévesque, nous savons qu'il
y a deux compagnies du Québec. Janin et Atlas et nous savons que c'est
Atlas qui est responsable des travaux sur les chantiers. Les autres fournissent
les garanties au point de vue du financement de la construction.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais enfin, dans l'attribution de ces $49
millions, on présume qu'il y en a une partie substantielle dans
Québec mais on ne peut pas préciser.
M. LESSARD: Je ne puis le déterminer exactement mais nous savons
que, vu qu'Atlas est responsable des travaux, c'est elle qui va diriger les
achats et l'embauchage, etc.
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin, selon certains, oui. Est-ce qu'il y a
d'autres cas du même genre que vous appelez compagnies mixtes.
M. LESSARD: Dans le consortium pour les unités, il y a Marine
Industrie et Dominion Engineering, ça, c'est la totalité dans le
Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui. Cela s'appelle entreprise
québécoise, en somme?
M. LESSARD: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais c'est l'autre partie, il n'y a pas de
Churchill comment appeliez-vous ça?
M. ALLARD: Churchill Falls Machinery, c'est celui-là dans lequel
est Marine Industrie
et Dominion Engineering, Canadian Genera! Electric...
M. LESSARD. Il y a Dufresne et Mannix, on l'appelle « joint
venture ». La gérance est assumée par H.J. O'Connell qui a
un contrat de $2,750,000.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela rappelle des souvenirs.
M. LESSARD: Ils ont aussi un autre contrat antérieur de
$1,100,000 qui a été donné et un troisième contrat
de $1,500,000, etc. Ce sont les deux gros consortiums qui ont participé
et qui participent dans le moment.
M. LEVESQUE (Laurier): Enfin là remarquez je ne veux pas
insister outre mesure, c'était simplement pour comprendre on est
descendu très vite de 49 à 2, 1, 3 mais vous avez un total
de $275 millions. Evidemment le gros morceau de Marine Industrie et de Dominion
Engineering, ça représente quoi?
M. LESSARD: $55 millions.
M. LEVESQUE (Laurier): $55 millions. Alors ces deux gros-là
Churchill Constructors dont le leader est Atlas et dont, par conséquent,
une partie va être sûrement dans le Québec et l'autre sur
les turbines, ça fait à peu près $100 millions sur $275
millions. Les autres, vous ne pouvez pas les situer, je veux dire les gros
morceaux?
M. LESSARD: Les gros morceaux? Un instant, je vais voir s'il y en a
d'autres. Il y a le contrat qui a été accordé à
Acres-Bechtel.
M. LEVESQUE (Laurier): Acres?
M. LESSARD: Acres-Bechtel, des ingénieurs-conseils, $41,500,000
et ça comprend, si je me souviens bien, tout près de 600
employés dans la province de Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Acres-Bechtel qui tous deux ne sont pas
québécois, mais qui ont crée un bureau dans
Québec.
M. LESSARD: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Essentiellement, ce sont quand même deux
bureaux d'ingénieurs non québécois.
M. LESSARD: Non québécois, mais Acres a toujours
été dans la province de Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela on le sait, dans Sydney même, c'est
effrayant ce qu'ils aimaient ça, mais d'un autre côté ils
n'étaient pas québécois.
M. LESSARD: Alors le contrat de Churchill Constructors que je vous ai
mentionné tout à l'heure, est de $49 millions. Il y en a un
deuxième de $11 millions. Cela fait $60 millions pour les deux.
M. LEVESQUE (Laurier): D'accord. En fait, admettons une chose, c'est
qu'il y a une certaine diminution à effectuer dans la
réalité absolue parce que vous ne pouvez pas tout calculer, mais
sur les $275 millions, 75% québécois, c'est parce qu'il est
difficile de...
M. LESSARD: II est difficile, mais nous avons...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous avez $41 millions de Acres-Bechtel. Pour
autant qu'il y ait une rentabilité là-dedans, nettement, elle va
aller ailleurs que dans le Québec. Le bureau est dans Québec,
donc il y a des gens qui travaillent ici.
M. LESSARD: Bien, il y en aun assez grand nombre qui travaillent ici, M.
Lévesque. Si vous aviez une autre façon pour nous d'analyser,
j'aimerais que vous nous le disiez. Nous avons passé plusieurs heures et
c'est Kazano-vich qui a fait l'étude, qui va sur les chantiers et qui
est en mesure de nous aviser qui est responsable des travaux.
M. LEVESQUE (Laurier): Bien, enfin c'était simplement pour qu'on
voie, M. Lessard. Ce n'est pas qu'il y avait des cachettes, mais c'est que j'ai
remarqué je ne suis peut-être pas le seul, après la
séance de 6heures que votre première catégorie qui
se dit québécoise et qui l'est à une sorte de «
rider » qui dit: « dont la majeure partie serait
exécutée par des Québécois ou dans le Québec
». Alors je voulais qu'on ait une idée de l'ampleur exacte, autant
que possible. Je ne vous demande pas les détails. Merci.
M. LESAGE: Lors de l'ajournement à 6 heures, je vous avais
posé une question au sujet des relations de l'Hydro-Québec avec
l'Ontario et le Nouveau-Brunswick en ce qui touche l'électricité
provenant de Churchill Falls. Ma question demeure. Mais comme je dois monter en
Chambre assez rapidement, je vous ai demandé avant la séance, ce
soir, de faire une comparaison entre le coût de construction de
Churchill Falls que nous savons être estimé à $923
millions et le coût de construction du complexe Manicouagan-Outardes au
complet. La production annuelle en kwh dans le cas de Churchill Falls est
environ de 35 milliards et c'est quoi dans le cas de...
M. LESSARD: Dans le cas du complexe Manic-Outardes, c'est autour de 28
milliards...
M. LESAGE: 28 milliards...
M. LESSARD: C'est ça. Et le coût de construction, le
coût global...
M. LESAGE: Le coût de construction au site n'inclut pas le
coût de la ligne de transport.
M. LESSARD: 1.4 milliard.
M. LESAGE: Un milliard. Alors c'est ce qui, évidemment, lorsque
nous ajoutons le coût global de la ligne de transport dans les deux cas,
donne les prix au kwh à Montréal bien inférieurs
vous nous les avez donnés cet après-midi dans le cas de
Churchill Falls que dans le cas du complexe Manicouagan-Outardes.
M. LESSARD: Nécessairement, dans les chiffres que je vous al
donnés, M. Lesage, nous avons une estimation du projet de Mani-couagan
3, qui n'est pas encore commencé, et Outardes 2.
M. LESAGE: C'est clair que dans le cas de Manicouagan-Outardes il y a
une partie qui est de l'estimation et, dans le cas de Churchill Falls, il y a
l'estimation de $923 millions.
M. LESSARD: C'est cela.
M. LESAGE: Maintenant, si vous le voulez bien, retournons aux relations
avec l'Ontario et le Nouveau-Brunswick.
M. LESSARD: Nous avons commencé les discussions avec
l'Hydro-Québec en 1967. L'automne dernier nous avons réussi
à négocier une lettre d'intention qui dépend,
premièrement, de l'approbation par le Parlement du Québec d'un
contrat d'expropriation un acte du Parlement et,
deuxièmement, de la signature du contrat de Churchill. Nous avions
jusqu'au 31 mars; nous avons demandé une prolongation jusqu'au 31 mai de
cette année.
M. LESAGE: Au 31 mai? M. LESSARD: Au 31 mai.
M. LESAGE : Vous êtes aussi bien de nous dire poliment que...
M. LESSARD: Non, ce que nous avons à faire...
M. LESAGE: ... il vaut mieux que nous passions la législation le
plus rapidement possible.
M. LESSARD: Non, tout ce que nous avons à faire, M. Lesage, c'est
de demander une autre prolongation.
M. LESAGE: C'est peut-être plus simple que d'attendre l'action
parlementaire.
M. DOZOIS: Vous permettez, M. Lessard? Vous aviez jusqu'au 31 mai pour
signer le contrat et obtenir la permission de la Législature?
M. LESSARD: Non... pour la signature du contrat de Churchill et, en
même temps, l'approbation par le gouvernement de l'exportation.
M. LESAGE: Oui, vous dites la même chose tous les deux.
M. ALLARD: Nous aurions été prêts à passer la
législation dès que le contrat aurait été
signé.
M. LESAGE: Je n'ai pas vu le bill encore. M. LESSARD: Alors, je pourrais
peut-être...
M. LESAGE: Pour la bonne raison qu'il n'a pas été lu en
première lecture.
M. ALLARD: Vous avez laissé entendre tout à l'heure que
cela pourrait être de la lenteur parlementaire. Ce n'est pas cela du
tout.
M. LESAGE: Vous n'avez pas le sens de l'humour, vous.
M. ALLARD: Non. J'ai le sens de l'humour, mais j'ai aussi le sens des
responsabilités.
M. LESAGE: Le ministre des Richesses naturelles sait fort bien que c'est
de commune renommée, la lenteur parlementaire. Si vous aviez vu le
sourire, quand j'ai parlé de lenteur parlementaire, sur la figure de
tous les grands administrateurs qui sont là-bas.
M. DOZOIS: Cela va toujours plus vite dans l'Opposition.
M. LESSARD: J'aimerais rappeler au comité
qu'une partie importante de l'énergie que nous allons recevoir de
Churchill Falls et que nous devrons nécessairement payer aurait
été en surplus de nos besoins, donc perdue, sans cette entente
avec Hydro-Ontario. Ce qui va nous permettre, si vous voulez,
d'améliorer notre « cash flow ». L'estimation globale de ce
« cash flow », pour autant que l'Hydro-Ontario est concerné,
est d'un minimum de $86 millions et d'un maximum de tout près de $112
millions pour la durée du contrat.
M. LESAGE: $86 à $112 millions.
M. LESSARD: C'est cela. Minimum et maximum, parce qu'il y a trois sortes
d'énergie que nous leur vendons.
M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: Nous vendons de la puissance garantie, de l'énergie
interruptible et de l'énergie excédentaire. Comme vous le savez,
nous avons dans le moment des contrats avec l'Hydro-Ontario qui durent depuis
1930 et quelques. Je pourrais peut-être vous mentionner qu'en 1968 nous
leur avons payé $6,900,000; en 1967, $7,100,000; en
l966,$9,200,000;enl965 $7,200,000 et en 1964,$11,500,000.
M. LESAGE: En définitive, vos échanges avec l'Ontario,
depuis quelques années, en vertu des contrats existants, vous ont
toujours permis d'obtenir un supplément dont vous aviez besoin.
M. LESSARD: C'est ça.
M. LESAGE: D'ailleurs, on constate bien, à la lecture de votre
rapport annuel, que vous avez eu des besoins en électricité.
M. LESSARD: C'est ça. Mais lorsque nous avons des besoins,
malheureusement, ils ne nous passent pas de l'énergie, mais nous
arrêtons de leur en vendre. C'est la seule façon...
M. LESAGE: C'est ainsi que ça se produit dans le cas de
l'Ontario.
M. LESSARD: C'est ça.
M. LEVESQUE (Laurier): Cela veut dire que c'est une
récupération sur les vieux contrats de vente à
l'Ontario.
M. LESSARD: Oui, oui, parce qu'il y a un de ces contrats-là qui
se termine en 1971 et l'autre en 1976.
M. LESAGE: Vous dites que votre contrat avec l'Ontario vous permettra de
disposer d'une partie de l'électricité qui aurait
été en surplus des besoins du Québec sur la période
du contrat.
M. LESSARD: Oui.
M. LESAGE: C'est là que je n'ai pas très bien compris.
M. LESSARD: Le contrat va commencer en 1971 et se terminer en 1976. Pas
le contrat avec Churchill; le contrat avec l'Ontario.
M. LESAGE: Ah bon, excusez-moi! Je vous suis maintenant. C'est un
contrat de cinq ans seulement.
M. LESSARD: Un contrat de cinq ans.
M. LESAGE: C'est-à-dire un contrat que vous signez, mais
qui...
