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Etude du projet de loi no 121
(Onze heures cinquante-cinq minutes)
Le Président (M. Marcoux): La commission des richesses
naturelles est réunie pour poursuivre l'étude article par article
du projet de loi no 121, Loi modifiant la Loi constituant la
Société nationale de l'amiante.
Les membres de la commission sont: M. Bérubé (Matane), M.
Bordeleau (Abitibi-Est), M. Brochu (Richmond), M. Forget (Saint-Laurent), M.
Grégoire (Frontenac), M. Laplante (Bourassa), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Rancourt (Saint-François), M. Raynauld
(Outremont).
Les intervenants sont: M. Dubois (Huntingdon), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Godin (Mercier), M. Landry (Fabre), M. Larivière
(Pontiac-Témiscaminque) remplacé par M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys), M. Léger (Lafontaine), M. Lé-vesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. O'Gallagher (Robert Baldwin)
remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Paquette (Rosemont).
Selon l'entente que vous avez prise et comme le ministre des Finances
est absent, selon toute vraisemblance...
L'expropriation (suite)
M. Bérubé: A mon point de vue, l'entente ne tient
pas pour l'article 20, dans la mesure où nous avons commencé
à discuter et que nous avons eu amplement l'occasion d'entendre le
ministre des Finances; par conséquent, on pourrait continuer
l'étude de l'article 20.
M. Lalonde: Je ne suis pas d'accord. On avait suspendu les
articles 20, 21 et quelques autres pour les étudier en présence
du ministre des Finances. Si on acceptait le raisonnement de l'autre ministre,
que vous avez attendu patiemment, M. le Président, pour ouvrir la
commission, à ce moment-là, tout ce que le ministre des Finances
aurait à faire, quand on aborde un des articles suspendus, ce serait de
faire une petite apparition pour ensuite quitter la commission, et on serait
lié, on devrait continuer à étudier ces articles en son
absence, alors que l'entente et le désir de tous les membres de cette
commission étaient d'avoir le vrai ministre avec nous pour discuter des
articles importants concernant l'expropriation.
L'étude de l'article 21 doit être suspendue. Je n'ai pas eu
l'occasion de m'exprimer sur la motion d'amendement du député de
Saint-Laurent, qui nécessite des réponses...
Le Président (M. Marcoux): Je pensais que vous auriez eu
l'occasion de vous prononcer.
M. Lalonde: ... du ministre des Finances. Naturellement, on n'est
pas beaucoup plus avancé il faut le reconnaître
qu'on ne l'était avant qu'il n'arrive à la commission, mais,
quand même, il me semble que cela serait lui faire injure, à part
cela.
Le Président (M. Marcoux): Sur l'interprétation de
l'entente, M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je pense bien qu'il y
aurait moyen d'en venir à une entente là-dessus avec
l'Opposition. Le ministre des Finances, évidemment, ne sera pas ici tout
le temps que siégera la commission. Vous ne devez pas vous attendre
à cela.
M. Lalonde: Pour les articles 20 et 21. On a la liste des
articles.
M. Grégoire: Oui. Hier, on a passé deux heures sur
l'article 20. Nous avons encore sept autres articles. Il va revenir, vous aurez
l'occasion de lui poser des questions sur les sept autres articles. Sur
celui-là, il y a eu une discussion de deux heures. Il est arrivé
à 9 h 50 et il est reparti à minuit.
M. Lalonde: II y a eu un vote.
M. Grégoire: II y a eu un vote, c'est vrai. Le ministre a
eu l'occasion de répondre à toutes les questions du
député de Saint-Laurent. Si vous voulez le faire revenir sur cet
article, si vous le gardez tout le temps sur cet article, vous n'aurez plus le
temps de le questionner sur les autres articles.
M. Lalonde: Pourquoi?
M. Grégoire: II ne passera pas 20 heures en
commission.
M. Lalonde: Non?
M. Grégoire: Non, non.
M. Lalonde: II n'est pas intéressé à ce
dossier?
M. Grégoire: II faut bien mettre les cartes sur la table.
On sait fort bien le ministre des Finances n'a pas pris beaucoup de
temps à s'en apercevoir lui non plus que c'est un "filibuster" en
règle. Dans les circonstances, le ministre des Finances est bien
prêt à venir répondre aux questions sur chaque article,
mais non pas à perdurer tout au long du "filibuster". Qu'il vienne pour
chaque article, je ne sais trop combien de temps. On vous a offert de discuter
de tous les articles et de poser toutes les questions que vous vouliez. Vous
avez préféré prendre l'article 20, d'accord, mais si vous
attendez qu'il soit ici tout le temps, le ministre des Finances, à ce
moment-là, devra ne plus considérer cela comme
sérieux.
Si vous croyez qu'après deux heures et quart, c'est suffisant, le
ministre des Finances reviendra.
Si vous croyez maintenant qu'on est mieux de prendre 20 heures sur
l'article 20 et que cela ne devienne pas sérieux, je ne vois pas
pourquoi le ministre des Finances se plierait à cela. Si vous voulez
suspendre l'article 20, on lui dira: Attendons que tous les autres articles
soient passés. Quand ils seront votés, on reviendra sur
celui-là.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas d'objection qu'on
procède exactement...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre!
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui, mais le
député de Bourassa voulait également intervenir.
M. Laplante: C'est seulement une question de
règlement.
M. Lalonde: Allez. (12 heures)
M. Laplante: Je ne nie pas le droit de l'Opposition de ne pas
être satisfaite des réponses du ministre, je pense que c'est
normal. L'Opposition a voulu la présence du ministre, pour l'article 20,
pour le questionner; non pas pour participer à la commission comme
telle. Le but de la visite du ministre était de le questionner. On a
tellement questionné le ministre qu'on en est venu à une motion;
on a même eu le temps de présenter une motion. Ce qui fait que je
m'opposerai, M. le Président, je ne donnerai pas mon consentement
à aller à un autre article que l'article 20 qu'on a
commencé à étudier. Je crois que c'est l'heure
d'être sérieux dans cette commission et de passer article par
article le projet de loi no 121.
M. Lalonde: M. le Président, je remercie beaucoup M. le
député de Bourassa de son importante contribution au
débat. Je voudrais simplement demander...
M. Laplante: Si vous aviez donné, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: J'étais très sérieux,
j'étais sérieux.
M. Laplante: ... une contribution aussi forte que cela à
la commission Malouf, peut-être qu'on aurait eu des réponses.
M. Lalonde: Ne vous en faites pas, on va vous inviter la
prochaine fois. On va vous y inviter.
M. le président, peut-être que le ministre des Richesses
naturelles pourrait aviser le ministre des Finances de son expérience en
commission parlementaire sur le projet de loi qui a créé la
Société nationale de l'amiante. Le ministre des Richesses
naturelles a tenté de nous jouer ce petit jeu de disparaître
à un moment donné de la commission parce qu'il pensait que son
temps et sa présence étaient beaucoup trop précieux pour
s'abaisser à de tels débats. Cela n'a pas marché, cela n'a
pas accéléré les débats, au contraire, cela les a
simplement bloqués. Si c'est le jeu que le ministre des Finances veut
faire avec cette commission, cela va faire exactement le même
résultat.
M. Grégoire: C'est du chantage.
M. Lalonde: On a neuf articles suspendus, avec le consentement
unanime de tous les membres de cette commission, avec l'entente qu'on les
étudierait en présence du ministre des Finances. Je regrette,
mais on n'est pas, quand on fait des ententes, pour s'astreindre à une
guillotine inhérente, à savoir qu'on va promettre de ne pas
discuter plus d'un quart d'heure, parce que M. le ministre des Finances, grand
personnage important, a un temps extrêmement précieux et ne peut
pas s'abaisser plus d'un quart d'heure par article à discuter avec les
députés. Je regrette, mais si c'est là l'idée du
ministre des Finances ou des membres ministériels, qu'ils changent
d'idée. C'est tout de suite qu'il faut changer.
Je dénonce l'incohérence des membres ministériels
de cette commission en demandant de procéder à l'étude de
l'article 20 aujourd'hui hors la présence du ministre des Finances alors
que, il y a quelques jours, ils ont demandé la présence du
ministre des Finances. On n'a pas abordé encore l'article 21 où
le ministre des Finances devrait être présent aussi.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, en fait, on
vient d'assister à une magnifique séance de chantage, de menaces.
Effectivement, on les connaît; elles sont classiques de la part du
député de Marguerite-Bourgeoys, elles ne nous étonnent
pas. D'ailleurs, je dois dire que le député de L'Assomption,
ministre des Finances, en sortant de la commission, rigolait totalement hier
soir. Il a dit: Je n'avais jamais vu ce que c'était un "filibuster".
Effectivement, il a eu droit à une magnifique séance de
diarrhée verbale de la part du député de Saint-Laurent,
qui était absolument spectaculaire. Je dois dire cependant que mon
collègue a eu un mot malheureux; il a dit qu'il tournait autour du pot,
alors, vous avez vu le désastre. Effectivement, cela a été
assez catastrophique. Le ministre des Finances était totalement
estomaqué en sortant de la commission. Effectivement, il m'a dit: C'est
cela, un "filibuster"? Je dis: Oui, c'est cela, vous avez remarqué, ils
n'ont absolument rien dit pendant deux heures. Evidemment, la première
fois, vous répondez intelligemment à la question et la
réponse de l'Opposition vous indique qu'elle n'a rien compris. Vous
dites: Je n'ai pas été clair. Vous recommencez cette fois-ci en
soignant, en soupesant chaque mot, et là vous avez l'impression qu'elle
va comprendre, parce que, finalement, les gens ont quand même l'air
relativement intelligent. Ce ne sont pas des supergénies mais, tout de
même, c'est plus que 40 de quotient intellectuel.
Alors, constatant que vous n'avez encore rien fait comprendre, vous
dites: Je vais expliquer de nouveau. Et, finalement, la troisième fois,
vous constatez dans le fond que vous pouvez dire n'importe quoi, de toute
façon, cela ne les intéresse pas, parce qu'ils se bouchent les
oreilles. Evidemment, le ministre des Finances n'avait pas connu cette
expérience et il la trouvait très drôle. Il s'est
même proposé à moi, en disant: Ecoutez, il faudra partager,
c'est inhumain de demander cela au ministre des Richesses naturelles, il
faudrait partager. J'ai dit: Je n'ai absolument aucune objection, j'accepte
votre offre. Et comme il y a un certain nombre d'articles effectivement que
l'Opposition veut discuter avec vous, elle pourra le faire à cette
occasion, mais je pense que l'article 20 a été appelé. Une
fois qu'un article est appelé, M. le Président, il faut continuer
à en discuter. Eh bien, je pense que nous ne souffrons pas de
constipation et on pourra continuer à écouter l'Opposition.
M. Forget: M. le Président, le ministre...
Le Président (M. Marcoux): Toujours sur la question
à savoir quel article appeler?
M. Forget: Oui, oui, toujours les...
M. Lalonde: La bouche parle de l'abondance du coeur, est-ce que
le ministre a mal au coeur?
Le Président (M. Marcoux): Disons que je pense être
assez informé...
M. Forget: M. le Président, hier, il y a eu une question
de règlement soulevée par les membres ministériels et pas
moins de trois députés ministériels se sont
exprimés. D'ailleurs, on peut voir au journal des Débats que,
dans sa réponse à la question de règlement, le
président de la commission a cru bon de répondre distinctement
aux arguments avancés par chacun des trois députés
ministériels. C'est donc dire qu'on semble accepter que les questions de
règlement soient débattues par tous les membres de la
commission.
Je n'ai pas l'intention de parler longtemps. C'est simplement pour
remarquer une chose. Au début de nos travaux, le ministre a convenu avec
le député de Frontenac je pense que la suggestion vient du
député de Frontenac que certains articles soient
discutés avec le ministre des Finances. Nous avons accepté de
faire cela sur une base de consentement sans qu'il y ait de motion formelle.
Donc, c'était dans un esprit de consensus. Si, aujourd'hui, on arrive et
on continue la discussion d'un article au sujet duquel on s'était
entendus pour que la discussion se fasse en présence du ministre des
Finances, je suis forcé de constater, M. le Président, que le
ministre a trompé notre bonne foi. Je trouve assez amusant le fait qu'il
se drape dans sa vertu pour nous blâmer de débattre les questions,
comme c'est notre droit de le faire en vertu du règlement de
l'Assemblée nationale. Dans un cas où sa...
M. Grégoire: ... proposé un compromis.
M. Forget: ... parole est en jeu, parce qu'il nous a donné
sa parole que certains articles seraient discutés avec le ministre des
Finances, il ne semble plus en mesure de la respecter. Donc, il a trompé
notre bonne foi. On a la preuve noir sur blanc dans les...
M. Bérubé: ... trompé votre mauvaise
foi.
M. Forget: Voyez, M. le Président, le genre d'attitude
qu'il adopte, par une attitude comme celle-là, le ministre des Richesses
naturelles nous incite à prolonger le débat. C'est clair que
c'est son intention. Il ne souhaite rien tant que de pouvoir être assis
ici de longues heures alors que, fatalement, si le ministre des Finances
était ici... Quant à moi, j'ai terminé. Je n'ai pas
épuisé mes 20 minutes de parole. Je n'ai pas l'intention de
reprendre la parole du tout sur l'article 20.
Le Président (M. Marcoux): II vous en reste deux, je
crois.
M. Forget: Pas du tout. Du côté de mes
collègues, ce seront des interventions très brèves et nous
serons prêts à passer au vote sur l'article 20. Mais là
n'est pas la question. La question, c'est qu'après l'article 20 il y a
l'article 21. Si on accepte le principe de poursuivre une discussion sur
l'article 20 maintenant, qui est presque terminé, certes, il reste que
le même problème va surgir quand on va aborder l'article 21. Notre
bonne foi a été essentiellement liée de part et
d'autre...
M. Grégoire: J'aurais un compromis à
suggérer.
Le Président (M. Marcoux): Non.
M. Forget: ... à ce que la discussion se fasse d'une
certaine façon. Cela ne fait pas des années de cela.
C'était hier que cela a été convenu.
Le Président (M. Marcoux): Vous avez un compromis à
suggérer?
M. Grégoire: J'aurais un compromis à
suggérer. Devant le fait qu'il ne reste que quelques minutes et qu'on ne
s'éternisera pas sur l'article 20, je proposerais à l'Opposition
qu'on puisse terminer l'amendement qu'on a discuté et qu'on suspende le
reste de l'article 20 pour reprendre la discussion au retour du ministre des
Finances. On terminerait l'amendement sur lequel il y a eu amplement de
discussions et on attendrait le ministre des Finances pour continuer pendant
les minutes qui restent sur l'article 20. On retomberait à l'article
21.
M. Forget: D'accord.
M. Grégoire: Cela vous permettrait de continuer à
parler sur l'article 20.
M. Forget: On n'a pas d'objection. Est-ce qu'on pourrait nous
indiquer, de l'autre côté, si le ministre des Finances a
l'intention de revenir dans un délai prévisible? Parce qu'il est
clair que le coeur de la loi...
Le Président (M. Marcoux): Disons que...
M. Forget: ... repose sur un certain nombre d'articles qu'on a
mis de côté.
Le Président (M. Marcoux): Sur cette question-là,
face à la suggestion qui a été faite par le
député de Frontenac, cela avait été ma
première réaction. Etant donné que le ministre des
Finances a parlé, pendant seize minutes sur un temps de 20 minutes sur
l'amendement lui-même, on pourrait appeler l'article 20. Compte tenu que
le ministre des Finances a parlé sur l'amendement, on pourrait terminer
l'amendement, le laisser en suspens et revenir à l'article 25.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Cela avait été ma
première réaction. Je suis heureux que...
M. Forget: Excellent.
Le Président (M. Marcoux):... une proposition puisse
joindre les deux, l'utile et l'agréable. On m'indique que le
député de Saint-Laurent avait encore deux minutes de droit de
parole. Je ne sais pas s'il veut les utiliser.
M. Lalonde: Moi, je veux parler.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Grégoire: ... l'amendement et on suspendrait...
M. Lalonde: M. le Président, naturellement, on peut
prêter des motifs. De l'autre côté de la table, on nous
prête toutes sortes de motifs les plus indignes. D'ailleurs, on utilise
un langage quasiment scatologique pour tenter de donner du poids ou une autre
forme de perception à ces propos. Si on dit que la bouche parle de
l'abondance du coeur, le ministre doit avoir mal au coeur ce matin, M. le
Président.
Mais la raison pour laquelle j'insistais nous avons fait une
entente exceptionnelle, à savoir continuer l'étude de
l'amendement sans le ministre des Finances pour que le ministre soit
là, c'est que j'ai eu l'occasion de participer à la commission
parlementaire hier soir pendant la plus grande partie de son intervention. Je
suis arrivé au moment de la suspension sur la question de
règlement.
Le député de Saint-Laurent a posé des questions
très pertinentes au ministre des Finances, le vrai ministre de
l'expropriation, M. le Président, et nous n'avons pas eu de
réponse. Oui, on a eu des réponses. On ne peut pas dire qu'on n'a
pas eu de réponses, mais on a eu des réponses
révélatrices. Par exemple, essentiellement, M. le
Président, le ministre des Finances nous dit ceci: Ce qu'il veut faire,
c'est acquérir l'Asbestos Corporation de gré à gré,
acheter les actions de l'Asbestos Corporation détenues par General
Dynamics. Et là-dessus, je pense qu'on s'entend très bien, il
vaut mieux, quand on veut acheter une compagnie ou quoi que ce soit, le faire
de gré à gré que de le faire de force, d'autant plus que
si ici on le fait de manière forcée, on ne peut pas acheter la
même chose. C'est un peu plus incommode. Si on achète les actions,
on va peut-être payer plus cher, mais on a le contrôle d'une
société qu'on appelle, dans la terminologie commerciale
anglophone un "going concern", qui est en pleine opération, avec tout ce
que cela comprend d'actifs intangibles au-delà des actifs tangibles
qu'on pourrait acheter directement.
Là-dessus, on s'entend très bien. Tant mieux si le
gouvernement même si on n'est pas d'accord avec l'idée
une fois que la décision est prise, peut acheter de gré
à gré, et non pas de façon forcée.
Et le ministre, en exprimant ce désir qu'on comprend, a dit,
à peu près comme ceci: La loi qu'on est en train
d'étudier, M. le Président, c'est pour faire peur. C'est pour
faire peur à General Dynamics. C'est pour apporter dans les
négociations un élément de pression additionnel.
On l'avait dénoncé cet aspect, lors de l'étude
article par article. On l'avait dénoncé, je pense que les
députés s'en souviennent le député de
Frontenac s'en souvient sûrement on avait dénoncé
cette attitude du gouvernement, cette utilisation qu'a faite le gouvernement de
l'Assemblée nationale pour simplement faire peur. On a dit que c'est
indigne d'une institution comme l'Assemblée nationale. On ne nous a pas
écoutés.
Mais là, je pense que le ministre pas le vrai, mais
l'autre qui est ici et le député de l'amiante, comme il
s'appelle très modestement, s'aperçoivent qu'ils sont les
victimes de ce choix du gouvernement. Le député de Beauce-Nord
n'est sûrement pas heureux un député consciencieux
d'être manipulé, ni plus ni moins ici et de devoir
étudier une loi pour faire peur.
J'avais pensé qu'on était invités ici pour faire
une loi conforme à nos traditions qui serait naturellement
imprégnée de toute la sagesse qu'un gouvernement ou qu'une
législature veut donner à ces décrets. C'est pour cela
qu'on avait proposé un amendement de faire un dépôt de 70%
d'indemnité, conformément à la loi actuelle
d'expropriation.
J'avais pensé cela. Mais non, M. le Président, ce que nous
faisons, c'est un épouvantail. On nous demande, à
l'Assemblée nationale, à nous, membres de cette commission, de
faire l'épouvan-tail le plus laid possible. Il faut faire le plus peur
possible à General Dynamics. Le ministre des Finances hier, nous a dit:
Ecoutez, moi, je veux l'acheter, je ne veux pas l'exproprier. Ce qu'on est en
train de faire, c'est simplement en vue de con-
vaincre General Dynamics de vendre. Conclusion, M. le Président,
il faut faire cette loi la plus laide possible, la plus féroce, la plus
croche, la plus épouvantable parce que, au fond... (12 h 15)
Une Voix: ... marchand de canons.
M. Lalonde:... la plus épouvantable autrement dit, puisque
que c'est un épouvantail qu'on veut brandir.
M. Bérubé: On n'a qu'à ajouter le Parti
libéral.
M. Lalonde: J'aurais une suggestion maintenant, M. le
Président, à mettre sur cet épouvantail-là, si le
ministre insiste pour participer au débat, j'aurais une suggestion
enfin, je pense que c'est inutile l'épouvantail simplement
à faire promener quelques ministres devant General Dynamics et cela va
suffire.
Mais quand même, on veut faire un épouvantail avec cette
loi. Qu'est-ce qu'on peut faire ici nous autres, comme députés
qui avons un devoir de bonifier une loi, de la faire la plus juste
possible.
M. Grégoire: Comme General Dynamics.
M. Lalonde: Vous avez déjà vu cela, M. le
Président, un épouvantail juste, bien fait? Non, il faut que ce
soit croche, il faut que ce soit laid, il faut que ce soit absolument
monstrueux. On veut un petit monstre, on veut nous faire faire un monstre pour
faire peur.
Lorsqu'on a demandé dans l'amendement de créer un conseil
d'évaluation qui serait choisi par le ministre des Finances pour
étudier les actifs, étudier exactement la situation lorsqu'elle
se présentera, quand la décision d'exproprier aura
été prise là, l'amendement du député
de Saint-Laurent s'inscrit exactement dans la ligne de pensées qu'on
nous invite à adopter. On nous invite à adopter un projet de loi
pour exproprier, pas pour faire peur. Le ministre des Finances dit: Je ne le
sais pas ce que je vais acheter. Je le comprends. Le député de
Saint-Laurent, hier soir et les députés qui étaient
ici s'en souviennent ne lui a pas fait reproche de ne pas nous donner
les réponses actuellement, à savoir quels actifs ils vont acheter
s'ils ne peuvent pas acheter les actions. Je comprends que certains actifs
devront être laissés de côté, je comprends qu'il sera
peut-être impossible d'acheter les actions de la filiale allemande. Je
comprends que peut-être quelques autres actifs inutiles je ne sais
pas, on parlait d'un golf, on parlait peut-être d'autres actifs qui sont
absolument inutiles pour les opérations strictement commerciales et
industrielles de la société soient laissés de
côté. Donc, c'est au moment où il sera impossible d'acheter
des actions que la décision aura été prise d'exproprier
qu'on s'attend que le gouvernement décrive les actifs qu'il veut
acheter.
On a admis tout cela. On n'a pas demandé au ministre des Finances
ni au ministre des Riches- ses naturelles... on leur a demandé de nous
donner une indication.
Le Président (M. Marcoux): Sur une question de
règlement, M. le ministre.
M. Bérubé: Sur une question de règlement.
C'est intéressant de voir que le député de
Marguerite-Bourgeoys qui épuise présentement son temps de parole,
ne parle absolument pas sur le sujet qui est une proposition d'amendement du
Parti libéral à l'effet qu'on propose un mécanisme
d'arbitrage ou un mécanisme d'analyse qui ferait rapport à
l'Assemblée nationale. Je vous ferai remarquer qu'il n'a pas encore
parlé du sujet qu'ils ont eux-mêmes mis sur la table.
M. Lalonde: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Marcoux): Sur une question de
règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'aurais préféré que le ministre
écoute. Naturellement, quand on lui demande d'écouter, il nous
regarde avec hauteur, comme si on l'invitait à la pire des choses. Mais
au moins cela lui permettrait de ne pas faire des questions de règlement
absolument farfelues comme il vient de le faire. Je viens à peine,
pendant qu'il était en conversation avec son voisin, de
référer à l'amendement et de parler du conseil
d'évaluation. Je viens exactement de référer à cet
amendement. Alors, j'inviterais le ministre, s'il ne veut pas écouter,
au moins de ne pas faire d'interruption.
Je disais donc qu'on comprend bien et on l'a dit hier soir
que le ministre, le vrai, ne soit pas capable de nous dire exactement quels
actifs vont être achetés. Mais ce qu'on demande dans notre
amendement, c'est lorsque la décision aura été prise
d'exproprier les actifs parce qu'on n'aura pas pu acheter la compagnie, les
actions de la société, à ce moment, qu'on crée un
conseil d'évaluation.
Je vais vous lire l'amendement. Le paragraphe amendé se lirait
comme suit: "Le gouvernement peut c'est cela le pouvoir qu'on veut
donner au gouvernement, on le conserve ce pouvoir d'exproprier mais on
ajoute ceci: Après avoir créé un conseil
d'évaluation dont les résultats auront été
communiqués à l'Assemblée nationale, et selon les
règles prévues à la présente action, exproprier les
biens de toute nature, etc."
Tout ce qu'on veut c'est avant que la décision, que le geste
d'exproprier le geste irréversible disait le député
de Saint-Laurent, hier soir soit fait par le gouvernement, qu'il mette
donc dans le coup l'Assemblée nationale et la population en entier. On
sait très bien que s'il y a un accord de gré à gré,
c'est à peu près 54% des actions qui sont détenues, ou un
peu plus que la majorité absolue des actions qui sont détenues
par General Dynamics. On a une bonne idée de ce que c'est. On peut
regarder les bilans de General Dynamics pour
savoir à ce moment-là ce qui va être acheté.
On en a une bonne idée. Il y a encore des inconnus. Il y a des
poursuites dont on ne connaîtra les résultats et les effets
négatifs sur les affaires de la compagnie que dans plusieurs
années. Une fois qu'on a pris la décision d'acheter, on a une
bonne idée, si on achète les actions, de ce que cela va
être, mais si on achète les actifs, on n'a aucune idée de
ce que cela va être.
Donc, on dit: Avant de prendre la décision, avant de vous donner
le pouvoir de le faire, vous allez créer un conseil d'évaluation,
vous prendrez cela parmi vos fonctionnaires, il y en a plusieurs qui sont fort
au courant du dossier le ministre des Finances nous l'a
répété hier soir et vous allez faire la description
des actifs que vous voulez exproprier, nous donner une bonne idée de ce
que cela vaut, vous allez déposer cela à l'Assemblée
nationale et avant que vous fassiez le geste, si la population n'est pas
d'accord, s'il y a des choses absolument inacceptables, on va pouvoir
intervenir avant que les dommages soient faits. C'est tout ce qu'on veut
demander par cette motion d'amendement.
Mais le ministre des Finances n'a pas été très
réceptif, M. le Président, parce que cela bonifie sa loi et cela
enlève un peu de laideur à l'épouvantail. Cela le peinture
en rose, un peu, l'épouvantait, et il ne faut surtout pas. Il faut qu'il
soit noir noir, cet épouvantail.
C'est pour cela que je voulais que le ministre des Finances soit ici,
pour bien confirmer si la perception que j'ai eue de ses propos hier est bonne.
Si c'est comme cela, je n'ai aucune idée comment on va faire à
cette commission pour travailler dans le cadre qui est désiré,
qui est défini par notre fonction de député. Je regrette,
mais moi, je ne participerai pas à noircir une loi, à l'enlaidir,
à la rendre épouvantable, simplement parce que cela irait bien
dans la stratégie du ministre des Finances. C'est cela que j'avais
à dire, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'il est assez
normal pour le gouvernement de penser que, si l'Opposition s'oppose à un
projet de loi qui va présenter des mesures ou des amendements qui auront
pour seul effet de retarder l'adoption d'un projet de loi, le danger de cette
attitude, c'est que tous les amendements qui sont proposés sont des
amendements dilatoires, alors que nous, de notre côté, nous
pensons qu'il serait possible, pour le gouvernement, d'atteindre ses objectifs
ultimes et en même temps d'examiner sérieusement des amendements
qui sont proposés par l'Opposition et des amendements qui sont
sérieux, des amendements que le gouvernement aurait intérêt
à accepter pour une meilleure conduite des débats et pour,
éventuellement, obtenir une meilleure solution aux problèmes que
le gouvernement s'est chargé de résoudre.
Cet amendement-ci est un amendement qui, à mon avis, appartient
à cette catégorie. D'abord, nous pensons que le gouvernement ne
devrait pas passer à l'étape de l'expropriation sans informer la
population des conséquences de ce geste. Je pense que c'est un principe
qui ne devrait pas soulever de bien grandes oppositions. Nous avons
cherché un moyen, par cet amendement, d'informer la population sans
mettre en cause les contraintes fondamentales auxquelles le gouvernement est
confronté. En particulier, le gouvernement ne veut pas dévoiler
avant le temps quels seront exactement lorsqu'il passera à
l'étape d'expropriation les actifs qu'il veut acheter, quel est
le prix qu'il est disposé à offrir. Nous comprenons que le
gouvernement ne veuille pas mettre toutes ses cartes sur table jusqu'au moment
où il aura épuisé ses possibilités d'un achat de
gré à gré. Nous comprenons cela.
Mais une fois que c'est exclu, que cette avenue se trouve fermée,
qu'il n'est plus possible d'en arriver à une entente de gré
à gré, là, il y a une deuxième étape et
c'est bien l'objet du projet de loi que d'essayer de prévoir les
mécanismes suivant lesquels on va passer à cette deuxième
étape de l'expropriation. L'amendement qui est proposé ici, c'est
un mécanisme, somme toute, assez anodin. C'est un mécanisme qui
permettrait d'informer la population sur les probabilités de prix que le
gouvernement et la population du Québec devront payer suivant les actifs
que le gouvernement décidera d'acheter.
Là, on n'est plus dans une situation où il serait
contraire à l'intérêt public de dévoiler les choses,
puisque, par hypothèse, les négociations visant à en
arriver à une entente de gré à gré seraient
dépassées. Il ne s'agit plus, à ce moment-là, de
dévoiler des informations qui auraient pour effet de payer davantage
l'entreprise que l'on veut acheter. Il s'agit donc d'une étape
intermédiaire entre le moment où on a épuisé les
possibilités d'entente et le moment où on passe à
l'expropriation.
Or, lorsqu'on passe à l'expropriation, le problème est
bien différent d'une entente de gré à gré. Il me
semble que, si on veut vraiment informer la population sur les
conséquences, en particulier sur le prix qu'on va payer, accepter un
amendement comme celui-ci irait exactement dans le sens d'une plus grande
ouverture vis-à-vis de la population sans rien compromettre, ce qui peut
ne pas être le cas aussi longtemps qu'on est en négociation avec
l'entreprise. Mais là on n'est plus en négociation avec
l'entreprise. Tout ce qu'on demande... Le ministre a dit tout à l'heure
que ça pouvait être un conseil d'arbitrage.
Je ne sais pas ce que mes collègues ont dit lorsque la motion a
été présentée puisque je n'étais pas ici,
mais, à mes yeux, il ne s'agit pas d'un conseil d'arbitrage. Il s'agit
d'un conseil... On l'a appelé un conseil d'évaluation. Il s'agit
de présenter une critique et une analyse critique des évaluations
qui ont été faites jusqu'à maintenant et de fournir des
conclusions sur les chances qui existent que le prix que le gouvernement devra
éventuellement payer pour exproprier les actifs se situe à
l'intérieur de marges un peu plus étroites
que les estimations que nous avons à l'heure actuelle.
Est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans qui est
révoltant? Est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans qui est
inacceptable du côté du gouvernement? Il me semble que non,
puisqu'il est bien évident que le gouvernement a dû,
lui-même, se faire un conseil d'arbitrage interne. Il est évident
pour moi que le gouvernement a évalué les études qui ont
été soumises, qui ont été faites. Le gouvernement
aujourd'hui, grâce à ses propres techniciens, sait
déjà à l'intérieur de quelles limites il va fixer
un prix. Mais le problème, c'est que la population ne le sait pas. La
population, à l'heure actuelle, tout ce qu'elle sait, c'est que
ça pourrait aller entre environ $100 millions et $280 millions. C'est
tout ce qu'on sait.
Le gouvernement nous dit: On ne peut pas vous en dire plus, parce qu'on
est en négociation. Je comprends très bien. Mais on ne sera plus
en négociation à ce moment-là. Quelle est la raison qui
serait contraire à l'intérêt public que le gouvernement
peut invoquer pour s'opposer à l'adoption d'un mécanisme qui
reproduirait, pour l'intérêt de la population, ce que le
gouvernement a dû obtenir déjà avec ses propres
techniciens, ses propres études internes?
Il me semble que c'est une exigence élémentaire de
démocratie: avant d'aller engager des fonds et de percevoir des
impôts justement pour payer cette expropriation, il me semble que c'est
tout à fait conforme aux règles parlementaires. On n'a pas vu
encore de ministre des Finances dans notre régime dire qu'il va imposer
aux contribuables un montant qui puisse aller entre $100 millions et $300
millions. On n'a jamais vu ça. (12 h 30)
Quand on arrive à des lois fiscales, on indique très
clairement, et dans tous les détails, quels sont les taux qu'on va
imposer? En vertu de quel principe, dans le cas d'une expropriation,
pourrait-on se libérer de cette obligation? Sur un strict plan
démocratique et parlementaire, pour quelle raison un gouvernement
pourrait-il se libérer de l'obligation qu'il a envers la population de
dire que le geste qu'il va poser va coûter une certaine somme
d'argent?
Les seules raisons que j'ai entendues à venir jusqu'à
maintenant, ont toujours été les mêmes. Ce n'est pas dans
l'intérêt public, à l'heure actuelle, de dévoiler le
déroulement des négociations. Je dis: J'accepte cet argument.
Mais lorsque les négociations seront terminées, il ne sera plus
possible d'en arriver à une entente de gré à gré,
il s'agira de passer à une expropriation.
Je me demande, M. le Président, quelles sont les raisons
sérieuses, si on veut avoir un débat sérieux, que le
gouvernement invoque pour dire qu'il serait contraire à
l'intérêt public de faire examiner les méthodes
d'évaluation qui ont été utilisées jusqu'à
maintenant, d'exprimer des commentaires je lis quant à la
nature des divergences observées, leur importance dans l'explication de
l'écart entre les évaluations faites par chacune des parties,
ainsi que de ses propres conclusions quant à ces divers
éléments.
On ne demande pas que le conseil d'évaluation arrive avec un
prix. Ce n'est pas ça l'objectif. C'est un mécanisme que
j'appellerai, moi, un mécanisme anodin, un mécanisme par lequel
on pourrait dire à la population que le prix ne serait pas entre $100
millions et $300 millions, suivant les actifs que le gouvernement voudra
engager, mais ce serait à l'intérieur de limites beaucoup plus
étroites que ça.
