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Régies gouvernementales
Politique salariale
(Dix heures quinze minutes)
M. GRENIER (président du comité): A l'ordre, messieurs!
J'ai lu, hier, dans un journal: Un homme qu'il faut épauler. J'ai
pensé, à un moment donné, que c'était moi,
jusqu'à la fin de la lecture. Or je voudrais bien demander le concours
de chacun des membres de ce comité afin que nous continuions dans le
calme et dans l'ordre comme nous l'avons fait depuis les premières
séances. A cet effet, je tenterai d'être impartial autant envers
ma gauche que ma droite comme j'ai tenté de l'être depuis le
début à la surprise de l'Opposition. Je donne la parole à
M. Bertrand.
UNE VOIX: Ah, ça, c'est bien dit!
M. LESAGE: M. le Président, vous le constatez, M. le Premier
ministre, aune double personnalité et ici il montre sa bonne.
M. BERTRAND: Disons, M. le chef de l'Opposition, qu'il est un peu comme
tout homme. Il y a toujours deux hommes et ils sont constamment en
constestation l'un contre l'autre je veux dire à
l'intérieur du même homme.
M. le Président, j'ai noté avec plaisir d'abord à
la lecture des journaux puis d'une annonce qui a paru dans tous les journaux,
qu'il semblait qu'à la suite de notre demande de reprendre les
négociations et de tenter de régler, dans toute la mesure du
possible, certains points qui étaient demeurés en suspens et
où, de part et d'autre, on pouvait reprendre la discussion et en arriver
à une entente, j'ai donc noté que le climat des
négociations semblait serein. Dans les circonstances, je me demande,
étant donné que le problème des négociations est
peut-être immédiatement beaucoup plus important que celui de la
tenue des séances de ce comité je dis immédiatement
ne serait-il pas à propos, si les membres du comité
acceptent ma proposition, et si du côté des parties en cause on
accepte également, qu'aujourd'hui nous suspendions les travaux du
comité, que nous ajournions s'il y a lieu à demain matin pour
permettre que les négociations se poursuivent aujourd'hui de
manière que ceux qui représentent les parties et qui sont
nécessairement mobilisés devant le comité puissent
accomplir la tache la plus urgente et qui est d'une importance primordiale
immédiatement?
Je soumets cette proposition dès le début des travaux et
je demanderais au chef de l'Opposition de faire connaître son point de
vue.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage!
M. LESAGE: M. le Président, M. le Premier ministre, j'ai
été fort heureux, avec mes collègues, de constater que des
progrès avaient été accomplis au cours des
négociations qui ont repris et qu'un certain degré de
succès avait été atteint.
Je sais que les parties ont négocié jusqu'à deux
heures ce matin. Je n'ai pas pu lire dans les journaux quels progrès ont
été faits au cours de la soirée, hier soir, et au cours de
la nuit. Je l'ignore. J'étais au courant des progrès qui ont pu
s'accomplir dans la journée d'hier. Il reste certaines clauses
importantes, certaines clauses à incidence monétaire et
certainement la question des salaires. Cela, ce n'est pas
réglé.
Est-ce qu'il y aurait avantage en vue d'un règlement relativement
plus rapide à reprendre les séances de négociations avant
d'entendre le ministre d'Etat à la Fonction publique terminer son
exposé sur l'application de la politique salariale aux employés
de la Régie des alcools? Je pense que ce sont les négociateurs
beaucoup plus que moi-même qui sont en mesure de le juger.
Il est entendu je le répète, je l'ai dit
déjà à deux reprises à cette table qu'il ne
saurait être question pour nous de remplacer les équipes de
négociations et de tenter de négocier à ce comité.
D'un autre côté, nous sommes puissamment intéressés
à entendre de la bouche du ministre d'Etat à la Fonction publique
ce qu'il nous a annoncé, c'est-à-dire la politique
gouvernementale des salaires, telle qu'elle trouve son application dans le
conflit actuel.
Si le gouvernement nous disait qu'il est disposé à
être plus flexible, à abandonner la rigidité absolue qui
semble avoir été la ligne de conduite que les négociateurs
se sont vu imposer par le gouvernement, eh bien, il est clair que ce que nous
devrions espérer, c'est que les négociateurs se réunissent
dès maintenant.
Mais il faudrait quand même si l'on veut espérer un
règlement rapide que d'un côté le gouvernement soit
prêt, non pas à abandonner sa politique salariale, mais à
être plus flexible dans sa mise en application, pour autant que le
conflit de la Régie des alcools est en cause.
Maintenant, nous n'étions pas à la table des
négociations. J'aimerais bien savoir de ceux qui y étaient, de
ceux qui se sont fait rapporter ce qui s'y est fait je pense,
évidemment, que le
premier cas est celui de M. Parent, que le deuxième est celui de
M. Pepin, si les négociateurs, de part et d'autre, croient qu'il
serait utile de reprendre les négociations dès maintenant,
dès ce matin, à la lumière de ce qui s'est passé
à venir jusqu'à deux heures ce matin. Ou bien, croient-ils plus
utile, en vue d'en arriver à une conclusion heureuse, d'entendre le
ministre. Je pense sérieusement que l'avis des négociateurs, de
part et d'autre, pourrait nous éclairer sur la réponse à
donner à la suggestion du premier ministre.
M. MASSE: M. le Président...
M. GRENIER: M. le ministre de la Fonction publique a la parole.
M. MASSE: M. le Président, j'ai suivi de très près
les progrès de la négociation depuis l'ajournement du
comité de jeudi dernier. Je crois que les deux parties ont fait des
progrès très intéressants en vue d'un rapprochement pour
permettre de conclure une convention collective.
Je tiens à répéter qu'à l'intérieur
de la structure légale des négociations dans le secteur public,
la table de négociations reste l'endroit privilégié pour
un règlement entre les parties.
Le gouvernement, pour répondre à la question du chef de
l'Opposition, est tout à fait disposé à faire des efforts
identiques à cette table de négociations, comme il a fait des
efforts aux autres tables de négociations.
Sa bonne foi, dans ce secteur de négociations, la bonne foi du
gouvernement a été, à maintes reprises, reconnue par les
parties avec lesquelles nous négocions. Encore hier, le syndicat des
professionnels à l'emploi du gouvernement signait la convention
collective qui va régir les conditions de travail dans ce secteur, pour
les prochaines années.
Nous croyons qu'il est dans l'intérêt de tout le monde que
les efforts que nous avons faits depuis le début de l'année, avec
un ensemble de syndicats, que des efforts identiques soient faits avec ce
syndicat afin que le gouvernement conclue là une convention collective
qui soit juste pour les employés de la RAQ; juste, également,
pour les employés des autres secteurs et juste, aussi, pour les
contribuables québécois que nous représentons à ces
tables de négociations.
M. BERTRAND: M. le Président, je crois que M. Parent a
demandé la parole.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Parent.
M. PARENT: Si vous permettez, comme on l'a déjà
mentionné, nous avons négocié de façon intensive
depuis l'ajournement de la semaine dernière. Nous ne savons pas si c'est
une coïncidence, parce que les journalistes étaient là, mais
de toute façon nous devons dire que nous avons fait des progrès
très considérables sur plusieurs clauses normatives de telle
façon que, maintenant, les négociations sont
étranglées par deux noeuds gordiens bien précis, celui de
la sécurité de l'emploi et celui des salaires, de la question
monétaire.
Sur ces deux questions, il y a des difficultés
considérables, mais nous sommes disposés dans la
perspective que le comité demeure disponible à siéger
demain - à reprendre les négociations immédiatement, ou,
à très brève échéance, ici même, pour
tâcher de trouver des solutions au présent litige, sur les points
qui restent.
Cependant, nous aimerions espérer que les représentants du
gouvernement ou de la régie, qui seront à la table, seront un peu
plus flexibles que le gouvernement de Trudeau l'a été ces
derniers jours. Que tout en restant des hommes libres, nous puissions
espérer ne pas partir les mains vides.
M. BERTRAND: J'ai déclaré que j'étais
peut-être venu les mains vides, mais il y a des jalons qui sont
posés. J'aurai, sans doute, l'occasion en Chambre, en réponse
à une question du chef de l'Opposition, cet après-midi, de
fournir...
M. LESAGE: Ah, je n'ai pas donné avis! Je n'ai donné avis
d'aucune question.
M. BERTRAND: Non, mais très souvent, je ne reçois pas avis
et je reçois la question.
M. LESAGE: C'est aujourd'hui la journée des
députés.
M. BERTRAND: C'est ça. Alors, étant donné que c'est
la journée des députés, je pourrais, devant mes
collègues...
M. LESAGE: Ce n'est pas la journée du premier ministre.
M. BERTRAND: C'est-à-dire que c'est la journée du premier
ministre comme député comme c'est la journée du chef de
l'Opposition comme député.
M. PINARD: C'est la mise au jeu.
M. BERTRAND: Alors, c'est la mise au jeu. J'ai déjà
joué au hockey.
M. PINARD: Ah, oui! Vous aimez les sports.
M. BERTRAND: Je donnerai en Chambre, je réserve à mes
collègues les informations que j'aurai à donner dans ce
domaine-là.
On a parlé de bonne foi, il me semble. Quelles que soient les
raisons, je ne veux pas entrer dans les détails. Il semble que les
négociations qui ont été reprises ont été
conduites avec beaucoup d'efficacité, de célérité.
Aucun doute que nos gens, ceux qui nous représentent et en qui nous
avons confiance, s'en iront dans le même esprit qui semble avoir
animé les travaux de la table de négociations depuis quelques
jours. Entrer dans plus de détails serait oiseux car j'ai
déclaré dès le début que nous n'étions ici,
nous, membres du comité, ni comme négociateurs, ni comme tribunal
d'arbitrage.
M. le Président, étant donné que M. Parent vient
d'exposer son point de vue, je prierais, quant à nous, à moins
qu'on ait objection, et M. Renaud et M. Pepin qui nous représentent, et
leur équipe à la table de négociations, de nous dire si
les négociations peuvent être continuées instanter et
à Québec. On permettra à M. Renaud...
M. LESAGE: Oui.
M. RENAUD: Je suis certainement prêt, M. le Président et
les membres du comité, à continuer la négociation à
Québec et immédiatement.
M. LESAGE: Votre bâton est-il bien raide, Paul, ce matin?
M. BERTRAND: Il est membre du Barreau et non du bâton.
M. LE PRESIDENT: Question indécente!
M. BERTRAND: M. le Président, je propose donc, appuyé par
le chef de l'Opposition, que le comité soit ajourné à
demain matin.
M. BELLEMARE: C'est ça. UNE VOIX: Non, à ce soir.
M. LESAGE: Des progrès pourraient être faits dans la
journée, on pourrait siéger à 8 heures.
M. BERTRAND: Je suis engagé!
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a séance du cabinet ce matin?
M. BERTRAND: Non, je suis engagé et j'ai des rencontres à
Montréal, deux ententes.
M. le Président, je propose donc et je crois, appuyé par
le chef de l'Opposition, que le comité soit ajourné à
demain avant-midi à 10 heures.
M. LESAGE: Ce qui veut dire que la Chambre ne serait ajournée
qu'à 3 heures demain après-midi.
M. BELLEMARE: Que la Chambre serait ajournée?
M. BERTRAND: Nous pouvons mettre cela à 9h 30. Je n'ai pas
d'objection.
M. LESAGE: Si nous entreprenons, s'il n'y a pas de progrès de
fait dans les négociations et que ça bloque...
M. BELLEMARE: Nous verrons cela à 6 heures.
M. BERTRAND: A 9 h 30.
M. BELLEMARE: Nous aurons des nouvelles à 6 heures.
M. LESAGE: Non, mettons 10 heures, mais la Chambre ne pourra pas
siéger à 11 heures. Vous ne pouvez pas ajourner la Chambre
à 6 heures...
M. BERTRAND: Alors, nous pourrions peut-être, siéger en
Chambre...
M. LESAGE: ... en disant si ça marche ou si ça ne marche
pas.
M. BELLEMARE: S'il y a des progrès, nous verrons cela à 6
heures.
M. BERTRAND: Alors, nous reviendrons à 10heures demain matin et
nous verrons s'il y a lieu de ne pas siéger en Chambre.
M. LESAGE: Le mieux à faire serait peut-être d'ajourner la
Chambre à 11 heures demain matin.
M. BERTRAND: A 11 heures demain matin.
M. LESAGE: A11 heures demain matin et, s'il n'y a pas eu de
progrès et que nous devons continuer les séances du
comité, il y aura appel des ordres du jour et nous reviendrons.
M. BERTRAND: C'est cela. Très bien. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT; La séance est levée! (10 h 32)
Séance du 7 novembre 1968
(Dix heures trois minutes)
M. GRENIER (président du comité): A l'ordre, messieurs! La
séance est ouverte.
M. BERTRAND: M. le Président, je vous demande la parole. J'ai
été informé que les négociations s'étaient
poursuivies hier dans un excellent climat; que plusieurs des points avaient
été non seulement discutés mais que plusieurs principes
avaient été acceptés.
Il semble donc que les négociations, non seulement se
poursuivent, mais qu'elles semblent nous indiquer qu'il y aura, nous
l'espérons tous, un soleil au bout.
Dans les circonstances, est-ce que je réponds bien aux vues des
deux parties en cause, en proposant de nouveau ce matin, M. le
Président, l'ajournement des travaux de ce comité à 4 h 30
cet après-midi.
M. LESAGE: Qu'est-ce qu'il reste comme points importants en
discussion?
M. BERTRAND: M. le Président, M. Parent pourrait répondre
au chef de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: M. Parent. UNE VOIX: M. Masse.
M. MASSE: Je pense qu'il reste un point concernant ce qu'on pourrait
appeler le monétaire en général...
M. LESAGE: Oui.
M. MASSE: ... à l'intérieur duquel sont situées les
questions de reclassement ou de redéfinition de catégories...
M. LESAGE: Y compris les manutentionnaires; c'est cette
question-là, je pense? Cela va plus loin que cela?
M. MASSE: On est rendu pas mal plus loin que cela.
M. LESAGE: C'est plus complexe que ça?
M. MASSE: Et il reste également, je pense, à terminer des
textes concernant la sécurité.
M. LESAGE: Pour ce qui est de la sécurité d'emploi,...
M. LAPORTE: Nous avons l'impression que vous ne parlez pas assez
fort!
M. LESAGE: Pardon. ... je comprends qu'un accord de principe est
intervenu, d'après les nouvelles que j'ai entendues. Est-ce que la
sécurité d'emploi à la régie est la même que
celle qui est accordée aux employés ouvriers du ministère
des Travaux publics, par exemple?
M. MASSE: Disons que oui...
M. PARENT: Si vous permettez, à cette première
question-là,...
M. LESAGE: Oui.
M. PARENT: ... je peux indiquer que l'accord de principe qui est
intervenu donne une sécurité qui n'est pas exactement identique
à celle des ouvriers du gouvernement mais qui leur donne
d'après nous au niveau de l'accord de principe, au moins autant de
sécurité, mais sous une autre forme.
M. LESAGE: Sous une autre forme.
M. MASSE: Cela tient compte de particularités.
M. BERTRAND: Si vous me permettez, M. le Président, loin de moi
l'idée d'empêcher qui que ce soit d'entrer dans les
détails, mais nous nous sommes très bien entendus depuis le
début que ce comité ne devrait être une table ni de
négociations, ni un tribunal d'arbitrage. La motion ou la demande que
j'ai formulée répond à ce qu'il semble aux voeux des deux
parties soit que les négociations se continuent cet
après-midi» J'ai suggéré jusqu'à quatre
heures trente, heure où nous pourrions revenir devant le comité
ici et s'il y a lieu encore de l'ajourner avec l'espoir que peut-être
d'ici 4 heures et demie, on en sera venu à une entente.
M. LAPORTE: Est-ce qu'on peut prévoir immédiatement que le
même comité, M. le Président, va siéger ensuite sur
le problème des enseignants où il y a un problème
actuellement?
M. MASSE: Sans vouloir faire de jeu de mots, M. le Président,
nous ne nous servirons jamais d'un comité pour siéger sur un
conflit afin de ne pas l'écraser.
M. LAPORTE: Je remercie notre professeur de français, j'aimerais
mieux que nous ayons de-
vant nous un professeur de relations de travail afin que ce conflit qui
empêche des milliers d'élèves...
M. BERTRAND: Vous n'allez avoir, M. le Président, ni un
professeur, ni un agent des relations publiques, tout simplement le chef du
gouvernement qui, à ce moment-là, doit prendre ses
responsabilités devant tous les conflits que nous avons et juger avec
ses collègues des gestes à poser. Nous en avons posé un
dans le domaine de la politique salariale et nous avons discuté de ses
incidences sur la RAQ. Par contre nous n'avons pas voulu d'aucune façon
que les actes de ce comité soient de nature à paralyser les
négociations qui se poursuivent et c'est pourquoi j'en demande
aujourd'hui l'ajournement, suivant la formule que j'ai proposée,
jusqu'à 4 heures trente.
Quant au reste, le gouvernement jugera et fera connaître sa
politique.
M. LESAGE: M. le Président, sur la motion d'ajournement?
M. LE PRESIDENT: Très bien, M. Lesage.
M. LESAGE: Le premier ministre dit: Le chef du gouvernement prendra ses
responsabilités...
M. BERTRAND: Avec ses collègues.
M. LESAGE: Avec ses collègues. Le gouvernement lui-même
posera des gestes mais il ne faudrait quand même pas que le premier
ministre oublie le rôle essentiel que l'Opposition a joué dans le
cas qui nous occupe à ce comité présentement.
Il ne faudrait pas oublier que c'est parce que l'Opposition a fortement
pressé le gouvernement que ce dernier a consenti à ce que le
comité siège pour prendre connaissance de la politique salariale
du gouvernement! Il ne faudrait pas oublier qu'il a fallu un débat en
Chambre pour amener un déblocage. Ce débat-là,
c'estl'Opposition qui l'a amené.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: M. le Président, il ne faudrait toujours pas...
M. LOUBIER: Un petit commercial partisan.
M. BERTRAND: ... transporter, devant ce comité, les
problèmes que j'appellerai électoraux qui, à l'heure
actuelle, sont débattus dans deux comtés: le comté de
Bagot et le comté de Notre-Dame-de-Grâce. Laissons l'expression
des opinions électorales des deux mouvements politiques car ils
sont les deux seuls à y participer dans Bagot et dans
Notre-Dame-de-Grâce alors, laissons donc aux campagnes électorales
les problèmes qui relèvent des campagnes électorales et
aux travaux de ce comité les problèmes qui relèvent des
travaux de ce comité. C'est ainsi que nous aurons, selon moi, beaucoup
d'ordre.
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: M. Parent a demandé la parole.
M. LESAGE: Les membres de ce comité...
M. LE PRESIDENT: C'est l'Opposition elle-même qui a
demandé, il y a quelque temps, que l'assistance puisse avoir la parole,
ainsi que les députés, même s'ils ne sont pas membres du
comité. Alors, M. Parentl
M. PARENT: Si vous permettez! De fait, nous avons accompli du
progrès hier après-midi sur la question de la
sécurité d'emploi, comme ça été
ultérieurement mentionné. Reste cependant toute la question
monétaire, la question des salaires. Nous avons formé
là-dessus deux comités de travail. Un comité qui travaille
sur le groupe ouvrier a fait plus de progrès que l'autre qui travaille
sur la partie des fonctionnaires, soit magasins, bureaux. Nous avons
suggéré ce matin, puisque nous avons repris les
négociations à 8 h 30, que ces comités de travail
continuent. Cependant, je doute, même avec beaucoup d'optimisme tout en
étant réaliste, que nous puissions faire suffisamment de
progrès, parce que la situation est fort complexe d'autant plus que nous
aurons de nouvelles approches du problème à ce sujet. Je doute
que nous puissions vraiment faire suffisamment de progrès pour que ce
soit, disons donc, valable de faire une réunion du comité
à 4 h 30 cet après-midi.
Je sais bien que je n'ai rien à voir dans l'horaire de vos
travaux, mais si je me permettais une humble suggestion, ce serait que
l'ajournement se fasse à 8 heures ce soir, comme délai le plus
rapproché...