M. LESSARD: Va commencer en 1971.
M. LESAGE: ... vous obligera à livrer de
l'électricité de 1971 à 1976.
M. LESSARD: C'est ça.
M. LESAGE : Et quand vous parle z de la durée du contrat, c'est
de la durée de ce contrat-là et non pas de celui de 65 ans.
M. LESSARD: Ah, non! Je ne parle pas de Churchill.
M. LESAGE: Vous comprenez que je me poserais des questions si cela avait
été l'autre.
M. LESSARD: Alors, la tranche d'énergie permanente que nous
allons vendre à l'Hydro-Ontario, va lui permettre de retarder la
construction de certaines de ses unités.
M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: Et nous espérons qu'éventuellement, avec un
échange très stable entre les deux réseaux, il sera
possible de s'entraider de la même façon. Autrement dit, dans les
années 1980, si nous pouvons nous entendre pour construire une
interconnexion plus ferme et plus solide que dans le moment, il y aurait des
possibilités que les deux plus grands réseaux du Canada puissent
s'entraider; autrement dit, si nous construisons du nucléaire, et que
nous prévoyons six unités, l'Ontario nous dirait: Faites-
en donc trois pour nous, faites-les tout de suite, nous allons les
acheter de vous...
M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: ... et, éventuellement, on diminue et on peut faire
la même chose des deux côtés.
M. LESAGE: D'ailleurs, comme vous le savez, M. Lessard, je pense bien
que cette assurance d'une entente avec l'Ontario, d'un côté, et
avec le Nouveau-Brunswick, de l'autre, a toujours été la
réponse, je pense, la plus puissante du Québec aux propositions
d'établissement d'un « grid » canadien.
M. LESSARD: Cela a toujours été une espérance, mais
là...
M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: ... ça peut se réaliser. . M. LESAGE: Il y a
eu une poussée, il y a quelques années, du gouvernement
fédéral du temps, cela fait plusieurs années de
ça...
M. LESSARD: Oui.
M. LESAGE: C'est entre 1958 et 1963, en 1960 et 1963...
M. LEVESQUE (Laurier): Vous permettez, juste une petite question.
M. LESAGE: ... pour avoir un « Canadian grid ».
C'était dans le temps de votre chef, M. Diefenbaker.
M. ALLARD: Je n'ai jamais été avec M. Diefenbaker. Vous
m'avez accusé d'avoir été du Nouveau Parti, voyons!
Démêlez-vous. J'étais le NPD du Québec.
M. LEVESQUE (Laurier): Dans le langage technique, cela veut dire que, en
fait, cela met en marche, surtout avec l'Ontario, avec le Nouveau-Brunswick
aussi, subsidiairement ce qu'on appelle l'Interconnexion des réseaux
d'une façon plus définitive.
M. LESSARD: Plus définitive.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que ça remplace valablement
vous permettez, M. Lessard, au fond vous allez pouvoir traiter tout cela d'un
coup ou si c'est un pis-aller, ce qui avait déjà
été conçu comme l'interconnexion nord-sud avec l'Etat de
New York, entre autres, vous vous souvenez?
M. LESSARD: Afin d'avoir une bonne interconnexion entre le Québec
et l'Ontario, il faut que ce soit en courant continu. Un « back to back
». C'est une nécessité, parce que sans cela notre
réseau ne sera pas stable.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais, est-ce que ce n'était pas
concevable? Parce que dans le temps où nous discutions de liens plus
étroits et peut-être, éventuellement, d'interconnexion avec
New York vous vous souvenez sûrement des longues
pérégrinations de cette idée-là tout compris
dans l'intérêt de l'Hydro, est-ce que c'est une sorte de pis-aller
de l'avoir avec l'Ontario, par rapport avec ce qui avait été
conçu avec l'Etat de New York, en particulier, ou les Etats de la
Nouvelle-Angleterre?
M. LESSARD: Je crois que ce serait beaucoup plus avantageux que ce soit
avec l'Hydro Ontario qu'avec les Etats américains.
M. LEVESQUE (Laurier): Pourquoi?
M. LESSARD: Parce que, après tout, ce serait plus utile pour le
Canada d'avoir les deux plus grands réseaux qui ont une bonne
interconnexion et qui peuvent s'entraider.
M. LEVESQUE (Laurier): Je veux bien pour le Canada, mais pour le
Québec?
M. LESSARD: Nous faisons encore partie du Canada, M.
Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): Oui strictement... Ecoutez, je veux bien, mais on
changera cela le plus vite possible, mais, en attendant! Si vous parliez comme
Québécois, strictement, si c'est possible d'isoler
l'intérêt québécois. L'Hydro-Québec,
après tout, c'est une institution québécoise. Lequel des
deux? Il ne s'agit pas de blâmer qui que ce soit. On sait à quel
point la question de New York était difficile et finalement cela s'est
effondré sur d'autres facteurs.
Mais lequel des deux, dans l'intérêt permanent du
Québec, techniquement, économiquement, etc. est le plus valable?
C'est simplement...
M. LESSARD: Au point de vue technique, je vais demander à M.
DeGuise ce qui en était des réponses.
M. LESAGE: II y a les exigences des Américains aussi qui,
à mon souvenir, étaient beaucoup plus que cinq ans
d'approvisionnement en électricité; ils exigeaient bien plus que
cinq ans.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est ce que je voulais dire quand j'ai dit les
facteurs à bien des points de vue,...
M. LESAGE: Le sénateur Fayette quand il nous faisait part de ses
projets...
M. DEGUISE: Voici, je pense qu'il faut préciser les genres
d'interconnection. Lorsqu'il était question de clients
américains, nous examinions les possibilités d'une
véritable interconnection où l'électricité pouvait
aller dans les deux sens et immédiatement il y avait un problème
de stabilité, le réseau américain était trop gros
pour le réseau canadien et cela prenait des lignes à courant
continu.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est ce que l'on vient de dire dans le cas de
l'Ontario.
M. DEGUISE: Eventuellement, là je parle des Etats-Unis. Avec
l'Ontario, actuellement, on ne fait que faire l'usage des lignes existantes et
nous aurons des groupes séparés du réseau du Québec
qui seront reliés électriquement au réseau ontarien. Ce
n'est pas une inter connection de deux réseaux, ce sont des
unités dans les centrales qui sont séparées temporairement
du réseau québécois et qui livrent
l'électricité en Ontario.
M. LEVESQUE (Laurier): Autrement dit, vous allez autonomiser des groupes
pour l'Ontario et vice versa...
M. LESSARD: On l'a dans le moment.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est ce que vous faites.
M. DEGUISE: Actuellement, parce qu'autrement il n'y a pas de
stabilité, cela prendrait un lien à courant continu.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais M. Lessard disait tout à l'heure
qu'éventuellement..
M. LESSARD: En 1980.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce à quoi cela peut mener, et ce
qu'implique cette interconnection plus permanente à mesure que les
étapes passent, impliquerait le lien en courant continu en- tre les deux
grands réseaux du Québec et de l'Ontario comme vous avez dit. Je
crois que c'est cela?
M. LESSARD: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, dans la même perspective,
c'est tout ce que je demandais, je ne tiens pas à compliquer la
technique est-ce qu'il ne serait peut-être pas plus avantageux
à long terme d'être en contact avec l'ensemble nord-sud dans la
même perspective?
M. DEGUISE: Là, nous pouvons faire des hypothèses, si vous
voulez, que nous désirons, mais il faut revenir à la situation
que vis-à-vis de l'Hydro-Ontario, pour réaliser l'interconnexion
dont il est question ici, nous n'avons fait aucune dépense, nous ne
faisons que nous servir des lignes actuelles. Maintenant, qu'est-ce qui serait
le mieux?
M. LEVESQUE (Laurier): Cela est pour le contrat de six ans ou de cinq
ans dont nous avons parlé.
M. DEGUISE: Eventuellement, c'est comparer l'économie
américaine à l'économie ontarienne.
M. LEVESQUE (Laurier): Justement, cela ne manque pas
d'Intérêt d'y penser.
M. LESAGE: Au point de vue du prix de vente à l'Ontario, je
suppose que le prix variera suivant qu'il s'agit d'électricité
garantie, d'électricité interruptible et
d'électricité excédentaire. Mais, est-ce que par rapport
au coût de livraison à la frontière ontarienne de
l'électricité venant de Churchill Falls en nous basant sur les
prix de l'électricité de Churchill Falls rendue à
Montréal, est-ce que l'Hydro-Ontario bénéficiera du bas
coût de revient de l'électricité de Churchill Falls?
M. LESSAGE: Pour répondre à votre question, M. Lesage, je
pourrais peut-être vous dire dans le moment quels sont les contrats et
les montants que l'Ontario nous paie pour l'énergie que nous lui
vendons. Dans l'énergie permanente de Beauharnois, c'est 2.55, avec le
nouveau contrat, ils vont nous payer 4.5.
M. LESAGE: 4.5 et vous avez dit, n'est-ce pas, que c'était 3.45
rendue à Montréal.
M. LEVESQUE (Laurier): 4.89. M. LESSARD: 4.7.
M. LESAGE: 4.7 rendue à Montréal. Vous allez la vendre
4.5?
M. LESSARD: J'ai bien dit au début qu'il faut penser que ceci va
nous permettre un « cash flow » dont nous ne pourrions pas
bénéficier si nous n'en vendions pas. Parce que nous sommes
obligés de la payer à mesure que nous la recevons,
l'énergie de Churchill Falls.
M. LESAGE: Est-ce que c'est une raison pour la vendre en bas du prix
coûtant?
M. LESSARD: Permettez-moi de finir avant que vous me reposiez votre
autre question. L'énergie interruptible va se vendre à trois
mills, l'énergie excédentaire à deux mills et elle va nous
coûter seulement un demi-mill. Alors, c'est cela.
M. LESAGE: Un demi-mill, c'est au point de livraison? Elle n'est pas
rendue à Montréal.
M. LESSARD: Oui, nous allons ajouter 1.3.
M. LESAGE: Alors, 1.3 cela fait 1.8, vous le vendez 2.
M. LESSARD: Nous la vendons 2.
M. LESAGE: L'énergie excédentaire vous coûte 1.8
rendue à Montréal, vous la vendez 2 à la frontière
ontarienne.
M. LESSARD: Ce sont les meilleurs prix que nous ayons pu obtenir.
M. LESAGE: Et le Nouveau-Brunswick?
M. LESSARD: La puissance garantie au Nouveau-Brunswick: 4.5; la
puissance interrup-tible: 3.84, et l'énergie hors de pointe: 3
mills.
M. LESAGE: Alors 4.5 encore.
M. LEVESQUE (Laurier): Hors de pointe, est-ce que c'est
l'équivalent d'excédentaire, parce que vous avez changé de
vocabulaire.
M. DEGUISE. Il y a une petite variante dans la disponibilité. Il
faut revenir à la lettre d'intention...
M. LESAGE: C'est un peu plus disponible que l'excédentaire.
M. DEGUISE: C'est cela. Mais je pense que, si nous discutons des prix,
pour ceux qui ont négocié, il fallait regarder la transaction
dans son ensemble. D'après la lettre d'intention, par exemple,
l'Hydro-Québec convient de ne pas produire d'énergie en
brûlant de combustible au moment où nous pouvons lui offrit de
l'interruptible. Il y a toujours le prix du combustible qui demeure un facteur
déterminant. Autrement dit, dans la position de l'Hydro-Ontario,
à un moment donné, elle a un choix: Ou de brûler du
combustible ou d'acheter de l'Hydro-Québec. Alors le prix, pour pouvoir
remplacer le combustible, il fallait nécessairement le situer au niveau
ou à peu près du prix du combustible en Ontario pour le gros bloc
d'interrupti-ble.
M. LESAGE: En bas du coût du thermique, quoi!
M. DEGUISE: Maintenant, dans les chiffres que M. Lessard va donner, la
grosse proportion est de l'interruptible. La grosse proportion de
l'énergie est de l'interruptible.
M. LESAGE: Alors, sur le total de $86 millions à $112 millions en
valeur par année...