Je pense que c'est une exigence élémentaire et, encore
là, je ne vois pas ce qu'on pourrait dévoiler de secret. Je ne
vois pas ce qu'on pourrait dévoiler qui puisse faire du tort à la
population du Québec. Au contraire, on devrait livrer en public les
sources de divergence ainsi que l'évaluation des méthodes qui ont
été utilisées. Nous connaissons un certain nombre de ces
sources de divergence.
Nous savons qu'il y a une divergence fondamentale quant au prix futur de
l'amiante dans le monde. Nous savons qu'une société a dit: Le
prix réel de l'amiante sera constant pour les 25 prochaines
années. Il y a une autre société qui dit: Non, ce ne sera
pas constant. Le prix réel de l'amiante, compte tenu de l'inflation,
devrait augmenter de 2 1/2% à 3%. Rien que ça, ça explique
62% de la divergence qui existe entre les deux évaluations.
Une chose comme celle-là, est-ce que ce serait vraiment
dévoiler des choses qu'on ne devrait pas dévoiler que d'avoir des
experts venir dire publiquement ou écrire publiquement: Voilà, il
s'agit là d'une question de jugement. Nous pensons, à lire les
témoignages, à examiner, et après avoir entendu les gens
qui ont des opinions sur ce sujet, que le prix de l'amiante va rester stable,
va diminuer ou va monter.
Je voudrais bien savoir, de la part du gouvernement, quel tort une
évaluation comme celle-là pourrait faire au Québec? Au
contraire, est-ce que ce ne serait pas éclairer la population que de lui
dire, encore une fois, qu'entre ces deux évaluations qu'ils ont, que ces
experts estiment que l'évaluation finale de la juste valeur marchande
des actifs serait plus près d'un côté que de l'autre?
Ensuite, nous savons également qu'une autre source de divergence
entre les deux estimations tient au taux d'escompte qui a été
utilisé. Cette seule différence rend compte, apparemment,
d'environ 22% des différences dans les estimations finales. Cela aussi,
il s'agit d'une estimation qui peut paraître technique, mais que la
population, que les gens intéressés dans ces problèmes,
auraient grand intérêt à examiner, auraient grand
intérêt aussi, de la part même du gouvernement, à
examiner en profondeur, parce qu'au-delà des techniques qui sont
utilisées, il y a, là aussi, des évaluations que n'importe
qui peut faire, parce que le choix d'un taux d'escompte repose essentiellement,
finalement, sur l'estimation qu'on peut faire du risque qu'il y a un
investissement en amiante par rapport à d'autres produits. Il s'agit
d'une prime de risque que l'on donne, et ces risques sont
évalués, suivant des méthodes techniques, mais aussi des
méthodes qui font appel à
un jugement que n'importe qui peut faire sur le vu des
considérations techniques qui sont apportées par ces experts.
Je pense donc que, lorsqu'on se trouve en face d'une évaluation,
comme je l'ai dit auparavant, qui, dans un cas, est deux fois et demie plus
élevée que l'autre, il y a grand intérêt à ce
que nous sachions vers lequel de ces deux pôles nous allons finalement
aboutir. C'est pour ça que j'en fais une question
d'honnêteté. J'en fais une question de franchise de la part du
gouvernement vis-à-vis de la population: avant de poser un geste comme
celui de l'expropriation, que la population soit informée des
conséquences de ce geste.
Je ne vois pas en quoi une telle exigence est si excessive que le
gouvernement se sente poursuivi dans ses derniers retranchements et se sente
obligé d'appeler cet amendement simplement un pas de plus vers un
"filibuster" et que, par conséquent, par définition, cet
amendement ne soit pas sérieux.
Je pense au contraire qu'il s'agit d'un amendement sérieux, d'un
amendement qui fait valoir les droits d'une population à se faire taxer
en fonction d'un objectif que le gouvernement a toute la
légitimité du monde de vouloir poursuivre mais qu'il devrait
avoir la franchise et l'honnêteté de dévoiler à la
population.
Encore une fois, il s'agit d'un amendement qui me semble aller de soi.
Il me semble que c'est un amendement qui n'a pas encore reçu,
jusqu'à maintenant, d'objection sérieuse de la part du
gouvernement. Je ne vois pas en quoi ça peut être contraire
à l'intérêt public et, compte tenu du fait qu'il
permettrait au gouvernement d'avoir une attitude plus positive vis-à-vis
de la population, une attitude plus démocratique et plus franche
vis-à-vis de la population, il me semble que le gouvernement devrait
accepter cet amendement sans plus tarder.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Le député de Beauce-Nord avant,
M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Alors, M. le
député de Beauce-Nord.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention les interventions de mes
collègues de l'Opposition et je pense que de leurs propos se
dégage nettement ce qu'on retrouve d'ailleurs dans la motion qui est
actuellement débattue, c'est-à-dire l'intention qu'ils ont de
créer un conseil d'évaluation qui vise strictement à
rassurer l'Opposition, conseil qui aurait pour mission d'établir un prix
qui baliserait le travail du conseil d'évaluation qui est prévu
dans le projet de loi. Il ressort clairement de leurs propos que ces messieurs
craignent que le prix fixé par le conseil d'évaluation
prévu par le projet de loi ne soit beaucoup trop
élevé.
C'est bien sûr qu'il existe énormément de
façons de procéder à l'expropriation de biens d'autrui,
mais je pense que la méthode proposée par le projet de loi est en
elle-même suffisamment rassurante pour qu'on se contente de cette
façon d'agir, plutôt que d'ajouter ce qui est prévu
à la motion d'amendement présentée par le Parti
libéral.
Si je pouvais rassurer les gens de l'Opposition officielle, je leur
dirais ceci: N'ayez crainte! On n'a pas l'intention, du côté
gouvernemental, de permettre à ce conseil de procéder à un
type d'évaluation ou d'expropriation qu'on puisse qualifier
d'olympique.
On sait très bien que la méthode olympique d'expropriation
consisterait à prendre l'offre de l'autre et à la multiplier par
cinq. Si cela devait arriver, d'ailleurs, ce n'est plus de $100 millions
à $280 millions dont il faudrait parler, mais plutôt de $100
millions à $500 millions.
J'aimerais faire remarquer également que la loi 70, qui est
actuellement en vigueur, permet de négocier de gré à
gré une entente et qu'elle ne fixe en rien ni le minimum ni le maximum
des ententes, la décision finale étant réservée au
gouvernement. Je ne vois pas ce qui peut leur faire peur au point de croire que
la méthode d'expropriation prévue au projet de loi actuel puisse
faire en sorte que le prix final, sorti, décidé par le conseil
d'évaluation puisse être à ce point différent qu'on
doive nécessairement remettre la décision à
l'Assemblée nationale.
Je voterai contre cette motion d'amendement, puisque le projet de loi
comme tel est très clair à cet égard. On confie à
un conseil d'évaluation formé de personnes compétentes le
soin d'établir ce prix et ce prix sera respecté par les deux
parties. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président...
M. Raynauld: Est-ce que je peux poser une question? Le
député vient de dire qu'on remettrait la décision à
l'Assemblée nationale, en vertu de cet amendement. Où prend-il
cela?
M. Ouellette: Ce n'est pas cela que j'ai dit. M. Raynauld:
Je m'excuse.
M. Ouellette: C'est ce que vous souhaitez par votre amendement.
C'est-à-dire que vous souhaitez qu'un préconseil
d'évaluation établisse un prix et donne à
l'Assemblée nationale son appréciation de l'écart qui
subsiste entre les deux.
M. Raynauld: Pas du tout. Une appréciation de
l'écart...
M. Ouellette: Ce n'est pas la loi.
M. Raynauld: Non. Mais c'est dans l'amendement que nous
proposons. Pourquoi dites-vous que l'amendement remettrait à
l'Assemblée nationale la décision de faire un...
M. Ouellette: II est dit dans votre motion que vous souhaitez que
ce conseil d'évaluation puisse remettre à l'Assemblée
nationale un rapport expliquant selon eux l'écart qui persiste entre
l'offre du gouvernement et la demande de l'Asbestos Corporation.
M. Raynauld: Ce n'est pas fixer un prix.
M. Ouellette: Non. Mais quand même, si on explique
l'écart, on va arriver à dégager un prix. C'est sans doute
ce que vous recherchez.
M. Raynauld: Non, cela dépend de ce que le gouvernement
décidera d'acheter; on ne le sait même pas. Et on ne le saura pas
à ce moment-là non plus. Ce sont des méthodes.
M. Ouellette: Si le rapport de ce conseil d'évaluation ne
débouche pas sur un prix, en quoi sommes-nous plus avancés,
à savoir comment pourrons-nous rassurer la population si on n'a pas un
chiffre qu'on puisse dégager de quelque façon que ce soit?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je comprends fort
bien l'Opposition qui sent le besoin d'avoir des experts pour faire des
évaluations. Ils ont déjà été
échaudés. Le député d'Outremont, qui est un
économiste, a dû cogiter longuement sur les évaluations du
Stade olympique à Montréal qui devait coûter $140 millions
au début...
M. Raynauld: Pertinence du débat, M. le
Président.
M. Grégoire: C'est la pertinence. C'est le désir du
Parti libéral d'avoir des experts, parce qu'il a déjà
été échaudé. Ils ont été
échaudés quand ils ont évalué le coût d'un
stade à $140 millions. Un membre du Parti libéral, un ministre du
Parti libéral, qui était ici tout à l'heure, le
député de Marguerite-Bourgeoys, a été nommé
contrôleur des évaluations... avoir la surveillance de tout cela.
Et avec leur évaluation de $140 millions, ils se sont ramassés
avec un coût de pas loin de $1 milliard. C'est vrai que cela a dû
vous faire mal de vous rendre compte que vous n'aviez pas la compétence
nécessaire pour évaluer une construction, quand vous
l'évaluez à $140 millions et qu'elle coûte $1 milliard.
M. Forget: Pertinence du débat, M. le
Président.
M. Grégoire: C'est vrai que cela fait mal, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): Je demanderais au
député de Frontenac de revenir sur la motion d'amendement.
M. Grégoire: Mais je voulais expliquer les raisons
intrinsèques qu'il ressent...
M. Forget: Pertinence du débat, M. le Président. A
l'ordre!
M. Grégoire: ... de présenter un amendement pour
réclamer des experts, eux qui auraient pu le faire.
Le député d'Outremont dit qu'il serait bon, et il
reconnaît d'ailleurs qu'au ministère des Finances, au
gouvernement, il y a des fonctionnaires qui, maintenant et depuis quelque
temps, font ces évaluations, font des études et des analyses et
les font pour le compte du gouvernement. Et il dit: La seule chose qui manque,
c'est que le public n'est pas informé. C'est à peu près la
conclusion du député d'Outremont.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Grégoire: Les experts qu'on demande ici, on sait qu'en
fait le gouvernement doit les avoir à l'heure actuelle. Il le sait fort
bien, c'est normal. Le ministre des Finances est un homme assez
compétent, reconnu comme tel, un homme qui n'a pas fait les erreurs du
Parti libéral, loin de là, qui a été conseiller
économique...
M. Forget: II en a fait d'autres.
M. Raynauld: II en a fait d'autres, oui.
M. Grégoire: II a été conseiller
économique. Je dirais au député d'Outremont que je l'ai
laissé parler tout le long sans l'interrompre. Il m'a même
quasiment endormi pendant son discours. Je l'ai laissé parler...
M. Forget: Pertinence du débat, M. le
Président.
M. Grégoire: J'ai été chanceux d'avoir de
l'aide à côté de moi pour m'empêcher de dormir
pendant son discours de telle sorte que je n'ai pas dormi. J'ai
été poli à son égard; il le remarquera.
M. Forget: Pertinence du débat.
M. Grégoire: Je lui demanderais la même chose.
M. Raynauld: Vous n'avez pas été poli si vous avez
dormi.
(12 h 45)
M. Grégoire: Le député d'Outremont dit: Je
reconnais que les experts doivent être au gouvernement, que le ministre
des Finances doit être avisé. Tout ce qu'on demande... le conseil
d'experts en soi existe, il fait les évaluations, et ce au jour le jour,
il ne faut pas se le cacher. La conclusion à laquelle il en arrive, ce
n'est pas demander les experts en soi, il sait qu'ils sont là, c'est de
demander qu'au moins les experts ren-
dent cela public. Si le député d'Outremont avait
été ici hier, il aurait nettement entendu le
député de Saint-Laurent l'a mentionné tout à
l'heure le ministre des Finances dire: A l'heure actuelle, on
négocie entre General Dynamics et le gouvernement. Le
député d'Outremont voudrait rendre tous les chiffres publics au
moment où on négocie...
M. Raynauld: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: On voudrait pouvoir fournir par le biais de
la commission les chiffres aux négociateurs.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont, sur une question de règlement.
M. Raynauld: C'est exactement le contraire que j'ai dit. Le
député de Frontenac dormait sûrement.
M. Grégoire: J'avais de la misère à ne pas
dormir.
M. Raynauld: J'ai justement dit que ce serait seulement lorsque
la période de négociations serait terminée qu'il serait
question de cela; il me fait dire exactement le contraire. Qu'il respecte au
moins ce qu'on dit.
M. Grégoire: Avant de donner l'avis d'expropriation, il
voudrait transmettre tous les renseignements nécessaires à
General Dynamics, même avant que l'avis d'expropriation soit
donné. On se demande, à entendre les questions posées par
le député de Saint-Laurent hier...
M. Forget: On a déjà les renseignements, il y a eu
un échange de renseignements.
M. Grégoire: ... et les renseignements que vient de nous
donner le député d'Outremont...
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): Sur une question de
règlement, M. le ministre.
M. Bérubé: II est absolument insupportable
d'entendre cette espèce de "tataouinage" continuel du côté
du Parti libéral...
M. Forget: Oui, dites-le à votre collègue de
droite.
M. Bérubé:... qui empêche totalement...
D'ailleurs, je suis convaincu que les comptes rendus des débats vont
être impossibles à faire parce qu'on a continuellement deux et
même trois personnes qui parlent en même temps. Il y en a un qui
parle d'une façon intelligente, c'est le député de
Frontenac, et de l'autre côté il y a cette espèce de
"marmonnement" totalement détestable. Pour-riez-vous demander à
l'Opposition de bien vouloir attendre la fin de l'intervention du
député de Frontenac, M. le Président?
M. Grégoire: Vous aurez l'occasion de répondre, si
vous n'êtes pas content.
Le Président (M. Lacoste): Je redonne la parole au
député de Frontenac.
M. Grégoire: Merci, M. le Président. Les questions
posées par le député de Saint-Laurent hier au ministre des
Finances pour essayer de lui faire sortir des chiffres, pour essayer de lui
faire sortir des renseignements que le ministre ne pouvait pas donner parce que
les négociations sont en cours, les renseignements publics que le
député d'Outremont demande aujourd'hui, les déclarations
que voudrait voir faire le député de Marguerite-Bourgeoys, tout
cela semble indiquer et donne nettement l'impression que la commission,
aujourd'hui, sert de véhicule à General Dynamics pour essayer de
faire sortir les choses et les chiffres qu'elle voudrait bien connaître
et qu'elle ne peut pas connaître à la table de
négociation.
On sent que le député de Saint-Laurent est là, ni
plus ni moins, pour tirer les marrons du feu pour un autre. Il semble
être le gars qui tire les marrons du feu pour General Dynamics. Vous
savez, General Dynamics, les marchands de canons qui ont donné des
subventions, des petits pots de vin un peu partout quand il s'agissait de
vendre des avions de guerre dans les pays d'Europe, c'est même
allé jusqu'aux pieds du trône de Hollande, on se le rappelle.
M. Forget: Vous l'avez déjà dit.
M. Grégoire: Oui, mais il est bon de le rappeler parce
qu'il est de tradition que General Dynamics, un peu à travers le monde,
donnait des pots de vin...
M. Forget: Pertinence du débat, M. le Président.
Question de règlement!
M. Grégoire: ... pour essayer d'obtenir des contrats ou
avoir des renseignements, et cela continue au Québec.
M. Forget: Question de règlement!
Le Président (M. Lacoste): Question de règlement,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Est-ce qu'il est question de General Dynamics, des
pots de vin de General Dynamics ou Dieu sait quoi dans l'amendement? Ce n'est
pas le seul sujet de l'amendement. Le sujet de l'amendement, c'est de savoir si
oui ou non des renseignements doivent être rendus publics avant qu'une
décision gouvernementale irrévocable ne soit prise.
M. Bérubé: Sur la question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Lacoste): Sur la question de
règlement, M. le ministre.
M. Bérubé: II va de soi que l'amendement comme tel
ne mentionne pas la question de pots de vin, sans aucun doute. Cependant, pour
pouvoir discuter d'un amendement, il est important de comprendre le contexte
à l'intérieur duquel cet amendement est proposé et les
motifs qui ont conduit l'Opposition à soumettre cet amendement. Je
soutiens humblement, M. le Président, qu'à cet égard
l'intervention du député de Frontenac est tout à fait dans
l'ordre des choses.
M. Forget: M. le Président, sur la question de
règlement. On sait très bien que nos règlements
interdisent de prêter des motifs, justement, contrairement à ce
que vient d'affirmer le ministre des Richesses naturelles; il ne connaît
pas son règlement. Il est interdit par notre règlement de baser
une argumentation sur des motifs imputés à des membres de
l'Assemblée nationale ou des membres d'une commission parlementaire. Non
seulement ce n'est pas pertinent, mais c'est irrégulier, ce que dit le
député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, le
député de Saint-Laurent se sent visé; s'il croit que le
chapeau lui va, qu'il le porte! Je ne dis pas que c'est cela, je dis que cela
nous laisse bien penser...
M. Forget: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: ... qu'il y a des choses dont on peut se
douter dans tout cela.
M. Forget: Le député de Frontenac est
impénitent. Non seulement lui montre-t-on du doigt les erreurs dans
lesquelles il persiste à s'enfoncer mais même quand il l'a sous le
nez, il refuse de la reconnaître. Je demanderais que vous le rappeliez
à l'ordre.
M. Grégoire: C'est tellement vrai, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac, je vous demanderais de revenir sur la motion d'amendement en
discussion à ce moment-ci.
M. Grégoire: Très bien, M. le Président.
Juste pour appuyer ma thèse du pourquoi de cet amendement, je voudrais
citer le chef de l'Opposition officielle, le chef de mes deux collègues
d'en face, qui disait: General Dynamics, c'est nous; la confiance règne,
on s'entend bien, c'est la politique de la tape...
M. Forget: M. le Président, question de
règlement.
M. Grégoire: ... sur l'épaule entre deux bons vieux
"chums".
Le Président (M. Lacoste): Question de règlement,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Grégoire: Des larrons en foire, quoi! L'aco-quinage de
la caisse électorale...
M. Forget: Question de règlement...
M. Grégoire:... et des marchands de canon.
M. Forget: ... M. le Président. Le député ne
semble pas respecter votre décision. Vous l'avez rappelé à
l'ordre et il ignore complètement vos directives. Est-ce qu'il va
falloir demander que le député soit exclu ou expulsé pour
ne pas se conformer à aucune de vos directives?
Le Président (M. Lacoste): Je demanderais au
député de Frontenac de revenir à la pertinence de la
motion d'amendement...
M. Grégoire: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): ... parlant du conseil
composé de trois experts.
M. Grégoire: Je pense que tout le monde s'est
aperçu que cela faisait mal, mais que cela touchait peut-être au
but. Je reviens au sujet. Le ministre des Finances a nettement
déclaré hier, il a clairement indiqué que dans son
ministère il y avait une équipe compétente de
fonctionnaires et de hauts fonctionnaires qui, continuellement, faisaient
l'évaluation des actifs et du passif de l'Asbestos Corporation, qui se
tenaient au courant de ce qui se produisait dans ce dossier et avisaient le
gouvernement en conséquence. La seule chose que l'Opposition voudrait
avoir et le député d'Outremont l'a dit ce serait de
rendre tout public et nous, nous croyons qu'au moment où se tiennent des
négociations, au moment où se poursuivent les négociations
entre General Dynamics et le gouvernement, le gouvernement doit au moins garder
ses dossiers pour lui.
Le ministre des Finances l'a dit clairement hier, ce n'est pas un
épouvantail à moineaux que ce projet de loi, c'est une incitation
vers General Dynamics à négocier alors que General Dynamics
refusait systématiquement et catégoriquement de négocier.
Depuis que le projet de loi a été déposé, la
négociation a été entreprise, depuis que nous avons
étudié la deuxième lecture les négociations se sont
accélérées et avec l'adoption en troisième lecture,
General Dynamics tout comme l'Opposition réaliseront que c'est
sérieux notre idée d'acheter Asbestos Corporation.
Juste en terminant je voudrais citer la déclaration faite hier
par le Conseil régional de développement économique des
Cantons de l'Est publiée dans tous les journaux d'aujourd'hui, à
savoir qu'il appuyait à 100% le geste posé par le gouvernement
actuel d'acheter l'Asbestos Corporation, ce
qui, au dire du CRD des Cantons de l'Est, aura pour effet de multiplier
la transformation de la fibre d'amiante chez nous, de permettre aux
Québécois de profiter de leurs richesses naturelles, de
créer des industries et de donner ainsi aux Québécois le
bénéfice de leurs richesses qui leur appartiennent et qui ont
toujours été exploitées au profit des étrangers et
jamais au profit des Québécois. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, sur la motion
d'amendement.
M. Bérubé: M. le Président, d'abord j'ai
remarqué plusieurs visages connus qui se sont joints à nous au
cours des dernières minutes du débat. Je tiendrais à
souhaiter la bienvenue à des jeunes étudiants, écoliers du
comté de Matane, qui viennent assister à une journée de
travail à l'Assemblée nationale.
M. Forget: Ah! bon.
M. Bérubé: J'espère que l'Opposition va
faire un effort pour élever le niveau du débat.
M. Forget: On ne fera pas de procès d'intention pourquoi
vous devenez soudain plus modéré dans vos propos.
M. Raynauld: Plus poli.
M. Bérubé: Mais, de toute façon, M. le
Président...
M. Raynauld: Vous changez votre style?
M. Bérubé: ... ce qui va avantager finalement le
niveau du débat, c'est que l'Opposition libérale,
malheureusement, n'aura pas le temps de parler. Je pense qu'on n'aura pas
donné le mauvais exemple.
M. Forget: Pour une fois, pour une fois!
M. Bérubé: M. le Président, en fait, ce que
l'Opposition nous soumet comme amendement, c'est essentiellement d'introduire
un mécanisme qui, au dire de l'Opposition, va permettre à la
population de connaître le coût d'une éventuelle
expropriation. Et on le sait puisque depuis le début, le Parti
libéral défend la thèse à l'effet qu'il va en
coûter $280 millions, c'est-à-dire le prix demandé par
General Dynamics et...
M. Forget: Pas du tout.
M. Raynauld: On n'a jamais dit cela.
M. Bérubé:... du côté du
gouvernement...
M. Forget: Ce n'est pas vrai. Article 96, M. le
Président.
M. Bérubé:... nous avons déposé des
études à l'effet qu'il allait en coûter $120 millions.
Donc...
M. Forget: M. le Président, j'invoque l'article 96.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Grégoire: Oui, c'est après... M. le
Président...
M. Forget: Parce que le ministre impute à l'Opposition
officielle...
M. Grégoire: ... l'article 96, c'est après
l'intervention.
M. Forget: ... des propos que nous n'avons pas tenus.
M. Grégoire: Un instant! Question de règlement, M.
le Président! L'article 96, s'il a la permission du ministre, le
député de Saint-Laurent aura l'occasion de s'expliquer par la
suite.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Grégoire: Alors, qu'il laisse terminer le ministre et
il s'expliquera par la suite.
M. Forget: Mais le ministre place dans notre bouche des propos
que nous n'avons jamais tenus.
M. Grégoire: Le député de Saint-Laurent aura
l'occasion de rectifier.
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre! A l'ordre!
M. Bérubé: Le député de Saint-Laurent
pourra toujours se référer, par exemple, à la
déclaration du député de Mont-Royal qui, à
plusieurs reprises, est arrivé en disant: Le gouvernement va payer $280
millions. Il l'a répété trois fois.
M. Forget: Oui, il y a un risque, effectivement.
M. Bérubé: Voilà!
M. Forget: C'est le saut dans l'inconnu.
M. Bérubé: On commence déjà à
nuancer, c'est bien.
Donc, essentiellement, M. le Président, il y a deux façons
pour les Québécois de prendre contrôle d'une route, d'une
maison ou d'une compagnie. Ce que l'on peut faire, c'est nationaliser,
c'est-à-dire décider de prendre le contrôle et de fixer,
à l'Assemblée nationale, le prix. Ce sont les
députés, à la demande du gouvernement, qui
décideront combien on va payer.
Cela peut traduire une certaine crainte de la part d'un gouvernement,
crainte que si jamais on allait devant les tribunaux le prix juste soit, en
fait, un prix plus élevé que ce que le gouvernement est
prêt à payer et, par conséquent, on ne veut pas prendre de
risque de laisser la justice suivre son
cours. C'est une façon pour le gouvernement de nationaliser,
c'est-à-dire d'imposer son prix, puisqu'il est le plus fort, c'est lui
qui décide. Il va donc fixer le prix. C'est une approche. C'est une
approche qui est de moins en moins utilisée dans le monde, sauf
peut-être encore dans certaines républiques de bananes.
La deuxième approche consiste, pour un gouvernement à
définir un mécanisme juridique en vertu duquel un juge pourra
trancher et faire appel à une façon d'évaluer et, dans le
cas présent, nous parlons de la juste valeur marchande et j'ai
d'ailleurs pu citer des cas de cour où on a clairement défini
comment on évaluait la juste valeur marchande.
C'est l'approche que nous avons choisie. Nous avons choisi de
définir une façon d'évaluer le prix et nous avons choisi
de laisser au juge, suivant notre système démocratique en
vigueur, le soin de prendre les principes que nous avons définis, de les
appliquer à ce cas-là et de décider ce qui est un prix
juste.
Donc, ce que nous décidons ici, c'est oui ou non, va-t-on
exproprier à un prix juste? L'Opposition dit...
M. Raynauld: Ce n'est pas l'amendement, ça. M.
Bérubé: ... à quel prix?
M. Forget: La pertinence du débat, M. le
Président.
M. Bérubé: Je regrette infiniment. Je suis
exactement dans le sujet, dans le corps du débat.
M. Raynauld: Non, M. le Président. Il n'est pas dans
les...
M. Bérubé: Ce que l'Opposition demande, c'est non
pas de définir un prix juste...
M. Raynauld: C'est sur l'amendement qu'on discute.
M. Bérubé: ... mais de dire: A quel prix allez-vous
exproprier, de manière que nous puissions dire oui ou non à la
loi d'expropriation. C'est le sens de l'argument de l'Opposition.
M. Forget: En gros.
M. Bérubé: Alors, en fait, pourquoi demander le
prix? Le prix, finalement, est-il juste, oui ou non? C'est ça, la
question qu'il faut se poser. Le gouvernement ou l'Assemblée nationale
n'a pas à décider, à trancher et à dire: C'est
ça, le prix juste, parce qu'à ce moment-là, on se
substitue à un processus normal de justice. C'est ce que l'Opposition
veut faire, elle veut se substituer au tribunal qui, normalement, évalue
ce qu'est un prix juste. Donc, c'est totalement incompréhensible. Mais
on pourrait comprendre le sens de l'intervention de l'Opposition si la question
qu'elle veut poser n'est pas à savoir si le prix est juste, mais si le
gouvernement du Québec a les moyens de payer? Si nous acceptons de payer
ce que ça vaut, si nous acceptons de ne pas commettre d'injustice, la
deuxième question qu'on peut poser...
M. Forget: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent a une question de règlement.
M. Forget: Je pense que, selon nos règlements, M. le
Président, un intervenant doit s'adresser au président et non pas
à l'auditoire, et je suggère que si le ministre...
M. Grégoire: Ah! la mesquinerie du député de
Saint-Laurent! Mesquin! Mesquin!
M. Forget: ... s'adressait au président plutôt
qu'à l'auditoire, il ne tiendrait pas tout à fait le même
langage, puisque les propos...
M. Grégoire: On le reconnaît!. Pisse-vinaigre!
M. Bérubé: Pisse-vinaigre, oui, c'est exactement le
mot.
M. Grégoire: Pisse-vinaigre!
M. Bérubé: Vous avez parfaitement raison,
pisse-vinaigre!
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Forget: ... qu'il tient actuellement sont, sans aucun doute,
destinés à nos visiteurs parce qu'ils n'ont qu'une relation
très ténue avec le sujet de l'amendement.
M. Laplante: L'éloquence frigidaire du
député de Saint-Laurent. On la reconnaît.
Congélateur!
Le Président (M. Lacoste): M. le député
de...
M. Bérubé: Au contraire, M. le Président.
Cette argumentation a été préparée, d'ailleurs,
avant la venue de nos visiteurs. Elle était complètement
rédigée. Je l'avais faite, d'ailleurs, plutôt que de
m'endormir en écoutant le député d'Outremont. J'essayais
de ramasser, de rendre mes idées plus concises.
Donc, je pose la question: La première question, c'est: Le prix
est-il juste? La deuxième question, c'est: Le Québec a-t-il les
moyens de payer? Cela peut expliquer le sens de l'amendement de l'Opposition.
Puisqu'on est prêt à payer le prix juste, on dit: Attention!
peut-être que c'est trop cher, le prix juste. Mais, cet argument, j'y ai
déjà répondu à l'Assemblée nationale. Le
Québec a déjà en fonds investis, par exemple, à la
Caisse de dépôt tout près de $7 milliards. (13 heures)
Le prix le plus élevé que l'on peut payer, c'est celui
demandé par la société General Dynamics, c'est, au dire de
l'Opposition, $280 millions, alors que nous prétendons que c'est de
l'ordre de $120
millions, ce qui serait un prix juste. Par conséquent, ce prix
est tellement plus faible que la quantité d'argent disponible pour faire
des placements actuellement qu'il va de soi que le gouvernement n'a aucun
problème à payer le prix juste. Ce n'est donc pas la question de
savoir si le gouvernement a les moyens de payer.
M. Forget: Etes-vous sérieux dans le moment? Etes-vous
sérieux?
M. Bérubé: Nous continuons, M. le Président. M.
Raynauld: Etes-vous sérieux?
M. Bérubé: Vous noterez, d'ailleurs,
l'impossibilité totale, M. le Président...
M. Forget: On peut donc payer n'importe quel prix jusqu'à
$7 milliards.
M. Raynauld: Jusqu'à $7 milliards. Pas possible!
M. Bérubé: ... de parler.
M. Grégoire: Attendez donc votre tour!
M. Bérubé: Si l'on veut connaître l'opinion
du gouvernement, combien il va payer, il suffit, évidemment, de demander
au gouvernement de déposer ses études; ce que nous avons fait, M.
le Président. Nous avons déposé nos études qui ont
démontré que, ce que nous estimions être un prix juste,
c'était $42 l'action. Nous l'avons fait. L'Assemblée nationale ne
va pas prétendre que le gouvernement n'a pas déposé ses
études. Nous l'avons fait. Nous n'avons pas pu déposer
l'étude de General Dynamics, parce qu'ils nous l'ont interdit. Ils ont
refusé, la société General Dynamics, de rendre...
M. Forget: Est-ce que M. le ministre me permettrait une
question?
M. Grégoire: Après.
M. Bérubé: ... ces renseignements publics.
M. Forget: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Grégoire: Non, après.
M. Bérubé: M. le Président, la
société General Dynamics a refusé de rendre ces
renseignements publics.
M. Forget: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une question?
M. Grégoire: Après! Après!
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre! M. le
ministre...
M. Bérubé: M. le Président, vous voyez que
c'est totalement impossible de dire quoi que ce soit, d'expliquer quoi que ce
soit, de parler même sur la motion proposée par
l'Opposition...
M. Forget: Non, il y a dix minutes que le ministre parle.
M. Bérubé: ... puisqu'ils nous interrompent
continuellement, ce qui est totalement inacceptable, M. le Président, et
vous le savez, contraire au règlement.
M. Forget: On ne vous interrompt pas, on vous demande la
permission. M. le ministre, on vous demande la permission de poser une
question.
M. Bérubé: Mais, il n'en est pas question, M. le
député de...
M. Forget: Vous ne voulez pas répondre à nos
questions...
Le Président (M. Lacoste): Je vous rappelle... A
l'ordre!
M. Forget: ... sur un point précis.
M. Bérubé: M. le député de
Saint-Laurent...
M. Grégoire: Après! Après!
M. Bérubé: Vous savez très bien que nous
allons siéger pendant des heures. Vous aurez le temps de poser toutes
les questions que vous voudrez.
M. Forget: A l'ordre!
Le Président (M. Lacoste): Je vous rappelle qu'il est
présentement 13 heures et la commission parlementaire suspend ses
travaux jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
M. Bérubé: II reste une minute, M. le
Président. L'erreur de parallaxe.
Une Voix: Merci, M. le Président.
M. Forget: On peut peut-être en profiter pour poser une
question au ministre.
M. Grégoire: Après! Après!
M. Bérubé: Etant donné que la commission a
suspendu ses travaux, M. le Président... Suspension de la séance
à 13 h 2
Reprise de la séance à 15 h 16
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre, messieurs! Nous
poursuivons les travaux de la com-
mission des richesses naturelles sur le projet de loi 121. La parole
était au ministre ce matin, sur la motion d'amendement du
député de Saint-Laurent, au paragraphe 20 de l'article
numéro 1.
M. Bérubé: Je n'ai plus d'auditoire, M. le
Président. Le député de Saint-Laurent... Je me demande si
je devrais continuer. Il y avait quand même un certain nombre de
points...
M. Raynauld: ... la basse-cour.
M. Forget: II a perdu son auditoire, M. le Président,
donc, il devient plus mesuré.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: Effectivement, on a finalement une salle
qui nous est assez peu propice, assez peu favorable.
M. Forget: La foule en délire est moins grande.
M. Bérubé: II y a seulement un point auquel
j'essaierais de répondre. L'impression que j'ai de l'amendement qui est
proposé par le Parti libéral, ne peut pas vraiment atteindre
l'objectif qu'il vise. Jusqu'à maintenant, la démarche du
gouvernement a été essentiellement de faire une évaluation
des actions basée sur l'ensemble des profits de l'entreprise, l'ensemble
des investissements nécessaires au maintien des opérations au
niveau où elles sont présentement, et d'actualiser cette encaisse
au cours des quinze prochaines années, de manière à en
calculer une valeur actuelle.