M. LAPORTE: Jusqu'à ce soir?
M. PARENT: ... afin que nous ayons quand même quelques heures de
plus pour pouvoir travailler.
M. BERTRAND: J'amende donc ma proposition d'ajournement à 4
heures et demie pour la mettre à 8 heures ce soir.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier. M. LAPORTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: M. Laporte, vous avez demandé la parole alors
que M. Loubier l'avait déjà demandée. M. Loubier.
M. LOUBIER: Voici, M. le Président, simplement quelques mots
à la suite des réflexions du chef de l'Opposition. C'est que,
étant donné qu'il veut s'attribuer tous les mérites des
progrès des négociations et que ça a été lui
qui, semble-t-il, aurait été le thaumaturge dans tout cela, cela
prouve tout simplement une chose, M. le Président, c'est qu'il est
meilleur dans l'Opposition qu'il ne l'était au pouvoir.
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux vous demander la
faveur d'adresser la parole à ce comité?
M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: M. le Président, nous sommes tout à fait
d'accord sans hésitation pour laisser les problèmes politiques
être débattus en dehors de ce comité, sans l'ombre d'une
hésitation. Ce qui m'a amené à faire la suggestion que
j'ai faite ce matin, c'est qu'il existe, à mon avis, deux choses. Nous
avons constaté et ce n'est pas, je pense exagéré,
de le dire que depuis que ce comité siège ou ne
siège pas, même les ajournements ont semblé
bénéfiques.
Il y a eu des progrès sensibles d'accomplis, et nous pouvons
espérer un règlement pas trop lointain.
Il y a chez moi un problème qui intéresse un grand nombre
de parents, à cause d'un autre conflit, le conflit des enseignants. Il y
a actuellement 17,000 enfants qui sont menacés de perdre leur
année scolaire. C'est ce qui m'a amené, devant les nouvelles
publiées ce matin, à l'effet que le conflit devenait majeur,
à suggérer que ce comité qui a semblé faire du bon
travail soit maintenant autorisé à étudier cet autre
problème.
Je veux bien que le gouvernement nous dise qu'il saura prendre ses
responsabilités. C'est un peu différent du problème de
l'alcool. La fermeture des magasins d'alcool causait et cause encore des
problèmes sérieux au point de vue économique; mais pour
les enfants dans les écoles, à mesure que les semaines passent,
il sera un jour trop tard, même pour le rattrapage.
Je me demande si, pour sauver l'année scolaire de ces 17,000
enfants qui sont dans ma région et qui perdent actuellement à
cause d'un contrat de travail, une journée de classe par semaine, et
certains d'entre eux deux jours et demi, nous ne pourrions pas venir devant ce
comité pour tenter de régler également ce conflit qui,
à mon avis, est infiniment plus grave dans ses conséquences que
celui que nous sommes en voie de régler indirectement ou le
comité des relations industrielles.
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai répondu tantôt.
J'espère que le député de Chambly comprendra que nous
sommes de ce côté-citout aussi conscients que lui des
problèmes, en particulier dans le domaine de l'enseignement. Je n'ai pas
besoin d'élaguer là-dessus.
Toutefois, ce comité a siégé. A ce moment-ci, on
demande un ajournement jusqu'à 8 heures ce soir. Nous pourrions en
rester là pour le moment, de manière à laisser nos gens
retourner au travail. Quant à nous, nous prendrons nos
responsabilités en temps et lieu.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est adopté? Alors, le comité
est ajourné à ce soir, 8 heures.
Reprise de la séance à 20 h 5
M. GRENIER (président du comité): A l'ordre,
messieurs!
M. BERTRAND: Ce matin nous avions proposé un ajournement à
4 heures trente, on nous a demandé jusqu'à 8 heures. Est-ce qu'il
nous serait possible de savoir... M. Parent, avez-vous des nouvelles à
nous donner sur les progrès accomplis au cours de ces deux
journées et sur le résultat et avez-vous de très bonnes
nouvelles à nous annoncer?
M. LE PRESIDENT: M. Parent.
M. PARENT: Nous avons effectivement continué ce matin, tard en
matinée et cet après-midi, les réunions des
comités, jusqu'au moment où le négociateur gouvernemental
nous a demandé de reprendre les négociations
générales. Nous l'avons fait et nous pouvons dire maintenant que,
sur la clause de sécurité d'emploi, nous sommes d'accord
maintenant, non seulement en principe mais généralement, sur la
mécanique, même si nous ne nous sommes pas encore entendus au
point de parapher les textes.
Nous avons abordé la question monétaire. Ce que nous avons
fait hier au comité, c'était de trouver de nouvelles approches au
problème monétaire. Nous avons fait un certain progrès sur
la question des employés d'entrepôt. Les progrès ont
été moins substantiels sur la question des magasins et des
bureaux, pour les employés de la régie, mais nous avons fait
suffisamment de progrès en négociation pour croire que la
meilleure façon de passer à travers le problème actuel,
c'est de continuer à négocier. Alors, ce n'est pas la grande
nouvelle peut-être, mais c'est la nouvelle qui nous paraît la
meilleure, celle de croire que, si les deux parties veulent travailler en
essayant de trouver une solution ad hoc au problème de la Régie
des alcools, c'est à la table des négociations, en
négociant vraiment.
M. BERTRAND: M. Parent, quant à moi, je ne saurais
m'empêcher de vous dire, d'abord en mon nom personnel et comme chef du
gouvernement, et je suis sûr de me faire l'interprète des
députés des deux côtés, que la déclaration
que vous venez de faire est non seulement bienvenue, mais qu'elle est
très bien accueillie.
Si vous le jugez à propos, étant donné que nous
avons tous, des deux côtés de cette table, déclaré
que cette table n'était pas une table de négociations... et si
vous désirez continuer, étant donné que de très
grands progrès ont été accomplis aujourd'hui vous
avez noté qu'il pouvait en avoir d'autres a ce moment-là,
je ne vois pas pourquoi, quant à moi, je serais un obstacle, par ma
présence au comité ou par la tenue de la séance du
comité ici, à la poursuite des négociations qui semblent
s'annoncer meilleures. Elles semblent révéler un climat
satisfaisant et excellent pour les deux parties. Climat que nous avions
souhaité, il n'y a aucun doute, depuis longtemps. A moins qu'on ait
d'autres choses à ajouter? Le chef de l'Opposition a sans doute, lui
aussi, un mot à dire.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage!
M. LESAGE: Un mot très bref. J'ai été fort heureux
d'entendre M. Parent nous dire que des progrès sérieux ont
été accomplis. Il a exprimé son désir de retourner
à la table des négociations. C'est évidemment là
que l'affaire peut être réglée; ce n'est pas ici. S'il y
avait eu blocage complet, il aurait bien fallu continuer le travail du
comité, entendre la dernière partie de l'exposé de M.
Masse. Mais, si des deux côtés, sur la question salaire, il y a
déblocage? C'est là-dessus que j'aimerais une confirmation de M.
Parent.
M. LE PRESIDENT: M. Parent!
M. PARENT: J'ai dit, sur le plan de la sécurité d'emploi,
ce qui s'était passé. Sur la question des salaires, c'est
beaucoup plus complexe; c'est-à-dire que, par exemple, sur le plan du
groupe travaillant à l'entrepôt nous avons formé un
sous-comité, il y a quelques jours pour établir la
hiérarchisation des fonctions, c'est-à-dire pour essayer
d'établir la valeur relative des fonctions les unes par rapport aux
autres.
Il faut tout de suite dire que ceci ne se fait pas en vertu d'un
système perfectionné d'évaluation de tâches, il se
fait un peu au « piffomètre ». Mais nous sommes quand
même arrivés à une hiérarchisation des
fonctions.
Pour les groupes d'employés féminins, il y a maintenant
accord sur les taux qui devraient être payés. Pour les groupes
masculins, il y a huit groupes au total, trois de ces groupes, surtout parmi
les employés au bas des échelles, c'est-à-dire les
manoeuvres et les employés de production, les fonctions
assignées, il y a là un problème qui nous sépare
encore assez sérieusement.
Pour le groupe des fonctionnaires, depuis très longtemps, planait
dans l'atmosphère des négociations et ailleurs, par des
changements
d'horaires de travail, non seulement de plans mais d'horaires de
travail, une possibilité en tout cas de prévoir des gains
monétaires améliorés. Un sous-comité a
travaillé là-dessus hier soir, ce matin et cet après-midi,
sans même pouvoir arriver à une conclusion sur ce que pourraient
être des horaires augmentés. Donc, avant de parler de quantum de
salaires, reste un différend sur les heures de travail ou sur les plans
de travail des employés qui sont du groupe des fonctionnaires.
Il est bien évident que, dès que nous ne nous entendons
pas sur des horaires, le problème reste global sur le plan de la
rémunération de ces employés. Il est évident
également que ce soir, vers 5 h 50, avant qu'on nous dise qu'il fallait
ajourner la séance de négociations vers 6 heures, à cause
de la tenue du comité, il y a eu des accrochages assez sérieux
à la table des négociations.
Mais nous croyons quand même, malgré ces accrochages, que,
s'il y a flexibilité du côté des négociateurs de la
régie et des représentants du gouvernement qui sont là,
c'est peut-être la meilleure place. Mais on ne peut pas prédire
ce qui a été prédit que le conflit de la
régie peut prendre fin à brève échéance. Il
ne faudrait pas s'illusionner là-dessus. Ce qui sépare les deux
parties présentement est encore quand même très
considérable.
Les quanta de rémunération qui sont proposés, a ce
moment-ci, pour les employés de bureau et pour les employés de
magasin même si hier on a fait un pas du côté
gouvernemental sur le forfaitaire qui n'affecte pas les échelles
demeurent un fossé considérable à combler.
Mais nous avons le sentiment que, là-dessus à la
condition que nous ne soyons pas « collés » avec des
positions absolument intransigeantes et négatives - il y a
véritablement place pour des pourparlers. Mais reste le deuxième
noeud gordien, dont je parlais hier; il n'est pas encore dénoué.
Nous ne nous sentons pas totalement étranglés; par ailleurs, nous
ne sommes pas sûrs encore d'être en pleine sécurité.
Alors là-dessus, il reste un fossé considérable, mais nous
sommes prêts à le reprendre à la table des
négociations.
M. BERTRAND: M. Parent, quant à moi, je vous remercie.
Maintenant, comme nous ne voulons pas entrer dans les détails, je crois
qu'il serait peut-être à propos que M. Pepin qui, d'autre part,
représente l'employeur, la RAQ, donne seulement quelques détails
relatifs aux propos que vient de tenir M. Parent. Seulement pour
éclairer les membres du comité sur les quelques points qui ont
été soulevés.
M. PEPIN: Tout le monde pensait que c'était moi.
M. BERTRAND: Non, je n'ai pas nommé M. Marcel Pepin.
UNE VOIX: C'est l'autre Pepin de la RAQ. M. LE PRESIDENT: Alors, M.
Pepin.
M. PEPIN: M. le Président, M. les membres du comité.
Voici, au sujet des entrepôts, ce qui s'est passé. Nous avons fait
une offre qui a été modifiée par une nouvelle
échelle de salaires qui représente 6.8%. Au début, on
l'avait offerte pour les deuxièmes 18 mois; nous l'avons amenée
à la signature. C'est une augmentation assez considérable qui,
hier, à la discussion, a encore été changée devant
les représentations de la partie syndicale, surtout du côté
féminin.
M. CHOQUETTE: M. Pepin, puis-je faire une interruption? 6.8%, ça
signifie 6.8% par période de 18 mois?
M. PEPIN: C'est une nouvelle échelle qui représente une
augmentation de 6.8%. Cette nouvelle échelle-là continue de
s'appliquer, évidemment. Mais ce n'est pas une nouvelle échelle
qui arrive année après année. Ce n'est pas 6.8% et, l'an
prochain, encore 6.8%, et l'année ensuite, encore 6.8%. C'est une
nouvelle échelle qui s'applique à un moment donné. Elle
vaut 6.8%, elle représente 6.8%.
M. LESAGE: Mais cela, c'est en dehors des augmentations?
UNE VOIX: En plus des 7.5%...
M. CHOQUETTE: Cela, c'est au départ.
M. PEPIN: C'est-à-dire que le départ est 7.5%...
M. LESAGE: Le réajustement d'échelle veut dire en lui-
même une augmentation de 6.8%, c'est ce que nous appelons
généralement rattrapage, c'est cela?
M. PEPIN: C'est cela.
M. MALTAIS (Saguenay): On ne comprend rien ici.
M. LESAGE: Si j'ai bien compris, il y a 6.8% dans le cas que M. Pepin
vient de mentionner, 6.8% de rattrapage et à partir de là...?
M. CHOQUETTE: Deux fois 7.5%.
M. PEPIN: C'est ça.
M. LESAGE: Deux fois 7.5%.
M. PEPIN: C est-à-dire les premiers 7 1/2% au 1er avril 1968. La
nouvelle échelle s'applique dès le retour au travail. Les
deuxièmes 7 1/2%, dix-huit mois après le 1er avril 1968,
c'est-à-dire le 1er octobre 1969. C'est le sens de la base des offres
monétaires pour les ouvriers d'entrepôt.
Chez les femmes, le salaire de base est amené, à la
signature, à $1.85 et, au 1er octobre 1969, à $1.99.
Cette nouvelle offre d'aujourd'hui, enfin, qui a été
décidée au comité hier soir, a modifié un peu
l'échelle. Je vous fais grâce des détails. Chez le
personnel masculin, nous avons les manoeuvres à $2.28, au 1er octobre
1968. Le taux de manoeuvre devient la base de la nouvelle échelle chez
les hommes et le taux de manoeuvre devient à $2.46, au 1er octobre 1969,
par l'effet de l'application des deuxièmes 7 1/2%.
Tous les autres taux sont affectés selon une échelle
basée sur des niveaux. Les niveaux sont distancés et
déterminés par des écarts réguliers qui vont de la
base, c'est-à-dire de $2.46, jusqu'à un maximum de $3.48. Cette
nouvelle échelle est faite conformément au principe de la
politique générale qui veut reconnaître les
spécialisations.
Chez les employés de magasin, les fonctionnaires, la régie
offrait 7 1/2% - 7 1/2%. La régie n'a pas reconnu la
nécessité de rattrapage chez les employés de magasin parce
que, chez les employés de magasin, la comparaison avec l'entreprise
privée, nous plaçait, avant toute augmentation, environ 10% en
avant du commerce en général.
En conséquence, nous ne pouvions pas justifier de rattrapage. Il
s'en est donc suivi une application stricte de l'augmentation, en
général, de la politique salariale soit 7 1/2 7 1/2%,
dix-huit mois.
Cependant, en faisant des recherches et, à la suite de
discussions, nous avons réalisé qu'en se comparant avec les
autres régies d'alcools, du point de vue des heures de travail, nous
étions un peu bas, à 37 heures et demie par semaine.
Ailleurs, les employés travaillent 40 heures par semaine dans
toutes les autres régies des alcools canadiennes, à l'exception
de Terre-Neuve où ils travaillent 38 heures par semaine.
Nous avons tenté d'appliquer la semaine de 40 heures qui
permettait une augmentation équi- valente de l'échelle de
salaires. C'était une proposition qui devenait intéressante nous
permettant d'augmenter d'autant les salaires.
M. LESAGE: Le « take-home-pay ».
M. PEPIN: Le « take-home-pay », oui.
Cette nouvelle disposition, alliée avec une autre disposition,
c'est-à-dire une période de lunch d'une heure au lieu d'une heure
et demie pour la période du lunch les employés ont
une heure et demie... Nous avons offert aux employé s de travailler 40
heures, mais, au lieu de rallonger la période de travail, au
début nous disons: Nous allons payer une demi-heure de votre
période de lunch. Nous allons prendre soin de cela. Nous allons pouvoir
augmenter d'autant les salaires.
Nous nous sommes aperçus qu'en appliquant la semaine de 40 heures
et en donnant une heure pour le lunch nous pouvions faire beaucoup plus,
c'est-à-dire ouvrir plus de magasins, mais avec trois hommes seulement:
un gérant, un caissier et un commis. Ce qui nous permettait de
distribuer un peu plus le service dans la population, de rendre un meilleur
service à la population.
Nous pouvions, de plus, faire face à une difficulté qui
existe vraiment chez les employés, c'est-à-dire nos magasins par
équipes. Nos magasins par équipes sont désagréables
pour les employés parce que cela occasionne beaucoup de
déplacements.
En appliquant la semaine de 40 heures, nous pouvions considérer
l'élimination des magasins par équipes en fermant le lundi soir,
le mardi soir, le mercredi soir et en ouvrant à l'Intérieur des
40 heures le jeudi soir, le vendredi soir et le samedi. Nous avions
accepté le samedi jusqu'à midi ce qui devient de plus en plus une
habitude dans le commerce. Nous avions accepté cette
disposition-là. En discutant en comité, nous avons trouvé
que certains employés auraient préféré fermer
complètement le lundi ce qui est possible vu les habitudes des
gens mais ouvrir le samedi toute la journée en compensation. Nous
avons accepté cette disposition, ce qui nous permet évidemment de
faire disparaître les magasins par équipes. C'était
améliorer en fait...
M. CHOQUETTE: M. Pepin, donnez donc une explication sur les magasins par
équipes, la rotation...
M. PEPIN: Pour les magasins par équipes, il faudrait un horaire,
pour être assez précis.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que ça veut dire?
M. PEPIN: Les magasins par équipes sont ceux qui ouvrent disons,
vers 9 heures le matin. Une équipe entre à 9 heures et retourne
chez elle à midi. Une équipe entre à midi, travaille
jusqu'à 6 heures et le groupe qui est venu le matin revient le soir
jusqu'à minuit.
M. LESAGE: Cela va.
M. PEPIN: Ce sont des magasins par équipes.
En appliquant la semaine de 40 heures, nous éliminions les
magasins par équipes, nous maintenions des heures d'affaires populaires
chez le public, nous pouvions éliminer le désagrément des
voyages, nous pouvions éliminer d'autres coûts, pour autant que la
régie est concernée, et nous pouvions fournir plus de petits
magasins pour effectuer le service et répondre aux demandes du
public.
Cela donnait, en même temps, plus d'argent, plus de «
take-home-pay » à l'employé. Nous avons travaillé
sur différents plans de travail. Chez les employés je ne
veux pas leur faire dire des choses qu'ils ne voudraient pas dire je
crois qu'il y en a qui préfèrent travailler par équipes;
d'autres préfèrent travailler le lundi et pas le samedi; d'autres
voudraient travailler le samedi sans travailler le lundi; d'autres voudraient
travailler tout d'un bout, plus l'après-midi et moins le matin. Nous
avons tenté de rencontrer toutes ces dispositions.
Maintenant, nous ne nous sommes pas rencontrés. Comme
représentants, comme responsables du côté administratif,
nous devons assurer le meilleur service au public. Mais, il faut
considérer que les employés ont des désirs que nous
tentons de contenter et jusqu'ici, malheureusement, nous n'avons pu nous
entendre.
J'espère qu'on pourra le faire un jour.
M. BERTRAND: Oui, M. Parent. M. Parent vous demande la parole.
M. LE PRESIDENT: M. Parent.
M. PARENT: J'ai fait, intentionnellement, tantôt, attention pour
ne rien mentionner de ce qui était dans le contenu, afin d'essayer de
rester dans un contenant qui pouvait se tenir, ceci était d'ailleurs
dans l'esprit de ce que le ministre délégué à la
Fonction publique nous a enseigné depuis longtemps, à savoir
qu'on devait d'abord régler les problèmes à la table des
négociations.
Si le comité décide et c'est déjà
fait par M.
Pepin d'entrer dans le contenu, au moins là-dessus, je
répliquerai, parce qu'il y a quand même des choses qui doivent
être mentionnées.
Nous, nous préférons être à la table des
négociations parce que, parfois, lorsque le négociateur patronal
se fâche, nous sommes prêts à accepter qu'il se fâche.
Mais nous préférions que la détente ou la prochaine
chicane se fasse au comité.