M. LESSARD: L'interruptible peut varier...
M. LESAGE: ... quelle est la proportion de l'interruptible, M.
Lessard?
M. LESSARD: Je vous ai donné un minimum de $86 millions et un
maximum de $112 millions.
M. LESAGE: C'est cela, oui.
M. LESSARD: Alors l'interruptible représente $51 millions contre
$63 millions le maximum.
M. LESAGE: Cela change parce que l'interruptible, évidemment,
vous avez intérêt à en vendre le plus possible. Combien
d'excédnetaire?
M. LESSARD: L'excédentaire... M. LESAGE: II est
évalué à quoi?
M. LESSARD: A peu près $13 millions.
M. LESAGE: Cela change... Parce que la proportion de celui qui est vendu
à 4.5 est beaucoup moindre sur l'ensemble du contrat.
M. LESSARD: C'est seulement pour deux ans, à part cela.
M. LESAGE: Oui, mais c'est beaucoup moindre sur l'ensemble du contrat.
Je comprends que 1'Hydro a tout intérêt à vendre de
1'interruptible et de l'excédentaire. Surtout l'excédentaire
parce qu'il est autrement perdu.
M. LESSARD: II y a une proportion, aussi, de l'excédentaire que
nous allons avoir qui nous permettra de remplir le barrage de Manicoua-gan.
M. LESAGE: Ah, bon! c'est intéressant. Maintenant, le
Nouveau-Brunswick, vous m'avez dit que c'est...
M. LESSARD: Je vous ai donné les chiffres... M. LESAGE: Oui, les
chiffres...
M. LESSARD: Cela peut varier d'un minimum de...
M. LESAGE: Est-ce que c'est surtout de l'interruptible là
aussi?
M. LESSARD: C'est plutôt de la puissance garantie pour le
Nouveau-Brunswick.
M. LESAGE: Au Nouveau-Brunswick.
M. LESSARD: Mais les quantités sont beaucoup moindres.
M. LESAGE: Oui.
M. LESSARD: Autrement dit, le minimum total peut être $20 millions
et trois quarts, et le maximum $43 millions. Sur ce, la puissance garantie est
$14 millions sur $16 millions et le maximum $30 millions sur $43 millions.
M. LESAGE: Et la livraison se fait via Chaudière?
M. DEGUISE: Via les lignes de la Matapédia. M. LESAGE: Oui, mais
via Chaudière? M. DEGUISE: Lévis.
M. LESAGE: Votre station ne s'appelle pas Chaudière?
M. DEGUISE: C'est une autre station... M. LESAGE: Une autre?
M. DEGUISE: Oui. La nouvelle station qui prend les lignes de 735
kv...
M. LESAGE: Oui.
M. DEGUISE: Lévis.
M. LESAGE: Elle s'appelle Lévis.
M. DEGUISE: Oui.
M. LESAGE: Je croyais que c'était la station Chaudière qui
prenait vos 735 kv.
M. DEGUISE: Non, Lévis. Un nouveau poste que nous avons.
M. LESAGE: Où est-il situé le nouveau poste
Lévis?
M. DEGUISE: Saint-Jean-Chrysostome.
M. LESAGE: Oui. Je sais où il est alors. Près de la
nouvelle route transcanadienne. Celui que je vois de la route transcanadienne,
quand j'y passe. Je pensais justement que c'était votre poste que vous
appeliez Chaudière, mais j'apprends ce soir que c'est celui que vous
appelez Lévis.
M. LESSARD: II est facile à reconnaître parce que les
unités qui sont exposées sont très grosses.
M. LESAGE: Oui. Il est bien visible.
M. LESSARD: C'est un de nos gros postes, Lévis, et nous avons
aussi à Montréal le poste Boucherville qui est en exploitation
depuis 1965.
M. LESAGE: Le contrat du Nouveau-Brunswick, c'est 5 ans
également, de 1971 à 1976?
M. LESSARD: C'est 1971-1976 ou peut-être au début de 1972
à 1976.
M. LESAGE: L'Ontario elle?
M. DOZOIS: L'Ontario exactement?
M. LESSARD: La même chose.
UNE VOIX: Est-ce 1977 en Ontario? Non?
M. ALLARD: Oui, au 31 mai 1977 pour l'Ontario. Et l'autre c'est au
31octobre 1976.
M. DEGUISE: Oui. Fini au 31 mai 1977.
M. DOZOIS: Avec une possibilité d'extension.
UNE VOIX: II y a une possibilité d'extension, je crois?
M. LESAGE: Une des questions que je voulais poser: Est-ce qu'un
renouvellement est prévu ou une extension possible?
M. LESSARD: Je ne crois pas.
M. LESAGE : Dans le cas de l'Ontario, premièrement.
M. LESSARD: Dans le cas de l'Ontario, je ne crois pas. Non, il n'y a
rien de ferme après ces années-là, il n'y a rien de ferme
de prévu. Il y a une option.
M. LESAGE: II y a une option. Une option qui est donnée aux deux
parties ou...
M. LESSARD: Dans le Nouveau-Brunswick aussi.
M. LESAGE: Pardon, M. Lessard. J'ai dit aux deux parties, option
accordée à l'HydroQuébec et à l'Hydro-Ontario dans
le cas de l'Ontario? Au choix de l'une des deux? Si l'HydroOntario exprime le
désir de prolonger de trois ans aux mêmes conditions,
l'Hydro-Québec doit dire oui et vice versa?
M. LESSARD: Ah, non! nous ne sommes pas obligés de dire oui.
M. LESAGE : C'est ce que je voulais savoir.
M. LESSARD: Tout dépendra de la situation à ce
moment-là.
M. LESAGE : Ce n'est pas une option ferme alors.
M. LESSARD: Non. Ce n'est pas une option ferme.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y en a d'autres qui ont des questions
à poser?
M. LESAGE: Je suppose que quand le bill viendra, les lettres d'intention
seront déposées.
M. ALLARD: Oui, oui.
M. LESAGE: Avec les explications que nous avons déjà, le
ministre des Richesses naturelles aura à répondre à
très peu de questions.
M. ALLARD: D'ailleurs, je prendrai la pré- caution d'avoir les
conseillers de l'Hydro à mes côtés.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Bourassa.
M. BOURASSA: Juste une question, M. Lessard. Vous parliez du rendement
des actions là, c'est 10%, évidemment. Est-ce que Churchill Falls
paie des impôts? Oui? Il y a eu une exemption, mais c'est pour les
émissions faites aux Etats-Unis. Mais quand vous parlez des 10% de
rendement des actions de l'Hydro-Québec, c'est à
l'Hydro-Québec, ça?
M. LESSARD: Oui, à l'Hydro-Québec.
M. BOURASSA: Après les impôts quoi? Après les
impôts qui peuvent être payés au niveau des profits.
M. LESSARD: Exactement.
M. BOURASSA: En cas de conflit, qui est arbitre? J'ai vu une phrase dans
un document qui disait que si Churchill Falls ne remplit pas ses obligations le
« voting trust » va entrer en action là? Qui est arbitre? Ce
sont les tribunaux de Montréal en dernier ressort?
M. LESSARD: Oui.
M. BOURASSA: II y a je suppose des arbitres qui doivent être
formés et, finalement, cela aboutit aux tribunaux quoi?
M. LESSARD: Si vous voulez, je vais permettre à un de nos avocats
qui a participé à toutes les négociations de...
M. BOURASSA: Je sais que c'est dans le contrat, mais juste pour
résumer un peu.
M. GADBOIS: Voici, c'est le fiduciaire qui est l'arbitre.
L'hydro-Québec doit lui fournir la preuve des éléments qui
constituent chaque cas et puis, naturellement, s'il y a un conflit ce sont les
tribunaux du Québec.
UNE VOIX: Du Québec
M. BOURASSA: D'accord. Je n'ai pas d'autres questions pour ce qui a
trait à... Nous pouvons passer à...
M. ALLARD: Quant à ce qui concerne le contrat de
l'Hydro-Québec, je crois que la discussion se termine ici. Maintenant,
on pourrait passer immédiatement au rapport de l'Hy-
dro où M. Bourassa avait quelques questions à poser.
M. BOURASSA: Oui, M. le Président, c'est à la suite d'une
déclaration du président, M. Lessard, sur les difficultés
d'emprunter à long terme. Alors, M. Lessard, je pense que c'était
devant « l'Investment Section of Canadian Life Insurance Association
» où il a fait son discours il y a quelques jours, discours qui,
indépendamment du ton forcément conservateur avec un petit
c qu'a dû prendre un haut fonctionnaire du gouvernement, a de quoi
nous inquiéter beaucoup parce que si nous sommes incapables d'emprunter
$200 millions ou $300 millions au cours des prochaines années, je ne
vois pas comment nous allons pouvoir financer les investissements de l'Hydro
autrement que par des hausses assez brutales des tarifs.
Est-ce que, M. Lessard, vous pourriez élaborer un peu
là-dessus quand vous dites qu'il y a des difficultés très
sérieuses qui s'annoncent au cours des prochaines années sur les
marchés d'emprunt.
M. LESSARD: Je crois que vous êtes en mesure, M. Bourassa, vous en
connaissez autant que moi sur le marché financier actuel...
M. BOURASSA: Mais je n'ai pas à négocier, moi, en
Allemagne ou à New York.
M. LESSARD: Je comprends, mais si la situation actuelle continue et,
jusqu'à présent nous n'avons pas eu trop de difficulté
à financer l'Hydro-Québec sur le marché européen ou
sur le marché américain ou sur le marché canadien, mais si
les choses deviennent pires, si le taux d'intérêt continue
à monter, il n'y a pas de doute qu'a un moment donné
l'Hydro-Québec va être obligée de garantir, à ceux
qui sont prêts à nous prêter de l'argent que nous avons
suffisamment de revenus pour faire face à nos dépenses, y comprix
les taux d'intérêt.
Alors je crois qu'il n'y a absolument aucune autre porte possible pour
faire face à des situations plus graves que nous avons eues depuis deux
ou trois ans, que de majorer les revenus en augmentant les tarifs tout comme
les autres font. C'est impossible pour nous d'agir différemment, par
exemple, de Consolidated Edison qui annonçait ce matin une augmentation
de 12% à 15% de ses tarifs domiciliaires.
M. DOZOIS: Si l'Hydro-Québec est forcée d'augmenter les
tarifs, ce n'est pas dû uniquement aux coûts des emprunts.
M. LESSARD: Non, non.
M. DOZOIS: Ce sont plutôt les coûts d'administration, les
coûts de production qui augmentent...
M. LESSARD: Les salaires, que voulez-vous?
M. DOZOIS: Quand vous signez de nouvelles conventions collectives qui
vous obligent à payer des salaires plus élevés, cela
augmente vos dépenses, ça masque vos dépenses. Si vos
revenus n'augmentent pas dans la même proportion, eh bien... Dans vos
dépenses vous avez évidemment le service de dette de vos
emprunts.
M. LESSARD: C'est ça.
M. BOURASSA: Ce qui m'inquiète particulièrement, c'est le
marché allemand. Combien avez-vous emprunté sur le marché
allemand?
M. LESSARD: Nous avons emprunté $40 millions en Deutschmarks.
M. BOURASSA: Parce qu'après les élections
fédérales allemandes, qui auront lieu au mois de septembre,
plusieurs prévoient qu'il y aura la réévaluation qu'on
reporte actuellement de mois en mois, de trois mois en trois mois, parce qu'on
ne veut pas déplaire aux agriculteurs allemands qui seraient
affectés particulièrement s'il y avait la
réévaluation. Quels seraient les effets? Est-ce que,
d'après vous, le marché est je pose la question à
vous, à M. Giroux ou à tous ceux qui ont négocié ou
qui ont à négocier en Allemagne, et au ministre des Finances
également si, par exemple, la réévaluation avait
lieu au mois d'octobre, est-ce que, d'après vous ça pourrait
affecter sérieusement les possibilités du marché allemand
aux emprunts canadiens et québécois?
M. LESSARD: Comme vous avez suggéré que d'autres experts
financiers puissent y répondre, je demanderai...