Le présent projet de loi constate, en tout cas, après une
année, l'échec de cette approche, cette approche de
négociation de gré à gré, en tentant de s'entendre
sur un prix qui aurait convenu aux deux parties, et propose un mécanisme
nouveau. De fait, on ne peut pas exproprier des actifs qui ne sont pas
situés au Québec. Par conséquent, l'exercice
antérieur qui consistait à chercher à évaluer la
valeur des actions n'est plus valable. Il nous faut maintenant appliquer ce
type d'évaluation aux actifs que l'on peut exproprier à
l'intérieur du Québec et, forcément, la valeur de ces
actifs est moindre que celle des actions.
Dans cette hypothèse, nous prenons possession des actifs, d'une
part. D'autre part, nous nous accordons trente jours pour faire une proposition
d'indemnité et, subséquemment, il peut y avoir une
négociation, comme l'a souligné le député de
Saint-Laurent, c'est tout à fait possible, ou il peut y avoir accord
rapide, accord dont on soustrait, à ce moment-là, le montant des
dettes, des créances de l'entreprise, de manière à payer
un juste prix.
L'amendement que propose maintenant le Parti libéral est qu'avant
de fixer l'indemnité, avant de voir les actifs, avant d'être en
mesure de connaître les éléments propres à ces
actifs situés au Québec, puisque là, on ne parle plus de
profitabilité globale, mais on parle véritablement d'une
profitabilité restreinte associée à des actifs. Par
exemple, comment calcule-t-on les profits d'une opération comme Asbestos
Hill? C'est déjà beaucoup plus compliqué parce qu'il n'y a
pas de marché international, de concentré d'amiante produit par
la Société Asbestos. Il n'y a donc qu'un vendeur dans le monde et
qu'un seul acheteur. Il s'agit d'un marché captif et, dans ces
conditions, le problème des prix de transfert est un problème
très réel, ne serait-ce que pour évaluer, par exemple, la
charge d'impôt à payer pour l'opération des installations
de l'Asbestos Hill, à titre d'exemple.
Il devient donc beaucoup plus difficile, à ce moment-là,
de décider spécifiquement de la valeur de ces actifs et il nous
faut, sans aucun doute, faire une proposition tout probablement
modérée de manière à ne pas courir trop de risques
et laisser ensuite l'arbitrage, la cour, décider de ce qui est un prix
juste.
Or, il m'apparaît difficile de dire que nous allons informer
l'Assemblée nationale de l'indemnité à payer advenant
l'expropriation, alors, justement, que nous n'avons pas pris possession de
cette propriété. Il est déjà beaucoup plus facile
ou enfin relativement plus facile de calculer, en se basant sur les profits
antérieurs, le prix raisonnable d'une entreprise en marche, mais il est
évidemment beaucoup plus difficile de dissocier les actifs en deux
éléments, les deux étant requis à
l'opération. On ne peut pas exproprier simultanément, ce qui nous
oblige à nous restreindre à une partie seulement des actifs. Il y
a donc une perte importante de la valeur des actifs par suite de
l'impossibilité d'acquérir la deuxième partie.
Donc, dans ces conditions-là, il m'apparaît totalement
impossible de suivre la procédure suggérée par
l'Opposition. En fait, ce que l'Opposition visait, c'est, j'imagine, d'amener
l'évaluation des actions ici devant l'Assemblée nationale et de
voir, compte tenu de l'analyse de l'évaluation des actions, dans quelle
mesure l'expropriation est justifiée. Cependant, il faut quand
même reconnaître que cela n'a rien à voir avec le projet de
loi. C'est un amendement qui amenderait un projet de loi qui serait
différent de celui que nous avons devant cette assemblée parce
que le projet de loi que nous avons devant l'assemblée, c'est un projet
de loi d'expropriation. Le mécanisme qui nous est proposé pour
informer la population est inapplicable tel que proposé dans le cas
d'une expropriation, justement parce que nous ne pouvons pas occuper l'ensemble
des actifs. Par conséquent, il est important d'abord de prendre
possession des actifs avant de pouvoir évaluer, de façon
objective, une indemnité raisonnable.
On se rend donc compte q'une fois de plus il s'agit d'un amendement
bâclé et malheureusement impropre au débat qui nous
concerne.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Les méthodes
utilisées pour faire l'évaluation d'une entreprise peuvent
conduire à exprimer la valeur
de l'entreprise par unité d'action, mais ce ne sont pas
nécessairement les actions qu'on aura évaluées. On
présente les résultats sous forme de prix par action parce que
c'est commode...
M. Bérubé: C'est une méthode.
M. Raynauld: C'est une méthode, mais c'est celle-là
qui est la plus employée. Les autres, apparemment, ont toutes sortes de
défauts. Je ne suis pas assez expert dans le sujet pour argumenter
là-dessus, mais ce que j'ai compris, c'est qu'on nous donne actuellement
un prix en disant d'une part $42 l'action, d'autre part, disons, $100 l'action,
mais ce n'est pas nécessairement l'action qu'on évalue en disant
ça, on l'exprime sous cette forme-là. On aurait pu aussi dire,
étant donné qu'il y a 2 800 000 actions, que c'est $280 millions
d'une part, et $112 millions ou $100 millions d'autre part. Par
conséquent, il n'y a pas de différence dans l'évaluation
entre les résultats de la méthode suivant qu'on achète ou
qu'on n'achète pas des actions, suivant cette méthode-là
qui sont les flux anticipés rapportés à une valeur
présente.
Ceci veut dire que l'autre question qui doit être posée, si
on procède par expropriation, c'est: Est-ce qu'on va acheter toute
l'entreprise ou qu'une partie? Si on n'achète qu'une partie de cette
entreprise-là, l'évaluation qui était basée sur la
valeur totale de l'entreprise n'est plus valable. On s'entend là-dessus.
Alors, le problème que cela pose...
M. Bérubé: M. le Président, pourriez-vous
souligner ce point d'accord entre nous?
M. Raynauld: Oui, bien sûr.
M. Lalonde: Le gouvernement a chaud.
M. Raynauld: Oui, je pense qu'il a chaud.
M. Bérubé: Non, mais je m'inscris en faux contre
ces tactiques... Oui, question de règlement... tactiques que j'estime
déloyales de la part de l'Opposition. Chaque fois que le
député de Frontenac s'apprête à prendre la parole,
l'Opposition s'ingénie à l'endormir, ce qui nuit vraiment
à notre efficacité.
M. Lalonde: C'est bon pour sa santé. A son âge, il a
besoin du repos de l'âme, qu'on appelait.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Laplante: Est-ce qu'il y aurait possibilité de savoir
combien de temps il reste au député d'Outremont sur la motion
d'amendement?
Le Président (M. Lacoste): Deux minutes.
M. Raynauld: Combien de temps?
Le Président (M. Lacoste): Deux minutes.
M. Laplante: Vous êtes généreux, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: En ce qui concerne le député de
Frontenac, je n'ai aucune espèce d'objection à ce qu'il dorme,
parce qu'il dorme ou qu'il ne dorme pas, c'est la même chose. Il n'y a
pas de différence.
M. Lalonde: II n'y a pas de différence.
M. Raynauld: Ce que j'allais dire, c'est qu'il me semble que la
proposition d'amendement que nous faisons, c'est une proposition d'amendement
qui vise, non pas encore à fixer un prix en millions de dollars,
puisque, par hypothèse, il est exact qu'au moment où cela se
poserait, que le conseil d'évaluation ferait son travail, il se pourrait
encore que le gouvernement ne sache pas à ce moment-là, s'il va
acheter 90%, s'il va acheter 80% ou 60% de l'entreprise.
Ce que je voudrais de ce conseil d'évaluation, c'est qu'il nous
donne des évaluations qui nous permettraient et permettraient à
la population du Québec de savoir que si c'est 90%, à ce
moment-là, ils réduisent de 10% les prix ou les
évaluations faites. Si c'est 80%, à ce moment-là, on
réduit à 80%.
Je ne perçois pas cet amendement comme visant à
établir un prix en dollars, qui serait un prix adopté par
l'Assemblée nationale, ce qui me paraît parfaitement ridicule. Je
ne pense pas que l'objectif de l'amendement soit celui-là. Ce n'est pas
cela. C'est un amendement qui vise simplement à prévoir un
mécanisme par lequel la population du Québec saura à
l'avance, plutôt que d'être mise devant un fait accompli, quel est
le coût du geste que le gouvernement a décidé de poser.
A ce moment-là, je ne mets pas en cause non plus le principe de
l'expropriation. Je présente cet amendement vraiment comme un amendement
qui permet simplement de communiquer, sous une forme acceptable, au
gouvernement, des informations qu'il me semble élémentaire de
fournir à cette population lorsque le gouvernement dit: Je vais faire
cela. Autrement dit, c'est pour empêcher le gouvernement de dire: On ne
voulait pas payer $250 millions. On voulait payer seulement $100 millions, mais
regardez, il y a un tribunal d'arbitrage qui nous impose de payer $200
millions, $250 millions. C'est cela que je voudrais éviter, parce que je
trouve que ce n'est pas honnête vis-à-vis de la population du
Québec. Que le gouvernement soit dans une position pour dire: Nous
sommes devant une force majeure. Suivant notre procédure, nous avons
confié à un tribunal d'expropriation la tâche de nous dire
ce que serait un prix juste. Ce que j'accepte comme procédure,
également, je dis, préalablement à celle-là, il me
semble qu'il y en aurait une autre. C'est cela qui est l'objectif de
l'amendement.
M. le Président, je pense que je vais arrêter là
pour respecter votre directive.
Le Président (M. Lacoste): D'accord. Est-ce que nous
sommes maintenant prêts à disposer de l'amendement du
député de Saint-Laurent, à l'article 1, au paragraphe
20?
M. Bérubé: L'intervention du député
d'Outremont était intéressante, et elle mérite
réponse, je pense. Si vous ne vous objectez pas, en trente secondes, je
vais répondre, parce que je n'ai pas l'intention d'étirer les
débats.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: J'allais faire une petite remarque
sarcastique, comme dirait le député...
M. Lalonde: Cabotine, comme d'habitude.
M. Bérubé: ... lorsque j'ai entendu le
député d'Outremont dire: Je ne pense pas que l'objectif de
l'amendement soit de... Cela me fait penser à l'amendement
précédent, où on a senti que le député de
Marguerite-Bourgeoys non plus ne souscrivait pas tellement à
l'amendement et cherchait à le tordre de manière à pouvoir
le rendre justifiable. Cela m'a surpris.
Je pense que le point qui est important, c'est le suivant: Nous avons
déposé, à l'Assemblée nationale, une
évaluation. Que dit cette évaluation? Elle dit que pour
l'ensemble des actifs, pour les actions je suis d'accord avec le
député d'Outremont, c'est une seule et même chose dans la
mesure où on achète la totalité notre consultant
dit qu'il en vaudrait $42. Je ne vous cacherai pas, en autant que je suis
concerné, que j'estimais devoir payer légèrement plus que
cela, dans une première analyse. (15 h 30)
Egalement, d'autres chercheurs en économie de l'Université
de Sherbrooke ont prétendu que ce serait plutôt de l'ordre de $40.
En d'autres termes, il y a un élément subjectif, cela va de
soi.
Lorsque nous avons fait notre analyse, nous l'avons faite à la
lumière d'une évaluation de la situation économique. Si on
regarde la rentabilité de la société Asbestos il y a sept
ou huit ans, la valeur de l'entreprise était très faible, la
profitabilité de l'entreprise était très faible. Lorsqu'on
regarde les profits, j'ai devant moi les profits de 1975, 1976, 1977 et 1978:
$14 millions en 1975, $20 millions en 1976, $21 millions en 1977...
M. Lalonde: Le député de Frontenac n'est pas
intéressé aux profits.
M. Forget: II sait profiter de la vie autrement.
M. Bérubé: Si je peux mettre la main sur les
revenus de 1978... je ne suis pas habitué...
M. Lalonde: Je n'ai pas dit qu'il dormait.
Une Voix: II ne les sait pas par coeur les profits de 1978?
M. Bérubé: $15 millions. En d'autres termes...
M. Forget: On a cru un instant que les profits s'étaient
volatilisés avant même la nationalisation, ce qui serait
remarquable.
M. Bérubé: En d'autres termes, nous constatons les
fluctuations importantes des profits. Cette fluctuation à la baisse
n'avait évidemment pas été prévue par la
société Lazard Frères lorsqu'elle a fait son analyse. Elle
a supposé un taux d'actualisation très bas parce que, sachant la
très grande stabilité des revenus, il n'y avait pas
d'inquiétude à y avoir, les revenus ne pouvaient pas baisser.
Egalement, elle a supposé un accroissement des prix plus rapide que
l'inflation.
Or, je n'ai pas, malheureusement j'avais cela sous les yeux
récemment, mais je ne les ai pas avec moi les augmentations de
prix des dernières années. Il y a certes eu deux années
importantes en 1974-1975 pour l'accroissement des prix, c'est un fait, mais, en
1976, cet accroissement a été beaucoup plus modeste, de l'ordre
de l'inflation. En 1977, il a été également de l'ordre de
l'inflation et en 1978 aussi. En d'autres termes, il y a eu, à un moment
donné, un accroissement très rapide. Pourquoi cet accroissement
des profits? C'est que, effectivement, compte tenu des exigences de
salubrité imposées à ses mines, l'industrie a dû
investir de façon importante dans ses installations et, pour
rentabiliser ses opérations, elle a dû accroître les prix.
Il y a donc eu un transfert de coûts aux clients.
On se rend donc compte de façon assez évidente
d'ailleurs, non seulement les industriels producteurs de l'amiante mais tous
les consommateurs s'en rendent compte aujourd'hui que ce n'est
probablement pas possible de continuer à augmenter le prix de l'amiante
aussi vite qu'il s'est accru en1974-1975. Cependant, il est tout à fait
possible pour un industriel de dire: Mais non, l'amiante a un avenir
extraordinaire et dire que les prix vont s'accroître de 4% à 5%
plus rapidement que l'inflation au cours des 15 ou 20 prochaines années.
C'est une hypothèse.
Je vois que le député de Saint-Laurent se renseigne...
Non, c'est plus de 1%.
M. Forget: 1% de plus que le prix de parité. M.
Bérubé: Non.
M. Forget: Le ministre est d'accord avec cela? Pour les fibres de
catégorie B, mais pas pour toutes les catégories de fibre. Donc,
ce n'est pas une hypothèse farfelue. C'est une hypothèse qui est
modeste par rapport à la tendance de longue période.
M. Bérubé: Non, pas nécessairement, au
contraire; là, je ne suis pas d'accord avec le député.
M. Raynauld: En tout cas, en moyenne, c'est 2,5%.
M. Bérubé: Donc...
M. Raynauld: Le ministre est en train de l'endormir.
M. Lalonde: Ce n'est pas...
M. Forget: C'est déjà fait.
M. Bérubé: Par conséquent, M. le
Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: ... ce qu'il faut dire, c'est qu'il
existe certains éléments subjectifs dans une évaluation
qui doivent être appréciés à la lumière du
passé, à la lumière de circonstances politiques actuelles,
par exemple: la Suède n'avait pas banni l'amiante en 1976, donc il y a
un inconnu. S'il y a un inconnu, on ne peut pas à la fois
prétendre que les prix vont continuer à s'accroître de
façon très rapide et, en même temps, dire que ce qui
est quand même une hypothèse optimiste cela est tellement
sûr que l'on doit utiliser un taux d'actualisation très
conservateur. On ne peut pas faire les deux à la fois. Il y a un
élément d'appréciation.
M. Raynauld: Cela n'a rien à voir avec le taux
d'actualisation, entre parenthèses, ce que vous dites là.
M. Bérubé: Je pense qu'aucune étude ne
pourrait satisfaire l'Opposition.
M. Forget: On est beaucoup plus satisfait d'une absence totale
d'étude, c'est ce que vous voulez dire.
M. Bérubé: Lorsque nous avons fait notre analyse,
nous avons essentiellement regardé la sensibilité et c'est
normal dans toute étude, et Kidder l'a fait d'ailleurs de nos
études à un certain nombre d'hypothèses. C'est
après avoir évalué cette sensibilité que l'on dit
que probablement le prix juste serait autour de $42. C'est probable que c'est
un prix plus que raisonnable.
On me citait récemment un exemple qui est le cas de Saint-Bruno
où on avait voulu exproprier des terrains situés sur le mont
Saint-Bruno de manière à conserver ce terrain pour un futur parc.
Je rappellerai au Parti libéral qu'il s'agit là d'un dossier sur
lequel il a travaillé. Je ne sais pas par quel hasard sans doute
le député de Marguerite-Bourgeoys devait être
impliqué dans ce dossier parce qu'il a ce sens de l'appréciation
des coûts assez remarquable, d'ailleurs, il en a fait la preuve lors des
Jeux olympiques au moment où il contrôlait
sévèrement l'accroissement des coûts l'industriel en
question avait acheté les terrains sur le mont Saint-Bruno au montant de
$2 500 000 et, en 1974, le gouvernement libéral décide
d'exproprier. Il offre $4 200 000, se basant sur une valeur, la juste valeur
marchande; d'ailleurs c'était le principe de la mise. La demande de
l'industriel, compte tenu de ses projets d'expansion, compte tenu des
investissements qu'il avait mis dedans, était de $24 800 000. Eh bien!
le règlement en cour, en 1978, le 6 juillet, a fixé
l'indemnité à $4 200 000 soit ce qui était proposé
par le gouvernement. En d'autres termes, le principe de juste valeur marchande
est un principe qui a fait l'objet d'un certain nombre de décisions de
cour et, je dois dire, est un principe courant. Par conséquent...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que...
M. Bérubé: Oui, je termine. Par conséquent,
le mandat que nous avons confié à la société
Kidder, Peabody était justement de nous faire une proposition telle
qu'elle puisse résister à toute contestation juridique. C'est
avec la plus grande confiance que nous sommes prêts à affronter un
tribunal d'expropriation, compte tenu de l'ensemble des facteurs dont nous
avons tenu compte. Cette étude est à la disposition du Parti
libéral et, par conséquent, le Parti libéral
détient toute l'information dont il a besoin pour porter un
jugement.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... j'avais demandé au ministre de poser une
question et il est revenu sur le point précis justement sur lequel je
voulais lui poser une question. Il nous dit que le public dispose de toute
l'information nécessaire quant à l'évaluation qu'a faite
le gouvernement. J'aimerais qu'il nous assure que tel est bien le cas. Il y a
des rumeurs ou une croyance qui est sûrement partagée par certains
membres de la presse parce qu'on le voit dans un article du Soleil
d'aujourd'hui, mais c'est une chose dont j'ai entendu parler aussi. Je n'ai pas
vérifié dans quels termes précis le ministre des Finances
a déposé l'étude Kidder, Peabody. Mais on pourrait
peut-être trouver là, que ce dépôt n'est pas un
dépôt complet.
M. Bérubé: C'est juste.
M. Forget: Donc, on n'a pas toute l'information.
Deuxièmement, il y a une étude maison, une évaluation
maison que le ministre des Richesses naturelles ou le ministre des Finances
je ne sais pas exactement mais à laquelle le ministre des
Richesses naturelles a fait allusion à deux reprises à
l'Assemblée nationale et qui constituait d'ailleurs le chapitre manquant
dans l'étude qui a été distribuée aux membres de la
commission parlementaire l'an dernier. Donc, c'est aussi un autre
élément du dossier qui manque. On ne sait pas si cette
évaluation maison, qui est demeurée secrète jusqu'à
maintenant, concorde avec l'évaluation Kidder, Peabody. Quant à
l'évaluation de Kidder, Peabody, elle n'est pas complète
d'après l'admission même du ministre. Donc, on n'a certainement
pas tous les éléments. Qui plus est, si le gouvernement
n'achète pas tous les actifs de la société Asbestos, on ne
sait vraiment pas, à ce moment-là,
à quel saint se vouer, parce que les études disponibles ne
font pas une ventilation des actifs; ce qui nous laisserait dans
l'impossibilité de mesurer l'engagement gouvernemental si, supposons, on
décidait d'acheter seulement la mine de Thetford Mines. Quand on lit
l'étude de Kidder, Peabody, on ne sait pas ce que cela vaut. On sait ce
que vaut le tout, on ne sait pas ce que vaut chacune des parties. Il y a donc
un autre élément qu'il nous manque. Il y a trois
éléments qui manquent. Un élément de l'étude
Kidder, Peabody, l'évaluation maison du gouvernement et,
troisièmement, une ventilation de ces évaluations-là qui
nous permettrait de savoir combien vaut la partie des actifs qu'on se proposera
un jour d'exproprier, quand on en sera venu là. N'est-ce pas?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est un fait le ministre des
Finances ne l'a pas caché qu'une étude primordiale
à l'évaluation de Kidder, Peabody est une étude
réalisée par la firme qui n'est pas disponible à la suite
d'un accord de confidentialité. C'est-à-dire que la
société General Dynamics qui vous a, d'ailleurs, si
généreusement et si gracieusement fourni l'information
nécessaire a refusé...
M. Forget: De même qu'à vous.
M. Bérubé: ... que les citoyens
québécois puissent en disposer, y compris d'ailleurs le
député de Richmond qui n'a pas eu droit à cette
étude. Pour autant que cela nous concerne, nous déposerions
absolument toutes les études. Nous n'avons absolument rien à
cacher.
M. Forget: Mais l'étude maison?
M. Bérubé: Nous serions prêts, d'ailleurs, en
n'importe quel temps, à déposer cette étude-là.
M. Forget: L'étude maison du gouvernement?
M. Bérubé: Non, si vous me le permettez, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Vous n'avez jamais déposé
celle-là. L'étude maison du gouvernement, le chapitre manquant
qu'on n'a pas eu l'an dernier, on ne l'a jamais eu.
M. Bérubé: Je peux l'examiner.
M. Grégoire: On peut vous donner celle de Lazard
Frères.
M. Forget: Vous nous dites, de façon très
affirmative... Une Voix: C'est cela.
M. Forget: ... à propos d'une autre étude qui n'est
pas la vôtre, que vous seriez prêt à déposer. Mais la
vôtre, vous n'êtes pas prêt à la déposer sans y
réfléchir pendant 24 heures?
M. Bérubé: Je pourrais faire des caches concernant
certaines données fiscales.
M. Forget: Ah! des caches.
M. Bérubé: Malheureusement, parce qu'il va de soi
que pour faire une telle évaluation, nous avons évidemment
profité d'une information privilégiée que j'ai,
évidemment, comme ministre des Richesses naturelles en tant que ministre
responsable des droits sur les mines. J'ai donc accès à la
comptabilité interne de l'entreprise. Cela me met dans une position
privilégiée pour évaluer la valeur de l'entreprise. Je
n'ai pas manqué, d'ailleurs, d'utiliser cette information
privilégiée pour évaluer combien il nous en
coûterait, il va de soi. Cependant, il m'est difficile de déposer
non seulement il m'est difficile, mais contraire au serment d'office que
j'ai prêté cette information privilégiée qui
porterait sur les données de nature fiscale dont j'ai une information
privilégiée.
M. Forget: Mais, quant au reste, vous pourrez le
déposer.
M. Bérubé: A l'exception de toutes ces... Oui, il
faudrait que j'examine. Enfin, je ne vous cacherai pas que vous n'apprendrez
rien. Vous allez apprendre que nous l'avons évalué à
$46.80. C'est tout ce que vous allez apprendre parce que c'est exactement la
même méthode.
M. Forget: $46.80.
M. Bérubé: Oui.
Une Voix: C'est quand même appréciable.
M. Forget: C'est différent de l'autre. Mais il reste que
c'est donc...
M. Bérubé: Avec des marges.
M. Forget: C'est cela, il y a des marges. C'est ce qu'on dit
depuis le début. Il y a des marges, mais elles sont peut-être plus
grandes que le gouvernement ne voudrait l'admettre. Troisièmement,
l'élément qu'on ne connaît pas, c'est la ventilation des
actifs de manière que si vous expropriez seulement une partie des
actifs, finalement, le public, de même que les parlementaires, seront
dans le noir absolu quant à la valeur de la partie que vous allez
exproprier. Ce qu'on connaît, c'est le tout. On ne connaît pas les
parties.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre. (15 h 45)
M. Bérubé; L'étude qui a été
déposée à l'Assemblée nationale, que vous avez lue
avec moins d'attention que celle de Lazard Frères qui vous avait
été gracieusement fournie par le téléphone direct,
la société General Dynamics, si vous l'aviez examinée
soigneusement, vous auriez vu que cette étude donne les résultats
d'abord généraux de Watts, Griffis et McOuat, d'une part, et,
d'autre part, qu'elle dit ceci: La valeur des actifs
ou la valeur des actions résultant des actifs situés en
Allemagne de la valeur des actions pour les actifs situés...
M. Forget: Celle-là, d'accord, il y a à peu
près $3 ou $4 l'action qui sont attribuables à la présence
des actifs allemands de l'ouest. Ce n'est pas là, parce que ce
problème est déjà connu. Mais si vous décidez,
parce que vous n'achetez pas l'usine en Allemagne, de ne pas acheter la mine de
Baie-Déception, il n'y a pas moyen de faire la distribution de la
valeur, d'après l'étude de Kidder Peabody telle que
présentée. Ce n'est pas possible.
M. Bérubé: Telle que présentée, c'est
vrai.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que les membres de la
commission parlementaire sont prêts à disposer de...
M. Brochu: M. le Président, si vous me permettez...
Le Président (M. Lacoste): Allez-y.
M. Brochu: J'ai suivi le débat avec beaucoup
d'intérêt, je n'ai pas l'intention...
M. Bérubé: Je crois que c'est celle de Lazard que
vous avez consultée.
M. Forget: Non, pas plus. C'est pour cela qu'on dit...
M. Brochu: Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de
reprendre tous les arguments qui ont été soulevés au cours
de la présente discussion. J'ai suivi tout ce qui s'est dit de part et
d'autre avec beaucoup d'intérêt. Vous me permettrez seulement de
revenir sur un point qui a attiré mon attention et sur lequel ma
réflexion porte depuis quelques jours en ce qui concerne la circulation
des documents.
D'abord, on sait qu'il y a eu une entente de discrétion entre le
gouvernement du Québec et General Dynamics en ce qui concerne
l'étude présentée et faite par Lazard Frères. Dans
un deuxième temps, l'entreprise, si j'ai bien compris, et je me
réfère en cela au journal des Débats, aux propos
même du chef de l'Opposition officielle, l'entreprise a offert au chef de
l'Opposition officielle la possibilité de consulter ses documents. Donc,
l'accord de confidentialité ne vaut qu'en partie, elle ne vaut plus,
à toutes fins utiles puisque l'entreprise d'une main exige du
gouvernement en place un accord de confidentialité comme celui-là
et de l'autre offre gracieusement au chef de l'Opposition la possibilité
de consulter des documents. Ce qui me paraît doublement curieux,
même si la première démarche me paraît tout à
fait douteuse en ce qui concerne le fait d'exiger un accord de
confidentialité et de l'autre côté d'ouvrir la porte toute
grande, c'est qu'on ouvre la porte toute large à seulement une partie de
l'Opposition, puisque dans les faits, en ce qui nous concerne, et pourtant j'ai
bien suivi le dossier depuis le début même de la loi 70 et tout le
débat, jamais une telle offre n'a été faite à
l'Union Nationale par General Dynamics. Ce qui me fait dire, M. le
Président, à toutes fins utiles, que non seulement...
M. Forget: L'avez-vous demandée?
M. Brochu: Non, je ne l'ai pas demandée.
M. Forget: Essayez, nous autres, on l'a demandée.
M. Lalonde: On l'a demandée.
M. Forget: On l'a demandé à l'Assemblée
nationale. On a reçu un téléphone le soir disant qu'on
pouvait la consulter.
M. Brochu: Je ne l'ai pas demandée.
M. Lalonde: Vous n'avez qu'à composer le même
numéro de téléphone que le ministre a composé pour
l'avoir.
M. Brochu: Le problème reste fondamentalement le
même. C'est qu'on exige un accord de confidentialité du
gouvernement en place qui travaille au dossier et en même temps cet
accord n'existe pas du côté de la même firme qui l'a
exigé lorsqu'un parti demande des documents. Si General Dynamics avait
l'intention d'ouvrir son coeur tout grand au public, les premiers
intéressés au niveau de ce qu'est peut-être le public pour
General Dynamics, cela aurait été d'informer l'ensemble de
l'Opposition, tout au moins. Cette démarche me semble douteuse puisqu'il
y avait d'abord un accord de confidentialité. On apprend en discutant
maintenant que d'autres documents circuleraient de façon
unilatérale du côté de l'Opposition officielle, non pas que
je veuille partir un débat là-dessus, mais je trouve cela tout
à fait curieux et je commence à me poser des questions.
Sur les questions que je me posais il y a un bout de temps, je commence
à avoir certaines réponses lorsque je regarde le comportement de
l'entreprise et ce qui s'est passé dans ce dossier depuis le
début. Actuellement, je suis en train d'analyser la situation beaucoup
plus en profondeur et j'ai bien l'intention d'aller plus loin dans ce domaine.
Pour un projet d'une aussi grande importance, une situation aussi confuse,
aussi aberrante à sa face même, dans les faits mêmes de ce
qui s'est passé, des choses aussi importantes que cela, je pense qu'on
ne peut pas les passer sous silence. C'est pour cela que je me permets de faire
un aparté ce n'est pas tellement pertinent pour souligner
que la situation est pour le moins douteuse et confuse et que c'est
peut-être volontairement entretenu et manipulé de cette
façon.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: Là-dessus, je dois souscrire
totalement à l'affirmation du député de Richmond. Il a dit
que ce n'était pas pertinent, mais je pense que c'est certainement
pertinent quant à l'amendement qui est proposé par le Parti
libéral puisque celui-ci propose un mode d'information des citoyens du
Québec. Ce qui me frappe, M. le Président, dans cette
opération-là et là-dessus je suis
entièrement d'accord avec le député de Richmond
c'est le mépris le plus complet que manifeste la société
General Dynamics vis-à-vis du peuple québécois. C'est un
fait que la société General Dynamics possède certaines
relations privilégiées avec un parti politique au Québec,
mais une société qui a peut-être pris de mauvaises
habitudes de "lobbying", que ce soit auprès du Sénat
américain ou auprès de tous les pays européens chaque fois
qu'il s'agit d'acheter leurs bombardiers, leurs avions chasseurs, ou leurs
sous-marins, ou leur bombe atomique, ou leur bombe de ci ou leur bombe de
ça, c'est une société qui a développé une
aptitude à manipuler des gouvernements et qui finit par croire qu'elle
est au-dessus de la volonté des peuples. De fait, je pense que c'est un
des problèmes de la société General Dynamics.
Fort heureusement, cette attitude n'est pas corroborée par
l'ensemble du peuple américain. J'ai vécu assez longtemps aux
Etats-Unis pour connaître suffisamment les Américains, pour savoir
qu'ils n'approuvent pas tout ce que font leurs grandes entreprises dans
certains cas. Récemment d'ailleurs, l'ambassadeur des Etats Unis devait
souligner qu'en autant qu'il était concerné, si l'expropriation
se faisait suivant des normes, des standards acceptés, le gouvernement
américain n'y verrait aucune objection car le gouvernement
américain a dû, dans le passé, exproprier lui aussi des
entreprises. C'est là une pratique courante dans l'ensemble des pays du
monde de quelque région qu'ils soient sur le globe.
Ce qui est important cependant, c'est de laisser les lois de la justice,
laisser libre cours à la justice et, par conséquent,
établir des lois qui respectent certains droits des citoyens et c'est ce
que nous faisons dans le présent projet de loi.
Cependant, ce qui, à mon point de vue, puisque nous parlons ici
du droit des Québécois à l'information, est aberrant,
c'est que justement une société comme la société
General Dynamics puisse faire un effort pour manipuler l'opinion publique,
utiliser même un parti politique dans le but de manipuler l'opinion
publique et je pense que cette attitude manifeste un profond mépris pour
la société québécoise. Là-dessus je souscris
entièrement avec la position du député de Richmond et
personnellement...
M. Forget: M. le Président, on va devoir invoquer le
règlement et la pertinence du débat. A moins que le
ministre...
M. Bérubé: ... je dois dire que le blâme doit
être supporté par le parti libéral.
M. Forget:... veuille ouvrir la porte à un débat
sur cette question, je serais tout à fait prêt à faire un
débat de six heures s'il le veut sur cette question-là, question
fort intéressante, mais je pense que ce n'est pas pertinent à
l'amendement. Encore une fois s'il veut qu'on débatte ça, s'il
veut écarter d'un commun accord les règles de la commission
parlementaire, je suis tout à fait prêt à ce que l'on
débatte cette question-là.
Est-ce que le ministre nous donne son consentement pour qu'on puisse lui
offrir la répartie dans un débat qu'il a ouvert sur les questions
d'accès aux données?
M. Bérubé: Je n'ai que répondu à
l'intervention du député de Richmond.
M. Forget: Si je comprends bien, vous ne donnez pas votre
consentement à ce que l'on vous donne la réplique?
Le Président (M. Lacoste): Je demanderais aux
membres...
M. Forget: Non? Oui ou non?
M. Bérubé: Vous avez droit de réplique, vous
n'avez pas épuisé votre temps de parole.
M. Forget: Oui, justement, on a épuisé notre droit
de parole.
Le Président (M. Lacoste): ... de la commission
parlementaire...
M. Forget: Sauf notre collègue de
Marguerite-Bourgeoys.
Une Voix: II trouvera bien le temps de l'insérer dans une
de ses...
Le Président (M. Lacoste): ... ainsi qu'au ministre de
revenir sur la motion d'amendement à l'article 1, paragraphe 20. Nous
sommes actuellement...
M. Forget: II y a une heure qu'on se fend en deux, M. le
Président, pour dire qu'on est prêt à l'adopter ou à
la rejeter, mais à la voter du moins.
Le Président (M. Lacoste): ... nous faisons actuellement
une tentative de nous éloigner de la motion d'amendement.
M. Bérubé: D'accord, moi aussi, M. le
Président.
M. Lalonde: J'ai quelques remarques à faire parce que les
accusations... Ici, depuis quelques jours, le cabotinage du ministre qui est
étonnant d'ailleurs, si on tient compte de ses talents... C'est donc une
méthode inutile et même nuisible aux travaux de la Chambre...
M. Laplante: M. le Président, question de
règlement...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bourassa, question de règlement.