M. BERTRAND: M. Parent, est-ce qu'il accepte, lui aussi, que vous vous
fâchiez?
UNE VOIX: Cela n'arrive pas. UNE VOIX: Cela n'arrive pas de ce
côté-ci. M. BERTRAND: Cela n'arrive jamais? M. PARENT: Je ne suis
pas un coléreux.
M. BERTRAND: M. Parent, si vous me permettez.,..
M. LESAGE: Je demanderais à M. Renaud si c'est l'influence de M.
Bellemare.
M. BERTRAND: ... je l'avais bien indiqué tantôt, autant
à M. Pepin qu'à vous, mais il y a eu des réponses à
des questions qui ont été posées pour préciser
certaines choses. Je vois immédiatement et c'est pour ça
qu'on ne voulait pas entrer dans les détails que si l'on commence
à entrer dans les détails, nous allons devenir ici la table de
négociations.
Quant à moi, je l'ai exprimé au départ; ce n'est
pas notre rôle et, dans les circonstances, je demanderais à M.
Pe'pin d'écourter ou de terminer son témoignage et ses
réponses, quitte à M. Parent d'ajouter un mot avant que je ne
demande l'ajournement des travaux du comité à demain matin, 10
heures. M. Parent voulait dire un mot.
M. GRENIER: M. Parent.
M. PARENT: Je voudrais mentionner immédiatement, sur les heures
des magasins, la demande syndicale et l'objectif que nous avons poursuivi
depuis le début, c'est d'avoir la semaine de cinq jours et fermeture
complète le samedi. Nous n'avons jamais dérogé de cette
position.
Quand nous avons tenté de voir s'il n'y avait pas d'autres moyens
de faire les programmes de travail, parce que la régie nous disait que
c'était plus opérant et plus fonctionnel d'aller vers la semaine
de 40 heures, nous avons es-
sayé de voir ce que cela voulait dire, non pas en notion de
rattrapage mais en notion d'efficacité. Or, voici la dernière
proposition qui nous a été faite ce soir. Malgré tout le
travail du comité, ce travail a été sabré. Il n'a
pas été retenu. La régie nous a proposé d'augmenter
le travail de deux heures et demie par semaine. Remarquez qu'en
négociations de travail, c'est très rare que les syndicats font
la grève pour augmenter les heures. Mais nous avons quand même
essayé de travailler là-dessus mais la proposition de la
régie a été de dire: Nous allons augmenter les heures de
deux heures et demie.
Nous allons faire disparaître le travail des employés par
équipes, c'est sûr que c'est un problème. Nous allons
également éliminer le travail à temps simple, le samedi
après-midi, et finalement nous voulons que les employés
acceptent, au lieu d'une heure et demie pour le lunch, une heure. Il est clair
que de réduire d'abord l'heure du lunch, d'une heure et demie à
une heure pour un bon nombre d'employés, ça représente des
problèmes très sérieux et c'est un changement de
conditions de travail qui doit être considéré
monétairement dans la rémunération. Il est clair
également que de réduire, en augmentant la durée de
travail, la semaine de travail, cela suppose, comme M. Pepin l'a
mentionné, l'ouverture des magasins en soirée plus que cela l'est
présentement. Travailler en soirée, et vous le savez
vous-même, c'est moins intéressant qu'en journée
régulière. Cela doit être considéré aussi,
même au niveau des primes ou de la rémunération, cela
estbien clair.
Finalement, la régie nous a dit cet après-midi: Il n'y
aura pas de travail en temps régulier le samedi après-midi, mais
les magasins qui sont ouverts le samedi après-midi, demeureront
généralement ouverts. Donc, la régie nous dit: Nous
paierons du temps supplémentaire pour faire fonctionner un certain
nombre de magasins, le samedi après-midi. Nous avons dit
là-dessus et là-dessus cela rejoint le pivot très
central de toute la politique salariale et de la rémunération:
Comment, en administration publique, peut-on considérer que c'est
efficace et que c'est de l'administration rationnelle, que de dire qu'on va
faire travailler des employés régulièrement en temps
supplémentaire le samedi après-midi quand on n'accepte pas de les
rémunérer normalement et avec des augmentations de salaires
raisonnables en temps régulier? Il serait pas mal plus simple de
reprendre tout ce problème-là, de prendre le problème des
ouvertures du service au public, mais de le prendre dans un schè- me
normal de rémunération équitable pour les
travailleurs.
Et là, nous nous sentons un peu coincés dans la question
de ce qu'on a appelé jusqu'ici la politique salariale. C'est un des
noeuds de la négociation et je voudrais bien établir devant le
comité que, quant à nous, nous ne sommes pas
intéressés à augmenter les heures, absolument pas. Nous
sommes intéressés à avoir une rémunération
équitable mais si nous avons à explorer cette nouvelle avenue,
c'est avec l'espoir de trouver là-dedans des compensations et une
rémunération qui fassent que le « take-home-pay » des
employés soit raisonnable, soit équitable. Et là-dessus,
en tout cas, quant à nous, nous n'avons pas d'objections à
continuer ici, si vous le désirez, à examiner tout le
problème, au contraire, parce qu'il y a des points qui peut-être
vous reviendront.
Quand le premier ministre suggère d'ajourner à 10 heures,
demain matin, j'ai senti, cet après-midi, et pas le premier, je
ne parlerai pas pour moi, je vais parler par interprétation que
le négociateur en chef de la régie était fatigué.
Nous faire revenir à 10 heures, demain matin, j'ai l'impression que
c'est nous imposer la troisième nuit consécutive de
négociations.
M. BERTRAND: A quelle heure siégez-vous?
M. PARENT: Nous avons négocié jusqu'à deux heures,
à Montréal, l'avant-dernière nuit, et nous avons dû
être ici à 10 heures. Hier soir, les travaux se sont
terminés en comité vers minuit trente. Cela a impliqué
qu'après ça les deux parties, en tout cas quant à notre
partie, on aille plus loin. On a repris à 8 heures trente, ce matin.
Mais nous n'avons pas d'objection sur l'horaire, si ça peut apporter du
progrès, on ne fera pas de problème de contenant
là-dessus. Mais nous croyons que, s'il y a une séance à 10
heures, demain matin, c'est vraiment un très court délai.
M. BERTRAND: Ce soir, M. Parent, si vous me le permettez, vous
reprendriez vos travaux a la table des négociations disons d'ici une
vingtaine de minutes, une demi-heure? Vous pouvez siéger... Cela a l'air
drôle...
M. PARENT: Jusqu'à 5 heures, M. le Premier ministre.
M. BERTRAND: Cela a l'air drôle, mais ce sont peut-être des
réflexes d'hommes qui ont déjà connu des séances
nocturnes dans la vie parlementaire. Tous mes collègues, qui sont
ici, savent que ce n'est jamais très profitable.
Cela ne me regarde pas, mais vous venez de dire que les conditions
normales de la vie, même pour tous les ouvriers, c'est de travailler,
autant que possible, pendant le jour. Vous venez de le noter vous-même. A
première vue, rendu à minuit, une heure, le soir, je pense que le
travail on l'a souvent constaté n'est pas tellement
profitable. Et, pour ceux qui en parlent, les députés qui sont
ici le savent, dépassé une certaine heure, je ne crois pas qu'il
y ait beaucoup de travail efficace qui s'accomplisse. C'est peut-être
à ce moment-là que vous notiez tantôt qu'il y avait de la
fatigue chez les uns, il peut y en avoir aussi chez les autres. Ça ne me
regarde pas mais c'est une constatation que je fais, il y a certainement moyen
d'une manière générale, de négocier à des
heures raisonnables et durant des heures raisonnables. Cela serait
peut-être de nature à créer un meilleur climat, dans ce
domaine-là, comme nous avons constaté, nous, parfois, en Chambre,
que siéger jusqu'à des heures indues, créait un climat de
tension et d'agressivité, de part et d'autre, et parfois de violence, ne
profitant à personne dans nos discussions parlementaires, et
n'étant pas de nature à profiter ni aux uns ni aux autres, ni au
bien public. Dans ce domaine-là, votre remarque me permet ces propos qui
seront peut-être jugés comme ceux d'une personne qui devrait se
taire et se mêler de ses affaires. Je les crois, quant à moi,
fondés et disons que nous ajournons à 10 heures demain matin, si
à 10 heures demain matin, vos négociations peuvent se poursuivre,
vous n'avez qu'à prendre le téléphone et nous appeler et
nous irons en Chambre à 11 heures.
Parce que nous siégons en Chambre à 11 heures demain
matin.
DES VOIX: A 10 h 30!
M. BERTRAND: A 10 h 30, demain matin. Alors ne vous sentez pas
obligés de siéger jusqu'à 4 heures cette nuit, ni
jusqu'à 3 heures, en vue de nous apporter au comité le
résultat de vos travaux pour telle heure donnée. Si vous
n'êtes pas prêts à 10 heures demain matin, vous nous le
direz. Reposez-vous tous pour avoir, comme nous, de part et d'autre, autant que
possible, le sourire aux livres, et continuez à travailler demain matin.
A 10 heures, si vous n'êtes pas prêts, ne venez pas. Prenez le
téléphone, M. Parent, et communiquez avec moi ou avec le chef de
l'Opposition, ou avec le président plutôt...
M. LESAGE: Nous pourrions peut-être confier cela au
président!
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition et moi confions cela au
président. Appelez M. Fernand Grenier et dites-lui: Nous nous sommes
couchés à bonne heure et nous avons recommencé à
bonne heure: et puis à 10 heures nous ne pouvons pas venir au
comité. Et là, nous allons accepter cela avec plaisir,
espérant que, des deux côtés, on manifesterabeaucoup de
compréhension et beaucoup d'esprit de dialogue véritable, sachant
que tous, nous souhaitons le règlement du conflit de la RAQ. C'est dans
cet esprit-là que nous sommes venus travailler ici, et je sais que, de
part et d'autre vous voulez travailler également dans cet esprit pour
mettre un terme au conflit de la RAQ.
M. LESAGE: Pour ma part, je crois bien, M. le Premier ministre, qu'il y
a lieu de permettre aux négociateurs de continuer leurs
négociations autour de la table. Mais ce que j'ai entendu ce soir, de la
part de M. Pepin et de M. Parent, me convainc qu'il y a encore beaucoup de
travail à faire autour de la table de négociations et que, si on
veut en venir à un règlement, il va falloir, de part et d'autre,
faire preuve de beaucoup d'imagination. Le premier ministre a parlé de
compréhension, de dialogue, je pense qu'il va falloir faire preuve aussi
d'imagination cela m'a apparu comme cela après avoir entendu les
deux versions et de beaucoup de flexibilité aussi.
M. BERTRAND: Des deux côtés!
M. LESAGE: Oui, je dis des deux côtés, mais je regarde M.
Pepin!
M. MASSE: M. le Président... M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: M. le Président, je suis parfaitement d'accord avec la
suggestion du premier ministre et du chef de l'Opposition de faire en sorte que
les négociations entre les deux parties reprennent ce soir. Si ce n'est
pas terminé demain, avant 10 heures, il nous sera possible, si nous en
sommes informés, de ne pas siéger à 10 heures.
Je suis parfaitement d'accord. L'ayant dit à maintes reprises
afin de faire en sorte que tous ceux qui sont intéressés aux
différentes tables de négociations l'entendent bien: l'endroit
idéal pour régler une convention collective, c'est la table de
négociations.
Advenant le cas où, dans le peu qu'il reste, compte tenu de
l'ensemble de la négociation qui dure quand même depuis un an,
même si ce peu est important, c'est une partie d'un tout.
Je crois qu'il est dans l'intérêt public que la population
en général, et les spécialistes en particulier, soient
bien informés, même si cela est difficile à faire dans un
climat raisonnable de façon qu'ils soient bien au courant des
difficultés de rapprochement, si celui-ci n'est pas évident au
point que tout est conclu demain. Afin que tous ces gens soient bien
informés, entre autres, les membres du comité parlementaire qui
se sont réunis pour être au courant de la situation, nous avons
étudié jusqu'à maintenant, d'une façon raisonnable,
la politique salariale du gouvernement comme telle. Il nous restera à
voir - ce qui permettra à la population, puisque finalement c'est elle
qui juge, de comprendre pourquoi il est difficile de s'entendre sur un point
particulier, celui des traitements - les incidences que peut avoir cette
politique salariale dans la position de la RAQ comme table
particulière.
D'ici à demain, il y a, quand même, un temps de travail; il
y aura une nuit de réflexion de part et d'autre, et reprise de travail
si cela n'est pas terminé, de sorte qu'il serait possible que le
comité se réunisse non pas être encore ajourné, mais
pour être informé, demain après-midi, à partir de
deux heures, après la fin des travaux parlementaires. Le comité
se réunirait pour entendre et comprendre également les deux
parties afin que la négociation se termine dans la compréhension,
non pas uniquement pour les gens à la table des négociations,
mais également pour la population. Je crois que demain, à partir
de deux heures, nous aurons amplement le temps, dans l'après-midi et
dans la soirée, de faire une très bonne séance
d'information et de compréhension au comité afin de permettre aux
parties de retourner, compris ou incompris, à la table de
négociations pour s'entendre si cela n'est pas encore fait. Je crois que
cela est dans l'intérêt de tout le monde.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: II n'est pas certain que la proposition que nous fait
actuellement le ministre délégué à la Fonction
publique soit celle qui puisse le plus facilement contribuer à
régler le problème. Il avait été entendu que,
devant ce comité, on ne ferait pas de négociation. Ce soir, nous
avons presque atteint à la négociation et c'est peut-être
le premier moment où le climat a risqué de se gâter. Je
pense que la proposition du premier ministre est plus raisonnable pour
atteindre les buts que justement se fixe le ministre
délégué à la Fonction publique. Nous pourrions
revoir ces messieurs, de- main, à l'heure qui leur paraîtra la
meilleure. S'ils nous disent demain: Nous sommes sur le point de régler,
nous avons fait d'autres progrès, nous aurions besoin de continuer
à négocier; il est bien possible que la séance du
comité, à ce moment-là, contribue à geler la
négociation plutôt qu'à l'accélérer.
Alors, j'aimerais mieux, M. le Président, que nous acceptions la
suggestion du premier ministre et que, demain matin, le comité
siège ou soit ajourné, si vous voulez, à loisir. Ainsi,
lorsque ces messieurs nous feront signe qu'ils sont prêts à nous
voir, c'est devant les déclarations qui seront faites à ce
comité que nous pourrons juger de la situation.
S'ils ont atteint une impasse, il faudra bien, à un moment
donné, que le comité sache exactement de quoi il retourne et que
l'Opposition et le gouvernement aient l'occasion de dire exactement ce qu'ils
pensent de l'attitude de l'un et de l'autre.
Mais jusqu'à ce que nous ayons atteint cette impasse, en
souhaitant qu'elle ne se produise pas, la contribution la plus grande que
l'Opposition puisse faire au règlement de ce problème qui dure
quand même depuis assez longtemps, c'est d'être en état de
disponibilité.
M. BERTRAND: Je crois que le but que poursuivait mon collègue, le
ministre d'Etat délégué à la Fonction publique,
était que nous ayons un rapport demain sur l'état des
négociations. Or, j'ai demandé tantôt qu'avant dix
heures,,.. Bien entendu, nous allons nous réunir, nous, à 10
heures, ici, demain matin, à moins d'avis contraire. Et, à ce
moment-là, le président nous communiquera, à 10 heures, le
résultat des travaux accomplis jusque là. A ce moment-là,
le comité, ici, devant le rapport qui sera fait par les
représentants des deux parties, jugera si le noeud gordien est tel qu'il
ne puisse être tranché par les parties en présence et si ce
noeud gordien se révèle véritablement ce que nous avons
appelé la politique salariale du gouvernement et, à ce
moment-là, le comité devra, à 10 heures, continuer ses
travaux et entendre l'exposé plus précis du ministre d'Etat
délégué à la Fonction publique sur la politique
salariale du gouvernement et ses incidences sur la grève de la RAQ, qui
constituerait ce noeud gordien, le dernier dont si parlé tantôt M.
Parent.
Alors, M. le Président, demain à 10 heures, nous serons
ici et nous attendrons votre rapport si les membres du comité
l'obtiennent.
M. LESAGE: Il ne faudrait pas, M. le Premier ministre, être trop
optimiste. Il est déjà
presque 9 heures et, avec ce qu'on nous a dit tout à l'heure, de
part et d'autre, et avec toutes les avenues qu'il y a possibilité
d'explorer, si on négocie réellement de bonne foi de chaque
côté et qu'il y a flexibilité, je ne pense pas qu'à
10 heures, demain matin, on puisse faire autre chose que de rapporter
progrès.
M. LE PRESIDENT: M. Demers.
M. DEMERS: M. le Président, la meilleure façon, c'est de
renvoyer les gens négocier si on veut se réunir demain matin.
M. LE PRESIDENT: Oui. Alors, nous ajournons la séance à
demain matin, 10 heures. Les députés qui ne sont pas membres du
comité pourront se rendre sur place, ici, pour y participer, s'ils le
désirent. En attendant, nous retournons à la Chambre...
(20 h 50)
Séance du 8 novembre 1968
(Dix heures cinq
minutes)
M. GRENIER (président du comité): A l'ordre messieurs!
Alors, M. Bertrand.
M. BERTRAND: M. le Président, les renseignements que j'ai obtenus
sont à l'effet on complétera s'il y a lieu ce que je dois
dire que ce noeud gordien dont j'ai parlé, il serait
peut-être mieux de le définir, parce qu'il y avait une personne
qui était hier soir dans la salle en arrière et qui a dit:
Qu'est-ce qu'il veut dire par noeud gordien? Nous utilisons parfois des
expressions que nous comprenons tous parce que nous connaissons ensemble le
problème. Il semble que les éléments de ce que nous avons
appelé la politique salariale du gouvernement seraient de nature
à créer une situation suivant laquelle le conflit entre la RAQ,
et le syndicat reposerait sur cette politique, qui a été, comme
mon collègue, le ministre d'Etat délégué à
la Fonction publique l'a maintes fois mentionné, une politique qui
aurait été appliquée, qui aurait reçu son
acceptation, du moins à l'occasion de plusieurs signatures de
conventions collectives, et que nous serions, à ce moment-là,
dans une impasse.
C'est pourquoi, M. le Président, à la lumière de
ces renseignements, je soumets que nous devrions, ce matin, continuer les
travaux de notre comité, puisque le problème qui nous
était soumis était celui de la politique salariale du
gouvernement et de ses incidences sr la grève de la RAQ.
M. Masse avait commencé l'autre jour à exposer cette
politique d'une manière globale, générale. Après
quoi, nous avions dit que, comme deuxième étape, il y aurait le
cas de la RAQ et de cette politique. Dans les circonstances, M. le
Président, je vous prierais, avec l'assentiment de nos collègues,
de permettre que M Masse puisse continuer l'exposé de la politique du
gouvernement en matière de salaires et les incidences qu'elle a ou peut
avoir sur la grève de la RAQ.
M. LE PRESIDENT: M. Parent a communiqué, tel que convenu, ce
matin. Je pense bien qu'il pourrait peut-être faire le « status
questionis » immédiatement.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: M. Parent.
M. PARENT: Je voudrais informer le comité
que, tel que convenu hier soir, j'ai fait un appel
téléphonique au président du comité à 9h30
pour lui indiquer que nous avions négocié hier soir sans aborder
à nouveau les questions monétaires. Cependant nous les avons
reprises ce matin. Nous avions convenu de reprendre les négociations
à 8 h 30, attendu que nous, la partie syndicale, nous nous
réunissions ex parte à 8 heures. Les négociations ont
effectivement repris à l'arrivée des négociateurs
patronaux à 9 heures. Nous avons abordé la question
monétaire à ce moment-là.
Nous avons fait de nouvelles suggestions, comme moyens nouveaux
d'approche pour essayer de voir s'il n'y avait pas moyen de trouver une issue
à la table des négociations. Nous avons abordé, par
conséquent, cinq points qui, quant à nous, paraissaient
s'inscrire ou ne pas venir en contradiction en tout cas avec les
critères qui ont déjà été définis
comme étant ceux de la politique salariale.