M. GIROUX: Voici, sur le marché allemand, je ne vois pas ce que
ça peut changer beaucoup; seulement au point de vue des effets, ils
seront peut-être les mêmes que lorsque le gouvernement canadien a
dévalué le dollar contre la prime américaine. A ce
moment-là, nous avons eu soit une réévaluation du dollar
américain, de 13% ou une dévaluation de 13%, et nous avons
continué à emprunter, nous avons payé les primes.
M. BOURASSA: Là, s'il y a une réévaluation,
les Allemands vont être moins tentés, de régler
leurs problèmes de balances de paiements. Actuellement, ils veulent
prêter le plus possible parce que, quand ils prêtent, ils ont moins
de surplus dans leur balance des paiements, ils ont moins de pression pour la
réévaluation. Mais quand elle sera faite cette
réévaluation-là, ça va affecter...
M. GIROUX: Peut-être seront-ils moins intéressés,
mais la seule chose qu'il y a, c'est qu'il va falloir qu'ils prêtent
à l'étranger de la même façon que les Etats-Unis
sont obligés de prêter pour pouvoir continuer à faire du
commerce.
M. BOURASSA: Je ne sais pas si c'est exactement la même chose, si
on peut comparer le marché allemand avec le marché
américain?
M. GIROUX: Ce qui peut arriver, par exemple, c'est qu'ils seront
peut-être moins ouverts sur des questions obligataires parce que c'est
une nouvelle chose pour l'Allemagne.
M. BOURASSA: Oui, c'est ça.
M. GIROUX: Seulement prenez leur crédit à l'exportation
qui est établi sur 20 ans sur toute la machinerie qu'ils vendaient; en
somme, lequel vont-ils réduire? Je ne le sais pas.
M. BOURASSA: Pour l'économie de l'Allemagne, je pense qu'ils vont
surtout essayer de couper leurs prêts au lieu des exportations. Si
j'étais ministre des Finances ou ministre de l'Economie en Allemagne,
j'essaierais de maintenir le surplus des exportations puisque c'est directement
relié à la prospérité, à la croissance
économique de l'Allemagne, et je me fouterais pas mal des prêts
à long terme à l'étranger, parce que cela a purement un
effet sur la balance des paiements. Je m'inquiète, peut-être ai-je
tort, je ne sais pas ce qu'en pense le ministre des Finances, mais nous
dépendons tellement du marché allemand dans nos emprunts que je
me dis que, s'il fallait que ce marché ferme, où trouverions-nous
nos fonds?
M. LESSARD: Je ne crois pas que nous puissions dire que nous
dépendons tellement, dans le moment...
M. BOURASSA: Combien l'an dernier...
M. LESSARD: Nous dépendons beaucoup plus du marché
américain.
M. BOURASSA: Le marché allemand, que ce soit pour l'Hydro, pour
le gouvernement, pour les municipalités...
M. DOZOIS: Le total de la province à l'Hydro, au cours de
l'année fiscale, $125 millions ou $135 millions...
M. BOURASSA: $135 millions. M. DOZOIS: $135 millions.
M. BOURASSA: Bien, il y a des emprunts en euro-dollars là-dedans.
De plus, il y a la ville de Montréal qui a emprunté. Il y a la
ville de Laval. Il y a eu même des commissions scolaires qui ont
emprunté.
M. DOZOIS: Oui, d'accord.
Je pense qu'évidemment c'est sûr qu'il y avait un risque.
Seulement il faut considérer qu'au moment où nous avons fait ces
emprunts sur le marché allemand, les taux d'intérêt
étaient passablement plus bas que les taux que l'on avait soit sur le
marché canadien, soit sur le marché américain. Alors il
est évident que tout dépendra du montant de
réévaluation. Si c'est 5%...
M. BOURASSA: Il n'y a pas de problème à 5%?
M. DOZOIS: Non, il n'y a pas tellement de problème à 5%.
Si c'est 10%, évidemment, cela fera plus mal. Mais quand la
réévaluation sera faite, je pense que nous pourrons continuer
à emprunter s'il y a des capitaux disponibles sur le marché
allemand parce que là, nous recevrons des nouveaux marks ou des marks
réévalués pour nos emprunts. Et nous rembourserons avec la
même monnaie. Ce qui sera coûteux, ce sera d'avoir reçu des
marks ayant une telle valeur et être obligés de rembourser avec
des marks qui auront moins de valeur.
M. BOURASSA: Le ministre n'a pas une idée des emprunts faits sur
le marché allemand par les organismes du Québec?
M. DOZOIS: Non, non.
M. BOURASSA: Est-ce que $200 millions?...
M. DOZOIS: Je ne crois pas que l'emprunt soit tant que ça. Il y a
eu Montréal qui a emprunté $25 millions, je crois, et puis il y a
eu $10 millions ou $5 millions, je crois, de la Commission des écoles
catholiques...
M. GIROUX: Les $25 millions, cela comprend toutes les
écoles...
M. BOURASSA: Tiens, M. Giroux doit savoir cela, il est toujours en
Allemagne.
M. GIROUX: Je n'y vais jamais.
M. BOURASSA: D'après vous, quel serait le montant approximatif
des emprunts qui ont été faits en Allemagne depuis cinq ans, par
exemple? Moi, j'ai le chiffre de $200 millions...
M. DOZOE: Je pense qu'on peut remonter à 18 mois, maximum...
M. GIROUX: Disons qu'en dehors de la province, de l'Hydro, de la ville
de Montréal, il y a peut-être eu $25 millions.
M. DOZOB: Le gouvernement du Canada a emprunté plus que cela,
évidemment.
M. GIROUX: Le gouvernement canadien...
M. BOURASSA: $62 millions, une fois, je pense.
M. DOZOE: Pas $100 millions, non? Non, c'est en Italie qu'il va
emprunter ce montant-là.
M. BOURASSA: Mais, jusqu'à quel point, est-on couvert par la
réévaluation? Jusqu'à 10%, je pense, vous disiez
tantôt avec les tauxd'intérêt...
M. GIROUX: Avec les taux, c'est à peu près cela.
M. BOURASSA: Par rapport aux taux américain?
M. GIROUX: S'il dépassait 10%, c'est dispendieux.
M. BOURASSA; Oui, il n'y a pas moyen d'avoir plus de précision.
Par exemple, si ce sont $200 millions, cela pourrait coûter
peut-être $15 millions ou $20 millions de plus à la province.
M. GIROUX: A la province. C'est distribué sur une période
de temps. C'est à peu près le même effet lorsqu'on a eu la
dévaluation canadienne contre le dollar américain.
M. BOURASSA: En 1962.
M. GIROUX: On l'a subie, puis...
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a moyen d'avoir des prêts à
long terme? Je sais que Montréal a obtenu 20 ans avec son prêt
à long terme...
M. DOZOIS: L'Hydro aussi...
M. BOURASSA: L'Hydro, combien? Vingt ans?
M. GIROUX: Quinze ans. M. LESSARD: Quinze ans.
M. BOURASSA; La province a eu cinq ans ou sept ans, je pense?
M. DOZOIS: C'est-à-dire que cela a été des emprunts
bancaires que nous avons faits. L'Hydro a fait une émission
d'obligations sur le marché allemand. Les autres étaient des
prêts bancaires.
M. BOURASSA: Mais pour votre prêt bancaire, votre taux
était ajusté à tous les six mois? Je suppose qu'il y a eu
des ajustements à la hausse, à tous les six mois, oui?
M. DOZOB: Oui, c'est-à-dire qu'il y a eu un ajustement, je pense
que cela a été renouvelé à meilleur marché,
après les six premiers mois. Il y avait un ajustement à la hausse
pour les deuxièmes ou les troisièmes six mois.
M. BOURASSA: Quel est le programme d'emprunt de l'Hydro au cours des
cinq prochaines années?
M. LESSARD: M. Lemieux, voulez-vous participez au pronostic?
M. LEMIEUX: En 1969, nous prévoyons des emprunts de $260
millions...
M. BOURASSA: Tiens, c'est pas mal... M. LEMIEUX: En 1970...
M. DOZOB: M. Lemieux, j'aimerais faire une mise au point tout de suite.
C'est pour l'année de calendrier, vous.
M. LEMIEUX: C'est l'année de calendrier, dont une partie a
déjà été effectuée...
M. DOZOB: Je le savais...
M. BOURASSA: Le ministre prévoyait $177 millions...
M. DOZOIS: $200 millions pour notre année fiscale.
M. BOURASSA: D'accord. Evidemment, il y a moyen de jouer sur les dates
comme cela.
M. DOZOIS: Oui, je pense que le député de Mercier aime
cela jouer.
M. BOURASSA: Je veux dire que c'est $260 millions pour l'année de
calendrier et c'est $200 millions pour l'année fiscale. Alors, nous
regardons cela et nous nous posons des questions.
M. GIROUX: Mettez une moyenne de cinq ans.
M. LEMIEUX: En 1970, $270 millions; en 1971, $285 millions; en 1972,
$270 millions, et en 1973, je pense que nous sommes mieux de ne pas en
parler.
M. BOURASSA: Cela comprend le refinancement évidemment.
M. LEMIEUX: Oui d'accord.
M. BOURASSA: Quelle est la part du refinancement dans ces
différentes années-là?
M. LEMIEUX. Il y a deux choses: il y a le rachat d'obligations à
leur échéance et il y a aussi l'achat de nos obligations pour le
fonds d'amortissement.
M. BOURASSA: D'accord.
M. LEMIEUX: Nous ferons le total. En 1969, c'est $67 millions; en 1970,
c'est $106 millions.
M. BOURASSA: Oui, je m'excuse, M. Lemieux, ces obligations qui viennent
à échéance, quel est le taux d'intérêt?
M. LEMIEUX: En moyenne 3.5%.
M. BOURASSA: 3.5% qui sera remplacé par du 8% et du 9%, c'est
cela...
M. LEMIEUX: J'espère que ce ne sera pas 9%.
M. BOURASSA: Non, mais c'est un aspect... M. DOZOIS: Ce sera neuf.
M. BOURASSA: Ce sera neuf avec qui? M. DOZOIS: Ce sera un taux neuf.
M. BOURASSA: D'accord, je pensais que vous vouliez dire: Ce sera 9% avec
nous. Alors, c'est 3.5% qui vient à échéance en 1969.
M. LEMIEUX: Préférez-vous que Je vous donne les
échéances d'abord et les...
M. BOURASSA: Je ne veux pas faire un contre-interrogatoire trop
serré, mais c'est parce que je veux essayer de mettre en relief que les
coûts d'intérêt affectent non seulement les nouveaux
emprunts mais le refinancement. S'il y a des échéances qui
arrivent à terme à des taux de 2.5% et à 3% et que nous
sommes obligés de remplacer cela par 8.% ou 8.5%, cela augmente encore
l'impact de la hausse des coûts d'intérêt.
Alors, pour continuer, $67 millions en 1969 à 3.5% pour la
plupart.
M. LEMIEUX: En 1970, c'est $106 millions; en 1971, $79 millions; en
1972, $73 millions, et en 1973, $140 millions.
M. BOURASSA: Oui, parce que là les emprunts à moyen terme
vont commencer à faire sentir leur poids.
M. LEMIEUX: En 1970, c'est surtout $40 millions pour Gatineau et $20
millions pour Shawinigan. En 1973, c'est surtout $50 millions d'obligations
données pour acheter des actions privilégiées des
filiales. En 1963, nous avons payé cela avec des obligations de dix
ans.
M. BOURASSA: D'accord. M. Lemieux, dans le refinancement que vous avez
fait en 1968...
M. LEMIEUX: Tout à l'heure, je n'ai pas mentionné qu'en
1973, devant ces échéances, nos emprunts seront de $345
millions.
M. BOURASSA: $345 millions. M.LEMIEUX: Oui.
M. BOURASSA: M. Fullerton qui dit que le marché des obligations
tire à sa fin, j'aimerais avoir sa réaction devant des emprunts
si considérables.