M. Laplante: Je voudrais savoir si le député de
Marguerite-Bourgeoys parle sur la motion que le député de
Saint-Laurent se dit prêt depuis une heure à voter ou s'il parle
sur une question de règlement, vu qu'il n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire. S'il a déjà
parlé sur cette motion, je voudrais savoir le temps qu'il a
épuisé actuellement et je voudrais qu'il en vienne à la
pertinence de cette motion, s'il vous plaît.
M. Lalonde: J'ai eu à peine le temps... Cette question de
règlement...
Le Président (M. Lacoste): En fait, pour clarifier, le
député de Marguerite-Bourgeoys a encore un peu moins de huit
minutes maintenant.
M. Lalonde: Bon, je vais essayer de faire ça le plus
rapidement...
M. Forget: M. le Président, j'aurais une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): Question de règlement,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Oui. Etant donné qu'on a fait des insinuations
du côté gouvernemental, je demanderais au ministre de consulter
l'article 80 du règlement. S'il croit vraiment que des accusations
doivent être portées relativement à des actes qu'ont
posés des membres de l'Opposition, il peut le faire selon les termes de
l'article 80, en présentant une motion de fond et en voyant à ce
qu'un débat s'ensuive, conformément à nos
règlements. Je l'invite à se prévaloir de notre
règlement pour soulever une question de fond. Il a laissé
entendre que les actes de l'Opposition officielle relativement à ce
débat étaient dérogatoires, nous rendaient indignes
à nous exprimer sur le sujet. Il y a une mesure prévue dans nos
règlements pour, justement, qu'on vide cette question. Alors, qu'il le
fasse, nous sommes tout à fait prêts à participer à
un débat sur tout ce qui a pu entourer la connaissance que nous avons
prise des renseignements qui sont déjà disponibles au
gouvernement, d'ailleurs.
C'est le respect des purs principes de démocratie de mettre les
forces politiques dans un état d'égalité devant un
débat, alors que le ministre voudrait s'approprier de certaines
données, les considérer comme secrètes.
M. Bérubé: Nous voudrions tout publier.
M. Forget:... et sur la base de son omniscience, il nous a fait
l'aveu qu'il y a plusieurs données qui tirent leur origine du
gouvernement lui-même, que le gouvernement n'a jamais publiées et
il a dit qu'il réfléchirait jusqu'à quel point il pourrait
les publier et cela fait un an qu'il les a en sa possession. Après cela,
il vient nous accuser d'avoir pris connaissance de données que le
gouvernement a déjà en main depuis plusieurs mois. Tout ce qu'on
a fait, c'est de réclamer le droit d'accès à la même
information dont le ministre dispose déjà. S'il veut pousser plus
loin l'argumentation, qu'il prenne l'article 80 de nos règlements, qu'il
présente une motion à l'Assemblée nationale et on est
prêt à débattre cela pendant deux jours, s'il le veut.
M. Grégoire: M. le Président, je crois que
le député de Saint-Laurent a mal compris les paroles du
ministre.
M. Forget: II n'est pas question que j'aie mal compris ou non. Je
suis sûr que c'est vous qui avez mal compris.
M. Grégoire: Sur la question de règlement. M. le
Président, je l'ai laissé parler.
M. Forget: Utilisez l'article 80 ou taisez-vous. M.
Grégoire: M. le Président...
M. Forget: L'article 80, M. le Président, ou qu'il se
taise.
Une Voix: Politesse!
M. Grégoire: Ecoutez, vous n'êtes pas en Allemagne
nazie pour dire: Qu'il se taise! Vous n'êtes plus du temps de Duplessis
alors qu'il disait: "Toé, tais-toé!"
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Forget: Si vous avez des accusations à porter,
portez-les franchement.
M. Grégoire: M. le Président...
M. Forget: Ayez le courage de défendre vos convictions
dans un débat prévu pour cela.
M. Grégoire: Je vais dire au député de
Saint-Laurent...
M. Forget: Vous n'avez aucun courage, vous ne faites que des
insinuations, vous n'avez pas osé faire une seule affirmation sur
laquelle on pourrait vous contredire.
Le Président (M. Lacoste): Je vous rappelle à
l'ordre. M. le député de Frontenac, à l'ordre!
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais dire au
député de Saint-Laurent...
M. Forget: Vous êtes un poltron.
M. Grégoire: ... que ce qui se produit, c'est justement ce
qu'on voudrait savoir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: II arrive que vous vouliez savoir certaines
choses. Nous aussi on voudrait savoir quels sont les liens entre vous...
M. Forget: Alors, provoquez un débat en vertu de l'article
80.
M. Grégoire: Là, vous ne me laissez pas parler
parce que la vérité vous fait mal.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent, à l'ordre!
M. Grégoire: On voudrait connaître les liens,
déposez-les vos liens entre General Dynamics et vous, c'est cela qu'on
voudrait savoir.
M. Forget: Portez une accusation formelle, vous allez tout
savoir.
M. Grégoire: Déposez vos liens et on la portera,
s'il le faut. Là, vous ne voulez pas le dire.
M. Forget: Vous prouvez que vous portez des insinuations sans
rien savoir.
M. Grégoire: Dites ce qui en est.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Grégoire: On sait tout de même ceci...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac!
M. Grégoire: C'est que le chef de l'Opposition
libérale a dit: On est copains, on pratique la politique de la tape sur
l'épaule, on se fait confiance.
M. Forget: On a dit qu'on a demandé des données et
qu'on les a obtenues.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Forget: Faites-en autant, si vous en êtes capable. Vous
n'avez même pas les données que le ministre a en sa
possession.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): La parole est au
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous voyez, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais que les
députés s'expriment sur la motion d'amendement à l'article
1, paragraphe 20.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, je vais le faire avec au
moins autant de pertinence que les autres et je ferai appel à votre sens
de la justice, M. le Président, pour me donner autant de lattitu-de que
vous en avez laissé aux autres. Je suis convaincu qu'on va bien
s'entendre.
M. le Président, la question de règlement soulevée
par le député de Saint-Laurent démontre bien que j'avais
au moins la moitié ou 50% de raisons de considérer les propos,
les accusations, les insinuations de l'autre côté comme du pur
cabotinage, c'est-à-dire des choses qu'on ne doit pas prendre au
sérieux. Il est vrai, par exemple, qu'il y a une limite à laisser
se passer ces choses...
M. Laplante: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Vous avez rendu une décision en donnant la
parole au député de Marguerite-Bourgeoys et je voudrais bien
qu'il s'en tienne à la pertinence du débat qui est l'amendement
proposé à l'article 20, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Je tenterai de le faire.
M. Laplante: Un peu de respect pour la présidence.
Le Président (M. Lacoste): Je demande à tous les
députés de revenir sur la motion d'amendement.
M. Lalonde: Vous allez quand même me permettre de
répondre aux accusations que le ministre a faites exactement dans la
même pertinence que le député...
Le Président (M. Lacoste): Sinon, on ne s'en sortira pas,
les députés vont soulever des questions de règlement. A ce
moment-là...
M. Lalonde: M. le Président, je comprends le dépit
du député de Bourassa de ne pas présider parce qu'on l'a
écarté de la présidence à cette commission, mais il
faudrait quand même qu'il laisse parler les autres. Il y a une limite,
quand même, de contribuer d'une façon négative au
débat.
M. Laplante: Vous allez parler suivant le règlement et
dans le respect de la présidence. (16 heures)
M. Lalonde: Ce n'est pas vous qui êtes président, on
vous a écarté de la présidence...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Pour le respect de la présidence.
M. Lalonde: ... de ce débat, c'est fait, c'est
réglé. Mangez votre...
M. Laplante: On ne s'abaissera même pas à
répondre.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bourassa, vous n'avez pas demandé la parole à la
présidence. Chaque député, lorsqu'il veut adresser la
parole, doit demander en premier lieu la parole à la présidence
sur une question de règlement ou autre.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Donc, M. le Président, je disais que dans les
propos, sur la question de la motion d'amendement du député de
Saint-Laurent, du ministre qui parlait dans la parfaite pertinence, que vous
avez jugé pertinente, il y avait des accusations qui sont simplement la
centième répétition des mêmes insinuations qui me
paraissaient simplement être un peu de l'agacement de parlementaires
fatigués, mais quand même. Il y en a même un qui dormait
tantôt qui a répété à satiété
depuis trois ou quatre jours ces accusations, à savoir que le Parti
libéral aurait des relations privilégiées avec la
société General Dynamics.
Une fois pour toutes, j'espère que cela va être
réglé. On en a ri un peu au début, on se taquinait. Le
chef du Parti libéral a obtenu copie de cette étude de Lazard
Frères, simplement parce qu'il l'a demandée. Il l'a obtenue sous
le même sceau de confidentialité que le gouvernement.
M. Laplante: M. le Président, s'il vous plaît, M. le
Président!
M. Lalonde: M. le Président, écoutez...
M. Laplante: La pertinence du débat, s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Est-ce qu'il faut suspendre le débat, M. le
Président?
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bourassa, sur une question de règlement?
M. Laplante: Sur la motion, M. le Président. Oui, M. le
Président, je veux qu'il revienne à la motion. C'est à
cela que je veux qu'il revienne.
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais bien dire que la
présidence a été assez large face aux questions qui ont
été discutées. J'aimerais redonner la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys, toujours en revenant à la
motion d'amendement de l'article 1, du paragraphe 20.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, je vais le faire avec
autant de pertinence, mais vous comprendrez qu'il faut que je réponde
quand même. Si vous m'empêchiez de répondre aux mêmes
propos, ce ne serait pas juste. Je vous demanderais, s'il vous plaît, de
demander la collaboration des autres députés, sans cela il n'y a
pas de commission possible. Il n'y a pas de discussion possible. Si, à
chaque parole que je dis, à chaque phrase que je commence, il y a un
député qui m'interrompt pour invoquer le règlement, cela
me fera penser au chahut indescriptible et honteux qu'il y a eu à
l'Assemblée nationale un certain mercredi, il n'y a pas tellement
longtemps, où certains députés ministériels ne se
sont pas distingués, M. le Président.
M. Bérubé: Vous avez raison, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, et nous allons faire un effort
pour vous écouter attentivement et ne pas vous interrompre, d'ailleurs,
comme votre collègue de Saint-Laurent l'a fait tantôt, à
midi, avant de suspendre la séance où il m'a complètement
empêché de parler.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur la motion d'amendement.
M. Lalonde: M. le Président, dont il n'y a pas de lien
particulier, simplement le même numéro de téléphone
que le ministre des Finances a composé pour obtenir la copie sous le
sceau de la confidentialité. Ce même numéro de
téléphone et la ligne directe que le député de
Frontenac aime bien mentionner et à propos desquels il aime bien faire
ses taquineries. Que ce soit bien entendu.
M. Bérubé: Pourriez-vous le rendre public pour
permettre à tous les citoyens de téléphoner eux aussi?
M. Lalonde: Le ministre des Finances n'est quand même pas
tenu à tellement de confidentialité qu'il ne puisse
lui-même dire aux députés de l'Union Nationale quel
numéro composer s'ils veulent l'obtenir.
M. Grégoire: Parce qu'ici, nous autres, on ne le sait
pas.
M. Lalonde: Je sais que le député de Frontenac ne
connaît pas grand-chose dans le dossier...
M. Grégoire: Je ne le sais pas.
M. Lalonde: II n'a pas vu le dossier.
M. Grégoire: Je ne sais pas le numéro de
téléphone de General Dynamics.
M. Lalonde: II n'a probablement pas vu le dossier de Lazard
Frères.
Le Président (M. Lacoste): Vous n'avez pas demandé
la parole à la présidence.
M. Lalonde: M. le Président, cette motion vise donc
à éviter les périls qu'on a vus dans d'autres dossiers. Le
député de Bourassa, à plusieurs reprises, a
mentionné les Olympiques. C'est d'ailleurs repris par le ministre...
M. Bérubé: C'est une moyenne omelette.
M. Lalonde: J'ai eu l'occasion de répondre à cela,
mais le député de Bourassa était absent de la commission;
c'est avant-hier soir. C'était à propos de la motion, la
première motion, où nous voulions inviter Lazard Frères et
Kidder, Peabody à venir répondre aux questions des
députés ici sur les deux évaluations extrêmement
disparates. Etant donné que le député de Bourassa
n'était pas là, je vais le répéter avec votre
permission, M. le Président, mais à propos de cette motion-ci qui
est différente.
On sait très bien que les deux études de Kidder, Peabody
et Lazard Frères ont trait à la valeur d'actions.
Nécessairement, c'est fondé sur la valeur des actifs aussi. Dans
une certaine mesure, c'est pertinent, mais cela dépend des actifs qu'on
prend. Or, l'amendement du député de Saint-Laurent, c'est dans
l'hypothèse où le gouvernement veuille exproprier, donc dans
l'hypothèse où il n'achète pas les actions, il ne peut pas
exproprier les actions. A ce moment, il exproprierait les actifs qui sont au
Québec.
Mais la même argumentation vaut. Revenons aux Olympiques, si on
veut prendre les leçons du passé. J'ai dit, en l'absence du
député de Bourassa, je répète je pense que
les autres députés qui étaient là vont s'en
souvenir qu'il est en preuve et cela sans préjuger de la
décision de la commission Malouf, àsavoir où sont les
responsabilités, c'est ni à moi, ni à personne autour de
la table de déterminer cela et c'est public, que des
évaluations partielles, mais trois évaluations, au début
de 1974, entre janvier et mars ou avril, avaient été
données à la ville de Montréal qui démontraient des
écarts de deux à trois fois plus élevés que les
chiffres que la ville de Montréal avait elle-même
préparés. Il a été mis en preuve que ces
évaluations ont été cachées au comité de
surveillance des coûts dont je faisais partie.
M. Laplante: A quel titre?
M. Lalonde: Dont j'étais président.
M. Laplante: Ah! d'accord.
M. Lalonde: II a été mis en preuve que la
connaissance de ces études est venue à la commission en mars,
enfin ces derniers mois, en 1979. Les membres du comité que je
présidais en ont eu connaissance en 1979. Alors là on voit bien
quelles conclusions on peut apporter.
M. Laplante: Avant d'apporter votre conclusion...
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que je peux terminer,
s'il vous plaît!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bourassa, juste un instant.
M. Laplante: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. Lalonde: Je donne un exemple, M. le Président, pourquoi
on devrait supporter...
Le Président (M. Lacoste): J'aimerais vous dire qu'il vous
reste actuellement une minute et demie de votre temps.
M. Laplante: Je lui demande s'il veut entendre une question,
avant de donner ses conclusions.
M. Lalonde: J'ai été interrompu à peu
près douze fois, M. le Président, je vous demande votre
indulgence, s'il vous plaît!
Le Président (M. Lacoste): On a calculé le temps
interrompu et les questions de règlement etc.
M. Lalonde: Alors, vous allez me donner une minute de plus, parce
que le député de Bourassa est réellement impoli.
M. Laplante: Consentement.
M. Bérubé: Consentement.
M. Grégoire: Consentement.
M. Laplante: Consentement, cela va bien.
M. Grégoire: Consentement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, vous avez la parole.
M. Lalonde: M. le Président, naturellement, cela tombe sur
le sens que ces évaluations et surtout l'écart
épouvantable entre les chiffres connus par la ville de Montréal
et ces chiffres avaient été connus à ce moment, avant le
commencement de la construction, donc au moment où les décisions
importantes devaient être prises, d'autres décisions auraient pu
être prises. Je pense qu'un enfant de sept ans peut faire ce
raisonnement.
C'est la raison pour laquelle on a fait exactement l'amendement qui a
été refusé d'inviter Kidder, Peabody et Lazard
Frères. On a dit: C'est encore pis. A ce moment, on n'avait même
pas connaissance de l'existence des études qui donnaient des
écarts, alors qu'aujourd'hui les membres de cette commission, le
député de Bourassa aussi.
M. Laplante: Ne vous prenez pas pour des boules.
M. Lalonde: Ecoutez, je vous donne une preuve qui a
été faite sous serment.
M. Laplante: Non, ne nous prenez pas pour des boules.
Le Président (M. Lacoste): Demandez la parole à la
présidence.
M. Lalonde: Je vous donne une preuve qui a été
faite sous serment. M. le Président, là le député
de Bourassa, les autres députés ministériels et nous, on
connaît l'existence d'un écart épouvantable entre deux
évaluations, $42, et là on vient d'en apprendre une
troisième, $47 du gouvernement et $100 pour Lazard. Cela va se
refléter nécessairement sur les actifs qui vont être
expropriés. De là l'importance de créer le groupe
d'évaluation que nous voulons faire par l'amendement proposé par
le député de Saint-Laurent.
Mais batèche! prenez donc les leçons du passé. Ne
vous fermez pas les yeux. Vous êtes en train justement de
répéter l'histoire. Les erreurs du passé, il ne faut pas
les refaire. Dans un cas, il y a eu strictement tromperie pure et simple, mais
là on ne peut même pas invoquer la tromperie. Dans ce cas-ci, on
connaît entre les deux évaluations, eh bien! qu'on prenne les
dispositions...
M. Laplante: Voulez-vous dire que le maire était menteur,
à ce moment?
M. Lalonde: ... en appuyant l'amendement pour qu'un groupe
d'experts fasse rapport à l'Assemblée nationale avant que la
décision soit prise. C'est tout ce qu'on demande par l'amendement, M. le
Président. Il me semble que c'est sérieux.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, merci. J'aimerais rapidement
revenir sur le contexte des discussions de ce sous-amendement qui est devant
nous actuellement, d'abord pour indiquer que dans un premier temps, lors
même des remarques préliminaires que j'ai faites au début
de cette commission parlementaire, j'ai insisté sur le fait aussi qu'il
était pour le moins surprenant que, de la part de deux firmes si
notoirement et si bien avantageusement connues que Kidder, Peabody et Lazard
Frères, on assiste à des conclusions si diamétralement
opposées que celles qui sont devant nous actuellement, soit une
évaluation de $42 l'action à $100 l'action pour Lazard
Frères, ce qui nous faisait fondamentalement poser des questions,
à savoir quelles méthodes ont été employées
pour être capables de comparer les méthodes d'évaluation
qui avaient été prises à ce moment.
Dans ce contexte de volonté d'avoir davantage d'informations au
niveau de la commission parlementaire, le député de Saint-Laurent
a clairement indiqué que c'était dans ce sens exactement que
l'Opposition officielle avait demandé à General Dynamics de lui
fournir l'étude de Lazard Frères pour être capable de faire
les études qu'elle veut faire dans ce même souci d'information
pour être capables de faire les travaux de la commission parlementaire de
façon normale.
Cependant, je reviens sur cette question fondamentale, pour la
résumer, que j'ai posée à ce moment et que je repose:
Comment se fait-il que l'entreprise qui est en cause actuellement fournisse
à un seul parti d'Opposition l'information que le gouvernement du
Québec a mis des mois à obtenir, et encore là, qu'il n'a
pu obtenir qu'en fin de course et qu'en signant une entente de
confidentialité? C'est cela l'essentiel du problème. C'est cela
qui ne se comprend pas autant que l'écart premier entre les deux
évaluations. C'est là-dessus, fondamentalement que je suis
intervenu, c'est pourquoi je me permets de réintervenir pour bien
clarifier cela et reposer la question: Comment il se fait qu'un seul des partis
d'Opposition obtient sur un simple coup de téléphone des
documents que le gouvernement n'obtient qu'après plusieurs mois de
négociation, et encore, en s'engageant à une entente
complète de confidentialité?
M. Bérubé: Après avoir déposé
une loi d'expropriation.
M. Brochu: Itou ou surtout.
M. Lalonde: On ne l'aurait probablement pas eue si vous
l'aviez...
M. Brochu: Itou et surtout.
C'est fondamentalement la question qu'on se pose. D'un
côté, on a eu de la part de l'Asbestos Corporation, et j'en suis
bien content, certaines pochettes d'information, comme par exemple sur la
création d'emplois du gouvernement du Québec, sur les
conséquences qu'eux prévoient dans l'expropriation et ainsi de
suite. Cela nous a permis de faire une certaine analyse, d'apporter la
lumière sur certains secteurs. Je m'en suis même servi dans mon
discours de deuxième lecture pour poser des questions, en disant qu'il y
avait beaucoup de confusion même.
Quand le gouvernement disait: On n'a pas eu d'offre de la part des
entreprises pour des "joint ventures" dans le domaine de la transformation de
l'amiante et que l'entreprise disait: On a offert au gouvernement de lui donner
des renseignements et de trouver des moyens d'augmenter le nombre d'emplois et
on n'a eu aucune réponse, moi, je l'ai rendu public à ce moment,
honnêtement, parce que c'était un document public. Mais là,
avec l'attitude de l'entreprise, sincèrement, je commence à me
poser des questions sur l'ensemble même. Parce que ce ne sont quand
même pas des données fondamentales, c'est une question d'opinion,
d'évaluation d'une entreprise qui est actuellement en discussion avec le
gouvernement sur un projet qui l'affecte directement.
Mais dans une question aussi fondamentale que celle de
l'évaluation faite par Lazard Frères, aussi différente que
celle dont on ne connaît pas du tout les méthodes, pour faire la
comparaison avec celle de Kidder, Peabody et qu'on exige du gouvernement du
Québec un accord de confidentialité et qu'en même temps on
le donne à un parti d'Opposition, je m'élève contre cela
et je me pose des questions. C'est exactement et uniquement dans ce sens, M. le
Président, pour la bonne
marche de nos travaux et la compréhension de ce qu'on fait
actuellement, le sens même de notre travail, que j'ai soulevé la
question et la question reste entière devant cette commission, comme
aussi devant l'Assemblée nationale qui est également
touchée par cette question, ce projet du gouvernement.
Je me pose des questions sur l'attitude des intervenants dans ce
dossier. Il y a quelque chose qui n'est pas clair ou qui est trop clair. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais appuyer
les propos que vient de tenir le député de Richmond. C'est vrai
qu'il y a quelque chose qui n'est pas correct et de louche dans toute cette
histoire. Le député de Richmond n'a pas l'avantage qu'ont les
autres députés de l'Opposition, parce que lui n'a pas eu
connaissance du rapport Lazard. Moi non plus, je n'ai pas eu connaissance du
rapport Lazard, parce que notre ministre des Finances a dû signer un
accord de confidentialité, sans quoi il n'aurait pas eu le document. Je
ne l'ai pas lu, je ne l'ai pas vu. L'Opposition officielle l'a eu en main et
non seulement le chef de l'Opposition, mais également le
député de Marguerite-Bourgeoys nous l'a dit, le
député de Saint-Laurent nous l'a dit, ils ont eu le document, ils
l'ont étudié. Nous, nous ne pouvons discuter avec ce document en
main, parce qu'il n'est pas disponible. C'est louche, c'est complètement
incompréhensible de voir qu'il y ait autant d'affinités...
M. Raynauld: M. le Président. (16 h 15)
Le Préskient (M. Lacoste): M. le député de
Frontenac, j'aimerais que vous reveniez à la motion d'amendement du
paragraphe 20 de l'article 1.
M. Raynauld: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont, sur une question de règlement.
M. Raynauld: Oui, M. le Président, je veux soulever une
question de règlement parce que vous ne pouvez pas permettre au
député de Frontenac de dire qu'il y a des choses louches et des
affinités illicites et empêcher l'Opposition...
M. Bérubé: On n'a pas dit illicites.
M. Grégoire: Non, je n'ai pas prononcé ce mot.
M. Raynauld: Des choses louches.
M. Grégoire: Louches, des affinités
incompréhensibles.
M. Raynauld: Illicites, c'est trop compliqué; des
affinités, c'est cela, incompréhensibles.
C'est bien suffisant pour être relevé. Je pense que ce sont
des propos qui sont des insinuations sans fondement et on ne peut pas accepter
de continuer de discuter de cette façon. Encore une fois, le
député de Saint-Laurent l'a suggéré tout à
l'heure, si le gouvernement ou n'importe quel député de
l'Assemblée nationale pense qu'il y a eu des choses qui n'auraient pas
dû être faites, qu'il invoque l'article 80, qu'il fasse des
accusations précises et nous verrons à ce moment si ce qui s'est
produit était illicite, loyal, louable ou non. Mais je pense qu'on est
en train, à l'heure actuelle, parce qu'on ne veut pas discuter du fond,
de monter tout un bateau pour tâcher de faire croire à la
population qu'il y a eu des choses extraordinaires...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce un discours ou
une question de règlement?
M. Raynauld: C'est une question de règlement. ... des
choses extraordinaires quand il n'y a absolument rien là. On a eu
accès à des informations que le gouvernement a eues et on n'a
rien obtenu de plus, on n'a rien obtenu de façon déloyale ou de
façon non réglementaire.
M. Grégoire: C'est un discours, il y a tout de même
des limites.
M. Raynauld: M. le Président, c'est une question de
règlement, parce que le député de Frontenac l'a
lui-même soulevé. Cela fait deux ou trois fois qu'il le
soulève. Si lui a le droit de le faire, j'ai également le droit
de parler sur cette question de règlement.
Le ministre tout à l'heure a déclaré...
Une Voix: On peut revenir à six heures. M.
Grégoire: C'est un discours, là.
M. Raynauld:... qu'il y avait un mépris pour la
population. Je voudrais dire à ce stade-ci que le seul mépris
pour la population qui existe à l'heure actuelle, c'est le gouvernement
qui ne veut pas accepter un amendement...
Le Président (M. Lacoste): M. le député
d'Outremont...
M. Raynauld: ... qui justement donnerait l'information à
la population.
Le Président (M. Lacoste): Sur la question de
règlement, j'aimerais que tous les députés reviennent
à la motion d'amendement du paragraphe 20 de l'article 1, pour discuter
sur la motion d'amendement.
M. Grégoire: Oui, mais, M. le Président, je pense
bien qu'il y a des choses qui ont été dites
par le député d'Outremont qui méritent d'être
relevées sur la question de règlement.
Le Président (M. Lacoste): En quoi consiste votre question
de règlement?
M. Grégoire: Elle est sur le même sujet, sur la
question de règlement qu'on vient de traiter.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai lancé aucune
accusation.
M. Grégoire: Quand le député d'Outremont
nous dit: Tout est clair, tout est limpide, on vous a dit tout ce qu'on sait et
on est en train de monter un bateau...
M. le Président, sur la même question de règlement,
je voudrais dire que ce n'est pas un bateau, parce que le chef du Parti
libéral lui-même ne le savait pas, il a été trois
ans sans savoir qu'il y avait eu des subventions de $700 000 dans sa caisse
électorale, mais il le sait aujourd'hui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Frontenac. M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Si vous ne le savez pas, vous le saurez
demain.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'aimerais rappeler aux membres de la commission qu'on ne peut abuser de
l'article 96 du règlement qui doit servir uniquement à rectifier
des faits; suite à un discours qu'on vient de prononcer. Je pense que
l'exemple est très clair. Si un député a fait un discours
et par la suite un autre député interprète mal ou rapporte
mal les propos d'un autre député, on peut très
brièvement, en vertu de l'article 96, rectifier les faits, mais en aucun
moment cet article ne doit être conçu comme un moyen de reprendre
le débat. Revenons à la motion d'amendement.
M. Grégoire: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, il vous reste huit minutes.
M. Grégoire: M. le Président, après avoir
appuyé le député de Richmond dans son dire selon lequel il
n'était pas sur le même pied que les autres, parce qu'il n'avait
pas les documents, je trouve que c'est vrai. Nous, nous ne pouvons pas
déposer le document... moi, je ne l'ai pas parce que le ministre a
signé un accord de confidentialité, mais l'Opposition l'a. Il
nous semble qu'elle, qui est soucieuse d'informer le public de par cet
amendement, pour que le public connaisse tout, devrait le publier. Elle l'a eu
sans signer d'accord de confidentialité, elle devrait le publier pour
qu'on soit au courant...
M. Raynauld: M. le Président, c'est cela qu'est le
problème depuis deux heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac.
M. Grégoire: Très bien, je ne parlerai plus de
cela, M. le Président. Je voudrais cependant relever une ou deux phrases
qu'a dites... c'est de valeur, le député de Marguerite-Bourgeoys
n'est plus ici.
M. Laplante: II s'est sauvé.
M. Grégoire: II s'est sauvé après son
discours. J'aurais voulu relever une ou deux phrases que le
député de Marguerite-Bourgeoys a prononcées tout à
l'heure, lorsqu'il a dit: Essayons d'éviter les erreurs qui ont
été faites dans le passé. Justement pour essayer de les
éviter, j'aurais voulu poser quelques questions au député
de Marguerite-Bourgeoys, qui, sur les évaluations, semble avoir une
expérience probante mais, étant donné son absence, je vais
m'abstenir, pendant son absence, de revenir sur les déclarations qu'il a
faites...
M. Bérubé: M. le Président, on pourrait
peut-être voter sur l'article.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci. M. le Président, la motion d'amendement
du député de Saint-Laurent parle des évaluations faites
par chacune des parties et on s'étonne, on essaie d'imputer des motifs
et de changer la discussion sur le fond de l'amendement.
Je crois, M. le Président, je suis dans la pertinence du
débat, je veux justifier la motion d'amendement du député
de Saint-Laurent que le côté ministériel, incluant
le ministre, ne comprend pas le rôle, le devoir d'un chef de l'Opposition
officielle.
Le chef de l'Opposition officielle, c'est l'alternative du pouvoir et il
a certains droits à l'information, il a certaines prérogatives
qu'un autre membre de l'Assemblée nationale n'aurait pas, parce qu'il
est chef d'une Opposition officielle.
La compagnie General Dynamics ne pouvait pas refuser de donner au chef
de l'Opposition les mêmes informations qu'elle a données au
gouvernement. C'est ce que ces gens, de l'autre côté de la table,
ne semblent pas réaliser.
M. Laplante: ... avec l'Opposition à Ottawa.
M. Ciaccia: II n'y a pas d'histoire là-dedans, il n'y a
pas de motif à imputer, c'est la façon dont le parlementarisme se
déroule: des informations sont données, sous le sceau de la
confidentialité en ce qui regarde le public, mais que, pour le bon
déroulement des travaux de cette commission, le chef de l'Opposition
officielle avait le droit d'avoir, en respectant la même
confidentialité qui avait été imposée au
gouvernement.
Je pense qu'on devrait laisser cet aspect et revenir au fond de la
motion. Je voudrais savoir...
M. Bérubé: Le député me
permettrait-il, non pas une question, comme telle...
Le Président (M. Lacoste): Y consentez-vous, M. le
député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Si ce n'est pas une question comme telle!
Le Président (M. Lacoste): C'est une question?
M. Bérubé: Oui, c'est une question à
laquelle il peut répondre. L'amendement que vous proposez
présentement...
M. Ciaccia: Je m'excuse, je n'ai pas entendu.
M. Bérubé: Vous proposez un amendement, lequel
amendement implique le dépôt d'études.
M. Ciaccia: Non, ce n'est pas ça du tout.
M. Bérubé: Non? Donc, dans votre esprit, les
données nécessaires à la prise de décisions
pourraient ne pas être déposées, en vertu de cet
amendement?
M. Ciaccia: En vertu de cet amendement, si je puis
répondre, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): Allez-y.
M. Ciaccia: II n'y a pas d'obligation de déposer les
études. Il y a l'obligation de faire faire par un conseil un examen des
écarts entre les $42 et les $100 et de produire un rapport sur les
méthodes employées, mais il n'y a aucune obligation de
déposer les études, soit de Kidder, Peabody ou de Lazard
Frères. Est-ce que ça répond à votre question?
Alors, l'amendement, en soi, ne va pas à l'encontre de la
confidentialité à laquelle se serait engagé le
gouvernement envers General Dynamics. Je dirais que, même s'il y a eu
parce qu'on avait déjà fait une motion pour inviter les
représentants de Lazard Frères et de Kidder, Peabody à
venir à la commission parlementaire, afin qu'on puisse examiner leurs
rapports... La question de la responsabilité aurait été
placée, non sur le gouvernement, mais sur General Dynamics, vous vous
seriez dégagé de la responsabilité, parce que si elle
avait accepté l'invitation de la commission à venir
répondre aux questions, vous auriez pu dire: Ecoutez, vous ne pouvez pas
imputer de motifs ou blâmer le gouvernement pour avoir donné cet
engagement de confidentialité.
Ce que je ne peux comprendre, M. le Président, c'est comment le
ministre, comment le gouvernement peut justifier le refus de ce conseil
d'évaluation, de ce conseil d'experts qui est sug- géré
dans la motion d'amendement du député de Saint-Laurent. Comment
justifier ça? Le seul but de ça va être de réduire
le maximum. Là, nous avons un minimum payable par le gouvernement, $42;
on n'a pas de maximum; peut-être sera-ce $100 l'action, mais ça
pourra être encore plus.
Dans le processus de négociation, toutes les démarches
qu'on fait pour réduire la partie qui est expropriée peuvent
seulement bénéficier au gouvernement. La motion d'amendement ne
peut pas faire bénéficier General Dynamics, elle peut seulement
faire bénéficier le gouvernement et la population, parce qu'on le
comprendra, ça va réduire, ça va expliquer pourquoi il y a
cet écart. Cela peut seulement aider à réduire le prix
possible que le gouvernement devra payer.
Alors, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement veut se cacher, veut
refuser de faire les démarches nécessaires pour nommer un conseil
d'évaluation, cela va seulement aider à réduire le prix
d'achat. Si on laisse le projet de loi tel quel et qu'on doive aller devant un
conseil d'arbitrage, si nous examinons les autres expropriations, la
façon normale d'exproprier, c'est une négociation. Quelqu'un
commence à $42, l'autre dit $100 et c'est le point de départ,
tandis que nous suggérons de réduire ce point de départ,
non pas de diviser l'écart entre $42 et $100 et dire: Ce sera $65.
Prenons les démarches nécessaires pour obtenir plus
d'information, pour réduire, à l'aide de ce conseil
d'évaluation, de ce conseil d'experts, l'écart de $42 à
$70. Il va démontrer que certaines méthodes ont été
adoptées par Lazard Frères qui n'auraient pas dû être
adoptées, qui ne sont pas normales dans le cours de certaines
expropriations dans ce domaine; si Lazard Frères avait pris telle
méthode, si elle avait pris en considération telle ou telle
chose, au lieu d'en arriver à $100, elle en serait arrivée
à $80.
Pensez-vous, psychologiquement et au point de vue des
négociations, ce que ça ferait pour une expropriation
éventuelle? Cela peut seulement réduire la
crédibilité des $100, la crédibilité du rapport de
Lazard Frères, ça peut seulement oeuvrer en faveur du
gouvernement.