La réponse du comité patronal sur quatre des cinq points
il restait la rétroactivité même si nous
apportions des éléments nouveaux, a été
immédiate et sans autre considération. Cela s'est fait
automatiquement à la table. Nous avons reçu un « non
» très expéditif.
Ce que j'ai indiqué à 9 h 30 au président du
comité, c'est que nous étions prêts à continuer
à négocier, nous étions prêts à poursuivre ce
matin, parce que nous considérions que c'est à la table des
négociations que ce conflit doit se régler. C'est le rapport que
je lui ai fait. A ce moment-là, le président nous a quand
même demandé de nous présenter au comité, ce que
nous avons fait de très bonne grâce et avec plaisir.
M. LE PRESIDENT: Merci. M. Lesage.
M. LESAGE: M. le Président, si nous devons entendre M. Masse nous
exposer les incidences de la politique salariale sur les salaires à la
Régie des alcools du Québec, je pense qu'il serait
peut-être bon, simplement pour notre information non pas pour discussion,
que soit M. Parent, soit M. Renaud nous indique quels sont ces quatre points
sur lesquels il y a un refus catégorique d'envisager de nouvelles
avenues, sur lesquelles il n'y a eu aucune flexibilité, sur quoi le
premier ministre et moi avions insisté hier soir.
M. BERTRAND: M. Parent.
M. LE PRESIDENT: II serait peut-être bon par exemple, de vous
prévenir que c'est une question qui est un petit peu «
chatouilleuse » et qu'on veut ici l'état de la question et non pas
le jugement de l'une ou l'autre des personnes ou votre appréciation sur
telle question.
M. PARENT: Sans manquer de jugement, nous allons essayer de ne pas en
parler.
M. LESAGE: C'est bien prudent. M. LE PRESIDENT: M. Parent.
M. PARENT: Le premier point que noue avons soulevé est celui des
employés de bureau et de magasin. La situation présente, dans le
cas des employés de bureau et de magasin, quant à nous, est la
suivante: ces employés sont régis par une échelle de
salaires qui tire son origine de l'ancienne classification du service civil de
1959. Par conséquent, elle n'a pas suivi la révision en
même temps que toute la classification nouvelle qui a été
faite dans l'élaboration des plans de carrières, en 1965 ou 1966,
pour les autres secteurs dont les fonctionnaires provinciaux. Cette
échelle ne prévoit que cinq degrés de salaires, un taux
minimal, trois taux intermédiaires et un taux maximal. Alors que, dans
la fonction publique, la moyenne des échelons qui existent, y compris le
taux maximal et le taux minimal, sont de huit. Par conséquent, la ligne
d'avancement salariale des employés à la régie est plus
courte que dans la fonction publique. Nous avons proposé de l'augmenter
d'un échelon pour qu'au lieu d'avoir cinq échelons de
rémunération, il y en ait six. Cela est un premier point. Cela
vaut pour les employés de magasin et les employés de bureau.
Les employés de magasin, également les commis-vendeurs et
les caissiers sont classés actuellement à des niveaux qui sont
les échelons dix pour les commis, et l'échelon douze pour les
caissiers. Cela correspond aux anciens échelons, cela aussi, de la
fonction publique du service civil du temps.
Nous soutenons, parce que les employés de magasin à la
régie font 37 1/2 heures de travail par semaine, alors que les autres
fonctionnaires font 32 1/2, que cette différence de cinq heures
mérite sa considération dans la détermination de
l'échelle. C'est pour ça que nous avons proposé qu'on
augmente, qu'on revalorise ces deux classifications-là d'un
échelon, pour monter le commis-vendeur de dix à onze et le
caissier de douze à treize. Pour l'échelle des ouvriers, nous
avons mentionné hier soir qu'il y avait trois taux dans les
catégories les plus basses, soit celle du manoeuvre, soit celle des
classes de production immédiatement supérieures.
Il y a un écart entre la position patronale et la nôtre de
$0.09 l'heure pour chacune de ces catégories. Ce litige demeure entier,
et nous nous inscrivons à cette requête sous le terme de
«contre-rattrapage», c'est bien sûr, parce que le?
taux de la régie pour le manoeuvre étaient plus
élevés qu'au gouvernement, mais nous considérons alors
qu'avant par l'ancienne convention, les deux anciennes conventions, il y avait
$0.57 l'heure de différence entre le manoeuvre à la régie
et le manoeuvre au gouvernement.
Le gouvernement nous propose, dans une seule convention, de
réduire ces différences à $0.17, donc, de faire un
contre-rattrapage de $0.40 l'heure. Nous trouvons que c'est vraiment freiner
trop rapidement. Nous sommas d'accord pour qu'on aille vers un nivellement ou
une comparaison relative des taux mais nous disons que cela devrait être
à un rythme moins accentué. Il ne faudrait pas que les freins
soient plus forts que le moteur; ça été notre
expression.
Finalement le cinquième point, c'est la question que nous avons
ramenée ce matin, qui existe dans certains secteurs parapublics. Nous
a-vons suggéré, pour trouver un terme, de prévoir pour les
employés qui ont déjà atteint le maximum des
classifications - donc qui sont déjà au sommet de la
classification - de leur accorder, comme ça existe dans certains
secteurs parapublics dont les hôpitaux et un certain nombre de
municipalités, la ville de Montréal et ailleurs, une prime
d'ancienneté.
Alors, sur chacun de ces quatre points-là, la réponse a
été immédiate et négative.
M. CHOQUETTE: M. Parent, est-ce que je pourrais vous poser une question
sur une des parties de votre exposé? C'est au sujet de la comparaison
entre les commis-vendeurs et les caissiers de magasin et les fonctions
équivalentes dans la convention des fonctionnaires de l'Etat. Vous
semblez dire qu'on peut trouver dans la convention des fonctionnaires des
fonctions équivalentes à celles de caissiers et commis de magasin
et que la différence entre les propositions gouvernementales, à
la table des négociations de la Régie des alcools du
Québec, c'est la question des heures de travail. C'est-à-dire que
le gouvernement voudrait que les commis-vendeurs accomplissent une semaine de
37 1/2 heures de travail, tandis que la fonction équivalente, sous la
convention des fonctionnaires, ne requerrait que trente-deux heures et demie de
travail pour la même rémunération. Est-ce que j'ai bien
compris votre exposé sur ce point-là?
M. PARENT: M. le Président, il est difficile d'avoir des points
de comparaison très nets avec d'autres fonctions de la fonction
publique. D'abord parce que des commis-vendeurs du type des caissiers de la
Régie des alcools, on n'en trouve nulle part dans d'autres services.
L'autre partie aussi où il est difficile de trouver des points de
comparaison, c'est que pour les fonctionnaires, depuis 1964-1965, il y a une
nouvelle classification qui est basée sur une tout autre
économie, elle est basée sur la notion de plan de
carrière; tandis que l'autre fonction, c'est une fonction établie
en vertu de la classification de 1959, au moment où l'on était
encore à ce qu'on appelle par comparaison les «position
plans».
Il est très difficile, par conséquent, d'avoir des
comparaisons justes à l'intérieur.
Il reste quand même que là-dessus, nous, nous disons:
L'économie de la structure des salaires a été bâtie,
sans tenir compte du surplus d'heures de travail que font les employés
de magasin à la Régie des alcools. Et nous disons que le fait de
faire cinq heures de plus devrait entrer en ligne de compte dans leur
rémunération. Nous appuyons cela également sur un autre
argument: si nous tentons de prendre ce qui est comparable ailleurs, non pas
dans la fonction publique en soi, mais dans les autres régies du pays
où il y a des caissiers, où il y a des commis-vendeurs, nous nous
rendons compte que par rapport à la structure les salaires payés
par les autres régies sont plus élevés que ceux d'ici. En
fait, on arrive avec un écart qui, avant les offres salariales, à
une date comparable, fait que, avec la moyenne du reste du pays, nous sommes
$0.22 ou $0.23 plus bas.
M. CHOQUETTE: M. Parent, par des conversations que j'ai eues hier...
M. BELLEMARE: II serait normal maintenant, je pense, vu que le chef de
l'Opposition a demandé à M. Parent d'établir les quatre
points, que le ministre puisse lui-même... après cela vous auriez
le droit, je pense que ce serait nor--mal.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'essaie de clarifier la
position...
M. BELLEMARE: ... nous pouvons entendre le ministre
lui-même!...
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas d'objection à entendre le ministre, je
veux seulement poser une question pour clarifier une partie de l'exposé
de M. Parent.
M. LE PRESIDENT; M. Choquette, vous aviez une question a poser; vous en
avez eu une. Alors, je crois bien que nous avons entendu...
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais bien savoir en vertu de
quel ordre, de quel article vous allez limiter le nombre de questions des
députés devant ce comité.
M. LE PRESIDENT: Non pas en vertu d'un article, mais pour garder la
bonne entente ici, je pense qu'il serait...
M. BERTRAND: M. le Président, je pense qu'il y a eu, disons, de
l'ordre jusqu'à présent. Après mes propos, le chef de
l'Opposition a fait une courte déclaration. A ce moment-là,
j'avais indiqué que le ministre d'Etat devait continuer à exposer
lapolitique du gouvernement. Mon collègue, le député
d'Outremont, a posé une question; je ne crois pas qu'elle exige des
explications très longues. Alors, nous pourrions peut-être la
permettre au député d'Outremont, pour autant que le ministre
pourra continuer son exposé immédiatement après.
M. LE PRESIDENT: C'est bien sûr qu'après l'exposé du
ministre, il y a une certaine période de questions.
M. BERTRAND: Oui, bien sûr.
M. LESAGE: Ce n'est pas le président qui décide cela,
c'est le comité.
M. LE PRESIDENT: Ne vous fâchez pas ce matin, ne vous fâchez
pas! M. Choquette.
M. CHOQUETTE: M. Parent, par des conversations que j'ai eues à
l'extérieur de ce comité, en particulier avec des
représentants des parties à la table des négociations,
j'avais l'impression, hier, que la question de la classification à la
Régie des alcools, même si on ne considère pas que cette
classification ancienne de 1959 est parfaitement adéquate, qu'en fait on
avait considéré de part et d'autre que c'était un
instrument de travail suffisant avec quelques améliorations
à y apporter pour permettre une négociation rationnelle
sur les salaires dans toutes les catégories. Est-ce que j'avais bien
compris ou mal compris?
M. PARENT: Vous aviez bien compris en ce qui a trait à
l'unité des ouvriers. Parce que pour le groupe ouvrier, ce que nous
avons fait d'aillleurs, il y a eu un comité de Travail qui a refait la
hiérarchisation de chacune des fonctions, qui a par conséquent
établi une échelle des emplois, des salaires. Nous en sommes
venus là à peu près à un accord, sauf sur les trois
points qui sont déjà mentionnés.
Mais pour les fonctionnaires, cela n'a jamais été
abordé à la table des négociations dans le sens que cela
pouvait constituer une base de discussion.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: M. le Président, dans les quelques minutes qui vont
suivre avant l'ajournement pour se rendre en Chambre, nous pourrions quand
même uniquement dire un peu la façon dont le tableau va se
dérouler. Ensuite nous pourrons retourner en Chambre et reprendre
l'exposé comme tel. Nous avons vu au cours des séances
précédentes les principes qui nous avaient servi de point de
départ pour établir nos grilles de traitements et nos offres pour
l'ensemble des tables de négociations.
Nous nous étions engagés a expliquer comment ces principes
et ces grilles s'appliquaient dans un secteur déterminé, celui
qui nous concerne, la Régie des alcools. C'est ce que nous verrons en
expliquant d'abord pourquoi et comment ces principes s'appliquent à la
Régie des alcools, pour ensuite, nous diriger vers des points
particuliers qui ont été soulevés comme les commis de
bureau et autres personnels. Ensuite, il sera possible de faire
témoigner des experts dans ces domaines, autant du côté
syndical que du côté gouvernemental à qui vous pourrez
poser toutes les questions concernant les équivalences dans un secteur
ou dans l'autre; je pense que cela pourrait se dérouler de cette
façon. Ça va? Très bien, alors, M. le Président, je
demanderais l'ajournement du comité.
M. LE PRESIDENT: Alors nous ajournons pour monter en Chambre à 10
h 30 et revenir ici immédiatement après la période de
questions.
M. BERTRAND: Très bien, M. le Président.
Reprise de la séance à 11 h 17
M. GRENIER: On demande aux intéressés de bien excuser les
retardataires car la Chambre siège simultanément avec le
comité. Alors il y en a qui sont encore appelés à demeurer
en Chambre pour quelques instants. Nous allons commencer dans quelques
minutes.
A l'ordre! Alors, M. Masse.
M. MASSE: Les intéressés étant présents,
nous pouvons maintenant commencer.
Avant l'ajournement, j'avais donc dit que nous devions situer le
problème en répondant à la première question qui a
été soulevée à travers ce conflit, au sujet de la
coordination du gouvernement et pourquoi le gouvernement paraissait à la
Régie des alcools.
Deux raisons incitent particulièrement le gouvernement à
inclure les négociations à la régie, dans le cadre de sa
politique salariale.
D'abord la loi de la régie, par l'article 94 qu'il est bon de
rappeler, se lit ainsi: « Les biens que possèdent la régie,
sont la propriété je m'excuse, mais c'est la loi de
la couronne. Mais le conseil,,.,, »
M. LESAGE: C'est très important. Vous savez que c'est la raison
fondamentale qui empêche le trafic entre provinces.
M. MASSE: Probablement oui.
Enfin c'est un problème de la couronne...
M. LESAGE: Ou qui est sensé l'empêcher.
M. MASSE: C'est le problème de la couronne. « Mais le
conseil d'administration est autorisé à utiliser ces revenus pour
le paiement de ses dépenses, y compris le traitement des membres, des
gérants, des greffiers et autres fonctionnaires et employés de la
régie. Les surplus de la régie qui sont disponibles de l'avis du
ministre des Finances doivent être versés au fonds
consolidé du revenu de la province. » Fin de cet article 94.
L'article 95: « La régie rend ses comptes au
ministère des Finances en la manière et aux époques qu'il
indique. Son administration financière est soumise à l'examen et
à la vérification des personnes désignées à
cette fin par le lieutenant-gouverneur en conseil. » Fin de l'article
95.
Donc, à partir de ces articles 94 et 95 de la loi de la
régie, l'on peut conclure tout d'abord que le gouvernement a un droit de
regard très strict sur les opérations, sur les dépenses et
sur les surplus de la régie; l'on peut conclure, en second lieu, que ces
surplus de la régie doivent être considérés comme
produits de taxes et non pas comme revenus dont pourrait disposer la
régie. Les surplus ayant été indiqués à
l'article 94 sont disponibles au ministère des Finances.
Le niveau des salaires à la Régie des alcools a donc une
influence directe sur les revenus nets de la régie et, par
conséquent, sur la contribution de la régie aux ressources du
gouvernement.
Je tenais à spécifier ces deux points, étant
donné qu'à plusieurs reprises il était venu dans les
conversations l'idée que la régie faisait de l'argent, beaucoup
plus d'argent que ce qu'il lui en coûtait, et pouvait aisément
elle-même rajuster ces traitements.
Le principe de coordination de ces négocia- tions dans le secteur
public et parapublic en général constitue la seconde raison qui
motive le gouvernement à appliquer à la régie les
principes de la politique salariale du gouvernement. Le statut de la
régie qui est celui de compagnie de la couronne en fait un organisme
parapublic dont les négociations avec ses employés peuvent
influencer directement les autres secteurs dans lesquels le gouvernement se
trouve financièrement intéressé. Puisque nous avons
établi qu'il était nécessaire d'avoir certains principes
pour négocier l'ensemble des tables de négociation, il faut que
ces principes s'appliquent et c'est ce que nous verrons à
la Régie des alcools au même titre que ces principes se sont
appliqués à d'autres tables de négociations.
Par conséquent une certaine coordination est nécessaire en
vue d'assurer que les termes des conventions collectives correspondent bien
à la politique d'ensemble du gouvernement dans ces matières. De
plus, il ne faut pas oublier que les employés qui se trouvent exclus des
syndicats de la régie parce que tous les employés ne sont
pas en grève à la Régie des alcools les autres
demeurent des fonctionnaires soumis à la loi de la Fonction publique en
vertu de deux arrêtés en conseil successifs datés du 17
mars 1965 au numéro 525 et du 23 mars de la même année, au
numéro 548.
Par les arrêtés en conseil 525 et 548, le personnel de la
Régie des alcools est régi par la convention collective
intervenue entre la régie et le syndicat des fonctionnaires provinciaux,
section Régie des alcools, le 17 janvier 1965; et celle intervenue entre
la régie et le syndicat des ouvriers, à la même date,
était soustraite de l'application de la loi du service civil à
compter de la signature des dites conventions. Ces arrêtés en
conseil ne s'appliquaient cependantpas à ceux exclus de la convention,
soit en vertu du code du travail, soit en vertu d'une entente intervenue entre
les parties...
Ce fait donne donc une responsabilité supplémentaire au
ministre délégué à ces négociations, en
particulier à celle de la régie. Par conséquent, les
offres que la régie a faites à ses employés au cours des
mois précédents, ont été, à notre avis,
strictement conformes aux principes de base de la politique salariale du
gouvernement.
L'application de ces principes se traduit dans le cas de la régie
par une offre de rémunération qui tient compte de l'offre qui a
été précédemment faite au syndicat des
fonctionnaires du Québec et acceptée par ce syndicat. A titre
d'exemple, voici des taux de rémunération de certaines fonctions
en relation avec la Fonction publique.
Dactylo. A la Fonction publique, pour la première période
de convention de travail c'est : minimum $2,932, maximum $3,932
A la RAQ, toujours pour la première période, l'offre de la
régie est: minimum, $3,178, maximum $3,994.
Pour la deuxième période, à la Fonction publique,
minimum $3,189, maximum $4,189.
A la RAQ, deuxième période du contrat, l'offre est:
minimum $3,439, maximum $4,271.
Pour les sténos, pour avoir des points de comparaison, Fonction
publique, première période: minimum $2,946, maximum $4,196.
RAQ, première période: minimum $3,394, maximum $4,316.
Fonction publique, deuxième période, secteur des
sténos: minimum $3,214, maximum $4,464.
RAQ, deuxième période, les sténos: minimum, $3,671,
maximum $4,617.
Pour les commis seniors dont il a été question à
plusieurs reprises. Il y a les commis seniors, les commis juniors et les commis
intermédiaires.
Les commis séniors, Fonction publique, première
période: minimum, $4,489, maximum, $5,589. RAQ, commis séniors,
première période, minimum: $4,584, maximum; $5,706.
Deuxième période, Fonction publique, commis séniors:
$4,867, maximum $5,967, RAQ, deuxième période, minimum: $4,958,
maximum $6,104.
Les commis juniors, à la Fonction publique minimum: $2,817,
maximum; $3,717; à la RAQ, première période: minimum
$3,394, maximum $3,994. Dans la deuxième période de la convention
à la Fonction publique: minimum: $3,062, maximum; $3,962. A la RAQ,
deuxième période: minimum: $3,671, maximum; $4,271.
Des commis intermédiaires, Fonction publique, première
période: minimum:$3,403, maximum; $4,903. A la RAQ, première
période; minimum; $3,609, maximum: $5,061. A la Fonction publique,
deuxième période; minimum; $3,714, maximum; $5,214. A la RAQ,
deuxième période; minimum; $3,902, maximum; $5,411.
Dans le secteur du personnel ouvrier, quelles seraient les comparaisons
entre la Fonction publique et la RAQ? Pour les manoeuvres: Fonction publique,
première période de la convention, en salaires horaires: $2.14,
deuxième période $2.29. Pour ces manoeuvres de la RAQ, en
salaires horaires pour la première période: $2.28,
deuxième période: $2.46. Les écarts sont issus des taux de
rémunération supérieure du début, des journaliers
de la régie.
Pour les menuisiers, première période de la convention,
toujours en salaires horaires pour les ouvriers. A la Fonction publique, les
menui- siers; $2.94, à la deuxième période; $3.14;
à la RAQ: $2.92 et deuxième période; $3.14.