M. LEMIEUX: Ceci ne tient pas du tout compte d'une revision possible de
tarif.
M. BOURASSA: Oui, c'est-à-dire que, s'il y a une hausse de tarif,
cela peut diminuer les emprunts. Cela va faire des moyennes hausses avec des
emprunts comme ceux-là.
Pour 1968, M. Lemieux, combien de refinancements avez-vous faits?
M. LEMIEUX: $12 millions, excusez $27 millions de rachat et $31 millions
de fonds d'amortissement.
M. BOURASSA: Sur le marché canadien.
M. LEMIEUX: Ah! excusez, vous avez demandé les rachats et les
échéances.
M. BOURASSA: Pour 1968, le refinancement que vous avez fait, est-ce que
vous avez fait du refinancement sur le marché canadien.
M. LEMIEUX: Nous ne l'identifions pas comme un refinancement, nous le
considérons comme...
M. BOURASSA: Un nouvel emprunt, oui d'accord.
M. LEMIEUX: ... nouvel emprunt...
M.BOURASSA: Oui.
M. LEMIEUX: ... de $177 millions.
M. BOURASSA: Oui, c'est parce que ce que j'aimerais savoir, je pense que
c'est assez difficile. On volt par les chiffres globaux, une extrême
réticence du marché canadien aux nouvelles émissions de
l'Hydro-Québec.
M. LEMIEUX: Pas seulement de l'Hydro.
M. BOURASSA: Non, non...
M. LEMIEUX: De toutes obligations.
M. BOURASSA: J'aurais dû dire d'abord du gouvernement
québécois et ensuite de l'Hydro-Québec.
M. LESSARD: De toutes obligations.
M. LEMIEUX: De toutes obligations, des obligations de l'Ontario, du
Canada et de partout. Les compagnies d'assurance, ce sont des vendeurs
nets...
M.BOURASSA: Non, Je...
M. LEMIEUX: ... d'obligations, ils ne sont plus des acheteurs.
M. BOURASSA: Non, d'accord, mais si on regarde le portrait financier
qu'a donné le ministre des Finances, on s'aperçoit que la
contribution nette du marché canadien aux émissions de la
province est pratiquement nulle ou négative.
M. DOZOIS: Sur quoi vous basez-vous?
M. BOURASSA: Je veux dire si on prend les chiffres 260 et qu'on
enlève 142 de la caisse de dépôt, il reste 118.
M. DOZOIS: Oui.
M. BOURASSA: Et il y a eu 123, d'après les chiffres que vous avez
donnés. Evidemment, ça peut se subdiviser, mais d'après
les chiffres que vous avez donnés, vous en avez 123 contre 118.
M. DOZOIS: Quoi, 123 contre 118?
M. BOURASSA: Je veux dire que le marché canadien a absorbé
pour $260 millions d'obligations du gouvernement québécois et de
l'Hydro-Québec en 68/69. Là dessus, la caisse de
dépôt en a absorbé $142 millions.
M. DOZOIS: Cela ne veut pas dire que les $123 millions... Il faudrait
que je le vérifie. Cela ne veut pas dire qu'ils sont allés
entièrement au Canada.
M. BOURASSA: Non, j'ai dit qu'il pouvait y avoir des montants assez
minimes pour les remboursements à l'étranger.
M. DOZOIS. Il y a eu $50 millions ou $60 millions de bons
d'épargne. Ce n'est pas la même source.
M. BOURASSA: Non, mais il reste...
M. DOZOIS: Cela ne vient pas du même marché.
M. BOURASSA: Mais la contribution nette, d'après les chiffres qui
nous ont été soumis était pratiquement nulle. Vous dites
que les compagnies d'assurance...
M.LEMIEUX: D'accord.
M. BOURASSA: Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose?
M. LEMIEUX: Non, non.
M. BOURASSA: Vous dites que les compagnies d'assurance ne sont plus des
acheteurs nets.
M.LEMIEUX: D'accord.
M. BOURASSA: Est-ce que les caisses populaires ont une attitude
semblable? Je pose aussi la question.
M. LEMIEUX: Non, je crois que les caisses ont été des
acheteurs assez importants.
M. BOURASSA: En 1968.
M. LEMIEUX: En 1968 et encore aujourd'hui.
M. BOURASSA: Oui. C'est-à-dire que les caisses populaires se
trouvent à relayer un peu la réticence plus grande des compagnies
d'assurance. Est-ce que je fais une affirmation qui est loin de la
vérité?
M. LEMIEUX: C'est vrai, mais leur pouvoir d'achat est plus mince.
M. BOURASSA: Plus mince, oui. Mais, en proportion, elles adoptent une
attitude différente des compagnies d'assurance?
Alors, M. Lemieux, vous nous avez donné des chiffres qui sont
quand même importants et vous nous avez laissé entendre que
ça peut signifier des hausses de tarif. Les chiffres sont si importants,
je pense, que lorsqu'on connaît les difficultés des marchés
financiers, 260,270, 285, 345, cela peut vouloir dire des hausses de tarif
presque dramatiques.
M. LEMIEUX: Je ne crois pas. M.BOURASSA: Pourquoi?
M. LEMIEUX: Vous prenez en 1972, nous parlons d'emprunts de $270
millions et on peut certainement effectuer une proportion importante de ces
emprunts, mais les revenus bruts, cette année-là, sont de $535
millions.
M. BOURASSA: Quelle année ça. M. LEMIEUX: En 1972.
M. BOURASSA: Vous prévoyez des revenus bruts...
M. LEMIEUX: Les revenus bruts, nous les prévoyons de l'ordre de
$535 millions. Alors, disons une hausse de 10%, du fait que c'est facile
à calculer.
M. BOURASSA: Oui.
M. LEMIEUX: Cela nous fait $53 millions, cela réduit nos emprunts
à $217 millions.
M. BOURASSA: Oui, mais c'est quand même une somme... Vous avez
emprunté $177...
M. DOZOIS: M. Lemieux, est-ce qu'on pourrait ne pas regarder seulement
ce qui nous attend dans l'avenir, mais regarder l'expérience
passée.
Est-ce que, depuis plusieurs années, on n'a pas réussi
quand même à emprunter $200 millions, $250 millions et même
des années, $300 millions?
M. LEMIEUX: Oui.
M. DOZOIS: Dans les marchés qui étaient
considérés, à ce moment-là, de mauvais
marchés comme on les considère mauvais en ce moment.
M. LEMIEUX: D'accord.
M. BOURASSA: Oui, mais là, c'est encore pire.
M. DOZOIS: Oui, c'est encore pire. Seulement, je me rappelle, il y a
deux ans, c'était fantastique! On trouvait que c'était un
marché épouvantable, comme il ne s'en était jamais vu.
Il s'est encore avili. On est encore porté à dire que le
marché est terrible et c'est vrai qu'il est terrible. Mais, rien
n'empêche que l'Hydro-Québec et le gouvernement du Québec
ont réussi, quand même, à emprunter des montants
respectables. Souvent, nous étions obligés de subir les critiques
de l'Opposition, qui trouvait que nous n'empruntions pas assez! On nous
demandait d'emprunter d'avantage.
M. BOURASSA: Mais là n'est pas la question.
M. DOZOIS: M. Lemieux, donnez-nous ce qui a été
emprunté au cours des cinq dernières années par
l'Hydro-Québec. Vous avez augmenté les taux une seule fois en
vingt ans.
M. LEMIEUX: Oui, M. Dozols.
M. DOZOIS: Je pense que c'est une perfomance qui vaut la peine...
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre des Finances
défend...
M. DOZOIS: Je ne défends rien, mais je pense que cela ne sert
à rien de faire des images qui font les titres des journaux et qui
créent du pessimisme inutile.
M. BOURASSA: M. le Président, on m'accuse encore d'être
pessimiste. Quand ce n'est pas le ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est
le ministre des Finances, c'est le ministre des Richesses naturelles...
M. DOZOIS: C'est vrai que vous l'êtes.
M. BOURASSA: Je pose des questions. Le marché est plus difficile
qu'il y cinq ans et les emprunts sont plus importants.
M. ALLARD: Vous tirez des conclusions qui sont pessimistes.
M. BOURASSA: D'accord, je vais prouver mon point. Si le ministre des
Finances m'accuse... J'aurais pu faire de la démagogie très
facilement dans ma réplique au discours du budget. Que le ministre des
Finances se souvienne de ses paroles en 1966 avec une situation
financière autrement plus saine.
M. DOZOIS: Le député de Mercier regarde mon verre et il
dit: II est à moitié vide. Moi je dis: II est à
moitié plein.
M. BOURASSA: C'est normal que nous ayons une optique différente,
mais il reste quand même que les chiffres parlent par eux-mêmes.
Combien avez-vous emprunté? Pour le prouver, nous allons poser des
questions. Combien avez-vous emprunté depuis cinq ans?
M. LEMIEUX: En 1964, $310 millions; en 1965, $125 millions; en 1966,
$250 millions; en 1967, $264 millions.
M. BOURASSA: Prenons cinq ans, partons de $125 millions.
M. LEMIEUX: Pour 1968, $176 millions.
M. BOURASSA: Prenons les cinq dernières années, alors
$125, 250, 264, 176 millions, cela fait combien?
M. LEMIEUX: Un milliard 126 millions.
M. BOURASSA: Un milliard 126 millions. Alors, les cinq prochaines
années... Ce sont les cinq dernières années. Je prends
l'argument du ministre des Finances qui veut voir la performance des cinq
dernières années. Les cinq prochaines, quel est le total?
Combien? C'est environ un milliard cinq cents millions? C 'est-à-dire
$260, 270, 285... combien?
UNE VOIX: Un milliard 430 millions.
M. BOURASSA: Un milliard 430 millions, d'accord? Je crois à
l'argument du ministre des Finances. Il dit: Nous allons regarder la
performance des cinq dernières années: environ un milliard 85
millions. Là, il faut emprunter avec une situation qui est plus
difficile, avec le marché canadien qui contribue, qui a fait une
contribution nette pratiquement nulle, avec des marchés internationaux
qui peuvent se fermer ou qui sont dans une situation monétaire
extrêmement volatile, il faut emprunter un milliard et demi. Le ministre
des Finances trouve que je suis pessimiste. $500 millions de plus que les cinq
dernières années avec des marchés, à mon sens, plus
difficiles.
M. DOZOIS: N'exagérez pas quand même. Cela ferait un
milliard 125 millions et un milliard 430 millions. Alors cela fait $305
millions de plus.
M. BOURASSA: Bon, d'accord, je veux dire que c'est quand même une
somme...
M. DOZOIS. Il faut considérer aussi que le dollar n'a plus la
même valeur. M. le Président, le député de Mercier
est très pessimiste.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que les gens vont pouvoir
juger par eux-mêmes. Le marché canadien contribue d'une
façon nette pratiquement rien. Le marché allemand est soumis
à des changements monétaires très brusques, le
marché américain .. si le ministre peut me laisser
terminer, juste une seconde.
M. DOZOIS: Pas plus que nous, le marché peut s'améliorer
aussi.
M. BOURASSA. Il peut s'améliorer, est-ce que le ministre a lu les
taux?
M. DOZOIS: Ce serait le plus grand désespoir du
député de Mercier...
M. BOURASSA: M. le Président, je souhaite qu'il
s'améliore, parce que je ne veux pas que nous prenions une situation
financière... si nous prenons le pouvoir à l'automne. Je risque
d'être en face de taxes considérables.
M. DOZOIS: La farce de l'année!
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre des Finances dit que le
marché peut s'améliorer. Comment peut-il dire cela quand les
derniers chiffres qui ont été soumis sur le taux de l'inflation
aux Etats-Unis... Je pense qu'ils n'ont jamais eu un taux d'inflation...
M. DOZOIS: M. le Président, il ne faut pas me faire dire des
choses que je n'ai jamais dites.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que vous avez dit?
M. DOZOIS: J'ai dit qu'il pouvait s'améliorer, ce n'est pas une
affirmation.
M. BOURASSA: Je trouve que le ministre fait un voeu pieux, comme
d'habitude.