Alors, je suggérerais, M. le Président, au lieu de porter
des accusations contre le chef de l'Opposition, contre le Parti libéral
parce qu'on a pris connaissance de cette étude que, je le maintiens,
nous avions le droit d'obtenir, nous avions le droit d'en prendre
connaissance... Nous n'aurions pas eu le droit d'en prendre connaissance avant.
Si le gouvernement nous avait reproché d'avoir eu l'étude avant
que le gouvernement ne l'ait, ç'aurait été une autre
chose, mais une fois que le gouvernement a eu communication de cette
étude, je crois que le chef de l'Opposition avait exactement le
même droit.
Du point de vue pratique, ça fait depuis 1977 que vous parlez
d'expropriation. Au rythme où vous allez, le chef de l'Opposition va
être premier ministre quand l'expropriation va être
complétée. Alors, mettez-vous dans la position de General
Dynamics, elle ne pouvait pas refuser, elle aurait pu être
critiquée complètement.
Une Voix: C'est elle qui va exproprier le gouvernement!
M. Bérubé: On va commencer à vendre le
Québec aux Américains!
M. Ciaccia: M. le Président, j'aimerais, au lieu
d'accusations et de questions de procédure, de questions de
règlements, que le gouvernement réponde sur le fond, pour voir
comment le gouvernement serait lésé, comment il lui serait
préjudiciable d'accepter la motion, qu'ils nous démontrent
comment cette motion aiderait les intérêts de General Dynamics,
plutôt que les intérêts du Québec. S'ils ne peuvent
répondre, je pense qu'il y aurait seulement une solution, ce serait
d'accepter la motion, faire les démarches nécessaires, donner
cette information et réduire, mettre un plafond au montant possible qui
sera payable pour l'expropriation des actifs d'Asbestos Corporation.
M. Laplante: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président.
On parle beaucoup de la création d'un conseil de trois membres,
justement pour faire un calcul des valeurs marchandes du bien des
expropriés. On parle aussi beaucoup de confidentialité; on va
jusqu'à dire que le droit du chef de l'Opposition, c'est d'avoir
accès à tous les dossiers confidentiels, même si un accord
de confidentialité a été signé entre les deux
parties, soit le ministre et Lazard Frères, après
négociation confidentielle.
Jusqu'où, à ce moment-là, les droits du chef de
l'Opposition sur les fonctionnaires en place peuvent-ils aller? Sur les
sous-ministres? Sur les travaux qui se font actuellement dans chacun des
ministères? Je me pose cette question.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il veut une réponse?
M. Laplante: Non. Même dans nos propres familles, on a
droit à des choses...
M. Forget: Alors, ne la posez pas!
M. Laplante: ... confidentielles entre mari et femme afin que les
enfants ne le sachent pas. Je vais vous donner un exemple, qui n'est
probablement pas vrai, mais juste pour illustrer ce fait: Supposons que le
député d'Outremont, au moment de l'élection de 1976,
étant donné que c'était un homme éminent qui venait
d'Ottawa, se soit arrangé avec le Parti libéral pour avoir un
ministère, si celui-ci était élu, et que, comme c'est
arrivé, le parti soit battu, et qu'à l'intérieur de votre
parti on ait accordé un salaire spécial au député
d'Outremont pour compenser sa perte à gagner, mais que ça
resterait entre le chef du parti ou l'exécutif du parti, sans que les
autres députés le sachent à cause de l'entente de
confidentialité, est-ce que ce serait juste? Est-ce que vous iriez
jusqu'à l'emploi d'un acte confidentiel pour que personne ne le sache?
Si c'est ça votre méthode d'application, je ne la comprends plus.
Vous faites une nette différence, actuellement, entre un parti
d'Opposition, qui aurait tous les pouvoirs d'un parti au pouvoir.
M. Raynauld: M. le Président, la pertinence du
débat.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça que je vous ai dit, pas tous
les pouvoirs. Vous ne voulez pas que je vous réponde?
M. Laplante: En somme, c'est ce que vous exigez actuellement.
M. Ciaccia: J'invoquerai 96, tantôt.
M. Laplante: M. le Président, étant donné
que tout le monde y a été très largement sur l'aspect
confidentiel du rapport Lazard Frères, c'est pour ça que je me
dois d'illustrer, par quelques images, jusqu'où les droits du chef de
l'Opposition peuvent aller, mais jusqu'où ses droits se limitent
aussi.
Actuellement, on parle de la création d'un conseil de trois
membres. On n'a même pas pris le temps d'analyser, c'est venu tout d'un
coup; on a dit trois membres ou dix ou quinze, s'il le faut, pour faire une
étude sérieuse de l'écart entre les deux parties et aller
analyser sur place ces choses. Vous ne dites pas que ce conseil peut avoir un
sous-comité, un comité de support...
M. Raynauld: Ils auront des employés.
M. Laplante:... pour en venir à quelque chose de concret
afin de présenter un rapport à l'Assemblée nationale?
C'est ce que je voulais vous dire. Je pense aussi que votre proposition n'est
pas réaliste; elle est mal pensée et n'est pas constructive. Si
vous l'aviez voulue constructive, vous seriez arrivés avec des moyens
donnant du temps; ça peut prendre trois semaines, ça peut prendre
un mois, ça peut prendre douze personnes pour travailler. C'est tout
ça qu'il aurait fallu dire dans la proposition pour arriver au but.
Il faut aussi dire que, plus vous allez créer de ces
comités, plus vous allez retarder l'achat de l'Asbestos Corporation.
C'est un peu le but que vous poursuivez, c'est votre rôle, je ne vous en
blâmerai pas, vous avez fait votre lit et vous devez vous y coucher,
autrement dit, en disant non à une richesse québécoise
retournée aux Québécois.
C'est tout ce que j'avais à dire, pour le moment, M. le
Président. Merci.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait de lui poser une question avant de passer à l'adoption de
l'amendement?
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le ministre...
M. Bérubé: Est-ce que vous voulez prendre la parole
avant qu'on passe à l'adoption? Je préférerais, dans ce
cas, donner la parole au député de Mont-Royal et je prendrai la
question à la fin.
M. Ciaccia: Combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Lacoste): Dix minutes, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour répondre aux objections du
député de Bourassa; premièrement, la question de...
M. Bérubé: Et, ma réponse, je la prendrai
sur le temps du député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous accaparez toujours ce qui appartient aux autres,
vous! Un exemple parfait, il veut même prendre mon temps.
M. Bérubé: Oui, mais c'est sur la question du
député d'Outremont.
M. Ciaccia: Cela trahit votre esprit!
Le Président (M. Lacoste): De toute façon, M. le
ministre, vous avez un droit de parole privilégié,
illimité.
M. Ciaccia: Si vous pensez que trois membres ne sont pas
suffisants, si vous en voulez huit, faites l'amendement et on va l'accepter. Le
nombre de membres au conseil. Je pourrais vous poser la même question:
Pourquoi trois membres pour le conseil d'arbitrage, pourquoi pas 25?
M. Laplante: Est-ce que je peux savoir pourquoi vous avez mis
trois?
M. Ciaccia: Parce que ça semble un nombre raisonnable.
M. Laplante: Par taux d'évaluation, si on veut être
sérieux.
M. Bérubé: Déposez votre étude.
M. Laplante: Je suis bien prêt à voter pour, mais en
autant que vous me donniez des réponses aux questions que je vous
pose.
M. Ciaccia: Ecoutez, vous n'êtes pas sérieux. J'ai
pris le même raisonnement, pour en arriver à trois membres, que
celui que vous avez pris pour en arriver à trois membres au conseil
d'arbitrage. D'accord?
Deuxièmement, la vraie question, ce n'est pas tant de savoir s'il
va y avoir trois, cinq ou six membres, mais, c'est pourquoi vous objectez-vous
à ce conseil d'expert? Vous dites que ça va retarder? Pas du
tout, rien ne va retarder le processus d'expropriation, parce que ce projet de
loi, ce n'est pas l'expropriation, c'est le droit d'exproprier et, avant que
tout se fasse, la société va négocier, etc., il y a
beaucoup de démarches à faire encore. Ce conseil pourrait
être constitué immédiatement, faire l'examen des
études et ça ne retarderait rien du tout. Même c'est une
objection que vous avez soulevée vous-même à la
recevabilité, à savoir que ça va retarder. Le
président vous a répondu: Non, ça ne retarde pas. Alors,
je vous donne la même raison, puisque c'était recevable du fait
que ça ne retardait pas.
Vous n'avez pas, encore une fois, répondu à la question:
Pourquoi vous objectez-vous à la constitution de ce conseil de trois
membres pour faire l'évaluation? A ça, vous n'avez pas
répondu.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que les membres sont
maintenant prêts à disposer de la motion d'amendement du
député de Saint-Laurent, à l'article 1, du paragraphe
20?
M. Raynauld: M. le Président, j'ai demandé si le
ministre était prêt à répondre à une
question. En réalité, c'est, au fond, la même...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a consentement
pour qu'on pose cette question?
M. Laplante: Oui.
M. Grégoire: Non, M. le Président, ils ont eu tout
le temps voulu, depuis hier, de 22 heures à 24 heures, de 11 heures
à 13 heures ce matin et depuis 15 heures cet après-midi;
ça fait six heures qu'on est sur l'amendement, il n'y a plus de
consentement. Si, après six heures de débats, vous n'avez pas dit
tout ce que vous aviez à dire, c'est que ce n'est pas clair dans votre
idée, vous n'avez pas les idées claires.
M. Laplante: M. le Président, appelez le vote, s'il vous
plaît?
M. Raynauld: Je n'ai rien à dire, je voulais poser une
question, je pensais...
M. Grégoire: Non, vous avez eu six heures pour en poser,
il n'y a plus de consentement.
M. Raynauld: Ma question s'adresse au ministre, pas au
député de Frontenac.
M. Grégoire: Non, fini!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le ministre
consent?
M. Grégoire: En six heures, ils ont eu amplement le temps;
ils vont en poser jusqu'à demain!
M. Bérubé: On peut peut-être, étant
donné que, d'une façon générale, les questions du
député d'Outremont sont peut-être quand même...
M. Grégoire: C'est le meilleur de leur gang, alors.
M. Bérubé: On ne devrait pas dire le meilleur, mais
c'est quand même moins mauvais!
M. Grégoire: C'est le moins mauvaisl
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lacoste): II y a consentement, le
ministre consent.
M. Ciaccia: Si le député de Frontenac demande le
vote, je voudrais porter à son attention, par votre entremise, que c'est
une motion débattable, selon le règlement. S'il demande le
vote...
M. Grégoire: Non, je ne demande pas le vote, c'est le
temps de voter.
M. Ciaccia:... s'il veut jouer d'après les règles
de la procédure, on peut le faire, on peut jouer d'après la
procédure.
Le Président (M. Lacoste): Pour la question de M. le
député d'Outremont, il y a consentement.
M. Raynauld: M. le Président, j'aimerais que le ministre
fasse un petit effort supplémentaire pour essayer de répondre
à la question que le député de Mont-Royal a posée,
que j'ai posée en présentant cet amendement. Qu'est-ce qui ferait
tort aux intérêts du Québec dans cet amendement? On a
parlé des négociations, que l'on ne pouvait pas faire des choses
comme cela pendant les négociations. Or, les négociations
seraient terminées lorsqu'on ferait cela. Je pense que le ministre va
accepter qu'il y a différents niveaux de négociations. Il peut
probablement dire non, puisqu'il peut toujours avoir des négociations
jusqu'à l'heure ultime. Si on veut raisonner comme il faut, il est clair
que lorsque ce projet de loi va être mis en vigueur, va être
utilisé par le gouvernement, c'est parce que le gouvernement aura
épuisé les chances qu'il voit dans une entente de gré
à gré. C'est à ce moment que prendrait place cette
évaluation des méthodes qui ont été
utilisées jusqu'à maintenant, jusqu'à ce moment, pour
connaître les engagements du gouvernement du Québec. Qu'est-ce qui
pourrait causer du tort à la population du Québec dans le fait
d'avoir un mécanisme comme celui-là qui rétrécirait
justement les marges possibles d'interprétation et qui, de toute
façon, il me semble serait dans l'intérêt du Québec,
puisqu'on va confier par la suite cette évaluation à un conseil
d'arbitrage. Il me semble qu'avoir quelques critères
supplémentaires, quelques balises supplémentaires qui
rétréciraient cet écart est dans le meilleur
intérêt du Québec.
Je voudrais donc savoir ce qui pousse au juste le ministre à dire
que cet amendement ne serait pas dans l'intérêt du
Québec.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre, vous avez une
réponse.
M. Bérubé: M. le Président, avez-vous
l'impression que c'est un vote? Non. Je pense que c'est un quorum.
Le Président (M. Lacoste): Ce n'est pas encore
confirmé.
M. Bérubé: Non, c'est un vote. De toute
façon, on peut répondre rapidement. D'abord, j'ai répondu
à cette question.
M. Raynauld: En parlant de négociations, je trouve que
c'est...
M. Bérubé: Non, j'ai répondu à cette
question. D'une part, j'ai expliqué qu'il n'appartenait pas à
l'Assemblée nationale, à l'exception peut-être de
l'Assemblée nationale des républiques de bananes, de chercher
à fixer arbitrairement un prix et, par conséquent, il appartient
à une cour de justice de le faire. Il nous semble que c'est la pratique
communément admise dans toutes nos lois d'expropriation. Les
méthodes d'expropriation en vertu desquelles un gouvernement fixe le
prix peuvent traduire une sorte d'inquiétude de la part du gouvernement
quant au prix final à payer et sont difficilement acceptables.
M. Raynauld: Cela ne fixe pas un prix.
M. Bérubé: Premièrement.
Deuxièmement, comme je l'ai indiqué, une expropriation va
nécessairement entraîner des actifs moindres que ceux
prévus dans la négociation initiale et, par conséquent,
cela suppose une nouvelle évaluation pour tenir compte de cette
deuxième hypothèse. Cette évaluation sera d'autant plus
facile à faire que le gouvernement sera en possession de l'entreprise.
Donc, nous croyons extrêmement important de prendre possession de
l'entreprise d'abord, d'occuper, de devenir propriétaire de
l'entreprise, et dans les trente jours qui suivent faire une offre formelle.
Nous ne croyons pas que nous puissions retarder la prise de possession en
attendant de faire une analyse, laquelle analyse serait d'autant plus difficile
que nous n'aurions pas possiblement en main toutes les données
nécessaires.
Donc, le comité qui nous est proposé ici par le
député d'Outremont, par le député de Saint-Laurent,
par le député de Mont-Royal ne peut fonctionner que s'il a
l'information. Comme il s'agit d'une expropriation d'actifs, cette information
n'est véritablement disponible que si nous sommes en possession de
l'entreprise et pouvons faire l'évaluation rapidement,
premièrement. Deuxièmement, elle pourra avoir tendance à
se substituer à la cour, puisque l'objet de la présente loi est
de définir un juste prix. Si j'avais sous les yeux la définition
de ce qu'on appelle un juste prix, que j'ai citée à cette
assemblée...
M. Ciaccia: A willing buyer would take a... (16 h 45)
M. Bérubé: "A willing buyer...", c'est cela. On a
défini un principe. Une fois que le législateur a défini
un principe, il laisse au juge le soin d'appliquer ce principe et de faire
l'appréciation subjective que représente toute
l'appréciation juridique d'un texte de loi.
Donc, dans le dossier de l'amiante, ce qu'il est important de retenir,
c'est qu'il y a différents niveaux de décision. Le gouvernement a
décidé d'intervenir dans le secteur de l'amiante et de prendre
les moyens nécessaires pour que le Québec retire une plus grande
valeur de l'exploitation de ses gisements. Première démarche,
c'est la démarche du gouvernement. Deuxième démarche:
l'Assemblée nationale doit définir les critères en vertu
desquels l'Etat réalisera l'objectif. Troisième démarche:
un juge se verra confier le mandat de décider à partir des
principes mis dans la loi ce qu'est un montant juste, équitable, ce
qu'est la juste valeur marchande des actifs.
Il faut donc éviter que les membres de l'Opposition, d'une part,
ne se prennent pour le gouvernement et, d'autre part, ne se prennent
également pour le judiciaire c'est bien le mot qui
m'échappait. C'est dangereux de vouloir jouer tous les rôles
à la fois. Malheureusement, je pense que dans la proposition de
l'Opposition, on sent qu'elle voudrait jouer le rôle du judiciaire qui se
voit imparti le mandat de décider quelle est la juste valeur marchande.
L'Opposition aimerait décider de ce montant. Nous croyons que ce n'est
pas à l'Opposition à décider de ce montant. Pour cette
raison, nous rejetons l'amendement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mont-Royal, sur la motion d'amendement.
M. Ciaccia: M. le Président, c'est vraiment incroyable ce
qu'on vient d'entendre du ministre à propos du processus
d'expropriation. Le ministre nous dit: On va exproprier et la cour va
décider ce qu'on va payer. Ecoutez, on vous l'a déjà dit,
je ne sais pas combien de fois on l'a répété, ce n'est pas
l'expropriation d'un morceau de terrain dans le nord de la ville de
Montréal qu'on fait. Quand on entre dans une transaction, on veut savoir
à quoi on s'expose. Peut-être que le ministre va comprendre cet
exemple-ci. Le processus que le ministre vient de nous décrire, c'est
comme si le ministre disait: Je vais acheter une maison, je vais en prendre
possession et après cela je vais savoir le prix. C'est cela qu'il
demande à la population du Québec. Il ne veut pas dire à
la population du Québec: Ecoutez, cette maison, avant de l'acheter, on
essayer de réduire le prix, on va négocier, on va vous donner les
renseignements. Non, il dit: On va prendre un chèque en blanc. C'est
aussi ridicule que si un individu pensait comme cela et disait: Je vais entrer
dans la maison et après cela on me dira le prix, mais si c'est un prix
qui n'est pas abordable, il sera trop tard à ce moment.
Le but de la motion, ce n'est pas de vous empêcher d'exproprier.
Ce n'est pas pour que nous, de l'Opposition officielle, fixions le prix. Ce
n'est pas ce qu'on veut. On ne veut pas de cette responsabilité. On veut
protéger les intérêts de la population. On vous le dit.
Avant de donner un chèque en blanc, parce qu'une fois que vous aurez
envoyé l'avis, que vous en aurez pris possession, il sera trop tard. Si
vous parlez de la justice et d'un prix juste, si vous ne faites pas les
démarches nécessaires au début pour réduire autant
que possible ce prix, vous allez vous réveiller devant le conseil
d'arbitrage et vous vous exposez, de la façon que le projet de loi est
rédigé et que les rapports sont faits, vous vous exposez à
$280 millions pour tout l'ensemble. On vous dit: C'est normal que la partie
expropriée vous fasse un rapport et demande le plus haut prix possible.
C'est normal. On vous dit: N'allez pas au conseil d'arbitrage avec cela.
Réduisez ce prix d'avance, prenez les précautions
nécessaires pour que, quand vous irez au conseil d'arbitrage, vous ayez
fait tout le nécessaire pour réduire l'écart en disant: Ce
qu'on vous suggère, cela fait partie des négociations pour
protéger la population.
A part cela, la population a le droit de savoir, d'avoir un
aperçu. Même si vous avez pris la décision d'exproprier, de
vous porter acquéreur de la société Asbestos, de la mine
ou des actifs, la population a le droit de savoir à quoi elle s'expose,
avant que vous ne procédiez, pour ne pas arriver à la fin,
lorsque vous en aurez pris possession et que vous l'aurez exproprié, et
trouver que le prix était trop cher. Franchement, à moins que le
gouvernement ait des intentions qu'il ne dévoile pas, c'est un processus
absolument incroyable que le ministre nous décrit pour une
expropriation. Même dans l'expropriation d'un terrain pour une route, il
n'existerait pas un processus comme cela. On le saurait un peu d'avance,
même avant d'exproprier, on aurait une idée un peu de ce que cela
coûterait. La population le saurait, parce que ce sont des choses qui
peuvent s'évaluer assez facilement. Ici, on ne parle pas d'une
expropriation normale, on parle d'une expropriation très complexe.
Non seulement le ministre n'a pas dit pourquoi il s'opposait à la
motion du député de Saint-Laurent, à savoir quels sont les
inconvénients et les avantages, mais je crois qu'il renforce les raisons
pour l'accepter. Il nous a donné des raisons encore plus valables de
prendre les précautions que nous devons prendre pour éviter de
s'exposer à un prix pour lequel, si la population le savait d'avance, il
y aurait d'autres moyens de procéder, il y aurait autre chose à
faire.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que les membres sont
prêts à...
M. Ouellette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Oui. La motion d'amendement
à l'article 1, présentée par le député de
Saint-Laurent, au paragraphe 20, est-elle adoptée?
M. Grégoire: Rejeté.
M. Bérubé: Vote enregistré, M. le
Président. Le Président (M. Lacoste): Vote
enregistré. M. Raynauld: Vote enregistré, oui.
Le Président (M. Lacoste): Que ceux qui sont en faveur de
l'amendement...
M. Grégoire: Appelle les noms.
Le Président (M. Lacoste): M. Bérubé
(Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Bordeleau (Abitibi-Est)? M.
Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Lacoste): M. Forget (Saint-Laurent)?
Une Voix: II n'est pas là. M. Grégoire: II
est absent.
M. Ciaccia: II est en Chambre, parce que vous insistez pour faire
voter des lois à la vapeur. Alors, il est allé faire une
intervention à l'Assemblée nationale. Cela ne vous fait rien. Il
accomplit ses devoirs. Au lieu de faire adopter 40 lois en dix jours, à
la fin de la session...
Le Président (M. Lacoste): A l'ordre!
M. Bérubé: En fait, il fait un "filibuster" ici, en
haut...
Le Président (M. Lacoste): Le vote est maintenant
appelé. A l'ordre, messieurs!
M. Bérubé: Le vote est appelé! Tout de
même!
M. Ciaccia: Oui, mais le ministre a fait son commentaire!
M. Bérubé: Tout de même, le vote est
appelé. Un peu de respect!
Le Président (M. Lacoste): M. Grégoire
(Frontenac)?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
M. Ciaccia: Tu étais convaincu pour?
M. Laplante: J'ai dit "contre". Si cela avait été
plus sérieux...
Le Président (M. Lacoste): M. Ouellette (Beauce-Nord)?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Lacoste): M. Rancourt
(Saint-François)? M. Raynauld (Outremont)?
M. Raynauld: Pour.
Le Président (M. Lacoste): La motion d'amendement est
rejetée.
Une Voix: Combien?
Le Président (M. Lacoste): Quatre contre deux.
Une Voix: $42 l'action.
Le Président (M. Lacoste): Par consentement, ce matin, il
y a eu une entente selon laquelle le paragraphe 20 serait suspendu. Maintenant,
nous allons appeler le paragraphe 25. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Raynauld: M. le Président, vous revenez au paragraphe
25, parce que la discussion n'était pas terminée. Je suis
seulement un peu embarrassé, parce que celui qui avait le droit de
parole sur cet article, c'était le député de
Marguerite-Bourgeoys qui n'est pas là. Je n'ai pas d'objection à
l'adopter.
M. Bérubé: 25, adopté. M. Raynauld:
Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 25,
adopté.
M. Raynauld: On revient au paragraphe 22. M. Grégoire:
Le paragraphe 22 a été adopté.
M. Raynauld: Le paragraphe 22 a été adopté.
Alors, le paragraphe 23.
M. Grégoire: Le paragraphe 23 a été
adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 23 a
été adopté.
M. Grégoire: Ce sont les paragraphe 20 et 21 qui ont
été suspendus.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 24 a
été adopté. Paragraphe 25?
M. Bérubé: Nous sommes au paragraphe 26.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 25 est
adopté?
M. Bérubé: Oui, il a été
adopté.
M. Grégoire: Paragraphe 26. M. Ciaccia: Sur le
paragraphe 25... M. Bérubé: II est adopté. M.
Grégoire: II a été adopté.
M. Laplante: Posez une question si vous voulez être
sûr, M. le député de Mont-Royal, on n'est pas "cheap".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Bourassa, vous
n'avez aucune permission à donner. J'ai regardé passer le vote
tantôt. J'aimerais vous rappeler que les mêmes règles qui
s'appliquent à l'Assemblée nationale s'appliquent en commission
parlementaire, et qu'on doit garder le silence pendant le vote et ne pas
s'interrompre mutuellement. Ceci étant dit, les articles 22, 23 et 24
ont été adoptés; 20 et 21 sont suspendus. J'ai compris,
comme spectateur, que l'article 25 avait été adopté, mais
je pense qu'on peut demander au député de Mont-Royal, qui a une
question à poser, de la poser.
M. Ciaccia: Je veux seulement demander au ministre ceci: La
façon dont le paragraphe 25 est rédigé, le
propriétaire antérieur doit fournir à l'associé
copie des titres relatifs aux biens expropriés biens peut inclure
les actions . On avait discuté, à l'article 22, on avait
soulevé la question que le gouvernement pourrait exproprier les actions
de l'Asbestos Corporation, qui sont au Québec.
M. Bérubé: Les actions de compagnies
possédées par l'Asbestos.
M. Ciaccia: Ou d'une filiale, oui, les actions qu'elle
détient physiquement au Québec.
M. Bérubé: II fait chaud.
M. Ciaccia: Si les actions se trouvent à New York, la
question d'extra-territorialité, vous ne pouvez pas exproprier des biens
qui ne sont pas au Québec. De la façon dont le paragraphe 25 est
rédigé, si vous regardez la définition de "biens" à
22, qui inclut actions, cela veut dire que vous pouvez exproprier les actions
que l'Asbestos Corporation détient dans les trois filiales qui sont
mentionnées dans le rapport annuel, et que même si ces actions ne
sont pas ici, elle ne les a pas physiquement à Montréal, avec le
paragraphe 25, vous pouvez vraiment l'obliger à les ramener à
Montréal, parce que vous pouvez retenir sur le prix d'achat le montant
qui est nécessaire... Non, mais c'est parce que vous ne comprenez pas.
Ce n'est pas pénible. C'est pénible pour vous parce que vous
n'avez pas la réponse. Cela vous permet de faire indirectement ce que
vous dites ne pas pouvoir faire directement. Cela revient à la question
de la définition du mot "biens". Si les actions ne sont pas ici, il y a
quand même une obligation de les fournir. Qu'arrivera-t-il à ce
moment?
M. Bérubé: La réponse est très
facile, encore faut-il savoir lire! Mais, lorsqu'on ne sait pas lire, on peut
écouter. Je vais donc relire l'article 25 au député de
Mont-Royal. "Le propriétaire antérieur donc la
société Asbestos doit fournir à la
société donc, la Société nationale de
l'amiante copie des titres relatifs aux biens expropriés. Il
s'agit donc des titres relatifs aux biens expropriés.
M. Ciaccia: Les biens incluent les actions.
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: Les titres de l'action.
M. Bérubé: Notez bien que ce sont les biens
situés au Québec.
M. Ciaccia: Ce n'est pas ce que cela dit au paragraphe 25.
M. Bérubé: Non, en vertu du principe de la
territorialité des lois, nous ne pouvons exproprier que les biens
situés au Québec, vous l'avez affirmé vous-même.
M. Ciaccia: Oui, mais je n'ai pas affirmé l'intention du
gouvernement, parce que vous deviez... C'est pour cela que je peux revenir
à l'opinion juridique.
M. Bérubé: Nous n'avons pas...
M. Ciaccia: Vous vous étiez engagés à
fournir une opinion juridique sur cette question. Est-ce que vous l'avez?
Est-ce qu'on peut en prendre connaissance? (17 heures)
M. Bérubé: Pas encore, je vais vous lire un
célèbre constitutionnaliste... Je vous le lirai tantôt.
M. Ciaccia: Oui, l'interprétation, mais peut-être
que je peux répondre au ministre, vous allez nous citer la Loi sur la
constitution, l'article 92, l'interprétation de ce qu'on peut donner
à l'article 25.
M. Bérubé: Non, je vais vous...
M. Ciaccia: Mais on a déjà vu le gouvernement faire
cela.
M. Bérubé: Cela ne paraît pas.
M. Ciaccia: Après ça, le gouvernement est
allé faire l'inverse, parce que c'est une opinion que vous nous
donnez.
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: L'article 25 ouvre la porte à certaines choses
et c'est pour ça qu'on avait demandé
de déposer l'avis juridique, ce que vous aviez consenti à
faire. Je vous demande quand vous allez nous le fournir.
M. Bérubé: Si je le trouve.
M. Ciaccia: Adopté unanimement.
M. Bérubé: Voilà. Permettez-moi de vous lire
Louis-Philippe Pigeon, dans la "Rédaction et interprétation des
lois, "aux pages 53 et 54.
M. Grégoire: Un de mes anciens professeurs.
M. Bérubé: Un des anciens professeurs, d'ailleurs,
de Me Grégoire.
M. Grégoire: Conseiller spécial du premier ministre
Jean Lesage de 1960 à 1966.
M. Raynauld: Vous avez échoué à l'examen. M.
Grégoire: Non.
M. Raynauld: Vous n'êtes pas avocat, à ma
connaissance.
M. Grégoire: Ah oui, ah oui, avec diplômes et
tout.
M. Bérubé: Certainement.
M. Grégoire: II y a bien des choses...
M. Raynauld: C'est un non-pratiquant.
M. Bérubé: On ne peut pas être tous aussi
religieux...
M. Grégoire: Comme vous êtes un économiste
non-pratiquant.
M. Bérubé: Si on passe maintenant à l'aspect
provincial de l'affaire: "Ce qui importe le plus, c'est la présomption
que le législateur n'est pas présumé vouloir enfreindre la
constitution, présomption qui existe également au
fédéral. Le principe est donc que le législateur n'est pas
présumé allerà l'encontre de la constitution et, par
conséquent, dans toutes les lois provinciales, on sous-entend"... je
regrette que le député de Mont-Royal n'écoute pas.
Evidemment, vous allez me dire que même quand il me regarde, il ne
m'entend pas, mais c'est une autre question. "Dans toutes les lois
provinciales, on sous-entend la limitation territoriale. Il est donc
parfaitement inutile d'écrire que la loi se limite, dans son
application, au territoire."
M. Ciaccia: Ce n'est pas ça que j'ai demandé.
M. Bérubé: Maintenant, cela veut dire que, lorsque
le gouvernement exproprie des biens, automatiquement, il ne peut exproprier que
les biens situés au Québec. Il est donc possible d'exproprier une
action d'une filiale située dans quelque pays du monde qui se trouverait
dans le coffre-fort au Québec. Cela est parfaitement légal, bien
que compliqué, néanmoins, parfaitement légal. Le
gouvernement ne peut pas, cependant, exproprier des actions qui seraient
situées à New York. On est absolument d'accord. Tout ce que nous
pouvons faire ici, c'est requérir de l'entreprise les titres qui sont
relatifs aux biens expropriés, donc des titres de
propriété relatifs aux biens expropriés des livres et
documents nécessaires à l'expropriation de ces biens.
Il va de soi que, si le document est situé en dehors du
Québec, le gouvernement du Québec ne peut pas en faire la saisie.
Cela est évident, toujours en vertu du principe de la
territorialité des lois. Cependant, l'indemnité c'est ce
que nous verrons si jamais nous progressons dans l'étude de cette loi
doit reposer sur le fonctionnement continu d'une usine. En d'autres
termes cela suppose que nous disposons de tous les instruments
nécessaires à son bon fonctionnement, si, par suite de l'absence
de documents, on ne pouvait exploiter les installations de la
société au Québec, il nous serait donc possible de
déduire de l'indemnité les frais résultant de cette
absence de documentation. Est-ce assez clair?
M. Ciaccia: II y avait la même présomption dans la
loi 101, mais...
M. Bérubé: M. le Président...
M. Ciaccia: ... vous dites qu'il y a des présomptions, on
le sait qu'il y a des présomptions.
M. Lalonde: On a eu un avis juridique du ministre d'Etat à
ce moment-là.
M. Ciaccia: On avait l'avis juridique que c'était
légal, mais il y a deux cours, la Cour supérieure et la Cour
d'appel qui l'ont déclaré illégal.
M. Bérubé: Vous écoutez la basse-cour.
M. Ciaccia: Le point que je voulais soulever, c'était que
l'article 25 n'était pas clair. On aurait voulu éviter des
ambiguïtés et éviter des abus possibles.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
25. Adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
25. Adopté.
M. Bérubé: Est-ce qu'on peut adopter un article
deux fois, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, c
est pour être plus sûr, la présidence veut être plus
sûre qu'il était bien adopté. Article 26.
M. Bérubé: Adopté.
M. Lalonde: Vous n'avez pas d'explications à donner
là-dessus?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont, est-ce qu'il est adopté le paragraphe
26?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Paragraphe 27, suspendu. Paragraphe 28.
M. Raynauld: A l'article 28, M. le Président,
peut-être que le ministre voudra apporter des explications
préalables, sinon je voudrais d'abord soulever une question, pure
question d'information. Pourquoi est-il nécessaire de mettre sous
réserve les articles 36 à 38 du Code du travail, donc question
pure et simple d'information. Aux articles 36 à 38, on parle de retenue
sur le salaire, retenue syndicale obligatoire, je ne comprends pas pourquoi il
faut faire exception de certains de ces articles.
En second lieu, je voudrais faire un commentaire et demander au ministre
s'il est bien certain que lorsqu'il se réfère dans cet article
aux employés dont les services se rapportent à l'exploitation des
biens expropriés, s'il est bien certain que le personnel de vente est
compris dans cette expression?
M. Bérubé: II peut exister deux types... D'abord,
répondons à la première question. Pourquoi sous
réserve? C'est que le Code du travail prévoit que lorsqu'une
entreprise est vendue et que le nouveau propriétaire en prend
possession, l'accréditation syndicale antérieure continue de
prévaloir. Il s'agit donc de protéger les droits des travailleurs
syndiqués oeuvrant pour le compte de l'entreprise. Nous indiquons que
les articles 36 et 38 du Code du travail doivent s'appliquer.
M. Raynauld: Doivent s'appliquer, vous dites, ou ne doivent pas
s'appliquer?
M. Bérubé: S'appliquent. M. Raynauld: Sous
réserve.
M. Lalonde: Sous réserve, ça peut avoir les deux
sens.
M. Raynauld: J'avais compris qu'ils ne s'appliquaient pas.
M. Bérubé: Non.
M. Lalonde: ... c'est comme votre argumentation de tantôt,
... répéter.