Chez les électriciens, première période de la
convention, à la Fonction publique: $3.10 l'heure, deuxième
période: $3.31 l'heure, à la RAQ, première période:
$3.08 l'heure, deuxième période: $3.31 l'heure comme dans la
Fonction publique.
Quant aux commis de magasin, la comparaison exige un ensemble de
données techniques. Je ne les inclurai pas ici; mais, nous pouvons les
présenter au comité, s'il le souhaite. Dans ce cas, comme dans
ceux que f ai mentionnés pré-cédement, nous nous sommes
efforcés d'offrir aux employés de la régie au moins autant
que ce qu'ils auraient obtenu à l'emploi de la Fonction publique.
(Note de l'éditeur: En annexe, on verra ces explications
en tableau statistique.)
M. MASSE : Un des principes de la politique salariale, on s'en
souviendra, a trait à l'établissement d'écarts importants
de rémunération entre les employés non
spécialisés et les employés spécialisés. En
d'autres termes le gouvernement tient à maintenir des incitations
très importantes à la spécialisation et au
perfectionnement.
Ainsi dans le cas des fonctionnaires du Québec où il
existait déjà un écart très important de 52% entre
le niveau de rémunération du journalier et celui de l'emploi de
métier, cet écart a été maintenu tel quel. A la
Régie des alcools au contraire, à la suite de la
précédente négociation, l'écart de
rémunération entre le journalier et l'emploi de métier,
n'étant que de 21%, la régie propose de l'augmenter à 42%.
Ce qui amène la régie à offrir une échelle de
salaires nouvelle pour les ouvriers, dès la signature de la convention.
Exemple: les menuisiers auraient au départ une augmentation de 38%.
En somme, les offres de la régie faites aux employés, au
cours des mois précédents, ont été strictement
conformes aux principes de base de la politique salariale du gouvernement. L'on
peut se demander, dans ces conditions, comment il se fait que ces mêmes
principes aient été acceptés par un certain nombre
d'autres syndicats affiliés à la CSN et qu'ils aient
été refusés depuis quatre mois par les syndicats de la
RAQ, également affiliés à la CSN.
Je rappelle à ce sujet que, dans le cadre général
des négociations de cette année entre l'Etat et ses
employés des secteurs public et parapublic, les groupes suivants ont
déjà accepté les offres que le gouvernement leur a faites:
les 32,000 fonctionnaires et ouvriers affiliés à
la CSN, à l'emploi du gouvernement; les 2,000 agents de la paix
du gouvernement, affiliés à la CSN; les employés de la
raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, affiliés à la CSN; le
Syndicat des professeurs du Collège d'enseignement général
et professionnel de Sainte-Foy, groupant les 125 enseignants de ce
collège; le Syndicat professionnel des enseignants des collèges
classiques également affilié à la CSN; le Syndicat des
professeurs de l'Etat du Québec également affilié à
la CSN; les 70,000 enseignants des commissions scolaires, dont la demande a
été acceptée par les négociateurs patronaux enfin,
cette semaine, les 2,500 professionnels du gouvernement également
affiliés à la CSN.
Il semble donc que l'attitude des syndicats des employés de la
Régie des alcools soit dictée et cela a été
redit hier par le désir de défoncer là où le
coût est moindre, le cadre que constitue la politique salariale du
gouvernement, afin d'amener le gouvernement à céder dans quelques
secteurs à venir ou déjà réglés.
Nous avons déjà dit et répété qu'une
politique salariale réellement juste et efficace doit s'appliquer
à tous les employés du secteur public et parapublic sans qu'il
puisse y avoir des exceptions, et ce afin d'être juste aussi bien envers
le contribuables québécois qu'envers les employés qui sont
régis par ces conventions.
Céder en faveur de certains groupes et passer outre au cadre qui
a été fixé afin de répondre aux exigences de
certains constitueraient, à l'égard de ceux qui ont donné
leur accord à la politique salariale du gouvernement, une injustice qui
donnerait une prime à la grève pour ceux qui veulent parvenir
à leurs fins par une épreuve de force. Nous avons
déjà annoncé que nous entendions, dans l'avenir, proposer
aux centrales syndicales de définir les rythmes généraux
d'accroissement des traitements des secteurs public et parapublic au cours
d'une série de rencontres préliminaires. Un tel processus est,
à bien des égards, une innovation. Il implique, non seulement des
discussions salariales mais une discussion de l'organisation même du
budget de l'Etat puisqu'il y a un rapport direct entre les augmentations
consenties sur la masse salariale, qui représente plus de 50% du budget
général de l'Etat, et la capacité du gouvernement
d'innover ou d'inaugurer de nouveaux programmes de dépenses en tenant
compte également de la possibilité du contribuable
québécois d'avancer les fonds nécessaires à ces
nouveaux programmes et d'avancer les fonds nécessaires à
l'ensemble des traitements.
Il faut également tenir compte de la possibilité
économique du Québec d'être en concur- rence valable avec
l'ensemble du reste de l'Amérique du Nord.
Lorsqu'on joue dans un domaine qui touche plus de 50% d'un budget, on ne
peut reprocher à un gouvernement d'avoir établi ce qui aurait pu
être fait depuis longtemps, une politique salariale qu'on peut qualifier
de budgétaire, mais qu'on peut également qualifier de
nécessaire, compte tenu de la situation dans laquelle le Québec
se trouve.
Cependant, un tel système de consultation préalable ne
pourra intervenir que dans la période de préparation des
prochaines négociations de conventions collectives. A l'heure actuelle,
notre rôle est d'assurer la bonne administration de la chose publique,
conformément aux politiques que le gouvernement s'est données et
que nous avons élaborées en fonction des ressources dont le
Québec dispose.
M. le Président, nous sommes prêts à aller dans des
secteurs plus particuliers. Nous pouvons, avec votre accord, demander aux
responsables de la Régie des alcools de répondre à toutes
les questions concernant ce problème particulier des échelles,
des classifications à la Régie des alcools et nous pourrons
revenir dans l'énoncé de ce qui constitue des principes
généraux, lesquels relèvent de la Fonction publique.
Je pourrais demander à M. Fernand Pepin, le directeur des
relations industrielles à la Régie des alcools, de
répondre à toutes vos questions techniques, ou toutes vos
questions de grilles, ou de classification que vous pouvez avoir à
poser, compte tenu des informations que M. Parent vous a données et
également d'avoir des réponses qui ne sont pas uniquement des
principes.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Masse. M. Lesage.
M. LESAGE: M. le Président, avant d'entrer dans les
détails en posant des questions sur des points spécifiques, je
suggérerais que le député d'Outremont, M. Choquette, fasse
valoir notre point de vue sur l'ensemble de la situation.
Il ne s'agit pas de négocier, encore une fois, il s'agit de faire
valoir notre point de vue.
M. MASSE: Je suis parfaitement d'accord. M. LE PRESIDENT: M.
Choquette.
M. CHOQUETTE: En consentant à convoquer le Comité des
régies gouvernementales à caractère industriel et
commercial, le pre-
mier ministre énonçait le jeudi 24 octobre 1968 qu'il
s'agissait pour les députés de prendre connaissance de la
politique salariale du gouvernement. « tant au niveau des principes
qu'à celui des applications pratiques », et d'en mesurer d'une
façon objective les multiples implications sociales, financières
et économiques.
C'est on ne peut plus dans cet esprit que l'Opposition veut aborder la
question. C'est notre objectif que la lumière la plus complète
possible soit jetée sur les conceptions et les principes qui ont
été à la base des positions gouvernementales et de ses
organismes aux diverses tables de négociations où il a dû
négocier avec ses employés pour la détermination de leurs
conditions de travail, et en particulier, à la Régie des alcools
du Québec.
C'est notre intention d'examiner de très près l'emploi par
le gouvernement de l'instrument qu'il s'est donné et qu'il a
désigné lui-même sous le nom de politique salariale. C'est
enfin notre devoir de démontrer en quoi les positions gouvernementales,
tant sur le plan théorique que sur le plan pratique, ont
été la cause principale de la durée de la grève
à la Régie des alcools. Et comment l'inflexibilité de
l'attitude du gouvernement risque d'entraîner le désordre dans les
négociations qui ne sont pas encore conclues.
Premièrement, une politique salariale bien articulée doit
être assez souple pour permettre la négociation. Les
exposés des représentants du gouvernement devant notre
comité auront permis aux membres de cette Chambre et à l'opinion
publique d'être confirmés dans les vues qu'ils étaient en
droit d'avoir, par suite du comportement du gouvernement depuis plus d'un an,
à l'effet que le gouvernement n'avait pas une politique de
négociation mais bien plutôt une politique salariale qu'il voulait
à tout prix imposer à toutes et chacune des vingt tables de
négociations où il a été et sera obligé de
participer au cours des années 1968-1969.
En effet, ce besoin de cohérence dont faisait état M.
Masse, besoin qui se comprend fort bien de la part du gouvernement, a eu pour
résultat d'écarter dans l'esprit du gouvernement cette autre
nécessité, soit celle de la négociation.
La conséquence de cette vue parcellaire de la
réalité a été celle de négociateurs de
l'Etat à diverses tables de négociations se donnant une attitude
de rigidité absolue équivalente à un refus de la
négociation, à tel point qu'il est de commune renommée que
les négociateurs de l'Etat n'ont jamais, avant les actuelles
séances de ce comité, bougé des positions et des offres
patronales initiales.
Il a fallu quatre mois de grève à la Régie des
alcools du Québec pour que finalement le gouvernement se décide,
comme ultime solution, à convoquer le présent comité pour
mettre cartes sur table au sujet de sa politique dite salariale.
La rigidité absolue qui a donc été la marque de
commerce du gouvernement tout au cours de ces négociations a
été désignée sous le vocable de politique
salariale. Il convient donc immédiatement de dissiper
l'ambiguïté ou l'équivoque qu'a créée
l'attitude gouvernementale sur les responsabilités de l'Etat dans
l'état actuel des choses en matière de salaires et de conditions
de travail. S'il est parfaitement exact que l'Etat doit avoir une politique
salariale, il n'en reste pas moins que l'Etat se devait de négocier de
bonne foi une politique absolue et devant être maintenue
intégralement à toutes et chacune des tables de
négociations, sans même que les négociateurs aient mandat
pour en discuter et au surplus pour la modifier au fur et à mesure des
négociations. Voilà une politique qui ne tient pas compte de la
réalité.
Il est vrai que MM. Masse et Parizeau, dans leurs exposés devant
le comité, ont dit que la politique salariale n'était pas un
dogme, et que ce n'étaient que les offres finales qui importaient. Mais
quoi que nous disions, il ressort clairement de l'esprit du gouvernement
et j'en veux à preuve les affirmations de principe faites par le
ministre d'Etat, ce matin, au présent comité en abordant
la question des relations de travail dans le secteur public qu'il importe plus
au gouvernement de maintenir la cohérence parfaite de ses offres que de
signer des conventions collectives avec ses employés.
Malgré ses dénégations, le gouvernement s'est
enfermé dans un système qui ne tient pas compte de la
négociation: aspect qui est pourtant fondamental en matière de
relations de travail. Inutile d'insister sur l'application aux parties des
dispositions de l'article 41 du code du travail qui rendent impérative
la négociation de part et d'autre. Cette obligation légale ne
fait que correspondre à la réalité des choses dans le
monde des relations de travail au Québec, au Canada et en
Amérique du Nord. Notre système des relations de travail
reconnaît justement l'aspect humain, l'aspect du dialogue, l'aspect des
échanges entre employeurs et employés pour en arriver à la
conclusion d'un accord en matière de relations de travail.
Le fait que le gouvernement ait été légalement tenu
de négocier séparément à chaque table de
négociation en vue de la conclusion de
contrats collectifs particuliers ne saurait être une excuse qui
justifie son refus de négocier une fois qu'il a déterminé
le montant de son offre ou de ses offres à ses employés. Au
surplus, et quels que soient les impératifs de négocier
séparément et individuellement les diverses conventions avec
chacun des groupes dans le secteur public, rien n'interdisait au gouvernement
de convoquer les principales centrales, fédérations, syndicats,
etc, à la discussion de l'ensemble de ses propositions initiales avant
que les négociations ne débutent à chaque table de
négociations.
Au surplus, et au nom de cet impératif de la cohérence
interne entre les fonctions dans le secteur public, il aurait été
beaucoup plus sage de dépasser le stade de la table distincte de
négociations. Mais, ce besoin de cohérence interne est-il absolu?
Non, car les contrats ne sont pas arrivés à expiration en
même temps. Les catégories d'employés visés sont
fort diverses même si des fonctions similaires se retrouvent sous
diverses conventions collectives où l'Etat est intéressé.
En comparant ces offres salariales à des fonctions dans le secteur
privé ou dans le secteur public fédéral ou ailleurs, il
est sûr que la discussion peut être très longue et la
comparaison n'être pas nécessairement concluante quant à
déterminer le chiffre des offres gouvernementales.
En effet, si comme le disait M. Parizeau, les offres gouvernementales
pour chaque fonction résultent d'un arbitrage entre ce qui est
payé dans le secteur privé et le secteur public ailleurs, il est
certain que la variation est suffisamment grande entre les divers points de
référence et qu'il y a encore beaucoup de marge pour la
discussion; de telle sorte qu'il est complètement erroné de
conclure que les résultats obtenus par le moyen de la comparaison
s'imposent nécessairement d'eux-mêmes.
Le contraire, il me semble, est justement une vue de l'esprit
qu'entretiennent les principaux porte-parole du gouvernement. En somme, dans ce
domaine, il ne peut y avoir d'absolu. Et c'est à vouloir faire de sa
politique de négociations un absolu en la dénommant sous
l'appellation sacrée de politique salariale que le gouvernement
s'est enfermé dans une logique qui l'empêche de négocier
véritablement avec ses employés. Il est ainsi la cause de la
durée excessive de la grève à la Régie des
alcools.
Deuxièmement, la technique de négociation adoptée
par le gouvernement. En matière de négociations, nous connaissons
deux types de démarches: la négociation fermée,
c'est-à-dire la négociation qui commence par des positions
passablement éloignées et puis, au fur et à me- sure, le
rapprochement tend à s'opérer pour finalement être conclu
par un accord; et la négociation ouverte qui a lieu lorsqu'une partie ne
veut pas allonger inutilement le débat ou encore, lorsqu'elle
considère que sa position est de toute évidence bien
fondée et qu'elle peut donc se permettre de divulguer des le
début des négociations sa position définitive ou presque
définitive.
Mais, alors, dans ce dernier cas, il faut de toute évidence
au point de vue de la bonne foi des négociations que la
partie qui emploie cette stratégie de la négociation ouverte,
soit disposée dès ce moment à montrer les raisons qui
justifient sa position, afin de démontrer qu'elle n'a aucune
arrière-pensée et, surtout, aucune position ultérieure
à présenter.
Dans le cas des négociations poursuivies par l'Etat du
Québec avec ses employés, il nous faut conclure qu'il n'a
adopté ni l'une ni l'autre de ces méthodes de
négociations. Il a eu recours à une formule bâtarde entre
ces deux stratégies, en mettant sur la table des offres finales, mais
sans ouvrir son dossier, excepté après quatre mois de
grève à la Régie des alcools du Québec,
après avoir subi une perte d'environ $20 millions de revenus, par
défaut de ventes à la régie, et après avoir
imposé une dure grève à ses 2,800 employés.
C'est devant l'échec de sa méthode que l'Etat a maintenant
décidé d'ouvrir son jeu et d'adopter carrément la
méthode ouverte de la négociation. Dès le début ou
durant la grève de la Régie des alcools, chose certaine, le
gouvernement aurait dû expliquer les raisons de ses offres à ses
employés. Si le gouvernement désirait véritablement
pratiquer une politique salariale dans le secteur public, il ne pouvait se
contenter d'agir comme le pire des employeurs privés en s'abstenant de
communiquer la raison d'être de ses propositions à ses
employés et à l'opinion publique.
Le gouvernement a donc marié, intempestive ment et injustement,
deux techniques de négociations alors, que de toute évidence, il
aurait dû, dès le départ, adopter la technique ouverte de
la négociation.
Il a pratiqué le « bulwarism » dans toute la force du
terme. C'est-à-dire, déclarer en fait que ses offres
étaient sa première, sa deuxième, sa troisième, son
avant-dernière et sa dernière proposition et qu'il ne remuerait
pas de cette position: que c'était à prendre ou à laisser
et ceci, sans aucune explication.
Que devait-on attendre devant cette attitude hautaine et
cavalière de la part des autorités, sinon que le mouvement
syndical se rebiffe? C'est justement ce qui est arrivé au grand
dé-
triment des revenus de l'Etat et des grévistes. La tactique
employée par l'Etat s'est peut-être inspirée de la victoire
des Horaces sur les Curiaces, afin de permettre d'emporter des victoires
successives à chaque table de négociations,, Mais il est certain
qu'elle n'a pas favorisé un bon climat dans les relations de travail. En
fait, le gouvernement a donné le mauvais exemple dans un domaine
où il devait, sinon innover, du moins adopter l'éthique moyenne
des employeurs dans leurs relations de travail.
Qu'on ne vienne pas nous dire que les conventions signées avec
les fonctionnaires, les agents de la paix, et autres, justifient à
posteriori la méthode adoptée.
On sait que des facteurs autres ont joué dans chacun de ces cas
pour que des conventions collectives interviennent.
Le rattrapage. Au cours de son exposé, le ministre de la Fonction
publique a déclaré que le rattrapage était presque
complètement terminé dans le secteur public. Nous avons
trouvé, dans une autre partie de son discours, le démenti
catégorique à cette affirmation. En effet, le ministre d'Etat ne
disait-il pas, par ailleurs, qu'il reconnaissait encore l'existence
d'écarts allant jusqu'à 20% entre des fonctions similaires dans
le secteur public. On admettra que des écarts de 20% entre des fonctions
similaires sont énormes. On admettra également que l'existence
d'écarts allant jusqu'à 20% prouve de toute évidence que
la négociation est encore nécessaire dans le secteur public et
que l'ordre que le ministre aimerait voir régner dans son domaine est
encore loin d'être établi. Ceci est une autre preuve de la
nécessité de la négociation dans le secteur public. On ne
peut prétendre que l'ordre y règne au point de rendre la
négociation caduque et inutile.
Les augmentations prévues au cours des conventions. La politique
du gouvernement est d'accorder des augmentations de 7 1/2% par période
de 18 mois de convention d'une durée de trois années, soit des
augmentations de 5% par année. Cette offre, nous dit-on, est faite en
fonction de l'augmentation prévue des ressources fiscales de 8.5% par
année, en tenant pour acquis que toute nouvelle taxe irait au paiement
de programmes nouveaux. Or, si l'on réduit le taux prévu de
l'accroissement des ressources fiscales, lequel, suivant le gouvernement, doit
refléter l'augmentation de la productivité et l'augmentation du
coût de la vie jusqu'à concurrence de 3%, d'un pourcentage de 1.5%
représentant l'accroissement attribuable à la population, ceci
laisse un accroissement net des ressources fiscales prévues de 7% par
année, au cours des trois prochaines années, alors que les offres
gouvernementales ne sont que de 5% par année.
Par conséquent, même en se basant sur les critères
adoptés par le gouvernement, soit les augmentations annuelles de 5%
projetées aux employés du secteur public qui doivent
refléter l'augmentation de laproductivité en
général dans l'économie et un accroissement
prévisible de pas plus de 3% dans le coût de la vie, l'offre
gouvernementale n'est pas conforme à ses propres prévisions, ni
aux critères qui ont été proposés par le ministre
d'Etat. Il y a donc un écart entre les 5% et les 7%, soit environ 30% de
différence, de telle sorte que les employés du secteur public
éprouverait 30% de retard sur les employés du secteur
privé au point de vue des augmentations prévues au cours des
trois années à venir.
Sous un autre aspect, l'offre de 5% d'augmentation annuelle
représenterait une augmentation de 3% pour compenser les tendances
inflationnistes prévisibles de l'économie et 2% pour
l'augmentation de la productivité en général dans
l'économie.