UNE VOIX: Ce sont des hypothèses.
M. BOURASSA: M. le Président, non, ce n'est pas une
hypothèse. On a un taux d'inflation aux Etats-Unis actuellement sur une
base annuelle comme on n'en a jamais connu. Je pense que les dernières
hausses de prix..., cela veut dire quoi? Si l'inflation augmente, au Canada
c'est la même chose. Le taux est de 16%.
Ce n'est pas pour rien que M. Fullerton dit que le marché des
obligations tire à sa fin.
M. DOZOIS: Cela, monsieur, c'est lapoliti-que du si.
M. BOURASSA: Ce n'est pas la politique du si, ce sont des chiffres
officiels.
M. DOZOIS: Avec un grand S!
M. BOURASSA: M. le Président, nous constatons les choses
suivantes: c'est que nous avons des emprunts considérables: $1.5
milliard. C'est important cela, $1,430,000,000. Par ailleurs, nous avons un
marché qui se détériore et qui donne l'impression qu'il
continuera âsedé-tériorer parce qu'il semble que les
autorités publiques ne peuvent contrôler l'inflation.
M. DOZOIS: Est-ce que je dois conclure que le député de
Mercier nous recommande d'emprunter moins, de diminuer les emprunts?
M. BOURASSA: Ce que ja fais ici ce soir, en présence de gens qui
ont à emprunter continuellement et surtout les gens de
l'HydroQuébec, je veux savoir l'impact pour les contribuables, par
exemple, au niveau des tarifs. Alors, je me pose de très
sérieuses questions.
M. DOZOIS: Pour empêcher l'augmentation des tarifs, vous
recommanderiez que nous empruntions moins?
M. BOURASSA: Pas du tout. Réduisez le gaspillage.
M. DOZOIS: Pardon?
M. BOURASSA: Réduisez le gaspillage. On peut tomber
là-dessus...
M. ALLARD: A l'Hydro?
M. BOURASSA: Dans le gouvernement, quand même.
M. ALLARD: Nous parlons de l'Hydro.
M. DOZOIS: M. le Président, je pense que nous pourrions discuter
cela à un autre endroit.
M. BOURASSA: Non. Le gaspillage du gouvernement, c'est à un autre
endroit.
M. DOZOIS: Oui.
M. BOURASSA: J'ai donné des solutions au ministre des
Finances...
M. LEMIEUX: M. Bourassa? M. BOURASSA: Oui?
M. LEMIEUX: Vu que vous m'avez demandé d'abord mon opinion sur
ces problèmes, j'aimerais signaler plusieurs choses concernant les
prévisions comme celles-ci. D'ailleurs, il est facile de préparer
des prévisions pour un an ou deux, les prévisions de quatre ou
cinq ans sont beaucoup moins précises.
Nous avons choisi les conditions les plus pessimistes au point de vue de
revenus et dépenses. Nous avons prévu un taux
d'intérêt qui continuera toujours à 8%, c'est possible que
cela se détériore, mais il y a aussi des possibilités pour
qu'il y ait une toute petite amélioration vu que les gouvernements
américain et cana-
dien cherchent à restreindre l'Inflation, surtout aux
Etats-Unis.
M. BOURASSA: Avec plus ou moins de succès jusqu'à
maintenant!
M. LEMIEUX: Oui, mais au moins ils y songent ...
M. DOZOIS: Cela iui ferait donc de la peine qu'ils aient du
succès!
M. BOURASSA: M. le Président, je donne des conclusions. Les
conclusions, c'est que tantôt ils vont retourner aux financiers!
M. LEMIEUX: Aussi, les emprunts que nous avons effectués aux
Etats-Unis ont été assez restreints. Nous avons été
très raisonnables jusqu'à maintenant concernant les
montants...
M. BOURASSA: C'est peut-être un peu forcé!
M. LEMIEUX: Non, je crois que nous pouvons aller chercher davantage
à New York. Je crois aussi que les marchés européens
commencent à s'ouvrir, ils sont devenus des marchés mondiaux,
pour de bonnes raisons.
D'ailleurs, cela a commencé lorsque les Etats-Unis ont
imposé leur taxe « Investment Equalization ». C'était
le début des emprunts en Europe par des Américains et d'autres
agences gouvernementales, malgré, disons, le problème de la
balance des paiements en Allemagne. La semaine passée, nous avons
discuté avec trois banquiers allemands qui prétendent que, s'il y
a une réévaluation, il y aura moins d'expansion en Allemagne,
mais les montants disponibles, les montants à investir... Et ils sont
obligés d'investir une bonne proportion dans des obligations qui portent
une garantie gouvernementale...
M. BOURASSA: M. Lemieux, je m'excuse de vous interrompre. J'ai dit
tantôt que je considérais que si l'Allemagne devait faire des
restrictions à la suite d'une réévaluation, ce ne seront
pas les exportations, à mon sens, s'ils sont logiques avec
eux-mêmes, qui en souffriront, parce que c'est relié à la
prospérité économique. Ce sont plutôt les
prêts à l'extérieur.
M. LEMIEUX: C'est justement dans le but de restreindre leurs
exportations qu'ils cherchent à faire cette
réévaluation.
M. BOURASSA: Actuellement. S'ils ont le choix, si vous prenez la balance
des paiements, vous avez le compte courant et le compte capital, s'ils ont le
choix entre réduire le surplus au compte courant et le surplus au compte
capital, je pense que, s'ils veulent être réélus, comme
tout le monde, ils ne sont pas pour réduire le surplus au compte courant
parce que cela a un impact direct sur le chômage, alors que le surplus au
compte capital, ce sont des prêts ou des emprunts à
l'extérieur.
M. LEMIEUX: Je crois, au contraire, que ce sont justement les
exportations qu'ils doivent restreindre pour donner aux autres pays la chance
d'augmenter leurs exportations.
M. BOURASSA: Ah, non! M. Lemieux, vous êtes un peu...
M. LEMIEUX: C'est le but.
M. BOURASSA: Les autres pays, ils vont y penser après leur
pays.
M. LEMIEUX: Le but d'une réévaluation...
M. BOURASSA: Ils vont penser à l'Allemagne d'abord.
M. LEMIEUX: Le but d'une réévaluation n'est pas de
restreindre les exportations de capitaux, mais de restreindre les exportations
de marchandises.
M. BOURASSA: C'est-à-dire que l'Allemagne a un surplus, au compte
courant, de 2 milliards d'exportations...
M. LEMIEUX: Oui, c'est ça qu'ils veulent réduire.
M. BOURASSA: ... sur les importations. Et c'est ce surplus qui,
ajouté aux entrées de fonds, le « hot money », cause
un surplus tel qu'il y a une pression pour la réévaluation. Quand
cette réévaluation va être faite, je dis que les
incitations des Allemands à prêter vont être moins grandes
ou du moins le gouvernement va les encourager moins à prêter parce
que le problème va être partiellement réglé. Je ne
dis pas que ça va cesser du jour au lendemain. Mais je dis
qu'après les élections fédérales allemandes, il est
possible, il est peut-être même probable que le marché
allemand, c'est mon opinion...
M. ALLARD: II ne faudrait pas régler tous les problèmes de
l'Allemagne ce soir.
M. BOURASSA: Non, non.
M. ALLARD: II faudrait tout de même qu'ils soient
consultés.
M. BOURASSA: C'est parce que là le gouvernement du Québec
est à la merci de l'Allemagne.
DES VOIX: Oh!
M. BOURASSA: Bien disons que je badine un peu! Le ministre des Finances
n'est pas capable de prendre une taquinerie. Quand même! Disons que le
gouvernement du Québec actuellement a emprunté $135 millions en
Allemagne au cours de 1968-1969?
M. DOZOIS: Les deux, oui.
M. BOURASSA: Bon, alors quand même, c'est une somme
importante.
M. DOZOIS: Dérisoire.
M. BOURASSA: Alors ce que je dis, c'est qu'il est probable que le
marché allemand, qui est quand même extrêmement utile pour
nos emprunts actuellement, soit moins accueillant après la
réévaluation qu'il ne l'est actuellement. Vous êtes
d'accord avec ça?
M. LEMIEUX: Oui.
M. BOURASSA: Alors, cela veut dire qu'il y a $1,430,000,000 soit $300
millions de plus qu'il faut emprunter au cours des trois prochaines
années avec des marchés plus difficiles.
UNE VOIX: Pas trois ans. Sur cinq ans.
M. BOURASSA: Et là, j'en arrive aux hausses de tarifs qui peuvent
découler de ça. Vous disiez tantôt qu'une hausse de 10% en
1972 vous donnerait $50 millions. Ce n'est quand même pas énorme,
sur $1,430,000,000.
M. DOZOIS: Vous voyez les intentions du parti libéral, ils
veulent absolument augmenter les tarifs de l'Hydro. Alors l'Union
nationale...
M. BOURASSA: Ah, M. le Président!
M. DOZOIS: ... va être réélue, et nous ne les
augmenterons pas.
M. BOURASSA: Le ministre des Finances raisonne un peu comme ceux qui
dirigeaient de 1950 à 1960. Je pense que la population a le droit de
savoir ce qui l'attend, et c'est notre rôle de l'informer et de poser des
questions. Je pense que dans ma réplique...
M. DOZOIS: Je pense, M. le Président, que nous avons
l'expérience passée. Dans vingt ans, il y a eu une augmentation
de tarif faite par l'Hydro. L'Hydro a encore les tarifs à peu
près les plus bas en Amérique. M. Lessard?
M. LESSARD: Oui.
M. DOZOIS: Peut-être même...
M. LESSARD: Un des plus...
M. DOZOIS: ... Comparativement, avec n'importe quelle autre partie du
monde?
M. LESSARD: Nous sommes plus bas qu'aux Etats-Unis.
M. DOZOIS: Je ne dis pas que c'est une raison, parce que nous avons des
bas tarifs de ne plus les augmenter.
M. BOURASSA: Ah, j'aurais pu conclure ça si je parlais comme
vous.
M. DOZOIS: C'est pour ça que je prends cette précaution
parce que le député de Mercier, on le connaît, il se serait
embarqué là-dedans là, et puis il aurait tiré des
conclusions qui n'effleurent même pas notre esprit.
Alors, j'ai confiance, M. le Président, que le
développement économique de la province, car il ne faut pas
oublier une chose...
M. BOURASSA: Ah! Des beaux lieux communs!
M. DOZOIS: ... la province augmente en population...
M. BOURASSA: Et le chômage aussi, oui.
M. DOZOIS: Oui. Sûrement, nous payons les pots cassés du
régime libéral encore, par son inaction, son manque de
prévision. Pendant six ans, on a eu un régime qui n'a rien
consacré au développement économique, n'est-ce pas? Tous
les ministères à vocation économique n'ont pas eu 10%
d'augmentation dans six ans, alors que nous, nous avons doublé en deux
ans.
Il est évident que nous payons pour l'imprévoyance d'un
régime d'immobilisme que nous avons eu, dont nous avons
été gratifiés pendant six ans et nous sommes en
train...
M. BOURASSA: Tout le monde rit là, vous voyez!
M. DOZOIS: ... de faire de la rénovation...
M. BOURASSA: Tout le monde rit. Ils ne vous prennent pas au
sérieux, ils ne sont pas capables!
M. DOZOIS: Sûrement, sûrement! Pour une fois, il faut que ce
soit dit ces choses-là.
M. BOURASSA: Bien oui, mais vous faites rigoler tout le monde.
M. DOZOIS: Etes-vous capable de démentir, M. le
député de Mercier, que dans six ans...
M. BOURASSA: Vous faites rigoler tout le monde!
M. DOZOIS: ... vous avez augmenté les crédits de quatre
ministères:Richesses naturelles, Industrie et Commerce, Tourisme, Chasse
et Pêche et...
M. BOURASSA: Je peux dire au ministre qu'en 1966 on a créé
105,000 nouveaux emplois, et en 1968 il y en a 3,000.