M. Raynauld: "Sous réserve des articles, les
employés... cela veut dire qu'on a mis une réserve, il y a des
transferts d'employés, mais c'est avec des réserves, que le
transfert se fait.
M. Bérubé: C'est juste. C'est qu'il aurait
été possible en fait ce n'était pas l'intention du
gouvernement, mais c'était simplement pour être sûr que la
loi était claire en disant que les employés du
propriétaire antérieur deviennent des employés de la
société, que l'on prétende que l'accréditation
syndicale ne tient plus, enfin, qu'il y ait un certain nombre de conditions qui
ne soient plus respectées. Or, on dit que ce transfert
d'allégeance d'un employé se fait de la société
Asbestos à la Société nationale de l'amiante sous
réserve cependant du Code du travail, c'est-à-dire...
M. Lalonde: Conformément, plutôt. M.
Bérubé: Oui, c'est ça... M. Lalonde: Ce
serait plutôt... M. Bérubé: ... en respectant
les...
M. Lalonde: C'est ça le problème, quand on essaie
d'affirmer deux fois la même chose, c'est un peu comme l'argument du
ministre tantôt dans son opinion juridique, la note du juge Pigeon, cela
va sans dire. Autrement dit, ce n'est pas nécessaire de le dire, puisque
c'est dans la loi. Mais si on veut être bien sûr, étant
donné que c'est une autre loi, qu'on ne se trouve pas à enlever
les articles 36 à 38 du Code du travail, il faudrait les
réaffirmer, ne pas dire: "sous réserve de", sous réserve
de et au moins, je ne dis pas que c'est nécessaire dans le sens que
ça enlève les articles 36 à 38, mais au moins, ça
crée un doute, il me semble.
M. Raynauld: II me semble que ce serait mieux,
conformément...
M. Lalonde: Vous avez de savants légistes, là.
M. Raynauld: Est-ce que ça poserait des difficultés
si c'était le mot conformément?
M. Bérubé: C'est du jargon, M. le Président.
M. Lalonde: Sujet à l'application...
M. Raynauld: Sujet à l'application...
M. Lalonde: ... des articles 36 à 38. Je pense que
là, il n'y aurait aucune ambiguïté.
M. Bérubé: Notre juriste qui est à l'origine
de cette loi va penser, et pendant que nous placo-tons, il va
réfléchir et peut-être qu'il pourra nous suggérer
une formule.
M. Lalonde: Sujet à l'application peut-être.
M. Bérubé: II faut faire attention, parce que tous
les employés ne sont pas nécessairement syndiqués. Donc,
on commence par poser le principe général que tous les
employés actuels de l'Asbestos vont devenir les employés de la
Société nationale de l'amiante, qu'ils soient syndiqués ou
non. Mais, pour ceux qui sont syndiqués, il nous faut respecter les
clauses des articles 36 à 38 du Code du travail. C'est le sens...
M. Lalonde: L'article 36 dit: "l'aliénation et la
concession totale ou partielle d'une entreprise autrement que par vente en
justice." car ce n'est pas une vente en justice "n'est valide
aucune accréditation accordée", donc, on ne peut parler que des
accréditations accordées existantes.
M. Grégoire: Oui, mais ce n'est pas une vente d'une
société, parce qu'on n'achète pas les actions avec la
société.
M. Lalonde: Non, c'est pour ça, admettons...
M. Grégoire: On exproprie, ça devient une vente en
justice...
M. Lalonde: Admettons qu'on doive répéter
l'application des articles 36 à 38.
M. Grégoire: Ce que vous venez de dire... C'est justement,
c'est que c'est une vente en justice, parce que c'est la loi qui procède
à l'expropriation.
M. Lalonde: Ce n'est pas une vente en justice.
M. Grégoire: C'est comme une vente en justice.
M. Lalonde: Non, ce n'est pas une vente en justice.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas une vente en justice.
Convenons qu'on vérifiera s'il n'y a pas une formule différente
de "sous réserve". De toute façon, c'est un peu académique
comme discussion.
M. Raynauld: Je ne trouve pas que c'est académique.
M. Lalonde: On essaie d'embellir le petit monstre que vous voulez
faire. Ce n'est pas facile.
M. Raynauld: II y avait la deuxième question, M. le
Président.
M. Bérubé: La deuxième question, sur les
employés responsables des ventes.
M. Raynauld: Ils ne sont pas nécessairement
employés, à part ça.
M. Bérubé: II me semble que "sujet à",
pourrait être un amendement acceptable et, par conséquent, on
pourra en faire une proposition d'amendement tantôt.
M. Lalonde: Est-ce que le président a pris l'amendement?
Il faudrait que ce soit fait de façon plus formelle...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le
député d'Outremont le fait ou le ministre?
M. Lalonde: ... pour que ce soit dans la loi. C'est le ministre
qui...
Le Président (M. Lacoste): Sujet à.
M. Bérubé: Sujet aux articles 36 à 38 du
Code du travail...
Le Président (M. Lacoste):... aux articles 36 à 38
du Code du travail. Est-ce que cet amendement est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. M. le
ministre.
Sujet aux articles, on biffe "sous réserve des", on remplace par
"sujet aux".
M. Forget: C'est un anglicisme, subject to, c'est
conformément à.
M. Lalonde: La loi 101, qu'est-ce que vous en faites?
M. Bérubé: C'est sans doute un juriste que nous a
légué l'ancienne administration.
M. Raynauld: C'est sûrement de notre faute.
M. Lalonde: Ne me dites pas que vous n'avez pas tout
créé.
M. Bérubé: Conformément aux articles 36
à 38.
M. Lalonde: D'accord, conformément aux.
M. Bérubé: Nouvel amendement, conformément
aux articles 36 à 38 du Code du travail, les employés...
Le Président (M. Lacoste): Est-ce qu'il y a un
consentement unanime pour remplacer ce qui a été dit
tantôt?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Lacoste): ... pour lire:
conformément aux.
M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Consentement unanime, motion
adoptée.
M. Lalonde: Consentement unanime, motion adoptée. (17 h
15)
M. Bérubé: Le deuxième point est un point
délicat. Il s'agit de décider si les employés ou enfin
ceux qui font la mise en marché de la fibre présentement pour la
société Asbestos vont demeurer à l'emploi de la
société. S'ils sont employés de la société,
c'est indéniable. Cependant, dans la mise en marché de fibre, une
société fait souvent appel à des agents à contrat,
donc des revendeurs, si on veut. Évidemment, de tels agents à
contrat n'étant pas employés au sens strict de la
société se retrouveraient face à la nouvelle
Société nationale de l'amiante dans la même situation que
pour l'ancienne société.
D'autre part, la mise en marché de la fibre en Europe passait
traditionnellement par les opérations de Nordenham en Allemagne. En
d'autres termes, la filiale allemande se chargeait de la vente de la fibre sur
le marché allemand, européen en particulier. Evidemment, je dois
souligner qu'il y avait même concurrence entre les vendeurs
québécois de l'Asbestos et les vendeurs allemands de Nordenham.
Si nous procédons par expropriation, ne pouvant prendre possession des
biens de la filiale de Nordenham, il va de soi que ces employés
allemands de la société Asbestos ne deviennent pas des
employés de la Société nationale de l'amiante, je pense
que ça devrait être clair. D'accord?
M. Lalonde: Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites.
M. Bérubé: Ce sont les deux cas. De fait, il
pourrait y avoir des agents de vente pour la fibre de la société
Asbestos qui ne deviendraient pas propriétaires de la
Société nationale de l'amiante, compte tenu des raisons que j'ai
évoquées.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, la lecture de l'article,
naturellement, est claire, dans le sens que les employés du
propriétaire antérieur dont les services se rapportent à
l'exploitation des biens expropriés... Il y a certains employés
dont les services se rapportent à peu près à tout, par
exemple, le chef payeur. Si vous expropriez des actifs, des biens de deux ou
trois propriétaires antérieurs, des filiales disons, est-ce que
vous allez prendre ou devoir prendre, par la loi, à votre service, les
trois employés de la comptabilité qui sont reliés au
paiement des salaires des employés, par exemple. Ce n'est pas
très clair. Naturellement, si vous expropriez un camion donné, le
chauffeur du camion, d'accord, c'est très clair, si c'est lui qui est
là au moment de l'expropriation, qui est assigné à la
conduite de ce camion. Mais dans l'administration, il y a des employés
dont les services se rapportent à l'exploitation de tous les biens.
A ce moment-là, vous avez une zone grise qui va créer une
ambiguïté, à savoir si la loi va jouer en leur faveur ou
non. Qui va faire le choix, lequel chef payeur allez-vous prendre? Vous n'en
avez pas besoin de trois, à la société nationale, si vous
avez trois filiales, ou trois propriétaires antérieurs, ou
même deux. Lequel allez-vous prendre? Je vous donne un exemple du chef
payeur. Mais il pourrait aussi y avoir d'autres exemples dans l'administration,
les comptables, peut-être qu'on pourrait avoir d'autres exemples par ceux
qui connaissent davantage les sociétés en question. Il me semble
qu'on devrait être plus clair, à savoir qui...
M. Bérubé: Non. Je pense que ce qu'il est important
de dire, c'est qu'ils deviennent tous employés de la
Société nationale de l'amiante, c'est notre intention
d'ailleurs.
M. Lalonde: Cela veut dire, si je comprends bien, que tous les
employés de l'administration deviendraient employés de la
société nationale.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Relativement à cette question du personnel de
vente, je ne suis pas d'accord avec l'interprétation du ministre, moi
non plus. A mon avis, les termes mêmes utilisés dans l'article 28:
"Les employés dont les services se rapportent à l'exploitation
des propriétés expropriées", ce sont les biens
expropriés. Les biens expropriés sont essentiellement les mines
et les moulins et l'exploitation des mines et des moulins, c'est une question
d'interprétation à savoir si le personnel de mise en
marché qui ne se trouve pas à Thetford Mines, de toute
façon, mais qui se trouve situé à Montréal, comme
point d'attache, peut être interprété comme des
activités liées à l'exploitation.
Bien sûr, il va de soi que si on exploite une mine, il faut la
vendre.
M. Bérubé: Ah! C'est assez remarquable comme
déduction de principe!
M. Forget: Mais de loin en proche, il faut aussi transformer la
fibre. S'il y avait des usines de transformation, par exemple, qu'on
n'exproprierait pas, cela n'entraînerait pas qu'il faille inclure tout le
personnel. Il n'y a pas de suite logique et nécessaire. Quand on dit
"l'exploitation des mines et des moulins", c'est l'exploitation des mines et
des moulins.
M. Bérubé: C'est l'exploitation des biens.
M. Forget: Les activités de vente pourraient même
être confiées à une filiale indépendante pour
démontrer comme c'est séparable concep-tuellement et de
façon opérationnelle. Donc, il y a un risque certain, à
moins que le langage soit précisé, qu'au moment de l'arbitrage
final cette
chose soit... L'article 22 ne répond pas parce qu'on ne peut pas
énumérer des biens, dans ce cas-là. J'imagine que vous
n'exproprierez pas le bail de la Sun Life que détient la
société Asbestos. Vous pourriez le faire, mais on aimerait bien
le savoir. Est-ce votre intention? Vous allez exproprier leur droit à un
bail dans leur siège social de Montréal? Si c'est cela, cela
répond à notre question, mais si vous ne faites pas cela, les
employés qui sont au siège social ne sont pas des employés
qui sont strictement nécessaires pour l'exploitation de la mine et des
moulins; ce ne sont certainement pas, de toute façon, des
employés qui sont nécessaires. Les employés de vente ne
sont pas nécessaires pour l'exploitation de la mine et des moulins. Il
aurait été fort concevable, et cela se fait dans certaines
sociétés, qu'on confie les transactions de la vente à une
succursale. C'est un raisonnement que pourrait faire l'entreprise.
D'autre part, je m'inquiète sincèrement des implications
de ce que vient de dire le ministre relativement à la question du
non-achat, dans le contexte du non-achat de l'usine d'Allemagne. Il nous dit:
Les ventes en Europe, c'est la responsabilité de la filiale
ouest-allemande.
M. Bérubé: Pas tout à fait. Cela a
été leur responsabilité pendant un certain temps.
M. Forget: Mais cela peut l'être encore dans une certaine
proportion.
M. Bérubé: Bien...
M. Forget: Enfin, on n'en sait rien. Si cela ne l'est pas
maintenant, je vais employer la même expression que le ministre. Au
moment de l'expropriation, dans trois, six, neuf, un mois ou douze mois d'ici,
cela pourrait très bien l'être devenu.
M. Bérubé: Dans moins de temps que cela.
M. Forget: On verra! Essentiellement, quand on regarde la
distribution par continent des ventes de la société Asbestos, on
se rend compte d'une chose: l'Europe de l'Ouest comptait en 1978, pour 38%. Ce
sont des chiffres assez stables parce que cela se rapproche de très
près des chiffres sur une longue période de temps. Les ventes
à l'Europe de l'Ouest comptaient pour 38%. Les ventes aux pays du
COMECON, qui sont les pays de l'Association économique des pays de
l'Europe de l'Est, comptent pour encore 20%, ce qui veut dire que 58% des
ventes de fibre de la société Asbestos se font en Europe, soit
dans l'Europe de l'Ouest ou dans l'Europe de l'Est. Dans la mesure où
ces ventes c'est fort plausible; c'est ce que le ministre disait tout
à l'heure sont largement la responsabilité de la filiale
ouest-allemande, en n'achetant pas la filiale ouest-allemande, on se coupe
présumément et probablement des contacts de vente relativement
à près de 60% de la production de la société
Asbestos. Il va falloir se retourner drôlement vite parce qu'il y a des
emplois d'impliqués. On n'accumulera pas $150 millions d'inventaire, de
stock de fibre traitée non vendue. Il va falloir, dans l'espace de
quelques semaines, se doter d'un personnel de vente pour aller
récupérer ces marchés européens. Il ne faut pas
présumer qu'on va se faire faire des cadeaux par qui que ce soit. Il y a
des concurrents qui vont dire: Tiens, il y a un trou à combler,
comblons-le donc pendant qu'il y a une espèce d'interrègne.
C'est dire qu'il y a 60% du marché qui est en risque dans le
transfert de pouvoirs entre la société General Dynamics et la
Société nationale de l'amiante. Si ces ventes étaient la
responsabilité ce qui est fort probablement le cas, en effet
de la filiale de l'Allemagne de l'Ouest, parce qu'ils sont sur place, on
voit le genre de problèmes. Il y a seulement 5% de la fibre qui est
vendue aux Etats-Unis. Il semblerait donc, de façon résiduelle
on peut le supposer que les ventes qui sont faites à
partir de l'Europe, de l'Allemagne de l'Ouest touchent également
l'Afrique du Nord, parce qu'il est normal que les ventes qui se font en Afrique
du Nord, pour les filiales de multinationales, se fassent à partir des
bureaux en Europe de l'Ouest, à moins qu'il y ait évidemment des
succursales en Afrique du Nord.
Donc, les ventes qui se font au Maroc, à la Tunisie, à
l'Algérie, à la Libye, à l'Egypte, aux pays du
Moyen-Orient se font probablement via les bureaux de la société
Asbestos en Europe. Cela compte pour encore 3% dans le cas de l'Afrique, et au
Moyen-Orient 4%; ajoutés aux 58% des ventes en Europe, on se retrouve
avec 65% des ventes qui, dans le fond, trouvent leur origine dans la zone
d'influence européenne d'une entreprise multinationale.
Une Voix: On est sur la corde raide.
M. Forget: 65%. Il n'y a pas du tout de corde raide
là-dedans, c'est l'admission du ministre qui nous le fait
réaliser. Il nous a dit: Le personnel de vente, de toute façon,
ce n'est pas important. Même si on récupère celui qui est
à Montréal, pour ce qui est de l'Europe, de toute façon,
c'est la filiale de l'Allemagne de l'Ouest, il nous a dit qu'il ne l'achetait
pas. S'il ne l'achète pas, il n'achète pas non plus les contrats
qui le lient au personnel de vente qui est situé là, ce qui veut
dire qu'il pose un gigantesque point d'interrogation sur 65% des ventes. Je ne
dis pas qu'il ne pourra pas les faire quand même, ces ventes, mais cela
pose quand même un problème logistique de trouver des gens qui
connaissent suffisamment l'amiante...
M. Bérubé: Dans votre esprit.
M. Forget:... pour aller récupérer ces
marchés alors que, présumément, les dossiers de relation
avec les acheteurs ne se trouvent même pas physiquement présents
au Canada ou au bureau chef de Montréal, mais se trouvent dans les
bureaux de la société en Allemagne de l'Ouest. Donc, on n'a
même pas les contrats, on ne connaît même pas les noms et les
adresses ni les numéros
de téléphone des clients. Cela peut se reconstituer.
M. Bérubé: Mais vous avez déjà le
numéro de téléphone de General Dynamics.
M. Forget: Cela prendra combien de semaines et de mois pour
reconstituer de tels contacts si on n'a pas ce débouché? Donc,
65% de la fibre. On pourra continuer à vendre en Asie; c'est 15%,
apparemment, des ventes en 1978. On pourra continuer à vendre en
Amérique du Sud, présumé-ment 12%, ce qui fait un grand
total de 27%. Il y a l'Océanie, 2,5%, donc 29,5%. Disons 30% des ventes
qui seraient assurées pourvu qu'on maintienne les contacts avec les
clients à partir du siège social de Montréal. Encore
faut-il s'assurer qu'on garde ce personnel. Je ne sais pas si on peut
présumer que n'importe qui peut s'improviser vendeur de fibre d'amiante
sur le marché international du jour au lendemain. Je pense que ce n'est
pas vraiment possible.
On nous a dit à satiété, au cours de tous ces
débats, qu'il y avait quelque chose comme 128 catégories de fibre
d'amiante selon leur composition chimique, leur longueur, selon le degré
d'ouverture de la fibre, etc. Donc, ça prend, pour vendre cette fibre,
pour conseiller les acheteurs ou pour tenir compte des spécifications
des acheteurs, quelqu'un qui a une grande familiarité avec le produit et
ce n'est pas une chose qu'on peut improviser. On ne pourra pas prendre un
fonctionnaire du ministère des Richesses naturelles, qui s'occupait de
faire des études à partir des données de Statistique
Canada sur les résultats de l'exploitation minière dans le
Nouveau-Québec et, du jour au lendemain, l'envoyer au Japon vendre des
fibres d'amiante ou l'envoyer au Moyen-Orient ou à Bucarest. Cela va
prendre une certaine adaptation.
Pendant ce temps, il y a des travailleurs qui travaillent dans le trou
de Thetford Mines qui vont être obligés d'attendre qu'on vende
leur produit avant de le sortir du trou. Je ne pense pas que le ministre va
endosser indéfiniment l'accumulation d'inventaire pendant une
période de flottement. Cela indique très clairement qu'il y a un
intérêt considérable que le gouvernement ne prenne aucun
risque et s'assure de disposer des services de vente actuellement à
l'emploi, soit par contrat soit à titre d'employé d'Asbestos
Corporation, de manière qu'il n'y ait aucun hiatus, aucun coupure dans
le flux des ventes, de manière que la production soit maintenue sans
interruption au moment de la passation des pouvoirs. (17 h 30)
II serait dommage que ce soient les mineurs de Thetford Mines qui
fassent les frais d'une désorganisation du service de vente. Il y en a
déjà eu dans le passé, il y a des gens qui ont
quitté abruptement pour aller chez des concurrents et qui ont
créé des difficultés. Il ne faudrait pas les susciter de
façon presque volontaire parce qu'à ce moment-là, encore
une fois, ce n'est pas le gouvernement qui va payer pour cela, ce sont les
travailleurs, effectivement; on va faire des mises à pied si, tout
à coup, on se rend compte qu'on a des problèmes
d'écoulement. On va dire: Ecoutez, on a des stocks excessifs, on va
attendre de réorganiser notre service de vente. Cela s'est
déjà vu dans d'autres sociétés d'Etat et même
dans des sociétés commerciales. Il ne s'agit pas de prendre des
risques inutilement.
Dans ce contexte, M. le Président, on a un amendement à
présenter, lequel rendrait plus explicites les conséquences de
l'expropriation. Je ne vois pas ce que le ministre pourrait avoir contre cela
parce que c'est ce qu'il veut lui-même, et trop fort ne casse pas.
Là, il se fie seulement à une interprétation subjective,
il n'y a rien qui nous garantisse que son interprétation est la bonne.
Il dit: Les employés dont les services se rapportent à
l'exploitation des biens expropriés, cela comprend les vendeurs
itinérants qui ont leur point d'attache à Montréal.
Peut-être bien que oui, mais peut-être bien que non. Il serait plus
sûr de l'inclure dans la loi en disant que, effectivement, les contrats
qui lient la société Asbestos à ces gens sont maintenus,
sont pris en charge par la Société nationale de l'amiante au
moment de l'expropriation; il serait plus sûr de le prévoir
explicitement.
C'est le sens de notre amendement et nous sommes, bien sûr,
ouverts à toute suggestion du côté gouvernemental pour en
améliorer le libellé, mais on pense que c'est vitalement
important de s'assurer que les vendeurs passent en même temps que les
mineurs. Il y a une interdépendance entre ces deux fonctions. Les
mineurs minent en autant qu'il y a des gens pour vendre la fibre. Quand les
gens qui vendent la fibre filent, il faut arrêter de miner et il faut
arrêter de payer les salaires. Cela, c'est très important. Le sens
de l'amendement, M. le Président, c'est que le paragraphe 28 de
l'article 1 soit modifié en ajoutant, dans la quatrième ligne,
après le mot "expropriés", les mots "et à la mise en
marché de la production."
Le paragraphe amendé se lirait comme suit: "Conformément
aux articles 36 à 38 du Code du travail (Statuts refondus 1964, chapitre
141) les employés du propriétaire antérieur dont les
services se rapportent à l'exploitation des biens expropriés et
à la mise en marché de la production deviennent, à compter
de la signification de l'avis d'expropriation, les employés de la
société.
Le Président (M. Lacoste): Je déclare la motion
d'amendement recevable. Des discussions sur l'amendement?
M. Bérubé: On va essayer de concilier les avis
divergents du groupe ministériel.
M. Forget: Cela va se régler vite.
M. Bérubé: Cela ne veut absolument rien dire, mais
cela leur fait plaisir.
M. Grégoire: Je trouve que cela ne veut rien dire et, de
plus, le député de Richmond, qui est dans un comté de
l'amiante, le sais aussi bien que moi. Cela a été publié
par le comité des mines de
la région des Cantons de l'Est dont le président est un
ingénieur de la compagnie Johns-Manville, Roger Laliberté.
L'amiante, M. le député de Saint-Laurent, cela ne se vend pas,
cela s'achète; ce n'est pas un produit qui se vend, c'est un produit qui
s'achète. Ce ne sont pas des vendeurs qui vont en vendre, ce sont des
acheteurs qui viennent en acheter.
M. Forget: Voyons donc! Informez-vous, M. le député
de Frontenac.
M. Grégoire: C'est commun dans le domaine de
l'amiante.
M. Forget: Vous savez très bien qu'il y a quelques
années, les vendeurs en question qui étaient à Thetford
Mines ont été déménagés à
Montréal parce que, justement, ils étaient plus près des
possibilités de transport. Ce sont des démarcheurs qui partent
avec leur valise pour aller rencontrer des clients au Japon et dans le monde
entier.
M. Laplante: Sur demande.
M. Forget: Ils n'attendent pas des demandes, ce ne sont pas des
fonctionnaires. Ils vont le vendre et ils essaient de gagner des marchés
sur leurs concurrents. Ce n'est pas un tribunal, c'est un service de vente.
M. Laplante: Je n'ai rien contre votre amendement, mais c'est
parce que ces vendeurs pourront amener les industries.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: Je comprends le sens; quant au sens, je
suis d'accord, il n'y a pas de problème. Il y a toujours des
possibilités d'implication chaque fois qu'on formule sur le coin de la
table, qu'on griffonne; je voyais tantôt que le recherchiste du Parti
libéral travaillait dessus. Or, à plusieurs reprises, il nous a
soumis des amendements mal fichus dans lesquels on a trouvé des failles
béantes. Ce que je ne sais pas, c'est dans quelle mesure il ne peut y
avoir un problème.
M. Forget: Passez-nous vos conseillers juridiques, vous allez
voir ce qu'on va faire avec votre projet de loi. Ils ont des contrats. Quand on
est un agent à commission, on a un contrat qui nous lie à notre
mandant.
M. Bérubé: Je suggère, pour éviter
des imprécisions, un sous-amendement qui se lirait ainsi: "se rapporte
à l'exploitation des biens expropriés", et là je change
"et la mise en marché" par "y compris la mise en marché."
M. Forget: Aucun problème, on accepte d'emblée.
M. Bérubé: Donc, modifier l'amendement...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, je pense qu'on pourrait faire cela autrement. Est-ce que, de
consentement, M. le député de Saint-Laurent, modifie sa propre
motion?
M. Forget: S'il modifie ma motion en ce sens, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De telle
sorte que, si elle était acceptée, la motion principale se lirait
comme suit: "Conformément aux articles 36 à 38 du Code du travail
(Statuts refondus de 1964, chapitre 141) les employés du
propriétaire antérieur dont les services se rapportent à
l'exploitation des biens expropriés, y compris la mise en marché
de la production, deviennent, à compter de la signification de l'avis
d'expropriation, des employés de la société."
M. Bérubé: On a suggéré d'enlever "de
la production".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): "Y
compris la mise en marché"?
M. Bérubé: Oui, "y compris la mise en
marché", comme étant une opération.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
nouveau consentement?
M. Forget: Oui, consentement. Ce qui nous paraît essentiel,
c'est de faire passer l'idée que la mise en marché fait partie de
la définition des activités connexes dans la prolongement de
l'exploitation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
député de Saint-Laurent...
M. Bérubé: Vous voulez ajouter une bretelle en
dépit du fait qu'il y a une ceinture.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! De consentement...
M. Forget: On n'est pas sûr que la ceinture soit là,
alors, c'est d'autant plus prudent.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De
consentement, la motion d'amendement est de nouveau modifiée de telle
sorte que la motion principale, si l'amendement était adopté, se
lirait: "... se rapportent à l'exploitation des biens expropriés,
y compris la mise en marché, deviennent, à compter de la
signification de l'avis..."
Est-ce que cet amendement sera adopté?
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion principale tel qu'amendée sera adoptée?
M. Bérubé: Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Est-ce que le paragraphe 28 est adopté tel
qu'amendé?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 29 est suspendu. J'appelle donc l'article 30.
M. Bérubé: L'article 29 est suspendu?
M. Forget: Oui.
M. Bérubé: II soulevait des difficultés?
M. Forget: Non, mais c'est pour les mêmes raisons que les
autres.
M. Bérubé: D'accord.
M. Forget: Quand on prend fait et cause, on assume les dettes et
on a des questions à poser relativement à la prise en charge des
dettes de façon aussi large, "sweeping".
M. Bérubé: La loi 101 n'a pas touché le
Parti libéral.
M. Forget: Oui, beaucoup.
Relativement à l'article 30, M. le Président, voici ce que
nous voulons faire ressortir dans cet article dont je vais faire la lecture
très brièvement: "L'indemnité que doit payer la
société est celle dont conviennent la société et le
propriétaire antérieur. A défaut d'entente,
l'indemnité est déterminée par un conseil d'arbitrage."
Cela, c'est le premier alinéa, il y a un autre alinéa plus
technique qui suit, de deux lignes, mais c'est ce premier alinéa qui est
important. Il y a donc deux façons de déterminer
l'indemnité. La première possibilité à envisager,
c'est une entente, la deuxième, c'est l'arbitrage.
On pourrait et c'est peut-être une motion qu'on fera
à la fin lorsqu'il nous sera donné d'examiner le titre de la loi,
puisque c'est la dernière chose qu'on peut considérer
suggérer qu'il s'agit là d'une loi pour la négociation ou
l'expropriation de la société Asbestos. Essentiellement, nous ne
faisons, par cette loi, qu'ouvrir un nouveau chapitre dans un roman-fleuve,
c'est le roman-fleuve de l'acquisition de la société Asbestos par
le gouvernement péquiste de 1976 à 1981.
M. Bérubé: Les petits Lemelin libéraux y ont
contribué par de nombreux chapitres.
M. Forget: Cette histoire a déjà deux ans et demi
d'existence et je suis sûr que dans l'opinion publique on est convaincu
que, actuellement, l'Assemblée nationale est en train d'autoriser et
même d'ordonner au gouvernement d'exproprier la société
Asbestos, mais rien n'est plus loin de la vérité, M. le
Président. On n'est pas nécessairement en train d'autoriser
l'expropriation de qui que ce soit, ou de quoi que ce soit, et encore moins
est-on en train d'ordonner au gouvernement d'exproprier immédiatement la
société Asbestos; cela, ce serait véritablement de
l'hérésie de suggérer une chose pareille. Il est
même plus que probable que l'expropriation de la société
Asbestos n'aura jamais lieu, pas parce qu'il va y avoir des empêchements
extérieurs, mais parce que le gouvernement n'a pas l'intention
d'exproprier la société Asbestos. C'est visible qu'il n'a pas
l'intention de l'exproprier, de deux façons: Premièrement, il a
déjà présenté un projet de loi, l'an dernier
où il aurait pu inclure un pouvoir d'expropriation on l'a
mentionné à l'époque et on le mentionne à nouveau
aujourd'hui cela aurait été presque pure routine que de le
faire parce que, si on remarque, dans beaucoup de lois analogues créant
des sociétés d'Etat pour prendre en charge des actifs qui sont
dans le secteur privé, on le dit très bien d'ailleurs, le
premier ministre l'avait dit lui-même On va d'abord
négocier et si cela ne marche pas, on expropriera.
Dans sa première loi, contre toute attente, il ne met pas le
pouvoir d'expropriation. Cela lui a permis d'attendre un an pour parler
d'expropriation alors que, dans le fond, c'était déjà, au
moins conceptuellement, dans le paysage. Il l'avait déjà
mentionné dans un discours politique, d'ailleurs.
Aujourd'hui, on se dit: Enfin, il va accoucher d'une décision
finale d'exproprier, il va faire le bilan de la négociation, il va dire:
Voici ce qu'on pense de tout cela, voici nos conclusions, voici à
combien on évalue le prix. Il va aussi nous dire qu'est-ce qu'on va
exproprier. Rien du tout. On dit: On va ouvrir un deuxième chapitre.
C'est la phase 2, l'acte 2 de la grande négociation du siècle.
C'est presque la trouvaille du siècle, c'est un peu comme la loi 101 qui
était la loi 1 et qu'on a changé de titre, qu'on a
recommencée; c'est un peu ce qui est arrivé. Là, on a
négocié pendant un an avec la loi 70; maintenant, on va
négocier avec la loi 121. La négociation est ouverte, elle est
tellement ouverte que le ministre des Richesses naturelles et le ministre des
Finances n'ont pas osé se compromettre sur absolument rien. Ils ne se
sont pas compromis sur un échéancier, ils ne se sont pas
compromis sur la description des biens qu'ils veulent exproprier et ils ne se
sont pas compromis sur le prix. Evidemment, il n'y a rien qui puisse arriver
qui va les mettre en contradiction avec eux-mêmes; quand je dis rien,
c'est vraiment rien, ou n'importe quoi, ce qui est une autre façon de
dire la même chose. N'importe quoi peut arriver et ils pourront dire:
Bien oui, c'est comme cela qu'on l'avait envisagé, on ne l'avait pas dit
parce qu'on était encore en train de négocier, mais
c'était cela qu'on voulait.
Encore une fois, ils peuvent n'exproprier pratiquement rien et dire:
C'était cela qu'on avait en tête le 22 janvier 1977.
M. Bérubé: ...
M. Forget: Si je reviens avec insistance sur ce point, M. le
Président, c'est que je pense que c'est un point fondamental, c'est un
faux-semblant que ce projet de loi d'expropriation. C'est encore une autre
manoeuvre pour donner l'impression au bon public et surtout au bon public qui a
voté, peut-être par distraction, pour le député de
Frontenac...
M. Grégoire: ...
M. Forget: ... que ses efforts ont porté fruit, qu'il a
convaincu le gouvernement d'agir, enfin. Il va pouvoir, pendant un certain
temps surtout qu'il y a, en fin de semaine, je pense, une grande
célébration dans sa région...
M. Grégoire: Un colloque économique.
M. Forget: Oui, il va se faire endosser, évidemment, par
les notables de sa région, on va lui dire: Oui, courage, allez de
l'avant et il va pouvoir leur donner l'assurance que la loi est sur le point
d'être adoptée.
M. Bérubé: Avec l'appui du CRD des mines,
d'ailleurs, qui vient de se déclarer très favorable à la
politique gouvernementale.
M. Forget: Le CRD a dit bien des choses sur le sujet. Là,
cela s'adonne qu'aujourd'hui, peut-être en préparation du
sommet de la fin de semaine qu'ils ont gagné de hautes luttes ils
sont prêts à faire une fleur au gouvernement et à lui dire
qu'ils ne sont pas opposés à sa politique. De toute façon,
il serait difficile d'y être opposé parce que personne ne sait
exactement ce en quoi cela consiste. (17 h 45)
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lacoste): M. le député, sur
une question de règlement.
M. Grégoire: Je ne permettrai pas au député
de Saint-Laurent d'insulter ainsi la population de Richmond, de Sherbrooke et
de Thetford. Il y a tout de même des limites à insulter la
population et à dire: Ils ont fait cela par flagornerie, ou quelque
chose du genre. Cela, c'est insultant pour eux, ce sont des citoyens qui sont
fiers et dignes, et qui se tiennent debout.
M. Forget: Peut-être, mais ils ne veulent pas
décourager le gouvernement...
M. Grégoire: Si vous n'êtes pas habitué
à cela, vous allez vous y habituer.
M. Forget: Le gouvernement semble si facile à
décourager là-dedans qu'ils ne veulent pas le décourager,
ils ne veulent pas répéter ce qu'ils avaient dit il y a trois ans
en disant qu'exproprier ou acheter une seule entreprise, ce n'était bon
à rien, qu'il fallait faire tout ou rien. Alors, ils ne veu- lent pas
répéter cela parce que ce serait décourageant pour le
député qui, depuis deux ans et demi, s'acharne à leur
répéter qu'il y a quelque chose d'immense qui s'en vient. Alors,
ils l'encouragent un peu.