Or, nous soumettons qu'un accroissement prévu de la
productivité de 2% de l'économie en général ne
reflète pas la situation réelle puisque sur la base des comptes
nationaux, la productivité réelle par habitant a augmenté
au Canada, en 1967, de 2.8% et devrait normalement être de cet ordre pour
les années 1968, 1969 et 1970.
Au surplus, malgré que la productivité dans le secteur
public soit très difficile à mesurer, tenant compte de ce que le
facteur prix n'y intervient guère ou pas et qu'il s'agit de service, il
n'en demeure pas moins vrai que laproductivité du secteur public peut
être mesurée par d'autres méthodes et peut être
augmentée.
En effet, personne dans la province de Québec ne met en doute la
possibilité pour l'Etat et les organismes du secteur public d'augmenter
leur productivité par de meilleures méthodes de gestion, des
innovations techniques et aussi obtenir un rendement accru de la part des
employés du secteur public. Mais les décisions visant à
l'augmentation de la productivité dans le secteur public sont du ressort
de l'Etat et des organismes publics de telle sorte qu'une action
énergique et efficace de la part des employeurs du secteur public est de
nature à accroître la productivité dans le secteur public
par beaucoup plus que les 2% prévus aux offres gouvernementales et
même beaucoup plus que l'augmentation réelle de 2.8% par
tête d'habitant prévisible pour l'économie en
général.
Qu'on ne vienne pas nous dire que les employés du secteur public
ont, par nature, une productivité inférieure au secteur
privé. Nous sommes d'avis que ce sont les autorités du secteur
public qui sont responsables de l'accroissement de la productivité. La
Régie des alcools du Québec, qu'on a comparée avec un net
désavantage à celle de l'Ontario, en est un exemple concret. Par
conséquent, la responsabilité première, pour
l'augmentation de la productivité dans le secteur public, repose
essentiellement sur le gouvernement et les organismes publics.
Nous sommes convaincus qu'ils sont capables d'augmenter la
productivité de beaucoup plus que les 2% prévus aux offres
gouvernementales. Il est reconnu que l'action syndicale est souvent une source
d'innovation et d'augmentation de la productivité par les
décisions qu'elle impose à l'employeur visant à s'adapter
aux exigences des conditions de travail et du revenu de ses
employés.
Ce facteur a complètement échappé au gouvernement.
La reconnaissance de ce facteur procède de la constatation que le monde
des relations de travail n'est pas complètement statique ou
mécaniste. Du moins, cette constatation prouve qu'il y a place à
la négociation, ce dont on n'a pas tenu compte au niveau
gouvernemental.
Suggestions pour l'avenir. On me permettra de faire valoir rapidement
quelques idées pour l'avenir dans le domaine des relations de travail
dans le secteur public. J'exprimais un certain nombre de ces idées dans
un discours que je prononçais à la Chambre le 13 février
1967. Je les résume donc:
Premièrement, le gouvernement et les principaux groupements
d'employés dans le secteur public devraient prévoir la
création d'institutions stables et permanentes, aux fins
d'étudier les conditions de travail dans le secteur public. Entre
autres, par l'institution d'un « Pay Research Bureau » qui serait
chargé d'études comparatives sur les emplois du secteur public et
du secteur privé.
Deuxièmement, des recherches et discussions conjointes devraient
être faites sous un aspect plus général sur l'état
des relations entre employeurs et employés dans le secteur public, bien
avant l'ouverture des négociations, afin que le débat, lors du
commencement des négociations, soit en quelque sorte circonscrit et que
les parties se soient entendues ou aient au moins essayé de s'entendre
sur les données de base et les principes devant être
acceptés pour en arriver à la conclusion de convention
collective.
Troisièmement, comme l'a suggéré mon
collègue, le député d'Ahunstic, la création d'un
con- seil de la Fonction publique s'impose dans l'état actuel des
choses. Maintenant, cet échange permanent dans le secteur public ne
règlerait pas, nous l'admettons, tous les problèmes de la
négociation mais aurait favorisé la création d'une
mentalité commune et laisserait présager un accord beaucoup plus
facile au moment des négociations proprement dites.
Au surplus, ces institutions qui peuvent être créées
sans intervention législative, pour certaines au moins, pour les deux
que j'ai énumé-rées plus haut, et qui s'imposent dans les
faits, ne supprimeraient pas la nécessité de la
négociation qui demeurera toujours un impératif tant dans le
secteur public que dans le secteur privé.
Car, comme nous le disions plus haut, la nature des relations de travail
au Québec, comme partout en Amérique du Nord, écarte toute
solution autoritaire et unilatérale à la conclusion de contrats
collectifs de travail.
Finalement, nous sommes d'avis que le futur ministère de la
Fonction publique devrait s'intituler comme tel mais en ajoutant « et de
la réforme administrative », car nous sommes d'avis que l'Etat
doit augmenter la productivité dans le secteur public.
Conclusion. Dans l'immédiat, nous souhaitons que le gouvernement
se décide à vraiment négocier sur les salaires comme il
s'est décidé à le faire, depuis quelques jours, dans
d'autres domaines de la convention collective de la Régie des alcools du
Québec, non pas que nous encourageons le gouvernement à dilapider
les fonds publics mais nous pensons qu'il faut qu'il reconnaisse la
réalité de la négociation et la nécessité de
s'y soumettre.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Choquette. M. Pepin a demandé la
parole.
M. PEPIN: M. le Président, est-ce qu'à ce moment-ci des
débats, vous pourriez permettre au négociateur, Jean-Paul
Lalancette, de faire une première intervention sur des choses techniques
touchées en bonne partie par le ministre délégué
à la Fonction publique.
Par la suite, il est possible, si vous êtes toujours d'accord, que
je réintervienne sur certains autres aspects de portée un peu
plus générale.
M. LE PRESIDENT: Quelle est la première partie de la
question?
M. PEPIN: La première partie est de permettre à Me
Lalancette d'intervenir sur les sujets techniques touchés par M. Masse
et qui vont englober, bien sûr, certains autres détails que M.
Lalancette aimerait donner au comité.
M. LE PRESIDENT: Très bien, Me Lalancette.
M. LALANCETTE: M. le Président, la première question est
la suivante. Je comprends ce que M. Masse a donné tout à l'heure
du côté des bureaux. Il s'agissait de certains points de
repère. D'après moi, ce sont certains points de repère
pour faire des comparaisons au niveau des é-chelles. Ma question est la
suivante: A quel moment, au cours des négociations, la Régie des
alcools a-t-elle soumis ces points de repère et accepté de les
discuter? Je comprends qu'on a pris un certain nombre de points de
repère. Deuxième question: A quel moment, également,
a-t-on accepté, du côté de la Régie des alcools, de
discuter de nous, de nos points de repère, même du
côté des bureaux, parce que nous a-vions fait des calculs sur 26
points de repère dans les bureaux? A quel moment, évidemment,
nous a-t-on demandé de justifier... Je me rappelle qu'on en a
discuté au niveau du maximum des é-chelles dans les bureaux,
parce que 80% environ de nos employés à la régie sont au
maximum des échelles. A quel moment la régie a-t-elle
accepté de discuter la prétention que nous avions à
l'effet que, globalement, en partant des maximums des échelles, les
employés de la Régie des alcools étaient payés 8.8%
et même 9% de moins que les employés de bureau de la Fonction
publique? Deuxièmement, à quel moment c'est une autre
question, si vous le voulez la Régie des alcools, au cours des
huit mois de négociations où j'ai été avec la
régie, a-t-elle accepté de discuter de sa comparaison technique
des commis de magasin avec les points de repère de la Fonction publique?
A quelle date? Je voudrais le savoir.
La dernière question est la suivante: Combien d'employés
à la Régie des alcools sont-ils menuisiers? Combien
d'employés de la Régie des alcools sont-ils actuellement
parce que les augmentations ne sont pas encore données au taux de
manoeuvre? Ce sont les questions que j'ai à poser.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Lalancette. Est-ce que M. Masse ou M. Fernand
Pépin pourrait répondre?
M. F. PEPIN: M. le Président, je vais essayer de répondre
aux quatre points présentés par Me Lalancette. A quel moment, au
cours des négociations de la Régie des alcools, a-t-on
accepté de discuter des points de repère?
Lorsque nous avons commencé à discuter de chiffres, nous
avons tout de suite frappé un différend qui a porté sur la
base des comparaisons.
Je peux fixer ici même le moment, c'est le 15 ou le 16 juin. La
partie syndicale basait ses informations sur l'industrie manufacturière,
les brasseries, les distilleries, l'Hydro-Québec, la ville de
Montréal, la Commission des transports de Montréal. J'en oublie
peut-être un peu. A ce moment-là, nous les avons discutés
en disant: La Régie des alcools, selon la loi, n'est pas une industrie
manufacturière, ni un service, ni une municipalité, mais, selon
la loi, un commerce.
Ce n'était pas une question d'opinion, c'était une
question de fait. C'est pourquoi, au départ, il y avait
différend.
Deuxièmement, quand avons-nous discuté les points de
repère concernant les employés de bureau? Je crois que ma
réponse au premier point couvre, en principe, le deuxième
point.
Le troisième point: Les commis de magasin en comparaison avec la
Fonction publique. Disons que, pour bien situer le problème, les commis
de magasin dans la province de Québec, il n'y en a qu'à la
Régie des alcools il n'en a pas dans la Fonction publique
mais on peut se référer à d'autres catégories dans
la Fonction publique qui sont les commis de bureau et les agents de bureau. Les
employés qui étaient, auparavant, au même niveau, niveau
comparable des anciennes classifications de la Fonction publique et ici,
je n'ose pas trop m'avancer parce que cela a été fait avant moi
dans la nouvelle organisation, les nouvelles classifications, les
nouveaux règlements de classification, les employés qui
étaient compris dans l'ancien grade 10 ont été
distribués dans d'autres grades, dans de nouveaux règlements de
classification qui ont perdu le titre de grades et qui comprennent des
définitions, des contenus absolument différents. La comparaison
demeure extrêmement difficile, elle doit référer au contenu
ancien et au contenu nouveau avec aussi parenthèse sur les
échelles de salaires les anciennes échelles, base et
maximum; les nouvelles échelles base et maximum. C'est ce à
quoile ministre Masse référait tout à l'heure dans son
texte.
Le quatrième point: Combien y a-t-il de menuisiers à la
Régie des alcools? Le nombre exact, je pourrais vous le donner,
d'après mes chiffres...
M. LALANCETTE: C'est 20 menuisiers»
M. PEPIN (Fernand): ... c'est 20. Merci!
Le deuxième point est: Combien de manoeuvres? Il faut bien
s'entendre ici que, lorsque nous donnons un nombre d'employés dans une
entreprise, il faut situer ce nombre à une date donnée. Si je dis
qu'il y a 200 employés dans une entre-
prise le 1er janvier, il faut tenir pour acquis que si l'on parle du 5
janvier, il se peut que ce ne soit plus 200 employés.
Le nombre de manoeuvres à la Régie des alcools, au 31
décembre 1967, était d'environ 590. La raison est qu'au mois
d'octobre, en prévis ion des Fêtes, les entrepôts
parce que les manoeuvres sont exclusivement dans les entrepôts
remplissent les magasins à leur pleine capacité.
C'est-à-dire qu'à ce moment-là, à la Régie
des alcools, nous avons quelque chose comme une centaine d'employés
temporaires de surplus pour un surplus temporaire de travail» Si on
reprend la même question au 22 juin 1968, alors que les conditions, les
exigences du commerce, de l'entreprise sont différentes, nous avons un
total de 495 manoeuvres.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Pépin. M. Masse.
M. MASSE: Je pense que M. Marcel Pepin désire prendre la
parole.
M. LE PRESIDENT: Alors, M. Marcel Pepin.
M. MARCEL PEPIN: Merci, M. le Président. Je voudrais faire une
première remarque à la suite des chiffres fournis par M. Fernand
Pépin. Je pense que les membres du comité vont comprendre ce
point.
Lorsque vous appliquez un patron d'une négociation exactement
à une autre négociation alors que la composition de la
main-d'oeuvre est différente, vous pouvez vous attendre raisonnablement
à des résultats différents.
Si, par exemple je vais prendre une illustration extreme pour
essayer de me faire comprendre - vous négociez pour un groupe
d'employés qui sont tous, disons, des menuisiers ou des
électriciens où dont la très grande majorité est
ainsi, et que vous leur donnez disons $3 l'heure comme taux horaire... Si vous
prenez ce patron-là, si vous l'importez dans une autre
négociation, à une autre table de négociations, en disant:
Là, cependant, on va donner le même taux pour les menuisiers, mais
il n'y en a qu'une partie de la force, une partie plutôt minime, on peut
facilement conclure que les gens n'accepteront pas des choses identiques. C'est
vrai pour cette catégorie. Mais, regardez la composition de la
main-d'oeuvre, telle qu'elle vient de nous être fournie par M. Pepin. Je
ne pense pas qu'il faille nécessairement avoir des accusations ou des
choses un peu plus malveillantes à l'idée pour comprendre le
phénomène qui s'est produit à la Régie des alcools
et celui qui se produit présentement.
De plus et je fais une deuxième remarque là-dessus
- lorsque vous négociez un contrat de travail - et je pense que tous ici
vous avez déjà négocié, sinon des contrats de
travail, du moins, d'autres genres de contrats vous savez que vous devez
en peser les avantages au complet. On ne peut pas détacher les clauses
les unes des autres et je crois que tout le monde est bien d'accord sur ce
point.
Si vous prenez un groupe qui part de $1.55 l'heure, comme c'est le cas
pour les ouvriers du gouvernement provincial, que vous leur offrez une
augmentation qui les porte à $2.29 l'heure et que vous leur attachez
d'autres bénéfices, à ce moment-là, vous
comprendrez que c'est plus facile pour ce groupe de répondre dans un
sens qu'un autre groupe à qui vous offrez de passer de $2.12 à
$2.46. Les pourcentages sont évidemment fort différents.
Je crois que, pour bien comprendre la situation à la Régie
des alcools, il ne faut pas oublier d'avoir en tête ces principales
données du problème.
Je voudrais aussi faire une autre observation; celle-là elle est
plutôt sur le plan juridique, M. le Président. On nous a fait
valoir qu'il y avait d'abord la Loi de la Régie des alcools. Le ministre
délégué à la Fonction publique nous a
référé à deux articles principaux ou à ce
qu'il a considéré comme étant les articles principaux. Il
y a donc une loi qui s'appelle la Loi créant la Régie des
alcools. Il y a aussi une autre loi qui s'appelle le code du travail.
Le code du travail, en 1965, si ma mémoire est bonne; cela peut
être en 1964, a décidé - ce sont les parlementaires qui ont
pris cette décision, pas nous de sortir de la Fonction publique
les employés syndicables de la Régie des alcools. D'ailleurs, le
ministre délégué à la Fonction publique l'a
mentionné précédemment. Qu'a fait le Parlement lorsqu'il a
décidé de prendre une telle position? Il a dit aux
employés de la Régie des alcools: Vous n'êtes plus des
employés qui avez les mêmes droits que les employés directs
du gouvernement. Il a fait en sorte que les premiers, ceux de la Régie
des alcools, soient sortis de ce qu'on appelle communément la fonction
publique.
Cela a des implications. Lorsque M. Fernand Pepin dit: C'est un fait que
l'on ne peut pas se comparer à l'industrie manufacturière, je
regarde les dispositions législatives et je me dis: On les a
envoyés au même titre, au même niveau que tous les autres
employés qui sont soumis au code du travail.
Peut-être me direz-vous: Ce n'est pas important, d'autres affaires
sont plus importantes? Mais, je vous prierai de noter, vous, les parle-
mentaires, que lorsque vous avez posé ce geste-là, pour
les employés, cela avait une conséquence. Ils se disaient: Nous
ne sommes plus dans la fonction publique ordinaire.
Nous sommes plutôt considérés comme des
employés d'une entreprise donnée et nous les mettons exactement
sur la même base que les autres employés des autres entreprises
qui sont soumis au code du travail. Pour une fois, l'importance de ce
débat, je ne veuxpas le soulever pour qu'il soit uniquement
académique les deux lois, la loi des régies, ou la Loi
créant la Régie des alcools, et le code du travail peuvent,
à mon avis, se marier très bien. Il n'y a pas de problème
quand le ministre délégué à la Fonction publique
dit: Nous sommes aux prises avec la Loi créant la Régie des
alcools. Moi, je lui dis; Vous êtes aux prises aussi avec le code du
travail. Je pense bien que ce n'est pas tellement contradictoire.
Mais il ne faut pas oublier, tout de même, que les employés
de la Régie des alcools sont des employés assujettis au code du
travail, alors que les employés du gouvernement sont des employés
assujettis à une autre loi qui s'appelait dans le temps le bill 55, si
ma mémoire est bonne. Et le bill 55 donnait des particularités
et, quant au reste, quant aux sujets qui ne sont pas inclus dans le bill 55,
les autres articles du code du travail s'appliquent à eux.
Il me semble, M. le Président, qu'il est important que cette
distinction soit reconnue et soit mise devant les membres du comité
pour, quand on raisonne le problème, ne pas oublier que les
employés de la Régie des alcools ne sont pas des employés
par rapport aux lois de cette province adoptées par l'Assemblée
législative je pense même, unanimement ne sont pas
des employés régis au même titre que des employés de
la fonction publique. Est-ce que ceci doit se traduire par des changements au
niveau de la négociation collective? Juridiquement, tout le monde le
sait, celle qui négocie avec les syndicats en cause, c'est la
régie gouvernementale, ce n'est pas le gouvernement, c'est la
régie comme l'Hydro-Québec qui négocie juridiquement avec
ses employés.
Légalement, me direz-vous, cela ne peut pas avoir de
conséquences. Moi, je pense que cela en a certainement, mais je voudrais
aussi souligner aux membres du comité que les conséquences
existent. En tout cas, si cela n'existe pas pour le gouvernement, cela existe
bien sûr pour les employés de la Régie des alcools qui se
sont fait dire par une loi: Vous n'êtes plus soumis à la Fonction
publique. Et puis, quand ils viennent pour négocier devant le
comité parlementaire, on les traite exactement com- me s'ils
étaient soumis à la Fonction publique. Je vous prierai donc de
faire attention à ce point, qui, quant à moi, revêt une
certaine importance parce que les employés peuvent facilement avoir
l'impression ils ont demandé eux-mêmes d'être
soustraits à l'application de la loi générale de la
Fonction publique. Ils ont fait des démarches, des pressions, tout le
monde doit s'en souvenir. Moi, en tout cas, je m'en souviens, parce que
j'étais un de ceux qui faisaient cette réclamation-là. Et
quand, on leur a dit: Vous l'avez, et que maintenant on leur dit: Vous ne
l'avez pas, je pense qu'il y a entre les deux quelque chose que l'on peut
voir.
Maintenant, avant de passer à d'autres choses, M. le
Président, j'aimerais poser une première question à
l'honorable ministre délégué à la Fonction
publique. C'est une question, je pense, à laquelle il pourra
répondre lui-même, parce qu'elle n'est pas très très
technique.
Les critères n'étant pas négociables, j'ai compris,
depuis une semaine ici que les critères de détermination de la
politique salariale, d'après ce que f ai compris de M. Masse, ne sont
pas négociables. Ils sont établis, ils sont là. Je
voudrais savoir de M. Masse si l'application de ces critères, la
manière de les passer, de les traduire en actes, en résultats,
s'il considère que, au moins, l'application des critères, c'est
quelque chose qui peut être négocié entre les parties
intéressées, donc la régie gouvernementale et les deux
syndicats impliqués. C'estla première question que je voudrais
poser.
M. LE PRESIDENT: M. Masse.
M. MASSE: Si vous le permettez, M. le Président, je vais essayer
de résumer notre position face à l'intervention du
député d'Outremont et du président de la CSN.
Les deux interventions se rejoignent par un hasard autour de certains
thèmes.