M. DOZOIS: Oui.
M. BOURASSA: Bon, pour moi, c'est ce qui compte!
M. DOZOIS: Vous avez marché sur l'erre d'aller...
M. BOURASSA: L'erre d'aller de 1955?
M. DOZOIS: Sur l'erre d'aller et sur l'Expo! Vous n'avez rien fait.
M. BOURASSA: Mais en 1965, c'était la même chose.
M. DOZOIS: Vous avez dépensé, évidemment, de
l'argent pour faire des immobilisations du gouvernement.
En tout cas, Je pense que ce n'est pas l'endroit à ce
comité pour vider ces questions, mais j'estime que l'Hydro-Québec
est un organisme bien administré. Je pense qu'on doit féliciter
les administrateurs qui ont été...
M. BOURASSA: Ce n'est pas ça qui est en question.
M. DOZOIS: ... en place tant sous l'ancien gouvernement que durant trois
ans que nous avons la direction des affaires du Québec.
J'ai confiance que le programme d'emprunt qu'ils se sont tracé,
ils pourront l'effectuer et pourront conserver les taux les plus bas que l'on
peut avoir en Amérique et même au monde.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne suis pas pour reprendre le
débat sur le développement économique parce que j'ai vu
que tout le monde a apprécié ça d'une façon qui me
semblait convenable, c'est-à-dire que le ministre n'a pas
été pris au sérieux, mais je pense qu'il s'agit de dire...
il voit les résultats du chômage, on l'a pris...
M. DOZOIS: Ces gens-là...
M. BOURASSA: On a pris le chômage à 10%. J'ai laissé
parler le ministre, il peut bien me laisser deux minutes.
M. DOZOIS. Il constate que le parti que représente le
député de Mercier se fait dire des vérités.
M. BOURASSA: Nous avons pris le chômage à 10% et nous
l'avons baissé à 4.7%. Vous vous l'avez remonté à
8.2%.
M. DOZOIS: C'est faux.
M. BOURASSA: Alors donnez les chiffres si c'est faux.
M. DOZOIS: Oui,nous vous les donnerons en Chambre. D'ailleurs le
ministre de l'Industrie et du Commerce vous les a donnés.
M. BOURASSA: Lesquels? Est-ce que le ministre peut dire qu'en
1966...
M. DOZOIS: Nous n'avons pas de dossier, c'est pour ça que nous
pouvons dire que c'est faux de discuter de questions comme ça.
M. BOURASSA: Le chômage, nous l'avons pris à 9.2% et
ça s'est terminé à 4.7%.
M. DOZOIS: A prouver, M. le Président, que...
M. BOURASSA: A prouver que nous avions raison et qu'on l'a baissé
de la moitié.
M. DOZOIS: ... depuis 1964, 1965.».
M. BOURASSA: Nous l'avons baissé de la moitié. Je
défie le ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Al'ordre!
M. BOURASSA: J'ai le droit de répondre au ministre. Je
défie le ministre de contredire ce que je viens de dire. Nous avons pris
le chômage à 9.2% et nous avons terminé à 4.7%, la
courbe décroît continuellement durant les six années.
M. DOZOIS: C'est faux...
M. BOURASSA: Je défie le ministre de me contredire. M. le
Président, nous ne sommes pas pour prendre le débat sur le
développement économique, même si c'est le ministre qui a
commencé. On a donné des outils au gouvernement
québécois je n'ai pas le besoin de les nommer dont
la caisse de dépôt qui sert drôlement le gouvernement actuel
et je pense que là-dessus nous avons des réalisations qui
allaient tout à fait dans le sens des priorités au
Québec.
Je veux simplement pour revenir à la question de
l'Hydro-Québec comme il semble d'après les chiffres qui
nous sont soumis $300 millions de plus d'emprunts au cours des cinq
prochaines années, le marché financier est plus difficile, comme
M. Lessard l'a dit lui-même qu'il est très probable qu'il y
ait une hausse de tarifs. Je demande à M. Lessard, lorsqu'il haussera
les tarifs, et j'espère que ce sera aussi peu que possible, s'il a
l'intention de faire une discrimination entre le secteur industriel et le
secteur particulier?
M. LESSARD: Tout d'abord, M.Bourassa, je peux vous dire que des
études n'ont pas encore été entamées pour
déterminer l'augmentation des tarifs qui devra probablement arriver
à la fin de 1970, peut-être au début de 1971, je ne sais
pas, mais les tarifs n'ont pas été faits.
M. BOURASSA: Mais la consommation industrielle, je crois que c'est 70%
du total?
M. LESSARD: Ah, non! ce n'est pas aussi élevé que
ça.
M. BOURASSA. Il me semble que j'avais lu ce chiffre-là dans un
rapport annuel.
M.LESSARD: La grande industrie nous donne à peu près $100
millions de revenus sur $400 millions, soit 25%.
M. BOURASSA: L'industrie, c'est la grande industrie?
M. LESSARD: Ceux qui consomment plus de 3,000 kilowatts, des contrats
que nous avons avec la grande industrie.
M. BOURASSA. Il peut y avoir d'autres industries.
M. LESSARD: II peut y avoir de petites industries, mais la grande
industrie nous fournit $100 millions de revenus par année. Ces tarifs
ont été augmentés et sont augmentés graduellement
à mesure que les contrats sont renouvelés.
M. BOURASSA: Alors il y a déjà dans les faits une
discrimination.
M. LESSARD: Une discrimination dans ce sens-ci: c'est que le tarif pour
la grande industrie n'augmente pas en même temps que le tarif
domiciliaire.
M. BOURASSA: Quand vous parlez d'une hausse de tarifs, c'est pour le
secteur domiciliaire?
M. LESSARD: Partout. Quand nous avons un contrat de cinq ans, il est
clair que nous ne pouvons augmenter le tarif avant que le contrat soit
renégociable au bout de cinq ans. Lorsqu'il est renégociable,
à ce moment-là nous essayons de l'augmenter.
M. BOURASSA: Est-ce que dans les projets que vous avez et je vous
pose la question vous envisagez peut-être de faire subir une
hausse plus grande par le secteur industriel que par le secteur
domiciliaire?
M. LESSARD: Dans le moment nous n'avons pas de projet
déterminé, comme je vous l'ai dit tout à l'heure.
M. BOURASSA: Mais est-ce que l'idée vous paraît acceptable
à considérer?
M. LESSARD: Je ne suis pas en mesure de vous répondre.
M. BOURASSA: Qu'y a-t-il de hors d'ordre là-dedans, c'est un
moyen de...
M. ALLARD: ... avec ça des si, puis des si, puis des si... des
hypothèses.
M. BOURASSA: Ce n'est pas une hypothèse. Le président dit
qu'il y avait un autre...
M. ALLARD: Il s'agit actuellement de savoir si c'est l'industrie
de...
M. BOURASSA: M. le Président, je pose une question pertinente. Le
ministre dit qu'il va y avoir une hausse de tarif. Il dit qu'il y a deux
secteurs, le secteur domiciliaire ce n'est pas compliqué
et le secteur industriel. Dans le secteur industriel c'est déductible
des revenus imposables.
Je dis au président: Est-ce que vous envisagez de faire subir une
hausse plus grande par le secteur industriel que par le secteur
domiciliaire?
M. ALLARD: II a dit qu'il n'étaitpas en mesure de
répondre. Alors c'est là-dessus que je vous dis que c'est une
hypothèse...
UNE VOIX: Ce n'est pas le temps de faire une étude ici, ce
soir.
M. BOURASSA: Non, non, il n'est pas question d'étude ce soir,
mais comme il a déjà parlé d'une hausse de tarifs, comme
il y en a eue dans le passé, il me semble que c'est une question qui
vient à point.
M. BOURASSA: M. le Président, en terminant... Quoi, est-ce que le
ministre des Richesses naturelles...
M. ALLARD: J'avais cru comprendre que...
M. BOURASSA: Vous aviez des chiffres à me donner sur les
différents secteurs, leurs proportions dans le total.
M. LEMIEUX: Je pourrais vous donner les chiffres pour l'année
1968, qui donnent assez facilement les proportions. Les revenus totaux, $386
millions dont les services domestiques, $139 millions. Commercial, $70
millions. Industriel, $147 millions. Eclairage de rues, $9 millions. Transport,
$1 million. Vente en bloc, $16 millions...
M. BOURASSA: Secteur domestique, pour 1/3?
M. LEMIEUX: Vous avez cela à la page 31 du rapport. Un peu plus
que le 1/3. La page bleue. Disons 35%.
M. BOURASSA: Au point de vue de la tarification régionale, vous
savez que c'est une idée qui est émise de temps à autre
pour favoriser le développement industriel ou plutôt le
déve- loppement régional, est-ce que c'est dans vos projets ou
a-t-on déjà étudié à l'Hydro-Québec
l'idée d'avoir une tarification régionale, c'est-à-dire
d'avoir des tarifs qui diffèrent selon les régions, selon
qu'elles sont développées ounon?
M. LESSARD: Je vais demander à M. Cris-tel
d'établir...
M. CRISTEL: Si vous parlez du secteur domiciliaire...
M. BOURASSA: Non, le secteur industriel, je m'excuse.
M. CRISTEL: Dans le secteur industriel, la politique actuelle, c'est que
sur le réseau provincial, le prix est le même.
M. BOURASSA: II n'est pas envisagé d'avoir des prix plus bas pour
des régions moins développées?
M. CRISTEL: Non parce que l'électricité, jusqu'à
maintenant, est un facteur de développement industriel par sa
disponibilité et nonpar son prix relatif parce que, pour la grande
partie de l'industrie manufacturière...
M. BOURASSA: C'est très bas.
M. CRISTEL: ... cela ne compte que pour 1% à 1 1/2% du
coût.
M. BOURASSA: D'accord.
M. CRISTEL: Alors même si vous la lui donnez pour rien, c'est tout
de même seulement 1%.
M. BOURASSA: La réponse est satisfaisante. Parce qu'il y a le
député de Shawinigan qui propose cela continuellement, qu'il y
ait...
M. ALLARD: II s'inquiète parce qu'il y a un problème qui
est différent dans le cas de Shawinigan.
M. BOURASSA: Le député de Saint-Maurice propose une
tarification spéciale...
M. ALLARD: C'est un cas spécial et je ne peux le
généraliser dans toute la province.
M. BOURASSA: J'aurais souhaité qu'il soit ici pour entendre la
réponse qu'on vient de donner.
M. ALLARD: Ce n'est pas le même cas. Si
vous voulez parler du cas de Shawinigan, je crois qu'il
mériterait des explications parce qu'il est complètement
différent de celui du reste de la province.
M. BOURASSA: En quoi?
M. CRISTEL: II y a certaines industries à caractère,
disons, électrochimique ou électrométallurgique dont le
nombre est très restreint, pour lesquelles le prix de
l'électricité compte de 20% à 40% du coût du produit
fini. C'est le cas de l'industrie Canadian Carborundum, par exemple, à
Shawinigan.
M. BOURASSA: Alors là, si c'est le cas, si dans certains types
d'industries qui peuvent être des industries de croissance, le coût
de l'électricité, la proportion affectée à
l'énergie est importante. Est-ce que l'argument que vous disiez
tantôt ne se trouve pas à tomber? Est-ce qu'on ne devrait pas
envisager une tarification qui soit différente ou que le coût de
l'énergie pourrait servir d'instrument de développement
régional?
M. CRISTEL: Evidemment, pour ces industries-là, sur le territoire
de l'Hydro, il y en a environ une dizaine. Alors ce n'est pas la
majorité. Maintenant le problème dans ces cas-là, est le
suivant. C'est une politique à déterminer mais est-ce que
l'Hydro-Québec va vendreàper-te à ces gens-là et va
le charger aux autres...
M. ALLARD: Je pense que M. Baillargeon a trouvé la solution.
C'est que lui, il serait pour la disparition de l'électricité
pour revenir à la chandelle, il en fabrique.
M. BOURASSA: Alors, d'accord, merci. L'Hydro-Québec doit acheter
le réseau de gaz de Québec...