M. Grégoire: On n'a jamais dit cela.
M. Forget: Mais il ne faut pas se faire d'illusion, il y a
énormément de gens dans la région du député
de Frontenac qui ont de très grandes réserves. Ils ne les
formuleront pas par politesse parce que, encore une fois, le gouvernement
pourrait prendre prétexte d'une velléité de doutes dans
l'esprit des gens ou dans la façon dont ils s'exprimeraient pour dire:
Finalement, la population régionale n'est pas intéressée.
Je suis, de plus, persuadé que ce gouvernement essaie de se sortir de ce
mauvais pas, de cette promesse qui finit un peu en queue de poisson.
On va, bien sûr, faire tous les grands discours en fin de semaine,
on va parler d'avenir c'est beaucoup plus rassurant que de parler du
présent d'avenir à long terme. Il y a un certain nombre de
choses avec lesquelles nous sommes d'accord, on vous l'a dit, encore que quant
à l'opération concrète, même des projets qui se sont
réalisés dans le domaine de la transformation, le grand avantage
de tous ces débats sur l'expropriation, c'est que cela ne laisse pas de
temps pour parler des projets qui se réalisent et dont toutes les
caractéristiques ne sont pas au-dessus de tout reproche, ce n'est pas
absolument impeccable. Il y a bien des choses qu'on pourrait dire sur les
projets en cours.
M. Bérubé: Allez! Allez!
M. Forget: Non, c'est hors de propos, M. le Président, et
cela nous distrairait de notre objectif.
M. Bérubé: De toute façon, vous ne parlez
jamais du sujet, alors continuez, ne vous inquiétez pas.
M. Forget: Sur le sujet de l'expropriation, il n'y a rien de plus
pertinent que de souligner, justement, qu'on n'expropriera pas
nécessairement. On va peut-être exproprier, mais pas
nécessairement, et surtout, on va négocier. Cet évident
qu'on veut négocier et qu'on veut encore faire courir les assurances. La
base de cette ouverture, c'est l'article 30 dont il est question actuellement:
"L'indemnité que doit payer la société est celle dont
conviennent la société et le propriétaire
antérieur. " C'est assez curieux, ils vont soudainement se mettre
d'accord. Cela fait un an qu'ils disent qu'ils ne veulent pas vendre, mais vous
ne les croyez pas. Malgré tout, vous les avez condamnés pour
avoir dit qu'ils ne voulaient pas vendre.
Je ne sais pas si vous les croyez ou si vous ne les croyez pas. Il
semble que d'après la loi, vous ne les croyez pas parce que vous dites
qu'ils vont quand même négocier, même si cela fait un an et
demi qu'ils disent qu'ils ne veulent pas vendre,
donc, qu'ils ne veulent pas négocier une vente. Malgré
tout, on va s'essayer encore. Mais pourquoi les condamner de l'avoir dit si
vous ne les croyez pas? Cela n'a pas l'air de vous déranger beaucoup.
Enfin, ce n'est pas très logique, tout cela, mais...
M. Bérubé: Non, c'est vrai, vous avez parfaitement
raison.
M. Forget: ... le but fondamental de l'opération, de toute
façon, ce n'est pas d'être logique pour le gouvernement, c'est de
faire durer l'affaire. Deux ans et demi. Un an de rencontres où on
soulève des problèmes aussi factices: Allez-vous nous donner vos
papiers ou si je vais vous donner mes papiers? Est-ce qu'on s'échange
nos papiers ou si on ne les échange pas? Si on faisait cela avec le
front commun, je vous garantis que ce n'est pas un mois de grève qu'on
aurait dans les hôpitaux, mais un an. Avant que vous convainquiez la CSN
de vous donner tous les papiers dont ils se servent pour préparer leur
grève et leur négociation, vous auriez fort à faire. Ils
diraient: De quoi vous mêlez-vous, messieurs du gouvernement? Vous avez
vos papiers et on a les nôtres, on va négocier à la table,
on a des porte-parole, vous n'avez pas besoin de regarder dans nos papiers pour
faire une offre, cela ne s'est jamais fait, c'est un pur prétexte, c'est
une espèce de trompe-l'oeil, demander la communication, annoncer comme
une grande victoire de la négociation, le fait d'avoir eu les papiers de
l'adversaire. Dans quelle autre négociation est-ce que cela s'est fait?
Dans quel autre contexte ce serait toléré par l'autre partie?
Avez-vous essayé cela avec les syndicats? Déposez tous vos
documents, déposez tous vos dossiers, tous vos dossiers de consultation
avec vos membres, on veut avoir cela tout de suite et après cela, on
négociera et on vous fera des offres patronales. Allons donc! Vous
n'avez pas le courage de le faire dans ce cas-là parce que vous ne
pourriez pas charrier et faire la démagogie que vous faites. Mais quand
il s'agit de multinationales, évidemment, cela fait partie de la
rhétorique du parti au pouvoir.
C'est un processus qui est transparent par son hypocrisie. Quand on
demande une telle chose, c'est parce qu'on ne veut pas vraiment
négocier, on veut perdre du temps; d'ailleurs, on en a perdu
abondamment, le ministre des Finances en a fait l'aveu très candidement.
Cela a commencé en septembre 1978 et cela s'est terminé en
février 1979. Tout ce temps a été inutile parce qu'on
attendait des papiers qu'on n'avait pas vraiment le droit de réclamer,
de toute façon, parce que chaque partie, dans une négociation, on
a le droit de garder ses papiers pour elle. C'est un fait fondamental,
universellement accepté. Prétendre qu'on l'ignore, tout à
coup, c'est de l'hypocrisie, ce n'est rien d'autre que cela.
Alors cela va se continuer. On fait une loi pour renégocier le
non négociable. On a eu une fin de non-recevoir, on n'est pas
très fier, on n'est pas très orgueilleux, on se fait dire: Non,
cela ne fonctionne pas, on n'est pas intéressé. Alors, on dit: On
essaie encore, en prétendant qu'on peut faire peur à l'autre
partie en la menaçant d'une expropriation dont le résultat final
dépend d'un arbitrage dont le résultat est absolument inconnu. Le
ministre des Finances nous l'a dit hier: On ne sait pas combien cela va
coûter. C'est le juge de la Cour provinciale qui va décider si
c'est $112 millions ou si c'est $280 millions. C'est fort rassurant. On pense
que devant cette incertitude, on peut vraiment faire peur à la partie
adverse! On peut se faire peur à soi-même, bien plus qu'à
la partie adverse, parce que je ne suis pas sûr que la balance des
probabilités est telle que celui qui devrait avoir le plus peur, c'est
General Dynamics dans cette histoire. Le grand public ne sera pas au courant,
parce que le gouvernement refuse de rendre publiques, ne serait-ce, je ne dis
pas toutes les études et toutes les parties de ses propres études
il ne se rend même pas jusque là mais refuse toutes
les propositions qu'on a faites pour jeter de la lumière justement sur
les estimations qui sont en présence les unes des autres, des deux
parties.
C'est bien clair qu'il veut laisser croire qu'il intimide General
Dynamics, mais son comportement révèle une chose, c'est qu'il est
bien plus intimidé qu'il n'est intimidateur dans toute cette histoire.
Le ministre des Finances a bien plus peur des conséquences de ses actes
là-dedans que General Dynamics n'a peur des actions et des initiatives
du ministre des Finances. C'est malheureux, parce que le Québec ne fait
pas de grands progrès. Le prestige du Québec dans le monde entier
ne progresse pas par cet effet manqué d'intimidation avec une loi dont
le ministre des Finances est le premier à redouter les
conséquences pour le trésor public.
M. le Président, je pense que ces choses devaient être
dites, parce qu'il y a suffisamment de tournage autour du pot de la part du
gouvernement. Il nous accuse de tourner autour du pot, relativement à
l'argumentation, mais on prend bien soin de ne pas répondre à
aucune de ces interrogations et de ces objections. Il ne veut prendre aucun
engagement, fixer aucun échéancier, ne mentionner aucun des biens
qu'il veut vraiment exproprier s'il en vient là. On va parler et on va
parler. Il est bon là-dessus. On sait qu'il va continuer aussi.
L'article 30, c'est ce qui va lui donner le droit de continuer à parler.
Qu'il parle bien, qu'il parle longuement, pourvu qu'il dise des choses pas trop
folles, on sera peut-être un peu moins humilié par le processus,
mais il reste que ce n'est pas une expropriation qu'on approuve, une
expropriation peut-être, mais une négociation et une parlotte
continue, très certainement. Qu'on ne vienne pas nous dire que c'est
l'Assemblée nationale qui retarde l'expropriation. On va voir ce qui va
se passer au cours de l'été. Vous allez voir quand on va revenir
à l'automne où on va en être avec l'expropriation. Vous
saurez me le dire, M. le Président, où on en sera avec
l'expropriation. Vous allez voir qu'on ne sera pas beaucoup plus loin qu'on ne
l'est dans le moment. On sera
encore en train de s'échanger des lettres, de se passer des
appels téléphoniques et de se dire qu'on s'est rencontré
ou qu'on s'est manqué et qu'on va s'essayer à nouveau la
prochaine fois, etc. Cela peut durer longtemps, cette histoire.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 30 est
adopté?
M. Grégoire: Adopté.
M. Bérubé: Adopté.
M. Forget: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 30, adopté.
Le paragraphe 31 est suspendu. Paragraphe 32? M. le ministre.
Le conseil d'arbitrage
M. Bérubé: Le présent article aurait besoin
d'une modification qui consisterait à ajouter, après "les juges
de la Cour provinciale" dans le premier alinéa de l'article 32, "ou de
la Cour des sessions de la paix".
M. Forget: Est-ce qu'il y a une raison?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc, ce
n'est pas un amendement, cela va être considéré comme un
nouvel article 32, qui se lirait comme suit: "Le conseil est constitué
de trois membres, dont l'un est nommé par la société,
l'autre par le propriétaire antérieur, et le dernier, qui en est
le président, par le gouvernement, sur recommandation conjointe des deux
membres déjà nommés; le président est choisi parmi
les juges de la Cour provinciale ou de la Cour des sessions de la paix qui
siègent au tribunal de l'expropriation." Je présume que le
deuxième paragraphe demeure le même, le paragraphe 32.
M. Bérubé: C'est cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Bérubé: L'amendement nous est
suggéré, dans la mesure où cela donnerait un
éventail plus large pour choisir les arbitres, d'une part, et que,
d'autre part, plusieurs juges des sessions de la paix siègent au
tribunal d'expropriation. Par conséquent, c'est une pratique
courante.
M. Forget: Combien y a-t-il de juges à la Cour
provinciale? 110 ou 120?
M. Bérubé: On pourra vous répondre, je ne le
sais pas. En fait, notre intention, c'est tout simplement d'avoir des juges du
tribunal d'expropriation qui connaissent tous les dossiers d'expropriation. On
explique qu'on avait originalement pensé qu'il ne s'agissait que de
juges de la Cour provinciale qui siégeaient au tribunal, mais il semble
que des représentations de la magistrature nous aient amenés
à réaliser qu'il y avait également des juges de la Cour
des sessions de la paix qui siégeaient également au tribunal
d'expropriation. C'est pour cette raison qu'on a ajouté...
M. Forget: Je vois.
M. Bérubé: Je viens de répéter ce que
l'on m'a chuchoté à l'oreille, textuellement.
M. Forget: Est-ce que cela impliquerait plutôt que le
gouvernement a déjà commencé la prospection et que,
s'étant rendu compte que son candidat...
M. Bérubé: Ne nous reprochez pas de prendre des
heures et des heures à nous décider, pour, après cela,
nous reprocher d'être en train de faire de la prospection.
M. Forget: Je ne vous reproche rien. Je veux savoir si vous
l'avez fait ou non. Est-ce que le gouvernement a déjà fixé
son choix sur un candidat?
M. Bérubé: Non.
M. Forget: II n'a pas fixé son choix. N'est-ce pas
à la suite de cela qu'on a découvert que le meilleur candidat
était un juge des sessions de la paix?
M. Bérubé: C'est une hypothèse.
M. Forget: C'est une hypothèse, qu'on peut validement
entretenir.
M. Bérubé: On me dit que c'est une demande
officielle adressée au ministre de la Justice par la magistrature, le
président du tribunal d'expropriation.
M. Forget: Alors, je n'ai pas d'objection, je n'ai pas de
problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article 32 est adopté?
M. Forget: Adopté. M. Bérubé:
Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
nouvel article 32 est adopté. Compte tenu de l'heure, je pense qu'il y
aurait peut-être lieu de suspendre les travaux jusqu'à 20
heures.
M. Bérubé: Ne pourrait-on pas adopter 33?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je vais
vous informer que...
M. Bérubé: II est tellement simple, une ligne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je dois vous informer que j'ai essayé
d'obtenir une autre salle pour ce soir. Malheureusement, je sais que c'est
difficile pour tout le monde, on m'a appris que le salon rouge et la salle 81-A
étaient ou allaient être utilisés, étaient
déjà réservés. En conséquence, je
demanderais à ceux qui s'occupent de la salle d'essayer de faire leur
possible pour que le tout puisse s'aérer durant les deux heures
de...
M. Forget: Cela démontre que le présent
gouvernement juge qu'il ne s'agit pas d'un projet important et urgent.
M. Bérubé: Ah! peut-être urgent!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): . Les
travaux de la commission sont suspendus à 20 h 15. Cela ferait l'affaire
de la présidence, en tout cas. 20 h 15?
M. Forget: 20 h 15, parfait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... 20 h
15, ce soir. Il y a consentement?
M. Bérubé: Oui, il y a consentement pour 20 h
15.
Suspension de la séance à 17 h 59
Reprise de la séance à 20 h 31
Le Président (M. Lacoste): Reprise du débat sur le
projet de loi no 121. Nous étions, au moment de l'ajournement, au
paragraphe 33. Est-ce que le ministre des Richesses naturelles a des
commentaires à faire sur le paragraphe 33?
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Ce que je
voulais dire, c'est que chaque partie paie les émoluments de l'arbitre
qui la représente, c'est le contenu de l'article 33. C'est un article
qui a des implications financières "far reaching", comme dirait le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est pour assurer l'objectivité, cet
article.
M. Bérubé: C'est à peu près
ça, M. le Président.
M. Forget: M. le Président...
M. Bérubé: Le député de Saint-Laurent
aurait un amendement...
M. Ciaccia: Pour être certain que les arbitres vont
être des juges...
M. Lalonde: Objectifs.
M. Ciaccia: Objectifs, sans prendre en considération quoi
que ce soit. La juste valeur marchande.
M. Bérubé: De l'arbitre.
M. Ouellette: C'est pour ça que le député de
Saint-Laurent propose un amendement.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, justement pour
préserver au moins les apparences du tribunal d'arbitrage, on a au moins
une suggestion à faire, pas pour changer le mode de
rémunération des arbitres désignés respectivement
par les parties, mais au moins pour réglementer de façon un peu
plus convenable la rémunération du président du conseil
d'arbitrage qui, en vertu de ce texte, serait rémunéré en
fonction d'une décision discrétionnaire du Conseil des ministres,
parce que c'est effectivement ce que l'article 33 prévoit.
M. Bérubé: Vous parlez du président?
M. Forget: Nous parlons du président, oui,
effectivement.
M. Bérubé: C'est un juge assigné, il a donc
son salaire de juge.
M. Forget: On ne parle pas effectivement, dans cet article, de
rémunération du président du conseil d'arbitrage. Nous
pensons qu'il serait peut-être opportun de le préciser, parce
qu'autrement, on pourrait tenter, du côté gouvernemental, de
décider qu'il s'agit d'une rémunération additionnelle et
c'est dans cet esprit qu'on suggérerait d'ajouter l'amendement suivant:
"Que le paragraphe 33 de l'article 1 soit modifié en ajoutant, dans la
deuxième ligne, après le mot représente, les mots "le
président du conseil d'arbitrage ne reçoit aucun autre traitement
que son traitement de juge. Cependant, les frais inhérents à la
fonction de président sont à la charge de la
société." Ceci est pour s'assurer que non seulement son
impartialité soit réelle, mais qu'elle soit aussi apparente que
réelle, en évitant que quelque ambiguïté existe quant
à la possibilité de lui verser une rémunération
additionnelle.
M. Bérubé: II faut toujours éviter les
redondances dans la loi.
M. Forget: Si c'est mentionné ailleurs, j'en serais fort
heureux, qu'on nous dise où.
M. Bérubé: Un juge ne peut pas accepter
d'émoluments extérieurs à sa charge. Ce n'est pas comme
une caisse électorale.
M. Forget: En vertu de quoi?
M. Bérubé: La Loi de la Législature.
M. Forget: Je pense qu'il n'est pas strictement exact qu'on
puisse demander un congé du poste qu'il occupe au tribunal. Ce n'est pas
à titre de juge qu'il occupera ses fonctions. Il a la qualité de
juge, mais ce n'est pas à titre de juge, ce n'est pas comme membre du
tribunal d'expropriation, ce n'est pas en vertu de la Loi d'expropriation. On
nomme quelqu'un qui, par hasard, est un juge, mais ce n'est pas à titre
de juge qu'il va agir.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent...
M. Laplante: Est-ce qu'il y aurait possibilité de mettre
recevable ou non recevable?
Le Président (M. Lacoste): Je juge l'amendement
recevable.
M. Laplante: Recevable?
Le Président (M. Lacoste): Recevable.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Premièrement, il n'y a rien dans le projet de
loi actuel qui spécifie que le juge, que le président du conseil
d'arbitrage sera un juge agissant dans ses fonctions de juge. La seule
restriction à l'article 32, c'est que le président est choisi
parmi les juges de la Cour provinciale qui siègent au tribunal des
expropriations. Théoriquement, ce serait possible d'avoir un "leave of
absence", on parle, mais ce n'est pas la raison principale sur laquelle je me
fonderais pour appuyer la motion du député de Saint-Laurent.
On fait affaire avec une compagnie, une société dont les
principaux actionnaires ne sont pas au Québec. Il faut donner au moins,
au point de vue du Québec, toute apparence d'impartialité et ne
pas ouvrir la porte à une critique leur permettant de dire: Ecoutez,
c'est bien certain que le président du conseil d'arbitrage va favoriser
le Québec. Il est nommé par le Québec, il peut recevoir
certains émoluments du Québec, en plus d'un salaire de juge.
C'est très important, pour maintenir notre
crédibilité, pour maintenir la confiance en nos institutions, que
ceux qui vont lire ce projet de loi, qui ne sont pas du Québec, qui ne
connaissent pas les lois du Québec, ne soient pas induits en erreur ou
dans une position où ils pourraient faire cette critique. Si on
spécifie clairement dans cet article qu'il n'y aura pas de paiement
additionnel, que le juge va agir dans sa fonction de juge, qu'il va recevoir
comme indemnité ou comme paiement pas plus que ce qu'il recevrait
normalement comme juge, je pense que ça peut fermer la porte à
certaines critiques, ça peut seulement augmenter la
crédibilité du président du conseil et ça peut
oeuvrer à l'avantage du gouvernement du Québec et de nos
institutions. N'oublions pas qu'il y a des critiques maintenant, des
sénateurs américains qui se sont prononcés, qui ont fait
certaines représentations. On les a lus dans les journaux, nous avons
même entendu parler de certaines représentations au niveau
intergouvernemental. Quand ces discussions sont amenées sur le tapis du
Sénat américain, ils ne prendront pas connaissance de toutes les
lois du Québec. La seule chose qu'ils vont voir, c'est la loi
d'expropriation.
Je crois que si c'est spécifié clairement dans la loi
d'expropriation, la seule chose que ça va faire, ça
évitera une critique additionnelle. On a assez de critiques, au
Québec, on n'en a pas besoin de plus. Fermons la porte, autant que
possible, il y en a beaucoup qui sont justifiées envers le gouvernement,
ce n'est pas ce que je dis. Mais ça affecte la crédibilité
de toute la population, de toutes nos institutions. Si c'est simplement
l'intention du gouvernement, je ne vois pas pourquoi il ne devrait pas accepter
l'amendement.
Le Président (M. Lacoste): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Dans certains districts, les lois américaines
sont différentes, il y a des juges dans certains tribunaux qui peuvent
recevoir des paiements additionnels tout en exerçant leurs fonctions de
juge. Dans le passé, on a vu qu'il y avait certaines critiques, certains
abus. On veut fermer la porte à ces critiques, à ce genre de
critique.
On fait ça pour votre... on ne devrait pas ajouter... on fait
ça pour.
M. Lalonde: Cela embellit l'épouvantail un peu, mais si
peu.
M. Grégoire: M. le Président, il y a eu souvent des
enquêtes comme ça, l'enquête Malouf, par exemple, il y a un
juge qui a levé la tête, ce n'est pas un juge qu'on retire de sa
fonction pour lui donner un nouvel emploi, c'est un juge qui est assigné
et c'est spécifié ici, au cas où il n'y aurait pas entente
entre les deux arbitres nommés par les deux parties pour choisir le
président.
Ce n'est même pas le gouvernement qui choisit le président
du tribunal d'arbitrage, c'est le juge en chef de la Cour provinciale qui, lui,
assigne un juge à une cause. Qu'il soit assigné à une
cause criminelle ou à une enquête, le juge a son salaire de juge
et est assigné par le juge en chef. Il a son compte de dépenses
et il ne peut accepter rien d'autre. C'est prévu dans la loi, il agit
comme juge du tribunal de l'expropriation.
Si on demandait au député de Marguerite-Bourgeoys de nous
citer l'exemple du juge Malouf, il saurait bien que ce n'est pas un juge qui
est payé à part de son salaire de juge. Il agit là comme
juge, même si ce n'est pas un tribunal, même s'il ne siège
pas à la Cour provinciale, ou à la Cour des sessions de la paix,
ou en Cour supérieure, à ce moment-là. Il est
assigné.
Ce que vous présentez je veux bien croire que les
libéraux sont habitués à ces choses c'est qu'il
peut arriver et se donner des affaires
croches. Ils sont peut-être habitués à ça,
mais si on laisse aller le cours normal des affaires, il n'y a pas de
problème là-dedans.
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Frontenac, évidemment, n'a rien entendu ou s'il a entendu, il n'a rien
compris de l'intervention que j'ai faite. S'il veut comparer les cas du juge
Malouf qui siège au Québec sur des affaires au Québec,
traitant de contrats au Québec, de témoins au Québec du
stade olympique ou des jeux olympiques, c'est une affaire. Ici on traite d'une
expropriation je l'ai dit au début d'une compagnie qui est
hors du Québec, aux Etats-Unis. Ils ne peuvent pas...
M. Grégoire: General Dynamics, on exproprie les actifs de
l'Asbestos Corporation au Québec.
M. Ciaccia: II n'a rien compris, il n'a rien compris.
M. Grégoire: Au Québec.
M. Ciaccia: Non seulement il n'a rien compris, mais il
interrompt; c'est un manque de politesse. C'est vrai qu'on exproprie au
Québec, mais les propriétaires ne sont pas au Québec. Il
faut que la justice non seulement soit faite, mais qu'elle paraisse être
faite. Il ne faut pas que cette compagnie, située hors du Québec,
même si on exproprie seulement ses biens au Québec, il ne faut pas
ouvrir la porte à ce genre de critiques. On traite avec une compagnie,
même si elle a ses biens au Québec, ses actifs au Québec,
elle n'est pas du Québec, elle est en dehors.
M. Bérubé: S'il veut économiser sa salive...
M. Ciaccia: Franchement, M. le Président...
M. Bérubé: Ne faites pas de drame, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Chaque fois qu'on fait une recommandation, non
seulement on ne comprend pas le sens, comme le député de
Frontenac le fait, mais on commence tout de suite dans une diatribe.
M. Bérubé: II a commencé à se
demander quel lien il y avait entre...
M. Ciaccia: ... contre le Parti libéral.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, parce que certaines questions
ont été...
M. Bérubé: Pour faciliter le débat...
M. Lalonde:... posés par le député de
Frontenac, en ce qui concerne le juge Malouf ou les dernières
enquêtes où les juges ont présidé, je ne pense pas
qu'il y ait d'émoluments additionnels, mais il y a eu une certaine
tradition, je crois ceci dit sous toute réserve où
les juges, autrefois je ne me souviens plus si cela a commencé ou
si c'était dans le temps de l'enquête Salvas ou d'autres
enquêtes présidaient à des enquêtes non
controversées ou à des enquêtes sur des situations et il
est fort possible qu'à ce moment-là, il y ait eu des
émoluments additionnels prévus. Ce qui était d'ailleurs
recherché, dit-on, par certains juges, parce que ça leur
permettait d'avoir un salaire additionnel, ce qui n'est pas mauvais en soi. Si
on fait travailler une personne, qu'elle soit juge ou autre, dans une situation
spéciale, il n'y a pas d'objection à ce qu'un émolument
additionnel soit attaché à cette fonction. Dans le cas
présent, il s'agit d'une situation différente, parce que c'est le
gouvernement qui est, en fait, une des parties, et ce serait le gouvernement
qui serait appelé à payer... (20 h 45)
M. Bérubé: Est-ce que le député de
Marguerite-Bourgeoys me permettrait une question?
M. Lalonde: Non, laissez-moi terminer.
M. Bérubé: Si je vous disais qu'on accepte
l'amendement, est-ce que ça raccourcirait votre intervention?
M. Lalonde: D'accord.
M. Ciaccia: Vous auriez dû interrompre le
député de Frontenac pour le dire, ça aurait
été beaucoup plus...
M. Lalonde: Non, non... M. Grégoire: ...
M. Lalonde: ... interrompre le député de Frontenac,
cela aurait tout dérangé.
M. Bérubé: En fait, M. le Président...
Le Président (M. Lacoste): La motion... M. le
ministre.
M. Bérubé: Effectivement, après discussion,
il semble qu'il n'y aurait pas de problème, dans la mesure où on
pense que la loi est explicite, mais mettons des bretelles. On pourrait avoir
l'amendement tel que proposé, "le président du conseil
d'arbitrage ne reçoit aucun autre traitement que son traitement de
juge," et je proposerais un amendement en biffant les mots, "cependant, les
frais inhérents à la fonction de président sont à
la charge de la société", dans la mesure où c'est
prévu subséquemment, à l'article 34.
M. Forget: Bon, je veux bien prendre à mon compte cette
modification, M. le Président, pour simplifier les procédures, et
je remercie le ministre d'accepter cet amendement. Mais on me dit que c'est
à l'article 34 que c'est mentionné?
M. Lalonde: L'article 34 dit simplement, l'émolument des
greffiers".
M. Forget: Oui, on suppose qu'il n'y aura aucun frais
afférent pour le juge...
M. Lalonde: II assure l'organisation des services
administratifs.
M. Forget: S'il y a des audiences, etc, ce serait aux frais de la
cour. C'est aux frais de la cour.
M. Lalonde: Non, de la société.
M. Bérubé: "La société paie
l'article 34 les...
M. Lalonde: Deuxième alinéa, article 34.
M. Bérubé: ... émoluments des greffiers et
assure l'organisation des services administratifs du conseil."
M. Lalonde: Cela comprendrait les frais...
M. Forget: Cela comprend probablement... d'accord.
Le Président (M. Lacoste): La motion d'amendement,
à l'article 1 du paragraphe 33, se lit maintenant comme suit: "Chaque
partie paie les émoluments de l'arbitre qui la représente. Le
président du conseil d'arbitrage ne reçoit aucun autre traitement
que son traitement de juge."
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que c'est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 33.
M. Lalonde: Adopté tel qu'amendé.
M. Forget: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 34.
M. Forget: Nous remarquons, M. le Président, que presque
tous ces articles sont inspirés du Code du travail, les dispositions
relatives à l'arbitrage, mais je me demande si on ne pousse pas un peu
le mimétisme très loin quand on prévoit la nomination de
greffiers adjoints, parce que dans le Code du travail, les greffiers adjoints
servent probablement d'autres fonctions, peut-être à cause des
difficultés de donner des services à Montréal et à
Québec, des choses dans ce genre. Est-ce que c'est vraiment
nécessaire d'avoir des greffiers adjoints pour une cause qui implique
deux seules parties, qui va sans doute se décider à un seul
endroit?
Le ministre a-t-il complété sa réflexion?
M. Bérubé: Je faisais une comparaison,
c'était une analyse entre diverses lois présentées sous
l'administration libérale de manière à pouvoir plus
facilement souligner que ce qui était bon dans votre temps doit
être encore bon aujourd'hui.
M. Lalonde: Vous recherchez l'excellence. M.
Bérubé: Cela raccourcit les discussions.
M. Ciaccia: C'est le seul temps où vous allez arriver
à l'excellence, en copiant...
M. Forget: Encore là, c'est une question de terminologie.
On emploie le mot "greffier". Ce n'est pas véritablement un tribunal
qu'on met sur pied. C'est un secrétaire, dans le fond, c'est quelqu'un
qui va assurer le secrétariat de ce conseil d'arbitrage. Ce n'est pas un
véritable greffier dans le sens judiciaire du mot.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: L'article 37 est très
spécifique. "Le conseil connaît en première instance,
à l'exclusion de tout tribunal..." C'est donc un tribunal de
première instance.
M. Forget: Oui, si on veut, dans ce sens, mais il reste que les
fonctions du greffier ne sont pas de tenir un plumitif et de recevoir les
procédures. Ce genre d'activités, ce n'est pas ce qu'il va faire.
Essentiellement, il va dresser un procès-verbal des audiences, il va
tenir les archives des pièces, mais ce n'est pas un vrai greffier, ce
n'est pas quelqu'un dont le bureau est ouvert de 9 heures à 5 heures et
auprès de qui n'importe qui peut s'adresser pour vérifier
l'état de la cause, inscrire des procédures, etc. Dans le fond,
c'est un arbitrage entre deux parties. Il faut que quelqu'un ramasse les
papiers, s'assure qu'on les tient en bon ordre afin qu'on les retrouve le cas
échéant. C'est un service de secrétariat, ce n'est pas
véritablement un greffe.
M. Lalonde: Disons que l'appel du rôle va être court
le matin de l'ouverture de l'audience.
M. Forget: II n'y a pas de jury non plus.
M. Bérubé: Dans la loi du Village olympique...
M. Lalonde: Est-ce que c'était la même chose pour le
Village olympique?
M. Grégoire: Si nécessaire, des greffiers
adjoints.
M. Bérubé: C'est pour cela que c est la loi qui
nous intéresse particulièrement, connaissant...
M. Lalonde: Cela va, c'est possible. Il y avait quoi? Une
indemnité aussi?
M. Bérubé: Le lieutenant-gouverneur en conseil
nomme le greffier du conseil dans la loi du Village olympique.
M. Lalonde: Mais pas les greffiers adjoints.
M. Grégoire: Et si nécessaire des greffiers
adjoints.
M. Bérubé: Et si nécessaire des greffiers
adjoints. A l'article 16. C'est un mimétisme vraiment... Je pense que
vous avez raison, il faudrait l'amender.
M. Lalonde: II admet que c'est compliqué. Amendez!
M. Raynauld: On peut amender les deux lois.
M. Lalonde: Avec l'économie qu'on a, avec ce
gouvernement-là, on n'a plus les moyens.
M. Grégoire: C'est vrai que le Village olympique,
ça n'a pas été un gros succès non plus. Vous n'avez
pas fait de très bonnes évaluations là non plus.
Une Voix: On leur a donné "zéro les gars". M.
Grégoire: "Zéro les gars", oui!
M. Forget: Décidément, c'est un
précédent en tout.
M. Grégoire: Oui, j'espère qu'il n'y en aura pas
beaucoup comme ça, des logements à $100 000 l'unité! Vous
ne devez pas être fiers de vous.
M. Lalonde: Comme propriétaire foncier, vous aimeriez
ça l'avoir.
M. Grégoire: Oh, non!
M. Ciaccia: Au moins, c'est beau, ce n'est pas un trou dans la
terre. C'est beau, le Village olympique.
M. Grégoire: Je n'aimerais pas cela, certain.
M. Forget: Ayant attiré l'attention du ministre sur la
rédaction archaïque et ayant constaté qu'il est satisfait de
cette rédaction, on peut passer outre, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 34 est
adopté?
M. Lalonde: Adopté:
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 34 est
adopté. Paragraphe 35.
M. Lalonde: Pas de problème.
M. Ciaccia: J'ai une question, M. le Président, une
question d'information.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que cet article, tel que rédigé,
veut dire qu'une personne qui avait commencé à suivre les
débats sur la loi 70, quand les actions de I'Asbestos Corporation
étaient à $22 l'action, au fur et à mesure qu'elle
entendait les commentaires du ministre, achetait des actions et en a
acheté jusqu'à la fin du projet de loi, lorsque les actions se
sont montées à $42, est-ce que cette personne ne pourrait pas
être arbitre?
M. Grégoire: II y aurait un intérêt pour
quelqu'un qui a des actions.
M. Ciaccia: C'était juste pour savoir. M.
Grégoire: C'est bien évident.
M. Forget: Pour ce qui est de la partie nommée par le
gouvernement, que signifie avoir un intérêt"?
M. Bérubé: C'est le conflit
d'intérêts un concept jurisprudentiel beaucoup plus qu'un
concept légal, n'est-ce pas, cher conseiller juridique? C'est
très complexe.
M. Lalonde: Dans le Code du travail, c'est "intérêts
pécuniaires ".
M. Bérubé: Je me suis déjà
mêlé des clauses de conflit d'intérêts et j'ai
découvert que plus il y avait de conseillers juridiques, plus
j'étais mêlé. Si vous voulez, on va vous donner l'opinion d
un conseiller juridique.
M. Lalonde: Dans le Code du travail, c'est pécuniaire.
M. Forget: Ce que je veux dire...
M. Bérubé: C'est une notion du Code civil
liée à une notion de mandataire. Cela a été
développé par jurisprudence beaucoup plus...
M. Lalonde: Vous pouvez vous approcher et nous le dire. Devant le
micro, n'est-ce pas?
M. Bérubé: Ici, c'est la même chose que
l'article 234 et les suivants du Code de procédure civile,
c'est-à-dire que le juge ne doit pas avoir de parent ou
d'allié... Je pense que vous êtes aussi au fait que moi de
l'article 234.
M. Lalonde: Je n'ai pas de parent ou d'allié
là-dedans, moi.
M. Bérubé: II ne doit pas avoir à juger de
choses pareilles dans un procès, il ne doit pas avoir déjà
donné par exemple de conseils à l'Asbestos ou au gouvernement,
etc., avoir d'inimitié capitale, ne doit pas être membre de la
corporation et choses semblables.
M. Lalonde: C'est un peu plus qu'un intérêt
pécuniaire alors.
M. Bérubé: Ce serait intérêts dans un
sens large.