M. CHOQUETTE: C'est un hasard qui a du bon sens.
M. MASSE: Le hasard, c'est le fouillis de toutes sortes de conjonctures.
Les deux interventions, bien que les questions aient été
différentes, tournent autour de la question de l'inflexibilité de
la politique salariale.
Nous avons très bien déclaré, vous l'avez
noté, M. le député d'Outremont, que nous ne
considérions pas cette politique salariale comme étant un dogme,
mais, au contraire, comme étant un certain nombre de principes
budgétaires d'un gouvernement qui considère que 50% de son budget
doivent être régis par un certain
nombre de principes. Autrement, vous seriez les mêmes à
nous accuser d'anarchie, à nous accuser de ne pas avoir de politique.
Nous ne croyons pas devoir accuser les autres de ne pas en avoir eue. Au
contraire, nous nous en sommes donné une politique.
Maintenant, les cadres généraux de cette politique ont
toujours donné lieu à des discussions, à des
négociations à chacune des tables de négociations.
L'application de cette politique, de ces principes, est négociable.
Mais, nécessairement, on en arrive à atteindre quand mime
certaines normes, certains maxima possibles. Cette souplesse de l'application,
nous en avons tenu compte dans l'ensemble des tables de négociations
auxquelles nous avons participé jusqu'à maintenant. La preuve que
cette souplesse, à l'intérieur de ces principes, a
été reconnue, c'est qu'il faut quand même toujours admettre
qu'il y a eu conclusion de conventions collectives dans la majorité des
secteurs non pas au point de vue du nombre de syndiqués, mais au point
de vue des syndicats distincts.
Ce qui veut dire que nulle part cette politique budgétaire ou
cette politique salariale n'a été imposée mais que,
partout, elle a été acceptée par les négociateurs,
par les syndicats, à l'intérieur des négociations,
à l'intérieur des règlements et des lois qui, pour
l'instant, régissent ces négociations.
Nous ne pouvons accepter de nous faire accuser d'inflexibilité
lorsque les résultats calculables sont, au contraire, le fruit
d'ajustements, le fruit de flexibilité, mais à l'intérieur
de normes qui nous font repousser l'anarchie de la situation que nous avions
connue au départ. C'est cette tentative de justice que nous accordons
à chacun des individus qui oeuvrent dans les secteurs de l'Etat,
directement, ou dans les secteurs parapublics, donc indirectement,, Nous
n'avons jamais refusé de négocier. La preuve, c'est que nous
avons conclu des négociations. Si nous avions refusé de
négocier, il n'y aurait aucune convention de conclue. Nous aurions
été dénoncés, à maintes reprises, par
l'ensemble des syndicats avec lesquels nous négocions. Qu'il y ait des
points de divergence, qu'il y ait des points d'accrochage, qu'à certains
moments donnés, l'humeur des négociateurs fait que les
communiqués de presse sont virulents, cela n'est peut-être pas
raisonnable, mais c'est un fait auquel nous nous devons de nous rendre.
Le code du travail a été observé dans toute la
mesure, et les clauses normatives ont été discutées, ont
été négociées, ont été
acceptées, même à la RAQ, et, en partie, même
à la RAQ, certaines clauses salariales. Par contre, ce n'est pas parce
que le gouvernement s'est équipé d'une structure de
négociations, par contre, ce n'est pas parce que le gouvernement a
coordonné ses négociations, qu'on doit accuser ce même
gouvernement qui a voulu moderniser ces structures de négociations, afin
d'éviter l'anarchie que nous avions connue je ne dirais pas le
nombre d'années mais dans beaucoup d'années
précédentes, qu'il va falloir accuser ce même gouvernement
d'être dirigé par un technocrate, d'être dirigé par
un ministre qui est beaucoup plus technocrate que politicien, ne tenant pas
compte de certaines situations anarchiques ou autrement.
Je crois que le travail que nous avons abordé depuis quelques
mois est peut-être un travail marqué au point de la technocratie,
mais c'est quand même un travail qui était nécessaire dans
l'évolution des relations de travail entre l'Etat et ses 250,000
syndiqués.
S'il faut inclure dans notre ministère ou dans notre secteur de
la Fonction publique, une part plus grande de technocratie, c'est un devoir que
le gouvernement s'est imposé et si ce devoir, il se doit de l'imposer
dans d'autres secteurs, dans d'autres ministères, il prendra ses
responsabilités et il le fera.
La différence entre la technocratie et la politique, ce n'est pas
la différence entre l'ordre et l'anarchie, mais c'est au contraire la
différence entre la justice et trop souvent la démagogie qui
aboutit à l'injustice.
Le type de négociations que nous avons faites a, depuis le
début, respecté les lois et les règlements. Tant et aussi
longtemps que dans l'intérêt du Québec, il nous sera
possible de le faire, vous pouvez être certains que nous nous battrons
pour respecter ce que le Parlement nous a donné comme instruments de
travail. Mais si, à un moment donné, l'intérêt
même de la collectivité veut que le Parlement change ses lois et
ses structures, il devra le faire, parce que son but premier est de faire en
sorte que l'ordre règne dans le Québec afin d'assurer aux
Québécois un minimum de vie raisonnable au point de vue des
citoyens. Ce n'est pas uniquement un minimum de traitements, c'est
également un minimum de repos mental.
Egalement, le climat dans lequel ces négociations se sont
déroulées jusqu'à maintenant a été un des
climats les plus sains que nous ayons connus dans un domaine de
négociations qui touchent autant de syndicats et autant de
syndiqués. Si vous tenez compte que, lors de la dernière ronde de
négociations, le Québec avait connu, dans le secteur public, une
grève dans les hôpitaux, un ensemble de grèves dans le
secteur des enseignants des écolesdes commissions scolaires,
une grève très dure et très difficile dans le
secteur des enseignants à l'emploi des écoles de l'Etat, si vous
tenez compte d'une grève très dure également et
très longue dans le secteur des professionnels à l'emploi de
l'Etat, d'un ensemble de grèves dans le secteur de l'Hydro-Québec
et d'une grève également à la RAQ, je crois qu'on peut
difficilement comparer ces deux climats de négociation et nous faire
actuellement porter l'odieux de négocier dans un mauvais climat.
Au contraire, je crois que le gouvernement, par l'action de se donner
une politique coordonnée, par l'action de se donner une structure de
négociation et par l'action de regrouper le plus d'hommes et de cerveaux
dans ce domaine, a fait tout ce qu'il pouvait faire. Il a même fait la
preuve que le climat a drôlement changé.
Certes, M. le député, vous avez mentionné qu'il
restait encore des écarts de 20% dans certains domaines entre les
grilles. Il faut tenir compte que nous sommes partis, au mois de janvier, avec
des écarts qui étaient de l'ordre de 200% à 300%. Nous
avons réduit ces écarts à 20% en tenant compte de
certaines situtations qui nous semblaient très particulières. Il
ne faudrait pas, cette fois-ci, nous demander d'être inflexibles et de
niveler partout, alors que le plaidoyer que vous avez soutenu était
marqué au coin de l'inflexibilité du gouvernement.
Peu de gouvernements en Amérique du Nord et même en Europe
sont allés aussi loin que le gouvernement québécois, que
les gouvernements québécois, dans la reconnaissance du droit au
syndicalisme pour les employés du secteur public. Peu de gouvernements
en Amérique du Nord et en Europe sont allés aussi loin dans la
conclusion de conventions collectives assurant des droits de consultation et
des droits de participation. Peu de gouvernements ont osé travailler en
commun avec les ouvriers qui oeuvrent pour l'Etat. Je peux vous assurer que
nous ne craindrons pas de continuer à innover dans ce domaine, dans ce
domaine de consultation et de participation, soit par des lois, soit par des
conventions collectives.
J'aimerais également revenir sur un point qu'il ne m'a pas
été possible de mentionner dans l'exposé
général. Je l'avais noté, j'allais y revenir M.
Fernand Pepin en a parlé et je tiens à le poser dans un
contexte. Dans mon exposé général, vous avez
remarqué que je n'ai fait aucune référence
particulière au problème des commis de magasin, du fait que toute
référence à ces employés impliquait un
problème technique de comparaison de fonctions.
On a tendance à comparer, dans la fonction publique, le
commis-vendeur à l'agent de bureau.
Il est cependant nécessaire de préciser les exigences et
les devoirs de chacune de ces fonctions,,
Pour l'agent de bureau, classe Il de la Fonction publique, par exemple,
on exige une 11e année et deux ans d'expérience dans un travail
de bureau. La fonction en elle-même est suffisamment complexe, du fait
qu'elle sert de classe d'embauche pour nos futurs agents, classe I et agents,
classe principale.
Par contre, à la régie, pour être commis-vendeur,
les exigences sont une neuvième année et une certaine
habileté à compter. De plus, la fonction, en tant que telle, est
routinière, jusqu'à un certain point, étant donné
que le commis-vendeur répond strictement à une demande de client
limitée à un secteur particulier, celui des alcools.
Si, par hasard, nous prenons la classe la plus basse des commis de
bureau de la fonction publique où l'exigence de base est tout de
même une dixième année, nous pouvons probablement conclure
que le commis-vendeur se situe à la RAQ entre ces deux fonctions.
Il est connu que le commis de bureau et l'agent de bureau ont à
la fonction publique une semaine de 32 heures. Il est bon de se rappeler que le
grade dix de l'ancienne classification à la fonction publique avait
été accordé aux commis-vendeurs pour compenser, par une
semaine de travail plus longue, bien que les exigences d'entrée
étaient moins fortes.
Il est bon de vous donner, en terminant, les traitements qui ont
été acceptés à la fonction publique pour les deux
occupations mentionnées, et le traitement offert pour les
commis-vendeurs, à la régie, au cours des
négociations.
Je répète le tableau, pour, encore première
période, etc. Première période, minimum, commis de bureau,
$2,817; agent de bureau, classe H, $3,403, et commis-vendeur à la RAQ,
avec des exigences d'entrée moins fortes, quand même situé
entre les niveaux: $3,831.
Dans le maximum, $3,717 pour le commisde bureau; $4,903 pour l'agent de
bureau et $4,631 pour le commis-vendeur à la RAQ.
Pour la deuxième période: minimum, commis de bureau
$3,063; agent de bureau, minimum, $3,714; RAQ, minimum, $4,148.
Maximum: commis de bureau, $3,961; agent de bureau, $5,214;
commis-vendeur, $4,948. On a donc tenté d'entrer, en fin de convention,
le niveau de commis-vendeur entre le niveau d'agent de bureau, exigence,
onzième année, et le niveau de commis de bureau, exigence,
dixième année.
II faut également tenir compte que l'offre de 40 heures de
travail augmente de 6% le revenu a la maison, le « take-home-pay »,
de ce type de commis-vendeur.
Pour ce qui est également de la flexibilité des
négociateurs de la régie, tous se souviendront qu'hier, M.
Parent, secrétaire général de la CSN, disait que la
majorité des clauses du conflit de la Régie des alcools du
Québec étaient réglées, comme, d'ailleurs, nous
avions prétendu qu'il était possible d'en régler, jeudi
dernier, à la fin du comité, que la majorité des clauses
étaient donc réglées, sauf celle portant sur la
sécurité d'emploi et celle sur les salaires, qui selon son dire,
représentaient les deux noeuds gordiens»
Or, pour prouver de nouveau sa bonne foi, et surtout sa
flexibilité, la régie, même si, depuis le dernier contrat
de travail, elle n'a pas mis à pied d'employés réguliers,
a accepté de préciser dans le nouveau contrat de travail, que
tous les fonctionnaires considérés comme permanents, ne
pourraient être mis à pied pour manque de travail et demeureraient
définitivement à l'emploi de la régie.
De plus, dans le cas des employés qui ont obtenu le statut
d'employés réguliers, au 31 octobre 1967, la régie s'est
engagée, en cas de manque de travail, à garder quand même
ces employés à son emploi jusqu'à ce qu'elle puisse leur
trouver un autre poste à la Fonction publique ou parapublique du
Québec.
Non seulement s'est-elle engagée à trouver un emploi
à ce personnel, mais elle a également accepté de payer les
frais de déménagement si ses employés étaient
transférés dans d'autres centres. C'est donc là, à
mon avis, une concession de première importance, qui ne sera pas sans
occasionner des déboursés supplémentaires, mais que la
régie a accepté afin de permettre aux deux parties de se
rapprocher davantage. La régie venait donc, à elle seule, de
régler en entier la sécurité d'emploi, qui
représentait pour le syndicat un des deux noeuds gordiens. Restait donc
le second noeud, celui des salaires.
On se souviendra que la régie avait offert comme augmentation
moyenne, des échelles de traitement, soit 7.1/8% pour 18 mois. 7.1/2%
pour 18 mois, enfin, ainsi qu'un montant forfaitaire de $135 tenant lieu de
rétroactivité pour des mois précédents. Le syndicat
avait alors répondu que ce n'était pas $135 qu'il désirait
comme forfaitaire, mais bien $500. Evidemment, l'écart était
énorme. Toutefois, dans le but d'en venir le plus tôt à une
entente, la régie prouvait de nouveau sa flexibilité en
augmentant et augmentait le montant forfaitaire à plus du double, soit
$275. Réponse du syndicat, $500. On se rend à une offre finale de
la RAQ, $300, réponse du syndicat: $500. Je pose la question, où
est l'inflexibilité?
M. PEPIN: Ce n'est pas vrai.
M. MASSE: Les négociateurs de la régie avaient
indiqué de plus que, quant aux taux de salaires, certains ajustements
restaient possibles. Au cours de la même période de 24 heures
où la régie venait de faire des concessions dont je viens de
parler, elle acceptait en outre certaines modifications des taux applicables
à certains emplois féminins et ouvrait une nouvelle classe
d'ouvriers de production, permettant d'augmenter le salaire de certains de ses
employés.
En somme, le premier noeud gordien de M. Parent est tranché. Le
second semble demeurer, mais nous considérons que la régie a fait
plus que sa part pour le dénouer. On aurait souhaité que le
syndicat en fasse autant et, je répète ma question: De quel
côté y-a-t-il manque de flexibilité?
Maintenant, M. le Président, les offres du gouvernement
représentent pour les magasins et les bureaux de la régie, une
augmentation moyenne des taux de l'ordre de 15.5625% pendant la durée de
la convention. Les demandes syndicales les plus récentes sont de l'ordre
de 27%. Admettons que le gouvernement, malgré l'ensemble de la
flexibilité qu'il a montrée depuis quelques jours, compte tenu
des noeuds gordiens qu'on nous avait présentés, admettons que le
gouvernement accepte la contre-proposition syndicale, admettons que le
même ordre d'augmentation, et c'est ça, le principe de justice que
nous cherchons depuis le mois de janvier, et il faudra le faire, soit
étendu à tout le secteur public et parapublic. Or, il ne faut pas
oublier qu'un écart de la politique salariale du gouvernement
provoquerait une réaction dans les secteurs publics et parapublics qui
ont accepté ces offres jusqu'à maintenant, de même que dans
les secteurs actuellement en négociations, c'est évident.
Le coût total de cette acceptation - et la population doit en
être informée, parce que c'est elle, finalement, qui paye la note,
ce n'est pas le conseil d'administration de la régie compte tenu
que l'ensemble des profits sont versés au fonds général du
Québec, le coût total de cette acceptation, dis-je, se situerait
entre $130,000,000 et $140,000,000 par année, lorsque toutes les
augmentations seraient en vigueur. Une somme pareille permettrait, par exemple,
de financer en même temps tous les
programmes suivants: établissement de la gratuité scolaire
dans les universités.
M. LAPORTE: M. le Président, je demanderais au ministre combien
cela représenterait pour la RAQ?
M. MASSE: Si vous aviez été présent tout à
l'heure, je m'excuse, je vous l'aurais dit.
M. LAPORTE: J'étais en Chambre.
M. MASSE: Je ne veux pas vous accuser de ça, M. Laporte, mais on
l'a dit tout à l'heure. On pourra y revenir si vous voulez, mais tout
ça a été expliqué depuis une heure. Donc, ce
montant...
M. LAPORTE: Est-ce que je peux savoir combien?
M. MASSE: De 15% à 27%.
M. LAPORTE: En millions?
M. MASSE: En millions à la RAQ?
M. LAPORTE: Quel est le montant de l'augmentation, si vous appliquez les
demandes à la RAQ?
M. MASSE: Trois quarts de million. Donc... Enfin, au moins trois quarts
de million, on dit plus que ça.
M. LAPORTE: On est loin de...
M. MASSE: Compte tenu de toute l'argumentation qui a été
faite jusqu'à maintenant au comité, il serait nécessaire
de réajuster les conventions signées et de demander les
mêmes choses dans les conventions non signées, c'est
évident! C'est une évidence certaine,...
M. LAPORTE: D'accord!
M. MASSE: Or, ces $130 millions à $140 millions permettraient
à l'Etat ou au public de financer en même temps les programmes
suivants; établissement de la gratuité scolaire dans les
universités; construction de 10 écoles polyvalentes par
année.
M. CHOQUETTE: C'est de ladémagogie!
M. MASSE: ... augmentation de 50% du régime provincial
d'allocations familiales et en même temps, au moins, la construction d'un
hôpital d'envergure. Si, par contre, la même somme de $130 millions
à $140 millions devait être obtenue par une augmentation
d'impôt, il faudrait hausser de 8% à 10% la taxe de vente ou bien
augmenter l'impôt provincial sur le revenu des particuliers de 20%. En
somme, si le gouvernement disposait de la somme, il lui faudrait renoncer
à d'importantes dépenses j'en ai donné des exemples
et s'il n'en disposait pas, il lui faudrait procéder à de
très forts relèvements d'impôts.
Même si ces facteurs ne sont pas la préoccupation
première du syndicat, il ne faudrait pas oublier que le gouvernement a
reçu de la population un mandat clair et précis, soit celui
d'administrer la chose publique dans le meilleur intérêt de la
collectivité québécoise. Ce que ceux-là appellent
de la rigidité n'est en somme qu'une saine administration qu'un
gouvernement ne peut atteindre qu'avec des innovations comme la politique
salariale actuelle.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Masse. M. Choquette.
M. CHOQUETTE: M. le Président, on me permettra une brève
réponse au ministre d'Etat à la Fonction publique. Ce que je
retiens de son exposé, lorsqu'on veut aller derrière et voir
exactement la pensée qui l'inspire, c'est une conception très
autoritaire de la négociation dans le secteur public.
M. MASSE: M. le Président, j'ai répondu là-dessus
à moult reprises.
M. CHOQUETTE: Et cette conception, je pense l'avoir
démontrée antérieurement aux séances de l'actuel
comité. Pendant toute la période de la grève de la
Régie des alcools, à partir du début de juillet jusqu'aux
actuelles séances du comité, le gouvernement n'a pas
réellement négocié. Il a commencé à
négocier il y a quatre jours...
M. MASSE: M. le Président, je tiens à
répéter...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Un instant, M. Masse, il est bon de
répéter à l'assistance qu'aucune manifestation n'est
acceptée, ou pour ou contre, si nous voulons la bonne entente et
l'ordre.
M. MASSE: M. le président a répété au
comité que le comité des négociations de la Régie
des alcools oeuvre à l'intérieur du même mandat qu'il a eu
depuis le début. C'est
le même mandat qu'il avait au début de la grève et
c'est le même mandat qu'il a actuellement.
M. CHOQUETTE: J'ai été interrompu par le ministre alors
que j'étais en train de faire un exposé.
Je ne sollicitais pas les applaudissements, je voulais simplement
exposer la situation telle qu'elle était et non pas isoler du contexte
général ce qui s'est passé depuis que nous siégons
dans ce comité-ci, ce qui s'est passé au niveau de la table des
négociations. Il n'est certainement pas dans mon intention de reprocher
au gouvernement de s'être enfin décidé à
négocier après quatre mois!
M. MASSE: C'est le même mandat, M. le Président, c'est le
même mandat. Il n'y a pas eu de changements.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. CHOQUETTE: M. le Président, je m'objecte aux interruptions! M.
le Président, j'invoque le règlement. J'ai la parole et le
ministre ne l'a pas!