M. ALLARD: Vous voulez dire que l'Hydro-Québec a demandé
l'autorisation de disposer du réseau de gaz de la ville de
Québec. Comme je vous l'ai dit à l'occasion de l'étude des
crédits, nous avons confié à un groupe d'étudier la
possibilité de procéder à cette vente.
M. BOURASSA: Oui, nous avions discuté tantôt des conditions
de cette vente, c'est-à-dire que l'Hydro pourrait peut-être
inciter l'acheteur à rendre accessible le gaz naturel, par exemple, au
triangle Montréal, Québec, Sherbrooke, facilitant ainsi...
M. ALLARD: Si l'Hydro désire disposer du réseau de
Québec, ce n'est pas à ce moment-là qu'elle fera des
suggestions quant à ce qui pourra advenir par la suite dans la
distribution du gaz.
M. BOURASSA: Oui, mais le ministre devrait comprendre que c'est
là une occasion pour l'Hydro-Québec et indirectement pour le
gouvernement d'acheter...
M. ALLARD: Pour le gouvernement et non pas l'Hydro.
M. BOURASSA: ... d'appliquer sa politique d'énergie.
M. ALLARD: Directement pour le gouvernement.
M. BOURASSA: On sait qu'il y a des types d'industries qui ne peuvent
fonctionner qu'avac le gaz naturel; là, il y a une chance
d'étendre le réseau. Alors, je suggère cela au
gouvernement.
M. ALLARD: Je crois, mais ce n'est pas une question qui doit être
discutée ici.
M. BOURASSA: M. le Président, pour revenir au point de
départ de notre débat, c'est le discours de M. Lessard sur les
difficultés considérables des marchés financiers. M.
Lessard disait dans son discours, si je l'ai bien lu, que nous devrions avoir
certaines incitations fiscales ou certains moyens de rendre plus attrayantes
les obligations...
M. LESSARD: Une amélioration, oui.
M. BOURASSA: Est-ce que vous pourriez élaborer un peu
là-dessus. Quelles sortes d'incitations fiscales, des exemptions
d'impôt?
M.LESSARD: Je n'ai pas avec moi une copie de mon discours, apparemment
vous l'avez.
M. BOURASSA: Non ce sont des résumés du Star et de la
Presse. Alors, pourriez-vous élaborer un peu...
M. LESSARD: Non, je ne désire pas élaborer davantage ce
que j'ai dit à ce moment-là. La possibilité que vous avez
mentionnée, n'est-ce pas? Les deux possibilités.
M. BOURASSA: Vous souvenez-vous si dans votre discours vous avez dit,
par exemple, que
les intérêts pourraient être exempts d'impôt.
Auriez-vous pu suggérer une chose comme cela?
M. LESSARD: Non.
M. BOURASSA: Vous ne l'avez pas suggéré. Alors, qu'est-ce
que vous pensiez quand vous parliez d'incitation fiscale? C'est quand
même important.
M. ALLARD: Allez-y, nous vous écoutons.
M. BOURASSA: Qu'est-ce que vous pensiez?... Vous n'êtes pas
habitué à discuter sérieusement.
M. ALLARD: Les « Couche-Tard » avaient raison quand ils ont
dit que l'économiste Bourassa était comparable aux statistiques
et qu'il disait ce qu'il voulait.
M. BOURASSA: Est-ce que ce sont vos sources de référence,
les « Couche-Tard »?
M. ALLARD: Non, mais cela m'a l'air qu'ils ont un excellent
jugement.
M. BOURASSA: Cela ne me surprend pas...
M. ALLARD: La preuve que le député nous donne
actuellement...
M. BOURASSA: Cela ne me surprend pas que cela aille mal dans votre
ministère.
M. ALLARD: C'est plus facile de parler et de critiquer, comme vous le
faites depuis trois semaines ou un mois, que d'agir.
M. BOURASSA: Comment, depuis trois semaines ou un mois! Cela fait trois
ans que je suis député.
M. ALLARD: Vous avez commencé à critiquer seulement depuis
que la question de la chefferie s'est posée de votre
côté.
M. BOURASSA: M. le Président, vous voyez qui s'écarte du
sujet. Il n'est pas question de chefferie ici, il est question de hausse de
tarif qui va frapper les petits contribuables.
M. Lessard, est-ce que vous pourriez nous dire à quoi vous
pensiez, puisque vous avez parlé de titres publics qui devraient
être plus attrayants pour les acheteurs?
M. DOZOIS: Vous l'avez demandé tout à l'heu- re. Pour voir
s'ils ont des appareils pour lire dans les cerveaux. Voyons, voyons...
M. BOURASSA: Un discours a été fait là-dessus.
M. DOZOIS: M. le Président, M. Lessard vient de dire qu'il ne
veut pas commenter ici son discours, parce qu'il n'a pas le texte qu'il a
prononcé.
Je ne le blâme pas parce que s'il commence à citer de
mémoire ce qu'il aurait pu dire, peut-être qu'il va citer une
phrase incomplète, et le député de Mercier, on le
connaît, il va tirer toutes sortes de conclusions actuellement. Je ne
blâme pas du tout M. Lessard...
M. BOURASSA: Non, non...
M. DOZOIS: ... de ne pas se laisser entraf-ner de ce
côté-là.
M. BOURASSA: M. le Président, ce n'est pas du tout mon intention.
Etant donné que M. Lessard est peut-être l'un des mieux
placés pour connaître les difficultés des marchés
financiers, étant donné qu'il a parlé de suggestions, je
ne veux pas le faire parler malgré lui, il dit: Je n'ai pas mon texte
devant moi, monsieur.
M. LESSARD: J'ai une entrevue à Montréal demain matin.
M. BOURASSA: Peut-être avez-vous suggéré telle et
telle chose, c'est ce que je lui demande. Je lui ai parlé tantôt
des exemptions d'impôt. Il dit qu'il n'est pas question d'exem-tion
d'impôt pour les titres publics.
M. LESSARD: Alors, quelles étaient les suggestions que votre
article semble indiquer et que j'ai dites?
M. BOURASSA: Non, tout ce qui est dit dans les deux comptes-rendus des
journaux, ce sont des suggestions à l'effet que les titres publics
deviennent plus attrayants par des interventions gouvernementales
quelconques.
M. LESSARD: J'ai parlé, n'est-ce pas, du crédit qu'il y
avait sur les ventes et les achats de parts dans les compagnies, sur la bourse,
où il y a 20% qui sont accordés et j'ai pensé que
c'était probablement une chose que les gouvernements pouvaient faire
surtout le gouvernement fédéral pour autant que les
obligations
étaient concernées. C'est une chose dont je me souviens
catégoriquement.
M. BOURASSA: Pour les individus?
M. LESSARD: Même pour les individus, même pour tout le
monde. Il faudrait faciliter le marché d'obligations, le rendre plus
populaire.
M. BOURASSA: D'accord, M. Lessard, mais puis-je me permettre de vous
faire cette remarque, c'est qu'aux Etats-Unis, ce privilège fiscal
profite seulement aux contribuables les plus riches. C'est-à-dire que
80% de ce privilège fiscal qui existe aux Etats-Unis, au niveau des
municipalités, profite aux 4% des contribuables les plus riches. Alors,
je pense qu'une telle suggestion sur le plan de l'équité, est
très discutable à mon sens.
Qu'est-ce que vous penseriez?
UNE VOIX: M. le Président, seriez-vous prêt, demain matin,
à le rencontrer dans le bureau?
M. BOURASSA: Non, non, je pose la question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas, je veux
savoir...
UNE VOIX: Vous êtes un voyant.
M. BOURASSA: Je veux avoir l'opinion de MM. Lessard et Giroux. Si par
exemple, au lieu de donner cette exemption dont vous venez de parler pour les
titres publics, est-ce que dans le cas des grosses corporations, des gros
acheteurs, comme les compagnies d'assurance, au lieu de la donner
générale, si on la donnait au-delà d'un certain niveau,
par exemple, les compagnies d'assurance qui auraient 10% de leur portefeuille
en titres du Québec n'auraient pas d'exemption fiscale; mais si elles en
avaient 15%, elles pourraient en avoir pour la différence, les incitant
par le fait même à augmenter leur proportion de titres du
Québec. Comment cela vous paraît-il à première
vue?
M. LESSARD: Si votre suggestion était acceptable au gouvernement,
nous serions très heureux. N'importe quelle suggestion qui va rendre le
marché des obligations meilleur, nous sommes en faveur, M. Bourassa.
M. BOURASSA: J'espère que le gouverne- ment sera accueillant
à vos suggestions parce que je considère qu'il faut éviter
une hausse de tarif qui s'annonce assez élevée au cours des
prochaines années.
Je n'ai pas d'autres questions quant à moi.
M. ALLARD: Merci M. Bourassa.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais le ministre des Richesses
naturelles...
M. ALLARD: M. le Président, ceci termine les travaux de la
commission des Richesses naturelles concernant les activités de l'Hydro.
Vous me permettrez, en terminant, de remercier toute l'équipe de l'Hydro
qui nous a donné gracieusement cette journée d'informations en
rendant compte de ses activités tant au point de vue de ses transactions
que de son administration, c'est-à-dire en exposant clairement les
considérations et les conditions du contrat entre l'Hydro et CFLCo,
ainsi que le rapport de ses activités annuelles.
Evidemment, si nous eussions disposé de quelques heures de plus,
j'imagine que M. Bourassa aurait eu l'occasion de nous avancer plus loin dans
ses considérations, mais nous lui réservons ce plaisir pour une
autre fois. Je voudrais d'une façon particulière profiter de
cette circonstance qui m'est donnée au nom du gouvernement de remercier
publiquement M. Lessard qui, le 1er juin, prendra une pension bien
méritée. Je voudrais à ce jeune pensionnaire souhaiter
deux choses: Santé pour jouer au golf et sérénité
pour agir comme consultant à l'Hydro et à l'entreprise
privée afin de les faire bé-négicier de cette longue
expérience qui est la sienne.
Et je dois vous dire publiquement M. Lessard que vous méritez
cette mention spéciale que le Québec a profité de vos
services.
Je souhaite à votre successeur un règne aussi fructueux
que le vôtre, étant donné que M. Giroux jouit d'une
compétence, d'une expérience reconnues qui lui ont
mérité la confiance du gouvernement, assisté des
commissaires qui feront partie de l'équipe avec lui. Je crois que les
services à venir seront encore nombreux pour le Québec. M. Giroux
sera, comme nous le savons, appuyé par le nouveau commissaire M. Boyd
qui a une longue expérience ainsi que celle d'homme comme M. DeGuise, un
excellent ingénieur et M. Gauvreau. Alors, M. Giroux, accompagné
de ces messieurs; en droit par le notaire, en génie par M. DeGuise et en
administration par M. Boyd. Je crois que les destinées de l'Hydro sont
en excellente main et, encore une fois, je voudrais vous remercier et à
l'an prochain.
Mo BOURASSA: M. le Président, juste quelques mots. Pour une fols,
je suis d'accord avec le ministre des Richesses naturelles, pour ce qu'il a dit
à propos de M. Lessard, M. Giroux et tous les fonctionnaires à
l'Hydro. Je vois que ce n'était pas une tâche facile de venir
expliquer ici à des profanes, je pense bien, un contrat qui est
très complexe et qui, en même temps, est extrêmement
important pour l'avenir du Québec.
Alors, je veux vous assurer, au nom du chef du parti et de mes
collègues, que nous avons fort apprécié leur travail et
que cela a été extrêmement utile pour nous.
M. LE PRESIDENT: Alors, comme président, j'aimerais remercier
tous et chacun pour la collaboration que vous m'avez apportée lors des
trois séances de cette commission. Alors, la séance est
levée.
M. LESSARD: M. le Président, je remercie M. Allard et M. Bourassa
pour leurs remarques à l'égard de l'Hydro-Québec et quant
aux remarques de M. Allard, je regrette qu'il n'ait pas mentionné qu'il
espérait que ma moyenne devienne meilleure au golf. Merci.
(Fin de la séance: 21 h 51)