Le Président (M. Lacoste): Je dois dire, pour les fins du
journal des Débats, que l'intervenant parle au nom du ministre.
M. Lalonde: Oui, ça va paraître au nom du ministre,
M. le Président, et on va être tous surpris.
M. Bérubé: Ce sera sans doute la seule intervention
du ministre qui ne sera ni arrogante, ni impertinente, ni...
M. Forget: Mais, le ministre vient justement de dire qu'il s'agit
de quelqu'un qui n'a pas donné de conseil, ce qui voudrait dire, pour la
partie gouvernementale, qu'un fonctionnaire du ministère des Finances ou
du ministère des Richesses naturelles ne peut pas être un arbitre,
parce qu'on peut présumer qu'un fonctionnaire, désigné
à ce poste et étant jugé comme ayant les qualifications
suffisantes pour pouvoir agir comme arbitre, serait présumé avoir
été un conseiller du gouvernement dans la négociation et
l'élaboration de la politique. Dans un sens plus réel, il
pourrait être présumé avoir un intérêt
à l'issue de l'arbitrage évidemment.
M. Bérubé: Vos connaissances juridiques
m'impressionnent, M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je ne fais qu'interpréter vos paroles de tout
à l'heure, M. le ministre.
M. Grégoire: Dans la Loi sur le village olympique,
l'article 17 disait exactement la même chose: "Les arbitres ne doivent
avoir aucun intérêt dans les différents qu'ils ont à
trancher. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut démettre un arbitre
qui possède un pareil intérêt."
M. Lalonde: Le Code du travail... M. Grégoire:
C'est l'article qu'on a...
M. Lalonde: C'est que, dans le Code du travail, c'est
"intérêts pécuniaires" et, dans la Loi du village olympique
et dans celle-là, on élargit pour emprunter le concept de
récusation d'un juge à juger une cause. C'est ça. Je n'ai
pas d'objection.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 35 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 35 est
adopté. Paragraphe 36?
M. Lalonde: Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 37?
M. Forget: Cet article, M. le Président, se trouve
à exclure la juridiction des tribunaux ordinaires dans l'affaire qui
oppose le gouvernement et General Dynamics; cependant, ça n'exclut pas
les recours en évocation prévus par le Code civil. Durant
l'audition de la cause, par le tribunal d'arbitrage, il est possible, par
exemple, d'évoquer cette cause devant la Cour supérieure et il
est probablement possible également, par évocation, de demander
une révision ou un rejet, par la Cour supérieure, des conclusions
de l'arbitrage si, dans la conduite de l'arbitrage, les principes de justice
naturelle n'ont pas été respectés, c'est-à-dire
s'il est manifeste qu'on n'a pas entendu les parties ou une des parties, si on
a ignoré délibérément, dans la sentence, un
élément de preuve qui a été faite devant le conseil
d'arbitrage, etc. Enfin, les règles habituelles de
révocation.
M. Ciaccia: M. le Président, quand le ministre a
secoué les épaules, ça n'est pas montré au journal
des Débats. Il a secoué les épaules en voulant dire:
Est-ce que je sais, moi? (21 heures)
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Pendant qu'on attend de la partie raisonnable du
ministre la réponse qu'il va nous donner, est-ce qu'on pourrait ajouter
à la question si le député de Saint-laurent le
permet tous les brefs des prérogatives? Cela permettrait
aussi...
M. Bérubé: vous pouvez ajouter tout ce que vous
voudrez.
M. Lalonde: Non, mais à la question, pour que la
réponse couvre les brefs de prérogatives.
M. Bérubé: Le ministre va vous expliquez ça
en détail.
Il faut se référer à une dernière cause, qui
est très connue ici; c'est le Procureur général du
Québec versus Farrah, le Tribunal du transport, je pense que vous
êtes au courant. Dans cette cause, étant donné que le
tribunal n'avait pas de pouvoir d'appel, il a été jugé,
à ce moment, que la Cour supérieure pouvait exercer son pouvoir
de révision.
Il y a une autre cause, d'ailleurs, que M. Forget doit connaître,
c'est la cause impliquant Louise Beaudoin ou Louise Arel, je ne sais trop!
M. Lalonde: II y a une révision dans quatre ans!
M. Bérubé: C'est une cause en vertu de l'article 7
du règlement de l'aide sociale. Cette
demoiselle était revenue en vertu de l'article 33 du Code de
procédure civile. En cour d'appel, on a rejeté son pourvoi pour
la simple et unique raison qu'elle ne pouvait intervenir qu'en vertu de
l'article 872; elle n'a pas démontré que le juge avait
excédé sa juridiction.
M. le ministre, je ne vois pas beaucoup d'éclairs
d'intelligence!
Alors, tant en vertu de la cause Farrah qu'en vertu de la
dernière cause qui a impliqué le Procureur général
du Québec dans une affaire d'aide sociale, nous sommes convaincus qu'en
disant: "A l'exclusion de tout autre tribunal et en accordant un pouvoir
d'appel", que la Cour supérieure ne peut, en soi, exercer son pouvoir de
surveillance en vertu de l'article 33. C'est le sens, je crois, du...
M. Forget: Alors, le droit d'appel bloque effectivement les
pourvois en évocation?
M. Bérubé: Exact.
Ma réponse vous a satisfait?
Ml. Forget: Oui, on a été étonné de
la rapidité avec laquelle vous maîtrisez les principes du
droit.
M. Bérubé: C'est remarquable, oui!
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 37 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 37, adopté.
Paragraphe 38?
M. Ciaccia: Le ministre est schizophrène!
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, comme on n'a eu aucun
succès à rendre publics les dossiers gouvernementaux ou
même les estimations du gouvernement, même au moment où il
prend la décision d'exproprier, quand ce moment viendra, par
l'échec, jusqu'à maintenant, de nos motions à cet effet,
je pense qu'il sera important, quand on sera rendu devant le Tribunal
d'expropriation, qu'on ne déclare pas le huis clos, juste pour rire.
Dans ce cas, ce serait rire du monde.
M. Bérubé: II y a juste l'Union Nationale qui ne
sera pas au courant!
M. Forget: II m'apparaît, M. le Président, que c'est
un article qui est très général, parce qu'il suffit que
l'une des parties demande le huis clos pour que le conseil d'arbitrage
décrète le huis clos. C'est assez clair, les séances du
conseil sont publiques, mais le conseil peut, toutefois, de son chef, ou
à la demande de l'une des parties, ordonner le huis clos. Quand on dit
"peut", cela veut presque dire "doit". Effectivement, dans une cause comme
celle-là, on ne peut pas ordonner au tribunal, parce que c'est la
décision du tribunal. C'est une formule de style, mais on donne le droit
à une partie de demander le huis clos et la partie n'a pas à
faire quelque preuve que ce soit, il n'y a aucun critère qui est
donné et le président du tribunal, devant la demande de l'une des
parties, n'aurait pas beaucoup de raisons de refuser le huis clos, parce qu'il
a la discrétion, il a une demande et la partie n'a pas besoin de la
justifier.
Il me semble qu'il serait un peu plus prudent si on imposait un certain
fardeau formulé en termes généraux à l'une des
parties. Par exemple, il y a dans certaines lois la Loi de la protection
de la jeunesse, par exemple un principe un peu analogue. On dit: C'est
public. Le principe général c'est que c'est public, un peu comme
ici, on dit: Une des parties peut demander les huis clos, en démontrant
qu'il est contraire à l'intérêt de l'enfant dont la cause
est entendue, pour des raisons qu'il faut alléguer à ce
moment-là, que les procédures se fassent de manière
publique. Mais, à ce moment il y a un fardeau de la preuve. Il faut que
le procureur de l'enfant ou le procureur des parents présente une
argumentation, et le juge, en décidant si oui ou non il va y avoir huis
clos, doit être satisfait des raisons, que ce ne sont pas des raisons
frivoles, que ce sont des raisons qui ont une substance. Or, dans un cas comme
celui-ci, là il ne s'agit pas de protéger la santé
affective, la vie affective d'un enfant; on n'est pas du tout dans le
même contexte. Le huis clos, on peut l'expliquer dans le cas d'une cause
qui met la vie privée en jeu, où dans un cas d'inceste, etc. on
se rend compte combien ça peut être embarrassant si c'est
étalé dans les journaux, etc. Alors, là, il y a des
raisons d'ordre public, de moralité publique pour lesquelles il peut y
avoir le huit clos.
Mais, dans ce cas-ci, ce n'est pas du tout apparent pourquoi ça
devrait se faire à huis clos. Le seul élément qui
pourrait, à la limite, être explicable, c'est si une partie de la
preuve, relativement aux estimations que l'on fait quant aux perspectives
d'avenir de la société Asbestos, sur le plan de ses ventes par
exemple, implique l'utilisation de données qui sont confidentielles, les
fameuses données confidentielles et qui sont confidentielles dans le
fond pour les deux parties, pour le vendeur comme pour l'acheteur
éventuel, parce que, s'il est clair que tous les concurrents de la
société Asbestos connaissent des choses qui sont vitales pour
comprendre le fonctionnement de cette société, même ce
qu'on achète a moins de valeur après qu'avant, alors, il est
clair qu'il peut y avoir un intérêt pour faire le huis clos, mais
c'est pour une partie de la preuve qui est très limitée, parce
que 80% ou 90% des études, même celles qui ne sont pas publiques,
sont basées sur des données qu'on retrouve dans des cahiers
statistiques publiés par les gouvernements, etc. Il n'y a rien de secret
là-dedans. C'est seulement la partie où on estime certaines
données, sur des domaines très étroits de l'avenir de la
société Asbestos, où la raison peut être
avancée.
II me semble qu'on devrait faire un effort pour éviter d'ouvrir
la porte à des huis clos en disant qu'une partie, l'une ou l'autre des
parties, peut demander le huis clos relativement à l'audition d'une
partie de la preuve qui implique des données confidentielles sur la
valeur des actifs qui sont l'objet du litige. Je pense qu'à ce moment
enfin ce n'est pas un amendement formel que je... Je n'en ai pas ici,
c'est une réflexion qui me vient au moment de considérer cet
article. Je pense que c'est formulé de façon un peu trop large,
cette possibilité de huis clos, parce que, n'oubliez pas que même
General Dynamics peut demander le huis clos sur l'entente des procédures
et il ne faudrait pas donner ouverture à ça.
M. Bérubé: Strictement parlant, M. le
Président, je vais essayer de répondre et, si nous nous engageons
dans un débat juridique, étant donné les
connaissances du député de Saint-Laurent, dont c'est la formation
je céderai rapidement la parole au conseiller juridique, puisque
cette partie de la loi, je ne peux pas vraiment dire qu'elle origine de mes
réflexions.
En fait, si je réfère à une loi chère au
coeur du député de Marguerite-Bourgeoys, effectivement à
l'article 20, les séances du conseil d'arbitrage sont publiques, mais le
conseil peut toutefois, de son chef ou à la demande de l'une des deux
parties, ordonner le huis clos. C'est exactement la même approche.
M. Lalonde: Probablement que l'Opposition du temps, qui
était le Parti québécois, n'a pas fait son boulot comme il
faut!
M. Bérubé: Est-ce que c'est vous qui
défendiez la loi à ce moment, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys?
M. Lalonde: Non, c'était le député de D'Arcy
McGee.
M. Bérubé: Ah, oui, vous, vous ne faisiez que
contrôler les finances, je m'excuse!
M. Lalonde: Je n'étais plus dans le portrait, à ce
moment-là. C'était après la RIO. C'était
après la création de la RIO.
M. Bérubé: D'accord. La Loi des impôts, dont
on me refile ici une copie, a également un article assez semblable,
l'article 798, qui se lit ainsi: "Cet appel peut, à la discrétion
de la cour, être entendu à huis clos ou en public, à moins
que le contribuable ne demande le huis clos; dans ce dernier cas, le huis clos
doit être ordonné."
M. Forget: Oui, c'est vrai, mais c'est pour protéger la
vie privée. M. le Président, je n'interviendrai pas longuement.
C'est vrai, on veut protéger le citoyen. Evidemment, le citoyen va dire:
N'étalez pas toutes mes affaires en public. Là, c'est l'Etat
contre le citoyen. On dit: Le citoyen, s'il le demande, va l'avoir son huis
clos. Là, c'est une autre pai- re de manches. General Dynamics a
probablement une batterie d'avocats et d'experts. Supposons qu'ils trouvent
dans la loi un article qui dit qu'on peut demander le huis clos et qu'ils ne
l'obtiennent pas, s'ils vont en appel là-dessus, on peut s'imaginer tout
de suite que juste sur une affaire de procédure, cela peut enrayer le
processus pendant quelques semaines, quelques jours sûrement et,
peut-être, quelques mois. Pensons bien à cette question de huis
clos et donnons-lui un critère qui est juste. Le gouvernement ne veut
pas non plus publier des données qu'il considérera lui-même
comme confidentielles.
Prenez quand on a discuté du fonctionnement de Marine Industrie,
l'Opposition ne l'a pas demandé et quand on a suggéré
qu'il y ait un étalage des données internes de Marine, le
ministre de l'Industrie et du Commerce a dit: Non, si on fait cela, on coule
l'entreprise, effectivement. Avec raison, on dit: On ne peut pas tout donner.
Malgré tout, c'est une entreprise publique et on ne peut pas vraiment la
déshabiller en public quant à toutes ses perspectives, ses
problèmes internes. La même chose vaut pour la
société Asbestos. C'est dans l'intérêt du
gouvernement lui-même de ne pas exiger que tout soit
dévoilé, mais c'est aussi dans son intérêt d'exiger
que tout ce qui est dévoi-lable le soit. Il faut une rédaction
plus précise que celle que nous avons.
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: II m'est difficile d'invoquer un autre
argument que celui qu'a souligné le député de
Saint-Laurent dans son intervention il y a quelques minutes. A un moment
donné, il a souligné qu'effectivement, certains secrets
industriels, qu'ils soient des secrets au niveau des procédés de
fabrication ou encore au niveau de la mise en marché, de la
clientèle, ou encore au niveau du procédé de production,
certains secrets peuvent certainement être appelés en preuve pour
justifier une valeur ajoutée à l'entreprise. L'objectif de cet
article est de permettre à une des deux parties de demander le huis clos
advenant la discussion de ces informations. Le député de
Saint-Laurent y a fait allusion très clairement. Il le reconnaissait
comme étant une raison valable d'invoquer le huis clos et c'est la
raison pour laquelle, d'ailleurs, cet article est ainsi rédigé.
Maintenant, je n'ai pas d'autre argument à invoquer et je ne vois
absolument pas comment on peut éviter les obstacles que souligne le
député de Saint-Laurent. Au contraire, vouloir commencer à
définir les raisons d'un huis clos, pourrait donner lieu à des
litiges en cours qui, eux, feraient certainement l'objet de beaucoup plus
d'appels que dans la formulation telle que rédigée qui donne, il
faut le reconnaître, beaucoup de latitude quant à la
décision, mais qui n'impose pas non plus de contraintes quant à
cette décision.
Une Voix: C'est parfait.
M. Bérubé: C'est parfait? On a un excellent
juriste, n'est-ce pas? Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 38.
M. Bérubé: M. le Président, je me
méfie de ces amendements griffonnés en vitesse sur le coin de la
table.
M. Forget: M. le Président, deux choses.
Premièrement...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... c'est une suggestion que nous avons faite dans un
esprit constructif...
M. Bérubé: Oui.
M. Forget: ... je pense que le ministre a pu le remarquer. Il y a
des possibilités aussi de difficultés juridiques au moment de
l'arbitrage si on n'y pense pas soigneusement. Maintenant, on serait prêt
à dire au ministre: On se reverra demain s'il veut
réfléchir davantage sur le problème, non à titre
d'amendement formel, parce que je ne suis pas moi-même sûr de la
formulation, mais pour donner une idée du genre de choses qu'on pourrait
peut-être imaginer, je peux peut-être lire les notes que j'ai
griffonnées et qui pourraient peut-être indiquer un peu le sens
d'un effort pour restreindre cette possibilité de demander le huis clos.
Cela pourrait prendre la forme, par exemple, de dire: Une des parties peut
demander le huis clos pour l'audition d'une partie de la preuve non pas
toute la preuve relative à des informations confidentielles
par opposition à des informations qui sont de source publique parce
qu'il y en a quand même une bonne partie qui est de source publique
dont la divulgation pourrait porter préjudice à
l'entreprise.
Il y aurait nécessité, en demandant le huis clos, de
devoir prouver le préjudice à la satisfaction du tribunal. Je
n'insiste pas davantage. C'était notre devoir d'attirer l'attention du
ministre là-dessus. C'est un problème avec lequel il aura
à vivre, pas nous. Je pense qu'on va se limiter à cela. Je ne
prétends pas que la rédaction que je propose est parfaite, loin
de là, mais c'est pour être plus concret un peu dans la suggestion
que nous avions faite. (21 h 15)
M. Bérubé: M. le Président, excusez-moi,
j'allais m'adresser au député de Saint-Laurent. M. le
Président, j'accepterais effectivement qu'on l'examine au niveau de la
justice, de manière que l'on puisse nous faire une recommandation quant
au problème qu'un article peut-être pas
rédigé comme cela, mais dans l'esprit à la
difficulté que cela pourrait représenter... Je n'ai aucune
objection de suspendre l'étude de cet article et de continuer. A ce
moment, on pourra revenir sur l'article 38.3.
M. Forget: On pourra revenir demain rapidement et régler
cela.
Le Président (M. Lacoste): De consentement, il y a
suspension du paragraphe 38. Paragraphe 39.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Le
président a tous les pouvoirs d'un juge de la Cour supérieure
tant mieux pour lui pour la conduite des séances du
conseil. Je n'ai pas grand-chose à dire de plus.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 39 est
adopté?
M. Forget: Je n'ai pas d'objection et je n'ai pas de
remarque.
M. Lalonde: Pas de remarque sur le paragraphe 39.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 39, adopté?
Adopté. Paragraphe 40.
M. Forget: Non plus, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe 40,
adopté. Paragraphe 41.
M. Forget: Même chose, adopté.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe 41,
adopté. Paragraphe 42.
M. Lalonde: Adopté.
M. Forget: Pas de problème.
Le Président (M. Lacoste): Adopté. Paragraphe 42
adopté. Paragraphe 43. Est-ce que le paragraphe 43 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Forget: Oui. Cela est aussi emprunté au Code du
travail, communiquer ou autrement signifier. Evidemment, le Code du travail est
fait pour le monde ordinaire, comme on dit. Communiquer peut vouloir dire
n'importe quoi par téléphone, par lettre, de vive voix, n'importe
comment. Ce manque de formalisme dans le Code du travail est bien
approprié, parce que, évidemment, on ne veut pas s'enfarger,
comme on dit, dans les fleurs du tapis, mais étant donné les
enjeux, est-ce qu'une absence aussi complète de formalisme, étant
donné que cela va coûter une joyeuse somme, est-ce qu'on ne
devrait pas procéder avec des échanges de documents plus
formellement signifiés. Si le tribunal donne un ordre, et-ce qu'il ne
devrait pas le faire un peu plus formellement, pour éviter là
aussi des contestations, parce que, finalement, ce n'est pas important
d'épargner $15 ou $35 pour une signification ou dire c'est quoi, si
c'est pour nous éviter des contestations sur la preuve, est-ce qu'il l'a
vraiment dit ou pas, etc.?
Le Président (M. Lacoste): M. le ministre.
M. Bérubé: La réponse à cela, on la
retrouve à l'article 37, deuxième alinéa, lorsqu'il est
dit: II instruit l'affaire avec diligence selon la procédure et le mode
de preuve qu'il juge appropriés. En d'autres termes, on a laissé
au conseil le soin de définir l'ensemble des procédures, le mode
de preuve propre à cette cause et évidemment, dans le mode de
preuve, est incluse la façon de signifier les différents
documents ou avis qui sont forcéments impliqués. Et par
conséquent, c'est donc à ce niveau que l'on retrouve la
précision et c'est le conseil lui-même qui verra à
définir le mécanisme, étant donné que dans le
projet de loi, on a laissé une grande latitude au conseil, quant au mode
de preuve. Il paraît approprié de maintenir cette latitude
lorsqu'on parle de documents et de façon générale de
signifier l'information.
M. Forget: Je me demande si on n'ouvre pas un droit d'appel.
Supposons que, dans les témoignages d'experts, au cours d'un
témoignage d'expert, le tribunal, de vive voix, demande un
supplément d'information, que c'est une demande purement verbale, ce
n'est pas une ordonnance écrite, signifiée, etc., et l'expert,
peut-être parce qu'il y a une traduction, parce qu'il ne parle pas
français, etc., ne comprend pas. Il y a un malentendu et l'information
n'est pas fournie, le jugement ou la sentence arbitrale sort. On y
allègue que, justement, tel élément qu'on
considérait capital et qui a été demandé n'a pas
été fourni, en dépit d'une ordonnance verbale de la cour.
On fait un appel en disant qu'on a porté un jugement en fonction du
non-respect d'une ordonnance qui n'a pas vraiment été comprise,
qui n'a pas vraiment été signifiée ou qui a
été exprimée de façon confuse je ne sais
pas, c'est une possibilité.
Le Président (M. Lacoste):... parle au nom du
ministre.
M. Bérubé: Je pense que l'appréciation de
l'article dont on parle doit s'inclure dans un contexte beaucoup plus large que
celui dont on parle. Je ne veux pas ici amener un débat particulier,
mais ce sont les considérations de la Charte de la langue
française. Le tribunal est, aux termes de la Charte de la langue
française, un tribunal visé par la charte. Avoir donné un
mode de procédure et de preuve déterminé, comme celui de
la Cour supérieure, aurait engendré de nombreux problèmes
au niveau de la langue. Et afin d'avoir de la cohérence au niveau de
l'expression et aussi au niveau de la charte de la langue française, on
a donné le moins de formalisme possible au niveau du projet de loi, pour
permettre à toutes les parties, quelle que soit leur langue, de
s'exprimer.
M. Forget: J'espère que cela n'engendrera pas de
confusion. Encore là, je n'ai fait que soulever une question, si le
ministre est satisfait qu'il ne prend pas de risque là-dessus, on n'a
pas d'objection à l'approuver.
M. Lalonde: M. le Président, c'est quand même, je ne
peux pas m'empêcher de le souligner, un des écueils de cette
espèce d'attitude renfermante, hermétique, qui a inspiré
la loi 101 qui oblige actuellement le gouvernement à adopter un article
qui doit nécessairement faire presque preuve de laxisme au niveau des
formalités, des modalités de fonctionnement. C'est quand
même le retour des choses, comme on dit. On veut trop faire, à un
moment donné, trop encadrer, et, tout à coup, on
s'aperçoit que cela ne fait plus notre affaire. Le gouvernement est
intéressé à acheter et, pour acheter, à ce que les
experts se fassent entendre. Il sait très bien qu'il va y en avoir qui
vont parler en anglais. Quand l'intérêt parle, cela parle fort.
L'intérêt est la mesure des actes humains et le gouvernement
là-dedans est très humain. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lacoste): Est-ce que le paragraphe 43 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 43
adopté.
M. Lalonde: Paragraphe 44 suspendu.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 44, suspendu.
Paragraphe 45 suspendu. Paragraphe 46, suspendu. Le paragraphe 47.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Paragraphe 47 adopté.
Paragraphe 48, suspendu.
La sentence
Paragraphe 49.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Lacoste): Le paragraphe 49 est
adopté. Paragraphe 50.
M. Lalonde: J'aurais simplement...
Le Président (M. Lacoste): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Le troisième alinéa prévoit,
j'imagine, le cas où chacun des arbitres a une opinion différente
sur l'indemnité et le juge aussi.
M. Lalonde: C'est cela. On est tellement habitué dans le
cas de tribunal à plus d'une personne, de trois ou de cinq personnes,
d'avoir une majorité et une minorité.
M. Bérubé: C'est vrai, ce qui est tout à
fait possible, d'ailleurs.
M. Lalonde: Oui, $42 à un, $100 à l'autre et la
poire... vous allez voir.
M. Ciaccia: La façon dont vous payez celui qui a dit $42
et celui qui a dit $100, les règles que vous allez instituer pour la
rémunération, vous dites d'avance que c'est le président,
c'est son jugement...
M. Bérubé: M. Lazard, arbitre, M. Kidder,
arbitre...
M. Lalonde: Kidder, Lazard et...
M. Grégoire: Non. J'ai nommé un nouveau juge,
Robert Burns.
M. Lalonde: Vous pensiez qu'il n'avait pas d'intérêt
là-dedans.
M. Forget: Peut-être que vous pouvez nommer M. Burns juge,
suffisamment rapidement pour trancher le litige.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II ne
faudrait pas que les ventilateurs que la présidence a fait installer
nous fasse dévier de la pertinence du débat. Messieurs, je vous
remercie beaucoup...
M. Bérubé: Merci, M. le Président, nous
apprécions cette compassion que vous avez pour les pauvres membres de
cette commission qui font un effort désespéré.
M. Forget:... on se sent pris d'une nouvelle vigueur, M. le
Président.
M. Bérubé: M. le Président, auriez-vous
l'obligeance d'éteindre le ventilateur du côté gauche.
M. Lalonde: Tant pis pour le ministre.
M. Grégoire: Comment se fait-il qu'il ait
été placé de ce côté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Forget: Vous en avez un autre.
M. Bérubé: Non, nous avons été
traités équita-blement.
M. Forget: Adopté.
M. Laplante: M. le Président, avant d'adopter, j'aurais
une question à poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Lorsque vous dites... M. Lalonde: Al'article 50? M. Laplante: A l'article 51.
Une Voix: On n'y est pas encore rendu.
M. Laplante: Lorsque vous dites que la sentence du...
Une Voix: On est au paragraphe 50.
M. Laplante: L'alinéa 50 est adopté. Je pense bien
que...
M. Bérubé: Non, on ne l'a pas encore adopté.
M. Laplante: C'est le bruit, probablement. M. Lalonde: ... au
paragraphe 50?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, il
n'était pas encore adopté.
M. Lalonde: Adopté, le paragraphe 50.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
paragraphe 51 de l'article 1. M. le député de Bourassa.
M. Laplante: C'est seulement à titre de renseignement.
Lorsqu'on dit que la sentence du conseil doit être rendue dans les trois
mois qui suivent les séances, à moins qu'à la demande du
président, le gouvernement n'accorde un délai
supplémentaire, est-ce que cela veut dire qu'une partie, pendant que le
juge délibère, aurait une information supplémentaire
à donner, soit un écrit ou autre chose, est-ce que ça
bloque cette partie, soit gouvernementale ou autre, à savoir qu'elle ne
pourrait pas avoir d'extension à ce moment-là?
M. Lalonde: J'imagine que cela peut-être un
supplément de preuve, cela peut être une difficulté
d'arriver dans les délais, c'est tout à fait dans l'ordre des
choses que, à un moment donné, le tribunal ne soit pas dissous
simplement par le passage du temps avant de rendre sa sentence.
M. Laplante: Cela ne les empêche pas, à ce
moment-là. C'est cela que je voulais savoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
paragraphe 51 est-il adopté?
M. Bérubé: C'est simplement avec une certaine
pression.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
paragraphe 51 est adopté. Le paragraphe 52.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Le paragraphe 53.
M. Forget: Adopté.
L'appel
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Le paragraphe 54.
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Le paragraphe 55. M. le ministre, vous avez un amendement?
M. Forget: M. le Président, je m'excuse, je reviens au
paragraphe 54.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: On décrète un appel à la Cour
d'appel. Est-ce que cela exclut automatiquement un appel à une cour
supérieure, comme à la Cour suprême? Pas du tout?
M. Bérubé: La Cour suprême peut
décider de l'entendre; cependant, elle n'y est pas tenue.
M. Forget: Oui, évidemment, il faut toujours qu'elle
décide de l'entendre, il n'y a pas d'appel...
M. Bérubé: Cela exclut la Cour
supérieure.
M. Forget: Oui, bien sûr, on passe par-dessus, de toute
façon.
M. Bérubé: Cela exclut également le tribunal
d'expropriation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
paragraphe 55? (21 h 30)
M. Lalonde: Adopté.
Articles en suspens
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Nous
sommes rendus à la fin de l'article 1 et il y a plusieurs articles qui
ont été suspendus. A ce moment-ci, va-t-on à l'article 2,
ou si on revient aux...
M. Bérubé: Nous pourrions aller à l'article
2, nous avons un amendement à apporter.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle l'article 2. M. le ministre.
M. Bérubé: II s'agit d'un amendement technique,
c'était la rénumérotation. Il y avait une erreur de
numérotation dans la loi telle qu'elle vous est soumise, et l'article se
lirait maintenant ainsi: "2. La section V et les articles 20 à 26 de
ladite loi sont renumérotés VI et 56 à 62."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, adopté?
M. Forget: II est difficile d'amender ça, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
nouvel article 2, adopté. Article 3.
M. Forget: Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
3, adopté. M. le ministre...
M. Bérubé: M. le Président, nous avons fait
informer M. Parizeau il y a presque une demi-heure que, étant
donné la grande collaboration de l'Opposition
particulièrement de l'Union Nationale, dois-je souligner, qui a
été très sobre dans ses propositions d'amendement
nous pensions pouvoir terminer l'étude de l'ensemble des articles non
litigieux avant la fin de cette soirée. Par conséquent, nous
avons demandé que M. Parizeau puisse quitter une réunion à
laquelle il assiste présentement et venir se joindre à notre
commission, si vous voulez que nous suspendions quelques minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Consentement?
M. Forget: C'est parfait!
M. Lalonde: Oui, combien de temps?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
suspension jusqu'à?
M. Lalonde: On ne suspendra pas jusqu'à 23 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Jusqu'à 22 heures. D'accord?
M. Bérubé: On est allé le quérir
à son bureau présentement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Suspension jusqu'à au moins 21 h 45.
Des Voix: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
Suspension de la séance à 21 h 33.
Reprise de la séance à 22 h 34
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Je demanderais aux membres de reprendre leur siège. Au
préalable, M. le député de Saint-Laurent, j'avais suspendu
les travaux jusqu'à 21 h 45. La présidence a cru se rendre compte
d'une sorte de consensus pour faire en sorte que ce délai soit
reporté jusqu'à 22 h 30; il est maintenant 22 h 34. Je pense
qu'il est de mon devoir de déclarer que les travaux reprennent, les
travaux réguliers de la commission.
J'appelle donc le paragraphe 20 de l'article 1.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais, à ce
moment-ci de nos travaux, étant donné qu'on a montré
beaucoup de disponibilité pour attendre le ministre des Finances et
qu'il semble bien qu'il soit pris dans des négociations je peux
le comprendre sans peine faire une motion pour l'ajournement de nos
travaux.
M. Bérubé: Je crois que le député de
Frontenac veut intervenir sur cette motion.
M. Grégoire: M. le Président, puis-je faire
remarquer que je suis allé faire un appel au bureau du ministre des
Finances il y a deux minutes, environ, et qu'on m'a dit que le ministre des
Finances s'était donné comme objectif qu'il voulait être
ici à 22 h 30 ou peut-être quelques minutes plus tard, mais pas
beaucoup plus. De plus, le ministre des Richesses naturelles est allé
téléphoner là où le ministre des Finances se
trouvait pour demander s'il était parti. Peut-être que dans deux
minutes, nous en saurons plus, à savoir si le ministre des Finances est
en route pour s'en venir ici; il était seulement à
l'édifice "H", ce qui n'est pas tellement loin. Je crois qu'à ce
moment-là il serait peut-être normal de donner deux minutes au
ministre des Richesses naturelles pour faire son appel
téléphonique. On sait qu'avec les communications modernes,
aujourd'hui, un coup de téléphone, cela se donne très vite
et ça ne prendra pas de temps à le rejoindre, quelques
numéros à signaler sur un cadran.
M. Ciaccia: En attendant
M. Grégoire: Je pourrais essayer... En fait, on n'a
qu'à commencer à parler de la compagnie Bell Canada.
M. Ciaccia: Des téléphones d'amiante.
M. Grégoire: Je voudrais exempter l'Opposition d'un tel
exercice verbal. S'ils sont consentants d'attendre une minute, attendre que le
ministre des Richesses naturelles ait communiqué avec le bureau du
ministre des Finances, je pense que dans une ou deux minutes, on aurait...
M. Forget: On signale à mon attendion l'article 157 de
notre règlement. Je pense bien qu'on peut au moins méditer sur
cet article pendant quelques secondes, de manière à donner un
sursis au ministre des Finances. On nous a dit: Une minute; il est 22 h 37. En
attendant qu'il soit 22 h 38 ou 22 h 39, M. le Président, on peut lire
que l'article 157 nous permet de proposer de faire rapport à
l'Assemblée que la commission n'a pas fini de délibérer et
qu'elle demande la permission de siéger à nouveau. C'est une
motion qu'on peut faire en commission élue également; on peut
proposer que la commission ajourne ses travaux avec le même effet, ces
motions sont mises aux voix sans amendement et elles ne peuvent être
faites qu'une fois au cours d'une séance. Alors, je me
prépare...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Et M. le
député de Frontenac l'a fait pour le parti
ministériel.
M. Forget: Le député de Frontenac l'a fait
pour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): "Elles
ne peuvent être débattues, sauf qu'un représentant de
chaque parti reconnu peut prononcer un discours de dix minutes." Un seul
représentant de chaque parti.
M. Bérubé: Dix minutes sur quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce sont
les subtilités du règlement.
M. Grégoire: Je fais motion pour qu'on fasse rapport
à la Chambre.
M. Bérubé: Cette motion est-elle recevable du
côté de l'Opposition.
M. Forget: ... M. le Président.
M. Bérubé: Non, il semble que, d'après le
chef du cabinet de M. Parizeau, il en ait encore pour quelques minutes. On sait
ce que les minutes représentent dans des négociations, c'est
toujours un peu plus long. Donc, il semble bien que nous devrons reprendre nos
travaux lundi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Donc, la
motion du député de Saint-Laurent sera adoptée?
M. Bérubé: Adopté.
M. Grégoire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
motion d'ajournement, évidemment.
M. Grégoire: La motion d'ajournement? D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une motion, en vertu des deux dernières lignes du premier paragraphe de
l'article 157.1, que, en commission élue, un député peut
proposer que la commission ajourne ses travaux.
M. Grégoire: Vous voulez qu'on fasse rapport à
l'Assemblée?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Frontenac, vous avez droit de parole, pour dix minutes,
au nom de votre parti. Je présume que vous ne voulez pas l'utiliser.
M. Grégoire: Non.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'ajourne les travaux sine die.
Fin de la séance à 22 h 40