M. LE PRESIDENT: M. Choquette.
M. CHOQUETTE: En somme, M. le Président, si l'on fait abstraction
des notions technocratiques et des notions d'ordre que le ministre a reconnues
au cours de son exposé, comme étant les principaux mobiles de son
attitude dans cette affaire-là, si l'on fait abstraction de ces notions
qui, je l'admets, doivent faire partie d'une politique salariale, mais tout en
tenant compte d'une politique de négociations, que reste-t-il de
l'exposé du ministre? Il reste qu'à l'heure actuelle, il nous dit
que l'Etat refuse de continuer à négocier. Et je lui demande
et c'est ma dernière question: Qu'est-ce que vous faites à
partir de maintenant? Est-ce que vous êtes assis sur des positions
définitives ou bien si vous êtes prêt à continuer
à négocier?
Est-ce que vous considérez qu'il y a encore une marge pour
s'entendre ou bien est-ce que vous considérez que vous êtes
arrivé au maximum?
M. MASSE: M. le Président, je pense que je redemanderais au
député d'Outremont de relire les notes qui vont lui être
transmises. Compte tenu de sa question, il y trouvera là toutes les
réponses.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas une réponse, cela.
M. LAPORTE: M. le Président... M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: M. le Président, je veux bien que nous relisions
toutes les notes du ministre, je veux bien que nous revoyions le dossier
très complexe et assez clair sur certains points, qu'il nous a soumis.
Mais il y a une chose qui est évidente, M. le Président, c'est
que lorsque l'on aura relu toutes ces notes, lorsque l'on aura revu chaque
ligne et chaque virgule du dossier, il y aura encore 2,400 employés de
la Régie des alcools qui seront en grève, parce que rien n'aura
été réglé.
Si cette nouvelle lecture nous amenait à des conclusions, nous
pourrions suspendre le comité et nous atteler à la tâche de
lire et de relire aussi souvent que cela serait nécessaire, mais
apparemment, cela ne réglerait rien.
Je pense que nous avons atteint le stade de cette discussion où
la grève doit cesser. M. le Président, une chose en particulier
que je n'aime pas et le ministre me permettra de le lui dire, c'est
l'espèce d'agressivité dont il a fait montre au moins pendant les
quelques minutes où j'ai été ici.
M. MASSE: M. le Président, je m'excuse, mais..»
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux au moins
m'exprimer sur ce point?
M. GOSSELIN: C'est une opinion!
M. LAPORTE: C'est une opinion. J'exprime généralement les
opinions que je ressens moi-même.
M. MASSE: C'est de l'interprétation... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre! A l'ordre!
M. LAPORTE: M. le Président, le ministre devrait être dans
ce débat en particulier l'arbitre neutre, l'arbitre indépendant,
celui qui a autant de considération pour l'une et l'autre partie et qui
recherche dans le calme les solutions.
C'est d'autant plus le cas que ce que nous lui reprochons
fondamentalement au sujet de sa politique salariale, c'est de ne l'avoir jamais
négociée. Toutes les structures qu'il nous a expli-
quées, toutes les déclarations qu'il a faites ne changent
pas les choses fondamentales. La politique salariale du gouvernement a
été le fait d'une partie seulement; cela a été
unilatéral, sans que les syndicats aient jamais été
invités à la négocier avec le gouvernement.
M. le Président, deuxième chose que je n'accepte pas de la
part du ministre, surtout de lui qui se veut jeune ministre progressiste, c'est
l'espèce de démagogie qu'il nous a faite tout à l'heure
avec les $130 à $140 millions que représenteraient le
règlement dont il est question actuellement. Il est bien évident
que si, dans les $130 à $140 millions, il y a de quoi donner la
gratuité scolaire, bâtir des hôpitaux, faire ceci ou cela,
il y a peut-être trois quarts de million aussi pour régler la
grève.
Ce qui est en discussion, ce matin, ce n'est pas $130 à $140
millions, c'est trois quarts de million, de l'aveu même des
négociateurs, pour régler le problème de la RAQ. Si le
gouvernement veut aider un peu plus ceux qui sont à peu près les
moins payés actuellement parmi les salariés du gouvernement, il
peut fort bien le faire sans déranger sa politique salariale. Nous lui
avons suggéré deux ou trois façons de le faire ce matin,
soit en accordant une classe supérieure, soit en accordant une
échelle légèrement différente, soit en
reconnaissant que la reclassification de ces gens-là n'a pas
été faite depuis 1959. Il y aurait des moyens, à
l'intérieur de la politique salariale du gouvernement, de régler
le problème de ces employés, les moins bien payés, M. le
Président.
Il n'y a personne, dans la province de Québec, qui va croire
qu'en accordant trois quarts de million aux grévistes de la RAQ, nous
allons déséquilibrer complètement la politique salariale
du gouvernement et que cela va coûter $130 à $140 millions. Je
suis convaincu, puisque le gouvernement discute et plaide devant à peu
près les mêmes syndicats, qu'ils vont être les premiers
à aller trouver les syndicats qui ont déjà signé
des ententes pour dire; Vous allez, évidemment, comprendre que les gens
les moins payés ont pu obtenir un traitement légèrement
différent sans que cela déséquilibre la politique
salariale.
M. le Président, je crois que nous devrions, une fois de plus,
demander au gouvernement de faire preuve de souplesse dans ce cas. Autrement
comment ça va finir, ça? Est-ce que la grève va durer
pendant vingt ans? Le gouvernement devrait décider de suspendre une fois
de plus ce comité, de donner à ses négociateurs, qui sont
qualifiés et en qui nous avons confiance, des instructions
précises afin qu'ils fassent preuve d'un peu plus de flexibilité
ceci ne peut être autorisé que par le gouvernement -pour
régler, dès cet après-midi, le problème des clauses
salariales, de sorte que, ce soir, nous ayons l'impression que ce
comité, tous les gens qui se sont déplacés ainsi que les
négociateurs n'auront pas travaillé en vain...
L'objectif, c'est de régler la grève, et celui qui peut
régler cette grève, c'est le gouvernement, et je l'invite
instamment à le faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BERTRAND: M. le Président...
M. LEVESQUE (Laurier): J'avais demandé la parole...
M. BERTRAND: Ah, excusez-moi!
M. LEVESQUE (Laurier): ... très rapidement...
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque, un instant. Je ne veux pas faire le
reproche à qui que ce soit, mais bien sûr, il y a des
responsabilités qui sont autres en dehors de ce comité-là.
Mais je ne voudrais pas qu'on se mette à répondre maintenant
à ce que M. Laporte vient de donner là, parce que tout cela a
déjà reçu réponse avant que M. Laporte ne soit
ici.
M. MASSE: Oui, tout cela a été fait.
M. LE PRESIDENT: Alors, il faudrait bien qu'on s'engage sur un autre
terrain que celui-là, puisque tout a été dit, deux heures
avant.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est notre responsabilité de
revenir sur les terrains que l'on veut bien. Je n'accepte pas que le
président dise ça. Je suis d'accord sur le principe, mais ce
n'est pas à vous de nous le dire.
M. LE PRESIDENT: C'est assez rare que vous acceptiez ce que la
présidence décide. M. Lévesque a la parole.
M. LAPORTE : Ce n'est pas dans la loi du président.
M. LEVESQUE (Laurier): Trois minutes seulement, pour voir s'il n'y a pas
des choses qu'on peut souligner peut-être et qui découlent de ce
qui a été dit ce matin, mais très, très rapidement.
La grève actuelle est dans son cinquième mois. Elle a
coûté, paraît-il, à peu près une vingtaine de
millions de dollars sans compter ce qu'elle coûte, moralement aussi bien
que
matériellement, aux grévistes eux-mêmes, une
vingtaine de millions au trésor de l'Etat. Il est fort probable
qu'à mesure que les Fêtes se rapprochent, elle coûte quelque
chose comme $1 million, $2 millions par semaine, et la progression va
être géométrique à partir de maintenant.
Il y a une chose qui me frappe. C'est que le ministre d'Etat à la
Fonction publique, depuis tout à l'heure, parlait du mandat qui n'a pas
changé. Est-ce que, raisonnablement, on ne peut pas dire que le mandat a
changé? Il ne faudrait pas jouer sur les mots. Il y a une dizaine de
jours, peut-être moins, quand nous étions ici, au comité,
M. Masse a énuméré, et à un moment donné, on
lui a même demandé, s'il y avait quelque chose de
réglé, énumérez-donc ce qui est
réglé.
Il a énuméré quelque chose comme vingt ou trente
clauses normatives qui n'étaient pas réglées, qui
n'avaient pas été paraphées, parmi. lesquelles se
trouvaient les noeuds gordiens dont on a parlé de part et d'autre, par
exemple, la sécurité d'emploi.
Il est évident que si, entre autres, ce noeud gordien
extraordinairement important qui est celui de la sécurité
d'emploi, sans compter toutes les autres clauses apparemment, a
été réglé dans les sept ou huit, au plus les dix
derniers jours, une chose est certaine, c'est que le mandat est peut-être
resté le même. C'est pour cela que je dis qu'il ne faut pas jouer
sur les mots. Mais il y a eu forcément un sacré assouplissement
de l'interprétation de ce mandat du côté de la Régie
des alcools à la suite d'instructions du gouvernement ou enfin de ceux
qui ont préparé la politique du gouvernement ou qui en font
l'application.
Alors, à partir de là, qu'on dise ce qu'on voudra. Il y a
une très grande responsabilité du gouvernement lui-même et
je tiens compte seulement de ces quelques douzaines de clauses normatives dont
quelques-unes extraordinairement importantes.
Si c'était possible depuis une semaine, c'était donc
possible depuis trois ou quatre mois. Et, en très grande partie, la
responsabilité appartient aussi bien au gouvernement, au moins, qu'aux
négociateurs syndicaux. Ce qui revient à dire que pour le
prolongement de cette grève, la responsabilité principale est
quand même, en grande partie, celle du gouvernement.
Puisqu'on est rendu dans le cinquième mois et que, aussi bien du
côté des grévistes que du côté du gouvernement
les chiffres ne se comparant pas, mais dans les deux cas étant
extrêmement lourds et faisant mal de plus en plus si on continue à
accumuler des pertes, tous les contribuables, dont nous sommes, vont les payer
quelque part au printemps. Et puis nous allons les payer, chèrement.
Sans tenir compte de ce transfert de $130 à $140 millions dont
parlait le ministre, j'ai fait un calcul qui est peut-être mauvais, c'est
que, dans le forfaitaire, le ministre l'a répété trois
fois on a offert $135, ils ont demandé $500. On a offert $275, Us
ont dit $500. On a offert $300, ils ont dit $500. Ce qui vient à dire
peu importe le détail des faits dans la bouche même
du ministre qu'il manque $200. Il y a à peu près 2,500
grévistes. Si je fais un calcul convenable, dans les trois quarts de
millions dont parlait le ministre, il y a $500,000 qui sont du forfaitaire,
qui, à mon humble avis, serait le commencement, et pas beaucoup, la
compensation pour cette responsabilité que porte le gouvernement et la
Régie des alcools pour le prolongement de la grève.
J'ai dit la responsabilité, en grande partie. Mais qu'on ne
vienne pas me dire que c'est blanc comme une feuille de papier et que c'est pur
comme de l'angélisme de l'autre côté. Si on a
débloqué quelques douzaine de clauses normatives, dont la
sécurité d'emploi, sur lesquelles c'était bloqué
depuis quatre mois, et si on a fait ça cette semaine, il est sûr
que le gouvernement était légèrement rigide lui aussi, ou
enfin les gens de la Régie des alcools. C'est un fait, ça. On les
a débloquées depuis une semaine alors qu'on ne les
débloquait pas depuis quatre mois. Qui est responsable? Il y a au moins
une responsabilité massive du côté des négociateurs,
régie, gouvernement. Le forfaitaire dont on parle coûterait, sauf
erreur à peu près un demi-million. Ce n'est pas
nécessairement répercutable sur les demandes des autres
syndicats. Dans ce domaine-là, il n'y a pas un syndiqué qui a une
tête sur les épaules et qui a des chefs convenables qui ira dire
aux hôpitaux ou ailleurs: Faites la grève pendant trois ou quatre
mois pour qu'on vous donne plus de forfaitaire. Jusqu'à un certain
point, c'est une compensation forfaitaire pour la responsabilité du
gouvernement. Je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas accepté.
Et si on pouvait ajouter à cela un maximum de souplesse dans
l'application des taux comme le disait lui-même le ministre
là, qu'on est ouvert à ça il n'y a pas de raison
que ça ne puisse pas être réglé d'ici la fin de la
fin de semaine. Et s'il y avait moyen de régler d'ici la fin de la fin
de semaine, on ne finirait pas le cinq-ieme mois. Sinon, moi, je
répéterais une chose, c'est que si le gouvernement est si
sûr d'avoir raison et d'être rendu au bout de tout ce qu'il avait
à offrir, pourquoi est-ce que
lundi ou mardi, si ce n'est pas rendu plus loin, il n'accepterait pas la
médiation?
S'il est si sûr d'avoir raison, bien, qu'il accepte une
médiation. Mais, il semble qu'il pourrait régler ce conflit, en
fonction des chiffres qu'on a eus depuis à peu près une heure
et je prends juste les derniers en répondant
convenablement aux dernières demandes du syndicat et en
s'allégeant de sa responsabilité dont il ne sert à rien de
discuter, elle est là.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand.
M. BERTRAND: M. le Président, je n'étais pas
moi-même ici, étant retenu en haut par les travaux de la Chambre.
Il faut que nous travaillions, dans la mesure du possible, aux deux endroits.
C'est ce qui a expliqué l'absence de mon collègue de Chambly et
mon absence. Toutefois, les propos qui ont été tenus par le
ministre délégué à la Fonction publique, mon
collègue M. Masse, représentent les vues du gouvernement. Les
explications qu'il a données, nous les faisons nôtres, car nous
les connaissons. J'espère bien que l'on va réaliser que, s'il y a
un ministre délégué à la Fonction publique, qui a
été chargé par ses collègues de s'occuper de ces
problèmes de négociations avec le secteur public et parapublic,
nous sommes au courant de tout. C'est là qu'est notre
responsabilité.
Le député de Laurier a parlé de la grande
responsabilité du gouvernement, oui. Au début des travaux de ce
comité dont j'ai demandé la formation pour examiner la politique
salariale du gouvernement et ses incidences sur la RAQ, j'ai
déclaré que c'était en vue d'éclairer, non
seulement la Chambre, mais l'opinion publique au Québec.
Je serais bien mal venu, quant à moi, de porter un jugement. Je
n'en porterai pas. Je souhaite, comme tous les citoyens du Québec, comme
les négociateurs du côté de la RAQ et comme ceux qui
représentent le syndicat que ce conflit prenne fin.
Mais nous devons tenir compte du bien commun des impératifs que
nous avons, nous moi, en particulier, qui dirige le gouvernement
d'une gestion des biens publics et des répercussions que pourrait avoir,
non seulement sur un budget, mais sur la situation financière du
gouvernement, toute autre application, au sujet du conflit de la RAQ, de
principes autres que ceux qui ont servi à réaliser des ententes
dans les autres secteurs où des milliers de syndiqués ont
accepté de signer une convention collective. C'est un devoir. Je l'ai
déjà déclaré: Si l'on appelle ça de la
raideur, du durcissement, loin de moi cette pensée. Mais, la
fermeté dans les positions que nous avons tenues, lafermeté dans
l'exposé des principes qu'a fait mon collègue, M. Masse, est une
fermeté qui s'impose. Gouverner, ce n'est pas toujours un rôle
joyeux; c'est un rôle difficile. Ce sont des responsabilités
terribles. Je reviens aux mots que vous utilisiez. Je n'irai pas plus loin pour
ce matin. Je proposerai, M. le Président, que les négociations se
poursuivent et que ce comité soit ajourné à mardi
après-midi, trois heures trente.
M. LE PRESIDENT: Accepté?
M. CHOQUETTE: Par conséquent, encore négocier.
M. BERTRAND: Oui. Mais, grands dieux, c'est ce que je viens de dire
implicitement!
M. CHOQUETTE: Le ministre devrait répondre aussi clairement que
le premier ministre. Je lui ai posé la même question tout à
l'heure.
M. LAPORTE: M. le Président, sur la motion d'ajournement, je
voudrais simplement signaler...
M. LE PRESIDENT: M. Pepin a demandé à parler.
M. PEPIN: M. le Président, je voudrais dire que, du
côté syndical, nous sommes fort bien disposés à
reprendre les négociations dès cet après-midi, à
deux heures ou à deux heures et quart. Maintenant, pour épargner
du temps, je ne voudrais pas, quand même, que le bloc des
négociations aient à se déplacer et à s'en aller
à Montréal. Je pense que cela pourrait être fait à
Québec.
M. BERTRAND: Oui, aucune objection.
M. PEPIN: Je voudrais aussi souligner que certains points ont
été mentionnés Ici au comité, ce matin, qui ne
l'ont jamais été à la table des négociations. Par
exemple, le délégué à la Fonction publique, M.
Masse, a dit qu'on nous a offert un montant forfaitaire de $300.
Ce n'est pas vrai, les gars qui sont ici nous ont offert $275. Je
comprends que si on continuait une autre séance, on aurait $25 de plus,
j'aimerais ça, mais mardi prochain on reviendra!
M. BERTRAND: M. Pepin, vous vous direz tout ça cet
après-midi à la table des négociations. .0
M. PEPIN (Marcel): Oui, mais je ne voulais pas, M. le Premier ministre
que l'impression qui demeure soit celle de celui qui affirme quelque chose qui
n'est pas tout à fait exact.
J'ai voulu, au moins, préciser, corriger.
M. BERTRAND: Je dois déclarer, et ce serait probablement beaucoup
plus à mon collègue de le faire, parce qu'il a été
plus en relation avec eux mais, étant donné les rapports que j'ai
eus, les rencontres que j'ai eues, les informations que j'ai obtenues de nos
négociateurs parlant, à ce moment-là comme on a
toutes sortes de rôles à jouer quand on est chef d'un
gouvernement, également dirigeant de l'Etat employeur comme on le dit,
ça fait plusieurs rôles je dois dire que ceux qui nous
représentent jouissent de l'entière confiance du ministre d'Etat
délégué à la Fonction publique, et de
l'entière confiance des membres du conseil des ministres qui ont eu
l'occasion d'avoir un exposé complet de la situation à la
RAQ.
M. LAPORTE: M. le Président, pour que ce comité soit bien
renseigné, il y a au moins une chose qu'on peut préciser. On
prétend ici qu'on a offert $300 et là, qu'on a offert $275. Il
faudrait au moins qu'on sache, le comité, lequel des deux? Alors, a-t-on
offert $300 ou $275.?
M. RENAUD: M. le Président, on a posé ce matin les quatre
points, les quatre ou cinq points que M. Parent a d'ailleurs déjà
mention- nés. Enfin, actuellement, c'est lui qui semble être le
négociateur principal, à la table. Il a posé ces
différents points qui, dans l'ensemble, certainement, changeaient toutes
les normes, si vous voulez, dont vous avez entendu parler. Alors, sur ces
points, je lui ai dit que je ne pouvais pas changer les réponses que je
lui avais données, c'est-à-dire que nous avions
déjà donné tout ce qu'il nous était permis de
donner sauf que, sur la question forfaitaire, si au lieu de se départir
de l'attitude que c'était encore $500 et que ça restait à
$500 il s'approchait du montant que j'avais déjà offert la
veille, c'est-à-dire $275 là on pourrait réellement
s'entendre au moins sur le forfaitaire.
Mais, comme vous le savez, il faut se mettre dans le contexte des
négociations. Vous ne pouvez pas, quand vous êtes à la
table de négociations, lâcher sur le forfaitaire sans savoir s'ils
vont accepter au moins, le reste des salaires, voyons.
Alors, c'est la situation qui se présentait ce matin.
M. LE PRESIDENT: On rappelle aux membres du comité et aux autres
députés qui pouvaient peut-être siéger en haut que,
mardi matin, à 9 h 30, le comité de l'éducation
siège ici, la Chambre à 11 heures et le comité des
régies à 3 h 30, mardi.
La séance est levée.
(13 h 8)
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